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Full text of "Le grand dictionnaire géographique : historique et critique"

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LE     GRAND 

DICTIONNAIRE 

GÉOGRAPHIQUE, 

HISTORIQUE 

■     • 

ET 

CRITIQUE. 


P.  G.  Le  Mercier*  Imprimeur-Libraire ,  rue  S.  Jacques. 
J.  L.  N  yon  ,  Libraire  ,  Quai  des  Auguftins. 
A.  B  o  u  d  E  T  >  Imprimeur  du  Roi ,  rue  S.  Jacques. 
G.  J.  B.  B auche  ,  Libraire ,  Quai  des  Auguftins. 
Ch.  Saillant,  Libraire ,  rue  S.  Jean  de  Beauvais. 
P.  N.  De  Lormel,  Imprimeur-Libraire ,  me  du  Foin. 
Chez   <  P  h.  V I  n  c E  n  x  ,  Imprimeur-Libraire ,  rue  S.  Severin. 
P.  A.  LePrieur,  Imprimeur  du  Roi ,  rue  S.  Jacques. 
M.  Lambert  ,  Imprimeur-Libraire,  rue  des  Cordeliers. 
N.  D  e  s  a  i  N  t  ,  Libraire ,  rue  du  Foin. 
P.  E.  G.  D  u  R  a  n  d  ,  rue  S.  Jacques. 
J. Th.  Hérissant,  fils,  rue  S.  Jacques,, 
.  N.  A.  Del  al  Ain,  rue  S.  Jacques. 


LE     GRAND 

DICTIONNAIRE 

GÉOGRAPHIQUE, 

HISTORIQUE 

E    T 

CRITIQUE, 

Par  M.   BRUZEN   DE   LA   MARTINIERE, 

Géographe    de    Sa   Majeflé    Catholique    Philippe    V. 

Roi  des  Efpagnes  ôC   des  Indes. 

Kouvelle  Édition,  corrigée  &  amplement  augmentée. 

PTOME    TROISIÈME. 

G-L 


A    PARIS, 

CHEZ   LES  LIBRAIRES  ASSOCIÉS. 


M.  D-  CC   LXVIII 

AVEC  APPROBATION  ET  PRIVILEGE  DU  ROI. 


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LE    GRAND 


DICTIONNAIRE 

GÉ  OGRAPH  IQUE, 


HISTORIQUE     ET     CRITIQUE. 


« 


ggga— , 


GAA 


GAB 


IfH 


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AANA ,  ville  d'Ane  dans  la  Céléfyrie  ; 
félon  Ptolomée  ,1.  5  ,  c.  15. 

1.  G  A  AS ,  (  a)  montagne  de  la  Pa- 
lestine ,  dans  le  lot  d'Ephraïm  ,  au  nord 
de  laquelle  étoit  Thamnat-Saré  ,  lieu 
célèbre  parle  tombeau  de  Jo(iié(lt).  Eu- 
febe  dit  que  de  fon  tems  on  montroit 
encric  le  tombeau  de  Joiué ,  près  de  Thamnas.*  (a) 
D.  Calmet,  Dift.  (b)  Jqfué ,  c.  24,  v.  30. 

s..  G  A  AS  (  Torrent  ou  Vallée  de  ).  Il  en  eft  fait 
men'.ion  au  livre  II  de=  Rois,  c.  13  ,  v.  30,  à  l'occa- 
fion  de  Heddai  ,  l'un  des  trente  braves  de  David  ,  qui 
écoit  de  la  vallée  de  Gaas ,  pour  parler  comme  D.  Cal- 
met. L'Hébreu  dit  Hiddaïs  des  torrens  de  Gahas.  La 
Vulgate  dit  Heddai ,  du  torrent  de  Gaas.  Ce  même 
homme  eft  nommé  Hurai  ,  dans  les  Paraliponienes  , 
1.  1 ,  c.  1 1 ,  v.  3a  ,  où  on  lit  aufli ,  du  torrent  de  Gaas  ; 
l'Hébreu  porte  des  torrens.  Comme  un  torrent  n'eft 
pas  un  lieu  propre  à  être  la  patrie  d'un  homme ,  on  a 
lieu  de  croire  que  ce  nom  ne  fignifie  que  la  vallée,  où 
couloit  un  torrent  qui,  fortant  de  la  montagne  de  ce 
nom ,  fe  rendoit  dans  la  mer  près  de  Joppé. 

1.  GAB  A,  ville  de  la  Paleftine  ,  dans  la  tribu  de 
Benjamin ,  félon  Jofué  ,  c.  18  ,  v.  24.  La  Vulgate  porte 
Gabèe ,  dans  Jofiié  ,  où  l'Hébreu  porte  Gala.  Ce  nom 
fe  retrouve  écrit  Gaba  dans  le  texte  Hébreu  ,  au  pre- 
mier livre  d'Esdras ,  c.  2  ,  v.  16.  La  Vulgate  le  nomme 
auffi  Gabba ,  en  cet  endroit.  Dans  le  chapitre  VI.  du  livre 
de  Néhémie ,  que  nous  appelions  le  fécond  d'Esdras  , 
v.  31,  la  Vulgate  lit  Nebo ,  au  lieu  que  l'Hébreu  porte 
Gaba. 

En  conférant  ce  dernier  paflage  avec  celui  qu'on 
lit  au  livre  III.  d'Esdras,  c.  <j ,  v.  34,  où  la  Vulgate 
porte  Gabca ,  &£  le  Grec  Yxtdi  on  ne  doit  pas  être 
lùrpris  fi  je  cite  quelquefois  des  livres  quel'Eglife  retran- 
che du  corps  des  faintes  écritures  ,  Comme  apocryphes  : 
ce  feroit  une  propbanation  que  de  les  employer  en  ma- 
tière de  foi  :  mais  je  crois  qu'il  eft  permis  aux  géogra- 
phes &  aux  hiftoriens  d'en  faire  ufage  avec  les  précau- 
tions nécerTaires. 

2.  GABA,  ville  de  la  Paleftine,  au  pied  du  mont 
Cannel ,  entre  Ptolémaïde  &  Céfarée.  Jofeph,  de  Bcllo  , 


i.j,c.ï,  dit  qu'on  l'appelloit  auflî  la  Ville  des  Cava- 
liers ,  parce  qu'Herode  l'avoit  donnée  pour  retraite  à 
fes  cavaliers  vétérans.  Reland  ,  Palœjl.  p.  769  , 
obferve  que  la  traduftion  latine  de  Rufin  ,  porte  Gabat 
qu'on  lit  Gabla  dans  le  manuscrit  de  la  bibliothèque  de 
Leipfig,  &  GamaU  dans  les  exemplaires  imprimés. 
Jofeph  parle  auffi  de  cette  Gaba  dans  l'hiftoire  de  fa 
vie  ,  &  écrit  que  Be^ara  eft  fituée  aux  confins  du  ter- 
ritoire de  Ptolémaïde  ,  &  à  vingt  ftades  de  Gaba.  Il  eft: 
probable ,  dit  Reland  ,  que  c'eft  la  même  ville  qui 
fut  nommée  dans  la  fuite  Caipha,  Se  Hepha,  Se  qu'elle 
eft  fituée  au  pied  du  Carmel ,  du  côté  de  Ptolémaïde. 

Etienne  le  Géographe  dit  Gaba,  ville  de  la  Galilée  ,' 
&  cite  le  Ve.  livre  des  Antiquités  de  Jofeph.  Il  en  eft 
effeftivement  parlé  au  chapitre  fécond  de  ce  livre:  mais 
il  n'y  eft  pas  queftion  de  Gaba ,  puifque  c'eft  au  fujet 
de  l'hiftoire  du  Lévite,  rapportée  à  l'article  de  Gabaa; 
or  Gaba,  au  pied  du  Carmel,  n'a  rien  de  commun  avec 
Gabaa  de  la  tribu  de  Benjamin  ,  où  arriva  l'hiftoire  ra- 
contée par  Jofeph.  Mais  rien  n'empêche  que  Gaba  n'ait 
été  de  la  Galilée  :  cependant  il  eft  clair  qu'Etienne  ou 
fon  abréviateur  a  confondu  Gaba  Se  Gabaa.  Berkelius 
en  convient. 

3.  GABA.  Voyez  Gabé  2. 

4.  GAB  A,riviere  d'Afrique,  au  royaume  de  Bénin  près-; 
que  fous  l'équateur.  Voyez  GABON. 

1.  GABAA  ,  en  Hébreu  ,  fignifie  une  colline  ;  ainfion 
ne  doit  pas  être  furpris  de  voir  dans  un  pays  de  mon- 
tagnes ,  comme  la  Judée ,  un  fi  grand  nombre  de  lieux 
nommés  Gabaah  ,  Gabaon  ,  Gabbata,Gab- 
Bathon  ,  Gabbat  ,  Gabé  ,  &c.  tout  cela  ne 
fignifie  qu'une  hauteur.  Quelquefois  même  les  noms 
propres  que  le  texte  Hébreu  exprime  par  Gabaa,  font 
rendus  dans  les  traductions  latines  par  les  hauteurs,  ou 
les  collines.  Par  exemple:  Zacharie,  c.  14,  v.  10,  dit, 
Revertetur  omnis  terra  de  colle  Remnon  ad  àujlrum  Jeru- 
falem;  on  traduit  :  toute  la  terre  reviendra  de  la  colline  à 
Remnon,  au  midi  de  Jcrufalem.  L'Hébreu  porte ,  depuis 
Gabaajufquà  Remnon.  Gabaa,  qui  eft  marquée  au  fé- 
cond livre  des  Rois ,  c.  7 ,  v.  1  ,  comme  une  ville  . 
n'eft  que  la  hauteur  de  Cariât  -  îarim.  *  D.  Calmet  % 


Dia. 


Tome  III. 


2  GAB 

2.  G  AB  A  A ,  ville  de  la  Paleftine,  dans  la  tribu  de  Ben- 
jamin. C'étoit  la  patrie  de  Saiil,  premier  rqi  des  enfans 
d'Israël.  Saint  Jérôme ,  expliquant  le  cinquième  chapitre 
du  prophète  Ofée ,  dit  :  Gabaa,  où  Saiil  naquit,  & 
Rama  ,  qui  eft  auprès  de  Gabaa ,  à  fept  milles  de  Jéru- 
falem.  Du  tems  de  ce  Père  ,  elle  étoit  détruite  :  il  le 
dit  dans  fon  commentaire  fur  Sophonie  ,  chap.  I,  Ga- 
baa la  ville  de  Saiil  ,  a  été  rafée  jusqu'aux  fondemens. 
Il  l'aflùre  encore  dans  l'épitaphe  de  Paule  :  elle  s'arrêta 
un  peu  à  Gabaa ,  qui  étoit  détruite  de  fond  en  comble , 
6k  fe  reflbuvint  du  péché  que  cette  ville  commit ,  de  la 
femme  violée ,  6kc.  Cette  ville  eft  la  même  que  Gabath- 
faule,  r*Ç«£ir*''A»  dont  parle  Jofeph ,  de  Bello,  l.6,c.  2  , 
qui  dit  qu'elle  étoit  à  trente  ftades  de  Jérufalem.  Elle  eft 
nommée  GABÉEdans  Jofué,  c.  18,  v.  24. 

1.  GABAAT  ,  ville  de  la  Paleftine ,  dans  la  tribu  de 
Benjamin  ,  au  midi  de  Gabaa.  Il  en  eft  fait  mention  dans 
le  livre  de  Jofué,  c.  18,  v.  2§.  D.  Calmet  croit  que 
c'eft  la  même  que  Gabaa ,  dont  il  eft  parlé  clans  l'article 
précédent.  Mais  Jofué  la  diftingue  de  GabÉE  ,  6k  ces 
deux  places  étoient  dans  la  tribu  de  Benjamin.  C'eft  fans 
doute  dans  l'une  de  ces  deux  Gaba,  que  le  crime  fut 
commis  envers  la  femme  du  Lévite  ;  mais  il  n'eft  pas 
aifé  de  dire  laquelle.  Il  eft  toujours  certain  que  Gabaat 
ck  Gabie  étoient  différentes  l'une  de  l'autre. 

2.  GABAAT ,  de  Phinées ,  ville  de  la  Paleftine,  dans 
les  montagnes  d'Ephraïm.  Elle  fut  donnée  en  partage  à 
Phinées  fils  d'Eléazar  ,  6k  fat  le  lieu  de  la  fépulture  du 
grand  prêtre  Eléazar.  Jofué ,  c.  24 ,  v.  ult. 

GABADANIA,  contrée  d'Afie,  dans  la  Cappadoce. 
Selon  Strabon,/.  12,  p.  540,  ce  pays,  quoique  plat  6k 
méridional ,  au  pied  du  mont  Taurus  ,  ne  produit  pres- 
que point  d'arbres  fruitiers ,  6k  n'eft  bon  que  pour  les 
pâturages.  Xilander  ne  trouvant  ce  nom  en  aucun  autre 
endroit  ,  a  cru  qu'au  lieu  de  Gâbadania ,  il  falloit  lir? 
Cataonia  ;  mais  Cafaubon  a  démontré  qu'il  s'eft  trom- 
pé ,  puisque  Strabon  parle  expreflement  de  la  Cataonie 
d'une  manière  très-différente.  Cafaubon  juge  qu'il  eft  là 
queftion  de  BAGADAONIA,  pays  dont  le  même  Stra- 
bon ,  1.  2  ,  p.  53  ,  dit  que  l'air  ni  le  terroir  ne  valoient 
rien ,  non  plus  que  dans  l'endroit  ,  dont  le  nom  eft 
contefté. 

1.  GABAE.  Voyez  GABÉ. 

2.  GABAE,  ville  d'Afie,  dans  la  Perfique,  félon  Pto- 
lomée  ,  1.  6  ,  c.  4. 

3 .  GABAE  ,  contrée  d'Afie ,  fituée  entre  les  Mefla- 
getes  6k  la  Sogdiane  ,  félon  Amen,  /.  4,  dans  l'hiftoire 
d'Alexandre.  Voyez  GABAZA. 

1.  GABALA  ,"  ville  de  la  Syrie.  Ortelius  rapporte  di- 
vers fentimens  fur  fon  nom  moderne.  Selon  Volaterranus 
6k  Guillaume  de  Tyr  c'eft  Gibel;  Margad,  félon 
Niger  ;  Aman  félon  Juftal.  C'eft  fans  doute  la  même 
ville  que  quelques  voyageurs  nomment  JebilÉE,  d'au- 
tres Jubaye.  de  la  Roque  dit]  Gebail.  Lucien  , 
dans  fon  traité  de  la  Déeffe  de  Syrie  ,  nomme  cette  ville 
Byblos.  Elle  a  été  fameufe  chez  les  payens ,  à  caufe 
du  culte  d'Adonis.  Voyez  les  articles  ByblOS  6k  Ju- 
BAYE.  J'ajouterai  ici  la  description  qu'en  fait  le  miniftre 
Maundrell.  Jebiléeeft  bâtie  furie bordde  la  mer,  6k  envi- 
ronnée du  côté  de  la  terre,  d'une  plaine  très-fertile.  C'eft 
aujourd'hui  peu  de  chofe.  On  y  voit  encore  des  débris  qui 
font  connoître  qu'elle  a  été  autrefois  fur  un  meilleur  pied. 
Son  ancien  nom,  dont  elle  tire  celui  qu'elle  porte  aujour- 
d'hui étoit  Gabala.  Strabon ,  6k  d'autres  anciens  géogra- 
phes ,  en  font  mention  fous  ce  nom.  C'étoit  un  évêché 
au  tems  des  empereurs  Grecs.  Severien  ,  le  grand  adver- 
faire  de  Saint  Chryfoftome ,  6k  un  des  principaux  de 
ceux  qui  conspirèrent  contre  lui ,  en  a  autrefois  occupé 
le  fiége.  On  n'y  trouve  rien  de  remarquable  qu'une 
mosquée  ,  6k  un  hôpital  à  côté  ,  bât,is  l'un  6k  l'autre  par 
fultan  Ibrahim  ;  fon  corps  repofé  dans  cette  mosquée  , 
6k  fon  tombeau  eft  en  grande  vénération  parmi  les  Turcs. 
Il  femble  que  Jebilée  ait  été  autrefois  commode  pour  la 
navigation;  l'on  y  voit  encore  une  chaîne  de  grandes 
pierres  carrées  ,  qui  s'avancent  un  peu  dans  la  mer  ,  6k 
qui  femblent  avoir  été  plus  loin ,  6k  y  avoir  formé  un 
mole.  Proche  de  ce  lieu  ,  font  plufieurs  grands  piliers  de 
marbre  granité,  dont  les  uns  font  dans  l'eau,  6k  les  au- 
tres font  reftés  fur  le  bord.  Il  y  en  a  d'autres  dans  un 
jardin  voifin  avec  des  chapiteaux  de  marbre  blanc ,  très- 
bien  taillés.  Ce  qui  annonce  davantage  l'ancienne  fplen- 


GAB 


deur  de  cette  ville ,  ce  font  les  ruines  d'un  très-beau 
théâtre ,  à  la  porte  feptentrionale  de  la  ville.  Il  paffe  parmi 
les  Turcs  pour  un  vieux  château.  Selon  la  manière  d'exa- 
gérer des  Afiatiques  ,  ils  prétendent  que  ce  château  a  été 
d'une  hauteur  fiprodigieùfe,  qu'un  cavalier  auroit  pu  avan- 
cer pendant  une  heure  de  tems  ,  fous  fon  ombre  ,  au  foleil 
levant.  Ce  qui  refte  de  ce  grand  bâtiment  n'a  pas  plus 
de  vingt  pieds  de  haut.  Les  Turcs  en  ont  fait  fauter  une 
partie  avec  de  la  poudre  à  canon ,  6k  ils  prétendent  en 
avoir  tiré  une  grande  quantité  de  marbres ,  dont  ils  ont 
orné  leurs  bains  ,  6k  la  mosquée  dont.il  a  été  fait  men- 
tion. Il  n'en  refte  plus  rien  à  préfent  qu'un  demi-cer- 
cle. Il  a  trois  cens  pieds  d'étendue  d'une  pointe  à  l'au- 
tre. Il  paroît ,  dans  un  demi-cercle ,  une  rangée  de  dix- 
fept  fenêtres  rondes  ,  presque  à  rez  de  terre ,  6k  il  y 
avoit  tout  à  l'entour  ,  entre  ces  fenêtres ,"  fur  de  grands 
piedeftaux  de  grands  piliers  fort  maffifs ,  en  forme  3'arcs- 
boutans,  contre  la  muraille,  6k  qui  fervoient  de  rap- 
port ,  auffi-bien  que  d'ornement  à  l'édifice  :  mais  ils 
font  presque  tous  renverfés.  Il  eft  difficile  de  mefurer 
l'arène,  parce  que  les  Turcs  l'ont  remplie  de  maifons. 
On  voit  encore  à  l'occident  les  fiéges  des  fpeftateurs 
affez  entiers  ,  6k  les  caves  ou  voûtes  ,  qui  régnoient  au- 
tour du  théâtre.  La  muraille  extérieure  a  plus  d'onze  pieds 
d'épaiffeur  :  elle  eft  bâtie  fur  de  grandes  pierres  fort  foli- 
des ,  fa  force  l'a  fauvée  jusqu'à  préfent  des  ravages  du 
tems ,  6k  de  la  deftruftion  générale  que  les  Turcs  por- 
tent dans  la  plupart  des  lieux  où  ils  paffent. 

Ortelius  s'eft  trompé  à  l'égard  de  cette  Gabala,  car  il 
applique  le  nom  moderne  de  Gibel  à  la  ville  que  Ptolo- 
mée  nomme  Gabala;  mais  cette  Gabala,  à  laquelle  le 
nom  de  Gebail ,  ou  Gibel,  ou  Gebilée,  ou  Jubayet 
convient  ,  eft  nommée  par  Ptolomée ,  /.  5  ,  c.  15, 
par  fon  nom  grec  qui  eft  Byblos.  Il  la  met  très-bien 
entre  Botrys  ck  Btryte ,  aujourd'hui  Patron  6k  BerooU 
La  ville  de  Gabala ,  dont  nous  venons  de  parler ,  eft 
différente  des  deux  autres  villes  de  Gabala  ,  dont  Ptolo- 
mée a  parlé. 

_  2.  GABALA ,  ancienne  ville  de  Syrie ,  entre  Lao- 
dicée ,  Paltos  ,  6k  les  embouchures  de  l'Oronte  6k  du 
fleuve  Eleuthere  ,  félon  Ptolomée  ,  1.  5  ,  c.  15.  C'eft 
celle  que  Pline ,  /.  5  ,  c.  20 ,  appelle  Gabalé.  Strabon, 
/.  16,  p.  753  ,  la  nomme  aufli  Gabala.  L'un  6k  l'autre 
la  mettent  auprès  de  Laodicée.  Le  P.  Hardouin  fe 
trompe ,  lorfqu'il  dit  que  cette  ville  eft  préfentement  Ja- 
BLI.  Ce  nom  eft  celui  d'une  Gabala  que  Pline  n'a  cqn- 
nue  que  fous  le  nom  de  Byblos  ,  6k  de  laquelle  il  parle 
dans  le  même  chapitre.  Cette  Gabala  étoit  épiscopale, 
6k  eft  placée  avec  Laodicée  6k':Paltos ,  entre  les  Sièges 
de  la  Théodoriade,  dans  la  notice  de  Léon  le  Sage.  On 
trouve  l'évêque  de  cette  ville ,  Dominus  Gabalenfis  , 
entre  les  évêquesquifoufcrivirent  au  concile  de  Conftan- 
tinople. 

3.  GABALA ,  ancienne  ville  de  Syrie ,  dans  la  Phoej 
nicie ,  auprès  de  Palœbyblos  ou  de  l'ancienne  Byblos, 
félon  Ptolomée ,  /.  5,  c.  15.  Celle-là  n'étoit  pas  mari- 
time ,  mais  dans  les  terres  ,  en  tirant  vers  Céfarée  de 
Panias.  Ortelius  s'eft  trompé  à  l'égard  de  cette  Gabala, 
lorsqu'il  a  dit  que  c'eft  la  Gamale  de  Pline.  Voyez  Ga- 
MALA.  La  Gabala  eft  fans  doute  la  même  que  Gaba  2. 
Voyez  ce  mot. 

Afin  d'en  mieux  fentir  la  différence  ,  je  joindrai  les 
pofitions  de  ces  trois  villes,  félon  Ptolomée. 

Longit.  Lat. 

Byblos ( ou  Gabala  I .  )  67  d.40'.  33  d.  ç6'. 

2.  Gabala  (de  Syrie)        68    20.  34    56'. 

3.  Gabala  (de  Phœnicie)67    if.  33    10. 

4.  Ces  trois  Gabala  font  différentes  de  la  ville  de  Ga- 
hala ,  ou  Gamala  dont  parle  Pline.  Voyez  Gamala. 

f.  GABALA ,  contrée  de  l'Arabie  ,  félon  Etienne  le 
géographe.  Par  l'Arabie  ,  il  entend  le  pays  que  l'on  a 
aufli  appelle  la  troifiéme  Paleftine. 

6.  GABALA,  ancienne  ville  épiscopale  d'Afie ,  dans 
la  Lydie.  Elle  eft  nommée  Gabakna  Civitas  ,  dans  les 
aéles  du  concile  de  Chalcedoine.  Ortelius  écrit  Lyci 
pour  Lydie;  fi  c'eft  une  faute  d'impreffion,  elle  fe  trouve 
également  dans  la  belle  édition  d'Anvers  l^qô,  6k  dans 
celle  de  Hanau  161 1.  Polycarpe,  évêque  de  Gabala, 
fouscrivit  à  ce  concile  de  Chalcedoine ,  6k  à  la  lettre 


GAB 

fynodale.  La  notice  de  Léon  le  Sage  met  entre  les  évê- 
chés  de  la  Lybie  Gabalorum  génitif  du  neutre  pluriel 
Gabala.  Celle  de  Hierocles  ne  l'y  met  pas. 
.  7.  I!  devoit  y  avoir  un  lieu  nommé  Gabala  dans  l'Idu- 
mee.  Voyez  G-ABALENE.. 

GABALAECA ,  ancienne  ville  de  l'Espagne  Tarra- 
gonoife  ,  à  quelque  diftance  de  la  mer  au  pays  des  Var- 
dules ,  félon  Ptolomée  ,  /.  a  ,  c.  6. 

CABALE ,  ville  méditerranée  de  la  Médie ,  félon  le 
même ,  /.  6  ,  c.  a. 

GABALENA  CIVITAS.  Voyez  Gabala  6". 

GAB  ALENE.  Saint  Jérôme,  in  Loc.  Hebr.  dit  : 
Allus  contrée  de  l'Idumée  ,  on  l'appelle  préfentement 
Gabaknc.  C'eft  apparemment  la  même  chofe  que  ce 
qu'il  dit  en  parlant  de  Zophaïm ,  contrée  des  princes 
d'Edom  ,  laquelle  eft  préfentement  appellée  Gabalene. 
C'étoit  fans  doute  un  pays  de  montagnes. 

GABALENÏ  ,  nom  des  habitans  de  Gabala.  Marais, 
in  Jofuam  ,  dit  que  ce  font  les  habitans  de  Byblos,  c'eft- 
à-dire  de  Gabala  i. 

i  .  GABALENSIS ,  fiége  épiscopal  d'Ane.  Voyez  Ga- 
bala a. 

a.  GABALENSIS  Ager  ,  nom  latin  du  Gévaudan. 
.Voyez  ce  mot. 

CABALES,  ou      ' 

GABALI ,  ancien  peuple  des  Gaules.  Strabon,  /.  4, 
p.  io  1  ,  6k  Pline ,  /.  4 ,  c.  ao ,  les  nomment  ainfi  :  mais 
le  P.  Hardouin  dit  avoir  trouvé  GABALES  dans  tous 
les  manuscrits.  Cependant  Jules  Cefar ,  commentaires , 
I..7,  c.  64  6k  75  ,  dit  GABALI.  Ptolomée,  /.  a ,  c.  7  , 
dit  de  même  rïîGiWfti  Gaballi,  par  deux  11.  Quelques 
éditeurs  prenant  le  r  pour  un  T ,  ont  lu  TabalLi  par  er- 
reur. Les  anciennes  notices  des  Gaules  nomment  Civi- 
TAS  GABALUM  ,  dans  la  première  Aquitaine  ,  fous  la 
métropole  de  Bourges;  6k  Amplement  Gabalum  ,  & 
Civitas  Gabelluorum.  Cette  ville  ,  félon  Catel 
dans  fon  hiftoire  du  Languedoc,  /.  %,p.  306,  étoit  à 
l'endroit  où  eft  le  bourg  de  Javoux ,  à  quatre  lieues  de 
Mende;  pour  le  peuple,  on  ne  doute  point  que  ce  ne  foit 
le  Gévaudan  qui  en  conferve  lenom.  *  Scheljirate,  Antiq. 
Ecclef.  t.  a ,  p.  640 ,  64a  6k  646. 
'  GAB  ALI  A.  Voyez  Cabalia  i  6k  a. 

GABALICUS  Pagus.  Pline,  l.  11 ,  c.  41  ,  parlant 
des  bons  fromages,  fait  mention  de  celui  de  Lcfurœ ,  Ga~ 
balicique  Paei ,  c'eft-à-dire  ,  du  mont  de  Lofere  6k  du 
Gévaudan  ou  eft  cette  montagne,  6k  dont  les  fromages 
ont  encore  de  la  réputation  ,  félon  Catel",  dans  fon  hif- 
toire du  Languedoc,  /.  a,  c.  y,  p.  i.<)j. 

GABALUM,  &    (vovezGABALES 
GABALUS.  ^  voyez  cabales. 

i  .  GABAON ,  félon  D.  Calmet ,  étoit  la  capitale  des 
Gabaonites,  qui  fortoient  de  la  race  desHevéens,  anciens 
habitans  de  la  terre  de  Chanaan.  Les  Gabaonites  allèrent 
trouver  Jofué  6k  les  anciens  d'Israël  ,  leur  perfuaderent 
qu'ils  étoient  d'un  pays  fort  éloigné ,  leur  demandèrent 
à  faire  alliance  avec  eux  (  a  ).  Jofué  6k  les  anciens  eurent 
l'imprudence  de  leur  accorder  cette  demande  ,  fans  con- 
sulter Dieu  :  mais  ils  connurent  bientôt  leur  faute ,  firent 
venir  les  Gabaonites,  leur  reprochèrent  leur  fupercherie; 
&  pour  les  en  punir ,  fans  manquer  à  la  promeffe  qu'ils 
avoient  faite  de  les  conferver,ils  les  condamnèrent  à  porter 
l'eau  6k  le  bois  au  tabernacle  du  Seigneur ,  comme  des 
esclaves  pris  en  guerre.  Ils  relièrent  toujours  dans  cette 
fervitude  ,  jusqu'à  l'entière  disperfion  des  Juifs.  Trois 
jours  y  et  oient  à  peine  écoulés  depuis  cet  accord,  qu'A- 
donifedech ,  roi  de  Jérufalem  ;  Oham  ,  roi  d'Hebron  ; 
Pharan  ,  roi  de  Jérimoth  ;  Japhia ,  roi  de  Lachis  ;  ck 
Dabir ,  roi  d'Eglon  réunirent  toutes  leurs  forces  pour 
attaquer  la  ville  de  Gàbaon.  Les  Gabaonites ,  épouvan- 
tés, allèrent  demander  du  fecours  à  Jofué.  Il  fe  mit  auftî- 
tôt  à  la  tête  de  l'élite  des  troupes  d'Israël ,  marcha  toute 
la  nuit ,  attaqua  les  cinq  rois  dès  le  matin  ,  les  battit  ck 
les  pourfuivit  jusqu'à  la  descente  de  Bethoron.  Dieu  fit 
alors  tomber  fur  eux  une  grêle  de  pierres  qui  en  afîbmma 
une  partie.  Jofué,  craignant  que  la  nuit  ne  lui  dérobât  les 
avantages  de  fa  victoire  ,  pria  Dieu  d'arrêter  le  cours  du 
foleil.  Sa  prière  fat  exaucée  :  il  continua  de  pourfuivre 
&  de  détruire  les  ennemis.  Les  cinq  rois  furent  pris  , 
tués  ck  pendus  à  des  poteaux  où  ils  relièrent  jusqu'au 
foir.  Jofué,  c.  9 ,  v.  3  &  feq.  On  trouve  dans  les  Dis- 
cours de  Saurin  fur  la  Bible,  t.  I ,  p.  79  ,  une  favante 


GAB  3 

differtation  de  Gravefende  fur  les  difficultés  géogra- 
phiques ck  aftronomiques  que  l'on  peut  faire  au  fujet  du 
miracle  de  Jofué.  Elle  eft  curieufe,  mais  trop  longue 
pour  être  inférée  ici. 

Les  Gabaonites  poffédoient  quatre  villes  dans  la  terre 
de  Chanaan  :  Caphira  ,  Beroth  ,  Cariatiarim  ,  ck  Gà- 
baon. Elles  furent  données  à  la  tribu  de  Benjamin , 
excepté  Cariatiarim  qui  tomba  en  partage  à  celle  de 
Juda.  Les  Gabaonites  furent  toujours  fidèles  6k  fournis 
aux  Israélites  ,  6k  l'on  ne  fait  ce  qui  porta  Saùl  à  en  faire 
périr  un  très-grand  nombre.  (Reg.  1.  a  ,  c.  ai ,  v.  1  6k 
feq.  )  II  s'imagina,  fans  doute,  que  fon  devoir  deman- 
doit  qu'il  exterminât  tous  les  reftes  des  Chananéens.  Le 
Seigneur,  en  punition  de  cette  cruauté,  envoya,  fous  le 
règne  de  David  ,  une  grande  famine ,  qui  défola  tout  le 
pays  ,  6k  dura  trois  ans.  David,  touché  des  maux  de  fon 
peuple ,  s'adreffa  au  Seigneur;  6k  les_ prophètes  lui  dirent 
que  ce  mal  continueroit  toujours  jusqu'à  ce  qu'on  eût 
vengé  les  Gabaonites  de  la  cruauté  que  Saùl  avoit  exer- 
cée contre  eux ,  au  préjudice  de  l'alliance  que  Jofué  6k 
les  Princes  du  peuple  avoient  faite  avec  eux  au  nom  du 
Seigneur.  Aloss  David  demanda  aux  Gabaonites  quelle 
fatisfa&ion  ils  déliraient  ;  ils  répondirent  :  qu'on  nous 
donne  fept  fils  de  Saùl ,  6k  nous  les  ferons  mourir,  pour 
venger  le  fang  de  nos  frères.  David  leur  livra  donc  deux 
fils  que  Saiil  avoit  eus  de  Respha  ,  6k  cinq  que  Mérob 
fille  de  Saùl,  avoit  eus  d'Hadriel.  Les  Gabaonites  les 
crucifièrent  devant  le  Seigneur.  Cela  s'exécuta  au  com- 
mencement du  printems.  Respha,  concubine  de  Saùl  , 
demeura  près  de  ces  corps ,  6k  y  coucha  ,  les  gardant 
contre  les  oifeaux ,  6k  contre  les  animaux  carnaciers  , 
depuis  le  commencement  de  la  moifïon  ,  jufqu'à  ce  que 
Dieu ,  fléchi  par  ce  facrifice ,  envoya  de  l'eau  fur  la  terre 
6k  lui  rendit  fa  fécondité. 

Depuis  ce  tems,il  n'eft  plus  fait  mention  dans  l'écri- 
ture des^  Gabaonites,  comme  compofant  une  espèce  de 
peuple  à  part.  Mais  D.  Calmet  croit  qu'on  doit  les  en- 
tendre fous  le  nom  de  NathinÉENS  ,  ou  donnés,  (a  > 
qui  étoient  des  esclaves  publics  deftinés  au  fervice  du 
temple  :  dans  la  fuite  on  joignit  aux  Gabaonites  ceux 
des  Chananéens  que  l'on  affujétit,  6k  à  qui  on  voulut 
bien  conferver  la  vie.  On  voit  par  l'écriture  ,  que  Da- 
vid (b),Salomon  (  c  ),  6k  les  princes  de  Juda  en  donnè- 
rent un  bon  nombre  au  Seigneur;  6k  que  ces  Nathi- 
néens,  ayant  été  menés  en  captivité  avec  la  tribu  de 
Juda  6k  les  Lévites,  il  en  revint  un  grand  nombre  avec 
Esdras ,  Zorobabel  &  Néhémie,  6k  qu'ils  continuèrent  y 
après  la  captivité ,  à  lërvir  au  temple ,  fous  les  ordres  des 
Prêtres  6k  des  Lévites.  *  (  a  )  Paralip.  1.  1  ,  c.  9,  v.  a. 
(b)  Esdras,  1.  1 ,  c.  8,  v.  ao.  (c)  Ibid.  c.  a,  v.  58; 
6k  Rcg.  1.  3  ,  c.  9  ,  v.  ao. 

Gabaon  étoit  fur  une  hauteur  ,  comme  fon  nom  mê- 
me le  dénote  ,  à  quarante  ftades  ,  ou  à  5000  pas  de  Jé- 
rufalem, félon  Jofeph,  Antiq.  1.  7,  c.  10,  c'eft-à-dire 
environ  à  deux  lieues  de  cette  ville,  vers  le  nord.  Elle  eft 
nommée  Gabaa  ,  au  deuxième  livre  des  Rois ,  c.  a,  v. 
a1) ,  comparé  avec  le  premier  livre  des  Paralipomenes , 
c.  16,  39.  Gabaa  6k  Gabaon  ont  la  même  lignification 
littérale  :  il  eft  parlé  dans  quelques  endroits  "de  l'écri- 
ture ,  de  la  fontaine  6k  de  la  piscine  de  Gabaa ,  qui 
étoient  apparemment  au  bas  du  coteau  fur  lequel  étoit 
bâtie  Gabaon. 

On  ignore  quand ,  par  qui ,  à  quelle  occafion  le  taber- 
nacle 6k  l'autel  des  holocauftes  que  Moïfe  avoit  faits 
dans  le  défert,  furent  tranfportés  à.  Gabaon;  mais  on  fait 
certainement  qu'ils  y  étoient  fur  la  fin  du  règne  de  Da- 
vid (  a  )  6k  au  commencement  de  celui  de  Salomon.  Da- 
vid ayant  vu  l'Ange  du  Seigneur  fur  l'Aire  d'Ornam,  en 
fut  tellement  effrayé  ,  qu'il  n'eut  pas  la  force  d'aller  jus- 
qu'à Gabaon ,  pour  y  offrir  ion  facrifice.  Mais  Salomon 
étant  monté  fur  le  trône  de  David ,  alla  à  Gabaon  pour 
y  facrifier ,  (b)  parce  que  c'étoit-là  le  plus  conficîérable 
de  tous  les  hauts  lieux  du  pays ,  où  les  facrifices  étoient 
alors  tolérés ,  parce  que  le  temple  n'éroit  pas  encore  bâti. 
(a)  Paralip.  1.  1 ,  c.  ai ,  v.  a9  ,  30.  (b)  3.  Reg.  c. 
3  ,  v.  4. 

D.  Calmet  '  a  eu  raifon  de  remarquer  que  Gabaon 
eft  nommée  Gabaa  dans  quelques  endroits  de  l'écriture; 
mais  il  y  avoit  plus  d'un  lieu  de  ce  nom  dans  la  tribu  de 
Benjamin;  il  y  avoit  Gabaa  6k  Gabaon.  Le  P.  Bonfre- 
rius  le  marque  dans  fa  carte  delà  Terre-fainte.  Jofo;->b  , 
Tome  III.  A  ij 


GAB 


GAB 


dans  un  endroit ,  met  Gabaon  à  quarante  flades  de  Jéru- 
falem ,  &  ailleurs  à  cinquante  ;  il  a ,  fans  doute  ,  voulu 
parler  de  deux  villes  diftinètes.  Cette  reffemblance  de 
noms  pour  des  villes  différentes  ,  &  cette  différence  de 
lettres  en  nommant  le  même  lieu ,  ne  peut  que  caufer  de 
l'embarras,  fur-tout  quand  il  s'agit  de  lieux  fitués  dans 
une  même  province ,  &  dont  il  ne  refte  aucune  trace  que 
dans  des  écrivains  qui  ne  s'expriment  pas  d'une  manière 
nette  &  uniforme. 

2.  GABAON.  Voyez  Gabaoth. 

§.  GABAOPOLIS  ,  OU  GaBAOUPOLIS  ,  Ttt£a.im\,ç 
ville  de  la  Galilée  ,  félon  Etienne  le  géographe  qui  cite 
Jofeph  ;  mais  on  lit  préfentement  raCawwoAis  dans  cet 
auteur. 

GABAOTH,  lieu  de  la  Paleftine  ,  à  vingt  ftades  de 
Jérufalem.  S.  Epiphane  ,  de  Vitis  Prophu.  p.  239,  dit  : 
il  eft  à  l'orient  de  Sion ,  qui  a  une  avenue  par  où  l'on 
arrive  de  Gabaoth,  à  vingt  ftades  de  la  ville;  il  ajoute 
que  cette  avenue  étoit  fi  pleine  de  détours  ,  que  peu  de 
gens  la  favoient.  Ce  ne  peut!  être  GlBEON  ,  (  dit 
Reland ,  Palczjl.  p.  770  ,  qui ,  à  la  manière  des  Protes- 
tais ,  lit ,  félon  la  ponctuation  des  Juifs  modernes  )  car 
la  fituation  de,  ce  lieu  marqué  par  faint  Epiphane,  ne 
convient  point  avec  celle  de  Gibeon  qui  étoit  à  plus  de 
vingt  ftades,  de  Jérufalem  ;  &C  de  plus  ce  Saint ,  en  par- 
lant de  Gibeon ,  (  /.  2 ,  adverf.  Hœref.  p.  702 ,  )  le  nom- 
me Gabaon.  La  Chronique  Paschale  nomme  auffi  ce  lieu 
Gabaon,  &  dit  :  Salomon  arrangea  les  fépulchres  de 
David, i d'une:. manière  qu'ils  faifoient  face  à  l'orient  de 
SionJ  qui  a  une  avenue  depuis  Gabaon  à  vingt  ftades 
loin  de  la,yilie ,  &  il  fit  cette  avenue  fi  cachée  &  fi  dé- 
tournée ,  que  perfonne  ne  s'en  appercevoit ,  de  manière 
qu'encore  aujourd'hui  la  plupart  des  prêtres  &C  tout  le 
peuple  n'en;ont  point  de  connoiffance. 

GABARA  ,  neutre  pluriel.  Cette  ville  étoit  une  des 
trois  principales  de  la  Galilée  ;  les  deux  autres  étoient 
Sephoris  _  &L  Tibériade.  Reland  foupçonne  que  le  nom 
de  Gadara  plus  connu  des  copiftes  que  Gabara  ,  lui  a 
été  quelquefois  fubftitué  dans  le  texte'de  Jofeph.  Vespa- 
fien  étant  parti  de  Ptolémaïde  avec  fon  armée ,  fe  rendit 
fur  les  frontières  de  la  Galilée  ;  &  Jofeph,qui  étoit  campé 
affez  près  de  Sipporis  ou  Sephoris ,  fit  fa  retraite  vers  Ti- 
bériade ;  alors  Vespafien  prit  la  ville  des  Gabariens ,  fit 
enfuite  le  fiége  de  Jotapata  ck  des  autres  villes  de  la  Ga- 
lilée. On  lit  à  préfent ,  T*P*pîuv  au  lieu  de  TctGapîav 
qui  eft  pourtant  le  vrai  mot ,  &  qu'il  faut  remettre  dans 
ce  paflage.  Jofeph  dit  dans  fa  vie ,  que  la  ville  de  Gis- 
cala  fut  prife  par  les  peuples  voifins  les  Gadartniens  , 
les  Gabaraganiens ,  &  les  Ty  riens  ;  que  pour  lui  il  prit 
deux  fois  la  ville  de  Sephoris ,  celle  de  Tibériade  qua- 
tre fois ,  &L  une  fois  celle  de  Gabara ,  et  que  les  habi- 
tans  de  Galilée  ne  laiflbient  pas  de  l'aimer ,  quoiqu'il  eût 
pris  leurs  villes  ;  il  faut  lire  dans  ce  paflage  Gabara ,  & 
non  pas  Gadara.  On  peut  juger  de  la  fituation  de  Ga- 
bara par  ce  que  dit  Jofeph  dans  fa  Vie ,  au  fujet  de  la 
marche  de  Jonathas  qui  ,  allant  de  Judée  en  Galilée  , 
pana  à  Japha ,  à  Sephoris  ,  à  Afochis  &:  à  Gabara  ',  il  y 
avoit  quarante  ftades  ou  cinq  mille  pas  de  cette  dernière 
ville  à  Jotapata.  Reland  fournit  une  corre&ion  im- 
portante d'un  paflage  de  Jofeph  dans  fa  Vie.  Euttewcc 
lait  7r«3-Èiri  we«*  2a>ai'MV  y.(.y/iij.  î<nitâcu  kp-Gav  i-niyytsa)/ 
â'.otri  rai-'ia:  J'ordonnai  au  peuple  de  Cuivre  ju/qu'à  Sogane, 
village  des  Arabes,  éloigné  de-là  de  vingt  flades.  Au  lieu 
d'Ap*6»v ,  il  lit  r»e«'pa>i'&:  alors  ce  paflage  fignifie  :  J'or- 
donnai au  peuple  de  fuivrejufqu'à  Sogane  village  éloigné 
de  Gabara  de  vingt  ftades.  En  effet ,  1  Arabie  étoit  bien 
loin  de-là;  &c  le  changement  de  ra'^'pw-  en  hpiCav  a 
pu  fe  faire  facilement  par  le  retranchement  d'une  lettre  , 
6c  par  la  tranfpofition  de  deux  autres. 

GABARDAN  ,  ou  Gavardan  ,  petite  contrée  de 
France  ,  en  Gafcogne ,  dans  le  Condomois ,  à  l'orient 
du  Marfan ,  &  au  nord  de  l'Eaufan  ;  elle  prend  fon  nom 
de  Gabaret,  ou  Gavaret,  nommée  en  latin  Gavarretum. 
On  ignore  les  noms  des  vicomtes  de  ce  pays  fous  les  ducs 
de  Gascogne;  on  voit  feulement  que, l'an  io^o,  Roger 
étoit  vicomte  de  Gabaret ,  ou  de  Gavardan.  Pierre  pe- 
tit-fils de  Roger  ayant  éponfé  Guiscarde  fœur  de  Centu- 
le  ,  vicomte  de  Béarn ,  joignit  la  vicomte  de  Gavardan 
à  celle  de  Béarn  ,  ci  elles  ont  toujours  été  depuis  fous 
les  mêmes  Seigneurs.  Ce  fut  pourquoi  Germaine  de  Foix, 
reine  douairière  d'Arragon ,  ayant  demandé  pour  fa  part 


des  biens  de  fa  maifon ,  la  vicomte  de  Gabardan ,  avec 
celle  de  Turfan  &  de  Marfan  ,  ii.it  déboutée  de  fes  pré- 
tentions l'an  1 517,  par  arrêt  du  parlement  de  Paris  :  ces 
vicomtes  ont  été  depuis  réunies  à  la  couronne  fous  le 
règne  de  Henri  IV  ,  unique  héritier  des  maifons  de 
Foix  &:  d'Albert.  *  Longuefue ,  Defc.  de  la  France , 
I.  part.  p.  188. 

GABARET  ,  ou  Gavaret  ,  ville  de  France ,  en 
Gascogne,  aux  confins  du  Condomois  &  de  l'Armagnac 
fur  la  Gelife ,  entre  Condom  au  levant  &  Roquefort  de 
Marfan  ;  cette  ville  eft  capitale  du  Gabardan  ,  ou 
Gavardan  ,  &  eft  à  fix  lieues  de  Condom.  *  Baudrand 
éd.  1705. 

(  GABAROTH,  village  de  laPaleftine,  dans  la  Gali- 
lée ;  on  croit  que  c'eft  la  même  chofe  que  Gabara. 

1.  GABATHA,  ou  Gabaath  ,  lieu  de  la  Paleftine, 
dans  la  partie  méridionale  de  Juda ,  à  douze  milles  d'E- 
leuthéropolis.  On  y  montroit  autrefois  le  fépulchre  du 
prophète  Habacuc.  Eufebe  &  S.  Jérôme  écrivent  ce  nom 
Gabaas.  Jofeph ,  (  Antiq.  1.  6 ,  c.  5 ,  &  1.  13  ,  0  1  ,  ) 
fait  mention  du  bourg  de  Gabatha  ;  mais  il  faut  lire 
NADABATH,  N«(T«âv5  ;  Etienne  le  géographe  met  Ga- 
batha ,  ville  de  Galilée  ,  &c  cite  Jofeph  au  livre  fix  des 
Antiquités  :  elle  eft  différente  du  village  en  queftion.  On 
croiroit  aifément  que  ce  dernier  doit  être  le  même  que 
Kela  &  EcHELA ,  où  Eufebe  dit  qu'on  voyoit  le  fépuf- 
chre  d'Habacuc  :  car  ,  félon  cet  auteur  ,  Kela  étoit  à 
huit  milles  à  l'orient  d'Eleuthéropolis ,  en  allant  à  Jéru- 
falem ,  &  Gabatha  étoit  à  douze  milles  de  Jérufalem  :  or 
cette  dernière  ville  étoit  à  vingt  milles  d'Eleuthéropolis  ; 
ce  qui  faitjufte  le  produit  des  deux  diftances;  favoir, 
huit  &  douze  :  de  cette  manière  Gabatha  &  Kela  étoient 
des  lieux  très-voifins  l'un  de  l'autre ,  à  pareille  diftance 
entre  Jérufalem  &c  Eleuthéropolis,  c'eft-à-dire  à  huit 
milles  de  l'une ,  &  à  douze  de  l'autre.  Le  fépulchre  du 
prophète  étoit  entre  Gabatha  St  Kela ,  de  manière  qu'on 
pouvoit  le  voir  également  de  ces  deux  endroits  :  c'eft 
ainfi  que  Reland  concilie  cette  difficulté. 

2.  GABATHA,  ville  de  la  Galilée,  félon  Etienne  le 
géographe. 

3.  GABATHA.  Voyez  Gabaa. 

4.  GABATHA  ;  Eufebe  met  un  village  de  ce  nom ," 
aux  confins  de  Diocefarée  ;  mais  ,  comme  Reland 
le  remarque ,  il  y  a  une  grande  confufion  dans  le  grec 
en  cet  endroit. 

GABAZA.Quinte-Curce,  /.  8,c.  14,  nomme  ainfî 
ce  qu'Arrien  appelle  Gabae.  Voyez  Gabae  2.  Arrien 
en  faitune  place  forte,&Quinte-Curce  en  fait  une  contrée. 

GABBA.  Voyez  Gabé  2. 

GABBATHA  :  il  eft  parlé  dans  l'évangile ,  d'un  lieu 
du  palais  de  Pilate ,  d'où  ce  préfident  prononça  la  fen- 
tence  de  mort  contre  Jefus-Chrift ,  &  qui  s'appelloit  en 
hébreu  Gabbatha,  qui  vaut  autant  qu'en  grec  LlTHOS- 
TROTOS  ,  c'eft-à-dire  pavé  de  pierre;  c'étoit  apparem- 
ment une  éminence  ou  une  terrafle ,  ou  même  une  gale- 
rie ,  ou  un  balcon ,  qui  étoit  pavé  de  pierre,  ou  de  mar- 
bre, &c  élevé;  car  Gabbatha  fignifie  principalement  élé- 
vation. *  D.  Calmet.  Dift. 

1.  GABÉ;  dans  le  prophète  Zacharie,  0  14,  v.  10  , 
on  lit  vagi ,  au  lieu  de  J/33  :  C'étoit  une  petite  ville  de  la 
Paleftine  à  feize  milles  de  Cefarée  auprès  du  grand  champ 
de  Légion  ,  félon  Eufebe  ,  Onomafl.  ad  vocem  TaSaTÛv 
il  ne  faut  pas  la  confondre  avec  celle  qui  fuit. 

2.  GABÉ ,  ville  de  Syrie.  Pline  ayant  parlé  des  villes 
de  la  Décapole,  dit  qu'elle  eft  environnée  &C  entrecou- 
pée de  tétrarchies  dont  chacune  eft  une  contrée  &  une 
espèce  de  royaume  ;  il  met  de  ce  nombre  Gabé.  C'eft  la 
même  que  Jofeph ,  de  bello,  l.  2  ,  c.  17 ,  appelle  Gaba. 
Pline,/.  12,  c.  17,  lui-même  la  nomme  Gabba.  Etienne 
le  Byfantin  dit  aufli  Gabba  ville  de  Syrie.  Il  eft  fait  men- 
tion de  Pierre  évêque  de  ce  lieu  Gabbi  ,  dans  la  lettre 
fynodale  de  la  première  Syrie ,  à  l'empereur  Léon  ,  au 
concile  de  Chalçédoine.    .,.,.,'_.,         „ 

GABELIUM  ,  lieu  particulier  fur  la  Meufe  ;  il  en  efi 
fait  mention  dans  la  vie  de  S.  Hubert  évêque  de  Liège  ; 
Ortelius  croit  qu'il  doit  avoir  été  dans  le  voifinage  de 
Maeftricht.  .  , 

GABELLA ,  place  forte  de  la  Dalmatie ,  dans  1  Hert- 
ze<rovine,  fur  le  bord  oriental  de  la  rivière  de  Narenza, 
vis°-à-visde  la  fotterefle  dépeint,  au-deflus  delà  ville 
de  Narenza.  *Baudra.nd ,"  éd.  1705. 


GAB 


GAB 


GABELLUS ,  ancien  nom  d'une  rivière  cl* Italie;  c'eft 
préfentement  la  SECHlAqui  le  mêle  avec  le  Pô,  dans 
la  Mantouan.  *  Plin.  1.  3  ,  c.  16. 

GABENA  ,  r«'.<W ,  ville  d'Afie  ,  dans  la  Medie ,  fé- 
lon Ptolomée  ,  1.  6 ,  c.  2.  Elle  étoit  trop  éloignée  du 
Pafitigris ,  pour  être  la  capitale  du  pays  dont  parle  Plu- 
tarque;!dans  l'articta  fuivant. 

GABENE  ,  ou  Gabiene  ,  car  les  exemplaires  va- 
rient :  Diodore  de  Sicile,  /.  19,  nomme  ainfi  une  con- 
trée de  laPerfe.  Plutarque ,  In  Eumene  ,  parle  auflï  de  la 
province  des  Gabeniens,  peu  éloignée  du  fleuve  .Pauti- 
gris ;  ainli  ce  nom  ne  peut  venir  de  la  ville  nommée  dans 
l'article  précédent. 

1.  GABENI,  fiége  épiscopal  de  la  féconde  Paleftine, 
félon  les  notices  grecques  où  on  lit  r«'C«  •  Anaflafius 
en  étoit  évêque ,  comme  il  paroît  par  les  aftes  du  con- 
cile de  Jérufalem,  tenu  l'an  536.  *  Harduin.  Collée. 
Conc. 

2.  GABENI ,  peuple  de  Syrie  ,  dans  la  Cyrrheftique , 
félon  Pline,  1.  5  ,  c.  23.  Il  y  avoitun  fiége  épiscopal;  6k 
Baflonus  fon  évêque  eft  nommé,  entre  les  pères  du  con- 
cile de  Nicée  ,  Baffbnus  Gabenus. 

GABER ,  colline  de  la  Paleftine ,  auprès  de  Jablaam  ; 
elle  n'étoit  pas  éloignée  de  Mageddo  ;  car  Ochozias 
bleffé  par  l'ordre  de  Jehu,  s'enfuit,  6k  alla  mourir  dans 
cette  ville.  4.  Reg.  c.  8  ,  v.  27. 

GABIAN,  village  de  France ,  dans  le  bas  Languedoc, 
au  diocèfe  de  Beziers.  Ce  territoire,  qui  appartient  à  l'évê- 
que  de  Beziers ,  eft  remarquable  par  des  mines  de  char- 
bon 6k  de  vitriol ,  plus  encore  par  la  fontaine  de  pétrole  ; 
c'eft  l'unique  qui.lbit  en  France.  Elle  lort  d'un  rocher. 
L'huile  y  fumage  toujours  l'eau  qui  l'entraîne.  Cette 
huile  fut  découverte  en  1608.  On  enramafla,  pendant 
plus  de  trente  ans  ,  plus  de  36  quintaux  par  an.  Aujour- 
d'hui le  fermier  en  recueille  environ  400  livres  par  an. 
Cette  huile  appaife  les  douleurs  de  la  goutte  ,  de  la  feia- 
tique ,  de  la  colique  ,  des' dents ,  ckc.  Mém.  par  M.  Ri- 
vière ,  dofteur  en  médecine  de  Montpellier. 
;  GABIANA ,  province  d'Afie ,  près  de  la  Sufiane;  elle 
appartenoit  aux  Elyméens ,  félon  Strabon  ,1.  16 ,  p. 
74Ï- 

GABIANO ,  ancien  bourg  d'Italie  dans  le  Montferrat, 
près  du  Pô ,  à  une  lieue  au-deffus  de  Verrue.*  Baudrand, 
éd.  1701;.  ' 

GABIENE.  Voyez  Gabene. 

GABIES,  ancienne  ville  d'Italie.  Denys  d'Halicar- 
nafie  ,  1.  4 ,  c.  53  ,  en  parle  ainfi  :  Il  y  avoit  une  ville  du 
pays  Latin  à  cent  ftades  de  Rome ,  fur  le  chemin  qui 
mené  à  Prenefte  ;  elle  étoit  habitée  par  une'ancienne  co- 
lonie d'Albains  ,  6k  elle  fe  nommoit  Gables  ;  elle  efi\au- 
jourd'hui  déferte ,  6k  le  peu  d'édifices  qui  reftent,  ne  font 
que  des  hôtelleries  pour  la  commodité  des  voyageurs  ; 
cette  décadence  de  Gabies  eft  très-bien  marquée  par  ce 
vers  d'Horace.  1.  1 ,  Epift.  2  : 

ScisLebedus  quàmjît  G  abus  defertior, 

c'eft-à-dire ,  vous  favez  que  Lebede  eft  encore  plus 
déferte  que  Gabies.  Properce ,  1.  4 ,  Eleg.  1 ,  dit  dans  le 
même  fens  : 

Quippe  fuburbante  parvâ  minus  urbe  Bovillcc , 
Et  qui  nunc  nulli ,  maxima  turba  ,  Gabi. 


Autrefois  ,  ajoute  Denys  d'Halicarnaffe ,  elle  étoit  très- 
peuplée  ,  6k  elle  ne  cédoit  en  rien  à  aucune  ville  de  tout 
le  pays.  On  peut  juger  de  fon  étendue  pat  les  vaftes  rui- 


nes de  fes  bâtimens ,  ck  par  l'enceinte  de  fes  murs ,  dont 
une  grande  partie  fubfifte  encore  à  préfent.  Cette  ville 
réfifta  long-tems  aux  efforts  des  Romains  ,  ck  fut  enfin 
fubjuguée  ,  mais  par  la  fourberie  de  Sextus ,  fils  de  Tar- 
quin  le  fuperbe  :  il  feignit  d'être  mal  avec  fon  père ,  s'y 
réfugia,  gagna  la  confiance  des  Gabiens  par  quelques  vic- 
toires que  fon  père  ,  d'intelligence  avec  lui ,  favoit  lui  fa- 
ciliter ;  il  trahit  leurs  intérêts ,  ck  les  livra  aux  Romains , 
après  en  avoir  fait  périr  les  principaux  pour  des  crimes 
luppofés.  Les  habitans  étoient  nommés  en  latin  Gabini , 
ck  la  ville  Gabii.  Pline  ,1.  2 ,  c.  94 ,  dit  :  Il  y  a  des  ter- 
res qui  tremblent  fous  les  pas  de  ceux  qui  marchent.  Tels 
font  deux  cens  arpens  qui  tremblent  fous  les  pieds  des 
chevaux  dans  le  territoire  de  Gabies.  Ortelius  reprend 


Sefvius  d'avoir  attribué  cette  ville  à  ia  Camoanie. 

GABIM,  lieu  de  la  Paleftine.  il  en  eft  jjarlé  dans  le 
prophète  Ifaïe,  c.  10  ,  v.  31  ;  queique;-un-  trsduifent 
Medemena  s'eji  enfuyi  :  habkzns  de  Gabim,  ra(J'urc\~ 
vous.  On  ne  fait  quelle  étoit  la  lîtuation  de  G^bim  :  plu- 
fieurs,  prennent  ce  mot  pour  des  hauteurs  en  général ,  ck 
rendent  ainfi  ce  paffage^nv^  à  Medemena  :  Habitans  des 
hauteurs,  fauvez-vous.  *  D.  Calmer.  Diâ. 

GABIN,  petite  ville  de  la  grande  Pologne,  fur  le 
suiflèau  de  Bzura ,  au  Palatinat  de  Pvava ,  entre  V/arfovie 
oc  "WladifW  ,  à  trois  lieues  de  Plosko ,  vers  le  midi. 

*  Baud.  éd.  1705. 

GABIO,(Campo)lieu  de  la  Campagne  de  Rome,  Vers 
Paleftrine.On  croit  que  c'eft  la  place  deT ancienne  Gables*. 

GABITHA ,  ville  de  la  Paleftine ,  dans  le  Voifinage 
de  Boftra ,  vers  l'Arabie ,  félon  Cedrene ,  cité  par  Orte- 
lius.   Thefaur. 

GABIUSA  Aqua  ,  eau  du  territoire  de  Rome.  Son 
nom  moderne  eft  Marana,  félon  Baccius ,  dans  fon  traité 
de  Thermis ,  cité  par  le  même. 

^  GABLAN  ,  petite  ville  de  France  dans  la  généralité 
d'Aufch ,  éle.ftion  de  Rivière- Verdun ,  avec  une  juftice 
royale.  C'eft  à  tort  que  le  petit  dictionnaire  géographi- 
que portatif  met  cette  ville  dans  l'Armagnac  :  l'Armagnac 
n'eft  qu'une  élection  dans  laquelle  ne  peut  pas  être  celle 
de  Rivière- Verdun ,  parce  qu'une  éleft ion  n'eft  pas  plus 
dans  une  autre  qu'une  province  dans  une  autre.  Mém. 
drejjïs  fur  les  lieux. 

_  GABLE ,  rivière  d'Afrique.  Elle  coule  dans  l'Ethio- 
pie ,  6k  va  le  rendre  dans  la  mer ,  auprès  de  Monbaze. 

*  Corn.  Dift. 

GABOE ,  ou 

GABON  ,  rivière  d'Afrique  ,  au  royaume  de  Bénin. 
Elle  a  fafourceà  35  d.  de  longitude,  6k  à  I  d.  30'  de 
latitude  feptentrionale  ;  6k  ferpentant  vers  le  couchant , 
elle  va  fe  perdre  fous  l'équateur ,  dans  le  golfe  de  Gui- 
née, vis-à-vis  de  l'ifle  de  Saint  Thomas.  Le  pays  où  coule 
cette  rivière  eft  nommé  royaume  de  Pongo  ou  de  Ga- 
bon. Elle  eft  nommée  Gaba  par  Linschot.  La  pointe 
feptentrionale  de  fon  embouchure  ,  que  les  pilotes  appel- 
lent le  cap  de  Sainte  Claire,eftune  côte  afléz  haute  ;  mais 
le  terroir  n'en  vaut  rien.  Ce  cap  reffemble  fort  à  celui  de 
Saint  Jean  ;  mais  lorsqu'on  approche  du  rivage  ,  on  y 
voit  une  pièce  de  terre  blanche  comme  une  voile  ,  ce 
qui  n'eft  pas  à  celui  de  Saint  Jean.  L'embouchure  de 
cette  rivière'  a  quatre  milles  de  large.  Elle  fe  rétrécit  in- 
fenfiblement,  6k  n'en  a  que  deux  près  de  Fi  (le  de  Pongo. 
Vers  fa  pointe  méridionale  le  rivage  eft  bas  ,  6k  cou- 
vert d'arbres  ;  mais  quelques  lieues  plus  avant  vers  le 
midi ,  il  y  a  des  dunes  mêlées  de  taches  blanches  qu'on 
nomme  Sernijfes.  A  l'oppofite  du  côté  du  nord  il  y  a 
quelques  plaines  entre  lesquelles  la  mer  écume  avec  beau- 
coup de  violence.  Quoiqu'il  y  ait  un  banc  de  fable  vers 
le  fud ,  il  y  a  néanmoins  encore  auez  d'espace  pour  na- 
viger  entre  deux.  Du  même  côté  ,  environ  trois  ou  qua- 
tre milles  au-dedans  ,  il  y  a  un  autre  cap  que  les  Hollan- 
dois  appellent  le  coin  du  fable  Zand-hoeck.  La  rivière  de 
Gabon  nourrit  quantité  de  crocodiles  6k  d'hippopotames. 
A  cinq  lieues  de  fon  embouchure ,  elle  forme  deux  pe- 
tites ifles ,  l'une  que  les  Nègres  nomment  Pongo  ,  6k 
les  Européens  l'ifle  du  roi ,  parce  que  le  roi  du  pays  y 
fait  fa  réfîdence  :  l'autre  eft  appellée  l'ifle  des  perroquets, 
à  cairfe  du  grand  nombre  de  ces  oifeaux  qu'on  y  trouve. 
*  Dapper,  Afrique,  p.  318. 

Corneille  fait  un  royaume  de  Gaboe ,  près  de  la 
rivière  de  Bénin ,  6k  un  royaume  de  Gabon ,  dans  le 
pays  de  Biafar.  Dans  l'un  6k  dans  l'autre  de  ces  articles, 
il  n'eft  queftion  que  du  pays  qu'arrofe  cette  rivière  près 
de  fon  embouchure  :  car  l'intérieur  des  terres  nous  eft 
peu  connu. 

GABOWINA.  Voyez  Barbowina. 

GABRA ,  ville  d'Afie  ,  dans  la  Perfide ,  dans  les  ter- 
res ,  félon  Ptolomée  ,  1.  6 ,  c.  4. 

GABRANTONICORUM,  ou  Gabrantuicorum 
PORTUS  SALUTARIS,  félon  Ptolomée,  1.  2,  c.  3.  Le 
premier  eft  des  exemplaires  dont  s'eft  fervi  Ortelius  ,  le 
fécond  eft  de  l'édition  de  Ptolomée  par  Bertius  ;  ancien 
port  de  l'ifle  d'Albion.  C'eft  préfentement  Sucrby,  félon 
Cambden. 

GABRE,  commanderie  de  l'ordre  de  Malthe,  dans 
le  haut  Languedoc ,  diocèfe  de  Rieux. 


GAB 


GAD 


GABRETA  Silva.  Voyez  Gabrita': 
GABRI,  ancien  peuple  delà  Sarmatie,près  desPalus 
Méotides,  félon  Pline,  1.  6,  c.7. 

GABRIANUM,  c'eft  une  épithete  nationale  queGahen 
donne  à  une  forte  de  vin ,  prife  d'un  endroit  d'Italie.  Or- 
telius  croit  qu'il  faut  peut-être  dire  Gabinum ,  ou  plutôt 
G  aurianum. 

GABRIL ,  place  de  Perfe ,  autrefois  très-importante, 
au  royaume  de  Lar.  C'étoit  une  forterefle  presque  im- 
prenable, appeliée  Gabril,  du    nom  d'une  fort  haute 
montagne,  au  fommet  de  laquelle  elle  avoit  été  bâtie.  Elle 
étoit  fortifiée  d'une  grotte  muraille  de  pierres  de  taille  , 
dont  les   mines ,  qu'on  voit  encore  aujpurd'hui,  font 
connoître  qu'elle  occupoit  toute  la  pointe  de  cette  mon- 
tagne ;  de  forte  qu'elle  contenoit  une  grande_  place ,  ca- 
pable de  loger  une  garnifon ,  allez  nombreufe  pour  com- 
mander toute  la  campagne  voifine ,  avec  une  très-belle 
citerne  au  milieu.  Hors  des  murailles  du  fort ,  au  plus 
haut  de  la  montagne  ,  étoit  anciennement  le  village  de 
Benaru ,  beaucoup  plus  peuplé  que  n'eft  celui  qui  eft 
aujourd'hui  en  bas  ;  toutes  ces  maifons  étoient  comme 
de  grandes  cavernes ,  taillées  dans  le  roc,  dont  la  pierre 
eft  "fi  tendre,  &  fi  maniable,  qu'on  la  travailloit  fans 
peine.  Cette  pierre  foutient  cependant  des  édifices  auffi- 
bien  que  les  plus  fortes  voûtes.  Ces  cavernes   avoient 
plufieurs  chambres  différentes ,  où  les  habitans  pouvoient 
trouver  toutes  leurs  commodités ,  fk  vivre  avec  une  en- 
tière fureté ,  tant  par  l'avantage  de  leur  affiette,  que  parce 
que  le  fort  qui  étoit  en  haut ,  &  qui  commandoit  par- 
tout,  les  pouvoit  défendre  de  leurs  ennemis ,  en  les  em- 
pêchant de  monter.  Àufli  voit-on  encore  à  préfent  tout 
le  haut  de  cette  montagne  qu'occupoit  le  fort,  percé  de 
tous  côtés,  &  ces  trous  fervoient  à  ces  anciennes  & 
fûres  maifons.  Tous  les  voleurs    &   les    criminels  du 
royaume  de  Lara ,  dont  le  village  de  Benaru  eft  la  der- 
nière place ,  avoient  coutume  de  chercher  un  afyle  dans 
ce  fort  ;  &  comme  les  rois  n'avoient  pas  affez  de  force , 
pour  les  y  forcer  ,  ces  brigands  faifoient  des  courfes  dans 
le  pays,  &  voloient  les  caravanes  qui  y  paffoient ,  fe 
retirant  enfuite  au  fort  de  Gabril.  Alaverdy  Géan  ,   ful- 
tan  de  Schiras ,  qui  avoit  deffein  de  fe  rendre  maître  du 
royaume  de  Lara,  voulant  réprimer -Pinfolence  de  ces 
voleurs ,  alla  les  afliéger  avec  fix  ou  fept  mille  hommes , 
tant  de  pied  que  de  cheval  Se  beaucoup  d'artillerie.  Il  leur 
étoit  facile  de  lui  renfler ,  en  fe  défendant  dans  leur  fort  : 
.  mais  ils  eurent  la  témérité  d'en  fortir  avec  toutes  leurs 
forces ,  &  de  venir  attaquer  ce  capitaine ,  qui  avoit  choifi 
un  pofte  avantageux  pour  le  combat  dans  une  grande 
plaine ,  avec  un  plus  grand  nombre  de  gens  l  &C  des  fol- 
dats  aguerris.  La  cavalerie  du  fultan  les  mit  en  défordre  , 
tailla  en  pièces  les  plus  opiniâtres ,  &  contraignit  les  autres 
de  prendre  la  flûte.  Comme  les  meilleurs  hommes  étoient 
demeurés  en  ce  combat ,  &  que  les  autres  s'enfermèrent 
dans  le  fort ,  abandonnant  leurs  cavernes  qui  leur  pou- 
voient lèrvir  de  dehors ,  &c  où  ils  euflent  pu  faire  une  lon- 
gue réfiftance ,  ils  perdirent  courage  presqu'aufli-tôt;  fur- 
tout  quand  ils  virent  qu'il  n'y  avoit  point  de  vivres  pour 
tant  de  personnes  inutiles  qui  s'étoient  réfugiées  dans  le 
fort.  Enfin  ils  fe  rendirent  à  Alaverdy ,  avec  cette  forte- 
refle que  les  Perfes  auraient  trouvée  imprenable ,  fi  elle 
eût  été  gardée  par  des  gens  qui  euflent  fu'  fe  défendre. 
Alaverdy ,  après  avoir  fait  mourir  les  plus  criminels , 
commanda  aux  autres  d'aller  demeurer  au  pied  de  la  mon- 
tagne, &  d'y  bâtir  le  village  qu'on  nomme  Benaru,  fai- 
fant  démolir  le  fort  dont  les  murailles  étoient  fi  épaifies 
&  fi  dures ,  qu'il  fallut  employer  beaucoup  de  jours  à 
cette  démolition  ;  encore  y  laifla-t-on  quantité  de  gros 
morceaux  de  ciment,  pour  que  ces  débris  marquaflent  la 
force  de  celui  qui  l'avoit  détruit.  *  Corn.  Dift.  Relation 
de  ['ambaffadi  de  D.  Garcie  de  Sylva  Figueroa. 

1 .  GABRIS  ,  ville  de  la  Médie ,  félon  Ptolomée,  1.6, 
c.  2  ,  qui  donne  à  celle-là  83  d.  de  longitude ,  &C  41  d.  1 5' 
de  latitude.  Elle  étoit  au  milieu  des  terres. 

2.  GABRIS,  autre  ville  de  la  Médie,  félon  Ptolomée, 
qui  donneà celle-ci  87  d. 40  de  longitude,  &4od.  20' de 
latitude.  C'étoit  aufli  une  ville  méditerranée. 

3.  GABRIS.  Ortelius  trouve  dans  untroifiéme  morceau 
non  publié  de  la  table  de  Peutinger,'qu'il  y  avoit  une  petite 
ville  de  ce  nom  dans  les  Gaules.  Il  eut  bien  fait  de  marquer 
en  quelle  province  de  la  France ,  où ,  6c  du  inoins  à  quelle 
diftîmee  de  quelque  lieu  plus  connu, 


GABRITA  Sylva  ou  Gabreta.. Ptolomée,!.  2', 
c.  1 1 ,  eft  pour  la  première  orthographe,  &  Strabon  pour  la  ' 
féconde  r  ièrn*.  Le  premier  dit  :  au  pied  des  monts  Sudetes 
eft  la  forêt  Gabrita,  entre  laquelle  &t  les  montagnes  des 
Sarmates  eft  la  forêt  Hercynie.  Il  dit  plus  loin  :  après  les 
Variftes  eft  la  forêt  Gabrita . . .  au-deflbus  de  cette  forêt 
font  les  Marcomans.  Strabon,  1.  7,  p.  292^  dit  :  il  y  a 
encore  une  grande  forêt  nommée  Gabreta  :  enfuite  le 
pays  où  les  Suéves  font  établis ,  puis  la  forêt  Hercynie 
que  les  Suéves  occupent  aufli.  Lazius  croit  que  cette  forêt 
eft  la  partie  occidentale  de  la  forêt  de  Bohême,  &  qu'on  la 
nomme  à  préfent  FrieJletterwaldSon  fentiment  eft  adopté 
par  les  interprètes  de  Ptolomée.  Spener  ,  Not.  Ger- 
man.  ant.  1.  2 ,  c.  3  ,  p.  89  ck  90,  prétend  que  c'eft  au- 
jourd'hui la  forêt  de  T\mx\n°t{Duringer-7prald')  &  qu'elle 
s'étend  jufqu'à  la  montagne  de  Fichtelberg.  La  rivière  de 
Nau ,  qui  y  a  la  fource ,  va  tomber  dans  le  Danube. 

GABROSENTUM,  ville  de  la  Grande  Bretagne  ," 
félon  le  livre  des  Notices  de  l'Empire,  Secl,  63 .  Cambdeni 
l'explique  par  Gateshead. 

G ABRUMAGUM ,  ville  ancienne  delaNorique.  An- 
tonin  en  fait  mention  dans  fon  Itinéraire  ,  &  la  met  fur 
la  route  d' Aquilée  à  Lorch  (  Lauriaeum  )  entre  Sabatinca 
&  Tutatio ,  à  trente  mille  pas  de  la  première ,  &  à  vingt- 
un  mille  pas  de  la  féconde.  Lazius  croit  que  c'eft  Grob- 
ming. 

GABUS  ,  montagne  dont  Damafe  parle  dans  la  Vie 
du  pape  Silveftre.  Voici  le  paflage  tel  qu'Ortelius ,  Tke- 
faur.  le  rapporte.  Fundum  Laurentum  &■  omntm  agrunt 
adportamSeffurianam  :  ufque  ad  viam  Prœnejîinam,  à 
via  itineris  Latines  uf<pit  ad  montem  Gabum.  Il  doute 
s'il  ne  faudrait  point  lire  Gaurus,  pour  GABUS. 
GABYRA,  ou  Gabira.  Voyez  Diopolis. 
GAD ,  (tribu  de  )  l'une  des  douze  tribus  du  peuple  de 
Dieu  ;  compofée  de  la  poftérité  de  Gad ,  fils  de  Jacob  6c 
de  Zelpha,  fervante  de  LiahvLa  tribu  de  Gad  fortit 
d'Egypte  au  nombre  de  quarante-cinq  mille  cinq  cens 
cinquante  hommes.  (a)  Après  la  défaite  des  rois  Og  &C 
Sehon ,  (b)  Gad  &c  Ruben ,  &  la  moitié  de  Manafle  de- 
mandèrent à  Moïfe  qu'il  lui  plût  leur  donner  leur  partage 
dans  ces  pays  nouvellement  conquis ,  alléguant  le  grand 
nombre  de  beftiaux  qu'ils  avoient.  (c)  Moiieleleur  accor- 
da ,  fous  la  charge  &£  à  condition  qu'ils  accompagne-  • 
roient  leurs  frères  clans  la  conquête  du  pays  de  de-là  le 
Jourdain  ,  que  le  Seigneur  leur  avoit  promis.  (d)  Ainfi 
Gad  eut  ion  partage  entre  Gad  au  midi  &c  Manafle  au 
nord  ,  ayant  les  montagnes  de  Galaad  à  l'orient,  &  le 
Jourdain  à  l'occident.  Voilà  le  fentiment  de  D.  Calmet  ; 
voici  ce  que  Reland  ,  Palcejl.  p.  162,  dit  de  cette 
tribu.  Elle  s'étendoit  depuis  l'extrémité  de  celle  de  Ruben 
peu  loin  d'Hefebon  jufqu'à  la  rivière  de  Jabbock ,  &  à 
l'extrémité  de  la  mer  de  Cenereth  (c)  &  depuis  Macha- 
naïm  (Manaïm)  ville  fituée  aux  confins  de  la  tribu  de 
Gad ,  &:  de  la  demi-tribu  de  Manafle  ,  (f)  elle  s'éten- 
doit jufqu'à  Dabir.  Les  foixante  &  dix ,  au  lieu  de  Dabir  , 
qui  eft  dans  l'hébreu,  difent  Aœ/2-.ïi'  qui  eft  la  même 
que  Dibon,  ville  de  la  tribu  de  Ruben  qu'eux-mêmes 
appellent  Daibon,  (S)  on  ne  voit  point  que  les  enfans  de 
Gad  l'ayent  habitée.  Les  villes  de  cette  tribu  furent  entre 
autres ,  félon  le  livre  des  Nombres ,  c,  32,  v.  34  fk fuiv. 
Selon  la  vidgate  ,  Selon  l'hébreu  , 

Dibon ,  Dibon , 

Ataroth,  Ataroth, 

Aroer ,  Aroer  , 

Roth,  Atroth-Sophan, 

Sopham, 

Jazer ,  Jaëzer  ; 

Jegbaa ,  Jogbeda , 

Bethnamra,'  Bethnimra^ 

Beth-aran  ,  &  Bethhatan, 

Au  lieu  d' Atroth-Sophan  ,  le  Grec  porte  Sophar,  &  au 
lieu  de  Bethnimra  ,  Namram.  Reland  ,  attribue  aux 
enfans  de  Gad  les  villes  fuivantes , 

Jaezer ,  Beth-hafam  , 

Ramath  Hammitzpe ,    Beth-nimra } 
Betonim  ,  Succoth , 

Machanim ,  Saphon. 

Il  remarque  que  Ramath,  Machanaim ,  Chesbon  (  Hefe- 
bon  )  &  Jaezer  ,  furent  démembrées  en  faveur  des  Lé- 
vites :  (J>)  que  Chesbon  étoit  enclavée  dans  une  por- 


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tîoft  de  la  tribu  de  Ruben  ,  mais  fur  les  frontières  de  cette 
tribu,  &  de  celle  de  Gad  :  (  '  )  que  quelques  exemplai- 
res grecs  portent  Ramoth ,  au  lieu  de  Ramath  ,&C  qu'en- 
fin Ramath  (k  Ramoth ,  font  des  noms  d'une  même  ville. 
Il  obferve  (k)  encore  que  les  villes  de  cette  tribu  n'étoient 
pas  toutes  au  nord  de  la  tribu  de  Ruben  ,  Se  qu'il  y  en 
avoit  au  midi,&c  à  l'orient  des  Rubenites.(a)  Genef.  c.  30, 
v.  9  &  feq.  (b)  Num.  c.  1  ,  v.  20  &  21.  (c)  Ntun.  32  , 
v.  1  &  feq.  (ci)  Ibid.  v.  &  29.  (e)  Jofué,  c.  la  ,  v.  26 
&  27.  (f)  Ibid.  v.  50.  (6)  Ibid.  v.  17.  (h)  Jç/àZ,  c.  21 , 
v.  \?8.  (')  J&rf.  c.  13  ,  v.  26.  0)  />.  582 ,  650  ,  735. 
GAD  ABIT  ANI,  peuple  barbare,  en  Afrique,  près 
de  Tripoli.  Procope  en  fait  mention  au  ftxiéme  livre  de 
Ces  édifices. 

GADAGALE,  ville  de  l'Ethiopie ,  fous  l'Egypte, 
félon  Pline,  1.  6,  c.  29. 

GADAGNE ,  bourg  dans  le  diocèfe  d'Avignon.  Il 
a  titre  de  duché  papal. 

GADAMALIS,lieu  de  la  Médie,  félon  Diodore  de  Si- 
cile ,  I.  19.  Quelques-uns  lifent  Gadarlis. 

GAD ANOPYDRES ,  ancien  peuple  de  la  Carmanie 
déferte,  félon  Ptolomée,  1.  6,  c.  6.  Quelques  exem- 
plaires portent  GANANBANOPYDN.E. 

GADAONE  ,  lieu  de  la  Gaule  Narbonoife ,  félon 
l'itinéraire  d'Antonin.  On  croit  que  c'eft  aujourd'hui  Exi- 
les. Voyez  ce  mot. 

GADAR,  ville  d'Afie  ,  dans  la  Parthyene,  à  cinq 
fcheenes  de  la  ville  de  Nifée ,  &c  à  pareille  diftance  de 
Siroc  ,  félon  Ifidore  de  Charax,  Manjion  Parthic.p.  7, 
édit.  Oxon. 

1 .  GADARA ,  félon  Reland ,  Palajl.p.  773 ,  ancienne 
ville  de  la  Paleftine ,  dans  la  Perée  ,  ou  dans  la_  féconde 
Paleftine.  Pline ,  /.  5 ,  c.  16,  dit  qu'elle  étoit  fituée  fur 
le  fleuve  de  HieramaCe.  C'étoit  la  métropole  de  la  Pe- 
rée ,  félon  Jofeph  ,  de  Bello  ,  /.  5  ,  c.  3  ,  qui  nous  ap- 
prend auffi  qu'elle  étoit  fituée  au  levant  de  la  mer  de  Ti- 
bériade ,  à  foixante  ftades  de  la  ville  dont  cette  mer  por- 
toit  le  nom.  Gadara  donnoit  elle-même  fon  nom  à  un 
canton  nommé  GADARIS ,  &  REGIO  GADARENA  , 
qui  bornoit  la  Galilée  à  l'orient,  (a)  Le  nom  de  GADA- 
RIS  eft  auffi  connu  deStrabon ,  qui  dit  que  fon  eau  ma- 
récageufe  faifoit  tomber  le  poil ,  les  ongles ,  &  les  cor- 
nes aux  beftiaux,  qui  en  buvoient.  Il  femble  que  ce  foit 
la  même  que  Pompée  rétablit,  (fa)  Elle  avoit  un  des  cinq 
Synedrins,  qui  étoient  dans  la  terre  d'Israël.  (c)  Ce  fut 
une  des  villes  qu'Augufte  rendit  à  Hérode  ;  (d)  elle  étoit 
auffi  l'une  des  villes  où  la  langue  grecque  étoit  en  ufage  , 
n«'x«f  EW.w/<fef  &  qui  ne  dépendoient  point  d'Arche- 
laiis;  mais  elle  étoit  annexée  à  la  Syrie.  Reland  foup- 
<;onne  qu'on  lit  quelquefois  dans  Jofeph  Gadara  pour 
Gabara.  Voyez  G AB ARA.*  (a)  de  Bello ,  l.  3  ,  c.  2.  (t>) 
Antiq.  I.  14 ,  c.  8.  (c)  Ibid.  I.  14,  c.  10;  &  de  Bell.  I.  1 , 
c.  6.  (d)  Antiq.  I.  1  5  ,  c.  11;  de  Bello.  I.  I  ,  c.  l  <J. 

Saint  Marc  ,  c.  5  ,  v.  1 ,  dit  que  Jefus  -  Chrift  ayant 
paffé  la  mer  de  Tibériade ,  vint  dans  le  canton  des  Ga- 
dareniens ,  &c.  C'eft  ainfi  que  porte  le  grec  imprimé. 
Saint  Luc ,  c.  8  ,  v.  26 ,  lit  de  même  dans  le  Grec.  Saint 
Matthieu ,  c.  8  ,  v.  28  ,  porte  des  Gerafeniens.  Origene 
croit  qu'il  faut  lire  Gergejbnorum.  Voyez  les  variantes  de 
Mil/.  &c  le  commentaire  de  D.  Calmet  fur  faint  Mat- 
thieu ,  VIII,  2?. 

Etienne  le  géographe  attribue  cette  ville  à  la  Célefy- 
rie ,  ajoutant  qu'on  la  nommoit  auffi  Seleucie  &  Antio- 
che.  Saint  Epiphane  en  loue  les  eaux  minérales ,  &  dit 
qu'on  y  célébrait  une  fête  tous  les  ans  ;  que  les  hommes 
&  les  femmes  s'y  baignoient  enfemble,  &  que  l'eau 
guériffoit  de  plufieurs  genres  de  maladies.  L'itinéraire  de 
faint  Antonin  martyr ,  différent  de  celui  d'Antonin ,  fou- 
vent  cité  dans  ce  livre,  nomme  la  ville  Gaddi 
&  Gabaon,  &  dit  que  les  eaux  minérales  s'appelloient 
Thermes  Hélice ,  qu'elles  guériffoient  de  la  lèpre  ,  qu'il  y 
avoit  une  rivière  d'eau  chaude  nommée  Gadarra ,  qui 
alloit  groffir  le  Jourdain.  Tranjîvimus  Jordanem  in  ipfo 
'oco ,  &  venimus  in  civitatem  que  vocatur  Gaddi  ,  quœ 
Gabaon  diàtur  (il  devoit  dire  Gad  ARA  )  inparte  ipfius 
civitatis  milliario  tertio  funt  aquœ  calidœ  quœ  appellan- 

tur  Thermo  HELIvE,  ubi  leprofi mundantur ibi 

ejl  etiam  fluvius  calidus  qui  dicitur  GADARRA  ,  &  des- 
cendit torrens  &  in t rat  Jordanem ,  &  ex  ipfo  ampliatur 
&  major  fit.  Eunapius,  dans  la  vie  de  Jamblique,  dit  que 
les  bains  de  Gadara  tiennent  le  premier  rang  après  ceux 


de  Bayes.  ïl  raconte  enfuite  que  les  deux  moindres  ferla 
taines  étoient  nommées  ,  l'une  Erota  £  m  -a  &  Taufrê 
Anterota,'An-'pu-!a.  Cette  ville  a  eu  fes  évêques  ,  quel-» 
ques-uns  font  nommés  dans  les  conciles.  Gadeira  eft 
dans  les  notices  une  des  villes  épiscopales  de  la  fécondé 
Paleftine.  Gaianus  ,  évêque  de  Gadara  ,  affifta  au  con- 
ci  le  de  Nicée  :  Eufebe  à  celui  d'Antioche  ,  tenu  en  34Tb 
Théodore  fouscrivit  au  concile  d'Ephefe  ;  &  Jean  avuê 
actes  du  concile  de  Chalcedoine ,  qui  eft  le  quatrième 
concile  général,  '\u-wt  Y-iH^r  c'eft-à-dire  de  Gadara, 
de  la  féconde  Paleftine.  Dans  le  moyen  âge,  ce  nom  de 
Gadara  fut  corrompu  en  celui  de  Cedar,  ou  KebaR, 
&  on  fe  figura  mal-à-propos  ,  que  c'étoit  l'ancien  paya 
de  Cedar,  dont  il  eft  fait  mention  dans  l'écriture.  C'eft 
ainfi  que  dans  la  chronique  de  Freculfe ,  évêque  de  Li* 
fieux ,  on  lit  Abella  Cedar;  mais  Polybe ,  /.  ié ,  &  Jo~ 
feph,l.  13  ,  mettent  Abila  &  Gadara,  AÙ\x  £  vâS'aça.. 

2.  GADARA ,  ville  de  la  première  Paleftine  ;  il  y  en 
avoit  une  dans  la  Célefyrie  ,  félon  Etienne  le  géographe  S 
Reland  ,  PaUftince  ,  L  3  ,  p.  778  ,  croit  que  c'eft  la 
Gadara  de  Perée  ,  dont  nous  venons  de  parler  dans 
1  article  précédent  ;  mais  le  même  Etienne  met  une  autre 
Gadara  dans  la  Paleftine ,  &  dit  que  Porphyre  en  a  fait 
mention  dans  le  treizième  livre  de  1  Hiftoire  de  la  philo- 
fophie.  Cette  ville  ne  devoit  pas  être  loin  d'Azoth.  Stra- 
bon,  /.  16  ,  dit  :  entre  deux,  il  y  a  Gadaris  que  les 
Juifs  veulent  s'approprier,  enfuite  Azoth  &  Ascalon. 
Reland  ,  croit  que  Gadaris  fignifie  plutôt  la  con- 
trée que  la  ville,  comme  dans  Jofeph,  il  eft  dit  que 
Gadaris  £  c'eft-à-dire  la  contrée  de  Gadara  )  borne  la 
Perée  à  l'orient.  Il  ne  faut  pas  confondre  cette  autre  con- 
trée de  Gadara  avec  celle  dont  il  eft  ici  queftion,  com- 
me, a  fait  Strabon.  Cafaubon  l'en  blâme  avec  juftice. 
Cette  ville  eft  nommée  tantôt  Gaz  ARA,  comme  on 
verra ,  fi  l'on  compare  divers  paffages  des  Machabées  , 

',c.k  V.28&35;!..  c.7,y.4î;l,i,c.9, 
/  5  ' .  K  '•  1  ,  c  13  ,  v.  54.  Il  y  en  a  un  qui  marque 
fafituation  aux  confins  d'Azoth,  (1.  1 ,  c.  14,  v.  34;  & 
1-  2  ,  C.  10,  v.  32.  ")  Jofeph,  Antiq.  I.  f  ,  c.  I  ,  dit 
qu  elle^borne  la  tribu  d'Ephraïm,  au  couchant  :  cela  con- 
firme l'opinion  de  ceux  qui  croyent  que  c'eft  le  même 
lieu  que  Geser.  Voyez  ce  mot.  Jofeph  la  nomme  fou- 
vent  Gazara,  &:  dit  qu'elle  étoit  aux  confins  d'Azoth, 
&  il^  la  joint  trois  fois  avec  Joppé  &  Jamnia.  Cette  ville 
a  été  épiscopale  ;  &  dans  les  anciennes  Notices ,  elle  eft 
nommée  avec  Azoth ,  comme  étant  l'une  &  l'autre  des 
villes  de  la  première  Paleftine. 

3.  GAD  ARA,  ancien  village  de  la  Grèce,  dans  la 
Macédoine,  félon  Etienne  le  géographe.  Ortelius  entait 
une  ville  :  Etienne  dit  K»V»  village. 

GADARENUS  Lacus  ,  lac  de  la  Paleftine  ,  félon 
Strabon,  1.  16.  Ortelius  demande  fi  ce  ne  ferait  point  le 
Meltha  de  Guillaume  de  Tyr. 

GADARIS.  Voyez  Gadara  2. 

GADARLIS.  Voyez  Gadamalis. 

GADARONIT.E  ,  ifles  de  l'océan  feptentrional  ; 
félon  Ortelius  ,  qui  cite  un  ouvragé  non  imprimé  d'Eti- 
chus  le  Sophifte.  Cet  ouvrage  étoit  différent  de  la  Cos- 
mographie publiée  par  Simler. 

GADASENA.  Voyez  Gadiana. 

GADDA,  contrée  de  l'Arabie ,  félon  Etienne  le  Géo- 
graphe. Il  eft  fait  mention  de  Gadda  dans  Jofué,  c.  iv, 
v.  27  ;'  &  quelques-uns  croyent  que  c'étoit  une  ville  de 
la  tribu  de  Juda  :  Eufebe  dit  Gadda ,  dans  la  tribu  de 
Juda  :  c'eft  encore  à  préfent  un  village  à  l'extrémité  de 
Daroma.  Saint  Jérôme  ,  après  avoir  traduit  ces  paroles  , 
ajoute  celles-ci  :  vers  l'orient ,  au-deffus  de  la  mer  Morte. 
Les  Notices  de  l'Empire  mettent  auffi  Gadda  dans  le  dé- 
partement du  commandant  de  l'Arabie.  Reland  croit 
qu'il  faut  lier  ce  nom  avec  le  précédent ,  &  lire  Chat^ar- 
Gadda,  ou  comme  nous  dirions  Hazer-Gadda. 

GADDIR.  VoyezTARTESSUS. 

GADEBESCH  ,  petite  ville  d'Allemagne  dans  le 
Duché  de  Meckelbourg  ,  avec  un  château.  Elle  eft 
remarquable  par  la  victoire  fignalée  que  le  général  Sué- 
dois remporta  en  171 2  fur  Frédéric  IV  ,  roi  de  Dane- 
marck. 

GADELONITIS,  r*JWm-,f,  contrée  d'Afie  au-delà 
de  l'embouchure  du  fleuve  Halys ,  félon  Strabon  ,1.  1  z, 
p.  546.  Elle  droit  fon  nom  de  Gadilon  ,r«cT;A«;',  qui 
eft  peut-être  le  même  lieu  que  Ptolomée,  1.  5; ,  c.  4  , 


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appelle  Galoron ,  raAW(yi<.  Mais  le  lieu  dont  parle 
Ptolomée  doit  être  en-deçà  de  l'Halys  ;  au  lieu  que  le 
Gadilon  de  Strabon  devoit  être  au-delà. 

GADEMIS,  contrée  d'Afrique,  dans  le  Bildulgerid 
.propre.  C'eft ,  dit  Marmol ,  Afrique ,  l.  7  ,  c.  59 ,  t.  3  , 
p.  39,  une  grande  habitation  ,  où  il  y  a  plufieurs  châteaux, 
ck  de  grands  villages.  Elle  eft  à  cent  lieues  de  la  mer 
méditerranée ,  du  côté  du  midi.  Les  habitans  font  riches 
en  dattes ,  &  en  argent ,  parce  qu'ils  trafiquent  avec  les 
Nègres.  Ils  ont  iui  commandant ,  &  ils  payoient  autrefois 
tribut  aux  Arabes  du  défert  ;  à  prélent  c'eft  aux  Turcs  , 
qui  y  font  fouvent  maltraités  ,  particulièrement  quand 
ceux  du  pays  fe  joignent  aux  Arabes.  On  trouve  en  ces 
quartiers  peu  de  bled  ck  de  viande ,  ck  ce  qu'il  y  en  a 
eft  fort  cher. 

GADENI ,  ancien  peuple  de  l'ifle  d'Albion  ,  félon 
Ptolomée.  Cambden  croit  qu'il  faut  lire  Ladeni.  Il  a 
été  aifé  de  changer  a  en  un  y.  Le  P.  Briet ,  Parall. 
2  ,part.  l.zfp.  1 8  5 ,  a  adopté  le  mot  Ladeni ,  &  dit  que 
ce  peuple  occupoit  la  Lothiane ,  les  Marches ,  &  Tifedal. 
ïl  lui  donne  pour  ville  Cafirum  Alatum  :  Edimbourg  ck 
Colanïa  Coludi.  d'Audifret  ,  Geogr.  t.\  1  ,  eft  d'un 
autre  fentiment  :  il  place  les  Gadenes  dans  les  provinces 
de  Lennox,  d'Argyle,  ck  de  Strathern.Cambden^/v'ta/z/z. 
prétend  que  les  Gadeni ,  ou  Ladeni ,  habitoient  l'espace 
qui  eft  entre  l'embouchure  de  la  TVede ,  ck  le  Forth  à 
Edimbourg ,  ck  qui  eft  préfentement  divifé  entre  les  petites 
contrées  de  TeifidaU  Twcdak  Merch  ,  ck  Lothien  ,  en 
Latin  Lodeneium  ,  nom  qui  dans  les  écrits  du  moyen  âge, 
les  comprenoit  toutes. 

1 .  GADER ,  ancien  lieu  de  la  Paleftine.  Le  roi  de 
Gader  fut  pris  ck  mis  à  mort  par  Jofué  (c.  ll,v,  13.) 
D.  Calmet  croit  que  Gader  eft  aparemment  le  même  que 
G  ad  OR  des  Paralipomenes  ,  1.  2  ,  c.  4 ,  v.  3  9.  Gaderot 
du  même  livre,  c.  28, v.  l8;GEDOR,  dont  parle  Jofué , 
c.  1 5 ,  v.  58 ;  &  Gazer,  Gazera ,  oumême Gadara, 
ou  Gadera  ,  dans  les  Machabées ,  ck  par  conféquent  la 
même  que  Gadara  2.  , 

2.-GADER,  rivière  des  Indes  dans  les  états  du  grand 
Mogol  :  elle  prend  fa  fource  un  peu  au  nord  de  Patan, 
traverfe  le  royaume  de  Necbal ,  dont  elle  arrofe  la  capitale. 
Elle  entre  enfuite  dans  celai  de  Jefuat ,  coule  à  Rajapour, 
ck  va  fe  rendre  dans  le  Gange  au-deffous  de  la  ville  de 
Patna.  De  rifle ,  Robert,  Atlas. 

GADEROTH.  Voyez  Gader  i. 

GADES ,  ifle  &  ville  d'Espagne  ,  fur  l'océan ,  auprès 
du  détroit ,  qui  en  prenoit  le  nom  de  Gaditanum 
Fretum.  Pline  ,  1. 4 ,  c.  32 ,  dit  :  à  la  tête  de  laBetique  , 
à  vingt-cinq  mille  pas  de  l'entrée  du  détroit  eft  l'ifle  de 
Gadis,  longue  de  douze  mille  pas ,  félon  Polybe ,  ck  large 
de  trois  mille  pas.  Elle  eft  éloignée  de  la  terre  ferme  par 
l'endroit  le  plus  voifin  ,  d'environ  fept  cens  pieds,  ailleurs 

elle  en  eft  a  plus  de  fept  mille  pas Elle  a  une 

ville  peuplée  de  citoyens  Romains  ,  ck  que  l'on  apelle 
Augusta  Urbs  Julia  Gaditana.  Du  côté  de 
l'Espagne ,  à  cent  pas  environ  eft  une  autre  ifle,  qui  a  trois 
milles  de  longueur  ck  à-peu-près  autant  de  largeur ,  dans 
laquelle  étoit  anciennement  la  ville  de  Gades.  Ephorus  ck 
Phihftide  l'appellent  Erythia  :  Timée  ck  Silène  l'appel- 
lent Aphrodisias  ,  (c'eft-à-dire  l'ifle  de  Venus  i)  les 
naturels  du  pays  la  nomment  l'iSLE  DE  JuNON.Timee  dit 
qu'ils  donnent  à  la  plus  grande  le  nom  de  COTINUSSA  ; 
les  nôtres  l'appellent  Tartessus  ;  les  Carthaginois  la 
nomment  Gadir;  ce  mot  lignifie  chez  eux  une  HAYE.  Le 
nom  d'Erythie  (qui  eft  la  plus  petite  de  ces  deux  ides)  eft 
venu  de  ce  que  lesTyriens,de  qui  descendoient  les  premiers 
habitans,  venoient,  dit-on,  de  la  mer  Erythrée.Quelques- 
uns  croyent  qu'elle  a  été  habitée  par  les  Gérions ,  dont 
Hercule  enleva  les  troupeaux.  Il  y  a  des  écrivains  (Pom- 
ponius  Mêla  ,1.  3  ,  c.  6,)  qui  croyent  que  c'étoit  une 
autre  ifle  autrefois  nommée  de  même  ,  ck  qu'ils  placent 
devant  la  Lufîtanie.  C'eft'  ce  que  dit  Pline  ,  à  l'endroit 
cité.  Solin,  c.  23  ,  l'abrège  à  fon  ordinaire,  ck  dit:  à  la 
tête  de  la  Betique  ,  où  eft  la  dernière  borne  du  monde 
connu ,  eft  une  ifle  féparée  du  continent  par  une  diftance 
de  fept  cens  pas._  Les  Tyriens  venus  de  la  mer  Rouge , 
donnent  à  cette  ifle  le  nom  d'ERYTRÈE.  Les  Carthaginois 
la  nomment  en  leur  langue  GADIR  ,  c'eft-à-dire  une 
haye;  VU  lignifie  une  cloifon.  Les  anciens ,  entre  autres 
Scylax,  Peripl.  p.  I,  ck  <i,  éd.  Oxon.  Teconnoiffent 
deux  ifles  en  cet  endroit,  dans  l'une  desquelles  étoit  une 


ville.  Pline  ,  comme  on  l'a  vu ,  dit  que  cette  ville  étoit 
dans  la  plus  grande.  L'ifle  ck  la  ville  font  apellées  Gadira 
par  Marcien  d'Heraclée  ,  Peripl.  p.  40,  edit.  Oxon.  Une 
inscription  au  recueil  de  Gruter  ,  p.  358,  n.  4,  porte 
Mun.  Aug.  Gad.  C'étoit  le  chef-lieu  d'un  département 
particulier ,  ou  d'une  de  ces  affemblées  juridiques ,  dont 
j'ai  parlé  dans  l'article  d'Espagne.  Les  Romains  s'étant 
rendus  maîtres  de  cette  ville ,  l'augmentèrent  d'une  neuve, 
bâtie,  par  Balbtts  Gaditanus  ,  homme  "onfulaire.  Cette 
ville  neuve  Neapolïs ,  ck  la  vieille ,  furent  apellées  Gemina, 
Mun  ,  c'eft-à-dire  double  ou  gemelle. 

Il  eft  hors  de  doute  que  la  grande  eft  préfentement  l'ifle 
où  eft  fituée  Cadix.  Voyez  ce  mot.  La  petite ,  nommée 
Erythie ,  n'eft  pas  fi  facile  à  trouver. 

GADGAD ,  montagne  d'Arabie ,  dans  le  défert  de 
Pharan.  Les  Hébreux  y  campèrent  dans  leur  voyage  du 
défert.  Elle  eft  entre  Benejacan  èijetebatlia*  D.  Calmet , 
Dift.  Numer.  c.  33  ,  v.  32. 

GADI  ,  lieu  d'où  étoit  natif  Bonni ,  un  des  braves  de 
David.  D.  Calmet  croit  que  c'étoit  aparemment  le  même 
que  Gadda ,  ou  Ha^er-Gadda ,  dans  la  partie  méridio- 
nale de  Juda*  *  Reg.  1.  2  ,  c.  23  ,  v.  36.  Jofué ,  c.  15, 
v.  27. 

GADIANA,  ville  de  la  Cappadoce,  dans  la  Chamane, 
qui  en  étoit  un  canton  ,  félon  Ptolomée ,  /.  5  ,  c.  6  ;  quel-. 
ques  exemplaires  portent  GADASENA. 

GADILON.  Voyez  Gadelonitis. 
.     1 .  GADIR.  Voyez  Gades. 

2.  GADIR.  Egefippe  appelle'  ainfî  la  montagne  qu'il 
nomme  ailleurs  Garisim.  Voyez  GariSIMA. 

GADIRA ,  lieu  de  la  Paleftine.  C'eft  aparemment  le 
même  que  Gader.  *  Jofué,  c.  15. 

GADIRI.  Jofeph ,  Antiq.  1.  1 ,  c.  7 ,  nomme  ainfî  un. 
peuple  de  l'Europe  Tx^(Kt  5-;,  la  terre  des  Gadires.  C'eft 
l'ifle  de  Gades  ck  fes  environs. 

GADIRICUS.  Platon  appelle  ainfî  une  partie  del'ifle 
Atlantide ,  auprès  des  Colomnes  d'Hercule  ;  mais  ce  qu'il 
en  dit  n'eft  pas  affez  géographique  pour  y  ajouter  beau- 
coup de  foi. 

GADIRIDjE  PORT.E  :  c'eft  la  même  chofe  qu'Abyla: 

GADIROTH  ,  ouGaderoth.  Voyez  Gader. 

GADIRTHA  ,  ancienne  ville  de  l'Arabie  déferte  ,' 
félon  Ptolomée,  /.  5  ,  c.  19.  Elle  étoit  vers  l'Euphrate. 

GADITANA  Provincia  ,  ancienne  Province  d'Es- 
pagne ,  dont  Cadix  étoit  la  capitale ,  félon  Tite-live , 
/.  28. 

GADITANUM  Fretum  ;  les  anciens  apelloient  ainfî 
le  détroit  que  nous  apellons  aujourd'hui  de  Gibraltar.  H 
tiroit  alors  fon  nom  de  la  ville  de  Gades, 

GADITANUS  Oceanus  ;■  Ortelius  dit  que  c'eft 
préfentement  GoLFO  DE  LAS  Yeguas. 

GADITANUS  PoRTUSckic'eftlePoRTcklaBAYE 

GADITANUS  Sinus        /de  Cadix. 

GADOR.  Voyez  Gader. 

i.GADORA,  village  de  la  Paleftine  ,  dans  le  canton 
d'JElia ,  c'eft-à-dire  de  Jérufalem  ,  près  du  Terebinte. 
Eufebe  nomme  ce  lieu  Gadeira.  *  Reland,  Palaft. 
2,  part.  p.  781. 

2.  GADORA ,  ville  de  la  Célefyrie ,  félon  Ptolomée  , 
1.  5 ,  c.  1  j.  Il  la  place  entre  Dium  ,  ck  Philadelphia. 

GADROSIA.  Voyez  Gedrosie. 

GADROSII ,  Peuple  des  Indes  aux  confins  duquel 
étoit  la  ville  de  Palimbrota,  félon  Arrien ,  in  Indicis.  Ce 
font  les  Gedrofiens  de  Ptolomée. 

GADVAD ,  lieu  dont  il  eft  parlé  dans  le  Misna,  Ne- 
gaïm.  VII.  4.  cité  par  Reland. 

1 .  G AEA ,  ville  de  l'Arabie  heureufe ,  félon  Ptolomée  , 
1.6,  c].  Elle  étoit  dans  les  terres.  Ammien  Marcellin  la 
nomme  Geapolis.. 

2.  GAEA,  PontiÀ  ck  Misynos  font  les  noms  de 
trois  ifles  que  Ptolomée,  /.  4,  c.  3 ,  décrit  dans  la  grande 
Syrte. 

G  AEB  A  ,  lieu  de  la  Paleftine ,  peu  loin  de  Scythopolis 
ck  Dothamr  H  eft  dit  dans  le  livre  de  Judith,  c.  3  ,  v.  1 1. 
qu'Holopherne  campa  entre  Gaeba  &  Scythopolis ,  affez 
près  de  Dothaïm. 

GAESA,  ancienne  ville  de  l'Arabie  heureufe  dans  les 
terres ,  félon  Ptolomée ,  /.  6 ,  c.  7. 

GjESATES  (les)  en  latin  GjESATI,  en  grec  r«ir«T«. 
Quelques-uns  ont  cru  que  ce  nom  défignoit  un  peuple 
particulier  d'entre  les  Gaulois;  mais  Polybe  nous  apprend 

que 


CJET 


GAG 


que  l'on  appelloit  ainfi  entre  les  Gaulois ,  ceux  qui  ne  fai- 
foient  la  guerre  que  pour  de  l'argent.  Gcefati  e  re  dicti  qubd 
&ra  bellando  mereri  foliti.  Id  enim  vox  Ma  propriè  figni- 
ficat,  {Polyb.  1.  2 ,  c.  22.)  Ces  Gaefates  habitoient  entre 
le  Rhône  &  les  Alpes.  Plutarque ,  in  Marcello ,  dit  :  Les 
Lifubriens  ,  nation  Celtique  ,  qui  habitent  en-deçà  des 
Alpes,  &  qui  font  très-puiffans  par  eux-mêmes ,  appellent 
encore  à  leur  fecours  les  forces  de  leurs  voifins ,  &  fur-tout 
celles  des  Gaulois  qui  vendent  leurs  fervices  à  ceux  qui  veu- 
lent les  acheter  ,  &  font  appelles  Gesates.  Ce  nom 
venoit  de  Gœfum  qui  veut  dire  un  trait  à  la  manière  des 
Gaulois  fk  des  peuples  qui  habitoient  les  Alpes.  Virgile  , 
sEneid.l.  8,  v.  66 1,  dit: 

Duo  quisque  Alpina  corufcant 
Gœfa manu,  f cutis protecli  corpora  longis. 

GjESION-G ABER.  Voyez  As  iotf-G aber. 
GjESUM  ,  rivière  de  l'A  lie  mineure ,  auprès  de  Priene, 
où  elle  fe  jette  dans  un  étang,  félon  Ephorus.   Voyez 
Athénée.  Hérodote, /.  7,  parle  d'un  lieunommé  G^ESON 
qui  ne  devoit  pas  être  fort  loin  de  Milet. 
GAETE.  Voyez  GAIETE. 

GjETULI  ,  ancien  peuple  de  la  Lybie  intérieure  ,  ha- 
bitans  de  la  Gtetulie.  Us  étoient  au  midi  de  la  Maurita- 
nie, &  c'eft  où  Ptolomée  les  a  placés  ;  mais  dans  la 
fuite  ils  s'avancèrent  dans  la  Mauritanie  fk  la  Numidie  , 
de  forte  que  leurs  limites  ne  font  pas  faciles  à  marquer. 
Pline  ,  /.  5  ,  c.  4 ,  parlant  de  -  l'aucienne  Gaetulie ,  la 
borne  au  midi  par  le  Niger,  qui,  dit-il ,  fépare  l'Afrique 
de  l'Ethiopie.  Àgathemer ,  /.  2 ,  c.  <; ,  dit  :  La  Gaetulie 
eft  au-deffous  des  Mauritanies.  Les  géographes  difent  au- 
dejjous  pour  dire  au  midi ,  parce  qu'ils  commencent  par 
le  nord.  Pline ,  /.  <f  ,  r.  2  ,  dit  de  la  Gœtulie  annexée  à 
l'ancienne  &  plus  étendue  :  Entre  les  peuples  de  la  Tin- 
gitanie ,  le  plus  important  étoit  celui  des  Maures ,  d'où 
elle  a  pris  fon  nom  de  Mauritanie ,  &  plufîeurs  les  appel- 
aient Maurujii.  Ils  avoient  pour  voifins  les  Maffefyïes , 
nation  qui  a  auffi  été  détruite.  Ce  font  maintenant  les 
peuples  Gaetules ,  fçavoir  les  Banjures  £k  les  Autololes 
qui  font  les  plus  puiffans  de  tous.  Ainfi ,  félon  cet  auteur , 
les  Autololes  s'avancèrent  dans  la  Mauritanie  Tingitane, 
&  le  long  des  côtes  de  l'Océan.  Le  même  Pline,  /.  5 , 
c.  1 ,  dit  au  fujet  de  la  navigation  de  Polybe  :  Il  nous  a 
appris  que  le  port  de  Rutubis  eft  à  CCXIII  mille  pas  de 
Lixus  ;  que  de-là  on  arrive  au  promontoire  du  foleil , 
puis  au  port  de  Rufadir,  &qu'enfuite  on  trouve  les  Ga- 
rnies Autololes.  Il  dit ,  /.  6 ,  c.  3 1  :  On  ne  connoît  pas 
mieux  les  ifles  de  Mauritanie  ;  on  fait  feulement  qu'il  y 
en  a  quelques-unes  vis-à-vis  des  Autololes  ;  que  Juba  les 
a  trouvées  ,  Se  qu'il  y  avoit  établi  la  teinture  que  l'on 
appelle  pourpre  de  Gaetulie.  Selon  le  même  auteur,  /.  5  , 
c.  1  ,  |le  luxe  engageoit  des  hommes  à  parcourir  les 
écueils  de  Gaetulie ,  pour  y  chercher  les  poifîons  dont 
on  tiroit  la  pourpre  &  l'écarlate.  Dans  un  autre  endroit 
il  donne  le  nom  de  Gaetulien  au  rivage  de  l'Océan.  On 
ne  peut  douter  que  l'ancienne  Gœtulie,  ou  la  Gaetulie 
méridionale  ne  s'étendît  jufqu'à  l'Océan  Atlantique. 

Les  Gaetules  ne  fe  contentèrent  pas  d'envahir  la  Mau- 
ritanie Tingitane  ;  ils  occupèrent  auffi  la  Cefarienfe ,  où 
étoient  les  Maffefyïes.  Pline,  /.  11  ,  c.  13,  le  dit  for- 
mellement ,  lorfqu'en  parlant  des  rayons  de  miel  veni- 
meux, il  ajoute  qu'il  s'en  formoit  dans  la  Perfide  &  dans 
la  Gaetulie  de  la  Mauritanie  Cefarienfe  voifine  des  Mas- 
fefyles.  Il  faut  dire  la  même  chofe  de  la  Numidie.  On 
le  prouve  par  le  furnom  à&femi-Gœtulus ,  ou  demi-Gae- 
tule ,  qui  fut  donné  à  Apulée  qui  étoit  de  Madaure.  En 
prolongeant  la  Numidie,  du  côté  du  midi,  au-de'à  des 
Syrtes  ,  quoiqu'à  une  jufte  diftance,  on  y  trouve  des  Gae- 
tules. Strabon,  /.  17,  fub  fin.  range  ainfi  les  peuples 
voifins  de  la  Syrte  &  de  la  Cyrenaïque  ,  mais  plus  dans 
les  terres  :  Premièrement ,  dit- il  ,  font  les  Nafamons  , 
enfuite  les  Pfylles  fk  une  partie  des  Gaetules ,  puis  les 
Garamantes.Voilà  une  vafte  étendue  depuis  l'Océan  jus- 
ques-là ,  en  tirant  vers  l'orient.  Ce  furent  apparemment 
des  Gaetules  de  ces  contrées  que  Marius  gratifia  ,  foit  en 
leur  donnant  des  terres  meilleures  que  celles  qu'ils  avoient 
auparavant ,  foit  en  leur  accordant  de  nouveaux  privilè- 
ges ,  fk  c'étoient  leurs  descendais  qui  abandonnèrent  le 
parti  de  Juba ,  pour  fe  donner  à  Jules  Celar.  Strabon  , 
/.  ÇÇ  ,  parle  des  lieux  montagneux  de  la  Gaetulie  qui 


avoient  été  joints  à  l'Afrique  proconfulaire ,  fk  l'étoient 
encore  lorfqu'il  écrivoit  :  or  l'A  'rique  proconfulaire  étoit 
alors  fort  avancée  au  midi.  *  Hirtius,  Bell.  Afric.  c.  52, 

La  partie  méridionale  de  la  Gaetulie  proprement  dite 
qui  tiroit  vers  le  Niger  étoit  occupée  par  les  Melano- 
Garnies ,  c'eft-à-dire ,  par  les  Gaetules  noirs.  Ptolomée  , 
/.  4  ,  c.  6 ,  les  place  entre  les  monts  Sagapola  fk  V far- 
gala,  de  forte  qu'ils  avoient  le  Niger  au  midi.  Cella- 
rius,  Geog.  Antiq.  I.  4,  c.  8  ,  p.  220  ,  croit  qu'auprès 
d'eux,  mais  au-delà  du  Niger,  étoient  les  Gaetules  fur- 
nommés  Darœ ,  que  Pline  met  avec  les  Ethiopiens  occi- 
dentaux. Voici  fes  paroles  prifes  dans  Polybe ,  /.  5  , 
c.  1.  Enfuite  eft  le  fleuve  Salfum  au-delà  duquel  font  les 
Ethiopiens  Perorji,  fk  derrière  eux  les  Pharufii  :  à  ces 
peuples  fe  joignent  les  Gaetules  Dam  qui  habitent  l'inté* 
rieur  du  pays.  On  peut  conclure  de  -  là  que  ce  peuple 
Darae  étoit  fort  éloigné  de  l'Océan  ,  fk  que  les  derniers 
Gaetules  méridionaux  faifoient  partie  des  Melano-Gatuli, 
ou  Gaetules  noirs.  Mais  Les  Banjures  Gaetules ,  comme 
Pline ,  c.  2 ,  les  appelle ,  &  les  Autololes ,  habitoient  le 
rivage  de  la  Mauritanie.  La  Gaetulie  renfermoit  ,  fans 
doute ,  de  grands  peuples  comme  les  Vefunes  ou  Nefu- 
fenes  de  qui  le  même  auteur  dit  qu'après  avoir  fait  partie 
des  Gaetules  ils  devinrent  une  nation  indépendante ,  &C 
qu'ils  s'étoient  rangés  du  côté  des  Ethiopiens. 

Ortélius  croit  que  les  Gaetules  n'occupoient  pas  tout 
le  pays  qu'on  vient  de  dire  ;  mais  que  c'étoit  une  nation 
errante  tantôt  dans  un  lieu ,  tantôt  dans  un  autre  ;  ce 
qui  eft  conforme  à  ce  que  dit  Silius  Italicus,  /.  3  ,  v.  287: 

Vos  quoque  déferas  in  cajlra  mapalibus  itis, 
Mifceri  gregibus  Gatulia  fueta ■  ferarum  , 
Indomitisque  loqui  &fedare  leonibus  iras  : 
Nulla  domus plaujîris  habitant  :  migrare  per  arva 
Mos  atque  errantes  circum  veclare  pénates. 


Ils  ne  fe  fervoient  point  de  brides ,  &  leurs  chevaux 
étoient  conduits  à  la  baguette. 

Hinc  mille  Alipedes  turmte  ,  velocior  Eilris  ,  v.  292.' 
Et  doclus  virgœ  fonipes  in  cajlra  ruebat. 

Claudien ,  Bell.  Gildon.  v.  43  9 ,  dit  par  la  même  raifon. 


Virgaregi 


Sonipes  ignarus  habence  . 


Silius  Italicus  parle  enfuite  des  Pfylles,  des  Banjures  & 
des  Autololes  ,  qui ,  comme  on  a  vu ,  étoient  d'entre 
les  Gaetules.  Il  nomme  les  premiers  Marmarides  ,  mais  il 
les  caraftérife  allez  par  leur  familiarité  avec  les  ferpens. 

Marmdridd  ,  medicum  Vulgus ,  ftrepuere  cateryis: 
Ad  quorum  cantus  ferpens  oblita  veneni  , 
Ad  quorum  taclum  mites  jacuere  cerafia:. 
Tum  Chalybis  pauper ,  Banjunt  crudajuventus  x 
Contenu parcâ  duraffe  haft'dia  Jlammà , 
Mifcebant  avidi  trucibusfera  murmura  linguis. 
Nec  non  Autololes  levibus  gens  ignea plantis  ; 
Cui  Sonipes  curfu  ,  cui  cejferit  incitus  amnis  , 
Tanta  fuga  eft  :  tenant  pennte  ;  campumque  volulK 
Cùm  rapucre pedum  frujïra  veftigia  quaras. 

GiïLÏETiïL  ;  c'eft  la  même  chofe  que  les  Gœfates. 

GAGjE.  Voyez  Gage. 

GAG  ALICA.  Voyez  Heraclée,  ville  de  Syrie. 

GAGARA.  Voyez  Gangara. 

GAGASMIRA,  ville  de  l'Inde ,  en-deçà  du  Gange,' 
félon  Ptolomée  ,  /.  7,  c.  1.  Le  nom  &  la  pofition  con- 
viennent à  la  ville  d'As  MER,  dans  l'Indouftan. 

GAGAUDES,  ifle  fur  le  Nil,  félon  Pline.  Ortélius 
croit  que  cette  ifle  étoit  dans  l'Ethiopie  fous  l'Egypte. 

GAGE,  félon  Pline,  /.  <j , ç.  27,  ancienne  ville  dAfie, 
dans  la  Lycie.  Etienne  qui  écrit  Gag^E,  dit  qu'on  la 
nommoit  auffi  PaLjEONTYCHOS  ,  c'eft-à-dire  vieux 
murs .  Le  P.  Hardouin  écrit  auffi  Gagœ.  Cette  ville  a 
été  épiscopale ,  fk  on  trouve  dans  les  notices  Gaga  entre 
les  évêchés  de  la  Lycie. 

GAGES  ,  rivière  d'Afie  ,  dans  la  Lycie,  félon  Pline , 
/.  36 ,  c.  19  ,  qui  dit  qu'on  y  trouvoit  une  pierre  qui  ea 
prenoit  le  nom  de  Gagates.  Diofcoride ,  /.  t ,  c.  40  , 
Tome  III.  fi 


ïo  GAI 

dit  la  même  chofe.  On  appelle,  dit-il,  Gagas  le  lieu  Se 
la  rivière ,  à  l'embouchure  de  laquelle  on  trouve  cette 
espèce  de  pierre.  Ce  que  ces  auteurs  appellent  pierre  eft 
tme  forte  d'ambre  ,  car  étant  froté  il  levé  la  paille ,  Se 
£  on  le  met  au  feu  il  brûle  comme  de  l'encens. 

GAGHETTI,  province  d'Afie  ,  dans  la  Géorgie, 
félon  Baudrand  qui  dit  qu'on  l'appelle  auffi  quelquefois 
Kacheti.  Voyez^CAKET. 

GAGLIANO ,  bourg  de  Sicile ,  dans  la  vallée  de  De- 
mona ,  fur  une  montagne ,  au  nord  de  Saint  Philippe 
d'Argiron ,  Si  au  fud-eft  de  Nicofia ,  à-peu-près  à  dis- 
tance égale  de  l'une  Se  de  l'autre.  C'eft  la  Galari  a  des 
anciens"  Ce  lieu  a  titre  de  vicomte.  *  De  l'Ifle  ,  Sicile. 

GAGO ,  royaume  d'Afrique ,  dans  la  Nigritie  ;  i\  eft 
fitué  au  couchant  de  celui  de  Guber ,  dont  il  eft  féparé 
par  un  grand  défert  de  cent  lieues  ,  que  de  l'Ifle 
appelle  plaines  fablonneufes.  Il  eft  borné  au  nord  par  le 
pays  de  Meczara ,  au  couchant  par  celui  des  Foules ,  & 
au  midi  par  la  côte  d'or.  Le  géographe  déjà  cité  dit  que 
l'on  en  apporte  l'or  à  Maroc  ,  Se  place  Gaco ,  fa  capi- 
tale ,  for  une  petite  rivière  qui ,  ferpentant  vers  le  nord, 
va  groffir  le  Sénégal.  Du  refte  il  n'y  marque  aucun  lieu. 
Dapper ,  Afrique,  p.  114 ,  dit  :  La  principale  habitation 
qui  donne  fon  nom  à  toute  la  contrée  eft  à  cent  cin- 
quante lieues  de  Tombut ,  entre  le  midi  Se  l'orient ,  à 
3  5  d.  de  longit.  Se  à  8  d.  30';  de  latitude.  De  l'Ifle 
s'écarte  beaucoup  de  cette  pofition  :  car  il  met  Gago  au 
19  d.  de  longitude  Se  à  10  d.  de  latitude.  Dapper  ajoute 
que  cette  ville  n'a  ni  murs  ni  fortereffe ,  quoiqu'on  y 
trouve  quelques  maifons  affez  commodes. 

Le  pays  abonde  en  bled,  en  riz,  en  troupeaux  Se  en 
herbages  ;  mais  il  n'y  a  point  d'autres  fruits  que  des 
melons ,  des  concombres  Se  des  citrouilles  :  on  trouve 
beaucoup  d'or  dans  ce  royaume ,  ce  qui  y  attire  les  mar- 
chands de  Maroc.  Pour  faire  ce  voyage ,  qui  dure  d'or- 
dinaire fix  mois ,  ils  forment  une  caravane  de  deux  ou 
trois  cens  perfonnes  ;  Se  comme  ils  ont  à  traverfer  pen- 
dant l'espace  de  deux  mois  des  déferts  fablonneux  Se  inha- 
bitables, où  l'on  ne  trouve  point  de  chemin  battu  Se  où 
l'on  n'a  pour  lé  conduire  que  le  foleil ,  la  lune  Se  les 
étoiles ,  ils  courent  grand  risque  de  s'égarer  Se  de  mou- 
rir de  faim  Se  de  foif.  Les  corps  de  ceux  qui  meurent  en 
chemin  ne  fe  corrompent  pas;  mais  étant  féchés  par  la 
chaleur  du  fable ,  ils  deviennent  ce  que  nos  droguiftes 
appellent  des  momies. 

La  ville  en  e-ft  la  feule  habitation  confidérable.  :  le  refte 
n'eft  que  des  villages  où  demeurent  des  laboureurs  Se  des 
gens  qui  vivent  comme  des  fauvages  ,  s'habillent  l'hyver 
de  peaux  ,  &  l'été  vont  nuds  Se  lans  fouliers ,  tant  hom- 
mes que  femmes  ,  avec  quelque  méchant  tablier  à  la 
ceinture  ,  Se  quelquefois  des  bas  de  cuir  de  chameau. 
Ce  peuple  eft  fi  groffier  &  fi  ignorant,  qu'un  homme  qui 
fait  lire  &  écrire  y  paffe  pour  un  favant  homme,  Se 
il  ne  s'en  trouve  pas  un  en  cinquante  lieues  de  pays. 
Leur  prince  a  été  tributaire  du  roi  de  Maroc. 

GAGUARITENSIS  ou  Gaguaritanus  ,  fiége 
épiscopal  d'Afrique.  Selon  le  P.  Hardouin  on  ne  fait  dans 
quelle  province  il  étoit  fitué.  La  notice  d'Afrique  fait 
mention  de  Rogatus  qui  en  étoit  évêque. 

GAï.  Voyez  Jé-AbariM. 

GAID-HAB  ou  mieux  Aid-HAB,  ville  d'Egypte,  fur 
le  bord  occidental  de  la  mer  Rouge ,  au  nord  de  Suaquen 
dont  elle  eft  éloignée  de  fept  journées.  Cette  ville  a  us 
port  affez  fréquenté  où  s'embarquent  les  caravanes  des 
pèlerins  qui  vont  par  mer  d'Egypte  à  la  Mecque,  qui  eft 
vis-à-vis  de  l'autre  côté  de  la  mer  Rouge.Ceux  qui  parlent 
d'Egypte  dans  la  province  d'Iémen  en  Arabie ,  pour  y 
faire  commerce  ,  vont  par  mer  de  Gaidhab,  en  Fille  de 
Dehelek ,  qui  n'eft  qu'à  trente  milles  de  la  terre  ferme 
de  l'Iémen.  *  D'Herbdot ,  Bibl.  Orient. 

GAIDUROGNISî ,  petite  ifle  de  la  Méditerranée,  au 
midi  de  l'ifle  de  Candie  Se  de  Gîrapetra.  Les  anciens 
l'ont  connue  fous  le  nom  de  Chryfa ,  félon  de  l'Ifle , 
Carier,  de  la  Greee. 

GAIETE  ou  Gayette  ,  Caieta  ,  ville  d'Italie ,  au 
royaume  de  Naples,  &  dans  la  province  de  Labour,  à 
quatre  milles  de  Mola  ,  félon  Bauclrand.;  Miffon , 
Voyage  d'Italie,  t.  3  , p.  385  ,  compte  cinq  milles  par 
terre ,  Se  trois  par  mer.  Le  pays  eft  extrêmement  beau 
&  fertile.  Gayette,  dit-il  ibid.  t.  2  ,  nous  aparu  d'affez 
tiilbnnable  grandeur  &  bien  fortifiée.  Son  port  eft  bon  ; 


GAI 


Se  la  fituation  de  la  ville  fur  un  haut  rocher ,  la  rend  de 
difficile  accès.  On  y  voit  le  tombeau  de  Charles  de 
Bourbon,  connétable  de  France,  qui  fut  tué  au  fiége  de 
Rome ,  Se  fur  la  montagne  voifine  l'ancien  monument 
de  Munatius  Plancus ,  par  l'avis  duquel ,  félon  Suétone , 
Octavius  Cefar  préféra  le  furnom  d'Augufte  à  celui  de 
Romulus  ,  que  quelques  autres  lui  vouloient  donner 
comme  au  reftaurateur  de  la  ville  de  Rome.  On  y  tient 
deux  foires  par  an;  une  le  22  Mars  (  qui  dure  trois 
jours  )  ;  l'autre  le  premier  de^Septembre,  qui  dure  quinze 
jours.  Elle  eft  fituée  fur  un  promontoire  ,  partie  fur  le 
penchant,  partie  fur  la  plaine.  Il  n'y  a  guères  qu'une 
grande  rue  qui  régne  le  long  de  la  mer  :  fon  port  qui  eft 
grand  Se  à  l'abri  du  promontoire ,  eft  défendu  par  un 
fort  château ,  dont  le  dedans  paroît  fort  ancien  :  l'auteur 
déjà  cité  l'appelle  le  monument  de  Munatius  Plancus. 
Ferdinand,  roi  d'Aragon,  l'a  fortifiée  depuis  ;  Se  après 
en  avoir  chaffé  les  François ,  il  lit  bâtir  les  belles  mu- 
railles Se  les  autres  fortifications  de  Gaieté.  Au  lieu  le 
plus  élevé  du  promontoire  il  y  a  une  belle  fontaine  Se 
quelques  maifons  affez  bien  bâties  aux  environs  de  la 
grande  place  à  laquelle  aboutiffent  plufieurs  petites  rues 
très-étroites ,  qui  vont  en  montant  du  côté  de  la  cita- 
delle. L'évêché  de  Gaieté  reconnoît  pour  métropolitain 
l'archevêque  de  Capoue,  mais  à  préfent  il  ne  relevé  que 
du  Saint  Siège.  L'églife  épiscopale  n'eft  pas  fort  grande  ; 
mais  fes  chapelles  font  enrichies  de  plufieurs  tableaux  Se 
de  colomnes  d'un  marbre  très-rare.  En  montant  au  cou- 
vent de  la  Trinité  ,  on  voit  dans  la  fente  d'un  rocher , 
fur  lequel  il  eft  élevé  ,  Se  qui  fait  une  partie  du  promon- 
toire, une  petite  chapelle  bâtie  fur  un  morceau  de  ce 
rocher ,  qui  eft  demeuré  au  milieu  de  cette  ouverture 
faite  par  un  tremblement  de  terre ,  ou ,  fi  l'on  en  croit  la 
vieille  tradition  du  pays ,  au  tems  que  Jefus-Chrift  fouf- 
frit  la  mort  pour  la  rédemption  du  genre  humain.  Cette  ' 
ouverture  a  une  toife  de  largeur  en  quelques  endroits  , 
plus  ou  moins  en  d'autres  ;  mais  fa  ,hauteur  en  a  plus  de 
vingt -cinq,  Se  fa  longueur  environ  la  moitié  :  on  voit 
à  travers  la  mer  qui  bat  le  pied  du  rocher.  Le  epuvent 
en  eft  éloigné  de  cinquante  pas  ;  Se  en  montant  encore 
plus  haut,  on  trouve  la  citadelle.  Le  port  eft  bordé  de 
murailles  ,  Se  il  n'y  a  qu'une  porte  fur  le  petit  quai ,  où 
fe  déchargent  les  barques  qui  y  arrivent.  Pour  bien  voir 
les  fortifications  de  Gayette  ,  il  faut  aller  hors  la  porte 
de  Mola ,  qui  eft  la  feule  par  laquelle  on  puiffe  fortir 
de  la  ville  par  terre.  *  Corneille ,  Dictionnaire.  Longi- 
tude 31  d.  12'.  Latitude  41  d.  15'.  Jouvin  de  Roche/on, 
Voyage  d'Italie.  Baudrand,  édit.  1705. 

J'ai  déjà  parlé  de  cette  ville  au  mot  CAIETA. 

Le  golfe  de  Gayette ,  partie  de  la  mer  Méditerranée  ,' 
fur  la  côte  de  la  province  de  Labour ,  au  royaume  de 
Naples ,  proche  de  la  ville  de  Gayette.  Baudrand ,  édit. 
1705  ,  dit  qu'il  eft  fort  petit ,  Se  n'y  comprend  que  le 
petit  golfe  où  font  Gaieté  Se  Mola  ,  au  couchant  de 
Trajetto.  Mais  la  plupart  des  géographes  l'étendent  depuis 
Monte  Circello  jufqu'à  Capo  de  Mifeno  ;  de  forte  que 
ce  golfe  eft  entre  la  terre  ferme  Se  les  ifles  de  Ponza , 
de  fainte  Marie  délie  Botte  ,  de  Ventotieno  Se  d'Ischia  , 
Se  de  Procita. 

GAILDORF  ,  ville  d'Allemagne  dans  la  Suabe. 
Voyez  Geildorff. 

• .  GAILLAC ,  ville  de  France ,  dans  le  haut  Langue- 
doc ,  en  Albigeois,  fur  la  rivière  de  Tarn  ,  au-deffous 
de  la  ville  archiépiscopale  d'Albi  ,  du  côté  de  l'occi- 
dent ,  Se  à  pareille  diftance  de  Lavaur  ,  au  fepten- 
•trion.  On  y  trouve  une  abbaye  de  l'ordre  de  Saint 
Benoît,  qui  a  été  fécularifée  :  l'églife  eft  fous  l'invo- 
cation de  Saint  Michel.  Le  terroir  de  Gaillac  produit 
les  feuls  vins  de  l'Albigeois  qui  fe  peuvent  transporter. 
Il  s'en  faifoit  autrefois  un  grand  commerce  par  le  Tarn , 
qui  commence  en  cet  endroit  à  être  navigable.  On  les 
conduifoit  à  Bordeaux  pour  les  Anglois.  Aujourd'hui 
ces  vins  fe  confomment  dans  le  pays  ,  ou  aux  envi- 
rons. Mémoires  dreffés  fur  les  lieux.  *  Baudrand,  édit. 
1701;.  Mémoires  manusc.  Corn.  Dift. 

GAILLAC-TOULZA,pour  le  diftinguer  de  Gailiac  en 
Albigeois  ,  petite  ville  de  France  ,  dans  le  haut  Langue- 
doc ,^  au  diocèfe  de  Rieux.  Elle  députe  à  fon  tour  aux 
états  du  Languedoc. 

.  GAILLEFONTAINË,  bourg  de  France,  en  Nor- 
mandie,  avec  haute  juftice.  Il  eft  fitué  à  une  lieue  de 


GAI 


CAL 


"Forges  Se  à  pareille  diftance  de  l'abbaye  des  Bernar- 
dins de  Beaubec  ,  à  la  fource  de  la  Béthune,  Ce  bourg 
a  une  feigneurie  confidérable.  Latitude  49  d.  36'.  Lon- 
gitude 19  d.  12'.  *  Co/vzei/A:,  Dictionnaire.  Mémoires 
dreffés  fur  les  lieux  en  1703. 

GAILLON,  bourg  de  France,  en  Normandie,  dans 
le  diocèfe  d'Evreux,  à  une  petite  demi-lieue  de  la  Seine, 
à  trois  de  Vernon ,  à  deux  d'Andely ,  Se  à  neuf  de 
Rouen.  L'archevêque  de  cette  dernière  ville  y  a  une 
ires-belle  maifon  de  plaifance  ,  fituée  fur  le  penchant 
d'une  montagne.  C'eft  un  palais  complet ,  qui  con- 
tient trois  cours  de  bâtimens  Se  autres  accompagne- 
snens  Se  dépendances.  Rien  n'eft  plus  digne  de  la  curio- 
fité  des  voyageurs.  Il  forme  un  très- bel  aspect  par  tou- 
tes fes  faces,  Se  particulièrement  du  côté  de  la  rivière 
d'où  l'on  peut  le  confîdérer  dans  toute  fon  étendue  , 
avec  fa  grande  galerie  percée  de  foixante  Se.  dix  arca- 
des de  chaque  côté.  Ce  palais  eft  magnifique  dans  toutes 
fes  parties ,  tant  au-dedans  qu'au  dehors.  Les  jardins  ea 
font  très-beaux  ,  Se  le  parc  eft  fort  étendu. 

Ce  fut  le  cardinal  George  d'Amboife ,  archevêque 
de  Rouen  ,  8c  miniftre  d'état  fous  Louis  XII ,  qui  fit 
bâtir  ce  château.  La  chapelle  eft  flanquée  à  une  de  fes 
encognures.  Le  chœur  qui  eft  hors  d'oeuvre ,  porte  un 
clocher  tout  à  jour ,  revêtu  de  plomb  ,  orné  de  plu- 
sieurs figures  du  même  métal  ,  Se  affez  fingulier  dans  fon 
defTein.  La  pierre  de  marbre  qui  forme  l'autel ,  les  figu- 
res des  do.uze  apôtres  en  relief ,  les  ouvrages  de  fculp- 
ture,  les  chaifes  du  chœur  qui  font  d'un  bois  rare  , 
avec  des  ouvrages  de  pièces  rapportées ,  les  vitres ,  Se. 
tout  ce  qui  paroît  au  dedans  Se  au  dehors  ,  attirent 
l'admiration  des  étrangers.  Le  cardinal  de  Bourbon  , 
auffi  archevêque  de  Rouen ,  fit  bâtir  la  grande  galerie 
dont  les  fondemens  fervent  de  terraffe  pour  foutenir  le 
terrein  où  eft  planté  le  parterre ,  à  quoi  plufieurs  de  fes 
fucceffeurs  ont  ajouté  quelques  bâtimens  hors  d'œuvre. 
M.  Colbert  archevêque  de  Rouen ,  a  changé  presque 
tous  les  dedans  du  château,  Se  l'a  rendu  beaucoup  plus 
commode  qu'il  n'étoit  :  il  l'a  meublé  ,  orné  de  pein- 
tures ;  Se  pour  lui  donner  une  troifîeme  cour  de  bâti- 
mens ,  il  a  fait  transporter  quantité  de  terres  qui  étoient 
élevées  en  montagne  :  il  a  fait  bâtir  Se  fournir  d'arbres 
une  belle  orangerie ,  changer  les  canaux  par  lesquels  les 
eaux  étoient  conduites  ;  percer  Se  ouvrir  les  arcades  de 
la  grande  galerie  du  côté  du  parterre  qu'il  a  fait  renou- 
veiler  à  la  moderne  ,  Se  réduire  au  niveau  de  la  gale- 
rie ,  à  préfent  ouverte  des  deux  côtés  :  d'ailleurs  les 
rampes  gazonées  Se  bordées  d'arbres ,  qui  mènent  de 
cette  galerie  au  grand  jardin  qui  eft  au  pied  de  la  mon- 
tagne ,  les  réparations  du  grand  parc  qui  étoit  ruiné ,  Se 
plufieurs  autres  travaux ,  font  des  deffeins  qu'il  a  médités , 
■&  que  l'on  continue  d'exécuter. 

L'églife  du  bourg  eft  une  petite  collégiale  compofée 
de  quatre  chanoines  qui  ont  un  chantre  pour  chef;  elle 
a  auffi  un  curé  qui  n'eft  point  chanoine  ;  l'archevêque 
de  Rouen  nomme  à  ces  quatre  canonicats  ,  aux  trois  de 
la  chapelle  du  château ,  à  la  cure  du  bourg ,  Se  à  celles  de 
S.  Aubin ,  de  Notre-Dame  de  la  Garde ,  Se  de  Sainte 
Barbe  ,  principales  paroifTes  de  la  feigneurie  de  Gaillon , 
qui  achâtellenie  Se  haute  juftice  reffortiffante  à  la  Cham- 
bre des  hauts  jours ,  établie  dans  le  palais  archiépiscopal 
de  Rouen. 

Gaillon  eft  fîtué  dans  un  lieu  agréable  ,  d'où  l'on  dé- 
couvre quatre  lieues  du  cours  de  la  Seine,  qui  fépare 
en  cet  endroit  le  diocèfe  de  Rouen  de  celui  d'Evreux. 
On  voit  auffi  le  Château-Gaillard  d'Andely,  un  grand 
nombre  de  villages ,  beaucoup  de  vignobles  ,  de  vaftes 
campagnes,  des  prairies  ,  un  bosquet, une  garenne  Se 
plufieurs  beaux  païfages. 

Entre  ces  divers  objets,  la  chàrtreufe  de  Gaillon  eft 
un  des  plus  dfftingués  par  fa  beauté  ;'  cette  chàrtreufe 
bâtie  dans  la  plaine  ,  un  quart  de  lieue  au-deflfous  du 
château,  eft  une  des  plus  riches  Se  des  plus  confidé- 
rables  de  la  France.  L'églile,que  fit  conftruire  le  cardinal 
de  Bourbon ,  eft  d'un  allez  beau  defTein  ;  le  chœur  en  eft 
grand  Se  clair ,  avec  fon  autel  enrichi  de  marbre  ;  fon 
portail  paffe  pour  un  beau  morceau  d' architecture  ;  Se 
l'on  voit  dans  une  grande  chapelle  de  cette  ,  églife  à 
main  droite  du  chœur  ,  le  magnifique  tombeau  des 
comtes  de  Soiflbns- Bourbon,  repréfentés  en  marbre 
blanc.  Le  grand  cloître  des  religieux  eft  compofé  de 


ÏI 

quatre  galeries  qui  ônt^chacune  cinquante  petites  arca- 
des; les  vitres  du  petit  cloître  qui  eft  près  du  chœur, 
font  peintes.  Tous  les  bâtimens  de  cette  maifon  font  fort 
commodes  ;  Se  fon  enceinte ,  qui  eft  d'une  fort  grande 
étendue ,  eft  toute  fermée  de  bonnes  Se  hautes  murailles» 
Longitude  18  d.  55'.  Latitude  49  d.  8'. 

GAIMERSHEIM  ,  bourg  d'Allemagne  ,  en  Bavière  , 
à  un  mille  d'Ingolftadt ,  dans  la  jurisdiftion  de  Voburg, 
Se  au  département  de  Munich.  Longitude  19  d.  Latitude 
48  d.  47'.  *  Zeyler,  Bavar.  Topogr. 

GAINSBOROUG,  Voyez  Ganesboroug. 

GAIOLA,  petite  ifle  de  la  mer  de  Toscane,  dans  le 
golfe  deNaples,  entre  la  capitale  Se  Pouzzol.  On  croit 
que  c'eft  l'Eupltea  dont  parle  Stace. 

GAISENFELD,  félon  Baudrand;  GeisenFEL»,ou 
Geysenfeld  ,  félon  Zeyler  ,  Bavar.  Topogr.  p.  76. 
Voyez  Geisenfeld. 

GAISTING ,  village  d'Allemagne ,  en  Bavière ,  près 
du  Danube ,  à  quatre  lieues  de  Ratisbonne ,  du  côté  du 
levant.  Selon  Baudrand ,  c'étoit  anciennement  une  pe- 
tite ville  de  la  Vindélicie  nommée  Augustana  Cas- 
tra :  c'eft  Lazius  qui  avoit  dit  que  le  nom  moderne 
RAueufiana  Cafira  ,  étoit  GASTANIUM  ;  mais  il  le 
met  dans  le  Norique  ,  Se  non  dans  la  Vindélicie  :  il  le 
nomme  un  lieu,  Se  non  une  ville.  Ortélius,  Tkef.  ad  vocem 
Augustana  Castra  ,  dit  que  ce  lieu  eft  célèbre  par 
fes  mines  8c  par  fes  eaux  chaudes. 

GAITIA ,  ou  Jaitza  ,  nom  latin  de  la  capitale  de  la 
Bosnie  ,  félon  Laonic  cité  par  Ortélius. 

GALA  AD,  montagnes  de  la  Paleftine,  à  l'orient  du 
Jourdain  ;  elles  féparoient  les  pays  des  Ammonites  Se  des 
Moabites ,  des  tribus  de  Ruben ,  de  Gad  Si  de  Manaffé, 
Si  de  l'Arabie  déferte.  Souvent  Galaad  eft  mis  pour 
tout  le  pays  de  de-là  le  Jourdain  ;  Eufebe  dit  que  le  mont 
de  Galaad  s'étend  depuis  le  Liban  au  nord,  jusqu'au 
pays  que  poffédoit  Sehon  roi  des  Amorrhéens,  Se  qui 
tut  cédé  à  la  tribu  de  Ruben  :  ainfî  cette  chaîne  de 
montagnes  deyoit  avoir  plus  de  foixante  Se  dix  lieues 
de  long,  du  midi  au  feptentrion  ;  Se  elle  comprenoit  les 
montagnes  de  S«hir  ,  de  Bafan,  &  peut-être  celles  de 
la  Trachonite,  dAuran  Si  d'Hermon.  Jérémie,  c.  22, 
v.  6 ,  femble  auffi  dire  que  Galaad  eft  le  commencement 
du  Liban  :  Galaad,  tu  mihi  caput  Libani.*  D. Calma 
Dift. 

Jacob  ,  à  fon  retour  de  la  Mefopotamie  arriva ,  en  fîx 
jours  aux  montagnes  de  Galaad  (  c.  31  ,  v.  21  &  Jcq.) 
Laban,  fonbeau-pere  ,1e  pourfuivit  Si  l'atteignit,  com- 
me il. étoit  campé  fur  ces  montagnes  :  après  quelques 
reproches  affez  vifs  de  part  Se  d'autre,  ils  firent  alliance 
au  même  endroit ,  y  drefferent  un  monceau  de  pierres 
pour  monument  de  leur  alliance  ,  &  lui  donnèrent 
chacun  un  nom  fuivant  la  propriété  de  fa  langue.  Laban 
l'appella  Jegar-Schahaddutah  ,  le  monceau  du  té- 
moignage ,  Se  Jacob  Gal-HAED,  d'où  eft  venu  le 
nom  de  Galaad. 

Ces  montagnes  étoient  couvertes  d'arbres  réfineux  ," 
Se  l'écriture  vante  beaucoup  la  réfine  de  Galaad.  (Jerem. 
c.  8 ,  v.  21  ;  c.  46  ,  v.  1 1 ,  c.  5 1 ,  v.  8.  )  Les  mar- 
chands ,  qui  achetèrent  Jofeph  ,  venoient  de  Galaad ,  & 
portoient  de  la  réfine  en  Egypte.  Genef.  c.  27  ,  v.  15; 
Voyez  Galada,Galadena,  8cGaladttis. 

GALABRII.  Strabon  ,  /.  7,  nomme  ainfi  une  nation 
de  la  Dardanie  voifine  de  la  Thrace.  Ortélius  doute 
fi  ce  ne  font  pas  les  Galadr^E  d'Etienne  le  géo- 
graphe. 

1.  GALACTOPHAGES  ,  ancien  peuple  de  l'Euro- 
pe ,  quelque  part  vers  la  Myfie ,  félon  Ortélius  qui 
cite  Homère  ,  Iliad.  1.  13  ,  init.  Mais  dans  ce  poëte 
vxrtftotpi.yw  eft  une  épithete  desHippomolgues,  peuple 
qui  fe  nourriffoit  de  lait ,  Se  c'eft  ce  que  cette  épithete 
fignifie. 

2.  GALACTOPHAGES  ;  Hérodote  (Thalia)  donne 
ce  nom  à  un  peuple  de  la  Lybie. 

Ces  noms  de  Galaclophages  ,  ou  Galaclopotœ,  ne 
lignifient  que  des  mangeurs  ou  des  buveurs  de  lait  ;  ainfi 
il  convient  généralement  à  tous  les  peuples  qui  menant 
la  vie  paftorale  ,    vivent  du  lait  de  leurs  beftiaux. 

GALACUM.  Voyez  Calatum. 

GALACZ,  ou  Galatz  ,  ville  de  la  Turquie  en  Eu- 
rope ,  dans  la  Moldavie ,  près  du  Danube ,  entre  les 
embouchures  de  la  rivière  de  Pruth  Se  du  Seret  ou 
Tome  III.     B  ii 


CAL 


CAL 


12 

Moldava.  Lazius  croit  que  c'eft  l'ancienne  Axlopolls.  communique  par  le  bras  mort.  C'etoit :  où  aboutiffoit 

De  flfle  écrit  Galasi,   &  la' met  au  nord  de  Bra-  un  canal  qui  traverfe   la  v.guene  de    Tarascon  Se  le 

r:j  '  diocèle  d  Arles.  Ce  canal  ,  au  -  défions  d  Arles  ,  eft 

'  GALADA    contrée  de  l'Arabie  ;  Etienne  le  géo-  parallèle  au  Rhône  ;  c'eft  la  fameufe  foffe  de  Marius. 

graphe  la  nomme  GALADENE.  Jofeph  parlant  du  monu-  Baudrand      édit.jiyqS  ,   croit   que  fon   nom  eft  Ga- 

ment  de  la  réconciliation  de  Jacob  Se  de  Laban,  /.  I ,  lanjon.  C'etoit ,  dit-il ,  un  canal  que  Caïus  Manus  tira 

c.  19 ,  dit  que  la  colline  en  prit  le  nom  de  Galades ,  &  du   Rhône  à  la  mer  Méditerranée  :  .1  cfommençoit  à 

le  navs  celui  de  GaladeNA  Terra;  c'eft  le  pays  de  quelques  heues  au-deffous  de  la  ville  d  Arles ,  Se  abou- 

Galaad.  Il  dit  ailleurs  qu'Antiochus  ayant  été  appelle  au  tiffoi t  a  un  Pfm  gote    nomrr^leport  de  Galajon    qu, 


fecours  de  Laodice 
alors  la  guerre  aux 


:  des  Galadéniens  ,  qui  faifoit 
Parthes  ,  mourut  en  combattant  cou- 


rageufement  pour  elle.  Les  Hébraifans  lifent  Gilead  , 
■  la  terre  de  Gilead  :  cette  terre  ,  qui ,  comme  nous  1  a- 
vons  dit,  fignifioit  la  partie  de  la  Paleftine  ,  qui  eft  au- 
delà  du  Jourdain ,  Se  qu'occupoient  les  tribus  de  Ruben 


eft  entre  les  embouchures  du  Rhône  Se  la  mer  du  Mar- 
tigues.  Ce  canal  a  été  bouché  par  les  fables.  Il  femble 
que  celui  dont  parle  Baudrand  ,  ne  foit  que  le  bras 
mort.  L'entrée  de  l'étang  ou  golfe  de  Galajon  eft  appellée 
Gras  de  Fos. 


GALAM ,  royaume  d'Afrique  le  long  de  la  rivière  du 

de  Gad  Se  la  demi-tribu  de  Manaffé ,  étoit  diftinguée  de  la  Sénégal ,  borne  au  nord  Se  au  nord-eft  par  ces  deferts 

terre  de  Chanaan  qui  étoit  toute  au  couchant  de  ce  fleuve  :  fablonneux  qu  on  appelle  defert  de  Barbarie ,  al  eft  Se 

l'autel,  qu'élevèrent  ces  trois  tribus,eft,dit-on,  à  l'oppofite  au  nord-eft  par  le  royaume  de  Kaffan    a  1  oueft  par  les 

du  pays  de  Chanaan.  Jofui,  c.  22  ,  v.  il.  Il  paroît  par  Foulis  ,   Se  au  fud  par  les  Mandingos.  Son  étendue  de 

le  verfet  io,  que  cet  autel  étoit  auprès  du  Jourdain,  lefU  1  oueft,  eft  d  environ  quarante-cinq  heues  ^depuis 

quoiqu'au -delà;  ce  _que  porte  le  9e  eft  encore  plus  for-  '  '        " '      ""' "  "~   


Ghilda,à  deux  cent  quarante  lieues  de  la  barre  du  Sénégal 
jufqu'au  rocher  de  Felu.  Le  roi  de  Galam  prend  le  titre 
de  Tonka  qui  veut  dire  roi.  Ses  fujets  font  inquiets  Se 
turbulens ,  capables  de  déthroner  leur  roi,fous  le  moindre 
prétexte  :  pareffeux  d'ailleurs ,  Se  peu  portés  à  s'éloigner 
de  leur  pays ,  leur  commerce  eft  avec  Jaga ,  dont  -ils 
tirent  des  esclaves  ,  Se  Bambuck  dont  ils  apportent  de 
or.  Les  principaux  lieux  de  ce  royaume  font  Ghilda 


riiel  :  les  enfans  de  Ruben,  de  Gad,  Se  la  demi-  tnbu 

de  Manaffé  partirent  de  Silo ,  au  pays   de^  Chanaan  , 

pour  fe  rendre  dans  la  terre  de  Galaad  qu'ils  dévoient 

pofféder  :  voilà  les  pays  de  Chanaan  Se  de  Galaad  oppo- 

fés  l'un  à  l'autre  ;  la  même  diftinftion  fe  retrouve  au 

verfet  3  2 ,  où  il  eft  dit  que  Phinée  ayant  quitté  les  enfans 

de  Ruben  Se  de  Gad ,  revint  avec  les  princes  du  peu-  , 

pie,  du  pays  de  Galaad  au  pays  de  Chanaan ,  vers  les     au  bord  feptentnonnal  du  Sénégal     Tuabo  ,  qui  eft   à 

enfans  d'Israël ,  Se  leur  fit  fon  rapport.  1  oppofite ,  Tafal.sga ,  Dramanet ,  &c.     Voyage  de  Brut 

Le  pays  de  Galaad  eft  nommé  GERAS  A,  Se  ReGIO     en  Afrique 
GERASENAparlesArabes,qui,parcenom,défignoient         GALAMA.   Voyez  CALAMA.3 
le  pays  que  les  Israélites  poffédoient  '  au-delà  du  Jour- 
dain. C'eft  ainfi  qu'au  Livre  des  Juges,  c.  20,  v.  1 ,  tout 
le  pays  eft  divifé  en  deux  parties  :  alors  tous  les  enfans 
d'Israël  fe  mirent  en  campagne ,  &C  fe  trouvèrent  aflem- 

blés,  comme  un  feul  homme,  depuis  Dan  uisqu  a  Ber-  ,,     ,        , 

fabéé  (  c'eft-à-dire  ,  tout  ce  qui  eft  au  couchant  du  Jour-  qui  en  parle  ,  dit  qu  elle  fat  abîmée  auffi-b.en  que  la 
dain)  Se  de  la  terre  de  Galaad ,  (tout  ce  qui  eft  au  le-  vflle  de  Gamalé.  La  terre  engloutit  non-feulement  ces 
vant  de  ce  fleuve)  devant  le  Seigneur,  à  Maspha.  vilks     maisauffi  leurs  champs. 

Le  pays  de  Galaad  n'eft  pas  toujours  pris  en  ce  fens  GALAPHA,  r««»«,  ville  de  la  Mauritanie  Tm- 
fi  étendu;  quelquefois  il  ne  fignifie  qu'une  partie  :  témoin  gitane ,  félon  Ptolomée,  /.  4,  c.  1.  Elle  étoit  dans  le 
ce  paffage  du  quatrième  Livre  des  Rois ,  c.  10 ,  v.  33  :  milieu  des  terres.  Marmol  la  nomme  Garcis  ,  ou  Ga- 
Depuis  le  Jourdain  vers  l'orient ,  il  ruina  tout  le  lapa.  Voyez  Garcis.  Simler  croit  que  c'eft  la  Gala 
pays  de  Galaad  ,  de  Gad,  de  Ruben  Se  de  Manaffé  ;  de  l'Itinéraire  d'Antonin  ;  mais  pour  y  trouver  Gala, 
depuis  Aroer  ,  qui  eft  le  long  du  torrent  d'Arnon  ,  Se  il  faut  qu'il  défigure  le  motCALAB.  Cependant  la  fîtuatiort 
Galaad  ,  Se  Bafan  :  dans  ce  verfet  le  mot  Galaad  eft  àttGalapha  de  Ptolomée,  convient  afîëz au Calab  d' An- 
pris  d'abord  dans  un  fens  très-étendu ,  Se  pour  tout  un  tonin  ;  Se  quoique  Galapha  foit  de  la  Mauritanie  Tin- 
vafte  pays  ;  Se  il  ne  fignifie  la  féconde  fois  ,  qu'un  petit  gitane,  Se  Calab  de  la  Mauritanie  Cefarienfe ,  celane  fait 
canton  ,  favoir  le  pays  de  Galaad  propre  ;  ce  petit  point  de  difficulté  ;  car  elle  étoit  aux  frontières  de  l'une 
canton  dent  nous  ne  favons  guères  les  juftes  bornes ,     8e  de  l'autre. 


GALAN  ,  petite  ville  de  France  dans  l'Armagnac  ,' 
entre  Tarbes  Se  Comminges  ,  près  de  la  Bigorre  Se 
du  Nebouzan  ,au  bord  oriental  de  la  rivière  de  la  Baize. 

C'eft  un  des  fiéges  royaux  de  la  judicature  de  Rivière. 

GALANIS  ,  ville  de  la  Phœnicie.  Pline  ,  /.  2.  c.  91 . 


étoit  différent  d'Aroer ,  de  Bafan  ,  des  tribus  de  Gad 
Se  de  Ruben ,  Se  de  la  demi-  tribu  de  Manaffé ,  qui  fai- 
foient  tous  partie  du  grand  pays  de  Galaad. 

Eufebe ,  Onomaft.  au  mot  GALAAD  ,  dit  qu'on  nom- 
înoit  ainfi  la  montagne  où  vint  Jacob,  Se  qu'elle  eft 
fituée  derrière  la  Phœnicie  Se  l'Arabie ,  qu'elle  eft  con- 
tiguë  à  celle  du  Liban  ,  s'étend  par  le  défert ,  jusqu'au 
pays  où  Sehon  habitoit  au-delà  du  Jourdain ,  Se  qu'elle 
'tomba en  partage  aux  tribus  de  Ruben,  de  Gad,  Se  de 
la  demi  -  tribu  de  Manaffé.  S.  Jérôme ,  ad  E^echiel  47 , 
dit  :  Du  milieu  de  Galaad  montagne  qui  fe  joignant 


GALAPIE ,  contrée  de  la  Syrie.  Elle  a  eu  fon  roi 
particulier,  qui  fut  vaincu  par  Raimond,  félon  Ortéliu» 
qui  cite  le  moine  Robert. 

GALARIA,  Se 

GALARINA.  Voyez  Galeria. 

GALASA,  ville  de  la  Céléfyrie,  félon  Pline,  /.  ?; 
c.  18.  Le  P.  Hardouin  affure  que  tous  les  manuscrits 
portent  Galafa  ;  mais  il  avoue  qu'un  paflàge  où  Jofeph  , 
/.  2  ,  c.  10 ,  nomme  les  mêmes  villes  que  Pline  nomme 
avec  celle  -  ci ,  fait  voir  qu'il  faudroit  lire  Gerassa. 

GALASSUS,  Degalassus,  Dagolasson,  an- 


Liban  ,   échut  pour  partage  à  la  tribu  de  Ruben  Se  de     cien  lieu  de  la  petite  Arménie,  fur  la  route  d'Arabiffus 


Gad,  Se  à  la  demi -tribu  de  Manaffé,  Se  qui  eft  der- 
rière la  Phœnicie  Se  l'Arabie  ;  quand  Etienne  le  géo- 
graphe dit  que  Qalada  ,  ou  le  pays  de  Galaad  eft  une 
contrée  de  l'Arabie  ,  c'eft  que  l'on  a  quelquefois  donné 
le  nom  d'Arabie  à  tout  le  pays  d'au-delà  le  Jourdain. 

GALADENE, ou  GaledenaRegio;  c'eft  le  même 
pays   dont  il  eft  parlé  dans 
celui  de  Galaad. 

GALADITIS  ,  autre  nom  du  même  pays. 

GALADRjE,  ville  de  la  Macédoine  dans  la  Pierie  , 
félon  Etienne  le  géographe.  Il  appelle  une  montagne 
GALADRUS  Mons  ,  Se  une  plaine  GALADrŒUS  Ca  M- 
PUS.  La  ville ,  la  montagne  Se  la  plaine  étoient  fans 
doute  voifine  ,  Se  prenoient  leur  nom  l'une  de  l'autre. 
Voyez  Chaladra  Se  Chalastra. 

GALAICA.  Voyez  Briantica. 

GALAJON,    ou  Galejon,  (le)  petit  golfe  de 


à  Satala ,  entre  Zara  Se  Nicopolis ,  à  xx.  m.  p.  de  la 
première ,  Se  à  xxiv.  m.  p.  de  la  féconde.  Mais  ce  nom 
varie ,  félon  les  exemplaires  de  l'Itinéraire.  L'édition  des 
Juntes  1519  ,  celle  d'Aide  15 18,  portent  de  GalaJJb  ; 
celle  de  Simler  Se  quelques  manuscrits  confuîtés  par 
Zurita ,  Se  l'exemplaire  du  Vatican  ont  Dagalafîb. 
article  précédent,  Se  dans  L'édition  de  Zurita  Se  celle  de  Bertius  ont  Dagolaffon. 
Ortélius  en  fait  une  ville.  Antonin  ne  Sit  pas  que  c'en 
fût  une. 

GALASO ,  petite  rivière  d'Italie,  au  royaume  de  Na- 
ples ,  dans  la  terre  d'Otrante.  Elle  a  fa  fource  dans  l'A- 
pennin ,  près  de  la  ville  cPOria ,  Se  fe  jette  dans  le  golre 
auprès  de  la  ville  de  Tarente.  Les  anciens  l'ont  connue 
fous  le  nom  de  Galéfus.  Voyez  ce  mot. 

1.  GALATA,  montagne  de  Grèce  ,  dans  la  PHocide. 
Plutarque  dir  dans  la  vie  de  Phocion  (a)  :  Les  deux  par- 
tis   arrivèrent   en   même  tems  auprès  de  Polypercon , 


France ,  en  Provence ,  à  l'orient  du  Rhône ,  auquel  il    comme  il  traverfoit  avec  le  roi  un  bourg  de  la  Pho- 


CAL  CAL  u 

çide  nommé  Pharuges,  qui  eft  au  pied  du  mont  Acro-     Gaulois  qui  fe  font  établis  dans  cette  contrée,  s'appel- 

non  quon  appelle  aujourdhu,  Galate.  (»)       Fie  des     lent  Tolifiobog, ,  Foturi  &  Ambitui.  Ceux  qu  habitent 

nom.  illujt.  t.  6  ,  p.  404.  r 

î.  GALATA.  Voyez  Calathe.  • 
3 .  GALATA ,  fouxbourg  de  Conftantinople. 
GALATANI ,  ancien  peuple  de  la  Sicile ,  félon  Pline , 

/.  3  ,  c.  8.  Simler  croit  que  leur  ville  étoit  la  GALEATE 

d'Ântonin  ,   qu'il  dit  être  la  même  que  la  Calacta 

de  Ptolomée.  Voyez  Calacta.  Ce  peuple  eft  le  même 

que  les  Calatini  de  Cicéron.  Voyez  ce  mot.  Le  nom 

moderne  eft  Galati  ,  félon  le  P.  Hardouin. 

GALATjE.  (les)  Ce  nom  a  été  commun  à  plufieurs 

peuples.  Il  lignifie  proprement  les  habitans  de  la  Gala- 

tie;  mais  Appien  Alexandrin  ,  in  Iberic.  p.  255.  donne 

aux  Celtes  les  ftimoms  'de  Galates  &  de  Gaulois.  Sur 

quoi  il  fout  remarquer  que,fous  le  nom  de  Celtes,les  plus 

anciens, hiftoriens,  comme  Hérodote,  comprennent  aufli 

les  Germains.  Ajoutons  ce  que  dit  Jofeph ,  /.  1  ,  c.  6  : 

Japhet ,  fils  de  Noé  ,  eut  fept  fils.  Leur  demeure,  à  com- 
mencer des  monts  Taurus  &  Amanus,  s'étendit  en  Afie 

jufques  au  Tanaïs ,  &c  en  Europe  jufques  à  Gades  en  des 

pays  qui  n'étoient  point  encore  occupés  ,  d  ou  il  arriva 

que  les  peuples,  qu'ils  y  formerent,prirent  leurs  noms  ;  car 

ceux  que  les  Grecs   nomment  préientement   Galates , 

furent  nommés  Gomarites,  &  descendoient  de  Gomer. 
-  Voilà  le  nom  de  Galates  donné  à  diverfes  nations 
très-différentes.  On  peutdire  cependant  que  fon  principal 
ufage  eft  de  lignifier  les  Gaulois  habitans  de  la  Gaule , 
&  plus  ordinairement  encore  les  Gaulois  ,  habitans  de 
la  Galatie.  C'eft  de  ces  derniers  que  D.  Calmet  expli- 
que les  Galates  de  Jofeph.  Ortélius  ,  Thefaur.  l'en- 
tend des  Galates  de  l'Europe  tk  des  Celtes.  Voyez  Ga- 
LATIE. 

GALATEA  ,  nom  allégorique  que  Virgile  ,  Eclog. 
f  ,  v.  37,  donne  à  la  ville  de  Mantoue;  fur  quoi  le 
P.  Catrou  obferve  que  ce  mot  eft  dérivé  de  Gala  ra-ha.* 
qui  lignifie  du  lait,  parce  que  le  Mantouan  eft  un  pays 
de  laitage. 

GALATHEA  ,  ville  à  150  M.  P.  de  la  ville  de 
Conftantinople.  Grégoire  de  Tours ,  de  Glor.  Martir. 
dit  que  l'on  y  confervoit  la  tunique  de  notre  Sei- 
gneur. 

GALATI,  village  de  Sicile  dans  la  vallée  de  De- 
mona ,  à  fix  lieues  de  la  ville  de  Patri ,  vers  le  midi. 
C'étoit  autrefois  une  petite  ville,  lèlon  Baudrand.  Voyez 
Galatani. 

GALATI  A,  ancienne  colonie  de  Sylla,  fur  le  grand 
chemin  de  l'Appienne ,  dans  la  terre  de  Labour ,  pres- 
que à  l'endroit  où  eft  Mataloni  que  le  roi  a  honoré  du 
titre  de  ville  en  173  5.  Il  ne  fout  pas  confondre  Galatia 
avec  Calatia ,  aujourd'hui  Ciazzo  ,  dans  la  même  terre 
de  Labour. 

1.  GALATIE,  (la)  pays  de  l'Ane  mineure.  C'étoit 
la  partie  feptentrionale  de  la  Phrygie.  Elle  prit  fon  nom 
des  Gaulois  qui  s'en  emparèrent  ;  &:  comme  ils  s'y  trou- 
voient  mêlés  avec  les  Grecs,  on  l'appella  Gallo-Gre- 
cia.  Pline ,  /.  «f ,  ci'^z,  fe  fert  du  nom  de  Galatie.  Tacite 
dit  la  Galatie  &c  les  Galates.  Tite-Live  dit  la  Gallo- 
Grece  ,  Annal.  1.  13  ,  c.  34;  &  1.  15  „c.  6.  Strabon 
emploie  ces  deux  noms  :  il  dit ,  /.  37 ,  c.  8  ;  &  l.  38  , 
c.  18  :  La  partie  de  la  Phrygie  occupée  par  les  Gallo- 
Grecs  ,  s'appelle  Galatie.  Tite-Live  parlant  de  la  guerre 
de  la  Gallo-Grèce ,  fe  fert  presque  toujours  du  nom  de 
Gaulois,  qui  étoit  communaux  Gaulois  d'Europe  ,  & 
aux  Gaulois  Asiatiques. 

Les  Grecs  comprenoient  fous  le  même  nom  la  Gaule 
Se  la  Galatie  :  ils  prirent  dans  la  fuite -l'habitude  de  dis- 
tinguer cette  dernière  par  la  petite  Galatie.  Socrate  dans 
fon  Hiftoire  eccléfiaftique,/.  6,c.  18,  dit  :  Léonce,  évêque 
d'Ancyre,  qui  eft  de  la  petite  Galatie  Aut-rios  HyKv&t 
t»<  )jix.&<;  r***r/aç  Themifte  dit  ■•  r«**-r/«  Tfi'fcttw/JV 
in  GalatiaGrœcanica,dansla.Gaule  grecque,  Orat.  18. 
Delà  vient  que  les  Galates  font  nommés  s  w^oj,  ***•]<« 
par  Suidas  ,  in  voce  r\-)>:vp  . 

Les  Galates  étoient  bornés  par  la  Phrygie  ,  la  Cap- 
padoce,  la  Paphlagonie  &  la  Bithynie.  Strabon  dit, 
/.  1 1  :  Les  Galates  font  au  midi  des  Paphlagons.  Pline  , 
après  avoir  décrit  la  Phrygie,  ajoute,  /.  5 ,  c.  3  z  :  Il  fout 
parler  en  même  tems  de  la  Galatie  qui  eft  au-deffus  , 
&  dont  la  plupart  des  terres  font  de  la  Phrygie.  Elle 
avoit  autrefois  pour  capitale  Gordium.  Ceux  d'entre  les 


un  canton  de  la  Méonie  &  de  la  Paphlagonie  ,  font  les 
lrocmi  Elle  a  au  feptentrion  &  au  levant  la  Cappa- 
doce  ,  dont  la  plus  fertile  partie  a  été  envahie  par  les 
leclojages  Se  les  Teutobodiaci.  Le  même  auteur  ajoute 
peu  après  :  la  Galatie  touche  auffi  à  la  Cabalie  qui  eft 
de  la  Pamphylie  ,  au  petit  canton  de  Milye  qui  eft  aux 
environs  de  Bans ,  au  quartier  Cyllantique ,  à  celui  d'O- 
roanda  qui  eft  de  La  Pifidie,  enfin  à  l'Obigene  qui  feit 
partie  de  la  Lycaon.e.  On  peut  voir  aux  articles 
particuliers  Tolïflobogi,  Voturi,  Ambitui,  Trocmi,  Te- 
dojages  &  Teutobodiaci,  ce  que  c'étoit  que  ces  peuples. 
.Les  rotun  &  les  Ambitui  ne  font  guères  connus ,  non 
plus  que  ceux  que  Ptolomée  appelle  Profeilemeniue  & 
Btyii  :  on  fait  feulement  qu'ils  étoient  voifins  des 
J-ycaoniens ,  ou  peut-être  mêlés  avec  eux.  Strabon  ne 
connoit  que  trois  nations  entre  les  Galates  ;  les  Trocmi 
a  ,le5  J.oliJlobogcs , qui  portoient  le  nom  de  leurs  chefs , 
&  les  Tecïofagi,  peuples  de  la  Gaule. 

Ptolomée  donne  une  étendue  différente  à  la  Galatie. 
selon  lui  ,  elle  etoit  bornée  au  couchant  par  la  Bvthi- 
ne  au  nord  par  le  Pont-Euxm ,  à  l'orient  Par  la  Cap- 
padoce.  Mais  il  ajoute  que  ce  qui  eft  auprès  de  cette 
mer,  eft  occupe  par  les  Paphlagons.  Il  n'étend  la  Gala- 
tie jusqu  au  Pont-Euxm ,  qu'en  y  comprenant  la  Paphla- 
gonie ce  qui  revient  au  même.  Ainfi  il  faut  diftinguer 
la  Ualatie  propre  qui  avoir  la  Paphlagonie  au  nord ,  Se  la 
Oalatie  qui  s  étendoit  jusqu'à  la  mer. 

On  peut  voir  dans  Tite-Live ,  /.  8  ,  c.  il  ,  &  feq. 
les  guerres  qu'ils  s'attirèrent  contre  -les  Romains ,  pour 
avoir  donné  du  fecours  à  Antiochus.  Il  raconte  même 
a  cette  oeçaffon  ,  c.  16,  de  quelle  manière  ils  étoient 
venus  en  Afie.  Ces  Gaulois ,  dit-il ,  peuple  très  -  nom- 
breux^ avancerent,dans  l'espérance  du  butin,jusques  dans 
c  aj-  me'  la  conduite  de  Brennus.  Ils  étoient 

periuades  qu  aucun  peuple  n'oferoit  s'oppofer  à  leur  pas- 
foge;;  mais  il  y  eut,  en  cet  endroit,  de  la  méfinteliigence 
entr  eux  :  vingt  mille  fe  détachèrent  de  Brennus  8c  pri- 
rent leur  route  vers  la  Thrace,   fous   la  conduite  de 
Leonorius  &  de  Lutanus,£:s'avancerent  jusqu'à  Byfance 
renverlant  ceux  qui  s'oppofoient  à  leur  partage.  Ils  pillè- 
rent la  Propontide ,  arrivèrent  à  l'Hellespont',  voulurent 
paner  le  détroit  qui   fépare  l'Ane  ,  dont  on  leur  avoit 
vante  la  fertilité  ;    mais  ils  fe  diviferent  encore  :  Leo- 
nonus  s  en  retourna  à  Byfance  &  en  emmena  une  par- 
tie avec  lui.  Lutanus  envoya  des  Macédoniens  à  Anti- 
pater     fous  prétexte  de  négociation,  mais  en  effet  pour 
épier  les  moyens  de  réuffir  dans  fon  projet  :  il  enleva 
deux bàtimens  couverts  &  trois  felouques,  &  s'en  fervit 
pour  transporter  fes  troupes  de  l'autre  côté  ,  en  fort  peu 
de  jours.  Peu  après ,  Leonorius  aidé  par  Nicomede,  roi 
de  Bithynie,  fortit  de  Byfance.  Les  Gaulois  fe  réunirent 
alors,  &  fervirent  Nicodeme  dans  la  guerre  qu'il  eut 
avec  Zybée  qui  occupoit  une  partie  de  la  Bithynie.  Ce 
tut  par  leur  valeur  que  Zybée  fut  défait  ,  &:  toute  la  Bi- 
thyme  foumile  à  Nicomede.  Ils  avancèrent  vers  le  cœur 
de  1  Afie  ;   &c  quoiqu'ils  ne  fuffent  que  dix  mille  com- 
battans,  de  vingt  mille  qu'ils  avoient  été,  ils  ne  laiffe- 
rent  pas  d  inspirer  une  fi  grande  terreur  aux  peuples  qui 
(,0"ten,:^e9à  du  montjTaurus,  que,  foit  qu'ils  y  allaffent, 
oit  qu  ils  ny  allauentjpas ,  tout  fe  foumettoit  à  eux.  A 
%  ,"«'  ,comme  iIs  étoient  partagés  en  trois  nations  ,  les 
Tolifiobou  ,  les  Trocmi  &  les  Tecïofagi  ,   ils  diviferent 
* "f  er>  trois  nations.  Les  Trocmi  eurent  la  côte   de 
lHellespont,  les  Tolijloboii  ,  l'Eolide  &:   l'Ionie;  les 
TeUofages  eurent  le  milieu  de  l'Afie  :  ils  foifoient  con- 
tribuer tout  le  pays  jusqu'au  mont  Taurus,  &c  s'établi- 
rent aux  environs  du  fleuve  Halis.  ta  crainte ,  que  leur 
nom  feul  répandoit,  étoit  fi  puiffante ,   fur-tout   après 
qu  ils  fe  furent  multipliés  ,  que  les  rois  de  Syrie  fe  fou- 
rnirent à  leur  payer  le  tribut.  Le  premier  des  princes  qui 
le  leur  rerufa,  fut  Attale ,  père  du  roi  Eumene.  Il  tût  àuez 
hardi  pour  leur  foire  tête  ;  &,  contre  toute  espérance    il 
eut  le  bonheur  de  remporter  quelques  avantages  fur  eux. 
Mais  ils  ne  turent  pas  affez  grands  pour  les  foire  renon- 
cer a  la  fupenorité  qu'ils  prétendoient.  Cela  dura  jusqu'à 
la  guerre  d  Antiochus  contre  les  Romains  :  &  mêmeaprès 
la  défaite ,  ils  conierverent   l'espérance  de  fe  maintenir 
dans  leur  liberté,  parce  qu'étant   éloignés  de  la   mer 
ils  esperoient  que  les  arméef  Romaines  ne  les  viendroient 


14 


GAL 


GAL 


pas  chercher.  Hsfe  trompèrent,  &  l'on  peut  voir  les  dé- 
tails de  cette  conquête  dans  l'auteur  que  je  viens  de  copier. 

Durant  la  guerre  de  Sylla  Si  de  Mithridate ,  ce  -der- 
nier s'empara  de  la  Galatie  ;  &  (bus  prétexte  que  quel- 
ques feigneurs  -de  ce  pays  ,  mécontens  de  fa  conduite, 
avoient  conspiré  contre  lui,  il-en  fit  égorger  beaucoup, 
&  réduifit  la  Galatie  en  une  province ,  à  laquelle  il  donna 
des  gouverneurs  particuliers.  Les  Romains  h  lui  cédè- 
rent avec  quelques  autres  pays ,  par  un  traité  ;  mais  enfin 
Pompée  reconquit  tout  ce  que  ce  roi  avoit  poffédé ,  & 
la  Galatie  y  fi.it  comprife.  Les  Romains  la  biffèrent 
quelque  tems  à  Dejotarus  leur  ami;  mais  enfin  elle  fut 
réunie  à  l'Empire ,  comme  province  Romaine ,  fous  Au- 
eufte.  *  Appian.  Mithridat.  pag.  209  &  117.  Dio  Cajf. 
f.   53.  Sext.  Ruf.  Breviar.  Tacit.  Hift.  1.  1 ,  c.  9. 

La  Galatie  reçut  de  bonne  heure  les  lumières  de  l'E- 
vangile. Saint  Pierre  y  prêcha  aux  Juifs ,  faint  Paul ,  peu 
après ,  aux  Gentils.  Ce  fut  apparemment  la  différence 
de  fentimens  qui  étoit  entre  les  Juifs  inftruits  par  faint 
Pierre,  Scies  Gentils  inftruits  par  faint  Paul,  qui  fut  cauie 
des  troubles  au  fujet  desquels  faint  Paul  écrit  aux  Galates, 

Dans  la  Notice  des  Hiérocles ,  la  Galatie  eft  divifée 
en  trois  provinces,  qui  font  la  trente  -  troisfiéme  ,  la 
trente-quatrième  ck  trente-cinquième  ,  favoir  , 

fPagra,  ou  Gangraj 
LaprovincadePAPH-|  s°™pel0p°  IS  * 
LAGONIE .,fousuncor-<  Amaftrium, 
redeur,  a  fix  villes.       |junopol;s> 

^Dadybra. 

f  Ancyre ,  métropole  t 
La  province  de  la  Ga-L*^ 

LATIE    PREMIERE    >  I  Qnna 
fous  un  confulaire  ,  as.  R         '    l; 
fept  villes.  JReiemnefus, 

iHéliopolis. 

fPifinus, 

I  Maurecium  , 
La  province  de  la  Ga-  Petinefus  , 
latie  Salutaire, |Aeor.um, 

âufvmePséfldent  '   aiReïe"ôcade,ouRegnetnoanade, 
'.Eudoxias, 
I  Myracion  ,     . 
^Germia. 

2.  GALATIE  :  (  la  )  ce  nom  fe  trouve  employé  par 
quelques  anciens  hiftoriens  Grecs  pour  fignifier  la  Gaule. 
Voyez  Gaule. 

3.  GALATIE,  ville  de  la  Phrygie,  félon  Zofime, 
l.  4,  cité  par  Ortélius,  Thefaur. 

GALATIS ,  ville  de  la  Céléfyrie,  félon  Ortélius  qui 
cite  Polybe,  /.  5 ,  qui,  fans  nommer  une  ville  ,  dit 
qu'Antiochus  ayant  mis  les  Arabes  dans  fon  parti  ,  s'a- 
vança dans  la  Galatide  ,  dont  il  fe  rendit  maître  ,  ré- 
duifit Abila,  (  capitale  de  l'Abilene  )  pcc.  Il  s'agit  ici 
de  la  Galatie,  ou  pays  de  Galaad.  Voyez  Galada. 
GALAVA  ,  ou  Gallava  ,  ancienne  ville  de  la 
Grande  Bretagne  félon  l'Itinéraire  d'Antonin  -,  fur  la 
route  àe-Glanoventa  (Gebrin  )  à  Mediolanum,  (Mei- 
vod  )  entre  Glanoventa  &  Atone ,  c'eft-à-dire  entre  Ge- 
brin &c  Whitley-Caftle ,  à  dix-huit  mille  pas  de  la  pre- 
mière ,  Se  à  douze  mille  de  la  féconde.  Gale  conjec- 
ture' que  c'eft  Walwick;  &  cependant  il  avoue  que  la 
«Malice  de  ce  lieu  ne  convient  pas  aux  chiffes  marqués 
par  Antonin,  entre  Gala  va  &  les  deux  places  voifines. 
Cambden  croit  que  c'eft  Kellenton. 

GALAVEYS,  peuple  d'Afrique  ,  dans  la  Nigritie  , 
au  voifinage  des  Quojas  ,  dont  ils  font  fujets.  Ils  de- 
meurent aux  environs  de  la  feurce  du  fleuve  Mava, 
ou  Maffa  ,  à  trente  ou  quarante  lieues  de  la  côte ,  au 
levant  d'une  grande  forêt  qui  a  huit  ou  dix  journées  de 
cheminen  longueur.  Ils  s'appellent Galaveys,  parce  qu'ils 
font  iflus  des  Galas,  &  qu'ayantétéchaffésde  leurpayspar 
les  peuples  de  Hondo,  ils  fe  vinrent  habituer  fur  les  terres 
des  Veys;&L  le  compolë  de  ces  deux  nations  s'appella  dans 
la  fuite  Galaveys.  Au-delà  de  ce  grand  bois,près  des  con- 
fins de  Hondo  tx  de  Mpnou,  demeurent  les  Galas  , 


qui  obéiffent  à  un  gouverneur  que  le  roi  de  Manoë  leuf 
envoie.  *  Dapper ,  Afrique,  p.  253. 

GALAULES ,  (  les  )  ancien  peuple  d'Afrique.  Pru- 
dence ,  in  Simmach.  I.  2  ,  r.  8  ,  c .  6,  qui  en  fait  men- 
tion ,  ne  dit  point  en  quelle  partie  du  monde  ;  car  il 
nomme  de  fuite  plufieurs  nations  très-éloignées  l'une  de 
l'autre  : 

Vivere  commune  ejl,  fed  non  commune  mereri. 
.Denique  Romanus  ,  Daha ,  Sarmata  ,    Vandalas  , 

Hunnus  , 
Gmtulus,  Garamas,  Alamannus ,  Saxo,  Galaulast 
Unaomnes  gradiuntur  humo;  cœlum  omnibus  unumejî. 

Ce  peuple  eft  du  nombre  de  quantité  d'autres  Barba- 
res de  ce  tems-là,  que  nous  ne  connoiffons  plus.  Cella- 
rius,  in  Prudent,  p.  477,  dit  qu'Ifon  le  place  dans  l'o- 
rient; mais  pour  lui ,  il  croit  qu'il  étoit  plutôt  en  Afri- 
que. Orode  dit  :  Au  midi  font  les  familles  des  Auloles  r 
que  nous  appelions  à  préfent  GaLmks ,  &c  qui  s'éten- 
dent  jusqu'à  l'Océan  occidental.  Cela  prouve  qu'ils  fài- 
foient  partie  des  Gîetules ,  dont  les  Auloles  faifoient 
auffi  partie. 

GALAVRE  ,  (  le  )  petite  rivière  de  France  ,  dans  le 
Dauphiné ,  dans  la  Valoire.  Elle  fe  jette  dans  le  Rhône 
près  de  Saint  Valier,  à  fix  lieues  au-deffous  de  Vienne, 
vers  le  midi.  *  Baudrand ,  édit.  1705. 

1.  GALAXIA  ,  lieu  particulier  de  la  Grèce  ,  dans  la 
Bceotie.  Plutarque  en  parle  dans  le  Traité  de  la  Pythie  , 
fit  il  explique  pourquoi  elle  ne  rendoit  point  d'oracles. 

2.  GALAXIA  ,  lieu  de  la  Mauritanie  Céfarienfe  , 
félon  la  carte  de  Peutinger,  Segm.  l. 

GALBAATH.  Voyez  Naiboth. 
.1.  GALBiE  CASTRUM ,  ou  la  fortereffe  de  Galba, 
ville  d'Afrique ,  dans  la  Numjdie.  Au  concile  de  Car- 
tilage ,  tenu  fous  faint  Cyprien  ,  un  des  Pères  qui  di- 
rent leur  fentiment ,  eft  nommé  Lucius  à  Cajlro  Galba. 
Cette  place ,  félon  l'obfervation  de  Dupin,  eft  nommée 
Cajlrum  Gilba  par  faint  Auguftin  ,  par  Victor  d'Uti- 
que ,  au  concile  de  Mileve  ,  &  dans  le  concile  tenu  à 
Carthage ,  fous  Boniface.  Il  eft  fait  mention  de  Victor 
Gibbenfis  dans  la  conférence  de  Carthage, p.  284,  édit. 
Dupin.  Mais  on  ne  fait  fi  c'eft  de  ce  fiége  ou  d'un  au- 
tre ;  car  entre  les  évêchés  de  Numidie  ,  il  y  avoit  deux 
fiéges  de  même  nom.  La  notice  d'Afrique  ,  n,  40  &  90  , 
fournit  Félix  Gilbtnjh  &  Donatus  Gilbenfis. 

2.  GALBEE  CASTRUM,  ouïe  Camp  de  Galba.  Jule 
Cefàr ,  dans  fes  Commentaires  de  la  guerre  des  Gaules, 
/.  3  ,  mit,  parle  d'un  camp  où  Galba  fe  fortifioit ,  Se 
où  il  fe  défendit  avec  une  extrême  bravoure.  On  en 
voit  encore  les  reftes  entre  Saint-Maurice  Sr.  Saint- 
Jean-le-vieux.,  &C  on  le  nomme  la  Motte  des  Sarazins. 
*  Ortel.  Thef. 

GALE.  Voyez  Galle. 

GALEAGRA  ,  tour  de  Sicile ,  près  du  port  des  Tro- 
giles ,  félon  Tite-Li  ve.  On  la  nomme  préfentement  S  cala 
Grteca.  Ce  port  eft  immédiatement  au  nord  de  Syracufe. 

GALEATjE.  Voyez  Galatani. 

GALEMBOULE,  Guallenboulou  ,  ou  Ghal- 
LEMBOULLOU,  anfe  de  la  côte  orientale  de  l'ifle  de 
Madagascar.  La  première  orthographe  eft  la  plus  ordi- 
naire ;  la  féconde  eft  de  de  l'ifle  ,  &C  la  troifieme  de 
Flacourt  dans  fon  Hiftoire  de  Madagascar  ,  p.  24.  Cette 
anfe  eft  à  deux  lieues  au  nord  de  la  rivière  d'Ambato , 
à  17  d.  &  demi  de  latitude  fud.  Elle  eft.très-grande,  &C 
il  y  a  un  mouillage  d'une  barque  à  l'abri  d'un  iflet  ;  mais 
les  roches,  qui  font  fous  l'eau ,  rendent  le  fond  dange- 
reux ;  d'ailleurs  la  mer  y  eft  très-orageufe  ,  à  moins  que 
l'on  ne  fe  toue  jusqu  au  coin  de  l'anfe  où  il  y  a 
fureté  par  une  petite  barque.  Ce  pays  eft  fi  fer* 
tile ,  qu'on  y  fait  une  récolte  de  riz ,  deux  ou  trois 
fois  par  an.  Le  peuple  y  eft  fort  adonné  à  la  géomance 
qu'ils  nomment  /quille.  Ce  font,  du  refte,  les  meilleures 
gens  de  l'ifle  ;  ils  ne  font  ni  traîtres ,  ni  enclins  au  meur- 
tre. Si  quelque  Nègre  a  dérobé  ,  ils  le  rachètent ,  plutôt 
que  de  permettre  qu'on  le  tue.  Ils  s'habillent  de  pagnes 
faites  d'une  herbe  qu'on  nomme  moufia,  de  laquelle  ils 
ont  quantité.  La  rivière  de  Mananghourou  eft  à  l'extrémité 
de  la  même  anfe,  à  quatre  lieues  de  Ghallembeullou. 

GALENIRUS,  lieu  de  la  haute  Potamie,  dans  l'A- 
fie  mineure.  Il  en  eft  parlé  dans  la  vie  de  S.Théodore, 


GAL 


CAL 


abbé.  C'étoit  un  canton  de  la  Galatie ,  du  coté  de  la 
Bithynie. 

i .  GALEOTjE  ,  ancien  peuple  de  la  Gréce,dans  l'At- 
tique ,  félon  Etienne  le  géographe. 

2.  GALEOTjE.  Voyez  Hybla  Parva. 

i  .  GALEPSUS ,  ancienne  ville  de  Thrace  ,  félon 
Etienne,  qui  l'étend  beaucoup  trop  de  ce  côté-là;  elle  étoit 
de  la  Macédoine,  dans  le  golfe  Toronaïque,  félon  Hé- 
rodote ,  1-1,0.  122,  qui  nomme  de  fuite  Torone , 
Galepfus ,  Sermila,  &c.  villes  qui  étoient  dans  ce  golfe. 
Thucydide ,  /.  5  ,  p.  346  ,  la  nomme  Galepfus  ,  colo- 
nie des  Thafiens  ;  mais  l'interprète  Latin  écrit  Gampfus, 
quoiqu'il  y  ait  dans  le  grec  r,x-A~\.cv  comme  il  doit  y 
-avoir.  Berkelius  a  bien  vu  que  l'article  d'Etienne  étoit 
tronqué ,  &C  qu'on  en  a  retranché  ce  qu'il  y  dit  du  fon- 
dateur de  cette  ville.  On  trouve  qu'elle  portoit  le  nom 
de  Galepfus  ,  fils  de  Thafus  &  de  Télépha.  L'étymolo- 
gie  le  marque  ainfi  ;  &C  fans  doute  Etienne  le  difoit 
de  même.  C'eft  fa  manière  de  chercher  l'origine  des 
villes  dans  quelque  généalogie  fabuleufe  du  héros  dont 
elle  portoit  toujours  le  nom.  Jamais  les  Grecs  n'étoient 
embarrafles  fur  ce  chapitre.  Au  lieu  que  les  héros  au- 
raient dû  bâtir  des  villes,  c'étoient  au  contraire  les  villes, 
dont  les  noms  faifoient  imaginer  des  héros  qui  méri- 
taient d'en  être  les  fondateurs. 

2.  GALEPSUS  ,  lieu  maritime  de  l'Eubée ,  félon 
Plutarque ,  dans  fes  Propos  de  table  ,7  où  il  en  donne 
une  agréable  description;  mais  Ortélius  a  fait  connoître 
que  le  nom  doit  être  changé  en  AZdepfus. 

1 .  GALERA ,  ville  d'Espagne  ,  au  royaume  de  Gre- 
nade. Elle  eft  fur  un  rocher;  Se  c'étoit ,  dit  Davity , 
t.  1 ,  p.  178 ,  la  principale  forterefie  des  Maures  en  Es- 
pagne ,  au  tems  de  leurs  rebellions. 

2.  GALERA ,  bourg  d'Italie  ,  dans  le  Patrimoine  de 
faint  Pierre,  fur  la  rivière  d'Arone,  entre  Rome  &  Brac- 
ciano. 

3.  GALERA ,  (Punta  délia  )  cap  dans  l'Océan  orien- 
tal, aux  Philippines.  C'eft  le  plus  occidental  de  l'ifle  de 
Mindanao. 

Le  cap  le  plus  oriental  de  l'ifle  de  la  Trinité ,  qui  eft 
entre  les  Antilles ,  porte  le  même  nom. 

GALERIA,  ou  Galaria,  félon  Diodore  de  Si- 
cile ,  ancienne  ville  de  Sicile.  Phavorin  la  nomme  Ga- 
lerina.  Etienne  le  géographe  dit  Galarina  Urbs  pour 
(îgnifier  la  ville,  &C  Galaria  pour  le  pays.  C'eft  préfen- 
tement  Gagliano. 

GALES ,  lieu  particulier  d'Afrique ,  dans  l'Ammonie. 
Victor  d'Utique  en  parle  dans  fon  premier 'Livre  de  la 
perfécution  des  Vandales. 

GALESE.  Voyez  Gallese. 

GALESIUM.  Voyez  Gallesium. 

GALESUS ,  rivière  d'Italie,  dans  le  territoire  de  Ta- 
rente ,  félon  Vibius  Sequefter.  Virgile  en  parle  au  qua- 
trième livre  de  fes  Géorgiques.  Polybe ,  /.  8 ,  c.  28 ,  qui 
la  nomme  GaLjEUS  raXo-'oi'  dit  avec  Tite-Live ,  /.  25, 
qu'Annibal  ayant  laifle  des  troupes  pour  garder  la  ville 
&  le  nouveau  mur  qu'il  avoit  élevé ,  alla  camper  près 
de  la  rivière  ,  qui  eft  à  cinq  milles  de  Tarente.  Cette 
rivière  eft  nommée  GaLjEUS  (  Galefus  )  par  quelques- 
uns,  &  Etjrotas  par  d'autres.  Ce  dernier  nom,  pour- 
fuit-il,  lui  a  été  donné  à  caufe  de  l'Eurotas  ,  qui  baigne 
la  ville  de  Lacédémone  ;  &  il  y  a  beaucoup  de  noms 
femblables,  tant  dans  la  ville  ,  que  dans  le  territoire  de 
Tarente ,  parce  que  les  Tarentins  font  une  colonie  de 
Lacédémoniens  ,  ckc.  Si  nous  en  croyons  Niger ,  le 
nom  moderne  de  cette  rivière  eft  VALENTO  ;  elle  eft 
appellée  Galafo  dans  les  différentes  cartes.  Ligorius  dit 
que  c'eft  Bagrada.  Jean  Scoppa  ,  in  Collecta*,  cité  par 
Ortélius,  dit  que  cette  même  rivière  eft  aujourd'hui 
reconnoi fiable  par  un  village  nommé  Galaso  ,  tk  par 
une  églife  appellée  Santa  Maria  de  Galaso.  Vir- 
gile ,  "Georg.  I.  4 ,  v.  1 26 ,  dit  : 

Qua  niger  humectât  Jlaventia  culta  Galefus. 

Cette  épithete,  noir ,  fignifie  ou  que  fes  bords  étoient 
ombragés  par  les  arbres  qui  les  couvroient;  5t  cela  fe 
rapporte  à  ce  vers  de  Properce ,  /.  2  ,  Eleg.  34  : 


i; 


Umbrofi  fubtir  fpintta  Galefi  ■ 


ou  que  fes  eaux  paroifloient  noires ,   à   caufe  de  leur 
profondeur.D'autres  lifent  piger ,  lent,  parefieux;  ce 
qui  eft  conforme  à  la  lenteur  du  couk  de  cette  rivière 
dont  la  pente  eft  très-douce. 

GALFANACAR,  ancien  bourg  de  l'Afrique  propre  , 
au  royaume  de  Tripoli ,  fur  le  golfe  de  Capes,  entre  la 
ville  de  Capes,  &  l'ifle  de  Gerbes.  Voyez  Gichtis. 
Baud..  éd.  1705. 

GALGAL ,  félon  D.  Calmet ,  Dici.  lieu  célèbre  &t 
enfuite  ville  de  la  Paleftine  ,  au  couchant  du  Jourdain , 
environ  à  une  lieue  de  ce  fleuve ,  tk  à  pareille  diftance 
de  Jéricho.  Les  Israélites  y  campèrent  long-tems  après 
avoir  pafle  le  Jourdain.  On  y  bâtit  depuis  une  ville 
confidérable,  qui  eft  devenue  fameufe  par  plufieurs  évé- 
nemens,  dont  l'hiftoirenous  a  confervé  le  fouvenir.  Ce 
nom  de;  Galgal  lui  fût  donné,  à  l'occafion  de  la  circon- 
cifion  que  le  peuple  reçut  en  cet  endroit.  Après  cette 
opération,  le  Seigneur  dit  :  (a)  j'ai  ôti  de.  detfusvous, 
aujourd'hui,  l'opprobre  d'Egypte.  A  la  lettre,  Tai  roull 
de.  de  fus  vous  ,  tkc.  Car  Galgal  fignifie  roulement. 
Comme  1  arche  avoit  été  long-tems  à  Galgal ,  ce  lieu 
devint  fameux  dans  la  fuite ,  &  le  peuple  continua,  pen- 
dant long-tems  ,  à  y  aller  en  pèlerinage.  (>>)  On  croit 
que  Jéroboam  ,  ou  du  moins  quelques-uns  de  fes  fuc- 
ceueurs,  rois  d'Israël  ,  y  mit  un  des  veaux  d'or  qu'il 
fabriqua ,  tk  qu'il  fit  adorer  par  fon  peuple.  (c) 

Il  femble  que  dès  le  tems  d'Aod,  juge  d'Israël,  il  y 
avoit  déjà  à  Galgal  des  idoles ,  puisqu'il  eft  dit  qu'Aod(d) 
ayant  offert  fes  préfens  au  roi ,  s'en  alla  jusqu'à  Gal- 
gal ,  que  de-là  il  revint ,  &  feignit  d'avoir  à  lui  décou- 
vrir quelque  fecret  de  la  part  de  Dieu ,  comme  s'il  avoit 
reçu  quelque  oracle  à  Galgal.  Ce  fût  au  même  endroit(e) 
que  le  peuple  s'aflembla  pour  confirmer  le  royaume  à 
Saiil  ;  &  enfin  ce  fut  à  Galgal  que  Sai.il  eut  le  malheur 
d  encourir  la  colère  de  Dieu  (f)  ,  en  immolant  des  vic- 
times avant  la  venue  de  Samuel.  C'eft  là  qu'il  reçut  la 
lentence  de  fa  réprobation  (S  )  ,  pour  avoir  épargné  le 
roi  dAmalec,  avec  ce  qu'il  y  avoit  de  meilleur  &  de 
plus  précieux  dans  leurs  dépouilles.  Saint  Jérôme ,  in 
rPAlTl:  P0aulx,  Epift-  62,  dit  que  Sainte  Paule  paffa 
a  Galgal,  &  y  vit  le  camp  des  Israëlires  ,  le  monceau 
des  prépuces ,  &  les  douze  pierres  que  Jofué  y  avoit 
fait  mettre.  *  (a)  Jofué,  c.  5  ,  v.  2  &  feq.  Q>)  o/ée  ,c4, 
v.  15  ,  &  c.  15 ,  v.  12.  Amos,  c  4,  v.  4,  e.  $  ,  y.  ï. 
(C  )  3-  R«g-  c  12,  v.  29.  LXX.  Interpret.  Cvrill.  Alex. 
in  Ofée  V.  (  d  )  Judic.  c.  3  ,  v.  19.  (e)  /.  Reg.  c.  1 1  , 
v.  14  &  15-  (f)  /•  Reg.  c  15.  (S)  ).  Reg.  eTiK. 

1.  GALGÂN,  ville  de  la  Chine,  à  un  quart  de  lieue 
de  la  grande  muraille ,  qui  enferme  cet  empire ,  du  côté 
de  la  Tartarie.  Corn.  DicL  Adam  Brand,  Voyage  de 
Moscovie  ,  tk.  de  la  Chine. 

2.  GALGAN  ,  (S.)  abbaye  d'hommes  de  l'ordre  de 
Cïteaux,  en  Italie,  dans  la  Toscane,  au  diocèfe  de 
Volterra. 

GALGAVIA.  Quelques-uns  ont  lu  mal-à-propos  es 
nom  dans  Solin ,  au  lieu  de  Scandinavia ,  qu'il  y  faut  lire. 

GALHAC.  Voyez  Gaillac. 

GALIBA.  Voyez  OgaLiba. 

GALIBI ,  peuple  tk  montagne  de  l'ifle  de  Tapro- 
bane ,  félon  Ptolomée ,  /.  7  ,  c.  4.  Il  les  met  dans  la 
partie  orientale ,  vers  le  nord. 

GALIBIS  ,  (  les)  peuple  de  l'Amérique  méridionale, 
dans  la  Guiane,  fur  la  côte.  Le  Févre  de  la  Barre,  dans 
fa  Description 'de  la  France  équinoxiale,  p.  36,  dit  :  Les 
Galibis^  font  la  nation  la  plus  puiffante  de  la  côte ,  & 
disperfée  dans  une  grande  étendue  de  pays.  Il  y  en  a  de 
notre  connoiffance  trois  ou  quatre  habitations  dans  la 
rivière  d'Aprouaque ,  une  dans  celle  d'Unia ,  deux  dans 
l'ifle  de  Cayenne ,  quatre  ou  cinq  en  celle  de  Macou- 
riague  ,  trois  ou  quatre  en  celle  de  Karrou,  deux  à  Ma- 
namanorry,  quatre  eu  cinq  à  Sinamary,  &  autant  à 
Canonama.  Je  ne  fais  combien  à  Marony ,  mais  un  grand 
nombre  à  Surinam.  Mais  ils  font  fournis  aux  Hollan- 
dois.  Autrefois  ils  étoient  fi  puiflans  ,  qu'ils  ont  imprimé 
la  terreur  aux  François  établis  à  Cayenne.  Ils  font  à 
préfent  fi  diminués ,  que  tous  ceux  qui  habitent  depuis 
Aprouaque  jusqu'à  Marony ,  ne  peuvent  pas  mettre  en- 
femble  vingt  pirangues  de  guerre  ,  armées  chacune  de 
vingt-cinq  hommes  ,  ce  qui  eft  arrivé  ,  tant  par  des  ma- 
ladies ,  que  par  diverfes  rencontres,  où  ils  ont  été  battus 
par  les  Palicours. 


ï6 


CAL 


GAL 


GALICE ,  (  la)  province  d'Espagne  ;  elle  a  à  1  orient 
l'Afturie  dont  elle  eft  féparée  par  la  rivière  d'Avia  &C  le 
royaume  de  Léon  ;  au  nord  5c  au  couchant  la  mer 
Océane  ,  &  au  midi  le  Portugal ,  dont  elle  eft  féparée 
par  le  Minho.  Sa  longueur  eft  d'environ  cinquante  lieuss 
&  fa  largeur  de  quarante. 

Quoiqu'elle  tire  fou  nom  des  anciens  Call^ECI  ,  ou 
Callaici  ,  elle  ne  comprend  pas  tout  leur  pays  comme 
on  peut  voir  dans  l'article  Callaici. 

Située  à  l'extrémité  de  l'Espagne ,  &  environnée  de 
deux  côtés  de  l'Océan ,  elle ,  eft  de  toutes  les  parties  qui 
compofent  la  monarchie  d'Espagne  ,  celle  qui  a  le  plus 
de  côtes  maritimes  &:  de  ports  de  mer  :  on  lui  donne 
cent  lieues  de  côtes,  &C  quarante-huit  ports ,  tant  grands 
que  petits,  dont  les  meilleurs  St  les  plus  renommés  font 
Ferrol  &  la  Corogne.  *  Vayrac,  Etat  préferit  de  l'Espa- 
gne ,  p.  270. 

L'air  y  eft  tempéré  le  long  des  côtes;  mais  humide, 
froid  &  mal-fain  dans  le  cœur  du  pays  ,  tant  à  caufe 
tles  fréquentes  pluies ,  qui  y  tombent ,  que  du  grand 
nombre  de  fources  d'eaux  froides  &  chaudes ,  qui  s'y 
tronvent ,  d'une  infinité  de  petits  ruiffeaux ,  &  d'envi- 
ron foixante-dix-fept  petites  rivières  ,  dont  les  plus  gran- 
des font, 


Mais  la  plupart  des  villes  de  ce  pays  font  de  peu  de 
conféquence.  Les  principaux  lieux ,  le  long  «le  la  côte  , 
depuis  l'Afturie  jusqu'au  Minho ,  font 


Rivadeo,        La  Corogne. 
Vivero ,  Mongia , 

Santa  Marta,  Finifterre, 
Ferrol ,  Muros  , 


Padron  , 
Pontevedra, 
Vigo, 
Bayona. 


L'Ulla  , 
La  Tambra, 


Le  Mandeo , 
Le  Rio-Mayor  ; 


&;  Vallinadares. 

Les  autres  font  peu  confidérables ,  Se  la  plupart  fe  jettent 
dans  l'Océan  feptentrional. 

Le  terroir  eft  inégal ,  montueux ,  &  on  y  voit  fort 
peu  de  plaines.  C'eft  pourquoi  ce  pays  eftunoins  peuplé 
que  le  refte  de  l'Espagne  ,  fi  on  en  excepte  les  côtes.  La 
plus  grande  récolte  qu'on  y  faffe ,  confifte  en  feigle ,  en 
vin ,  en  lin  ,  en  citrons  ;  les  pâturages  rapportent  un 
très-grand  profit,  par  le  grand  nombre  de  troupeaux 
qu'on  y  nourrit.  On  y  trouve  des  mines  d'or ,  de  cui- 
vre ,  de  plomb  ,  de  fer  &C  de  vermillon.  La  mer  y  four- 
nit de  bon  poiffon  ,  fur-tout  des  fardmes  ,  qui  font  fort 
cftimées  pour  leur  délicateffe ,  des  faumons  &  une  espèce 
de  poiffon  qu'on  appelle  Beçugos. 

Les  Galiciens  ne  s'appliquent  guères  aux  arts  mécha- 
niques  ,  ni  au  commerce  ;  mais  ils  vivent  fi  frugalement, 
qu'avec  une  piftole  ils  font  plus  riches  qu'un  Caftiilan 
avec  dix.  Ceux  qui  n'ont  rien  du  tout  fe  répandent  dans 
quelques  autres  contrées  opulentes  de  l'Espagne ,  où  ils 
fe  metttent  en  fervice  ,  &  exercent  fouvent  les  emplois 
les  plus  vils.  C'eft  ce  qui  a  rendu  le  nom  Galicien  fi 
méprifable ,  que  lorfque  quelqu'un  veut  faire  connoître 
qu'il  a  été  maltraité ,  il  dit,  hefido  tratado  como  fi  file- 
ra un  Galleço  ,  c'eft-à-dire  :  on  m'a  maltraité  comme  fi 
j'étois  un  Galicien.  Cependant ,  ils  font  très-bons  fol- 
dats  ,  &  réfiftent  conftamment  à  la  fatigue. 

La  Galice  fut  érigée  en  royaume,  l'an  ioéo  par ,  Fer- 
dinand ,  roi  de  Caftille  &  de  Léon ,  qui  donna_  cette 
province  en  partage  à  fon  fils  ,  félon  l'abbé  de  Vairac. 
Le  P.  Briet  fe  trompe ,  en  difant  que  ce  fut  Alphonfe  V. 
Il  étoit  mort  dès  l'an  1018.  Ce  fût  lui  qui  réunit  la  Galice 
à  la  Caftille.  Elle  fut  par  la  fuite  donnée  à  Henri  I , 
comte  de  Portugal  ;  mais  on  ne  fait  fi  ce  fut  en  tout  ou 
en  partie.  C'eftfurquoi.  fe  font  fondés  quelques  Portugais , 
pourprétendrequela  Galice  étoit  une  annexe  duPortugal. 
Avant  le  tems  de  Ferdinand  le  Catholique,  &  de  la 
reine  Ifabelle ,  les  Galiciens  renfermés  dans  leurs  mon- 
tagnes ,  n'avoient  aucun  refpeft  pour  leur  roi,  &  fe 
moquoient  des  gouverneurs  qu'il  leur  envoyoit.  Les 
gentilshommes  tranchoient  des  Souverains ,  exerçoient 
une  tyrannie  effroyable  fur  leurs  fujets,  &  pilloient  im- 
punément les  étrangers  qui  avoient  le  malheur  de  paffer 
fur  leurs  terres._  Mais  Ferdinand  le  Catholique  fit  ceffer 
ces  abus  ,  réprima  l'audace  de  ces  petits  tyrans ,  &:  fit 
refpeâer  l'autorité  royale  par  tous  les  Galiciens. 

On  compte  foixante-  quatre  villes  dans  la  Galice  , 
parmi  lesquelles  foixante  font  murées ,  félon  le  P.  Briet, 
îept  font  honorées  du  titre  de  Cité  ,  lavoir , 


S.  Jacques  de  Compoftelle, 

T»y , 

Lugo, 

Mondonogo 

Qîenfe; 

La  Corogne 

Batançot. 

La  NOUVELLE  GALICE ,  contrée  de  l'Amérique 
feptentrionale ,  que  les  Espagnols  appellent  aufli  Gua- 
DALAJARA ,  de  fa  ville  capitale ,  &  qui  conftitue  au- 
jourd'hui un  reffort  juridique  particulier ,  félon  la  parti- 
tion nouvelle ,   qu'ils  ont  faite.  Elle  a  pour  limites  , 
vers  l'eft  &£  le  nord-eft,  le  port  de  la  Navidad  &  lé 
marais  de  Chiapala  qui  la  fépare  de  la  nouvelle  Espagne  ; 
vers  l'oueft,  le  golfe  de  Californie  ,   &t  vers  le  nord- 
oueft  &  le  nord  ,  elle  s'étend  dans  de  grands  pays  peu 
connus  ,  où  fes  bornes  font  indéterminées.  On  dit  que 
ce  qui  eft  cultivé  par   les   Espagnols  ,  a  plus  de  cent 
lieues  de  large ,  Se  trois  cens  ou  environ ,  du  port  de 
la  Navidad ,  fur  la  côte  de  la  mer.  Le  gouvernement 
de  la  nouvelle   Galice   embraffe   plufieurs  provinces  » 
dont  les  principales  font ,   Guadalajara ,  Xalisco  ,  lo» 
Zacatecas ,  Chiametla ,  Culuacan  ,•  Cinaloa ,  &£  Neuv» 
Biscaya.  L'air  eft  fain  &c  tempéré  dans  quelques-unes 
de  ces  provinces ,  Ôc  l'on  y  voit  beaucoup  de  vieillards. 
Les  mois  de  Juin ,  de  Juillet  &c  d'Août  font  fort  ora- 
geux. Le  ciel  eft  ferain  dans  les  autres  tems.  Il  s'en- 
gendre en  ces  lieux  une  grande  quantité  de  mouche» 
rons  fk  de  punaifes ,  aufli  groffes  que  de  fèves ,  St  dont 
les  morfures  font  élever  dès  puftules  de  la  groffeur  d'una 
noix.  Il  y  a  aufli  des  feorpions ,  mais  la  piquûre  n'en 
eft  pas  mortelle  ,  quoiqu'elle  caufe  de  grandes  douleurs 
pendant  vingt-quatre  heures.  On  en  guérit  avec  un  fuc 
de  pommes  de  coing ,  qui  font  très-communes ,    auffi- 
bien  que  les  poires  ,  les  abricots  ,  les  figues  ,  &  les 
autres  fruits  de  l'Europe.   Les  oliviers  n'y  rapportent 
point  d'olives ,  parce  que  les  fourmis  en   mangent  let 
racines.  Les  pies  ne  font  pas  moins  nuifibles  :  elles  ne 
font  guères   plus  groffes  que  des   moineaux  ,  mais  fi 
nombreufes ,  qu'elles  foulent  tout  un  champ ,  fans  qu'au- 
cun cri  les  puiffe  obliger  à  fuir.  La  terre  eft  plus  mon» 
tueufe  que  plate,  fablonneufe  en  fa  plus  grande  partie, 
&  quelquefois  argilleufe.  Elle  rend  fouvent  foixante  boif- 
feaux  de  froment  pour  un.  Le  maïs  y  abonde  :  les  ha- 
hitans ,   qui  font  peu  de  cas   du  feigle  Se  de  l'orge  , 
cultivent  avec  grand  foin  les    légumes  de  l'Europe, 
*  Corn.  Dift.  De  Laet.  Ind.  Occid.  1.'  6 ,   ci  &  2. 
A  quatre  lieues  de  la  ville  de  Guadalajara  ,  le  long 
du  chemin  qui  va  à  Zacatecas ,  eft  une  montagne  fort 
haute ,  &c  inacceflible  aux  bêtes  de  charge.  Sa  montée 
&  fa  descente  font  d'une  lieue  ;  les  autres  montagnes 
dans  tous  ces  quartiers  font  âpres  ,  pleines  de  pins,  &  de 
chênes  fort  hauts.  Il  s'y  trouve  beaucoup  de  mines  d'ar- 
gent &C  de  cuivre ,  fort  peu  de  fer  &  d'acier ,  &  point 
du  tout  d'or.   La  plus  grande  rivière  de  la  nouvelle 
Galice  ,  eft  Barania ,  qui  fortant  du  lac  de  Mechoa- 
can  ,  court  rapidement  vers  le  nord-oueft ,  &C  fe  préci- 
cipite  à  quatre  lieues  de  Guadalajara ,  du  haut  d'un  faut 
de  dix  braffes  ,  fe  jette  dans  la  mer  du  fud.  On  paffe  ce 
fleuve  fur  des  radeaux  faits  de  cannes  &c  de  courges  , 
fur  lesquels  les  hommes   s'affeyent ,  &  mettent  leurs 
hardes.  On  tient  les  chevaux  auprès  dans  l'eau ,  &c  les 
fauvages  les  pouffent  à  la  nage  de  l'autre  côté.  Les  na- 
turels de  cette  province  changent  leurs  demeures  pour 
la  plus  légère  caufe ,  &  fort  fouvent ,  pour  s'exempter 
des  tributs  :  ils  fe  retirent  dans  les  forêts ,  où  ils  re- 
prennent  leurs    anciennes  coutumes.  Ils  font  un  peu 
plus  grands   de  corps  que  les  Mexicains,  fe  couvrent 
de  chemifes  de  coton ,  &  de  manteaux  carrés ,  tiflus  de 
maguey ,  qu'ils  attachent  fur  leurs  épaules  avec  deux  bou- 
cles. Ils  n'ont  aucun  defir  des  richeffes ,  &  cultivent  feu- 
lement quelque  peu  de  terre  qui  leur  produit  le  maguey. 
Ils  aiment  la  danfe  ,   paffent  les  jours  entiers  au  fon 
d'un  rude  &  enroué  tambourin  de  bois.  Ils  aiment  à 
fe  peindre  le  corps  ,   &  à  s'orner  de  divers  plumages. 
Ils  portent  des  pierres  vertes,  &  de  fort  belles  coquilles 
de  mer  autour  de  leurs  bras  &C  de  leurs  jambes.  Ils  re- 
gardent comme  un  grand  déshonneur  d'être  tondus  ,  &• 
veulent  pajlçr  nour  vaillans..  La  liqueur  du  maguey  eft; 

le\# 


GAL 


CAL 


leur  boiffon  ordinaire ,  Se  ils  en  boivent  fouvent  jus- 
qu'à s'enyvrer.  Ils  ont  auffi  un  breuvage  qui  eft  com- 
pote de  cacao  Se  de  maïs.  Ils  labouroient  autrefois  la 
terre  avec  des  pieux  de  bois  ;  mais  les  Espagnols  leur 
ont  appris  l'uiage  des  hoyaux  :  ceux  qui  demeurent  dans 
ces  provinces ,  s'adonnent  pour  la  plupart  aux  mines  Se 
au  trafic.  Quelques-uns  s'occupent  à  nourrir  des  vaches , 
des  brebis  ,  Se  à  cultiver  la  terre.  Quoique  les  cannes 
de  fucre  y  erpiffent  abondamment ,  ils  ne  les  cultivent 
pas,  non  plus  que  les  Tunas,  dont  on  trouve  des  forêts 
toutes  entières ,  Se  une,  entr'autres,  que  l'on  dit  avoir  plus 
de  cinquante  lieues  d'étendue.  On  en  tireroit  une  quan-, 
tité  infinie  de  cochenille  ,  fi  on  les  cultivoit. 

GALILÉE,  (la)  province  de  la  Paleftine.  Elle  s'é- 
tend principalement  au-delà  de  la  plaine  de  Jezraël  ou 
du  grand  champ,  Se  fe  divife  en  HAUTE  Se  BASSE. 

La  BASSE  contenoit  les  tribus  de  Zabulon  &  de 
Nephthali ,  au-deçà  du  Jourdain ,  Se  au  couchant  de  la 
mer  de  Tibériade. 

La  haute  ,  GALILEE  ,  s'étend  piincipalement  au- 
delà  du  Jourdain ,  vers  la  Trachonite  ,  le  Liban ,  Se  la 
Batanée.  On  Fappelloit  la  Galilée  des  Gentils  , 
parce  qu'elle  étoit  occupée  par  des  peuples  Gentils ,  mêlés 
avec  des  Juifs,  Se  qu'elle  confinoitavec  des  peuples  Gentils, 
comme  font  les  Phceniciens ,  les  Syriens ,  les  Arabes. 

Voici  comment  D.  Calmet  prouve  que  la  Galilée  s'é- 
tendoit  au-delà  du  Jourdain. 

Judas  le  Gaulonite  eft  appelle  Galiléen  dans  les  ac~tes,(a) 
Se  dans  Jofeph  :  (b)  or  Gaulon  étoit  au-delà  du  Jourdain. 
La  Galilée  s'étendoit  donc  dans  ce  pays.  De  plus ,  Jo- 
feph (c)  met  Betzaïde  au-delà  du  Jourdain  :  cette  ville 
étoit  fûrement  de  la  Galilée  :  ceux  des  Apôtres ,  qui 
étoient  de  Betzaïde  au-delà  du  Jourdain ,  font  qualifiés 
Galiléens;  donc  la  Galilée  s'étendoit  au  moins  en  partie 
au-delà  du  Jourdain.  Eufebedans  fon  commentaire  fur 
Ifaïe ,  (d)  dit  nettement  que  la  Galilée  étoit  au-delà  du 
Jourdain.  Les  Septante  dans  Ifaïe  (e)  traduifentBafan  par 
la  Galilée.  Or  perfonne  ne  doute  que  Bafan  n'ait  été 
au-delà  du  Jourdain.  Saint  Jérôme ,  dans  fon  commen- 
taire fur  cet  endroit  d'Ifaïe  ,  a  mis  le  nom  de  la  pro- 
vince pour  un  lieu  de  la  province  ;  il  croyoit  donc  que 
Bafan  étoit  dans  la  Galilée.  D.  Calmet  renvoie  enfuite 
pour  ce  fentiment  à  Ligtfoot  (()  Se  à  Cellarius  ;  (S)  & 
pour  le  fentiment  contraire  à  Reland ,  (h)  dans  fon  livre 
de  la  Paleftine,  Se  à  fa  differtation  fur  la  Géographie 
Sainte  ,  qu'il  a  mife  à  la  tête  du  Commentaire  fur  Jofué. 
*  (a)c.  <;,  v.  37.(b)Ant.  1.  10, c.  3.  (c)  De Bellol.  2,  c.  13  ; 
&  Plin.  1.  5  ,  c.  1 5.  (^  In  If  ai*  9.  (e)  c.  33  ,  v.  9.  (Q 
Chorog.  in  Marc.  Se  Hor.  Talmud  in  Matthai  ,  c.  14 , 
V.  13.  (<0  Cellar.  Geogr.  Ane.   (h)  de  Bello  ,1.  3  ,  c.  2. 

Voici  comment  Jofeph  marque  les  limites  de  la  Gali- 
lée :  elle  eft  terminée  au  couchant  par  la  ville  de  Ptolé- 
maïde,  Se  par  le  mont  Carmel,  qui  n'en  font  pas.  Du 
côté  du  midi  elle  eft  bornée  par  le  pays  de  Samarie  Se 
par  Scythopolis  ,  qui  eft  fituée  fur  le  Jourdain  ;  à  l'o- 
rient elle  a  pour  limites  les  cantons  d'Hippos  ,  de  Gada- 
re,  8c  de  Gaulan.  Enfin,  du  côté  du  nord,  elle  eft  bornée 
par  les  confins  des  Tyriens. 

La  baffe  Galilée  s'étend  en  longueur  ,  depuis  Tibé- 
riade jusqu'à  Chabulon  ou  Zabulon,  frontière  de  Pto- 
lémaïde  ;  Se  fa  largeur  s'étend  depuis  Chaloth  ,  fituée 
dans  le  grand  champ  ,  jusqu'à  Berfabée  ;  &  la  largeur  de  la 
haute  Galilée  commence  à  Berfabée  jusqu'au  bourg  de 
Baca  ,  qui  la  fépare  de  la  province  des  Tyriens.  Sa  lon- 
gueur s'étend  depuis  Telia  ,  bourg  fitué  fur  le  Jourdain, 
jusqu'à  Meroth.  Mais  comme  la  fituation  précife  de 
Berfabée,  de  Chaloth,  de  Baca,  de  Telia,  de  Meroth, 
n'eft  point  connue  ,  on  ne  peut  marquer  au  jufte  l'éten- 
due de  la  haute  Galilée. 

Jofeph  dit- que  les  Galiléens  font  naturellement  bons 
guerriers,  hardis,  intrépides;  qu'ils  ont  toujours  géné- 
reufement  réfifté  aux  nations  étrangères  qui  les  envi- 
ronnent :  que  ce  pays  eft  très-fertile ,  Se  très-bien  cul- 
tivé ,  les  peuples  très-laborieux  Se  très-induftrieux  ;  que 
le  nombre  des  villes  Se  des  bourgs  y  eft  très-grand  ,  Se 
que  tous  ces  lieux  font  fi  peuplés ,  que  les  moindres  bour- 
gades ont  quinze  mille  habitans.  , 

Toutle  monde  fait:que  Notre  Sauveur Jesus-Christ 
a  été  fumommé  Galiléen ,  parce  qu'il  avoit  été  élevé  à 
Nazareth ,  ville  de  Galilée.  Ses  disciples  Se  les  chrétiens 
en  général  ont  auffi  été  nommés  Galiléens  (  AS.  Apoft. 


\'7 


c.  i ,  v.  7,  )  parce  que  les  Apôtres  étoient  de  Galilée. 
S.  Matthieu  ,  c.  4  ,  v.  1 5  ,  applique  à  la  prédication 
du  Sauveur  ces  paroles  d'Ifaïe ,  c.  9 ,  v.  1  Se  2,  la  terre 
de  Zabulon  Se  de  Nephthali ,  le  chemin  de  la  mer  au- 
delà  du  Jourdain ,  la  Galilée  des  Gentils  :  ce  peuple  , 
qui  étoit  dans  les  ténèbres,  a  vu  une  grande  lumière. 
Les  Galiléens  ne  paffoient  pas  pour  gens  fort  éclairés 
en  fait  de  religion ,  Se  les  Juifs  ne  croyoient  pas  qu'il 
fortît  des  prophètes  de  Galilée.  Joan.  c. 7,  v.  41  Se  52; 
Le  langage  des  Galiléens ,  Se  leur  accent  étoient  difte- 
rens  de  ceux  des  autres  Juifs  du  pays.  On  reconnut  faint 
Pierre  pour  Galiléen  à  fon  accent.  Matth.  c.  6,  v.  73; 

La  mer  de  GALILÉE  :  on  la  nommoit  auffi  mer 
de  Tibériade ,  lac  de  Généfar ,  ou  de  Géné^areth ,  Se 
lac  de  Cénéreth.  Voyez  Cenereth. 

GALIM.  Voyez  Giscala. 

GALINDvE  ,  ancien  peuple  de  la  Sarmafie  Euro- 
péenne,  félon  Ptolomée,  1.  3  ,  c.  5.  Voyez  l'article 
fuivant. 

GALINDIE ,  province  du  royaume  de  Pruffe ,  ent»e 
le  Hocherland,  la  Varmie,  la  Bartonie,  SelaMazovie. 
Le  bourg  d'Ortelborg  en  eft  le  feul  lieu  remarquable  : 
le  refte  ne  confifte  qu'en  quelques  villages.  Il  eft  remar- 
quable que  Ptolomée  ait  placé  au  même  endroit  un 
peuple  nommé  les  Galindes.  *  Homan.  Carte  de  la 
Pruffe. 

GALINHAS ,  (  Rio  )  ou  M AGUALBARI ,  rivière  d'A- 
frique ,  dans  la  haute  Guinée  ,  à  onze  lieues  de  celle  de 
Scherbro.  La  côte  entre  deux  eft  baffe  ,  plate,  marécageufe, 
Se  couverte  d'arbres ,  mais  inhabitée.  La  rivière  prend 
fa  fource  dans  le  pays  de  Hondo,  Se  fe  jette  à  la  mer, 
après  avoir  traverfé  le  pays  de  Karadabo  -monou,  Se 
Quilliga-monou.  Elle  forme  deux  petites  ifles  à  fon  em- 
bouchure. Les  habitans  appellent  cette  rivière  Magual- 
ban  ,  Se  les  Portugais  Rio-Galinhas  ,  à  caufe  de  l'abon- 
dance de  poules ,  Se  d'autres  volailles  dont  fes  bords  font 
remplis.  Les  Européens  en  tirent  des  cuirs  fecs,  Se  des 
dents  d'éléphant.  *  Barbot,  p.  107,  Côte  de  Guinée ,  par 
Bellin. 

GALIPSUS  pour  GALEPSUS.  Voyez  ce  mot.' 

GALISTEO  ,  bourg  d'Espagne,  dans  l'Eftramadure," 
près  de  la  ville  de  Coria.  Il  avoit  autrefois  titre  de  Du- 
ché. *  Baud.  éd.   1705. 

GALITE,  (la)  ifle  d'Afrique,  dans  la  mer  Médi- 
terranée, fur  la  cote  de  Barbarie,  au  royaume  de  Tunis. 
On  la  nomme  auffi  Galata.  Elle  eft  vis-à-vis  ,  Se  à 
cinq  lieues  de  l'ifle  de  Tabarca ,  qui  eft  à  fix  milles  du 
cap  deMascarez.  Baudrand,  éd.  170^  ,  met  dix  lieues 
entre  les  illes  de  Tabarca  Se  de  Galita.  Il  ajoute  qu'elle 
n'a  guères  plus  de  trois  lieues  de  tour.  *  Dapper,  Afri- 
que, p.   199. 

GALITZA ,  lieu  dans  la  feigneurie  des  Ruffiens  ,  fé- 
lon le  continuateur  de  Glycas  Se  Nicétas ,  cités  par  Or- 
télius.  Curopalate  nomme  ainfi  une  partie  de  la  petite 
Ruffie;  Se  Baudrand  ,  éd.  1705,  dit  :  Galit^a  ,  pro- 
vince de  la  Tauro-Scythie  ;  elle  avoit  auparavant  fon 
prince  particulier. 

GALLA  ,  ville  de  l'Afrique  intérieure ,  Se  l'une  de 
celles  que  Cornélius  Balbus  fournit  à  la  domination  Ro- 
maine ,  félon  Pline,  1.  5  ,  c.  5. 

2.  GALLA,  ville  de  la  Médie,  dans  les  terres,  félon 
Ptolomée  ,1.  6,  c.  2. 

GALLABA,  ville  d'Afie,  dans l'Osrhoëne  ,  félonies 
Notices  de  l'Empire  ,  feit.  15. 

GALLAECI.  Voyez  Callaeci. 

GALLANA.  Voyez  Galava. 

GALLANIS,  fiége  épiscopal  d'Afie,  dans  la  Pales- 
tine ,  fous  la  métropole  de  Scythopolis  ,  félon  Ortélius , 
qui  cite  Guillaume  de  Tyr.^  Je  trouve  dans  une  ancienne 
Notice  du  patriarchat  de  Jérufalem,  fous  la  métropole  de 
Scythopolis,  un  fiége  nommé  Clima  Galanis  ,  SÎ  dans 
une  autre  Notice  Clima  Gablanim  (  à  l'accufatif;  )  c'eft  le 
même  fiége. 

GALLÀPAGOS ,  ides  de  la  mer  du  fud ,  fous  l'équa- 
teur  :  quelques-unes  font  plus  au  midi ,  Se  quelques  autres 
font  plus  vers  le  nord.  Voici  ce  qu'en  dit  Dampier,  t.  1 , 
c.  5  ,  p.  131.  On  trouve  fous  la  ligne  ,  Se  aux  deux  côtés 
de  la  ligne  plufieurs  ifles  affez  étendues ,  mais  défertes  , 
qui  portent  le  nom  de  Gallapagos.  La  plus  orientale  eft 
environ  à  cent  dix  lieues  de  la  terre-ferme.  On  les  met  à 
181  d.  de  longitude ,  s'étendant  à  176  d.  versl'oueft;  Se 
Tome  III.      C 


GAL 


GAL 


par  conféquent ,  leur  longitude  d'Angleterre  eft  d'envi- 
ron 60  d.  du  côté  de  l'oueft.  Mais  je  crois  que  nos 
hydrographes  ne  les  éloignent  pas  afléz  de  l'occident. 
Les  Espagnols  qui  les  ont  découvertes,  6k  qui  feuls  les 
ont  miles  dans  leurs  cartes  ,  difent  que  le  nombre  en  eft 
grand ,  &  qu'elles  s'étendent  depuis  l'occident  de  la  ligne 
jusques  à  <;  d.  du  feptentrion  ;  cependant  nous  n'en 
vîmes  pas  plus  de  quatorze  ou  quinze.  Quelques-unes 
ont  iépt  à  huit  lieues  de  long^,  trois  à  quatre  de"  large  , 
&  font  allez  élevées.  La  plupart  font  plates  6k  unies 
au  fommet.  Quatre  ou  cinq  des  plus  orientales  font  pier- 
reufes ,  ftériles  &  montueufés ,  6k  ne  produifent  ni  her- 
bes ,  ni  pâturages  ,  ni  arbres  que  des  dildos  ,  fi  ce 
n'eft  du  coté  de  la  mer.  Le  dildo  eft  un  arbriffeau 
verd  ,  6k  plein  de  piquans  ,  qui  croît  de  la  hauteur 
d'environ  dix  à  douze  pieds  ,  6k  ne  produit  ni 
feuilles  ni  fruits.  Il  eft  de  la  groffeur  de  la  jambe  d'ut, 
homme,  depuis  le  pied  jusqu'à  la  tête,  plein  de  piquans 
rangés  en  rayons  fort  près  à  près.  Cet  arbriffeau  n'eft 
pas  même  bon  à  brûler.  On  trouve  près  de  la  mer 
de  petits  arbres  nommés  bortons ,  qui  font  fort  bons  à 
brûler.  Cette  forte  d'arbre  vient  en  divers  lieux  dans 
les  Indes  occidentales  ,  &  principalement  dans  la  baie 
•de  Campêche ,  6k  les  ifles  Sambales.  Je  n'en  ai  jamais 
vu  fur  ces  mers ,  qu'aux  ifles  de  Gallapagos.  Il  y  a ,  entre 
les  rochers  de  ces  ifles  ftériles ,  des  lacs  &  des  foffés  où 
il  y  a  de  l'eau.  Quelques  aunes  de  ces  ifles  font  unies 
6k  baffes.  Le  terroir  en  eft  fertile  ,  6k  produit  diverfes 
fortes  d'arbres  qui  nous  font  inconnus.  Quelques-unes 
des  plus  occidentales  ont  neuf  à  dix  lieues  de  long,  6k 
fix  à  fept  de  large  ;  la  terre  y  eft  profonde  6k  noire. 
Elles  produifent  de  grands  arbres  ,  principalement  des 
mammets  ,  &  on  y  voit  des  bois  qui  ne  font  com- 
pofés  que  de  ces  arbres.  Il  y  a  dans  ces  grandes  ifles 
des  rivières  affez  larges  ,  6k  dans  les  autres  de  moin- 
dre étendue,  des  ruiffeaux  de  bonne  eau.  Lorsque  les 
Espagnols  en  firent  la  première  découverte ,  ils  y  trou- 
vèrent quantité  de  guanos  &  de  tortues  de  terre ,  6k  les 
nommèrent  les  ifles  de  Gallapagos.  Je  ne  crois  pas 
qu'il  y  ait  de  pays  où  ces  animaux  foient  plus  com- 
mus.  Les  guanos  y  font  très-gras ,  6k  fi  familiers,  qu'on 
en  peut  affommer  vingt ,  avec  un  bâton  ,  en..une  heure 
de  tems.  Les  tortues  de  terre  y  font  en  fi  grande  quan- 
rfié ,  que  cinq  ou  fix  cents  hommes  pourroient  en  fub- 
fifter  pendant  plufieurs  mois  ,  fans  aucune  autre  forte 
de  provifions.  Elles  font  très-graffes  &  très  -  délicates. 
On  en  trouve  qui  pefent  jusqu'à  deux  cents  livres.  Il  y 
a  encore  dans  ces  ifles  des  ferpens  verds  ;  '  mais  je  n'y 
-ai  point  vu  d'autres  animaux  terreftres  :  il  y  a  beau- 
coup de  tourterelles  ,  6k  très-privées. 

On  trouve  entre  ces  ifles  des  canaux  où  les  vaif- 
lèaux  peuvent  paffer.  L'eau  y  eft  baffe  en  certains  en- 
droits qui  produifent  beaucoup  d'herbe  à  la  tortue  ;  auflî 
y  en  a-t-il  beaucoup  de  vertes..  Il  y  a  de  quatre  fortes 
de  tortues  de  mer  ;  les  grofles  ,  ou  tortues  à  bahu  ,  les 
groffes-têtes ,  les  bec-à-faucon ,  6k  les  tortues  vertes. 

L'air  de  ces  ifles  eft  affez  tempéré  ,  vu  le  climat.  Il 
s'élève  tous  les  jours,  fans  interruption,  un  petit  vent 
de  mer  ,  6k  la  nuit  un  vent  froid  ;  mais  la  chaleur  n'y 
eft  pas  fi  violente ,  que  dans  la  plupart  des  lieux  près 
de  la  ligne.  Les  mois  de  Novembre  ,  de  Décembre 
6k  de  Janvier  font  pluvieux.  Le  tems  eft  alors  fom- 
bre  ,  orageux  ,  mêlé  de  quantité  de  tonnerre  6k  d'é- 
clairs. Quelquefois  ,  avant  6k  après  ces  mois  ,  il  y  a  de 
petites  pluyies  rafraîchiffantes  ;  mais  le  tems  eft  toujours 
fort  beau  durant  les  mois  de  Mai,  de  Juin,  de  Juillet  Se 
d'Août. 

Le  capitaine  Woodes  Rogers ,  Anglois ,(  dit ,  t.  1  , 
p.  366  :  les  Gallapagos  font  en  fi  grand  nombre ,  que 
nous  en  comptâmes,  en  deux  fois,  jusqu'à  cinquante  ; 
mais  aucune  ne  paroît  avoir  d'eau  douce.  Les  relations 
Espagnoles  prétendent  qu'on  en  trouve  dans  celle  qui 
eft  firuée  fous  le  premier  d.  30'  de  latitude  méridionale. 
D'un  autre  coté ,  Morel  m'a  dit  qu'un  vaiffeau  de  guerre 
Espagnol,  qui  croifoit  furies  Pirates ,  avoit  touché  à 
une  ifle  fituée  fous  le  premier  degré  10'  ou  30'  de  lati- 
tude méridionale ,  appellée  Santa.  Maria  de  l'A- 
QUADA ,  où  l'on  trouve  quantité  de  bois ,  d'eau  dou- 
ce ,  de  tortues  de-  mer  6k  de  terre ,  du  poiffon ,  une 
bonne  rade,  ckc.  &  qu'elle  eft  environ  à  140  lieues  à 
l'oueft  de  i'ifle  Plata.  Je  crois  qu'on  peut  y  ajouter  du 


moins  trente  lieues  de  plus ,  &  que  c'eft  la  même  où 
le  capitaine  Davis,  Anglois,  prit  des  rafraîchiffemens. 
Au  refte  ,  pour  l'indiquer ,  il  dit  feulement  qu'elle  eft  à 
l'oueft  de  ces  ifles ,  qui  ne  peuvent  être  que  les  Gallar 
pagos. 

Le  capitaine  Covley ,  autre  Anglois ,  a  parcouru  ces 
ifles  qu'il  nomme  Gallapagos  ,  ou  Isles  enchan- 
tées. Je  joindrai  ici  le  récit  qu'il  en  fait  dans  fon 
voyage ,  qui  eft  à  la  fuite  de  Dampier.  t.  4  ,  p.  210  ; 
mais  j'avertis  que  les  noms ,  qu'il  s'avifa  de  leur  donner 
alors  ,  ne  font,  tout  au  plus ,  que  des  marques  de  fon 
respect. ,  ou  de  fon  amitié  pour  les  perfonnes  dont  il  donna 
les  noms  à  ces  ifles.  Les  Espagnols  ,  à  qui  ces  ifles  appar- 
tiennent ,  n'ont  aucune  connoiffance  de  ces  noms ,  6k 
n'en  font  pas  ufage. 

La  première  ifle  ,  dit-il ,  que  -nous  apperçûmes ,  étoit 
à  un  degré  30'  de  latitude  méridionale;  nous  étions  à 
fon  nord  ,  6k  le  vent  fouffloit  du  fud  ;  ce  qui  nous  em- 
pêcha d'y  aborder.  Elle  eft  haute  ,  6k  je  la  nommai 
I'ifle  du  roi  Charles  (  fon  vrai  nom  eji  l'ijlc  MASCARIN.  ) 
Nous  en  vîmes  trois  autres  au  nord  de  celle-ci.  Je  nom- 
mai la  plus  proche  Fille  de  Croflman  :  celle  qui  venoit 
enfuite ,  BrattLes  ;  6k  la  troifiéme  ,  I'ifle  du  chevalier 
Antoine  Dean.  (  L'une  de  ces  trois  ifles  eft  fifle  du  Ta- 
BAC.  )  Nous  en  vîmes  plufieurs  autres  à  l'oueft,  à  l'une 
desquelles  je  donnai  le  nom  SEures  ,  celui  de  Dafjignï 
à  une  autre  ,  &  celui  de  Bindlos  à  une  troifiéme. 
(  La  plus  méridionale  des  trois  eji  I'ifle  de  SANTÉ  ;  plus 
à  l'ouefl,  eji  I'ifle  AU  Diable.  )  Nous  mouillâmes  en- 
fuite  dans  un  fort  bon  havre  ,  qui  eft  à  l'extrémité  la 
plus  feptentrionale  d'une  belle  ifle  fous  la  ligne ,  où  il 
y  avoit  quantité  de  poifl'ons  6k  d'excellentes  tortues  de 
mer  6k  de  terre ,  dont  quelques-unes  pefoient  plus  de 
deux  cents  livres.  On  y  voyoit  une  infinité  d'oifeaux ,  de 
flemmmgos ,  &  de  tourterelles  qui  étoient  fi  familières  , 
qu'elles  venoient  fe  percher  fur  nous  ,  ck  que  nous  les 
prenions  en  vie.  Mais  lorsque  nos  gens  eurent  tiré  deffus"  , 
elles  devinrent  plus  craintives.  J'impofai  le  nom  du  Duc 
d'Yorck  à  cette  ifle  (  c'eft  ,  je  penfe  ,  I'ifle  de  Saint 
Barnabe  ;  )  celui  du  Duc  de  Norfolck  ,  à  une  autre  qui 
étoit  ronde  ck  jolie,  fituéè  à  fon  eft,  ck  celui  du  Duc 
d'Allemarle ,  à  une  troifiéme ,  fort  agréable  ,  fituée  à 
fon  oueft.  Il  y  avoit  à  la  première  une  baie  ou  un  ha- 
vre bien  commode,  où  l'on  pouvoit  être  à  l'abri  de 
tous  cotés  ;  ck  devant  cette  baie  paroiffoit  une  autre 
ifle ,  à  qui  je  donnai  le  nom  du  chevalier  Jean  Nar- 
boroug.  Entre  I'ifle  d'Yorck  ck  celle  d'Albemarle ,  il  y 
en  a  une  petite ,  qu'il  me  vint  dans  l'esprit  de  nommer 
I'ifle  enchantée  de  Cowley ,  parce  qu'en  la  regardant  fous 
différens  points  de  la  boufiole  ,  elle  me  préfenta  tou- 
jours de  nouveaux  aspects.  Tantôt  c'étoit  une  fortifica- 
tion ruinée ,  tantôt  une  grande  ville ,  ckc.  Je  nommai 
le  havre  de  I'ifle  d'Yorck,  la  baie  d'Albanie  ,  6k  un  autre 
endroit ,  la  rade  d'Yorck  :  on  y  trouve  d'excellente  eau 
douce  ,  du  bois  ck  une  riche  veine  de  minéral.  Nous 
courûmes  enfuite  vers  le  nord  où  nous  vîmes  trois  au- 
tres jolies  ifles. . .  Il  y  avoit  fur  toutes  ces  ifles  où1  nous 
fûmes,  ou  dans  leur  parage,  quantité  d'oifeaux,  de  tortues , 
de  poiffons  ,  ck  de  gros  alguanas  ou  guanos  de  très- 
bon  goût  ;  mais  nous  ne  trouvâmes  d'eau  douce  ,  que 
fur  I'ifle  d'Yorck. 

Dampier,  t.  I  ,  p.  118  ,  parle  auifi  d'une  de  ces  ifles, 
fituée  fous  la  ligne  :  ce  doit  être  celle  de  faint  Barnabe , 
&  d'une  autre  qui  en  eft  à  deux  lieues  de  diftance.  Elle  eft , 
dit-il ,  également  pierreufe  ck  ftérile  ,  ck  a  cinq  ou  fix 
lieues  de  long  6k  quatre  de  large  :  il  mouilla  au  nord 
de  I'ifle  à  un  quart  de  mille  de  terre ,  6k  à  feize  braffes 
d'eau.  Le  long  de  la  côte  eft  d'un  accès  difficile ,  6k 
on  ne  peut  ancrer  qu'en  ce  feul  endroit.  La  rade  eft 
médiocre;  car  le  fond  eft  fi  escarpé  ,  que  fi  l'ancre 
lâche  une  fois  ,  elle  ne  s'accroche  jamais  ;  6k  le  vent 
vient  d'ordinaire  de  la  terre  ,  fi  ce  n'eft  durant  la  nuit 
qu'il  eft  plus  à  l'oueft  :  car  il  fouffle  tout  le  long  de  la 
terre,  mais  fort  doucement.  Il  n'y  a  d'eau,  que  dans  les 
lacs  6k  dans  les  trous  de  rochers.  L'endroit  où  nous 
mouillâmes  d'abord ,  a  de  l'eau  du  côté  du  nord  ;  elle 
tombe ,  comme  un  torrent ,  de  rochers  hauts  6k  escarpés  ,v 
fitués  dans  une  baie  fablonneufe.  Dans  les  ifles  fituées 
à  l'oueft  de  celle-ci ,  il  y  a  des  lieux  fort  commodes  pour 
caréner,  de  bons  canaux  entre  ces  ifles  &  plufieurs 
lieux  propres  à  ancrer.  Il  y  a  auffi  force  ruiffeaux   de 


CAL 


CAL 


ïrjniK  eau  douce ,  ck  affez  de  bois  à  brûler ,  y  ayant 
quantité  d'arbres  bons  à  plufieurs  ufages.  Quelques-unes 
de  ces  ifles  ont  quantité  d'arbres  de  mamma  &  d'affez 
grandes  rivières.  Ces  ifles  font  grandes  ;  le  terroir  en  eft 
gras  ,  ck  auffi  fertile  que  celui  des  ifles  de  Jean  Fernando. 
la  partie  feptentrionale  de  la  féconde  ifle  (  dontil  eft 
parlé  dans  ce  paflfage  de  Dampier  )  eft  à  vingt-huit  mi- 
nutes au  nord  de  la  ligne.  Les  ifles  de  Gallapagos  font 
fort  abondandes  en  fel. 

De  l'Ifle  les  nomme  GalAPES. 

GALLARATO  ,  félon  Corneille  ,  bourg  du  Mila- 
nez,  que  les  Latins  nomment  Gallorum  Arca,  ck  Gla- 
reaeum.  Il  eft  fitué  à  huit  lieues  de  la  ville  de  Milan , 
du  côté  de  l'occident ,  en  tirant  vers  Sefto.  *  Maty  , 
DicL  d'Holl.  1701. 

GALLARDON  ,  petite  ville  de  France  ,  dans  la 
Beauffe ,  au  pays  Chartrain ,  fur  le  ruiffeau  de  Voife  , 
à  quatre  lieues  de  Chartres ,  en  allant  vers  Paris ,  entre 
Chartres  ck  Nogent-le-Roy.  C'eftune  Châtellenie.  *Baud. 
édit.  170?. 

GALLE  ,  Punta  de  Galle ,  ou  Ponte  de 
Galle  ,  félon  le  Grand ,  dans  fa  traduction  de  l'His- 
toire de  Ceïlan ,  par  Ribeyro  ,  Ponto  DE  GalÉ  ,  fé- 
lon la  Carte  de  Robert  Knox;  ck  Ponte-Gale  par  les 
Hollandois  ,  ville  de  l'ifle  de  Ceïlan  ,  clans  fa  partie 
méridionale  ;  c'eft  une  fortereffe  qui  appartient  préfen- 
tement  aux  Hollandois ,  qui  en  ont  chalfé  les  Portugais 
en  1640.  Jacques  Kofter,  qui  commandoit  l'armée  Hol- 
landoife ,  mouilla  dans  la  baie  le  huit  de  Mars  ,  mit 
pied  à  terre  le  même  jour  ,  Se  la  força  de  fe  rendre  le 
13  du  même  mois.  La  fituation  de  cette  ville  eft  beau- 
coup meilleure  que  celle  de  Colombo ,  fa  baye  eft  plus 
grande  ;  mais  elle  eft  expofée  aux  vents  d'oueft  ,  qui 
agitent  fort  les  navires.  La  ville  eft  fur  une  hauteur  , 
.  entourée  d'un  foffé  large  ck  profond ,  de  bonnes  mu- 
railles garnies  de  trois  battions  ;  l'entrée  du  port  eft  très- 
dangereufe  &  pleine  de  rochers.  Elle  eft  détendue  par 
des  forts  garnis  de  grofle  artillerie  ;  tout  le  terrein  eft 
pierreux,  c'eft  ce  qui  lui  a  fait  donner  le  nom  das  Gra- 
VAYAS.  C'eft  ce  que  remarque  l'abbé  le  Grand ,  /.  2  , 
p.  96.  Ribeyro,  fon  auteur,  la  décrit  ainlî,  p.  89.  La 
fortereffe  de  Galle  eft  fur  une  pointe  de  terre ,  &  la  mer 
bat  au  pied,  du  côté  du  nord.  C'eft  un  rocher  fort  escarpé, 
qui  n'a  pas  befoin  de  fortification.  Du  côté  du  fud,  on 
s'étoit  contenté  d'y  planter  un  rang  de  paliffades  ;  mais 
<iu  côté  de  terre ,  il  y  avoit  une  muraille  flanquée  de  trois 
gros  bâfrions  ,  ck  une  porte  au  milieu,  avec  un  pont- 
levis  ck  un  foffé.  Deux  cents  foixante  familles  Portu- 
gaifes  s'y  étoient  établies  ,  &  environ  fix  cents  de  gens 
du  pays ,  tous  Chrétiens  ;  ce  qui  avoit  fait  donner  à  cette 
pJace  le  nom  de  ville ,  quoique  ce  ne  fût  qu'une  forte- 
refle. Il  y  avoit  une  paroiffe ,  un  couvent  de  S.  Fran- 
çois ,  une  mailbn  de  la  Miféricorde ,  un  Hôtel-Dieu  , 
une  maifon  de  la  douane,  un  commandant,  un  adju- 
dant, un  commiffaire  ou  intendant,  ck  un  écrivain. 
Dès  que  les  Hollandois  furent  maîtres  de  cette  place , 
ils  la  fortifièrent  à  la  moderne,  firent  le  foffé  plus  large  &c 
plus  profond  ,  ck  la  mirent  en  état  de  faire  une  vigou- 
reufe  réfiftance ,  en  cas  d'attaque. 

Le  Brun  ,  Voyage  par  la  Pérfe ,  ckc.  p.  332  , 
qui  y  pafla  à  la  fin  de  1705  ,  en  fait  cette  description  : 
Elle  eft  très-forte  par  fa  fituation ,  étant  environnée  ,  du 
côté  de  la  mer,  de  bancs  de  fable  ck  d'écueils,  qui  dé- 
fendent le  port,  qui  fait  une  demi -lune  à  l'eft  de  la 
ville ,  ck  qui  eft  bien  pourvu  de  canon.  Elle  a  aufîi  de 
bonnes  murailles  ck  de  bons  retranchemens ,  taillés  dans 
le  roc  ,  ck  des  battions  à  plufieurs  angles ,  dont  fes 
principaux  portent  le  nom  du  foleil ,  de  la  lune  ck  des 
étoiles  ,  entre  lesquels  font  les  portes  de  la  ville.  Il  y 
a  plufieurs  autres  pointes  fortifiées ,  comme  celles  des' 
Matelots  ,  d'Utrecht ,  de  Vénus ,  de  Mars ,  d'Eole ,  ck 
le  rocher  du  Pavillon.  Il  n'y.  a  qu'une  porte  à  l'eft,  qui 
eft  celle  du  rivage.  La  ville  a  environ  une  demi  -  lieue 
de  tour  en  dedans ,  car  on  ne  le  fauroit  faire  en  dehors. 
Les  rues  ne  font  point  pavées ,  mais  maçonnées  ,  avec 
d'affe2  belles  maifons ,  &C  particulièrement  celle  du  com- 
mandant ,  qui  eft  fpacieufe  ck  remplie  de  beaux  apparte- 
mens  ,  bâtie  fur  une  hauteur,  vis-à-vis  du  magazin  de 
la  compagnie ,  lequel  eft  fort  grand  ;  mais  les  murailles 
de  côté  ,  qui  donnent  fur  l'eau ,  en  font  fort  humides  ;  ck 
le  haut  de  l'édjfice,  qui  eft  de  bois ,  eft  pourri  ck  mangé 


tô 


de  fourmis  blanches  ,  qui  abondent  en  ce  pays.  Un  des 
bouts  de  ce  magazin ,  dont  l'entrée  eft  dans  la  porte  de 
la  ville  ,  fert  d'églife  aux  Hollandois  le  matin ,  ck  aux 
Smgaies  (Chingulaïs)  l'après- dîné.' Les  dehors  delà 
ville  (ont  remplis  de  jardins  ck  d'arbres  qui  forment  de 
belles  allées.  Les  montagnes,  qui  font  à  l'eft,  font  cou- 
vertes de  bois ,  ck  l'on  peut  aller  facilement  de-là  au 
port ,  le  long  du  rivage.  Ces  bois  font  remplis  de  boucs 
îauvages,  de  lièvres  ck  d'oifeaux;  cependant  on  ne  trouve 
guères  de  gibier  au  marché.  Les  autres  provifions  y  font- 
à-peu-près  à  auffi  bon  marché  qu'à  Cochin ,  à  la  réferve 
du  beurre  qui  eft  cher ,  fans  être  bon.  On  n'arbore  le 
pavillon,  que  quand  on  voit  paraître  un  vaifTeau  en  mer  ; 
ce  qui  fe  fait  fur  un  vieux  bâtiment  fitué  fur  un  rocher 
où  l'on  tient  toujours  une  garde.  On  profèffe ,  dans  cette 
ville  comme  dans  tous  les  Etats  de  la  compagnie  Hol- 
landoife,  aux  Indes  orientales,  la  même  religion  qu'erl 
Hollande  &  à  Genève. 

1.  GALLEGO ,  nom  qu'on  donne  en  Espagne  à  un 
habitant  de  la  Galice. 

>  2.  GALLEGO,  (le)  rivière  d'Espagne  ,  au  royaume 
d'Aragon  :  elle  a  là  fource  dans  les  Pyrénées  ,  aux 
confins  de  la  Bigorre,  près  de  Viesca  :  de-là  ferpentant 
vers  le  fud-oueft,  ck  le  iûd-fud-oueft ,  elle  patte  à  Huesca, 
&  tombe  dans  l'Ebre,  vis-à-vis  de  Sarragoce.  *  Dciljh 
&  Jaillot  ,  Atlas. 

3.  GALLEGO  ,  bourg  ou  village  du  Portugal  , 
dans  l'Eftramadure  ,  près  de  Leiria.  Voyez  Aka- 
BRICA. 

GALLEN  ,  baronnie  d'Irlande  ,  dans  la  province  de 
Connaught.  C'eft  une  des  neuf  baronnies  du  comté  de 
Mayo.  *  Etat  préfent  de  la  G.  Bret.  t.  3. 

GALLERI  Villa  ,  métairie  d'Italie ,  dans  le  terri- 
toire de  Rimini ,  félon  Pline ,  /.  10  ,  c.  21 ,  qui ,  racon- 
tant quelques  prodiges  que  l'on  avoit  publiés ,  met  entré 
autres  ,  qu'un  coq  parla  en  cet  endroit.  Le  P.  Hardouiu 
écrit  Galerii  Villa. 

1 .  GALLES ,  (  les  )  peuple  d'Afrique ,  dans  l'Ethiopie , 
a  1  orient,  au  midi  ck  au  couchant  de  l'Abiflinie.  C'eft 
delà  qu  on  diftingue 

Les  Galles  Orientaux. 
Les  Galles  Occidentaux. 
Les  Galles  Méridionaux. 

Voici  l'origine  de  ce  peuple.  Dans  le  tems  qaÈtand. 
Denghel ,  furnommé  David ,  roi  d'Abiffinie ,  étoit  occupé 
à  taire  la   guerre   au  roi  d'Adel ,  un  feigneur  nommé 
Mathieu,  du  royaume  de  Bali ,  petit  pays  enfermé  entre 
l'Abiflinie    ck  le   royaume    d'Adel,  aux   deux  côtés  du 
Hawafch,  fut  abandonné,  en  1537,  de  plufieurs  esclaves 
qu'il  avoit  traités  avec   la  dernière  dureté.  N'espérant 
de  lui  aucun  pardon  ,  ils  s'aflbeierent  avec  tous  les  ban- 
dits ck  les  fugitifs  qu'ils  purent  ramaflèr ,  ck   exercèrent 
mille  brigandages.  Les  habitans  de  Bali  ne  furent  point 
attez  forts  pour  les  réduire  ;   ck  le  refte  de  l'Abiflinie 
occupé  de   la  guerre  d'Adel  ,  les  méprifa  d'abord  com- 
me des  gens  qu'il  ferait  aifé  de  réprimer  quand  on  lé 
voudrait.  Ces  esclaves ,  qui ,  félon  le  P.  Tellez ,  étoient 
Galles  de  nation ,  après  avoir  brifé  leurs  chaînes ,  re- 
tournèrent parmi  leurs  compatriotes  ,   qui   habitoient  la 
côte  orientale  d'Afrique ,  ck  les  lieux  voifias  de  la  mër 
des  Indes.  Ils  leur  firent  connoître  l'Abiflinie  qu'ils  vé- 
noient  de  quitter  ,    ck   les  contrées  qu'ils  ert  connoiA 
foient  :  encouragés  par  le  fuccès  &  par  le  butin ,  ck  accrus 
de  jour  en  jour  par  les  renforts  qui  leur  arrivoient ,  ils 
s'emparèrent  de  la  province  de  Bali,  ravagèrent  les  can- 
tons voifms  ;   ck  voyant  que  des  conquêtes  faites  par  la 
violence,  ne  fe  pouvoient  conferver  que  par  la  force 
ils   firent   entre  eux  des  loix  propres  à  multiplier  leu£ 
nation,  èkà    y  conferver  une  féroce  intrépidité.  Ils  né 
s'abftiennent  point  du  mariage  ,  comme  Pline,  /.  f ,  c.  8 
le  dit    des  Garamantes  ;  mais    auffi    ils  ne    vivent   pas 
pêle-mêle  avec   des    femmes ,  quoiqu'il   foit   permis  à 
chacun  d'en  époufer  autant  qu'il  en  veut  avoir.  Les  jeu- 
nes gens  n'ont  la  liberté  de  fe  couper  les  cheveux ,  qu'a- 
près qu'ils   ont  tué  quelque    ennemi  ou  quelque  animal 
féroce ,  ce  qui  les  excite  à  fe  lîgnalef  par  leur  bravoure  t 
afin  d'acquérir  une  marque  d'honneur    qui   diftingue  les 
braves   d'avec  les  lâches.  Dans  leurs  feftins  on  met  le 
meilleur  plat  au  milieu;  ck  quiconque  s'en  empare,  deit 
Tome   III.     C  ij 


2.0 


GAL 


CAL, 


être  le  premier  à  affronter  le  danger.  Chacun,  fans  balan-  Gtdma,  à'Angota  ,  de  Dawara ,  de  -Weda  ,   de   Fa- 

-cer  ,  le  hâte  d'y  mettre  la  main  ;  c'eft  un  morceau  que  tagar  ,   à'Ifaea ,  de  Garagœa. ,  de  Ganui ,  dé  Conta. , 

l'on  fe  dispute.  Pour  prouver  qu'ils  ont  tué  un  ennemi ,  de  Damota,  de   Walck  ,  de  Bituma  ,  Se  d'une  partie 

ils  en  apportent  la  tête  ;  mais  comme  il  arrivoit  quelque-  de  Schtwa,  outre  plufieurs  cantons  enclavés   dans  ces 

fois,  que  faute  de  barbe,  on  conteftoit  que  la  tête  appor-  provinces.  Ils  auraient  fart  de  plus  grands  progrès,  fi 

tée  'fût  celle  d'un  homme,  ils  apportent  des  parties  plus  la  discorde- ne  les  avoit  défunis.  Ils  font  partagés  en  plu- 

■décifives  ,  les  comptent  Se  les  entaffent  en  préfence  de  fieurs  tribus  :  on  dit  qu'il  y  en  a  au  moins  LXX  ;  mais 

l'armée.  Mais  ces   lignes  barbares  de   leur  vi&oire  ont  on  diftingue  principalement  deux  grandes  nations  ,•  les 

■encore  un  inconvénient ,  c'eft  qu'ils  ne  font  point  con-  Orientaux   Se  les  Occidentaux.    J'ai    fuivi  jusqu'à  pré- 

noître  fi  les  perfonnes  tuées  étaient  amis  ou  ennemis ,  fent  le  favant  Ludolf  dans  fon  Hiftoire   d'Ethiopie  , 

<e  que  la  tête  aurait  fait  connoître.  '•  i3  é.  16.  Je  lui  joindrai  quelques  autres  auteurs  pour 

Ce  qui  foutient  leur  courage ,  c'eft'  qu'ils  font  la  guerre  le  refte  de  cet  article, 
pour  eux-mêmes ,   Se  partagent  également  le  butin.  En        Les  GALLES  ORIENTAUX  s'étendent  depuis  la 

marchant  au  combat ,  ils  font  réfolus  de  vaincre  ou  de  province  de  Bali,  leur  première  conquête,  jusques-dans 

mourir ,   Se  fe  battent  avec   opiniâtreté.  Ils    font  mal  l'intérieur  de  l'Abiflinie ,  dont  nous  avons  dit  qu'ils  ont 

armés.  De  loin  ils  fe  fervent  de  fagayes  ou  de  flèches  ;  conquis  plufieurs  royaumes ,  comme  ceux  de  Gan  ,  d'I- 

de  près  ils  emploient  la  maffue  Se  des  perches,  dont  fat ,  de  Gedem,  d'Ângot,  Sec.  Ludolf  ne  s'accorde  pas 

le  bout  eft  durci  au  feu.  Leurs   boucliers  font  de  cuir  avec  foi-même  ;  car  dans  l'hiftoire  même    il  prétend 

■de  bœuf  ou  de  bufle.  Autrefois  ce  n'étoit  presque  que  que  les  Galles  Orientaux  font  appelles  Boren  Galla 

de  l'infanterie  ,  à  préfent  il  y  a  beaucoup  plus  de  cava-  par  les  Abiflins,  Se  les  Galles  Occidentaux  Bertuma 

lerie  ;  mais  leurs  chevaux  ne  valent  pas  ceux  des  Abiflins.  Galla.   Dans  fa  carte ,  c'eft  tout  le  contraire  ;  Boren 

Cependant  ces  derniers,  quoique  mieux  montés  Se  mieux  Galla.  font  les  Galles  Occidentaux;   Se  Bercuma  Galla, 

■armés ,  n'en  peuvent  foutenir  le  choc.  font   ceux   de  l'Orient.  Il  y  a   certainement   de  l'er- 

Un  peuple  à  qui  la  guerre   eft  fi  néceffaire ,  ne  hait  reur  dans  l'hiftoire  ou  dans  la  carte  ;     mais  il  n'eft  pas 

rien  tant  que  les  arts  qui  naiffent  dans  la  paix.  Ils  ai-  aile  de  déterminer  dans  laquelle.  Ludolf  s'en  tient  à 

ment  mieux  enlever  les  richeffes  de  leurs  voifins ,  que  l'hiftoire,  Se  appelle  Bertuma  Galla  les  Galles  Occi- 

d'en   acquérir   à  la  fueur    de  leur  corps.  Ils   mangent  dentaux.  Danvule ,  qui  a  copié  la  carte  de  Ludolf,  met 

avec  plaifir  le  pain  qu'ils  trouvent  aux  Abiflins  ;  mais  Boren  Galla ,  pour  ces  Galles  de  l'oueft. 
ils  ne  fe   donnent  point  la  peine  d'en  faire.  L'agricul-         Les  GALLES  OCCIDENTAUX  s'étendent  le  long 

ture  n'eft  point  de  leur  goût  ;  ils  fe  contentent  de  leurs  de  la  rivière  de  Maleg  ,  Se  fe  font  emparés  des  royau- 

troupeaux.  Soit  en  paix,  foit  en  guerre,  ils  les  chaffent  mes  de  Bizamo,  de  Goyame^Sec.  Ainfi  ils  ont  féparé 

devant  eux  dans  d'excellens  pâturages.  Ils  en  mangent  de  l'Abiflinie ,  les  royaumes  d'Enarca  Se  de  Cambate  ; 

la  chair  fouvent  crue,   fans  pain   :   ils  en  boivent  le  tellement  que  les  tributs ,  que  le  roi  en  tire,  n'arrivent  à 

lait  ,  Se  fe  nourriffent  ainfi  ,    foit  au  camp,  foit  chee  fon  tréfor,  qu'après  avoir  couru  de  très-grands  dangers, 

eux.  Ils  ne   fe  chargent  point  de  bagage  ni  de  meu-  ce  qui  entretient  une  guerre  continuelle  entre  ces  peu- 

bles  de  cuifine ,  Se  n'ont  que  des  gamelles  pour  rece-  pies.  Il  n'y  a  pas  d'apparence  que  les  Abiflins  viennent 

voir  le  lait.  Une  nation  de  ce   caraftere  fait  trembler  à  bout  de  les  foumettre ,  tant  qu'ils  feront  mal  disci- 

des  peuples   civilifés  ,  à  qui  les  richeffes  ont  amolli  le  plinés ,  qu'ils  n'auront  pas  d'habiles  chefs  ,  Se  qu'ils  n'eV 

courage.  Elle  eft  toujours  prête  à  envahir  leurs  biens ,  tabliront  pas  de  forts  fur  leurs  frontières, 
fans  crainte  de  repréfailles  ,  dont  la  pauvreté  la  met  à         Les  Galles  Méridionaux  font  proprement  ceux  qui  on< 

couvert.  C'eft  ainfi  qu'on  a  vu  autrefois  les  Cimbres  ,  un  roi  ou  Lubo.  Us  habitent  au  midi   du  royaume  de 

les  Gofhs ,  les  Vandales  Se  les  Normands  ,  répandre  Cambate ,  Se  font  plufieurs  peuples  qui  demeurent  fous 

la  terreur  chez  les  nations  les  plus  policées  de  l'Europe  ,  J'  ;r' ■"  J"  '-  -:-:—  A  •  '7-;k;-    "        <■ 

Se  les  Tartares  Orientaux  fe  rendre  maîtres  de  la  Chine. 
Dès  que  les  Galles  fe  l'entent  les  plus  fbibles  contre  les 
Abiflins,  ils  fe  retirent  avec  leurs  beftiaux  dans  le  fond 
des  terres  ,  Se  mettent  un  défert  entre  eux  Se  leur 
ennemi.  Ce  peuple ,  ennemi  du  repos  Se  de  la  paix  , 
revient  tous  les  ans  à  fes  brigandages. 

-  Ils  choififfent  un  chef  qu'ils  appellent  Luva  (  le  père 
Jeronimo  Lobo  écrit  Lubo  )  qui  eft  en  charge  pendant 
huit  ans  ,  au  bout  desquels  ils  en  élifent  un  autre  ; 
mais  il  ne  commande  que  pour  ce  qui  regarde  la  guerre. 
Son  premier  exploit  eft  d'affemWer  le  peuple  ,  de  fon-  en  pari 
dre  iur  l'Abiflinie,  pour  y  acquérir  de  la  gloire ,  Se  y 
faire  du  butin. 

Les  Galles  ont  un  langage  particulier  ,  qui  ne  reffem- 
Lle  à  aucun  dialecte  de  celui  de  l'Abiflinie.  Ils  parlent 
pourtant  tous  la  même  langue ,  ce  qui  fait  voir  qu'ils 
font  étrangers,  Se  d'un  même  pays.  La  circoncifion  eft 
pratiquée  chez  eux  ,  foit  qu'ils  ayent  cet  ufage  dès  l'an- 


des  tentes ,  à  l'orient  de  la  rivière  de  Zébée.  Voici  leurs 
noms ,  en  allant  du  nord  au  fud. 

Les  Adias, 

Les  Gajasos, 

Les  Dudas  ,  , 

Les  Arbores  ou  Asbores* 

Les  Arvisas  , 

Les  Bresomas. 

Le  P.  Jérôme  Lobo.   Relut,  hijl.  eCAbfJlnu,  p.  n  J 
parle  ainfi  :  Ces  Galles  ruinent  ordinairement  les 
lieux  par  où  ils  paffent  ;  ils  ne  font  aucun  quartier ,  Se 
ne  respectent  ni  le  fexe  ni  l'âge  ;  ce  qui  les  a  rendus 
redoutables ,  quoiqu'ils  ne  foient  pas  en  fort  grand  nom- 
bre. Ils  élifent  un  roi  de  huit  ans  en  huit  ans ,  Se  ils 
appellent  leur  roi  Lubo.  Ils  mènent  leurs  femmes  ave© 
eux,  Se  n'en  font  pas  fort  jaloux.  Us  fe  foucient  de  même 
très-peu  de  leurs  enfans.  Ils  les  expofent  dans  les  bois  , 
cien  t'ems,  comme  beaucoup  de'nations  payennes ,  foit     Se  il  eft  défendu,  fur  peine  de  la  vie,  à  aucun  du  camp 
•qu'ils  l'avent  pris  des  Arabes  Se  des  Abiflins.  d'en  prendre  foin.  Ils  vivent  ainfi ,  tant  qu'ils  font  fol- 

Ils  n'ont  point  d'idoles ,  ni  presque  aucune  teinture  dats  ;  mais  lorfqu'ils  ne  portent  plus  les  armes  ,  & 
■de  religion.  Si  on  leur  parle  de  Dieu  ou  d'un  Etre  fu-  qu'ils  font  circoncis  ,  ils  reconnoiffent  les  enfans  qui 
preme,  qui  gouverne  l'univers  avec  tant  de  fageffe  ,  naiffent  d'eux,  Se  en  prennent  foin.  Ils  mangent  de  la 
ils  répondent  que  c'eft  le  ciel  qui  environne  Se  embraffe  vache  crue  ,  Se  ne  vivent  d'autres  chofes.  Lorsqu'ils  tuent 
tout.  Us  ne  lui  rendent  aucun  culte.  Ils  ne  laiffent  pas  une  vache ,  ils  en  ramaffent  le  fang  Se  s'en  frotent  unç 
d'avoir  de  l'humanité  ;  ils  ont  de  l'esprit ,  Se  appren-  partie  du  corps.  Ils  mettent  les  entrailles  autour  de  leur 
lient  ce  qu'ils  veulent  avec  autant  de  dispofition  que  les  cou  en  guife  de  fraife  ;  Se  après  qu'ils  les  ont  portées 
Abiflins.  Le  père  Tellez  dit  que  plufieurs  avoient  em-     quelque  tems,  ils  les  donnent  à  leurs  femmes. Tous  ces 

Galles  ne  vivent  que  de  leurs  troupeaux  Se  font  grands 
voleurs. 

L'auteur  de  la  Description  de  l'empire  du  Prête- Jean  ; 
dit ,  p.  27 ,  d'après  Antoine  Almeïda  ,  Jéfuite  ,  Se  un 
manuscrit  d'Alfonfe  Mendez,  patriarche  d'Ethiopie, 
que  les  Galles  font  venus  des  Juifs  qui  ont  été  dispersés 
en  divers  tems ,  'comme  au  tems  de  Salmanafar ,  de 
l'Etat  d'Abiflinie ,  qu'il  refte  à  peine  au  roi  la  moitié  Nabuc  Se  de  Tite  ;  Se  quils  fe  font  établis  proche  du 
des  p.ays  que  fes  ancêtres  ont  poffédés.  Etant  fortie  du  royaume  de  Balle.  Ce  font  les  plus  puiffans  ennemis 
royaume  de  Bali  ,  elle  s'eft  emparée  des  provinces  de     de  l'empire  des  Abiflins a  Sec.  On  voit  parce  que  noue 


braflé  le  Chriftianisme ,  Se  y  periévéroient  conftam- 
ment.  L'Abiflin  Grégoire,  fur  les  Mémoires  de  qui  Lu- 
dolfa  écrit  foi>  Hiftoire  d'Ethiopie  ,  racontoit  que ,  fous 
le  régne  de  Bafile  ,  quelques  milliers  d'entre  les  Galles 
s'étoient  convertis  à  la  foi  ,  Se  avoient  reçu  le  bap- 
tême. 

Telle  eft  cette  nation  terrible  qui  a   fi  bien  affoibli 


GAL 


GAL 


Hvons  dit  dans  cet  article,  ce  qu'il  falloit  dire  du  royaume 
de  Bali ,  à  l'égard  de  ces  Galles.  Leur  origine  Judaïque 
eft  apparemment  fondée  fur  l'ufage  de  la  circoncifion 
irae  les  Israélites  pratiquoient ,  6c  que  des  payens  pra- 
tiquent encore ,  fans  en  faire  une  cérémonie  religieufe. 
•  2.  GALLES  ,  (  la  Principauté  de  )  pays  de  la  grande 
Bretagne ,  au  couchant  du  royaume  d'Angleterre.  Quoi- 
que ce  pays  foit  rempli  de  montagnes ,  il  fournit  cepen- 
dant de  quoi  fubfifter  à  fes  habitans  ;  6c  en  quelques 
endroits  ,  il  eft  aufti  fertile  qu'aucune  partie  de  l'Angle- 
terre. C'eft  le  pays  qu'on  appelle  en  latin  Cambrïa  ou 
Cambro-Britannia  ,  &  que  les  anciens  Romains  appel- 
aient Britannia  ftcunda  ;  car  ils  divifoient  la  Bretagne 
en  trois  parties ,  Britannia  prima,  qui  eft  le  fud  de 
l'Angleterre;  Britannia  fecunda,  le  pays  de  Galles;  6c 
Maxima  Cœfarienfis ,  les  parties  feptentrionales  d'Angle- 
terre. Le  pays  de  Galles  étoit  habité  alors  par  les  peu- 
ples Silures  ,  Dimetx  &  Ordovices.  La  plupart  des  Bre- 
tons s'y  retirèrent ,  pour  y  être  à  couvert  des  Saxons 
qui  avoient  envahi  l'Angleterre  ;  &  il  a  toujours  été 
habité  depuis  par  les  Gallois ,  leur  poftérité.  Quelques 
auteurs  croient  que  le  nom  de  Galles  vient  à'Idwalla  , 
fils'  de  Cadv/allader ,  dernier  roi  des  Bretons.  *  Etat  préf. 
de  la  Gr.  Brct.t.  I ,  p.  132. 

Elle  eft  à  l'occident,  regarde  l'Irlande;  fon  orient 
touche  à  Cheshire ,  Shropshire  ,  Herefordshire  en  An- 
gleterre ,  &  fon  occident  à  la  mer  d'Irlande.  Son  étendue 
eft  d'environ  la  cinquième  partie  de  l'Angleterre  ,  6c 
furpafle  à  peine  l'étendue  de  fes  quatre  provinces  mari- 
times du  côté  de  l'orient,  favoir  Norfolk,  Suffolk ,  Eflex 
&  Kent  i,  étendue  qui  comprend  75 1  paroifles ,  cinquan- 
te-huit bourgs  à  marché  ,  &  plus  de  300000  âmes  ,  qui 
payent  pour  la  taxe  des  terres  43752,  livres  fterling;  ce 
qui  fait  voir  qu'ils  égalent  presque  la  moitié  du  peuple 
d'Ecofle  j  &  qu'ils  payoient  à-peu-près  autant  que  toute 
l'Ecoffe  ,  quoiqu'ils  fuiîent  moiiw  chargés  de  taxes  ,  6c 
que  l'excife  y  foit  plus  modérée  qu'en  Ecofle  avant 
l'union. 

L'air  y  eft  bon  &  fubtil  :  le  bétail  y  eft  petit  ;  mais 
les  vivres  y  font  bons  Si  à  bon  marché.  U  y  a  quan- 
tité de  chèvres ,  qui  fe  plaifent  naturellement  dans  les 
montagnes.  Le  bois ,  le  charbon  &  les  tourbes  y  font 
en  abondance.  Le  havre  de  Milford-Haven ,  eft  très-fûr 
èc  très-étendu  ;  mais  il  manque  de  bonnes  rivières.  Il 
contient  tant  de  petits  golfes  ,  de  baies  6c  de  rades  pour 
les  navires,  que  quelques-uns  prétendent  qu'il  tire  fon 
nom  de  Milford  -  Haven.,  de  ce  que  mille  navires  y 
peuvent  être  en  fureté ,  6c  hors  de  la  vue  l'un  de  l'au- 
tre. Ce  fùt-là  que  débarqua  Henri  VII ,  quand  il  vint  de  la 
cour  de  Bretagne  en  France  ,  pour  détrônerj ,  comme 
il  fit ,  Richard  III.  Il  y  a  aufli  dans  ce  pays  plufieurs  rivières, 
particulièrement  la  Dée,  la  "Wye,  l'Usk,  le  Convay  , 
la  Cluyd  8c  le  Tivy,  &C  plufieurs  autres  moins  remar- 
Huables  ,  outre  la  Saverne ,  qui  prend  fa  fource  en  ce  pays, 

Divijion  du  pays  de  Galles. 


'Septen- 
trional , 
où  font 


Le  pays  de 
Galles  fe 
«livife  en 


Méri- 
dional , 
où  font 


(  Anglesey  , 
j  Carnarvanshire  ', 
s  Denbighshire, 
'.Flintshire, 
I  Merionetshire  , 
imontgomeryshire  j 

(  Brecknockshire  ,■ 
Cardiganshire, 
JCarmarthenshire  j 
jElamorganshire  , 
|Pembrokeshire> 

tRADNORSHIRE. 


_  Autrefois  Montmouthshire ,  qui  eft  à  préfent  une  pro- 
vince d'Angleterre ,  faifoit  partie  du  pays  de  Galles  ,  6c 
les  habitans  en  retiennent  encofe  le  langage.  Cette  par- 
tie de  Shropshire  ,  qui  eft  à  Foccident  de  la  Saverne , 
etoit  aufli  regardée  comme  appartenant  au  pavs  de  Galles , 
jusqu  à  ce  qu'elle  fût  incorporée  avec  l'Angleterre  :  en 
un  mot ,  la  partie  îrçéridionale  de  ce  pays  conteno'it  autre- 
fois les  provinces  de  Monmouth  6c  d'Hereford,  qui  font 
a  préfent  deux  provinces  d'Angleterre  ,  6c  toute  cette 
partie  de  Shropshire  qui  eft  au-delà  de  la  Saverne,  avec 


2t 

la  ville  de  Shrevsbury.  Des  douze  provinces  du  pays  dt 
Galles ,  il  n'y  a  que  celles  de  Montgomery  ,  Radnot  6c 
Brecknock ,  qui  ne  foient  pas  maritimes.  Celles  de  Pem-  . 
brok  ,  Carmarthen  6c  Elamorgan  au  midi  ,  Denbigh  6c 
Mongomery  dans  la  partie  feptentrionale ,  font  les  plus 
fertiles.  Il  y  a  quatre  évêchés  dans  le  pays  de  Galles  ,  qui 
dépendentde  la  province  de  Canterbury,  favoir  S.  David, 
Saint-Afaph ,  Bangor  6c  Landaff. 

Les  Gallois  font  descendus  des  anciens  Bretons  qui  fe 
retirèrent  dans  ce  pays,  du  tems  de  la  conquête  des 
Saxons.  Leur  langage  eft  l'ancien  Breton  ,  6c  c'eft  peut- 
être  la  langue  de  l'Europe  où  il  y  a  moins  de  mots  étran- 
gers. Elle  eft  guturale  ,  ce  qui  en  rend  la  prononciation 
rude  &  difficile.  Ils  parlent  pour  être  forts  6c  robuftes. 
Les  Romains  avoient  tant  de  peine  à  retenir  les  Bre- 
tons de  ce  pays  dans  l'obéiflance ,  que  de  trois  légions 
quils  entretenaient  fur  pied  dans  la  Bretagne  ,  ils 
étoient  obligés  d'en  tenir  deux  fur  les  frontières  du  pays 
de  Galles ,  l'une  à  Caer-Leon ,  dans  la  province  de  Mon- 
mouth, 6c  l'autre  à  Chefter.  Ils  furent  aufli  incommodes 
aux  Saxons  ,  qui  conquirent  l'Angleterre ,  jusqu'à  ce 
qu'Ethelftan ,  roi  Saxon ,  les  eût  fournis  dans  le  dixième 
fiécle.  Dans  le  douzième  ils  fe  révoltèrent  contre 
Henri  II ,  6c  dans  le  treizième  fiécle  contre  Edouard  I , 
qui  enfin  les  réduifit  entièrement.  Sous  le  régne  de  Henri 
IV  ,  ils  eflayerent  encore  de  fécouer  le  joug ,  fous  la 
conduite  d'Owen  Glendover  ;  6c  ils  en  feroient  venus 
à  boht ,  s'ils  n'avoient  pas  eu  affaire  à  un  homme  cou- 
rageux. Enfin  ils  ne  réitèrent  tranquilles ,  que  lorsqu'ils 
virent  le  thrône  occupé  par  Henri  VII ,  qui  étoit  Bre- 
ton ,  né  dans  le  château  de  Pembroke.  *  Etat  préf.  dt 
la  Gr.  Bret.  t.  I  ,  p.  145. 

On  a  toujours  repréfenté  jusqu'ici  les  Gallois  comme 
un  peuple  colérique ,  qui  prend  feu  aifément ,  6c  s'appaife 
de  même.  Us  ont  eu  des  favans  parmi  eux;  Gildas  , 
furnommé  le  Sage ,  GeorTroi  de  Monmouth  ,  6c  Giral- 
aus  Cambrenfis ,  hiftoriens  ;  en  ces  derniers  tems ,  Guil- 
laume Morgan ,  qui  a  traduit  la  Bible  en  Gallois  ,  le 
chevalier  Jean  Prince,  grand  antiquaire,  ôc  Owen  cé- 
lèbre par  fes  Epigrammes. 

On  loue  beaucoup  les  Gallois  ,  d'avoir  confervé  la 
lumière  de  l'évangile  ,  qu'ils  avoient  reçue  de  Lucius  , 
pendant  que  le  refte  de  l'Angleterre  s'étoit  replongée 
dans- l'idolâtrie. 

On  peut  voir  les  détails  aux  articles  particuliers  de 
chacune  des  douze  provinces  dont  j'ai  donné  la  lifte  ci- 
deffus.  Je  pafle  aux  révolutions  générales  du  pays,  telles 
que  les  fournit  l'auteur  de  l'Etat  préiènt  de  la  grande  Bre- 
tagne ,  t.  1  ,  p.  149.  Il  a  pafle  légèrement  fur  les  tems 
fabuleux,  pour  s'arrêter  à  ce  que  l'hiftoire  fournit  de 
plus  certain. 

Cadwallader,  dernier* roi  de  Bretagne,  alla  à  Rome, 
&  y  prit  l'habit  de  religieux  des  mains  du  pape  Serçius  , 
dans  le  feptieme  fiécle.  Son  fils  Idwallo  fut  déclaré  roi 
de  Galles,  6c  eut  pour  fuccefleur  Rodrigue,  Conan  6i 
Mervin.  A  ce  dernier  fuccéda  Rodrigue  fon  fils ,  furnom- 
mé le  Grand.  Ce  Rodrigue  eut  trois  fik ,  à  qui  il  par- 
tagea le  royaume.  Amaraud  l'aîné  ,  eut  la  plus  grande 
partie  du  pays  feptentrional  de  Galles  ;  Cadel ,  le  fécond  , 
la  plus  grande  partie  du  pays  méridional  ;  6c  Mervin ,  le 
plus  jeune  ,  le  pays  de  Pov/is  ,  contenant  les  provinces 
de  Montgomery  6c  Radnor,  avec  partie  de  celles  de 
Denbigh ,  Flint ,  6c  tout  le  Shropshire  ,  au-delà  de  la  Sa- 
verne ,  avec  la  ville  de  Shaewsbury.  Mais  il  ordonna 
que  les  deux  cadets  6c  leurs  fucceflèurs  tiendraient  leurs 
États  en  fief  des  rois  de  la  partie  feptentrionale  de  Galles  , 
comme  étant  les  aines ,  &c  leur  en  rendraient  hommage. 
Ses  fucceflèurs ,  imitant  fon  exemple,  fubdiviferent  leurs 
petits  Etats  en  plufieurs  parties;  de  manière  que  de  huit 
princes  tributaires ,  qui  tirèrent  à  la  rame  le  bateau  du 
roi  Edgar ,  fur  la  rivière  de  Dée  ,  il  y  en  avoit  cinq  du 
pays  de  Galles.  Ainfi  le  pays  feptentrional  de  Galles  fut 
poflecté  par  plufieurs  générations  de  la  première  branche, 
jusqu'à  l'an  1282,  que  Llevellen  II  le  perdit  avec  la 
vie ,  6c  en  fut  dépouillé  par  Edouard  I ,  roi  d'Angle- 
terre. Llevellen  exerça  quelques  hoftilités  qui  lui  attirè- 
rent fur  les  bras  toutes  les  forces  d'Angleterre.  Ce  prince 
fe  trouvant  trop  foible  pour  combattre  Edouard;  6c 
Edouard  de  fon  côté  n'ayant  point  d'envie  de  combattre 
contre  des  montagnes  ,  il  fut  convenu  enfin ,  par  des 
commiflaires  nommés  de  part  6c  d'autre ,  que  Llevellen 


GAL 


jouiroit  "d'une  partie  du  pays  ,   avec  le  titre  de  prince 
dînant  la  vie,   Si  que  l'autre  partie  leroit ,  dès  ce items , 
mife  entre  les  mains  du  roi  d'Angleterre , qui  devien- 
drait porTeffeur  du  tout,  après  la  mort  de  Llevellen.  Par 
ce  traité,  David  frère  de  Llevellen,  &  trouvant  exclus 
de  la  iucceffion,  porta  fon    frère  &  les    Gallois  à   fe 
revoter  L'iflue  de  cette  révolte  fut  fatale  aux  deux  prin- 
ces ;   car  David  fut  pris  Si  exécuté  par  les  mains  de  la 
Juftice-    &  Llevellen  fut  tué,    comme   il  le  cacnoit  , 
après  il  défaite  de  lbn   armée,  dans  les  montagnes   de 
Kadnor.  Sa  tête  ayant  -été  mile  au  bout  d  un  pieu  avec 
une  couronne  de  papier,   fut  portée  en  triomphe  par  un 
cavalier  dans  les  rues  de  Londres.  Ainfi  la  prédiction  de 
la  forciere  fut  malheureufement  accomplie,  Si  la  ligne 
des   princes  Bretons  finit  en  Llevellen  ,|  après  avoir  re- 
fifté,  pendant  plufieurs  fiécles,  à  la  puiffance  d  Angleterre. 
Les  princes  du  .pays  méridional,  furent  dépouilles  de  la 
plus  grande  partie  de  leurs  pays  par  des  Anglois  qui  les 
■  attaquèrent  de  leur  propre  chef.  Bernard  de  Neymark, 
feigneur   Normand ,  eut  pour  fa  part  la   province  de 
Brecknock.  Robert  Fitz-Haymon  ,   joint  a  d-autres,  le 
faifitde  celle  de;Glamorgan.  Une  grande  partie  de  celle  de 
Montgomery  tomba  entre  les  mains  d  Arnulphe  de  Mont- 
gomery, &  une  partie  des  provinces  de  Cardigan  StMont- 
mouth  tomba  entre  celles  du  comte  de  Warren  Si  du 
lord  Mortemer  ;   de  forte  qu'il  ne  refta  d  entier  au  prince 
du  pays  méridional  de  Galles,  que  la  province  de  Car- 
mathen  ,  qui   étoit  trop  foible  pour  foutemr  fes  droits. 
Il  eft  vrai  que  Gryffith,  le  dernier  de  ces  princes ,  recou- 
vra une  partie  de  fes  Etats;  mais  ni  lui  ni  les  liens  n  en 
jouirent  pas  long-tems  :  il  mourut  bientôt  après  ;  ci  les 
'  deux  fils ,  Cymmerick  &  Meredith  ,  furent  faits  pnfon- 
niers  par  Henri  II.  Les  Gallois  firent  encore  des  tentati- 
ves  pour  recouvrer  leur  liberté  ;  mais  ils  furent  entière- 
ment fubjugués  par  le  roi  Edouard.  IW-Land,  ou  le 
pays  de  PoVis ,  tomba,  comme  on  1  a-deja  dit,  en  par- 
tage àMervin,  le  plus  jeune  des  trois  frères,  qui  etoit 
un  prince  vif  &  vaillant  :  il  demeura  long-tems  tout  en- 
'  fes  descendais.  Mereditbap  Blethen  fut.  le  dernier 


GAL 


hommes  font  élevés ,  auffi-bien  que  les  Anglois ,  au  rang 
de  pairs  du  royaume ,  Si  ils  envoient  vingt  -  quatre 
membres  ou  députés  à  la  chambre  des  communes  ;  un 
pour  chaque  province  ,  Si  un  pour  chaque  ville  capi- 
tale ,  excepté  Merioneth,  qui  n'en  envoie.qu'un ,  pour 
la  province  feulement.  Celle  de  Pembroke  envoie  deux 
membres  pour  deux  de  fes  villes ,  Pembroke  Si  Haver- 
ford-Veft.  Henri  VIII ,  pour  la  commodité  de  fes  fujets 
Gallois ,  établit  une  cour  pour  l'adminiftration  de  la  jus- 
tice ,  à  Ludlow  en  Shropshire  ,  fur  le  modèle  des  cours 
de  Weftminfter  ;  Si  il  y  a  eu  ,  pendant  long-tems  ,. un 
■gouverneur  général  du  pays  de  Galles  ,^  fous  le  titre  de 
Lord  Préfident.  Le  dernier ,  qui  a  porté  ce  titre ,  étoit 
Charles ,  comte  de  Maccleffied.  Après  fa  mort ,  fous  le 
règne  du  roi  Guillaume ,  fa  majefté  jugea  à  propos  de 
partager  ce  gouvernement  entre  deux  pairs  du  royaume  , 
avec  le  titre  de  lieutenant,  l'un  du  pays  feptentrional , 
&t  l'autre  du  pays  méridional  de  Galles  :  ce  règlement 
fuhfifte  encore  aujourd'hui. 

GALLES ,  (  le  Nouveau  Pays  de  )  contrée  de  • 
l'Amérique.  Les  Anglois  ont  voulu  donner  le  nom  de 
pays  de  Galles ,  à  cette  contrée  qui  eft  partagée  par  le 
détroit  de  Hudibn.  Ils  ont  appelle  le  pays  fitué  au  nord 
de  ce  détroit  New  Northwalles  ,  Si  ce  qui  en  eft  au 
midi  New  Southwalles.  Ce  dernier  s'appelle  fur  les 
cartes  la  terre  de  Labrador,  Si  on  nomme  ifle  de 
Jacques  ,  l'ifle  qui  borde  le  détroit  de  Hudfon  vers  le 
nord. 

GALLESE,  château  Si  bourg  d  Italie,  dans  l'état 
de  l'églile  ,  fur  le  Tibre  ,  dans  la  province  du  Patri- 
moine,  aux  confins  de  l'Ombrie,avec  titre  de  duché, 
dans  la  maifon  d'Altemps ,  entre  Citta  Caftellana  ,  au 
midi ,  &  Orti,  au  feptentrion,  environ  à  cinq  milles  de  cha- 
cune, Si  à  vingt-cinq  milles  de  Rome,  vers  le  norcL 
Voyez  Fescennia.  Quelques-uns  écrivent  Galefe*  Bau- 
drand,  édit.  170^. 

GALLESIUM ,  ville  des  Ephéfiens  ;  félon  Etienne! 
le  géographe ,  qui  nomme  auffi  de  même  une  montagne; 
Phavorin  en  fait  auffi  mention;  mais  il  écrit  rahwmi 

tier  à  les  descenaans.  rviereuiu^  ,,*...«...  .~  „  - --  * 

hnl  1p  noffédi  tout  entier.  Ce  prince  imitant  le  mauvais     par  un  *. 
èmple  de  Rodrigue  le  Grand ,  le  partagea  à  fes  deux      _  GALLESIUS  MONS ,  r*»<f«.f ,  montagne  dont  pari* 


fils.  Madock  mourut  à  Winchefter  fous  le  règne  d  Hen- 
ri II;  Si  Gryffith  fut  fait ,  par  le  roi ,  lord  Powis  :    e 
litre  de  prince  fut  aboli.  Celui  de  lord  demeura  a  la 
famille  ,  pendant  quelques .  générations.  Mais  enfin  ayant 
été  éteint  par  la  mort  d'Edouard  ,   dernier  lord   Powis 
de  la  race  de  Mervin  ,  du  côté  des  femmes ,  le  roi  Char- 
les I ,  le  renouvella  dans  la  perfonne  du  chevalier  Guil- 
laume Herbert  de  Red-Caftle,  descendu  d'un  comte  de 
Pembroke.  A  la  fin  du  treizième  fiécle ,  le  roi  Edouard  I , 
fubjugua   entièrement  le  pays  de   Galles,  leréduifiten 
comtes ,  ou  provinces,  à  la  manière  d'Angleterre ,  en  eta- 
bliffantfur  chacune  un  gouverneur  Anglois.  Mais  un  jour 
ayant  témoigné  qu'il  avoit  deffein  d'établir  un  feul  gou- 
verneur fur  tout  le  pays  ,  &  voyant  que  la  chofene  leur 
■plaifoit  pas  ,  il  fit  venir  la  reine  à  Carnarvan  ,  où  elle 
accoucha  d'un  prince.  Enfuite  il  envoya  quérir  les  fei- 
gueurs  Breton? ,  &  offrit  de  leur  donner  un  gouverneur 
né  dans  le  pays  de  Galles,  qui  ne  parloit  pas  un  mot 
d'Anglois,  &  dont  la  vie  étoit  fans  reproche.  Ces  fei- 
•gneurs  ayant  déclaré  qu'un  tel  gouverneur  leur  plairoit 
beaucoup,  le  roi  nomma  Edouard,  fon  filsnouvelle- 
-ment  né  ,  pour  être  leur  gouverneur  ;  ci  depuis  cetems- 
là  ,  les  fils  aînés  du  roi  d'Ang'eterre  ont  toujours  porté 
le  titre  de  princes  -de  Galles ,  Si  le  pays  celui  de  prin- 
cipauté. Les  Gallois  fâchés  d'avoir   perdu  leur  liberté , 
11e  purent  fe  tenir  dans  les  bornes  d'une  entière  obéif- 
•fance.  Sous  le  régne  d'Henri  IV  ,  ils  prirent  tous  les  ar- 
mes,  comme  je   l'ai  déjà  dit,  fous  la  conduite  de  leur 
fameux  chef  Owen  Glendover ,  Si  il  fut  difficile  de  les 
réduire.  Mais  ils  fe  fournirent  fans  difficulté  à  Henri  VII , 
qu'ils  regardoient  comme  du  fang  Breton ,  Si  en  qui  ils 
•voyoient  s'accomplir  la  prophétie  de  Cadwallader  der- 
nier roi  de  Bretagne  ,  Que  le  fang  Breton  régnerait  en- 
•core  en  Angleterre.  Sous  le  règne  fuivant  ,   qui  fut  celui 
d'Henri  VIÎI ,    les   Gallois   furent ,    par  acte  du  parle- 
-ment ,  déclarés  une  même  nation  avec  FAngloife ,  fujette 
aux  mêmes  loix ,  capable  des  mêmes  emplois ,  Si  jouis- 
sant des  mêmes  privilèges;  de  manière  qu'il  n'y  a  pré- 
fentemérït  aucune  différence  entre  l' Anglois  Si  le  Gal- 
lois ,    que  pour  le  nom  Si  le  langage.  Leurs  gentils- 


Gregoras ,  Cité  par  Ortélius.  Ce  dernier  foupçonne  qu'elle» 
devoit  être  aux  environs  de  Conftantinople. 

GALLETI.  Voyez  Caletes. 

GALLEVA.  Voyez  Calleva. 

GALLEVESE  ,  ou  la  Brie  pouilleufe  ~,  petit  paysl 
de  France,  dans  la  Brie,  près  de  la  rivière  de  Marne, 
entre  la  Haute-Brie ,  la  Baffe-Brie ,  le  Rémois  Si  le  Sois- 
fonnois,  a  pour  ville  principale  Château -Thierri.  Bau- 
drand,  édit.  1705  ,  dit  qu'il  feroit  impoffible  d'en  bien 
marquer  les  bornes ,  parce  qu'il  y  a  long-tems  qu'on  n'en 
fait  pas  mention.  Ce  pays  répond  à-peu-près  au  peuple 
Vadicajjii  de  Ptolomée ,  Si  en  tire  fon  nom.  Cet  auteur 
ayant  parlé  de  Meldœ  ,  peuple  dont  la  capitale ,  nommée 
alors  Jatinum  ,  a  pris  le  nom,  avec  le  tems  ,  ajoute 
qu'après  les  Meldes  ,  vers  la  Belgique ,  étoient  les  Va- 
dicaffiens ,  dont  la  ville  étoit  Nœomagus ,  Niii)xayo;> 
que  fes  interprètes  prennent  pour  Nemours.  Voyez  No- 
viomagus  Vadicassium.  Il  eft  aifé  de  voir  le  che- 
min que  ce  nom  a  fait.  De  Vadicaffes  s'eft  formé  Va- 
dicafjîni;  enfuite,  en  transpofant  ces  deux  lettres  v  & 
c ,  ou  a  dit  CadivaJJini,  Si  enfin  le  d  a  été  changé  en 
/,  comme  dans  Vadenjis,  Cicada,  Sic.  dont  font  venus 
Valois ,  Cigale ,  Sic. 

(  La  Gallevese  ,  ou  Gallevese  ,  comprend  au- 
jourd'hui un  pays  qui  eft  en  partie  du  diocèfe  de  Meaux,' 
en  partie  de  celui  de  Soiffons  ;  mais  la  plus  grande  par- 
tie eft  du  diocèfe  de  Châlons.  Hadrien  de  Valois  ,  Notit. 
G  ail.  en  conclut  que  Noviomagus  Vadica(Jium  ne  peut 
être  que  la  ville  même  de  Châlons.  Voyez  Vadi- 
CASSES. 

\.  GALLI,  nom  latin  des  Gaulois  ,  peuples  qui  ha- 
bitaient tous  les  pays  connus  fous  le  nom  de  Gallia  , 
tant  en  Afie ,  qu'en-decà  Si  en-delà  des  Alpes.  Voyez 
Gallia  &c  Gaule. 

2.  GALLI ,  trois  petites  ifles  ou  rochers  que  les  an- 
ciens nommoient  Syrenum  Scopuà ,  Petra  quas  Syrenes 
habitavere.  Us  font  auprès  du  cap  de  la  Minerve ,  appelle 
autrefois  Promontorium  Syrenum ,  ou  Syreharum ,  parce 
qu'auprès  de  Sorrento ,  ou  dans  la  ville  même,  il  y  avoit, 
au  teins  de  Strabon ,  un  temple  dédié  aux  Syrenes ,  8s 


GAI 


GAL 


à  caufe  des  trois  écueils  dont  je  viens  de  parler,  qui 
font  du  côté  du  golfe  de  Salerne.  Le  cap  portoit  encore 
le  nom  de  Promontorium  Minerva ,  à  caufe  d'un  temple 
dédié  à  cette, déeffe.  C'eft  ce  qu'on  appelle  aujourd'hui 
Capo  di  MaJJa ,  vis-à-vis  l'ifle  de  Capri.  *  D.  Mattheo 
Egitio  à  M.  l'abbé  Langlet  du  Fresnoy. 

GALLIA  :  quoique  ce  nom  latin  iîgnifie  proprement 
la  Gaule,  il  ne  laide  pas  d'avoir  des  lignifications  bien  diffé- 
rentes dans  les  auteurs  Latins  qui  l'ont  employé  pour  dé- 
figner  des  pays  très-éloignés  les  uns  des  autres.  Je  ren- 
voie au  mot  Gaule  les  diviiîons  de  la  Gaule  propre- 
ment dite.  Je  remarquerai  feulement  ici ,  de  quelle  ma- 
nière les  Romains  divifoient  ces  différens  pays. 

i.  GALLIA,  lorsqu'il  eft  queftion  de  l'Allé,  fe  doit 
entendre  de  cette  partie  de  l'Afie  mineure ,  que  l'on  ap- 
pella  enfuite  la  Galalie ,  du  nom  que  les  Grecs  don- 
noient  à  toutes  les  Gaules.  Elle  eft  auffi  nommée  Gallo- 
Gmcia.  Voyez  Galatie. 

2.  La  Gaule  comprife  entre  les  Alpes ,  les  Pyrénées  , 
l'Océan  Se  le  Rhin  étoit  la  Gaule_  propre  ,  &C  ce  que 
les  Romains  appelloient  Gallia  Transalpïna. 

On  la  divifoit  en  Gaule  Narbonnoife ,  Gallia  Nar- 
BONENSIS;  Gaule  Aquitanique,  GALLIA  AqUITANI- 
ca;  Gaule  Lyonnoife,  ou  Celtique,  LuGDUNENSISTzVe 
Celtica  ;    &   en   Gaule   Belgique ,    Gallia  Bel- 

GICA. 

2,  Les  Romains  fournirent  d'abord  la  Gaule  Narbon- 
noife. Ses  habitans  portoient  une  forte  de  haut-de-chauffe 
nommé  Bracae  ou  Braccce  ,  d'où  eft  venu  le  mot  de 
Braies ,  encore  ufité  en  quelques  provinces  de  France. 
Cela  donna  lieu  d'appeller  ce  pays  Gallia.  Braccata.  Ils 
réduifirent  cette  partie  en  province  Romaine  ;  c'eft  pour 
cela  qu'elle  eft  nommée  Provincia  Romana. 

4.  Les  trois  autres  parties  de  la  Gaule  Transalpine  font 
proprement  ce  que  Céfar  appelle  la  Gaule ,  dans  laquelle 
îl  ne  comprend  point  la  province  Romaine ,  ou  la  Gaule 
Narbonnoife.  Comme  les  habitans  de  ces  parties  de  la 
Gaule  laiffoient  croître  leurs  cheveux,  on  appella  leur 
pays  Gallia  Comata ,  ou  la  Gaule  Chevelue. 

s .  Les  Gaulois ,  comme  nous  l'avons  dit  ailleurs  ,' 
parlèrent  les  Alpes ,  &  fe  rendirent  maîtres  d'une  partie 
de  l'Italie  ,  à  laquelle  ils  donnèrent  leur  nom.  Cette 
Gaule  ht  nommée  Cisalpine  ,  Gallia  ClSALPlNA, 
c'eft-à-dire  en-deçà  des  Alpes  ,  par  rapport  aux  Romains 
qui  lui  donnèrent  ce  nom. 

6.  Le  Pô  partageoit  cette  nouvelle  Gaule  en  deux  par- 
ties ,  ce  qui  donna  lieu  de  la  divifer  en  deux ,  favoir  en 
Gaule  au-deçà  du  Pô  ,  par  rapport  à  Rome  ,  Gallia 
ClSPADANA ,  &C  en  Gaule  au-delà  du  Pô  ,  GalLia 
Teanspadana. 

7.  Les  habitans  de  cette 'Gaule  Italienne  portoient, 
comme  les  Romains ,  une  forte  de  robe  longue  que  l'on 
appelloit  toge  ,  &  les  habitans  de  la  véritable  Gaule 
portoient  des  habits  courts.  Ce  fut  l'origine  du  nom  de 
Gallia  Togata ,  que  l'on  donna  aux  provinces  d'en-deçà 
les  Alpes ,  par  oppofition  au  furnom  de  Braccata  ,  donné 
à  la  Gaule  Narbonnoife. 

8.  On  diftingua  auffi  ces  deux  Gaules  par  les  noms  de 
Citérieure  &  Ultérieure. 

Gallia  Citerior  fignifie"  la  Gaule  Cisalpine ,  &  Gallia 
Ulterior  eft  la  Gaule  conquife  enfuite ,  &C  iîtuée  au-delà 
des  Alpes. 

On  peut  voir  au  mot  GAULE  les  anciennes  divifions  de 
la  Gaulé  qui  eft  entre  les  Alpes ,  le  Rhin ,  l'Océan  &. 
les  Pyrénées. 

GALLIACUM,  nom  latin  de  Gaillac,  petite  ville  de 
France  ,  dans  l'Albigeois. 

GALLIANI  SALTES  :  c'eft  ainfi  que  le  P.  Hardouin 
lit  dans  Pline,  /.  3  ,  c.  15 ,  &  non  pas  GallianiSaltus , 
comme  a  lu  Ortélius,  fk  quantité  d'autres.  Il  s'agit  d'un 
peuple  nommé  Galliani  Saltes  ,  &  appelle  auffi  Aqui- 
nates ,  &C  non  pas  d'un  bois.  Ce  pays  étoit  dans  la  hui- 
tième région  de  l'Italie.  Léandre  croit  que  c'eft  préfente- 
ment Galeata,  &  Hermolaiis  ajoute  que  ce  lieu  eft  voifin 
de  Forli.  *  Ortel.  Thef. 

GALLIATA ,  nom  latin  d'une  abbaye  d'Italie ,  aux 
confins  de  l'Emilie,  au  bas  de  l'Apennin.  Saint  Ilar,  né 
en  Toscane  ,  fe  retira,  vers  l'an  498  ,  âgé  de  dix-fept  ans , 
dans  une  folitude  du  mont  Apennin,  prés  de  la  rivière 
de  Bedcfe ,  fur  les  confins  de  l'Emilie  ,  maintenant  la 
Romagne.  Il  s'y  fit  une  grotte  &c  une  églilé  au-deffus. 


^3 


Un  riche  feigneur  de  Ravenne  qu'il  avait  guéri  d'une 
poffeffion  ,  &  converti  à  la  foi ,  s'étant  retiré  auprès 
de  lui  ,  avec  fes  deux  fils  ,  lui  donna  quelques  terres  qu'il 
avoitdans  le  voifinage  de  fa  folitude,  pour  bâtir  &  doter 
un  monaftere.  Voilà  l'origine  de  la  célèbre  abbaye  de 
Galliata  ,  qui  étoit  le  nom  du  village  le  plus  proche  de 
cet  hermitage;  il  s'eft  appelle  depuis  Saint-Ilar,  du  nom 
de  fon  fondateur.  Elle  eft  devenue  fi  riche  &  fi  puiffante, 
dans  la  fuite  des  tems,  qu'on  a  vu  jusqu'à  trente-fix 
groffes  paroiffes  dans  fa  dépendance  ,  &  que  labbé  étoit 
feigneur  de  presque  toute  la  vallée ,  &  d'un  très-grand 
nombre  de  bourgs  &  de  villages.  De-là  vint  le  relâche- 
ment, puis  l'extin&ion  de  l'esprit  d'humilité,  de  péni- 
tence &  de  pauvreté ,  que  le  fondateur  Ilar  y  avoit  fait 
régner.  Les  abbés  s'étant  faits  commendataires ,  fe  regar- 
dèrent comme  des  princes  temporels ,  jusqu'à  lever  des 
troupes,  &  faire  la  guerre  fous  leur  bannière;  mais  enfin' 
l'abbaye  fut  remife  dans  la  régularité  au  quinzième  fiécle  , 
&  donnée  aux  Camaldules.  *  Bailla  ,  Topogr.  des 
Saints. 

GALLICA,  ancienne  ville  de  Bithynie,  dans  l'Afie 
mineure.  Voyez  Gallica. 

GALLICA  FLAVIA,  ancienne  ville  de  l'Espagne 
Tarragonoife  ,  au  pays  des  Ilergetes  ,  félon  Ptolomèe , 
/.  2  ,  c.  Ô.JVoyez  Fraga  &  Gallicum. 

GALLICA  VIA ,  grand  chemin  public  ,  en  Italie." 
Frontm  ,  Stratag.  I.  2  ,  c.  6 ,  en  fait  mention.  Il 
étoit  dans  la  Campanie,  &  traverfoit  les  marais  Pon- 
tains. 

GALLICE  PALUDES.  Vitruve ,  fi  nous  en  croyons 
Marius  Niger,  nomme  ainfi  le  fond  du  golfe  Adriatique, 
où  Venife  eft  fituée.  Ortélius  croit  que  ce  font  les  Lagu- 
nes de  Venife. 

GALLICANA  STATIO ,  lieu  particulier  de  la  Bi- 
thynie. Metaphrafte  dit  dans  la  vie  de  faint  Artemius  r 
que  Confiance ,  femme  de  l'empereur  Gallus ,  mourut 
en  cet  endroit.  Voyez  GALLICA  &:  CjENOS  Gallica- 
NOS.  *  Ortel.  Thef. 

GALLICANO ,  bourg  de  l'état  de  l'églife ,  en  Italie  : 
dans  h  Campagne  de  Rome,  à  deux  lieues  de  cette  ville, 
du  côté  de  l'orient ,  entre  Paleftrine ,  Zagarolo  &  Ti' 
voli.  Il  a  titre  de  principauté  ,  &  a  appartenu  à  la  mai- 
fon  des  Colonnes ,  puis  à  celle  de  Rospigliofi.  *  Baud. 
édit.   1705. 

GALLICANTUS  ,  nom  d'un  monaftere  d'Espagne  ,' 
en  Catalogne ,  près  des  murs  de  Gironne.  Il  eft  de  l'or- 
dre de  S.  Benoît.  *  Marca  Hisp.  p.  485. 

GALLICANUS,  Massicus  &c  Gaurus ,  font  trois 
noms  fynonymes  d'une  montagne  d'Italie ,  dans  la  Cam- 
panie heureufe.  '  On  l'appelle  préfentement  Gerro  ,  au 
royaume  de  Naples,  dans  la  terre  de  Labour.  Les  noms 
de  Mafjîcus  &  de  Gaurus  fe  trouvent  employés  par 
Ciceron,  Agrar.  2,  c.  25  ;  Tite-Live  ,  /.  22  ,  c.  14; 
Stace ,  &  Vibras  Sequefter.  Plutarque ,  dans  la  vie  d'An- 
nibal ,  fait  mention  de  Mons  Gallicanus  ;  &:  Ciceron  , 
pro  Qjiinclio  ,  dit  Gallicanus  Saltus  ;  mais  Tite  *  Live 
place  une  montagne ,  nommée  Callicula  ,  dans  ces 
cantons ,  auprès  de  Bafdlnum.  Voyez  MASSICUS. 

GALLICII.  Voyez  CallvEci. 

GALLICINUM  ,  ou  Galliniçum;  Voyez  Calli- 

NICON. 

GALLICUM.  Antonin  met,  entre  Sarragoce  &  Hues- 
ca ,  un  lieu  nommé  Gallicum  ou  Galligum  ;  c'eft  dans  la 
route  d'Aftorga  à  Tarragone. 

Ccefarea.  Augujla  , 
Gallicum,  M.  P.  XV. 

Boninam,  M.  P.  XVIII. 

Ofcam  ,  M.  P.  XII. 

Ce  n'eft  pas  proprement  un  lieu  ,  mais  une  rivière  nom- 
mée Flumen  Gallicum  ou  Gullicus  Flavius ,  aujourd'hui 
le  Gallego  ,  qui  paffe  à  Huesca  &  coule  au  midi  pour 
fe  rendre  dans  l'Ehre  ,  près  de  Sarragoce.  Cette  rivière 
n'a  rien  de  commun  avec  Gallica  Flavia ,  fi  cette  der- 
nière eft  préfentement  Fraga  ,  comme  on  le  croit.  Ce 
ne  peut  être  non  plus  fin'  les  bords  de  cette  rivière  qu'étoit 
le  Gallorum  Forum  d'Antonin. 

GALLICUS ,  (  le  grec  porte  Galaticus  Sinus  ,  ) 
golfe  de  la  Méditerranée  ,  le  long  des  côtes  de  la  Gau- 
le ,     où    eft     l'embouchure   du    Rhône.   Les  anciens 


4 


CAL 


CAL 


appelaient  ainfi  le  golfe  de  Lyon;  mais  ils  diftmguoient 
le  grand  golfe  &  le  petit.  Ils  appelloient  grand  golte , 
Gallicus  Sinus  major  ,  ce  golfe  pris  dans  toute  fon 
étendue;  &  petit  golfe  GuUicus  Sinus  minor ,  la  par- 
tie de  ce  golfe   qui  eft  voiline  des~~Pyrénées.  *  Strab. 

GALLIENI  Sepuixhrum  :  le  tombeau  de  l'empe- 
reur Gallien  étoit  en  Italie ,  dans  la  voie  Appienne ,  à 
neuf  milles  de  Rome,  felon  l'Hiftoire  mêlée,  citée  par 
Ortélius. 

i.  GALLIM  ou  jEgallim  ou  Agalla  ou  Agal- 
XA ,  ville  de  la  Paleftine  ,  au-delà  du  Jourdain ,  à  l'o- 
rient de  la  mer  Morte ,  dans  la  terre  de  Moab.  Eufebe  , 
Onomufi.  la  met  à  huit  milles  d'Ar  ou  d'Aréopolis ,  vers 
le  midi  &  la  nomme  Agallim.  *  Ifaie.  c.  <j ,  v.  8  ;  ÔC 
Reg.  1.  I  ,  c.  25  ,  v.  44.  Jofeph.  Antiq.  1.  14  ,  c.  2. 

2.  GALLIM ,  village  de  la  Paleftine  ,  au  voifinage 
d'Accaron.  . 

i.GALLINARIA   Insvla  ,  nom  latin  d un  rocher 


leurs  dômes  couverts  de  plomb  qui  font  un  fort  bel  aspeft, 
avec  les  minarets  ou  hautes  tours ,  d'où  ils  appellent  les 
Turcs  à  la  prière ,  Se  avec  leurs  beaux  cyprès  qui  font 
plantés  entre  les  maifons  ;  mais  les  maifons  font  baffes  , 
Ô£  ne  font  que  de  bois  &  de  terre.  Les  rues  font  étroites 
&  fouvent  couvertes  de  bois  pour  les  défendre  du  foleil. 
La  ville  n'a  point  de  murailles ,  comme  toutes  les  villes 
de  Turquie ,  qui  ne  font  pas  frontières.  Elle  eft  feulement 
défendue  par  une  vieille  tour  quarrée.  Il  y  a  d'excellens 
melons  d'eau ,  &£  en  quantité.  Le  bazar  ou  le  bézeftein  eft 
une  maifon  à  plufieurs  dômes  couverts  de  plomb  :  il 
paffe  pour  le  plus  bel  édifice  de  la  ville.  *  Tournefort , 
Voyages,  t.  I  ,  p.  177. 

Gallipoli  fut  la  première  ville  où  les  Turcs  fe  canton- 
nèrent en  Europe.  La  fituation  de  cette  place  eft  fi  favo- 
rable pour  paffer  en  Thrace ,  que  les  princes ,  qui  ont  eu 
des  vues  fur  cette  province,  ont  toujours  commencé  par  fe 
rendre  maîtres  de  cette  ville.  (Elle  eft  ancienne  ,  &  les 
Grecs  l'ont  connue  fous  le  nom  de  Callipolis.  Voyez 


ou  d'une  petite  ifle  de  la  mer  de  Gènes,  aux  côtes  de  la     Callipolis  5.  L'Itinéraire  d'Antonin  le  met  à  xxn 
Lisurie    nrès  de  la  ville  d'Albeneue  ,  d'où  lui  eft  venu     p.  d'Aphrodifiade ,  &£  compte  de  Galhpolis ,  où  l'on  pas- 


le  nom  d'IsOLETA  D'ALBENGA.  C'eft  le  lieu  de  la 
traite  de  S.  Martin ,  durant  l'exil  de  S.  Hilaire.  *  Bailla , 
Topogr.  des  Saints ,  p.  598.  Sulpic.  Sever.  Vita  S.  Mar- 
tini. 

2.  GALLINARIA  Silva  ,  forêt  d'Italie  ,  en  Cam- 
panie  ,  dans  le  golfe  de  Cumes.  Strabon  ,  l.  j  ,  p.  243  , 
dit  qu'elle  étoit  fans  eau  6c  fablonneufe  ;  &  Ciceron 
dit  dans  une  de  fes  Lettres ,  liv.  9 ,  Epifi.  23  :  J'arrivai 
hier  à  Cumes. . .  Marcus  Casparius  étant  venu  au-devant 
de  moi ,  dans  la  forêt  Gallinaria.  C'eft  par  rapport  à 
cette  forêt  que  Juvenal ,  Sutir.  3  ,  r.  307 ,  dit  Gallina- 
ria Pinus.  Cette  forêt  dont  Strabon  parle  comme  d'une 
retraite  à  voleurs ,  fubfifte  encore ,  &c  s'appelle  la  Peneta 
de  Patria.  . 

GALLINAS  ,  (  l'Ifle  des  )  ifle  fur  la  cote  occidentale 
d'Afrique,  à  l'oueft  de  l'ifie  de  Bulam.  C'eft  une  des  îfles 
Bilïagos.  Les  Portugais  lui  ont  donné  ce  nom  ,  parce 
qu'elle  produit  beaucoup  de  volaille  ;  elle  eft  d'ailleurs 
très-fertile  &  très-peuplée  de  Nègres.  Les  Portugais  s  y 
font  établis.  Cette  ifle  eft  gouvernée  par  un  chef  revêtu 
de  l'autorité  fouveraine ,  ainfi  que  les  autres  îfles  Biffa- 
gos  ;  tous  ces  petits  monarques  font  indépendans 
les  uns  des  autres  ,  &  fe  font  fouvent  la  guerre. 

1.  GALLIPOLI,  -ville  d'Italie,  au  royaume  de  Na- 
ples  ,  dans  la  terre  d'Otrante  ,  fur  la  côte  du  _  golfe  de 
Tarente  ;  elle  eft  petite  ,  mais  forte  ,  étant  fituée  fur  un 
rocher  escarpé ,  &  environnée  de  la  mer  de  tous  côtés  : 
elle  ne  tient  à  la  terre  ferme  que ,  par  un  pont  de  pierre , 
au  bout  duquel  il  y  a  un  bon  fort.  Elle  a  un  évêché  fuf- 
fragant  de  l'archevêché  d'Otrante ,  &  un  port  qui  a  été 
autrefois  fort  bon  ,  mais  que  l'on  a  gâté ,  depuis  plus  de 
deux  fiécles.  Elle  eft  près  de  Nardo ,  à  vingt-cinq  milles 
d'Otrante  ,  au  couchant  ;  &  à  trente-fix  de  Tarente  ,  au 
levant  d'hyver.  On  fait  dans  cette  ville  un  grand  com- 
merce d'huile ,  &  d'affez  bonnes  mouffelines.  Long.  3  5  d. 
45'.  Laiit.  40  d.  12'.  *  Baudrand,  édit.  1705. 

2.  GALLIPOLI ,  ville  de  la  Turquie  ,  en  Europe , 
dans  la  Romanie  ,  fur  le  détroit  auquel  elle  donne  fon 
nom,  à  l'embouchure  de  la  Propontide.  Elle  eft  fituée 
dans  une  presqu'ifle  qui  a  deux  ports  ,  l'un  au  fud ,  l'au- 
tre au  nord.  On  y  compte  environ  dix  mille  Turcs; trois 
mille  cinq  cents  Grecs  ,  un  peu  moins  de  Juifs ,  felon 
Tournefort  ,  Voyages,  t.  1  ,  p.  178.  Selon  "Wheler  , 
Voyages,  t.  1  ,  p.  134,  il  y  a  douze  mille  Turcs  & 
quatre  à  cinq  mille  Grecs,  &  beaucoup  de  Juifs.  Gemelli 
Carreri ,  Voyage  ,  t.  1  ,  p.  240 ,  dit  que  le  nombre  de 
fes  habitans  ne  fe  monte  qu'à  fix  mille  ,  tant  Grecs  , 
Juifs,  que  Turcs,  qui  s'occupent  presque  tous  à  faire  des 
flèches  dont  on  fait  afléz  de  cas.  Thevenot ,  Voyage  du 
Levant,  p.  33  ,  dit  qu'on  n'y  voit  quafi  perfonne  que 
dans  les  marchés.  Elle  eft  habitée,  felon  lui  ,par  quelques 
Grecs,  qui, pour  la  plupart,  vendent  durakiou  eau-de-vie: 
les  portes  de  leurs  maifons  ne  font  hautes  que  d'environ 
deux  pieds  &  demi ,  afin  que  les  Turcs  n'y  puiffent  entrer 
à  cheval ,  comme  ils  font  ailleurs ,  quand  ils  font  yvres  , 
&£  où  ils  renverfent  tout.  La  ville  eft  accompagnée  de 
deux  baies  au  nord  &  au  fud,  pour  les  galères  &c  pour 
les  vaiffeaux.  Elle  eft  plus  belle  dehors  que  dedans,  comme 
la  plupart  des  villes  de  Turquie ,  car  les  mosquées  &  les 
Befeftains,  ou  places  où  l'on  vend  les  marchandifes ,  ont 


foit  le  détroit ,  jusqu'à  Lampfaque  en  Afie  ,  LXX  ftades  de 
trajet.  Cette  ville  étoit  épiscopale  :  elle  eft  marquée  dans 
la  Notice  de  Hiéroclès   Se  dans  celle  de  Léon  le  Sage, 
entre  les  évêchés  de  l'Europe,  province  de  Thrace.  Cons- 
tantin Porphyrogenete  la  marque  dans  la  même  provin- 
ce. Elle  fut  le  partage  des  Vénitiens ,  après  la  prife  de 
Conftantinople  par  les  Latins  ;  mais  Vatace  ,  empereui 
des  Grecs ,  qui  faifoit  fa  réfidence  à  Nicée ,  étant  en  guerre 
avec  Robert  comte  de  Courtenai,  quatrième  empereur 
François  ,  l'affiégea ,  la  prit ,  &  la  mit  à  feu  &  à  fang,  en 
1225.  Il  y  a  certainement  erreur  dans  cette  date.  Robert 
de  Courtenai ,  avec  qui  fon  dit  que  Vatace  étoit  en  guerre, 
lorsque  cette  ville  fut   prife  ,  mourut  en  1228.  Il  faut 
mettre  en  1225.  Les  Catalans,  qui  fe  fignalerent  en  tant 
de  rencontres  dans  la  Grèce  ,  fe  fortifièrent  à  Gallipoli , 
en  1 306,  fous  Roger  de  Flor ,  vice-amiral  de  Sicile.  Après 
la  mort  de  ce  général,  affaffiné  à  Conftantinople ,  contre 
la  foi  donnée, &  le  ferment  que  l'empereur  Andronicavoit 
fait  fur  l'image  de  la  Vierge  peinte  par  faint  Luc ,  les  Espa- 
gnols affommerent  la  plupart  de;  bourgeois  de  la  ville ,  Se 
s'y  retracherent  fi  bien,  que  Michel  Paléologue,  fils  de 
l'empereur ,  fut  obligé  d'en  lever  le  fiége.'  Remond  Mon- 
taner  &.  les  femmes  des  Catalans ,  dont  les  maris  étoient 
à  l'armée  qui  tenoit  la  campagne  ,  s'y  défendirent  fi  gé- 
néreufement  contre  Antoine  de  Spinola,  qui  forma  un  fé- 
cond fiége ,  par  ordre  de  l'empereur ,  que  les  Génois  fu- 
rent contraints  de  fe  retirer  :  enfin  les  Catalans  perfuadés 
qu'ils  ne  pourraient  fe  foutenir  long-tems  dans  Gallipoli , 
en  raferent  les  fortifications  en  1307.  Ainfi  Soliman,  fils 
d'Orcan ,  n'eut  pas  de  peine  à  la  prendre.  L'empereur  Jean 
Paléologue  ,  pour  fe  confoler  de  fa  prife  ,  dit  qu'il  n'avoit 
perdu  qu'une  cruche  de  vin  &  une  étable  à  cochons ,  fai- 
sant fans  doute  allufion  aux  magazins  de  vivres  &£  aux 
caves  que  Juftinien  y  avoit  fait  bâtir  pour  l'entretien  d'une 
forte  garnifon  ,  &  pour  les  troupes  qui  dévoient  garder  le 
pays.  Dans  la  même  vue,  cet  empereur ,  felon  Procope, 
jEdific.  1.  4 ,  c.  10 ,  fit  revêtir  Gallipoli  de  très-bonnes 
murailles.  Bajazet  I,  connoiffant  l'importance  de  ce  pofte, 
pour  paffer  de  Prufe  à  Andrinople ,  qui  étoient  en  ce  tems- 
là  les  deux  capitales  de  l'empire  Othoman ,  fit  réparer  Gal- 
lipoli en  1391 ,  la  munit  d'une  groffe  tour,  &  y  fit  faire 
un  bon  port  pour  l'entretien  de  fes  galères.  Muftapha,  qui 
étoit  un  de  fes  fils  ,  ne  manqua  pas  de  s'en  faifir  après  la 
mort  de  Mahomet  I ,  afin  de  barrer  l'entrée  de  l'Europe  à 
Amurath  II ,  fon  neveu,  &  légitime  fucceffeur  à  l'empire  ; 
mais  celui-ci  reprit  Gallipoli  rk  Andrinople  où  il  fit  pen- 
dre Muftapha.  Les  Génois  facilitèrent  à  Amurath  le  pas- 
fage  du  canal.  Ducas ,  c.  25  &  27,  rapporte  que  ce  fut 
fur  les  vaiffeaux  de  Jean  Adorne ,  podeftat  de  Phocée-la- 
neuve  ;  mais  ce  podeftat,  malgré  fa  jeuneffe,  profita  de 
l'occafion  en  habile  homme.  Au  milieu  du  paffage,  il  de- 
manda au   fultan  l'exemption  du  tribut  que  les  Génois 
payent  tous  les  ans  pour  l'alun  de  Phocée,  &C  il  l'obtint  : 
Chalcondyle,  /.  5  ,  ne  parle  pas  de  l'alun;  mais  ilaffure 
que  ce  partage  ne  fe  fit  qu'à  force  d'argent  ;  &  Leunclave, 
Pandecl.  Hijl.  Turc.  c.  89,  ajoute  qu'Amurath  ne  donna 
pas  moins  d'un  ducat  ou  deux  pour  chaque  foldat.  *  De. 
Themat.  1.  2.  Themat.  1  ;  Pachimer.  1.  13  ,  c.  24. 

GALLIS  ,  municipe  d'Italie ,  felon  Frontin,  de  l'exem- 
plaire de  Nanfius.  Ortélius  conjecture  que  c'eft  la  même 

chofe 


CAL 


CAL 


chofe  que  CALLES.  Voyez  au  mot  AD  l'article  Ad  Ca- 
lem. 

GALLITjE  ,  peuple  d'entre  les  Alpes  ,  Se  l'un  de 
■ceux  dont  Augufte  triompha ,  félon  Pline  ,  /.  3  , 
c.   20. 

GALLITALUTiE ,  ancien  peuple  de  l'Inde,  au  voi- 
finage  de  l'Indus  ,  félon  le  même ,  l.  6,  c.  20. 

1.  GALLO.  (  l'Isle  de)  Voyez  Isle. 

2.  GALLO,  (Monte)  ou  Santa  Maria  inGal- 
10 ,  bourg  d'Italie  ,  dans  l'état  de  l'Eglife ,  dans  la  Mar- 
che d'Ancone ,  vers  les  fources  du  Tronto  Se  les  mon- 
tagnes de  l'Apennin,  à  trois  ou  quatre  lieues  au  couchant 
d'Ascoli.  *  Baudrand,  édit.  170V 

3.  L'Isle  ou  les  Isles  de  GALLO.  Voyez  G  al- 
11  2. 

GALLO-GRjECIA.  Voyez  Galatie. 
'  GALLO-LIGURES  Se  Lygyje  ,  félon  Strabon ,  /.  4, 
p.  203  ,  ancien  peuple  de  la  Gaule  Narbormoife»  Ils 
occupoient  la  Provence  Se  partie  du  Languedoc;  car  Sui- 
das leur  donne  Agde ,  qui  eftde  cette  dernière  province. 
Ariftote,  in  Admirandis ,  les  nomme  CELTOLIGYI. 

GALLORA  ou  Gallera,  lieu  de  la  Toscane,  fur 
«ne  rivière  du  même  nom. 

1.  GALLOWAY,province  méridionale  d'Ecoffe,avec 
titre  de  comté  ;  en  latin  Gallovidia  ;  elle  eft  une  des 
plus  considérables  provinces  de  ce  royaume  ,  fur  la  mer 
d'Irlande  ,  (a)  qui  fa  baigne  au  midi  Se  au  couchant  ;  les 
provinces  de  Carrick  Se  de  Kyle  la  bornent  au  nord  , 
ôc  celle  de  ■Nithsdale  à  l'orient  ;  (  b  )  elle  eft  fertile  en 
bleds  Se  en  pâturages  ,  Se  remarquable  pour  la  bonté  de  fa 
lame,  Se  pour  (es  chevaux ,  qui ,  quoique  petits ,  font  de  fa- 
tigue; l'avoine,  qu'elle  pi  oduit,  eft  petite,  mais  ferme;  fes 
lacs  font  remplis  de  poiffons ,  Se  abondent  fur -tout  en 
anguilles.  (a)  Allard,  Atlas.  (b)  État  préf.  de  la  G.  Bre- 
tagne, t.  2  ,  p.  230. 

L'air  ,  en  général ,  y  eft  fain ,  Se  le  pays  plein  de  colli- 
nes ;  il  n'y  a  que  trois  montagnes  aflez  hautes  ,  Cra- 
NES-Moor  ,  à  l'embouchure  de  la  Crée,  Marrock 
^ui  n'en  eft  pas  loin ,  Se  Crefold  à  l'embouchure  du 
Nith  :  cette  province  a  donné  le  titre  de  comté  à  une 
branche  de  la  famille  des  Stuarts. 

Les  meilleurs  ports  de  la  province  de  GalloWay  font , 

KiTckubright  ,         Locg-Rian , 
.     •     Garvellan,  Port-Patrick. 

Le  premier  eft  parfaitement  bien  fitué  fur  la  côte  méri- 
dionale ,  à  l'embouchure  de  la  Dés.  Allard  écrit  ce  nom 
Mirkuberigt. 

Les  autres  villes  les  plus  remarquables  font , 

Wigton  ,  Witehom  ou  Withern , 

Se  Stanraver. 

2.  GALLOWAY,  ou 

GALLWAY  ,  contrée  d'Irlande,  dans  la  province  de 
Connaught ,  avec  titre  de  comté  :  elle  eft  bornée  à  l'eft 
par  une  partie  du  comté  du  Roi  ,  Se  de  celui  de  Tippe- 
rary  dont  le  Shannon  le  fépare ,  Se  par  une  partie  de  Ros- 
commond  ;  à  l'oueft,  par  l'océan  ;  aunordSe  au  nord-eft  , 
par  Mayo  Se  Roscommond  ;  Se  au fud,  par  Thomond.  Sa 
longueur  eft  de  quatre-vingt-deux  milles ,  Se  fa  largeur 
de  quarante-huit  ;  ce  pays  eft  abondant  en  grains  Se  en 
pâturages  :  on  le  divife  endix-feptBARONlES,  favoir  , 


2f 


Ballinananen , 
Roffe, 
Moycullin  , 
Clare  , 

Donnamore , 
Ballimore , 
Kiliehanne , 


Tiaquin , 
Kilconnel, 
Clon-Mac-Owen  , 

Lough-Breagh  , 

Kiltartan  , 

Les  deux  ifles  d'Arran. 


Il  y  'a  dans  ces  deux  ides  deux  villes  &  trois  bourgs 
qui  achèvent  le  compte.  Les  principales  villes  de  ce 
comté  font  : 

TVam  archevêché,  Athenrée  , 

Gallway  capitale ,  Clonefàrt 

6c  Portumny. 


La  baye  de  Galway  eft  un  grand  golfe  d'Irlande",  au 
fond  duquel  eft  (ituée  la  ville  qui  lui  donne  le  nom  :  ce. 
golfe  eft  de  l'océan  occidental ,  au  couchant  de  l'Irlande. 
On  trouve,  à  l'entrée  de  cette  baie  ,  les  ifles  d'Arran  ;  Se 
on  y- entre  par  deux  panes  principales  ;  celle  qui  eft  au 
midi  des  deux  ifles  eft  nommée  Souih-Sound ,  c'eft-à- 
dire  la  paffe  du  fud;  celle  qui  eft  au  nord,  s'appelle  la 
paffe  S.  Grégoire ,  Sant  Gregoris  Sound.  *  Etat  préfent 
de  l'Irlande,  p.  28. 

GALLWAY ,  ville  d'Irlande  ,  dans  la  province  de 
Connaught,  au  comté  de  Gallway ,  dont  elle  eft  capitale: 
on  la  nomme  auffi  Gallive.  Elle  a  un  fiége  épiscopal , 
un  marché  public  ,  Se  envoie  fes  députés  au  parlement  ; 
elle  eft  fituée  à  dix-fept  milles  au  fud  de  Twam ,  Se  à  cent 
deux  milles  à  l'oueft  de  Dublin.  C'eft  une  ville  très-forte, 
propre  Se  riche  ,  qui  paffe  pour  la  troifiéme  ,  ou  même 
pour  la  féconde  d'Irlande  :  elle  eft  presque  ronde  Se  res- 
semble à  une  tour  bâtie  de  pierres  de  taille  ;  elle  eft 
près  de  l'endroit  où  le  lac  Corbes  (  Corrib  )  fe  jette 
dans  la  mer,  Se  tout  auprès  d'un  vafte  &  bon  port  qu'on 
nomme  la  baie  de  Gallway ,  Se  qui  peut  contenir  une 
nombreufe  flotte  de  gros  vaiffeaux  ;  elle  eft  fi  bien  fituée 
pour  le  trafic  ,  qu'on  la  regarde  comme  la  meilleure 
ville  marchandé  qu'il  y  ait  dans  tout  le  royaume  :  on  dit 
qu'un  étranger  demanda  un  jour  à  un  Irlandois  en  quel 
endroit,  de  Gallway .  étoit  l'Irlande.  Guillaume  III  créa 
Maffué ,  plus  connu  fous  le  nom  du  marquis  de  Puivigni , 
d'abord  vicomte  ,  Se  enfuite  comte  de  Gallway  :  à  neuf 
milles  ,  à  l'eft  de  cette  ville ,  eft  Athenrée.  *  Etatpréf.  de. 
l'Irlande ,  p.  29. 

GALLUCILM,  lieu  d'Italie.  Platine  ,  dans  la  Vie  des 
papes ,  dit  qu'après  la  mort  de  Guillaume ,  duc  de  la 
Pouille ,  Se  Fextin&iôn  de  toute  la  poftérité  de  Guillaume 
de  Guiscard ,  Innocent  II  déclara  la  guerre  à  Roger,  fils 
de  Roger  roi  de  Sicile ,  qui  vouloit  envahir  cette  fucces- 
fion  :  ce  prince  étoit  venu  camper  auprès  de  San^er- 
mano  ( au  mont Caffin;  )  il  l'en  fit  partir,  prit  cette  ville, 
Se  afliégea  Roger  in  Gallucio ,  ou  Galucio  :  mais  Guil- 
laume ,  duc  de  Calabre,  arrivant  avec  des  troupes,  livra 
une  bataille,  délivra  fan  père  ,  Se  prit  le  pape  avec  tous 
les  cardinaux ,  qui  étoient  à  l'armée  :  ce  lieu  de  Gallu- 
cium  devoit  être  peu  éloigné  de  S.  Germain  Se  du  mont 
Caffin. 

GALLURA  ;  on  appelloit  ainfi  autrefois  un  canton 
de  laSardaigne,  qui  avoit  fes  princes  particuliers,  fous 
le  titre  de  Juges  ;  c'eft  préfëntement  la  partie  orientale 
de  la  province  de  Lugodori  :  il  y  a  encore  deux  petites 
contrées  qui  ont  confervé  le  nom  de  Gallura  ,  favoir  , 

Gallura  de  Geminis, 
6c  Gallura  de  Posada. 

GALLUS ,  ancienne  rivière  de  l'Afie  mineure  :  elle 
tombe  dans  le  fleuve  Sangar  ;  mais  les  anciens  ne  s'ac- 
cordent pas  fur  le  nom  de  la  province  où  elle  coule. 
Claudien,  in  Eutrop.  1.  2 ,  v.  261  ,  dit: 

Dîndyma  fundunt 
Sangarium ,  vitrei  puro  qui  gurgite  Galli 
AuHus ,  Amaitomi  defsrtur  ad  ofiia  Pond. 

Pline  dit  qu'il  étoit  de  la  Galatie  :  outre  les  rivières 
que  j'ai  nommées ,  on  trouve  encore  dans  cette  province 
le  Sangar  Se  le  Gallus ,  dont  les  prêtres  de  Cybele  ont 
pris  leur  nom  de  Galles.  Herodien  ,  1.  I  ,  c.  1 1 ,  dit  :  au- 
trefois les  Phrygiens  célébraient  à  Peffinus  les  orgyes,  fur 
le  bord  du  Gallus  ,  qui  coule  auprès  de  la  ville,  Se  du- 
quel tirent  leur. nom  les  prêtres  de  la  déeffe,  qui  font  châ- 
trés. Etienne  le  géographe  dit  que  le  Gallus  eft  une  rivière 
de  la  Phrygie  ;  il  ajoute  qu'on  le  nommoit  autrefois  Térias, 
T,i'/iia}.  Ovide,  I.4,  V..363  ,  dit  dans  fes  Faftes: 

Inttr ,  ait ,  viridem  Cybeltn  aliasque  Celœnas 
Amnis  it  infana ,  nomine  Gallus ,  aqua. 


or  il  eft  certain  que  la  ville  de  Celœnce  ,  étoit  dans  la 
Phrygie  :  il  explique  auffi-tôt  l'épithéte  d'injéuji'e  ,  qu'il 
donne  à  l'eau  du  Gallus ,  par  ces  mots  : 

Oui  bibit ,  inde  furit. 

Tome    III.        D. 


26 


GAM 


GAM 


Quiconque  en  boit  entre  en  foreur  :  c'étoit  en  buvant  de 
ces  eaux ,  que  les  prêtres  de  Cybele  devenoient  furieux , 
&  fe  privoient  des  parties  confacrées  à  la  ^génération. 
Strabon  ,1.  1 1 ,  parlant  du  Sangar ,  dit  :  c'eft  dans  ce 
fleuve  que  fe  perd  le  Gai  lus  ,  qui  a  fa  fource  auprès  de 
Modra  ,  dans  la  Phrygie  de  PHellespont ,  la  même  que 
la  Phrygie  Epicfete ,  ou  ajoutée  ;  cela  ne  nous  en  apprend 
guères  mieux  la  pofition ,  car  Modra  elle  -  même  n'eft 
guères  connue. 

Le  Gallus ,  félon  Pinet ,  cité  par  Baudrand ,  s'appelle 
aujourd'hui  Garippo  ;  ck  eft  bien  différent  du  Sangar 
avec  lequel  Otter  ,  Voyage  du  Levant,  le  confond  mal- 
à-propos. 

GALMODROESI ,  ancien  peuple  de  l'Inde ,  au-delà 
du  Gange,  félon  Pline,  1.  6,  c.  19. 

GALMOY ,  baronie"  d'Irlande  ,  dans  la  province  de 
Leinfter.  C'eft  une  des  onze  qui  compofent  le  comté  de 
Kilkënny.  *  Etat  prêf.  de  l'Irlande ,  p.  41. 

GALONATIS  Fundus,  ou  Gaionatis,  château 
d'Afrique ,  quelque  part  vers  la  Mauritanie  Tingitane  ; 
Ammien  Marcellin  en  fait  mention ,  1.519. 

GALOPE,  (  LA  )  ou  la  Gulpen  ;  elle  a  fa  fource 
au  duché  de  Limbourg ,  au  village  de  Gulpen  ,  dans  le 
ban  de  Monzèn ,  d'où  ferpentant  vers  le  nord  ,  elle  tra- 
verfe  le  grand  chemin  de  Maftricht  à  Aix-la-Chapelle , 
&  fe  jette  enfuite  dans  la  Gueul ,  rivière  qui  tombe  dans 
la  Meufe,  au-deffous  de  Maftricht  :  le  vrai  nom  eft  Gul- 
pen. *  Sanfon ,  Carte  de  Limbourg. 

GALOPES  ,  peuple  de  l'Arabie  heureufe,  félon  Pline, 
1.  6,  c.  28  :1e  P.  Hardouin  lit  GAULOPES. 

GALOPEGOS.  Voyez  Gallapagos. 

GALORUM,  ancienne  ville  de  l'Afie  mineure,  dans 
la  Galatie,  près  de  l'embouchure  du  fleuve  Zaliscus, 
félon  Ptolomée  ,  1.  5 ,  c.  4.  Ses  interprètes  l'expliquent 
par  Garipo  ;  le  nom  grec  eft  raXwpu;. 

GALOTZA.  Ortélius  met  un  fiége  épiscopal  de  ce 
nom ,  fous  le  patriarche  de  Conftantinople ,  St  cite  Bal- 
famon. 

GALTELLI,  village  de  Sardaigne,  fur  la  côte  orien- 
tale de  Pille  ,  environ  à  vingt  lieues  d'Alghieri  &  de  Bofa; 
Galtelli  étoit  autrefois  une  ville  épiscopale  dont  l'évêché 
a  été  uni  à  l'archevêché  de  Cagliari  :  cette  place  eft  au 
midi  du  lac  d'Oliéna  ,  ck  au  nord  oriental  d'Aquilaftro  : 
ce  fiége  eft  nommé  Galtellinensis  ,  dans  la  Notice 
de  l'abbé  Milon.  *  Baudrand ,  édit.  1705. 

GALTH1S.  Jornandes ,  de_  Reb.  Getic.  c.  17 ,  nomme 
ainfi  une  ville  où  il  dit  qu'il  fe  livra  un  rude  combat,  au 
bord  de  la  rivière  d'Aucha  :  Lazius  croit  que  c'eft  la  Ga- 
LATIS  de  Strabon.  Ortélius  la  met  dans  la  Mcefie. 

GALUMBATS,  ou  Columbatz  ,  ville  de  la  Tur- 
quie ,  en  Europe  ,  dans  la  Servie,  furie  Danube  ,  entre 
Belgrade  &  Sémendria.  *  Baudrand ,  édit.  1705. 

GALIBE,  ville  de  l'Afrique  propre  ,  félon  Ptolo- 
mée, 1.  4 ,  c.  3  ;  elle  étoit  entre  les  deux  Syrtes  ,  félon 
cet  auteur. 

GAM.  C'eft  la  même  que  Jama  ville  d'Ingrie  :  elle 
étoit  autrefois  à  la  Suéde  :  mais  Pierre  le  Grand  a  fournis 
tout  ce  pays  à  l'empire  Ruflîen. 

GAMABRIUNI.  Voyez  Gambrivii. 

GAMACHES,  bourg  de  France,  fur  la  Brefle,  aux 
confins  de  la  Normandie  &£  de  la  Picardie  ,  entre  les- 
quelles il  eft  partagé  :  il  a  titre  de  marqui'fat  :  la  partie 
qui  eft  de  la  Picardie  ,  eft  du  diocèfe  d'Amiens  ,  à  trois 
lieues  de  la  ville  d'Eu ,  avec  un  chapitre  de  fix  chanoi- 
nes ,  &t  un  prieuré  de  huit  cens  livres  de  rente.  Le  châ- 
teau de  Gamaches,  eft  beau  &  bien  fitué  :  il  a  été  bâti 
par  des  princes  du  fang  de  la  maifon  de  Dreux.  R-obert 
de  Dreux  avoit  eu  Gamaches  par  fon  mariage  avec  Eléo- 
nore  de  S.  Valeri ,  en  1207.  Jeanne  de  Dreux  l'apporta 
dans  la  maifon  d'Amboife  de  Thouars  :  le  dernier  de 
cette  maifon  le  transporta  à  Joachim  Rouaut ,  dont  les 
descendans  en  jouiffent  encore  :.elle  a  été  érigée  eh  mar- 
quifat,  en  1622  ;  il  s'y  tient',un  grand  marché  franc  le  pre- 
mier mardi  de  chaque  mois  :  cette  partie  a  905  habi- 
tans. 

Celle  qui  eft  en  Normandie,  a  268  habitans,  ckeft  du 
diocèfe  de  Rouen.  Le  favant  François  Valable  étoit  de 
Gamaches  :  outre  le  marché  franc  de  chaque  mois ,  on 
en  tient  un  autre  tous  les  mercredis.  Longitude  19  cl.  if. 
Latitude  49  d.  fë. 

1.  GAxMALÂ ,  ville  de  la  Paleftine,  dans  la  Galilée  : 


elle  étoit  furnommée  la.  Ville  des  Cavaliers.Voyez  GaBA. 
*  D.  Calmet,  Dift. 

2.  GAMALA ,  autre  ville  de  la  Paleftine ,  au-delà  du 
Jourdain ,  dans  la  Gaulanite  ;  elle  étoit  nommée  Gama- 
la,  parce  qu'elle  imite  la  forme  d'un  chapeau:  elle  étoit 
dans  le  royaume  d'Agrippa  ;  mais  n'ayant  pas  voulu  fe 
foumettre  à  ce  prince  ,  elle  fut  affiégée,  premièrement  par 
Agrippa ,  enfuite  par  l'armée  Romaine ,  qui ,  après  un 
long  fiége  ,  la  prit  ck  la  faccagea.  *  Jofeph.  de  Belloi  1. 4, 
c.  1.*  D.  Calrnet.  DicL 

GAMALIBA,  ville  de  l'Inde  ,  en-decà  du  Gange  ,  fé- 
lon Ptolomée. 

GAMANODURUM,  ancienne  ville  du  Norique  ,  fé- 
lon Ptolomée,  1.  7 ,  c.  I.  Lazius,  1.  2,  c.  \^,inR.  P. 
R.  dit  que  c'eft  Gamartingen  :  mais  je  trouve  dans 
Ptolomée ,  Gavanodurum. 

GAMAPIUS  Vlcus  :  l'auteur  delà  vie  de]  S.  Eloi 
appelle  àinfi  GENAPE.  *  Ortel.  Thef. 

GAMARGA,  petite  contrée  de  la  Médie,  félon  Diq- 
dore  de  Sicile,  1.  19. 

GAMARINGA ,  lieu  dont  il  eft  fait  mention  dans  un 
diplôme  de  Charlemagne  :  on  croit  que  c'eft  Gemar  en 
Alface  ,  au  midi  de  Scheleftadt. 

GAMARTINGEN.  Voyez  Gamanodurum. 
GAMBALO.  Voyez  Gamboulo. 
GAMBEA ,  Gambée  ou  Gambie  :  il  y  a  en  Afri- 
que un  royaume  ck  une  rivière  de  ce  nom.  De  la  Croix  , 
Hijl.  d'Afriq.  t.  2 ,    parle  ainfi  de  ce  royaume. 

GAMBEA ,  royaume  d'Afrique ,  dans  la  Nigritie.  Il 
eft  fitué  près  de  la  rivière  du  même  nom ,  ck  de  petite 
étendue.  On  y  entre  au  fortir  du  royaume  de  Zenéga ,  en 
tirant  vers  le  midi.  Quoique  la  rivière  de  Gambéa  (bit 
guéable  proche  du  village  de  Tinda  ,  les  Nègres  n'ofent 
lapaffer.àgué,  à  caufe  des  crocodiles.  La  côte,  où  elle  a 
fon  embouchure  eft  fi  baffe,  qu'on  a  peine  à  la  diftin- 
guer  de  la  mer ,  quand  le  teins  n'eft  pas  ferein.  La  côte 
eft  plus  élevée  au  midi ,  ck  pleine  de  grands  arbres.  Elle 
s'étend  du  nord-eft  au  fud-oueft ,  produit ,  par  fon  débor- 
dement, la  même  fertilité  que  le  Nil.  Elle  afurfes  bords 
plufieurs  villages  très-peuplés.  Celui  de  Bara  eft  à  fon  em- 
bouchure. Il  êft  ainfi  appelle,  à  caufe  que  tous  les  vais- 
feaux  qui  viennent  mouiller  dans  cette  côte ,  font  obligés 
de  donner  une  barre  de  fer  au  roi  de  Borfalo.  A  un  quart 
d'heure  de  chemin  ,  au-deffus  de  la  pointe  méridionale 
de  cette  côte,  eft  le  village  deNABARE.  Celui  deiJiN- 
TAM ,  qu'habitent  quelques  Portugais ,  eft  à  quatre  lieu» 
de  la  côte,  vers  le  midi,  proche  d'un  petit  torrent,  qui 
fe  décharge  dans  le  Gambéa.  En  remontant  la  rivière ,  du 
même  côté ,  à  trente  lieues  de  la  mer  ,  on  trouve  le  vil- 
lage de  TANKERVAL,  8t,  un  peu  plus  loin,celui  de  Ton- 
DEBA  ,  où  il  y  a  quelques  cabanes.  En  avançant  dix-  huit 
lieues ,  on  trouve  un  tourbillon  d'eau  marqué  par  deux 
têtes  de  cheval  marin ,  afin  qu'on  l'évite.  Le  village  de 
Jagre  en  eft  tout  proche.  Deux  lieues  au-deffus  de  ce 
tourbillon,  eft  celui  de  Jambai.  De  l'autre  côté  de  la 
rivière ,  à  une  petite  lieue  d'un  autre  tourbillon  d'eau ,  pro- 
che d'une  croix  de  bois,  eft  le  village  de  Mansibaer  , 
où  fe  tiennent  quelques  pauvres  Portugais ,  avec  une  fa- 
mille de  mulâtres.  Quand  on  eft  à  Barraconda  ,  la 
marée  ne  remonte  plus;  OC  ceux  qui  veulent  aller  plus 
avant,  font  obligés  de  voguer  à  force  de  rames,  contre  le 
courant  de  l'eau.  Il  faut  plus  de  dix  jours  pour  arriver  à 
Tinda ,  parce  que  la  chaleur  eft  fi  grande,  qu'on  ne  peut 
ramer  vers  le  milieu  du  jour.  La  bourgade  Joliet  ,  eft 
au-deffus  de  Tinda  :  à  fix  journées  eft  celle  deMuNKB  AER: 
près  de  Joliet  eft  une  place  nommée  Serrambras  ;  les 
Nègres  affurent  que  l'on  trouve  une  bourgade  qu'on  ap- 
pelle Jaye.  En  s'avançant  dans  le  pays  ,  on  vient  à  la 
ville  de  SEL  TCO,  place  très-marchande.  Sur  le  rivage 
feptentrional  du  Gambéa,  environ  à  cent  vingt-deux  lieues 
de  fon  embouchure ,  eft  le  village  appelle  petit  Caftan  ,  &c 
à  quatre  de  la  rivière,  le  grand  Caftan,  où  le  roi  de 
Caffan  fait  fon  féjour.  Outre  ces  villages  dont  le  Gambéa 
eft  bordé  ,  il  forme  encore  plufieurs  ides,  dont  une  eft  à 
dix-huit  lieues  de  Lomdeba ,  &  à  une  petite  lieue  du  tour- 
billon d'eau ,  qui  eft  près  de  Jagre  ,  à  main  gauche  de  ce 
fleuve.  Elle  a  trois  quarts  de  lieue  d'étendue  ;  ck  le  bras 
de  la  rivière ,  qui  la  fépare  de  la  terre  ferme ,  n'a  que 
cinq  cens  pas  de  largeur.  Après  trois  heures  de  chemin  , 
on  en  trouve  quatre  autres  petites  du  même  côté  ?  ck  une 
autre  encore ,  trois  lieues  au-deffus  de  Manfibaér.  Le  lit 


GAM 


CAM 


de  la  rivière  eft  fi  étroit  vers  le  midi,  ck  elle  coule  fi  ra* 
pidement,  qu'on  ne  fàuroit  la  palier  que  dans  le  beau 
tems,  ou  lorsqu'on  eft  porté  par  la  marée.  Proche  du  vil- 
lage de  Nabare  ,  ce  fleuve  fe  fépare  en  deux  bras  presque 
égaux,  &  forme  une  ifle;  entre  ion  embouchure  6k  Cran- 
toron  trouve  celle  des  Elephans,oÙ  ces  animaux  font 
fort  communs.  Le  tabac  vient  fort  bien  près  de  la  rivière" 
de  Gambéa ,  6k  les  Portugais  de  Juala  6k  de  Catcheo 
en  emportent  des  chaloupes  chargées.  Le  bétail  6k  le 
gibier  y  font  à  fi  grand  marché  ,  qu'on  peut  acheter  une 
bête  de  trois  ou  quatre  cens  livres  ,  pour  une  barre  de 
fer  ,  au  lieu  que  près  du  cap  Verd  ,  elle  en  coûte  quatre 
ou  cinq.  On  n'y  feme  que  deux  fortes  de  grains  :  du  mil- 
let &  du  riz  ,  6k  l'on  y  recueille  beaucoup  de  coton. 
On  voit ,  fur  la  côte  ,  des  arbres  d'une  grofieur  extraordi- 
naire ;  mais  ils  ne  font  pas  fi  hauts  à  proportion.  Il  y  en 
a  qui  ont  jusques  à  dix-fept  pas  de  tour ,  &  qui  n'en  ont 
que  vingt  de  hauteur.  Entre  Tankerval  6k  Tondeba,  les 
deux  côtés  de  la  rivière  font  bordés  de  grands  arbres  , 
qui  croiflent  dans  un  fonds  marécageux.  Il  n'y  a  d'auTres 
artifans  le  long  de  ce  fleuve ,  que  des  tifferans  6k  des 
forgerons. 

Le  P.  Labat  a  très-bien  défigné  le  cours  de  cette  ri- 
vière, d'après  les  Mémoires  de  Brue  ,  directeur  général  de 
la  Conceffion  Françoife  duSenéga.  Voici  ce  qu'il  en  dit: 

Le  Niger  6k  le  Senéga  ne  font  qu'une  même  rivière, 
connue  fous  deux  noms  ;  6k  la  rivière  de  Gambie  eft  une 
branche  de  celle  du  Niger  ou  Senéga.  On  doit  s'en  rap- 
porter au  témoignage  des  Nègres  6k  des  marchands  Man- 
dingues  ,  qui  remontent  cette  rivière  tous  les  jours,  préfé- 
rablement  à  celui  de  plufieurs  auteurs  qui  n'en  parlent  que 
d'une  manière  fort  incertaine,  6k  fans  l'avoir  vue.  Or  le 
témoignage  de  tous  ces  marchands  eft  uniforme  :  ils  con- 
viennent tous,  qu'elle  fort  du  Niger,  au-deflus  d'une  chute 
confidérable  ,  où  le  fleuve  fe  partage  en  deux  branches  ; 
&  celle  qui  eft  du  côté  du  fud ,  eft  conftamment  la  rivière 
de  Gambie.  Il  eft  vrai  qu'ils  ne  donnent  pas  une  idée 
afiez  jufte  des  détours  de  cette  rivière,  ni  des  pofitions 
des  lieux  qui  en  font  voifins ,  pour  pouvoir  drefler  une 
carte  géographique  de  ces  endroits  :  mais  ils  ne  favent 
pas  prendre  les  hauteurs ,  6k  connoiflent  encore  moins 
les  longitudes.  Ils  ne  marquent  les  diftances,  que  par  leurs 
journées  de  marche  ,  ce  qui  eft  trop  équivoque  6k  trop 
incertain  pour  pouvoir  rien  fixer,  parce  que  leurs  mar- 
ches ne  font  pas  toujours  égales.  D'ailleurs  ils  fe  détour- 
nent fouvent  de  leur  chemin  ordinaire  ,  6k  font  obligés 
de  prendre  des  détours,  foit  pour  éviter  la  rencontre  de 
Certains  peuples  errans ,  qui  ne.  vivent  que  de  rapines , 
foit  pour  s'exempter  de  payer  clés  droits  confidérables  , 
que  les  princes ,  fur  les  terres  desquels  ils  font  obligés  de 
pafier ,  ne  manquent  pas  d'exiger  d'eux.  Ces  détours  , 
ces  démarches  inégales ,  6k  autres  accidens ,  inféparables 
de  leurs  voyages ,  répandent  une  obscurité  fur  leurs  ré- 
cits, au  travers  de  laquelle  iln'eftpas  aifé  de  découvrir, 
au  vrai ,  la  jufte  diftance  des  lieux  ,  quoiqu'elle  ne  nous 
laine  pas  ignorer  le  cours ,  l'origine ,  la  jonction  &  le 
partage  des  rivières. 

•_  Ce  qui  pourroit  faire  douter  que  le  Niger  fût  le  prin- 
cipe &  la  fource  de  tant  de  rivières  confidérables  ,  qui 
en  fortent ,  c'eft  la  prodigieufe  quantité  d'eau  qu'il  lui 
faut  fuppoier,  même  à  quatre  ou  cinq  cens  lieues  avant 
qu'il  fe  perde  dans  la  mer  *  mais  il  faut  obferver  que  l'A- 
frique n'eft  pas  toute  fi  féche,  fi  aride ,  6k  fi  dépourvue 
d'eau  qu'on  fe  l'imagine  ;  il  eft  très-poffible  qu'il  y  ait 
des  fontaines ,  des  rivières  ,  des  marais  ,  des  torrens  , 
dans  tout  l'espace  immenfe  de  terrein  qui  eft  entre  le  lac , 
où  l'on  prétend  qu'eft  la  fource  du  Niger,  6k  la  mer  ;  ce 
qui  fait ,  félon  l'opinion  commune  ,  une  diftance  de 
mille  à  douze  cens  lieues.  Cela  eft  d'autant  plus  proba- 
ble, que  ces  pays  font  extrêmement  peuplés,  comme  il 
paroît  par  le  grand  nombre  d'esclaves  qu'on  en  enlevé 
tous  les  jours ,  fans  compter  ceux  qui  font  tués  dans  les 
guerres  continuelles ,  que  ces  peuples  fe  font  les  uns  aux 
autres ,  6k  ceux  qui  meurent  de  mort  naturelle.  Comme 
ces  peuples  ne  peuvent  pas  vivre  fans  eau,  il  faut  con- 
clure que  toutes  ces  eaux  ,  après  avoir  arrofé  leurs  pays , 
s  écoulent  ck  font  ramaffées  dans  le  Niger,  ck  qu'elles  pro- 
du'ifent  la  quantité  d'eau  que  ce  fleuve  ck  fes  branches  por- 
tent continuellement  à  la  mer.  *  Relat.  de  l'Afrique  occi- 
dentale,  t.  4,  p.  259. 

Les  Nègres  Mandingues ,  qui  font ,  de  tous  les  peuples 


2? 


Noirs  ,  ceux  qui  voyagent ,  6k  qui  font  les  plus  habiles 
commerçons,  diiènt  que  le  Niger  étant  arrivé  à  u"n  lieu, 
nommé  Baracotta,  fe  partage  en  deux  branches;  que  celle 
qui  court  vers  le  fud ,  eft  appellée  Gambéa,  ou  Gambie- 
laquelle,  après  un  allez  long  cours,  fe  perd ,  ou  du  moins 
femble  fe  perdre  dans  un  lac  marécageux ,  rempli  d'herbes 
6k  de  rofeaux  fi  forts,  &  fi  preffés,  qu'il  eft  impénétra- 
ble ;  qu'elle  en  fort  à  la  fin ,  &  reprend  la  forme  de  ri- 
vière ,  telle  qu'on  la  voit  au  village  de  Baraconda ,  où 
les  Anglois  6k  les  Portugais ,  établis  fur  cette  rivière  , 
viennent  faire  leur  traite  avec  les  marchands  Mandingues» 
Les  canots  peuvent  aller  de  Baraconda  jusqu'au  lac  des 
rofeaux ,  mais  les  barques  ne  le  peuvent  faire ,  même 
dans  la  faifon  des  grandes  eaux,  à  caufe  d'un  banc  de 
roches ,  qui  borne  toute  la  rivière  entre  ces  deux  en- 
droits ,  &  qui  ne  laiffe  que  de  petits  chéneaux  étroits  , 
qui  fuffifent  à  peine  pour  le  partage  d'un  canot ,  quoi- 
que d'ailleurs  affez  profonds  pour  des  barques. 

La  rivière  de  Gambie  entre  dans  la  mer ,  entre  le  cap 
Verd  6k  le  cap  Rouge  ,  ou  le  cap  Sainte-Marie  au  fud  , 
ck  l'Iflet-aux-Oifeaux  au  nord,  ck,  quand  on  eft  plus 
avancé,  entre  la  pointe  de  Barre  au  nord,  ck  la  pointe 
de  Bagnon  au  fud.  Le  milieu  de  fon  embouchure  eft 
par  les  13  d.  20'  de  latitude  feptentrionale.  L'Wet-aux- 
Oifeauxeft  éloigné  de  trente  lieues  de  l'ifle  de  Goerée, 
ce  qui  ne  s'accorde  pas  avec  l'abbé  Baudrand ,  qui  ne  l'é» 
loigne  du  cap  Verd ,  que  de  vingt-cinq  lieues.  On  donne 
environ  cinq  lieues  de  largeur  à  cette  rivière ,  entre  l'Iflet- 
aux-Oifeaux  ,  6k  le  cap  Sainte-Marie.  Cet  Met  eft  envi- 
ronné d'un  banc  de  fable  ,  qui  s'étend  presque  jusqu'à  la 
rivière  de  Salum  ,  ck  dont  la  pointe  méridionale  avance 
plus  de  deux  lieues  en  mer.  On  l'appelle  le  banc  Rouge. 
Il  y  a ,  du  côté  du  fud ,  un  autre  banc ,  vis  -  à  -  vis  la 
pointe  de  Bagnon  ,  qui  s'étend  jusques  dans  l'Iflet-aux- 
Oifeaux.  Sa  figure  lui  a  fait  donner  le  nom  de  Talon-de- 
Bagnon.  Il  ny  a,  fur  ce  banc,  qu'une  brafle  ou  une 
brafle  ck  demie  d'eau ,  avec  des  pointes  de  rochers ,  où 
r>mn\  fe  briie  affez  fort  P°ur  les  faire  remarquer  de  loin. 
C  eft  a  ces  marques  ,  ck  à  trois  arbres  qui  font  fur  la 
pointe  du  cap  Pelé,  qu'on  connoît  l'embouchure  de  la  riviè- 
re, quand  on  vient  du  large.  La  diftance,  qu'il  y  a  entre  ces 
deux  bancs  ck  entre  le  Talon  ck  la  pointe  de  Bagnon  , 
forme  deux  pattes  ;  celie  du  fud  ,  qu'on  appelle  la  petite  , 
ne  peut  fervir  que  pour  des  barques ,  des  canots  ,  ck  au- 
tres bâtimens ,  parce  qu'elle  n'a  qu'une  brafle  ck  demie 
de  profondeur.  La  grande  ,  qui  eft  celle  du  nord ,  entre 
le  Talon-de-Bagnon  ck  l'Iflet-aux-Oifeaux  ,  eft  propre 
pour  toute'  forte  de  bâtimens.  Elle  a,  dans  fon  milieu  , 
depuis  la  pointe  méridionale  du  Banc-rouge  ,  jusqu'à  la 
pointe  de  Barre,  fix,  fept,  huit,  ck  jusqu'à  neuf  bradés 
d'eau.  Le  détroit ,  entre  les  pointes  de  Barre  ck  de  Ba- 
gnon ,  en  a  dix  ou  douze  ;  &  de-là  jusqu'au  fort  Jacques  , 
ou  Guillaume,  qui  appartient  aux  Anglois,  on  trouve 
par-tout  depuis  fix  jusqu'à  neuf  brades  d'eau. 

Les  deux  côtes  de  cette  embouchure  font  bordées  de 
bancs  ,  les  uns  de  vafe  ,  ck  les  autres  de  rochers  qui 
avancent  aflez  confidérablement  dans  la  rivière ,  fur  les- 
quels les  canots  des  Nègres ,  &  même  les  chaloupes ,  ne 
laifient  pas  de  naviger  pendant  les  marées  ordinaires. 

On  compte  dix  lieues  de  l'embouchure  de  la  rivière,"1 
c'eft-à-dire  de  l'Iflet-aux-Oifeaux,  jusqu'à  l'Ifle-aux-Chiens  ; 
deux  de  cette  ifle  à  la  pointe  de  Lamay  :  deux  de  -  là  à 
Albreda;  ck  d'Albreda  à  Gilfray,  qui  eft  devant  le  fort 
des  Anglois ,  feulement  une  demi  -  lieue. 

En  entrant  dans  la  rivière ,  on  remarque  ,  à  gauche  ," 
une  pointe  fur  laquelle  il  y  a  une  grofle  toute  d'arbres  , 
au  milieu  desquels  il  y  en  a  un  beaucoup  plus  grand  6k 
plus  haut  que  les  autres ,  que  l'on  appelle  le  Pavillon  du 
Roi  de  Barre.  Les  Anglois  ,  fi  fiers  avec  des  nations  qui 
valent  infiniment  mieux  que  des  Nègres ,  fe  font  abfiffes 
jusqu'à  fâluer  avec  le  canon ,  toutes  les  fois  qu'ils  panent , 
ce  prétendu  pavillon  ;  6k  ils  y  ont  fi  bien  accoutumé  ce 
roi  Nègre  ,  qu'il  exige  cette  foumifîïon  de  toutes  les  na- 
tions qui  entrent  dans  la  rivière,  faute  de  quoi,  il  leur  in- 
terdit la  traite,  &  leur  fait  tout  le  mal  qu'il  peut.  Les 
Etats  de  ce  prince  n'ont  que  dix-huit  lieues  de  longueur, 
de  l'occident  à  l'orient,  fur  le  bord  fèptentrional  do  là 
rivière  de  Gambie.  Il  eft  renfermé  entre  cette  rivière  ,  6k 
celle  de  Guinac,  qui  eft  une  des  branches  ou  des  embou- 
chures de  celle  de  Salum. 

Tome  III.    D  ij 


28 


GAM 


GAM 


Avis  i 


Navigateurs. 


Quoique  la  rivière  de  Gambie  foit  profonde,  comme 
il  eft  aifé  de  le  voir  par  les  fondes  qui  font  marquées 
fur  la  carte  que  Damville  en  a  dreflée ,  tant  en  général , 
que  de  fon  embouchure  en  particulier,  on  doit  toujours 
avoir  la  fonde  à  la  main  ,  dès  qu'on  y  eft  entré  ,  ck  obier- 
ver  de  fe  tenir  toujours  plus  près  des  bancs  du  nord, 
que  de  ceux  du  fud,  à  caufe  d'une  pointe,  qui  eft  aux 
environs  de  la  pointe  de  Barre ,  fur  laquelle  il  n'y  a  que 
trois  braffes  d'eau.  Une  infinité  de  vaifleaux  y  ont  échoué 
pour  avoir  négligé  cette  précaution.  Il  eft  vrai  que^ce  n'eft 
qu'une  vafe  molle ,  fans  rochers  ,  6k  qu'à  moins  d'être  en- 
gagé fort  avant  fur  cette  pointe ,  6k  fort  près  de  terre ,  il 
n'y  a  rien  à  craindre;  mais  il  faut  beaucoup  travailler  pour 
fe  touer ,  6k  attendre  la  marée ,  pour  fe  tirer  de  ce  mau- 
vais pas.  On  doit  avoir  encore  foin,  dès  qu'on  approche  de 
l'Ifle-aux-Chiens ,  de  tenir  le  milieu  de  la  rivière ,  pou» 
éviter  une  pointe  de  cailloux  ,  qui  s'étend  environ  un" 
quart  de  lieue  dedans ,  6k  (ur  laquelle  il  ferait  dangereux 
d'échouer ,  à  caufe  de  la  violence  de  la  marée ,  qui  pour- 
rait, à  la  fin,  faire  crever  le  bâtiment ,  à  force  de  le  faire 
tanguer. 

Ce  danger  parlé ,  6k  l'Ifle-aux-Chiens  étant  doublée  , 
on  peut  ranger  la  côte  du  nord ,  dont  le  fond  n'eft  que 
■  de  vafe  ,  6k  mouiller  vis-à-vis  d'Albreda ,  ou  Gilfray , 
par  les  fix  ou  fept  braffes  d'eau  ,  fur  un  fond  de  bonne 
tenue ,  où  il  n'y  a  aucun  danger  à  craindre. 

On  reconnoît  ces  deux  villages ,  à  de  grands  arbres 
qui  font  dedans ,  6k  à  une  petite  ifle  ,  qui  eft  environ  au 
milieu  de  la  rivière  fur  laquelle  les  Anglois .  ont  bâti  un 
fort ,  avec  des  retranchemens  6k  des  batteries  qui  en 
occupent  tout  le  terrein ,  dont  la  fituation  eft  avantageu- 
se :  mais  il  n'y  a  ni  eau,  ni  bois  ,  ni  citerne  fur  ce  petit 
morceau  de  terre  ;  de  manière  que  les  Anglois  font  tou- 
jours à  la  discrétion  des  Nègres ,  chez  lesquels  il  faut 
qu'ils  aillent   acheter  le  bois  6k  l'eau  dont  ils  ont  be- 

La  rivière  de  Gambie  eft  d'une  largeur  confidérable 
devant  Albreda  6k  Gilfray,  &  jusqu'à  cinquante  lieues 
plus  haut.  On  lui  donne  à  Guiachor  plus  d'une  lieue  de 
large  ,  6k  devant  Albreda  6k  Gilfray,  plus  de  deux  lieues 
ck  demie  :  fa  profondeur  donne  moyen  aux  vaifleaux  de 
la  remonter  jusqu'à  deux  cens  cinquante  lieues  de  fon 
embouchure.  Un  navire  de  quatre  canons ,  6k  de  trois 
cens  tonneaux ,  la  peut  remonter  jusqu'à  Guiacher,  qui 
eft  à  cinquante  lieues  de  la  mer  ;  ck  un  de  cent  cinquante 
tonneaux  peut  aller  jusqu'au  deffous  de  Baraconda ,  qui 
en  eft  à  deux  cens  cinquante.  Le  flot  porte  jusques-là  de- 
puis le  mois  de  Décembre ,  jusqu'aux  mois  de  Juin  6k 
Juillet  ;  mais  la  rivière  devient  impraticable  le  refte  de 
l'année ,  à  caufe  des  inondations  qu'y  caufent  les  pluies 
qui  rendent  le  courant  fi  violent,  qu'il  n'y  a  pas  moyen 
de  le  furmonter  à  la  voile ,  quand  même  on  auroit  le 
vent  à  fouhait  ;  &  d'ailleurs ,  il  n'eft  pas  poflîble  de  faire 
haller  les  bâtimens  à  la  cordelle  ,  parce  que  tous  les  bords 
étant  fous  l'eau  ck  remplis  d'arbres,  couverts  d'eau  6k 
Mondes  en" tout  ou  en  partie,  il  n'y  a  point  de  che- 
«îin  où  les  hommes   puiffent  marcher  en  tirant  les  bâ- 


La  rivière  de  Gambie  eft  en  cela  bien  différente  du 
Niger,  que  l'on  ne  peut  remonter  pour  aller  à  Galam  , 
çjue  dans  le  tems  des  inondations ,  parce  qu'alors  les  pla- 
çons, ck  les  bancs  de  roches  font  aflez  couverts  d'eau  , 
pour  y  faire  parler  les  barques. 

Les  deux  bords  de  la  rivière  de  Gambie  font  partagés 
entre  plufieurs  feigneurs  Nègres,  qui  prennent  tous  la 
qualité  de  rois ,  quoique  les  Etats  de  quelques-uns  foient 
fi  petits ,  qu'ils,  en  peuvent  parcourir  plufieurs  fois  la  lar- 
geur, pendant  le  jour  ,  fans  le  fatiguer. 

Nous  ne  parlerons  que  de  ceux  qui  font  depuis  la 
pointe  de  Barre,  jusqu'à  deux  cens  cinquante  lieues  ou 
environ ,  en  remontant  la  rivière.  Ceux  qui  font  au-delà  , 
l'ont  peu  connus  pour  le  préfent  ;  peut-être  que  les  éta- 
bliffeinens ,  que  la  compagnie  fait  au  pays  de  Bambouc  , 
en  donnera,  dans  la  fuite,  une  connoiflance  plus  étendue 
&;  plus  certaine. 
Etats Jituès  au  bord [eptcnlrional  de  la  rivière deGambte, 

Les  royaumes }  qui  font  fitués  fur  le  bord  feptentiional 


de  la  rivière  de  Gambie  ,  font  celui  de  Bahre  ,  qui  jj 
comme  on  l'a  déjà  dit  ci-devant ,  a  dix-huit  lieues  d'é- 
tendue ,  le  long  de  la  côte  ,  à  compter  de  la  pointe  de 
Barre  :  après  le  royaume  de  Barra ,  on  entre  dans  celui 
de  Badelu.  Le  royaume  fuivant  eft  SanjaUi ,  qui ,  quoi- 
que petit,  eft  indépendant.  Plus  loin  on  trouve  celui  de 
Burfali  ou  Burfalum  ,  qui  s'étend  ,  le  long  de  la  rivière  , 
l'espace  de  quinze  lieues.  Après  Burfali,  vient  celui  de 
Yani ,  que  Labat  appelle  Guiania.  Celui  de  TToolli  fuc- 
céde  :  il  eft  appelle  Oubi  par  Labat. 

Ces  fix  royaumes  comprennent  cent  foixante  ck  dix- 
neuf  lieues  d'étendue  ,  en  les  mefurant  en  droite  ligne  , 
auxquelles,  fi  on  en  ajoute  foixante  ck  onze, pour  les  con- 
tours confidérables  que  la  rivière  fait  dans  cet  espace  de 
terrein ,  on  aura  deux  cens  cinquante  lieues  de  cours  de 
la  rivière ,  depuis  la  pointe  de  Barre  ,  jusqu'à  l'extrémité 
du  royaume  d'Oubi  ( "Woolli.  ) 

Etats  foués  au  bord  méridional. 

En  retournant  à  l'embouchure  de  la  Gambra,  pour 
fuivre  la  rive  du  fud ,  on  trouve  d'abord  ,  vers  la  mer ,  le 
royaume  de  Kumbo ,  qui  s'étend  depuis  le  cap  Sainte- 
Marie,  jusqu'à  la  rivière  de  Kabata.  Le  pays  fuivant  fe 
nomme  Fonia  ,  ck  s'étend  depuis  la  rivière  de  Kabata 
jusqu'à  celle  de  Bintam ,  c'eft-à-dire  ,  l'espace  de  fept 
lieues.  Après  le  pays  de  Fonia ,  on  entre  dans  celui  de 
Kaèn  la  rivière  de  Bintam  entre  deux.  A  l'eft  de  Kaën, 
on  trouve  Jagra.  On  entre  enfuite  dans  la  pays  A'Ya- 
mina  ,  qui  eft  fùivi  par  le  royaume  SEropina,  d'où  l'on 
entre  dans  celui  de  Jemarrow.  Après  Jemarrow,  on  trouve 
Tomani.  Au-delà  de"  Tomani ,  commence  le  royaume  de 
Kantor.  Ce  fut-là  que  Moore  finit  fon  voyage.  Il  compte 
depuis  Kolar,  ville  de  ce  dernier  royaume,  cinq  cens  milles 
jusqu'au  cap  Sainte-Marie ,  qui  fait  la  pointe  du  fud  de 
la  Gambra,  à  fon  embouchure. 

On  dit  que  des  marchands  de  Dieppe  ck  de  Rouen 
furent  les  premiers  Européens  qui  découvrirent  la  rivière 
de  Gambie.  Ils  en  étoient  en  pofleflion  ,  avant  que  les 
Portugais  navigeaffent  en  Afrique  ;  mais  ces  marchands 
négligèrent  ce  pays ,  parce  qu'ils  trouvèrent  la  Guinée 
plus  avantageufe.  Les  Portugais ,  à  leur  exemple ,  s'éta- 
blirent en  Afrique  ;  &  les  Anglois ,  à  leur  tour ,  y  portè- 
rent leur  commerce.  Ces  trois  nations ,  Françoife ,  Por- 
tugaife  ck  Angloife,  trafiquent  dans  la  rivière  de  Gambie: 
la  dernière  y  a  eu  un  fort  qui  a  été  pris ,  démoli  6k  re- 
bâti plufieurs  fois  :  on  l'a  appelle  le  fort  Jacques  ck  le 
fort  Charles  ,  du  nommes  rois  fous  lefquels  on  y  a 
travaillé.  J'en  ai  déjà  marqué  les  défauts.  On  y  manque 
d'eau  ck  de  bois. 
GAMBLE.  Voyez  Carleby. 
GAMBOAS  ,  (  Rio  de  )  rivière  d'Afrique  dans  la  haute 
Guinée,  entre  la  baie  de  Sainte- Anne  ck  la  rivière  de 
Scherbro.  Elle  vient  de  fort  loin ,  du  côté  du  nord ,  ck 
fe  rend  dans  la  mer,  deux  lieues  au  fud  des  illes  de  Som- 
breros. L'embouchure  eft  fermée  par  une  barre;  les  cha- 
loupes cependant  fe  font  un  paffage,  &  remontent  jufqu'à 
quinze  lieues.  *  Côte  de  Guinée ,  par  Bellin. 

GAMBON,  petite  rivière  de  France  ,  en  Normandie. 
Elle  à  fa  fource  au  village  d'Arcancey ,  éloigné  de  neuf 
lieues  du  gros  bourg  d'Ecouj^.  Ce  n'eft  qu  un  ruiffeau 
peu  profond  ,  ck  large  de  dix  à  douze  pieds  feulement. 
Il  pafîe  par  un  village  nommé  la  Rivière,  traverfe  le 
grand  Andely ,  où  il  fait  tourner  quelques  moulins ,  ck 
entre  dans  le  petit  Andely,  où  il  fert  au  même  ufage', 
ck  fe  jette  enfin  dans  la  Seine.  *  Corn.  Diftion. 

GAMBOULO,  ou  Gambalo,  en  latin  Gambo- 
latum ,  Campolatum  ,  ou  Ad  Columnas  ,  ou  dua  Co- 
lumnce ,  bourg  d'Italie  ,  au  duché  de  Milan  ,  dans  la 
Lomeline  ,  à  deux  milles  de  Vigevano. 

GAMBREIUM,ou  Gambrium.  Etienne  le  géo- 
graphe, nomme  G  A  M  BREIU  M  une  ville  d'Ionie  ;  6k 
Xenophon ,  Hijl.  Grive.  I.  3 ,  p.  481  ,  parlant  de  deux 
frères  ,  Gorgion  6k  Gongyle  ,  dit'  que  l'un  poffédoit 
Gambrium  &  Palœgambrium ,  c'eft-à-dire  les  villes  de 
Gambrium  ,  l'ancienne  &  la  nouvelle  ;  6k  l'autre,  Myrina 
6k  Grynium. 

GAMBREVES  ,  ancienne  ville  de  FEthiapie,  fous 
l'Egypte  ,  félon  Pline ,  1.6,  c.  19. 

GAMBRIVII,  ancien  peuple  de  la  Germanie.  Tacite, 
German.  ç.  2 ,  dit  :  On  donne  à  Mannus  trois  fils ,  dont 


GAM 


GAN 


les  noms  payèrent  aux  Ingaevons ,  voifins  de  l'Océan  ; 
aux  Herminons ,  qui  habitaient  au  milieu  ;  Se  aux  Iftse- 
vons ,  qui  occupoient  le  refte  de  la  Germanie.  Quelques- 
uns  affurent  que  ce  dieu  eut  un  plus  grand  nombre  d'en- 
fans ,  desquels  descendoient  les  Maries,  les  Gambriviens , 
les  Suéves ,  les  Vandales ,  Se  que  cas  noms  font  vrais  Se 
anciens.  Tacite  ne  donne  ceci  ,  que  comme  un  extrait  des 
chanfons  qui  tenoient  lieu  d'hiftoires  aux  Germains.  Ce 
pafiage  fait  voir  que  les  Gambrivii  étoient  un  peuple 
nombreux ,  mais  compofé  de  plufieurs  autres.  Ces  affem- 
blages  de  nations  font  fujets  à  changer  de  nom  ,  parce 
qu'il  y  en  a  toujours  quelqu'une  qui  prévaut  fur  l'autre. 
C'eft  ainfi  que  le  nom  de  Saxon  s'eft  confondu  en  An- 
gleterre avec  celui  d'Anglois  ;  celui  d'Alains  avec  celui 
de  Goths  ,  Sec.  Ainfi  il  eft  arrivé  qu'un  ou  plufieurs 
d'entre  les  peuples  compris  fous  le  nom  de  Gambriviens , 
ont  illuftré  leur  nom  qui  a  fait  perdre  infenfiblement 
celui  qui  étoit  commun  à  tous.  Dès  le  terns  d'Agufte: 
Se  de  Tibère  ,  ces  Gambriviens  n'étoient  plus  qu'une 
petite  nation;  c'eft  Strabon,  1.  7,  p.  2.91,  qui  le  dit: 
il  les  nomme  GamabRIUNi  ,  ru^aCel^/t,.  (  Il  faut  lire 
fans  doute  Ta.jx<t  ''"Imii,  ou  même  ra/j,Ce/«ni,  )  il  les 
joint  avec  les  Chérusques  ,  les  Chattes  Se  les  Chattua- 
riens.  Les  géographes  poftérieurs  ,  comme  Pomponius 
Mêla ,  Pline ,  Ptolomée  Se  les  autres  ne  les  connoiflent 
pas.  Tacite  lui-même ,  qui  fe  contente  de  les  nommer 
comme  une  nation  dont  les  chanfons  des  Germains  fai- 
foient  mention,  n'en  dit  pas  un  mot  dans  ks  annales  ni 
dans  fes  hiftoires.  Ils  ne  paroiffent  nulle  part  dans  les 
guerres  des  empereurs  Romains  en  Germanie. 

Cela  fait  voir  le  ridicule  de  quelques  favans  qui , 
croyant  trouver  quelque  reffemblance  de  lettres  ,  ont 
voulu  leur  trouver  un  pays.  Althamer  les  cherche  (  à 
Cambrai  ;  d'autres  les  confondent  avec  les  Sicambres  , 
8e  les  confinent  dans  la  Gueldre  ;  d'autres  enfin  en  font 
-Hambourg,  faute  de  favoir  que  Hambourg  s'eft  formé 
d'une  fortereffe  bâtie  par  Charlemagne  ,  pour  l'oppofer 
aux  courfes  des  Nations  barbares  au  -  delà  de  l'Elbe. 
Cluvier ,  German.  ant.  1. 3 ,  plus  fage  qu'eux ,  avoue  de 
bonne  foi  ,  qu'on  ne  fait  ce  que  c'etoient  que  les  Gam- 
brivii, ni  quel  étoit  le  pays  qu'ils  habitoient. 

GAMBRIUM.  Voyez  Gambreium. 

GAMBS ,  bailliage  delà  Suifle ,  enclavé  dans  la  baronie 
d'Altfax.  Il  y  a  un  bourg  fitué  à  deux  lieues ,  à  la  gauche 
du  Rhin.  Il  eft  fournis  aux  cantons  de  Schwits  Se  de 
Glaris. 

GAMBUA  ,  rài£*a. ,  ancienne  ville  d'Ane ,  dans  la 
grande  Phrygie,  félon  Ptolomée ,  1.  5,  c.  2.  L'interprète 
Latin,  Se  quelques  manuscrits,  entr'autres  ,  celui  de  la 
bibliothèque  Seguier  portent  GAMMAÙSA,  faunxSts*. 
GAMMACE  ,  ville  d'Arachofie  ,  félon  Ptolomée  , 
I.  6,  c.  20.  ra^t//«Kii. 

GAMMACORURA ,  montagne  d'Afie ,  dans  l'ifle 
de  Ternate,  l'une  des  Moluques  ;  on  la  nomme  auffi  le 
volcan  de  1  ernate  ,  parce  qu'elle  jette  des  flammes. 
L'auteur  de  l'hiftoire  de  la  conquête  des  Moluques  ,  t.  5, 
p.  112,  raconte  qu'au  commencement  de  Juillet  1608, 
le  tems  Se  la  mer  étant  calmes  ,  l'eau  commença  tout- 
à-coup  à  s'agiter  ;  l'orage  devint  affreux  ;  les  vagues 
furent  terribles ,  &  firent  périr  deux  gros  vaiffeaux  fiol- 
landois.  Quelques  jours  après ,  la  montagne  fit  un  bruit 
plus  épouvantable  que  n'en  feraient  neuf  ou  dix  gros 
canons  enfemble.  Elle  jettoit  des  flammes ,  fuivies 
d'une  épaiffe  fumée  qui  tournoyoit  dans  l'air.  Un  voya- 
geur, dont  cet  hiftorien  rapporte  le  fentiment ,  p.  378, 
dit  que  plufieurs  gens  fe  font  vantés  d'avoir  monté  fur 
le  fommet  de  la  montagne  de  Ternate  ,  mais  qu'il  ne 
peut  le  croire.  Ce  n'eft  pas  feulement ,  dit-il ,  par  la  diffi- 
culté de  paffer  au  travers  des  rofeaux  pointus  ,  qu'on 
nomme  canna-canna ,  dont  le  haut  de  cette  montagne 
eft  environné  ,  Se  par  la  difficulté  de  furmonter  des 
rochers  très-escarpés ,  mais  par  la  prodigieufe  quantité 
de  cendres  &  de  pierres  calcinées  qui  bouchent  les  pas- 
sages. Pour  la  hauteur  du  volcan ,  elle  n'eft  pas  extraor- 
dinaire. Ceux  qui  l'ont  mefurée  le  plus  exactement ,  ne 
la  font  aller  qu'à  trois  cens  foixante  toifes  Se  deux  pieds. 
Baudrand,  édit.  tyoS ,  dit  qu'elle  fut  presque  toute  ren- 
verfée  en  1673. 

GAMMALAMME  ,  ville  des  Indes,  dans  l'ifle  de 
Ternate ,  l'une  des  Moluques.  C'eft  où  le  roi  de  Ternate 
tient  fa  cour  ;  elle  eft  fituée  fur  le  rivage  de  la  mer ,  Se 


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ne^  contient  qu'une  rue ,  le  long  de  l'eau ,  qui  eft  à-peu^ 
près  la  longueur  dont  étoit  Amfterdam ,  depuis  la  porte 
de  Harlem  d'alors ,  jufqu'à  la  Réguliere-Porte.  Cette  rue 
n'eft  point  pavée.  L'églife  Se  quelques  maifons  font  de 
bois  ,  les  autres  font  de  rofeaux.  Il  n'y  a  point  de  rade 
pour  mouiller  devant  la  ville  ,  parce  qu'il  y  a  trop  peu 
de  profondeur ,  Se  que  le  fond  eft  pierreux.  Sur  les  bancs 
Se  les  baffes  qui  y  font ,  les  pêcheurs  vont  de  baffe  eau 
pêcher  de  petits  poiffons  qui  fe  tiennent  dans  les  creux 
entre  les  pierres.  Ils  en  pèchent  auffi  de  gros.  L'eau  eft 
fi  claire  dans  ces  parages  ,  qu'on  peut  fort  aifément  dis- 
cerner les  ancres  en  des  endroits  très-profonds ,  Se  voir 
les  poiffons  nager;  même  par-tout  où  il  y  a  fond,  on  le 
découvre,  Se  le  fond  femble  fouvent  n'être  qu'à  un  ou 
deux  pieds  de  profondeur,  quoiqu'il  y  ait  fouvent  quinze, 
feize,  ou  dix-fept  braffes  d'eau.  Les  habitans  ont  fait 
devant  le  port  une  jettée  de  pierre,  avec  une  entrée  au 
bout ,  afin  de  fe  mettre  à  couvert  des  furprifes.  Voilà 
ce  qu'on  en  dit  dans  le  fécond  voyage  des  Hollandois 
aux  ifles  Orientales  :  l'hiftoire  de  la  Conquête  des  Mo- 
luques ajoute  ce  qui  fuit. 

Les  Portugais  qui  ont  poffédé  les  Moluques ,  Se  qui 
les  perdirent ,  parce  que  les  habitans ,  mécontens  de  leur 
domination  ,  les  chafferent ,  avoient  à  Gammalamma  un 
château  où  le  roi  logeoit ,  une  églife  dédiée  à  S.  Paul , 
un  couvent  de  Dominicains,  un  baftion  revêtu  de  pierres, 
&  trois  ou  quatre  maifons  qui  en  étoient  toutes  bâties. 
Je  ne  fais  fi  ce  château  étoit  différent  du  /fort  de  Gam- 
malamma ,  où ,  fous  la  domination  des  Espagnols ,  il  y 
avoit  une  garnifon  de  deux  cens  Espagnols  ,  de  quatre- 
vingt-dix  habitans  des  Philippines  ,  trente  familles  Por- 
tugaifes ,  foixante  Se  dix  du  quatre-vingts  familles  Chi- 
noifes  ,  de  toutes  fortes  de  métiers  ,  Se  cinquante  à  foi- 
xante familles  des  naturels  du  pays,  qui  avoient  embraffé 
le  Chriftianisme.  Cette  fortereffe  fut  démolie  après  que 
les  Espagnols  l'eurent  abandonnée.  Elle  étoit  différente 
du  fort  de  Saint-Pierre  Se  Saint-Paul ,  fitué  fur  une  hau- 
teur. Cette  ville  &  l'ifle  de  Ternate  font  préfentement 
aux  Hollandois.  *  Voyages  de  la  Compagnie  Hollandoifi 
des  Indes  orientales  ,   t.  1 ,  p.  5i%  ;  &  t.  3  ,  p.  30 ,  14g 

GAMPHASANTES  ,  ancien  peuple  de  la  Libye. 
Pomponius  Mêla,  I.  1  ,  c.  4,  n.  25  ,  en  parle  comme 
d'un  peuple  très-fauvage ,  fans  toît  ni  maifon ,  qui  alîoit 
tout  nud  ,  qui  n'avoit  aucunes  armes  ,  qui  n'en  con- 
noiffoit  pas  même  l'ufage  ,  Se,  par  cette  raifon,  fuyoit 
la  rencontre  des  autres  hommes  ;  il  n'avoit  d'entretien 
qu'avec  ceux  qui  avoient  les  mêmes  mœurs  Se  les  mê- 
mes manières.  Pline,  1.  s;  ,  c.  8,  a  dit  la  même  chofe, 
en  moins  de  paroles  :  Gapfamantes  nudi  prtzliorumqut 
expertes,  nulli  externo  congregantur.  Solin  Se  Martianus 
Capella  ont  pris  de  ces  deux  auteurs  ce  qu'ils  difent  fur 
ce  fujet. 

GAMPHELAS.  Voyez  Malea. 

GAMPSELI ,  r«HJi>  /,  ville  de  la  Macédoine ,  félon 
Héfyche.  Voyez  GALEPSUS.   i. 

GAMRON  ,  ou  Gomrom.  Voyez  Bander- 
Abassi. 

GAMUNDE.  Voyez  Gemund. 

GAMUNDIA.  Charlemagne  nomme  dansun  diplôme, 
Haubtrtinga,  Erelinga,Adalunga,  &  Gamundia,  comme 
autant  de  lieux  du  duché  d'Allemagne.  L'ancienne  Alle- 
magne ,  proprement  dite  ,  étoit  la  Suabe  ;  on  y  trouve 
encore  Gemund  fur  le  Rems ,  EJlingen  fur  le  Necker , 
Sec.  Voyez  Swabïsche  Gemund ,  au  mot  Gemund. 

1.  GÀN,  royaume  d'Afrique,  en  Ethiopie,  dans  la 
partie  méridionale  de  l'Abiffinie.  Les  Portugais  le  nom- 
ment Ganhe.  Il  eft  fitué  aux  deux  côtés  de  la  rivière  de 
Haouache,  Se  a  le  royaume  d'Ifat  au  nord,  celui  de  Bali 
à  l'orient,  celui  d'Ogge  au  couchant,  Se  il  a  au  midi  le 
royaume  des  Galles,  dont  il  eft  devenu  la  proie.*  Ludolph. 
Hiftoire  Se  Carte  de  l'Ethiopie. 

2.  GAN,  royaume  de  la  grande  Tartarie.  Au  nord-eft, 
il  confine  au  royaume  de  Tum-Jan;  à  l'occident,  au 
fleuve  Tcin-hin-ho.  Sa  capitale  eft  O-lan-mi-tching.  C'efl 
l'ancien  pays  de Ki, l'un  des  cinq  royaumes  de  Kam-kin, 
fous  les  Han.  On  y  compte  quarante  villes,  Se  cent  vil- 
lages. *  Hiftoire  générale  des  Huns  ,  t.  2  ,  p.  73. 

3.  GAN  ,  ville  de  la  Chine  ,  dans  la  province  de 
Suchuen ,  au  département  de  Chingtu ,  première  métro- 
pole de  la  province.  Elle  eft  plus  occidentale  que  Pékin, 


3° 


GAN 


GAN 


de  1 3  d.  8' ,  par  les  3 1  -d.  16'  de  latitude.  Atlas  S'mtnfts. 
4.  GAN  ,  ville  de  la  Chine ,  dans  le  Pékéli,  au  dépar- 
tement de  Paoting ,  féconde  métropole  de  la  province. 
Elle  eft  plus  occidentale  que  Pékin  de  1  d.  io' ,  par  les 
39  d.  il'  de  latitude.*  Atlas  Sintnfis, 

GANA  ,  ville  de  l'Arabie  heureufe ,  fur  le  haut  d'une 
montagne  ,  au  milieu  du  pays ,  à  foixante  lieues  de  Mo- 
cha,  au  feptentrion  ,  &  autant  de  Xaël,  félon  Baudrand, 
édit.   1705. 

GANABARA ,  rivière  de  l'Amérique  ,  au  Brefil. 
C'eft  la  même  que  RlO-JANEÏRO.  *  Baudrand,  édit. 
1705. 

GANACHE,  ou  la  Garnache,  petite  ville  de 
France ,  dans  le  Poitou,  aux  confins  de  la  Bretagne,  à 
deux  lieues  de  Machecou ,  &  à  trois  de  la  mer.  *  Maty 
&  Corn.  Dift. 

GANADIS.  Métaphrafte  nomme  ainfi  la  patrie  de 
fainte  Samone  ;  ce  lieu  devoit  être  vers  la  Méfopo- 
tamie ,  peu  loin  d'Edefïe  ,  fuivant  la  conjecture  d'Or- 
télius. 

GANAH,  ville  d'Afrique.  D'Herbelot ,  Bibliothèque 
orientale ,  la  décrit  ainfi  :  Ganah  ,  ville  capitale  du  pays 
des  Soudans  ,  c'eft-à-dire  des  Nègres ,  fituée  entre  le 
premier  climat  &  la  ligne  équinoxiale,  fur  une  rivière 
femblable  au  Nil  d'Egypte ,  qui  la  fépare  en  deux  parties 
presque  égales  :  la  partie  feptentrionale  eft  habitée  par 
des  Mahométans  ;  la  méridionale  n'eft  peuplée  que  de 
Cafres  &  d'infidèles.  Il  y  a ,  aux  environs  de  cette  ville  , 
plufieurs  mines  d'or  très-  pur  &  très-fin  ;  mais  celui  des 
rivières  le  furpaffe  encore  en  bonté.  Abdelmoal  &  Ednflï, 
géographes  Orientaux ,  la  placent  entre  les  villes  du  pre- 
mier climat,  &  difent  qu'il  y  a  auprès  de  Ganah  un  lac 
d'eau  douce,  &  un  château  très -fort,  fur  le  bord  du 
fleuve,  qui  fut  bâti  l'an  510  de  l'hégire,  par  un  prince 
de  la  maifon  de  Saleh  ,  fils  d'Abdallah ,  lequel ,  quoique 
de  la  race  d'Ali  &  de  Huffain ,  ne  laiffoit  pourtant  pas 
de  reconnoître  le  Khalife  de  la  maifon  des  Abbaflides , 
qui  réfidoit  à  Bagdet.  .  .   . 

Entre  le  pays  de  Ganah  &  la  Barbarie ,  qui  eft  fur  la 
côte  d'Afrique,  il  n'y  a  qu'un  fort  grand  défert,  nommé 
Sahara  ,  ou  Sahra,  au  bout  duquel  eft  la  ville  de  Gou- 
gah ,  après  un  mois  Se  demi  de  chemin.  C'eft  tout  ce 
que  d'Herbelot  dit  de  la  ville  de  Ganah ,  qu'il  tire  des 
géographes  Arabes.  Edriffi  qu'il  cite  ,  &  qui  eft  plus 
connu  fous  le  nom  de  géographe  de  Nubie  ,  nomme  la 
double  ville  Ghana.  Voyez  ce  mot.  Ce  royaume  s'appelle 
aufli  Caffena.  Voyez  CassenA. 

GAN ARAH ,  vihe  d'Afrique ,  dans  la  Nigritie.  D'Her- 
belot ,  Bibliothèque  orientale  ,  dit  qu'elle  eft  forte  & 
peuplée  ,  fituée  fur  le  Nil  des  Nègres  (  c'eft-à-dire  fur  le 
Niger.  )  Il  ajoute  qu'elle  eft  des  dépendances  de  Ganah , 
&  qu'elle  obéit  à  fon  roi.  Le  géographe  de  Nubie ,  ipart. 
clim.  1.  ».  12,  compte  onze  Jlations  ,  entre  Reghébil 
&  la  ville  de  Ghanara  ,  &.  de  cette  dernière  à  Ghana 
onze  autres.  Cette  mefure  n'eft  pas  régulière ,  puisque  les 
lieux ,  où  l'on  peut  s'arrêter ,  ne  font  pas  également  éloi- 
gnés les  uns  des  autres  ;  cependant  une  ftation  peut  être 
évaluée  à-peu -près  à  vingt- cinq  mille  pas.  Ainfi  onze 
ftations  valent  deux  cents  vingt- cinq  mille  pas.  Il  obferve 
de  plus  que  Reghébil  eft  fur  le  rivage  d'un  grand  lac ,  & 
que  Ghanara  eft  au  bord  du  Nil,(il  nomme  ainfi  le  Niger,) 
&  qu'elle  eft  fortifiée  d'un  bon  fofTé,  &  qu'enfin  le  peu- 
ple y  eft  fort  &£  très-nombreux.  Cette  diftance  égale  de 
Reghébil  à  Ghanara ,  rk  de  Ghanara  à  Ghana  ,  ne  s'ac- 
corde pas  avec  la  pofition  de  De  rifle ,  qui  met  Ouangara 
ou  Ghanara ,  beaucoup  trop  au  couchant,  &c  au-deffus  de 
Ghana. 

GANCHING  ,  ville  de  la  Chine.  Voyez  Ganking. 
GANCHOANG,  forterefle  de  la  Chine,  dans  la  pro- 
vince de  Queicheu,  au  département  de  Lungli ,  quatrième 
ville  militaire  de  la  province.  Elle  eft  plus  occidentale 
que  Pékin  de  12.  d.  23',  par  les  26  d.  a'  de  latitude. 
*  Atlas  Sintnfis. 

GAND  ,  ville  des  Pays  -  bas  Autrichiens ,  au  comté 
de  Flandres ,  dans  le  quartier  auquel  elle  donne  fon  nom. 
Elle  eft  la  capitale  du  comté  de  Flandres ,  &  l'une  des 
grandes  villes  des  Pays-bas.  Le  canton ,  où  elle  eft ,  fut 
premièrement  habité  par  les  anciens  Gorduni  ou  Gondu- 
ni ,  cliens  des  Nerviens ,  &  enfuice  par  les  Romains ,  que 
Jules-Céfar  y  mit  en  garnifon.  Les  Vandales ,  les  Francs , 
les  Germains  s'en  emparèrent  fjjçççffivernent,  Ces  der- 


niers étoient  des  Saxons  ,  que  Charlemagne  fit  parler 
clans  ce  pays.  Cette  ville  eft  remarquable  pour  fa  gran- 
deur ,  fk  pour  la  beauté  de  fa  fkuation ,  à  caufe  des  ri- 
vières ,  des  ruiffeaux,  des  fontaines  qui  l'arrofent  ,  des 
prairies ,  des  collines  qui  l'environnent ,  &  la  douceur  de 
l'air  que  l'on  y  respire.  Elle  a  Anvers  au  nord-eft ,  Ma- 
lines  à  l'orient ,  Bruxelles  au  fud-eft ,  &C  Middelboug  au 
nord  occidental.  Tous  ces  lieux  font  à-peu-près  à  la 
même  diftance  d'environ  onze  lieues  ,  excepté  Bruxelles, 
qui  eft  un  peu  moins  éloignée  que  les  autres.  Sa  longitude 
eft  de  xi  d.  35'  ;  &£  fa  latitude'eft  de  51  d.  3'  ;  l'aspecî 
en  eft  beau ,  ck  elle  n'eft  qu'à  quatre  pas  de  la  mer.  On 
lui  donne  trois  milles  d'Allemagne  de  tour.  *  Sanderi  , 
Flandr.  illuftrat.  t.  1  ,  p.  81./.  Cafar,  Comment,  de  B. 
Gall.  1.  5.  Meyer  Annal.  1.  1. 

Les  rivières  ,  qui  l'arrofent ,  font  l'Escaut  ,  qui  vient 
d'Oudenarde,  la  Lys  qui  vient  de  Courtray;  elles  fe  joi- 
gnent à  Gand  :  la  Liéve  ne  s'y  rend  que  par  les  travaux 
que  l'on  a  faits  pour  l'y  conduire ,  en  la  groflîvfant  de 
quelques  ruiffeaux  ,  &  la  Moëre ,  qui  vient  de  Moër- 
beck.  Le  canal  que  l'on  a  ménagé  entre  Gand  &  le  Sas 
de  Gand ,  établit,  avec  la  mer,  une  communication  très- 
avantageufe  à  la  ville  &  au  pays.  On  le  commença  l'an 
1537  ;  &  on  le  pouffa  jusqu'à  la  digue  ,  que  fon  perça 
en  1562.  L'autre  canal,  qui  mené  de  Gand  à  Bruges, 
&C  de-là  à  Oftende ,  fut  commencé  en  161 3  ,  fous  le  gou- 
vernement d'Albert  6c  d'ifabelle.  Les  rivières ,  dont  on 
vient  de  parler  ,  entourent  &t  coupent  la  ville  de  telle 
manière,  qu'elles  y  forment  26  ifles  ,  &  la  rendent  d'au?- 
tant  plus  forte,  qu'enfermant  les  éclufes,  on  peut  inon- 
der les  environs  jusqu'à. la  diftance  d'un  mille.  La  der- 
nière enceinte  qu'on  a  faite  contient  de  circuit  en  de- 
dans 45640  pieds,  mefure  d  Anvers ,  ce  qui  revient  à 
plus  de  fept  milles  d'Italie  ;  mais  en  mefurant  par  dehors  , 
'  il  y  en  aura  plus  de  neuf,  ce  qui  fait  au  moins  trois 
lieues.  Mais  dans  cette  enceinte,  il  y  a  des  espaces  qui  ne 
font  ni  bâtis  ni  habités. 

Charles-Quint ,  qui  naquit  dans  cette  ville ,  y  fit  bâtir 
une  citadelle  au  même  lieu  où  étoit  auparavant  le  fa- 
meux monaftere  de  S.  Bavon.  Elle  fert  à  tenir  dans  le 
respeft  les  habitans ,  dont  Fhiftorien  de  Serres  ne  parle 
pas  trop  favorablement.  Il  dit  d'eux, dans  la  Vie  de  Char- 
les V,  &  dans  celle  de  Louis  XI  :  Ceux  de  Gand,  peuple 
naturellement  motif ,  (  c'eft-à-dire  inquiet ,)  parlant  de 
Gand ,  il  ajoute  :  Grande  ville  &  autant  groffe,  d'humeur 
chagrine  &  querelkufe  ;  &  il  qualifie  les  habitans ,  de 
peuple  remuant ,  &  fécond  en  inconftance  aux  Liégeois. 
Il  donne  des  preuves  de  leur  penchant  à  la  révolte  dans 
la  Vie  de  Charles  VI.  Ils  chafferent  un  comte ,  leur  fei- 
gneur  héréditaire ,  au  fujet  d'un  braffeur  de  bière.  Charles 
le  Hardi  les  affujétit;  mais  Charles  V  régna  fur  eux,  èc 
les  brida  par  la  citadelle  dont  ort  vient  de  parler.  De  la 
tour  du  béfroi ,  nommée  Belfort ,  (  en  latin  de  Bella- 
forte  )  on  a  la  vue  fur  la  ville  &  fur  le  château  ;  on  y 
monte  par  cinq  cents  marches  ou  degrés,  &  elle  contient 
une  cloche  nommée  Roland,  qui  fonne  les  heures,  pefe 
onze  milliers,  &:  qui  a  fouvent  fervi  à  fonner  le  toefin  ; 
c'eft  ce  qui  eft  exprimé  en  deux  vers  qu'on  y  lit.  *  Iti-. 
nerar.  Belgico.  Gallic.  p.  19: 

Rolant ,  Rolant,  als  ick  kleppe  dan  is't  brant , 
Als  ick  luye  dan  is  't  Oorlogein  Vlaenderlant. 

C'eft-à-dire  que  l'on  tinte  cette  cloche  pour  avertir  en 
cas  de  feu ,  &£  qu'on  la  met  en  branle  pour  fonner  l'alarme, 
quand  la  guerre  eft  en  Flandres.  Au  haut  de  cette  tour 
eft  un  dragon  de  cuivre  doré ,  de  la  groffeur  d'un  taureau. 
Il  a  les  ailes  étendues.  Il  fut  envoyé  de  Conftantinople  , 
du  tems  de  Baudouin,  comte  de  Flandres.  2?/aeK,Theatr. 
Urb.  Belg. 

Les  édifices  de  Gand,  en  général,  font  magnifiques  ,' 
à  proportion  les  uns  des  autres.  Laurent  Surius  dit  avoir 
vu  en  cette  ville  fept  égliiès  bâties  par  autant  de  rois  ; 
mais  ii  n'en  marque  ni  les  noms  ni  les  époques. 

On  compte  dans  l'enceinte  de  la  ville  vingt-fix  ifles 
formées  ,  comme  il  a  été  dit ,  par  les  rivières  &  par  les 
canaux ,  Se  occupées  par  des  maifons  tant  publiques  que 
particulières.  Sans  parler  de  quantité  de  petits  ponts ,  il 
y  en  a  quatre-vingt-dix-huit,  affez  grands,  pour  que  des 
bateaux  chargés  de  provifions  ,  ou  de  marchandifes  , 
pùiffent  pafîer  commodément  deflous.  Il  y  a  fix  moulins 
à  l'eau  j  6c  plus  de  lis  vingts  à  vent, 


GAN 


CAN 


Là  ville  contient  treize  places  publiques  ou  marchés. 
Le  plus  important  eft  der  freydags  marck,  ou  le  marché 
du  vendredi ,  parce  que  tous  les  vendredis  on  y  tient 
un  marché  public.  C'eft  dans  cette  place  que  l'infante 
Ifabelle  érigea  une  ftatue  à  Charles  V,  fon  aïeul ,  avec 
ces  injctiptions  :  D.  Carolo  V*,  Imp.  Caf.  Aug.  Pio. 
Fdici.  Turc.  German.  Gall.  liai.  Hisp.  Sic'd.  &  Indiar. 
Régi.  Flandria  Comiti.  P.  P.  Sac.  I/rw.  Vindici ,  quit- 
us ,  Auspici.  D.  tf.  Principi  potentijf.  viclori  ac  tnum- 
phatori  perpetuo,  Magno  :  Max.  univerji  Chrifiiani  Orbis 
bono,  Deo  volente,  cœlo  f avenu ,  huic  urbi  fax  Flandr. 
Max.  féliciter  innato.  Sur  l'autre  côté  ort  lit  ; 

Alberto  Aujlriaco ,  Maximiliani  II.  Imp.  F.  &  If  li- 
bella Clara  Eugenia  Philippi  II.  Hisp.  Régis  filia , 
Auftria.  Archiducibus.  Belgia  P.  P.  hanc  urbem  lœtiff. 
civium  applaufu  ingredientibus ,  annofalutis  Chrifti.  CI3 
ioxcix.  &c.  Coff.  S.  P.  Q.  G. 

On  devoit  mettre  tout  au  long  ces  mots ,  Turcico,  Ger- 
mamco,  Gallico,  Italico ,  comme  les  anciens  donnoient 
à  leurs  généraux  les  furnoms  des  nations  qu'ils  avoient 
vaincues.  En  ne  mettant  point  les  mots  entiers,  on  peut 
lire  Turciœ,  Germania,  Galliœ,  Italia,  Hispanice  ,Si- 
cilia  &  Indiarum  Régi ,  &C  croire  que  Charles  V  avoit 
conquis  la  Turquie ,  l'Allemagne  ,  la  France ,  l'Italie ,  & 
qu'il  y  régnoit  de  même  qu'en  Espagne ,  en  Sicile  &C  aux 
Indes;  ce  qui  eft  bien  éloigné  de  la  vérité. 

Il  y  a  à  Gand  un  ancien  château,  nommé  la  Cour  du 
Prince,  où  font  trois  chambres.  On  en  montre  une  qui 
n'a  pas  plus  de  trois  aunes  en  quarré ,  &t  qui  a  été  le  pre- 
mier appartement  qu'ait  occupé  Charles  -  Quint ,  avant 
qu'il  fût  empereur. 

La  maifon  de  ville  eft  compofée  de  deux  bâtimens , 
dont  un  fut  commencé  l'an  1481  ,  &c  l'autre  en  1600. 
On  voit  au  Commet  A  &  I  couronnés  ;  ce  font  les  let- 
tres initiales  des  noms  d'Albert  &  d'Ifabelle  :  au-defïbus 
le  foleil  &  la  lune  avec  ces  mots,femel  tkfemper.Les 
chambres  &  la  chapelle  font  ornées  de  ftatues,  de  ta- 
bleaux &  d'inscriptions. 

On  compte  lv  édifices  publics ,  foit  églifes ,  monafte- 
res, hôpitaux,  tk  autres  maifons  de- pié.é  ;  les  quatre 
ordres  mendians  y  ont  leurs  couvens.  La  principale  églife 
étoit  dédiée  fous  l'invocation  de  S.  Jean-Baptifte  ;  mais 
l'empereur  Charles  V  ayant  élevé  une  citadelle  fur  l'ab- 
baye de  S.  Bavon,  où  il  avoit  été  baptifé  en  1 500,  trans- 
féra l'abbé  &  les  moines ,  avec  leur  revenu ,  à  l'églife 
S.  Jean,  qui  a  pris  depuis  le  nom  de  S.  Bavon,  qu'elle 
porte  dans  tous  les  aftes  publics.  L'abbaye  6c  l'ordre 
de  S.  Bavon  furent  fécularifés  en  1537,  Semis  en  cha- 
noinie-  Philippe  II,  obtint  du  pape  Pau!  IV,  qu'elle  fût 
érigée  en  cathédrale,  &  que  Gand,  qui  étoit  du  diocèfe 
de  Tournai ,  fût  un  évêché  fuffragant  de  Malines  ;  mais 
Corneille  Janfénius  ,  qui  en  fut  premier  évêque ,  n'y  fit 
fon  entrée,  qu'en  1568.  Cet  évêché  comprend  fept 
doyerînés,  favoir, 


J» 


Evergem  , 

Termonde  , 

Waës, 

Oudenarde  3 

Hulft, 

Deinze , 

ck  Thielt. 

On  y  compte  183  paroiffes  ,  dont  fept  font  dans  la  ville: 
les  principales  font  celles  de  S.  Bavon  ck  de  S.  Michel. 
Il  y  a  cinq  belles  abbayes,  entre  lesquelles  celle  de  fàint 
Pierre  de  Blandinberg ,  tient  préfentement  le  premier 
rang ,  par  fon  ancienneté  &  fa  grandeur ,  &  par  fajuris- 
diftion  éccléfiaftique  tk  temporelle  ,  qui  s'étend  fur  plu- 
fieurs  villages.  S.  Amand,  qui  a  été  depuis  évêque  de 
Maftricht  (a) ,  étant  dans  le  cours  de  fes  millions ,  bâtit 
à  Gand  deux  monafteres  vers  l'an  63  5  ,  fous  le  nom  de 
S.  Pierre.  L'un  fut  appelle  depuis  du  nom  de  S.  Bavon  , 
le  compagnon  des  travaux  apoftoliques  de  S.  Amand  , 
&:  il  vécut  ck  mourut  en  cet  endroit  ;  l'autre  fut  appelle 
Blandinberg ,  à  caufe  de  fa  fituation  fur  la  montagne  de 
Blandin  (  in  monte  Blandinio.  )  L'abbaye  de  Bodelo  (b) 
ordre  de  Cil  eaux,  fut  commencée  l'an  1 197  ;  ce  nom  eft 
abrégé  de  Balduini  locus  ou  lucus ,  ou  laus.  L'abbaye 
de  Drongene ,  en  latin  Trunchinium ,  ordre  de  Prémon- 
tré ,  fut  bâtie ,  vers  Tan  633  ,  fur  la  Lys ,  en  un  lieu  qui 
étoit  auparavant  un  château.  Elle  fut  détruite  en  883  par 
les  Normands;  Eaudouin,  comte  de  Flandres,  la  rebâtit 
deux  ans  après,  faint  Livin ,  évêque  Irlandois ,  venant  de 


fon  pays,  1  an  653  ,  le  retira  d'abord  dans  l'abbaye  où 
S.  Bavon  venoit  d'être  enterré.  H  paiïa  de-là  en  Brabant. 
Il  fut  enfuite  martyrifé  près  d'Aloft  en  Flandres  ,  l'an 
656;  fon  corps  fut  transporté  ,  vers  l'an  1020,  à  Gand 
dans  l'abbaye  de  S.  Bavon.  faint  Macaire  d  Arménie  * 
archevêque  au  Levant,  termina  tous  fes  voyages  dans  la 
ville  de  Gand,  &  mourut  l'an  loi 2,  dans  l'abbaye  de 
S.  Bavon  ,  où  il  s'étoit  retiré  avec  fes.  compagnons.  II 
fut  enterré  dans  l'églife  de  Notre-Dame,  bâtie  exprès 
pour  lui  dans  cette  abbaye ,  qui  a  été  depuis  ruinée  Se 
changée  en  chapitre  ,  &  enfin  rafée  en  1541 ,  pour  faire 
place  à  la  citadelle.  Il  y  eut  plufieurs  corps  faints ,  trans- 
portés à  Gand ,  de  divers  pays  ,  par  les  foins  d  Arnould 
le  Grand ,  marquis  de  Flandres ,  entr'autres,  ceux  de  faint 
Bertoul,  de  S.  Valouay,  de  S.  Gouau,  de  S.  Vandril- 
les ,  abbé  de  Fontenelles  ,  de  S.  Ansbert ,  évêque  de 
Rouen.  Celui  de  fainte  Amelberge,  vierge ,  fut  aufli  trans- 
porté dans  la  même  ville ,  &  dépofé  dans  l'églife  de 
S.  Pierre  de  Blandinberg  ;  mais  ceux  d'Abbeville  croient 
pofféder  celles  de  S.  Ulfran ,  évêque  de  Sens ,  celles  de 
S.  Vandrilles,  de  S.  Ansbert,  évêque  de  Rouen.  L'abbé 
&  les  moines  de  S.  Bavon  de  Gând,  feigneurs  de  la  terre 
&  de  l'églife  de  Wintershove ,  enlevèrent  de-là  les  re- 
liques de  S.  Landoald  ,  fondateur  du  lieu ,  de  S.  Adrien 
Meffager,  fon  difciple,  de  S.  Amance  ck  de  quelques 
autres  ,  &  les  transportèrent  dans  leur  églife,  l'an  890. 
Ce  monaftere  de  Blandinberg  eft  le  même  que  celui 
dont  il  eft  parlé  au  titre  de  Blandigni.  Voyez  ce  mot. 
*  Baillet  Topogr.  des  Saints ,  1  part.  (b)  Sander,  Fland. 
Illuftr.  p.  m 

Outre  ces  abbayes ,  il  y  a  une  Chartreufe  ,  des  Do- 
minicains ,  des  Auguftins ,  des  Récollets ,  des  Capucins  , 
des  Carmes,  des  Jéfuites  ,  des  Jéfuites  Anglois  ,  &c.  ÔC 
quantité  de  monafteres  &  couverts  de  filles. 

La  ville  a  huit  portes  dont 'Voici  les  noms, 

Mùy de  Porte,,  ou  la  porte  du  Sas.  La  première  &  là 
féconde. 

La  porte  d'Anvers ,  qui  eft  auprès  de  la  citadelle, 

La  porte  Impériale. 

La  porte  de  faint  Lievin. 

Heuverspoort. 

PeurffûLe  Poort. 

Brughfe  Poort. 

On  y  compte  environ  trente-cinq  mille  maifom.  Le 
gouvernement  de  la  ville  a  été  changé  en  diverfes  occa- 
lîons  ;  &  les  Gantois ,  par  leurs  révoltes ,  ont  fouvent 
perdu  de  leurs  privilèges.  La  ville  eft  gouvernée  par  un 
magiftrat  choifi  dans  les  principales  familles ,  auquel  on 
joint  un  grand  bailli  (  hoog-baitju.  ) 

Longuerue  ,  dans  fa  Description  de  la  France ,  deu- 
xième partie,  p.  62,  dit.  que  le  quartier  de  Gand  eft 
le  centre  de  la  province  de  Flandres.  Gand  &  fon  ter- 
ritoire étoient  déjà  connus  dans  le  feptiéme  fiécle  , 
comme  on  le  voit  par  Baudemond ,  dans  fa  Vie  de  faint 
Amand,  &  par  S.  Ouën,  qui  a  écrit  celle  de  S.  Eloi; 
l'un  &  l'autre  marque  Ganda  &  Pagus  Gandenjls.  On 
appelloit  auffi  cette  ville  Ganda  ,  dans  le  neuvième  fiécle  , 
comme  on  le  voit  par  l'autorité  d'Eginhard  ,  dans  1» 
Traité  qu'il  a  fait  fur  les  faints  martyrs  Marcellin  &  Pierre, 
&  dans  les  Annales  qui  lui  font  attribuées  ;  mais  dans  la 
fuite  ,  le  mot  Ganda  fut  changé  en  Gandavum  ,  qui  étoit 
déjà  en  ufage  vers  la  fin  du  dixième  fiécle  ,  comme  on 
le  voit  par  une  patente  du  roi  Lothaire,  qui  fait  men- 
tion du  lieu  Gandavum  vicum  ,  où  l'Escaut  &  la  Lys 
fe  joignent,  ubi  Lagia  &  Scaldis  Jlumina  confiuunt.  Les 
écrivains  du  douzième  5f  du  treizième  fiécle ,  &  ceux 
qui  les  ont  fuivis ,  le  fervent  du  même  nom  Gan- 
davum. 

Nous  avons  déjà  remarqué  ailleurs ,  que  la  Flandres 
ne  contenolt  point  le  pays  ,  ni  le  territoire  de  Gand  , 
qui  étoit  alors  une  dépendance  du  Brabant ,  du  tems  de 
Charlemagne  &£  de  Louis  le  Débonnaire,  comme  on  le 
voit  par  les  lettres  de  ces  deux  empereurs  ,  où  il  eft  fait 
mention  de  Ganda ,  in  pago  Bragbando  ,  ou  Brach- 
bantenji. 

Marlien  ck  Sanfon ,  voyant  qu'on  appelle  en  flamand 
ou  en  allemand  cette  ville  Ghent  ,  fe  font  imaginés 
qu'elle  appartenoit  au  peuple  CentRONES  ,  marqués 
dans  les  Commentaires  de  Céfar,  fe  fondant   fur  une 


32 


GAN 


GAN 


(impie  rèffemblance  de  nom.  Mais  les  pins  anciens  ont 
appelle  cette  ville  Ganda ,  dans  lequel  nom  il  ne  fe 
trouve  -qu'une  feule  lettre  de  Centrones.  Ainn  il  eft  au- 
jourd'hui impoflîble  de  (avoir  la  véritable  fituation  des 
CtntTones  &£  des  PUwnofîi,  marqués  dansées  Commen- 
taires de  Jules-Céfar.  Ce  qui  eft  certain,  c'eft  que  Gand, 
&  la  plus  grande  partie  de  la  Flandre,  appartenoit  aux 
peuples  Ncrvii ,  qui  étoient  des  plus  puiflans  d'entre  les 
Belges ,  &  qu'il  s'éteitdoit  le  long  de  l'Océan  ,  comme 
-on  le  voitpar  la  lettre  de  S.  Pauïin  à  Vi&rice  ,  évêque 
de  Rouen,  qui,  le  premier,  prêcha  la  foi  à  ces  peu- 
ples ,  &  par  la  Notice  de  l'Empire  ,  où  il  eft  fait  men- 
tion ,  en  plufîeurs  endroits ,  de  la  côte  Nervienne ,  Nervi- 
canum  Littus.  \ 

Gand  fut  donné  par  Charles  le  Chauve  a  fon  gendre 
Baudouin  ,  premier  comte  de  Flandres  :  elle  devint 
dans  la  fuite  la  plus  grande  des  villes  des  Pays-bas.  Les 
habitans ,  qui  étoient  en  grand  nombre ,  &  fort  riches , 
fe  gouvernoienf  en  république  ,  &  n'obéifloient  que  fe- 


1180.  Leur  fils ,  Hugues  de  Sotenghien ,  n'eut  point  d'en- 
fans  ;  &t  fon  héritière  fut  fa  feeur  Marie  de  Sotenghien  , 
qui  époufa  Hugues ,  feigneur  d'Antoing  &  d'Epinoi.  Ils 
eurent  une  fille  nommée  Ifabeau  d'Antoing ,  qui  époufa 
Jean  ,  vicomte  de  Gand  ;  &  cette  châtellenie  entra  dans 
la  maifon  de  Melun  d'Epinoi.  Cette  châtellenie  a  encore 
aujourd'hui  beaucoup  de  dépendances  &  de  droits  fei- 
gneuriaux.  Elle  eft  diftinguée  de  la  châtellenie  SAudcn- 
bourg,  ou  du  vieux  bourg  de  Gand ,  compofée  de  quaran- 
te-fix  villages,  fitués  au-delà  de  l'Escaut ,  &  des  canaux  , 
dont  le  plus  gros  eft  le  bourg  de  Sommerghem.  Ce  terri- 
toire étoit  fous  les  empereurs  ,  depuis  Othon  le  Grand. 
Mais  après  la  mort  de  Thierri ,  comte  d'Aloft ,  arrivée 
l'an  1 174.  Philippe  d'Alface  ,  comte  de  Flandres,  fe  faifît 
.  du  vieux  bourg  de  Gand ,  &  l'unit  au  territoire  de  la 
même  ville  ;  et  ce  comte  &î  fes  fuccefleurs  tinrent  dans 
la  fuite  le  tout  en  fief  des  rois  de  France ,  jusqu'au  tems 
de  Charles  V.  Outre  cette  châtellenie  du  vieux  bourg  de 
Gand,  il  y  a  les  quatre  bailliages  qu'on  nomme  les  qua- 


lon°  leur"  caprice  à  leurs  princes  auxquels  ils  ont  fou  vent     tre  Offices.  Voyez  Ambachten  ,  qui  font  des  dépendan 

faitla  guerre.- Ils  oferent  fe  révolter  contre  l'empereur     - !     '    '    !     "     ~';  '  .1  •  i- n  ... 

Charles  V ,  qui ,  ayant  paffé  au  travers  de  la  France  , 
avec  la  permiffion  de  François  l ,  châtia  les  Gantois  ,  l'an 
1 540  ,  Se  les  brida  enfuite  par  une  citadelle  qui  fubfifte 
encore  aujourd'hui.  ■■  •  "       • 

Quoique  l'étendue  de  la  ville  de  Gand  foit  la  même , 
elle  a  cependant  fort  déchu ,  Se  n'eft  pas  peuplée  rela- 
tivement à  fa  grandeur.  C'eft  le  fiége  du  confeil  pro- 
vincial de  Flandres,  où  reflbrtiflent  tous  les  .lièges  fubal- 
terr.es.  Il  fut  établi  d'abord  dans  la  ville  de  Lille ,  l'an 
1385  ,  par  Philippe  le  Hardi,  duc  de  Bourgogne  ,  & 
comte  de  Flandres.  Son  fils ,  le  duc  Jean ,  le  transféra 
à  Gand ,  l'an  1409.  Il  en  a  été  quelquefois  retiré  à  caufe 
des  révoltés  des.  Gantois  *l<&  des  guerres  civiles  du  pays. 
Mais  il  fut  fixé  en  cette^yille,  pour  la  dernière  fois ,  l'an 
1584,  fous  le  régne  de  Philippe  II,  après  que  fon  gene- 
{ral,'lediic  de  Parme ,  l'eut  prife.'  On  .pouvoir  fe  pour- 
voir ,  contre  les  jugemens  de  ce  confeil ,  au  parlement  de 
Pays  ;  mais  Charles  V  ayant  féparé  la  Flandre  de  la 
France  ,  Se  l'ayant,  rendue  indépendante ,  fournit  ce 
confeil  provincial  au  grand  jconfeil  ou  parlement  de  Ma- 
lines.  La  chambre  des  comptes,  qui  avoit  été  établie 
par  le  duc  Philippe-le-Hardi ,  dans  la  ville  de  Lifle ,  fut 
transférée  à  Gand,  l'an  1667, par  Charles II,  roi  d'Espa- 


gne ,  après  que  Louis  XIV  eut  pris  la  ville  de  Lille. 

La  plus  grande  partie.des  dépendances  de  Gand  font 
dans  la  Flandre  Impériale. 

Ce  pays,  qui  fut  mis  fous  l'empire,  ou  royaume  de  Ger- 
manie, par  Othon  le  Grand,  vers  le  milieu  du  dixième 
fiécle ,  s'étendoit  jusqu'aux  portes  de  la  ville.  La  pofles- 
fion  en  fat  affurée  àOthon,du  tems  de  Louis  d'Outremer , 
roi  de  France  ,  qui  fit  alliance  avec  lui  ;  &  on  voit  que 
ces  deux  monarques  fe  trouvèrent  enfemble ,  l'an  948 ,  au 
concile  d'Ingelheim  auprès  de  Mayence.  Othon  voulant 
fortifier  la  province  de  l'Empire  contre  le  comté  de  Flan- 
dres ,  fit  bâtir,  l'an  949,  une  fortereffe  qui  fat  nommée  le 
Neuf  -  CHATEAU  ,  pour  brider  la  ville  de  Gand.  Les 
empereurs  y  établirent  des  commandans,  qui  portèrent 
le  nom  de  Comtes ,  Se  qui  en  furent  les  maîtres  jus- 
qu'à l'an  1000.  Baudouin  le  Barbu ,  comte  de  Flandres , 
s'étant  rendu  maître  de  cette  place,  &  en  ayant  chaffé 
les  Impériaux ,  y  établit  un  châtelain  nommé  Lambert , 
dont  les  fuccefleurs  furent  dans  la  fuite  feigneurs  héré- 
ditaires Se  propriétaires  de  leur  châtellenie.  L'empereur 
S.  Henri  fit  la  guerre  en  Flandres ,  pour  la  défenfe  des 
limites  de  l'Empire  ,  &  il  reprit  ce  château  ;  mais  quel- 
que tems  après,  il  revint  à  l'obéiflance  du  comte  de 
Flandres,  &  du  feigneur  châtelain.  Folcard,  fils  de  Lam- 
ber,  St  fes  fuccefleurs ,  jouirent  de  fa  châtellenie,  depuis 
le  tems  de  Baudouin  de  Lille  ,  comte  de  Flandres ,  quoi- 
qu'ils aient  été  quelquefois  inquiétés  par  les  empereurs. 
Folcard  eut  pour  héritier  fon  fils  Lambert,  qui  fut  châ- 
telain de  Gand  ,  Se  eut  plufîeurs  enfans.  Venmar,  châte- 
lain de  Gand,  fat  père  d'Arnoul  de  Gand,  comte  de 
Guipes ,  dont  le  fils  aîné  Baudouin  lui  fuccéda  au  comté 
de  Guines;  &  Siger,-  un  de  fes  cadets,  fut  châtelain  de 
Gand  ,  comme  du  Chêne  le  prouve  par  Phiftorien  Lam- 
bert d'Ardres ,  &  par  plufîeurs  autres  titres.  Les  fucces- 
ieurs  mâles  de  Siger  ont  tenu  la  châtellenie  jusqu'à  Hu- 
gues,  châtelain  de  Gand,  qui  eut  pour  héritière  fa  fille 
Mûris  qui  époufa  Gérard  3  feigneur  de  Sotenghien ,  l'an 


ces  de  Gand ,  &  qui  étoient  de  la  Flandre  Impériale. 

Ce  fut  dans  cette  ville  que  fe  fit ,  en  1 576 ,  le  fameux 
traité  que  l'on  appella  la  pacification  de  Gand ,  qui  tert- 
doit  à  calmer  les  troubles  des  Pays-bas.  Cependant  lés 
Gantois  ne  purent  refter  tranquilles ,  St  fe  donnèrent  au 
prince  d'Orange;  mais  l'an  1584,  ils  fe  fournirent  de 
nouveau  au  roi  d'Espagne.  Louis  XIV ,  roi  de  France , 
prit  cette  ville  en  1678  ;  &  par  le  traité  de  Nimégue ,  il 
la  rendit  à  l'Espagne  ,  qui  la  garda  jusqu'à  l'an  1706, 
que  les  Alliés  s'en  emparèrent  après  la  bataille  de  Ra- 
millies.  Les  deux  couronnes  s'en  reflaifirent  en  1708  ;  mais 
on  la  perdit  la  même  année ,  après  la  prife  de  Lille  :  la 
France  ne  fat  point  en  état  de  garder  cette  acquifition. 

Louis  XV  la  prit  en  1745 ,  &  ,1a  rendit  par  la  paix 
d'Aix-la-Chapelle. 

Le  Sas  de  Gand.  Voyez  Sas. 

1.  GANDA  ,  nom  latin  de  Gand.  On  dit  préfentement 
Gandavum. 

2.  GANDA  ,  rivière  qui  coule  à  Gandersheim.Voyez 
Gandersheim. 

GANDAMUS ,  ville  de  l'Arabie  heureufe ,  fur  la  mer 
Rouge ,  félon  Pomponius  Mêla ,  /.  3  ,  c.  8 ,  n.  41. 

GAND  ARA ,  ville  des  Indes ,  félon  Etienne  le  géo- 
graphe ,  qui  nomme  le  pays  Gandarica ,  Se  le  peuple  Gan- 
darici.  Strabon ,  /.  l'y,  p.  697 ,  dit  que  le  Choaspe  tra^- 
verfe  la  Gandaritc.  Cela  fait  voir  que  ce  pays  étoit  diffé- 
rent des  Gangarides  de  Pline  &  de  Ptolomée,  qui  étoient 
vers  les  bouches  du  Gange. 

GAND ARII ,  ancien  peuple  de  Perfe  ,  félon  Hérodo- 
te ,  /.  3  ,  c.  91.  Il  dit,  /.  7  ,  c.  66 ,  que  les  Parthes  ,  les 
Chorasmiens  ,  les  Sogdiens,  les.Gangariens  &  les  Dadi- 
ques  étoient  armés  de  la  même  façon  que  les  Bac- 
triens. 

GANDASTOGES  (  les  )  peuples  de  l'Amérique  fep- 
tentrionale ,  dans  le  Canada ,  entre  la  côte  orientale  du 
lac  Erié  &  la  nouvelle  Yorck.  Ce  peuple  eft  compris  fous 
les  Iroquois.  *  Baud.  édit.  1701;. 

GANDELU ,  bourg  de  France ,  avec  titre  de  mar- 
quifat ,  dans  la  Brie ,  à  cinq  lieues  de  Meaux  ,  vers  le 
levant  d'été. 

GANDERSHEIM ,  Gandersum  ,  ville  d'Allema- 
.  gne ,  au  cercle  de  la  baffe  Saxe ,  dans  le  duché  de  Bruns- 
wig, peu,  loin  de  Goflar.  Ce  lieu  eft  remarquable  à  caufe 
de  fon  abbaye,  qui  fat  fondée  l'an  852,  xv.  indi&ion  , 
par  Ludolphe  ,  arriere-petit-fils  du  fameux  Witikind. 
Il  fit  le  premier  établiflement  ,  à  l'inftance  d'Oda  fa 
femme  ,  au  lieu  où  eft  préi'entement  le  monaftere  de 
Brunshaufen  ;  mais  ce  lieu  étant  trop  étroit ,  on  com- 
mença, l'an  856,  à  faire  un  fécond  établiflement  plus  bas, 
à  l'endroit  où  eft  aujourd'hui  l'abbaye ,  dans  l'enceinte 
de  la  ville  de  Gandersheim  ,  qui  tire  fon  nom  de  la 
rivière  de  Ganda  ou  Gande,  qui  l'arrofe.  Le  duc 
Ludolphe  étant  mort  à  Ludolffsfdd ,  vers  l'an  859,  avant 
l'entière  exécution  de  fon  deflein  ,  fut  enterré  à  Bruns- 
haufen où  étoit  alors  l'abbaye.  La  nouvelle  églife  abba- 
tiale fut  confacrée  l'an  881,  le  1  Novembre ,  par  Wig- 
bert  qui  étoit  alors  évêque  de  Hildesheim  ;  Chriftine  , 
troifïéme  abbefle  ,  Se  fille  du  fondateur  ,  gouvernoit 
alors  cette  maifon  ,  Se  fit  apporter  dans  cetle  églife  de 
Gandersheim  les  corps  de  fon  père  &  de  fe?  deux 
feeurs  Hadmod  6c  Gerberg  ,   qui   avoient  été  abbeties. 

Celui. 


GAN 


GAN 


Celui  de  Ludolphe  fut  dépofé  dans  la  chapelle  de  faint 
Etienne ,  &  celui  des  deux  abbeffes  dans  le  caveau  ab- 
batial. La  fameufe  RofVeide,  religieufe  de  cette  abbaye, 
&  dont  on  a  les. écrits,  eft  une  preuve  que  l'on  y  cul- 
tivoit  la  piété  &  les  fciences  au-delà  de  l'ufage  commun 
des  monafteres  de  filles.  L'abbelîe  de  Gandersheim  avoit 
autrefois  de  grands  avantages  ,  &  comptoit  entre  fes 
vaflaux  les  ducs  de  Brunswick,  de  Saxe,  &  les  mar- 
graves de  Brandebourg.  Elle  eft  à  préfent  fous  la  pro- 
tection du  duc  de  Brunswick-  Wolfenbutel ,  qui  y  fait 
vivre  l'abbelîe  &  quatre  chanoinefles  Luthériennes. 
L'abbeffe  prend  le  titre  de  par  la  grâce  de  Dieu,  abr 
beffe  de  l'abbaye  impériale ,  &  féculiere  de  Ganders- 
heim. *  Zeyler ,  BrunfVic.  Topogr.  p.  89.  Souverains 
du  monde,  t.  1  ,  p.  301. 

Le  bailliage  de  Gandersheim  eft  une  ancienne  partie 
ck  dépendance  de  l'état  de  Wolfenbutel.  Le  château,  q«e 
l'on  y  voit  encore  à  préfent ,  fut  commencé  fous  Henri 
le  Jeune  ,  duc  de  Brunfwick  &  de  Lunebourg,  en  1530  , 
pour  y  réfider;  mais  il  ne  fut  achevé  que  fous  le  duc 
Jules.  Il  eft  arrofé  par  la  petite  rivière  de  Ganda  ,  qui 
a  fa  fource  au  nord- eft,  &  coule  auprès  de  la  maifon 
du  bailli ,  &  ,  après  avoir  fait  tourner  quelques  moulins , 
fe  perd  vers  le  couchant  dans  la  Leina.  Outre  l'abbaye , 
dont  nous  venons  de  parler ,  il  y  a  encore  dans  ce  bail- 
liage deux  monafteres ,  favoir ,  Clofter  C  L  A  U  S  S  & 
Clofter  Brunshausen,  &  vingt  villages.  Il  a  en- 
viron deux  milles  de  circuit. 

GANDICOT,  ou  Gandicote  ,  ville  de  la  pref- 
qu'ifle  de  l'Inde  ,  à  l'extrémité  méridionale  du  royaume 
de  Carnate ,  aux  confins  des  terres  de  Chila-Naiken  , 
dans  l'angle  que  les  deux  fources  de  la  rivière  de  Palaru 
forment  à  leur  jonction.  Tavernier,  Voyage  des  Indes, 
l.  1  ,  c.  18,  en  parle  ainfi  :  Gandicot  eft  une  des  fortes 
villes  du  royaume  de  Carnatica  ;  elle  eft  bâtie  fur  la 
pointe  d  une  haute  montagne  :on  ne  peut  y  arriver  que  par 
un  mauvais  chemin  pratiqué  dans  la  montagne ,  qui  n'a 
que  woiiiï  pieds  de  large,  &  7  en  quelques  endroits. 
A  la  droite  de  ce  chemin ,  il  y  a  un  précipice  effroya- 
ble ,  au  bas  duquel  coule  une  grande  rivière.  'Quand  on 
eft  fur  la  montagne  ,  on  trouve  une  petite  place  d'une 
demi -lieue  de  long,  ck  d'un  quart  de  lieue  de  large. 
Elle  eft  toute  femée  de  riz  ck  de  millet ,  6k  eft  arrofée 
de  plufieurs  petites  fources.  Au  haut  de  la  plaine  qui 
eft  au  midi ,  ck  où  la  ville  eft  bâtie  fur  une  pointe  ,  il 
n'y  a  que  des  précipices  à  l'entour,  avec  deux  rivières 
qui'font  au  bas,  ck  qui  forment  cette  pointe  ;  de.  forte 
que  pour  entrer  dans  la  ville  ,  il  n'y  a  qu'une  porte  du 
côté  de  la  plaine  :  elle  eft  fortifiée ,  en  cet  endroit ,  de 
trois  bonnes  murailles  de  pierre  de  taille ,  avec  des  fofles 
à  fond  de  cuve  ,  revêtus  de  la  même  pierre;  de  forte 
qu'en  cas  de  fiége  ,  la  ville  n'a  à  garder  qu'un  espace  de 
quatre  ou  cinq  cens  pas.  Il  y  a  dans  Gandicot  une  pa- 
gode qu'on  tient  pour  une  des  principales  des  Indes  , 
ck  où  il  y  avoit  plufieurs  idoles  dont  quelques-unes  étaient 
d'or ,  les  autres  d'argent.  Entre  ces  idoles ,  il  y  en  avoit 
fix  de  cuivre ,  dont  on  en  voyoit  trois  affifes  fur  les  ta- 
lons ,  ck  les  trois  autres  étaient  d'environ  dix  pieds  de 
haut. 

GANDIE  ,  ville  d'Espagne ,  au  royaume  de  Valen- 
ce, fur  la  rivière  d'ALCOi ,  que  de  Vayrac  nomme  d'^4- 
lory ,  entre  le  Xucar  ck  Dénia ,  ck  à  l'orient  de  Xativa. 
Elle  a  une  univerfité ,  ck  fut  honorée  du  titre  de  duché 
par  D.  Martin,  roi  d'Aragon,  en  faveur  d'Alfonfe  d'A- 
ragon, comte  de  Ribagorfe ,  fils  de  D.  Pedro  d'Aragon, 
comte  de  Prades  ck  d'Ampurias  ,  &  de  Donna  Jeanne 
de  Foix  ,  petit-fils  de  D.  Diego  II,  roi  d'Aragon  ;  mais 
comme  il  mourut  fans  enfans,  en  141 5  ,  Hugues  deCar- 
dona  fon  neveu,  fils  de  Donna  Jeanne  d'Aragon  fa  foeur, 
&  de  D.  Jean-Raimond  Folck ,  fécond  comte  de  Car- 
dona ,  lui  fuccéda.  Jean  de  Cardona  ,  fils  de  Hugues , 
ayant  pris  le  parti  de  D.  Carlos,  prince  d'Ujane,  contre 
D.  Jean ,  roi  d'Aragon  Se  de  Navarre ,  fon  père  ,  fut 
privé  de  ce  duché, en  punition  de  fa  révolte,  par  le  toi, qui  le 
réunit  à  la  couronne  ;  mais  quelque  tems  après  ,  il  en  fut 
démembré  &  donné,  en  14^5  ,  par  le  roi  D.Ferdinand 
le  Catholique  à  D.  Pedro-Louis  de  Borgia,  famille  de- 
venue illuftre  par  D.  Alfonlè  de  Borgia ,  proclamé  pape 
en  1455  ,  fous  le  nom  de  Calixte  III.  Une  des  niè- 
ces dupape  époufa  D.  Godefroy  Lenzoli  ,  qui  prit 
le  nom   de    Borgia ,   Se    fut   père   du  pape    Alexan- 


33 


drë  VI.  On  peut  voir  plus. au  long  la  généalogie  de  cette 
illuftre  famille  dans  l'auteur  cité.  François  de  Borgia  IV 
duc  de  Gandie ,  après  la  mort  de  Donna  Eléonor  de 
Caftro,  fe  fit  Jéfuite  ,-  fut  le  troifiéme  général  de  cette 
compagnie,  mourat  le  30  Septembre  1571 ,  ck  fut  cano- 
nifé  cent  après  :  il  laiffa  une  nombreufe  poftérité  qui  a 
formé  plufieurs  branches ,  dont  l'aînée  poflede  ce  duché. 
*  De  l'IJle  &c  Jaillot ,  Atlas.  Vairac,  Etat  préf.  de  l'Es- 
pagne ,  t.  3  ,  p.  82. 

GANDOVA,  rivière  d'Afrique,  dans  l'Ethiopie, aux 
confins  du  royaume  de  Sennar.  Les  caravanes  la  traver- 
fent  entre  Giefim  ck  Gondar.  Elle  eft  profonde  &  rapi- 
de ,  ce  qui  rend  ce  paiîage  fort  dangereux.  Elle  n'eft  pas 
tout-à-fait  fi  large  que  la  Seine  à  Paris ,  Se  descend  des 
montagnes,  avec  tant  de  rapidité ,  que  dans  fes  déborde- 
mens  elle  entraîne  tout  ce  qu'elle  trouve.  Elle  fe  décharge 
dans  le  Tékéfel ,  qui  veut  dire  épouvantable  ;  &  ces  deux 
rivières  unies  enfemble  vont  fe  jetter  dans  le  Nil.  *  Pon- 
cée ,  Voyage  en  Ethiopie. 

GANDRI ,  peuple  des  Indes ,  félon  Etienne  le  géo- 
graphe. Ce  font  les  habitans  de  Gandara.  Voyez  ce  mot. 

GANDRIDjE.  Plutarque ,  dans  fon  Livre  de  la  for- 
tune d'Alexandre  ,  nomme  ainfi  le  même  peuple 

GANEA  DE  JESU.  Voyez  Ganeta. 

GAN-EDEN  :  le  texte  hébreu ,  parlant  du  paradis 
terreftre ,  le  nomme  pj/3  ÎJ  Ganbeeden.  Quelques  fa- 
vans  ont  rendu  cette  lettre  2  par  la  prépofition  in ,  dans: 
c  eft  fa  lignification  ordinaire  ;  de  forte  qu'ils  ont  traduit 
Paradis  enEden,comme  fi  Eden  était  le  lieu  où  étoit  le  pa- 
radis.Mais  comme  l'ancienne  Vulgate  traduit  différemment; 
ceux  qui  ont  voulut  juftifïer  cette  verfion,  ont  obfervé' 
que  la  lettre  2  fignifie  auffi  la  qualité  &  l'état  d'une  cho- 
fe  ;  &  ils  allèguent  en  preuve ,  qu'il  eft  dit ,  (  Genef.  c.  3  , 
v-  19.  )  njf-n  Besceth,  in  fudore ,  a  la  SUEUR  de  vo- 
tre vifage ,  ck  nrnua  Bemirmah  ,  in  dolo ,  AVEC  FRAU- 
DE. Ils  concluent  que  cette  exprefïîon  Gen-Eden  fignifia 
paradifum  in  voluptate ,  un  paradis  dans  les  délices;  ce 
qui  jufMe  la  Vulgate,  qui  traduit  paradifum  voluptatis, 
un  paradis  de  délices  En  effet ,  dit  le  P.  Hardouin ,  dans 
fon  Traite  du  paradis  terreftre  ,  il  paroît  que  c'eft  le 
fens  naturel  du  texte  hébreu ,  puïsqu'au  verfet  iï  de  ce 
même  deuxième  chapitre  ,  .ck  au  verfet  23.uk  24  du  fui- 
vârtt ,.  &-  dans  tous  les  endroits  où  il  eft  parlé  de  ce  pa- 
radis de  volupté  ,  on  voit  partout  py  M  Gan-Eden  fans 
la  lettre  2  y  &  c'eft:  auffi  ce  qui  fait  qu'on  trouve  dans  le 
grec  riags'JW»?  t«V  Tfi/piïf.  Voyez  Paradis  terres- 
tre. 

GANEORUM ,  fiége  épisCopal  d'Egypte ,  félon  les  No- 
tices grecques.  Harpocras ,  fon  évêque  ,  fouscrivit  à  la 
lettre  adreffée  à  l'empereur  Léon.  *  Hardouin  ,  Collek. 
conc. 

GANESBOROUG ,  (  Baudrand  &  Corneille  écrivent 
Gainsboroug  ,  conformément  à  la  prononciation  ) 
ville.  d'Angleterre ,  en  Lincolnshire  ,  fur  la  rivière  de- 
Trent,  aux  confins  du  comté  de  Nottingham  ,  à  iirhifles 
de  Lincoln,  ck  à  115  de  Londres,  félon  l'Etat  préf.  de 
la  Gr.  Bret.  t.  1  ,  p.  85  :  c'eft  une  des  principales  villes 
de  la  province.  On  y  tient  marché  public. 

GANETA  DE  JESU,  ou  Ganea  de  Jesu  ,  lieu 
d'Afrique  ,  en  Abiffmie  ,  au  royaume  de  Dambée  ,  à 
l'orient  de  l'extrémité  feptentrionale  du  grand  lac  de 
Tzana,  ou  mer  de  Dambée.  Les  PP.  Jéfuites  y  avoient 
une  églife  &  une  million.  L'auteur  de  la  Description  de 
l'empire  du  Prête-Jean  en-  parle  ainfi  ,  p.  20.  Il  y  a  auffi 
une  ville  fort  confïdérable  appellée  Ganea  de  Jefu  ,  ou 
Paradis  de  Jefus.  Elle  eft  bâtie  dans  un  bas  ,  ce  qui  eft 
rare  en  cet  empire.  La  fituation  en  eft  agréable ,  elle  a 
de  l'eau  en  abondance.  Il  y  a  une  églife  où  l'on  enterre 
les  empereurs  des  derniers  tems.  On  y  a  bâti  depuis  peu 
une  églife  pour  les  Jéfuites ,  à  la  façon  dont  on  les  bâtit 
en  Europe  ,  &  un  palais  pour  les  empereurs  .  par  les  foins 
du  P.  Pierre  Pays, de  la  même  fociété.  Cette  ville  eft  à  douze 
lieues  Portugaifes  ,  de  trois  milles  d'Italie  chacune  ,  de 
Dancation  ,  Se  à  autant  de  la  nouvelle  Gorgone.  Ludol- 
phe, qui  parle ,  1.  4 ,  c.  4 ,  §  29  ,  de  cette  fépulture,  nom- 
me ce  lieu  Ganeta  Jefu,  Oppidum.  Le  père  Lobo, 
qui  parle  du  palais  impérial ,  dans  fa  Relat.  hift.  de  l'A- 
biffinie,p.  116, nomme  le  lieu  Ganete  Ilhos. 

GANETA  GHIORGHIS  ,  ou  Ganata  Ghtor- 
ghis,  canton  d'Afrique,  dans  l'Abiffinie,  dans  lerbyaùme 
d'Amhar. 

Tome  III.     E 


34 


GAN 


GAN 


GANFAY,(S.  Sauveurde)  abbaye  d'hommes,ordre  de 
S.  Benoit ,  en  Portugal ,  dans  la  province ,  entre  Duero-e- 
Minho ,  fur  le  bord  méridional  de  Minho,  près  de  Valença. 

GANFO  ,  ville  de  la  Chine ,  dans  la  province  de 
Kiangfi,  au  département  de  Kiégan.  Elle  eft  de  3  d. 
10'  plus  occidentale  que  Pékin ,  &;  fa  latitude  eft  de  27  d. 
55'.  Près  de  Ganfo  vers  l'occident  eft  une  montagne  qui 
occupe  huit  cens  ftades  de  terrein.  Il  y  a  auffi  le  lac 
MlE,  c'eft-à-dire ,  de  Miel,  ainfi  nommé  à  caufe  de  la 
bonté  des  poinons  qu'il  nourrit.  *  Atlas  Sinenjîs. 

1.  GANGA,  ou  GanGites  ,  nom  d'une  petite  ri- 
vière de  Thrace.  Appien.  De  Bell.  Civil,  p.  651  ,  la  fait  ' 
couler  dans  la  plaine  où  étaient  campés  Brutus  §i  Caffius , 
peu  loin  du  Strymon. 

2.  GANGA ,  rivière  de  l'Indouftan.  Elle  a  fa  fource 
dans  les  montagnes  de  Balagate  ,  au  midi  desquelles  elle 
coule  vers  l'orient ,  puis  vers  le  nord-eft  ,  &  borne  les 
royaumes  deBérar  &  d'Orixa qu'elle  fépare  l'un  de  l'autre; 
St  coulant  à  l'extrémité  feptentrionale  de  ce  dernier 
royaume ,  elle  fe  jette  dans  le  golfe  de  Bengale ,  affez  près 
de  la  bouche  occidentale  du  Gange.  Il  ne  faut  pas 
la  confondre  avec  le  Gange.  *De  l'IJle ,  Cartes  des  Indes. 

GANGAM A ,  Xa.yydy.tn  ,  Strabon ,  /.  7 ,  en  parle  au 
fujet  d'une  pêche  que  l'on  faifoit  fous  la  glace,  vers  le  Pa- 
lus Méotide ,  près  du  Bosphore  Cimmerien  :  Xylander 
&c  Bonaccioli  croient  que  Gangama  eft  le  nom  particulier 
du  lieu  où  fe  faîfoit  cette  pêche;  mais  Cafaubon  foupçonne 
que  ce  mot  ne  fignifie  qu'une  forte  de  filet  ;  ainfi ,  félon  lui , 
ce  n'eft  pas  un  mot  géographique. 

1.  GANGANI,  ancien  peuple  d'Irlande,  félon  Pto- 
lomée,  1,2,  c.  2.  Il  répond,  félon  le  P.  Briet ,  Paraît. 
2.  part.  I.  3  ,  p.  186,  au  comté  de  K.ERRY  ,  &  partie 
de  Lymmerik.  Cambden,  Britann.  qui  dérive  de  ce 
nom  celui  de  la  province  de  Connaught ,  croit  que  c'eft 
le  même  que  Concani ,  qui  lignifie  un  peuple  d'Espagne 
d'où  il  fait  venir  les  Gangani  ,  ou  Concani  d'Irlande  , 
de  même  que  ceux  d'Espagne  venoient  de'Scythie,  fur 
quoi  il  cite  les  vers  de  Silius  Italicus,  /.  3  ,  v.  360  : 

Necqui  Majfageten  monftransferitateparcntem 
Cornipedis  fusd  fatiaris ,  Concani  ,  vend. 

2.  Il  y  avoit  auffi  un  peuple  Gangani  ou  Cangani, 
dans  rifle  d'Albion. 

3.  GANGANI.  Voyez  Tangani. 

1.  G  ANGARA,  ancienne  ville  d'Ane,  dans  l'Alba- 
nie ,  félon  Ortélius  ,  Tkefaur.  qui  cite  Ptolomée  ,  1.  5  , 
c.  1 2  ;  mais  je  trouve  dans  cet  auteur  va.ya.gy.  7ii\iç. 
Le  manuscrit  de  la  bibliothèque  Seguier  {Bibliot.  Coijlin. 
p.  699,)  porte  r^T«,n»  Gœtara.  Ortélius,  Tkefaur.  avoue 
lui-même  l'avoir  lu  ainfi  dans  des  manuscrits  ;  mais  il  les 
traite  de  corrompus ,  &  blâme  Niger  de  les  avoir  fuivis. 
Niger  croit  que  c'eft  préfentement  Bachu ,  d'autres  que 
c'eft  Citracu. 

2.  GANGARA,  royaume  d'Afrique,  dans  la  Nigritie. 
Jean  Léon  écrit  Guangara ,  &  Gnangara.  Ce  pays  , 
dit-il,  1.  7,  c.  14,  eft  contigu  au  pays  de  Zanfara,  du 
côté  du  fud-eft  ;  il  eft  très-peuplé ,  &  a  fon  roi  particu- 
lier, qui  entretient  fept  mille  hommes  armés  de  flèches , 
&  cinq  cens  chevaux  pour  fa  garde  :  fes  revenus  font 
confidérables.  On  n'y  trouve  qu'un  village  remarquable. 
Ses  habitans  font  riches ,  &  trafiquent  fans  cefle  avec  les 
peuples  voifins.  Il  confine  au  midi  à  une  contrée  où  l'on 
trouve  beaucoup  d'or.  Dans  le  tems  que  cet  auteur  écri- 
voit,  il  ne  pouvoit  trafiquer  avec  les  étrangers,  parce 
qu'il  étoit  ferré  de  tous  côtés  par  fes  ennemis  :  Ischia  le 
ravage  au  couchant ,  &:  le  roi  de  Bornou  au  levant.  Lors- 
que j'étais  à  Bornou ,  le  roi  Abraham  ayant  aflemblé  une 
nombreufe  armée,  avoit  entrepris  de  détrôner  le  prince  de 
Guangara  ,&.  l'auroit  fait,  fi  Homar ,  prince  de  Gaoga,  ne 
s'était  jette  fur  les  terres  de  Bornou ,  ce  qui  força  ce  roi 
à  abandonner  fon  entreprife  pour  fecourir  fon  pays.  Lors- 
que les  marchands  de  Gangara  vont  à  cette  contréechercher 
de  l'or,  comme  les  chemins  font  trop  mauvais  pour  les  cha- 
meaux ,  ils  chargent  leurs  marchandifes  fur  le  dos  de  leurs 
esclaves,  &  tout  chargés  qu'ils  font,  ils  font  une  traite 
de  dix  ou  douze  milles.  J'en  ai  même  vu  qui  la  faifoient 
deux  fois  en  un  jour.  Outre  les  marchandifes,  ces  mifé- 
rables  portent  encore  des  vivres  pour  leurs  maîtres  & 
pour  l'escorte  qui  les  accompagne.  De  l'Ifle  nomme  ce 
royaume  Ouangara,  £k  le  place  au  couchant  de  celui  de 


Bornou.  Il  dit  qu'on  en  tire  de  l'or ,  du  féné  &  des  es- 
claves. Il  lui  donne  pour  capitale  une  ville  qu'il  nomme 
Ouangara. ,  ou  Ghanara.  On  voit  bien  qu'il  a  pris  ce 
nom  a  Ouangara  du  géographe  de  Nubie,  2. part.  Clim.  3 , 
p.  1 1  &  1 2  ,  qui  met  dans  le  voifinage  de  Ghana  un 
pays  nommé  Vancara  Terra ,  &  riche  par  l'abondance 
&  la  bonté  de  fes  mines  d'or.  Il  ajoute  que  le  royaume  de 
Ghana  confine  avec  le  pays  de  Vancara ,  du  côté  de  l'o- 
rient ;  que  la  ville  de  Ghana  eft  à  huit  journées  de  che- 
min des  premiers  confins  de  ce  pays  ;  que  ce  dernier  pays 
eft  une  ifle  de  trois  cens  milles  de  long ,  &  de  cent  cin- 
quante de  large,  que  le  Nil  l'environne  toute  l'année 
(  c'eft-à-dire  le  Niger ,  )  mais  qu'au  mois  d'Août ,  lorsque 
ce  fleuve  fe  déborde  ,  il  en  couvre  la  plus  grande  partie  , 
qui  demeure  fous  l'eau  jusqu'à  ce  que  l'inondation  cefle  ; 
qu'après  que  ce  fleuve  s'eft  retiré ,  les  Nègres  reviennent 
chacun  dans  fon  lieu,  égratignent  la  terre,  &cy  trouvent 
allez  d'or  pour  les  payer  de  cette  peine  ;  qu'enfuite  ils 
vendent  cet  or  aux  marchands  de  Vareclan ,  &  à  d'au- 
tres peuples  plus  occidentaux.  Ce  qui  fuit,  ne  s'accorde 
pas  bien  avec  ce  qu'on  vient  de  lire  de  la  diftance  de 
Ghana,  aux  premiers  confins  de  Vancara.  Car  le  géographe 
Arabe,après  avoir  dit  qu'elle  eft  de  huit  journées  de  chemin, 
n'en  compte  que  fix  de  Ghana  à  Tirca ,  ville  de  Vancara. 
C'eft  une  faute  du  géographe  ou  de  fes  traducteurs  Latins. 

GANGARA,  Ghanara,  Ouangara,  Guanga- 
ra, Gnangara,  &c  Vancara,  font  un  feul  &  même 
nom.  Le  géographe  de  Nubie  nomme  le  pays  Vancara,  Se 
la  ville  capitale  Ghanara.  Il  fait  ce  pays  contigu  au  royaume 
de  Gliana.De  l'Ifle  met  le  royaume  de  Zegzeg  entre  deux. 

GANGARIDjE  ,  ancien  peuple  de  l'Inde  ,  auprès  de 
l'embouchure  du  Gange ,  félon  Ptolomée ,  1.  7 ,  c.  I  , 
qui  leur  donne  pour  capitale  une  ville  nommée  Gange. 
Quinte-Curce  les  met  au-delà  du  Gange ,  en  quoi  il  fe 
trompe.  Il  y  avoit  le  peuple  Gangaridat  Amplement  , 
dont  quelques-uns  étoient  au-delà  du  Gange ,  &  entre  fes 
embouchures.  Il  y  avoit  les  Gangarides  Calinges ,  dont 
la  capitale  étoit  Parthalis  ,  félon  Pline ,  1.  6,0  19. 
Voyez  CalinGjE.  Ces  derniers  avoient  beaucoup  d'élé- 
phans ,  comme  Pline  le  marque  ;  &  c'eft  ce  qu'a  voulu 
marquer  Virgile  ,  Georg.  1.  3  ,  v.  27:  • 

In  foribus pugnam  ex  aure ,  folidoque  elephanto 
Gangaridum  faciam. 

GANGAVIA  :  ce  nom ,  dans  les  éditions  de  Solin  i 
a  été  mis  au  lieu  de  Scandinavia ,  qu'il  faut  lire. 

1.  GANGE,  Tay-.K,  ville  de  l'Inde,  à  l'embouchure 
du  Gange,  capitale  du  pays  des  Gangarides  ,  félon  Pto- 
lomée, 1.  7,  c.  1. 

2.  GANGE  ,  (  le  )  grand  fleuve  de  l'Inde.  Il  a  été  peu 
connu  des  anciens  ,  parce  que  les  Macédoniens  ne  péné- 
trèrent point  jusques-là.  Strabon  ,  1.  1 5  ,  le  regarde  com- 
me le  plus  grand  de  tous  les  fleuves  que  l'on  connoifloit 
de  fon  tems.  Pline ,  1.  6 ,  c.  18  ,  parle  de  fa  fource,  avec 
incertitude  :  quelques-uns ,  dit-il ,  veulent  qu'il  foit  com- 
me le  Nil ,  dont  on  ne  connoît  point  l'origine  ;  d'autres 
ont  dit  qu'il  descend  des  montagnes  de  la  Scythie.  Stra- 
bon décrit  ainfi  fon  cours  :  le  Gange  descend  des  mon- 
tagnes ,  St ,  lorsqu'il  a  gagné  la  plaine  ,  fe  tourne  pres- 
qu'imperceptiblement ,  fi  ce  n'eft  dans  une  partie  de  for* 
cours.  Ptolomée  lui  compte  fix  embouchures.  La  première 
eft  appellée  Cambufum ,  la  féconde, //.-y»,  Magnum,  ou  la 
grande,  latroifiéme,  Cambericum,  la  quatrième,  Tilogra- 
mmum ,  la  cinquième,  Pfeudojlomurn,  ou  la  faune  embou- 
chure ;  la  fixiéme  ,  Antibole ,  ou  l'embouchure  oppofée. 
A  préfent  il  y  en  a  deux  principales ,   &c  plufieurs  petites. 

Pline  dit  qu'il  y  a  xxi  rivières  qui  fe  jettent  dans  le 
Gange  ,  &  met  au  nombre  de  celles  qui  s'y  rendent  en 
deçà  du  lomanes,  qui  coule  dans  le  pays  des  Palibro- 
thes,  VErannoboa,  qu'Arrien,  in  Indiç.  c.  10,  dit  fe 
mêler  avec  le  Gange,  près  de  la  ville  de  Palibrotha  ;  & 
le  Cainas.  Pline  nomme  auffi  le  Condockates ,  le  Cofoa- 
gus ,  le  Sonus  :  il  ne  nomme  point  les  autres  ,  &  dit 
qu'elles  font  toutes  navigables.  Arrien  dit  que  le  Caina , 
le  Condockates  ,  YErennoboa ,  le  Sonus ,  le  Co/foanus 
(  qui  eft  apparemment  le  même  que  le  Cofoagus  dé  Pline) 
\aSittocatis,hSolomatis,  le  Sambus,  le  Magon ,  l'A- 
çoranis ,  fk  l' Omalis ,  s'embouchent  dans  le  Gange.  Voilà, 
à  quoi  fe  réduifent  les  connoiflances  que  les  anciens  ont 
eues  du  plus  grand  fleuve  de  l'ancien  monde. 


GAN 


GAN 


Les  Indiens  modernes  croient  que  le  Gange  n'a  pas  fa 
fource  dans  les  entrailles  de  la  terre  comme  les*  autres 
fleuves.  Il  eft ,  difent-ils ,  descendu  du  ciel  dans  le  pa- 
radis de  Devendre  ,  &  de-là  dans  l'Indouftan.  On  peut 
voir  dans  ma  Differtation  fur  les  moeurs  &  fur  la  reli- 
gion des  Bramines ,  c.  14,  p.  72,  toutes  les  fables  qu'ils 
ont  imaginées  fur  ce  fleuve.  Tout  ce  qu'on  y  peut  obfer- 
ver ,  c'eft  qu'elles  apprennent  que  le  Gange  prend  fa 
fource  dans  une  montagne  appellée  Chlmavontam  ,  qui 
fait  partie  du  mont  Imaiis  ,  Se  fourniflent  l'explication 
des  trois  noms  que  les  Indiens  donnent  au  Gange  ;  pre- 
mièrement ils  l'appellent  Rivière  cèkftc  ,  parce  qu'ils 
fuppofent  qu'il  eft  effectivement  descendu  du  ciel  :  en  fé- 
cond lieu  ils  l'appellent  Jennadi ,  ou  Fleuve,  de  la  cuijfe  ; 
îroifiémement  ils  le  nomment  Bagireti,  du  nom  de  ce- 
lui  qui  l'obtint  des  dieux. 

Akbar,  ou  Akébar,  empereur  Mogol ,  voulut  connoî- 
tre  l'origine  du  Gange.  Voici  ce  que  le  P.  Catrou \Hifl. 
ginér.  du  Mogol.  p.  138  ,  )  en  dit  fur  les  Mémoires  de 
Manouchi  :  Ce  fleuve ,  le  plus  oriental  de  l'Indouftan  , 
coule  du  feptentrion  au  midi ,  &  fait,  à  fon  embouchure, 
dans  le  royaume  de  Bengale ,  presque  les  mêmes  effets 
que  le  Nil  en  Egypte.  En  certains  tems  de  l'année ,  il 
fe  déborde  en  quelques  endroits ,  Se  le  limon  qu'il  ré- 
pand fur  les  terres,. y  produit  la  fécondité.  Les  idolâtres 
l'adorent ,  8c  regardent  fes  eaux  comme  capables  de  re- 
mettre les  péchés.  Sa  fource  a  toujours  été  la  matière  de 
la  dispute  des  Brachmanes  d'aujourd'hui ,  Se  des  Gym- 
nofophiftes  d'autrefois.  Du  tems  d' Akébar  ,  on  l'igno- 
roit  encore  comme  on  ignorait ,  il  y  a  près  d'un  fiécle  , 
l'origine  du  Nil.  L'empereur  fit  donc  tous  les  frais  né- 
ceffaires  ,  pour  connoître  la'  fource  d'un  fleuve  qui  fai~ 
foit  la  principale,  richeffe  de  fes  Etats  ,  députa  des  gens 
qui ,  fuivant  fes  bords ,  remontaffent  enfin  jusqu'à  fa  pre- 
mière origine.  Il  leur  donna  des  vivres  ,  des  chevaux  , 
de  l'argent ,  &c  des  lettres  de  recommandation ,  pour 
palier  impunément  fur  toutes  les  terres  que  le  Gange 
arrofe ,  &t  qui  n'étoient  pas  de  fa  dépendance.  On  s'a- 
vança toujours  du  côté  du  nord  ;  Se  plus  on  approchoit 
de  la  fource ,  plus  le  lit  du  fleuve  s'étrécifloit.  On  tra- 
verfa  des  forêts  inhabitées ,  où  il  fallut  fe  faire  des  che- 
mins nouveaux.  Enfin  on  arriva  à  une  haute  montagne , 
qui  fembloit  taillée  par  l'art,  en  forme  d'une  tête  de  vache. 
De-là  coule  une  grande  abondance  d'eaux  qui  femblerent 
aux  députés  être  la  première  origine  du  Gange.  On  ne 
pénétra  pas  plus  avant.  On  revint ,  après  avoir  couru  de 

frands  dangers,  faire  à  l'empereur  le  rapport  du  voyage. 
,a  relation  des  députés  fut  inférée  dans  la  Chronique 
d'où  Manouchi  l'a  tirée.  Cependant  on  peut  dire  qu'ils  ne 
rapportèrent  rien  de  nouveau.  Long-tems  avant  Akébar, 
on  étoit  perfuadé,  aux  Indes,  que  le  Gange  prend  fa  fource 
dans  une  montagne,  dont  la  figure  approche  d'une  tête  de 
vache.  C'eft  pour  cela,  difoit-on ,  que  ces  animaux  font, 
depuis  long-tems ,  l'objet  de  l'adoration  des  Indiens.  En 
effet ,  la  principale  espérance  entr'eux  du  bonheur  de  la 
vie  future  ,  conlifte  à  pouvoir  mourir  dans  les  eaux  du 
Gange  ,  en  tenant  une  vache  par  la  queue. 

Ces  remarques  de  l'auteur  cité  s'accordent  très-bien 
avec  la  tradition.  Les  Indiens  donnent  au  dieu  Eswara  , 
qui  laiffa  couler  ce  fleuve  fur  la  terre  ,  pour  voiture  fym- 
bolique,  le  bœuf,  comme  les  payens  donnoient  l'aigle  à 
Jupiter.  Cette  montagne,  taillée  en  tête  de  vache1,  a  été 
ainfî  dispofée  pour  repréfeiïter  Esvara ,  qui  reçoit  fur  fa 
tête  le  Gange ,  dont  les  eaux  viennent  de  plut  haut , 
c'eft-  à-dire,  du  ciel ,  félon  les  Indiens  ,  ou  plutôt  des 
hautes  montagnes  qui  font  au  midi  de  la  Tartarie.  Le  P. 
Catrou  pourfuit  ainfi.  Depuis  Akébar  on  a  pouffe  les  dé- 
couvertes plus  loin ,  &  l'on  a  trouvé  que  le  Gange  fait 
une  cascade  fur  la  montagne  d'où  l'on  croyoit  qu'il  tiroit 
fa  fource  ,  mais  qu'elle  étoit  bien  plus  avant  dans  les 
terres  au  fond  de  la  Tartarie.  Je  crois  qu'il  y  a  de  l'excès 
dans  cette  expreffion.  Nous  ne  connoiffbns  point  de  Re- 
lations qui  portent  la  fource  du  Gange  au-delà  des  mon- 
tagnes qui  bordent  le  petit  Tibet  au  midi  oriental.  C'eft 
la  même  mafle  de  montagnes  qui  envoie  le  Sihuu  Se  le 
Gehon  (  qui  font  le  Jaxarte  Se  l'Oxus  des  anoiens ,  au 
nord-eft)  arrofer  la  Tartarie  des  Usbecs,  Le  Sinde  ou 
l'Inde  Se  le  Gange  y  ont  auffi  leurs  fources  ,  environ  à 
douze  lieues  l'une  de  l'autre ,  Se  coulent,  l'un  vers  le  midi 
occidental,  l'autre  vers  le  midi  oriental. 

Le  Gange  trouve  d'abord  des  montagnes  qui  le  re- 


VS 


jettent  vers  le  fud-eft  ,  puis  vers  l'eft ,  enîuite  un  partagé 
entre  les  montagnes  de  Nangracut  qui  le  ramènent  vers  le 
midi.  Il  forme  une  aflez  grande  ifle  à  la  rencontre  d'urtë 
rivière  qui  vient  de  l'eft  où  elle  arrofe  le  royaume  du 
grand  Tibet  ;  puis  il  ferpente  tantôt  vers  le  fud  ,  tantôt 
vers  l'oueft  ou  vers  le  fud-oueft  ,  dans  le  pays  de  Siba  , 
Se  au-deflbus  de  Sirinagar  il  reprend  la  route  du  fud- 
eft  ,  toujours  en  ferpentant  jusqu'à  Jambâ ,  dans  le  pays 
de  même  nom  ;  arrofe  Becaner,  au  pays  de  Bacar  ,  re- 
çoit la  rivière  de  Perfilis ,  g.  Se  celle  de  Halabas  qui 
vient  d'Agra;  celle  de  Narvar ,  d.  au  pays  du  même  nom  , 
vis-à-vis  de  Benares ,  g.  celle  de  Gouderafou ,  d.  puis 
une  autre  au-deffùs  de  Patna  qu'il  baigne,  d.  Énfuite  il 
fe  charge  de  la  rivière  de  Cadet ,  g.  qui  vient  de  Patan  , 
des  ruifîeaux  de  Ratara  Se  de  Martnadi.  C'eft  à  l'embou- 
chure de  cette  rivière  que  commence  le  royaume  de 
Bengale.  Au-deflbus  de  Ragemehale  il  fe  fépare  en  deux 
branches ,  Se  forme  une  ifle  à  la  pointe  feptentrionale 
de  laquelle  eft  la  ville  de  Cafembazar. 

La  branche  occidentale  reçoit  plufieurs  petites  riviè- 
res ,  l'une  qui  vient  de  Bamreflbr,  une  autre  qui  tombe 
entre  Chinchora  Se  Ougli,  Se  une  troifiéme  qui  vient 
de  Mandracour.  La  branche  orientale  partant  au  nord 
de  Cafembazar ,  fe  partage  en  deux  ,  Se  forme  une  ifle 
à  l'oueft  deDaca,  une  autre  au  midi  de  cette  ville  ,  re- 
çoit la  rivière  de  Laquia,  qui  vient  du  lac  de  Chamay,  &  fe 
jette  dans  le  Gange  par  trois  embouchures.  Entre  Daca 
Se  Ougli ,  il  y  a  un  canal  qui  communique  d'une  branche 
à  l'autre,  Se  enferme,  au  fud-eft,  l'ifle  où  nous  avons 
dit  qu'eft  fitué  Cafembazar.  Celle  qui  refte  à  l'orient  Se 
au  midi  de  celle-ci ,  eft  vis-à-vis  d'Ougli  .Se  de  Chart- 
dernagor  :  on  y  trouve  Colcota.  Elle  eft  bordée  ,  à  l'o- 
rient, par  la-branche  occidentale  du  Gange  qui  fe  fépare 
en  deux  bras  au-deflbus  de  Daca ,  &  forme  une  ifle  trian- 
gulaire ;  le  bras  qui  coule  vers  le  midi,  après  avoir  formé 
un  angle  aigu,  le  replie  vers  le  nord-eft,  &  va  retrou- 
ver l'autre,  avec  lequel  il  fe  rejoint ,  Se  ils  vont  enfem- 
ble  baigner  la  ville  de  Chatigan ,  avant  que  de  le  perdre 
dans  la  mer. 

A  l'entrée  de  l'embouchure  occidentale  eft  l'Ilho  de 
Gale  :  entre  cette  embouchure  Se  la  ville  de  Chatigan  , 
qui  eft  à  l'autre  embouchure  ,  le  terrein  eft  entrecoupé 
de  canaux  qui  y  forment  un  grand  nombre  d'ifles.  J'ai 
parlé  de  ces  ifles ,  Se  de  l'oifeau  Meina  qu'on  y  trouve 
à  l'article  de  Bengale*  • 

Thevertot ,  Voyage  des  Indes ,  c.  40  ,  p.  201  ,  dit  que 
les  Indiens  Gentils  regardent  les  eaux  du  Gange  comme 
facrées  :  ils  ont'  auprès  des  pagodes  qui  font  les  plus 
belles  des  Indiens.  Les  deux  principales  font  Jaganat.  Voyez 
Jagrenate;  (elle  eft  à  une  des  embouchures  du  Gange, 
vis-à-vis 'de  Chatigan) 'Se  celle  de  Banarous  ,  ou  Be- 
nares, qui  eft  auflî  fur  le  Gange,  mais  beaucoup  plus 
haut  ;  celle  de  Caiî  eft  auffi  fur  le  Gange  ;  c'eft  la  même 
que  le  P.  Bouchet ,  Lettres  édifiantes,  Recueil  14,  p.  I2 
nomme  Cachi  ;  elle  eft  à  douze  lieues  d'AjOT-jA' 
autre  lieu  fameux ,  qui  eft  plus  vers  le  nord.  Les  Indiens 
font  fi  perfuadés  de  la  fainteté  du  territoire  •  de  Cafi  • 
qu'ils  croient  que  tous  ceux  qui  y  meurent ,  jouiffent  du 
privilège  qu'Eswara  a  autrefois  attaché  à  ce  lieu-là.  Lors- 
qu'ils lbnt  à  l'agonie ,  il  ne  manque  point  de  leuf  ve- 
nir fouffler  dans  l'oreille  droite ,  Se  de  les  purifier  ainfî 
de  tous  leurs  péchés  ;  c'eft  pour  cela  que  les  hommes  Se 
les  bêtes  meurent  couchés  fur  l'oreille  gauche.  Si  quel- 
qu'un s'étoit  imprudemment  couché  fur  1  oreille  droite 
il  ne  manquera  jamais ,  difent-ils ,  de  fe  tourner  de  l'au- 
tre côté,  lorsqu'il  fera  prêt  d'expirer.  Cela  fut  confirmé 
par  un  Mogol ,  qui ,  doutant  de  la  vérité  de  ce  miracle  , 
voulut  l'éprouver  lui-même.  Il  avoit  un 'cheval  qui 
n'en  pouvoit  plus  ,  il  le  fit  lier  par  les  quatre  pieds,  &  cou- 
cher fur  le  côté  droit  :  mais  lorsqu'il  fut  prêt  à  mourir, 
les  cordes,  qui  lui  attachoient  les  pieds ,  fe  briferent ,  Se 
il  fe  tourna  fur  l'oreille  gauche.  Comme  les  âmes  de 
ceux  qui  meurent  à  Cafi  ne  doivent  plus  retourner  fur  la 
terre,  leurs  corps  fe  changent  en  pierres.  Telle  eft  la 
fuperflition  indienne  à  l'égard  de  Cafi  furie  Gange.  Celles 
de  Monger  8c  de  Patna  font  auffi  près  du  Gange. 
*  Dijfert.fur  les  mœurs  &fur  la  religion  des  Bramines, 
P-  70. 

Thevenot,  p.  201 ,  dit  qu'il  n'y  a  rien  de   û  beau  que 

ces  pagodes ,  à  caufe  de  la  quantité  d'or  &  de  pierreries 

dont  elles  font  ornées:  il  s'y  fait  des  fêtes  de  plufieurs  murs 

Tome  III.       E  ij  3 


J6 


GAN 


GAN 


(k  il  y  vient  des  cent  mille  perfonnes  des  autres  pays  des 
Indes.  Ils  portent  leurs  idoles  en  triomphe,  &  l'on  y 
voit  toutes  fortes  de  fuperftitions.  Elles  font  entretenues 
par  les  Bramens ,  qui  font  en  grand  nombre  ,  &  qui  y 
trouvent  leur  compte. 

Le  Mogol  boit  ordinairement  des  eaux  du  Gange ,  à 
caufe  qu'elles  font  beaucoup  plus  légères  que  les  autres  ; 
&  cependant  (dit  le  même  auteur)  j'ai  vu  des  gens  qui 
affurent  qu'elles  caufent  le  flux  de  ventre,  &  que  les 
Européens  qui  font  obligés  d'en  boire,  la  font  bouillir. 
■  Selon  De  l'Ifle ,  la  fource  du  Gange  eft  vers  96  d.  de 
longitude  ,  ckle  35  d.  de  latitude  ,  &  fon  embouchure 
occidentale  vers  le  106  d.  de  longitude,  &c  le  n  d.  15' 
de  latitude  ;  fon  embouchure  orientale  eft  vers  le  108  d. 
25'  &  par  le  Z2  d.  de  latitude. 

Jofeph,  Antiq.  1.  1  ,  et  2  ,  parlant  du  Phifon,  l'un 
des  quatre  fleuves  du  paradis  terreftre ,  dit  que  c'eft  le 
même  que  les  Grecs  ont  nommé  le  Gange.  Cette  opi- 
nion a  été  fuivie  par  Eufebe ,  de  Loas  Ebraic.  par  faint 
Ambroile  ,  de  Parad.  c.  3  ;  par  S.  Epiphane ,  Ancorat. 
c.  58  ;  par  S.  Jérôme,  Epift.  4,  ad  Rufiic.  c.  1.  & 
Qiiceft.  Ebr.  in  Genef.  par  S.  Auguftin  ,  de  Genefl  ad 
Litter.  1.8,  c.  7  ;  par  plufieurs  autres ,  &  par  la  plupart 
des  interprètes  &C  des  théologiens  modernes.  Elle  l'a  été 
par  les  Indiens  mêmes  ;  &  c'eft  fur  quoi  ils  fe  font  fondés 
pour  croire  que  le  Gange  eft  faint ,  qu'il  efface  leurs  pé- 
chés ,  &  les  fanftifie  ,  lorfqu'ils  s'y  baignent ,  &  qu'il 
les  fauvera  après  leur  mort  ;  fi  l'on  y  plonge  leurs 
corps. 

Cette  opinion  ,  dit  Huet ,  évêque  d'Avranches  ,  s'eft 
principalement  établie  fur  la  beauté ,  les  richeffes  ,  & 
les  commodités  de  ce  fleuve  dont  les  livres  des  voya- 
geurs font  pleins  :  car  encore  qu'Arrien  ,  Expedit.  Alex. 
L.  5  „  ait  écrit  que  tous  les  Indiens  ,  chez  qui  Alexandre 
porta  la  guerre ,  étoient  fans  or ,  il  y  en  avoit  pourtant 
dans  leur  terre ,  &  -Moife  a  eu  égard  à  la  nature  du  pays , 
&  non  aux  mœurs  des  habitans.  Il  eft  certain  que  le 
Gange  a  de  l'or  dans  fes  fables ,  fk  fur  fes  rives  ;  qu'on 
le  met  au  rang  des  fleuves  qui  donnent  des  pierres  pré- 
cieufes  ;  que  les  royaumes  de  Golconde  Se  de  Bisnagar 
qui  font  fur  la  côte  occidentale  du  golfe  de  Bengale,  ou 
le  Gange  fe  décharge  ,  font  abondans  en  perles  &  en 
pierres  précieufes ,  &;  que  ne  paroiffant  pas  vraifembla- 
ble  que  de  médiocres  rivières  fortifient  d'un  lieu  pré- 
paré fk  embaili  de  la  main  de  Dieu  ,  on  ne  pourroit 
attribuer  cet  honneur  qu'aux  plus  fameux  fleuves  du 
monde.  Ainfi  la  beauté  fk  les  richefles  du  Gange  ont 
fait  croire  qu'il  venoit  du  paradis  ,  fk  cette  croyance  l'a 
fait  eftimer  faint  ;  mais  de  plus ,  comme  ceux  qui  veulent 
que  le  Phifon  foit  le  Gange ,  veulent  que  le  Géhon  foit  le 
Nil ,  on  découvre  un  autre  motif  qu'ils  ont  eu  d'entrer  dans 
ce  fentiment.  C'eft  ce  paffage  de  l'Ecléfiaftique,  où  il  eft 
dit  que  Dieu  emplit  tout  de  fagejfe  comme  le  Phijon  & 
comme  le  Tigre  au  renouveau  :  qu'il  remplit  Fentendç- 
ment,  comme  l'Euphrate,  &  comme  le  Jourdain  ,  au  tems 
de  la  moiJJ'on  :■ qu'il  fait  briller  la  doctrine  ainji  quune 
lumière ,  &  comme  le  Géhon  au  tems  de  la  vendange. 
Les  pères,  en  lifant  ce  pafiage,  fe  font  perfuadés  que,  l'auteur 
a  commencé  le  dénombrement  de  ces  fleuves  par  l'orient, 
fk  l'avoit  fini  à  l'occident ,  fuivant  la  coutume  des  Hé- 
breux de  regarder  l'orient  dans  leurs  descriptions  géo- 
graphiques ,  fk  de  mettre  par  conféquent  le  feptentrion 
à  leur  gauche,  fk  le  midi  à  leur  droite,  fk  qu'ainfi  le 
Phifon  étant  le  plus  oriental  de  ces  cinq  ,  il  ne  pou- 
voit  être  autre  que  le  plus  noble  des  fleuves  d'Orient , 
qui  eft  le  Gange.  Le  Tigre  vient  après ,  comme  le  plus 
oriental  des  quatre  autres  ;  puis  l'Euphrate  ,  le  Jourdain 
eniuite ,  fk  enfin  le  Géhon  ,  qui  devoit  être  le  plus 
fameux  des  fleuves  d'Occident ,  comme  le  Gange  de 
ceux  d'Orient ,  &  ils  n'en  ont  point  trouvé  de  préférable 
au  Nil. 

Lorsque  l'on  a  établi  que  le  Phifon  eft  le  Gange, 
on  n'a  pas  fait  attention  à  la  diftance  de  fa  fource  fk 


lie    des  ■ 


qui 


venoient    du    même 


lieu  ;  ce  qui  auroit  fait  le  jardin  presque  auiïi  grand  que 
la  terre.  On  a  eu  recours  à  des  conjectures  frivoles  , 
ou  à  des  fixions  fans  preuves ,  ou  au  miracle  qui  eft  le 
refuse  ordinaire  de  ceux  à  qui  la  raifon  ne  fournit  point 
de  dévenfe ,  fk  un  moyen  fur  pour  foutenir  les  opinions 
les  plus  bizarres.  On  avoit  ouï  dire  (  ce  qui  eft  faux  ) 
que  k  Tigre  &:  l'Euphrate  fortoient  d'une  même  fource, 


&  qu'allez  près  de  leur  fource  ,  ils  fe  plongeoient 
fous  là  terre  &  reparoiffoient  bientôt  après  ,  ce  qui  eft 
véritable.  On  n'a  point  examiné  la  longueur  de  cette 
courfe  cachée  ,  &  on  a  prodigieufement  allongé  une 
étendue  qui  eft  de  peu  de  lieues.  On  a  dit  que  cette 
prétendue  fource  avoit  partagé  fes  eaux  en  quatre  fleu- 
ves ,  &r  que  ces  fleuves  s'étoient  enfuite  cachés  fous  la 
terre,  &  qu'après  de  longs  détours  fecrets  fk  inconnus 
qu'ils  avoient  faits  fous  divers  pays  &  fous  diverfes 
mers,  ils  étoient  allés  renaître  au  bout  du  monde.  Sur 
ce  principe  on  a  choifi  les  fleuves  qu'on  a  voulu  pour 
en  faire  le  Phifon  fk  le  Géhon  ;  fk  fleuve  pour  fleuve , 
on  ne  pouvoit  mieux  choifir  que  le  Gange. 

^  Mais  le  Phifon  ne  fauroit  être  le  Gange  qu'en  vertu 
d'une  fuppofition  fans  fondement.  Il  eft  bien  plus  natu- 
rel de  croire ,  avec  le  père  Hardouin  ,  que  le  Phifon 
&  le  Géhon  étoient  des  fleuves  de  l'Arabie.  Voyez 
Phison. 

Plutarque ,  dans  fon  Traité  des  Fleuves  ,  dit  que  le 
Gange  a  été  anciennement  nommé  Chliaros ,  &  raconte 
à  ce  fujet  cette  fable.  Une  fille  Indienne  eut  un  fils  par- 
faitement beau  ,  qui ,  étant  un  jour  pris  de  vin ,  fk  pres- 
que endormi ,  eut  commerce  avec  fa  mère  fans  le  (avoir. 
Ayant  enfuite  appris  de  fa  nourrice  _  quel  crime  il  avoit 
commis  ,  il  fe  jetta  de  défespoir  dans  le  fleuve  Chlia- 
ros ,  qui  perdit  fon  nom  pour  prendre  celui  de  ce  jeune 
homme.  Il  ajoute,  fur  le  témoignage  d'un  certain  Callis- 
théne  qui  avoit  écrit  de  la  chaffe ,  qu'au  bord  du  Gange 
il  croît  une  herbe  pareille  à  la  buglofe  ,  laquelle  étant 
broyée ,  on  en  exprime  le  fuc,  &:  dans  l'obscurité  de  la  * 
nuit  on  en  va  frotter  tout  à  l'entour  les  endroits  où  les 
tigres  fe  retirent  ;  ce  fuc  a  la  force  de  les  arrêter  ,  de 
manière  qu'ils  ne  peuvent  fortir,  fk  meurent  dans  cet 
endroit.  Le  Gange  fe  déborde  en  certains  tems  ,  nourrit 
des  crocodiles  ,  fk  reffemble  au  Nil  en  plufieurs  chofes. 
Voici  l'idée  qu'Apulée  ,  Florid.  c.  6 ,  nous  donne  du 
Gange  qui  coule  chez  les  Indiens  :  Ganges  apud  nos  om- 
nium amnium  maximus. 

Eoïsregnator  aquis  in  flumina  centum 

Discurrit ,   centum  valles  illi ,  oraque  centum  , 

Océanique  fretis  centeno  jungitur  amni. 

Ces  vers  font  une  preuve  que  de  fon  tems  on  ne  con- 
noiflbit  pas  ce  fleuve  fort  exactement.  Ethicus  qui  ,  dans- 
fa  Cosmographie  ,  parle  auflî  du  Gange  ,  en  fait  un  gah- 
mathias  qui  ne  mérite  pas  d'être  rapporté. 

3.  GANGE,  (le)  rivière  de  fille  de  Taprobane  , 
félon  Ptolomée  ;  c'eft  vraifemblablement  la  rivière  de 
Triuquilimale,   dans  l'ifle  de  Ceïlan. 

GANGEA,  ville  de  Perfe,  dans  la  Geirgie,  entre 
la  ville  d'Irvan  &  celle  de  Scharnaehie.  Le,  P.  Avril , 
Voyage  de  Tartarie ,  L  t.,  p.  65  ,  en  parle  ainfî:  Gan- 
géa  ,  une  des  meilleures  villes  de  la  Perle  ,  eft  fituée 
dans  une  agréable  plaine  de  plus  de  vingt-cinq  ou  trente 
lieues  d'étendue.  La  quantité  de  ruiffeaux  qui  s'y  rendent ,  ; 
&:  dont  on  fe  fert  pour  arrofer  les  jardins  qui  occupent 
une  bonne  partie  de  la  ville ,  rendent  le  terroir  .d'alen- 
tour fertile.  Nous  y  arrivâmes  au  milieu  du  printems , 
&  jamais  fpeftacle  ne  m'a  plus  frappé  que  cette  multitude  de 
maifons  entrecoupées  d'une  infinité  de  bocages ,  que  for- 
mulent alors  les  arbres  également  chargés  de  fleurs  fk  de 
feuilles,  qu'un  beau  verd  naiffant  rendoit  encore  plus  agréa- 
bles :  aufïï  les  Perfans  n'appellent-ils  point  autrement  ce 
canton  enchanté ,  que  le  parterre  de  l  Empire.  Les  bazars 
ou  marchés ,  qui  font  dans  le  centre  de  la  ville ,  font  les 
plus  beaux  fk  les  plus  magnifiques  de  tous  ceux  que  j'ai 
vus  dans  l'Orient  :  outre  leur  étendue  extraordinaire  , 
ils  font  très-bien  voûtés ,  fk  chaque  espèce  de  marchan- 
dife  y  a  fon  quartier  marqué.  Comme  la  fituation  de 
Gangéa eft  extrêmement  avantageufe pour  le  commerce, 
on  y  voit  en  tout  tems  une  très  -  grande  foule  d'étran- 
gers. 

GANGELA ,  royaume  d'Afrique  ,  dans  la  baffe  Ethio- 
pie ,  vers  le  royaume  d'Angola,  félon  Baudrand ,  édit. 
1681 ,  qui  cite  Jean  Léon  l'Africain  :  mais  Jean  ne  parle 
aucunement  de  la  baffe  Ethiopie  qu'il  ne  connoiffoit 
pas. 

GANGES ,  nom  latin  du  Gange. 


GAN 


GAN 


37 


G  ANGES  ,  petite  ville  de  France,  au  bas  Languedoc ,  très-marchande.  Elle  a  un  port  affez  commode  que  forme 
dans  le  haut  diocèfe  de  Montpellier ,  aux  confins  de  ce-  l'embouchure  d'une  rivière  que  la  mer  fait  Couvent  refou- 
lui  d'Alais  ,  fur  la  rivière  d'Aude ,  à  fept  lieues  de  Mont-  1er.  A  l'orient  de  la  ville,  eft  un  magnifique  pont  de  pierre 
pellier ,  au  feptentrion;  à  quatre  lieues  d'Andufe ,  au  cou-  noire ,  de  deux  cents  cinquante  pas  de  long,  foutenu  fur 
chant ,  &  à  dix-neuf  d'Avignon  ,  en  allant  vers  Lodéve.     plufieurs  arches.  *  Atlas  Sinenfis. 

r.iwurivr       -n_   '     i-rt: 


*  Baud.  édit.  1705. 

GANGETICATELLUS.  Lucain,  Pharfal.  I.  4 ,  v.  64, 
nomme  ainfi  le  pays  qu'arrofe  le  Gange. 

GANGETICUS  Sinus.  Les  anciens  nommoient 
ainfi  le  golfe  de  Bengale.  Il  a  quitté  le  nom  du  fleuve 
pour  prendre  celui  du  royaume  où  ce  fleuve  arrive  à  la  mer, 


GANHIANG,  ville  ce  la  Chine,  dans  la  province 
de  Huquang ,  au  département  d'Yocheu.  Elle  eft  de  f  d. 
46'  plus  occidentale  que  Pékin,  fous  les  30  d.  2'  de  la- 
titude. *  Atlas  Sinenfis. 

GANHOA,  ville  de  la  Chine,  dans  la  province  de 
Huquang,  au  département  de  Changxa.  Elle  eft  plus  occi- 


1. "GAN GIN  ,  ville  de  la  Chine,  dans  la  province  de  dentale  que  Pékin  de  6  d.  10'  ,  par  les  28  d.  58'  de  lati- 

Kiangfi,  au  département  de  Jaocheu  ,  qui  en  eft  la  fe-  tude.  *  Atlas  Sinenfis. 

conde  métropole.  Elle  eft  de  18'  plus  occidentale  que  GANI  Montes,  montagnes  de  iThrace',  félon  Gré- 
Pékin  ,  à  19  d.  de  latitude.  *  Atlas  Sinenfis.                    '  goras  :  Nicétas  les  place  vers  la  Macédoine.  Suidas  parle 

2.  GANGIN ,  ville  de  la  Chine  ,  clans  la  province  de  auffi  d'une  montagne  qu'il  nomme  Ganos  ,  vâvcç ,    de 

Huquang,  au  département  de  Hengcheu,  dixième  me-  Ganiada,  lieu  de  Thrace,  ravi*?*,  Pline  /.  4,  c.11, 

tropole  clé  la  province.  Elle  eft  plus  occidentale  que  Pékin  parle  d'une  ville  nommée  Ganos  ,  qui  ne  mbfiftoit  déjà 

de4d.  50',  parles  25  cl.  47'de  latitude.  *  Atlas  Sïntnjis.  plus  de  fon  tems.   Quelques  éditions  portent  GONOS  , 

GANGINES  ,    peuple   de  l'Ethiopie ,  félon  Orofe ,  qui  étoit  une  faute.  *  Ortel.  Thefaur. 

1.1.  Orté\'ms,Thefaur.  dit  que  c'eft  préfentement  la  Gftiéç..  GANIADA.  Voyez  l'article  précédent. 

GANGI   NUOVO,   bourg  de  Sicile,  au  pied  des  GANIATTANI ,  félon  Corneille,  Dict.  De  l'Ille  , 

montagnes  dé    Madonia  ,    à    la    fource    de    la  rivière  Carte  de  Cdlan,  écrit  Ganatam  ,  bourgade  de  l'ille 


de  Salfo,  clans  la  vallée  de  Démona.  Il  atitre  de  principauté. 

A  deux  milles,  &  au  midi  de  ce  bourg,  on  voit  les  rui- 
nes de  Gangi  Vecchio,  où  eft  encore  une  abbaye  de 
Bénédictins.  Gangi  Nuovo  tient  à-peu-près  la  place  de 
Ylmachara  des  anciens  ;  Se.  Gangi  Vecchio  tient  lieu  de 
leur  Engyum,  félon  Del'Ifle. 

GAnGIR,  (le  cap  de  )  cap  d'Ane, dans  la  Syrie,  àl'entrée 
du  golfe  d'Aïazzo,  entre  la  ville  d'Alexandrette  Se  l'embou- 
chure de  la  rivière  qui  baigne  Antioche.  *  Baud.  éd.  1705. 

GANGLUDE,  village  aux  environs  de  la  Meufe  ;  à 


de  Ceilan  ,  au  royaume  de  Candy-Uda ,  près  d'Yattonor. 

GANIPOTES.  Voyez  Sitones.      ' 

GANKI ,  ville  de  la  Chine  ,  dans  la  province  de  Fo- 
kien,  au  département  de  Civencheu  ,  féconde  métro- 
pole de  cette  province  :  elle  eft  d'un  degré  34'  plus 
orientale  que..Pékin  ,  à  25  d.  4'  de  latitude.  *  Atlas  Si- 
nenfis. 

GANKIE,  ville  de  la  Chine,  dans  la  province  de 
Chékiang ,  au  département  de  Hucheu ,  troifiéme  métro- 
pole de  la  province.  Elle  eft  plus  orientale  que  Pékin  de 


huit  lieues  d'Aix-la-Chapelle.  Eginhart  en  parle  dans  l'his-  2  cl.  16' ,  par  les  3 1  d.  3  '  de  latitude.  *  Atlas  Sinenfis. 
toire  des  faints  martyrs  Marcellin  &  Pierre.  GANKLIEU ,  ville  de  la  Chine ,  dans  la  province  de 

1.  GANGRA,  viyy^  félon  Strabon  ,  GANGRE,fe-  Channton  ,    au    département   de    Cincheu  ,    quatrième 

Ion   Pline  ,   ancienne  ville  d 'Afie ,  dans  la  Paphlagçmie.  métropole  de  la  province.  Elle  eft  plus  orientale    que 

Nous  la  nommons   Gangres  en  françois  ,  quoique  le  Pékin  d'un  degré  48'  ,    par  les  36   d.  23'  de  latitude, 

nom  moderne  foitCANGRl.  Cette  ville  eft  remarquable  *  Atlas  Sinenfis. 

fur-tout  clans  l'Hiftoire  eccléfiaftique,  par  le  concile  qui  .    GANKING,  ville  de  la  Chine  ,  dans  la  province  de 

s'y  eft  tenu  vers  l'an  342,  pour  condamner  ceux  qui  fou-  Kiangnan  ,   ou  de  Nankin:  elle  eft  de  20'  plus  orien- 

tenoient  que  le  mariage  n'eft  pas  un  état  faint  Se  agréa-  taie  que  Pékin ,   Se  fihiée  à  3 1  d.  20'   de  latitude ,  au 

ble  à  Dieu.  Strabon  ,   /.  12  ,p.  562,  dit  que  ce  n'étoit  bord  ftfptentrional  du  grand  fleuve  Kiang  ;  c'eft  une  des 

qu'une  petite  ville  ,  avec  un  château.  Pline  la   nomme  plus  belles  villes  de  la  province  :  elle  eft  riche  ,  très-mar- 

fimplement  Gangre  ;   une  Notice  de  Léon  le  Sage  chande  ;  car  c'eft  la  première  par  où  paffe  tout  ce  que 

donne  à  Gangra  le   15e  rang  entre  les  métropoles.  Elle  l'on  porte  à  Nank'n  ;  Se  elle  eft  aux  confins  des   trois 

étoit  effectivement  la  métropole  delà  Paphlagonie;  Se  provinces,  Kiangnan,  Huquang  ,   ck  Kiangfi.  Elle  a  un 

dans  la  Notice  générale  du  même  empereur ,  on  lit  Gan-  yiceroi ,  qui  eft  placé  par  le  gouverneur  de  la  province 


GRORUM  pour  le  premier  fiege  ,  les  autres  font  Junopo- 
leos ,  Dadybrorum  ,  ck  Sorarum.  La  Notice  des  Hiéro- 
cles  met  fix  évêchés  dans  cette  province. 


Pagra,  ou  Gangra, 

Pompeïopolis, 

Sora, 


Amaflrium  , 
Junopolis  , 
Dadybra. 


il  entretient  une  nombreufe  garnifon  au  fort  d'Haymuen, 
qui  défend  le  lac  de  Poyang,  ck  le  fleuve  Kiam,  où  la 
famille  de  Tanga  éleva  une  colonne  de  fer,  haute  de  trois 
perches,  grotte  à  proportion,  Se  toute  d'une  pièce.  Le 
territoire  de  cette  ville  eft  bien  expoiè  ,  agréable,  & 
fertile  ;  on  y  compte  fix  villes  , 


Cette  métropole  perdit  le  15e  rang  ,  Se  né  fut  plus  que 
la  18e,  félon  la  Notice  du  vieux  Andronic  Palœologue. 
Son  archevêque  ne  laifla  pas  d'être  compté  entre  les  Hy- 
/>ert/raej,outrès-honorables.*Cizr<z/z£tfSummaConcil.p.96, 


Ganking  , 
Tungching  j 
Cienxam , 


Taihu, 
Softmg  , 

Se  Yangkuns 


Cette  contrée  s'appelloit  autrefois  Von.  La  famille  de 


S.  Macédonius  ,  patriarche  de  Conftanfmople ,  exilé  à  Tanga  la  nomma  Jucheu;  Se  celle  de  Sunga  l'appella 

Euchaites.  fe  réfugia  à  Gangres,  pour  s'y  mettre  à  couvert  Ganking.  *  Atlas  Sinenfis. 

del'incurfion  des  Huns,  Se  y  mourut  l'an  516;  S.  Hy-  GANLUNG,  forterefle  delà  Chine,  -dans  la  province 

patins ,  qui,  à  fon  retour  du  concile  de  Nicée  ,fut  tué  par  de  Quangfi  ,   Se  la  féconde  en  rang.  Elle  eft  plus  occi- 

îes  Novatiens ,  étoit  évêque  de  Gangres.  Thevet  dit  que  dentale  que  Pékin  de   12  d.  57' ,   par  les  24  d.  4'  de 


Gangres  fut  nommé  auffi  Pompeïopolis.  Hiérocles  les 
diftingue,  comme  on  vient  de  voir.  Belon  dit  qu'elle  a 
été  nommée  Theodosia  Gangrorum  ,  Se  qu'on  a 
fait  de  ces  deux  noms  celui  de  ToTIA ,  qui ,  félon  lui , 
eft  le  nom  moderne.  Le  P.  Hardouin  femble  ftùvre  ce 
fentiment.  Le  nom  moderne  eft  GANGRI.  Ce  lieu  fe 
trouve  clans  l'Anatolie,  vers  la  fource  du  Sangari,  entre 
Chiutaye  Se  Chiangare. 


latitude.  *  Atlas  Sinenfis. 

1.  GANNAN ,  ou  Annan.  Voyez  Annan. 

2.  GANNAN,  forterefle  de  la  Chine,  dans  la  province 
de  Iunnan  ,  au  département  de  Lingan ,  troifiéme  métro- 
pole de  la  province:  Elle  eft  de' 13  d.  50'  plus  occidentale 
que  Pékin ,  fous  les  23  d.  21  '  de  latitude.  *  Atlas  Sinenfis. 

3.  GANNAN,  forterefle  de  la  Chine,  dans  la  pro- 
vince de  Queicheu  ,  au  département_de    Lungli  ,  qua- 


C'eft  Gangra,  ville  du  Pont,  nommée  parNicetas;     triéme  ville  militaire  de  la  province.  Elle  eft  plus  oc 


Ottélius  femble  les  dift 

2.  GANGRA ,  ancienne  ville  de  l'Arabie  heureufe  , 
félon  Etienne  le  géographe. 

G  ANGUEL /bourgade  d'Afrique.  Voyez BlYURT. 

GANHAY ,  forterefle  de  la  Chine  ,  clans  la  province 
de  Fokien.  Elle  eft  de  2  cl.  3'  plus  orientale  que  Pékin, 
6e  fa  latitude  eft  de  24  d.  45'.  Elle  eft  forte ,  riche  Se 


dentale  que  Pékin  de  12  d.  45' ,  par  les  25  d.  41'  de  la- 
titude. *  Atlas  Sinenfis. 

GANNARIA  ExTREMA  ,  cap  de  l'Afrique,  fur  l'o- 
céan. Quelques  exemplaires  portent  Ch  aux  aria.  Quel- 
ques auteurs  croient  que  Ptolomée  nomme  ainfi  le  cap 
de  Non.  *  Ptolom.  I.  4,  ç.  6. 

GANNAT,  petite  ville  de  France,  dans  leBourbonnois: 


38 


G  AN 


CAN 


&  la  dernière  du  côté  de  l'Auvergne,  à  une  lieue  au 
nord  de  Montpellier.  Il  y  a  un  chapitre  ,  un  Couvent  de 
Capucins,un  d'Auguftins ,  Se  un  de  Filles  de  Notre-Dame. 
On  y  compte  cinq  cens  habitans ,  &  cinq  cens  foixante 
&  dix  feux.  C'eft  une  des.  dix-neuf  cliâtellemes  qui  dé- 
pendent du  bailliage  &  (enéchauffée  de  Moulins  ;  il  y  a 
éleftion ,  grenier  à  fèl ,  bureau  d'entrée  Se  de  fortie.  De 
Lonsruerue  ,  Défi,  dé  la  France ,  p.  13 1 ,  dit  que  la  por- 
tion du  Bourbonnois  ,  où  (ont  la  ville  de  Gana  (Gan- 
nat  )  &  le  bourg  de  V"ichi,  eft  du  diocèfe  de  Clermont, 
Ôc  a  été  détachée  de  l'Auvergne.*  Piganioldela  Force  , 
Defc.  de  la  France,  t.  5  ,  p.  25a  Se  263.  .1 

GANNINGO ,  ville  de  la  Chine ,  dans  la  province 
d'Iunnan ,  au  département  d'Iunnan  ,  première  métro- 
pole de  la  province.  Elle  eft  plus  occidentale  que  Pékin 
de  14  d.  41' ,  par  les  24  d.  45'  de  latitude.  *  Atlas  Si~ 
nenfzs. 

GANNODURUM,  ou 

GANODURUM,  ancienne  ville  des  Helvétiens,  fur 
le  Rhin  ,  félon  Ptolomée  ,  /.  2,  c.  8.  Les  modernes  dis- 
putent fi  c'eft  Constance,  Zurzach,  ou  Lauf- 
FENBERG;  cependant  on  a  employé  Ganodurum  dans  le 
moyen  âge ,  pour  fignifier  Confiance. 

GANOS.  Voyez  Gant. 

1.  GANPING,  ville  de  la  Chine,  dans  la  province 
de  Quangfi  ,  au  département  de  Taiping ,  huitième  mé- 
tropole de  la  province.  Elle  eft  plus  occidentale  que  Pékin 
de  12  d.  24',  par  les  23  d.  38'  de  latitude.  *  Atlas  Si- 
nenfis. 

2.  GANPING ,  ville  de  la  Chine,  dans  le  Pékéli ,  au 
département  de  Chanting,  quatrième  métropole  de  la 
province.  Elle  eft  plus  occidentale  que  Pékin  d'un  degré 
32',  par  les  38  d.  43  '  de  latitude.  *  Atlas  Sinenjls.     ' 

GANSAY,  ville  de  la  Chine,  dans  la  province  de 
Xenfi ,  au  département  de  Jengan ,  huitième  métropole 
de  la  province.  Elle  eft  plus  occidentale  que  Pékin  de 
8  d.  io',  par  les  37  d.  32'  de  latitude.  *  Atlas  Sï- 
nenjls. 

GANSIE ,  (  le-  royaume  de  )  eft  l'ancien  pays  des  Par- 
thes.  Il  eft  fitué  à  l'oueft  des  Ta-jeu-chi,  proche  le  fleuve 
Goei-chom ,  ou  Gihon.  Dans  la  fuite  ils  ont  fournis  le 
Tiao-Tchi  ou  Perfe.  Les  géographes  des  premiers  Han 
lui  donnent  pour  capitale  Ta  ville  de  Fantéou-tching  , 
éloignée  de  Siganfou  de  11600  lieues;  au  nord  ,  ce  pays 
confine  au  Kamkiu  ;  à  l'eft ,  au  pays  d'Ou-y-chan-li  ;  à 
l'occident  ,  à  la  Perfe.  Les  géographes  des  féconds  Han 
appellent  fa  capitale  Hototching,  qu'ils  placent  à  25  milles 
lieues  de  Lo-yam  ,  &  difent  que  ce  pays  confine,  au  midi , 
a  celui  d'Ou-y-chan-li.  Ils  ajoutent  qu'il  eft  d'une  très- 
grande  étendue ,  Se  qu'il  y  a  plufieurs  centames  de  villes. 
Ils  en  nomment  une  Mo-leu-tching ,  que  l'on  appelle  la 
petite  Ganjit  ,  éloignée  de  vingt  mille  lieues  de. Lo- 
yam. 

Ces  différentes  capitales  viennent  de  ce  que  les  rois 
Parthes  ont  changé  de  capitale,  à  mefure  qu'ils  ont 
étendu  leurs  Etats.  Les  Ganfies  ont  des  monnoies  d'or 
6c  d'argent,  qui  ont  d'un  côté  l'empreinte  du  roi  ,  de 
l'autre  la  figure  d'un  homme  ;  c'eft  ce  que  l'on  voit  fur 
la  monnoie  des  Parthes.  *  Hifioire  générale  des  Huns , 
t.  11  ,  p.  50. 

GANSO,  ville  de  k  Chine  ,  dans' le  Pékéli ,  au  dé- 
partement de  Paoting  ,  féconde  métropole  de  la  pro- 
vince. Elle  eft  plus  occidentale  que  Pékin  d'un  degré 
16',  par  les  39  d.  20'  de  latitude.  *  Atlas  Sinenjls. 

1.  GANT.  Voyez  Gorduni. 

2.  GANT  ,  bourg  de  France ,  dans  le  Béarn  ,  fur  la 
petite  rivière  de  Nés  ,  à  deux  lieues  de  Pau ,  du  côté  du 
midi.  Pierre  de  Marca  ,  dont  l'excellent  livre  intitulé 
Marca  Hispanica ,  a  fourni  tant  de  lavantes  obferva- 
tions  à  ce  Di&ionnaire ,  naquit  en  cet  endroit,  le  vingt- 
quatre  Janvier  1594  :  il  fut  confeiller  d'Etat,  Se  marié. 
Etant  devenu  veuf,  il  fe  fit  éccléfiaftique ,  fut  évêque  de 
Conferans ,  Se  enfuite  archevêque*  de  Touloufe;  Se  il 
étoit  nommé  à  l'archevêché  de  Paris ,  lorsqu'il  mourut  le 
29  Juin  1661. 

1.  GANTING,  ville  de  la  Chine,  dans  1a  province 
de  Xenfi ,  au  département  de  Chunchang ,  cinquième 
métropole  de  la  province.  Elle  eft  plus  occidentale  que 
Pékin  de  11  d.  21',  par  les  37  d.  9'  de  latitude.  *  Atlas 
Sïnenfc. 

2.  GANTING,  yille  de  la  Chine ,  dans  la  province 


de  Xeufi  ,  au  département  de  Jengan,  huitième  métro- 
pole de  la  province.  Elle  eft  plus  occidentale  que  Pékin 
de  8  d.  18'  ,  par  les  38  d.  8'  de  latitude.  *  Atlas  Si- 
nenjls. 

GANTOIS,  (les)  habitans  de  Gand. 

GANTUNG ,  ville  de  la  Chine  ,  dans  la  province 
de  Kiangnan  ,  au  département  de  Hoaigan ,  huitième  mé- 
tropole de  la  province.  Elle  eft  de  2  d.  46'  plus  orien- 
tale que  Pékin,  fous  les  34  d.  36'  de  latitude.  *  Atlas  Si- 
nenjis. 

GANXUN,  cité  de  la  Chine,  dans  la  province  de 
Queicheu.  Elle  eft  de  12  d.  6'  plus  occidentale  que  Pé- 
king ,  Se  compte  2  5  d.  3  5  '  de  latitude.  Elle  n'a  dans  fon 
diftricl:  que  deux  fortereffes  ,  NlNGCO  Se  SlPAO.  On 
prétend  qu'elle  appartenoit  à  la  feigneurie  d'Hoang-fo.  La 
famille  de  Juen  la  bâtit,  Se  l'annexa  à  la  province  de 
Junnan  :  celle  de  Taiminga  l'unit  à"  la  province  de 
Queicheu.  O  y  compte  trois  ponts ,  l'un  au  levant ,  & 
l'autre  au  couchant  de  la  ville  ;  le  troifiéme ,  furnommé 
Tienseng  ,  c"'eft-à-dire  naturel,  a  plus  de  mille  perches 
d'étendue  ,  Se  touche  aux  murs  de  la  ville  ;  l'eau  paffe 
par  defïbus  ;  Se  le  chemin  eft  fi  bien  creufé  des  deux 
côtés ,  qu'il  reflemble  à  l'arche  d'un  pont.  *  Atlas  Si- 
nenfis. 

Cette  cité  a  au  levant  une  montagne  nommée  NîÈN- 
CUNG,  qui  eft  très-haute ,  quoiqu'elle  n'ait  que  dix  ftades 
de  terrein. 

1.  G  AN  Y,  ville  de  la  Chine,  dans  la  province  de 
Kiangfi ,  au  département  de  Nankang ,  quatrième  mé- 
tropole de  la  province.  Elle  eft  d'un  degré  48'  plus  occi- 
dentale que  Pékin ,  fous  les  29  d.  41  '  de  latitude. 

2.  GANY,  ou  GaGNY  ,  en  latin  Vadiniacum ,  village 
de  France,  au  Vexin,  fur  la  rivière  d'Epte,  à  un  grand 
quart  de  lieue  de  l'endroit  où  elle  fe  décharge  dans  la 
Seine,  entre  Vernon  Se  la  Roche -Guyon,  au  diocèfe 
de  Rouan.  On  croit  que  S.  Nigaife,  S.  Quirin  ou  Cerin  , 
S.  Scuvicule  ou  Egobillc,  S.  Pienche  ,  Se  quelques  autres 
y  furent  martyrifés.  L'un  des  plus  célèbres  eft  S.  Cler , 
qui  a  donné  le  nom  au  bourg  de  Saint-Cler,  lieu  de  fa 
première  fépulture  ,  Se  de  fon  culte ,  proche  de-là ,  fur  la 
même  rivière.  C'eft  le  même  que  Gasny.  Voyez  cet  ar- 
ticle. *  Baillet,  Topogr.  des  Saints,  p.  599. 

GANYE  ,  ville  de  la  Chine  ,  dans  la  province  de 
Channfi,  au  département  de  Pingyang,  féconde  métro- 
pole de  la  province.  Elle  eft  plus  occidentale  que  Pékin  y 
de  6  d.  40'  ,  par  les  36  d.  20'  de  latitude.  *  Atlas  Si- 
nenfis. 

GANYNËN ,  ville  de  la  Chine ,  dans  la  province  de 
Kianfï,  au  département  de  Cancheu,  douzième  métro- 
pole de  la  province.  Elle  eft  d'un  degré  5  5  '  plus  occi- 
dentale que  Pékin ,  fous  les  25  d.  12'  de  latitude.  *  Atlas 
Sinenjls. 

GANZ,  royaume'd' Afrique,  dans  la  partie  méridio- 
nale de  l'Abiffinie,  au  nord  d'un  lac  qui  fe  décharge  dans 
la  rivière  de  Béto,  tombe  enfuite  dans  le  Nil.  Il  eft  voi- 
fin  du  royaume  de  Gafat.  Ludolf,  FUJI.  Ethiop.  I.  1 , 
c.  3  ,  obferve  que  quelques-uns  trouvant  ce  nom  avec 
celui  de  Bali  ,«■  autre  royaume  ,  clans  les  titres  du  roi 
d'Abifîinie ,  en  ont  fait  mal-à-propos  un  nouveau  royaume 
qu'ils  ont  nommé  BALEGANZ. 

GANZO  ,  ou  Gamzo  ,  ancienne  ville  de  la  Pales- 
tine ,  dans  la  tribu  de  Juda.  Les  Philiftins  la  prirent  fous 
le  règne  d'Achaz.  *  Paralip.  I.  2,  c.  28  ,  v.  18. 

GAOGA,  ou  KaucHA  ,  royaume  d'Afrique  ,  dans 
là  Nigritie  ,  à  l'extrémité  orientale.  Il  eft  borné ,  au 
couchant,  par  le  royaume  de  Bournou;  au  nord,  par  le 
pays  de  Berdoa,  Se  confine  à  l'Egypte  par  un  coin.  Au 
nord-eft  ,  il  a  pour  bornes  la  Nubie  ;  au  fud-eft,  Bar-el- 
Abiad ,  qui  fe  jette  dans  le  Nil  ;  Se  au  midi ,  le  royaume 
Se  les  déferts  de  Gorhan.  Sa  longueur  Se  fa  largeur  font 
d'environ  cinq  cens  milles.  Ce  pays  n'eft  habité  que  par 
des  Barbares  qui  vont  tout  nuds  ,  Se  n'ont  qu'un  peu  de 
peau  pour  couvrir  ce  que  la  bienféance  ne  permet  pas 
de  laiffer  voir  ;  leurs  cabanes  ne  font  que  des  bran- 
chages Se  des  feuillages  :  ils  ont  des  troupeaux  nom- 
breux ,  Se  en  ont  grand  foin.  *  J.  .Léon ,  Defcr.  Afric. 
1-7,  '■  16. 

Ils  ont  vécu  libres  affez  long-tems-;  mais  ils  ont  été 
fubjugués  par  un  Nègre  du  pays ,  qui  ma  fon  maître  , 
prit  tous  fes  effets,  s'enfuit  dans  fou  pays,  qui  n'étoit  pas 
éloigné  ;  affembla  plufieurs  autres  Nègres ,  leur  acheta 


CAP 


CAR 


des  chevaux  ,  les  exerça  à  la  courfe ,  pilla  les  environs. 
Son  parti  augmentant  tous  les  jours,  il  fe  fit  reconnoître 
fouverain.  Son  fils ,  qui  lui  fuccéda  ,  fuivit  fes  traces  ,  &c 
régna  quarante  ans,  après  quoi ,  il  laiffa  cette  couronne  à 
fon  frère  Moïfe ,  dont  le  petit-fils  nommé  Homar ,  regnoit 
encore  ,  lorsque  Jean  Léon  écrivoit. 

Le  Lac  de  GAO.GA,  lac  d'Afrique  ,  au  royaume 
de  même  nom,  par  le  34  d.  de  longitude,  &  le  16  d. 
de  latitude  feptentrionale.  *  De  l'IJle,  Atlas. 

La  Ville  de  GAOGA,  ou  Kaucha,  ville  d'A- 
frique ,  en  Nigritie ,  dans  le  royaume  du  même  nom  , 
au  nord  du  lac  de  Gaoga  ;  c'eft  la  feule  ville  qu'on  con- 
noiffe  dans  ce  royaume  ;  car  Kucu  eft  au  nord-eft  du 
pays  de  Kovar  qui  eft  la  partie  feptentrionale  du  royaume 
de  Gaoga. 
GAORIS.  Voyez  Goaris. 

GAOXA ,  ifle  de  la  Chine  ,  fur  la  côte  de  la  pro- 
vince de  Quantung.  Corneille  dit ,  après  le  P.  Kircher  , 
qu'on  y  voit  un  animal  qui  eft  poiffon  à  écailles  une  par- 
tie de  l'année  ,  ck  oifeau  à  plumes  pendant  une  autre 
{ai  fon. 

GAOYANG,  ville  de  la  Chine,  dans  le  Pékéli,  au 
département  de  Poating ,  féconde  métropole  de  la  pro- 
vince. Elle  eft  plus  occidentale  que  Pékin  d'un  degré  15', 
parles  39  d.  3'  de  latitude.  *  Atlas  Sinenfis. 

GAP,  en  latin  Vapincum,  ou  Vapingum,  ville 
de  France  en  Dauphiné  ,  dans  le  Gapençpis ,  aux  con- 
fins de  la  Provence ,  fur  la  rivière  de  Bene.  Elle  eft  au 
pied  d'une  montagne ,  &  commence  à  fe  rétablir  du  fac 
qu'elle  fouffrit  en  1691.  Elle  eft  médiocrement  grande  ; 
fa  cathédrale  eft  un  édifice  nouvellement  réparé  :  la  mai- 
fon  de  l'évêque  n'a  rien  de  remarquable.  Cet  évêché  eft 
ancien  :  les  noms  de  fes  trois  premiers  évêques  ne  nous 
font  pas  connus  ;  mais  le  quatrième ,  appelle  S.  Conjlamin, 
aflifta  au  premier  concile  d'Orange.  Il  y  a  dans  ce  dio- 
cèfe  deux  cens  vingt-neuf  paroiffes.  Le  chapitre  de  la 
cathédrale  eft  compofé  d'un  doyen ,  de  trois  perfonnats  , 
&  de  treize  chanoines  en  tout.  Il  y  a  quelques  maifons 
dans  la  ville  qui  font  affez  pafTables.  Les  murailles  font 
fort  peu  de  chofe.  Les  cordeliers  font  hors  de  la  ville  , 
&  leur  églife  eft  affez  jolie  pour  le  pays.  Charange 
eft  la  rnaifon  de  plaifance  de  l'évêque.  Elle  eft  affez  éle- 
vée ,  mais  fort  peu  de  chofe  par  elle-même.  *  Piganiol 
de  la  Force ,  Descr.  de  la  France,  t.  3  ,  p.  250  6k  263. 
Long.  23  d.  44'.  Latit.  44  d.  35'. 

GAPACHI,  ancien  peuple  de  l'Ethiopie  ,  fous  l'E- 
gypte ,  félon  Ptolomée ,  /.  4,  c.  7. 

GAPENÇOIS  ,  (  le)  pays  dé  France ,  en  Dauphiné  : 
la  Provence  le  borne  au  levant  &  au  midi  ;  le  Diois , 
au  couchant,  &  le  Graifivaudan  au  nord.  Gap  en  eft  la 
capitale.  Les  peuples  de  ce  pays  s'appelloient  autrefois 
Tricorii  :  leur  pofition  eft  exa&ement  marquée  par 
Tite-Live  qui  raconte  au  1  liv.  de  la  3  e  Dec.  qu'An- 
nibal  entra  dans  le  territoire  des  Tricaftins,  c'eft-à-dire, 
dans  le  diocèfe  de  Saint-Paul-Trois-Châteaux  ;  que  de-là 
il  s'avança  jusqu'à  l'extrémité  des  Vocontiens ,  où  eft  la 
ville  de  Die  ,  d'où  il  entra  dans  le  territoire  des  Tri- 
coriens;  à  l'égard  de  la  ville  nommée  Vapincum  ou 
Gap ,  aucun  ancien  géographe ,  ni  hiftorien  n'en  a  fait 
mention;  mais  on  la  trouve  dans  l'Itinéraire  d'Antonin, 
dans  celui  de  Bourdeaux  à  Jérufalem  ,  6k  dans  la  Carte 
de  Peutinger.  *  Longuerue  ,  Descr.  de  la  France ,  part.  1 , 
p.  327. 

Le  premier  évêque  de  Gap  ,  ou  Vapincum ,  qu'on 
connoiffe ,  eft  Conftantius  qui  affifta  au  concile  d'E- 
paune ,  fous  Sigismond ,  roi  des  Bourguignons ,  à  qHi 
les  Gapençois  obéiffoient  alors  :  peu  après,  ce  pays  vint 
au  pouvoir  des  François  Mérovingiens.  Sous  les  Carlo- 
vingiens,  il  fit  partie  du  royaume  de  Bourgogne;  fut 
poffédé  enfuitepardes  princes  de  différentes  maifons,  6k 
presque  tout  diffipé  fous  le  règne  de  Rodolphe  le  Lâche. 
Dans  ce  tems ,  Guillaume  Taillefer ,  comte  de  Touloufe , 
poffédoit  tout  ce  qui  eft  entre  le  Rhône  ,  1'Ifere ,  6k  la 
Durance  :  il  époufa  ,  vers  l'an  1000  ,  Emma  ,  fille  de 
Guillaume ,  comte  de  Forcalquier  ,  6k  prit  la  qualité  de 
marquis  de  Provence.  L'arriere-petit-fils  du  comte  Guil- 
laume 6k  d'Emma ,  n'eut  qu'une  fille ,  Adelaïs ,  qui  époufa 
Ermengaud ,  comte  d'Urgel ,  en  Catalogne  ,  &  le  fit 
comte  de  Forcalquier  6k  de  Gap  ;  fon  arriere-petit-fils 
n  ayant  pas  voulu  faire  hommage  à  l'empereur  Frédéric 
Bacberouffe ,  fut  mis  au  ban  de  l'Empire ,  l'an  1 1 62.  Guil- 


39 


laume  fut  rétabli  deux  ans  après  ;  6k ,  Fan  1 1 78  ,  le  même 
comte  fit  hommage  à  Alfonfe ,  roi  d'Aragon  ,  comme 
comte  de  Provence. 

Du  tems  de  Guillaume ,  comte  de  Forcalquier  6k  de 
Gapençois  ,  l'évêque  de  Gap  obtint  la  feigneurie  entière 
de  la  ville  &  du  territoire,  fans  cependant  fe  féparer  du 
comté  de  Forcalquier ,  qui  fut  depuis  uni  à  celui  de  Pro- 
vence. André  de  Guigues ,  en  époufant  Béatrix  de  Claus- 
tral ,  eut  le  comté  d'Embrunois  6k  de  Gapençois ,  de- 
puis le  pont  de  Buech ,  près  de  Sifteron  ,  &  au-deffus  , 
en  remontant  la  Durance  ;  ce  qui  ne  lui  donna  aucune 
fupériorité  fur  l'évêque  de  Gap.  Au  contraire ,  le  Dau- 
phin André  fit  hommage ,  l'an  1 13  2 ,  de  ce  qu'il  poffédoit 
dans  le  Gapençois  ,  à  Guillaume  de  Sclapon ,  évêque  de 
Gap.  Le  Dauphin  Guigues ,  fils  d'André ,  rendit  les  mê- 
mes devoirs  à  Othon,  évêque  de  Gap.  Ce  prélat ,  pour 
mettre  à  la  raifon  les  habitans  qui  l'avoient  arrêté  pri- 
fonnier,  affocia  à  la  feigneurie  de  cette  ville  Charles 
d'Anjou  premier  du  nom ,  roi  de  Sicile ,  &  fes  fucceffeurs, 
aux  comtés  de  Provence  6k  de  Forcalquier,  dont  ce  pré- 
lat étoit  auparavant  vaffal  fidèle,  comme  fes  prédéceffeurs 
l'avoient  été.  Geoffroi  de  Lyoncel,  fucceffeur  d'Othon, 
reconnut  tenir  fa  ville  de  Gap  6k  une  partie  de  fon  tem- 
porel, de  Robert  roi  de  Naples  6k  comte  de  Provence, 
au  mois  de  Décembre  de  l'an  1309;  Se  Dragonet,  évê- 
que de  Gap,  rendit  à  ce  roi,  comte  de  Provence,  le 
même  devoir  au  mois  de  Juillet  13 19. 

Les  fucceffeurs  de  Robert  au  comté  de  Provence, 
jouirent  paifiblement  des  mêmes  droits  fur  Gap ,  jufqu'à 
l'an  1447.  Ce  fut  alors  que  le  Dauphin  Louis ,  depuis 
roi  de  France ,  chaffa  de  Gap  l'évêque  Guillaume  de 
Ceirefte,  qui  s'étoit  oppofé  au  paffage  de  fes  troupes.  Ce 
prélat  fut  rétabli  peu  après ,  à  la  prière  du  pape ,  6k  de- 
manda pardon  au  roi  Charles  VII,  6k  au  Dauphin  fon 
fils;  l'évêque  fut  même  contraint  de  fouffrir  que  tes  dio- 
céfains  fùffent  compris  dans  l'impofition  que  les  Etats  du 
Dauphiné  firent  par  feu  fur  cette  province.  Enfuite  le 
Dauphin  fe  rendit  maître  abfolu  de  la  ville  de  Gap  ; 
mais  ayant  reconnu  qu'elle  appartenoit  au  roi  René  , 
comte  de  Provence,  6k  à  l'évêque  Gaucher  de  Forcal- 
quier, il  la  leurreftitua;  ainfi  ce  ne  fut  qu'après  l'union 
de  la  Provence  à  la  couronne,  &  après  la  mort  de  Char- 
les du  Maine ,  neveu  &  fucceffeur  de  René  ,  que  Louis 
XI,  6k  fon  fils,  Charles  VIII,  eurent  la  fouveraineté  de 
la  ville  6k  de  l'évêché  de  Gap. 

Dans  le  fiécle  fuivant,  le  Gapençois  reconnut  la  juris- 
diftion  du  parlement  de  Grenoble.  Le  procureur-général 
du  parlement  d'Aix  intenta,  à  ce  fujet ,  procès  à  celui 
de  Grenoble ,  devant  le  roi  François  I  6c  fon  confeil 
d'état ,  qui ,  par  un  arrêt  rendu ,  l'an  1 53  5  „  adjugea  Gap 
aux  Provençaux.  Cet  arrêt  ne  fut  point  exécuté.  Le  par- 
lement de  Grenoble ,  6k  les  officiers  du  Dauphiné  font 
demeurés  en  poffeftion  de  Gap. 

Cette  ville  eft  aujourd'hui  peu  confîdérable  ,  ayant 
fouvent  été  ruinée  ,  durant  les  guerres  civiles  6k 
étrangères  ,  &  fur-tout  dans  l'invafion  que  les  ennemis 
de  l'Etat  firent  en  Dauphiné,  l'an  1692.  Les  évêques  de 
Gap  ,  dont  la  ville  avoit  été  mife  fous  la  féconde  Nar- 
bonoife ,  ont  toujours  reconnu  pour  métropolitains  ceux 
d'Aix  ,  depuis  que  ces  derniers  prélats  ont  joui  de 
la  dignité  archiépiscopale,  après  le  concile  de  Franc- 
fort. 

GAPHARA  ,  ancien  village  d'Afrique ,  dans  la  Mar- 
marique,  félon  Ptolomée,  1.  4,  c.  5.  Il  étoit  dans  les 
terres ,  6k  à  quelque  diftance  de  la  mer. 

GAPSELUS.  Voyez  Galepsus. 

GAR  ,  ville  d'Afrique ,  dans  la  province  de  Tripoli, 
le  long  de  la  côte ,  près  de  la  capitale.  Elle  eft  toute  ou- 
verte comme  un  village.  On  y  voit  encore  quelques  rui- 
nes de  murailles  &  de  tours.  Quelques-uns  la  nomment 
la  Citerne  ,  à  laquelle  Ptolomée  donne  43  d.  25'  de  lon- 
gitude ,  6k  3 1  d.  20'  de  latitude.  (  Il  parle  de  Cijlernce  , 
&  met  43  d.  1 5'  de  longitude.  )  Marmol  ajoute  :  Elle  eft 
habitée  des  Béréberes  ,  qui  étoient  fujets  du  feigneur  de 
Tacore,  lorsque  Tripoli  étoit  aux  Chrétiens.  Il  y  a  aux 
environs  quantité  de  palmiers  de  grand  rapport,  &  quel- 
ques terres  où  l'on  feme  de  l'orge.  Les  habitans  vi- 
vent de  ces  fruits  6k  de  la  pêche.  *  Marmol,  Afrique , 
1.  6 ,  c.  48. 

GARABUS A ,  petite  ifle  de  la  mer  Méditerranée ,  avec 
un  fort, .dans  un  port  de  même  nom,  lùr  la  côte  occidentale. 


4o 


GAR 


GAR 


de  l'if.e  de  Candie,  au  territoire  de  la  Canée,  près  du 
cap  de  Bufo.  Les  Turcs  s'en  emparèrent  par  furprife ,  au 
commencement  de  1692,  &  l'ont  gardé,  par  la  paix  de 
Carlowitz.  *  De  Wit,  Carte  de  Candie.  Baud.  édit. 
1705. 

GARACK,  ifle  du  golfe  Perfique,  l'une  des  plus  con- 
fidéiables  qu'on  y  trouve.  Elle  eft  également  éloignée 
des  côtes  de  Perte  ,  &  de  l'Arabie ,  à  dix-huit  lieues  ou 
environ  de  l'embouchure  de  l'Euphrate.  Elle  a  la  ville  de 
Berderrich  au  nord,  &  l'ifle  de  Baharem  au  midi.  Lors- 
que le  golfe  Perfique  étoit  partagé  entre  plufieurs  petits 
ibuvera'ins,  l'ifle  de  Garack  appartenoit  aux  Juifs,  & 
l'on  voit  erwore  les  ruines  de  la  ville  qu'ils  habitoient  ; 
elle  a  dû  être  fort  grande  Se  fort  belle,  fi  on  en  juge  par 
les  monumens  qui  en  reftent.  La  fynagogue  ,  bâtie  en 
forme  de  pyramide  ,  fert  aujourd'hui  de  mosquée  aux 
Mahométans  ;  mais  tous  ces  petits  Etats  ont  été  fujets 
à  bien  des  révolutions.  Après  que  les  Portugais  fe  furent 
rendus  maîtres  d'Ormus ,  ils  les  réduifirent  fous  leur  do- 
mination, &C  en  furent  eux-mêmes  chartes  parCha-Abas 
roi  de  Perfe.  Ce  fut  la  dernière  révolution  des  ifles  du 
golfe  Perfique ,  dont  les  villes  habitées  préfentement  par 
les  Arabes ,  ne  coniérvent  plus  que  quelques  vertiges  de 
leur  première  grandeur.  Cela  paroît  principalement  en 
l'ifle  de  Garack  :  au  lieu  d'une  ville  fuperbe  qu'on  y 
voyoit  anciennement ,  on  n'y  trouve  plus  qu'une  bo.ur- 
gade  bâtie  des  débris  des  édifices ,  qui  en  failbient  l'or- 
nement. Elle  eft  fur  un  coteau  dont  la  vue  eft  fort  agréa- 
ble. Le  terroir  eft  fec  &;  pierreux ,  brûlé  par  les  ardeurs  du 
foleil  ,  élevé  par  le  milieu ,  &  presque  tout  découvert. 
Les  troncs  énormes,  &£  les  racines  qu'on  y  voit  encore, 
font  connoître  qu'il  y  avoit  un  bois.  Du  côté  de  l'orient , 
on  trouve  quelques  bocages  épais ,  aflez  frais  ,  &C  quel- 
ques palmiers  plus  beaux  à  peindre  ,  pour  repréfenter 


Garamantes.  Il  dit ,  Edog.  8  ,  v.  44:  Extremi  Ga 
tes  :  ces  deux  partages  ne  font  point  connoître  la  pofition 
de  ces  peuples.  Pline,  A  5  ,  c.  5  ,  eft  presque  le  feul  qui 
en  ait  donné  des  détails.  Voici  ce  qu'il  en  rapporte  :  au- 
delà  il  y  a  des  déferts  :  Matelgœ ,  bourg  des  Garaman- 
tes ;  Débris ,  où  eft  une  fontaine  qui ,  depuis  midi  jus- 
qu'à minuit,  eft  brûlante  ;  &  depuis  minuit  jusqu'au  midi 
fuivant ,  elle  eft  d'un  froid  à  glacer  ;  la  fameufe  GARAMA, 
capitale  des  Garamantes.  Tout  ce  pays  a  été  dompté  par 
les  armes  des  Romains ,  &c  Cornélius  Balbus  en  a  triom- 
phé... .  &  dans  fon  triomphe ,  outre  les  villes  de  Cidame 
&  de  Garama  ,  on  porta  les  noms  &  repréfentations  de 
toutes  les  nations  &  villages  qui  marchèrent  dans  cet 
ordre  :  Tabidium ,  petite  ville  ;  Niteris ,  nation  ;  Negli- 
gemela ,  bourg  ;  Bubcïum,  nation  ou  bourg;  les  Enipi  , 
peuple  ;  Thuben  ,  bourg  ;  la  Montagne  noire  ;  Nitïbrum 
&c  Rapfa ,  bourg;  les  Disceri ,  peuple  ;  Débris,  bourg; 
le  Nacabur ,  rivière  ;  Tapfagum ,  bourg  ;  les  Nannagï , 
peuple;  Botn,  bourg;  Pige,  bourg;  le  Dafibari,  ri- 
vière :  enfuite  on  voyoit  ces  bourgs,  Baracum,  Baluba, 
AlaJi,Balfa,  G  alla ,  Maxala,  Zi^ama ,  le  Giri,  mon- 
tagne ,  où  un  écriteau  marquoit  qu'il  y  croît  des  pierres 
précieufes.  On  n'avoit  pu  encore  trouver  le  vrai  chemin 
pour  aller  aux  Garamantes ,  pourfuit  l'auteur  cité  ;  car 
les  coureurs  de  cette  nation  couvrent  de  fable  les  puits  , 
qu'il  ne  faut  pas  creufer  bien  profondément ,  quand  on 
connoît  le  pays.  Pendant  la  dernière  guerre  que  l'on  a 
laite  contre  les  habitans  d'Œea,  fous  Vespafien,  on  a 
trouvé  un  chemin  plus  court,  qui  n'eft  que  de  quatre 
jours  ;  ce  chemin  s'appelle  le  long  de  la  pointe  du  rocher. 
Ptolomée ,  /.  4 ,  c.  6,  dit  :  les  Garamantes  s'éten- 
dent depuis  les  fources  du  Bragadas ,  jusqu'aux  marais 
de  Nuba. 
Les  nations  &  les  villes ,  ou  bourgs ,  que  Pline  nomme 


lieu  qui  a  quelque  chofe  d'affreux  &  d'agréable  tout  à  la     dans  le  triomphe  de  Balbus ,  n'étoient  peut-être  pas  toutes 


fois  ,  qu'ils  ne  font  commodes  aux  habitans.  Cette  ifle 
où  s 'eft  confervé  un  aqueduc  de  pierre  de  taille ,  qui  tra- 
versât l'ancienne  ville ,  feroit  peu  importante ,  fi  l'on  n'y 
faifoit  la  pêche  des  perles.  Elle  en  fournit  à  l'Europe  &: 
à  l'Afie ,  &  les  connoifTeurs  conviennent  que  ce  font  les 
plus  belles.  *  Carre,  Voyage  des  Indes,  t.  I  ,  p.  130 
&  fuiv. 

GARADA ,  ancien  lieu  de  la  Syrie.  Varron ,  de  Re 
rujl.  c.  48  ,   parle  avantageufement  de  fa  fertilité. 

GARjE  ,  lieu  par  où  parte  d'abord  le  Méandre ,  avant 
que  de  traverfer  l'Ionie ,  où  il  fe  jette  dans  la  mer.  *  Tu. 
Liv.l.  38. 

GARjETIUM  ,  château  d'Afrique ,  au  pays  des  Mes- 
foles.  Il  fut  attaqué  par  Calpurnius  Craflîis  ,  au  rapport 
de  Plutarque.  *  Parall.  Hifl.  Rom.  &  Gmc. 

GARAISON  ,  (  Notre-Dame  de  )  lieu  célèbre  pour  la 
dévotion  à.  la  Vierge ,  dans  la  Gascogne  ,  au  pays  des 
Quatre-V allées  ,  dans  celle  de  Magnoac.  Cette  chapelle 
eft  deffervie  par  quinze  prêtres  qui  font  beaucoup  de  fruit 
dans  le  canton. 

GARAMA.  Voyez  l'article  GARAMANTES. 
G ARAM/EI ,  ancien  peuple  de  l'Aflyrie,  félon  Ptolo- 
mée, l.  6,  c.  1.  Ils  étoient  vers  le  milieu ,  entre  l'Arra- 
pachitide  ,  &  la  Sitacene. 

GARAMANTES,  ancien  peuple  de  la  Lybie  ,  dans 
l'intérieur  de  l'Afrique ,  félon  Ptolomée,  A4,  c.;6.  Stra- 
bon,  /.  17,  dit  :  au-deftus  de  la  Getulie,  eft  le  pays  des 
Garamantes ,  qui  lui  eft  parallèle.  Il  l'éloigné  des  Ethio" 
piens ,  &  des  habitans  du  rivage  de  la  mer ,  de  neuf  ou 


des  Garamantes.  On  ne  fait  celles  qui  en  étoient ,  ou  des 
pays  voifins.  Ce  même  auteur  nomme  une  forte  de  pierre 
précieufe  Garamantites  ;  peut-être  venoit-elle  de  la  mon- 
tagne Giri  ,  de  laquelle  il  fait  mention  dans  le  partage 
cité. 

GARAMAS,  montagne  d'Aile.  Vibius  Sequeftery  met 
la  fource  du  Phafe. 

GARAPHA ,  ville  maritime  dei' Afrique  propre ,  félon 
Ptolomée,  A4,  c.  3.  Les  ruines,  que  l'on  voit  à  Gar, 
pourraient  bien  être  celles  de  cette  ville. 

GARAPHI  Montes  ,  montagnes  de  la  Mauritanie 
Céfarienfe,  félon  Ptolomée ,  A4,  c.  2. 

GARAS ,  autre  montagne  du  même  pays ,  félon  le 
même  auteur. 

GARATES,  ruifleau  du  Péloponnefe,  dans  l'Arca- 
die ,  félon  Paufania's ,  A  8 ,  c.  54. 

GARAUP  ou  la  Garoupe.  (  Cap  de  )  Voyez  au 
mot  Cap. 

GARAZU,  petite  ville  de  l'Amérique  méridionale, 
au  Brefil ,  dans  la  capitainie  de  Fernambouc ,  fur  la  côte, 
à  fix  lieues  espagnoles  d'Olinde.  Les  Hollandois  la  fur- 
prirent  au  mois  de  Mai  1632  ,  &£  l'ont  perdue  avec  le 
refte  du  Brefil.  Corneille  ,  Diction,  a  eu  tort  de  dire 
qu'ils  en  font  aujourd'hui  les  maîtres.  *  Baud.  éd.  1705. 
G ARBATA  ,  ràpÇœra ,  montagne  de  l'Ethiopie ,  fous 
l'Egypte,  félon  Ptolomée,  A  4,  c.  8.  Elle  étoit  à  l'orient 
du  Nil. 

GARBENSIS,  fîége  épiscopal  d'Afrique,  dans  la  Nu- 
midie.  La  Notice  d'Afrique  met  entre   les  evêques  de 


dix  journées  de  chemin,  &£  de  quinze  d'Ammon;  mais    Numidie  Félix  de  Garbe  {Félix  Garbenfù.)  Il  eft  parlé 


d'un  autre  Félix  de  Garbe  dans  la  Conférence  de  Car- 
thage,  p.  288,  éd.  Dupin.  Viftor  de  Garbe  eft  nommé 
dans  les  Aftes  du  concile  de  Cirtha,  ck  dans  S.  Optât, 

'  g'aRBOLANGI.  Voyez  Hyccara. 

GARCIA ,  (ifle  de  Diego-)  ifle  de  la  mer  des  Indes , 
au  nord-eft  de  celle  de  Roquepire,  ouRoquepic.  Long.  86. 
Latit.  mirid.  7  d.  30'. 

Cette  ifle,  qui  a  dix  ou  douze  lieues  de  longueur ,  eft 

fort  agréable  ,    6c  capable  de  donner  toutes  fortes  de 

Les   Romains  d'alors  -ne  connoifloient  rien  au-delà  des    rafraîchiflemens  ;  mais  l'accès  en  eft  difficile.    Elle  eft 


ne  donne  cette  diftance ,  que  pour  un  ouï-dire.  Il  1 
paroît  pas  que,  fous  Augufte,  on  eût  une  connoiflance  fort 
diftinfte  de  ce  peuple.  Virgile  ,  JEneïd.  1.6,  v.  794,  dit 
que  ce  prince  étendra  fon  empire  fur  les  Garamantes  & 
les  Indiens.  Cela  peut  avoir  deux  fens ,  c'eft-à-dire,  fur 
les  peuples'.les  plus  reculés  de  l'Afie  cV.  de  l'Afrique: 

Super  &  Garamantas  &  Indos 
Proférée  imperium. 


Indes,  en  Afie ,  ni 
que. 


-delà  des  Garamantes,  en  Afri- 


Cela  peutauffi  s'entendre  de  deux  peuples  rapprochés, 
en  expliquant  ces  Indiens  par  les  Ethiopiens  que  l'on  a 
appelles  auflï  Indiens ,  &  qui  étoient  peu  éloignés  des 


couverte  de  cocotiers,  &  fi  remplie  d'oifeaux-,  qu'ils 
y  forment  continuellement  une  efpece  dénuée.  *  Robert, 
Carte  d'Afie ,  175 1  Voyage  du  ch.  Michelburne,  iôoy. 
GARCILUIN ,  ville  d'Afrique  ,  en  Barbarie  ,  au 
royaume  de  Fez ,  dans  la  province  de  Chaus ,  au  pied 
1  des. 


GAR 


CAR 


des  montagnes  ,  du  côté  du  midi.  Les  anciens  Africains 
la  bâtirent  fur  la  rivière  de  Zis  ,  qui  a  fur  fes  bords 
beaucoup  de  moulins ,  &  des  jardins  où  il  y  a  une  fi 
grande  abondance  de  pêches ,  qu'on  en  garde  quantité 
de  féches  toute  l'année.  La  ville  de  Garciluin  fut  ruinée 
par  les  Almohades ,  quand  ils  dépofféderent  les  Almora- 
vides.  Les  Bénimérinis,  l'ayant  rebâtie  enfuite,  la  repeu- 
plèrent Se  l'embellirent  de  fuperbes  édifices.  Elle  a  di- 
minué peu-à-peu  :  il  n'en  refte  que  les  murailles  Se 
quelques  méchantes  maifons  ;  de  forte  qu'il  y  a  peu 
d  habitans  ;  encore  font-ils  ■  très-pauvres.  Ils  cultivent 
quelques  terres  du  côté  du  nord  ;  le  refte  n'eft  que  rochers 
ftériles.  Le  pays  ayant  été  quelque  tems  fans  roi,  après 
la  mort  d'Abdulac ,  dernier  des  Bénimérinis ,  les  Arabes  , 
dont  elle  empêchoit  les  courfes ,  s'attachèrent  à  la  ruiner. 
Les  anciens  Magaroas  de  la  tribu  de  Zentélas ,  s'étant 
rendus  maîtres  de  cette  ville ,  la  fortifièrent  pour  défendre 
le  paflage  aux  Lumptunes  ;  mais  cela  leur  fut  inutile  , 
puiique  les  Lumptunes  entrèrent  d'un  autre  côté ,  l'an 
1534.  Le  chérit" Muley - Hamet  la  prit  fur  le  roi  de  Fez, 
qui  la  recouvra  enfuite,  après  quoi  le  chérif  s'en  rendit 
maître  tout  de  nouveau ,  ce  y  mit  gamifon.  *  Marmot , 
Afrique,  liv  4,  c.   118. 

GARCIS ,  petite  ville  d'Afrique  ,  en  Barbarie  ,  au 
royaume  de  Fez ,  dans  la  province  de  Chaus.  Elle  eft 
fur  la  rivière  de  Mulacan ,  à  cinq  lieues  de  Teuret.  Les 
anciens  Africains ,  de  la  lignée  des  Bénimérinis ,  la  bâ- 
tirent fur  un  roc  ,  pour  leur  fervir  de  forterefTe ,  Se  pour 
y  ferrer  leurs  bleds  ,  pendant  qu'ils  demeuraient  dans 
les  déferts.  Lorsqu'ils  furent  parvenus  à  l'empire ,  ils  la 
cédèrent  à  leurs  parens  ;  &  Abuhanum ,  cinquième  roi 
de  cette  famille  j  la  détruifit ,  parce  que  les  habitans 
s'étoient  révoltés.  Elle  a  été  depuis  repeuplée  de  pau- 
vres gens ,  à  caufe  qu'il  y  a  ,  au  pied  du  roc ,  des  bonnes 
terres  labourables  ,  Se  quelques  jardins  pleins  de  treilles 
de  vigne  Se  de  fruits ,  dont  on  fait  grand  cas  dans  ces 
déferts.  C'eft  le  feul  trafic  que  faffent  les  habitans  :  ils 
gardent ,  dans  des  creux  fous  terre  ,  le  bled  des  Arabes 
-dont  ils  font  v'aflaux  ,  à  caufe  que  ,  .dans  la  ville ,  il  n'y 
a  aucune  maifon  qui  ait  un  plancher.  Ce  ne  font  que  de 
méchantes  étables  couvertes  de  paille  Se  de  branches 
d'arbres  ,  avec  de  la  terre  par-defïiis.  Ptolomée  nomme 
cette  ville  Galafa  ,  Se  la  met  dans  les  cartes  de  la 
Libye,  à  1 1  d.  de  long.  &  331  d.  40'  de  lat.  *  Marmol. 
1.  4,  c.  109. 

GARCOPA.  Voyez  Gorcopa. 
GARCUS  ou  Carcus  ,  félon  les  divers  exemplaires 
de  Ptolomée  ,  ifle  de  la  mer  des  Indes  ,  avant  que  d'ar- 
river à  Fille  de  Taprobane.  Cette  fituation  ne  convient 
à  aucune  ifle  que  nous  connoiffions. 

1.  GARD  (le)  ancien  nom  de  la  rivière  du  Gardon  , 
en  Languedoc.  Voyez  l'article  GARDON.  C'eft  delà  que 
vient  le  nom  d'un  des  plus  fameux  ponts  qu'il  y  ait  en 
Europe  :   en  voici  la  defcription. 

i.  Le  Pont  du  GARD ,  pont  de  France ,  en  Lan- 
guedoc ,  fur  le  Gardon ,  à  trois  lieues  de  Nîmes.  Il  fut 
conftruit ,  félon  les  apparences  ,  peu  de  tems  après 
l'amphithéâtre  de  Nîmes ,  pour  y  porter  l'eau  de  la  ri- 
vière d'Eure  ,  qui  eft  auprès  de  la  ville  d'Uzès.  Il  tra- 
verfe  la  rivière  du  Gardon ,  Se  eft  entre  deux  montagnes  , 
dont  il  fait  la  jonftion.  L'aqueduc ,  deftiné  à  conduire 
les  eaux ,  fait  tant  de  contours  à  travers  des  montagnes 
&  des  rochers,  qu'il  a  près  de  neuf  lieues  de  long.  Il  eft 
porté  par  le  pont  du  Gard  dont  je  parle.  Ce  fuperbe 
monument  eft  compofé  de  trois  ponts  l'un  fur  l'autre. 
Le  premier  eft  foutenu  par  fix  arcades ,  dont  chacune  a 
cinquante-huit  pieds  dans  oeuvre.  La  longueur  de  ce 
premier  pont  eft  de  quatre  cens  trente-huit  pieds  ,  Se 
fa  hauteur  eft  de  quatre-vingt-trois.  Le  fécond  eft  porté 
par  onze  arcades ,  chacune  desquelles  a  cinquante-fix 
pieds  de  diamètre  ,  Se  foixante-fept  de  haut.  Ce  qu'il 
y  a  de  plus  remarquable  en  ce  fécond  pont,  c'eft  que, 
pour  rendre  le  partage  libre  aux  gens  qui  font  à  pied  ou 
à  cheval ,  on  a  échancré  les  pilaftres  ;  de  manière  qu'il 
foutient  ,  fur  le  point  d'un  cylindre ,  tout  le  poids  du 
troifieme  pont  qui  eft  au-deflus,  lequel  a  trente- cinq 
arcades ,  de  dix-fept  pieds  de  diamètre  chacune 

^11  a  cinq  cens  quatre -vingt  pieds  Se  demi  de  long. 
L'aqueduc ,  qui  eft  porté  par  ce  dernier  pont ,  a  trois 
pieds  de  haut  ;  Se  les  trois  ponts  enfemble  en  ont  cent 
quatre-vingt-deux  ou  environ.  On  ne  fait  en  quel  tems 


41 


Se  par  qui  il  a  été  conftruit.  On  ne  voit  que  trois  lettres 
gravées  fur  ce  pont,  A.  JE.  A.  L'explication ,  qu'on  en 
en  donne  ,  n'eft  rien  moins  que  fatisfaifante.  L'aqueduc 
eft  voûté  &  pavé  de  très-bonne  maçonnerie ,  Se  foutenu  , 
dans  les  lieux  bas ,  par  des  arcades;  il  eft  ruiné  en  quel- 
ques endroits.  *  Piganioi  de  la  Force. ,  Defcription  de  la 
France,  t.  4,  p.  98. 

Cet  aqueduc  fe  partage  en  trois  conduits,  dont  le 
premier  portoit  l'eau  dans  l'amphithéâtre ,  le  fécond  dans 
la  fontaine  de  Nîmes  ;  Se  le  troifieme  la  diftribuoit  dans 
les  maifons  de  plufieurs  particuliers.  On  voit  un  de  ces 
aqueducs  presque  entier  dans  l'enclos  de  Fournier.  Outre 
ces  trois  différens  conduits  ,  il  en  dérivoit  de  petits  qui 
conduifoient  l'eau  dans  plufieurs  maifons  de  campagne 
des  environs  de  Nîmes.  Les  débris  de  plufieurs  de  ces 
petits  aqueducs  ,  que  l'on  voit  encore  ,  en  font  la 
preuve. 

3.  GARD,  (le)  Gardum,  abbaye  d'hommes  en 
France,  de  l'ordre  de  Citeaux,  filiation  de  Charlieu  , 
au  diocèfe  d'Amiens  en  Picardie  ,  fur  la  rivière  de 
Somme,  d'où  vient  qu'on  l'appelle  Gard- fur- Somme, 
à  une  demi-lieue  de  Pecquigny,  fondée,  l'an  1139,  par 
Gérard  vidame  d'Amiens ,  qui  mourut  fous  le  règne  de 
Philippe-Augufte  ,  en  une  expédition  faite  en  Orient 
contre  les  infidèles.  Son  tombeau  fe  voit  dans  le  cloître 
de  cette  abbaye  ,  près  les  degrés  du  cloître  d'où  l'on 
monte  à  Féglife. 

1.  GARDA  ou  Garde  ,  ville  que  les  Norvégiens 
avoient  bâtie  fur  la  côte  orientale  du  Groenland.  Elle 
avoit  un  port  Se  un  évêché  fuffragant  de  Drontheim  ; 
mais  ils  l'ont  abandonnée ,  Se  il  n'en  refte  plus  rien. 
1.  GARDA  ou  Garde,  ville  d'Italie.  Voyez  Garde. 
GARDAFUI  ou  Guardafui.  (le  Cap  de)  Voyez 
Guardafuy. 

GARDAMANIS ,  Dargamanis  ,  Dorgamanes  , 
Darcomanes,  rivière  de  la  Ba&riane.  Ces  noms  font 
diverfement  écrits  dans  les  différens  exemplaires  de 
Ptolomée. 

GARDAUCRETjE  ou  Gardauvet*  Prefectura  , 
contrée  de  la  Cappadoce.  Voyez  Garsauria. 

1.  GARDE  ,  ville  d'Italie  ,  dans  l'état  de  la  répu- 
blique de  Venife  ,  au  Véronois  ,  fur  le  bord  oriental  du 
lac  de  Garde,  à  cinq  milles  de  l'Adige  au  couchmt,  à 
feize  de  Vérone ,  5c  à  dix  de  Peschiéra.  Long.  18  ,  16'. 
Latit.  45  d.  35'. 

z.  Le  Lac  de  GARDE,  en  Italie,  dans  l'état  de 
la  république  de  Venife  ,  entre  le  Brefian  Se  le  Véro- 
ne fe,  en  italien  Lago  di  Ga^da.  Sa  longueur  du  nord  au 
fud  eft  d'environ  trente  milles.  Sa  largeur  d'occident  en 
orient  eft  fort  inégale  :  au  midi ,  elle  eft  d'environ  dix 
milles  ;  mais  ce  lac  va  en  retréciffant  vers  le  nord.  Riva  , 
évêché  de  Trente ,  eft  à  l'extrémité  feptentrionale.  En 
fuivant  le  lac  vers  l'orient  Se  le  midi ,  on  trouve  Tor- 
bole ,  qui  eft  aufTi  de  cet  évêché.  De-là  ,  en  avançant 
vers  le  midi ,  on  voit  Malféféna ,  premier  bourg  du 
Véronefe  ;  Garde  eft  au  fond  d'un  petit  golfe  :  elle  donne 
le  noni  au  lac.  A  la  pointe  du  fud-eft ,  à  l'endroit  où  le 
Men^o  ou  Mincio  fort  du  lac  ,  eft  la  ville  de  Peschiéra. 
Vers  le  milieu  de  la  côte  méridionale  du  lac ,  eft  une 
langue  de  terre  qui  s'avance  vers  le  nord  ,  au  bout  de 
laquelle  eft  Sermione.  Au-delà  de  cette  langue  eft  Ri- 
voltella ,  bourg  du  Breflan  :  au  fud-oueft  du  lac  eft  Dé-» 
fenzano  ,  autre  bourg  de  la  même  province.  En  remon- 
tant vers  le  nord,  on  trouve  un  petit  golfe,  au  fond 
duquel  eft  le  village  de  Malbiano  ,  puis  un  autre  golfe 
plus  grand  ,  fur  la  côte  méridionale  duquel  eft  le  bourg 
de  Salo.  A  l'extrémité  de  la  pointe  qui  fépare  ces  deux 
golfes  ,  eft  l'Ifle  des  Frères  Mineurs ,  Ifola  di  Fratï  Mi- 
nori.  Depuis  ce  golfe  jusqu'à  Riva,  ce  lac  reçoit  plufieurs 
ruifîeaux  ;  mais  il  tire  principalement  fes  eaux  du  lac  de 
Léder,  de  la  rivière  de  Riva  ,  Se  de  la  Sarca,  qui  vient 
d'Arco.  Les  Romains  l'ont  appelle  Benacus.  De  Seine, 
dans  fon  nouveau  Voyage  d'Italie  ,  obferve  que  ce  lac 
eft  fujet  à  des  tempêtes ,  qui  font  fouvent  périr  ceux  qui 
navigent  défais  ;  qu'il  y  a  beaucoup  d'anguilles  ;  que  tout 
le  rivage  eft  couvert  d  oliviers  ,  de  figuiers  ,  d'orangers , 
de  citronniers  Se  d'autres  arbres  fruitiers  ,  qui  font  fort 
expofés  aufoleil ,  Se  que  les  montagnes  tiennent  à  couvert 
des  vents  du  nord  Se  de  la  bife. 

3.  La  GARDE,  feigneurie  de  France,  dans  l'évêché 
de  Metz.  Elle  confine  avec  celle  de  Fribourg.  Le  château 
-TonallI,    F 


42  GAR 

fut  bâti,  vers  l'an  1360,  par  Adéraar  de  Monteil  , 
évêque  de  Metz  ,  qui  fit  fermer  de  murailles  les  villes 
de  Nomenie  &  de  Saint-Avod.  Les  évêques  de  Metz 
reconnoiffent,  en  vertu  du  traité  de  Munfter  ,  le  roi  de 
France  pour  fouverain ,  à  caufe  de  ces  châtellenies  ou 
fàgnemles.* Longuerue,  Description  de  l?.France,2e  part. 
p.  170. 

GARDE -BIAUR,  (la)  petite  ville  de  France, 
dans  l'Albigeois ,  fur  la  rivière  de  Biaur ,  d'où  elle  tire 
fon  nom. 

La  GARDE -DIEU,  abbaye  d'hommes,  en  France  , 
de  l'ordre  de  S.  Auguftin  ,  dans  le  Querci ,  au  diocèfe 
-<3e~Cahors. 

'  GARDEI,  peuple  de  la  Sarmatie  ,  en  Afie  ,  félon 
Pline  ,  /.  6 ,  c.  7.  Le  P.  Hardouin  lit  Ufcardei. 

GARD ELEBEN, félon Baudrand  rk  Corneille,  Gar- 
DELEGEN',  en  latin  Gardelcgia,  félon  Hubner.  Gard- 
leben  félon  Zeyler,  Brandenb.  Topogr.  p.  57  ,  petite 
ville  d'Allemagne  ,  dans  la  vieille  Marche  de  Brande- 
bourg. Elle  étoit  anciennement  nommée  Ifoburgum  ,  à 
caufe  du  culte  que  l'on  y  rendoit  à  la  déeffe  Ifis  ,  félon 
la  conjecture  de  quelques  favans.  On  prétend  que  fa 
ftatue  étoit  hors  de  la  ville ,  dans  un  vieux  château  que 
poffede  la  maifon  d'Alvenslében.  On  la  nomma  enfuite, 
à  caufe  de  Ces  fortifications  ,  Ifernburg ,  comme  fi  elle 
eût  été  de  fer.  Les  Vendes  la  nommèrent  Iferen  Schnippe, 
c'eft-à-  dire  portes  de  fer ,  fauces  ferrez.  Quelques-uns 
veulent  que  ,  fous  l'empire  de  Tibère ,  les  Romains  y 
établirent  un  fort,pour  mettre  leurs  légions  à  couvert;mais 
les  Romains  n'ont  jamais  étendu  leurs  conquêtes  au-delà 
de  l'Elbe.  D'autres  difent  que  le  nom  moderne  vient  de 
la  beauté  du  lieu  ,  &  eft  pris  de  la  quantité  de  fes  jardins. 
Viffcher,  dans  fa  Carte  du  Brandebourg,  nomme  Bife 
la  rivière  qui  coule  à Gardeleben.  Werdenhagen  dit  qu'elle 
eft  fïtuée  à  la  fourc»  de  la  Milde  ou  de  la  Bife.  Le  ter- 
Toir  d'alentour  eft  fablonneux ,  excepté  la  campagne  du 
côté  de  Calb,  fur  la  Milde ,  qui  eft  très-fertile  ,  &  a  de 
belles  prairies.  Les  environs  de  la  ville  font  des  hou- 
blonnjeres,  dont  on  transporte  le  houblon  en  Danemarck. 
La  Mère  de  Gardeleben  parle  pour  excellente  ,  &  fait  un 
bon  commerce  pour  la  ville,dont  les  armes  font  trois  écha- 
las  chargés  de  houblon. 

Elle  a  beaucoup  fouffert  durant  les  longues  _  guerres 
d'Allemagne  ,  fk  même  durant  celle  qui  finit  à  la  paix 
de  Ryswick. 

GARDGEH ,  canton  du  Khoraffan ,  qui  porte  auffi  le 
nom  de  GardgijJ'an  ,  à  99  d.  de  long.  &C  à  36  &  d. 
de  lat.  Il  contient  cinquante  villages.  Il  y  a  dans  ce  canton 
de  forts  châteaux  ,  des  montagnes  ci  des  gorges  difficiles 
à  pafier.  Les  pommes,  poires,  figues  &  grenades  y 
font  bonnes.  Le  peuple  paffe  pour  groffier.  *  Manuscrits 
de  la  bibl.  du  roi. 

1.  GARDICHI,  village  de  la  Morée,  dans  la  Za- 
conie  ,  à  trois  ou  quatre  lieues  de  Longanico.  On  croit 
qu'il  tient  la  place  de  l'ancienne  ville  CLITORIUM.  Il 
prend  le  nom  de  la  rivière  qui  l'arrofe.  Voyez  Cli- 

TORIUM. 

1.  GARDICHI ,  (le)  rivière  de  Grèce ,  dans  la  Morée. 
Les  anciens  l'ont  connue  fous  le  nom  de  Clitor.  Elle  a 
fa  fource  près  de  Cartena,  coule  vers  le  nord-oueft  , 
puis  vers  l'oueft ,  &£  enfin  vers  le  fud-oueft  ;  paffe  à  Gar- 
dichi ,  &  fe  perd  dans  la  Dimizana. 

GARDIC1UM ,  ville  épiscopale  ,  fous  le  patriarchat 
de  Conftantinople.  Elle  eft  fous  Lâriffe  qu'elle  reconnoît 
pour  métropole.  Elle  eft  nommée  avec  Démétriade, 
Zéiton  &:  quelques  autres  qui  font  fous  la  même  métro- 
pole :  ainfi  elle  doit  être  dans  la  Janna,  fk  par  confé- 
quent  différente  de  Gardichi  qui  eft  dans  la  Morée. 
*  SchdflraU ,  Antiq.  Ecclef.  t.  1 ,  p.  788. 

La  GARDIOLE ,  petite  ville  de  France ,  dans  le 
haut  Languedoc,  au  diocèfe  de  Lavaur.  Elle  a  titre  de 
baronie  ,  qui  donne  à  fon  feigneur  droit  d'entrée  aux  états 
du  Languedoc. 

GARDON,  (le)  rivière  de  France ,  au  bas  Languedoc. 
On  diftingue  le  Gardon  d'Alais  ,  &  le  Gardon  d'An- 
dufe.  Le  premier  vient  de  plufieurs  fources  qui  fe  joignent 
au  nord-eft  d'Alais ,  &:  fe  jette  dans  l'autre  proche  le  Vez  : 
le  fécond  a  fa  fource  dans  les  Cévennes  ,  pafïe  à  Saint- 
Jean  de  Gardemagne ,  puis  à  Andufe  ;  &  ayant  reçu  le 
Gardon  d'Alais,  ils  vont  enfemble  à  Bocoiran ,  à  Saint- 
Anaftafiers  ,  fous  le  pont  de  faint  Nicolas ,  où  il  reçoit 


GAR 


VAl^on  qui  vient  dlJzez,  rk  enfuite  YEyffene;  puis 
coulant  fous  le  pont  du  Gard ,  il  fe  jette  dans  le  Rhône , 
vis-à-vis  de  l'iile  de  Valabregues.  Voyez  la  description  du 
pont  du  Gard,  au  mot  Gard.  *  Coulon ,  Rivières  de 
France,    2  e  part.   p.  181. 

GAREATjE  ,  ancien  peuple  du  Peloponnefe  ,  dans 
FArcadie  ,  félon  Paufanias ,  /.  8  ,  c.  45.  C'étoit  une  tribu 
des  Tégéates. 

GAREATES ,  ruiffeau  d'Arcadie',  le  même  que  Ga- 
râtes. 

GAREATHYRA,  petite  ville  ou  bourg  d'Afie  ,  dans 
la  Cappadoce,  félon  Strabon,  /.  11 ,  c.  568.  Elle  étoit 
aux  confins  de  cette  province  &  de  la  Lycaonie. 

GAREB  ,  colline  de  la  Paleftine ,  auprès  de  Jérufalem. 
Dans  la  Misne ,  il  eft  dit  que  de  Garab  ou  Gareb  à  Silo 
il  y  avoit  trois  milles ,  fk  que  là  étoit  l'éphod  de  Micha  ; 
maisGareb  marqué  par  Jérémie  ne  peut  être  fi  éloignée  de 
Jérufalem ,  puisque  le  prophète  dit  que  Jérufalem  s'étendra 
jusqu'à  la  colline  de  Gareb  :  or  de  Jérufalem  à  Silo  il  y 
avoit  environ  douze  lieues.  *  D.  Calmet,  Dift.  Jeremia , 
C.  31  ,  v.  38.  Sanhédrin ,  fol.  103  ,  2. 

GARED  ,  ville  de  Barbarie  ,  au  royaume  de  Maroc  , 
dans  une  plaine  de  la  province  de  Suz,  à  une  lieue  de 
Técéut,  &  à  la  fource  d'un  ruiffeau  qui  arrofeles  cannes 
de  fucre  ,  près  des  moulins  que  l'on  a  bâtis  pour  ce  fujet. 
La  ville  &  les  moulins  furent  bâtis  par  le  chénf  Abdala, 
qui  régnoit  encore ,  lorsque  Marmol  écrivoit.  Ce  même 
ruiffeau  fait  moudre  fix  moulins  à  bled ,  Se  va  fe  rendre 
dans  la  rivière  de  Suz  qu'on  nomme  de  Técéut  en  cet 
endroit.  Cette  ville  a  été  bâtie  pour  fervir  de  défenfe  à 
ces  moulins  :  elle  eft  environnée  de  plufieurs  terres  labou- 
rables ,  qu'on  arrofe  par  le  moyen  de  ce  ruiffeau.  Les 
habitans  font  laboureurs  fk  gens  de  campagne ,  qui  tra- 
vaillent aux  moulins  à  fucre,  avec  quelques  esclaves  chré- 
tiens. Il  y  a  d'ordinaire  dans  la  ville  un  gouverneur  avec 
trois  cens  chevaux  ,  logés  dans  les  villages  d'alentour, 
*  Marmol,  Afrique,  /.  3  ,  c.  23. 

GARELA ,  ou  Garella.  Les  Notices,  qui  font  men- 
tion de  cet  archevêché  ,  difent  qu'il  n'avoit  aucun  évêché 
fous  lui ,  &c  n'en  apprennent  point  la  pofition,  Il  étoit 
dans  le  patriarchat  de  Conftantinople.  Ortélius  croit  que 
ce  fiége  étoit  quelque  part  dans  l'A  fie  mineure.*  Scheljirate, 
Antiq.  Ecclef.  t.  2,  p.  670  âk:  73  ^. 

GÀRENjEI,  ancien  peuple  dans  la  Sérique  ,  félon 
Ptolomée,  1.6,  c.  16.  Ils  étoient  à  l'orient  des  Anni- 
biens. 
GAREOTH.  Voyez  Garioch. 
GARESCI.  Voyez  Gariscus. 
GAR.ET,  contrée  d'Afrique,  dans  la  Barbarie,  au 
royaume  de  Fez,  dont  elle  eft  la  fixiéme  province.  Elle 
a ,  au  couchant ,  celle  d'Errif  &  la  rivière  de  Mélude ,  qui , 
descendant  du  grand  Atlas  ,  entre  Télar  &C  Dubudu ,  fe 
va  rendre  dans  celle  de  Mulucan.  Au  levant,  elle  a  le 
royaume  de  Trémécen  ,  fk  cette  même  rivière  qui  fé- 
pare  cet  état  de  celui  de  Fez-,  &  par  conféquent  la 
Mauritanie  Céfarienne,  de  la  Tingitane.  Elle  a  la  mer 
Méditerranée  au  feptentrion ,  &  au  midi  une  partie  des 
montagnes  qui  font  dans  les  déferts  voifins  de  la  Numi- 
die.  Elle  aboutit  encore  en  cet  endroit  à  la  rivière  de 
Mulucan ,  &  s'étend  quelquefois ,  vers  le  couchant,  jus- 
qu'aux montagnes  de  Cuz  ,  descendant  toujours  fur  la 
rivière  de  Nocor  jusqu'à  la  mer;  de  forte  qu'elle  com- 
prend toute  la  côte  qui  eft  entre  cette  rivière  &  celle 
de  Mulucan ,  laquelle  entre  dans  la  mer  près  de  la  ville 
de  Caçaça.  Tout  ce  pays  eft  rude  fk  fée  ,  femblable  à 
celui  des  déferts  de  la  Libye  intérieure.  *  Marmol,  Afri- 
que ,  /.  4 ,  c.  96  &  fuiv. 

Les  auteurs  Africains  divifent  cette  province  en  trois 
parties  :  l'une  comprend  les  villes  avec  leur  territoire  ; 
une  autre ,  les  montagnes  qui  font  peuplées  de  Béréberes 
fort  belliqueux ,  6c  la  troifiéme  les  déferts.  Les  villes  de 
la  côte  font , 

Melilla  ,  Tézote  , 

Caçaça,  Mégée. 

Les  montagnes  font , 

Mequebhuan ,  Azgangan  , 

Beny-Sayd  ,  Teuzin , 

&  Guardan. 
Il  y  a  beaucoup  d'habitans. 


GAR 


CAR 


Les  déferts  commencent  à  la  ,côre  de  la  mer  ,  &  s'é- 
tendent ,  vers  le  midi ,  jusqu'à  ceux  qui  bornent  la  pro- 
vince de  Cuz.  Ces  déferts  ont  au  couchant  les  mon- 
tagnes-. Au  levant ,  où  ils  s'étendent  plus  de  lëize  lieues  , 
ils  ont  la  rivière  de  Muluye.  11  y  a  dix  lieues  du  fepten- 
trion  au  midi  ;  mais  par-tout  il  y  a  peu  d'eau ,  particu- 
lièrement vers  la  mer,  fi  ce  n'eft  la  rivière  de  Muluye  ; 
&  tout  eft  rempli  de  fërpens  &c  de  bêtes  farouches  ;  ce 
qui  n'empêche  pas  que  le  pays  ne  for!  fort  peuplé.  L'été 
il  y  a  beaucoup  d'Arabes  qui  errent  le  long  de  ce  fleuve, 
Si  de  grandes  communautés  de  Béréberes  de  Batalife  , 
qui  font  fort  vaillans,  &  qui  ont  quantité  de  chevaux  & 
de  chameaux ,  &  grand  nombre  de  gros  &  de  menu  bé- 
tail. Ils  ont  toujours  démêlé  avec  les  Arabes  touchant  la 
pûffeffion  des  plaines. 

GARFAGNANA.  Voyez  Grafignana. 

GARGA.  Voyez  Gargaphia. 

GARGALIS.  Dorothée,  cité  par  Ortélius,  Thefaur. 
nomme  ainfi  le  lieu  où  naquit  le  prophète  Elifée.  D.  Cal- 
met  dit  qu'il  étoit  d'Abel-Meula. 

GARGAN  ,  montagne  d'Italie  ,  au  pays  nommé  au- 
trefois la  Pouillt  Daunienne ,  Si  maintenant  la  Capita- 
nate ,  au  royaume  de  Naples.  Pomponius  Mêla  ,  l.  2  , 
c.  4 ,  n.  40;  &  Pline ,  /.  3  ,  c.  1 1  ,  le  nomment  Garga- 
nus  mons;  Ptolomée  rJpyn&v  "o&s  ,  qui  eft  une  faute 
des  copiftes  pour  raf  yunv  "o&'ç.  Il  étoit  couvert  de  fo- 
rêts de  chênes  : 

Aquilonibus 
Querceta  Gargani  laborant , 

Horacce,  Odar.  I.  2.  Od.  9 ,  Au  /.  2.  Epift.  1  ,  v.  202  ,  il 
compare  le  grand  bruit  du  théâtre  au  mugiffement  de  ces 
forêts  lorsque  le  vent  y  fouffloit  : 


43 


Garganum  mugire  putts  ) 


:  aut  mare 


Tufcum. 


Cette  montagne  s'avance  dans  la  mer  Adriatique ,  &  y 
forme  un  promontoire.  Lucain,  /.  5  ,  v.  380,  dit: 

Appulus  Hadriacas  exit  Garganus  in  undas. 

C'eft  la  pointe  de  cette  montagne  que  Pline  appelle  pro- 
montorium  montïs  Gargani.  Strabon  ,  /.  6 ,  dit  qu'elle 
avance  dans  cette  mer  l'espace  de  trois  cents  ftades  vers 
l'Orient.  L'extrémité  orientale  de  ce  cap  eft  préfentement 
nommée  Capo  VUfliu.  Elle  tire  ce  nom  de  Viefle  ville. 
Voyez  ce  nom. 

Cette  montagne  a  pris  le  nom  de  Saint-Ange ,  Monte 
-di  Sant-Angdo  ,  parce  que  S.  Michel,  félon  une  tradi- 
tion populaire ,  y  apparut  en  493  ,  ou  488.  Cet  événement 
l'a  rendue  fi  célèbre  par  le  culte  qui  s'y  eft  établi ,  qu'il 
s'y  eft  formé  une  ville  appellée  comme  la  montagne  ,  le 
Mont  Saint- Ange  ,  Monts,  di  Sant-Angdo.  Elle  a  été 
érigée  en  archevêché  *  Bailla.  Topogr.  des  Saints  , 
p.  205. 

GARGAN  VILLE,  petite  ville  de  France,  dans  l'Ar- 
magnac. *  Baud.  édit.  1705. 

GARGANUM,  ville  de  l'Ane  mineure,  fur  le  fleuve 
Halys ,  félon  Jornandes ,  de  Reb.  Getic.  c.  7.  Il  dit  des 
Amazones  :  Algin  Fluvium  qui  juxta  Garganum  civi- 
tatem  prœterfluit ,  tranfeuntes ,  Armeniam  ,  Syriam  ,  Ci- 
liciamque ,  Galatiam  ,  Pifidiam ,  omniaquc  AJïce  oppida  , 
cequdfilicitate  domuerunt. 

GARGAPHIA  Valus  ,  vallée  de  Grèce,  en  Béotie. 
Ovide ,  Metam.  I.  3  ,  dit  qu'A&éon  y  fut  dévoré  par  fes 
chiens  : 

Vallis  erat  pieds  &  acuta  denfo  cupreffu 
Nomine  Gargaphia  ,  &C. 

On  trouve  aufli  Gargaph  YE  dans  la  Thébaïde  de  Stace , 
/.  7  ,  v.  274  ,  8>C  il  en  parle  comme  d'une  fontaine.  Hé- 
rodote ,  l.  9 ,  connoît  une  fontaine  de  Garaphie ,  dans 
la  Béotie ,  au  voifinage  de  Platées.  On  lit  dans  Vibius 
Sequefler,  que  Garga  (c'eft  Gargaphia  qu'on  a  eftropié; 
on  a  encore  mis  Euboée  pour  Bœetia ,  )  étoit  une  fon- 
taine de  YEuboée ,  où  AcVon  rut  déchiré  par  fes  chiens. 
1.  GARGARA,  ville  de  la  Troade,  au  mont  Ida  : 
c'étoit  une  colonie  des  ./Eoliens  ,  félon  Pomponius  Mêla  , 
/.  1  ,  c.  18.  Strabon,  /.  13  ,  p.  583  ,  la  met  dans  une 
des  parties  fupérieures  du  mont  Ida;  il  y  a  un  lieu  nommé 


Gargarum,  oùeRà  prêtent  Gargara,vïlle  Eolique.  Il  dit, 
p.  606, que  le  promontoire,  où  Gargara étoit  iituée,  étoit 
un  de  ceux  qui  forment  le  golfe  d'Adramytte.Plus  loin  il  dit; 

après  Scepfis  il  y  a  Andéira  Si  Pionia  &  Gargaris Ce 

font  des  lieux  que  les  Léleges  ont  poffédés  ,  Si  qui  font 
aux  environs  d'Affos.  Auffi  Pomponius  Mêla  a-t-il  jouit 
Afjos  Si  Gargara  dans  l'endroit  cité. 

2.  GARGARA,  promontoire  du  mont  Ida,  dans  la 
Troade,  Si  l'un  des  quatre  qui,  partant  de  cette  mon- 
tagne, s'avancent  dans  la  mer.  Les  trois  autres  font  Pha- 
Ucra ,  Leclum  Si  Pergamum ,  félon  Iface  fcholiafte  de 
Lycophron,  cité  par  Ortélius. 

GARGARENSES,rap>ttPfo;,  anciens  peuples  d'Ane, 
dans  la  Scythie ,  au  voifinage  des  Amazones ,  Si  au  pied 
du  mont  Caucafe,  du  côté  du  nord ,  félon  Strabon  ,  /.  1 1  , 
p.  504.  Ils  étoient  féparés  des  Amazones  par  une  mon- 
tagne ,  où  ils  montoient  avec  elles,  à  certains  jours  mar- 
qués :  après  des  facrifices ,  chacun  prenoit  celle  que  le  ha- 
zard  lui  préfentoit,  fans  choix,  ci  jouifïbit  d'elle  en  ca- 
chette, feulement  pour  avoir  lignée  ,  après  quoi  il  la  ren- 
voyoit  ;  s'il  naiffoit  une  fille ,  la  mère  la  gardoit  ;  fi  c'é- 
toit un  garçon  ,  on  le  donnoit  aux 'Gargariens  pour  l'é- 
lever; &  chacun  fe  fàifoit  un  plaifir  de  lui  fervir  de 
père ,  dans  l'ignorance  où  il  étoit  fi  ce  n'étoit  pas  fon 
fils.  Strabon  parle  enfuite  d'une  expédition  que  les  Gar- 
gariens firent  avec  les  Amazones ,  Si  que  l'on  peut  lire 
dans  cet  auteur. 

GARGARIDjE.  Denys  le  Périegéte ,  v.  1144,  d* 
que  c'étoit  un  ancien  peuple  des  Indes  ,  attaché  au  culte 
de  Bacchus,  ci  qui  habitoit  auprès  de  FHypanis  qui  roule 
de  l'or ,  6c  d'une  autre  rivière  nommée  Megarfus.  Rufus 
Feftus  Aviénus  ,  Descr.  orbis  terra ,  v.  1349  &  fiq.  rend 
ainfi  en  vers- latins  ce  que  eut  le  poëte  Grec  : 

Gargaridcs  rurfum  ,  gens  hœc  obnoxia  Baccho  , 
Et  glebamj'ulcant ,  &  ritibus  orgia  ludunt , 
Hic  Hypanis ,  lateque  trahens  vaga  terra  Cymander 
Magnus  uterque  modi  dimittitur. 

Il  nomme  Cymander  la  rivière  que  Denys  appelle  Me- 
garfus, u'ya-pax.  Eùftathe  dans  la  paraphralë  fur  la  Pé- 
riegefe  dit  Magarfus  ,  Hxyxpeot  ;  Si  PriscLm ,  Periegefis  , 
v.  1050,  &  J'eq.  qui  a  auffi  mis  en  vers  latins  la  Perié- 
gefe  de  Denys  ,  dit  : 

Gargaridœque  truces ,  auri  quà  pondus  honefium 
Devolvens  Hypanisqut  vehit ,  rapidusque  Magarfus. 

Ortélius  dit  que  ce  ne  font  pas  les  Gandaridx  de  Ptolo- 
mée ,  comme  quelques-uns  le  penfent.  Il  eft  vrai  que  ce 
géographe  les  met  entre  le  Suaftus  Si  l'Indus ,  Si  que 
Denys  met  les  fiens  auprès  de  FHypanis  ;  mais  FHy- 
panis des  Indes  ci  le  Suaftus  ont  leurs  embouchures  dans 
l'Indus ,  afTez  peu  diftantes  l'une  de  l'autre  ,  pour  qu'un 
même  peuple  ait  pu  être  voifin  de  ces  fleuves. 

1.  GARGARUM.  Voyez  Gargara  i. 

2.  GARGARUM,  bourg  au  territoire  de  Lampfaque , 
ville  de  FAfie  mineure ,  félon  Etienne  le  géographe. 

3.  GARGARUM,  autre  bourg  dans  l'Epire,  parle 
même. 

4.  GARGARUM ,  autre  bourg  en  Italie ,  félon  le  même. 
Il  a  voulu  peut-être  dire  Garganum.  Voyez  l'article 
fuivant. 

5.  GARGARUM,  r*p>a£«i'  "o^ç.  On  lit  ainfi  dans 
Ptolomée  pour  Y*fy*vov  "Opsf.  Voyez  Gargan. 

GARGAZA ,  ville  que  Diodore  de  Sicile  place  près  des 
Palus  Masotides  ,  1.  20.  Ortélius  doute  fi  ce  ne  ferait 
point  la  ville  de  Gcrufa  que  Ptolomée ,  1.  Ç  ,  c.  9  ,  place 
au  levant  de  cette  mer ,  dans  la  Sarmatie  Afiatique. 

GARGE  ,  peuple  de  la  Lybie ,  félon  Etienne. 

GARGETTUS  ,  bourg  de  Grèce ,  dans  l'Attique  , 
de  la  tribu  jEgéïde  ;  il  prenoit  fon  nom  d'un  héros 
nommé  Gargettus ,  dont  parle  Paufanias.  Euryfthée  y 
avoit  fon  tombeau.  C'étoit  la  patrie  d'Epicure,  félon 
Cicéron ,  Diogene-Laërce  ,  Stobée ,  jElien  &  Suidas. 
Il  étoit  arrofé  par  un  ruiffeau  nommé  Gargetias. 
TaaytiTÎas xfivn.  *  Spon ,  Voyages,  t.  2,  p.  324.  Ortel. 
Thef. 

GARGILIANjE  THERM.E ,  bains  en  Afrique ,  à  Car- 
tilage. Saint  Auguftins  ,  Brevic.  Collât,  en  fait  men- 
tion, 

Tome  III.  F  ij 


GAR 


44 

GARGOGILUM  ,  ou 

GARGOILUM.  Voyez  Jargeau. 
GARIANNONUM,  ancienne  ville  de  la  grande  Bre- 
tagne. 11  en  eft  parlé  dans  la  Notice  de  1  Empire.  Son 
nom  marque  qu'elle  était  fituee  lur  la  rivière  Ganen, 
nom  latin  de  YYarc  ,  qui  coule  dans  la  province  de 
Nortfolk  ,  &  qui  donne  prélèvement  fon  nom  a  la  ville 
d'Yarmouth.  Selon  Cambden,  cette  ville  neft  pas  affez 
ancienne  pour  avoir  été  bâtie  parles  Romains  :  d  ail- 
leurs le  lit  de  la  rivière  eft  change  a  fon  embouchure. 
Le  petit  village  de  Cafter  ,  ou  elle  paffoit ,  eft ,  fins 
doute,  le  refte  d'un  camp  Romain  ,  fitue  a  embouchure 
du  Garien  Les  vents  du  nord  ont  bouche  de  fables  cette 
ouverture  ,  &  peut-être  caufé  la  deftruftion  du  Cafter  ; 
au  lieu  qu'Yarmouth ,  fituée  fur  le  nouveau  ht ,  s  eft 
accrue  des  ruines  de  l'ancienne  Garianonum.  Quelques- 
uns  mettent  Garianonum  à  Burghcajlle ,  heu  finie  fur 
l'Yare ,  au-deffus  &  au  couchant  d'Yarmouth. 
GARIB.  Voyez  Gareb. 

GARIDECH,  commandenedeMalthe,  dans  le  haut 
Languedoc ,  au  diocèfe  de  Touloufe. 

GARIGA',  ancienne  ville  d'Afie,  dans  1  Ane,  félon 
Ptolomée ,  1.  6  ,  c.  17.  Quelques  exemplaires  portent 
Sariga.  .  .         ."„   ,. 

GARILLAN ,  (  le  )  Ga.ngha.no  ,  rivière  d  Italie  ,  au 
royaume  de  Naples.  Elle  a  fa  fource  dans  l'Abbruzze 
ultérieure ,  entre  les  villages  de  Cicoh  &  de  Capado- 
cia,  d'où  coulant  tantôt  vers  l'orient ,  tantôt  vers  le  midi , 
ou  vers  le  fud-eft,  elle  fort  de  cette  province,  entre  dans  la 
terre  de  Labour ,  paffe  à  l'orient  de  Sora ,  reçoit  le  Fil- 
breno  par  deux  embouchures  qui  forment  une  ifle  trian- 
gulaire ,  au-deffous  de  laquelle  il  en  fait  encore  une  autre  , 
nommée  finalement VIfola.  Enfuite  coulant  vers  le  midi, 
entre  la  campagne  de  Rome  &  la  terre  de  Labour,  il 
reçoit  le  Sacco  ,  à  l'embouchure  duquel  il  y  a  1  ifle  nom- 
mée l'Ifoletta.  Il  fe  groffit  des  eaux  du  Me  e  ou  Melfa  , 
puis  d'un  ruiffeau  qui  paffe  à  Monticello  ,  d  un  autre  qui 
vient  d'Aquino  ,  fe  tourne  vers  l'orient ,  puis  vers  le 
midi,  s'accroît  par  beaucoup  de  pentes*  rivières  ,  & 
fe  jette  dans  la  mer ,  près  de  la  tour  de  Pandolfe ,  al  o- 
riem  de  Gaëte.  Les  anciens  ont  connu  cette  nvisrefous 
le  nom  de  Lins.  Le  nom  de  Glanes,  que  les  anciens  , 
au  rapport  de  Pline  ,  donnoient  à  cette  nviere,  a  trompe 
Cluvier  &  Bochard ,  qui  ont  confondu  le  Uamus  6c  le 
Liris.  D.  Matt.   Egitio  à    l'abbé  Langlet.  *    Magin , 

GARINDjEI  ,  ancien  peuple  de  l'Arabie  heureufe  , 
vers  le  coin  du  golfe  Arabique.  Ils  habitoient  le  pays  des 
Maranites  ,  qu'ils  avoient  égorgés  par   une  tromperie. 

Strabon  ,1.  16. 


GAR 


GARIOCH  ,  petite  contrée  d'Ecoffe  ,  dans  la  pro-    le  nom  de  Comté. 


l'Orbélie,  félon  Ptolomée,  1.  3.  c.  13.  Pline ,  I.4,  c.  10, 
en  nomme  les  habitans  Garesci. 

GARISIMA  ,  r*p«n>»,  beu  de  la  Paleftine  ,  à  vingt 
ftades ,  ou  à  deux  mille  cinq  cens  pas  de  Séphoris.  Ce  lieu 
ne  fauroitpar  conféquent  être  le  mont  Garizim.  *  Jofeph  , 
deVita  fuâ,p.  1029. 

GARITES ,  (les  )  ancien  peuple  de  la  Gaule  Aquitani- 
que ,  félon  Céfar  ,  pe  Bell.  G  ail.  1.  3  ,  c.  27  ,  qui  les 
nomme  entre  plufieurs  peuples  qui  fe  rendirent  aux  Ro- 
mains, Tarbelli,  Bigerriones ,  Preciani ,  Vocates ,  Ta- 
rifâtes ,  Elufates,  Gantes ,  Au/ci ,  Garumni,  &c.  Quel- 
ques-uns ont  cherché  les  Garites  à  Agen ,  cVautres  à  Lee- 
toure;  mais  Nicolas  Sanfon  a 'trouve  que  ce  fondes  ha- 
bitans du  pays  de  Gaure ,  en  quoi  le  P.  Briet  l'a  fuivi, 
Sanfon ,  dans  fes  Remarques  fur  l'ancienne  Gaule ,  s'ex- 
prime ainfi ,  p.  2.1 ,  Garites.  Je  les  ai  expliqués ,  peuples 
du  comté  de  Gaure,  pour  deux  raifons.  L'ancien  &c  le 
nouveau  nom  ont  beaucoup  de  reffemblance  ,  ôc  Céfar 
ayant  mis  de  faite  Vocates ,  Tamfates ,  Elufates ,  Gari- 
tes ,  Aufchi  :  Vocates  ,  ou,  comme  dit  Pline ,  Bofabocates  , 
répondent  à  ceux  de  Bafas  ;  Tarufates  à  ceux  de  Turfan, 
dont  Ayre  a  été  la  capitale  ;  Elufates  à  ceux  d'Eaufe , 
&  Aufchi  à  ceux  d'Aux  (Auch.)  Garites  étant  dans  Cé- 
far entre  Elufates  Se  Aufci ,  ne  peuvent  répondre  qu'au 
comté  de  Gaure  qui  eft  entre  Eaufe  &  Aux ,  tirant  vers 
Le&oure  ;  ainfi  l'amette  de  ces  peuples  ,  fuivant  notre 
explication ,  eft  dans  le  même  ordre  que  celle  de  Céfar. 
Voici ,  ajoûte-t-il ,  l'explication  que  les  PP.  Monet  8c 
Labbe  ont  donnée  à  Garites.  L'un  &  l'autre  ont  voulu 
cenfurer  mon  ancienne  Gaule ,  &  donner  un  échantillon 
de  leur  grande  capacité  en  cette  matière. 

Le  P.  Monet  parle  ainfi  dans  fa  Géographie  de  la 
Gaule.  Garites  feu  Gaurites  incolcefunt  G  aura  convallis 
apud  Convenus  (  Comté  de  Gaure  )  cujus  oppida  queedam 
hodie  cenfentur ,  fed  ignota  Romanis,  ut  Baumontium^ 
Granata ,  Gimondum  :  de  quibus  egimus  in  Conyenis. 
Il  y  a  ici  de  quoi  admirer  l'excellence  de  la  Géographie 
du  P.  Monet.  Gaurites  eft  un  nom  fuppofé  ,  Cefar  étant 
le  feul  des  anciens  qui  ait  cité  ce  peuple  ,  il  ne  nous  eft 
pas  permis  d'en  changer  une  feule  lettre ,  fans  de  for- 
tes raifons.  Gaurts  Convallis  apud  Convenus.  Il  n'y  a 
point  de  vallée  de  Gaure  dans  le  diocèfe  de  Comminges  , 
mais  bien  la  vallée  d'Aure.  Comté  de  Gaure  ;  le  comté 
de  Gaure,  qui  eft  près  de  Le&oure,  eft  fort  éloigné  de  la 
vallée  d'Aure ,  qui  eft  engagée  dans  les  Pyrénées  &  dans 
le  diocèfe  de  Comminges.  Cujus  oppida  Baumontium  , 
Granata  ,  Gimondum.  Toutes  ces  places  ne  font  ni  dans 
le  comté  de  Gaure ,  ni  dans  la  vallée  d'Aure ,  non  pas 
même  dans  le  Comminges ,  en  quelque  forte  que  l'on 
puiffe  l'entendre ,  foit  fous  le  nom  de  Diocèfe  ,  foit  fous 


vince  de  Buchan,  dont  elle  fait  partie  :  elle  eft  au  nord 
du  Don  ;  c'eft  un  pays  très-peuplé.  Innérun  eft  fameufe 
par  la  bataille  que  Robert  Bruce  y  remporta.  *  Etat  de 
laGr.  Bru.  t.  2,,  p.xjz. 

GARIOFILUM,  bourg  de  Toscane.  Il  en  eft  parle 
dans  un  décret  de  Didier  ,  roi  des  Lombards ,  rapporté 
par  Annius  de  Viterbe  ,  &  par  conféquent  très-fuspeft. 

*  Ortel.  Thef. 

GARIPO.  Voyez  Calipo.  ■ 

GARIPPO  ,  petite  rivière  d  Aile  ,  dans  la  Natohe. 
Elle  a  fa  fource  près  de  Chiangare  ,  ck  fe  décharge  dans 
le  Sangari ,  près  de  Peffm.  C'eft  le  Gallus  des  anciens. 

*  Baud.  édit.  1705.  . 

1.  GARïS,  lieu  bâti  par  l'empereur  Juftimen ,  dans 
le  territoire  d'Eupolis ,  félon  Ortélius  ^Thefaur.  qui  cite 
l'Hiftoire  mêlée.  Il  doute  fi  ce  lieu  n'ètoit  pas  dans  la 
Méïopotamie. 

2.  GARÏS  ,  ville  de  la  Paleftine,  dans  la  Galilée,  fé- 
lon Jofeph ,  De  Bello. 

3 .  GARIS ,  autrefois  ville  ,  ck  préfentement  village 
de  la  baffe  Navarre ,  à  une  ou  deux  lieues  de  Saint-Pa- 
lais, du  côté  du  couchant.  *  Baud.  édit.  1705. 

De  Marca  ,  plus  croyable  ,  fur  cette  partie  de  l'Eu- 
rope ,  que  Baudrand ,  nous  apprend  que  c'eft  un  bourg 
nommé  Carafa ,  dans  l'Itinéraire  d'Antonin,  ck  il  écrit 
Garris. 

GARISif.l,  peuple  dont  parle  Corippus ,  dans  l'Eloge 
deJuftin  le  Jeune,  cité  par  Ortélius,  Thefaur.  Ce  peuple 

ft  connu  que  par  foia  bon  vin, 


Le  Phare  de  l'ancienne  Gaule  du  P.  Labbe  eft  pref- 
qu'auffi  fautif.  Garites  feu  Gaurites  Moneto  ,  aliifque  • 
peuples  de  Val  &  comté  de  Gaure  ,  pays  de  Gavardan  : 
quod  non  fuâ  caret  verifïmilitudine.  Gaurites  ,  comme 
nous  avons  dit ,  (  c'eft  toujours  Sanfon  qui  parle  )  eft 
un  nom  fuppofé  par  le  P.  Monet.  Aliifque  ;  je  ne  crois 
pas  que  le  P.  Labbe  puiffe  montrer  un  feul  auteur  ,  après 
le  P.  Monet ,  qui  ait  ofé  changer  Garites  en  Gaurites. 
Le  Val  &  Comté  de  Gaure.  Il  fuit ,  &  tombe  dans  la 
même  faute  que  le  P.  Monet,  confondant  la  vallée  d'Aure, 
qui  eft  au  diocèfe  de  Comminges ,  avec  le  comté  de 
Gaure,  qui  eft  du  diocèfe  d'Aux,  mais  près  de  Leftoure. 
Pays  de  Gavardan.  Le  P.  Labbe  n'a  pas  ici  fuivi  la  der- 
nière partie  du  P.  Monet  :  il  veut  mettre  du  fien  &c 
montrer  qu'il  ignore  que  le  Gabardan  ,  dont  la  princi- 
pale place  eft  Gabarret,  eft  différent  du  comté  de  Gaure, 
&  que  le  comté  de  Gaure  &  le  Gabardan  font  bien 
différens  de  la  vallée  d'Aure.  Le  Gabardan  eft  entre 
Eaufe  &C  Bafas  ,  &  le  comté  de  Gaure  eft  entre  Aure 
ck  Leftoure  ;  la  vallée  d'Aure  eft  entre  le  Bigorre  & 
le  Commingeois ,  enfoncée  dans  les  Pyrénées ,  &  à  la 
fource  de  la  Neftes ,  qui  tombe  dans  la  Garonne ,  près 
de  Montregeau  ,  non  loin  de  Saint-Bertrand  de  Com- 
minges. Voilà  de  mes  cenfeurs ,  conclut  Sanfon. 

GARIZIM,  félon  D.  Calmet,  DiB.  montagne  de  la 
Paleftine ,  près  de  Siehem ,  de  la  tribu  d'Ephraïm ,  &C 
dans  la  province  de  Samarie.  La  ville  de  Siehem  étoit 
au  pied  des  montagnes  d'Hébal  qui  étoit  très-ftérile ,  &  de 
Garizim  qui  étoit  très-fertile.  Dieu  avoit  ordonné  qu'a- 


GARISCUS,  ville  de  Grèce,  en  Macédoine,  dans    près  le  paffage   du  Jourdain   les  Hébreux-  iroient  aux 


CAR 


CAR 


monts  Hébal  Se  Garizim ,  (a )  Se  que  l'on  partagerait  les 
douze  tribus  ;  que  fix  feraient  fur  le  mont  Garizim  ,  & 
fix  fur  le  mont  Hébal.  Les  premières  dévoient  pronon- 
cer des  bénédictions  en  faveur  de  ceux  qui  obiërvoient 
la  lpi  du  Seigneur ,  Se  les  autres  des  malédictions  con- 
tre ceux  qui  la  violeroient.  Après  le  paflage  du  Jour- 
dain, Jofué  (b)  exécuta  ce  que  le  S.igueur  avoit  ordonné. 
Il  alla  avec  tout  le  peuple  au  mont  Hébal ,  y  bâtit  un 
autel  ,  y  offrit  des  holocauftes  ,  Se  partagea  le  peuple  , 
félon  l'ordre  du  Seigneur.  *  (a)  Diuur.  c.  1 1 ,  v.  29  , 
c.  27,  v.  12.  (b)  Jofuc  ,  c.  8 ,  v.  33. 

Eufebe  ,  in  Lacis  ;  S.  Jérôme,  Se  après  eux  Procope 
de  Gaze  in  Deuter.  Se  Scaliger  in  Eufcb.  ont  cru  que 
ces  monts  ne  font  pas  près  de  Sichem  ,  mais  à  l'orient 
de  Jéricho  &  de  Galgal ,  &  que  ceux  qui  portoient  ce 
nom  près  de  Sichem  ,  n  etoient  pas  ceux  que  Moïiè  avoit 
défignés dans  le  ûeutéronome.  Saint  Epiphane ,  Hxref.c). 
place ,  fans  fondement ,  ces  montagnes  au-delà  du  Jour- 
dain. Garizim  étoit  fi  près  de  Sichem  ,  que  Joatham  , 
fils  de  Gédéon ,  parla  du  Commet  de  la  montagne  au 
peuple  de  Sichem  ,  affemblé  au  pied  de  Garizim  ,  Se 
fe  fauva  fans  qu'ils  puflent  le  pourfuivre.  Judic.  c.  9, 
V.7. 

Tant  que  les  Hébreux  demeurèrent  bien  unis ,  Se  qu'une 
feule  religion  régna  parmi  eux  ,  le  Garizim  n'eut  rien  qui 
le  diftinguât  des  autres  montagnes  du  pays  :  on  ne  voit 
pas  même  que,  fous  les  rois  d'Israël,  il  fe  foit  fait  re- 
marquer par  aucun  endroit;  les  Livres  des  Rois  Se  les  Pa- 
ralipomenes  n'en  parlent  point.  Mais  ,  depuis  que  les 
Chutéens  furent  établis  dans  la  province  de  Samarie , 
Esdras,  de  retour  de  la  captivité,  pourfuivit  par-tout 
l'idolâtrie ,  6c  fit  chafler  par  Néhémie  ,  Manafle ,  fils  de 
Joïada  ,  Se  petit-fils  du  grand-prê.re  Eliafib  ,  pour  avoir 
époufé  la  fille  de  Sanaaballat ,  gouverneur  de  Samarie. 
S.  Epiphane,  Harcf.  9  ,  Se  Procope ,  in  Dtuttron. 
difent  qu'alors  les  Samaritains  ôterent  les  idoles  qui  étoient 
au-dellus  de  leurs  maifons ,  &  les  mirent  dais  une  ca- 
verne du  mont  Garizim  ,  Se  qu'ils  continuèrent  à  les 
adorer  fecrettement ,  en  fe  tournant  toujours  de  ce  côté 
dans  leurs  prières  ;  &  depuis  que  Manafle  ,  gendre  de 
Sannaballat,  eut  bâti  fur  le  Garizim,  par  la  permiflîon 
d'Alexandre  le  Grand  ,  un  temple  au  vrai  Dieu ,  les 
Samaritains  allièrent  le  culte  du  vrai  Dieu  à  celui  des 
idoles  cachées  fous  le  Garizim  ;  ce  qui  vérifie  cette  pa- 
role de  l'Ecriture.  Ils  continuèrent  à  adorer  les  idoles 
des  nations  d'où  ils  tiroient  leur  origine  ,  quoiqu'ils  ado- 
raftènt  aufli  le  Seigneur.  *  Jofeph,  Antiq.  1.  1 1,  c.  8.  Reg. 
1.  4,  c.  17,  v.  33". 

Mais  cette  tradition  des  idoles  cachées  fous  le  mont 
Garizim  n'eft  fondée  ni  fur  l'Ecriture ,  ni  fur  Jofeph  ,  ni 
fur  les  hiftoriens  Samaritains.  Ces  derniers  ,  dans  leur 
Chronique ,  afTurent  que  Joliié  bâtit  un  temple  fur  le  Ga- 
rizim, qui  fut  deffêrvi  par  des  prêtres  de  la  famille  d'Aaron, 
dont  le  premier  grand-prêtre  fut  nommé  Rus  ,  duquel 
font  descendus  tous  ceux  qui  ont  fervi  fur  cette  montagne 
jusqu'aujourd'hui.  Cette  Chronique  porte  une  tradition 
faune  qu'il  eft  inutile  de  réfuter ,  même  de  citer.  If  faut 
s'en  tenir  à  J  ofeph  :  voici  ce  qu'il  dit  ,  Ant.  Lu, 
c.  8  ,  fur  l'origine  du  temple  de  Garizim.  Manille  ,  petit- 
fils  du  grand-prêtre  Eliafib,  Se  frère  de  Jaddus,  grand- 
prêtre  des  Juifs ,  ayant  été  chafle  de  Jérufalem  ,  Se  fouf- 
frant  impatiemment  de  fe  voir  privé  de  l'honneur  Se  des 
avantages  du  facerdoce  ,  Sannaballat ,  fon  beaupere  s'a- 
drefia  à  Alexandre  le  Grand  ,  qui  aflîégoit  alors  Tyr , 
&  lui  ayant  prêté  obéiflTance  pour  la  province  de  Sa- 
marie ,  dont  il  étoit  gouverneur ,  lui  offrit  encore  huit 
mille  hommes  de  bonnes  troupes  ;  ce  qui  dispofa  Alexan- 
dre à  lui  accorder  ce  qu'il  lui  deinandoit  pour  fon  gendre 
&  pour  un  g-and  nombre  d'autres  prêtres,  qui,  s'étant 
trouvés  engagés ,  comme  lui  ,  dans  des  minages  con- 
traires à  la  loi,  avoient  mieux  aimé  quitter  leur  patrie 
que  leurs  femmes, Ses'étoient  venus  joindre  à  Manafle  dans 
Samarie.  Le  temple  fut  donc  bâti  fur  le  Garizim  ,  &C 
confacré  au  Dieu  d'Israël  ;  Se  comme  la  montagne  étoit 
fort  haute  ,  on  y  fit  plufieurs  degiés  pour  la  commodité 
du  peuple.  Lorsque  le  roi  Antiochus-Epiphanes  eut  com- 
mencé la  perfécution  contre  les  Juifs  ,  les  Samaritains 
lui  écrivirent  pour  le  fupplier  de  permettre  que  leur 
temple  de  Garizim,  qui  jusqu'alors  avoit  été  confacré  à 
un  Dieu  inconnu  Se  fans  nom  ,  fût  dédié  à  Jupiter  le 
Grec;  ce  qu'il  leur  accorda  facilement.  On  trouve  une 


4ï 


médaille  où  ce  temple  eft  repréfenté  avec  plufieurs  des,  es. 
Procope,  in  Dcur.ron.  dit  qu'il  y  en  avoit  fi j cens 
mille  un  ;  mais  un  voyageur  ancien,  qui  vivoit  fous 
l'empire  de  Conftantin  ,  n'y  en  met  que  trois  cens. 
^  Jofeph,  Antiq.  L  13  ,  c,  6,  raconte  une  dispute  qui 
s  éleva  en  Egypte ,  fous  le  règne  de  Ptolomée-Philo- 
métor  ,  entre  les  Juifs  Se  les  Samaritains,  au  fujet  de; 
leur  temple  :  les  Samaritains  foutenoient  que  celui  de 
Garizim  étoit  le  feul  vrai  temple  du  Seigneur  ,  Se  les 
Juifs  prétendoient  que  c'étoit  celui  de  Jérufalem.  La 
dispute  fut  portée  devant  le  roi.  On  nomma  des  avo- 
cats de  part  Se  d'autre.  On  convint  que  ceux  qui  dé- 
fendraient mal  leur  cauïë ,  Se  qui  perdraient  leur  procès , 
feraient  condamnés  à  mort.  Ils  promirent  réciproque- 
ment de  ne  produire  que  de;  témoignages  de  la  loi. 

Andronique,  avocat  des  Juifs  ,  parla  le  premier,  & 
prouva  fi  bien  l'antiquité  du  temple  de  Jérufalem ,'  par 
les  Ecritures,  par  la  fuite  des  pontifes,  Se  par  la  confi- 
dération  que  les  rois  d'Afie  avoient  toujours  eue  pour  ce 
faint  lieu ,  pendant  qu'ils  n  avoient  pas  même  penfé  au 
temple  de  Garizim,  que  le  roi  Se  fes  amis  lui  donnè- 
rent gain  de  caufe  ,  Se  ordonnèrent  qu'on  mit  à  mort 
Sabbœus  S:  Théodofius ,  avocats  des  Samaritains.  Si  ce 
récit  de  Jofeph  eft  vrai ,  les  Samaritains  abandonnèrent 
bientôt  le  culte  de  Jupiter  Grec  ,  qu'ils  avoient  reçu  par 
politique ,  fous  Antiochus-Epiphanes  ;  car  toute  cette 
dispute  fuppofe  qu'il  étoit  adoré  à  Garizim  Se  à  Jéru- 
falem ;  Se  Ptolomée  -  Philométor  régna  depuis  l'an  du 
monde  3,814,  jusqu'en  3801  ,  Se  Antiochus-Epiphanes 
depuis   l'an  du  monde  3828,  jusqu'en  3840. 

Le  temple  de  Garizim  fublifta ,  fous  l'invocation  de 
Jupiter  le  Grec  ou  l'Olympien  ,  jusqu'au  tems  de  Jean 
Hyrcan  ,  Machatée  qui  le  détruifit,  Antiq.  L  13  ,  c.  17. 
Gabmius  ^gouverneur  de  Syrie  ,  le  rérablit,  en  réparant 
Samarie  ,  à  qui  il  donna  fon  nom  :  (a)  ce  fait  n'eft  pas 
bien  diftmftement  dans  l'hifbire.  Il  eft  cependant  cer- 
tain que ,  du  tems  de  Notre-Seigneur ,  ce  temple  fub- 
hitoit,  &e  que  le  vrai  Dieu  y  étoit  adoré,  puisque  la 
Samaritaine  lui  dit,  en  lui  montrant  le  Garizim  :  (b)  «  Nos 
»  pères  ont  adoré  far  cette  montagne  ,  Se  vous  dites 
»  que  c  eft  à  Jerulalem  qu'il  faut  adorer.  On  affûte 
qu'Herode  le  Grand  ,  ayant  rebâti  Samarie  ,  Se  lui  ayant 
donné  le  nom  de  Sibaflt ,  en  l'honneur  d'Augufte ,  voulut 
obliger  les  Samaritains  à  venir  adorer  dans  le  temple 
qu'il  y  avoit  érigé  ;  mais  ceux-ci  reruferent  conftamment 
d'y  aller,  Se  ont  continué  jusqu'aujourd'hui  à  adorer  le 
Seigneur  fur  cette  montagne.  *  (a)  M.  Afric.  in  Syncdli 
Ckronico.  (s.)   S.  Aun  ,  c.  4,  v.  10. 

GARMAA  ,  r*.,^;  Ortélius  dit  :  Il  fcmble  que  ce 
foit  un  bourg  de  Thrace  ,  Se  cite  Procope  au  quatrième 
Livre  des  Edifices. 

GARMIEN,  ancienne  ville  fur  les  frontières  de  l'Inde. 
Abulgafi-Kan  en  fait  mention  dans  fon  Hifioire  ginialo- 
giqm  dts  Tatars,  p.  280  ;  Si  fon  tradufteur  dit ,  à  la 
note  de  la  même  page ,  qu.  d'à  itres  hiftoriens  Orientaux 
la  nomment  Ga^na ;  qu'on  n.'  la  connoît  plus  fous  ce 
nom  ,  Se  qu'elle  doit  avoir  été  fituée  quelque  part  fur  les 
frontières  des  Indes ,  vers  les  33  d.  de  latit. ,  entre  Cau- 
dahan  Se  Caboul  ,   ou  Hami. 

GARNACA ,  rufj.% k»,  ville  ancienne  de  la  petite 
Arménie,  au  département  de  la  Muriane,  félon  Ptolomée  ' 
l.  J  ,  c.  7.  » 

GARNACHE ,  (la)  ville  de  France  ,  au  bas  Poitou  ; 
fur  les  confins  de  la  Bretagne  :  elle  a  un  ancien  château 
aflez  bon  ,  Se  eft  à  deux  lieues  de  Machécou  au  midi , 
en  allant  vers  les  Sables  ,  Se  à  fept  de  Montaigu  au  cou- 
chant ,  en  paflant  vers  fille  de  Bouin.  *  Baudrand, 
édit.  1705. 

GARNIE ,  port  de  mer  d'Italie  ,  dans  la  mer  Adria- 
tique ,  auprès  du  mont  Gargan ,  félon  Pline ,  /.  3  , 
c.  11.  Holfténius  croit  que  c'eft  le  même  port  qu'on 
appelle  Redia. 

GARNATHAH  :  c'eft  ainfi  que  les  Arabes  écrivent 
le  nom  de  Grenade  ,  ville  d'Espagne.  Chez  eux ,  Gar- 
nathi  veut  dire  un  Grenadin;  Se  ils  appellent  ainfi  en 
Afrique  les  familles  Arabes  qui  y  ont  pâlie  d'Espagne, 
parce  que  le  royaume  de  Grenade  y  a  fubfiité  plus 
long -tems  que  les  autres  royaumes  que  les  Maures  y 
pollédoient. 

GARNERET,  golfe  de  la  mer  Adriatique.  Corneille 
dit  qu'il  eft  vers  la  côte  d'Iftrie ,  Se  cite  Wheler.  C'eft 


4^ 


GAR 


GAR 


îe  même  que  le  Quarner.  Voyez  CARNERO.  i. 

GARNESEY.  (l'ifle  de)  Les  Anglms  prononcent 
<omme  nous  ferions,  fi  ce  motétoit  écrit  Guernejey, 
ifle  de  la  Manche  ,  fur  la  côte  de  France  ,  vis-a-yis  de 
îa  Normandie.  Elle  a  la  forme  d  un  luth  ,  félon  quelques- 
uns  ;  d'autres  lui  donnent  celle  d  un  jambon.  Cette  die  a 
reçu  autant  de  noms  françois  fck  latins,  quil  y  a  eu 
d'auteurs  qui  en  ont  fait  mention.  On  ne  doute  point 
que  ce  ne  foit  la  Sarnia  de  l'Itinéraire  d  Anronm. 

Le  P.  Briet,  Paraît,  i  part,  L  6  ,j.  358,  en  con- 
vient, Camalis,  de  re  G  allie.  Penoche  5,  p.  161  M. 
reclo,  dit  Grenezeium,  vulgà  Grenesay;  le  P.  Po- 
meraye  Ghernecium  j  Ferrari  6k  Baudrand  Garnejeia  ; 
Lucas  Chartier  Garnfey  :  Froiffard  Grénéfie ,  Charles 
de  Bourgueville  Jarne^i:  M.  de  Thou  Grenefia  injula  : 
Corneille  dit  qu'elle  étoit  autrefois  du  diocèfe  de  Cou- 
tance ,  aufli-bien  que  Geffey  ;  Cœnalis  la  met  de  celui 
d'Avranches.  Comme  i-I  en  étoit  évêque,  fon  autorité 
eft  de  quelque  poids.  Elle  a  environ  trente  mille  pas 
de  long,  contient  dix  paroiffes ,  un  port  capable  de 
contenir  un  grand  nombre  de  vaiffeaux.  La  petite  ville 
de  Saint-Pierre  ,  avec  le  château  Cornet  qui  eft  fur  fa 
côte  orientale,  fck  vers  le  canal  dit  le  petit  Ruau,  qui 
la  fépare  au  levant  de  Fille  de  Herms ,  fck  le  petit  canal 
de  ouque  du  Val  la  fépare ,  à  l'orient  d'été ,  de  Me  du 
clos  de  Val.  Elle  faifoit  autrefois  partie  du  duché  de 
Normandie;  mais  elle  eftreftée  aux  Anglois,  avec  celles 
de  Jerfay  fck  d'Aurigni.  Ces  ifles  dépendent  préfentement 
de  Hantshire ,  province  d'Angleterre.  Garnefey  n'eft  qu'à 
dix-huit  milles  de  l'iile  de  Jerfey ,  au  couchant  d^été  ,  à 
vingt-cinq  de  la  plus  prochaine  côte  du  pays  de  Côtentin, 
&  à  quarante-cinq  milles  de  Saint-Malo  vers  le  nord. 
Cette  ifle  ne  produit  aucun  animal  qui  foit  venimeux  ; 
fck  la  nature  l'a  fortifiée  d'un  rempart  de  rochers  ,  entre 
lesquels  on  trouve  la  pierre  d'émeril ,  dont  les  orfèvres  fe 
fervent  pour  nettoyer  les  pierreries ,  fck  les  vitriers  pour 
tailler  leur  verre.  L'air  y  eft  moins  fain  ,  fck  le  terroir 
moins  fertile  qu'à  Jerfey;  cependant  elle  eft  plus  riche 
par  le  commerce  qu'y  attire  la  commodité  de  les  ports. 
Mauger,  archevêque  de  Rouen,  y  fut  relègue  en  1055, 
après  avoir  été  déclaré  indigne  de  1  episcopat.  11  s  y 
adonna  à  la  magie,  fck  périt  dans  la  mer.  *  Corn. 
Dift.  Coulon.  Descr.  de  i'Anglet.  6k  Vaudôme  ,  Ma- 
nufe.  Géog.  ,i-i 

GAROCELI,  ancien  peuple  de  la  Gaule.  Marhenle 
met  au  Mont-Cénis;  Vigenere ,  dans  la  Morienne.  Sanfon, 
dans  un  de  fes  Ouvrages,  les  avoit  expliqués  pour  la 
partie  du  Briançonnois ,  où  font  Oulx ,  Exilles ,  6kc. 
parce  que  Céfar  dit  :  Ab  Ocelo  quod  eft  citerions  pro- 
yincice  extremum  oppidum,  in  fines  Vocontiorum  ulterioris 
provincice  die  feptimo  pervenit  inde  Allobrogum  fines ,  ab 
Allobrogibus  in  Ses.uji.anos  exercitum  ducit.  Ce  chemin 
de  Céfar  mené  de  Sufe  à  Briançon  parle  Mont-Geneve, 
qui  eft  l'ancienne  Alpis  Coda  ,  6k  de  Briançon  descend 
à  Embrun  ,  à  Gap ,  fck  de-là  pane  chez  les  Vocontiens , 
où  eft  Die  ;  remonte  dans  le  Viennois  6k  le  Lyonnois  , 
fcke.  Dans  ce  chemin,  entre  Sufe  Scie  Mont-Geneve, 
font  Oulx  6k  Exilles,qui  eft  l'ancienne  Océlus  de  Céfar  6k 
-  de  Strabon,  que  celui-ci  dit  être  Cottiœ  terra  finis , 
l'extrémité  de  la  terre  Cotienne  ;  6k  l'autre  ,  extremum 
citerions  provinciœ  oppidum  ,  la  dernière  place  de  la 
province  citérieure.  Le  Mont-Cénis  6k  la  Morienne  ne 
pe  rencontrant  point  dans  le  chemin  de  Céfar ,  pourfuit 
fSanfon,  j'ai  placé  Garoceli  dans  une  partie  du  Briançon- 
nois. L'opinion,  continue-t-il ,  de  Vigenere  peut  être 
fuivie ,  parce  que  Céfar  met  Garoceli  entre  Centrones  , 
qui  font  ceux  de  la  Tarentaife  ,  fck  Caturiges  ,  qui  font 
ceux  d'Embrun  fck  de  Gap  ;  la  Morienne  étant  entre 
les  deux ,  fe  peut  prendre  pour  Garoceli.  J'ai ,  dit  -  il , 
fùivi  cette  opinion  dans  la  carte  préfente,  pour  faire 
voir  que  l'une  &  l'autre  explication  fe  peut  retenir. 

Lorsque  deux  opinions  fe  contredifent  fur  la  fihiation 
d'un  lieu ,  c'eft  une  preuve  qu'elle  eft  indéterminée.  Celle 
de  Vigenere  paroît  de  quelque  poids ,  puisque  Sanfon 
paroît  l'adopter. 

GARODE,  ifle  de  l'Ethiopie  fous  l'Egypte,  dans  le 
Nil ,  félon  Pline  ,  l.  6,c.  30.  Il  y  avoit  une  petite  ville 
de  même  nom. 

GAROEAS  ,  rivière  de  l'Inde ,  où  elle  fe  jette  dans 
le  Cophene  ,  félon  Arrien ,  in  Indic. 

GARON,  (le)  en  latin  Calarona,  petite  rivière 


de  France  ,  dans  le  Lyonnois.  Elle  pane  à  Brignais,  fck 
fe  rend  dans  le  Rhône  au-deffous  de  Grigny,  à  moitié 
chemin  de  Lyon  à  Vienne. 

GARONNE,  (la)  grande  rivière  de  France   :  les 
Latins  l'ont  connue  fous  le  nom  de  Garumna.  Ptqlo- 
mée ,  l.  2. ,  c.  j  ,  la  nomme  Tapu'ia  Garuna  ;  les    co- 
piftes  ont  pu  oublier  un  fj..  La  carte  de  Peutinger  porte 
Garunna  ;   le  copifte  peut  avoir  pris  l'm  pour  une  n. 
Céfar ,  de  Bell.  G  ail.  1.  1 ,  c.  1  ,  met  la  Garonne  pour 
borne ,  entre  l'Aquitaine  fck  la  Gaule  propre  ou  la  Cel- 
tique ;  mais  lorsqu'Augufte  eut  étendu  l'Aquitaine,   la 
Garonne  la  divifa  en  deux  parties.  Cependant  Pompo- 
nius  Mêla ,  /.  3  ,  c.  a  ,  qui  vivoit  fous  l'empereur  Clau- 
dius ,  fuit  l'ancienne  divifion  de  la  Gaule.  A  Pyrenad 
ad  Garumnam  Aquitania  ,  ab  eo  ad  Sequanam  Celta  , 
inde  ad  BJienum  pertinent  Belgœ.  C'eft-à-dire ,  depuis 
les  Pyrénées  jusqu'à  la  Garonne ,  c'eft  l'Aquitaine  ;  de-là 
jusqu'à  la  Seine,  ce  font  les  Celtes;  fck  de  la  Seine  jusqu'au 
Rhin,  ce  font  les  Belges.  Céfar  avoit  dit  :  Les  Gaulois 
fontféparés  des  Aquitains  par  la  Garonne ,  fck  des  Belges 
par  la  Marne  6k  la  Seine.  Les  Gaulois  de   Céfar  dans 
ce  paffage  font  la  même  chofe  que  les  Celtes  de  Mêla. 
Ce  dernier  dit  :  La  Garonne  eft  long-tems  guéable  fck 
incapable  de  porter  des  bateaux  ,  fi  ce  n'eft  lorsqu'après 
les  pluies  de  l'hiver ,  ck  la  fonte  des  neiges ,  elle  fe  groffit  ; 
mais  lorlqu'elle  approche  de  l'Océan ,  fck  que  la  rencontre 
de  la  marée  en  fait  rebrouffer  les  eaux  avec  les  fiennes , 
elle  s'enfle  ;  ck  plus  elle  avance ,  plus  elle  s'élargit. 

Elle  a  fa  fource  au  val  d'Aran  dans  les  Pyrénées.  Elle 
fe  groffit  de  quelques  ruifleaux  ck  de  plufieurs  torrens  qui 
tombent  des  montagnes ,  entr'autres,  de  l'Unola  qui  vient 
de  Bajergue,  d.  ck  des  eaux  d'Aigue-negre ,  qu'elle  reçoit 
à  Biella  ou  Vieille  ,  g.  Au-deflbus  d'Arros ,  elle  reçoit  le 
Barrados ,  d.  puis  le  Joucou  auprès  de  Caftell-Leon ,  g. 
d'où  coulant  vers  le  nord,  elle  prend  quelques  ruifleaux, 
entr'autres,  le  Touran,  d.  au-deflus  de  Canejan,  fck  le 
Terme  au-deflôus ,  g.  C'eft  à  ce  ruifleau  que  commence 
le  Comminge.  De-là ,  coulant  à  Saint-Beat ,  g.  fck  enfuite 
à  Marignac  ,  elle  reçoit  la  petite  Nefte  ;  pafle  à  l'orient 
de-Saint  Bertrand ,  6k  reçoit  les  eaux  de  la  Nefte  ;  coule 
au  pied  de  mont  Rejeau;  fe  tourne  vers  l'orient  fepten- 
trional;   pafle  entre  Valentine,  d.  fck  S.  Gaudens,  g. 
reçoit  le  Ger ,  d.  pafle  à  Saint  Martory  ,  fck  plus  loin  le 
charge  de  deux  rivières  ;  la  gauche  s'appelle  la  Noue  ; 
la  droite  eft  le  Salât  qui  vient  de  la  vallée  de  Couferans. 
La  Garonne  baigne  enfuite  Cazerez  ,  g.  reçoit  le  Bolp  , 
ruifleau  qui  vient  du  comté  deFoix,  d.  arrofe  Saint  Julien, 
g.  entre  dans  le  Languedoc,  où  elle  fe  groffit  delà  Rife  , 
d.  qui  vient  de  Montesquiou  fck  de  Rieux  ,  fck  qui  a  fort 
embouchure  vis-à-vis  de  Carbonne  :  de-là  elle  court  vers 
Muret ,  fck  au-deflbus  de  cette  ville  prend  la  Louge  , 
traverfe  Touloufe ,  fe  retourne  vers  le  nord  occidental , 
fck  reçoit  la  Touche ,  g.  l' Auflbnelle ,  puis  forme  une  ifle  , 
reçoit  encore  un  ruifleau  vis-à-vis  cette  ville  ,    fck  la 
Grenade  au-deflbus.  Plus  loin  elle  eft  acrue  par  la  rivière 
de  Margaftaud  ,   g.  6k  au-deflbus  de  Verdun ,  g.  par  le 
ruiffeau  de  Pontarare,  par  la  Deve  près  du  Mas-Garnier, 
par  la  rivière  de  Bouret ,  par  la  Gimone  fck  par  la  Cete  : 
le  Tarn  ,  qu'elle  rencontre  entre  Moiflac  fck  Saint-Nico- 
las de  la  Grave ,  la  détermine  à  couler  vers  l'Occident. 
Elle  côtoyé  donc  la  Lomagne  6k  lAgénois  qu'elle  fépare  ; 
elle  prend  avec  elle  plufieurs  rivières ,  entr'autres ,  l'Ai- 
roux ,  g.  le  Camefon ,  g.  l'Arrate  ,  g.  une  autre  qui  vient 
de  la  droite  6k  tombe  entre  Valence  6k  la  Magiftere. 
La  Groue ,  g.  la  Séone ,  d.  le  Gers  qui  vient  de  Lairac, 
la  pedte  rivière  d'Agen  ,  g.  deux  autres  ,  l'une  à  la  droite 
entre  Clermont  6k  le  port  Sainte-Marie ,  6k  l'autre  vis-à- 
vis,  à  la  gauche  la  Baife,  g.  le  Lot  qui  y  tombe  auprès 
d'Eguillon  ,  d.  Elle  coule-  enfuite  à  Toneins ,  à  Mar- 
mande  ,  à  Sainte  -  Bazeille ,  à  la  Réole  fck  à  Gironde  ; 
toutes  places  fituées  à  la  droite ,  fck  entre  lesquelles  elle 
rencontre   d'autres  rivières  ,    dont  le  Drot  eft  la  plus 
confidérable.  Au-deffous  de  Langon  qui  eft  fur  la  gauche , 
elle  reçoit  le  Giron,  pafle  à  Cadillac ,  à  Rions ,  d.  reçoit 
le  Garmort  à  Caftres,  fck  arrive  enfin  à  Bourdeaux  ,  où 
elle  forme  un  des  plus  beaux  ports  de  mer  qu'il  y  ait  en 
France.  Au-deffous  de  cette  ville ,  elle  forme  beaucoup 
d'ifles  ,  reçoit  la  Dordogne ,  avec  laquelle  elle  perd  fon 
nom  :  toutes  les  deux  s'appellent  la  Gironde. 

Cette  jonction   fe   fait  à  cinq    lieues  au-deffous  de 
Bourdeaux  ,  au  bout  d'une  langue  de  terre  qu'on  appelle 


GAR 


GAR 


U  bec  d'Ambe{  ;  &  le  choc  de  ces  deux  rivières ,  dit 
l'abbé  de'Vairac,  dans  fes  Notes  fur  les  Commentaires 
de  Céfar ,  eft  Ci  violent ,  que  leurs  flots  agités  deviennent 
terribles  aux  pilotes  les  plus  expérimentés ,  à  caufe  des 
écueils  &  des  bancs  de  fable  qui  le  forment  par  leurs 
courans. 

On  ne  fait  fi  c'eft  la  Dordogne  qui  entre  dans  la  Ga- 
ronne ,  ou  la  Garonne  dans  la  Dordogne  :  elles  perdent 
leur  nom  fi-tôt  que  leurs  eaux  font  mêlées ,  &  forment 
une  grande  plage  qu'on  appelle  la  Gironde ,  laquelle  va 
fe  décharger  dans  la  mer ,  à  quinze  lieues  du  Bec  d'Am- 
bez  ,  après  avoir  coulé  majeftueufement  entre  la  Sain- 
tonge  qu'elle  laiffe  au  feptentrion  ,  &  le  Médoc  qui  eft 
litué  à  fon  midi.  Blaye ,  Mortagne,  Tallemont  &  Royan , 
font  fitués  fur  fa  côte ,  du  côté  du  nord.  Elle  entre  dans 
la  mer,  près  de  la  fameufe  tour  de  Cordouan,  par  deux 
embouchures  ,  dont  celle  qui  eft  à  fa  droite ,  le  nomme 
le  pas  des  AJnes  ,  ÔC  celle  qui  eft  à  fa  gauche  le  pas  de 
Grave. 

Il  y  a  huit  ponts  de  pierre  fur  la  Garonne  ;  à  L'ez,  à 
Foz,  à  Saint-Béat,  au-deffus  de  Saint-Bertrand,  à_Ma- 
zeres  ,  près  de  Saist-Gaudens ,  à  Saint-Martori ,  à  Tou- 
loulè  :  on  voit  encore  les  reftes  d'un  neuvième  à  Agen  , 
aux  tours  de  la  ville ,  &t  aux  murailles  des  anneaux  de 
fer  où  l'on  attachoit  les  bateaux  ;  ce  qui  marque  qu'an- 
ciennement la  rivière  lui  fervoit  de  foffés  ,  '  &  qu'elle  s'eft 
retirée  vers  le  couchant,  du  côté  du  Condomois. 

La-  Garonne  forme  beaucoup  d'ifles.  Un  peu  avant 
d'arriver  au  Bec  d'Âmbez  ,  on  trouve  celle  de  Macau 
fur  la  gauche  ;  vis-à-vis  le  Bec ,  celle  de  Çafaux  fe  fait 
diftinguer  par  fa  grandeur  &c  par  fa  fertilité  ,  auflî-bien 
que  celle  d'Iffan  &c  des  vaches  :  la  première  eft  à  l'occi- 
dent ,  &  la  féconde  au  nord.  Celle  de  Carmels ,  qui  eft 
à  une  demi-lieue  plus  loin,  ne  cède  à  toutes  celles-là , 
ni  en  grandeur ,  ni  en  fertilité  ,  non  plus  que  celle  de 
Poyane ,  autrement  dite  iile  Bigorée.  Sous  la  citadelle  de 
Blayes  ,  on  en  découvre  une  feptiéme ,  où  l'on  a  bâti  un 
fort  pour  empêcher  les  descentes  des  ennemis,  Un  peu 
plus  bas ,  paroît  celle  d'Argenton  3  ôt  enfuite  celle  de 
Pâtira. 

La  Garonne  commence  à  être  navigable  au-deffus  de 
Touloufe,  d'où  jusqu'à  Bourdeaux  elle,  porte  les  plus  gros 
bateaux ,  Si  de  Bourdeaux  jusqu'à  la  mer ,  les  plus  gros 
navires  marchands.  Le  flux  de  la  mer  qui  arrive  deux 
fois  en  vingt-quatre  heures ,  repouffe  fes  eaux  jusqu'à 
Saint-Macaire  qui  eft  vis-à-vis  de  Langon,  à  vingt-neuf 
grandes  lieues  de  fon  embouchure.  C'eft  peut  -  être  du 
nom  de  ce  lieu  de  Saint-Macaire  que  l'on  a  donné  le  nom 
de  Macaret  à  ce  refoulement  des  eaux  de  la  Garonne  > 
lorsque  le  flux  s'engorgeant  dans  fon  embouchure , 
oblige  ce  fleuve  à  remonter  impétueufement  jusqu'à  ce 
lieu.  Dans  la  Seine  &c  autres  grandes  rivières,  on  appelle 
cela  la  Barre. 

A  l'égard  du  nom  de  Gironde  que  la  Garonne  porte 
à  fon  embouchure ,  on  ne  convient  pas  du  lieu  où  elle  le 
prend.  Jofeph  Scaliger  dit  que  c'eft  à  Blayes.  Olivier,  qui 
a  fait  des  notes  fur  Mêla  ,  dit  au  contraire  que  c'eft  au- 
deffus  de  Bourdeaux,  en  un  lieu  où  fe  joignent  ce  fleuve 
Si  la  Gironde.  L'un  &C  l'autre  fe  trompent ,  car  la  Ga- 
ronne ne  fauroit  prendre  fon  nom  d'une  rivière  qui  n'e- 
xifte  pas  ;  &c  il  n'eft  pas  vrai  que  la  Garonne  commence 
à  être  appellée  Gironde  vis-à-vis  de  Blayes ,  ou  auprès  de 
Bourdeaux ,  mais  au-deflus  de  Blayes  &£  de  Bourdeaux  , 
c'eft-à-dire ,  vis-à-vis  de  Gironde  &  de  la  Réole.  Gi- 
ronde eft  un  village  au  confluent  de  la  Garonne  &;  du 
Drot ,  au  voifmage  de  la  Réole.  Adrien  de  Valois  croit 
que  ce  lieu  s'appelloit  anciennement  Garunda  ,  &  que 
c'eft  de-là  que  la  Garonne  a  été  appellée  d'abord  Garunda, 
puis  Géronde  ;  mais  cet  auteur ,  ainfï  que  Lurbée  &£ 
Maffon  ,  trouvent  ridicules  ceux  qui  difent  que  la  Ga- 
ronne a  pris  de  ce  village  le  nom  de  Gironde ,  depuis 
Bourdeaux  jusqu'à  la  mer.  Car  Symmaque,  /.  9,  Epifl. 
écrivant  à  Aufone  qui ,  étant  de  Bourdeaux  ,  devoit  bien 
connoître  le  nom  de  cette  rivière  dit  :  G allicanœ  facun- 
dia  haujlus  requiro  ,  non  qubd  his  fieptem  montibus  elo- 
quemïa  Latiaris  excefiît  ;  fed  quia  prcecepta  Rhaoricte 
peclori  meo  fenex  olint  Garunda.  alumnus  immuljît.  EJl 
mihi  cum  fcholis  vejlris  per  doclortm  jujla  cognatio. 
Qitidquid  in  me  ejî  ,  quod  fcio  quant  fit  exiguum  cœlo 
tuo  debeo.  Il  entend  par  ce  paffage  l'école  de  Bourdeaux 
qui  étoit  alors  très-célébre ,  comme  cela  fe  prouve  d'ail- 


47 


leurs  par  Aufone  ;  &  il  appelle  Gerundtz  àïumnus  un 
homme  qui  avoit  étudié  à  Bourdeaux.  Les  Annales  de 
S.  Bertin,  aux  années  767  &  768  ,  nomment  auffi  Garun* 
da.  Henri  Knigton ,  qui  écrivoit  l'Hiftoire  d'Angleterre 
avantl'an  1400  ,  dit  :  Applicuerunt  (les  Anglois)  in  Vafi 
conia  apud  Cajhllon  (Caftillon  de  Médoc  j  qua  filuatur 
in  littorefiuminis  de  Gerunde  :  deduquefe  eis  dominus 
urbis  &  profecli  furu  ufque  Burdeux  (  Bourdeaux  )  qutè 
difiat  per  V.  leucas  ab  urbe  Blaive  (  Blayes  )  manfie- 
runtquein  oppofito  civilatis  illius  infi.um.ine  ^Gerundé 
per  duos  dies.  Les  Annales  de  France ,  fous  le  régne  de 
Philipe  le  Bel ,  font  mention  de  Rions  fur  la  Gironde  , 
&:  de  la  Réole  fur  la  Gironde.  Proprement  parlant ,  c'eft 
à  Gironde  que  la  Garonne  doit  commencer  à  s'appeller 
la  Gironde. 

GARPHETI ,  fontaine  de  l'Arabie  heureufe  ,  félon 
Ortélius ,  TheJ'aur.  qui  cite  Pline  :  mais  cet  auteur,  /.  6  , 
c.  28  ,  félon  l'édition  de  Dalechamp ,  dit  que  la  fontaine 
s'appelloit  GoRALUS,/o/zs  Goralus,  Garphéti  ,  înfiulœ-, 
Aku  &  Amnamethu;  de  forte  que  Garphéti  fignifieroit 
un  peuple  de  l'Arabie ,  Se  que  Goralus  feroit  le  nom  de 
la  fontaine.  Le  P.  Hardouin  retranche  le  nom  de  Gar- 
pheti,  &  rend  au  nom  de  la  première  ifle,  la  première 
lettre  ,  qui  eft  un  C.  fons  Goralus.  Infulœ  Celœu ,  & 
Amnamethu.  De  quelque  manière  qu'on  life  ce  pafface  , 
Garphéti  n'eft  point  le  nom  d'une  fontaine,  comme  Or- 
télius l'a  cru. 

GARRA.  Voyez  Garrha. 
^ GARRAF ,  bourg  d'Espagne ,  en  Catalogne,  fur  la 
côte ,  entre  Barcelone  &  Tarragone  ,  à  fix  lieues  de  la 
première  ,  &  à  neuf  de  l'autre.  Il  y  a  près  de  ce  bourg 
une  montagne  qu'on  appelle  la  Costa  de  Garraf  , 
&r_  que  l'on  croit  être  le  lieu  appelle  anciennement  Scalte 
Annibalis.  *  Baud.  édit.  1705. 

GARRHA',  ville  de  la  Mauritanie  Céfarienfe ,  felori 
Ptolomée,  /.  4  ,  c.  2.  Un  fragment  de  Vi&or  d'Utique, 
cité  par  Ortélius  ,  fait  mention  d'un  fiége  épiscopil 
nommé  Garriensis  :  c'eft  peut-être  le  même  qu'occu- 
poit  Viftor  de  Gor,  Victor  à  Gor ,  qui  affifta  au  con- 
cile de  Carthage ,  tenu  fous  S.  Cyprien.  On  n'en  voit  au- 
cune trace  dans  la  Notice  d'Afrique ,  à  moins  que  Can* 
didianus  Catrenfis ,  ne  foit  une  faute  pour  Garrenfis.  Ce 
qui  eft  probable  ,  puisqu'on  ne  trouve  point  ailleurs  d'é- 
vêque  qui  ait  été  Catrenfis;  &  l'on  fait  d'ailleurs  que 
Garra,  ou  Garrha,  étoit  épiscopale,  &  dans  la 
même   Mauritanie. 

GARRIA,  ville  épiscopale  d'Afrique,  dans  la  Biza- 
cene.  La  Notice  d'Afrique  fait  mention  de  Secundinus 
fon  évèque.  *  Harduin.    Collect..  Conc. 

GARRO  (Monte)  ou  Gerro  ,  montagne  du 
royaume  de  Naples ,  dans  la  terre  de  Labour ,  au  nord 
de  Seffa.  Baudrand  la  nomme  en  latin  Mons  Gaurus,  ou 
Vallicanus. 

GARROÇAN,  ou  Notre-Dame  de  Garrocan. 
Corneille  dit':  bourg  ou  village  de  France ,  dans  le  comté 
de  Comminges ,  à  quatre  lieues  de  la  ville  de  Saint-Ber- 
trand ,  du  côté  du  nord.  Il  y  a  des  géographes  qui  le 
prennent  pour  l'ancienne  Aquce  Oneliorum ,  ou  Convena- 
rum;\\  cite  Maty,  qui  le  dit  effectivement  au  mot  Bagneres. 

GARRYENUS ,  ancien  nom  de  la  rivière  d'YARE  , 
qui  coule  en  Angleterre ,  &i  à  l'embouchure  de  laquelle  la 
ville  d'Yarmouth  eft  fituée.  Quelques-uns  croient  que 
c'eft  I'Ouse  ,  ce  non  pas  I'Yare.  Voyez  Garianno- 
NUM.  *  Ptolom.  l.i,  c.  3. 

GARSABORA,  lieu  de  la  Lycaonie,  quelque  part 
vers  la  Galatie ,  félon  Strabon,  /.  12,^.  568.  Ce  lieu 
étoit  voifin  de  Soatris ,  village  auffi  grand  qu'une  petite 
ville  ,  dans  un  terroir  où  l'on  manquoit  d'eau,  &  où  l'on 
n'en  pouvoit  avoir  que  par  des  puits  très-profonds. 

GARSAURIA,  contrée  d'Àiïe,  dans  la  Cappadoce  , 
félon  Ptolomée ,  /.  5 ,  c.  6.  Quelques  exemplaires  por- 
tent Gardatjvet,E  ,  d'autres  GaRDAUCRET.E,  Cegéo- 
graphe  y  met  les  lieux  fuivans  : 

Phreata,  c'eft-à-dire  les  Puits, 

Archelaïs  , 

Neanefius  ,  ou  NaneJJus  , 

Diocéfarée  , 

Salamboria ,  ou  Salambria. 

Tetrapyrgia. 


48 


CAS 


GAS 


GARSIDjE  ,  ancien  peuple  de  la  Gédrofie.  Quelques 
exemplaires  de  Ptolomée  ,  /.  6 ,  c.  21 ,  portent  Parsirje. 
Il  confinoit  à  la  Carmanie. 

GARSIS,  bourg  d'Afrique,  en  Barbarie  ,  au  royaume 
de  Fez.  Voyez  Garcis. 

GARSTANG ,  bourg  d'Angleterre  ,  dans  la  province 
de  Lancaftre.  On  y  tient  marché  public.  *  Etat  pref.  de 
La  Gr.  Brct. 

GARTACH  :  il  y  a  en  Allemagne ,  dans  la  Suabe  , 
deux  endroits  de  ce  nom.  L'un  nommé  Klein-Gartach  , 
eft  une  petite  ville  à  l'occident  du  Néker  ,  à  la  fource 
d'un  ruiffeau  qui  tombe  dans  cette  rivière  ,  aux  confins 
du  Wurtemberg  &  du  Palatinat ,  l'autre  Gros^-Gartack  , 
n'eft  qu'un  village.  C'eft  fans  doute  un  de  ces  deux  lieux 
tf'ue  Corneille  appelle  Garthart ,  ville  d'Allemagne ,_  fur 
le  Neckar ,  dans  le  duché  de  Wirtenberg.  Il  a  fuivi  de 
mauvaifes  cartes.  Quoi  qu'il  en  foit ,  Zeyler  dit  que  le 
petit  Gartach  eft  un  lieu  muré  ,  mais  une  très-petite  ville 
appartenante  au  duc  de  Wirtenberg  ,  auprès  du  Heu- 
chelberg,  à  une  heure  &  demie  de  chemin  d'Eppingen. 
Il  ajoute  :  peu  loin  de-là  eft  le  grand  Gartach ,  qui  étoit 
■ci-devant  un  des  plus  beaux  bourgs  du  Wurtenberg,  mais 
dont  à  préfent  la  moitié  eft  réduite  en  cendres.  Il  y  a 
tout  auprès  un  vignoble  ,  qui  produit  d'excellent  vin. 
*  Zeyler,  Suev.  Topogr.  p.  19  ck  30. 

GARTAMPE  ,  rivière  de  France,  dans  la  Marche. 
Elle  tire  fa  fource  des  étangs  de  la  commanderie  de 
Maifommey  ;  £k  paffant  au  pied  de  Gartampe ,  ^  elle  lui 
donne  fon  nom.  De-là  elle  paffe  à  Salagnac ,  à  Mont- 
rhorillon  6c  à  Saint-Savin ,  &  tombe  dans  la  Vienne. 
Sanfon  Se  De  l'Ifle  décrivent  autrement  cette  rivière  , 
qu'ils  nomment  Gartempe ,  ck  ne  mettent  fur  fes  bords 
aucun  lieu  de  ce  nom.  La  Gartempe  a  fes  deux  fources 
dans  la  Marche  de  Limofin  ;  elles  fe  joignent  auprès  de 
Château-Ponfac.  Ce  n'eft  encore  qu'un  ruiffeau  qui  coule 
vers  le  couchant  feptentrional ,  ck  que  l'on  paffe  fur  un 
pent  à  Rançon  ;  plus  loin  il  reçoit  la  Sève ,  d.  puis  le 
Vinçon,g.  qui  vient  de  Belac  ;  au-deffous  de  cette  jonc- 
tion ,  il  y  a  un  autre  pont ,  ck  la  Gartempe  ferpentant 
vers  le  nord-oueft  ,  paffe  aux  villages  de  Samt-Sornin  , 
de  pont  Saint-Martin ,  d.  de  port  de  Vonzailles ,  de  Bus- 
fieres  ,  où  fe  tournant  vers  le  nord  ,  elle  entre  dans  le 
Poitou  ,  reçoit  un  ruiffeau  à  Saint-Romois ,  d.  coule  à 
Plaifance ,  bourg ,  g.  à  Sauge ,  village ,  g.  à  Montmoril- 
lon  ,  qu  elle  traverfe ,  à  Concife ,  g.  de-là ,  continuant 
de  ferpenter  vers  le  nord,  elle  prend  un  autre  ruiffeau 
qui  vient  de  Journée ,  d.  paffe  aux  villages  de  Touhe  , 
d'Antigni ,  g.  de  Saint-Germain-du-Puis ,  d.  de  Saint- 
Savin,  du  mont  Saint-Savin  ,  g.  de  Naillers,  d.  de  la 
Buxieres  ,  g.  de  Saint-Pierre  de  Maillé,  d.  &  enfin  à 
celui  de  Vie,  ck  reçoit  l'Anglin  ,  rivière  qui  vient  d'In- 
grandes,  d.  &  dont  elle  porte  les  eaux  avec  les  fiennes 
dans  la  Creufe  ,  au  midi  de  la  Roche-Pozay.  Elle  perd 
fon  nom  dans  la  Creufe ,,  &  n'arrive  dans  la  Vienne  ,  que 
par  le  lit  de  la  Creufe ,  à  laquelle  elle  fe  mêle.  *  Corn. 
Dift. 

GARTANENSIS,  fiége  épiscopal  d'Afrique ,  félon  Or- 
télius  ,  qui  cite  la  conférence  de  Cartilage.  Je  l'y  ai  cher- 
ché en  vain.  Peut-être  a-t-il  eu  quelque  exemplaire,  où 
ce  mot  étoit  au  lieu  de  Car'uinenfis. 
GARTHARD.  Voyez  Gartach. 
GARTHE^E.  Athénodore  nomme  ainfi  les  Gétules  , 
au  rapport  de  Villeneuve. 

GARTZ,  ville  d'Allemagne,  dans  laPoméranie,  aux 
confins  de  la  Marche  de  Brandebourg.  C'eft  un  des  pas- 
fages  de  l'Oder.  Les  géographes  du  pays  lui  donnent 
38  d.  45'  de  longitude,  &  5 3  d.  13'  de  latitude.  C'eft 
4  d.  de  longitude  de  trop.  Ce  fut  Barnime  I,  duc  de 
Poméranie,  qui  en  fit  une  ville  murée  ,  l'an  1258,  ck 
lui  donna  des  terres.  Ceux  qui  ont  porté  la  guerre  en 
Poméranie, ont  toujours  tâché  de  s'emparer  de  cette  place, 
à  caufe  de  fa  fituation.  La  prévôté  de  ce  lieu  a  fous  fa 
jurisdiftion  huit  paroiffes.  On  y  tient  diverfes  foires  du- 
rant l'année.  Elle  a  beaucoup  fouffert  par  les  longues 
f uerres  d'Allemagne.'  Elle  eft  préfentement  au  roi  de 
'ruffe,  élecleur  de  Brandebourg. 
GARZA ,  rivière  d'Italie ,  dans  le  Breffan  ,  où  elle 
prend  fa  fource  vers  le  nord,  près  de  Binzago,  d'où 
coulant  au  fud ,  elle  arrofe  Breffe  ,  Se  va  grofiïr  enfuite 
les  eaux  de  la  Mêla.  *  Alagin,  Robert  Atlas. 

GASAgELA,  On  met  une  -ville  avec  un  pays  de  ce 


nom  dans  l'Abiffinie  ,  entre  le  lac  de  Zaflan  ck  les  mon* 
tagnes  de  la  Lune ,  celui-ci  vers  le  nord  ,  &  celle-là  vers 
le  midi.  *  Mati ,  Dift. 

GASCOGNE  (la)  grande  province  de  France.  Ce 
nom  ne  fignifie  pas  toujours  la  même  étendue  de  pays , 
ck  il  faut  diftinguer  la  vraie  Gascogne ,  ou  la  Gascogne 
proprement  dite  ,  la  Gascogne  improprement  dite  ,  &  la 
Gascogne  très-improprement  dite. 

LA  GASCOGNE  proprement  dite  ,  n'eft  pas 
aifée  à  déterminer  ;  les  auteurs  l'étendent  plus  ou  moins. 
Comme  ce  pays  a  eu  fes  ducs ,  qui  avoient  leur  état  parti- 
culier, quelquefois  on  donne  le  nom  de  Gascogne  à  tout 
le  pays  qu'ils  poffédoient ,  &  ony  comprend  les  BAS- 
QUES ,  les  Landes  ,  le  Chalosse  ,  le  Tursan  ,  le. 
Marsan,  le  pays  d'ALBRET,  1' Armagnac  ,  le  Com- 
MINGES ,  ck  la  Bigorre.  Le  Béarn  Se  la  Navarre  ont 
été  auffi  de  l'état  de  Gascogne ,  Sr.  en  ont  été  démem- 
brés par  des  princes  particuliers.  Quelquefois  on  refferre 
beaucoup  plus  la  Gascogne  ,  Se  on  la  borne  à  ce  qui  de- 
meura à  fes  ducs ,  après  les  démembremens  qui  furent 
faits,  tant  en  faveur  des  cadets  que  pour  d'autres  feigneurs 
qui  relevoient  de  leur  domaine.  En  ce  cas ,  la  Gascogne 
ne  comprend  que  les  Landes ,  le  Turfan ,  le  Marfan  &C 
le  pays  d'Albret.  On  peut  voir  ce  que  je  dis  de  ces  can- 
tons à  leurs  articles  particuliers. 

Quelquefois  auffi  on  entend  par  le  nom  de  Gascogne 
tout  ce  qui  eft  entre  les  Pyrénées ,  l'Océan  &  la  Ga- 
ronne ;  mais  en  ce  cas  on  y  comprend  le  Bordelois  qui  eft 
de  la  Guyenne.  L'abbé  de  Longuerue ,  Defcr.  de  la  Fran- 
ce, i.part.  p.  184,  dit  :  on  entend  par  Gascogne  le  pays 
qui  eft  entre  la  Garonne  ,  l'Océan  ck  les  Pyrénées ,  Se 
qu'on  nomrnoit  autrefois  NoVEMPOPULANIE.  Il  a  pris 
ce  nom  ,  continue-t-il ,  des  Gascons  ou  Vascons ,  peu- 
ples Espagnols  qui  habitoient  dans  le  voifinage  des  Py- 
rénées ,  vers  Pampelune  ck  Calahorra,  lesquels  avoient 
confervé  leur  ancien  langage.  Ces  Gascons  ayant  paffe 
les  Pyrénées,  s'établirent,  fur  la  fin  du  fixiéme  fiécle, 
dans  le  pays  qui  eft  au  nord  de  ces  montagnes.  Leurs 
fucceffeurs  ont  toujours  depuis  occupé  ce  pays  ;  ck  c'eft 
à  caufe  qu'ils  tirent  leur  origine  des  Vascons  d'Espagne, 
qu'on  les  nomme  Basques  ou  Vasques.  Ils  fe  maintinrent 
en  ces  quartiers ,  malgré  les  efforts  des  François  &  de 
leur  roi  Gontrand,  qui  envoya  contre  eux  Oftrovalde  , 
l'an  587,  comme  nous  l'apprenons  de  Grégoire  de  Tours. 
Les  Vascons  s'emparèrent  de  la  Novempopulanie ,  & 
leurs  progrès  contraignirent  les  rois  Théodebert  Sr. 
Thierri  à  unir  contre  eux  leurs  forces  :  ils  les  attaque- 
querent  fi  vivement ,  que  ces  peuples  furent  contraints 
de  fe  foumettre ,  l'an  602.  Ils  fe  continrent  dans  leur  de- 
voir ,  durant  vingt-cinq  ans  ;  &  ce  ne  fut  que  fur  la  fin 
de  la  vie  de  Clotaire  II,  qu'ils  fe  révoltèrent,  l'an  627; 
mais  trois  ans  après ,  ils  furent  fubjugués  par  le  roi  Ari- 
bert ,  frère  de  Dagobert  I.  On  ne  voit  point  qu'ils  fe 
foient  fouftraits  à  l'obéiffance  des  rois  de  France ,  jusqu'au 
tems  de  la  mort  de  Pépin ,  maire  du  palais ,  l'an  714. 
Ce  fut  pour  lors  qu'Eudes  ,  qui  étoit  duc  d'Aquitaine , 
s'étant  rendu  abfolu  Se  indépendant ,  les  Gascons  l'imi- 
tèrent; Se  fe  joignant  à  fa  révolte,  ils  demeurèrent  en 
cet  état  jusqu'à  l'année  768 ,  que  le  roi  Pépin  acheva  de 
conquérir  l'Aquitaine  Se  la  Gascogne  jusqu'aux  Pyrénées. 
Sous  Charlemagne  ,  lorsque  Louis  le  Débonnaire  fon 
fils,  gouvernoit  l'Aquitaine  avec  le  titre  de  Roi,  les 
Gascons  fe  révoltèrent  encore  ,  &  ne  cédèrent  à  Char- 
lemagne ,  qu'après  s'être  bien  défendus. 

Dans  le  fiécle  fuivant ,  la  Gascogne  étant  gouvernée 
par  des  ducs  ,  fut  ravagée  par  les  Normands ,  qui  dé- 
truifh'ent  la  plupart  des  villes  de  cette  province  ,  fous  les 
règnes  de  Louis  le  Débonnaire  ,  ck  ds  fon  fils  Charles  le 
Chauve. 

Après  l'abdication  de  l'empereur  Charles  le  Gros  ,  la 
divifion  s'étant  mile  dans  le  royaume  qu'il  avoit  quitté, 
les  Gascons,  qui  avoient  choifi  pour  leur  chef  ou  duc  un 
homme  de  leur  nation ,  nommé  Sanche  Mitarra  ,  com- 
mencèrent à  fe  rendre  presque  indépendans,  ne  recon- 
noiffant  les  rois  de  France  que  de  nom  feulement,  tant 
à  caufe  de  l'éloignement  de  ces  peuples  que  de  la  foi- 
bleffe  des  rois  Carlovingiens  ,  qui  ne  furent  presque  plus 
confidérés  depuis  Charles  le  fimple. 

Quelques-uns  ont  dit  que  ce  Mitarra  étoit  comte  de 
Caftille.  Us  n'ont  pas  fait  attention  qu'il  n'y  avoit  point 
algrs  çle  comtes  de  Caftille,  Il  eft  bien  plus  naturel  de 


CAS 


CAS 


croire  qu'il  étoit  originaire  des  Pyrénées ,  Se  c'eft  ce 
que  fignirie  Ton  nom  de  Mitarra,  qui,  en  langue  Bas- 
que ,  veut  dire  ,  qui  vient  des  montagnes. 

Sanche  Mitarra  eut  un  fils  nommé  Garde ,  furnommé 
le  Courbé  ,  qui  'rut  duc  de  Gascogne ,  fous  le  règne  de 
Charles  le  Simple  Se  de  Raoul.  Il  laiffa  trois  fils ,  Sanche , 
Guillaume  Si  Arnaud.  Les  deux  cadets  eurent  en  partage 
le  comté  de  Félénfac  ,  qui  fut  donné  à  Guillaume,  le  plus 
âgé  des  deux ,  Se  celui  d'Aftarac  qui  fat  cédé  à  Arnaud. 
Sanche  qui  étoit  l'aîné  des  trois  frères  payant  eu  la  plus 
grande  partie  des  états  de  fon  père ,  fat  appelle  comte 
fie  Gascogne  ;  &  quelquefois  on  lui  donnoit  le  titre  de 
duc  &£  de  marquis.  La  race  masculine  de  Garcie  le 
Courbé  pofîèda  cet  état  jusqu'au  duc  Sanche ,  qui  mou- 
rut fans  enfans  mâles  ,  l'an  1030;  Se  après  fa  mort,  :1  y 
eut  de  grandi  troubles  pour  la  fucceffion. 

Quelques-uns  ont  prétendu  que  Sanche-Major,  roi  de 
Navarre  ,  avoit  eu  le  duché  de  Gascogne  ;  ce  qui  ne  fe 
prouve  ni  par  les  bons  monumens  del'Hiftoire  de  France, 
ni  par  ceux  de  Navarre.  C'eft  ne  rien  dire  que  d'alléguer 
une  certaine  épitaphe  de  ce  roi  Sanche,  où  il  eft  qualifié 
roi  des  Monts-Pyrénées  Se  de  Tolofa;  car  il  ne  s'enfuit 
pas  de-là  qu'il  ait  été  fouverain  de  Touloufe ,  ville  dont  il 
n'a  jamais  été  maître,  mais  de  Tolofa  dans  la  province 
de  Guipuscoa ,  qui  étoit  alors  des  dépendances  du  royau- 
me de  Navarre.  Après  le  duc  Sanche,  un  feigneur  nom- 
mé Bélenger,  qui  prétendoit  descendre  des  princes  Gas- 
cons parles  femmes,  poiïeda  pendant  quelque  tems  la  Gas- 
cogne Se  la  ville  de  Bourdeaux  ;  Se  après  fa  mort  , 
Othon  fils  de  Guillaume  duc  d'Aquitaine ,  Se  de  Bris- 
que  fœur  du  dernier  duc  Sanche ,  fat  comte  ou  duc  de 
Gascogne  &  de  Bourdeaux.  Il  ne  jouit  pas  paifiblement  de 
cet  Etat;  Se  dans  une  guerre  qui  s'éleva,  il  fat  tué  ,  l'an 
1039,  ce  qui  donna  occation  à  Bertrand  furnommé  Tu- 
mas  Paierais ,  comte  d'Armagnac  ,  de  s'emparer  de  la 
Gascogne.  Il  en  jouit ,  durant  quelques  années ,  jusqu'à  ce 
que  Georroi-Gui ,  prince  d'Aquitaine  ,  frère  du  duc  Guik 
laume  V  du  nom  ,  attaqua  Bernard,  le  vainquit  Se  le 
força  à  lui  céder  la  Gascogne  ,  &  à  fe  faire  moine.  Le 
prince  Geofroi-Gui  ayant  fuccédé  pour  le  duché  d'Aqui- 
taine à  fon  frère  Guillaume ,  le  duché  de  Gascogne  fat 
uni  à  celui  d'Aquitaine  ,  comme  il  l'a  toujours  été  de- 
puis ,  excepté  ce  qui  avoit  é\é  démembré ,  dans  le  dixième 
îiécle,  du  duché  de  Gascogne,  par  les  partages  qui  en 
avoient  été  faits. 

Ce  duché,  pourfuit  Longuerue,  comprenoit  le  Bafa- 
dois  avec  les  vicomtes  de  Marfan  &  de  Turfan ,  &  tout 
le  pays  des  Landes ,  avec  celui  de  Labour  ;  Se  outre 
cela  les  ducs  avoient  la  fouveraineté  des  feigneuries  voi- 
ftnes. 

Selon  le  géographe  du  Val ,  dans  fa  Defcription  de  la 
France,  p.  194,  la  Gascogne  propre  eft  entre  le  Béarn, 
l'Armagnac ,  la  Guyenne  Se  les  Landes.  La  ville  de  Saint- 
Sever  y  eft  vulgairement  appellée  Cap  de  Gascogne , 
(  c'eft-à-dire  la  capitale  de  cette  province  ;  )  celle  du 
Mont-de-Marfan  eft  le  grenier  du  pays ,  Aire  la  rélideace 
d'un  évêque  ,  Roquefort  une  ancienne  baronie.  Ainfi  il 
appelle  Gascogne  le  pays  de  ChaloiTe  ,  où  eft  Saint-Se- 
ver  ;  celui  de  Marfan,  où  font  Mont-de-Marfan  Se  Ro- 
quefort ;  le  Turfan ,  où  eft  Aire. 

Les  auteurs  du  Diftionnaire  de  la  France  (  Introduc- 
tion, p.  16,)  divifent  la  province  de  Gascogne  en  cinq 
petits  pays ,  iàvoir  , 

I.  Le  pays  des  Landes  ou  des  Lanes  Se  d'AuRi- 

BAT  ,  où  font  les  villes  d'Acqs  capitale ,  Tartas , 

Peirehourade  Se  Haftingue. 
IL  Le  pays  de  Chalosse  ,  qui  a  pour  villes  Saint- 

Sever  ,  qu'on  nomme  auffi  Cap  de  Gascogne  Se 

Tolofette. 


49 


Tolofe. 
I.  Le  Tu 


El.  Le  Tu  RS  an  ,   où  font  Aire,  Grenade  &  Ca- 
zeres. 

IV.  Le  Marsan  ou  Mont-de-Marfan. 

V.  Le  pays  d'Albret  n'a  que  le  bourg  de  Labrit ,  félon 

ces  auteurs. 

La  Gascogne  improprement  dite  ajoute  à 
ces  pays  le  Basque  ,  le  Béarn ,  la  Bigorre ,  le  Commin- 
ges  ,  l'Armagnac,  le  Condomois  ,  le  Bazadois  &  le 
.Bourdelois  ,  c'eft-à-dire  tout  ce  qui  eft  au-delà  de  la  Ga- 
ronne, ou,  ce  qui  revient  au  même,  toute  l'Aquitaine 


de  Céfar ,  qui ,  félon  cet  auteur ,  étoit  enfermée  eiïtre  la 
Garonne ,  l'Océan  Se  les  Pyrénées. 

LaGascognetrès-impropremenT  dite  com- 
prend de  plus  le  Languedoc  Se  toute  la  Guyenne  entière, 
par  un  abus  qui  s'eft  introduit  d'appeller  Gascons  tous  les 
peuples  de  France  ,  dont  l'accent  approche  du  Gascon. 
Quelques-uns  appellent  Gascogne  tous  les  pays  qui  font 
au  midi  de  la  Loire.  Cette  erreur  eft  venue  apparemment 
de  ce  que  fous ,  Augufte ,  l'Aquitaine,  bornée  auparavant 
par  la  Garonne ,  fat  étendue  jusqu'à  la  Loire  ;  Se  comme 
onafuppofé  que  "Us  Gascons  avoient  remplacé  les  Aqui- 
tains, ce  qui  eft  vrai  en  partie,  on  a  appelle  Gascogne 
tout  ce  qui  avoit  porté  le  nom  d'Aquitaine. 

Les  Gascons,  en  général,  pafTent  pour  des  gens  d'es- 
prit, adroits  ,  entreprenans  ,  bons  foldats  ,  patiens  Se 
courageux  ,  mais  un  peu  fanfarons ,  comme  les  Espa- 
gnols leurs  voifms. 

Les  Gascons  ont  apporté  d'Espagne  l'habitude  de  con- 
fondre le  V  &  le  B.  C'eft  ce  qui  a  donné  lieu  à  cette  plai- 
fanterie  de  Scaliger  :  Felices  populï  quitus  Bibere  efi  Vi~ 

Je  réferve  à  l'article  de  la  Guyenne  tout  ce  qui  con- 
cerne celui  de  la  Gascogne.  Je  me  contente  d'ajouter  ici 
quelques  remarques  nécefîaires.  La  Gascogne  eft  comprife 
lous  le  gouvernement  de  Guyenne,  dont  elle  fait  partie. 
Si  l'on  prend  la  Gascogne  pour  tout  ce  qui  eft  entre  la 
Garonne  Se  l'Océan,  ce  fera  alors  la  partie  méridionale 
de  la  Guyenne,  Se  ce  que  les  habitans  appellent  le  HaI,t 
Pays,  félon  du  Val. 

GASMAP*A  ,  ville  de  la  Mauritanie  Céfarienfe,  fé- 
lon Ptolomée.  Elle  étoit  différente  de  Casmare,  autre 
ville  delà  même  province. 

GASNY ,  bourg  de  France ,  dans  le  Vexin-Normand , 
avec  titre  de  baronie  ,  fur  la  rivière  d'Epte  ,  entre  Bau- 
demond  Se  Giverny  ,  à  une  demi-lieue  de  la  Roche- 
Guyon.  L'Eglife  paroifliale  eft  fous  l'invocation  de  feint 
Martin  ,  Se  il  y  a  un  prieuré  fimple,  du  titre  de  S.  Ouen, 
ck  une  chapelle  de  S.  Adrien.  L'églife  du  Mesnil  eft  fac- 
curfale  de  Gasny.*  Corn.  Dicî.  Mém.  drefles  fur  les  lieux 
en  1703.  Long.  19^0.  Latit.  49  3. 

Ce  lieu  eft  le  même  que  Gany.  Voyez  ce  mot. 
GASORUS  ,  tU™Ps,  ,  ville  de  Grèce,  dans  la  Macé- 
doine ,  dans  l'Odomantique  ,  félon  Ptolomée.  Etienne  le 
géographe  écrit  ia'Çsjxx. 

_  GASPENSIA.  Eginhard,  dans  fon  livre  de  la  Tranfla- 
tion  des  faints  martyrs  Marcellin  Se  Pierre,  nomme ainlx 
un  ruifleau  d'Allemagne,  qui  fe  jette  dans  le  Me'm*  Ortel. 
Thef. 

•  GASPÉ ,  ou  Gachepé  ,  baie  Se  pointe  fur  la  côte 
orientale  de  la  nouvelle  France.  Quelques  géographes 
mefurent  de  la  pointe  de  Gaspé  la  largeur  de  l'embouchure 
du  fleuve  S.  Laurent,  Si  lui  donnent' quarante  lieues  ;  mais 
ils  fe  trompent. 

Le  P.  le  Clerc  Récolet,  donne  à  ce  pays  le  nom  de  Gas- 
péjîe,  Se  Gaspé/îens  aux  habitans.  Aucun  peuple  n'habite 
cette  prétendue  Gaspélîe.  Les  Sauvages ,  qui  y  vont  faire  la 
pêche  ou  la  charte ,  font  ceux  qui  habitent  l'Acadie  Se 
la  côte  voilîne.  La  description,  que  le  P.  le  Clerc  en  fait, 
eft  remplie  de  fautes.  *  Hifl.  de  la  nouvelle  France ,  par 
le  P.  Charlevoix. 

GASSAN  ,  ancienne  ville  d'Afie,  de  Syrie,  dans  un 
terroir  qui  étoit  abondant  en  fontaines  Se  en  ruiflèaux. 
Il  étoit  pofledé  par  des  Arabes  nommés  Dhagâcmah  qui 
s'y  étoient  établis ,  lorsqu'il  iùrvint  d'autres  Arabes  qui 
étoient  de  la  famille  d'Azad,  Se  de  la  poftérite  de  Kahe- 
lan  ,  fils  de  Saba  ,  fils  d'Iaschhab ,  fils  d'Iârab ,  fils  de 
Cahtan ,  qui  eft  le  Joftan  fils  du  patriarche  Eber  ou  Hé- 
ber.  Ces  derniers  Arabes ,  quittant  l'Arabie,  après  l'inon- 
dation ou  déluge  d'Irem ,  vinrent  en  Syrie  ,  châtièrent  de 
GafTan  les  autres  Arabes  qui  y  étoient  déjà  établis ,  Se 
fe  mirent  en  leur  place.  Ce  font  les  Gassanides  dont 
il  eft  parlé  dans  l'hiftoire.  Le  premier  de  leurs  rois  s'ap- 
pelloit  Giafnah , ,  fils  d'Amrou ,  fils  de  Thaalebah ,  qui 
tiroit  fon  origine  d'un  roi  de  Hirah,  furnommé  Madah, 
à  caufe  qu'il  déchiroit  tous  les  jours  l'habit  qu'il  portoit 
pour  le  donner  à  quelqu'un.  Le  dernier  de  ces  rois  ri.it 
Giabalah,  fils  d'Aihem  ,  lequel  fe  fit  Mufulman,  du  tems 
d'Omar,  fécond  calife,  Se  enfuite  Chrétien,  mais  par 
dépit.  Il  faifoit  le  voyage  de  la  Mecque  avec  Omar  : 
une  querelle ,  qu'ils  eurent  enlèmble ,  fut  caufe  qu'il  le 
quitta  la  nuit  fuivante ,  traverfa  la  Svrie  avec  cinq  cens 
Tome  lit.     G 


GAS 


des  Gas- 

i  /ant  la  naifïance 


félon 
les  nomme 


5° 

chevaux,  &fe  rendit  à  Conftantinople,  où  il  embraffa 
le  Chnftianisme.  *  D'Herbelot,  Biblioth.  Orient. 

La  plupart  des  rois  de  Gaflan  portoient  le  titre  de 
Hareth ,  d'où  les  Grecs  &  les  Latins  avoient  formé  ce- 
'lui  S  Autos.  Ces  rois  Arabes  ont  fouvent  été  déclares  par 
les  empereurs  ,  chefs  de  leurs  armées  en  Syrie.  Il  y  en 
avoit  un  qui  commandoit  dans  Damas,  du  tems  de  faint 
Paul ,  comme  il  paraît  par  la  féconde  Epître  de  cet  apô- 
tre aux  Corinthiens,  c.  n  ,v.  32.  La  dynaft 
fanides  a  porté  ce  nom  plus  de  400  ans 
de  Mahomet.  ,„.,.*', 

GASSANDI  ,   peuple  de   l'Arabie  heureufe 
Diodore  de  Sicile,  1.  3.  Pline,  1.  6  ,  c.  28 
Gaff'ani. 

GASSEY,  bourg  de  France,  en  Normandie  ,  au  dio- 
cèfe  de  Lifîeux,  entre  Saint  -Evroul ,  Hiefme  &  Ar- 
gentan. 

GASTAL.  C'eft  le  même  pays  que  Gafitl,  G âfter  ou 
Gafteren.  Voyez  Gaster. 

GASTANIM,  félon  Corneille,  c'eft  le  Gaisting  de 
Baudrand. 

GASTANIUM.  Lazius  donne  ce  nom  comme  le  nom 
moderne  d'AuGUSTANA  Castra.  Voyez  Gaisting. 
Ortélius  parle  des  bains  de  ce  lieu  à  l'article  Auguftana 
Cafira.  Voyez  l'article  qui  fuit. 

GASTEINBAD  ,  ruiffeau  d'eau  minérale  ,  en  Alle- 
magne ,  au  cercle  de  Bavière ,  au-deffus  de  Saltzbourg  ; 
il  a  là  fource  entre  Gaftein  &  Raurifs  ,  dans  une  haute 
montagne.  Les  eaux  en  font  chaudes ,  &  ont  beaucoup 
de  vertu  pour  guérir  quantité  de  maladies  dont  Zéyler 
fait  un  long  dénombrement,  p.  62.  Elles  ne  font  pas 
bonnes  à  boire  ,  mais  Amplement  à  fe  baigner.  Cet  au- 
teur ajoute  que  les  plus  riches  mines  de  Saltzbourg  font 
dans  ces  deux  endroits  ,  favoir  Gaftein  &  Raunts  :  ces 
mines  Se  ces  eaux  médicinales  font  aflez  voir  que  c  eft 
le  même  lieu  que  le  Gaftanium  de  Lazius  ck  d'Orté- 
lius.  Mais  il  eft  bien  loin  du  Danube  Se  de  Ratisbonne , 
où  Baudrand  le  place  dans  fon  article  Auguftana  Cafira. , 
de  l'édition  latine  de  1682  :  il  avoit  dit  beaucoup  mieux 
à  l'article  de  Gafianïum  de  la  même  édition ,  que  ce  lieu 
eft  dans  le  pays  de  Saltzbourg.  Il  eft  étonnant  que  dans 
l'édition  Françoifè,  il  ait  remis  ce  lieu  fur  le  Danube  dont 
il  eft  éloigné. 

GASTER ,  en  latin  Cafira  Rhetla  ,  quelques-uns  di- 
fent  Gaftal  ,  Gafter;  Corneille  dit  Gafial,  ou  Gafieren 
dans  un  article  tiré  de  Maty ,  ck  Gafiern ,  dans  un  autre 
article  tiré  de  Davity  ,  comme  fi  c'étoient  deux  pays 
différens.  Gafier ,  Gafial,  Gafiern,  ou  Gafteren,  eft  une 
contrée  delà  Suiffe  dans  le  bailliage  de  Gafter ,  dans  la  dé- 
pendance des  cantons  de  Schwitz  &  de  Glaris.  C'eft  un  Touraine 
r        1         o_    _/.._•,.     i  1' : ..  j„   i„  _:..:„_„  A„  T  ;„►%,        n/.c-n™. 


GAS 


fens  dans  les  anciens  A&es  (a).  De  Vaftum  les  Latins 
a  voient  fait  Vaflare ,  ravager,  détruire;  nos  vieux  Fran- 
çois en  firent  les  mots  de  Gaft,  Guafi,  Guafter ,  d'où 
lbnt  les  mots  de  dégafi  6k  de  gâter.  Dans  le  moyen  âge, 
on  a  dit  Vafiitas  pour  défert  :  on  lit  Guafia ,  damna  ,  ck 
incendia  dans  Pierre  des  Vignes  ( b  ).  Le  Cartulaire 
d'Abfîe  déjà  cité,  porte  ,  fol.  127  :  Et  terras  omnes  in 
quitus  vinea  funt ,  &  omnes  alias  Jive  guaflas  five  ex- 
cultas  ,  foit  déferres ,  foit  cultivées.  Innocent  III,  1.  15, 
Epift.  179  ,  dans  une  de  fes  Lettres ,  emploie  le  mot  de 
Gastina.  Gaftine  fe  trouve  dans  la  Coutume  d'Au- 
vergne. Dans  la  convention  paffée  entre  le  duc  de  Bra-» 
bant,  ck  le  chapitre  de  fainte  Vaudra,  à  Mons  ,  l'an  1 209, 
ck  rapportée  par  Aubert  le  Mire  (c),  on  lit  :  Omnes  Vas- 
TIN/E  qua  terrai  felveftres  dicuntur ;  6k  dans  une  autre 
de  l'an  1247,  p.  173  :  In  omni  terra  quœ  vulgariter  Vas- 
TINA  dicitur.  Il  eft  arrivé  qu'après  que  des  lieux  ont  com- 
mencé à  être  cultivés  ,  on  leur  a  confervé  le  nom  de 
Guatine ,  comme  on  voit  dans  une  Charte  de  Robert  , 
comte  de  Flandres,  de  l'an  1089  ,  tirée  des  Archives  de 
Saint-Quentin  en  l'Ifle  ,fol.  51  ,  verfo  :  Omnem  decima~ 
tionem  nova  terra,  qua  vulgô  WaSTINA  vocatur.  VAS- 
TINA  fe  prend  donc  pour  une  forêt  que  l'on  a  détruite  ; 
ck  c'eft  en  ce  fens  qu'il  faut  entendre  ce  nom ,  à  l'égard 
des  articles  fuivans.  *  (a)  Monafiic.  Anglic.t.  i,p.  529; 
&  t.  2,  p.  204.  (b)  Petrus  à  Vineis ,  1.  5.  Epift.  112. 
(c)  Diplom.  Belgic.  p.  160. 

1.  GASTINE,  (la)  petit  pays  de  France, félon  Bau- 
drand, dans  le  haut  Poitou,  aux  environs  de  Parthenay 
qui  en  eft  la  capitale.  Il  n'eft  pas  aifé  d'en  marquer  les 
bornes  air  jufte.  On  y  compte  environ  foixante  paroiffes, 
mais  je  ne  fais  aucun  auteur  qui  les  nomme  toutes.  Cor- 
neille ,  Dicl.  dit ,  après  Davity ,  qu'il  confine  d'un  côté 
au  Niortois  par  la  châtellenie  de  Coudrai  -  Sallebart ,  &k 
de  l'autre  au  Touarfois  ,  Si  au  territoire  de  Fontenay  &C 
de  Saint-Loup  :  du  côté  d'Anjou ,  il  s'étend  jusqu'auprès 
de  Chiévres  ;  ck  vers  Poitiers ,  il  a  le  bourg  de  Cramaud. 
Il  eft  long  de  quatorze  lieues  ,  ck  large  de  neuf.  Le 
comté  de'  Secondigni  ,  les  châtellenies  ck  les  feigneuries 
de  Chandenier  ,  de  Bécéleu,  d'Amaillon ,  la  Fréfeliere 
&  quelques  autres  avec  l'abbaye  d'Abfîe ,  font  dans  les 
enclaves  de  la  Gaftine.  Le  pays  eft  montueux ,  plein  de 
ruiffeaux ,  d'étangs  ck  de  bocages. 

2.  GASTINE,  (la)  petit  pays  de  France  ,  dans  1» 
Touraine,  aux  environs  de  la  paroiffe  &C  de  l'abbaye  de 
faint  Laurent  :  c'eft  un  pays  fec  ck  de  très'difficile  cul- 
ture. 

Il  y  a  en  France  plufieurs  villages  ou  lieux  qui  portent 
le  nom  de   GASTINE  ,   comme  la  Gâtine  ,   village  de 


pays  long  ck  étroit,  à  l'orient  de  la  rivière  de  Linth  , 
qui  s'étend  du  nord-oueft  au  fud-eft  ,  entre  les  lacs  de 
Zurich  ck  de  Wahleftatt.  Il  a  la  Linth  ck  une  partie  de 
ces  deux  lacs  en  front,  ck  le  Tokebourg  à  dos ,  au  nord 
le  canton  de  Zurich,  ck  au  fud-eft  le  comté  de  Sargans. 
Les  principaux  endroits  de  ce  pays,  font 

Wefen ,  Utznach , 

Schennis ,  (         Grynaw , 

6c  Schméricken. 

Il  eft  partagé  en  deux  bailliages,  dont  l'un  porte  le  nom 
du  pays  Gafter ,  ck  l'autre  celui  &Ut(nach.  Quand  il  y 
a  un  bailli  de  Schwitz  dans  l'un ,  il  y  en  a  un  de  Glaris 
dans  l'autre.  Anciennement  le  pays  de  Gafter  s'appelloit 
auffi  Windegg,  à  caule  d'un  château  de  même  nom  qui 
étoit  au  bord  de  la  Linth,  ck  qu'on  a  laiffé  tomber  en 
ruine,  dès  l'an  1450.  Le  nom  de  Gafter  corrompu  du 
latin  Cafira  Rhetica ,  lui  a  été  donné  par  les  Grifons 
établis  dans  ces  quatiers-là.  La  religion  y  eft  mixte  , 
comme  dans  les  contrées  voifines. 

GASTINE ,  l's  ne  fe  prononce  point ,  ck  quelques- 
uns  écrivent  GâTlNE  :  ce  nom  fignifioit  anciennement 
ure  forêt,  un  bois  de  haute  futaie  rempli  de  bêtes  fau- 
ves ,  (î  nous  en  croyons  Corneille.  Il  lignifie  au  contraire  . 
les  htux  d'une  forêt  où  le  bois  a  été  abbatu,  ou  les  lieux 
qui  font  fans  arbres.  C'eft  dans  ce  fens  que  le  Cartulaire 
de  l'àbbaie  d'Abfîe ,  dit  :  Concéda  fratribas  de  Abfie  10- 
tum  planum  ,  vel  ut  vulgô  dicitur  ,  totum  Gurfium  quod 
modo  eft ',  vel  in  pofterum  ait  in  Bosco  meo ,  &c.  Les 
mots  de  Wafta  U  de  Waftum   font  pris  dans  ce  même 


éleftion  de  Tours  ,  Saint-LAURENT  de  LA 
Gastine  ck  Saint-GERMAiN  de  la  Gastine  ,  dans 
la  Beauce  ,  diocèfe  &  éleftion  de  Chartres  ,  &c. 

3 .  GASTINE  ,  (  la  )  Gaftineta  ,  abbaye  de  France ,  en 
Touraine ,  à  quatre  lieues  de  Tours ,  ordre  de  faint  Au- 
guftin,  de  la  congrégation  de  fainte  Geneviève.  Elle  fut 
érigée  en  abbaye  par  Hugues,  archevêque  de  Tours  , 
l'an  1138. 

1.  GASTINES.  Il  y  a  en  France  ,  dans  le  Maine,  une 
verrerie  de  ce  nom. 

2.  GASTINES  ,  bourg  de  France  ,  en  Anjou ,  au  dio- 
cèfe d'Angers,élecl:ion  de  Château-Gontier  :  il  a  huit  cens 
quatre  vingt-dix-fept  habitans. 

GASTINOIS  ,  province  de  France.  Elle  eft  partagée 
entre  deux  gouvernemens  militaires  ;  une  partie  eft  fous 
celui  de  l'Ille  de  France ,  &i  l'autre  fous  celui  de  l'Orléa- 
nois.  Il  a  eu  les  comtes  particuliers  dans  l'onzième  fiieie  ; 
mais  ces  comtes  devinrent  comtes  d'Anjou.  Géofroi  Fé- 
role ,  comte  de  Gaftinois ,  époufa  Hermengarde  ,  feeur. 
de  Geotroi  Martel  ,  comte  d'Anjou,  &c  en  eut  deux  fils, 
favoir  Geofroi  le  Barbu,  &  Fouques  furnommé  le  Ré- 
chin ,  ou  le  Rechigné.  L'aîné  fuccéda  à  fon  oncle  po'.:r 
le  comté  d'Anjou  ,  Se  y  joignit  le  Gaftinois  ;  mais  i!  fut 
dépouillé  de  l'un  &  de  l'autre ,  &  on  le  confina  dans 
une  prifon  où  il  mourut.  Fouques.  craignant  d'être  châtié 
par  Philippe  I,  roi  de  France  ,  le  gagna,  en  lui  cédant 
le  comté  de  Gaftinois ,  qui  étoit  l'ancien  patrimoine  de 
la  maifon  de  ce  comte.  C'eft  ce  que  nous  apprenons  d'un 
hiftorien  contemporain,  au  quatrième  tome  de  Duchefne , 
pag.  85.  C'eft  ainfi  que  le  Gaftinois  fut  réuni  à  la 
couronne.  *  Longuerue  ?  Descrip.  de  la  France ,  part.  1  , 
pag.  iço. 


GAT 


GAT 


Dans  les  anciens  titres  latins,  ce  pays  eft  appelle  Pa- 
gus  Vajlintnjis.  De  Longuerue  en  conclut  que  ce  nom 
lui  a  été  donné  par  les  Francs-Germains  ;  ce  mot  Vajl 
en  langue  Teutonique  lignifiant  un  lieu  défère;  ce  qui 
convient  parfaitement  bien  au  Gaftinois ,  où  il  y  a  de 
très-grandes  forêts ,  &C  dont  le  terroir  eft  fablonneux  &C_ 
presque  partout  ftérile. 

Piganiol  de  la  Force,  Dtscr.  de  la  France,  e.z,p.  3 17, 
dit  que  le  Gaftinois  a  pris  fon  nom  des  Sables  que  ceux 
du  pays  appellent  Gajlin.es.  (  Il  vaut  mieux  s'en  tenir  à  ce 
que  nous  avons  remarqué  au  mot  Gastine.  ) 

Ce  pays  eft ,  dit-il ,  borné  au  feptentrion  par  la  Beauffe , 
au  midi  par  l'Auxerrois  ,  à  l'orient  par  le  Sénonois  , 
&  à  l'occident  par  le  Hurepoix ,  ck  la  rivière  de  Ver- 
nufe.  On  le  divife  en  Gajlinois  François,  &£  Gajîinois 
Orléanois. 

Le  Gaftinois  François  comprend  un  nombre  affez  con- 
fidérable  de  villes  &  de  châteaux,  entr'autres  , 


Nemours  , 
Moret , 
Courtenay, 


Eftampes. 


Valéry ,  Chat. 
Dourdan  , 
Montlhery  , 


Le  Gaftinois  Orléanois  comprend  , 


Montargis , 
Château-Renard , 
Milly, 


Chaftillon-fur-Loing , 
Briare , 

Gien. 


Les  deux  gouvernemens  fe  difputent  la  ville  d'Es- 
tampes ,  chacun  prétendant  qu'elle  eft  de  fon  dépar- 
tement. Le  Gaftinois  Orléanois  renferme  de  plus  le  pays 
de  Puifaye  où  font  , 

Blesneau ,  Saint-Fargeau  , 

Saint-Amand,  &c. 

Il  n'y  a  que  la  moindre  partie  de  Melun  qui  foit  du 
Gaftinois.  Ii  y  a  beaucoup  de  vignes  dans  cette  provin- 
ce, &  des  noyers  dont  le  fruit  eft  propre  à  faire  de 
l'huile.  Les  forets  abondent  en  gibier.  Les  étangs  &c  les 
rivières  fourniflent  quantité  de  poiffon.  On  y  fait  d'ex- 
cellent beurre.  Les  grais  à  paver  les  grands  chemins  , 
&  les  bois  propres  à  bâtir  font  transportés  de-là  à  Paris 
&  ailleurs  par  le  canal  de  Briare  ,  &t  par  la  rivière  du 
Loing,  qui  tombe  dans  la  Seine.  On  y  receuille  auffi  d'ex- 
cellent fafran.  *  Corn.  Dift.  &  divers  Mém. 

GASTOUNI,  ville  de  la  Morée  ,  à  quinze  milles  de 
Caftel-Torhefe ,  &c  à  cinq  milles  de  la  mer  ;  elle  eft  de 
médiocre  grandeur ,  &£  fur  une  rivière  que  Spon,  Voyages, 
t.  i ,  p.  3  ,  croit  être  le  Pénée.  Il  fe  trompe.  Le  Penée 
eft  bien  plus  au  nord.  La  rivière ,  qui  coule  à  Gaftouni , 
eft  la  même  que  celle  qui  eft  formée  de  l'Erymante ,  du 
Ladon  Se  de  l'Alphée. 

GASTRONIA ,  contrée  de  Grèce  ,  dans  la  Macé- 
doine ,  félon  Théopompe  cité  par  Etienne  le  géogra- 
phe. Ortélius  ,  Thefaur.  croit  que  c'eft  la  même  que 
la  Grestonie  ,  contrée  de  Thrace. 

GASULES ,  (  les  )  peuples  qui  habitent  aux  envi- 
rons des  montagnes  de  Laalem-Gafula ,  dans  la  province 
de  Sus ,  au  royaume  de  Maroc  ,  en  Afrique.  Les  chérifs 
de  Fez  &  de  Maroc  les  ont  choifis  pour  la  garde  de 
leur  perfonne ,  à  cauië  de  leur  fidélité  &  de  leur  cou- 
rage. *  Marmol.  de  l'Afrique  ,  1.  5. 

GATE,  (les  montagnes  de)  longuechaîne  de  mon- 
tagnes en  Afie,dansla  presqu'ifle,en-deç_à  du  Gange,qu'elle 
diviié  en  toute  fa  longueur  en  deux  parties  fort  inégales. 
Son  cours  du  nord  -  nord  -  oueft  au  fud-fud-eft,  eft 
presque  parallèle  au  rivage  occidental  de  cette  pres- 
que (le  qui  eft  triangulaire  :  ce  qui  eft  au  couchant,  eft 
appelle  !a  côte  de  Malabar;  ce  qui  eft  au  levant ,  eft  tra- 
verfé  par  diverfes  branches  qui  partent  de  la  tige.  Cette 
tige  s'étend,  {Lettres  édifiantes,  t.  15 , p.  <ç,  )  depuis  le 
isiont  Ima  au  nord,  &  fe  termine  au  cap  de  Comorin 
qui  eft  à  la  pointe  méridionale  de  cette  presqu'ille ,  au 
Concan  &  au  royaume  de  Vifapour.  De  fille  ,  &  autres 

féographes  nomment  ces  montagnes  les  montagnes  de 
'alagates^  Se  réfervent  le  nom  de  Gâte  pour  ce^qui  eft 
au  midi  de  la  rivière  de  Mondoa  qui  a  fon  embou- 
chure à  Goa.  D'autres  donnent  le  nom  de  Gâte  à  cette 


chaîne  dans  toute  fon  étendue.  Varénius,dans  fa  Géographie 
générale,  l.  i,c.  10,  prop.  z,  prétend  qu'elle  traverfe 
le  royaume  de  Bengale ,  ceux  de  Pégu  &  de  Siam  ,  & 
toute  la  presqu'ille  de  Malaga.  Il  y  a  de  l'excès.  Nous  ne 
connoiffons  (ous  le  nom  de  Gâte ,  que  les  montagnes  qui 
fe  fuivent  du  nord  au  midi ,  le  long  de  la  presqu'ille  de 
Malabar. 

Tavernier  ,  Voyage  des  Indes  ,  t.  1 ,  c.  4 ,  donne  le 
nom  de  Gâte  à  un  (impie  défilé  par  où  l'on  pafîe  cette 
montagne ,  entre  Dongri  &  Nader ,  fur  la  route  de  Bram- 
pourà  Agra.  Mais  le  paffage ,  dont  parle  Tavernier ,  eft 
hors  de  la  presqu'ille ,  affez  près  d'Agra.  Il  prouve  bien 
que  les  montagnes  de  Gâte  s'étendent  au-delà  de  la  pé- 
ninfule;  mars  nous  ne  parlons  ici  que  de  la  chaîne  prin- 
cipale où  il  n'eft  pas. 

Les  voyageurs  s'accordent  à  nous  dire  de  ces  monta- 
gnes une  circonftance  que  l'expérience  feule  peut  avoir 
apprife  ;  c'eft  que  le  pays  qu'elle  fépare  a  deux  faifons  très- 
différentes  dans  le  même  tems.  Sur  la  côte  de  Malabar 
l'hyver  commence  vers  la  fin  du  mois  de  Juin  ,  avec  le 
vent  du  fud-oueft  qui  vient  du  côté  de  la  mer ,  &  règne 
quatre  mois  le  long  de  cette  côte  ,  depuis  Diu  jusqu'au 
cap  de  Comorin  ;  pendant  tout  ce  tem-slà  non -feule- 
ment la  mer  n'eft  point  navigable  ;  mais  il  y  a  peu  de 
havres  où  les  navires  puiffent  être  en  fureté  Se  à  couvert 
des  orages  mêlés  de  tonnerres  &  d'éclairs  effroyables. 
Dans  le  même  tems ,  la  côte  de  Coromandel ,  qui  eft  dans 
la  même  presqu'ille  &  au  même  degré  d'élévation  ,  &c 
qui ,  en  quelques  endroits  ,  n'eft  éloignée  que  de  vingt 
lieues  de  celle  de  Malabar  ,  jouit  d'un  agréable  -prin- 
tems  &  de  la  plus  belle  faifon  de  l'année.  Cette  diver- 
fité  de  faifon  dans  un  même  tems ,  &  en  des  lieux  fi 
voifins  ,  n'eft  pas  une  chofe  qui  fe  trouve  uniquement 
dans  cette  presqu'ille.  *  Mandejlo,  l.  z  ,  p.  164. 

De  ces  montagnes  il  fort  un  grand  nombre  de  rivières,' 
dont  les  principales ,  qui  ont  leur  embouchure  à  l'occi- 
dent, font, 

La  rivière  de  Nerdaba ,  qui  coule  à  Baroche. 
Celle  de  Tapti ,  qui  paffe  à  Surate. 
Celle  de  Kalewako  ,  qui  paffe  à  Daboul. 
Celle  de  Mondoa ,  qui  enferme  Goa. 

Les  autres ,  qui  font  en  grand  nombre  ,  ne  font  pas  (i 
remarquables  ;  celles  qui  fe  jettent  à  l'orient,  font , 

La  Ganga  , 

La  rivière  de  Coulour ,  qui  porte  le  nom  de  la  ville 
de  Coulour. 

Celle  de  Palaru ,  qui  baigne  Gandicot. 

Celle  de  Coloran ,  qui  fe  partage  en  quantité  de  bran-» 
ches. 

Et  celle  de  Vaighei ,  qui  coule  à  Maduré. 

GATHEjE,  TvMcu,  ancienne  ville  du  Péloponnefe; 
dans  l'Arcadie,  félon  Etienne  le  géographe,  qui  cite  le 
huitième  livre  de  Paufanias.  Cet  auteur  parlant  elfeftive- 
ment  du  ruiffeau  GathÉATAS,  /.  8,  c  34,  dit  qu'il 
prend  fa  fource  à  Gathées ,  &  fe  jette  dans  l'Alphée.  Pau- 
fanias ne  dit  point  fi  c'étoit  une  ville  ;  fon  traducteur  La- 
tin ajoute  au  texte  le  mot  de  village.  L'auteur  dit  qu'il 
étoit  dans  la  Cromitide. 

GATHEATAS.  Voyez  l'article  précédent. 

GATH-RIMMON.  Il  y  a  eu  trois  villes  de  ce  nom; 
La  première  appartenoit  aux  Lévites  de  la  famille  de 
Keath ,  tk  étoit  ville  de  refuge  dans  la  tribu  de  Dan. 
*Jofué.  19,45,  XXI,  14. 

La  féconde  étoit  à  l'occident  de  la  tribu  de  Manafle, 
en-deçà  du  Jourdain.  Elle  étoit  auffi  ville  de  refuge  don- 
née aux  mêmes  Lévites.  On  l'appelloit  auffi  Baleax  ou 
Jeblaan.  *  Jofué ,  11  ,   15. 

La  troifiéme  étoit  au  milieu  de  la  tribu  d'Ephraïm, 
I.    Chron.  VI,  69. 

GATHYNIA,  ville  bâtie  proche  de  la  mer,  par  le 
roi  Lacon,  comme  le  remarque  Cédrénus.  *  Nicol.  Lloyd. 

GATIANENSIS.  Voyez  Gattianensis. 

GATO.  Baudrand,  édit.  1705  ,  dit  :  ville  d'Afrique, 
capitale  du  royaume  de  Bénin ,  en  Guinée  ,  iùr  la  rivière 
de  Formofa,  qu'on  appelle  auffi  de  Bénin,  à  dix-huit 
lieues  au-deffus  de   fon  embouchure  dans  la  mer  de 


Guinée, 


Tome  III,       G   ii 


GAU 


Il  ne  fe  trouve  aucune,  ville  de  ce  nom  fur  cette  ri- 
vière. La  capitale  eft  Bénin ,  au  couchant  de  cette  rivière , 
à  laquelle  on  donne  le  nom  de  Formofa,  qui  lui  vient 
des  Portugais  ,  ou  celui  de  Rio  Bcmn ,  que  les  naviga- 
teurs emploient,de  même  qu'ils  difent  la  rivière  de  Rouen, 
de  Nantes  ou  de  Bourdeaux ,  pour  dire  la  Semé ,  la  Loire 
ou  la  Gironde.  A  une  journée  au-deflbus  de  Bénin  & 
de  Coffo  ,  qui  eft  vis-à-vis,  on  trouve  Agaton ,  le  troi- 
fieme village  en  remontant.  Bofman ,  21 ,  Lettre,  p.  459. 
le  feul  qui  ait  parlé  pertinemment  de  la  Guinée ,  dit  : 
Le  troifieme  village  qu'on  appelle  Agaton ,  a  été  ci-devant 
uii  des  principaux  endroits  pour  le  négoce  ;  mais  il  a  tant 
fouffert  par  les  guerres ,  qu'il  eft  prefque  ruiné  :  il  eft  bâti 
fur  un  coteau  qui  avance  dans  la  rivière ,  ck  qui  ne  tient 
prefque  pas  à  la  terre  ferme.  A  en  juger  par  les  ruines  que 
l'on  voit  encore ,  c'a  été  un  fort  grand  village  ,  beaucoup 
plus  agréable  8c  plus  fain  qu'aucun  autre  ;  ck  c'eft  pour 
cela  aufli  que  les  Nègres  commencent  à  le  rebâtir  de 
toutes  leurs  forces.  Il  eft  environné  de  plufieurs  fortes 
d'arbres  fruitiers.  Il  y  a ,  dans  le  pays  d'alentour ,  quan- . 
tité  de  petits  villages,  dont  les  habitans  viennent  au  marché 
qui  s'y  tient  tous  les  cinq  jours.  De  l'Ifle  a  fuivi  cet 
auteur ,  ck  placé  Agaton  où  il  doit  être  dans  fa  Carte  de 
la  Barbarie ,  de  la  Nigritie  &  de  la  Guinée. 

GATONISI.  De  l'Ifle  ,  Carte  de  la  Grèce  ,  écrit 
Gaitoinifi;  ck  Berthelot ,  dans  fa  Carte  de  la  Méditer- 
ranée ,  écrit  Gradoin  ,  petite  ifle  de  l'Archipel ,  au  midi 
de  celle  de  Samos  ,  près  de  la  côte  de  Natolie ,  à  la 
hauteur  de  Mélaffo  :  c'eft  l'ille  appellée  par  les  anciens 
Argennos  ou  Trogilium. 

GATOPOLI.  Baudrand  dit  :  Petite  ville  de  la 
Turquie  d'Europe ,  dans  la  Romanie ,  fur  la  côte  de  la 
mer  Noire ,  entre  la  ville  de  Salamidi  &  l'embouchure 
de  la  rivière  de  même  nom.  Il  prétend  que  le  nom  latin 
eft  Gatopolis  ck  Andriaca.  Pour  ce  qui  eft  de  Gatapolis , 
c'eft  un  nom  barbare  ,  qu'aucun  bon  auteur  Latin  n'a  em- 
ployé. A  l'égard  &  Andriaca,  Niger,  Ortélius  ck  Bau- 
drand croient  que  c'eft  préfentement  Gatopoh  ;  en  quoi 
ils  fe  trompent.  Il  eft  très-clair  que  le  nom  de  Gatopoli 
eft  une  corruption  JAgathopolis ,  ville  de  Thrace ,  voi- 
fme  ,  mais  différente  d! 'Andriaca.  Cette  dernière  eft  pré- 
fentement Ayade ,  village  ck  port  fitué  au  midi  d'Agatho- 
polis ,  que  les  Turcs  nomment  préfentement  Ataboli ,  ck 
les  Grecs  Agaflopoli.  Cette  dernière  eft  au  fond  d'un  petit 
golfe  ,  au  feptentrion  du  port  d' Ayade ,  ôk  à  l'embouchure 
d'une  petite  rivière. 

GATTESAW  ,  ancienne  abbaye  de  l'ordre  de  S.  Be- 
noît ,  en  Suabe  ,  au  marquilat  de  Bade  ,  à  une  lieue  au  cou- 
chant de  Dourlach,  fondée  en  11 10.  Elle  eft  aujourd'hui 
fuporimée,   ckfes  revenus  unis  au  domaine  du  margrave. 

GATTIANENSIS ,  fiége  épifcopal  d'Afrique ,  dans  la 
Byzacene.  Januarius,  fon  évêque  ,  fouferivit  à  la  lettre 
écrite  à  l'empereur  Conftantin.  La  Conférence  de  Car- 
thage  fait  aufli  mention  de  Victor  Gattianenfis. 

G  ATTON  ,  petite  ville  d'Angleterre,  dans  la  province 
de  Surrey  :  elle  n'eft  plus  fi  confidérable  qu'elle  a  été  au- 
trefois ,  quoiqu'elle  envoie  toujours  fes  députés  au  parle- 
ment. On  y  a  trouvé  plufieurs  médailles  romaines. 

GATULCO  ,  port  de  la  mer  du  fud  ,  au  Mexique. 
Voyez  AGUATULCO. 
GAVACHE.Voyezla  remarque  après  les  articlesGAVE. 

GAVANODURUM.  Quelques-uns  ont  cru  que  Saltz- 
bourg  a  été  appelle  ainfi.  Ptolomée,  /.  1,  c.  14,  ayant 
donné  ce  nom  à  une  ville  du  Norique  ,  les  uns  l'ont  ex- 
pliqué par  Salt{bourg;  d'autres,  comme  Lazius,  par  Lamer- 
dmg;& autres  enfin  par  _/z/<iii/z£o#rg,,aurapportdeBaudrand. 

GAVANTIS  TUMULUS.  Lycophron  appelle  ainfi 
un  lieu  où  l'on  fuppofe  que  fut  enterré  Adonis ,  que  les 
Cypriots  nommoient  G.ivante ,  fi  nous  en  croyons  Isaac 
Tzetzès,  commentateur  de  ce  poëte  Grec.  *  Ortd.  Thef. 

GAVARA,  ouGabara,  félon  les  divers  exemplaires 
de  Ptolomée,/.  5,  c.  19,  ancienne  ville  de  l'Arabie  déferte. 

C-AVARDAN.  (le)  Voyez  GABARDAN. 

GAVARET.  Voyez  Gabaret. 

GAVAS ,  (le)  ou  Gabas  ,  rivière  de  France  :  elle  a 
fa  fource  dans  le  Bëain ,  auprès  de  Ger ,  aux  confins  de  la 
Bigorre;  de-là,  ferpentant  vers  Je  nord-oueft,  sïle  entre 
dans  le  Turfan  ,  qu'elle  arrofe  ,  paffe  à  Roquefort  de  Tur- 
fan ,  d.  à  Arboucave ,  _  g.  reçoit  le  ruifleau  de  Bas ,  d. 
baigne  Tolofette  ,  6k  fe  jette  un  peu  après  dans  l'AJour. 
*  De  rifle,  Béarn. 


GAU 


GAVAT  A,  montagne  d'Afrique,  au  royaume  de  Fez, 
dans  la  province  de  Chaux ,  félon  Davity  :  elle  s'étend  de 
l'eft  à  l'oueit  environ  huit  milles ,  ck  la  la-geureft  de  cinq. 
Cette  montagne  a  des  chemins  fort  étroits ,  &  il  eft  très- 
difficile  d'y  monter.  On  y  trouve  près  de  cinquante  grands 
villages ,  ck  les  fources  de  deux  rivières. 

GAUDIABENSIS  ,  fiége  épiscopal  d'Afrique  ,  dans 
laNumidie.  La  Notice  d'Afrique  fournit  un  évêque  de 
ce  lieu,,  qu'elle  nomme  Victor  Gaudiabenfis;  mais  quel- 
ques exemplaires  portent  Gandiabenfis. 

GAUDIACUM,  nom  latin  d'un  village  de  France, 
en  Touraine.  Grégoire  de  Tours  en  parle  dans  fon  Livre 
des  Miracles  de  faint  Julien  ,  c.  39  ,  p.  878.  D.  Thierri 
Ruinart  obferve  qu'il  y  a  en  Touraine  ,  fur  le  Cher,  un 
lieu  nommé  Joyacum ,  en  françpis  Joué  ou  Jouay  ;  que 
c'eft  peut-être  le  Gaudïacum  dont  il  s'agit  ici. 

Urfinus  ,  dans  la' Vie  de  faint  Léger ,  fait  auflî  mention 
de  Gaudïacum  ;  mais  il  le  met  dans  le  diocèfe  de  Chartres. 

Surius ,  dans  la  Vie  de  faint  Thierri  abbé  ,  met  un  autre 
lieu  Gaudïacum ,  dans  le  Rhémois.  *  Ortd.  Thef. 

GAUÛINO ,  abbaye  de  religieufes  Bénédictines,  dans 
le  Bergamasque ,  au  diocèfe  de  Bergame. 

GAUDIOSA.  Voyez  Joyeuse. 

GAUDO,  (  le  territoire  de  )  campagne  d'Ita- 
lie ,  au  royaume  de  Naples  ,  entre  les  villes  de  Ca- 
poue,  dePouzzol,  ck  les  ruines  de  Cumes.  Quelques- 
uns  ,  à  caufe  de  la  fertilité  de  cette  campagne ,  ont 
étendu  ce  nom  jusqu'à  toute  la  province  de  Labour. 

1.  GAUDOS.  Voyez  Gozzi. 

2.  GAUDOS.  Voyez  Gaulos. 

GAVE  :  (  le)  ce  nom  eft  commun  à  plufieurs  ri  vie» 
res  du  Béarn ,  qui  toutes  ont  leurs  fources  dans  les  Py- 
rénées ,  aux  confins  de  l' Aragon. 

Le  GAVE  d'Aspe  a  deux  fources ,  l'une  au  port  de 
Aragues  ,  Si  l'autre  auprès  de  Sainte-Chriftine,  à  peu  de 
diftance  de  la  fource  de  l'Aragon  ;  de-là  ferpentant  vers 
le  nord  ,  il  reçoit  les  rivières  d'Anfave  &  de  Sanshefe  , 
qui  fe  joignent  auprès  de  Lescun ,  g.  ck  continuanfde  tra- 
verfer  la  vallée  d'Aspe ,  qui  lui  donne  fon  nom ,  il  fê 
charge  de  quelques  ruifleaux ,  comme  le  Vert ,  d.  la  ri- 
vière de  Bourdios  ,  ck  arrive  à  Oleron ,  qu'il  fépare  de 
Sainte-Marie. 

Le  GAVE  d'Ossau  prend  fa  fource  au  port  d'Offau, 
traverfe  la  vallée  de  ce  nom,  du  fud  au  nord  ;  arrivé  à 
Arudi  il  circule ,  ck  fe  détourne  vers  le  couchant ,  puis 
vers  le  nord-oueft  ,  pour  arriver  à  Oleron ,  qu'il  fépare 
de  Marcadet.  Au  nord  d'Oleron  ,  il  rencontre  le  Gave 
d'Aspe ,  avec  lequel  il  fe  mêle  :  alors  ces  deux  Gaves  per- 
dent leurs  noms  particuliers ,  ck  prennent  celui  de  Gave 
d'Oleron. 

Le  GAVE  d'OLERON ,  ainfi  formé  des  Gaves  d'Aspe 
ck  d'Oflau  ,  fe  groflit  de  quelques  autres  rivières,  favoir, 
le  Vert ,  g.  la  Lorune ,  g.  le  Jos  ,  d.  paffe  à  Navarreins  , 
reçoit  YArancar,  paffe  aSauveterre,  reçoit  la  rivière  de 
Soûle,  appellée  le  Su^on,  ou'plutôt  le  CeJJon ,  g.  puis  une 
autre  rivière  qui  vient  de  Salliez ,  d.  fe  joint  enfin  à  Sor- 
des  au  Gave  de  Pau ,  avec  lequel  elle  tombe  dans  l'Adour. 

Le  GAVE  de  Pau  a  diverfes  fources  dans  les  Pyré- 
nées ,  aux  confins  de  1  Espagne  ;  la  principale  eft  au  port 
de  Vie ,  aux  environs  de  Gabarnie  ;  une  autre  eft  auprès 
de  Notre-Dame  de  Héas ,  d.  ck  une  troifieme  vient  de 
la  gauche.  Auprès  de  Luz ,  il  reçoit  le  ruifleau  de  Barege  ; 
ck  continuant  de  couler  vers  le  nord,  il  traverfe  la  val- 
lée de  Lavedan  ;  au-defliis  de  Villelongue ,  il  fe  détourne 
vers  le  nord-oueft ,  reçoit  une  rivière  qui  vient  du  port 
de  Cautères,  g.  ck  plus  loin  une  autre  qui ,  traveriant  le 
val  d'Azun ,  fe  charge  en  partant  du  torrent  de  Bun. 
Groffi  de  quelques  ruifleaux,  il  fe  tourne  vers  le  nord 
jusqu'à  Lourde ,  d.  puis  vers  le  couchant,  ck  pafle  au- 
près de  Peiroufe  ,  reçoitquelques  autres  ruifleaux ,  paffe 
à  Nay,  g.  ck  forme  plufieurs  ides  au-deffus  de  Pau,  ca- 
pitale du  Béarn ,  où  il  reçoit  la  Gourgue ,  qui  vient  de 
Pontac ,  d.  forme  encore  d'autres  ifles  avant  que  de  re- 
cevoir la  Blaiffe  ,  puis  le  Laa  ,  baigne  Orthez ,  d.  ck 
Belloc,  ck  la  Hontan  ,  g.  arrive  à  Sordes,  où  il  ïe  joint 
avec  le  Cave  d'Oleron ,  lix  lieues  au-deffous  d'Orthez ,  fck 
douze  au-deflbus  de  Pau. 

La  rapidité  de  ces  Gaves  eft  caufe  qu'ils  ne  portent 
point  de  bateaux.  Au  refte ,  ils  font  très-poiflbnneux  ;  on 
y  pêche  des  truites ,  des  brochets ,  des  faumons ,  èk  des 
îaumonneaux  ,  appelles  toquaas ,   qui  font  d'un   goût 


CAU 


CAU 


excellent.  *  Piganiol  de  la  Force ,  Descr.  de  la  France  , 
2e  édit.cle  Paris,  t.  4  ,  p.  412. 

Les  habitans  du  pays  qu'arrofent  ces  Gaves ,  ont  donné 
lieu  au  nom  de  Gavaclu,  que  les  Espagnols  donnent  aux 
François;  c'eft  un  terme  de  mépris,  dont  ils  ne  fe  fer- 
vent que  quand  ils  font  en  colère. 

GAVELLENSIS.  Honorius  d'Autun ,  parlant  de  l'é- 
vêque  Sévérien  ,  le  qualifie  évêque  d'un  fiége  nommé 
Gavdknfis.  Un  autre  exemplaire  de  cet  auteur  porte 
Ganelicenfis ,  &  un  autre  Gabalenjis ,  qui  eft  le  vrai  nom , 
fuivant  Ortélius  Thefaur. 

GAVEORUM,  (gériitif  pluriel  de  Gavea)  fiége  epis- 
copal  d'Egypte.  Il  en  eft  fait  mention  dans  une  lettre 
des  évêques  d'Egypte  à  l'empereur  Léon ,  inférée  dans  le 
Recueil  des  conciles. 

GAVER,  félon D.  Calmet ,  Dicl.  lieu  de  la  Paleftine, 
près  de  Jérufalem.  C'étoit  un  défilé  où  Ochofias  ,  roi 
de  Juda  ,  fut  blefte  à  mort  par  Jéhu  ,  Reg.  I.  4 ,  c.  9 , 
v.  27. 

GAUGAENA;  r*vycu*<,  ou  GAUiUENA,rW^/.'«, 
ancienne  ville  de  la  Cappadoce,  dans  la  préfecture  de 
Sargaraufene ,  félon  Ptolomée,  /.  5  ,  c.  6. 
■  GAUGAL1US  MONS  ,  montagne  de  la  Syrie,  dans 
le  territoire  d'Edeffe.  Sozomene,  &  Califte,  /.  9,  c.  15, 
en  font  mention.  *  Ortel.  Thef. 

GAUGAMELLES,  ou  Gaugamela,  nom  d'une 
ville  de  Perfe  qui ,  félon  Strabon  ,  lignifie  maifon  du 
chameau ,  ou,  félon  d'autres ,  le  tribut  du  chameau.  Plu- 
tarque  dit  que  ce  fut  en  ce  lieu  qu'un  ancien  roi  de  Perfe 
s'étant  fauve  fur  un  chameau  ,  impofa  un  tribut  fur  les 
habitans  pour  nourrir  cet  animal.  (  Arrianus ,  Strab.  Plu- 
tarq.  Plin.  Bochart.)  Strabon ,  1.  xvi  ,  dit  que  c'eft  un 
fcourg  dans  l'Aturie  ,  région  de  la  Perfe ,  où  Darius 
vaincu  perdit  (es  états.  Ce  lieuétoit  deftiné  pour  la  nour- 
riture des  chameaux  fatigués  qui  paffoient  en  Scythie ,  &t 
c'eft  de-là  qu'il  a  pris  fou  nom.  Les  Macédoniens  voyant 
que  ce  lieu  étoit  peu  confidérable,  &  qu'Arbellês,  ville  voi- 
fine,  étoit  fort  connue ,  aimèrent  mieux  marquer  la  ba- 
taille &  leur  victoire  par  ce  nom.  Ce  récit  de  Strabon 
paroît  d'autant  plus  vraifemblable,  qu'Arrien  dit  la  même 
choie  fur  le  témoignage  d'auteurs  contemporains  qui 
obfervent  qu'Arbellês  étoit  éloignée  de  fix  cens  ftades 
du  champ  de  bataille  &  de  Gaugamelles. 

GAUGDjE  ,  ancien  peuple  de  Thrace ,  vers  l'Ifter , 
félon  quelques  éditions  de  Pline,  1.  4,  c.  11.  Le  P.  Har- 
douin  lit  Gaudœ. 

GAVI,  petite  ville  d'Italie,  dans  l'état  delà  républi- 
que de  Gènes,  fur  le  ruilfeau  de  Lemo  ,  au  pied  du 
mont  Apennin ,  fur  la  frontière  de  Moutferrat  &  du  du- 
ché de  Milan.  Elle  a  été  autrefois  allez  forte  ;  mais  on 
a  rafé  fes  fortifications  ;  elle  eft  presque  au  milieu ,  entre 
Gènes  au  midi ,  &  Tortone  au  feptentrion. 

GAVIRATIUM.  Voyez  Ghivira. 

GAVIS  ,  ancienne  colonie  d'Italie.  Frontin  en  parle  , 
mais  fans  dire  dans  quel  lieu.  Quelques-uns  ont  cru  qu'elle 
étoit  dans  la  Sabine,  à  13000  pas  de  Rome.  D'autres, 
comme  Holfténius,  croient  que  ce  mot  eft  pour  Gabii. 

GAULALES  ,  ou  Galaules  ,  ancien  peuple  d'A- 
frique ,  les  mêmes  que  les  Auloles ,  félon  Orole ,  cité  par 
Ortélius,  Thefaur. 

GAULAN,  ou  Gaulon,  ou  Golan,  ville  an- 
cienne de  la  Paleftine ,  de-là  le  Jourdain.  Elle  étoit  cé- 
lèbre ,  &  donnoit  le  nom  de  Gaulanite ,  (  ou  Gaula- 
nitide  )  à  une  petite  province.  Elle  fut  donnée  à  la  de- 
mi-tribu de  Manaffé  de  de-là  le  Jourdain  (a).  Elle  fut 
cédée  aux  Lévites  de  la  famille  de  Gerfon  (  b  )  pour 
leur  demeure ,  &  devint  une  ville  de  refuge.  Eufebe  dit 
que  de  l'on  teins  la  ville  de  Gaulon  étoit  encore  confi- 
dérable dans  la  Batanée  ,  ou  dans  le  pays  de  Bafan  ;  mais 
il  n'en  marque  pas  précifément  la  fituation.  Il  eft  éton- 
nant,  dit  D.  Calmet,  qu'on  fâche  fi  peu  la  pofition 
d'une  ville  fi  célèbre.  Elle  étoit  dans  la  haute  Galilée , 
au-delà  du  Jourdain ,  (k  Judas'  de  Gaulon  chef  des  Gali- 
Iéens  ,  ou  des  Hérodiens ,  en  étoit  natif.  *  (a)  Deuteron. 
c  4>  v.  43.  (b)  J0fui,  c.  2I  s  v.  „. 

^Ortélius  diftingue  Gaulak,  ou  Gaulant  ,Tav\âm  , 
qu'il  met  dans  la  Syrie,  de  la  ville  de  Gaulon,  qui  étoit 
de^la  tribu  de  Manaffé.  Roland  &C  D.  Calmet  n'en  font 
qu  une  ville. 

GAULANITE,  ou  Gaulanitidè,  ou  Gauloni- 
tide, contrée  de  la  Paleftine  (a).  Elle  s'étendoit  depuis 


n 


la  mer  de  Tibériade  jusqu'aux  fources  du  Jourdain ,  & 
avoit  la  Batanée  à  l'orient  ;  on  y  comprenoit  quelquefois 
la  Gamalitique.  Reland  (b),  qui  ne  veut  pas  que  la  Gali- 
lée fe  foit  étendue  au-delà  du  Jourdain,  diftingue  la  Gau- 
lanitidè de  la  Galilée.  En  vain  D.  Calmet  avoit  allégué 
deux  paffages  ;  l'un  où  Judas  eft  nommé  Galiléen,  & 
Gaulonite;  l'autre,  où  Betzaïde  ville  de  la  Galilée,  fé- 
lon l'écriture,  eft  placée  par  Jofeph  au-delà  du  Jourdain. 
Ces  raiibns  ne  lui  paroilfent  pas  luffifantes  pour  déranger 
d'aftez  grands  pays.  Qui  empêche  ,  dit-il ,  que  Judas  n'ait 
eu  le  furnom  de  viiles  différentes ,  l'une  où  il  fera  né , 
une  autre  où  il  aura  été  élevé  ?  Jofeph  lui-même,  qui  dis- 
tingue la  Galilée  &  la  Gaulanitidè  ,  appelle  ce  Judas 
Galiléen  (c)  &  Gaulanite  M);  h  ville  de  Gamala  , 
patrie  de  Judas ,  étoit  de  la  Gaulanitidè  (e)  ,  félon  Jo- 
feph ,  qui  met  la  Gaulanitidè  à  l'orient  de  la  Ga- 
lilée (f) ,  &  fait  aflez  entendre  qu'elle  en  étoit  féparée 
par  le  Jourdain.  Elle  avoit  à  l'orient  la  Batanée  ,  ou  le 
pays  de  Bafan  propre.  Il  diftingue  (?)  de  la  Pérée  ces 
quatre  pays  plus  feptentrionaux ,  la  Gamalitique,  la  Gau- 
Ionitide,  la  Batanée  &  la  Trachonite  (h).  Il  dit  que  Se- 
LEUCIE,  SOGANE  &  Gamala  étoient  dans  la  Gaulo- 
nitide,  ce  qui  ne  peut  être  vrai  qu'en  y  enfermant  la 
Gamalitique.  Il  dit  ailleurs,  1.  3  ,  c.  2,  que  l'Hippene, 
la  Gadarite  Se  la  Gaulonitide  (  c'eft-à-dire  les  territoires 
d'Hippon  ,  de  Gadara  Se  de  Gaulon  )  terminoient  la 
Galilée  au  levant  ;  d'où  il  s'enfuit  ce  que  nous  venons 
d'avancer  ,  que  la  Gaulonitide  s'étendoit  le  long  du  Jour- 
dain jusqu'à  fes  fources  ,  ou  jusqu'à  l'extrémité  fepten- 
trionale  de  la  terre  d'Israël  ;  &  que  ni  la  Batanée  ,  ni  la 
Trachonite  n'approchoient  point  de  ce  fleuve.  Jofeph  parle 
encore  de  ce  pays  (') ,  &  dit  que  les  Juifs  facagerent  Ga- 
dara, Hippon ,  &  la  Gaulonitide,  lorsqu'ils  turent  maî- 
tres de  Philadelphie,  de  Gebonite,  deGeraia,  de  Pella 
&  de  Scythopolis.  Il  divifé  (')  la  Gaulonitide  en  haute  & 
en  baffe  :  Sogane  étoit  dans  la  haute  ,  &  Gamala  dans 
la  baffe.  Enfin  dans  l'hiftoire  de  fa  vie  ,  il  dit  que  la 
Gaulanitidè  fe  donna  au  roi  Agrippa  jusqu'au  villa-e  de 
Solyme.  Reland  femble  préférerle  nom  de  Golan,  comme 
le  véritable ,  &  celui  dont  les  autres  avoient  été  fo-més 
*  (a)  Rdand,  Palaeft.  t.  1  ,  1.  1 ,  c.  23.  (b)  ïhid  ]  1 
c.  31.  O  Antlq.  1.  20,  c.  3.  (<<)  1.  18  ,  c.  1.  (=)  ml 
(f)  De  Mello,  1.  3  ,  c.  2.  (S)  De  Bello,  1.  3  ,  c.  1  (V> 
De  Bello ,  1.  2,  c.  25.  (i)  De  Bello,  1.  2 ,  e.  19.  (i)  Dc 
Bello  ,  1.  4,  c.  I. 

GAULE,  grand  pays  d'Europe,  remarquable  par  fa 
fituation  heureufe ,  par  fa  fécondité  ,  par  le  courage  & 
le  génie  de  fes  habitans.  Quelques  auteurs,  je  ne  fais  fur 
quel  fondement ,  ont  imaginé  que  les  Gaulois  furent  au- 
trefois nommés  Gomérites  ,  de  Gomer  fils  àmë  de  Ja- 
phet.  Les  autres  ont  dit  qu'ils  étoient  Aborigènes ,  & 
qu'ils  avoient  emprunté  le  nom  de  Gaulois,  de  Galates , 
fils  d'Hercule.  C'eft  l'opinion  de  Diodorê  de  Sicile.  Elle 
n'en  eft  pas  pour  cela  moins  ridicule.  Ammien  Marcellin 
dit  qu'ils  furent  appelles  Celtes ,  du  nom  d'un  de  leurs 
rois;  &  Gaulois,  de  celui  de  la  mère  de  ce  prince.  Stra- 
bon croit  que  ce  nom  leur  fut  donné  à  caufe  de  leur 
bravoure  &  de  leur  réputation.  Saint  Jérôme  &  Ifidore 
font  venir  ce  nom  du  mot  grec  ;  ix?  ,  lait ,  parce  que  les 
Gaulois  avoient  le  corps  blanc  comme  du  lait.  Cluvier 
tire  le  nom  de  nos  premiers  Gaulois  ,  de  l'ancien  verbe 
celtique  ,  Galleno  ,  qui  veut  dire  voyager.  Quoi  qu'il  en 
foit ,  il  eft  du  moins  fur  qu'on  leur  donnoit  déjà  ce  nom  , 
du  tems  de  Tarquin  l'Ancien ,  cinquième  roi  de  Rome  , 
vers  l'an  591  avant  J.  C. 

Le  pays  ,  qu'ils  occupoient,  a  été  diverfement  borné  & 
divifé  fuivant  les  différentes  dominations.  Afin  d'éviter 
la  confufion  ,  nous  commencerons  par  une  divifion  géné- 
rale des  pays  auxquels  le  nom  de  Gaule  a  été  com- 
mun. 

Il  y  avoit  la  Gaule  Asiatique.  C'étoit  la  même 
que  la  G  alatie.  Voyez  cet  article. 

Il  y  avoit  la  Gaule  en  Europe  ,  qui  étoit  partagée 
en  deux  parties  par  les  Alpes ,  favoir  ; 

La  Gaule  Cisalpine  par  rapporta  Rome,  étoit  au 
midi  des  Alpes;  &  comme  le  Pô  la  partageoit  en  deux, 
une  partie  s'appelloit  Gaule  Cispadane  ,  Se  l'autre 
Transpadane. 

La  Gaule  Transalpine  eft  la  feule  qui  ait  con- 
fervé  le  nom  de  Gaule;  en  effet,  c'eft  ion  nom  propre; 
et  les- autres  ne  l'avoient  que  par  communication;  l'on 


GAU 


SA- 

trouve  dans  celle-ci  l'origine  des  nations  qui  avoient 
porté  le  nom  de  leur  patrie  dans  les  pays  quils  avoient 
conquis ,  foit  en  Italie ,  foit  en  Afie.  . 

Nous  n'avons  aucune  hiftoire  ancienne  qui  nous  dé- 
crive avec  foin  quel  étoit  l'état  de  la  Gaule  dès  les  pre- 
miers tems  de  la  réDiiblique  Romaine.  ^  Tout  ce  qu'on 
en  fait,  fe  recueille 'de  quelques  mots  échappés  aux  au- 
teurs de  l'Hiitoire  Romaine ,  à  l'occafion  des  Gaulois  éta- 
blis au  midi  des  Alpes. 

Ccfiit,  félon  Tite-Live,  1.  5,  c.  34,  fous  le  règne 
du  vieux'  Tarquin  qu'une  troupe  de  Gaulois  Tranlal- 
pins  ,  c'eft-à-dire  du  nord  des  Alpes,  parlèrent  les  monts, 
fous  la  conduite  de  Bellovefe.  Ce  chef  étoit  neveu  d'Am- 
bigate.  Les  Bituriges  dominoient  alors  entre  les  Celtes 
qui  font  un  tiers  de  la  Gaule ,  ck  c'étoit  eux  qui  nom- 
moient  le  roi.  Ambigate  avoit  fi  bien  vue  de  fon  pouvoir  ck 
de  celui  de  la  nation,que  le  peuple  s'  yétoit  tellement  accru , 
qu'il  y  avoit  tout  fujet  de  craindre  des  guerres  civiles. 
Il  fe  voyoit  âgé  ;  ck  afin  de  prévenir  les  révoltes  qu'il 
craignoit ,  il  prit  le  parti  de  décharger  le  pays  ,  ck  d'en- 
voyer Bellovefe  ck  Sigovefe ,  deux  jeunes  hommes ,  fils 
de  fa  fœur ,  chercher  de  nouvelles  terres.  Il  leur  permit 
d'emmener  avec  eux  affez  de  monde  pour  faire  tête  à 
ceux  qui  voudroient  leur  barrer  le  chemin.  Les  deux 
frères  tirèrent  au  fort  les  pays  où  ils  dévoient  fe  rendre. 
La  forêt  Hercinienne  échut  à  Sigovefe,  voilà  l'origine  des 
Bon  ,  en  Allemagne.  Son  frère  Bellovefe  eut  pour  fou 
partage  l'Italie.  Ce  dernier  prit  aveclui  ce  qu'il  y  avoit 
cle  trop  entre  le*  Bituriges  ,  les  Arverniens  ,  les  Séno- 
nois,  les  Aiduens,  les  Ambarres,  les  Carnutes ,  ck  les 
Aulerques.  Avec  une  petite  armée  d'infanterie  ck  de  ca- 
valerie ,  il  s'avança  vers  les  Alpes  qui  lui  parurent  impra- 
ticables ,  n'y  .ayant  point  encore  de  chemins  faits.  Sur  ces 
entrefaites,  les  Maflïliens  venus  par  mer,  de  Phocée ,  ville 
de  la  Grèce  Afiatique,  vouloient  s'établir  dans  le  pays 
des  Salyïns ,  qui  tâchoient  de  les  en  empêcher.  Ils  aidèrent 
à  ces  nouveaux  venus  à  s'affurer  la  demeure  qu'ils  étaient 
venus  chercher  de  fi  loin.  Voilà  l'origine  de  Marfeille , 
colonie  grecque.  Pour  eux ,  ils  panèrent  les  Alpes  ,  ck 
ayant  battu  les  Toscans  qui  s'oppofoient  a  eux  ,  affez 
près  du  Téfm ,  ils  apprirent  que  le  lieu  où  ils  étoient , 
s'appelloit  le  Champ  des  Infubriens  ;  nom  pareil  à  celui 
des  Infubriens ,  canton  des  iEduens  :  ils  prirent  cette  res- 
•femblance  pour  un  préfage  ;  ck  fe  fixant  en  cet  endroit, 
ils  y  bâtirsnt  une  ville  qu'ils  nommèrent  Milan.  Ce  nom 
étoit  celui  d'une  ville  de  la  Gaule.  Pline,  1.  il,  c.  1 , 
nous  apprend  que  ce  qui  fit  naître  aux  Gaulois  l'envie 
de  paner  en  Italie ,  ce  fut  un  Helvétien  nommé  Hèlicon 
qui ,  ayant  travaillé  quelque  tems  à  Rome  ,  en  qualité  de 
charpentier ,  apporta  dans  fon  pays  des  figues  fé«hes  , 
des  raifins  ,  du  vin  ck  de  l'huile  ,  dont  la  bonté  donna 
envie  à  ces  peuples  de  palier  en  un  pays  qui  produifoit  de 
fî  excellentes  chofes. 

Plutarque ,  Fies  des  hommes  illuftres  ,  t.  ï  ,  p.  114, 
raconte  la  chofe  autrement.  Les  Gaulois  étoient  une  na- 
tion Celtique.  On  dit  qu'à  caufe  de  leur  grande  multitu- 
de ,  ils  quittèrent  leur  pays  qui  ne  poùvoit  pas  les  nour- 
rir,  ci  qu'ils  cherchèrent  des  terres  plus  fertiles.  Ils 
étoient  des  millions  d'hommes  capables  de  porter  les 
armes ,  &  il  y  avoit  encore  un  plus  grand  nombre  de 
femmes  ck  d'enfans.  Les  uns  allèrent  du  côté  de  l'Océan 
feptentrional ,  paflerent  les  monts  Riphéens ,  ck  occu- 
pèrent les  extrémités  de  l'Europe.  (  Cette  exagération 
bien  appréciée  veut  dire  qu'ils  pafTerent  dans  la  Germanie 
que  Plutarque  ne  connoiffoit  pas  affez ,  )  ck  les  autres 
s'établirent  entre  les  Pyrénées  ck  les  Alpes ,  près  des  Sé- 
nonois  &  des  Celtoriens  où  ils  demeurèrent  long-tems.) 
(  Plutarque  entend  le  féjour  qu'ils  firent  au  pays  des  Sa- 
LYENS,  près  de  Marfeille;  nous  ferons  voir  ci-après 
que  ce  tems  fut  court.)  Mais  un  jour,  pourfuit-il,  ayant 
goûté ,  pour  la  première  fois ,  du  vin  qui  leur  avoit  été 
apporté  d'Italie  ,  ils  furent  fi  charmés  de  cette  boiffon, 
qu'ils  prirent  leurs  femmes  ck  leurs  enfans ,  &  fe  jetterent 
du  côté  des  Alpes  pour  aller  chercher  la  terre  qui  por- 
toit  un  fi  excellent  fruit.  Le  premier  qui  leur  apporta  du 
vin,  ce  les  excita  à  paffer  en  Italie,  fut  un  Toscan 
nommé  Aruns  ,  homme  de  grande  naiffance  ,  ck  qui 
n'étoit  pas  d'un  méchant  naturel ,  mais  à  qui  il  étoit 
arrivé  un  fort  grand  affront,  dont  il  cherchent  à  fe  ven- 
ger. Il  étoit  tuteur  d'un  jeune  orphelin  ,  appelle  Lucu- 
mon  ,  le  plus  riche  de  la  ville ,  ck  le  plus  célèbre  car  fa 


CAU 


beauté.  Ce  pupille  avoit  été  nourri  dans  fa  maifon  ,  dès 
fon  enfance;  64  étant  devenu  grand,  il  n'en  voulut  pas 
fortir ,  faifant  femblant  d'aimer  fon  tuteur ,  ck  de  ne  pou- 
voir iè  paffer  de  fa  compagnie.  Pendant  long-tems  ,  il  fut 
affez  heureux  pour  cacher  la  paffion  qu'il  avoit  pour  la 
femme  d'Aruns ,  ck  celle  que  cette  femme  avoit  pour  lui  ; 
mais  enfin  leur  paffion  devint  fi  violente  ,  que  ne  pou- 
vant ni  la  vaincre  ni  la  cacher ,  Lucumon  entreprit  d'en- 
lever fa  maîtreffe ,  &  de  la  retenir  publiquement.  Le  mari 
le  cita  en  juftice  ;  mais  il  fuccomba  par  le  crédit ,  par  les 
amis  ck  par  les  largeffes  de  Lucumon.  De  défespoir  il 
quitta  fon  pays ,  ck  ayant  ouï  parler  des  Gaulois ,  il  las 
alla  trouver,  ck  fe  mit  à  leur  tête  pour  les  mener  en 
Italie. 

D'abord  les  Gaulois  s'emparèrent  de  toutes  les  terrés 
que  les  Toscans  avoient  tenues  anciennement  depuis  les 
Alpes  jusqu'à  l'une  ck  l'autre  mer  ;  ck  une  marque  cer- 
taine que  toute  cette  contrée  étoit  de  la  Toscane ,  ce 
font  les  noms  qui  reftent  ;  car  la  mer  Supérieure ,  ou  fep- 
tentrionale  eft  appellée  Adriatique ,  du  nom  de  la  ville 
d'Adria  bâtie  par  les  Toscans  ;  6k  la  mer  inférieure ,  ou 
méridionale,eft  encore  appellée  la  mer  de  Toscane.'!  out  le 
pays  eft  planté  d'arbres,pleindepâturages,ck  arrofé  de  plu- 
sieurs rivières.  Il  y  avoit  de  plus  dix-huit  grandes  villes  où 
le  commerce  Se  le  luxe  régnoient  à  l'envi.  Les  Gaulois 
en  chafferent  les  Toscans,  &  s'en  rendirent  maîtres  ;  mais 
cela  étoit  arrivé  long-tems  auparavant  (  c'eft  à-dire  long- 
tems  avant  Camille  dont  Plutarque  décrit  la  vie.  ) 

Tite-Live,  1.  5  ,  c.  33,  attribue  auffi  au  charme  du 
vin  l'irruption  des  Gaulois  en  Italie;  mais  il  accompagne 
ce  récit  d'un  on  dit  :  reprenons  le  récit  des  migrations  des 
Gaulois. 

Quelque  tems  après,  une  bande  de  CÉnomans  ,  con» 
duits  par  un  chef  nommé  Elitoyius ,  marchant  fur  les 
traces  des  premiers  ,  paflerent  les  Alpes  par  le  même  che- 
min,  furent  aidés  par  Bellovefe  ,  le  même  qui  étoit 
parti  de  la  cour  de  fon  oncle  Ambigate ,  ck  qui  avoit 
amené  les  Gaulois  par  la  Provence  dans  le  Milanez.  Il 
en  faut  conclure  qu'il  n'y  avoit  donc  pas  féjourné  aufli 
long-tems  que  le  dit  Plutarque.  Ces  derniers  venus  s'ar- 
rêtèrent aux  lieux  ou  font  préfentement  Bresce  ck  Vé- 
rone; après  eux,  les  Salluviens,  auprès  de  Latves,  qui 
étoient  Liguriens,  ck'qui  habitèrent  aux  environs  duTéfin. 

Après  ces  deux  migrations ,  fe  fit  celle  des  Boïens  &C 
des  Lingons  qui  vinrent  par  le  grand  Saint-Bernard  ,  8c 
qui  trouvant  déjà  occupe  tout  l'espace  qui  eft  entre  les 
Alpes  ck  le  Pô ,  pafferent  ce  fleuve ,  ck  chafferent  les 
Ombriens  auffi-bien  que  les  Etrusques;  ils  fe  tinrent  néan- 
moins en-deçà  de  l'Apennin.  Enfin  les  Sénonois,  qui  arri- 
vèrent les  derniers  fe  placèrent  depuis  le  Montone  (  ab 
Utente  ~)  jusqu'à  l'Efino.  Tite-Live,  l.  5  ,  c.  33  , dit  bien 
expreffement  que,  parmi  ces  Gaulois ,  il  y  avoit  autant  de 
colonies  que  de  nations  différentes  dans  le  peuplé  dont 
ils  tiroient  leur  origine.  Il  femble  diftinguer  de  ces  Gau- 
lois les  VÉNETES  qui  habitaient  autour  du  golfe.  Mais 
ces  Vénères  étoient  Gaulois  d'origine  ,  auffi-bien  que  les 
autres  peuples  qui  donnoient  leurs  noms  aux  divers  pays 
de  la  Gaule  Cifalpine. 

Il  y  avoit  donc ,  dès  les  premiers  tems  de  Rome  ,  di- 
vers peuples  dans  l'ancienne  Gaule ,  qui  portoient  déjà 
les  mêmes  noms  que  l'on  retrouve  dans  leur  patrie,  long- 
tems  après  qu'ils  l'eurent  quittée.  Pour  ne  rien  dire  de 
ceux  qui  font  nommés  par  rapport  aux  migrations  dont 
on  vient  de  parler ,  il  eft  aifé  de  voir  que 

Les  Bituriges  habitaient  le  Berri. 

Les  ARVERNIENS  ,  f 'Auvergne. 

Les  SÉNONOIS,  Sens,  Auxerre ,  Troyes  ,  ckc.  jus- 
qu'à Paris. 

Les  Eduens  ,  la  Bourgogne. 

Les  AMBARRES,les  environs  de  Châlons-fur-Saone. 

Les  CARNUTES  ,  lepays  Chartrain. 

Les  AULERQUES  ,  partie  dans  la  Normandie  ck  dans 
la  Bretagne. 

Les  INSUBRIENS  ,  un  canton  de  la  Bourgogne. 

Les  SALYENS ,  la  Provence. 

Les  CÉNOMANS  ,   le  Maine. 

Les  Salluviens  ,  le  long  du  Rhône. 

Les  BOÏENS  ,1e  Bourbon noi s. 

Les  LlNGONS  ,  le  pays  de  Langres. 

Les  VÉNETES  ,  dans  la  Bretagne  3  vers  Vannes. 


CAU 

Tels  font  les  peuples  Gaulois  qui  eurent  part  aux  établis^ 
mens  en  Italie.  Il  y  en  avoit  fans  doute  bien  d'autres  ,  dont 
rhiiloireneparlepas.*Z>0///<z/',Suppl.  dePaterculusjp.2,3  5. 

Environ  trois  cens  ans  après  les  premiers  établilfe- 
mens  de  ces  Gaulois  Cifalpins ,  ils  attirèrent  les  Trans- 
alpins ,  Si  leur  donnèrent  entrée  fur  les  terres  des  Ro- 
mains. Ils  marchèrent  contre  la  capitale  qu'ils  prirent , 
et  dont  ils  ne  firent  qu'un  monceau  de  ruines.  Sans  Man- 
lius,  le  capitole  aurait  été  pris  ;  et  fans  Camille ,  on  alloit 
leur  payer  de  grandes  contributions.  Après  avoir  ainfï 
manqué  leur  coup ,  ils  ne  purent  plus  s'oppofer  à  l'ac- 
croiilement  de  la  puiffance  Romaine  ,  contre  laquelle  ils 
fe  maintinrent  quelque  tems  ;  mais  enfin  ils  en  furent  ac- 
cablés. Lorsque  Pyrrhus  taifoit  la  guerre  en  Italie,  lçs  Gau- 
lois détachèrent,  fous  la  conduite  de  Brennus  ,  un  corps  de 
troupes  qui  palfaen  Macédoine, où  ils  firent  des  conquêtes. 
Ce  même  peuple  pénétra  jusque  dans  la  Thrace,  &  alla  fon- 
der dans  l'A  fie  le  royaume  de  Galatie.  Voyez  ce  mot. 

Malgré  cet  affoibliftément ,  ils  fe  conferverent  libres 
allez  long-tems  ;  les  nouveaux  renforts  ,  qu'ils  recevaient 
de  la  Gaule  Tranfalpine,  rempliffoient  le  vuide  que  pou- 
voit  laitier  parmi  eux  le  départ  des  différens  corps  qui  fe 
répandirent  dans  l'illyrie  Se  la  Pannonie.  Ceux  qui  étoient 
reliés  en  Italie,  étoient  toujours  oppofés  aux  Romains. 
La  république  n'avoit  point  d'ennemis  auxquels  ils  ne  fe 
joignirent  pour  la  traverfer.  Ils  parvinrent  à  former  une 
nombreufe  armée  de  Gaulois  tant  d'en-deçà  que  de  delà 
les  Alpes.  Ils  demandoient  aux  Romains  quelques  terres 
de  plus  que  ce  qu'ils  avoient ,  quoiqu'ils  fuffent  maîtres 
du  Picenum  ,  ou  de  la  Marched'Ancone  où  Sinigaglia 
porte  encore  leur  nom.  Les  confuls  trop  foibles  pour  les 
refufer,  &  risquer  de  perdre  une  bataille ,  les  renvoyèrent 
au  Sénat.  Les  négociations  traînèrent  en  longueur  ;  Si 
pendant  ce  tems ,  la  méfmtelligence  étant  furvenue  en- 
tr'eux ,  ils  fe  détruifirent  les  uns  les  autres ,  &t  fe  mirent , 
par  leurs  propres  armes ,  hors  d'état  de  conferver  le  Pice- 
num que  les  confuls  leur  enlevèrent,  &  partagèrent  entre 
leurs  foklats.  Cette  perte  fit  faire  aux  Gaulois  de  nouveaux 
efforts.  Les  Boïens  &c  les  Infubriens  firent  venir  de  la 
Gaule  Tranfalpine  de  nouveaux  fecours,  &  fe  flatoient 
que  leurs  ennemis ,  attaqués  alors  en  Espagne  ,  ne  pour- 
roient  fuffire  à  tant  d'affauts  à  la  fois., ils  furent  trompés  : 
les  Romains  cédèrent  aux  Carthaginois  tout  ce  qu'ils  vou- 
lurent ;  firent  marcher  tout  ce  qu'ils  purent  avoir  d'hom- 
mes capables  de  porter  les  armes  ;  formèrent  une  armée 
de  plus  de  trois  cens  mille  hommes  de  pied  ,  &  foixante 
&  dix  mille  chevaux  ,  ci  après  plufieurs  victoires ,  qu'ils 
payèrent  allez  cher ,  pouffèrent  les  Gaulois  jusqu'au-de- 
là du  Pô  ,  qu'ils  pafferent  pour  la  première  fois ,  prirent 
Milan  et  fubjuguerent  l'Infubrie.  Les  luccès  d'Annibal  et 
fon  paffage  en  Italie  ranimèrent  l'espérance  des  Gaulois , 
ck  fe  joignant  à  lui ,  firent  un  dernier  effort  pour  leur 
liberté.  Us  eurent  part  aux  revers  de  cet  allié;  Si  Rome 
maîtreffe  de  Cartilage  fa  rivale ,  &  de  Corinthe  qui  lui 
.avoit  fait  la  guerre  ,  tourna  lès  forces  contre  eux.  Les  Ro- 
mains s'étendirent  jusqu'aux  Alpes,  Si  enflés  de  ces  luc- 
cès ,  pafferent  cette  barrière ,  &  conquirent  le  pays  des  Sa- 
lyens ,  qui  eft  la  Provence.  Sextius,  leur  général ,  y  éta- 
blit une  colonie  (Aix,  )  Aqua  Sextia,  )  qui,  dans  fon 
nom  latin,  conferve  encore  fon  nom.  Cette  conquête  fut 
réduite  en  province  Romaine  ;  Si  comme  Narbo'nne  y 
étoit  comprife ,  on  appella  cette  partie  de  la  Gaule  , 
Gaule  Narbonnoife ,  première  partie  de  la  Gaule  Trans- 
alpine ,  Si  qui  n'entre  point  dans  la  divifion  que  Céfar  fait 
de  la  Gaule  en  trois  parties ,  parce  qu'il  a  regardé  celle-ci 
comme  pays  Romain. Domitius  défit  les  Auvergnats,Fabius 
dompta  les  Allobroges;  les  troubles  qui  agiterentRome,par 
l'ambition  de  Sylla,  ne  permirent  pas  de  conferver  ce 
qu'ils  avoient  acquis;on  le  reperdit  après  de  rudes  défaites  : 
l'honneur  defujuguer  les  Gaules  étoit  réfervé  à  Jules-Céfar. 

Après  que  les  Gaulois  au  midi  des  Alpes,  ou  Cifal- 
pins ,  furent  fournis  ,  il  furent  incorporés  dans  le  peuple 
Romain,  Si  en  prirent  l'habit  ou  la  toge;  de-là  vint  à 
la  Gaule  Cifalpine  le  furnom  de  Togata.  On  la  nomma 
aufli  Gallia  citerior  par  rapport  aux  Alpes. 

La  Gaule  conquiiè  au-delà  des  Alpes,  Si  réduite  en 
province  Romaine  ,  conferva  fon  ancienne  manière  de 
s'habiller  ,  Si  on  lui  donna  le  furnom  de  Braccat.z  ,  à 
cauiè  d'une  espèce  de  haut  de  chauffe  appelle  Bracctz  , 
par  oppufuion  à  la  Cifalpine. où  la  toge,  c'eft-à-dire 
l'habillement  Romain,  étoit  en ulàge. 


CAU 


Sî 


Dans  la  Gaule  qui  étoit  à  conquérir  avant  Céfar,  on 
laiffoit  croître  les  cheveux ,  au  lieu  que  les  Romains  les 
avoient  fort  courts.  Cela  lui  fit  donner  le  furnom  de  Co* 
mata  ou  chevelue  ;  on  peut  voir  dans  les  remarques  de 
l'abbé  de  Vairac,  furies  Commentaires  de  Céfar,  d'au- 
tres lavantes  étymologies  de  ces  noms.  Il  vaut  mieux  y 
renvoyer  le  lefteur  que  de  les  inférer  ici. 

La  Gaule  Chevelue,  oula  Gaule  de  Céfar.  ou, 
fi  l'on  veut,  la  Gaule  proprement  dite ,  fe  divifoit  en  trois 
parties.  La  première,  au  feptentrion,  étoit  habitée  parleî 
Belges  ;  la  féconde  par  les  Aquitains  ;  Si  la  troifiéme  , 
c'eft-à-dire  la  partie  du  milieu ,  par  les  Celtes  ou  Gau- 
lois. Tous  ces  peuples ,  dit  Céfar ,  font  différens  de  lan- 
gage ,  de  coutumes  Si  d'ufages.  Les  Gaulois  font  fépa- 
rés  des  Aquitains  par  la  Garonne  ,  Si  des  Belges  pat  la 
Marne  Si  par  laSeine.  Voyez  les  articles  particuliers  de  ces 
trois  parties  aux  mots  Aquitaine,  Belgique  &t  Lyox- 
NOISE  ;  car  c'eft  le  nom  qu'Augufte  donna  àla  Celtique. 

Voici  une  lifte  des  peuples  dont  Céfar  fait  mention 
dans  fes  Commentaires  :  nous  n'y  joindrons  point  le  nom 
moderne ,  parce  qu'il  y  en  a  plufieurs  dont  il  n'eft  peut- 
être  pas  encore  affez  décidé  ;  Si  d'ailleurs  on  en  trouve 
l'explication  aux  articles  particuliers. 

Lijle  des  peuples  nommés  par  Jules-Cifir* 

Aduatici ,  Latobroci , 

jEdui,  Lemovices  , 

Albici,  Lepontii, 

Allobroges,  Leuci , 

Ambarri.,  Levaci , 

Ambialites  ,  Lexovii , 

Ambiani ,  Lingones , 

Ambibarri ,  Mandubii , 

Andes,  Menapii  , 

Antuates ,  Morini , 
Arecomici ,  partie  des   Namnetes  , 

Volcae  ,  Nantuates  , 
Armoricae  Civitates ,       Nemetes , 

Arverni ,  Nervii  , 

Atrebates  ,  Nitiobriges  , 

Aulerci ,  Ofismii , 

Auscii ,  Psemani , 

Batavi,  Parifii  , 

Belgae ,  Petrocorii , 

Bellocaffes  ,  Piftones , 

Bellovaci  ,  Pleumofii , 

Bigerriones  ,  Preciani , 

Bituriges ,  Rauraci , 

Boïi ,  Rhedones  , 

Brannovices ,  Rhemi  , 

Cadetes ,  Ruteni , 

Cadurci ,  Santones , 

Caerelî ,  Sebuiîani ,  ou  Segufîani ,' 

■  Caletes,  Seduni , 

Carnutes ,  Segni  , 

Caturiges ,  Senones  , 
Cenomani ,  partie  des    Sequani  , 

Aulerci ,  Sefùvii ,  ou  Sefui , 
Centrones,  en  Taren-    Sotiates,  ou  Sontiates  , 

taife ,  Sueffiones  , 
Centrones,<^.v.Pay.s-£<«,Tarbelli, 

les  mêmes  qu'Eburones,Tarufates , 

Cocofates ,  Teéf  ofages  ,  partie  des. 

Condrufi ,  Volcas , 

Curiofolitœ ,  Tolofates, 
Diablintes ,  partie  des     Treviri , 

Aulerci ,  Tribocci , 

Eburones  ,  Tullingi , 
Eburovices  ^partie  des     Turones , 

Aulerci,  Vangiones,- 

Elufates  ,  Vellauni , 

Effui ,  Vellocaffes , 

Gabali  ,  Unelli , 

Garites ,  Veneti , 

Garocelli ,  Veragri , 

Garumni ,  Veromandui , 

Garduni ,  Vocates  , 

Grudii ,  Vicontii  , 

Heleuteri  ,  Volca;  ,  divifes  en  Tcclo~ 

Helvetii.  Agwô  Arecomici. 
Helvii , 


56 


CAU 


GAU 


Il  eft  aifé  de  voir  que  plufieurs  de  ces  peuples  ft'é- 
toient  pas  de  la  Gaule  bornée  par  le  Rhin,  entr'autres, 
N émeus  Se  Vengiones  qui  étoient  au  -  delà ,  8c  a  infl  de 
quelques  autres.  Mais  Çéfar  lui-même  compte  LXXXVII , 
ou  Lxxxvillpeuples ,  tant  grands  que  petits,  &  pas  plus  de 
xxvm  villes  dans  toute  la  Gaule,  dont  il  excepte  tou- 
jours la  Narbonnoife. 

Céfar  fournit  à  l'empire  Romain  toutes  ces  trois  par- 
ties de  la  Gaule,  8c  pouffa  même  fes  conquêtes  au-delà 
du  Rhin.  Ainfi ,  à  la  mort  de  Céfar,  toute  la  Gaule  étoit 
Romaine  ,  &  confiftoit  en  quatre  parties  principales ,  au 
nord  des  Alpes.  Ces  quatre  parties  étoient 

La  Gaule  Narbonnoise  , 
La  Gaule  Aquitanique, 
La  Gaule  Celtique  , 
La  Gaule  Belgique. 


Etat  des  Gaules  fous  Augufte. 

Après  la  mort  de  Jules-Céfar  8c  la  fin  du  Triumvirat , 
Augufte  devenu  arbitre  lbuverain  de  Rome  8c  de  tout 
l'empire  ,  s'appliqua  à  régler  ce  qui  concernoit  les  pro- 
vinces. Il  donna  fes  premiers  foins  à  l'Italie ,  Se  paffa 
enfuite  dans  la  Gaule  ,  où  il  fit  quelque  féjour  pour  la 
diviièr  commodément.  Il  la  partagea  en  quatre  grandes 
régions  ou  parties,ausquelles  il  conferva  les  anciens  noms  , 
hormis  celui  de  Celtique ,  qui ,  paroiffant  appartenir  à  la 
Gaule  entière ,  fat  abrogé ,  Se  cette  partie  fat  nommée 
la  Lyonnoife.  Et  parce  que  ces  parties  étoient  trop  iné- 
gales, il  ôta  à  quelques-unes  pour  donner  à  d'autres. 
Voici  la  table  que  le  P.  Briet  a  dreffée  des  peuples 
diftribués  entre  ces  quatre  provinces. 


ITECTOSA-     r^rto.Narbonne,  *?      tie  occid.  1 
|      ges.  \Tolofa , Touloufe ,    y 


{ 


fdu  Languedo 


vARECOMiCi{  iVwnfla/âijNismes,  l  partie  orient,  j 

Helvii  ,  le  Vivarais ,  Alba  Augufta ,  Viviers. 
Allobroges,  la  Savoye,  le  Ûauphiné,  Sec.  Vienna ,  Vienne. 
Sagalauni,  le  duché  de  Valentinois ,  Valentia,  Valence, 
j  CENTRONES ,  la  vallée  de  Maurienne  ,  Forum  Claudd ,  Mouftier  en  Tarentaife, 
I  Caturiges,  le  Gapençois,  Vapincum,  Gap. 

i  SEGUSINI ,  le  marquifat  de  Sufe  &  le  Btianconnois ,  Stgufium  ,  Sufe. 
JEbroduntu,  le  diocèfe  d'Ambrun  ;  Ebrodunum ,  Ambrun. 
Les  Peuples  de    Datiani  ,  les  diocèfes  de  Glandeves ,  Vence  Se  Graffe;  Antipolis ,  Amibe*, 
la     Gaule      'Vocontii,  le  Diois,  les  Baronies,  8cc.  Vajio ,  Vaifon. 
Narbonnoise^  Tricastini,  le  diocèfe  de  S.  Paul;  Augufta,  S.  Pol  de  Tricaftjn. 


étoient 


Cavares  ;  le  Comtat ,  Sec.  Avenio ,  Avignon. 
MlMENI,  les  diocèfes  de  Sifteron,  de  Digne,   8cc.  Durio  ,  Sifteron. 
Salyi,  les  diocèfes  d'Aix  8e  d'Arles  ;  Aqua  Sextice ,  Aix  en  Provence, 
Anatili  ,  la  Crau  8c  la  Camargue  ;  Maritima,  Martegue. 

CoMMONi,les  diocèfes  de  Marfeille,  de  Toulon  Se  de  Fréjus;  Maffilia ,  Marfeille; 
Salassi,  le  Vald'Aofte,  Se  partie  du  Piémont;  Augufta  Pretoria,   Aofte. 
Lepontii,  partie  des  Sujets  des  Suiffes  Se  du  Milanez;  Oscella,  Domo  d'Oscella. 
Veragri  ,  partie  occidentale  V   ,    R     v  ,  ■     (  Ociodurus ,  Martinacb. 
Seduni,   partie  orientale         C  du         vaiais-  \Sedunum,  Sion  en  Valais. 
Vediantii 

Libicii,  le  Verceillois,  laLaumeline  &  partie  du  Montferrat ;  Vercellœ ,  Verceil. 
|  Taurini,   bonne  partie  du  Piémont  au-delà  du  Pô  ,  6c  partie  du  marquifat  de  Saluées . 
Augufta  Taurinorum  ,  Turin, 


tes  fept  derniers  peuples ,  qui  faifoient  partie  de  la 
Gaule  Narbonnoife  ,  ne  font  plus  cenfés  de  la  Gaule  , 
c'eft-à-dire,  de  la  France ,  non  plus  que  les  Centrons ,  Se 
partie  des  Allobroges.  Ainfi  le  roi  de  Sardaigne ,  en  qua- 
lité de  duc  de  Savoye  &c  de  prince  de  Piémont ,  poffede 
une  partie  considérable  de  la  Gaule  fous  Augufte. 

(  Tarbelli  ,  le  Béarn  8c  les  Basques  ; 
Aquœ  Tarbellicce ,  Bayonne  ou  Acqs. 

Convenu  ,  la  Bigorre ,  le  Cominge , 
le  C.onkxzns;Lugdunum,S.  Bertrand. 

Datii  ,  le  diocèfe  d'Acqs  ;  Tafta,Acqs. 
*  On  voit  par-là,  que  le  P.  Briet  pen- 
choit  à  croire  quAqute  Tarbellicce  eft 
Bayonne,  6c  non  point  Acqs,  puis- 
qu'il rend  Tafta  par  Acqs  ;  ileft  vrai 
qu'il  écrit  Dax  ,  mais  il  met  ailleurs 
Dax  ou  Acqs ,  comme  noms  fynoni- 
mes. 
«|  Auscn,  diocèfes  d'Ausch,de  Le&oure 

16c  d'Ayre  ;  Augufta ,  Ausch. 
Bituriges  Vibisci  ,  le  Bourdelois  ; 
Burdigala ,  Bourdeaux. 
IVasates  ,  le  Bazadois  ;  Cojjio,  Bazas. 
Nitiobriges ,  VAeénms;  Aginnum , 
Agen. 
Cadurci  ,  le  Querci  ;  Deveona ,  Ca- 
{      hors. 

.  Heleuteri,  l'Albigeois: 
J      Albi. 


Les   peuples  de 

I'Aquitaine 

étoient 


Albigat 


Rutheni  ,  leRouergue;  Segodunum; 

Rhodez. 
Gabali  ,  le  Gevaudan  ;  Anderïdum  , 

Mende. 
VELAUNi,leVélay;  Revefio,  lePuy, 
Arverni  ,  l'Auvergne  8c  le  Bourbon- 

nois  ;  Gergobia ,  Clermont. 
BiTURiGES~CuBi,leBERRi;  Avari- 

cum,  Bourges. 
Lemovices  ,  le  Limofin  ;  Ratiaftum  , 

Limoges. 
PETROCORII,  lePérigord;  Fefuna  , 

Périgueux. 
Santones,  la  Xaintonge;  Mediola- 

nium ,  Xaintes. 
PlCTONES ,  le  Poitou;  Limonum , Poi- 
\     tiers. 

f  Segusiani  ,  le  Lyonnois,  Sec.  Lug- 

diinum ,  Lyon, 
Helvetii  ,  lesSuis-1 

fes ,  j  qui  étoient  de  la 

Rauraci  ,  l'évêché^  Germanie. 

de  Balle.  J 

Sequani,  la  Franche-Comté;^7/o/z//0, 

Befançon. 
Lingones  ,   le  diocèfe  de  Langres, 

Andomatunum  ,  Langres. 
Vadicasses  ,  le  Nivernois  ;  Novio- 
Nevers. 


CAU 


GAU 


jEdui  ,  le  duché  de  Bourgogne  ;  Augus- 

todum ,  Autun. 

SENONES ,  les  diocèfes  de  Sens  &  d'Au- 

xerre  ;  Agendicum ,  Sens. 
Trecasses  ,  le  diocèfe  de  Troyes  ; 
Augujlomana ,   Troyes. 
MelDjE  ,  le  diocèfe  de  Meaux;    Jati- 

num,  Meaux. 
Parisii,  le  diocèfe  de  Paris;  Lucote- 

fia,  Paris. 
Carnutes  ,  les  diocèfes  de  Chartres 

&  d'Orléans;  Autricum ,  Chartres. 
Velocasses,  le  diocèfe  de  Rouen  ; 

Rotomagus ,  Rouen. 
CÀletes  ,  le  pays  de  Caux;  Juliobona. 
Lexovii,  le  diocèfe  de  Lifieux;  No- 

viomagus ,  Lifieux. 

fEBUROVICES,  le    diocèfe 
I      d'Evreux;  Mediolanium, 
•      Evretix. 
Cenomani,  leMaine; 
AuLERCI^      Vindunum ,  le  Mans. 


57 


Les  peuples  de 

la  LYONNOISE  J 

étoient 


j  Diablintes  ,  le  Perche  , 
'      ou  l'évêché  de  Dol  ;  No- 
I      vidunum ,  Nogent-le-Ro- 
V.     trou,  ou  Dol. 
SESSUI ,  le  diocèfe  de  Séez  ;  Vagori- 

tum,  Séez. 
Biducasses  ,  le  diocèfe  de  Bayeux; 

Bayoca,  Bayeux. 
Unelli  ,  le  diocèfe  de  Coutance  ;  Co- 

fedice,  Coutances. 
Abrincatui  ,  le  diocèfe  d'Avranches  ; 

Ingena,  Avranches. 
Rhedones  ,  les  diocèfes  de  Rennes  , 

de  S.  Malo,  Sec.  Condau,  Rennes. 
OsiSMii,les;diocèfes  deS.Pol  &  deTré- 

guier;  Vorganium  ,  S.  Pol  de  Léon. 
CuriOSOLITjE,  Cornouailles  ;  Curio- 

folitœ,  Kimper-Corentin. 
VenetI  ,  le  diocèfe  de  Vannes  ;  Dario- 

rigum,  Vannes. 
Nannet^E  ,  le  comté  de  Nantes ,  Con- 

divincam  ,  Nantes. 
Andecavi  ,  l'Anjou  ;  Juliomagiis,  An- 


IS  ,   la  Touraine  ;    Cafarodu- 
Tours. 


IBellovaci  ,  les  diocèfes  de  Beauvais 
ckdeSenlis;  Cœf.uomagus ,  Beauvais. 
Ambiani,  le  diocèfe  d  Amiens;  Sa- 

Imarobriva ,  Amiens. 
Veromandui,  leVermandois  ;  Au- 

!gujla  Veromanduorum ,  Vermand. 
Morini  ,  le  diocèfe  deTérouenne;  Te- 

ruanna ,  Térouenne. 
NERVilJeHainautj&c.SagiZCM/ra, Bavai. 
Menapii  ,  la   Flandre  ,  le  Brabant  ; 

ICajlellum  Menapiorum ,  Cartel. 
Toxandri  ,  la  Zélande  ;  Hélium  Cas- 
ttllum ,  Briel. 
Batavi  ,  la  Hollande  &  la  Gueldre  ; 
la    iJELGIQUE  j      Lugdunum,  Leyden. 
étoient  >  Tungri  ,  le  pays  de  Liège  ;  Vatuca , 

Tongres. 
Treviri  ,  le  pays  de  Trêves  ;  Augufii 

Trevirorum ,  Trêves. 
Vangiones,  le  pays  de  Mayence;Z?or- 

bttomagus,  Worms. 
Nemetes  ,  l'évêché  de  Spire  ;  Nœo- 

magus ,  Spire. 
Tribocci,  diocèfe  de  Strasbourg  ;Ar- 

gentoratum,  Strasbourg. 
Mediomatrices  ,   le  pays  Meflïn; 

Divodurum ,  Metz. 
Leuci  ,  les  évêchés  de  Toul  &  de  Ver- 
dun; Tullum ,  Toul. 
Rhemi,  le  diocèfe  de  Rheims ,  &c. 

Durocortorum ,  Rheims. 
SUESSlONES,  le  diocèfe  de  Soiffbns  ; 
V     Augujla.  Sucfiionum ,  Soiffbns. 


La  divifion  de  la  Gaule  en  quatre  provinces  par  Au- 
gufte  eft  atteftée  par  tant  d'auteurs ,  qu'il  y  auroit  de  la 
folie  à  en  douter.  Dion  Caffius ,  Ammien  Marceilin ,  (k 
quantité  d'autres  anciens  en  ont  parlé.  Il  paroît  cependant 
que  dans  la  Gaule  même ,  on  perfifta  à  ne  compter  que 
les  trois  provinces  de  Jules-Céfar  ,  &  que  l'on  continua 
d'exclure  la  Narbonnoiie.  Le  doâe  Spon  ,  Antiq.  urbïs 
Lugdun.  p.  1 28  ,  allègue  des  inonumens  inconteftables  ; 
favoir,  des  inscriptions  où  il  n'efl:  fait  mention  que  des 
trois  provinces  de  la  Gaule  :  il  ajoute  une  médaille  de 
l'empereur  Galba;  d'un  côté  on  voit  cet  empereur  à 
cheval ,  avec  ces  mots  :  Servius  Galba  Imperator  : 
de  l'autre  ,  on  voit  trois  têtes ,  &  ces  mots  au  bas,  très 
Galli^e  :  chacune  de  ces  trois  têtes  a  devant  elle  un 
épi ,  fymbole  de  la  fertilité.  Il  prétend  que  ces  trois  pro- 
vinces de  la  Gaule  durèrent  jusqu'à  l'empire  de  Conftan- 
tin.  Mais  ce  qu'il  ajoute  ne  me  paroît  pas  fort  jufte  :  il 
dit  que  les  géographes  ajoutèrent  une  quatrième  partie  à 
ces  trois  ,  favoir ,  la  Belgique.  Ce  ne  font  point  les  géo- 
graphes qui  ont  mis  la  Belgique  dans  la  Gaule  ;  c'eft 
Jules-Céfar  lui-même  qui  la  met  pour  troifiéme  partie , 
&  qui  retranche  de  la  Gaule  divifée  en  trois ,  la  Nar- 
bonnoife  ,  dont  il  n'étoit  plus  queftion  ,  puis  qu'avant  lui 
elle  étoit  devenue  province  "Romaine.  Ce  fut  vers  le 
tems  de  Conflantin  qu'il  fe  lit  un  nouveau  partage  des 
Gaules  :  nous  en  avons  une  ancienne  Notice  publiée  par 
le  P.  Sirmond,  dans  les  conciles  de  l'églife  Gallicane, 
par  Duchêne,dans  lès  Ecrivains  de  l'hiftoire  de  France, 
&  par  Hadrien  de  Valois ,  dans  la  préface  de  fa  Notice 
des  Gaules  :  on  croit  qu'elle  a  été  drelTée  vers  le  tems 
d'Honorius ,  lorsque  c'étoit  l'ufage  de  diftinguer  les  Gau- 
les des  fept  provinces;  comme  on  le  verra  par  la  No- 
tice même: 

PROVINCIA  LUGDUNENSIS    PRIMA, 
ou  LA  PREMIERE  LYONNOiSE. 

Metropolis  Civitas  Lugdunenfium ,  Lyon. 
Civitas  .iïduorum  ,  Autun.        % 
Civitas  Lingonum ,  Langres. 
Caftrum  Cabilonenfe ,  Chdlons-fur-Saone. 
Caftrum  Matisconenfe ,  Mûcon. 

PROVINCIA  LUGDUNENSIS  SECUNDA. 
ou  LA  SECONDE  LYONNOISE. 

Metropolis  Civitas  Rothomagenfium,  Rouen. 

Civitas  Baiocaffium ,  Bayeux. 

Civitas  Abrincatum  ,  Avranches. 

Civitas  Ebroicorum  ,  Evreux. 

Civitas  Sagiorum  ,  Sée^. 

Civitas  Lexoviorum  ,  Lifieux. 

Civitas  Confiantia ,  Coutances. 

PROVINCIA  LUGDUNENSIS  TERTIA; 
ou  LA  TROISIÈME  LYONNOISE. 

Metropolis  Civitas  Turonum,  Tours. 
Civitas  Cenomannorum ,  le  Mans. 
Civitas  Redonum ,  Rennes. 
Civitas  Andicavorum ,  Angers. 
Civitas  Nannetum ,  Nantes. 
Civitas  Coriofopitum ,  Cornouailles. 
Civitas  Cenetum,  Vanna. 
Civitas  Offismorum ,  Saint-Pol. 
Civitas  Diablintum.  Voye~^  DlABLlNTES. 

PROVINCIA  LUGDUNENSIS  SENONIA, 
ou  LA  LYONNOISE  SENONOISE. 

Metropolis  Civitas  Senonum ,  Sens. 
Civitas  Carnotum,  Chartres. 
Civitas  Autifidorum ,  Auxerre. 
Civitas  Tricaffium,  Troyes. 
Civitas  Aurelianorum ,    Orléans. 
Civitas  Pariiîorum  ,  Paris. 
Civitas  Melduorum,  Meaux. 

PROVINCIA  BELGICA    PRIMA, 
ou  LA  PREMIERE  BELGIQUE. 

Metropolis  Civitas  Treverorum  ,  Trêves. 
Tome  JII.       H 


GAU 


y8 

Civitas  Mediomatncum  ;  Mettis ,  Met^ 
Civitas  Tullorum  ;  Tullo  ,  Tout. 
Civitas  Cerodunenuum  ,   Verdun. 

PROVINCIA  BELGICA  SECUNDA. 
ou  LA  SECONDE  BELGIQUE. 

Metropolis  Civitas  Remorum ,  Reims, 

Civitas  Sueflîonum ,  Soifons. 

Civitas  Catuellanorum ,  ou  Catellauno- 

rum.,  Chilons-fur-Marne. 
Civitas  Ceromanduorum ,  Vermand. 
Civitas  Atrebatum ,  Arras. 
Civitas  Cameracenfium ,  Camhray. 
Civitas  Turnacenfium ,  Tournay. 
Civitas  Silvaneftum,  Sentis. 
Civitas  Bellovacorum ,  Beauvais. 
Civitas  Ambianenfium ,  Amiens. 
Civitas  Morinum,  Terouanne. 
Civitas  Bononienlîum ,  Boulogne. 

PROVINCIA  GERMANIA  PRIMA, 
ou  LA  PREMIERE  GERMANIE.     . 

Metropolis  Civitas  Mogunciacienftum ,  Mayence. 
Civitas  Argentoratenfium  ,  feu  Stratiburgo,  Strasbourg. 
Civitas  Nemetum,  ideft,  Spira,  Spire. 
Civitas  Vangionum, ideft,  Vormacia,  Wormes. 

PROVINCIA  GERMANIA  SECUNDA , 
ou  LA  SECONDE  GERMANIE. 

Metropolis  Civitas  Agrippinenfium,  Cologne. 
Civitas  Tungrorum ,  Tongres. 

PROVINCIA  MAXIMA  SEQUANORUM , 
ou  LA  GRANDE  PROVINCE  DES  SEQUANIENS. 

Metropolis  Civitas  Chryfopolinorum,  ou  Vefoncien- 

fiuin  ,  BefançonÇ 
Civitas  Equeftrium,  hoc  eft  ,  Novidunus ,  Mon. 
Civitas  Elviciorum  ,  hoc  eft ,  Aventicus ,  Avenches. 
Civitas  Bafilienfium ,  Bajle. 
Caftrum  Vindoniffenfe  ,    Vindisch.     , 
Caftrum  Ebredunenfe ,  Yverdun,  en  Suijfe. 
Caftrum  Rauracenfe ,  Augft. 
Portus  Abucini ,  le  Porc  de  la  Louve. 

PROVINCIA  ALPIUM  GRAJARUM,  &  PENNINA- 

RUM, 
ou  LES  ALPESDE  LA  SAVOYE ,  ET  DU  VALLAIS. 

Civitas  Centronum,  id  eft,  Tarentafia,  Mouftiers  en 

Tarentaife. 
Civitas  Vallenfium,  id  eft,  Octodurum,  S.  Maurice 

en  V.allais. 

PROVINCE    VII. 
ou  LES  SEPT  PROVINCES. 

PROVINCIA    VIENNENSIS  , 
ou  LA  VIENNOISE. 

Metropolis  Civitas  Viennenlîum ,  Vienne  en  Dauphiné. 

Civitas  Genavenfîum  ,  Genève. 

Civitas  Gratianopolitana ,  Grenoble. 

Civitas  Albenfîum ,  Alps. 

Civitas  Deenfium  ,  Die. 

Civitas  Valentinorum  ,  Valence. 

Civitas  Tricaftinorum ,  S.  Pol  de  Tricajîin, 

Civitas  Vafîenfium ,  Vaifon. 

Civitas  Arauficorum ,  Orange. 

Civitas  Cabellicorum,  Cavaillon. 

Civitas  Avennicorum,  Avignon. 

Civitas  Arelatenfium ,  Arles. 

Civitas  Maffilienfium ,  Marfeille. 

PROVINCIA   AQUITANIA  PRIMA, 
ou  LA  PREMIERE  AQUITAINE. 

Metropolis  Civitas  Biturigum ,  Bourges. 
Civitas  Arvernorum ,  Cltrmont. 
Civitas  Rutenorum  ,  BJiodeT. 


GAU 


Civitas  Albienfium ,  Alby. 

Civitas  Cadurcorum  ,  Cahors. 

Civitas  Lemovicum ,  Limoges. 

Civitas  Gabalum ,  Javoulx  en  Gèvaudan. 

Civitas  Vellavorum ,  le  Puy  en  Vélay. 

PROVINCIA  AQUITANIA  SECUNDA, 
ou  LA  SECONDE  AQUITAINE. 

Metropolis  Civitas  Burdigalenfium  ,  Bourdeaux. 

Civitas  Agennenfium ,  Agen. 

Civitas  Ecolismenfium  ,  Angoulême. 

Civitas  Santonum  ,  Saintes. 

Civitas  Pi&avorum  ,  Poitiers. 

Civitas  Petrocoriorum ,  Périgmux. 

PROVINCIA  NOVEMPOPULANIA , 
ou  LA  NOVEMPOPULANIE. 

Metropolis  Civitas  Elufatium  ,  Eaufe. 

Civitas  Aquenfium ,  Acqs. 

Civitas  Leftoratium ,  Lccloure. 

Civitas  Convenarum,  Comminges. 

Civitas  Conforanorum ,  Couferans. 

Civitas  Boatium ,   Buchs. 

Civitas  Benarnenfium  ,  Béarn  ,  ville  détruite. 

Civitas  Aturenfium ,  Ayre. 

Civitas  Vafatica ,  Ba^as. 

Civitas  Turjja  ubi  Caftrum  Bigorra ,   Bigorre  ,    ville 

ruinée. 
Civitas  Elloronenfium ,  Oleron. 
Civitas  Ausciorum ,  Ausch. 

PROVINCIA  NARBONNENSIS  PRIMA, 
ou  LA  PREMIERE  NARBONNOISE. 

Metropolis  Civitas  Narbonenfium  ,  Narbonne. 

Civitas  Tolofatium ,  Touloufe. 

Civitas  Beterrenlîuin ,  Béliers. 

Civitas  Nemaufenfium  ,.  Nîmes. 

Civitas  Lutevenfium ,  Lodew. 

Caftrum  Ucecienfe ,  U%_eç_. 

PROVINCIA  NARBONNENSIS  SECUNDA  , 
ou  LA  SECONDE  NARBONNOISE. 

Metropolis  Civitas  Aquentium,  Aix  en  Provence. 

Civitas  Aptentium  ,  Apt. 

Civitas  Reienfium ,  Riei- 

Civitas  Foro-Julienfium,  Frejus. 

Civitas  Vappincenfium ,  Gap.  . 

Civitas  Segefteriorum  ,  Sijleron. 

Civitas  Antipolitana ,  Amibes. 

PROVINCIA  ALPIUM  MARITIMARUM , 
ou  LES  ALPES  MARITIMES. 

Metropolis  Civitas  Ebrodunenfium,  Ambrun.   - 

Civitas  Dinienfium ,  Digne. 

Civitas  Rigomagenfium.  /'oyq^RlGOMAGUS. 

Civitas  Solinienftum. 

Civitas  Sanitienfium ,  Séne^. 

Civitas  Glannativa,  Glandeve. 

Civitas  Cemelenenfium ,  Nice. 

Civitas  Vincienfis ,  Vence. 

Selon  cette  diftribution  il  y  avoit  dix-fept  provinces 
&  cent  quinze  cités  ,  dont  feize  jouifloient  du  rang  de 
Métropoles.  Avant  Conftantin  on  ne  connoiflbit  que  qua- 
tre métropoles  dans  les  Gaules ,  favoir  Lyon  dans  la 
Lyonnoife ,  Arles  dans  la  Narbonnoife  ,  Bourges  dans 
l'Aquitaine ,  Se  Trêves  dans  la  Belgique. 

Avant  que  la  Gaule  fut  partagée  de  la  manière  que 
l'on  vient  de  voir  dans  la  Notice  ,  on  ne  comptoit 
que  quatorze  provinces.  La  première  &  la  quatrième 
Lyonnoife  n'en  faifoient  qu'une  ,  &  la  féconde  &  la 
troifieme  en  faifoient  une  autre  ,  de  manière  qu'il  n'y 
en  avoit  que  deux.  De  même  la  première  &  la  troi- 
fieme  Viennoife  étaient  unies  en  une  feule  province. 
Il  feroit  à  fouhaiter,  dit  le  P.  Briet,  que  les  papes  & 
les  rois  de  France  euflent  laiffé  ces  anciennes  pro- 
vinces dans  leurs   bornes;  majis  le   changement    qu'a 


GAU 


GAU 


caufé  dans  la  géographie  ecciéftaftique ,  Fére&ion  des 
nouveaux  évêchés  &c  archevêchés,  joint  à  celui  du  gou- 
vernement civil  des  provinces  que  l'on  a  unies  ou  dé- 
membrées ,  en  introduiiànt  de  nouveaux  noms  ,  a  em- 
brouillé la  géographie  de  la  Gaule.  J'ajouterai  encore 
une  ancienne  Notice  que  Schelftrate  a  publiée  dans  Tes 
Antiquités  eccléfiaftiques  ,  S:  qu'il  dit  être  copiée  fur 
l'original  que  le  pape  Adrien  donnai  Charles,  roi  de 
France  &c  de  Lombardie ,  &C  patrice  Romain  ,  lorsque 
ce  prince  fut  à  Rome. 

PROVINCIA  LUGDUNENSIS  PRIMA. 

Civitates  numéro  V. 

Metropolis  Civitas  Lugdonenfium. 
Civitas  Eduorum,  hoc  eft,  Aguftedunum. 
Civitas  Linguonum. 
Civitas  Maticentium. 
Caftrum  Cabilonenfium. 

PROVINCIA  LUGDUNENSIS  SECUNDA. 

Civitates  numéro  VII. 

Metropolis  Civitas  Rodomagenhum. 

Civitas  Belocafum. 

Civitas  Ebricatum. 

Civitas  Ebroïcorum. 

Civitas  Saïorum. 

Civitas  Lexoviorum. 

Civitas  Conftantia; 

PROVINCIA  LUGDUNENSIS  TERTIA. 


Civitates  numéro  vm. 

Metropolis  Civitas  Toronorum. 
Civitas  Cennomanorum. 
Civitas  Andegavorum. 
Civitas  Nannetuin. 
Civitas  Chorifoporum. 
Civitas  Venotum. 
Civitas  Oscimorum. 
Civitas  Diablentum. 

PROVINCIA  LUGDUNENSIS  QUART  A, 

Civitates  numéro     VIA. 

Metropolis  Civitas  Sennonum. 

Civitas  Carnotum. 

Civitas  Antifioderenfis. 

Civitas  Auticum.  .      .   .     . 

Civitas  Trecaffium. 

Civitas  Aurelianorum. 

Civitas  Parifiorum. 

Civitas  Melduorum. 

PROVINCIA  LUGDUNENSIS  QUINTA, 
SEQUANORUM. 

Civitates  numéro  LX. 

Metropolis  Civitas  Craffopolinorum ,  hoc  eft  Vefon- 

tium. 
Civitas  Equeftrium  ,  hoc  eft  Nogduno. 
Civitas  Elvitiorum ,  hoc  eft  Aventico. 
Civitas  Bafilienfiurn. 
Caftro  Vendonenfe. 
Caftro  Ebrodinenfe. 
Caftro  Argentarienfe. 
Caftro  Rauracinenfe. 
Portus  Abicini. 

PROVINCIA  BELGICA  PRIMA; 

Civitates  numéro  IV. 

Metropolis  Civitas  Trevororum. 
.  Civitas  Mediomatricûm  ,  hoc  eft  Mediomatricum. 


S9 


Ci  vitas  Leucorum ,  hoc  eft  Tullo. 

Civitas  Verdonenfium. 

PROVINCIA  BELGICA  SECUNDA. 

Civitates  numéro  XII, 
Metropolis  Civitas  Remorum. 
Civitas  Sueflionum. 
Civitas  Cadellaunorum.   - 
Civitas  Veromandorum, 
Civitas  Atrabatum. 
Civitas  Camarocenfium. 
Civitas  Turiacenfium. 
Civitas  Silvanetum. 
Civitas  Bellocavorum. 
Civitas  Ambinenfium. 
Civitas  Morinum. 
Civitas  Bononienfium. 

PROVINCIA  GERMANIA  PRIMA: 

Civitates  numéro    IV. 

Metropolis  Civitas  Mongontiacenfium. 
Civitas  Argentoracenfium ,  hoc  eft  Stratispurgo; 
Civitas  Nemetum ,  hoc  eft  Spira. 
Civitas  Evagionum ,  hoc  eft  Varmacia. 

PROVINCIA  GERMANIA  SECUNDA. 

Civitates  numéro    1 1. 

Metropolis  Civitas  Agrippineniïum ,  hoc  eft  Colonia." 
Civitas  Tungrorum. 

PROVINCIA  VIENNENSIUM  PRIMA. 

Civitates  numéro  XIV, 

Metropolis  Civitas  Viennenfium. 

Civitas  Genavenfium. 

Civitas  Gratianopolitanorum. 

Civitas  Albenfium ,  hoc  eft  Belilio.' 

Civitas  Attenfium. 

Civitas  Valentinorum. 

Civitas  Tricaftnorum. 

Civitas  Valentorum. 

Civitas  Aurafinorum. 

Civitas  Carpentoracenfium  ,  nunc  Uniclaufa. 

Civitas  Cavellicorum. 

Civitas  Avennicorum. 

Civitas  Arlatenfium. 

Civitas  Malïïenflîum. 

PROVINCIA  VIENNENSIS  SECUNDA: 
ALPIUM  MARITIMARUM. 

Civitates  numéro  VIII. 

Metropoli  Civitas  Ebrodunenfium. 
Civitas  Dignenfium. 
Civitas  Rigomagenfium. 
Civitas  Sollinienfium. 
Civitas  Sanicieniîum. 
Civitas  Planatica. 
Civitas  Semelenlîum. 
Civitas  Veniienfium. 

PROVINCIA  VIENNENSIUM  TERTIA  ALPR7M 
GRAIARUM  ET  PENNINARUM. 

Civitates  numéro  IL 

Metropolis  Civitas  Ceumetranium ,  hoc  eft  Derantalîa. 
Civitas  Valentium,  hoc  eft  Oftodoro. 

PROVINCIA  IN  AQUITANIA  PRIMA. 

Civitates  numéro  VIII. 

Metropolis  Civitas  Betorigorum. 

Tome  III.      H  ij 


6o 


GAU 


CAU 


Civitas  Arvernorum. 
Civitas  Rutinorum. 
Civitas  Albigenfium. 
Civitas .  Cadorcorum. 
Civitas  Leviciovicum. 
Civitas  Gabelluorum. 
Civitas  Bellavorum. 

PROVINCIA  IN  AQUITANIA  SECUNDA. 

Civitates  numéro  VI. 

Metropolis  Civitas  Bordogalenfiurn. 

Civitas  Agenenfîum. 

Civitas  Ecolisnenfium. 

Civitas  Santonum. 

Civitas  Piâavorum. 

Civitas  Petrocovierum. 

PROVINCIA  NOVEMPOLITANA  AQUITANIA 
TERTIA. 

Civitates  numéro  XIV. 

Metropolis  Civitas  Elufavium. 


tas  Auficorum. 

tas  Laquenfuim. 

tas  Lafturacium. 

tas  Convinanim. 

tas  Conioranorum. 

tas  Boatium. 

tas  Beranenfium. 

tas  Aturenfium. 

tas  Vafatica. 

tas  Turba,  ubi  Caftrum  Bogorra. 

tas  Elonorenfium. 

tas  Elatacium. 

tas  Albopenenfium. 


PROVINCIA  NARBONENSIUM  PRIMA, 

Civitates  numéro  VIII, 

Metropolis  Civitas  Narbonenfium. 

Civitas  Tolofacum. 

Civitas  Agatenfîum. 

Civitas  Betervenfium. 

Civitas  Magalonenfium. 

Civitas  Lutevenfium. 

Civitas  Ufiacenfium. 

PROVINCIA  NARBONENSIS  SECUNDA. 

Civitates  numéro    VII. 

Metropolis  Civitas  Aquenfmm. 
Civitas  Regenfium. 
Civitas  Atenfium. 
Civitas  Foroiulenfium. 
Civitas  Vapincenfvum. 
Civitas  Segeftiorum. 
Civitas  Antiopolitana. 

En  tout  cxxv  cités. 

J'ai  cru  devoir  rapporter  ces  deux  Notices  ,  parce 
qu'on  en  peut  tirer  plufieurs  avantages  confidérables 
pour  la  connoiffance  de  la  Gaule  ,  tant  par  rapport  à 
l'histoire  politique ,  que  par  rapport  à  l'hiftoire  ecclé- 
fiaftique.  Par  la  première ,  on  voit  quelle  étoit  la  divi- 
fion  de  la  Gaule  vers  la  décadence  de  l'empire,  & 
les  fiéges  épiscopaux ,  dont  la  jurisdiftion  avoit  les  mê- 
mes bornes  que  les  gouvernemens  civils. 

Par  la  féconde ,  on  voit  la  corruption  des  noms  dans 
des  fiécles  où  l'ignorance^  &t  la  barbarie  regnoient  pres- 
que généralement.  Peut-être  que  quelques  le&eurs  ver- 
ront avec  chagrin  tous  ces  noms  défigurés ,  &  fouhaite- 
ront  que  je  les  euffe  rétablis  :  cela  eût  été  très-aiié  ; 
mais  on  fera  peut-être  bien  aife  de  voir  comment  ces 
noms  font  écrits  dans  les  actes  de  ce  tems-là.  Ce  qu'il  y 
a  de  furprenant  ,  c'eft  que  dans  ces  deux  Notices  ,  la 
ville  d'Arles ,  qui  avoit  été  regardée  long-tems  comme 


métropole ,  n'eft  plus  qu'une  fimple  cité  ,  fubordonnée 
à  la  métropole  de  la  première  Viennoife,  qui  eft  Vienne. 
Il  eft  pourtant  de  fait  qu'Arles  étoit  la  métropole  de  la 
Gaule  Narbonnoife ,  du  tems  de  faint  Cyprien.  Voyez 
Schelftrate,  t.  z,  Differt,  4,  c.  8 ,/;.  2.98,  dans  fes  Anti- 
quités eccléfiaftiques. 

Ces  Notices  diffèrent  encore  entr 'elles  ,  en  ce  que  la 
féconde  omet  l'évêché  de  Nismes ,  dont  la  première  fait 
mention.  Mais  en  échange  elle  ajoute  quelques  cités ,  qui 
ne  font  pas  dans  la  première,  favoir, 

'Autlcum,  dans  la  Lyonnoife. 

Cajlro  Argentarienfe  ,  dans  la  cinquième  Lyonnoife. 

Civitas  Carpentoracenjium ,  dans  la  première  Vien- 
noife. 

Civitas  Elatacium ,  dans  la  troifiéme  Aquitaine. 

Civitas  Albopenenfium ,  dans  la  même  province. 

Civitas  Agatenfîum ,  &£ 

Civitas  Magalonenfium  ,  dans  la  première  Narbon- 
noife. 

Je  n'entrerai  pas  dans  un  plus  grand  détail  fur  la 
Gaule  ;  on  peut  voir  aux  articles  particuliers ,  ce  qui 
regarde  les  parties  de  ce  pays  ;  favoir  la  Gaule  Narbon- 
noife ,  Y  Aquitaine  ,  la  Celtique  ,  la  Belgique ,  aux  mots 
Narbonne  ,  Aquitaine  ,  Belgique  ,  &  Lyon- 
no  ise.  Voyez  auffi  l'article  France. 

Ceux  qui  auront  examiné  les  Tables  &c  les  Notices 
précédentes ,  verront  aifément  que  les  Pays-bas ,  une 
lifiere  d'Allemagne ,  une  partie  de  la  Suiffe ,  la  Savoye 
&  le  Piémont  font  détachés  de  l'ancienne  Gaule.  Ainfî 
la  France  d'aujourd'hui  ne  comprend  pas  toute  l'an- 
cienne Gaule ,  encore  moins  toute  la  France  de  Char- 
lemagne. 

GAULENDA,  montagne  de  l'ifle  de  Céïlan  ,  au 
royaume  de  Candie  ,  auprès  de  la  ville  de  Dégligineur. 
Elle  n'eft  acceflible  que  par  une  avenue  qui  eft  défen- 
due par  trois  forts.  Le  roi  la  fit  fortifier  pour  s'y  reti- 
rer en  cas  defédition.*  Baud.  édit.  I7CK. 

GAULON.  Voyez  Gaulan. 

GAULOS,  félon  Mêla,  /.  2,  c.  7,n.  21 ,  &  Pline,' 
/.  3  ,  c.  8.  Gaudos  ,  félon  Strabon,  1.6,  p.  277,  ifle 
de  la  mer  Méditerranée  :  elle  eft  voifine  de  l'ifle  de 
Malte  ,  dont  elle  n'eft  féparée  que  par  un  court  trajet. 
Son  nom  moderne  eft  Gozzo.  Voyez  ce  mot. 

GAUMELLUM.  Voyez  Laumellum. 

GAUNA ,  ville  d'Afie ,  dans  la  Médie ,  félon  Ptolo- 
mée ,1.  6,  c.  2. 

GAUNARITANUS,  fiége  épiscopal  d'Afrique.  Voyez 
Gauvaritanus. 

GAVOT ,  (  le  pays  de  )  petite  contrée  de  Savoye  , 
dans  le  Chablais  ,  dont  elle  eft  la  partie  orientale ,  le 
long  du  lac  de  Genève  ,  depuis  la  rivière  de  Dranfe  , 
jusqu'au  mont  de  Morgues ,  au  couchant ,  &  les  fron- 
tières du  Valais  au  levant.  Ses  principales  places  font 
Evian  &  Saint-Gigo. 

GAUR ,  ou  Gour.  Ce  mot  lignifie  proprement  une 
plaine ,  &  un  pays  plus  bas  que  les  autres.  Mais  il  fe 
donne  à  plufieurs  provinces  de  l'Afie.  Celle  de  Tahmah 
en  Arabie  porte  fouvent  ce  nom ,  à  caufe  qu'elle  eft  plus 
baffe  que  les  autres  contrées  de  ce  grand  pays.  Il  y  en 
a  pourtant  qui  veulent  que  Gaur  foit  entre  FYémen  & 
Tahmah.  En  Syrie  le  pays  que  les  anciens  nommoient 
l'Auratinide ,  où  Hircan  le  grand  pontife  des  Juifs  fut 
fait  prifonnier ,  &C  où  Antipater ,  père  d'Hérode ,  fut 
tué ,  eft  nommé  Gaur  par  les  hiftoriens  Arabes.  Ce 
pourroit  être  la  Phcenicie,  ou  la  Céléfyrie,  car  ce  mot 
fignifie  la  Syrie  Creufe.  Mais  la  plus  grande  de  toutes 
les  provinces  qui  portent  ce  nom,  eft  celle  qui  s'étend 
entre  le  Khoraffan  du  côté  de  la  ville  de  Hérat ,  &  le 
pays  de  Gaznah.  Cette  province  de  Gaur  n'eft  féparée 
des  Indes  que  par  le  pays  de  Raver  ,  &  elle  eft  fort 
célèbre  par  la  montagne  des  turquoifes ,  que  les  Perfans 
appellent  FlROUZ  -  GOUCH  ,  où  il  y  a  une  fortereffe 
qui  porte  le  même  nom  ,  &  qui  paffe  pour  être  la  meil- 
leure de  toute  l'Afie.  Ce  fut  dans  les  montagnes  de  Gaur , 
que  la  poftérité  de  Zohar ,  tyran  de  Perfe  ,  fe  réfugia , 
Se  y  établit. une  principauté.  Sam -ebn- Souri ,  chef  & 
fondateur  de  la  dynaftie  des  Gaurides  ,  prétendoit  tirer 
fon  origine  de  cette  race.  *  D'Htrbelot ,  Bibliothèque 
orientale. 


GAU 


GAU 


61 


GAURA ,  montagne  d'Aflyrie  ,  félon  Plutarque  le 
géographe ,  de  Monùb. 

GAURA ,  anciennement  Cythnus  ,  ifle  de  l'Archipel , 
vers  le  détroit  de  Negrepont  ,  entre  Fifie  de  Sdilles  ck 
celle  de  Zéa.  Elle  eft  petite,  montagnëufe  ck  mal  peu- 
plée. Baud. 

GAUfLENA.  Voyez  Gaucena. 
GAURANA , 6k 
GAURANUS.  Voyez.  Gaurus. 
GAURANUM  PROMONTORIUM ,  promontoire 
d'Aflyrie,  près  de  l'embouchure  du  Tigre,  félon  Plutar- 
que  le  géographe. 

GAVRAY,  bourg  de  France,  en  Normandie,  avec 
titre  de  vicomte  :  il  eft  à  quatre  lieues  de  Coutance  vers 
le  midi  ;  à  cinq  d'Avranches  vers  le  nord.  A  l'extrémité 
de  ce  bourg ,  vers  l'entrée  de  la  forêt ,  il  y  avoit  autre- 
fois un  château  parfaitement  bien  fortifié  fur  une  émi- 
nence ,  dont  on  voit  encore  des  ruines.  C'étoit  une 
place  qui  a  long-tems  fervi  de  retraite  aux  ennemis  de 
l'état.  En  1354  le  roi  de  Navarre  y  avoit  une  forte  gar- 
nifon  contre  Jean  ,  roi  de  France.  Le  connétable  du 
Guesclin  ayant  pris  ce  château  fur  les  Anglois  en  1378  , 
en  fit  démanteler  une  partie.  Alain  Charrier  témoigne 
qu'en  1449,  c'étoit  encore  une  forte  place,  que  le  duc 
de  Bretagne  prit  fur  les  Anglois  du  tems  de  la  réduc- 
tion de  Coutance ,  de  Saint-Lo ,  tk  autres  villes  de  ce 
canton.  *  Corn.  Dic~t.  Vaudomt ,  Manuscrits  géogra- 
phiques. 

GAURE ,  montagne  d'Italie ,  au  royaume  de  Naples. 
Les  Latins  l'ont  connue  fous  le  nom  Gaurus.*  Juvénal , 
Saur.  9  ,  v.  57;  Stace,  Silv.  I.  3  ,  in  Herc.furr.  &  1. 4, 
in  vitâ  Domit.  en  parlent. 

Pline,  /.  14,  c.  6,  parle  non  feulement  de  cette  mon- 
tagne ,  mais  encore  des  vins  qu'elle  produifoit.  Pluiieurs 
auteurs  cités  par  Ortélius  ,.  Thefaur.  croient  que  c'eft 
préiéntement  Monte  Barbara.  Il  en  eft  parlé  dans  l'His- 
toire des  Slaves  par  Arnold  de  Lubec.  Si  nous  en  croyons 
Scipion  Mazella  ,  Napolitain  ,  cette  même  montagne 
avoit  trois  noms  différens.  La  partie  occidentale  s'ap- 
pelloit  Gaurus  ;  la  partie  orientale  Majjïcus ,  &  la  par- 
tie feptentrionale  Fakrnus  :  ainli  ce  que  l'on  prend  pour 
trois  montagnes  n'en  étoit  qu'une  feule  ,  dont  les  parties 
avoient  chacune  leur  propre  nom.  Corneille  ,  Dict.  en 
parle  ainfi  ,  fur  la  garantie  de  Pompeïo  Sarnelli ,  dans 
fon  livre  ,  Guida  de  forajrieri  per  Po^joli.  Les  limites 
de  .cette  montagne  ,  peu  éloignée  de  Pouzzol,  s'éten- 
dent jusqu'au  territoire  de  dîmes  &  au  lac  Averne , 
touchant  d'un  autre  côté  celui 'Je  Bayes.  Après  avoir  été  fi 
fertile  tk  fi  renommée  ,  elle  eiî  devenue  presque  ftéri- 
le;  néanmoins  ceux  de  Pouzzol  oit  commencé  à  en 
cultiver  une  partie;  ils  y  ont  planté  des  vignes,  avec  des 
arbres  fruitiers  qui  rapportent  beaucoup.  Au  fommet  de 
la  montagne  il  y  a  un  couvent  de  religieux  de  l'ordre 
de  S.  François  ,  d'où  l'on  voit  Gaieté ,  la  Piage  Ro- 
maine, &  d'autres  endroits. fort  éloignés;  il  n'y  arien 
de  plus  beau  que  cette  vue.  A  l'oppofite  de  ce  mont  on 
en  voit  un  autre  qui  n'eft  guères  moins  beau ,  tk  qui  a 
de  circuit  environ  trois  milles.  Son  extrémité  s'étend 
du  côté  du  midi  vers  la  mer,  du  côté  du  feptentrion 
jusqu'au  lac  Averne;  &  elle  le  joint  au  mont  Barbaro 
vers  l'Orient.  Cette  monragne  eft  appellée  le  nouveau 
mont,  à  caufe  qu'elle  fut  formée  en  une  feule  nuit  en 
1538,  au  mois  de  Septembre.  Il  fortit ,  par  une  grande 
ouverture  qui  fe  fit  en  ce  lieu  -  là ,  des  exhalaifons  de 
feu,  accompagnées  de  tant  de  fable  6k  de  tant  de 
pierres  que  la  terre  vomifloit  incefTamment ,  qu'il  s'en 
accumula  une  montagne  qui  couvrit  quantité  d'édifices, 
ck  enfevelit  un  grand  nombre  d'hommes  6k  d'animaux: 
il  fe  fit  alors  un  furieux  tremblement  de  terre  ,  qui  fit 
retirer  la  mer  en  arrière  de  plus  de  cent  pas. 

GAUPvE  ,  (le  pays  de)  pays  de  France  ,  dans  la  Gas- 
cogne ,  entre  Ausch  &  Leftoure ,  avec  titre  de  comté. 
Voyez  Garites. 

GAVRE ,  château  des  Pays-bas  Autrichiens ,  avec  ti- 
tre de  principauté  dans  la  maifon  d'Egmont,  à  deux 
lieues  au  -  deflbus  d'Oudenarde ,  en  allant  vers  Gand , 
ièlonBaud.  édit.  1705. 

GAURÉE,  petit  pays  de  la  baffe  Ecoffe,  dans  la 
province  de  Perth  ,  félon  le  même. 

GAURES,  (les)  ou  Guebres,  ou  Parsis,  peu- 
ple disperfé  dans  l'Afie,  tk  principalement  dans  la  Perfe 


fk^dansles  Indes.  Ondes  appelle  auflî  Ignlcoles ,  parce 
qu'on  les  accufe  d'adorer  le  feu.  C'eft  un  refte  des  an- 
ciens Perfes  ,  ck  ils  ont  confervé  l'idolâtrie  de  leurs 
ancêtres.  Voici  ce  qu'en  difent  J.  B.  Tavernier,  Voyagt 
de  Perfe ,  tk  d'Herb.  Bibll.  orient.  Ceux  qui  habitent 
aux  Indes  font  tous  gens  de  métier,  ck  la  plupart  tour- 
neurs en  yvoire.  Ceux  de  Kerman ,  en  Perfe ,  travail- 
lent en  laine.  A  quatre  lieues  de-là  ils  ont  un  principal 
temple  où  leur  grand-prêtre  fait  fa  réfidence.  Tous  les 
Gaures  font  obligés  d'y  faire  un  pèlerinage  une  fois  en 
leur  vie.^  Il  y  a  aufli  des  Gaures  à  Ispahan. 

Ils  prétendent  que  le  père  de  leur  prophète  étoit  Franc 
de  nation,  qu'il  s'appelloit  A^er ,  tk  qu'il  étoit  feulp- 
teur  ;  qu'il  fortit  de  fon  pays  pour  venir  habiter  le  leur 
qui  étoit  alors  la  ville  de  Babylone ,  où  il  prit  une  femme 
qui  fe  nommoit  Dogdon  :  que  cette  femme  ayant  été 
vifrtée  par  un  ange  que  Dieu  lui  envoya  du  paradis , 
fut  remplie  d'une  lumière  célefte ,  ck  enfuite  fe  trouva 
groffe,  d'où  naquit  le  prophète  qu'ils  nomment  Ebrohim- 
Zer-Ateucht  ;  que  les  aftrologues  de  ce  tems-là  connu- 
rent ,  par  la  contemplation  des   aftres ,  que  cet  enfant 
devoit  bientôt  venir  au  monde ,  ck  qu'ils  en  donnèrent 
avis  au  roi  nommé  Neubrout ,  qui  commanda  qu'on  tuât 
toutes  les  femmes  qui  fe  trouveroient  enceintes  dans  l'é- 
tendue de  fon  royaume  :  mais  que  la  groffeffe  de  la  mère 
de  leur  prophète  ne  paroiffant  pas ,  elle  échappa  à  la 
mort ,  ck  enfanta  le  prophète  en  fon  tems.  Le  roi  de 
Babylone  ,  difent-ils ,  fut  la  naiffance  de  cet  enfant  ;  ck 
l'ayant  fait  apporter  en  fa  préfence  ,  il  voulut  le  tuer 
d'un  coup  d'épée  ;  mais  Dieu  le  punit  fur  le  champ, 
ck  lui  fit  fécher  le  bras.  Ce  prince  irrité  fit  allumer  un 
grand  feu  pour  y  brûler  l'enfant ,  qui  y  repofa  comme 
fur  un  lit  de  rofes.  Ceux  qui  commencèrent  alors  à  ado- 
rer ce  petit  prophète  ,  prirent  du  feu  qu'ils  gardent,  di- 
fent-ils ,  en  mémoire  de  ce  grand  miracle ,  tk  qu'ils  ont 
en  grande  vénération.  Le  roi  n'étant  point  touché  de 
ces  deux  miracles  fit  préparer  de  nouveaux  fupplices  au 
petit  enfant  :  mais  Dieu  châtia  fon  incrédulité ,  ck  envoya 
des  moucherons  fi  dangereux  que  tous  ceux  qui  en  étoient 
piqués  mouroient  peu  de  tems  après.  Un  de  ces  mou- 
cherons entra  dans  l'oreille  du  roi,  &  le  fit  mourir  comme 
enragé.  Son   fucceffeur ,  nommé  Cha-Glochtes  ,  voulut 
aufli  perfécuter  le  petit  prophète  ;  mais  il  fe  rendit  enfin 
aux  miracles  qu'il  faifoit ,  &  l'adora  comme  tout  le  peu- 
ple. Ce  prophète  ayant  fait  pluiieurs  prodiges ,  fe  cacha 
aux  yeux  du  monde   ck  disparut.  Quelques-uns  affurent 
qu'il  fut  élevé  au  ciel  en  corps  ck  en  ame  ;  d'autres  di- 
fent qu'ayant  trouvé  un  cercueil  de  fer  auprès  de  Bag- 
dat  il  fe  mit  dedans ,  tk  fut  emporté  par  les  anges.  Ils 
croient  que  tous  les  peuples  recevront  un  jour  la  reli- 
gion de  leur  prophète  ,  èk  qu'alors  fe  fera  la  réfurreftion 
univerfelle.  Il  eft  aile  de  juger  que  ces  Gaures  ont  une 
connoiffance  confufe  de  la  religion  chrétienne,  qu'ils  ont 
défigurée  par  des  fables. 

Lorsqu'Ebrahim-Zer-Ateucht  fut  monté  au  féjour  de 
la  gloire ,  ils  reçurent ,  difent-ils ,  par  fon  moyen  fept 
livres  que  Dieu  leur  envoya  pour  les  inftruire  dans  la 
véritable  religion.  Ils  en  reçurent  enfuite  fept  autres  qui 
contenoient  l'explication  de  tous  les  fonges  ,  ck  enfin  fept 
autres  où  étoient  écrits  tous  les  fecrets  de  la  médecine. 
Mais  Alexandre  le  Grand  ,  ayant  conquis  leur  pays,  fit 
brûler  les  fept  livres  qui  traitoient  de  leur  religion,  parce 
qu'ils  étoient  dans  une  langue  que  perfonne  n'entendoit, 
6k  emporta  les  autres  pour  s'en  fervir.  Quelques  prêtres 
6k  docteurs  qui  s'étoient  fauves  dans  les  montagnes  ,  fe 
raffemblerent  après  la  mort  d'Alexandre,  ck  compofe- 
rent  un  nouveau  livre  fur  ce  que  la  mémoire  put  leur 
fournir  de  ce  qu'ils  avoient  lu  dans  les  livres  envoyés 
du  ciel.  Ce  livre  eft  écrit  d'un  cara&ere  bien  différent 
de  celui  des  Perfes  ,  des  Arabes  ck  des  Indiens.  Aujour- 
d'hui les  prêtres  des  Gaures  ne  l'entendent  que  par  les 
explications  qu'ils  trouvent  dans  d'autres  livres  de  leurs 
docteurs. 

Les  Gaures  ne  reçoivent  point  la  circoncifion  ;  mais 
ils  lavent  leurs  enfans  nouveaux-nés  dans  de  l'eau  où  ils 
font  bouillir  quelques  fleurs  ,  ck  les  prêtres  accompa- 
gnent cette  cérémonie  de  quelques  prières.  Voilà  tout 
leur  baptême.  Pour  la  cérémonie  du  mariage ,  le  prêtre 
lave  le  front  de  l'époux  tk  de  l'époufe  avec  une  eau  fur 
laquelle  il  a  fait  quelques  prières.  Les  Gaures  peuvent  avoir 
cinq  femmes;mais  il  y  en  a  une  qui  eft  la  maîtreffe  des  autres. 


GAU 


62 

Les  Gauresne  rendent  pas  au  feu  les  honneurs  qu'on 
pourrait  s'imaginer,  fous  ce  titre  d adoration.  Ils  recon- 
■noiffent  un  fcul  Dieu  T  créateur  du  ciel  Se  de  la  terre  , 
&  ils  ont  feulement  de  la  vénération  pour  le  feu,  au 
milieu  duquel  leur  prophète  fut  preferve  Leurs  prêtres , 
qu'ils  nomment  G^i,  leur  diftnbuent  de  ce  feu  facre 
une  l'ois  le.  mois.  Ils  le  prennent  pour  témoin  de  leurs 
fèrmeas  ;  Se  perfonne  n'ofe  en  faire  de  faux  devant  ce 
feu  qu'ils  appellent  cèUftt.     •'"',.,  . , , 

Chardin," t.  9,  p.  '-33  &  fin*  donne  une  idée  un 
peu  différente  de  ces  peuples,  de  leurs  mœurs  &  de 
leur  région.  Comme  il  a  fait  un  long  fejour  dans^ce 
pays  les  particularités  qu'il  en  rapporte  peuvent  être 
plus  exactes  que  celles  des  voyageurs  qui  n'ont  fait  quy 

PaCes"  relies  des  anciens  Perfes  ,  dit-il,  font  disperfesen 
divers  endroits  de  la  Perfe  &  en  quelques  endroits  des 
Indes ,  vers  le  fleuve  Indus  ik  dans  la  province  de  Gu- 
zerat.  Lorsque  les  Arabes  envahirent  la  Perfe  fous  Omar, 
ceux  qui  ne  voulurent  pas  vivre  fous  leur  domination, 
fe  retirèrent  vers  les  parties  défertes  de  leur  empire  , 
vers  le  fleuve  Indus  ,  &  comme  ils  y_  furent  encore 
attaqués,    plufieurs    pi         Q  '■  ■-■  ,«*    ce  neuve  > 

où  les  Indiens  les  reçurent  &.  les  f  ou  nrent  depuis , 
parce  que  leur  milére  Se  leur  {implicite  empêche  qu  on 
ne  fonge  a  eux.  On  les  appelle  aux  Indes  Parfis  ,  de 
'leur  ancien  nom ,  &  en  Perfe  Gudr.zn  ou  Guebres  , 
du  mot  arabe  Gaur ,  qui  veut  dire  mlidele  ou  idolâtre; 
nom  que  les  Turcs  donnent  aux  Chrétiens  &  a  tous 
ceux  qui  ne  font  pas  de  leur  relig-on.  Ce  terme  peut 
venir  de  Gau  ,  qui  veut  dire  excrément ,  pour  marqt 
ce  peuple  eft  la  lie   Se  l'excrément  d 


GAU 


livre  inconnu,  dont  on  difoit  pourtant  des  merveilles  ; 
qu'Abraham  ,  par  exemple  ,  en  étoit  l'auteur ,  &  qu'il 
contenait  les  prophéties  des  plus  grandes  révolutions  qui 
dévoient  arriver  jusqu'à  la  fin  du  monde  ;  ce  prince  , 
dis-je  ,  tâcha  par  toutes  fortes  de  moyens  de  le  recou- 
vrer, jusque-là  qu'il  fit  mourir  le  grand-prêtre ,  Se  quel- 
ques-uns des  principaux  de  la  nation  ;  mais  il  ne  put  ja- 
mais en   venir  à  bout.  Ils   perfifterent    toujours   à  dire 
qu'ils  ne  l'avoient  point ,  qu'il  falloit  qu'il  fût  perdu  ,  Se 
qu'ils  avoient  délivré  tous  leurs  livres  au  roi  même.  Ces 
livres  qu'ils  lui  donnèrent  font  dans  la  bibliothèque  du 
château  d'Ispahan ,  au  nombre  de  vingt-fix.  Je  ne  fais 
fi  c'eft  tout,  mais  on  le  dit  ainfi.  Ils  font  écrits  en  ca- 
ractères de  l'ancien  Perfan.  J'ai  eu  -en  mon  pouvoir  plus 
de  trois  mois  le  grand  livre  qu'ils  ont  à  préfent  où  toute 
leur  religion  eft  écrite ,  avec  beaucoup  d'autres  chofes 
qui  y  font  mêlées.  Un  Guebre  qui  paffoit  pour  le  plus 
docte  d'entr'eux  à  Ispahan ,  venoit  m'en  Tire  tous  les  jours. 
Ce  livre  eft  tait  du  rems  de  Yesdegird  IV  ,    le  dernier 
des  rois  idolâtres  de  Perfe ,  avec  des  commentaires  que 
l'on  y  avoit  ajoutés.  Il  parle  beaucoup  du  règne  de  ce 
dernier  roi ,   Se  de  bien  d'autres  matières  que  de  celles 
de  la  religion.  L'on  y  trouve  des  prières  qu'il  faut  faire  ; 
un  rituel  pour  garder  le  feu  facré  ;  les  éloges  des  dieux 
inférieurs  ;  des  traités  d'aftrologie  &  de  divination ,  Sec. 
Pour  dire  maintenant  quelle  eft  leur  créance,  autant  que 
je  l'ai  pu  reconnoître ,  ils  croient ,  ou  font  femblant  de 
croire  qu'il  y  a  un  Etre  fuprême ,  Se  qu'il  eft  au-deffus 
des  principes  Se  des   caufes.  Ils  l'appellent  Ye{d ,  mot 
qu'ils  interprètent  par  celui  de  Dieu  ,  ou  à' Ame  éter- 
nelle. Cependant  ils  attribuent  tant  de  pouvoir  aux  prin- 
cipes ,  qu'ils  femblent  ne  laiffer  rien  à  faire  à  ce  Souve- 
rain ;  ce  qui-  me  fait  penfer  qu'ils  n'en  confeffent  un  que 
par  bienféance  ,  Se  pour  ne  fe  pas  faire  abhorrer  des  Ma- 
hometans ,  grands  Déïftes  ,  auprès  desquels  cette  impiété 
achèverait  de  les  détruire.  Ils  croient  que  les  corps  cé- 
leftes  font  des  êtres  animés  par  des  intelligences ,  qui  fe 
mêlent  de  la  conduite  des  hommes.  Le  ibleil  eft ,  félon 
eux,   la  grande  Se  la  première  intelligence,  Se  le  père 
<le  toutes  les  productions  fenfibles.  La  lune  eft  la  féconde 
intelligence,  Se  puis  les  autres  planettes.  Us  croient  aufïï 
comme  tous  les  autres  Gentils  des  Indes ,  que  les  éclipfes 
arrivent  parce  que  la  lune  eft  opprefïee  &  violentée  par 
quelque  intelligence  fupérieure  ,  qui  la  réduit  dans  ce  trifte 
ie  les  Arabes  ,  Se  l'on  peut  croire  que  ceux-ci  pn-     état  Oseraient,  qu'outre  ces  intelligences,  il  y  a  des  anges  , 
rent  leur  façon  de  s'habiller  lorsqu'ils  eurent  conquis  leur     qu  ils  appellent  des  Dieux  tubalternes ,  commis  a  la  garde 
navs  En   Perfe     ils  l'ont  tous  laboureurs  ,  manœuvres  ,     des  créatures  inanimées ,  chacun  félon  fon  département, 
foulons   &  ouvriers  en  poil;  pas  un  ne  s'applique  aux     Et  enfin  ils  veulent  qu'il  y  ait  deux  principes  des  cho- 
arts  liber ux  ou  au  commerce.  Leur  grande  profeflion     fes,  parce  que  comme  les  chofes  font  bonnes  ou  mau- 
eft  l'aericulture  ;  leurs  prêtres  leur  enfeignent  que  l'action     vaifes  ,  elles  ne   peuvent  avoir  le  même  principe.  Ces 
la  dIus  vertueufe  ik  la  plus  méritoire  eft  d'engendrer  des     deux  principes  font  la  lumière  ,  qu'ils  appellent  Ormous 
entans,  &  enfuite  de  cultiver  une  terre  en  friche  &     mot^de  feur  langue  ancienne ,  qu'ils  interprètent  par  ce 
de  planter  un  arbre.  ' 

Ces  anciens  Perlans  ont  les  mœurs  douces  6e  fimpl 


que 


la  terre. 
Quelques-uns  le  font  venir  de  Gau  ,  qui  lignifie  une 
vache  ,  à  caufe  que  ces  peuples  rendent  a  la  ««  -  ■ 
culte  .qui.  vient   originairement 


des  Indiens  , 


paffé  chez  les  Egyptiens.  Les  Perfans  appellent  auffi  les 
Guebres  Alechpores  ,  adorateurs  du  feu;  ce  qui  répond 
au  nom  Slgnicolu,  Ces  Perfes  idolâtres  ne  font  pas  fi 
bien  faits  ni  fi  blancs  que  les  Perfes  d  amourd  hu,  Les 
hommes  font  cependant,  robuftes  Se  d  une  aflez  belle 
taille  ;  les  femmes  font  groflieres,  d  un  tenu  olivâtre  Se 
obscur,  ce  qui  vient  peut-être  de  leur  mifere.  Ils  ont, 
hommes  Se  femmes  ,  très  -  mauvaife  grâce  ;_  Se  "en  ne 
paraît  plus  éloigné   de  la  galanterie.    Us   font  habilles 

*  '_     l~-     A^U»        ftr  Prtn    neuf  fînirp    nilft    CeUX-Cl  Dri- 


lui  de  Kaddim  ,  terme  arabe  ,  qui  revient  à  celui  des 
Hébreux  ,  que  nous  interprétons  Anciens  des  jours  ;  Se 
le  ténèbres  qu'ils  appellent  Ariman,  Dieu  créé.  Ce  font 
ces  deux  Dieux  ou  Principes  des  Mages,  un  bon  Se  un 
mauvais ,  qu'il  eft  dit  dans  les  anciens  auteurs  que  les 
Mages  ,  qui  font  les  théologiens  des  Perfes  ,  établis- 
sent fous  les  noms  SAramen   Se  de  Ye^d.  Ils  ajoû- 


ils  vivent  fort  tranquillement  fous  la  conduite  de  leurs 
anciens ,  dont  ils  font  leurs  magiftrats ,  Se  qui  font  confir- 
més dans  leurs  charges  par  le  gouverneur  Perfan;  ils 
boivent  du  vin  :  à  l'exception  du  bœuf  Se  de  la  vache, 
ils  mangent  de  toutes  fortes  de  chairs ,  de  quelques  mains 

qu'elles foient  apprêtées  ;  mais  du  refte  ils  font  fort  par-     tent  que  ces  intelligences. ,  ces  anges      Se  ces  principes 
ticuliers     Se  ne  fe   mêlent  guère  avec  les  autres  peu-     font  tous  fubordonnes  a  Dieu  qui  en  dispofe  félon  fon 

■  bon  plaifir.  L'on  ne  fauroit  douter  qu'ils  ne  reconnoiffent 
deux  fortes  de  nature  dans  ces  intelligences  ,  comme  dans 
les  créatures  fublunaires  ,  l'une  bonne  Se  l'autre  mau- 
vaife; aufîi  Tertullien  écrit  formellement  qu'ils  reconnois- 


ticuliers,  Se  ne  te  mêlent  gu_. 

pies,  fur-tout  avec  les  Mahométans.  La  bigamie  6e  le 
divorce  ne  font  point  foufferts  dans  leur  religion  ,  8c 
ils  ne  peuvent  fe  marier  à  des  femmes  d'une  autre  créance 
que  de  la  leur  ;  principe  adopté  par  tous  les  idolâtres. 
J'ai  dit  que -les  Guebres  ne  répudient  point  leurs  fem- 
mes ;  mais  en  cas  de  ftérilité  pendant  les  neuf  premières 
années  de  mariage  ,  ils  .en  peuvent  prendre  une  féconde 
avec  la  première.  Je  n'ai  vu  que  des  gens  ignorans  parmi 
eux.  Toute  l'érudition  de  leurs  prêtres  ,  qui  font  en  petit 
nombre  ,  fe  réduit  à  un  peu  d'aftrologie  ,  à  une  légère 
ôe  grofliere  connoiffance  du  Mahométisme  ,  Se  à  une 
connoiffance  encore  plus  imparfaite  de  leur  propre  reli- 
gion ,  dont  ils  débitent  des  maximes  ,  qui  n'ont  ni  ap- 
parence ni  fondement.  Il  ne  faut  pas  s'en  étonner,  parce 
qu'ils  vivent  depuis  plus  de  mille  ans  dans  l'oppremon 
Se  dans  la  baffeffe.  L'on  dit  communément  qu'ils  ont 
un  livre  célèbre  qui  contient  leur  religion  &  leur  his- 
toire, Se  qui  eft  intitulé  Zcnd  pofend  vofta  ;  mais  je 
n'en  ai  jamais  pu  avoir  de  nouvelles.  Le  grand  Abas  , 
excité  par  des  curieux  qui  mouraient  d'envie  d'avoir  ce 


fent  des  anges  Se  des  diable 

Tout  le  monde  généralement  croit  qu'ils  adorent  le 
feu  ;  cependant  il  eft  fort  difficile  de  les  faire  expliquer 
nettement  là-deffus ,  Se  de  favoir  fi  ce  culte  qu'ils  lui  ren- 
dent eft  relatif  ou  direct  :  s'ils  tiennent  le  feu  pour  Dieu , 
ou  feulement  pour  l'image  de  Dieu.  Je  crois  que  c'eft 
moins  pour  en  faire  un  myftere ,  que  par  ignorance ,  Se 
pour  n'entendre  pas  ce  qu'on  leur  demande.  Le  feu,  di- 
fent-ils  ,  eft  la  lumière  ;  la  lumière  c'eft  Dieu.  Voilà  ce 
qu'ils  difent  nettement  ;  mais  ils  fe  jettent  enfuite  fur  les 
louanges  du  feu  ,  de  la  lumière  Se  de  Dieu,  Se  font  là- 
deffus  un  discours  confus  où  l'on  n'entend  rien ,  Se  où 
ils  fe  perdent  eux-mêmes.  Néanmoins  ils  difent  tous  una- 
nimement qu'ils  gardent  le  feu  ,  dans  des  lieux  confacrés , 
depuis  le  tems  de  Keyomerfe  premier  roi  de  Perfe,  mort 
il  y  a  plus  de  3  600  ans ,  fuivant  le  calcul  de  la  chronologie 


GAU 


GAU 


«î 


Perfane  ,  Se  qui  lui  rendent  le   culte  fuprême ,  Se  c'eft  géographe   Jacut ,  il  y  en  avoit  quelques-uns  où  le  fea 

ainlî  que  tout  le  monde  en  parle;   mais  il  n'y  a   pas  s'-entretenôit  depuis  fept  ou  huit  cens  ans,  comme  il  le 

moyen  de  voir  dans  ce  lieu  (acre  ,  ni  leur  autel,  ni  leur  rapporte  dans  fon  livre  ;    que  Kirman ,  qui  eft  une  des 

lèrvice ,  ce  qui  me  fait  croire  que  tout  ce  qu'ils  difent  plus  grandes  villes  de  la  province ,  eft  encore  une  des 

de  cet  ancien  feu  qui  brûle  toujours ,  eft  une  pure  iliu-  principales  habitions  des  Guebres  ;  que  le  nom  même 

lien  ;  car  je  n'ai  jamais  vu  d'homme  qui  ait  olé  m'affu-  de  la  province  vient  du   culte  que   l'on  y  rendoit  au 

ju'il  l'eût   vu.  Les  Guebres  des  Indes  difent  que  ce  feu. 

éternel  n'eft    point   parmi    eux ,  mais   qu'il  eft  en  Les  Guebres  font  divifés  entr'eux  fur  la  patrie  de  ce 

Perle;  Se  ceux  de  Perle,  ne  convenant  po  nt  entr'eux  célèbre  perlbnnage  Zerdoucht,  ouZoroaftre,  les  uns  lé 

du  lieu  où  il  doit  être ,  difent  tantôt  que  c'eft  Kirman ,  faifant  Babylonien  ,  ou  Chaldéen ,  Se  les  autres  Indien, 

tantôt  que  c'eft  Yc^d ,  Se  tantôt  que   c'eft  une  certaine  Ce  Zerdoucht,  ou  Zoroaftre  ,  eft  le  premier  quia  ré- 


rer  qu  i 


montagne  dans  ce  pays- là.  L'on  trouve  de  ces  gens  qui 
affinent  qu'on  le  montre  aux  Guebres  qui  vont  par  dé- 
votion au  lieu  où  il  eft  ,  Se  d'autres  foutiennent  qu'on 
ne  le  montre  point ,  par  la  crainte  qu'ils  ont  des  Ma- 
hométans.  Enfin  tout  ce  qu'on  en  peut  apprendre  eft  fi 
mal  fondé  ,  qu'il  eft  aifé  de  juger  qu'il  n'y  a  rien  de 
certain  dans  tout  ce  qu'on  en  dit.  Quant  au  feu  commun 
&  ordinaire  ,  le  culte  que  les  Guebres  lui  rendent  con- 
fifte  ,  dilént-ils ,  à  l'entretenir  d'une  matière  qui  ne  falle 
point  de  fumée  ni  de  puanteur,  à  n'y  jetter  rien  de 
l'aie     ni   aucune    forte   d'ordure  ,  à  ne  le  laiffer  jamais 


digé  par  méthode  les  fciences  &  la  religion  des  Pertes-, 
Les  Guebres  en  content  mille  fables ,  Se  en  font  un  hom- 
me tout  divin.  Ils  aflurent  qu'il  reçut  un  livre  du  ciel  , 
où  la  religion  Se  les  fciences  qu'il  enfeignoit  aux  hom- 
mes ,  étoient  écrites  ;  conte  qui  fent  fort  le  Mahomé- 
tisme,  Se  que  ces  pauvres  idolâtres,  qui  n'ont  plus  d'é- 
rudition ,  pourraient  bien  avoir  forgé  fur  l'opinion  des 
Mahométans ,  que  tous  les  vrais  prophètes  Se  législateurs 
recevoient  du  ciel  le  livre  de  la  doctrine  qu'ils  doivent 
enfeigner.  Les  Mahométans  font  grand  cas  de  Zoroaftre  $ 
Se  tiennent  auffi  qu'il  a  été  l'inftituteur  de  la  fefte  des 


éteindre 


a  ne 


le  pas  allumer  avec  la  bouche ,  de  peur     Mages ,  qu'ils  appellent  Magoutk  ,   c'eft-à-dire  homme 


de  lui  faire  fentir  quelque  chofe  de  mauvais  Se  de 
fefter;  de  forte  que  fi  par  hazard  il  s'éteint,  il  faut  en 
aller  chercher  chez  un  voilin  ,  ou  l'allumer  avec  un 
éventail.  Ce  culte,  ajoûtent-ils ,  confifte  encore  à  ne 
toucher  jamais  de  feu  qui  ait  été  nourri  Se  entretenu 
d'os  ,  de  bouze  ,  ou  de  quelque  autre  ordure  que  ce  foit. 
Ils  font  communément  leurs  prières  en  préfence  du  feu, 
Se  lui  rendent  d'autres  cultes  extérieurs.  Leur  principal 
temple  eft  auprès  de  Yezd  ,  dans  une  montagne  qui  en 
eft  à  dix-huit  lieues.  C'eft  leur  grand  Atechgat ,  comme 
l'appellent  les  Perfans ,  c'eft-à-dire  leur  Pyrée  ,  ou  le 
foyer  du  feu  éternel ,  félon  le  mot^grec.  Ce  heu  eft  auffi 


fans  oreilles ,  pour  infinuer  que  leur  docteur  avoit  puile 
toute  fa  feience  dans  le  ciel ,  Se  qu'il  ne  l'avoit  pas 
apprife  par  l'ouïe ,  comme  les  autres  hommes.  Au  refte 
il  paraît  que  ces  Ignicoles  Perfans  ont  quelque  connois- 
fance  d'Abraham ,  foit  par  eux-mêmes ,  loit  par  les  Ma- 
hométans ;  car  les  uns  &  les  autres  en  font  des  contes 
femblables,  difant,  par  exemple,  que  quand  Nembroth, 
qu'ils  prononcent  Nimrod  ,  eut  fait  mettre  Abraham  fur 
un  bûcher ,  le  feu  ne  voulut  pas  s'allumer.  Je  ne  fais  fi 
ce  conte  ne  viendrait  pas  plutôt  de  Manès ,  qui  ayant 
appris  des  Mages  la  philolbphie  ,  Se  des  Chrétiens  la  re- 
igion ,  compofa  de  ces  doubles  Se  différentes  idées  une 


leur  oracle  Se  leur  académie.  C'eft  où  ils  fe  communi-  théologie  pleine  de  rêveries  Se  de  fables  ,  qu'il  fema 
quent  leur  religion,  leurs  maximes,  8c  leurs  espéran-  dans  l'Arabie _  Se  dans  la  Perfe,  jusques  dans  les  par- 
ces.  Leur  fouverain  pontife  y  demeure  toujours,  &  fans  ties  les  plus  éloignées  de  cet  empire.  Les  Guebres  ont 
en  fortir.  On  l'appelle  Dejtour  Dejlouran ,  c'eft-à-dire  une  opinion  fort  contraire  à  celles  des  autres  Gentils  ; 
ré^le  des  régies  :  comme  pour  dire  qu'il  eft  aux  prêtres,  car  ils  croient  que  non  feulement  il  eft  permis  de  tuer  les 
ce°que  les  prêtres  font  aux  autres  hommes,  favoir  ur;e  infeftes  Se  tous  les  autres  animaux  inutiles,  ce  qui  eft 
régie  vivante  de  la  créance  qu'il  faut  tenir,  Se  un  mo-  rejette  &  condamné  par  les  autres  Gentils  ,  mais  que  c'eft 
dele  de  la  vie  qu'il  faut  mener.  Ce  pontife  a  avec  lui  même  une  action  agréable  à  Dieu,  Se  une  oeuvre  méri- 
plufieurs  '  prêtres  Se  plufieurs  étudians  qui  compofent  toire  ,  parce  que  ces  méchantes  créatures  ne  pouvant 
une  espèce  de  féminaire.  Les  Mahométans  le  lbuffrent,  avoir  été  produites  que  par  un  mauvais  principe,  c'eft 
parce  crue  cela  ne  fait  point  de  bruit,  Se  qu'il  en  revient  témoigner  de  la  complaiiànce  pour  lui  ,  que  de  fourfrir 
de  boiis  préi'ens  aux  officiers.  Ces  prêtres  font  propre-  ces  productions  ,  de  forte  qu'il  faut  les  étouffer  ,^  Se  les 
ment  ce  que  les  Veftales  faifoient  à  Rome.  Ils  entre-  détruire,  pour  mieux  témoigner  l'averfion  qu'on  lui 
tiennent  le  feufacté,  s'il  eft  vrai  qu'il  y  en  ait;  &  ils  porte.  Si  l'on  fe  fouvient  ici  de  ce  que  j'ai  dit,  que  ces 
empêchent  qu'il  ne  s'éteigne.  Ce  feu ,  fi  on  les  en  veut  gens  le  font  un  point  de  religion  de  la  culture  Se  de  l'a- 
croire  brûle  depuis  environ  4000  ans,  ayant  été  mi-  mélioration  de  la  terre  ,  on  ne  s'étonnera  pas  qu'ils  fe 
raculeulèment  allumé  fur  cette  montagne  par  leur  pro-  faffent  une  vertu  d'exterminer  ce  qui  eft  lî  contraire  à  fes 
phéte  Zoroaftre.  Ils  fe  tournent  vers  le  foleil  quand  ils  productions.  Je  n'ai  rien  trouvé  de  plus  fenfé  dans  leurs 
prient ,  Se  prétendent  que  toute  oraifon  ,  qui  n'eft  pas  enfeignemens  ,  que  le  mal  qu'ils  difent  d'Alexandre  le 
faite  les  yeux  tournés  au  foleil ,  eft  une  idolâtrie.  Ils  ne  Grand.  Au  lieu  de  l'admirer ,  Se  de  révérer  fon  nom  , 


font  point  de  prières  la  nuit ,  du  moins  qui  foit  d'ob! 
gation.  Ils  en  doivent  faire  cinq  durant  le  jour  ,  Se  en- 
tre les  deux  foleils.  Us  regardent  le  vendredi'comme  .le 
jour  de  la  femaine  le  plus  propre  à  vaquer  à  la  reli- 
gion. Mahomet  pourrait  bien  avoir  pris  d'eux  fes  cinq 
prières  ,  Se  fon  jour  de  repos  ;  car  c'eft  à-peu-près  la 
même  chofe.  Ils  ont  des  jeûnes  Se  des  fêtes  de  tous  les 
élémens.  La  ptincipale  arrive  le  fécond  mois  de  leur 
époque,  qui  dure  lix  jours;  Se  c'eft  la  fête  du  feu  Se  de 
la  lumière.  Une  de  leurs  plus  confiantes  traditions,  c'eft 
que  leur  religion  reprendra  le  delTus  ,  qu'elle  deviendra 


comme  font  tant  d'autres  peuples,  ils  le  méprifent,  le 
détellent  Se  le  maudiffent ,  le  regardant  comme  un  pi- 
rate ,  comme  un  brigand,  comme  un  homme  fans  jus- 
tice Se  fans  cervelle ,  né  pour  troubler  l'ordre  du  mon- 
de ,  Se  pour  détruire  une  partie  du  genre  humain.  Ils  fe 
difent  à  l'oreille  la  même  chofe  de  Mahomet,  Se  ils  les 
mettent  tous  deux  à  la  tête  des  méchans  princes  ;  ils 
connoiflent  affez  que  leur  perte  vient  de  ces  deux  ulur- 
pateurs. 

Chardin  rapporte  quelques   particularités  fur  la  façon 
finguliere  dont  ces  peuples  enterrent  leurs  morts.  Mais 


fupérieure  Se  dominante  en  Perle,  Se  que  l'empire  leur     comme  il  ne  paroît  pas  bien  allure  de  ce  qu'il  en  dit ,  Se 
fera -rendu.   Ils   s'entretiennent  eux   Se  leurs  enfans  de     que  le  contraire  lui  a  été  attefté  par  des  Guebres  de  bonne 


cette  espérance.  Zoroaftre  ,  qu'ils  appellent  Zerdoucht , 
eft  leur  prophète  Se  leur  plus  grand  dofteur.  Il  fut  le 
chef  de  la  fefte  des  Mages ,  Se  vécut  du  tems  des  rois 
de  la  féconde  race ,  environ  treize  cens  ans  après  le  dé- 
luge ,  félon  la  chronologie  Perfane.  Nos  auteurs  le  l'ont 
pour  la  plupart  plus  ancien,  prétendant  que  c'eft  Cham  , 
le  fils  de  Noé.  D'autres  tieunent  que  c'eft  Moïfe;  d'au- 
tres croient  qu'il  ne  vivoit  que  du  tems  du  prophète  Da- 
niel. Tous  les  auteurs  Mahométans  le  font  originaire  de 
Chis,  ville  de  la  province  d'Azerbéyan,.qui  eft  la  Mé- 
die,  à  préfent  affez  petite  ,  habitée  de  Curdes  ou  Chal- 
déens.  Il  eft  certain  que  les  plus  célèbres  temples  des 
Ignicoles  étoient  dans  cette  province  ;  que  du  tems  du 


foi  ,  nous  n'entrerons  point  dans  ce  détail. 

Il  n'y  a  plus  qu'un  village  près  d'Ispahan  ou  les  Gue- 
pres  foient  connus  pour  tels ,  Se  jouiflent  de  la  liberté  de 
conscience.  *  Voyage  de  Otter  en  Perfe,  t.  2. 

GAURIANENSIS  ,  ancien  liège  épiscopal  d'Afrique  , 
dans  la  Numidie.  La  Notice  d'Afrique ,  n.  09  ,  met  entré 
les  évêques  de  cette  province  Janvier ,  qu'elle  nomma 
Januarius  Gaurianenjîs. 

GAURIES ,  bourgade  des  Pays-bas,  dans  le  Hainaut, 
félon  Corneille  :  Jaillot  dit  Gevryes,  ou  GlVRY,  Se 
De  fille  Gevri.  Ce  lieu  fe  trouve  fur  la  route  de  Bavay 
à  Binche.  Quelques-uns  y  cherchent  le  l~odgoriaas:ii 
d'Antonin. 


64 


GAU 


GAU 


GAXJRIUM,  lieu  particulier  de  fille  d'Andros.  Xe-    Laurent  de  Keimis. 


nophon,  Hift.  Grac.  L  i ,  /•  44°.  ditAcibade  débar- 
qua fes  troupes  à  Gaurie ,  qui  eft  dans  1  ifle  d  Andros. 
Ce  doit  être  la  même  que  le  port  nommé  par  Tite-Live, 
/.3I,c.45.  Gaureleos. 

GAURUS  ,  montagne  d  Italie  ,  dans  la  Campame. 
Il  eft  nommé  Gaurani  Montes  ,  &  Gaurani  Sahus  par 
quelques  anciens.  Voyez  Gaura.  Symmaque  parle  dans 
une  de  fes  lettres,  /.  8  ,  Ep.  23  ,  d'un  lieu  nomme  Gau- 
rana.  Il  paraît  par  la  fuite  de  l'on  discours  que  c'étoit  une 
terre  fituée  au  Mont  Gaurus ,  dont  elle  prenoit  fon  nom. 
Illorum  deinde  arbitrant  Legi  oram  qute  Formias  &  Cu- 
manum  littus  ïnurjacet.  Nunc  mutuis  invitationibus  aut 
in  Baulos  aut  in  Nicomachi  Gaurana  migramus.  Ce  font 
tous  des  lieux  voifins. 

GÀUSAPHNA,  Taveâwa,  ancienne  ville  de  1  Afri- 
que propre ,  félon  Ptolomée,  /.  4,  c.  3.  C'étoitle  même 
lieu  que  GAZAUFALA.  Voyez  ce  mot. 

GAUSENNIS,  ou  Caucennis;  quelques  exem- 
plaires de  l'Itinéraire  d'Antonin  portent  GoFENNIS ,  ou 
Gauvennis.  Ce  lieu  étoit  dans  la  grande  Bretagne,  fur 
la  route  de  Londres  à  Luguvallium ,  entre  Durobivis  ck 
Lindum ,  à  XXXV  mille  pas  de  l'une ,  &  à  XXVI  mille 
pas  de  l'autre.  Talbot  l'explique  ainfi  :  La  partie  cité- 
rieure  de  Lincolnshire  s'appelle  vulgairement  Cayfeven: 
il  y  avoit  peut-être  en  ce  canton  quelque  ville  nommée 
Caufenna. ,  ou  Cafiennce ,  qui  a  donné  le  nom  aux  lieux 
circonvoifïns.  Gale,  in  Antonin.  Itiner.  p.  95-,  l'ex- 
plique'autrement ,  Se  va  chercher  dans  les  étymologies 
Bretonnes  l'origine  du  nom  ,  ck  la  fituation  du  lieu.  Ce- 
ven ,  dit-il ,  ck  Covennce  &  Gobenna ,  font  des  roches 
unies  les  unes  aux  autres.  En  Yorckshire,  les  roches 
d'auprès  Ottelly ,  font  appellées  the  Cheven  ;  au  comté 
de  Kent ,  le  bourg  de  Sevennoc  ou  Cevennoc ,  prend  ce 
nom  des  roches  voifines.  Gevenny  eft  le  nom  d'une  mon- 
tagne ck  d'une  rivière  ,  en  Monmouthshire ,  d'où  eft 
venu  le  Gobanium  d'Antonin.  C'eft  pourquoi,  continue 
Gale,  je  lis  Caufennis ,  &  j'entends  par  ce  nom  Nottin- 
gham.  Cambden  dit  de  cette  ville  ,  qu'élevée  fur  des 
roches  escarpées  ,  elle  voit  couler  au  midi  la  petite  ri- 
vière de  Léan ,  ck  que  la  fortereffe  eft  en  haut  fur  le 
rocher.  Je  ne  doute  point ,  pourfuit  Gale ,  que  ces  grot- 
tes ,  ces  cavernes  ,  ces  fouterrains  taillés  dans  le  roc  ne 
foient  des  monumens  de  la  magnificence  des  Romains , 
comme  on  en  convient  à  l'égard  de  quelques  autres  qui 
fe  trouvent  ailleurs.  Ajoutez  à  cela  que  le  calcul  de  la 
diftance  de  Confirma  à  Durobrivœ,  c'eft-à-dire  de  Not- 
tingham  ck  de'  Brigcafterton  ,  s'accorde  bien  avec  les 
chiffres  d'Antonin,  de  même  que  la  diftance  qui  doit 
être  entre  ce  même  lieu  &c  Lindum,  ou  Lincoln.  Les 
Saxons  nommèrent  ce  lieu  en  leur  langue  Snottengaham, 
c'eft-à-dire  la  maifon  aux  cavernes  :  les  anciens  Bretons 
difoient  Kafftsi  Kaou ,  pour  dire. une  caverne ,  une  grotte. 
Si  cette  conjecture,  qui  dérive  Gauvennœ  de  Ceven  ne 
plaît  pas  ,  c£  que  l'on  aime  mieux  le  tirer  de  K-aff  ou 
de  Kaou ,  cela  ne  change  rien  à  la  fituation  du  lieu  qui 
tirera  toujours  foiv  origine  des  cavernes. 

GAUTALFWEEN  ,  félon  Baudrand  ,  ou  Gothelba , 
félon  De  Fine,  rivière  de  Suéde  ,  à  l'extrémité  de  la  Go- 
thie.Voyez  GoTHELBA. 

GAUTIGOTH ,  nom  d'un  peuple  barbare,  que  Jor- 
nandes  place  avec  quelques  autres  dans  la  Scandinavie  , 
dont  il  fait  une  ifle. 

GAUTUNNI ,  ancien  peuple  que  Vopiscus  met  entre 
ceux  que  l'empereur  Probus  défit.  Ortélius ,  Tkefaur. 
foupçonne  que  c'étoit  le  même  peuple  que  les  Gothunni 
de  Claudien ,  ck  que  ce  nom  eft  compofé  de  celui  des 
Goths  ck  de  celui  des  Huns. 

GAUVARITANUS,  ancien  fiége  épiscopal  d'Afri- 
que. La  Notice  dAfrique  met  entre  les  évêques  de  la 
Byzaceue  Victor  G  auv  aritanus  ;  ck  la  Conférence  de 
Carthage  nous  fait  connoître  Rogatus  Gaguaritanus. 
C'étoit  le  même  fiége.  *  Harduin.  Coll.  conc. 

GAUVATERI,  ifle  de  1  Amérique  méridionale.  Elle 
eft  fituée  avec  trois  autres  plus  petites  au-deflus  d'une 
rade,  qui  eft  à  Foueft  de  l'embouchure  de  la  rivière  de 
"Wia.  Cette  ifle  a  un  port  profond  de  quatre  ou  cinq 
braffes ,  fort  fur  Se  capable  de  recevoir  plufieurs  navi- 
res. L'ifle  eft  habitée  de  Sauvages  nommés  Shebayos , 
ik  abondé  en  fangliers  ck  autres  bêtes  fauvages ,  en  oi- 
feaux  fie  -en  toutes  fortes  de  vivres ,  félon  le  rapport  de 


qui  l'entoure  eft  fort  fa- 


blonneufe.  Les  trois  autres  ides  qui  font  vers  l'oueft  en 
forme  de  triangle  ,  dont  elles  ont  pris  leur  nom ,  nour- 
riflent  les  mêmes  animaux  &  foumiffent  les  mêmes  vi- 
vres. Il  y  a  auffi  une  rade  ;  mais  on  ne  peut  la  comparer 
qu'au  port  de  Gauvateri. 

Corneille  a  tiré  cet  article  de  Laët  ,  Ind.  occid.  /.  17  , 
c  9  ;  man  ne  fâchant  où  placer  cette  ifle ,  il  l'a  mife  dans 
la  mer  du  Préfil ,  dans  l'Amérique  feptentrionale.  Il  y  a 
deux  fautes  ;  l'une  que  la  mer  du  Bréfil  fernble  dire  que 
cette  ifle  eft  fur  la  côte  du  Bréfil,  ce  qui  n'eft  pas  vrai; 
l'autre  que  l'Amérique  feptentrionale  ne  comprend  pas 
la  Guiane.  L'Amérique  eft  diftinguée  en  feptentrionale 
ck  méridionale  ,  non  point  par  l'équinoxe  ,  comme 
l'a  cru  Corneille  ,  qui  a  répété  cette  erreur  autant  de 
fois  qu'il  en  a  eu  l'occafion ,  mais  par  l'ifthme  de  Da- 
rien. 

Le  capitaine  Keïmis  dans  fa  Relation  de  la  Guiane  , 
dit  :  Les  Sebaïos  habitent  l'ifle  de  Gowateri  ;  on  trouve 
dans  la  baie ,  au  côté  de  l'oueft ,  de  fort  bonnes  rades  , 
fous  de  petites  ifles,  ck  beaucoup  de  poiflon  ,  d'oifeaux, 
de  fruits  &  de  gibier,  ckc.  fur-tout  à  l'endroit  où  la 
Cayane  fe  jette  dans  la  mer  ;  &  dans  fon  Etat  des  peu- 
ples qu'il  a  trouvés  dans  la  Guiane,  il  place 

Num.  10.  Via  ,   grande  rivière  :  le  peuple  s'appelle 
les  MawORias. 
•  1 1.  CAYANE ,  grande  rivière  :  le  peuple  s'ap- 
pelle les  Wiacas. 

GowATERIA,  ifle  où  il  y  a  les  Se- 
BAYOS. 

Il  eft  certain  auffi  que  la  rivière  de  Via  &  celle  de 
Cayenne ,  ont  leurs  embouchures  voifines  de  cette  ifle. 
Le  capitaine  Keïmis  voyageoit  en  1596.  Les  François 
iè  font  établis  à  Cayenne  en  1635  ,  ck  ont  changé  le 
nom  de  Govateria  en  celui  de  Cayenne  ,  qui  n'étoit  pas 
le  nom  propre  de  l'ifle,  mais  celui  d'une  rivière  voi- 
fine. 

GAUZACA.  Voyez  Gazaca. 
GAUZANIA,  ville  de  la  Médie,  félon  Ptolomée, 
1.6,  c.  2.  twâ*. 

GAUZANITIS ,  contrée  de  la  Méfopotamie ,  félon 
le  même,  /.  5 ,  c.  18.  Elle  n'avoit  rien  de  commun  que 
lareffemblance  du  nom  avec  la  ville  de  Gauzanie. 
GAXACA.  Voyez  Guaxaca. 
GAYDARONISI ,  petite  ifle  de  Grèce,  dans  le  golfe 
d'Engia ,  fur  la  côte  de  la  Livadie ,  à  quatre  milles  du 
cap  des  Colomnes ,  au  couchant.  Spon ,  Antiq.  de  la  ville 
d'Athènes  ,  au  t.  2  de  fes  Voyages ,  p.  155,  dit  com- 
mençant par  le  Cabo  Colomne ,  à  quatre  milles  au-deçà 
du  cap  eft  l'ifle  Patrocleïa  que  quelques-uns  nomment 
encore  de  même  ;  mais  le  nom  le  plus  vulgaire  eft  Gay- 
doronifî. 

GAYRA ,  rivière  de  l'Amérique  méridionale  ,  au 
gouvernement  de  Sainte-Marthe  ;  elle  eft  fort  large  &C 
eft  capable  de  porter  de  grands  navires.  Cette  rivière 
descend  d'une  affez  haute  montagne  qu'on  voit  toujours 
blanche  de  neige  ,  ck  va  fe  décharger  dans  la  mer.  Les 
Sauvages  difent  que  fon  eau  n'eft  pas  bonne  à  boire. 
*  Corn.  Dift.  De  Lait,  Ind.  occid.  1.  8  ,  c.  21. 

GAZA,  ville  de  la  Paleftine,  pofledée  par  les  Philis- 
tins ,  ck  attribuée  par  Jofué  à  la  tribu  de  Juda.  Elle 
étoit  une  des  cinq  fatrapies  des  Philiftins ,  fituée  à  l'ex- 
trémité méridionale  de  la  terre  promife.  Dans  le  texte 
hébreu  elle  eft  nommée  A^a  ou  Hara,  fftj^par  un  ]} 
que  les  Septante  expriment  quelquefois  par  un  G.  Etienne 
le  géographe  dit  que  de  fon  tems  les  Syriens  l'appelloient 
encore  A{a.  Elle  eft  fituée  entre  Raphia  ck  Ascalon.  La 
fituation  avantageufe  de  Gaza  a  été  caufe  de  beaucoup  de 
révolutions,  ausquelles  elle  a  été  fujette.  *  Jofué ,  c.  15, 
v.  45  ;  &;  1.  Reg.  c.  6  ,  v.  15. 

Elle  fut  d'abord  aux  Philiftins,  puis  aux  Hébreux. 
Elle  fe  mit  en  liberté  fous  le  régne  de  Joathan  ou  d'A- 
chaz.  Ezéchias  la  reconquit.  Elle  obéit  aux  Chaldéens , 
vainqueurs  de  la  Syrie  ck  de  la  Phénicie.  Enfuite  elle 
tomba  fous  lapuilTance  des  Perlés.  Ils  en  étoient  les  maî- 
tres lorsqu' Alexandre  le  Grand  l'affiégea,  la  prit  &  la 
ruina.  Elle  fe  rétablit  ,  au  moins  la  petite  ville  de  Gaze  , 
fituée  fur  la  mer  ,  appellée  autrement  Majuma. 

Elle  fut  enfuite  pofledée  par  les  rois  d'Egypte.  (n)  An- 
tiochus 


GAZ 


GAZ 


tiochus  le  Grand  la  prit  ck  la  faccagea  (b).  Les  Asmo- 
néens  ou  Macchabées  la  prirent  plus  d'une  fois  fur  les 
Syriens  (c).  Alexandre  Jannée,  roi  des  Juifs,  la  prit  ck 
la  défola.  Gabinius  la  rétablit ,  ck  on  trouve  des  mon- 
noies  frappées  en  cette  ville  (d).  Augufte  la  donna  à  Hé- 
rode  le  Grand  (e);  mais  elle  n'obéiffoit  point  à  Arché- 
laiis  fon  fils  (f).  Saint  Luc  dit  que  Gaza  étoit  déferte  de 
fon  tems  ;  mais  il  veut  apparemment  parler  de  la  grande 
ville  de  Gaza,  fîtuée'fur  une  montagne  à  vingt  milles  de 
la  mer  (S)  ck  non  pas  de  Majume  ou  de  la  petite  Gaza, 
qui  étoit  très-peuplée.  L'empereur  Conftantin  donna  à 
Majume  le  nom  de  Conjiantia  en  l'honneur  de  fon  fils, 
ck  lui  accorda  les  honneurs  ck  les  privilèges  de  ville  in- 
dépendante de  Gaza  ;  mais  l'empereur  Julien  lui  ôta  ce 
nom  ck  fes  privilèges. 

Ceci  a  befoin  d'être  expliqué  ,.mais  il  faut  auparavant 
que  j'avertifTe  que  j'ai  copié  jusqu'ici  D.  Calmet  qui  fe 
trompe ,  lorsqu'il  cite  Arrien ,  comme  fi  cet  hiftorien 
d'Alexandre  avoit  dit  que  Gaza  étoit  à  vingt  milles  de 
la  mer ,  ce  qui  ferait  près  de  fept  de  nos  lieues.  Cela  n'eft 
pas  ainfi,  ck  Arrien  (h)  ne  met  que  vingt  ftàdes  ou 
deux  milles  &  demi  de  Gaza  à  la  mer.*(a)  Jofeph,  Antiq. 
1.  13,  c.  21.  (  b  )  Polyb.  in  excerpt.  (  c  J  Maccab.  1.  1  , 
c.  11,  v.  16;  fck  Jof.Ant.  I.  13,  c.  21.  (A)Jojeph,  An- 
tiq. L  13  ,  c.  21.  (e)  Ibid.  1.  14,  c.  10.  ({)  1.  15,  c.  11. 
(8)  Arrian.  1.  2 ,  de  Expedit.  Alex.  (h)  Arrïa.n.  de  ex- 
ped.  Alex.  1.  2,  n.  26,  p.  102,  édit.  Gronov. 

La  nouvelle  Gaza  étoit  ce  que  les  anciens  appelloient 
Navale  ,  ou  le  port  de  la  ville  de  Gaze.  Il  étoit  ordi- 
naire aux  villes  qui  étoient  à  quelque  diftance  de  la  mer 
d'avoir  un  port  ,  où  étoient  les  magazins ,  ck  par  où  fe 
faifoit  le  commerce  de  la  grande  ville.  Fleuri  racontant 
l'Hiftoire  des  Martyrs  ,  à  l'an  362  de  Gaze,  dit  de  Ma- 
jume :  c'étoit  l'arfenal  de  Gaze  ,  dont  Conftantin  avoit 
lait  une  ville  féparée,  parce  qu'elle  étoit  fort  attachée  au 
Chriftianisme  :  il  lui  avoit  donné  le  droit  de  cité  &  le 
nom  de  Conjiantia ,  ne  voulant  pas  qu'elle  fût  fujette  de  , 
Gaze  où  l'idolâtrie  regnoit.  Julien  par  la  même  raifon 
ôta  à  Majume  tous  fes  privilèges ,  lui  rendit  fon  ancien 
nom  ck  Ja  remit  fous  la  dépendance  de  Gaze ,  ce  qui 
fubfifta  pour  le  gouvernement  temporel;  mais  pour  le 
fpirituel,  Majume  eut  toujours  fon  évêque  particulier, 
fon  clergé,  les  fêtes  de  {es  martyrs,  la  mémoire  de 
fes  évêques  ,  ck  les  bornes  de  fon  territoire  diftin- 
guées.       ^*, 

Il  y  avoit  donc  deux  villes  de  Gaze  ;  l'une  ancienne 
l'autre  nouvelle  ,  furnommée  Majume  ck  Conjiantia. 
Cette  dernière  étoit  maritime  ;  la  première  étoit  à  une 
petite  lieue  de  la  mer  tout  au  plus.  Cela  s'accorde  avec 
ce  qu'en  dit  un  voyageur  moderne.  La  ville  de  Gaze  eft 
éloignée  de  la  mer  d'environ  deux  milles.  Corneille 
change  ces  milles  en  lieues  ;  ce  qui  eft  très  -  différent , 
ck  pourtant  il  cite  ce  même  auteur.  Cette  ville ,  pour- 
fuit  Thévenot ,  étoit  autrefois  fort  illuftre ,  comme  on 
peut  voir  par Tes  ruines  ,  car  tout  y  eft  plein  de  colom- 
nes  de  marbres  de  tous  côtés  ,  ck  même  j'y  ai  vu  des 
cimetières ,  dont  tous  les  fépulcres  étaient  entièrement 
de  marbre.  Entr'autres,  il  y  en  a  un  fermé  de  murailles, 
qui  appartient  à  quelque  famille  particulière  des  Turcs, 
lequel  eft  rempli  de  beaux  fépulcres ,  faits  de  grandes 
pièces  ,  de.  fort  beau  marbre ,  qui  font  des  reftes  ck  des 
témoignages  de  l'ancienne  fplendeur  de  cette  ville  :  c'é- 
toit une  'des  cinq  fatrapies  des  Philiftins  à  qui  Samfon 
fît  tant  de  mal ,  ck  même  il  emporta  un  jour  fur  fes 
épaules  les  portes  de  cette  ville  ,  èk  les  laiffa  fur  une 
petite  montagne  éloignée  d'un  mille  de  cette  ville.  Pro- 
che de  la  ville  eft  le  château  qui  eft  tout  rond,  avec 
quatre  tours  ;  favoir ,  une  à  chaque  coin ,  le  tout  en  bon 
ordre.  Il  a  peu  de-  circuit  &  a  deux  portes  de  fer. 
Auprès  de  ce  château  eft  le  ferrail  des  femmes  du  Bâ- 
cha ,  ck  au-deffus  ,  près  de  ce  ferrail ,  un  refte  de  mafure 
qui  eft  fi  bien  liée  qu'on  n'en  fauroit  rien  rompre  avec 
le  marteau.  C'eft  le  refte  du  château  des  Romains.  La 
ville  eft  fort  petite,  il  y  a  un  béfeftein  en  affez  bon  or- 
dre. Il  y  a  une  églife  des  -Grecs  affez  grande ,  dont  l'ar- 
cade du  milieu  eft  foutenue  par  deux  gros  piliers  de  mar- 
bre ,  avec  leurs  corniches  d'ordre  Corinthien.  Ils  difent 
que  la  Sainte  Vierge  y  fut  trois  jours  lorsqu'elle  s'enfuit 
en  Egypte.  Il  y  a  encore  une  églife  d'Arméniens.  On 
voit  à  Gaza  proche  du  château ,  derrière  un  cimetière 
où  nous  étions  campés  ,  le  lieu  où  étoit  le  palais  des 


Philiftins  que  Samfon  fit  écrouler,  écrafant  avec  lui  tous 
ceux  qui  étoient  dedans.  Ce  n'eft  plus  qu'un  monceau  de 
terre.  Il  y  a  hors  de  la  ville  plufieurs  belles  mosquées  , 
toutes  bien  revêtues  de  marbre  en  dehors.  Je  crois  que 
toutes  ces  places  étoient  de  la  ville  ancienne.  *  ihéve~ 
not,  Voyage  du  Levant,  2.  part.  c.  36,  p.  361. 

Les  environs  de  Gaze  font  plantés  d'un  grand  nom- 
bre de  palmiers  ,  ck  ornés  de  jardins.  Son  terroir  eft 
très-fertile ,  mais  il  produit  peu  de  vignes.  Longitude 
56  d.  10'.  Latitude  32 à.*  Mff.de la  bibliothèque  du  roi. 

GAZABA.  Voyez  Gabaza. 

GAZABIANENSIS,  fiége  épiscopal  d'Afrique.  On  ne 
fait  dans  quelle  province.  La  Conférence  de  Carthage  fait 
mention  de  Saturninus  Ga^abianenjis.  *  Harduin.  Coll. 
Conc. 

1.  GAZACA,  ra^Ka,  ville  d'Afie,  dans  la  Médie  , 
félon  Ptolomée ,  /.  6 ,  c.  2 ,  ck  Etienne  le  géographe  ; 
ce  dernier  femble  dire  que  c'étoit  la  plus  grande  ville  de 
la  Médie.  Ammien  Marcellin,  /.  23  ,  c.  23  ,  la  compte 
entre  les  trois  plus  confidérables  villes  de  ce  canton.  Les 
deux  autres  étoient  Zombis  &£  Patigran.  Voyez  Gaza- 
CUM. 

2.  GAZACA  ,  ville  d'Afie  ,  dans  le  Pat opamife ,  félon 
Ptolomée  ;  mais  il  n'eft  pas  fur  que  ce  fut  une  ville ,  car 
Ptolomée  la  met  dans  une  lifte  qui  contient  indiftmfte- 
ment  des  villes  ck  des  villages.  Quelques  exemplaires 
portent  Gauçaca. 

GAZACENA,  petit  canton  de  la  Cappadoce,  du  côté 
de  la  Paphlagonie ,  félon  Strabon ,  /.  1 2 ,  p.  5  5  3 . 

GAZACROEN.  Vovez  l'article  fuivant. 

GAZACUM,  Yatyxèv,  ancienne  ville  de  la  Perfide. 
Elle  fut  prife  par  Héraclius,  félon  Cédrene.  Il  y  avoit  un 
temple  du  foleil ,  ck  les  tréfors  de  Crcefus ,  roi  de  Ly- 
die. Ortélius  croit  que  c'eft  la  même  que  la  Ga^aca  de 
Ptolomée ,  apparemment  celle  de  Médie.  l'Hiftoire  mê- 
lée, 1.  18,  rapporte  que  Gai_enjîum  ck  Ga^acroen,  villes 
de  la  Perfide  ,  furent  prifes  par  Héraclius. 

GAZACUP  ADA.  Voyez  Zagacupada. 

GA.ZJE ,  ville  de  l'Arménie ,  dans  la  contrée  nommée 
Otene,  félon  Pline,  /.  6,  c.  13. 

GAZjEORUM  Navale  ;  c'eft  la  nouvelle  Gaza  que 
l'on  nommoit  auflî  Majuma ,  Voyez  l'article  de  Gaza. 

GAZALINA,  ancienne  ville  de  la  Cappadoce,  dans 
le  Pont  Polémoniaque,  félon  Ptolomée ,  /.  5  ,  c.  6.  Quel- 
ques exemplaires,  au  lieu  de  Ya.ty.tim  ,  portent  YotyXma.. 
Voyez  Gazelotus. 

GAZALUITIS.  Voyez  Zagillonitis. 

GAZANENSIS  ,  fiége  épiscopal  d'Afrique  ,  dans  la 
Byzacene,  félon  Viâor  d'Utique  cité  par  Ortélius.  Ce 
dernier  obferve  que  quelques  exemplaires  portent  Gatia- 
nenjîs  :  dans  les  notes  géographiques  qui  accompagnent 
l'édition  de  S.  Optât  par  Dupin,  p.  283  ,  n.  368  ,  il  eft 
dit  que  ,  félon  le  même  Viâor ,  vers  la  fin  du  troifiéme 
livre,  il  eft  fait  mention  de  Boniface  Gatianenfis ;  c'eft 
le  même  qu 'Ortélius  a  eu  en  vue.  On  ajoute  qu'il  eft 
différent  de  Secundinus  Garrianenfis ,  qui  eft  nommé 
dans  la  Notice  d'Afrique  ,  entre  les  évêques  de  la  Byza- 
cene ;  je  ne  le  crois  pas.  Le  même  fiége  a  eu  auffi  pour 
évêque  Janvier  qui  eft  qualifié  Ecclefice  GattianenfisEpis- 
copus ,  ck  qui  fouscrivit  à  la  lettre  fynodale  des  évêques 
de  la  Byzacene ,  rapportée  au  concile  de  Latran ,  tenu 
fous  le  pape  Martin.  Entre  les  Pères  de  la  Conférence 
de  Carthage  on  voit  Victor  episcopus  Gatianenfis.  Voyez 
Gattianensis  ,  qui  eft  le  fiége  dont  on  parle  ici. 

GAZANEALA.  Voyez  Gazaufala. 

GAZARA.  Voyez  Gadara  2. 

GAZARENI ,  ratyfwù  ,  ancienne  nation  entre  les 
Babyloniens  ,  félon  faint  Epiphane  cité  par  Ortélius  , 
Thefaur. 

GAZARI ,  peuple  de  la  première  Sarmatie  ,  félon 
l'Hiftoire  mêlée. 

GAZAT  M  ,  ancien  peuple  de  Syrie  ,  dans  la  Cyrrhes- 
tique,  félon  Pline,  /.  5,  c.  23. 

GAZAUFALA  ,  ancien  fiége  épiscopal  d'Afrique  , 
dans  la  Numidie.  La  Notice  épiscopale  d'Afrique  nom- 
me dans  cette  province  Augentius  Gaçafulenjis ,  félon 
l'exemplaire  du  Vatican,  ck  Gaïaufalenjzs, félon  d'autres. 
Dans  le  concile  de  Carthage  tenu  fous  S.  Cyprien,  on 
trouve  Salvien  de  Gau{afala  ,  félon  l'auteur  de  la  Géo- 
graphie facrée  ,  imprimée  devant  le  S.  Optât,  de  l'édi- 
tion de  Dupin.  Ortélius  cite  S.  Auguftin ,  S.  Cyprien 
Tome  III.    '  I 


66 


GAZ 


GEA 


ckle  concile  de  Carthage  ,  ck  écrit  GazanfalA.  Il  a)oute 
qu'un  fragment  de  Viftor  d'Utique  porte  Gazatjfula. 
Dans  la  Géographiefacréed' Afrique,  quejeviens  de  citer, 
on  lit  que  cette  même  ville  eft  nommée  Ga^auphna  par 
Ptolomée,  Gaiophila  par  Procope ,  ScGaçaupala  dans 
la  Carte  de  Peutinger. 

GAZAUFULA.  Voyez  l'article  précédent. 

GAZELUM ,  ancienne  ville  de  la  Cappadoce ,  félon 
Pline ,  /.  6 ,  c.  2.  Le  P.  Hardouin  penie  que  c'eft  peut- 
être  la  même  ville  que  Galoron  ,  r**.u>esv  de  Ptolo- 
mée,  /.  5,  c.  6,  entre  Sinope  ck  l'embouchure  du  fleuve 
JHalys. 

GAZELOTUS,  r«ÇiiM»«t,  lieu  ou  canton  de  la  Ga- 
latie,  iélon Strabon ,  l.  \z,  p.  560.  Ortélius  ck  Câfau- 
bon  foupçonnent  que  ce  pourroit  bien  être  la  GAZALI- 
NA  dont  parle  Ptolomée  qui  la  met  dans  les  terres ,  ck 
à  peu  de  diftance  de  la  mer.  Voyez  Zagillouitis. 

GAZENA,  ville  de  la  grande^  Phrygie  ,  félon  Ptolo- 
mée ,  /.  5  ,  c.  2.  Ortélius  dit  qu'il  en  eft  parlé  an  con- 
cile de  Chalcédoine.  Auroit-elle  eu  un  fiége  épiscopal  ? 
les  Notices  n'en  font  point  mention. 

GAZER.  Voyez  Gadara  2.  &  Gader. 

GAZERON.  Voyez  Assaremo  ck  Gadara  2. 

GAZETICAVina,  ou 

GAZETUM VlNUM. Cafliodore, Variar. l.u,c.  il, 
vante  un  vin  qu'il  nomme  Ga^etum  vinum ,  ck  Sidonius 
Apolinaris  ,  carm.ij,  v.  15,  dans  un  petit  poëme  par 
lequel  il  invite  Ommatius  à  un  repas ,  lui  dit  : 

Vlna  mihi  nonfunt  Ga^etica,  ChlaFalcrna, 
Quagut  Sarepiano  palmite  mijfa  bibas. 

Sur  quoi  le  favant  P.  Sirmond,  p.  153  ,  dans  fes  Notes 
fur  cet  auteur ,  obferve  que  Ga^etum  vinum ,  félon  Ifi- 
rlore ,  eft  ainfi  nommé  du  pays  d'où  on  l'-apporte ,  c'eft 
à- dire  de  Gaza  de  Paleftine,  comme  Sareptanum  vinum 
eft  du  vin  de  Sarepta,  au  pays  de  Sidon.  Ces  deux  vins 
font  célébrés  par  Corippe,  /.  3  ,  ck  par  Fortunat, /.  4 , 
dtvitâS.  Martini.  Ga^ttum  fe  trouve  au ffi  dans  Grégoire 
de  Tours ,  de  Glorid  Confejfor.  65.  Voyez  Gaza. 

GAZIURSA ,  ra&Bpo-a,  ville  d'Ane ,  vers  la  Cappa- 
doce ,  félon  Dion  Caflïus ,  l.  3  5 ,  p.  5  •  Pline,  /.  6 ,  c.  2  , 
dit  Gaziura  fans  f,  &  c'eft  ainfi  qu'il  faut  écrire  ce 
nom.  Strabon ,  /.  12  ,  p.  J^J  ck  547  ,  dit  de  même ,  que 
Gaziura  étoit  anciennement  une  ville  royale  ;  elle  étoit 
fur  le  fleuve  Iris. 

GAZNA ,  ou  Gaznah  ,  ou  Gaznin  ,  ville  d'Afie , 
dans  la  Perfe  ck  dans  la  province  de  Zableftan.  Naffir 
Eddin  ck  Ulug  Beig  lui  donnent  104  d.  20'  de  longitude , 
&  33  d.  35'  de  latitude.  Ces  auteurs  la  placent  dans  le 
troifiéme  climat ,  auffi-bien  qu'Abdelmoal  dans  fa  Géo- 
graphie perfienne  ,  qui  dit  néanmoins  que  quelques-uns 
la  mettent  dans  l'Indouftan  ,  ck  qu'elle  n'eft  éloignée 
que  de  huit  journées  de  la  ville  de  Bamian.  Gazna,  dit 
le  même  auteur,  eft  une  ville  qui  n'a  ni  arbres  ni  jar- 
dins ,  ck  qui  n'eft  recommandable  que  par  la  dynaftie 
qui  y  eft  établie.  Le  fultan  Mahmoud ,  fils  de  Sébefte- 
gin  ,  qui  la  fonda,  prit  le  furnom  de  GaznÉVI  ,  &  le 
laiffa  à  toute  fa  poftérité.  Il  eft  pourtant  vrai  que  le 
même  Mahmoud  fut  auffi  furnommé  Zabcli ,  à  caufe  que 
cette  ville  eft  de  la  province  de  Zableftan  ,  d'où  étoit 
fortie  fa  mère  ,  fille  d'un  prince  de  ce  pays.  Cette  ville 
devint  auffi  la  capitale  des  fultans  de  la  dynaftie  des 
Gaurides  qui  dépouillèrent  les  Gaznévides  de  leurs  états , 
elle  fut  pillée  ck  brûlée  par  Gihanfouz. 

GAZNAH,  (  Saarah  al  Gaznah)  c'eft-à-dire  le 
défert  de  Gazna  ;  défert  d'Afie  ,  dans  la  Tranfoxane. 
La  ville  de  Zamin  eft  fituée  entre  ce  défert  èk  la  montagne 
d'Osrouschnah. 

GAZNAVIAH ,  en  arabe  ,  ck  Gaznévian  en  per- 
fien.  Nous  difons  en  francois  les  Gaznévides  ;  ce  fût 
une  dynaftie  célèbre  dans  la  Perfe  ck  dans  les  Indes.  Elle 
avoit  commencé  par  un  gouverneur  de  Gazna ,  d'où  lui 
vintfon  nom.  J'en  parle  fuffifamment  à  l'article  IndOUS- 
TAN.  Cette  dynaftie  a  régné  213  ans  fur  la  Perfe,  &C 
dans  une  partie  des  Indes ,  félon  Ben-Schonah  cité  par 
d'Herbelot  ;  cependant  ce  dernier  ne  commence  le  régne 
de  Madmoud,  que  l'an  495  de  l'hégrie,  Se  finit  celui 
<le  Khosrou  Schah  en  550.  Il  ajoute  que  le  calcul  de 
Ben-Schonah  qui  donne  deux  cens  treize  ans  à  cette  dy- 
naftie ,  lui  paroît  plus  jufte. 


GAZOLA ,  petite  ville  de  Barbarie ,  dans  le  royaume 
de  Fez ,  fur  la  côte  de  la  province  de  Héa  ;  Molet , . 
in  PtoloiiKZum,  L  4,  c.  1,  dit  que  c'eft  laTAMUSlGA 
de  Ptolomée,  qu'il  ne  faut  pas  confondre  avec  Tamu- 
lida  du  même  auteur ,   que  Melot  dit  être  Tefdfdc. 

1.  GAZORUS.  Voyez  Gasorus. 

2.  GAZORUS,  rdÇaefi,  ancienne  ville  de  la  Pa- 
leftine, félon  Ptolomée,  /.  5  ,  c  16.  Elle  étoit  à  l'orient 
du  Jourdain ,  félon  cet  auteur ,  qui  là  diftingue  ainfi  de 
Gadora. 


Longit. 

Latit. 

Gadora 

67  d. 

45'- 

21  d. 

3o' 

Gasorus 

67  d. 

30'. 

31  d. 

iî; 

GAZOS.  Voyez  Pazus. 

GAZULENA ,  ancienne  ville  épiscopale  d'Egypte  , 
comme  il  paroît  par  une  lettre  des  évêques  d'Egypte  à 
l'empereur  Léon  ,  inférée  dans  le  Recueil  des  Conciles  , 
&  fouscrite  par  Maximus  Ga^ulenus.  *  Ortélius  Thi- 
faur. 

GAYE  ,  doyenné  de  France ,  en  Champagne.  C'étoit 
un  ancien  monaftere  de  l'ordre  de  S.  Benoît ,  dans  lequel, 
en  l'année  11 14,  il  y  avoit  un  nombre  confidérable  de 
religieux.  Il  eft  fitué  à  deux  lieues  de  Sézanne,  &c  à  dix 
lieues  de  Troyes ,  dans  une  belle  plaine  remplie  de  fleurs , 
&  arrofée  de  plufieurs  fources  d'eau.  Il  y  a  un  affez  bon 
village,  au  bout  duquel,  du  côté  de  Sézanne,  eft  ce  mo- 
naftere entouré  de  hautes  murailles  &c  d'eau.  L'églife  eft 
d'une  belle  &  antique  ftrufture,  toute  de  pierres  de  taille; 
le  chœur  eft  ruiné ,  il  n'y  refte  plus  que  les  pilliers ,  le 
cloître  eft  démoli  auffi-bien  qu'une  grande  partie  des  lieux 
réguliers  qui  furent  brûlés  par  les  Huguenots  en  1567. 
Il  n'y  a  à  préfent  que  trois  ou  quatre  religieux  non  ré- 
formés. *  Bauginr,  Mémoires  Hift.  de  la  Champagne  , 
t.  2,   p.  236. 

GE 

GÉA,  ville  de  l'Arabie ,  près  de  Pétra,  félon  Etienne 
le  géographe  qui  cite  les  Antiquités  arabiques ,  écrites  par 
Glaucus. 

GÉAMAGIDID  ,  ville  d'Afrique ,  dans  la  province 
de  Maroc,  proprement  dite.  C'eft  h  même  que  GéMAA- 
IÉdid.  Corneille  les  diftingue  mal-à-propos.  Voyez  GÉ- 

MÉA. 

GÉANS  ;  (les)  nous  appelions  ainfi  les  hommes  d'une 
taille  démefurée  ,  auprès  desquels  les  autres  hommes  pa- 
roiiTent  petits.  L'écriture  fainte  ne  permet  pas  de  douter 
qu'il  y  ait  des  géans.  Les  écrivains  facrés  ck  profanes  , 
les  anciens  &  les  modernes  s'accordent  à  dire  qu'il  y  en 
a  eu  &  qu'il  y  en  a  encore.  On  ne  peut  le  nier ,  dit 
D.  Calmet,  Dicl.  di  La  Bible,  fans  s'inscrire  en  faux 
contre  l'écriture  ,  contre  les  hiftoires  les  plus  certaines  , 
àc  contre  la  tradition  de  tous  les  peuples.  Les  Israélites 
qui  avoient  parcouru  la  Terre-fainte  ,  dirent  à  leurs  frè- 
res qu'ils  avoient  vu  dans  ce  pays-là  des  géans  de  la 
race  d'Enac  (a)  qui  étoient  fi  démelùrément  grands ,  que 
les  autres  hommes  n'étoient  devant  eux  que  comme  des 
fauterelles.  Moïfe  parle  du  lit  d'Og,  roi  deBafan,  qui 
avoit  neuf  coudées  de  long,  fur  quatre  de  large  ,  (  i>  ) 
c'eft-à-dire  quinze  pieds  quatre  pouces  de  long.  Goliath 

Sc)  avoit  fix  coudées  &  une  paume  de  haut ,  c'eft-à-dire 
ix  pieds  fept  pouces.  Ces  fortes  de  géans  étoient  en- 
core communs  fous  Jofué  &  fous  David ,  dans  un  tems 
où  la  vie  des  hommes  étoit  déjà  fi  fort  abrégée  ,  &  où 
l'on  peut  préfumer  que  la  grandeur  &:  la  force  des  corps 
étoit  auffi  fort  diminuée.  Homère  (d)  parle  des  géans 
Othus  &Ephialtes,  qui, à  l'âge  de  neufans,avoient  déjà- 
neuf  coudées  de  groiTeur,  Sttrente-fix  de  hauteur.  Il  nous 
décrit  auffi  la  grandeur  du  Cyclope  Polypheme  (e) ,  dont 
la  force  étoit  telle,  qu'il  remuoit  aifément  &  fans  le 
moindre  effort  ,  une  roche  que  vingt  chariots  à  quatre 
roues  auroient  à  peine  pu  foulever  de  terre.  Je  ne  donne 
pas  cela  (dit  ce  favant  fiénédiftin  )  pour  une  hiftoire  cer- 
taine,' mais  {amplement  pour  une  preuve  de  l'ancienne 
tradition  des  peuples  qui  ont  toujours  cru  qu'ancienne- 
ment les  hommes  étoient  beaucoup  plus  grands  ck  plus 
forts  qu'ils  ne  le  font  depuis  plufieurs  fiécles  ;  opinion 
qui  fe  voit   répandue   dans  tous  les  anciens  poètes    ck 

autres  écrivains.  *  (a)  Numer.  c.  13  ,    v.   33    fck  34. 

(t)  Dmur.  c.  3  ,  v.  2.  (c)  Reg.  1.  1  ,  c.  17,  v.  4. 


GEB 


GEL 


(d)  Odif  1.  ii  ,  v,  306.  (e)  Odif  i.  9,  v.  240. 

Le  témoignage  de  S.  Auguftin,  de  Civit.Dei,  1.  i$_, 
c.  8  ;  de  Plutarque ,  inSertorio.  de  Simon  , auteur  du  Dift. 
delà  Bible,  t.  I ,  p.  513  ,  ne  permet  pas  de  révoquer  en 
doute  l'exiftence  des  géans.  Voyez  la  Differtation  de  D. 
Calmet  fur  les  géans  ,  Si  ce  qu'ont  écrit  pour  Si  contre 
Guillemeau  Sr.  Halicot ,  chirurgiens  de  Paris ,  &  Jean 
Riolan  ;  &  les  Relations  de  voyageurs  modernes  qui  affu- 
rent  avoir  trouvé  des  hommes  d'une  taille  gigantesque 
dans  l'Amérique  méridionale  &  ailleurs,  comme  Fréûer, 
Voyage  de  la  mer  du  fud ,  t.  1  ,  p.  148.  Antoine  Piga- 
fet,  Barthelemi-Léonard  d'Argenîbla,  1.  1  de  l'Hiftoire 
de  la  conquête  des  Moluques,  &  1.  3.  Olivier  deNoort, 
Sic.  fourniffent  de  nouvelles  preuves  de  cette  vérité.Voy. 
les  articles  Patagons  ,  Ville  de  Nembrot  St  Les 

TRIGONES. 

La  Vallée  des  GÉANS.  Voyez  Raphaïm. 

GÉAPOLIS.  Voyez  Gjea  i. 

GEARON ,  ville  d'Ane ,  dans  la  Perfe ,  entre  Schi- 
ras  &  Bander  Congo.  Un  voyageur  Italien  la  décrit  ainfi  : 
cette  ville  reffemble  à  une  forêt  ,  à  caufe  que  les  mai- 
Ions  font  toutes  environnées  de  palmiers  toufus  dont  les 
dates  font  d'un  grand  revenu  étant  les  meilleures  de 
Perfe.  Elle  eft  fituée  dans  une  plaine  fablonneufe  en- 
tourée de  hautes  montagnes  :  quoiqu'elle  foit  petite,  Si 
qu'il  y  ait  peu  de  maifons  ,  elle  ne  laiffe  pas  d'avoir  fon 
vifir  ,  dont  la  jurisdiftion  eft  fort  étendue.  Les  eaux  vi- 
ves, qui  arrolent  les  jardins,  les  rendent  frais  &c  abon- 
dans  en  fruits  excellens ,  grenades ,  raifin ,  Si  coings. 
Les  maifons  font  presque  toutes  de  pierres  Si  de  chaux , 
ce  qui  n'eft  pas  commun  en  Perfe ,  où  elles  ne  font , 
pour  la  plus  grande  partie ,  que  de  terre.  Il  y  a  beaucoup 
de  perdrix  dans  ces  campagnes.  Elles  font  de  deux  espè- 
ces ;  une  qui  reffemble  à  celles  que  nous  connoiffons , 
Si  une  autre  qui  eft  de  la  groffeur  des  cailles ,  &  dont 
les  plumes  font  colorées  comme  celles  de  la  gorge  d'un 
faucon.  Corneille  le  Brun  nomme  cette  ville,  Iaron. 
*  Gemelli  Careri ,  Voyage  ,  t.  2  ,  p.  271.  Corneille  le 
Brun,  Voyage  de  Moscovie  Si  de  Perfe  Sec.  p.  314,  dit 
que  les  maifons  de  cette  ville ,  ou  plutôt  village ,  font 
toutes  de  terre,  ci  éloignées  les  unes  des  autres.  Il  ajoute 
qu'il  y  a  vu  deux  pauvres  petites  mosquées  où  l'on  faifoit 
le  fervice. 

GÉAUNE.  Corneille  dit  :  Géaune  ville  de  France , 
en  Guyenne  ,  capitale  du  marquifat  de  Caftelnau;  elle 
eft  voifine  du  pays  d'Armagnac,  reffortit  à  S.  Sever, 
capitale  de  la  Chaloffe,  &  eft  arrofée  du  ruiffeau  de  Bas  qui 
vient  de  Béarn ,  Si  qui  ne  tarit  jamais.  De  l'Ifle  nomme 
ce  lieu  Geune  ,  en  fait  un  bourg  ,  le  met  à  quelque  dis- 
tance du  Bas ,  dont  la  fource ,  félon  lui ,  n'eft  pas  dans  le 
Béarn ,  mais  dans  le  Turfan  où  eft  aufli  Geune. 

GEBADjEI  ,  ancien  peuple  de  l'Arabie ,  mais  au  cou- 
chant de  la  mer  Rouge  ,  félon  Pline ,  1.  6  ,  c.  29. 

1.  GÉBAL  :  ce  terme ,  dit  D.  Calmet ,  ne  fe  trouve 
que  dans  le  Pfeaume  82 ,  v.  8 ,  GebalAmmon  Si  Ama- 
lech;  mais,  comme  le  remarque  ce  {avant  Bénédiâin, 
le  Chaldéen  &  la  Verfion  Samaritaine  mettent  quelque- 
fois le  mont  Gébal  au  lieu  du  mont  Séïr.  Jofeph,  An- 
tiq.  I.  a ,  parle  auffi  des  Gabilites ,  au  midi  de  la  Pales- 
tine ,  &  Etienne  le  géographe ,  de  la  Gabalene  dans  l'A- 
rabie ,  &  qui  eft  la  même  que  le  pays  d'Amalech.  Enfin 
Eufebe  Si  S.  Jérôme,  dans  leurs  Livres  des  lieux  Hé- 
breux, aux  mots  Idumtza  ,  Seïr,  Abiud,  Mabfard ,  Si 
Jether ,  font  fouvent  mention  de  la  Gebalene  ,  ou  Gaba- 
lene qui  eft  dans  l'Idumée  ,  Si  dont  Pétra  eft  la  capitale. 
Tous  ces  caractères  montrent  vifiblement  que  le  pays 
nommé  Gébal,  ou  Gabalene  eft  au  midi  de  la  tribu  de 
Juda ,  Si  dans  l'Idumée  méridionale.  Ce  terme  Gébal 
lignifie  une  montagne;  Si  la  dénomination  de  Gabalene 
n'eft  point  ancienne ,  puisqu'elle  ne  paraît  que  dans  le 
Pfeaume  82,  que  nous  croyons  avoir  été  écrit  du  tems 
de  Jofaphat  roi  de  Juda. 

Cet  article  éft  entièrement  de  D.  Calmet ,  D'ici. 

2.  GÉBAL.  ville  de  la  Phœnicie  ,  c'eft  la  même  que 
Byblos,  &Gabala  i. 

i.  GEBALA,  ancienne  ville  de  l'Espagne  Tarrago- 
noife ,  dans  les  terres ,  au  pays  des  Vardules  ,  félon  Pto- 
lomée  ,  1.  2  ,  c.  6. 

2.  GEBALA.  Etienne  le  géographe  dit  que  l'on  nom- 
moit  a'mfi  la  trcifieme  partie  de  la  Paleftine,  Si  cite  Jo- 
feph. Il  en  forme   le  nom  de  Gebalenus ,  ci  ajoute  la 


67 


Gebalene  ;  ci  I'Ha;manitide  a  été  le  nom  d\m  canton 
des  Iduméens.  Berkélius  fon  commentateur  croit  ,  qu'E- 
tienne a  eu  dans  l'esprit  la  Gobolite  qui  étoit  effective- 
ment un  canton  de  l'Idumée. 

GEBANITjE  ,  ancien  peuple  de  l'Arabie  heureufê. 
Pline  ,1.  6,  c.  28  ,  les  diftingue  des  Catabani  ,  comme 
deux  peuples  différens.  Il  dit  que  ces  premiers  avoient 
beaucoup  de  gros  bourgs,  Pluribus  oppidisfed  maximis. 
Il  nomme  enfuite  Nagia  Si  Tamna  où  étoient  foixan- 
te-cinq  temples.  Mais  quoique  les  Catabani  Si  les  Ge- 
banita.  fuffent  deux  nations  distinguées  ,  il  eft  vraifem- 
blable  qu'elles  étoient  ûibordonnees  l'une  à  l'autre  ;  car 
Tamna ,  ou  Thomna  qui ,  félon  Pline  ,  appartenqit  aux 
Gébanites ,  Si  étoit  leur  capitale ,  eft  nommée  la  capi- 
tale des  Catabaniens  par  Eratofthene ,  cité  par  Strabon , 
/.  16 ,  p.  768.  Ce  peuple  étoit  voiiin  de  l'entrée  du  golfe 
Arabique  ,  félon  Strabon ,  quoique  Ptolomée  l'ait  mis  à 
l'embouchure  du  golfe  Perfique. 

GEBBETHON  ,  ancienne  ville  de  la  Paleftine,  dans 
la  tribu  de  Dan.  D.  Calmet  dit  :  c'eft  apparemment  la 
même  que  Gabbata.  Bafa  ,  ufurpateur  du  royaume  d'Is- 
raël ,  tua  Nabab ,  fils  de  Jéroboam ,  dans  la  ville  de  Geb- 
bethon  ,  qui  étoit  alors  aux  Philiftins.  *  Jofué,  c.  19, 
v.  44.  Reg.  1.  3  ,  c.  1 5  ,  v.  27. 
^  GEBCHUMAL,  bourg  d'Afie,  dans  la  Perfe,  entré 
l'Iraque  &  le  Courdiftan  ,  à  82  d.  40'  de  longitude  ,  ci  à 
36  d.  de  latitude.  *  Hifl.  de  Timur-Bec,  l.  3  ,  c.  21. 

GEBEL-EL-HADICH,  anciennement  Phocra ,  mon- 
tagne d'Afrique,  en  Barbarie,  au*royaume  de  Maroc, 
dans  la  province  de  Héa ,  aux  confins  de  celle  de  Ma- 
roc Si  de  Duccala  ,  félon  Baudrand  ,  édit.  170^.  Elle 
s'étend  du  midi  au  nord  le  long  de  la  rivière  d'Afifnual, 
&  forme  le  cap  qui  eft  à  l'entrée  méridionale  du  golfe 
d'Azafia ,  ou  de  Zafi.  Cela  s'accorde  avec  la  Carte 
du  royaume  de  Maroc  par  Sanfon ,  de  qui  cette  description 
eft  prife. 

GEBELLE ,  ancienne  petite  ville  de  Syrie ,  félon  Bau- 
drand. C'eft  la  même  que  Gébail,  Gabli ,  Jébïlée ,  & 
GABALA.  i. 

GÉBENNA,  & 

GEBENNICI  MONTES.  Céfar ,  de  Bell  Gall.  I.  7; 
c.  8  ,  nomme  Gebenna  une  montagne  qui  féparoit  les  At- 
vernes  ou  Auvergnats  des  Helviens.  Quelques  éditions  , 
entr'autres ,  celle  de  Cambridge ,  portent  Cebenna.  Mons 
Cebenna  qui  Arvernos  ab  Helviis  discludit.  Quelques 
manuscrits  portent  Helvetiis ,  mais  c'eft  une  faute.  Cette 
montagne  a  confervé  fon  ancien  nom  ,  &  s'appelle  les 
Cévennes ,  ou  Scvennes.  Les  Grecs  ont  un  peu  changé 
ce  nom ,  &  ont  dit  Cemmenus  Mons,  &i  Cemmenï  Montes. 
Sanfon  ,  dans  fes  Remarques  fur  fa  Carte  de  l'ancienne 
Gaule ,  dit  :  les  Sévennes  ont  premièrement  féparé  les 
Celtes  de  laprovince  des  Romains,  puis  l'Aquitaine  pre- 
mière d'avec  la  Narbonnoife.  Voyez  l'article  Cemmenus 
Mons  ,  dont  je  crois  que  Gebenna ,  ou  Cebenna  de  Cé- 
far ,  n'étoit  qu'une  partie. 

GEBEONFŒ,pour  GABAONiTjE.Voyez  Gabaon. 

GEBES ,  rivière  d'Afie,  dans  la  petite  Phrygie ,  félon 
Pline,  /.  5 ,  c.  32. 

GEBHA,  ville  de  Barbarie  ,  au  royaume  de  Fez  , 
dans  la  province  d'Errif.  C'eft ,  dit  Marmol ,  /.  4 ,  c.  70  , 
une  petite  ville  qui  a  de  bonnes  murailles ,  Si  qui  a  été 
bâtie  par  les  anciens  ,  Africains  le  long  de  la  côte ,  à 
huit  lieues  de  Vêlez,  du  côté  du  levant.  Elle  eft  toute 
ruinée,  quoique  quelques  Béréberes  s'y  retirent,  à  caufe 
de  quelques  jardins  &c  de  quelques  vignes  qui  y  font , 
&  des  eaux  qui  viennent  des  bois  d'alentour.  Tout  le  refte 
du  pays  eft  fec  Si  ftérile,  fans  porter  aucun  bled.  Ils 
demeurent  là ,  quand  ils  ont  quelques  troupes  pour  le» 
défendre  ;  autrement  ils  fe  retirent  dans  les  montagnes , 
où  ils  font  plus  affurés  que  dans  leurs  murailles.  Il  y  a  , 
à  l'entrée  occidentale  du  golfe  de  Mézemma  un  cap 
que  l'on  croit  être  YOleafbum  Promontorium  desanciens, 
ou  cap  des  oliviers  ainfi  nommé  à  caufe  de  la  multitude 
des  oliviets  fauvages  qui  y  font.  Ptolomée  lui  donne  9  d. 
de  longitude ,  Si  34  d.  56'  de  latitude. 

GEBISE ,  ou  LÉBUSSE  :  c'étoit  autrefois  une  ville 
nommée  Lybiffa  ,  où  le  fameux  Annibal  s'empoifonna 
Si  futenfeveli.  Ce  n'eft  plus  qu'un  village  de  Natolie  ,  fur 
une  petite  rivière  de  même  nom  ,  entre  Nicomédie  Si 
Chalcédoine.  Baud.  édit.  1705. 

GÉBLOVA ,  petite  ville  de  l'empire  Ruflien.  Bau- 
Tome  III.       I  ij 


68 


CED 


GEG 


drand  dit  qu'elle  eft  fur  la  rivière  de  Mologa,  dans  le  du- 
ché de  Biela-Ozero ,  &  aux  confins  de  celui  de  Jeroflaw. 
De  l'Ide  la  nomme  GoLOLOBOVA  Sloboia;  ce  mot  Slo- 
boda  ne  veut  dire  qu'un  bourg  ;  il  la  met  à  la  rencontre 
de  la  rivière  Mologa  &  du  Wolga.  La  Mologa  la  fépare 
"d'une  ville  nommée  Mologa  ,  Ô£  dont  elle  eft  comme 
un  fauxbourg.  Cette  ville  de  Mologa  eft  au  duché  de 
Roftow  ,  au  lieu  que  Gololoboya  eft  au  duché  de  Biela- 
Ozero. 

GÉBOLE.  Carré ,  dans  fon  Voyage  des  Indes  orien- 
tales ,  nomme  ainfi  la  ville  de  Syrie,  que  d'autres  nom- 
ment Jébilée,  Gébail,  &c.  Elle  eft,  dit-il ,  entre  Alexan- 
drie &  Tripoli.  Elle  appartient  aux  Turcs  qui  y  ont  une 
grande  &  belle  mosquée  avec  des  reftes  de  ftatues  qu'ils 
ont  rompues.  C'étoit  autrefois  une  ville  célèbre  &;  très- 
ornée  ,  tant  au-dehors  qn'au  dedans.  Il  y  a  au  devant  une 
grande  place ,  avec  une  belle  fontaine  au  milieu ,  plantée 
d'arbres  toujours  verds.  Les  murailles  de  la  nouvelle  ville 
font  beaucoup  plus  étroites  que  celles  de  l'ancienne  qui 
étoit  grande  &  bien  bâtie.  Il  n'y  a  plus  aujourd'hui  que  dix 
ou  douze  familles  qui  ont  bien  de  la  peine  à  vivre.L'avarice 
desTurcs  achevé  de  dépeupler  ce  lieu  de  même  que  presque 
tous  les  autres  qui  font  fous  leur  domination. 

GEBONITIS ,  lieu  de  la  Syrie ,  félon  Jofeph ,  de  Bello 
•  Juda'ic.  I.  2 ,  c.  14,  cité  par  Ortélius  Thef. 

GÈBRENI  :  on  lit  dans  Dicris  de  Crète,  à  la  fin  du 
cinquième  livre  :  Fitque  princeps  amicitiœ  ejus  ,  Rex  Ge~ 
brenorum  Œnides.  Ortélius  doute  s'il  ne  faut  pas  lire  Ce- 
brenorum. 

GEBTHON  ;  le  même  que  Gebbethon. 

GÉCHAO ,  ville  de  la  Chine ,  dans  la  province  de 
Channton,  au  département  de  Cincheu,  quatrième  mé- 
tropole de  la  province.  Elle  eft  plus  orientale  que  Pékin 
de  2  d.  4' ,  par  les  3  5  d.  45  '  de  latitude.  *  Atlas  Si- 
nenfis. 

GEDANUM,  nom  latin  de  Dant^ig. 

GEDANENSIS  SINUS,  nom  que  les  Latins  moder- 
nes donnent  au  golfe  de  Dantzig. 

GEDDA.  Voyez  Gioddah. 

GEDERA  :  ces  mots  Gedera  ,Gederot ,  Gederothaïm, 
Gedor ,  Gadera ,  Gagera  ,  Gaderoth  ,  Gafer,  Ga^eroth, 
ne  marquent  qu'une  même  ville ,  félon  D.  Calmet.Voyez 
Gader. 

GEDNE ,  ville  de  l'Afrique  proprement  dite ,  félon 
Ptolomée,  /.  4,  c  3. 

GEDOR.  Voyez  Gedera. 

GEDRANLT7E ,  ancien  peuple  de  l'Arabie  heureufe, 
félon  Pline ,  l.  6 ,  c.  28. 

GEDROSIE  ,  (  la  )  grande  province  d'Afie.  Ptolomée, 
/.  6,  c.  21  ,  la  borne  ainfi  :  elle  avoit  la  Carmanie  an 
couchant  ;  la  Drangiane  &  l'Arachofie  au  nord  ;  la  par- 
tie de  l'Inde,  qui  eft  le  long  de  l'indus,  la  terminoit  à 
Forient,(k  l'océan  Indien  au  midi  :  ainfi  elle  s'étendoit  affez 
loin  le  long  de  cette  mer ,  depuis  la  Carmanie  jusqu'à  l'In- 
de ,  &  avançoit  beaucoup  vers  le  nord.  Les  habitans  ont  été 
nommés  Gedroji  &  Gedrufi  par  Pline  ,  /.  6 ,  c.  2.0  &  23. 
Les  Grecs  ont  dit  répara  &i"êiTp»V;e;,&:mêmeraJ>f-V/(». 
Denys  de  Sicile  dit  par  un  K  ktff mit.  Suidas  prend  le 
mot  YLttyutsla.  pour  un  nom  de  ville  ,  faute  d'avoir  fu  que 
ce  nom  ne  fignifioit  que  la  Gédrofie  pays.  A  l'imitation 
de  ces  Grecs  ,  Ammien  a  dit  la  Cédrojie  ,  &.  non  la  Gé- 
drofie ;  MM.  de  Valois  ont  bien  vu  qu'il  n'y  falloit  rien 
changer. 

La  Gédrofie  avoit  quelques  fleuves  :  le  principal  eft 
nommé  diverfement  Arbis ,  Arabius ,  Artabis  &:  Arta- 
bius.  Les  peuples, qui  en  habitaient  les  bords,étoient  nom- 
més Arabiia.  C'eft  aujourd'hui  l'Ilment,  &  De  Mie 
met  à  fon  embouchure  un  lieu  nommé  Arabia.  Pli 


Içhthyophages  avoient  un  pays  de  près  de  mille  ftades , 
ou  cent  vingt-cinq  milles  ;  cela  fait  en  tout  quatre  cens 
cinquante  milles  de  côtes  maritimes. 

Les  principaux  lieux  que  Ptolomée  range  fur  cette  côte„ 
font  la  plupart  des  noms  obscurs  ;  favoir  , 

Rhapava  ou  Ragirava  , 
Le  Port  des  Femmes , 
Boyamba,  ou  Coyamba, 
&:  Rhizana. 

Voici  les  peuples  qu'il  place  dans  la  Gédrofie. 

Vers  la  mer,  les  Abérites  ,  ou  Arabites. 

Près  de  la  Carmanie  les  Garsides. 

Près  de  l'Arachofie,  les  Musarinéens. 

Au  cœur  du  pays  ,   eft  le  canton  nommé  la  Par- 

DENE. 

Au-deffbus  ,    eft  la  Parisiene. 

Et  au  voifinage  de  l'indus,  IesRHAMNES. 

Les  villes  &  les  villages  de  fe  Gédrofie  font,   félon 


Cuni  , 

Badara  , 

Mufarna, 

Cottobara , 

Sosxetra ,  ou  Soxljlra , 

Oscana  , 

Eajis,  ou  Parfis,  métropole, 

Omifa, 

Arbis  ,  ville. 

Les  ifles  adjacentes  de  la  Gédrofie  font, 

Ajlhma,  ouAJlkala, 
Codane. 

La  Gédrofie  eft  préfentement  le  pays  de  Mekran,  qui 
en  renferme  la  plus  grande  partie. 

GEELMUYDEN,  ou  Geelmuyen,  ouGelmui- 
DEN,  anciennement  Manarmanis  Portas ,  petite  ville 
des  Pays-bas ,  dans  l'Overiffel  ,  au  pays  de  Salland 
entre  Vollenhoven  ck  Hafîèlt,  à  une  lieue  de  l'une  &  de 
l'autre  ,  &  à  pareille  diftance  de  Campen,  à  l'embou- 
chure du  Wecht  dans  le  Zuyderfée.  Il  y  avoir  autrefois 
un. bon  château,  qui  fut  détruit  dans  les  guerres  civiles 
de  la  République  naiffante ,  contre  les  gouverneurs  Espa- 
gnols. *  Mémoires  communiqués. 

GEERTRUYDENBERG.  Voyez  Gertruiden- 
berg. 

GEERVLIET,  ci-devant  petite  ville ,  à  préfent  bourg 
de  moyenne  grandeur,  aux  Pays-bas,  dans  la  Hollande 
méridionale ,  dans  Me  de  Putten  ,  à  l'endroit  où  fe 
joignoient  autrefois  le  Wahal  &  la  Meufe.  La  commo- 
dité de  (a  fituation  au  confluent  de  deux  grandes  ri- 
vières,  Se  le  voifinage  de  la  mer,  donnent  lieu  de  croire 
que  ce  heu  étoit  fort  confidérable  :  il  y  avoit  une  doua- 
ne ,  où  payoient  toutes  les  barques.  Ce  bourg  eft  à  une 
lieue  &  demie  de  chemin  ôt  au  fud-eft  de  la  ville  de 
Briel.  Le  château  de  Geervliet  eft  préfentement  la  réfî- 
dence  du  Ruaart  de  Putten  ;  c'étoit  autrefois  celle  des 
feigneurs  de  Putten  &  de  Stryen.  *  Mémoires  communi- 
qués. 

GEGENBACH,  ville  libre  impériale  d'Allemagne, 
au  cercle    de   Suabe  ,    dans   l'Ortenau.  Zeyler ,  Suev. 


met  a  ion  embouchure  un  heu  nomme  Arabia.  Pline,  Descr.p.  33  ,  écrit  Gengenbacfz,  petite  ville  impériale 
/.  6 ,  c.  23  ,  fait  couler  dans  la  Gédrofie  une  rivière  qu'il  dans  le  Mordnav ,  vis-à-vis  du  Rhin ,  à  un  mille  d'Of 
nomme  le  Nagre      dont  il  eft  le  feul  qui  ait  parlé,  &    fenbourg,  fur  le  Kintzig ,  &  à  trois  mille  de  Strasboun 


qu'il  dit  avoir  été  navigable.  Les  peuples  les"  pi 
marquables  de  la  Gédrofie  étoient  les  Arbies ,  Arbites  , 
ou  Arabites;  les  Ornes,  &c  les  Içhthyophages ,  ou  man- 
geurs de  poiffons.  Arnen ,  in  Indic.  partage  ainfi  le  pays 
entre  ces  peuples ,  &  nous  apprend  en  même  tems  quelle 
en  etoit  1  étendue.  Depuis  l'embouchure  de  l'indus  jus- 
quà  celle  de  l'Arbis  ,  ou  Arabius  ,  les  Arbies  ou  Ara- 
bles occupoient  environ  mille  ftades  ,  ce  qui  répond  à 
cent  vingt-cinq  mille  pas.  Depuis  cette  rivière,  les  Orites 
s'étendoient  l'espace  de  feizeeens  ftades,  qui  font  deux 
cens  milles.  De-là  jusqu'aux  frontières  de  Carmanie    les 


fenbourg ,  fur  le  Kintzig ,  tk  à  trois  mille  de  Strasbourg. 
Pirmin,  évêque  de  Strasbourg,  bâtit  à  Gegenbach,  l'an 
742 ,  un  monaftere ,  où  l'on  n'admit  que  de  la  noblefle. 
L'abbé  obtint  de  l'empereur  Rodolphe  I,  l'an  1278, 
qu'aucun  fujet  ni  vaffal  ne  pût  appeller  de  fes  jugemens. 
Long.  25  d.  46'.  Latit.  48  d.  28'. 

GEGITANUS  ,  liège  épiscopal  d'Afrique  ,  dans  la 
Mauritanie  Sitifenle.  On  trouve  dans  la  Conférence  de 
Carthage ,  p.  267  ,  édit.  Dupin ,  Quadratus  Episcopus 
Plebis  Gegitanœ  ;  &i  la  Notice  épiscopale  d'Afrique ,  met 
entre  les  évêques  de  la  Mauritanie  Sitifenfe  ,  Conjlantius 
Gegitanus. 


GEH 


GEH 


69 


de  Ta 


GÉHAN-ABAD.  Voyez  Dehli.  fleuve  n'efi  noire,  que  parce  quelle  eft  pleine  de  la 

GÈHAN-NUMAI,  palais  d'Afie  ,  clans  l'Indouftan  ,  à     bourbe  d'Egypte,  dont  le  terroir  eft  noir,  ce  qui  lui  a 
deux  lieues    de   Dehli.  *  Hift.   de    Timur-Bec  ,  l.  4,    .'fait  donner  1  épithete  de  p^^uMe ,  la  Verfion  de  iaint 
I7_  Jérôme,  qui  traduit  trouble ,  peut fubfiftér ,  en  prennant 

'  GE'rlAN  -  PÉNAH  :  c'eft  l'une  dés  trois  villes  qui  l'effet  pour  la  caufe.  Peut-être  les  Septante  dans  la  mê- 
me vue,  avoient-ils  écrit  CS~a>ç,  yÀ'm  ,  t 'eau  terreufe ,  l'eau 
bourbeafe;  ce  qui  a  depuis  dégénéré  en  v-aûi.  Je  ne  l'as- 
fure  pas  néanmoins ,  puisque  quelques  anciens  interprètes 
de  la  Verfion  des  Septante ,  ck  les  pères  de  Fégliié ,  qui 
citent  ce  partage,  lifent  conftamment  r«îy. 

Depuis  que  le  Nil  a  paffé  pour  le  Géhon,  les  Egyp- 
tiens ,  nation  fort  fuperftitieuf'e  ,  l'ont  fait  descendre  du 
ciel ,  ck  lui  ont  rendu  toutes  fortes  de  culte.  Les  Turcs  ck 
les  Juifs  ont  adopté  leurs  fuperftitions.  Homère  qui 
avoit  voyagé  ,  &C  étudié  en  Egypte ,  y  avoit  pris  cette 
do&rine  ;  car  il  a  appelle  le  Nil  STn'i-n ,  c'eft-à-dire  , 
venu  de  Jupiter.   Mais   presque  tous  les   poètes   attri- 


compofent  la  ville  de  Dehli.   *   Hift. 
I.  4,  c.  20. 

GÉHAVER ,  bourg  d'Afie  ,  dans  la  Perfe ,  au  Courdis- 
tan ,  dans  une  plaine  de  même  nom.  *  Hift.  de  Timur-Bec, 

L  ■$,   C.  ZÇ). 

GÉHENNA.  Voyez  l'article  qui  fuit. 

GÉHENNON ,  ou  Vallée  d'Hennotî  ,  ou  Ge- 
henna  ,  ou  Vallée  des  enfans  dTïennon  <a) , 
vallée  de  la  Paleftine ,  joignant  Jérulalem.  Voyez  1  O- 

1.  GÉHON,  (le)  fleuve  dont  parle  Moïfe  dans  la 

Description,  du  paradis  terreftre.  Voici  ce  qu'il  dit  ,Ge-  ^  _ 

nef.  c.  2 ,  x„  13  ;  &  le  nom  du  fécond  fleuve  eft  Gehon:  iuant  i>or;gme  des  rivières  aux  eaux  du  ciel,  les  appel- 

c'eft   celui  qui    tournoie  dans    toute  la  terre  de  Chus.  i0;ent  TaCi  jes  dieux.  C'a  été  apparemment  dans  la  vue 

On  fait  que  l'explication   des  quatre  fleuves  a  partage  d'attribuer  au  Nil  quelque  chofe  de  divin  ,  que  Nonnus 

les  favans.  Ils  ont  extrêmement  dispute  fur  le  Phifon  a  feint  ^   Ja  demeure  des  Dieux  dans  le  ciel  eft    au- 

&  fur  le    Géhcn.   Huet  a  recueilli  un  grand  nombre  deflùs  du  Nl[_  Les  Brachmanes  en  difent  autant  du  Gan- 


recuei 
de  ientimens  différens  dans  fon  Traité  de  la  fituation 
du  paradis  terreftre.  Il  a  paffé ,  dit-il  ,  chez  les  uns , 
pour  le  Gange  ,  chez  les  autres ,  ck  particulièrement 
chez  les  Arabes ,  pour  F  Oxus.  On  l'a  pris  pour  YJraxe, 
pour  le  Nakar-Malca  ,  qui  eft  un  des  canaux  faits  à  la 
main,  qui  joignent  l'Euphrate  au  Tigre;  pour  le  Na- 
harfarés  ,  qui  eft  le  plus  occidental  de  ces  canaux  ck 
pour  le  torrent  du  même  nom  de  Géhon ,  qui  eft  pro- 
che de  Jérufalem.  Je  paffe  d'autres  opinions,  pourfuit 
ce  (avant ,  pour  venir  aux  deux  qui  ont  le  plus  de  par- 
tifans  ;  je  veux  dire  celle  qui  foutient  que  Géhon  eft 
le  Nil  ,  ck  celle  qui  foutient  que  c'eft  le  canal  le  plus 
occidental  des  deux  qui  partagent  le  Tigre  ck  l'Euphrate     fes  anciens 


ge  ,  que  les  Egyptiens  du  Nil ,  ck  ils  l'appellent  Ri- 
vière Ciltfte  ,  comme  on  a  appelle  le  Nil  Rivière  venue 
de  Jupiter  :  ck  les  Mahometans  pour  la  même  railbn 
attribuent  la  même  origine  à  l'Oxus  ,  qu'ils  appellent 
Géhon  ,  au  Tigre ,  ck  à  l'Euphrate.  Ils  l'attribuent  auflï 
au  Jaxarte ,  qu'ils  appellent  Sichow  ;  dont  je  ne  vois 
point  d'autre  raifon  que  la  proximité  de  ces  fleuves, 
Oc  de  leurs  branches ,  qui  font  croire  à  ces  peuples  qu'ils 
partaient  d'une  même  fource ,  Si  partant  que  l'un  ne 
pouvoit  venir  du  ciel ,  fans  que  l'autre  en  vint  auffi. 
Peut-être  ont -ils  confondu  ce  Sichon  avec  un  autre 
fleuve  du  même  nom ,  qui  eft  en  Cilicie.  C'eft  celui  que 


géographes  Grecs  appellent  Cydnus.  Un  au- 

j oints  enfemble.                                .                             .      .  tre  fleuve  de  la  même  province,  nommé  Géhon,  a  con- 

La  première  de  ces  opinions  qui  veut  que  Gehon  toit  tribué  à  leur  errem._  c>eft  ,e  pyramus  des   ancjens  ;  il 

le  Nil  eft  de  Jofeph,  de  la  plupart  des  pères  de  IL-  paffe  par  la  viUe  d'Adana    dont  j'ai  parlé  ci-devant.  Le 

glife ,  &  d'une  infinité  d'interprètes   de  la  fainte  een-  nom  d'Adana  eft  le  même  que  celui  d'Eden.  Il  n'en  a 

ture.  Les  Abiffms  même  s'en  flattent ,  &  ne  connoiflent  pas  fauu  davantage  ,   pour  periuader  à  cette  nation,  que 

aujourd'hui  le  Nil  que  fous  le  nom  de  Gichon ,  par  une  cet  gden  étoit  le  lieu  où  étoit  fitué  le  paradis  ,  ck  que 

erreur  femblable  à  celle  qui  leur  a  fait  dire  que  la  reine  ces  fleuves  en  venoient.  Abulféda ,  géographe  Arabe,  a 

de  Saba  avoit  régné  dans  leur  pays ,  ck  que  leurs  rois  cru  fauffement  que  ces  deux  rivières  fe  joignoient  près 

font   fortis   de  Salomon    ck  d'elle,    ck   que   Memnon  d'Adana,  &  entroient  conjointement  dans  la  mer.  D'ail- 

étoit  leur  compatriote.  Cette  opinion  s  eft  établie  pre-  jeurs  ;[s   av0;ent    ouï  parler   d'une   autre  rivière  de  la 

miérement  fur  le  paflage  de  l'Eccléfiaftique ,  c.  24 ,  v.  3  5  même  province,  nommée   Paradis;   Pline  l'a  remar- 

&Jeq.  où  il  eft  dit  de  Dieu  qu'il  emplit  tout  de  fagefie  ,  qué  ,    &:  quelques  autres  encore.  Toutes  ces  idées  con- 

comme  le  Phifon  ck  comme  le  Tigre  au  renouveau  ;  mfeSj  jointes  à  la  grofîiereté  des  Mahometans,  leur  ont 

qu'il  remplit  l'entendement  comme  l'Euphrate  &  corn-  fait  dire  qiie  la.  rivière  de  Sichon  venoit  du  ciel, 

me  le  Jourdain,  au  tems  de  la  moiffon  ;  qu'il  fait  briller  L'ignorance   de  la  vérité  n'a  pas  feulement    rendu 

la  doftrine  ,  ainfi  qu'une  lumière ,  ck  comme  le  Géhon  commun  le  nom  de  Géhon  entre  le  Nil  ck  l'Oxus;  mais 

au  tems  de  la  vendange.  Comme  on  a  cru  que  1  auteur  e[[e  a  encore  rendu  commune  entre  ces  fleuves ,  une  des 

ayant  commencé  le  dénombrement  de  ces  fleuves  par  pius  mémorables  aventures  qui  foient  arrivées  fur  le  Nil; 

l'orient ,  il  falloit  que  le  Phifon  fût  le  Gange  ,  on  a  cru  je  veux  dire  cene  de  Moïfe ,  lorsqu'il  y  fut  expofé.  Té- 

auffi  qu'il  l'avoit  fini  par  ^occident,  ck   partant  quelle  xff;ra  en  rapp0rte  une  pareille  de  Darab  ,  roi  de  Perfe. 

Géhon  étoit  le  Nil.  On  s'eft  perfuadé  de  plus  que  c'é-  \\  d[t  que  ia  re;ne  fa  mere  mt  forcée  de  l'expofer  dans 

toit  le  fentiment  des  Septante,  parce  que  dans  le  fécond  un  berceau  fur  l'Oxus  ;  qu'il  en  rut  retiré  par  un  homme , 

chapitre  de  Jérémie ,  v.  18 ,  ils  ont  rendu  le  mot  hé-  qui  t  (iirpris  de  fa  beauté  ,   ck  touché  de  fon  infortune, 

breu  TirW  Shichor  par  celui  de  Géon  rWi\  .  \t  fit  nourr;r  par  fa  femme ,  ck  qu'il  parvint  enfin  à  la 

Ce  paffage  mérite  quelque  confidération.  Dieu  repro-  royauté  par  fon  mérite, 

che  aux  Isrëalites  qu'ils   ont  oublié  la  confiance  qu'ils  Je  v;ens  a  l'autre  opinion  qui  approche  plus  près  de 

lui  doivent  pour  chercher  l'appui  des  Egyptiens  ck  des  ]a  vérité,  prenant  pour  le  Géhon  le  canal  le  plus  occi- 

Affyriens.   Que  prétendez-vous ,  leur  dit  Dieu,  prenant  dental  des  deux  que  font  le  Tigre,   ck  l'Euphrate  joints 

le  chemin    d'Egypte  pour   aller   boire   l'eau  du  Nil?  enfemble ,  lorsqu'ils  fe  féparent  pour  entrer  dans  la  mer. 

Les  Septante  ont  traduit  »<r«p  yxtot  l'eau  de  Géhon;  Se  C'eft  le  fentiment  des  docteurs  de  Louvain,  deScaliger, 

S.  Jérôme  ,  InJerem.  c.  2 ,  &C  Epift.  27  ,  l'eau  trouble.  De  Emend.  temp.  lib.  5  ,  &  de  la  plupart  des  interprètes 

Shichor  ne  fignifie  point  proprement  trouble  :  il  lignifie  modernes,  qui  tous  en  cela  ont  fuivi  Calvin.  Leur  prin- 

noir ,  &  on  a  donné  ce  nom  au  Nil  ,  parce  que  fes  eaux  cipale  raifon  eft  la  même  qu'ils  ont  eue  pour  prendre  le 

font  noires  :  les  Egyptiens  pour  cette  raifon  le  peignoient  canal  oriental  pour  le  Phifon.  Car  ayant  pofé  cela,  c'é- 

de  couleur  noire  fous  la  perfonhe  d'Ofiris,  ck  les^  Grecs  toit  une   conféquence  de    leur  fyftême  de  dire  que  le 

l'appelloient  Mê*.«ç  noir ,  ck  les  Latins  Melo  ;  d'où  quel-  Géhon  étoit  le  canal  occidental.  Ils  ont  eu  encore  une- 

ques-uns   veulent  que  fe  foit  formé  le  mot  Nilus.  Us  autre  railbn  particulière ,  en  prenant  la  province  de  Chus 

fe  trompent.  Ce  nom  vient  de  celui  de  Nuchul,  que  lui  que   ce   fleuve  arroiè  ,    pour  l'Arabie  ,    &  n'en   con- 

donnoient  ceux  qui  habitoient  fur  les   bords  ,  comme  noiffant  point  d'autre  de  ce  nom  ,  que  l'Arabie ,  &  l'E- 

nous  l'enlèignent  les  géographes  Mêla.,  6k  jEthicus.  Nu-  thiopie. 

ckuleRh  même  chofe  que  l'hébreu  TU ,  Nachal,  qui  Huet  tâche  de  prouver  qu'ils  fe  font  abufés.  Il  pré- 

fignifïe  torrent ,    comme  l'appellent  fouvent  les  auteurs  tend  que  le  Géhon  eft  le  canal  oriental    des   deux  qui 

facrés,   à  caufe  de  fes  inondations  ordinaires,  caufées  divifent  l'affemblage  de   l'Euphrate   Se  du  Tigre.   Or, 

par  les  pluies.   Comme  de  Nachal,  ou  Nuchul  s'eft  for-  pourfuit-il,  comme  du  fyftême  de  ceux  qui  prennent  le 

mé  Nilus,  ainfi  de  Shichor  s'eft  formé  Siris  ck  Sirius ,  Phifon  pour  le  canal  oriental,  il  s'enfuit  que  le  Géhon 

qui  font  les  noms  du  Nil.  Cependant ,  comme  l'eau  de  ce  eft  l'occidental  ;  il  s'enfuit  aufli  du   nôtre  qui  pofe  le 


yo 


GEH 


G  EH 


Phifon  pour  Je  canal  occidental  &  Chanlah,  que  le 
Phif'on  arrofe,  pour  la  première  province  que  Ion  trouve 
à  l'occident  de  l'embouchure  de  lEuphrate;  il  s  enfuit, 
dis-je ,  de  ce  fyftême ,  que  le  Géhon  eft  le  canal  orien- 
tal, &  que  la  province  que  le  Géhon  parcourt,  eft  la 
première  province  que  l'on  trouve  à  l'orient  de  1  embou- 
chure de  l'Euphrate. 

Ce  canal  partant  de  l'Euphrate ,  comme  le  Phifon , 
&  tombant  dans  la  même  mer ,  eft  fujet  aux  mêmes 
accroiffemens ,  &  aux  mêmes  débordemens,  mais  non 
toutefois  fi  grands  ,  parce  que  les  rives  ne  font  pas  fi 
.baffes.  Ces  débordemens  lui  ont  fait  donner  le  nom  de 
Géhon ,  ou  ,  comme  l'écrivent  &  le  prononcent  les  Hé- 
breux, Gichon,  du  verbe  H1J  Gouach ,  qui  lignifie  s'é- 
couler. Ce  petit  courant  d'eau  ,  qui  étoit  proche  de  Jéru- 
falem ,  a  eu  le  même  nom ,  pour  la  même  caufe ,  parce 
qu'il  arrofoit .  les  jardins  voifins.  On  l'appelloit  autre- 
ment Siloé ,  TVf?&.  L'Evangile ,  (  Job.  9  , 7 ,  )  expofe  ce 
mot  par  celui  d'*Vt«r*A/«W >  HW  Schaluach,  c  eftr 
:à-dire  ,  envoyé,  échappe,  détourné,  conduit  pour  arro- 
fer  les  terres.  De -la  vient  que  lorsque  que  le  para- 
phrafte  Jonathan  a  trouvé  le  mot  Géhon  dans  le  texte 
hébreu  du  premier  Livre  des  Rois ,  il  l'a  traduit  par  le 
mot  Si/a.  Je  ne  m'amuferai  point  à  rapporter  toutes  les 
autres  étymologies  de  ce  mot ,  que  les  pères  ,  les  inter- 
prètes ,  tk.  les  rabbins  ont  imaginées.  Je  m'arrêterai  feu- 
lement à  celle  que  propofe  Jofeph.  Il  explique  Géhon , 
iiv  «V  T»s  ùvcno?S\ç  waS-iïliJui'iw  ,  qui  eft  produit ,  qui 
■s'écoule  de  l'Orient.  Il  ajoute  que  c'eft  le  Nil  ,  fuivant 
l'erreur  des  anciens  qui  confondoient  les  Indes  &  l'Ethio- 
pie, &les  croyoient,  ainfiquelafourceduNil,  à  l'orient 
de  l'Egypte.  lia  fait  voiren  cet  endroit ,  comme  en  beau- 
coup d'autres ,  que  pour  être  Juif,  il  n'en  étoit  pas  plus 
favant  en  hébreu.  Car  il  dérive  le  mot  rea>,  du  verbe 
!"!J3 ,  qui  lignifie  luire ,  éclater ,  d'où  vient  H3J  Nogah , 
Lucifer ,  l'étoile  du  matin  tk  HM  Noghi ,  la  lumière 
du  jour,  tk  MU  Giah,  l'éclat,  la  fplendeur ,  &c  le  Sy- 
riaque KfUO  Magaha ,  l'aurore  ,  le  matin.  Et  de  TVi 
Giah,  Jofeph  a  cru  que  fe  formoit  le  mot  pn>3  Gihon, 
ne  fâchant  pas  que  le  mot  hébreu  eft  |inU  Gichon,  tk 
non  pas  ?inU  Gihon  ;  ou  s'il  le  favoit  ,  ne  fâchant 
pas  que  pnU  Gichon  a  une  origine  plus  naturelle  ,  & 
moins  forcée.  Quoi  qu'il  en  foit ,  fi  cette  origine  a  lieu , 
elle  confirmera  mon  opinion ,  &  marquera  la  fituation 
de  ce  canal  ,  du  côté  du  levant ,  à  l'égard  du  Phi- 
fon ,  qui  eft  du  côté  de  Ponent.  *  Jofeph  ,  Antiq. 
1.  1  ,  c.  2. 

J'ai  déjà  dit  que  Moïfe  a  moins  appofé  de  marques 
au  Géhon  qu'au  Phifon,  parce  que  ce  dernier  étant 
connu,  la  fituation  feule  des  autres  fuffifoit  pour  les 
faire  connoître.  Car  le  Phifon  fe  rencontrant  le  premier 
à  l'égard  de  l'Arabie  pierreufe  ,  où  Moïfe  écrivoit ,  le 
fécond,  qui  étoit  le  Géhon  ,  ne  pouvoit  être  autre  que 
celui  que  l'on  trouvoit  enfuite ,  favoir ,  le  canal  oriental 
des  deux  qui  divifent  l'Euphrate  ;  car  de  l'aller  chercher 
plus  loin  ,  c'eût  été  contrevenir  aux  paroles  de  Moïfe , 
qui  marquent  expreffément  que  ce  fleuve  étoit  joint  aux 
trois  autres  dans  le  paradis.  On  en  étoit  fi  perfuadé  , 
que  rien,  à  mon  avis,  n'a  plus  contribué  à  faire  croire 
que  le  Nil  fortoit  de  l'Euphrate  ,  comme  Paufanias  tk 
Philoftrate  nous  affurent  qu'on  le  croyoit ,  que  l'opinion 
où  l'on  étoit  que  le  Géhon  étoit  le  Nil ,  tk  que  d'ail- 
leurs il  paffoit  pour  confiant  que  le  Géhon  étoit  un 
bras  de  l'Euphrate.  Peut-être  le  Géhon  auroit-il  été  plus 
reconnoiffable  par  les  >eftiges  de  fon  nom  ,  fi  la  pos- 
térité les  avoit  confervés  ;  mais  il  eft  demeuré  obscurci 
fous  les  noms  de  Phifon  &  de  Pafitigre ,  qui  fe  font 
étendus,  &c  l'ont  enveloppé ,  comme  je  l'ai  montré. 

C'eft  ainfi  que  ce  favant  évêque,  prévenu  que  le  para- 
dis terreftre  étoit  auprès  du  Tigre  tk  de  l'Euphrate ,  cher- 
choit  le  Géhon  dans  un  des  bras  de  ces  deux  fleuves ,  unis 
dans  un  même  lit. 

Le  Clerc  perfuadé  ,  au  contraire ,  que  le  paradis  terres- 
tre étoit  vers  la  fource  du  Jourdain ,  croit  que  le  Géhon 
eft  l'Oronte  dont  la  fource  n'eft  pas  fort  éloignée  de 
celle  du  Jourdain  ;  &  par  la  terre  de  Chus  que  le  Géhon 
arrofoit ,  il  entend  la  Cafilotide.  Il  trouve  dans  le  mot 
Chus  l'origine  du  nom  de  Cafius  ou  Cafïius.  Ce  qui  fa- 
vorife  ma  conjecture ,  dit  -  il ,  c'eft  l'ancien  nom  du 
fleuve  Oronte,  que  les  Grecs  ont  appelle  pl%M&ft,t,  parce 
que  fon  cours  eft  très-rapide ,  lorsqu'il  fort  de  fa  fource 


&  lorsqu'après  avoir  coulé  fous  terre  ,  il  recommence 
à  paroître  ;  ce  qui  eft  parfaitement  exprimé  par  le  nom 
de  p>i  dérivé  de  niJ.  Le  Clerc  trouve  cette  conjecture 
plus  fiiffifante  que  celle  de  Bochart,  tk  que  les  autres  qu'il 
avoit  fans  doute  examinées. 

Le  P.  Hardouin  a  un  fentiment  particulier.  Il  donne 
un  fens  nouveau  à  ces  paroles  du  texte  latin  :  Et  flu- 
vius  egrediebatur  de  loco  voluptatis  ad  irrigandum  pa- 
radifum  :  qui  indh  dividhur  in  quatuor  capita.  C  eft- 
à-dire|il  fortoit  de  ce  lieu  de  délices  un  fleuve  pour  arro- 
fer  le  paradis ,  qui  de-là  fe  divife  en  quatre  têtes ,  ou 
fources.  Il  trouve  ,  avec  raifon  ,  qu'il  n'eft  pas  commode 
de  fuppofer  que  les  quatre  fleuves  ,  favoir ,  le  Phifon  , 
le  Géhon,  le  Tigre  &c  l'Euphrate  fuffent  autant  de  bran- 
ches dérivées  du  fleuve  qui  fortoit  du  lieu  de  délices. 
De  Saci  a  mal  rendu  ces  mots  in  quatuor  capita  par 
ceux-ci  en  quatre  canaux  :  il  n'eft  point  queftion  là  de 
canaux ,  mais  des  fources  des  quatre  fleuves  qui  font 
nommés  enfuite.  Or  comment  peut-on  diré^me  ces  qua-^ 
tre  fources  fi  éloignées  l'une  de  l'autre ,  étoient  des  di- 
vifions  d'un  fèul  fleuve  ?  Avoir  recours ,  comme  quelques 
interprètes  l'ont  risqué ,  à  des  communications  fouterrai- 
nes,  c'eft  embarraffer  la  queftion  fans  nécefïïté.  La  dif- 
ficulté disparaît,  quand,  avec  le  P.  Hardouin,  on  rap- 
porte ces  mots  qui  eft  divifé ,  ou  qui  ejl  partagé ,  non 
pas  au  fleuve  duquel  il  ne  s'agit  plus  ,  mais  au  paradis. 
C'eft  comme  fi  Moïfe  eut  dit  :  tk  de  ce  lieu  de  délices 
fortoit  un  fleuve  pour  arrofer  le  paradis ,  dont  la  beauté 
ne  fubfifte  plus  entièrement  ;  mais  on  en  voit  encore 
des  reftes  autour  des  fources  des  quare  fleuves,  favoir, 
tkc.  On  peut  voir  fon  fentiment  entier  dans  fa  differta- 
tion  fur  la  fituation  du  paradis  terreftre,  imprimée  en 
latin  après  le  VI  livre  de  Pline  ,  clans  l'édition  in-fol. 
tk  en  françois  au  premier  tome  des  Traités  hiftoriques 
Se  géographiques  pour  faciliter  l'intelligence  de  l'écriture 
fainte ,  imprimés  à  la  Haye  en  l'année  1730. 

Comme  il  place  le  paradis  terreftre  au  haut  du  Jour- 
dain, il  croit  que  Moïfe  a  nommé  quatre  fleuves  voi- 
fins du  paradis  terreftre.  Le  Tigre  &  l'Euphrate  font 
connus.  Ce  père  croit  que  le  Géhon  eft  \eflumen  fal- 
fum  de  Pline  ,  tk  que  le  Phifon  eft  YAchana  du  même 
auteur.  Sur  ce  qu'il  eft  dit  que  le  Gehon  coule  autour 
de  tout  le  pays  d'Ethiopie ,  on  fait  voir  que  ce  ne  peut 
être  l'Ethiopie  proprement  dite  que  les  Juifs  ne  connois- 
foient  pas ,  mais  une  autre  Ethiopie  qui  étoit  dans  l'A- 
rabie ,  tk  la  même  que  la  terre  de  Madian.  Abacuc  , 
c.  3  ,  v.  7 ,  dit  :  Pro  iniquitate  vidi  tentoria  Ethiopien  : 
Turbabuntur  pelles  terra.  Madian.  La  féconde  femme  de 
Moïfe  eft  nommée  Ethiopienne  ,  en  hébreu  Chufith  , 
fittO;  &  au  livre  fécond  des  Paralipoménes ,  c.  21, 
v.  16 ,  on  lit  que  Dieu  fuscita  contre  Joram  l'esprit  des 
Philiftins  tk  des  Arabes  qui  habitent  près  des  Ethio- 
piens. Ces  quatre  fleuves  pouvoient  être  facilement  con- 
nus des  Israélites  à  qui  Moïfe  parloit.  Ils  étoient  à  une 
diftance  à-peu-près  égale  du  lieu  où  il  écrivoit  la  Ge- 
nèfe  ;  de  façon  que  ,  par  rapport  à  ce  même  endroit , 
félon  le  P.  Hardouin,  le  Tigre  &  l'Euphrate  étoient 
placés  au  feptentrion  ,  le  Phifon  &  le  Géhon  au  midi. 
Moïfe  ,  dit-il ,  fait  ici  mention  de  ces  quatre  fleuves  , 
parce  qu'il  vouloit  apprendre  aux  Israélites  que  cette  terre, 
oùillesconduifoit,  avoit  été  autrefois  le  lieu  du  paradis  , 
comme  elle  l'étoit  encore  dans  le  tems  qu'il  écrivoit ,  8c 
qu'aucune  autre  contrée  ue  lui  pouvoit  être  comparée , 
foit  qn'on  fe  tournât  du  côté  du  midi ,  où  le  Géhon  &C 
le  Phifon  arrofent  l'Arabie  heureufe  ,  foit  que  l'on  fe 
tournât  du  côté  du  feptentrion  ,  où  font  les  fources  de 
l'Euphrate  tk  du  Tigre  ,  puisqu' aucune  de  ces  contrées 
n'avoit  en  elle-même  que  la  quatrième  partie  de  la  beauté 
qui  fe  trouvoit  ramaffée  dans  le  lieu  de  délices  &  dans  le 
paradis ,  c'eft-à-dire  dans  cette  partie  de  la  Terre-fainte  ; 
&  fi  ce  n'eût  nas  été  là  l'intention  de  Moïfe,  il  foi- 
droit  dire  qu'il  ne  convenoit  pas  plus  de  faire  mention , 
dans  cet  endroit ,  du  Tigre  &  de  l'Euphrate ,  &  des  au- 
tres fleuves,  que  du  Rhin  &C  de  la' Seine.  Mais  il  en  fait 
mention,  parce  que  les  Israélites  favoient  parfaitement 
qu'on  leur  parloit  de  pays  très- agréables ,  en  leur  indi- 
quant les  contrées  arrofées  par  les  commencemens  de  ces 
quatre  fleuves. 

Si  je  me  fuis  un  peu  étendu  fur  ce  fleuve ,  c'eft  que 
j'ai  cru  que  la  matière  étoit  affez  importante  pour  devoir 
être  examinée ,  &  affez   obscure  pour  ne  devoir  pas 


CEI 


CEL 


choifir  de  moi  -  même  entre  ce  grand  nombre  de  con- 
jectures. J'avoue  pourtant  que  celle  du  P.  Hardouin  a  de 
très-grands  avantages  ,  qu'elle  eft  très-vraifemblable ,  êk 
que  fon  explication  fauve  de  mille  difficultés  géographi- 
ques dont  il  n'eft  pas  aile  de  fe  tirer,  en  fuivant  l'inter- 
prétation ordinaire. 

2.  GEHON.  (le)  on  a  vu  dans  ce  que  j'ai  cité  de 
Huet  dans  l'article  précédent ,  que  les  Arabes  appellent 
Gehon ,  l'Oxus  des  anciens.  D'Herbelot  écrit  Gihon  , 
ck  le  décrit  fous  le  nom  à'Amou.  Voyez  Oxus. 

3.  GEHON  :  (le)  le  même  Huet  met  dans  la  Cili- 
cie  un  fleuve  nommé  Gehon;  c'eft ,  dit-il  ,  le  Pyramus 
des  anciens  :  il  pafle  par  la  ville  d'Adana.  Le  nom  cYA- 
dana  eft  le  même  que  celui  d'Eden.  Il  n'en  a  pas  fallu 
davantage  pour  perfuader  à  cette  nation ,  que  cet  Eden 
étoit  le  lieu  où  étoit  fitué  le  paradis.  Il  rapporte  enfuife 
l'opinion  d'AbuIteda,  géographe  Arabe  ,part.  5 ,  climat.  4, 
p.  196.  Jetrpuve  dans  le  géographe  El-Èdrifli ,  que  la  ville 
de  Maflifla  fituée  à  XL  mille  pas  de  Scanderons ,  a  été 
nommée  par  les  Grecs  Mameflera.  Elle  eft ,  dir-il ,  par- 
tagée  en  deux  villes  fttuées  fur  les  deux  bords  de  la  ri- 
vière de  Gihan.  Cette  rivière  de  Gihan  tire  fa  fource 
du  pays  des  Romœens,  arrofe  d'abord  Maflifla,  enfuite 
le  territoire  de  la  forterefle  d'Almolauan  ,  ck  enfin  fe 
décharge  dans  la  Méditerranée.  La  ville  de  MaJJîffa  eft 
apparemment  la  même  que  Mécis  de  Paul  Lucas  ,  &  par 
conféquentle  Gihan  ,  ou  Gehon  du  géographe  El-Edrifli  ; 
ck  c'eft  par  conféquent  le  Ckagan  différent  de  la  rivière 
d'Adana  qui  eft  le  Choquen ,  ck  c'eft  ce  dernier  qui  eft  le 
Pyrame  des  anciens. 

Le  Choquen  n'eft  pas  le  Pyramus  des  anciens  qui  ont 
connu  fur  cette  côte  trois  rivières  ,  favoir  le  Cydnus  ,  ie 
Sarus  ,  ck  le  Pyramus.  La  première ,  qui  arrofoit  la  ville 
de  Torfe,  fe  nomme,  félon  Paul  Lucas,  Meribafa,  ou 
Sinduos.  On  fait  que  le  Pyramus  eft  appelle  aujourd'hui 
Malmifira.  Nous  ne  connoiflbns ,  entre  Malmiftra  ck  Me- 
ribafa ,  que  la  rivière  de  Choquen ,  qui  doit  être  le  Sarus 
des  anciens. 

4.  GEHON,  ou  Gihon ,  fontaine  de  la  Paleftine ,  au- 
près de  Jérufalem.  Voyez  GlHON. 

GEHOUAL ,  bourg  d'Afie  ,  dans  l'Indouftan ,  entre 
Lahor  ck  Dipalpour ,  au  midi  du  fleuve  Biah.  *  Hijl.  de 
Timur-Bec  ,  l.  4  ,  c.  1 3 . 

_  GEHROM,  ville  d'Afie,  dans  la  Perfe,  dans  la  pro- 
vince de  Fars.  Les  géographes  Arabes  lui  donnent  89  d. 
de  longitude  ,  ck  28  d.  30'  de  latitude. 

GEHUD,  ville  d'Afie  ,  dans  l'Indouftan,  ck  dans  la 
province  de  Halabafs  ,  fur  la  rive  gauche  du  Send ,  au 
fud-eft  d'Agra.  Longitude  95  d.  15'.  Latitude  24  d.  56'. 

*  Thevenot ,  Voyage  des  Indes.  Robert  Atlas. 
GEILDORFF,    Gaildorff,   ou    Geylendorff ,  petite 

ville  d'Allemagne ,  dans  la  Suabe ,  avec  un  château,à  trois 
milles  de  Schondorff,  ck  à  trois  heures  de  chemin  au  midi 
de  Hall  en  Suabe,  près  de  la  rivière  deKocher.  Il  n'y  a 
qu'une  églife ,  où  prêchent  deux  miniftres  de  la  Confes- 
fion  d'Augsbourg.  Le  château  eft  tout  auprès ,  ck  dans  la 
ville  ;  il  eft  beau  ck  aflez  grand  pour  loger  deux  cours  ; 
mais  il  n'a  point  de  fortie  vers  la  campagne.  Près  de  la 
ville ,  commence  un  vignoble,  dont  le  vin  eft  mince  6k 
aigre.   La  ville  appartient  aux  feigneurs  de    Limpurg. 

*  Zeyler,  Suev.  Topogr.  p.  33.  Long,  27  d.  24'.  Latit. 
48  d.  57'. 

GEIRAN  -  CAMICH,  c'eft-à-dire  les  Rofeaux  des 
Daims,  ville  d'Afie,  dans  le  Capchac  ,  à  quinze  jours 
ck  quinze  nuits  de  marche,  en  partant  de  Kech. Timur- 
Bec  la  furprit  6k  la  pilla.  *  Hijloire  dt  Timur-Bec , 
l.T.,c,tf. 

GEISA.  Voyez  Geiss. 

GEISENFELD  ,  ou  Geyfenfeld ,  bourg  d'Allemagne  , 
dans  la  haute  Bavière ,  dans  le  bailliage  de  Pfaffenho- 
ven ,  au  département  de  Munich ,  fur  la  rivière  d'Ilm  , 
entre  Pfafenhofen  au  midi ,  ck  le  Danube  au  nord.  Quel- 
ques-uns croient  que  c'eft  l'ancienne  Vallatum.  Il  y  a  uu 
monaftere  de  filles ,  6k  une  riche  abbaye  de  l'ordre  de 
S.  Benoit.  *Zey/er,Bavar.  Topogr.  p.  76.  Long.  29  d.  12'. 
Latit.  48  d.  40. 

GEISENHAUSEN  ,  bourg  d'Allemagne ,  en  Bavière, 
a  deux  ou  trois  milles  de  Landshut ,  fck  fous  le  dépar- 
tement ;  il  a  fa  juftice  particulière. 

GEISLINGÉN,  ouGeylengen,  petite  ville  impériale 
dans  la  Suabe,  fur  le  {Cocher,  au-deflbus  de  Hall.  Elle 


prend  fon  nom  du  château  de  Gtyfelflein,  qui  étoit  an^ 
ciennement  fur  la  hauteur  pleine  de  roches ,  qui  en  con- 
ferve  encore  le  nom  ,  6k  qui  eft  fur  la  gauche ,  quand  on 
vient  d'Ulm.  On  ne  fait  ni  qui  l'avoit  bâti ,  ni  par  qui 
il  tut  détruit.  Geidingen  eft  une  jolie  ville  aflez  bien  bâtie. 
Quelques-uns  la  mettent  dans  le  Filfz-Thal.  Dans  le  voi- 
fmage  eft  le  bourg  d'Altenftatt ,  que  Crufius  croit  avoir 
fait  autrefois  partie  de  la  ville  de  Geiflingen  ,  ce  qui 
n  eft  pas  vraifemblable  ;  car  ce  bourg  n'appartenoit  pas 
ci-devant  aux  comtes  de  Helfenftein ,  propriétaires  de 
Geiflingen ,  mais  aux  comtes  de  Spitzenberg ,  dont  un 
eft  encore  dépeint  avec  fes  armes  dans  une  chapelle ,  à 
Altenftatt.  Geiflingen  a  quatre  portes  ck  deux  églifes  , 
dont  une  ,  favoir  la  paroiffe ,  eft  dédiée  à  Notre-Dame  , 
l'autre  s'appelle  l'églife  de  l'hôpital.  A  environ  une  heure 
de  chemin  de  la  ville,  eft  le  village  à'Uberkingen ,  où 
font  des  eaux  minérales  que  l'on  boit,  ck  dont  on  fe 
fert  aufli  pour  les  bains.  Longitude  27  d.  18'.  Latitude 
49  d.  8'. 

GEISMAR,  petite  ville  d'Allemagne,  au  landgraviat 
de  Hefie-Caflel.  Zeyler,  Haffiœ,  Topogr.  p.  40,  écrit 
Geifmar,  Hove-Gismar ,  ou  Hoff-GeiJ'mar  ;  peut-être, 
ajoûte-t-il,  eft-ce  pour  la  diftinguer  du  village  de  Geiff- 
mar  qui  eft  près  de  Franckenberg.  Lupus  Servatus ,  dans 
l'Hiftoire  de  S.  Wigbert ,  abbé  de  Frietzlar,  nomme  Geis- 
mar Villa  Geismari.  L'an  724,  S.  Boniface  y  vint  , 
ck  y  renverfa  un  arbre  prodigieufement  gros  que  les 
payens  adoroient  pour  Jupiter  ;  ck  il  bâtit  à  la  place 
une  chapelle  fous  l'invocation  de  S.  Pierre. 

Le  nombre  des  habitans  s'accrut  chaque  année  ;  ck  ce 
lieu,  qui  n'étoit  qu'un  village ,  devint  un  bourg.  La  cha- 
pelle fut  augmentée  ,  ck  l'on  en  fit  une  grande  églife. 
Geismar  eft  préfentement  une  ville  de  la  bafle  Hefle  , 
ck  le  chef-lieu  d'un  bailliage.  On  y  voit  encore  des  mu- 
railles qui  enfermoient  une  petite  ville  nommée  Nord- 
Geismar,  ou  la  Geismar  feptmtrionale.  Il  y  a  eu  aufli 
un  château  nommé  Schonberg ,  qui  fut  démoli  en  1590 
ôc  1591  ,  ck  dont  les  matériaux  ont  été  portés  à  Saba- 
bourg.  Ce  château  étoit  la  réfidence  de  la  maifon  de 
Schonenberg,^  dont  la  feigneurie  étoit  formée  des  envi- 
rons de  ce  château. 

GEISMEER ,  félon  Corneille  ',  ville  des  Indes  ,  dans 
le  pay5  des  Hendowns ,  à  vingt-huit  lieues  de  Tourry 
a  un  château  très-fort ,  gardé  par  trente  grofles  pièces  de 
canon.  Il  cite  enfuite  Davity  ,  Etats  du  grand  Mogol. 
Davity,  Afie,  p.  519  ,  écrit  Gifeemer.  C'eft  la  même 
chofe  que  Jeffelmere.  Voyez  ce  mot. 

GEISS,  ou  Geifa,  ville  d'Allemagne,  dans  l'État  de 
l'abbé  de  Fulde,  près  de  l'Ulfter,  fur  une  hauteur.  Louis 
landgrave  de  Hefle ,  la  prit  en  1467.  Elle  a  aufli  beaucoup 
fouffert  durant  les  guerres  civiles  d'Allemagne.  *  Zeyler, 
Hafliœ   1  opogr.  p.  40. 

GELA,  ou  Gella ,  petite  ville  de  Sicile ,  félon  Etienne 
le  géographe  ,  ainfi  appellée  de  la  rivière  Gelas  qui  l'ar- 
rofoit.  Virgile  ,  Alneid.  I.  3  ,  y.  70 ,  dit  dans  le  même 
fens  : 

Immanisque  Gelafluvii  cognomint  dicta. 

ck  Silius,  /.  14,  v.  219,  qui  le  copie  presque  tou- 
jours ,  dit  : 

Venu   ab  amne  trahens  nomen  Gela, 

Le  nom  moderne  de  la  Gelas  eft  Fiume  di  Terra-" 
Nova.  Pline  ,  1.  3  ,  c.  8,  dit  :  Oppidum  Camarina  flu- 
vius  Gelas,  Oppidum  Acragas.  A  la  droite  de  fon  em- 
bouchure dans  la  mer,  il  y  a  une  ville  nommée  Terra- 
Nova,  qui,  fans  doute,  eft  l'ancienne  Gela.  C'étoit  une 
belle  ville  ,  grande  ck  puiflante;  c'eft  pourquoi  Virsile  la 
nomme  Immanis.  Les  habitans  font  nommés  Geloi  , 
TtXuzi ,  par  Thucydide  ,  /.  6  ,  Itin.  Cicéron  ,  Frument, 
c.  43  ,  les  nomme  Gelenses.  Virgile  ,  ALneïd.  /.  3  , 
v.  701 ,  en  nomme  le  territoire ,  à  la  manière  des  Grecs  i 

Apparet  Camerina  procul ,  Campique  Geloi. 

GELACA.  Voyez  Selga. 

GELjE,  peuple  d'Afie  ;  Pline,  1.  6  ,  c.  \6  ,  dit  que 
les  Grecs  les  appelloient  Cadufiens.  Gela  quos  Graci  Ca- 
dufios  appellavere.  Caftald  croit  que  ce  font  les  peuples 


7* 


GEL 


GEL 


du  GlLAN.  Mais  le  P.  Hardouin  prétend  que  les  Cadu- 
fiens  ici  nommés  ,  font  différens  de  ceux  qui  étoient 
voifins  de  l'Albanie  ;  qu'ils  font  dans  la  Sogdiane  ,  au- 
delà  de  la  mer  Caspienne  ,  &  furnommés  Gela.  Ptolo- 
mée  ,1.  6,  ci,  met  un  peuple  nommé  Geloi  reTiao'i, 
&c  des  Cadufiens  dans  la  Médie.  Il  paroît  que  ce  font  les 
mêmes  que  les  Gela  de  Pline.  Denys  le  Périégete,v.  1019, 
v.  941 ,  met  auffi  dans  la  partie  feptentrionale  de  la 
Médie  les  Gelés  &  les  Mardes  rs.vw  n  M«f<f«»  n.  Priscien 
l'exprime  par  Geli  &  Mardi. 

GELjEI.  Cédrene  nomme  ainfi  une  nation ,  chez  la- 
quelle les  femmes  commandoient  à  leurs  maris.  Glycas 
la  nomme  Agilei.  Ortel.  *  Thefaur. 

GELAGIENSIS  :  les  manufcrits  de  Vibius  Sequefter 
varient  :  quelques-uns  portent  GELAGIENSIS,  Gela- 
GIENSUS  ,  &  GELAGENSUS  :  toutes  ces  diverfes  leçons 
font  également  mauvaifes.  Voyez  Genusus.  C'eft  le  nom 
propre  de  cette  rivière  qui  fépare  Dyrrachium  d'Apol- 
îonie. 

GELALI ,  défert  d'Ane,  dans  la  Tartarie ,  entre  la 
montagne  de  Joud ,  &  le  fleuve  Indus.  On  le  nomme 
auffi  défert  de  Gérou.  *  Hijloire  de  Timur-Bec  ,  /.  4 , 
t.  32. 

GEL  ANUS ,  ville  de  la  Lybie  intérieure ,  félon  Pto- 
lomée,  1.  4,  c.  6 ,  qui  la  place  vers  la  fourcedu  Cinyphe. 

GELAS,  rivière  de  Sicile,  fur  la  côte  méridionale  de 
Sicile.  Voyez  Gela. 

GELAS1UM  PHILOSOPHIANiE  :  quelques  exem- 
plaires d'Antonin  nomment  ainfi  un  lieu  de  la  Sicile. 
D'autres  portent  Gela  five  Fivofofianis.  Simler  lit  Gela, 
five  Philofophiana ;  Zurita  Selam,fiye  Sophianas;  l'e- 
xemplaire du  Vatican  ,  Gelajîum  Philofophianis  ;  l'édi- 
tion des  Aides  &  celle  de  Juntes  y  font  conformes. 
Quoi  qu'il  en  foit ,  ce  lieu  étoit  entre  Sapitonïana  & 
Petiliana,k  xx  mille  pas  de  la  première,  ck  à  XXVIII  mille 
pas  de  la  féconde. 

GELBE.  Voyez  Gerbes. 

GELBIS  :  Aufone  nomme  ainfi  une  des  rivières  qui  fe 
jettent  dans  la  Mofelle  ; 

Te  rapidus  Gelbis ,  te  marmore  clarus  Erubrus 
Fejlinant  famulis  quàm  primiim  adlambere  lymphis: 
Nobilibus  Gelbis  celebratur  piscibus. 

C'eft  aujourd'hui  la  Kylb  ,  félon  Cellarius.  Elle  coule 
à  Gerolftein ,  &c  à  Kylbourg ,  qui  en  prend  le  nom. 
Baudrand  écrit  KlLL. 

GELBOË ,  montagne  de  la  Paleftine.  Elle  eft  célèbre 
par  la  défaite  &  par  la  mort  du  roi  Saiil ,  &t  de  fon  fils 
Jonathas,  (  Reg.  I.  1,  c.  31.)  Eufebe  Se  S.  Jérôme 
nous  apprennent  que  cette  montagne  étoit  à  fix  milles  de 
Bethfan  ,  autrement  Scythopolis ,  &  qu'on  y  voyoit  en- 
core un  gros  lieu  nommé  Gelbus.  Guillaume  de  Tyr , 
/.  22 ,  c.  26  ,  dit  qu'au  pied  du  mont  Gelboé  ,  il  y  aune 
fource  qui  coule  près  de  la  ville  de  Jezraël.  David, 
dans  le  Cantique  lugubre  qu'il  fit  en  l'honneur  de  Saiil 
&;  de  Jonathas  ,  infinue  que  cette  montagne  étoit  fer- 
tile. Monts  de  Geliboé ,  que  ni  la  rofée  ni  la  pluie  ne 
tombent  jamais  fur  vous,  &  qu'on  n'y  voie  jamais  de: 
champ  qui  prbduife  des  prémices ,  puisque  fur  vous  a  été 
jette  le  bouclier  de  Saiil,  &c.  (  Reg.  I.  2  ,  c.  1 ,  v.  6.  ) 
On  dit  qu'aujourd'hui  ces  montagnes  fontfeches  &  ftéri- 
les.*Z>.  Calmet,  Dift. 

GELBUS  ,  bourg  de  la  Paleftine  ,  au  pied  du  mont 
Gelboé ,  à  fix  milles  de  Scythopolis.  Eufebe  &  S.  Jé- 
rôme en  font  mention. 

GELDA ,  ancienne  ville  d'Afie ,  dans  l'Albanie ,  entre 
l'embouchure  du  fleuve  Gherrus ,  &  du  fleuve  Cafius  , 
dans  la  mer  Caspienne ,  félon  Ptolomée,  1.  5,  c.  12. 

GELDENACUM  ;  quelques-uns  nomment  ainfi  Ju- 
DOIGNE  en  latin. 

GELDRIA  ,  nom  latin  de  la  ville  &c  de  la  province 
que  nous  appelions  Gueldrc  en  françois.Voyez  Gueldre. 

1 .  GELDUBA,  fortereffe  de  la  Belgique  ,  fur  le  Rhin , 
à  l'extrémité  du  pays  des  Ubiens.  Tacite  en  parle  au 
quatrième  livre  de  fes  Hiftoires ,  c.  26.  La  treizième  lé- 
gion, dit-il,  fe  joignit  à  ceux  qui  étoient  entrés  dans 
la  place  de  Nuys  (  Novefium.  )  Herennius  Gallus  futaflb- 
cié  à  Vocula  pour  partager  fes  foins  ;  comme  ils  n'o- 
ferent  s'avancer  jusqu'à  l'ennemi  ,  ils  campèrent  en  un 
lieu  nommé  Gelduba.  Il  dit  ailleurs;  la  nouvelle  en  étant 


venue  au  camp  qui  étoit  à  Gelduba  ,  &c.  Et  plus  loin  ; 
les 'cohortes  marchèrent  jusqu'à  Gelduba.  Pline  fait  en- 
tendre que  Gelduba  étoit  une  forterefle.  Tibère ,  dit-il , 
mit  le  chervi  en  réputation ,  par  le  foin  qu'il  avoit  d'en 
faire  venir  tous  les  ans  d'Allemagne.  On  trouve  le  meil- 
leur à  Gelduba  forterefle  fur  le  Rhin  :  on  voit  par-là ,  que 
Gelduba  étoit  une  forterefle  au  bord  du  Rhin.  Anto- 
nin  nous  apprend  qu'elle  étoit  à  neuf  lieues  de  No'vefium. 

Novejium,  Leg.  v. 
Geldubam ,  Leg.  IX. 
Calonem,  Leg.  IX. 

Cette  diftance  convient  au  village  de  Gelb  ,  qui  eft 
dans  l'éleftorat  de  Cologne ,  au-deflbus  de  Nuys,  &C  au- 
deflus  d'Ordinghen. 

2.  GELDUBA ,  ancienne  ville  de  Thrace.  Il  en  eft 
parlé  dans  le  Martyrologe  d'Ufuard,  ad  XIII.  Cal.  Ja- 
nuar. 

GELES ,  les  Gelés  &  les  Leges,  peuples  de  l'Afie. 
Plutarque ,  dans  la  Vie  de  Pompée ,  t.  5  ,  p.  457  ,  de  la 
Traducl.  de  Dacier ,  dit  :  on  rapporte  que  les  Amazones 
descendirent   des   montagnes   qui   font  près  du    fleuve 

Thermodon  &  combattirent  pour  ces  Barbares Elles 

habitent  la  partie  du  Caucafe ,  qui  aboutit  à  la  mer 
d'Hyrcanie ,  &  elles  ne  font  pas  limitrophes  des  Alba- 
nois  ;  car  elles  en  font  féparées  par  les  Gelés  Se  les  Le- 
ges ,  avec  lesquels  elles  vont  paffer  deux  mois ,  toutes  les 
années  fur  les  bords  du  Thermodon  ,  après  quoi  elles 
fe  retirent  dans  leur  pays  ,  où  elles  vivent  à  part ,  fans 
homme.  Les  Leges  &  les  Gelés  étoient  des  peuples  de 
Scythie.  Strabon,  1.  11  ,  p.  503  ,  dit  :  Theophane,  qui 
avoit  fuivi  l'armée  de  Pompée  ,  en  Albanie ,  rapporte 
que  les  Gelés  &c  les  Leges,  peuples  Scythes  ,  habitoient 
entre  les  Amazones  &  les  Âlbanois.  A  l'égard  de  leur 
commerce  avec  les  Amazones,  on  peut  voir  l'article 
Gargares  &  GeLjE. 

GELESITANA ,  félon  Ortélius ,  fiége  épiscopal  d'A- 
frique. S.  Auguftin  en  fait  mention  dans  fa  162e  lettre. 
Je  n'en  trouve  aucune  trace  dans  les  Notices. 

GELISE,  (la)  rivière  de  France,  dans  la  Guienne. 
Elle  a  fa  fource  dans  l'Armagnac ,  auprès  de  Loupiac  , 
coule  vers  le  nord,  &  enfui  te  vers  le  nord-oueft ,  6c  entre 
dans  l'Eaufan.  Près  d'Eaufe,  elle  fe  replie  vers  le  nord, 
puis  au  nord-eft;  au  fortir  de  l'Eaufan  ,  elle  reçoit  Hau- 
te ,  qui  borde  cette  contrée  à  l'orient  ;  auprès  de  Pon- 
dénas  ,  elle  fe  charge  du  Laufon ,  puis  de  la  Lofie  à  Au- 
diran  ,  &  enfin  fe  mêle  avec  la  Baife  à  Lavardac.  *  De 
l'Ifle  ,  Atlas. 

1 .  GELL A ,  ancienne  ville  de  l'Espagne  Tarragonoife , 
au  pays  des  Vaccéens.  Zurita  croit  que  c'eft  la  même  que 
Tela  de  l'Itinéraire  d'Antonin. 

2.  GELLA.  Voyez  Gela. 

GELLjE  ,  peuple  d'Afie ,  dans  l'Albanie  ,  félon  Zo- 
nare,  /.  2.  Seroit-ce  le  même  peuple  que  les  Gelés  de 
Plutarque  ? 

GELEENSES  ,  habitans  de  Gella  ,  ou  de'  Gela. 

GELHEIM.  Baudrand,  édit.  1705  ,  dit  Geelheim, 
ouGellinheim,  village  d'Allemagne,  au  Palatinat  du 
Rhin  ,  au  pied  de  la  montagne  de.Ûonesberg;  c'eft  où 
l'empereur  Adolphe  de  Naflau  fut  tué  par  Albert  d'Au- 
triche, fon  compétiteur,  qui  lui  fuccéda,  l'an  1298.  Heifs 
dit  que  ce  combat  fe  donna  entre  GEINHEIM ,  &  le 
Cloître  de  Rofendal.  La  plupart  des  hiftoriens  difent  que 
ce  fut  auprès  de  Spire. 

GELLI;  Mammertin,  dans  le  Panégyrique  de  Maxi- 
mien ,  fait  mention  de  ce  peuple ,  mais  fans  marquer  fa 
fituation.  *  Ortel.  Thef. 

GELLUS,  torrent  d'Italie.  Voyez  Vergellus. 

GELMON ,  Gelon  ,  ou  Gilon  ,  ville  de  Juda ,  lieu 
de  la  naiffance  d'Achitophel.  *  D.  Calmet,  Dift.  Jofeph , 
Antiq.  /.  5.  Reg.  I.  2 ,  c.  23  ,  v.  34. 

GELNHAUSEN,  Geilnhausen,  ville  impériale 
d'Allemagne.  Elle  eft  dans  la  Wétéravie ,  à  une  journée 
de  Fulde  ;  cependant  on  la  met  dans  le  cercle  du  bas 
Rhin.  La  rivière  de  Kintz  ,  ou  KlNTZlG  ,  qui  vient 
du  monaftere  de  Schluchter  baigne  cette  ville.  Elle  patte 
auffi  à  Steinav,  à  Saalmunfter,  à  Hanaw,  St  à  Keftat, 
où  elle  fe  perd  dans  le  Me'm.  Gelnhaufen  eft  auprès 
d'une  montagne ,  joignant  la  forêt  de  Speflart.  Elle  a 
des  vignobles  ,  des  vergers  ,  de  belles  églifes ,  &  des 
monafteres. 


GEM 


GEM 


monafleres.  Le  château  a  été  bâti  par  l'empereur  Fré- 
déric I.  On  le  nomme  die  Bur'd;  il  eft  féparé  de  la 
•ville.  L'an  1401,  elle  fut  comptée  entre  les  autres  villes 
impériales  à  la  diète  de  Nuremberg.  A  un  mille  de 
cette  -ville ,  fur  une  haute  montagne ,  eft  le  château  de 
ROKNEiiOURG  ,  autrefois  réfidence  des  comtes  d'I- 
fénbourg,  à  qui  il  appartenoit.  *  Zeyler ,  Haftias,  &CC 


Il 


Topogr. 

""..(les 
GELON.  Voyez  GelMon. 


;EL0FES.  (les)  Voyez  Jalofes. 


GELON  ,  fontaine  de  l'Âne  mineure,  dans  la 
Phrygie ,  allez  près  de  la  ville  des  Célene's,  félon  Pline , 
/.  3  1 ,  c.  2.  Voici  le  paffage  qui  eft  remarquable  :  à  peu 
de  diftance  de  la  vilie  des  Cé'enes  ,  il  y  a  deux  fon- 
taines nommées  Cljeon  ck  Gelon  ,  à  caufe  des  effets 
marqués  par  ces  noms  grecs.  Dans  cette  langue  KAoi  «y 
{\gri\he  pleurer ,  &Cli^îvrire.  La  première  fontaine  nom- 
mée Clœon  faifoit  pleurer,  &  la  féconde  nommée  Gelon, 
faifoit  rire.  Tel  eft  le  fens  de  Pline,  qui  feroittrès-obfcur, 
fi  ces  deux  noms  n'étoient  pas  expliqués. 

GELONIUM  Stagnum  ,  étang  de  Sicile.  Son  odeur 
étoit  fi  mauvaife  qu'elle  chaflbit  ceux  qui  en  vouloient 
approcher.  C'eft  ce  que  dit  Solin ,  c.  5 ,  éd.  Salmaf.  Or- 
télius  Th'.f.  &  Saumaife,  In  Solin.  p.  126,  croient  qu'il 
prenoit  ce  nom  de  la  ville  de  Gela. 

GELONS  ,  (les  )  Geloni,  ancien  peuple  de  la  Sar- 
matie  ,  vers  le  Boryfthene  ,  félon  Pline  ,  /.  4  ,  c .  12.  Ils 
étoient  Grecs  d'origine ,  Herodot,  A4,  c.  108  ,  &  voi- 
fins  des  Budins ,  &des  Agathyrfes,  mêlés  avec  lesBudins, 
originaires  de  la  Sarmatie  ;  ils  fe  confondirent  fi  bien  en- 
femble,  que  la  ville  des  Budins,  qui  étoit  bâtie  de  bois 
fut  nommée  GELONUS.  Ces  deux  peuples  avoient  cepen- 
dant un  langage  particulier ,  comme  le  remarque  Héro- 
dote. Ils  prirent  quelques  manières  des  Barbares  ;  entre 
autres ,  la  coutume  de  fe  peindre  le  corps,  Virgile  , 
Georg.  I.  2 ,  v.   115,  dit  : 

Eoasque  domos  Arabum  piclosque  Gelonos. 

Servius  entend  par  cette  peinture  des  cicatrices  qu'ils  fe  fai- 
foient  fur  la  peau  :  ce  qui  s'accorde  avec  ce  que  dit  Clau- 
dien,  In  Rujin.  I.  1 ,  v.  315. 

Membraque  qui  firro  gaudel  pinxijfe  Gelonus. 

GELONUM ,  ville  de  la  Sannatie ,  en  Europe  ,  fé- 
lon Etienne  le  géographe  :  Ortélius  la  croit  différente  de 
Gelonus  ,  ville  des  Budins,  laquelle  étoit  bâtie  de  bois, 
au  rapport  d'Hérodote.  Vovez  Gelons. 

GELOS,  port  de  mer  d'Afie,  dans  la  Carie,  félon 
Pline  ,  cité  pir  Ortéims ,  Thef. 

GELUCHALAT  .  félon  Kaudrand  ,  éd.  1705  ,  ma- 
rais ou  lac  de  l'Arménie  ,  vers  les  frontières  de  la  Géor- 
gie :  il  eft  affez  étendu  ,  comme  un  grand  lac  où  il  entre 
quatre  rivières  :  on  dit  qu'il  a  plus  de  trois  journées  de 
circuit.  Voyez  Actamar. 
GELVES.  Voyez  Gerbes. 

GELYS,  peuple  ancien  dont  parle  Afînius  Quadra- 
tus,  au  rapport  d'E.ieune  le  géographe. 

GEM  A  A  ,  petite  vilie  d'Afrique,  dans  le  royaume 
de  Fez.  Ptolomée  lui  donne  le  nom  de  Gontiane,  la 
met  à  7  d.  3.0'  de  long.  &  à  34  d.  30'  de  latit.  Elle  eft 
fituée  au  pied  de  la  montagne  de  larhon ,  &  a  été  bâtie 
par  les  anciens  Africains,  fur  un  tertre  qui  eft  affez  re- 
levé; elle  eft  fortifiée  par  l'art  &  la  nature.  Elle  étoit 
habitée  par  des  voleurs ,  dont  on  ne  put  jamais  arrêter 
les  brigandages  ,  ce  qui  engagea  Abufaid,  pénultième 
roi  des  Bénimérinis ,  à  la  détruire  :  elle  n'a  point  été  re- 
peuplée depuis  :  tout  le  pays  d'alentour  eft  habité  par  de 
pauvres  Arabes,  qui  vivent  de  bridandage.  *  Ma.rm.ol, 
t.  2,  1.  4,c.  33. 

GEMAA-EL-CAR.VAX,  petite  ville  du  royaume  de 
Fez ,  dans  la  province  d'Asgar.  Elle  a  été  bâtie  par  Ja- 
cob, roi  des  Bénimérinis,  fur  le  bord  d'une  rivière 
nommée  Huet  Erguilo. ,  &c  dans  une  phine  fur  le  grand 
chemin  de  Fez  à  Larache.  Elle  étoit  riche ,  fort  peuplée 
du  tems  de  ce  prince,  &  fous  le  régne  de  fes  lùcces- 
feuns;  mais  ayant  été  détruite  dans  les  guerres  de  Siyd, 
elle  ne  s'eft  point  repeuplée  depuis  :  les  Arabes  d'Ibni- 
Mélic-Sofian  poffédent  le  pays  qui  eft  aux  environs,  & 
ferrent  leurs  bleds   dans  des   caves  de  la  ville  :  il  les 


portent  fnoudre  à  deux  mot-lins  qui  font  fur  la  rivière 
d'Huet-Erguila,  qui  entre  dans  une  autre  que  l'on  ap- 
pelle  Gorgor,  qui  fe  décharge  dans  celle  d'Omm.ribi , 
&  toutes  enfemble  fe  rendent  dans  l'Océan  ,  près  de  la 
ville  d'Azamor.  *  Marmot,  t.  2 ,  1.  4 ,  c.  39. 

GEMAA-EL-HAMEM  ,  félon  Corneille  ,  Ditt.  tiré 
de  Marmol ,  1.  4,  c.  19,  ville  ancienne  d'Afrique  ,  dans 
la  province  de  Fez  propre  ,  fur  le  grand  chemin  dé 
Tedla  à  Fez.  Les  hiftoriens  du  pays  diient  qu'Abdulmu- 
men ,  roi  des  Almohades ,  la  fit  bâtir  à  cinq  lieues  de 
Miquenez ,  dans  une  grande  plaine  où  il  y  a  un  bain 
naturel.  Ptolomée  la  nomme  Gontiane ,  félon  les  Tables 
modernes ,  &  la  met  à  7  d.  40'  de  long.  &  à  33  d-. 
30'  de  latit.  Elle  fat  détruite  dans  lss  guerres  de  Sayd  ; 
on  ne  l'a  point  repeuplée  depuis  :  il  n'en  refte  plus  fur 
pied  que  les  tours  &  les  murailles  :  on  tient  un  marché 
tous  les  Dimanches ,  à  demi-lieue  de  cette  ville,  &c  tous 
les  Arabes  &  les  Béréberes  du  pays  y  vont  vendre  leurs 
grains  &  leur  bétail ,  leur  beurre ,  leur  laine ,  leur  cire  , 
&c.  On  l'appelle  le  marché  de  Hat-  Tarda  :  toires  les 
campagnes  d'alentour  font  poffédées  par  les  Arabes  d'Ibni- 
Mélic  -  Sofian  ,  qui  n'ont  point  fouffert  qu'on  l'ait  re- 
bâtie. 

*  Marmol  oublie  qu'il  a  déjà  placé  Gontiana  à  Gemaa. 
Ptolomée  n'en  marque  qu'une  qui  ne  fauroit  répondre  â 
deux  villes  diverfementjituées. 

GEMAAJEOID,  place  forte  en  Afrique,  fur  une 
haute  montagne ,  appellée  SlCSlVE ,  qui  en  a  encore  d'au- 
tres aux  environs  ,  dans  la  province  de  Maroc  propre. 
Elle  a  plus  de  douze  cens  habitans ,  la  plupart  mar- 
chands ,  ou  artifans  ,  &  affez  civils  ,  à  caufe  du  voifi- 
riagè  de  Maroc  ;  ils  ont  un  juge  ,  des  notaires  &  un 
alfaquis  :  ils  font  bien  vêtus  à  leur  manière  ,  leurs  places 
&  leurs  boutiques  font  bien  rangées  ;  il  y  a  un  quartier 
pour  les  Juifs,  parmi  lesquels  (ont  plufieurs  marchands 
&  artifans  :  les  femmes  font  belles ,  &  les  hommes  fort 
jaloux.  Au  milieu  de  la  vilie  eft  une  grande  Se  belle  mos- 
quée ,  avec  le  palais  du  prince ,  qui  m;t  fur  pied  trois 
mille  chevaux ,  &  quarante  mille  fantalfins ,  dont  il  y  a 
plufieurs  tireurs.  Dans  les  vallons  d'alentour,  font  de 
beaux  vergers ,  où  l'on  recueille  toute  forte  de  fruits  : 
il  y  a  aufîî  plufieurs  terres  qui  portent  de  l'orge  ,  du 
lin  du  chanvre  &  du  millet.  La  ville  de  Gemaajedid  , 
eft  à  vingt-cinq  milles  de  Maroc  ,  &  doit  fa  fondation 
aux  Hentetes  de  la  tribu  de  Muçamoda  qui  s'y  habituè- 
rent ,  il  y  a  plus  de  deux  fiécles.  La  rivière  d'Eciièlmel 
prend  fa  fource  au  bas,  &  tire  fon  nom  du  mot  Afri- 
cain qui  veut  dire  bruit ,  à  caufe  qu'elle  en  fait  beau- 
coup en  fe  précipitant  du  haut  d'une  montagne  ;  elle 
forme  enfuite  un  étang  large  &C  profond  ,  d'où  elle  coule 
paifiblement  dans  la  plaine.  Quand  les  chérifs  commen- 
cèrent à  régner,  Muley  Idris  étoit  maître  de  cette  ville, 
&  fe  faifoit  appelîer  roi  de  la  montagne,  paice  que  la 
plus  grande  partie  relevoit  de  lui  ;  auffi  prétendoit-ii  à  la 
couronne  d'Afrique ,  comme  descendu  des  Almohades. 
Ceux  de  cette  maifon  font  à  demi-Maure*  ,  &  ont  la 
couleur  de  coing  cuit  :  ils  font  de  la  fecte  de  Mohaydin  , 
qui  eft  en  grande  vénération  dans  tout  le  pays.  On 
nourrit  force  troupeaux  de  chèvres  en  la  montagne ,  6c 
c'eft  une  des  plus  riches  habitations  du  mont  Atlas  ; 
elle  paye  tous  les  ans  avec  fes  villages  trente-cinq  mille 
piftoles  de  tribut  à  fon  prince.  *  Corn.  Dift.  Se  Marmol , 
1.  3  ,  c.  36. 

GEMAN  ,  TiijU'V,  village  de  la  Paleftine,  dans  le  grand 
champ  de  Samarie ,  félon  Jofeph.  De  Bell.  Judaic.  1.  2 , 
c.  11.  Lat.  c.  21.  Gr. 

GEMAR,  Gemer  (prononcez Guemar)  ou  GUE- 
MER,  Gamaringa,  bourg  de  France,  en  Alface,  au  côté 
gauche  du  bras  de  l'IU,  qui  paffe  à  Schéleftadt;  auprès 
de  la  jonction  de  la  rivière  de  Strenbac  avec  l'IU.  Cor- 
neille en  fait  une  ville.  *  Sengre,  Carte  de  l'Alface. 
GEMBlACUU.  Voyez  l'article  f.-.ivant. 
GEMBLOURS,  petite  ville  des  Pays-bis ,  avec  titre 
de  comté,  dans  le  Brabant.  Baillet  dit,  GEMBLOU,  ou 
GEMBLOURS,  GlBLOU,  OU  GlBLEU,  en  latin  GEM- 
MELAUS,  &  GeMBLACUM.  Il  eft,  dit-il  ,  dans  le_ Bra- 
bant Wallon  ,  à  trois  lieues  de  Namur,  ai  à  fix  de 
Louvain.  Aubert  le  Mire ,  Origin.  Cxnob.  Belgic.  p.  oÇ  , 
dit  en  latin  GeMBLACUM  ,  ou  félon  les  anciens  GeM- 
MELACUM  ,  très-ancienne  ville  du  Brabant,  autrefois  du 
diocèle  de  Liège  ,  &.  pt «lentement  de  Namur ,  à  tos 
Tome  III,      K 


74 


CEM 


CEM 


milles  de  Louvaîn  &  de  Bruxelles,  &  à  trois  de  Namur. 
L'auteur  du  petit  Dictionnaire  .géographique  des  Pays- 
bas,  -fait  les  lieues  plus  petites,  &  en  compte  fept  de 
Gemblours  àLouvain,  &  quatre  à  Namur.  Dans  la  ville 
.eft  une  belle  abbaye  de  l'ordre  de  S.  Benoît ,  fondée  par 
"S.  Guibert,  nommé  Gilbert  dans  le  Martyrologe  Ro- 
main ,  'le  13  Mai.  Il  étoit  de  l'ancienne  race  des  rois 
d'Auftrafie ,  Se  ayant  quitté  le  inonde  par  les  exhortations 
•de  S.  Erluin ,  il  confacra  à  Dieu  Se  à  l'apôtre  S.  Pierre 
l'on  château  de  Gemblours.  (  GEMMELAUS ,  five  Gem- 
BLACUM  )  y  bâtit  un  monaftere  à  fes  dépens  ,  Se  y  éta- 
blit Erluin  premier  abbé.  Platine  fait  mention  de  cette 
fondation  dans  la  Vie  du  pape  Etienne  VII  ;  l'année 
eft  marquée  dans  ces  deux  vers  qu'on  voit  encore  gra- 
vés fur  une  pierre. 

Unvm  T>fcribis ,  C  quatuor  X  bis  &  I  bis. 
Dam  Clauflrum  per  te  fit  Gemblacenfe  Guibertc. 

C'eftl'année  MCCCCXXii.On  voulut,  dit  Baillet,  lui 
en  faire  une  affaire  ;  on  prétendit  qu'il  n'avoit  pu  dispo- 
fer  de  ce  fonds ,  parce  que  c'étoit  un  fief  de  l'empire , 
Se  qu'on  ne  l'avoit  donné  à  fes  ancêtres  qu'à  titre  de  bé- 
néfice ;  mais  l'empereur  Othon  I ,  confirma  cette  dona- 
tion ,  Se  donna  des  lettres ,  l'an  946 ,  pour  fétabliffement 
du  monaftere.  Le  pape  Benoît  VII,  l'autorifa  trente-fept 
ans  après ,  Si  fournit  l'abbaye  de  Gemblours  immédiate- 
ment au  faint  Siège  ,  du  confentement  des  évêques  de 
Liège ,  dans  le  diocèfe  desquels  elle  étoit  avant  l'érec- 
tion de  l'évêché  de  Namur.  Les  abbés  obtinrent  de  grands 
privilèges  :  ils  avoient  anciennement  le  droit  de  battre 
monnoie.  L'abbé  Arnulphe  entoura  la  ville  de  foffés  Se 
de  murailles  l'an  11 53,  mais  l'abbé  Arnold,  l'an  1503, 
fournit  fon  monaftere  au  chapitre  de  Bursfeld.  L'abbaye 
de  Gemblours  eft  encore  très-remarquable ,  par  fon  an- 
cienneté Se  par  fa  bibliothèque  ,  Se  l'abbé  jouit  du  titre 
de  comte  ,  Se  tient  le  premier  rang  dans  les  états  de 
Brabant  ;  elle  a  donné  plufieurs  hommes  illuftres  à  l'é- 
glife  ik  à  la  république  des  Lettres ,  entr'autres  Sigebert 
de  Gemblours,  Sigebertus  Gemblacenjis ,  auteur  d'une 
Chronique  continuée  par  Lambert ,  abbé  du  même  mo- 
naftere. Ce  fut  auprès  de  Gemblours  que  D.  Juan  d'Au- 
triche, gouverneur  des  Pays -bas  ,  remporta  une  vic- 
toire fur  l'armée  des  Etats  Généraux  ,  le  31  Janvier 
1578.  '*  Auben  Mimus  ,  Orig.  1.  c.  Dicl.  Géogr.  des 
Pays-bas. 

GEMEAU ,  bourg  de  France,  en  Bourgogne ,  au  bail- 
liage de  Dijon ,  à  quatre  lieues  de  Dijon  ,  Se  à  une  de 
Tréchâteau ,  Se  d'Is-lur-Tille  :  on  y  tient  marché  deux 
fois  la  femaine ,  Se  deux  foires  dans  l'année  ,  l'une  le 
Mercredi  des  cendres  ,  &  l'autre  à  la  fainte  Catherine. 
L'églife  paToiffiale  eft  dans  l'enceinte  du  château  ,  qui 
eft  vers  le  haut  d'une  côte  :  le  bourg  eft  bâti  fur  le  pen- 
chant de  la  même  côte  ,  d'où  fort  une  fontaine  d'eau 
claire  Se  très-abondante.  A  trois  quarts  de  lieues  de  -  là , 
fur  la  rivière  de  Tille,  on  voit  le  château  de  LuCE  bâti 
en  une  belle  plaine  fertile  en  vins  ,  en  grains  Se  en  chan- 
vres.* Corn.  Dicti  Mém.  drejjés  fur  les  lieux. 

1.  GEMELLA  ;  on  lit  dans  le  trél'or  de  Goltzius, 
qu'une  médaille  de  l'empereur  Claude,  porte  cette  ins- 
cription :  Colonia  Augusta  Gemella  Legioxxv. 
On  prétend  que  ce  nom  ne  regarde  pas  en  foi  la  ville , 
dit  l'auteur  de  la  ft.ience  des  médailles,  p.  381,  mais 
les  légions  qui  étoient  venues  peupler  la  colonie ,  &  que 
la  colonie  étoit  appellée  Gemella ,  quand  elle  avoit  été 
peuplée  par  des  foldats  tirés  de  quelque  légion  qui  por- 
toit  le  titre  de  Gemella ,  Se  que  ce  titre  fe  donnoit  à 
celles  qui  avoient  été  recrutées  en  y  incorporant  une 
autre  légion  qui  avoit  perdu  fon  nombre  ,  faifant  ainfi 
de  deux  une  légion  complette  ;  telles  étoient  la  vu ,  la 
X,  la  xni  Se  la  xiv.  Mais  Appien  dans  fon  Hiftoire 
des  guerres  d'Espagne,  p.  193  ,  nomme  trois  villes,  fa- 
ovir,  Escadia,  Gemella  ,  ci  Ôbolcola  ,  dont 
Servilien  fe  rendit  maître.  Il  la  nomme  Amplement 
Gemella ,  au  lieu  que  Tucci  eft  nommée  par  Pline,  & 
dans  une  infeription  ,  Gemella  Augujla  Colonia  ,  nom 
qui  n'étoit  pas  encore  du  teins  de  la  guerre  de  Viriate. 
Voyez  Tucci. 

2.  GEMELLA ,  ancienne  ville  d'Afrique  ,  dans  la 
Numidie ,  aux  confins  de  la  Mauritanie  Sititenfe.  Antonin, 
iàntr,  la  met  à  XXV.  M.  P.  de  Sitifi.  Dans  deux  routes 


différentes,  à  XXII.  M.  P.  de  Nova  Petra  ,  Se  à  XXvn. 
de  Nova  Sparfa.  Cette  ville  étoit  épifcopale  ,  Se  Liclœus 
fon  évoque  fut  un  de  ceux  qui  affilièrent  au  concile  de 
Carthage,  tenu  fous  S.  Cypnen  :  on  trouve  EurcatonEpïJ- 
copus  Gcmelkiifis ,  dans  la  conférence  de  Carthage , 
.p.  286 ,   édit.  du  Pin. 

GEMELLIACUM ,  ancien  lieu  de  France  ,  dans  le 
Périgord.  S.  Euficey  naquit.  *  Baillet,  Topogr.  des  Saints, 
p.  600. 

GEMENE  ,  Gemma  ou  Geminy ,  (la)  rivière  d'Afie , 
dans  l'Indouftan,  Voyez  ce  dernier  mot. 

GEMENOS,  bourgade  de  France,  dans  la  Provence, 
près  d'Aubagne ,  à  deux  lieues ,  au  levant  de  Marfeille. 
Il  y  a  dans  fon  territoire  une  chapelle  dédiée  à  S.  Jean, 
pour  lequel  les  peuples  ont  une  grande  dévotion.  La  cha- 
pelle Se  le  terrein  où  elle  eftfituée,  s'appelle  le  Gardiez: 
ce  dernier  nom  de  Gardie^  eft  très-ancien  ,  puifqu'il  en 
eft  fait  mention  dans  une  infeription  du  tems  de  l'empe- 
reur Antonin  Pie  ,  l'an  140:  de  Jefus-Chrift,  eile  eft  gra- 
vée fur  une  pierre  qui  fert  d'autel  à  la  chapelle  de  No- 
tre-Dame du  Plan  ,  dans  le  même  territoire  de  Geme- 
'  nos  ;  il  y  avoit  auffi  en  ce  lieu  un  monaftere  de  filles  de 
l'ordre  de  Citeaux  ,  dédié  à  S.  Pons. 

GEMESTARIUM,  ancien  nom  d'un  lieu  d'Efpagne  : 
Antonin  le  marque  fur  la  route  de  Bragues,  à  Aftorga. 

Nemetobrigam 
Forum  M.  P.  XIX. 

Gemefiarium  M.  P.  XVIII. 
Bergidum        M.  P.  X. 

Et  il  compte  x.  M.  P.  de  Gemefiarium  à  Aftorsa. 

GEMETHAILLON ,  fauxbourg  du  Caire,  félon  Dap- 
per ,  dans  fon  Afrique. 

GEMIELNICK,  abbaye  d'hommes,  ordre  de  Ci- 
teaux ,  dans  la  haute  Silène ,  en  la  principauté  d'Oppe- 
len.  Les  ducs  d'Oppelen  la  fondèrent  en  1280. 

GEMI.NA  Urbanorum.  Voyez  Urso. 

GEMINI ,  village  dont  Théophile  ,  évêque  d'Alexan- 
drie fait  mention.  Il  étoit  peut-être  vers  l'Egypte ,  à  ce 
que  croit   Ortelius ,  Thefaur. 

GEMINIACUM,  ancien  lieu  de  la  baffe  Germanie. 
Antonin  dit  : 


Bagacum  M.  P.  XVIII. 

Vodgoriacum    M.  P.  XII. 
Geminiacum     M.  P.  X. 
Aduocam  Tongrorum.  M.  P.  XXII. 

On  croit  que  Bagacum  eft  Bavay,  Geminiacum  Gem- 
blours ;  Perviciacum  Pervis  ,  Sec. 

GEMINY,  (le)  ou  Gemene,  ou  Gemna.  The- 
venot,  en  fon  voyage  des  Indes,  croit  que  c'eft  le  Jo- 
MANES  de  Pline  ;  ce  qui  eft  très-vraifemblable.  Cette 
rivière  a,  dit-il ,  c.  19,  p.  95  ,  fa  fource  dans  des  monta- 
gnes qui  font  au  feptentrion  de  Dehli ,  d'où  prenant  fa 
pente  vers  cette  ville ,  Se  recevant  dans  fon  lit  plufieurs 
ruiffeaux  qu'elle  rencontre,  elle  fait  un  fleuve  fort  confi- 
dérable ,  pafle  à  Agra ,  traverfe  plufieurs  pays  ,  Se  va 
fe  rendre  dans  le  Gange,  à  la  grande  ville  de  Halabas. 

GEMMA,  ruifleau  d'Afrique,  eu  Ethiopie,  dansl'A- 
biffinie ,  Se  la  province  de  Sabla  :  il  coule  d'Orient  en 
Occident  ,  Se  va  fe  perdre  dans  le  Nil ,  proche  de  fa 
fource.  Quelques-uns  écrivent  Jema.  Ludolphe  eft  de 
ce  nombre. 

GEMMACUM ,  ou  Gemonatium  ,  nom  latin  de 
Jametz  ,  viile  du  duché  de  Bar. 

GEMMARURÏS  ,  ancienne  ville  de  l'Idumée ,  félon 
Ptolomée,  1.  5 ,  c.  16.  ' 

GEMMELACUM.  Voyez  Gemblours. 

GEMMETICUM ,  nom  latin  de  Jumieges. 

GEMMI,  montagne  de  Suifle,  entre  le  Valais  Se  le 
bailliage  de  Frutingen.  Auprès  de  cette  montagne  ,  font 
les  bains  Se  le  village  de  Leuck  :  de  ce  village  ,  dit  l'au- 
teur de  l'Etat  Se  des  Délices  delà  Suide,  t.  4, p.  189  , 
pour  aller  en  droiture  au  canton  de  Berne ,  on  monte  le 
mont  Gemini ,  qui  eft  fort  efearpé  ;  d'où  peut-être  on 
l'a  appelle  Gemini ,  parce  qu'il  fait  gémir  ceux  qui  y  paf- 
fent.  On  voit  affez  que  cette  étymologie  eft  un  badinage. 
On  la  monte  par  de   petits  chemins  étroits ,  courbes , 


GEM 


CEN 


taillés  dans  le  roc  ;  Se  dans  les  endroits  où  le  roc  man- 
que ,  ce  font  des  poutres  mifes  en  travers ,  en  guife  de 
ponts ,  tellement  que  ceux  qui  font  fujets  au  tournoye- 
ment  de  tête  n'ofent  s'y  expofer  ;  Se  l'on  ne  fe  feroit 
jairfais  avifé  de  faire  là  un  chemin ,  fi  ce  n'eût  été  pour 
aller  aux  bains  de  Leuck.  Cette  montagne  a  1147  toifes 
d'élévation  fur  le  niveau  de  la  mer. 

GEMMINGEN,  petite  ville  d'Allemagne,  dans  le. 
Palatinat  du  Rhin ,  dans  la  préfe&ure  de  Bretten  ,  entre 
Heilbron  Se  Philipsbourg ,  à  trois  lieues  de  la  première , 
fec  environ  à  neuf  de  la  féconde ,  félon  Baudrand  , 
édit.  1705. 

GEMONA ,  Glemona ,  place  d'Italie ,  au  Frioul  ,  & 
dans  l'état  de  la  république  de  Venife,  fur  le  Tajamento, 
environ  à  trois  milles  d'Allemagne,  du  pied  des  Alpes, 
ôe  des  frontières  de  l'Allemagne ,  Se  presque  autant  d'U- 
dine ,  en  allant  vers  Villach.  *  Baudrand,  édit.  1705. 

GÉMP ,  abbaye  de  filles ,  dans  le  Brabant  Autrichien , 
entre  Archot  Se  Tillemont.  Elle  eft  de  l'ordre  de  Pré- 
montré. *  Dicl.  géogr.  des  Pays-Bas. 

GEMUE  ,  ville  d'Afrique ,  dans  la  province  de  Fez 
propre  ,  fur    le  chemin   de   Miquenez    à   Fez  ,     félon  - 
Corneille  ,  qui  cite  de   la  Croix.  C'eft  la  mé"me  chofe 
que  Gemaa.  Voyez  cet  article. 

1  .GEMUND  ,  ville  de  la  haute  Autriche,  fur  la  Drauii; 
Elle  tire  fon  nom  de  fa  pofition.  Les  Allemands  appel- 
lent fouvent  Gmund  ,  Gemund,  Gmuind  ou  Mund  ,  les 
lieux  qui  font  à  l'entrée  ou  à  la  fortie  d'une  rivière.  Le 
mot  Mund  lignifie  bouche,  ou  embouchure.  Tels  font  Uker- 
mund,  dans  la  Marche  ;  Travemund  dans  le  Holftein ,  Sec. 
à  caufe  de  leur  fituation  fur  l'Oker ,  Se  fur  la  Frave.  Cette 
ville  ,  fans  être  grande  ,  eft  belle  Se  bien  bâtie.  Les 
falines  qui  font  à  Halftadt,  en  font  la  richeffe.  On  con- 
duit le  fel  à  Ifchel,  de-là  à  Gemund,  le  long  du  lac  de 
Traun.  Sur  le  bord  de  ce  lac ,  affez  près  de  la  ville ,  au 
nord-oueft,  eft  le  château  Orth  qui  a  appartenu  à  l'Em- 
pereur ,  enfuite  aux  barons  de  Polheim  ,  puis  au  comte 
Adam  d'Herbeftorff  ;  enfin  le  comté  Se  le  château  font 
venus  en  la  poffefuon  du  baron  de  Breyfîng ,  chanoine 
de  Ratisbonne. 

2.  GEMUND  ,  ville  impériale  d'Allemagne  ,  dans  la 
Suabe.  Henri  le  Lion ,  duc  de  Bavière  &  de  Saxe  la  mit 
au  ban  de  l'Empire ,  Se  elle  fut  foumife  au  duc  Fridéric 
le  Vieux,  ou  à  fon  fils  Fridéric  le  Borgne ,  ducs  de  Suabe , 
vers  l'an  1090.  Ce  fut  ce  Fridéric  le  Borgne  qui  l'entoura 
de  murailles,  enfuite  l'empereur  Conrad  111.  Et  Fri- 
déric BarberoufTe  l'augmenta ,  Se  lui  donna  le  droit  de 
bourgeoifie,  Se  des  franchifes.  Elle  s'apella  d'abord  Key- 
ferfeereut ,  ,  Se  enfuite  Thiersgarten ,  ou  Le  Parc;  Se  le 
ruiffeau  qui  coule  au  marché ,  eft  encore  nommé  Thie- 
RAICH  ou  XAbbrevvoir.  Le  nom  qu'elle  porte  aujour- 
d'hui, lui  eft  venu  de  ce  que  quantité  de  ruiffeaux  s'y  vien- 
nent perdre  dans  la  rivière  de  Rems.  On  y  a  autrefois 
donné  des  fêtes  très-célebres.  Le  foffé  qui  eft  au-deffous 
du  couvent  des  Auguftins ,  s'appelle  en  allemand  der 
Turnier  graben ,  ou  le  fojjé  du  Toutnois.  Les  environs 
de  la  ville  portent  le  nom  de  Remsthal,  ou  la  vallée 
de  la  rivière  de  Rems ,  qui ,  dans  les  plus  grands  hy  vers , 
ne  fe  gelé  point.  Comme  ce  n'eft  point  une  ville  de  paf- 
fage  ,  qu'il  n'y  a  point  de  rivière  poiffonneufe ,  ni  de 
vignobles  ,  ni  aucun  terroir  fertile ,  les  bourgeois  font 
leur  principal  commerce  de  chapelets  que  l'on  envoie 
fort  loin.  Il  y  a  à  Gemund  des  couvents  d'Auguftins  ,  de 
Dominicains ,  de  Frères  mineurs  ,  8e  hors  la  ville  une 
Chartreufe  Se  un  monaftere  de  filles ,  où  il  y  a  eu  autre- 
fois plus  de  cent  religieufes.  Il  y  a ,  en  outre ,  dans  la  ville 
une  belle  églife  fous  l'invocation  de  Notre-Dame  :  les 
églifes  de  S.  Jean  ,  de  S.  Weit,  de  S.  Sebald;  celle  de 
l'hôpital ,  Se  deux  chapelles  ,  Se  un  couvent  de  filles  qui 
ont  foin  des  malades.  La  religion  catholique  eft  la  feule 
que  l'on  fuive  dans  Gemund.  *  Zeyler,  Suev.  Topogr. 
p.  31. 

3.  GEMUND,  Gmin,  ou  Gmina  ,  petite  ville 
d'Allemagne  ,  au  cercle  de  Franconie ,  dans  l'évêché  de 
Wurtzbourg ,  fur  le  Meyn  ,  au  confluent  de  cette  rivière 
&e  de  la  Sale  ,  au-deffous  de  Carlftadt.  L'armée  com- 
mandée par  le  duc  de  Saxe-Weymar ,  la  prit  en    1643. 

Zeyler ,  Francon.  Topogr.  p.  25. 

4.  GEMUND  ,  ou  Neckergemund  ,  bourg  du 
Palatinat  du  Rhin,  fur  le   Necker,  au-deffus,  Se  à  IV 


71 


rient  de  Heidelberg  ,  à  l'endroit  où  la  rivière  d'Elsats 
fe  perd  dans  le  Necker.  *  Zeyler,  Palat.  Rheni  Tabula. 
s.  GEMUND  ,  Gemunde  ,  ou  Ge  m  une  ,  petite 
vilje  d'Allemagne,  dans  le  Nachgov,  au  Palatinat,  affez 
près  de  Bingen.  On  l'a  appellée  ci-devant  en  latin  Caput 
'" '■'■•",  parce  que  c'eft- là  que  commencent  les  mon- 


tagnes du  Rhin  ,  entre  lesquelles  coule  ce  fleuve.  Vers 
l'an  1612 ,  cette  ville  appartenoit  à  la  maifon  de  Schmid- 
berg. 

6.  GEMUND  ,  ou  Sahr-GemuNde  ,  petite  ville 
Se  château  en  Lorraine  ,  fur  la  Saare  ,  entre  Saarbruck 
&  Saralben  ,  félon  Zeyler ,  dans  fon  Supplément  à  la 
Topographie  du  Palatinat ,  p.  9. 

7.  GEMUND  ,  bourgade  d'Allemagne ,  dans  le  comté 
de  Gorice,  à  l'endroit  où  l'on  parle  le  Vipao  ,  félon  l'I- 
tinéraire d'Antonin,  qui  la  place  à  35  milles  d'Aquilée, 
Se  la  nomme  Ad  Cajlra.  *  Cluvier ,  p.  ,gg 

GEMUNDER-SEE  ,  lac  d'Autriche,  auprès  de  la 
ville  de  Gemund  en  Autriche.  Voyezl'article  Gemund  i. 

GEMUNE.  Voyez  Gemund  5. 

Dans  ces  noms  ,  il  faut  lire  la  fyllabe  Ge  comme  fi 
elle  étoit  écrite  Ghe.  Cela  eft  commun  à  tous  les  noms 
allemands. 

GEN ,  ville  de  la  Chine ,  dans  la  province  dé  Chann- 
ton,  au  département  de  Tungchang,  troifieme  métro- 
pole de  la  province.  Elle  eft  de  33  minutes  plus  occiden- 
tale que  Péking ,  fous  les  37  dégrés  28  minutes  de  lati- 
tude. *  Atlas  Smenjîs. 

1.  GENABUM,  ancienne  ville  delà  Gaule ,  fur  la 
Loire,  au  pays  des  Carnutes.  Sanfon  ,  dans  fes 
remarques  fur  fa  carte  de  l'ancienne  Gaule ,  dit  Gena- 
BUM  Orléans.  Ce  nom  s'écrit  tantôt  avec  le  G  ,  comme 
dans  Cefar  ,  dans  Strabon  ,  &c.  tantôt  avec  le  C ,  comme 
dans  Ptolomée ,  dans  l'un  Se  dans  l'autre  Itinéraire  Ro- 
main ,  dans  Orofe  ,  Sec.  ce  qui  me  fait  croire  ,  pourfuit 
ce  favant  géographe,  que  les  anciens  prononçaient  quel- 
quefois le  C ,  presque  comme  le  G.  La  pofition  de  Gena- 
bum  fe  prouve  à  Orléans  par  les  Itinéraires  qui  la  décri- 
vent entre  Ccefarodunum  ,  Tours  ;  Lutetia,  Paris  ;  Asen- 
duum,  Sens  ;  Nevirnum  Nevers  ;  par  les  diftances  Se  par 
la  luite  de  ces  chemins ,  Genabum  tombe  abfolument  à 
Orléans  ,  Se  non  pas  à  Gien.  (  Paradjn  Se  Vige- 
nereavoient  voulu  établir  l'opinion  en  faveur  de  Gien,  Se 
Ortélius  femble  s'y  ranger.  )  Gien  d'ailleurs  ne  peut  'être 
Genabum  oppidum  Carnutum  ,  ville  des  Chartrains. 
Ces  peuples  Carnutes  n'ont  compris  que  ce  qui  eft  au- 
jourd'hui dans  les  diocèfes  de  Chartres  Se  d'Orléans. 
Gien  n'eft  ni  dans  le  diocèse  d'Orléans  ,  ni  dans  celui 
de  Chartres  ;  mais  dans  celui  d'Auxerre  qui  a  fait  partie 
du  diocèse  de  Sens.  Gien  donc  ,  fuivant  notre  méthode, 
auroit  été  in  Senonibus  Se  non  in  Carnuùbus ,  Se  ainfî 
il  ne  pourrait  avoir  été  le  Genabum  que  les  anciens  ont 


fait 


ibus.  J'ajouterai  ici  que  le  fenti- 


ment  de  Sanfon  eft  fuivi  par  les  favans  modernes  , 
entr'autres  par  l'abbé  de  Longuerue ,  Dde.  de  la  France  , 
1.  part.  p.  108.  Baillet,  dans  fa  Topographie  des 
Saints,/;.  600,  dit:  Genabum,  ancien  nom  de  la  ville 
d'Orléans ,  auquel  a  fuccédé  Aurelianum. 

2.  GENABUM ,  pour  Genève.  Ce  nom  fe  trouve 
quelquefois  écrit  dans  Antonin  Ccnabum ,  Se  quelque- 
fois Cenava  ;  c'eft  le  G  changé  en  C.  Céfar  l'écrit  par  G. 
GENABUS  ,  ancienne  ville  épifcopale  d'Afie,  dans 
la  Phrygie.  Il  en  eft  fait  mention  dans  les  réponfes  des 
patiiafches  d'Orient,  félon  Ortélius,  Thefaur.  Je  n'en  ai 
trouvé  aucune  trace  dans  les  Notices. 

GENADEL,  montagne  d'Afrique,  aux  confins  de 
l'Egypte  Se  de  la  Nubie,  fur  le  Nil,  à  douze  journées 
d'Alovane  (  Affuan  )  ou  de  Siene  en  Thébaïde.  C'eft- 
là  qu'eft  la  grande  cataraâe  du  Mil,  Se  où  l'on  tranf- 
porte  les  marchandées  des  vaiffeaux  fur  le  dos  des  cha- 
meaux pour  les  voiturer  de  Nubie  en  Egypte,  Se  dé 
cette  province  dans  les  autres.  *  D'Herbelot ,  Biblioth. 
orient. 

GENADIUM.  Lazius,  dans  fa  Carte  de  Hongrie  ,' 
nomme  ainfï  en  latin  la  ville  de  C.HONAD. 

GENAP  ,  Genape,  ou  GENEPPE,  petite  ville  fran- 
che, &<?  mayerie  des  Pays-bas,  dans  le  BraDant  Autri- 
chien, à  une  lieue  _de  Nivelle.  Elle  a  un  ancien  château 
où  eft  établi  un  tribunal  qu'on  appelle  la  cour  de  Lothier. 
Louis  XI,  roi  de  France,  n'étant  encore  que  dauphin, 
Tome  III.  K.  ij 


76 


GEN 


GEN 


y  demeura  plus  de  cinq  ans  avec  fa  femme.  Les  environs 
font  fort  agréables,  &C  c'eft  un  pays  de  chaffe.  Cette 
ville  eft  fur  la  Dyle,  à  fept  lieues  au-deflus  de  Lou- 
vain  ,  &  à  fix  de  Bruxelles,  félon  Baudrand  ,  éd.  1705. 
*  Dïâ.  gîoqraph.  des  Pays-bas. 

GENAVE,  rivière  des  Indes.  Elle  coule  dans  1  In- 
douftan,  &  fe  décharge  au-deflus  de  Multan  ,  dans 
le  Rave ,   qui    va   groiïir  le   Sinde.  *   Hift.  de  Timur- 

Bec. 

GEN AUNI  &  Gerauni.  Voyez  Leuni. 

GENBA.  Corneille  dit:  province  des  états  du  Mo- 
gol  ;  elle  eft  à  l'eft  de  celle  de  Pengab ,  &  on  y  trouve 
une  ville  de  ce  nom.  Voyez  Jamba.  _ 

GENDIVAR ,  village  au  milieu  de  1  îfle  de  Cinyna  : 
il  n'eft  remarquable  que  parce  qu'on  croit  que  c'eft  un 
refte  de  la  ville  àt.Cinyria;  mais  Pline  en  parle  comme 
d'une  ville  déjà  détruite  de  fon  tems. 

GENDOS  ,  rivière. d'Ane,  dans  la  Bithynie:  on  la 
nommoit  auffi  CHRYSORHOAS  ,  au  rapport  de  Pline  , 
/.  5  ;  c.  ult. 

GENE  A.  Etienne  le  géographe  nomme  ainfi  un 
village  d'auprès  de  Corindie.  -, 

GENEBIERNES.  Corneille  nomme  ainfi  une 
rivière  de  France,  qui  fe  jette  dans l'Adour ,  &  qui, félon 
lui ,  eft  nommée  par  les  habitans  du  pays  le  Gave  de  Pau. 
Ce  nom  a  quelque  rapport  avec  celui  de  Gabarme  , 
bourgade  fituée  prefqu'à  la  fource  de  ce  Gave.  Voyez. 
Gave.  ,."..'.•     ,  , 

GENEHOA ,  pays  d'Afrique ,  dans  la  Nigntie  ,  le  long 
du  Niger.  Dapper  ,  dans  fon  Afrique ,  p.  110  ,  écrit 
Gheneoa,  ou  le  royaume  de  Guinée,  en  avertiflant  que 
ce  n'eft  pas  ce  que  nous  appelions  les  côtes  de  Guinée 
Il  fuit ,  dit-il ,  la  province  de  Gualata  ,  quoiqu  il  y  ait 
entre-deux  cent  foixante  lieues  de  défert  ;  Gualata  étant 
au  leptentrion,  Tombut  au  levant,  &  Meih  vers  e 
midi.  La  Guinée  s'étend  plus  de .  quatre- vingt  lieues  le 
long  du  Niger ,  &  une  partie  eft  à  fon  embouchure.  Un 
ne  trouve  dans  le  pays,  ni  ville,  m  château  :  le  Sei- 
gneur demeure  dans  un  grand  village,  avec  les  Alra- 
quis  ckles  habitans  les  plus  honorables  :  les  maifons  en 
font  comme  des  cabanes  de  terre,  tk  couvertes  de  paille. 
Le  Niger,qui  fe  déborde  en  même  tems  que  le  Nil.rorme 
une  Me  de  ce  village  aux  mois  de  Juillet,  Août  &  Sep- 
tembre ;  &c  quand  l'eau  commence  à  croître,  les  mar- 


ia Neers  8t  de  la  Meufe.  Les  Provinces-Unies  la  prirent 
le  27  Juillet  1641 ,  par  accord  fur  les  Efpagnols  qui  l'oc- 
cupoient.  Le  marquis  de  Chamilly  la  prit  pour  le  roi  de 
France  l'an  1672,  &c  le  roi  la  rendit  deux  ans  après  à 
l'éleàeur  de  Brandebourg ,  à  qui  elle  eft  auffi-bien  que 
tout  le  duché  de  Cleves.  *  D'Audifru,  Géog.  Hift. 

GENES  ,  ville  d'Italie ,  capitale  d'une  république  : 
elle  étoit  autrefois  la  ville  de  commerce  des  Liguriens. 
Les  Grecs  l'appelloient  tî™*  ,  les  Latins  Genua  ;  les 
Italiens  modernes  l'appellent  Genoa  ;  les  François  Gènes. 
Dans  le  moyen  âge  on  défigura  le  nom  latin  Genua , 
l'on  en  fit  Janua  ,  &  l'on  fe  perfuada  que  Janus  en 
étoit  le  fondateur.  Elle  eft  ainfi  nommée  dans  Procope, 
dans  Luitprand ,  &C  le  Livre  de  la  paix  de  Confiance  t 
mais  le  véritable  a  prévalu.  Etienne  le  géographe ,  dit, 
fur  l'autorité  d'Artémidore ,  qu'elle  s'appelloit  Stalia  de 
fon  tems.  Cluvier,  Ital.  ant.  I.  1,  p.  70,  &  feq.  croit 
qu'il  faut  lire  Janua  ;  Si  Berkélius ,  commentateur  d'E- 
tienne, approuve  la  correftion.  Tite-Live,  1.  28,. in  fin. 
&  1.  30,  fait  mention  de  Gènes,  dès  la  féconde  guerre 
Punique.  Elle  devint  enfuite  ville  municipale  des  Romains, 
comme  il  paraît  par  une  ancienne  inscription  ,  dans  la- 
quelle on  lit  DECUR.  GenU£.  Valere  Maxime,  /.  1, 

fi. 


nomment  ain: 


6  ,  8t  Pomponius  Mêla ,  /.  2  v 
Voici   un  abrégé  des  progrès,  &c  de  la  décadence  de 
Gènes  ,  tiré  de  la  tradu&ion  françoife  de  Pufenddrff. 

Magon ,  frère  d'Annibal ,  ayant  paffé  en  Italie  avec 
une  flotte ,  furprit  la  ville  de  Gènes ,  &:  la  détruifit  entiè- 
rement. Spurius  Lucrétius  la  rebâtit ,  &  elle  demeura  aux 
Romains  jufqu'à  la  décadence  de  leur  empire.  Les  Gorhs 
s'en  emparèrent  &c  la  gardèrent  jusqu'au  tems  où  Narsès 
les  chaffa  d'Italie.  Rotarès,  roi  des  Lombards  la  dé- 
truifit.  Charlemagne  la  rétablit ,  &  l'annexa  à  l'empire 
François ,  fous  lequel  elle  fut  gouvernée  par  un  comte 
particulier.  Le  premier ',  nommé  Audemar ,  défit  les  Sara- 
zins ,  &  conquit  l'ifle  de  Corfe.  Les  Sarazins  eurent  leur 
tour,  dans  le  dixième  fiécle  :  ils  prirent  Gènes ,  panèrent 
tous  les  hommes  au  fil  de  l'épée ,  emmenèrent  les  fem- 
mes &  les  enfans  efclaves  en  Afrique.  La  ville  fe  réta- 
blit pourtant  de  cette  perte. 

Ses  habitans  s'adonnèrent  au  commerce,  s'enrichirent^ 
&  devenus  auffi  fiers  que  puiflans  ,  chafférent  leurs 
comtes,  &  s'érigèrent  en  république.  La  liberté,  les 
richefles  &  les  autres  avantages  de  la  navigation  mirent 

chands  de  Tombut  chargent  leurs  marchandifes  fur  des    ce  peuple  en  état  de  donner  de  grands  feçours  aux  prin- 

barques   &  des  canots.  ces,  armés  dans  les  croifades.  Baudouin,  roi  de  Jérufalem^ 

Ce  pays  abonde  en   orge ,  en  riz  ,  en  troupeaux  8c 

en  poiffons  ;  mais  il  n'y  vient  point  de  fruits ,  &  on  y 

porte  des  dates  de  Gualata  6c  de  Numidie  :  on  y  recueille 


beaucoup  de  coton ,  &  les  habitans  échangent  les  toiles 
qu'on  en  fait ,  contre  des  draps  de  l'Europe  qu'on  leur 
porte  de  Barbarie,  Se  contre  du  cuivre,  du  léton  &  des 
armes  ,  &C  d'autres  chofes  dont  ils  ont  befoin.  Ils  s'ha- 
billent de  toile ,  de  coton  noire  ou  bleue. 

Ce  pays  a  été  fous  la  domination  des  Lumptunes ,  & 
leur  payoit  tribut  fous  le  règne  de  Soni-Heli  -,  mais  fon 
fucceffeur  Yfchia  ayant  vaincu  le  roi  de  Ghénéoa,  l'em- 
mena prifonnier  à  Gago  où  il  mourut ,  réduifit  la  con- 
trée en  province  ,  y  mit  un  gouverneur  ,  &  tranfporta 
à  Tombut  une  grande  foire  qui  fe  tenoit  dans  la  prin- 
cipale habitation  qui  eft  fur  le  Niger, 


donna  aux  Génois  deux  rues  de  Jérufalem  &  de  Jafta  1 
avec  une  partie  de  la  douane  qu'on  établit  à  Céfarée  , 
à  Alep  &  à  Ptolémaïde.  Vers  l'an  11 25,  les. Génois  5î 
les  Pifans  eurent  une  fanglante  guerre  entr'eux ,  au  fujet 
de  l'ifle  de  Corfe  ;  ceux  de  Pife  prétendoient  au  droit  de 
difpofer  des  évêchés  de  cette  ifle.  L'avantage  de  cette 
guerre  fat  du  côté  des  Génois.  Us  payoient  au  faint  fiege 
une  contribution  annuelle  pour  l'ifle  de  Corfe  ;  le  pape 
Lucius  II  les  en  affranchit. 

L'empereur  Frédéric  l'ayant  fournis  leMilanez,  força 
les  Génois  à  lui  jurer  foi  Se  hommage  ,  &  s'établit  enfuite 
juge  entr'eux  &c  les  Pifans.  Ils  fe  difputoient  la  propriété 
de  l'ifle  de  Sardaigne.  Il  la  leur  partagea  fur  le  pied  qu'ils 
l'avoient  déjà  poffédée  en  commun,  &  les  mit  d'ac- 
cord. 

La  forme  du  gouvernement  républicain  de  Gènes  } 


GENEK,  Vilaeti,  ou  la  province  de  Genek  ;  les 
Turcs  appellent  ainfi  la  Cappadoce ,  &  le  Pont  qui  en  fouffrit  divers  changemens.  On  établit  d'abord  des  con- 
eft  la  partie  feptentrionale.  La  ville  maritime  qu'ils  ap-  ?">-■  »""<  •  «n  ,,..,U>!  ,.-  1  „uAi  ,™  ,'.,,„,  „,-„,,  ,,,-,„:  „.,r 
pellent  Taraboran ,  &  que  nous  appelions  Trébifonde  ; 
tk  celle  d'Amalie  où  le  Sangiak-Bey ,  &  quelquefois  le 
Beglier-bey  de  l'Anatolie  réfide  ,  font  cenfées  être  de 
cette  province  ,  félon  la  Notice  de  l'empire  Turc.  *D'Her- 
btlot ,  Biblioth.  orientale. 

1.  GENEP,  petite  ville  des  Pays-bas,  dans  le  Bra- 
bant  Autrichien.  C'eft  la  même  que  GenaPE. 

2.  GENEP.  Zeyler  écrit  Gennep,  en  latin  Genna- 
plum ,  petite  ville  d'Allemagne  ,  dahs  le  cercle  de  Weft- 
phalre  ,  au  duché  de  Cleves ,  fur  les  frontières  de  la 
Gueldre,  avec  un  château  &c  titre  de  comté.  Elle  eft  fituée 
far  la  Neers ,  qui  fe  jette  dans  la  Meufe  ,  peu  loin  >  de-là. 
Cette  ville  eft  commodément  placée  entre  les  villes  de 
Nimegue  &  de  Wenlo ,  à  trois  milles  de  l'une  &T.  de 
l'autre.  Ses  portes  font  Nierfport ,  fur  la  rivière  ,'  Niewe- 
port ,  Maesport  Si  Sandport.  Le  château  ou  la  rrtaifon 
appellée  Ginnerperhuys  eft  détachée  ,  mais  peu  loin  de 


fuis ,  enfuite  un  podeftat  ;  tantôt  on  étoit  gouverné  par 
des  Confuls  ,  tantôt  par  un  podeftat ,  félon  qu'on  étoit 
content  de  ceux  qui  fortoient  de  charge. 

Les  Pifans  fe  mirent  en  tête  de  partager  l'ifle  de  Corfè^ 
comme  celle  de  Sardaigne.  Ce  fat  la  matière  d'une  guerre 
de  dix-fept  ans,  qui  fat  terminée  par  une  trêve  de  cinqï 
Ce  fat ,  durant  cette  guerre,  que  les  Génois  achetèrent  lô 
marquifat  de  Gavi  ,  &c  la  petite  ville  de  ce  nom  ,  pour 
la  fomme  de  quatre  cens  mille  livres.  Cette  place  étoit 
d'autant  plus  importante  pour  eux,  qu'elle  eft  fur  les  confins 
du  Montferrat  &  du  Milanez.  Ils  fe  brouillèrent  avec 
les  Vénitiens,  en  voulant  appuyer  le  comte  de  MalIéV 
qui  vouloit  envahir  l'ifle  de  Candie  ;  mais  on  les  récon- 
cilia par  une  trêve  de  cinq  ans  ,  qui  fat  prolongée  plu- 
fieurs  fois. 

Les  Génois  prirent  le  parti  de  Grégoire  IX ,  contre 
l'empereur  Frédéric  II  que  les  Pifans  favorifoient  :  ils 
eurent  plus  d'un  échec  dans  cette  guerre  ;  on  leur  priç 


CEM 


GEN 


Savone  ,  6c  leur  flotte  fat  battue;  cependant  ils  réparè- 
rent ces  pertes  ,  &£  ne  contribuèrent  pas  peu  à  ruiner  en 
Italie  les  affaires  de  l'empereur.  Après  fa  mort,  oh  tra- 
vailla à  réconcilier  les  Génois  Se  les'  Pifans  ;  la  plus 
grande^  difficulté  regardoit  les  deux  places  de  Lérice  ■& 
de  Trébiano ,  qui  demeurèrent  aux  Génois  par  l'arbitrage 
des  Florentins.  Les  Pifarts  n'ayant  pas  voulu  s'y  fou- 
mettre  ,  prirent  les  armes ,  &  turent  battus. 

L'an  iljj,  le  podeftat  fat  dépofé,  Se  le  peuple  reprit- 
toute  l'autorité  qui  avoit  été  juiques-là  entre  les  mains 
de  la  noblefle  ,  Se  fè  donna  à  Guillaume  Boccanegra  , 
fous  le  nom  de  capuan. 

Ce  que  les  Génois  poffédoient  en  Orient  ,  donna 
lieu  à  une  nouvelle  brouillerie  entr'eux  &C  les  Vénitiens. 
Ils  fe  difputerent  l'églife  de  faint  Saba  à  faint-Jean-d'A- 
cre.  Chacun  prétendoit  lapofféder  entière.  Le  pape  leur 
avoit  commandé  de  s'en  fervir  en  commun  ;  les  Génois 
mécontens  de  la  fentence  ,  employèrent  la  force ,  &  fas 
rent  battus  :  on  les  raccommoda ,  à  condition  que  les 
Vénitiens  rendroient  deux  mille  prifonniers  fans  rançon , 
&  que  tant  que  dureroit  la  trêve  ,  les  Génois  n'iroient 
point  à  Saint-Jean-d'Aere.  Cette  trêve  fat  rompue ,  lors- 
que Michel  Paélologue  chaffa  Baudouin  de  Conftan- 
tinople.  Pour  s'attirer  l'appui  des  Génois ,  il  leur  céda 
Smyrne  &  Péra ,  fauxbourg  de  Conftantinople.  Les  Vé- 
nitiens favorifoient  Baudouin ,  &  cette  diverlîté  de  parti 
brouilla  de  nouveau  les  deux  républiques. 

Le  capitan  Boccanegra  ne  jouit  que  quatre  ans  de  fa 
dignité.  La  noblefle  reprit  le  gouvernement ,  &  fe  par- 
tagea entre  les  deux  faftions  des  Guelfes  &  des  Gibe- 
lins ,  qui  prirent  naiffance  alors.  Les  Grimaldi  Se  les  Fief- 
ques  fe  rangèrent  pour  les  Guelfes  ;  les  Doria  St  les 
Spinola  qui  étoient  Gibelins ,  furent  les  plus  forts ,  Se 
chaflerent  leurs  ennemis  qui  fe  réfugièrent  à  la  cour  de 
Naples.  Le  pape  ménagea  leur  retour. 

En  i  z8o ,  la  guerre  fe  ralluma  entre  les  républiques 
îd,e  Venife ,  de  Pife  &  de  Gènes  ;  mais .  les  Vénitiens 
ayant  perdu  cinq  galères  ,  renvoyèrent  les  prifonniers 
Génois  fans  rançon ,  &  firent  la  paix.  Ceux-ci  livrèrent 
lui  combat  naval  aux  Pifans ,  leur  prirent  tant  de  prifon- 
niers ,  qu'on  difoit  qu'il  y  avoit  plus  de  Pifans  à  Gènes 
qu'à  Pile.  Les.  vaincus  ne  purent  jamais  fe  relever  après 
cette  défaite,  ni  empêcherla  perte  d'Elbe  &  de  Livourne: 
ils  furent  réduits  ,]  pour  avoir  la  paix ,  à  céder  ce  qu'ils 
avoient  dans  l'ifle  de  Corfe ,  &c  une  grande  partie  de  la 
Sardaigne ,  &  à  fabir  d'autres  conditions  onéreufes. 

La  paix  avec  les  Vénitiens  avoit  peu  duré  ;  les  Génois 
remportèrent  fur  eux  une  viftoire  qui  les  mit  en  état  de 
ftipuler  par  le  traité  de  paix,  que  de  treize  ans  les  Vé- 
nitiens n'enverraient  de  galères  en  Syrie. 

Les  Génois  débarraffés  des  guerres  étrangères ,  furent 
agités  par  de  nouvelles  fa&ions  ;  l'empereur  Henri  VII 
y  rétablit  la  tranquillité  ;  mais  après  fa  mort ,  les  trou- 
bles recommencèrent  :  les  Guelfes  reprirent  le  deffus, 
&  tranfporterent  la  fouveraineté  de  Gènes  à  Robert  , 
roi  de  Naples  ,  premièrement  pour  dix  ans ,  enfuite  pour 
fix  autres.  Pendant  ce  tems ,  Gènes  fut  une  annexe  &t  une 
dépendance  de  ce  royaume  ;  mais  les  Gibelins  firent  chan- 
ger ce  gouvernement.  Ils  élurent  Simon  Boccanegra  pour 
duc  de  Gènes.  Celui-ci  abbatit  le  parti  des  Guelfes,  & 
fit  exclure  de  la  régence  la  noblefle  qui ,  à  fon  tour  ,  le 
démit  de  fa  dignité.  On  ne  vit  plus  ,  pendant  quelque 
tems,  qu'une  funefte  alternative  de  l'Ariftocratie  ,  &  de 
la  Démocratie ,  jufqu'à  ce  que  tout  fut  pacifié  par  le  duc 
de  Milan  que  l'on  prit  d'abord  pour  arbitre ,  Se  enfuite 
pour  fouverain  ;  mais  après  cinq  ans,  ils  chaflerent  le 
gouverneur  qu'il  leur  avoit  donné ,  fe  choifirent  un  nou- 
veau duc  ,  Se  par  forme  de  dédommagement  ^  promirent 
'  au  duc  de  Milan  une  contribution  annuelle  de  quatre 
mille  ducats ,  ÔC  l'entretien  de  quatre  cens  hommes  à 
fon  fervice. 

La  cérémonie  du  mariage  du  jeune  roi  de  Cypre  , 
fervit  de  prétexte  à  une  nouvelle  rupture  avec  les  Vé- 
nitiens. Les  miniftres  de  Gènes, &  ceux  de  Venife  fe  difpu- 
toient  le  pas.  Celui  de  Gènes  voulant  faire  plier  fon  ad. 
verfaire ,  arma  fon  monde  ;  l'autre  averti ,  fit  entendre  à 
la. cour,  que  les  Génois  en  vouloient  à  la  perfonne  du 
roi  :  les  Génois  furent  égorgés.  A  ce  fujet  de'haine,  le 
hazard  en  joignit  un  autre.  Calojen ,  empereur  de  Grèce , 
donna  aux  Génois  l'ifle  de  Lesbos ,  &  Celle  de  Ténédos 
aux  Vénitiens,  Andfomç  fon  fils ,  peu  fatisfait  de  cette 


77 


donation ,  anima  les  Génois  à  fe  faifir  de  cette  dernière 
ifle.  Ces  deux  peuples  en  vinrent  aux  mains  :  les  avan- 
tages furent  contre-balancés.  Les  Vénitiens  perdirent  d'a- 
bord quinze  galères ,  2800  prifonniers  ,  Chioza  &  Ma- 
lamocco,  aux  portes  de  Venife.  Ils  demandèrent  la  paix; 
&  ne  pouvant  l'obtenir  ,  le  défefpoir  leur  tint  lieu  de 
courage.  Ils  livrèrent  un  combat  naval ,  ruèrent  l'amiral 
Génois,  prirent  &  brûlèrent  la  flotte  Génoife,  firent 
plus  de  3000  prifonniers  ,  dont  la  rançon  paya  les  frais 
de  la  guerre.  On  fit  la  paix  ;  &  l'ifle  de  Ténédos  refta 
aux  Vénitiens ,  par  un  traité  conclu  en  1 379. 

Gènes  n'en  fat  pas  plus  tranquille.  Les  Adorni  &  les 
Fregoles,  familles  nobles,  difputoient  à  qui  gouverne- 
rait la  république  qui  ,  fatiguée  d'être  la  viéfime  de 
leurs  cabales  ,  le  donna  à  Charles  VI ,  roi  de  France. 
D  leur  donna  le  maréchal  de  Boucicaut ,  dont  la  bonne 
conduite  ne  les  empêcha  point  de  fe  donner  un  nou- 
veau maître,  quoiqu'il  leur  eût  acquis  le  port  de  Livourne. 
Us  prirent  le  tems  qu'il  étoit  occupé  à  faire  la  guerre  au 
duc  de  Milan ,  maflacrerent  les  François ,  &  fe  donnè- 
rent au  marquis  de  Montferrat ,  quoique  Porto  Génère  i 
Lmu  &  Sarfandlo  faflent  au  pouvoir  de  la  France. 
Cette  couronne,  pour  les  punir  ,  en  fit  prêtent  aux  Floren- 
tins. 

Leur  foumiflion  au  marquis  de  Montferrat  ne  dura  que 
quatre  ans.  Il  s'accommoda  avec  eux,  Se  confentit  qu'ils 
éludent  un  autre  duc  ,  moyennant  une  indemnifation  de 
vingt-fix  mille  ducats.  En  faveur  de  cet  accord ,  les  Flo- 
rentins leur  rendirent  les  trois  places  qu'ils  avoient  eues 
de  la  France.  Les  fa&ions  des  Guelfes  &  des  Gibelins  , 
&  la  désunion  des  principaux  Génois  épuiferent  tellement 
le  tréfor  de  la  république  ,  qu'elle  vendit  Livourne  aux 
Florentins  pour  cent  mille  ducats:  Elle  eut  enfuite  la 
guerre  contre  Alfonfe  le  Superbe,  roi  d'Aragon,  qui 
pnt  Cal vi  dans  l'ifle  de  Corfe,  &  afliégea  S.  Boniface  ; 
mais  on  lui  fit  lever  le  fîége  avec  perte  ,  &  on  fe  ref- 
faifit  de  Calvi. 

En  1442  ,  les  Génois,  las  d'être  libres  ,  fe  donnè- 
rent -au  duc  de  Milan,  qui  voulut  les  facrifier.  Ils  fe 
révoltèrent  en  1456  ;  Se  après  avoir  éprouvé  ,  pendant 
deux  ans,  combien  il  leur  étoit  impoflîble  de  jouir  en  paix 
de  leur  liberté  ,  ils  fe  fournirent  à  Charles  VII  roi  de 
France,  en  1478 ,  enfuite  à  Jean  duc  d'Anjou;  fe  révol-  " 
terent  contre  René  fon  facceffeur ,  chaflerent  de  Gènes 
tous  les  François  ,  &  en  égorgèrent  plus  de  zÇoo. 
Louis  XI ,  roi  de  France  ,  transporta  tous  les  droits ,  qu'il 
avoit  far  Gènes  &  Savonne  ,  à  François  Sforce  ,  duc 
de  Milan,  à  condition  qu'il  tiendrait  ces  deux  villes 
comme  fiefs  de.  la  couronne. 

Sforce,  en  vertu  de  cette  tranfaclion ,  fe  rendit  maître 
de  Gènes  qu'il  gouverna  affez  tranquillement  ;  mais  fous 
fon  fils  Galéaz  ,  les  Génois  furent  très-malhëureux. 

Mahomet  II  leur  enleva  Carra ,  &  les  autres  places 
qu'ils  poffédoient  far  la  mer  Noire. 

Galéaz  les  traita  avec  tant  de  dureté ,  qu'après  là 
mort,  ils  ne  voulurent  plus  de  maître  étranger.  Ils  fe 
brouillèrent  peu  après  avec  les  Florentins,  au  fujet  de 
Serezana  ,  far  laquelle  ces  derniers  formoient  quelques 
prétentions  ;  ils  leur  enlevèrent  même  Pietra  Santa  & 
Serezanella.  Cette  guerre  fat  bientôt  étouffée  par  les 
foins  du  pape,  'Se  Pietra  Santa  demeura  aux  Florentins, 
à  condition  qu'ils  renonceraient  à  Serezana  &  Sereza- 
nella ;  mais  cet  accord  ne  fut  pas  de  longue  durée  ;  ceux-ci 
tirèrent  en  longueur  la  reftitution  de  Serezanella  ,  &  fe 
faifirent  même  de  Serezana.  Cette  dernière  place  revint 
pourtant  aux  Génois ,  par  la  trahifon  du  gouverneur  que 
Charles  VII  y  avoit  laifle ,  &  qui  la  leur  vendit  vingt 
mille  ducats.  En  1491  ,  la  ville  de  Gènes  fe  donna  en- 
core une  fois  au  duc  de  Milan  ;  &  un  an  après,  Louis  XII 
roi  de  France  ,  ayant  dépouillé  Louis  Sforce ,  Gènes 
rentra  ainfî  fous  la  domination  Françoife.  Au  bout  de 
huit  ans ,  la  populace  fe  révolta,  hacha  en  pièces  la  gar- 
nifon  du  château ,  contre  la  parole  donnée ,  &  fe  choi- 
fît  pour  duc  un  teinturier  en  foie ,  nommé  Paul  de 
Novi.  Louis  XII  marcha  en  perfonne,  fit  exécuter  le 
duc  &  fes  complices  ,  &  rentrer  la  ville  dans  fon  de- 
voir il  lui  ôtamême  les  privilèges.  Elle  n'obtint  le  pardon 
qu'à  ce  prix:  pour  en  conferver  la  fouveraineté,  le  roi 
fe  réferva  la  nomination  d'un  gouverneur  François  de 
nation  :  il  ordonna  que  les  Génois  lui  prêtoient  ferment 
de  fidélité.  Cette  précaution  ne  les  empêcha  point  de 


78 


GEN 


CEN 


chaffer  encore  la  garnifon  Frariçoife  ,  6c  de  rafer  le  fort 
Lanterne.  Ils  Ce  cUoitirent  Oètavien  fregofe,  qui  prit  le 
titre  de  Duc  ,  Se  s'accommoda  avec  frrancois  1  ,  qui 
lui  céda  cette  dignité ,  &  le  déclara  adminiftratcur  de 
tout  l'état  de  Gènes ,  pour  la  couronne  de  France  ,  à 
laquelle  Frégofe  jura  foi  Se  hommage ,  &c  donna  une 
place  forte  pour  otage  de  fa  conduite. 

Les  Génois  furent  fidèles  a  la  France  ,  )u(qu  a  ce  que 
Prolper  Colonne  ,  &  le  marquis  de  Pefquairc  vinrent 
i'e  préfenter  devant  la  ville.  Ils  fervoient  la  couronne 
d'Efpagne  qui  pofîédoit  le  royaume  de  Naples.  Les  pof- 
tes  éfoieiit  mal  gardés  pendant  que  l'on  traitoit  pour  la 
capitulation;  les  Elpagnols  en  profitèrent  ,fe  faifirent 
de  la  ville ,  &  mirent  tout  au  pillage.  Frégofe  fut  du 
nombre  des  prifonniers.  André  Doria  reconquit  l'état  de 
Gènes  au  profit  de  la  France  ;  Se  cette  couronne  l'auroi't 
confervé ,  fi  elle  avoit  fçu  ménager  ce  .ggmd  homme. 
Le  roi  de  France  voulut  établir  à  Savonne  un  com- 
merce préjudiciable  à  la  ville  de  Gènes,  &C  en  donna  la 
douande  au  connétable  de  Montmorenci  ,  qui  par-là  Ce 
trouvoit  intéreflè  à  foutenir  ce  projet.  Doria  qui  étoit  Gé- 
nois ,  Se  qui  aimoit  la  patrie,  voulut  s'oppofer  au  tort  qu'on 
lui  vouloit  faire  ;  cela  joint  à  d'autres  mécontentemens , 
l'engagea  à  retourner  du  côté  de  Charles  V ,  l'ennemi 
juré  de  la  France.  Aidé  des  galères  impériales,  il  fepré- 
fenta  devant  Gènes ,  ik  la  prit  ;  le  château  tint  quelque 
tems  ;  mais  il  fe  rendit  ik  fut  rafé  aufli~tôt.  Doria  refiifa 
la  fouveraineté  qui  lui  fut  offerte  :  il  fe  contenta  d'avoir 
procuré  la  liberté  à  fon  pays.  Les  Génois  reprirent  Sa- 
vonne ,  en  ruinèrent  les  murailles,  ce  en  comblèrent  le 
port.  Ils  fe  rendirent  maîtresid'Ovadà ,  de  Novi  &C  de 
Gavi.  Vers  l'an  1614,  elle  acheta  le  marquisat  de  Zuc- 
carel  qui  lui  fut  d'abord  contefté  ,  puis  cédé  par  le  duc 
de  Savoie,  Se  après  le  traité  d'Utrecht  en  1713  ,  elle  a 
été  mile  en  pofleflion  du  marquifat  de  Final  que  l'em- 
pereur lui  avoit  vendu. 

Louis  XIV,  mécontent  des  Génois,  fit  bombarder 
leur  ville  en  1684;  mais  le  roi  Louis  XV  fon  arriere- 
petit-fils ,  les  a  foutenus  en  1747  contre  la  maifon  d'Au- 
triche, &  les  a  empêchés  d'être  fubjugués  par  cette  maifon. 
La  ville  de  Gènes,  capitale  de  cet  état,  eft  presqu'au 
milieu  du  pays  ,  auquel  elle  donne  fon  nom  ;  elle  eft 
lituée, partie  dans  une  plaine  ,  Se  partie  dans  une  colline: 
elle  s'étend  en  longueur  ;  mais  elle  eft  fort  preflee  dans 
fa  largeur ,  d'un  côté ,  par  la  montagne  qui  règne  prefque 
tout  le  long  de  la  ville  ,  6c  de  l'autre  par  la  mer  ;  ce  qui 
forme  une  perfpecYive  naturelle  ,  Ôc  fort  agréable.  Son 
circuit  eft  de  cinq  milles  ,  5c  elle  eft  fermée  de  mu- 
railles très-fortes  ;  du  côté  du  Septentrion  elle  eft  cou- 
verte des  montagnes.  Elle  eft  très-bien  peuplée  ,  Se  la 
plus  marchande  de  l'Italie,  après  Venife.  Ses  étoffes  de 
foie ,  comme  velours  ,  latins  ,  6cc.  fe  répandent  dans 
toutes  les  parties  du  monde.  On  la  nomme  Gènes  la 
fuperbe  :  auffi  rien  n'eft  plus  beau  que  les  dehors  de  Ces 
palais ,  &c  rien  n'eft  plus  commode  que  le  dedans.  Les 
rues  en  font  fort  étroites  ,  ce  qui  oblige  les  Génois  à 
fe  fervir  de  litières.  *  Journal  d'un  voyage  de  France  & 
d'Italie  ,  p,  157. 

Entre  les  édifices  publics ,  on  vante  l'églife  de  l'An- 
nonciade,  deffervie  par  des  religieux  de  l'ordre  de  faint 
François.  Monconis  ,  Voyages  ,  t.  1  ,  p.  loi ,  la  décrit 
ainfirc'eft  une  allez  grande  nef  qui  aune  aile  de  chaque  côté. 
Les  colomnes  de  marbre  blanc  Se  rouge  font  cannelées , 
&  la  moulure  eft  de  marbre  blanc  ;  tout  le  refte  de  la 
Voûte  eft  de  plâtre  en  compartimens  :  on  voit  dans  les 
vuides  de  très-beaux  tableaux  ;  Se  tous  les  ornemens, 
feftons  ,  cadres  Se  bas-reliefs  font  dorés  Se  ouvragés  ; 
en  forte  qu'il  n'y  a  qu'or,  azur  Se  marbre.  A  droite  de 
la  coupole  ,  eft  une  chapelle  qui  a  quatre  colomnes  tories 
qui  forment  l'autel  :  elles  font  d'un  marbre  qui  reflemble 
à  l'agate.  Le  couvent  eft  fpacieux  ,  fuperbement  bâti , 
6e  on  y  monte  de  l'églife  par  dirférens  degrés.  Il  y  a  cloî- 
tre fur  cloître,  Se  au-deffes  des  jardins  pleins  d'orangers; 
&  epeore  plus  haut  un  rélèrvoir  d'eau.  *  Journal  d'un 
voyage  de  France  &  d'Italie,  p.  160. 

L'églife  Métropolitaine  eft  fous  l'invocation  de  faint 
Laurent  :  elle  furpaffe  les  autres  églifes  en  grandeur  , 
mais  elle  n'égale  pas  en  be.mté  celles  de  faint  Ambroile 
8e  de  l'Annonciade.  Le  chœur  eft  de  memùferie ,  à  piè- 
ces rapportées ,  qui  forment  de  très-beaux  tableaux  de 
fi  jures  e&  4$  .oejrfpecïives  fans  peinture.  En  haut    dans 


la-  muraille,  font  les  quatre  évangéliftes  de  marbre, 
plus  grands  que  nature  ;  la  fculpture  en  eft  excellente. 
A  côté  de  la  coupole ,  dont  la  voûte ,  aufli-bien  que 
celle  du  chœur,  eft  de  marbre,  il  y  a  plulieurs  fcul- 
ptures  très-belles  contre  la  muraille.  Au-defïus  des  qua- 
tre évangéliftes,  6e  dans  le  fond  du  lambris,  eft  repré- 
fenté  le  martyre  de  faint  Laurent.  Parmi  plulieurs  belles 
chapelles,  on  remarque  celle  de  faint  Jean-Baptifte ,  à 
gauche  en  entrant  :  elle  eft  de  marbre ,  enrichie  tout  au- 
tour de  figures  de  marbre ,  de  colomnes  St  de  baluf- 
tres  :  on  y  garde ,  dit-on  ,  les  cendres  de  ce  faint  pré- 
curleur.  Le  portail  Se  le  clocher  au-dehors  eft  tout  de 
marbre  blanc  Se  de  pierre  noire ,  Se  tout  le  portail  eft 
garni  d'une  infinité  de  hautes  colomnes  de  marbre  dé- 
liées ,  Se  qui  font  Une  agréable  architecture.  On  dit  que 
le  plat  dans  lequel  Hérodias  préfenta  la  tête  de  faint 
Jean  à  fa  mère ,  fe  trouve  clans  le  tréfer  de  cette  églife , 
avec  un  vaiè  d'émeraude  d'un  prix  ineftimable ,  apporté 
de  Célarée  en  Paleftine.  Une  tradition  nationale  afl'ure 
que  c'eft  un  badin,  Se  que  c'eft  le  même  dans  lequel 
Jefus-Chrift  mangea  l'agneau  pafchal  avec  fes  difciples. 
L'églife  de  faiut  Ambroile  eft  deffervie  par  les  Jéfui- 
tes  ;  c'eft  une  des  plus  magnifiques  de  la  ville  :  fa  gran- 
deur ,  fes  peintures  exquifés  ,  fes  belles  colomnes  font 
admirables.  Ses  piliers  font  d'un  marbre  dont  la  couleur 
eft  très-vive,  Se  leur  groflèur  eft  prodigieule.  La  chaire 
du  prédicateur  eft  toute  de  marbre,  aulli-bien  que  fon 
efcalier.  Le  maître -autel  eft  orné  de  colomnes  de  mar- 
bre ,  entre  lefquelles  fon:  les  ftatues  de  faint  Pierre  8c 
de  S.  Paul  de  même  matière.  Les  chapelles  font  artiftement 
décorées  de  colomnes  Se  de  baluftres ,  le  tout  de  mar- 
bre ,  d'un  bout  de  l'églife  à  l'autre.  Le  lambris  eft  couvert 
de  peintures  excellentes  ,  8c  le  pavé  eft  d'un  marbre  par- 
faitement beau.  La  quantité  de  marbre  que  ce  pays  four- 
nit,  donne  une  grande  facilité  à  le  rendre  lî  commun 
dans  les  églifes.  Celle  de  faint  Cyr  en  eft  remplie  :  les 
piliers  qui  foutiennent  la  .nef  ,  les  colomnes  des  cha- 
pelles ,  le  chœur ,  l'autel  ,  les  marche-pieds  Se  les  baluf- 
tres ,  tout  y  eft  de  marbre.  Au  couvent  des  Théatins  , 
on  voit  cloître  fur  cloître ,  dortoir  fur  dortoir  ;  au-deflus 
de  tout  cela ,  il  y  a  des  jardins  remplis  d'orangers  Se  de 
citronniers  ,  où  les  eaux  coulent  abondamment  Se  en  diffé- 
rentes manières.  On  monte  par  dégrés  en  trois  différens 
jardins  qui  font  les  uns  fur  les  autres  ;  8c  au-deflus ,  on 
trouve  un  moulin  à  l'eau  Se  une  citerne  ;  il  y  a  encore  au- 
deflus  de  tout  cela ,  une  plate-forme ,  de  laquelle  on  voit 
toute  la  ville.  L'églife  de  faint  Mathieu  eft  remarquable 
par  les  reliques  que  l'on  y  vénère  ;  celle  des  Domini- 
cains à  caufe  de  fon  dôme.  La  maifon  des  pères  de  la 
million  eft  grande  Se  belle.  Dans  l'églife  de  fàinte  Ma- 
rie de  Carignan,  on  voit  de  très-belles  ftatues  ;  la  plu- 
part font  du  Puget  :  il  y  a  fur-tout  un  faint  Sébaftien 
qui,  pour  la  force  Se  l'expreffion ,  égale  Michel-Ange, 
Se  toute  l'antiquité.  L'églife  de  Notre-Dame  de  la  Vigne  , 
celle  des  Cordeliers ,  Se  quelques  autres  n'ont  rien  de 
remarquable  qu'une  profufîon  de  marbres. 

Le  palais  du  Doge  eft  un  des  plus  beaux  8c  des  plus 
grands  bâtimens  de  l'Europe  ;  mais  il  n'eft  pas  tant  orné 
de  marbre  que  ceux  des  nobles.  D'une  grande  cour  on 
monte  dans  une  fale  magnifique ,  au-dehors  de  laquelle 
on  voit  les  deux  fameufes  ftatues  d'André  Doria,  Se  de 
Jean  André ,  les  libérateurs  de  la  patrie.  A  côté  de  cette 
fale  ,  il  y  a  plufieurs  appartemens,  avec  leurs  cours  par- 
ticulières ,  embellies  de  colomnes  de  marbre.  En  mon- 
tant deux  efcaliers  ,  on  trouve  la  fale  du  grand  confeil 
pour  l'éleftion  du  Doge ,  Se  à  côté ,  le  collège  pour  les 
affaires  du  gouvernement  ,  où  s'aflemblent  ving-fept 
fénateurs  ou  procureurs  ;  ces  derniers  ne  donnent  point 
leurs  avis  dans  toutes  les  affaires  publiques.  De  l'antre 
côté,  font  les  appartemens  du  Doge ,  aflez  fpacieux  non 
feulement  pour  lui ,  mais  pour  tout  autre  fouverain. 
*  Voyages  de  Gcmelli  Carréri,  t.  6  ,p.  438. 

Le  Doge  eft  élu  du  corps  des  fénateurs,  Se  gouverne 
deux  ans  ,  après  quoi  on  en  élit  un  autre  :  on  le  traite  de 
ferinité  ,  Se  les  fénateurs  êC  excellence.  Quand  le  Doge 
fort  de  charge ,  on  lui  députe  une  perfonne  qui  lui  dit  : 
votre  férénité  a  fait  fon  tems ,  votre  excellence  peut  fe 
retirer  chez  elle. 

La  boude  eft  aflez  grande  ;  mais  elle  n'a  rien  de  ma- 

Le  palait  du  prince  Doria  eft  hors  de  la  porte  de  faint 


GEN 


GEN 


Thoffîas  :  il  eft  grand  ,  Si  garni  de  plufteurs  terraffes 
baluftrées  de  marbre,  desquelles  on  deicend  dans  un  fort 
grand  jardin  devant  le  palais.  Au  milieu  eft  une  très- 
telle  fontaine  de  marbre  blanc ,  ornée  de  quantité  d'ai- 
gles tout  autour  du  baiiin,  qui  eft  de  quatre  à  cinq  pieds 
de  hauteur  ;  &  au  milieu ,  eft  un  grand  Neptune  qui 
gouverne  trois  gros  chevaux.  À  main  droite  eft  une  vo- 
lière ,  dans  laquelle  il  y  a  de  gros  arbres  ,  chênes  verds 
Si  autres ,  avec  deux  badins  de  fontaine  :  elle  a  cent  trente 
pas  de  long ,  &  vingt-deux  de  large ,  toute  fermée  ,  & 
couverte  en  deffus  de  (ils  de  fer  qui  tiennent  à  des  barres 
de  fer  grofles  comme  le  bras ,  Si  de  plus  de  vingt  pieds 
de  haut.  Au  bout  du  jardin  ,  vis-à-vis  des  terraffes,  on 
monte  à  d'autres  qui  aboutirent  fur  la  mer.  Tout  le 
palais  eft  peint  à  frefque,  dedans  &  dehors,  par  Perin  del 
Vago. 

Le  grand  palais  du  duc  de  Doria  eft  le  premier  &  le 
plus  beau  de  la  Strada-Nova  :  il  eft  tout  de  gros  quar- 
tiers de  marbre  au-dehors.  On  monte  à  une  très-grande 
cour  par  pkifieurs  degrés  ;  après  avoir  traversé  cette  cour , 
on  rencontre  au  bout ,  vis-à-vis  du  premier  ,  un  pareil 
efcalier,  qui  mené  dans  les  appartemens  du  maître,  par 
une  galerie  qui  fait  tout  le  tour  de  la  cour.  Sur  la  porte 
eft  écrit,  nulli  certa  domus ;  Si  à  la  maifon  vis-à-vis  , 
venturi  non  immemor  avi. 

Proche  de  ce  dernier  palais ,  on  voit  le  palais  de  Bri- 
noles  ,  dont  les  arcades  inférieures  font  foutenues  de 
treize  colomnes  ;  les  efcaliers  ornés  d'excellentes  ftatues, 
&  les  chambres  de  meubles  précieux. 

Saint-George  eft  le  palais  où  fe  garde  le  tréfor  de  la 
république.  En  bas  eft  la  douane  ;  &  dans  les  chambres 
au-deflus,  on  trouve  la  fale  ancienne,  avec  environ 
quinze  ftatues  de  nobles  Génois  qui  ont  rendu  fervice  à 
leur  patrie  ;  elles  font  placées  contre  le  mur.  La  fale 
nouvelle ,  où  les  bourgeois  s'aflemblent  quelquefois  pour 
affaires ,  au  nombre  de  quatre  cens  ,  eft  tort  grande  ,  Si  a, 
le  long  de  les  murailles ,  les  ftatues  de  marbre  de  quelques 
bons  citoyens.  On  pafle  de  cette  fale  dans  celle  où  eft 
la  magiftrature  ,  compofée  de  huit  fénateurs ,  qui  déter- 
minent les  affaires  de  la  banque  ,  Si  ce  qui  regarde  les 
droits  de  la  ville.  Ce  palais  eft  fur  le  bord  de  la  mer. 

*  Gémelli  Carréri.  Monconis. 

UAlbereo,  qui  eft  fur  la  montagne  ,  eft  un  des  plus  ma- 
gnifiques de  l'état  de  Gènes.  Pour  le  conftruire ,  il  a  fallu 
remplir  des  précipices  ,  Si  applanir  des  montagnes.  Il  y 
a  deux  grands  chemins  qui  conduifent,  depuis  la  première 
porte,  à  un  portique,  d'où  l'on  pafle  par  deux  autres 
chemins  piu^  magnifiques ,  au  devant  de  la  maifon  ,  où 
l'on  trouve  quatre  ftatues  de  ftuc  des  bienfaiteurs  du  lieu , 
avec  leurs  inferiptions  ,  outre  quatre  autres  que  l'on  voit 
fur  les  montées.  Les  murs  de  l'églife  font  incruftés  de 
marbre  ,  avec  huit  ftatues.  Le  grand  autel  a  fept  colom- 
nes ,  Si  une  image  de  la  Vierge  ,  fculptée  par  un  ex- 
cellent maître.  Avant  que  d'entrer  dans  l'églife  ,  on  voit  fur 
la  droite  plulieurs  coridors  ,  avec  des  chambres  ,  Si  un 
jardin  pour  les  honnêtes  femmes  &  filles  ;  car  celles  qui 
font  condamnées  ,  Si  en  pénitence ,  vivent  dans  un 
endroit  féparé  au-deflus  de  l'églife  :  il  y  a  jusqu'à  fix 
cens  cinquante  femmes.  Par  derrière  l'autel ,  Si  par  le 
premier  portique  ,  on  peut  monter  à  divers  apparte- 
mens ,  l'un  pour  les  jeunes  gens ,  un  autre  pour  les  vieil- 
lards ,  Si  un  troifieme  pour  les  enfans  :  il  y  a  des  cham- 
bres où  l'on  travaille  pour  les  befoins  de  la  maifon.  Tous 
ces  appartemens,  à  caufede  l'éminence  du  lieu  ,  font  les 
uns  derrière  les  autres,  Si  font  de  loin  comme  une  perf- 
pecYive  de  théâtre  :  ce  qui  eft  fort  agréable  à  voir  de 
deffus  les  balcons.  Le  tout  eft  adminiftré  avec  ordre  Si 
économie  :  .on  y  nourrit  les  pauvres ,  Si'on  y  élevé  les  or- 
phelins :  on  donne  des  dotes  aux  filles  qui  s'y  marient. 

*  Gémelli  Carréri. 

Il  y  auflî  à  Gènes  un  grand  hôpital ,  où  l'on  a  foin 
de  quatre  cens  malades  des  deux  fexes.  Au  rapport  de 
M.  Spon ,  Fbyages  ,  t.  \,p.  20,  Gènes  a  cela  de  par- 
ticulier Si  d'avantageux  fur  les  autres  villes  d'Italie  ,  que 
tous  fes  palais  fuivent ,  fans  être  joints  avec  des  maifons 
ordinaires. 

Le  port  eft  tout  ouvert  du  côté  du  midi,  Si  a  de  petites 
roches  couvertes  d'eau  ,  qui  le  rendent  mal  sûr,  quand 
il  vient  quelque  bourafque.  Il  a  un  peu  plus  d'un  mille 
de  longueur,  avec  un  fanal  du  côté  du  ponant,  Si  de 
bons  ouvrages  qui  défendent   deux  arfenaux,  dont  l'un 


79 


eft  pour  les  galères ,  Si  l'autre  pour  les  barques  au  vin. 
La  tour  du  fanal,  dont  on  vient  de  parler ,  eft  rema-qua- 
ble;  on  y  allume  trente-trois  Ia:npes  la  nuit,  afin  de 
guider  les  vaifieaux,  Si  oa'i!,  puiflènl;  entrer  plus  faci- 
lement dans  le  port  :  elle  a  un  ei'cal:er  de  trois  cens 
douze  marches,  Si  eft  fituée  fur  un  rocher.  Il  y  a  de 
gros  canons  autour  ,  Se  le  long  de  1a  courtine.  *  Gémelli 
Carréri. 

Il  faut  diftinguer  I'Etat  de  Gènes  de  la  CÔTE  de 
Gènes.  Ce  dernier  pays  n'eft  qu'une  partie  du  premier. 

L'Etat  de  GENES  comprend , 

La  Côte  de  Gènes, 

L'Ifle  de  Corse  , 

L'Ifle  de  Capraia  ,  fur  la  Côte-de  Tofcane. 

Il  comprenoit  encore  l'Ifle  de  Lesbos  ou  de  Métêlin  , 
celle^  de  Chio  ,  Caffa  ,  dans  la  petite  Tartarie,  Si  Pera 
auprès  de  Conftantinople.  Les  Turcs  en  ont  dépouillé 
les  Génois. 

La  Côte  de  GENES  ,  en  latin  Llgufëca  Lictora  , 
province  d'Italie  :  elle  s'étend  en  long  fur  la  côte  de  la 
mer  Méditerranée  au  midi  ,  entre  l'état  du  grand  duc 
de  Toscane  ,  Si  le  duché  de  Mafla  à  l'orient ,  le  comté 
de  Nice  ,  la  principauté  de  Monaco,  Si  les  Alpes  ou 
les  montagnes  de  Tende  à  l'occident  ,  Si  les  duchés  de 
Milan  ,  de  Montferrat  Si  de  Parme  au  feptentrion  ;  ainfi 
fa  longueur,  du  levant  au  couchant,  eft  de  près  de  cent 
quarante  mille  ;  mais  fa  largeur  eft  fort  étroite  entre  la 
mer  Si  l'Apennin,  n'y  ayant  prefque  que  la  côte  ,  Si  quel- 
ques vallées  ,  fur-tout  vers  Savonne  ,  Si  dans  la  rivière  de 
ponant,  aux  frontières  du  Montferrat.  Elle  eft  plus  large 
dans  la  rivière  de  levant ,  Si  vers  Brugneto ,  Si  plus 
étendue  vers  Gavi  Si  Novi ,  où  elle  s'étend  jufqu'à 
vingt-cinq  milles  de  large ,  Si  de-là  l'Apennin  ,  où  font 
ces  deux  places  ,  avec  quelques  autres  lieux.  *  Baudrand, 
édit.  1705. 

On  l'appelle  quelquefois  la  rivière  de  Gènes  ,  non  pas 
qu  il  y  ait  aucune  rivière  de  ce  nom  ,  mais  parce  qu'on 
divife  ordinairement  ce  pays-là  en  deux  parties  ;  celle 
qui  eft  à  l'orient  de  la  ville  de  Gènes ,  Si  jufqu'aux 
frontières  de  l'état  du  grand  duc  de  Tofcane ,  Si  du  duc 
de  Mafla ,  eft  nommée  la  rivière  de  levant ,  Si  par  fes 
habitans  la  riviera  di  Genoua  di  levante  ;  elle  peut  avoir 
foixante  milles  de  long;  les  lieux  les  plus  conhdérables  , 
font  Seftri  de  levant ,  Rapallo  ,  Chiavari ,  Porto  Vé- 
nère ,  Brugneto ,  Si  Sarzane  dans  la  Luuégiane. 

La  partie  de  cette  côte ,  qui  eft  à  l'occident  de  la 
ville  de  Gènes  ,  Si  qui  s'étend  jusqu'à  Monaco  ,  Si  au 
comté  de  Nice,  eft  appeliée  la  rivière  du  ponant y 
&i  par  les  habitans  la  riviera  di  Genoua  di  ponente  , 
où  font  les  villes  de  Savonne  ,  qui  en  eft  la  principale  , 
Albengue  ,  Noli,  Vintimille  ,  Saint  Reme  Si  Port  Mo- 
rice  ;  mais  le  marquifat  de  Final ,  Si  la  principauté  d'O- 
neille  y  font  enclavés.  La  république  de  Gènes  a  acheté 
le  premier,  comme  nous  avons  dit;  l'autre  eft  au  roi  Je 
Sardaigne  ,  duc  de  Savoie.  Toute  cette  côte  eft  extrê- 
mement fertile  le  long  de  la  mer  ,  fi  cultivée  Si  fi  rem- 
plie de  belles  maifons  de  campagne,  fur-tout  proche  de 
Gènes  ,  qu'on  diroit  en  plulieurs  endroits  que  c'eft  une 
ville,  quoique  le  pays  foit  fort  rude  ,  Si  qu'il  y  ait  quan- 
tité de  rochers  ;  mais  les  lieux  qui  font  plus  éloigné~  de 
la  mer,  Si  plus  dans  la  montagne,  font  affez  peu  cul- 
tivés, fi  ce  n'eft  quand  on  a  pafle  l'Apennin  Si  vers 
Gavi. 

Je  n'entrerai  point  dans  un  détail  des  hommes  illus- 
tres que  la  ville  de  Gènes  a  produits  ;  mais  un  homme  à 
qui  les  géographes  doivent  beaucoup,  c'eft  Chriftophe 
Colomb  ,  Génois  ,  qui  a  eu  le  courage  d'aller  découvrirun 
nouveau  monde ,  comme  je  le  dis  à  l'article  de  l'Amé- 
rique. 

Il  court  en  Italie  un  proverbe  peu  honorable  aux  Gé- 
nois :  montag ne  fen~va  legni  ,  mare  J'eni-i  pefci ,  huo-> 
mini  feniçi  Je  Je  ,  Donne  fen^a  vergojna  ;  c'eft-à-dire, 
des  montagnes  fans  bois,  une  mer  (ans  poiflon,  des 
hommes  fins  foi ,  Si  des  femmes  fans  pudeur.  Ce  pro- 
verbe eft  faux. 

GENESA ,  ville  de  la  Laconie ,  félon  Etienne  le  géo- 
graphe. 

GENESAR,  ou 

GENESARETH.  (le  Lac  de) Voyez  Cenereth, 


to 


GEN 


GEN 


GENESIUM ,  lieu  maritime  du  Péloponnèse ,  dans 
le  royaume  d'Argos ,   félon  Paufanias.  _  _ 

GENESSAI.  Le  P.  Avril  nomme  amli  la  nyiere  de 
\a  Tartane  que  nous  appelions  Jeniscea.  Voyez  ce 
mot.  ,    . 

GENESSANO  ,  -ou  Cenessano  ,  en  latm  Juven- 
ùanum  ,  bourg  d'Italie,  dans  "la  Campagne  de  Rome  , 
entre  Frefcati  &  Paleftrine  ,  à  deux  ou  trois  lieues  de 
l-'une  Se  de  l'autre.  *  Baudrand,  édit.   1705, 

GENESTON  ,  Geneftum.  Abbaye  d'hommes ,  en 
Prance  ,  de  l'ordre  de  faint  Auguftin  ,  en  Bretagne  ,  au 
diocèse  de  Nantes ,  à  cinq  lieues  au  midi  de  cette  ville , 
près  du  lac  de  Grandlieu;  elle  fut  fondée  l'an  1163. 

GENESUS  ,  ou  GENUSUS,  riviere.de  la  Paleftine, 
félon  Vibius  Sequefter. 

GENETS,  Se 

GENET  jEUM  PROMONTORIUM.  Appollonius , 
/.  2 ,  nomme  ainfi  un  cap  de  la  Cappadoce  ,  fur  la  mer 
Noire  ,  entre  les  villes  Jafonium  Se  Cotyorum.  Valerius 
Flaccus  ,  /.  5  ,  v.  147,  place  après  les  Chalybes  ,  peuples 
de  ce  pays-là  ,  une  roche  confacrée  à  Jupiter  Genetéen. 
Pline,  /.  6.  c.  4  ,  joint  les  Genetes  aux  Tibaréniens. 
Arrien  ,  Peripl.  Se  Etienne  le  géographe ,  y  mettent  -un 
port  Se  une  rivière  de  ce  nom. 

GENETHLIUM,  village  du  Pelopponnefe ,  au 
ïoyaume  d'Argos  ,  félon  Paufanias  ,  in  Arcadic.  Le 
même  auteur  dit ,  in  -Corinthiac.  que  Thefée  naquit  dans 
le  village  de  ce  nom. 

GENEVE,Geneva,-Gàiava,oxi  Cenava,en  latin  ;  Geuf, 
en  allemand  ,  eft  la  capitale  d'une  petite  république  fituée 
à  l'extrémité  du  lac  de  Genève,  nommé  par  les  anciens 
Léman.  Elle  eft  au  45  e  d.  13'  de  lat.  Se  au  23  d.  50'  de 
long,  entre  la  France ,  la  Savoie  Se  la  Suiffe.  Sa  por- 
tion fait  fa  sûreté ,  parce  que  fes  voifins  la  mettent  à 
couvert  des  usurpations  les  uns  des  autres.  Jules  -  Céfar 
-en  parle  au  commencement  de  fes  commentaires  (a)  : 
elle  étoit  très-confidérable ,  lorsque  ce  conquérant  parut 
dans  les  Gaules  ,  Se  appartenoit  aux  allobroges(b).  Après 
fa  mort ,  les  peuples  voifins  de  Genève  fe  révoltèrent  ; 
mais  la  ville  refta  toujours  fidèle  aux  Romains,  qui,  en 
reconnoiffance ,  lui  accordèrent  de  grands  privilèges.  Sous 
l'empereur  Marc  Aurele ,  cette  ville  fut  brûlée  ;  il  la  fit 
Tebâtir,  Se  y  permit  le  libre  exercice  de  la  religion 
chrétienne  qui  y  avoit  été  prêchée  :  ce  fut ,  fans  doute  , 
en  reconnoiffance  de  ce  bien  fait,qu'elle  prit  le  nom  à' Au- 
rélia. Lors  de  la  décadence  de  l'Empire  Romain  ,  elle 
fut  fouvent  ravagée  par  les  Barbares ,  principalement  par 
les  Bourguignons.  Elle  pana  fous  la  domination  des  Francs. 
Charlemagne  s'y  arrêta  en  allant  en  Italie  ,  8c  confirma 
fes  privilèges.  Il  donna  le  titre  de  comtes  de  Genève  à 
Loton  Se  à  Beltram  qui  lui  avoient  amené  fept  cents 
hommes  lorsqu'il  faifoit  la  guerre  aux  Lombards  ,  &  qui 
s'étoient  beaucoup  fignalés.  Leurs  defcendans  conferve- 
rent  cette  dignité  jusqu'en  887,  que  le  roi  Bofon 
réunit  les  deux  comtés  en  la  perfonne  de  Pierre  qui 
defcendoit  de  Beltram. 

Les  Genevois  fe  fournirent  à  Rodolphe  ,  qui  fut  pro- 
clamé roi  d'une  partie  du  royaume  de  Bourgogne  ,  en 
888  ,  Se  à  fes  defcendans  jusqu'à  Rodolphe  III  ,  qui  laiffa 
fon  royaume,  par  teftament ,  à  l'empereur  Conrad  le  Sali- 
que,  lequel  eut  pour  fucceffeur  Henri  le  Noir,  fon  fils  qui 
créa  le  duc  de  Zeringen,  gouverneur  de  la  Bourgogne 
Transjurane.  L'empereur  Frédéric  BarberoufTe  donna  au 
duc  Berthold  IV  le  haut  domaine  fur  les  villes  de  Ge- 
nève ,  Lausane  Se  Sion ,  quoique ,  par  une  bulle  donnée 
au  commencement  de  fon  règne ,  il  eût  confervé  à  f'é- 
vêque  Ardutius  tous  les  droits  temporels  de  l'églife  fur 
la  ville  de  Genève  ,  même  ceux  qui  appartenoient  à 
l'Empire  ,  fe  réfervant  Amplement  les  droits  honori- 
fiques ,  dont  même  il  ne  jouiroit  que  lorsqu'il  iroit  en 
perfonne  à  Genève.  Par  un  traité  de  l'an  1 153  ,  conclu 
entre  le  comte  Se  l'évêque,  confirmé  par  le  pape  Adrien 
IV,  en  11  "Î7,  le  comte  de  Genève  étoit  fidelis  advocatus 
tcclepce,  féal  avoué  de  cette  égliiè.  Il  ne  tiroit  fon 
droit  d'inveftiture  fur  la  ville ,  que  de  la  donation  que 
l'évêque  Gui ,  pour  rendre  fa  mailon  plus  puiffante  ,  en 
avoit  faite  au  comte  Amé  fon  frère.  Humbert  de  Gram- 
mont,  fucceffeur  de  Gui,  à  l'évêché  de  Genève,  vou- 
lut faire  caffer  cette  donation.  L'archevêque  de  Vienne, 
métropolitain  de  Genève ,  Se  légat  apoftolique  ,  ter- 
mina ce  différend  en  11 24. 


Les  comtes  profitèrent  des  troubles  ,  Se  des  guerres 
fùrvenues  entre  les  empereurs  Se  les  papes,  pour  fe  rendre 
fouverains.  Alors  le  peuple  eut  recours  aux  évêques  pour 
défendre  fes  droits.  Ceux-ci  profitèrent  de  l'occafion  pour 
s'ériger  en  feigneurs  temporels  de  la  ville ,  s'en  firent 
même  donner  la  commiffion  par  les  empereurs ,  &  ne 
biffèrent  aux  comtes ,  que  la  fouveraineté  du  pays  ap- 
pelle Genevois.  L'évêque ,  qui  étoit  élu  par  le  peuple  6e 
par  le»clergé  ,  étoit  obligé  de  jurer,  après  fon  élection, 
qu'il  garderait  les  privilèges ,  Se  les  franchifes  de  la  ville. 
Il  ne  décidoit  rien  d'important ,  fans  le  confentement 
du  peuple  qui  avoit  part  au  gouvernement.  Le  tribunal 
fuprême  étoit  l'affemblée  de  la  nation  compofée  de  tous 
les  chefs  de  famille, 

Les  ducs  de  Savoie  employèrent  la  rufe  Se  la  force 
pour  fe  rendre  fouverains  de  Genève.  Les  Genevois  fè 
voyant  fur  le  point  de  fuccomber  ,  firent  alliance  avec 
les  cantons  de  Berne  Si  de  Fribourg,  le  25  Février  1526. 
Huit  députés  de  Genève  allèrent  jurer  cette  alliance  à 
Berne  Se  à  Fribourg ,  Si  huit  de  Berne  Se  de  Fribourg 
vinrent  en  faire  autant  à  Genève.  L'évêque  Se  le  clergé 
ne  virent  cette  alliance  qu'avec  chagrin ,  parce  qu'ils 
prévirent  que  les  Genevois  ne  manqueraient  pas  d'em- 
braffer  le  Calvinisme ,  à  l'exemple  de  ceux  de  Berne  , 
leurs  nouveaux  alliés.  Leur  crainte  éroit  fi  bien  fondée  , 
,  que  presque  tous  les  habitans  changèrent  de  religion  en 
1535  ;  Se  le  27  Août  de  l'année  fuivante,  on  porta  une 
ordonnance  par  laquelle  il  étoit  enjoint  à  tous  les  habi- 
tans de  faire  profeffion  de  la  religion  Protefîante  ,  Se 
l'exercice  de  la  Catholique  étoit  défendu.  Le  chapitre  de 
l'églife  cathédrale  de  faint  Pierre  fe  retira  à  Annecy  ; 
les  religieux  Se  les  religïeufes  furent  chaffés  :  les  villages 
embrafferent  bientôt  la  même  doctrine  que  h  viile  , 
Se  tout  l'état  de  Genève  devint  Calvinifte.  Les  Fribour- 
geois  qui  étoientzélés  catholiques, rompirentleur alliance 
avec  les  Genevois  ;  mais  les  Bernois  la  reflétèrent  d'avan- 
tage ;  Se  ceux  de  Soleure ,  quoique  Catholiques  ,  voyant 
combien  la  ville  de  Genève  étoit  importante  à  tout  le 
corps  Helvétique  ,  firent  alliance  avec  elle  r  enfin  tous 
les  cantons  reçurent  folemnellement  les  Genevois  au 
nombre  de  leurs  alliés  en  1584. 

Malgré  cette  alliance ,  le  duc  de  Savoie  n'abandonna 
pas  le  deffein  qu'il  avoit  de  fubjuguer  Genève  ;  il  penià  la 
furprendre  par  efealade  la  nuit  du  21  Décembre  en  1602. 
On  y  célèbre  encore  tous  les  ans  une  fête  en  mémoire 
de  cette  efealade  manquée,  Se  l'on  confervé  dans  l'ar- 
fenal  les  échelles ,  les  lanternes  fourdes ,  Se  les  pétards 
dont  les  foldats  du  duc  fè  fervirent. 

Après  l'abolition  de  la  religion  catholique ,  on  fonda 
une  école  à  Genève  en  1536.  Peu  après,  on  y  éta- 
blit une  académie  où  l'on  mit  des  protèffeurs  en  grec, 
en  hébreu ,  en  philofophie  ,  deux  de  théologie  qui  furent 
Jean  Calvin  Se  Théodore  de  Beze.  Ce  dernier  fut  le  pre- 
mier refteur  de  cette  académie  ,  dont  on  publia  les 
ftatuts  dans  l'églife  de  faint  Pierre  en  1559.  On  a  depuis 
augmenté  le  nombre  des  profeffeurs.  La  ville  avoit  au- 
trefois pour  devife  un  foleil  avec  ces  mots  :  Poji  tene- 
brasfpero  lucem.  Après  les  ténèbres ,  j'espère  la  lumière. 
Quelque-tems  après  avoir  embrafîé  le  Calvinifme  ,  elle 
changea  la  légende ,  Se  mit  :  Port  tenebras  lux.  La 
lumière  après  les  ténèbres.  On  l'a  mife  depuis  dans  les 
inferiptions  publiques,  Se  fur  la  monnoie.  (a)  Longuerue, 
Defcript.  de  la  France  ,  2.  partie,  p.  308.  (b)  Etat  &  Dé- 
lices de  la  Suiffe  ,  t.  4 ,  p.  225  ,  &fuiv. 

Genève  occupe  les  deux  bords  du  Rhône  qui  la  partage 
en  deux  parties  inégales  ;  la  plus  grande ,  qui  eft  pro- 
prement la  ville  de  Genève ,  occupe  le  côté  gauche  de 
la  rivière  ,  Se  c'eft  pour  cette  raifon  qu'elle  faifoit  ancien- 
nement partie  de  la  province  des  Allobroges.  Là  elle 
eft  bâtie,  en  partie  fur  une  colline  qui  va  s'é levant  jus- 
qu'au haut  du  quartier  qu'on  appelle  la  Cité.  La  pente  en 
eft  affez  douce  en  quelques  endroits ,  mais  rude  en  d'au- 
tres. *  Délices  de  la  Suiffe,  t.  4,  p.  748. 

L'autre  partie  de  la  ville  ,  qu'on  appelle  faint  Gervais, 
à  caufe  du  faint  de  ce  nom ,  patron  de  la  paroiffe  ,  eft 
fur  le  côté  droit  du  Rhône  ,  Se  fur  les  anciennes  bornes 
de  la  Suiffe.  Entre  ces  deux  parties  de  la  ville ,  le  Rhône 
fe  partage  en  deux  bras  ,  Se  forme  une  iile  de  702  pieds  de 
long,  Se  de  200  de  large,  qui  eft  toute  habitée.  Les  deux 
parties  de  la  ville  font  jointes  à  l'ifle  par  deux  grands 
ponts  de  bois,  Cette  ville  eft  grande ,  Se  fi  peuplée  qu'on  y 

compta 


CEN 


CEN 


fcompîe  quinze  mille  âmes.  La  religion  Protefiante  ck 
îe  commerce  y  ont  attiré  quantité  de  familles.  Elle  eft 
«■emplie  d'anciens  habitans,  de  réfugiés  Italiens,  qui  y 
allèrent  de  Vemfe  &  de  Luques ,  dans  le  feizieme  fiécle , 
du  nombre  desquels  font,  entr' autres  ,  les  Calandrins , 
Turrettins,  Michell ,  &c.  Jk  des  réfugiés  François  qui 
«'y  retirèrent  durant  les  troubles  de  France  du  îeizieme 
fiécle  ,  &  lors  de  la  révocation  de  ledit  de  Nantes  ,  en 
1685.  C'eft  un  féjour  agréable ,  par  la  douceur  du  gou- 
vernement ,  par  la  bonté  de  l'air  &  la  fertilité  du  terrein. 

La  ville  eft  fort  belle  ,  &  fe  remplit  tous  les  jours  de 
plus  en  plus  de  beaux  &  de  fupetbesbâtimens  ,  foit  pu- 
blics ,  foit  particuliers.  Le  temple  de  S.  Pierre,  qui  étoit 
autrefois  la  cathédrale ,  eft  bâti  à  l'antique  ;  il  eft  fort 
fpacieux  ,  &c  repréiente  une  croix.  On  y  voit  les  ftatues 
des  douze  apôtres  ,  devant  lesquelles  on  a  plufieurs  fois 
furpris  des  Catholiques  à  genoux.  On  prétend  même  que 
l'évêque  titulaire  de  Genève ,  qui  fait  fa  féfidence  à 
Annecy  en  Savoie,  y  va  dire  une  méfie  baffe  une  fois 
en  fa  vie. 

Près  ce  temple  ,  font  deux  chapelles  :  dans  l'une  on 
enfeigne  la  philofophie  ,  &  la  théologie  dans  l'autre. 
Celle-ci  fert  de  temple  aux  Italiens  &  aux  Allemands. 
Les  familles  venues  d'Italie  à^  Genève,  dans  le  feizieme 
fiécle  ,  ont  toujours  confervé  une  bourfe  &  un  minif- 
tere ,  (bit  pour  leur  ufage ,  foit  pour  celui  de  ceux  qui 
viennent  de  tems  en  tems  d'Italie.  Leur  affemblée  fe 
fait  tous  les  jeudis.  L'églife  Allemande  y  fait  les  fiennes 
le  dimanche  &  les  jours  de  fête ,  &  fe  fert  de  belles 
orgues  pour  le  chant  des  pfeaumes.  Outre  l'églife  Alle- 
mande ,  qui  eft  Calvinifte  ,  il  y  en  a  une  autre  de  la 
même  nation,  qui  eft  Luthérienne ,  &  qui  a  été  intro- 
duite dans  Genève,  depuis  peu  d'années.  Elle  s'affemble 
dans  une  maifon   particulière. 

Outre  le  temple  de  S.  Pierre ,  il  y  en  a  deux  autres 
dans  la  grande  ville  ,  qui  fervent  aux  aflemblées  ordi- 
naires ,  fçavoir ,  la  Madelaine  &c  Saint-Germain  ;  &  un 
dans  le  quartier  de  Saint-Gervais.  On  voit  dans  ce  der- 
nier le  monument  des  dix-fept  bourgeois  qui  perdirent 
la  vie  dans  l'affaire  de  l'efealade  l'an  1601  ,  en  combat- 
tant courag:urement  contre  les  Savoifiens  pour  la  confer- 
vation  de^leur  patrie.  On  y  a  joint  une  infcription  la- 
tine, qui  marque  leurs  noms  &  fumoms. 

A  quelques  pas  du  temple  de  S.  Pierre ,  on  trouve 
la  maifon  de  ville,  où  l'on  a  fait  de  très-belles  répara- 
tions depuis  quelques  années.  On  y  monte  par  un  efea- 
lier  qui  eft  tout  uni ,  "Sr  pavé  de  petits  cailloux,  (k  fait 
de  telle  manière  ,  qu'on  y  peut  monter  jufqu'au  toit  à 
cheval  &  en  carroffe.  On  y  voit  à  l'entrée,  &  dans  le 
veftibule ,  divers  tableaux  avec  des  inicriptions  curieu- 
fes..  Une  fur  l'efealade  : 

D.  O.  M.  S. 
Çjuo  non  Alloerogas  Rapit 

FUROR    ET    CuplDITAS     SUA 
TRANS  VERSOS,    &C. 

Une  autre  fur  l'alliance  perpétuelle  que  la  ville  de 
Genève  contrafta  ,  l'an  1584,  avec  les  deux  cantons  de 
Zurich  &  de  Berne. 

On  voit  aulïi  dans  ce  même  veftibule  quantité  d'urnes 
anciennes  où  l'on  renfermoit  les  os  &t  les  cendres  des 
morts,  dans  le  paganisme.  On  les  a  trouvées  la  plupart, 
l'an  1659,  dans  le  fofie  du  Ravelin  de  la  Noue.  On  a 
auffi  déterré  une  très- grande  quantité  de  médailles  ,  de 
pièces  antiques ,  et  des  inferiptions  ,  monumens  de  la 
fplendeur  ancienne  de  Genève. 

Près  de  la  maifon  de  Ville  ,  on  voit  l'arfenal  qui  eft 
très-beau ,  &:  garni  d'armes  &  de  munitions  de  guerre 
en  abondance  :  on  dit  qu'il  y  a  de  quoi  armer  douze 
mille  hommes. 

D'un  autre  côté'de  la  Ville  on  voit  le  collège  où  eft 
la  bibliothèque  qui  a  été  remife  en  bon  état ,  Se  aug- 
menté confidérablement  depuis  quelques  années.  Il  y  a 
beaucoup  de  manuferits  curieux ,  &  diverfes  raretés. 

De  la  bibliothèque  on  va  voir  l'hôpital  général  qui  a 
été  rebrki  magnifiquement  depuis  quelques  années  :  il  y  a 
bien  des  familles  bourgeoifes  dans  Genève ,  qui  ne  font 
pas ,  à  beaucoup  près ,  aulh  proprement  logées  &  entre- 
tenues que  les  pauvres  lefont  là.  Ce  font  de  grandes  cham- 
bres, longues,  larges,  hautes, dans  chacune  desquelles  font 


8L 

quatorze  lits  fort  propres,  &  tout  le  re^e  à  pr^f 
le  bâtiment  a  coûté  plus  de  deira  ;us.   Le 

machines  hydrauliques  qu'on  y  a  fait  nouvellemen  .  en 
encore  dignes  de  la  curiofué  d'un  voya -eur.  !i  l'y  -  < . t l 
auparavant  qu'une  fontaine  ou  deux  da,;s  G.-  sve  :  on 
alloit  quérir  toute  l'eau  dans  le  Lac  ou  dan<  le  I 
On  a  fait  des  fontaines  dais  toutes  les  rue  ,  '.-  'js 
canaux  pour  conduire  l'eau  dans  les  maifons  -  a  :.  n  e- 
res  qui  en  voudraient.  Pour  cet  effet  on  a  conduit  au 
bord  du  Rhône  des  mach'nes  à-rouages,  dont  un  ingé- 
nieur François ,  Parifien  ,  nommé  l'Abeille,  a  donnéle 
deffein,  &  eu  la  direction.  Ces  machines  élèvent  l'eau  , 
&  la  font  tomber  dans  des  aqueducs  d'où  elle  fe  diftri- 
bue  par  toute  la  ville. 

L'ifle  du  Rhône  eft  ornée  d'une  tour  antique ,  &  qu'on 
croît  avoir  été  bâtie  par  Jules-Cé.ar  ;  du  moins  elle  en 
porte  le  nom.  L'an  1678,  on  trouva,  au  pied  de  cette 
tour,  une  vieille  infcription  Romaine  faite  par  des  ba- 
teliers payens : 

D  E  O    SllYAKO. 

Pro    Sainte    Ratiariorum,  &c. 

Il  y  a  dans  le  Lac  une  grofTe  pierre  qu'on  appelle  la 
pierre  de  Neyton  ou  de  Niton,  (c'eft-à-dire  de  Neptune) 
qui,  dans  le  pagani'me,  a  fervi  d'autel  ou  !  on  facrifi  it 
aux  divinités  des  eaux.  Elle  eft  creule  au-deffus  ,  &  il 
paroît  que  ce  creux  y  a  été  coupé  exprès.  I!  y  a  trente 
à  quarante,  ans  qu'on  y  trouva  des  couteaux  ck  autres 
inftrumens   de  facririce ,  tou*  d'airain. 

Genève  a  pou;  armes  une  aigie  &  une  clef-,  c'eft 
pourquoi  la  feigneurie  entretient  toujours  un  certain- 
nombre  d'aigles  qu'on  nourrit  dans  des  cages.  C'eft 
quelque  chofe  de  curieux  que  de  les  voir  déchirer  les 
chats,  &  aurres  anijnaux  qu'on  leur  donne  quelquefois. 

Enfin  ce  qu'il  y  a  d~  beau  à  remarquer  dans  Genève, 
ce  font  lés  fortifications  qui,  fervant  à  la  défenfe.  de  la 
ville,  en  font  auffi  l'ornement  &  l'agrément,  par  les 
belle;  promenades  qu'on  y  trouve.  Le  port  &  tou  es  les 
avenues  font  bordés  de  doubles  ce  trpies  rangs  de 
gros  pieux  plantés  dans  l'eau  ,  qui  ne  la  lient  qu'un  paf- 
lage  étroit  aux  bateaux  pour  entrer  dans  le  port  q  û 
eft  fermé  exactement  de  groffes  chaînes ,  toutes  les  nuits. 
Du  côté  de  terre ,  ce  font  de  bons  baftions  &£  autres 
ouvrages ,  avec  des  foliés  profonds  ;  il  y  a  un  de  ces 
baftions  qu'on  appelle  le  bafiion  de  Hollande  ,  parce 
qu'il  a  été  bâti  de  l'argent  que  L.  H.  P.  contribuèrent 
généreufement  pour  le  conftruire  :  auffi  a-t-on  eu  foin 
d'en  conferver  le  fouvenir  par  cette  infcription  qu'on  y 
voit  :  Ex  MUKIF1CEMIA  Illustriss.  et 
Prjepot.  Ordinum  Fœderati  Belgii.  Oa 
voit  une  autre  infcription  au  boulevard  de  S.  Jean: 

Munlta  faits  fit ,  fi  bene  merata  civitas. 
Ipfique  cives  annati  fatis ,  fi  bene  animati. 
Et  ambo  fecura  nimis ,  fi  cura  numinis 
Excubet,   &c. 

Aux  portes  de  la  ville  on  a  la  promenade  de  PUin- 
Paluis,  qui  eft  une  grande  plaine,  avec  un  grand  jeu 
de  mail  bordé  d'une  allée  d'arbres ,  fait  par  les  foins  du 
duc  de  Rohàn. 

A  Fégard  du  gouvernement .  l'autorité  foUveraine  eft 
entre  les  mains  d'un  grand  confeil  de  deux  cens  perfon- 
nes ,  quoiqu'il  y  ait  encore  au-deffus  des  deux  cens  l'ai- 
femblée  générale  de  la  bourgeoide  ;  mais  comme  cette 
affemblée  ne  fe  fait  que  de  cinq  en  cinq  ans,  l'autorité 
eft  proprement  entre  les  mains  des  deux  cens.  De  ce 
grand  confeil  on  en  tire  un  petit  cdS'pQ'fé.  de  vmgt- 
fept  confeillers  ,  dom  il  y  en  a  feize  qui  font  les  chefs 
de  la  république  ,  "qu'on  nomme  Jy.ndics  ;  mais  ils  ne 
préfident  pas  tous  à  la  fois  :  il  n'y  en  a  jamais  que 
quatre  qui  tiennent  le  timon  du  gouvernement  durant 
une  année,  &  quatre  autres,  l'année  fuivante,  Se  ainfi 
fucceflivement  -,  de  forte  que  le  tour  de  chacun  d'eux 
revient   régulièrement  de  quatre  en    quatte  ans.   Outre 


cela,  il  y  a  le  confeil  des  Soix     te  . 


examiner  les  affaires  importantes  qui  demand.  nt  d;l  lecrét  t 
&  de  la  promptitude.  Il  eft  compofé  de  ving   iè,)t  coi\j 
feillers,  ikde  trente-trois  perfônnes  du   ;r.u,cî  confeil. 
Tome  III.      L 


GEN 


CEN 


Chaque  année ,  au  mois  de   Janvier ,  ton  renouvelle  premier   héréditaire  ;    mais  il  eft    fur  qu'Albert    étoit 

les  charges;  Se  toute  la  bourgeoifie  affemblée  au  tem-  comte  de  Genevois  avant  l'an  1000,  Se  que  fa  femme 

pie  de  S.  Pierre ,  élit  fes  magiftrats  ,  Se  rtgrabdle  fur  Eldegarde  fonda  ,  l'an  iooi  ,  l'églife  de  Verfoi  dans  le 
ceux  qui  font  en  place.  Il  y  a  encore  diverfes   autres 


loin  ,  qu'il  s'en  fallut  peu  que  les  bourgeois  n'en  v 
aux  mains ,  Se  ne  s'égorgeaffent  les  uns  les  autres 


territoire  de  Gex. 

Les  defeendans  mâles  d'Albert  Se  d'Eldegarde  ent 
poffédé  ce  comté  environ  4c»  ans ,  jufqu'à  la  fin  du  qua- 
torzième fiécle,  dans  lequel  Guillaume  III,  comte  de 
Genevois ,  fit  hommage ,  l'an  1 3 1 3  ,  à  Pierre  de  Focigny 
évêque  de  Genève ,  du  comté  Genevois ,  Se  en  parti- 
culier des  mandemens  de  Terni ,  près  de  Genève ,  de 
Balleyfon ,  de  Remilly  en  Albanois ,  de  Montfalcon ,  des 
tillon ,  Se  de  ce  que 
ce  comte  pofledoit  fur  le  Rhône  Se  l'Arve. 

Amé  III ,  fils  du  comte  Guillaume  ,  laiffa  quatre  fils , 
dont  aucun  n'eut  de  poftérité.  Le  dernier  fut  Robert , 
cardinal ,  qui  fut  élu  pape,  fous  le  nom  de  Clément  VII, 
contre  Urbain  VI ,  ce  s'étant  retiré  à  Avignon ,  y  mou- 
rut l'an  1394. 

Il  avoit  plufieurs  fœurs  ,  dont  l'aînée  Marie ,  femme 

de  Humbert ,  lire  de  Villars  Se  de  Thoire  ,  fut  comteffe 

de  Genevois  qu'elle  laiffa  à  fon  fils  Humbert.  Ce  comte 

de  Genevois,  qui  mourut  fans  enfans  mâles,  l'an  1400, 

Les  Genevois  fe  lièrent  plus  étroitement  que  jamais     laiffa  ce  comté,  par  fon  teftament ,  à  fon  oncle  paternel 

aux  Bernois,  l'an  ï^6,  par  un  traité  de  comboureeoific     Oddo  de  Villars. 

perpétuelle ,  Se  l'an  1 584  ils  recherchèrent  auffi ,  Se  ob-  Oddo  ne  jouit  qu'un  an  de  ce  comté  :  il  s'en  accom- 
tinrent  l'alliance  de  Zurich  ;  Se  ces  trois  villes  la  folem-  moda  avec  Amé  VIII,  comte  de  Savoye,  qui  avoit  des 
niferent  enfemble ,  avec  beaucoup  de  pompe.  Ils  l'ont  prétentions  fur  les  Genevois ,  parce  que  Guillaume  III , 
renouvellée  de  tems  en  tems ,  Se,  en  dernitr  lieu,  l'an  comte  de  Genevois,  duquel  defeendoit  la  femme  de 
1^07.  Humbert ,  lire  de  Villars  Se  de  Thoire ,  l'avoit  ufurpé 

La  RÉPVBLIQUE  DE  GENEVE  poffede  aux  fur  fon  neveu  Ebal  qui  fe  retira  eh  Angleterre  où  il  fie 
environs  une  petite  étendue  de  pays  ,  qui  contient  onze  fon  héritier  Pierre  de  Savoye,  qui  étoit  pour  lors  dans 
paroiffes,  fçavoir 


chambres  pour  l'aclminiftration  de  la  juftice  Se  de  la 
police  :  la  juftice  y  eft  bien  administrée ,  les  vices  févé- 
rement  réprimés ,  Se  il  n'y  a  guêre5  de  ville  mieux  po- 
licée que  Genève.  Le  peuple  y  eft  fort  jaloux  de^  (a 
liberté  :  des  gens  avides  de  nouveautés  en  abuferent,  l'an 
1707,  Se  infirmèrent  au  peuple,  que  le  magiftrat  le  dé- 
pouilloit  injuftement  de  fes  privilèges,  Se  le  porta  à  la 
K'olte  contre  la  magiftrature.  Les  troubles  allèrent  fi  Echelles ,  des  dépendances  de  Châtillon ,  Se  de 
'  .dent 
Mais 
la  prudence  du  magiftrat,  aidée  des  foins  officieux  des 
députés  de  Zurich  Se  de  Berne ,  calma  tout  heureufe- 
ment.  Il  en  coûta  la  vie  à  deux  ou  trois  des  auteurs  de 
la  {édition ,  Se  le  banniffement  à  quelques  autres. 

Au  gouvernement  épifcopal  on  a  fubffitué  un  confif- 
toire  où  les  minières  ont  beaucoup  de  crédit.  Ils  font 
plus  confidérés  ,  à  Genève ,  que  dans  tous  les  autres 
états  Proteftans. 


Seligny,  Cartigny, 

Jantou,  Peney, 

Juffy,  Boffey,  Se  Aunay, 

Sacconay,  Vandœuvre ,  Se  Cologny, 

Sattigny,  Se  Bourdigny,  Chancy  Se  Valciry, 
Et  enfin  Cheines. 


Néanmoins  Blanche,  fille   du  comte  Humbert,  pré- 
tendit fuccéder  à  fon  père ,  qui  n'avoit  pu  la  deshériter 
fans  caufe,  Se  elle  fe  préfentapar  procureur  à. Guillaume, 
de  Lornai  évêque  de  Genève,  l'an  1402,  pour  lui  de- 
mander l'inveftiture  du  mandement  de  Remilli ,  en  quoi 
confiftoit  alors  prefque  tout  le  comté  de  Genevois ,   le 
refte  en  ayant  été  diftrait  par  des  partages  :   on  lui  ré- 
pondit que  ces  terres  étoient  dévolues  à  féglife,  Se  qu'en: 
Les  trois  premières  relèvent  purement  Se  abfolumerit    outre  Amédée ,  comte  de  Savoye ,  avoit  déjà  demandé 
de  la  fouveraineté  de  Genève,  avec  quelques  villages     l'inveftiwre  de  ce  comté,  avec  l'offre  de  faire  hommage, 
des  autres,  comme  Cologny,  8ec.  Les  autres  dépendent,     à  l'évêque. 

en  partie,  de  la  jurifdi&ion  de  Genève,  Se  en  partie  Le  comte  Amedée  eut  l'avantage  dans  ce  différend  ,' 
de  celle  de  fon  altefle  royale  de  Savoie.  Les  unes  font  Se  fut  reçu  à  faire  foi  Se  hommage  à  l'évêque  Se  à 
appellées  terres  de  chapitre,  parce  qu'elles  appartenoient  l'églife  de  Genève,  dans  l'églife  de  S.  Pierre,  devant  le 
à  l'ancien  chapitre  de  la  cathédrale  de  Genève;  Se  les  grand  autel,  l'an  1404;  car  c'étoit  l'ancienne  coutume 
autres  ont  le  nom  de  terres  de  S.  Victor,  parce  qu'elles  de  faire  en  ce  lieu  l'hommage  dû  à  l'églife  de  Genève; 
appartenoient  anciennement  à  Un  prieuré  qui  étoit  dans  Se  quand  on  le  rendroit  ailleurs ,  c'étoit  avec  une  per- 
un  fauxbourg  de  ce  nom ,  à  Genève.  Chacune  de  ces  million  particulière  de  l'évêque ,  donnée  pour  des  caufes 
terres  a  fon  châtelain  Se  fa  juftice ,  qui  relevé  de  la  ré-     raifonnables. 

publique.  De-là  les  appels  fe  portent  à  Carrouge  en  Quelques  années  après ,  le  comte  Ame  fut  créé  duc 
Savoye,  à  une  juftice  qui  eft  compofée ,  moitié  de  juges  par  l'empereur  Sigifmond  ,  Se  fes  fuccefleurs  fe  difpen- 
Savoyfiens,  Se  moitié  de  Genevois  ;  Se  de-là,  en  der-  ferent  de  rendre- hommage  aux  évêques  qu'ils  voulurent 
niere  inftance,  ils  font  portés  par-devant  le  parlement  de  fubjuguer  avec  la  ville,  laquelle  leur  réfifta  comme  nous 
Chambery.   Mais  pour   ce  qui  regarde  le  fpirituel ,   le     avons  dit. 


militaire  Se  tous  les  autres  appanages  de  la  fouveraineté, 
ces  terres  dépendent  entièrement  de  Genève. 

Tout  ce  pays  eft  fort  fertile ,  fort  beau ,  Se  fort  peu- 
plé. Les  villages  y  font  grands  Se  bien  bâtis,  Se  les  pa- 
roiffes ornées  de  belles  maifons  qui  appartiennent  à  des 
bourgeois  de  Genève.  On  y  recueille  quantité  de  bons 


Lçs  ducs  ne  voulurent  plus  reconnoître  cette  églife 
pour  Gex,  Se  même  pour  Terni,  que  l'évêque  Se  fon 
chapitre  avoient  quitté  à  Girard  de.  Terni ,  pour  le  tenir 
en  fief  du  comte  de  Savoye  Se  de  Genevois,  Se  en 
arriere-fief  de  l'églife  de  Genève. 

Le  duc  Charles  de  Savoie  donna  en  appanage  à  fon 


fruits  :  le  vin  blanc  y  eft  petit  ;  mais  on  y  a  d'excellent  frère  Philippe   le    comté    de  Genevois  ;   Se  ce  prince 

vin  rouge.  A   l'égard  du  grain  ,  on  n'y  feme  que   du  porta ,  en  France ,  le  titre  de  duc  de  Nemours.  Il  mourut 

froment.   La  république   entretient   perpétuellement  un  l'an  1533  ;  fon  fils  Jacques  lui  fuccéda,  Se  conferva  le 

grand  Se  riche  magâfin  de  bled,  dont  on  fubvient  aux  Genevois ,  quoique  fon  oncle,  le  duc  Charles,  eût  "été 

befoins  de  la  bourgeoifie ,  dans  les  tems  de  difette ,  en  chaffé  de  fes  états  par  François  I.  Ce  duc  de  Nemours 

le  leur  vendant  à  un  prix  équitable  ;    Se  dans  le  tems  prit  le  titre  de  duc  de  Genevois ,  que  fes  fuccefleurs  ont 

d'abondance ,  on  le  débite,  en  obligeant  les  cabaretiers  toujours  confervé.  Les  deux  derniers  ont  été  Charles- 

Sc  les  boulangers,  de  le  prendre,  mais  à  un  prix  modi-  Amédée  tué  à  Paris  en  1652,  fans  laiffer  d'enfans  mâles, 

que,  tellement  qu'ils  peuvent  encore  y  gagner.  Se  fon  frère  Henri  mort  l'an  1.659,  fans  enfans;  après 

Le  Lac  de  GENEVE.  Voyez  Léman.  quoi,  le  duché  de  Genevois  a  été  réuni  au  domaine 

Le  GENEVOIS    eft  au  nord  de  la  Savoye,  vers  ducal  de  Savoye. 

le  couchant,  Se  féparé  du  Bugey  par  le  Rhône.    Il  a  II  y  avoit  autrefois  clans  le  Genevois  une  fortereffé 

pris  fon  nom  de  Genève.  Les  comtes  ont  été  long-tems  appellée  le  fort  de  Sainte-Catherine ,  bâtie  par  le  duc  de 

vaflhux  dss    évoques  de   Genève ,   comme  les  comtes  Savoye ,  pour   brider  Genève  ,    d'où   elle  n'étoit  qu'à 

d'Allon,  dauphins  de  Viennois,  l'ont  été  des  archevê-  trois  lieues;  mais  Henri  IV,  roi  de  France,  ayant  pris 

ques  de  Vienne.  cette  place  fur  le  duc  Charles-Emmanuel  l'an  1600  ,  la 

Ces  comtes  font  très-anciens  ;  Se  on  en  voit  la  fuite  fit  rafer  jufqu'anx  fondemens. 

depuis  le  dixième  fiécle,   Se   le    régne   de  Conrad   le  i.GENEVRE,    rivière    de   l'Amériqu 

Pacifique.  On  ne  fçait  pas  avec  certitude,  qui  a  été  le  Janeiro. 


Voyez, 


GEN 


GEN 


? 


ï,  CENE VRE  ,  montagne  des  Alpes ,  entre  la  France 
<k  l'Italie.  On  y  pane  ,  lorfque  l'on  va  du  Dauphiné  ou 
de  Briançon  à  Sézane ,  &  de-là  à  Suze  ou  à  Pignerol. 
C'eft  dans  cette  montagne  que  la  Doria  prend  fa  fource. 
MM.  Baudrand ,  Maty  &  Corneille  attribuent  à  la  France 
&  au  Dauphiné  cette  montagne  ;  mais  cela  a  été  réglé 
autrement  par  le  traité  d'Utrecht ,  entre  Ja  France  &  le 
duc  de  Savoye.  Par  le  quatrième  article ,  Sa  Majefté  très- 
chrétienne  a  cédé  à  ce  duc  la  vallée  de  Pragelas 

Les  vallées  d'Oulx ,  de  Sézane ,  Bardonache  &  de  Châ- 
teau-Dauphin ,  àc  tout  ce  qui  eft  à  l'eau  pendante  des 
Alpes,  du  côté  de  Piémont,  &c.  Ainfi  cette  montagne 
&  tout  le  refte  de  cette  chaîne,  que  l'on  comprend  fous 
le  nom  de  mont  Vifo  ,  mont  Genevre ,  <kc.  fert  de  borne 
entre  les  deux  états  ,  de  forte  que  la  féparation  eft  à  leur 
fommet.  Ce  qui  eft  à  l'orient  des  fommités ,  pour  parler 
comme  MM.  les  plénipotentiaires ,  eft  au  Piémont  ;  Se 
tout  ce  qui  eft  au  couchant ,  eft  à  la  France. 

GENGEN.  Voyez  Giengen  &  Rhiusiava. 

GENICHEHER  :  M.  Corneille  dit  :  ville  d'Ane  dans 
la  Bithynie ,  fituée  proche  de  Nicée.  Ortélius  &  Busbeq 
la  nomment  Geni S AR  :  ce  mot  Genicheer,  veut 
dire  Fille-neuve  :  on  l'appelloit  anciennement  Neapo- 
1 1  S.  Ortélius ,  dans  fa  carte  de  la  Turquie ,  met  Genifar 
ville  au  levant  d'été  d'Ifnich ,  qui  eft  l'ancienne  Nicée. 
Busbeq,  Epifi.  i  ,  p.  79,  écrit  G  e  n  Y  S  a  R  :  Profccti 
Nïcaâ  venimus  Jenyfar  :  ex  Jenyfar  Ackbyuck  ,  Sec. 
Ortélius  parle  bien  "de  Genichissar;  mais  c'eft, 
dit-il,  le  nom  moderne  d'un  cap  du  Bofphore  de  Thrace, 
du  côté  de  l'Europe ,  nommé  parles  anciens  Romains  Her- 
maum  Promontorium  ,  &t  par  les  Grecs  d'aujourd'hui  Néo- 
cajlre.  Ce  cap  n'a  rien  de  commun  avec  la  ville  dont  il  eft 
queftion  dans  cet  article.  M.  de  l'Ifle ,  dans  la  carte  qu'il 
a  dreflee  fur  les  mémoires  du  fieur  Lucas ,  nomme  cette 
ville  Jeni-CHER,  au  couchant  d'été  de  Broufie,  6c 
entre  deux  le  village  d'Arnaji,  qui  eft  au  midi  d'un  lac, 
au  nord  duquel  la  ville  de  Nicée  étoit  fituée.  Le  voya- 
geur lui-même  décrit  ainfi  le  chemin  de  Nicée ,  à  Jeni- 
cher,  i.part.  c.  11,  p.  72.  Je  fortis  de  Nicée  le  25  au 
matin  ;  nous  eûmes  le  lac  à  notre  main  droite ,  8c  nous 
le  côtoyâmes  pendant  une  bonne  heure  &c  demie  :  en- 
fuite  nous  commençâmes  à  monter  de  fort  hautes  mon- 
tagnes ;  le  chemin  nous  en  parut  des  plus  rudes ,  Se  nous 
dura  près  de  deux  heures  :  au  plus  haut  fommet,  nous  nous 
reposâmes  environ  une  heure  dans  un  village  appelle 
DlVRAlN,  qui  n'eft  habité  que  par  des  Grecs  :  enfin 
nous  defcendîmes  par  une  pente  fort  douce  dans  une 
plaine  des  plus  agréables  ;  Se  après  y  avoir  marché  pen- 
dant deux  heures  &c  demie,  nous  arrivâmes  à  Jenicher. 
La  ville  eft  fort  petite ,  mais  jolie  :  tous  les  vendredis  il 
fe  tient  un  grand  bazar  :  on  y  vend  presque  de  tout  ; 
mais  le  principal  commerce  eft  des  chevaux  que  les  Tar- 
tares  y  amènent. 

GENICHISSAR.  Voyez  Hermmm. 

GENILLÉ ,  bourg  de  France ,  en  Touraine ,  éleftion 
de  Loches. 

GENITE  ;  Diftys  de  Crète,  de  Bell.  Trojan.ï.  2  , 
nomme  ainfi  une  ville  amie  de  Troyens. 

GENITH ,  bourg  de  France ,  dans  le  Limofin  ,  élec- 
tion de  Brives. 

GENLADE ,  rivière  d'Angleterre.  Bede  en  fait  men- 
tion dans  fon  Hiftoire  eccléfiaftique ,  c.  8. 

GENLIS,  GenCiacum,  bourg  de  France, en  Picardie, 
au  diocèfe  de  Noyon ,  à  une  lieue  au  nord  de  Chauny , 
avec  titre  de  marquifat.  Il  y  a  près  des  bois  une  abbaye 
de  Prémontrés  réformés ,  qui  étoit  autrefois  des  filles  de 
l'ordre  de  S.  Auguftin. 

GENNABAR  ,  village  d'Ane ,  vers  l'Arabie  Pétrée. 
EgeGppe,  /.  4,  c.  16,  haJofeph.  de  Bill.  Jud.  1.  5  ,  c.  4, 
en  font  mention. 

GENNELA ,  ville  de  France ,  dans  la  Gafcogne  ,  au 
diocèfe  d'Acqs  :  elle  a  1416  habitans. 

1.  GENNES,  ou  S.  Veterin  de  Gennes, 
bourg  de  France ,  en  Anjou ,  dans  l'éleftion  de  Saumur. 

2.  GENNES  ;  il  y  a  quelques  villages  de  ce  nom  en 
France ,  dans  les  provinces  de  Franche-Comté ,  d'Anjou, 
de  Bretagne. 

3.  GENNES,  ville  d'Italie.  Voyez  Gènes. 
GENOjEI,  ancien  peuple    de    Grèce,    entre   les 

Moloffes,  &  aux  confins  de  l'Epire  .&  de  la  Thefta- 
fie ,  félon  Etienne  le  géographe  ,  qui  cite  le  quatrième 


livre    de  Rbianus  ,  de  l'Hiftoire  de  The^a'onique. 
♦  GENONIA.  Voyez  Si  n  uni  a, 

GENOSA,  bourg  d'Italie  au  royaume  de  Naples , 
dans  la  province  d'Otrante ,  aux  frontières  de  la  Bafili- 
cate  fur  un  torrent  qui  tombe  dans  le  Brandano ,  environ 
à  dix  milles  de  la  côte ,  félon  M.  Baudrand ,  à  onze  de 
Torre  de  Brandano ,  félon  Magin» 

GENOVESATO,  nom  italien  de  l'état  de  Gènes, 
pays  d'Italie.  Voyez  G  en  ES. 

GENOUILLAC,  ville  de  France,  dans  le  bas  Lan- 
guedoc ,  au  Diocèfe  d'Ufez. 

GENOUILLAT,  bourg  de  France,  dans  la  Marche, 
dans  l'éleftion  de  Gueret. 

1.  GENOUILLÉ,  bourg  de  France,  en  Saintonge, 
dans  l'éleftion  de  S.  Jean-d'Angely. 

2.  GENOUILLÉ,  bourg  de  France,  au  pays  d'Aunis, 
éleftion  de  la  Rochelle. 

3.  GENOUILLÉ,  prieuré  de  France  ,  dans  le  Poitou, 
éleftion  de  Niort. 

GENOUILLY,  bourg  de  France ,  en  Berry,  dans 
l'élection  d'Ifibudun.  Il  appartient  au  chapitre  de  la 
fainte  chapelle  de  Bourges ,  à  laquelle  Jean  duc  de  Berry 
le  donna  en  1404. 

GENOZZAR;  c'eft  la  même  chofe  que  Gênez a- 

RETH,  &   CENERETH. 

GENPING,  ville  de  la  Chine  dans  la  province  de 
Quanton ,  au  département  de  Chaoking,  fixieme  métro- 
pole de  la  province.  Elle  eft  de  quatre  degrés  quarante- 
neuf  minutes  plus  occidentale  que  Pékin ,  par  les  12  d. 
40'  de  atitude.  Atlas  Sinenjls. 

G  E  N  S  A  C ,  Gentiacum ,  bourg  de  France  dans  la 
Guienne  ,  au  Bafadois  fur  la  Dordogne. 

GENSIMA,  ifie  du  Japon-,  à  l'eff  du  royaume  d'Oxu , 
ôc  la  plus  feptentrionale  du  Japon ,  environ  à  cent  cin- 
quante milles  au  large.  Il  y  a ,  dit-on  ,  deux  ides  dont  les 
Japonois  font  extrêmement  jaloux,  &  dont  ils  n'ont  ja- 
mais voulu  donner  connoiffance  à  perfonne.  La  plus 
éloignée  &c  la  plus  fepteptnonale  eft  nommée  Gen- 
fima ,  c'eft-à-dire  ifle  d'argent ,  l'autre  qui  eft  la  plus 
grande ,  s'appelle  kinfima ,  ou  ifle  d'or.  On  prétend  qu'en 
1620,  Philippe  II,  roi  d'Efpagne,  envoya  un  vaiiïeaa 
pour  les  découvrir ,  mais  fans  fuccès.  On  ajoute  que  les 
Hollandois  ont  fouvent  tenté  la  même  chofe ,  fans  réuf- 
fir.  S'il  eft  vrai ,  comme  le  P.  Charlevoix  l'a  écrit  dans 
fon  Hiftoire  du  Japon,  d'après  Kœmpfer,  que  les  vaiffeaux 
qu'on  fabrique  aujourd'hui  au  Japon ,  ne  peuvent  aller 
plus  de  trois  lieues  en  pleine  mer,  St  qu'il  n'eft  pas 
permis  d'en  fabriquer  d'autres ,  on  en  pourroit  conclure 
que  ces  ides  font  chimériques. 

GENSORA,  ancienne  ville  de  l'Ethiopie,  foi:s 
l'Egypte,  félon  Pline,  /.  6 ,  c.  29. 

G  É  N  S  U  I ,  Genfuinus  fk  Mêlas ,  grande  rivière 
d'Afie,  félon  Baudrand  qui  la  nomme  Chalib  ,  ou 
COBACQUE.  Sanfon  la  nomme  Chalig  :  ils  fe  trom- 
pent tous  d'eux ,  en  difant  qu'elle  palfe  a  Angouri ,  qui 
eft  l'ancienne  Ancyre ,  traverfe  la  grande  Caramanie,la 
Ladulie,  Se  fe  jette  dans  l'Euphrate.  Il  n'y  a  point  de 
rivière  à  Ancyre  ;  &  quand  il  y  en  auroit ,  ce  ne  peut 
être  le  Mêlas  qui  avoit  les  fources  allez  près  de  Céfarée 
en  Cappadoce,  &  fort  loin  d'Angouri.  Le  nom  de 
Mêlas  lui  venoit  d'un  mot  grec  qui  fignifie  Noire  , 
les  Turcs  l'appellent  Carafou  ,  qui  veut  dire  la  même 
chofe.  Malatiah ,  qui  eft  l'ancienne  Mélitene  étoit  à  fon 
embouchure.  Ptolomée ,  Cellarius  &  M.  de  l'Ifle,  dans 
fes  cartes  latines,  font  le  cours  du  Mêlas  de  la  moitié 
plus  court  que  Sanfon  &C  Baudrand. 

GENTA,  ancienne  ville  de  l'Inde  ,  au-delà  du  Gange, 
félon  Etienne  le  géographe. 

G  ENTÉ,  bourg  de  France,  dans  l'Angoumois, 
éleftion  de  Cognac. 

GENTERIA,  ville  d'Egypte,  félon  Métaphrafte, 
dans  la  Vie  de  S.  Paphnuce.  *  Ortel.  Thefaur. 

GENTIADA.  Diofcpride  parlant  d'une  plante 
nommée  Teucrion  ,  dit  qu'elle  croît  dans  les  cantons 
de  Gentiade  &:  de  Ciflade  qui  font  de  la  Cilicie. 
*  Ortel.  Thefaur. 

GENTIANUM,  nom  latin  de  G:n?ano. 

GENTICI ,  ancien  peuple  de  la  Gaule,  Narbonnoife, 
félon  Feftus  Avienus.  *  Ortel.  Thefaur. 

GENTILLI,  village  de  France,  à  une  lieue  de 
Paris,  fur  la  rivière  de  Biévre,  en  latin  Gentiliacum  al 
Tome  III.     L  ij 


GEO 


GEO 


Beveram.  Ce  village  eft  fort  ancien  :  il  a  pns  fon  nom 
de  Gentil,  l'un  de  (es  anciens  feigneurs.  Il  avoir  appât* 
tenu  à  nos  rots  ,  avant  que  d'être  à  S.  Eloi  qui  tut  en- 
fuite  évêque  de  Noyon.  Il  leur  revint  même  dans  la  lutte, 
puifque  l'an  762,  le  roi  Pépin  y  partout  l'|»ver>  & 
y  célébra  les  fêtes  de  Noël  &c  de  Pâques.  Le  même 
prince  y  affembla  un  -concile  en  766  pour  terminer  les 
difputes  qui  s'étoit  élevées  fur  la  famte  Trinité  ci  fur  les 
images.  On  voit  dans  un  chartulaire  manulcrit  ûe\  eglife 
de  Paris ,  qui  finit  en  l'an  1 281 ,  qu'il  y  avoit  eu  à  Gen- 
tilli  une  tour  ronde ,  qui  étoit  apparemment  un  refte  de 
l'ancien  palais  des  rois.  Auprès  deGentilli  eft  le  château 
de  BlCESTRE.  *  Piganiol  de  la  Force,  Defcr.  de  la 
France  1. 2 ,  2.  part.  p.  655  ,  idit.  Par. 

GENTIL-LIEU  ,  magnifique  monaltere  de  1  ordre  des 
Céleftins  dans  le  diocèfe  d'Avignon ,  au  voifmage  du 
pont  de  Sorgues. 

GENTINUS  ,  ville  d'Ane  dans  la  Troade  ,  félon 
Etienne  le  géographe.  .  , 

GENTUNG  ,  forterefle  de  la  Chine  dans  la  pro- 
vince de  Channfi  ,  au  département  de  Gueiyven  ,  pre- 
mière forterefle  de  la  province  ;  elle  eft  plus  occiden- 
tale que  Pékin  de  6  d.  16' ,  par4o  d.  de  latitude.  Atlas 
Sinenfis. 

GÉNUA ,  nom  latin  de  Gènes. 
GENUATES ,  nom  latin  des  Génois. 
GENUA   Urbanorum.  Voyez  URSO. 
GENUCLA  ,  ville  des  Gétes  fur  l'Ifter  ,  ou ,  ce  qui 
eft   la  même  chofe  fur  le  bas  Danube,  félon  Dion- 
Caflïus,  /.  51.  ■;         '  „ 

GENUENSIS  Ditio,  nom  latin  de  letat  ae  Gènes. 
GENUNII ,  ancien  peuple  de  Bretagne.  Ils  étoient 
alliés  du  peuple  Romain ,  félon  Paufanias ,  in  Arcadicis , 
c.  43  ,  p.  689.   Ils  conquirent  une  partie   du  pays  des 
Brigantes  qui  les  attaquèrent.  _ 

GENUSINI,  ancien  peuple  d'Italie ,  dans  la  Pouille, 
félon  Pline, /.  3,  c.  11.     ' 

GENUSINUS  Ager;  Frontin,  p.  127,  éd.  Goefi, 
dans  fon  Livre  des  Colonies ,  le  met  dans  la  province 
de  Calabre.  Il  prenoit  fon  nom  de  Genufmm ,  qui  eft 
aujourd'hui  Genofa.  _ 

GENUSUS  ,  rivière  de  l'IUyne,  entre  Apfus  &  Apol- 
lonie.  Céfar ,  /.  J  ,  c.  75,  dit,  à  l'occafion  de  fon  voyage, 
depuis  l' Apfus  à  Apollonie  ;  lorsque  l'on  fut  arrivé  au 
Genulé  ,  dont  les  bords  étoient  embarraffés  ;  & ,  c.  76  : 
Céfar  ayant  fait  paner  le  Genufe  à  fon  armée  ,  reprit  fon 
ancien  camp  vis-à-vis  à'Afparagium.  *  Lucam  ,  /.  5  , 
v.  461  ,  dit  : 


Prima  Duces  viditjunclis  concurrerc  Callris 
Tellusquam  volucer  Genufus,  quant  mollior  Apfus 
Circumeunt  ripis. 

Le  P.  Briet  dit  que  le  nom  moderne  eft  Y  Agença. 

GENZANO  ,  village  d'Italie  ,  dans  la  Campagne  de 
Rome  ,  au  midi  de  la  Riccia  ,  fur  le  penchant  d'une  col, 
line  ,  à  dix-huit  milles  de  Rome  ,  du  côté  de  Terra- 
cine.  Sa  fituation  eft  charmante ,  &  on  y  arrive  parades 
allées  à  perte  de  vue.  Quelques-uns  difent  qu'on  l'ap- 
pelloit  autrefois  Cynthianum  ,  à  caufe  de  Cynthia  ,  ou 
Diane  qui  y  étoit  adorée.  Genzano  appartient  à  la  mai- 
fon  de  Céfarini.  Le  vin,  qui  croît  dans  fon  territoire  eft 
auflî  bon  que  celui  dAlbano  ;  aufli  eft-ce  le  même  ter- 
roir. Ces  vins  font  blancs  St  doux.  *  Baûdrand  ,  édit. 
17c;..  Corn.  Dift. 

GEOARIS  ,  ancien  nom  d'une  des  îfles  Efchmades , 
que  nous  appelions  préfentement  les  Curzolaires.  *  Plin. 
1.  4,  c  12. 

GEOGONADI,  rivière  d'Afie  dans  les  Indes , 
où  elle  arrofe  le  pays  d'Agra  ,  félon  M.  Thévenot. 
*  Voyage  dis  Indes  ,  p.  118  ,  c.  II. 

GEOGRAPHIE,  (la)  feience  qui  nous  enfeigne  à 
conncître  le  globe  terreftre.  Ce  mot  eft  formé  de  r»  terre, 
&  de  !■/>«*«•/,  décrire.  Ainfi  géographie  ne  fignifie  que 
description  de  la  terre. 

On  appelle  géographie  proprament  dite  la  feience 
qui  fait  connoitre  la  terre  ,  Ci  hydrographie  ,  celle  qui  fait 
connoitre  l'eau.  Mais  comme  l'eau  couvre  une  partie  de 
fa  lurface  ,  on  ne  peut  étudier  la  géographie  fans  lui 
affocier  plus  ou  moins  d'hydrographie.  ^ 

L'hydrographie  qui  fe  borne  à  connoitre  le  cours  ,  la 


profondeur  ,  la  largeur  Si  la  nature  des  eaux ,  en  tant 
qu'elles  font  partie  de  la  lurface  du  globe  ,  n'eft  pas  une 
feience  à  part  :  elle  eft  eflentielle  à  la  géographie ,  &  ne 
devient  feience  particulière  ,  que  lors  qu'examinant  les 
befoins  de  la  navigation ,  elle  fournit  aux  gens  de  mer  des 
régies  ,  pour  fe  fervir  avantageufement  &  favamment  de 
fon  fecours ,  ci  que  leur  montrant  les  périls  de  leur  pro- 
feffion ,  elle  leur  enfeigne  à  les  éviter. 

La  géographe  s'attache  donc  au  globe  entier  ;  Si  pour 
éviter  la  confufion  ,  elle  le  divife  en  plufieurs  manières. 

Le  première  Si  la  plus  fimple  eft  la  diftin&ion  de  la 
terre  Se  de  l'eau  ;  Si  c'eft  ce  qui  partage  la  géographie  en 
géographie  propre  Si  en  hydrographie.  Les  deux  feien- 
ces  enfemble  confiderent  le  globe  entier  que  nous  appel- 
Ions  GLOBE  TERRAQUE  ,  orbis  terraqueus  ;  ce  dernier 
mot  eft  compofé  de  terra  Si  Saqua. 

Cette*  mafle  eft  appellée  ainfi ,  parce  que  fa  figure  ap- 
proche de  la  rondeur.  Une  des  preuves  les  plus  fenfibles 
que  la  terre  eft  ronde  ,  c'eft  que  fon  ombre  marquée  fur 
la  lune  ,  dans  le  tems  des  éclipfes ,  eft  ronde.  Or  l'ombre 
d'un  objet  angulaire  on  carré  ne  fera  jamais  ronde. 

Les  eaux  répandues  fur  la  furface  de  la  terre  en  entou- 
rent deux  grandes  parties  ,  par  des  mers  fort  étendues  ; 
&  ces  deux  parties  font  appellées  continens  ,  parce  que 
toutes  les  terres  s'y  tiennent  fans  être  interrompues  par 
aucune  mer.  Il  y  a  d'autres  parties  moins  confidérables  qu  e 
la  mer  environne  de  tous  côtés ,  Si  on  les  appelle  ((les. 
Ces  deux  continens  avec  leurs  ifles,  forment  ce  que  l'on 
appelle  X ancien  Si  le  nouveau  monde.  L'ancien  eft  celui 
que  les  anciens  ont  connu  ,  Si  comprend  trois  grandes 
parties  , 

L'Europe,  au  nord; 
L'Afrique  ,  au  midi  ; 
&  L'Asie  ,  à  l'orient  des  deux  autres. 

Leurs  noms  &  leurs  bornes  ont  varié ,  comme  on  le  peut 
voir  dans  leurs  articles  particuliers. 

Les  navigations  entreprifes  depuis  quelques  fiécles  ,  ont 
découvert  un  grand  continent ,  qu'on  appelle  le  nouveau 
monde  ,  ou  1' 'Amérique.  Voyez  Amérique.  Mais  tout 
n'eft  pas  découvert ,  6c  il  y  a  encore,vers  les  deux  pôles, 
de  quoi  découvrir  :  cela  fait  deux  autres  nouvelles  par- 
ties ,  qui  font  les  terres  inconnues  Arctiques  ,  c'eft-à-dire 
feptentrionales  ,  Si  les  terres  Auftrales  ou  Antarctiques, 
c'eft-à-dire  méridionales.  Cette  divifion  partage  le  monde 
en  fis  parties ,  qui  font  : 

r  L'Europe. 
Dans  l'ancien  monde      <  L'Afrique. 
C  L'Afie. 

Dans  le  nouveaiynonde  [  L'Amérique. 


Dans  le  monde 


C  Les  terres  Ar&iques. 
■^  Les  terres  Auftrales. 


Les  uns  font  expofés  à  d'extrêmes  chaleurs  ,  les  autres 
aux  froids  les  plus  affreux.  Les  uns  voient  le  foleil  fe  le- 
ver à  leur  gauche  &  fe  coucher  à  leur  droite  ;  les  autres 
le  voient  fe  lever  à  leur  droite  ,  &  fe  coucher  à  leur 
gauche  ;  Se  tous  connoiffent  qu'après  avoir  avancé  jul- 
qu'à  un  certain  point  du  ciel  ,  il  s'en  retourne  vers  la 
partie  oppofée.  On  a  donc  infenfîblement  marqué  des 
cercles  dans  le  ciel  ,  à  mefure  qu'on  a  obfervé  que  le 
foleil  &  les  planettes  les  parcourent  dans  leurs  cours. 
L'aftronomie  s'eft  fervi  utilement  de  ces  cercles  imagi- 
naires ,  mais  qui  ont  une  efpece  de  réalité,  par  le  grand 
ufage  dont  ils  font.  La  géographie  a  emprunté  ces  cer- 
cles ,  Si  les  a  appliqués  au  globe  de  la  terre.  Ainfi  il  s'eft 
fait  une  efpece  de  communauté  de  biens  entre  l'aftro- 
nomie &  la  géographie  ,  dont  s'eft  formée  la  géogra- 
phie a/lronomique  ;  c'eft  elle  qui  nous  fournit  les  méri- 
diens Se  les  parallèles  dont  la  rencontre  marque  préci- 
fément  le  lieu  que  chaque  endroit,  doit  occuper  fur  le 
globe,  par  rapport  au  ciel. 

La  nature  même  a  fait  des  divifions  dans  la  furface  du 
globe  ,  foit  par  les  mers  qui  avancent  dans  les  terres  T 
&:  qui  féparent  un  pays  de  plufieurs  côtés ,  comme  l'Ef- 
pagne  ,  l'Italie  ,  la  Scandinavie ,  foit  par  de  grands  fleu- 
ves ,  comme  le  Nil ,  l'Inde  ,  l'Euphrate  ,  &cc.  foit  par 
de  longues  chaînes  de  montagnes ,  comme  les  Pyrénées , 


GEO 


GEO 


les  Alpes ,  les  monts  Krapack  ,  le  Caucafe ,  ITmaiis,  <kc 
l'étude  du  globe  ,  par  rapport  à  ces  diverfités  que  la 
nature  y  a  attachées  ,  s'appelle  la  géographie  naturelle. 

Les  hommes ,  en  le  multipliant  ,  ont  formé  des  fo- 
ciétés.  Il  y  a  eu  entr'eux  des  gens  qui, par  le  befoin  qu'on 
avoit  d'eux,ou  par  d'autres  raifons  ,  font  devenus  les  chefs 
de  ces  fociétés  ;  de-là  eft  venu  ce  qu.'on  appelle  princi- 
pautés ,  royaumes  ,  empires  ,  &c.  D'autres  peuples  , 
laffés  du  gouvernement  abfolu,  ont  voulu  le  gouverner 
eux-mêmes  par  des  magiftrats  qui  fuiient  fournis  aux  mê- 
mes loix  que  les  autres  fujets  du  même  état  ,  &  voilà 
l'origine  des  républiques.  Ces  fouverainetés  ,  ces  répu- 
bliques n'ont  pas  toujours  eu  les  mêmes  bornes.  Les 
guerres  les  ont  tantôt  aggrandies  ,  tantôt  diminuées  ;  plu- 
sieurs peuples  ont  entièrement  difparu  ;  d'autres  fe  l'ont 
illuftrés  après  des  commencemens  très-obfcurs.  Un  lieu 
commode  pour  une  maifon  de  chaffe,  a  donné  occalîon 
de  bâtir  un  château  ,  puis  un  village  qui ,  avec  le  tems, 
eft  devenu  une  ville  floriffante.  1  el  défert  a  femblé  pro- 
pre à  des  Solitaires  pour  y  fuir  le  monde  ;  c'étoit  le 
fond  d'une  forêt;  ils  s'y  eft  formé  un  monaftere  qui  s'eft 
enrichi  ;  &  les  fucceffeurs  de  ces  pauvres  reclus  font  de- 
venus fouverains  d'un  beau  pays  qui  s'eft  cultivé  aux 
dépens  de  la  forêt  ,  &  qui  contient  d'ordinaire  une 
bonne  ville.  C'eft  à  la  GEOGRAPHIE  hiftorique  à  tenir 
regiftre  de  tous  ces  détails. 

La  GEOGRAPHIE  HISTORIQUE  a  plufieurs  branches. 
Elle  doit  marquer  les  divers  états  de  chaque  lieu  ;  par 
exemple  ,  une  ville  eft  fouvent  venue  d'un  village.  Elle 
doit  marquer  aufli  les  changemens  de  maîtres  ;  par  exem- 
ple ,  Riga  a  appartenu  à  l'ordre  des  chevaliers  de  Pruffe  ; 
la  Suéde  l'a  poftédé  long-tems  ;  &  cette  ville  eft  pré- 
sentement à  l'empire  Ruffien  avec  le  refte  de  la  Livo- 
nie.  Ainft  la  géographie  fimple  dira  que  Riga  eft  une 
ville  de  Livonie  ;  mais  la  géographie  hiftorique  doit  dire 
à  quel  fouverain  appartient  la  Livonie  ,  &  marquera  que 
c'eft  préfentement  à  la  Rulîîe.  Les  villes  &  les  provinces 
frontières  font  fujettes  à  changer  de  maîtres.  La  diffé- 
rence eft  grande  entre  Tournai ,  ville  de  France  &  fiége 
d'un  parlement  François  ;  &  ce  même  Tournay ,  ville 
des  Pays-Bas  Autrichiens ,  &  cédée  aux  Provinces-Unies 
pour  leur  fervir  de  barrière  ,  &:  y  avoir  leurs  troupes 
en  earnifon. 

La  géographie  civile  ou  politique  eft  celle  qui  décrit 
les  fouverainetés ,  &  leurs  diverfes  parties ,  par  rapport 
au  gouvernement  civil  &  politique. 

La  géographie  eccléjiajlique  eft  celle  qui  décrit  les  par- 
tages de  la  jurifdièfion  eccléliaftique  ,  félon  les  pattiar- 
chats ,  les  primaties  ,  les  diocèses ,  les  paroiffes  ,  &c. 
par  rapport  au  gouvernement  eccléfiaftique. 

*  On  pourrait  ajouter  une  dernière  efpece  ,  favoir  la 
géographie  phyfique.  C'eft  fous  cette  claffe  qu'il  faudroit 
ranger  les  auteurs  qui  ont  recherché  les  changemens  que 
le  déluge  a  caufés  fur  la  furface  de  la  terre  ,  comme  Bur- 
net ,  Woodvard  ,  &  autres  ,  &:  les  écrivains  qui  ont 
traité  des  caufes  qui  produifent  des  plantes  ,  des  miné- 
raux ,  des  eaux  médicinales  ,  &c.  en  certains  endroits 
plutôt  qu'en  d'autres.  Le  monde  fouterrein  du  P.  Kir- 
cher  appartient  à  la  géographie  phyfique.  Ces  recherches 
peuvent  entrer  pour  quelque  choie  dans  l'étude  de  la 
géographie  propre  ;  mais  c'eft  un  acceiïbire  dont  cette 
ïcience  peut  fe  paffer. 

La  géographie  T  telle  que  nous  venons  de  l'expliquer , 
n'eft  qu'une  partie  de  la  cofmographie  ,  qui  eft  ladefcrip- 
tion  de  tout  l'univers  ,  comme  je  l'ai  dit  au  mot  COS- 
MOGRAPHIE ;  mais  quoique  la  géographie  &  l'aftro- 
nomie  foient  deux  feiences  féparées  ,  la  géographie  ne 
peut  lé  paffer  de  l'aftronomie  entièrement.  La  ligne  équi- 
noxiale ,  les  tropiques  ,  les  pôles  ,  les  zones  ,  les  méri- 
diens ,  les  parallèles  font  des  emprunts  néceffaires  ;  c'eft 
pourquoi  la  géographie  ordinaire  doit  être  toujours  pré- 
cédée de  quelque  connoiffance  de  la  fphère  ;  mais  lors- 
qu'on veut  pouffer  les  découvertes  ,  il  faut  entrer  plus 
avant  dans  la  théorie  des  planettcs.  Par  exemple  ,  les 
anciens  aftronomes  ne  connoiffoient  point  d'autres  éclip- 
fes  que  celles  du  foleil  &C  de  la  lune  qui  font  fenfibles  à 
tout  le  monde.  Les  aftronomes  modernes  ont  trouvé 
que  Jupiter  avoit  lui-même  lès  lunes  ,  &c  que  fes  lunes 
s'éclipfent  plus  fouvent  que  la  nôtre.  Cela  a  donné  lieu 
de  faire  des  obfervations  plus  fréquentes  ,  qui  ont  fervi 
à  perfectionner  les  longitudes.  Voyez  Longitude. 


H 


Ces  obfervations  font  donc  néceffaires  à  la  géographie 
puifqu'elle  en  retire  un  fi  grand  bien  ,  &  c'eft  par-la  qjè 
quelques  cartes  nouvelles  font  devenues  iî  différentes  aes 
anciennes ,  à  caufe  des  reformations  auxquelles  les  obfer- 
vations ont  donné  lieu. 

Si  la  géographie  n'eft  qu'une  partie  à  l'égard  de  la  cof- 
mographie ,  elle  devient  elle-même  un  tout  à  l'égard  de 
la  CHOROGRAPHie  ,  qui  eft  la  defeription  d'un  can'o  : 
particulier;  &  cette  dernière  a  fous  elle  la  TOPOGRA- 
PHIE qui  décrit  un  fimple  heu  ,  comme  une  ville  ,  u  i 
village  ,  un  paylage  ,  un  champ  de  bataille  ,  &c.  D'ex- 
cellentes partes  topographiques  étant  affemblées  félon 
1  art ,  il  s'en  forme  une  bonne  carte  chorographique  ,  & 
ùçde  plufieurs  chorographiques  exaftement  faites ,  il  en 
réfulte  une  générale  très-bonne  ;  s'il  y  a  peu  de  ces  der- 
nières ,  c'eft  qu'il  exifte  beaucoup  de  pays  &t  de  lieux 
particuliers  dont  la  géographie  n'a  pas  encore  afl'ez  étu- 
dié la  fituation.  Cependant,pourne  point  laifferde  vuide, 
on  les  remplit  comme  on  peut. 

GEOLE;  (la)  on  appelloit  ainfï  anciennement  un 
petit  canton  de  Me  de  France ,  où  eft  le  bourg  de  Dam- 
Martin  ,  avec  un  château  &  titre  de  comté.  On  en  ignore 
l'étendue  &  les  limites.  *  Corn.  Dift.  C'eft  la  même 
chofe  que  la  gouelle. 

GEONENSIS.  Siège  épifcopal  dans  la  Pamphylie. 
Trodus ,  fon  évêque  ,  aflîfta  l'an  381  au  concile  de 
Conftantinople. 

GEOPHANUM  ,  nom  latin  de  Gifoni  ,  bour°-  du 
royaume  de  Naples.  Voyez  Gifoni. 

GEORGENBOURG  ,  ville  du  royaume  de  Pruffe  , 
fur  la  rive  feptentrionale  de  la  Prégel ,  au  confluent  de 
cette  rivière  avec  le  Goldap.  *  Zeyler.  Pruff.  topog.  p.  9. 

GEORGIE  ,  pays  d'Alïe  ,  aux  environs  du  mont  Cau- 
cafe ,r  entre  la  mer  Noire  &:  la  mer  Caspienne.  Elle  eft 
b°rnee  au  nord  par  la  Circaffie  ,  à  l'orient  par  le  Da- 
gheftan  &:  le  Schirvan ,  au  midi  par  l'Arménie,&  au  cou- 
chant par  la  mer  Noire.  Elle  coirrorend  la  Colchide  & 
1  Ibene  des  anciens.  Le  Dagheftan  &  le  Schirvan  for- 
ment a-peu-près  l'ancienne  Albanie.  Les  montagnes  divi- 
sent ce  pays  en  deux  parties  ;  l'une  orientale  ou  font  les 
royaumes  de  Caket  au  nord  ,  &  de  Carduel  au 
midi  ;  l'occidentale  comprend  au  nord  les  Abcasses 
la  MlMGRELIE  ,  l'iMIRETTE  &  le  GURIEL.  Voye\ 
ces  noms  â  leurs  articles  particuliers .  C'eft  dans  cette 
partie  occidentale  qu'il  faut  chercher  les  Laziens  ,  &  la 
Lazique  dont  je  parle  en  fon  lien. 

Les  Orientaux  appellent  ce  pays  GURGISTAN  ,  &  les 
Géorgiens  Gurges  ou  Kurges.  M.  d'Herbelot  dit  : 
les  Géorgiens  ,  peuples  qui  habitent  les  environs  du  mont 
Caucafe  ,  au  couchant  de  la  mer  Cafpienne,  ont  tou- 
jours été  Chrétiens ,  quoiqu'environnés  de  tous  côtés  par 
les  Mufulmans.  Du  tems  des  Samanides,  Abon-Naffer  roi 
de  Géorgie,  qui  avoit  été  iubjugué  par  le fultan  Nouh  liis 
de  Man  for ,  avoit  remis  fes  états  entre  les  mains  de  Schah- 
Schar  l'on  fils  ,  8t  vivoit  en  particulier  à  la  cour  de  ce 
prince  :  Mahmoud  fils  de  Sebect eghin ,  fultan  des  Gazne- 
vides  ,  fit  la  guerre  à  Schah-Schar  qui  fut  défait  par  Al- 
tun-Tach,  général  des  armées  de  ce  fultan, &  envoyé  pri- 
fonnier  à  Mahmoud  qui  lui  rendit  la  liberté ,  &  le  réta- 
blit dans  fes  états ,  à  condition  qu'il  y  vivrait  en  bon  & 
fidèle  vaffal  ;  mais  il  fe  révolta  encore  ,  fut  défait  &  ren- 
voyé une  féconde  fois  au  fultan  Mahmoud  qui  le  fit 
fouetter,  &  l'enferma  dans  un  château  où  il  mourut. 

Ainfi  finit  la  dynaftie  des  Schars  ,  au  rapport  de  Khon- 
demir  ,  qui  dit ,  fans  fondement ,  que  ce  nom  de  Schar 
étoit  commun  à  tous  les  rois  de  Georiie. 

H  s'éleva  bientôt  une  autre  dynaftie  de  rois  dans  le 
Gurgiftan  ,  qui  foutinrent  une  longue  guerre  contre  les 
Selgiucides  fucceffeurs  des  Gaznevides.  Alp  Arflan  le  Sel- 
giucide  remporta  de  grands  avantages  fur  les  Géorgiens 
dont  il  dompta  une  grande  partie  qu'il  rédmfit  en  efcla- 
vage  ,  les  obligeant  de  porter  un  fer  à  cheval  pendu  à 
l'oreille  pour  marque  de  leur  fervitude. 

Malek-Schah  fultan  de  la  même  race  ,  continua  à  faire 
des  progrès  dans  la  Géorgie  où  il  prit  le  fort  château 
de  Miriam-Nifchin. 

Les  Khovarezmiens  ,  qui  fuccederent  aux  Selgiucides, 
firent  aufli  la  guerre  à  ces  peuples  ,  fans  pouvoir  les  affu- 
jettir  entièrement.  Gelaleddin,  Mank-Berni  fit  de  grands 
exploitsen  cepays,  fans  les  dompter. 

AbuUàrage  veut  que   les  Gurges  ou  Georjiens  foient 


86 


GEO 


GEO 


les  mêmes  que  les  Khozares  ;  mais  les  Khozares  Tiabitent 
au  feptentrion  de  la  mer  Cafpienne  ?,  Se  confinent  avec 
les  Turcs  orientaux  ou  Tartares.  La  capitale  des  Khoza- 
res eftBalangiar,  fituéeà85  d.  20' de  longitude,  Se  a 
46  d.  30'  de  latitude;  au  lieu  que  Teflis  oulifiis  capi- 
tale de  la  Géorgie  eft  à  83  d.  de  longitude  ,  Se  a  43  d. 
de  latitude. 

Le  voyageur  Chardin  ,  qui  a  parcouru  la  Géorgie, en 
a  fait  cette  defcription  ,  t.  x  ,  p.  122.  Nous  avertirons 
■qu'il  n'eft  pas  fort  exact,  fur  l'ancienne  géographie.  C  eft 
un  pays  où  il  y  a  beaucoup  de  bois  8e  de  montagnes  qui 
renferment  quantité  de  belles  Se  longues  plaines  ,  mais 
étroites.  Le  milieu  de  la  Géorgie  eft  plus  plein  &  uni  que 
le  refte.  Le  fleuve  Kur  ,  que  la  plupart  des  géographes  ■ 
appellent  Cyrus  Se  auffi  Coras,  paffe  au  milieu.  Il  a  fa 
iburce  dam  le  mont  Caucafe  ,  à  une  journée  Se  demie 
d'Acalziké  ,  comme  l'on  a  dit ,  &  fe  jette  dans  la  mer  Caf- 
pienne. Ce  fleuve  a  un  avantage  par-demis  tous  les  autres 
fleuves  de  Perfe ,  c'eft  qu'il  porte  bateau  un  allez  long 
efpace  de  pays  ;  ce  qu'on  ne  voit  faire  à  aucun  autre  , 
Se  qui  eftfortparticulier  Se  fort  remarquable  en  un  empire 
de  fi  grande  étendue. 

J'ai  vu  ,  pourfuit  ce  voyageur ,  de  vieilles  geographies 
Perfiennes  qui  mettent  la  Géorgie  ^dans  l'Arménie  ma- 
jeure. Les  modernes  en  font  une  province  particulière 
qu'ils  appellent  Gurgiftan  ,  Se  qu'ils  divîfent  en  quatre 
parties.  L'Imirette  dont  nous  parlerons  en  fon  lieu  ;  le 
pays  de  Guriel  où  l'on  comprend  tout  ce  qui  eft  dans  le 
gouvernement  d'Alcalziké  ;  le  royaume  de  Caket  ,  qui 
s'étend  fort  loin  dans  le  mont  Caucafe ,  Se  qui  eft  pro^ 
prement  l'ancienne  Ibérie  ;  Se  le  Carthud ,  qui  eft  la 
Géorgie  orientale  ,  Se  que  les  anciens  nommoient  Alba- 
nie Aliatique.  Nous  avons  averti  que  l'Albanie  des  an- 
ciens comprenoit  le  Dagheftan  Se  le  Schirvan.  Le  royau- 
me de  Caket  &  le  Carthuel  font  dans  1  empire  de  Perfe  ; 
c'eft  ce  que  les  Perfans  appellent  le  GuROISTAN.  Les 
Géorgiens  ne  fe  donnent  point  d'autre  nom  que  celui 
de  CAUTHUELI ,  qui  n'eft  pas  nouveau.  On  le  trouve , 
quoiqu'un  peu  corrompu  ,  dans  S.  Epiphane  qui  ,  en 
parlant  de  ces  peuples,  les  nomme  toujours  Cardiens._  On 
dit  que  ce  font  les  Grecs  qui  leur  ont  donne  celui  de 
Géorgiens  ,  du  mot  Georgoi ,  qui  en  leur  langue  fignifie 
laboureur;  d'autres  veulent  que  ce  nom  vienne  de 
S.  George  ,  le  plus  grand  faint  de  tous  les  Chrétiens 
dii  rit  grec  ;  mais  c'eft  une  fàuffe  étymologie ,  puisqu'on 
trouve  le  nom  de  Géorgiens  dans  des  auteurs  bien  plus 
anciens  que  S.  George  ,  comme  Pline  ,  entr'autres  ,  Se 
Pomponius  Mêla. 

Toute  la  Géorgie  a  peu  de  villes  ;  le  royaume  de  Ca- 
ket en  a  eu  plufieurs  ,  qui  font  maintenant  toutes  ruinées, 
à  la  réferve  d'une  nommée  auffi  Caket.  J'ai  ouï-dire  , 
étant  à  Tifîis ,  que  ces  villes  avoient  été  grandes  8e 
fomptueufement  bâties  ;  Se  c'eft  l'idée  que  l'on  en  con- 
çoit, quand  on  regarde  ce  qui  n'en  a  pas  été  tout-à-fait 
détruit,  Se  les  ruines.  Ce  font  les  peuples  feptentrionaux 
du  mont  Caucafe  ,  ces  Alanes  ,  Suanes  ,  Huns  ,  Se  ces 
autres  nations  célèbres  pour  leur  force  &t  pour  leur  cou- 
rage ;  Se  au  rapport  de  beaucoup  de  gens ,  c'eft  auffi  une 
nation  d'Amazones  par  qui  ce  petit  royaume  de  Caket 
a  été  ravagé  ;  les  Amazones  en  font  proches  au-deffus  , 
du  côté  du  feptentrion.  Je  parle  ailleurs  de  ces  Ama- 
zones. 
L'; 

durant . 

Mai  ;  mais  il  dure  jufqu'alafin  de  Novembre.  Les  terres 
y  font  fort  féches  ;  Se  lorsqu'on  les  arrofe  ,  elles  produi- 
fent  abondamment  toutes  fortes  de  grains,  de  légumes  Se 
de  fruits.  La  Géorgie  eft  un  pays  fertile  autant  qu'il  fe 
peut  ;  on  y  vit  délicieufement,  Se  à  bon  marché.  Le  pain 
y  eft  très-bon  ,  &  les  fruits  excellens.  Aucun  endroit  de 
l'Europe  ne  produit  de  meilleures  poires  Se  pommes; 
aucun  lieu  de  l'Afie,de  plus  excellentes  grenades.  Le  bé- 
tail y  eft  en  abondance,  fk  très-bon  ,  tantj  le  gros  que  le 
menu.  Le  gibier  eft  incomparable.  Il  y  en  a  de  toutes 
fortes  ,  principalement  de  volatiles.  Le  fanglier  y  eft  en 
auffi  grande  quantité,Se  auffi  délicat  qu'en  Colchide.  L'au- 
teur ne  parle  ici  que  de  la  Géorgie  orientale  ;  car  l'occi- 
dentale eft  la  même  que  la  Colchide.  Le  commun  peu- 
ple ne  vit  prefque  que  de  cochon.  On  en  voit  par  toute 
la  campaane.  Les  gens  cttl  Pavs  affurent  qu'on  n'en  eft 
jamais  incommoeé,  quelque  quantité  qu'on  ea  mange.  Je 


?a'ir  y  eft  fec  ,  très-froid  durant  l'hiver ,  Se  fort  chaud 
int  l'été.  Le  beau  tems  n'y  commence  qu'au  mois  de 


crois  que  cela  eft  vrai  ;  car  quoique  j'en  mangeafte  pres- 
qu'à  tous  les  repas,  il  ne  m'a  jamais  fait  de  mal.  La  mer 
Cafpienne  qui  eft  proche  de  la  Géorgie ,  Se  le  Kur  qui  la 
traverfe  ,  fournifîênt  tant  de  poiffon  de  mer  Se  d'eau 
douce  ,  qu'on  peut  affurer  qu'il  n'y  a  point  de  pays  où 
l'on  puiffe  en  tout  tems  faire  meilleure  chère  qu'en  ce- 
lui-là. 

Il  n'y  en  a  point  auffi  où  l'on  boive  tant  de  vin ,  ni  de 
plus  excellent  :  les  vignes  croiffent  autour  des  arbres 
comme  en  Colchide.  On  tranfporte  toujours  de*Tirlis 
une  grande  quantité  de  vin  en  Arménie  ,  en  Médie  Se  à 
Ifpahan ,  pour  la  bouche  du  roi.  La  charge  de  cheval,  qui 
eft  de  trois  cens  pefant,ne  coûte  que  huit  francs  :  je  parle 
du  meilleur  vin  ;  car  d'ordinaire  on  a  le  commun  pour 
la  moitié  :  tous  les  autres  vivres  font  à  proportion.  La 
Géorgie  produit  de  la  foie  en  quantité  ,  mais  beaucoup 
moins  que  quelques  voyageurs  l'ont  dit.  Les  gens  du 
pays  ne  la  favent  pas  bien  travailler.  Ils  la  portent  en 
Turquie  ,  à  Erzerom  Se  aux  environs  où  ils  ont  beau- 
coup de  commerce. 

Le  fang  de  Géorgie  eft  le  plus  beau  de  l'Orient ,  8e  je 
puis  dire  du  monde.  Je  n'ai  pas  remarqué  un  vifage  laid 
en  ce  pays  dans  l'un  Se  l'autre  fexe  ;  mais  j'y  en  ai  vu 
d'angéliques.  La  nature  y  a  répandu  fur  la  plupart  des 
femmes  des  grâces  qu'on  ne  voit  point  ailleurs,  Je  tiens 
pour  impoffible  de  les  regarder  fans  les  aimer.  L'on  ne 
peut  peindre  de  plus  charmans  vifages  ni  de  plus  belles 
tailles  que  celles  des  Géorgiennes.  Elles  font  grandes  , 
dégagées  ,  point  gâtées  d'embonpoint ,  Se  extrêmement 
déliées  à  la  ceinture  ;  ce  qui  les  gâte  ,  c'eft  qu'elles  fe 
fardent.    ■ 

Les  Géorgiens  ont  naturellement  beaucoup  d'efprit  : 
ils  deviendroient  favans  s'ils  étudioient  ;  mais  on  ne 
leur  donne  aucune  éducation.  Ils  font  fourbes,  frippons  , 
perfides  ,  traîtres  ,  ingrats  ,  fuperbes  ,  Se  foutiennent  le 
faux,  avec  la  dernière  effronterie.  Ils  fe  mettent  difficile- 
ment en  colère  ;  mais  lorfqu'ils  haiffent  quelqu'un ,  c'eft 
pour  la  vie  :  ils  s'adonnent  à  l'ivrognerie  Se  à  la  luxure 
avec  excès  ,  parce  que  ces  vices  ne  font  point  en  horreur 
en  Géorgie.  Les  gens  d'églife  ,  comme  les  autres ,  s'eni- 
'vrent ,  Se  tiennent  chez  eux  de  belles  efclaves ,  dont  ils 
font  leurs  concubines.  Perfonne  n'en  eftfcandalifé,  parce 
que  la  coutume  en  eft  générale ,  8e  même  autorifée.  Le 
gardien  des  Capucins  m'a  affuré  d'avoir  ouï  dire  au  Ca- 
tholicos,  (on  appelle  ainfi  le  patriarche  de  Géorgie  )  que 
celui  qui,  aux  grandes  fêtes ,  comme  à  Pâques  Se  à  Noël , 
ne  s'enivre  pas  entièrement ,  ne  paffe  point  pour  chrétien, 
Se  doit  être  excommunié.  Les  Géorgiens  font  extrême- 
ment ufuriers.  Ils  ne  prêtent  guères  que  fur  gages  ;  Se  le 
moindre  intérêt,  qu'ils  prennent ,  eft  de  deux  pour  cent 
par  mois.  Les  femmes  font  auffi  vicieufes  ,  auffi  mé- 
chantes Se  auffi  lubriques  que  les  hommes.  Pour  le  refte, 
les  Géorgiens  ont  de  la  civilité  Se  de  l'humanité,  Se  de 
plus  ils  font  graves  8e  modérés.  Leurs  mœurs  Se  leurs 
coutumes  font  un  mélange  de  celles  de  la  plupart  des  peu- 
ples qui  les  environnent.  Cela  vient ,  je  crois  ,  du  com- 
merce qu'ils  ont  avec  beaucoup  de  diverfes  nations  ,  Se 
de  la  liberté  que  chacun  a  en  Géorgie  de  vivre  dans  fà 
religion  Se  dans  fes  coutumes  ,  d'en  difeourir ,  Se  de  les 
défendre.  On  y  voit  des  Arméniens  ,  des  Grecs  ,  des 
Juifs  ,  des  Turcs ,  des  Perfans ,  des  Indiens  ,  des  Tarta- 
res ,  des  Mofcovites  Se  des  Européens. 

Les  Arméniens  y  font  en  fi  grand  nombre  ,  qu'il  paffe 
celui  des  Géorgiens.  Ils  font  auffi  les  plus  riches  ,  Serem- 
pliffent  la  plupart  des  petites  charges  Se  des  bas  emplois. 
Les  Géorgiens  font  plus  puifTans ,  plus  fuperbes  ,  plus 
vains  8e  plus  faftueux.  La  différence  qu'il  y  a  entre  leur 
efprit  ,  leurs  mœurs  ,  8e  leur  créance ,  a  caufé  une  forte 
haine  entr'eux.  Ils  s'abhorrent  mutuellement ,  Se  ne  s'al- 
lient jamais  enfemble  :  les  Géorgiens  particulièrement 
ont  un  mépris  extrême  pour  les  Arméniens  ,  Se  les  con- 
fiderent,  à-peu-près  ,  comme  on  fait  les  Juifs  en  Europe. 
L'habit  des  Géorgiens  eft  prefque  femblable  à  celui  des 
Polonois  ;  ils  portent  des  bonnets  pareils.  Leurs  veftes 
font  ouvertes  fur  l'eftomac ,  Se  fe  ferment  avec  des  bou- 
tons Se  des  gances.  Leur  chaufTure  eft  comme  celle  des 
Perfans.  L'habit  des  femmes  reffembk  entièrement  à  celui 
des  Perfanes. 

Les  logis  des  grands  Se  tous  les  lieux  public  font 
conftruits  fur  le  modèle  des  édifices  de  Perfe.  Ils  bâtifïènt 
à  ioa marché i  car  ils  put  le  bois ,  la  pierre,  le  plâtre, 


CEO 


GEP 


Sk  !a  chaux  en  abondance.  Ils  imitent  auflî  les  Perfarîs 
"en  leur  façon  de  s'afleoir  ,  de  fe  coucher  Se  de  manger. 
La  nobfeiTe  exerce  fur  fes  fujets  un  pouvoir  plus  tyran- 
nique  qu'en  Colchide.  I!s  font  travailler  leurs  payfans  des 
mois  entiers ,  &  tant  qu'ils  veulent ,  fans  leur  donner  ni 
paye  ni  nourriture.  Ils  ont  droit  fur  les  biens  ,  fur  là 
liberté  Se  fur  la  vie  de  leurs  vaflaux.  Ils  prennent  leurs 
enfans  ,  Se  les -vendent ,  ou  les  gardent  efclaves.  Ils  ven- 
dent rarement  le  monde  au-deiïus  de  vingt  ans  ,  fur-tout 
les  femmes.  La  créance  des  Géorgiens  eft  à-peu-près 
lemblable  à  celle  des  Mingreliens.  Les  uns  Se  les  autres 
la  reçurent  dans  le  quatrième  fiécle  ,  Se  par  une  femme 
efclave.  Voyez  l'article  d'iEERlE.  Enfin  on  trouve  en- 
core à  peine  chez  eux  des  traces  du  chriftianifme.  Les 
Géorgiens  toutefois  gardent  mieux  le  jeûne  ,  Se  font  de 
plus  longues  oraifons  que  les  Mingreliens.  Voyez  l'article 

MlNGRELIE. 

Il  y  a  plufieurs  évêques  en  Géorgie  ,  un  archevêque  Se 
Un  patriarche  qu'ils  appellent  Catholicos.  Le  prince ,  quoi- 
que Mahométan  de  religion  ,  remplit  les  prélatures ,  Se 
y  met  ordinairement  fes  parens.  Le  patriarche  eft  fon 
frère.  Les  gentilshommes  s'arrogent  le  même  pouvoir 
fur  leurs  terres  ;  donnent  les  bénéfices  ,  puniffent  Se  em- 
prifonnent  les  gens  d'églife  ,  comme  les  autres  particu- 
liers. On  fe  fert  d'eux  à  toutes  fortes  de  corvées  ;  on 
enlevé  leurs  enfans  ,  Se  on  les  vend  quelquefois  eux- 
mêmes  aux  Mahémetans  qui  viennent  acheter  des  efclaves. 
Les  églifes  de  Géorgie  font  un  peu  mieux  entretenues 
que  celles  de  Mingrelie.  On  en  voit  dans  les  villes  d'afiez 
propres  ;  mais  à  la  campagne  ,  elles  font  fort  fales.  Les 
Géorgiens  ,  comme  les  autres  peuples  chrétiens  ,  qui  les 
environnent  au  feptentrion  ,  ou  à  l'occident ,  ont  une 
coutume  affez  étrange  de  bâtir  la  ptûpart  des  églifes  fur 
le  haut  des  montagnes  ,  en  des  lieux  reculés  Se  prefque 
inacceffibles.  On  les  voit  Se  on  les  falue  en  cet  éloigne- 
iment ,  de  trois  ou  quatre  lieues  ;  mais  on  n'y  va  prefque 
jamais  ;  &  l'on  peut  bien  affurer  que  la  plupart  ne  s'ou- 
vrent pas  une  lois  en  dix  ans.  Les  Géorgiens  font  pré- 
venus que  quelques  péchés  qu'ils  aient  commis  ,  ils  en 
c!  ;r. i;ent  le  pardon.en  bâtiffant  une  petite  églife.  L'au- 
teur croit  qu'ils  choiiuïent  exprès  des  lieux  inacceffibles  , 
pou--  éviter  de  les  orner  Se  de  les  entretenir. 

Ce  que  Chardin  dit  de  la  Géorgie  doit  s'entendre  de 
la  Géorgie  Periane ,  qui  contient  le  -royaume  de  Caket 
Se  le  Carthuél. 

On  peut  divifer  la"  Géorgie  ,  I.  en  Géorgie  prife  dans 
un  feus  étendu  ;  alors  elle  renferme  ,  comme  nous  avons 
dit ,  la  partie  orientale  Se  l'occidentale  ;  Se  a  les  bornes 
que  nous  lui  avons  données  au  commencement  de  cet 
article.  II.  en  Géorgie  propre  ;  alors  on  en  détache  l'A- 
voc3Î:e,  ou  les  Abcaifes  ,  (k  la  Mingrelie  qui  contient 
l'Imirete  .  la  Mingrelie  propre  Se  le  Guriel.  Il  ne  refte 
plus  que  le  Caket  (k  le  Carthuél.  Cette  divifion  eft 
néceffaire  pour  fhifloire  ;  car  il  a  été  untems  que  toute 
la  Géorgie  étoit  foumife  à  un  roi ,  qui  avoit  fa  cour 
à  Cotaris  ,  félon  M.  Luitz,  Introd.  ad  Geogr.  p.  504. 
Cette  Géorgie,  proprement  dite ,  a  été  conquile  par  le 
roi  de  Perle  qui  y  établit  un  viceroi ,  &  ce  prince  n'ob- 
tient cette  dignité  que  par  une  profeffion  publique  du 
Mahométifme.  Voyez  les  articles  Caket  ,  CARTHUEL, 
Guriel,  Imirete,  Mingrelie. 

Géorgie  (  nouvelle  )  colonie  angloife  de  l'Amérique 
Septentrionale  dans  la  Floride,  entre  les  30  &  les  31 
dégrés  de  latitude  nord  ,  mais  qui  n'a  pas  cette  largeur 
fur  la  côte  de  la  mer,  y  étant  bornée  au  Sud  par  la 
rivière  d'Alatamaha  ,  Se  au  nord  par  celle  de  la  Sa- 
vanah  qui  la  fépare  de  la  Caroline.  Elle  n'a  que  60  à 
70  milles  de  largeur  en  cet  endroit  ,  depuis  les  3 1  dé- 
grés 30  minutes  de  latitude,  jufqu'aux  31  dégrés  45  mi- 
nutes ;  fon  étendue  en  longueur  'jusqu'aux  montagnes 
d'Apalache  eft  de  3000  milles,  Se  elle  s'élargit  à  mefure 
qu'elle  s'éloigne  de  la  mer.  Le  climat  y  eft  fort  doux , 
&  fort  fain ,  Se  on  peut  juger  de  la  bonté  des  terres 
par  la  quantité ,  Se  la  nature  des  arbres  dont  elle  eft  cou- 
verte. Les  plus  confklérables  font  les  chênes  ,  les  cèdres , 
les  châtaigners ,  les  lauriers  d'une  hauteur  extraordinaire , 
dont  quelques-uns  font  d'un  rouge  foncé.  On  y  trouve 
auffi  quantité  de  pins  ,  dont  la  plupart  ont  cent  pieds 
de  haut.  Les  bois  de  charpente  ,  Se  fur-tout  les  chênes 
blancs ,  y  font  eftimés  les  meilleurs  de  toute  l'Amérique 
feptentrionale. 


87 

Ce  pays  étoit  tout  entier,  compris  dans  la  Floride  fran- 
çoife,  M.  de  Ribaut  ayant  bâti  Charlesfort,  dix  lieues 
plus  au  nord ,  &  M.  de  Landoniere  la  Caroline  ,  en- 
core plus  loin  au  midi  ;  mais  les  Efpagnols  ,  en  le  ren- 
dant les  maîtres  de  la  Caroline  qu'ils  ont  nommée  Sxn 
Mattheo  prétendoient  que  toute  la  Floride  françoife  leur 
appartenoit ,  Se  s'ils  ne  fe  font  point  oppofés  à  Féta- 
bltfïement  de  la  Caroline  angloife  qui  en  occupe  une  par- 
tie ,  ils  n'ont  pas  foufFert  aufli  patiemment  celui  de  la  nou- 
velle Belgique  qui  rapprochoit  les  Anglois  de  San  Mat- 
theo  ,  Se  "de  S.  Auguftin. 

Les  Anglois  commencèrent  à  s'établir  dans  la  nou- 
velle Géorgie  au  mois  de  Janvier  1732  ,  Se  s'établirent 
à  dix  milles  de  la  mer  fur  la  Savanah.  On  commença 
d'abord  à  y  faire  de  la  foie,  avec  beaucoup  de  fuecès  , 
les  mûriers  blancs  étant  fort  communs  dans  ce  pays. 
Les  Anglois  comptoient  bien  de  tirer  encore  de  cette- 
nouvelle  colonie  du  chanvre ,  du  lin  Se  des  huiles  ; 
mais  la  foie  feule  fuffit  pour  l'enrichir. 

GEOUGEN  (les)  tartares  orientaux,  ils  habitoient 
dans  le  défert  de  fable.  Sous  le  régne  de  Lievi,  prince 
des  Tartares  Topa,  un  cavalier  avoit  un  efclave  nommé 
Mo-ko-lu  ,  c'eft-à-dire  chauve ,  lequel"  eut  fa  liberté , 
à  caufe  de  fa  lînguliere  valeur ,  Se  tût  fait  cavalier  :  mais 
un  jour  qu'il  ne  s'étoit  pas  rendu  à  l'affemblée  géné- 
rale ,  il  fut  condamné  à  avoir  la  tête  tranchée ,  Se  pour 
échapper  au  fupplice ,  il  alla  fe  cacher  dans  le  défert  ou 
il  hit  joint  par  une  centaine  d'hommes  qui  le  recon- 
nurent pour  leur  chef.  Son  fils  Tiche-lan-hoei ,  étant 
devenu  le  fouverain  de  plufieurs  hordes  tartares ,  donna 
à  fa  nation  le  nom  de  Geougen.  Lin  de  fes  defcendâns  à 
la  fixieme  génération ,  nommé  Toulun ,  qui  étoit  de*- 
venu  très  puiffant ,  alla  attaquer  les  Tartares  Kaotche  , 
entra  fort  avant  dans  leur  pays ,  fournit  plufieurs  hordes  , 
Se  mit  la  difeipline  dans  fes  troupes.  Il  fe  vit  maître  de 
grands  Se  vaftes  états  qui  étoient  bornés  au  nord-oueft 
par  différentes  hordes  de  Xuns  ;  du  côté  dé  l'occident, 
ils  s'étendoient  jufques  vers  l'Irftich  ;  à  l'orient  jusqu'à 
la  Corée;  ainfi  ils  poffederent  l'ancien  pays  des  Xuns. 
Toulun,  après  avoir  fournis  plufieurs  autres  peuples ,  fe 
fit  proclamer  Khan,  Se  c'eft  la  première  fois  que  ce 
mot  eft  employé  chez  les  Tartares.  Il  commença  à  ré- 
gner l'an  402  ,  de  J.  C.  Les  Turcs  les  battirent  l'an  554, 
s'emparèrent  de  leur  pays ,  Se  l'empire  des  Geougen  fut 
détruit.  Ils  pafTerent  en  Europe  ,  où  ils  furent  connus 
fous  le  nom  $  Avares.  Voyez  ce  mot.  *  Hijl.  général» 
des  Xuns  ;  par  M.  de  Guignes  ,  t.\  ,  p.  187. 

GEPHES  ,  Tnçàe ,  ancien  peuple  de  l'Afrique  pro- 
pre ,  félon  Ptolomée  ,  l.  4,  c.  3. 

GEPHRUS,  ri?fcf,  ville  de  la  Syrie,  félon  Polybe. 
Voyez  l'article  qui  fuit. 

1.  GEPHYRA,  Tiçv&,  ville  delà  Syrie  ,  dans  la  Se- 
leucide,  félon  Ptolomée,  /.  5  ,  c  i^.Seroit-ce  la  ville 
que  Polybe,  c.  <j,  c.  70,  p.  577.  appelle  Gephrus ,  Se 
qui  fe  rendit  à  Antiochus  ? 

1.  GEPHYRA.  Ortélius ,  Thefaur.  cite  le  cinquième 
livre  de  Polybe  ,  où  il  trouve  que  Gephyra  étoit  une 
ville  d'Afrique,  voiiïne  de  Carthage,  Se  fituée  au  bord 
du  fleuve  Macros. 

GEPIDES,  (le»)  étoient  du  nombre  de  ces  Bar- 
bares qui  fe  jetterent  fur  les  terres  de  l'empire  Romain, 
dans  le  tems  de  fa  décadence.  ]om3.nàes,dc Reb.  Getic, 
c.  17,  dit  qu'il  eft  indubitable  qu'ils  tirent  leur  origine 
des  Goths.  Ces  derniers  ,  ajoûte-t-il ,  fortirent  de  Fine 
Scauzia  (c'eft  la  Scandinavie  que  l'on  prenoit  alors  peur 
une  ifle  ,  )  fous  la  conduite  de  Berich  leur  roi  .^fur  trois 
vaifleaux ,  dont  un  arriva  après  les  autres  ,  d'où  l'on 
donna  à  ceux  qu'il  portoit  le  nom  de  Gepides,  du  mot 
Gepanta ,  ou  Gepaïra ,  qui  dans  le  langage  de  ces  peu- 
ples fignirle  pareffeux.  D'ailleurs  ils  étoient  effective- 
ment lourds  Se  pefans.  Les  Gépides  piqués  de  cette  rail- 
lerie ,  fe  féparerent  des  Goths ,  fe  retirèrent  dans  une  ifle 
que  formoit  la  rivière  de  Vifela,  (  la  Viftule  )  Se  l'a- 
bandonnèrent bientôt ,  attaquèrent  les  Burgundions ,  Se 
s'emparèrent  de  leur  pays.  Ils'  fe  brouillèrent  avec  les 
Goths  qui  les  battirent.  Paul-Diacre ,  hift.  des  Lombards , 
dit  qu'ils  eurent  fouvent  guerre  avec  les  Gépides.  Il  y 
a  cependant"  des  auteurs  qui  confondent  ces  deux  nations. 
Saumaife,  au  rapport  de  Hugues  Grotius,atrouvé  dans  les 
extraits  de  quelques  manuferits  grecs  TiwtuStt  c\iyi/unrci 
AvyyoCxf£<;iic'eii-i-&\K  les  Gépides  que  l'on  appelle  Lom; 


88 


GER 


GER 


bârd's.  Conlkntin  Porphyrogénete-,  dans  un  de  Tes  ex- 
traits de  l'hiûoire  de  ï  héophine  ,  dit  que  les  Lombards, 
par  une  méiimelligence  lont  fouis  des  Gépides,  &£  que 
les  Vandales  ,  les  Oftrogoths ,  les  Werftrégoths  ,  les  Gé- 
pides &  les  Lombards  descendent  du  canton  de  la  Scan- 
zie  (  Scandinavie  )  occupé  par  les  Sucous ,  qui  depuis  ont 
été  appelles  Normands.  Procope  dit  que  les  Oftrogoths , 
les  \  îfigoths,  les  Vandales  &  les  Gépides  avoient  entr'eux 
une  reiiémblance  de  mœurs  &  de  langage ,  &  que  le 
prince  des  Gépides  s'appelloit  OJlrogoth.  Ces  peuples 
embrafferent  presqu'en  même  tems  le  chriftianiime  ; 
mais  iis  furent  inftruits  par  des  prêtres  Ariens  qui  les 
infefterent  de  l'Arriànifine.  Cependant  plus  de  cinquante 
ans  après  la  converfion  desGoths,  Salvien  de  Marieille, 
De  Gubernat.  Dei.  Edit.  Baluf.  p.  89 ,  parle  des  Gépi- 
des comme  d'un  peuple  cruel ,  barbare  &  fort  éloigné 
du  chiiftianifme  par  lés  mœurs.  Gens  Saxonum  fera. 
e(l ,  Francorùm  infidelis ,  Gepidarum  inhuma.ua ,  Chu- 
norum  impudica,  &  plus  bas  :  fi  f allât  Chunus  vd  Ge- 
pida  quld  mirtim  ejl ,  qui  culpam  penilks  fialfitatis  ig- 
norât r  &  dans  un  autre  endroit  :  numquid  Scytharum 
aut  Gepidarnm  inliumaniffimi  fitus  in  maledi&um  atque 
bLijphemiam  nomen  Domini  Salvatoris  inducunt. 

Sous  l'empire  de  Juftimen  (a) ,  on  les  trouve  en  Hon- 
grie ,  auprès  de  Sirmich,  félon  Prpcope.  Ils  firent  (b) 
allez  bonne  coinenance  jusqu'au  régne  d'Alboin  ,  roi 
des  Lombards.  Us  avoient  leur  roi  particulier  nommé 
Turij'ende  ,  qui  eut  pour  fucceffeur  Cunimund.  Ce  der- 
nier fe  brouilla  avec  les  Lombards,  &  ranima  les  an- 
tiennes querelles  que  l'on  prédéceffeur  avoit  affoupies. 
.Alboin  ,  de  fon'  côté ,  s'allia  avec  les  Avares  ,  &  s'é- 
tânt  affuré  d'eux  par  un  traité,  il  marcha  Contre  les 
Gépides:  tandis  que  ceux-ci  venoient  au-devant  de  lui , 
les  Avares  fe  jetterent  fur  leur  pays  comme  ils  en  étoient 
convenus  avec  Alboin.  Cunimund  fut  confterné  en  ap- 
prenant cet^e  nouvelle ,  Se  exhorta  fes  troupes  à  com- 
battre, premièrement  contre  les  Lombards,  après  quoi 
ils  iraient  chafler  de  leur  pays  les  Avares.  Les  Lombards 
furent  vainqueurs  ,  &£  la  déroute  des  Gépides  fut  com- 
plette,  à  peine  en  échappa-t-il  un  petit  nombre.  Cuni- 
mund y  périt.  Alboin  lui  enleva  le  crâne ,  &  s'en  fit 
faire  une  coupé  pout  les  feftins.  Il  prit  entr'autres ,  pri- 
fonniers  de  guerre ,  Rofimonde  fille  de  ce  malheureux 
roi ,  &  comme  fa  femme  Clotfionde,  fille  de  Clothaire, 
toi  de  France  ,  étoit  morte  ,  il  époufa  cette  princeffe  : 
dans  un  jour  de  débauche  ,  il  la  força  de  boire  dans  le 
crâne  de  fon  père.  Cette  cruauté  lui  infpira  tant  d'hor- 
reur pour  lui,  qu'elle  le  fit  afîamner.  Quant  aux  Gé- 
pides', ils  forent  fi  abbatus  par  ce  revers,  qu'ils  ne  pu- 
rent jamais  fe  relever.  Ils  n'eurent  plus  de  roi ,  rkeeux 
qui  ne  périrent  point  dans  la  bataille,  furent  fournis 
aux  Lombards ,  ou  réitèrent  fous  le  joug  que  leur  im- 
poferent  les  Huns ,  qui  s'étoient  emparés  de  leur  pays. 
Il  eft  certain  qu' Alboin  en  emmena  quelques-uns  en  Ita- 
lie, où  après  de  grandes  conquêtes  il  les  établit  dans 
un  village,  que  l'on  appella  de  leur  nom  Gepidi.  Paul 
"V/arnetrid  le  dit  exprelïèment.  Certum  ejl  autem  tune 
alboin  muhos  fecum  ex  diverfis  quas  ,  vel  alii  reges  vel 
ipfie  c:pirat  ,  gentibus  ad  Italiam  adduxiffe ,  unde  uf- 
que  hodit  eorum  in  quibus  habitant  vicos ,  Gepidos  , 
Bulgares ,  Sarmatas ,  Pannonios ,  Suavos ,  Noricos ,  five 
aliis  hujufumodi  nominibus  appellamus.  *  (a)  Goth.  Hilt. 
1.  I .  cVHift.  Arcan.  (b)  De  Gefi.  Longobard.  1.  1 ,  c.  17. 

Les  étyinologiftes  Grecs  dérivent  ce  nom  de  Gépi- 
des Tmaiïtç  de  Tti'matS-iç,  c'eft-à-dire ,  les  enfaus  des 
Cétea. 

GEPPING,  ville  d'Allemagne,  clans  la  Suabe,^  au 
duché  de  Vurfeuberg,  for  la  rivière  de  Y/ ils,  qui  fe 
perd  dans  le  Néker,  au-defius  d'Eflingen.  La  carte  de 
Zeyler  n.'en  fait  qu'un  village  ,  celle  de  Sanfon  , 
un  bourg,  fk  celle  de  Corneille  une  ville:  il  écrit 
ce   nom   GOi  PlNC  en,  par  un  o  adouci,  c'eft-à-dire  , 


qui 


V  ou  Gerra  ,  vîile  d'Arabie ,  félon  Ptolo- 

2.  C  ERAj  petite  ville  d'Allemagne,  au  cercle  delà 
haute  Saxe  ,  dans  le  Voigtland  ,  fur  l'Elfter,  entre  Zeitz 
&  Plaven.  Elle  fut  bâtie  par  Vipert ,  comte  de  Groitz , 
vers  l'an  1086  ,  &  à  la  place  de  l'ancien  château  d'Of- 
terfrein  :  on  en  éleva  un  neuî  fut  l'Elfter  pour  loger  les 
.   ,1     1:,..    ru,   .,   or,pn„„.„,  0„r.y„e  ^  1,   „,,;/■,,;, 


dé  Reuffen  ,  feigneurs  Luthériens  ,  qui  y  ont  fondé  un 
beau  collège.  Cette  ville  fut  ravagée  par  les  Bohémiens, 
durant  la  guerre  des  deux  frères  de  la  maifon  de  Saxe  , 
l'an  1449.  *  Zeyler,  Saxon.  Topogr.  p.  36. 

GERABR1CÂ.  Voyez  Ierab rica. 

GERjE.  Cafaubon  croit  qu'il  faut  lire  ainfi  ce  nom  au 
lieu  d'ERj£,  que  l'on  trouve  dans  Strabon  pour  un 
ville  d'Ionie.  Voyez  ERjC. 

GERjEA,  ancienne  ville  de  la  Lufitanie,  félon  Pto- 
lomée,  /.  x,c.  5.  Quelques-uns  croyent  que  c'eft  au- 
jourd'hui Caceres  ,  à  neuf  lieues  de  Mérida  &C  de  Co- 
ria,  dans  l'Eftramadure.  *  Baudrand ,  éd.   l63z. 

GERjEI  ,  peuple  de  FArabieJaeureufe  ,  félon  Ptolo-, 
mée.  Quelques  exemplaires  portent  Gerr£I  :  il  leur 
donne  trois  villes  ; 

Magindana  ,  Géra  ou  Gerra  } 

&  Bilcena  ou   Bilbana. 

GERjESTIUM  ,  contrée  du  Peloponnefe ,  dans  l'Ar- 
cadie ,  félon  Phavorin  ,  Lexic. 

GERjESTUS  „  ville  &  port  de  l'Eubée ,  félon  Pto- 
lomée,/.  3  ,  c.  15.  Pomponius  Mêla,  l.  2.  c.  7,  dit  que 
Gerestum  étoit  un  des  Promontoires  de  l'Eubée ,  au 
midi  :  &  Pline,  /.  4.  c.  il.  parle  de  la  ville  &  du  pro- 
montoire. Ce  promontoire  regardoit  l'Attique  -,  ce  Stra- 
bon, /.  10,  init.  dit  que  Geraeile  &  Pétalie  étoient  à 
l'oppofite  de  Sunium.  *  Tite-Live ,  /.  3 1 ,  c.  45  ,  dit  :  le 
relie  de  la  flotte  demeura  à  Gersefte  ,  fameux  port  de 
.  l'Eubée. 

Il  y  avoit  donc  de  ce  même  nom  une  ville  avec  un 
port  de  mer  Si  un  promontoire  ,  où  les  eaux  de  la  mer 
fe  brifoient  avec  imp"étuofité  ;  c'eft  pourquoi  Euripide, 
dans  fon  Orejle ,  nomme  les  flots  de  Geraefte  écumeux. 
Il  y  avoit  un  fameux  temple  de  Neptune  ;  &:  c'eft  par 
alfufion  à  ce  temple  qu'Ariftophane,  dans  fa  comédie 
des  chevaliers ,  dit  :  0  Gereflien  ,  fils  de  Saturne  !  Un 
vol  fait  dans  ce  temple  ,  &  un  autre  à  Olympie ,  ville 
d'Elide  ,  donne  oeçafion  à  Lucien  de  railler  deux  dieus 
en  même  tems.  Jupiter  Olympien  avoit  une  ftatue  d'or 
avec  une  grande  barbe ,  on  la  lui  avoit  coupée.  Quoi  ! 
lui  dit  Neptune ,  dans  un  des  dialogues  de  Lucien ,  le 
vainqueur  des  Titans,  le  dieu  armé  de  la,  foudre  fe  laifle 
tondreà  Olympie,  &n'ofepas  feulement  crier  au  voleur  J 
Jupiter  lui  répond  :  Hé  !  ne  fçavez- vous  pas  que  nous  n'a- 
vons pas  toujours  le  pouvoir  de  punir  les  facriléges  ?  Ô£ 
fi  nous  l'avions ,  auriez-vous  fouffert  que  l'on  vous  eût 
impunément  dérobé  votre  trident  à  Gerefte.  Gerefte 
étoit  fort  déchue  avec  le  tems ,  &  Etienne  le  géogra- 
phe '  n'en  fait  qu'un  village.  Demofthene  la  nommé 
Geraste.  Voyez  Geresto. 

GERAFITANUS  ,  fiêge  épifcopal  d'Afrique ,  dans  la- 
Mauritanie  Sitifenfe.  La  notice  d'Afrique  nomme  Victor 
Jerafitanus  ;  &  la  conférence  de  Cartilage  fournit  Ficlor 
Ep'ïfcopus  PUbis  Jufiunjïs  ;  peut-être  ce  mot  's'eft-il 
gliffé  pour  Jerafitenfis  ou  Gerafitenfis.  *  S.  Optât.  Open 
p.  263.  édit.  Dupin. 

GERAHEM  ,  montagne  d'Afie,  dans  l'Arabie  lieu- 
reufe  ,  environ  à  trois  milles  de  la  Mecque.  Les  Mu- 
fulmans  difent  que  l'on  voit  dans  cette  montagne  une 
grotte  où  Eve  fe  retiroit ,  mais  que  le 'véritable  lieu  de  là 
fépulture  eft  à  Gidda ,  ville  firuée  for  la  mer  Rouge ,  qui 
fert  de  porta  la  Mecque.  *  D'Iferbelot ,  Biblioth.  orient» 

GERANDRUM  ,  ville  de  rifle  de  Cypre  ,  où  fe 
trouve  la  pierre  nommée  CarijUus,  félon  Apollonius  t 
in  Mirabil. 

GER  ANDRYUM.  Clément  d'Alexandrie,  ai  Gcntesi 
&  Eufebe,  de  Prccpar.  Evangd.  nomment  ainfi  un  lieu 
finie  dans  un  défert  fablbrineux  où  étoient  un  oracle  &  un 
chêne.  L'oracle  finit  lorfque  le  chêne  fécha.  Ils  ne  di- 
fent point  en  quel  pays.  Il  y  a  apparence  que  c'étoit  en 
Afrique"  où  étoit  l'oracle  de  Jupiter  Airimoh.  Les  fables 
favorifent  cette  conjecture  qui  eft  d'Orrélius. 

1.  GERAN1A,  ville  de  Thrace.  Solin,  c.  10,  éd. 
Salmas  dit  qu'elle  étoit  nommée  Catkïçon  parles  Bar- 
bares; mais  il  n'eft  que  le  copifte  &C  1'abbréviateur  de 
Pline,  qui  dit,  /.  4 ,  c.  1 1  ,  que  c'étoient  les  Pyginées 
qui  étoient  nommés  Cattuzi  par  les  Barbares.  Voici 
le  paffage  :  Gerania  ,  ubi  Pygmaorum  gens  fui(Je  prodi- 
lùr ,  Cattuços  Barbari  vacant ,  creduntque  à  Gruibusfu- 
"ttos.  Le  nom  de  Gerania  a  donné  lieu  à  cette  fable  , 


GER 


\in  Salin,  p.  164.)  al  TÎ&.voi  veut  dire  des  grues.  Sati- 
maife  croit  que  Gerania  étoit  le  lieu  d'où  les  grues  par- 
taient pour  faire  la  guerre  aux  Pygmées ,  &  que  Cattu^a 
étoit  la  demeure *de  ces  derniers,  qui ,  par  cette  raifon, 
étoient  nommés  CaeturJ  par  les  Barbares.  Comme  le 
même  mot  fignifioit  des  oifeaux,  qu'on  appelle  grues-,  ôk 
les  habitans  de  la  ville ,  appellée  Gerania ,  les  Poètes 
ont  faifi  l'occafion  de  leurs  combats  contre  les  pygmées 
leurs  voifins  pour  les  charlger  en  oifeaux ,  ck  ils  ont 
feint  que  les  Pygmées  étoient  très-petits,  afin  de  ren- 
dre la  partie  égale. 

a.  GERANlA-,  ville  dePhrygie,  félon  Etienne  ïe 
géographe. 

3.  GERANIA  ou  Gerenia  ,  ancienne  ville  du  Pé- 
loponnefè, dans  la  Laconie,  aux  confins  de  laMeffénie. 
Ptolomée,/.  3,  c.  i6,écrit  Gerenia  Tfptaiài  ck  Paufanias  , 
/.  3,  c.  21,  la  met  entre  les  villes  des  Laconiens  libres 
ou  Eleuthérolacones.  Pline,  /.  4,  c.  5,  écrit  Gerania  , 
Paufanias ,  Laconrin  .  dit  que  les  limites  réglées  entre 
les  MefTeniens  &  les  Laconiens  pafToient  auprès  de  Ge- 
rania ;  de-là  vient  qu'Etienne  met  cette  ville  dans  la 
Mefîenie. 

On  croit  que  c'eft  aujourd'hui  Chrifto,  bourgade  de 
la  Morée. 

4.  GERANIA  ou  Geranea  ,  en  grec  reg^W,  mon- 
tagne de  Grèce  ,  dans  la  Mégaride ,  vers  l'Iflhme  dû 
Péloponnefè.  Pline  nàmme  Amplement  Geranea,fans  dire 
ce  que  c'étoit.  Etienne  le  géographe  dit  que  c'étoit  une 
montagne  entre  Mégare  ck  Corinthe.  Thucydide,  /.  1, 
p.  70,  fait  entendre  que  c'étoit  un  pafïage  fortifié  par  les 
Athéniens.  Il  n'y  avoit  point,  dit-il  de  sûreté  pour  eux 
{  les  Lacédémoniens*)  de  pafler  par  Géranie ,  parce 
que  les  Athéniens  étoient  maîtres  de  Mégare  &k  de  Peges; 
car  outre  que  Géranie  étoit  très  -  difficile  à  palier  , 
les  Athéniens  y  avoierit  toujours  des  troupes. 

GERANIDiE  ,  ancien  peuple  de  Grèce,  dans  la 
Phocide,   félon  Héfyche. 

GERANTHJE.  Etienne  le  géographe  dit  que  c'étoit 
une  ville  de  la  Laconie  ,  ck  cite  Paufanias  dans  le  livre 
duquel  on  lit  GERONDRJE,  Ti(/rS-gfi. 

GERANUS  ,  lieu  du  Péloponnefè ,  dans  l'Elide,  félon 
Strabon ,  /.  8. 

GERAPETRA.  Voyez  Girapetra. 

GERARDI  Mons  :  ce  nom  fe  trouve  dans  des 
a&es  de  1096,  pour  lignifier  un  Bourg  du  pays-bas, 
au  comté  d'Aloft.  Les  Flamands  l'appellent  Geersbergen , 
ck  les  François  Gramons  Ou  Grandmont. 

GERARDI  Villa  :  les  écrivains  de  l'hiftoire  de 
Normandie  ,  appellent  ainfi  Graville.  Jean  de  Paris  , 
dans  le  Mémorial  des  hiftoires,  l'appelle  Grandis-Villa  ; 
elle  eft  près  de  la  rivière  de  Seine,  entte  Haifleur  6k 
&  le  Havre  de  Grâce. 

GERARE  ,  félon  D.  Calmer,  Dicl.  ou  Gerara, 
ville  des  Philiftins ,  au  midi  des  terres  de  Juda.  Elle 
avoit  des  rois  nommés  Abimeleck ,  du  tems  d'Abra- 
ham &  d'Ifaac  ;  ck  ces  deux  patriarches  ayant  été  obli- 
gés de  demeurer  quelque  tems  à  Gerare ,  furent  obli- 
gés pour  conferver  leur  vie,  de  dire  que  leurs  femmes 
n'étoient  que  leurs  feeurs,  Genef  c.  21.  &  26. 

Gerare  étoit  fort  avancée  clans  l'Arabie  Pétrée,  à 
vingt-cinq  milles  d'Eleuthéropolis, (^au-delà  du  Daroma, 
ou  de  la  partie  méridionale  du  pays  de  Juda.  Moyfe  , 
f  b)  dit  qu'elle  étoit  entre  Cadès  ci  Sur.  Saint  Jérôme , 
clans  fes  traditions  hébraïques ,  fur  la  Genefe ,  dit  que 
de  Gerare  à  Jerufalem ,  il  y  a  trois  jours  de  chemin.  Il 
y  avoit  près  de  Gerare  un  bois  ,  dont  il  eft  fait  mention 
<lans  Théodoret,  in  1.  Parai,  queft.  1.  ck  un  torrent 
fur  lequel  étoit  un  monaftere  d'hommes  ,  dont  parle 
Sozomene,  Hift.  Ecclcf.  1.  6,  c.  32, 1.  9,  c.  17.  Moyfe 
parle  aulu  (c)  du  terrent  ou  de  la  vallée  de  Gerare. 
Sozomene.  cite  une  petite  ville  de  Gerres ,  à  cin- 
quante ftades  de  Pélufe  ,  (voyez  l'article  fuivant,  )  ck 
on  lit  des  Maccabées  que  Judas  fut  établi  gouverneur  de 
t  ji'.te  la  côte  ,  depuis  Prolémaïde  jufqu'aux  Gerréens. 
(')  On  a  confondu  Gerare  avec  Berfabée,  (f)  avec  Af- 
calon,  (S)  avec  Aluz ,  (h)  avec  Arad,  Q)  félon  D. 
■Calmet.  *  (*)  Eufeb.  in  Locis  Hieronym.  (b)  Genef. 
c.  20.  v.  I.  f)  Genef.  c.  26,  v.  27,  (<*)  1.  8,  c.  19.  (  e) 
Maccab.  1.  2,  c/13, v.  24.  (f)  Cyrill.  mslmos.i})  Syncell. 
in  Chronic.  ck  vers.  Samarit.  ('')  Arab.  in  Genef.  c.  26  , 
Y.  I.  (')  Targum  Jerojolimit.  ad  Genef.  c.  20,  v.  1 ,  fck  2. 


GER.  89 

1  GERAS  ,  liai  d'Egypte ,  félon  Théophile  d'Alexan- 
drie ,  cité  parOrtélius,  Thifaur.  Sozomene,  dans  fon 
hiftoire  eccléfiaftique ,  /.  8.  c.  19.  en  fait  une  ville  ma- 
ritime. Théophile  (  d'Alexandrie  )  s'enfuit  lui-même 
(de  Conftantinbple, )  &  fit  voile  pour  l'Egypte  avec  ie 
Moine  Ifaac,  au  commencement  de  Fhy ver  :  il  fut  pouffé 
par  un  vent  favorable  à  Géras  ,  petite  ville  diftante 
d'environ  cinquante  ftade;  de  Pélufe.  Vévêqae  de 
cette  petite  ville  étant  mort,  Sec.  Elle  n'éloit  donc 
.qu'à  fix milles  ck  un  quart,  c'eft-à-dire  à  deux  bonnes 
lieues  de  Pélufe ,  par  conféquent  différente  ck  fott  éloi- 
gnée de  Gerare  &  en  Egypte. 

GERASA  ou  Gergesa,  félon  D.  Calmet,  Dut. 
ville  de  la  Paleftine  ,  au-  delà  ck  à  I orient  de  la  mer 
.  Morte.  Elle  eft  attribuée  par  les  uns  à  la  Céléfyrie , 
par  d'autres  à  l'Arabie  ;  ck  on  la  met  parmi  les  villes 
de  la  Décapole.  S.  Matthieu ,  c.  8  ,  v.  28  ,  dit  que 
Jefus-Chnft  étant  paffé  dans  le  pays  des  Géraféniens  , 
deux  poifédés  qui  demeuroient  dans  des  fépulcres,  vin- 
rent au-devant  de  lui ,  ck  lui  dirent  :  Jefus  fils  de  Dieu, 
qu'y  a-t-il  entre  vous  ck  nous  ?  Etes-vous  venu  ici  pour 
nous  tourmenter  avant  le  tems  ?  Ils  ajoutèrent  :  fi  vous 
nous  châtiez  d'ici  ,  envoyez-nous  dans  ce  troupeau  de 
pourceaux  ,  qui  eft  proche.  Jefus  leur  répondit  :  allez  ; 
ck  étant  fortis  ,  ils  entrèrent  dans  ces  pourceaux  qui  fe 
précipitèrent  auffi-tet  dans  la  mer ,  ck  s'y  noyèrent. 

Le  grec  imprimé  de  S.  Matthieu,  au  lieu  de  Géraféniens, 
porte  Gergéfénitns  ;  ck  quelques  exemplaires  grecs  Iifent 
Gédaréniens.  S.  Luc  ck  S.  Marc  Iifent  de  même.  Origene, 
in  Johan.  croit  que  la  vraie  leçon  n'eft ,  ni  Gerafa  ,  ni 
Gedara,  puifque  ni  l'une  ni  l'autre  de  ces  villes-n'eft  au 
voifinage  de  la  mer,  ck  n'a  auprès  de  foi  des  précipis, 
comme  il  y  en  avoit  près  de  la  ville  où  Jefus-Chrift  guérit 
les  deux  pofTédés.  Il  croit  donc  qu'il  faut  entendre,  en 
cet  endroit*,  la  ville  cîe  Gergefa ,  fur  le  lac  de  Tibénade, 
où  l'on  montroit,  de  fon  tems,  les  rochers  ck  lesprécipices 
d  ou  les  porcs  fe  précipitèrent  dans  le  lac.  Voyez  Ger- 
GESA.  La  ville  de  Gerafa  fut  épifcopale  dans  le  tems  du 
Chnftiamfme  ;  ck  elle  eft  nommée  Gerafa  ,  ville  épif- 
copale d'Arabie  ,  dans  la  Notice  de  Léon  le  Sage  :  celle 
de  Hieroclès  l'appelle  Gerafa.  On  lit  Ieraffon  dans  quel- 
ques autres.  Elle  eft  préfentement  détruite. 

GERASTE.  Voyez  Ger^estus. 

GERATA  ,  montagne  de  Grèce,  dans  l'Attique  J 
proche  de  laquelle  l'ancienne  ville  d'Éleufis  étoit  fituée: 
on  la  nommoit  autrefois  Kerata  ( c'eft-à-dire  les  cornes) 
à  c'aufe  de  deux  rochers  qui  font  dans  le  haut ,  &  qui 
paroiffent  comme  deux  cornes.  Sur  l'une  de  ces  pointes, 
on  voit  une  tour  que  les  Grecs  appellent  Gerata  Pierga; 
il  n'y  a  qu'une  plaine  d'environ  une  lieue  de  chemin  à 
traverfer,  pour  arriver  de-là  à  Mégare.  *  Wheler ,  Voyag. 
tom.  2. 

GERAW  ,  (  le  )  petit  pays  d'Allemagne ,  au  cercle  du 
haut -Rhin,  près  de  la  rencontre  de  ce  fleuve  avec  le 
Mein  ,  au-deflus  dé  Mayence.  On  le  nomme  autrement 
le  haut  comté  de  Cat7j.nelnbogtn  ;  &  il  eft  entre  le 
comté  d'Erpach  au  levant  ,  l'Iéectorat  de  Mayence  au 
feptentrion  ck  au  midi  ,  ckle  basPalatinat  au  couchant. 
Il  prend  ce  nom  du  bourg  de  Gera-w  ;  mais  fa  princi- 
pale place  eft  à  préfent  Darmftadt  où  réfide  une  des 
branches  de  la  maifon  de  Heffe ,  qui  porte  le  nom  de 
Heffe-Darmftad ,  d'où  il  eft  plus  connu  fous  le  nom  dé 
pays  de  Darmftadt.  *  Baudrani,  édit.  1705. 

GERBADECAN,  ville  d'Afie,  en .Perte  ,  dans^  lé 
Couheftan  :  elle  eft  auffi  appellée  Ghilpakghan.  Les  géo- 
graphes Orientaux  lui  donnent  85  d.  25'  de  longitude  , 
ck  34  d.  de  latitude.  *  Hift.  de  Timur-Bec,  l.  2,  c.  60. 

GERBEDISSUS  ,  lieu  d'Afie  ,  dans  la  Comagene  ^ 
félon  Antonin ,  Itiner.  fur  la  route  de  Nicopolis  à  EdefTe, 
entre  Aliaria  ck  Doliche ,  à  quinze  mille  pas  de  la  pre- 
mière ,  ck  à  vingt  mille  de  la  féconde. 

GERBEROY,  Gerboredum  ,  Gerberacum  ,  ville  de 
France  ,  dans  le  Beauvoifis  ,  à  cinq  lieues  de  Beauvais. 
Elle  eft  fituée  fur  une  haute  montagne ,  dans  la  géné- 
ralité de  Paris ,  &  a  un  chapitre  ,  tk  une  juftiee  ou 
vidamé.  Le  chapitre  confifte  en  treize  prébendes  , 
dont  une  eft  affectée  au  doyenné ,  qui  eft  électif ,  quand 
il  vaque  par  mort.  L'évêque  de  Beauvais  confère  les 
prébendes  'comme  tenant  la  place  des  vidâmes  de  Ger- 
beroy ,  qui  en  font  fondateurs.  Le  chapitre  nomme  un 
officiai  ck  un  promoteur  pour  ceux  de  fa  compagnie; 
Tome  III.     M 


9° 


GER 


GER 


avec  un  bailli ,  un   lieutenant  ,  un  procureur  filial  & 
un  greffier  ,    tant  pour  le  civil  que  .pour  le  criminel , 
dans  fa  juftice  temporelle,  qui  eft   haute,  moyenne  & 
Si  baflèpour  tous  les  vaflaux,  qui  font  dans  la  ville  &  a 
la  campagne  ,  à  caule  du  grand  nombre  des   fiefs  qu'il 
pofTede.  La  cathédrale  eft  fous  l'invocation  de  S.  Pierre.  . 
Il  y  a  pluiieurs  chapellins  qui  font  nommés  par  les  cha- 
noines. Le  28  de  Juin,  à  midi  jufqu'au  foir  du  lendemain , 
fête  de  S.  Pierre,  le  chapitre  a  toute  la  juftice  du  vida- 
mé.    Ses  officiers  tiennent  le  palais  ,  Si  connoiffent  des 
cau'fes.  Le  géoiier  leur  apporte  les  clefs  des  priions  ,   & 
les  portiers  celles  de  la  ville  :  ils  vont  chez  les  marchands 
examiner  les  poids  Si  les  mefures  :  ils  font  les  maîtres 
de  la  chafle  &  de  la  pêche ,  Si  prennent  connoiffance 
de  tout  ce  qui  peut  arriver  pendant  cet  intervalle.  Ce 
chantre  a  droit  de  prendre  ,'  tous  les  ans  ,   fur  l'abbaye 
de  Chalis  ,  ordre  de  Cîteaux  ,  proche  Senlis ,  fept  cens 
onze  mines  de  bled  ,  pinte  de  Paris  ,  &  huit  cens  vingt- 
neuf  mines  &  demie  d'avoine,  pinte,  chopine,  Si  demi- 
feptier   de  Paris  ,  fuivant  la  réduction  de  la  mefure  de 
Gerberoy  à  celle  de  Beauvais,  faite  en  1654,  ^par  arrêt 
du  grand  -  confeil.    Plufieurs  chanoines  de   l'églife  de 
de  Ôerberoy  fe  font  diftingués  par  leur  piété  Si  par  leur 
érudition ,  Si  entr'autres  le  célèbre  Claude  d'Efpenfe  qui 
fe  fit  admirer  dans  le  concile  de  Trente  &  dans  le  fa- 
meux colloque  de  Poifli ,  après  avoir  été  employé  uti- 
lement par  François  I ,  par  Henri  II  &  par  François  II , 
en  plufieurs  négociations  importantes.  11  y  a  eu  dans  cette 
églife  un  chantre  du  bas-chœur ,  appelle  Pierre  le  Grand, 
qui ,  quoiqu'âgé  de  plus  de  cent  ans  ,  portoit  encore  la 
chape ,  ci  aflîftoit  régulièrement  à  l'office  :-  il  mourut  en 
1707 ,  après  quatre-vingts  ans  de  fervrce  en  la  même 
églife.  Au  bas  de  la  ville  paffe  la  rivière  nomméeTERRAlN  : 
elle  ne  gelé  jamais;  &  on  n'ofe  s'ybaigner  l'été,  à  caufe 
de  la  trop  grande  fraîcheur  de  l'eau*  ;  ce  qu'on  attribue  à 
la  quantité  de  fources  dont  elle  eft  remplie.  *  Corn.  Dicti 
La  fituation  de  Gerberoy  a  toujours  paru  fi  avantageufe, 
que  dès  le  neuvième  fiécleon  la  fît  fortifier  pour  arrêter 
les  courfes  des  Normands.  Comme  ce  peuple  devint  plus 
redoutable  dans  la  fuite  ,  Charles  VII ,  pour  conferver 
le  pays  contre  ces  Barbares,  répara  les  anciennes  fortifica- 
tions de  Gerberoy,  Si  en  fit  faire  de  nouvelles,  l'an  1435, 
par  Pothon  ,  feigneur  de  Xaintrailles  ,    grand  -  écuyer 
de  France ,  '  &  la  Hire  ,    capitaine  général  de  tout  le 
pays  qui  eft  au-delà  de  la  rivière  de  Seine.  Les  Normands , 
alarmés  de  ces  nouveaux  ouvrages  ,  prièrent  le  comte 
d'Arondel  ,    général  des  Anglois ,   qui  paffoit  avec  fon 
armée  par  Gournay-fur-Epte ,  pour  aller  dans  le  Ponthieu, 
de  ne  pas  avancer  qu'il  n'eût  renverfé  les  travaux  qui 
étoient  déjà  faits ,   &C  qu'il  n'eût  mis  les  François  hors 
d'état  de  les  continuer.  Cela  lui  parut  d'une  telle  con- 
féquence ,  qu'il  réfolut  de  rafer  la  pla*  ;  Si ,  dans  le  deflein 
de  la  furprendre  ,  il  s'avança  la  nuit  avec  une  partie  de 
fes  troupes ,  donnant  ordre  aux  autres  delefujvre:  étant 
arrivé  à  huit  heures  du  matin  dans  une  vallée  éloignée  de 
la  ville  d'un  quart  de  lieue  ,  il  s'y  retrancha  en  attendant 
qu'il  y  eûr»  été  joint;  mais.  Pothon  Si  la  Hire  ,  qui  com- 
mandoient  dans  la  place,  firent  des  forties  fi  vigoureufes, 
que  le  comte  d'Arondel  fut  défait  &c  blefte  d'un  coup 
de  coulevrine ,  dont  il  mourut  peu  de  tems  après.   Son 
nom  eft  demeuré  au  champ  de   bataille ,  qu'on  appelle 
encore  la  vallée  d'Arondel.  Guillaume  le  Conquérant  y 
affiégea  ,  en  1078  ,  fon  fils  Robert  Courtebotte  ,  à  qui 
Philippe  I ,   roi  de  France ,   avoit  accordé  cette  ville 
pour  retraite  &C  pour  lieu  de  fureté  :  il  fe  fit  de  part  8c 
d'autre  de  très-belles  actions  pendant  ce  fiége  ;  Si  Robert, 
dans  une  fortie ,  eut  le  malheur  de  blefler  fon  père  au 
bras  ,  fans  le  connoître  ,  Si  de  le  renverfer  par  terre  ; 
mais  fi-tôt  qu'il  eut  entendu  fa  voix ,  il  le  releva  ,  &  lui 
aida  à  remonter  à   cheval.    Henri  II   affiégea  la  même 
ville,  en  1 160,  &  s'en  rendit  maître  ;  mais  il  ne  put  pren- 
dre un  fort  où  Louis  VII  avoit  mis  des   troupes  qui  le 
repoufferent  plufieurs  fois  ,  félon  Robert  du  Mont ,  dans 
fa  Chronologie  de  Normandie.  Les  Anglois  ayant  fou- 
rnis Gerberoy,  au  mois  d'Oftobre  1437  ,  conferverent 
cette  place  jufqu'en   1449  ,    que  le  feigneur  de  Moni  , 
gouverneur  de  la  province  ,  accompagné   de  Pierre  de 
Bouflers ,  d'Antoine  de  Crevecœur  &  de  plufieurs  autres 
gentilshommes  de  Picardie  ,   la   prit  d'aflàut  ,    &  tailla 
en  pièces  tous  les  Anglois  qu'il  y  rencontra.  Deux  ans 
après  ,  toute  la  Normandie  ayant  été  réduite  à  l'obéif- 


fance  du  roi ,  les  habitans  de  Gerberoy  commencèrent 
à  refpirer  ;  mais  à  peine  goûtoient-ils  quelque  repos  \ 
qu'ils  fe  virent  expofés  tout  de  nouveau  aux  courfes  &c 
aux  ravages  des  Bourguignons,  en  147*.  Cependant  les 
maux  qu'ils  en  fouf&irent  n'approchent  point .  de  ceux: 
qui  .les  accablèrent  pendant  le  tems  de  la  ligue  des  der- 
nières guerres  civiles.  L'es  habitans  de  Beauvais  ,  qui  te- 
noient  pour  le  duc  de  Mayenne,  attaquèrent  Gerberoy,  . 
qui  s'étoit  rangée  du  parti  de  Henri  IV,  y  mirent  le  feu, 
pillèrent  l'Egliiè ,  profanèrent  les  vafes  facrés  Si  les  ima- 
ges des  faints  ,  maffacrerent  plufieurs  perfonnes  ,  '  fans, 
même  épargner  les  prêtres ,  démolirent  toutes  les  forti- 
fications ,  enlevèrent  l'artillerie  ;  mais  ces  malheurs  n'é- 
branlerent  point  la  fidélité  des  bourgeois  de  Gerberoy. 
Cette  fermeté  dans  leur  devoir,  éprouvée  en  plufieurs  oc- 
caiions  importantes,  étoit  fi  connuede  Henri  IV, qu'ayant 
été  blefle  d'un  coup  de  piflolet  aux  reins,  dans  un  combat 
qu'il  donna  auprès  d'Aumale,  contre  Alexandre  Farnefe, 
diic  de  Parme  ,  il  fe  fit  porter  à  Gerberoy  comme  dans 
un  lieu  fur  pour  fa  perfonne.  Ce  grand  prince  marqua  une 
autre  fois  fa  confiance  en  ceux  de  Gerberoy  ,  d'une  ma- 
nière auffi  fenfible.  Il  y  pafla  au  retour  du  fiége  de  la 
Fere  ;  &  ayant  demandé  à  goûter  du  vin  qui  lui  avoit 
été  préfenté  par  les  bourgeois ,  fon  échanfon  lui  en  verfa 
dans  un  verre  Si  en  fit  l'effai  ;  ce  que  le  roi  ayant  vu  , 
il  jetta  le  vin  qu'on  avoit  mis  dans  le  verre  ,  &  en  fit 
verfer  d'autre  de  la  même  bouteille  qu'il  but  après  avoir 
dit  :  A  quoi  bon  cette  cérémonie  ,  il  n'y  a  rien  à  craindre 
pour  nous  ici.  Ce  fut  dans  la  ville  de  Gerberoy,  que  Louis 
IV,  dit  d'Outremer ,  roi  de  France ,  Harold  ,  roi  de  Da- 
nemafck,  Si  Richard,  {innommé Sans-peur ,  duc  de  Nor- 
mandie ,  s'aflemblerent,  l'an  948  ,  cour  figner  le  traité  de 
paix  entre  le  roi  de  France  Si  le  duc  de  Normandie. 
•  De  Longueiue  (Defc.  de  la  France  ,  1,  part. p.  22,) 
dit  que  Gerberoy  eft  une  petite  ville ,  Si  chef  d'une  fei- 
gneurie  de  grande  étendue ,  des  dépendances  de  Fevêché 
&£  comté  de  Beauvais.  Cette  place  étoit  bâtie  Si  avoit 
un  feigneur,  nommé  Fulco  ou  Foulques  ,  fous  le  règne 
de  Robert.  Les  feigneurs  de  Gerberoy  prirent ,  cent  ans 
après ,  le  titre  de  vicedominus  ou  de  vidante ,  parce  qu'ils 
tenoient  leur  château  Si  feigneurie  comme  vaflaux  de 
l'évêque  de  Beauvais ,  qui  etoit  leur  feigneur  fuzerain. 
Les  vicedomini  ou  vidâmes  étoient  des  officiers  établis 
par  les  évêques  pour  adminiftrer  Si  défendre  les  biens  de 
l'églife ,  Si  on  choifit  des  chevaliers  ou  feigneurs  puif- 
fans  qui  fe  rendirent  héréditaires  ,  Si  leurs  évêques  leur 
donnèrent  en  fief  de  grandes  terres.  Tels  font  les  vidâmes 
d'Amiens ,  de  Laon ,  de  Chartres  ,  du  Mans ,  de  Châlons 
Si  de  Meaux.  Pour  les  vidâmes  de  Rouen ,  ils  ont  pris 
le  nom  delà  terre  Si  feigneurie  d'Efneval,  qui  leur  a  été 
donnée  en  fief.  Les  vidâmes  de  Gerberoy  n'ont  jamais 
eu  aucune  fonction  en  l'adminiftration  des  biens  de  l'évê- 
que, comte  de  Beauvais.  La  race  mafeuline  de  ces  fei^ 
gneurs  vidâmes  de  Gerberoy,  ayant  fini  fur  la  fin  du  dou- 
zième fiécle,  l'évêque,  Philippe  de  Dreux,  réunit  Ger- 
beroy à  fon  évêché  Si  comté.  Clémence  de  Gerberoy, 
fille  de  Guillaume ,  Si  nièce  de  Pierre ,  dernier  vidame, 
prétendit  hériter  de  fon  oncle ,  Si  troubla  ,  avec  foa 
mari,  Enguerrand  de  Crevecœur ,  l'évêque  Philippe ,  qui 
néanmoins  fe  maintint  en  pofleffion.  Ce  différend  fut  af- 
foup.i,  l'an  1240,  par  une  tranfaction  paffée  entre  l'évêque, 
Robert  de  Creflonfac ,  Si  Jean  de  Crevecœur,  fils  d'En- 
guerrand  Si  de  Clémence  de  Gerberoy.  Depuis  ce  tems 
les  évêques  de  Beauvais  ont  joui  paifiblement  du  vida- 
me de  Gerberoy,  &  ont  pris  le  titre  de  Vidame  ,  quoi- 
qu'il foit  au-defious  d'eux ,  puifqu'il  eft  proprement  leur 
vaffal  ou  officier. 

GERBES,  (les)  Gerbi  ,  Zerei  ou  Gleves,  ifle 
d'Afrique  ,  au  royaume  de  Tunis ,  dans  la  mer  Médi- 
terranée ,  fur  la  côte  de  Barbarie.  On  ne  fait  fi  c'eft  le 
Gibra,  I'Egimurus,  le  Zeta,  le  Glaucon  des 
anciens.  Marmol  dit  qu'elle  s'appelioit  Méninge ,  d'une 
ville  du  même  nom.  Les  Arabes  l'appelloient  autrefois 
Gémira:  ils  lui  donnent  à  préfent  le  nom  A'Algdbcns,  Si 
les  Efpagnols  celui  de'  Gelves.  Elle  eft  fituée  à  l'embou- 
chure du  golfe  de  Capes,  à  deux  cens  pas  des  petites  fyrtes 
ou  bancs  de  fable ,  Si  fi  près  de  la  terre  ferme ,  que  Pline 
affure  qu'elle  y  étoit  jointe  par  un  pont  que  les  Barbares 
rompirent  pour  fermer  le  partage  à  l'ennemi.  Elle  n'a 
que  îix  lieues  de  tour ,  Si  eft  fous  1,  z  d.  de  latitude  Si  vers 
le  39e  de  longitude.  Ptolomce  Si  Pline  difent   qu'il  y 


GER 


GER 


avoit  deux  villes  dans  cette  ifle,  Meninx  ,_du  côté  du 
continent  d'Afrique  ,  &  Gerra  à  fon  oppofite  à  l'autre 
extrémité.  Les  Romains  s'en  étoient  rendus  les  maîtres 
Ô£  y  avoient  élevé  des  forts  ;  mais  lorfque  les  Sarralins 
s'en  emparèrent  ils  ruinèrent  les  villes  &  les  fortereffes 
dont  on  trouve  encore  des  débris.  On  dit  qu'un  roi  de 
Sicile  s'en  empara  l'an  il  59  ,  &  démolit  une  ville  qui 
fubfiftoît  encore,  fous  le  nom  de  Sïb'dlt.  L'an  1x84, 
Roger  de  Lorie ,  amiral  du  roi  d'Arragon,  la  conquit, 


91 


Pinveftiture  de  l'Empereur,  fe  font  attribué  la  fouverai- 
netéde  Gerenrode.  Elizabeth,  comteffe  de  Wild,  qui 
en  étoit  abbeffe  en  15  21  ,  y  introduifit  le  Luthéranifme. 
Hubner  écrit  ce  nom  Gernrode. 

GERES  ,  vif»:  ,  nom  d'un  peuple  pauvre  &  chauve, 
dans  la  Chaonie  ,  félon  Suidas. 

GERESHEIM  ou  Gerensheim  ou  Gerltzheim  , 
petite  ville  d'Allemagne,  furie  Rhin,  dans  l'électorat 
de  Mayence,  entre  "Worms  et  Oppenheim ,  à  moitié  che- 


fes  defcendans  en  ont  été  les  maîtres  pendant  plufieurs  min ,  quand  on  y  va  par  eau  ,  en  tirant  vers  le  Bergftrafs, 

années.  Les  Turcs  s'en  emparèrent  par  la  fuite,  &  l'ont  &  à  côté  vers  Darmftadt.    La  ville,  qui  eft  accompagnée 

toûjoursconfervéedepuis.Elles'eftrepeupléepar hameaux,  d'un  château  ,  eft  dans  un  fond  marécageux.  C'eft  appa- 

On  y  trouve  quelques  villages  qui  font  défendus  par  une  remment  la  même  choie  que  Gerlet^on  de  Davity  &  da 

tour  qui  eft  fur  le  bord  de  la  mer ,  &:  qui  fut  bâtie  par  les  Corneille.  *  Zeykr , ,  Mogunt.  Topogr.o.  14. 
Catalans.  Les  habitans  parlent  l'ancienne  langue  d'Afri-         GERESPA ,  Ttpitntx  ,  ancienne  ville  dAfie ,  dans  la 

que ,  &  dépendent  du  Pacha  de  Tripoli.  Les  terres  y  font  Médie  ,  félon  Ptolomée ,  /.  6 ,  c.  2  :  quelques  exemplai- 

légeres ,  &  l'on  n'y  recueille  que  de  l'orge  ,  encore  en  res  portent  Gerepa  ,  d'autres  Geresa.  Elle  étoit  dans 

très-petite  quantité  ,  &  à  force  de  les  labourer  &£  de  les  l'intérieur  du  pays. 

arrofer.  En  récompenfe  il  y  a  beaucoup  de  figues,  d'olives,  GERESTÔ,  Gerestus  ,  petite  ville  de  l'Archipel, 
&  quantité  de  raifins  que  les  habitans  font  fécher  &  en-  dans  l'ifle  de  Négrepont ,  près  du  cap  de  Memello  ,  fur 
voient  à  Alexandrie  &£  ailleurs.  Il  s'y  tient  une  foire  toutes  la  côte  méridionale  de  l'ifle  où  elle  fe  tourne  à  l'orient, 
les  femaines ,  où  fe  trouvent  des  Turcs ,  des  Maures  &c  environ  à  quinze  milles  de  Carifto  ,  ou  Château-Roux  , 
des  Chrétiens  qui  y  vont  chercher  des  cuirs  de  vache,  vers  le  midi,  &£  un  peu  plus  de  l'ifle  d'Andro  au  cou- 
des laines  &  des  raifins  fecs.  On  trouve  fur  la  côte  de  chant.  Toute  l'ifle  eft  au  Turc.  *  Baudrand ,  éd.  1705. 
l'ifle  cet  arbre  que  les  anciens  appelloient  lothus ,  dont  GERET./E ,  ancien  peupte  de  l'Inde ,  félon  Pline.  Le 
le  fruit  eft  jaune  comme  du  fafran ,  &  de  la  groffeur  d'une  P.  Hardouin  croit  qu'il  faut  lire  Gereat^E  ,  &:  qu'il  eft 
fève.  Le  goût  en  eft  fi  agréable,  lorfqu'il  eft  mûr ,  que  les  queftion  des  habitans  de  Geria.  Voyez  Geria. 
Grecs  difoient  que  ceux  qui  en  avoient  goûté',  oublioient  GERGEAU.  Voyez  Jargeau. 
leurpatrie.Lespoëtesontimaginéqu'Ulyffeyfutjettéavec  GERGENTI,  ville  épifcopale  de  Sicile,  dans  la  vallée 
fes  compagnons  ,  &  qu'ayant  mangé  du  lothus  ,  ils  per-  de  Mazare ,  près  la  côte  méridionale  ,  au  bord  de  la  ri- 
dirent  le  defir  de  retourner  dans  leur  patrie  ;  de-là  vient  viere  de  S.  Blaife  ,  fur  une  colline,  avec  un  bon  château. 
qu  on  appelloit  cette  ifle  Lothophagites  ,  &C  fes  habitans  Syracufe  étoit  autrefois  fa  métropole  ;  c'eft  aujourd'hui 
Lothophagts.  Les  Italiens  nomment  ce  fruit  Bagolaro.  Palerme.  On  n'y  peut  aborder  que  par  un  feul  endroit  ; 
*  Dapper.  Afrïq.  p.zoï;  Marmol.  Afriq.  1.6,  c.  41,/. 2,  ce  qui  la  rendaflez  confidérable.  Elle  a  été  autrefois  une 


GERBEVILLER  ,  petite  ville  de  Lorraine  dans  la 
prévôté ,  &  au  couchant  de  Deneuyre.  Elle  a  titre  de 
marquifat  :  il  y  a  un  couvent  de  Carmes-DéchauiTés  , 
&  une  maifon  religieufes  des  filles. 

GERBO  ,  village  de  l'Ethiopie ,  fous  l'Egypte  ,  près 
du  Nil,  à  l'orient,  félon  Ptolomée,  /.  4,  c.  7. 

GERBOREDUM ,  nom  latin  de  Gerberoi. 

GERCELVIN.  Voyez  Garciluin. 


des  plus  confidérables  de  l'ifle.  On  la  nommoit  alors 
Agrigente. 

GERGESA.  Voyez  Gerasa. 

GERGÉSÉENS  (les)  anciens  peuples  de  la  terre 
de  Chanaan  ,  Se  deicendant  de  Gergefeus ,  cinquième 
fils  de  Chanaan.  La  demeure  de  ces  peuples  étoit  au-delà 
de  la  mer  de  Tibériade  ,  où  l'on  trouve  des  veftiges  de 
leur  nom  dans  la  ville  de  Gergefe  ,  fur  le  lac  de  Tibé- 
riade.  Les  docteurs  Juifs  (  Gemar.  Jerqfofym.  in  Sche- 


GERCI ,  abbaye  de  filles ,  ordre  de  S.  Benoît ,  dans  biith.  c.  6.  Maimonid.  Halas.  Mel.  c.  6.  )  enfeignent  que 
l'ifle  de  France  ,  au  diocèfe  de  Paris ,  à  une  lieue  au  les  Gergéféens,  à  l'entrée  de  Jofué  dans  la  terre  de^Cha- 
couchant  de  Brie.  Elle  fut  fondée  par  Alfonfe ,  comte  de  naan ,  abandonnèrent  leur  pays ,  plutôt  que  de  fe  fou- 
Poitiers  &  de  Toùloufe ,  6c  par  Jeanne  fa  femme.  Elle  mettre  aux  Hébreux.  Les  rabbins  croient  que  Jttfué  pro- 
fut  habitée  par  des  chanoinefîes  de  S.  Auguftin ,  jufqu'au  pofa  aux  Chananéens  trois  conditions,  la  fuite,  l'affu- 
feizieme  fiécle.  jétiffement ,  oulaguerre.  Les  Gergéféens  prirent  la  fuite  , 

GERDICA  :  Curopalate  nomme  ainfi  un  fiége  épif-  &  fe  retirèrent  en  Afrique.  Les  Gabaonites  fe  fournirent 

copal ,  in  Officiai.  Gonflantinop.  Ortélius  foupçonne  que  à  la  fervitude  ,  &  les  autres  Chananéens  firent  là  guerre. 

ce  pourroit  être  Serdica  ,  ou  Sardiqut  en  Thrace.  Le  G  _  C'eft  une  ancienne  tradition  que  plufieurs  Chananéens 


&t  l'S  ont  fouvent  été  changés  l'un  pour  l'autre. 
GEREATjE.  Voyez  Gerat^e. 
GERE  AT  IS  ,   lieu  d'Afrique,  dans   la   Martinique, 
félon  Antonin ,  Itiner.  Il  le  met  entre  Jucundia  &  le 
mont  Catabathmos,  à  xxxn.  M.  Y.  du  premier,  tk  à 
xxxv.  m.  P.  de  l'autre. 

GEREN  ,  ville  tk  village  de  Pille  de  Lesbos,  félon 
Etienne  le  géographe. 

f.  GERÊNIA,  ville  du  Péloponnefe,  danslaLaconie. 
Voyez  Gerania  3. 

2.  GERANIA ,  ville  d'Italie.  Voyez  Gerunium. 
GERENIUS ,  rivière  du  Péloponnefe  ,  dans  l'Elide  , 
félon  Strabon  ,  /.  8. 

GERENRODE  ,    félon  Zeyler  ,  Saxon.  Topograph. 
/>.86,  ou  Geringerode  ,  petite  ville  de  lahaute  Saxe, 

dans  la  principauté  d'Anhalt ,  aflez  près  de  la  petite  ville  purent  contefter  leur  fuite  , 
d'Ermfleben.  Il  y  a  à  Gerenrode  une  abbaye  de  dames,  d'être  condamnés, 
fondée  par  le  duc  Geron.  Spangenberg,  dans  faChroni-  Ceci  ,  continue  D.  Calmet  ,  n'eft  qu'un  conte  des 
que;  Mansfeld,  c.  141,  dit  que  ce  duc,  n'ayant  aucun  fils  rabbins  ,  qui  prouve  la  perfuafion  où  ils  font  que  les 
ni  héritier,  fonda  cette  abbaye,  &  y  laiffa  pour  première  Gergéféens  fe  retirèrent  du  pays  de  Chanaan  lorfque 
abbeffe  Edwige,  veuve  de  fon  fils.  Il  mourut  Fan  965  ,  Jofué  y  entra.  Il  eft  pourtant  certain  qu'il  en  demeura 
comme  il  paroît  par  fon  épitaphe  que  voici  :  Gcro  dux  ,  beaucoup  dans  le  pays ,  puilque  Jofué  lui-même ,  c.  24, 
fundatorçcck[iœSaxonum,dnnoDomini<)6*l.-x.lv.  Kal.  y.  1 1 ,  nous  apprend  qu'il  vainquit  les  Gergéféens;  &: 
Julii  obiit  illuflriffimus  dux  &  marchio ,  liujus  eccle/îœ  ceux  qu'il  vainquit  étoient  certainement  au-deçà  du  Jour- 
fundator ,  cujus  anima  requiej'cat  in  pacc.  L'abbeffe  a  eu  dain.  Il  fe  peut  donc  faire  que  ceux  qui  fe  fauverent  en 
rang  parmi  les  prélats  du  banc  de  "Weftphalie;  mais  cela  Afrique  fuffent  des  Gergéféens  de  de-là  de  la  mer  de 
n'eft  plus.  Les  princes  d'Anhalt  qui  étoient  les  avoués  Tibériade,  &  que  les  autres  foient  demeurés  dans  le  pays, 
de  cette  abbaye  ,  &C  en  avoient  ce  que  les  Allemands  On  peut  voir  la  differtation  de  D.  Calmet  fur  le  pays  où 
appellent  die  Bogten  ,  ou  la  prévôté ,  dont  ils  reçoivent  fe  retirèrent  les  Chananéens  chaffés  par  Jofué.  Elle 
*    "  Tome  IH.     Mij 


fe  retirèrent  en  Afrique,  lorfque  Jofué  entra  dans  la  terre 
promife.  Procope  dibdl.  Mandai,  le  dit  formellement. 

Les  dofteurs  Hébreux  (  Talmud ,  Parek  ,  Chekt ,  ) 
racontent  que  les  Gergéféens  vinrent  porter  leurs  plaintes 
devant  Alexandre  le  Grand ,  lui  demandant  la  reftitu- 
tion  de  leur  pays  qu'ils  foutenoient  avoir  été  ufurpé  par 
les  Hébreux.  Alexandre  fit  citer  les  Juifs  pour  répondre 
à  cette  aceufation.  Ceux-ci  comparurent,  &  foutinrent 
que  loin  qu'ils  duflent  aux  Gergéféens,  ces  peuples  étoient, 
au  contraire ,  des  efclaves  fugitifs  qui  dévoient  leur  être 
rendus  avec  tous  les  dommages  que  leur  avoit  caufés  une 
fuite  de  tant  de  fiécles. 

Ils  prouvèrent  que  les  Gergéféens  étoient  efclaves  pat 
l'arrêt  que  Noé  prononça  contre  Chanaan  Gcnef.  c.  9, 

24.  Malediclus  Chanaan  ,fervus  fervorum  erit.  Us  ne 
fe  retirèrent,   craignant 


92  GER 

eft  dans  notre  Recueil  des  Traités  hiftoriques  &  géo- 
graphiques. 

i.  GERGETHA  ,  ancien  village  dans  la  Myfie  , 
auprès  des  fources  du  Caïque  ,_  félon  Strabon,  /.  13, 
p.  616,  qui  dit  qu'Attale  y  conduifit  les  Gergéthiens  de  la 
Troade ,  après  qu'ils  eurent  perdu  leur  ville: 

2.  GERGETHA,  ancienne  ville  de  la  Troade.  Stra- 
bon dit  que  dans  le  territoire  de  Lampfaque  eft  un  li§u 
bien  planté  de  vignes,  nommé  Gergethion,  où  a 
fubfifté  une  ville  \  nommée  GERGETH£  ,  bâtie  par  les 
Gergéthiens  du  territoire  de  Cumes.  Car  il  y  en  avoit 
une  autre  ,  nommée  Gergethes  au  pluriel  6c  au  féminin , 
qui  étoit  la  patrie  de  Céphalon  Gergethien-.  Voilà  bien 
des  lieux  diftin&ement  marqués  par  Strabon  dans  ce 
partage. 

§.  1.  Un  lieu  nommé  Gergethion  ,  qui  étoitun  vigno- 
ble ,  dans  le  territoire  de  Lampfaque. 

2.  Une  ville  ,  nommée  Gcrgctha  au  même  canton. 

3.  Une  ville,  nommée  Gergethes  dans  le  territoire  de 
Cuma  ,  ville  de  l'jEolide  ,  dans  le  golfe  Elaïtique.  C'eft 
de  cette  ville  qu'étoient  les  Gergéthiens  ,  qui  bâtirent 
celle  de  Gergetha ,  près  de  Lampfaque. 

4.  Si  on  y  ajoute  le  partage  cité  dans  l'article  précédent  j 
il  y  avoit  une  autre  Gergetha  ,  qui  n'étoit  qu'un  village 
affez  avant  dans  les  terres ,  près  des  fources  du  Caïque , 
félon  le  même  Strabon. 

Voyons  maintenant  auquel  de  ces  lieux  conviennent 
les  partages  d'Etienne  ,  de  Xénophon ,  d'Hérodote  6c 
de  Pline  ,'  que  le  P.  Hardouin  applique  à  un  feul  & 
même  endroit.  Le  partage  d'Hérodote ,  c.  43  ,  au  VII 
livre  ,  porte  :  dès  qu'il  fut  jour  ,  il  partit  de-là  &  ferrant 
fur  la  gauche  la  ville  de  Rhoition,  Ophryneon  Se  Dar- 
danus  qui  eft  voifine  d'Abidos ,  à  fa  droite  les  Gergithes 
ôc  les  Troyens  (  Teucros  ).  Il  eft  clair  qu'il  eft  queftion 
là  des  Gergéthiens  du  territoire  de  Lampfaque ,  6c  non 
pas  de  ceux  du  territoire  de  Cyme  ou  Cumce  ,  qui  étoient 
dans  fOEolide  bien  lbin  de-là.  Je  dis  la  même  chofe  du 
paflage  du  cinquième  livre.  Hymées  ,  p.  122,  ayant 
pris  Cios ,  ville  de  la  Myfie ,  fur  la  Propontide  ,  Se  ayant 
appris  que Daurife,  quittant  l'Hellefpont,marchoit  vers  la 
Carie ,  il  abandonna  la  Propontide ,  conduifit  fon  armée 
Vers  l'Hellefpont ,  prit  tous  les  jEoliens  qui  habitent  la 
côte  d'Ilium  ;  il  prit  aufli  les  Gergithes ,  qui  étoient  un 
refte  des  anciens  Troyens  (Teucn).  Il  pouffa  enfuite  fa 
conquête  jufqu'à  la  ville  de  Troade  ,  où  il  mourut.  L'Hel- 
lefpont eft  trop  bien  marqué  dans  ce  paflage.  Lampfaque 
6e  Gergiéie  étoient  le  long  de  l'Hellefpont.  Les  jEoliens 
étoient  les  habitans  de  ce  pays ,  originaires  de  l'jEolide. 
Il  paraît  au  contraire  par  tout  ce  qui  précède  le  partage 
de  Xénophon ,  Hijl.  Grcec.  I.  3  ,  p.  482 ,  qu'il  s'y  agit 
de  la  Gergethes  de  Strabon ,  qui  étoit  dans  l'^Eolide.  Il 
eft  hors  de  doute  que  la  Gergitos  de  Pline,  qui  ne  fubfiftoit 
déjà  plus  de  fon  tems  ,  étoit  dans  l'jEolide,  pitifqu'il  la 
nomme  avec  Elée ,  Pitane  &  autres  villes  de  cette  pro- 
vince. Le  partage  d'Etienne  regarde  Gergis  ou  Gergithus 
dans  la  Troade.  Voyez  Athénée  au  fixieme  livre. 

GERGINA  ,  ancienne  ville  d'Afie  ,  dans  la  Phrygie  , 
au  pied  de  mont  Ida,  felun  Athénée  ,  qui  dit  qu'on  l'ap- 
pelloit  aufli  Gergitha.  *  Ortel.  Thefaur. 
GERGIS  ,  ■) 

GERGITHA,     C  Voyez  Gergetha  5c  GERGINA. 
GERGITHUS,  i 

GERGITHIUM.  Voyez  Marpessus. 
GERGOBIA ,  &c 

GERGOBINA.  Voyez  GfrgoviA. 
GERGOIE  ,  en  latin  Gergovius  mons,  montagne  de 
France  ,  dans  l'Auvergne  ,  près  de  la  ville  de  Clermont. 
On  voit  fur  cette  montagne  les  mafures  de  l'ancienne 
Gergovie ,  ville  des  Gaulois  Boyens.  Clermont  a  été 
bâtie  de  fes  ruines ,  8c  lui  a  fuccédé  pour  le  fiege  épifco- 
pal.  *  Baudrand  ,  éd.  lJO%. 

GERGOVIA,  Gergobia,  Gergobina  :  les  fça- 
vans  difputent  s'il  y  a  eu  deux  villes  nommées  Gergovia, 
ou  une  feule  ;  leur  doute  eft  fondé  fur  quelque  variété 
qu'il  y  a  entre  les  expreffions  de  Cefar,  dans  fes  Commen- 
taires. Voici  les  partages  5c  les  opinions  :  le  lefteur  en 
jugera. 

Cefar,  debell.  G  ail.  l.j,  c.  9,  dit  que  Vercingétorix 
ramena  fon  armée  dans  le  Berri ,  6c  alla  attaquer  Gergobia  t 
ville  des  Boyens  que  Cefar  y  avoit  placés  Se  annexés 
aux  vEduens,  après  les  avoir  vaincus  dans  un  combat  livré 


GER 


aux  Suiffes.  On  lit  enfuite  que  Cefar,  ayant  parte  la  Loire 
à  Orléans  ,  traverfa  le  Berri  pour  venir  chez  les  Boyens  au 
fecours  de  cette  place.  Voilà  pour  ce  qui  regarde  lzGer- 
gobia  ouGergovia  des  Boyens. 

D'un  autre  côté,  il  eft  dit  que  Cefar  partagea  fon  armée 
en  deux  corps  ;  qu'il  donna  quatre  légions  à  Labïenus  pour 
fe  rendre  dans  le  territoire  de  Paris.  6c  dans  le  Sénonois  , 
qu'il  en  garda  fix  avec  lefquelles  il  avança  dans  l'Auvergne  j 
vers  Gergovia  ,  le  long  de  l'Allier.  Les  détails  qu'il  fait 
enfuite  du  fiége  annoncent  que  la  ville  étoit  fituée 
fur  une  montagne  6c  dans  la  même  fituation  que  les  ma- 
fures de  Gergoie ,  auprès  de  Clermont.  Ainfi  on  ne  doute 
nullement  que  cette  Gergovia  d'Auvergne  n'ait  été  fur 
cette  même  montagne ,  qui  en  conferve  encore  le  nom. 
Il  s'agit  de  favoir  fi  elle  étoit  unique  ,  6c  fi  la  Gergovie 
des  Boyens  eft,  la  même  que  celle  d'Auvergne.  Sanfon 
le  prétend,  dans  fes  Remarques  fur  fa  Carte  de  l'ancienne 
Gaule:  la  pofition  As  Gergovia  eft,  dit-il,  fort  difputée, 
parce  que  Cefar  met  une  fois  Gergovia  in  Boiis  ,  6c  tou- 
tes les  autres  fois  Gergovia  in  Arvernis  :  il  y  en  a  qui  en 
font  deux  places  différentes  ,  expliquant  l'une  Moulins 
en  Bourbonnois,  6c  l'autre  Clermont  ou  Gergoie, 
près  de  Clermont  en  Auvergne.  Je  crois  qu'il  n'y  a  eu 
qu'une  Gergovie  ,  5c  que  c'eft  Clermont  en  Auvergne. 
Deux  villes  capitales  de  deux  peuples  ne  peuvent  porter 
le  même  nom  fans  quelque  diftinftion  ;  de  plus  ,  aucun 
auteur  ancien  ne  cite  d'autre  Gergovia  que  celle  d'Au- 
vergne. De-là  on  peut  conclure  que  Cefar  a  placé  une 
fois  Gergovia  in  Boiis ,  6c  toutes  les  autres  in  Arvernis , 
parce  que  les  peuples  Boii  ayant  été  placés  entre  Aiiui , 
Arverni ,  5c  Bituriges ,  il  s'en  mêla  quelques-uns  ,  félon 
toutes  les  apparences ,  avec  les  Arverni  dans.  Gergovia. 
Cette  ville  a  porté  fucceffivement  trois  noms  ;  le  premier 
Gergovia  ,  qui  eft  tiré  de  la  langue  celtique  :  Auguflone- 
metum  lui  a  été  donné,  lorfque  toute  la  Gaule  fut  réduite 
en  province  ,  6c  fujette  aux  Romains.  Elle  a  pris  enfuite 
celui  d'Auvernum  du  nom  Arverni,  peuple  qui  habitoit  ce 
pays  dont  elle  étoit  capitale.  Or  il  eft  inconteftable  qu'Au- 
vent ou  Arvernum  municipium,  eft  Augujlonemetum,  6c 
qu' ' Augujlonemetum  eft  Gergovia.  Si  quelque  montagne 
voifine  porte  le  nom  de  Gergoie  ,  c'eft  parce  qu'elle  étoit 
proche  Gergovia,  qui  le  lui  a  communiqué  ;  6cs'il  y  a  quel- 
ques ruines  de  bâtimens'tfur  la  montagne,  c'eft  que  les  guer- 
res auront  été  caufe  que  les  uns  6c  les  autres  s'y  feront  for- 
tifiés, 6cc.  Grenade  en  Efpagne  s'eft  autrefois  appelle 
Elvire  ,  6c  a  communiqué  fon  nom  à  la  montagne  voi- 
fine ;  mont  à'Eliberis.  Ce  nom  s'eft  corrompu ,  les  Es- 
pagnols difent  la  Sierra  d'Elvira.  Gergovie  aura  ainfi 
communiqué  le  fien  à  la  montagne  voifine  qui  s'appelle 
aujourd'hui  Gergoie. 

Sanfon  fe  contente  d'établir  que  Gergevia  in  Arvernis 
eft  la  même  que  Vercingétorix  voulut  affiéger  ,  qui  étoit 
habitée  par  les  Boyens,  enfin  qu'elle  eft  la  même  qu'^a- 
verni  dans  le  moyen  âge.  Il  devoit  apporter  des  preuves; 
car  on  eft.  certain  que  c'étoient  deux  villes  différentes  , 
dont  l'une  s'eft  accrue  des  ruines  de  l'autre.  Voyez 
Clermont.  Il  donne  pour  preuve  l'opinion  que  Gre- 
nade a  été  appellée  Eliberis.  Cette  opinion  a  befoin 
d'être  elle-même  prouvée. 

Voici  des  fentimens  oppofés  à  Sanfon. 

Cefar ,  en  parlant  de  la  Gergovia  in  Boiis,  dit  qu'elle 
étoit  annexée  aux  iEduens  ;  c'eft  ce  qu'on  ne  peut  pas 
dire  de  Gergovia  in  Arvernis ,  qui  étoit  aux  Auvergnats. 
Les  habitans  de  la  première  Gergovie  tenoient  pour 
Cefar,  6c  c'eft  pour  cela  que  Vercingétorix  les  vouloir, 
affiéger  :  Cefar  vint  au  fecours ,  6c  l'ennemi  quittant  le 
fiége  ,  laiffa  la  ville  aux  Romains.  Les  habitans  de  Ger- 
govie d'Auvergne  n'étoient  rien  moins  que  partifans  de 
Cefar  ;  6c  il  lui  encoûta  bien  des  fatigues  pour  la  foumettre. 
Si  c'étoit  la  même  ,  pourquoi  n'étoit-elle  plus  dans  les 
intérêts  de  Cefar  ?  Comment  avoit-elle  époufé  ceux  de 
Vercingétorix  ?  On  convient  que  les  Boii  occupoient  le 
Bourbonnois.  C'étoit  fon  chemin  pour  venir  au  fecours 
de  Moulins.  Les  Boyens  6c  les  Auvergnats  étoient  diffé- 
rens  peuples  ,  qui  empêche  que  chacun  d'eux  n'ait  eu  une 
ville  nommée  Gergovia  qui  n'avoit  rien  de  commun  que 
le  nom  ? 

Il  y  avoit  deux  Gergovies ,  félon  Cefar  qui  les  diftin- 
gue  très-bien  ;  car  pourquoi  auroit-il  varié  ,  s'il  n'y  en 
eût  eu  qu'une  ? 

La  première,  chez  lès  Boïens ,  affiégée  par  Vercingéto* 


CER 


xîx ,  félon  le  premier  pafTage  ,  Se  c'eft  préfentement  Mou* 
Uns  en  Bourbonnois.  Son  nom  eft  diverfement  écrit  ; 
•quelques  manuscrits  portent  Gergoviam  ,  d'autres  Gergo- 
biam ,  d'autres  Gergcbinam  ;  Se  la  verfion  gréque  des 
ommentaires  de  Cefar ,  porte  tipyj&itâah 

L'autre  Gergovie  chez  les  Auvergnats  ,  affiégée  par 
Cefar  lui-même  ,  eft  préfentement  détruite.  CÏermont 
que  Sanibn  croit  être  en  la  même  place  ,  en  eft  à  une 
lieue ,  dans  un  terrein  très-di  fférent. 

Sanibn,  aurefte,  n'eft  pas  le  premier  qui  ait  contefte 
cette  premier  Gergovie.  Scaliger  le  fils  avoit  entermé  ce 
mot  entre  deux  crochets,  comme  lui  étant  fufpecL  Mais  fon 
autorité  ne  prouve  rien.  Ce  hardi  Critique  a  tait  bien  des 
prétendues  corrections  qu'on  a  été  obligé  de  rétablir  fur 
les  manufcrits.  La  raiibn  qu'allègue  Sanfon  ne  prouve 
pas  davantage,  quand  il  dit  :  ce  nom  n'aura  pas  été  donné 
à  deux  villes  capitales  de  deux  peuples  voifins  ,  fans  y 
mettre  quelque  diftinftion.  Qui  lui  a  dit  que  ce  fuflent 
deux  capitales  ?  Pourquoi  n'y  auroit-il  pas  eu  deux  Ger- 
govies  ?  Il  y  avoit  bien  trois  Noviodunum  dans  la  Gaule  ; 
quelle  autre  diftinftion  falloit-il  que  celle-ci  Gergovia 
Boïorum  Se  Gergovia  jirvernorum.  Ortélius  a  été  du 
même  fentrment  que  Sanfon.  Après  avoir  dit  que  Ger- 
govia in  Boris  Oppidum  eft  Moulins ,  félon  Belleforêt 
&  Paradin,  ou  plutôt  Monduçon  ou.Nery ,  où  il  y  a  des 
bains  Se  des  antiquités  Romaines  ,  félon  Vigenere  ,  il 
ajoute;  je  crois  que  ce  mot  eft  mal  écrit  Se  que  c'eft  la 
même  Gergobia  que  Cefar  donne  aux  Boyens,  Se  Strabon 
aux  Auvergnats.  Cela  feroit  bon,  fi  Cefar  n'eût  parlé  que 
delà  Gergovie  des  Boyens.  Mais  il  parle  aufli  de  celle  de 
Strabon.  Il  la  met ,  comme  lui ,  dans  l'Auvergne  Se  en 
fournit  toutes  les  différences  ;  c'eft  ce  qui  rend  inutile  la 
conjecture  d'Ortélius. 

GERIA  ,  ville  des  Indes ,  félon  Etienne  le  géogra- 
phe. Pline  nomme  un  peuple  des  Indes  Gereiœ.  Le  P. 
Hardouin  croit  qu'il  faut  lire  Gcreatte  ,  de  la  Gertia  ou 
peria,  n/peta,  d'Etienne. 

GERINE,  lieu  d'Afie,  entre  Pergame  ScThyatirej 
félon  Antonin. 

GERION.  Voyez  Gerunium. 
GERIONA.  Voyez  Gerunda. 
GERIS  A  ,  ancienne  ville  de  l'Afrique  proprement  dite, 
félon  Ptolomée  ,  /.  4 ,  c.  3 .  Elle  étoit  entre  les  deux 
Syrtes. 

GERIZE  ,  ou  Gerizet-ber-Omar  ,  ville  d'Afie , 
dans  la  Mélbpotamie ,  fur  le  Tigre  ,  à  75  d.  30'  de  lon- 
gitude ,  &  à  37  d.  de  latitude.  *  Hijl.  de  Timur-Bec,  t.  3, 
c.  36. 

GERMA,  ville  d'Afie  ,  fur  l'Hellefpont ,  auprès  de 
Cyzique,  félon  Etienne  le  géographe ,  Se  Socrate  le  fcho- 
liafte.  Selon  Ptolemée,  Germa  étoit  une  colonie  que 
les  Gaulois  Toliftoboïens  avoient  fondée  dans  la  Gala- 
tie.  Voyez  Germe  ,  Girmasti  Se  Hiera-Germa. 

GERMAINS ,  (les)  anciens  peuples  qui  habitoient  la 
Germanie ,  ou  l'Allemagne  d'aujourd'hui.  Voyez  Ger- 
manie. 

GERMALUM  ,  quartier  de  Rome.  Feftus  Pompeius 
nomme  Cermalus  ,  par  un  C ,  une  des  montagnes  de  la 
ville.  Plutarque,dans  laVie  de  Romulus,  trad.  de  M.  D  acier, 
t.  1  ,  p.  1*5  ,  nomme  Germicum  un  lieu  qu'on  appelloit 
autrefois  Gennanum ,  à  caufe  des  deux  frères  Romulus 
ck  Remus  ;  mais  il  ne  dit  pas  que  ce  tut  une  montagne  ;  au 
contraire  ,  c'étoit  un  lieu  bas ,  au  bord  du  Tibre ,  Se  au 
pied  du  mont  Palatin ,  où  les  eaux  portèrent  le  berceau  de 
Romulus  Se  de  Remus. 

GERMANES  :  c'étoit  moins  un  peuple  qu'une  fefte 
de  philofophes  ,  dans  la  Carmanie.  On  les  nommoit 
auflî  Hylobiens ,  félon  Strabon,  /.  15.  Ortélius  trouve 
qu'ils  font  mal  nommés  Sarmanes  Se  Allobiens  par  Clé- 
ment d'Alexandrie ,  Se  que  ce  font  les  Germanii  d'Hé- 
rodote. 

GERMANI ,  Tipuâvu,  ancien  peuple,  fur  les  Palus- 
Méotides ,  félon  Denys  le  Periégete.  Voyez  ORETANI. 
GERMANICI  SALTUS.  Voyez  Hercinie. 
GERMANICIA ,  ancienne  ville  d  Afie,  en  Syrie,  dans 
la  Comagéne ,  auprès  du  mont  Aman  ,  félon  Ptolomée , 
/.  5  ,  c.  1 5  ;  Se  Antonin  ,  hiner.  décrit  deux  routes  qui 
partoient  de  cette  ville  pour  fe  rendre  à  Edeffe  ,  l'une 
par  Doliche  8c  Zeugma ,  Se  l'autre  par  Samofate.  Cette 
ville  eft  devenue  fameufe  dans  l'hiftoire  ecsléfiaftique , 


CER   ......  9j 

parce  qu'Eudoxe,  (M  hérétique,  en  étoit  éVêque,  Se 
qu'elle  étoit  la  patrie  (b  )  de  Neftorius ,  autre  hérétique 
célèbre.  Théodoret ,  /.  2,  c.  2.5  ,  dit  :  Germanicie  eft 
une  ville  de  l'Euphratenfe.  C'eft  ainfi  qu'on  appelle  cette 
province  :  elle  eft  aux  confins  de  la  Cilicie  ,  la  Syrie  &  la 
Cappadoce.  Elle  a  porté  le  nom  de  Cefarée  ,  qui  ne  fe 
donnoit  qu'à  des  villes  d'un  rang  peu  commun.  C'eft 
dans  cette  ville  que  Percennius  prit  la  pourpre  impé- 
riale. *  (a)  Socrat.  Hift.  Ecclef.  I,  z,c.  27.  (b)  Ibid. 
/.  7,  c.  29. 

GERMANICIANA  ,  ville  de  l'Afrique  propre,  fur  là 
route  de  Thévefte  àTufdrum  , .entre  Aquœ-regice  &Elices, 
à  vingt-quatre  milles  du  premier  lieu ,  Se  à  feize  milles  du 
fécond.  S.  Cyprien  fait  mention  de  Begermaniciana  dans 
le  Concile  de  Cartilage.  Le  feptiéme  nomme  un  évêque 
Abbintanus  epifeopus  ,  aliàs  G ermanicianorum, 

1 .  GERMANICOPOLIS,  ville  de  l'Afie  mineure,felon 
Pline ,  /.  5  ,  c.  32  :  elle  étoit  voifine  de  la  rivière  de  Ge- 
bes  aux  confins  de  la  Bithynie  Se  de  la  Mcefie.  Pline  dit 
qu'on  la  nommoit  auffi  Helgas  Se  Boofcoete.  Sur  quoi  le 
P.  Hardouin  obier ve  que  le  premier  de  ces  deux  noms 
eft  barbare  ,  Se  le  fécond  grec  :  v,oh  r-or*  veut  dire  le 
lit  du  bœuf.  Cette  ville  étoit  très-différente  de  celle  dont 
il  eft  parié  dans  l'article  qui  fuit. 

2.  GERMANÏCOPOLIS,  ville  d'Afie ,  dans  l'Ifaurie. 
Ammien  Marcellin  ,  /.  27  ,  c.  9  ,  en  fait  mention  ;  Se 
Valois  obferve  que,  fous  Valentinien  Se  Valens  ,  l'an 
368,  l'Ifaurie  étoit  partagée  entre  les  Romains  Se  les 
Barbares ,  Se  avoit  deux  capitales  ;  Séleucie  pour  les  Ro- 
mains ,  Se  Germanicopolis  pour  les  Barbares  ;  Se  cite 
ConftantinPorphyrogénete,  lib.  1 ,  de  Provinciis ,  c.  13  , 
qui  le  dit  dans  la  Notice  des  évêques  qui  fouferivent  au 
Concile  de  Chalcédoine.  Le  premier  des  évêques  de 
de  l'Ifaurie  eft  Bafile  de  Séleucie,  le  dernier  eft  Tyran  de 
Germanicopolis ,  Germanicenjis.  Les  Notices  de  Léon  le 
Sage ,  de  Hieroclès  Se  du  patriarchat  d'Antioche  mettent 
Germanicopolis  pour  une  des  villes  épifcopales  d'Ilàurie? 
celle  de  l'abbé^  Milon  la  place  dans  l'Arménie  qu'elle 
étend  jufques-là  ;  Se  elle  la  nomme  dans  cette  province , 
avec  Irénopolis  ,  Se  les  autres  villes  Subordonnées  à  Sé- 
leucie. 

3 .  GERMANICOPOLIS.  Juftinien ,  Novell.  29 ,  c.  1 , 
nomme  fix  villes  de  la  Paphlagonie  ,  Germanicopolis  , 
Pompeïopolis  ,  Dadybri  ,  Tumuli  ,  Amaftridis  Se  Iono- 
polis.  La  Notice  de  Hieroclès  met  aufli  dans  la  Paphla- 
gonie fix  villes  ,  Gangra  ,  Pompeiopolis ,  Sora ,  Ama- 
Jlrium ,  Junopolis  Se  Dadybra  ;  mais  elle  ne  fait  nulle 
mention  de  Germanicopolis.  Ptolomée ,  /.  5  ,  c.  4 ,  place 
Germanbpolis  dans  la  Paphlagonie.  C'eft  la  même  ville 
que  nomme  Juftinien  ,  Se  qu'il  met  entre  les  fix  villes 
que  la  Paphlagonie  avoit  originairement ,  c'eft-à-dire  , 
avant  qu'on  y  eût  joint  l'Honoriade. 

GERMANICUM  CASTRUM,  nom  latin  de 
Germigni. 

GERMANICUM  MARE.  Les  ?  anciens  appelaient 
ainfi  l'Océan  depuis  la  Viftule  jufqu'au  Texel. 

GERMANIE  :  ce  nom  a  été  commun  à  la  Germanie 
proprement  dite ,  Se  à  une  partie  de  la  Gaule  Belgique. 
Pour  ne  point  faire  de  contufion  ,  nous  les  traiterons  fé- 
parément ,  en  commençant  par  la  Germanie  propre,  ul- 
térieure ,  ou  Transrhenane  ,  nommée  aufli  la  grande 
Germanie  ;  Se  nous  parlerons  enfuite  de  la  Germanie  ci- 
Cisrhenane  ou  Belgique. 


De  la  grande  Germanie. 

GERMANIE,  (la)  grand  pays  de_ l'Europe,  au 
centte  de  cette  partie  du  monde ,  autrefois  habité  par 
divers  peuples  ,  ausquels  le  nom  de  Germains  étoit  com- 
mun. Comme  ce  pays  n'a  pas  toujours  eu  les  mêmes 
bornes  ,  nous  examinerons  ce  que  les  anciens  géographes 
nous  en  apprennent  en  divers  rems.  Nous  ferons  obligés 
d'avoir  recours  aux  Grecs  &  aux  Romains ,  parce  que 
les  Germains  ayant  long-tems  mené  une  vie  féroce  Se 
guerrière ,  ont  négligé  eux-mêmes  le  foin  de  leur  hiftoire , 
Se  en  confioient  les  principaux  événemens  à  une  tradi- 
tion qui  ne  fubfiftoit  qu'à  la  faveur  de  leurs  chantons. 

Les  Germains  étoient  un  mélange  de  différens  Bar- 
bares qui  inondèrent  fucceffivement  la  Germanie.  Du 
tems  de  Cefar,  les  Sueves  étant  les  plus  puiffans  Se  les  plus 


94 


GER 


GER 


belliqueux  parmi  les  Germains,  ce  célèbre -écrivain  a  cru 
qu'il  iuffifoit  de  faire  connoître  leurs  mœurs,  pour  don- 
ner une  idée  de  tous  les  autres  en  général.  Ils  font,  dit-il , 
de  belL  G  ail.  L^,c.  i  ,  i,  3  ,  diftingués  en  cent  can. 
tons ,  dont  chacun  fournit  tous  les  ans  mille  hommes 
pour  faire  la  guerre,  &  le  refte  demeure  dans  le  pays  pour 
le  cultiver  ;  mais  l'année  fuiv-ahte,il  va  à  la  guerre  à  fon 
tour ,  fans  interrompre  le  travail  des  armes ,  ni  de  l'agri- 
culture. Nul  ne  poflede  d'héritage  en  particulier ,  8c  ne 
.  demeure  en  même  lieu ,  deux  ans  de  fuite.  Ils  vivent  de 
laitage  &  de  la  chair  de  leurs  troupeaux  ,  plutôt  que  de 
pain  ,  s'occupent  principalement  à  la  charte  ;  ce  qui  joint 
à  leur  manière  de  fe  nourrir  ,  à  un  exercice  continuel , 
augmente  leurs  forces ,  Se  leur  donne  une  corpulence 
énorme.  Ils'  vivent  dans  une  entière  indépendance  ,  Se 
n'apprennent  aucun  métier.  Dans  les  lieux  les  plus  froids, 
ils  ne  s'habillent  que  de  peaux  qui ,  étant  étroites ,  leur 
laiffent  une  partie  du  corps  expofée  aux  injures  de  l'air.  Ils 
ne  fe  baignent  que  dans  les  rivières. 

Ils  donnent  entréechez  eux  aux  marchands , plutôtpour 
vendre  le  butin  qu'ils  ont  fait  à  la  guerre  ,  qu'afin  qu'on 
leur  porte  des  marchandifes.  Ils  ne  fe  foucientpoint  qu'on 
leur  mené  de  beaux  chevaux  dont  les  Gaulois  font  beau- 
coup de  cas  ;  ils  fe  fervent  de  ceux  de  leur  pays ,  quoi- 
que mal-faits  &c  vilains  ;  Se  à  force  de  les  faire  travail- 
ler ,  ils  les  -endurcifient  à  la  fatigue.  Dans  les  com- 
bats qu'ils  donnent  à  cheval ,  ils  mettent  fouvent  pied 
à  terre  ,  6c  accoutument  leurs  chevaux  à  demeurer  en  la 
même  place,  afin  qu'au  befoin  ilspuiffent  les  retrouvera 
l'inftant.  Rien  n'en:  plus  lâche  ni  plus  honteux ,  à  leur 
-gré ,  que  de  fe  fervir  de  felle  8c  de  harnois.  En  quelque 
petit  nombre  qu'ils  foient ,  ils  ont  le  courage  d'attaquer 
quelque  nombre  que  ce  foit  de  cavaliers  bien  enharnachés. 
Ils  ne  permettent  point  qu'on  leur  porte  du  vin  ;  ils  croient 
que  cette  liqueur  amollit  le  courage ,  8c  rend  les  hommes 
-efféminés ,  Se  incapables  de  fupporter  les  travaux. 

Ils  font  gloire  de  voir  leurs  frontières  bornées  par  de 
vaftes  folitudes  :  ils  penfent  que  c'eft  une  marque  que 
quantité  d'états  voifins  n'ont  pu  foutenir  leur  effort ,  ÔC  leur 
ont  abandonné  cet  efpace  par  crainte.  C'eft  pourquoi  on 
dît  que,  d'un  côté  de  leur  pays,  il  y  a  environ  fix  cens  mille 
pas  deterrein  inhabité.  Cefar  parle  enfuite  de  Ubiens. 

Cette  defeription  que  Cefar  fait  des  Sueves  convient  à 
tous  les  anciens  habirans  de  l'Europe.  On  le  voit  dans 
la  defeription  des  mœurs  des  anciens  Italiens,  que  fait 
Virgile.  Mezence  parle  ainfi  dans  l'Enéide,  /.  9  ,r.  603. 
Sec. 

Natos  adflumina  primum 
Defirimus  Javoque  gelu  duramus  &•  un  dis. 
■Venatu  invigilant  pueri  ,  jîlvaf que  fatigant  .* 
■Fleclcre  ludus  equos  &  fpicula  tendere  cornu 
At  patiens  operum  parvoque  affueta  juventus 
Aut  raflris  terram  domat ,  aut  quatit  oppida  belle. 
Omne  avumferro  teritur  verfaque  juvencûm 
Terga  fatigamus  hajla.   Nec  tarda  feneclus 
Débilitât  vires  animi,  mutatque  vigorem. 
Canuiem  galea  premimus  :  ftmperque  recentei 
Conveclare  juvat  prxdas,  &  vivere  rapto. 

Ces  mœurs  guerrières  8c  féroces  ont  été  générales; 
mais  les  Germains  les  ont  confervées  plus  long-tems  que 
les  Gaulois  8c  les  Italiens.  '    - 

Le  pays  des  Germains  n'étoi  t  guères  connu  des  Romains, 
même  du  tems  de  Néron.  On  peut  juger  de  leur  igno- 
rance à  cet  égard,  par  lé  faux  portrait  qu'en  fait  Séneque. 
Les  Germains  ont ,  dit-il ,  un  hyver  perpétuel ,  un  ciel 
trifte ,  une  terre  ftérile ,  nulle  habitation  ,  point  d'autre 
demeure  que  celle  que  la  laflitude  leur  permet  de  fe  faire 
le  foir  jusqu'au  lendemain  ,  une  mauvaife  nourriture 
qu'ils  n'acquièrent  qu'avec  peine,  des  corps  prefque  nuds, 
Sec. 

LA    GERMANIE, 

SELON     STRABON. 

Après  la  conquête  de  la  Gaule  par  Jules  Cefar  ,  les 
Romains  fe  contentèrent  d'une  lifiere  de  la  Germanie  , 
-feulement  par  rapport  à  la  Gaule  ,  8c  autant  que  le  voi- 
finage  les  engageoit  néceftairement  à  ces  guerres.  Une 
ou  deux  viûoires  aquéroient  le  fumom  de  Germanique 
au  général  qui  les  avoit  remportées  :  les  Ubiens  étoient 
glutôt  aliés  que,  fujeis  du  peuple  Romain}  fir,  Yarus,  qui 


voulut  s'avancer  jufques  dans  le  pays  que  nous  appelions 
aujourd'hui  laWeJlphalie  ,  y  perdit  la  vie  Se  fon  armée. 
On  ne  doit  donc  pas  s'étonner  de  ce  que  Strabon ,  /.  1 . 
dit  :  Alexandre  nous  a  ouvert  une  grande  partie  de  l'Alie, 
Se  les  parties  feptentrionales  de  l'Europe  juiqu'au  Danube. 
Mais  les  Romains  nous  ont  ouvert  toute  la  partie  occi- 
dentale de  l'Europe  jufqu'à  l'Elbe  qui  coupe_  la  Germa- 
nie par  le  milieu.  Ce  partage  fait  voir  que,  du  tems  de  ce 
géographe  ,  qui  a  vécu  fous  Augufte  Se  fous  Tibère  ,  les 
Romains  ne  connoiflbient  de  la  Germanie,  même  impar- 
faitement, que  ce  qui  eft  en-deçà  de  l'Elbe.  Ce  qui  eft 
au-delà  de  l'Elbe ,  le  long  de  la  mer ,  pourfuit-il ,  nous 
eft  entièrement  inconnu,  Se  nous  ne  favons  pas  que  per- 
fonne  ait  navigé  le  long  des  parties  orientales  jufqu'à  la 
mer  Cafpienne  ;  mais  ni  les  Romains  n'ont  jamais  été 
au-delà  de  FElbe,  ni  perfonne  n'a  jamais  fait  ce  chemin 
à  pied.  Pour  bien  entendre  ce  partage  de  Strabon  ,  il  faut 
favoir  que  quelques  anciens  ont  cru  que  la  mer  Cafpienne 
communiquoit  au  nord  à  l'Océan  Scythique  par  un  bras 
de  mer  affez  long.  Peut-être  avoit-on  pris  l'embouchure 
duVolga  pour  une  communication  de  cette  mer  aune  autre. 
Ainfi  Strabon  croyoit  qu'on  pouvoit  pafler  de  la  mer  que 
nous  appelions  aujourd'hui  mer  d'Allemagne ,  continuée 
par  la  mer  Baltique  ,  dans  la  mer  de  Scythie  ;  Se  delà 
dans  la  mer  Cafpienne,  par  cette  communication  que  l'on 
fait  à  préfent  être  chimérique.  Strabon  ne  connoiflbit  de 
la  Germanie,  que  ce  que  les  guerres  d' Augufte,  de  Drufus, 
de  Germânicus  8c  de  Tibère  en  avoient  découvert.  Il  la 
borne  au  couchant  par  le  Rhin-,  depuis  fa  fource  jufqu'à 
fon  embouchure,  8e  dit,  /.  7,  que  quelques-uns  de  ceux; 
qui  hàbitoient  le  long  de  ce  fleuve  ,  avoient  déjà  été 
tranfportés  dans  la  Gaule  par  les  Romains,  (il  entend 
les  Ubiens  Se  une  partie  des  Sicambres  ;  )  que  quelques- 
uns  s'étoient  retirés  plus  avant  dans  le  pays  ,  comme  les 
Marfes,  Se  qu'il  n'étoit  demeuré  que  peu  de  Sicambres 
près  du  Rhin.  Entre  le  Rhin  8c  l'Elbe  qui  ont  un  cours 
égal  vers  l'Océan  ,  il  place  l'Ems  ,  fur  lequel  Drufus 
donna  un  combat  naval  aux  Brufteres.  Il  dit  que ,  dif 
côté  du  midi ,  la  Germanie  touche  aux  Alpes  ,  Se  qu'il 
y  a  des  montagnes  de  même  nom ,  qui  s'étendent  vers 
l'orient ,  quoique  moindres  que  celles  d'Italie.  Il  met 
dans  la  Germanie  la  forêt  d'Hercinie  ,  6e  les  peuples 
Suives  dont  quelques-uns  habitent  dans  la  forêt,  & 
les  autres  dehors.  Il  place  enfuite. 

Les  COLDULES  ,  entre  lesquels  étoit  Boviaf- 
mum  ,  réfidence  du  roi  Maroboduus  ; 

Se  les  Marcomans  qui  y  avoient  été  trans- 
férés par  ce  roi. 

Il  y  ajoute  les  nations  que  ce  prince  avoit  vaincues , 

favoir, 

Les  Lun  ,  Les  Mugilones  , 

Les  Zumi  ,  Les  Sibini  , 

Les  Butones  ,  Se  les  Semnones  , 

peuple  d'entre  les  Suéves. 

Car,  félon  lui ,  la  nation  des  Suéves  étoit  très-grande  , 
Se  s'étendoit  depuis  le  Rhin  jusqu'au  de-là  de  l'Elbe , 
Se  confinoit  avec  les  Getes.  Il  y  avoit  au  de-l^de  l'Elbe  , 

Les  Hermundures  ,      8c  les  Lanc  osargi. 

Ce  dernier  nom  eft  corrompu  ,  c'eft  Langobardi.  Stra- 
bon dit  qu'ils  vivoient  à  la  façon  des  Nomades.  II  fait 
aufli  mention  de  quelques  moindres  peuples  de  la  Ger- 
manie, favoir, 


Les  Cherusques, 
Les  Chattes, 


Les  Gamabrivii  , 
Les  Chattuarii, 


Il  range  le  long  de  l'Océan  , 

Les  Sugambri,        Les  Ombres, 
Les  Chaubi  ,  Les  Cauci  ,      1 

Les  Bucteri  ,  Les  Caulci  , 

Se  les  Campsiani. 

Il  donne  un  même  cours  à  l'Ems  ,  au  "Wéfer  Se  à  la 
Lippe  ;  mais  il  fe  trompe:  les  deux  premières  fe  perdent 
dans  l'Océan,  Se  la  troifieme  dans  le  Rhin.  D  nomme 


GER 


GER 


auffi  la  rivière  de  Sala  ,  6k  dit  que  Drufus  mourut  entre 
la  Sala  &  le  Rhin.  Entre  les  ifles  qui  bordent  la  Germa- 
nie ,  il  dit  que  Burchanis  fut  prilè  par  Drufus.  Mais 
dans  la  defcription  du  triomphe  de  Drufus ,  lorfqu'il  fait 
le  dénombremeht  des  peuples  vaincus ,  /.  7,  p.  192  ,  il 
change  quelques  noms.,  Il  appelle  Catheïlci  ceux 
qu'il  avoit  auparavant  nommés  Caulci  ;  il  y  nomme 
Ampsani  ceux  qu'il  appelle  ailleurs  Camafiani  j  6k 
aux  Buclerts  ,  Cherufques  ,  Canes  6k  Catturi  ,  il  ajoute 
des  nations  dont  il  n'avoit  rien  dit ,  favoir  , 


95 


Nusipi  . 


6k  SUBATTII. 


Landi, 


ïl  compte  entre  l'Elbe  6k  le  Rhin  une  diftance  de  trois 
mille  ftades  en  droite  ligne  ;  dit  qu'au  milieu  delà  forêt 
d'Hercinie ,  eft  une  contrée  très-habitable  >  auprès  de  la- 
quelle font  les  fources  du  Danube  &  du  Rhin ,  qui  ont 
'entr'elles  des  marais  ;  où  les  eaux  du  Rhin  fe  répandent; 
que  le  lac  a  plus  de  trois  cens  ltades  de  circuit ,  &  près 
de  deux  cens  de  trajet  ;  '  que  clans  ce  lac  il  y  a  une  ifle 
dont  Tibère  fe  fit  un  lieu  de  retraite  au  combat  naval 
qu'il  donna  contre  les  Vindéliciens  ;  car,  comme  ce  lac  6k 
la  forêt  d'Herciniefontplus  avancés  au  midi  que  les  fources 
du  Danube ,  il  faut  néceffairement  que  quand  de  la  Gaule 
on  veut  aller  à  cette  forêt ,  on  paffe  ce  lac ,  enfuite  le 
Danube  ,  &  que  l'on  traverfe  des  pays  plus  commodes 
pour  les  voyageurs,  6k  des  plaines  entrecoupées  de  mon- 
tagnes, pour  arriver  à  la  forêt.  Tibère  étant  parti  du  lac , 
'après  une  marche  d'un  jour  ,  arriva  à  la  fource  du  Da- 
nube. Les  Rhétiens  confinent  un  peu  au  lac  ;  les  Hel- 
vétiens  ck  les  Vindéliciens  y  confinent  davantage.  Après 
cela,  eft  le  défert  desBoïens  jusqu'à  laPannonie.  Tous, 
principalement  les  Helvétieus  6k  les  Vindéliciens ,  habi- 
tent des  plaines  accompagnées  de  montagnes.  Leshabi- 
tans  de  la  Rhétie  ck  du  Norique  s'étendent  jufqu'au 
fommet  des  Alpes,  /vers  l'Italie,  6k  confinent  les  uns 
avec  les  Infubriens,  les  autres  avec  les  Carniens,  6k  aux 
lieux  voifins  d'Aquilée.   • 

Il  y  a  aulïi ,  pourfuit  ce  géographe  ,  une  autre  grande 
forêt  nommée  Gabreta  ,  après  laquelle  on^  trouve 
les  Suéves  ,  puis  la  forêt  d'Hercinie  que  les  Suéves  oc- 
cupent auflî.  On  voit  par  tous  ces  détails ,  avec  quelle 
confufion  la  Germanie  étoit  connue  fous  Tibère.  Voyons 
le  tableau  qu'en  fait  Pomponius  Mêla. 

LA    GERMANIE, 

SELON   MÊLA. 

Après  avoir  décrit  le  cours  du  Rhin,  depuis  fa  fource 
jusqu'à  l'embouchure  nommée  Fkvus  ,  il  pourfuit  ainfi  , 
L.  3  ,  c.  3 .  La  Germanie  eft  bornée  par  la  rive  de  ce 
fleuve,  depuis  là  jufqu'aux  Alpes,  au  midi  par  les  Alpes, 
à  l'orient  par  les  nations  Sarmates  ,  6k  au  feptentrion 
par  l'Océan.  Les  habitans  font  grands  ,  féroces  &  cou- 
.  rageux  ;  ils  entretiennent  leur  courage  par  des  guerres 
continuelles ,  6k  accoutument  leurs  corps  à  la  fatigue. 
Dans  le  plus  grand  froid ,  ils  font  tout  nuds,  avant  qu'ils 
ayent  atteint  l'âge  de  puberté ,  6k  chez  eux  on  y  par- 
vient affez  tard.  Les  hommes  font  vêtus  d'un  feutre  gref- 
fier, ou  d'écorces  d'arbres, au  fonde  l'hyver;  ils  aiment 
avec  paffion  à  fe  baigner.  Ils  font  la  guerre  contre  leurs 
voifins  ,  Si  en  font  naître  les  prétextes  ,  .félon  leur  ca- 
price. Leur  droit  confifte  dans  la  force  :  ils  n'ont  point 
de  honte  de  voler ,  6k  le  contentent  d'être  bons  envers 
leurs  hôtes ,  6k  doux  à  l'égard  de  ceux  qui  les  fu'pplient. 
Ils  mangent  de  la  chair  crue,  fe  contentent  de  la  mortifier 
dans  ion  cuir,  avec  les  mains  6k  les  pieds.  Le  pays  eft 
entrecoupé  de  rivières ,  hériffé  de  montagnes  ,  6k  im- 
praticable en  beaucoup  de  lieux ,  à  caufe  des  bois  6k  des 
marais.  Les  plus  grands  marais  font  Sucjîa,  Eflia.h.  Mel- 
Jîagum  :  les  forêts  les  plus  confidérables  font  l'Hercinie 
6k  quelques  autres  qui  ont  des  noms  particuliers  ;  mais 
celle-là  occupe  un  terrein  de  deux  mois  de  chemin  ;  6k 
comme  elle  eft  la  plus  grande,  elle- eft  la  plus  connue. 
Les  plus  hautes  montagnes  font  Taunus  6k  Rliuico  :  les 
autres  ont  des  noms  qu'un  Romain  ne  fauroit  pronon- 
cer. Les  rivières,  qui  coulent  de-là  en  d'autres  pays ,  font 
le  Danube  6k  le,  Rhône  ;  celles  qui  tombent  dans  le 
Rhin,  .font  le  Mein  6k  la  Lippe  ;  celles  qui  fe  rendent 
dans  l'Océan,  font  l'Ems ,  le  Wéfer  6k  l'Elbe  qui  font 


très-célébres.  Au-delTus  de  l'Elbe  eft  le  golfe  Codanus, 
rempli  d'iiies  ,  tant  grandes  que  petites  .  .  .  c'eft  dans  ce 
golfe  que  font  les  Cîmbres  6k  les  Teutons  ;  &  au-delà 
d'eux ,  les  Hsrmons ,  les  derniers  de  tous  les  Germai. 
Voilà  à  quoi  fe  réduit  ce  que  l'on  favoit  de  la  Germa- 
nie fous  Claudius. 

LA    GERMANIE, 
selon  Pline. 

Pline,  qui  vivoit  fous  Vefpafien,  eut  occafion  d'en  ap- 
prendre davantage  ;  car  félon  une  des  lettres  de  Pline , 
le  jeune  ,  /.  3.  Epiji.  ad  Marcum  ,  il  fervit  en  Germanie 
6k  écrivit  en  vingt  livres  les  guerres  des  Romains  con- 
tre les  Germains.  Cet  ouvrage  ,  qui  eft  perdu ,  lui  fer- 
vit, fans  doute  ,  beaucoup  pour  la  géographie  inférée 
dans  fonHiftoire  naturelle.  Il  n'en  parle  cependant  qu'a- 
vec une  réferve  fort  louable.  Après  avoir  dit  qu'il  n'é- 
tait pas  aifé  de  connoîtrè  la  vraie  étendue  de  la'  Ger- 
manie ,  à  caufe  de  la  différence  des  fentimens  de  ceux 
qui  en  ont  parlé  ,  il  ajoute  qu'Agrippa,  en  y  joignant 
la  Rhétie  6k  le  Norique  ,  lui  donnoit  DCLXXXVI.  m.  p. 
de  longueur  6k  cclxviii.  M.  P.  de  largeur.  Il  obferve 
enfuite  que  ce  prince  s'étoit  trompé  ,  en  donnant  à  ces 
trois  pays  enfemble  moins  de  largeur  que  n'en  avoit 
la  Rhétie  feule,  qui  avoit  été  fubjuguée  vers  le  tems  de 
fa  mort  ;  au  lieu  ,  pourfuit-il  ,  que  la  Germanie  n'a  été 
connue  que  quelques  années  après  ;  encore  ne  l'eft-elle 
pas  entièrement  ;  mais  s'il  eft  permis  de  conjecturer  ,  il 
ne  s'en  faut  pas  beaucqup  que  la  côte  de  Germanie  n'ait 
l'étendue  que  lui  donne  l'opinion  des  Grecs  ,  c'eft-à- 
dire  vingt-cinq  fois  cent  mille  pas  ,  6k  que  la  longueur 
marquée  par  Agrippa,  ne  foit  vraie. 

Les  Germains  font  diftribués  en  cinq  grandes  nations  : 

ÎLes   BURGUNDIONS. 
Les  Varins. 
Les  Carins. 
Les  Guttons. 


tt  (Les   ClMBRES. 


III.        f 

ISTyEVONS    < 
;  du  Rhin.       ( 


Les 
près 


Les  Hermions. 


Les   ClMBRES    Midherranéts    eiî 
faifoient  partie. 


!Les  Suéves. 
Les  Hermondures. 
Les  Chattes. 
Les  Cherusques. 


(Les  Peuctns. 
Les  Peucins.  <Les   Bastarnes  ,    contigus  aux 
l  .  Daces. 

Les  rivières  célèbres  qui  fe  perdent  dans  l'Océan  ,  font, 
félon  cet  auteur , 

L'Oder,  Guttalus ,     Le  "Wêfer  , 
LaViftule,  L'Ems, 

L'Elbe,  Le  Rhin, 

Et  la  Meufe. 

Je  rends  Guttalus  par  l'Oder  ,  pour  me  conformer  au 
fentiment  de  plufieurs  grands  nommes.  Il  ne  me  paroît 
cependant  pas  vraifemblable  que  Pline  qui ,  dans  cette 
énumératiou  ,  fuit  l'ordre  naturel  de  ces  fleuves ,  ait 
nommé  l'Oder  avant  la  Viftule.  J'expliquerai  dans  un 
moment ,  pourquoi  on  trouve  ici  la  Meule  qui  n'a  rien 
de  commun'avec  là  vraie  Germanie,  puifqu'elle  coule 
en-deçà  du  Rhin.'  Pline  pourfuit  :  dans  l'intérieur  du 
pays ,  il  y  a  la  forêt  Hercinie  ,  l'une  des  plus  fameufes 
de  l'univers. 

LA    GERMANIE, 
selon  Tacite. 

:  Corneille  Tacite ,  contemporain  de  Pline,  mais  plus 
jeune ,  fut  procurateur  de  la  Belgique  fous  Vefpafien  :  il 
eft  vrai  qu'il  ne  mit  pas  le  pied  dans  la  Germanie  Trans- 


CER 


GER 


rhénans,  c'eït-à-dire  dans  la  Germanie  au-delà  du  Rhin; 
mais  il  étoit  à  portée  de  s'informer  de  [miUe  chofes 
dont  il  a  tait  un  livre  particulier ,  intitulé  des  mœurs  des 
Germains.  Sans  répéter  ici  ce  qu'il  rapporte  de  la  ma- 
nière de  vivre  de  .ces  peuples,  nous  nous  contenterons 
de  renvoyer  à  fon  livre  ceux  qui  s'en  veulent  inftruire , 
&  nous  nous  bornerons  à  ce  qu'il  y  a  de  géographique  : 
le  voici  en  fubftance. 

Dans  la  Gaule  étoient  les  HABITANS  de  Trêves 
Se  les  Nerviens  venus  des  Germains  d'au  -  delà  du 

RhiK. 

Le  long  du  Rhin  étoient , 

Les  Vangions  ,        Les  Nemetes  $ 
LesTRiEOCci,         Les  Ubiens, 
Se  les  Bataves. 

Il  auroit  pu  y  ajouter  les  SlCAMBRES  qu'il  dit  ailleurs 
avoir  paflë  dans  les  Gaules.  Voilà  pour  les  Germains 
établis  en-deçà  du  Rhin  Se  dans  la  Gaule.  Voici  pour 
ceux  qui  étoient  dans  la  véritable  Germanie  au-delà  de 
ce  fleuve.  Outre  ceux  qui  cultivoient  les  champs  Décu- 
mates  au-deiàduRhin  Se  du  Danube,  étoient  au  couchant, 

Les  HelvetiENS,  entre  la  forêt  Hercinie,  le  Rhin 
Sc'le  Mein  :  ils  étoient  Gaulois  d'origine.  _ 

-Les  Cattes  ,  dont  la  demeure  commençoit  à  la 
forêt  Hercinie ,  Se  à  qui  fe  joignoient 

Les  Matiaci  qui  étoient  à  la  droite  du  Rhin,  amis 
des  Romains ,  égaux  aux  Bataves. 

A  l'endroit  où  le  Rhin  coule  fans  détour,  les  UsiPIEWS 
ôe  les  Tencteres  :  auprès  de  ceux-là ,  les  Bructeres 
à  la  place  desquels  Tacite  dit  que  les  CHAMAV1S  8c 
les  AnGRIVARIENS  vinrent  s'établir. 

Derrière  ceux-ci  étoient  les  Dulgibini  Se  les  ChA- 
SUARIENS.  Devant  eux  étoient  les  grands  Se  les  petits 
Frifons,  qui  s'étendoient ,  dit-il,  le  long  du  Rhin  jusqu'à 
l'Océan ,  autour  de  certains  grands  lacs  où  les  Romains 
jentroient  avec  leurs  flottes. 

Aunord,  dans  la  Germanie  ,  font  les  CHAUCI ,  les 
Cherbsques  Se  les  Cimbres  ,  voiflns  de  l'Océan. 
Il  met  enfuite  les  SuÉvES  qui  occupoient  alors  la  plus 
grande  partie  de  la  Germanie.  L'intérieur  du  pays  étoit 
aux  peuples  fui  vans;   . 

Les  Semnons  ,  qui  avoient  Les  Varin S  j 

cent  cantons  ,  Les  Eudons  , 

Les  Lombards  ,  Les  Suardoks  , 

Les  Reubingi  ,  peut-être  Les  Nuitons  j  peut- 

Thuringi.  être  les  TuiTONS  ou 

Les  Avions,  Teutons, 
Les  Angles, 

Les  Suéves  le  long  du  Danube  étoient, 

Les  Hermundures  ,  Les  Narisces  ^ 

Les  Boïens  ,  originaires  de    Les  MarcomanSj 
la  Gaule ,  Les  Quades. 


Derrière  ceux-ci  étoient, 

Les  Marstngi, 
Les  Gothins, 


Les  Osi  j 
Les  Burii. 


Ces  Suéves  entre  les  montagnes  au-delà  desquelles  étoient 
les  Suéves  nommés  Lygiens  ,  entre  lesquels  il  y  avoit, 

Les  Arii,  Les  Manimi, 

Les  Helvécones  ,  Les  Elysiens, 

Se  les  Naharvali. 

Au-delà  des  Lygiens ,  Tacite  met , 

Les  Gothons  ,  Les  Lemoviens; 

Les  Rugiens  , 

Enfuite  les  Suions  qui  étoient  dans  l'Océan,  Se  au-delà 
desquels  eft  la  mer  qu'il  nomme  parcjfeufi  ,  au  rivage  de 
laquelle  ,  à  la  droite ,  font  les  Estiens  ,  chez  qui  croît 
l'ambre.   Après  les  Suions  font  les  Sittons  qui  font 


suffi  de  la  Suévie.  Il  ne  fait  s'il  doit  donner  à  la  Ger-» 
manie ,  ou  à  la  Sarmatie  les  Peucins  ,  ou  Bastarnes, 
les  Vendes  Se  les  Fennes.  Il  ne  nomme  point  de  villes 
dans  tout  ce  grand  efpaee  de  pays  ,  parce  qu'en  effet  il. 
n'y  en  avoit  aucune  de  fon  tems.  Il  le  dit  expreffément, 
dans  le  paflage  que  je  rapporterai  plus  bas. 

Les  Romains  pofledoient  fi  peu  de  chofe  dans  la  Ger- 
manie, que,  dans  Ja  divifion  qu'ils  firent  faire  de  l'empire  , 
râ  Germanie  n'eft  pas  même  nommée.  Appien  Alexan- 
drin ,  qui  vivoit  alors,  8c  qui,  dans  fa  préface  ,  donne  uii 
état  de  l'empire  Romain ,  dit  :  en  quelques  endroits  au- 
delà  du  Rhin  Se  du  Danube ,  les  Romains  commandent 
à  quelques-uns  des  peuples  de  la  Germanie  Transrhé- 
nane ,  Se  aux  Gétes  qui  font  au-delà  du  Danube,  Se  qu'ils 
appellent  Daces  ;  c'eft-à-dire  que  les  Romains  avoient 
quelques  lifieres. 

Les  Romains  n'ayant  pufubjuguer  la  véritable  Germa- 
nie ,  s'en  firent  une  nouvelle  en-deçà  du  Rhin ,  aux  dé- 
pens de  la  Belgique.  Nous  en  parlerons  dans  la  fuite  ; 
mais  ne  perdons  point  de  vue  celle  dont  il  eft  queftion 
dans  cet  article  ,  c'eft-à-dire  la  grande  Germanie  qui 
n'avoit  rien  de  commun  avec  la  Gaule ,  que  le  Rhin  qui 
les  féparoit  l'une  de  l'autre  ;  de-là  vient  que  Ptolomée  , 
contemporain  des  Antonins ,  ne  fait  point  d'article  par- 
ticulier pour  la  Germanie,  fupérieure  ou  la  Germanie  in- 
férieure ,|  qu'il  traite  fous  le  titre  de  la  Belgique  à  laquelle 
elles  appartenoient  ;  mais  il  en  fait  un  pour  la  grands 
Germanie ,  Se  traite  ce  pays  féparément. 

LA    GERMANIE, 
selon  Ptolomée. 

Cet  auteur  eft  le  premier  qui  ait  donné  une  defeription 
détaillée  de  la  Germanie ,  Se  fa  defeription  a  été  fuivie 
par  presque  tous  les  géographes  qui  l'ont  fuivi.  S'il  fe 
trompe  quelquefois ,  il  rencontre  jufte  en  bien  des  cho- 
fes. Il  n'avoit  point  vu  les  lieux  dont  il  parle  ;  mais  il  a 
travaillé  fur  d'affez  bons  mémoires.  Il  y  a  bien  de  l'ap- 
parence qu'il  a  pu  confulter  les  cartes  qu'on  avoit  du 
tems  d'Augufte ,  Se  les  tables  qui  étoient  expofées  dans 
les  portiques  de  Rome  ;  car  c'étoit  un  uiage  chez  les 
Romains  d'expofer  aux  yeux  du  public  des  repréfenta- 
tions  des  pays  vaincus.  Éumene  le  Rhéteur  l'attefte.  La 
preuve  que  Ptolomée  y  a  pris  ce  qu'il  dit  de  la  Germanie, 
eft  qu'il  la  décrit  j  non  telle  qu'elle  étoit  de  fon  terns^ 
mais  telle  qu'elle  avoit  été  autrefois.  Il  place  les  Lom- 
bards fur  la  rive  gauche  de  l'Elbe;  Se  l'on  fait  d'ailleurs 
que ,  dès  le  tems  de  Tibère ,  ils  avoient  été  reculés  au- 
delà  de  ce  fleuve.  Il  place  les  Sicambres  dans  la  Germa- 
nie propre ,  Se  Tacite  dit  formellement  qu'ils  avoient 
déjà  été  tranfportés  dans  la  Gaule  ;  ils  y  étoient  encore 
aux  environs  du  Vahal ,  du  tems  de  Sidonius  Apollinaris. 
Çarm.  13. 

Et  tonfus  Vahalim  bibat  Sicamber^ 

Tacite  he  les  nomme  même  pas  dans  fa  Germanie; 
Ptolomée  les  met  cependant  dans  la  Germanie  de  l'au- 
tre côté  du  Rhin  ;  ce  qui  fait  voir  qu'il  à  pris  cette 
fituation  dans  des  mémoires  antérieurs  à  leur  partage  du  " 
Rhin ,  qui  arriva  fous  Augufte.  Je  donne  de  plus  gran- 
des preuves  de  ce  fentiment,  dans  les  Réflexions  furies 
principaux  géographes  anciens  Se  modernes. 

En  outre  Ptolomée  place  un  allez  bon  nombre  de  villes 
dans  fa  grande  Germanie  où,  de  fon  tems,  il  n'y  en  avoit 
pas  une ,  non  plus  que  du  tems  de  Tacite.  Ce  dernier  dit 
bien  expreflernent  ,  que  les  peuples  de  Germanie  n'a- 
voient  aucune  ville  ;  qu'ils  ne  fouffroient  pas  même  que 
les  maifons  fuflent  jointes  l'une  à  l'autre,  ils  habitent  , 
dit-il ,  féparément ,  félon  qu'ils  trouvent  une  fontaine  j 
une  campagne  ,  un  bois ,  qui  leur  plaît.  Ils  difpofent 
les  rues  autrement  que  nous  ;  les  édifices  ne  fe  tiennent 
point ,  foit  qu'ils  aient  peur  du  feu ,  foit  qu'ils  ne  fâ- 
chent pas  mieux  bâtir.  Ils  n'ont  aucun  ufage  de  la  ma- 
çonnerie ni  des  tuiles.  Ils  emploient  les  matériaux  in- 
formes ,  fans  choix  ni  beauté  :  ils  fe  creufent  des  caver- 
nes fouterreines ,  Se  les  couvrent  encore  de  fumier  par- 
deffus ,  pour  s'y  mettre  à  couvert  durant  l'hyvêr,  Se  ga- 
rantir les  gr.iins  de  la  gelée-,  Sec. 

Julius  Capitolinus,  dans  laVie  de  Maximin  ,■  p-  196, 
édit.  Rob.  Steph.  1544,  dit  qu'étant  entré  dans  la  Ger- 
manie 


GEB. 


GER 


manie  Transrhénane ,  il  y  incendia  beaucoup  de  villages: 
le  latin  porte,  bignjfus  igitur  Germaniam  Transi  hena- 
nam  pcr  CCC  vel  CCCC  milita.  ,  Barbarie  foli  vicos 
incendie  ,  &c.  Saumaifè  a  trouvé  cet  efpace  de  trois  à 
quatre  cens  mille  pas  ,  exorbitant ,  &  le  réduit  à  trente 
ou  quarante  mille. 

Selon  Ptolomée,  l.z,  c.  il,  la  Germanie  eft  termi- 
née au  couchant  par  le  Rhin ,  &  au  nord  par  l'Océan  , 
qui  en  prend  le  nom  de  Germanique. 

Après  les  embouchures  du  Rhin  ,  eft  le  port  de  Ma- 
narman  ;  fuit  l'embouchure  du  Vecht ,  celle  de  {'Ems , 
ceile  du  Wéfer  ,  ci  celle  de  Y  Elbe,  après  quoi  eft  la  pref- 
au'ijle  Cimbrique ,  l'embouchure  du  Chalufe,  (la  Trave,) 
àa  Suive,  (la  Sprée,)  du  VÏadc,  (l'Oder,)  &  celle  de 
la  Viftule. 

La  borne  méridionale  de  la  Germanie  eft  une  par- 
tie du  Danube  dont  notre  auteur  décrit  le  cours:  il  ter- 
mine la  Germanie  par  une  ligne  tirée  depuis  le  Danube 
jufqu'aux  montagnes  de  la  Sarmatie  ,  c'eft-à-dire ,  au 
mont  Krapac,  &  de-là  jufqu'à  la  Viftule,  qui  depuis  fa 
fource  jufqu'à  la  mer ,  achevé  de  limiter  la  Germanie,      au-deffous    de  laquelle  eft 

Les  montagnes  de  la  Germanie  les  plus  connues,  font 
celles  que  l'on  appelle  Sarmatiques ,  &  qui  ont  le  même 
aiom  que  les  Alpes ,  ïk  au  pied  desquelles  eft  la  fource 
du  Danube  :  il  y  a  outre  cela  les  monts  êiArnobes,  (le 
Stetgerwald,)  Mélibcque,  (Hartswald.)  &au-deffbus 
de  ce;;  montagnes  la  forêt  Semana ,  (  que  l'on  croit  être 
la  Pacenis  de  Céiàr)  2-:  Afciburgium  ;  puis  les  monts 
Sudites ,  fous  lesquels  eft  la  forêt  de  Gabrita  :  la  forêt 
d'Hercinie  eft  entre  celle-ci  &  les  monts  Sarmatiques. 

Les  peuples  qui,  fJ.on  lui,  occupent  la  Germanie,  à 
commencer  au  nord  le  long  du  Rhin ,  font , 


97 


core  au-deffus  de  ceux-ci ,  au  pied  du  mont  Afcibur-- 
gius  ,  &c  de-là  jufqu'à  la  Viftule,  les  CORCONTI  ck  les 
Luïioeburi  :  fous  ceux-là  on  trouve  premièrement 
les  Sidones  ,  puis  les  Cogni  &  les  Visburgii  ,  au- 
deflus  de  la  forêt  d'Hercinie. 

A  l'endroit  où  commencent  les  monts  d'Abnobe,  au- 
deflus  des  Suéves ,  habitent  les  Cafuari ,  puis  les  Nerte- 
reanes,  enfuite  les  Danduti  ,  au-deffous  defquels  font 
les  Turorii  Se  les  Marovingi. 

Sous  les  Chamaves  font  les  Chattes  &  les  Tubctntes  , 
&  au-deflus  des  monts  Sudetes ,  les  Thcuriochemce  ;  au 
pied  de  ces  montagnes  les  Varïfti,  après  quoi  eft  la  forêt 
de  Gabrcta. 

Sous  lesMarovinges  font  les  Curions,  puis  les  Chcstuori, 


&  jufqu'au  Danube  ,  les  champs  appelles  ParmtB  campi. 

Au-deflbus  de  la  forêt  de  Gabréta  ,  font  les  Marco- 
mans,  au-deffous  defquels  font  les  Sudini  ,  &:  jufqu'au 
Danube,  les  champs  nommés  Adrebx  campi. 

Au-deflbus  de  la  forêt  d'Hercinie,  font  les  Qi:ades, 
fous  lefqueis  font  des  mines  de  ter  ;  &  la  forêt  de  Luna, 
grand  peuple  ,  nommé 
tlaemi  ,  jufqu'au  Danube.  Près  de  ce  fleuve  ,  cette  na- 
tion eft  limitrophe  à  celle  des  Teracatria.  ;  puis  enfin  les 
Racatœ  voifins  des  plaines.  Ptolomée  donne  enfuite  une 
lifte  de  ce  qu'il  appelle  des  villes  ,  &  qui ,  comme  nous 
l'avons  remarqué  ci-defliis ,  n'en  étoient  pas. 

Dans  le  climat  feptentrional. 


Phvum  -, 
Siatutanda , 
Tccdia, 
Phabiranum  , 
Treva, 
Lepkana, 
Lirimiris, 
Marionis  , 
Marionis  altéra  . 


Coenanum  , 
Aftuia , 
Alifus,   _ 
Laciburgium . 
Bunitium,    ' 
Virunum  t 
Rugium  , 
Scurgum, 
Afcaucalis  , 


le  climat  au-deflbus  de  celùi-lL 


Dans  le  climat  au-deffous  du  précédent; 


Les  petits  BuSACTERES  (ouBrufteres.)_ 
Les  Sycambres  au-deffous  desquels  étoient  les 
Lombards. 

Enfuite  entre  le  Rhin  &  les  monts  ABNOBES  ,  les  TlN- 
GRi  (ou  Tencteres,)  &£  les  InGRIONS. 

Puis  les  Intuergi,  les  Vargions,  8r.lesCARiTNi. 
Au-deffov.s  d'eux  les  VlSPl,   rk  le  défert  des  Helve- 
TIENS  ,  jufqu'aux  Alpes  dont  on  a  parlé.  Afciburgium,  Mefvium , 

Dans  la  partie  qui  eft  le  long  de  l'Océan,  au-deffus  des  Navalia  ,  Argelia  , 

Bufactcres,  font  les  Frisons  jufqu'à  l'Ems  ;  après  eux  les  Meiiolanium  ,  Calegia.  , 

petits  GAUCHI,  jufqu'au  Wéfer,  et  de-là  les  grands  G  AU-  Teuderium ,  Lupfurdum  t 

CHI,   jufqu'à  l'Elbe;    puis  à  l'entrée  de  la  Cherfonefe  Bogadium  ,  Sufudata, 

Cimbrique,  les  SAXONS.   Il  nomme  enfuite  les  peuples  Seereontium,  Calancorum, 

qui  habitoient   cette  prefqu'ifle  ,    favoir  les  SlNGULO-  Munitium ,  Lugidunum  , 

NES,  au  couchant  au-deffus  des  Saxons;  les  Sabalin-  Tulipkurdum,  Stragona, 

GIENS  &  les  Cobandes  ,   au-delà  defquels   étoient  les  Afcalingium ,  Limiofaleum, 

Ch ALI,  5c plus  au  couchant  les Phundusi;  les  Cha-  Tulifurgium,  Budorigum, 

RUDES  étoient Jplus  à  l'orient,   &  les  ClMBRES  les  plus  Phcugarum,  Leucarjfius, 

feptentrionaux  de  tous.  Canduum ,  Arfonium , 

Après  les  Saxons  depuis  le  fleuve   CHALUSUS  ,  (la  Tropktza  Drufi ,  Calijia, 

Trave,)  jufqu'au  SuÉvus ,  (la  Sprée,)  les  Pharodeni,  Luppia,  Sctidava. 

enfuite  les  Sideni   (jufqu'à  l'Oder,)    &  les  RuTICLII, 
jufqu'à  la  Viftule. 

De  toutes  les  nations  qui  font  dans  les  terres  &  dans 
le  cœur  du  pays ,  les  plus  grandes  font  les  Suevi-An- 
GILI  ;  ils  font  plus  orientaux  que  les  Lombards  ,  &  s'é- 
tendent vers  le  feptentrion  ,  jufqu'au  milieu  de  l'Elbe. 
Les  Suevi-Semnones  commencent  enfuite,  &  s'éten- 
dent depuis  l'Elbe  jufqu'à  la  Sprée  ;  après  eux  font  les 
BUGUNTI ,  qui  occupent  l'efpace  qui  fuit  jufqu'à  la  Wif- 
tule. 

Entre  les  petits  Gauchi  Scies  Suéves,  lespetitsBv- 
SACteres,  au-deffous  defquels  font  les  Ch£M£,  fe 
trouvent  de  petits  peuples  ;  entre  les  grands  Gauchi ,  &C 
les  Suéves,  les  Angrivariens,  puis  les  Laccobardi, 
au-deffous  defquels  font  les  DuLGUMNH  :  entre  les 
Saxons  5c  les  Suéves,  font  les  Tetjtonoari  St. les  Vi- 
RUNi  :  entre  les  Pharodènes  5c  les  Suéves  ,  font  les 
Teutons  &  les  Avarpi  :  entre  les  Ruticlei  &  les 
Bugunti ,  les  jElvéons.  Au-deffous  des  Semnons,  ha- 
bitent les  Lingje  ;  fous  les  Bugunti,  lesLouGOlOlO- 
MANI  ;  depuis  ceux-ci  jufqu'au  mont  Afciburgius ,   les  Tarodunum,  Brodentia, 

Longididuni  :  au-deffous  des  Lingœ ,  font  ^des  deux  Arœ  Flavie ,  Seguacatum, 

côtés  de  l'Elbe  les  Calucones  ,  &c  depuis  eux  jusqu'au  Rinftavœ,  Usbium, 

mont  Mélibocus,    les  ChÉRUSQUES  c£  les  Chama-  Alcimœnnis ,  Abiluum} 

VES  :    à  leur  orient  jufqu'à  l'Elbe,     font  les  Bono-  Camiœbis ,  Phurgifatis, 

CHEMi ,  au-deflùs  defquels  font  les  Batini  :    6c  en-  Bibacum  ,  Coridorgis , 

Tome  UL 


Alifo, 
Budoris , 
Matdacum  , 
Artaunum , 
Nuœfium, 
Bergium  , 
Mencfgada  , 
Bicurgium , 
Marobudum, 
Redintuinum , 

Meliodunum  , 
Cafurgis, 


Dans  la  partie  qui  refte  le  long  du  Danube. 


Melocabus , 
Gravionarium  , 
Locoritum , 
Segodunum  , 
Dex  .ma  , 
Strevinia  y 
Hegctmatia  , 
Budorgis , 
Eburum  , 
Arjicua , 
Parienna, 
Setuia , 
Carrodunum  ," 


98 


GER 


GER 


Midoûanium , 
Philecia, 
Rhobodunum . 


&  Anal 


Anduatium  , 
Cdcmantïa  , 
Singone  , 


Ptolomée  parle  enfuite  des  ifles  de  la  mer  de  Germanie: 
il  en  compte  trois  à  l'embouchure  de  l'Elbe,  &  les  nomme 
les  ifles  desSaxons;  trois  au  nord  de  la  prefqu'ifle  Cim- 
brique,  qu'il  nomme  Alociœ;  quatre  à  l'orient  de  la  pref- 
qu'ifle ,  qu'il  appelle  Scandite ,  favoir  trois  petites ,  (ce 
font  aujourd'hui  les  trois  ifles  du  Danemarck;  )  &  félon 
lui ,  la  quatrième  ,  qui  eft  la  plus  orientale  ,  eft  très- 
grande  .  Se  s'étend  jusques  vis-à-vis  l'embouchure  de 
l'Elbe.  11  entend  la  Scandinavie  que  les  anciens  prenoient 
pour  une  ifle  ;  ainfi  Ptolomée  compte  le  Danemarck, 
&  au  moins  les  provinces  méridionales  de  la  Suéde ,  pour 
des  annexes  de  la  grande  Germanie  :  comme  il"  borne 
ce  vafte  pays  au  midi  par  le  Danube ,  il  s'enfuit  que  la 
Rhétie,  le  Norique ,  <k  les  Pannonies  ,  qui  étoient  au 
midi  de  ce  fleuve ,  n'étoient  pas  de  la  Germanie  ;  auffi 
les  traite-t-il  dans  des  chapitres  particuliers.  Je  n'ai  mis 
ni  les  noms  modernes ,  ni  les  longitudes,  ni  les  latitudes 
qu'il  donne  à  tous  ces  lieux  :  quant  aux  noms  modernes , 
je  rapporte  dans  les  articles  de  ces  lieux  ce  que  les  fa- 
vans  ont  conjecturé  ;  mais  il  n'y  faut  pas  faire  grand 
fond.  Des  habitations  faites  fans  maçonnerie  ,  des  ha- 
meaux de  quelques  hutes  groflieres  ne  pouvoient  réfifter 
à  ces  torrens  de  Barbares ,  qui  venant  du  nord ,  traver- 
sent la  Germanie,  5c  en entraînoient  avec  elle  les  peu- 
ples vers  les  provinces  de  l'empire,  qui  leur  étoient  ou- 
vertes par  la  foibleffe  des  empereurs  ,  &c  par  les  fréquen- 
tes divifions  des  armées. 

Nous  avons  dit  que  Ptolomée  s'étoit  fervi  de  mémoi- 
res anciens ,  &  drefies  long-tems  avant  lui.  Il  eft  indu- 
bitable que  les  trophées  de  Drufus,  dont  il  parle ,  ne  fub- 
fiftoient  plus.  Il  n'eft  pas  probable  que  des  nations  fî 
jaloufes  de  leur  gloire  &  de  leur  liberté,  euflent  laiffé  fub- 
lîfter  des  monumens  qui  éternifoient  leurs  défaites  :  il  a 
trouvé  cela  dans  des  mémoires  compofés  fous  Augufte  ; 
mais  il  n'y  ipas  trouvé  les  deux  Germanies  qu'il  place 
en-deçà  du  Rhin  :  nous  parlerons  de  ces  deux  Germa- 
nies à  la  fuite  de  cet  article. 

La  Germanie  n'a  pas  toujours  eu  le  même  nom  ni  les 
mêmes  peuples.  Strabon,  /.  7,  trouvant  beaucoup  de  con- 
formité entre  les  Gaulois  &.  les  Allemands ,  croit  que  le 
nom  de  Germains  a  été  pris  pour  lignifier  qu'ils  étoient 
frères  des  Gaulois  ,  parce  que  le  mot  latin  Germanus 
lignifie  frère.  (*)  Quelques  modernes  l'ont  dérivé  de  Car, 
ou  de  Ger  qui  iignifie/ôri,  entier ,  ferme ,  &  de  mann, 
homme,  comme  nous  dirions  un  homme  fort,  un  homme 
entier ,  ou  un  homme  ferme  ;  c'eft  le  fentiment  d'Altha- 
mer  &  de  "Willichius  (D).  PhilippeMelanchton,  dansfon 
Traité  des  noms  des  pays  &£  des  peuples,  prétend  que  ce- 
lui à'Hermann  ,  fignifie  un  guerrier,  &  croit  que  c'eft 
dans  ce  fens  qu'il  a  été  donne  à  ces  peuples  ;  mais  il  n'ofe 
décider  fi  ce  font  ces  peuples  qui  l'ont  pris,  ou  fi  les  Ro- 
mains, voyant  que  ce  mot  fignifioit  un  homme  de  guerre, 
parmi  les  peuples ,  le  leur  ont  donné.  Ce  qui  favorife 
ion  opinion,  c'eft  que  dans  le  moyen-âge,  on  a  dit He- 
rimanni  &  Arimanni ,  pour  lignifier  des  foldats  ,  & 
qu'encore  aujourd'hui  Gerttimadur ,  ou  German  (c)  figni- 
fie un  homme  de  guerre  dans  laGothie  Suédoife.  Une  an- 
cienne tradition,  confervée  dans  leurs  chanfons,  &  rap- 
portée par  Tacite*  fuppofe  que  Tuifton  dieu  né  de  la 
terre,  eut  pour  fils  Mann,  &  que  l'un  &  l'autre  furent 
l'origine  &  la  tige  de  toute  la  nation.  Elle  donne  àMann 
trois  fils,  dont  les  Ingévons ,  les  Hermions  ,  &leslfta> 
vons  portoient  les  noms.  Le  docte  Rudbeck  (d)  dé- 
rive le  nom  de  Germant ,  de  Mann.  Leibnitz  (e)  ne 
s'en  écarte  pas  beaucoup  ;  mais  il  prend  l'origine  de  ce 
nom  ,  dans  celui  d'Hermion  ,  fils  de  Mann.  Je  crois  , 
dit-il ,  que  les  Herminons ,  partie  des  peuples  Teutoni- 
ques ,  ont  donné  le  nom  à  toute  la  nation  ,  comme  au- 
jourd'hui vous  appeliez  les  Teutons  Allemands,  quoique 
cela  n'appartienne  proprement  qu'aux  Suéves  &  aux  Hel- 
vétiens.  Il  eft  allez  ordinaire  que  l'afpiration  s'affoiblit 
ou  fe  fortifie  ;  car  lorfqu'elle  eft  renforcée  l'A  parle  eng-; 
&  le  contraire  arrive,  quand  le  gfe  change  en  h:  ainfi 
de  Wiûraha,  les  Romains  ont  fait  Vifurgis  ;  &ciïllle- 
raha ,  ils  ont  fait  Ilargus.  Au  lieu  de  Gammarus  nous 
difons  Hummer ,  une  écreviffe  de  mer.  Et  les  Efpagnols 


'changent  Germanos  en  Hermanos.  Au  refte  Tacite  dit 
exprès,  que  le  nom  d'un  peuple  a  été  donné  à  toute  la 
nation.  *  (a)  Voyez  Spener.  Notit.  German.  Ant.  1.  3  , 
c.  4,  §.  8  ,  p.  133.  (b)  Tacite  in  German.  c.  2.  (c)  Pe- 
rinskiold ,  Annotât,  in  Vitam.  (d)  Atlantic,  c.  13. 
(e)  Mifcellanea  Leibnitiana ,  p.  83. 

Leibnitz  croyoit  que  les  Herminons  ,  les  Hermun- 
dures  &  les  Germains  étoient  des  noms  lynonymes  et 
équivalens.  Il  jugeoit  qu'une  partie  des  Herminons  ,  ou 
Germains  ,  avoit  conquis  une  partie  de  la  Gaule  ,  & 
avoient  rendu  leur  nom  fi  célèbre  ,  que  les  autres  peu- 
ples leurs  alliés  fe  firent  honneur  de  le  prendre.  Selon 
lui  ,  Tacites'eft  trompé  en  ce  qu'il  fuppofe  que  ce  font 
les  Gaulois  qui  ont  donné  ce  nom  aux  Germains.  On  a 
tâché  de  trouver  une  origine  plus  fpécieufe.  On  a  pré- 
tendu que  les  Tungri  avoient  été  appelles  auparavant 
Germains.  Tacite  le  dit  :  le  nom  de  Germanie  eft  nou- 
veau ,  ci  donné  à  ces  peuples  depuis  peu.  Parce  que  les 
premiers  qui,  ayant  pafîé  le  Rhin ,  chaflerent  les  Gaulois  , 
s'appelloient  alors  Germains  ,  on  les  nomme  préfente- 
ment  Tongrois.  Ainfi  le  nom  d'une  nation  particulière 
a  gagné  infenfiblement  le  defius.  L'ancien  nom  des  Ton- 
grois étoit  donc  les  Germains  ,  félon  Tacite. 

Quelle  quefoit  l'origine  de  ces  noms  Germains  &  Ger- 
manie ,  ils  ne  furent  guères  en  ufage  après  la  chute  de 
l'empire  Romain.  Les  nations  feptentrionales  ,  avançant 
vers  le  midi  ,  produifirent  de  grands  changemens  dans 
ce  vafte  pays.  Les  Lombards ,  refferrés  d'abord  aux  en- 
virons de  l'Elbe  ,  s'avancèrent  jufques  dans  l'Italie  ,  où 
avec  le  tems  ils  fe  formèrent  un  royaume.  Les  Suéves 
fe  jetterent  fur  les  Gaules  ,  &  de-là  dans  l'Efpagne  où 
ils  érigèrent  une  domination  rivale  dé  celle  des  Goths. 
Ces  derniers,  après  avoir  traverlè  la  Germanie ,  occupè- 
rent une  partie  de  la  Gaule.  Les  Burgundions  y  fondè- 
rent lé  royaume  de  Bourgogne  ;  les  Francs  y  avoient 
déjà  le  leur.  Les  Saxons  s'avancèrent  jufques  dans  la 
Weftphalie.  Les  Vandales  ,  après  s'être  étendus  dans  ce 
qu'on  appelle  aujourd'hui  la  haute  &  la  bafievSaxe  ,  avan- 
cèrent vers  le  midi  ;  infulterent  l'Italie  ,  firent  des  con- 
quêtes en  Efpagne ,  fk  parlèrent  en  Afrique.  Leur  pays, 
entre  l'Elbe  &  la  Viftule,  fut  la  proie  des  Vendes  ou  Vene- 
tes  qui  s'en  emparèrent,  &  fe  firent  appeller  Slaves,  &c. 
"  Tous  ces  peuples  n'abandonnèrent  pas  entièrement 
leur  pays  ;  il  y  en  reftoit  quelques-uns  ;  mais  leur  petit 
nombre  ne  les  mettoit  pas  en  état  de  réfifter  à  ceux 
qui  fe  préfentoient  pour  le  conquérir.  Ainfi  nous  voyons 
les  vaftes  pays  que  les  Suives  avoient  occupés  paffer  en- 
fuite  en  d'autres  mains  ;  Se  le  nom  de  Suevie  confervé 
à  peine  à  un  petit  canton  qui  eft  aujourd'hui  la  Suabe  , 
entièrement  obfcurci  par  celui  <£ Allemagne  ,  qui  n'étoit 
d'abord  que  celui  d'une  contrée  beaucoup  plus  petite; 
Voyez  l'article  Alemanni. 

Les  Saxons  entre  l'Elbe  &C  le'Wefer,  où  ils  étoient 
-  encore  au  commencement  du  régne  de  Charlemagne  , 
y  avoient  pris  la  place  des  Francs.  Nous  avons  vu  que 
les  Saxons  étoient  d'abord  de  l'autre  côté  de  l'Elbe  ;  mais 
les  Francs  s' étant  avancés  vers  le  midi ,  &  s'étant  de-là 
répandus  dans  la  Gaule  ,  où  ils  jetterent  les  fondemens 
du  Royaume  de  France  ,  il  en  refta  une  partie  au-delà 
du  Rhin  ,  &  de-là  vint  la  divifion  de  France  occiden- 
tale ,  qui  eft  la  véritable  France  ,  &  de  la  France  orien- 
tale ,  dont  la  Franconie  a  tiré  fon  nom. 

Alors  il  ne  fut  prefque  plus  queftion  des  noms  de 
Germains  &  de  Germanie  ,  que  dans  les  ouvrages  de 
quelques  auteurs  qui  les  employoient  en  latin.  Encore 
voit-on  que  les  auteurs  Latins  de  ce  tems-là  préféroient 
fouvent  les  noms  de  Tkeodifci  ,  Teuùfci ,  &c  Teutones  à 
celui  de  Germanie.  La  loi  Lombarde  ,  cit.  14,/.  15, 
dit  Teudifça  lingua.  Nithard  ,  Hifl.  1.  3  ,  dir  Lodhuvi- 
cus  Romana  ,  Karolus  vero  Teudifcà  Linguà  jurave- 
runt.  Frodoard  appelle  Teotifca  lingua  la  langue  que  l'on 
parloit  au-delà  du  Rhin.  Othon  de  Frifingen  ,  Chron.  1» 
6,  c.  1 1  ,  dit,  Arnolfus  totam  orientalem  Franciam,  quai 
modo  Teutonicum  regnum  vocatur  ,  id  eft  Boîoariam  , 
Sueviam  ,  Saxoniam  ,  Thuringiam  ,  Frijïam ,  Lotharin- 
giam  ,  rexit.  C'eft  dire  bien  positivement  que  le  royau- 
me Teutonique  ou  la  France  orientale  comprenoit  la  Ba- 
vière ,  la  Suabe  ,  la  Saxe  ,  la  Thuringe  ,  la  Frife  &  la 
Lorraine.  Le  même  auteur ,  /.  7 ,  c.  3  5  ,  nomme  impera- 
tores  Teutonici  les  empereurs  d'Allemagne.  Le  nom  de 
Germains  paroifîbit  entièrement  aboli  dès  le  tems  de 


CER 


GER 


Procope.  Le  Rhin  ,  dit-il  ,  fe  jette  dans  l'Océan  ;  il  y 
a  là  beaucoup  de  marais  ,  où  anciennement  habitoient 
les  Germains  ,  nation  barbare  ,  qui  étoit  d'abord  peu 
confidérable  ,  Se  que  l'on  appelle  à  préfent  les  Francs. 
S.  Jérôme  ,  in  Vit.  Hilar.  dit  :  entre  les  Saxons  Se  les 
Allemands  ,  il  y  a  un  peuple  peu  étendu  ,  mais  très-puif- 
fant.  Les  Hiftoriens  les  appellent  les  Germains  :  ou  les 
nomment  maintenant  les  Francs.  A  la  lin  l'ufage  a  voulu 
que  la  plupart  de  ces  noms  Saxons,  Suabes,  Francs,  Vanda- 
leSj&c.  fiuTent  particuliers  à  certains  cantons  ;  à  l'égard  du 
nom  général  ,  les  habitans  ont  préféré  celui  de  feu/fc/i 
pour  lignifier  un  homme  de  leur  pays  ,  Se  celui  de  Teuf- 
chland  pour  défigner  leur  patrie  :  nous  prêterons  celui 
cI'Allemans  Se  d' Allemagne  ,  Se  les  Italiens  difent 
comme  nous  Alemagna  &  Alemanni  ;  ils  difent 
auffi  Tedeschi  Se  Germania.  Lorfque  l'on  parle 
latin,  l'ufage  général  eft  de  dire  Germani  ,  &  Ger- 
mania. 

Voyez  les  articles  Alemanni  &  Alemagne.  Voyez 
auifi  les  articles  particuliers  des  peuples  Se  des  villes 
dont  il  eft  lait  mention  dans  ces  articles.  Je  renvoie  au 
titre  PASUS  ,  ce  qui  concerne  les  anciens  Pagi  des 
Germains.  J'ai  parlé  jufqu'à  préfent  de  la  grande  Ger- 
manie ;  il  eft  tems  de  venir  à  la  Germanie  citérieure 
par  rapport  au  Rhin. 

De  ta  Germanie  citérieure. 

Nous  avons  obfervé  à  l'article  GAULE  que  la  Belgi- 
que en  étoit  la  troifiéme  partie  du  tems  de  Céfar  ,  De 
Bell.  Gall.  1.  z.  Il  dit  que  la  plupart  des  Belges  étoient 
iffin  des  Germains  ;  qu'anciennement  ils  avoient  été 
amenés  en-deçà  du  Rhin  ,  que,  charmés  de  la  fertilité  du 
terroir  ,  ils  s'y  étoient  établis  Se  eu  avoient  chafle  les 
Gaulois.  Il  dit  auffi  que  les  Condru.fi  ,  les  Eburons , 
les  Ccerafi  Se  les  Pamani  étoient  appelles  Germains ,  Se 
que  ce  nom  leur  étoit  commun.  Il  dit  enfin  que  les 
Segni  Se  les  Cor/drufi,  qui  font  de  larace  de;  Germains  , 
iont  entre  les  Eburons  Se  les  Treviri ,  c'eft-à-dire  entre 
les  pays  de  Liéje  Se  de  Trêves.  Et  plus  nettement  encore , 
il  nomme  au  6e  livre  les  Germains  d'en-deçàle  Rhin. 
Ce  conquérant ,  ayant  réfoiu  de  ruiner  abfofument  les 
Eburons  ,  Se  ceux  qui  les  avoient  affiliés  ,  les  Segni  , 
&e  les  Condrufi  le  prièrent  de  ne  les  pas  traiter  comme 
ennemis ,  Se  de  ne  pas  confondre  dans  une  feule  prof- 
cription  tous  les  Germains  qui  étoient  en-deçà  du  Rhin; 
que  pour  eux  ,  ils  n'avoient  point  fongé  à  lui  faire  la 
guerre,  ni  envoyé  nC'cun  fecours  à  Ambiorix.  Pline,  1. 
jj ,  c.  13,  décrivant  la  mer  qui  baigne  la  Germanie  ,  y 
comprenant  la  mer  Baltique  ,  Se  la  mer  d'Allemagne 
ajoute  :  tout  le  long  de  cette  mer  jufqu'à  la  rivière  dç 
l'Efcaut,  le  pays  eft  habité  par  des  nations  germaniques. 
.  Dans  un  chapitre  où  il  traite  de  la  Gaule  en  Général ,  il 
il  dit  :  ceux  qui  habitent  le  long  du  Rhin  font  des  na- 
tions de  la  Germanie  dans  cette  même  Province  (  la 
Belgique)  ,  favoir  les  NEMETES  ,  lesTRIBOCHI  ,  en- 
fuite  les  Ubiens  ,  Cologne  ,  les  Gugernes  .  les  Ba- 
TAVES  ,  Se  ceux  que  j'ai  dit  qui  demeurent  dans  les 
ifles  du  Rhin.  Il  veut  dire  les  CanineFATES  ,  les  Fri- 
fons  ,  Sec. 

Tacite  ,  German.  c.  18  ,  dit  que  les  TreverOÎS  & 
les  Nerviens  afïéctoient  avec  paffion  de  vanter  leur  ori- 
gine germanique  ,  comme  fi  par- là  ils  fe  fufîent  distin- 
gués de  la  nonchalance  des  Gaulois.  Il  ajoute  que  les 
bords  du  Rhin  font  indubitablement  habités  par  des  peu- 
ples Germains  ;  les  Rangions  ,  les  Tribocci  ,  Se  les  Ne- 
metes.  Les  Romains  tranfportérent  quelques  peuples  de 
la  Germanie.  Suétone  ,  in  Auguflo ,  c.  11,  dit  qu'Au- 
gufte  fit  pafTer  les  Suéves  Se  les  Sicambres  ,  qui  s'étoient 
fournis,  dans  la  Gaule  Scies  établit  proche  le  Rhin.  Stra- 
bon  ,  /.  4  ,  dit  qu'Agrippa  amena  en-  deçà  du  fleuve  ,  les 
Ubiens  qui  y  confentirent.  Tacite ,  Annal.  1. 17,  c.  2 ,  dit 
a-peu-près  la  même  chofe. Tacite,  German.  c.  19 ,  dit  que 
les  Bataves  qui  habitoient  au  bord  de  ce  fleuve  ,  étoient 
originairement  un  peuple  d'entre  les  Cattes ,  Se  que ,  chaf- 
fés^  de  chez  eux  par  une  guerre  civile,   ils  s'étoient  refu- 

fiés  dan?  une  contrée  où  ils  étoient  devenus  partie  dt 
empire  Romain  ;  que  pour  cette  raifon ,  on  les  avoit 
maintenus  fur  l'ancien  pied  d'alliés;  qu'on  ne  les  rabaif- 
foit  point  par  des  tributs,  Se  qu'ils  n'étoient  point  tyran- 
nifés  par  les  exacleurs  des  deniers  publics  ;  qu'ils  étoienç 


99 


éteints  ae  toutes  charges  Se  contributions  ;  qu'on  les 
réfervoit  feulement  pour  s'en  fervir  dans  les  batailles. 
Suétone  dans  la  Vie  de  Tibère  ,  c.  9,  dit  que  ce  prince 
n'étant  encore  que  gendre  d'Augufte  ,  pendant  la  guerre 
contre  les  Germains  ,  en  tranfporta  dans  la  Gaule  qua- 
rante mille  de  ceux  qui  fe  rendirent  à  lui ,  Se  Ieuraffigna 
des  demeures  le  long  du  Rhin.  Eutrope ,  Breviar.  1. 7, 
c.  5,  écrit  qu'il  y  avoit  quarante  mille  prifonniers.  En 
voilà  allez  pour  donner  lieu  aux  Romains  de  nom.ner 
Germanie  un  canton  de  la  Gaule.  C'étoit  la  feu'e  qu'ils 
euflent  véritablement  conquife  ;  car  Varus  qui  s'avança 
un  peu  trop  dans  le  pays  que  nous  appelions  aujourd'hui 
la  Wifiphalie ,  y  périt  avec  fon  armée.  Les  Ubiens  qui 
étoient  d'abord  au-delà  du  Rhin  ,  furent  fi  odieux  aux; 
autres  peuples  de-  la  Germanie  ,  pour  avoir  reçu  le  joug 
des  Romains  ,  qu'ils  pailerent  de  l'autre  côté  du  fleuve. 
Les  armées  Romaines  fubjuguerent  néanmoins  quelques 
peuples,  dont  le  pays  étoit  en  partie  au-delà  du  Rhin, 
comme  les  Nèmetes  qui  étoient  aux  environs  de  Spiàje, 
les  Vangions  aux  environs  de  Worms ,  les  Tribocci  aux 
environs  de  Mayence.  Comme  ces  peuples  étoient  prin- 
cipalement, Se  par  rapport  à  leurs  capitales  ,  dans  la 
Gaule  Se  au  couchant  du  Rhin,  on  les  rangea  fous  le 
gouvernement  de  la  Gaule,  Se  on  les  joignit  à  la  Belgique. 

Il  y  eut  donc  une  partie  de  ia  Belgique  ,  qui,  jointe  à 
une  hfiere  de  la  grande  Germanie ,  porta  le  nom  de  Ger- 
manie ;  Se  cette  partie  fut  divifée  en  Germanie  su>- 
PÉRIEURE  Se  INFÉRIEURE.  Cette  divifion  a  é-'é  auffi 
employée  par  Dion  Caffius  pour  la  grande  Germanie.  Il 
appeUe  fupérieure  la  partie  voifine  des  fources  du  Rhin , 
Se  inférieure  celle  qui  la  fuit  jufqu'à  l'embouchure  de  ce 
fleuve.  Mais  je  ne  vois  pas  dans  les  anciens ,  que  cette 
divifion  ait  été  fort,imitée. 

Celle  qui  regarde  la  Germanie  Belgique  eft  plus  con- 
nue ;  beaucoup  d'auteurs  en  ont  parlé.  Ptolomée,  entr'au- 
tres,  les  fépàre  par  la  rivière  <SObringa.  Voyez  ce  mot. 
Voici  comment  il  les  diftribue. 

De  la  Germanie  inférieure. 

La  partie  du  pays ,  (de  la  Belgique,)  qui  eft  près  du 
Rhin  ,  depuis  la  mer  jufqu'à  la  rivière  d  (jbringa,  s'ap- 
pelle la  Germanie  inférieure ,  clans  laquelle  font  les  vil- 
les fituées  au  couchant  du  Rhin  ,  favoir  : 

Batavodurum ,  Bonna , 

Fêtera  ,  Legio  I. 

Legio  xxx.  Ulpia ,  Trajana , 

Agrippinenfis ,  Mocontiacum. 

De  la  Germanie  supérieure. 

Ce  qui  eft  au  midi  de  la  rivière  d'Obringa  ,  pourfuit 
Ptolomée  ,  eft  appelle  la  Germanie  fupérieure.  En  com- 
mençant à  cette  rivière ,  on  y  trouve  les  villes  , 

Des  Nemetes. 

Neomdgus,  Rufiniana. 

Des  Vangions. 

Borbetomagus  ,  Legio  vm  Augufia, 

Argentoratum , 

Des  Tribocci. 

Breucomagus ,  Elcebus. 

Des  Rauriques. 
Augufia  Rauricorum  ,     Argentuariaî 
Des  Longons. 

Andomatunum. 

Et  au-deflus  du  mont  Jura,  les  HelvïTIENS  auprès  du 
Rhin.  Leurs  villes  font , 

Gannodurum  «  Forum  Tiberii. 

Tome  III.      N  ij 


ïoo  GER. 

Les  Romains  gouvernèrent  long-tems  cette  Germanie 
citérieure  par  deux  préfidens.  On  trouve  dans  Tacite , 
Hift.  I.4,  ci  55,  Julius  Tutor  établi  par  Vitellius,  Se 
dans  Suétone  ,  in  Domitian.  c.  6,  Lucius  Antonius,  pré- 
sident de  la  Germanie  fupérieure. 

Après  le  règne  deTrajan,  la  Germanie,  étoit  gouver- 
née par  des  hommes  confulaires  :  on  les  appelloit  alors 
duces  ,  Se  ils  avoient  pour  les  aider  des  officiers  nom- 
més comices.  Mais  Conftantin  changea  cette  difpofition. 
Il  fit  gouverner  l'Occident  par  deux  préfets  du  prétoire , 
mit  à  Trêves  le  préfet  du  prétoire  des  Gaule»;  Se  ce  ma- 
giftrat  avoit  fous  lui  celui  qui  commandoit  à  Mayence, 
avec  le  titre  de  dux  :  il  avoit  en  outre  fous  fes  ordres 
onze  lieutenans  militaires,  qui  font  Spécifiés  dans  la  No- 
tice de  l'Empire. 

Il  faut  ajouter  que  ces  Germains  de  la  Belgique  n'é- 
toient  pas  tous  d'une  même  condition  ;  car  quelques-uns , 
comme  les  Bataves ,  étoient  traités  en  alliés.  Les  autres 
étoient  incorporés  à  l'empire  ,  Se  jouiflbient  du  droit 
municipal. 

Outre  la  divifion  dont  nous  venons  déparier,  les  No- 
tices en  fourniffent  une  autre ,  qui  revient  à  la  même 
chofe ,  favoir  en  première  Se  en  féconde  Germanie  ;  elle 
eft  poftérieure ,  Se  on  ne  fauroit  dire  au  jufte  fi  la  même 
rivière  SObringa  ou  Abrica,  qui ,  au  rapport  de  Ptolo- 
mée  Se  deMarciend'Héraclée,  féparoit  la  Germanie  fu- 
périeure de  V inférieure ,  étoit  auffi  la  borne  entre  la  pre- 
mière Germanie  Se  la  féconde.  Comme  ces  notices, 
dont  je  parle ,  n'ont  été  faites  que  par  rapport  au  gou- 
vernement eccléfiailique ,  elles  ne  font  mention  que  des 
villes  épifcopales. 

De  la  première  G 


GER. 


Elle  avoit  quatre  villes  ,  dont  la  métropole  étoit 
Mayence ,  les  trois  autres  Strasbourg,  Spire  Si  Worms, 

De  la  féconde  Germanie» 

Elle  n'avoit  que  deux  villes,  dont  la  métropole  étoit 
Cologne.  L'autre  ville  étoit  Tongres. 

GERMANIE ,  ville  d'Afie.  Elle  étoit  épifcopale,  fous 
le  patriarche  de  Conftantinople  ,  Se  étoit  la  fokante- 
fêprieme  en  rang  entre  les  métropoles. 

GERMANIENSIS,  fiége  épifcopal  d'Afrique,  dans  la 
Numidie.  La  Notice  d'Afrique  fait  mention  de  fon  évê- 
que ,  qu'elle  nomme  Crefcentianus  Germanienfis  ;  Se  dans 
la  Conférence  de  Carthage,  Optât.  Oper.  p.  261 ,  édit. 
de  Du-Pin ,  on  trouve  Innocentius  epifeopus  ecclefice  Ger- 
manienfis. Il  ne  faut  pas  confondre  ce  fiége  avec  celui 
de  Germanitia&a,  qui  étoit  dans  la  Bizacene. 

GERMANII ,  nation  d'Afie ,  dans  la  Perfe ,  félon 
Hérodote.  Voyez  Germânes. 

GERMANIQUE  ;  (  le  corps  )  on  appelle  ainfi  tous 
les  différens  Etats  qui  compofent  l'empire  d'Allemagne, 
pris  enfemble. 

GERMANOPOLIS ,  ville  d'Afie ,  dans  la  Paphlago- 
nie.  Voyez  GermaniCOPOUS  3. 

GERMANORUM  Castra  ,  lieu  maritime  d'Afri- 
que ,  dans  la  Mauritanie  Céfarienfe  ,  félon  Ptolomée  , 

l.4,C2. 

GERMANORUM  Oppidum,  nom  htin  àefaim 
Gourou  Gower.  Voyez  au  mot  Saint,  l'article  Saint- 
Gower. 

GERMANO-SCYTHE.  VoyezCELTJCA  2. 

GERMANUM.  Voyez  Germalum. 

GERMASTE.  Voyez  Girmasti. 

GERME  ou  GERM.E,  ville  d'Afie,  dans  l'Hell es- 
pont.  Antonin _,  Itiner.  la  met  entre  Pergame  &  Thya- 
tire,  à  vingt-cinq  mille  pas  de  la  première,  Se  à  trente- 
trois  de  la  féconde.  La  notice  de  Hieroclès  la  nomme 
TtpfMu  ,  GermvE.  Celle  de  Léon  le  Sage ,  Germes  au 
génitif.  Elle  tient  le  vingt-huitième  rang  entre  les  arche- 
vêchés fournis  au  patriarche  de  Conftantinople  dans 
une  autre  Notice.  VoyezGERMA  Se  Girmasti. 

GERMEN,  lieu  de  la  Morée,  fur  une  montagne  de 
la  Zaconie ,  environ  à  une  lieue  de  Chielefa ,  du  côté  du 
nord.  Quelques-uns  croient  que  c'eft  l'ancienne  Gerenià, 
que  d'autres  mettent  à  Paffava. 

GERMERSHEIM,  félon  Hubner,  Géogr.  p.  452, 
petite  ville  d'Allemagne,  au  Palatinat  du  Rhin.  Se  chef- 


lieu  d'un  bailliage  de  même  nom.  Baudrand,  éd.  170,, 
la  donne  à  la  France ,  fous  prétexte  qu'elle  a  autrefois 
été  de  la  baffe  Alface.  Elle  eft  à  un  mille  d'Allemagne, 
au-deffus  de  Philisbourg ,  Se  à  deux  au-deffus  de  Spire, 
en  allant  vers  Haguenau.  Elle  étoit  autrefois  ville  libre 
&  impériale!;  mais  l'empereur  Charles  IV  l'engagea  à 
Robert  comte  Palatin  ,  pour  une  fomme  d'argent  ;  Se 
depuis  ce  tems-là  ,  elle  eft  demeurée  annexée  au  Pala- 
tinat. 

Le  bailliage  de  Germersheim  eft  fous-divifé  en  cinq 
diftrifts ,  qui  font  : 

Germersheim,  Akenftat, 

Seltz  ,  Hagenback  , 

&t  Godramftein. 

Il  y  a  cent  quarante  paroiflês.  Il  a  été  fort  endommagé 
durant  les  guerres  d'Allemagne,  fur  la  fin  du  fiécle  der« 
nier. 

1.  GERMIA,  ville  d'Afie,  dans  la  Galatie  falutaire, 
félon  la  notice  de  Hieroclès.  Elle  eft  nommée  Germo-Co- 
lonia,  dans  la  Notice  de  Léon  le  Sage,  Se  marquée  en* 
tre  les  évêchés  qui  étoient  indépendans  ,  félon  une  autre 
Notice. 

2.  GERMIA  :  Laonic  Calchondyle  nomme  ainfi  une 
ville  de  Thrace  ,  voifine  d'Andrinople  ;  Se  Leunclave 
dit  que  c'eft  préfentement  Kermen  dans  la  Romanie. 
*  Baudrand,  éd.  1682. 

1.  GERMIAN,  (le)  petit  canton  de  laNatolie,  dans 
les  terres  :  il  a  leDurgut-lli  au  nord ,  félon  De  l'ifle  dans 
fon  Atlas ,  la  Caramanie  au  levant ,  l'Aidin-Ili  au  midi , 
Se  le  Sarchant  au  couchant.  Le  Madré,  qui  eft  le  Méan- 
dre des  anciens ,  le  traverfe  dans  fa  longueur.  Les  princi- 
paux lieux  font, 


Eski-Hiffar3 
Neftie , 


Aphiom  Cara-Hiffar, 

Les  ruines  de  Coloffes,  Sec. 


1.  GERMIAN ,  (le)  montagne  de  la  Natolie ,  à  la 
fource  du  fleuve  Sangari.  C'eftle  Dindyntjs.  *Bau~ 
drand,  éd.  1705. 

GERMIANA,  ville  de  la  Mauritanie  Céfarienfe ,  fé- 
lon Ptolomée ,  /.  4,  c.  2. 

1.  GERMIGNI  ou  G er M ini,  village  de  France," 
en  Champagne  ,  dans  la  Brie,  au  diocèse  de  Meaux,  à 
trois  lieues  de  cette  ville,  fur  la  Marne.  Ce  lieu  eft  re- 
marquable par  la  belle  maifon  de  campagne  que  les  évê- 
ques  de  Meaux  y  pofledent  :  on  en  admire  les  jardins  Se 
la  terraffe. 

2.  GERMIGNI,  en  hsmGermanicum  caflrum.  Suger, 
dans  la  Vie  de  Louis  le  Gros,  parle  de  ce  château,  Se  le 
met  inpartibus  Bituricenfum,  dans  le  Berri.  Il  dit  qu'il 
étoit  très-fort ,  Se  appartenoit  à  Haimon  ,  feigneur  de 
Eourbon.  Le  roi  s'en  étant  rendu  maître ,  força  Haimon 
Se  les  châtelains  à  fe  foumettre.  Ce  Germigni  eft  pré- 
fentement dans  le  Bourbonnois ,  entre  Dun-le-Roi  Se  Ne- 
vers  ,  à  cinq  ou  fix  lieues  de  Bourbon-l'Archambault. 

3.  GERMIGNI,  en  latin  GermaniacumouGerminîa- 
cum ,  village  de  France,  en  Champagne,  près  de  Rheims. 
On  lit  que  Thierri ,  roi  d'Auftrafie  ,  en  fit  donation  à 
Thierri  Abbé. 

4.  GERMIGNI,  en  latin  Gtrminiacum,  village  de 
France,  au  diocèse  d'Orléans,  fur  la  Loire ,  près  de  l'ab- 
baye de  Fleuri.  Letald  en  fait  mention  dans  fon  livre  des 
miracles  de  S.  Maximin  abbé.  Et  il  s'y  eft  tenu  un 
concile  en  843.  *  Mabillon ,  De  re  Diplom.  /.  4. 

Charles  le  Chauve  a  fait  quelque  féjour  dans  ce  lieu; 
ce  qui  a  fait  croire  à  Dom  Michel  Germain  que  nos 
rois  y  avoient  un  château. 

GERMIUM ,  village  de  Lorraine.  C'eft  la  patrie  de 
S.  Guibert.  Voyez  fa  Vie.  *  Ortel.  Thef. 

GERMUE.  Voyez  Yarmouth. 

GERN  ,  bourgade  d'Allemagne,  dans  la  baffe  Bavière  : 
elle  eft  prefque  contigue  au  bourg  d'Eggenfelden,  dont 
elle  eft  féparée  par  la  Rotte ,  rivière  qui  fe  perd  dans 
l'Inn.  Corneille  Dicl.  en  fait  une  ville. 
•GERNIA  ,  bourg  de  l'ifle  de  Mételin ,  dans  l'Archipel, 
vers  la  côte  orientale  de  l'ifle ,  au  nord  de  la  ville  de  Mé- 
telin. Il  a  fuccédé  à  l'ancienne  JEgirum. 

GERNICOURT,  Gerniaca  curtis,  village  de  Cham- 
pagne ,  au  diocèse  de  Rheims  ,  où  mourut  S.  Rigebert , 


GER 


GER 


archevêque  de  cette  ville ,  au  retour  de  fon  exil ,  le  4  jan- 
vier 733. 

GERNIUM  ,  (ou  plutôt  Gernus)  lieu  de  la  Gaule 
Narbonnoife ,  en  allant  de  la  Vénus-Pyrénée,  ou  Port-à- 
.Vendre  àTaralcon.  *  Strab.  1.  4,  p.  179. 

GERNSEY.  Voyez  Gaunesey. 

GERNSHEIM,  petite  ville  d'Allemagne,  dans  le  cer- 
cle électoral  du  Rhin ,  au  landgraviat  de  Darmftadt,  fur 
le  Rhin.  Elle  eft  accompagnée  d'un  bon  château,  au 
midi  delà  ville  de  Darmftadt.  *  Baudrand,  édit.  1705. 

GER.ODA,  ancien  lieu  d'Ane  ,  dans  la  Céléfyrie  : 
Antonin ,  Itiner.  le  metiur  la  route  de  Baumaris  à  Na- 
ploulè  ,  entre  la  première^:  Damas,  à  quarante  mille  pas 
de  Tune  &  de  l'autre. 

GEROLATA.  Voyez  GerulatA. 
.  GEROLDS-ECK,  feigneurie  d'Allemagne,  en  la 
Suabe,  eftfituée  dans  l'Ortenau,  fur  le  Rhin,  vis-à-vis 
de  Strasbourg  ,  &  a  titre  de  comté.  Elle  a  eulong-tems 
des  comtes  de  même  nom  ,  &C  a  pafle  enfuite  à  la  mai- 
fon  de  Cronberg,  qui  eft  préfentement  éteinte.  * Hubner, 
Géogr.  p.  413.  C'eft  la  maifon  de  Linde,  qui  le  poflede 
depuis  1704.     ■ 

GEROLSTEIN,  petit  bourg  d'Allemagne ,  dans  le 
cercle  électoral  du  Rhin  ,  au  comté  de  même  nom  ,  fur 
la  rivière  de  Kyl  ,  à  dix  lieues  de  Trêves  vers  le  nord. 

Le  comté  de  GEROLSTEIN  eft  presque  enclavé 
dans  l'archevêché  de  Trêves.  La  rivière  de  Kyl  le  tra- 
verfe,  &  le  coupe  en  deux  parties  inégales.  Les  comtes 
de  Gérolftein  étoient  iffus  d'une  famille  très-ancienne , 
qui'  pofledoit  de  grands  biens  le  long  de  la  Mofelle  :  elle 
finit  en  Marguerite ,  qui  porta  cet  héritage  aux  comtes 
de  Blanckenheim  ,  desquels  il  a  pafle  à  ceux  de  Man- 
derscheid.  *  D'Audifret,  Géogr.  1. 1,  p.  396. 

1.  GERON,  rivière  duPéloponnefe  :  elle  couloit  au- 
près de  Pylos,  félon  Strabon ,  Le,  p.  340. 

2.  GERON,  dafert  d'Ane,  dans  le  voifinage  du  fleuve 
Indus  :  il  eft  furnommé  Tehol-Célali.  *  Hift.  de  Timur- 
Bec,  l.  4,  c.  9. 

GERONIUM.  Voyez  Gerunium. 

GERONSART,  abbaye  de  chanoines  réguliers  ,  dans 
les  Pays- bas,  au  comté  de  Namur,  fur  la  droite  de  la 
Meute,  à  un  quart  de  lieue  de  Namur. 

GERONTHA,  ifle,  entre  les  Sporades ,  félon  Pline, 
/.  4,  c.  11.  Il  eft  le  feul  ancien  qui  en  ait  parlé. 

GERONTIS  ,  fiége  épifcopal  d'Egypte ,  félon  des 
Notices  grecques.  On  trouve  dans  le  concile  de  Chal- 
cédoine,  tenu  l'an  451,  Stcphanus  Gerontis.  *Harduin. 
Colleci.  conc, 

GERONTIUS  ,  montagne  du  Péloponnefe  ,  félon 
Paufanias ,  in  Arcadic. 

GERONTnN  PORTUS  ,  c'eft-à-dire  le  pondes 
vieillards  ,  port  de  l'ifle  de  Chio  ,  félon  jElien ,  de  Ani- 
mal. 1. 12,  c.  10. 

1.  GERRA  ou  Gerrum,  ville  d'Egypte.  Voyez 
Gerare. 

1.  GERRA,  ville  de  l'ifle  deLotophagite,  fur  la  côte 
d'Afrique.  Voyez  Gerbes.  *  Peolomée,  1.  4,  c.  3. 

3.  GERRA ,  ville  de  Syrie  :  Ptolomée  ,  l.  <f  ,c  15,  y 
en  met  deux  ;  l'une  qu'il  nomme  Gerrhe ,  8c  qu'il  donne 
à  laCyrrheftique,  vers  l'Euphrate  ;  8c  l'autre  près  du 
mont  Àlhadamus,  chez  les  Arabes  Trachonites. 

4.  GERRA,  ville  de  l'Arabie  heureufe ,  fur  la  mer, 
félon  Pline  ,1.6,  c.  18.  Elle  donnoit  fon  nom  au  golfe 
Gerraicu.%  linus.  Il  dit  qu'elle  avoit  cinq  milles  de  cir- 
cuit ,  &  des  tours  bâties  de  mafles  de  fel  carrées.  Stra- 
bon ,  /.  16,  lui  donne  des  maifons  de  fel.  Il  ajoute 
que  fes  habitans  s  etoient  enrichis  par  le  commerce.  Il 
ne  faut  pas  confondre  ces  Gerréens  avec  les  Gerréens 
ou  Gerréniens  dont  il  eft  parlé  dans  les  Machabées , 
l.  i,  c.  13  ,  v.  24,  s'il  eft  vrai ,  comme  le  croit  D.  Cal- 
met ,  que  ce  foient  les  habitans  de  Gerara.  Voyez  Ge- 
Rare.  Pour  revenir  à  ceux  dont  il  eft  queftion  dans  cet 
article,  Diodore  de  Sicile,  /.  3  ,  c.  42,  dit  qu'eux  8c  les 
Minéens  portoient  de  l'encens  &  autres  parfums  de  la 
haute  Arabie. 

GERRHA  &  Gerrhe.  Voyez  Gerra. 

GERRHjE  ,  peuple  de  la  Scythie  ,  en  Europe  ,  au 
midi  du  Danube, félon  Denys  le  Périegete.  *  Ortel.Thei'. 

GERRHI,  ancien  peuple  de  la  Sarmatie  Afiatique, 
félon  Ptolomée,  /.  5,  c.9.  Selon  cet  auteur,  ils  n'étoient 
pas  loin  de  la  mer  Calpienne., 


IOÎ 

GERRHUM.  Voyez  Gerra  i.   . 

GERRHUNIUM  ou  Gerrunium,  château  ou  place 
forte  de  Grèce ,  dans  la  Macédoine,  à  l'extrémité,  du  côté 
d  Antipatrie,  félon  Tite-Live,  /.31,  c.  27. 

1.  GERRHUS  ,  rivière  de  la  Sarmatie  ,  en  Europe, 
félon  Ptolomée  ,  /.  3  ,  c.  5  ,  qui  met  fon  embouchure 
dans  les  Palus-Méotides ,  entre  les  villes  d'Acra  &  de 
Cremni  ou  Cneme  :  Hérodote,  A4,  c.  56,  dit  qu'il 
prend  fon  nom  d'un  lieu  appelle  aufli  Gerrkus  ;  qu'il 
iepare  les  Scythes  Nomades  ou  Vagabonds  d'avec  les 
Scythes  rovaux  ,  8c  qu'il  tombe  dans  l'Hypacaris. 

2.  GERRHUS,  fleuve  d'Afie,  dans  l'Albanie,  félon 
Ptolomée,  /.  \,  c.  12,  qui  met  fon  embouchure  entre 
les  villes  de  Téléba  8c  de  Gelda. 

GERRY ,  bourg  d'Efpagne  dans  la  Catalogne  ,  fur  la 
rivière  de  Noguéra,  Les  anciens  l'ont  connu  fous  le  nom 
à'Acerris. 

GERS ,  (le)  rivière  de  France ,  en  Gafcogne  :  elle  a 
fa  fource  au  Manhoac  ;  coule  au  feptentrion  par  le  pays 
d'Aftarac  qu'elle  partage  deux  ,  par  le  comté  d'Arma- 
gnac; pafle  près  d'Auch,  de  Caftelgeloux,  de  Florence 
&  deLeitoure  ;  puis,  traverfant  la Lomagne ,  elle  fe rend 
dans  la  Garonne,  deux  lieues  au-deflus  d'Agen. 

GERSAW ,  bourg  de  Suifle.  Il  eft  au  bord  du  lac  de 
Lucerne ,  entre  ce  canton  &  celui  de  Schwitz,  &  forme 
une  efpece  de  petite  république  fouveraine,  ne  dépen- 
dant de  perfonne,  de  tems  immémorial  ;  il  eft  feulement 
des  quatre  cantons  voifins  du  lac,  favoir  Lucerne,  Uri, 
Schwitz  8c  Undervald  :  on  y  a  même  des  aftes  authen^ 
tiques,  de  l'an  1359,  qui  font  foi  que  cette  année  ,  ces 
quatre  cantons  firent  alliance  avec  les  bourgeois  de  Ger- 
faw ,  comme  d'égaux  à  égaux ,  8c  les  reçurent  dans  le 
corps  de  leur  alliance.  *  Etat  &  Délices  de  la  Suiffe, 
t.  2,  p.  403. 

GERSBACH  ou  Gertsbach  ,  petite  ville  d'Alle- 
magne, au  cercle  de  Suabe ,  dans  le  haut  margraviat  de 
Bade,  fur  la  rivière  de  Murg  ,  au  levant  de  la  ville  de 
Bade.* D' A udifret ,  Géogr.  t.  3.  Vaugondy ,  Adas. 

GERSTEN ,  abbaye  d'hommes ,  ordre  de  S.  Benoît ,  en 

Allemagne  dans  la  haute  Autriche,  proche  la  villede  Srevr 

GERSY,  abbaye.  Voyez  Jersy.  '  * 

GERTICOS ,   ville  de  Lufitanie  ,  ainfi  appellée  du 

tems  des  Goths  ;  8c  on  la  nomme  préfentement  Vamba, 

félon  Ortélius ,  Thefaur.  qui  cite  Morales  8c  Beuterus. 

GERTRUIDENBERG  ,  ville  des  Pays-bas,  au  Bra- 
bant  Hollandois  &i  de  la  Hollande  méridionale.  Elle  eft 
fituée  à  l'embouchure  de  la  rivière  de  Dongen  ,  qui 
tombe  dans  le  Biesbos  ,  8c  fur  le  bord  de  ce  golfe  qui 
eft  entre  cette  ville  8c  celle  de  Dordrecht.  Ce  font  les 
triftes  reftes  d'une afrreufe  inondation,  arrivée  le  ^No- 
vembre 1421.  Les  digues  du  Vahal  &  de  la  Meufe  n  ayant 
pu  foutenir  le  débordement  impétueux  de  ces  deux  ri- 
vières ,  leurs  eaux  fubmergerent  foixante  8c  douze  villa- 
ges ,  &C  firent  périr  plus  de  cent  milles  âmes.  Voyez 
BlESBOS.  *  Janiçon,  Etat  préfent  des  Provinces-Unïes, 
t.  2,  p.  261. 

Les  auteurs  ne  s'accordent  pas  fur  l'étymologie  du  nom 
de  S.  Gertruidenberg  ;  je  rapporte  celle  d'Alting  ,  qui 
me  paroît  la  plus  vraifemblable.  Il  dit  que,  ne  voyant 
aucune  hauteur  autour  de  cette  ville  ,  il  croit  qu'elle"  tire 
fon  nom  de  Gertruide,  tante  de  Pépin,  père  de  Charles 
Martel ,  qui  s'étant  confacrée  à  Dieu ,  fe  retira  dans  cet 
endroit,  à  caufe  du  voifinage  de  la  cellule  de  faint  Amand, 
qui  lui  fit  regarder  ce  lieu  comme  une  forterefle  où  elle 
feroit  à  l'abri  des  tentations.  Comme  elle  y  mourut  en 
odeur  de  fainteté  ,  8c  qu'on  lui  attribua  de  grands  miracles 
après  fa  moft ,  cette  ville  a  pris  le  nom  de  la  montagne 
dejainte  Gertrude  ;  cependant  on  l'a  aufli  appellée  dans 
la  fuite  mons  littoris,  c'eft-à-dire  montagne  du  rivage. 

Quoiqu'il  en  foit ,  cette  ville  eft  fi  ancienne  ,  qu'on 
ne  fait  à  qui  en  attribuer  la  fondation.  Son  afliette  fur  les 
limites  entre  le  Brabant  8c  la  Hollande,  a  cauiè  de  grandes 
guerres  entre  les  habitans  de  ces  deux  provinces ,  qui 
prétendoient  de  part  8c  d'autre  que  cette  ville  leur  ap- 
partenoit.  Leur  opiniâtreté  alla  li  loin  ,  que  les  Bra- 
bançons faifoient  prêter  ferment  à  leur  duc  ,  le  jour  de 
fon  inftallation  ,  qu'il  feroit  tous  (es  efforts  pour  réunir 
cette  ville  au  Brabant  ;  Se  les  Hollandois  ,de  leur  côté, 
obligeoient  leur  comte  de  jurer  qu'il  n'épargneroit  rien 
pour  fe  la  conferver.  Les  fondemens  du  château  ,  qui 
étoit  dans  l'enceinte  de  la  ville,  furent  jettes  en  13 21  ; 


GER 


102 

&  ce  château  fubfifta  jûfqu'ën  1410  ,  qu'il  fut  prefque 
entièrement  détruit  par  les  habitans  de  Dordrecht ,  a 
l'occafion  dj  la  guerre  entre  Jean  de  Bavière  &  la  com- 
ieffe  Jaqueline.  La  plus  grande  partie  de  la  ville  fut  auffi 
brûlée  avec  l'églife  ;  Se  le  château ,  depuis  ce  tems ,  a 
été  entièrement  démoli.  Cette  ville  a  auffi  beaucoup 
fouffert  par  la  guerre  qui  a  régné  fi  long-tems  entre  les 
Hoeks  &C  les  Cabbelljaus  ,  6c dans  la  révolution  des  pays- 
bas.  En  1 573  ,  les  confédérés  la  prirent  fur  les  Efpagnols  ; 
•mais  en  1589,  le  prince  de  Parme  la  reprit,  par  la  per- 
fidie de  la  garnifon  Angloife  qui  la  lui  vendit.  Le  prince 
Maurice  la  prit  en  1593  ,  après  un  fiége  de  trois  mois  ; 
&  le  prince  Frédéric-Henri  fon  frère  ,  qui  avoit  affifté 
à  ce  fiége  ,  fut  fait  gouverneur  de  la  place  ,  quoiqu'il 
«'eût  alors  que  neuf  ans.  Depuis  ce  tems-là  ,  eiïe  a  tou- 
jours été  fous  la  domination  de  la  république  ,  Se  eft  un 
des  principaux  boulevards  de  la  Hollande.  Cette  ville  , 
avec  tout  fon  territoire  ,  eft  une  feigneurie  qui  a  paffé 
dans  la  maifon  de  Nauffau-Orange  ,  en  même- tems 
que  la  baronnie  de  Bréda  ;  Se  elle  eft  encore  fous  l'ad- 
miniftration  du  confeil  des  domaines. 

Cette  ville  a  la  figure  d'un  croiffant ,  6e  eft  très-forte. 
Son  rempart  a  environ  un  quart  de  lieue  de  circuit  ;  il  eft 
flanqué  de  cinq  baftions  du  côté  de  la  terre  ,  environné 
d'un  foffé  large  6c  profond  ,  8c  défendu  par  une  bonne 
contrefcarpe.  Elle  fut  ainfi  fortifiée  après  la  pacification 
de  Gand  ,  par  Guillaume  I ,  prince  d'Orange  ,  pour  fer- 
vir  de  barrière  à  la  Hollande  ,  avec  fes  autres  feigneuries 
de  ce  côté-là.  Sa  fituation  la  rend  encore  plus  forte  ;  car 
d'un  côté  elle  eft  affife  fur  le  bord  du  Biesbos ,  Se  de 
l'autre  arrofée  par  la  rivière  de  Dongen ,  qui  peut  inon- 
der tous  les  environs. 

Cette  ville  eft  allez  jolie  ,  8c  percée  de  dixrues  , dont 
la  plus  longue  8c  la  plus  large  va  d'une  extrémité  de  la 
ville  jufqu  au  havre  qui  eft  affez  commode.  Il  y  a  deux 
à  trois  cens  maifons  ,  Se  environ  mille  habitans.  L'églife 
eft  au  milieu  d'une  place  ronde  ,  8c  deffervie  par  deux 
pafteurs  de  la  claffe  de  Dordrechet  ,  entretenus  par  le 
ifeigneur.  Les  Catholiques  Romains  ont  une  chapelle  où 
les  habitans  de  la  campagne  vont  entendre  la  meffe.  La 
maifon  de  ville  eft  un  affez  beau  bâtiment ,  fitué  au 
milieu  de  la  grande  rué.  On  y  a  bâti  un  palais  ,  pour  y 
loger  le  prince  Frédéric-Henri ,  dans  le  tems  qu'il  fut  fait 
gouverneur  de  la  place.  C'eft  aujourd'hui  la  demeure 
du  commandant  ;  6c  dans  un  autre  corps  de  logis ,  qu'on 
appelle  la  petite  cour ,  demeure  le  receveur  du  feigneur, 
qui  prend  en  même  tems  le  titre  de  châtelain.  Le  ma- 
gazin  eft  à  une  extrémité  de  la  ville,  6c  fous  la  direction 
d'un  commis  ,  établi  ôc  entretenu  par  les  confeillers 
députés  des  états  de  Hollande. 

La  régence  eft  compofée  d'un  bailli  ,  de  deux  bour- 
guemeftres  ,  6c  de  cinq  échevins  ,  avec  un  tréforier  ôc 
un  fecrétaire.  Le  bailli  eft  le  chef  de  la  police  6c  de  la 
juftice ,  8c  eft  établi  à  vie  par  le  feigneur  ,  qui  change 
ou  continue  tous  les  ans  les  bourguemeftres  8c  les  éche- 
vins ,  fur  une  double  nomination  du  bailli.  Ces  magif- 
trats  font  obligés  de  fe  conformer  aux  loix  6c  aux  cou- 
tumes qui  s'obfervent  en  Hollande  ;  8c  l'on  appelle  de 
leurs  fentences  ,  dans  les  affaires  civiles  ,  à  la  cour  de 
juftice  de  Hollande  à  la  Haye.  Le  fecrétaire  6c  le  rece- 
veur des  domaines  font  établis  à  vie  par  le  feigneur.  Les 
confeillers  députés  des  états  de  Hollande  y  établiffent 
un  autre  receveur  pour  la  perception  du  verponding ,  8c 
d'autres  droits  ,  qui  rend  fes  comptes  au  receveur-gé- 
néral des  fept  Provinces  à  la  Haye.  Les  droits  de  con- 
somption ,  8c  autres  taxes  ,  fe  donnent  en  ferme  à  ceux 
qui  en  offrent  le  plus.  L'amirauté  de  Roterdam  y  a  un 
receveur  6c  un  controlleur  ,  avec  quelques  commis  des 
recherches  ,  pour  les  droits  d'entrée  6c  de  fortie. 

Il  eft  à  remarquer  que  la  ville  de  Gertruidenberg  avoit 
autrefois  féance  6c  voix  dans  l'affemblée  des  états  de 
Hollande  ,  Se  fes  députés  y  parurent  en  1581  ;  mais  elle 
demanda  à  être  difpenfée  de  cette  députation  dont  elle 
vouloit  épargner  les  frais  ;  fa  demande  lui  fut  accordée  : 
elle  s'en  eft  repentie ,  mais  trop  tard,  8c  a  perdu  fon  droit. 
Cette  ville  eft  fameufe  par  l'abondance  de  faumons  , 
d'efturgeons  6c  d'alofes  qu'on  pêche  aux  environs  de 
fa  côte.  Elle  jouit  du  droit  d'étape  pour  tous  ces  poif- 
lons.  C'eft  auffi  là  le  principal  commerce  des  habitans  qui 
envoient  ces  poiffons,  frais  ou  fumés,  dans  toutes  les  villes 
vpifines.Ce  lieu  eft  aufli  devenu  célèbre  parles  conférences 


GER, 


quî  s'y  tinrent  en  1710  ,  entre  le  maréchal  d'Huxelles  6c 
l'abbé  de  Polignac  ,  enfuite  cardinal  ,  plénipotentiaires 
du  roi  de  France  ,  8c  MM.  Buys  8c  Vander-Duflen, 
penfionaires  d'Amfterdam  6c  de  Goud§,,  8c  députés  des 
états  généraux  ;  mais  ces  conférences ,  qui  durèrent  de- 
puis le  9  Mars ,  juiqu'au  25  Juin  ,  n'eurent  aucun  fuccès. 
Les  armes  de  cette  ville  font  d'or  au  lion  de  gueules  , 
tenant  entre  fes  pattes  une  hache  à  la  danoife  d'argent. 

GERTUNS  ,  ville  de  Grèce  ,  dans  la  Darétide  , 
contrée  de  Macédoine  ,  félon  Polybe,  /.   5. 

GERUA  ,  ou  Terua  ;  la  reffemblance  du  G  Se  du 
T  a  rendu  l'orthographe  de  ce  nom  incertaine  :  c'eft  une 
ancienne  ville  delà  grande  Arménie  proche  l'Euphrate  r 
félon  Ptolomée  ,  /.  5  ,  c.   13. 

GERULATA ,  ancien  lieu  de  la  Pannonie.  Il  en  eft 
fait  mention  dans  la  notice  de  l'Empire,  Se8.$S  ,  6t 
elle  y  eft  nommée  Gerolata.  Antonin  ,  Itiner  la  met 
à  XIV  ,  M.  P.  de  Carnuntum.  C'eft  préfentement 
Kerlbubg  à  ce  qu'on  croit.  Voyez  ce  mot. 

GERUNDA  ,  ancien  nom  de  Gironne.  Voyez  ce 
met. 

GERUNIUM  ,  ancienne  ville  d'Italie  ,  félon  Etienne 
le  géographe  ,  qui  la  nomme  auffi  Gerenia.  Polybe 
dit  qu'elle  eft  dans  la  Pouille  à  dix  ftades  de  l'Aufide, 
c'eft-à-dire  de  l'Offante  ,  Se  à  deux  cens  de  Lucérie. 
Celfus  Cittadinus  écrivoit  autrefois  à  Ortéiius  qu'il  y  avoit 
faute  dans  Polybe ,  Se  qu'il  falioit  lire  Fiternum  au  lieu 
à'Aufidum,  parce  que  cette  ville  étoit  à  plaideurs  lieues 
de  l'Offante  ,  près  de  Larina  6c  de  Civitare.  Il  auroit  pu 
prouver  fon  fentiment  par  l'autorité  deTite-Live  ,  l.  22 , 
c.  24 ,  qui  la  nomme  Geronium  in  ag<-o  Lann.iti. 

Cette  ville,  qui  a  été  épiicopale  ,eft,  félon  le  plus  com- 
mun fentiment,  Dragonara  ou  Tragoncra,  village  dans  la 
Capitanate. 

1.  GERUS.  Voyez  Gerrhus. 

2.  GERUS,  abbaye  d'hommes,  ordre  de  Prémontré  en 
Allemagne  ,  dans  la  Bavière. 

CEFxUSA  ,  ville  de  la  Sarmatie  Afiatique ,  félon  Pto- 
lomée ,  /.  5  ,  c.  9. 

GERIONIS  Monumentum  ;  Ortéiius  croit  que 
c'étoit  une  fortereffe  bâtie  fur  une  ifle  ou  fur  on  écueil 
du  golfe  de  Cadix  ,  8c  cite  Mêla.  Mais  le  paffage  de 
ce  géographe  rétabli  par  les  critiques  plus  récens  ,  1  ,  3. 
c.  I,  n.  25,  porte  :  in  ipfo  mari  monumentumCœpionisfco* 
pulo  magis  quàm  infulce  impojïtum. 

Feftus  Avienus  fait  mention  de  Geronte  en  ces 
quartiers- là;  6c  il  en  parle  comme  d'une  citadelle  éle- 
vée ,  de  laquelle  on  prétendoit  que  Geryon  eût  pris  fort 
nom.   Ora  Marit.  v.  26 1 . 

Inde  ellfani  prominens  , 
Et  qutz  vetufium  Grœciœ  nomen  tenet  ,' 
Gerontis  arx  ejî  eminùs  :  namque  ex  eâ 
Geryonâ  quondam  nuncupatum  accepimus'. 

Il  fait  allufion  à  la  lignification  qu'à  le  mot  grec  Geron  ^ 
un  vieillard.  C'eft  ce  qu'il  entend  par  vetufium  nomen 
Gracia.  Il  faut  lire  à  caufe  du  vers  8c  du  lens  : 

Indefanum  efi prominens. 

Ce  qui  a  engagé  dans  l'erreur  ceux  qui  ont  lu  dans 
Mêla  Geryonis  pour  Capionis ,  c'eft  que  d'anciens  géo- 
graphes parlent  de  Géryon  à  l'occafion  d'Erithie  ,  entr'au- 
tres,Denys  le  Periégete  ,  v.  55  s;  ,  &  feq.  6c  Euftathe 
fon  commentateur,  ind.  L  6c  Pomponius  Mêla  lui-même, 
/.  3  ,  c.  6 ,  n.  1 1  ,  dit  :  dans  la  Lufitanie  eft  Fifle  d'I- 
rythie  que  nous  l'avons  avoir  été  habitée  par  Geryon  , 
Sec.  On  lit  dans  Suétone  que  Tibère  aliant  en  Illyrie  ,  Se 
paffant  à  Padoué  confulta  l'oracle  de  Geryon  ,  geryonis 
oraculum.  Quelques  commentateurs  ont  doute  s'il  ne 
falioit  pas  lire  Regîonis  au  lieu  de  Geryonis.  Alors  ce  ne 
feroit  plus  que  l'oracle  du  pays.  Mais  le  nom  de  Géryon 
eft  autorifé  par  une  infeription  rapportée  dans  le  Re- 
cueil de  Gruter.  Voyez  Grcevius  dans  fa  Note  fur  ce  paf- 
fage  de  Suétofie. 

GERZI  ;  il  eft  dit  dans  l'écriture  (  Reg.  1.  1,  c.  27  , 
v.  8  ,  )  que  David  ,  pendant  fon  féjour  à  Siceleg,  faifoit 
des  courfes  fur  les  pays  de  Geffuri ,  de  Gerçi  &  d'A  ma- 
lech.  Les  Septante  lifent  Gejiri  au  lieu  de  Gcffuri  ,  6c  ne 
font  point  mention   de  Gerçi.  L'hébreu  nomme  trois 


GES 


GES 


peuples  fur  lefquels  David  Si  Ces  gens  faifoient  des  cour- 
tes; le  Geffurite",  le  Gifrite  ,  &  FAmalécite  ;  la  vulgate 
dit  ;  6-  agibj.ni  prœdas  de  Gejfuri  ,  de  GerfL  &  de  Ama- 
leciùs.  Ces  Gerzi  ^toient  au  midi  de  la  Judée  ,  dans  le 
voifînage  de  Geffur  ,  (voyez  Gessur  i .)  &  des  Ama- 
léckes  dont  la  demeure  eft  connue.  C'étoit  des  relies 
d;s  Chananéens. 

GESjEMA;  Gédrene  nomme  ainfi  l'Arabie  vcifme  de 
l'Egypte.  *  Oiul.  Thef. 

GESARGEL ,  fiége  épifcopal  d'Afie  ,  dans  l'Armé- 
nie ,  &  dans  la  province  d'Ararath  :  il  eft  immédiate- 
ment fournis  à  Eczmiaiîn.  *  Commanville  ,  Tab.  alpha- 
bet, des  Archevêchés. 

GESEKE  ,  Gessene  Cessera  ,  petite  ville  d'Al- 
lemagne ,  dans  le  cercle  de  Weftphalie  ,  à  peu  de  diftance 
de  la  rivière  de  la  Lippe  Si  de  la  ville  de  Buren  ,  de 
l'évéché  de  Paderborn.  Elle  appartient  à  l'élefteur  de 
Cologne  :  e!le  fut  prife  eii  1501  ,  au  nom  de  Geb- 
hard  électeur  de  Cologne.  On  y  garde  le  chef  de  Saint 
Cyr.  La  chade  d'or  où  étoit  fon  corps  a  été  enlevée  par 
le  comte  d'Oberftein.  *  Zeyler,  Topogr.  Weftphal.  p.  84. 
GESEM.  Voyez  Gessen. 

GESHEN  ,  roche  d'Afrique  ,  dans  l'Abiffinie  ,  au 
royaume  d'Amhar  ,  auprès  du  mont  Ambacet.  Le  Père 
Tellez  ,  /,  i.c,  17,  la  décrit  ainfi.  Aux  confins  d'Amhar , 
du  côté  de  Sheva  ,  eftfitué  Amba-Geshen  ,  (  Amba 
veut  dire  une  roche;  )  c'eft  une  montagne  efearpée  de 
tous  côtés  ,  très-haute  ,  Si  qui  reffemble  à  une  forte- 
reffe  taillée  dans  le  vif  de  la  roche.  Son  fommet  a  une 
demi  -  lieuë  portugaife  d'étendue  ,  il  faut  une  demi- 
journée  pour  en  faire  le  tour  à  pied.  D'abord  la  pente 
en  eft  allez  douce  ;  enfuite  elle  eft  difficile  Si  fi  roide,  que 
les  bœufs  d'Abiffinie  ,  qui  d'ailleurs  font  accoutumés  à 
franchir  les  précipices,  comme  des  chamois  ,  ont  befoin 
d'y  être  élevés  avec  des  cordes.  Les  rois  d'Abiffinie 
reléguoient  leurs  frères  ;  coutume  qui  s'étoit  établie  vers 
l'an  1160.  Elle  eft  abolie  depuis  plus  de  deux  fiécles  ,  * 
M.  le  Grand  ,  féconde  Diflertation  fur  l'hiftoire  de  l'E- 
thiopie. 

GESHIL  ,  baronnie  d'Irlande  dans  la  province  de 
Leinfter  ,  c'eft  une  des  onze  qui  compofent  le  comté  de 
Kingfcouhty.  *  Etat  préfent  de  £  Irlande  ,  t.  3. 

GESOCRIBATE  ,  lieu  de  la  gaule  Lyonnoife  ,  peu 
loin  de  la  mer  ,  félon  la  Table  de  Peutinger  ,  Segment.  1. 
On  lit  ailleurs  Befocribate.  Ce  lieu  eft  marqué  à  XLV 
M.  P.  àe.  Fergtum.  Il  n'en  eft  pas  plus  connu  pour  cela. 
GESODUNUM,  ville  de  la  Nonque,  félon  Ptolomée, 
/.  a,  c.  14.  C'eft  préléntement  Salt^bourg  ,  félon  Villa- 
novanus ,  ou  Gajlentall ,  félon  Lazius.  le  crois  qu'Or- 
télius  fe  trompe  en  attribuant  à  Villanovanus  d'avoir  pris 
Gefodunutn  pour  Salt^bourg  ;  car  cet  auteur  ,  dit  au 
contraire  ,  que  c'eft  Gavanodurum  dont  Sabbourg  tient 
la  place. 

GESSABONE  ;  l'anonyme  de  Ravenne  ,  /.  4  ,  c.  30  , 
nommeainfi  une  ville  d'Italie  auprès  des  Alpes.  Il  nomme 
de  fuite Alpedia,  GESSABONE,  Occellio,  Fines  Taurinis. 
On  ne  connoît  guéres  aujourd'hui  ni  la  première  ,  ni  la 
féconde.  Les  trois  autres  font  Exiles  ,  Veillane  Se  Turin. 
GESSACES,  montagne.  TrebelliusPollion  qui  eft  peut- 
être  le  feul  ancien  qui  enait  parlé  ,  dit  dans  la  vie  de 
Gallien  ,  que  les  Scythes  vouloient  fe  retirer  à  cette 
montagne.  Il  ne  détermine  pas  allez  en  quel  endroit  elle 
eft.  Cependant  Lazius  dit  que  c'eft  préléntement  Schékel 
en  Hongrie.  *  Ortd.  Thefaur. 

GESSATES.  C'eft  ainfi  que  Plutarque  Si  Polybe 
appellent  quelquefois  les  Allobroges  ,  parce  que  ce  peuple 
fe  fervôit  d'un  dard  nommé  geffa. 

GESSEN  ,  (  a  )  ou  Gessem  ,  ou  Gosen  ;  la  terre  de 
Geflem  ,  canton  de  l'Egypte  que  Jofeph  fît  donner  à  fon 
père  &  à  fes  frères,  lorfqu'ils  vinrent  demeurer  en  Egypte. 
(  t>  )  C'étoit  l'endroit  le  plus  fertile  du  pays  ;  Si  il  fèmble 
que  ce  nom  vienne  de  l'hébreu  Geffem  ,  qui  fignifie  la 
pluie  ,  parce  que  ce  canton  étant  fort  près  de  la  Méditer- 
ranée étoit  expofé  à  la  pluie,  qui  eft  fort  rare  dans  les 
autres  cantons ,  Si  fur-tout  dans  la  haute  Egypte.  Dora 
Calmet  ne  doute  pas,  que  Go^en  ou  Go/en,  que  Jofué 
attribue  à  la  tribu  de  Juda  (c) ,  ne  foit  la  même  que  la 
terre  de  Gefem  ,  que  Pharaon ,  roi  d'Egypte  ,  donna  à 
J.u.jb  &  à  lés  fils  (<')  ;  qu'il  eft  certain  que  ce  pays  de- 
voir être  entre  la  Paleftine  &  la  ville  de  Tanis,  &  que 
le  partage  des  Hébreux  (e)  s'étendoit  du  côté  du  midi, 


1C3 


jusqu'au  Ni!.  *  (»)  D.  Calma,  Dict.  Q>)  Gtritf.  XLVII,  6. 
C)  Jo/ùéX,  41;  XI,  16;  XV,  51.  (tyGenef.XLVl,  là. 

GESSGN^E  ,  peuple  dé  l'Inde,  vaincu  par  Alexandre 
le  Grand ,  feionOrofe  &  Juftin  ,1.1%,  c.  8,  cités  par  Or- 
téiius,  Thefaur.  Bongars  lit  Hiacenfanos ,  fur  l'autorité 
de  quelques  manufents.  Grtélms  doute  s'il  ne  faut  pas 
lire  Acéfine.  Mais  l'édition  de;  Juntes  qui  a  fuivi  les  ma- 
nufcrijts-,  porte  ainfi  les  noms  des  peuples  vaincus  par 
Alexandre,  &  nommés  par  Juftin  à  i'endroit  cité  :  An- 
dra/leas,  ASSACENOS,  Prajzos,  Gandarias  :  en  ce  cas, 
au  lieu  de  Gefjons ,  peuple  inconnu  ,  on  aura  les  AU  aCeni 
qui  habitoient  entre  le  fleuve  Cophe  &  l'indùs  ,  félon 
Strabon  Si  Amen  ,  Si  dont  la  capitale  étoit  Mafjaga. 
Cependant  on  a  abandonné  cette  leçon,  Si  les  éditions 
de  GrKvius,  de  le  Févre ,  de  Thyfius,  Sic.  portent 
Adreaflas  ou  Adreftas ,  GeSTEANOS  ,  Pmfidas,  Gan- 
daridas  ,  Sic.  &  la  traduction  françoife  de  D.  L.  M.  y 
eft  conforme.. 

GESSORIACUM  ,  ancien  nom  latin  de  Boulognè- 
fur-Mer.  Voyez  BOULOGNE  à  la  preuve  que  nous  y 
apportons  que  cette  ville  eft  la  même  que  Gejjoriacum 
de  Suétone  &  de  Ptolomée;  on  peut  ajouter  la^Table  de 
Peutinger ,  dans  laquelle  on  lit  Gejjoriacum  quod  nuftt 
Bononia. 

GESSORIACUS  Pagus  :  Pline,  /.  4,  c.  i7,  ap- 
pelle ainfi  un  ancien  canton  qui  répond  au  Boulenois. 

GESSORIENSES ,  ancien  peuple  de  l'Efpagne  Tar- 
ragonoife  ,  auprès  de  Gironne ,  félon  Ptolomée,  /.  2,  c.  6. 

1.  GESSUR  ;  Jofué  Si  le  premier  livre  des  Rois,  c.zj, 
v.  8,  parlent  d'nn  Geffur  voifin  des  Philiftins  &  des  Ama- 
lécites.  Sa  demeure  étoit  entre  le  pays  des  Philiftins  Se 
l'Egypte.  Mais  comme  ce  pays ,  qui  anciennement  étoit 
habité  ,  fut  enfuite  réduit  en  folitude,  ainfi  que  l'écriture 
le  marque ,  on  ne  peut  qu'au  hazard  marquer  la  fituation 
de  ces  Geffuriens.  *  D.  Calmet,  Dift. 

2.  GESSUR,  (a)  au-delà  du  Jourdain,  dans  la  demi- 
tribu  de  ManaiTé.  (b)  Ces  Geffuriens  font  joints  avec 
ceux  de  Machatie  ;  Q)  &  il  eft  dit  qu'ils  demeurèrent 
dans  leur  pays ,  &  n'en  furent  pas  chaffés  par  les  Ifraë- 
lites.  (d)  lsboseth ,  fils  de  Saiil ,  fut  reconnu  roi  par  ces 
Geffuriens ,  Se  par  les  Ifraëlites  de  Galaad.  Rc<r.  1  2 
c.  2,  v.  8.   *  C)  D.  Calmet,  Did.  (b)  Deut.  c.  3,  v.  14! 

(c)  Jofué,  c.  12,  v.  5.   (d)  Jofué,  c.  13,  v.  13. 

3 .  GESSUR  (a)  ,  dans  la  Syrie ,  avoit  fon  propre  roi 
indépendant,  dont  David  avoit  époufé  la  fille,  de  la- 
quelle il  eutAbfalon  (b).  Abfalon, après  le  meurtre  d'Am- 
non  fon  frère ,  fe  retira  chez  le  roi  de  Geffur ,  fon  ayeul 
maternel  (c).  Il  y  a  toutefois  lieu  de  douter  que  ce  roi 
&  ce  pays  de  Geffur  foit  différent  de  celui  de  Geffur  de 
de-là  le  Jourdain  ,  puifque  dans  les  Paralipomenes  (d)  il 
eft  dit  que  Jaïr  prit  Geffur  Si  Aram,  (ou  Geffur  de  Sy- 
rie) Si  les  Avoth,  ou  les  bourgades  de  Jaïr.  *  (a)  D.  Cal- 
met,  Dift.    (»)  2.  Reg.   15,   37.    (<)   2.  Reg.   H,  37. 

(d)  l.Par.  11,  23. 

GESSUS,  rivière  d'Afie,  dans  l'Ionie,  près  du  pro- 
montoire Trogylien  ,  félon  Pline,  /.  5  ,  c.  29.  C'eft  le 
G.ESUM  d'Hérodote.  Voyez  ce  mot. 

GESTE  ou  Geijle ,  petite  rivière  d'Allemagne  au  du- 
ché de  Brème.  Elle  a  fa  fource  dans  un  lac,  près  d'Old- 
Lunebergen  ,  d'où  ,  ferpentant  vers  le  couchant  ,  elle  fe 
perd  dans  le  Vêler  à  fon  embouchure ,  Si  donne  fon 
nom  au  village  de  Geftendorf. 

GESTEANI.  Voyez  Gesson.e. 

1.  GESTILEN,  en  latin  Caftellio  fuperior.  C'eft  un 
grand  village  de  Suiffe ,  dans  le  haut  Vallais  ,  au  départe- 
ment de  Goms.  Il  y  a  une  paroiffe  ;  Si  il  eft  firué  au 
pied  du  mont  Grimfel ,  qui  fépare  ce  pays-lâ  d'avec  le 
canton  de  Berne.  *  Etat  &  Délices  de  la  Suiffe ,  r.  4 , 
p.  171. 

2.  GESTILEN,  en  allemand  Unter-Gestilen  , 
en  latin  Cafletlio  inferior ,  autre  village  de  la  Suiffe  ,  dans 
ce  département ,  Si  au-deffous  de  Raren.  On  y  voit  les 
reftes  du  vieux  château  de  la  Tour ,  réfidence  des  an- 
ciens barons  de  ce  nom.  Ils  poffédoient  différentes 
feigueuries  dans  le  pays  ;  mais  après  qu'Antoine  de  la 
Tour  eut  affaffiné  Guifchard  ,  évoque  de  Sion  ,  ils  fu- 
rent vaincus  Si  dépouillés  de  leurs  biens,  Si  on  rafa  toutes 
leurs  fortereflës.  MM.  Zur-Lauben  de  Zoug  fe  difent 
iiTusdeces  barons.  *  Délices  de  la  Suiffe,  t.^,p.  171  &  186. 

GESTRAW,  petit  canton  d'Allemagne,  dans  la  baffe 


CES 


Ï04 

Saxe,  au   duché  de  Meckelbourg;    c'eft  à-peu-près  k 
même  chofe  que  le  bailliage  de  Butzow  ,  qui  en  eft  le 

GESTRICIE ,  province  de  Suéde ,  dans  fa  partie  fep- 
tentrionale  ;  elle  eft  bornée  au  nord  par  la  petite  rivière 
de  Tynnéa  qui  la  lépare  de  l'Helfingie  ;  à  l'orient  par 
le  golfe  de  Bothnie ,  au  midi  par  la  rivière  de  Dala  qui 
la  lépare  de  FUplande ,  Se  au  couchant  par  une  cligne 
inwinée  entr'elle  &  la  Wefterdal.  Gafle  ou  Gévalie 
en  eft  la  capitale.  La  rivière  de  Hafunda  la  fépare  en 
deux  parties.  Les  autres  lieux  font , 


GET 


Borne, 
Hamrung  . 
KLebo, 


Valbo , 
Lofafen , 
&  Hafen. 


Cette  province  a  des  mines  de  fer  ;  elle  eft  d'ailleurs  affez 
ftérile ,  &  ne  fournit  de  grains  que  ce  qu'il  en  faut  pour 
fes  habitans.  *  De.  l'ifle ,  Couronnes  du  nord.  Zeyltr  , 
Sueciae  defeript. 

GESVE.   Voyez  Geve. 

GESULA,  province  d'Afrique  ,  fur  la  côte  de  Barba- 
rie, au  royaume  de  Maroc.  C'eft,  félon  Marmol,  Afri- 
que, t.  1,  l.^,c.  51,  />.  75»  un  pays  fort  peuplé  de  Bé- 
réberes  de  la  tribu  de  Muçamoda  :  la  province  de  Dara 
le  borne  au  levant  ;  Se  la  montagne  de  Laalem ,  dans 
la  province  de  Sus ,  au  couchant,  s'étend  prefque  vers  le 
nord  jufqu'au  pied  du  mont  Atlas.  Les  habitans  s'efti- 
ment  les  plus  anciens  peuples  de  toute  l'Afrique ,  pour 
avoir  confervé  le  nom  de  Gélules.  Ils  ont  peu  d'argent 
&  de  bled ,  mais  quantité  d'orge  &  de  troupeaux.  Il  y 
a  dans  leurs  montagnes  plufieurs  mines  de  fer  &l  de  cui- 
vre ;  &  la  plupart  des  habitans  font  chaudronniers  ,  qui 
vont  fur  la  frontière  échanger  leurs  marchandises  contre 
d'autres ,  outre  qu'on  tranfporte  le  cuivre  de-là  à  Maroc 
ci  à  Turudan  ,  pour  faire  de  l'artillerie.  Il  n'y  a  ni  ville, 

ni  bourg  fermé  dans  toute  la  province  ;   ce  ne  font  que  

de  grands  villages  de  mille  habitans  &  plus.  Ils  ie  gou-     dans  la  Carte  qu  il  a  drefiee  de  1  Alie  pour  le  moyen-age 


collées  fur  la  chair;  elles  ne  viennent  que  jufqu'aux ge- 
noux, Se  n'ont  nimanche  ni  collet.  Ils  mettent  par-deflus 
unecalaque  de  bure,  emportent  de  longs  poignards,  faits 
en  faucille,  qui  coupent  des  deux  côtés,  &  font  fort  poin- 
tus. En  tout  le  refte  ,  ils  reffemblent  à-peu-près  à  ceux 
de  Héa. 

GESVINKA  Kamen  ,  montagne  d'Afie  ,  dans  la 
Tartane,  eft  entre  Solikamskoi,  qui  eft  la  dernière  ville 
de  la  Ruflie ,  &  Verkaturia  qui  eft  la  première  de  la 
Sibérie ,  de  ce  côté.  Elle  eft  fort  haute  ,  ck  fon  fommet 
fait  une  plaine  de  quatre  werftes  de  diamètre.  On  y 
trouve  beaucoup  de  minerai  d'argent  très-pur  ;  mais  juf- 
qu'ici  il  a  été  impoffible  d'y  faire  travailler ,  à  caufe  de 
la  bile  du  nord  ,  qui  y  fouffle  quafi  pendant  toute  l'an- 
née, avec  tant  de  violence  ,  qu'on  ne  fauroit  en  garantir 
les  travailleurs.  Auffi  ne  fait-il  pas  trop  bon  s'arrêter 
long-tems  fur  le  fommet  de  cette  montagne  qu'on  pré- 
tend être  la  plus  haute  de  toute  cette  chaîne  ,  dont  elle 
fait  partie ,  &  qui  court  depuis  la  mer  Glaciale  vers  le 
Sud  ,  en  traverfant  la  1  artarie  par  diverfes  branches. 
C'eft  le  Caucafe  qui  s'étend  de-là  jufqu'à  la  nier  Cafpienne. 
*  Hijl.  des  T art  ares  ,p^l- 

GETÉ  ,  pays  de  Tartane  ,  dans  la  grande  Bucha- 
rie  ,  fur  la  rivière  d'Amu.  Tamerlan  le  ravagea  plu* 
fieurs  fois.  Le  rraduéteur  François  de  Fhiftoire  de  ce 
conquérant ,  dit ,  t.  ï  ,  liv.  z  ,  c.  7.  Geté ,  royaume 
qui  a  pour  limites  orientales  le  Turqueftan ,  pour  méri- 
dionales le  fleuve  de  Sihon ,  pour  occidentales  le  Cap- 
chac,  pour  feptentrionales  une  autre  partie  du  Turquef» 
tan.  Il  étoit ,  pourfuit-il ,  le  partage  de  Zagataï  -  Kan  , 
fils  de  Genghiz-Kan.  Cet  auteur  dit  auffi  le  pays  des  Gé- 
tes ,  en  parïant  du  même  pays.  On'  fait  d'ailleurs ,  que  la 
grande  Bucharie  Si  la  Chorafmie  étoient  des  Etats  de 
Zagataï ,  &  que  les  pays  de  fa  domination  quittèrent 
leurs  anciens  noms ,  pour  prendre  celui  de  leur  prince  ; 
de  forte  que  l'on  a  dit  depuis  le  pays  de  Zagataï ,  pour 
lignifier    la   Tranfoxane.    Voyez  Zagataï.    De  l'ifle, 


vernoient  autrefois  en  république  fans  aucun  feigneur  ni 
chef  :  c'eft  pourquoi  ils  étoient  toujours  en  guerre  les 
uns  avec  les  autres  ;  mais  ils  faifoient  trêve  pour  le  trafic 
trois  jours  de  la  femaine ,  après  quoi  ils  s'entre-tuoient. 
Cet  ordre  avoit  été  établi  entr'eux  par  un  Morabite  qui 
leur  étoit  en  fi  grande  vénération,  qu'ils  Font  gardé  depuis 
inviolablement.  On  y  tient  tous  les  ans  une  foire  dans 
une  grande  plaine  entre  des  montagnes.  Elle  dure  deux 
mois,  pendant  lefquels  on  nourrit  gratuitement  les  étran- 
gers. Le  lieu  où  Ton  s'aflemble  eft  gardé  jour  &  nuit  par 
des  foldats ,  fous  le  commandement  de  deux  capitaines, 
pour  empêcher  les  vols  &  les  autres  crimes.  Les  crimi- 
nels, &  particulièrement  les  voleurs,  qui  font  pris  fur  le 
fait ,  font  tués  à  coups  de  lance ,  Scieurs  corps  jettes  aux 
chiens.  Chaque  parti  nomme  fes  capitaines ,  lorfque  la 
foire  approche.  Les  marchands  font  partagés  en  divers 
quartiers ,  félon  les  diverfes  marchandises  ,  d'un  côté , 
ceux  qui  vendent  des  draps  ou  de  la  toile  ;  d'autres  les 
merciers  ;  en  un  coin  les  troupeaux ,  en  d'autres  les  vi- 
vres fk  les  boutiques  font  rangées  d'ordre ,  &C  par  rues. 
C'eftune  chofe  admirable  que  dix  mille  marchands  étran- 
gers qui  fe  trouvent  à  cette  foire  ,  tant  du  pays  des  Nè- 
gres ,  que  d'ailleurs  foient  nourris  aux  dépens  du  public 


met  le  pays  des  Gétes ,  ou  le  Geté  plus  au  nord ,  entre 
le  Capchac  au  couchant  ;  la  Valaquie  au  nord  ;  le 
montlmaiis,  ou  Gebel-Caf ,  à  l'orient  ;  &  le  Turkeftan 
au  midi  ;  car ,  comme  nous  le  difons  ailleurs ,  il  y  avoit 
une  Bulgarie ,  une  Hongrie  &  une  Valaquie  en  Afie  au- 
delà  du  Wolga;  &  comme  les  Huns  &  Bulgares,  auflî- 
bien  que  les  Valaques ,  font  originairement  des  Scythes 
qui  font  venus  s'établir  aux  environs  du  Danube  ,  Se 
que  les  Gères  ,  nommés  dans  les  anciens ,  demeuroient 
dans  le  voifinage  de  ce  fleuve,  jen'ai  pas  de  peine  à  croire 
que  le  Geté  Afiatique  eft  l'ancienne  partie  des  Gétes , 
dont  les  Romains  ont  parlé.  Voyez  l'article  fuivant. 

GETES ,  (les)  ancien  peuple  de  la  Scythie ,  ou  de  la 
Tartarie  (a) ,  tiroient  leur  origine  des  Yeuchi  St  des 
Kaotch,  peuples  Tartares.  Ils  habitèrent  long-tems  à 
l'occident  de  l'Yrtich  &.  des  monts  Altai ,  paflerent  en- 
fuite  dans,  la  grande  Bucharie ,  s'établirent  au  midi  du 
fleuve  Amu ,  étendirent  leur  domination  dans  le  Maoua- 
rennehar  ,  fondèrent  un  empire,  fous  le  nom  de  royaume 
de  Him.  Les  Huns  les  attaquèrent  &  les  battirent,  l'an  161 
avant  J.  C.  Après  cette  défaite  ,  les  Gétes  fe  diviferent 
en  deux  bandes.  Une  partie  fe  retira  dans  les  montagnes 
qui  font  au  nord  du  Tibet,  où  elle  s'établit  &  fe  fortifia 


avec  leur  attirail ,  tout  le  tems  qu'ils  y  font ,  Stmangent  au  point  qu'elle  rentra  par  la  fuite  dans  la  grande  Bucha- 

fous  des  feuillages  proches  de  grandes  tentes  où  les  vi-  rie,  y  fit  des  conquêtes,  &  y  devint  fipuiiTar.te,  queTa- 

vres  font  apptêtés  par  des  gens  qu'on  députe  pour  ce  merlan  eut  beaucoup  de  peine  à  la  ibumettre.    L'autre 

fujet  ;  mais  ils  regagnent  au  double  fur  leurs  marchan-  bande  remonta  vers  le  nord-oueft  ,   fur  les  bords  de  la 

difes  ,  ce  qui  leur  en  coûte.  On  obièrve  un  ordre  admi-  rivière  d'Yli ,  pana  dans  le  Charifme  ,  attaqua  fouvent 


rable  à  cette  foire  ;  Se  tout  s'y  pane  fans  bruit ,  quoique 
ce  foient  les  peuples  les  plus  brutaux  &t  les  plus  turbu- 
lens  de  toute  l'Afrique.  Elle  commence  le  jour  qu'on 
célèbre  la  nailTance  de  Mahomet ,  qui  échet  au  troifieme 
mois  des  Arabes ,  qu'on  nomme  Maulud  ou  Jafar.  Les 
Géfules  font  fort  bien  traités  depuis  que  les  chérifs  ré- 
gnent dans  Maroc  ,  parce  qu'ils  s'en  fervent  de  gardes 
à  pied,  qui  portent  des  arquebufes ,  &£  qu'ilsles  ont  tou- 
jours trouvés  fidèles ,  outre  qu'ils  rendoient  de  bons  fer- 
vices  au  chérif  Mahomet ,  lorfqu'il  étoit  roi  de  Tarudan. 
Il  y  a  entr'eux  de  bons  forgerons  ;  &r.  ce  font  les  premiers 
qui  ont  fu  fondre  le  fer  &  le  mettre  en  boule ,  lorfque 
le  chérif  Hamet  régnoit  dans  Maroc  ;  ce  fecret  étoit 
alors  inconnu  aux  Africains.  L'habit  ordinaire  de  ces 
peuples  font  des  fayes  ou  chemifes  de  laine  fort  étroites, 


les  Parthes  ,  pénétra  dans  le  Choraflan.  Elle  remonta 
enfuite  les  bords  occidentaux  de  la  mer  Cafpienne,  s'ap- 
procha du  Pont-Euxin,  pana  les  Palus-Méotides,  tra- 
verfa  la  petite  Tartarie ,  &  s'établit  fur  le  Danube.  Les 
Gétes  adoroient  Fo  ou  Boudka ,  que  plufieurs  écrivains 
croient  être  le  même  que  Wodan  ;  il  paroît  même  que 
ce  furent  eux  qui  établirent  dans  le  nord  le  culte  de  cette 
divinité.  (a)  Hift.  gén.  des  Huris ,  par  M.  de  Guignes. 

Les  Getes  étoient  déjà  établis  fur  le  Danube ,  dans 
le  pays  que  nous  appelions  la  Walachie ,  lorfqu'Augufte 
exila  Ovide  à  Tomi,  fur  le  Pont-Euxin.  Ce  poëte  com- 
mence ainfi  fa  première  élégie  de  Ponto  : 

Nafo  Tomi  fana  jam  non  novus  incola  terra, 
Hoc  cibi  de  Gttico  liceore  mittit  opus. 


CET 


Il  fait  d'étranges  defcriptions  du  naturel  de  ces  peuples, 
ibid.  EUg.  2,  v.  2.y,  &  fi  nous  l'en  croyons,  il  n'y  avoit 
ni  arbres  ni  feuillages  pour  le  mettre  à  couvert. 

Adde  loci  fac'um  nec  fronde  nec  arbore  tecli  , 
Et  quod  incrs  hyemi  continuatur  hyems. 


GET 


i  Un  hyver  étoit  à  peine  paffé ,  qu'un  autre  recommen- 
cent; quoique  le  lieu,  où  il  étoit  relégué  foit  à-peu-près 
ibus  le  parallèle  de  Bordeaux  ,  il  le  dépeint  comme 
s'il  étoit  dans  le  climat  de  la  Norvège  ou  de  la  Lapo- 
nie,  Trijl.  I.  3  ;  EUg.  10,  v.  13. 

Nix  jacet  :  &  jaclam  nec  foi  pluviceve  refolvunt  ; 

Indurat  Boreas  perpetuamque  farit. 
Ergo  ubi  delicuit  nondum  prior ,  altéra  venit  ; 

Et  folit  In  multis  bïma  manere  loris. 
Tantaque  commoli  vis  efi  Aquilonis ,    ut  allas 

Aiquet  liomo  turres  ,  teclaque  rupta  firat. 
Pellibus  &  futis  arcent  mala  frlgora  braccis, 

Oraque  de  toto  corpore  fola  patent. 
Scep'e  fonant  moti  glacie  pendente  Capilli. 

Et  nitet  induclo  candida  barba  gilu. 
Nudaque  confiflunt  formam  fervantia  tejlce 

Kina  ;  nec  haujla  meri  ,  fed  data  frufta  bibunt. 

Ces  glaces  perpétuelles  ne  conviennent  guères  au  cli- 
mat. Ces  vents  qui  renverfent  les  toits  ;  là  néceffité  de 
s'habiller  chaudement  durant  l'hyver  pour  fe  garantir  du 
froid,  font  des  chofes  communes  à  plufieurs  climats; 
ces-  vins  gelés  qui  ne  fe  buvoient  que  par  morceaux  ,  ck 
qui  conlérvoient  la  forme  du  vafe  où  ils  avoient  été  , 
ne  font  pas  des  chofes  impofTibles  dans  un  rude  hyver  ; 
mais  Ovide  s'ennuyoit  dans  ce  pays  là  ,  &  chargeoit  fes 
descriptions  de  tout  ce  qu'il  jugeoit  plus  capabk  -d'exci- 
ter la  pitié. 

Quoiqu'Augufte  fut  maître  des  places  de  ce  pays ,  ces 
Gétes  ,  les  Beffi,  leurs  voifins ,  èk  les  autres  Scythes ,  n'é- 
toient  pas  fournis  aux  Romains  ;  &  ils  leur  donnoient 
fouvent  des  allarmes.  C'étoit  même  une  des  grandes  pei- 
nes d'Ovide  qui  avoit  toujours  évité  de  fe  trouver 
dans  les  armées ,  ck  n'avoit  manié  des  armes ,  que  pour 
-badiner  :  il  étoit  obligé  de  s'armer  pour  repouffer  ces 
Barbares  qui  enlevoient  jufqu'aux  portes  de  la  ville  ceux 
qu'ils  pouvoient  faire  prifonniers, Trijl.  1. 4,Eleg.  1,  v.  69. 

V'were  jquàm  miferum  ejl  inter  Beffbfque  Getrafque 

Illi  qui  populi  femper  in  ore  fuit  ! 
Quàm  miferum  porta  vitam ,  muroque  tueri , 

Vixque  fui  tutum  viribus  ejfe  loci  ! 
AJpera  militia  juvenis  cirtamina  fugi , 

Nec  niji  lufura  movimus  arma  manu  : 
Nunc  fenior  gladioque  la  tus  feutoque  Jînijlram  ; 

Canitiem  Galece  fubjicioque  meam. 
Nam  dédit  ï  fpeculâ  euftos  ubi  Jigna  tumultus  , 

Induimus  trépida  protinàs  arma  manu ,  ckc. 

Durant  l'été ,  ces  Gétes  &  les  autres  Scythes  étoient 
au-delà  du  Danube,  Tnft.  I.  z;  EUg.  1,  v.  191. 

Jauges  &  Colchi ,  Metereaque  turba ,  Getœqut 
Danubii  mediis  vix  prohibentur  aquis. 

Ils  ne  laiffoient  pas  de  le  paner  quelquefois;  mais  l'hy- 
ver ils  le  traverfoient  à  la  faveur  des  glaces ,  Trijl.  I.  3  ; 
EUg.  10,  v.  5. 

Sauromatœ  ring int  fera  gens,  Befflque  ,  Getgque, 

Qiiàrr  non  in  y.nio  nomina  digna  meo  ! 
Dum  tamen  aura  tepet ,  medio  defendimur  IJlro  ; 

IIU  fuis  iiquidus  bella  repellit  aquis. 
At  càm  triftis  hyems  fquallentia  protulit  ora , 

Terraque  marmoreo  candida  facla  gelu. 
Dum  patet  &  Boreas  &  nix  injecta  fub  arclo  , 

Tum  liquet  has  génies  axe  tremente  premi. 

On  voit  par  ces  paffages  ,  que  les  Gétes  n'étoient  pas 
-encore  alors  établis  en-deçà  du  Danube  ,  &.  qu'ils  n'ar- 
rivoient  dans  la  baffe  Moefie ,  que  par  des  courfes  qu'ils 
faifoient  fur  les  terres  des  Romains  ;  car  l'empire  Ro- 
main ne  faifoit  en  ce  tems-là  que  d'arriver  jufqu'au  Da- 


nube.  Ovide  dit  pofitivement  qu'il  étoit  à  l'extrémité  de 
l'empire;  qu'au-delà  il  n'y  avoit  que  des  glaces  Se  des  en- 
nemis, Trijl.  l.%,v.  197. 

Haclenùs  Euxini  pars  ejl  Romana  Jlniflri  : 
Proxima  Bajlernce  Sauromatteque  tenent. 

Hœc  ejl  Aufor.io  fub  jure  noviffima,  vixque 
Hxret  in  imperii  margïne  terra  lui. 

Ilparoît  que  les  Gétes  parlèrent  le  Danube  fous  Claude. 
Mêla,  l.  1,  c.  2,  /z.  i8,fon  contemporain,  après  avoir 
parlé  du  mont  Hsmus  Se  des  Thraces ,  dit  qu'ils  étoient 
différens  de  noms  &  de  mœurs;  que  quelques-uns  étoient 
fauvages ,  &  comptoient  leur  vie  pour  rien  ,  particuliè- 
rement les  Gétes.  Pline ,  /.  4 ,  c.  1 1,  parlant  aufiî  du  mont 
Ksmus  ,  pourfuit  de  la  forte  :  à  l'autre  côté  de  cette 
montagne ,  Se  en  defeendant  vers  le  Danube ,  demeurent 
les  Mcefiens ,  les  Gétes ,  les  Aorfes  ,  &c.  Il  dit  ailleurs 
que  les  Gétes  étoient  nommés  Daces  par  les  Romains. 
Voilà  donc  bien  nettement  les  Daces  Se  les  Gétes  dé- 
clarés un  même  peuple.  Spartien,  dans  la  Vie  de  Cara- 
calla  ,^  p.  187,  idit.  Rob.  Stzph.  1544,  rapporte  un  bon 
motd'Helvius  Pertinax,  à  l'égard  d'Antonin,  meurtrier 
de  Géta.  Cet  empereur  avoit  pris  des  lùrnoms  formés 
des  peuples  qu'il  prétendoit  avoir  vaincus.  Il  fe  faifoit 
nommer  Germanicus ,  Parthicus  ,  Arabicus ,  Alemam- 
cus.  Pertinax,  en  lui  reprochant  ton  fratricide,  vouloir, 
qu'on  ajoutât  à  les  titres ,  celui  da  Geticus.  Surquoi  Spar- 
tien obferve ,  que  les  Goths  étoient  appelles  Gétes  ;  quàd 
Gotti  Geta.  dicerentur.  Je  crois  que  cet  hiftorien  fe 
trompe ,  Se  que  les  Goths  éteient  des  peuples  de  la  Ger- 
manie feptentrionale  ;  au  lieu  que  les  Gétes  étoient  ve- 
nus de  la  Scythie  Asiatique  ,  dont  je  parle  clans  l'article 
précédent.  La  reffemblance  de  quelques  lettres  en  cet 
deux  noms,  a  été  un  prétexte  de  la  faute  qu'on  a  faite  en 
les  confondant.  Ptolomée  n'eft  pas  tombé  dans  la  même 
erreur.  Il  ne  place  point  les  Gétes  dans  la  baffe  Myfie 
ou  Moefie,  auffi  n'y  étoient-ils  plus.  11  étoient  remontés 
plus  loin  de  l'embouchure  du  Danube.  Il  eft  vrai  que 
le  nom  de  Gétes  ,  ne  fe  trouve  point  dans  fon  livre  ; 
mais  il  décrit  exactement  la  Dacie  ;  &  comme  nous 
avons  vu  dans  Pline  que  les  Gétes  étoient  nommés 
Daces  par  les  Romains ,  Ptolomée  nous  a  laiffé  les  dé- 
tails du  pays  que  ce  peuple  occupoit  de  fon  tems.  II 
paroît ,  félon  Hérodote ,  qu'ils  avoient  autrefois  pane  le 
Danube  ;  les  Gétes  ,  dit-il ,.  liv.  4 ,  les  plus  braves  &C 
les  plus  juftes  d'entre  les  Thraces.  Du  tems  de  Zeuthès, 
roideThrace,  ils  pénétrèrent  jufques  dans  la  Grèce  ,  & 
mirent  plufieurs  villes  à  contribution  ,  félon  Thucy- 
dide, /.  1.  Mais  ce  n'étoient  vraifemblablement  que  des 
incurfions  qui  n'avoient  pas  été  fuivies  d'un  établiffe- 
ment  fixe.  Strabon ,  /.  7,  qui  a  vécu  partie  fous  Augufte, 
ck  partie  fous  Tibère ,  range  les  Gétes ,  comme  faifant 
partie  des  Thraces  ;  auffi  s'étoient-ils  fixés  en-deçà  du 
Danube ,  dans  le  tems  qui  s'écoula  entre  celui  d'Ovide, 
&  celui  du  géographe  qui  éenvoit  vers  l'an  18  de  Ti- 
bère. 

Il  eft  certain  que  Strabon  eft  le  feul  des  anciens,  qui 
ait  bien  marqué  les  divifions  des  Gétes  ,  &  qui  nous 
apprenne  les  détails  de  cette  nation.  Voici  en  fubftance 
ce  qu'il  en  dit.  Alexandre  le  Grand,  /.  7, p.  301  ,  fit  une 
campagne  contre  les  Thraces  d'au  delà  du  mont  Hœmus, 
ck  fe  jetta  fur  les  Tribalhens  dont  il  favoit  que  le  pays 
s'étendoit  jufqu'au  Danube  &  jufqu'à  fille  Peucé  ,  qui 
eft  dans  ce  fleuve.  Il  favoit  de  plus,  que  l'autre  bord  du 
fleuve  étoit  occupé- par  les  Gétes.  Il  ne  laiffa  pas,' 
dit-on ,  de  s'avancer  jufques-là.  Il  ne  put  paffer  dans 
l'ifle,  faute  de  vaiffeaux....  CarSytmus,  roi  des  Tribal- 
liens,  s'y  étoit  réfugié,  Se  rendit  inutiles  les  efforts  qu'il 
faifoit  pour  y  aborder  ;  mais  Alexandre  paffa  au  pays  des. 
Gétes,  avec  moins  de  difficulté,  prit  leur  ville,  écs'en 
retourna  au  plutôt ,  ayant  reçu  des  préfens  de  Syrmus  &C 
de  ces  peuples.  Dromichstes  ,  roi  des  Gétes ,  &  con- 
temporain des  rois  fucceffeurs  d'Alexandre  ,  ayant  fait 
Lyfimachus  prifonnier ,  fe  contenta  de  lui  faire  remar- 
quer la  pauvreté  de  fa  nation  ,  l'exhorta  à  fe  contenter 
de  fa  fortune ,  l'avertit  de  ne  fe  point  attirer  de  tels  en- 
nemis fur  les  bras  ,  mais  de  rechercher  plutôt  leur  amitié; 
&  après  l'avoir  bien  traité,  il  le  renvoya.  Sont-ce-là  des 
Barbares,  tels  qu'Ovide  les  dépeint?  Strabon,  p.  303, 
après  une  digrelfion  fur  les  Scythes ,  revient  ainfi  aux 
Tome  III.       O 


GET 


100 

:Gétes  :  de  notre  tems ,  dit-il ,  JElius  Catus  fit  paffer  dans 
la  Thrace  cinq  mille  hommes  d'entre  les  Gétes  qui  de- 
meuraient dans  le  pays  de  de-là  le  Danube  ;  c'eft,  pour- 
fuit-il ,  un  peuple  qui  a  le  même-  langage  que  les  Thra- 
-ces.  Ils  y  demeurent  encore  à  préient,  &  font  appelles 
Myfiens.  .  .  .  Bcerébifte,  Géte  de  nation  ,  ayant  accepté 
le  commandement  fur  tout  ce  peuple  ,  répara  les  grandes 
pertes  qu'il  avoit  faites,  l'accoutuma  fi  bien  au  travail, 
à  la  fobriété  &  à  la  diligence  ,  qu'en  peu  de  tems  il  fe 
•forma  un  grand  royaume,  fournit  une  partie  des  nations 
voifines,  infpira  la  terreuraux  Romains,  paffa  hardiment 
le  Danube ,  ravagea  la  Thrace  jufqu'à  la  Macédoine  & 
à  l'IUyrie ,  &£  détruifit  les  Boyens  que  commandeur.  Cri- 
tafire  &  les  Taurifques. . .  Ce  Bcerébifte  fut  tué  dans  une 
fédition ,  avant  que  les  Romains  envoyaffent  des  troupes 
contre  lui.  Ses  fucceffeurs  partagèrent  le  royaume  en 
plufieurs  ;  &  lorfque  Céfar  Augufte  fit  marcher  des  trou- 
pes contr'eux,*  ils  étoient  divifés  par  quarante  ou  cin- 
quante mille.  Les  uns  font  appelles  Daces ,  &  les  autres 
Gétes.  Les  Gétes  font  vers  le  Pont-Euxin  à  l'orient.  Les 
Daces ,  au  contraire ,  font  plus  du  côté  de  la  Germanie 
ck  des  fources  du  Danube.  Strabon  dit  enfuite,  qu'il  croit 
que  les  Daces  ont  été  anciennement  les  Daves  ;  &.  il  fe 
fonde  fur  ce  que  le  nom  de  Dave  &C  de  Gtta.  étoient 
communément  des  noms  d'efclaves  [chez  les  Athéniens 
qui  donnoient  aux  leurs  le  nom  de  leur  pays.  Au  refte , 
pourfuit  Strabon ,  cette  nation  portée  par  Bcerébifte  à 
un  fi  haut  degré  de  puiffance,  eft  extrêmement  déchue, 
tant  par  leurs  divifions  que  par  les  armes  des  Romains.  Elle 
peut  néanmoins  mettre  encore  quarante  mille  hommes 
fur  pied.  Voyez' les  articles  Daces  &  Dacie.  Horace, 
/.  3,  od.  24,  fait  des  Scythes  en  général  ,  Se  des  Gétes 
nommément  un  éloge  qui  leur  fait  beaucoup  d'honneur. 

GETH  ou  Gath,  ancienne  ville  de  la  Paleftine, 
fur  une  montagne,  près  de  la  mer  de  Syrie  ,  à  quatre 
lieues  de  Joppé  ,  '  du  côté  du  midi  ,  félon  Baudrand , 
édlt.  de  1705.  D.  Calmet,  Dicl.  en  parle  ainfi  :  c'étoitune 
des  cinq  fatrapies  des  Philiftins.  (a)  Elle  eft  fameufe 
pour  avoir  donné  naiflance  à  Goliath.  (b)  David  en  fit 
la  conquête  au  commencement  de  fon  régne  fur  tout 
Ifraël  ;  (c)  &c  cette  ville  demeura  foumife  aux  rois  fes 
fucceffeurs  jufqu'à  la  décadence  ou  l'affoibliflement  du 
royaume  de  Juda.  Roboam  la  rebâtit ,  (d)  ou  la  fortifia. 
Le  roi  Ozias  la  reconquit  (e)  ,  &c  Ezéchias  la  réduifit 
encore  une  fois  fous  le  joug.  (f)  Jofeph  l'attribue  à  la 
tribu  de  Dan  ;  (S)  mais  Jofué  ne  la  marque  pas  dans 
la  diftribution  des  villes  qu'il  donna  aux  tribus  d'Ifra'él. 
Croyons  ,  pourfuit  ce  père,  que  METCA,  marquée  dans 
Moïfe  (h)  ,  eft  la  même  que  Meteg  ,  marquée  au  fécond 
Livre  des  Rois  (') ,  &c  qu'il  faut  traduire  :  David prit  Mé- 
teg ■&  fa  mère  ;  au  lieu  de,  il  prit  le  frein  du  tribut  ;  ce 
qui  eft  expliqué  dans  les  Paralipomenes  ,  /.  1,  c.  18,  v.  I, 
par:  il  prit  Geth  &  fes  filles.  Geth  étoit  la  mère;  Mé- 
teg  étoit  la  fille.  Selon  cette  hypothèfe  ,  la  ville  de  Geth 
des  Philiftins,  mère  des  Géans  (k),  devoit  être  affez  avan- 
cée, dans  l'Arabie  Pétrée  &  vers  l'Egypte  ;  ce  qui  eft  dit 
dans  les  Paralipomenes ,  le  confirme  /.  i,c.j,  v.zi  :  les 
fils  d'Ephraïm  étant  encore  en  Egypte,  attaquèrent  la  ville 
de  Geth  &y  furent  taillés  en  pièces.  *  (a)  Reg.  1. 1,  c.  6. 
(b)  Reg.li,c.  17,  v.4-  (.c)R'g- 1.  *,  c.  8^v.  1.  (d)  Pa- 
ral.  1. 2, c.  1 1 ,  v.  8.  (e)/o/é/7A.Ant.l.o,c.ii.  (f)  Parai. 
1.  a,  c.  26.  (8)  Antiq.  1.  9,  c.  13.  (h)  Numer.  c.  33  , 
v.  28,  (')  c.  8,  v.  1.  (k)  Reg.  1.  2,  c.  20,  v.  20. 

S.  Jérôme ,  in  Michai  1  ,  dit  qu'il  y  avoit  un  gros 
bourg  nommé  GETH  ,  fur  le  chemin  d'Eleuthéropolis 
à  Gaza  ;  Se  Eusèbe ,  in  lotis ,  parle  d'un  autre  lieu  de 
même  nom  ,  à  cinq  milles  d'Eleuthéropolis,  fur  le  che- 
.  min  de  Lidda  ,  &  par  conféquent ,  différent  de  celui  de 
S.  Jérôme.  Eusèbe  met  encore  un  lieu  nommé  Geth  , 
ou  Gettha,  entre  Jamnia  &t  Antipatris.  S.  Jérôme, 
Prafat.  in  Jonam ,  en  parlant  de  Geth-Opher  ,  patrie 
du  prophète  Jonas ,  dit  qu'on,  la  nomme  Geth-Opher  ou 
Geth  ,  du  canton  d'Opher ,  pour  la  diftinguer  des  au- 
tres Geth ,  que  l'on  montroit  de  fon  tems  aux  environs 
d'Eleuthéropolis  6c  de  Diospolis:  ad  dijlinclionem  alia- 
rum  Geth  urbium  ,  quee  juxta  Eleutheropolim,Jive  Dios- 
polim  hodie  quoque  monflrantur. 

Geth  étoit  la  plus  méridionale  des  villes  des  Philiftins, 
comme  Accaron  étoit  la  plus  feptentrionale  ;  enforte 
qu'Accaron  8t  Geth  font  mifes  comme  les  deux  termes 
de  la  terre  des  Philiftins.  Geth  étoit  voiûne  de  Maréfa, 


GET 


F'oye^i.Par.X.ljË;  fk  Mich.l,  14,  dans  l'hébreu;  ce 
qui  revient  affez  à  S.  Jérôme  qui  met  Geth  fur  le  che- 
min d'Eleuthéropolis  à  Gaza.  Eleuthéropolis  eft  au  voi- 
finage  de  Maréfa  ou  Morafthi  ;  &  avant  Eusèbe  £■£  S.  Jé- 
rôme ,  Eleuthéropolis  n'eft  guères  connue  dans  la  géo- 
graphie. Geth  étoit  puiffante  fous  les  prophètes  Amos , 
c.  6,  y.  2,  &  Michée,  c.  i,v.  106*14,  &  indépendante 
des  rois  de  Juda.  Mais,  comme  nous  l'avons  déjà  remar* 
que  ,  elle  fut  prife  par  Ozias,  roi  de  Juda,  fous  le  pro- 
phète Amos  3  &  enfuite  par  Ezéchias ,  fous  le  prophete_ 
Michée.  Gèthaïm  marqué,  2  Reg.  IV,  3 ,  &  i.Esdr.XIrf  3 ,' 
eft,  fans  doute  ,  la  même  que  Geth.  David  avoit  une 
compagnie  de  gardes  Géthéennes  dont  Ethaï  étoit  le 
capitaine.  Geth  ou  Gath  iîgnifië  xmpreffoir.  Ainfi  il  n'eft 
pas  étonnant  que  l'on  trouve  dans  la  Paleftine  plus  d'un 
lieu  du  nom  de  Geth.  Reg.  1.  2,  c.  15,  v.  18 ,  &  c.  18, 
v.  2. 

GETHAIM.  Voyez  l'article  précédent. 
„  GETH-EPHER  ou  Geth  -  Opher  ,  ou  Geth  du 
canton  d'Opher,  dans  la  Galilée,  étoit  la  patrie  du  pro- 
phète Jonas.  {Reg.l. 4, c.  14,  v.  25.)  Jofué,  c.  19,  v.,13, 
attribue  cette  ville  à  la  tribu  deZabulon;  &S.  Jérôme, 
clans  fa  préface  fur  Jonas ,  dit  qu'elle  étoit  à  deux  milles 
de  Séphoris ,  autrement  Diocéfarée. 

GETHIUM.  Voyez  Gythium. 
.      1.  GETH-REMMON,   ville  de  la  Paleftine  ,  dans 
la  tribu  de  Dan.  S.  Jérôme  la  met  à  dix  milles  de  Dios- 
polis ,  fur  le  chemin  d'Eleuthéropolis.   Elle  fut  donnée 
aux  Lévites  de  la  famille  de  Caath.  *  Jofué,  c.  19,  v.  45. 

2.  GETH-REMMON  ,  ville  de  Paleftine  ,  dans  la 
demi-tribu  de  Manaffé  ,  au-delà  du  Jourdain.  Elle  fut 
donnée  aufli  aux  Lévites  de  la  tribu  de  Caath.  *  Jofué, 
c.  21 ,  v.  25. 

3.  GETH-REMMON,  ville  de  la  Paleftine,  dans  la 
tribu  d'Ephraïm.  Elle  fut  aufli  donnée  aux  Lévites  de  la 
tribu  de  Caath.  Parai.  /.  1,  c.  6,  v.  69. 

GETHRONE  ;  l'édition  du  P.  Hardouin  porte  Ge- 
thont,  ancien  nom  d'une  ville  de  la  mer  vEgée ,  dans 
le  voifinage  de  la  Cherfonèle  de  Thrace  ,  des  ifles  de 
Samothrace  ck  de  Hallonèfe,  félon  Pline,  I.4,  c.  12. 

GETHSEMANI ,  village  de  la  Paleftine  ,  dans  la 
montagne  des  Oliviers  :  ce  nom  fignifie  le  prejfoir  de 
P huile  ;  ce  qui  marque  que  l'on  y  faifoit  de  l'huile  avec 
les  olives  que  la  montagne  fourniffoit.  C'étoit  le  lieu 
où  JesUS-Christ  prioit  quelquefois  pendant  la  nuit  ; 
c'eft  dans  un  jardin  de  ce  village  qu'il  fit  fa  prière ,  qu'il 
fua  fang  &eau,  qu'il  fut  arrêté.  * Matth.  c.  26,  v.  36, 
&feq. 

Le  P.  Michel  Nau  ,  Voyage  nouv.  de  la  Terre-fainte  , 
l.  ^  ,  c.  3 ,  qui  a  examiné  les  faints  lieux ,  avec  une  ex- 
trême attention  ,  parle  ainfi  de  ce  pays.  Le  jardin  des 
oliviers  étoit  vraifèmblablement  un  grand  verger  plein 
d'oliviers  ,  fous  lesquels  on  alloit  librement  fe  prome- 
ner &  fe  repofer  ;  il  refte  huit  arbres  du  nombre  ,  à  ce 
qu'on  dit ,  de  ceux  qui  étoient  là  du  tems  du  Sauveur. 
Leur  antiquité  les  rend  exemts  du  tribut  que  l'on  prend 
depuis  plufieurs  fiécles  en  ce  pays  fur  chaque  pied  d'ar- 
bre: les  pères  de  la  Terre-fainte  ont  acheté  le  champ  où 
ils  font ,  &c  ils  les  gardent  comme  un  grand  tréfor.  Ils 
ne  perdent  rien  des  olives  qu'il  en  recueillent  ;  ils  en 
tirent  une  huile  de  bénédittion  ,  qu'ils  diftribuent  aux 
perfonnes  de  qualité,  qui  contribuent  par  leurs  aumônes  . 
à  la  confervation  des  faints  lieux  :  les  noyaux ,  qui  en  ref- 
tent,  fervent  à  faire  des  chapelets  qui  font  extrêmement 
recherchés  des  Catholiques.  Il  eft  défendu ,  fous  peine 
d'excommunication ,  de  couper  des  branches  de  ces  oli^ 
viers ,  Srd'en  rien  prendre  ;  on  accorda  à  M.  le  marquis 
de  Nointel,  ambaffadeur  de  France  ,  par  une  faveur  très- 
particulière  ,  la  permiflïon  d'en  faire  couper  une  bran- 
che. Pour  retenir  les  Chrétiens  des  nations  féparées  de 
la  communion  de  Rome  ,  qui  n'appréhendent  pas  ces 
cenfures  ,  les  pères  y  entretiennent  un  Mahométan  pour 
fermier,  qui  fait  faire  payer  fi  cher  ce  qu'on  en  dérobe, 
que  perfonne  n'ofe  s'y  rifquer. . 

Les  évangeliftes  racontent,  (S.  Luc,  c.  21,  &  21,)  que 
lorfque  le  Fils  de  Dieu  étoit  à  Jerufalem,  il  paffoit  la  plus 
grande  partie  du  jour  dans  le  temple,  s'employant  à  l'inf- 
truûion  des  Juifs,  &  que  la  nuit  il  l'alloit  paffer  en  priè- 
res à  la  montagne  des  oliviers  ;  c'étoit  dans  le  jardin  dont 
on  vient!  de  parler.  S>  Jean  dit  bien  exprefféinenr ,  c.  8 , 
que  Judas  y  amena  les  foldats ,  parce  qu'il  favoit  le  lieu, 


GEV 


GEV 


tpf 


Jçfûs  s'y  étant  Couvent  rendu  avec  fes  difciples  ;  il  leur  by  ,  auquel  on  a  donné  pour  fiifFragantFévêché  deMende 
répétoit ,  fans  doute ,  les  leçons  qu'il  avoit  faites  le  jour  qui  eft  celui  des  anciens  Gabali.  *  Longuerue ,  Defcr. 
dans  la  ville.  Le  jour  qu'il  fut  arrêté,  'il  laifla  une  partie     de  la  France,  i.  part.  p.  263. 

de  les  apôtres  dans  le  village  de  Gethfémani ,  qui  (fe-  Ces  peuples  tombèrent ,  dans  le  cinquième  fiécle,  fous 
Ion  notre  auteur,)  étoit  à- deux  ou  trois  cens  pas  de-là  la  puiiïànce  des  Wifigoths  :  Clovis  les  conquit  avec  l'A- 
vers le  midi,  6k  dans  un  endroit  plus  bas.  quitaine.  Les  ducs  &c  les  comtes  s'en  rendirent  proprié- 
II  y  a  dans  la  partie  la  plus  haute  de  ce  jardin  une  ro-  taires  au  dixième  fiécle.  On  ignore  les  noms  .des  prê- 
che un  peu  élevée  ,  &  d'une  largeur  confidérable.  Elle  miers.  On  fait  feulement  que  dans  l'onzième  fiécle  ce 
eft  proche  d'un  grand  chemin  par  où  l'on  monte  aux  comté  appartenoit  à  Gilbert ,  comte  de  Millaud  ,  qui 
fépulcres  des  prophètes.    Ce  fut  là  que  notre  Seigneur     époufa  Giburge ,  héritière  du  comte  de  Provence  :  leur 

fille  Douce  époufa  le  comte  de  Barcelone  ,  à  qui  elle 
apporta  en  mariage  fes  droits  fur  le  Gevaudan  6k  le 
Rouefgue. 

Jaques  I,  roi  d'Aragon,  6k  comte  de  Barcelone,  refti- 
rua  l'an  I221;,  à  Etienne,  évêque  de  Mencle,  &  à  l'on 
églife ,  la  feigr.eurie  de  Gevaudan;  &:  ce  roi  reconnut 
dans  ta  fuite  tenir  de  l' évêque  la  terre  de  Credon  ou  Gre- 
don  ,  {Grêle.')  6k  toute  la  terre  de  Gevaudan  ;  ce  qui 
fait  voir  que  l'évêque  étoit  déjà  en  poffefiion  de  la  prin- 
cipale feigneurie  du  comté  de  Gevaudan  ,  dont  néan- 
moins le  roi  d'Aragon  fe  réferva  alors  le  domaine  utile  ; 


fepul 

donna  ordre  aux  trois  apôtres  de  veiller  :  on  y  voit 
core  une  figure  grofliere  de  trois  corps  couchés.  L'auteur 
laifie  indécis,  fi  c'eft  un  jeu  de  la  nature  6k  du  hazard, 
ou  fi  la  Providence  a  voulu  l'y  imprimer  comme  un  monu- 
ment de  la  pareffe  humaine. 

Il  y  avoit  afiez  près  de-là  un  chemin  fouterrein  qui 
conduifoit  dans  une  grotte  profonde ,  éloignée  du  lieu 
des  apôtres,  d'un  bon  jet  de  pierre  :  cette  grotte  qui  a 
maintenant  fon  entrée  près  du  fépulcre  de  la  fainte 
Vierge ,  eft  longue  de  trente-huit  palmes ,  6k  large  de 
vingt-huit  ;  fa  figure  eft  irréguliere  &  approchante  de  la 
ronde:    la  voûte  e/l  comme  celle  des  carrières  ,   delà     puisquepar  la  tranfaftion  pafféeavecS.  Louis,  l'an  1255 


pierre  même  ,  &  il  y  a  trois  gros  piliers  de  même  ma- 
tière, qui  la  foutiennent.  Cette  voûte  eft  ouverte  par  un  trou 
iêmblable  à  celui/  des  citernes  ,  par  où  la.  grotte  reçoit 
un  peu  de  jour  ,  aufïï-bien  que  de  la  porte  qui  en  eft 
proche.  Il  y  a  deux  autels  pratiqués  dans  la  roche  même  ; 
l'un  eft  tourné  à  l'orient ,  6k  l'autre  au  feptentrion  :  c'eft 


non-feulement  le  roi  d'Aragon  renonça  à  fes  droits 
la  terre  de  Credon  ouGrédon  ,  mais  lurtout  le  Gevau- 
dan. 

L'ancienne  capitale  du  Gevaudan  eft  appellée  Jnde- 
ritum  ou  Anderidum  ;  6k  ce  nom  eft  marqué  dans  Pto- 
lomée,  dans  la  Carte  de  Peutinçer,  6k  dans  la  Notice 


dans  l'efpace  qui  eft  entre  deux  ,  que  la  tradition  porte     de  l'empire  Romain ,   faite  fous   Honorius  dans  le   cin- 
que  le  Sauveur  fit  fa  prière  ,   &  fua  du  fang.    Quelques     quieme  fiécle;  l'évêque  s'appelloit  Gabalitanus  ;  ce  que 


mots  latins   qui  font  fur  le   paroi ,    femblent  Tattefter 
Voici  ce  qu'on  en  peut  lire  : 

Hic  Rex  Chrijlus  fudavit  fanguinem. 

Sape  morabatur  dû  C. 

Mi  Pater ,  fi  vis,  transfer  calïcem  hune  à  me. 


la  plupart  des  évêques  des  autres  fiéges  ont  fait  dans  les 
Gaules,  lors  .même  que  leurs  villes  épilcopales  avnient 
des  noms  diftingués  de  celui  du  peuple.  On  voit  que 
le  diacre  Génialis,  quiaffifta,  l'an  314,  aupremier  con- 
cile d'Arles,  eft  appelle  diaconus  chitatis  Gabalitanœ; 
oh  ne  fait  donc  pas  précifément  leterris  où  ce  nom  An- 
dentum  ceffa  d'être  en  ufage  ;  mais  nous  pouvons  dire 
Le  P.  Nau  obferve  que  l'écriture  eft  effacée,  6k  qu'il  n'y  que  ce  rut  vers  la  fin  du  cinquième  fiécle;  car,  depuis 
a  que  dû  avec  un  titre  6k  un  grand  C;  ce  qui  apparem-     ce  tems  ,^on  ne  le  trouve  nulle  part.  Cette  cité  des  Ga- 


felon  Etienne  le 


bali  ou  Gavais,- eft  marquée  dans  tous  les  monumens, 
tant  eccléfiaftiques  que  profanes  ,  jufqu'au  dixième  fié- 
cle ;  6k  ce  n'eft  que  depuis  l'an  1030,  que  fes  évêques 
ayant  transféré ,  pour  toujours,  leur  fiége  à  Mende  ou 
Memmate ,  furent  appelles  Mimaunfcs.  Quant  à  l'an- 
cienne cité  de  Gavais,  dont  le  nom  a  été  corrompu  en 
Javouls ,  comme  celui  de  Gabaldan  ou  Gavauldan  en 
Gevaudan,  elle  n'a  plus  de  marques  de  fon  ancienne 
grandeur  ;  car  ce  n'eft  qu'un  village  dans  la  baronnie  de 
Peyre  ,  à  quatre  lieues  de  Mende,  qui ,  depuis  fept  cens 
ans,  eft  la  capitale  du  Gevaudan  ,  6c  le  fiége  de  l'évêque. 
Le  Gevaudan  eft  de  difficile  accès,  rempli  de  monta- 
gnes ,  qui  font  partie  des  Cévennes,  &  où  il  y  a  fouvent 
GETTA  ,  ville' de  la  Paleftine,  félon  Pline,  /.  5  ,  de  la  neige  ;  c'eft  pourquoi  Sidonius  Apollinaris  appelle 
f.  19.  C'eft  peut-être  la  même  que  GlTTA  de  Polybe.  ce  pays  terrant  G abalum  falis  niviofam.  Le  nom  Gabals 
Le  P.  Hardouin  dit  que  ce  ne  peut  être  la  GlTH  ou  ou  Gavais  a  été  altéré  dans  la  fuite  enGavacks ;  6kBel- 
Geth  ,  d'Eusèbe  6k  de  S.  Jérôme.  leforêt  fe  fert  de  ce  nom  Gavaches  ,  comme  les  Efpa- 

GETULIE.  Voyez  Getuli.  gnols  qui  ont  appelle  ,  il  y  a  long-tems ,  Gavackos  ceux 

GETA,   ville  de  la  Libye  intérieure  ,   félon  Ptolo-     de  Gevaudan,  qui,  habitant  un  pays  rude  6k  Jlérile  eri 


ment  veut  dire  dum  clamant. 

GETHUSSA ,  ville  de  la  Lybie 
géographe. 

1.  GETIA,  le  pays  des  Gétes ,  félon  le  même. 

2.  GETIA,  ville  de  l'Albanie,  dans  l'Illyriè,  félon 
Chalcondyle  ,  /.  7.  Leunclavius  dit  que  les  Turcs  la 
nomment  CotzARUCK. 

GETIGAN,  félon  Baudrand,  ville  6k  royaume  des 
Indes ,  dans  Tille  de  Célèbes.  Sanfon  le  nomme  Ge- 
ir&EN. 

GETINI  :  Arrien  appelle  ainfi  les  GETES. 

GETONE,  ifle  d'Afie,  fur  la  côte  de  laTroade  ,  fé- 
lon Pline,  l.  5,  c.  31 


mee  ,  /.  4 ,  c.  5 

GEVALIE  ,  ou  Gevel  ,  ou  Gafle,  ville  de  Suéde 
dans  la  Geftricie ,  dont  elle  eft  la  capitale  :  elle  eft  fituée 
à  l'embouchure  de  la  rivière  de  Hafunda  ,  que  Ton  y 
pafle  fur  un  pont ,  6k  qui  forme  un  golfe  qui  lui  donne 
un  port  fur  le  golfe  de  Bothnie. 

GEVAUDAN,  (le)  ouïe  Givaudan,  province 


beaucoup  d'endroits  ,  alloient  tous  les  ans  en  Efpagne  , 
pour  gagner  de  l'argent  aux  travaux  les  plus  vils  &  les 
plus  pénibles  ;  ce  qui  les  faifoit  méprifer  par  les  Ëfpa- 
gnols  qui  donnent  le  même  nom  aux  voifins  du  Ge- 
vaudan, qui  panent  aufîî  les  Pyrénées  pour  le  même 
deflein.  Voyez  l'article  G  AVE.  Covarruvias ,  dans  fori 
tréfor,  a  fort  bien  expliqué  Tétymologie  du  mor  Gavachs, 


France  ,   en  Languedoc.    Elle  fait  une  des  trois  parties  &  dit  que  ces  Gavachs  rapportent  tous  les  ans  beaucoup 

des  Cévennes ,  6k  eft  la  plus  grande  dans  les  montagnes  d'or  6k  d'argent  de  TEfpagne  ,  qui  vaut  des  Indes  à  ces 

vers  les  fources  de  l'Allier  ,    du  Lot  Se  du  Tarn  :   elle  gens  fi  méprifés. 

a  pour  frontières  au  feptentrion  l'Auvergne  ,  leRouergue         Au  refle  ,   comme  le  Gevaudan  appartenoit,  pour  la 

au  couchant  ;  le  bas  Languedoc  au  midi  ;  le  Vivarais  6k  plupart ,  au  roi  d'Aragon ,  il  eft  naturel  que  les  habitans 

le  Vêlai  au  levant.  *  Baudrand ,  éd.  de  1705.  ayent  été  chercher  à  gagner  leur  vie  dans  les  états  de 

Le  Gevaudan  a  pris  fon  nom  des  peuples  Gabali  ou  leurfeigneur;  que  le  gain  qu'ils  y  faifoient,  ait  attiré  leurs 

Gavali,  Se  le  mot  de  Gevaudan ,  qu'on  écrivoit  autre-  voifins  à  les  imiter,  ck  ait  fait  donner  à  ceux-ci  le  nom 


fois  Gavauldan  ou  Gabauldan  ,  eft  mis  pour  Ga- 
baiitanus. Cefar ,  dans  fes  Commentaires ,  fait  mention 
de  ces  peuples  qui  dépendoient  des  Auvergnats  :  ils 
étoient  du  nombre  des  Celtes  qu'Augufte  joignit  à  l'A- 
quitaine, lorfqu'on  divifa  cette  province  en  deux.    Les 


commun  de  Gavaches. 

Piganiol  de  la  Force,  Defcr.  de  la  France,  t.  4,  p.  312, 
édit.  de  Paris,  dit  :  le  Gevaudan  eft  un  pays  de  montagnes 
dont  les  unes  font  ftériles  ,  ck  les  autres  ne  produif'ent 
que  des  feigles  6k  des  châtaignes  :  les  payfans  ont  presque 


Gabali  furent  mis  dans  la"  première  Aquitaine,  6k  fous  tous  chez  eux  des  métiers,  6k  font  des  cadizek  des  fer- 
la métropole  de  Bourges ,  dont  ils  ont  toujours  dépendu  ges,  6k  autres  petites  étoffes  qu'ils  vendent  à  bon  mar- 
pour  le  îpirituel.  jtfiu'à  l'érection  de  l'archevêché  d'Al-     ché  ;  néanmoins  toutes  ces  petites  manufactures  ne  laif^ 

Tome  III.     Oij 


io8 


GEX 


GEZ 


fent  pas  de  produire  plus  de  deux  millions  ;  &  on  trans- 
porte ces  étoffes  en  Suiffe  ,  en  Allemagne  ,  à  Malthe  , 
fur  la  côte  d'Italie ,  &  même  jutqu'au  Levant.  Les  mar- 
chands qui  les  ramafiént  &  les  tont  teindre,  demeurent 
à  Mende ,  &  à  Sainc-Leger  ,  &  en  retirent  le  plus  grand 
profit.  Dans  la  paroiffe  de  Vabron  ,  il  y  a  une  mine 
d'étain  que  Ton  pourroit  rendre  utile  :  dans  la  paroiffe  de 
Pompidou,  il  y  en  a  de  jayet,  &  une  de  fouffre  à  Saint. Ger- 
main de  Calberte  :  l'on  ramaffe  fouvent  de  petites  perles 
fines  dans  les  rivières  de  Fraiffmet  &c  de  Plantats.  ^  Le 
bailliage  du  Gevaudan  eft  partagé  entre  le  roi  &£  l'évê- 
que  de  Mende  :  quand  c'cft  le  tour  du  roi ,  la  juftice  fe 
rend  à  Maruejols  ;  <k  à  Mende,  lorfque  c'eft  celui  de 
l'évêque.  Je  parle  des  Etats  particuliers  du  Gevaudan  , 
dans  l'article  des  Etats  du  Languedoc. 

GEUDIS,  nom  d'une  rivière,  félon  Nonnus  cité  par 
Ortélius  :  on  ne  dit  point  où  elle  coule. 

GEVE  ouGesves,  rivière  d'Afrique ,  danslaNigri- 
tie ,  aux  pays  des  Mandingues ,  d'où  elle  coule  vers  l'oc- 
cident ,  &:  paffe  au  midi  de  Gesves ,  où  tournant  vers 
le  fud-oueft ,  elle  reçoit  celle  de  Kurbali  ,  avec  laquelle 
elle  va  fe  rendre  dans  un  golfe  où  font  les  ifles  des  Bif- 
fagos.  Cette  rivière  eft  extrêmement  rapide;  la  marée 
en  defcend  avec  une  fi  furieufè  violence  ,  que  les  va- 
gues s'élèvent  comme  autant  de  montagnes,  ce  qui  la 
rend  dangereufe. 

GEVE  ou  Geves,  ville  d'Afrique,  dans  la  Nigri- 
tie ,  fur  le  bord  feptentrional  de  la  rivière  de  même  nom. 
Elle  n'a  ni  murs  ni  enclos  ;  les  maifons  font  de  terre , 
blanchies  en  dehors,  &  couvertes  de  paille.  On  y  compte 
quatre  mille  habitans ,  parmi  lesquels  il  y  a  quatre  ou 
cinq  familles  de  blancs.  L'églife  paroiffiale  eft  fort  belle, 
&  gouvernée  par  un  prêtre,  envoyé  de  Sant-Jago.  11  s'y 
fait  un  commerce,  tous  les  ans,  de  deux  cents  cinquante 
efclaves.  Le  refte  du  commerce  confifte  en  ivoire  &c  en 
cire.  *  Voyage  de  Brue  en  Afrique,  1701. 

GEVE  D'OSSAN.  Corneille,  DiBion.  faït un  arti- 
cle fous  ce  titre  ,  comme  fi  c'étoit  une  rivière  différente 
du  Gave  d'Offan,  déguifé  par  une  mauvaife  orthographe. 

GEVINI  ou  Gyvini  ,  peuple  ancien  de  la  Sarmatie, 
en  Europe ,  félon  Ptolomée  ,  /.  3  ,  c.  <f. 

GEVIO  ,  village  de  Suiffe ,  dans  la  vallée  de  Madia  , 
qui  fe  jette  dans  la  rivière  de  Locarno.  Corneille ,  Mati 
&  Baudrand,  édit.  de  1705  ,  en  font  mal-à-propos  une 
ville  dans  le  Milanez. 

GEVISSI,  ancien  peuple  de  la  Grande-Bretagne  ,  dans 
le  voifinage  de  "Weffex ,  vis-à-vis  de  l'ifle  de  Wight , 
félon  Bede  cité  par  Ortélius. 

GEUL,  rivière  des  Pays-bas,  au  duché  de  Limbourg. 
Elle  prend  fa  fource  âu-deffus  de  Walhorn  ,  où  elle  paffe 
d.  puis  elle  coule  à  Herkemet  d.  à  Calmine ,  g.  à  More- 
zent ,  g.  à  Bufdal ,  g.  à  Méchélem  ,  d.  à  Vittem ,  g.  à 
Cartiels ,  d.  à  Vilre,  d.  à  Shinop  ,  d.  à  Fauquemont,  à 
Brouchen,  d.  àSaint-Ghirlack,  d.  à  Houtem,  d.  àMoé'r- 
zen  ,  d.  à  Hardenftein  ,  d.  &  tombe  dans  la  Meufe  au- 
deffous  de  Caftergeul. 

GEUYANG  ,  fortereffe  de  la  Chine  ,  dans  la  pro- 
vince de  Gueicheu ,  au  département  de  Liping,  feptieme 
métropole  de  la  province.  Elle  eft  plus  occidentale  que 
Pékin  de  8.  d.  4s/,  par  les  %-j  degrés  ,  6'  de  latitude. 
*  Atlas  Sïnenfis. 

GEX ,  félon  Piganiol  de  la  Force,  Defcr.  de  la  France, 
t.  3 ,  p.  5  41 ,  édit.  de  ijzz  ,  petite  ville  de  France,  dans  le 
pays  ou  dans  la  baronie  de  Gex  ,  au  pied  du  mont 
Saint-Claude ,  qui  fait  la  féparation  du  pays  de  Gex  de  la 
Franche-Comté.  Cette  ville  eft  à  prélent  compofée  de 
trois  parties.  La  première  eft  fur  une  hauteur  à  l'occi- 
dent ,  dans  l'endroit  où  étoit  autrefois  un  château  fort 
&  confidérable.  La  féconde  eft  proprement  la  ville  de 
Gex.  Elle  eft  fermée,  du  côté  du  couchant,  par  quelques 
reftes  d'anciennes  murailles ,  &:  par  tout  ailleurs  par  les 
clôtures  des  jardins  des  particuliers.  Elle  a  trois  portes 
&  trois  fauxbourgs.  La  troifieme  partie  de  la  ville  eft  au 
nord  du  château  ,  &  à  deux  cens  pas  de  diftance  ;  on 
l'appelle  Gex-la-Vieille.  L'églife  de  S.  Pierre  &  de 
S.  Paul  eft  la  leule  paroiffe  qu'il  y  ait.  Les  Carmes  ont 
un  couvent  à  Gex ,  comme  auffi  les  Capucins  &  les  Ur- 
fulines.  On  y  établit,  en  1681  ,  une  maifon  de  filles  de 
la  propagation  de  la  foi ,  qui  élèvent  un  grand  nombre 
de  filles ,  nouvellement  converties ,  à  la  religion  Catholi- 
que ,  Apoftolique  6c  Romaine.  Cette  maifon  ne  fubfifte 


que  par  les  bienfaits  du  roi.  Il  y  a  auffi  des  filles  de  la  cha- 
nté ,  un  hôpital  fort  pauvre,  (k  une  efpecede  petit  col- 
lège. Le  fiége  du  bailliage  du  pays  eft  à  Gex  ;  les  appella- 
tions font  portées  à  Dijon  ,  ou  à  Bourg ,   au  cas  de  l'édit. 

Le  pays  et  la  seigneurie  de  Gex  ,  féparé  du 
Bugey  par  le  grand  Credo  ,  eft  entre  le  mont  Jura  ,  le 
Rhône,  le  lac  de  Genève  &c  la  Suiffe.  Cette  feigneurie 
étoit  autrefois  membre  du  comté  de  Genevois ,  dont 
les  comtes  étoient  feudataires  de  l'églife  de  Genève. 
*  Longuerue,  Defcr.  de  la  France  ,  part.  1 ,  p.  303. 

La  feigneurie  de  Gex  fut  donnée  en  partage  à  Amé , 
par  ion  frère  Guillaume  comte  de  Genevois.  Son  père, 
le  comte  Amé  ,  avoit  reconnu  qu'il  étoit  fidelis  advo- 
catus ,  fidèle  avoué  ,  fous  Ardutius ,  évêque  de  Genève  ,' 
contemporain  de  S.' Bernard.  Ce  premier  feigneur  de 
Gex  eut  pour  héritier  fon  fils  Amé  ,  qui  n'eut  qu'une  fille 
nommée  Lyonnette  ,  qui  époula  Simon  de  Joinville, 
frère  de  Jean  fire  de  Joinville  ,  fénéchal  de  Champagne, 
auteur  de  la  vie  de  S.  Louis.  Pierre  de  Joinville ,  fils  de 
Simon  &  de  Lyonnette  ,  laiffa  deux  fils  Hugard  &  Hu- 
gues ,  fucceffivement  feigneurs  de  Gex.  Hugues  fe  rendit 
vaffal  du  Dauphin  de  Viennois  :  comme  il  n'avoit  point 
d'enfans  ,  il  fit  fon  héritier  Hugues  de  Genevois  ,  fon 
beau- frère,  mari  de  fa  fceur  Eléonor  de  Joinville,  dite 
Eléonor  de  Gex,  à  la  charge  de  faire  hommage  au  Dau- 
phin ,  feigneur  de  Faucigny  ;  ce  qui  fut  exécuté  ,  & 
donna  occafion  à  Amédée ,  comte  de  Savoye  ,  appelle 
le  comte  Verd ,  d'entrer  avec  des  troupes  dans  la  terre 
de  Gex ,  de  la  confifquer  ,  &c  de  l'unir  à  fon  domaine, 
l'an  1353.  Le  Dauphiné  étoit  alors  poflédé  par  Char- 
les ,  fils  aîné  du  roi  Jean  ;  mais  les  différends  avec  la  Sa- 
voye ,  furent  accommodés  peu  après ,  à  l'avantage  du 
comte  Verd. 

Les  comtes  ou  ducs  de  Savoye  ont  joui  depuis ,  de  la 
feigneurie  &  du  bailliage  de  Gex  ,  jufqu'au  traité  de 
Lyon  1601,  par  lequel  ce  pays  a  été  cédé  à  la  France. 
Louis  XIII  l'a  donné  en  échange  de  Château- Chinon, 
à  Henri  de  Bourbon,  prince  de  Condé,  avec  Montluel. 

Ce  petit  pays  de  Gex  eft  du  gouvernement  de  Bour- 
gogne, &  du  reffort  du  parlement  de  Dijon.  Gex, 
qui  lui  donne  fon  nom  ,  eft  une  ville  qui  n'a  rien  de 
confidérable;  &  Verso  Y,  qui  en  dépend,  fur  le  lac  de 
Genève  ,  a  été  demandé  par  les  Genevois  qui  furpri- 
rent  cette  place  fur  les  Savoyards,  l'an  1  ">89-  Il  n'y  a 
rien  d'important  dans  le  pays  de  Gex ,  que  le  pas ,  ou 
paffage  de  l'Eclufe  ou  de  la  Clufe ,  qui  défend  l'entrée 
du  Bugey  &  de  la  Breffe ,  par  un  fort  creufé  dans  le  roc, 
qui  fait  partie  du  mont  Jura  efearpé  en  cet  endroit ,  5c 
borné  par  le  Rhône  qui  coule  au  pied. 

La  république  de  Genève  eft  en  poffeffion  de  plufieurs 
villages  enclavés  dans  le  pays  de  Gex ,  lefquels  étoient 
autrefois  de  la  Manfe  ,  capitulaire  de  l'églife  cathédrale 
de  S.  Pierre  ,  ou  du  domaine  du  prieuré  de  S.  Viftor 
de  Genève ,  de  l'ordre  de  Cluny.  Tous  ces  villages  ont 
été  unis  au  domaine  de  la  ville  ,  depuis  le  changement 
de  la  religion. 

GEYERSBERG,  château  d'Allemagne ,  dans  laCa- 
finthie ,  auprès  de  la  haute  Styrie  ,  au-deffus  de  la  ville 
de  Friefach.  Voyez  FRIESACH. 

GEYL ,  (la)  rivière  d'Allemagne ,  dans  la  haute  Ca- 
finthie.  Elle  a  fa  fource  dans  un  lac  au  pied  des  monta- 
gnes ,  qui  féparent  cette  province  du  Tirol ,  aux  confins 
des  Etats  de  Venife  ;  &  de-là  ferpentant  vers  l'orient ,  • 
elle  fe  charge  de  quantité  de  ruiffeaux ,  fe  recourbe  vers 
le  nord,  ôcfejettedanslaDrave  àl'orient  de  Villach:  San- 
fon  &  quelques  autres  géographes ,  l'appellent  la  Geyt. 

GEYTAPOUR,  ville  des  Indes,  au  royaume  de  Dé- 
can,  fur  la  côte,  au  midi  de  Rajapour.  *  Vaugondy,  Atlas. 

GEZA ,  ancienne  ville  d'Egypte ,  fur  le  bord  occi- 
dental du  Nil,  vis-à-vis  du  grand  Caire ,  félon  Marmol, 
/.  il,  c.  16,  p.  193.  Elle  eft  fort  peuplée,  &  il  s'y  fait 
un  grand  trafic  de  bétail  que  les  Arabes  y  amènent  des 
déferts  de  Barca  &c  d'ailleurs ,  pour  la  provifion  du  Caire^ 
Pour  n'être  point  obligés  de  paffer  le  Nil ,  ils  tiennent 
là  leur  marché ,  on  l'y  vient  acheter  ;  Se  on  l'amené 
fur  des  barques ,  afin  de  le  revendre  en  gros  ou  en  dé- 
tail. On  voit  à  Geza  des  palais  fuperbes ,  Se  des  maifons 
de  plaifance ,  bâties  par  les  Mamelucs ,  pour  être  hors 
de  l'embarras  du  Caire  ;  plufieurs  marchands  &  artifans 
y  demeurent.  Sur  le  bord  de  la  rivière,  eft  la  grande  mos- 
quée ,  environnée  de  beaux  jardins  &  de  quantité  de 


GEZ 


GHÂ 


pf.imiers.  Les  habitans  du  Caire  viennent  tous  les  jours 
à  Geza,  pour  acheter  des  vivres,  6k  s'en  retournent  la 
nuit.  Pour  aller  aux  pyramides ,  il  faut  parler  par  Geza:  ' 
il  n'y  a  au-delà  que  des  déferts  de  Tablons.  Toutefois 
comme  on  trouve  en  chemin  plufieurs  puits  ck  mares, 
que  laifîe  le  Nil  en  fe  retirant ,  on  y  va,  fans  beaucoup 
de  peine  ,"avec  un  bon  guide. 

Cette  ville  eft  nommée  GuiSSE  ,  dans  la  Carte  du 
cours,  du  Nil ,  depuis  les  cataractes  jufqu'au  Caire  ,  in- 
férées dans  les  Voyages  de  Paul  Lucas,  6k  beaucoup 
mieux  Gize  dans  celle  du  Délia  ;  m.iis  l'auteur ,  qui  eft 
le  même  voyageur,  dit,  T.  4,  p.  340,  que  Gize  eft  un 
gros  village  à  l'occident  du  Nil,  du  côté  des  pyramides. 
GEZAIRA  ;  Baudrand  dit  ,  pays  d'Afrique  dans  la 
Ba/barie  :  c'eft  une  des  trois  provinces  du  royaume  d'Al- 
ger. Elle  eft  bornée  au  levant  par  celle  de  Bugie  ,  à 
Foccident  par  celle  de  Tenez,  au  feptentrion  par  la  mer 
Méditerranée,  le  long  de  laquelle  elle  s'étend  au  midi, 
par  les  montagnes  qui  la  féparent  de  Bilédulgérid.  Elle 
a  pour  capitale  la  ville  d'Alger,  d'où  on  la  nomme  plus 
fouvent  la  province  d'Alger. 

GEZAIRA  :  les  Européens  ont  ainfi  défiguré  le  mot 
arabe  Al-Gtfair ,  qui  fignifie  une  ifle  ,  6k  que  (a)  les 
Mahométans  donnèrent  à  la  ville  de  Céfarée  en  Mauri- 
tanie, lorfqu'ils  en  firent  la  conquête  fur  les  Romains, 
dans  le  feptieme  fiécle.  C'eft  Alger.  Il  y  avoit  devant 
cette  ville  une  ille  dont  on  fit  le  port  qu'on  voit  en- 
core à  préfent  ;  ck  on  la  nomma  de-là  Al-Gefdir,  l'Isle. 
(a)  Laugier  de  Taffi,  Hift.  d "Alger. 

GEZAR.  Voyez  Gadara  2.  ck  Gader. 
GEZATORlGUS,  contrée  d'Afie,  dans  la  Gàlatie, 
vers  la  Bithynie ,  félon  Ortélius,  Tkefaur.  Strabon,;.  12, 
p.  ^62  ,  parlant  de  ce  pays ,  dit  :  la  partie  qui  confine  à 
la  Bithynie ,  eft  appellée  TlMONITE  de  Gezatorix.  On 
voit  que  le  nom  Timonite  eft  celui  de  la  contrée  ,  en 
grec  Ttpm'nn  ,  félon  Strabon  ,  ck  Tifj.ayi-nt  x»est  :  félon 
Ptolomée  Gezatorix  eft  apparemment  le  nom  du  prince 
qui  la  gouvernoit  :  Geyatorïgos  eft  au  génitif. 
GEZERÔN  \Yoyez  Gadara  2,  6k  Gader. 
GEZIRAH  :  ce  mot  eft  arabe  ,  ck  fignifie  ifle  ;  mais 
lés  Arabes  s'en  fervent  aufîi  pour  exprimer  une  pres- 
qu'isle.  Ainfi  ils  nomment  Gezirat  Abdelaziz-BEN- 
Omar,  ouGezirat-beni-Omar,  la  ville  de  Gezira 
qui  eft  effectivement  bâtie  dans  une  ifle  du  Tigre  ;  Ge- 
ZILAT-Masshiki  ,  c'eft-à-dire  l'ifle  du  Maftic,  l'ifle  de 
Chio  ou  Stankaio  ;  Gezirat-Suaken  ,  l'ifle  de  Sua- 
quen  dans  la  mer  Rouge ,  ckc.  qui  font  de  véritables 
ifles  ;  mais  ils  appellent  Gezirat-al-Arab  ,  ou  l'ifle 
des  Arabes  ,  lArabie  qui  n'eft  qu'une  prefqu'ifle.  Ils  ap- 
pellent Al-Gefirah  la  Méfopotamie,  qui  eft  entre  l'Eu- 
phrate  ck  le  Tigre.  Voyez  MÉSOPOTAMIE. 

GEZIRAH  Abdelaziz-ben-Omar  ,  c'eft-à-dire 
l'ifle  des  enfans  d'Omar,  ou  Gezirath-BENI-Omar  , 
ville  d'Afie  ,  dans  une  ifle  fur  le  Tigre  ,  au-deffus  de 
Mouflal  ou  Moful  ,  bâtie  par  les  defeendans  d'Omar. 
Ebn-Batrix  dit  qu'elle  eft  fituée  dans  le  quartier  de  la 
Méfopotamie ,  nommé  Diar-Rabiat ,  que  l'on  nomme 
aufli  la  terre  de  Tamanln  ou  des  quatre-  vingt ,  à  caufe 
qu'il  fortit  un  pareil  nombre  de  perfonnes  de  l'arche 
de  Noë,  qui  s'arrêta,  dit-il,  fur  les  montagnes  de  Gioud 
en  ces  quartiers.  Tavernier ,  Voyage  de  Perfe ,  l.  3  , 
c.  4,  la  nomme  GezirÉ  ,  à  quatre  jours  de  Diarbékir. 
On  y  pâlie ,  dit-il ,  le  Tigre  fur  un  beau  pont  de  ba- 
teaux ;  c'eft  le  lieu  où  s'afTemblent  les  marchands  qui 
vont  prendre  la  noix  de  galle  ,  ck  le  tabac  au  pays  des 
Curdes,  ck  ceux  qui  viennent  du  même  pays  pour  Alep. 
La  ville  eft  fous  l'obéiffance  d'un  Bey.  De  Geziré  à 
Amadié  ,  il  y  a  deux  jours  de  chemin.  *  D'Herbelot , 
Bibliot.  orient. 

GEZIRAT -EDDEHEB,  ifle  d'Egypte.  Dapper, 
Afrique,  p.  54,  en  parle  ainfi:  à  une  lieue  du  Nil,  au- 
delà  de  Fuoa ,  il  y  a  une  ifle  qu'on  appelle  Ge^jirat-Ed- 
dehen  ,  autrefois  l'ifle  de  Nathos  ou  l'ifle  d'or.  Il  y  a 
beaucoup  de  villages  ck  de  palais  magnifiques  ;  mais  on 
a  peine  à  les  découvrir  de  loin ,  à  caufe  de  l'épaiffeur 
des  forêts. 

GEZIRAT-HIAT  ou  l'ijle  des  ferpens  ;  ifle  fabu- 
leufe  ,  dont  il  eft  fouvent  parlé  dans  les  romans  Perfiens 
ck  Turcs.  *  D'Herbelot,  Biblioth.  orient. 


ÏOC) 


GEZIRAT-KHESCHK,  c'eft-à-dire  ['ifle fiche.  Les 
^Orientaux  appellent  ainfi  le  continent  ou  la  terre  ferme, 
à  l'imitation  des  Hébreux  qui  la  nomment  Iahafchab  , 
comme  il  paroît  par  le  paffage  de  la  Genefe  :  &  vocavit 
aridam  terram.  *  D'Herbelot  ,  Bibl.  orient. 

GEZIRAT-MASTHIKI  ou  rifle  de  Maftic.  Les  Ara- 
bes  appellent  ainfi  l'ifle  de  Chio  ,  que  les  Turcs  nom- 
ment en  leur  langue  Sacki^-Adafji,  qui  fignifie  la  même 
chofe  ;  parce  que  les  arbres ,  dont  on  tire  la  gomme  que 
nous  appelions  maftic,  croiffent  dans  cette  ifle.  *  D'Her- 
belot ,  Bibl.  orient. 

GEZ1RAT-THARECK;  les  Arabes  nomment  ainfi 
l'ifle  de  Gibraltar.  *  D'Herbelot ,  Bibl.  orient. 

1.  GEZIRÉ.  Voyez  Gezirah  Adelaziz-ben- 
Omar. 

2.  GEZIRÉ,  ifle  d'Afrique  ,  au  royaume  de  Fez, 
fur  le  Licus ,  félon  Dapper ,  Afrique ,  p.  155.  Il  la  met 
à  trais- milles  de  la  mer  ,  ck  à  feize  de  Fez ,  6k  dit  que 
les  Efpagnols  la  nomment  Gratiofa  :  il  a  tort  de  dire 
que  c'eft  peut-être  la  Cerné  de  Ptolomée.  La  Cerné  de  cet 
auteur  eft  en  pleine  mer  ;  6k  celle  dont  il  eft  queftion, 
eft  éloignée  de  la  mer  de  quatre  lieues ,  6k  au-deffùs  de 
la  Rache. 

GEZRE.  Voyez  Sarrit^E. 

GHACHOR.  Voyez  Achor. 

GHALEMETH  ;  c'eft  ainfi  que  le  Chaldéên  lit  an 
lieu  de  Bahurim.  Voyez  ce  mot. 

GHALUA  ,  ville  d'Afrique ,  dans  la  Nubie  ,  fur  le 
Nil ,  près  de  l'Egypte ,  félon  Corneille. 

GAHMKI,  liège  épifcopal  d'Afie  ,  dans  l'Arménie , 
fous  le  patriarchat  de  Sis.  Il  eft  inconnu  ,  ou  bien  il  ne 
fubfifte  plus  ,  félon  de  Commanville. 

GHAMMAS,  grande  rivière  de  la  Tartane,  au  qua- 
trième climat  ,  félon  Edrifi ,  Geograph.  Nubienf.  p.  3 13. 
Il  parle  du  royaume  des  Kaïmachites ,  où  il  dit  qu'il  y  a 
feize  villes,  quoiqu'il  n'en  nomme  que  neuf,  6k  ajoute: 
toutes  ces  villes  font  firuées  fur  le  grand  fleuve  Gham- 
mas  ,  qui  fortant  des  montagnes  de  Bengiar,  coule  vers 
l'orienta  la  ville  Aftur,  fituée  fur  la  rive  méridionale; 
de-là  il  paffe  à  la  ville  de  Sifîa,  qui  eft  au  nord,  fe  rend 
à  la  ville  royale,  nommée  Chacan  ,  qui  eft  au  midi  de 
fon  cours.  II  fe  tourne  enftdte  vers  le  feptentrion  ,  6k 
arrive  à  la  ville  de  Mofthanah ,  bâtie  fur  fa  rive  occiden- 
tale. Il  y  reprend  fon  cours  vers  l'orient ,  jufqu'à  ce 
qu'il  fe  perde  dans  la  mer.  L'auteur  du  livre  des  Mer- 
veilles dit  que  ce  fleuve  nourrit  un  poiffon  duquel  les 
médecins  de  l'Inde  6k  de  la  Chine  compofent  le  plus 
mortel  poifon  que  l'on  connoifle.  Il  eft  dans  le  fiel  de  ce 
poiffon,  nommé  Sangia,  6k  il  conferve  fa  qualité  du- 
rant quarante  ans. 

On  foupçonne  que  ce  fleuve  eft  le  même  que  le 
fleuve  Amur.  Il  n'y  a  point  d'autre  fleuve  à  qui  ce  cours 
convienne  fi  bien ,  quoiqu'on  ne  fâche  guères  où  retrou- 
ver les  villes  que  nomme  le  géographe  de  Nubie. 

GHANA  ,  ville  d'Afrique  ,  dans  la  Nigritie  ,  fur  le 
Niger  ,  qui  la  fépare  en  deux  ,  en  entrant  dans  un  affez 
grand  lac  ,'  nommé  lac  de  Sigifmes  6k  lac  de  Guadre. 
Le  géographe  de  Nubie,  p.  10  ,  2. part,  climat.  1,  dit: 
Ghana  eft  une  double  ville  fur  les  deux  rivages  d'une 
mer  d'eau  douce.  C'eft  de  tous  les  pays  des  Nègres  la  plus 
peuplée  6k  la  plus  marchande.  Il  s'y  rend  de  riches  mar- 
chands ,  des  pays  voifins,  6k  de  toutes  les  parties  de  l'Occi- 
dent. Ses  habitans  font  Mufulmans  ;  6k  le  roi  tire, dit-on, 
fon  origine  de  Saleh  ,  fils  d'Abdalla ,  fils  de  Hafan ,  fils 
de  Hofaïn ,  fils  d'Aali ,  fils  d'Abi-Taled,  oncle  de  Maho- 
met. Il  eft  abfolu,  quoiqu'il  rende  hommage  à  l'empe- 
reur des  Mufulmans  ,  qui  eft  Abbaffide.  Il  a  un  palais 
fur  le  rivage  du  Nil,  (l'auteur  appelle  ainfi  le  Niger,) 
6k  c'eft  un  château  très-bien  fortifié  6k  très-bien  pourvu 
de  tout.  Les  logemens  font  ornés  de  fculptures  6k  de 
peintures,  6k  les  fenêtres  font  vitrées.  Ce  palais  fut  bâti, 
l'an  510  de  l'hégire.  Ses  états  confinent  au  pays  de 
Wançara,  qui  eft  riche  en  mines  d'or.  L'auteur  cité, 
parle  fort  avantageufement  de  la  juftice'  du  roi  de  Ghana, 
de  fon  tems.  Cette  ville  au  refte  eft  la  capitale  d'un 
royaume  ,  que  l'on  appelle  royaume  de  Ghana  ,  6k 
royaume  de  Cajféna.  Voyez  CassÉNA. 

GHANAMIN  :  Arias  Montanus  prétend  que  l'écri- 
ture nomme  ainfi  les  Troglodytes. 

GHARUS,  évêché  d'Afie,  en  Arménie,  fous  le  pa- 


GHï 


no 

triarche  de  Sis.  Il  eft  inconnu  ;  &  on  ne  fait  s'il  fub- 
fifte  encore,   au  rapport  de  l'abbé  de  Commanville. 

GHAZECA ,  pour  Ayca.  Voyez  Azeca. 

GHEDI,  petite  ville  d'Italie  au  Breffan,  dans  l'état 
des  Vénitiens ,  félon  Corneille.  Magin  dit  que  ce  n'eft 
qu'un  village  fur  le  Naviglio.  _ 

GHEL  ,  contrée  d'Ethiopie  ,  dans  l'Abiffinie  ,  au 
royaume  d'Amhar,  félon  Ludolf.  *  Hift.  JEthlop.  1.  i ,  c.  3 . 

GHELE ,  bourgade  des  Pays-bas ,  en  Brabant.  Elle 
eft  célèbre  par  le  culte  de  fainte  Dympne ,  vierge  mar- 
tyrifée  par  fon  père.  On  a  bâti  fur  fon  tombeau  une  églife 
de  fon  nom ,  dont  on  a  fait  un  chapitre  de  Chanoines 
dans  lefeizieme  fiécle. 

GHEMPE  ou  l'Isle  du  Due,  prévôté  de  religieu- 
fes,  ordre  de  Prémontré  dans  les  Pays-bas ,  à  deux  lieues 
de  Louvain.  1 

GHENDGÊ,  ville  d'Afie,  dans  le  Chirouan,  félon 
le  tradufteur  de  l'hiftoire  de  Timur-Bec ,  /.  5  ,  c.  37. 
C'eft  une  ville  de  Perfe,  dans  le  Schirvan. 

GHENDGIAN-FOU,  ville  d'Afie,  dans  la  Chine 
feptentrionale  ,  félon  le  même ,  /.  5 ,  c.  4. 

GHERA  d'Adda.  Voyez  Ghiara. 

GHERMIAN  -  LILI ,  province  de  la  Turquie  ,  en 
Afie ,  dans  la  Natolie.  C'eft  la  même  chofe  que  le  Ger- 

MIAN. 

GHEROM,  ville  de  Perfe,  dans  le  Fars-.  Les  géo- 
graphes Orientaux  lui  donnent  89  d.  de  longitude , 
&  28  d.  30'  de  latitude. 

rUrCU.  datî  ") contrées  d'Ethiopie,  dans  l'Abiffi- 

fcTHraF'r™.  au  royaume  d'Ambar ,   félon 

&:  GHt-iHU.      5Ludolf_  Hifi.Mthiop.  1.  1,  c. 3. 

GHEUCSALl ,  village  delà  grande  Tartarie ,  au  pays 
de  Gété.  *  Hijl.  de  Timur-Bec  ,  l.  3  ,  c.  5. 

GHEUCSERRAI ,  palais  des  empereurs  de  la  grande 
Tartarie  ;  c'eft  dans  ce  palais  que  réfidoitTimur-Bec ,  lorf- 
qu'il  eut  fait  Samarcande  la  capitale  de  fes  états.   . 

GHEUCTOPA,  colline  de  la  grande  Tartarie  , 
au  pays  de  Geté.  Les  géographes  Orientaux  lui  donnent 
101  d.  209'  de  longitude,  Se  43  d.  *5'  de  latitude.  *HiJi. 
de  Timur-Bec ,  /.  3  ,  c.  1 9. 

GHEUL  FERKETI,  lieu  de  la  grande  Tartarie  , 
auprès  de  Bokhara.  Timur  y  éleva  plusieurs  petits  bâti- 
mens  à  dôme  pour  loger' les  feigneurs  Se  dames  de  fa 
cour  ;  il  fe  fervit  pour  cela  de  plufieurs  reftes  d'édifices 
ruinés  qui  s'y  rencontrèrent  ;  &. ,  comme  il  y  a  de  fort 
beaux  étangs ,  où  fe  trouvent  une  infinité  de  toutes  fortes 
d'oifeaux  ,  Se  principalement  des  cygnes  ,  il  y  fit  une 
chaffe  fort  agréable ,  dont  les  détails  fe  trouvent  dans  fon 
hiftoire ,  /.  3  ,  c.  7. 

GHEVEYAR ,  bourg  d'Afie ,  en  Tartarie  ,  au  Mogo- 
liftan.  Hiftoire  de  Timur-Bec ,  l.  3  ,  c.  6. 

GHEZ-SETAM  ,  village  d'Afie  ,  dans  le  Diarbeck  , 


GHI 


entre  Anna  Se  Tecrit.  *  Hiftoire  de  Timur-Bec,  L 


lit  »• 


GHIANON  ,  ou  Ghiannon  ,  rivière  d  Afrique 
au  fud  de  celle  du  Sénégal.  Elle  prend  fa  fource 
dans  le  pays  des  Mandingues  verst  les  mines  d'or  de 
Bambouc  ;  6k ,  prenant  fon  cours  vers  le  îlord  ,  elle  fe 
rend  dans  le  Sénégal  à  l'eft  de  Dramanet.  Elle  a  plus  de 
quarante  lieues  de  cours,  &  porte  des  canots.  *  Cartes  du 
cours  du  Sénégal ,  Falemé ,  Ghianon  ,  levé  fur  les  lieux 
par  Compagnon. 

GHIARA  D'ADDA  ,  petit  pays  d'Italie  ,  en  Lom- 
bardie ,  entre  la  rivière.  d'Adda  ,  Se  le  Serio.  Il  s'étend 
jufqu'aux  montagnes  de  Bergame,  Se  eft  appelle  Ifola  Ful- 
chéria  par  Merula  aux  livres  VI  &  VIII  de  fon  Hiftoire 
des  Vifconti.  Il  eft  large  ,  uni  Se  bien  peuplé.  On  y 
trouve  beaucoup  de  métairies ,  de  villages  Se  de  bourgs. 
Trevilio  ,  Caravaggio  en  font  les  principaux  lieux. 
Léandre  ,  Defcriuione  di  lutta  Vital,  p.  408  ,  diftingue 
pourtant  Trevilio ,  fille  de  Folcheria  Se  Caravaggio  ;  Se 
il  en  parle  d'une  manière  à  faire  connoître  que  cette  ifle 
ne  comprenoit  pas  tout  ce  que  nous  connoiffons  aujour- 
d'hui fous  la  Ghiara  d'Adda.  Ce  pays  ,  félon  Baudrand  , 
éd.  de  1705  ,  faifoit  autrefois  partie  du  Bergamafque  ;  mais 
il  eft  demeuré  au  Milanez  ,  par  plufieurs  traités  de  paix. 
*  Ma^in  Irai.  Tab.      ' 

GHlBBON  ;  c'eft  la  même  ville  que  Gabaon. 
GHIEGUM  ,  évêché  arménien  ,  fous  le  patriarche 
de  Sis.  Il  eft  inconnu  ,  Se  on  ne  fait  s'il  fubfifte  ,  félon 
l'abbé  de  Commanville. 


GHILAN  ,  province  d'Afie ,  dans  l'empire  des  Pèrfès  « 
au  bord  de  la  mer  Cafpienne  ,  Se  au  nord  du  Khoueftan. 
D'Herbelot  étend  fa  longitude  depuis  le  74e  degté 
jufqu'au  76  &  fa  latitude  ,  qu'il  prend  du  nord  au  fud  , 
depuis  le  3  5  jufqu'au  36.  Il  dit  que  fes  habitâns  recueil- 
lent peu  de  bled  ,  mais  beaucoup  de  riz  dont  ils  font  du 
pain  qu'ils  mangent  avec  d'excellent  poifîbn  que  la 
mer  leur  fournit  en  abondance.  Cette  province  donne 
fon  nom  à  la  mer  Cafpienne ,  que  les  Arabes  ,  les  Perfans 
Se  les  Turcs  nomment  mer  de  Ghilan.  On  n'y  trouve  que 
deux  villes  confidérables  ,  qui  font  Rafcht  ou  Refchut  , 
fur  la  mer  ,  Se  Lakhfchan  que  l'on  appelle  auffi  Ghilan  ± 
fituée  plus  avant  dans  les  terres.  Quelques  géographes, 
comprennent  dans  le  Ghilan  le  Mazandéran  qui  eft  à  fon 
orient  ,  Se  qui  confine  avec  le  Thabareftan.  L'auteur 
de  l'Hiftoire  des  Tatars  ,  écrit  Gilan ,  Se  Kilan  , 
p.  329  ,  que  cette  province  eft  fituée  au  fud-oueft  dé 
la  mer  Cafpienne  ,  s'étend  depuis  l'embouchure  de  la 
rivière  d'Ifperutli  jufqu'aux  landes  de  Mockan.  La  mer 
Cafpienne  Se  la  province  de  Mazandéran  la  bornent  à 
l'eft  ;  la  province  d'Yérack,  au  fud  ;  celle  d'Adirbeïtzan  , 
à  l'oueft  ;  Se  les  landes  de  Mockan  ,  au  nord  :  c'eft  pré- 
cifément  l'Hyrcanie  des  anciens  ,  comme  il  eft  aifé  de 
voir  par  la  defcription  que  Quinte-Curce  nous  en  donne. 
Rien  n'eft  li  beau  que  la  fituation  de  cette  province  ;  elle 
a  d'un  côté  la  mer  ,  le  long  de  laquelle  elle  s'étend  en 
demi-cercle  ;  Se  de  l'autre  ,  elle  eft  environnée  de  fort 
hautes  montagnes  qui  la  féparent  fi  bien  de  tout  le 
refte  de  la  Perfe  ,  qu'on  n'y  peut  entrer  du  côté  de  la 
terre  ferme  ,  que  par  des  paffages  fort  étroits  Se  faciles  à 
défendre.  Les  Perfans  les  appellent  encore  Pila  ,  ou 
Portes*  Les  montagnes  ,  <lont  on  vient  de  parler  ,  font  , 
du  côté  de  la  Perfe  ,  d'affreux  précipices  Se  rochers  ;  & 
du  côté  de  la  province  de  Gilan  ,  elles  ont  la  pente  là 
plus  charmante  du  monde  ,  toute  couverte  de  citron- 
niers ,  d'orangers  ,  d'oliviers  ,  de  cyprès  ,  de  figuiers  , 
Se  de  mille  autres  fortes  d'arbres  fruitiers  ;  enforte  qu'il 
femble  que  ce  pays  foit  bordé  de  tous  côtés  de  grandes 
forêts  d'une  verdure  perpétuelle.  On  y  trouve  toutes 
fortes  de  bêtes  fauvages  ,  comme  ours ,  loups ,  léopards  , 
tigres ,  Sec.  Ces  derniers  fur-tout  y  font  en  fi  grande  abon- 
dance ,  qu'on  les  amené  par  douzaines  dans  les  villes 
voifines  pour  les  vendre  ,  lès  Perfans  poffedant  le  fecret 
de  les  apprivoifer  de  telle  forte  qu'ils  peuvent  s'en 
fervir  à  la  chaffe  ,  de  la  même  manière  que  nous  faifons 
avec  nos  chiens  ;  Se  dès  qu'ils  y  font  une  fois  drefTés  , 
ils  fe  tiennent  fort  tranquillement  aflis  en  croupe  derrière 
quelque  cavalier  ,  jufqu'à  ce  qu'on  trouve  à  propos  de 
les  lâcher  après  le  gibier. 

Le  pays  de  Gilan  eft  fort  beau  Se  tout  uni  :  il  eft 
entrecoupé  d'une  quantité  de  belles  rivières  qui  ,  fortant 
de  tous  côtés  des  montagnes  ,  vont  fe  décharger  dans  la 
mer  Cafpienne.  Cette  mer  eft  fi  poiffonneufe  fur  cette 
côte  Se  toutes  les  rivières  qui  viennent  y  apporter  leurs 
eaux  de  ce  côté  ,  que  la  couronne  tire  par  an  un  revenu 
confidérable  de  la  ferme  de  la  pêche  de  cette  province. 
Comme  le  pays  eft  fort  marécageux  vers  le  rivage  de 
la  mer  ,  on  y  a  pratiqué  par-tout  des  foffés ,  pour  deffé- 
cher  les  terres  ;  ce  qui  fait  qu'il  ne  reffemble  pas  mal  en 
ces  endroits  à  la  comté  de  Flandre  ;  Se  pour  la  commo- 
dité du  paffage  ,  qui  étoit  très-pénible  auparavant  par- 
les terres  greffes  Se  marécageufes  d'un  pays  où  il  pleut 
beaucoup ,  le  grand  Schah-Âbas  a  fait  faire  une  chauffée 
élevée  de  huit  pieds  au  deffus  du  niveau  ordinaire  du 
pays  ,  qui  traverfe  toute  la  province  ,  depuis  la  rive  occi- 
dentale de  la  rivière  d'Ifperuth  du  côté  qu'on  y  arrive  de 
Ferabath  jufqu'à  la  ville  d'Aftara. 

'  Le  pays  de  Gilan  eft  la  plus  belle  Se  la  plus  fertile 
province  de  toute  la  Perfe  :  elle  produit  de  la  foie  ,  de 
l'huile ,  du  vjn ,  du  riz  ,  du  tabac  ,  de  très-beaux  fruits 
de  toute  efpece  , .  &  en  fi  grande  quantité ,  qu'elle  en! 
fournit  une  partie  de  la  Perfe ,  Se  plufieurs  pays  étrangers. 
On  y  trouve  en  plufieurs  endroits  des  forêts  entières  de 
mûriers  ,-de  buis  Se  de  noyers  ;.  &  la  plupart  des  meu- 
bles de  bois  qu'on  voit  en  ce  pays  ,  font  faits  de  bojs  de 
noyer  ,  ou  de  buis  :  chaque  payfan  ,  dans  quelque  petite 
chaumière  qu'il  puiffe  habiter  ,  ne  manque  pas  d'avoir 
un  jardin  auprès  de  fa  maifon  ,  où  l'on  ne  voit  qu'oran- 
gers ,  citronniers  ,  figuiers  ,  vignes  de  tous  côtés  ; 
çk  il  n'eft  pas  rare  de  voir  en  ce  pays  des  ceps  de  vigne; 


GHI 


anffi  gros'  qu'un  homme  de  taille  ordinaire. 

Les  habitans  font  Mahométans  de  la  ie&e  d'Omar  ; 
ils  font  braves  ,  fiers  &  induftrieux.  Comme  ils  connoif- 
fent  tous  les  avantages  de  leur  pays  ,  ils  ne  font  pas  fi 
aifés  à  mener  que  le  refte  des  Perlàns  ;  &  ils  jouiffent 
■même  encore  actuellement  de  plufieurs  exemptions  & 
privilèges  qu'ils  ont  grand  foin  de  maintenir,  quoiqu'on 
ait  pris  la  précaution  de  les  défarmer  en  quelque  manière. 
Ils  font  d'une  taille  haute  &  robufte  ,  &  plus  blancs  que 
les  autres  Perfans  :  leurs  habits  font  à-peu-près  les  mêmes 
que  ceux  du  refte  des  Perfans  ,  excepté  qu'ils  font  plus 
courts  &  plus  fimples  ,  &  que  leurs  bonnets  font  pointus. 
Ceux  d'entr'eux  qui  habitent  aufud  de  la  ville  de  Kesker, 
•vers  les  frontières  de  la  province  de  Mazandérsn  ,  s'ap- 
pellent KlLEK  ;  &  les  autres  qui  habitent  au  nord  de 
cette  ville  ,  portent  le  nom  de  Talisch.  Les  femmes 
de  ces  derniers  font  fans  contredit  les  plus  belles  &  les 
mieux  faites  de  toute  la  Perfe  :  elles  ne  font  pas  ,  à  la 
vérité ,  fi  parées  que  les  autres  Perfannes  ;  mais  en  revan- 
che elles  font  d'un  grand  fecours  à  leurs  maris  dans  le 
ménage  ,  parce  qu'on  les  trouve  rarement  oifives  ,  ce 
qu'on  ne  voit  nulle  part  dans  le  tout  refte  de  la  Perfe. 

Cette  pravince  a  pour  capitale  la  ville  de  Refcht  qui 
eft  au  37e  degré  de  latitude,  &  à  deux  lieues  de  la  mer. 
Elle  eft  fort  agréable.  Quoique  grande  &  affez  bien  peu- 
plée ,  les  maifons  y  font  fi  couvertes  de  toutes  fortes 
d'arbres  fruitiers  ,  qu'en  y  arrivant  on  croit  entrer  dans 
une  forêt  ;  &  il  eft  impoffible  de  s'appercevoir  qu'on 
entre  dans  une  ville ,  avant  qu'on  fe  trouve  au  milieu. 
Elle  eft  toute  ouverte  ,  &  les  toits  des  maifons  font  cou- 
verts de  tuiles  &  de  lattes  ,  de  même  que  les  nôtres ,  parce 
qu'il  pleut  beaucoup  en  ces  quartiers.  Les  autres  villes 
principales  de  ce  pays  font  Kesker  &  Aftara. 

La  province  de  Ghilan  a  été  cédée  à  la  Ruffie  avec 
toutes  fes  dépendances ,  par  le  traité  conclu  à  S.  Peters- 
bourg  en  1723  ,  entre  le  feu  empereur  de  Ruffie  &c  le 
Schah  ;  mais  il  ne  paroît  pas  que  la  Ruffie  en  ait 
pris  poffeffion  jufqu'à  prefent.  *  Voyez  les  Voyages 
d'Oléarius. 

GHILDA  ,  ville  d'Afrique  au  royaume  de  Galam  , 
fur  le  bord  feptentrional  du  Sénégal  ,  &  vis-à-vis  de 
Tuabo.  C'eft  la'  première  ville  de  ce  royaume  qu'on 
rencontre  en  remontant  le  Sénégal;  latit.  nord,  14  d. 

57'- 
GHILGAL.  Voyez  Galgal. 
GHINGHIN,  ville,  ou  plutôt  grand  village  d'Afrique 
au  royaume  de  Jéréja  dans  le  pays  desFlups,  à  la  fource 
d'un  ruiffeau  qui  fort  de  la  rivière  de  Kafamanka  ,  &  qui 
tombe  dans  celle  de  San-Domingo  ,  trois  lieues  au-deffus 
-de  Kachao  ,  dont  Ghinghin  n'eft  qu'à  cinq  lieues.  C'eft 
un  lieu  bien  peuplé  en  partie  de  Portugais  qui  s'y-font 
établis  ;  le  pays  eft  agréable  ;  il-  porte  des  fruits  en 
abondance  ;  &  de  toutes  parts  on  y  voit  des  abeilles  : 
les  linges  y  font  auffi  en  grand  nombre.  Lemaire  appelle 
ce  lieu  Guangïàn.  *  Voyage  de  B rué  en  Afrique. 

GHIR ,  rivière  d'Afrique.  Elle  a  fa  fource  au  mont 
Atlas  qui  borne  le  pays  de  Trémécen  au  midi  ;  coulant 
vers  le  midi, entre  les  tentes  de  quelques  Arabes,  elle  ar- 
rive au  pays  habité  par  les  Bénigumi ,  dans  le  royaume 
de  Tafilet.  Elle  fe  tourne  enfuite ,  en  ferpentant  vers  le 
fud-efi ,  dans  la  province  de  Touet  ;  entrant  enfin  dans 
les  déferts  de  Haïr ,  elle  fe  perd  dans  un  grand  lac.  Cette 
rivière  &  quelques  autres  de  ces  cantons  ont  cela  de 
particulier,  qu'elles  s'éloignent  de  la  mer,  enseloignant 
de  leur  fource.  Ainfi  elles  rendent  ce  proverbe  faux  :  >t  Si 
»  tu  veux  arriver  à  la  mer,  prends  une  rivière  pour  t'y  con- 
»  duire.  *  De  l'IJle,  Carte  de  la  Barbarie. 

GHIOMO  ou  Ghiomray,  peuple  d'Afrique,  qui 
habite  le  cap  Apollonia.  Loyer  &  Defmarchais  nous 
aporennent  qu'ayant  été  fouvent  en  guerre  avec  les  Mi- 
nois ,  &  toujours  vainqueurs  ,  ils  obligèrent  ceux-ci  à 
quitter  la  contrée  d'Iffini,  qui  eft  à  dix  lieues  au-delà  du 
cap,  &  qu'on  appelle  encore  le  grand  IJpni,  pour  aller 
habiter  le  pays  d'Asbini ,  &  la  rivière  qui  a  pris  leur 
nom. 

GHISTEL  ou  Ghistele  ,  bourgade  des  Pays-bas, 
dans  la  Flandre  Autrichienne ,  aune  petite  lieue  d'Ouden- 
bourg,  &  à  deux  de  Bruges.  C'eft  une  ancienne  baronnie. 
Elle  eft  célèbre  par  le  culte  de  fainte  Godelieve  ,  dame 
du  lieu,  martyrifée  par  font  marj,  On  y  a  bâti  une  églife 


GHN         1 1 1 

en  fon  nom  ,  avec  un  monaftere  de  religieufes ,  fous  la 
régie  de  S.  Benoît.  *  Le  P.  Boujjingaùt ,  Voyage  des 
Pays-bas.  Bailla  ,  Topogr.  des  Saints ,  p.  a  10. 

GHiVIRA,  petite  ville  d'Italie,  au  Miianez,  à  trois 
lieues  d'Anghiera,  fur  le  lac  auquel  elle  donne  fon  nom; 
&  qui  prend  auffi  celui  de  lac  de  Brandrone.  Il  fe  dé- 
charge dans  lelac  majeur  par  la  petite  rivière  de  Bozzo. 
*  Baudrand,  édit.  de  170").  Magin.  Ital.  Tab. 

GHNASNEVIDES  ,  (les)  branche  de  Turcs  qui  ont 
régné  dans  le  Khorafan.  C'étoient  des  efclaves  achetés 
parles  princes  Mahométans,  introduits  dans  lesferrails, 
de-là  dans  les  confeils  ,  &  parvenus  enfuite  aux  plus 
grandes  dignités  ,  tels  que  furent  les  Thoulounides,  les 
Mameluks,  &c.  Les  Ghnasnévides tirent  leur  origine  de 
la  ville  de  Ghazna ,  capitale  de  leur  empire. 

Un  certain  Alpteghin ,  efclave  d'Ipmaîl ,  fécond  ful- 
tan  des  Samanides  établis  dans  le  Khorafan  &  le 
Maouarennahar ,  ayant  été  affranchi  ,  prit  le  parti  des 
armes,  de  dignités  en  dignités  parvint  à  celle  de  géné- 
ral des  armées  &  de  gouverneur  du  Khorofan  où  il 
ufurpa  la  puiflance  fouveraine  ,  &  établit  fon  féjour  à 
Gahzna.  Il  donna  fa  fille  en  'mariage  à  un  de  fes  efcla- 
ves ,  quiétoit  auffi  Turc  ,  &  lui  laifîa  (es  états  à  fa  mort. 
Celui-ci ,  par  fa  prudence  ,  fe  fit  aimer  de  fes  fujets  ; 
&  par  fon  courage  il  fe  fit  craindre  de  (es  ennemis.  Après 
fa  mort,  fon  fils  Mahmoud  luifuccéda.  Il  pourfuivir  &c 
accomplit  les  projets  de  fon  père ,  c'eft-à-dine  qu'il  abba- 
tit  entièrement  les  Samanides  ,  &  s'éleva  fur  leurs  rui- 
nes :  après  plufieurs  grandes  victoires,  il  fe  trouva  maître 
du  Khorafan  Se  d'une  partie  de  la  Tranfoxane.  Alors 
il  prit  le  titre  defultan;  6t  il  eft  le  premier  des  princes 
de  l'Orient  qui  l'ait  porté.  Avant  lui  ils  ne  portoientque 
celui  de  Malek.  L'ambition  de  Mahmoud  augmentoit 
avec  la  puiflance.  Il  entra  dans  l'ipide  ;  il  remporta  plu- 
fieurs victoires  contre  différens  rois  ,  ttaverfa  enfuite  fes 
états  ,  porta  les  armes  dans  le  Kharifme  dont  il  s'em- 
para ,  repouffa  le  Kan  des  Turcs  qui  venoit  pour  l'at- 
taquer ;  &  le  Ghion  fervit  de  limites  entre  les  deux 
empires  :  il  repaffa  dans  l'ipide  qu'il  fournit  prefqu'en- 
tiere,  &fubjuga  la  Perfe.  Il  remporta  de  toutes  fes  expé- 
ditions des  richeffes  immenfes  :  les  hiftoriens  prétendent 
que  Mahmoud  a  été  le  pius  riche  des  princes  Turcs.  Il 
mourut  enfin,  regretté  &  admiré  de  tous  fes  fujets  en  gé- 
néral. Les  richeffes  immenfes ,  qu'il  avoit  apportées  de 
Flpide,  devinrent  funeftes  à  fes  defeendans  qui,  voulant 
en  acquérir  autant ,  négligèrent  leurs  états  dans  la  Tar- 
tarie ,  &  portèrent  toutes  leurs  forces  du  côté  de  l'ipide. 
Les  Seljoucides'  profitèrent  de  leur  imprudence  ,  leur  en- 
levèrent plufieurs  provinces  Se  les  Ghourides,  autres 
efclaves  Turcs,  parvenus  comme  les  Ghaznevides, 
montèrent  fur  le  trône.  Ainfi  fut  anéantie  la  branche 
Turque  des  Ghaznevides,  l'an  1182,  après  avoir  régné 
pendant  113  ans.  *  Hijl.  générait  des  Huns,  par  M.  de 
Guignes ,  t.  3  ,  p.  183. 

GHNIEF,  ville  de  la  Pruffe  Polonoife,  auPalatinat 
de  Culm,fur  la  Viftule.  Le  nom  Polonois  s  écrit  Gniew. 
Le  chevalier  de  Beaujen,  Mémoires ,  p.  189,  écrit  Ghi? 
NIEF  ,  félon  la  prononciation.  Les  Allemands  l'appellent 
Meve  ,  fur  quoi  j'avertis  que  tous  les  lieux  de  la  Pruffe 
ont  deux  noms.  Ghnief  eft  à  deux  lieues  de  Nové,  Se 
à  quatre  de  Grodens.  C'eft  une  ftaroftie  du  roi  ;  &  So- 
bieski  y  tenoit  une  partie  de  fes  tréfors ,  bien  loin  de  la 
portée  des  incurfions  des  Tartares.  La  ville  Se  le  châ- 
teau font  de  briques.  André  Cellarius ,  dans  fa  Defcription 
de  la  Pologne,  nomme  cette  ville  en  latin  Meve, Mcva, 
Mena,  Gnievum&Gnevum.  Elle  eft ,  dit-il ,  NovaDefcr. 
Regni  Polon.p.  491 ,  fituée  au-deffous  du  confluent  de 
la  rivière  de  Fers  Se  de  la  Viftule.  Sa  citadelle  apparte- 
noit  à  Meftovin,  prince  de  la  Poméranie  ultérieure,  qui 
en  fit  don  à  l'ordre  Teutonique.  D'autres  prétendent 
qu'il  ne  donna  à  ces  chevaliers  que  le  territoire  de  Meve 
ou  de  Ghnief,  &  qu'ils  y  bâtirent  la  citadelle.  Elle  fut 
prife  enfuite  par  les  Polonois,  &  reprife  par  les  cheva- 
liers, en  I4H-  ^es  Polonois  revinrent  à  la  charge, 
en  1463  ;  après  une  longue  défenfe ,  elle  fe  rendit  à  eux, 
l'an  fuivant.  La  religion  Proteftante  ayant  été  quelque 
tems  la  dominante  dans  cette  ville ,  les  Catholiques  fe 
reffaifirent  de  la  grande  églife,  l'an  1596.  Guftave  Adol- 
phe prit  Ghnief  par  compofition  ,  l'an  1616,  Se  battit  les 
Polonois  qui  étoient  venus  faffiéger.   L'an  1655,  les 


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Suédois  la  prirent  encore  ;  mais  ils  ne  la  gardèrent  que 
jufqu'au  mois  d'Août  fuivant.  *  Dan.  Cromer.  Chron. 
Pomeran.  c.  n',  Mari.  Cromer.  Rer.  Polon.  1.  io. 

GHOGUONIUM,  éveché  d'Arménie,  fous  le  pa- 
triarche de  Sis  :  on  ne  fait  ni  où  il  eft  ,<ni  s'ilfubfifte, 
.félon  l'abbé  de  Commanville. 

GHORI,  ville  d'Afie,  dans  la  Géorgie.  Voyez  Gotu. 

GHOUR ,  petit  pays  de  l'Inde  ,  au  nord-oueft  de 
Ghazna.  Les  princes  defcendus  des  anciens  rois  de  Perfe  , 
■s'y  étoient  retirés,  &  y  vécurent  dans  l'indépendance, 
jufqu'à  l'an  ioio,  que  les  Turcs  Ghaznévides  le  conqui- 
rent-. *  Hifioire  générale  des  Huns  ,  t.-},  p.  164. 

GHUB1TTARUM  ,  évêché  Arménien  ,  fous  le  pa- 
triarche de  Sis.  On  ne  fait  ni  fa  place  ni  s'il  fubfifte , 
félon  l'Abbé  de  Commanville. 

GHUL-HISSAR,  ville  de  la  Turquie ,  en  Afie,dans 
la  contrée  de  Roum  au  nord.  Les  Tartares  appellent  les 
états  du  Turc  ,  l'empire  de  Roum ,  qui  eft  le  nom  Ro- 
main corrompu ,  parce  que  les  Romains  poffédoient  au- 
trefois en  Afie  ce  que  les  Turcs  y  poffedent  aujour- 
d'hui. *H:fi.  de  Timur-Bec,\.  5  ,  c.  50. 

GHUL1STAN,  isle  d'Afie,  dans  la  province  de Ha- 
mid-Eîli ,  au  milieu  du  lac  Falac-Abad.  *  Hifi.  de  Ti- 
mur-Bec  ,  L  "j,  c.  s;  9. 

GHUL-LOUDJA,  bourg  d'Afie,  dans  le  Curdiftan. 
*Hifi.  de  Timur-Bec,  1.  3  ,  c.  18. 

i.  GHUZEL-HISSAR,  ville  de  la  Turquie  ,  en  Afie, 
dans  la  Natolie  ,  près  de  Tiré  ;  ces  deux  villes  étoient 
fîtuées  fur  le  Madré  ou  le  Méandre.  Il  ne  faut  pas  la  con- 
'  fondre  avec  celle  qui  fuit.   *  Hifi.  de  Tïmur-Bcc ,.  1.  5  , 

C'  2.' GHUZEL-HISSAR,  ville  de  la  Turquie ,  en  Eu- 
rope: Bajazet,  furnommé  le  Tonnerre,  l'avoit bâtie  vis- 
à-vis  de  Conftantinople.  *  Hifi.  de  Timur-Bec,  1.  f, 
.c.38.  ^  „'-.■■ 

Comme  le  mot  Hifar,  en  langue  Turque,  lignifie 
.château  ,  je  ferais  porté  à  croire  que  les  lieux  où  ce 
nom  fe  trouve,  n'étoientque  des  châteaux;  mais  le  fa- 
v-ant  traducteur  de  l'hiftoire  de  Timur-Bec.  dit  dans  fes 
notes,  bien  pofitivement,  qu^les  lieux  ci-deffus  nommés 
étoient  des  villes. 

GIABECCARUM  ,  évêche  de  leghfe  Arménienne , 
fous  le  patriarche  de  Sis.  On  ne  fait  pas  s'il  iubfifte  en- 
core ,  félon  l'abbé  de  Commanville. 

GIACHAS ,  peuple  d'Afrique ,  dans  la  baffe  Ethio- 
pie. Le  père  du  Jarric  ,  Hiftoire  des  Indes  orientales, 
X.  part.  c.  5,  les  place  auprès  du  premier  lac  leplus  mé- 
ridional des  deux  ,  d'où  le  Nil  prend  fa  fource ,  c'eft- 
à-dire  auprès  du  lieu  où  l'on  fuppofoit  que  le  Nil 
prenoit  fa  fource  avant  que  l'on,  eût  découvert  là  vé- 
ritable origine.  -Voici  comment  il  dépeint  ce  peuple  : 
«Ils  font  fort  cruels  &C  barbares  ,  ne  vivent  d'ordi- 
».  naire  que  de  voleries  &  de  larcins  ,  à  la  façon  des 
»  Arabes  ou  des  Numides.  Ils  font  anthropophages,  c'eft- 
»  à-dire  mangent  la  chair  humaine  ;  ils  ne  reconnoif- 
»  fent  aucun  roi  ni  feigneur  ,  n'ont  aucune  demeure  fixe, 
»  vont  tantôt  d'un  côté ,  tantôt  d'un  autre  ,  ck  logent 
»  en  des  cabanes  qu'ils  fe  font  de  branches  d'arbres,  ou 
»  en  des  tentes  qu'ils  portent  avec  eux.  Leurs  armes  of- 
»  fenfives  font  un  poignard  ou  une  maffue  ,  l'arc,  les 
»  flèches  &  le  javelot  ;  les  défenfives  font  un  long  bou- 
»  clier,  affez  large  au  milieu  pour  couvrir  un  homme; 
»  8c  de-là  jufqu'aux  extrémités  ,  il  va  en  s'étréciffant  : 
»  au  bout  d'en-bas ,  il  y  a  une  pointe  qu'ils  plantent  en 
»  terre  ;  ainfi  il  leur  fert  de  rempart.  »  Ces  peuples  en 
ravageant  le  pays  arrivèrent  jufqu'au  Congo  où  ils  en- 
trèrent par  la  province  de  Bâta.  De  l'Ifle  les  nomme 
Jagas  ,  &  les  met  le  long  de  la-  rivière  de  Coango, 
au  nord  du  royaume  de  Matamba ,  à  l'orient  du  Congo , 
&  au  couchant  du  Monog mugi  ,  dont  le  P.  Jarric  dit 
qu'ils  font  Stipendiâmes.  Il  .met  encore  au  nord  du  Mo- 
.nomoëmugi  les  Jagas  anthropophages,  dont  les  terres 
font  très-fertiles  ;  mais  l'air  y  eft  fort  mal-fain.  Ceux-ci 
ont  au  nord  les  Etats  du  roi  de  Gingijo.  Ces  GlACHAS 
font  nommés  JAGOSpar  Dapper  :  il  les  croit  venus  de 
Nigritie;  d'autres  les  confondent  avec  les  Galles,  na- 
tion barbare  au  midi  de  l'Abiffinie. 

GIAFARIAH  ,  ville  d'Afie  ,  dans  l'Iraque  Arabique. 
Xe  Kalife  Motavakel  la  fit  bâtir ,  &:  y  transféra  le  fiége 
de  l'empire  des  Mufulmans,  qui  étoit  alors  à  Samarah.  Il  la 


GIA 


fit  appeller  Giafarie ,  de  fon  nom  propre  qui  étoit  Gia- 
farouGiafer.  Montaffer,  fon  fils  &  fon  fucceffeur,  ayant 
abandonné  cette  ville,  elle  fe  ruina  en  fort  peu  de  tems. 
*  D'Herbelot,  Bibl'toth.  orient. 

GIAGANIAN ,  nom  que  les  Perfans  donnent  à  la 
ville  de  Saganian.  *  Voyez  Saganian. 

GIAGANNAT  ,    ville  des  Indes.    Voyez  Jagre- 

NATE. 

GIAGMIN,  ville  d'Afie,  dans  la  province  deKho- 
varefme. 

GIALALEKAH.  Les  Arabes  nomment  ainfi  la  Ga- 
lice, province  d'Efpagne.      ' 

GIALOULAH,  lieu  d'Afie,  dans  la  province  de  Kho- 
raffan,  où  les  Perfans  furent  défaits  par  les  Arabes,  pour 
la  féconde  fois  ,  après  la  bataille  de  Cadéfie  ,  fous  le 
Khalifat  d'Omar  I.   *  D'Herbelot ,  Biblioth.  orient. 

G1ALOUS  ,  isle  de  la  mer  des  Indes ,  dont  les  habi- 
tans  font  nègres ,  marchent  nuds ,  &  s'entre-mangent  les 
uns  les  autres.  Elle  eft  éloignée  de  deux  journées  de  na- 
vigation de  celle  S Albinoman.  Ces  deux  isles  font  au 
midi  de  celle  de  Rami ,  qui ,  félon  Edriffi  ,  a  fept  cens 
lieues  de  long ,  Se  eft  peu  éloignée  de  celle  de  Sarendib 
que  nous  croyons  être  Zéïlan  ou  Sumatra., Si  cette  der- 
nière eft  Sarendib ,  l'isle  de  Rami  fera  Bornéo  ,  félon 
les  conjectures  de  D'Herbelot.  Mais  fi  Sarendib  eft  Céïlan, 
comme  peu  de  gens  en  doutent,  pourquoi  l'isle  de  Rami 
ne  pourrait -elle  pas  être  Sumatra?  Ces  noms  arabes, 
qui  ne  font  accompagnés  ni  de  diftances  déterminées ,  ni 
de  descriptions  qui  caraftérifent  le  lieu  ,  font  d'autant 
plus  difficiles  à  fixer,  qu'ils  conviennent  à  plufieurs  ifles , 
parce  qu'il  y  en  a  beaucoup  dans  les  mers  dont  il  eft 
queftion.  Il  en  eft  de  même  de  la  ville  ,  dont  parle  le 
même  auteur  dans  l'article  qui  fuit.  *  D'Herbelot ,  Bibl. 
orient. 

GIAMCOUD  ou  Giamcout  ,  ville  fituée  fous  la 
ligne  équinôxiale  ,  vers  l'orient.  Abdelmoal ,  géographe 
Perfien  ,  dit  qu'elle  eft  à  l'extrémité  du  pays  habité. 
D'Herbelot  y  ajoute  une  explication  qui  n'éclaircit  rien. 

GIANB1TAH,  nomarabe  d'une  ville,  qui  paffe  pour 
être  la  plus  grande  de  tout  le  pays  de  Hahafchah ,  qui 
eft  l'Ethiopie  (ou  plutôt  l'Abiffinie  ,)  quoiqu'elle  foit 
iâtie  en  quelque  façon  au  milieu  d'un  défert.  Elle  eft 
fort  peuplée  ,  &  a  plufieurs  villages  fitués  fur  une  ri- 
vière qui  prend  fa  fource  au-delà  de  l'équateur,  &  fe 
rend  dans  le  Nil ,  en  coulant  vers  le  couchant  d'été  , 
auprès  d'une  ifle  ck  d'une  ville  qui  font  toutes  deux  nom- 
mées Ialak.  11  y  a  des  géographes  ,  dit  Edriffi  dans  la 
cinquième  (partie  de  fon  premier  climat ,  qui  prennent 
le  fleuve  qui  paffe  à  Gianbitah  pour  le  Nil  ;  mais  ils  fe 
trompent.  Voici  ce  qu'en  dit  le  géographe  de  Nubie: 
cette  cinquième  partie  du  premier  climat  comprend  pref- 
que  toute  l'Abiffinie,  &  plufieurs  contrées  de  ce  pays. 
La  plus  grande  de  fes  villes  eft  Genbita  ,  qui  eft  fort 
peuplée ,  mais  dans  un  défert ,  &  éloignée  des  habita- 
tions. Ses  villages  &t  fes  campagnes  font  le  long  d'un 
fleuve  qui ,  traverfant  l'Abiffinie  ,  fe  jette  dans  le  Nil  ; 
&  elle  (c'eft-à-dire  l'Abiffinie)  a  fur  les  bords  de  ce 
fleuve  les  villes  de  Marcata  &c  de  Nagiagha.  La. 
fource  de  ce  fleuve  eft  au-delà  de  la  ligne  équinôxiale , 
à  l'extrémité  de  la  terre  habitée  du  côte  dû.  midi  ;  &  il 
coule  entre  l'occident  &  le  feptentrion  ,  (c'eft-à-cire  au 
nord-oueft)  jufqu'à  ce  qu'il  arrive  dans  la  Nubie  où  il 
fe  décharge  dans  le  bras  du  Nil  qui  baigne  la  ville  de 
Jalac  ,  comme  nous  avons  dit  :  ce  fleuve  eft  grand  , 
large  &  profond  ;  fon  cours  eft  lent ,  &  fes  bords  habi- 
tés par  les  Ethiopiens.  La  plupart  de  ceux  qui  naviguent 
fur  cette  rivière,  croient  que  c'eft  le  Nil,  parce  qu'ils  y 
ont  remarqué  les  mêmes  débordemens ,  &  dans  le  même 
tems.  On  eft  cependant  certain  que  ce  font  deux  fleuves; 
différens ,  &c  que  celui  dont  il  eft  ici  queftion ,  fe  jette  dans 
le  Nil ,  auprès  de  la  ville  de  Jalac.  Cela  eft  rapporté 
par  Ptolomée  de  Pélufe  ,  dans  fon  Livre  intitulé  de  la 
Géographie;  ckHafan,  fils  d'AImondher ,  dans  le  Livre 
des  Merveilles ,  à  l'endroit  où  il  traite  des  rivières  ,  de 
leur  origine  ci  de  leur  embouchure. 

Ces  derniers  mots  font  voir  qu'Edriffi  fe  trompe  lui- 
même  ,  en  fuivant  Ptolomée  &  un  auteur  Arabe.  Pto- 
lomée ,  quoiqu'il  ait  fait  fes  obfervations  à  Alexandrie, 
ne  connoiffoit  guères  les  fources  du  Nil.,  IL  nous  en  à 
donné  les  idées  qu'on  en  avoit  de  fon  tems';  &  toutes 


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les  Cartes,  où  l'on  n'a  que  trop  bien  copié  fesfautesà  ce  mot  que  notre  tradutteur,  (il  entend  l'auteur  de  laver 
fujet ,  nous  mettent  une  rivière  imaginaire  qui  a  fa  fource  fion  Angloife  )  a  tourné  tailleurs  de  pierre  ,  en  hébreu 
bien  au-delà  de  l'équateur.  On  peut  préfentement  affu-  D'^J  Giblim  ou  GlBLlTES  ;  &C  dans  les  foixante  Se 
rer  qu'il  n'y  a  aucune  rivière  qui  vienne  de  l'équateur  dix  Interprètes  Bu'iSwo; ,  c'eft-à-dire  les  hommes  de  By- 
dans  l'Abiffinie  ,  encore  moins  dans  la  Nubie  _;  mais  blos  :  les  premiers  fe  fervant  du  nom  hébreu,  &le$ 
on  ne  le  favoit  pas  encore  du  tems  d'Edriffi,  qui  écri-  derniers  du  nom  grec  de  ce  lieu.  (Notre  vulgate  porte: 
voit  en  Sicile  au  milieu  du  douzième  fiécle.  GlBlLlï  praparaverunt ligna  &  lapides,  &c.  c'eft-à-dire, 

GIANICH  ,  ville  de  la  Natolie  ,  dans  l'Amafie.  On  ceux  de  Giblos ,  ou  de  Gebal  ,  ou  de  Gabala.)  On 
croit  que  c'eft  Fanoienne  Nicopolis.  Quelques-uns  écri-  trouve  ,  continue  le  miniftre  Anglois  ,  la  même  diffé- 
vent  Janich.  rence  dans  Ezéchiel ,  c.  27,  v.  9,  où  il  eft  fait  mention 

GIANKOVA  ,  ville  de  la  Chine ,  félon  d'Herbelot ,  du  même  lieu.  La  verfion  angloife  dit  :  les  anciens  de 
part.  9,  Climat.  1,  p.  3  <j,  qui  lit  ainfi  dans  Edriffi  ;  car  Gabal,  en  fuivant  l'hébreu  ,  au  lieu  de  quoi  on  lit  dans 
dans  l'édition  latine,  publiée  par  Gabriel Sionite,  &  par  les  foixante  &C  dix  oî  Trp^SCn^uTii/Sxi^it  ,  les  anciens  de 
Jean  Hefronite ,  on  lit  Gianecu ,  à  huit  journées  de  che-  Bybli  ,  ou  de  Byblos.  (Notre  vulgate  dit  de  même: 
min  de  la  ville  de  Chanécu.  fents  Giblii.) 

GIANUTI,  (l'ifle  de)  félon  Michelot ,  Portulan  de        GIBLET.  Voyez  GlBALA  1. 

la  Méditerranée ,  p.  106 ,  ifle  de  l'Italie  ,  dans  la  mer  de        GIBLII,   -jhabitans    de   Gabala   i.     Voyez   Gl-i 

Tofcane  ,  près  de  la  côte  du  Siennois ,   à  huit  ou  neuf        GIBLIM,  fBALA  1. 

milles  au  fud-fud-eft  de  l'ifle   de  Giglio  ;    mais  elle  eft         GIBLOU.  Voyez  GEMELOURS. 

plus  baffe  &   plus  petite  ,    &  habitée  par  quelques  pê-       -GIBRALEON ,  petite  ville  d'Efpagne  ,  dans  l'Anda- 

cheurs  ;  Baudrand  ,  édit.  de  1705  ,    dit  qu'elle  eft  petite ,     loufie  ,   au  bord  de  la  rivière  d'Odiel,  qui  y  eft  affez 

&  remplie  de  montagnes  ,  'prefque  déferte  à  caufe  des     grande  pour  porter  de  petites  barques  de  pêcheurs.  Le 

pirates  ,  n'ayant  qu'un  feul  village  ,  avec  un  ancien  châ-     territoire  eft  arrofé  d'une  fontaine ,    &  il  y  a  un  beau 

leau  fur  une  montagne ,  fous  la  puiffance  du  grand  duc     château  où  demeure  le  feigneur  du  lieu.  Il  y  a  cinq  cens 

de  Tofcane.  Elle  eft  environ  à  huit  milles  de  monte  Ar-     feUx  partagés  en  deux  paroiffes ,  un  couvent  de  Carmes 

gentaro  au  midi.  Quelques-uns  écrivent  Januti  ou  même     gt   un    de    religieafes  Dominicaines.     Quelques  -  uns 

Jianuti.  C'eft  la  même  que  hDianium  de  Pline.  Voyez     croyent  que  c'eft  l'ancienne  Onoba,  fondée  par  lesTur- 

DlANIUM  2.  dules.  Les  Maures  l'ayant  conquife,  la  nommèrent  Gibra- 

GIAPAN  ,   &C)V         T.  léon,  c'eft-à-dire  la  montagne  de  Léon.  Alfonfe  le  Sage, 

GIAPONE.     \  V°yez  JAPON-  roi  de  Caftille ,  la  reprit  fur  eux,  l'an  1257,  &  la  repeu- 

GIAPARA.  Voyez  Japare.  pla  de  Chrétiens.   C'eft  le  chef-lieu  d'un  marquifat  dont 

GIAQUES.  Voyez  GlACHAS.  le  titre  fut  érigé  par  l'empereur  Charles  V,  en  faveur  de 

GIASSEM,  ville  d'Afie,   aux  confins  delà  Syrie  &£     D.  Alonzede  Zuniga  ,  fils  aîné  du  Duc  de  Béjar.  *  Rodr. 

de  la  Paleftine  ,  entre  les  villes  de  Damas  &:  de  Tibé-     Mende^Silva,  Problacion  général  de  Efpanna,g.  105 

riade ,  félon  d'Herbelot ,  Bibl.  orient. 

GIAVA.  Les  Italiens  écrivent  ainfi  le  nom  de  Java 
iVoyez  ce  mot. 

1.  GIBADOU ,  ville  d'Afrique ,  au  défert  de  Barba- 
lie  ,  dans  le  royaume  de  Gibadou.  Elle  eft  prefque  fous 


p.  IC 
GIBRALTAR  ,   ville  d'Efpagne  ,   dans  I'And 
loufie  ,  fur  la  côte  feptentrionale  du  détroit  qui  fait  la 
communication  de  l'Océan  &  de  la  mer  Méditerranée. 

C'eft  le  nom  d'une  ville  ,  d'une  montagne  ,  d'un  dé- 
troit. A  l'extrémité  orientale  du  détroit  ,    au    dernier 


le' tropique   du   cancer  ,    vers  les   30  d.  50'    de  longi-  coin  de  la  terre  qu'il  y  ait  en  Europe  ,  entre  l'océan  & 

tude.  *  De  l'ifle ,  nouvelle  Carte  de  l'Afrique.  la  Méditerranée ,  s'élève  une  montagne  qui  a  une  bonne 

2.  GIBADOU,  (le  royaume  de)  contrée  d'Afrique,  demie-lieue  de  hauteur  ,  lequel  forme  un  promontoire 

en  Barbarie.    Il  eft  borné  au  nord  par  celui  du  Faifan,  qui  s'avance  trois  quarts  de  lieues  dans  la  mer,  par  une 

&  le  petit  pays  de  Gadume ,  qui  le  ieparent  du  royaume  langue  de  terre  de  deux  cens  pas  de  longueur ,  fi  étroite  , 

de  Tripoli.  Il  a  au  levant  le  défert  des  Berdoa  ;  au  midi  que  de  loin  la  montagne  paroît  une  ifle.  C'eft  cette  mon- 

les  montagnes  SAmedede ,  &  le  royaume  d'Agades  ;  &  tagne  que    les  anciens   ont   connue    fous   le    nom  de 

au  couchant  celui  à?Ayr.  Lesprincipaux  lieux  duroyaume  CalpÉ  ;  mais  lorfque  les  Maures  firent  leur  invafion  en 

de  Gibadou  font  Catrone  au  nord ,  Méféraut  au  midi  &C  Efpagne ,  un  de  leurs  généraux  ,  nommé  Tarik  ayant 

débarqué   au  pied  de  la  montagne ,  s'y  cantonna  d'a- 


Tegerti  ,  bourgade  entre  Gibadou  &l  Catrone. 

GIBBENSIS,  fiége  épifcopal  d'Afrique ,  dans  la  Nu- 
iriidie.  La  conférence  de  Carthage  fait  mention  de 
ViclorGihbenfis.  * Harduin.  Collect.  conc. 

1.  GIBEL.  Voyez  Gabala. 

2.  GIBEL.  Les  Arabes  fe  fervent  de  ce  nom  ,  pour 
iignifier  une  montagne  :  il  vient  de  l'hébreu  H33  Gaba, 
qui  fignifie  une  hauteur. 

3.  GIBEL.  Voyez  Gabala  i. 
GIBEL-CIANTOR ,  montagne  &  lieu  de  plaifance 

dans  l'ifle  de  Malthe ,  au  midi  oriental  de  l'ifle ,  vis-à- 
vis  de  l'ifle  de  Farfara.  Il  y  a  un  jardin  6c  une  petite 
églife  ,  avec  une  grotte  par-deffous  ,  dans  laquelle  on 
voit  une  belle  fontaine  proche  d'une  table ,  &c  des  bancs 
de  pierre  pour  la  commodité  de  ceux  qui  viennent  s'y 
divertir.  11  s'élève  de-là  un  chemin  très-rude  &  très- 
efearpé  ,  qui ,  par  plufieurs  détours ,  conduit  de  la  plaine 
pli 


bord  ,  &  s'y  maintint  malgré  tous  les  efforts  des  Goths  , 
en  mémoire  de  quoi  les  Maures  appellerent  cette  mon- 
tagne ,  en  leur  langue  Gibel-Tarik  ,  c'eft-à-dire  la  mon- 
tagne de  Tarik  ,  d'autant  que  Gibel  en  arabe  fignifie 
montagne  ,  &  de  Gibel-Tarik  fe  forma  par  coruption 
le  nom  de  Gibaltar ,  tk  enfin  celui  de  Gibraltar.  *  Vay- 
rac  ,  Etat  prefent  de  l'Efpagne ,  t.  1.  p.  242. 

Cette  montagne  a  été  dans  tous  les  fiécles  fameufe  ,  à 
caufe  de  fa  hauteur  ,  de  fon  cap  avancé ,  de  fa  fituation, 
qui  fépare  l'Océan  de  la  Méditerannée  ,  5c  de  la  char- 
mante vue  dont  on  y  jouit.  On  grimpe  fur  fon  fommet, 
avec  beaucoup  de  peine  ;  mais  quand  on  y  eft  arrivé  ,  on 
y  trouve  une  affez  belle  elplanade  d'où  l'on  découvre 
jufqu'à  quarante  lieues  fur  la  Méditerranée  ;  ce  qui  fait 
la  plus  agréable  perfpeftive  du  monde.  Le  rocher  eft 
tellement  efearpé  de  ce  côté  qu'on  .  ne  peut  regarder 


ne  peut  rega 
jusqu'au  plus  haut  de  la  montagne  ;    enfuite  on  trouve     en  bas  fans  frayeur.  La  pente  n'en  eft  pas  fi  rude  du  côté 


un  autre  chemin,   qu'on  fuit  pour  aller  au  bofquet  (ou  de  l'Océan,  mais  auflî  la  vue  n'y  eft  pas  fi  étendue 

Bofchetto*)  qui  eft  la  magnifique  maifon  de  plaifance  du  étant  bornée  par  une   montagne  appellée  la  punta  del 

grand-maître.  * Dapper ,  Afrique,  p.  519.  Carnero  ,  c'eft-à-dire  le  cap  ou  la  pointeau  Mouton  , 

GIBELAY.  Voyez  Gabala  &;  Gibile,  qui  n'eft  qu'à  trois  lieues  de-là.  Cela  n'empêche  pas 

GIBELIN ,  petite  ville  d'Afie ,  dans  la  Terre-fainte ,  qu'on  ne    voie  de  ce  bel  endroit   deux  mers  &  cinq 

au  pied  des  montagnes ,  à  huit  mille  pas  de  Gaza  au  le-  royaumes  ,  qui  font  la  Barbarie  ,   Fez   &  Maroc  .en 


vant  :  elle  eft  à  demi-ruinée.    On  croit  que  c'eft 
cienne  Berfabée. 

GIBILE.  C'eft  apparemment ,  dit  le  miniftre  Maun- 
drell ,  le  pays  des  Giblites  ,  dont  il  eft  fait  mention  dans 
le  Livre  de  Jofoé,  c.  13,  v.  5.  Le  roi  Hiram  fe  fervit  du 

peuple  de  ce  lieu  pour  préparer  les  matériaux  du  tem- 

pie  de  Salomon  ,  comme  il  paroît  par  le  premier  Livre     elle  allume  autant  de  feux  qu'elle  apperçoit  de  yaifleaux. 
(c'eft-à-dire  le  troifieme)  des  Rois,  c.  s.  v.  18,  où  le     A  l'extrémité  de  cette  montagne,  on  a  conftruit  un  châ- 

Tomc  III.     P 


Afrique  ,  &.  les  royaumes  de  Séville  &:  de  Grenade  en 
Efpagne. 

On  a  bâti  fur  cette  efplanade  une  tour  fort  élevée 
qu'on  appelle  cl  Acho  ,  dans  laquelle  il  y  a  toû]ours  une 
fentinelle  pour  découvrir  les  vaiffeaux  qui  font  voile  dans 
le  détroit  ,    &  pour  avertir  auifi-tôt  qu'ils  paroiffent  : 


GIB 


ïi4 

reau  qui  commande  la  ville  ,  &  lui  fert  en  même  tems 
de  défenfe. 

Là  ville  eft  au  pied  de  la  montagne  du  cote  du  cou- 
chant. Elle  eft  paffablement  grande  ,  fort  jolie  ,  très- 
bien  fortifiée  ,  &  revêtue  de  murailles  avec  de  bons 
baftions  &  quelques  autres  ouvrages.  Au  bout  du  rocher 
qui  avance  dans  la  mer  ,  &  à  un  quart  de  lieue  de  la 
ville  ,  on  voit  un  grand  fort  muni  de  canons ,  qui  couvre 
un  mole  qu'on  y  a  fait  en  forme  de  port,  de  300  pieds 
de  long ,  pour  faciliter  aux  vaiffeaux  de  mouiller  en  toute 
fureté.  Du  côté  de  la  terre  on  voit  un  autre  mole  qui 
couvre  le  pert  ,  défendu  auiîi  par  un  fort  conftruit  en 
forme  de  tour  ,  ÔC  plus  avant  on  trouve  deux  petits  ou- 
vrages avancés. 

On  a  regardé  long-tems  cette  place  comme  imprena- 
ble ,  parce  que  les  gros  vaiffeaux  n'en  peuvent  appro- 
cher qu'à  500  pas ,  fans  courir  rifque  de  périr  ,  foit  en 
en  échouant  dans  le  fable ,  où  l'eau  eft  baffe  ,  foit  en 
touchant  contre  les  rochers  dont  quelques-uns  font 
cachés  fous  l'eau  ,  &  quelques  autres  élevés  à  fleur  d'eau  ; 
mais  ayant  été  attaquée  en  1704,  &  n'ayant  que  80 
hommes  de  garnifon  ,  elle  fut  obligée  de  le  rendre  à  la 
flotte  d'Angleterre  Se  de  Hollande  ;  elle  a  refté  en 
commun  au  pouvoir  de  ces  deux  nations  ,  jufqu'à  ce 
qu'elle  fat  cédée  à  l'Angleterre  feule ,  par  le  traité  de  paix- 
conclu  à  Utrecht. 

Les  alliés  du  traité  de  la  quadruple  alliance  ,  conclu  à 
Londres  le  i  d'Août  1718 ,  avoient  minuté  un  traité  en- 
tre l'Efpagne  &t  l'empereur  ;  &  il  paroît  par  le  Manifefte 
de  la  France  contre  l'Efpagne  ,  que  Sa  Majefté  très-Chré- 
tienne s'étoit  engagée  d'obtenir  pour  Sa  Majefté  Catho- 
lique la  reftitution  de  Gibraltar.  Le  roi  d'Efpagne  ne 
figna  dans  la  fuite  le  traité  ,  que  dans  cette  efperance  ; 
mais  les  longueurs  de  la  négociation  ,  la  mort  imprévfce 
du  duc  d'Orléans  qui  avoit  promis  la  choie  au  nom  du 
roi ,  celle  du  roi  George  I ,  qui  avoit  apparemment  donné 
lieu  à  cette  promeffe  ,  ayant  empêché  cette  reftitution  , 
l'Efpagne  affiégea  Gibraltar  l'an  1728.  La  paix  que  l'on 
ménageoit  en  France  ,  &  la  fignature  des  préliminaires  à 
Paris  firent  lever  le  fiége  ;  &  enfin  le  traité  de  Séville 
affura  Gibraltar  aux  Anglois. 

La  baye  de  Gibraltar  a  environ  fept  milles  d'ouver- 
ture ,  ci  près  de  huit  d'enfoncement.  La  pointe  de  l'oueft 
eft  le  cap  Carnero  ,  &  celle  de  l'eft  le  mont  Gibraltar. 
Environ  quatre  à  cinq  milles  vers  le  nord  quart  de 
nord-eft  de  la  pointe  du  cap  Carnero ,  il  y  a  une  petite 
ifle  ,  Se  entre  cette  diftance  il  y  a  deux  tours  de  garde 
fur  le  bord  de  la  mer  ;  un  peu  en  dedans  de  cette  ifle 
eft  le  village  du  vieux  Gibraltar  fitué  fur  le  bord 
de  la  mer  ,  devant  lequel  on  peut  mouiller  avec  toutes 
fortes  de  bâtimens.  Mais  il  ne  faut  pas  s'approcher  de 
cette  côte  du  côté  de  l'oueft  ,  parce  qu'il  s'y  trouve  des 
rochers  fous  l'eau  qui  gâtent  les  cables  ;  &  lî  l'on  s'en  éloi- 
gne ,  on  y  trouve  une  grande  profondeur  d'eau.  *  Miche- 
lot  ,  Portulan  de  la  Méditerranée  ,  p.  9. 

La  ville 'de  Gibraltar  le  neuf,  petite  ville  affez  bien 
fortifiée  ,  fïtuée  du  côté  de  l'oueft  du  mont  Gibraltar  , 
fur  le  bord  de  la  mer  ;  &  le  mont  Gibraltar  eft  une 
haute  montagne  efearpée  prefque  de  toutes  parts  ,  qui 
de  tous  côtés  paroît  ifolée.  Sur  la  pointe  du  fud  de  ce 
mont  qui  vient  en  abaiffant  ,  &:  qui  eft  fort  efearpé  , 
il  y  a  quelques  fortifications  à  l'antique  ,  qui  viennent 
jufqu'aux  murs  de  la  ville  ,  pour  défendre  tous  les  en- 
droits &  les  avenues  où  l'on  pourrait  débarquer  &  en 
approcher.  A  la  pointe  de  la  ville  du  côté  du  fud  ,  atte- 
nant les  fortifications,  il  y  a  un  bout  de  mole  qui  s'avance 
vers  le  nord-oueft  environ  quatre-vingt  toifes  ,  ce  qu'on 
appelle  le  MOLE  NEUF  ,  par  rapport  à  un  autre  qui  eft 
fort  ancien  ,  dans  lequel  on  pourroit  mettre  quatre  galè- 
res ,  ou  fept  à  huit  ,  étant  connillées  ,  en  fâifant  deux 
rangées  ,  elles  auroient  la  prouë  à  la  mer  vers  le  nord- 
oueft  :  on  en  pouroit  mettre  deux  autres  le  long  du 
mole.  H  y  a  cinq  à  fix  braffes  d'eau  devant  le  mole  , 
qu'on  peut  ranger  à  diferetion  ;  mais  pour  être  bien  pofté 
avec  une  galère ,  il  faut  s'écarter  un  peu  de  la  tête  du 
mole  pour  pouvoir  mieux  tourner  <k  prendre  le  pofte. 
Environ  un  mille  vers  le  nord  ,  il  y  a  nn  autre  bout  de 
mole  prefque  femblable  au  premier  ;  mais  il  n'a  que  fept 
à  huit  pieds  d'eau  de  pleine  mer ,  fuivant  les  endroits.  Il 
eft  encore  bon  d'avertir  que  depuis  le  mok  neuf  au 


GIB 


vieux  ,  il  ne  faut  pas  approcher  la  côte  ,  parce  qu'il  y 
a  plufieurs  roches  plates  ,  qui  s'avancent  fort  loin  dans 
la  mer  ,  fur  lefquelles  il  y  a  très-peu  d'eau.  Sur  le  bout 
du  vieux  mole  qui  eft  devant  la  ville  ,  il  y  a  un  petit 
fort  armé  de  cinq  à  fix  canons  ,  au  bout  duquel  font  quel- 
ques roches  ,  dont  une  partie  découvre  de  bafle  mer. 
Lorfqu'on  vient  de  l'oueft ,  &  que  l'on  veut  aller  mouil- 
ler à  Gibraltar  le  neuf  ,  ayant  évité  la  pointe  du  cap 
Carnero  ,  on  peut  venir  librement  mouiller  par  tout  le 
cap  de  la  baye  ,  par  dix ,  douze ,  quinze  &  vingt  braffes 
d'eau  ;  mais  le  meilleur  mouillage ,  principalement  pour  les 
galères  ,  eft  de  venir  au  nord-oueft  de  la  tête  du  mole, 
environ  quatre  à  cinq  cens  toifes ,  où  l'on  fera  par  trois 
braffes  d'eau  de  baffe  mer ,  &c  quatre  ou  quatre  &:  demie 
de  pleine  mer  ,  fuivant  les  marées  ;  car  il  faut  fçavoir 
que  par  tout  l'Océan  où  il  y  a  flux  &  reflux  ,  la  mer 
augmente  à  la  pleine  mer  ,  ci  diminue  à  la  baffe  mer  , 
ce  qui  change  encore  dans  le  tems  des  équinoxes  ;  les 
marées  les  plus  voifines  des  équinoxes  font  auflî  plus 
fortes  que  dans  les  autres  mois  qui  en  font  éloignés.  Les 
marées  font  dans  ce  lieu  presque  nord  quart  de  nord-eft 
pour  la  fituation ,  autrement  trois  quarts  d'heure  le  jour 
de  la  nouvelle  &  pleine  lune.  Ordinairement  la  mer  y 
baiffe  &  augmente  de  cinq  à  fix  pieds  à  plomb  ,  chaque 
marée.  Lorfqu'on  vient  du  côté  de  l'eft  ,  pour  aller 
mouiller  devant  Gibraltar  ,  on  en  peut  ranger  la  pointe  , 
en  fe  donnant  cependant  garde  des  courans  qui  pour- 
raient porter  deflus.  On  va  mouiller  en  fuite  aux  lieux 
dont  on  vient  de  parler.  Il  faut  remarquer  qu'il  eft  bien 
plutôt  pleine  mer  dans  le  milieu  du  détroir  ou  à  mi-canal 
qu'à  la  rade  de  Gibraltar  ;  outre  cela  ,  il  y  a  plufieurs 
courans  dans  cette  baye ,  qui  ne  font  pas  tout-à-fait  régu- 
liers ,  non  plus  que  les  marées  ordinaires  ;  &  on  voit 
par  expérience  que  les  marées  perdent  leur  régularité  , 
paffé  le  détroit  de  Gibraltar  ,  elles  continuent  pourtant 
encore  jufqu'à  Malaga ,  où  elles  font  presque  impercep- 
tibles. Lorfqu'on  mouille  devant  le  vieux  roole  de  Gi- 
braltar ,  il  faut  avoir  deux  ancres  en  mer ,  l'une  à  l'eft- 
fud-eft  ,  &  l'autre  à  l'oueft-nord-oueft  à-peu-près.  On 
fait  de  l'eau  dans  quelques  jardins  qui  font  proche  de  la 
ville,  dans  un  bas  terrein,  proche  trois  moulins  à  vent, 
fur  le  bord  de  la  plage.  Le  traverfier  eft  le  vent  de  fud- 
oueft  qui  donne  droit  dans  la  baye  :  le  vent  de  nord- 
oueft  y  eft  extrêmement  rude  ,  auffi-bien  que  l'eft-nord- 
eft,  quoiqu'il  vienne  par-deffus  les  terres. 

Dans  le  fond  de  la  baye  de  Gibraltar  il  y  a  deux  peti  j 
tes  rivières  vers  le  nord-oueft ,  qui  viennent  entre  deux 
montagnes  ;  ce  qui  eft  caufe  que  le  nord-oueft  vient  quel- 
quefois violemment,  ôc  le  vent  d'eft-nord-eft  qui  vient 
par-deffus  une  plage  de  fable  fort  bafle ,  qui  eft  entre 
les  montagnes  de  la  côte  du  nord  &  le  mont  Gibraltar. 

Lorsqu'on  vient  de  l'eft  pour  fortir  du  détroit ,  on 
découvre  d'environ  quarante  milles  loin  ou  plus,  fuivant 
les  tems  ,  le  mont  Gibraltar  qui  paroît  comme  une  ifle, 
lequel  eft  un  peu  plus  haut  du  côté  du  nord  que  du  fud, 
parce  que  dâ  côté  du  nord ,  ce  n'eft  qu'une  grande  plage 
&  des  dunes  de  fable  fort  baffes  qu'on  appelle  la  Mal- 
BAYE.  Et  comme  environ  trois  à  quatre  milles  vers  le 
nord  du  mont  Gibraltar ,  il  y  a  de  hautes  montagnes , 
cette  terre  baffe  qui  fe  trouve  entre  deux  ,  fait  que  plu- 
fieurs vaiffeaux  ,  de  nuit,  ou  dans  des  tems  obfcurs,  pren- 
nent ce  défaut  de  terres  apparent  pour  l'entrée  du  dé- 
troit ,  prenant  le  mont  Gibraltar  pour  le  mont  au  Singe 
qui  eft  en  Barbarie ,  &  du  côté  d'Efpagne  pour  le  mont 
Gibraltar  ;  ce  qui  les  fait  échouer  fouvent  vers  la  Mal- 
baye. On  voit  auffi  presque  en  même  tems  le  mont  au 
Singe  ,  qui  eft  une  haute  montagne  ,  faite  en  pain  de  fu- 
cre,  à  la  côte  de  Barbarie  ,  qui  paroît  de  loin  auffi  ifolée  , 
par  la  raifon  qu'elle  eft  plus  haute  que  celles  des  envi- 
rons; &:  comme  du  côté  du  fud  de  cette  montagne,  il 
y  a  encore  un  grand  abbaiffement  de  terrein  ,  les  vaif- 
feaux prennent  fouvent  le  mont  au  Singe  pour  le  mont 
Gibraltar  ;  ce  qui  les  fait  échouer  dans  la  baye  de  Té- 
touan  ,  donnant  dans  cette  fauffe-paffe  qu'ils  prennent 
pour  l'ouverture  du  détroit.  Pour  éviter  cet  accident ,  il 
faut  plus  ranger  la  côte  d'Efpagne ,  que  celle  de  Barba- 
rie ,  &  prendre  bien  garde  à  l'air  de  vent  qu'il  fait  pour 
donner  dans  le  détroit.  De  la  pointe  du  mont  Gibral- 
tar jusqu'à  Eftepone,  la  côte  court  au  nord-nord-eâ 
vingt-deux  milles, 


cm 


6IE 


2.  GIBRALTAR,  gros  bourg  de  l'Amérique,  dans 
la  province  de  Venezuela  ,  au  midi  de  Barracoa  ,  fur  le 
Lord  oriental  d'un  grand  golfe  qui  s'étend  nord  &  fud 
à  l'embouchure  de  la  rivière  de  Mérida.  Oexmélin  ,  Hijî. 
■des  Avantur'urs,  t.  i  ,  p.  170,  dit  que  cette  baye  eft  or- 
dinairement nommée  la.  baye  de  Maracaïbe  ;  car,  dit-il, 
ils  corrompent  aufli  le  nom  propre  de  Maracaibo  en  ce- 
lui de  Marecaye.  Lui-même,  il  la  nomme  la  baye  de  Vi- 
m\uda.  Il  dit ,  p.  173  ,  que  le  bourg  qu'il  appelle  Gi- 
braltar, eft  bâtit  fur  le  bord  du  lac:  proche  de  ce  bourg 
font  quantité  de  belles  habitations,  où  l'on  fait  le  tabac 
de  Maracaibo ,  tant  eftimé  en  Efpagne.  On  y  fait  auffi 
"quantité  de  cacao.  C'eft  le  meilleur  6k  le  plus  excellent 
qui  croiffe  aux  Indes  Espagnoles.  Il  s'y  fait  aufli  affez  de 
fucre  pour  entretenir  le  pays ,  où  il  s'en  confomme  une 
grande  quantité.  Ce  bourg  a  communication  avec  plu- 
sieurs villes  qui  font  au-delà  de  très-grandes  montagnes, 
toujours  couvertes  de  neiges,  qu'on  nomme/Bo/zre^  de  Gi- 
braltar. La  ville  qui  a  le  plus  de  commerce  avec  ce  bourg , 
eft  Mérida  ,  dont  le  gouverneur  commande  auffi  à  ce 
bourg.  Tout  le  pays  d'alentour  eft  plat  Se  arrofé  de  très- 
belles  rivières  ,  Se  le  terroir  produit  les  plus  beaux  ar- 
bres du  monde  ;  des  acajoux,  forte  de  cèdres  du  tronc 
desquels  pnfait  des  vaiffeaux  tout  d'une  pièce  ,  qui  pour- 
raient portée  en  mer  vingt-cinq  à  trente  tonneaux  ;  6k 
ces  arbres  font  communs  en  ce  pays.  Il  y  a  de  'toutes  les 
efpeces  d'arbres  qu'on  trouve  dans  les  Indes  ;  Se  les  Efpa- 
gnols  ayant  foin  de  les  cultiver  ,  ils  fourniffent  toute 
l'année  de  diverfes  fortes  de  fruits,  Se  autant  qu'ils  en 
'  ont  befoin.  Le  poiffon  6k  la  viande  n'y  manquent  pas 
non  plus  que  toutes  les  autres  chofes  qui  font  néceffai- 
res  à  la  vie.  Dans  ce  pays  agréable  ,  l'air  eft  mal-fain 
&  fiévreux  pendant  les  pluies;  aufli  n'y  refte-t-il  alors 
que  les  gens  de  travail ,  propres  à  cultiver  la  terre.  Tous 
les  marchands  fe  retirent  à  Mérida ,  ou  à  Maracaibo. 
Les  marchands  6k  les  riches  bourgeois ,  dont  cette  der- 
nière ville  eft  remplie  ,  ont  leurs  terres  à  Gibraltar. 
Mérida  eft  à  qunrante  lieues  de-!à  dans  les  terres. 

Ce  bourg  eft  défendu  par  un  petit  fort  ,  fur  lequel 
on  peut  mettre  fix  pièces  en  batterie  de  front.  Malgré 
cette  fortification  ,  des  avanturiers  François  prirent  ,  pil- 
lèrent 6k  réduifirent  ce  bourg  en  cendres,  l'an  1679. 

GIBRAMEL.  Maty,  Dicl.  géograph.  nomme  ainfi 
un  bourg  du  royaume  de  Bugie ,  partie  de  celui  d'Alger 
en  Barbarie.  Il  eft ,  dit-il ,  entre  Gigeri  Se  Colle  fur  le 
cap  de  Gibramel  que  l'on  prend  pour  l'AuDUM  PRO- 
MONTORIUM  de  Ptolomée.  Baudrand,  édit.  de  1681, 
in  voce  Auius ,  rend  auffi  Auduni  promontorium  ,  par 
Capo-Gibramel.  C'eft  le  cap  qui  eft  entre  Gigeri  Se 
Collo ,  au  levant  de  la  première  ,  Se  au  couchant  de  la 
féconde.  Berthelot ,  dans  fa  Carte  marine  de  la  Ivlédiy 
terfanée  ,  nomme  ce  cap  le  CAP  de  Bugamonie. 

GICHTHIS  ,  ville  de  l'Afrique  propre  ,  félon  Pto- 
lomée ,  /.  4,  c.  3.  r,yQ,ç,  C'eft  la  Gîta  d'Antonin. 
Voyez  Gîta  &  GlRGÏS. 

GIDDAH,  ouGeda,  ou  Gioddah,  ou  Dgiud- 
da.  Voyez  Gioddah. 

GIDEROTH.  Voyez  Gaderoth. 
.  GIEBIGENSTEIN  ,  château  d'Allemagne  ,  avec  un 
bailliage  de  même  nom  ,  dont  il  eft  le  chef-lieu ,  au  du- 
ché de  Magdebourg,  affez  près  de  Wettin.  * '  Hubner , 
Géogr.  p.  556. 
GIEIHUN.  Voyez  Gihun  Se  Oxus. 
GIELSPERG  ,  château  en  Suiffe  ,  un  peu  au-deffus 
du  confluent  des  rivières  du  Thour  Se  de  la  Glatt.  Il  a 
autrefois  appartenu  àNune  famille  noble,   nommée  de 
Giekn.  *  Etat  &  délices  de  la  Suiffe  ,  t.  3 ,  p.  323.  . 

GIEN  ,  félon  Pi^aniol  de  la  Force,  Defcr.  de  la 
France,  t.  6,  p.  146,  édit.  de  Paris,  ville  de  France, 
dans  le  Hurepoix ,  félon  quelques-uns;  auGaftinois,  fé- 
lon quelques  autres  ;  en  latin  Gicmum  Cajlrum  ou  Gie- 
macum.  Elle  eft  fur  la  Loire  qu'on  y  paflè  fur  un  pont 
de  pierre ,  trois  lieues  au-deffous  de  Briare ,  eh  dépen- 
dant vers  Gergeau.  Cette  ville  eft  du  diocefe  d'Auxerre, 
a  une  églife  collégiale  dont  le  chapitre  confifte  en  un 
chantre ,  un  tréforier  &  neuf  chanoines  ,  des  couvents 
de  Capucins  ,  de  Cordeliers  Se  de  Minimes.  C'eft  un 
comté  dont  l'abbé  de  Longuerue ,  Defcr.  de  la  France, 
part.  1 ,  p.  1  j  8 ,  parle  ainfi  :  Il  appartenoit  autrefois  aux 
^ëigneurs  deDonzy,  Se  relevoit  des  évoques  d'Auxerre, 
a  qui  les  ieigneurs  en  faifoient  hommage.   Hervé  ;  fei- 


?  \  : 

gheùr  de  Donzy ,  Se  fon  frère  Renaud  cédèrent  à  Phi- 
lippe- Augufte  la  propriété  de  Gien  ;  &  Hugues .  évê- 
que  d'Auxerre,  céda  l'an  12.03,  au  roi  l'hommage  qui 
lui  appartenoit  ;  ck  pour  récompenfe ,  Philipe  -  Aiigufte 
lui  céda  Se  à  fon  églife  certains  droits  de  proenrarion 
qu'il  avoit  fut  Ion  évêché  ,  6k  l'exempta  du  droit  de 
régale  dans  la  fuite  ;  il  jouit  encore  aujourd'hui-dé  cette 
exemption.  Ce  comté  de  Gien  fut  donné  depll  parles 
rois  à  divers  princes  du  fang.  Louis  XI  le  donna  à  fa 
fille  Anne  ,  dame  de  Beaujeu  ,  pour  elle  &  pour  fes 
enfans  mâles  6k  femelles  :  fa  fille  Suzanne  époufa  le 
connétable  de  Bourbon  ,  dont  elle  n'eut  point  d'enfans. 
Louife  de  Savoye  ,  mère  de  François  I ,  s'empara  des 
biens  de  Suzanne  ;  ck  après  la  mort  de  Louife  de  Sa- 
voye ,  Gien  fut  réuni  au  domaine;  ck  les  rois  LsuisXIII 
ck  Louis  XIV  ont -vendu  ou  engagé  le  comté  de  Gien 
au  chancelier  Séguier. 

GIENGEN  ,  ville  libre  &  impériale  d'Allemagne  , 
dans  la  Suabe ,  fur  la  rivière  de  Brentz,  entre  Ulm  ck 
Nordlingen,  à  diftance  égale.  On  y  fuit  la  confeflion 
d'Augsbourg.  Les  environs  font  agréables  ck  fertiles  :  la 
rivière  de  Brentz  fournit  d'excellent  poiffon.  Avant  que 
la  guerre  ck  les  incendies  Feuffent  faccagée ,  c'étoit  une 
afîez  jolie  ville  ;  ck  il  y  avoit  nn  bon  hôpital.  Le  mo- 
naftete  d'Herbrechtingen  y  avoit  anciennement  droit  de 
patronage;  mais  les  habitans  deGiengen  ayant  pillé  6k 
brûlé  ce  monaftere,  tandis  que  Henri"Hitzler  de  Mer- 
gelftette  en  étoit  abbé  ,  ils  forent  cités  à  compatoître  à 
Rome;  Se  cette  pourfuite  dura  jusqu'au  l'an  1453  ■>  1ue 
Louis,  comte  Palatin  du  Rhin,  accommoda  cette  affaire. 
La  ville  de  Giengen  fouffrit  beaucoup  ,  durant  les  lon- 
gues guerres  d'Allemagne  ,    qui  finirent  par  la  paix  de 

Wer&T\* ZVkr>  Sueviœ  ToP°âr-JP-  34- 
GIENNA,  ou 

GIENNIUM,  ou  Oningis  ,  nom' latin  de  Jaén, 
ville  d'Efpagne. 

GIENZÔR,  ville  d'Afrique,  dans  la  Barbarie,  au 
royaume  de  Tripoli ,  à  quatre  lieues  de  la  capitale  ,  du 
cote  du  levant ,  Se  le  long  de  la  côte.  Elle  n'eft  pas  fer- 
mée i;  il  y  a  plufieurs  marchands  &  artifans  ;  le  pays 
abonde  en  dates ,  en  grenades ,  en  coins  Se  autres  fruit-,  i 
mais  il  y  a  peu  de  froment  Se  d'orge  ;  S:  quand  Tripoli 
étoit  aux  Chrétiens  ,  les  habitans'  y  portoient  vendre 
force  fruits ,  Se  quelque  bétail  aux  jours  de  marché. 

Marmol  ,  Afrique  ,  i:  2  ,  1.6,  c.  51,  p.  «71,  là 
met  au  royaume  de  Tunis  ;  c'eft  qu'il  regarde  Tripoli 
comme  une  des  quatre  provinces  qui  compofoient  autre- 
fois le  royaume  de  Tunis  ;  mais  à  préfent  Tunis  Se  Tri- 
poli font  deux  états  féparés  ,  qui  ont  leur  régence  parti- 
culière. 

GIEPiACE,  ville  du  royaume  de  Naples  ,  dans  la 
Calabre  ultérieure ,  avec  un  évêché  fufrragant  de  Reg- 
gio.  Cet  évêché  y  a  été  transféré  ou  uni  à  celui  de  Lo- 
cri ,  qui  n'en  eft  qu'à  un  mille.  Cet  évêché  eft  du  neu- 
vième fiécle.  Le  nom  latin  eft  Hieracium.  On  l'appelle 
auffi  fancla  Syriaca.  La  ville  eft  fituée  fur  une  montagne 
à  trois  milles  de  la  côte  de  la  mer  de  Grèce  ,  auprès 
d'un  ruiffeau  qui  fe  perd  dans  cette  mer  Se  à  quarante 
milles  de  Squillace  au  midi  ,  entre  le  cap  Spartivento  au 
midi ,  Se  le  cap  de  Stilo  qui  la  fépare  au  feptentrion  du 
golfe  de  Squillace.  *  Baud.  édit.  de  1705.  Commanville, 
Lifte  des  archev.  Se  évêch. 

.  GIERA-  PETRA  ,  ville  de  l'ifle  de  Candie  ,  fur  fa 
côte  méridionale ,  Se  au  territoire ,  à  vingt-cinq  milles  de 
Sitia  au  couchant.  Il  n'en  refte  plus  que  le  château , 
avec  le  port  proche  du  mont  Malaura  ;  l'on  évêché  a 
été  uni  à  celui  de  Sitia.  Mais  elle  eft  à  préfent  fous  la 
puiffance  des  Turcs.  *  Baud.  édit.  de  1705;. 

GIERS ,  f le)  Voyez  Gers. 

GIESE,  (la)  rivière  de  France,  en  Normandie,  au 
diocefe  de  Coutances.  Elle  reçoit  le  ruifîeau  de  Chef- 
Frêne,  paffe  à  Perfi,  court  deux  lieues  Sefe  perd  dans 
laSiéne  auprès  de  l'Orbe-Haye. 

GIÈSIM  ,  bourgade  d'Afrique ,  dans  le  pays  de  Sen- 
nar ,  à  mi-chemin  de  la  capitale  Se  des  confins  de  l'E- 
thiopie ,  au  10e  degré  de  latitude  feptentrionale,  félon 
Pobfervation  du  P.  Brevedent,  Jéfuite  :  on  fe  défait  là 
de  fes  chameaux,  à  caufe  des  montagnes  qu'il  faut  tra- 
yerfer  ,  Se  des  herbes  qui  empoifonnent  ces  animaux. 
Cette  bourgade  eft  fituée ,  au  bord  du  Nil ,  au  milieu 
dune  foret  dont  les  arbres  font  très-hauts,  Scli  gros,  en 
Tome  III.      P  ij 


1 16 


GIG 


GIG 


même  tems,  que  neuf  hommes  enfemble  ne  les  pourraient 
embraffer.  Leur  feuille  eft  à-peu-pres  femblable  a  celles 
du  melon,  &  leur  fruit,  qui  eft  tres-amer,  reffemble  aux 
courges.  *  Voyage  a" Ethiopie  de  Jacques  Poncet ,  dans 
les  Lettres  édifiantes  ,  t.  4,  p.  48. 

GIESSEN ,  ville  d'Allemagne ,  dans  la  haute  Heile , 
avec  un  château  fur  la  rivière  de  Lohn:  elle  eft  dans  le 
partage  d?  la  maifon  de  Darmftadt.  La  ville  eft  paffa- 
bîèment  grande  ,  Si  affez  fortifiée.  On  dit  que  ce  n'é- 
toit  autrefois  qu'un  village  nommé  DEWUNGEN  qui 
étoit  placé  dans  un  marais  ;  Se  parce  qu'aux  tems  de 
pluie ,  l'eau  y  débordoit  de  tous  côtés  ,  de-là  eft  venu 
le  nom  de  Giessen  ,  qui  veut  dire  verfer.  On  ne  fait 
pas  quand  elle  a  été  bâtie.  On  prétend  néanmoins 
qu'elle  l'étoit  dès  le  tems  de  fainte  Elifabeth  ;  car  le 
landgrave  Otton  lui  accorda  des  privilèges,  en  1315  , 
tant  pour  les  habitans  de  l'enceinte  de  la  ville ,  que  pour 
ceux  des  fauxbourgs.  Trithème  parle  quelque  part  d'une 
ville  de  Gieffen  ,  prife  par  un  archevêque  de  Mayence. 
On  lit  dans  les  Annales  de  Trêves,  par  Guillaume  Ki- 
riandre,  que,  l'an  1327  ,  Baudouin,  archevêque  de 
Trêves ,  aida  Matthias  ,  archevêque  de  Mayence  ,  à 
prendre  la  ville  de  Zuden  Giessen  ;  mais  on  n'eft  pas 
fur  que  ce  (bit  cette  Gieffen  de  Heffe.  Louis  le  Jeune , 
landgrave  de  Heffe,  y  érigea,  l'an  1607,  une  univerfité 
à  laquelle  l'empereur  Rodolphe  accorda  de  grandes 
franchifes.  Cette  ville  eft  fituée  dans  un  affez  bon  air  , 
à  un  mille  de  "Wetzlar ,  à  deux  de  Gnmberg ,  à  trois  de 
Marpourg,  Se  à  fix  de  Francfort,  fur  le  grand  chemin 
de  Francfort  à  Spire.  Il  y  a  quatre  portes  &  autant  de 
grandes  rues  ,  au  milieu  desquelles  eft  la  place  ou  le 
marché.  On  peut  fe  promener  autour  des  foffés  ,  qui 
ont  une  heure  de  circuit.  Il  n'y  a  qu'une  grande  églife 
dédiée  à  S.  Pancrace,  &  placée  au  milieu  de  la  ville, 
avec  une  haute  tour  Se  de  belles  cloches.  A  l'orient  eft 
un  château  où  réfide  le  commandant.  Il  y  a  un  affez  bel 
arfenal.  Le  terrein  eft  affez  fertile  pour  nourrir  fes  ha- 
bitans. Il  a  des  manufactures  des  draps.  Elle  eft  gouver- 
née par  un  confeil  Se  par  un  magiftrat  ,"  outre  les  offi- 
ciers du  prince.  Il  y  a  une  foire  tous  les  ans ,  qui  dure 
huit  jours ,  entre  Pâques  Se  l'Afcenfion.  Autour  de  la 
ville  font  quelques  châteaux  ,  entr'autres  Gleiber  , 
Solms,  K.ONIGSBERG  ,  Fetzbourg.  A  un  mille  de 
Gieffen  ,  du  côté  de  Butzbach  eft  la  petite  ville  de 
GROSSEN-LlNDEN  où  étoit  autrefois  un  château  que 
le  tonnerre  brûla  en  1560.  *  Zeyler ,  Hafs.  Topogr. 
p.  43.  Abraham  Saur,  inparvo  Theatro  urbium.'] 

GIESSENBOURG  ,  ancien  château  des  Pays -bas, 
dans  la  Hollande  méridionale  ,  entre  Gorcum  8c  Dorth, 
à  deux  lieues  de  l'une  &  de  l'autre,  fur  le  Vahal.  Clu- 
viér  le  prend  pour  l'ancienne  Caspingium.  Voyez  ce 
mot. 

GIF,  abbaye  de  filles  ,  de  l'ordre  de  S.  Benoît,  dans 
rifle  de  France ,  fur  la  rivière  d'Yvette ,  au  diocefe  de 
Paris ,  à  fix  lieues  de  la  capitale  vers  le  couchant  d'hy- 
ver.  Elle  a  été  appellée  Notre-Dame  de  Clisse. 
Maurice  de  Sully,  évêque'de  Paris,  la  fit  réparer.  *  Corn. 
Dift. 

GIFISSIA.  Spon  écrit  GipHISSIA,  {Voyages,  t.  z, 
p.  182,)  village  de  Grèce ,  dans  le  pays  d'Athènes,  à 
deux  milles  de  Pentéli.  II  eft  affez  grand ,  Se  a  presque 
retenu  fon  ancien  nom  de  Cephisia.  Voyez  ce  mot. 

GIFONI,  bourg  Se  château  d'Italie,  au  royaume  de 
Naples ,  dans  la  principauté  citérieure ,  environ  à  cinq 
milles  au  levant  de  Salerne.  Il  a  été  autrefois  plus  con- 
sidérable. Ceft  ce  qu'on  appelloit  autrefois  templum 
Junonis  Argivce ,  que  Cluvier  place  très-mal  à  l'embou- 
chure du  Silaris  ,  faute  d'entendre  Strabon  :  Gifoni  eft 
dans  les  terres ,  Se  en-deca  du  Silaris ,  c'eft-à-dire  dans 
les  Picentins.  *  D.  Mattheo  Egitio  à  l'abbé  Langlet  du 
Fresnoy.  Baudrand,  édit.  de  1705. 

GIGAMjE  ,  ancien  peuple  de  l'Afrique  :  il  confinoit- 
avec  les  Adyrmachides ,  &e  habitoit  vers  l'océan ,  où  il 
avoit  pour  voifins  les  Asbytes  jufqu'à  Tifle  d'Aphrodi- 
fiade,  félon  Hérodote, Melpomtne.  Voyez  GILIGAMB.E. 

GIGAMARCELLJE.  Ortélius  lit  ainfi  le  nom  d'un 
ancien  évêché  de  Numidie.  Le  vrai  étoit  de  Giru  Mar- 
celli ,  pour  le  diftinguer  d'un  autre  Giru ,  nommé  de  Giru- 
Tarait.  Voyez  Marcellaniensis  ;  c'eft  le  même 
fiége. 

GIGANDUM,  lieu  quelque  part  dans  l'Afie,  entre 


Cyrrhus  &  Edeffe  ,  félon  l'Itinéraire  d'Antonin.  Dans 
quelques  éditions  on  lit  fans  titre  de  route  ,  Se  fans  chif- 
fres des  diftances  : 


CUivfi 
Veurmat , 
Gh'ando , 


Abarraia , 
Zimna,  Sec. 


L'exemplaire  du  Vatican  omet  tous  ces  noms.  Zurita  a 
trouvé  dans  la  Bibliothèque  royale  de  Saint-Laurent  de 
l'Efcurial  un  exemplaire  où  les  diftances  de  ces  lieux 
font  marquées  ainfi  ; 

Cili^a ,  Jive  Urma  Giganéi ,        M.  P.  XII. 
Abarara       -         -         -      -       M.  P.  X. 
Zeugma,      -  -     m.  p.  xxii. 

de  manière  que  les  trois  premiers  noms  qui ,  dans  pres- 
que tous  les  autres  manuferits ,  font  divifés  par  ces  let- 
tres M.  P.  comme  fi  c'étoient  des  lieux  différens ,.  ne  ligni- 
fient qu'un  même  lieu,  dont  le  vrai  nom  étoit  Ciliça, 
&  le  furnom  Arma  Giganton  ,  car  c'eft  ainfi  que  lit 
Zurita,  au  lieu  à'L/rmaGigami.  Quel  qu'ait  été  ce  lieu, 
il  étoit  â  douze  mille  pas ,  c'eft-à-dire  à  quatre  lieues  de 
Cyrrhus  ,  capitale  de  la  Cyrrhéftique. 

GIGANEUM,  r,ydnav,  ville  de  la  Colchide  ,  fé- 
lon Ptolomée,  /.  5,  c.  10.  Quelques  exemplaires  grecs 
portent  Giganeum  ,  d'autres  Siganeum  ,  &  le  tra- 
ducteur Latin  ditTlGANEUM.  Niger,  p.  480,  dit  :  in. 
Cyaneï  Jlio  Siganeum  oppidum  ubi-  onunt  Sevaflopolis. 
Il  fe  trompe  :  Sevajîopoli  n'eft  pas  Siganeum  ,  mais 
Diofcurias,  qui,, au  rapport  de  Ptolomée s'appelloit auffi 
Sibaftopolis.  Elle  n'a  point  changé  de  nom, 

GIGANTES.  Voyez  les  Geans. 

GIGANTUM  Valus.  Voyez  Raphaïm. 
.    GIGARTA ,  ville  d'Afie  ,   au  pied  du  Liban  ,  félon 
Pline,  t.  5  ,  c .  20.  Strabon,  /.  16,  p.  755  ,  la  nomme 
Gigarton,  rlyarav. 

GIGARTHO  ,  fontaine  de  l'ifle  de  Samos  ,  félon 
Pline,  /.  5,  c.  31. 

GlGAS,  promontoire  d'Afie,  dans  l'Hellefpont ,  en- 
tre'Dardanus  Se  Abidos.  Voyez  Olyssas. 

GIGAY  ,  petite  ifle  d'Ecoffe ,  entre  les  Wefternes  ; 
au  couchant  de  Kintyre.  Elle  a  fix  milles  de  long  ,  Se 
un  Se  demi  de  large.  Il  y  a  une  églife  où  font  inhumés 
les  Mackneils  qui  en  font  les  propriétaires.  On  y  trouve 
une  fource  d'eau  médicinale.  *  Etat  préfent  de  la  Grande- 
Bret.  t.  2  ,  p.  289. 

GIGEAN ,  petite  ville  de  France ,  dans  le  bas  Lan- 
guedoc au  diocefe  ,  Se  au  fud-oueft  de  Montpellier,  à 
trois  lieues  de  l'abbaye  de  Vallemagne.  Il  y  a  une  ab- 
baye de  filles  de  l'ordre  de  S.  Benoît  ,  mais  qui  n'eft 
compofée  que  d'un  petit  nombre  de  religieufes. 

GIGEMORUS,  montagne  de  Thrace,  félon  Pline  , 
l.  4,  eu.  Il  la  diftingue  de  l'Haemus,  de  Rhodope  Se 
des  autres  montagnes. 

GIGERI ,  village  d'Afrique ,  fur  la  côte  cle,Barbarie,  au 
royaume  d'Alger.  11  eft  fitué  à  cinquante  lieues  communes 
de  France  ,  à  l'eft  d'Alger ,  où  il  y  a  une  fortereffe  qui 
commande  un  grand  territoire  qui  étoit  autrefois  une 
province  dépendante  du  royaume  de  Bugie.  Barberouffe 
la  conquit,  Se  la  réunit  au  royaume  d'Alger,  en  15 14, 
eft  bâti  fur  une  langue  de  terre  qui  avance  dans  la  mer, 
Se  forme ,  avec  des  rochers  qui  s'y  trouvent ,  deux  havres 
affez  commodes  ,  l'un  à  l'eft  Se  l'autre  à  l'ûueft.  Il 
n'y  a  point  de  ville  ni  d'habitation  fermée  dans  le  terri- 
toire qui  en  dépend ,  Se  les  habitans  ne  s'y  tiennent  que 
dans  des  adouars  ou  villages.  Ce  territoire  enferme  une 
haute  montagne  de  vingt-cinq  à  trente  lieues  de  longueur  , 
appellée  le  Mont-Aurax  d'un  accès  extrêmement  diffi- 
cile. Elle  eft  habitée  par  des  Arabes  nommés  Cabev- 
LEZEN  ,  fiers ,  jaloux  de  leur  liberté,  Se  indomptables, 
à  caufe  de  quelques  endroits  inacceffibles  de  la  monta- 

fne ,  où  ils  fe  retirent  pour  fe  mettre  à  l'abri  des  infultes. 
,es  François  y  établirent  un  comptoir  ;  mais  ayant  voulu, 
en  1664  élever  un  fort  fur  la  met1 ,  les  Arabes,  qui  leur 
avoient  laiffé  faire  le  commerce  tranquillement ,  prirent 
les  armes ,  les  attaquèrent ,  les  forcèrent  d'abandonner 
leur  entreprife  ,  Se  les  chafferent  entièrement  du  pays. 
Depuis  ce  tems  ,  les  Cabeylezen  pillent  tous  les  vaif- 
feaux  qui  font  naufrage  fur  leurs  côtes.  Si  ce  font  des 


GIH 


SVÎalioinétans ,  ils  les  f envoient  avec  les  provifions  nécef- 
ïaires  pour  fe  conduire  jufqu'en  un  lieu  où  ils  puifTent 
trouver  du  fecours.  Ils  font  efclaves  les  Chrétiens ,  les 
Grecs  Se  les  Juifs ,  quand  même'Ia  régence  d'Alger  ferait 
en  paix  avec  la  nation  à  laquelle  le  bâtiment  échoué 
appartient  ;  le  dey  d'Alger  n'en.peut  rien  tirer  que  com- 
me ami,  ci  non  comme  fouverain.  Il  n'en  eft  pas  de 
même  lorfque  les  bâtimens  d'une  nation  amie  de  la  régence 
d'Alger ,  échouent  fur  les  autres  côtes  de  ce  royaume. 
Alors  le  dey,  le  beyr  ou  les  agas ,  obfervent  de  leur 
donner  tous  les  fecours  néceffaires.  Mais  quelquefois 
avant  que  les  commandans  des  villes  voifines  en  foient 
informés,  pour  envoyer  des  fauve- gardes,  les  Maures 
de  la  campagne  pillent  les  vaiffeaux.  *  Laugier  de  Tafjî, 
Hift.  du  royaume  d'Alger,  p.  134. 

GIGIA ,  ancienne  ville  de  l'Èfpagne  Tarragonoife  , 
félon  Ptolomée ,  /.  6 ,  c.  6.  Il  la  met  entre  les  places  du 
peuple  Lanciad.  Voyez  Dijon  qu'on  croit  être  le  nom 
moderne. 

GIGITANUS ,  fiége  épifcopal  d'Afrique ,  félon  Viftor 
d'Utique ,  cité  par  Ortélius  :  c'eft  le  même  que  Gegitanus; 
&  il  étoit  dans  la  Mauritanie  Sitifenfe. 

GIGIUS ,  montagne  de  l'Afrique  propre ,  félon  Ptolo- 
mée ,  /,  4,  c.  3  ,  qui  lui  donne  40  d.  30'  de  longitude  , 
&  26  d.  30'  de  latitude.  C'eft  une  partie  de  cette  chaîne 
de  montagne  qui  fépare  le  royaume  de  Tripoli  au  midi , 
&L  celui  du  Faizan  au  nord. 

GIGLIO  ,  ifle  d'Italie  :  fon  nom  bgrnftê  l'ifie  du  lys. 
Elle  eft  fur  la  côte  de  Tofcane ,  au  nord-oueft  de  l'ifle 
d'Elve  ,  Se  fait  partie  dei'état  de  Sienne  ;  eft  remplie  de 
montagnes  ,  avec  un  feul  village  &  un  château  pour  la 
défendre  des  corfaires.  Elle  a  été  connue  des  anciens  fous 
le  nom  d'iGILIUM  ou  jEGILIUM  ,  &c  eft  à  dix  milles 
de  la  côte  du  montArgentaro  ,  félon  Baudrand.  Miche- 
lot,  dans  fon  Portulan  de  la  mer  Méditerranée,/».  105, 
l'appelle  l'ifle  de  Giglio  ou  Julli.  Il  dit  qu'elle  eft 
environ  à  douze  milles  à  l'oueft-fud-oueft  de  la  pointe 
de  l'oueft  d'Argentaro  ;  qu'elle  a  environ  fix  ou  fept  mil- 
les de  long  ;  qu'elle  eft  très-haute.  Il  ajoute  qu'il  y  a 
une  fortereffe  &  quelques  maifons  de  pêcheurs. 
GIGLUA.  Voyez  Gilua. 

GIGNAC ,  ville  de  France  en  Languedoc  ,  au  diocèfe 
de  Béziers.  Elle  eft  chef  d'une  viguerie  royale ,  près  de 
la  rivière  d'Eraud  ,  <k  a  féance  aux  états  du  Languedoc. 
GIGNI ,  monaftere  de  France ,  au  Lyonnois  ,  du  côté 
de  la  Bourgogne.  Il  fut  bâti  par  le  bienheureux  Bernon , 
(qui  fut  depuis  premier  abbé  de  Clugni ,)  dans  un  fonds 
de  fon  patrimoine  ,  vers  l'an  890 ,  vingt  ans  avant  la 
fondation  de  Clugni.  Bernon  en  fut  le  premier  abbé  : 
cette  abbaye  eft  réduite  maintenant  en  prieuré.  *  Bailla, 
Topogr.  des  Saints  ,p.  200.  Gigni  dépend  aujourd'hui  du 
diocèfe  de  Saint-Claude. 

-    GIGONUS ,  ville  de  Thrace  ,  dans  le  voifinage  de 

Pallenne  ,  félon  Etienne  le  géographe.  Le  promontoire  , 

qui  eft  entre  la  Macédoine    ck  la  Thrace  ,    auprès  de 

Pallenne  ,   étoit  appelle  GlGONlDE  ;   &  Artémidore  y 

met  une  ville  du  même  nom.  Etienne  le  géographe  dit 

qu'elle   tenoit  ce  nom   de    Gigon  ,    roi     d'Ethiopie  , 

■vaincu  par  Bacchus.  Le  fcholiafte  de  Thucydide  ad.  I.  1, 

fait  connoître  que  c'étoit  plutôt  un  château  qu'une  ville. 

Hérodote  décrivant  la  route  que  fit  la  flotte  de  Xerxès  , 

dit,  /.  7,  /Z..123  :  après  avoir  paffé  la  côte  de  Pallene, 

elle  arriva  au  lieu  marqué,  &  prit  des  foldats  des  villes 

voifines  de  Pallenne  &  du  golfe  Therméen  ,  dont  voici 

les  noms  ;    Lipaxus  ,    Combrea  ,  Lijfa  ,    GlGONUS  , 

Campfa ,  Smila  &  JEnée ,  dont  le  pays  s'appelle  auffi 

Crossée. 

GIGURI.  Voyez  Egurri. 

GIHLOWA.  Voyez  Iglav. 

1.  GIHON.  Voyez  Gehon. 

(  2.  GIHON  ou  Gion,    fontaine  de  la  Paleftine ,  à 

l'occident  de  Jerufalem.  Salomon  (a)  y  fut   facré  roi 

par  le  grand-prêtre  Sadoc  ci  le  prophète  Nathan.  Ezé- 

chias  Qb)   fit  conduire  le    canal   fupérieur    de   Gihon 

dans  Jerufalem  ,  afin  que  les  ennemis  venant  affiéger  la 

ville,  ne  profitaffeiit  pas  des  eaux  de  cette  fontaine.  Voyez 

SlLOÉ.  *(a)  Reg.  1.  3,  c.  1,  v.  33.cifeq.(b)  Paralip. 

1.  3,  c.  22,  v.  30. 

GIHUN,  Gihon  ou  Amù  ,  eft  le  fameux  Oxus  des 
anciens  :  il  prend  fa  fource  au  nord-nord-eft  du  royaume 
de  Cachemire  ;  vers  la  frontière  de  Bucharie ,  dans  ces 


CIL  117 

hautes  montagnes  qui  féparent  les  états  du  grandMogol 
d'avec  la  grande  Tartane ,  à  39  d.  30'  de  lat.  Il  tra- 
verfe  toute  la  grande  Bucharie  ,  en  courant  de  l'eft  à 
l'oueft  ,  &  ,  continuant  fon  cours  fur  la  même  ligne ,  il 


partage  en  deux   bras  dans   le 


. 


de  Charasme  . 


à  quarante  lieues  de  fon  embouchure.  Celui  de  la  gauche 
pourfuit  fon  cours  vers  l'oueft ,  &  va  fe  jetter  dans  la 
mer  Caspienne ,  aux  frontières  du  pays  d'Astarabat  qui 
eft  fous  la  domination  du  roi  de  Perse  ,  à  48  d.  20'  de 
latitude.  Celui  delà  droite  paffoit  autrefois  devant  la  ville 
d'Urgens ,  &  alloit  aufli  fe  jetter  dans  la  mer  Caspienne 
à  douze  lieues  au  nord  du  premier  ;  mais  depuis  unfiéde, 
il  a^  quitté  fon  ancien  lit  à  fix  lieues  de  l'endroit  où  il 
fe  fépare  du  bras  gauche  ,  va  fe  jetter  au  nord-oueft  dans 
la  rivière  de  Khefell  de  l'autre  côté  de  la  petite  ville  de 
Luk.  Son  ancien  canal  qui  paffoit  devant  Urgens  s'étant 
defféché ,  a  laiffé  le  territoire  de  cette  ville  û  atride , 
qu'il  ne  rapporte. prefque  plus  rien  ;  d'où  la  ville  s'eft 
tellement  dépeuplée  qu'elle  eft  prefque  déferte.  Le  Gihon. 
ou  Y  Amù  eft  abondant  en  poiffons  de  toute  efpece  ; 
fes  bords  font  charmans  :  il  y  croit  des  melons  &  d'au- 
tres fruits  qui  font  très  recherchés  en  Perfe  &  en  Ruffie , 
à  caufe  de  leur  grande  bonté.  *  Hift.  généalogique  des 
Tatars,  p.  57. 

_  GIJON ,  petite  place  d'Efpagne  ,  dans  l'Afturie  d'0= 
viédo,  fur  la  côte,  en  forme  depresqu'ifle,  avec  un  ancien 
château,  à  cinq  lieues  d'O viédo,  vers  le  nord,  &  à 
treize  des  frontières  de  la  Galice  à  l'orient  :  on  croit  que 
c'eft  l'ancienne  GlGIA  de  Ptolomée.  *  Baud.éà.  de  1705. 
C'étoit  anciennement  la  capitale  des  Afturies  ,  &c  la  de- 
meure du  roi  Pelage  &  des  Ces  premiers  fucceffeurs. 
GILAN.  Voyez  Ghilan. 

t.  &  2.  GILBA,  ville  d'Afrique  dans  la  Numidie.  Il 
y  en  avoit  deux  épiscopales  de  même  nom  dans  cette 
province.  La  Notice  d'Afrique  compte  entre  les  évêques 
de  Numidie  ,  Félix  Gilbenfis  qui  eft  le  quarantième , 
&  Donatus  Gilbenfis  qui  eft  le  quatre-vingt-dixième. 
Le  nom  de  Gilbenfis  étoit  commun  à  ces  deux  villes  , 
dont  l'une  nommée  Gilba,  n'eft  connue  que  par  les  monu- 
mens  eccléfiaftiques  ;  &  l'autre  eft  nommée  Gilba  par 
S.  Auguftin,  par  Victor  d'Utique,  parle  concile  de  Milève, 
&  au  concile  de  Carthage  ,  tenu  fous  Boniface  :  c'eft  le 
même  fiége  dont  l 'évêque  Lucius  à  Cajiro  Galba  parla 
au  concile  de  Carthage  ,  fous  S.  Cyprien.  Voyez  Galss. 
Castrum  ck  Cilua. 

GILBENSIS.  Voyez  l'article  précédent. 
GILDA ,  ville  de  la  Lybie ,  félon  Etienne  ,  qui  cite 
le  troifieme  livre  de  l'Hiftoire  de  Lybie  par  Alexandre. 
Voyez  Silda. 

GILDODIANUS  Optâtes.  Ortélius  a  cru  que  c'é- 
toit un  nom  pris  de  quelque  ^ieu  ;  mais  il  eft  certain 
que  cet  évêque  d'Afrique  ,  nommé  Optatus  ne  fut  iur- 
nommé  Gildodianus ,  qu'à  caufe  de  fon  attachement  au 
parti  de  Gildon ,  de  la  fecte  des  Donatiftes.  Optât  étoit 
évêque  de  Thamagade.  *AuguJlin.Epift.  165  ,  èdit.vet. 
GILEAD.  Voyez  Galaad. 

GILFIL,  rivière  de  la  Dacie  ,  félon  Jornandes.  C'eft 
la  CEILEen  Tranfilvanie ,  félon  Lazius.  *Ortc/Thef. 

GILGENBOURG,  ville  de  Pruffe  dans  le^  cercle  de 
Hockerland,  aux  frontières  de  la  Pologne.  L'an  1410, 
les  Teutoniques,  après  avoir  faccaçé  cette  ville,  y  mirent 
le  feu.  *D.  Lugoff.  p.  236".  De  l'Ille,  Atlas. 

GILIGAMBÂ ,  peuple  de  la  Lybie  ,  félon  Etienne  le 
géographe ,  qui  cite  le  quatrième  livre  d'Hérodote ,  où 
ce  nom  ne  fe  trouve  point ,  mais  bien  celui  de  Gi- 

GAM.E. 

GILKUPRUCK  ,  petite  province  fituée  au  fud  du 
bras  méridional  de  la  rivière  d'Amù ,  fur  les  confins  des 
provinces  de  Chorafan  &  d'Affurbath  ,  laquelle  eft  cen- 
sée faire  à  préfent  partie  du  pays  de  Kharisme.  *  Hift. 
généalogique  dis  Tatars ,  p.  f1)1- 

GILLIUS  ,  l'ancienne  traduction  de  Ptolomée  lit 
ainfi,  au  lieu  de  Gigius.  Voyez  ce  mot. 

GILO ,  ville  ancienne  de  la  Paleftine ,  dans  la  tribu 
de  Juda  :  il  en  eft  parlé  au  Livre  de  Jofué ,  c.  ij,v.  51, 
&.  dans  le  premier  des  Rois  ,  c.  15,  v.  12,  &  c.  23  , 
v.  34.  Il  eft  dit  que  c'étoit  la  patrie  d'Achitopel. 

1.  GILOLO^ATCOHINEouFZ/Z^kA/o^,  grande 
ifle  d'Afie  à  l'orient  &  près  des  Moluques  ;  elle  a  deux  cents 
cinquante  lieues  de  circuit ,  &  foixante  de  longueur  :  elle 
eft  traverfée  dans  fa  largeur  par  l'équateur ,  &:  dans  une 


îi8 


CIM 


GîN 


partie  de  fa  longueur  par  le  méridien  du  145'  d.  Sa  partie  de  la  montagne  ,  ck  y  fait  une  fontaine  médicinale.  On 

fèptentrionâle  T'appelle  Gilolo  ;  la  méridionale  eft  nom-  y  trouve  auffi  quantité  de  pierres  rares  6k  curieufes,  qu'on 

m'ée  la  Bateh'mt.   Ces  deux  parties  font  des  Péninfules  peut  appeller  talc  cryjlallin  ,  les  unes  blanchâtres ,   les 

attachées  chacune  par  un  Ifthme  au  corps  de  l'ifle,  au  autres  tranfparentes  &  fans  couleur,    ck  quelques  -  unes 

milieu  de  laquelle  eft  une  montagne   où  eft  la  ville  de  tranfparentes  avec  des  traits  noirs  qui  les  coupeur  à  an- 

Toto.  Elle  a  la  grande  ifle  des  Célèbes  au  couchant  ,  gles  droits.  Il  y  a  dans  lat  même  montagne  deux  autres 

l'ifle  de  Céram  au  midi  ;   la  nouvelle  Guinée  ou  terre  cavernes,  ou  creux ,  qui  font  percés  de  haut  en  bas  ;  l'une 

des  Papous  à  l'eft-fud-eft.    Les  ifles  Moluques  de  Ter-  au  milieu  de  la  montagne  ,   &  l'autre  au  fommet.   La 

iiate      Tidor  ,  Motir  ,  Machian  ,  Bachian   est  Cayoua  première  eft  fi  profonde  ,  que  quand  on  y  jette  une  pierre, 

la  bordent  au  couchant  ;  ck  l'ifle  de  Morotay  y  eft  pref-  on  l'entend  réfonner  durant  l'efpace   de   cinq  minutes, 

que  jointe  au  levant  Septentrional.  Le  gens  du  pays  difent  qu'on  ne  peut*  rien  jetter  dans  la 

Le  nom  de  cette   ifle   varie   dans  les  relations  des  féconde ,  que  cela  ne  produite  une  tempête.   *  Etal  & 

voyageurs.  Celle  du  voyage  de  la  flotte  de  Naffau,  t.  5,  -Délices  de  laSuife,  t.  3,  p.  109. 

p.  80  ,  la  nomme  HAREMANEHA.  L'hiftorien  de  lacon-         GIMONE  ,  (la)  rivière  de  France  ,  dans  la  Gafco- 

quète  des  ifles  Moluques  ,  t.  1 ,  /.  2 ,  p.  146 ,  donne  le  gne.  Elle  a  fa  fource  auprès  de  Genfan  dans  le  Magnoac, 

nom  de  Batochine  à  toute  l'ifle.    Elle  a,  dit-il,   deux  d'où,  coulant  vers  lenord-eft,  elle  paffe  à  Bologne,  d. 

cents  lieues  de  tour ,    ck  eft  fous  la  domination  des  rois  dans  le  bas  Comminge  ,    ck  ferpentant    vers  le  nord  , 

de  Gilolo  èk  de  Loloda.   Ce  dernier  eft  plus  ancien  que  coule  quelque  tems   entre   cette  province  ck    l'Eftarac 

tous  ceux  des  Moluques  ,    ck  même  que  tous  les  autres  qu'elle  fépare  ;    de-là  traverfant  l'Eftarac  ,  elle  baigne 

de  cette  mer.  Il  a  été  autrefois  le  plus  puiflant ,  &  eft  de-  Ville-Franque  ck  Simmore ,  bourgs  qui  font  fur  fa  gau- 

venu  le  plus  foible.  Les  peuples  de  Batochine  qui  habi-  che,  puis  Saramon  ville  ci  abbaye  ,   d.  au-  deflus  de 

tent  la  côte  du  nord  font  fauvages,  &C  vivent  dans  des  laquelle  elle  reçoit  le  ruiffeau  de  ÉCRG3NE,  d.  &  au- 

lieux  déferts  ,  fans  loi ,  fans  roi ,  fans  habitations  fixes  ;  défions  celui  de  la  Laufe.  Elle  fe  rend  enfuite  à  Gimont 

mais  ceux  qui  demeurent  à  l'orient,  ont  des  villages  Se  qu'elle  traverfe  ,  puis  à  Touget  où  elle  fe  groffit  de  la 

des  bourgs  bien  peuplés  au  bord  de  la  mer.  Quoique  Marcaone  ,  d.  puis,  entre  Solomiac  ckMaubec,  elle 
leur  langage  {"oit  différent ,  ils  s'entendent  tous.  prend  le   Sarampion  ;    ck  fe    détournant  vers  Foueft- 

Cet  auteur  ne  réferve  pas  le  nom  de  Morotay  à  une     nord-oueft  ,  elle  coule  à  Beaumont ,  &  traverfant  enfin 
ifle  particulière.    On  a ,  dit-il ,  nommé  cette  cote  Mo-     la  rivière  de  Verdun ,  elle  fe  perd  dans  la  Garonne. 
ROTIA  ,  qui  eft  comme  fi  on  difoit  Mort  de  terre  ,    6k  GIMONT,  ville  de  France,  dans  la  Lomagne,  fur  la 

les  autres  ifles  qui  font  à  l'oppofite  Morotay  ,  qui  Gimone.  Baudrand,  éd.  de  1705 ,  qui  la  donne  à  la  ri- 
veut  dire  More  de  mer;  les  habitans  de  toutes  ces  ifles  viere  de  Verdun  ,  dit  qu'elle  eft  à  quatre  lieues  de  la 
des  Mores  font  des  gens  groffiers,  fourbes  6k  lâches  ;  il  ville  d'Auçh  au  levant  ,  en  allant  vers  Touloufe  dont 
n'y  a  que  la  feule  ville  de  MOMOYA  où  ils  foient  befli-  elle  eft  à  fept  lieues.  Il  y  a  une  abbaye  de  l'ordre  de 
queux.  Tous  ces  peuples  n'ont  jamais  eu  de  loi  ,  de  Citeaux,  filiation  de  Berdoues ,  fondée ,  l'an  1 1 1 4  ;  elle - 
poids  ,  de  mefures ,  de  monnaie  d'or ,  d'argent,  ni  d'au-  vaut  9000  livres.  Cette  ville  eft  du  diocefe  de  Lombez 
tre  métal.  Ils  ont  des  vivres ,  des  armes  6k  des  Idoles  :     &  de  la  judicature  de  Verdun. 

fourniflent  les  Moluques  de  plufieurs  chofes  néceflaires  ■  GIMOUX,  (le)  petit  pays  de  France,  dans  la  Gaf- 
à  la  vie.  Les  femmes  cultivent  la  terre.  Chaque  village  cogne  Touloufaine  ,  lùr  les  confins  du  Condomois. 
reconnoît  un  fupérieur  qui  eft  élu  par  les  babitans.  Ils  GIN,  ville  de  la  Chine  dans  la  province  de  Péking, 
ne  lui  payent  aucun  tribut;  mais  ils  ont  quelques  égards  au  département  de  Xante,  cinquième  métropole  de  la 
pour  fes  enfans ,  les  élifant  pour  chefs  plutôt  que  d'au-  province  ;  elle  eft  de  2  degrés  42'  plus  occidentale  que 
très  ,  après  la  mort  du  père.  Les  rois  des  Moluques  ont  Peking  fous  les  37  d.  56'  de  latitude.  *  Atlas  Sinenfis. 
conquis  ces  ifles  ,  6k  chacun  en  a  pris  ce  qu'il  a  pu.  GINJIA  ,  village  de  la  Paleftine  ,  dans  une  plaine  , 

Cela  étoit  ainfi,  lorfque  les  Portugais  poffédoient  les     vers  les  confins  de  Sa  marie  ,  félon  Jofeph,  de  Bell.  A3, 


Moluques  ;  mais  ils  en  ont  été  dépoffedés  par  les  Hol- 
landois. 

Le  continuateur  de  cette  hiftoire  qui  a  décrit  la  con- 
quête des  Moluques  par  les  Hollandois ,  t.  3,  p.  8, 
donne  de  cette  ifle  une  idée  un  peu  différente.  Voici 
ce  qu'il  en  dit. 

Gilolo,  qui  fe  nomme  auffi  Maurica  &  la  Ba- 
tochine, eft  une  fort 
de  riz  6k  de  fagu.  La  mer, 


Egéfippe  lit  Eleas.   *  Ortel.  Thefaur. 
GINCLARIUM ,  pour  Gincularium.  Voyez  ce 
mot. 

GINDANES,  TivS-clvic,  ancien  peuple  de  la  Libye; 


tité  de  tortues.  Les  habitans  font  d'une  taille  Bien  pro- 
portionnée ,  farouches  ck  cruels  ,  ayant  même  été  an- 
thropophages ,  ainfi  que  ceux  de  Célèbes.  Elle  a  trois 
pointes  qui  font  comme  trois  ifles  féparées  par  deux 
golfes,  ck  elles  fe  joignent  par  un  bout.  Une  de  ces  poin- 
tes ,  (la  méridionale ,  )  fe  nomme  Batochine  ;  celle  du 


félon  Hérodote ,  /.  4.  Ils  étoient  vokins  des  Lotophages  ; 

ck  leurs  femmes  fe  faifoient  une  gloire  d'avoir  quantité 

d'amans  ,  à  chacun  defquels  elles  demandoient  une  forte 

ifle  qui  produit  beaucoup     de  frange  qu'elles  mettent  à  leur  robe  ,  pour  faire  con- 

'environne,  fournit  quan-     noître  le  nombre  de  leurs  conquêtes. 


GINDARA.  Voyez  l'article  qui  fuit. 

GINDARENI  ,  peuple  ancien  de  la  Syrie  ,  félon 
Pline  ,  /.  5,  c.  23.  Strabon,  /.  16, p.  751,  dit  :  GlNDA- 
RUS,  forterefle  delà  Cyrrheftique.  Etienne  le  géogra- 
phe dit  :  GlNDARA  ,  village  près  d'Antioche.  On  peut 
de-là  conclure  que  ça  été  une  forterefle,  une  ville,  en- 


lieu  GAMOCARONA  ;   Si  l'autre  (la  feptentrionale)  fuite  un  village.    Dans  le  premier  concile   de   Nicée, 

fe  nomme  proprement  Gilolo.                                              .  p.  5 1 ,  fon  évêque  ,  Petrus  Gindannfis  ,  eft  nommé  en- 

2.  GILOLO ,  ville  des  Indes ,  capitale  de  l'ifle  de  tre^  les  évêques  de  la  Céléfyrie.   Ptolomée  nomme  le 

même  nom ,  dans  fa  partie  occidentale ,  à  fix  lieues  de  même  lieu  Gindarus  ,  ck  le  met  dans  laSéleucide. 

Fille  de  Ternate  ,  une  des  Moluques.  GINDARUS.  Voyez  l'article  précédent. 

GILSATENUS,  fiége  épifcopal  dans  la  Pamphylie  :  GINDES  ou  Gyndes  ,  rivière  d'Afie,  félon  Tacite, 

Néon  fon  évêque  fouferivit  à  la  lettre  adreflee  à  l'empe-  Arri.  I.  12  ;  elle  fervoit  de  bornes  entre  le  peuple  Dahiz 

reur  Léon.  *Harduin.  Collect.  conc.  &  les  Ariens. 

GILUA,  colonie  d'Afrique,  dans  la  Mauritanie  Ce-  GINECRATUMENIENS.   Voyez  Gynaicratu- 


farienfe ,  entre  Crifpa  ck  Ctjlra  Puerorum  ;  à  v.  M.  P.  de 
la  première  &  à  XXIII.  M.  P.  de  la  féconde.  Cette  ville 
étoit  maritime.  *  Antonin  Itiner. 

GIMAS  ,  montagne.  Voyez  MlMAS. 

GIMMOR  ou  Gamor  ,  montagne  de  Suiffe,  (dans 
le  canton  d'Appenzell,)  du  nombre  de  celles  qui  fépa- 
rent  le  pays  d'Hérifave  d'avec  le  Rheintal.  Il  y  a  une 
caverne  dont  l'entrée  eft  très-étroite  ;  mais  elle  s'élargit 
au-dedans,au  point  qu'elle  a  quinze  pieds  en  quelques  en- 
droits ,  6k.  en  d'autres  feulement  de  quatre  ou  cinq ,  & 
haute  de  trois  ou  quatre  pieds  en  quelques  lieux  ,  tk  en 
d'autres  de  dix  ck  de  vingt.  On  trouve  au  fond  une  fource 


MENIENS. 

GINERCA  ,  petite  ville  de  l'ifle  de  Corfe ,  près  de  la 
côte  ,  entre  le  golfe  de  Calvi  ck  l'embouchure  du  Li- 
mone  ,  dans  un  petit  golfe  ,  que  l'on  nomme ,  à  caufé 
d'elle,  le  GOLFE  de  Ginerca.  *  Baud.  éd.  de  170^. 

GINESITENSIS  ,^  fiége  épifcopal  d'Afrique  ,  félon 
Ortélius.  C'eft  peut-être  le  même  que  Gernijuanus.  La 
lettre  des  prélats  de  la  Byzacene  ,  au  concile. de  Latran, 
tenu  fous  le  pape  Martin ,  fait  mention  de  Félix  epifeopus 
municipii  à  Gernijls. 

I.  GINGI,  royaume  d'Afie,  dans  la  prefqu'ifle  de 
l'Inde,  en-decà  du  Gange.   Il  eft  borné  au  nord  par  le 


d'eau  abondante,  qui  va  couler  dans  le  Rheintal,  au  pied     royaume  de  Carnate  ,  aux  environs  de  la  rivière  de  Ps- 


GIN 


CIO 


jàru  ,  &:  au  midi  par  le  bras  feptentrional  du  Coloran  ; 
à  l'orient  pailla  mer;  au  couchant  par  les  terres  de  Chila- 
Naïken  ,  &  au  fud  -  oueft  par  le  royaume  de  Maduré. 
Il  a  pour  capitale  la  ville  de  Gingi ,  qui  eft  dans  les  ter- 
res fur  la  côte.  Pondichéri  qui  eft  aux  François ,.  en  eft 
Ja  principale  place.  Les  Hollandois  ont  une  logeàPorto- 
Novo  :  les  Anglois  ont  la  leur  à  Couclelour. 

2.  GINGI  ,  ville  &  forterefîe  des  Indes  ,  capitale 
d'un  royaume  de  même  nom.  Le  fiécle  parte  ,  le  fameux 
Sévagi  s'en  étoit  rendu  maître  ,  &  par  conféquent  de 
tout  le  pays;  car  c'eft  une  chofe  confiante  aux  Indes, 
que  les  terres  qui  environnent  une  rorterefle  en  font  in- 
féparables.  Le  fils  de  Sévagi  la  conferva  quelques,  années  ; 
mais  Aurengzeb  après  la  conquête  des  royaumes  de  Gol- 
conde  &  de  Vifapour ,  y  envoya  une  armée  ,  dont  les 
efforts  furent  d'abord  inutiles.  L'empereur  Mogol  ne  fe 
rebuta  point  ;  il  mit  à  la  tête  de  fon  armée  un  général 
de  réputation,  nommé  Julfakarkan.  Ledeilein  du  géné- 
ral étoit  de  prolonger  le  fiége  ,  parce  qu'il  trouvoit  fon 
intérêt  dans  fa  durée.  Mais  Daourkan ,  un  de  fes  officiers 
fubakernes  ,  prefTa  fi  vivement  de  fon  côté  l'attaque  , 
qu'il  emporta  la  place,  &  mit  par  cette  conquête  tout  le 
royaume  fous  la  puiffance  d' Aurengzeb. 

La  nature  même  a  fortifié  ce  lieu  ;  trois  montagnes 
fe  font  rencontrées  ,  &  forment  une  efpece  de  triangle. 
On  a  bâti  un  fort  fur  la  cime  de  chaque ,  d'où  l'on  peut 
abymer  à  coups  de  canon  ceux  qui  fe  feroient  emparés 
de  la  ville ,  qui  eft  au  bas  des  montagnes  qui  s'unifient 
entr'elles  par  des  murailles  8c  par  des  tours  placées 
d'efpace  en  efpace.  Un  de  ces  forts  communique  à  un 
bois  épais ,  qui  favorife  le  fecours  qu'on  peut  faire  entrer 
aifément  dans  la  place.  La  hauteur  du  pôle  de  Gingi  eft 
de  12  d.  10'  ;  la  longitude  d'environ  ioo.  d.  félon  le 
P.  Bouchet ,  Lettres  édifiantes,  t.  18  ,  p.  76,  en  1719. 
Cette  longitude  eft  excefïïve  de  2  degrés. 

GINGIN,  village  de  Suiffe,  au  bailliage  de  Bon-mont 
ou  Bo-mont,  l'un  des  trois  que  les  Bernois  ont  le  long 
du  mont  Jura.  *  Délices  &  Etat  de  la  Suife,  t.  2,  p.  289. 
GINGIR-BOMBA  ou  Gingiro,  royaume  d'Ethiopie, 
au  nord  de  la  ligne  équinoxiale ,  &  au  midi  occidental 
de  l'Abiffinie ,  qui  le  borne  au  nord-eft.  Les  Galles  & 
la  rivière  de  Zébée  le  terminent  a  l'orient  ;  le  royaume 
de  Monoëmugi  au  midi,  celui  de  Macoco  au  fud-oueft, 
celui  'de  Mujac  au  couchant  ,  &  celui  de  Gorrham  au 
nord  occidental.  Tout  ce  qu'on  fait  de  ce  pays ,  c'eft 
que  vers  le  nord  il  y  a  de  hautes  montagnes  que  l'on 
appelle  Gança. 

GINGLA ,  félon  quelques  exemplaires  de  Pline  ,/.;, 
c.  24,  ville  d'Ane,  à  l'extrémité  de  la  Comagene.  Le 
P.  Hardouin  lit  CinnUa  ;  c'eft  la  Cecilia  de  Ptolomée. 

GINGLYMOTE,  ùyy^jAÔn,  ville  de  la  Phénicie, 
félon  Etienne  le  géographe  qui  cite  Hécatée. 

GINGUNUM  ,  montagne  d'Italie ,  dans  l'Ombrie  , 
félon  Strabon.  Léandre  croit  que  c'eft  monte  Cerognone  ; 
Xilandre  &  Ortélius  croient  que  c'eft  VInginium  de_Si- 
lius  Italicus  ;  mais  ils  fe  trompent ,  car  le  mot  Inginium 
a  été  corrigé  avec  fondement  en  celui  à'Iguviune ,  nom 
latin  de  Gubio. 

GINHOA,  ville  de  la  Chine  dans  la  province  de 
Quanton  au  département  de  Xaocheu ,  féconde  métro- 
pole de  la  province  ,  &  la  troifieme  en  rang.  Elle  eft 
de  3.  d.  49'  ,  plus  occidentale  que  Péking  fous  les 
35  d.  7'  de  latitude.  *  Atlas  Sinenfis. 

GINISUVANGH,  fiége  épifcopal  d'Arménie,  à  huit 
lieues  d'Erzerum  dont  il  eft  fuffragant ,  fous  le  patriar- 
che d'Exksmiazin ,  félon  l'abbé  de  Commanville ,  Lijie 
des  archev. 

GINKIEU  ,  ville  de  la  Chine,  dans  le  Pékéli ,  au 
département  de  Hokien ,  troifieme  métropole  de  la  pro- 
vince. Elle  eft  plus  occidentale  que  Pékin  de  3  2',  par 
les  39.  d.  6'  de  latitude.  *  Atlas  Sinenfis. 

GINNABRIS ,  village  de  la  Paleftine  ,  dans  le  terri- 
toire de  Samarie.  Jofephe ,  de  Bcllo ,  1.  5  ,  c.  4 ,  en  fait 
mention. 

GINOPOLI,  petite  ville  d'Afie  ,  dans  la  Natolie  pro- 
pre ,  fur  la  mer  Noire ,  entre  le  cap  de  Pilëllo  &  la  ville 
de  Sinope ,  au  couchant  du  bourg  de  Lefti.  C'étoit  au- 
trefois la  ville  de  Cimolis  ou  Cinolis  :  elle  a  été  le  fiége 
d'un  archevêché. 

GINXEU  ,  ville  da  la  Chine  dans  la  province  de 
Suchuen ,  au  département  de  Chingtu ,  premier  métro  > 


119 


pôle  delà  province.  Elle  eft  plus  occidentale  que  Pékin 
de  12  d.  26' ,  par  les  30  d.  40'  de  latitude.  *  Atlas  Si- 
nenfis. 

GlOBLAH  ,  ville  de  l'Arabie  heareufe  ,  entre  Aden 
S:  Sanaa  ,  feion  Abulféda.  Elle  eft  dans  les  montagnes  , 
tk  fur  deux  rivières  ,  d'où  elle  a  été  nommée  Medinah 
Alnahrain  ou  ville  des  deux  rivières.  C'efi  une  ville 
allez  moderne  ,  bâtie  par  les  Alfalihiyunis ,  lorsqu'ils  eu- 
rent conquis  l'Yémen.  Allebab  écrit  que  l'Yemen  eft  un 
grand  &  vafte  pays  ,  dont  les  habitans  font  appelles 
Yéminis  ou  Yéménites  ,  &  que  fon  nom  lui  vient  de  ce 
qu'il  eft  lîtué  à  la  droite  de  la  terre  ,  comme  la  Syrie 
l'eft  à  la  gauche.  La  terre  fignifie  ici  la  Mecque  &  fon 
territoire  que  les  Mahométans  eftiment  être  le  centre  du 
monde  ,  &  cela  par  émulation  de  ce  que  les  anciens 
Juifs  &  Chrétiens  ont  cru  la  même  chofe  de  la  ville  de 
Jerufalem  ,  autorifés  par  quelques  pafïàges  de  l'écriture 
qui  femblent  favorifer  cette  oppinion.  Allebab  ajoute  que 
félon  des  auteurs  dignes  de  foi  ,  Gioblah  eft  éloigné  de 
Tafirdoum  d'environ  une  journée  de  chemin  ,  &  qu'elle 
eft  à  l'orient  de  Tiz  ,  en  tirant  un  peu  vers  le  nord.  *  La 
Roque  ,  Defcription  de  l'Arabie  ,  p.  312. 

GIODDAH  ,  Dgiudda;  Gidda ,  Giuddah ,  ou 
Geda ,  ville  &;  port  de  mer  célèbre ,  à  une  demi-journée 
de  la  Mecque.  C'eft  le  rendez-vous  des  pèlerins  qui 
vont  de  la  Mecque  à  Medine.  Les  Mufulmans  croient  y 
avoir  le  tombeau  d'Eve.  Il  s'y  fait  un  très  grand  com- 
merce ,  parce  que  les  vaifTeaux  qui  reviennent  des  Indes  , 
y  mouillent  ;  mais  les  Chrétiens  n'ont  pas  la  liberté  de 
s'y  établir ,  à  caufe  du  voifinage  de  la  Mecque.  Le  grand- 
feigneur  y  entretient  ordinairement  trente  gros  vaifTeaux 
pour  le  transport  des  marchandifes.  Les  galères  du  Turc  , 
qui  ont  coutume  d'hyverner  à  Suez  ,  dans  le  fond  du 
golfe  Arabique  ,  viennent  décharger  dans  ce  port  les 
provifions  qu'on  apporte  d'Egypte  ,  &  charger  les  mar- 
chandifes du  pays  ,  comme  cuirs ,  marroquins ,  gommes  , 
café  &£  autres  drogues  d'Arabie.  Tout  y  eft  fi  cher  ,  à 
caufe  du  grand  concours  de  vaifTeaux  qui  y  abordent  , 
qu'une  pinte  d'eau  ,  mefure  de  Paris ,  vaut  trois  fols ,  parce 
qu'on  l'apporte  de  quatre  lieues  loin.  Les  murailles  de 
la  ville  'ne  valent  rien  ;  &:  la  forterefle  ,  qui  eft  du  coté 
de  la  mer  ,  ne  pourrait  pas  foutenir  un  fiége.  La  plû- 
partldes  maifons  font  de  pierres  ;  5c  au  lieu  de  toit ,  elles 
ont  des  terraffes  à  la  manière  des  Orientaux,  Les  environs 
font  fort  defagréables.  On  ne  voit  que  des  rochers  ftéri- 
les ,  &c  des  lieux  pleins  de  fable.  La  rade  eft  aflez  sûre  , 
quoiqu'elle  ait  le  nord-oueft  pour  traverfier.  Le  fond  er 
eft  afiez  bon  en  certains  endroits ,  &  les  petits  vaifTeaux 
y  font  à  flot.  Mais  les  gros  font  obligés  de  refter  à  une 
lieue.  *  Abulféda ,  Géographie.  De  la  Roque  ,  Defcript. 
de  r Arable  ,  p.  315.  iJ'Herbelot.  Bibl.  orient.  Poncet  , 
Lettres  édifiantes ,  t.  4  ,  p.  174. 

1 .  GIOIA  ,  bourg  d'Italie  ,  au  royaume  de  Naples  , 
dans  la  terre  de  Barri  ,  aux  confins  de  la  terre  d'Otrante  , 
au  midi  de  la  ville  de  Barri  ,  6c  à  la  diftance  de  feize 
milles.  *  Jaillot ,  Atlas. 

2.  GIOIA ,  bourgade  d'Italie  au  royaume  de  Naples  , 
dans  la  Calabre  citérieure  ,  fur  la  côte  occidentale  ,  à 
deux  lieues  &:  demie ,  &  au  midi  de  Nicotere  ,  auprès 
d'une  petite  rivière  ,  à  l'embouchure  de  laquelle  eft  une 
tour  nommée  torre  di  Gioia.  *  Jaillot ,  Atlas. 

Le  Golfe  de  GIOIA  ,  golfe  de  la  mer  de  Naples  , 
f»r  la  côte  occidentale  de  la  Calabre  ultérieure.  Il  a  au 
nord  le  golfe  de  Sainte-Euphémie ,  dont  il  eft  féparépar 
le  Capo  Vaticano  ,  &  s'étend  jufqu'à  Sciglio  ,  qui  eft 
voifm  du  Fare  de  Meffine.  Ce  golfe  n'eft  point  nommé 
fur  les  cartes  ;  mais  il  y  eft  tracé. 

GIOIOSA  ,  (  la.  Motta  )  petit  lieu  du  royaume  de 
Naples  ,  fur  la  côte  orientale  de  la  Calabre  ultérieure. 
C'étoit  autrefois  la  ville  de  Myftia.  Voyez  ce  mot. 

GION.  Voyez  Gi  h  on. 

GIORASH  ,  ville  de  l'Arabie  heureufe  ,  dans  l'Yé- 
men. Il  y  a  des  palmiers  ,  dit  Abulféda  ,  Se  elle  eft  ha- 
bitée par  des  familles  des  tribus  de  l'Yémen.  On  en  tire 
beaucoup  de  peaux  &  de  cuirs.  Selon  Alazizy  ,  Giorasli 
eft  une  fort  jolie  ville  ,  aux  environs  de  laquelle  il  y  a 
une  infinité  de  ces  arbres  nommés  Karad ,  dont  l'écorce 
fert  à  apprêter  les  peaux  ;  &  il  y  a  pour  cela  beaucoup 
de  manufactures.  Cette  ville  eft  à  17  d.  de  latitude.  Edrili 
marque  que  Giorash  &  Nagr'an  ,  ou  Nedgeran ,  font  deux 
villes  aiTez  fembhbJ.es  :  l'une  &C  l'autre  ont  aux  environ: 


GIP 


120 

des  villages  Se  des  terres  cultivées.  La  diflance  d'entre 
ces  deux  villes  eft  de  fix  ftations.  *  La  Roque  ,  Defcr.  de 
l'Arabie  ,  p.  322. 

GIORSA  ,  grande  plaine  d'Afîe  :  c'eft  la  même  que 
la  plaine  de  Bargu. 

GIOSTAH  ,  ville  d'Afrique  ,  dans  le  pays  de  Mofan- 
bique  ,  que  les  Arabes  appellent  Sephalat  al  Dhahab  ,  la 
plaine  ou  la  campagne  de  l'or  ,  proche  de  la  ville  de 
Sofala.  Gioftah  eft  petite  ;  elle  eft  au  fond  d'un  golfe 
fort  fpacieux  ,  où  il  y  a  un  fort  bon  mouillage  pour  les 
vaiffeaux.  *  D'Herbelot ,  Biblioth.  orient. 

GIOTTA ,  ville  de  Perfe  ,  dans  le  Khoufiftan  ,  ou  la 
Sufiane.  On  la  nomme  auflî  Gioubba.  Elle  appartient  à  la 
ville  de  Baffora.  *  D'Herbelot ,  Biblioth.  orient. 

GIOUD  ,  Giouda  &  Gloiiiï ,  montagne  d'Afie  :  les 
Orientaux  nomment  ainfi  celle  où  ils  dilent  que  s'arrêta 


GIR 


l'arche  de  Noé  ,  au  pays  de  Mouffal  ou  de  Diar-Rabiah  , 
en  Méfopotamie  ,  au  pied  de  laquelle  il  y  a  encore  un 
village  nommé  Thamanin  &  Corda.  Ce  font  les  monts 
Gordiens,  que  l'écriture fainte  nommé  Ararath.  *  D'Her- 
belot ,  Bibl. orient. 

GIOUD  eftauffi  une  chaîne  de  montagnes  qui ,  s'étend 
le  long  des  pays  de  Zableftan  &  de  Gaur  *  D'Herbelot  , 
Biblioth.  orient. 

GIOUEH ,  ou  Giou  ah  ,  ville  d'Afrique ,  au  pays  de 
Berbera,quieftfurlacôte  de  Cafrerie,  ouïe  Zanguebar  , 
plus  méridionale  de  deux  journées  ,  que  Carcounah  qui 
appartient  au  même  pays  ,  &  fort  proche  de  celle  de 
■Bathah  en  Ethiopie. 

.  GIOVENAZZO  ,  ville  d'Italie  ,  au  royaume  de 
Naples  ,  dans  la  terre  de  Barri.  Elle  eft  petite  &  peu 
confidérable ,  quoique  fiége  d'un  évêque  fuffragant  de  Barri. 
Elle  a  titre  de  duché ,  &  eft  fïfuée  fur  une  montagne 
que  la  mer  Adriatique  environne  presque  toute  ,  mais 
fans  port ,  avec  une  fimple  plage  ,  à  trois  milles  feule- 
ment de  Molfetta  à  l'orient ,  &c  à  dix  de  Trani ,  en  allant 
vers  Barri ,  dont  elle  n'eft  pas  plus  éloignée.  On  écrit 
aulîî  Gïovinaiip.  Son  nom  latin  eft  Juvenatium.  *  Bau- 
drand  ,  éd.  de  1705. 

GIOUF  :  les  Arabes  appellent  ainfi  la  partie  maritime 
de  l'Egypte  que  le  vulgaire  appelle  le  Chouf.  *  D 'Herbe- 
lot  ,  Biblioth.  orient. 

GIOUL ,  ou  Soûl,  ville  d'Afie ,  au  pays  de  Giorgian , 
c'eft-à-dire  dans  le  Kovarefme  ,  dont  Giorgian  eft  la 
capitale. 

1.  GIOUND  ,  ville  d'Afie  ,  dans  le  Turkeftan  ,  de 
laquelle  font  fortis  plufieurs  gens  de  lettres.  *  D'Herbelot , 
Bibl.  orient. 

2.  GIOUND  ,  ville  de  l'Arabie  heureufe  ,  dans  la- 
quelle il  y  a  un  Mefged-Giamé ,  c'eft-à-dire  une  mofquée 
principale  ,  bâtie  par  Moaz-ben-Gebal ,  pour  les  feftai- 
res  d'Ali ,  qui  y  font  en  très-grand  nombre.  Cette  ville 
eft  plus  feptentrionale  que  Sanaa ,  capitale  du  pays  ,  d'où 
elle  eft  éloignée  de  près  de  quatre-vingt  lieues.  *  D'Her- 
belot ,  Bibl.  orient. 

GIOUR ,  ville  d'Afie  ,  dans  le  Fars  ,  ou  la  Perfe  pro- 
prement dite  ,  à  feize  parafantes  de  Karzoun  ,  dans  un 
terroir  fort  agréable  ,  rempli  de  jardins  ,  &  arrofé  d'une 
grande  abondance  d'eaux.  Ses  foffés  &C  (es  murailles  la 
rendent  confidérable  pour  fa  force.  *  D'Herbelot,  Bibl. 
orient. 

GIOURA ,  petite  ifle  de  l'Archipel  ,  entre  celles  de 
Zéa  ,  d'Andro  ,  de  Tine ,  ôcc.  C'eft  la  Gyaros  des  an- 
ciens. Voyez.ce  mot. 

GIPEDjE  ,  pour  GEPID.E.  Voyez  l'article  Gefides. 
GIPLONSII ,  Vnt\iysini  ,  peuple  de  l'Afrique  propre , 
félon  Ptolomée  ,  /.  4  ,  c.  3.  Il  leur  donne  pour  voifins  les 
Cinithiens  &t  les  Achemenes.  Quelques  exemplaires 
grecs  portent  TrnKÙmc,  ;  d'autres  -ziytTihâaioi  ,  Sigi- 
plofii. 

GIPPIDANA  PLEBS ,  églife  d'Afrique.  S.  Auguftin  en 
parle  clans  une  de  fes  lettres,  Epift.  236. 

GIPTIUS.  Ciofanus  ,  dans  fa  Defcription  de  la  ville 
de  Sulmone  ,  dit  que  les  anciens  nommoient  ainfi  la 
rivière  qui  arrofe  le  territoire  de  cette  ville  :  il  devoit 
dire  laquelle  de  ces  rivières  on  nommoit  ainfi  ;  car  ce 
territoire  en  a  plufieurs  qui  le  traverfent. 

I.  GIR.  Ptolomée,  qui  nomme  ainfi  un  fleuve  de  la 
Libye  intérieure  ,  /.  4 ,  c.  6  ,  dit  qu'il  s'étend  depuis  la 
vallée  des  Garamantes  jufqu'au  mont  Ufurgala  ,  &  qu'a- 
près cela  il  s'abîme  dans  la  terre  ,  5c  produit  un  autre 


fleuve  ;  il  femble  que  ce  nouveau  fleuve  foit  le  Niger  dont 
il  parle  enfuite.  Le  Gir  de  cet  auteur  eft  le  Niger  d'au- 
jourd'hui ;  ôc  le  Niger  dont  il  parle  ,  eft  le  même  fleuve 
dans  fa  partie  occidentale  ,  qui  porte  le  nom  de  Sénégal. 
Voyez  le  mot  Niger.  A  comparer  les  cartes  dreuëes 
fur  Ptolomée  ,  ck  le  cours  du  fleuve  Ghir  dans  quel- 
ques cartes  modernes  ,  on  feroit  tenté  de  croire  que  c'eft 
le  même  fleuve  ;  mais  la  latitude  qu'il  donne  au  Niger  , 
favoir  16  ,  17  ou  18  d.  tout  au  plus,  ne  peut  convenir 
au  Ghir ,  qui  vient  tomber  dans  un  lac  fitué  au  nord  du 
i6cd.  D'ailleurs  le  Niger  eft  connu  par  les  ouvrages  des  au- 
tres géographes  anciens. 
2.  GIR  ,  ou  Ghir.  Voyez  Ghir. 

1.  GIRA  ,  ville  ancienne  ,  métropolitane  de  laLybie  , 
intérieure  ,  fur  le  fleuve  Gir  ,  félon  Ptolomée  ,  /.  4  , 
c.  6. 

2.  GIRA  ,  ancien  lieu  de  Grèce  ,  en  Macédoine ,  dans; 
la  Chalcidique.  Diodore  en  fait  mention  :  quelques-uns 
veulent  qu'on  life  ZeïRA. 

GIRACE.  Voyez  Giera.ce. 

GIRACUNDA ,  ou  Cacagioni  ,  petite  ville  d'Afie , 
dans  la  Tartarie  Crimée  ,  fur  la  côte.  Elle  eft  fituée  au 
couchant  du  cap  de  Carofqui.  Quelques-uns  croient 
qu'elle  ocupe  la  place  de  Charax  ,  ville  de  la  Cherfonèfe 
Taurique.  En  ce  cas  ce  feroit  Charax  i.  Elle  ne  devoit 
pas  en  être  fort  loin. 

GIRANA ,  village  d'Afrique ,  en  Ethiopie ,  au  royaume 
de  Sennar  ,  fur  la  route  de  Sennar  à  Gondar ,  entre  Seo" 
que  &  Chelga.  Il  eft  fitué  au  haut  d'une  montagne  ,  d'où 
l'on  découvre  le  plus  beau  pays  du  monde.  *  Poncée  , 
Voyage  d'Ethiopie.  Lettres  édif.p.  54. 

GIRAPETRA  ,  Gerapetra  ,  ou  Gieràpetra  , 
petite  ville ,  fur  la  côte  méridionale  de  Candie  ,  à  huit 
lieues  de  la  ville  de  Séria  vers  le  couchant  méridional, 
fur  un  cap  &  un  golfe  de  même  nom.  Cette  ville  a  été 
ruinée  ,  &  il  n'en  refte  plus  que  le  château  ,  avec  le 
port ,  près  du  mont  Mélaura.  Elle  étoit  epifcopale  avant 
que  d'être  fous  la  domination  des  Turcs  ,  &  fon  évê- 
ché  a  été  uni  à  celui  de  Sitia.  *  Baudrand  ,  édit.  de  170Ï. 
Corn.  Diâ. 

GIRATHA.  Voyez  Goeratha. 

GIRBA  ,  ville  epifcopale  d'Afrique  ,  dans  la  pro- 
vince Tripolitaine.  Dans  la  conférence  de  Carthage  on 
trouve  Quodvultdeus  epifeopus  Girbitanus ,  félon  la  cor- 
rection de  Baluze  ;  car  dans  le  manuferit  il  y  a  Givit.  Au 
concile  de  Carthage ,  tenu  fous  S.  Cyprien  ,  on  trouve 
entre  les  evêques  Monnulus  à  Girbâ  ;  au  concile  de  Cabar- 
fuffi  ,  tenu  en  394  ,  on  voit  Proculus  Girbitanus  epifeo- 
pus. A  celui  de  Carthage  ,  tenu  fous  Bonifàce  l'an  525  , 
il  y  avoit  Vincent ,  évêque  plebis  Gervitana  ,  ou  Gir- 
bitance  ,  député  de  la  province  Tripolitaine.  Dans  la 
Notice  de  la  même  province  on  lit  Fauftinus  Girbitanus  ; 
&  enfin  on  a  encore  une  preuve  que  ce  lieu  étoit  de 
la  Tripolitaine  ,  dans  la  Notice  de  l'Empire.  Cette  Girba 
étoit  dans  l'ifle  qui  porte  encore  aujourd'hui  le  nom  de 
Gerbes. 

Il  eft  remarquable  que  dans  le  concile  de  525  ,  tenu  à 
Carthage  ,  fous  Bonifàce ,  on  trouve  deux  evêques  quali- 
fiés Gerbitani  ;  ce  qui  fait  juger  qu'il  y  avoit  deux  villes 
epifcopales  de  même  nom  ;  mais  on  ne  peut  dire  de  quelle 
province  étoit  ce  fécond  fiége  :  du  tems  des  Donatiftes 
cela  n'auroit  point  fait  de  difficulté  ;  beaucoup  de  villes 
avoient  deux  evêques ,  l'un  Catholique  ,  l'autre  Donatifte  ; 
mais  ce  concile  eft  poftérieur  de  plus  d'un  fiécle  à  la 
deftruftion  du  parti  de  ces  hérétiques  :  ainfi  la  difficulté 
demeure. 

GIRCONA  ,  petite  ville  de  la  Turquie  ,  en  Afie  , 
dans  la  Natolie  ,  fur  le  golfe  de  Smyrne  ,  entre  la  ville 
de  Smyrne  &  la  rivière  de  Girmafti.  Cette  ville  eft  la  même 
que  Gyrina ,  ville  de  l'Eolide.  Voyez  ce  mot.  *  Baudrand , 
édit.  de  1705. 

GIREFT,  ville  de  Perfe,  dans  leKerman,  dont  elle 
eft  la  capitale ,  &  la  plus  grande  ville.  D'Herbelot , 
Bibl.  orient',  dit  :  fon  terroir  eft  fertile  en  palmiers ,  en 
citronniers  &  en  orangers  :  il  s'y  fait  un  grand  commerce 
de  toutes  les  marchandifes  du  Khoraffan  Se  du  Ségeftan  ; 
&  elle  n'eft  éloignée  d'Ormus ,  que  de  quatre  journées. 
Les  Tables  aftronomiques,  qui  la  nomment  Siraf&cSire/t, 
lui  donnent  88  d.  de  longitude,  &29d.  de  latitude.  Il  devoit 
remarquer  que'la  ville  de  Siraf,qu\  a  cette  longitude  &  cette 
latitude  dans  les  Tablesdç  Naffir-Eddin  fit  d'Ulug-Beig, 


GIR 


GIR 


eft  ,  félon  ces  deux  auteurs ,  dans  le  Fars  ou  la  Ferfe 
propre  ,  &  non  pas  dans  le  Kirman  ;  mais  ces  mêmes 
géographes  Arabes  mettent  Jiroji  dans  le  Kirman 
ou  Carman,  &:  lui  donnent  93  d.  de  longitude,  &27d. 
30'  de  latitude.  Tavernier  met  Girefc  à  73  d.  40'  de 
longitude  &  à  31  d.  10'  de  latitude.  Cette  ville,  dit  ce 
voyageur ,  /.  3  ,  c.  dern.  eft  une  des  plus  grandes  de  la 
province  de  Kerman ,  &  toute  environnée  de  marais. 
On  trouve  proche  de -là  diverfes  pierres  à  aiguifer  des 
couteaux  ,  des  rafoirs  ,  des  canifs  &  des  lancettes  ;  il 
s'en  trouve  même  de  propres  pour  donner  le  fil  &  le 
tranchant  à  chacun  de  ces  différens  infini  mens  ,  félon 
qu'il  en  eft  befoin.  Tout  le  commerce  de  cette  ville 
confifte  en  froment  que  les  Arméniens  recueillent  en 
quantité,  n'y  ayant  qu'eux  qui  cultivent  la  terre  ;  &  il 
y  croît  peu  de  feigle.  Ils  ont  auffi  des  dattes  dont  ils  peu- 


vent faire  part  à  leurs  voifins.  La  longitude  de  cette  ville 
î  dey;  d.  30',  &  la  latitude  de  2.7  d.  30'. 
GIRENS1S  ,  fiége  épifcopal  d'Afrique  dans  la  Numi 


die  ,  félon  la  Notice  d'Afrique  ,  où  il  eft  parlé  de  Mar- 
tïalis  Girenfis.  *  Harduin.  Collect.  conc. 

GIRGÉ ,  ville  de  la  haute  Egypte ,  dont  elle  eft  la  capi- 
tale, félon  Paul  Lucas,  dans  l'on  Voyage  du  Levant,  1.  part. 
c.  10,  qui  la  meta  un  mille  du  fleuve.  Elle  a  fept  grandes 
mofquées  qui  ont  des  minarets  :  huit  grands  bazars  cou- 
verts ,  où  l'on  vend  toutes  fortes  de  marchandifes,  n'en 
font  pas  le  moindre  ornement.  On  y  compte  vingt-cinq 
mille  habitans ,  &  environ  quatorze  à  quinze  cents  Chré- 
tiens Cophtes  :  il  y  a  auffi  quelques  Juifs.  Son  principal 
négoce  eft  en  bled  ,  lentille ,  fèves ,  toiles ,  laines  & 
caize,  dont  on  tire  de  l'huile.  Les  arbres  de  ce  pays 
font  dis  palmiers  ,  lefcmp ,  qui  produit  une  graine  avec 
quoi  l'on  tanne  les  peaux  ;  le  pom  ,  qui  donne  un  fruit 
gros  comme  le  poing,  dont  le  noyau  eft  fort  dur,  mais 
fort  doux  à  manger.  Les  habitans  y  font  pauvres  ,  & 
très-mal  habillés  ;  il  n'y  a  que  les  puiffances  qui  domi- 
nent ,  qui  font  riches.  On  y  cultive  des  vignes  dont  le 
raifin  eft  mûr  dans  le  mois  d'Août,  &  refte  fur  la  vigne 
jufqu'au  mois  de  Janvier.  Quelques  Turcs  &  quelques 
Chrétiens  y  font  du  vin  paffable  ;  mais  qui  feroit  beau- 
coup meilleur ,  s'ils  le  favoient  faire.  On  fait  de  l'eau-de- 
vie  affez  bonne  du  fruit  de  palmier  ,  que  l'on  nomme 
datte.  Il  fe  tient  tous  les  vendredis  une  foire  où  l'on 
vend  particulièrement  des  toiles  &:  des  légumes.  On 
vit  en  ce  pays  à  fi  bon  marché  ,  que  pour  un  loi  de  pain, 
un  homme  en  a  affez  pour  vivre  trois  jours  ;  on  a  trois 
livres  de  viande  pour  dix -huit  deniers  ;  quarante  œufs 
pour  un  fol  ;  une  groffe  poule  ne  vaut  qu'un  fol  ;  deux 
pigeons  de  même,  &  ainfi  du  refte.  Cette  ville  étoit 
autrefois  bâtie  de  brique  ,  comme  on  le  voit  encore  par 
plufieurs  ruines  qui  reftent. 

GIRGENTI  ou  Gergenti,  ville  épifcopale  de  Si- 
cile ,  dans  la  partie  méridionale  de  la  vallée  de  Mazare. 
Elle  a  pris  fon  nom  de  la  ville  A'Agrigente  ,  des  ruines 
de  laquelle  elle  s'eft  formée ,  quoiqu'elle  ne  foit  pas  pré- 
cifément  fur  le  même  terrein.  Elle  eft  à  trois  milles  de 
la  mer,  près  de  la  rivière  de  S.  Blaife ,  fur  une  colline  , 
avec  un  château  Se  un  évêché.  On  n'y  peut  aborder  que 
par  un  feul  endroit;  ce  qui  la  rend  ferte.  Le  pays  aux 
environs  eft  fertile  en  bled,  dont  elle  fait  un  grand  com- 
merce ,  par  le  moyen  de  fon  port ,  qui  eft  à  cinq  milles 
de-là  au  couchant.  Baudrand  ,  èdit.  de  1705  ,  iemble 
croire  que  c'eft  la  même  ville  qu'Agrigente;  cependant 
elle  a  changé  de  lieu  ,  comme  il  eft  marqué  à  l'article 
8 Agrigente.  Cette  ville  de  Girgenti  eft ,  félon  cet  au- 
teur, à  cinquante-cinq  milles  de  Païenne,  à  foixante-quatre 
de  Trapani  au  levant ,  &  à  foixante  du  cap  Paffaro. 

GIRGIO  ,  ville  d'Afrique ,  dans  la  haute  Egypte  ,  fé- 
lon Baudrand.  C'eft  la  même  que  GlRGÉ.  Voyez  ce 
mot. 

GIRGIRIS  ,  montagne  de  la  Libye  intérieure ,  félon 
Ptolomée,  /.  4,  c.  6.  C'eft  la  même  que  le  mont  de 
Gyr,  {morts  Gyrï)  de  Pline.  II  dit  qu'au  tableau  porté 
dans  le  triomphe  de  Cornélius  Balbus,  on  voit  marqué 
que  cette  montagne  produifoit  des  pierres  précieufes. 

GIRGIS  ,  ville  d'Afrique ,  auprès  de  la  petite  Syrte. 
Procope  ,  de  Aidific.  I.  6 ,  c.  4 ,  ayant  parlé  de  Leptis 
&  du  paysvoifin,  dit  :  il  y  a  deux  villes  à  l'extrémité 
de  ce  pays,  defquelles  l'une  s'appelle  Tacape,  &  l'autre 
Gigeri  :  au  milieu  eft  la  petite  Syrte.  Il  y  a  bien  de  l'ap- 
parence que  c'eft  la  Gichtis  de  Ptolomée  ,   &c  la  Gitca 


Ï2I 

des  Notices  eccléfiaftiques.  Je  dis  Gigeri  avec  Çoufin  j 
mais  Ortélius  nomme  Girgis. 

GIRIBUMA,  ouGiricomea,  ou  Giringeomba, 
contrée  d'Afrique  ,  dans  l'Ethiopie.  C'eft  le  même  pays 
que  Gingirbomba  ou  Gingiro.  Voyez  GlNGIRO. 

1.  GÏRMASTI  ou  plutôt  Germaste  ,  bourg  de  la 
Turquie ,  dans  la  Natolie ,  au  pays  de  Chiangare ,  fur 
le  Sangari  ,  environ  à  huit  lieues  au-deffous  de  Peffi- 
nunte.  C'eft  la  même  chofe  que  Germa  ouGermia,  ville 
de  Bithynie  ,  rangée  dans  les  Notices  eccléfiaftiques , 
entre  les  évêchés  de  la  féconde  Galatie.  *  De  rifle, 
Atlas. 

2.  GÏRMASTI ,  petite  ville  de  Turquie  ,  dans  la  Na- 
tolie ,  fur  la  rivière  de  Chiai ,  qui  eft  le  Caïcus  ,  l'une 
des  rivières  qui  couloient  à  Pergame ,  Se  qui  toutes  en- 
femble  ont  leur  embouchure  commune  vis-à-vis  de  l'ifle 
de  Métélin.  Baudrand ,  édit.  de  1705 ,  donne  le  nom 
de  Girma/li  à  la  rivière  ;  il  la  nomme  auffi  Chiais  qu'il 
dit  très-bien  être  le  Caïcus  de  Pergame  ;  mais  au  mot 
Chiais  il  tranfporte  cette  rivière  auprès  d'Ephèse  ,  bien 
loin  de-là  ,  par  une  erreur  que  nous  réfutons  à  l'article 
Chiais. 

GIRNEGO  ou  Groengho  ,  ancien  nom  d'un  châ- 
teau maritime  de  l'Ecoffe  feptentrionale ,  dans  la  pro- 
vince de  Cathnefs,  dont  il  eft  le  principal  lieu,  au  voi- 
finagedu  bourg  deVich.  Je  remarquerai,  en  paffant,  que 
dans  la  Carte  de  cette  province  ,  le  midi  Se  le  fepten- 
trion  font  marqués  l'un  pour  l'autre  ;  ce  qui  eft  ,  fans 
doute ,  arrivé  par  la  faute  des  graveurs.  *  Atlas  de  Blaeu. 

GIROLA,  bourgade  d'Italie,  dans  le  Milanez,  dans 
la  Lauméline ,  entre  Pavie  &  Valence.  Quelques  géo- 
graphes y  cherchent  I'AcerRjE  des  anciens.  Voyez  ce 
mot. 

GIROLLE  ,  petit  bourg  d'Italie ,  au  bord  de  la  mer  ,' 
&  où  l'on  ne  voit  que  des  pêcheurs.  Il  n'eft  célèbre  qu'à 
caufe  d'un  emeifix  dont  la  beauté  va  encore  au-delà 
de  fa  réputation.  C'eft  un  ouvrage  fort  recherché,  &  fi 
touchant ,  qu'on  voit  un  très-grand  nombre  de  pèlerins 
arriver  en  ce  lieu  d'une  infinité  d'endroits.  On  en  rap- 
porte beaucoup  de  miracles  ,  &  les  marques  en  font 
attachées  de  tous  côtés. 

Cet  article  eft  de  Corneille ,  Dicl.  qui  cite  les  mé- 
moires &  plans  géographiques  ;  mais  il  ne  dit  point  en 
quelle  province  d'Italie  eft  ce  bourg. 

GIROMANI,  lieu  de  France,  dans  la  haute  Alface ,"■ 
remarquable  par  fes  mines.  Voyez  ce  mot  dans  la  lifte 
des  mines. 

GIRON,  (le)  Coulon  donne  ce  nom  à  une  petite 
rivière  de  France  dans  le  haut  Languedoc ,  qu'on  ap- 
pelle Girou.  Voyez  ce  mot. 

GIRONDA  ou  Yeronda  :  le  premier  de  ces  deux 
noms  eft  employé  par  Berthelot ,  Carte  mark,  de  la  Mé- 
diterr.  le  fécond  par  De  l'Ille  ,  Carte  de  la  Grèce.  Ils 
nomment  ainfi  un  port  de  Turquie  ,  fur  la  côte  méri- 
dionale de  la  Natolie,  dans  la  Caramanie  ,  au  couchant 
du  cap  Chélidoni. 

GIRONDE,  (la)  rivière  de  France  :  on  appelle  ainfî 
la  Garonne  au  bas  de  fon  cours,  &C  au-deffus  de  fon 
embouchure.  Voyez  GARONNE. 

GIRONE  ,  ville  épiscopale  d'Espagne  ,  dans  la  Cata- 
logne ,  en  latin  Gerunda  ;  elle  eft  ancienne.  Pline  ,  /.  3  , 
c.  3  ,  en  nomme  les  habitans  Gerundcnfes,  &  les  place 
dans  le  département  de  Tarragone.  Ptolomée  la  nomme 
auffi  Gerunda,  &  la  donne  au  peuple  Authetani.  Elle 
devint  le  fiége  d'un  évêché,  en  247,  &  S.  Narciffe  en 
fut  le  premier  évêque ,  félon  la  plus  commune  opinion, 
quoiqu'il  y  ait  des  hiftoriens  oui  établifient  l'époque  de 
fa  fondation  du  tems  des  apôtres  ;  mais  fans  aucune 
preuve.  L'abbé  de  Commanville  en  met  l'érection  vers 
l'an  500,  ce  dit  qu'en  1017,  on  voulut  démembrer  de 
fon  diocèfe  le  bourg  de  Befalu  ,  qu'on  érigea  en  évê- 
ché ;  mais  fur  l'oppofnion  des  évêques  de  Girone  ,  il 
fut  presqu'auffi-tôt  fupprimé.  Ce  qu'il  y  a  de  certain, 
c'eft  que  du  tems  de  Prudence,  elle  étoit  petite  ,  à  la  vé- 
rité ,  mais  riche  en  reliques  des  faints  martyrs  ;  elle  pos- 
fédoit  ,  entr'autres  ,  celles 'de  S.  Félix,  diacre,  dont 
l'églife  honore  la  mémoire  le  18  Mars. 

Parva  Feticis  decus  exhibebit 

Artubus  fanBis  locuples  Gerunda.  PRUDENT. 

HymnoIV,  v.  19. 

Terne  III.     Q 


GIS 


m 

Elle  eft  fituée  fur  une  colline  ,  au  bord  d'une  petite 
rivière  nommée  Onha  ,  qui  fe  jette  de-là  dans  le  Ter  ; 
Se  ces  deux  rivières ,  joignant  leurs  eaux  ,  fervent  de  fof- . 
(es  à  la  ville.  Elle  eft  médiocrement  grande,  de  figure 
triangulaire ,  ayant  une  grande  rue  qui  la  traverfe  dans 
toute  fa  longueur.  Elle  eft  affez  bien  fortifiée  :  fa  cathé- 
drale, dédiée  à  Notre-Dame,  eft  belle  Se  richement  or- 
née ;  fon  grand  autel  eft  tout  brillant  d'or  Se  de  pierre- 
ries ;  Se  l'image  de  la  fainte  Vierge  eft  d'argent  maffif. 
Son  chapitre  eft  compofé  de  huit  dignitaires,  qui  font 
l'archidiacre  mayor  ,  qu'on  appelle  archidiacre  de  Gi- 
rone ,  l'archidiacre  de  Befalu  ,  l'archidiacre  de  Silva  , 
l'archidiacre  à'Ampurias ,  l'abbé  àefaint  Filiu ,  le  doyen, 
le  facnftain,  le  chantre,  de  trente-fix  chanoines,  &  de 
foixante  Se  feize  bénéficiers.  Le  diocèse  s'étend  fur  trois 
cents  trente-neuf  paroiffes  ,  fur  douze  abbayes  ,  Se  fur 
quatre  prieurés.  Quoique  la  ville  ne  foit  pas  grande ,  le 
commerce  y  eft  floriffant.  Elle  a  toujours  été  fi  confï- 
dérée  ,  que  les  fils  aînés  des  rois  d'Aragon  prirent  le 
titre  de  cornus  ,  Se  enfuite  de  princes  de  Girone.  Elle  eft 
capitale  d'une  viguerie  de  fort  grande  étendue  ,  qui 
pafle  pour  la  partie  la  plus  fertile  de  toute  la  Catalogne , 
&  qui  comprend  plufieurs  villes ,  dont  la  plus  confidé- 
rable  eft  Ampurias.  En  1653,  le  maréchal  d'Hocquin- 
court  leva  lé  fiége  de  Girone  ,  après  foixante-dix  jours 
d'attaque.  En  1684,  le  maréchal  de  Bellefonds  fut  obligé 
d'en  faire  autant.  *  Vayrac,  Etat  préfent  de  l'Efpagne  , 

t.  I,    P.    lîO;    &  t.  !,"/>.  346. 

GIRONNE  ,  rivière  de  France  ,  en  Gafcogne ,  félon 
Corneille;  il  falloit  dire  Gimone. 

GIROST.  Le  traducteur  de  l'hiftoire  deTimur-Bec, 
l-  3,  c.  68,  nomme  ainfi  la  capitale  de  la  province  de 
Kirman.  C'eft  la  même  que  Gireft. 

GIROU ,  (le)  petite  rivière  de  France ,  dans  le  haut 
Languedoc  ;  elle  a  fa  fource  à  Péchaudiere,  près  dePui- 
laurens ,  Se  fe  jette  dans  le  Lers. 

GIRPA,  ville  d'Afrique.  Ce  nom  fe  trouve  dans  le 
concile  de  Carthage  ,  tenu  fous  S.  Cyprien.  Ortélius 
Thefaur.  croit  que  ce  doit  être  GiBRA. 

GIRREADEGEN  ,  ville  de  Perfe  ,  félon  Tavernier, 
/.  3  ,  c.  dern.  Le  vulgaire  la  nomme  Paygon.  Elle  eft 
fituée  à 75  d.  35'  de  longitude,  Se  à  34 d.  15'  de  lati- 
tude. Il  y  a  quantité  de  bons  fruits  en  ce  lieu-là. 

GIRVIC  ,  village  d'Angleterre  ,  dans  le  Northum- 
berland ,  fur  la  rivière  de  Tine.  On  croit  que  c'eft  le 
lieu  où  l'on  a  bâti  depuis  la  ville  de  Newcaftel.  Il  eft 
nommé  Girviorum  regio  ,  dans  l'Hiftoire  eccléfiaftique 
de  Bede,  /.  4,  c.  6  &  19.  Ce  lieu  étoit  fa  patrie;  il  y 
naquit  vers  l'an  671,  Se  mourut  le  26  Mai  73  5,  après 
avoir  été  l'ornement  de  l'Angleterre  Se  de  l'ordre  de 
S.  Benoît,  dont  il  fut  abbé. 

GIRU-MARCELLI,  ville épifcopale  d'Afrique,  dans 
la  Numidie ,  félon  la  Notice  d'Afrique  ,  où  on  trouve 
Frucluofus  de  Giru-Marcdli.  *  Harduin.  Colleft.  eonc. 

GIRU-MONTENSIS ,  fiége  épiscopal  d'Afrique ,  dans 
la  Mauritanie  Céiarienfe.  On  trouve  dans  la  Notice  ecclé- 
fiaftique ,  n.  9 ,  entre  les  évêques  de  cette  province  Repa- 
ratus  Giru-Montenfis. 

GIRU-TARASI ,  ville  épiscopale  d'Afrique ,  dans  la 
Numidie.  La  Notice  épiscopale  d'Afrique  ,  n.  izi  ,  met 
entre  les  évêques  de  cette  province  Félicien  de  GlRU- 
Tarasi. 

GISARA  ou  Bisarchium  ,  noms  latins  de  Bifar- 
chio  ,  village  de  Tille  de  Sardaigne.  C'étoit  autrefois 
une  ville  nommée  Brefurgia ,  dans  le  cap  de  Lugodori. 
Son  évêché  ,  qui  étoit  fuffragant  de  Torré ,  a  été  uni  à 
celui  d'Algheri.*  Commanville,  Lifte  des  archevêchés. 

GISARDI-MONS,  montagne  d'Egypte ,  près  du  lac 
Sirbon-,  félon  Guillaume  de  Tir,  cité  par  Ortélius. 

^  GISBORN  ,  bourg  d'Angleterre  ,  dans  le  comté 
d'Yorck.  On  y  tient  marché  public.  *  Etat  préfent  de  là 
G.  Bretagne ,  t.  I . 

GISBOROUGH,  ou  GlSBURG,  autre  bourg  d'An- 
gleterre ,  dans  la  même  province  ,  au  nord ,  fur  une 
petite  rivière  qui  fe  jette  .affez  près  de-là  dans  la  mer. 
*  Allard.   Atlas. 

GISCALA  ,  félon  D.  Calmet ,  DIB.  ou  GiSCHALA , 
ville  ancienne  de  la  Paleftine  ,  dans  la  Galilée.  Jofeph 
en  parle  fouvent  dans  fes  Livres  de  la  guerre  clés  Juifs , 
l.  4 ,  c.  4.  :  il  dit  c.  I ,  qu'il  l'a  fit  fortifier  ,  &  que  ceux 
de  Gabares ,  de  Gabarages  Se  de  Tyr  la  prirent  de  force. 


GIS 


Reland,  Palafl.  1.  3  ,  p.  813,  croit  que  c'eft  la  même 
dont  il  eft  parlé  dans  les  Livres  des  Juifs  fous  le  nom 
de  Gufck-Caleb ,  Se  qui  eft  placée  entre  Morom  Se  Ca- 
pharanan. 

GISCHIN.  Voyez  Gitschin. 

GISCONZA,  village  d'Efpagne  ,  en  Andaloufie,  fur 
la  Guadalette ,  entre  Xeres  de  la  Frontera  Se  Arcos.  On 
croit  qu'il  tient  la  place  de  l'ancienne  Sàgontïa.  Voyez 
ce  mot.  *  Baudrand ,  éd.  de  1705. 

GISE,  village  d'Egypte,  proche  du  Boulac.  Il  y  a  un 
évêché  Cophte.  *  Commanville  ,  Lifte  des  archevê- 
chés. 

GISIPENSIS ,  fiége  épiscopal  d'Afrique  ,  dans  la  pro- 
vince proconfulaire.  Ce  nom  eft  écrit  Giripenjis  dans 
la  Notice  épiscopale  d'Afrique, n.  24,  où  l'on  lit  Charis- 
fimus  Giripenjis;  mais  dans  la  conférence  de  Carthage, 
p.  272. ,  éd.  AtDupin ,  on  YitJanuarius  episcopus  ecclèjîœ 
Gifipenfis^  majoris.  A.u  concile  de  Carthage ,  tenu  fous 
Bonifacel'ari  5  25,  on  trouve  Redemptus  Gifipenfis;  Se 
Mellofe,  évêque  du  même  fiége,  fouferivit  à  la  lettre  des 
évêques  de  la  province  proconfulaire  au  concile  de  La- 
tran,fous  le  pape  Martin. 

Ce  mot  majoris  feroit  foupçonner  qu'il  y  avoit  deux 
fiéges  de  même  nom  ,  Se  qu'on  les  diftinguoit  par  le 
furnom  de  grand  ou  de  petit  ;  mais  je  n'ai  trouvé  aucune 
trace  de  Gifipenfis  minor. 

GISIRA,  ville  de  l'Afrique  propre,  félon  Ptolomée, 
/.  4,c.  3.  Elle  étoit  voifine  d'Adrumete. 
5  GISLENGHIEN ,  Gislegemium,  abbaye  defilles  de 
l'ordre  de  S.  Benoît ,  dans  le  Haynaut ,  au  diocèfe  de 
Cambray  ,  entre  Enguien  au  levant,  &  Ath  au  couchant  : 
elle  fut  fondée ,  l'an  1 126  ,  par  Ide  veuve  du  feigneur  de 
Chiévres  :  on  n'y  reçoit  que  des  filles  qui  font  preuve  de 
nobleffe. 

GISM A ,  ville  d'Afie ,  dans  la  grande  Arménie ,  félon 
Ptolomée,  /.   5  ,  c.  13. 

GISORS ,  ville  de  France  ,  en  Normandie  ,  dans  le 
Véxin  Normand  ,  dont  elle  eft  la  principale ,  dans  un 
bailliage  auquel  elle  donne  fon  nom.  Elle  doit  fon  ori- 
gine à  un  château  que  fit  bâtir  Guillaume  le  roux,  Roi 
d'Angleterre,  Se  duc  de  Normandie,  l'an  1097,  comme 
l'aflure  Orderic  Vital ,  au  dixième  Livre  de  fes  hiftoires, 
où  il  nomme  cette  place  Gifors ,  Se  au  génitif  Gifortis.  Les 
écrivains  qui  font  venus  après  ,  l'ont  nommé  Gifortium. 
D  autres  pour  lui  donner  une  origine  ancienne,  l'ont  appel- 
lée  Cœfortium ,  ou  même  Cafarotium,  pour  Cœfaris olium, 
comme  fi  Céfar  y  eût  fait  quelque  féjour.  Le  bailliage  de  Gi- 
fors eft  un  des  fept  grands  bailliages  de  Normandie ,  qui  ont 
chacun  leur  coutume  particulière ,  outre  la  générale.  Il  y 
a  quatre  fiéges  royaux  dans  ce  bailliage.  Celui  d'Andely 
eft  le  premier  ,  où  eft  lé  préfidial.  Les  trois  autres  font 
ceux  de  Gifors  ,  de  Lions , .  Se  de  Vernon-fur-Seine.  La 
ville  de  Gifors  a  eu  anciennement  titre  de  comté  :  elle 
eft  fituée  fur  la  rivière  d'Epte ,  cinq  lieues  au-deffous  de 
Gournay  en  Bray  ,  trois  au-deflus  de  Saint-Clair  , 
Se  environ  à  pareille  diftance  d'Eftrepagny  Se  de  Chau- 
mont.  Elle  a  trois  portes  ,  trois  fauxbourgs  ,  trois  cou- 
vents de  religieux ,  quatre  de  religieufes  ,  Se  une  feule 
paroiffe  dédiée  à  S.  Gervais  SeS.Prptais.  Cette  églife,  bâtie 
en  croix,  eft  grande  ,  belle  ,  large  ,  très-dégagée  dans 
fon  deflein  :  elle  a  quarante-deux  piliers ,  fans  y  com- 
prendre ceux  qui  féparent  les  chapelles.  La  nef  eft  plus 
belle  que  le  chœur  :  fa  voûte  faite  de  pierre  choifie,  eft 
fort  élevée ,  Se  d'une  belle  ordonnance.  Un  rang  de 
chapelles  régne  tout  à  l'entour  ,  avec  un  double  corri- 
dor bien  voûté.  Les  fept  piliers  qui  féparent  le  double 
corridor  font  tous  de  divers  defleins  ,  travaillés  fort 
proprement;  mais  on  en  diftingue  principalement  un  gros 
de  figure  carrée ,  qui  eft  fous  une  tour  avec  un  corps 
d'architeffure  Se  de  (culture  à  quatre  faces  devant  une 
chapelle  voûtée  en  dôme.  Les  figures  qui  repréfentent 
dans  cette  chapelle  la  généalogie  de  Notre-Seigneur  , 
font  un  affez  grand  travail.  Celle  des  autres  chapelles  Se 
leurs  bas-reliefs  font  auffi  fort  remarquables  : .  il  y  a  fept 
chapelles  de  chaque  côté  de  la  nef  ,  fans  comp- 
ter celles  que  l'on  trouve  autour  du  chœur.  On 
eftime  fortune  grande  vitre  de  cryftal  ,  qui  eft  fous  la 
voûte  du  corridor ,  près  du  fépulcre  de  Notre-Seigneur, 
Se  fur  laquelle  font  peints  tous  les  myfteres  de  la  fainte 
Vierge.  Les  chaires  du  chœur ,  tant  au  dedans  qu'au 
dehors  de  la  grande  baluftrade ,  font  d'un  deflein  affez 


GIT 


GIU 


lîngulier.  Les  curieux  regardent  suffi  avec  plaifir  la  tri- 
bune qui  porte  l'orgue  ;  le  portail  qui  eft  au  croifillon 
du  côté  dunord;  la  belle  tcuréievéefur  la  gauche  du  grand 
portail ,  &  où  il  y  a  de  fort  bonnes  cloches  ;  6k  le  commen- 
cement de  la  magnifique  tour,  demeurée  imparfaite  ,  fur 
la  gauche  du  même  portail.  Ils  admirent  la  délicateffe  du 
travail  fait  fur  le  pilier  qui  fépare  les  deux  côtés  de  la 
grande  porte ,  où  chaque  pierre  paroit  un  corps  d'ou- 
vrage d'architecture  &  de  fculture  en  petits  perfonnagas  , 
en  manière  de  chàiTe  à  reliques.  On  attribue  plufieurs  de 
ces  beaux  ouvrages  au  fameuxJean  Goujon.  Entre  îestrore 
couvens  de  religieux ,  qui  font  à  Gifors ,  il  y  en  a  un  de 
Récollets  :  celui  des  religieux  de  la  Trinité  dits  Mathu- 
rins,  eft  hors  de  la  ville.  11  y  a  auffi  des  religieufes  de 
l'Annonciade ,  gouvernées  par  des  Cordeliers  ;  des  Béné- 
dictines ,  des  Ùrfulines ,  6k  des  Carmélites ,  L'églife  de 
ces  dernières  eft  bâtie  à  la  moderne;  mais  petite  èk  enri- 
chie d'architecture  6k  de  fculture.  Le  grand  "autel  en 
eft  beau,  6k  allez  richement  orné  :  le  fijnt  Sacrement  y 
eft  fuspendu  dans  un  ciboire  d'or  ducat ,  fous  une 
«ftode  d'argent  doré ,  avec  des  pendans  maiïifs  du  même 
métal  auffi  doré.* '  Longuerut ,  Description  de  la  France, 
i .  pure.  72 1  ,  Corn,  Dict.  Mémoires  dreffés  fur  les  lieux 
en  1704. 

Gifors  eft  entre  Paris  6k  Rouen  ,  à  quatorze  lieues  ou 
environ  de  l'une  6k  de  l'autre.  Il  y  a  un  gouverneur  , 
un  lieutenant  de  police  ,  un  maire  ,  trois  échevins ,  une 
maifon  6k  horloge  de  ville  ,  un  Hôtel-Dieu  pour  les 
malades  ,  un  hôpital  6k  un  collège.  Il  y  auffi  un  châ- 
teau ,  un  grand  bailliage  royal ,  qui  reffortit  au  préfidial 
d'Andely ,  une  prévôté  des  maréchaux  de  France ,  une 
vicomte  ,  un  grenier  à  iel ,  &  une  élection  qui  com- 
prend cinquante-deux  paroiflfes.  Cette  ville  eft  bien  peu- 
plée, bien  pavée  ,  6k  féparée  en  deux  par  l'Epie,  qui 
lave  une  partie  de  fes  murailles  ,  6k  remplit  une  partie 
de  fes  foflés,  groffie  des  eaux  d'une  petite  rivière  qui  a 
fa  fource  au-defîus  de  Chaumont  en  Vexin.  Ses  envi- 
rons font  de  vaftes  campagnes  de  terres  très-fertiles  en 
bons  bleds.  Gifors  eft  un  duché-pairie  érigé  en  1742, 
fous  le  nom  de  Gifors-Bellijle  en  faveur  de  Charles- 
Louis-  Augufte  Maréchal  de  Beliifle.  Aujourd'hui  il  ap- 
partient au  roi. 

GISSA ,  ifle  de  la  mer  Adriatiq  ,  uefelon  Pline  ,  I.  3  , 
c.  21  ;  on  la  nomme  préfentement  l'ifle  de  Pago. 
.Voyez  ce  mot. 

GISSEN.  Voyez  Giessen. 
GISSORIACUM.  Voyez  Gessoriacum. 
GISTAM ,  bourg  d'Elpagne  ,  dans  l'Aragon  ,  entre 
les  Pyrénées  ,  aux  confins  de  l'Armagnac.  11  donne  le 
nom  à  une  valée  où  coule  un  ruifîeau  qui  tombe  dans , 
la  Cinca  ,  encore  voifine  de  fa  fource.  *  Jaïllot ,  Carte 
de  l'Espagne. 

GITA.  Voyez  Gitti. 

GITANTE ,  bourg  de  l'Epire  ,  à  dix  milles  de  la  mer , 
fclon  Tite-Live  ,  /.  42 ,  , 

G1THIHA.  Voyez  Gitta. 

GITLUI,  ville  d'Afrique,  dans  la  Mauritanie  Céfa- 
rienfe  ,  félon  Ptolomée.  Quelques  exemplaires  portent 
Giglua.  C'eft  le  même  lieu  que  Gilva  d'Antonin  ;  6k 
comme  c'étoit  le  fiége  d'un  évêché  ,  l'évêque 
étoit  furnommé  Gilbtnjis.  Voyez  GlLUA  6k  GlL- 
EENSIS. 

GITSCHIN  ,  Gutfchin  ,  Gytfchin  ,  Gacçin  ,  Gifchin  , 
perite  ville  de  Bohême,  fur  le  Gzidlina,  auprès  de  Sta- 
rehrady  ou  Altembourg.  On  trouve  dans  l'hiftoire  des 
Huffites ,  que ,  Tan  1442,  elle  fut  faccagée  par  les  Bohé- 
miens, comme  un  repaire  de  brigands .:  elle  fut  pourtant 
rétablie  enfuite  ,  6k  fouffrit  beaucoup  durant  la  longue 
guerre  des  Suédois,  en  Allemagne.  *  Zeyler,  Bohem. 
Topogr.  p.  29.  Elle  eft  àpréfent  affez belle  ;  les  Jéfuites  y 
ont  un  collège  avec  un  ïeminaire. 

1.  GITTA  ,  ancienne  ville  de  la  Paleftine  ,  félon 
Etienne  le  Géographe.  S.  Clément  pape,  dit  que  c'étoit 
un  village  du  pays  de  Samarie ,  à  fix  fcheenes  de  cette 
ville.  Zonare  dit  après  S.  Juftin ,  que  c'étoit  la  patrie 
de  Simon  le  Magicien  ;  mais  cet  auteur  la  nomme  Git- 
thon.  Jofeph  l'appelle  Ghhcha  Pline,/.  5  .  c.  19,  fait 
■  mention  d'une  ville  qu'il  nomme  Geti 
mande  fi  ce  ne  feroit  pas  la  Gitta  d'Etienne.  . 

in  Exçerpt.  fait  mention  de  cette  Gitta  de  Paleflmg. 


123 

2.  GITTA,  ou 

GITTI ,  municipe  d'Afrique  ,  dans  la  province  Tri- 
politame.  Antonin  le  met  entre  Agma  ou  Fulgurïta. 
villa  6k  Pontt?inta,  à  vingt-cinq  mille  pas  de  la  première , 
6k  à  ^  trente-cinq  mille  de  la  féconde.  Je  crois  que  ce 
lieu  étoit  le  fiége  épiscopal  appelle  Gitttnfis  dans  la  con- 
férence de  Carthage ,  où  Catulin  eft  nommé  episcopus 
plebis  GlTTENSIS. 

GITTENSIS.  Voyez  l'article  précédent. 

GIfZER  ou  Jezer.  Voyez  Gizera. 

GIVA,  petite  ville  de  l'Afie  mineure,  dans  le  Men- 
téféli,  fur  le  golfe  de  Macra  :  on  croit  que  c'eft  laZyiœ 
de  Ptolomée.  Voyez  ce  mot. 

GIVAUAH.  Corneille ,  Dict.  en  fait  une  ville  d'Afie, 
dans  la  province  de  Berbera,  6k  cite  la  Bibliothèque  de 
D'Herbelot,  qui  ne  dit  rien  de  pareil.  Le  pays  de  Ber- 
bera eft  en  Afrique.  Voyez  Gioneh. 

GIVAUDAN.  Voyez  Gevaudan. 

GIUBBA  ,  (le  détroit  de)  petit  détroit  de  la 
mer  Adriatique ,  entre  la  côte  de  Dalmatie  6k  l'ifle  de 
Pago,  félon  Lucius  cité  par  Corneille. 

GIUBELHADID,  c'eft -à- dire  montagne  de  Fer , 
félon  Marmol  ,  /. } ,  c.  19 ,  p.  27 ,  montagne  d'Afrique, 
au  royaume  de  Maroc.  Elle  commence  à  l'Océan ,  du 
côté  du  nord  ,  s'étend  vers  le  midi  le  long  du  Tanfift, 
fépare  cette  province  de  celle  de  Duquela  ,  enfuite  de 
celle  de  Maroc.  Quoiqu'elle  foit  de  la  province  de  Héa, 
elle  ne  fait  pas  pourtant  partie  du  mont  Atlas  ,  6k  eft 
peuplée  d'une  ancienne  race  d'Africains ,  de  la  tribu  de 
Muçamoda ,  nommée  Recrée.  Il  y  a  par-tout  beaucoup 
de  fontaines  6k  de  bocages  épais  d'arbres  fruitiers.  Le 
trafic  eft  de  miel,  de  cire,  de  l'huile  d'Erquen  6k quel- 
ques chèvres.  On  y  recueille  peu  de  bled  ;  mais  on  n'en 
manque  pas ,  à  caufe  du  voifinage  de  Duquela  qui  en 
abonde.  Ce  font  des  gens  pauvres  ,  fort  religieux  :  il  y 
a  parmi  eux  quantité  d'Hermites  ,  qui  fe  retirent  dans 
les  roches  les  plus  affreuiès ,  où  ils  vivent ,  d'herbes  6k 
de  fruits  champêtres.  Le  peuple  y  eft  fort  civil  6k  facile 
à  croire  ce  qu'on  lui  dit  ,  pourvu  qu'on  le  paye  de  rai- 
fon.  Marmol  dit  qu'y  étant,  l'an  1^42,  6k  leur  patiant 
de  religion  ,  il  leur  fit  une  peinture  de  l'abftinence  6k 
des  mortifications  de  S.  François  ;  ce  qui  les  toucha  au 
point  qu'on  ne  pouvoit ,  fans  crime,  malparler  de  ce 
grand  faint,  en  préfence  des  Alfaquis  ou  religieux.  En 
un  mot,  ils  font  fort  dociles.  Ils  font  plus  de  douze  mille 
combattans  ;  ce  qui  n'empêche  pas  qu'ils  n'ayent  payé 
en  même  tems  tribut  aux  rois  de  Fez ,  de  Maroc ,  6k 
quelquefois  même  au  roi  de  Portugal ,  pour  fe  garantir 
des  Arabes  fujets  de  la  couronne  de  Portugal  ;  mais  à 
préfent  que  les  royaumes  de  Fez  6k  de  Maroc  font  fous 
un  même  fouverain  ,  6k  que  le  Portugal  n'a  plus  rien. 
à  commander  à  ces  Arabes  ,  ces  peuples  ne  font  plus 
obligés  à  ces  tributs. 

GIUBELEYN,  montagne  d'Afrique,  au  royaume  de 
Fez.  C'eft,  dit  Marmol,  t.  2,  £4,  c.  130,/'.  314,  une 
partie  des  montagnes  de  Tezar,  qui  eft  fort  haute  6k  fort 
froide  ,  6k  contient  vingt  lieues  de  long  ,  fur  cinq  de 
large.  Elle  eft  à  dix-huit  lieues  de  la  ville  de  Tezar,  du 
côté  du  midi  ,  6k  a  au  levant  les  montagnes  de  Du- 
budu,  6k  au  couchant  celles  de  Jagaza.  La  cime  de 
ces  montagnes  eft  couverte  de  neiges  toute  l'année. 
Elle  étoit  autrefois  habitée  par  un  peuple  riche  6k  bel- 
liqueux, qui  fe  maintenoit  en  liberté;  mais  fes  brigan- 
dages 6k  fes  tyrannies  lui  attirèrent  la  haine  de  fes  voifins , 
qui  s'étant  joints  enfemble,  entrèrent  par  force  dans  ces 
montagnes ,  6k  mirent  tout  à  feu  6k  à  fang ,  fans  qu'el- 
les fe  (oient  jamais  repeuplées.  Il  n'eft  demeuré  qu'une 
petite  habitation  au  fommet  parmi  les  neiges  ,  laquelle 
n'avoit  point  eu  de  part  à  leurs  voleries.  On  leur  par- 
donna donc ,  parce  qu'ils  vivoient  comme  des  Alfaquis 
ou  religieux  ;  6k  ceux  qui  y  reftent ,  vivent  encore  fort 
bien,  fans  faire  tort  à  perfonne  :  chacun  les  refpefte; 
6k  même  le  roi  de  Fez  les  favorife ,  parce  qu'il  en  fort 
des  dofleurs  très- habiles. 

GIUDDAH.  Voyez  Gioddah. 

GIUDECA,  ifle  d'Italie  ,  dans  l'état  de  Venife,  au- 
près de  la  capitale  ,  dont  elle  n'eft  féparée  que  par  un  ca- 
nal. De  faint  Disdier  dans  la  Defcription  de  Venife,/».  IÇ, 
la  nomme  la  ZUEOUE  ,  6k  dit  qu'elle  tait  une  partie 
de  Venife  ,  quoiqu'elle  en  foit  entièrement  détachée  : 
Tome  III.     Q  ij 


GIV 


124 

il  femble  que  ce  foit  une  grande  demi-lune  ,  &  une 
eontre-garde  qui  couvre  plus  de  la  moitié  de  la  ville , 
du  côté  du  midi  ;  s'étend  depuis  l'endroit  qui  fait  face  à 
la  place  de  S.  Marc  ,  jusqu'à  l'extrémité  occidentale  , 
laiffant  un  "canal  qui  l'en  fépare  de  plus  de  trois  cents  pas 
de  large.  Cette  ifle  étoit  autrefois  habitée  par  les  Juifs 
qui  lui  donnèrent  le  nom  de  Jtjdeque,  (Giudtca,)  Si  en- 
fùitepar  corruption,  celui  de  Zueque.Elle  eft d'une  largeur 
égale  par-tout ,  d'environ  trois  cents  pas  ;  Si  du  côté  de 
la  ville,  elle  a  un  quai  fort  fpacieux,  qui  eft  bordé  de  plu- 
fieurs églifes  magnifiques ,  Sr.  de  quantité  de  très-belles 
maifons  qui  ont  des  jardins  fur  le  derrière  ,  qui  s'éten- 
dent jusqu'aux  Lagunes.  Comme  cette  ifle  eft  coupée 
par  fept  ou  huit  canaux  qui  la  traverfent ,  il  y  a  autant 
de  grands  ponts  qui  en  continuent  le  quai ,  dont  l'afpect 
eft  auffi  beau  que  celui  de  la  Zueque  l'eft  du  côté  de 
la  ville  ;  &  fi  le  moindre  vent  n'empêchoit  les  gon- 
doles de  traverfer  à  toute  heure  en  fureté  fon  grand  ca- 
nal ,  la  Zueque  feroit ,  fans  doute ,  le  plus  agréable  fé- 
jour  de  Venife.  Son  circuit  ,  qui  eft  de  deux  milles , 
eft  remplie  de  plufieurs  maifons  de  plaifance  ,  accom- 
pagnées de  jardins  délicieux  :  il  y  a  douze  ou  quatorze 
églifes.  Dans  celle  de  S.  Catalde  eft  le  corps  tout  en- 
tier de  fainte  Julienne  de  Padoue ,  décédée  en  izi6. 
Celle  du  Rédempteur ,  dont  le  portail  eft  beau ,  Si  qui 
eft  deffervie  par  les  Capucins  ,  fut  bâtie  par  l'ordre  du 
fénat,  l'an  1576.  Sur  la  porte  font  ces  paroles  : 

Christo  Redemptori, 
clvitate  gravi  pestilentia  liberata , 
senatus  ex  voto. 

La  ftru&ure  en  eft  agréable  ,  &  elle  eft  bien  propor- 
tionnée dans  fa  hauteur  ,  fa  longueur  Si  fa  largeur.  Sur 
le  maître-autel  il  y  a  un  grand  crucifix  en  bronze  ,  Si 
les  ftatues  de  S.  François  Si  de  S.  Marc  ,  qui  font  à  les 
côtés.  Les  chapelles  en  font  d'un  beau  marbre,  ornées 
de  peintures  très-exquifes.  L'Afcenfiori ,  la  Nativité  St 
l'Affomption ,  font  trois  chefs-d'eeuvres  du  Baffan  ,  de 
même  que  la  Flagellation  de  notre  Seigneur ,  qui  eft  dans 
la  facriftie  ;  mais  la  Vierge  qui  tient  le  petit  Jefus  ,  eft 
du  Titien.  On  en  voit  une  autre  de  Cartlelin ,  dans  une 
chapelle  auprès  de  l'églife,  Si  deux  petits  enfans  aux  deux 
côtés  jouent  des  inftrumens.  Dans  l'églife  de  S.  Jacques, 
occupée  par  les  Servîtes ,  il  y  a  un  crucifix  miraculeux; 
&  derrière  le  maître-autel,  on  admire  les  belles  eolom- 
nes  &  une  Affomption  très- bien  faite.  *  Journal  d'un 
voyage  de  France  &  d'Italie ,  p.  841. 

GIVET,  petit  ville  de  France,  aux  Pays-bas.  C'étoit 
autrefois  deux  petits  villages  du  comté  de  Namur,  aux 
deux  côtés  de  la  Meufe ,  auprès  de  Charlemont.  On  en 
a  fait ,  depuis  un  demi-  fiécle  ,  deux  petites  villes  fépa- 
rées  l'une  de  l'autre  par  la  Meufe.  Celle  qui  eft  fous 
Charlemont,  s'appelle  Givet-Saint-Hilaire  ;  Si  l'autre  qui 
eft  au-delà  delà  rivière,  s'appelle  Givtt-Notre-Dame. 
On  y  a  conftruit  de  beaux  bâtimens  ,  des  rues  droites , 
larges  &  bien  percées  ,  &  tout  ce  qui  fait  aujourd'hui 
rembelliffement  de  nos  villes  :  c'eft  un  ouvrage  du  ma- 
réchal de  Vauban.  *  Dictionnaire  géographique  des  Pays- 
bas.  Piganiol  Je  la  Force  ,  Defcr.  de  la  France  ,  t.  j , 
p.  363  ,  édit.  de  Paris. 

L'empereur  Charles  V,  ayant  obtenu  de  George  d'Au- 
triche ,  bâtard  de  l'empereur  Maximilien  I ,  alors  évê- 
que  de  Liège  ,  la  terre  d'Agimont,  fous  promeffe  d'un 
équivalent ,  qu'il  ne  lui  a  jamais  donné ,  en  prit  poffef- 
fton,  en  1555,  Si  fit  bâtir  dans  cette  terre,  au-deffus 
du  bourg  de  Givet ,  une  fortereffe  ,  qu'il  nomma  ,  de 
fon  nom ,  Charlemont.  On  établit  une  cour  de  juftice  à 
Givet ,  qu'on  nommoit  la  cour  d 'Agbnont ;  Si  cela  fub- 
fifta  jusqu'en  1680,  que  la  place  de  Charlemont  fut  re- 
mife  à  Louis  le  Grand  ,  en  exécution  de  la  paix  de 
Nimegue.  Il  y  eut  enfuite  de  grands  différends  entre  les 
François  Si  les  Efpagnols  ,  pour  les  dépendances  de 
Charlemont  ,  qui  furent  enfin  réglées  par  le  traité  de 
Lille,  conclu  en  1699,  par  lequel  les  deux  Givetsdeçk 
Si  de-là  la  Meufe  ,  ci  tous  les  villages  qui  font  au  midi 
du  ruiffeau  d'Erméton  ,  furent  cédés  à  la  France  ,  avec 
les  villages  de  Pvanffene,  Vireu-le-Valeran ,  Hebbes  & 
Hargnies  ,  qui  font  au-delà  de  la  Meufe.  Les  François 
ont  fait  fortifier  les  deux  Givets  ,  qui  font  fous  Charle- 


GIV 


mont ,  comme  on  va  le  voir  par  la  defcripfiôn  ,  au  lieu 
qu'ils  étoient  tous  ouverts  auparavant.  A  l'égard  de  l'an- 
cien château  d'Agimont ,  les  François  ayant  obligé , 
l'an  1680,  les  Efpagnols  à  en  fortir  ,  ils  le  ruinèrent. 
* Longuerue ,  Defcript.  de  la  France,  z. part.  p.  133. 
_  Givet-saint-Hilaire  confifte  en  un  petit  canton 
de  maifons  mal  bâties ,  qui  ont  tout  l'air  d'un  village 
antique  ,  Si  en  plufieurs  rues  neuves  qui  occupent  un 
terrein  cinq  ou  fix  fois  plus  grand  que  ce  village  ;  on  y 
remarque,  entr'autres ,  la  place  qui  eft  des  plus  grandes  & 
des  plus  régulières.  Elle  a  été  taillée  en  plein  drap  ,  s'il 
eft  permis  de  parler  ainfi  ;  &  il  falloit  bien  employer 
le  terrein  vague  qui  étoit  entre  Givet  Si  Charlemont. 
L'ancienne  place  publique  eft  affez  belle  Si  affez  régu- 
lière ;  mais  on.  doit  remarquer  par-deffus  toutes  chofes 
des  cazernes  qui  font  des  plus  beaux  édifices  ,  Si  de 
grands  corps  de  bâtimens  qui  font  très-confidérables. 
On.  entre  dans  Givet  par  deux  feules  portes  ;  l'une  vient 
de  Bouvines  ;  Tautre  répond  au  pont  de  bois  nouvelle- 
ment conftruit ,  &  qui  fert  de  communication  à  l'autre 
Givet.  L'enceinte  eft  compofée  de  cinq  grands  baftions, 
trois  desquels  font  chargés  de  cavaliers.  Trois  des  cour- 
tines de  la  place  font  couvertes  par  des  tenaillons.  Dans 
le  fofle ,  qui  eft  fec  &:  taillé  dans  le  roc ,  font  placées 
fix  grandes  demi-lunes  à  flanc.  Celle  qui  couvre  la  porte, 
eft  retranchée  d'un  réduit  ,  ou  petite  demi -lune  envi- 
ronnée d'un  petit  foffé.  La  demi-lune  fuivante  eft  cou- 
verte d'un  grand  ouvrage  à  corne ,  dont  le  front  eft  cou- 
vert d'une  demi-lune.  Tous  ces  ouvrages  font  entourés; 
à  l'ordinaire ,  d'un  foffé ,  d'un  chemin  couvert  avec  fes 
traveriës  &  place  d'armes  ,  Si  d'un  glacis  :  l'enceinte  ; 
qui  eft  fur  la  rivière,  n'eft  qu'une  {impie  muraille;  mais 
bonne  Si  folide ,  Si  dont  le  pied  eft  dans  l'eau  ,  accom- 
pagnée de  quelques  petits  baftions  dont  les  flancs  font 
tïès-petits ,  des  plus  camus  ,  en  un  mot ,  de  la  nature  de 
ceux  que  nos  ingénieurs  appellent  des  moineaux.  Le  long 
de  la  muraille ,  en  dedans  ,  au  pied  du  rocher  fur  lequel 
eft  bâti  Charlemont ,  eft  un  grand ,  beau  Si  magnifique 
corps  de  cazernes ,  qui  confifte  en  trois  gros  pavillons. 

De  ce  côté  de  la  Meufe  ,  il  y  a  fur  une  hauteur  une 
redoute  qui  pourroit  en  un  befoin  commander  la  ville. 
C'eft  un  ouvrage  remarquable  :  fa  figure  eft  oftogone  , 
Si  percée  de  deux  ou  trois  étages  d'embrafures  :  il  eft: 
entouré  d'un  petit  foffé  fec. 

Givet-Notre-Dame  a  deux  enceintes  qui  forment 
deux  manières  de  villes ,  haute  ci  baffe.  La  partie  haute 
eft  un  terrein  vague  que  l'on  a  enfermé  feulement  pour 
s'emparer  des  hauteurs.  L'enceinte ,  qui  eft  d'une  forme 
très-irréguliere  ,  confifte  en  quatre  grands  baftions ,  affu- 
jettis  à  l'irrégularité  du  terrein.'  L'efpace  qui  eft  entre 
chacun  de  ces  baftions  ,  eft  formé  par  quelques  angles 
rentrans  ci  faillans.  L'enceinte  qui  fépare  la  hauteur 
d'avec  la  baffe  ville  ,  eft  auflî  compofée  de  plufieurs 
angles  faillans  &  rentrans,  avec  quelques  tours. Le-côté 
de  la  rivière  n'a  pour  défenfe  qu'un  rocher  efearpé  Se 
inacceffible.  Il  y  a  auflî  fur  le  bord  de  la  rivière ,  à  l'en- 
droit où  tombe  une  ravine  qui  vient  du  rocher  ,  une  re- 
doute carrée,  d'une  bonne  conftru&ion,  revêtue  en  dedans 
■  Si  -en  dehors.  A  un  de  fes  angles  ,  eft  une  guérite  carrée 
qui  donne  fur  cette  rivière.  La  partie  de  l'enceinte  où 
l'on  a  pu  pratiquer  un  foflé ,  eft  couverte  de  deux  demi- 
lunes  ,  l'une  defquelles  eft  contre-gardée  ,  le  tout  acom- 
pagné  à  l'ordinaire  de  fon  chemin  couvert  avec  fes  tra- 
verfes  ,  places  d'armes  Si  glacis.  La  partie  qui  s'étend 
depuis  la  rivière  jufqu'à  la  ravine  ,  a  feulement  un  petit 
fofle  taillé  dans  le  roc.  La  ville  baffe  eft  féparée  en  deux 
par  une  petite  rwiere.  Ces  deux  parties  font  l'ancienne  Se 
les  acroiffemens  :  l'ancienne  n'eft  proprement  qu'une  rue 
affez  large  ;  les  acroiffemens ,  au  contraire ,  font  confidé- 
rables.  On  y  voit  des  rues  régulières.  Celle  qui  vient  du 
pont ,  eft  des  plus  larges ,  des  plus  droites ,  Si  des  mieux 
percées.  La  place  d'armes  eft  affez  grande ,  Si  eft  fituée 
fur  le  bord  de  la  petite  rivière  ,  Si  non  pas  au  milieu 
de  la  ville  ,  comme  prefque  dans  toutes  les  villes  nou- 
velles. On  y  entre  par  trois  différentes  portes.  L'enceinte 
confifte  en  cinq  baftions  ,  dont  trois  font  chargés,  de 
cavaliers.  Le  foffé  eft  petit ,  mais  plein  d'eau.  Une  petite 
demi-lune  couvre  une  des  portes  ,  Si  au-delà  eft  une 
grande  nappe  d'eau.  Le  canal  de  la  petite  rivière  a  été 
élargi  Si  revêtu  de  quais  de  bonne  maçonnerie  des  deux 


GIU 


GLA 


côtés  ,  en  forme  de  canal  qui  s'élargit  par  pluiîeurs  Mes  \ 
fur  l'une  defqueiles  eft  un  petit  château  carrérlong ,  flanqué 
de  quatre  tours  rondes  à  l'antique.  De  l'autre  côté  ,  eft 
une  porte  d'eau ,  ou  éclufe.  Dans  la  campagne  on  a  placé 
fur  des  hauteurs ,  des  redoutes ,  tant  carrées  que  pentagona- 
les  ,  &  difpofées  d'efpace  en  efpace. 

GIUIRTENSIS  ,  lïége  épifcopal  d'Afrique  ,  félon 
Ortélius ,  qui  cite  la  Conférence  de  Carthage  ,  où  je  ne  le 
trouve  point  :  c'eft  peut-être  le  même  que  Giutsitensis. 
.Voyez  ce  mot. 

GIULA ,  ville  de  la  haute  Hongrie  ,  aux  frontières 
de  la  Tranfilvanie  ,  'fur  le  Keres  blanc  ,  au  nord-oueft 
&  à  dix  lieues  communes  (  d'une  heure  de  chemin  )  de 
la  ville  d'Arad  ,  &  au  fud-oueft  &  à  pareille  diftance  du 
grand  Varadin  ,  félon  de  l'Ifle  ,  Carte  de  Hongrie.  Elle 
fut  prife  en  1566  ,  par  les  Turcs  qui  l'engagèrent  quel- 
que  tems  après  au  prince  de   Tranfilvanie  ,    dont  ils 


Î2S 


lignèrent  la  lettre  fynodale  des  pères  dé  la  province 
proconfulaire  au  concile  de  Latran  ,  tenu  fous  le  pape 
Martin. 

GIUTSITENSIS  ,..  autre  fiége  épifcopal  d'Afrique  .* 
dans  la  Conférence  de  Carthage  ,  on  trouve  Procure 
évêque  plebis  Giutfitenjls  Salaria.  Ou  ne  fait  da'is  quelle 
province  étoit  cet  évêché. 

GIZAMA  ,  ville  de  la  Méfopotamie,  félon  Ptolomée  < 
/,;,(.  18. 

GIZERA  ,  rivière  du  royaume  de  Bohême  ,  dans  lé 
cercle  de  Bunezel.  Elle  a  fa  fource  aux  montagnes  qui  le 
féparent  de  la  Siléfie ,  d'où ,  ferpentant  vers  le  fud-oueft , 
elle  fe  charge  de  plufieurs  ruifleaux  .m  chemin  ,  paffe  à 
Boleilaw  ou  Iung  Bunezel  ,  qu'elle  baigne  ,  &  fe  jette 
dans  l'Elbe  au  vieux  Bunezel  ,  vis-à-vis  de  Brandeifs. 
*  Jaillot ,  Atlas, 

GLACIAL.  Ce  mot  fignifîe  ce  qui  eft  (ujet  à  la  gla 


la  retirèrent  depuis  ,  &  la  pofféderent  jufqu'au  mois  Ce  qui  eft  extrêmement  froid  :  nous  nous  en  fervons  pour 
de  Janvier  1695  ,  que  les  impériaux  s'en  rendirent  maî-  marquer  la  même  chofe  que  ftptemrional  ;  car  à  notre 
très  ',   &  la   conservèrent  par  le   traité  de  Carlowitz  ,     égard,  &  à  l'égard  des  peuples  fitués  en-deçà  de  l'équa- 


en  1699. 

I.  GIULA  P  ,  rivière  d'Afie  ,  dans  le  Diarbeck  ;  elle 
fort  des  .frontières  de  l'Arménie  ,  d'où  coulant  vers  le 
midi ,  elle  y  reçoit  quelques  rivières  ,  8c  fe  rend  enfin 
dans  l'Euphrate'au-deflbus  de  la  petite  ville  de  Giulap  , 
qu'elle  arrolé  vis-à-vis  des  limites  de  l'Arabie  déferte. 
Baudrand  croit  que  c'eft  fe  Ch  ABORRAS.  Voyez  ce  mot. 

%.  GIULAP.  ,  petite  ville  d'Afie  ,  dans  le  Diarbeck , 
fur  une  rivière  de  même  nom. 


teur  ,  plus  nous  avançons  vers  le  nord  ,  plus  nous  trou- 
vons les  hivers  longs  &  rigoureux.  Plus  un  pays  eft  fep- 
tentrional  ,  plus  il  eft  froid.  A  l'égard  des  peuples  fîmes 
de  l'autre  côté  de  l'équateur ,  ii  en  eft  de  même  de  la  partie 
auftrale  ,  qui  peut  être  appellée  glaciale.  A.;.û  nn-.is  ap- 
pelions Océan  glacial  ,  ou  la  mer.  glaciale  ,  cette  mer 
qui  eft  au  nord  *  &  où  nos  navigateurs  onttrouvé  d'effroya- 
bles glaces* qui  ont  interrompu  leur  navigation.  Les 
anciens ,  qui  ont  partagé  le  globe  en  cinq  zones  ou  ban- 


GIULIANA  ,  en  latin  Juliana  ,  petite  ville  de  Sicile  ,     des  ,  ont  auffi  appelle  glaciales  les  plus  voifines  du  pôle. 


dans  la  vallée  de  Mazare ,  fur  un  rocher  efearpé  ;  ce  qui 
en  rend  la  fituation  très-forte.  Elle  eft  à  environ  trente- 
cinq  milles  de  Palerme  au  midi  ,  en  allant  vers  Sacca  , 
dont  elle  n'eft  qu'à  quinze  milles  &  autant  de  la  côte 
de  la  mer  d'Afrique.  *  Baudrand.  éd.  de  170^. 

GIULIA  NOVA,  ville  d'Italie ,  au  royaume  de  Naples  , 


dans    l'Abbruzze  ultérieure 


Voyez  Mer  glaciale,  &  Zone. 

GLACERIMA.  Quelques  éditions  d'Antcnin  portent 
ce  mot  au  ,  lieu  de  Glatena  ,  qu'il  doit  y  avoir. 

GLADBAÇ  , .  abbaye  d'hommes  ,  ordre  de  S.  Be- 
noît, dans  le  duché  de  Juliers ,  fur  les  frontières  del'éiec- 
torat  de  Cologne ,    à  cinq  lieues  au  couchant  de  Nuys , 


Venife.  Elle  a  titre  de  Duché  ,  &  eft  à  environ  dix- 
huit  milles  de  Peûna  au  feptentrion ,  &  à  vingt  de  la  ville 
d'Afcoli  de  la  Marche ,  au  levant.  *  Baudr.  éd.  de  1705. 

GIUND  ,  ville  d'Afie  ,  dans  la  grande  Tartarie  ,  au 
Turqueftan  ,  au-delà  de  Bokharah ,  &:  vers  le  Sihon ,  qui 
eft  le  Jaxarte  des  anciens.  Abulféda  lui  donne  78  d. 
45'  de  longitude  ,  &  félon  quelques-uns  43  d.  30'  de 
latitude  feptentrionale.  C'eft  de  ce  heu-là  ,  où  Selgiuk 
s'établit  d'abord  ,   que  les   Selgiucides  font  venus  ,  & 


la  côte   du  golfe   de     proche  la  rivière,  de  Miers.  Elle  eft  riche,  &  fut  fondée 


dans  le  dixième  fiécle 

GLAMBULCPIENSIS ,  fiége  épifcopal  de  la  Syrie. 
Le  P.  Kardouin  cite  Villelmus  qui  étoit  évêque  de  ce 
lieu.  *Harduin.  CollecT:.  conc. 

GLAMNATENA ,  pour  Glanatica.  Voyez  ce 
mot. 

GLAMORGAN,  (le  comté  de)  où 

GLAMORGANSHIRE ,  province  delà  Grande-Bre- 
tagne,  dans  la  principauté  de  Galles.  Elle  eft  au  levant  de 


d'où  ils  partirent  pour  entrer  en   Perfe.  *  D'Herbelot.  la  province  de  Carmarthen  ,  êedans  le  diocèse  deJLan- 

Biblioth.,  orient.  daf.  Elle  a  cent  douze  mitles  de  tour ,  ck  contient  en- 

GIUNEIN  ,  lieu  d'Afie  ,  dans  l'Arabie.  Il  eft  devenu  viron  cinq  cents  quarante  mille  arpens ,  &  neuf  mille  fis. 

fameux  par  la  bataille   que  Mahomet  y  donna  la  même  cents  quarante-quatre  maiforis.   La  partie  feptentrionale 

année  qu'il  prit  la  Mecque  ,  qui  fut  la  huitième  de  l'hé-  eft  pleine  de  montagnes;   mais  la  méridionale  eft  fi  lèr- 

gire.  Ce  lieu  que  quelques-uns  appellent  Honain  ,  eft  une  tile  qu'on  l'appelle  le  jardin  du  pays  de  Galles.    Elle 

vallée  où  les  Haovafeniens  &lesTakififienss'affemblerent  contient  cent  dix-huit  paroiffes  &  neuf  villes  ou  bourgs 

après  la  prife  de  la  Mecque  ,  fous  la  conduite  de  Malec-  où  l'on  tient  marché,  Cardif  eft  la  capitale  ;  Landaff 

Ben-Auf-Mahomet ,  qui  avec  douze  mille  hommes  les  eft  le  fiége  d'un  évêché  ;  Suanzey  a  un  havre  fort  fré- 

attaqua.  Ses  gens  plièrent  d'abord  ;  mais  ils  ne  laifTerent  quenté  ,  &  à  Newton ,  il  y  a  Une  fontaine;  qui  groffit 

pas  de  remporter  la  victoire  ,  &  de  faire  un  très-grand  lorfque  la  mer  fe  retire  ,    &  baille  lorfque  la  marée 

butin  ,  qui  les  encouragea  fi  fort ,  qu'ils  allèrent  de-là  monte. 


attaquer  la  ville  de  Tayef  dans  l'Yemen 

1.  GIVRI ,  ville  de  France ,  en  Champagne  ,  dans  le 
Rémois. 

2.  GIVRY  ,  baronnie  de  France  dans  le  Nivernois. 
Elle  relevé  de  l'évêché  de  Nevers  ;  &  le  baron  de  Givri 
eft  tenu  de  porter  l'évêque  le  jour  de  fon  entrée. 

3.  GIVRI ,  petite  ville  de  France  dans  le  duché  de 


GLAN,  ancien  nom  d'une  rivière  d'Angleterre.  Voyez 
Glanoventa. 

GLANAR.OGHTY ,  baronnie  d'Irlande  dans  la  pro^ 
vince  de  Munfter  ;  c'eft  la  plus  méridionale  des  huit, 
qui  compofent  ■  le  comté  de  Kerry.  *  Etat  préfent  ds 
l'Irlande,  p,  50. 

GLANATICA,  ville  des  Alpes  maritimes  ,  félon  la 


Bourgogne.  Le  vin  de   Givry  eft  l'un  des  meilleurs  du  Notice   des  provinces  ,   dan-;  les  Ac~t.es  eccléfiaftiques  : 

Châlonois.  *  Garreau ,  Defcript.  de  la  Bourgogne  ,/>.  494 ,  quelques  exemplaires  portent  Cla;nnatena.  C'eft  la  même 

"éd.  de    1734.  •  que  Glandate  &  Glandeves.  Cette  ville  eft  du  moyen- 

II  y  a  quelques  autres  villages  de  même  nom.  âge  ;   elle  n'exiftoit  point  du  tems   des  empereurs  Ro- 

GIUSTANDIL  ,  ville  delà  Turquie,  en  Europe  ,  &  mains.    Les  débordemens  du  Var  ,  fur  lequel  elle  eft 

non  pas  en  Afie  ,  comme  ledit  Corneille.  Elle 'eft  lituée  fituée,  l'ont  détruite.  Elle  fe  trouve  nommée  dans  di- 

fut  une   colline  près  du  lac   d'Ocrida.  C'eft  ÏAchriius  vers  monumens   de   l'églife  de   France  ,    ciyitas  Glan- 

des  anciens  ,  nommée  enfuite  jufiiniana  prima.  Voyez  date,  Glandatum  ,   Clanmuera,   Glannativa,Clana- 

Achride.  C'eft  de  ce  nom  de  Jujliniana  corrompu  que  leva,  Glannateva  ,  civitas  Glamnateva.   C'étoit  autre- 

s'eft  formé  le  nom  moderne.  Elle  eft  à  vingt-cinq  lieues  fois  un  comté,  ci  le  fiége  d'un  évêché  ,  dont  on  croit 

de  Durazzo  ,  &  eft  afiez  grande   <k  fortifiée.   C'eft  le  que  S.  Fraterne  fut  premier  évêque.   Mais  le  terrein  de 

fiége  d'un  archevêque  Grec  ëc  d'unSangiac* Baudrand,  cette  ville  ayant  été  en  partie  emporté  par  les  inonda- 

éd.  de  17c").  tions  du  Var,  les  habitans  fe  retirèrent  de  l'autre  côté 

GIUTRAMBACARIENSÏS  ,  fiége  épifcopal  d'Afri-  de  la  rivière,  dans  une  petite  ville  appellée  Entrevaux , 

que  dans  la  province  proconfulaire.  Bencnatus  Epifcopus  qui  n'eft  éloignée  des  ruines  de  Glandeves,    que  d'un 

fanclce  ecclejza  Giutrambacarienfs  eft  un  des  prélats  qui  quart  de  lieue,  Une  refte presque  plus  rien  de  l'ancienne' 


126 


GLA 


GLA 


ville  de  Glandeves  ,  que  la  maifon  de  l'évêque  ,  qui  eft 
fuffragant  d'Embrun.  Le  chapitre  a  été^transféré  à  En- 
trevaux ;  il  eft  compofé  d'un  prévôt,  d'un  archidiacre  , 
d'un  facrïftain  ,  d'un  capifcol  &c  de  cinq  chanoines.  On 
compte  environ  cinquante  paroiffes  dans  ce  diocèse.  Il 
y  en  a  une  dont  le  nom  eft  devenu  immortel  ,  parce 
que  M.  de  Pcirefc,  l'un  des  plus  doef.es  &  des  plus  ver- 
tueux hommes  de  ion  tems  ,  l'a  porté.  *  Piganiol  de  la 
Force,  Defcr.  de  la  France,  t.  4,  p.  96  &  180.  Longue- 
rue  ,  Defcr.  de  la  France ,  1.  parc.  p.  368. 

GLANCHERY,baronnie  d'Irlande,  dans  la  province 
de  Munfter.  C'eft  une  des  fix  qui  compofent  le  comté 
de  Waterford.  *  Etat  prifenx.de  la  G.  Bret.  t.  3. 

GLANDELACUM  ou  Bistagna  ,  ville  autrefois 
épifcopale  en  Irlande ,  dans  la  province  de  Leinfter. 
Son  évêché  florifloit  en  559.  Il  a  été  uni  à  celui  de 
Dublin  dans  le  douzième  fiécle  ,  fous  le  régne  de  Jean- 
fans-Terre.  Ce  n'eft  plus  qu'un  village ,  dans  le  comté 
de  Dublin.  Baudrand  le  nomme  Glandeleur  ou  Glan- 
delach. 

GLANDELEUR.  Voyez  l'article  précédent. 

GLANDESVES  ,  ou 

GLANDEVES  ,  ville  de  France ,  en  Provence ,  éri- 
gée durant  le  moyen-âge  ,  &  enfin  ruinée.  Elle  étoit 
fur  le  Var  ,  au  pied  des  Alpes ,  aux  confins  du  comté  de 
Nice.  Voyez  Glanatica. 

GLANDIERES  ,  Chartreufe  de  France  ,  dans  le  Li- 
moufm ,  à  deux  lieues  de  la  ville  d'Uzerche." 

GLANDOMIRUM ,  rWyî?©» ,  ville  del'Efpagne 
Tarragonoife ,  au  pays  des  Callaici  Lucenfes ,  félon  Pto- 
lomée  ,  l.  2  ,  c.  6.  Elle  eft  nommée  Grandimirum  dans 
l'Itinéraire  d'Antonin,  fur  la  route  de  Brague  à  Aftorga, 
en  fuivant  la  côte  de  la  mer. 

GLANFEUIL,  en  latin  Glanna  tk  Glannafolium , 
abbaye  de  France.,  en  Anjou,  au  bord  méridional  de  la 
Loire ,  entre  Angers  &  Saumur ,  à  quatre  grandes  lieues 
de  la  première.  Elle  porte  à  préfent  lemom  de  fon  fon- 
dateur ;   &  on  l'appelle  Saint-Maur-fur-Loire. 

1.  GLANIS,  rivière  de  l'Ibérie  ou  d'Efpagne,  félon 
Iface  fur  Lycophron  cité  par  Ortélius.  C'eft  la  même 
que  Clanis  3. 

2.  GLANIS.  Voyez  LiriS. 
GLANIUS.  Voyez  Clanius. 

GLANNA  ou  Glannafolium.  Voyez  Glan- 
feuil. 

GLANNIBANTA,  ville  de  l'ifle  de  la  Grande-Bre- 
tagne, félon  la  Notice  de  l'empire  ,  fut.  63.  Cambden 
croit  que  c'eft  Bainbrig.  Ortélius  doute  fi  ce  n'eft  pas 
la  même  que  Clamovtnta  m  d'Antonin.  C'eft  ainfi  qu'il 
trouvoit  ce  mot  écrit  dans  l'Itinéraire ,  au  lieu  de  Gla- 
NOVENTA. 

GLANOVENTA,  lieu  de  la  Grande-Bretagne.  An- 
tonin,  Itlner.  le  met  à  dix-huit  milles  de  Galava,  en  al- 
lant vers  Mediolanum.  Gale  ,  in  lùner.  p.  116,  dit  que 
c'eft  peut-être  Gebain  nommé  par  Becle.  C'étoit  au- 
trefois une  maifon  royale  qui  a  la  vue  fur  Anterchefter, 
lieu  voifin.  Le  nom  &  les  ruines  marquent  aflez  de  tra- 
ces du  tems  des  Romains;  ck  il  y  a  apparence  que  Ge- 
brin  eft  venu  de  ces  ruines.  La  rivière  que  l'on  appelle 
préieutement  BovENT ,  s'appelloit  autrefois  Glan  ou 
Glaîn,  rk  c'eft  de-là  que  toute  la  vallée  a  pris  le  nom 
de  GUndale.  Il  eft  vrai ,  pourfuit  le  favant  Anglois ,  que 
la  Notice  de  l'empire  met  Glanibenta  fur  la  ligne  du 
rempart  des  Romains  ;  mais  il  en  eft  à  trente  -  quatre 
milles. 

GLANUM  Livii  ,  ville  de  la  Gaule ,  félon  Pline  , 
/.  3 ,  c.  4.  Ptolomée ,  /.  2 ,  c  5  ,  met  v^dni  au  pays  des 
Salyens.  Antonin  ,  Itiner.  qui  l'appelle  Clanum,  la  met 
à  feize  mille  pas  de  Cavaillon.  Cette  diftance  à  per- 
fuadé  Bouche  ,  l'hiftorien  de  la.  Provence  ,  A3,  c.  3  , 
p.  136,  que  ce  lieu  eft  à  préfent  S.  Remy  ,  entre  Arles 
ôcCavillon.  Voyez  Clanum  i.  Cénalisa  tort  de  douter 
fi  ce  n'eft  pas  Glandeves  ,  qui  n'exiftoit  pas  encore  du 
teins  de  ces  anciens  auteurs.  Joannes  Poldus  fait  encore 
pis;  car  il  veut  qu'on  life  Glandanum.,  &  l'explique 
par  Gap. 

GLAOGAW.  Voyez  Glogaw. 

GLAPHYRjE,  THufuçgl  ,  ville  de  la  Theffalie,  fé- 
lon Etienne,  qui  cite  le  fécond  livre  de  l'Iliade.  Eufta- 
the  ,  expliquant  le  vers  d'Homère  ,  où  il  en  eft  pailé ,  dit 
qu'il  y  a  en  Cilicie  un  village  de  même  nom. 


GLARENZA.  Voyez  Cyllene. 
GLARI ,  lieu  de  l'Arabie  heureufe ,  félon  Pline  ,1.6. 
c.  28. 

1.  GLARIS,  bourg  de  Suifle.  Il  eft  beau  &  grand, 
presqu'au  milieu  du  canton  ■  du  même  nom ,  dans  une 
jolie  campagne  ,  au  pied  de  montagnes  fort  hautes  & 
efearpées  ;  il  y  a  de  grandes  &  de  belles  maifons ,  bien 
entretenues,  avec  quelques  édifices  publics ,  entr'autres, 
deux  églifes  ,  l'une  au  milieu  du  bourg ,  &  l'autre  au  de- 
hors ,  fur  une  hauteur.  La  Lint  parle  tout  auprès  ,  ck 
contribue  à  la  fertilité  des  campagnes  voifines.  Sur  la 
hauteur  il  y  a  une  caverne  fort  profonde.  Les  afiemblées 
générales  du  canton  fe  tiennent  tous  les  premiers  di- 
manches de  Mai  à  Glaris  :  on  y  prête  les  fermens  fur 
le  livre  du  pays  ;  &  tous  les  habitans  mâles ,  de  l'âge  de 
feize  ans  ,  font  obligés  d'affifter  fans  diftinftion  d'origi- 
naires &  de  nouveaux  habitués.  Glaris  eft  compofé  d'ha- 
bitans  de  deux  religions  ,  qui  vivent  paifiblement  en- 
femble.  *Etat  &  Délices  de  la  Suijfe  ,  t.  2 ,  p.  471 . 

Ce  bourg  qu'arrofe  la  rivière  de  Sarnef ,  étoit  autre- 
fois une  petite  ville  impériale  ,  qui  fe  tira  de  la  dépen- 
dance de  l'empire  ,  pour  s'unir  aux  autres  cantons, 
en  1352:  elle  n'eft  qu'à  dix-huit  mille  pas  d'Altorf,  au 
levant  d'été  ,  &  autant  de  Schutz  au  levant  d'hyver. 
Onla  nomme  erilatinGLARONAouCLARONA,  *  Baud. 
éd.  de  170*).         • 

2.  GLARIS  ,  (le  canton  de)  en  latin  Glaronenfis  , 
Glareanus  pagus ,  eft  le  huitième  entre  les  treize  can- 
tons SuifTes.  il  eft  borné  à  l'orient ,  par  les  Grifons  & 
par  1e  comté  de  Sargans  ;  au  nord ,  par  le  bailliage  de 
Gafter,  &  par  le  lac  deWahleftatt  ;  à  l'occident,  par  le 
canton  de  Schwitz  ;  &C  au  midi ,  par  le  canton  d'Urie , 
&  par  la  ligue  haute  des  Grifons.  Ce  pays  étant  entiè- 
rement dans  les  Alpes  ,  eft  montueux.  Il  eft  partagé  en 
trois  parties  générales.  *Elat  &  Délices  de  la  Suijfe,  t.  2, 
p.  466. 

Le  quartier  d'en-bas,  où  font  les  villages  de  Ni- 
der-Urnen,  Ncefds,  Mullis  ,  tkc. 

Le  quartier  du  milieu,  où  font  les  bourgs  de 
Glaris  &c  de  Schwanden, 

Et  le  QUARTIER  D'EN-HAUT  OU  DE  DERRIERE, 
compofé  de  deux  vallées  ;  la  grande  qui  eft  la  vallée  de 
la  Lint ,  où  font  les  villages  de  Lintthal  tk  de  Betfch- 
wanden ,  &  la  petite  qui  eft  la  vallée  de  la  Sernf ,  où 
font  les  villages  paroiffiaux  Matt  Jk  Ebn. 

Les  SuifTes  s'emparèrent,  fur  la  fin  de  l'année  13  51,* 
du  pays  qui  forme  aujourd'hui  le  canton  de  Glaris,  qui 
appartenoit  aux  Autrichiens  :  dans  la  crainte  que  les 
troupes  de  l'Archiduc  ne  fiflent  par  cet  endroit  une  ir- 
ruption fur  les  autres  cantons  ,  lorsqu'ils  en  furent  maî- 
tres ,  ils  imitèrent  la  fage  conduite  des  anciens  Romains, 
en  admettant  dans  leur  alliance  &  dans  leur  amitié  ceux 
qu'ils  avoient  vaincus.  Par  ce  moyen  Glaris  fut  uni  aux 
cantons. 

Celui  de  Glaris,  qui  peut  avoir  environ  huit  milles  de 
longueur ,  n'eft  acceffible  que  par  un  feul  endroit.  L'on 
y  trouve  par-tout  de  bons  pâturages  pour  le  bétail  :  les 
habitans  y  font  un  gros  commerce  d'un  certain  fromage 
particulier  au  pays  ,  on  l'appelle  vulgairement  Schab^i- 
ger;  il  eft  fait  de  lait  &  d'une  certaine  herbe  qui  croît 
dans  le  canton.  On  envoie  de  ces  fromages  presque 
dans  toute  l'Europe  ;  il  eft  agréable  au  goût  &c  très- 
fain.  On  trouve  fréquemment  dans  les  montagnes  de  ce 
canton  ,  de  grandes  cavernes  que  la  nature  a  difpofées 
de  façon  qu'il  en  fort  perpétuellement  un  vend  chaud , 
qui  fait  d'abord  fondre  la  neige  qui  tombe  en  Automne 
ck  au  printems.  Le  pays  eft  fujet  aux  tremblemens  de 
terre.  On  en  a  compté  trente-fept  depuis  le  mois  d'Août 
de  l'année  1701  ,  jusqu'en  Janvier  1703. 

Il  y  a  un  aflez  bon  bailliage  dans  ce_  canton  à  Wer- 
denberg ,  &  il  envoie  de  trois  ans  en  trois  ans  un  bailli  à 
Wartau.  Il  poffede  en  commun  ,  avec  le  canton  de 
Schv/itz ,  les  bailliages  SUt^tnach  Se  de  Gafter  :  il  n'a 
point  perdu  ,  comme  les  autres  'petits  cantons  ,  fes  droits 
fur  celui  de  Bade  ;  parce  qu'il  ne  prit  aucun  parti  ,  & 
rv.fta  neutre  dans  la  guerre  de  171 2  :  enfin  il.  a  part  dans 
les  bailliages  communs  d'Italie. 

Le  gouvernement  de  ce  pays  fut  donné ,  environ 
l'an  500  ,  à  S.  Fridolin,  qui  eft  encore  le  patron  du  can-^ 
ton  :  on  le  voit  dans  les  armes  du  pays  ,  qui  font  de 
gueule  à  un  pèlerin  d'argent  ,  ayant  le  bourdon  à  la 


CLA 


GLÂ 


main.  S.Fridolin  y  bâtit  une  églife  ,  la  donna  enfuite, 
avec'  tout  le  pays ,  à  une  abbaye  de  filles  ,  qu'il  fonda  à 
Seckingen  :  l'abbeiTe  alloit  tous  les  ans  à  Glaris,  pour  y 
faire  adminiftrer  la  juftice  par  douze  juges  qu'elle  pre- 
noit  dans  le  pays.  Mais  dans  le  douzième  fiécle  ,  l'em- 
pereur Frédéric  -  BarberoufTe  donna  un  protecteur  à  ce 
pays  ,  qui  avoit  l'adminiftration  de  la  juftice  pour  le 
criminel ,  avec  tous  les  émolumens  qui  en  dépendent. 
L'abbefle  établiffoit  un  maire  qui  avoit  le  gouvernement 
civil  du  pays ,  &  qui  recevoit  les  droits  de  l'abbaye.  La 
maifon  d'Autriche  acquit  dans  la  fuite  les  jurifdiftions 
du  protecteur  &  du  maire  ;  mais  les  habitans  prirent  les 
armes  pour  recouvrer  leurs  droits  ,  firent  alliance  avec 
ceux  de  Zurich ,  de  Lucerne  &  des  trois  petits  cantons 
voifins,  l'an  13  ^z.  Aujourd'hui  le  gouvernement  de  Gla- 
ris eft  démocratique  ;  &c  les  habitans  ,  quoique  partie 
Proteftans  ,  partie  Catholiques ,  font  fort  unis"  :  ils  font 
l'office  tour-à-tour  dans  la  même  églife.  Ulrich  Z\cin- 
gle  fut  curé  de  Glaris,  en  1506.  Il  eft  regardé  comme 
■l'auteur  de  la  réformation. 

Le  pays  eft  partagé  pour  le  gouvernement  en  quinze 
parties  qu'ils  appellent  Tagwe-n  ,  c'eft-à-dire  corvées  ; 
lavoir, 


127 


Glaris, 

Elm, 

Malt  &  Engl  , 

Ena-Lind  û  Ruthi, 

Lindtkal, 

Bettschwandtn  , 

Diesbach  , 

Hatt^ingent 

&  Haslen , 


Mitfuren  , 

Bilun  &  Korent^cn , 

Sdïwandcn  , 

Soohl  &  Mitlodi, 

Enneda  , 

Netftall, 

Mullis, 

Nafels  , 

Obcr  &  Nidcr-Urnm. 


Chacune  de  ces  parties  a  Ces  prairies  publiques  &  fes  fo- 
rêts ,  fk  fournit  quatre  fénafeurs  :  Glaris  en  fournit  fix 
des  deux  religions.  Lorsqu'un  fénateur  meurt ,  il  eft 
remplacé  parjes  lùffrages  publics  de' fa  corvée ,  ou  par  le 
fort  ;  enforte  que  le  fénat  du  canton  eft  toujours  de 
foixante-deux  membres  ,  fans  y  comprendre  les  préfi- 
dens  8t  les  officiers  de  la  république.  Les  préfidens  font 
le  land-amman  ;  Se  le  proconful ,  appelle  vulgairement 
le  lands-jlatthalur  :  ils  exercent  alternativement  ces 
deux  charges  ;  les  Proteftans  pendant  trois  ans  ,  ck  les 
Catholiques  pendant  deux  ;  &  quand  le  land-amman  eft 
d'une  religion ,  il  faut  que  le  proconful  foit  de  l'autre. 

L'une  &  l'autre  religion  a  fes  cours  de  juftice  particu- 
lières. On  en  compte  deux ,  la  cour  des  cinq  &  la  cour 
des  neuf:  la  première  juge  les  affaires  mobillaires  & 
•  immobihaires  ;  la  féconde  les  falaires  ,  les  prétentions 
de  ceux  qui  ont  été  commandés  de  prendre  les  armes 
pour  quelque  expédition ,  les  penfions  ,  les  calomnies 
&  les  injures.  Mais  (ï  les  perfonnes,  qui  font  en  procès  , 
fe  trouvent  de  différente  religion  ,  on  forme  pour  lors 
la  cour  des  cinq  ou  celle  des  neuf  d'un  égal  nombre  de 
juges  de  chaque  religion  ,  de  façon  néanmoins  que  l'ar- 
bitre foit  de  celle  de  la  partie  lélée  ou  aceufée. 

Les  Proteftans  ont  un  confiftoire  particulier  pour  les 
caufes  matrimoniales  ,  qui  eft  compofé  de  deux  minif- 
tres  &  de  fept  laïques  :  l'amman  ou  le  proconful  y  pré- 
fide.  Les  juges  des  cinq  ou  des  neuf  font  élus  dans  les 
affemblées  générales  de  la  république  ;  mais  les  affef- 
feurs  du  confiftoire  le  font  dans  le  fénat.  Toutes  ces 
cours  jugent  fans  appel.  Quelquefois  cependant  le  fénat, 
fous  prétexte  de  révifion  ,  apporte  quelque  modération 
ou  quelque  éclairciffement  à  la  fentence. 

On  tient  tous  les  ans  deux  diètes  ou  affemblées  ordi- 
naires, appellées  ordinari  landsgemeiden  :  l'une  eft  en 
quelque  manière  particulière  ,  chaque  religion  s'affem- 
blant  féparément  ;  l'autre  eft  générale  4  étant  compofée 
de  toute  la  république.  Toute  perfonne  qui  a  atteint  l'âge 
de  feize  ans,  eft  obligée  de  s'y  trouver  le  fabre  au  côté. 
La  première  fe  convoque  par  les  Catholiques ,  le  der- 
nier dimanche  d'Avril ,  entre  les  villages  de  Netflal  & 
de  Nafels  ;  &  à  Schwanden  ,  par  les  Proteftans.  On  y 
délibère  fur  les  affaires  qui  font  propofées ,  &  l'on  y  fait 
les  élections  par  le  fort. 

L'affemblée  générale  des  deux  religions  fe  tient  tous 
les  premiers  dimanches  du  mois  de  Mai  ;  &  après  que 
l'on  y  a  fait  la  lefturedes  loix  fondamentales  ,  les  pré- 
fidens &  le  peuple  y  jurent  une  union  mutuelle.  Outre 


ces  affemblées  ordinaires ,  on  peut  en  convoquer  d'au- 
tre en  tout  tems ,  toutes  les  fois  qu'il  furvient  des  affaires 
d'importance. 

La  république  de  Glaris  s'oblige  par  ferment  à  l'ob- 
fervation  d'un  certain  nombre  de  ftatuts  qu'elle  a  éta- 
blis pour  fa  confervation.  1.  Chaque  particulier  s'en- 
gage par  ferment ,  de  féparer  &:  de  faire  fes  efforts  pour 
réconcilier  les  perfonnes  qu'il  verra  fe  battre.  2.  Qui- 
conque en  aura  injurié  un  autre  ,  eft  tenu  de  faire  ré- 
paration d'honneur  à  I'effsnfé  ,  par-devant  la  cour  des 
neuf,  ou  en  particulier  devant  quelques  témoins.  3.  Si 
un  créancier  a  demandé  en  vain  à  fbn  débiteur  le  paye- 
ment d'une  dette,  il  lui  eft  permis  d'eftimer  une  partie 
de  fes  biens  fuffifante  pour  payer  la  dette  Sr.  un  tiers  de 
plus  pour  les  frais.  4.  Lorsqu'il  naît  un  enfant  bâtard  , 
un  fénateur  fe  transporte  avec  un  appariteur  &  le  greffier 
chez  la  mère  ;  &  après  lui  avoir  fait  approcher  ion  en- 
fant de  fa  mammelle  gauche ,  il  l'oblige  de  déclarer ,  fous 
la  religion  du  ferment,  le  nom  du  père.  5.  Il  y  a  une 
loi  contre  toute  fortes  de  jeux  ,  auxquels  on  peut  perdre 
ou  gagner  de  l'argent  ;  on  peut  cependant  parier  à 
l'exercice. 

Le  nombre  des  habitans  de  Glaris  monte  à  trois  mille 
quatre  cents  hommes  ou  environ.  Les  Proteftans,  qui  font 
le  parti  le  plus  puiffant ,  ont  en  leur  particulier  le  comté 
de  "Werdenberg,  qui  eft  une  fort  belle  &  grande  terre, 
le  long  du  Rhin ,  &:  la  feigneurie  de  "Wartau  ,  dans  le 
comté  de  Sargans. 

Ceux  de  Glaris  &  de  Sclrwitz  font  arbitres  des  diffé- 
rends qui  furviennent  dans  leToggenbourg,  par  une  con- 
vention expreffe,  arrêtée  l'an  1336.  Ce  droit  n'emporte 
aucune  fupériorité  ;  c'eft  proprement  un  titre  ,  pour  fe- 
courir  ceux  de  Toggenbourg  ,  &  qui  donna  lieu  aux 
troubles  de  171 2. 

GLARIUM,  lieu  particulier  d'Afie,  fur  leBofphore, 
félon  Pierre  Gilles.  *  Bofp.  confi. 

GLASCHON.  Ortélius  foupçonne  que  Cédrene  a 
voulu  défigner  par  ce  nom  une  ville  quelque  part  vers 
la  Méfopotamie.  Jean-Baptifte  Gabius  lit  Chlascum  dans 
Curopalate ,  qui  parle  du  même  lieu. 

GLASCOV,  ou  Glaskov,  ou  Glasco  ,  ou  Glas- 
QUOU  ,  en  latin  ,  Glafcua  &  Ghfcovia  ;  ville  de 
l'Ecoffe  méridionale,  dans  la  province  de  Clydfale  ,  fur 
la  Clyde ,  aux  confins  des  provinces  de  Cuningham  & 
de  Lenox.  (a)  C'eft  la  plus  belle  &  la  plus  confidéf 
rable  de  la  province  ;  le  plus  grand  négoce  des  parties 
occidentales  de  l'Ecoffe  s'y  fait.  La  Clyde  porte  les 
vaiffeaux  jufqu'à  cette  ville ,  dont  le  port  eft  New-Glas- 
CO¥,  à  l'embouchure  de  cette  rivière  ,  avec  un  havre 
capable  de  recevoir  les  plus  grands  navires..  Glascow 
a  un  très-beau  pont  de  pierre  à  huit  arcades.  La  plus 
grande  partie  de  la  ville  eft  dans  une  plaine  où  elle 
fait  prefque  un  carré  ;  &  au  milieu  eft  le  Toll-booth  , 
magnifique  bâtiment  de  pierre  de  taille  ,  avec  une  fort 
haute  tour  &  un  carillon  :  il  eft  le  centre  des  quatre 
principales  rues  qui  divifent  la  ville  en  quatre  parties  , 
&  qui  font  ornées  de  plufieurs  édifices  publics.  La  grande 
églife  qu'on  appelle  S.  Mungo ,  &  qui  étoit  autrefois  la 
cathédrale  ,  eft  tout  au  haut  de  la  ville  :  elle  eft  d'une 
grandeur  fk  d'une  ftructure  admirables.  Elle  contient 
deux  églifes  l'une  fur  l'autre  (b).  Macolme  III  établit  l'évê- 
ché  en  1046.  L'archevêque  d'Yorck  le  prétendit  de  fa 
province  ;  mais  Celeftin  III  l'en  déclara  exeint  par  une 
bulle  cl  el'an  1 1 91.  Sixte  IV  l'érigea  en  métropole , Fan  1471 . 
Ce  liège  a  été  aboli  avec  lepiscopat  en  Ecoffe,par  le 
Presbytéranisme.  Proche  de  l'églife  eft  le  château  qui 
étoit  autrefois  le  palais  de  l'archevêque  :  il  eft  environé 
d'une  haute  muraille  ,  bâtie  de  pierre  de  taille  ;  mais 
le  plus  grand  ornement  de  cette  ville  eft  Funiverfité  : 
c'eft  un  très-beau  bâtiment  où  il  y  a  diverfes  cours , 
&  dont  la  façade  qui  eft  du  côté  de  la  ville,  eft  de 
pierre  de  taille  ,  avec  des  ornemens  dignes  d'un  habile 
architecte.  Plufieurs  favans  y  ont  eu  leur  éducation  ,  en- 
tr'aimes ,  le  fameux  Buchanan.  *  (*)  Etat  prJfent  de  la 
G.  Bru.  t.  2  ,  p.  256  ,  (b)  Commanvilk  ,  lifte 
des  arch. 

GLAS-HUTTEN ,  ou  Glasitten  ,  pourg  de  la  haute 
Hongrie,  à  un  mille  de  Hongrie ,  ou  à  fept  milles Anglois 
de  Schemnitz  :  ce  lieu  eft  remarquable  par  l'or  qu'on  y  a 
tiré  des  mines  relies  font  très-riches ,  au  rapport  d'Edouard 
Brown  ,  qui  dit  dans  fon  voyage  de  Kamara,  p.  137, 


ii8 


GLA 


GLA 


qu'on  Fa  perdue  ;  &  il  n'y  a  perfonne  qui  ait]  pu  favoir 
ou  en  étoit  l'entrée ,  depuis  que  Bethlem-Gabor  vint  faire 
descourfes  dans  ce  pays ,  &  qu'il  obligea  les  habitans  de 
s'enfuir  ;  celui  à  qui  elle  appartenoit  ,  y  laiffa  pourtant 
guelques  marques ,  par  le  moyen  desquelles  on  pourrait 
la  retrouver  avec  les  figures  de  fes  inftrurnens ,  qu'il  fit 
graver  fur  des  écorces  d'arbres.  On  a  déjà  trouvé  fes 
inftrurnens ,  en  creufant  en  terre  ;  &  l'on  ne  doit  pas 
tarder  à  trouver  une  pierre  fur  laquelle  un  vifa'ge  eft 
gravé  :  elle  eft  fur  une  autre  qui  bouche  la  mine. 

Cette  place  eft  fort  fréquentée  ,  à  caufe  de  fes  bains 
chauds  :  il  y  en  a  cinq  très-bons  ,  avec  des  descentes 
fort  jolies  ;  &  ils  font  très  bien  couverts  :  les  fources  en 
font  fort  claires  ,  &C  le  fond  en  eft  rouge  &  verd  :  il  y 
a  dans  l'eau  des  endroits  où  on  peut  s'afleoir  :  l'ar- 
gent prend  la  couleur  d'or ,  lorsqu'on  l'y  laine  long-tems. 
Le  plus  eftimé  de  tous  ces  bains  eft  celui  qu'on  appelle 
le  bain  fuant  :  les  fources,  en  font  fort  chaudes ,  &  les 
eaux,  venant  d'une  montagne  ,  tombent  dans  le  bain 
qu'on  a  bâti  exprès  pour  l'es  recevoir.  A  Tin  bout  de 
ce  bain,  en  montant,  on  entre  dans  une  cave,  dont  on 
a  fait  une  fort  bonne  étuve  ,  par  le  moyen  de  ces  bains: 
il  y  a  des  places  pour  s'afleoir  fort  commodes  ;  & ,  en  fe 
-mettant  ou  plus  haut  ou  plus  bas ,  on  fent  ou  plus  ou 
moins  de  chaleur  ;  ce  qui  eft  fort  commode  ,  parce  qu'on 
ne  fue  qu'autant  qu'on  veut  :  cette  cave ,  aum-bien  que 
les  côtés  du  bain  ,  eft  couverte  d'une  très-grande  quan- 
tité de  fleurs  de  toutes  fortes  de  couleurs  ,  qui  font  fort 
belles  &  fort  agréables  à  la  vue  ,  &£  que  la  chaleur  con- 
tinuelle des  bains  fait  croître. 

Glas-Hitten  appartient  au  comte  de  Lippey ,  de  la 
famille  duquel  étoit  le  favant  Polycarpus  Procop'ms  Bo- 
canus  ,  que  l'archevêque  de  Presbourg  chargea  autrefois 
de  faire  un  rapport  fidèle  de  toutes  les  raretés  de  ces 
pays  ;  mais  fa  mort  l'empêcha  de  faire  part  au  ^  public 
de  toutes  fes  obfervations  qui  auraient  fans  doute  été  fort 
curieufes. 

Tollius,  Epifi.  iùnzr.  F.p_.  169,  dit  que  les  Hon- 
grois donnèrent  le  nom  de  Teplit^  à  ce  lieu  ,  à  caufe 
des  bains  ,  Se  les  Allemands  celui  de  GLas-Hutun  qui 
lignifie  des  verreries.  Il  y  a  trente  ou  quarante  fontaines 
qui  bouillent  naturellement:  il  donne  enfuite  des  détails 
curieux  de  ces  eaux ,  &c  des  diverfes  incruftations  qu'elles 
forment  ;  mais  nous  renvoyons  le  lecteur  au  livre  même 
de  ce  voyageur  :  il  y  a  auffi  Glafs-Hutten  en  Saxe.  Voyez 
Glass-Utt. 

GLASSENBURI ,  ou Gl astenburi  ,  ou  Glaston , 
bourg  d'Angleterre,  au.  comté  de  Sommerfeth  :  c'étoit 
autrefois  une  ville  &  une  abbaye  célèbre.  (a)  Si  l'on 
en  croit  les  mémoires  de  cette  abbaye  ,  c'étoit  la  plus 
ancienne  églife  d'Angleterre  :  elle  avoit  eu  pour  fonda- 
teur Jofeph  d'Arimathie  :  elle  étoit  fituée  dans  le  comté 
de  Sommerfeth ,  qui  faifoit  partie  du  royaume  de  "Weft- 
fex  ,  ou  des  Saxons  Occidentaux.  (b)  On  dit  qu'elle 
eut  pour  premiers  habitans  des  folitaifes  que  S.  Patrice 
engagea  à  vivre  en  commun  ,  à  l'imitation  des  pères 
d'Egypte.  (c)  Saint-Patrice  y  mourut  ;  ce  qui  a  donné  lieu 
de  croire  qu'elle  pofledoit  les  reliques  de  S.  Patrice  , 
apôtre  d'Irlande.  Dans  le  feptiéme  fiécle  ,  elle  reçut  la 
régie  commune  des  monafteres  du  pays ,  félon  le  témoi- 
gnage de  S.  Adelme  6c  les  Actes  de  S.Boniface,  tous 
deux  religieux  de  la  province  de  'Weftfex.  Britwald  eft 
le  premier  abbé  Anglois  de  Glaftenburi  ;  le  roi  Kyne- 
valque  lui  donna  quelques  terres  :  il  eut  pour  fuccefïeur 
Heinsgifel ,  que  le  roi  Kentwin  établit  abbé  ,  l'an  678  , 
à  la  prière  de  S.  Hede  ,  &  des  religieux  de  la  commu- 
nauté. Ce  prince  fit  encore  d'autres  grâces  à  leur  monas- 
tère ,  6i  leur  permit  d'élire  à  l'avenir  leur  abbé ,  félon 
la  régie  de  S.  Benoit  :  il  fut  enterré  dans  leur  abbaye , 
pour  laquelle  il  avoit  une  grande  vénération ,  l'appel- 
ïant  la  mère  des  faims.  Quelques  rois  ,  comme  Etwin, 
&  fur-tout  Ina ,  fon  fucceffeur ,  quittèrent  la  couronne,  & 
embrafferent  la  vie  monaftique.  (d)  Ina  fit  rebâtir  lemo- 
naftere  de  Glaftenburi ,  le  combla  de  grâces  Se  de  bien- 
faits. Cependant ,  dès  le  commencement  du  dixième  fié- 
cle (e)  ,  ce  monaftere  étoit  occupé  par  des  Irlandois  qui 
y  inftruifoient  h  jeu  nèfle  :  il  n'y  avoit  plus  de  moines, 
&  les  rois  s'en  étoient  approprié  les  domaines.  S.Dunf- 
tan,  qui  étoit  né  auprès  de  ce  lieu,  l'an  924,  y  étudia; 
&  ayant  enfuite  embrafte  l'état  monaftique  ,  il  devint 
le  reftaurateur  de  ce  monaftere  ;  il  y  employa  fon  patri- 


moine ,  &  obtint  du  roi  Edelftan  tout  ce  qui  étoit  dû 
domaine  du  roi  à  Glaftenburi.  Il  commença  auffi-tôt  à 
y  jetter  les  fondemens  d'une  églife  magnifique,  &  à  y 
bâtir  des  lieux  réguliers  :  il  y  affembla  une  grande  com- 
munauté de  moines  ,  dont  il  fut  le  premier  abbé  ;  &C 
cette  abbaye  fut  long-tems  une  des  plus  célèbres  de  l'An- 
gleterre. (f)  Plufieurs  rois  ,  entr'autref,  le  roi  Artur ,  y 
furent  inhumés.  *  (a)  Hift.  de  l'ordre  de  S.Benoît,  t.  1  , 
l.  3.  §.  4.  Q>)  Monaft.  Anglic.  p.  1,  &  feq.  (c)  Bslland. 
ry.Mart.  p.  583.  m  Hift.  de  l'ordre  de  S.  Benoît,  ;.  2, 
/.  4,  c.  60.  §.  2.  (e)  Fleuri,  Hift.  eccléf.  t.  12,  p.  46. 
(f)  Etat  préfent  de  la  G.  Bret. 

GLASS-HUTTE  ,  petite  ville  de  la  haute  Saxe ,  à 
trois  milles  de  Dresde ,  proche  de  Pirna  :  il  y  avoit  au- 
trefois une  bonne  mine  d'argent  qui  la  rendoit  plus  con- 
fidérable  qu'elle  n'eft;  à  préfent.  *  Zeyler,  Saxon,  fuper. 
topogr.  p.  88. 

GLASTENBURG,  bourg  d'Angleterre  ,  dans  la  pro- 
vince de  Sommerfet  :  il  a  droit  de  tenir  marché  public. 
*  Etat  préfent  de  la  G.  Bret.  t.  I. 

GLATOV,  petite  ville  de  Bohême ,  au  cercle  de  Pil- 
fen.  Zeyler  la  nomme  Klatow  dans  fa  Carte  ;  mais 
il  écrit  Glatow'  dans  fa  Topographie  :  elle  eft  entourée 
de  plufieurs  autres  petites  villes ,  Schwihof ,  Zinkow , 
Kafegowitz ,  Planitz  &  Klenow.  Tous  ces  lieux  font 
vers  les  confins  de  la  Bavière  ,  &  qualifiés  villes  dans 
les  régiftres  du  royaume.  Théobald  ,  frère  du  roi  Uladis- 
las,  qui  fervit  fi  bien  Frédéric- Barberoufïe  en  Italie,  eft 
enterré  à  Glatow,  dans  le  couvent  des  Dominicains, 
qu'il,  avoit  fondé  :  en  1622  ,  cette  ville  fut  pillée  par  les 
Polonois. 

Derrière  Glatow,  fur  un  rocher  élevé ,  eft  le  château 
de  Raby,  avec  un  bourg  que  quelques  Cartes  marquent 
comme  une  petite  ville.  Jean  Zifchta,  général  des  Huf- 
fites,  s'étant  rendu  maître  du  bourg,  &  voulant,  au  point 
du  jour,  du  29  Mars  1421 ,  donner  l'aflaut  au  château, 
y  perdit  le  feul  œil  qu'il  eût  bon  ,  &  fut  aveuglé  d'un 
coup  qu'il  reçut  à  cette  attaque.  *  Voyez  Théobald ,  Hif- 
toire  des  Huffites,  i.part.  p.  179. 

GLATZ,  -au  comté  de  même  nom,  dont  elle  eft  la 
capitale  :  elle  eft  fituée  fur  le  bord  de  la  Neifle,  à  vingt 
milles  de  Prague,  &  à  dix-huit  d'Olmutz.  On  croit  affez 
communément  que  le  comté  de  Glatz  eft  le  pays  qu'occu- 
poient  les  Marjigni ,  ancien  peuple  de  la  Germanie,  & 
qu'alors  la  ville  même  s'appelloit  LUCA.  Il  y  a  diverfes 
opinions  fur  l'origine  de  ce  nom  moderne  ;  mais  elles  n'ont 
pas  plus  de  fondement  les  unes  que  les  autres.  Melchior 
Goldaft  ,  dans  fon  Livre  du  royaume  de  Bohême  ,  /.  1 , 
c.  1 5,  écrit  que  Glatz  eft  nommé  Closcum  parles  Polo- 
nois, Glozium  par  les  Bohémiens,  &  GozLIUM  par 
les  Efclavons.  Les  habitans  de  Glatz  difent  que  cette 
comté  étoit  anciennement  un  membre  impérial  de  l'em- 
pire d'Allemagne  ,  &  qu'après  la  mort  du  dernier 
comte,  il  ne  vint  aux  ducs  ou  aux  rois  de  Bohême, 
que  par  la  faveur  des  empereurs  ou  Vois  d'Allemagne , 
qui  leur  en  donnèrent  l'inveftiture  ;  &  qu'enfin  il  n'y  a 
dans  tout  le  royaume  de  Bohême  aucune  autre  feigneu- 
rie  qui  ait  le  titre  &:  la  dignité  de  comté  ;  car  les  com- 
tés d'Egre  ,  d'Elnbogen  &  de  Paflaun  font  comtés  de 
l'Allemagne ,  &C  non  pas  de  la  Bohême.  La  principauté 
de  Rofemberg  fut  bien  érigée  par  Rodolphe  II  ;  mais 
c'étoit  une  dignité  perfonnelle  ,  qui  ne  fut  point  portée 
dans  le  régiftre  public  ,  &  elle  s'éteignit  avec  la  vie  du 
feigneur  qui  en  étoit  honoré  ,  parce  qu'alors  les  Bohé- 
miens ne  connoiflbient  point  dans  leur  royaume  de 
dignité  au-delà  de  celle  de  baron.  *  Zeyler  ,  Bohem. 
Topogr.  p.  31. 

jElurius  dit  que  Glatz  &  fon  territoire ,  après  avoir 
appartenu  à  l'empire  ,  parlèrent  quelque  tems  fous  la 
domination  des  Polonois  à  qui  les  Bohémiens  les  pri- 
rent; car  on  trouve,  qu'en  1074  &  11 14  ,  ces  lieux 
étoient  à  la  Bohême.  Ce  comté  fut  enfuite  aux  ducs  de 
Siléfie  ,  &  peu  après  retourna  à  la  Bohême ,  puis  à  la  Si- 
léfie  qui  en  jouit ,  jusqu'au  tems  de  l'empereur  Henri  IV, 
qui  s'en  reftàifit.  Il  demeura  à  fes  fucceffeurs  ,  jusqu'au 
roi  George  ,  qui  donna  à  fes  fils  les  villes  de  Glatz  , 
Munfterberg  5c  de  Franckenftein.  L'empereur  Fridé- 
ric  IV  les  fit  ducs  de  Munfterberg  &:  comtes  de  Glatz , 
&  confirma  la  donation,  l'an  1463.  L'an  1500,  les  ducs 
de  Munfterberg  vendirent  le  comté  de  Glatz  à  Ulric , 
comte  de  Hardegg  ;  fes  defeendans  le  revendirent  à 
l'empe^ 


GLA 


GLE 


Î29 


pereur  Ferdinand  I,  l'an  1^37;  &ce  prince  le  con-     au  couchant  de  Makhe.  Ainfi  c'eft  la  même  que  l'ifle  de 


fera  à  la  maifon  de  Bernftein  de  qui  Erneft ,  duc  de 
viere,  l'acquit,  en  ?549;  &  après  la  mort  de  ce  dernier, 
qui  fut  en  1 560  ,  il  revint  de  nouveau  à  la  Bohême. 
L'empereur  Ferdinand  II,  en  gratifia  ,  l'an  1613  ,  fon 
frère  Charles ,  archiduc  d'Autriche  ;  mais  après  la  mort 
de  ce  prince  ,  ce  comté  retourna  à  la  Bohême  ;  puis  il 
fût.  remis  à  la  Siléfie ,  &  cédé  au  roi  de  Pruffe  par  les 


Gozzo. 

GLAUCONNESOS.  Voyez  Glauci  Insula. 

GLAUCOP1UM  ,  montagne  de  l'Attique  ,  félon 
Strabon.  Euftathe  ,  fur  le  troifiéme  livre  de  l'Odyflee  , 
dit  que  l'on  appelloit  ainfi  la  citadelle  d'Athènes. 

1.  2.  GLAUCUM  ,  promontoire  du  Nome  de  la 
Libye  ,  aux  confins  de  la  Marmarique  &:  de  l'Egypte  , 


traités  de  Breflau  de  1742,  &  de  Dresde  de  1745.   Ce     félon  Prolomée,  A4,  c.  5.  Au  midi  de  ce  promonto;re 
comté  peut  avoir  vingt-quatre  milles  de  tour  ,    huit  de     plus  avant  dans  les  terres  ,  il  y  avoit  une  ville  quiportoit 
longueur  &  cinq  de  largeur  en  quelques  endroits.   On  y     le  même  nom. 

parle  allemand.   Ses  villes,   félon  la  Carte  d'Allemagne         I.  GLAUCUS,  ri  viere  du  Peloponnefe,  dans  l'Achaie, 

'       ille  de  Patras  ,  félon  Paufanias  , 


voifinage  de  la 
1.7,  c.  18. 
HabeWerd ,  On  croit  que  cette  rivière  s'appelle  aujourd'hui  Leucos. 

Mittefvalde  ,  Voyez  ce  mot  ,  n°  1. 

Viefenberg ,  2.  GLAUCUS  ,  rivière  d'Afie  ,  dans  la  Carie  ,  felon 

Pline,  /.  5,  c.  27,  qui  dit  qu'elle  reçoit  le  Telmeffe  ,  & 
avec  plus  de  cent  villages.  II  y  a  aûfli  dans-  cette  contrée  porte  fes  eaux  à  la  men  Quintus  Calaber ,  /.  4  ,y.  6  ,  le 
douze  fources  d'eaux  minérales  ;  on  y  trouve  du  fer,  du     met  aux  confins  de  la  Cane  &C  de  la  Lycie 


de  De  Lille  ,  font 

Glatz,  qui  eft  la  capitale, 
Neurode  , 
Reinertz  , 


.infi  c'eft  ! 


charbon  de  terre ,  des  mines  d'argenr,  beaucoup  de  bois, 
de  gibier  ,  du  bétail  en  quantité  ,  &  des  aigles  fur  les 
montagnes. 

Glatz  a  de  beaux  fauxbourgs  ,  une  belle  maifon  de 
ville,  &  un  bon  château  fur  la  montagne.  Autrefois  les 
deux  religions  y  étoient  mêlées  :  la  prévôté  ou  l'égiife 
collégiale  érigée  par  Erneft  ,  archevêque  de  Prague  ,  a 
toujours  été  aux  Catholiques  ;  &  l'an  1527  ,  du  confen- 
tement  de  l'archevêque  de  Prague  ,  elle  fut  vendue  par 
par  le  prévôt  Chriftophe  rvirmifern  aux  Jéfuites.  L'égiife 
paroiffiale,  où  cet  archevêque  &  plufieurs  ducsde'Muns- 
terberg  font  enterrés  ,  a  été  quelque  terns  poffédée  par 
ceux  de  la  Confeffion  d'Augsbourg  ;  mais,  l'an  1621, 
ils  en  furent  exclus ,  01  de  tout  le  comté  de  Glatz  ;  & 
cette  églilé ,  où  il  y  a  deux  tours  &  une  cloche  de  cent 
neuf  quintaux ,  fut  rendue  aux  Catholiques.  Cette  ville  & 
fon  territoire  fouffrirent  beaucoup  durant  les  longues  guér- 
ies civiles  de  Bohême. 

GLAUCANKLE.  Arrien,  Exped.  Alex.  1.  5  ,  c.  20, 
p.  211  ,  ayant  dit  qu'Alexandre  entra  dans  le  pays  d'un 

peuple  voifin  du  royaume  de  Porus  ,  ajoute  :  ce  peuple     felon  Hefiode  qui  lui  donne  le  fur 
étoit  nommmé  Glaucanicœ  ,  felon  Ariftobule ,  ck  Glaujïz , 
felon  Ptolomée  ;  je  m'embaraffe  peu  ,  pourfuit-il  ,  quel 
étoit  fon  véritable  nom. 

GLAUCE,  lieu  maritime  ,  avec  un  havre ,  dans  l'Io- 
nie  ,  au  territoire  de  Mycale  ,  felon  Thucydide ,  /.  8  , 
p.  607.  C'eft  peut-être  la  Glaucia  d'Etienne. 

GLAUCHEN  ,  ou  Glauchau  ,  petite  ville  &  châ- 
teau d'Allemagne  ,  partie  dans  la  Mifnie  ,  &  partie  dans 
le  Voigtland ,  fur  la  Mu'de  ,  en  tirant  vers  Zuickau  ,  à 
neuf  milles  de  Leipfig.  Le  château  eft  agréable  :  il  appar- 
tient aux  barons  de  Schonburg  qui  font  membres  de  l'Em- 
pire ,  &  qui  tiennent  à  fief  de  la  couronne  de  Bohême 
les  biens  qu'ils  poffedent  dans  la  Mifme  fk  dans  le  Voigt- 
land ,  (avoir  Glauchen  Waldenburg,  Hartenjlàn  ,  Lesnifi 
&c  Grefslas.  Cette  ville  fouffrit  beaucoup  en  f  640^  à  caulé 
du  voifinage  de  Zuickau  ,  qui  n'en  eft  qu'à  un  mille  de 
diftance.  *  Ziyler  ,  Saxon,  iùper.  Topogr.  p.  88. 

GLAUCI-INSULA  ,  l'ifle  de  Glaucus  :  Pline ,  l.  4  , 
c.  12  ,  la  nomme  GLAUCONESUS  ,  ifle  de  l'Archipel. 
Paufanias ,/.  6  ,  c.  10,  dit  que  Glaucus  athlète  célèbre, y     Thuringe,  pour  laPaleft 


même  rivière  que  l'on  peut  attribuer  également  à  ces  deux 
Provinces. 

3.  GLAUCUS  ,  félon  Strabon,  port  de  mer  dans  une 
petite  baye  à  l'embouchure  du  Glaucus  ,  dans  le  terri- 
toire des  Rhodiens  en  terre  ferme.  Le  Glaucus  ,  dont 
il  s'agit  ici ,  eft  celui  de  l'article  précèdent. 

4.  GLAUCUS ,  rivière  d'Afie  ,  dans  la  Colchide  , 
où  elle  fe  jette  dans  le  Phafe  ,  felon  Pline  ,  /.  6  ,  c.  4  , 
&  Strabon  ,  /.  11  ,  p.  498.  C'eft  le  Cyaneus  de  Pto- 
lomée. 

GLAUDIOMAGUM.  Voyez  Claudiomagus. 

GLAUSjE.  Voyez  Glaucanic.e. 

GLAUSEN  ,  ville  d'Allemagne  ,  dans  le  Tirol  ,  fur 
l'Adige.  Son  château,  fans  flanc,  n'eft  autre  choie  qu'un 
réduit  en  carré  ,  fermé  de  murailles.  Il  eft  placé  fur  la 
pointe  d'une  roche  affez  éloignée  de  la  ville.  C'eft  le 
Clausen  de  Baudrand.  *  Corn.  DicL  Mém.  &  Plans 
géograph. 

GLEBA  Rubra  ,  ou  Sacra.  Voyez  Hiera-Bolos. 

GLECO  ,  V'  -'y.'jv ,  lieu  de  Grèce  ,  dans  la  Fhocide, 

v^Turri- 

gera  ,    qui  porte  des  tours  ,    ou    bien    fortifiée.    Cela 
le  trouve  dans  deux  vers  que  Strabon  rapporte  ,  /.  8  , 


GLElCHEN  ,  contrée  d'Allemagne  ,  dans  la  haute 
Saxe  en  Thuringe  ,  au  couchant  du  territoire  d'Erfiirth. 
Elle  a  titre  de  comté  ,  &c  eft  fituée  aux  environs  d'Er- 
furth  &  de  Gotha.  Ce  pays  étoit  dune  étendue  qui  en 
faifoit  un  état  important  &  avoit  fes  comtes  particuliers  ; 
mais  leur  famille  s'étant  éteinte  ,  les  princes  de  Saxe  & 
de  "Weymar  ,  qui  étoiet  voifins  ,  en  prirent  chacun  leur 
part.  Les  comtes  de  Hatzfeld  en  eurent  Gleichen  & 
Blanckenheim  ;  fk  les  comtes  de  Hohenlohe  en  ont  eu 
la  ville  d'ORTRUFF  ,  qui  eft  à  un  mille  au  deflbus  dé 
Gotha.  Ce  pays  prenoit  le  nom  d'un  château  'finie  fur 
la  rivière  d'Or  qui  fe  joint  a\cc  la  Géra  avant  d'arriver  à 
Erfurth.  Sur  la  montagne  nommée  Petenbcg }  à  Erfurth , 
il  y  a  un  château  fortifié  ,  ik  un  monaftere  dans  lequel 
on  voit  un  tombeau  remarquable  d'un  comte  de  Gleichen. 
Ce  feiçneur  partit,  l'an  1227,  avec  Louis,  landgrave  de 
x  our  laPaleftine ,  où  il  fin  fait  prifonnier  par 
étoit  enterré.  Plme  en  parle  comme  d'une  ifle  qui  avoit     les  Sarazins.'  La  fille  du  feigneur  entre  les  mains  de  qui  il 

étoit  tombé  eut  pour  lui  une  tendre  compaffion  ;  elle  lui 
procura  les  moyens  de  s'enfuir,  à  condition  qu'il l'épou- 


quelque  réputation. 

GLAUCI-SALTUS  ,  le  bois  de  Glaucus  ;  lieu  de 
Grèce  ,  dans  la  Béotie ,  près  de  la  mer ,  dans  le  voifinage 
d'Anthédon  ,  felon  Paufanias ,  7.  9 ,  c.  22. 

GLAUCI-TRIBUS  ,  la  tribu  de  Glaucus  ,  peuple 
d'Afie  ,  dans  la  Lycie  ,  felon  Etienne  le  Géographe.  Il 
prenoit  peut-être  ce  nom  du  fleuve  Glaucus. 

1.  GLAUCIA,  petite  ville  ou  bourg  de  l'Ionie,  felon 
Etienne  le  Géographe.  C'eft  peut-être  la  GLAUCE  que 
Thucydide  met  auprès  de  Mycale. 

2.  GLAUCIA  ,  rivière  de  Grèce  ,  dans  la  Béotie  , 
au  voifinage  du  fleuve  Inachus.  Sa  fource  eft  nommée 
AxîtTaira  ,  félon  Plutarque  ,  Quœft-  Grtec. 

GLAUCONIS  CIVITAS  ,  "& 

GLAUCONIS  INSULA  :  les  exemplaires  latins  de  préfent  Gemona  dans  le  Fnoul. 
Ptolomée  nomment  ainfi  une  ville  ,  &  une  ifle  voifine  de  GLENI  &  CoSLA  ^  lieux  fitués  fur  la  montagne  de 
l'ifle  de  Malthe  ,  fur  la  côte  d'Afrique.  Le  grec  ordinaire  Vosges  ,  ainfi  nommés  à  caufe  des  eaux  ,  felon  Sitruis  , 
n'en   parle  point.  On  trouve  cependant  dans  quelques     S.  Remigii  Vita.  .   , 

exemplaires  rxctv'wn  nco,  yy  tto/.h  ,  &:  ils  la  mettent         GLEfrlS  ,  rivière  d'Angleterre ,  (ch^n   Bede  cite  par 

To:ne  III..      R 


feroit,  &  l'acompagnant  dans  fa  flûte  ,  fe  fit  Chrétienne. 
Il  revint  dans  fa  patrie  avec  elle.  La  comtefTe  fa  femme 
eut  plus  d'égard  au  fervice  que  cette  dame  avoit  rendu 
au  comte  ,  qu'aux  fentimens  de  jaloufie  ;  le  comte  de 
fon  côté  fut  affez  équitable  pour  ne  pas  payer  d'ingrati- 
tude une  femme  à  qui  il  devoit  la  liberté  ,  &  il  fut  a  fiez 
bon  mari  pour  ne  pas  méprifer  la  comtefTe  qui  étoit 
moins  belle.  Ces  deux  femmes  le  partagèrent  durant  leurs 
vies  ;  &C  il  eft  enterré  au  milieu  d'elles  ,  fous  le  même 
tombeau.  Le  mariage  de  la  dame  Sarazine  fut  ftérile. 
*  Habner  ,  Géogr.  p.  580. 

GLEMONA.  Voyez  BiliGA.  On  croit  que  c  eft  a 


130  GLS 

Ortelius.  Son  nom  moderne  eft  Bowent  ;  mais  autrefois 
on  l'apelloit  Glan  ou  Glain  ,  £f  elle  a  donné  le  nom 
de  Glendale  à  la  vallée  quelle  arrofe.  De  nom  de 
GlANOVENTA  en  vient  aufiï.  Voyez  ce  mot. 

GLENLUZ  ,  bourg  crEcoJTe  ,  lur  la  côte  du  comté 
de  GahWay  ,  &  dans  la  baye  de  Glenluz  à  laquelle  il 
donne  (on  nom.  *  Baudrand,  édit.  de  1705. 

Le  Golfe  de  GLENLUZ,  petit  golfe  d'Ecoffe ,  fur 
la  côte  du  comté  de  Galloway ,  entre  le  cap  de  Galloxiay 
Se  la  ville  de  Vitern.  Il  prend  l'on  nom  du  bourg  de 
Glenluz.  *  Baudrand,  éd.  de  1705. 

GLERENUM  ,  petite  ville  cFItalie  ,  dans  la  Pouille  , 
félon  Plutarque  ;  mais  Ortelius  obferve  que  c'eft  une  faute , 
&  qu'il  faut  lire  GERUNIUM. 

GLER.OLE  ,  château  en  Suiffe ,  fitué  fur  des  rochers 
au  bord  du  lac  de  Genève  ,  proche  de  S.  Saphorin ,  une 
des  quatre  paroiffes  du  pays  que  l'on  appelle  la.  Vaux  , 
entre  Laufanne  Se  Vevay.  Il  a  été  bâti  par  l'un  des^ der- 
niers évoques  de  Laufanne.  Ce  château  n'eft  habité  que 
par  un  concierge  que  les  Bernois  y  tiennent.  *  Etat  & 
Délices  de  la  Suiffe  ,  t.  2  ,  p.  272. 

GLESSARIA.  Pline  ,  /.  4 ,  c.  13  ,  dit  :  il  y  a  vingt-trois 
ides,  qui  font  connues  à  caufe  des  guerres  des  Romains. 
Les  plus  remarquables  font  Burchania  que  les  nôtres 
appellent  Fabaria  ,  à  caufe  d'un  grain  qui  y  vient  naturel- 
lement, Se  qui  reffemble  aux  fèves  ;  de  plus  Glessaria  , 
appellée  ainfi  par  lesfoldats  à  caufe  Je  l'ambre.  Les  Barba- 
res la  nomment  Austrania  ;  outre  cela,  il  •y&AB.ania. 
Cellarius.  Geogr.  ant.  \.  i,  c.  5  ,  p.  491  ,  dit  que  l'on 
ignore  où  eft  cette  Glejfaria  ,  à  moins  que  ce  ne  (bit 
une  des  Eleârides  ,  qui  ont  été  nommées  de  la  forte  à 
caufe  de  l'ambre.  Il  croit  qu'il  y  avoit  plufieure  ifles 
ainfi  nommées ,  les  unes  occidentales  dans  la  mer  d'Alle- 
magne où  doit  être  cette  Glellarie  ;  les  autres  orientales 
dans  là  Baltique  ,  à  l'embouchure  de  la  Viftule  ,  fçavoir  , 
Frisch-Nerung,  &  Curisch-Merung,oùen  effet  la  mer  jette 
de  l'ambre.  Le  P.  Hardouin  ,  in  Plin.  1.  4  ,  fecl.  30  , 
ne  connoit  pour  Gleffaries  que  les  ifles  d'Oeland  &:  de 
Gotland  ;  &  il  prétend  que  ce  .font  \'AuJlrania  &  Achmia 
de  Pline.  Si  cela  eft  ,  il  faut  avouer  que  Pline  a  fait  un 
étrange  faut  &  que  dans  une  fi  grande  quantité  d'ifles 
qui  fe  trouvent  dans  les  mers  d'Allemagne  &  Baltique  , 
il  n'eft  pas  aifé  de  deviner  comment  il  a  choifi  ces  trois 
pour  les  mettre  de  fuite ,  malgré  le  grand  intervalle  qui 
les  fépare. 

GLETES  ,  nation  de  l'Ibérie  en  Europe ,  félon  Etienne 
le  Géographe  ,  c'eft-à-dite  de  l'Efpagne  :  elle  eft  voifine 
des  Cynetes. 

GLETSCHËR  ,  monta.gnes  de  Suiffe  ,  dans  le  Canton 
de  Berne  ,  au  Grindervakl.  Les  François  les  nomment  , 
les  glacières.  Il  fe  trouve  en  divers  endroits  des  monta- 
gnes de  glace  ,  qui  ne  fe  fondent  jamais  ,  Se  qui  vont 
toujours  en  croifiant  ,  à  mefure  qu'il  tombe  de  nouvelle 
neige ,  tellement  qu'elles  s'étendent  peu- à-peu  au  long  & 
au  large,  &C  ruinent  le  pays  qui  les  envirronne.  Cesmonta- 
gnes  de  glace  font  la  plupart  d'une  profondeur  immenfe  ;  Se 
.  ilarriv  :  quelquefois  qu'elles  fefendentduhauten  bas;  cequi 
fe  fait  avec  iin  bruit  fi  horrible  ,  qu'il  femble  que  toute  la 
montagne  va  fauter  en  pièces.  Ces  fentes  font  plus  ou 
moins  larges  ,  &  profondes  :  il  s'en  lait  de  deux  ,  trois  , 
Se  cinq  pieds  de  large  ,  &  de  trois  à  quatre  cents  aunes 
de  profondeur  ;  &  fi  un  homme  y  tombe  ,  il  eft  perdu  ; 
car  il  eft  bientôt  gelé  ou  noyé  dans  la  neige  fondue. 
Cependant  il  faut  nécefTairement  paflèr  par  ces  monta- 
gnes de  glace  ;  car  en  bien  des  endroits  ,  il  n'y  a  point 
d'autre  chemin  ;  &  quand  il  s'y  trouve  de  la  neige 
nouvellement  fondue  ,  on  court  rifquede  tomber  :  fouvent 
même  la  neige  couvre  tellement  ces  horribles  fentes 
dont  je  viens  de  parler  ,  que  les  voyageurs  y  perifTent. 
Pour  éviter  un  pareil  malheur  ,  on  prend  des  guides  , 
qui ,  avec  de  longs  bâtons  &  des  perches  à  la  main  , /vont 
fondant  le  chemin  pour  découvrir  s'il  n'y  aura  point  de 
fente  ;  Si  quand  ils  en  rencontrent  quelqu'une  ,  il  faut 
fauter  par  deffus  ,  ou  étendre  une  planche  qu'on  porte 
exprès  ,  ik  l'on  pair;  par  deflus  :  la  difficulté  augmente  , 
quand  il  y  a  de  la  neige  fraîchement  tombée  ;  car  alors 
on  ne  voit  aucune  trace  de  chemin  ;  &  il  faut  ,  en  ce 
cas  ,  fuivre  à  la  vue  certaines  perches  ,  (  les  Grifons  les 
appellent  Sta^as )  que  l'on  plante  de  diftance  en  diftance  , 
pour  reconnoitre  le  chemin.  Mais  en  bien  des  lieux ,  les 
habitans  n'en  plantent  point ,-  afin  que  les  voyageurs  tbie.-.t 


GLO 


obligés  de  les  prendre  pour  guides  ,  ôk  de  les  bien  payer. 
Dans  toutes  ces  différentes  ocafions ,  il  faut  mettre  à  fes 
fouliers  des  fers  à  glace  ,  pour  ne  pas  gliffer  ,  ck  marcher  , 
avec  bien  de  la  circonfpeftion.  Quelquefois  il  fe  détache, 
de  ces  montagnes  de  gros  quartiers  ,  qui  tombant  avec 
impétuofité  ,  renverfent  tout  ce  qui  fe  rencontre  fur  leur 
paffage,  &  bouchent  tellement  les  chemins,  qu'on  ne 
peut  ni  avancer  ni  reculer.  Il  fe  parle  bien  du  tems 
avant  qu'ils  foient  fondus ,  quoique  ces  fortes  d'accidens 
n'arrivent  que  dans  la  plus  chaude  faifon. 

Les  eaux ,  qui  découlent  de  ces  montagnes  de  glace , 
font  les  meilleures  &  les  plus  faines  que  l'on  puiffe 
boire.  Un  voyageur  qui  paffe  par  les  Alpes  ,  ne  peut 
boire  d'autres  eaux,  s'il  eft_  échauffé  ,  fans  courir  risque 
de  gagner  quelque  maladie  mortelle  ;  mais  on  peut  boire 
celle-ci  fans  danger ,  foit  à  jeun ,  foit  après  avoir  mangé  ; 
&  même  elles  ont  une  efpece  de  vertu  balfamique , 
pour  délaffer  ck  pour  fortifier.  C'eft  un  fait  notoire  par 
une  confiante  expérience.  Les  habitans  des  Alpes  ne 
font  point  même  d'autre  remède  dans  les  diarrhées, 
dans  les  dyffenteries  ,  ck  dans  les  fièvres  ,  que  de  boire 
de  celte  eau  de  Gletfcher  ;  Se  un  Médecin  célèbre  re- 
commande auffi  ces  fortes  d'eaux  pour  le  mal  de  dents. 
*  Etat  &  Délices  de  la  Suiffe ,  t.  1,  p.  30,  35  Se  43 . 

GLIKÉON,  petite  ville  de  la  Turquie  Européenne,  dans 
la  baffe  Albanie  ,  fur  la  rivière  de  Gliki ,  dont  elle  a  pris 
fon  nom.  Elle  eft  épifcopale  fous  la  métropole  de  Janna. 

GLIKI ,  rivière  de  la  Turquie  Européenne ,  proche 
la  ville  de  Glikéon  ,  dans  la  baffe  Albanie. 

GL1NDITIONES,  ancien  peuple  de  la  Dalmatie  ,. 
félon  Pline.  Appien  les  nomme  Clintidiones  ;  ce  font  les 
Igletes  de  Strabon  ,  &  peut-être  les  Idetes  d'Etienne  le 
Géographe.  *  Ortelius ,  Thefaur. 

GLISAS.  Voyez  Glissas. 

GLISKQWATZ ,  ville  de  la  Turquie,  en  Europe, 
au  royaume  de  Servie,  dans  une  grande  plaine ,  au  pied 
des  montagnes ,  fur  la  rivière  de  Veterniza.  *  Baudrand, 
édit.  de  1705.  .-  - 

GLISMA.  Voyez  Gisma. 

GLISSAS,  ancienne  ville  de  Grèce,  dans  la  Béotie,' 
près  du  fleuve  Thermodon  ,  félon  Hérodote ,  /.  9,  c.  42. 
Homère  en  fait  auffi  mention  clans  le  fécond  livre  de 
l'Iliade ,  Se  la  nomme  Gliffd ,  tout  Amplement ,  fans  s 
finale.  Strabon  ,  /.  9,  p.  412,  n'en  fait  qu'un  village. 
Paufanias  ,  /.  9,  c.  19,  dit  qu'au-deffus  de  Glifas  eft 
une  montagne  nommée  Hypatos ,  c'ett-k-dire  fupréme , 
fur  laquelle  il  y  avoit  un  temple  de  Jupiter  ,  avec  le 
même  furnom,. 

GLIUBOTIN,  montagne  de  la  Turquie ,  enEurope, 
félon  Baudrand  :  elle  s'étend  fort  du  levant  au  couchant , 
Se  étoit  autrefois  connue  fous  le  nom  du  mont  Scardus. 

GLOCESTER,  ville  d'Angleterre,  dans  le  Glocef- 
tershire  ou  le  comté  de  Glocefter  ,  dont  elle  eft  la  ca- 
pitale. C'eft  le  Claudia  Gajîra  Se  le  Glevum  des  anciens. 
Cette  ville  eft  fituée  fur  la  Saverne ,  à  quatre-vingt  mil- 
les de  Londres  ,  à  i'oueft ,  tirant  vers  le  nord.  Elle  eft 
grande  Se  bien  peuplée  ,  &  on  y  compte  douze  paroif- 
fes. Elle  étoit  autrefois  fortifiée  d'une  bonne  muraille 
Se  d'un  château  de  pierres  de  taille;  mais  tout  cela  eft 
tombé  en  ruine.  Henri  VIII  en  fit  un  fiége  épifcopal,  ou 
plutôt  il  le  rétablit  ;  car  c'étoit  un  évêché  du  tems  des 
anciens  Bretons.  L'églife  cathédrale  eft  fort  belle.  Ro- 
bert ,  fils  aîné  de  Guillaume  le  Conquérant ,  &  le  roi 
Edouard  II ,  deux  princes  infortunés ,  y  ont  leur  fépul- 
ture.  Cette  ville  a  deux  marchés  par  femaine ,  Se  adonné 
le  titre  de  duc  à  plufieurs  princes  du  fang.  Quelques- 
uns  prétendent,  ditBaillet,  Topogr,  des  Saints  ,. p.  602, 
que  Glocefter  eft  le  lieu  de  la  mort  Se  de  la  fépulture 
de  S.  Luce,  premier  roi  Chrétien  des  Bretons,  fous  les 
Romains. 

GLGCESTERSHIRE  ,  province  Méditerranée  d'An- 
gleterre ,  le  long  de  la  Saverne  qui  la  traverfe.   Elle  eft 
terminée  au  nord  par  le  comté  de  "Worcefter  ,   à  l'eft 
par  celui  d'Oxford  ,   à  l'oueft  par  ceux  de  Hereford  Se 
de  Monmouth ,  Se  au  fud  par  ceux  de  Wilft  Se  de  Som- 
merfet.  Cette  province  a  cent  trente  milles  de  tour,   Se 
contient  environ  huit  cents  mille  arpens  ,   &  vif-'- 
mille  fept  cents  foixante-quatre  maifons.  Elle  -  ' 
fertile.    Du   côté  de  l'eft  il  y  a  de  petite 
q  ['       ipp  Mie  Cotsv/old ,  où  paiffentunr1  : 
peaux  de  brebis  dont  la  laine  eft  for. 


GLO 


eft  un  pays  plat,  traverfé  parla  Saverne,  qui  co'ntribue 
à  la  grande  fertilité.  A  l'oueft  il  y  a  beaucoup  de  bois , 
particulièrement  la  forêt  de  Déan  ,  qui  étoit  autrefois 
plus  garnie  qu'elle  n'eft  préfentement ,  les  mines  de  fer 
en  ayant  fait  confumer  une  grande  partie.    Les  vergers 


GLO  i3i 

partie  de  l'Allemagne.)  La  ville  a  cinq  grandes  portes  &c 
deux  petites  ;  les  principales  font  celle  de  Bruft ,  celle 
de  Pologne ,  ck  celle  de  l'hôpital.  Elle  n'étoit  autrefois 
entourée  que  d'un  double  mur  ck  d'un  fbffé  ;  mais  de- 
puis les  guerre^  d'Allemagne  on  y  a  ajouté  de  nouvelles 


fournifTent  une  grande  quantité  de  cidre.  Cette  province     fortifications.  Il  y  a  à  Glogau  une  éelife  colléeiale .  dont 

_l 1» t-i.j      i_:_-        i_    •        r__       __     ._:._  :i   _  1*1  1'.    -li..fli_».-Di  ,    s,        ...         =.         »    ,     , 


abonde  en  bled ,  en  laine  ,  en  bois ,  en  fer ,  en  acier  _ 
en  cidre  ck  en  faumon.  Entre  fes  manufactures,  celle  de 
laine  eft  la  plus  confidérable.  On  y  fait  aufli  de  fort  bons 
fromages ,  dont  il  fe  fait  un  grand  débit ,  fur-tout  à  Lon- 
dres. *  Baudrand,  éd.  de'1705,  Etat  préfent  de  la 
G.  Bretagne ,  p.  66. 

Ses  villes  ck  bourgs  où  l'on  tient  marché  font  : 


Glocefter  capitale 
Cirencefter, 
Tewksburi , 
Berckley, 
Durfley, 
Lechlade , 
Marshfield  , 
Colford , 
Dean, 
Fairfold, 
Hampton , 
Campden , 
Newnham , 


Stroud , 
Chiltenham , 
Sadbury , 
Panswick, 
Stow, 
Stanley, 
Tedbury , 
"Wickware', 
Northleech, 
Newent , 
Morton , 
Thornburi , 
Winchcomb , 
ck  Wotton. 


GLOCIACENSES  ,  peuple  de  la  France,  félon  Or- 
télius ,  qui  dit  qu'il  en  eft  parlé  dans  la  vingt-cinquième 
épître  d'Yve. 

GLODITANA  ;  ce  nom  fe  trouve  ainfi  écrit  dans 
le  Livre  de  l'anonyme  de  Ravenne ,  /.  4,  c.  1 5.  Le  P.  Por- 
cheron  obferve  très-bien  qu'il  faut  lire  Clodiana. 

GLOGAU  ;  il  y  a  deux  villes  de  ce  nom  en  Siléfie, 
ck  on  les  diftingue  par  les  furnoms  du  grand  ck  du  petit 
Glogau. 

Le  grand  GLOGAV,  ville  de  la  baffe  Siléfie,  au 
duché  de  Glogau  ,    fur  la  rivière  de  l'Oder.    Cursus  , 
dans  fa  Chronique  de  Siléfie,  croit  que  cette  ville  eft  la 
Lugldunum  de  Ptolomée,   ck  que  Glogau  eft  bâtie  fur 
les  ruines  de  cette  ancienne  ville  ;  félon  lui,  l'ancien  nom 
étoit  dérivé  de   celui  du  peuple  Lygii  ou  Lui  ;  que  le 
nom  allemand  de  ce  lieu  étoit  Luenau  ,  dont  les  étran- 
gers formèrent  Luiunum  ou  Lugidunum ,  pour  l'accom- 
moder à  leur  langue.   Si  nous  en  croyons  Dlugofs,  l'un 
des  hiftoriens  de  Pologne ,  il  n'eft  point  fait  mention  de 
Glogau,  avant  l'an  1104.  Il  dit  néanmoins  que  lorfque 
l'empereur  Henri  V  l'affiégea  ,  elle  étoit  tort  peuplée, 
quoique  fes  murailles  fuffent  tombées  de  vieillerie.    Le 
nom  qu'elle  porte  aujourd'hui ,  eft  pris  de  la  langue  des 
Vendes,   ck  fignifie  un  buiffon  d'épines  :  il  y  en  a  encore 
à  préfent  plufieurs  dans  cet  endroit.  On  trouve  affez  près 
le  village  à'Hokrich  ,  qui  en  efclavon  lignine  buiffon.  Il 
appartient  à  la  ville.  Au  commencement  la  ville  étoit  au 
nord ,  Se  de  l'autre  côté  de  l'Oder ,  &  non  pas  en-deqà 
ck  au  midi ,    comme  elle  eft  à  préfent.    Ce  fut  le  duc 
Boleflas  le  Crépu  qui  la  transféra.  L'églife  collégiale  fut 
fondée ,  en  1 1 20 ,  par  Boleflas  III ,  roi  de  Pologne.  Elle 
étoit  auparavant  au  même  endroit  où  l'on  a  bâti  enfuite 
le  couvent  des  Dominicains.  En  1260,  Conrad  duc  de 
Glogau  en  fit  une  véritable  ville ,  y  appella  les  Allemands , 
leur  donna  les  loix  d'Allemagne  ,  ck  y  bâtit  un  château. 
Après  Breflaw  ,  il  n'y  a  point  dans  toute  la  Siléfie  de 
ville  mieux  fituée.   C'eft  en  quelque  façon  l'étape  &  le 
grenier  qui  fournit  des  grains  à  plulieurs  peuples.   Le  ter- 
ritoire circonvoifin  eft  très-fertile ,  &  on  y  nourrit  quan- 
tité de  bétail.  L'Oder  ck  les  étangs  des  environs  fournif- 
fent  du  poiffon  en  abondance.  Du  côté  du  midi  il  y  a  de 
hautes  montagnes ,  entr'autres  le  Schwalnberg.   L'air  y 
eft  meilleur  qu'à  Breflau.  La  bière  y  eft  agréable  ck  nour- 
nffante  ;  mais  elle  eft  trouble  ,   épaiffe  ;    cette  boiffon 
caufe  beaucoup  de  goutte  &  de  rhumatifmes.  On  y  eft 
auffi  fort  fujet  aux  maux  de  reins  à   caufe  du  lard  ,   du 
bœuf  falé  ,  du  fromage  ,    de  la  fauerkraut  ,    ck  autres 
nourritures  ordinaires  à  ce  pays.    (La  fauerkraut  nVft 
autre  chofe  que  des  choux  hachés  ,   mis  dans  un  baril, 
avec  quelques  ingrédiens,  où  ils  aigriffent  ck  prennent  un 
goût  fort  défagréable  pour  quiconque  n'y  eft  pas  accou- 
tumé ;  c'eft  pourtant  un  régal  exquis  dans  la  plus  grande 


il  a  été  parlé  :  elle  eft  bâtie  hors  de  la  ville  ,  ciu  côté  de 
l'eau ,  dans  une  agréable  ifle  que  l'Oder  environne  ;  une 
églife  paroiffiale  dans  la  ville  :   c'eft  un  ancien  édifice  , 
fur  une  hauteur ,  vers  le  midi ,    &  qui  a  la  tour  la  plus 
grofte  &  la  plus  haute  de  toute  la  Siléfie.  On  ne  fait  ni 
quand  elle  a  été  bâtie ,   ni  quand  elle  a  perdu  fa  flèche. 
Il  y  a  en  outre  trois  couvens  qui  font  dans  la  ville ,  la- 
voir un  de  Religieufes  au  bord  de  l'Oder,  un  deFran- 
eifeains,  qui  a  été  autrefois  à  des  Bernardins,  au  nord; 
ôc  un  de  Dominicains  au  couchant,  au  lieu  où  étoit  au- 
trefois la  collégiale.   Enfin  Glogau  a  un  collège  au  bord 
de  la  rivière  :    cet  édifice  étoit  occupé  par  les  ducs  de 
Glogau.  Selon  Baudrand ,  Glogau  eft  à  treize  milles  de 
Breflau,  vers  le  nord,  à  quatre  au  couchant  de  Guhrau , 
à  cinq  de  Sprotrau,  à  fept  de  Gromberg  (Grunberg)  ck 
à  dix  de  ScWisbuffein.  *  Zeyler ,  Silef.'Topogr.  p.  142. 
Le  DUCHÉ  DE  GLOGAU  ,    contrée  du  royaume  de 
Bohême  ,   dans  la  Siléfie  ,    aux  confins  de  la' Pologne. 
Il  faifoit  autrefois  un  état  féparé  ,  avoit  fes  ducs  particu- 
liers ,    ck  étoit  bien  plus  étendue  qu'à   préfent  ;    car 
toute  la  principauté  de  Sagan  ,   Prybus  ck  Naumbourg 
en  dépendoient ,  de  même  que;  Steinau  ,  Croffen  ,  Zulli- 
chaw,  avec  une  lifiere  de  la  Pologne.  Les  ducs  de  Glo- 
gau étoient   une  branche  de  la  maifon  royale  des  Piaft 
en  Pologne  ,   ck  defeendoient  de  Henri  le  Barbu ,  qui 
poffédoit  toute  la  Siléfie,  en  1201 ,  ck  avoit  fa  cour  à 
Glogau.  Un  de  fes  defeendans,  nommé  Henri  III,  mou- 
rut l'an  1309,  laiffa  trois  fils  qui  partagèrent  fon  pays: 
le  plus  jeune,  nommé  Primijlaùs  II ,  eut  pour  fon'lot 
Glogau ,  avec  les  bailliages  de  Croffen  ck  de  Freiftadt. 
Il  mourut  lans  enfans ,  &  {es  frères  Jean  &  Henri  IV, 
partagèrent  en  deux  la  ville  de  Glogau.    Jean  vendit  fa 
part  à  Jean ,  roi  de  Bohême  ;  Henri  ayant  voulu  garder 
la  fiennë  ,  fans  dépendre  du  roi  de  Bohême  ,  fut  chaiié  ; 
ck  toute  la  ville  fut  foumife  au  roi  de  Bohême,  durant 
plus  de  vingt  ans.  L'empereur  Charles  IV,  étant  roi  de 
Bohême,  donna,  en  1360  ,    la  part  de  Henri  IV   à 
Henri  V,  furnommé  Henri  de  Fer,  duc  de  Sagan  ,   ck 
mit  un  bailli  dans  le  château.  Henri  mourut,   en  1369, 
ck  laiffa  trois  fils  nommés  Henri.  L'aîné  fut  Henri  VI, 
le  fécond  Henri  VII ,   furnommé  Rappolt ,  n'eut  point 
de  fils ,  ck  fa  fucceffion  paffa  à  fon  autre  frère  Henri  VIII, 
qui  fut  furnommé  Sperling  ou  le  Moineau ,  à  caufe  de  la 
fécondité  de  fon  mariage.   Les  hiftoriens  l'appellent  en 
latin  Henricus  Paffer.  Jean ,  fon  fils  aîné ,  eut  en  partage 
le  pays  de  Sagan,  qui  fut  ainfi  détaché  de  celui  de  Glo- 
gau, ck  eft  demeuré  depuis  une  principauté  particulière. 
Vers  la  fin  du  feiziéme  iiécle  ,  Wencellas  ,  roi  de  Bo- 
hême, donna  la  moitié  de  la  ville  de  Glogau  à  Boleflas, 
duc  de  Tefchen ,   à  qui  elle  demeura  avec   le  château  , 
durant  bien  des  années.  Henri  X ,  qui  poffédoit  toute  la 
principauté  de  Glogau ,  excepté  la  moitié  de  la  ville , 
qui ,  comme  on  a  dit  ,    avoit  été  cédée  à  la  maifon  de 
Tefchen ,  étoit  le  plus  jeune  fils  de  Henri   le  Moineau. 
Il  laifïa ,  en  1467,  un  fils  unique  qui  fut  Henri  XI ,  duc  de 
Glogau,  qui  mourut  à  Freiftadt  fans  poftérité ,  l'an  1476. 
Sa  femme  Barbe  ,  fille  d'Albert  ,    éleefeur  de  Brande- 
bourg, s'empara  du  duché  de  Glogau,  que  fon  mari  lui 
avoit  tranfporté.  Mais  le  plus  jeune  fils  de  Jean ,  duc  de 
Sagan  ,    fils  aîné  de  Henri  le  Moineau  ,    prétendit  à  la 
lucceflion  de  Glogau,  en  qualité  de  plus  proche  parent; 
quoiqu'il  n'eût  dans  le   fond  aucun  droit  fur  cette  fuc- 
ceffion ,  dont  fon  père  s'étoit  démis  ;  d'ailleurs  il  ne  pof- 
fédoit aucun  territoire ,  ayant  vendu  la  principauté  de  Sa- 
gan à  l'élect eur  Erneft  de  Saxe,  ck  à  Albert  fon  frère; 
il  alla  trouver  Matthias ,  roi  de  Hongrie  ,  qui  lui  ayant 
donné  du  fecours  ck  des  troupes,  le  mit  en  état  de  fe  fai- 
fir  de  la  principauté  de  Glogau.  Il  affiégea  la  ville ,  que  ia 
douairière  de  Felchen  occupoit,  ck  Fobligea  de  fe  ren- 
dre ,  en  1480.  L'an  fuivant ,  il  s'accommoda  avec  le  roi 
Matthias ,    de  façon  qu'il  fut  unique  pofteffeur  de  toute 
la  ville  ;  ce  qui  n'étoit  point  arrivé  à  lès  ancêtres  depuis 
cent  cinquante  &  un  ans.  La  même  année,  il  tranfigea 
avec  Albert ,  él'efteur  de  Brandebourg  ,  pour  les  préten- 
tions de  la  douairière  Marguerite;  ck  l'électeur  eut  pour 
"    Tomt  III.     Rv 


GLU 


*3* 

fureté  Zullichaw,  Croffen,  Sommerfeld  &  Bobersberg. 
Par  l'accord  fait  avec  le  roi  de  Hongrie  ,  il  étoit  réglé 
que  le  duc  Jean  auroit  la  principauté  de  Glogau  fa  vie 
durant  ;  ce  prince  auroit  bien  voulu  la  laiffer  à  fes  filles 
qui  avoient  époufé  en  même  tems ,  l'an  1488  ,  les  trois 
frères  Albert,  George  Si  Charles,  fils  de  Henri,  duc  de 
Munfterberg.  Mais  Matthias  avoit  d'autres  vues ,  &t  def- 
tinoit  ce  morceau  à  Jean  Corvin  ,  fon  fils  naturel.  Ce 
fut  la  matière  d'une  guerre.  Le  roi  ayant  fait  affiéger  la 
ville  ,  le  duc  Jean  qui  s'imagina  que  les  magiftrats  te- 
noient  le  parti  de  ce  monarque  ,  les  fit  enfermer  dans 
une  tour ,  pilla  la  maifon  de  ville ,  s'empara  du  tréfor , 
révoqua  les  franchifes ,  fit  élire  de  nouveaux  magiftrats. 
Il  trouva  le  moyen  de  fortir  de  la  ville ,  avant  qu'elle  fe 
rendît ,  alla  en  Pologne  ,  puis  à  Oppelen  ,  &t  enfin  à 
Glats  ,  où  il  fe  tint  quelque  tems  dans  une  petite  mai- 
fon ;  après  y  avoir  vécu  dans  la  mifere  ,  le  Margrave 
lui  permit  de  demeurer  quelque  terns  à  Francfort ,  d'où 
il  partit  pour  Rome.  A  fon  retour ,  il  obtint  de  fes  gen- 
dres la  feigneurie  de  Wolau  pour  fubfifter.  Il  s'occupa  le 
refte  de  fa  vie  à  la  chymie  ,  Si  mourut  fort  pauvre , 
l'an  1504,  avec  un  fincere  regret  de  fes  fautes.  Il  fut  le 
dernier  de  l'ancienne  maifon  de  Glogau  ,  Sagan  Si  Crof- 
fen. Matthias  pofféda  la  ville  &  la  principauté  de  Glo- 
gau; ci  après  fa  mort,  cet  état  &  toute  la  Silène  retour- 
nèrent à  la  Bohême.  "NVladiflas  roi  de  Bohême,  donna, 
l'an  149 1 ,'  Glogau  à  fon  frère  Jean-Albert ,  qui  y  mit 
pour  commandant  Jean  Cervicow,  furnommé  le  Pola- 
que;  ce  fut  un  très-cruel  tyran.  L'an  1498,  cette  prin- 
cipauté fut  donnée  à  Sigismond  ,  frère  du  roi  ;  &c  il  s'y 
rendit  lui-même,  en  150a,  embellit  la  ville  ,  Si  fit  re- 
fleurir le  pays.  Mais  comme  il  devint  roi  de  Pologne, 
en  1 506 ,  ce  pays  revint  à  la  Bohême,  qui  y  mit  des  gou- 
verneurs. Il  fut  partagé ,  ci  ce  qui  étoit  de  la  dépendance 
de  Freyftadt  en  fut  détaché.  Le  refte  demeura  à  la  cou- 
ronne de  Bohême ,  jusqu'au  tems  de  l'empereur ,  Ferdi- 
nand II ,  qui  conféra  à  fon  général  Albert  de  Walftein 
les  duchés  de  Glogau  ,  de  Sagan  Si  de  Fridland.  Ce 
favori  étant  disgracié ,  fut  afTaffiné  par  l'ordre  même  de 
l'empereur  ;  ci  ce  qu'il  avoit  pofledé  revint  à  l'empe^ 
reur,  comme  roi  de  Bohême. 

Le  duché  de  Glogau  a  pour  villes  J 


GLY 


Freyftadt," 
Guhrau , 
Sprottau, 
Grnnberg , 
Schwibuffen  . 


Beuthen  ^ 
Pulkwitz  , 
Koben, 
Neuftadt , 
Wartenberg , 
Primnikau. 


Dans  cette  principauté  ,  les  filles,  au  défaut  de  fils, 
héritent  des  fiefs  préférablement  aux  autres  parens  & 
collatéraux.  *  Wtrner.  in  Praft.  Obferv.  p.  188. 

Le  petit  GLOGAU  ,  ville  de  Siléfie  ,  au  duché 
d'Oppeln  ,*  entre  Ziilch  8i  Cofla ,  fur  le  ruifleau  de  Brun- 
ding.  Quelques-uns  l'appellent  Ober-Glogau  ou  Glogau 
d'en-haut  ,  parce  que  le  ruiffeau  fur  lequel  il  eft  fitué  , 
tombe  dans  l'Oder  bien  loin  au-deffus  du  grand  Glogau. 
Les  troupes  de  Saxe-"Weimar  le  prirent  en  1617. 

GLOS  ,  bourg  de  France  ,  en  Normandie  ,  près 
d'Evreux  ,  dans  le  pays  d'Ouche  ,  entre  l'Aigle ,  Lyre 
&  S.  Evroul.  On  y  tient  marché  toutes  les  femaines,  & 
une  foire  tous  les  ans.  Les  rivières  de  Rille  &  de  Ca- 
rentonne  coulent  aux  environs  de  ce  bourg.  *  Corn.  Dift. 

GLOSEDUM.  Voyez  Metiosedum. 

1 .  GLOTA,  ancien  nom  de  la  Cluyd.Tzàte,  Vit.  Agri- 
col.  c.  23  ,  la  nomme  ainfi.  Ptolomée  ,  /.  2 ,  l'appelle 
Clota ,  K^a-ra  ;  quelques  hiftoriens  Anglois  l'ont  appel- 
lée  Cluda  Si  Clid.  Son  embouchure  eft  appellée  en  latin 
Glotcc  Atfluariiim  ,  en  anglois  The  Firth  of  Clid.  Elle 
donne  à  la  vallée ,  cpi'elle  arrofe ,  le  nom  de  Glotiana 
en  latin,  &  de  CluydesdaU  en  anglois.  Voyez  Cltjyd. 
*Oru!.TheC. 

2.  GLOTA  ,  nom  latin  d'une  des  ifles  Britanniques. 
Cambdem  croit  que  c'eft  préiéntement  l'ifle  A'Arran  , 
à  l'embouchure  de  la  Cluyd.  Voyez  Arran  i. 

GLOVERNIA.  Quelques  écrivains  ont  ainfi  nommé 
la  ville  de  Glocejler.  C'eft  la  même  que  Clevum.  Voyez 
ces  deux  articles. 

CLUCKSBOURG,  Ltjxbourg  ou  Luckspourg, 
petite  ville  du  Danemarck,  au  duché  de  Siesv.-ick".  C'eft 


le  chef-lieu  d'un  bailliage  de  même  nom  ,  dans  le  petit 
pays  d'Angeln.  Ce  bailliage  étoit  autrefois  à  un  monnf- 
tere  nommé  BJiue  Clofhr.  Woldemar  évoque  de  Slef- 
■wig  ,  &t  prince  du  fang  royal  ,  l'avok  d'abord  fondé 
dans  le  Holm ,  avant  que  la  ville  de  Sleswig  fût  bâtie , 
d'où  on  l'appella  Guldcnholm.  Mais  Févêque  Nicolas 
fon  fucceffeur ,  trouvant  que  les  moines  s'étoient  relâchés , 
&  fcadalifoient  par  leurs  déréglemens  ,  les  éloigna  de 
Sleswig  ;  &  au  lieu  des  biens  qu'ils  avoient ,  leur  en  donna 
d'autres  dans  le  pays  de  Sundcwit ,  Si  dans  celui  d'An- 
geln. Les  moines  qui  étoient  de  l'ordre  de  S.  Bernard, 
délogèrent  donc  avec  leur  abbé ,  &  allèrent  bâtir  un 
nouveau  monaftere  à  l'endroit  où  eft  à  préfent  la  ville 
de  Lucksbourg  ,  Se  l'appellerent  RJiue  Clojler.  Le  roi 
Eric  VII,  furnommé  Clipping  ,  les  en  fit  fortir,  l'an 
1280,  on  ne  fait  fous  quel  prétexte;  cependant  ils  y 
revinrent  quelque  tems  après ,  &  y  demeurèrent  jufqu?à 
la  révolution  qui  établit  la  Confeflion  d'Augsbourg  dans 
ce  pays  là.  L'an  1544,  lorfque  le  pays  fut  partagé,  ce 
monaftere  fe  trouva  du  partage  de  Chriftian  III,  &  le 
roi  Frédéric  fon  fils  en  congédia  les  mpines ,  le  donna 
au  duc  Jean  qui ,  fur  les  ruines  du  monaftere  ,  éleva  la 
belle  fortereffe  de  Glucksbourg  ou  Luckïbourg.  Ce  bail- 
liage étoit  autrefois  du  territoire  de  Husbikarde  ,  qui 
fàilbit  partie  de  celui  de  Flensbourg.  Une  partie  eft  cou- 
verte de  forêts  pleines  de  gibier  ;  le  refte  confifte  en 
terres  labourables ,  qui  font  propres  à  toutes  fortes  de 
grains,  fi  on  en  excepte  le  froment.  *  Hermannid.  Dan. 
Norveg.  Defcr.  p.  843. 

GLUCKSTADT  ,  ville  d'Allemagne  en  baffe  Saxe, 
dans  le  Holftein ,  ci  comprilè  dans  la  Stormarie  ,  fur 
le  bord  oriental  de  l'Elbe ,  près  de  l'embouchure  d'un 
petit  ruifleau  nommé  le  Rhin.  Dans  ce  fleuve  ,  Chris- 
tian IV ,  roi  de  Danemarck  ,  fit  bâtir  cette  fortereffe , 
l'an  1620;  c'étoit  auparavant  un  lieu  inculte  &.  délèrt, 
mais  propre  à  faire  un  port.  Ce  prince  le  fit  entourer 
d'un  rempart  Si  y  éleva  une  ville  qu'il  nomma  Glucks- 
tadt ,  c'eft-à-dire  la  ville  heureufe  :  elle  eft  dans  un  fond 
bas  Si  marécageux,  où  o  nne  peut -arriver  que  par  une  chaus- 
fée  de  pierre ,  longue  de  trois  quatts  de  mille ,  du  côté 
de  Kremp.  Les  géographes  feptentronaux  ,  lui  donnent 
42  d.  45'  de  longitude ,  Si  53  d.  52'  de  latitude ,  Elle  eft 
à  un  petit  mille  de  Krempe  ,  à  deux  d'Itzehoe  ,  5c  de 
"Wifter,  à  fept  de  Hambourg,  à  huit  de  Rendsbourg  ,' 
à  dix  de  Kiel ,  à  onze  de  Gottorp ,  &  à  douze  de  Lubec. 
Elle  occupe  l'angle  occidental  duStomar,  ce  au  nord  la 
ville  de  Krempe  ,  Si  au  midi  l'Elbe.  Lorfque  les  Im- 
périaux prirent  fur  le  roi  de  Danemarck  la  plus  grande 
partie  du  Holftein,  ils  ne  purent  fe  rendre  maître  de 
cette  ville ,  quelque  effort  qu'ils  fiffent ,  ne  pouvant  l'in- 
veftir  de  tous  côtés  ;  au  lieu  que  le  roi  avoit  fur  l'Elbe 
fes  vaiffeaux  de  guerre ,  ci  embarraffoit  fort  les  Impé- 
riaux, à  qui  cet  avantage  manquoit.  LeroideDannemarck 
qui  comprit  le  fervice  que  cette  place  lui  avoit  rendu, 
ne  fut  pas  plutôt  rentré  ,  par  la  paix ,  en  poffeffion  du 
Holftein  Si  du  Jutland ,  qu'il  l'amplifia  &t  la  fortifia  de 
plus  en  plus  ,  l'an  1629;  donna  des  franchifes  Si  des 
privilèges  à  quiconque  s'y  viendrait  établir  ;  ci  par-là  il 
en  fit  une  des  bonnes  villes  de  fes  états.  Il  y  établit  une 
douane  à  laquelle  font  fujette;  toutes  les  marchandifes 
qui  remontent  ou  defeendent  l'Elbe.  *  Hermannid.  Dan. 
Norv.  Defcript,  p.  1146. 

GLUNICK,  Glunicom  ,  abbaye  d'hommes,  ordre 
de  S.  Benoit ,  dans  la  baffe  Autriche ,  à  la  droite  de  l'Ems, 
fur  les  frontières  de  la  haute  Autriche. 

GLURENS ,  en  latin  Glorium  ,  petite  ville ,  ou  bourg 
d'Allemagne ,  au  Tirol  ,fur  l'Adige ,  dans  le  "Winfchgow  , 
ou  Val  de  Venofta,  aux  confins  des  Grifons ,  qui  le  brû- 
lèrent ,  en  1488  ,  félon  Baudrand,  éd.  de  1705  ;  il  eft 
au  pied  du  grand  Brenner  ,  environ  à  trente  milles  de 
Bolzano ,  au  couchant  en  allant  vers  Coire.  *  Zeyler, 
Tirol.  Topogr.  p.  152. 

GLURINEN,  (en  latin  Glurina)  village  de  Suiffe,  dans 
le  département  de  Goms.  II  eftun  deceuxqui  forrn  lient 
anciennement  le  comté  de  Graniols  ;  les  habitans  jouiffent 
il  y  a  long-tems ,  de  leur  liberté.  Ils  ont  aujourd'hui  le 
privilège  de  nommer  leurs  juges  dans  leurs  affaires  civiles  ; 
mais  pour  les  criminelles  ,  c'eft  le  juge  d'Amen  qui  en  con- 
noît.  *  Délices  de  la.  Suiffe,  no'iv.  edit.  t.  4,  p.  173. 

GLYCERIUM  ou  Santa  Glyceriœ  In/ula,  petite  ifle 
de  la  Propontide  :  il  en  eft  fait  mention  dans  les  conftitu- 


GNE 


GNI 


33 


tions  de  l'empereur  Emmanuer  Comnene,  &  dans  la     que  la  Pologne  à  un  aigle  pour  armes.  Gnesnes  étoit 

autrefois  la  capitale  de  la  Pologne  ;  mai*  elle  n'a  aujour- 
d'hui rien  de  confidérable  que  l'on  archevêque  qui  eft 
primat  du  royaume  &  légat  né  du  Saint  fiége.  Il  eft  régent 
de  l'état  pendant  l'interrègne  ,  ôc  le  premier  fenateur  : 
il  couronne  les  rois  &  les  reines.  Benoît  XIV  lui  a  accor- 
dé en  1749  ,  le  droit  de  porter  la  robe  rouge  comme 
les  cardinaux. 

GNIDE,  ancienne  ville  de   l'Ane  mineure,  dans  la 


Vie  de  S.  Ntccetas.  *  Ortel.  Thef. 

GLYCIAS  ,  village  de  Grèce ,  félon  Suidas ,  voifin  de 
la  ville  de  Pellene.  Paufanias  dit  qu'il  y  avoit  peu  de 
fonttaines  d'eau  douce. 

GLYCINERO  ou  Glykinero  ,  nom  moderne  d'une 
petite  rivière  de  Grèce ,  que  les  anciens  ont  connue  fous 
fous  le  nom  d'ATHYRAS.  Voyez  ce  mot. 

GLYKI  ou  Glykeon.    Baudrand  ,    édit.  de  1705 


dit  que  Glycinero  eft  une  petite  ville  de  Grèce  fur  la  Donde  ,  qui  taifoit  partie  de  la  Carie.  Les  latins  la  nom- 

riviere  de  même  nom,  &  que  nous  l'appelions  Grand-Pont,  inoient   Gnideis  :  les    grecs  Kk'JW.  On  trouve  cepen- 

Voyez  à  ce  fujet  l'article  d'Athyras.  Glykeon  eft  le'  nom  dant  dans  Pline  &  dans  le  Mêla  de  Voffius  Gnia'us.  Scylax 

dont  fe  fert  Spon ,  Voyages,  t.  1  ,p.  83  ,  pour  défigner  la    nomme  une   ville  Gréque   ïio^iç  v>t.mif  Pomp'onms 

cette  ville  ,  qui  eft  épiscopale  &fuffragante  de  la  Jannina  Mêla,  l.i  ,  c.   16,  dit  quelle   étoit  à  la  pointe  de  la 

métropole.  Le  diocefe  de  Glykeon  s'étend  depuis  Para-  péuinfule.   Ptolcmée ,  /.  5  ,  c.  2 ,  donne  le  même  nom 


nythia  jufqu'à  Parga  ,  fortereffe  des  Vénitiens ,  au  bord 
de  la  mer.  C'eft  la  ville  d'Athyras ,  port  de  l'Epire. 

I.GLYCUS.  Voyez  l'article  précédent. 

GLYCUS  2.  village'  d'Ane,  dans  la  Troade,  félon 
Suidas ,  in  voce  PoLEMON. 

GLYMPESUS  ,  T*-jp7ii<!cç  ,  ancien  lieu  de  Grèce ,  au 
Peloponnefe  ,  félon  Polybe ,  /.  5.  Ortélius  dit  que  c'eft  la 
même  choie  que  GLyppia  ,  que  Paufanias  dit  avoir  été 
un  village  de  la  Laconie. 

GLYPHIUM,  Héfiche  nomme  ainfi  une  montagne  & 
une  caverne. 

GLYPPIA.  Voyez  Glympesus. 

GLYS ,  bourg  de  Suiffe  ,  du  département  &  au  def- 
fous  de  Brieg ,  dans  une  fituation  agréable  ;  il  y  a  une 
très-belle  églife.  Ce  lieu  a  été  la  patrie  de  ce  célèbre 
Vallaifan,  George  Superfaxo  ou  auf der  F  Lue ,  homme 


a  la  ville  &  au  promontoire.  Pline  avoit  dit  de  même  : 
fur  le  promontoireeft  Gnide ,  ville  libre,  nommé  Trwpia, 
enfuhè  Pegufa  &  Stadia;  c'eft-là  que  commence  la  Do- 
ride.  A  l'égard  de  l'ancien  nom  Triopia  ,  Diodore  de 
Sicile,  /.  5.  Biiliot,  le  fait  venir  du  roi  Triopa  ;  de-là 
vièht  que  l'on  trouve  Appollo  Triopius,  Tempium  Trio- 
pium  ,  &  Mare  Triopium  ,  pour  l'Apollon  de  Gnide  , 
le  temple  de  Gnide ,  &  la  mer  qui  baigne  le  territoire 
de  Gnide.  Scylax  de  Caryande  met  dans  la  Carie  un 
promontoire,  qu'il  nomme  AxfaTa'e'o»  Uo-  >  <-  'mr ,  Se 
ajoute  Gnide,  ville  grecque.  Le  Scholiafte  de  Théocrire  , 
ad  IdylL  xvil.  v.  69,  appelle  ce  même  promontoire 
Triopon ,  &  dit  que  les  Doriens  célèbrent  à  frais  com- 
muns ,  dans  le  promontoire TV/o/wm ,  (z/2  Triopo)  des  jeux 
en  l'honneur  des  Nymphes ,  d'Apollon,  de  Neptune  ;&  ces 
jeux  font  nommés  jeux  Doriens  ,  comme  ledit  Ariftide: 


puilTant  par  fon  crédit  &  par  fes  richeffes  ,    &  qui  fit  Triopon  eftlepromontoiredeGnide,  ainfinoinmé  à  caufe 

beaucoup  parler  de  lui  au  feizieme  fiécle ,  dans  les  guerres  de  Triope ,  fils  d'Abas.  Hérodote  /.  1  ,  c.  144 ,  tait  mention 

des  François  en  Italie.  Il  fit  chaffer  du  pays  le  cardinal  de  ces  jeux  ,    &  des  combats   en  l'honneur  d'Apollon. 

Matthieu,  dont  il  é.toit  mortel  ennemi.  Le  cardinal  le  fit  Tous  les  Doriens  n'étoient  pas  admis  à  ces  jeux  ,  mais 

auffi  chaffer  à  fon  tour ,  &  il  mourut  en  exil  à  Vevai ,  l'an  feulement   la   pentapole   Dorique,  ou  les  cinq  villes, 

1529.  Il   avoit  fait  élargir  l'églife  du  bourg,  &  y  bâti  dont  quatre  étoient  dans  les  ides  de  Rhode  &  de  Cos! 

une  chapelle  pour  .fa  fépulture  &  celle  de    fa   maifon  ;  La    cinquième  étoit   Gnide  ,    la  feule  qui  fût  en  terre 

mais  il  n'y  fut  pas  inhumé.  On  y  voit   un   tableau  où  ferme ,  après  qu'on  eût  retranché  Halicarnaffe ,  qui  jouif- 

il  eft  repréfenté  avec  fa  femme ,  &  vingtt-trois  enfans ,  foir  auparavant  de  ce  droit  ;   &  fon  exclufion  fut  caufe 

douze  fils  &C  onze  filles  qu'il  eut  d'elle  feule  :  ces  por-  qu'au  lieu  d'Exapole,  ou  de  fix  villes,  ce  fut  la  Penta- 

traits  font  de  grandeur  naturelle  ,   &  fort  beaux  ;    &  les  pôle,  ou  les  cinq  villes  qui  fut  admife  à   ces  jeux  fa- 

habitans ,  qui  avoient  vu  les  origineaux  ,  difoient  qu'ils  crés. 
étoicncbien  reffemblans.  Au-deffous  de  Glys  on  rencon-  Paufanias,  in  Phocic-  c.  11  ,  nomme  Triope  le  fon- 


tre  les  relies  d'une  muraille  qui  tient  depuis  la  montagne 
en  largeur  jufqu'au  Rhône  :  on  croit  ,  dit  l'auteur  des 
Délices  de  la  Suiffe  ,  qu'elle  avoit  été  bâtie  ancienne- 
ment ,  pour  garantir  le  pays  contre  les  invafions  des  habi- 
tans  du  bas  Vallais ,  où  il  y  avoit  beaucoup  de  nobleffe 
ambineufe  Se  remuante.  *  Etat  &  Délices  de  la  Suiffe , 
P-  17^ 

GNA ,  colonie  &  rivière  de  la  Mauritanie  Tingitane, 
félon  quelques  exemplaires  de  Pomponius  Mêla,  in  fine; 
mais  au  lieu  de  ce  nom  ,  les  critiques  ont  rétabli  celui  de 
Zilia,  qui  eft  le  véritable. 

GNADENTHAL  ,  c"eft-à-dire  le  Val-de-Grack  , 
Vallis-Gradarum  couvent  de  Suiffe  ,  au  deffous  de  Brem- 
garten  :  il  fut  fondé  en  1 371  ,  &c  eft  de  l'ordre  de  Citeaux. 
* Etat  &  Délices  de  la  Suifle  t.  3  ,  p.  14a. 

GNAI-TUNG-HO  ,  nviere  de  Tartarie.  Elle  eft  au 
nord-eft  de  Kai-Guen  ,  à  fix  mille  lieues.  Elle  prend  fa 
fource  dans  la  montagne  qui  eft  à  l'Orient  de  la  ville  de 
Lan-tcheon.  Elle  coule  vers  l'eft ,  &  fe  jette  dans  la  mer  : 
*  Hijloire  générale  des  Huns,  t.  4.  impartie  p.  4. 
GNATIA.  Voyez  Egnatia. 
GNEB  ADEI ,  peuple  Arabe ,  entre  les  Troglodytes , 
dans  l'Ethiopie,  félon  Pline,  l.  6. 

GNES ,  peuple  des  Rhodiens  ,  félon  Etienne  ,  il  les 
nomme  auffi  Gnetes  ,  &  Ignetes,  dit  Ortélius,  Thefaur. 
Gnes  eft  le  iingulier,  ck  Gnetes  le  pluriel.  Voyez  Igné. 

GNESNES  ,  ville  de  Pologne ,  au  Palatinat  de  Kalifie  , 
à  fept  milles  au  levant  de  Posnanie,  dans  une  plaine ,  en- 
tre des  étangs  &t  des  collines.  Quelques-uns  la  nomment 
Gnesna,  Gnejin,  &C  Gnifen.  C'eft  la  première  ville  que 


l'on  ait  bâtie  en  Pologne.  Leck  I.  duc  des  Polonois,  en     dernier,  pa 
550,  pour  fixer   fes  gens  qui  n'habitoient  que  dans  des 


dateur  de  Gnide.  Les  auteurs  ne  conviennent  pas  fur 
l'origine  de  cet  homme  ,  comme  l'avoue  Diodore  de 
Sicile  ,  /.  5  ,  c.  61  ,  qui  dit  que  Triope  vint  dans  le 
canton  de  Gnide  ,  où  il  bâtit  la  ville  de  Triopium  à 
laquelle  il  donna  fon  nom.  On  n'eft  pas  sûr  fi  Triopium 
&  Gnide  étoient  précifément  deux  noms  de  la  même 
ville  ,  comme  Pline  femble  l'affurer  ,  ou  fi  ce  font  deux 
villes  qui  ont  exifté  fucceflivement ,  6c  dont  l'une  s'eft 
formée  des  débris  de  l'autre.  Cette  ville  avoit  deux  portes , 
&£  étoit  jointe  par  un  pont  à  une  ifle  voifine  ,  de  ma- 
nière que  Gnide,  félon  Strabon,  étoit  une  double  ville. 
Paufanias,  in  Elia.  1.  1  ,  c.  24,  dit  que  la  partie  la 
plus  confidérable  de  la  ville  étoit  en  terre  ferme ,  &  que 
l'autre  étoit  dans  l'ifle.  Outre  les  fêtes  d'Appollon  &  de 
Neptune ,  dont  nous  avons  parlé ,  il  y  avoit  à  Gnide 
un  culte  particulier  de  Venus  furnommée  Gnidienne  & 
Doritide ,  dit  Paufanias  ,  in  Attic.  c.  1 .  La  ftatue  de  cette 
déeffe ,  ouvrage  de  Praxitèle,  étoit  un  chef  d'oeuvre  fi 
admirable,  que  Pline  dit ,/.  36,  c.  5,  qu'on  al loit  exprès  à 
Gnide  pour  la  voir,  &  que  Praxitèle  avoit  anobli  Gnide 
par  ce  bel  ouvrage.  Horace,  /.  3.  Ode  28,  fait  mention 
du  culte  de  Venus  à  Gnide. 

Quct  Cnidon , 
Fulgenlefque  taict  Cycladas,  &  Paph.on. 
Juncîis  vifu  olonbus. 

Le  favant  Meurfius  a  mal-à-propos  placé  une  ville  de 
Gnide  dans  l'ifle  de  Cypre  :  il  a  expliqué  trop  Iitérale- 
ment  un  vers  de  Tzetzus_  poète  Grec  du  bas  empire.  Ce 


de  Ctéfias  l'hiftorien  ,  dit  : 


0<Ti   KTII<7I£££  1 

Ef»p,7.»V»of  m 


if  KirepiW. 


chariots,  &  les  avoir  toujours  auprès  de  lui ,  en  cas  de  be- 

foin  ,  conftruifit  une  maifon  de  poutres  mal  arrangées , 

qu'il  environna  de   plufieurs  habitations  auffi  groliiére- 

ment  conftruites.  On  nomma  ce  lieu  Gnasdo  qui  veut  dire     C'eft-à-dire  :  or  Ctéfias  ,  le  médecin  ,  fils  de  Ctéliochus , 

nid  ,   parce  qu'on  y  trouva  un  nid  d'aigle,  :  c'eft  de-là    originaire  de  la  ville  de  Gnide  la  Cypriennc.  C.vte  épi- 


i34  GOA 

théte  eft  relative  à  Venus  que  les  poètes  ont  appellée 
Cypris  ,  &  non  pas  à  l'ifle  de  Cypre.  Aucun  ancien 
hïltorien  ou  géographe  n'a  fait  mention  d'une  autre 
Guide  que  de  celle  de  la  Carie.  Strabon  parlant  de  Gnide 
en  Carie  ,  dit  bien  nettement  :  c'eft  de-là  qu'étoit  ori- 
ginaire Ctéfias,  médecin  d'Artaxerxe  ,  auteur  d'une  hii- 
toire  d'Affyrie  &  de  Perfe. 

Le  promon  toire  de  Gnide  s'appelle  prefentement  Capo 
Crio  dans  la  Carte  de  Sophien ,  oc  le  Cap  de  la  Croix  dans 
les  cartes  des  François. 

GNIEV.  Voyez  Ghnief. 

GNIEWKOV  ,  bourg  de  Pologne  ,  dans  le  Palatinat 
de  Cujavie.  *  And.  Cell.  p.  249. 

GNIHING  ,  ville  de  la  Chine  ,  dans  la  province  de 
Kiangnan  ,  au  département  de  Changcheu  ,  cinquième 
métropole  de  la  province.  Elle  eft  de  zd.  38'  plus  orientale 
quePéking,  fousles3id.  17'.  de  latitude.  *  Atlas  Sïnenfîs, 

GNOSSOS,  ou,  félon  Strabon ,  Cnossos.  Voyez 
l'article  qui  fuit. 

GNOSSUS  ,  ou  Gnosus  ancienne  ville  de  l'ifle  de 
Crète.  Strabon ,  /.  6 ,  nous  apprend  qu'on  la  nommoit  autre- 
fois CjERATUS,du  nom  de  la  rivière  qui  l'arrofe.  Laftance, 
/.  1 ,  e.  ï  1 ,  rapporte  une  tradition  fuivant  laquelle  Jupiter 
avoit  été  enterré  dans  l'ifle  de  Crète ,  et  que  l'on  tombeau 
étoit  dans  la  ville  de  Gnoffe.  Paufanias,  in  Atàc.  c.  27 ,  dit 
qu'il  y  avoit  à  Gnoffe  un  labyrinthe.  Polybe ,  /.  4,  c.  54  , 
parle  des  ravages  que  cette  ville  fouffrit  pendant  la  guerre 
qu'il  décrit.  Elle  avoit  un  port  nommé  Heracleum  , 
dont  elle  étoit  affez  éloignée  ,  étant  fituée  dans  l'in- 
térieur du  pays.  Gnoffus  étoit  la  réfidence  de  Minos  , 
l'un  des  anciens  rois  qui  ayent  régné  dansll'ifle.  La  Table 
de  Peutinger  met  Gnofos  à  xxiii.  M.  P.  de  Gortyne  vers 
l'orient.  Lucain  ,  /.  3  ,  v.  185  ,  dit  : 

Creta  vêtus  populis  ,  Cnofafquc  agitare  pharetras 
Docia.  • 

Et  l'on  trouve  des  médailles  qui  font  mention  des  Gnof- 
fiens  KNQSiEfiN  ,  par  une  feule  S.  Quelques-uns  croient 
que  cette  ville  étoit  au  même  lieu  que  GlNOSA  ,  petit 
village  de  l'ifle  de  Candie  ;  d'autres  la  cherchent  à  Cas- 
tel  Pediana. 

GOA ,  ville  d'Afie  ,  (a)  aux  Indes  orientales ,  dans 
une  ifle  qui  a  neuf  lieues  de  tour  fur  la  rivière  de  Man- 
doua  ,  qui  entre  dans  la  mer  ,  à  fix  lieues  au-deffous.  Cette 
ville  eft  fituée  dans  lazone  torride.  C'eft  une  des  plus  riches , 
des  plus  marchandes ,  etdes  plus  confidérablesque  lesPor- 
tugais  aient  dans  ce  pays.  Alphonfe  d'Albuquerque  la  prit  en 
1 5 10  ,  pour  le  roi  de  Portugal  qui  y  a  un  viceroi  ;  fit 
baptifer  les  filles  Indiennes  ,  les  donna  en  mariage  aux 
Portugais  ,  afin  d'unir  les  Indiens  à  fa  nation  ,  et  de 
n'être  pas  obligé  de  dépeupler  le  Portugal  pour  avoir 
des  foldats. 

(b)  Le  port  de  Goa  eft  un  des  meilleurs  ôt  des  plus 
beaux  des  Indes.  La  nature  et  l'art  -fe  font  réunis  pour 
fortifier  ce  lieu.  Les  Portugais  l'ont  fortifié  de  plufieurs 
tours ,  bien  pourvues  d'artillerie.  (c)  Lorfqu'on  y  aborde 
par  mer  ,  on  trouve  à  l'embouchure  de  la  rivière  Man- 
doua  deux  forts  conftruits  au  pied  des  montagnes  ,  et 
bien  garnis  de  canon  ,  qui  en  défendent  l'entrée  ,  la  quelle 
eft  fort  étroite  ,  parce  que  les  montagnes  fe  rapprochent 
en  cet  endroit.  On  voit  fur  la  gauche  ,  à  la  pointe  de 
l'ifle  de  Bardes  le  fort  de  VAguada  qui  a  de  bons  ouvrages 
avec  une  batterie  à  fleur  d'eau.  Sur  la  hauteur  de  la  mon- 
tagne ,  proche  du  canal ,  il  y  a  une  longue  muraille  toute 
garnie  de  canon  ;  St  vis-à-vis  eft  le  fort  de  Notre-Dame 
du  Cap  ,  bâti  dans  l'ifle  de  Goa.  Après  avoir  fait  deux 
milles  dans  le  canal ,  on  trouve  fur  l'ifle  des  Bardes  le  fort 
de  Los  Reyes  ,  avec  de  bons  ouvrages  &t  une  batterie  à 
fleur  d'eau  ;  c'eft  où  les  vicerois  prennent  poffeffion  de 
leurs  gouvernemens.  A  deux  milles  de  ce  fort ,  on  trouve 
celui  de  Gafpar  Dia7;  lorsqu'on  a  parte  ce  dernier  fort, 
le  canal  qui  étoi<:  fort  large  ,  devient  plus  étroit  ,  n'ayant 
quelquefois  qu'un  mille  de  largeur  ,  quelquefois  deux.  Ses 
bords  font  remplis  de  maifons  agréables  ,  des  plus  beaux 
arbres  fk  fruits  des  Indes  ;  ce  qui  forme  une  vue  char- 
mante. Sur  le  bord  de  cette  rivière  ,  vers  le  milieu ,  on 
trouve  le  palais  ,  nommé  Paffo  de  Vogi  ,  où  les  vicerois 
tenoient  autrefois  leur  cour.  Il  fert  à  prefent  de  cazerne. 
En  cet  endroit  commence  un  large  mur  qui  a  deux 
milles  de  long  ,   fur  lequel  paffent  les  gens  de  pied  dans 


GOA 


le  tems  de  la  haute  mer.  On  y  ramaffe  beaucoup  de 
fel.  Le  canal ,  qui  forme  le  port ,  s'étend  dans  les  terres 
&  coupe  le  pays  en  plufieurs  petites  ifles.  Outre  le  port 
dont  on  a  parlé  ,  il  y  a  encore  à  Goa  celui  de  Murmugon 
qui  forme  un  autre  canal  qui  court  entre  l'ifle  de  Goa  et 
la  prefqu'ifle  de  Sahette.  Les  vaiffeaux  s'y  retirent  lorf- 
que  celui  de  Goa  eft  fermé  par  les  fables  qu'entraîne  la 
rivière  de  Mandoua  ;  ce  qui  arrive  ordinairement  au  mois 
de  Juin  ,  et  dure  jufqu'en  Octobre  ,  parce  que  les  pluies 
l'enflent  extraordinairement.  Ce  font  ces  deux  canaux 
qui ,  fe  joignant  à  Saint-Laurent  forment  l'ifle  de  Goa 
qui  a  vingt-fept  milles  de  circuit  et  contient  •  trente 
villages. 

Les  montagnes  qui  environnent  Goa  ,  y  caufent  des 
chaleurs  exceflives  ;  ce  qui  fait  qu'elle  n'eft  aujourd'hui 
prefque  pas  peuplée  :  d'ailleurs  fon  commerce  a  diminué 
depuis  que  celui  de  Surate  eft  augmenté.  Le  viceroi  et 
l'inquifiteur  y  ont  chacun  un  palais  magnifique.  On  y 
voit  un  affez  bel  hôpital  qui  eft  fort  riche.  La  grande  rue  , 
qu'on  nomme  la  rue  droite  ,  a  plus  de  quinze  cens  pas 
de  long  :  elle  eft  bordée  de  boutiques  de  lapidaires ,  d'orfè- 
vres ,  de  maifons  de  banquiers  St  de  riches  négocians. 
Au  milieu  de  la  rue  droite ,  on  trouve  une  belle  place  ornée 
de  plufieurs  beaux  bâtimens ,  parmi  lefquels  font  le  tribu- 
nal de  l'inquifition  ,  qui  eft  fort  févére  ,  la  maifon  de 
ville  ,  &  le  palais  de  l'archevêque,  qui  eft  à  coté  d'une 
très-belle  églife  de  Cordeliers ,  Se  du  plus  beau  couvent 
qu'ils  aient  dans  le  monde.  Les  Jéfuites  y  ont  quatre 
maifons  ,  &t  un  collège  où  il  y  a  près  de  deux  mille 
écoliers  Ils  inftruifent  et  nouriffent  à  celle  du  nom  de 
Jefus  les  infidèles  qui  défirent  embraffer  la  religion  Chré- 
tienne. (d)  Ils  ont  dans  leur  maifon-profeffe  le  corps  de 
S.  François-Xavier  qui  mourut,  en  1552.  ,  dans  l'ifle 
de  Sancian  qui  eft  à  23  lieues  des  côtes  de  la  Chine  ,  où 
il  alloit  prêcher  la  foi.  Son  corps  fut  apporté  ,  en  1554  , 
à  Goa.  Enfin  on  trouve  dans  cette  ville  beaucoup  de 
belles  églifes  ,  et  d'affez  beaux  couvens  de  différens 
©rdres  de  religieux.  Elle  fut  érigée  en  archevêché  vers  le 
tems  de  la  mort  de  S.  François-Xavier  ,  &  l'archevêque 
eft  le  primat  des  Indes. 

Il  n'y  a  pas  à  Goa  plus  de  10000  habitans  ,  tous  de 
nations  St  de  religions  différentes.  Les  Portugais  font  le 
plus  petit  nombre.  Le  quart  de  la  ville  eft  peuplé  de 
mulâtres  ,  parce  que  la  plupart  des  blancs  ,  pour  faire 
fortune ,  époufent  des  Canarines.  Les  Canarins  font  Chré- 
tiens ,  et  noirs  comme  les  Ethiopiens  ;  mais  ils  ont  les 
cheveux  longs  et  le  vifage  bien  fait.  Les  uns  font  prêtres  , 
les  autres  procureurs  ,  avocats ,  notaires  ,  ou  folliciteurs 
de  procès  ,  et  font  avec  beaucoup  d'intelligence  &c 
d'exactitude  ce  qu'on  leur  recommande.  Ils  tirent  leur 
origine  dediverfes  races  de  Gentils  ,  et  s'occupent ,  félon 
la  nobleffe  ,  ou  la  baffeffe  de  leur  extraction.  La  plus 
grande  partie  vient  des  Brachmanes  ,  Banianes  et 
Charados.  Ceux-ci  font  fpirituels  ,  fins  ,  vifs  et  intelli- 
gens  ;  auflï  perfonne  n'en  veut  avoir  d'autres  pour  domef- 
tiques.  Ceux  d'une  baffe  naiffance  ,  comme  les  Langoli  ; 
font  fourbes  ,  voleurs  &  pareffeux.  Ils  vont  tout  nuds  , 
couvrant  feulement  ce  qu'on  doit  cacher ,  d'un  linge  qu'ils 
font  paffer  entre  leurs  cuiffes  et  qu'ils  attachent  à  une 
corde  qui  leur  fert  de  ceinture.  Ils  labourent  la  terre  , 
portent  la  litière  et  font  ce  qu'il  y  a  de  plus  vil  &  de 
plus  bas.  Ils  dorment  le  jour  et  la  nuit  tout  nuds  fur  la 
terre.  Us  fe  nourriffent  d'un  peu  de  riz  ,  &t  ne  goûtent  de 
pain  que  lorfqu'ils  font  à  l'extrémité.  Lorfqu'ils  s'en  croient 
affez  pour  paffer  la  femaine  ils  ne  travaillent  plus.  Il  y 
a  en  outre  un  grand  nombre  de  Cafres  ou  Noirs  que  les 
vaiffeaux  de  Lisbonne  ou  de  la  compagnie  achètent  à 
Monbaze  ,  à  Mozambique  ou  à  Senna ,  Si  autres  endroits 
de  la  côte  orientale  d'Afrique  ,  St  viennent  vendre  à 
Goa  &C  dans  toutes  les  places  des  Portugais.  Goa  a  d'élé- 
vation du  pôle  15  d.  31'  ;  fa  longitude  eft  de  93  d.  55' 
(a)  Gemelli  Carreri ,  Voyage  du  tour  du  monde  ,  t.  3  , 
p.  77.  (b)  Voyages  de  favernier.  (c)  Le  P.  Boucha  , 
Lettre  édifiantes  ,  t.  15  ,  p.  48.  (d)  Notes  du  P.  Char- 

GOAFFI ,  bourg  d'Afrique  ,  dans  la  Nigritie  ,  aux 
confins  de  la  Guinée  ,  nord-oueft  de  Gago.  De  l'ifle , 
Carte  d'Afrique ,  le  met  fur  une  petite  rivière  qui  va  tomber 
dans  le  fleuve  de  Senéga. 

GOAGA  ,  (  LE  Lac  DE  )  lac  d'Afrique ,  dans  la  Nigri- 
tie. Dapper ,  Afrique  ,  p.  230,  parlant  du  Senéga  ,  dit  : 


GOB 


GOD 


les  fources  de  ce  fleuve  ,  félon  le  fentiment  de  quelques 
géographes ,  font  deux  lacs  vers  le  levant ,  que  Ptolomée 
appelle  les  lacs  Chélidoniens  ,  &  dont  l'un  fe  nomme  pré- 
fentement  h  lac  de  Goaga ,  Si  l'autre  celui  de  Nuba  ou  le 
lac  de  la  rivière  de  Ghir. 
GOARENE  ,  Si 

GOARIA.  Etienne  nomme  ainfi  un  canton  voifin  de 
Damas.  Ptolomée  ,  /.  <j  ,  c.  1 5  ,  met  en  Syrie  ,  dans  le 
Palmyrene ,  une  ville  nommée  Goaria. 

GOARIS  ,  rivière  de  l'Inde ,  en  de-çà  du  Gange  ,  fel  on 
Ptolomée  ,  /.  7  ,  c.  1.  Quelques  exemplaires  portent 
Gaoris. 

GOATHA.  Voyez  Golgotha  , 
GOAVE  ,  &  non  pas  GoUAVE.  On  diftingue  dans 
l'ille  Efpagnole  deux  Goaves  ;  le  grand  &  le  petit.  Ce 
font  deux  efpeces  de  bayes  à  la  côte  occidentale  de  Fifle. 
Le  grand  Goave  eft  quatre  lieues  fous  le  vent  de  Léo- 
gane  :  le  petit  eft  à  une  du  grand  ,  Si  n'a  rien  de  confi- 
dérable  :  l'autre  eft  un  fort  bon  port  ;  mais  l'air  y  eft 
mal-fain  Si  le  terroir  mauvais.  La  commodité  de  fou  port 
l'a  fouvent  fait  préférer  à  tous  les  autres  quartiers  de  la 
colonie  Françoife  ,  pour  y  établir  le  quartier  général  ; 
&  on  y  a  conftruit  un  fort  avec  une  petite  bourgade  : 
on  en  voit  le  plan  dans  le  douzième  livre  de  l'Hiftoire  de 
S.  Domingue  ,  par  le  P.  Charlevoix. 

GOB ,  plaine  d'Afîe  ,  dans  la  Paleftine  ,  dans  laquelle 
fe  donnèrent  deux  combats  entre  les  Hébreux  &  les  Phi- 
liftins.  Dans  le  premier ,  Sobocaï  tua  Sapli  ,  de  la  race 
des  Géans  ,  Rcg.  1.  2  ,  c.  21  ,  v.  18  ,  &  19.  Dans  le 
fécond  ,  Elcanan  tua  le  frère  de  Goliath.  Au  lieu.de  Gob 
dans  les  Paralipomenes  ,  /.  1  ,  c.  20  ,  v.  4  ,  on  lit  Ga-ter. 
Les  Septante  ,  dans  quelques  exemplaires  ,  portent  Nos 
au  lieu  de  Gob ,  Si  dans  d'autres ,  Geth. 

GOB/EUM.  Ptolomée  nomme  ainfi  un  Promontoire 
de  la  Gaule  Lyonnoife  :  plufieurs  croient  que  c'eft  aujour- 
d'hui le  cap  de  S.  MahÉ  ,  c'eft-à-dire  de  S.  Matthieu ,  qui 
eft  en  Bretagne. 

GOBAN1UM  ou  Gobankium  ,  ancien  nom  d'une 
place  de  la  grande  Bretagne.  Antonin  dans  fofi  Itinéraire 
la  met  entre  Burium  Si  Magnis  ,  à  douze  mille  pas  de 
la  première  ,  Si  à  vingt-deux  mille  de  la  féconde.  L'ano- 
nyme de  Ravenne  écrit  Bannio.  Ce  lieu  cofiferve 
encore  fon  nom  ,  ck  s'appelle  Abergawen  ,  ck  eft  à 
dix  milles  anglais  de  Brubege  ,  qui  eft  le  Burrium  des 
anciens. 

GOBEL.  S.  Jérôme  ,  in  loc  hebraïc.  dit  que  c'étoit 
le  nom  hébreu  de  Byblos. 

GOBELINS  ,  (les)  maifon  de  Paris  ;  elle  eft  fituée 
au  bout  du  fauxbourg  S.  Marceau,  ck  a  pris  fon  nom  d'un 
excellent  teinturier  en  laine  ,  nommé  Gilles  Gobelin  , 
qui  l'occupoit  fous  le  règne  de  François  I,  avec  plufieurs 
autres  de  la  même  profeflion.  Il  trouva  le  fecret  de  teindre 
la  belle  écarlate  qu'on  a  nommée  depuis  ce  tems-là 
Vècarlalt  des  Gobelins.  On  tient  que  la  petite  rivière  de 
Bièvre  ,  qui  pafle  auprès  de  cette  maifon  ,  ck  qu'on 
appelle  d'ordinaire  rivière  des  Gobelins ,  a  une  vertu  par- 
ticulière pour  cette  teinture.  La  maifon  des  Gobelins  eft 
remplie  aujourd'hui  des  plus  habiles  ouvriers  qu'il  y  ait 
en  tapiflerie  ,  en  orfèvrerie  ck  en  fculture ,  fous  la  direction 
du  furintendant  des  bltimens  ,  arts  ck  manufactures  de 
France.  *  Corn.  Dift. 

GOBINAN  ,  petite  ville  de  Perfe  ,  en  Ane  ,  dans  la 
province  de  Sigiftan  ,  au  midi  de  la  capitale.  Quelques 
modernes  y  cherchent  l'ancienne  Ariafpi  ,  ville  de  la 
Drangiane.  *  Baitd.  édit.  de  1682. 

GÔBOEA  ,  port  de  l'Arabie  heureufe  ,  vers  l'orient, 
félon  Pline  ,  l.  6  ,  c.  28. 

GOBRYA  ,  r«£puV,  rivière  d'Afie  ,  au  pays  des 
Paropanifades  ,  félon  Ptolomée  ,  qui  dit  qu'elle  fe  mêle 
avec  le  Dorgamanes  ,  qui  vient  de  la  Baftriane. 

i-  GOBY  :  (les  déferts  de)  les  Chinois  les  nomment 
Han-hai  ouCha-mo;  ils  couvrentles frontières  occidentales 
de  la  Chine  ,  depuis  le  fonds  du  pays  de  Tangnt  vers  les 
32  d.  de  latitude  jufqu'à-peu-prèsaunord  de  la  ville  de 
Pékin  vers  le  34e  d.  de  latitude  ,  de  manière  que  pour 
aller  de  cette  ville  à  celle  de  Selinginskoy  on  eft  obligé  de 
frifer  la  pointe  feptentrionale  de  ces  déferts  ,  qui  ont  trois 
cents  lieues  de  longueur;  mais  la  largeur  en  ef!  fort  inégale. 
En  quelques  endroits  elle  a  plus  de  foixante' lieues ,  Si  en 
d'autres  elle  n'en  a  pas  plus  de  vingt-cinq  à  trente.  Toute 
cette  grande  étendue  de  pays  n'eft  qu'un  table  noir  ck  aride 


î3j 


qui  ne  produit  rien  du  tout ,  ck  coule  comme  une  rivière 
au  gré  des  vents.  Il  y  a  cependant  trois  endroits  qu'il  fem- 
ble  que  la  nature  s'eft  fait  un  devoir  de  ménager  ,  pour 
fervir  de  communication  à  la  Chine  avec  les  pays  qu'elle 
a  à  l'occident  ;  on  trouve  un  de  ces  paffages  vers  les  42  d. 
de  latitude  à  l'oueft-nord-oueft  de  Pékin  ,  un  autre  vers 
le  38e  d.  de  latitude  à  l'eft  de  la  ville  de  Chamili  fur  les  - 
frontières  du  Tibet  ,  6k  le  plus  méridional  vers  les  35  d. 
de  latitude  à  l'oueft  de  la  province  de  Xienfi  ckde  la  fin 
de  la  grande  muraille  :  ces  trois  paffages ,  qui  font  dans  des 
chaînes  de  montagnes  qui  viennent  de  la  grande  Tartarie  , 
ck  fe  joignent  à  celles  qui  bordent  la  Chine  à  l'occident, 
ont  par-tout  des  vallons  très-fetriles  ck  de  très-bonne  eau; 
mais  hors  de  ces  paffages  ,  il  eft  impomble  de  traverfer 
les  déferts  ,  à  moins  qu'on  n'ait  ries  proviiions  pour 
les  hommes  ck  les  bêtes.  *  Hifl.  généalogique  des  Tueurs  , 
p.  416. 

2.  GOBY,  province  d'Afrique,  au  royaume  de  Loango, 
dans  la  baffe  Guinée.  De  Eïflè  met  Gobby  ,  pays  iitué  à 
un  degré  de  l'équateur,  vers  le  midi  :  vers  les  fources  des 
rivières  de  Sarnafias  ck  deEernand  Vaz.  Dapper  ,  Afri- 
que, p.  323  ,  écrit  suffi  Gobby  ,  ck  dit  qu'entre  le  pays 
de  Sette  ck  ie  cap  de  Lopez-Gonfalve  eft  la  province  de 
Gobbi  ,  qui  eft  entre-coupée  de  plufieurs  lacs  Si  rivières 
portant  canots.  Ces  rivières  noumflent  beaucoup  de 
poiffon  ,  ck  même  des  hippopotames.  La  principale  habi- 
tation du  pays  eft  à  une  journée  de  la  côte  :  non  feule- 
ment la  polygamie  y  eft  permife  ;  mais  même  lorfqu'un 
ami  en  vient  vifiter  un  autre  ,  Sk  qu'il  couche  chez  lui  , 
l'ami  chez  qui  il  eft  lui  offre  une  de  fes  filles  pour  lui  tenir 
compagnie.  Un  nouveau  marié  n'eft  point  eftimé  dans 
fa  famille  jufqu'à  ce  qu'il  ait  bien  battu  fa  femme.  Ils 
font  prefque  toujours  en  guerre  avec  leurs  voifins  de 
Comma,  qui  demeurent  entre  eux  Si  le  cap  de  Lopez- 
Gonfalve.  Leurs  armes  font  la  fagaye  ,  l'arc  Si  les 
flèche-.  Les  Hollandois  y  tranfportent  des  moufqnets  , 
de  I-  coudre  à_  canon  ,  des  chauderons  de  cuivre  poli  St 
de  draps  greffiers.  A  l'égard  de  la  langue  ,  des  fuperfti- 
..ons  ck  des  coutumes  ,  ils  reffemblent  fort  à  ceux  de 
Loango. 

GOCH  ,  petite  ville  d'Allemagne  ,  au  duché  de  Cle- 
ves  ,  fur  la  rivière  de  Neers  ,  au  midi  Si  à  environ  huit 
milles  de  Cléves.  L'an  1  ^99  ,  les  Efpagnols  s'en  rendirent 
maîtres  ;  mais  les  Hollandois  la  prirent  fur  eux  l'an  16 14. 
Elle  pafla  enfuite  en  d'autres  mains  ,  mais  ils  la  reprirent 
en  Janvier  1725  ;  ils  la  poflédoient  encore  en  1640.  Elle 
eft  à  préfent  au  roi  de  Pruffe  ,  électeur  de  Brandebourg  , 
comme  tout  le  refte  du  pays  de  Cleves.  *  Zeyler ,  Veftphal. 
'Top. p.  28. 

GOCHI  ,  ville  de  la  Chine  dans  la  province  de 
Suchuen  ,  au  département  de  Xunking  troi/iéme  métro- 
pole de  la  province.  Elle  eft  plus  occidentale  que  Pékin 
de  10  cl.  29'  ,  par  les  30  d.  48'  de  latitude.  *  Atlas. 
Sincnjîs. 

GOCIANO  ,  petite  ville  de  l'ille  de  Sarchigne  ,  dans 
la  province  de  Logudori  Si  fur  la  rivière  de  1  liirfo ,  affez 
loin  de  la  côte.  Elle  donne  le  nom  à  un  comté  de  grande 
étendue  ,  dont  les  rois  d'Aragen  prenoient  même  le  titre  , 
Si  eft  à  trente  mille  pas  d'Alghieri ,  vers  le  levant.  *Bau- 
drand,  édition  de  1705. 

GODAH  ,  ville  d'Afie ,  dans  l'Indouftan  ,  à  quelques 
journées  de  Brampour.  Thomas  Rhoë ,  Anglois ,  dans  les 
Mémoires  de  fon  ambaiTade  au  Mogol  ,  en  parle  ainfi  : 
je  trouvai  le  roi  dans  une  ville  fermée  de  murailles  , 
nommée  Godah  ,  fituée  dans  le  plus  beau  pays  du  monde  : 
c'eft  une  des  plus  belles  villes  des  Indes.  If  y  a  beaucoup 
de  maifons  à  deux  étages  ,  ce  qui  eft  fort  rare  dans  ce 
pays.  Il  y  a  des  rues  pleines  de  boutiques  de  toutes  fortes 
de  marchandifes ,  aufli  riches  que  celles  de  nos  meilleurs 
marchands  :  on  y  voit  plufieurs  bâtimens  fuperbes  Sk 
faits  d'une  belle  pierre  de  taille  ,  qui  fervent  pour  rendre  la 
juftice  ou  pour  les  autres  affaires  publiques  :  il  y  a  aufli  des 
étangs  environnés  de  galeries  foutenues  d'arcades  de  pieri  e 
détaille,  Se  revêtues  de  la  même  pierre,  avec  des  degrés  qui 
régnent  tout  à  l'entour ,  Si  qui  defcendetit  jufqu'au  fond  de 
l'eau  pour  la  commodité  de  ceux  qui  y  vont  puifer ,  ou  qui , 
veulent  prendre  le  frais.  Sa  filiation  eft  encore  plus  belle , 
car  elle  eft  dans  une  grande  campagne  où  ,  de  courte  en 
courfe,  on  trouve  des  villages.  La  terre  y  eft  extrêmement 
fertile  en  bleds,  en  coton  Si  en  pâturages,  j'y  vis  ni 
beau  jardin  qui  a  bien  deux  milles  de  long  k  un  gu  I      -s 


i36 


GOE 


GOE 


côtés 

depeti 

,1.  .  I 

bâtis 

en  vou 

qu'il 

à  pal 

et  fa  vi 

nulle  de  large  ,  planté  de  mangues ,  de  tamarins;  ck  d'au- 
tre! arbn  i  Fruitiers,  ck  divifé  par  allées,  il  y  a  (le  tous 
.  ou  pagodes  ;  pludeujis  foni  tine  i  , 
&  des  pavillons  de  pierre  de  taille, 
agréablement  qu'imut  que  j'avoue 
nie  au  monde  qui  ne  fût  ravi  d'avoir 
(i  beau  lieu.  Celte  ville  étoit  autre- 
loi',  beaucoup  plus  floriflante  qu'elle  n'eftâ  préfent  (  l'au- 
tcui  écrivoil  fous  l'empereur  de  Gehan-Guir,  qui  mourut 
en  1617;  ainfi  il  y  a  plus  d'un  (îécle,)  parce  qu'elle  étoit 
la  demeure  ordinaire  du  prince  Raja  ou  Rasboi ,   avant 

?u'Ecbarshn  l'eût  conquilc  avec  le  relie  de  les  états. 
I, 'auteur  Anglois  femble  avoir  ci  11  que  Raja  ou  Rasboi 
étoit  le  nom  du  prince.  C'cft  une  erreur  ;  Raj'a  cil  le  titre 
d'un  petit   fouverain  ,  ik  ne  veut  dire  que  prince  ,  tk 

Rasbot  cilla   même  choie   que   Rageputt  OU  liiM.it.   Les 

foldats  Rageputcs  pauoient  aux  [nues  pour  des  hommes 
mini  nuint.il,  les,  dit  le  P.Catrou,  Hijl.  duMagol,  p.  [3: 
Ecbarshaeft  le  même  qtfjikehar ,  père  de  Géhan-rGuif , 
donl  j'ai  parlé.)  .h-  remarquai  même,  poùrfuit  L'auteur 
Anglois ,  qu'en  plufieuts  endroits  les  plus  beaux  bâtimens 
de  cette  ville  tombent  eu  ruine,  parce  qu'ils  ne  prennent 
pas  foin  île  les  entretenir,  vu  qu'ils  retournent  au  roi  api  es 
leur  mort. 
CODAI, MIN,  bourg  d'Angleterre  dans  la  province 


de, Su 


.■y  mr  la  rivière  de  Wcy.  Il  a  droit  de  tenir  mar- 
ché public.  Etat  priftnt  ./•■  /.'  G.  Breiag/u,  t.  1. 

(.Ol)  AN  A  ,  ville  d'Alie  ,  dans  l'Ane  ,  félon  Prolo- 
nge ,   /.  6  ,  c.   17. 

(.Ol  >ASA  ,  ville  de  la  petite  Arménie  ,  félon  Ptolo- 
mée,  /.  •)  ,  c.  4,  Elle  étoit  dans  l'intérieur  du  pays,  vers 
les  mqiltagnes.  v  l'eft  peut-être  la  même  que  la  Gundofa 
d'Antonin  ,  Itiner, 

GODEARIA  ,  pour  CoCHLF.AKiA.  Voyez  ce  mot. 

GODERVILLÉ  ,  bourg  .le  France  ,  en  Normandie  , 
au  pays  de  Çaux .  avec  haute  juftice,  Il  e(l  litué  au  milieu 
.l'une  nlaine  fertile  en  bons  grains,  e  1:1e  Beauté  &  Cre- 

tOt  ,  ilans  la  route  .le  \  almont  à  "  Uuili villcrs  ,  dont  le 
vicomte  vient  tenir  féanee  avec  lés  ollieiers  a  Goder- 
ville  ,  une  fois  en  quinze  jours ,  le  mardi  ,  jour  .l'un  grand 
marché  qu'on  y  tient.  On  y  tient  auffi  quatre  foires  tous 
les  ans  ,  ce  qui  rend  ce  bourg  renomme  en  Normandie. 
.Son  églife  paroiffiale  portele  titre  à&Sainte-Magdeleine. 

GODING  on  HonONIN,  ville  de  Bohême,  dans 
le  niarquilat  .le  Moravie  ,  aux  contins  de  la  Hongrie, 
dont  elle  cil  féparée  par  la  rivière  .le  Moravie  ,  par  une 
ille  aile/,  longue,  qui  cil  dans  celte  rivière,  ok  au  milieu 
de  laquelle  ell  la  féparation  de  la  Moravie  &  de  la 
Hongrie.  De  l'autre  côté,  c'eft-à-dire  au  couchant  de 
Godmg,  il  y  aune  petite  rivière  qui  lin  m  ■  un  lai  avant 
que  de  lé  jetter  dans  la  Morave.  Cette  petite  ville  a 
d'un  cote  un  étailg  profond  ,  de  l'autre  un  grand  in. nais , 

au  troifiémeun  bois,  5c  au  quatrième  une  belle  plaine. 

(elle  place  cil    lituée    A   l'oppofite   du  Sluliez  ,  qui    ell 

de  la  Hongrie,  &  étoit  plus  importante  qu'elle  ne  ['efl 

à  piélcut,  loifque  les  royaumes  de  Hûjlgrie  &  de  Bo- 
hème  app.utcnoiciil  à  des  fouveiains  diil'éreu .,  '  ....',, 
Morav.  Topogr.  p.  .)7. 

GODMANCHESTER,  bourg  dans  la  province  de 
Huntingtonshire ,  vis-a-vis  de  Huntington ,  capitale  de 
la  province,  fur  la  rivière  d'Oufe,  que  l'on  patte  fur  un 
pont  .le  pierre.  Voyez  l'article  DuROUPONS. 

GODOSALARA.ou 

GODOZALABA  ou  Codosalaba  ,  ou  CoduzAt 
t  An\,  félon  les  divers  exemplaires  de  l'Itinéraire  d'An- 
tonin,  lieu  delà  petite  Arménie,  fur  la  route  de  Cé- 
i.ux\-  à  Anazarbe,  entre  Artaxate  ck  Coinane ,  à  vingt- 
quatie  mille  pas  de  la  première,  ck  à  vingt-flX  mille  pas 
.le  la  féconde. 

GOEITEON  ;  petit  royaume  du  tems  des  premiers 
Huns  :  il  eft  litué  au  midi  de  ceux  de  Kuento ,  ck  de 
kicoufmn.  Leprincipal  campement  ,  ou  la  capitale  ,  ell 
dans  une  vallée  qui  porte  le  même  nom.  On  y  comp- 
toit  alors  trois  cents  familles  ,  deux  mille  trois  cents  per- 
fonnes,  &  huit  cents  foldats.»  Hijl.  générale  des  Huns, 


ÊANTOS,  château  dont  parle  Cédrcne.  Or- 
télius  conjecture  qu'il  étoit  dans  le  voilinage  de  v 'ouf- 

bius  lit  Léon  d.ms  Curopolate 

'Vil  A   ,     roiefW  ,   ville    de    l'Arabie   heu- 
reufe,   félon  Ptolomée,  /.  6,  c.  7.  Quelques  interprè- 


tes Latins  écrivent  Giratha.  Elle  étoit  dans  l'intérieur. . 

I^GÔERÉE,  petite  ille  des  Provinces-Unies  ,  dans 
la  Zuide-lloll.uide  ,  ou  Hollande  méridionale,  entre 
l'ide  de  Voome  ck  celle  de  Schpwen  au  couchant  fep- 

ten i.d  de    l'ifle  d'Overflakée.   Entre   cette  dernière 

ille  ck  celle  de  Voorn.  Il  y  a  devant  l'ide  de  Goerée 
une  fort  bonne  rade  pour  les  plus  grands  vaiflèaux.  Les 
Hollandois  prononcent  Gourée.  Et  le  nom  écrit  Goerée 
lignifie  chez  eux  bonne  rade.  Corneille  dit  que  l'ifle 
a  pris  l'on  nom  d'une  petite  ville  qui  s'y  trouve  ;  laquelle 
n\i  ni  muraille  ni  remparts  ;  qu'il  en  paroit  cependant 
quelques  vclliges  en  divers  endroits ,  èk  qu'elle  a  une 
tour  fort  haute  qui  fert  de  phare  aux  vaill'caux  qui  veu- 
lent entrer  dans  la  Meule.  Cette  ille  n'a  point  de  ville; 
mais  un  village  nommé  OuT-Doui'  ,  cèeft-à-dire  le 
vieux  village.  On  lui  donne  aulli  le  nom  de  VJJlt.  \u 
nord  de  l'ifle  elhin  grand  banc  de  fable  nommé  le  Hin- 
d.er:  il  ell  aulli  long  qu'elle.  Entre  l'ifle  çk  ce  banc  cil  un 
palîagc  nommé  le  pacage  de  Goret,  011  eu  côtoyant  l'ifle 
on  trouve  fond  par  cinq  ,  fix  ck  huit  bradés  d'eau,  ce 
qui  continue  jufqu'à  la  rade.  C'eft  cette  rade  qui  a 
donné  le  nom   à    l'ifle   èk  au  village.*   Mémoires   com- 

'""'"SOERÉE  ,  village  de  la  Hollande  méridionale, 
dans  l'ifle  de  même  nom.  , 

3.  GOERÉE,  ille  de  l'Océan,  fur  la  côte  d'Afrique. 
Les  Hollandois,  qui  l'ont  poiï'é .fée  lui  ont  donné  le  nom 
'l'une  .les  ifles  de  leur  pays.  Les  François  l'ont  nommée 
Curée.  Le  P.  Labat,  Relat.  de  l'Afrique  occid.  t.  4  ,  c.  7, 
p.  )<)(>,  en  parle  ainli  :  les  Hollandois  appellent  Goé- 
réc  fille  que  nous  appelions  Amplement  Corée.  Ce  mot 
dans  leur  langue  lignifie  bonne  rade  :  en  effet  ,  c'eft 
uniquement  ce  qu'elle  a  de  bon;  car  elle  ell  petite,  èk 
tout-à-fait  llénle.  Elle  manque  abfolument  d'eau  fck  de 
bois  ;  &C  quand  les  citernes  fuit  à  léc,  les  habitans  l'ont 
obligé  d'aller  chercher  à  la  terre  ferme  le  bois  ck  l'eau 
dont  ils  ont  befoin;  6k  comme  on  ne  peut  tirer  ces 
choies  d'Europe,  les  rois  Nègres  de  la  terre  ferme  des 
environs  exigent  fou  vent  des  préfens  pour  permettre  à 
ceux  de  l'ifle' de  prendre  des  vivres  fck  des  marchandées 
fur  leurs  terres. 

Cette  ille  qui  n'a  qu'environ  quatre  cents  vingt  toiles 
de  longueur  (ur  cent  ou  cent  vingt  de  large,  euVfituée 
à  14  d.  15'  de  latitude  (eptentrionale  ,  environ  à  une 
portée  de  canon  de  la  terre  ferme- nord -quart  nord- 
oued  tk  fud-quart-fttd-eft.  Elle  eft  toute  environnée  de 
rochers,  tk  inaccellible ,  excepté  dans  une  petite  anfè  .1 
l'efl  nord-éfi  ,  d'environ  cent  vingt  toiles  de  large  fur 
Ibixante  de  profondeur,  renfermée  entre  deux  pointes, 
dont  l'une  qui  ell  aile,  élevée  s'appelle  \.\  pointe  dl 
tiere,  ck  l'autre  qui  eft  beaucoup  plus  plate  efl  corne;.: 
par  un, banc  de  fable  où  la  mer  brife  aflTez  considérable- 
ment pour  le  faire  remarquer  de  fort  loin. 

Le  mouillage  cil  exeelent  autour  de  cette  ifle,  mais 
fur-tout  dans  l  anfe  dont  on  vient  de  parler;  ck  entr'elle 
ck  la  terre  ferme  , on  eft  à  couvert  des  plus  groffes  lame;; 
cet  endroit  eft  un  port  naturel  &J  très-affuté. 

Il  efl  certain  que  cette  ille  a  été  connue,  &  peut-êrre 
pofTédée  parles  Normands,  lorfqu'ils  étoient  feuK  i.  . 
maîtres  de  tout  le  commerce  des  côtes  d'Afrique  ,  depù 
le  cap  Cantin  au  moins,  ou  lecap  blanc,  jufqu'aux  extré- 
mités les  plus  méridionales  ;  mais  les  guerres  civiles  :k 
étrangères  qui  ont  li  Couvent  troublé  là  France  . 
mis  le défordre dans  leur  commerce,  ils  furent  contraints 
d'abandonner  prefque  tous  leurs  établiffemens  ,  &  les 
Anglois  ,  Hollandois  ck  Portugais  partagèrent  entr'eux 
leurs  dépouilles  ;  le  fort  ck  l'habitation  du  Sénégal  font 
patîes  aux  Anglois  par  le  dernier  ti  ùté  de  paix. 

Les  Hollandois  commencèrent  à  liéquenter  les  cites 
d'Afrique,  vers  la  lin  du  \\  fiécle  :  ils  s'établirent  en 
quelques  endroits  de  la  côte  de  Guinée  ,  ck  traitèrent 
avec  Biram  roi  du  Cap-Verd  ,  en  1617,  qui  leur  céda 
cette  petite  ille.  La  compagnie  l'ollandoife  y  rit  .l'abord 
bâtir  un  fort  qu'ils  nommèrent  A  ■,'/'.■  .an  uord-oueft  ,  fur 
une  montagne  alie/  haute  8.  efearpée  de  tous  cet.'";.  Ce 
fort  ne  défendant  pas  l'atterrage  &  le  débarquement  dans 
faille,  ils  en  firent  bâtir  un  lecond  fous  le  nom  de  fort 
d'Orange;  mais  il  n'étoitquede  pierres  liées  Amplement 
avec  de  la  terre  ,  au  lieu  que  celui  de  la  montagne  étoit 
de  très-bonne  maçonnerie. 


GOE 


GOE 


Ils  demeurèrent  paiflbles  poflefTeurs  de  cette  ifle  juf- 
qu'en  1663,  que  le  capitaine  Holmes  Anglois ,  attaqua 
1'ifle,  renverfa  à  coups  de  canons  lesmauvaifés  muraille',  du 
fort  de  l'Ance  ,  contraignit  le  commandant  Se  la  garnifon 
de  lui  livrer  l'ifle  Si  le  fort  de  la  montagne.  Les  Anglois  étant 
établis  fur  la  rivière  de  Gambie,  voifine  de  cette  ifle, 
fe  feraient  trouvés  , par  cette  conquête,  maitres  abfolus 
du  commerce  de  toute  la  côte  ;  mais  ils  n'en  jouirent 
pas  long-tems.  Ils  négligèrent  de  réparer  le  fort  de  la 
rade  ;  Se  Ruyter  amiral  Hollandois ,  vint  l'année  fui  vante , 
avec  une  flotte  nombreufe,  renverfa  les  murs  du  fort  de 
l'Ance,  &  contraignit  George  Abercrom ,  qui  en  étoit 
gouverneur, de  rendre  l'ifle  ;  il  fut  conduit  avec  fes  offi- 
ciers Se  fa  garnifon  à  Gambie  ,  comme  il  avoit  été  accordé 
par  la  capitulation.  La  compagnie  Hollandoife  y  mit 
pour  commandant  Jean  Cellarius,  avec  une  garnifon  de 
cent  cinquante  hommes.  Cet  officier  fit  travailler  auffitôt  à 
réparer  les  brèches,  Seenfuiteàmettre  en  mortier  de  chaux 
Se  de  fable  tout  le  refte  du  mur  du  fort  de  l'Ance  ;  il  fit 
augmenter  les  fortifications  du  fort  de  la  montagne,  Se 
mit  ces  deux  places  en  état  de  faire  une  bonne  cljfcnfc. 

Tout  cela  n'empêcha  point  le  comte  d'Eftrées  vice- 
amiral,  Se  depuis  maréchal  de  France,  de  s'en  rendre 
maître ,  en  allant  pour  la  féconde  fois  tenter  la  pnfe  de 
l'ifle  de  Tabago,  une  des  antilles  de  l'Amérique.  Il  arriva 
le3oOcl:obre  1677  a  la  vue  de  l'ifle  de  Goerée ,  fit 
mettre  pavillon  Hollandois  à  toute  fa  flotte  ,  afin  de  ne 
point  épouvanter  les  vaiffeaux  de  cette  nation,  s'il  y  en 
avoit  quelqu'un  mouillé  fous  l'ifle.  Le  commandant  Hol- 
landois n'eut  pas  plutôt  apperçu  cette  flotte, qu'il  fit  met- 
tre pavillon  à  fes  deux  forts,  Si  fit  faire  les  fignaux  de 
reconnoiffance,  dont  il  étoit  convenu  avec  les  vaiffeaux 
de  fa  nation  ;  comme  on  n'y  put  répondre,  parce  qu'on 
ne  les  lavoitpas,  il  fentit  qu'il  alloit  être  attaqué,  Se  fe 
prépara  de  fon  mieux  à  fe  défendre  ;  mais  il  fut  attaqué 
ii   vivement,  qu'il  fe  rendit  à  diferétion. 

Le  comte  d'Eftrées  n'ayant  pas  ordre  de  conferver  cette 
conqu  !te  ,  fit  entièrement  démolir  le  fort  de  la  montagne 
&  détruire  la  plus  grande  partie  de  l'enceinte  de  l'Ance,  Se 
mit  à  la  voile  avec  fon  armée.  M.  Du  Caffe  étoit  alors  fur 
la  côte  d'Afrique,  avec  le  vaiffeau  l'Entendu,  de  quarante- 
quatre  canons ,  Se  de  deux  cents  hommes  d'équipage.  Il 
apprit  à  Gambie,  ce  qui  étoit  arrivé  à  l'ifle  de  Goerée;  il 
s'y  rendit  le  15  Novembre  1677,  Se  en  prit  pofleflion 
au  nom  de  la  compagnie  du  Sénégal  ,  Se  y  établir  les 
commis  qu'il  avoit  fur  fon  bord.  Il  alla  de-là  à  Rufisque, 
à  Joal  Si  à  Portudal  où  étoient  les  comptoirs  de  la  com- 
pagnie Hollandoife,  que  le  comte  d'Eftrées  avoit  ruinés. 
Il  fit  des  traités  d'alliance  Se  de  commerce  avec  les  rois 
de  ces  contrées  ,  Se  convint  de  leur  faire  payer  par  les 
commis  les  mêmes  coutumes  que  les  Hollandois  leur 
payoient,  à  condition  que  le  commerce  ferait  libre  pour 
les  François  dans  toutes  les  terres  de  leur  dépendance, 
à  l'exclufion  ,  Si  privarivement  à  tous  autres.  Ces  traités 
furent  arrêtés  Se  publiés  avec  les  folemnités  ordinaires 
chez  les  Nègres,  dans  le  mois  de  Décembre  1677. 

M.  Du  Caffe  étant  venu  rendre  compte  i  la  cour  de  ce 
qu'il  avoit  fait  en  Goerée  Se  fur  la  côte  ,  fut  renvoyé  à 
cette  ifle  avec  des  préfens  magnifiques  pour  les  rois  du 
pays.  Il  y  arriva  au  mois  de  Mai  1678.  Il  trouva  que  les 
commis  de  la  compagnie  jouiffoient  tranquillement  des 
avantages  du  commerce  qu'il  leur  avoit  procuré  par  les 
traités,  Se  diftribua  aux  rois  du  pays  les  préfens  que  la 
compagnie  leur  envoyoit.  Ces  libéralités  achevèrent  de 
mettre  ces  princes  dans  les  intérêts  de  la  compagnie  : 
on  s'appliqua  enfuite  à  mettre  les  forts  en  état  de  faire 
une  bonne  défenfe ,  en  cas  qu'ils  fuffent  attaqués;  mais 
la  paix  ayant  été  conclue  entre  la  France  Si  les  Provin- 
ces-Unies, le  10  d'Août  1678,  les  François  demeurè- 
rent propriétaires  des  conquêtes  qu'ils  avoient  faites  fur 
les  côtes  d'Afrique  ;  en  forte  que  la  compagnie  du  Séné- 
gal fe  voyant  en  paifîble  pofleflion  de  cette  ifle  Se  des 
forts  ,  Se  fans  crainte  d'y  être  troublée,  elle  né  [ligi  1  , 
fuivant  la  coutume  invariable  des  compagnies,  de  con- 
tinuer les  travaux  qui  étoient  commencés,  Se  ne  fongea 
qu'à  fon  commerce.  Les  Hollandois  firent  quelques  ten- 
tatives,  pour  retirer  ce  commerce  des  mains  des  Fran- 
çois ;  Se  quelques-uns  de  leurs  vaiffeaux  allèrent  fuccef- 
hvement  à  cette  côte.  Le  10  Janvier  1679  ,  le  capitaine 
Hapfac,  le  même  qui  étoit  gouverneur  de  Goerée,  lors- 
que le  maréchal  d'Eflrées  s'en  rendit  maître,  en  1677, 


137 

s  y  rendit  à  bord  d'un  gros  vaifîeau  de  fa  nation.  Il  anima 

les  princes  Nègres,  parde  magnifiques  \>  •  ■. 

pre  avec  les  François  :  en  effet  le  xo  Mars  fui 

roi  de  Baol,  fit  arrêter  les  commis  du  comptoir  de  IJ'>r- 

tudal ,  Se  piller  toutes  les  marchandées.  Le  roi 

en  fit  autant  à  Joal;  Se  fans  un  accident,  la  même  chofe 

alloit  être  exécutée  àRufisque.  M.Ducafle  qui  n 


fut 


d'y  remédie 


' 


dans  la  rivière  de  Gamine  ;  il  en  partit  aufli-tôt,  Si  eut 
le  vent  fi  favorable,  qu'il  arriva  à  Goerée-.  - 
dix  heures,  quoiqu'il  y  ait  trente  lieues  de  diflance,  Se 
qu'il   faille  pour  l'ordinaire  trois  ou  quatre  jours  pour 
faire  ce  chemin  ,  à  caufe  des  vents  Si  des  çourans  qui 
font  presque  toujours  contraires.  Il  fit  defeente  chez  les 
Nègres ,  en  tua  un  grand  nombre  ,  fit  quantité  d'efclaves, 
brûla  tous  les  villages  à  deux  ou  trois  lieues  dans  les 
terres,  pilla  Se  ravagea  tout  le  pays  ,  Se  yjetta  une  telle 
conftemation ,   que  le  roi  Tin  fut  contraint   de  lui  en- 
voyer les  deux  plus  confidérables  feigneùrs  < 
Se  fit  la  paix  à  des  conditions  très-avantageu! 
les  principales  étoient  que  toutes  les  côtes  de  la  mer  du 
royaume  de  Baol,  avec  fix  lieues  dans  les  tel 
tiendraient  pour  toujours,   &  en  toi   e  proj  ,,  1  . 

compagnie  Françoife  du  Sénégal  ;   que  les 
ladite  compagnie  jouiraient  (èuls  à  l'avenir,  Se  feraient 
tout  le  commerce  du  royaume,   à  l'exclufion  de  toute 
autre   nation  ;  que  les  François  ne 
aucun   tribut    ni   coutumes    au   roi  alors   régnant  .    ni 
à  fes  fucceffeurs ,  Sec.  Il  donna  de-.  < 
beffin  fit  le  même  accord ,  Se  le  roi  Damel  s'y  fournit 
à  leur  exemple.  La  compagnie  ,  dont  non    , 
ne  dura  que  quinze  ans  ;    Se  la  euerre  de 
tellement  hn  commerce  Se  fes  efpél 
Goerée  fut  abandonnée ,  Se  le  fort  du  Sénégal  furpris  par 
les  lis.    Cinq  ou  fix  mois  après  ,  le  fiei 

les  en  dépofta,  après  quoi  on  fe  remit  en  pofleflion  de 
l'ifle  de  Goerée.  Cette  comp 

autre  formée  Se  autorifée  par  lettres-patentes  du  roi ,  au 
mois  de  Mars  1696. 

M.  Bruë ayant  été  nommé  directeur  Secomn 
néral,  arriva  au  Sénégal,  le  10  Aoûl   (697, 
premiers  foins  fut  de  rétablir  l'ifle  de  Goerée,  Se  le  com- 
merce de  la  côte  qui  en  dépend.  Il  alla  en  Goerée,   & 
trouva  les   deux  forts   de  cette  ifle  en  Ii    mauvais  état, 
que  les  magafins  étoient  découverts  &  pi  ' 

les  employés  de  la  compagnie  réduit,     ... 
trémité,  faute  de  vivres  Se  de  mar,  : 
qu'ils  avoient  été  obligés   de  vendre  jusqu'à 
aux  pentures  Se  aux  verroux  des  portes  ,  pour  avoir  du 
mil,  afin  de  fubfifter. 

Comme  il  connoifïoit  l'importance  de  ce  pofte ,  tant 
à  caufe  de  fa  fituation ,  que  de  la  bonté  Si  de  la  fureté 
de  la  rade ,  où  toutes  fortes  de  navires  peuvent  être  en 
fureté  Se  faire  facilement,  l'eau  Si  le  bois  dont  ils  ont 
befoin,  Se  trouver  à  la  terre  ferme,  qui  efl  (i  voifine, 
tous  les  vivres  Se  les  rafraîchiflemens  nécefïaires  pour 
les  voyages  de  long  cours  ;   il  en  pour  for- 

tifier cette  petite  motte  de  terre,  de  manière  qu'elle  fût 
à  couvert  de  toute  infulte.  Le  fort  de  la  montagne  qui 
avoit  été  rafé  par  le  comte  d'Eflrées  ,  Se  qui  avoit  été 
en  partie  relevé  fvx  fes  anciens  tondemens  par  la  précé- 
dente compagnie  ,    Se  appelle  le  fort  S'*  Michel ,  n'eft 
qu'une  lofange  aflez  grande  ,  flanquée  de  d .. 
Les  murs  font  bâtis  de  grandes  pierres  ,   Se  foi 
On  pourrait,  avec  une  dépenfe  médiocre,  en 
place  presqu'imprenable,  vu  la  fituation  Se  1 1 
de  conduire  dans  un  lieu  fi  éloigné  les  hommes  Se  les 
autres  chofes  néceflaires  pour  en  faire  le  fiége.  M.  Bruë 
y  fit  mettre  feize  pièces  de  canon  en  batterie  ,  Se  huit  en 
trois  autres  batteries  faites  en  1er  à  cheval.  Il  fit  aufli  répa- 
rer le  fort  de  l'Ance  ,  appelle  fore  de  S.  François  :  il  y 
fit  faire  des  logemens  pour  les  officiers  ,  Se  des  cafernes 
pour  les  foldats;  des  captiverics  pour  mettre  i 
en  attendant  les  embarquement  ;  des  magafins ,  des  for- 
ces, Se  généralement  tous  les  bâtimens  néceflaires  pour 
la  commodité  Si  la  défenfe  de  ce  pofte.  Il  In  | 
torze  pièces  de  canon  fur  les  demi-baiiions  q  : 
dotent  l'Ance  ,  Se  quatorze  autres  pié 
ries  qui  fe  croifoient,  pour  défendre  l'Ance  & 
la  defeente;  enforte  qu'il  mit  cinquante-dein 
canon  fur  cette  ifle,  de  1%  ,  iz,  8  Se  6  livres  de  balles. 
Tome  III.      S 


i38 


GO 


GO' 


Son  deffein  étoit  d'environner  toute  1  Ance,  depuis  la 
pointe  du  cimetière  jusqu'à  celle  du  ter  a  cheval  ,d  un 
double  retranchement  ;  mais  cela  n  a  point  ete  exécute. 

Le  déoartement  de  Goeree  comprend  fix  royaumes 
en  terre  ferme  ,  favoir  ceux  de  Cayor  de  Baol ,  de 
Bourfin  ,  de  Brufalum  ,  de  Joal  &  deBaore.  On  trou- 
vera leur  defcription  à  l'article  du  Sénégal. 

Cette  ifle  eft  célèbre  par  les  oblervations  agronomi- 
ques de  Des  Hayes  ,  Varin  Si  de  Glos  que  Louis  XIV, 
y  envoya  dans  cette  vue.  La  différence  méridienne  en- 
tre Goerée  &  Paris ,  fe  trouva  de  19  d.15',  &  la  lati- 
tude de  14  d.  40'. 

Ces  aftronomes  obferverent  aufli  que  les  plus  nautes 
Se  les  plus  baffes  marées  y  arrivent,  un  jour  ou  deux 
après  la  pleine  lune ,  6c  fon  changement  ;  la  différence 


que  Gog.   On  connoît  au  midi  du  Caucafe  la  GoGA- 
RENE  ,  province  d'Ibérie. 

Enfin  la  plupart  croient ,  avec  beaucoup  de  fonde- 
ment ,  que  Gog  Si  Magog  marqués  dans  Ezéchiel  Si 
dans  l'Apocalyple  ,  fe  doivent  prendre  dans  un  Cens  allé- 
gorique ,  pour  des  princes  ennemis  des  faints  &  de  l'é- 
glife. Ainli  plufieurs  prennent  <jo°rd'Ezéchiel,  pour  An- 
tiochus  Epiphanes ,  periécuteur  des  Juifs  attachés  à  leur 
religion-,  &  celui  qui  eft  marqué  dans  l'Apocalypfe  pour 
l'antechrift ,  ennemi  de  l'églife  Si  des  fidèles.^  D.  Cal- 
met ,  dans  une  Differtation  imprimée  à  la  tête  d'Ezé- 
chiel,  a  elfayé  de  faire  voir  que  Gog  étoit  le  même  que 
Cambyles ,  roi  des  Perfes  ;,  &  fur  l'Apocalypfe ,  il  a  pré- 
tendu que  Gog  &  Magog  délignent  tous  les  ennemis  qui 
perfécuteront  l'églife  jusqu'à  la  fin  des  fiécles. 

1 .  GOGA  ,  ifle  des  Indes  ,  au  royaume  de  Décan  ,  à 


,m- 


des  marées  eft  d'environ  cinq  pieds. 

4.  GOERÉE.  Les  Hollandois  nomment  aïnfi  le  cap     environ  un  tiers  de  lieue  de  la  terre  terme  ;  on  y  voit 
ri    N  h      V  Nebo  une  torterelie  bâtie  proche  de  la  mer,  a  notre  manière, 

GOESouTer-Coes,  (prononcez  Gous  Si  Ter-  félon  Davity  qui  en  parle  fur  l'autorité  de  Bartheme 
GOUS,)  ville  desProvinces-Unies  en  Zélande,  dans  la 
partie  teptentrionale  de  Suyd-Beveland  ,  à  un  quart 
d'heure  de  chemin  d'un  bras  d'eau ,  qui  fépare  cette  ifle 
de  Volfers-dyk  :  elle  communique  à  ce  bras  deau  pal- 
un  canal  qui  eft  bordé,  de  deux  forts  ;  l'un  s'ap.pelle  le 
Wejler-fort ,  c'eft-à-dire  le  fort  du  couchant ,  &  1  autre 
YOfter-fore  ou  le  fort  du  levant.  Cette  ville  eft  à  quatre 
lieues  de  Middelbourg  ,  Si  à  cinq  de  Berg-op-Zoom  , 
entre  l'une  Si  l'autre  ;  elle  eft  fortifiée  ,  affez  grande  Si 
affez  belle,  Si  la  feule  place  importante  de  l'iile.  Ce  fut 
la  feule  qui  échappa  à  l'inondation  de  l'année  1532. 
*  Divers  Mémoires. 

'  GOESGHEN,  (prononcez  Gheusghen,)  village 
de  Suiffe  ,  au  canton  de  Soleurre ,  Si  chef-lieu  d  un  des 
huit  bailliages  extérieurs  de  ce  canton.  Il  y  aune  paroifle 
&  un  château  qui  eft  la  réfidence  du  bailli.  Il  eft  litue 
fur  une  crête  de  rocher,  Si  fort  élevé;  de  forte  qu'on  le 
voit  de  loin.  Le  village  de  Goesghen  eft  entre  la  ville 
d'Olten  Si  Arace  ,  fur  la  gauche  de  l'Aare.  Dans  ce  bail- 
liage eft  le  village  de  Schoenewerd  ,  fur  la  rive  droite 
de  "l'Aare ,  011  il  y  a  un  riche  Si  ancien  collège  de  cha- 
noines ,  dont  l'églife  eft  dédiée  à  S.  Léger,  fous  la  pro- 
tection de  MM.  de  Soleurre.  Ce  n  etoit  autrefois 
qu'un  petit  hofpice ,  dédié  à  S.  Paul ,  qui,  dans  le  huitième 
fiécle,  appartenoit  à  la  prévôté  de  Moutier-grand-Val , 
dont  les  chanoines  rendent  à  Delemont.  Dans  le  même 
bailliage  eft  auffi  le  village  de  Loftorf ,  où  eft  un  bain 
d'eau  minérale  qui  charrie  du  cuivre  ,  de  l'alun  Si  du 
foufre.  Il  eft  bon  pour  guérir  diverfes  maladies ,  comme 
obftruftions ,  paralyfie  ,  débilité  de  nerfs ,  afthme ,  Sic. 
*Etat  &  Délices  de  la  Suiffe,  t.  3,  p.  83. 
GOEZANUM.  Voyez  Gozan. 
GOFNA.  Voyez  Gophna. 

GOG  Si  Magog;  quelques-uns  regardent  ces  noms 
comme  fignifiant  deux  peuples  :  (a)  l'Ecriture  joint  ces 
deux  noms  pour  l'ordinaire.  (b)  Moyfe  (c)  parle  de 
Magog  ,  fils  de  Japhet  ;  mais  il  ne  dit  rien  de  Gog. 
Gog  étoit  prince  de  Magog,  félon  Ezéchiel.  Magog  ligni- 
fie le  pays  ou  le  peuple,  Si  Gog  le  roi  de  ce  pays.  La 
plupart  des  anciens  faifoient  Magog  ,  père  des  Scythes 
ou  des  Tartares.  Plufienrs  interprètes  ont  trouvé  beau- 
coup de  traces  de  leur  nom  dans  les  provinces  de  la 
grande  Tartarie  ,  comme  dans  celles  de  Lug  &  Mungag , 
de  Cangigu  &  de  Gingui ,  dans  les  villes  de  Gingui  Si 
de  Cugui  ,  de  Corgangui  Si  de  Caigui.  *  (a)  D.  Cal- 
mée, Dift.  (b)  Ezéchiel ,  c.  38  ,  v.  2  Si  3  ;  Si  c.  39  , 
v.  1  Si  2,  Sic.  Apocal.  c.  20,  v.  7.  (c)  Genef.  c.  10, 
v.  2.  Voyez  Paralip.  I.  1 ,  c.  1 ,  v.  5. 

D'autres  ont  cru  que  les  Perfes  étoient  les  defeendans 
de  Magog.  Suidas  Si  Cédrene  difoient  qu'on  les  nomme 
encore  Magog  dans  leur  pays.  On  y  trouve  des  peuples 
nommés  Magujiens,  Si  des  philofophes  appelles  Mages. 
Quelques-uns  fe  font  imaginé  que  les  Goths  étoient 
defeendus  de  Gog  Si  de  Magog,  Si  que  les  guerres  dé- 
crites par  Ezéchiel ,  Si  entreprifes  par  Gog  contre  les 
faints ,  ne  font  autres  que  celles  que  les  Goths  firent  au 
cinquième  fiécle  contre  l'empire  Romain.  *  S.  Ambrof. 
defiir  ad  Gratianum,  1.  2,  c.  4. 

Bochart  a  placé  Gog  aux  environs  du  Caucafe.  Il  dé- 
rive le  nom  de  cette  fameufe  montagne  de  l'hébreu 
GOG-CHASAN  ,  fortcrejje  de  Gog.  Il  montre  que  Pro- 
méthée  attaché  au  Caucafe  par  Jupiter  ,  n'eft  autre  chofe 


qui  y  voyagea  au  commencement  du  leizieme  fie 
a ,  lans  doute ,  changé  de  nom  ;  Si  ces  marques 
fent  pas  pour  la  reconnoître. 

2.  GOGA ,  petite  vilie  des  Indes  ,  au  royaume  de 
Cambaye  ,  fur  la  côte  occidentale  du  golfe  de  Cam- 
baye  ,  Si  au  bord  méridional  d'une  pente  rivière  qui 
tombe  dans  ce  golfe  ,  vis-à-vis  de  Baroche  qui  eft  de 
l'autre  côté  du  gui  te  à  l'orient.  Mandeflo  ,  Voyages  des 
Indes,  1.  1  ,  dit  qu'elle  eft  affez  peuplée  ;  que  les  habi- 
tans  en  font  la  plupart  Banians ,  Si  gens  de  marine  ou 
tiiferands  ;  qu'elle  n'a  ni  portes  ni  remparts ,  mais  feule- 
ment une  muraille  de  pierres  de  taille  ,  du  côté  de  la 
mer  où  les  frégates  des  Portugais  ont  leur  rendez-vous  pour 
l'efcorte  de  leurs  vaiffeaux  marchands  jusqu'à  Goa.  *  De 
rifle ,  Atlas. 

3.  GOGA,  ville  d'Afrique ,  dans  l'Abiffînie  ,  à  dif- 
tance  égale  du  lac  de  Dambéa  qui  eft  au  couchant ,  & 
du  royaume  de  Bagember  qui  eft  à  l'orient.  Ludolfe  qui 
la  marque  fur  fa  Carte  ,  n'en  fait  point  mention  dans  ion 
hiftoire.  L'auteur  de  laDefcription  de  l'empire  du  Prête- 
Jean ,  dit  qu'elle  a  été  autrefois  le  féjour  de  l'empereur 
d'Abiffinie. 

GOGANA ,  contrée  de  la  Perfide  ,  fur  le  golfe  Per- 
fique,  où  coule  la  rivière  d'Aréon,  Apsvi/ ,  lelon  Arrien, 
in  Indic.  Ptolomée,  /.  6,  c.  S,  nomme  Gogana  une 
ville  de  la  Carmanie  ;  mais  il  ne  la  met  pas  aux  confins 
de  la  Perfide  :  au  contraire,  il  la  place  hors  du  golfe  Per- 
fique ,  fur  la  côte  méridionale  de  cette  province.  Quel- 
ques exemplaires  portent  Rhogana. 

GOGAREN  A  ,  contrée  d'Afie ,  dans  l'Arménie ,  fé- 
lon Strabon,  l.li,p.  528.  Elle  étoit  contigue  à  la  Sa- 
caffene  ,  contrée  qui  s'étendoit  jusqu'à  l'Albanie  Si  jus- 
qu'au fleuve  Cyrus.  Tout  ce  pays  ,  dit -il  ,  abonde  en 
fruits,  en  bons  arbres",  qui  ont  une  verdure  perpétuelle. 
Elle  produit  de  l'huile  d'olive.  Elle  étoit  au-delà  du  Cy- 
rus,  Si  avoit  appartenu  aux  Ibères  à  qui  les  Arméniens 
l'enlevèrent ,  félon  le  même  auteur. 

GOGARI ,  ancien  peuple  de  la Sarmatie,  félon  Pline, 
1.6,  c7. 

GOGDEN,  (LE  PAYS  de)  pays  d'Afrique,  dans  la 
Nigritie  :  il  confine  au  défert  d'Azarad.  Ce  pays  eft  ex- 
trêmement aride ,  Si  on  y  fait  quelquefois  neuf  journées 
fans  trouver  de  l'eau.  Le  défert  dAzarad,  au  contraire,  a 
un  affez  grand  lac  formé  par  les  pluies ,  Si  quelques  puits. 
Ce  pays  de  Gogden  eft  par  les  18  Si  19  d.  de  longitude, 
Si  le  21e  d.  de 'latitude  feptentrionale.  *  De  rifle,  Atlas. 

GOGHSHEIM  ou  Gotzeim  ,  village  d'Allemagne, 
dans  le  Palatinat  du  Rhin ,  fi  nous  en  croyons  Corneille 
&z  Baudrand  ,  qui  diiènt  qu'il  eft  fur  la  rivière  de 
Creicht ,  à  cinq  lieues  de  Philipsbourg  ,  à  l'orient ,  Si  à 
fix  deHeidelberg  ,  au  midi.  Voyez  la  Topographie  du 
Palatinat  par  Zeyler. 

GOG1AREI,  peuple  de  l'Inde,  félon  Pline,  /.  6,c.  20. 

GOGIDENE  ou  GuiGlNA  ,  montagne  d'Afrique, 
au  royaume  de  Maroc  ,  dans  la  province  de  Hascore. 
Elle  eft  contigue  à  la  montagne' de  Tenfites  ,  habitée 
du  côté  du  feptentrion ,  Si  déferte  vers  le  midi.  *  De  la 
Croix ,  Relat.  d'Afrique ,  t.  I ,  p.  416. 

GOGNA,  (la)  Agonia,  petite  rivière  d'Italie,  au 
duché  de  Milan  ;  elle  a  fa  fource  près  du  lac  majeur, 
vers  Arone  ,  d'où  coulant  au  midi  par  le  Novarefe  f  elle 
paffe  près  de  Novara ,  Se  de-là  par  la  Lomehne ,  où  elle 


COL 


ferend  dans  le  Pô,  au-deflbus  de  5aint-Nazaire ,  entre 
Baffignano  6k  Pavie.  *  Baudrand  ,  éd.  de  1705. 

GOHAVA,  ou  Lares  de  Gohava,  ou  Guavba. 
Voyez  Lares. 

GOIAME,  royaume  d'Afrique ,  dans  FAbiffinie  ,  à 
l'extrémité  méridionale  du  lac  de  Dambée.  Il  eft  presque 
enfermé  de  tous  côtés  par  le  Nil  ,  comme  le  remarque 
le  Grand  ,  dans  fa  Relation  hiftorique  de  FAbiffinie  , 
p.  202  ;  d'où ,  félon  lui ,  les  Jéfuites  qui  ont  été  dans  ce 
pays,  ont  cru  que  ce  royaume  étoit  Fille  Meroé  des  an- 
ciens ;  mais  Ludolfe  dit  que  le  royaume  de  Goiame,  n'a 
rien  qui  convienne  à  ce  que  Diodore  de  Sicile  ,  Strabon 
6k  Pline  ont  dit  de  Fifle  Meroé.  La  plupart  des  autorités 
qu'il  allègue  font  plutôt  voir  fon  érudition,  qu'elles  n'ap- 
puient fon  fèntiment,  Solin  dit  que  Meroé  eft  la  prc-' 
miere  ifle  que  forme  le  Nil  ;  qu'elle  eft  éloignée  de  la 
mer  de  fix  cents  milles  :  fi  Fon  en  croit  le  P.  Jérôme 
Lobo ,  il  y  a  vingt  journées  de  la  mer  à  la  fource  du  Nil  ; 
&  on  compte  depuis  Maçua  jusqu'aux  Agaus  ,  plus  de 
cent  cinquante  lieues  de  Portugal ,  qui  valent  fix  cents 
milles  d'Italie.  Mêla  corrigé  par  Saumaife,  parle  à-peu- 
près  comme  Solin.  Paufanias  dit  que  les  Grecs  6k  les 
Ethiopiens  qui  ont  été  au-delà  de  Syéne  6k  de  Meroé , 
rapportent  que  le  Nil  entre  dans  un  grand  lac ,  en  fort  6k 
traverfe  toute  l'Ethiopie  :  tout  cela  convient  très- bien 
;i  la  prefqu'ifie  de  Goiame.  Voffius  qui  ne  croit  pas  que 
Goiame  foit  Meroé  ,  dit  que  la  rivière  ,  que  les  anciens 
appellent  Afiaboras ,  eft  celle  que  nous  nommons  au- 
jourd'hui Marti ,  6k  que  la  capitale  de  Meroé  eft  la  ville 
de  Earoo  ou  Baroa ,  fous  le  feiziéme  degré  23  '  de  latitude 
fcptentrionale  ,  où  le  Bahr-Nagafch  fait  fa  demeure  ordi- 
naire. Le  voifinage  de  Siris  ou  Syéne  pourrait  fortifier  le 
fèntiment  de  Voilius  ,  parce  que  pour  aller  d'Egypte  à 
Meroé ,  on  parle  par  Syéne  qui  en  eft  éloignée  d'un  peu 
plus  de  deux  cents  lieues  communes  de  France  ;  mais 
Voffius  fe  trompe  quand  il  dit  que  le  Mareb  fe  jette 
dans  le  Tacafe.  Le  Mareb  ,  comme  on  le  remarque  en 
fon  lieu,  fe  perd  dans  les  fables  ;  6k  il  feroit  plus  vrai- 
semblable de  croire  que  l'AJlufapes  de  Pline ,  /.  5  ,  eft 
le  Mareb  quod  latends  fîgnificat'wnem  adjicit.  Mais  fi 
l'Aftaboras  eft  à  la  gauche  du  Nil  ,  comme  le  marque 
le  même  Pline ,  il  y  a  allez  d'apparence  que  c'eft  la  ri- 
vière du  Melec  ;  &  en  ce  cas,  le  fèntiment  du  lavant  P.  Har- 
douin,  qui  met  Fifle  ou  plutôt  la  péninfule  de  Meroé  entre 
la  rivière  du  Melec  6k  le  Nil ,  feroit  plus  vraifemblable  que 
celui  de  Voffius.  Mais  les  anciens  ont  fi  peu  connu  cette 
partie  de  l'Ethiopie  ,  ils  ont  parlé  fi  différemment  6k  fi 
confufément  de  Fifle  de  Meroé  ,  qu'on  peut  dire  avec 
autant  de  raifon  que  c'eft  le  royaume  de  Goiam  ,  qu'on 
le  peut  nier.  C'eft  ce  que  dit  l'abbé  le  Grand ,  dans  le  livre 
cité.  Voyez  l'article  Meroé.  Ludolf ,  Hifl.  JEthiop. 
I.  1,  c.  3  ,  prétend  qu'il  faut  prononcer  Gojam  à  la  ma- 
nière françoife  ,  c'eft-à-dire  que  YI  eft  J  confone.  Il 
blâme  ceux  qui  l'écrivent  par  y,  &  dit  que  Godigno  a 
encore  plus  mal  fait  de  l'appeller  Goroma,  1.  1,  c.  4, 
p.  15.  Ce  royaume,  pourfuit-il,  eft  devenu  célèbre  de- 
puis la  découverte  des  foùrces  du  Nil  :  fa  fituation  eft 
merveilleufe  ;  car  le  Nil  l'enferme  presque  entièrement 
comme  une  prefqu'ifie.  Godigno  le  divife  en  vingt  con- 
trées dont  il  ne  nous  apprend  point  les  noms. 

GOILLE  ,  Gollia.  Abbaye  d'hommes,  en.France,  de 
l'ordre  de  S.  Auguftin,  dans  la  Franche-Comté,  au  dio- 
cèfe  de  Befançpn ,  à  un  quart  de  lieue  de  Salins.  Ce 
n'étoit  d'abord  qu'un  prieuré  conventuel  de  Chanoines. 
Gaucher  de  Bourgogne ,  Vienne-lire  de  Salins ,  l'érigea 
en  abbaye  Fan  1199. 

GOITO  ,  bourg  ou  petite  ville  d'Italie  ,   au  duché  de 

Mantoue ,  entre  le  lac  de  Mantoue  &  celui  de  Garde , 

vers  les  confins  de  Venifé  ,   fur  la  rivière  du  Mincio, 

que  Fon  y  pafle  fur  un  pont.  *  Baudrand,  édit.  de  1705. 

GOK.INAI.  Voyez  Teuse. 

GOLAN.  Voyez  Gaulan. 

GOLBA.  Cromer  nomme  ainfi  une  petite  ville  de 
Prude  ;  6k  Hennenberg  l'appelle  une  forterefle  ,  quoi- 
qu'il faffe  mention  des  bourgeois  qui  l'habitoient  ;  6k 
tous  les  deux  racontent  diverfes  avantures  qui  y  font  ar- 
rivées. Les  acr.es  publics  mettent  dans  le  pays  de  Culm , 
fur  la  Dribentz ,  entre  Strasbourg  6k  Thorn  ,  en  tirant 
vers  Libna ,  un  lieu  célèbre  nommé  Golup  ou  Gohib  : 
Zeyler  Borujf.  Topogr.  p,  28 ,  dit  qu'il  eft  indubitable 
que  c'eft  la  même  çhofe  que  Golba,  parce  que,  dit -il, 


GOL  î39 

les  hiftoires  rapportées  s'y  accordent  ;  &  Hennenberg 
qui  parle  de  Golba ,  ne  dit  rien  de  Golup.  Voyez  Golup. 
5  1.  GOLCONDE,  château  d'Afie,  dans  la  prefqu'ifie 
d'en-deçà  du  Gange ,  au  royaume  de  Golconde.  Le  roi 
y,  tient  ordinairement  fa  cour.  TheVenot,  Voyages  des 
Indes,  p.  290,  dit  qu'il  eft  à  deux  lieues  de  Bagnagar. 
Ce  fut  Cotup-Cha  1 ,  qui  le  nomma  ainfi  ,  parce  que 
cherchant  après  fon  ufurpation  un  lieu  où  il  pût  bâtir 
une  place  forte  , ,  un  berger  lui  offrit  de  lui  en  montrer . 
un  ,  &  le  conduifit  par  un  bois  à  une  montagne.  Le  mo- 
narque trouva  ce  lieu  propre  à  remplir  fon  deffein ,  y 
fît  bâtir  un  château  ,  qu'il  nomma  Golconde  ,  du  mot 
Golcar,  qui  en  langue  Telengui,  lignifie  un  berger  :  toute 
la  campagne  de  Golconde  n'étoit  alors  qu'une  forêt» 
dont  on  a  défriché  la  terre  peu-à-peu,  après  avoir  brûlé 
les  bois.  Cette  place  eft  au  couchant  de  Bagnagar  :  la 
plaine  qui  y  conduit ,  en  fortant  du  fauxbourg  ,  fournit 
une  très-belle  vue ,  à  laquelle  Fafpecr.  de  la  montagne 
qui  s'élève  en  pain  de  fucre  au  milieu  de  ce  château, 
qui  a  tout  autour  fur  fon  penchant  le  palais  royal ,  con- 
tribue beaucoup  par  fa  perfpeftive  naturelle.  Cette  for- 
terefle a  un  grand  circuit,  &  on  peut  l'appeller  une  ville: 
fes  murailles  font  bâties  de  pierres  longues  6k  larges  de 
trois  pieds  ,  6k  elles  font  entourées  de  foffés  profonds  , 
partagés  en  tanquie{  (ou  étangs,)  qui  ont  de  belles  6k 
&  bonnes  eaux.  Mais  au  refte  ,  il  n'y  a  aucune  pièce  de 
fortification  que  cinq  tours  rondes ,  qui  ont ,  auffi  -  bien 
que  les  murailles  de  la  place ,  beaucoup  de  canon  pour- 
leur  défenfe  :  quoiqu'il  y  ait  plufieurs  portes  à  ce  châ- 
teau ,  on  n'en  tient  que  deux  ouvertes ,  6k  ponry  entrer  on 
paffe  par-deffus  un  pont  qui  eft  bâti  fur  un  grand  tanquïéy 
6k  enfuite  par  un  lieu  fort  étroit  entre  deux  tours ,  qui 
conduit  en  tournant  à  une  grande  porte  gardée  par  des 
Indiens ,  affis  fur  des  relais  de  pierre ,  avec  leurs  épées 
auprès  d'eux.  Aucun  étranger  n'y  entre  fans  une  per- 
miffion  du  gouverneur,  ou  fans  être  connu  de  quelqu'of-' 
ficier.  Il  n'y  a  dans  ce  château  ,  outre  le  palais  du  roi , 
que  les  logis  de  quelques  officiers ,  qui  foient  bien  bâtis  ; 
mais  ce  palais  eft  grand  &  bien  fitué  pour  le  bon  air  6k 
la  bonne  vue  ;  6k  un  chirurgien  Flamand  .  qui  eft  au  fer- 
vice  du  roi  ,  m'a  dit  que  la  chambre  où  il  voyoit  le  roi, 
a  un  kiock,  d'où  l'on  découvre  tout  le  château  ,  la  cam- 
pagne ,  tout  Bagnagar,  6k  que  Fon  paffe  par  douze  portes 
avant  que  d'être  à  l'appartement  de  ce  prince.  La  plu- 
part des  officiers  logent  dans  ce  château,  quia  plufieurs 
bons  bazars  ,  où  l'on  trouve  tout  ce  dont  on  a  befoin  , 
particulièrement  pour  la  vie  ;  tous  les  omras  &  autres 
grands  feigneurs  ,  y  ont  des  hôtels  ,  outre  ceux  qu'ils 
ont  à  Bagnagar.  Le  roi  veut  que  les  bons  ouvriers  y 
demeurent ,  6k  leur  y  fait  donner  des  logemens  gratis: 
il  y  fait  même  loger  des  jouailliers  ;  il  leur  confie  les 
pierres  de  conféquence,  en  leur  défendant  de  dire  à  per- 
fonne  quel  travail  ils  font,  de  peur  que  lorsqu'il  fait  mettre 
en  œuvre  des  pierres  de  grand  prix  ,  Aureng-Zeb  ne  le 
fâche  ,  6k  ne  les  lui  faffe  demander  :  les  ouvriers  du  châ- 
teau font  occupés  aux  pierreries  communes  du  roi ,  qui 
en  a  une  fi  grande  quantité ,  que  ces  gens-là  ne  peuvent 
prefque  travailler  pour  aucune  autre  perlonne.  Us  taillent 
les  faphirs  avec  un  archet  de  fil  d'archal  :  pendant  qu'un 
ouvrier  fait  agir  cet  archet ,  unautre  verfe  continuellement 
fur  la  pierre ,  de.  la  poudre  d'émery  blanche ,  détrempée 
avec  beaucoup  d'eau,  &  réduite  en  boue  fort  liquide  ;  & 
de  cette  manière  ils  font  leur  travail  fans  peine.  Cet  émery 
blanc  fe  trouve  par  pierres  dans  un  lieu  particulier  du 
royaume,  6k  s'appelle  corind  en  langue  Télenguy  :  on 
le  vend  un  écu  ou  deux  roupies  la  livre  ;  lorsqu'on  s'en 
veut  fervir,  on  le  met  en  poudre.  Quand  ils  veulent  cou- 
per un  diamant  pour  en  ôcer  quelque  grain  de  fable,  ou 
autre  tare  qui  s'y  rencontre ,  ils  le  (tient  un^  peu  au  lieu 
où  il  le  faut  couper ,  6k  l'ayant  enfuite  pofé  fur  un  trou 
qui  eft  à  un  morceau  de  bois  ,  ils  appliquent  un  petit 
coin  de  fer  fur  l'endroit  qui  eft  fcié  ;  6k  pour  peu  qu'on 
frappe  ce  coin  ,  il  coupe  le  diamant  jufqu'au  bas.  Le  roi 
a  grande  provifion  d'excellens  bezoars  :  les  montagnes 
où  paillent  les  chèvres  qui  les  portent ,  font  au  nord-eft 
du  château  ,  à  fept  ou  huit  journées  de  Bagnagar  :  ils  ie 
vendent  ordinairement  quarante  écus  la  livre.  Les  longs 
font  les  meilleurs  :  on  en  trouve  dans  quelques  vaches  , 
qui  font  beaucoup  plus  gros  que  ceux  des  chèvres  ;  mais 
on  n'en  fait  pas  tant  de  cas  ;  6k  ceux  qui  font  les  plus 
eflimés  de  tous.fe  tirent  d'une  cfpecc  de  linges  qui  fout 
Tome  III.     S  ij 


14-0 


GOL 


GOL 


un  peu  rares  ;  ck  ces  bezoars  font  petits  ck  longs.  La  fé- 
pulture  du  roi  qui  a  bâti  Golconde  ,  6k  celles  de  fes  cinq 
premiers  fucceffeurs  font  environ  à  deux  portées  de  mof- 
quet  du  château  :  elles  font  fort  fpacieufes.  On  fort  par 
la  porte  du  couchant  pour  y  aller  ;  c'eft  par-là  qu'on  y 
porte  le  corps,  des  rois  ,  des  princes  6k  de  tous  ceux 
qui  meurent  dans  le  château.  Les  tombeaux  des  fix  rois 
font  accompagnés  de  ceux  de  leurs  parens,  de  leurs  fem- 
mes 6k  de  leurs  principaux  eunuques.  Chacun  eft  au  mi- 
lieu d'un  jardin  ;  6k  quand  on  les  vilîte ,  on  monte  d'a- 
bord par  cinq  ou  fix  marches  fur  un  perron  qui  eft  bâti 
de  ces  pierres ,  qui  font  femblables  à  la  Thébaïde.  La  cha- 
pelle qui  enferme  le  tombeau ,  eft  entourée  d'une  gale- 
rie percée  en  arcades  :  elle  eft  carrée ,  6k  élevée  de  fix 
à  fept  toifes.  Elle  a  plufieurs  ornemens  d'architecture , 
ck  eft  couverte  d'un  dôme ,  qui  a  à  chacun  des  quatre  coins 
une  tourelle.  On  n'y  laiffe  entrer  que  peu  de  perfonnes, 
parce  que  l'on  fait  parler  ces  lieux  pour  facrés  :  il  y  a  des 
Santons  qui  en  gardent  l'entrée  ;  6k  je  n'aurois  pu  y  en- 
trer, fi  jen'avoi's  fait  connoître  que  j'étois  étranger.  Le 
pavé  eft  couvert  de  tapis  ;  &  il  y  a  fur  le  tombeau  une 
«ouverture  de  fatin ,  parfemée  de  fleurs  blanches  :  elle 
traîne  jufqu'à  terre.  Il  y  a  un  dais  de  même  étoffe  à  la 
hauteur  d'une  toife  ,  6k  le  tout  eft  éclairé  de  plufieurs 
lampes.  Les  tombeaux  des  fils  6k  filles  du  roi  font  d'un 
côté  ,  6k  on  voit  de  l'autre  tous  les  livres  de  ce  roi  fur 
des  fiéges  plians  ;  6k  ce  font  pour  la  plupart  des  Alco- 
rans  avec  leurs  commentaires  ,  6k  quelques  autres  de  la 
religion  Mahométane.  Les  tombeaux  des  autres  rois  font 
de  m^me  que  celui-ci  ,  finon  que  la  chapelle  des  uns  eft 
carrée  en  dedans  comme  en  dehors  ;  Se  celle  des  autres 
eft  en  croix.  Les  unes  font  revêtues  de  cette  belle  pierre 
dont  j'ai  parlé ,  les  autres  de  pierre  noire ,  oc  quelques- 
uns  de  pierre  blanche ,  avec  un  vernis  luifant  qui  les  fait 
paroitre  de  marbre  fin  ;  &  il  y  en  a  qui  font  revêtues  de 
carreaux  de  porcelaine.  Le  tombeau  du  roi  dernier  mort, 
eft  le  plus  beau  de  tous  :  fon  dôme  eft  verniffé  de  cou- 
leur verte.  Les  tombeaux  des  princes  leurs  frères  ,  6k  de 
leurs  autres  parens,  6k  même  ceux  de  leurs  femmes ,  ont 
une  même  forme  que  les  leurs  ;  mais  il  n'y  a  pas  de 
croiffans  fur  ce  dôme  ,  comme  fur  ceux  des  rois.  Les 
fépultures  des  principaux  eunuques  font  baffes  &  couver- 
tes en  terraffe  fans  aucun  dôme  ;  mais  elles  ont  chacune 
leurs  jardins.  Toutes  ces  fépultures  fervent  d'afyle  ;  6k 
quelque  criminel  que  foit  un  homme ,  s'il  peut  y  entrer, 
il  eft  en  fureté.  On  y  fonne  le  gary ,  aufli-bien  qu'au 
château ,  6k  toutes  chofes  y  font  réglées  entre  les  offi- 
ciers, avec  la  dernière  exactitude.  Ce  gary  eft  affez  agréa- 
ble ,  quoiqu'on  ne  le  fonne  qu'avec  un  bâton ,  dont  on 
touche  un  grand  plat  de  cuivre  que  l'on  tient  en  l'air  ; 
mais  le  fonneur  le  touche  avec  art,  ck  il  y  a  de  l'harmo- 
nie :  ce  gary  fert  à  marquer  le  tems.  Aux  Indes  le  jour 
naturel  fe  partage  en  deux  ,  une  partie  commence  au 
point  du  jour ,  ck  l'autre  à  l'entrée  de  la  nuit ,  ck  chacune 
de  ces  parties  eft  divifée  en  quatre  quarts  ,  ck  chaque 
quart  en  huit  parts  ,  qu'ils  appellent  gary. 

Ce  que  Thévenot  décrit  ici ,  n'eft  pas  la  ville  de  Gol- 
conde d'aujourd'hui ,  qui  eft  à  deux  lieues  de  cette  for- 
tereffe.  Voyez  l'article  qui  fuit. 

2.  GOLCONDE,  ville  de  l'Inde ,  dans  la  prefqu'ifle 
d'en-deçà  du  Gange ,  6k  capitale  d'un  royaume  de  même 
nom.  Le  P.  Bouchet  ,  (Lettres  édifiantes,  t.  ij,p.  57,) 
dans  une  lettre  écrite  à  Pontichéri ,  le  1er  Avril  17 19 ,  en 
parle  ainfi.  La  ville  qu'on  nomme  aujourd'hui  Golconde , 
n'étoit  autrefois  qu'un  jardin  agréable ,  à  deux  lieues  de 
la  fortereffe  qui  portoij,  ce  nom.  On  la  nomma  d'abord 
Bagnagar ,  ck  dans  la  fuite  le  nom  de  Golconde  lui  eft 
demeuré  :  elle  eft  à-peu-près  de  la  grandeur  d'Orléans. 
Sa  fituation  eft  agréable ,  ck  les'  rues  en  font  belles.  La 
rivière  qui  y  paffe  ,  6k  qui  va  fe  jetter  dans  la  mer  de 
Mafulipatan ,  eft  large  ,  6k  roule  des  eaux  fort  claires  ; 
on  y  a  bâti  un  pont  qu'on  dit  être  auffi  beau  que  le 
pont-neuf  à  Paris.  Le  palais  du  roi  eft  magnifique  :  de- 
puis que  cette  ville  eft  devenue  la  conquête  du  Mogol , 
elle  n'eft  plus  fi  confidérable  qu'elle  l'étoit  auparavant. 
Aureng-Zebla  pilla  entièrement  avant  de  prendre  la  for- 
tereffe. Cette  ville  eft  la  même  que  Bagnagar.  Voyez 
cet  article.  Selon  le  P.  Catrou ,  dans  fon  Hiftoire  du  Mo- 
gol ,  on  place  ordinairement  Bagnagar ,  la  principale  ville 
de  Golconde  par  les  19  d.  40'  de  latitude ,  6k  par  les 
124  d.  40'  de  longitude. 


3.  GOLCONDE  ,  (le  royaume  de)  eft  dans  la 
prefqu'ifle  de  l'Inde  ,  en-deçà  du  Gange.  Il  eft  à  préfent 
fous  la  domination  du  Grand-Mogol.  La  province  de 
Berar ,  le  borne  au  nord  par  la  rivière  de  Narfepille  qui 
le  (epare  du  royaume  d'Orixa ,  au  nord-eft  le  golfe  de 
Bengale  ,  au  fud-eft  la  rivière  de  Couleur ,  qui  le  fépare 
des  royaumes  de  Carnate  6k  de  Vifapour ,  au  fud  6k  au 
fud-oueft  ;  enfin  leTalingas ,  ou,  ce  qui  revient  au  même, 
la  rivière  de  Narbeder  ,  qui  étoit  anciennement  les  limi- 
tes de  ce  royaume  6k  du  Mogol ,  le  borne  au  nord-oueft. 
La  partie  méridionale  de  ce  royaume  eft  fort  peuplée , 
ck  coupée  de  quantité  de  routes  qui  aboutiffent  à  la  ca- 
pitale. Il  a  deux  ports,  Narfapour  6k  Mafulipatan.  Les 
principales  rivières  qui  l'arrofent  font  celles  de  Narfe- 
pille qui  le  borne  au  nord-oueft ,  celle  de  Venéron  qui 
fe  jette  dans  la  mer  par  deux  embouchures  ,  dont  l'une 
paffe  à  Narfapour  ;  celle  de  Nerva  qui,  après  avoir  arrofé 
la  capitale  ,  reçoit  la  rivière  de  Moufi  ,  puis  celle  de 
Quachgna  ,  avec  lefquelles  elle  a  une  embouchure  com- 
mune ;  6k  enfin  la  rivière  de  Coulour ,  qui  le  fépare  du 
royaume  de  Carnate  ,  6k  près  des  embouchures  de  la- 
quelle eft  la  ville  de  Bezoar.  C'eft  auflî  près  de  cette 
dernière  rivière  que  font  les  fameufes  mines  de  diamans 
qui  font  la  plus  grande  richeffe  du  royaume  de  Golconde. 
Ce  fut  ce  qui  porta  Aureng-Zeb  à  conquérir  ce  royaume. 
*  De  l'IJle ,  Carte  des  côtes  de  Malabar  6k  de  Coro- 
mandel. 

Le  royaume  de  Golconde  étoit  anciennement  une  par- 
tie d'un  vafte  empire ,  dans  les  Indes ,  dont  le  fouyerain 
s'appelloit  V empereur  de  Bisnagar ,  6k  comprenoit  pres- 
que toute  la  presqu'ifle  depuis  l'extrémité  feptentrionale 
d'Orixa  jusqu'au  cap  de  Comorin  :  il  poffédoit  toutes 
les  terres  qui  font  fur  la  côte  de  Coromandel  ,  6k  plu- 
fieurs places  maritimes  fur  la  côte  occidentale  des  In- 
des. Les  Patanes ,  venus  du  nord ,  le  dépouillèrent  d'une 
partie  de  fes  états  ;  une  autre  lui  fut  enlevée  par  les 
Mogols  qui  avançaient  toujours  vers  les  parties  méri- 
dionales. Le  dernier  empereur  de  Bisnagar  avoit  confié 
le_  commandement  de  fes  armées  à  quatre  généraux ,  qui 
faifoient  profeflion  du  Mahométifme  :  chacun  d'eux 
commandoit  un  corps  de  troupes  confidérables  ,  dont 
ils  fe  fervirent  pour  envahir  les  états  de  ce  malheureux 
prince.  Le  plus  puiffant  de  ces  généraux  demeura  à  Gol- 
conde ,  6k  y  fonda  le  royaume  de  ce  nom.  Le  fécond 
fixa  fa  demeura  à  Vifapour  ,  6k  fe  fit  nommer  le  roi  de 
Decan  ;  6k  ainfi  des  deux  autres  ;  mais  le  Mogol  a  tout 
englouti ,  6k  ce  royaume  fait  préfentement  partie  de  fon 
empire. 

1.  GOLDACH  ,  petite  rivière  de  Suiffe  ,  dans  l'état 
de  l'abbé  de  Saint-Gall  :  elle  s'eft  creufé  un  vallon  étroit 
6k  extrêmement  profond  ,  nommé  Martins-Tobel.  On 
le  paffe  à  demi-lieue  de  la  ville  de  faint  Gall  ,  fur  un 
pont  d'une  ftrufture  admirable,  bâti  l'an  1467,  qui  a 
cent  dix  pieds  de  long ,  quatorze  de  large ,  ck  quatre-" 
vingt-feize  de  haut.  *  Etat  &  Délices  de  la  Suiffe,  t.  3  , 
p.  185. 

2.  GOLDACH  ,  village  de  Suiffe  ,  dans  les  terres 
de  l'abbaye  de  Saint-Gall ,  près  du  rivage  occidental  du 
lac  de  Confiance  ;  on  y  profeffe  la  religion  Catholique. 
Scheuczer  en  met  deux  fort  voifins  de  même  nom  dans 
fa  Carte  de.  la  Suiffe. 

1 .  GOLDÂP  ,  rivière  de  Pruffe  :  elle  a  fa  fource 
aux  confins  de  la  Lithuanie ,  auprès  du  village  deGerbas, 
ferpente  vers  le  nord  ,  reçoit  la  décharge  de  quelques 
lacs  ,  comme  de  Hohenfée  6k  de  Schon  Jarken ,  fe  re- 
courbe vers  l'occident  ,  traverfe  le  lac  de  Romitten , 
paffe  à  Goldap  ,  ferpente  quelque  tems  vers  le  midi  , 
jusqu'à  ce  qu'elle  arrive  au  bord  de  la  Sùdavie  qu'elle 
termine  au  nord  ;  6k  côtoyant  cette  province  d'orient  en 
occident ,  elle  fe  perd  dans  l'Angerap.  Zeyler  la  nomme 
Goldorp  ,  dans  l'article  fuivant.  *  Homan ,  Carte  de 
la  Pruffe. 

x.  GOLDAP,  petite  ville  de  Pruffe ,  dans  la  Sùda- 
vie, fur  la  rivière  de  Goldorp,  dans  le  territoire  d'An- 
gerbourg ,  quoiqu'elle  dépende'  du  bailliage  de  lufter- 
bourg.  On  commença  de  la  bâtir  en  1564.  *  Zeyler, 
Boruff  Topogr.  p.  28. 

1.  GOLD'BERG,  ville  de  Bohême  ,  enSiléfie,  dans 
le  duché  de  Lignitz  ,  fur  la  rivière  de  Katzbach.  Cette 
ville,  avec  les  bourgs  6k  les  villages  de  fa  dépendance  , 
fait  un  cercle  particulier  ,  qui  a  appartenu  aux  ducs  d; 


GOL 


Lignitz  ;  .5e  Goldberg ,  qui  eft  le  chef-  lieu  de  ce  cer- 
cle ,  n'eft  pas  fort  loin  de  Lignitz.  La  bière  de  Gold- 
berg  Se  celle  de  Troppau  paiTent  pour  excellentes. 
L'an  1417,  les  Huffites  de  Bohême  égorgèrent  tous  les 
enfans  qui  étoient  aux  écoles  ,  Se  les  prêtres  qu'ils  trou- 
.  verent  dans  les  églifes.  L'an  1469,  la  ville  fut  incendiée 
par  le  duc  Henri  de  Munfterberg  ,  parce  qu'elle  avoit 
quitté  !e  parti  ce  George ,  roi  de  Bohême  ,  fon  père , 
pour  prendre  celui  de  Matthias ,  roi  d'Hongrie.  Elle  eut 
encore  le  malheur  d'être  brûlée  en  partie  ,  l'an  1554, 
le  17  Juillet;  Se  l'école,  qui  feifoit  le  plus  bel  ornement 
de  la  ville  ,  Se  qui  avoit  été  fondée  par  Frédéric  II ,  duc 
de  Lignitz ,  fut  transférée  pour  quelque  tems-  à  Lignitz. 
Elle  a  fouffert  encore  quelques  autres  incendies,  en  1576 
&  en  161 3,  &  perdit  beaucoup  aux  guerres  des  Sué- 
dois en  Allemagne.  *  Zeyler,  Silefiae  ,  Topogr./.  147. 

2.  GOLDBÈRG  ,  petite  ville  d'Allemagne  ,  dans  le 
duché  de  Meckelbourg;  elle  eft  chef-lieu  d'un  bailliage  , 
&  a  été  la  réfidence  des  anciens  ducs  des  Vandales. 

GOLDINGEN  ,  petite  ville  de  Curlande  ,  avec  un 
beau  château ,  fur  la  rivière  de  "Wéta ,  Se  fur  la  route  de 
Konjgsberg  en  Pruffe  à  Riga  enLivonie  ,  au  56e  d.  45' 
de  latitude.  Cette  ville  a  un  grand  territoire  ,  5c  étoit 
autrefois  dans  la  ligue  des  villes  Hanféatiques  :  elle  eft 
fort  déchue  depuis  le  tems  où  les  grands-maîtres  de  l'or- 
dre de  Livonie  y  faifoient  leur  réfidence ,  Se  y  tenoient 
le  chapitre.  Elle  appartenoit  encore  à  l'ordre  Teutoni- 
que,  en  1560;  mais  elle  fut  cédée  ,  avec  "Windau  ,  au 
roi  de  Pologne ,  pour  les  fommes  qu'il  avoit  prêtées  du- 
rant la  guerre  des  Mofcovites.  *  ZeyUr  ,    Silef.  Topog. 

GOLE  ,  ( le)  eft  une  des  principales  rivières  de  l'ifle 
de  Corfe  :  elle  fort  du  lac  Ino  vers  le  milieu  de  l'ifle, 
pafié  vers  les  ruines  de  Mariana  ,  fe  jette  dans  la  mer 
de  Tofcané  ,  fur  la  côte  occidentale  de  l'ifle. 

GOLFE.  Voyez  Golphe. 

GOLGI,  Se  Golgum  ,  Se  Golgus  ,  ville  d'Afie, 
dans  l'ifle  de  Cypre  :  elle  étoit  dédiée  à  Venus.  Paufa- 
nias ,  in  Arcai.  c.  K ,  dit  qu'avant  qu'Agapenor  eût  mené  à 
Paphos  une  colonie ,  &  y  eût  bâti  un  temple  de  Venus , 
3es  Cypriots  adoraient  cette  déeffe  à  Golgi ,  petite  ville. 
Àlais,  félon  la  remarque  de  Cellarius ,  l'ancienne  Paphos 
avoit  un  temple  très- ancien,  fur  quoi  il  demande  fi  Golgi 
êe  l'ancienne  Paphos  ne  feraient  point  une  feule  Se  même 
ville  ?  Il  eft  vrai  que  Pline  ,  /.  5,  c.  31,  les  diftingue  ; 
mais  Strabon  Se  Ptolomée  ,  qui  parlent  des  deux  Pa- 
phos ,  ne  font  aucune  mention  de  Golgi;  Se  au  contraire, 
ceux  qui  parlent  de  Golgi ,  comme  Etienne  le  géographe, 
Se  les  poètes ,  ne  nomment  qu'une  feule  Paphos.  On  ne 
peut  rien  dire  de  certain  là-deffus  ,  non  plus  que  fur  ce 
que  dit  Erienne',  que  Paphos  fut  anciennement  nommée 
Erythra.  Il  dit  encore  :  Golgi  ,  ville  de  Cypre  ,  ainfî 
nommée  de  Golgus ,  chef  d'une  colonie  de  Sicyoniens. 
Beaucoup  d'auteurs  ont  parlé  du  culte  que  l'on  y  ren- 
doit  à  Venus.  Catulle ,  Carm.  37,  dit  de  cette  déefle  : 

Quœque  Anconam ,  Cnidumque  arundinofam 
Colis ,  quœque  Amathunta  ,  quœque  Golgos. 

Et  dans  l'épithalame  de  Pelée ,  Carm.  6$,  v.  96  : 

1         Quaqut  régis  Golgos ,  quaque  Idalium  frondofum. 

Lycophron,  Akxand.  v.  588  ,  dit  de  même  :  ils  vien- 
dront dans  le  pays  de  la  déefle  qui  régne  à  Golgi  ;  Se 
Théocrite,  dans  fa  quinzième  Idylle  ,  v.  100,  dit  auffi  à 
Venus  :  Déefle  qui  avez  auffi  aimé  Golgum  Se  Idalie. 
Etienne  ,  qui  dit  Golgi  au  pluriel  ,  ajoute  que  l'on  dit 
auffi  Golgon  au  fingulier ,  Se  que  Venus  en  prenoit  le 
furnom  de  Golgienne  ,  Venus  Golgia. 

GOLGOTHA  ,  Goata  ,  ou  Golgoltha  ,  ou 
Gulgulta.  Ce  mot  fignifîe  un  crâne  KfTCM-  On 
donne  ce  nom  à  une  montagne  voifine  de  Jerufalem ,  au 
couchant  Se  au  nord  de  cette  ville  ,  ou  à  caufe  de  fa 
forme,  qui  approchoit  du  crâne  humain  ,  ou  pareequ'on 
y  exécutoit  les  criminels ,  ou  parce  qu'on  croyoit  que  la 
tête  du  premier  homme  y  avoit  été  enterrée  ;  c'a  du 
moins  été  une  tradition  commune  dès  les  premiers  fié- 
cles  de  l'églife.  (  S.  Ambrof.  in  Luc.  1.  13.  S.  Hieron.  in 
Ephel.  c.  ">,  v.  14,  idem  Èpijr.  ad  Marcellam  fub  no- 
mine  Pauls  &  Eujlochii,  Origines  in  Matthœum,  Épi- 


COL  141 

phan.  Haîref.  46.  Bajïl.  in  Ifaias  ,  c.  f.  Chryfoflom.  in 
Johann.  Homil.  84.  Augufûnus  de  Civit.  De;  j  /.  16, 
c.  32.)  Cette  montagne  eft  la  même  que  le  Calvaira  , 
d  un  nom  dérivé  de  Calvaria  ,  qui  figrntic  le  crâne , 
comme  Golgathaen  hébreu,  ou  en  Syriaque.  Jefus-Chnft 
y  tut  crucifié  ,  Seenfeveli  dans  le  jardin  de  Jofeph  d'Ari- 
mathie ,  dans  un  tombeau  creufé  dans  le  roc.  L'empe- 
reur Adrien  ,  en  rétabliffant  Jerufalem  fous  le  nom  d'^£- 
lia ,  profana  le  facré  tombeau  du  Sauveur ,  en  le  faifant 
comble^,  Se  mettant  par-deffus  des  figures  d'idoles  les 
plus  infâmes.  Mais  Dieu  ayant  infpiré  à  l'impératrice 
Hélène  ,  mère  de  Conftantin  ,  la  dévotion  de  rendre  à 
ces  faints  lieux  l'honneur  qui  leur  eft  dû  ,  elle  fît  net- 
toyer le  tombeau  du  Sauveur ,  Se  fit  bâtir  par-deffus  une 
éghfe  magnifique,  qui  fubfifte  encore  au  ourd'hui ,  félon 
D.  Calmet  ,  Dicl.  de  la  Bible,  Voyez  l'article  Cal- 
vaire. 

GOLISANO  ,  place  du  royaume  de  Sicile  ,  dans  la 
vallée  de  Demona,  avec  un  ancien  château  vers  Termini , 
environ  à  dix  milles  de  la  côte  de  Tofcane ,  Se  à  vingt 
de  Cefalu  au  midi.  Fazel  croit  que  Golifano  eft  le  Paropus 
de  Ptolomée.  *  Baudrand ,  édit.  de  1705. 

f  GOLLENBERG  ,  montagne  de  la  petite  Pologne  : 
c'eft  une  panie  des  monts  Tatari  ,  qui  commencent  aux 
frontières  de  Hongrie  ,  Se  s'étendent  vers  le  fepten- 
tnon  jufques  vers  la  rivière  de  Varfe.  *  Baudrand  édit. 
de  1705. 

GOLNOW  ,  ville  d'Allemagne  ,  dans  la  Poméranie 
ultérieure  ,  qui  dépend  du  roi  de  Pru.'îe  :  auprès  de  cette 
ville  eft  une  longue  bruyère ,  qui  a  quatre  milles  d'étendue 
jufqu'à  Dam  ,  Se  dans  laquelle  un  duc  de  Poméranie 
tua  ,  vers  le  milieu  du  fiécle  paffé  ,  un  grand  cerf,  dont 
le  bois  avoit  trente-quatre  endouillets  ,  en  mémoire  de 
quoi  il  fit  élever  à  un  quart  de  mille  du  chemin  une  ftatue 
avec  une  infeription.  Golnow,  à  53  d.  32'  de  latitude' 
Se  30  d.  16'  de  longitude  ,  c'étoit  la  dixième  Se  la  der- 
nière des  villes  Hanféatiques.  Bogiflas  II.  en  fît  une  ville 
mutée  ,  en  1 180.  Elle  eft  plus  riche  en  bois  qu'en  terres  de 
abour  :  elle  a  de  grands  privilèges  Se  avantages ,  tant  pour 
la  chalie  ,  lesbois  Se  les  eaux  ,  que  pour  la  pêche.  Il  y 
a  une  prévôté  ,  de  laquelle  relèvent  neuf  paroiffes.  Elle 
étoit  d'abord  affëz  floriffante  ;  mais  elle  a  été  ruinée 
plufieurs  fois  par  le  feu  du  ciel.  On  la  réîablitde  nouveau 
l'an  1615  :  quinze  cens  perfonnes  y  moururent  de  la  pelle. 
Le  roi  de  Suéde  la  prit  cinq  ans  après.  Les  impériaux 
qui  i'ayoient  occupée  quelque  tems  ,  lavoient  pillée  Se 
faccagée,  puis  abandonné.  Elle  fouffrit  beaucoup  de  toutes 
ces  guerres.  Il  y  a  trois  marchés  par  an.  Comme  elle  eft 
fituée  fur  la  rivière  d'Ina  ,  qui  fe  rend  dans  l'Oder  ,  Se 
qui  porte  bateaux  ,  elle  en  tire  un  grand  avantage  ,  aufli 
bien  que  des  bois  dont  elle  eft  environnée.  *  Zeyltr 
Pomer.  Topog.  v.  39. 

GOLO.  (  LE  )  Voyez  GOLE. 

GOLOE  ,  r.Ao»  ,  lieu  dont  parlent  Cedrene  Se  Curo« 
palate.  Ortélius  croit  qu'il  eft  de  la  Thrace. 

GOLONIS.  Voyez  Calone  i. 

GOLOTINA  ,  ville  de  la  Tartarie  Moscovite  au  gou- 
vernement d'Archangel  dans  la  province  de  Jugorikï  en 
deçà  du  cercle  polaire.  *  De  l'Ille  ,  Carte  de  l'Ane. 

GOLPHE.  Ce  mot  vient  du  grec  \Ixtiq<  ,  Colpos 
en  IdXmJinus  ,  en  françois  fein.  Les  Grecs  avec  le  tems 
ont  changé  le  77  en  <?  Se  ont  dit  KoApo*  ,  d'où  les  Latins 
du  moyen-âge  ont  formé  Gulfus.  Guillaume  de  Baldenfel, 
Hodoeporic.  p.  104,  dit  :  Pojlquam  tranfi\i  Sinum  ,  Jeu 
mare  Adriadcum  quod  liodie  Gulfus  Venetiarum  appel- 
Luur.  Willebrand  (l'Oldenbourg ,  in  Itinerar.  dit  :  Intra- 
vimus  Sinum ponuofum  Antiochia.  quem  Franci  Gulphum 
Andochice  appdlant.  On  trouve  Gulphus  Satalia  ;  le  gol- 
phe de  Satalie  ,  dans  Guillaume  de  Tyr  ,  /.  16  ,  c.  26, 
clans  Roger  Howeden  ,  pag.  708  ,  Se  dans  Brompton  , 
p.  1 165  ;  &  1215  ,  Se  le  Gaufre  deSatellie  dans  l'Hiftoire 
de  Louis  VII,  c.  14.  Quelques  écrivains  de  la  baflè  latinité 
fe  font  fervis  du  mot  Gaufra  dans  la  même  lignification. 
Vincent  de  Beauvais ,  /.  3 1  ,  c.  142  ,  dit  :  Sr.tellia  ubi  eil 
Jînus  maris  qui  did'.ur  gaufra  Satelliœ.  Ville-Hardouin , 
parlant  de  JNicemédie  ,  dit  :  &jî  jiflfor  ungoffrcd-:  ;.::r , 
en  parlant  du  golphe  qui  a  été  nommé  AJlacenus  par  les 
Latins.  A  prêtent  le  mot  goaffre  lignifie  toute  autre  choie. 
11  eft  pris  pour  dire  abîme ,  foit  {ne  terre ,  foit  fur  mer.  Les 
Italiens  difent  Golfo  ;lesEfpagnols  Golfo  de  Mar  ; 
les  Portugais  GOLFO  DO  Mar  ;  les  Anglois  Gulf  ; 


I4i 


COL 


GOL 


les  Hollandois  Golf  ,  Zeeboezem  ,  Se  Inham  ;  les  une  autre  qui  eft  ronde.  II.  eft  terminé  au  nord  ,  par  le 

Allemands  Meer-BUSEN.  cap  Martin;  mais  ce  n'eft  pas  un  golphe  ,  à  parler  exafte- 

Le  Golphe  eft  une  partie  de  la  mer  qui  s'avance  dans  ment.  Il  prend  fon  nom  de  la  ville  d'Alicante.  Voyez 

les  terres  où  elle  eft  enfermée  tout  à  l'entour  ,  excepté  du  ce  nom 


côté  de  ion  embouchure. 

Les  golphes  qui  font  d'une  étendue  confidérable  ,  font 
appelle"  mers.  Telles  font  la  mer  Baltique ,  la  mer  Médi- 
terranée ,  la  mer  de  Marmora  ,  la  mer  Noire  ,  la  mer 
Rouge  ,  la  mer  Vermeille. 

On  diftingue  les  golphes  propres  ,  8e  les  golphes 
impropres  ,  les  golphes  médiats  ,  Se  les  golphes  immé- 
diats. 

LES  GOLPHES  PROPRES ,  font  féparés  de  l'Océan , 
par  des  bornes  naturelles  ,  Se  n'ont  de  communication 
avec  la  mer  à  laquelle  elles  appartiennent ,  que  par  quel- 
que détroit  ,  c'eft-à-dire  par  une  ou  plufieurs  ouvertures 


LE  GOLPHE  D'AMAPALLA.  Voyez  Amapaixa. 

LE  GOLPHE  D'ANDRAMITI.  Voyez  l'article 
Adramyttenus  Sinus. 

LE  GOLPHE  ANGLOIS  ,  petit  golphe,  dans  le 
détroit  de  Magellan,  en  Amérique  ,  dans  fa  partie  occi- 
dentale. 

LE  GOLPHE"  D'APALACHE  ,  partie  du  golphe 
Mexique  ,  fur  la  côte  de  la  Floride  ,  Se  du  pays  d i'Apa- 
lache. 

LE  GOLPHE  D'APENRADE  ,  petit  golphe  de  la 
mer  Baltique  ,  devant  la  ville  d'Apenrade  ,  à  laquelle  il 
donne  le   nom  ,  qui  ne  lignifie  autre  cjiofe   que  rade 


moins  larges  que  l'intérieur  du  golphe.    Telles  font  la     ouverte  ,  Open  Reede.  Voyez  ApENRADE. 


Méditerranée  ,  qui  n'a  de  communication  à  l'Océan  . 
que  par  le  détroit  de  Gibraltar  ;  la  mer  Rouge  ,  qui 
communique  à  l'Océan ,  par  le  détroit  de  Babel-Mandel  ; 
le  golfe  perfique  ,  qui  n'a  de  fortie  que  par  le  détroit 
d'Ormus  ;  la  mer  Baltique  ,  qui  a  pour  entrée  les  détroits 
du  Belt  Se  du  Sond  ;  le  golphe  de  Kamtfchatka ,  à  l'ex- 
trémité orientale  de  la  Tartarie  ;  la  mer  Blanche  ,  Se  le 
golphe  de  Venifë  ,  Sec. 

LES  GOLPHES  IMPROPRES  ,  font  plus  évafés  à 
l'entrée  ,  &  plus  ouverts  du  côté  de  la  mer  dont  ils 
font  partie.  Tels  font  le  golphe  de  Gafcogne ,  ■  Se  le  golphe 
de  Lyon  ,  en  France.  Le  golphe  de  S.  Thomas  en  Afri- 
que ,  les  golphes  de  Cambaye  ,  de  Bengale  ,  Se  de  Siam 
en  Ane.  Le  golphe  de  Panama  en  Amérique. 

LE  GOLPHE  IMMEDIAT  ,  eft  celui  qui  commu- 


LE  GOLPHE  D'ARABIE  ,  ou  la  Mer  Rouge. 

Voyez  au  titre  Mer,  l'article  delà  mer  Rouge. 

LE  GOLPHE  DES  ARABES  ,  petit  golphe  de  la 
Méditerranée ,  fur  la  côte  de  Barbarie ,  entre  les  côtes  de 
Barca  Se  l'Egypte. 

LE  GOLPHE  DE  L'ARC ADIE.  Voyez  Arcadi  e.  « 
LE  GOLPHE  D'ARGUIN  ,  golphe  de  l'Océan  , 
fur  la  côte  d'Afrique.  Il  eft  allez  grand  ,  Se  prend  fon  nom 
d'une  iile  qui  y  eft  fituée.  Il  commence  au  cap  blanc  ,  Se 
finit  au  cap  Ciric ,  à  l'embouchure  de  la  rivière  de  Saint- 
Jean.  Ces  deux  caps  font  éloignés  l'un  de  l'autre  de  près 
de  quarante  lieues  fud-eft  nord-oueft  ,  Se  laiffent  entre 
eux  une  ouverture  des  plus  fpacieufes ,  fi  elle  n'étoit  pas 
fermée  par  un  banc  de  près  de  vingt-cinq  lieues  de  large  , 
fur  lequel  la  mer  eft  toujours  grofie  ,   Se  où  il  n'eft  pas 


nique  immédiatement  à  l'Océan  ,  fans  autre  golphe  entre  permis  de  pafïer  ,  même  aux  vaideaux  médioc-es.  Il  eft 

deux  ;  comme  la  mer  Baltique ,  la  mer  Rouge ,  le  golphe  vrai  qu'il  y  a  une  pafle  enrre  le  cap  blanc  Se  la  pointe  du 

Perfique ,  Sec.  Le  golphe  immédiat  eft  celui  qui  eft  féparé  nord  de  ce  banc ,  laquelle  a  environ  quatre  lieues  de  large  : 

de  l'Océan ,  par  un  autre  golphe,  foit  qu'il  en  taffe  partie ,  elle  a  au  milieu  douze  à  quatorze  brades  de  profondeur , 

comme  le  golphe  de  Venife  ,  le  golphe  de  Smyrne;  le  gol-  jufqu  a  une  petite  diftance  au-delà  du  détroit  ,  qui  eft 

phedeSatà~lie;lesgolphesd'Engia,de  Volo,deSalonichi_,  entre  le  banc  Se  le  cap  blanc  ;  car  pafie  cette  diftance, 

&c.quifontpartie'delaMéditeri;anéeoudePArchipel,foit  on  ne  trouve  plus  que  fix  brades  qui  diminuent  à  me- 

qu'il  forme  une  mer  à  part ,  refferrée  dans  les  propres  limites  fure  qu'on  s'avance  vers  la  pointe  de  la  Saline  ,  par  le 

que  la  nature  lui  a  marquées,  comme  la  Propontide  ou  mer  travers  de  laquelle  on  ne  trouve  plus  que  deux  à  trois 

de  Marmora ,  qui  communique  avec  l'Archipel ,  ou  la  mer  brades.  Entre  le  bout  méridional  du  grand  "banc ,  Se  la 

Noire,  qui  communique  avec  la  mer  de  Marmora.  pointe  de  l'oueft  d'un  autre,   qu'on  appelle  le  banc  du. 

Le  golphe  diffère  de  la  baye  ,  en  ce  qu'il  eft  plus  grand,  fud  ou  de  S.  Jean,  parce  qu'il  s'étend  jusqu'à  l'embou- 

II  y  apourtant  des  exceptions  à  faire  ;  8e  l'on  cônnoît  chure  de  cette  rivière  ,   il  y  a  une  pade  d'environ  une 

des  bayes  plus  grandes  que  certains  golphes;  Se  on  devroit,  lieue  de  large,  affez  profonde  pour  desbâtimens  médio- 

par  conféquent ,  les  appeller  golphes.  Telles  font  la  baye  de  cres  ;  mais  il  eft  rare  qu'on  y  paffe ,  parce  que  le  dedans 


Hudfon  ,  la  baye  de  Baffin  ,  Sec.  Cela  eft  venu  de  ce 
qu'on  leur  a  donné  cette  qualification  de  baye  ,  avant  que1 
d'en  avoir  découvert  l'étendue  ;  Se  d'ailleurs  les  naviga- 
teurs ,  qui  font  les  premières  découvertes  ,  ne  cherchent 
pas  tant  de  jufteffe  dans  les  dénominations. 

L'Ance  ,  eft  audi  une  efpece  de  golphe  ,  mais  plus 
petit  encore  que  la  baye. 

Les  petits  golphes  des  illes  Françoifes  de  l'Amérique  , 
font  appellées  Cul-de-fac.  Voyez  ce  que  nous  avons  remar- 
qué au  mot  Baye. 

Les  golphes  font  en  fi  grand  nombre  ,  qu'il  feroit  très- 
difficile  d'en  dreffer  une  lifte  exafte  Se  complette.  Nous 
fuivrons   ici  celle  que  Baudrand  a  ébauchée  ;  Se  nous  y 


du  golphe  eft  tout  femé  de  bancs  ,  de  battures  ,  d'iiles 
défertes  Se  de  récifs  qu'il  eft  difficile  de  parer  ,  quand 
une  extrême  néceffité  a  forcé  un  bâtiment  de  chercher 
fon  falut  clans  cet  endroit.  Ce  grand  nombre  de  bancs 
Se  de  petites  ifles  de  fable  ,  ces  hauts-fonds  couverts 
d'herbes ,  Se  le  peu  de  gens  qui  fréquentent  ces  endroits , 
y  attirent  une  fi  grande  quantité  de  poidons ,  qu'on  n'en 
peut  diminuer  le  nombre ,  quoiqu'on  en  enlevé  continuel- 
lement. *  Le  P.  Labat ,  Relat.  d'Afrique  Occidentale, 
i.  i ,  P.  58. 

LE  GOLPHE  D'ARMIRO  ;   c'eft  le  même  que  le 
golphe  de  Volo. 
"  LE  GOLPHE  DEL'ARTA  ,  petit  golphe  delaMé- 


reftifierons  plufieurs  choies  ,  tant  .pour  l'ordre  que  pour     diterranée  ,  fur  la  côte  d'Albanie.  Il  fait  partie  de  la 


la  defeription  :  nous  avertirons  feulement  ,  que  dans  la 
mer  Méditerrannée  ,  le  nom  de  golphe  fe  donne  ,  à 
ce  qui  ne  feroit  appelle  ailleurs  qu'ance  ou  baye  tout 
au  plus. 

LE  GOLPHE  D'AGIOMAMA  ,  ou  d'Ajomama. 
Voyez  A jomama  ;  Se  Toromaïcus  Sinus. 

LE  GOLPHE  D  AGOSTA  ,  ou  d'Agousta  ,  petit 
golphe  de  la  mer  de  Sicile  ,  fur  la  côte  occidentale  de 
Pifle  Se  de  la  vallée  de  Noto  ,  près  de  la  ville  qui  lui  donne 
le  nom.  Voyez  AGOSTA. 

LE  GOLPHE  D'AGROPOLI.  Voyez  Agropoli. 

LE  GOLPHE  D'AJAZZO,  oud'Adiazzo  ;  golphe 

d'Italie  ,  fur  la  côte  occidentale  de  l'ifle  de  Corfe  ,  près 

la  ville  qui  lui  donne  le  nom. 


le  Grèce  ,  Se  s'avance  beancoup  dans  les  terres.  Il  eft 
fort  reflèrré  à  fon  embouchure  ,  entre  les  ifles  de  Cor- 
fou  ,  de  Leucade  Se  de  Sainte-Maure.  Il  prend  aujour- 
d'hui fon  nom,  delà  ville  de  l'Arta,  Se  portoit  autre- 
fois celui  de  la  ville  à'Ambracie.  Voyez  Ambracius 
Sinus. 

LE  GOLPHE  D'AYNAN.  Voyez  Haynan. 

LE  GOLPHE  DEBALLONE.   Voyez  B^liona. 

LE  GOLPHE  DE  BALS  ARA,  Baisera  ou  Bal- 
SORA  ;  c'eft  le  même  que  le  golphe  Perfique.  Voyez 
cet  article. 

LE  GOLPHE  DE  BAYONNE.  Voyez  Bayonne.  r. 

LE  GOLPHE  DE  BENGALE  ,  grand  golphe  d'A- 
fie ,  dans  la  mer  des  Indes  dont  il  fait  une  partie  confi- 
dérable ,  entre  les  deux  prefqu'ifles  qui  font  en-delà  Se 


LE  GOLPHE  D'ALICANTE  ,  golphe  de  la  Médi- 
terranée, fur  la  côte  d'Efpagne,  Se  du  royaume  de  Valence,  en  deçà  le  Gange.  Il  eft  bordé  au  couchant  ,  par  1< 
ïl  eft  borné  au  fud  par  le  cap  de  Palos ,  ou  le  cap  S.  Paul ,  côtes  de  Coromandel  ,  de  Gergelin  Se  d'Orixa  ;  au 
qui  eft  de  moyenne  hauteur  ,  Se  fort  uni  à  fon  extrémité  ,  nord ,  par  le  royaume  de  Bengale  ;  au  levant  ,  par  les 
8e  fur  lequel  il  y  a  une  tour  carrée  ,  pour  faire  fignal  ;  Se  royaumes  dAracan  ,  d'Ava,  de  Pégu  Se  de  Siam.  îa 
du  côté  de  l'oueft  de  cette  tour ,  Se  fort  près  ,  il  y  en  a  profondeur  eft  depuis  environ  les  7  d,  jusqu'au  21  !  d.  45  ' 


GOL 


GOL 


de  latitude  feptentrionale.  Sa  largeur  eft  d'environ  16  d. 
en  longitude ,  &  va  toujours  en  retréciflant  vers  le  nord, 
jusqu'aux  bouches  du  Gange.  Dans  ce  golphe  font  l'ide 
de  Ceylan  ,  celles  du  Gange  &  quantité  de  petites ,  en- 
tr'autres,celles  des  Andamans  ,  de  Tenafferim  ,  de  Junfa- 
lam  &  de  Nicobar  ,  qui  font  le  long  des  côtes  d'Ava, 
de  Pégu  &  de  Siam. 

LE  GOLPHE  DE  LA  EOIANE  ,  petite  partie  du 
golphe  de  Venife.  C'eft  le  même  que  le  golphe  que  le 
Drin  forme  à  fon  embouchure. 

LE  GOLPHE  DE  BONE  ,  petit  golphe  en  Afrique, 
fur  la  côte  de  Barbarie  ,  au  royaume  d'Alger ,  proche  de 
la  ville  de  Bone,  entre  l'ifle  de  Tabarque  à  l'orient,  &c 
le  capo  Ferrato  à  l'occident. 

LE  GOLPHE  DE  BOTHNIE.  Voyez  Bothnie. 

LE  GOLPHE  DE  BUCARIZE  ,  petit  golphe  de 
Hongrie ,  dans  la  Croatie ,  dans  le  golphe  de  Venife 
dont  il  fait  partie. 

LE  GOLPHE  DE  BUTRINTO ,  petit  golphe  de 
la  mer  Méditerranée,  fur  la  côte  de  la  baffe  Albanie, 
près  de  Butrinto  &  de  l'ifle  de  Corfou. 

LE  GOLPHE  DE  CADIX.  Voyez  Cadix. 

LE  GOLPHE  DE  CAGLIARI.  Voyez  Cagliari. 

LE  GOLPHE  DE  CALAMATA.  Voyez  Coron 
ck  Messeniacus  Sinus. 

LE  GOLPHE  DE  CALHAT  ,  partie  de  la  mer 
d'Arabie  ,  fur  la  côte  méridionale  deFYemen  ,  pref- 
qu'au  milieu ,  entre  la  mer  Rouge  fie  le  golphe  Per- 
fique. 

LE  GOLPHE  DE  CALVI.  Voyez  Calvi.  4. 

LE  GOLPHE  DE  CAMBAYE.  Voyez  Cambaye. 

LE  GOLPHE  DE  CAPES.  Voyez  Capes. 

LE  GOLPHE  DE  CARIDIE  ,  partie  de  l'Archi- 
pel ,  fur  la  côte  de  Romanie  :  on  l'appelle  auffi  le  gol- 
phe de  MegariJ'e  ,  &  il  eft  proche  des  villes  de  ce' nom, 
&  s'avance  le  plus  au  levant  ,  vers  la  mer  de  Mar- 
mora. 

LE  GOLPHE  DE  CARNER.  Voyez  Garneret. 

•LE    GOLPHE    DE    CARTHAGE.  Voyez  Car- 

THAGE. 

LE  GOLPHE  DE  CARTHAGENE.  Voyez  Car- 

THAGENE. 

LE  GOLPHE  DELLI  CASTEDLI.  Voyez  Gol- 

ÏHEDE  SQU ILLACE. 

LE  GOLPHE  DE  CASTEL  A  MARE ,  petit  gol- 
phe de  l'ifle  de  Sicile  ,  dans  fa  partie  feptentrionale.  C'eft 
dans  ce  golphe  qu'eft  le  port  &  la  petite  ville  de  Caf- 
tel  à  Mare  qui  lui  donne  le  nom. 

LE  GOLPHE  DE  CASTEL  RAMPANI  ou  de 
CoLOCHINA  eft  fur  la  côte  méridionale  de  la  Morée. 
On  le  nommoit  anciennement  Laconicus  Sinus;  Ces  noms 
modernes  lui  viennent  de  deux  places  qui  y  fontfituées.  Il  a 
au  couchant  le  cap  de  Matapan ,  &;au  levant  le  cap  de 
Malée  &   l'ifle  de  Cerigo. 

LE  GOLPHE  DEC  AT  ANE,  golphe  de  Sicile,  fur  la 
côte  orientale  de  cette  ifle  ,  clans  la  vallée  de  Démone  , 
devant  la  ville  de  Catane  qui  lui  communique  fon  nom. 
11  eft  affez  petit  ;  &  c'eft-là  que  les  François  défirent, 
le  il  Avril  1716,  la  flotte  combinée  des  Efpagnols  & 
des  Hollandois,  qui  y  perdirent  Michel  de  Ruyter  leur 
grand-amiral. 

LE  GOLPHE  DEL-CATIF.  Voyez  le  Golphe 
Persique. 

LE  GOLPHE  DE  CATTARO  ,  ou  le  canal  de  Cat- 
taro,  petit  golphe  qui  fait  patrie  du  golphe  de  Venife, 
fur  la  côte  de  Dalmatie  ,  près  de  la  ville  de  Cattaro  ; 
on  le  nomme  auffi  le  Golphe  de  Castel-Novo  ,  &c 
le  Golphe  de  Rizano  ,  aux  environs  de  ces  deux 
villes  :  il  communique  avec  la  mer  Adriatique, ,  par  un 
canal  étroit,  nommé  la  Bouche  DE  Cattaro. 

LE  GOLPHE  DE  CEPHALU  ,  petit  golphe  de 
Sicile,  fur  la  côte  (feptentrionale  de  l'ifle  &  delà  val- 
lée de  Démone ,  proche  de  la  ville  dont  il  porte  le 
nom. 

LE  GOLPHE  DE  CHESAPEACK.  Voyez  parmi 
les  bayes  au  mot  Baye. 

LE  GOLPHE  DE  CHITRA ,  golphe  de  la  mer  du 
Sud  en  Amérique ,  fur  les  côtes  de-la  nouvelle  Efpagne , 
vers  Guatimala. 

LE  GOLPHE  DE  CLUYD  :  les  Anglois  difentTHE 
firth  of  Cluyd;  en  latin  GlotTjE  jEstuarium, 


143 


golphe  d'Ecoffe ,  fur  la  côte  occidentale  d'Ecoffe,  à  l'em- 
bouchure de  la  rivière  de  Cluyd. 

LE  GOLPHE  DE  COCH1NCHINE.  Voyez  Co- 

CHINCHINE. 

LE  GOLPHE  DE  COL  ,  petit  golphe  de  la  mer 
Méditerranée  ,  fur  la  côte  de  Barbarie ,  au  royaume  d'Al- 
ger ,  dans  la  province  de  Bugie  ,  près  de  la  ville  de 
Col. 

LE  GOLPHE  DE  COLOCHINE  ;  c'eft  le  même 
que  le  golphe  de   Caftel-Rampani. 

LE  GOLPHE  DE  COMIDIE ,  petit  golphe  d'Afie, 
dans  la  mer  de  Marmora;  les  anciens  l'ont  connu  fous 
le  nom  à' AJlacenus  Sinus  ,  qui  faifoit  partie  de  la  Pro- 
pontide  ,  fur  laquelle  étoit  la  ville  de  Nicomédie ,  de 
laquelle  il  porte  le  nom  eftropié. 

LE  GOLPHE  DE  CONTESSE,  golphe  de  Grèce, 
dans  l'Archipel,  fur  la  côte  feptentrionale  de  Macédoine, 
entre  Monte-Santo  &  l'ifle  de  Taffo  :  les  anciens  le  nom- 
moient  STRIMONICUS  Sinus  ,  à  caufe  du  Strimo'n  qui 
y   a  fon  embouchure. 

LE  GOLPHE  DE  CORINTHE  ,  ancien  nom  du 
Golphe  de  Lepante.  Voyez  cet  article. 

LE  GOLPHE  DE  CORO.  Voyez  Venezuola. 

LE  GOLPHE  DE  CORON.  Voyez  Coron  & 
Messeniacus  Sinus. 

LE  GOLPHE  DE  CURLANDE.  Voyez  Curisch- 
Haff. 

LE  GOLPHE  DE  DANTZICK.  Voyez  Dantzick. 

LE  GOLPHE  DE  DARIEN.  Voyez  Darien  2. 

LE  GOLPHE  DOLCE  ,  partie  du  golfe  de  Hon- 
duras en  Amérique. 

LE  GOLPHE  DU  DRIN ,  petit  golphe  de  la  Médi- 
terranée  ,  dans  la  haute  Albanie  ,  à  l'embouchure  du 
Drin  ;  quelques  géographes  ignorans  l'appellent  gol- 
phe de  Lodrin  ,  confondant  àirifi  l'article  &C  le  nom  de 
la   rivière. 

LE  GOLPHE  D'EDIMBOURG.  Voyez  Edim- 
bourg  &  FORTH. 

LE  GOLPHE  D'ENGIA.  Voyez  Engia. 

LE  GOLPHE  D'EK-ELENFORD  ,  petit  golphe  de 
la  mer  de  Dannemarck ,  dans  le  Sleswic. 

LE  GOLPHE  D'EL-TOR,  golphe  delà  mer  Rouge, 
qui,  dans  fa  partie  feptentrionale,  fe  fépare  endeux  golphes  : 
le  plus  occidental  avance  vers  Suez  :  le  plus  oriental  eft 
le  fameux  Golfe  £ Elj.no. ,  l'jEnaticus  Sinus  des  anciens. 
En  traduifant  les  anciens  ,  on  le  nomme  le  GoLPHE 
d'ELANA  ;  mais  pour  les  voyages  &  les  cartes  des  mo- 
dernes ,  on  peut  l'apeller  également  le  Golphe  d'EiLA, 
à  caufe  du  village  qui  conferve  le  nom  fk  les  reftes  de 
l'ancienne  JElana.  ou  le  golphe  de  Tor ,  à  caufe  de  Tor, 
ou  avec  l'article  El-Tor ,  qui  eft  fitué  au  nord  de  l'en- 
trée de  ce  golphe. 

LE  GOLPHE  D'ENO.  Voyez  le   golphe  de  Me~- 

GARISE. 

LE  GOLPHE  D'ERQUICCO.  Voyez  Adule  ,  & 
Adulicus  Sinus. 

LE  GOLPHE  D'ESTORE  ,  petit  golphe  de  la  nier 
Méditerranée ,  fur  la  côte  de  Barbarie ,  au  royaume  d'Al- 
ger ,  auprès  d'Eftore. 

LE  GOLPHE  DE  FASSIO  ;  Baudrand  nomme 
ainfi  une  partie  de  l'Archipel,  fur  la  côte  de  la  Macédoine., 
proche  de  Faffio.  Il  ajoute  qu'on  l'appelle  auffi  le  Gol- 
phf;  de  Doari  ,  &:  fouvent  le  Golphe  de  Monte- 
Santo.  Voyez  le  golphe  de  Monte  Santo. 

LE  GOLPHE  DE  FINLANDE.  Voyez  Fin- 
lande. 

LE  GOLPHE  DE  FLENSBOURG.  Voyez  Flens- 

BOURG. 

LE  GOLPHE  DE  LA  FLORIDE.  Voyez  Flori- 
de 1. 

LE  GOLPHE  DE  FRANCE.  Voyez  France. 

LE  GOLPHE  DE  GAYETE.  Voyez  Gayete. 

LE  GOLPHE  DE  GANG  ou  plutôt  de  Cang,  golphe 
de  l'Océan  oriental ,  fur  les  côtes  de  la  Chine  ,  entre  ce 
royaume  &  la  Corée  :  c'eft  le  même  que  le  golphe  de 
Nanquin    Voyez  ci-après  le  Golphe  deNanquin. 

LE  GOLPHE  DE  GENARCA.,  ou  deGiNARCA, 
petit  golphe  de  la  mer  Méditerannée  ,  fur  la  côte  occi- 
dentale de  l'ifle  de  Corfe  ,  entre  les  golphes  d'Adiazzo 
&  de  Calvi. 

LE  GOLPHE  DE  GIERACE ,  petit  golphe  d'Italie, 


i44  GOL 

dans  le  royaume  de  Naples  ,  fur  la  côte  de  Calabre , 
auprès  de  la  ville  qui  lui  donne  fou  nom. 

LE  GOLPHE  DE  GIOA.  Voyez  Gioia  z. 

LE  GOLPHE  DE  GIONITA ,  petit  golphe  de  l'Ar- 
chipel ,  fur  la  côte  de  Natolie  ,  vers  San-Pietro  ,  Se  à 
peu  de  milles  de  Stanchio  :  il  n'eft  pas  confidérable. 

LE  GOLPHE  DE  GRIMAUT  ,  petit  golphe  de 
la  mer  Méditerranée  fur  la  côte  de  France  ,  proche  de 
S    Tropès  Se  de   Grimant  qui  lui   donne  le  nom. 

LE  GOLPHE  DE  GUANAJOS  ,  golphe  de  l'Améri- 
que ,  dans  la  mer  du  nord ,  dans  le  golphe  de  Hondu- 
ras ,  dont  il  eft  la  partie  la  plus  avancée  vers  le  couchant 
Se  vers  la  province  de  Honduras  ,  commençant  à  la 
pointe  del  Negro.  On  tranfporte  fur  le  dos  des  mulets 
les  marchandifes  de  l'audience  de  Guatimala  ,  dans  le 
golphe  de  Guanajos  ,  où  il  arrive  tous  les  ans  quelques 
navires  d'Efpagne  ,  qui  viennent  les  charger ,  Se  y  appor- 
tent les  marchandifes  d'Efpagne. 

Ce/nom  vient  fans  doute  de  Guanaja ,  isle  du  gol- 
phe de  Honduras. 

GOLPHE  DE  GUERESTIO  ,  golphe  de  la  Nato- 
tolie  ,  Se  partie  de  l'Archipel,  près  de  Foca-Vechia, 
vis-à-vis  de  l'ifle  de  Metelin ,  entre  le  golphe  d'Andra- 
miti  au  nord,  Se  celui  de  Smirne  au  midi.  Les  anciens 
l'ont  connu  fous  le  nom  d'ELAÏCUS  SlNUS ,  de  la  ville 
Elaea  ,  fituée  fur  fes  bords. 

LE  GOLPHE  DE  GUZARATE.  Voyez  Guza*- 
rate. 

LE  GOLPHE  DE  HARLEC ,  baye  ou  golphe  de 
la  mer  d'Irlande,  fur  la  côte  occidentale  d'Angleterre, 
du  pays  de  Galles,  auprès  de  la  ville  de  Harlec  qui  lui 
donne  le  nom  ,  entre  les  comtés  de  Merioneth  Se  de 
Caernarvan. 

LE  GOLPHE  DE  HAINAN.  Voyez  Hainan. 

LE  GOLPHE  DE  HONDURAS.  Voyez  Hon- 
duras. 

LE  GOLPHE  DE  HUDSON.  Voyez  au  mot  Baye 
l'article  Baye  deHudson. 

LE  GOLPHE  D'IEDO.  Voyez  Iedo. 

LE  GOLPHE  DE  L'INDE,  partie  de  la  mer  des  In- 
des, à  l'embouchure  du  fleuve  Indus.  C'eft  le  même  que  le 
fleuve  de  Guzurate. 

LE  GOLPHE  DES  JUMENS ,  grand  golphe  de  la 
mer  Atlantique ,  entre  la  côte  méridionale  du  Portugal 
ou  de  l'Algarve ,  la  côte  de  l'Andaloufie ,  Se  le  royau- 
me de  Fez.  C'eft  dans  ce  golphe  qu'eft  le  détroit  de 
Gibraltar. 

LE  GOLPHE  DE  KAMTSCHTAKA,  grand  gol- 
phe d'Afie,  à  l'extrémité'  de  la  Tartarie  orientale.  Voyez 
Kamtschatka. 

LE  GOLPHE  DE  KIEL ,  petit  golphe  de  la  mer  Bal- 
tique ,  formé  par  la  décharge  de  plufieurs  lacs  ,  Se  par 
la  rencontre  de  la  mer. 

LE  GOLPHE  DE  KILAN ,  ou  plutôt  h  Golphe  de 
Ghilan  ,  golphe  de  la  mer  Gafpienne  ;  dans  la  province 
de  Ghilan  ,  qui  eft  de  la  Perfe. 

LE  GOLPHE  DE  L'AIASSE  :  quelques-uns  écrivent 
Layasse,  tout  en  un  mot,  en  confondant  l'article  Se 
le  nom  ;  d'autres  encore  plus  mal  ont  pris  la  lettre  L 
avec  l'apoftrophe  pour  un  P,  Se  ont  dit  PaiaSSE,  qui 
eft  une  place  fort  différente.  Les  anciens  ont  connu  ce 
golphe  fous  le  nom  iïlflïcus  Sinus.  Voyez  Issus 

LE  GOLPHE  DE  LEPANTE.   Voyez  Lepante. 

LE  GOLPHE  DE  LIVONIE.  Voyez  au  mot  Riga 
l'article  Golphe  de  Riga ,  qui  eft  le  même. 

LE  GOLPHE  DE  L1VOURNE,  partie  de  la  mer 
Méditerranée  ,  fur  la  côte  de  Tofcane ,  près  de  l'em- 
bouchure de  l'Aine  Se  de  la  ville  dont  il  porte  le 
nom. 

LE  GOLPHE  DE  LUBEC ,  petit  golphe  de  la  mer 
Baltique  ,  à  l'embouchure  de  la  Trave  ,  rivière  qui  paffe 
à  Lubec. 

LE  GOLPHE  DE  LYON  ,  partie  de  la  mer  Médi- 
•  terranée.  Les  anciens  l'ont  connu  fous  le  nom  de  Gal- 
licus  Sinus  ;  mais  les  Efpagnols  l'appellent  Golfo  Leone, 
d'où  quelques-uns  ont  cherché  un  rapport  entre  la  colère 
terrible  du  lion  Se  les  tempêtes  auxquelles  cette  mer  ora- 
geufe  eft  (ujette.  Ce  golphe  s'étend  fur  la  côte  de  France  , 
le  long  d'une  partie  de  la  Provence  ,  depuis  les  ifles 
d'Hiere,  du  Languedoc  Se  du  Rouffillon,  jufqu'au  cap 
de  Creu. 


GOL 


_  C'eft  le  golphe  de  Lion,  8e  non  pas  de  Lyon.  On  con- 
vient aflez  communément  aujourd'hui  que  ce  n'eft  point 
la  ville  de  Lyon  qui  donne  le  nom  à  ce  golphe  connu 
des  anciens  fous  le  nom  de  Gallicus  Sinus ,  mais  la  pe- 
tite ifle  du  Lion ,  qui  eft  fur  la  côte  de  Provence ,  peut- 
être  auffi  de  ce  que  les  Efpagnols  l'ont  appelle  Golfo 
Leone ,  faifant  alluhoh  aux  tempêtes  qui  y  font  fréquen- 
tes. *  Notes  du  P.  Charlevoix. 

LE  GOLPHE  DE  M ACRE ,  petit  golphe  de  la  mer 
Méditerranée,  fur  la  côte  méridionalle  de  la  Natolie, 
près  de  la  ville  de  Macre.  C'eft  le  Glaucus  Sinus  des 
anciens. 

LE  GOLPHE  DE  MAGARISSE.  Voyez  plus  bas 
le  Golphe  de  Megarisse. 

LE  GOLPHE  DE  MAHOMETA,  petit  golphe  de 
la  mer  Méditerranée ,  fur  la  côte  de  Batbarie  Se  du  royau- 
me de  Tunis ,  près  de  la  Ville  de  Mahometa ,  entre  le 
cap  Bon  au  nord  Se  le  golphe  de  Capes  au  (ùd.  C'eft 
YÂdrumeti   Sinus. 

LE  GOLPHE  DE  MANFREDONIA  ,  partie  du 
golphe  de  Venife  ,  fur  la  côte  du  royaume  de  Naples  8c 
de  la  Pouille ,  vers  la  province  de  la  Capitanate,  près  du 
mont  Saint-Ange  Se  de  la  ville  de  Manfredonia ,  qui  lui 
donne  le  nom. 

LE  GOLPHE  DE  MARTABAN  .partie  du  golphe 
de  Bengale,  au  levant'  fur  la  côte  de  Pégu.  On  le  nom- 
me auffi  le  Golphe  du  Pégu.  Les  rivières  d'Ava  Se  de 
Pégu  y  ont  leurs  embouchures. 

LE  GOLPHE  DE  MATHIQUE,  partie  du  golphe 
de  Honduras,  dans  la  nouvelle  Elpagne  ,  au  fond  du 
grand  golphe. 

LE  GOLPHE  DE  MAZANDERAN  ;  partie  de  la 
mer  Cafpienne ,  fur  la  côte  de  Periè ,  dans  la  province 
dont  il  porte  le  nom. 

LE  GOLPHE  DE  MÉACO.  Vovez  Méaco. 

LE  GOLPHE  DE  MEGARISSE  ,  parne  de  l'Ar- 
chipe! ,  dans  la  Romanie ,  dans  laquelle  il  tonne  la  pref- 
qu'ifle.  Il  reçoit  la  rivière  de  Marizza,  qui  eft  i'Hebre 
des  anciens ,  le  Sulduth  Se  le  Chiourli  ;  au  fond  du  golphe 
eft  la  yille  qui  lui  donne  le  nom  ,  l'ifle  de  Samandraki  ; 
laSamothrace  des  anciens  eft  à  l'entrée  de  ce  golphe;  les 
anciens  l'ont  nommé  Melanis  Sinus. 

LE  GOLPHE  DE  MELINDE  ,  partie  de  l'Océan 
Ethiopien,  fur  la  côte  de  Zanguebar  ,  en  Afrique,  pro- 
che de  la  ville  de  Melinde. 

LE  GOLPHE  DU  MEXIQUE.  Voyez  Mexique: 

LE  GOLPHE  DE  MILASSO  ,  en  latin  Jaffius  Si- 
nus ,  golphe  de  l'Archipel ,  fur  la  côte  occidentale  de 
la  Natolie,  près  de  la  ville  de  Milaffo  ,  vers  le  golphe 
de  Saint-Pierre ,  Se  prefque  entre  les  ifles  de  Samos  ck 
de  Stanchio.  Voyez  Jassus  ï. 

LE  GOLPHE  DE  MILAZZO ,  petit  golphe  de  la 
mer  Méditerranée,  fur  la  côte  feptentrionale  de  Sicile, 
8e  de  la  province  de  Démone,  proche  la  ville  de  Mi- 
lazzo.  On  le  nomme  auffi  la  baye  de  Mila^o. 

LE  GOLPHE  DE  MONTAGNE,  ou 
.   LE  GOLPHE  DE  MONTANEA ,  partie  de  la  mer 
de  Marmora  ;  fur  la  côte  de  la  Natolie ,  on  le  nomme 
auffi  le  golphe  de  Polimeur. 

LE  GOLPHE  DE  MONTE-SANTO  ,  partie  de 
l'Archipel ,  entre  le  Monte-Santô ,  au  nord-eft  ,  Se  une 
longue  langue  de  terre ,  qm  fépare  ce  gobhe  de  celui 
d'Ajomama.  C'eft  Singiticus  Sinus  des  anciens. 

LE  GOLPHE  DE  MOSCOVIE  Voyez  le  golphe 
de  Negropolt. 

LE  GOLPHE  DE  NANQUIN  ,  grand  golphe  de 
l'Océan  oriental  ,  fur  la  côte  de  la  Chine.  Il  s'étend  du 
nord  au  fud  l'efpace  de  plus  de  fix-vingt  lieue1; ,  entre 
la  Chine  Se  la  Corée.  Les  Portugais  le  nomment  EnSÉA- 
DA  DE  NfcNQUIN,  parce  qu'il  avance  près  de  la  ville  de 
Nanquin.  On  le  nomme  auffi  fur  les  cartes  le  golphe  de 
Cang;  il  y  a  plufieurs  iiles  confiderables.VoyezNANK.iN. 

LE  GOLPHE  DE  NAPLES,  partie  de  la  mer  Mé- 
diterranée ,  fur  la  côte  du  royaume  de  Naples  Se  de 
la  province  de  Labour,  depuis  l'ifle  d'Ifchia  jufqu'au  cap 
de  la  Minerve  Se  aux  bouches  du.Capri. 

LE  GOLPHE  DENAPOLI  DE  ROMANIE  ,  parie 
de  l'Archipel ,  lùr  la  côte  orientale  de  laMorée,  près  de 
Napoli  de  Romanie  ,  entre  le  golphe  d'Entjia  au  nord, 
Se  celui  de  Caftel-Rampani  au  midi.  C'eft  l'ARGOLi- 
cus  Sinus  des  anciens. 

LS 


GOL 


GOL 


ï4Î 


LE  GOLPHE  DE  NARBONNE ,  petit  golphe  de     irnpétuofité  furprenante  ,  ils  s'approchent  fi  fort  du  cap  , 

qu'ils  le  touchent  prefque  en  partant  ,  afin  de  ne  s'aller 
pas  brifer  contre  les  écueils  ;  ce  qui  oblige  les  matelots 
de  plonger  danslamerles  rames  qui  font  de  ce  côté,  Se 
d'employer  tout  ce  qu'ils  ont  de  force  pour  renfler  aii 
flux,  '&:  faire  aller  les  navires  de  l'autre  côté.  Ils  ne  Iaif- 
fent  pas  de  palier  ce  redoutable  détroit  en  fort  peu  de 
fems.  Lorfque  ce  gOiphe  fe  groffit  par  le  flux  ,  il  prend 


la  Méditerranée  ,  fur  la  côte  du  bas  Languedoc  Se  du 
Rouffillon  ,  près  de  Narbonne.  Il  fait  partie  du  golphe 
de  Lyon. 

LE  GOLPHE  DE  NARENTA ,  partie  de  la  mer 
Adriatique ,  dans  la  Dalmatie ,  vers  la  prefqu'ifle  de  Sa- 
bioncelle  ,  Se  près  de  l'embouchure  de  la  rivière  de  Na- 
renta  ,  dont  le  golphe  prend  fon  nom 


LE  GOLPHE  DEJSŒGROPOLI ,  partie  de  la  mer     fa.courfe   quelques  milles  dans  la  terre  ,  principalement 

'du  côté  du  rivage  de  Perfe  où  elle  eft  fi  baffe ,  qu'elle 
permet  aux  vagues  enflées  de  la  mer  de  franchir  fes  li- 
mites ,  de  s'avancer  &  de  fe  retirer  enfiiite  ;  de  forte  que 
les  pilotes  touchent  la  terre  avant  qu'ils  la  voient  :  ils 
connoiflent  toutefois  qu'ils  font  arrivés  au  bout  de  là 
mer ,  lorfqu'ils  s'apperçoivent  que  l'eau  eft  pâle  Se  pref- 
que jaunâtre  ,  par  le  mélange  de  celle  de  l'Euphrate.  - 
Alors  ils  mèfurentfla  hauteur  de  l'eau  ,  Se  examinent  s'il 
y  a  du  limon  ou  du  fable  au  fond  ,  ce  qui  leur  apprend 
jufqu'où  ils  font  parvenus.  Cette  mer  eft  abondante  en 
poiffbn ,  Se  les  Arabes,  qui  en  font  vefifins  ,  en  tirent  leur 
principale  nourriture.  Us  les  prennent  dans  des  filets  ^ 
l'es  font  fécher  au  foleil ,  &  les  mangent  avec  des  dattes  ± 
fans  aucune  autre  efpece  d'apprêt.  On  y  en  trouve  un 
que  les  Arabes  appellent  Sermahi,  Se  les  Portugais/è/re. 
Il  furpaffe  en  groffeur  les  plus  gros  taons  ,  eft  armé  de 
grandes  dents,  Se  dévore  les  hommes.  On  en  porte  quan- 
tité de  barils  aux  Indes  ,  où  il  ne  s'en  trouve  point.  Il 
y  a  auffi  quelquefois  de  groffes  baleines ,  &  l'un  y  voit 
nager  nombre  de  ferpens ,  que  les  pluies  y  entraînent 
de  la  terre  ;  ce  qui  fait  que  cette  partie  de  l'Océan  eft 
appellée  la  mer  des  Serpens  :  il  y  naît  une  très-srande 
quantité  de  corail  noir ,  Se  l'on  y  pêche  de  très-belles 
perles.  Cent  ou  deux  cents  barques  d'Arabes  Se  de  Per- 
fans  ,  qui  habitent  en  différens  ports  de  cette  mer ,  Se  qui 
connoiflent  les  lieux  où  font  les  coquilles  qui  les  produi- 
fent ,  s'affemblent  pour  cette  ;pêchë.  Alors  la  mer  étant 
calme  ,  ils  defeendent  au  fond  d'une  corbeille  liée  à  une 


Hoire ,  dans  la  petite  Tartarie  ;  quelques-uns  l'appellent 
golphe  de  Mofcovie.  C'eft  le  Carcinites  Sinus  des  an- 
ciens. 
LE  GOLPHE  DE  NEGREPONT.  Voyez  Negré- 

PONT. 

LE  GOLPHE  DE  NICOYA,  partie  de  la  mer  dû 
fud  ,  en  Amérique.  Voyez  NlCOYA. 

LE  GOLPHE  D'ORISTAGNO  ,  partie  de  la  mer 
Méditerranée  ,  fur  la  côte  occidentale  de  l'ifle  de  Sar- 
daigne.  Le  nom  latin  eft  Arborais  ou  Hierus  Sinus. 

LE  GOLPHE  D'ORMUS.  Voyez  le  golphe  Per- 

SIQUE  Se  ORMUS. 

LE  GOLPHE  DE  PALATSCHIA,  golphe  de  l'Ar- 
chipel ,  fur  la  côte  occidentale  de  la  Natolie  ,  entre 
Ephèse  au  nord  ,  Se  Milaflb  au  midi ,  au  levant  de  l'ifle 
de  Samo ,  &  près  de  la  ville  de  Palatfchia  Si  des  ifles  de 
Fermaco  Se  de  Gatonifi. 

LE  GOLPHE  DE  PALERME,  en  latin  Panormlta- 
nus  Sinus.  Voyez  Palerme. 

LE  GOLPHE  DE  PALME  ,  en  latin  Sulcitanus 
Sinus,  petit  golphe  fur  la  côte  de  Sardaigne  Sî  de  la 
province  de  Cagliaris  ,  qui  regarde  l'Afrique  ,  près  du 
château  de  Palma  Se  de  l'ifle  de  Sant-Antioco. 

LE  GOLPHE  DE  PANAMA.  Voyez  Panama. 

LE  GOLPHE  DE  PARIA  >  golphe  de  l'Amérique , 
dans,  la  mer  du  nord.  Il  s'avance  dans  les  terres ,  entre 
la  province  de  Paria  au  couchant ,  Se  l'ifle  de  la  Trinité 
au  levant. 


LE  GOLPHE  DE  PARITA ,  golphe  de  la  mer  du  de  ces  barques ,  Se  chargée  d'une  pierre ,  afin  qu'elle  puiffe 

fud  ,  dans  l'ifthme  de  Panama  ,  près  de  Nata  ,   Se  au  aller  en  bas.  Celui  qui  fe  doit  plonger  dans  la  mer  pour 

couchant  du  golphe  de  Punama  ,  dont  il  fait  partie.  amafler  les  coquilles ,  fe  lie  au  pied  une  groffe  pierre  pour 

LE  GOLPHE  DE  PATRAS  ,  golphe  de  la  mer  dé  avoir  plus  de  vîtefle  à  defeendre  Se  fe  ceint  enfuite  fous 

Grèce  ,  vers  la  ville  de  Patras  ,   fur  la  côte  occidentale  lé  bras  d'une  corde  que  tiennent  ceux  qui  font  dans  la 

de  la  Morée  :   entre  les  bouches  du  golphe  de  Lepante  barque.  Enfin  s'étant  bouché  les  oreilles  de  coton ,  ferré 

Se  là  cote  de  la  Morée  ,  au  levant,  Se  l'ifle  de  Cepha-  le  nez  avec  un   inftrument   fait   exprès  ,  Se  portant  de 

-  lonie  au  couchant.  l'huile  dans  fa  bouche  ,  il  fe  biffe  aller  tout  nud  au  fond 

LE  GOLPHE  DE  PATI,  petit  golphe  fur  là  côte  de  la  hier, -où  il  délie  auflï-tôt  la  pierre  qui  l'y  tait  tou- 

feptentrionale  de  Sicile  ,  dans  la  vallée  de  Demona  ,  près  jours   arriver  fort  promptement.  Après  cela  il   ramaffe 


de  la  ville    dont  il  porte  le  nom. 

LÉ  GOLPHE  DE  PAUTSKE  ,  en  latin  Putifca- 
nus  Sinus  ,  golphe  de  la  mer  Baltique ,  fur  la  côte  de 
la  Pruffe  royale.  C'eft  proprement  la  partie  occidentale 
du  golphe  de  Dantzick ,  à  l'embouchure  de  la  Viftule  , 
près  de  la  petite  ville  de  Pautske. 
.  LE  GOLPHE  DE  PEGU  ,  c'eft  le  même  que  le 
golphe  de  Marlaban.t 


toutes  les  coquilles  qu'il  rencontre  ,  jettant  de  tems  en 
tems  de  l'huile  hors  de  fa  bouche  pour  mieux  voir  au 
fond  ;  Se  lorfqu'il  a  rempli  la  corbeille  ,  ou  que  l'haleine 
lui  manque  ,  il  branle  la  corde  dont  il  eft  lié  ;  Se  ceux 
qui  font  dans  la  barque  le  retirent  hors  de  l'eau  le  plus 
promptement  qu'ils  peuvent.  Il  y  a  quantité  d'ifles  dans 
ce  golphe  :  celle  de  la  victoire  appellée  ainfi  en  mémoire 
du  glorieux  avantage  que  les  Portugais  remportèrent  fur 


GOLPHE  PERSIQUE  ,  grand  golphe  d'Afie  ,  entre  plufieurs.  galères  des   Turcs,   qui  étoiént  venues  de   la 

la  perfe  Se  l'Arabie  heureuiè  ;  on  le  peut  parcourir  faci-  mer  Rouge   pour  empêcher  qu'ils  ne  s'établiffent  dans 

lëment  en  fix  jours  d'un  bout  à  l'autre,  avec  un  vent  fa-  l'Orient ,  eft   auprès  de  Mafcutc.   On  trouve  enfuite  les 

vorabie  ,  Se  le   traverfer  en  un  feul.  Ce  golphe  corn-  écueils  de  Suadi.  L'ifle  furnommée  des  Rats,  à  caufedela 

mence  proche  du  royaume  de  Sindi  ,  où  le  fleuve  Indus  multitude  que  l'on  y  en  trouve,  eft  proche  de  Moflandan, 

fe  décharge  dans  la  mer   ,    Se  finit  à  l'embouchure  de  ainfi  que  l'ifle  des  Chèvres  ,  ou  l'on  en  voit    en  grand 

l'Euphrate  Se    du  Tigre ,  ayant  à  droite  la  Perfe ,  dont  nombre;   On  rencontre  après  cela  l'Arécà ,   près  de  laj 

il  eft  nommé  Perjzque,  Se  à  gauche  l'Arabie.  Il  fe  reflerre  quelle  eft  l'ifle  d'Ormuns  ,  qui  eft  caufe  qu'on  nomme 

peu-à-peu  depuis  fon  commencement  ,  jufqu'au  cap  de  communément  ce  golphe  ,  le  golphe  d'Ormus.  L'ifle  de 

Moflandan ,  Se  il  y  a  des  montagnes  en  l'un  Se  en  l'autre  Quexomis ,  fort  étendue  en  longueur,  en  eft  voifine.  Elle 

rivage.  Enfuite  il  s'étend  de  nouveau ,  Se,  continuant  tou-  eft  fuivië  des  ifles    de   Tombo  ,  d'Angan,  de  Pflore  , 

jours  ainfi ,  il  va  fe  terminer  aux  deux  rivières  qu'on  a  «d'Androhia  ,  de  Caïs ,  de  Lara  ,  de  Surin  Se  de  Carga. 

déjà  nommées.  Les  eaux  font  portées  régulièrement  <leux  Ces  deux  dernières .  font  les   feules  habitées.  Lés  autres 

fois  par  jour  au  golfe  Perfique  par  le  flux  Se  le  reflux ,  avec  étoient  auffi  remplies  d'habitans  avant  la  venue  des  Por- 


une  extrême  rapidité.  L'effet  en  paroît  jufques  dans  l'Eu- 
phrate qui  eft  fi  fortement  repouffé  contre  fon  cours  ,  qu'il 
retourne  en  arrière  environ  cent  milles.  Les  tempêtes 
font  fréquentes  en  cette  mer  ,  qui  ne  feroit  pas  navigable 
fans  la  quantité  des  ports  que  l'on  trouve  aux  deux  ri- 
vages ,  Se  plufieurs  ifles  éparfes  en  divers  endroits  ;  mais 
au  cap  Moflandan  ,  on  trouve  quantité  d'écueils  qu'on 
appelle  Salernas  ,  l'un  defquels  s'approche  tellement  du 
Cap  ,  qu'à  peine  laiffe-t-il  à  la  mer  une  ouverture  de  la 
largeur  d'un  jet  de  pierre.  La  mer  eft  là  continuellement 
agitée, même  lorfqu'elle  eft  tranquille  ailleurs;  Se  comme 
les  uavires  y  font  emportés  par  les  vagues  ,  avec   une 


tugais  ;  mais  par  leurs  incurfions  ,  ils  les  ont  rendues  dé- 
fertes.  La  dernière  de  toutes  ,  vers  l'embouchure  de  l'Eu- 
phrate ,  eft  l'ifle  de  Bahren  ,  qui  leur  étoit  autrefois  iù- 
jefte  ,  Se  qui  eft  aujourd'hui  munie  d'une  garnifon  dé 
Perfans.  L'on  pêche  ià  quantité  de  perles.  L'on  y  trouve 
auffi  des  fources  d'eau  très-douce  ,  quifortent  de  deffbus 
les  eaux  falées  de  cette  mer  ;  ce  qui  fait  croire  que  de 
petites  ifles  où  ces  fources  couloient,  y  ont  été  fubmer- 
'  gées.  *  Corneille ,  Dièlionnaire.  Le  P.  Philippe ,  Voyage 
d'Orient. . 

Les  eaux  du  golphe  de  Perfe ,  étant  partout  fort  baffes 
à  rOueft  du    détroit  d'Ormus  ,    donnent  à    connoîtré 


I4<S 


COL 


COL 


:  cft  l'effet  de  quelque  grande  inondation 
dclarr  ^S'1ue  d"  Tatars,p.  8". 

LE  GOLPHE  DE  P(  >IlCASrRO ,  Statu  Uns.  t 
-,om  \  ...  ujourd'hui  Sepri  ,  qui  borne  la 

niirrénienne.  Strabon  l'appelle 
A,',f  ,   .  .(là  l'Orient  de  celui  de  SaJerne, 

fu:  b  r.  Voyez  Policastro. 

LE  GOLPHE  DE  S.  MICHEL  ,  ou  la  Baye  du 
Mont    Saint  Michel.  Voyez  au  mot  Bave. 

LE  G'oLPHE  DE  S.  PIErvRE  ,  partie  de  l'Ai 
fur  la  cote  occidentale  de  la  Natolie,  à  l'endroit  oi 
tourne  au  midi,  vis-à-vis  l'ifle  de  Stanchio  ,  6k  près  du 
château  de  S.    Pierre  qui    lui   donne  le  nom.  Baudrand 
dir  que  c'eft  le  Ceramicus  Sinus  des  anciens. 

LE  GOLPHE  DE  S.  THOMAS  ,  golphe  d'Afrique, 
dans  l'Océan  Ethiopien  ,  entre  les  côtes  méridionales  de 
la  Guinée  &  la  côte  occidentale  du  royaume  de  Bénin.  II 
prend  l'on  nom  de  l'ifle  de  S.  Thomas. 

LE  GOLPHE  DE  SALE,  petit  golphe  de  l'Océan 
Atlantique ,  fur  la  côte  du  royaume  de  Fez  ,  près  de  la 
ville  de  Salé. 

LE  GOLPHE  DE  S ALERNE ,  partie  de  la  me  '•  I  - 
diterranée  ,  en  Italie,  fur  la  côte  du  royaume  de  Naples 
6k  de  la  principauté  citérieure ,  près  de  la  ville  de  Salerne. 
On  le  nomme  aufli  quelquefois  le  golphe  d'Agripoli  vers 
l'a  côte    orientale.  Voyez  l'article  Pr.CSTANUS  Sinus. 

LE  GOLPHE  DE  SALINES,  partie  de  la  mer  du 
Sud  ,  en  Amérique  ,  fur  la  côte  de  la  nouvelle  Efpagne 
ck  de  la  province  de  Nicaraga.  Il  eft  allez  petit.  On 
l'appelle  aulfi  le  golphe  de  Saim-Lucar ,  Se  le  golphe  de 
Nicoya  ,  à  caufe  qu'il  eft  fur  la  côte  de  ce  pays-là. 
Mais  ce  premier  nom  eft  le  plus  ufité.  Iln'eft  qu'à  quinze 
lieues  du  lac  de  Nicaragua. 

LE  GOLPHE  DE  SALONA  ,  petit  golphe  de 
Grèce  dans  le  Golphe  de  Lepante,dont  il  fait  partie ,  près 
de  la  ville  de  Salona. 

LE  GOLPHE  DE  SALONIQUE.  Voyez  Salo- 
nicki  6k  Therm>eus  Sinus. 

LE  GOLPHE  DE  SATALIE  ,  Voyez  Attalie  ck 
Sataxi. 

LE  GOLPHE  DE  SCALEA  ,  petit  golphe  d'Italie  , 
fur  la  côte  occidentale  du  royaume  de  Naples  5c  de  la 
principauté  citérieure.  C'eft  le  même  que  le  golphe  de 
Policaftro. 

LE  GOLPHE  DE  SIAM.  Voyez  Siam. 

LE  GOLPHE  DE  LA  SIDRÈ  ,  partie  de  la  mer 
Méditerranée  ,  fur  la  côte  de  Barbarie ,  entre  les  royau- 
mes deBarca  ck  de  Tripoli.  Il  prend  fon  nom  de  la  pe- 
tite ifle  de  Sidra ,  qui  eft  fur  la  côte  de  Tripoli.   Voyez 

'lEAGOLPHE  DE  SITIA  ,  petit  golphe  de  la  mer 
Méditerranée,  fur  lacôtefeptentrionalede  Pi  fie  de  Can- 
die ,  ck  dans  fa  partie  orientale  ,  proche  de  la  ville  de 
Sitia  ou  Séria. 

LE  GOLPHE  DE  SMYRNE.  Cydaminus  Sinus. 
Voyez  S.MYU NE. 

LE  GOLPHE  DE  SOLTANIE  ,  petit  golphj  de  la 
mer  de  Marmora  ,  fur  la  côte  de  Natolie  ,  proche  de 
Conftantinople  ,  ck  au  levant  de  cette  ville. 

LE  GOLPHE  DE  SOLWAY  ,  golphe  de  la  mer 
d'Irlande  ,  fur  la  côte  d'Angleterre  :  les  Anglois  le  nom- 
ment Solway  Firth  ,  qui  veut  dire  la  même  choie. 
Il  eft  près  de  la  ville  de  Carlille,  entre  le  Cumberland, 
oui  cil  une  des  provinces  du  nord  ,  ck  celles  d'Anan- 
dale'ck  de  Nithisdale  qui  l'ont  de  l'Ecoiïe. 

1  E  GOLPHE  DE  SPARTIVENTO  ,  petit  golphe 
de  la  mer  Méditerranée ,  fur  la  côte  méridionale  de  la 
Calabre  ultérieure ,  au  royaume  de  Naples  ,  près  du  cap 
deSpartivento.  Baudrand  dit  qu'il  eft  omis  fur  les  Car- 
tes, c'eft-à-dire  qu'il  n'y  eft  pas  nommé. 

LE  GOLPHE  DE  LA  SPECIA,  petit  golphe  d'Ita- 
lie, dans  l'étal  de  Gènes  ,  fur  la  côte  du  levant  ,  entre 
le  v.il  île  Magra  .i  l'orient)  ck  Porto-Venare  à  l'occident. 
Il  s'étend  vers  la  Tramontane,  jusqu'à  la  Spccia  qui  lui 
SPKDIA. 

I  I  GOl  PHE  DE  SPINA-LONGA,  golphe  fur  la 
côte  feptentrionale  de  l'ifle  de  Candie,  proche  delà  for- 
tereflè  de  Spina-Longa,  entre  Sitia  au  levant  cv  la  ville 
d  (  ind  ■■  au  i  >u<  int.  Quelques-uns  aufli  l'appellent 
le  GOLPHE  »E  MlRABEL,  à  caul'e  du  château  de  ce 
nom  qui  eft  fur  l'a  cote. 


LE  GOLPHE  DE  SQUILL  ACE,  golphe  du  royaume 
de  Naples ,  furla  côte  orientale  de  la  Calabre  ultérieure, 
proche  des  villes  de  Catanzaro  ck  de  Squillace. 

LE  GOLPHE  DE  STORE  ,  petit  golphe  de  la  mer 
Méditerranée  ,  fur  la  côte  d'Alger  ,  presque  au  milieu, 
entre  Bugie  au  couchant  ck  l'ifle  de  Tabarque  au  levant. 

LE  GOLPHE  DE  LASUDA  ,  peut  golphefur  la 
côte  feptentrionale  de  l'ifle  de  Candie,  à  peu  de  diftance 
de  la  Canée  au  levant ,  en  paflant  vers  Rerimo.  Il  prend 
le  nom  de  la  fbrterefle  de  laSuda,  qui  eft  au  milieu. 

LE  GOLPHE  DE  SUEZ,  partie  de  la  merRouge, 
à  l'endroit  où  elle  s'avance  le  plus  au  feptentrion  ,  près 
de  la  ville  de  Suez,  entre  l'Arabie  péttée  6k  l'Egypte. 
Ce  golphe  n'eft  féparé  de  la  mer  Méditerranée  que  par 
un  ifthme  ,  qu'on  appelle  Yijlhme  de  Suer. 

LE  GOLPHE  DE  TALWNDI  ,  petit  golphe  de  la 
Grèce,  ck  partie  de  celui  de  Negrepont  ,  fur  la  côte  de 
la  Livadie  ;  mai,  il  cft  fort  reflerré. 

LE  GOLPHE  DE  TAL.-W  O  ,  petit  golphe  d'Italie, 
fur  la  côte  occidentale  de  l'ifle  de  Corfe  ,  où  elle  le 
courbe  vers  les  bouches  de  Bonirace  ,  fck  au  midi  du 
golphe  d'Aïazzo. 

LE  GOLPHE  DE  TARENTE  ,  partie  de  la  mer 
Ionienne  ,  fur  la  côte  orientale  du  royaume  de  Naples 
6k  de  la  Pouille  ;  il  fait  un  grand  coude  le  long  des 
provinces  d'Otrante  ,  de  la  Bafilicate  ck  de  la  Calabre 
ultérieure  ,  depuis  le  cap  de  Leuca  ,  jusqu'à  celui  de  Ro- 
fuo.  Il  prend  Ion  nom  de  la  ville  deTarente ,  qui  eft  fur 
fa  cote  feptentrionale. 

LE  GOLPHE  DE  TERRACINE,  petit  golphe  d'Ita- 
lie, dans  l'état  de  Féglife,  6k  dans  la  partie  orientale  de 
la  côte  de  la  Campagne  de  Rome  ,  près  deTerracine, 
entre  Monte-Circello  6k  le  lac  de  Fondi. 

LE  GOLPHE  DE  TERRA-NUOVA  ,  fort  petit 
golphe,  fur  la  côte  orientale  de  l'ifle  de  Sardaigne,  6k 
du  cap  de  Logudori ,  vers  Terra-Nuova  6k  l'ifie  de  Fa» 
volare. 

LE  GOLPHE  DE  TRIESTE.  Voyez  Trieste. 

LE  GOLPHE  TRISTE,  petit  golphe  de  l'Améri- 
que ,  dans  la  mer  du  nord ,  fur  la  côte  de  Venezuela  , 
près  de  Caraques  ck  des  ifles  de  Roques  6k  de  Bonne- 
Aire. 

LE  GOLPHE  DE  TUNIS.  Voyez  Tunis. 

LE  GOLPHE  DE  VALENCE  ,  partie  de  la  mer 
Méditerranée  fur  la  côte  d'Efpagne  6k  du  royaume  de 
Valence ,  entre  les  bouches  de  l'Ebre  au  nord,  6k  le  cap 
Martin  au  fud,  proche  de  la  ville  de  Valence, 

LE  GOLPHE  DE  LA  VALLONE  ,  petite  partie 
du  golphe  de  Venife,  fur  la  côte  de  l'Albanie  ,  proche 
de  la  forterelîè  de  la  Vallone  qui  lui  donne  ce  nom  ,  6k 
des  montagnes  de  la  Chiméra.  C'eft  ÏOnaus  Sinus  des 
anciens. 

LE  COLPHE  DE  VENEZUELA ,  golphe  de  l'A- 
mérique ,  dans  la  mer  du  nord  ,  entre  le  pays  de  Ve- 
nezuela 6k  celui  de  Rio  de  la  Hacha.  Il  reçoit  une  petite 
rivière  qui  vient  de  Mérida  :  il  n'eft  pas  large,  mais  pro- 
fond ;  Baracca  6>t  Gibraltar  font  fur  la  côte  orientale  ; 
Macaraïbo  eft  fur  la  côte  occidentale.  Il  eft  borné  au 
nord-oueft  par  le  Cap-Coquibacoa  ;  6k  au  nord-eft 
par  une  langue  de  terre  où  eft  Coro  ou  Venezuela ,  6k* 
terminée  par  lecapSaint-Romain.  Quelques-uns  le  nom- 
ment le  cap  de  Coro. 

LE  GOLPHE  DE  VENISE.  Voyez  les  articles 
Adriaticum  Mare  ck  \  enise. 

LE  GOLPHE  VERD  :  les  Arabes  nomment  ainfi 
le  golphe  Perfique  ,  par  oppofition  au  golphe  Arabique, 
que  l'on  appelle  la  mer  Range. 

LE  GOLPHE  DE  VOLO  ,  golphe  de  l'Archipel , 
fur  la  côte  de  Macédoine  ,  près  de  la  ville  de  Volo, 
entre  le  golphe  de  Salonique  au  nord ,  6k  celui  de  Zcy- 
ton  au  Sud.  C'ell  le  Sinus  Ptlasgictu  des  anciens. 

LE  GOLPHE  D'URABA  ,  golphe  de  la  mer  du 
nord  ,  dans  l'Amérique  méridionale  ,  près  du  pays  de 
même  nom.  C'ell  le  même  que  le  golphe  de  Darie/t. 
\  Darien  1. 

Ce  golphe  n'eft  appelle  golphe  de  D.irien  qu'impro- 
prement. 

LE  GOl  PHE  DE  ZEILA,  petit  golphe  d'Afrique. 

en  Ethiopie  ,    près  de  la  ville  de  Zeïla  ,   qui  n'eft  qu'à 

trei  te  lieues  du  détroil  de  Babel  Mandel. 

LE  GOLPHE  DE  ZEITON,  partie  de  l'Archipel , 


GOM 


GOM 


Ï47 


vis-à-vis  de  la  partie  feptentfionale  de  l'ifle  deNegreponf , 
entre  la  Janna  au  nord  ,  &  la  Livadie  au  rriidi  ;  la  ville 
de  Zeiton  dont  il  porte  le  nom,  eft  au  fond  de  ce  golphe. 
En  fuivant  la  côte  vers  le  nord-eft ,  on  trouve  Stalida , 
Achinou  Se  Acladi.  C'eft  le  Maliacus  Sinus  desan- 


de  Grèce  ,  fur  la  côte  occidentale  de  la  Morée  ,  entre 
le  cap  Jardan  au  nord  ,  &  le  cap  de  Sapienza  au  fud  ; 
on  y  trouve  Zonchio  ou  le  vieux  Navarin  ,  Tille  de  Pro- 
dano  tk  Navarin.  Les  anciens  le  nommoient  Cyparis- 
sius  Sinus. 

GOLOE  ,  lieu  dont  parlent  Cedrene  5c  Curopalate , 
Se  qu'Ortélius  Thefaur.  croit  avoir  été  dans  la  Thrace. 

GOLONIS.  Voyez  Calone.  i. 

GOLUNGFAN,  fortereffe  de  la  Chine ,  dans  la  pro- 
vince de  Queicheu  ,  au  département  de  Queiyang  pre- 
mière métropole  de  la  province.  Elle  eft  plus  occiden- 
tale que  Pékin  ,  de  1 1  d.  36',  par  les  15  d.  34'  de  lati- 
tude. *  Atlas  Sinenjîs. 

GOLUP,  petite  ville  de  Pruffe,  fur  la  rivière  de  Dri- 
bentz,  auPalatinat  de  Culm  ,  aux  confins  de  la  Polo- 
gne ,  environ  à  fix  lieues  de  Thorn  ,  vers  le  levant. 
Voyez  l'article  Golba.  *  Baudrand ,  édit.  de  1705. 

GOMARA.  Voyez  Gomora. 

GOMARES.  Voyez  Gomer.  i. 

GOMATRE,  Me  de  la  mer  d'Ecofte ,  l'une  des  Hé- 
brides. Elle  a  un  mille  de  largeur  &c  deux  de  longueur, 
&;  s'étend  du  nord  au  fud ,  félon  Davity. 

GOMBEDEC  ,  village  de  Perfe  ,  dans  le  Curcîiftan 
près  de  Dalper ,  félon  Fhiftorien  de  Timur-Bec  ,  /.  3  , 
c.  28. 

GOMBO  ,  contrée  d'Afrique  ,  dans  l'Abiffinie  ,  au 
midi  du  royaume  de  Ganz  ,  &  d'un  lac  d'où  fort  une 
rivière  qui ,  coulant  vers  le  nord-oueft ,  va  fe  dégorger 
dans  le  Nil.  *  Ludolphe ,  Carte  de  l'Abiffinie. 

GOMENISE  ,  (la)  port  de  Turquie  ,  en  Albanie  , 
fur  la  côte  de  la  mer  de  Grèce  ,  à  vingt  milles  de  Corfou. 
* Baudrand,  édit.  de  1705. 

1.  GOMER.  Les  anciens  habitans  de  ce  pays  s'appel- 
loient  GoMARES  avant  que  les  Galates  s'en  rendiffent 
les  maîtres.  Le  Chaldéen  met  Gomer  dans  l'Afrique.  Bo* 
chart  l'a  placé  dans  la  Phrygie  ,  parce  qu'en  grec  Phry- 
gia  peut  marquer  un  charbon ,    de  même  que  Gomer 


qu'à  l'extrémité  de  la  Mauritanie  Tingitane,  par  où  elle 
confine  à  la  Céfarienfe.  Jean-Léon  qui  divife  les  Afri- 
cains blancs  en  cinq  peuples ,  y  met  ceux-ci  au  dernier 
rang ,  &£  les  nomme  GuMERANIENS ,  fi  nous  en  croyons 
Dapper.  Mais  Léon  ,  Afriaz  1.  1,  c.  10,  les  nomme 
Gumeres  ;  qui  fubfusci  funt  colons  in  quinque  populos 
golphe  de  la  mer    partiti  funt,  Sanhagios  ,  Mufmudas ,  Zenetos ,  Haoros 


&  Gumeros.  Il  dit  un  peu  plus  loin  :  Gumeri  in  mo'nti-> 
bus  Mauritanie  habitant  ,  in  eâ  parte  quee  mari  Medi- 
terraneo  oppofita  eft  ;  totumque  Jluvium  occupant,  qui 
illis  Ri/a  appellatur. 

GOMER- FONTAINE,  abbaye  de  France,  dans 
l'ifle  de  France ,  au  Vexin-François.  Ce  font  des  reli- 
gieufes  qui  fuivent  la  régie  de  Cîceaux  :  elle  eft  fituéê 
fur  une  petite  rivière  qui  paffe  à  Chaumont ,  d'où  cette 
abbaye  n'eft  éloignée  que  d'une  lieue.  Elle  fut  fondée  , 
l'an  1208,  par  Hugues  de  Chaumont.  *  Corn,  Diâs  fur 
des  Mem.  manufer. 

GOMERSPOEL,  (prononcez  Gomerspoul)  iftes 
de  la  mer  des  Indes  auprès  de  Pulo-way  ,  au  nord  de 
l'ifle  de  Sumatra  ,  Se  du  port  d'Achem.  *  Voyage  de  la 
comp.  Holl.  t.  2 ,  p.  476. 
.  GOMOHA  ,  ville  d'Arabie  ,  félon  la  Notice  de  l'em- 
pire ;  fecl.  22. 

GOMOLFOL ,  peuple  de  l'Idumée  ,  félon  Etienne, 
le  géographe.  Ce  font  les  mêmes  que  les  Amalecites. 
GOMORA,  ville  d'Affyrie  ,   félon  Ptolomée,  1.6, 
c.  1.  Quelquesexemplaires  portent  GoMARA. 

GOMORRHA,  To/urf*,  ancienne  ville  de  la  Palef- 
tine  ,  &t  l'une  des  principales  de  la  Pentapole  ;  Genef. 
c.  10,  v.  19.  Elle  fut  confumée  par  le  feu  du  ciel  ,  en 
punition  de  fes  abominations.  L'hébreu  l'appelle  AMORA 
&  Homora  ,  rnsy  ;  mais  les  Septante  ont  fouvênt 
exprimé  l'y  ain,  parun  g.  ro^ogjt,  ou  r^opa ,  ou  véao'fla  i 
ainfi  au  lieu  de  dire  a^a  ,  ils  difent  ga^a,  Sec.  D.  Cal- 
met,  DiB.  croit  que  Gomorrhe  étoit  la  plus  feptentrio- 
nale  des  cinq  villes  de  la  Pentapole ,  &  que  ce  font  fes 
ruines  que  l'on  dit  qui  fe  voient  encore  dans  la  mer 
Morte  ,  aux  environs  d'Engaddi. 

GOMPHI ,  ancienne  ville  de  Grèce ,  dans  la  Thefla-' 
lie.  Céfar,  Bell.  Civil.  1.  3,  c.  80,  dit:  il  arriva  à  Gom- 
phi ,  qui  eft  la  première  ville  de  Theffalie  ,  quand  on 
vient  d'Epire.  Ptolomée  ,  /.  3  ,  c.  1 3  ,  la  met  dans  l'Eftio- 
tide,  qui,  félon  la  remarque  deStrabon,  étoit  la  partie 
la  plus  occidentale  de  la  Theffalie.    Tite-Live,  /.  31  .- 


bébreu  &  en  fyriaque.  D.  Calmet  croit  que  les  anciens      c.  41 ,  parle  auffi  de  cette  ville  :   Animander  ,   dit-  il  * 
ClMBRES  ou  CimmÉRIENS  font  fortis  de  Gomer.  On     confeilloit  de  pafler  de  la  Perrhebie  à  Gomphi  ;    &  il 


peut  voir  la-  deffus  fon  Commentaire  fur  la  Genefe 
c.  10,  v.  2. 

2.  GOMER ,  rivière  d'Afrique  ,  en  Barbarie  ,  au 
royaume  de  Fez.  Elle  a  fa  fource  dans  les  montagnes 
de  Gomer  ,  &  fe  dégorge  dans  la  mer  Méditerranée , 
près  d'une  place  qui  porte  le  même  nom  que  ces  mon- 
tagnes &  la  rivière.  Elle  coule  dans 
au  couchant. •*  Dapper ,  Afrique,  p 
Carte  du  royaume  de  Fez,  dans  Marmol. 

3.  GOMÈR  ou  Gomere  ,  montagnes  du  royaume 
de  Fez  ,  dans  la  province  d'Errif  :  il  en  fort  une  rivière 
de  même  nom. 

4.  GOMER  ou  Gomere  ,  ville  d'Afrique  ,  au 
royaume  de  Fez ,  dans  la  province  d'Errif,  à  l'orient  de 
l'embouchure  de  la  rivière  de  Gomer. 

1.  GOMERE.  Voyez  Gomer  3  &4 


dit,  £32,  c.  14,  laprife  de  Gomphi  effraya  les  Thefla- 
liens.  Cette  ville  étoit  épiscopale  ;  car  Ëuftathius  fort 
évêque  fouferivit  au  concile  de  Rome  ,  tenu  l'an  531. 

GOMROM.  Voyez  Bander-Abassi. 

GOMS,  contrée  de  Suiffe,  &  l'un  des  départemens 
du  haut  Vallais  :  quand  on  va  du  canton  d'Uri  dans  le 
province  d'Errif  Vallais  ,  on  traverfe  le  mont  de  la  Fourche.  Au  pied  de 
40,  &C  Sanfon;  cette  montagne,  &  dans  l'extrémité  la  plus  reculée  du 
haut  Vallais ,  on  voit  deux  villages  aux  deux  bords  du 
Rhône,  Underwasen  &  OBERVALD,  dont  les  ha- 
bitans tirent  toute  leur  fubfiftance  des  beftiaux  qu'ils 
entretiennent  dans  leurs  montagnes.  Au  midi  de  ces 
villages ,  on  voit  s'ouvrir  entre  les  montagnes  une  pe- 
tite vallée,  nommée  Gerenthal  ou  Agerenthal, 
(Agerana  vallis.)  On  trouve  enfuite  Gestilen  ,  vil- 
lage paroiffial  au  pied  du  mont  Grimfel ,   qui  fépare  ce 


GOMERE,  (la)  ifle  de  l'océan  Atlantique,  une     pays  d'avec  le  canton  décerne.  Ulrichen  ou  l/lrique, 


des  Canaries ,  à  fix  lieues  à  l'oueft  de  Ténériffe.  On  lui 
donne  huit  lieues  de  longueur  ,  &  environ  vingt-deux 
lieues  de  circuit  :  elle  a  titre  de  comté  ;  mais  dans  les 
difféiends  civils ,  les  vaflaux  du  comte  ont  le  droit  d'ap- 
pel aux  juges  royaux  qui  font  leur  réfidence  dans  l'ifle 
Canarie.  La  ville  capitale  qui  eft  à  l'eft  de  l'ifle ,  porte 
le  même  nom.  Elle  a  un  excellent  port,  où  les  flottes 
des  Indes  s'arrêtent  volontiers  ,  pour  y  prendre  des  rà- 


eft  à  demi-lieue  de  Geftilen  &  du  même  côté.  Munfter 
eft  à  une  demi-heure  de  chemin  au-deflbus  d'Ulrichen, 
au  milieu  d'une  belle  &  grande  prairie  ;  plus  bas  eft  la 
Valegine  ,  longue  de  deux  lieues  ,  entre  de  hautes 
montagnes,  d'où  l'on  a  deux  chemins  pour  pafler  en  Ita- 
lie ,  l'un  par  le  mont  Nisy  du  côté  d'Airol  ,  dans  le 
Leviner-thal ,  &  l'autre  par  le  mont  Griess  du  côté  de 
BONMATT ,   dans  le  val  d'Ofcella  ;  au-deftous  font  les 


fraîchiffeaiens.  L'ifle  fournit  aux  habitans  leur  provifion  villages  fuivans  ,   Reckingen  ,  Munfter  ,  Glunncn  ,  Ru- 

de. grains  ik  de  fruit.  Elle  n'a  qu'un  ingenio  ,  c'eft-à-dire  lichen  ou  Rh{ig  ,   Biel ,  qui  a  un  pont  fur  le  Rhône  , 

une  manufacture  de  fucre  ;  mais  elle  produit  des  vignes  Selbligcn  &  Wald.    Tous  ces  villages  font  arrofés  de 

en  abondance.  Latitude  nord.  27  d.  *  Hawkins ,  Voyage  quelques  ruifleaux ,  &  formoient  anciennement  une  fei- 

à  la  mer,  du  fud.  °  gneurie  qui  portoit  le  nom  de  Graniols  ;  mais  il  y  a 

GOMERES,  (les)  peuple  d'Afrique  ;  Dapper,  A/ri-  long-tems  que  les  habitans  jouiffent  de  leur  liberté,   & 

que,  p.  il,  dit  qu'ils  fe  retirent  dans  les  montagnes  du  ils  ont  aujourd'hui  le  privilège  de  nommer  kursjuges 

petit  Atlas,  dans  l'endroit  où  il  touche  à  la  mer  Médi-  dans  les  affaires  civiles  ;    car  pour  le  criminel ,  c'eft  le 

terranée  ,  6c  s'étendent  le  long  des  limites  de  Ceute ,  jus*  juge  d'Arnen  qui  en  connoît.  Dans  ce  voifmage ,  auprès 


Tome  III.     T  i 


148 


CON 


CON 


d'un  pont  de  pierre  bâti  fur  le  Rhône  ,  on  trouve  le  vil- 
lage de  MULLIBACH.  Telle  eft  la  defcription  du  dépar- 
tement de  Goms  dans  l'Etat  &  les  Délices  de  la  Suiffe  , 
t.  4,  p.  170,  &  fuiv. 

GONAGUS  Ager,  lieud'Afie,  aux  environs  d'Apa- 
mée,  félon  Jean  Mofcus,  dans  le  Pré  fpirituel.  *  Ortd. 
Thef. 

GONAIVES  ,  (les)  baye  du  port ,  à  la  côte  occiden- 
tale de  l'Ifle  Efpagnole  ,  &C  environ  à  dix  lieues  du  mole 
de  S.  Nicolas  :  on  y  trouve  depuis  trois  jufqu'à  cent  braf- 
fes  de  fond. 

GONAVE ,  ifle  déferre  &  ftérile  ,  fituée  au  milieu 
du  grand  cul-de-fac  ,  de  la  côte  occidentale  de  S.  Do- 
mingue.  *  Notes  du  P.  de  Charlevoix. 

GONDAR,  Guender  ou  Gonder  en  Ethiopie. 
L'empereur  d'Abiffinie  y  fait  fa  rélidence.  Les  uns  difent 
que  c'eft  une  ville  ;  d'autres  affurenr  que  ce  n'eft  qu'un 
camp  qui  difparoîtra  ,  fi-tôt  qu'il  plaira  au  Negus  de 
choifîr  un  autre  lieu.  Voici  ce  qu'en  dit  le  médecin  Pon- 
cet,  qui  fit  le  voyage  d'Ethiopie,  en  1698  ,  1699,  &t 
en  1700,  dont  la  relation  eft  inférée  dans  les  Lettres 
édifiantes ,  t.  4  ;  il  y  parle  ainfi  de  Gondar ,  p.  6 1 ,  77  &£ 
iuiv.  L'étendue  de  Gondar  eft  de  trois  à  quatre  lieues  : 
cependant  elle  n'a  &  ne  peut  avoir  l'agrément  de  nos 
villes  ,  parce  que  les  maifons  n'on  qu'un  étage  ,  &  qu'il  n'y 
a  point  de  boutiques.  Cela  n'empêche  pas  qu'inné  s'y  faîTe 
un  grand  commerce.  Tous  les  marchands  s'affemblent 
dans  une  grande  &  vafte  place  ,  pour  y  traiter  de  leurs 
affaires.  Ils  y  expofent  en  vente  leurs  marchandifes  :  le 
marché  dure  depuis  le  matin  jusqu'au  foir  :  on  y  vend 
toutes  fortes  de  marchandifes.  Chacun  a  un  lieu^qui  lui 
eft  propre  ,  où  il  expofe  fur  des  nattes  ce  qu'il  veut 
vendre.  L'or  &  le  fel  font  la  monnoie  dont  on  fe  fert 
dans  ce  pays.  L'or  n'eft  point  marqué  au  coin  du 
prince ,  comme  en  Europe  :  il  eft  en  lingots  que  l'on 
coupe ,  félon  qu'on  en  a  befoin  ,  depuis  une  once  jusqu'à 
une  demi- drachme  qui  vaut  trente  fols  ,  monnoie  de 
France  ;  &  afin  que  l'on  ne  l'altère  pas  ,  il  y  a  par-tout 
des  orfèvres  qui  en  jugent  à  l'épreuve.  On  fe  fert  de  fel 
de  roche  pour  la  petite  monnoie.  Il  eft  blanc  comme  la 
neige. ,  &  dur  comme  la  pierre  ;  on  le  tire  de  la  mon- 
tagne Lafta  ,  &  on  le  porte  dans  les  magafins  de  l'em- 
pereur, où  on  le  forme  en  tablettes  qu'on  appelle  Amouly, 
ou  en  demi-tablettes  qu'on  nomme  Courman.  Chaque 
tablette  eft  longue  d'un  pied  ,  large  &c  épaiffe  de  trois 
pouces  :  dix  de  ces  tablettes  valent  trois  livres  de  France  : 
on  les  rompt ,  félon  le  payement  que  l'on  a  à  faire  ;  &C 
on  fe  fert  de  ce  fel  également  pour  la  monnoie,  &pour 
l'ufage  domeftique. 

Le  palais  du  roi  eft  grand  &  fpacieux  ,  ck  la  fituation 
en  eft  charmante.  Il  eft  au  milieu  de  la  ville  fur  une  col- 
line qui  domine  toute  la  campagne  ;  il  a  environ  une 
lieue  de  circuit  ;  les  murailles  font  de  pierre  de  taille , 
flanquées  de  tours  fur  lesquelles  on  a  élevé  de  grandes 
croix  de  pierre.  Il  y  a  quatre  chapelles  impériales  dans 
l'enceinte  du  palais.  On  les  appelle  Beit-Chrijlian,  comme 
les  autres  églifes  de  l'empire  ,  c'eft-à-dire  mai/en  des 
Chrétiens.  Elles  font  deilervies  par  cent  religieux  qui  ont 
auffi  foin  d'un  collège  où  l'on  enfeigne  à  lire  l'écriture 
fainte  aux  officiers  du  palais.  La  princeffe,  feeur  de  l'em- 
pereur, a  auffi  un  magnifique  palais  dans  la  ville.  Il  y  a 
quelques  maifons  à  Gondar ,  bâties  à  la  manière  d'Eu- 
rope ;  mais  la  plupart  des  autres  reffemblent  à  un  enton- 
noir renverfé.  Il  y  a  environ  cent  églifes  dans  la  ville  de 
Gondar.  Le  patriarche  qui  eft  chef  de  la  religion  ,  & 
qui  demeure  dans  un  beau  palais  près  de  l'églile  patriar- 
chale ,  dépend  de  Féglife  d'Axandrie  qui  le  confacre.  Il 
nomme  tous  les  fupérieurs  des  monafteres,  &  a  un  pou- 
voir abfolu  fur  tous  les  moines ,  qui  font  en  grand  nom- 
bre ;  car  il  n'y  a  point  d'autres  prêtres  en  Ethiopie , 
comme  il  n'y  a  point  d'autre  évêque  que  le  patriarche. 
L'empereur  a  de  grands  égards  pour  ce  chef  de  la  reli- 
gion. L'horreur  que  les  Ethiopiens  ont  pour  les  Mahomé- 
tans  &  pour  les  Européens,  eft  presque  égale.  Les  Ma- 
hométans  s'étant  rendus  puiffans  en  Ethiopie  au  com- 
mencement du  feiziéme  fiécle  ,  s'emparèrent  du  gouver- 
nement :  les  Abiflîns  ne  pouvant  fouffrir  un  joug  fi  dur 
&  fi  odieux ,  appelèrent  à  leur  fecours  les  Portugais ,  qui 
étoient  alors  fameux  dans  les  Indes ,  où  ils  venoient  de 
s'établir  ;  -ces  nouveaux  conquérans  devinrent  fufpe&s 
à  leur  tour  aux  Abiflîns ,  qui  en  firent  un  terrible  carnage 


dans  le  tems  même  qu'ils  fe  croyoient  le  mieux  affermis 
dans  cet  empire.  Ceux  qui  échappèrent  à  ce  premier 
mouvement ,  eurent  permiffion  de  le  retirer.  Il  fortit  d'E- 
thiopie iept  mille  familles  Portugaifes  qui  fe  répandirent 
dans  les  Indes ,  &  fur  les  côtes  d'Afrique.  Il  en  refta 
quelques-uns  dans  le  pays  ;  &  c"eft  de  ces  familles  que 
font  venus  les  Abiflîns  blancs  ,  qu'on  y  voit  encore ,  âc 
dont  011  prétend  que  defeend  l'impératrice.  On  fouffre 
les  Mahométans  à  Gondar  ;  mais  ils  font  dans  un  quar- 
tier léparé,  qui  eft  au  bas  de  la  ville  :  on  les  appelle  Ge- 
BERTis,  c'eft-à-dire  tfclaves.  Les  Ethiopiens  ne  peu- 
vent fouffrir  qu'ils  mangent  avec  eux  :  ils  ne  voudraient 
pas  même  manger  de  la  viande  tuée  par  un  Mahométan  , 
ni  boire  dans  une  taffe  dont  il  fe  ferait  fervi ,  à  moins 
qu'un  religieux  ne  l'eût  bénite ,  en  faifant  le  figne  de  la 
croix  ,  en  récitant  des  prières  ,  &  en  fouflant  trois  fois 
deffus  ,  comme  pour  en  chafler  le  malin  efprit.  Quand 
un  Ethiopien  rencontre  un  Mahométan  dans"  les  rues , 
il  le  falue  de  la  main  gauche  ;  ce  qui  eft  une  marque  de 
mépris. 

1 .  GONDES  ,  GUNDIS ,  ou  GONTHEY  ,  en  latin 
Contegium  ,  autrefois  petit  boura  ,  maintenant  village 
de  Suiffe  ,  dans  le  bas  Vallais  ;  c'eft  le  chef- lieu  d'un 
gouvernement  de  même  nom. 

Le  GOUVERNEMENT  DE  GONDES  OU  GONTHEY, 
contrée  de  Suiffe  au  bas  Vallais ,  eft  le  premier  que  l'on 
trouve  au-deffous  de  Sion.  Il  a  pour  chef- lieu  Gon- 
THEY-le-ChatE'.U,  village  qui  eft  un  peu  reculé  du 
Rhône  ,  Gonthey-LE-Plan  Si  VeRTRUN  qui  font  près 
du  Rhône.  Le  vil]  ige  &  le  mont  Neinda,  qui  font  de 
l'autre* côté  du  Rhône,  font  auffi  partie  de  ce  gouverne- 
ment. Ce  petit  pays  apparrenoit  autrefois  aux  barons  dfe 
la  Tour  ;  mais  l'inhumanité  avec  laquelle  le  baron  An- 
toine avoit  fait  périr  l'évêque  Guncard  de  Tavel , 
l'an  1375 ,  ayant  irrité  les  Vallailans  contre  cerre -fa- 
mille, on  lui  fit  une  guerre  fanglante  ,  &  l'on  confisqua 
tous  fes  biens.  *  Etat  '&  Diiicts  ue  In  Suille .  t.4,p.ioi. 

GONDOM  ,  Gondonium.  Abbaye  d'hommes  en 
France,  de  l'ordre  de  Citeaux,  filiation  de  (  adouin  , 
dans  l'Agénois ,  .au  diocèse  d'Agen ,  au  nord  de  Clérac, 
fondée  l'an  1 1 23 . 

GONDPuE,  peuple  ancien  de  Thrace,  félon  Etienne 
le  géographe  ,  qui  dit  qu'Hérodote  le?  appelle  auffi  Cin- 
dra  &  Ronda  ;  ce  paffage  d'Etienne  eft  fort  cor- 
rompu ,  &  n'eft  pas  aile  à  rétablir. 

GONDRECOUR ,  petite  ville  de  Lorraine  .  au  du- 
ché de  Bar  ,  en  latin  GunJulphi-Curia.  Elle  eft  fur  la 
rivière  d'Ornain  aux  confins  de  la  Champagne  ,  à  huit 
lieues  de  S.  Mihel,  au  midi,  &à  fept  de  Barle-Duc, 
au  levant  d'hyver.  C'eft  une  prévôté  qui  a  eu  long^eins 
fes  feigneurs  particuliers.  Elle  étoit  réunie  au  domaine 
de  Champagne ,  au  tems  du  mariage  de  Jeanne  ,  avec 
Philippe  le  Bel ,  lequel  donna,  l'an  1304,  pourrécom- 
penfe  à  Thibaut  de  Bar ,  évêque  de  Liège  ,  la  terre  de 
Gondrecour  qui  devoit  paffer  après  la  mort  de  l'évêque, 
aux  comtes  de  Bar ,  qui  feraient  tenus  d'en  faire  hom- 
mage au  roi  de  France,  à  caufe  de  fon  comté  de  Cham- 
pagne. Le  corme  de  Barjouiffoit  de  Gondrecour,  auifi- 
bien  que  de  la  Môthe  ,  lorsqu'il  l'engagea,  l'an  13 14,  à 
Ferri ,  duc  de  Lorraine,  avec  laMothe.  Gondrecour  eft 
une  des  iix  -grandes  châtellenies  du  bailliage  de  Baffigni. 
*  Baudrand  ,  édit.  de  1705.  Longuerue  ,  Defcr.  de  la 
France,  1.  part.  p.  183. 

GONDREVILLE  ,_  bourg  de  Lorraine  ,  fur  h  Mo- 
felle.  C'eft  une  prévôté  qui  eft  à  l'occident  de  celle  de 
Nanci  ,  &  s'étend  le  long  de  la  Mofelle.  Gondreville 
eft  fur  cette  rivière  à  une  lieue  de  Toul.  On  l'appelle  en 
latin  Gundu! phi-Villa  :  elle  a  pris  {on  nom  de  l'on  fon- 
dateur que  quelques-uns  croient  avoir  été  Gondulphe, 
maire  du  palais  de  Théobert  II ,  roi  d'Auftrafie.  Les 
rois  y  eurenr  enfuite  un  palais,  dont  il  eft  fait  mention 
ctens  une  charte ,  en  faveur  du  monaftere  de  Murbachj 
en  Alface  ,  donnée  par  le  roi  Thierri  de  rh;!les,  mort 
l'an  737,  laquelle  eft  rapportée  par  Briffchms.  Il  eft  fait 
plufieurs  fois  mention  de  ce  palais  fous  les  rois  Méro- 
vingiens. Il  a  été  célèbre  jusqu'à  l'an  91  j  .  &  fut  détruit 
par  la  fuite.  L'évêque  de  Toul  y  avoit  droit  pour  le 
temporel,  puisque  Matthieu  I,  duc  de  Lorraine,  ayant 
fait  bâtir  à  Gondreville  un  château  ,  &  ne  l'ayant  pas 
voulu  faire  démolir  ,  fut  excommunié  par  le  pape 
Adrien  IV,  au  milieu  du  douzième  fiécle  ;   &c  les  terres 


CON 


GOR 


du  duc  furent  mifes  en  interdit.  Néanmoins  depuis  ce 
tems-là,  ce  duc  6k  fes  fucceffeurs  retirèrent  le  château  &c 
îa  prévôté  de  Gondreville  ,  qu'ils  joignirent  au  bailliage 
de  Nanci. 

GONESSE  ,  bourg  de  France ,  à  quatre  lieues  de  Pa- 
ris, &  vers  le  nord  en  allant  du  côté  de  Senlis.  Il  eft 
dans  l'iile  de  France  ,  fur  le  Crou  ;  en  latin  GauniJ/a , 
Goneffa  ,  Gonnejfa ,  Gonefcha  ,  GoneJJia  &C  GontJ/a. 
Il  en  eft  parlé  dans  les  act.es  du  concile ,  tenu  à  Soiflons 
en  8^3-  Louis  le  Jeune  ,  voulant  gratifier  les  religieux 
de  l'ordre  de  Grandmont ,  qu'^établifloit  à  Vincennes  , 
leur  donna  en  1164  ,  fix  muids  &L  demi  de  froment  à 
prendre  tous  les  ans  fur  fa  grange  de  Goneffe.  Dedimus 
etiam  &  concejjîmus  ,  dit  fa  charte ,  in  perpctuam  elee- 
mofynam  fuprà  dicïis  bonis  hominibus  fex  modios  & 
dimidium  frumenti  recipiendos  annuadm  in  grangiâ  no- 
Jlrd  Gonejfa.  Philippe-Augufte  naquit  dans  ce  bourg  ; 
&  c'eft  de-là ,  comme  le  remarquent  les  hiftoriens,  qu'on 
le  furnommoit  Philippe  de  Gonejje.  Le  pain  de  GonefTe  a 
pafle  pour  le  meilleur  qui  fe  fit  en  France.  Aujourd'hui  l'on 
en  fait  peu  de  cas.  Il  y  a  deux  paroiffes ,  S.  Pierre  &  S.  Ni- 
colas,  &  un  hôtel -dieu  fondé  avant  l'an  1210  ,  par 
Pierre,  feigneur  duTillet.  *  Piganiol  de  la  Force,  Defcr. 
de  la  France,  t.  2,  pari.  2,  p.  634. 

1.  GONGA,  ancienne  ville  de  la  Turquie,  en  Eu- 
rope ,  dans  la  Romanie ,  fur  la  mer  de  Marmora,  à  qua- 
tre lieues  de  Rudifto  ,  du  côté  du  midi.  *  Baudrand, 
édit.  de  170^. 

2.  GONGA  ,  contrée  d'Afrique  ,  dans  I'Abiffinie , 
des  deux  côtés  du  Nil ,  qui  fe  recourbe  vers  le  nord,  & 
va  d'un  cours  parallèle  à  celui  du  Maleg.  Ce  royaume 
eft  entre  ce  dernier  fleuve  Se  les  fources  du  Nil.  *  Ludol- 
phe,  Carte  d'Abiflîme. 

GOMGALjE,  ancien  peuple  de  la  Libye  intérieure, 
félon  Prolomée,  /.  4,  c.  6. 

GONGEL  ou  K.UNCKELS,  montagne  de  Suiffe,  en- 
tre Damintz  ,  village  de  la  communauté  de  Flems  &: 
le  comté  de  Sargans.  *  Etat  &  Délices  de  la  Suijfe, 
t.  4,  p.  11. 

GONGHIRU,  ville  d'Afrique.  Voyez  Cagnou. 

GO  VIE  ,  fortereffe  d'Afie  ,  dans  la  Mingrelie ,  au  bord 
de  la  mer  Noire  ,  à  quarante  milles  du  Phafe  ;  c'eft  un 
grand  château  carré  ,  bâti  de  pierres  dures. &  brutes  d'une 
malle  extraordinaire.  Il  eft  fitué  au  bord  de  la  mer  fur  un 
fond  fablonneux  ;  il  n'y  a  ni  foliés  ni  fortifications.  Ce 
ne  font  que  quatre  murailles  avec  deux  portes  ,  l'une  à 
l'orient  ,  qui  donne  fur  la  mer  ,  &  l'autre  au  feptentrion. 
Chardin  ,  Voyage  ,  1. 1 ,  p.  77  ,  qui  fournit  cette  deferip- 
tion  ,  pourfuit  ainfi  :  je  n'y  ai  vu  que  deux  pièces  de  canon  ; 
des  Janiflaires  en  affez  petit  nombre  le  gardent  :  il  y  a 
dedans  trente  maifons  ou  environ  ,  petites  ,  baffes ,  affez 
incommodes  &  faites  de  planches.  Dehors ,  tout  proche  , 
eft  un  village  qui  a  autant  de  maifons  ;  prefque  tous  les 
habitans  font  mariniers  ;  &  fi  l'on  en  croit  les  gens  du 
pays ,  c'eft  ce  qui  a  fait  donner  à  cette  contrée  le  nom 
de  Lazi  ,  Laz  en  Turc  voulant  dire  proprement  un 
homme  de  mer  ;  &c  dans  le  langage  figuré  ,  une  perfonne 
rude  ,  grojjîere  &  fauvagé.  Chardin  réfute  avec  raifon 
cette  étymologie.  Voyez  Lazique.  Comme  Gonie  eft  à 
l'extrémité  de  l'empire  Turc,  la  douane  y  eft  très-rude  pour 
les  Européens  ;  &  les  officiers  que  la  Porte  y  entretient ,  fe 
croient  fi  éloignés  d'elle  qu'ils  en  refpectent  peu  les  fauf- 
conduits  &  les  paffeports.  Chardin  en  fit  une  trifte  épreuve 
que  l'on  peut  voir  dans  l'on  livre. 

GONIGA  ,  ancienne  ville  de  Grèce  en  Theffalie  , 
connue  fous  le  nom  de  Gonos.  Voyez  ce  mot.  Ce  n'eft 
plus  qu'un  village  près  du  Penée,  entre  la  ville  de  Lariffe 
&  le  solphede  Salonichi.  *  Baudrand ,  éd.  de  1705. 

GONIMI ,  ici  jjlo  c'eft  ,  félon  Etienne  le  Géographe  , 
in  voce  ,    BiVC/iccf  ,  le  nom  d'une  ifle. 

_  GONIUM  ,  montagne  ,  dans  le  territoire  des  Cartha- 
ginois ,  félon  le  Livre  des  merveilles  ,  attribué  à  Anftote. 
GONNEVILLE  ,  bourg  de  France  ,  en  Normandie, 
au  pays  de  Caux  ,  entre  Montiviiliers  &  Fefcamp  ,  près 
de  S.  Join  ,  &c  de  la  mer.  Son  terroir  produit  des  grains 
&  des  lins  ,  ck  la  maifon  feigneuriale  eft  fort  agréable. 
*  Corn.  Dift.  Mem.  drelTés  fur  les  lieux. 

GONNI  ,  ville  de  Gré:e  ,  d.ns  la  Perrhebie  ,  félon 
Etienne  le  géographe  ,  qui  en  nomme  le  territoire  Gonnia- 
Regia.  Voyez  GONNUS, 


149 

GONNIS.  Euftathe  écrit  ainfi  le  nom  de  la  ville  de 
Thrace  ,  qu'Etienne  le  géographe  appelle  Gonds. 

GONNOCONDYLUM,  ancienne  ville  de  Grèce  , 
en  Macédoine ,  dans  la  Perrhebie.  Tite  Live  ,  /.  39 ,  c.  25  , 
dit  :  après  que  les  Theffaliens  eurent  parlé  ,  le^  Perrhe- 
biens  prétendirent  que  Gonnocondylum  ,  que  Philippe 
avoit  appellée  Olympiadi  ,  avoit  été  de  la  Perrhebie  , 
&  qu'on  la  leur  devoit  rendre.  Cela  fait  voir  que  cette 
place  étoit  firuée  aux  confins  de  la  Perrhebie  ck  de 
la  Theffalie  propre;  car,  dans  un  fens  plus  étendu  ,  la 
Theflâlie  comprenoit  la  Perrhebie ,  comme  nous  le  difons 
ailleurs.  Voyez  Gonnus. 

GONNUS  ,  au  fingulier  ,  ou  Gonni  au  pluriel  , 
ancienne  ville  de  Grèce  ,  dans  la  Perrhebie.  Ptolomée  , 
/.  3  ,  c.  13.  &;  Strabon  ,  /.  9  ,  emploient  le  fingulier 
Tsn'of  :  le  premier  la  donne  aux  Pelagintes  ;  le  fécond 
dit.  Olooffon  & Elone font  des  villes  de  la  Perrhebie,  de 
même  que  Gonnus. Lycophron,  v.  906,  écrit  fimp'ement 
Gonos  ,  ck  lui  donne  l'épithéte  de  Perrhœbica  ,  qui  déter- 
mine à  croire  que  c'eft  la  même  ville.  Tite-Livs  ,  /.  36  , 
c.  10,  dit  au  pluriel  Gonni,  &  en  marque  ainfi  h  fruation  : 
Ap.  Claudius ,  (  qui  partoit  du  pays  des  Dafiaretes  )  tra- 
verfant  la  Macédoine  à  grandes  journées  ,  arriva  à  la 
montagne  qui  eft  au-ceffus  de  Gonni.  Cette  ville  eft  à 
vingt  miiles  de  Lariffe  à  l'entré  du  bois  appelle  Tempe. 
Il  employé  ,  /.  42  ,  c.  54  ,  ce  même  nom  au  fingulier. 
Il  femble  qu'il  ait  pris  le  pluriel  de  Po'ybe  ,  dans  les  Frag- 
mens  duquel  on  lit ,  /.  17  ,  c.  23  :  il  arriva  à  Gonni  qui  eft 
à  l'entrée  de  Tempe.  Etienne  dit  de  même  ,  Gonni  ville 
de  la  Perrhebie.  De  rifle  qui ,  dans  fa  Carte  de  l'ancienne 
Grèce  ,  place  très-bien  Gonnus  à  l'entrée  de  Tempe  ,  & 
au  nord  du  fleuve  Penée  ,  met  au  nord  de  la  ville  fur  la 
montagne  ,  un  château  qu'il  nomme  Condytbn  ,  cr  qui 
doit  être  le  Gonnocondylum  de  Tite-Live.  Cet'e  ville 
eft  nommée  Gonuffa  ,  par  Euftathe  fur  le  fécond  livre  de 
l'Iliade. 

GONOESSA  :  c'eft  l'extrémité  de  Pallene  ,  félon  Orté- 
lius  ,  Thefaur. 

GONOS.  Voyez  Gonnus. 

GONTEN  ,  village  de  Suiffe  ,  au  canton  d'Appenzel  ,' 
&c  chef-lieu  d'une  des  communautés  intérieures  &  catho- 
liques. *  Etat  &  Délias  de  la  Suiffe  ,  t.  3  ,  p.  103. 

GONTHEY  le  Plan  ,  & 

GONTHEY  le  Château  ,  villages  de  Suiffe.  Voyez 

GONDES. 

GONTIANA ,  ancienne  ville  de  la  Mauritanie  Tingi- 
tane  ,  félon  Ptolomée.  Vovez  Gemaa. 

GONUS.  Vovez  Gonnus. 

GONUSA,&;"GONUSSA,  ville  de  Perrhebie  ,  félon 
Euftathe  &  Etienne  le  Géographe.  Le  Scholiafte  de  Lyco- 
phron  dit  aufli  :  Gonus  qui  eft  auflî  nommé  Gonufa  ville 
de  la  Perrhebie.  C'eft  la  même  que  Gonnus. 

GOODHURST  ,  bourg  d'Angleterre  ,  dans  la  pro- 
vince de  Kent.  Il  a  droit  de  tenir  marché  public.  *  Etat 
prefcnt  de  la  G.  Bretagne  ,  t.  I . 

GOPHNA  ,  Gophnith  ,  ou  Gupiina  ,  ville  de  la 
Paleftine  ,  8t  chef-lieu  d'une  des  dix  Toparchies  de  la 
Judée.  Jofeph  ,  de  Bello  ,1.  3  ,  c.  4  ,  en  compte  onze  ,  en 
y  comprenant  Jerufalem  :  il  joint  ordinairement  laTopar- 
chie  Gophinitique  avec  l'Acrabatene.  Eufebe  ,  in  locis 
ad  vocem  ibdpxyÇ  |Wpa  met  la  ville  de  Gopna  ,  s.  quinze 
milles  de  Jerufalem  ,  en  allant  à  Sichem  ou  Naploufe. 
Jofeph ,  de  Bello  1.  6  ,  c.  1  ,  dit  que  Tite  ,  venant  à  Jeru- 
falem ,  paffa  par  la  Samarie  &  par  Gophna ,  &  que  Vef- 
pafien  ayant  alTujetti  la  Toparchie  de  Gophna  &  l'Acra- 
batene ,  prit  Bethel  &  Ephrem.  Pline,  /.  5  ,  c.  14  ,  qui  ne 
compte  que  dix  Toparchies  dans  la  Judée  ,  met  Toparchia 
Gophnidca  ,  pour  la  fixiéme  ,  &  l'Acrabatene  pour  la 
cinquième.  Ptolomée,  L  *j  ,  c.  16  ,  nomme  cette  ville 
Gapna  ,  &  la  nomme  entre  Emmaù's  &:  Archelaïs. 

GOPHOA,  ville  del'Ethiophie  fous  l'Egypte,  félon 
Pline  ,  l.  6  ,  c.  29. 

GOPLO  ,  (le  lac  de)  petit  lac  de  Pologne  ,  dans  la 
Cujavie  ,  &  plus  particulièrement  dans  le  Palatinat  de 
Brzefcie.  Il  s'étend  en  long  l'elpacede  fix  milles  de  Polo- 
gne ,  du  nord  au  fud  ;  mais  il  eft  fort  étroit.  11  efl  près 
du  château  de  Kruswick  ,  Se  à  fix  milles  de  Brzefcie  au 
couchant,  ck  à  huit  de  Leiuici  vers  le  feptentrion.  Voyez 
K.RUSWICK.  *  Baudrand,  éd.  de  1705. 

j.  GOR,  ancienne  ville  d'Afrique  ,  de  laquelle  il  eft 


GOR 


parlé  dans  les  Œuvres  de  S.  Auguftin  ,  &  dans  celles 
de  S.  Cyprien.  Dans  le  concile  de  Carthage  ,  on  trouve 
Viclor  de  Gor  (  Victor  à  Gor  ).  peut-être  de  Garra  ; 

*  Ortel.  Thef. 

2.  GOR ,  petit  royaume  des  Indes  ,  dans  les  états  du 
Mogol  à  l'orient  du  Gange  ,  aux  confins  du  royaume  du 
grand  Tibet  j  avec  une  capitale  de  même  nom  ,  fituée 
vers  la  fource  de  la  rivière  de  Perfelis  qui  tombe  dans  le 
Gange.  Le  mont  de  Purbet  ou  du  Nangracut  le  borne 
au  nord  :  le  royaume  de  Jamba  au  couchant  ;  la  province 
de  Siba  au  nord-oueft  ,  &  l'état  de  Raja  Ribron  au 
midi. 

3 .  GOR ,  ville  des  Indes  ,  capitale  d'un  petit  royaume , 
qui  fait  partie  des  états  du  Mogol.  C'eft  la  feule  ville  que 
nous  connoiffions  dans  ce  royaume. 

i.  GORA  ,  ville  de  l'Ethiopie  fous  l'Egypte,  félon 
Pline ,  /.  6 ,  c.  29.  Il  dit  qu'elle  étoit  dans  une  ifle. 

2.  GORA  ,  rivière  de  l'Ane  mineure ,  félon  Metaprafte 
dans  la  Vie  de  S.  Joanice.  *  Ortel.  Thef. 

GORALUS  :  fontaine  de  l'Arabie  heuréufe  ,  félon 
Pline,  1.6.  c.  28. 

GORAMA  ,  contrée  d'Arabie  ,  félon  Etienne  le  Géo- 
graphe. 

GORAMENI ,  peuple  d'Arabie  ,  habitans  du  pays  de 
Gorama  :  félon  le  même  auteur  ,  ils  vivoient  fous  des 
tentes. 

GORANTO  ,  ancienne  ville  d'Afie  dans  la  Natolie  , 
fur  la  côte  du  pays  de  Macri  ,  environ  à  dix  lieues  de 
Patera ,  au  levant  de  cette  ville  ,  &  au  couchant  méri- 
dional des  ruines  de  la  ville  de  Myrrhe  ,  à  l'embouchure 
de  la  rivière  d'Agazari.  De  l'autre  côté  de  la  rivière  ,  il  y 
avoit  une  fortereffe  fur  une  hauteur  ;  mais  elle  eft  à  prefent 
ruinée.  Voyez  Andriaca.  -l*  Atlas  de  Vaugondy. 

Les  Monts  de  GORANTO  ,  chaîne  de  montagnes 
dans  la  Natolie  ,  fur  la  côte  du  pays  de  Macri  ,  au  cou- 
chant de  la  petite  Caramanie  ,  entre  le  golphe  de  Macri 
&:  celui  de  Satalie.  Les  anciens  l'ont  connue  fous  le  nom 
de  Gragus  &  à'Anti-Cragus.  Voyez  Cragus  i.  La  Chi- 
mère de  Lycie  en  faifoit  partie.  Voyez  Chimera.  2. 
* Atlas  de  Vaugondy. 

GORBATA.  Voyez  GuRBATHA. 

GORBEUS  ,  ancien  lieu  de  Galatie  ,  fur  la  route  d'An- 
cyre  à  Cefarée  par  Nyffe  ,  à  vingt  mille  pas  de  la  pre- 
mière, félon  Antonin»  Itiner,  Voyez  CoRBEUNTOS. 

GORCK  ,  village  de  la  baffe  Hongrie  ,  fur  la  rivière 
de  Sarwize  ,  entre  Albe-Royale  &c  Cinq-Églifes.  C'étoit 
anciennement  une  ville  de  Pannonie.  Voyez  GORSIO. 

*  Baudrand,  éd.  de  1705. 

GORCOPA ,  ville  des  Indes  ,  au  pays  de  Canara ,  fur 
la  côte  de  Malabar  ,  au  royaume  de  Baticala  ,  près  des 
montagnes  de  Gâte ,  à  trente-cinq  coffes  de  Baticala  ,  fur 
la  même  latitude.  Il  faut  quarante  de  ces  coffes  pour  un 
degré.  *  De  Cljle  ,  Carte  des  côtes  de  Malabar. 

GORCUM  ,  Gorkum  ,  ou  Gorichem  ,  en  latin 
Gorichemum  ,  &c  Gorcomium.  C'eft  une  ville  des  Pays- 
bas  ,  dans  la  Hollande  méridionale  ,  fur  la  rive  droite 
de  la  Merve  ,  &  à  l'embouchure  de  la  rivière  de  Linge 
qui  la  traverfe  ,  &  s'y  rend  dans  la  Merve.  On  croit  que 
fon  nom  vient  de  Gorren  ,  qui  fut  donné  aux  premiers 
habitans  ,  à  caufe  de  leur  pauvreté  &  de  leur  maigreur. 
Lorfque  le  comté  de  Teifterbant  fut  démembré ,  ce  terri- 
toire qui  en  étoit ,  vint  aux  feigneurs  d'Arkel  ,  qui  devin- 
rent ainfi  les  vaffaux  des  comtes  de  Hollande  ,  vers  l'an 
1290.  Voici  l'opinion  de  plufieurs  écrivains  fur  l'origine 
de  cette  ville.  On  y  ajoutera  foi ,  fi  l'on  veut.  Elle  fut  bâtie 
par  Jean  feigneur  d'Arkel ,  du  tems  que  Florent  IV  étoit 
fouverain  de  Hollande.  Il  y  avoit  alors  ,  auprès  d'Arkel , 
un  château  qui  appartenoit  à  Jean  VIII  ;  &£  dans  le  voifi- 
nage  étoient  des  pêcheurs  ,  qui  y  vivoient  du  poiffon  qu'ils 
prenoient  dans  la  Merve  :  on  appelloit  ces  pauvres  gens 
Ghorkens  ,  nom  qui  fignifie  leur  grande  mifere.  Le  fei- 
gneur d'Arkel  ordonna  aux  habitans  du  village  de  Wolfort, 
ou  Wolfar ,  de  détruire  leurs  maifons  ,  Se  de  venir  s'éta- 
blir auprès  du  château  dont  on  vient  de  parler  ,  &  d'y 
former  une  efpece  de  ville.  Ce  château  fut  enluite  changé 
en  une  églife  paroiffiale.  On  y  apporta  tous  les  ornemens 
de  celle  de  Volfar ,  ck  le  feigneur  d'Arkel  fit  entourer  le 
nouveau  bourg  de  murailles.  Il  bâtit  à  l'orient  de  .cette 
nouvelle  place  un  château  fortifié,  où  lui  &  fes  fuccefleurs 
les  feigneurs  d'Arkel  ,  faifoient  leur  réfidence  ordinaire. 


GOR 


Les  guerres  que  la  république  a  eues  à  foutenir ,  font  caufe 
que  cette  ville  eft  régulièrement  fortifiée.  C'eft  la  huitième 
des  dix-huit  qui  députent  aux  états  de  la  province  de  Hol- 
lande. Du  haut  de  la  tour  on  voit  vingt-deux  villes  murées, 
fans  compter  un  grand  nombre  de  villages.  Il  y  a  tous  les 
jours  à  Gorcum  un  grand  commerce  de  fromage  ,  de 
beurre  Se  autres  vivres  que  l'on  y  embarque  ,  pour  les 
porter  dans  les  provinces  voifines  ,  &  fur-tout  dans  les 
autres  villes  de  la  Hollande.  Elle  eft  redevable  de  tous 
ces  biens  à  la  petite  rivière  de  Linge  ;  car  elle  y  apporte 
tous  les  jours,  &  fur-tou*les  lundis,  quantité  de  grains  , 
de  lait ,  de  volailles  ,  de  canards  fauvages  &  de  poiffon 
de  rivière,  que  l'on  charge  enfuite  îur  de  plus  grandes  bar- 
ques ,  pour  les  porter  dans  toute  la  Hollande  ,  en  Zéelande 
&  en  Gueldre. 

Gorkum  a  produit  plufieurs  hommes  illuftres  ,  entre 
autres,  Henri  de  Gorcum  ,CHenricus  de  Gorrichem,) 
théologien,  vice-chancelier  de  Cologne,  &  grand  phi- 
lofophe  :  il  vivoit  en  1460  ;  Guillaume  EJlitis  théologien 
célèbre,  mort  à  Douai  ,1'an  1613  ;  Franco  Eflius  ,  poète 
fameux  dans  fon  tems  ;  Thomas  Erpenius  ,  le  plus  favant 
homme  de  fon  tems  pour  les  langues  orientales  :  il  étoit 
né  à  Gorcum ,  le  1 1 .  Septembre  1 ^74 ,  &  mourut  à  Leyde 
l'an  1624.*  (a)  Alting.  Notit.  German.  infer.  2.  part 
p.  72.  Pontan.  Hift.  Geld.  /.  6.  Blaew  Theat.  Urbium. 

1.  GORDA  ,  ville  de  l'Arabie  heuréufe  ,  à  76  d.  io' 
de  longitude  ,  &  à  24c!.  30'  de  latitude',  félon  Ptolomée  , 
1.6,  c.  7. 

2.  GORDA  ,  autre  ville  de  l'Arabie  heuréufe  ,  feion 
le  même ,  à  82  d.  30'  de  longitude  ck  ,  à  16  d.  de  lati- 
tude. 

3.  GORDA  ,  ville  de  Lycie.  Voyez  GordUM. 
GORDAN-SCHAH  ,  province  du  Kharifme  ,  fituée 

entre  les  villes  de  Kaïoulc  ck  Haffarafap  ,  où  il  fe  trouve 
d'affez  bons  pâturages.  Ce  pays  eft  occupé  par  les  Sartes. 
*  Hifioire  générale  des  Huns ,  t.  4 ,  p.  467.  Hijloire  généalo- 
gique des  Tatars  ,  p.  584. 

GORDATUS  Locus  ,  lieu  ainfi  nommé  par  Conf- 
tantin  ,  ou  ,  fi  l'on  aime  mieux  ,  par.  Denis  d'Utique ,  au 
II.  livre  de  l'Agriculture  ,  c.  21.  Ortélius  ,  Thefaur. 
foupçonne  que  ce  lieu  étoit  en  Arabie. 

GORDENE  ,  contrée  de  la  grande  Arménie  ,•  félon 
Ptolomée,/.  <j,c.  ij.Lemêmepays  eft  appelle  Gordyene 
parStrabonckpar  Plutarque  dans  la  vie  de  Lucullus.  Voyez 
les  articles  Carduchi ,  Cordueni  ck  Gordiceus  Mons.  Les 
habitans  font  auffi  nommés  Gordiani  par  Quinte-Curfe  , 
/.  5. 

GORDENLE.  Voyez  Gordynia. 

GORDIjEUS  Mons  ,  montagne  de  la  grande  Armé- 
nie ,  félon  Ptolomée  ,  /.  5  ,  c.  1 3  ,  fur  laquelle  Nicolas 
Damafcene  ,  cité  par  Jofeph  ,  dit  que  l'arche  de  Noé 
s'arrêta.  En  ce  cas,  ce  feroitla  même  que  le  mont  Ararath. 
Voyez  ce  mot.  Ptolomée  donne  au  milieu  de  cette  mon- 
tagne la  même  latitude  qu'aux  fources  du  Tigre  ,  favoir 
39  d.  40'.  Cette  montagne  donnoit  le  nom  de  Gordene  , 
Gorduene  ,  ck  autres  femblables  au  pays  dont  Pompée 
fit  la  conquête  ;  car  ce  pays  étoit  aufli  de  la  grande  Armé- 
nie ,  ck  dépendoit  du  roi  Tigrane.  Strabon  ,  '/.  n  ,  joint 
les  monts  Gordiens  avec  le  Taurus.  Ils  en  font  une  con- 
tinuation ,  ck  même  une  partie.  Ce  que  l'on  vient  de 
rapporter  du  fentiment  de  Nicolas  de  Damas  ,  qui  croit 
que  l'arche  de  Noé  s'y  arrêta  ,  joint  à  la  commune  opi- 
nion que  c'eft  préfentement  le  mont  Ararath  ,  convient 
fort  à  ce  que  nous  apprenons  que  Noé  ,  forti  de  l'arche  , 
s'avança  dans  la  Méfopotamie.  D'ailleurs  Ararath  ne 
fignifie  ici  que  l'Arménie  ;  outre  le  témoignage  d'Abidene 
ck  de  Melon  rapportés  par  Eufebe  dans  fa  préparation 
évangélique ,  /.  9  ,  c.  12  &  19  ,  le  Chaldéen  Berofe  ,  cité 
par  Jofeph,  /.  10  ,c.  11  ,  dit  dèsfilsdeSennacherib  ,  meur- 
triers de  leur  père ,  qu'ils  fe  réfugièrent  en  Arménie  ,  au 
lieu  de  quoi  Ifaïe ,  c.  37  ,  dit  :  dans  la  terre  d'Ararath. 
Les  Septante  difent  comme  Berofe  :  clans  l'Arménie. 
Berofe ,  cité  par  Jofeph ,  Antiq.  L  1  ,  c.  4  ,  parlant  du 
déluge  ,  ck  du  petit  nombre  d'hommes  fauves  clans  l'ar- 
che ,  pourfuit  ainfi  :  On  dit  qu'il  refte  encore  quelque 
chofe  de  ce  vaiffeau  en  Arménie  à  la  montagne  des  Cor- 
duéniens.  La  paraphrafe  çhaldaïque  rend  le  mont  d'Ara- 
rath ,  nommé  dans  la  Genefe  ,  c.  8  ,  v.  4  ,  par  Montes 
Kardu.  S.  Epiphane  ,  Htzref.  18  ,  dit  :  on  montre 
encore  les  reftes  de  l'arche  de  Noé  dans  la  contrée  des 


GOR 


GOR 


Corduéniens  ;  &  l'Arabe  Elmacin  ,  dans  fon  Hiftoire  des 
Sarazins  ,  l.  l  ,  c.  I  ,  dit  d'Heraclius  :  il  monta  fur  le 
mont  Goreus ,  &  vit  le  lieu  de  l'arche.    Voyez  Gor- 

DY.EA. 

GORDIANA  Regio  ,  contrée  d'Afie  ,  auprès  de  la 
Galatie  :  la  ville  de  Gratianopolis  en  étoit ,  félon  Méta- 
phrafte ,  dans  la  Vie  de  S.  Théodore  abbé.  Voyez  Gra- 
tianoplis.  i.  *  Orttl.  Thef. 

GORDIANI  Sepulchrum  ,  lieu  où  fat  enterré  l'em- 
pereur Gordien  :  il  étoit  aux  confins  de  l'empire  Romain , 
&  de  celui  des  Perfes  ;  mais  les-  auteurs  ne  convien- 
nent pas  bien  précifément  fur  fa  véritable  poiition. 
?  Ortel.  Thef. 

GORDIANORUM  Villa  ,  la  maifon  de  campagne 
des  Gordiens  ,  en  Italie  ,  fur  le  chemin  de  Rome  à  Pré- 
nefte  ,  félon  Julius  Capitolinus.  *  Ortel.  Thef. 

GORDIEN  ,  ville  d'Afie,  dans  la  Phrygie  :  Orofe, 
L  3  ,  c.  16,  parlant  d'Alexandre  leGrand ,  dit  :  il  affiégea 
&  prit  Gordien ,  ville  de  Phrygie  ,  que  Von  appelle  pré- 
fentement  S  ARDlS.  Arrien,  Xenophon  ,  &  les  hiftoriens 
d'Alexandre  le  Grand  font  mention  de  Gordium  ,  r0,.<J\0? 
ville  de  Phrygie,  fur  le  fleuve  Sangar;  &  ce  fut-là  que 
ce  roi  vint  à  bout  du  nœud  gordien  en  le  coupant.  Juf- 
tin  la  met  entre  la  grande  &  la  petite  Phrygie  ;  mais 
pas  un  géographe  ,  ni  aucun  auteur  eftimé  ,  n'a  dit  qu'elle 
ait  été  appellée  Sardis.  Cela  fait  croire  à  Ortélius  que 
ces  mots  ,  qua  nunc  Sardis  voeatur  ,  font  une  faillie 
note  qui  a  parle  de  la  marge  dans  le  texte.  Il  y  a  bien 
une  ville  de  Sardes ,  mais  qui  n'a  rien  de  commun  avec 
Gordium.  Cette  ville  de  Phrygie  eft  nommée  Gordicium , 
par  Etienne  le  géographe. 

GORDII  Murus  Totfk  iSyjt  ville  de  la  Médie, 
félon  Etienne  le  géographe.  Voyez  Juliopolis.  i. 

i.  GORDISCH ,  petite  province  du  Kharizme  ,  fituée 
•entre  le  pays  de  Pischga  &c  celui  deKumkant ,  très-fertile 
à  caufe  de  l'Amù.  C'eft  dans  ce  pays  que  le  bras  fep- 
tentrional  de  ce  fleuve  a  quitté  fon  canal  qui  paflbh:  à 
Urgens  pour  aller  fe  joindre  à  la  rivière  de  Kéfel  *  Hift. 
généalogique  des  Tatars  ,  p.  5  64. 

2.  GORDISCH,  province  particulière  de  la  grande  Bou- 
charie ,  vers  les  frontières  du  pays  de  Charafme ,  à  l'oueft 
de  la  province  de  Bouchara.  C'eft  une  des  provinces  les 
plus  agréables ,  les  plus  fertiles  &  les  plus  peuplées  de 
la  grande  Boucharie.  *  Hiftoire  généalogique  des  Tatars , 
p.  800. 

GORDITANUM  PROMONTORiuM,cap  de  Saf- 
daigne  ,  félon  Pline ,  /.  3  ,  c.  7  ;  &c  Ptolomée  ,  /.  3  ,  c.  3 , 
fur  la  côte  occidentale  de  l'ifle  :  c'eft  préientement,  félon 
le  P.  Hardouin  ,  Capo  di  Monte-  Falcone ,  Capo  di 
Argentera. 

GORDIU-COME.  Voyez  Juliopolis  i. 

GORDIEIUM  ,  &  GORDIUM.  Voyez  Gor- 
dien. 

GORDOLOMA.  Voyez  Gordum. 

GORDONA ,  lieu  de  Suifle ,  au  pays  des  Grifons  , 
dans  le  comté  de  Chiavene.  C'eft  le  chef- lieu  d'une 
communauté.  *  Etat  &  Délices  de  la  Suiffe  ,  t.  4  , 
P.-  J54- 

GORDO-SERVORUM,ville  épiscopale  de  lafeconde 
Bithynie.  Stephanus ,  fon  évêque  ,  affilia  au  concile  de 
Conftantinople ,  tenu  l'an  870.  *  Harduin.  Collecl.  conc. 

GORDUM ,  ville  ancienne  d'Afie.  Elle  étoit  épisco- 
pale. Socrate,  /.  14,  la  met  dans  la  Lydie,  &  Califte 
dans  la  Lycie.  Ce  dernier  dit  que  Jean,  fon  évêque,  fut 
envoyé  dans  la  Proconnese.  Yves  de  Chartres  dans  fa 
dernière  Lettre  ,  citant  ce  paflage ,  change  le  nom  de 
Gordum  ,  en  Gordoloma  ,  &  celui  de  Proconnefe  en 
Prochonixum  ;  ce  qui  eft  une  faute.  A  l'égard  du  doute  , 
ii  cette  ville  étoit  dans  la  Lydie  où  dans  la  Lycie ,  il 
eft  levé  par  les  Notices  épiscopales  de  Léon  le  Sage  & 
d'Hierodès  ;  la  première  met  dans  la  Lydie  Gordomm 
au  génitif,  &  la  féconde  Gordos.  Le  nominatif  étoit  Gor- 
di.  On  trouve  pourtant  Gorda ,  ville  de  Lydie  ,  nom- 
mée dans  le  Droit  oriental.  C'eft  la  même  ville,  & 
la  même  auflî  apparemment  que  la  Juflimanopolis 
Gordi ,  nommée  dans  le  fixiéme  concile  de  Conftan- 
tinople. 

GORDUNI ,  ancien  peuple  de  la  Gaule  Belgique  , 
dans  la  dépendance  des  Nerviens.  Comme  Jules-Cefar , 
l.  •) ,  c.  38,  eft  le  feul  qui  l'ait  nommée,  &  qu'il  ne  dit 
rien  qui  puifîe  faire  conjecturer  fa  fituation ,  on  ne  fait 


iy 


préfentement  quel  pays  il  eccupoit  ;  &C  tout  ce  que  le* 
modernes  en  ont  dit ,  eft  fans  aucun  fondement. 

GORDIjEA  ,  contrée  &  ville  de  la  Perlé  , .  auprès 
de  la  fortie  du  Tigre  ,  félon  Etienne  le  géographe  ;  ce 
qu'il  faut  entendre,  non  de  l'on  embouchure  dans  la  mer, 
mais  de  fa  fource.  Elle  ptenoit  fans  doute  ce  nom  du 
mont  Gordizus;  mais  Etienne  à  fon  ordinaire  en  attri-, 
bue  l'origine  à  Gordye  ,  fils  de  Triptolème  ,  qui  vint' 
d'Argos  en  Syrie  pour  chercher  lo.  Il  ajoute  que  la 
ville  de  Gordiée  étoit  près  de  la  fource  du  Tigre  ,  au 
lieu  des  monts  Gordiens  entre  lesquels  &  le  Tigré  étoit 
l'armée  d'Alexandre ,  félon  Quinte-Curce  ,  1.  4.  Modius 
MoïtCordacos  montes;  &C  Amen ,  /.  3  ,  dit  Sogdianos. 
C'eft  une  faute  des  deux  parts  :  les  Sogdiens  font  bien 
foin  de  là  ;  èc  qui  que  ce  foit  n'a  jamais  fait  mention 
des  Cordaci  montes.  C'eft  une  chimère  qui  ne  fe  trouve 
point  ailleurs. 

GORDYANI.  Voyez  Gordene. 

GORDYNESIA ,  ville  de  la  grande  Arménie  ,  félon 
Ptolomée ,  /.  5  ,  c.  13. 

GORDYNIA,  ville  de  Grèce,  dans*  la  Macédoine , 
félon  Etienne  le  géographe.  Ptolomée  ,  /.  3  ,  c.  13  ,  la 
nomme  GORDENIA,  rof^'ivm  ôc  la  met  dans  l'E- 
mathie. 

GORÉE.  (l'ifle  de)  Voyez  Goerée. 

GOREIRO ,  ifle  du  golphe  de  Vemfe ,  'entre  l'Iftrie 
&  la  Dalmatie,  félon  l'Itinéraire  d'Antonih. 

GORG  ,  fontaine  de  Suifle  ,  au  pays  des  Grifons  , 
dans  le  village  de  Flims  ,  fur  la  gauche  du  Rhein.  Elle 
coule  continuellement ,  ck  fait ,  dès  fon  commencement, 
tourner  un  moulin.  Les  eaux  de  cette  fource  &  de 
celles  qui  font  aux  environs,  font  extrêmement  froides; 
&  on  y  diftingue  divers  degrés  de  bonté  &  de  falubrité , 
quoiqu'il  ne  fe  trouve  pas  la  moindre  différence  dans 
leurs  poids.  Comme  les  cheveux  des  habitans  du  lieu 
deviennent  blancs  de  très-bonne  heure, &  qu'ils  deviennent 
chauves  plutôt  que  les  autres  hommes ,  quoiqu'ils  fe 
portent  très-bien  d'ailleurs ,  on  en  attribue  la  caufe  à  l'u- 
fage  qu'ils  font  de  ces  eaux.  *  Etat  &  délices  de  la  Suif- 
fe ,  t.  4, p.  19,  &ftuv. 

GORGA  ,  ville  des  Eutalites,  aux  frontières  de  Perfe, 
vers  le  nord  ,  félon  Procope  ,  cité  par  Ortélius  . 
Thefaur. 

GORGADES  ,  ifles  de  l'Océan  Atlantique  ,  félon 
Pline.  Voyez  Gorgones. 

GORG1ER,  Baronie  de  Suifle,  dans  la  fouveraineté 
de  Neuf-Chatel  &  de  Vallengin.  *  Etat  &  Délices  de  la. 
Suife,  t.  3,  p.  237. 

GORGIPPI A ,  ropyiW/*  ville  de  l'Inde ,  félon  Etienne 
le  géographe.  Ortélius  ,  Thefaur.  a  «ifon  de  dire  que 
c'eft  la  même  que  Gorgippe  que  le  même  Etienne  met 
dans  la  Scythie ,  &c  qu'elle  n'eft  point  diférente  de  Gor- 
gippia  que  Strabon  met  dans  la  Sarmatie  Afiatique ,  près 
du  Pont-Euxin.  Ainfi  le  mot  à' Inde  en  cet  endroit  ne 
fe  doit  pas  prendre  de  l'Inde  proprement  due  ,  mais 
d'un  lieu  nommé  Indica,  vers  le  Pont-Euxin. 

GORGIUM,  Tt>iy,ov  lieu  de  la  Sicile,  lèlon  Diodiore 
de  Sicile ,  /.  20. 

GORGODYLENA,  lieu  d'Arménie,  près  du  mont 
Niphate,  félon  Srabon,  /.  11  ,  c.  527. 

GORGON,  &  GORGONA.  Voyez  Urgo. 

1.  GORGONE,  (la)  petite  ifle  d'Italie,  dansja 
mer  de  Tofcane  ,  près  de  l'ifle  de  Capraia,  entre  la  côte 
du  Pifan  au  levant ,  &:  l'ifle  de  Corfe  au  couchant.  Mi- 
chelot ,  dans  fon  Portulan  de  la  Méditerranée ,  p.  99  ,  la 
nomme  l'ifle  Gourgonc  ,  <k  dit  qu'elle  eft  environ 
trente  milles  à  l'oueft  quart  de  (ud-oueft  du  mole  de  Li- 
vourne  :  c'eft  ,  dit-il  ,  une'grofle  ifle  fort  haute  ;  elle 
paroît  presque  ronde  :  il  y  a  quelques  maifons  de  pê- 
cheurs ,  &  on  la  peut  ranger  de  toutes  parts.  Baudrand , 
éd.  de  170J  ,  qui  l'a  vue  plufieurs  fois,  dit  :  fon  circuit 
n'eft  que  de  dix  milles  ;  elle  eft  toute  remplie  de  mon- 
tagnes ,  avec  un  feul  village  &  un  château.  Elle  étoit 
dépendante  de  l'état  de  Pile  ,  &:  par  cette  raifon  elle  eft 
au  duc  de  Tofcane.  On  prétend  qu'il  y  a  eu  autrefois  un 
grand  monaftere ,  mais  il  n'en  refte  plus  aucun  veftige. 
Voyez  Urgo,  qui  eft  l'ancien  nom. 

2.  GORGONE  ,  (la)  petite  ifle  de  la  mer  du  fud, 
fous  le  3e  d.  de  latitude  feptentrionale  ,  à  cinq  lieues  du 
continent  ,  &£  à  l'embouchure  de  la  rivière  nommée 
auffi  la  Gorgone,  à  trente-huit  lieues  de  Capo  Conientes, 


m 


GOK 


GOR 


nord  quart  au  nord-eft ,  Se  fud  quart  au  fud-oueft  :  c'eft 
ainfi  qu'il  en  eft  parlé 'dans  le  Supplément  au  Voyage  de 
Vodes  Rogers,  p.  *3-  Dampier,  Voyage  ,  t.  i  ,  c.j , 
p.  2.z%,  la  nomme  Gorgcnia,  Se  la  décrit  ainfi.  Nous 
arrivâmes  à  Gorgonia  ,  qui  eft  à  vingt-cinq  lieues  de 
Gallo.  Nous  mouillâmes  à  l'occident  de  l'ifle,  à  trente- 
huit  braffes  d'eau ,  fur  un  fond  clair  ,  Se  à  la  longueur 
de  deux  cables  de  terre.  Cette  ifle  eft  au  3  e  d.  de  latitude 
feptentrionale.  Elle  eft  déiérte.  On  la  découvre  d'affez 
loin ,  à  caufe  de  deux  collines  dont  le  Commet  reffemble 
à  deux  (elles.  Elle  a  environ  deux  lieues  de  long  Se  une 
de  large,  Se  eft  à  quatre  de  la  terre  ferme.  A  l'occident 
il  y  a  une  autre  petite  ifle.  Le  pays  près  du  lieu  où  l'on 
mouille,  eft  bas  :  il  y  a  une  petite  baye  fablonneufe,  Se 
bonne  à  faire  defeente  :  laterre  eft  noire  &  profonde  dans 
ce  bas  ;  mais  dans  le  haut  c'eft  une  efpece  de  glaife  rouge. 
Cette  ifle  eft  très-bien  pourvue  de  toutes  fortes  d'arbres , 
qui  font  toute  l'année  verds  Se  fleuris  :  elle  eft  fort  bien 
arrofée  de  petits  ruiffeaux  qui  fortent  des  hauteurs  :  il 
y  a  grande  quantité  de  petits  linges  noirs ,  ^quelques  la- 
pins des  Indes ,  &  peu  de  couleuvres.  La  côte  eft  extrê- 
mement humide  ;  il  y  pleut  beaucoup  ,  Se  les  beaux 
jours  y  font  rares.  On  appelle  la  faijbn  fiche  celle  où 
les  pluies  font  moins  fréquentes  ;  car  dans  la  pluvieufe , 
elle  y  tombe  comme  fi  on  la  jettoit  par  un  crible.  Il  y 
a  beaucoup  d'eau  ;  &  l'on  ne  peut  ancrer  autour  de  l'ifle, 
qu'à  ce  (eul-endroit ,  vers  l'occident.  La  marée  hauffe  Se 
baiffe  fept  à  huit  pieds.  On  y  trouve  ?  quand  l'eau  eft 
baffe  ,  quantité  de  moules  Se  autres  coquillages.  C'eft 
en  ce  tems  que  les  linges  viennent  les  prendre  fur  le  ri- 
vage ,  &  favent  fort  bien  les  ouvrir  avec  leurs  pâtes.-  On 
y  trouve  auffi  des  huitres  qui  ont  des  perles. 

3.  GORGONE,  (la)  rivière  de  l'Amérique  méri- 
dionale ,  fur  la  côte  de  terre  ferme.  Elle  a  fa  fource  aux 
montagnes  du  Popayan ,  Se  fon  embouchure  dans  la  mer 
du  md  ,  vis-à-vis  dé  l'ifle  de  Gorgone  ,  à  trente  -  cinq 
lieues  de  la  pointe  des  Mangles  nord-eft  Se  fud-oueft.  Il 
croît  fur  fes  bords  quantité  d'arbres  bons  pour  faire  des  mâts 
ou  des  vergues ,  Se  au  fud-eft  il  y  a  un  excellent  port  &C 
une  très-bonne  aiguade.  Il  faut  mouiller  près  du  rivage, 
&  y  amarrer  votre  vaiffeau  avec  un  cable.  De  ce  port  à 
Rio  de  los  Piles ,  il  y  a  trente  lieues  nord-eft  Se  fud-oueft. 
*Woodes  Rogers,  Voyages,  Supplément,  p.  23. 

1.  GORGONES  ou  Gorgades  ou  Gorgonum 
INSULjE  ,  c'eft-à-dire  les  ijles  des  Gorgones  ;  Pomponius 
Mêla ,  /.  3 ,  c.  9 ,  dit  :  les  ifles  Gorgades ,  où  autrefois 
les  Gorgones  habitoient  à  ce  que  l'on  raconte.  Pline,  /.  6 , 
c.  3 1  ,  ayant  parlé  du  cap  qu'il  nomme  Hefperium  Ke- 
ras,  dit  :  vis-à-vis  de  ce  promontoire  font,  dit-on  ,  les 
ifles  Gorgades  où  demeuraient  autrefois  les  Gorgones, 
à  deux  journées  de  navigation  du  continent  ,  comme 
le  rapporte  Xénophon  de  Lampfaque.  Hannon ,  géné- 
ral des  Carthaginois,  y  aborda ,  &  dit  y  avoir  trouvé  des 
femmes  dont  les  corps  étoient  velus  ,  Se  qui  par  leur 
grande  vîteffe  échappoient  aux  hommes  ;  que  pour 
preuve  de  fa  relation  ,  il  porta  avec  lui  deux  peaux  de 
Gorgones  ,  qu'il  dépofa  dans  le  temple  de  Junon  ,  où 
elles  relièrent  jusqu'à  la  prife  de  Cai-thage.  Pline  con- 
vient qu'il  y  avoit  beaucoup  de  fables  dans  ces  relations. 
Il  rapporte  cependant  encore  l'opinion  de  Statius  Sebo- 
fùs  ,  qui  difoit  que  des  ifles  des  Gorgones  ,  en  côtoyant 
le  long  du  mont  Atlas  ,  on  arrivoit  en  quarante  jours 
aux  ifles  Hefpérides ,  Se  de  ces  mêmes  ifles,  (ai  iis,) 
au  promontoire  Hefpérien  en  un~jour.  On  ne  doute 
point  que  les  Hefpérides  ne  foient  les  Canaries.  Il  n'eft 
queftion  ici  que  des  ifles  des  Gorgones.  Si  nous  avions 
la  véritable  relation  de  Hannon ,  que  Mêla  Se  Pline  ont 
vue  ,  peut-être  en  pourriores-nous  tirer  quelque  éclaircif- 
fement  ;  mais  le  Périple  de  Hannon  qui  nous  refte  ,  eft 
un  ouvrage  très- différent,  Se  de  la  composition  de  quel- 
que Grec  impofteur,  comme  je  le  prouve  ailleurs,  ainfi 
tout  y  eft  renverfé.  Il  faut  donc  avoir  recours  à  ce  que 
Pline  en  a  extrait.  Il  met  les  ifles  des  Gorgones  à  qua- 
rante jours  de  navigation  aux  Canaries ,  il  n'eft  pas  im- 
poflible  que  des  barques  qui  n'alloient  que  terre  à  terre, 
ayent  mis  ce  tems-Ià  pour  arriver  aux  ifles  du  Cap-Verd , 
où  l'on  arrive  à  préfent  en  cinq  ou  fix  jours  par  le  moyen 
de  la  bouffole  ,  en  prenant  le  large ,  &  profitant  du  bon 
vent.  De  l'ifle  eft  du  même  fent'iment  que  Mercator  , 
&  croit  que  les  ifles  des  Gorgones  font  préfentementjes 
ifles  du  Cap-Vcrd  ;   Se  je  ne  fais  comment  le  P.  rïar- 


douiri  ,  ih.  Plin.  a  pu  s'imaginer  que  ce  devoir  être  l'ifle 
SArguijit,  fur  l'autorité  de" Mariana ,  Hift.  Hifp.  1. 1, 
c.  l'a  ;  car  il  ne  s'agit  pas  d'une  feule  ifle  ;  ce  doit  être 
un  amas  d'ifles.  Suidas  Se  le  Scholiafte  d'Apollonius  ert 
nomment  une  Sarpedonia.  D'ailleurs  l'ifle  d'Arguin  étoit- 
elle  affez  importante  ,  pour  avoir  été  remarquée  dans 
une  navigation  pareille  ?  eft-elle  à-deux  journées  de  na- 
vigation du  continent  ? 

2.  GORGONES  ,  peuple  de  la  .côte  d'Afrique  ,  fur 
l'océan  Atlantique.  Myrina,  reine  des  Amazones,  leur 
fit  la  guerre,  félon  Diodore  de  Sicile,  /.  3. 

GÔRGONILLA,  petite  ifle  de  la  mer  du  fud,  fur  la 
côte  de  terre  ferme ,  entre  l'ifle  de  Gallo  Se  le  cap  de 
Mangles.  Il  y  a  uneriviere  où  l'on  peut  faire  de  l'eau  ,  Se 
mouiller  fur  le  fond  net.  *  Woodes  Rogers  ,  Supplem. 
p.  14. 

GORGONZOLA  ,  bourg  d'Italie  ,  dans  le  Milanez, 
fur  le  canal  deMartefana,  à  quatre  lieues  de  Milan,  vers 
l'orient  feptentrional.   *  Baud.  éd.  de  1705. 

GORGOPIS  ,  marais  auprès  de  Corinthe.  On  le  nom- 
mqit  auffi  Eschatiotis. 

GORGORA  ,  lieu  d'Ethiopie  ,  en  Abiffinie  ,  au 
royaume  de  Dembée.  L'empereur  d'Abiffinie  y"  faifoit 
fon  féjour  ordinaire  au  commencement  du  fiécle  paffé; 
-Se  les  Jéfuites  y  avoient  une  de  leurs  réfîdences.  Mais 
1  empereur  quitta  ce  lieu ,  Se  transporta  fa  cour  Se  la  ville 
à  Dancafe  ,  puis  à  Gondar  où  elle  a  été  depuis.  *  Lu- 
dolf.  Hift.  .Ethiop.  1.  2,  c.  13  ;  &  1.  3  ,  c.  11. 

GORGOS  ,  rivière  d'Affyrie.  Elle  fe  décharge  dans 
le  Tigre  ,  félon  Ptolomée  ,  /.  6,  ci. 
_  GORGOTOQUES,  (les)  peuple  de  l'Amérique  mé- 
ridionale ,  au  Pérou  ,  dans  le  voifinage  de  Santa-Cruz  de 
la  Sierra.  Ils  ont  une  ville  nommée  auffi  Gorgotoque  , 
avec  plufieurs  villages  &  hameaux.  Ces  peuples  font 
doux ,  fimples  Se  traitables  ;  font  grand  cas  de  l'amitié 
qu'ils  ont  foin  d'entretenir ,  Se  ne  fe  mettent  jamais  en 
colère ,  quelque  injure  qu'on  leur  ïifit.  Si  on  leur  en- 
levé quelque  choie  ,  fût-ce  leur  propre  femme ,  ils  pardon- 
nent aifément  ,  pourvu  qu'on  la  rende.  Ils  ont  la  mé- 
moire fort  heureufe  j  particulièrement  les  enfans.  Ils  ont 
une  langue  particulière,  qui  eft  fort  ufitée  aux  environs 
de  Santa-Cruz.  *  Corn.  Dift.  Daviij,  Amer. 

GORGYIA  ,  lieu  de  l'ifle  de  Samos,  dans  l'Archipel  j 
félon  Etienne  le  géographe. 

■  GORI ,  petite  ville  d'Ane  ,  en  Géorgie,  dans  une 
plaine  entre  deux  montagnes ,  fur  le  bord  du  fleuve  Kur  , 
au  bas  d'une  éminence ,  où  il  y  a  une  forterefle  gardée 
par  des  Perfans  naturels.  C'eft  une  des  quatre  villes  de 
la  province  de  Carthuel.  Elle  fut  bâtie  vers  le  commence» 
ment  du  fiécle  paffé ,  par  Ruftan  Can  ,  général  de  l'ar- 
mée Perfienne.  Un  Auguftin  miffionnaire  qui  étoit  alors  à 
Gori ,  en  fit  le  plan.  Cette  forterefle  n'eft  pas  de  grande 
défenfe  :  fa  principale  force  vient  de  fa  fituation  :  fa 
garnifon  eft  de  cent  hommes.  La  ville  qui  eft  au  bas ,  eft 
petite  ;  les  maifons  Se  les  bazars  font  de  terre  :  elle  n'eft  ha- 
bitée que  par  des  marchands  affez  riches.  On  y  trouve 
abondamment  Se  à  bon  marché  tout  ce  qui  eft  nécefîaire 
à  la  vie.  On  dérive  le  nom  de  Gori  ,  d'un  terme  qui 
lignifie  cochon ,  parce  qu'il  y  eft  abondant  Se  excellent. 
Chardin  ,  Voyage ,  t.  2  ,  p.  126. 

GORI  AN  ,  Gorianum.  Abbaye  de  filles  en  France,  de 
l'ordre  de  S.  Benoît ,  dans  le  Languedoc,  au  diocèlé  ,  Se  à 
trois  lieues  au  midi  de  Lodeve  ,  proche  la  ville  de  Cler- 
mont  ;  elle  fut  fondée  l'an  1 3  50 ,  par  Anglez  ,  feigneur 
de  Lorieres. 

GORICE ,  ville  d'Allemagne ,  dans  le  comté  de  même 
nom  ,  entre  le  Frioul ,  la  haute  Se  la  baffe  Carniole  ;  au 
cercle  d'Autriche  ,  ûir  la  Lifonzo.  Les  Allemands  écri- 
vent Gorii  Se  prononcent  Gœurt^.  Elle  eft  féparée  en 
haute  Se  baffe.  La  baffe  ville  eft  grande  ,  mais  ouverte  , 
Se  a  un  collège  de  Jéfuites ,  un  couvent  de  Francifcains  , 
un  de  Capucins ,  Se  d'affez  belles  maifons  où  demeurent 
le  bailli  Se  une  partie  de  la  nobleffe  du  pays.  La  maifon 
des  états  du  pays  n'eft  pas  grande  ;  mais  elle  eft  bien 
bâtie.  La  ville  haute  eft  appellée  la  forterefle  ,  Se  on  y 
fait  bonne  garde.  C'eft-là  que  finit  l'uiàge  de  la  langue  el- 
clavone  ,  Se  on  y  parle  un  fort  mauvais  jargon  ,  qui  tire 
ifur  le  françois  Se  fur  l'italien  ,  maif  que  les  Italiens  ont 
peine  à  entendre.  Dans  les  tribunaux  on  fe  fert  de  l'alle- 
mand ;  Se  les  décrets  du  ibuverain  y  font  publiés  en 
cettte  langue  ,  quoiqu'à  la  referve  des  nobles  Se  des 
perfonnes 


COR 


GOR 


ferfonnes  de  diftinftion  ,  il  y  ait  peu  de  gens  qui  la  fâ- 
chent. Car  la  langue  efclavone  avec  la  maternelle  ,  'qui 
eft  un  jargon  ,  eft  plus  commune  ;  les  appellations  font 
portées  à  Gratz  en-  Stirie  ,  &  à  la  régence  d'Autriche. 
*  Zeylcr ,  province  Auftriac.  Topogr.  p.  118. 

Le  comté  de  Gorice  eft  un  beau  &  bon  pays  :  il  a 
d'excellens  vignobles  ,  quoique  le  chemin  depuis  la 
capitale  ,  jufqu  à  Laybach  foit  fort  pierreux.  Durant  la 
guerre  de  Venife  ,  qui  commença  en  1507  ,  la  vieille 
ville  ou  la  haute  avec  le  château  ,  tut  prife  par  les  Véni- 
tiens qui  la  fortifièrent;  mais  l'empereur  Maximilien  I  la 
reprit  deux  ans  après.  Durant  la  guerre  du  Frioul  en 
1616  ,  les  Vénitiens  attaquèrent  la  ville  de  Gort^;  mais 
ce  fut  inutilement.  Le  comté  de  Gorice  eft  borné  au 
nord  par  la  haute  Carniole  ,  à  l'orient  par  la  baffe  Car- 
niole,  &  les  Alpes  le  féparentdu  Frioul.  Il  avoit  autrefois 
fes  comtes  particuliers  ,  dont  la  branche  s'éteignit  ;  &C 
l'empereur  Frédéric  IV  s'en  faifït  en  1473  :  ainli  il  ap- 
partient à  la  maifon  impériale.  Quoiqu'il  faffe  un  état 
féparé ,  il  eft  regardé  comme  partie  de  la  Carniole. 

Les  Vénitiens  ,  dit  Amelot  de  la  Houffaye  ,  Hifloirc 
du  gouvernement  de  Venife  ,p.A<j<)  ,  ayant  perdu  Candie  , 
voulurent  engager  l'empereur  a  leur  vendre  Gorifque  , 
Gradifque  ,  Triefte  ,  &c.  pour  réparer  les  pertes  qu'ils 
venoient  de  faire  dans  le  Levant  ;  mais  cette  proposition 
ne  fut  point  écoutée.  Les  principaux  lieux  de  ce  comté, 
font , 

Gorice  ,  Gradifca , 

&  Gemund. 

Baudrand  y  met  Idria  qui  n'en  eft  pas ,  mais  de  la  haute 
Carniole. 

Lorfque  le  patriarchat  d'Âquilée  a  été  fupprimé  en 
1751,  on  a  établi  un  archevêché  à  Gorice,  pour  les 
pays  dépendans  de  la  maifon  d'Autriche  ,  qui  relevoient 
auparavant  d'Aquilée  ,  comme  l'a  été  Udine  pour  ce 
qui  relevé  de  la   république  de   Venife. 

GORIDORGIS  ,  ancienne  ville  de  la  Germanie ,  fé- 
lon Ptolomée  ,  qui  la  place  vers  le  Danube.  Elle  étoit 
quelque  part  vers  le  pays  où  eft  aujourd'hui  la  Moravie. 
GORILLARUM  Insula.  Le  Périple  de  Hannon,  tel 
que  nous  l'avons  préfentement  dans  la  colleélion  d'Oxford 
ck  ailleurs ,  nomme  Gorilles  les  femmes  velues  &C  fauva- 
ges,  que  Pline  appelle  Gorgones.  Il  en  fait  un  peuple 
entier  ,  où  il  y  avoit  beaucoup  plus  de  femmes  que 
d'hommes,  &  les  met  dans  une  ifk  à  laquelle  il  donne 
une  fituarion  différente  de  celles  des  ifles  des  Gorgones, 
marquées  par  Pline.  Du  refte  il  en  dit  les  mêmes  cho- 
fesquele  Hannon  de  Pline  ,  &  y  applique  l'avanture  des 
deux  femmes  tuées  &  écorchées ,  &  dont  les  peaux  fu- 
rent tranlportées  à  Carthage.  Ifaac  Voflius  qui  faifoit 
plus  de  cas  du  Périple  de  Hannon  ,  que  nous  avons  ,  que 
ce  morceau  ne  mérite  ,  n'a  pas  pris  garde  que  c'eft  un 
écrit  fuppofé  comme  je  le  prouve  invinciblement  ailleurs. 
Trompé  par  ce  préjugé  ,  il  voudrait  réformer  Mêla  fur 
le  témoignage  du  faux  Hannon.  II  ajoute  fur  l'autorité 
de  ce  Grec  prétendu  Carthaginois  ,  qu'il  a  mis  l'ifle  où 
étaient  les  Gorgides  ou  Gorgones ,  à  trois  lieues  de  na- 
vigation ,  au-delà  de  Theon  Ochema  ,  riew/'o^nu»,  qui 
de  fon  propre  aveu  eft  aujourd'hui  Sierra-Liona  ci  par 
conféquent  ,  félon  lui  &  le  faux  Hannon  ,  il  faut  cher- 
cher l'ifle  des  Gorgides  ou  Gorgones  ,  fur  la  côte  de 
Guinée,  trois  journées  au-delà  de  la  Sierra-Liona.  Ce- 
pendant il  ajoute  que  par  l'ifle  des  Gorgones  ,  dont 
parle  Mêla ,  il  faut  entendre  l'ifle  de  Cerne  ,  dans  la- 
quelle Palephate  ,  Diodore  &C  autres  fabuliftes  difent 
qu'habitoient  les  Gorgones  ,  confondant  ,  ajoûte-t-il  , 
cette  ifle  avec  la  véritable  ifle  des  Gorgones  qui  étoit 
bien  plus  loin  ,  comme  on  peut  le  conclure  de  la  rela- 
tion même  de  Hannon.  Cette  Cerne  ,  félon  Voflius  , 
doit-être  l'ifle  cYArguin.  Voilà  bien  de  l'érudition  inu- 
tile ,  pour  trouver  dans  un  auteur  une  faute  qui  n'y  eft 
pas.  Mêla ,  /.  3  ,  c.  8 ,  ne  parle  point  d'une  ifle  feule  , 
mais  de  plufieuts  ifles  ;  Infula  Gorgades  domus  ,  ut  aiunt , 
aliquando  Gprgonum.  Pline  de  même  dit  qu'il  y  avoit 
plufieurs  ifle«  ,  &c  il  n'eft  point  queftion  de  l'ifle  Cerne 
en  cet  endroit.  L'autorité  de  Hannon  fernit  grande  ,  fi 
nous  l'avions.  Pline  a  pu  voir  fon  Périple  ,  &  il  le  cite. 
Mais  ce  que  nous  avons  n'eft  pas  la  même  chofe  :  il  n'y 
eft  point  parlé  des  Gorgades ,  ni  des  Gorgones ,  mais 
des  Gorilles  ;  il  eft  vrai  que  Vbffius  pour  y  trouver  fon 


ïT3 

compte  ,  change  les  Gorilles  en  Gorgides  ;  Dieu  fait  lur 
quel  fondement  !  L'autorité  de  Palephate  &  des  autres 
Grecs  fabuliftes  ne  fait  pas  une  preuve  en  matière  de  géo- 
graphie. Ils  bâtiflbient  fur  les  fiftions  des  poètes  ;  &  l'exac- 
titude des  lieux  eft  ce  dont  ils  s'embarrafïbient  le  moins. 

GORK.UV1.  Voyez  Gorgum. 

GORLITZ ,  Gorlhium  ,  ( a  )  ville  d'Allemagne  ,  dans 
la  haute  Lulace  ,  lur  la  Neiffe  :  Lupacius  dan,  fon  Ca- 
lendrier hiftonque,  au  13  de  Février,  dit  qu'ancienne- 
ment cette  ville  s'appelloit  Drcwnow  ,  à  caufe  de  la 
quantité  de  bois  ,  qu'enfuite  on  l'appella  en  lan^e  bohé- 
mienne Horzelecz  &  Zhorzelecz  ,  qui  fignine  un 
lieu  que  le  feu  a  ravagé.  Joachim  Cureus  écrit  /dais  fa 
Chronique  de  Siléfie  ,  que  la  ville  de  Gorlitz  ,  déjà  fa- 
meuiè  du  tems  de  Boleflas  III,  duc  de  Pologne,  après 
avoir  été  fouvent  faccagée  ,  fut  bdtie  &  fortifiée  par  So- 
bieflas ,  duc  de  Bohême ,  qui  avoit  conquis  une  bonne 
partie  de  la  Lufàce.  Dreffer  eft  de  même  fentirnent ,  & 
dit  que  cela  arriva  l'an  1 13  1  ,  &  que  dans  ce  tems-là  le 
marché  de  Gorlitz  ,  &  celui  de  Neiffe  furent  unis.  Cette 
ville  changea  enfuite  plufieurs  fois  de  maître.  Boreck  dans 
fa  Chronique  dé  Bohême  ,  première  partie  ,  vers  la  fin 
dit  que  Jean  roi  de  Bohême  prit ,  deux  fois  Gorlitz  ;  la 
première  ,  après  la  mort  de  Waldemar  ,  margrave  de 
Brandebourg  ;  &  la  féconde ,  fur  Frédéric  ,  marjrave  de 
Mifnie,  à  qui  Gorlitz  étoit  engagée  ,  parce  qu'il  lui  avoit 
renvoyé  (à  fille  Judith.  Avant  ce  tems-là  ,  Louis  IV  ,  em- 
pereur ,  avoit  donné  cette  ville  comme  un  fief  de  l'em- 
pire au  roi  Jean  ,  après  la  mort  du  même  Waldemar, 
margrave  de  Brandebourg  ;  on  trouve  auffi  qu'Henri  , 
duc  de  Siléfie,  pofféda  Gorlitz,  jufqu'à  l'an  1 3x9 ,  ck  qu'a- 
lorson  lui  donnaZittau;  mais  Gorlitz  revintà  la  Bohènîé, 
l'an  1351;  l'empereur  Charles  IV ,  roi  de  Bohême  ,  la 
donna  à  Jean  fon  frère  ,  de  qui  elle  paffa  à  Joffe  ,  mar- 
grave de  Moravie  ,  ck  retourna  encore  à  la  Bohême.  Elle 
appartient  maintenant  à  l'électeur  de  Saxe  avec  toute  la 
Luface  ,  depuis  l'an  163";  ,  l'an  151^  ck  M 16;  elle  em- 
braffa  la  confeffioa  d' Augsbourg.  Cette  ville  eft  affez 
grande,  Se  a  été  fujette  à  beaucoup  d'incendies,  que  Ton 
trouve  rapportés  dans  l'Hiftoire  que  Zeyler  en  a  publiée 
à  la  fin  de  fon  article  de  Gorlitz.  (  •>  )  Vers  le  commen- 
cement de  ce  fiécle ,  un  nouvel  embralément  l'a  fort  en- 
dommagée. L'églife  qui  étoit  parfaitement  belle  ,  y  a  éïé 
prefque  détruite  ,  cependant  on  atout  réparé.  Lefaint  Sé- 
pulcre, qui  eft  hors  la  ville  ,  ck  bâti  lur  le  modèle  de 
celui  de  la  Terre-Sainte  ,  tel  qu'il  étoit  il  y  a  prè;  de 
deux  fiécles  ,  eft  un  morceau  curieux.  Il  y  a  auffi  dans 
cette  ville  un  beau  collège.  La  grande  églife  (c)  ,  au- 
trefois fous  l'invocation  de  S.  Piètre  ,  a  une  fort  belle 
tour ,  ck  une  grande  chapelle  fouterreine  taillée  dans  le 
roc.  *  (  a  ")  Zcyler ,  Saxon.  Super.  Topogr.  p.  89  ;  (  •>  ) 
Hubner,  Geogr.  p.  594  ;  (  c  )  Wagenfeil  ^Synopf.  Geogr. 
p.  311. 

GORMANUM  ,  ville  des  Jazyges  Metanaftes ,  félon 
Ptolomée  ,  /.  3 ,  c.  7  ;  il  la  nomme ,  /.  8 ,  Eur.  Tab.  a  , 
Bormanum.  Il  dit  en  ce  dernier  endroit  que  le  plus 
grand  jour  y  eft  de  feize  heures. 

GORM AZ ,  bourg  d'Efpagne  ,  dans  la  vieille  Caftille  , 
fur  le  Duero ,  à  deux  lieues  au-deffous  de  Borgo  d'Ofma, 
On  le  nomme  plus  fouvent  Sz.nt-Efievan  de  Gormas  ,  Sj 
il  donne  le  nom  à  une  très-illuftre  famille  d'Efpagne. 
*  Baudrand ,  édit.  de  1705. 

GORNACUM ,  nom  latin  de  Gournay.  Voyez  ce 
mot. 

GORNEAS  CASTELLUM,  fortereffe  d'Afie,  aux 
confins  de  l'Arménie  ck  de  l'Ibérie  ,  félon  Tacite ,  Annal. 
Lu,  e.  4S\ 

GORNO  ,  village  d'Afie  ,  à  l'endroit  où  le  Tigre  &C 
l'Euphrate  mêlent  leurs  eaux.  On  y  voit  trois  châteaux  ; 
l'un  fur  la  pointe ,  où  les  deux  rivières  fe  viennent  joindre  , 
qui  eft  le  plus  fort  des  trois  ;  le  fécond  eft  du  côté  de 
la  Chaldée ,  ck  le  troifieme  du  côté  de  f  Arabie.  Quoi- 
que la  douane  fe  paye  là  fort  exaftement,  cependant 
on  n'y  fouille  pas  les  perfonnes.  Les  marées  montent  juf- 
qu'à cet  endroit:  il  ,n'y  a  plus  que  quinze  lieues  de-là  à 
Balfora  ,  que  l'on  fait  en  fept  heures  quand  on  a  pour 
foi  le  vent  &  la  marée.  La  fortereffe  de  Gorno  efï 
très-bonne  ck  bien  garnie  de  canon.  *  Tavernier ,  voyage 
de  Perfe,  /.  z,  c.  8, 

GORO,   (porto  di)  port  d'Italie  ,  dans  le  golfe 
de  Venife ,  à  l'une  des  embouchures  du  Pô  d'Ariano 
Tome  III.     X 


15*4  GOR 

dans  le  Ferrarois  :  il  n'eft  féparé  de  la  branche  la  plus 
Septentrionale  du  Pô  que  par  un  petit  golfe  ,  nommé 
la.  Sacta.  dï  Goro  ,  du  nom  d'une  tour  voifine.  Voyez 
CARBONARIA.  *  Baudrand ,  é&t.  de    1705. 

GOROiMA.  Davity,  Etats  du  grand  Negus  ,  p.  489, 
dit  que  le  vingt  -  troifiéme  royaume  de  l'Abimnie  eft. 
celui  de  Goroma  ,  qui  eft  des  plus  grands,  Se  prefque  tout 
entouré  du  Nil  en  forme  d'ifle.  Il  contient  vingt  contrées. 
Mais  Davity,  &£  Ton  continuateur  Ranchin  ,  ont  fouvent 
travaillé  fur  de  mauvais  mémoires.  Corneille  ,  Dicl.  dit 
à  peu  près  la  même  chofe,  Se  cite  Maty  :  il  s'eft  trompé, 
Maty  n'en  parle  point.  Il  y  a  bien  de  l'apparence  que 
ceux  de  qui  ils  ont  emprunté  ce  prétendu  royaume  de 
Goroma  ,  ont  voulu  parler  du  royaume  de  Gojame  , 
qui  eft  près  des  fources  du  Nil.  Voyez  GOJAME. 

GOROPIS.  Voyez  Eschatiotis  :  c'eft  le  même 
marais. 

GORRA  ,  ville  des  Indes  ,  au  pays  des  Bubloïtes. 
Le  fixieme  empereur  Mogol  après  Tamerlan  ,  s'en  ren- 
dit maître.  Je  crois  que  c  eft  la  même  chofe  que  Gor. 
Voyez  ce  mot. 

GORROCHEPOUR,  félon  De  l'Me,  Cartt  des  In- 
des ,  ville  d'Afie  ,  dans  Flndouftan  ,  fur  la  rivière  de 
Gadet  ,  au  royaume  de  Jefuat ,  à  l'extrémité  orientale 
des  états  duMogol,  &  aux  confins  du  royaume  d'Afem, 
ou  d'Acham  :  on  l'appelle  aufli  Rajapour.  Thevenot, 
c.  38,  p.  183  ,  en  fon  Voyage  des  Indes  ,  écrhRagea- 
pour.  Il  ne  faut  pas  pour  cela  la  confondre  avec  une 
autre  ville  nommée  aufli  Rajapour  ,  Sr.  Broudra  qui 
eft  à  préfent  ruinée ,  Se  de  laquelle  une  autre  ville ,  à 
trois  quarts  de  lieues  de  celle-là ,  a  pris  le  nom  de  Brou- 
dra ;  celle-ci  eft  dans  le  royaume  de  Guzarate;  Se  celle 
dont  il  s'agit  dans  cet  article ,  eft  dans  le  Bécar ,  dont 
le  Jefuat  fait  partie. 

GORSIO,  félon  Ortélius,  ou  Herculis  Gursio, 
ou  GoRSIUS  SIVE  HERCULES ,  ancien  lieu  de  la  Pan- 
nonie  ,  entre  Sopianœ  &  Acïncum ,  entre  Vallh  Cari- 
niana  &  Infulones  ;  à  trente  milles  de  cette  vallée  ,  Se 
à  trente-cinq  milles  de  l'autre  lieu ,  félon  Antonin  ,  Itiner. 
Lazius  croit  que  c'eft  Gorke ,  fur  la  rivière  ee  Sarwirra 
en  Hongrie. 

GOKTUJE  ,  peuple  de  l'Eubée ,  qui  fe  trouvoit  en 
Afie  à  la  fuite  de  l'armée  de  Darius  ,  félon  Quinte- 
Curfe ,  /.  a. 

GORTYNE  ,  ancienne  ville  de  l'ifle  de  Crète  ,  au 
milieu  de  terres  ,  felori  Ptolomée.  Voici  ce  qu'en  dit 
De  Tournefon  ,  /.  1 ,  p.  13  &  fuiv.  Il  en  a  vifité  les 
ruines ,  &  en  a  fait  l'hiftoire  Sr.  la  description.  L'origine 
de  Gortyne  eft  aufli  obfcure  que  celle  de  la  plupart  des 
autres  villes.  Que  nous  importe  qu'elle  ait  eu  pour  fon- 
dateur Gortyn ,  fils  de  Rhadamante  ou  de  Taurus  ,  ce- 
lui-là même  qui  enleva  Europe  fur  les  côtes  de  Phéni- 
Cte.  Il  eft  certain  qu'après  la  décadence  de  CnofTe,  que 
les  Romains  affectèrent  d'abaiiTer ,  (a)  Gortyne  devint 
la  plus  puifTante  ville  de  Crète  :  (b)  elle  avoit  même  par- 
tagé l'empire  de  cette  ifle  avant  que  les  Romains  s'en 
fuflent  emparés.  Annibal  s'y  crut  en  fureté  contre  ces 
ces  mêmes  Romains  ,  après  la  défaite  d'Antiochus.  (c) 
Les  grandes  richeffes  que  ce  fameux  Africain  y  porta  , 
lui  fiisciterent  bien  des  ennemis  ;  mais  il  fe  mit  à  cou- 
vert de  leurs  infultes,  en  feignant  de  mettre  fes  tréfors 
en  dépôt  dans  le  temple  de  Diane  ,  où  il  fit  porter 
quelques  vafes  remplis  de  plomb.  Quelque  tems  après 
il  repafTa  en  Afie  avec  fon  or  ,  caché  dans  les  ftatues 
des  divinités  qu'il  vénéroit.  (a)  Cedrin.  Compend.  Hift. 
(!>)  Strab.  1.  10.    Q  Juftin.  1.  31 ,  c.  4.^ 

Les  ruines  de  Gortyne  ne  font  qu'à  fix  milles  du 
mont  Ida,  au  pied  des  collines,  à  l'entrée  de  la  plaine 
delaMeffaria  ,  laquelle  eft  proprement  le  grenier  de  l'ifle. 
Ces  ruines  montrent  quelle  a  été  la  magnificence  de. 
la  ville  ;  mais  on  ne  fauroit  les  regarder  fans  peine  : 
on.  laboure,  on  feme  ,  on  fait  paître  des  moutons  au 
milieu  d'une  prodigieulè  quantité  de  marbre ,  de  jafpe , 
ckde  granit,  travaillés  avec  beaucoup  de  foin.  La  prin- 
cipale chofe  que  l'on  découvre  dans  ces  ruines,  eft  le' 
refle  d'une  des  portes  de  la  ville  ;  quoiqu'on  en  ait  dé- 
taché les  plus  belles  pierres  ;  il  paroit  encore  qu'elle 
étoit  d'un  beau  ceintre  :  les  murailles  qui  tiennent  à  cette 
porte  ,  font  peut-être  des  reftes  de  celles  que  Ptolomée 
Philopator,  roi  d'Egypte,  avoit  fait  élever  ;„la  maçon- 
en  eft  fort  épaiffe,  Si  revêtue  de  briques.  Suivant  les 


GO& 


apparences ,  ce  quartier  étoit  un  des  plus  beaux  de  là 
ville;  nous  y  découvrîmes  deux  colomnes  de  granit, 
de  dix-huit  pieds  de  long  ;  on  voit  encore  afTez  près  de- 
là plufieurs  piedeftaux ,  efpacés  également  deux  à  deux 
fur  la  même  ligne ,  pour  foutenr  les  colomnes  du  fron- 
tispice de  quelque  temple  ;  on  ne. découvre  de  tous 
côtés  que  chapiteaux  &  architraves  :  peut-être  que  ce  font 
des  débris  de  ce  temple  de  Diane  dont  on  vient  de 
parler,  ou  de  celui  de  Jupiter,  à  qui  Ménelaiis  facrifîa 
après  qu'il  eut  appris  l'enlèvement  de  fa  femme  Hélène  „, 
comme  le  rapporte  Ptolomée  Ephêftion  ,  dont  Phocius , 
Biblioth.  1.  5  ,  nous  a  confervé  quelques  extraits.  Le 
temple  d'Apollon  ,  dont  Etienne  le  géographe  fait 
mention  ,  étoit  au  milieu  de  la  ville ,  &  par  conféquent 
éloigné  de  l'endroit  que  nous  décrivons  :  parmi  ces  co- 
lomnes, il  s'en  trouve  d'une  grande  beauté  ,  cilindriques 
&  cannelées  en  fpirale  :  les  plus  greffes  n'ont  que  deux 
pieds  quatre  pouces  de  diamètre.  Les  Turcs  ont  enlevé 
les  plus  belles  ;  il  y  a  un  village  à  deux  portées  de 
moufquet  de  ces  mafures ,  dont  les  portes  des  jardins 
font  à  deux  colomnes  antiques ,  au  travers  desquelles  on 
met  une  claie  de  bois  pour  les  fermer. 

Ce  village  dont  on  vient  de  parler  s'appelloit  Alone  ;. 
il  fut  nommé  le  village  des  Dix-Saints ,  depuis  que  dix 
illùftres  chrétiens ,  natifs  de  l'ifle ,  y  eurent  fouffert  le 
martyre  durant  la  perfécution  de  l'empereur  Déce  :  ils 
fe  nommoient  Théodule,  Saturnin  ,  Europe  ,  Gelafe  , 
Eunicien ,  Zetique  ,  Cléomene ,  Agatope ,  Bafilide ,  Eva- 
rifte.' La  chapelle  de  ce  village  eft  encore  toute  rem- 
plie de  colomnes  antiques  ;  mais  on  n'y  voit  plus  les 
tombeaux  des  martyrs  dont  parle  ce  continuateur  de 
Conftantin  Porphyrogenete  ,  i.  1.  Ces  martyrs  font  re- 
préfentés  dans  le  tableau  principal,  en  deux  rangs,  dans 
la  même  attitude  ,  Sr.  fur  la  même  ligne,  droits  &  roi- 
des  comme  des  pieux.  Les  Grecs  en  font  la  fête  le  zj 
Décembre  ,  Se  les  Latins  les  ont  fuivis. 

On  trouve  dans  les  ruines  de  Gortyne  des  colomnes 
de  jafpe,  rouge  Se  blanc,  femblable  au  jafpe  de  Cosné 
en  Languedoc  :  nous  en  vîmes  d'autres  tout-à-fait  fem- 
blables  au  Campan  que  l'on  a  employé  à  Verfailles  :  à 
l'égard  des  figures ,  il  en  refte  peu  ;  les  Vénitiens  en 
ont  enlevé  les  plus  belles.  La  ftatue  qui  eft  fur  la  fon- 
taine de  Candie  ,  auprès  de  la  mosquée  ,  au-delà  du 
marché,  a  été  tirée  de  ces  ruines;  la  draperie  en  eft 
belle  ;  mais  la  figure  eft  fans  tête  :  les  Turcs  ne  fauroient 
fouffrir  fans  horreur  la  repréfentation  des  têtes  des  cho-* 
fes  animées  ,  fi  ce  n'eft  fur  la  monnoie  dont  ils,  font 
amoureux  plus  que  gens  du  monde.  En  fouillant  dans  un 
champ ,  nous  découvrîmes  la  moitié  d'une  figure  de  mar- 
bre bien  drapée;  la  jambe  étoit  articulée  avec  feience, 
Se  le  bout  du  pied  étoit  fort  beau. 

A  l'extrémité  de  la  ville  ,  entre  le  feptentrion  &c  le 
couchant ,  tout  près  d'un  ruiffeau ,  qui  fans  doute  eft  lé 
fleuve  Léthé ,  lequel ,  au  rapport  de  Strabon  Se  de  So- 
lin ,  fe  répandoit  dans  les  rues  de  Gortyne  ,  fe  voienf 
d'aflez  beaux  reftes  d'une  ancienne  églife ,  dans  le  quar- 
tier, appelle  Metropolis.  Quoique  cette  églife  foit  de 
bonne  architecture  ,  il  y  a  pourtant  fur  la  ga'uche  un 
morceau  de  peinture  à  moitié  effacée ,  mais  tout-à-fait 
dans  le  goût  gothique  :  c'étoit  apparemment  la  repré- 
fentation de  quelque  hiftoire  de  la  vierge  :  on  y  lit  en- 
core en  gros  cara&ere  iMrer.  Nous  ne  pûmes  déchiffrer 
une  grande  inscription  gréque ,  qui  eft  dans  le  presbytère  : 
elle  eft  trop  haute  Se  trop  maltraitée.  Nous  crûmes  pour- 
tant y  entrevoir  le  nom  de  Cyrille  ,  ce  qui  paroît  afTez 
probable  ;  car  on  fait  mention  de  deux  Cyrilles,  évêquesde 
Gortyne,  dont  l'un  fut  martyrifé  au  commencement  du 
troifiéme  fiécle,  fous  l'empereur  Déce  ;  Se  l'autre  par  les 
Sarafins ,  dans  le  neuvième  fiécle  ,  fous  Michel  le  Bègue. 
Nous  demandâmes  quelques  inftructions  fur  ces  faints 
évêques  à  des  papas  du  quartier;  mais  ils  n'en  connoiP- 
Cent  aucun  :  il  y  en  eut  un  d'entr'eux  qui  nous  dit  que 
Tite,  à  qui  faint  Paul  a  écrit  une  épitre,  étoit  neveu 
d'un  évêque  de  Gortyne  ,  en  quoi  il  fe  trompoit  fort. 
Tite ,  que  S.  Paul  appelle  fou  fils  bien-aimé  ,  fut  lui- 
même  le  premier  évêque  de  Crète  ;  &  fuivânt  toutes  les 
apparences  ,  fon  fiége  étoit  à  Gortyne  :  c'étoit  alors  la 
première  ville  du  pa^s,  Se  dans  la  fuite  elle  fut  toujours 
honorée  du  premier  évêché  de  rifle. 

Auprès  des  ruines  de  l'églife  métropolitaine ,  nous  en 
vîmes  d'autres  qui  parurent  les  reftes  de  quelques  monaf- 


GOR 


GOS 


téres  :  les  bergers  y  ont  bâti  de  miférables  retraités  , 
avec  de  greffes  pièces  de  marbre  antique  ,  parmi  les- 
quelles fe  trouve  un  chapiteau  orné  de  deux  rofettes  , 
èk  d'une  croix  de  S.  Jean  de  Jerufalem.  Sans  doute 
que  la  ville  n'a  été  détruite  qu'après  fétabliffement  des 
chevaliers  hofpitaliers,  qui  l'ont  à  préfent  à  Malte.  Tout 
proche  de  ces  ruines ,  fur  le  bord  du  ruiffeau  ,  font  les 
reftes  d'un  aqueduc  ,  dont  la  voûte  a  fix  ou  fept  pieds 
de  haut  ;  il  y  a  une  belie  cave  à  côté ,  voûtée  par  ban- 
oes ,  &  qui  femble  avoir  fervi  de  réfervoir  pour  four- 
nir à  un  autre  aqueduc ,  qui  eft  fur  le  chemin  du  vil- 
lage des  Dix-Saints  ;  le  canal  de  cet  aqueduc  n'avoit  guè- 
res  plus  d'un  pied  de  large. 

Théophrafte  ,  Varron  èk  Pline  parlent  d'un  platane 
qui  fe  voyoit  à  Gortyne ,  èk  qui  ne  perdoit  fes  feuilles 
qu'à  mefure  que  les  nouvelles  pouffoient  :  peut-êtteen 
trouveroit-on  encore  quelqu'un  de  cette  efpece  parmi 
ceux  qui  naiffent  en  grand  nombre  le  long  du  ruiffeau 
Léthé  ,  qu'Europe  remonta  jusques  à  Gortyne  ,  fur  le 
dos  d'un  taureau.  Ce  platane ,  toujours  vert  ,  parut  au- 
trefois fi  fmgulier  aux  Grecs ,  qu'ils  publièrent  que  les 
premières  amours  de  Jupiter  èk  d'Europe  s'étoientpaffées 
fous  (es  feuillages.  Cette  avanture ,  quoique  fabuleufe  , 
donna  apparemment  occafion  aux  habitans  de  Gortyne 
de  frapper  une  belle  médaille  ,  qui  eft  dans  le  cabinet 
du  roi  :  on  y  voit  d'un  côté  Europe  affez  trifte  ,  affife 
fur  un  arbre  moitié  platane  èk  moitié  palmier,  au  pied 
duquel  eft  un  aigle ,  à  qui  elle  tourne  le  dos  :  la  même 
princeffe  eft  repréfentée  de  l'autre  côté,  affife  fur  un  tau- 
reau entouré  d'une  bordure  de  feuille  de  laurier.  Antoine 
Auguftin,  archevêque  de  Tarragonne,  Dialog.  i  ,  parle 
d'un  femblable  type.  Pline  dit  que  l'on  tâcha  de  multi- 
plier dans  l'ifle  l'espèce  de  ce  platane ,  mais  qu'elle  dé- 
généra, c"eft-à- dire  que  les  nouveaux  pieds  perdirent  leurs 
feui'les  en  hiver,  de  même  que  les  communs. 

11  nous  refle  encore  des  médailles  de  Gortyne  frap- 
pées aux  têtes  de  Germanicus  ,  de  Cal  i  gui  a  ,  de  Trajan, 
d'Adrien ,  dont  la  plus  belle  fe  voit  au  cabinet  du  roi 
de  France  :  elle  marque  qu'on  s'affembloit  à  Gortyne 
pour  y  célébrer  les  jeux  en  l'honneur  d'Adrien. 
.  GORTYNIA,  ville  de  Grèce,  en  Macédoine,  félon 
Thucydide,  /.  2 ,  p.  169.  Elle  étoit  dans  la  partie  fepten- 
frionale,  comme  il  paroît  par  fon  récit. 

GORTYNII ,  peuple  d'Afie ,  vers  l'Arménie  ,  félon 
Strabon  ,  /.  2  ,  p.  80.  L'édition  que  j'ai ,  porte  GortynœL 

GORTYNIUS  Amnis  ,  petite  rivière  du  Pélopon- 
nefe  ;  Paufanias,  /.  5  ,  c.  7,  dit  qu'elle  couloit  auprès 
de  Gortyne  ville  de  l'Arcadie  ,  èk  il  la  compte  entre 
celles  qui  tomboient  dans  l'Alphée.  Il  dit ,  /.  8  ,  c.  4  , 
<jue  Gortys  fils  de  Stymphale  bâtit  la  ville  deGoityne 
auprès  d'une  petite  rivière  que  l'on  appelloit  auffi  Gor- 
tynlus.  Au  iiv.  8 ,  c.  28  ,  il  vante  beaucoup  la  grande 
fraîcheur  de  cette  rivière  pendant  l'été.  Il  obferve  qu'on 
la  nomme  Lufuis  auprès  de  fa  fource ,  parce  que  l'on 
avojt  cru  que  Jupiter  y  avoit  été  lavé  peu  de  momens 
après  fa  naiffance  ;  mais  qu'en  s'éloignant  il  prenoit  le 
nom  de  la  ville  de  Gottyne.  Il  nomme  Rheties  le  lieu 
où  cette  rivière  joint  fes  eaux  à  celles  de  l'Alphée. 

1.  GORTYS  ,  ville  pu  Peloponnefe,  dans  l'Arcadie, 
au  pays  de  Mégalopolis.  Elle  dégénéra  par  la  fuite  en  vil- 
lage.   *  Paufanias  ,   liv.  8. 

2.  GORTYS ,  ville  de  Crète  ,  bâtie  par  Taurus  ravif- 
feur  d'Europe.  *  Voye^  Euftathe  fur  Denis  le  Périgete. 

i.GORY.  Voyez  GoRi. 

2.  GORY,  baronie  d'Irlande  ,  dans  la  province  de 
Leinfter ,  au  comté  de  Wexford.  Elle  eft  la  plus  fepten- 
trionale  de  toutes  celles  de  ce  comté ,  èk  n'a  aucun  lieu 
remarquable.  *Etat préfent  de  la  G.Bretagne,  t.  3,  p. 45. 

GORYA  ,  viile  de  l'Inde  ,  en  -  deçà  du  Gange  , 
félon  Ptolomée,  /.  7  ,  c.  1.  Elle  donnoit  le  nom  à  un 
pays  où  ce  géographe  place  cinq  villes ,  favoir , 

Cœfana  ,  ou  Carnafa ,         Gorya 
Barborana ,  Nagara ,  ou  Dionyfiopolis 

&  Drafioca. 

Ce  pays  s'appelloit  GoryjEA,  nom  qui  a  beaucoup 
de  rapport  avec  Gorydale  ,  ville  dont  parle  Strabon  , 
l.  i<>,  p.  6<)j.  Outre  cela  ces  deux  auteurs  s'accordent 
affez  pour  la  pofîtion  ,  qui  doit  être  vers  le  pays  de^Ca- 
boul ,  aux  confins  de  Cachemire.  Arrien ,  /.   4 ,'  dans 


fa  "V  ie  d'Alexandre ,  place  en  ces  quartiers-là  l'es  Guriens  , 
i  ;  .  ,  peuple ,  èk  une  rivière  qu'il  nomme  Gumus- 
Fluvius. 

GORLEA.        ?v      ■  ,.     •  ,        *  .\  -i 
GORYDALE.  $Voyez  l  art;cle  Precedent- 

1.  GORZA  ,  bourg  de  l'Afrique  propre  ,  aux  fron= 
tieres  du  territoire  de  Carthage  ,  félon  Polybe  ,  L  1, 
c.  74. 

2.  GORZA  ,  village  de  Grèce  ,  dans  le  Coménoli- 
tari.  On  croit  qu'il  tient  la  place  de  Gbrdihya,  ville  de 
la  Macédoine  dans  l'Emathie. 

GORZE ,  abbaye  de  France  ,  au  pays  Meftm ,  à  qua- 
tre heues  de  Metz  vers  le  couchant  d'hyver.  S.  Chro- 
degand ,  évêque  de  Metz ,  en  jetta  les  fondemens  dès  l'an 
748,  èkla  mit  fous  la  direêtion  générale  du  chapitre  de 
Metz.  Ce  lieu  devint  célèbre  dans  la  fuiçe  par  la  répu- 
tation de  fes  abbés  &  de  fes  religieux,  il  y  avoit  une 
école  célèbre ,  au  dixième  fiécle ,  pour  l'écriture  fainte 
èk  la  théologie.  Adalberon,  evêqué  de  Metz,  donna 
cette  abbaye  au.  bienheureux  Jean,  qui  y  entra  avec  fes 
empannons,  l'an  953  ,  èk  y  mit  la  réforme.  11  en  fut 
abbe  après  Einoid  ,  fon  compagnon  ,'&  mourut  en  975. 
L'ordre  èk  la  régie  de  S.  Benoît  y  fleurirent  lon<*- 
tems  ;  mats  les  moines  fe  relâchèrent  fort  dans  les  derniJrs 
fiécies.  Leur  abbé,  depuis  long-tems,  étoit  fouverain ,  èk 
avoit  les  droits  régaliens.  Les  cardinaux  de  Lorraine 
tinrent  en  commende  cette  abbaye  au  feiziéme  fiécle  ; 
èk  Charles  de  Lorraine,  cardinal  archevêque  de  Rh=ims, 
&  commendataire  de  Gorze,  obtint  une  bulle  de  Rome 
pour  lecularifer  cette  abbaye.  Elle  fut  exécutée  après  fa 
mort,  l'an  158  1,  lorlque  le  cardinal  Charles  de  Lorraine  , 
fils  du  duc  Charles  IL,  étoit  abbé  de  Gorze.  Les  ducs  de 
Lotraine  n'avoient  d'autre  deîTein  que  d'attribuer  à  leur 
églile  primatiale  les  biens  de  cette  abbaye  ,  defquels 
ils  vouloient  donner  une  partie  à  l'univerfité  de  Pont-à- 
MouiTon.  On  fit  démolir  les  lieux  réguliers  èk  même 
l'églile,l'an  1609,  &  M-  d'Arquien  la  Grange  lieute- 
nant pour  le  Roi  à  Metz,  s'y  oppolà  en  v  tin.  Les  rois 
de  ï rance  étoient  protecteurs ,  &  non  pas  touverains  de 
cette  abbaye;  de  forte  qu'Henri  II,  au  traité  de  Cà'.eau- 
Cambrefis  ;  èk  Henri  IV  ,  au  traité  de  Vervins 
comprire.it  l'abbé  de  Gor/e  au  nombre  de  leurs  alliés. 
Mais  cette  protection  fut  alors  inutile  ;  les  dncs  de  Lor- 
raine fe  rendirent  les  maîtres  abiblus  de  cet'e  abbaye  , 
dont  l'union  à  la  primatiale  de  Nanci  fut  cinfommée 
l'an  1621  ,  fous  le  duc  Henri ,  ce  qui  a  fubfifté  dtirHit 
40  ans  èk  jusqu'à  l'an  1661.  Ce  fut  alors  que  par  le  traité 
de  Vincennes  ,  le  duc  Charles  III  céda  au  roi  en  fou- 
veraineté  tout  le  territoire  de  Gorze,  avec  les  vill  ;;s 
qui  en  dépendent,  èk  le  droit  de  dispofer  de  falihàye 
qui  fut  diftraite  de  la  primatiale  de  Nanci,  à  laquelle 
le  Roi  de  France  confentit  que  l'on  unît  l'abbaye,  de 
l'Ifle-en-Barrois  ;  èk  comme  il  y  avoit  cinq  villages  dont 
la  fouveraineté  étoit  indivise  entte  le  duc  de  Lorraine, 
tant  à  caufe  du  bailliage  de  Nanci ,  que  de  la  prévôté 
de  la  Chauflée  èk  l'abbaye  de  Gorze ,  on  céda  par  le  dixiè- 
me article  du  traité  de  Paris,  en  1718  ,  trois  de  ces  vil- 
lages en  entier  au  roi  de  France  ,  èk  deux  en  entier  au 
duc.  Les  rois  de  France  ont  en  vertu  de  l'induit  perpé- 
tuel du  pape  Clément  IX ,  le  droit  de  nomination  à 
cette  abbaye  qui  eft  féculiere.  Au  lieu  de  moines  il  y  a 
une  collégiale.  *Longuerue ,  Defcr.  de  la  France ,  2e  part. 
p.  201. 

Il  fe  forma  auprès  de  cette  abbaye  un  boutg  qui  eft 
devenu  une  ville  avec  le  tems.  Il  eft  finie  fur  une  colline , 
à  une  lieue  de  laMolélle.  L'abbaye  a  pris  fon  nom  vrai-» 
femblablement  d'un  ruiffeau  iur  lequel  elle  eft  fituée ,  èk 
qui  va  tomber  dans  la  Mofelle. 

GORZOPA  ,  petit  pays  de  la  pre^qu'ifle  de  l'Inde, 
en-deçà  du  Gange.  C'eft  le  même  que  Gorcopa. 

GOSACFIO ,  ancien  bourg  de  Thrace ,  dans  la  Ro- 
manie ,  fur  la  mer  Noire  ,  près  de  la  ville  de  Mefem- 
bria  èk  de    la   montagne  d'Argentaro.    *  Baudr.    edit. 

GOSEK  ,  ancienne  abbaye  de  l'ordre  de  S.  Benoît, 
en  Allemagne ,  dans  la  Misnie ,  au  diocèfe  èk  près  dé 
Naumbourg  ;  elle  eft  fécularifée. 

GOSEN,  conttée  de  la  Paleftine,  félon  Jofué,  c.  i<r; 
v.  51.  Elle  étoit  de  la  tribu  de  Juda.  D.  Calmet  croit 
que  c'eft  la  même  chofe  que  Geffem.  Voyez  Gessem 
èk  GOSSEN, 


Tome  III,      V 


ir<s 


GOS 


GOT 


'GOSLAR  ,  ville  d'Allemagne  ,  dans  la  baffe  Saxe  ," 
où  elle  eft  enclavée  clans  le  pays  de  Brunswig.  Elle  tire 
fon  nom  du  ruiflêau  de  Gose,  qui  a  (a  lource  au  iud-eft 
de  Celleliért  qu'il  arrofe  ;  &  après  avoir  paffeau  nord  de 
Goflar ,  il  fe  mêle  avec  l'Ocker  ,  qui  coule  à  "\Y olrenbutel 
&  à  Brunswig.  Cette  ville  eft  grande  &  ancienne  ;  elle 
eft  toujours  reftée  libre  &  impériale,  quoiquelle  foit 
enclavée  dans  l'état  des  ducs  de  Brunswicg.  Elle  eft 
fituée  entre  des  montagnes  ,  dont  les  principales  font 
Steinberg,  Hert{berg,  Ramelsberg,  Klockemberg  ,  &c. 
Ces  montagnes  ont  des  mines.  Dreffer  dit  que  Goflar 
fut  bâtie  par  Henri  I ,  fur  la  rivière  de  Gofe  ,  en  un 
endroit  où  étoit  auparavant  un  village  ;  d'autres  difent 
feulement  un  moulin,  ou  une  hute  de  chaffeur,  &  qu'elle 
ne  fut  fortifiée  pour  la  première  fois  qu'en  1201  ,  après 
qu'Othon  IV  l'eut  furprife.  On  l'a  fouvent  qualifiée  de 
ville  Palatine ,  parce  que  les  empereurs  y  ont  fait  fou- 
vent  leur  réfidence,  ck  tenu  les  états  de  l'empire.  Quel- 
ques-uns dérivent  la  fyllabe  Lar  ,  du  mot  Loger ,  qui 
veut  dire  un  camp  ,  une  demeure.  L'empereur  Henri  I  y 
fit  bâtir  un  palais.  Cette  ville  eft  une  de  celles  qui  n'ont 
jamais  connu  d'autre  fouverain  que  l'empire.  Ce  n'eft 
pas  que  les  ducs  de  Brunswig  n'aient  fait  diverfes  ten- 
tatives pour  l'affujettir  ;  mais  elle  a  toujours  trouvé  de 
la  proteftion  auprès  des  empereurs ,  qui  l'ont  maintenue 
dans  fes  droits. 

Cette  ville  eft  très-remarquablé ,  en  ce  que  l'an  1354* 
Barthold  Schwartz  moine  Benédiftin  y  trouva  le  fecret 
de  la  poudre  à  canon ,  &c  par  une  bizarrerie  de  la  for- 
tune, environ  un  fiécle  après ,  un  foldat  y  inventa  l'im- 
primerie. Selon  Baudrand  ,  Goflar  eft  à  cinq  milles  alle- 
mans   de  Hildesheim.  . 

GOSSAU,  gros  bourg  de  Suifle ,  au  pays  de  Saint-Gall , 
entre  Wyl  ScSaint-Gall,  vers  les'irontieres  d'Appenzel. 
C'eft  la  principale  place  d'un  petit  pays  qui  contient 
quelques  bailliages.  *  Etat  &  Délices  de  la  Suifle ,  t.  3 , 

'  GOSSEN  ,  ou  GosëN  ;  nous  avons  déjà  marqué 
que  la  terre  de  Gofen  étoit  de  la  tribu  de  Juda.  En 
effet  Jofué  y  met  Gofen  qu'il  nomme  entre  Anim  & 
Olon.  Sanfon  dans  fon  Indice  géographique ,  croit  qu'il 
s'agit  là  d'une  ville  à  laquelle  il  donne  66  d.  6'  de 
longitude  ,  fur  3 1  d.  6'  de  latitude ,  à  l'orient  fepten- 
trional  des  fources  du  fleuve  nomme  le  torrent  £  Egypte , 
&  par  conféquent  bien  loin  du  Nil  même.  Ce  géogra- 
phe croit  que  la  terre  de  Gofen  n'étoit  autre  que  le 
canton  étendu  aux  erivirons  de  cette  ville.  Le  P.  Bon- 
frerius  eft  de  ce  fentiment ,  &  place  cette  ville  de  Gofen 
dans  le  Daroma  ,  ou  la  partie  la  plus  méridionale  de  la 
terre  promife  ,  &  que  la  terre  de  Gofen  que  Jofué  prit  & 
ravagea,  étoit  nommée  du  nom  de  cette  ville.  Le  fen- 
timent de  ces  deux  favans  écrivains  eft  fans  doute  le 
plus  fur.  Mais  Ortélius  femble  avoir  cherché  le  pays  de 
Goflen  en  Egypte  auprès  du  Nil.  Il  dit  :  Gofen  ( les 
Septante  lifent  Gefem)  contrée  ou  ville  d'Egypte  ,  qui ,  à 
ce  que  Benjamin  écrit,  étoit  nommée  de  fon  tems  Bidi- 
lir  Zçalbin.  Ortélius  ajoute  :  elle  eft  appellée  Cafan 
par  Artapan  dans  la  Préparation  d'Eulébe ,  /.  9;  il  paroît 
que  c'eft  la  même  que  Ramejfes  de  la  Genefe ,  c.  47  ; 
les  Septante  lifent  Gefem;  S.  Jérôme  Geffen  :  \i  dit  que 
quelques  Juifs  ont  appris  que  Gofen  eft  prélentement 
appellée  la  Thébaïde.  C'eft  un  effet  de  l'ignorance  de 
ces  Juifs  ;  car  la  Thébaïde  eft  dans  la  haute  Egypte , 
&  Ramejfes  eft  dans  la  baffe,  de  laquelle  encore  le  pays 
de  Gofen  étoit  très  différent.  D.  Calmer  étend  la  Palef- 
tine  jufqu'au  Nil  pour  trouver  Gofen  auprès  de  ce  fleuve; 
mais  cela  n'étoit  nullement  néceffaire,  &c  Gofen  en  étoit 
bien  loin.  1 .  . 

GOSTYNEN ,  ville  de  Pologne,  au  Palatinat  de  R  ava , 
au  midi  de  la  Wiftule  ©£  de  Ploczk ,  à  deux  lieues  Po- 
lonoifes  de  cette  ville.  Goftinen  eft  remarquable  dans 
l'hiftoire ,  à  caufe  de  la  longue  détention  de  Démétrius 
Suski ,  czar  de  Mofcovie  ,  qui ,  ayant  été  fait  prifonnier , 
fut  enfermé  dans  la  citadelle  de  Goftinen ,  &C  y  mourut 
de  mifere.  Goftinen  eft  une  des  trois  caftellanies  du  Pa- 
latinat de  Rava.  *  And.  gellar.  Regn.  Polon.  Defcr.  p.  13  5 . 

GOSZ.  Gofjenfe  Cœnobium ,  fameufe  abbaye  d'Al- 
lemagne ,  dans  la  haute  Stirie ,  fur  la  Muer  ,  à  un  quart 
de  mille  de  la  ville  de  Leuben.  C'eft  une  abbaye  de 
religieufes.  ,  ou  il  faut  faire  preuve  de  noblefle  ,  & 
dont  l'abbeffe  eft  fort  riche.  *Reyler,  Stiriae  Topogr.jO.72. 


GOTHA  ,  ville  d'Allemagne ,  au  cercle  de  la  tiau'î 
Saxe  ,  dans  les  états  des  ducs  de  Saxe  &  réfidence 
d'une  des  branches  de  cette  maifon;  cette  ville  eft  dans  là 
Thuringe  ;  elle  n'eft  ni  grande  ni  bien  bâtie;  la  rivière 
de  Leine  la  baigne  ;  elle  doit  fes  commencemens  à 
Guillaume  archevêque  de  Mayence ,  qui  la  bâtir  vers 
l'an  964.  Elle  appartint  enfuite  quelque  tems  aux  com- 
tes de  Schwartzenbourg  ,  ck  tomba  au  pouvoir  des  Land- 
graves de  Thuringe  :  on  prétend  qu'avant  cette  ville  il 
y  en  avoit  une  autre  bâtie  par  les  Goths  dans  le  tems 
de  leur  paffage,  pour  fe  rendre  en  Italie  ,  &  que  l'on 
a  vu  encore  long-tems  après  leurs  armes  fur  une  vieille 
tour.  Il  eft  clair  que  le  but  de  cette  hiftoire  eft  de  don- 
ner une  étymologie  du  nom  de  Gotha.  Le  terroir  d'a- 
lentour eft  fertile  en  vin ,  en  grains  ,  &  en  garence  pour 
les  teinturiers  :  la  Leine  paffoit  autrefois  auprès  de  la 
ville;*  mais  Balthafar  landgrave  de  Thuringe,  la  fit  con- 
duire dans  la  place  pour  la  nettoyer.  Il  y  avoit  autrefois  à 
Gotha  une  commanderie qui  a  été  abolie,  ckles  revenus 
ont  été  appliqués  à  un  hôpital  des  malades  :  il  y  a  deux 
églifes,  celle  de  S.  Auguftin  fondée  en  1216  ,  &  celle 
de  fainte  Marguerite  ,  en  1494.  L'hôpital  a  été  fondé 
par  fainte  Elifabeth.  *  Zeyler.  Saxon.  Topogr.  p.  96. 

Cette  ville  avoit  une  fortereflé  fituée  fur  la  hauteur, 
&  nommée  Grimmenstein.  Elle  avoit  été  commen- 
cée par  le  landgrave  Balthafar  ;  enfuite  continuée  par  Guil- 
laume duc  de  Saxe;  &  enfin  l'an  1530,  on  âvoit  em- 
ployé huit  à  neuf  mille  hommes  qui  travaillèrent  envi- 
ron onze  ans  à  la  fortifier.  Jean-Frédéric  élefteur  de 
Saxe  ,-  ayant  été  fait  prifonnier  par  Charles  V  ,  cette 
fortereflé  fut  démolie  par  ordre  de  l'empereur  ,  par 
Lazare  de  Schwendi  ;  mais  l'éleéf eur  ayant  été  mis  en 
liberté,  l'an  1552,  la  releva  &  l'augmenta  :  Ion  fils ,  de 
même  nom  &  duc  de  Saxe,  ayant  refufé  de  livrer 
Guillaume  de  Grumbach ,  &  quelques  autres  auiquels  il 
y  avoit  donné  afyle ,  quoiqu'ils  euffent  été  mis  au  ban 
de  l'empire,  y  fut  mis  lui-riiême ,  &  aflïégé  par  Au- 
gufte  éle&eur  de  Saxe  ,  exécuteur  des  ordres  de  l'em- 
pereur &  de  l'empire.  La  place  fut  prife  le  13  Avril 
1567,  &  rafée  jufqu'auxfondemens:  lefiége  coûta  953634 
florins,  &  la  démolition  55559.  Le  duc  fut  pris  & 
mené  en  Autriche  ;  fon  chancelier  &  Grumbach  furent 
écartelés  ,  &  les  autres  décapités  ou  pendus.  Le  duc 
Erneft  l'a  rebâtie,  &£  en  a  fait  un  château  nommé  Frie- 
DENSTEIN  ,  ■  c'eft-à-dire  le  Château  de  la  paix,  par 
oppofition  à  l'ancien  nom  qui  fignifie  le  Château  des 
Fureurs.  Gotha  eft  à  trois  milles  d'Erfurt.  *  Hubner  j 
Géogr.  p.  586. 

GOTHEL3A  ,  rivière  de  Suéde ,  dans  la  Veftro- 
gothie ,  qu'elle  fépare  de  la  Dalie  ,  autre  province  dé 
Suéde ,  &  du  gouvernement  de  Bâhus  ,  qui  eft  de  la 
Norwege  :  c'eft  moins  une  rivière  particulière  que  la 
décharge  de  toutes  celles  qui  tombent  dans  le  lacWaener: 
elle  commence  à  "Waenersborg,  &  coulant  vers  le  midi 
occidental  ,  elle  forme  une  petite  ifle ,  où  la  ville  de 
Bahus  eft  fituée,  ce  qui  eft  de  la  Norwege;  puis  après 
s'être  réunie ,  elle  fe  fépare  auflî-tôt  en  deux  nouveaux 
bras  qui  enferment  l'ifle  de  Hifingùe  à  fon  embouchure. 
*  Atlas  de  Vaugondy. 

1.  GOTHENBOURG  ,  ville  de  Suéde  ,  dans  la 
'Weftrogothie  ,  affez  près  de  l'embouchure  méridionale 
de  la  Gothelba  ,  qui  lui  lèrt  de  port  :  Baudrand  fe 
trompe  lorfqu'il  dit  qu'elle  eft  dans  l'ifle  de  Hifinge  ; 
elle  eft  en  terre  ferme ,  &  féparée  de  cette  ifle  par  la 
rivière  ;  il  ajoute  qu'elle  a  un  bon  port  à  l'embouchure 
de  la  Trolhetta  :  Trolhetta  n'eft  point  le  nom  de  cette 
rivière ,  mais  d'un  village  ;  il  îéroit  plus  naturel  de 
lui  donner  le  nom  de  rivière  de  Bahus  ,  fi  elle  n'en 
avoit  pas  un  qui  eft  Gothelba.  Zeyler  ,  Sueciœ  Defcr. 
p.  21 ,  parlant  de  cette  ville  de  Gothembourg ,  la  nom- 
me d'abord  GoCHEBOURG,  &  ajoute  que  ce  devrait 
être  GoTTZBORG  ;  mais  ailleurs  il  écrit  Gotheeourg, 
ck  Gottenbourg.  De  l'ifle  écrit  auffi  Gothebcvurg. 
Baudrand  écrit  GOTEMBOURG  ,  &  a  cru  que  Ven  Ce 
prononçoit  comme  dans  Luxenbourg  ,  que  quelques 
François  écrivent  mal  par  une  m  ,  faute  que  l'on  fait 
ordinairement  dans  les  noms  terminés  en  bergk  on  bourg; 
\'n  qui  précède  ,  eft  prefque  toujours  la  terminaifon  d'un 
génitif  pluriel  ,  comme  dans  Gothenbourg,  la  ville  des 
Gotbj  ;  Furjienberg,  la  montagne  des  princes,  &c.  Cette 
n  eft  prefque  muette ,  comme  Ynt  dans  ces  mots  rran- 


GOT 


'cois  ,  ils  parlent  ,  ils  écrivent.  Cette  ville  fat  fondée 
en  1607,  fous  le  règne  de  Charles  IX  ,  &  les  rois  de 
Suéde  lui  ont  accorî  e  de  grands  privilèges  qui  en  ont 
fait  une  bonne  ville  :  elle  a  profité  des  débris  d'Elfs- 
BORG  ,  qui  éroit  moins  avantageusement  Située  ;  les  Hol- 
landois  y  font  un  afléz  grand  commerce.  Dans  la  guerre 
de  1644  ,  les  Danois  firent  divers  efforts  pour  ruiner 
cette  ville  ;  mais  on  l'a  fi  bien  fortifiée  depuis,  qu'elle 
eft  à  préfent  une  des  bonnes  places  maritimes  du  royaume: 
elle  eft  à  deux  petites  lieues  lùédoiiès ,  au  midi  de  Bahus, 
Se  à  une  de  ces  mêmes  lieues  d'Elfsborg. 

Le  livre  intitulé,  Delicia  &  Amanitates  regnorum 
Sueciic  ,  Gothicc,  &c.  imprimé  à  Leide  en  1706,  par 
Duvivié  Se  Se  vérin  ,  eft  peu  exact  ;  on  y  trouve  là 
même  erreur  touchant  la  fituation  de  Gothenbourg  ,  qui 
eft  dans  l'édition  frânçoife  de  Baudrand  ;  cependant 
cette  Saute  n'eft  pas  dans  fon  dictionnaire  latin  ,  ni  dans 
le  dictionnaire  de  Mary.  Charles  IX ,  roi  de  Suéde ,  y 
mourut  en  1660  ,  fi  nous  en  croyons  Baudrand  & 
Maty.  Mais  le  roi  Charles  IX  mourut  à  Nikoping, 
le  26  Ocfobre  161 1,  Se  eut  pour  fucceffeur  fon  fils 
Gufrave-Adolphe  ,  auquel  Succéda  Chriftine:  après  l'ab- 
dication de  cette  reine  ,  Charles  -  Guftave  régna  ;  c'eft 
lu:  qui  ,  ayant  convoqué  les  états  du  royaume  à  Gothen- 
bourg ,  y  tut  attiqué  d'une  fièvre  qui  régnoit  alors  en  ce 
pays  ,  Se  y  mourut  le  23   Février  1660. 

2.  GOTHbNBOURG  ,  ville  de  l'Amérique  Septen- 
trionale ,  au  pays  que  les  Suédois  avoient  nommé  la  nou- 
velle Suéde  ;  mais  cette  petite  contrée  qui  s'étendoit  le 
long  de  la  rivière  du  fad ,  fat  enlevée  aux  Suédois  par 
les  Hollandois ,  qui  en  avoient  eux-mêmes  un  plus  grand, 
nommé  les  Pays-bas.  Mais  comme  les  Anglois  poffé- 
doient  la  Virginie  au  couchant  méridional ,  Se  la  nou- 
velle Angleterre  au  levant  Septentrional ,  ils  conquirent 
cet  intervalle  ,  Se  donnèrent  une  nouvelle  face  Se  de 
nouveaux-  noms  à  ce  pays  :  la  rivière  de  fud  où  étoit 
Gothenbourg ,  s'appelle  Dellawar-Bay  ;  au  fond  eft 
Niewcaflle,  qui  a  peut-être  fuccédé  à  Gothenbourg ,  de 
laquelle  il  n'eft  plus  queftion. 

1.  GOTHIA;  ce  nom  veut  dire  proprement  le  pays 
habité  par  les  Goths  ,  Se  en  ce  fens  vague  ,  il  eft  com- 
mun à  tous  les  pays  que  cette  nation  a  poffédés  :  ainfi 
il  s'eft  donné  à  la  partie  de  la  France  que  les  Goths 
occupèrent ,  Si  qu'on  appelle  aujourd'hui  le  LANGUE- 
DOC ;  lorique  l'Efpagne  étoit  divifée  entre  les  Goths 
&  les  Suéves ,  le  pays  fournis  aux  premiers ,  a  pu  être 
appelle  Gothie  ;  mais  on  s'en  fert  plus  particulière- 
ment aujourd'hui  ,  pour  défigner  en  latin  l'ifle  de 
Gothland  ,  Se  la  province  de  Gothie  dans  la 
Scandinavie. 

'1.  GOTHIA  :  Ortélius  remarque  très-bien  que  cette 
ville  étoit  le  fiége  d'un  archevêque  ,  qu'elle  eft  nommée 
dans  les  réglemens  des  évêques  d'Orient  ,  &  qualifiée 
métropole  de  la  province  de  Gothie  ,  au  concile  de 
Nicée  ,  &  enfin  que  Théophile  en  étoit  évêque  ;  mais 
il  ajoute  qu'il  croit  qu'elle  étoit  dans  la  Gaule  ;  il  fe 
trompe.  La  Notice  de  Léon  le  Sage  ,  faite  pour  régler 
les  rangs  des  prélats  Subordonnés  au  fiége  de  Conftanti- 
nople  ,  donne  le  trente-quatrième  à  Gothia  ,  entre  les 
archevêchés ,  &  la  Notice  de  Nilus  Doxapatrius  lui  donne 
le  vingt-huitième  entre  les  archevêchés  qui  ne  relevoient 
point  d'un  autre  fiége  ,  Se  qui  n'avoient  aucun  évêque  Sous 
eux  ;  mais  ces  deux  Notices  mettent  cette  ville  avec 
Mefembria  ,  &  quelques  autres  (bus  le  parriarchat  de 
de  Conftantinople.  L'anonyme  de  Ravenne  la  nomme 
Gothis  ,  /.  5  ,  c.  12 ,  Se  elle  étoit  dans  la  Cherfonnefe 
de  Thrace  :  la  Notice  d'Andronique-Paleologue  le 
Vieux  ,  lui  donne  le  quatre-vingt-troifiéme  rang  ,  6c 
dit  qu'après  avoir  été  archevêché  ,  elle  étoit  devenue 
métropole. 

GOTHIE ,  (  L  a)  félon  De  l'ifle  ,  Couronnes  du  nord , 
partie  de  la  Suéde,  dans  la  Scandinavie:  elle  eft  bornée  au 
nord-oueft  par  la  rivière  de  Gothelba  ,  qui  la  Sépare  de 
la  Norvège  Se  de  la  Dalie ,  au  nord  par  le  lac  "Waener , 
Se  par  la  rivière  de  Gulfpang  ,  qui  la  féparent  du  Ver- 
rneland ,  &  par  la  Nericie  Se  la  Sudermanie  ;  à  l'orient 
par  la  mer  Baltique  ;  au  midi  par  la  Blekingie  ,  Se  la 
Scanie  ;  &  au  couchant  par  la  province  de  Halland  ,  Se 
dans  un  très-petit  efpace  par  l'Océan  :  on  la  divile  en 
ttois  parties  ,  favoir  , 


GOT  k;7 

L'OSTROGOTHIE  ,  qui  eft  au  levant  ',' 

La  "VV'estrogothie  qui  eft  au  couchant  , 

ôe  la  Smalande  ,  ou  Gothie  méridionale, 

Voyez  les  articles  Ostrogcthie  ,  Vestrogo» 
thie,  Smalande  ,  Se  Goths. 

GOTHINI ,  peuple  ancien  de  la  GERMANIE.  Tacite  l 
Gcrman.  c.  43  ,  dit  :  au-delà  des  Marcomans  Se  des 
Quades ,  font  quatre  peuples ,  les  Marfisni  ,  Gothini  , 
Ofi  Se  Burii.  Les  Marfigni  Se  les  Burii  reffemblent  aux 
Suéves  par  le  langage  Se  la  manière  de  s'orner.  La  langue 
gauloife  que  parlent  les  Gothini  ,  la  langue  panno- 
niéne  que  parlent  les  O/i ,  font  voir  que  ces  peuples  ne 
font  point  Germains  d'origine  ;  ce  qui  fe  prouve  auSîi  par 
les  tributs  aufquéls  ils  font  fujets  ,  car  ils  les  payent  partie 
aux  Sarmates  ,  partie  aux  Quades  ;  Se  pour  comble  de 
deshonneur  ,  les  Gothini  travaillent  aux  mines  de  fer. 
Tous  ces  peuples  n'habitent  guères  les  plaines  ;  mais  ils 
occupent  les  forêts  Se  les  montagnes.  Les  mordernes  ont 
conclu  de  ce  partage  ,  comparé  avec  quelques  autres  dé 
Pline  Se  de  Ptolomée  ,  que  les  Gothini  habitoient  une 
lifiere  de  la  Pologne  ,  de  la  Siléfie  Se  de  la  Moravie  , 
aux  Sources  de  la  Viftule ,  de  l'Oder  Se  de  la  Morave. 
*  Voyez  Spener ,  Notit.  German.  Antiq.  /.  ,  5.  p.  103  , 
Se  feq. 

GOTHISGANZIA  ,  pays  habité  par  les  Goths  ,  dans 
la  Scandinavie ,  à  ce  que  la  composition  de  ces  deux  noms 
femble  dire  ;  cependant  Jornandes  ,  qui  fournit  ce  nom  j 
diftingue  Scanrja  de  Gothilcanzia  :  il  prétend  que  de 
cette  ille  Scanzia. ..  les  Goths  fortirent  autrefois  avec  leur 
roi  Berig  ;  qu'en  débarquant  ils  donnèrent  leur  nom  au 
pays  où  ils  arrivoient  ;  Se  il  ajoute  :  ce  lieu  ,  à  ce  qu'on 
dit ,  s'appelle  encore  à  prefent  Gotifcan^ia.  Il  ne  s'agit 
point  là  de  l'ifle  de  Gothland  ;  Se  la  Scanzia  de  Jor- 
nandes n'eft  autre  que  la  Scandinavie  ,  que  les  anciens 
prenoient  pour  une  ifle.  Le  pays  où  ces  Goths  abordè- 
rent ,  étoit  quelque  part  vers  la  Poméranie  dans  le  con- 
tinent ,  puifqu'auffi-tôt  après  ils  marchèrent  contre  les 
Ulmeruges  ,  qui  alors  habitoient  au  bord  de  la  mer  l 
Se  les  loumirent  âufîi-bien  que  les  Vandales  ,  peuple 
voifin. 

1.  GOTHLAND  ,  province  de  Suéde  ,  dans  la  Scan- 
dinavie. Voyez  Gothie. 

.2.  GOTHLAND  ,  ifle  de  la  mer  Baltique  ,  fur  là 
côte  orientale  de  Suéde.  Sa  latitude  s'étend  depuis  le 
57e  d.  jusqu'au  68e.  depuis  lbn  milieu  qui  eft  coupé  par 
le  37e  d.  de  longitude  :  elle  fe  termine  en  deux  poin- 
tes ,  dont  la  Septentrionale  eft  par  les  37e  d.  25'  de 
longitude,  Se  la  méridionale  par  les  36  d.  40'.  Cette  ifle, 
qui  appartient  à  la  Suéde,  a  eu  autrefois  lès  rois  particuliers. 
Wagenleil ,  Synopf.  Geogr.  p.  492  ,  dit  qu'elle  a  quinze 
milles  d'Allemagne  dans  Sa  longueur  ,  Se  cinq  dans  fa 
plus  grande  largeur.  On  ne  convient  pas  de  l'origine  de 
lbn  nom.  Des  Roches  dans  fon  Hiftoire  de  Danemarck  , 
t.  1  ,  p.  s;  ,  dit  après  les  écrivains  Danois  que  Guthius 
juge  de  Danemarck  voyant  Son  peuple  confidérable- 
ment  augmenté  ,  Se  le  pays  lurchargé  d'habitans  ,  choisît 
les  plus  robuftes ,  Se  les  envoya  l'an  2264,  fous  la  con- 
duite de  l'on  fils  Thielvar  chercher  une  nouvelle  demeure. 
Ils  abordèrent  d'abord  dans  l'ifle  de  Bornholm  ainfi  appel- 
lée  du  nom  de  Beor  ou  Bormon  qu'ils  y  établirent  pre- 
mier juge.  Thielvar  ne  fe  contenta  pas  d'avoir  peuplé 
cette  ifle  ;  il  pafla  dans  une  plus  grande  avec  fon  armée , 
Se  la  nomma  Guthland ,  ou  Gothland  du  nom  de  ("on 
père.  Voilà  ,  félon  les  Danois,  l'origine. du  nom  de  ces 
deux  ifles  :  mais  Selon  Des  Roches ,  les  hiftoriens  des  peu- 
ples voifins  ne  font  pas  de  ce  Sentiment.  L'on  ne  peut 
guères  compter  fur  les  Chroniques  des  peuples  feptentrio- 
naux  qui  n'avoient  ni  lettrés  ni  monumens,  il  y  a  environ 
douze  cens  ans.  Olaus  Magnus  ,  Hijlor.  Stptentr.  Gent. 
Breviar.  I.  17,  c.  I  ,  me  paroît  plus  railbnnable  quand 
il  explique  le  nom  de  Gothland ,  par  bonne  terre  :  elle  eft  , 
dit-il  ,  ainfi  nommée  ,  par  tous  ceux  qui  la  fréquentent  , 
parce  qu'elle  eft  fi  fertile  Se  Si  abondante  ,  qu'on  doit  la 
mettre  entre  les  meilleures  ifles  du  nord.  On  y  trouve  des 
beftiaux ,  des  chevaux  ,  du  poiffon ,  du  gibier  ,  de  l'eau  , 
des  bois ,  des  pâturages ,  de  beaux  marbres  ,  Se  toutes  les 
choies  nécelfeires  à  la  vie.  Il  y  a  de  très-bons  ports  autour. 
Cet  auteur  dit  que  ce  fut  premièrement  dans  cette  ifle 
que  les  Goths  firent  paffer  leur  armée,  lorique  leurpatrig 


u8 


GOT 


GOT 


(  qu'il  fuppofe  avoir  été  la  Scandinavie  )  ne  put  pus  les 
contenir. 

Durant  le  treizième  fiécle  ,  elle  étoit  en  quelque  façon 
dépendante  des  rois  de  Suéde  ;  car  cet  auteur  rapporte 
que  l'an  12S8  ,  Magnus  roi  de  Suéde  ,  appaifa  une  guerre 
civile  qui  s'étoit  élevée  entre  les  habitans  de  Visby  Se 
le  refte  des  habitans  de  l'ifle ,  ck  qu'il  permit  aux  premiers 
de  rétablir  les  murs  de  leur  ville  qui  étoient  tombés  de 
vieillerie  &  de  la  fortifier.  Eric  d'Upfal  ,  Hijlor.  Suecor. 
].  3  ,  p.  146  ,  ne  dit  point  que  Wisby  eût  eu  des  murs 
auparavant:  eodem  anno  ,  dit-il,  erat  guerra  in  Gothlan- 
dia  ,  inter  cives  de  Wisby  Si  Bondones  terra  ,pugnave- 
runtqut  in  menfe  Aprili  >  vicerunt  cives  ,  tandemqut 
reconciliati  funt  per  dominum  Magnum  regtm  Suéde.  , 
&  permiffum  eft  civibus  civitatem  circumdare  muro  & 
munire.  (  a)  Albert  II ,  roi  de  Suéde  ,  fe  voyant  preffé  par 
Marguerite  reine  de  Danemarck  ,  ck  abandonné  par  une 
partie  de  fes  fujets  ,  engagea  cette  ifle  à  Conrad  Jungingen 
grand-maître  de  l'ordre  Teutonique  en  1388  ;  Si  Albert 
ayant  été  depoffédé  de  fon  royaume  lâcha ,  tous  les  pirates 
qu'il  put  affembler  pour  inquiéter  les  Danois  fes  enne- 
mis :  ils  trouvèrent  cette  ifle  mal  gardée  ,  s'en  faifirent , 
&  en  firent  l'entrepôt  de  leurs  pirateries.  La  reine  Margue- 
rite devenue  maît-reffe  des  trois  couronnes  du  nord  ,  voulut 
y  rejoindre  l  ifle  de  Gothland.  L'ordre  Teutonique  refufa 
de  la  rendre,  ck  elle  y  envoya  une  flotté  pour  la  repren- 
dre de  force.  L'empereur  s'entremit  :  on  s'accommoda  , 
&  l'ifle  fut  rendue  en  1398  ;  mais  elle  ne  fut  réellement 
évacuée  Si  payée  aux  chevaliers  ,  que  l'an  1406.  Elle 
demeura  aux  Danois  avec  tout  le  royaume  de  Suéde 
iufqu'à  i'expulfion  de  Chriftierne  II  qui ,  étant  revenu  en 
Danemark  ,  fut  détrôné  par  Frédéric. 

(b)  Alors  Norby  ,  amiral  de  Suéde  ,  gouverneur  de 
Goth!and  s'y  rendit  en  1 52.2,  avec  toutes  fes  forces  ,  pour 
la  conferver  à  Chriftierne  ;  mais  ayant  appris  fa  difgrace  , 
il  ne  voulut  reconnoître  ni  Gùftave  Wafa  ,  ni  Frédéric 
roi  de  Danemarck ,  les  traitant  également  d'ufurpateurs , 
prit  la  qualité  de  prince  de  Gothland  ,  &  donna  retraite 
a  divers  corfaires  qui  infefroient  comme  lui  toute  la  mer 
Baltique.  Il  fe  difoit  ami  de  Dieu  &  ennemi  de  tout  le 
monde.  Guftave  l'envoya  attaquer  :  l'ifle  fut  prife  ;^  Norby 
arbora  le  pavillon  Danois  pour  in' éreffer  Frédéric  qui 
fit  quelques  efforts  pour  le  fecourir.  (c^  Les  Danois  la 
pofTédoient  en  1645  ,  êi  la  cédèrent  a  la  Suéde  par  le 
traité  de  Bromfebroe.  Ils  la  reprirent  en  1677  1  &  'a  ren* 
dirent  deux  ans  après  par  le  traité  de  Fontainebleau. 
WlSBY  en  eft  la  feule  ville.,  Voyez  ce  mot.  *  (a)  Des 
Proches ,  Hift.  deDanem.  e.4,  p.  29,  31,45  ^l)\-(h) 
Vertot ,  Revol.  de  Suéde  ,  /.  2.  (c)  D'Audifret ,  Geogr. 
hift.  t.  1  ,  p.  309. 

GOTHS  ,  (les  )  félon  l'opinion  la  plus  reçue  ,  étoient 
originaires  de  1  ifle  de  Gothland.  Ils  conquirent  une  partie 
du  continent  de  la  Scandinavie  ,  fournirent  plufieurs 
nations  :  d'autres  ,  excitées  par  leurs  viftoires  &  leurs 
conquêtes ,  vinrent  s'unir  à  eux  ,  prirent  le  nom  de  Goths 
&  ne  formèrent  qu'une  même  nation.  Les  anciens  les 
ont  peu  connus  ,  lorsqu'ils  habitoient  l'ifle  de  Gothland 
&  la  Scandinavie: ils  en  ont  parlé  d'une  manière  très- 
vague,  même  jufqu'à  défigurer  leurs  noms.  Pline  SiStrabon 
tes  appellent  Gucons  ou  Go«/o/z.s.Ptolomée,/.  1 ,  c.  1 1 ,  les 
nomme  Guta. 

Enfin  les  Goths ,  forts  ck  robuftes  fe  multiplioient 
fans  cefie  :  leurpays  fe  trouva  trop  petit  pour  les  contenir , 
ck  trop  ftérile  pour  les  nourrir.  Ils  pafferent  la  mer  , 
s'emparèrent  d'un  canton  de  la  Sarmatie  ,  s'avancèrent 
jufqu'au  Danube  ,  Si  ,  félon  de  Tillemont ,  Hijîoire  des 
Empereurs,  année  2.1 5  ,  s'établirent  dans  le  pays  que  les 
Getes  avoiertt  autrefois  occupé  ,  d'où  Jornandes  Si 
d'autres  écrivains  leur  ont  donné  le  nom  de  Getes.  Voilà 
ce  que  j'ai  pu  appercevoir  de  vraifemblable  au  travers 
de  lobfcurité  qui  enveloppe  le  commencement  de  l'hit 
toire  des  Goths.  En  voici  la  fuite  :  elle  eft  plus  facile  à 
débrouiller.  _ 

Les  Romains  ne  connurent  ce  peuple  que  lorsqu'il  fut 
établi  (ùrle  bord  du  Danube  Si,  lui  donnèrent  long-tems 
le  nom  de  Getes.  Les  Goths  (ont  donc  les  Getes  que 
défit  Caracalla  en  quelques  légères  efcarmouches  ;  ce  qui 
donna  lieu  au  bon  mot  de  Pertinax  qui ,  par  dérifion  ,  lui 
donr.oit  le  furnom  de  Géiique  ,  moins  pour  avoir  battu 
ces  peuples ,  que  pour  avoir  affafliné  fon  frère  Géta.  C'eft 


apparemment  h  première  fois  que  les  Romains  ont  trouvé 
les  Goths  en  leur  chemin  ;  car  les  Gétes  étoient  mêlés  ÔC, 
confondus  avec  les  Daces  ,  &  étoient  par  conféquent 
fous  la  domination  Romaine  *  Spariian.  in  Caracalla. 

Il  faut  cependant  avouer  qu'ils  dévoient  déjà  avoir 
pane  le  Danube  vers  fon  embouchure  ,  fur  la  fin  du  fécond 
fiécle  -,  car  Maximin  ,  qui  fuccéda  à  Alexandre  ,  fucccffeur 
d'Heliogabale  ,  fut  tué  en  238  ,  âgé  de  ibixante-cinq  ans , 
&  par  conféquent  il  devoit  être  né  en  177.  Or  Spartien 
dit  de  lui  qu'il  quitta  le  fervice  après  la  mort  de  Cara- 
calla ,  Si  fe  retira  dans  la  Thrace  où  il  acheta  des  terres 
au  même  endroit  où  il  étoit  né ,  &  que  les  Goths  avec 
qui  il  entretenoit  commerce  ,  l'aimoient  comme  un  de 
leurs  concitoyens.  Et  de- là  je  conclus  que  dès  le  tems  de 
fa  naiffance,  les  Goths  s'étoient  déjà  avancés  jufquesdans 
la  Thrace  ,  ou  au  moins  jufques  dans  la  V.cefie  ;  car 
George  le  Syncelle  le  fait  Mcefien.  Pierre  le  Patrice  , 
Excerpt.  Leuat.  rapporte  qu'on  donnoit  tous  les  ans  des 
fommes  considérables aux  Goths,  Si  De  Tillemont  rap- 
porte ce  tribut  au  tems  d'Alexandre  empereur.  Maximin, 
qui  lui  fuccéda ,  étant  Goth  lui-même ,  favorifa  fans  doute 
la  nation  ;  mais  lof fqu'il  eut  été  affafliné  en  238,  Jules 
Capitolin  ,  dit  que  les  Scythes  remuèrent,  il  entend 
vraifemblab'ement  les  Goths  fâchés  de  l'avoir  perdu. 

Ce  l'ont  apparemment  les  Goths  que  Gordien  III  défit. 
Jules  Capitolin  ,  in  Gardian,  dit  :  il  partit  de  Rome  , 
prit  fon  chemin  par  la  Mcefie  ,  mit  en  finie ,  chafla  ,  éloi- 
gna Si  extermina  en  partant  tout  ce  qu'il  y  avoit  d'en- 
nemis dans  la  Thrace.  Ils  le  rétablirent  cependant  ;  car 
fous  l'empire  de  Decius  ,  ils  ravagèrent  la  plus  grande 
partie  de  la  Thrace  ,  Si  pafferent  même  jusqu'en  Macé- 
doine :  vers  l'an  250 ,  Prifcus  qui  en  étoit  gouverntur ,  fe 
joignit  à  eux  contre  Decius ,  &  fe  fil  proclamer  empereur. 
Decius  marcha  contre  les  Goths  ck  les  vainquit  ,  au  rap- 
port de  Zozime.  Il  les  avoit  réduits  à  prendre  la  fuite  ; 
ils  ne  fongeoient  qu'à  fe  retirer ,  Ik  offroient  de  rendre 
tout  ce  qu'ils  avoient  encore  de  butin  &  de  prifoniers  ; 
mais  il  envoya  Gallus  leur  fermer  le  paffage  duTanaïs  ou 
plutôt  du  Danube.  11  vouloir,  les  détruire  entiéiement ,  Se 
les  mettre  hors  d'état  de  jamais  rentrer  fur  les  terre;  de 
l'empire  ;  mais  il  fut  tué  ,  &  l'on  croit  que  Gallus  s'en- 
tendit avec  eux  ,  pour  en  délivrer  le  monde  Se  lui  (accé- 
der. Il  fit  la  paix ,  avec  eux  ou  plutôt  il  l'acheta  par  un 
tribut  qui  ne  les  empêcha  point  de  ravager  les  terres 
de  l'empire.  Vers  l'an  256  ,  fous  l'empire  de  Valerien, 
les  Goths  ,  les  Carpes ,  les  Burgundes  Si  autres  Barbares  , 
s'avancèrent  jufques  dans  l'Illyrie  t  ck  même  clans  ITalie, 
où  ils  ne  trouvèrent  perfonne  qui  s'opposât  à  leurs  effirts  ; 
mais  enfin  Aurelien  tomba  fur  eux  ,  fit  beaucoup  de  pri— 
fonniers  ,  emporta  un  grand  butin  dont  il  enrichit  la 
Thrace.  Ils  regagnèrent  le  pays  qu'ils  avoient  perdu  , 
puilque  fous  l'empire  de  Valerien  ,  félon  Zofime  ck 
Zonare,  ils  s 'étoient  rendus  comme  maîtres  de  la  Thrace: 
ils  ravagèrent  la  Macédoine  Si  affiegerent  1  heff  ilonique. 
Une  autre  partie  des  Goths  paffa  le  détroit  de  l'Hellef- 
pont  ,  faccagea  l'Ane  ,  pilla  le  fameux  temple  d'Ephefé 
l'an  262.  Ils  ruinèrent  la  ville  de  Chalcedoine  ck  la 
fameufe  llion  ,  repaflérent  le  détroit  ,  s'arrêtèrent  à 
Anchiale  ville  de  Thrace.  Les  Goths  firent  une  nouvelle 
irruption  en  Afie  l'an  263  ;  mais  les  troupes  Romaines  les 
en  chafferent  ,  Si  les  firent  repaffer  dans  leur  pay-;.  L'an 
269  ,  après  un  an  de  préparatifs  ,  ils  attaquîrent  la  ville 
de  Tomi  dans  la  petite  Scythie  ,  ck  celle  de  Marcianople 
dans  la  Mcefie  ,  ils  furent  repouffés  à  l'une  ck  à  l'autre 
ville.  Les  Goths  n'étoient  pas  feuls;  il  y  avoit  avec  eux  des 
Herules,  des  Gepides,  ck  autres  peuples  barbares  leurs  a' liés. 
Ils  fe  rembarquèrent  fur  lePont-Euxin ,  Se  de-là  entrèrent 
dans  le  détroit  du  Bofphore  ,  où  il  en  périt  beaucoup. 
Ceux  de  Bifance  leur  ayant  fait  plus  de  réfiftance  qu'ils 
n'en  attendoient ,  ils  allèrent  vers  Cyzique  qu'ils  inliilte- 
rent  fans  fuccès  :  ils  pafferent  dans  lé  détroit ,  tra<'erferent 
l'Archipel ,  ck  ayant  racommodé  leur  flotte  fur  la  cote  de 
Macédoine ,  ils  s'arrêtèrent  i\  long-tems  auprès  du  mont 
Athos  ,  que  l'empereur  Claudius  eut  le  tems  de  les  venir 
joindre.  Au  bruit  de  fon  arrivée  ils  quittèrent  Thefïaloni- 
que,  &,s'avançant  dans  les  terres,  pillèrent  la  Pelagonie, 
Se  les  environs  de  Dobere  dans  la  Péonie  ,  où  la  Cava- 
lerie des  Dalmates  leur  tua  quelques  trois  mille  hommes  ; 
ils  s'avancèrent  avec  le  refte  vers  Naiffe  dans  la  hante 
Mcefie ,  où  ils  rencontrèrent  Claudius  qui  les  battit  à  plate 


GOT 


Êbuture  ,  &  leur  tua  cinquante  mille  hommes.  Ce  qui 
échappa  prit  la  route  de  la  Macédoine  ;  mais  on  leur  en 
ferma  le  chemin  :  ils  gagnèrent  le  mont  Hemus  où  ils 
fouffiïrent  beaucoup. 

Une  partie  détachée  de  leur  flotte  avoit  été  ravager  la 
Theffalie  6k  l'Achaïe ,  &  ils  avoient  fait  beaucoup  depri- 
fonniers  ;  mais  les  villes  étant  bien  pourvues  ,  ils  n'en 
purent  prendre  aucune.  Zonare  dit  que  Célodeme  Athé- 
nien ayant  amafle  quelques  troupes  &  des  vaifleaux  ,  les 
vint  attaquer  du  côté  de  la  mer ,  6k  les  mit  en  fuite  :  ils 
allèrent  pourtant  jufqu'en  Crète  6k  à  Rhode  ;  6k  c'eft  de 
cette  incurfioii  qu'il  faut  entendre  ce  qu'Ammien  Marcel- 
lin  ,1.  3 1  ,  dit  que  les  Scythes  affiégerent  les  villes  de  Pam- 
phylie.'  La  pefte  quife  mit  parmi  eux  ,  les  ayant  extrême- 
ment a'ffoiblis ,  ils  repaflerent  dans  la  Macédoine  pour  y 
pafferfhyver,  &  lapefte  acheva  de  les  ruiner.  *  Zo^ime  , 
h  1,0.24,  &  33.     . 

L'an  170 ,  les  Goths ,  qui  s'étoient  retirés  fur  le  mont 
Hemus  ,  y  furent  attaqués  par  la  pefte  6k  par  la  famine  ; 
Claudius  les  attaqua  6k  les  força  de  demander  quartier  :  on 
en  mit  une  partie  dans  les  troupes  Romaines  ;  6k  on 
donna  aux  autres  des  .terres  à  labourer.  Quelques-uns 
demeurèrent  en  armes  jufqu'après  la  mort  de  Claudius  ; 
peu  retournèrent  en  leur  pays  ,  tant  de  ceux  qui  étoient 
dans  laThrace  que  de  ceux  qui,  après  avoir  couru  l'Ar- 
chipel, s'étoient  retirés  en  Macédoine.  Les  Romains  fe 
vantèrent  d'avoir  diiîipé  une  armée  de  trois  cent  vingt 
mille  Goths ,  6k  fait  périr  deux  mille  vaifleaux.  Ceux  qui 
étoient  reftés  en  armes  pillèrent  Anchiale,  ville  de  Thrace, 
fk  tâchèrent  de  prendre  Nicopolis,  dans  la  baffe  Mcefie, 
mais  les  gens  du  pays  les  diffusèrent. 

Les  Goths  après  tant  de  défaftres  ne  purent  demeurer 
tranquilles.  Cette  nation  inquiète  6k  belliqueufe  dès  le 
commencement  de  l'empire  d'Aurelien  ,  fe  jetta  fur  la 
Pannonie.  Il  donna  fes  ordres  pour  enfermer  les  vivres 
dans  les  villes ,  afin  d'affamer  ces  Barbares  ;  cela  ne  fut 
point  fufnfant ,  il  fallut  livrer  une  bataille  qui  dura  juf- 
qu'à  la  nuit  fans  rien  décider  ;  mais  pendant  l'obfcurité 
les  Goths  repaflerent  le  Danube ,  6k  envoyèrent  dès  le 
lendemain  demander  la  paix.  Aurelien  remporta  fur  eux 
plufieurs  victoires  ,  ck  on  remarqua  qu'il  y  avoit  dans 
leur  armée  des  femmes  qui  étoient  habillées,  6k  combat- 
'toient  comme  les  hommes.  Une  médaille  de  l'empereur 
Tacite  parle  d'une  victoire  qu'il  remporta  fur  les  Goths, 
6c  une  infeription  lui  donne  le  titre  de  Gothique. 

Il  n'eft  pas  vrailémblable  que  ,  fous  l'empire  de  Dio- 
clétien  6k  d'Herculius,  les  Goths  foient  demeurés  tran- 
quilles, lorfque  les  Carpes,  les  Bafternes  &  les  Sarmates 
prirent  les  armes  ,  &  furent  défaits  par  les  Romains. 
Conftàntin  étant  venu  à  bout  des  guerres  civiles  qui 
avoient  troublé  le  commencement  de  l'on  régne  ,  livra 
aux  Goths  plufieurs  combats  ;  mais  Eutrope  ne  dit  point 
en  quel  pays  ils  étoient  alors. 

Ce  tut  du  teins  de  cet  empereur,  que  les  Goths  reçu- 
rent les  lumières  de  l'évangile  ;  mais  elle  leur  rut  annon- 
cée par  des  Ariens,  qui  les  infectèrent  de  leurs  erreurs, 
dit  Jornandes.  Ils  la  conferverent  long-tems  6k  la  portè- 
rent dans  tous  les  pays  qu'ils  conquirent.  Ce  peuple  fe 
divifa  par  la  fuite  en  OJirogoths  6k  Wijîçoths.  Plufieurs 
écrivains  ont  cherché  en  vain  à  nous  donner  la  raifon 
de  ces  deux  dénominations  :  ils  ont  fait  paraître  beau- 
coup d'érudition  ,  Si  n'ont  rien  prouvé.  L'opinion  la 
plus  Ample  6k  la  plus  vraifemblable  eft  que  ceux  qui  s'é- 
tablirent à  la  gauche  du  Danube,  fe  nommèrent  Ojlro- 
foths  ou  Goths  orientaux  ,  6k  ceux  qui  s'établirent  en- 
eçà  fur  la  droite  prirent  le  nom  de  Wijigoths. 
Par  cette  divifion  ils  devinrent  deux  nations  diftini~t.es , 
dont  chacune  avoit  fon  roi.  Ily  avoit  parmi  eux,  dit  Jor- 
nandes de  Rébus  Geticis,  c.  19,  deux  familles  royales, 
l'une  des  Amales ,  à' A  mêla ,  ancien  roi  de  la  nation.  Elle 
commandoit  aux  Gftrogoths ,  l'autre  des  Balthes  ,  nom 
tiré  du  mot  Bahh  qui  lignifie  hardiejfe  ;  elle  comman- 
doit aux  "Wifigoths. 

Guerre  des  Goths  contre  l'empire* 

Ce  fut  fous  l'empire  de  Valens ,  vers  l'an  370,  que  la 
divifion  des  Goths  fe  fit  le  plus  connoître  :  ils  obéifloient 
alors  à  deux  rois  ;  Fritigerne  gouvernoit  les  Wifigoths , 
6k  Athanaric  les  Oftrogoths  :  la  plupart  étoient  encore 
payens  ;  ck  quoique  Fritigerne  fût  allié  des  Romains  ,  il 


GOl  ïyp 

ne  laiffa  pas  de  perfécuter  6k  de  faire  des  martyrs  ;  mais 
fous  Athanaric  ennemi  des  Romains  6k  de  Frit'iger  -<j ,  1?. 
perfécunon  fut  bien  plus  grande.  L'an  364,  des  parus  des 
Goths  ravageoient  laThrace.  11  paraît  par  l'hiftoire  d'Am- 
mien  Marcellm,  /.  26,  qu'ils  fe  mêlèrent  de  l'affaire  de 
Procope ,  qui  diiputa  l'empire  à  Valens.  Celui-ci ,  après 
la  mort  de  fon  concurrent  fe  mit  à  la  tête  de  fes  trou- 
pes ,  alla  attaquer  les  Goths  ;  mais  ils  lui  demandèrent  la 
paix  ck  l'obtinrent  en  lui  donnant  des  otages. 

Peu  de  tems  après  les  Huns  ,  fortis  de  la  Tartane , 
vinrent  tomber  fur  les  Goths ,  en  firent  un  horrible  car- 
nage ,  ck  les  forcèrent  d'abandonner  leur  pays.  Ceux-ci 
demandèrent  la  permiffion  à  Valens  de  palier  fur  les  ter- 
res de  l'empire  :  il  la  leur  accorda,  ck  leur  céda  une  par- 
tie de  la  Thrace,  l'an  377. 

Un  officier  de  Valens,  nommé  Lupic'm ,  fut  chargé  de 
leur  fournir  des  vivres.  Sa  mauvaife  conduite  les  irrita  :  ' 
ils  prirent  les  armes,  le  défirent.  Valens  marcha  contr'eux 
en  perfonne  ck  y  périt.  Enflés  dufuccès  de  cette  victoire, 
ils  avancèrent  jusqu'à  Adrinople,  où  étoient  les  tréforsde 
Valens,  mais  ils  l'afllégerent  inutilement.  Ils  acheterent 
l'amitié  des  Huns  ck  des  Alains  qui  leur  donnèrent  des 
troupes  ;  avec  ce  renfort ,  ils  allèrent  attaquer  Conftan- 
tinople  ,  la  capitale  de  l'empire.  Ils  ravagèrent  la  cam- 
pagne ,  ck  voulurent  inveftir  la  ville  6k  la  prendre  d'af- 
faut  eu  par  famine  ;  mais  l'impératrice  veuve  de  Valens , 
ouvrit  alors  le  tréfor  public  ,  ck  anima  fi  bien  les  habi- 
tans,  qu'ils  fortirent  en  bataille ,  repoufferent  les  Goths. 

Us  échouèrent  auffi  devant  Périnthe  ck  Theflalonique  : 
l'on  attribua  la  délivrance  de  cette  dernière  aux  prières 
de  S.  Afcole  ,  qui  en  étoit  évêque.  Après  avoir  manqué 
le  pillage  de  ces  villes  ,  ils  fe  jetterent  dans  la  Macé- 
doine ,  la  Thrace  ,  la  Scythie  ,  la  Mcefie,  ck  fe  répan- 
dirent jufqu' aux  Alpes  Juliennes  ,  qui  bornent  l'Italie  de 
ce  côté-là  ,  ravageant  toutes  ces  provinces  ,  ck  Iaiffant 
par-tout  des  marques  de  leur  avarice  ck  de  leur  fureur. 
*  Flkhier ,  Hift.  de  Théodofe  le  Grand ,  /.  1 .  Zoiim. 
1.  4.  Ambrof.  Epift.  59. 

Gratien  après  la  mort  de  Valens  ,  envoya  Théodofe 
vers  laThrace  contre  les  Goths  ,  les  Huns ,  les  Alains  ck 
autres  Barbares.  Fritigerne  qui  les  aveit  appelles ,  n'étoit 
plus  le  maître  :  ils  étoient  divifés.  Théodofe  les  trou- 
vant en  cet  état ,  les  battit ,  en  fit  un  grand  carnage ,  ck 
chaffa  le  refte  au-delà  du  Danube.  Il  porta  lui-m.;me 
cette  nouvelle  à  l'empereur  ,  qui  ne  la  trouva  pas  vrai- 
femblable ;  on  envoya  des  gens  dignes  de  foi  pour  s'en 
informer ,  ck  ils  confirmèrent  par  leur  rapport  celui  que 
Théodofe  avoit  fait  ;  ck  Gratien  par  reconnoiffance  l'af- 
focia  à  l'empire. 

Ils  revinrent  dans  laThrace  dès  la  même  année  379; 
carThéodofe  ,  ayant  pris  pofleflion  de  l'empire  d'Orient, 
dont  la  Thrace  ck  l'Illyrie  orientale  faifoient  partie  ,  les 
y  alla  joindre  encore  une  fois.  Ils  s'étoient  armés  à  là 
Romaine,  depuis  la  défaite  de  Valens.  Fritigerne  leur 
avoit  appris  à  fe  rallier  &  à  obferver  quelque  difeipline. 
Leur  armée  grofliflbit  tous  les  jours  du  nombre  infini  de 
leurs  compagnons  ,  que  l'efpérance  d'un  grand  butin  at- 
tirait de  tous  côtés  ;  ainfi  ils  étoient  à  craindre.  Friti- 
gerne à  qui  ils  avoient  refufé  d'obéir  ,  les  avoit  aban- 
donnés. Dès  qu'il  s'agiffoit  de  piller  ,  ils  n'obfervoient 
plus  aucun  ordre  ;  6k  cette  multitude  qui  venoit  les  join- 
dre ,  ne  faifoit  qu'augmenter  la  confiifion  6k  caufer  des 
divifions  entr'eux  pour  le  partage  des  prifes  qu'ils  avoient 
faites.  Théodofe  les  furprit  ck  les  battit  entièrement.  Le 
bruit  de  cette  victoire  s'étant  répandu,  d'autres  Goths  6k 
les  Alains  qui  ravageoient  les  autres  provinces  ,  s'ajrête- 
rent  6k  firent  la  paix  :  plufieurs  prirent  parti  dans  fes  trou- 
pes, 6k  les  autres  promirent  de  fortir  des  terres  de  l'em- 
pire. Mais  l'empereur  étant  tombé  malade  l'année  fui- 
vante ,  ils  crurent  avoir  trouvé  l'occafion  de  fe  venger  de 
leurs  pertes  ;  au  lieu  de  fortir  des  terres  de  l'empire  , 
comme  ils  s'y  étoient  engagés  ,  ils  y  appelèrent  de  nou- 
velles troupes  de  Barbares ,  6k  y  firent  plus  de  ravages 
qu'auparavant.  Ceux  de  leur  nation  qui  s'étoient  mis  en 
grand  nombre  à  la  lblde  de  l'empereur  leur  facilitoient 
fecrétement  l'entrée  des  provinces.  La  terreur  fe  répandit 
parmi  les  peuples  ;  les  gens  de  guerre  ne  recevant  de  la 
cour  que  des  ordres  lents  6k  indéterminés,  ne  (avoient  à 
quoi  feréfoudre.  On  avertit  d'abord  l'empereur  Gratien  de 
la  maladie  deThéodofe,6kdu  péril  de  l'empire  :  quelques 
officiers  de  l'armée  ,  avec  ce  qu'ils  avoient  pu  ramaffsT 


i6o 


GOT 


GOT 


de  troupes  ,  s'oppofoient  cependant  aux  ennemis  ,  & 
leur  difputoientles  paflages  ;  mais  le  nombre  de  ces  Bar- 
bares croiffant  toujours ,  ils  le  rendoient  par  -  tout  les 
maîtres.  Théodofe  n'a  pas  plutôt  recouvré  fes  forces 
qu'il  marche  contr'eux  à  ia  tête  de  fes  troupes  ;  mais  il 
avoit  dans  fon  armée  beaucoup  de  Goths  qui  le  trahirent 
&  le  forcèrent  de  fe  retirer  à  ThefTalonique ,  où  il  leva 
une  nouvelle  armée.  Les  Goths ,  qui  ravageoient  la  Ma- 
cédoine &  la  Theffalie ,  ne  furent  pas  plutôt  inftruits 
qu'il  étoit  prêt  à  les  attaquer,  que  la  frayeur  les  faifit  :  ils 
lui  demandèrent  la  paix  qu'il  leur  accorda ,  à  condition 
qu'ils  poferoient  les  armes  ,  &  jureroient  de  ne  les  plus 
reprendre  contre  l'empire  ,  dont  ils  défendraient  les 
frontières  contre  les  autres  peuples  ;  qu'ils  fortiroient  fans 
délai  hors  des  provinces  de  l'empire  ;  qu'ils  fourniroient 
certain  nombre  de  troupes  choifies,  pour  être  diftri- 
buées  dans  tous  les  corps  de  l'armée  Romaine ,  ck  que 
l'empereur  fes  protégeroit  auffi  ,  oc  les  regarderoit  comme 
{es  amis  8c  fes  alliés.  Les  Goths  acceptèrent  ces  condi- 
tions ,  &  commencèrent  à  les  exécuter  de  bonne  foi  : 
ils  repafierent  en  effet  le  Danube  la  même  année  ,  & 
donnèrent  à  leurs  compatriotes  une  fi  grande  idée  de 
Théodofe ,  que  plufieurs  de  ces  peuples  recherchèrent  fa 
protection.  Il  la  leur  accorda  ;  ck  quoiqu'ils  n'euffent 
point  propofé  de  conditions,  illeur^en  fit  de  très-avan- 
tageufes ,  ordonnant  qu'on  leur  fournît  des  vivres  en  abon- 
dance ,  ck  leur  affignant  des  terres  dans  quelques  pro- 
vinces dé  l'empire. 

Depuis  ce  tems  les  Goths  le  fervirent  toujours.  Il  y 
en  eut  près  de  vingt  mille  qui  prirent  parti  dans  fes  trou- 
pes. Le  refte  fe  tint  fur  les  bords  du  Danube,  pour  em- 
pêcher les  autres  Barbares  de  courir  fur  les  pays  Ro- 
mains. 

Ils  refpefterent  l'empire  d'Orient,  tant  que  vécut  Théo- 
dofe ;  mais  après  fa  mort  fes  deux  fils ,  Arcadius  ci  Ho- 
norius  fe  livrant  à  la  molleffe,  les  Goths  eurent  honte  de 
fe  foumettre  à  des  princes  fi  voluptueux  :  ils  élurent  pour 
roi  Alaric  de  la  famille  des  Baltes  ;  un  autre  parti  d'en- 
tr'eux,  (apparemment  les  Vandales,)  élut  pour  roi Ra- 
dagaife  ;  mais  après  avoir  été  diyifés ,  ils  feréunirent  con- 
tre les  Romains.  Radagaife  fuivi  de  deux  cens  mille  Sar- 
reates,  (c'eft- à-dire  d'une  nombreufe  armée ,  dans  laquelle 
les  Sarmates  tenoient  le  premier  rang;  )  entra  en  Italie  , 
fcks'étant  laine  enfermer  dans  les  montagnes  deTofcane, 
y  fut  affamé  &  battu  par  Stilicon  qui  le  prit  ck  le  fit  mourir. 
Ce  Stilicon  étoit  lui-même  un  Barbare  d'origine,  qui  fer- 
voit  fous  Honorius.  Les  empereurs  les  prenoient  à  leur 
fervice.  Gainas  ,  capitaine  Goth ,  étoit  de  même  tout 
puiffam  en  Orient  fous  Arcadius  ,  qui  fut  obligé  de  lui 
confier  le  commandement  de  toutes  fes  troupes  ,  tant  de 
cavalerie  que  d'infantetie.  Il  voulut  même  obliger  l'em- 
pereur à  donner  une  des  églifes  de  Conflantinople  aux 
Ariens  ;  &  S.  Jean  -  Chryfoftome  la  lui  ayant  refufée , 
Gainas  eut  l'infolence  de  fe  révolter  &  de  ravager  la 
Thrace  ;  mais  Vides  ,  chef  des  Huns ,  le  défit  &c  envoya 
fa  tête  à  Conflantinople.  Telle  étoit  la  foibleffe  de  l'em- 
-  pire,  qu'il  ne  pouvoit  fe  délivrer  d'un  Barbare,  que  par 
le  fecours  d'un  autre  Barbare.  *  IJidori  Chronic.  Tkeodo- 
ret,  1.  5,  c.  31.  Sorom en,  1.8,  04. 

Alaric  (a)  ne  s'effraya  point  du  fort  de  Radagaife  ,  il 
voulut  au  contraire  le  venger  :  il  s'avança  vers  l'Italie 
qu'il  fournit  ;  prit  ,  pilla ,  faccagea  Rome  ,  &c  emmena 
en  captivité  Placidie,  fceur  d'Honorius.  Peu  après  cette 
expédition,  Alaric  mourut  à  Cofence.  Ataulphe  gouverna 
après  lui  les  Goths  qu'il  avoit  conduits  en  Italie  ,  (c'é- 
toit les  Vifigoths,)  époufa  Placidie,  &  fit  alliance  avec 
les  Romains,  paffa  clans  les  Gaules,  qui  pour  lors  étoient 
occupées  par  les  Vandales  8c  les  Alains  ;  mais  ces  der- 
niers ,  connoifTant  la  valeur  des  Goths ,  ne  leur  difpute- 
rent  point  le  terrein,  &c  parlèrent  les  Pyrénées.  *  (a)  Ifi- 
dor.  Chron. 

Le  premier  foin  des  Goths  fut  d'affermir  leur  nouvel 
établiffement  ;  ils  fongerent  enfuite  à  s'aggrandir.  Les 
ravages  que  les  Vandales  fàifoient  en  Efpagne,  qui  étoit 
à  l'empereur  leur  allié,  fervirent  de  prétexte  ;  fous  cou- 
leur de  délivrer  ces  provinces ,  ils  les  y  fuivirent  &c  avan- 
■  cerent  jusqu'à  Barcelone.  Le  Languedoc,  la  Provence, 
le  Rouffillon  Se  la  Catalogne  devinrent  alors  la  Gothie. 
C'eft  ici  l'hiftoire  des  Vifigoths. 

Regeric ,  fuccefieur  d'Ataulphe ,  périt  bientôt  après  par 
wneconfpiration.  Valia,  qui  régna  enfuite,  étoit  un  roi  pru- 


dent. Honorius ,  craignant  qu'il  ne  violât  les  traités  faits 
avec  Ataulphe,  ik  qu'ayant  vaincu  fes  voifins  il  ne  vou- 
lût tourner  fes  armes  contre  l'empire ,  envoya  contre  lui 
Conftantin,  général  fameux  par'plufieurs  victoires,  avec 
ordre  de  tirer  à  quelque  prix  que  ce  fût  fa  fceur  Placidie 
de  l'esclavage  où  elle  étoit.  Valia  vint  au-devant  de  lui 
jusqu'aux  Pyrénées  ;  mais  au  lieu  de  donner  bataille ,  on 
entama  une  négociation.  Les  Goths  rendirent  la  PrincefTe, 
ik  promirent  de  fecourir  l'empire  en  cas  de  befoin.  Dé- 
barrafTésde  cette  affaire,  ils  retournèrent  contre  les  Van- 
dales ;  mais  ceux-ci  appelles  en  Afrique  ,  par  le  comte 
Boniface ,  les  délivrèrent  d'une  guerre  qui  auroit  pu  être 
funefte  aux  deux  nations.  Valia  les  y  auroit  pourfuivis , 
fi  l'exemple  d' Alaric  ne  l'eut  pas  retenu.  Il  revint  à  Tou- 
loufe,  ik  eut  pour  fucceffeur  Théodoric  I,  homme  fage, 
modéré ,  courageux  &C  d'une  corpulence  robufte.  Il  fe 
joignit  auxRomains  pour  combattre  Attila ,  roi  des  Huns  , 
&  périt  dans  cette  fameufe  bataille ,  qui  fut  donnée  dans 
la  plaine  de  Châlons,  l'an  451.  Thorismond  ,  fon  fils, 
lui  (ùccéda.  C'étoit  un  prince  fier,  dur,'cruel  Se  féroce. 
Il  fut  tué  par  fon  frère  Théodoric  II ,  &c  celui-ci  par  un 
autre  de  fes  frères  nommé  Euric.  Ce  fut  fous  le  régne 
de  ce  dernier  que  les  Goths  commencèrent  à  avoir  des 
loix  rédigées  par  écrit.  Jusques-là  ils  n'avoient  que  des 
coutumes  &  des  ufages  qui  ié  tranfmettoient  de  père  en 
fils ,  fans  le  fecours  des  lettres.  *  IJïdor.  Chron. 

Les  Oftrogoths  qui  étoient  reftes  dans  la  Thrace ,  pri- 
rent les  armes  contre  Zenon  ,  empereur  d'Orient  , 
fous  la  conduite  de  Théodoric ,  qui  étoit  de  la  famille  des 
Amales.  L'empereur  ,  pour  fe  délivrer  d'un  ennemi  fi 
redoutable ,  lui  fit  infinuer  de  paffer  en  Italie ,  ik  d'atta- 
quer Odoacre ,  qui  s'étoit  emparé  de  ce  pays.  Théodo- 
ric, charmé  de  cette  ouverture,  partit  avec  une  multitude 
innombrable  de  peuple  qui  traînoit  fur  des  chariots  des 
meubles  ,  des  femmes  ik  des  enfans.  Faute  de  vaiffeaux 
ils  ne  purent  traverfer  le  golfe  ,  &  il<;  en  firent  le  tour. 
Odoacre  vint  au  devant  d'eux ,  &  aprè=  plufieurs  pertes , 
s'enferma  dans  Ravenne  où  il  fut  affiégé  durant  trois 
ans.  Il  compofa  enfin  par  l'entremiie  de  l'évêque  ,  & 
obtint  de  partager  la  ville  avec  Théodoric  qui  le  fit  mou- 
rir peu  après.  C'eft  ainfique  fe  forma  le  royaume  des 
Goths  en  Italie  ;  car  Théodoric  fe  contenta  du  titre  de 
roi  ,  &  fit  fa  réfidence  à  Ravenne.  *  Procop.  Goth. 
l.t,  c.  1. 

Ce  prince  fe  fit  refpefter  de  tous  fes  voifins  qui  mé- 
nagèrent fon  amitié.  On  trouve  une  loi  de  l'empereur 
Jultin  contre  les  Manichéens ,  /.  1 2 ,  c.  de  Hartf,  11  ex- 
clut les  autres  hérétiques ,  lesPayens  &c  les  Juifs  de  toute 
charge  ou  dignité ,  de  peur  qu'ils  n'en  prennent  occafion 
de  vexer  les  Chrétiens  ,  &  particulièrement  les  évêques  ; 
mais  il  excepte  exprefïément  les  Goths  ,  alliés  des  Ro- 
mains ,  parce  qu'il  ne  vouloit  pas  choquer  Théodoric 
qui  étoit  Arien. 

Union  des  Oflrogoths  &  des  Vpijigoths  fout  Théodoric. 

Tant  que  les  Romains  conferverent  leur  empire  ,  ils 
commandèrent  dans  les  Gaules  «tuées  au-delà  du  Rhône  , 
(c'eft-à-dire  au  couchant  de  ce  fleuve;)  mais  quand 
Odoacre  eut  ufurpé  le  gouvernement ,  il  abandonna  aux 
Vifigoths  toutes  les  Gaules  jusqu'aux  Alpes  ,  qui  fépa- 
rent  tes  Gaulois  des  Liguriens.  Après  la  mort  d'Odoacre, 
les  Thoringiens  &  les  Vifigoths  appréhendant  les  Ger- 
mains ,  dont  la  puiffance  s'étoit  déjà  fort  accrue ,  &  qui 
venoient  en  grand  nombre ,  &  renverfoient  tout  ce  qui 
s'oppofoit  à  eux,  recherchèrent  l'alliance  des  Oftrogoths 
&  de  Théodoric.  Il  en  fi.it  charmé  ;  rk  pour  mieux  ci- 
menter l'union  ,  il  donna  en  mariage  Theudichulè  ,  fa 
fille,  à  Alaric  le  jeune,  roi  des  Vifigoths  ;  ck  Amelo- 
bergue  fa  nièce  ,  fille  de  fa  fceur  Amalafride  à  Herme- 
nefride ,  roi  des  Thoringiens.  Sa  protection  fit  peur  aux" 
Germains  qui  tournèrent  leurs  efforts  contre  les  Bouri 
guignons.  *  Procop.  Goth.  c.  12. 

Il  paroît  par  ce  paffage  &  par  plufieurs  autres ,  quepat 
les  Germains  Procope  entend  les  Francs.  Car  il  dit,  un 
peu  plus  haut ,  en  parlant  de  la  Gaule  :  il  y  a  auffi  plu- 
fieurs marais ,  autour  defquels  les  Germains  avoient  au- 
trefois leurs  demeures.  Ce  n'étoit  alors  qu'un  peuple  bar- 
bare ,  dont  le  nom  n' avoit  rien  d'illuftre  ;  mais  mainte- 
nant on  les  appelle  les  Francs.  C'étoit  donc  de  ces  Ger- 
mains ou  de  ces  .Francs ,  que  l'alliance  de  Théodoric 
garanti^ 


GOT 


COT 


iSi 


garantit  les  Wifigoths.  Ils  étaient  d'autant  plus  redouta-  Gothinï  de  Tacite.  Ortélius  propofe  une  autre  conjec- 

bles  qu'ils  avoient  été  renforcés  par  une  partie  de  Tem-  ture  plus   plaufible.   Ce  nom'  eft  compofé  de  celui  des 

pire.  Les  Aborusques  ,    déjà  Chrétiens  ck  Catholiques,  Goths  Si  de  celui  des  Huns.  On  a  vu  dans  l'article  des 

&;  fujets  des  Romains  ,   n'ayant  pas   voulu  fe  foumettre  Goths  les.  courtes   qu'il  avoient  faites  au-delà  du  Bos- 

aux  Germains,  avoient  confenti  d'être  leurs  alliés;  &  phore,  &  leur  union  avec  les  Huns.  Vopiscus  ,  dans 

les  foldats  Romains  qui  étaient  en  garnifon  dans  les  pro-  la   Vie    de  Probus  ,  nomme   le    même    peuple    Gau- 

vinces  les  plus   éloignées  de  la  Gaule  ,   ne  pouvant  re-  TUNNI. 

tourner  dans  leur  patrie,  à  travers  tant  d'ennemis,  avoient  GOTL1EB  ,   bourg  &  château  dans  le  Turgow,  à 

mieux  aimé  fe  donner  aux  Germains  ck  aux  Aborusques  une  lieue  au  couchant  de   Confiance  ,  fur  le  bord  du 

qui  avoient  la  même  foi  qu'eux ,   qu'aux  Wifigoths  qui  lac.    Il  fait  partie  du  domaine   de  l'évêque    de   Cons- 

étoient  Ariens.  tance. 

Outre  que  ce  fait  eft  apocryphe  ,  n'étant  appuyé  que  fur  GOTO  ,  GoTHO  ou  Gotto  ,   royaume  du  Japon  , 

un  partage  de  Procope  ,   c'eft  qu'il  ne  fert  point  à  con-  compofé  de  cinq  petites  ifles,  dont  trois  font  allez  peu- 

noître  Thiftoire  des  Oftrogoths.  Les  Francs  &  les  Oftro-  plées  ,  &   à  une  demi  -  lieue    de   diftance   les  unes  des 

goths  rendirent  aux  Bourguignons ,  ce  qu'ils  leur  avoient  autres   :    elles  font  fituées  presqu'à  l'entrée  de  la  baye 

d'Omurat ,  à  l'occident  ,  &  presqu'à  la  vue  de  Nang?  _ 


gUUO    1C11UUC11L  dU.\    UUUlî'UlgllUlO  ,    \-C    t|U    113    ICU1     d.\  K- 

pris.  Les  Oftrogoths  ne  tardèrent  pas  à  faire  alliance  ; 


les  Francs.  Par  ces  alliances  Théodoric  refta  paifible  pof- 
feffeur  de  l'Italie. 

Fin  du  reyaume  des  OJlrogoths  en  Italie. 

Théodoric  laifla  pour  fuccerteur  un  jeune  enfant,  fils 
de  fa  fœur  Amalafunthe  :  cette  princeffe  ,  après  avoir 
fagement  gouverné  pour  l'on  fils  ,  qui  mourut  huit  ans 
après  ,  partagea  le  trône  avec  Théodat ,  qui  la  paya  d'in- 
gratitude &  la  fit  mourir.  Juftinien,  pour  venger  la  mort 
de  cette  princeffe  ,  dit  Procope  ,  envoya  contre  les  Of- 
trogoths le  célèbre  Béhfaire.  Théodat  ne  régna  que 
deux  ans ,  Witiges  quatre  :  il  eut  pour  fuccerteur  Théo- 

bald ,  qui  ne  régna  qu'un  an.  Aranc  ne  régna  que  trois  magnificence  de  le  fervir  tout  entier  avec  fa  peau  :  quand 
mois,  &  fit  place  à  Téjas  ,  qui  ,  profitant  du  départ  de  cet  animal  eft  vieux,  il  fe  jette  dans  la  mer,  &  devient 
Béhfaire,  releva  un  peu  les  affaires  de  fa  nation  ;  mais     poiflbn.  Le  P.  Louis  Almuida,  Jefuite,  allure  dans   fes 

lettres  ,  qu'un  jour  qu'il  étoit  chez  le  roi  de  Gotto  , 
on  apporta  à  ce  prince  un  de  ces  animaux  qui  venoit 
d'être  péché ,  &  qui  n'étoit  encore  métamorphosé  qu'à 
demi. 

Les  Gottois  font  fort  fuperftitieux  :  les  aftres  règlent 
tout  chez  eux  ,  ils  ont  des  augures  ,  dont  l'emploi  eft 
d'obferver  les  jours  heureux  ou   malheureux  ,   &  leurs 


zaqui  par  les  31  d.  31  bu  33'  de  latitude  nord  ,  ^8c 
au  midi  du  royaume  ne  Firando  :  il  n'y  a  que  la  plus 
grande  ou  eft  la  ville  capitale  ,  nommée  Oc:i:ra  ,  qui 
foit  véritablement  fertile;  mais  la  charte  &  la  pèche  y 
font  abondantes  par- tout;  &  les  habitan;  y  font  un 
artez  grand  commerce  de  poiffons  ,  fur-tout  cie  balei- 
nes &  de  fel.  Dans  une  de  ces  ifles  ,  il  y  a  une  mon- 
tagne de  fix  lieues  de  long,  toute  couverte  d'arbres ,  où 
l'on  trouve  un  animal  fort  finguli'er  ;  c'eft  un  quadru- 
pède^ ,  dont  la  peau  eft  veloutée  &  de  couleur  d'or. 
Sa  figure  approche  de  celle  d'un  chien  ,  mais  il  a  les 
pieds  beaucoup  plus  courts  :  fa  chair  eft  très-délicate  ; 
&  quand  on  le  fett  fur  la  table  des  grands ,  il  eft  de 


l'empereur  Juftinien  envoya  contre  lui  Narsès,  qui  le 
vainquit  ,  &  mit  fin  au  royaume  des  Goths  en  Italie. 
Après  cette  époque  ,  qui  eft  de  l'an  551,  il  n'eft  plus 
queftion  des  Ojirosoths  dans  Thiftoire.  Seize  ans  après, 
Alboin  vint  en  Italie,  &£  commença  le  royaume  des 
Lombards ,  qui  eft  une  monarchie  différente. 

Amalafunthe  n'époufa  point  Théodat.  Les  lettres  de 
Caïîiodore  en  font  la  preuve.  Le  préfident  Hénault ,  dans     prêtres  font,  fort  puiffants.  Ils  adorent  fur-tout  deux  divi- 


fon  Abrégé  chronologique,  difoit  qu'elle  l'avoit  époufé  ; 
mais  il  l'acorrigé  dans  l 'errata,  de  fa  dernière  édition ,  &  a 
.bien  fait. 

■Royaume  des  Wifigoths  en  Efpagne, 

Euric  ,  qui ,  comme  il  eft  dit  plus  haut ,  tua  fon  frère 
Théodoric  II,  étoit  un  prince  courageux  &  entreprenant. 
ïl  conquit  prefque  toute  TEfpagne.  Il  mourut  l'an  181. 
Alaric  fon  fils  lui  fuccéda  ;  mais  il  fut  défait  &  tué  par 
Clovis  à  la  bataille  de  Poitiers  Tan  «(07.  Clovis ,  pour- 
fuivant .  fa  victoire  ,  conquit  tout  ce  que  les  Wifigoths 
poffédoient  dans  les  Gaules.  Géiklric,  fils  naturel  d'Eu- 
ric  ,  fe  fit  proclamer  roi  des  Wifigoths  en  Efpagne  ;  mais 


mtes  qu'on  ne  connoit  point  dans  le  refte  du  Japon, 
&  qui  font  reprtfentées  fous  des  figures  de  géants  :  on 
s'adrefle  à  Tune  pour  obtenir  les  biens  de  la  vie  pré- 
fente  ;  on  fait  des  voeux  à  l'autre  pour  obrenir  d'être 
heureux  après  la  mort  ;  &  tous  les  ans ,  au  commence- 
ment de  l'année  ,  on  célèbre  en  l'honneur  de  la  pre- 
mière une  fête  qui  dure  quinze  jours ,  pendant  lesquels 
il  n'eft  pas  permis  de  parler  de  la  mort  ,  ni  de  l'autre 
monde,  de  peur  que  quelque  penfée  chagrinante  ne  vienne 
troubler  la  joie  ,  que  la  divinité  exije  alors  de  fes 
adorateurs.*  Le  P.  de  Charlevoix ,  Hift  du  Japon,/.  3. 
GOTTA  ,  ville  ou  bourg  de  la  Mauritanie ,  fur  l'o- 
céan ,  affez  près  du  fleuve  Lixus ,  félon  Pline.  Eile  ne 


Théodoric  ,  roi  des  Oftrogoths  en  Italie  ,  envoya  un  fubfiftoit  déjà  plus  de  fon  tems ,  non  plus  que  Lixa  ; 
brave  officier  nommé  Ibbas ,  au  fecours  d'Amalaric ,  fils  mais  la  place  en  gardoit  toujours  le  nom.  Après  avoir 
d'Alaric,  &:  de  fa  fille  naturelle  Theudigote ,  lequel  dit,/.  3,  c.  5,  Oppida  futre  LiJJ'a  &Go'.ta  ultra  colum- 
étoit  en  bas  âge.  Ibbas  charta  Géfairic,  plaça  Amalaric  nas Hercidis ,  il  dit,  /.  31 ,  c.  1 ,  in  Ociano  ,  ad  locum 
fur  le  trône  ,  défit  les  François  Tan  508 ,  &  remit  une  Mauritanice  ,  qui  Gott.i  dicitur  ,  non  proculLixo  Im- 
partie de  la  Gaule  fous  la  domination  des  Wifigoths.  mine,  &c.  L'édition  du  P.  Hardouin  préfère  Cotts. 
Amalaric  étant  en  état  de  gouverner  fes  états,  fit  alliance  par  un  C. 

GOTTESREL  ,  abbaye  d'hommes  ,  ordre  de  Cî- 


avec  les  fils  de  Clovis,  époufa  leur  fceur  Clotilde  ;  mais 
comme  il  éroitArien,  &  elle  Catholique,  il  la  maltraita 
au  point  qu'elle  s'en  plaignit  à  fon  frère  Childebert,  & 
pour  preuve  de  fes  fouffrances  ,  lui  envoya  un  mouchoir 
teint  de  fonfang.  Childebert  à  la  vue  de  ce  mouchoir, 
entra  en  fureur  ,  fe  mit  à  la  tête  d'une  armée  formida- 
ble,  alla  attaquer  Amalaric  ,  le  défit  &  le  tua  Tan  531 
Theudis  fut  proclamé  roi  des  Wifigoths  après  la  mort 
d'Amalaric,  transféra  fon  fiége  au-delà  des  Pyrénées, 
&  les  François  s'emparèrent  d'une  grande  partie  de  ce 
que  les  Wifigoths  poffédoient  dans  les  Gaules.  Enfin  ce 
royaume  ,  après  une  longue  fuite  de  rois,  fut  détruit  par 
les  Mahométans  vers  Tan  711. 

GOTHUNNI  ,  ancien  peuple  barbare  ,  dont  parle 
Claudien  en  ces  vers  : 

Targibilum  lumidum  defertorefque  Gothunnos , 
Utmiferas  populabor  oves  &  pace  relata  , 
Prijlina  rejlituam  Phrygias  ad  jlamina  maires. 


teaux  ,  dans  la  baffe  Bavière  ,  au  diocefe  de  Ratis- 
bonne. 

GOTTHENI  ,  peuple  de  TA  fie  mineure  ,  vers  la 
Propontide,  félon  Conftantin  Porphyrogenete.  Seroit-ce 
un  détachement  desGotkunni  de  Claudien,  qui  fe  feroit 
établi  en  cet  endroit?  * Orul.  Thef. 

GOTTI.  Vovez  les  Goths. 

GOTTINGEN ,  Gottinga  ,  (a)  ville  d'Allemagne , 
au  duché  de  Brunswig,  fur  la  Leyne  ,  dans  un  terroir 
très-fertile.  Elle  eft  la  capitale  d'un  pays  particulier  qui 
eft  la  principauté  de  Brunswk-Gottingen  ,  &:  que  Ton 
appelle  aurti  ['Oberwald.  Ce  canton  a  à  l'orient  TEchs- 
feld  ;  au  midi  ,  le  cours  de  la  Werra  ,  au  nord  ,  les 
villes  de  Northeim  &  d'Eimbeck.  La  ville  eft  arrofée 
par  la  Leyne  ,  qui  la  traverfe  ,  &  qui  coulant  de-là  par  la 
principauté  de  Calenberg  &  par  la  ville  de  Hanover,  va  fe 
joindre  avec  l'Aller  ,  pour  aller  fe  jetter  enfemble  dans  le 
Wefer.  Comme  on  ne  fait  pas  le  tems  de  ("a  fondation, 
Goths.  (b) 


fon  nom  a  donné  occalion  de  l'attribuer 
H  n'y  a  point  d'apparence  qu'il  foit  là  queftion  des     Quelques  autres  dérivent  le  mot  de  Gottingen  de  la  bonté 

Tome  III.    X 


\6i 


GOT 


GOU 


de  fon  terroir.  Henri  Meibom  a  exprime  en  trois  rers  ces 
deux  étymologies  : 

Ldna  pater  vilreo  qui  famine  profitas  urbcm, 
Cui  circumfufi  bonitas  notiflma  ruris , 
Aut  veteres  Gothi  nomen  iribuerc  venujlum. 

Il  dit  ailleurs  : 

Sive  aeri  bonitas  feu  gens  tibi  Golica  nomtJl'i 

Goltinga ,  ficcrit  tuum. 

L'étymologie  qui  fait  venir  Gottinge  de  Guet  ,  bon , 
femble  autontée  par  des  lettres  écrites  de  la  main  de  Fré- 
déric Barberouffe,  où  cette  ville  eft  nommée  GuTTDlNG, 
à  Northen  ad  montes  MeJJlacos  ufque  ai  nojiram  civita- 
tem  Guttding.  François  Modius  de  Bruges  (c)  raconte 
fort  an  long  que  vers  l'an  925  ,  ou  félon  d'autres  931,  pu 
933  ,  Henri  l'Oifeleur  ayant ,  emporté  une  glorieufe  vic- 
toire fur  les  Huns  qui  ravageoient  l'Allemagne  ,  les  chaffa 
jufqu'à  Gottengen ,  ufque  ad  Gottungam_/?c  diclam,  quàd 
Gothos,  Hunnosque  eâ  expeditione  fubjècifjet ,  Se  qu'il  y 
célébra  fon  triomphe  par  un  magnifique  tournois.  On  y 
en  a  donné  encore  quelques  autres  :  il  eft  certain  que 
ç-étoit  une  ville  dès  le  tems  de  cet  empereur.  Quelques- 
uns  difent  quelle  avoit  titre  de  comté  ;  mais  on  ne  peut 
douter  que  fous  l'empire  de  Henri  l'Oifeleur ,  des  trois 
Othons ,  de  Henri  II ,  de  Lothaire  Se  dl'Othon  IV  ;  cette 
ville  ne  leur  ait  appartenu.  Quelques-uns  même  ont  réfidé 
dans  le  château  de  Grona  ou  Grune  qui  eft  dans  le  voi- 
finage.  Lothaire  a  fait  bâtir  un  château  dans  la  ville,  Se 
y  a  demeuré  ;  Se  c'eft  à  ces  tems  -  là  qu'elle  doit  fes 
principaux  avantages.  Après  divers  accroiffemens ,  Got- 
thigen  étant  devenue  une  affez  grande  ville  en  13 19, 
outre  les  deux  églifes  de  S.  Alban  Si  de  Notre- 
Dame  ,  qui  étoient  auparavant  hors  de  l'enceinte  de  la 
ville ,  on  y  vit  deux  hôpitaux  de  la  Sainte-Croix  &  du 
faintEfprit;  diverfes  paroiffes ,  favoir  celle  de  S.  Jean  , 
qui  eft  la  principale  ,  celle  de  S.  Jacques ,  de  S.  Nicolas. 
Les  interprètes  de  Ptolomée  prétendent  que  Gottingen 
eft  là  Munitium  dont  parle  ce  géographe,  /.  2,  c.  il. 
*  (a)  Zcyltr ,  Brunswic.  Se  Luneburg.  Topogr.  p.  91. 
(b)  Dreffer.  de  praecip.  German.  Urbib.  (c)  Pandecl. 
triumphal.  t.  1,  1.   1,  fol.  1. 

Cette  ville  étoit  autrefois  impériale  :  mais  elle  appar- 
tient aujourd'hui  à  la  maifon  de  Brunswick,  Se  eft  du  par- 
tage de  l'électeur  d'Hanover.  Elle  a  été  celui  d'une  au- 
tre branche  qui  eft  éteinte  depuis  long-tems.  Il, y  a  un 
affez  beau  collège  :  elle  eft  la  patrie  de  Jean  Cafelius 
qui  y  naquit  l'an  1^33,  Se  mourut  l'an  161 3,  à  Helmftadt. 
GOTTLIEBEN  ,  bourg  de^  Suiffe  ,  au  bord  du  lac 
de  Confiance,  dans  l'état  de  l'évêque  de  Confiance  ,.  à 
Une  lieue  de  la  ville  de  ce  nom,  Se  entre  Confiance  Se 
Stein  :  il  y  a  un  fort  château  où  réfide  le  bailli  de  l'é- 
vêque, &  où  fut  enfermé  Jean  Hufs ,  par  ordre  du  con- 
cile, l'an  141 5.  Le  bourg  Se  le  château  furent  bâtis  en  934, 
par  Conrad ,  évêque  de  Confiance,  au  retour  de  fon  troi- 
sième voyage  de  la  Terre-fainte. 

GOTTORP.  Zeyler,  Saxon.  ïnfer.  Topogr.  p.  214, 
écrit  auffi  Gottorff,  château  d'Allemagne ,  au  duché  de 
Sleswig;  il  appartenoit  autrefois  à  la  maifon  de  Holftein  , 
qui  y  faifoit  là  réfidence  ordinaire  ;  mais  le  roi  de  Da- 
nemarck  en  eft  poffeffion  depuis  qu'il  a  conquis  le  Sles- 
wig entier  fur  les  Suédois ,  pendant  la  minorité  du  duc 
de  Holftein  ,  Se  qu'il  s'en  eft  fait  affurer  la  poffeffion  par 
les  rois  de  France  Se  d'Angleterre.  C'eft  en  même  tems 
une  maifon  de  plaifance  Se  une  fortereffe.  La  grande  tour 
fut  bâtie  par  Adolphe  ,  duc  de  Sleswig  qui  mourut, 
Fan  1459.  Un  autre  duc  Adolphe,  qu'il  ne  faut  pas  con- 
fondre avec  lui,  améliora  le  château,  en  15  86.  Il  y  a  une 
douane  qui  produit  un  revenu  confidérable  ;  Se  il  fe 
trouve  des  années  ,  où  les  bœufs  que  l'on  fait  paffer  de 
Danemarck  en  Allemagne  ,  montent  jusqu'à  cinquante 
mille  ,  Se  tous  doivent  un  droit  au  bureau.  Ce  château 
n'eft  pas  loin  de  la  ville  de  Sleswig.  Jean  Rift ,  dans 
fon  Miroir  de  la  guerre  Se  de  la  paix  ,  fait  un  affez  beau 
tableau  de  ce  lieu.  Il  y  a ,  dit-il ,  de  belle  collines  ,  de 
charmans  bocages  ,  Se  de  magnifiques  jardins.  L'eau  n'y 
manque  pas ,  Se  la  Schlye  l'arrofè.  Il  ajoute  :  je  ne  crois 
pas  qu'il  y  ait  au  monde  un  lieu  mieux  fitué  pour  un 
homme  qui  aime  les  arts  Se  les  feiences,  &  particulière- 
ment- la  po'éfie. 


GOTTSBERG,  petite  ville  de  Bohême,  en  Silène; 
au  duché  de  Schwidnitz.  Elle  n'eft  remarquable  que  pat' 
fes  mines  d'argent.  *  Zeyler,  Silefias  Topogr.  p.  148. 

GOTTSTADT,  bailliage  de  Suiffe  ,  dans  le  canton 
de  Berne,  au  pays  Allemand,  du  côté  de  Bienne.  C'é- 
toit  autrefois  un  couvent  de  l'ordre  de  Prémontré ,  fituée 
fur  laThiele,  entre  Nidau  Se  Buren.  On  en  a  fait  un  bail- 
liage. *  Etat  &  Délices  de  la  Suiffe,  t.  2,  p.  177. 

GOTTWEICH  ,  abbaye  d'hommes ,  ordre  de  S.  Be- 
noît ,  dans  la  baffe  Autriche  ,  fur  une  hauteur  près  du 
Danube  ,  huit  lieues  au-deffous  de  celle  de  Moelch.  Elle 
fut  fondée  en  1089,  pour  des  chanoines ,  par  le  bienheu- 
reux Altman,  éveque  de  Paffau.  Les  Bénédiftins ,  après 
fa  mort ,  fuccéderent  aux  chanoines.  Elle  eft  immédiate 
du  faint  fiége. 

GOUALEOR  ouGoualiar.  Voyez  Gwaleor. 

GOU  AVE.  Voyez  Go  ave. 
.    GOUAYR,  petit  pays  de  la  Terre-fainte  ,  au  Ievanf 
du  Jourdain.  Il  fut  autrefois  le  partage  de  la  demi-tribu 
deManaffé,  félon  Baudrand,  édil.  1705,  qui  le  nomme 
terra  Arabum. 

GOUBOUR  ,  royaume  d'Afrique ,  dans  la  Nigritie  , 
au  nord  du  Niger  ,  félon  De  l'Ifle.  Dans  fa  Carte  géné- 
rale de  l'Afrique,  publiée  en  1711,  il  le  borne  au  nord 
par  le  mont  Âmédede ,  au  nord-eft  par  le  royaume  des 
Agades  ,  à  l'orient  par  les  pays  de  Zanfara  Se  de  Cano, 
au  midi  par  le  Niger,  Se  au  couchant  parle  royaume  de 
Tambouftou.  Il  y  place  une  ville,  nommée  auffi  Gou- 
EOUR.  Dans  fa  Carte  de  la  Barbarie ,  de  la  Nigritie,  Sec. 
publiée  en  1707  ,  il  appelle  ce  même  pays  Guber ,  Se  lui 
donne  une  autre  fituation.  Voyez  Guber. 

1.  GOUDA  ou  Goude,  ville  des  Provinces-Unies  j 
dans  la  Hollande  méridionale  ,  fur  l'Iffel ,  à  l'embouchure 
de  la  petite  rivière  de  Gow,  qui  en  remplit  les  foffés ,  Sî 
lui  donne  le  nom  àzTer-Gow ,  prononcez  Terg.iu,c'e(ï- 
à-dire  en  latin  ad  Goudam  ou'  Goldam.  Elle  eft  à  trois 
lieues  de  Roterdam  ,  Se  à  cinq  de  Leyde,  félon  le  Dic- 
tionnaire géographique  des  Pays-bas.  On  ne  fait  préci- 
fément  le  tems  de  fa  fondation  ;  mais  il  eft  certain  que 
Florent  V  donna  à  Gouda  quelques  franchifes  l'an  1172. 
(a)  Il  y  avoit  une  citadelle  (b)  ,  où  l'on  a  gardé  quelque 
tems  les  diplômes  accordés  à  la  Hollande  par  les  fouve- 
rains  ;  mais  elle  a  été  démolie  ,  Se  il  n'en  refte  plus 
qu'une  tour.  Cette  ville  fut  réduite  en  cendres  ,  le  jour 
de  S.  Louis  25  Août  1440  ;  on  l'a  exprimé  par  ce  chref 
nographe  prétendu. 

fLetIbVs  Id  dIdICI  ,  qVIa  goVda 
CreMat  LVdoWICI. 

L'auteur  ne  favoit  pas  apparemment  que  dans  ces  for- 
tes  de  bagatelles  ,  il  ne  faut  employer  aucune  lettre  nu- 
mérale qui  ne  ferve  ;  faute  d'avoir  eu  égard  à  cette  ré- 
gie, il  a  miscetévénementenl'an  3438,  au  lieu  de  1440. 
Ce  qu'il  y  a  de  plus  remarquable  à  Gouda,  c'eft  Féglife 
qui  eft  très-belle,  Se  de  quelques  pieds  plus  grande  que 
la  cathédrale  de  Cologne.  Elle  femble  marquer  que  ceux 
qui  l'ont  fait  bâtir  ,  comptoient  que  la  ville  s'acroîtroit 
beaucoup  plus  qu'elle  n'a  fait.  Elle  avoit  autrefois  une 
tour  furmontée  d'une  flèche  fort  haute  ;  le  tonnerre  la 
confuma  le  12  de  Janvier  1452,  à  neuf  heures  du  foir; 
Se  ce  qu'il  y  eut  de  plus  furprenant ,  c'eft  que  les  maifons 
d'alentour  qui  n'étoient  couvertes  que  de  ]oncs  fecs ,  ne 
furent  point  endommagées.  Ce  malheur  eft  rapporté  dans 
un  chronographe  mieux  fait  que  le  précédent  ;  auffi  eft-il 
d'Adrien  Junius. 

LVX  bIs  sena  fVIt  IanI,  hora  Vespere  nona,' 
CVMsaCra  IohannI  VVLCano  CorrVIt&Des. 

Cet  accident  a  été  réparé ,  Se  Féglife  a  été  très-ornée 
dans  la  fuite.  Mais  ce  qu'il  y  a  de  plus  remarquable,  ce 
font  les  vitres  émaillées  Se  hiftoriées,  avec  un  art  qui  ne 
fe  trouve  point  ailleurs.  De  grands  rois  Se  princes  ,  tant 
féculiers  qu'eccléfiaftiques  ,  Se  des  communautés  y  ont 
généreufement  contribué  ;  Se  c'eft  l'ouvrage  de  deux  frè- 
res Théodore  Se  Gautier  Cràbeth ,  les  plus  habiles  gens 
de  leurs  tems  pour  cette  forte  de  travail.  Ils  étoient  nés 
à  Gouda.  *  Alting.  Germ.  inf.  Notit.  part.  2,.  p.  22. 
Blaeu,  Theat.  Urb.  Belg. 

La  ville  eft  entourée  de  jardins  affez  beaux ,  qui  for- 


cou 


cou 


ment  une  enceinte  tout  à  l'entour.  Il  y  a  trois  foires  par 
an ,  &  on  comptoit  autrefois  à  Gouda  trois  cens  cinquante 
brafferies  ;  une  bonne  partie  de  la  Flandre  &  de  la  Zé- 
lande  en  tiroient  leur  bière.  Il  y  a  beaucoup  de  brique- 
ries  aux  environs.  L'air  y  eft  très-fain ,  fur-tout  à  caufe 


i6î 


fieurs   négocians    ont    cru   que  la  mine    étoit   perdue. 

GOUÈLLE ,  (la)  petit  pays  de  l'Ifle  de  France ,  dans 
la  France  propre  ,  près  de  Dammartin  ;  on  ne  peut  pas 
maintenant  en  déterminer  au  jufte  ni  les  bornes  ni  l'étendue. 

GOVERNOLO,  bourg  d'Italie,  dans  le  Mantouan, 


delà  multitude  des  eaux  courantes  ;  il  n'y  a  presque  point  près  de  la  jonction  du  Mincio  ou  Menzo  ,  avec  le  Pô. 

de  maifon  qui  n'ait  un  canal,  qui  en  emporte  toutes  les  Baudrand  donne  pour  nom  latin  Acroventum.  J'ai  averti 

ordures  dans  l'Iffel.  Cette  ville  a  produit  plufieurs  favans,  ailleurs  que  ce  nom  eft  chimérique  ,  &  n'a  d'autre  ori- 

dont  on  peut  voir  la  lifte  dans  le  Théâtre  de  Blaeu.  Elle  gine  que  l'ignorance  des  copiftes.  Corneille  dit  fort  bien 

tient  le  fixieme  rang   entre  les  villes  de  la  province  de  que  Governolo  eft  un  bourg  du  Mantouan  ;  mais  il  le 

Hollande.                                                                        .  diftingue  de  Governo  ,  qu'il  dit  être  un  bourg  de  la  fei- 

z.   GOUDA  ,    petite  rivière  des  Pays-bas,  dans  la  gneune  de  Venife,  fur  le  Pô.  Il  ëft,  dit-il,  fitué  à  l'eu- 

Hollande  méridionale.    Sa  fource  n'eft  pas  facile  à  re-  droit  où  ce  fleuve  reçoit  le  Mincio.   Governo  Se  Gom 

marquer  à  caufe  du  canal  que  l'on  a  creufé,  pour  établir  nolo  ne  font  qu'un  feul  &  même  bourg  du  Mantouan, 

une  communication  entre  le  Rhin  qui  coule  à  Alphen ,  fur  le  Mincio  ,  près  du  Pô.   On   croit  que  c'eft  YAmbu- 

entre  Utrecht  &  Leyde  ,  Se  l'Iflel  qui  coule  à  Gouda  ;  leius  Ager  des  anciens  ,  Se  alors  il  étoit  de  la  Vénétie  , 

le  lit   de   cette  petite  rivière  ayant  été  non-feulement  in  Agro  Venetûm  Ambukio  ;  au  lieu  de  quoi  les  copiftes 


creufé  jusqu'à  fon  embouchure  ,  mais  encore  bien  au- 
delà  de  fa  fource  jusqu'à  Alphen.  Alting.  German.  infir. 
z.  part.  p.  71,  la  nomme  Gouda  ou  Golda,  Se  dit  de  la 
ville  de  même  nom:  nomen  adepta  eft  à  rivo  Gouda  feu 
Golda ,  qui  urbem  tranfit  atquefub  mœnibus  ,  Iflcejungïtur 


ont  mis  in  Acroventu  Mambuluo. 

Governolo  eft  célèbre  par  l'entrevue  du  pape  Léon^ 
avec  Attila ,  roi  des  Huns. 

GOVINA  ,  cataracte  d'Afrique  ,  fur  la  rivière  du  Sé- 
négal ,  à  l'eft  du  royaume  de  Kaftan  ,  dont  même  cette 


GOUDERASOU,  rivière  des  Indes,    clans  l'état  du     partie  du  Sénégal   dépend,   félon  quelques   voyageurs. 

Ces  cataractes  qui  font  à  la  diftance  de  quarante  lieues 
de  celles  de  Félu  ,  font  encore  plus  hautes  Se  plus  inac- 
ceflibles.  *  Labat ,  Voyage  en  Afrique. 

GOULET  1E,  (la)  fortereffe  d'Afrique,  fur  la  côte 
de  Barbarie ,  au  pays  de  Tunis.  La  Goulette  ,  dit  The- 
venot ,  Voyage  du  Levant,  c.  89  ,  p.  544  ,  n'eft  autre 
chofe  que  deux  châteaux  ,  dont  l'un  fut  bâti  par  l'empe- 
reur Charles  V,  Se  l'autre  par  Achmeth  Dey,  qui  voyant 


Mogol.  Elle  a  fa  fource  auprès  de  Mando  ,  au  royaume 
de  Malva  ,  qu'elle  traverfe  en  ferpentant  vers  le  nord- 
eft.  Elle  entre  enfuite  dans  celui  de  Bengale ,  Se  enfin 
dans  celui  où  elle  va  fe  perdre  dans  le  Gange  ',  entre  Ba- 
nara  ou  Benares  Se  Patna.  *  De  l'Ifle ,  Carte  des  Indes. 

GOUDET,  rivière  de  Barbarie,  au  royaume  de  Ma- 
roc. Elle  a  fa  fource  au  mont  Itata ,  vers  Maroc  ,  Se  re- 
çoit les  rivières  de  Radeleyne  ,  de  Lovydin  ,  deMephis, 

de  Mêle ,  de  Lcquera  Se  de  Mefenes ,  puis  fe  jette  dans  que  les  galères  de  Malte  venoient  prendre  des  vaifTeaux 

l'Océan ,  près  de  Safie ,  félon  Mouette ,    cité  par  Bau-  à  la  rade  de  Tunis ,    fans  que  le  canon  du  château  leur 

dranà,  édit.  de  170s;.  fît  aucun  dommage,  parce  qu'il  étoit  trop  haut  monté, 

GOUEL,  (le)  petite  rivière  des  Indes,  dans  les  états  fit  bâtir  ce  dernier  qui  eft  fort  bas ,  où  il  y  a  fept  ou  huit 

du  Mogol ,  au  pays  de  Raja  Rotas.   Elle  a  fa  fource  aux  grands  portails ,  à  deux  pieds  au-deflus  de  l'eau,  par  où 

confins  du  royaume  de  Bengale ,  dans  des  montagnes  ;  on  fait  fortir  des  canons  ,  qui  battent  à  fleur  d'eau.  Ce 

5e,  après  avoir  coulé  quelque  tems  vers  l'eft-nord-eft ,  château  eft  rond  du  côté  de  la  mer  ,  Se  celui  de  Char- 

elle  fe  tourne  enfuite  vers  le  nord-eft  à  Jonpour  qu'elle  les  V  eft  presque  carré.  Entre  ces  deux  châteaux  il  y  a 

arrofe  ;  elle  pane  de-là  au  bourg  de  Soumelpour  ,  à  la  trois  maifons  qui  appartiennent  à  trois  feigneurs.  On  va 

forterelïe  de  Rotas  ou  Rodas  ;  enfuite  elle  reçoit  une  au-  de-là  à  Tunis  en  bateau  par  un  canal  ou  lagune  ,  qui  au 

tre  rivière  qui  vient  du  fud-oueft,  Se  elles  fe  vont  per-  commencement  eft  fort  étroite,  Se  s'élargit  enfuite  beau- 

dre  enfemble  dans  le  Gange  ,    entre  l'embouchure  du  coup  ;  il  n'y  a  pas  d'ordinaire  cinq  pans  d'eau  ;   on  fait 

Gouderafou  Se  la  ville  de  Patna.  Le  Gouel  produit  des  ce  chemin  en  quatre  heures  ;  Se  quand  il  fait  un  peu  de; 

diamans.  Voici  comment  on  les  y  cherche,  félon  Taver-  vent,  on  y  va  en  moins  de  deux.  Il  y  a  par  terre  dix- 

nier,  Voyage  des  Indes ,  /.  z,  c.  17.  Après  que  les  gran-  huit  milles  de  la  Goulette  à  Alger. 

des  pluies  fontpaflees,  ce  qui  eft  d'ordinaire  au  mois  de  Selon  Marmol  ,  Afrique,  l.  6  ,  c.  16  ,  Barberouffe  ,' 
Décembre  ,  on  attend  encore  tout  le  mois  de  Janvier  ,  corfaire  ,  s'étant  emparé  de  la  ville  de  Tunis  en  153  s;, 
que  la  rivière  s'éclaircifle ,  parce  qu'en  ce  tems-là,  en  plu-  Se  en  ayant  chaflé  Muley  Halcem  ,  fous  prétexte  de  re- 
lieurs endroits,  elle  n'a  pas  plus  de  deux  pieds,  Se  qu'elle  tablir  le  prince  Arrafchid,avoit  commencé  cetteconquête 
laifle  beaucoup  de  fable  tout  découvert.  Sur  la  fin  du  Jan-  par  celle  de  la  Goulette  ;  l'année  fuivante  Charles  V  paffa 
vier,  ou  au  commencement  deFévrier,  tant  du  bourg  de  en  Afrique  ,  à  la  tête  d'une  armée  ,  pour  chalîer  Bar- 
Scumelpour ,  que  d'un  autre  qui  eft  vingt  cofles  au-defius  beroufle  ,  Se  rétablir  Muley  Hafcem  ,  qui  avoit  imploré  fa 
fur  la  même  rivière,  (apparemment  Jonpour,)  Se  de  protection.  Barberouffe  voulant  élargir  le  port  de  Tunis  , 
quelques  petits  villages  de  la  plaine  ,  il  fort  environ  fit  ouvrir  par  des  efclaves  Chrétiens  le  canal  de  la  Gou- 
huit  mille  perfonnes  de  tout  fe*e  Se  de  tous  âges,  capa-  lette  ,  qui  entre  de  la  mer  dans  ce  lac;  Il  élargit  le  fort  pour 
blés  de  travailler.  Ceux  qui  font  experts ,  connoiffent  au  le  rendre  capable  de  contenir  quelques  troupes;  au  lieu  qu'à 
fable  s'il  y  a  quelques  diamans  dedans,  quand  ils  voient  fon  arrivée  ,  ce  n'étoit  qu'une  fimple  tour  carrée ,  comme 
parmi  le  fable  quelques  petites  pierres,  qui  reffemblent  fi  c'eût  été  le  logis  de  la  douane  ;  mais  avec  les  fortifi- 
fort  à  celles  que  nous  appelions  pierres  de  tonnerre.  On  cations  qu'il  y  joignit ,  il  en  fit  une  place  capable  de  fou- 
commence  à  chercher  dans  la  rivière  ,  au  bourg  de  Sou-  tenir  un  fiége  clans  les  formes.  L'empereur  l'ayant  prife 
melpour ,  Se  on  va  toujours  en  remontant  jusqu'aux  mon-  d'aflaut ,  la  renferma  dans  un  plus  petit  efpace  ,  prit  Tu- 
tagnes  d'où  elle  fort  ,   Se  qui  font  éloignées  du  bourg  nis ,  rétablit  le  roi  avec  lequel  il  fit  un  traité  ,  dont  une 

des  conditions  fut  que  la  Goulette  demeurerait  à  l'empe- 
reur Se  à  (es  fuccefleurs  à  perpétuité  ,  Se  que  le  roi  Se  les 


d'environ  cinquante  coffes.  Aux  endroits ,  où  l'on  croit 
qu'il  y  a  des  diamans ,  on  tire  le  fable  de  cette  manière. 
On  entoure  ces  endroits  de  pieux,  de  fafeines  Se  de 
terre ,  comme  quand  on  veut  faire  l'arche  d'un  pont ,  afin 
d'épuifer  l'eau,  Se  démettre  la  place  à  fec.  Alors  on  tire 
tout  le  fable ,  Se  on  fouille  de  la  profondeur  de  deux  pieds. 
Tout  ce  fable  eft  porté  Se  étendu  fur  une  grande  place     tre  la  Goulette ,  dont  il  fe  rendit  maître  ,  aufli-bien  que 


fiens  payeraient  douze  mille  écus  d'or  par  an  pour  l'entre- 
tien de  la  garnifon  ,  puifque  c'étoit  la  fureté  de  l'état.  Il 
fit  faire  le  nouveau  château.  Selim  II ,  après  avoir  me- 
ifle  de  Malte ,  tourna  tout  l'effort  de  Ces  armes  con- 


préparée  au  bord  de  la  rivière ,  Se  entourée  d'une  petite 
muraille,  haute  d'un  pied  Se  demi  ou  environ.  On  y  fait 
des  trous  au  pied  ;  Se  quand  on  a  rempli  cette  place  , 
d'autant  de  fable  qu'on  juge  à  propos ,  on  y  jette  de  l'eau, 
on  le  lave  Se  on  le  brafle  ,  Se  tout  le  refte  fe  fait  comme 
aux  autres  mines  de  l'Indouftan. 

C'eft  de  cette  rivière  que  viennent  toutes  les  belles 
pointes ,  qu'on  appelle  pointes  naïves  ;  mais  on  y  trouve 
rarement  une  grande  pierre.  Les  guerres  ont  été  caufes 
qu'on  n'a  rien  tiré  de  cette  rivière  pendant  plufieurs  an- 
nées ;   ôc  comme  on  n'en  voyoit  plus  en  Europe",  plu- 


de  la  ville  de  Tunis  en  1574  ,  félon  De  Vertot. 
de  Malte  ,  t.  5  ,  p.   14Ï. 

De  la  Croix  ,  dans  fa  Relation  de  l'Afrique ,  I.  partie  , 
p.  z  1 6 ,  dit  :  on  croit  que  la  Goulette  eft  l'ille  Galata  ,  ou 
Galitha  de  Ptolomée ,  ou  le  Goulon  de  Pline  ;  mais  Sa- 
nut  Se  un  géographe  Hollandois  ,  appelle  Zwart ,  veu- 
lent que  ce  foient  deux  différentes  places ,  parce  que  là 
Goulette  eft  fituée  à  cinq  milles  de  la  mer  ,  Si  que  ce 
nom  eft  tiré  de  l'italien  Gola  Se  Golctta  ,  c'eft-à-dire  pe- 
tite gueule  ou  petite  embouchure,  Sec.  Ceux  qui  croient 
que  la  Goulette  eft  Fille  de  Galata  ou  Galitha  de  Ptolo- 
TomilII.    Xij 


GOU 


164. 

niée  ,  n'ont  jamais  lu  cet  auteur.  Il  nomme  Galàthe  , 
l'ifle  que  l'on  appelle  prélèvement  la  Galite;  mais  cette 
ifle  n'a  rien  de  commun  avec  la  Goulette  ,  qui  eft  au 
fend  du  golfe  de  Carthage ,  6c  à  l'entrée  de  l'étang  de 
Tunis.  Corneille  fait  de  Sanut  ,  auteur  Italien  _,  6ç  de 
Zwart ,  deux  géographes  Hollandois.  De  la  Croix  érige 
une  feigneurie  de  la  Gouiette  ,  fituée  près  du  lac  de 
même  nom,  &  qui  ,  félon  lui  ,  renferme  les  villes^de 
Maria  ,  de  Napoli  ,  de  Barbarie  ,  de  Cammart  ,  d'A- 
riane 6c  de  Carthage  ;  mais  il  ne  dit  point  dans  quel 
fiécle  il  faut  la  mettre  ;  car  il  y  a  long-tems  que  la  ville 
de  Carthage  eft  entièrement  détruite.  Il  ajoute  à  l'égard 
du  lieu  même  ,  nommé  la  Gouktte  ,  une  hiftoire  bien 
différente  de  celle  de  Marmol.  Les  Mahométans ,  dit-il , 
ont  jette  les  premiers  fondemens  de  ce  château  :  l'em- 
pereur Charles  V.  l'acheva  ,  6c  les  Turcs  s'en  étant  ren- 
dus maîtres ,  l'ont  fortifié  de  deux  ou  trois  redoutes,  y 
ont  bâti  un  beau  port ,  plufieurs  magazins ,  une  douane  , 
une  prifon  pour  les  efclaves  chrétiens,  6c  deux  mof- 
quées  ;  de  forte  que  celte  place  reflemble  préfentement 
plus  à  une  ville  qu'à  une  citadelle. 

GOUP'PEN  ,  (le Mont)  montagne  enSuiffe  ,  au  can- 
ton de  Glaris ,  près  de  Schwanden  :  il  y  a  eu  autrefois 
une  mine  d'argent  &  une  de  fer.  Elle  renferme  auffi  une 
carrière  de  beau  marbre  noir  ,  parfemé  de  veines  blan- 
ches. Il  s'y  trouve  une  fontaine  nommée  la  fontaine 
de  Mai,  quia  trois  propriétés  fingulieres.  I.  Elle  ne 
coule  que  quand  le  printems  eft  venu  ,  6>C  qu'on  n'a 
plus  à  craindre  les  effets  de  l'hyver  ;  de  forte  qu'on  la 
regarde  comme  un  gage  affuré  du  retour  de  la  belle  fai- 
fon.  2.  Le  favon  ne  s'y  mêle  jamais  avec  l'eau.  3.  Les 
pois  ne  s'y  cuifent  point.  4.  Quand  on  y  lave  du  linge  , 
il  devient  fort  rude ,  6c  s'ufe  fort  vite.  Il  y  a  un  creux 
fort  profond  :  fi  on  y  jette  quelque  pierre  ,  on  l'entend 
raifonner  fort  long-tems ,  jufqu  à  ce  qu'elle  arrive  au  fond  ; 
ce  qui  fait  juger  que  la  montagne  eft  creufe  par  dedans. 

1.  GOUR,  petit  royaume  d'Afie ,  au  midi  de  la  Coras- 
fane ,  &  au  couchant  du  Zabuleftan.  Les  habitans  font 
nommés  Gouris  ;  c'eft  la  même  chofe  que  Gaur.  Voyez 
ce  mot.  *  Hiftoire  de  Timur-Bec  ,  t.  I  ,  1.  2  ,  0  33. 

2.  GOUR ,  petit  pays  d'Ecofle ,  félon  Davity.  Voyez 
Cowry. 

GOURA  ,  ou  Gura  ville  de  Pologne  ,  fur  la  Wif- 
tule,  à  quatre  ou  cinq  lieues  au-deffus  de  Warfovie  ,  au 
Palatinatde  Mazovie.  Elle  prend  fon  nom  de  fafituation 
fur  une  hauteur  ;  les  Polonois  appellent  Gouri  tous  co- 
teaux ,  toute  montagne ,  tout  lieu  un  peu  élevé.  Celui- 
ci  eft  une  montagne  de  fable  en  demi-ovale  ,  6c  for- 
mant une  espèce  d'amphithéâtre  au-deffus  de  la  prairie 
de  la  Wiftule  ,  applanie  en  terraffe  ,  fur  laquelle  eft  bâ- 
tie la  ville  de  Goura  ,  dont  le  château  n'eft  que  de  bois  ; 
elle  appartient  à  l'évêque  de  Pofnanie.  Celui  qui  l'a 
achetée  ,  y  a  fait  de  grands  changemens  ,  6c  lui  a  même 
donné  le  nom  de  Calvaire ,  Kalwaria  ,  comme  difent 
les  Polonois  ,  par  rapport  aux  monafteres  ,  Se  aux  per- 
forines  dont  il  l'a  peuplée.  Elle  reffemble  en  effet  à  ces 
déierts  du  mont  Liban  ,  remplis  d'hermitages  5c  de  cel- 
lules. Ce  nom  eft  fi  fort  établi  en  Pologne  ,  qu'on  ne 
connoît  prefque  plus  l'autre.  Ce  prélat  donna  le  châ- 
teau qu'il  avoit  bâti  au  fils  aîné  du  roi ,  Jean  Sobieski  ; 
6c  le  revenu  de  la  terre  qui  n'eft  pas  petit ,  aux  moines 
qu'il  y  avoit  établis.  Sa  pieufe  manie  ,  comme  parle  le 
chevalier  de  Beau  jeu  ,  lui  a  fait  chercher  tous  les  lieux 
particuliers  du  bois  qui  eft  fur  le  penchant  de  cette  hau- 
teur pour  y  faire  des  oratoires ,  planter  des  croix  ,  éle- 
ver des  autels  ;  enforte  que  d'une  bute  de  fable  ,  entou- 
rée de  forêts  épaiffes  ,  il  en  a  fait  une   vraie    Jérufalem. 

*  Mémoires  du  chevalier  de  Beaujeu  ,  U  2,  c.  I. 

GOURADOU  ,  ifle  de  la  mer  des  Indes  ,  entre  les 
Maldives ,  à  dix  lieues  de  celle  de  Maie.  Elle  n'a  qu'une 
petite  entrée  fort  difficile  ,  de  forte  qu'on  a  befoin  d'un 
pilote  expert  pour  en  favoirle  paflage.  On  n'y  voit  point 
de  villes  clofes ,  mais  feulement  des  maifons  diftinguées 
par  rues  6c  par  quartiers.  L'eau  douce  n'y  manque  pas. 

*  Corneille  ,  Dift.  Davity  ,  Afie. 
Cette  entrée  eft  apparemment  la  même  chofe  que  le 

canal  de   Caridou    que  De  l'ifle  met   au  nord  de  l'ifle 
de  Maie. 

GOURDON  ,  petite  ville  de  Fiance  ,  en  Quercy 


GOU 


qu'il  y  a  environ  deux  milles  âmes  dans  Gourde*. 
*  Baudrand,  éd.  de  1705.  Piganiolde  la  Force  ,  Defcrip- 
tion  de  la  France ,  tom.  4 ,  pag.  5  54.  édit.  de  Paris. 

GOURGAS,  petite  rivière  de  France,  en  Languedoc. 
Elle  a  fa  fource  6c  fon  cours  au  diocefe  de  Lodeve  ,  6t 
entre  dans  la  rivière  de  Lergue  qui  arrofe  cette  ville ,  6f 
qui  va  porter  fes  eaux  dans  l'Eraud. 

GOURNA.  Corneille  dit  :  fortereffe  des  Indes, 
qu'on  trouve  à  une  journée  de  Baffora  ;  elle  eft  fituée 
fur  une  pointe  de  terre  au  confluent  du  Tigre  6c  de  l'Eu- 
phrate.  Il  a  oublié  fans  doute  qu'il  en  avoit  parlé  plus  am- 
plement fous  le  nom  de  Gorno.  Voyez  ce  mot. 

1.  GOURNAY ,  ville  de  France,  en  Normandie  ,  au 
pays  de  Bray  ;  en  latin  Gornacum  :  elle  eft  fituée  fur  la 
rivière  d'Epte  ,  cinq  lieues  au-deffus  de  Gifors ,  à  dix  de 
Rouen ,  6c  à  fix  de  Beauvais ,  dans  une  plaine  partagée 
en  gras  pâturages  ,  6c  en  terres  de  labour ,  faciles  à  inon* 
der  par  le  moyen  des  éclufes.  Elle  a  titre   de  comté  , 
6c  un  château  compofé  de  quatre  tours  qui  en  foutien- 
nent  un  autre  au  milieu  ,  avec  des  murailles  dont  elle  eft 
environnée  en  partie.  Le  refte  de  fon  enceinte  confifte  en 
haies    vives  plantées  fur  les  bords  de  fes  foffés  remplis 
d'eau.  Cette  ville  a  quatorze  portes  ,  quatre  grandes  rues 
principales  affez  bien  pavées  ,  quatre  monafteres  6c  deux 
paroiiîes,  favoir  Notre-Dame  6c  la  collégiale  de  Saint 
Hildevert.  Ces  deux  paroiffes  font  dans  la  ville  suffi-bien 
que  les  Urfulines  :  les  filles  de  la  congrégation  de  Notre- 
Dame  ,  dites  de  faint-Jojeph ,  6c  l'hôpital  ;  mais  les  Ca* 
pucins  6c  les  filles  de  S.   François  font   dans  le    faux- 
bourg.  La  collégiale   eft  compofée   de  huit  chanoines, 
dont  le  doyen  eft  le  chef,  de  deux  vicaires  du  grand  au- 
tel ,  de  quatre  chapelains  titulaires  ,  6c  de  fix  enfans  de 
chœur  ;  le  curé  6c  les  prêtres  habitués  de  cette  églife  ne 
font  pas  chanoines  ;  cependant  le  curé  a  les  honneurs  dit 
grand  autel  qui  eft  fort  propre  6c  fort  dégagé.  On  ycon- 
ferve  dans  une  chaffe  d'argent  le  corps  de  S.  Hilde- 
vert ,  évêque  de  Meaux  ,  dont  on  fait  la  fête ,  le  27  Mai. 
Le  chef  de  ce  faint  évêque  ,   eft  dans  un  globe   d'or 
ducat.  Le  grand  portail  eft  orné  de  deux  gros  clochers  r 
6c  les  bas  côtés  qui  tégnent  autour  de  la  même  églife ,. 
montrent  fon  antiquité.  Quoiqu'on  regarde  celle  de  No- 
tre-Dame comme  la  grande  paroifle  ,  à  caufe  qu'elle  eft 
la  plus  peuplée ,  elle  n'eft  que  fuccurfale  ,  6t  l'on  batife  à 
Saint-Hildevert  dont  le  chapitre  nomme  le  vicaire  per- 
pétuel de  Notre-Dame ,  où  il  y  a  douze  prêtres  ,  6c  dont 
l'églife  eft  très-folidement  bâtie  ,  avec  un  beau  clocher 
qui  renferme  une  bonn«  fpnnerie.  Il  y  a  une  haute  juftice 
à  Gournay  ,  une  éleft ion  ,  un  grenier  à  fel ,  un  maire  , 
trois  échevins  ,  une  maifon  de  ville  accompagnée  d'une 
tour ,  d'une  horloge  &c  d'une  grande  place ,  deux  compa- 
gnies bourgeoifes  qui  ont  leurs  officiers.  On  y  tient  tous 
les  mardis  un  marché  célébré  pour  les  bons  beurres  de 
Bray  qu'on  y  vient  chercher  de  tous  côtés.  Il  y  a  plufieurs 
belles  feigneuries  dans  fon  voifinage ,  où  l'on  trouve  aufli 
l'abbaye  de  S.  Germer  ,    ordre  de  S.  Benoît  ,  celle 
de  Bellozane  ,  ordre  de  'Prémontré  ;  le  prieuré  des  Ber- 
nardins de  S.  Aubin.    Le  château  de  Vardes  qui  n'en 
eft  qu'à  une  lieue ,  tombe  en  ruine.  Celui  de  Neuf-marché 
qui  étoit  autrefois  une  forterefls  confidérable ,  aété  détruit 
de  même  que  celui  de  Beauvoir.  *  Corneille  ,   Dift ion. 
Mémoires,  drejfés  fur  les  lieux ,  en  1704. 

Gournay,  après  avoir  été  entre  les  mains  de  plufieurs 
feigneurs ,  fut  réunie  au  domaine  par  Charles  V  ,  roi  de 
France.  Charles  VI ,  fon  fils  5c  fuccefleur  ,  en  fit  don  à 
Louis  fon  frère ,  duc  d'Orléans.  Les  grands  biens  de  cette 
maifon  d'Orléans  furent  réunis  à  la  couronne  fous  Fran- 
çois I;  néanmoins  les  rois  ont  donné  Gournay  aux  ducs  de 
Longueville,  dont  les  héritiers  ,  ou  ayant  caufe  ,  en  jouif- 
fent  encore  aujourd'hui  ,  5c  ont  le  patronage  de  l'églife 
collégiale  de  Notre-Dame.  *  Longuerue  ,  Defcr.  de  la 
France  ,   1.  part.  p.  69. 

L'églife  de  Gournay  fut  dédiée  d'abord  ,  fous  l'invoca- 
tion de  S.  Guitmar  ,  abbé  de  S.  Riquier  en  Ponthieu  ; 
mais  après  qu'on  y  eut  apporté  lès  reliques  de  S.  Hilde- 
vert ,  elle  le  prit  pour  fon  patron.  *  Baillet ,  Topographie 
des  Saints ,  p.  216. 

2.  GOURNAY,  petite  ville  de  l'ifle  de  France,  fur  la 

Marne ,  que  l'on  y  pane  fur  un  pont ,  environ  à  trois  heues 

deflus  de  Paris ,  6c  à  trois  lieues  de  Lagni  ,  auprès  de 


près  des  confins  du  Perigord  ,  fur  le  ruiflèaux  de  Sor  ,  à    Fabbaye  de  Chell 

fix  lieues  de  Cahors  ,  6c  à  quatre  de  Sarlat.  On  croit        %•  GOURNAY,  bourg  da  F 


j ,  en  Pi< 


GOU 


GOY 


diocèfe  de  Beauvais  ,  fur  l'Aronds  ,  dans  Félettion  de 
Clermont. 

4.  GOURNAY ,  village  de  Normandie ,  au  diocèfe 
d'Evreux  ,  éle&ion  de.Verneuil. 

5.  GOURNAY  ,  village  de  France  ,  en  Normandie , 
au  diocèfe  de  Rouen  ,  élection  de  Montvilliers. 

6.  GOURNAY ,  village  de  France ,  en  Berry  ,  diocèfe 
de  Bourges ,  élection  de  la  Châtre. 

7.  GOURNAY ,  village  de  France ,  au  Poitou,  élection 
de  Saint-Maixant. 

8.  GOURNAY  ,  feigneurie  de  France  ,  au  Poitou  , 
élection  de  Thouars.  Elle  eft  au  duc  de  Richelieu. 

GOURO  ,  ville  des  Indes  ,  au  royaume  de  Bengale  , 
dont  elle  eft  une  des  plus  considérables  ,  fous  la  pui  (lance 
du  Grand-Mogol ,  &  fur  la  rivière  du  Gange ,  environ  à 
deux  cens  mille  pas  de  la  côte  du  golfe  de  Bengale  ,  au 
feptentrion  Se  autant  de  Chatigan  ,  félon  Baudrand  , 
éd.  de  1705. 

GOURSE  ,  (  la  tour  de  )  tour  de  Suiffe  ,  au  pays  de 
Vaud ,  auprès  de  la  ville  de  Cully.  Elle  eft  fituée  fur  un 
monticule  fort  élevé  ,  couvert  d'une  forêt  de  lapins  ,  au 
fommet  Seau  plus  épais  de  la  forêt.  Elle  étoit  très-forte  ; 
mais  elle  eft  à  demi  ruinée.  On  la  nomme  la  tour  de 
Gourfe  ,  Gourde ,  ou  Gaufe.  La  tradition  du  pays  eft  que 
cette  tour  fut  bâtie  pour  fe  mettre  à  couvert  contre  les 
irruptions  des  Sarazins  qui,  s'étant  nichés  dans  certaines 
forêts  du  Piémont  Se  de  la  Savoye,  dans  le  dixième  fiécle, 
faifoient  perpétuellement  des  courfes  dans  les  pays  voifins 
Se  défoloient  toute  la  campagne.  *  Etat  &  Délices  de  la 
Suiffe,  t.  2,  p.  171. 

GOURY.  Voyez  Gowry. 

GOUTEM,  ville  de  Perfe  374  d.  46'  de  longitude  , 
félon  Tavernier ,  Voyage  de  Perje  ,  1.  3  ,  chap.  dern.  Se 
à  37  d.  10'  de  latitude.  Ce  n'eft  qu'une  petite  ville ,  dit  ce 
voyageur  ;  Se  l'occupation  de  la  plupart  des  habitans  eft 
de  faire  de  la  foie. 

GOW,  ou  Gou,  ou  Gau,  canton,  contrée  distin- 
guée par  les  propres  bornes  des  cantons  ou  contrées  du 
voifinage ,  mais  qui  d'ordinaire  faifoit  partie  d'un  autre 
peuple.  Les  anciens  nommoient  Pagi  en  latin  ,  ce  que 
les  Celtes ,  c'eft-à-dire  les  Gaulois ,  les  Germains  ,  ap- 
pelaient Gou  ,  ou  Gow ,  ou  Gau ,  ou  même  Go  ;  le  peu- 
ple entier  fe  nommoit  Civitas ,  Se  fe  divifoit  in  Pagos  ; 
c'eft  dans  ce  fens  que  Jules  Céfar ,  de  Bello  Gallic.  I.  1 , 
dit  que  les  Helvetiens  étoient  divifés  in  quatuor  Pagos , 
en  quatre  cantons.  Le  même  auteur  dit  que  les  habitans 
de  Trêves  apportèrent  la  nouvelle  que  cent  cantons  des 
Suéves  s'étoient  arrêtés  au  bord  du  Rhin  ;  Pagos  cen- 
tum  Sutvorum  ad  Rhenum  confedijje.  L'auteur  anonyme 
qui  a  écrit  en  vers  latins  l'hiftoire  de  Charlemagne,  dit  : 

Sed  variis  diyerfa  modis  plebs  omnis  habebat, 
Quot  Pagos  ,  tôt  pêne  Duces ,  velut  unius  anus 
Corporis  in  diverfa  forent  hinc  inde  revulji. 

■  C'eft  de  ce  Gou  ou  Gow  que  la  terminaifon  eft  venue 
à  plufieurs  noms  géographiques.  Je  remets  au  mot  Pagus 
à  traiter  de  ce  que  les  Romains  ont  entendu  par-là.  Je 
remarquerai  feulement  ici  qu'il  avoit  plus  de  rapport  à 
la  portion  du  peuple  ,  co.mprife  Ibus  ce  nom  qu'au  pays 
qu'elle  habitoit  ;  je  m'explique.  Il  arrivoit  fouvent  qu'un 
peuple  entier  changeoit  de  demeure  ;  les  Pagi  dont  il 
étoit  compofé  demeuraient  les  mêmes  ;  mais  il  femble 
que  le  mot  Gav; ,  Gow  ou  Gou,  foit  plutôt  attaché  au 
pays.  Dans  la  Frife ,  entre  le  Zuyder-Zée  Se  le  Lauwers, 
on  trouve  cette  diftinftion  établie  d'OJlergo  Se  de  We- 
fiergo,  c'eft-à-dire  le-  canton  oriental ,  Se  le  canton  occi- 
dental. Il  faut  rapporter  à  la  même  origine  le  nom  de 
Reingau  ,  donné  au  canton  qui  eft  entre  Mayence  Se 
Baccharach  ;  celui  de  Brisgau  que  porte  le  canton ,  fitué 
entre  le  Rhin ,  la  Suabe  Se  la  Forêt-noire  ;  celui  de  Sund- 
gau ,  qui  fignifie  le  pays  fitué  entre  le  Rhin ,  l'évêché 
de  Balle  ,  FAlface ,  Sec.  Cette  terminaifon  en  Gou  ou 
Gau,  eft  particulière  à  l'Allemagne  Se  aux  pays  dont  la 
langue  eft  une  diale&e  de  l'allemand. 

Ces  Gaw  ou  Pagi ,  avoient  anciennement  leurs  chefs , 
qui  tous  enfemble  en  choififfoient  un  d'entr'eux  qui  corn- 
tnandoit  la  nation  entière.  Les  Francs  &  les  Allemands 
ayant  établi  chez  eux  l'état  monarchique  Se  héréditaire, 
conferverent  l'ancienne  coutume  de  donner  à  chaque  can- 
ton un  chef,  mais  avec  de  nouveaux  titres  ;  Se  c'eft  par 


16S 


cette  raifon  qu'avec  le  tems  ,  cette  première  diviflon  à 
difparu  peu-à-peu  en  beaucoup  d'endroits,  quoique  dans 
le  fond,  elle  ait  étéconfervé?  Ibus  d'autres  noms ,  comme 
de  duché ,  de  cemté ,  Sec. 

De  Valois  foupçonne  que  le  mot  contrée  pûurroîtbieh 
avoir  été  dit  au  lieu  de  comté.  Ménage,  dans  fes  Origines 
de  la  langue  italienne  ,   dérive  contrata  de  condracla  rër 
gio,  petit  pays.  Ducange,  G lojf.  infim.  latin,  donne  auffi  . 
quelques  étymologies  au  mot  contrata. 

En  Fiance,  où  l'on  a  long-tems  employé  lalangue  latine 
dans  les  actes  ,  les  pagus ,  terminus  Se  comitatus  y  ont 
fubfifté  affez  long-tems.  Les  Annales  de  S.  Bertin  contien- 
nent une  diyifion  de  la  France  Se  de  l'Allemagne  fous 
Louis  le  Débonnaire ,  où  l'on  trouve  le  mot  comitatus  ; 
employé  par-tout  où  les  autres  hiftoriens  de  ce  tems-là 
auraient  mis  le  mot  pagus  ;  on  y  lit  comitatus  Vallifio- 
rum  ,  comitatus  Waldenfis  ,  comitatus  Genavenfis ,  co- 
mitatus Lugdunenjis ,  comitatus  Cavallonenfis ,  comita- 
tus Lingonicus,  comitatus  Tullenjîum ,  Sec.  Grégoire 
de  Tours  laiffe  fouvent  le  mot  pagus  fous-entendu  ,  Se 
dit  fimplement  Bituricum  ,  Picl.ivum  ,  Andccavum  ,  Ar- 
vernum,Lemovicinum,  Cadurcinum ,  Turonicum,  Suep- 
fionicum.  lia  été  imité  par  quantité  d'écrivains,  Se  nous 
avons  adopté  cette  façon  de  parler  dans  la  langue  fran- 
çoife.  Nousdifons  :  leBerri,  le  Poitou,  C  Anjou,  V Au- 
vergne, leLimofin,  le  Querci ,  laTouraine ,  le  Soijfon- 
nois. 

GOWRAN ,  ville  d'Irlande  ,  dans  la  province  de 
Leinfter  ,  aucomtédeKilkenny,  àhuit  milles,  Se  à  l'eft 
de  Kilkenny,  Se  à  environ  quinze  milles  au  nord-eft  de 
Callen  ,  près  des  frontières  de  Caterlagh.  Elle  a  droit 
d'envoyer  deux  députés  au  parlement ,  Se  a  donné  le  ti- 
tre àe baron,  fous  le  roi  Guillaume  III,  à  Jean  Cuts  qui 
s'étoit  aquis  beaucoup  de  réputation  dans  les  armées,  Se 
mourut  à  Dublin ,  en  1707.  *  Etat préfent  de  V Irlande, 
p.  41. 

GOWRY,  petit  pays  d'EcofTe,  dans  la  province  dé 
Perthshire.  Cette  province  eft  féparée  en  deux  parties  ^ 
favoirGowryaunordSePERTH  au  midi.  Voyez  Perth- 
SHIRE. 

GOY,  royaume  d'Afrique ,  dans  le  Congo  ou  la  baffe 
Guinée ,  félon  quelques-uns.  De  l'Ifle  le  nomme  Angoy 
Se  le  borne  au  nord  par  le  petit  royaume  de  Cacongo  , 
au  midi  par  la  rivière  de  Zaïre  Se  par  le  comté  de  So- 
gno  ,  Se  au  couchant  par  la  mer.  C'eft  un  fort  petit  can- 
ton ,  où  fe  trouve  la  baye  de  Cabende ,  port  accompagné 
d'un  village.  De  la  Croix  dit  que  la  capitale  du  royaume 
de  Goy  a  auffi  le  même  nom  :  elle  eft  fur  la  côte  bien 
peuplée  Se  fort  agréable.  Le  pays  eft  bon  ,  le  millet  Se 
les  fèves  y  viennent  bien  ,  Se  la  mer  Se  les  rivières  font 
fort  poiffonneufes  ;  mais  les  habitans  font  très-méchans, 
Se  infultent  les  étrangers.  Quoique  leur  pays  foit  affez 
petit,  ils  ne  laiffent  pas  de  faire  les  fiers.,  Se  de  braver 
leurs  voifins.  *  Corneille,  Dift.  De  la  Croix,  Sec. 

GOYLAND  ,  (le)  petit  pays  des  Provinces- Unies,  au 
midi  du  Zuyder-Zée ,  dans  la  Suyd-Holland,  ou  Hollande 
méridionale  ,  aux  confins  de  la  feigneurie  d'Utrecht ,  Se 
de  l'Amftel-Land.  On  y  trouve  les  villes  de  Naerden  Se  de 
Muyden.  *  Dicl.  géogr.  des  Pays-bas. 

GOZA,  petite  ville  d'Afrique ,  en  Barbarie ,  au  royaume 
de  Maroc ,  dans  la  province  de  Hea  ,  vers  les  confins  de 
celle  de  Ducala ,  fur  la  côte.  Quelques  géographes  l'ap- 
pellent Abet,  Se  croient  que  c'eft  l'ancienne  SuRlGA  de 
la  Mauritanie  Tingitane.  *  Baudrand  ,  éd.  de  1705. 

GOZALENE.  Voyez  Gazalina. 
.  GOZAN  ,  fleuve  d'Afie ,  duquel  il  eft  parié  en  plus 
d'un  endroit  de  l'écriture.  Il  paroit  par  un  paffage  du  IV. 
Livre  des  Rois,  c,  17,  v.  6,  Si  c  18  ,  v.  11  ,  Se  c.  19, 
v.  12.  Voyez  auffi  1.  Parai,  c.  5  ,  v.  3.6  ,  Se  par  un  autre 
d'Ifaïe  ,  c.  37,  v.  11  ,  que  Gozari  marquoit  auffi  une 
province ,  ou  une  nation  ,  apparemment  la  même  où  cou- 
loit  le  fleuve  Gozan.  Salmanazar  tranfporta  au-delà  de 
l'Euphrate ,  fur  le  fleuve  Gozan  ,  les  Ifraëlites  des  dix 
tribus  qu'il  avoit  fubjuguées  ;  Se  Sennacherib  fe  vante 
que  les  rois  fes  prédéeeffeurs  ont  vaincu  les  peuples  de 
Gozan  ,  de  Haran  Se  autres.  Il  ne  s'agit  plus  que  de  trouver 
au-delà  de  l'Euphrate  le  fleuve  ou  la  nation  de  Gozan. 
Ptolomée  place  la  Gauzanite  dans  la  Mefopotamie. 
Pline  dit  que  la  province  Eloncozine  s'étend  vers  les 
fources  du  Tigre.  Il  y  a  un  canton  nommé  Gauz'an  dans 
laMedie,  entre  le  Cyrus  Se  le  fleuve  Gamlyfe.  Ptolomée 


166 


GOZ 


CRA 


met  dans  le  même  pays  la  ville  de  GauzANIE  ;  & 
Benjamin  dit  ,  dans  fon  Itinéraire  ,  que  Gozan  eft  dans 
la  Médie  ,  à  quatre  journées 'de  Hemdan  (  ou  Hamadan.  ) 
Les  rabbins  croient  que  Gozan  eft  le  fleuve  Sabbatique 
■qui  ne  coule  pas  ,  félon,  eux  ,  tous  les  jours  du  Sabbat  , 
&  qui  eft  environné  de  feux  ce  jour-là.  Voilà  ,  dit 
D.  Calmet ,  Dicl.  de  la  Bible ,  tout  ce  que  nous  trouvons 
•for  le  fleuve  GozAN. 

GOZE.  (  le  )  Voyez  Gozzo. 

GOZZI  ,  ou  les  Gozes  ,  petites  ides  de  la  Méditer- 
ranée ,  au  midi  de  la  partie  occidentale  de  l'ifle  de  Can- 
die ,  &c  environ  à  cinq  lieues  marines  du  fort  de  Seiino. 
Il  y  en  a  deux  placées  nord  &  fud  ;  la  plus  grande  eft  au 
midi  ,&  la  féconde  qui  eft  au  nord ,  eft  nommée  I'Anti- 
Goze.  De  l'ifle  les  nomme  l'une  &  l'autre  les  Gozes 
■de  Candie ,  pour  les  diftinguer  de  Go?<o  au  près  de  l'ifle 
-de  Malthe.  Elles  font  autrement  rangées  par  le  "Witt  :  il 
■met  la  plus  grande  qu'il  nomme  Gozo  ,  avec  une  bour- 
gade nommée  Pax  Munda  dans  fa  partie  orientale  ;  & 
au  couchant  feptentrional  de  cette  ifle  ,  Y  Anti-Goze ,  qu'il 
laiffe  fans  nom,  &  qu'il  accompagne  d'un  écueil,  à  l'orient. 
■Le  P.  Franceîco  Piacènza  Napolitain ,  dans  fa  Defcrip- 
tion  de  l'Archipel  ,  p.  126  ,  obferve  que  cette  ifle  de 
Gozzo  près  de  Candie  ,  a  été  quelquefois  confondue 
avec  le  Gozze  de  Malthe  ;  mais  il  me  paroît  qu'il  le 
•confond  lui-même  avec  Paxmundo  ,  ou  Paximadi,  qui 
eft  une  ifle  différente  ,  plus  à  l'orient  &  plus  près  de  la 
côte  de  Candie  ,  au  golfe  de  Meflalie.  Quelques-uns 
croient  que  c'eft  la  Letoa  des  anciens  ;  mais  Sophien  & 
■d'autres  géographes  difent  que  la  même  Letoa.  eft  Chrif- 
tiana.  Le  Goze  dont  il  eft  ici  queftion  eft  le  Gaudos  de 
■Pline ,  L  4 ,  c.  1 2 , .  &  la  Claudos  de  Ptolomée ,  /.  3  ,  c.  17 , 
tjui  y  met  une  ville  de  même  nom.  Elle  eft  nommée 
Claude  dans  le  grec  des  Aftes  des  apôtres ,  c.  ij ,  v.  16. 
Notre  Vulgate  dit  :  nous  fumes  pouffés_  au-deffous  d'une 
"petite  ifle  appellée  C  aude.  Elle  a  été  le  iîége  d'un  évêque , 
félon  la  Notice  de  Hierocles. 

GOZZO  ,  (  l'ifle  de  )  petite,  ifle  d'Afrique ,  fur  la  côte 
-de  Barbarie  ,  au  nord-oueft  de  l'ifle  de  Malthe  ,  &;  au 
midi  de  la  Sicile.  Elle  a  été  nommée  Gaulos  par  Pline , 
/.  3  ,  <.  8  ,  &  par  Mêla  ,  /.  2  ,  c.  7.  Diodore  de  Sicile  , 
•l.  •) ,  c.  12  ,  dit  que  cette  ifle  Gaulos,  fituée  en  pleine 
•mer  ,  a  la  commodité  des  bons  ports ,  &  a  été  premiè- 
rement fréquentée  par  les  Phéniciens.  Scylaxde  Caryande, 
Peripl.  dit  :  Malthe  ville  &C  port  ,  Gaulos  ville.  Spon  , 
Mifcell.  erudit.  antiq.  p.  190  ,  rapporte  une  infcription 
4e  Malthe  dans  laquelle  on  lit  : 

Chrestion  Aug.  L.  Proc. 
Insularum  M-elit.  et  Gaul. 

Silius  Italicus  ,  parlant  de  cette  ifle  dit  :  /.  14 ,  v.  274 , 

Et  Strato  ,  Gaulon  ,  fpeclabile  Ponto-. 

Une  autre  infcription  de  Malthe  ,  rapportée  par  Spon  , 
nomme  les  habitans  de  cette  ideplebs  Gaulitana  ;  cepen- 
dant on  les  a  auflî  nommés  Gaulonita. 

Ses  habitans  l'appellent  Gaudïfch  :  elle  n'eft  féparée  de 
l'ifle  de  Malthe  que  par  un  canal  étroit  appelle  Freo  ;  (  les 
Fançois  ,  difent  Frioul  )  d'une  lieue  &  demie  ou  deux 
lieues  de  large  ,  au  milieu  duquel  font  placées  les  petites 
ifles ,  ou  les  rochers  appelles  Comin  &c  Cominot  (  le  plus 
grand ,  qui  eft  un  carré-long ,  eft  nommé  l'ifle  de  Cuming 
par  De  l'ifle  ,  l'autre  n'eft  qu'un  écueil.  )  Le  circuit  de 
Gozzo  eft  d'environ  huit  lieues  ,  fa  longueur  de  trois  , 
&  fa  largeur  d'une  8c  demie.  Elle  eft  environnée  de 
rochers  efcarpés  &c  d'écueils  ,  de  forte  qu'on  n'y  peut 
aborder  que  difficilement  ;  cependant  le  terroir  en  eft 
allez  fertile.  *  Vertot ,  Hift.  de  Malthe  ,  t.  3  ,  p.  453. 

Cette  ifle  étant  très-près  de  celle  de  Malthe  ,  a  eu  les 
mêmes  maîtres  ,  &  la  même  deftinée  :  elle  a  appartenu 
fucceflîvement  aux  Carthaginois  ,  aux  Romains ,  à  l'em- 
pire d'orient ,  aux  Sarazins ,  &  enfin  à  Roger,  Normand , 
comte  de  Sicile^;  de  forte  qu'elle  fut  une  annexe  de  cette 
couronne  jufqu'à  Charles  V ,  qui  la  donna  avec  l'ifle  de 
Malthe  en  1 5 30 ,  aux  chevaliers  de  S.  Jean  de  Jerufalem 
qui  avoient  été  chaffés  de  Rhode  par  les  Turcs.  Ce  que 
Diodore  de  Sicile  appelle  des  ports  commodes  ,  font  des 
Calles  *;  les  plus  remarquables  font  le  long  de  la  côte  fep- 
tentrionale  ,  à  commencer  au  cap  de  Mûrie  ,  qui  eft  à 


l'oued  :  on  trouve  Cailla  Bazar,  Calla  Baida  ,  Calla  d'i 
Majfaforno  ,  Se  Calla  de  Ramela  ,  Se  quelques  autres; 
La  Calle  à  Migart  eft  à  la  côte  du  fud-eft  ,  vis-à-vis 
l'ifle  de  Cuming  ;  celle  de  Xilendi  eft  à  la  côte  dufud- 
oueft.  Il  y  a  par-tout  des  habitations.  *  Davity. 

Lorsqu'elle  fut  cédée  à  l'ordre  des  chevaliers  ,  il  y 
avoit  environ  cinq  mille  perfonnes  ,  hommes ,  femmes 
Se  enfans  difperfés  en  différens  villages  ;  8c  pour  leur 
fureté  contre  les  corfaires  ,  on  y  avoit  conftruit  un  château 
fïtué  fur  une  montagne  ;  mais  il  étoit  mal  fortifié  ,  &  de 
peu  d'importance.  Au-deflous  du  château ,  il  y  a  un  bourg 
affez  peuplé  ,  puifque  quand  les  Turcs  prirent  cette  ifle 
en  1 5  5 1  ,  par  la  lâcheté  Se  l'imprudence  de  Jean  d'Ome- 
des ,  indigne  grand-maître  d'une  ordre  fi  rempli  de  vajeur, 
Sinan  Bâcha  y  fit  fix  mille  trois  cens  efclaves  de  tout  âge 
Se  de  différent  fexe  qu'il  embarqua  ;  mais  l'an  159g  , 
Martin  Garzez ,  grand-maître  ,  Se  le  confeil  de  l'ordre , 
firent  fortifier  le  château  &  l'ifle  ;  &  comme  l'on  a  remar- 
qué que  les  Turcs  avoient  eu  plufieurs  fois  deffein  de  s'en 
emparer  ,  on  n'a  rien  négligé  pour  mettre  l'ifle  à  couvert 
de  toute  infulte  ;  de  façon  qu'en  161 3  ,  les  corfaires 
d'Afrique  ayant  tenté  de  s'en  faifir  ,  firent  des  efforts 
inutiles.  En  1709  les  Turcs  firent  la  même  tentative  ;  mais 
ils  la  trouvèrent  il  bien  pourvue ,  qu'ils  n'oferent  y  rifquer 
-une  defcente. 

De  l'ifle  nomme  cette  ifle  le  Gor_e ,  Se  l'abbé  de  Vertot 
de  même. 

GRAjE  ,  rotaî  :  Arrien ,  dans  fon  Périple  ,  (  Periplus 
maris  JSàythrœi ,  p.  22  ,  édit.  Oxon.  )  dit  que  l'on  nom- 
moit  ainfî  certains  fignes  ausquels  on  connoiflbit  que  l'on 
étoit  fur  la  côte  de  la  Perfide  ,  8c  du  Sinthe.  On  ne  fait 
pas  trop  ce  que  c'étoient  que  ces  fignes  ;  car ,  comme  il 
dit  deux  lignes  plus  haut  que  l'on  voyoit  des  ferpens  ,  il 
fe  peut  faire  que  les  fignes  nommés  Grâce  étoient  des 
animaux  marins  :  il  fe  peut  auflî  que  ce  fût  quelque  autre 
chofe  ,  comme  une  écume  de  la  mer  ,  ou  quelqu'autre 
marque  qui  annonçoit  que  l'on  approchoit  de  terre.  En 
un  mot ,  on  ne  fauroit  dire  au  jufte  ce  que  c'étoit. 

GRAAEI ,  ancien  peuple  de  Thrace  ,  vers  les  fources 
du  Strymon ,  félon  Thucydide ,  /.  2. 

GRAAN ,  ville  de  la  Sufiane ,  félon  Ptolomée  ,  /.  6  ,' 
c.  3.  Elle  ne  fe  trouve  point  dans  la  plupart  des  exem- 
plaires. 

GRAATANLETTRE.  Entre  les  conciles  tenus  en 
Angleterre  ,  on  trouve  Grateleanum  concilium.  tenu  , 
félon  le  P.  Labbe  ,  vers  l'an  928  ,  fous  l'autorité  du  roi 
Athelftan ,  élu  roi  d'Angleterre  en  924,  &  fous  "Wlphelme, 
archevêque  de  Cantorbery.  Le  père  Labbe  ,  dans 
fa  Géographie  des  conciles  ,  explique  Gratelea  par 
Graatanlettre  en  Angleterre  ,  fans  dire  où  eft  ce  lieu. 
Corneille  dit  que  c'eft  un  bourg.  Je  ne  trouve  rien  d'ap- 
prochant dans  la  lifte  des  bourgs  d'Angleterre. 

GRABAEI  ,  ancien  peuple  de  la  Dalmatie  ,  félon 
Pline,  A  3  ,  c.  22.  Ce  font  peut-être  les  mêmes  que  Strabon  , 
/.  7  ,  p.  3  16 ,  appelle  Galabrii  ,  Tah^Cejou 

1.  GRABOW  ,  petite  ville  d'Allemagne ,  dans  la  baffe 
Saxe  ,  au  duché  de  Meckelbourg ,  fur  le  ruifleau  de  l'Elde , 
qui  vient  de  Schwerin  &  de  Neuftadt ,  &  va  tomber  dans 
l'Elbe  à  Domitz.  Grabow  eft  à  près  de  quatre  milles  de 
cette  fortereffe ,  à  deux  de  Neuftadt ,  &  à  fix  de  Schwe- 
rin.  Il  y  a  un  château  qui  étoit  la  réfidence  du  duc  Frédéric , 
quatrième  frère  de  Chriftian-Louis  duc  régnant  de  Meckel- 
bourg-Schwerin.  Frédéric  fut  furnommé  duc  de  Grabow, 
parce  qu'il  avoit  eu  ce  château  pour  fa  demeure  :  c'eft 
dans  ce  lieu  que  naquirent  fes  trois  fils  Frédéric-Guil- 
laume ,  Charles-Leopold  &  Chriftian-Louis.  Il  y  mourut 
en  1688.  De  fes  quatre  aines  il  ne  reftoit  plus  que  le  duc 
régnant ,  qui  étant  mort  fans  enfans  en  1692 ,  laiffa  fon 
duché  de  Schwerin  à  Frédéric  Guillaume ,  fils  aîné  de- 
Frederic.  Alors  ce  prince  tranfportafacourdansle  château 
de  Schverin  ,  &  laiffa  celui  de  Grabow  à  fa  mère ,  après 
la  mort  de  laquelle  il  a  été  la  réfidence  du  duc  Chriftian- 
Louis,  qui  y  avoit  féjourné  du  vivant  de  cette  princeffe,  far- 
tout  depuis  la  mort  de  Frédéric-Guillaume  ,  qui ,  étant 
mort  fans  enfans ,  avoit  eu  pour  fucceffeur  Charles-Leo- 
pold ,  leur  frère  ,  avec  qui  le  duc  Chriftian-Louis  fympa- 
thifoit  moins  qu'avec  l'aîné.  Ce  château  a  été  brûlé  depuis 
quelques  années.  Baudrand  met  Grabow  fur  l'Elbe,  c'eft 
peut-être  une  faute  de  fes  imprimeurs.  *  Mém.  drelj'is  fur 
les  lieux. 

z.  GRABOW,  petite  ville  de  Pologne ,  fur  !a  rivière 


GRA 


GRA 


16' 


de  Profne  ,  au  palatinat  de  Kalisch ,  &  dans  la  grande 
route  de  Breslaw  à  Varfovie.  *  Andr.  Cellar.  Regni  Po- 
îon.  Dekr.p.  228.   ., 

3.  GRABOW,  autre  petite  ville  de  Pologne,  au  pa- 
latinat de  Ruffie,  aux  confins  du  palatinat  de  Belz  ,  allez 
près  de  la  fource  de  la  rivière  de  Wieperz ,  félon  De  l'Ifle. 
André  Cellarius ,  p.  347 ,  la  donne  au  palatinat  de  Eelz. 
Elle  eft  dans  le  diftrift  de  la  ville  de  Chelm.  Baudrand 
la  nomme  GRABOV/IZ.E. 

GRABOWISE.  Voyez  Grabow  3. 

GRABUSE.  Voyez  Garabusa. 

GRACAY  ,  petite  ville  de  France  ,  en  Berry ,  fur  ' 


GRACIEUSE  (la)  ou  Graciosa  ,  ifle  de  l'océan 
Atlantique,  l'une  des  Açoras  ,  à  feptou  huit  lieue  ;n  i~ 
nord-oueft  de  Tercere.  £lie  n'a  que  cinq  ou  fix  lieues  de 
tour  ;  mais  elle  abonde  en  fruits  &c  en  vivres ,  &  eft  fort 
agréable.  Baudrand,  édit.  de  iyo1; ,  dit  qu'elle  eft  a;'"ez 
peuplée  ;  mais  il  la  met  à  quinze  heues  Espagnoles  de  la 
Tercere.  Cttte  diftance  eftexceflive.  Mandeilo,  Vvyrge. 
des  Indes,  l.  3 ,  marque  qu'il  n'y  a  point  de  ville  dans 
cette  iite  ,  mais  feulement  des  châteaux  pour  la  fureté 
&  la  défenfe  des  ports.  La  beauté  de  fa  campagne  ,  St 
les  fruits  qu'elle  produit  en  grande  abondance ,  efjforte 
qu'elle  en  fournit  même  à  fille  de  Tercere ,  lui  ont  donné 


Fouzon  *à  une  lieue  de  Vatan ,  &  à  trois  de  Vaïençai  en     le  nom  qu'elle  porte.  *  Premier  voyage  des  Hollandais 
allant  vers  Bourges ,  dont  elle  eft  à  neuf  lieues.  El'le  eft     aux  Indes ,  au  Recueil  de  la  compagnie  ,  t.  1 ,  p.  433. 
du  reflbrt  d'Iiîbudun.    Graçay  eft  entourée  de  murailles  GRACOWATZ  ,  village  de  la  Bosnie,  à  cinq  lieues 

flanquées  de  tours.  La  tour  du  Berle  eft  la  plus  groffe  ;     de  Tina  ,  du  côté  du  nord.  Quelques-uns  croient  qu'iL 

occupe  la  place  âeBurnum,  ville  de  laLiburnie,  félon 
Ptolomée.  Voyez  Burnum  2. 

GRACURIS,  Graccuris  ou  Gracchuris  ,  an- 
cienne ville  de  l'Espagne  Tarragonoife,  au  pays  des  Vas- 
cons,  félon  Ptolomée, /.  2,  c.  6.  On  en  trouve  l'origine 
dans  l'Epitome  de  Tite-Live  ,  /.  41.  Tib.  Sempronius 
Grachus  proconful  ,  ayant  vaincu  les  Celribériens  ,  les 
reçut  à  compofition;  &  pour  laifferenEfpagne  un  mo- 
nument de  les  travaux  ,  il  bâtit  la  ville  de  Gracchuris. 
FeftusPompeïus  allure  la  même  chofe  ;  Gracchuris,  dit-il, 
ville  d'Espagne,  ainfi  nommée  par  Gracchus  Sempronius: 
on  la  nommoit  auparavant  Illurcis.  Cela  veut  dire  que 
Gracchus  ne  bâtit  pas  proprement  cette  ville  ,  puisque 
c'en  étoit  déjà  une  ,  appellée  Illurcis  ;  mais  il  la  répara, 
l'augmenta  &  lui  donna  fon  nom.  On  trouve  fur  quelques 
anciennes  médailles  Graccuris.  Ptolomée,  /.  2,  c.  6 ,  écrit 
r&KKett  ,  &  met  cette  ville  dans  les  terres ,  en-deçà  de 
l'Ebre  ,  affez  loin  de  ce  fleuve.  Antonin  ,  Iliner.  l'en 


elle  eft  oftogone ,  bâtie  fur  une  élévation  ,  &  foutenue 
par  quatre  greffes  murailles  en  forme  d'arcades.  Cette 
terre  a,  de  toute  ancienneté,  porté  le  nom  de  bannit,  & 
les  feigneurs  fe  qualifioient  Jïres  ,  barons,  princes.  Ils  en 
ont  joui  jusqu'en  1371,  que  Regnaud  de  Graçay,  VII 
du  nom,  la  vendit  a  Jean  de  France  ,  duc  de  Berry,  qui 
la  donna  au  chapitre  de  la  Sainte-Chapelle  de  Bourges  , 
qu'il  avoit  fondée  l'an  1405.  *  Baudrand,  éd.  de  1705. 
Piganiol  de  la  Force  ,  Defcr.  de  la  France ,  t.  6 ,  part,  2  , 


p.  4S3. 

GRACCHURIS.  Voyez  Gracuris. 

GRACE  ,  (la)  petite  ville  de  France ,  dans  le  haut 
Languedoc  ,  à  fix  lieues  au  fud-eft  de  Carcaffonne.  Elle 
contient  environ  mille  habitans ,  8c  a  une  belle  abbaye 
d'hommes ,  ordre  de  S.  Benoît ,  fondée  par  Charlemagne. 

1.  GRACE-DIEU,  (la)  abbaye  d'hommes  en  France, 
de  l'ordre  de  Cîteaux,  dans  le  pays  d'Aunis,  au  diocèfe 
de  la  Rochelle  ,  &  à  cinq  lieues  de  cette  ville. 


2.  GRACE-DIEU,   (la)  monaftere  de  l'ordre  de     éloigne  de  foixante-quatre  mille  pas;  mais  il  la  met  au- 


diocèfe  de     delà  &c  au  couchant  de  l'Ebre.  Il  dit  dans  la  route  d'As- 
torga  à  Tarragone. 


Barbariana, 
Graccurim, 
Balfionem  , 
Casfarauguftam . 


XXXII. 
XXVIII. 
XXXVI. 


C'eft  préfentement  la  ville  d'AGREDA,  près  deTara- 


Fontevraud  ,  dans  le  haut  Languedoc 
Vieux. 

3.  GRACE-DIEU,  (la)  abbaye  d'hommes,  ordre 
de  Cîteaux,  dans  la  Franche-Comté,  au  diocèse  de  Be- 
fancon. 

il  GRACIA.  (Puerto  di)  C'eft  un  port  de  la  côte 
feptentrionale  de  l'ifle  Espagnole ,  à  quinze  lieues  à  l'o- 
rient de  Aîonte-Chrijlo ,  &  un  peu  en-deçà  de  Monte  di 
Plata.  Il  fut  ainfi  nommé,  parce  que  Chriftophe  Colomb 

y  reçut  en  grâce  Martin  Alonfe  Pinçon,  capitaine  d'une     zona ,  aux  confins  del'Aragon.  Auffi  voit-on  que  les  fai 
de  fes  caravelles ,  qui  l'avoit  abandonné  ,  &C  qui  le  re-     martyrs ,  nommés  martyres  Graccuritani ,   dans  les  an- 
joignit  en  cet  endroit  :    d'autres  difent  avec  moins  de     ciens  Actes ,  font  appelles  martyres  de  Agreda  ,  dans  le 
vraifemblance ,  que  c'eft  parce  que  l'amiral  obligea  Pin-     Martyrologe  d'Efpagne.  *  Harduin  ,  in  P"lin.  1.  3  ,  c.  3. 
çon  de  remettre  en  liberté  quatre  infulaires    qu'il  avoit         GRACZ.  Voyez  Gratz. 
enlevés  de  force.  GRADACHIO  ,    (  monte)  montagne  de  l'ifle  de 

2.  GE.ACIA  (terre  de).  Chriftophe  Colomb  nomma  Corfe  ,  vers  le  milieu  de  Fille.  On  trouve  fur  le  fommet 
ainfi  une  terre  du  continent  de  l'Amérique  ,  qu'il  prit  d'à-  de  cette  montagne  le  lac  de  Crena,  d'où  fortent  les 
bord  pour  une  ifle,  tk  qui  eft  à  quinze  lieues  au  nord  rivières  de'  TaviGNANA  &  de  LlMONE  ;  celle  de 
du  golfe  de  la  Baleine  ,  au  midi  de  la  côte  &C  du  golfe     Golo  fort  du  lac  Pio.  Ces  trois  rivières  font  les  plus 


deP 

1.  GRACIAS- A-DIOS  ,  cap  de  l'Amérique ,  qui  fait  la 
pointe  orientale  de  la  province  de  Honduras,  parles  14  d. 
de  latitude  nord.  Chriftophe  Colomb  ,  qui  le  découvrit 
le  premier ,  le  nomma  ainfi ,  parce  que  quand  il  y  fut  ar- 
rivé, les  vents  qui l'avoient  long-tems  contrarié,  com- 
mencèrent à  lui  devenir  favorables. 

2.  GRACIAS-A-DIOS  ou  Grâces  a  Dieu,  ville  ou 
bourg  de  l'Amérique  feptentrionale  ,  dans  la  province  de 
Honduras ,  au  pied  des  montagnes ,  à  trente  lieues  de 
Valladolid  ,  presque  vers  l'oueft.  Elle  fut  bâtie  en  1 530, 


greffes  du  1 

GRADETSCH  ,  autrefois  bourg1,  préfentement  vil- 
lage de  Suiffe,  dans  le  haut  Valais  ,  au  département  de 
Siders  ou  Sierre ,  à  une  lieue  &  demie  au-deffous  de  Si- 
ders.  *  Etat  &  Délices  de  la  Suiffe ,  t.  4 ,  p.  191. 

Ce  bourg  étoit  muni  de  trois  fortereffes  ;  mais  ce  n'eft 
plus  qu'un  village. 

GRADIENSIS.  Ortélius  croit  que  c'étoit  un  fiége  épis- 
copal  d'Afrique ,  mais  il  ne  dit  point  en  quelle  province. 
Il  cite  S.  Optât. 

1:  GRADISCA,  ville  forte  du  royaume  de  Hongrie , 


par  le  capitaine  Gabriel  de  Royas  ,   pour  défendre  les  dans  la  Croatie,  fur  la  Save,  aux  frontières  de  la  Bosnie , 

ouvriers  que  l'on  faifoit  travailler  aux  mines  d'or  ;  mais  à  huit  milles  de  Zagrab  ,  vers  Poffega.  Les  Turcs  qui  s'en 

comme  il  n'étoit  pas  affez  fort  pour  foutenir  les  conti-  étoient  emparés  depuis  long-tems  ,  en  avoient  fait  une 

nuelles  incurfions  des  fauvages  ,  il  l'abandonna  ;   &  fix  forte  place  ;   mais  ils  l'ont  perdue  durant  la  guerre  qui  a 

ans  après ,  elle  fut  rebâtie  par  Gonçale  d'Alvarado.  Elle  précédé  le  traité  de  Paffarowitz  ;  de  forte  qu  elle  eft  pré- 

eft  bâtie  fur  un  coteau  fort  rude  :    les   habitans  s'occu-  lentement  à  l'empereur ,  qui  en  a  extrêmement  augmenté 

pertt  à  cultiver  les  campagnes  ,   &  àfeiner  du  froment,  les  fortifications.  *  Baudrand,  édit.  de  1705.  Mémoires 

avec  un  fort  grand  travail ,  à  caufe  que  le  terroir  eft  très-  communiqués. 

dur.  Ils  y  élèvent  force  mulets ,  dont  ils  fe  fervent  à  trans-  2.  GRADISCA,   petite  ville  d'Italie  ,  au  comté  d; 

porterleurs  bleds  à  la  ville  de  San-Salvador ,  &  aux  autres  Gorice ,  fur  la  rivière  du  Lifonzo ,  aux  frontières  du  Frioul. 

lieux  voilins.   Ils  ont  aufiï  de   fort  bons  chevaux.   Bail-  Les  Allemands  écrivent  Gradifch.  (a)    Elle   eft   à   cinq 

drand  dit  qu'on  y  avoit  autrefois  placé  l'audience  royale  quarts  de  mille  de  Gorice.  Cluvier,  Ital.  ara.  l.l,c.  20, 

qu'on  a  en.'uite  transportée  à  Guatimala;  que  ce  lieu  eft  croit  que  les  anciens  l'ont  nommée  AD  Undecimum. 

fut  avant  dans  le  pays  ,   &  à  plus  de  foixante- dix  mille  C'eft  une  fort  petite  ville,   qui  n'a  rien  de  remarquable 

pas  de  la  côte  du  golfe  de  Honduras.  Il  n'en  fait  qu'un  par  elle-même  que  fes  fortifications ,  fou  château  &  l'on 

bourg.  *  De  Laet\  Ind.  occident.  /.  7,  c.  16»  arfenal.  Elle  appartenoit  autrefois  aux  Vénitiens  qui  la 


i68 


GRA 


GRA 


fortifièrent  contre  les  Turcs ,  à  ce  que  dit  Lazius  ;  mais 
les  Allemands  la  prirent  en  1511  ,  &  elle  demeura  à 
l'empereur  Maximilien.  (b)  Peu  après  les  Vénitiens  l'affié- 
gerent;  mais  ils  ne  purent  réuffir  à  la  prendre.  Ils  firent 
de  nouveaux  erTorts,  en  1616  6k  1617,  fous  prétexte  des 
Uscoques.  Mais  ils  y  ruinèrent  en  vain  leur  armée ,  6k 
firent  la  paix  l'année  fuivante.  Après  qu'ils  eurent  perdu 
Candie  ,  ils  propoiérent  à  l'empereur  de  leur  vendre 
Triefte,  Goritz  6k  Gradifca  ;  mais  la  proportion  ne  rut 
point  écoutée;  6k  la  maifon  d'Autriche  a  gardé  ces  pla- 
ces qu'elle  poiïéde  encore  à  préfent.  *  (a)  Zeyler,  Pro- 
'    "     dt  laHoufi'aye, 


Hift. 


c.  Auftrac.  p.  118.  (b)  Amelo 
du  Gouv.  de  Venife,  p.  511. 

1.  GRADO,  en  latin  Gradus ,  petite  ifle  6k  ville  de 
même  nom,  dans  l'état  de  Venife  ,  fur  la  côte  du  Frioul ., 
quoiqu'elle  foit  partie  du  Dogat ,  à  douze  milles  6k  au 
midi  oriental  d'Aquilée ,  au  levant  feptentrional  ,  6k  à 
quatre- vingt  milles  de  Venilé.  Elle  doit  fa  fondation  aux 
ravages  que  fit  Attila;  car  les  habitans  d'Aquilée  fe 
réfugièrent  dans  cette  ifle ,  où  ils  bâtirent  une  ville ,  après 
que  les  Barbares  eurent  détruit  Aquilée.  De-là  vint  la 
divifion  du  patriarchat  d'Aquilée ,  en  600 ,  félon  Vola- 
terran  ,  /.  4  Comment.  Urban.  ck  le  Biondo ,  Hiftor. 
Candidus  dans  fon  Hiftoire  d'Aquilé ,  /.  3  &  4  ,  dit  que 
l'églife  de  cette  ville  devint  métropole  6k  capitale  du 
pays  de  Venife  ,  fous  le  pape  Pelage ,  6k  que  l'empereur 
Heraclius  y  envoya  le  fiége  d'Y  voire  ,  fur  lequel  S.  Marc 
avoit  été  affis  à  Alexandrie  ,  afin  qu'il  fût  honorablement 
confervé  dans  l'églife  de  Saint-Hermagoras.  Léandre  , 
Defcript.  di  ttua  Ultalia ,  p.  487,  fol.  verf.  dit ,  que  ce 
fiége,  tout  brifé  qu'il eft,  fe  garde  encore  dans  la  facriftie 
de  cette  églife.  Dans  le  tems  des  Lombards ,  Paulin ,  vingt- 
quatrième  patriarche  d'Aquilée ,  porta  à  Grado  les  tréfors 
de  fon  églife ,  afin  qu'ils  y  fufient  à  couvert  du  brigandage 
de  ces  Barbares.  Il  y  mourut  la  onzième  année  de  fon 
patriarchat ,  ayant  donné  à  Grado  le  nom  de  Nouvelle 
AquilÉE,  félon  Candidus  ,  Comment.  Aquileg.  /.  3  & 
/.  4.  Le  patriarche  de  Grado  avoit  pour  fuffragans  les 
évêques  de  Giefulo ,  de  Capruli ,  de  Torcêllo ,  de  Chiogia, 
de  Citta  6k  de  Caftel  de  Venife.  Ce  dernier  étoit  l'évêque 
de  Venife  :  il  prenoit  fon  titre  du  quartier  de  la  ville  où 
fon  églife  étoit  fituée.  Lorfque  la  république  fut  parvenue 
au  degré  de  puiffance  où  elle  eft ,  il  s'éleva  fouvent  des 
conteftations  pour  la  jurifdifton  ,  entre  l'évêque  de  Caftel 
de  Venife ,  6k  le  patriarche  de  Grado  :  pour  les  terminer , 
le  fénat  demanda  au  pape  que  le  patriarchat  de  Grado  Se 
l'évêché  de  Venife  fuflènt  réunis  en  la  perfonne  de  celui 
des  deux  prélats  actuels ,  qui  furvivroit  à  l'autre.  En  1 4  50 , 
le  patriarche  de  Grado  mourut ,  6k  fon  patriarchat  fut 
dévolu  à  l'évêque  de  Venife,  Laurent  Juftiniani  que 
l'églife  a  canonifé  ;  ainfi  l'évêché  de  Venife  eft  devenu 
patriarchat.  V.  Venise  Baudrand,  éd.  de  1705,  dit  que 
la  ville  de  Grado  eft  petite ,  mais  fort  peuplée  ;  ck  Leandre 
dit  qu'elle  a  peu  d'habitans ,  à  caufe  des  ravages  qu'elle  a 
foufferts. 

Le  P.  Coronelli,  Ifolar.p.  30,  parle  ainfi  de  Grado  : 
dans  le  même  tems ,  dit-il ,  que  les  habitans  de  Padoue  fe 
refugioient  à  Rivalta ,  ceux  d'Aquilée,  voulant  fe  procurer 
une  retraite  pour  fe  mettre  à  couvert  au  cas  que  les  Bar- 
bares vinflent  ravager  l'Italie  ,  fous  la  conduite  d'Attila , 
comme  il  arriva  effectivement  enfuite  ,  jetterent  la  vue  fur 
une  petite  ifle  à  douze  milles  d'Aquilée.  Plufieurs  familles 
nobles  s'y  étant  tranfportées  y  bâtirent  un  joli  bourg,  qu'ils 
appellerent  Grado ,  du  nom  de  Fifle ,  qui  s'appelloit  alors 
Aquce  Gradatœ  ;  félon  Dandolo ,  nom  qui  fe  trouve  dans 
le  bréviaire  Romain  ,  dans  l'Office  de  S.  Chryfogone 
(  breviar.  Rom.  14  Novemb.  )  ou  du  nom  de  Gandon- 
Gradenigo  ,  qui  eut  la  meilleure  part  à  ces  nouveaux 
édifices ,  comme  le  rapporte  Vianoli  ck  autres.  Aujourd'hui 
on  dit  par  corruption  Grao.  La  crainte  qu'on  avoit  d'une 
incurfion  ,  s'étant  diffipée ,  le  bourg  fut  abandonné  par  la 
plus  grande  partie  des  habitans  ;  ck  il  n'y  en  refta  que  peu 
jusqu'à  ce  qu'en  454  ,  Attila  ayant  ravagé  laDalmatie  ck 
l'Iftrie ,  &  pris Triefie,  vint  affiéger  Aquilée.  Les  habitans 
de  cette  ville  ,  réfolus  de  fe  défendre ,  envoyèrent  à  Grado 
leurs  femmes ,  leurs  enfans  ,les  faintes  reliques  ck  tout  ce 
qu'ils  avoient  de  plus  précieux ,  ck  foutinrent  long-tems 
tous  les  aflauts  d'Attila.  Mais  enfin ,  voyant  qu'ils  ne  pou- 
voient  plus  réfifter  ,  ck  que  le  nombre  étoit  fort  diminué , 
ils  garnirent  durant  la  nuit  les  murailles  de  la  ville  avec 
des  ftatues  ,  s'embarquere  tous  ,  ck  eurent  le  bonheur 


d'arriver  à  Grado.  Les  Barbares  ainfi  trompés  ,  s'en 
vangerent  fur  les  ftatues  ck  fur  la  ville  qu'ils  ciéuuifirent. 
C'eft  ainfi  que  Grado  fut  peuplé.  Après  la  mort  d'Attila, 
le  patriarche  Nicetas  ck  quantité  d'habitans  allèrent  ré- 
tablir Aquilée  qu'ils  repeuplèrent  ;  mais  quelques-uns, 
qui  aimoient  la  liberté  ck  la  sûreté  dont  ils  jouiffoient 
à  Grado  ,  aimèrent  mieux  y  reftert.  Les  courfes  des 
Lombards  obligèrent  en  568  le  patriarche  Paulin  à  y 
tranfporter  de  nouveau  le  tréfor  de  fon  églife  6k'  les 
châties  des  faints  ck  faintes ,  Hilaire^  Cantien,  Cantia, 
Cantianilla,  Euphemie,  Dorothée ,  Thecle ,  Erasmie,  6kc. 
Probin,  fon  fucceffeur,  en  reporra  quelques-uns  à  Aquilée  ; 
mais  enfin  Elie ,  vingt-quatrième  patriarche  vers  l'an  580, 
voyant  que  Fhéréfie  Arienne  avoit  trop  prévalu  en  terre 
ferme  ,  transféra  à  Grado  le  fiége  patriarchal.  Après  bien 
des  révolutions ,  Grado  fut  réduite  en  cendres ,  l'an  1 374  , 
ck  ne  s'eft  jamais  bien  relevée  depuis  ce  malheur.  De 
toute  fon  ancienne  grandeur,  il  ne  refte  que  quatre  égl;fes  ; 
favoir ,  le  Dôme  ,  Saint-Jean  ,  l'Affomption  ck  Samt- 
Sebaftien.  La  première  fut  bâtie  par  le  patriarche  Elie, 
pour  être  fa  cathédrale  ,  fous  le  titre  de  Sainte-Euphemie. 
C'eft  préfentement  une  paroiffe  ,  fous  l'invocation  des 
SS.  Hermagoras  ck  Fortunat.  Elle  confervé  encore  des 
reftes  de  fon  ancienne  magnificence  ,  dans  fon  pavé  à  la 
mofaique ,  la  chaire  patriarchale  qui  eit  de  marbre ,  &c 
autres  ornemens  remarquables.  Dans  l'églife  de  S.  Jean, 
bâtie  des  libéralités  des  Gradenigues .  on  voit  un  ancien 
baptiftere  affez  bien  travaillé.  Dans  l'églife  de  l'Affomp- 
tion  ,  divers  morceaux  de  mofaïque  ,  confervés  dans  la 
muraille,  font  connoître  avec  quelle  dépenfe cet  édifice  a 
été  cpnftruit.  Le  clergé  n'y  eft  pas  nombreux ,  le  Dôme 
n'eft  deffervi  que  par  un  curé ,  deux  chapelains  ,  un  or- 
ganifte  6k  quelques  clercs ,  tous  entretenus  par  la  com- 
munauté. La  république  y  envoie  un  noble  Vénitien, 
avec  titre  de  comte.  Une  bonne  partie  des  maifons  nou- 
velles font,  bâties  fur  les  débris  des  anciennes  murailles. 
Elles  font  entourées  de  lagunes ,  excepté  du  côté  de  l'eft- 
nord-eft  ,  où  eft  un  petit  bourg  qvr  prerr:  foi  n>i.i  de 
l'églife  de  S.  Roch.  Le  refte  de  l'ifle  eft  remrli  de  jar- 
dins,  entre  lesquels  font  deux  chapelles  dédiées,  lune  à 
S.  Vit,  6k  l'autre  à  S.  Godard  ,  pour  la  commodité  des 
gens  qui  cultivent  ces  jardins.  La  ville  ck  l'ifle  de  Grado 
eft  entourée  de  plufieurs  autres  ifles ,  6k  la  mer  qui  les 
fépare  s'appelle  les  lagunes  de  Grao.  Le  partage  par  le- 
quel on  entre  du  golfe  dans  les  lagunes  ,  pour  arriver  à 
Grado  ,  s'appelle  porto  di  Grao  :  les  anciens  l'ont 
nommé  portas  Aquikgïenfis.  C'eft  l'embouchure  de  la 
Natifa. 

L'auteur  qu*on  cite  pour  la  translation  du  patriarchat  de 
Grado  à  Venife  ,  place  fort  mal  cette  époque  à  l'an- 
née 1451 ,  fous  le  pape  Eugène  IV  ;  ce  qui  ne  peut  être, 
puisque  ce  pape  qui  fut  élul'an  143 1,  mourut  le  2.3  Février 
de  l'an  1 447  ;  il  falloit  citer  fon  fuccefîéur  Nicolas  V. 

2.  GPvADO  ,  village  d'Espagne,  dans  les  Afturies  , 
près  d'Oviedo  ,  du  côté  du  midi.  Quelques  auteurs  l'ap- 
pellent MALGRADO  ,  6k  le  prennent  pour  l'ancienne 
Maliaca.  Voyez  ce  mot.  * Baud.  édit.  de  1705. 

3.  GRADO,  en  italien  6k 

GRADUS  en  latin,  en  fraaçois</e<jrt;,  terme  de  géo-i 
graphie  6k  d'aftronomie.  Voyez  aufîï  GRAS ,  GREVE  & 
Latitude. 

GRAEA.  Voyez  Orupus  6k  Tanagra. 

GRAEAS  GONU ,  Tfùae  T°i»  j  c'eft-à-dire  le  Genou 
de  la  Vieille  ;  Ptolomée  ,  /.  4,  c.  5  ,  nomme  ainfi  ua 
port  de  la  mer  d'Egypte ,  au  nome  de  Libye  ;  au  levant 
de  P aretonium.  Ortélius  en  fait  un  cap  ,  en  quoi  il  f» 
trompe. 

GRjECANICA  Africa.  Voyez  Pentapole. 

GRACIA.  Voyez  Grèce. 

GRjECIOCHANTjE  ,  ou,  félon  quelques  manuferits 
de  Pline,  Gnejiocarthœ.  ,  peuple  de  laBabylonie  ,  félon 
cet  auteur ,  l.  6,  c.  2.6. 

GR/ECIUM,  nom  latin  de  Gratz.  Voyez  ce  mot. 

GRjECO-GALLIA.  Voyez  Galatte. 

GRAEEN,  ville  de  PIndouftan  ,  au  royaume  de  Vifa- 
pour ,  fur  la  rivière  de  Corfena  qui  eft  la  même  que  celle 
de  Coulour,  qui  tombe  dans  la  mer  à  Mafulipatan  ,  en- 
tre la  ville  de  Vifapour  6k  le  port  de  Dabul ,  à  cinq  lieues 
de  Mirdfy.  Mandefo  ,  Voyage  des  Indes,  l.  z,  p.  2.34, 
dit  :  il  n'eft  pas  bien  aifé  de  dire  fi  ce  n'eft  qu'une  ville, 
ou  s'il  en  faut  faire  deux,  parce  qu'elle  n'eft  féparée  que 

par 


GRA 


GRÂ 


par  la  grande  rivière  de  Corfena ,  dans  une  diftance  d'en- 
viron huit  cent  pas  ;  &  il  y  a  tant  de  maifons  de  l'un  &c 
de  l'autre  côté  de  la  rivière ,  que  l'on  en  peut  faire  deux 
bonnes  villes  ,  quoique  l'une  foit  beaucoup  plus  petite 
que  l'autre. 

GRAFENELZ.  Voyez  Graveneck; 

GRAFENWERTH  :  c'eft  ainfi  que  l'on  nommoif 
autrefois  l'endroit  où  le  fort  Skenk  fut  bâti  en  1586.  Il 
n'y  avoit  alors  qu'une  feule  maifon  pour  faire  payer  les 
droits  aux  bateaux  qui  descendent  le  Rhin.  *  Longuerue, 
Defçr.  de  la  France,  z.  part. p.  43. 

GRAFIGNANA;  quelques-uns  difent  Garfagnana, 
d'autres  Carfcniana,  petit  pays  d'Italie,  dans  l'Apennin, 
entre  l'état  du  duc  de  Modene  &  la  republique  de  Lu- 
ques.  Il  prend  fon  nom  d'un  temple ,  dédié  autrefois  à 
la^déeffe  Feronia ,  ck  qui  étoit  fitué  au  même  endroit  où 
éft  Pietrâ-Santa.  Voyez  l'article  de  Pietra-Santa.  Ce 
petit  pays  fut  apparemment  nommé  d'abord  Circa  Ftro- 
nianum  ,  &C  par  abbréviation  ,  Caferonianum.  Ge  petit 
pays  eft  aux  deux  côtés  du  Serchio  ,  &  a  pour  chef-lieu 
Cajldnuovo  de  Grafi'gnana  ;  les  autres  lieux  font  des 
villages  disperfés  des  deux  côtés  du  Serchio.  Ce  pays 
appartient,  pour  la  plus  grande  partie,  au  duc  de  Mo- 
dene ;'  mais  comme  il  effen  partie  enclavé  dans  la  ré- 
publique de  Luques,  elle  en  poffede  auflï  une  partie. 

GRAHAMS-  HOLL  ,  ance  &  port  de  l'ifle  de  Po- 
mona  ou  de  Mainland  ,  la  plus  grande  des  Orcades.  C'eft 
un  des  quatre  ports  de  cette  ifle.  *  Etat préf.  de  la  G.  Bre- 
tagne ,  t.  2..  p.  289. 

GRAI.  Voyez  Gray. 

GRAICH  ,  (la)  elle  fort  du  lac  de  Graich,  coule  au 
nord-oueft,  partie  dans  le  duché  du  Wirtemberg,  partie 
dans  le  Palâtinat,  traverfe  Golsheim,  dans  le  Palatinat,  une 
petite  partie  de  l'évêché  de  Spire  &,  de  nouveau,  Owes- 
heim ,  Ypschftat  &  Hoch«nheim  dans  le  Palatinat ,  &c 
tombe  une  lieue  au-deffous  de  ce  dernier  dans  le  Rhin: 
l'on  cours  peut  être  en  tout  de  huit  à  neuf  lieues.  *  Sup- 
plément au  manufcrit  de  la  bibliothèque  de  M.  Corberon  , 
premier  préfident  au  confeil fouverain  d'Alface. 

GRAIN,  petite  ville  d'Allemagne,  dans  la  haute  Au- 
triche ,  avec  Un  château  fur  la  nve  feptentrionale  du 
Danube. 

GRAINVILLE  ,  la  teinturière,  bourg  de  France,  en 
Normandie,  au  pays  de  Caux,  dans  un  valon ,  fur  la  ri- 
vière de  Pa'uelle  ,  une  lieue  au-deffus  de  Cani,  à  deux  de 
Fouille  &  de  Valmont,  &  à  trois  de  Saint-Valeri  &c  delà 
îtier.  On  y  voit  les reftes d'un  château  allez  grand,  entouré 
de  larges  foiïês  remplis  d'eau.  Ce  bourg  eft  le  fiége  d'une 
juftice  royale.  Son  églife,  dédiée  à  Notre-Dame  ,  eft  bien 
bâtie  &C  affez  grande.  *  Corn.  DicL  Mémoires  drejjés 
fur  les  lieux. 

GRAIS1VAUDAN,  pays  de  France  ,  dans  le  Dau- 
phiné  ;  ce  nom  eft  corrompu  de  Gratianopolitartum  ou 
Pagus  Gratianopolitanus  ;  qui  ne  veut  dire  autre  chofe 
que  le  territoire  de  Grenoble.  Il  s'étend  entre  les  mon- 
tagnes le  long  des  rivières  l'Ifere  &C  le  Drac.  Il  eft  borné 
au  nord-oueft  par  le  Viennois ,  au  nord  &  au  nord-  eft 
par  la  Savoye  ,  à  l'orient  par  le  Briançonnois ,  au  fud- 
eft  par  l'Embrunois ,  au  midi  par  le  Gapençois  ,  &  par- 
tie par  le  Diois  qui,  avec  le  Valentinois,  achevé  de  le 
borner  au  couchant.  Ce  pays, eft  très-peuplé  de  villages; 
mais  il  n'a  de  ville  confidérable  que  Grenoble ,  capitale 
du  Dauphiné.  Les  autres  principaux  lieux  font, 


La  grande  Ch^rtreufe ,  Vizille  , 

Domaine,  La  Muré, 

Lesdiguietes ,  Mens , 

Voiron ,  Le  bourg  d'Ôifans , 

Vorefpe,  Saint-Bonnet, 

Saint-Guillaume,  &  le  Fort  des  Barreaux. 


Ce  pays  n'a  reconnu  que  les  rois  de  Bourgogne ,  Se 
fous  leur  autorité  les  évêques  de  Grenoble  ,  jusqu'à 
l'an  1040,  ou  environ.  Ce  fut  pour  lors  que  Guignes  le 
Vieux,  père  de  Guignes  le  Gros ,  prit  le  premier  la  qua- 
lité de  comte  du  Graifivaudan  ,  dont  il  ne  jouiffbit  pas 
tncore  du  tems  d'Ifarn  ,  évêque  de  Grenoble.  Guignes 
unit  donc  ce  comté  à  celui  d  Albon  ,  &;  le  laiffa  à'  fes 
fucceffeurs. 

GRAIUM.  Ortélius  lit  Graicum  ,  ancien  lieu  de  gar- 


16g 


nifon  Romaine  ,  dans  la  Pannonie ,  fur  la  Save.  La  No- 
rice  de  l'Empire  ,  fecl.  56  ,  marque  prafeclus  cla/Jïs  Je- 
cundœ  Flavice ,  Graio. 

GRAMATUM  ,  ancien  lieu  de  la  Gaule  ,  fur  la  routf 
de  Milan  à  Strasbourg ,  félon  Antonin ,  Itiner,  qui  la 
met  à  quarante  &c  un  milles  de  Befançon, 

Vifuntione 

■VeLaludaro  XXII.  M.  î>. 

Gramato       XIX.  M.  P. 

•  '  Larga  XXV.  M.  P. 

GRAMBUSIA,  petite'ifle  de  la  mer  Méditerranée,' 
fur  la  côte  de  Na'olie  ,  près  du  cap  Celidonia  &;  dii 
golfe  de  Saralie.  *  Baudr.  éd.  de  1705. 

GRAMES ,  petite  ifle  ,  au  nord  de  FEcoffe ,  entre  les 
Orcades.  Elle  a  deux  milles  de  longueur  ,  &  autant  de 
largeur.  Elle  eft  baffe  &  bordée  de  rochers  ;  elle  eft  fer- 
tile en  bled  Se  en  pâturages.  *  D'Audïfret,  Géogr,  t,  1, 
p.  143. 

.  GRAMMAT,  bourg  de  France  ,  dans  le  Querci  j  au 
diocèle  de  Cahors  ,  dans  l'é'eclion  de  Figeac. 

1.  GRAMMITjE,  ancien  peuple  de  l'ifle  de  Crète: 
il  prenoit  fon  nom  de  la  ville  de  Grammium  qu'il  habitoit. 

a.  GRAMMliiE,  peuple  auprès  de  la  Celtique,  fé- 
lon Etienne  le  Géographe.  Auroit  -  il  quelque  rapport 
avec  le  Gramatum  d'Antonin  ? 

GRAMMIUM,  ville  de  l'ifle  de  Crète,  félon  Etienne 
le  Géographe. 

1.  GRAMMONT  du  Gerardmont;  les  Flamands 
difent  Gkeersberg,  c'eft- à-dire  le  mont  Saint-Gérard ,  ville 
de  la  Flandre  impériale  ,  fur  la  rivière  de  Dendre  ,  aux 
confins  du  Hainaut,  à  trois  lieues  d'Oudenarde,  au  quar- 
tier d'Aloft.  C'eft  une  ancienne  chàrellenie  qui  confine 
avec  celle  de  Ninove.  Elle  étoit  fujette  des  anciens  com- 
tes de  Flandres ,  puisque  le  comte  Baudouin  de  Monts 
l'érigea  en  ville ,  &  lui  donna  fes  privilèges  l'an  1068. 
Treize  ans  après,  Gérard,  évêque  de  Cambray,  y  transféra 
les  moines  Eenedidtins  qui  étoient  auparavant  à  Dl- 
KLEVENE.  L'églifeeft  dédiée  à  S.  Pierre  ,  &  p'u'ieurs 
l'appelient  S.  Adrien  ,  parce  qu'on  y  transféra  l'an  11 10, 
les  reliques  de  S.Adrien,  martyr,  du  lieu  nommé  Rau- 
licourt  en  Hainaut.  *  Dicl.  géogr.  des  Pays-bas.  L  .  ue- 
rue;  Defcr.  de  la  France,  2.  part. p.  59. 

2.  GRAMMONT  ou  Grand-Mont,  grandls-Mons^ 
abbaye  régulière  en  France,  dans  la  Marche ,  diocèfede 
Limoges ,  au  nord  de  S.  Léonard.  C'eft  le  chef-lieu  d'un 
ordre  qui  en  porte  le  nom.  On  y  fuit  une  régie  particu- 
lière. Cet  ordre  fut  fondé  vers  l'an  1076,  par  S.  Etienne 
de  Thiern  ou  de  Tiers,  gentilhomme  d'Auvergne ,  fur- 
nommé  de  Muret,  parce  que  ce  fut  fur  la  montagne  de 
Muret,  affez  près  de  Limoges,  qu'il  établit  cette  mai- 
fon ,  qui ,  après  fa  mort ,  fut  transférée  à  Grammont  par 
fes  religieux.  Cet  ordre  fut  dabord  gouverné  par  des 
prieurs  jusqu'en  13 18,  que  Guillaume  Eelliceri  fut  nommé 
abbé  ,  &  en  reçut  les  marques  des  mains  de  Nicolas , 
cardinal  d'Oftie.  Cette  abbaye  eft  immédiatement  fou- 
mife  au  faint  fiége  ,  &  jouit  d'environ  dix  mille  livres  de 
rente.  Comme  elle  eft  chef-d'ordre  ,  elle  eft  exceptée  de 
la  nomination  du  roi  par  le  concordat.  Cette  abbaye 
de  Grammont  eft  à  fix  lieues  de  Limoges,  vers  l'orient 
d'été.  *  Piganiol  de  la  Force  ,  Defcr.  de  la  France ,  t.  6, 
p.  360.       ' 

Voici  une  ancienne  defeription  de  Grammont,  lors- 
que les  premiers  religieux  s'y  retirèrent.  Grammont  eft 
fitué  dans  les  montagnes ,  au  tenitoire  de  Limoges.  C'eft 
un  lieu  trifte ,  ftérile,  froid,  plein  de  rocs  &  de  brouil- 
lards ,  expofé  au  vent.  Il  abonde  en  pierres  propres  à 
bâtir ,  mais  on  y  trouve  peu.  de  bois  à  cet  ufage  ;  car 
tout  le  tërrein  de  ce  canton  luffiroit  à  pemeaubefoindel» 
vie,  tant  il  eft  dénué  de  tout.  Il  y  a  cependant  au  pied  de 
cette  hauteur  quelques  vignes,  prés,  jardins,  arbres  frui- 
tiers 6k  autres  petits  lieux  cultivés.  Du  refte  c'eft  un  vé- 
ritable défèrt,  propre  à  la  folitude  la  plus  pénitente.  La 
baîilique  ou  l'églife  fut  conftruite  aux  dépens  des  rois 
d'Angleterre  Henri  I  &  Henri  II  :  ce  dernier  n'épargna 
rien  pour  la  reftauration  de  l'églife  de  Notre-Dame,  qui 
avoit  été  d'abord  fondée  par  des  frères  laïcs  6v  conven- 
tuels. Richard,  fon  fils ,  fiirriommé  Caur-de-Lion  ,  fie 
couvrir  de  plomb  les  murs,  le  monaftere  &  l'édifice  dé 
la  nouvelle  églife,  lui  accorda  de  libertés,  des  privilé- 
Tome  III,     Y 


CRA 


170 

ges ,  &  enfin  tout  droit  &  toute  juftice.  Henri  III  trans- 
féra du  feptentrion  au  midi  le  cloître  rk  autres  édifices , 
&  leur  donna  la  magnificence^  qu'ils  ont  à  préfent.  Ce 
monaftere  compte  auffi  entre  les  bienfaiteurs  quantité  de 
princes  &  feigneurs  ,  dont  les  libéralités  ont  attiré  ,  au- 
près de  cette  abbaye ,  pluiïeurs  familles ,  qui  y  formè- 
rent la  peti'e  ville  de  Grummoizt  ouGrand-Mont,  *  Dic- 
tion laire  de  la  France. 

3.  GRAMMONT,  ville  de  France,  dans  la  Marche. 
Voyez  Grand-Mont. 

4.  GRAMMONT ,  terre  &  feigneurie  de  France, 
dans  la  Navarre.  Elle  fut  érigée  en  duché-patrie  pa'r  let- 
tres-patentes du  mois  de  Novembre,  de  l'an  1648,  con- 
firmées par  autres  patentes  du  11  Décembre  de  l'an  1663, 
régiftrees  au  parlement  de  Paris  le  15  Décembre  delà 
même  année. 

5.  GRAMMONT,  ville  de  France,  dans  le  bas  Ar- 
magnac ,  au  diocèlé  de  Leftoure  ,  dans  l'élection  de 
Lomagne. 

GRAMOSO'WE  ,  ancienne  abbaye  de  l'ordre  de  Pré- 
montré en  Allemagne  ,  dans  la  Pomérante  ultérieure  , 
au  diocèlé  de  Cammin  ;  elle  a  été  fécularifée  à  la  paix 
de  Veftphalie. 

GEAMPIUS  Mons  ,  montagne  d'Ecoffe.  Tacite  en 
fait  mention  dans  la  Vie  d'Agricola.  Hector  Boethius  dit 
qu'il  léparoit  les  Piftes  &  les  EcolTois  :  on  le  nomme 
Gran  barns  ;  mais  ce  nom  moderne  ne  comprend  pas 
toute  la  chaîne  de  montagnes ,  qui  s'étend  entre  les  pro- 
vinces d'Argyle ,  de  Lorn ,  de  Braïd-Albain  ,  de  Mur- 
ray,  de  Marre  &  de  Mernis  jusqu'à  Aberdeen. 

GRAMPOND  ou  GRAMPOUND,  petite  vUle  d'An- 
gleterre ,  dans  la  province  de  Cornouailles ,  entre  Truro 
ck  Foye.  On  y  tient  marché  public ,  6c  elle  envoie  fes 
députés  au  parlement. 

1.  GRAN  ou  StriGONIE,  Strigonium,  ville  archié- 
piscopale de  la  balTe  Hongrie ,  fur  la  rive  droite  du  Da- 
nube ,  fur  lequel  il  y  a  un  pont  de  bateaux  à  dix  lieues 
de  Bucle  &  d'Albe-Royale.  A  l'oppolîte  de  la  ville,  près 
d'un  de  fes  fauxbourgs ,  la  rivière  de  Gran  fe  jette  dans 
le  Danube  ;  c'eft ,  fans  doute  ,  du  nom  de  cette  rivière 
que  les  Allemands  appellent  cette  ville  Gran ,  &  les  ha- 
bitans Stegran.  On  la  divife  ordinairement  en  deux  ,  fa- 
▼oir,  en  haute,  qui  eft  au  pied  de  la  montagne,  Se  en 
baffe ,  qui  eft  fur  le  Danube.  Toutes  deux  fout  fortes  Se 
ont  de  bonnes  murailles  avec  un  château.  Il  y  a  de  bons 
bains  dans  cette  ville. 

Le  roi  de  Pologne  &  le  prince  Charles  de  Lorraine 
s'emparèrent  de  Gran,  le  27  Octobre  1 683 ,  après  cinq  j  uirs 
de  fiége.  Il  y  avoit  cent  quarante-trois  ans  que  les  Turcs 
en  étoient  en  pofleflion.  La  perte  de  cette  fortereffe, 
qu'il  auroit  été  aifé  au  vifir  de  couvrir ,  s'il  ne  s'étoit  pas 
retiré  à  Effex ,  lui  coûta  la  vie  ,  dès  qu'il  fe  fut  retiré  à 
Belgrade  où  étoit  le  grand  feigneur  qui  le  fit  étrangler. 

2.  GP<.AN  ,  rivière  de  la  haute  Hongrie.  Elle  a  fa 
fource  aux  montagnes ,  qui  léparent  le  comté  de  Liptow 

'&  celui  de  Gemer  ;  &,  coulant  le  long  des  frontières  de 
ce  dernier  comté  ,  elle  borne  celui  de  Zoll  au  nord- 
oueft  ,  puis  le  traverfe  ,  ferpentant  toujours ,  tantôt  vers 
le  fud-oueft  ,  Sr.  tantôt  vers  le  midi  ;  elle  coule  .entre 
Neu-Zoll  &  Alt- Zoll,  Se  coule  enfuite  le  long  du  comté 
de  Neitra  ,  qu'elle  borne  à  l'orient.  Elle  entre  delà  dans 
le  comté  de  Bars ,  Se  fe  perd  enfin  dans  le  Danube  au- 
près de  Barckan  ou  Parkan  ,  vis-à-vis  de  Gran  auquel 
elle  donne  fon  nom.  *  De  FIJle,  Carte  de  la  Hongrie. 

GRANA  ,  petite  rivière  ou  torrent  d'Italie  :  elle  coule 
dans  le  Montferrat ,  &  fe  jette  dans  le  Pô  entre  Cafal 
&  Valence.  *  Baudrani ,  édit.  de  1705. 

GRANADA.  Voyez  Grenade. 

GRANAHAR,  montagnes  d'Ethiopie ,  dans  l'Abiflî- 
nie.  Elles  ont  reçu  ce  nom  de  la  victoire  que,  les  Por- 
tugais remportèrent  furGranhe  ,  général  du  roid'Adel, 
ck  qui  étant  entré  clans  l'Abiffmie,  y  faifoit  de  grands 
ravages.  Il  y  fut  tué,  ck  on  voit  encore  un  trophée  élevé 
parles  Portugal»  dans  un  grand  chemin  par  où  l'on  va 
des  montagnes  de  Dambée  au  royaume  ,  félon  le  témoi- 
gnage d'Alméide  ,  /.  1,  c.  9  &  10.  *  Descr.  de  l'emp.  de 
Prête-Jean ,  p.  29. 

GRANARD,  baronie  d'Irlande ,  dans  la  province  de 
Leinftcr.  C'eft  une  des  fix  qui  compofent  le  comté  de 
Longfôrd.   *  Etat  préf.  de  l'Irlande  ,  p. 43. 

GRANCEY,  bourg  de  France,  en  Champagne  ,  avec 


GKA 


un  château  Se  titre  de  comté  ,  félon  Baudrand ,  fur  les 
confins  du  duché  de  Bourgogne  ,  environ  à  quatre  lieues 
de  Châfillon-fur-Seine  au  levant  d'hiver  ,  &  à  neuf  de 
Dijon  vers  le  feptentrion.  Ce  n'eft  qu'une  baronie  ; 
mais  le  comte  de  Grancey  ,  fils  du  maréchal  de  Gran- 
cey ,  &  père  du  maréchal  de  Medavy  ,  prenoient  tous 
leur  nom  de  cette  feigneurie  ,  ck  leur  qualité  de  comte 
d'une  autre  terre  :  auffi  Grancey  n'eft -il  qualifié  que 
baronie  dans  les  mémoires  de  Champagne  ,  de  Baugier. 
Les  auteurs  du  dictionnaire  de  la  France  diient  :  Gran- 
cey-le-Chatzl ,  ville  dans  la  Champagne  ,  diocèlé  de Lan- 
gres,  parlement  de  Paris,  intendance  deChâlons,  élec- 
tion de  Langres ,  a  fix  cens  foixante-deux  habitans.  Les 
feigr.eurs  de  Grancey  y  ont  fondé  un  chapitre,  en  1361, 
dont  les  canonicats  ne  valent  que  cent  cinquante  livres, 
non  compris  leur  logement  :  il  eft  compofé  d'un  doyen  , 
de  neuf  canonicats ,  &  de  quatre  demi-prébendes  :  c'eft 
une  baronie  qui  appartient  au  maréchal-comte  de  Me- 
davy. Il  s'y  fabrique  de  bonnes  ferges. 

1 .  GRAND  :  ce  mot  eft  quelquefois  ajouté  à  des  noms 
géographiques ,  lur-tout  lorsqu'il  y  a  pluiïeurs  pays  ou 
lieux  du  même  nom. 

2.  GR.AND,  petit  bourg  de  Champagne,  au  diocèfe 
de  Toul,  dans  le  Batïigni.  Il  eft  remarquable  par  lé  tom- 
beau de  S.  Thibée  ,  leigneur  du  lieu  ,  qui  eft  fous  des 
arcades  Si  des  portiques  fort  anciens  ,  fous  lesquels  on 
tient  que  l'empereur  Julien  l'Apoftat  lui  fit  trancher  la 
tête.  Ce  tombeau  eft  vifitépar  une  infinité  de  perfonnes 
malades  ,  pour  recevoir  la  guérifon  de  maladies  incura- 
bles. Ce  bourg  a  été  autrefois  poffédé  par  des  feigneurs 
de  ce  nom ,  qui  étoient  confidérables  :  on  y  voit  les  vef- 
tiges  d'un  ancien  château  qu'ils  habitoient.  Il  y  a  a:  jour- 
d'hui  un  nombre  confidérable  d'artifans  qui  travaillent  à 
faire  des  doux  qu'ils  vendent  en  gros  aux  marchands. 
*  Baugier,  Mém.  hift.de  Champagne,  t.  \  ,0.3^6. 

GRAND-BIGARD,  (le)  .bbaye  de  filles  ,  ordre  de 
S.  Benoît ,  dans  les  Pavs-bas ,  au  voilinage  de  Bruxelles 

1.  GRAND-CHAMP,  (le)  Voyez  au  mot  Champ. 

2.  GRAND-CHAMP,  village  de  France  ,  dans  la 
Beaufie,  au  diocèfe  de  Chartres.  Il  eft  remarquable  par 
une  abbaye  de  Prémontrés ,  fondée  par  Simon  IV,  comte 
de  Montfott  :  elle  eft  fituée  à  deux  lieues  de  Montfort- 
l'Amauri  :   on  la  nomme  auffi  l'abbaye  de  Gran'dvaL 

GRAND- COURT,  bourg  de  France  ,  en  Norman- 
die. Corneille  écrit  G r an  cour ,  ck  dit  d'après  des  Mémoi- 
res dreffés  fur  les  lieux,  qu'il  eft  au  diocè'è  de  Rouen, 
dans  le  comté  d'Eu  ,  entre  Envermeu  &  Blangy  ,  fur 
une  pe:ite  rivière  qui  a  fa  fource  au-deffus  de  Fouc  irmonr. 

GRAND-GOURG,  Grandi-Gurges ,  abbayed'hom- 
mes,  ordre  de  Prémontré  en  Suiffe,  dans  Tévêché  de 
Balle ,  à  deux  lieues  de  Porentru ,  Se  dans  le  diocèfe  de 
Befançon. 

GRAND-LIEU,  étang  de  France,  en  Bretagne,  au 
pays  de  Retz  ,  dans  le  comté  de  Nantes ,  félon  Piganiol 
de  la  Force,  Descr.  de  la  Fiance ,  t.  5  ,p.  22^.  C'eft  un 
lac  noir  Se  bourbeux  ,  qui  a  environ  iépt  lieues  détour; 
il  eft  formé  par  la  chute  de  trois  petites  rivières  qui 
font  le  Tenu  ,  la  Boulogne  ck  YOgnon.  L'hiftoire  de 
S.  Félix  rapporte  qu'il  y  avoit  une  ville  nommée  Her- 
bauge  ,  en  latin  Berbatilicum  ,  dont  les  habitans  ayant 
fait  quelque  indignité  à  S.  Martin  de  Vertou ,  diacre  de 
S.  Félix,  qui  y  prêchoit  l'évangile,  elle  abyma,  &  en  (à 
place  parut  ce  lac  :  il  eft  certain  qu'il  y  a  eu  un  comté 
d'Herbauge  qui  comprenoit  à-peu-près  le  pays  de  Retz, 
(Raiz.)  Le  lac  de  Grand-Lieu  appartient  au  marquis  de 
Cruz-Cotirboyer ,  originaire  de  Normandie  ,  à  qui  il  a 
paffé  par  fucceffion  des  lèijneurs  de  Vieille-Vigne- Ma- 
checou.  On  propofa  de  deffécher  ce  lac,  en  1459:  on 
l'a  auffi  propofé  plufieurs  fois  depuis,  lavoir  en  1534, 
1572  ck  1  %73  ;  mais  on  s'en  eft  toujours  tenu  à  la  (im- 
pie propofition.  On  a  ditGfîAND-LlEU  par  corruption, 
il  falloir  dire  Grand-Lac  ,  Grandis-  La  eus ,  &  non  pas 
Grandis  Locus,  comme  le  remarque  Baillet,  Topogr.  des 
Saints,  p.  603. 

1.  GRAND-MONT,  petite  ville  de  France,  dans  la 
Marche  Limoufine  :  elle  eft  remarquable  par  fon  abbaye, 
dont  nous  avons  parlé  dans  l'article  de  Grammont, 
Se  qui  eft  la  même.  Elle  a  été  la  patrie  du  célèbre  Marc- 
Antoine  Muret  :  il  y  naquit  en  1527,  &  mourut  à  Rome 
dans  un  âge  allez  avancé  :  il  avoit  acquis  une  grande  , 
pureté  de  ftyle  dans  la  langue  latine. 


GRA 


GRA 


;.  GRAND -MONT  .    abbaye    £e   Frar.ce.  Voyez 
Gl  \MMOWX. 

5  G:  4.   GRAND-MONT,   prieuré  ce  France,  en 
Normandie ,  au  diocèle  de  Séez. 

_  ieo  x  £e  même  nom  dans  ce  (Eocèfe. 
j.  GRAND-MONT,   prieuré  de  France,   dans  la 
Franche-Comté  ,   au  diocèle  de  Bdànçon  :   il  dépend 
de  Mo.-:  »ye  .  il  :     e  iiis  les  Alpes  :  il  eft  en  com- 
ruee.ce  1   ..  r.ern. :.c::.:n  __:e:e. 

6.  GRAND-MONT,  prieuré  de  France  ,   dans  le 
Eerr:  .   1.:  c:  :  :e;e  rie  G;  erres. 

GRANÛ-PC'NT     :/.•-'..  s ,  vb:=  . .'  i3.Tr.  --  =  E  ■  • 
rrceer.r.e  £m.;  il  :.:t^::  .  7u: :  i-aeiviere  ee  :^-_  .-c  .  sppe.- 
.      •  <-«r  par  les  anciens  ,  Se  Acqua  dolce  par  les  Ita- 
liens. Cette  ville  eft  entre  Conftantinople  àForient,  & 
5;.:-  :::  ic  :;.  c.m:. 

GRAND  -  PRE  ,  Grande-Pramm  ,  ville  de  France , 
en  Champagne ,  au  diocèse  de  Rheinis  ,  &  dans  Félec- 
tion  de  Siicte-Menehoud  ,  fur  la  petite  rivière  d°Al  B  . 
c_  7e  e::e.  i  beexi:e_es  eu-beceus.  eacs  7A:~e.  C  e:: 
un  c;;  .^t:  m:.;--  ;:-:;;-:■  ries  £e  L  r.irr.pagr.e  .  G  :i 
y  ;  ngt-fant  nets  qui  en  relèvent.  La  ville  a  pris 
nom  des  prés  auprès  desquels  elle  eft  lîtuee.  L:  fût 
Vulîhaire ,  archevêque  de  Kheims  ,  qui  hii  don 
nom,  vers  Fan  8 17.  Elle  aappareeeu  i  i'eec..e  deRhejms, 
&  a  eu  enlûite  des  comtes  de  différentes  maifons;  on 
■:.i  rrec.e  :  :  ru'iis  sye.n:  re.e'.e  i~r:ec:a:e— en:  -e; 
archevêques  de  Rheims ,  dont  les  comtes  de  Champagne 
c::  ent  vaffaux.  Le  premier  qui  a  porte  le  titre  :r  conte 
d:  Grand-Pn  ,  eftHerman,  qui  vivoit  dans  Fonâeme 
lie;-;  :  on  ne  connoit  point  fou  origine.  Après  lui,  ce 
c  :rr  :e  ri:"  s  :ie;  iirr.i  i.  en  ces  cc~r.es  ce  r  erc.er.  ;  ~i_; 
Ebecirc.  un  £e  ieer;  ceiber.cans  .  ie  ver.  ci: .  brus  Cb.ae- 
les  VI ,  à  Quentin  le  BoureiUer ,  qui  le  vendit  à  Henri  rie 
Bodèlle,  originaire  de  Zélande,  qui  en  jouit  très-long: 
ter..-.  Bt  le  vendit  enfin  à  Louis  de  Joyeafe  ,  te:g-.eur 
de  Botheon  ,  auquel  Charles  VIII  conrlrma  le  titre  le 
coma.  La  maifon  de  Joyeuie  poflede  encore  au' 
ce  comté.  On  a  trouvé  dans  le  voifinage  de  Grand-Pré 
une  mire  d'argent  :  —sis  pour  l'expLiter  ,  la  dépeniê 
furrs.i'err::  le  r-   G. 

GRAND-SELVE  .  abbaye  £e  France  .  cie.=  le  hiu: 
Languedoc  ,  au  diocèle  de  Touloufe  :  elle  eft  de  l'ordre 
ce  C  eaux,  îc  rut  fondée  l'an  1114.  Bandrand  dit  qu'elle 
fin  :  '  iee  par  S.  Gérard  ,  religieux  de  Corbie ,  de  l'ordre 
de  S.  Benoît ,  &  qu'en  1 144  ,  elle  parla  dans  Fordre  de 
Cïteaux.  Ce  géographe  le  trompe  ;  car  S.  Geraud  ,  &  non 
Gérard,  mourut  l'an  109Î  ;  ainfiilnepeutpas  avoir 
été  fondateur  d'une  abbaye  en  1 1 14. 

Je  ne  lois  fur  quel  fondement  D.  Beaunier.  dans  lbn 
- 
GRAND-VE.  Voyez  Ve. 
GRAND-VILLE.  Voyez  Grasville. 
GRANDS  ,  ou  Grax  ,  en  larin  Grandis.  Ortélius  , 
T.:  '.  ::.:  que  c'eft  une  ville  de  France  ,  peu  diftante  de 
Toul,  &  cite  la  Vie  ce  S.  Eliphius.  Biii Set  .  Topos-  -'-'-' 
.  p.  605  ,  dit  que  Grands  eu  Gran  .  eft  un  e  pe     : 
ville  de  Lorraine  ,  fur  les  limites  du  Baffigni.  Il  ajoute 
qu'on  prétend  ,  fans  beaucoup  de  fondement  ,  qu'elle  a 
e:e  icrrefoisépiscopale.  On  croit ,  pourtiiit-il ,  que  ce  rut 
le  lieu  de  la  naiffance  de  S.  Alop'n  ,  de  S.  Eucaire  ,  & 
de  leurs  trois  fœurs  ,  qui  le  fanctiierent  dans  le  pays  ou 
e  be  Toul.  D  le  trompe  en  ce  qu'il  en  tait  une  ville , 
ce  n'eft  qu'un  bourg  ;  il  ne  devoir  pas  dire  en  Lorraine  , 
mais  en  C  hampagr  e ,  5c  dans  le  BafEgni  même ,  à  la  lource 
rie    :  -  -    e-e   1  .  rnev. 

GRaNDVILLARS  ,  en  allemand  GrandwiU  ,  ou 
G-z-.i'. ....-  .  rcurg  éx  rb.cieau  rr:_e  eu  Sur.dâav  ,  à 
trois  iie:;-  de  Berford  .  tirué  tur  la  droite  de  FA  Haine  ou 
Haie,  dan? une  ifleque  tonne  cette  -  rare  par  le  moyen 
d'un  canal  qui  fert  à  taire  aller  des  forges  &  un  — 
d'un  côté  -  ntieredu  comté  le  MonroeOiard ,  dont  elle 
r-'e     ;      :-ee  -.:;  ie  ::     ■     eue;. 

GRANENDAL  .  prieuré  ce;  Pays-bas,  au  Braba      . 
ma  tner  de  Bruxelies .  dans  la  forêt  de  Soignes ,  fur  la 
pe:i-e  rivière  d'Isrhe.  *  D.5.  eéogr.  u«  Pan   -  as 

GRANFEL,  eu  Gsanvel",  :      .       G     -:r;-V-[- 

Us,  abbaye  d"  .     .        i;.  s.  ^"albert , 

abbé  de  Luxeuil ,  envoya  vers  l'an  648  ,  une  colonie  de 

rjnduire  de  S.  Germain  ,  dans  le 

nouveau  monaftere  de  Granlel ,  au  diocèle  de  Balle ,  que 


171 

ie       .  ...  _"-  :c_:n  .  i'_u   ic  :::: 

-  .  ms  a  .-    allés:  ,  dont  il  lui  a      1     :  mé    .  i  ces. 

-  ère  eee;__c  zî'^îzG     zJ.-î~.  e  ic    -    emands 
prononcent  Grcnfd  ,  5c  qu'Us  norarnent  plus  c 

"  c  '-"  :—  .  :'e::-i- . .  ■:  .    i 
-        aL  II  y  établit  S.  Germa  n  e:_:  prenùet  abbé  li  _; 

i  -  régie   .  ;  Luxe.      Dm      .  : 

:.   -  .:   :    -  -  .  -  z  ■      :  ebapir-e     ;  ee.nc- 

nesjqtdjdanslederc  er  fiéde,  e  mnspôrterent à  Te.     .  rg 
-  --  ■'-'_    "■  ■   -  -    -   -    -"-.:  :  '.-":-     .    "     .   c    :  ..;    -/; 

Suiffes  Zairgîiens  établirent  à  GranfeL  On  ce  r 
Granfel,  qui  avoir  toujours  été  du  diocèle  :.  7  le  ... 
mi_n:enm:  ce  reiui  ce  C  rnieccee  .  ;e  r_"i  ■"-_--.  .::-.-■-; 
er.rencre    ce    ieisber;.   S.    Ge:e  .;...; 

encore  de  fon  vivant  de  la  conduire  de  de ua  imresi 
reres.   :iv;.r  _e  eeiei  ce  5.  Urûn.        ..       ;  . 

: .  .  Je  S.  Paul  de  Werdt,  ou  de  Fille  ;  ces  deux  maïfons 
eeir.eu-een:  ieng-rem;  ceeeccin:;;     s  ;_..;  __  Grieiei. 

*  Baîllît ,  Tope  r-    des  Sa  us  ,j>   117. 
GRANGE,  (la]  montagne   le  ...   :  ■  .    .     entrionale 

de  Fille  Espagnole  ,  à  trois  lieues  à  Pc .  :        ... 
Chrifto  :  on  lut  1  donné   ee   nom   .   parce    _   e  quand 
on  la  découvre    c'en   peu  ie:n  ,  on  la  prendroît  pour 
nne  grange   __::e  lùr  le  bord  de  Feau.  *       ...  ...   ..-; 

Uiarù 

GRANGIA.  ;  :  '--iiii;e:i'::i".ie,  dans  la  Lomé -c  e, 
au  confluent  de  iiSr.ii .  ee  ce  Pô.  Gcie>.enon  ,  Hift.  de 
Siv  -ve  .  ee:  e.  ;  e'e::  ie  iiec  ineeiie       ;  ennenee--      ad 

GRANIPALATTUM  .  :'eicn  Luire-rani  .  -_■■ 

GRANI  THEJLSLE,  feirnRineginen.  V  ::  Nva- 
C-:?.r.A  :  on  croît  ece  ;  e.:  pré  bnteme  :.;...  e  cru-  , 
en  oançois  A::;-ia-Chafelle. 

GRANLACVJM  PROMOXTORrcM  ,  cir  de  Fïfle  £e 
Code ,  dans  i  :  série  méri  ;£   uale  .  félon  Ptolorr.er. 
ques-uns   créée:  ece  ;':.':    e  :::   T/ftstr/ijo. 

Mai?  Cuver  r.rus  i.Vcre  eue  c'e.r  eeiec  c'Ereieari. 

GRANICU5.  T-  :vee  Grakiqué 

GRANI!  Voyez  Granni. 

GRANIOLS  .  -ci  ne  ce  Snifie  ,  dans  le  Val 
dans  la  (èigrteurie  £e  Morge  .  :'.::  ee  hant  r  cher,  près 
de  la  gorge  ce  il  vallée  de  Binne.  Il  a  en  autre  : 
_;=  feigneurs  e  ee:  ers,  qui  pofiedoient  ,  le  i  . 
Rni-ne.  reeiece:  vi  :::  eui  peeren:  :  :  c  :  -,  _; 
n:m  £e  .--—.•  _.  _-  -  .  ...-  ce  Gem.eis 
pour  aller  à  Lax  ,  on  pafié  le  Rhône  fur  un  pont  :'  rt 
élevé  &  cFune  feule  arcade  ,  du  haut  duquel  on  ne  peut 
.  .  ces  eeeie.e  ceyeee.  ce.  pr_:  .  ;e-  :  :n- 
b:e-  ii  vibre  éc  il  rivière  G  n:  recerree-    :  :  ;.i  en :. 

*  c       S  Déliées  dt  i.  Sm  ': .  .a.  p.  76. 
GRANIONARIUM.  Voyez  GHATirjtfASium. 
GRANIQUE  :  (le]    e      e   es  a   :  2ns  ee:  e;:  Gmô- 

:■■■  r.-s  ■>:;  rivière     '.-     : .7    .  .: 

dans  le  mont  Ida  ,  dans  le  petit  pays  ,  nommé  anderme- 
rr.en:  _i'u'-_-  :.;  ec  Al--  ~::z  .  à  caube  d'une  viliede  renom. 
D  prend  l'on  cours ,  en  ferpentant ,  tantô:  vers  le  nord- 
oueft  &  tantôt  vers  le  lûd-eft  ,  jul'qu'à  ce  qu'ee 
tourne  vers  le  nord-nord-ou-eli  .  èx  b  e::e  dans  !a  Pro- 
pontide,  au  golfe  qui  eft  au  couchant  de.'.. ir  ee  b 
Elle  patToit  auprès  de  la  ville  de  S .  7  ; 

dre  a  rendu  cerre  rivière  fameu  b.  i.    e  travei  .  en  allant 
cembartre  Darius ,  Se  y  remporta  la  premie  : . 
la  nomme  encore  Grcuùqut ,  lorsque  Ton  parle  ce-      i   .. 
res  anciennement  arrivées  fur  fes  b     -;  .     - 
Poyoges,  1. 1 ,  p.  170.  Mais  les  Turcs  laro—re  ^  e.:  Soi  ic; 
elleeît  petite  &  presque  i    se  en  .    eiquéfbis 

ei.e   b  èeberbe  e:rme:enen:  p_^:    --•  r      :  .  ï   .:  rbe.e  n'e:: 
que  fafclen  Stgrat   sr;   ::   a  I  . tres .  e.:  :e    :  —.  -   ■ 
gneux  de  tenir  nettes  les  embouchures  des  1     ses, 
Laide  prefque  combler  ce  lie       Ge    e   :  :  ce  e     . 
qu'il  ne  foit  n'e   .     le,  même  .-.ou  il 

eft  aftez  large.  On  letraveriè  dnq,  €  s,  1   nqu'on 

.... 
lage  qui  n'eft  tru'à  eue  portée    :  .:.... 

-L    ses  .  I' --ccr  dt  T..  -.--:.■  «  A  7.  .   1.  1,  p.  13  t  , 
le  nomme  Son  -  .      - 

.  .  7  -         ...     . 
ce  village  fur  un  pont  de  bois  à  piles  de      erres.  Six  mil- 
les au-deià  du  village,  ïc  affia  près  .  b:  7.     -   : 
..     -  ifiures  .:'..-    :  1  .c  ..: .  e.b    «et    ta    ùr  été 
Akxandnfl  après  qu'il  eut  pa:e  -Lucas, 

r 


GRA 


172 

1 1  p.  132,  parle  ainfi  de  ces  ruines  :  peu  de  tems  après 
nous  trouvâmes  des  montagnes  ,  où  l'on  ne  peut  palier 
que  par  un  défilé  fort  ferré  ;  on  avoit  eu  foin  de  le  forti- 
fier d'un  bon  château  ,  dont  on  voit  encore  les  ruines , 
Se  d'en  fermer  le  paiTage  avec  une  bonne  porte  bâtie  de 
fort  groffes  pierres  &  foutenues  d'une  voûte  fous  laquelle 
il  falïoit  paner.  Il  paroît  que  cette  voûte,  dont  il  refte  en- 
tore  plus  de  quarante  pieds  de  long  ,  étoit  un  rempart 
allure  pour  fermer  l'entrée  de  laMyfie  :  je  paffai  deiibus 
avec  quelques-uns  des  plus  curieux  de  la  caravane ,  pen- 
dant que  les  autres  pafferent  fur  les  ruines  qui  font  à  côté: 
Ce  partage  fe  nomme  aujourd'hui  Demir-capi  ou  Porte- 
de-fer.  Spon  avoit  dit  que  ce  château  paffoit  pour  avoir 
été   bâti  par  Alexandre  ;   Paul  Lucas  ne  croit  pasque 


GRA 


tord  du  lac.  Les  habitans  font  de  la  communion  de  Ge- 
nève. Il  y  avoit  autrefois  à  Granfon  un  couvent  de 
Cordeliers  au  bas  de  la  ville ,  Se  au  quartier  d'en-haut  un 
prieuré  de  l'ordre  de  S.  Benoit.  On  a  fait  du  premier  un 
magafin  à  fel  Se  un  grenier ,  Se  de  l'autre  un  collège ,  & 
de  Ton  églife  un  temple  paroiffial.  A  l'extrémité  du  bail- 
liage de  Granfon  ,  du  côté  de  Neufchatel  ,  il  y  avoit 
auili  au  bord  du  lac  une  Chartreufe  ,  qu'on  nommoit 
V  abbaye  de  la  Lance,  fondée  l'an  13  17.  Elle  fut  vendue 
dans  le  tems  de  la  révolution ,  à  un  bourgeois  de  Berne  , 
de  la  famille  des  Tribolets.  *  Etat  &  Délices  de  la. 
Suijfe,  t.  a«5  p.  315. 

La  terre  de  Granfon  étoit  autrefois  une  baronie.   Ses 
barons  étoient  puiffans  dans  le  quatorzième  iiècle  ;    Se 


cet  ouvrage  foit  d'une  fi  grande  antiquité,  puisqu'il  ne     quelques-uns  d'eux  fe  poufferentà  la  cour  d'Angleterre, 


nous  en  refte  aucun  veftige  dans  les  écrits  des  dutia»  , 
il  peut  être ,  félon  lui ,  de  quelqu'un  des  derniers  empe- 
reurs Grecs ,  qui,  pour  arrêter  les  progrès  des  Turcs ,  vou- 
lurent leur  fermer  l'entrée  de  la  Bithinie. 

GRANIT ZA  ou  Granitia  ,  petite  ville  de  Grèce, 
■dans  la  Livadie ,  fur  un  coteau  affez  près  de  Lwadia.  Il 
y  a  préfentement  un  évêque  Grec,  fuffragant  d'Athènes. 
*  Commanville ,  Lifte  des  Archev. 

1.  GRANIUS  ,.  rivière  de  la  Perfide  ;  elle  traverfe  la 
Sufiane,  Se  fe  jette  dans  le  golfe  Perfique  ,  félon  Pline  , 
l.  6,  c.  23.  C'eft  la  même  rivière  qu'Arrien  ,  in  Indlc. 
nomme  Granide;  rpavlfiiv,  Se  qui,  félon  lui ,  coule  dans  la 
Perfe,  auprès  d'un  lieu  qu'il  appelle  Toax.  Le  P.  Hardouin 
écrit  Granis.  Pline  dit  qu'elle  ne  porte  que  de  petites  bar- 
ques, Se  qu'à  fa  droite  habite  un  peuple,  nommé  Deximon- 
tani,  qui  travaille  le  bitume.  *Plolom.  Homer.  Se  Hefych. 

2.  GRANIUS  ,  nom  latin  de  la  rivière  de  Gran  ,  en 
Hongrie.  *  L.izitis  de  Republ.  Rom. 

GRANNI.  Jornandes,  De  rébus  Getic.  c.  3,  nomme 
•ainfi  un  des  peuples  qui ,  étant  fortis  de  la  Scandinavie, 
s'avancèrent  vers  la  Pannonie  Si  la  Dacie.  Je  ne  fais  fur 
quel  fondement  Ortélius  dit  que  ce  font  les  mêmes  que 
les  Carnuntïi  de  Pline.  Il  feroit  bien  plus  naturel  de  les 
mettre  au  bord  de  la  rivière  de  Gran ,  comme  fait  Lazius. 
GRANNONA  ;  la  Notice  de  l'Empire  Jcct,  61 ,  met 
comme  deux  lieux  différens  Grannona  Se  Grannonum , 
in  littore  Saxonico ,  dans  le  canton  qu'elle  appelle  Tractus 
Armoricanus  ;  c'eft-à-dire  fur  la  côte,  entre  la  Seine  Se 
la  Loire.  De  Valois  Nota.  Gall.  p.  236 ,  croit  que  c'eft 
Guerandt  en  Bretagne.  Il  n'eft  pas  fur  que  Grannona  Se 
Grannonum  foient  des  lieux  différens.  La  Notice  répète 
quelquefois  un  même  lieu  ,  Se  femble  .le  partager  en 
deux  ;  ce  qui  eft  certain  ,  c'eft  qu'au  cas  que  Grannona 
ce  Grannonum  ne  foit  pas  un  feul  Se  même  endroit  ,  il 
faut  les  chercher  tous  les  deux  fur  la  côte  ,  Se  apparem- 
ment fur  la  côte  de  Bretagne.  L'un  des  deux  pourroit 
bien  être  Gravinum  de  la  table  de  Peutinger  ,  près  de 
Vannes. 

GRANNOPOLIS  ;  c'eft  ainfi  qu'Ortélius  a  lu  dans 
Sidonius  Apollinaris,  /.  3,  Epift.  14;  mais  le  P.  Sirmond 
a  lu  Gratianopolis»,  qui  eft  le  vrai  mot.  De  Valois  ob- 
ferve  que  dans  quelques  manuferits,  tant  des  Notices  que 
de  S.  Auguftin  Si  de  Sidonius ,  on  trouve  fouvent  civitas 
Grannapolitana  ou  Grannopolitana  ;  il  ajoute  que  cette 
orthographe  eft  venue  de  l'abbréviation  faite  parles  co- 
piftes  qui  écrivoient  Grdânopolis ,  ou  mémeGranopolis 
pour  Gratianopolis  ;  Se  Grââ  pour  Gratta  ;  ce  que  des 
ignorans  n'entendant  pas,  ils  ont  omis  le  trait  qui^mar- 
quoit  l'abbréviation.  Cependant  il  y  a  bien  de  l'appa- 
rence que  l'on  a  accourci  dans  la  fuite  ce  mot  d'une  fyl- 
labe,  Se  que  Grenoble  a  été  fait  de  Granopolis ,  mot  cor- 
rompu de  Gratianopolis. 

GRANOLLES  ,   bourg  d'Efpagne  ,  en  Catalogne , 
'  dans  le  pays  de  Vallès,  félon  Baudrand,  édit.  de  1705. 
GRANON.  Voyez  Cranon. 

GRANPOUND,  bourg  d'Angleterre,  dans  la  province 
de  Cornouailles.  Il  a  droit  de  tenir  marché  public. 
*  Etat  prifent  de  la  G.  Brh.  t.  1 . 

GRANSBERGE,  château  des  Pays-bas,  dans  les  Pro- 
vinces-Unies ,  en  Over-Iffd ,  entre  Ccevorden  Se  Har- 
denberg.  *  Dict.  géogr.  des  Pays-bas. 

GRANSON  ,  petite  ville  en  SunTe,  au  pays  de  Vaud. 
Elle  eft  fituée  fur  une  colline,  au  bord  occidental  du  lac 
de  Neufchatel,  à  une  lieue  d'Yverdun.  Il  n'y  a  de  re- 
marquable que  le  château  où  réfide  le  baillif.  Il  eft  à 
l'extrémité  de  la  ville  la  plus  élevée ,  Se  s'étend  jusqu'au 


au  point,  qu'il  y  a  eu  dans  ce  royaume  quelques  évêques 
de  la  maifon  de  Granfon.  Après  eux  les  princes  de  Châ- 
lons  ont  poffédé  cette  terre ,  Se  ils  la  perdirent  à  la  guerre 
de  Bourgogne.  La  ville  de  Granfon  eft  mémorable  dans 
l'hiftoire ,  par  le  fiége  qu'elle  foutint  contre  le  duc  de 
Bourgogne ,  Se  par  la  bataille  que  les  Suiffes  y  gagnèrent 
fur  ce  duc,  l'an  1475. 

Le  BAILLIAGE  DE  GrANSON  eft  le  dernier  qui  ap- 
partienne à  quelque  canton  de  ce  côté-là.  Il  confine  du 
côté  du  couchant  au  mont  Jura  ,  du  côté  du  nord  au 
comté  de  Neufchatel  ,  du  côté  du  midi  aux  bailliages 
d'Orbe  Se  fd'Yverdun  ,  Se  du  côté  d'orient  il  embralfe 
toute  la  largeur  du  lac,  qui  lui  eft  oppofée  ,  avec  la  pa- 
roifle  d'Yvonan ,  qui  eft  au  bord  oriental  du  lac.  A  l'é- 
gard de  la  religion,  il  eft  tout  entier  de  la  religion  Pro- 
teftante ,  Se  contient  neuf  paroiffe?.  C'eft  un  pays  de 
champs  ,  de  vignes ,  de  prairies  ,  enfin  un  terroir  fertile. 
Le  bailliage  de  Granfon  eft  gouverné  par  les  Bernois  Se 
les  Fribourgeois.  Ils  y  envoient ,  tour-à-tour  des  baillifs 
pour  cinq  ans  ;  Se  quand  il  y  a  un  baillif  de  Berne  ,  les 
appels  fe  portent  à  Fribourg  ;  de  même  ,  quand  il  y  en  a 
un  de  Fribourg ,  les  appels  vont  à  Berne.  Lorsque  les 
appels  fe  portent  à  Fribourg ,  les  feigneurs  de  Fribourg 
établiffent  les  miniftres. 

_  GRANTA ,  ville  de  la  Grande-Bretagne.  Bede  Se  Fé- 
lix en  font  mention  ,  au  rapport  de  Leland  ,  qui  dit  que 
les  Bretons  la  nommoient  Cairgrant ,  du  nom  de  la  ri- 
vière qui  l'arrofe  ;  Se  que  les  Anglois  ou  Saxons  ,  l'ont 
appellée  Grantebridge.  On  trouve  effectivement  dans  la 
Chronique  Saxone  ,  publiée  par  Edmond  Gibfon  ,  ce 
nom  écrit  Grantebrige  ,  Grantabric,  Grantkebrige,  Gran- 
tebryge  ,  Se  Grantebrygge  ;  on  dit  préfentement  Cam- 
bridge. 

GRANTHAM,  ville  d'Angleterre,  en  Lincolnshire. 
Baudrand  n'en  fait  qu'un  bourg  ;  mais  l'auteur  de  l'Etat 
préfent  de  la  G.  Bretagne  ,  t.  1,  p.  85  ,  dit  que  c'eft  une 
bonne  ville.  Elle  eft  fur  la  rivière  de  Witham.  C'eft  un 
grand  paffage  pour  ceux  qui  vont  au  nord  de  l'Angle- 
terre ,  Se  qui  en  viennent.  Le  clocher  de  fon  églifè  eft 
d'une  telle  hauteur  qu'il  paroît  courbe  à  ceux  qui  le  re- 
gardent. Elle  a  titre  de  comté. 

GRANUA,  Vpuvv'a:  laVied'AnfomnlePhilofophe, 
/.  1  ,  nomme  ainfi  un  lieu  chez  les  Quades.  Ortélius  , 
Tliejaur.  doute  fi  ce  ne  feroit  pas  la  rivière  ou  la  ville* 
de  Gran  en  Hongrie. 

GRANVELLE,  château  Se  feigneurie  de  France ,' 
dans  la  partie  feptentrionale  de  la  Franche- Comté,  en- 
tre le  bourg  de  Fondremant  Se  celui  de  la  Charité.  Ces 
trois  lieux  font  fur  une  même  petite  rivière  qui  vafe  per- 
dre dans  la  Sône.  Il  n'y  a  qu'un  demi-  lieue  de  Gran- 
velle  à  la  Charité  ;  ce  nom  eft  devenu  fameux ,  à  caufe 
du  cardinal  qui  l'a  porté.  *  Jaillot ,  Atlas. 

GRANUCOMATjE.  Pline  nomme  ainfi  deux  Té- 
trarchies  dans  la  Syrie,  Ce  nom  eft  grec  ,  Se  formé  de 
Vf-"  i-'-o^itu,  c'eft-à-dire  les  payfans  de  Granus ,  ou 
les  villages  de  Granus. 

GRANVILLE  ou  Grand'Ville,  ville  de  France, 
en  Normandie  ,  avec  un  port  de  mer  ,  à  fix  lieues  de 
Coutances ,  Se  à  cinq  d'Avranches.  Cette  place  eft  fituée 
en  partie  fur  un  rocher  d'accès'  difficile  ,  Se  en. partie 
dans  laplaine  où  eft  le  port.  Le  P.  du  Moutier,  N'eujlria pia, 
dit  qu'un  abbé  de  la  Luzerne,  mit  la  première  pierre  du 
bâtiment  de  cette  ville,  en  1440.  Selon  Cénalis ,  ce  font 
les  Anglois  qui  l'ont  bâtie  ,  fous  le  re^ne  de  Charles  VII. 
Le  rocher  où  eft  placé  Granville  ,  appartenoit  au  mont 
S.  Michel ,  Se  fut  échangé  avec  le  roi  contre  un  fief  Se 


GRA 


GB.A 


■des  moulins.  Cénalis  l'appelle  Macropolis  ,  nom  grec , 
qui  fignifie  Longueville.  Il  ajoute  Grandem-VUlam  vul- 
gus  appellat  gallich  Granville,/?  non  re,faltem  nbmine. 
C'eft  la  pêche  6k  le  débit  de  la  morue  lèche  ck  de  la  mo- 
rue verte ,  de  l'huile  ck  du  poiffon  frais ,  qui  fait  tout  le 
commerce  des  habitans.  Elle  eft  néanmoins  beaucoup 
déchue  de  ce  qu'elle  étoit  ;  puisqu'au  lieu  de  trente  ou 
de  quarante  bâtimens  de  cent  à  deux  cens  tonneaux ,  qui 
alloient  tous  les  ans  partie  en  Terre-neuve  ,  partie  fur  le 
Grand-Banc  pour  la  pêche  de  la  morue  ,  il  n'y  en  a  que 
dix  ou  douze  qui  font  ce  commerce.  Les  bâtimens  qui 
vont  en  Terre-neuve  ,  font  fécher  le  poiffon  ck  le  portent 
à  Marfeille  ou  à  Bordeaux  ,  ou  autres  ports.  Ceux  qui 
vont  fur  le  Grand-Banc  pèchent  la  morue  ,  que  l'on  ap- 
pelle verte ,  Ôk  la  portent  d'ordinaire  au  Havre  de  Grâce 
ck  autres  ports  de  la  Manche.  La  pêche  de  l'huitre  ek 
du  poiffon  frais  fait  encore  une  partie  du  commerce  de 
Granville  ;  mais  elle  regarde  feulement  le  menu  peuple  , 
ck  les  principaux  bourgeois  ne  s'y  attachent  point.  Cette 
ville ,  en  tems  de  guerre ,  a  une  gamifon.  11  n'y  a  qu'une 
feule  porte  défendue  de  quelques  fortifications  qui  em- 
pêchent qu'on  n'y  puiffe  entrer  facilement.  La  grande 
églife  ck  deux  rues,  qui  font  connoître  qu'elle  eft  une  ville 
neuve,  font  ce  qu'on  y  voit  de  plus  remarquable.  11  y  a 
un  grand  mole  qui  met  le  port  à  l'abri  de  la  tempête  , 
&  qui  fert  à  charger  ck  à  décharger  facilement  les  vaif- 
feaux  qui  abordent. 

GRAN  VILLLERS ,  bourg  de  France ,  fur  la  frontière 
de  Picardie ,  avec  prévôté  royale  ,  mairie  ck  grenier  à 
fel.  Il  eft  à  quatre  lieues  de  Conti ,  entre  Aumale  ck  Creve- 
cœur  ,  dans  une  campagne  fertile  en  grains.  L'églife 
paroiffiale  eft  fous  l'invocation  de  S.  Gilles  :  il  y  a  foire  le 
jour  de  la  fête  ,  ck  marché  tous  les  lundis.  On  trouve 
dans  Granvilliers  un  monaftere  de  religieufes  de  S.  Fran- 
çois ,  gouvernées  par  des  Cordeliers.  L'abbé  de  S.  Lu- 
cien de  Beauvais  ,  tjui  en  eft  feigneur ,  fait  adminiitrer  la 
iuftice  en  ce  bourg,  par  un  prévôt  patrimonial.  *  Corn. 
Dicr..  Mémoires  drejfés  fur  ks  lieux. 

GRANZEBAIN ,  chaîne  de  montagnes  qui  traverfé 
l'Ecoffe ,  ck  qui  la  fépare  en  deux  ,  favoir  en  citérieure 
cken  ultérieure.  Elle  eft  ainfi  nommée  par  ceux  du  pays, 
parce  qu'elle  fe  courbe  fort  en  quelques  endroits.  Elle 
s'étend  en  long  depuis  l'embouchure  de  la  Dée  au  le- 
vant ,  vers  Aberdeen  ,  jusqu'au  lac  de  Lomond  au  cou- 
chant. C'eft  une  partie  du  mont  Grampius.  Voyez  ce 
mot.  *  Baud.  édit.  de  1705. 

GRAO.  Voyez  Grado. 

GRAOSGALA.  Nicétas  nomme  ainfi  un  lieu  qu'Or- 
télius  croit  être  une  ville  de  la  Phrygie. 

GRAOS-STETHOS  ,  c'eft-à-dire  la  Poitrine  de  la 
Vieille  ,  lieu  particulier  du  territoire  de  Tanagre  ,  félon 
Xenophon  ,  Hiflor.  Greec.  I.  5. 

1.  GRAS  ,  en  latin  GRADUS.LesRomains,  dit  le  père 
Lubin,  Merc.  Géogr.  p.  272,  donnoient  le  nom  de  Gra- 
dus  aux  ports  qui  étoient  aux  embouchures  des  fleuves 
où  il  y  avoit  des  efcaliers  ,  par  lesquels  on  pouvoit  du 
mole  defcendre  dans  les  vaiffeaux.  Le  mot  de  gras  dont 
on  fe  fert  pour  exprimer  les  embouchures  du  Rhône, 
eft  encore  un  veftige  de  ce  nom  ;  ck  les  Efpagnols  don- 
nent le  nom  de  Grao  à  ces  fortes  de  defcentes ,  comme 
à  celle  qui  eft  à  Valence  ,  anciennement  appellée  Gra- 
dus  Valendnus.  Le  nom  de  Grau  que  l'on  donne  fur 
la  côte  de  Languedoc  ,  à  l'embouchure  d'un  rivière  vient 
auflï  de  la  même  origine. 

2.  GRAS  DU  RHONE,  (les)  Oftia  Rhodani  :  ce 
font  les  embouchures  par  lesquelles  ce  fleuve  fe  jette 
dans  le  golfe  de  Lyon  ,  entre  le  bas  Languedoc  ck  la 
Provence.  Il  y  en  a  fix  qui  fe  prennent  d'occident  en 
orient,  favoir, 

Le  Gras-Neuf, 
Le  Gras  d'Orgon, 
Le  Gras  du  Sauzet, 
Le  Gràs-Saimte-Annè  , 
'Le  Gras  du  Midi  , 
Le  Gras  de  Foz,. 

Il  y  en  avoit  encore  quelques  autres  ,  comme  le  Gras 
d'Erifcr,  le  Gras  de  Pajfbn,  ckc.  Mais  ils  font  bouchés 
par  les  tables  qui  s'y  font  amaffés,  ck  ils  font  devenus 
impraticables. 


173 


LçGras-Neuf,  le  plus  occidental  de  tous,  vient  de  la 
branche  occidentale  du  Rhône  ik  du  canal  ,  nommé 
canal  de  Boucdigue  ,  ck  du  vieux  canal  auprès  de  Pe- 
cais. 

Le  Gras  d'Orgon, ,  eft  la  fortie  de  la  branche  occi- 
dentale dont  on  vient  de  parler. 

Les  trois  Gras  qui  fuivent,  font  à  l'embouchure  de  la 
branche  orientale  du  Rhône  ,   lavoir , 

Le  Gras  du  SauTet ,  eft  entre  la  petite  ifle  ,  où  eft  la 
tour  de  S.  Geneft  &  l'ifle  de  Sainte-Anne.- 

Le  Gras  de  Sainte-Anne  eft  entre  Fille  de  même  nom 
ck  celle  de  Janâtan. 

Le  Gras  du  midi  ou  le  grand  Gras  eft  le  plus  consi- 
dérable de  tous ,  ck  fe  trouve  entre  l'ifle  de  Janatan  ck 
la  pointe  de  la  Dent. 

Le  Gras  de  Foi,  .1U'  e^  a^ez  '°'n  ^e~'à ,  eft  à  la  for- 
tie du  bras  mort ,  qui  fe  détache  du  Rhône  ,  ck  court,  vers 
l'orient,  joindre  le  Galajon. 

Selon  Baudrand,  il  n'y  a  que  les  trois  Gras  du  Sau- 
zet ,  le  grand  Gras  &  le  Gras-Sainte-Anne  qui  foient  li- 
bres. Voyez  le  Rhône. 

3.  GRAS  ,  (le)  petite  rivière  de  France,  dans  le  pays 
Chartrain  :  elle  prend  fa  fource  à  Voife  ,  ck  fe  perd 
dans  FEure  à  Nogent-le-Roi.  On  la  nomme  auflï  Loré, 
d'où  prend  fon  nom  le  Guide  Loré,  petit  bourg  à  quatre 
lieues  de  Chartres ,  fur  le  grand  chemin  de  Paris.  *  Corn 
Di&. 

GRASSANO  ,  (S.  Victor  de)  abbaye-  d'hommes , 
ordre  de  S.  Benoît,  dans  le  Montt'errat,  au  diocèse  de 
Cafal. 

1.  GRASSE,  petite  ville  de  France,  en  Provence, 
Grinnicum  ;  c'eft  le  fiége  d'un  évêché  qui  étoit  aupa- 
ravant à  Amibes  ,  ck  qui  fut  transféré  le  19  Juillet  de 
l'an  12.34,  félon  Bosquet  ,  dans  l'es  Notes  fur  les  Epîtres 
d'Innocent  III,  ou  l'an  1239,  félon Noftradamus.  Voyez 
Antibes.  Le  chapitre  de  la  cathédrale  conlîfte  en  un 
prévôt ,  un  archidiacre  ,  un  capifcol ,  un  facriftain  ,  un 
archiprêtre  ck  fept  ou  huit  autres  chanoines.  Il  y  a  dans 
ce  diocèfe  vingt-deux. paroiffes  ck  l'abbaye  de  Lerins. 
L'évêque  eft  fuffragant  d'Embrun.  Outre  l'églife  cathé- 
drale ,  qui  eft  aufii  paroiffiale ,  il  y  a  plufieurs  couvens. 
d'hommes  ck  de  femmes ,  ck  une  maifon  de  Pères  de 
l'Oratoire.  Cette  ville  eft  le  chef-  lieu  d'une  viguerie , 
qualité  qui  lui  donne  entrée  aux  affemblées  de  la  pro- 
vince. Elle  eft  depuis  long-tems  du  domaine  du  comté 
de  Provence.  Elle  étoit  déjà  connue  dans  le  douzième 
fiécle,  puisqu'Adrien  IV  en  fait  mention  dès  l'an  1151), 
dans  une  bulle  adreffée  à  Pierre  ,  évêque  d'Amibes.  De 
Longnerue  ne  s'accorde  pas  avec  les  auteurs  que  j'ai  déjà 
cités  fur  l'année  de  la  translation  du  fiége  ;  car  il  dit 
qu' Antibes ,  qui  eft  au  bord  de  la  mer ,  ayant  été  plu- 
fieurs fois  faccagée  par  les  corfaires  de  Barbarie  ,  une 
partie  des  habitans  fe  retira  à  G  rafle  ,  qui  eft  à  trois 
lieues  de  la  mer,  &  qu'Innocent  IV  y  transfera,  l'an  1250, 
le  Jîége  épiscopal  d'Antibes  ;  en  forte  que  l'églife  pa- 
roiffiale de  Notre-Dame  devint  cathédrale  fous  l'épis- 
copat  de  Raimond ,  religieux  de  l'ordre  de  S.  Domini- 
que. Il  y  a  à  Grafte  un  fiége  de  la  Senéchauffée  ,  établi, 
l'an  1570,  par  Charles  IX.  Cet  évêché  ,  qui  rapporte 
dix  mille  livres  ,  a  été  autrefois  uni  à  celui  de  Vence  , 
en  faveur  d'Antoine  Godeau  ,  dont  je  parle  à  l'article 
de  Dreux,  fa  patrie.  *  Piganiol  de  la  Force ,  Defcr.  de 
la  France,  t.  4,  p.  97  ck  178. 

1.  GRASSE,  (la)  petite  ville  de  France ,  dans  le  Lan- 
guedoc ,  à  quatre  lieues  de  Carcaffone  ,  vers  l'orient  mé- 
ridional ,  ck  environ  autant  de  Narbonne  vers  le  cou- 
chant ;  elle  eft  fituée  fur  la  petite  rivière  de  l'Orbieu ,' 
au  pied  des  montagnes  de  la  Courbiere.  *  Baudr.  édit. 
de  1705. 

3.  GRASSE  (LA)  on  Notre-Dame  de  la  Greffe  ,  ab- 
baye de  France,  en  Languedoc,  au  diocèfe  de  Ç&rcas- 
fone,  auprès  d'une  ville  à  laquelle  elle  a  donné  fon  nom. 
Elle  eft  de  l'ordre  de  S.  Benoît.  L'auteur  de  l'Abbrégé 
de  l'Hiftoire  de  cet  ordre,  /.  4,-^.  53 ,  dit  :  on  ignore 
l'origine  de  cette  abbaye,  que  l'on  appelloit  ancienne- 
ment Sainte-Marie-fur-Orbhu.  Elle  eft  plus  ancienne  que 
le  régne  de  Charlernagne  ;  car  il  s'y  trouve  une  donatio  1 
faite  par  ce  prince  ,  écrite  fur  une  écorce  d'arbre  de  l'on 
tems,  l'an  Soi.  Sonfroi ,  que  quelques-uns  appellent  /.-.- 
froi  ou  Ninfroi ,  en  avoit  la  conduite,  ck  faconinni.u.mé 
étoit  compofée  de  cent  religieux.   Piganiol  de  la  I  orée, 


GRA 


174 

Defcr.  de  la  France,  t.  4,  p.  251  ,  eu  parle  ainfi..  L'ab- 
baye de  hGrœJ/'e  ou  Notre-Dame  de  la  Grajfe  a  été  fon- 
dée ,  à  ce  qu'on  dit ,  par  Charlemagne.  Il  n'y  a  cepen- 
dant rien  qui  foit  digne  de  cette  augufte  origine ,  que  Je 
grand  autel  qui  eft  magnifique,  Se  le  revenu  de  l'abbé, 
qui  eft  d'environ  quatorze  à  quinze  mille  livres.  On  y 
conferve  dans  le  tréfor  une  chafle  qui  renferme  le  corps 
de  S.  Maxime ,  évêque  de  Riez.  A  l'égard  de  cette  re- 
lique ,  voyez  l'article  de  Riez. 

GRASTONIA.  Voyez  Grestonia. 

GRAS  VILLE  ,  bourg  de  France  ,  en  Normandie, 
dans  le  pays  de  Caux ,  avec  haute  juftice  Se  titre  de  mar- 
quifat  il  eft  à  une  lieue  du  Havre  Se  de  Harfleur.  Il  y 
a  fur  le  penchant  de  la  côte ,  au  pied  du  bois ,  un  prieuré 
de  chanoines  réguliers  de  S.  Auguftin  ,  de  la  congréga- 
tion de  fainte  Geneviève.  La  nef  de  leur  églife  fert  de 
paroifle.  Des  appartemens  de  ce  prieuré ,  on  voit  le  refte 
d'un  ancien  château  de  guerre ,  qui  commandoit  fur  le 
partage  de  la  Seine  ,  Se  toute  l'étendue  du  canal  artificiel 
d'Harfleur  au  Havre ,  avec  fes  trois  ponts  pour  parler  du 
côté  du  rivage  de  la  Seine.  On  voit  auflî  la  chapelle  du 
titre  de  Notre-Dame  des  Neiges ,  deflervie  par  trois  Ca- 
pucins qui  ont  là  un  petit  hospice ,  dépendant  de  leur 
couvent  du  Havre.  Le  prieuré  de  Grasville  relevé  de 
celui  de  Sainte-Barbe  en  Auge.  *  Mémoires  drejj'ésfur  les 
lieux ,  en  1703. 

GRASUS  Se  GRYMNUS  ,  campagnes  de  l'Afie  mi- 
neure ,  auprès  de  l'ancienne  Troye.  Le  fameux  cheval 
de  bois  confacré  à  Minerve ,  dont  les  poètes  ont  parlé  , 
y  fut  conftruit,  à  ce  que  dit  Nicandre,  in  Theriacis  ,  Se 
fon  fcholiafte  cités  par  Ortélius ,  Thefaur. 

GRATAROLO,  torrent  d'Italie,  en  Lombardie,  au 
duché  de  Plaifance.  On  le  pane  à  Seno  ,  en  allant  de 
Fiorenzuola  à  Borgo  San-Donino.  Il  fe  perd  dans  l'On- 
gina,  qui,  coulant  àBufleto,  vafe  jetter  dans  le  Pô.  *  Ma- 
gin,  Irai.  Se  Léandre,  Descr.  di  tuta  Ital;/>.  361. 

GRATECUISSE  ,  baronie  de  France  ,  en  Anjou. 
Elle  appartient  à  l'évêque.  Voyez  Angers. 

GRATE  PANCHE  ou  Grattepanche.  Voyez 
Bratuspantium. 

GRATI ,  (le)  rivière  d'Italie  ,'  au  royaume  de  Na- 
ples  ,  dans  la  Calabre  citérieure.  Elle  a  fa  fource  dans 
l'Apennin  ,  d'où ,  coulant  vers  le  nord  ,  elle  reçoit  le 
Baffento  près  de  Cofence  ,  puis  le  Cochile ,  le  Torbido , 
le  Mocone  Se  d'autres-petites  rivières ,  après  quoi  elle  fe 
jette  dans  le  golfe  de  Roflano  ,  presqu'au  milieu  entre 
Rofiano  Se  CafTano.  *  BauJ.  éd.  de  1705. 

Baudrand ,  de  qui  eft  cet  article ,  devoit  avertir  que 
c'eft  la  même  qu'il'  a  décrite  fous  le  nom  de  Crate.  Ce 
dernier  nom  eft  celui  que  Magin  préfère.  C'eft  auffi  la 
même  que  la  Crathis  des  anciens.  Voyez  Crate  Se 
Crathis.  1. 

GRATIA ,  lieu  de  l'Afie  mineure  ,  entre  Claudiopo- 
lis  8e  Ancyre ,  félon  Antonin ,  Itiner.  à  XXIV.  M.  P. 
de  la  première.  Quelques  exemplaires  portent  CratiA. 

1.  GRATIANA  ,  ville  aux  confins  de  l'IUyrie  ,  félon 
Procope,  Hijl.  Goth.  1.  1,  c.  3. 

2.  GRATIANA,  ville  de  la  Scythie  ,  félon  la  Notice 
de  l'empire  ,  fecl.  28. 

3.  GRATIANA,  ville  de  la  première  Mœfie  ,  félon 
la  même  Notice  ,fecl.  30.  Lazius  croit  que  c'eft  Gradisca 
dans  la  Hongrie. 

4.  GRATIANA.  Ortélius ,  Thefaur.  trouve  une  ville 
épiscopale  d'Afrique  de  ce  nom ,  dans  la  Conférence 
de  Carthage.  Il  a  peut-être  eu  un  exemplaire  où  il  y 
avoit  Gratianenjis ,  au  lieu  de  Gatianenjis.  Voyez  Ga- 
ZANENSIS. 

1.  GRATIANOPOLIS.  Voyez  Grenoble. 

2.  GRATIANOPOLIS  ,  ancienne  ville  d'Afrique , 
dans  la  Mauritanie  Cefarienie.  La  Conférence  de  Car- 
thage,/". 273  ,  éd.  Dupin,  nomme  Publicius,  évêque 
de  Gratianopolis  ,  G  ratianopolitantz  plebis  ,  Se  laNotice 
épiscopale  d'Afrique ,  nomme  Talajius  Gratianopolita- 
nus.  C'eft  le  même  fiége. 

3.  GRATIANOPOLIS,  ville  épiscopale  dans  la 
Chalcidique  de  Thrace.  Philaddphus  ,  fon  évêque,  fous- 
crivit  au  concile  d'Ephèse  ,  tenu  l'an  431.  *  Èardouin. 
Colhcl.  Conc. 

GRATIARUM  MONS,  lamontagne  des  Grâces  ;  Hé- 
rodote nomme  ainfi  une  montagne  d'Afrique ,  où  eft  la 
fource  du  Cinyps.  Voyez  Cynips.  i. 


GRA 


GRATZ,  Grœt{,  Ce  mot  eft  de  l'ancienne  langue  es- 
clavone  ,  Se  fignifie  une  ville  ;  de- là  vient  qu'il  eft  com- 
mun à  plufieurs  villes.  Il  y  a  Grat[ ,  ville  capitale  de  la 
Stirie  ;  Windifchgrat^ ,  Billigrat^  ,  Cornigrat^.  Il  y  a 
outre  cela  deux  Grat^  en  Bohême  ,  favoir  Konigin- 
Grati  Se  Gratin  qui  a  été  aux  Rofenberg  ,  puis  aux 
Schwanberg,   Se -une  ville  de  Grat^  dans  le  Voigtland. 

1.  GRATZ,  ville  d'Allemagne ,  dans  la  haute  Saxe, 
au  Voigtland.  Voyez  Greitz  ;  c'eft  ainfi  qu'il  fe  pro- 
nonce. 

2.  GRATZ ,  ville  de  Bohême.  Il  y  en  a  deux  de  ce 
nom  dans  ce  royaume.  La  plus  confidérable  eft  Konigin- 
Grat^  ,  ainfi  nommée  parce  qu'elle  eft  l'appanage  des 
reines  ,  Se  leur  réfidence  durant  leur  veuvage.  Elle  eft 
du  côté  de  la  Siléfie  ,  fur  l'Elbe ,  Se  presqu'au  confluent 
de  la  rivière  d'Orlitz  ,  dans  le  cercle  nomme  Hradcir- 
kikrag.  Lorsque  Jean ,  roi  de  Bohême ,  ôta  les  villes  de 
Jaromir,  de  Politz  Se  de  Maut  à  la  reine,  veuve  du  roi 
Wenceslas  l'Ancien ,  Se  du  roi  Rodolphe ,  il  lui  laiflâ 
Grœii  pour  fa  réfidence.  Cette  dernière  ville  fe  rendit, 
l'an  1423  ,  à  Zischka  :  les  haoirans  de  Prague  en  furent 
fi  piqués,  que  pour  fe  venger  ils  brûlèrent  les  fauxbourgs 
de  Grœiç.  L'empereur  Sigismond  tâcha  de  fe  reffaifir 
de  cette  ville  ;  mais  il  fut  forcé  d'en  lever  le  fiége.  jEneas 
Silvius ,  Hijl.  Bohem.  c.  59  ,  rapporte  que  la  veuve  de 
ce  monarque ,  l'impératrice  Barbe ,  princefle  d'une  lubri- 
cité infatiable ,  mourut  à  Gr<et{ ,  apud  Gracium ,  en  145 1. 
Cet  auteur  dit  ailleurs  :  &  quod  reginis  dotale  dicunc 
Gracium.  Cette  ville  eut  fa  part  des  malheurs  que  caulâ 
à  la  Bohême  la  longue  guerre  d'Allemagne. 

Il  y  a  dans  cette  ville  un  évêché  fondé  en  1655  ■>  P31 
le  pape  Alexandre  VII,  fous  la  métropole  de  Prague. 

3.  L'autre  ville  de  Gratç  ,  en  Bohême  eft  fituée  aux 
environs  de  Budweis,  Se  on  la  nomme  communément 
Gra'ien  :  elle  eft  petite  ,  Se  a  un  château  qu'ont  occupé 
les  feigneurs  de  Rofenberg ,  Se  enfuite  ceux  de  Schwan- 
berg :  vers  le  milieu  du  fiécle  pafle  ,  il  appartenoit  au 
comte  de  Bucquoi.  *  Zriyler  ,  Bohem.  TopogT.  p.  33 
6-34. 

4.  GRATZ  ou  Gr^tz  ,  fur  la  Muer  ,  vers  le  47  à. 
de  latitude,  ville  d'Allemagne,  capitale  de  la  bafTè  Sti- 
rie. Les  favans  ne  font  pas  d'accord  fur  fon  ancienneté. 
Elle  eft  petite  ,  mais  afîez  bien  bâtie.  La  Muer  remplit 
une  partie  de  fes  foffes  ;  de  l'autre  côté  cette  ville  s'é- 
lève fur  un  rocher,  dont  le  haut  eft  occupé  par  un  châ- 
teau ,  qui  eft  la  principale  défenfe  de  la  ville.  Il  y  a  en 
outre  de  très-bons  baftions  Se  des  tours  très  -  folides. 
Il  y  a  dans  la  ville  un  palais  ,  nommé  die  Raifirliche 
Burg ,  qn'occupe  le  fouverain  quand  il  eft  à  Gratz.  On 
y  trouve  une  allez  belle  bibliothèque  ,  Se  une  chambre 
de  raretés  ,  entr'autres  ,  plufieurs  idoles  des  payens  de 
l'Amérique  ;  il  y  a  auffi  une  belle  galerie  ,  où  font  re- 
préfentées  les  grandes  aérions  de  Charles  V.  Il  y  a  un 
tribunal  de  la  régence  d'Autriche ,  devant  lequel  reflbr- 
riflent  tous  les  appels  des  tribunaux  de  Stirie ,  de  Carin- 
thie,  de  Carniole  ,  de  la  Windifchmarch  Se  de  Goritz: 
outre  cela  ,  les  états  ,  Se  autres  aftemblées  ,  fe  tien- 
nent fouvent  en  cette  ville.  Elle  a  une  académie  ;  deux 
foires  par  an ,  l'une  à  la  mi-Carême  ,  Se  l'autre  le  pre- 
mier Septembre  ,  Se  chacune  dure  quinze  jours  ;  une 
noblefte  nombreufe  ,  Se  une  bourgeoifie  aifée.  On  y 
aborde  de  plufieurs  côtés  ,  Se  même  de  la  Hongrie. 
Outre  le  tribunal  dont  nous  avons  parlé ,  qui  a  pour  chef 
le  gouverneur  ,  la  ville  a  fon  magiftrat  particulier  ,  qui 
confifte  en  un  bourguemeftre ,  un  juge  Se  le  confeil  ;  il 
y  a  auffi  des  confeillers  privés  de  l'empereur ,  qui  y  ont 
une  grande  autorité ,  Se  un  confeil  qui  a  l'infpeftion  des 
revenus  du  fouverain.  Les  églifes  font  :  1.  la  belle  pa- 
roiffe  nommée  du  Sacré-Sang,  auprès  de  la  porte  nom- 
mée Eifenthor.  2.  Un  couvent  des  religieufes ,  auprès 
des  murailles  de  la  ville.  3.  L'églife  de  S.  Gilles,  au- 
près du  palais  impérial.  Les  Jéiuites  ont  tout  auprès  un 
beau  collège.  Derrière  eft  une  belle  églife  ronde ,  ac- 
compagnée de  trois  tours  à  l'italienne  ;  elle  a  éré  bâtie 
pour  la  fépulture  des  princes.  L'empereur  Ferdinand  II, 
Se  l'impératrice  Marie-Anne  ,  fa  première  femme ,  8e 
leur  fils  aîné  l'archiduc  Jean- Charles  y  ont  été  inhu- 
més. 4.  Près  de  la  porte  de  la  rivière  eft  une  églife  ,  8e 
un  couvent  de  religieufes  de  fainte  Claire ,  où  eftle  corps 
de  l'impératrice  ,  mère  de  Ferdinand  IL  Les  Proteftans 
y  avoient  autrefois  des  églifes  Se  une  école  ;  mais  au 


GRA 


GRA 


mois  de  Septembre  1598,  tout  cela  fut  aboli.  5.  Le  cou- 
vent des  Francifcains.  6.  Celui  des  frères  de  S.  Paul. 
7.  Hors  de  la  ville,  au-delà  du  pont  de  la  Muer,  dans  le 
fàuxbourg  ,  eft  urj  couvent  nommé  Notre-Dame  de  Bon- 
Secours  ,  deflervi  par  des  frères  Mineurs.  8.  Il  y  a  auffi 
des  Dominicains  ,  dont  l'églife  eft  dédiée  à  S.  André. 
Vis-à-vis  eft  l'hôpital  des  bourgeois.  9.  Dans  le  même 
fàuxbourg,  niais  plus  loin,  il  y  a  aufli  des  Frères  de  la 
Charité  ,  de  l'inftitution  du  bienheureux  Jean  de  Dieu. 
10.  &  11.  Devant  la  porte  des  Frères  de  S.  Paul,  il  y  a 
un  couvent  de  Capucins  &  un  de  Carmélites.  A  l'égard 
des  autres  édifices  ,  outre  le  palais  impérial ,  dont  on  a 
déjà  parlé  ,  il  y  a  auprès  un  arfenal  :  plus  loin  eft  le 
palais  où  fe  tiennent  les  états  du  pays  ;  c'eft  où  l'on  s'af- 
lèmble  pour  les  affaires  qui  regardent  les  intérêts  du  pays. 
Il  y  a  auffi  la  chancellerie  6k  le  bailliage.  Les  états  du 
pays  ont  auffi  leur  arfenal  bien  muni  d'une  groffe  artil- 
lerie ,  d'armures  6k  de  munitions  de  guerre.  L'hôtel  de 
ville  eft  un  aflez  beau  bâtiment  ;  6k  les  écuries  de  la 
cour  font  fort  belles.  Le  château  ,  qui  eft  au-deffiis  de  la 
ville,  comme  nous  avons  déjà  dit ,  eft  bien  fourni  de 
canons  de  tout  calibre  :  il  y  en  a  deux  fur-tout  qui  font 
fort  grands  ;  l'un  a  été  pris  fur  les  Turcs  ;  l'autre  a  été 
fondu  en  1529,  &  a  été  déjà  une  fois  au  pouvoir  des 
Turcs ,  qui  en  ont  mutilé  l'image  de  Jefus-Chrift.  Dans 
une  tour  il  y  a  une  corne  compofée  de  plufieurs  tuyaux , 
ck  dont  on  corne  le  matin  6k  le  foir  :  dans  une  autre 
tour  eft  une  groffe  cloche  que  l'on  fonne  tous  les  ma- 
tins à  fept  heures.  Ce  château  a  beaucoup  de  terrein , 
il  renferme  plufieurs  cours,  6k  une  chapelle  pour  la  gar- 
nifon.  Il*y  a  des  moulins  que  l'on  fait  tourner  à  la  main 
&  avec  des  chevaux.  Il  y  a  un  puits  fort  profond  que 
l'on  tient  fermé  ,  afin  de  le  tenir  propre ,  6k  s'en  fer- 
vir  au  befoin. 

5.  GRATZ,  petite  rivière  de  Stirie  :  elle  coule  au- 
près de  la  ville  de  même  nom  ,  dont  elle  baigne  un  des 
lâuxbourgs.  *  Mérian.  Plan  de  la  ville  de  Gratz. 

GRATZINGEN,  félon  Zeyler,  Suev.Topog.  p.  56, 
petite  ville  d'Allemagne,  au  cercle  de  Virtenberg,  fur 
ï'Aich  ,  entre  Efsling  6k  Tubinge  :  elle  a  appartenu  à  la 
maifon  de  Bernhaufen ,  qui  la  vendit,  pour  une  bagatelle, 
en  1337,  au  comte  Ulric  de  Wirtenberg.  On  voit  en- 
core dans  l'églife  une  tombe,  avec  cette  épitaphe,^wzo 
Domini  1281,  obïit  Diepoldus  miles  de  Bernhufen. 

GRAU  :  on  appelle  ainfi  en  Languedoc ,  fur  la  Mé- 
diterranée ,  l'embouchure  d'une  rivière  ,  de  même  qu'on 
dit  Gras .  quand  on  parle  des  bouches  du  Rhône  :  ou 
appelle  Grau  de  Palavas  l'ouverture  par  laquelle  l'étang 
de  Thau  communique  aveele  golfe  de  Lyon. 

GRAVASIANI  :  il  femble ,  dit  Ortélius,  Tkefaur. 
que  Caffiodore,  A4,  n.  38  ,  ait  ainfi  nommé  un  peuple 
d'Italie. 

GRAUCASUS  pour  Caucasus. 

GRAUCENII,  peuple  de  la  Scythie  ,  vers  les  bou- 
ches du  Danube,  félon  Apollonius,  /.  4. 

GRAUCOME  ,  ville  de  l'Ethiopie  ,  fous  l'Egypte  , 
félon  Pline,  /.  6,  c.  19. 

GRAUDENTZ,  ville  de  Pologne  ,  au  palatinat  de 
Cultn  ,  en  latin  Grudentum.  Le  chevalier  de  Beaujeu, 
dans  fes  Mémoires ,  p.  144,  écrit  Grodentsr ,  6k  dit  que 
c'eft  le  nom  allemand ,  6k  que  les  Polonois  l'appellent 
Grud^ianc ,  qui  fe  prononce  Grodgeonc.  Cette  ville  eft 
fur  la  rive  droite  de  la  Viftule  ,  au  confluent  de  l'Ofta , 
à  quatorze  lieues  de  Dantzig  ,  &  à  huit  de  Thorn  :  on 
y  pafTe  la  Wiftule  dans  un  bac.  'La  ville  eft  petite,  & 
peu  confidérable  par  elle-même  ;  car  elle  n'eft  que  de 
bois  ;  elle  doit  fon  origine  à  un  fort  que  les  Pruffiéns 
y  bâtirent  au  commencement  du  onzième  fiécle  ,  d'où 
ils  faifoient  des  incurfions  dans  la  Pologne.  Boleslas  II 
en  forma  le  fiége  ;  mais  après  bien  du  terns ,  il  fut  obligé 
de  le  lever.  Ce  fort  fubfifte  encore  fur  une  hauteur.  *  Cro- 
mer,  p.  8j.  Dlugjjf.  p.  2^5. 

GRAVE,  ville  des  Pays-bas ,  aux  Provinces-Unies, 
dans  le  Brabant  Hollandois  ,  fur  la  rive  gauche  de  la 
Meufe  ,  à  d'eux  lieues  de  Cuyck ,  à  trois  de  Nimegue  , 
&  à  fix  de  Bois-le-Duc.  Plufieurs  ont  cru  faufîèment 
qu'elle  étoit  la  capitale  du  pays  de  Cuyck.  C'eft  unefei- 
gneurie  particulière  ,  qui  a  toujours  été  féparée  de  celle 
de  Cuyck  ,  6k  qui  fait  partie  de  la  fuceeffion  de  Guil- 
laume III  ,  roi  de  la  Grande-Bretagne.  Cette  place  eft 
très-forte ,  tant  par  fa  fituation  que  par  les  ouvrages  qu'on 


17S 


y  a  faits.  La  Meufe  remplit  fes  folTés  ,  qui  font  fort  lar- 
ges ck  profonds  ,  ck  qui  environnent  les  remparts  flan- 
qués de  cinq  baftions  ,  6k  défendus  de  quatre  demi- 
lunes  :  outre  l'ancienne  muraille  ,  ck  les  tours  que  la 
rivière  arrofe  ,  l'enceinte  des  remparts  eft  d'environ  un 
quart  de  lieue.  De  l'autre  côté  de  la  Meufe  ,  fur  le  terri- 
toire du  quartier  de  Nimegue  ,  ck  vis  à-vis  de  la  ville  * 
il  y  a  un  fort  qui  eft  un  ouvrage  à  couronne ,  pour  défen- 
dre le  pafTage  de  la  rivière.  Ces  fortifications  font  fort  régu- 
lières-, très-bien  entretenues  ,  ck  font  l'admiration  des 
étrangers.  *  Janiçon ,  Etat  préfent  des  Provinces-Unies  , 

Cette  ville  étoit  autrefois  un  franc-aleu  ,  qui  appar- 
tenoit  aux  anciens  feigneurs  de  Cuyck.  Au  commence- 
ment des  troubles  des  Pays-bas  ,  le  duc  d'Aibe  la  confia 
qua  ,  fous  prétexte  que  Guillaume  I  ,  prince  d'Orange  , 
s'étoit  révolté  contre  le  roi  d'Efpagne  ;  mais  le  27 
Avril  1 568  ,  un  nommé  Sander-Turck  s'en  rendit  maître 
par  furprife  ,  au  nom  du  prince  d'Orange.  Sut  cette  nou- 
velle ,  le  gouvernement  de  Bruxelles  envoya  un  corps 
de  troupes  pour  la  reprendre  ;  6k  Turck  fe  fentant  trop 
foible  pour  la  défendre  ,  prit  le  parti  de  l'abandonner. 
Le  duc  d'Aibe  y  mit  alors  une  bonne  garnifon  ,  6k  en 
donna  le  commandement  à  un  nommé  G afpard  Gommes , 
qui  maltraita  fi  fort  les  habitans  ,  qu'en  1577  ,  ils  réfolu- 
rent  de  fe  délivrer  de  fon  joug  tyrannique.  Pour  cet  effet 
les  magiftrats  l'invitèrent  à  une  collation  dans  le  petit 
château  ,  fur  la  Meufe  ,  ou  ils  avoient  fait  venir  fecréte- 
ment  quelques  bourgeois  armés.  Il  n'y  fut  pas  plutôt  entré  , 
qu'ils  levèrent  le  pont  ,  le  firent  prifonnier,  6k  quelques 
jours  après  ils  le  mirent  dans  un  bateau  ,  pour  le  trans- 
porter à  Maeftricht.  Les  magiftrats  en  donnèrent  d'abord 
avis  au  prince  d'Orange  ,  qui  leur  envoya  du  fecours  , 
pour  aider  les  bourgeois  à  chaffer  la  garnifon  Efpagnole  , 
ce  qui  fut  heureufement  exécMé.  La  ville  refta  au  pouvoir 
des  confédérés,  jusqu'à  ce  queTe  prince  de  Parme  t'affiégea, 
6k  la  prit  en  1586.  Le  prince  Maurice  l'affiégea  à  fon  tour, 
6k  la  prit  en  1602.  (  Voyez  le  Journal  de"  ce  fiége  dans 
Meterin  ,  liy.  34,  fol.  483.  )  Depuis  cetems-là  elle  refta 
fous  la  domination  des  Etats-Généraux  jusqu'à  ce  que  les 
François  s'en  rendirent  maîtres  en  1672  ;  mais  en  1674  , 
Guillaume  III ,  prince  d'Orange ,  la  reprit  fur  eux. 

Cette  ville  eft  très-petite  :  elle  ne  contient  qu'envirin 
400 ,  maifons  aflez  mal  conftruites ,  6k  quelques  cafernës 
où  loge  une  partie  de  la  garnifon.  Il  n'y  a  que  neuf  ou  dix 
rues  qui  aboutiflent  à  une  place  d'armes  aflez  fpacieufe  , 
6k  entourée  des  plus  belles  maifons  de  la  ville  ,  fi  l'on  en 
excepte  celle  du  prince  Guillaume  de  HefTe-Caflèl  Phi- 
lipsdahl  ,  fituée  près  du  rempart  ,  laquelle  furpafle  les 
autres  en  beauté.  IJ  y  a  fur  la  place  un  très-beau  parts.  La 
maifon  de  ville  ,  fituée  fur  la  place  ,  eft  l'édifice  public 
le  plus  remarquable  :  el'e  contient ,  outre  le  tribunal  de 
la  juftice  en  bas  ,  diverfes  chambres  où  les  magiftrats  s'as- 
femblent  ;  6k  au-deflous  étoit  la  prifonoùl'on  renfermoit 
les  criminels. 

Il  y  a  deux  églifes  ;  la  principale  eft  fituée  fur  la  place  , 
6k  dédiée  à  fainte  Elifabeth  ,  où  il  avoit  autrefois  un 
chapitre  de  fix  chanoines  ,  avec  un  doyen  ,  fondé  par 
Jean  I  ,  feigneur  de  Cuyck.  Cette  églife  eft  occupée  par 
les  Proteftans ,  dont  le  nombre  eft  beaucoup  plus  petit 
que  celui  des  Catholiques  Romains  :  elle  eft  delïervie  par 
deux  miniftres  ,  6k  la  plus  grande  partie  en  a  été  détruite 
par  les  bombes  que  les  Hollandois  y  jetterent  en  1674  > 
lorfqu'ils  aflïégerent  la  ville  ,  fous  le  commandement  du 
général  Rabenbaubt.  Le  haut  dirclocher  tut  alors  abbatu  , 
mais  il  a  été  réparé.  Les  revenus  de  cette  églife  pour  fon 
entretien  ,  outre  les  profits  du  fon  des  cloches  S?  des  en- 
terremens  ,  font  peu  confidérables ,  6k  Padminiftation  en 
eft  commife  à  deux  kerhmeeflers  ou  marguilliers  ,  qui  en 
rendent  compte  tous  les  ans  aux  magiftrats.  La  féconde 
égliiè  eft  celle  des  François  ,  qui  fut  fondée  en  1686  , 
par  Guillaume  III  ,  prince  d'Orange,  en  faveur  des  réfu- 
giés qi.i  vinrent  s'établir  à  Grave.  Le  miniftre  étoit  alors 
entretenu  en  partie  par  la  ville  ,  6k  en  partie  par  la  gar- 
nifon ;  mais  aujourd'hui  il  n'a  que  deux  cens  cinquante 
florins  que  lui  donne  le  feigneur  de  Grave  ,  6;  deux  cens 
qu'il  tire  du  confeil  d'état.  Cette  églife  appartenoit  autre- 
fois aux  religieufes  de  S.  François  ;  mais  aujourd'hui  ces 
filles  n'ont  la  penniflîon  de  célébrer  l'office  que  dans  une 
chapelle  privée  ,  6k  ne  peuvent  plus  paraître  en  public 
avec  l'habit  de  leur  ordre.  Elles  joliment  cependant  de 


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GRA 


GRA 


tous  leurs  anciens,  revenus  ,  moyennant  une  certaine 
fomme  qu'elles  payent  tous  les  ans  au  confeil  des  domai- 
nes. Les  moines  de  fainte  Agathe  jouiflent  des  mêmes 
droits  Si  ont  les  mêmes  mefures  à  garder.  ^  Il  y  avoit  un 
couvent  de  Frères  Croiîiers  j  mais  il  a  été  aboli.  Outre 
la  chapelle  des  reiigieufes  de  S.  François  il  y  en  a  une 
autre  pour  les  Catholiques  Romains ,  defïervie  par  un  prê- 
tre Si  un  vicaire. 

L'hôpital  fubfifte  encore  j  Si  {es  revenus  font  affeftés 
au  foulagement  des  malades  Si  des  pauvres.  Entr'autres 
revenus  ,  il  jouit  de  la  moitié  des  dixmes  des  terres  nou- 
vellement défrichées  ,  qu'on  nomme  novalia  ,  Si  eft 
fous  la  régie  de  trois  provifeurs  Si  d'un  receveur  qui  rend 
compte  tous  les  ans  de  fon  adminiftration  à  ces  provifeurs 
qui  (ont  membres  du  magiftrat. 

Il  y  avoit  ci-devant  derrière  la  grande  églife  une  mai- 
fon  d'orphelins  ,  qui  fut  détruite  pendant  le  même  fiége  , 
Si  l'on  en  a  fait  un  jardin.  Cependant  les  revenus  de 
cette  maifon  font  adminiftrés  par  deux  directeurs  char- 
gés de  l'entretien  des  orphelins ,  Si  qui  rendent  tous  les 
ans  compte  de  leur  adminiftration  aux  magiftrats.  La  bou- 
cherie qui  eftaflez  belle  ,  fut  bâtie  en  1699,  fur  le  terrein 
qui  fervoit  auparavant  de  cimetière  ;  mais  le  confeil  d'Etat 
à  acheté  ce  terrein  ,  pour  en  faire  la  grande  garde  qui 
étoitfousla  maifon  de  ville  ,  Si  la  boucherie  y  a  été  trans- 
férée. Il  y  a  trois  portes ,  l'une  que  l'on  nomme  la  porte 
de  la  Mcufc  ,  Si  qui  conduit  à  Niniegue  ;  la  féconde  de 
Hampoort  qui  conduit  à  Blois-le-Duc  ,  Si  la  troifiéme 
la  Brugpoort  par  laquelle  on  paffe  dans  le  pays  de  Cuyck. 
La  féconde  eft  magnifique  Si  à  l'abri  de  la  bombe  ;  elle 
eft  fi  grande  ,  que  dans  un  fiége  on  y  peut  loger  commo- 
dément deux  bataillons  d'infanterie.  Le  magazin  eftaflez 
grand  ,  Si  il  y  a  des  armes  à  feu  pour  trois  ou  quatre  mille 
nommes  ,  Si  quantité  d'attirails  de  toutes  fortes  d'efpece. 
Ce  magazin  eft  fous  la  direction  d'un  commis  établi  par  le 
confeil  d'état. 

Le  grand  château  ,  qui  étoit  autrefois  le  féjour  ordi- 
naire du  baron  du  pays  Si  de  la  ville  ,  ayant  été  fort 
endoniagé  pendant  le  fiége  de  1674  ,  fat  entièrement 
détruit  quelques  années  après  ,  pour  augmenter  les  forti- 
fications de  la  ville  de  ce  côté-là.  Il  n'en  refte  plus  aujour- 
d'hui que  les  écuries  dont  on  a  fait  le  magazin  des  armes 
&  l'avant-porte  qui  fett  de  magazin  à  poudre  Le  petit 
château ,  qui  dominoit  fur  laMeufe  ,  fut  bâti  fous  le  règne 
de  Philippe  le  Bel ,  roi  d'Efpagne ,  à  l'occafion  des  guerres 
entre  les  Gueldrois  Si  les  Brabançons  ;  mais  il  a  été  entiè- 
rement détruit  depuis  qu'on  a  augmenté  les  fortifications 
de  ce  côté.  _     ,  _ 

On  compte  environ  trois  mille  habitans  à  Grave.  Le 
droit  de  bourgeoifie  étoit  autrefois  fi  confidérable  ,  qu'un 
étranger  s'eftimoit  fort  heureux,  quand  il  pouvoit  obtenir 
en  mariage  la  fille  d'un  bon  bourgeois ,  fans  autre  dot ,  que 
ce  droit  qu'elle  lui  procurait.  Il  y  a  huit  corps  de  métiers  ; 
les  tailleurs ,  les  tifferands  ,  les  maréchaux ,  les  cordon- 
niers ,  les  boulangers  ,  les  merciers  ,  les  bateliers  :  les 
charpentiers ,  les  maçons ,  les  couvreurs  Si  les  marchands 
de  bois  ne  forment  qu'un  feul  corps.  Comme  les  cazernes 
ne  fuffifent  pas  pour  loger  toute  la  garnifon  ,   les  bour- 
geois font  obligés  de  loger  le  refte  des  troupes.  Il  y  a 
encore  parmi  les  Catholiques  Romains  fept  ou  huit  con- 
fréries qui  ont  chacune  quelques  rentes  pour  le  foulage- 
ment des  pauvres.  La  bourgeoifie  forme  quatre  compa- 
gnies qui  ont  chacune  un  capitaine  ,  un  lieutenant  Si  un 
enfeigne.  Celle  des  Cleveniers  s'exercent  tous  les  ans  à 
tirer  à  l'oifeau.  Les  bourgeois  avoient  autrefois  de  grands 
privilèges  ,  Si  prétendent  être  encore  exempts  de  tous 
droits  fur  les  marchandifes  Se  denrées  qu'ils  tranfportent  en 
Brabant ,  en  Gueldre ,  en  Hollande ,  en  Zélande  Se  en  Frife. 
La  ville  de  Grave  eft  gouvernée  par  le  grand-bailli  , 
le  fchout  Si  deux  boùrguemaîtres  qui  ont  l'adminiftra- 
tion.  de  la  police.  Le  fchout  eft  à  la  tête  des  échevins. 
Le  premier  des  boùrguemaîtres  eft  nommé  le  bourgue- 
maitre  du  feigneur  ,   Si  l'autre  le  bourguemahre  de  la 
•ville  dont  il  garde  le  fceau.  Les  boùrguemaîtres  font  chan- 
gés tous  les  ans  par  le  confeil  des  domaines  à  la  Haye  , 
fur  la  nomination  du  grand-bailli.  La  juftice  eft  adminis- 
trée par  fept  échevins.   Ils  jugent  de  toutes  les  affaires 
civiles  Si  criminelles  ;  mais  on  peut  appeller  de  leurs  juge- 
mens  au  confeil  de  Brabant  à  la  Haye  ,  par  voie  de  réfor- 
mation de  la  fentence.  Outre  ces  magiftrats,  il  y  a  huit 
jurés  qui  n'entrent  au  confeil  que  quand  ils  y  font  appelles 


par"  les  magiftrats ,  lorfqu'il  s'agit  de  quelque  nouvelle 
impofition  fur  les  habitans  ,  ou  de  quelque  autre  affaire 
qui  concerne  toute  la  ville.  Le  fecrétaire  eft  établi  par  le 
confeil  des  domaines.  Les  échevins  Si  .jurés  le  font  par 
le  grand-bailli  ,  avec  l'approbation  de  ce  confeil.  Tous 
ces  magiftrats  doivent  être  de  la  religion  Réformée. 

La  jurifdiftion  de  Grave  eft  d'une  fort  petite  étendue  , 
Si  ne  comprend  qu'un  petit  polder  ou  terrain  entouré  de 
digues  que  l'on  nomme  Mars  Si  Wyth  ,  dont  le  fchout 
eft  dyckgrave.  Il  y  a  un  collège  de  fept  confei'.lers  qui 
accompagnent  le  fchout  dans  les  vifites  qull  fait  des 
digues  ,  Si  qui  jugent  des  amendes  qu'on  doit  impofer  à 
ceux  qui  ont  négligé  de  les  réparer.  La  chambre  des  fiefs  eft 
compofée  du  grand-bailli  en  qualité  de  Jlahliouder  ou 
çonfervateur  des  fiefs ,  de  fept  afTefTeurs  ,  d'un  greffier 
Si  d'un  huiffier.  Le  greffier  eft  en  même  tems  receveur 
des  droits  feigneuriaux  ,  Si  en  rend  compte  au  confeil 
des  domaines.  Quoique  Grave  foit  une  des  principales 
clefs  de  la  république  du  côté  des  états  du  roi  de  Prufle  , 
elle  n'a  point  de  gouverneur  ,  mais  un  commandant  qui 
a  la  même  autorité  que  les  gouverneurs  des  autres  places 
de  guerre  ;  cependant  il  n'en  a  aucune  fur  les  magiftrats  ni 
fur  les  bourgeois.  L'amirauté  de  Roterdam  entretient  à 
Grave  un  bureau  pour  la  perception  des  droits  d'entrée 
Si  de  fortie.  Il  y  a  pour  cet  effet  un  controlleur  Si  qua- 
tre commis  des  recherches.  Le  baron  de  Cuyck  y  a  pareil-  - 
lement  un  bureau  pour  la  perception  des  droits  de  fon 
péage  fur  la  Meule.  Mais  la  quantité  de  bureaux  qui  font 
établis  fur  cette  rivière,  entre  Maeftricht  Si  Grave ,  en  ont 
fait  tomber  le  commerce. 

Guillaume  I ,  prince  d'Orange ,  n'obtint  de  Prîilippe  II 
les  feigneuries  de  Grave  Si  de  Cuyck ,  que  comme  enga- 
gifte  ;  de  forte  que  fi  ces  pays  étoient  reftés  fous  la  domi- 
nation de  l'Efpagne  ,  Philippe  II  ,  ou  quelqu'un  de  fes 
faceeffeurs ,  auraient  pu ,  en  rembourfant  la  fomme  prê- 
tée par  le  prince  d'Orange  ,  rentrer  en  pofTeflion  de  ce 
domaine  aliéné.  Les  Etats-Généraux  s'en  étant  rendus 
maîtres  ,  avoient  le  même  droit  que  le  roi  d'Efpagne  ; 
mais  en  confidération  des  fervices  éclatans  que  le 
prince  Maurice  avoit  rendus  à  la  république ,  ils  lui  cédè- 
rent ces  deux  feigneuries  à  titre  de  fiefs  héréditaires  à  per- 
pétuité ,  ne  s'en  réfervant  que  les  droits  attachés  à  la  haute 
fouveraineté.  L'acte  pafle  à  cette  occafion  eft  daté  du  9 
Décembre  161 1.   . 

GRAVE  ,  (la)  baronie  de  France ,  dans  le  haut  Lan- 
guedoc ,  au  diocefe  ,  Si  à  deux  lieues  au-deflbus  d'Albi  j 
fur  le  Tarn  ;  ce  lieu  eft  encore  plus  remarquable  par  l'an- 
cien monaftere  deTroclar,  dontfainteSigolene  fut  abbefle 
dans  le  fixiéme  fiécle. 

GRAVEDONA.  Voyez  Gravidona. 
GRA  VELINES  ,  ville  des  Pays-bas  ,  dans  la  Flan- 
dre Françoife  ,  fur  la  côte  Si  à  l'embouchure  de  la  rivière 
d'Aa  ,  fur  la  frontière  de  l'Artois.  Les  Flamands  l'appel- 
lent Gre.vdin.gen.  C'eft ,  dit  Piganiol  de  la  Force  ,  Dejcr. 
de  la  France  ,  t.  7  ,  p.  328  ,  &  fuiv.  édit.  de  Paris  ,  une 
petite  ville  fortifiée  à  un  quart  de  lieue  de  la  mer  Si  fur 
la  rivière  d'Aa,  fondée  par  Théodoric  ,  comte  de  Flan- 
dres ,  vers  l'an  1 1 60  ;  car  ce  comte  mourut ,  félon  les  his- 
toriens ,  l'an  1168.  Cette  ville  étoit  déjà  devenue  con- 
fidérable en  1214,  puifque  Rigord  l'appelle  Gravaringas 
villam  opulentam  in  finibus  Flandria  fuper  mare  Angli- 
cum  Jztam.  Elle  fut  prife  ,  l'an .1383  ,  parles  Anglois  qui 
la  brûlèrent  Si  la  faccagerent ,  fat  rétablie  quelque  tems 
après,  Si  entourée  demurailles.  En  1644,  Gafton  de 
France  ,  frère  de  Louis- XIII  ,  s'en  rendit  maître.  L'ar- 
chiduc Leopold  la  reprit  en  165.2  ;  mais  le  maréchal  dé 
la  Ferté  l'ayant  reprilé.  Eu  1658  ,  elle  fut  enfin  cédée  à 
la  France  par  le  traité  des  Pyrénées.  Les  Elpagnols  y 
avoient  conftruit  un  fort  à  quatre  baftions  appelle  le  fort 
Philippe.  Ils  avoient  même  entrepris  d'y  faire  un  port  ; 
mais  le  fort  a  été  rafé ,  Si  le  port  n'a  pas  été  conftruit. 
L'empereur  Charles  V  eft  le  premier  qui  ait  fait  travail- 
ler aux  fortifications  de  cette  ville.  Il  y  fit  conftruire  fix 
baftions ,  comme  on  les  voit  encore.  Il  n'y  a  à  Gravelines 
que  deux  portes ,  l'une  qui  conduit  à  Dunkerque  ,  Si  l'au- 
tre à  Calais.  Elles  fe  répondent  à-peu-près  ,  Si  font  pres- 
que oppofées  l'une  à  l'autre.  Les  dedans  de  la  ville  font 
allez  réguliers.  Les  rues  ,  fur-tout  les  grandes  ,  y  font 
pafTablement  droites  :  la  place  publique  eft  fous  le  châ- 
teau Si  allez  grande  ;  mais  elle  eft  irréguliere.  Il  y  a  trois 
beaux  magazins  à  poudre  voûtés  de  pierres  d'une  très-  ' 

bonne 


GRA 


GRA 


bonne  conftruétion ,  Se  plufïeurs  corps  de  cazernes.  L'é- 
glile  paroiffiale  de  cette  ville  porte  le  nom  de  S.  Wille- 
brord;  Se  l'on  y  remarque  deux  monumens  de  marbre 
érigés  à  deux  guerriers  fameux  qui  ont  été ,  en  différens 
tems ,  gouverneurs  de  cette  place.  L'un  eft  Valentin  de 
Pardieu ,  gouverneur  de  Graveluies  pour  le  roi  Catholi- 
que, &  l'autre  Claude  Berbier  du  Metz  ,  gouverneur  de 
cette  place  pour  le  roi  de  France. 

L'enceinte  de  Gravelines  eft  compofée  de  fix  baftions , 
Se  d'autant  de  courtines  de  la  conftru&ion  de  Chevalier 
de  Ville.  A  un  des  angles  de  cette  place  eft  un  château  qui 
n'eft  couvert ,  du  côté  de  la  campagne  ,  que'  d'un  des  baf- 
tions de  la  ville.  Du  côté  de  la  ville ,  il  eft  enfermé  d'une 
enceinte  compofée  de  trois  lignes.  Aux  deux  angles  qui  le 
ferment ,  font  placées  deux  tours  rondes  entre  lesquelles 
eft  la  porte  du  château ,  qui  eft  entouré  da  côté  de  la  ville 
d'un  beau  Se  large  fofle.  Le  foffé  de  la  place  eft  un  des 
plus  larges  Se  des  mieux  conftruits.  Il  y  a  dans  ce  fofié 
cinq  demi-lunes  de  la  façon  du  maréchal  de  Vauban  ,  & 
il  eft  entouré  d'un  chemin  couvert  avec  fes  traverfes  Se 
places  d'armes  à  l'ordinaire.  Au-delà  du  glacis  eft  un 
avant-foflè  d'une  largeur  extraordinaire.  Au-delà  encore 
eft  un  grand  ouvrage  à  corne  que  l'on  appelle  la  bajft 
ville  ,  au  milieu  de  laquelle  paffe  la  rivière  d'Aa.  Il  y  a 
une  grande  éclufe  fur  un  des  côtés  de  cet  ouvrage  ,  dont 
la  porte  ,  qui  donne  du  côté  de  là  campagne  ,  eft  couverte 
d'une  petite  demi-lune  ,  Sec. 

La  ville  de  Gravelines  eft  bâtie  au  lieu  où  étoit  aupa- 
ravant le  village  de  Saint-Willebrord.  Elle  fut  donnée 
avec  Bourbourg  à  Robert  de  Caffel  ;  Se  elle  vint  à  la 
maifon  de  Bourbon  qui  en  avoit  la  feigneurie  utile. 
Charles-Quint ,  comme  fouyerâin ,  la  fit  fortifier ,  comme 
il  a  été  dit.  La  rivière  d'Aa  lui  fert  de  port.  *  Longuerue  3 
Defcr.  de  la  France  ,  2.  part  p.  74. 

Le  magiftrât  de  Gravelines  eft  compofé  d'un  bailli  , 
d'un  mayeur  ,  de  cinq  échevins ,  d'un  penfionnaire ,  d'un 
greffier ,  Se  d'un  procureur-fyndic. 

GRAVEMACHEREN  ,  petite  ville  des  Pays-bas  , 
au  duché  de  Luxembourg  ,  fur  la  rive  gauche  de  la 
Mofelle  ,  entre  Sirk  Si  Trêves.  *  Dut.  géograpk.  des 
Pays-tas. 

GRAVENECK  ,  château  Se  bourg  d'Allemagne  , 
en  Suabe  ,  dai»s  le  comté  de  Graveneck  ,  donc  il  eft  le 
cher-lieu ,  à  deux  milles  Se  demi ,  Se  aufud-eft  de  Reut- 
lingen.  Cette  maifon  eft  ancienne  ;  Se  fi  l'on  en  croit 
Bucelin  ,  Gerwic  de  Graveneck  ,  un  des  principaux  fei- 
gneurs  Allemans ,  fe  trouva  à  la  bataille  de  Charles-Martel , 
fnaire  du  palais ,  contre  Fiainfroi ,  l'an  714.  Il  fe  trouve 
dans  le  treizième  fiécle  Henri,  Evrard,  Albert  Se  Henri 
comtes  de  Gravenech.  Il  paroît  qu'avec  le  tems,  leurpofte- 
rité  négligea  ce  titre  ;  car  enfuite  ces  feigneurs  ne  furent 
qualifiés  que  barons.  Louis  le  Vieux  obtint  à?  la  diète 
d'Augsbourg ,  l'an  1555  ,  le  droit  d'avoir  voix  Se  féance 
entre  les  états  de  l'empire  ,  après  avoir  prouvé  que ,  long- 
tems  auparavant,  fes  ancêtres  avoient  été  mis  par  l'empe- 
reur Frédéric  entre  les  barons  de  l'empire.  *  Imhoff. 
Notit.  Procer.  Imper. 

La  race  de  ces  comtes  eft  éteinte  ;  Se  c'eft  le  prince 
de  la  Tour-Taflîs  qui  a  acheté  en  1713  une  partie  de  leur 
domaine. 

1.  GRAVESENDE,  en  Hollande.  Voyez  Gravjl- 

ZANDE. 

2.  GR.AVESENDE  ,  bourg  d'Angleterre  ,  au  comté 
de  Kent,  fur  la  Tamife  ,  à  vingt  milles  au-deffous  de  Lon- 
dres ,  fur  la  route  de  Douvres ,  à  fept  milles  de  Rochef- 
ter.  Il  y  a  un  port  fur  la  Tamife  ,  Se  on  y  tient  marché 
public.  C'eft  un  paffage  fort  fréquenté  ,  parce  qu'il  eft 
îur  la  route  de  Londres  à  Rochefter  Se  à  Douvres.  *  Etat 
prefent  de  la  G.  Bretagne  ,  t.  I  ,  p.  76. 

GRAVÉSON  ,  ou  Gravaison  ,  petit  bourg  de 
France ,  en  Provence ,  à  une  lieue  Se  demie  de  la  Du- 
rance  ,  fur  la  route  d'Aix  à  Tarascbn ,  fur  un  coteau  fer- 
tile ,  environné  d'une  vafte  plaine  ,  avec  titre  de  mar- 
quifat  ;  de  forte  que  Ce  bourg  a  abondamment  des  grains  , 
du  vin  Se  des  pâturages.  Il  y  a  fur  l'éminence  un  château 
qui_  appartient  au  marquis.  C'eft  un  fief  de  la  maifon  d'O- 
raifon.  *  Mem.  communiqués. 

GRAVEZANDE  ,  village  des  Provinces-Unies ,  en 
Hollande,  dans' le  Delftland,"  environ  à  une  lieue  de  l'enj- 
bouchure  de  la  Meufe  ,  Se  à  deux  de  Delft  Se  de  la  Haye. 
C'a  été  autrefois  une  affez  bonne  ville  ;  mais  plufïeurs 


177 

chofes  ont  contribué  à  fa  décadence.  Avant  l'an  125b, 
Se  que  la  cour  de  la  Haye  fût  bâtie,  les  comtes  de  Hol- 
lande avoient  un  château  à  Gravezande ,  où  ils  paffoient 
la  plus  grande  partie  de  l'été.  Il  y  a  encore  des  endroits 
dans  ce  village  ,  dont  les  noms  confervent  des  traces 
de  cette  réfidence  ,  comme  Hoflaan  ,  l'avenue  de  la 
cour;  Hoflandt,  le  terrein  de  la  cour.  Les  comtes  ayant 
préféré  la  Haye  ,  leur  abfence  nuifit  à  la  ville  de  Grave- 
zande. En  141 8 ,  elle  fut  prife  par  les  habitans  de  la  Brille , 
qui  la  pillèrent  Se  la  rédui  firent  en  cendres.  Pour  com- 
ble de  malheur,  le  port  qu'elle  avoit,  Se  qui  étoit  un  ca- 
nal creufé  jusqu'à  l'embouchure  de  la  Meufe  ,  a  été 
comblé  par  les  tempêtes  Se  par  le  limon  que  la  Meufe 
y  a  charrié  ;  de  forte  qu'il  eft  devenu  impraticable.  On. 
dit  que  c'eft  le  plus  haut  terrein  de  la  province  de  Hol- 
lande. Son  territoire  produit  de  beau  bled  ,  Se  on  y  fait 
de  très-bon  fromage.  *  Janiçon  ,  Etat  préfent  des  Prov, 
Unies. 

GRAVIA ,  petite  rivière  d'Italie  ,  dans  la  Tofcane  , 
aux  confins  de  l'Etat  de  Gènes.  Elle  a  fa  fource  dans  l'A- 
pennin ,  Se  tombe  dans  la  Magra,  au-deffus  de  Pontre- 
moli.  *  Leandr.  Defcr.  di  tuta  l'Ital.  p.  -57. 

GRAVIACI,  ville ,  entre  le  Muer  Se  la  Drave  ,  félon 
laTable  de  Peutinger  :  quelques-uns  croient  que  c'eft  Gurck. 

GRAVIDONA  ou  Gravedona.  Léandre  dit  Gra- 
vidona,  SeBaudrand,  édit.  de  1705,  Gravedona ,  bourg 
d'Italie  ,  dans  le  Milanez  ,  au  bord  occidental  du  lac  de 
Côme ,  près  des  confins  des  Grifons  Se  du  comté  de 
Chiavenne  ,  Se  à  deux  lieues  du  fort  de  Fuentes. 

GRAVII ,  ancien  peuple  dEspagne.  SHius  Italicus,  /.  1  a 
v.  235  Se  236  dit: 

|  Qu'ique  fuper  Gravios  lucentes  volvlt  arenas, 
Infernœ  populis  referens  oblivia  Lethes. 

Il  dit,  1.  3,  v.  366. 

Et  quos  nunc  Gravios  violato  nomine  Grajûm  l 
(Enece  mifere  domus  JEtolaque  Tyde. 

Quelques-uns  ont  voulu  lire  Gronios,  d'autres  Grovios; 
mais  Gravios  eft  le  plus  conforme  aux  manuscrits.  Il 
paroît  par  ces  vers  de  Silius  ,  que  c'étoit  une  colonie 
Grecque ,  établie  en  Espagne.  Il  s'accorde  en  cela  avec 
Pline,  /.  4,  c.  20,  qui  nomme  ce  peuple  Gravii,  Se 
met  chez  eux  Cajlellum  Tyde ,  Se  avec  Ptolomée  ,  /.  2  , 
c.  6,  qui  met  dans  l'Espagne  Tarragonnoife  un  peuple 
qu'il  nomme  Graii ,  v^m  Se  leur  donne  une  ville, 
nommée  Tudce  ,  T«<T*/.  Cette  ville  de  Tyde  eft  à  pré- 
fent celle  de  Tuy ,  dans  la  Galice ,  aux  confins  du  Por- 
tugal. La  reffemblance  de  ce  nom  avec  celui  de  Tyde  , 
avec  Tydée ,  fils  d'Œneus  Se  père  de  Diomede  ,  roi 
d'jEtolie,  eft  caufe  que  Silius  attribue  la  fondation  de 
cette  ville  à  Diomede  qui  avoit  fait  auffi  quelques  éta- 
bliffemens  dans  la  Fouille.  Le  poète  fuppofe  que  ce  Dio- 
mede alla  auffi  en  Espagne  ,  Se  y  bâtit  une  ville  à  Iaj 
quelle  il  donna  le  nom  de  fon  père  Tydée  ;  Se  qu'il  y 
lailTa  une  colonie  Grecque ,  qui  fut  enfuite  nommée  Gra- 
vii ,  au  lieu  de  Graii  ,  par  corruption. 

GRAVILLET ,  petite  ville  de  France ,  dans  le  haut 
Languedoc  ,  au  diocèfe  de  Caftres ,  fur  la  rivière  de  Da- 
dou.  Elle  dépend  de  la  viguerie  d'Alby ,  Se  appartient  à 
la  maifon  de  Crirîïbl.  On  y  fabrique  beaucoup  de  cha- 
peaux. *  Mémoires  drefjés  fur  les  lieux. 

GRAVINA  ,  ville  épiscopale  du  royaume  de  Naples , 
dans  la  Fouille  Se  la.  province  de  Barry  ,  aux  pieds  des 
montagnes  ,  à  neuf  milles  de  Matera ,  au  nord-oueft ,  Se 
fous  la  métropole  de  cette  ville  :  elle  eft  entourée  de  bon- 
nes murailles  à  l'antique  ,  Se  appartient  à  la  maifon  des 
Urfins  ,  avec  titre  de  duché  :  on  la  croit  la  Plera  des  an- 
ciens. Les  habitans  prétendent  que  le  nom  de  Gravina 
vient  de  ce  que  le  territoire  de  cette  ville  abonde  en 
grains  ;  mais  D.  Mattheo  Ëgitio  ,  dans  fa  lettre  à  Lenglet 
du  Fresnoi,  dit  qu'il  vient  du  motfrançois  ruvir.e  ;  d'au- 
tant plus  que  cette  ville  eft  aftïfe  fur  une  grande  ravine  j 
creufée  par  les  eaux  des  pluies  qui  tombent  des  monta- 
gnes. Les  gens  du  pays  appellent  Gravina  cette  fbflej 
auflî-bien  que  la  ville.  Comme  il  y  a  beaucoup  cle  Icr- 
pens  aux  environs  ,  c'eft  le  feul  endroit  de  Naples  où 
les  cigognes  faffent  leurs  nids,  parce  qu'elles  y  trouvent 
âifément  de  quoi  nourrir  leurs  petits.  ,*  Notes  du  P.  Char* 
le  voix, 

tome  ÏII.     Z 


178  GRE 

GRAVÏMUM ,  Heu  de  la  Gaule  Belgique,  félon  laTa- 
bîe  de  Peittinger.  . 

GRAVIONARIUM,  r>* /0!.W,  ancienne  ville  de 
la  Germanie  ,  félon  Ptolomée  ,  dont  les  interprètes 
difent  que  c'eft  Bamberg ,  en  Franconie  :  il  y  a  long-tems 
que  Ton  a  eu  cct;e  opinion  ;  car  Bamberg  le  trouve  nom- 
mée Graviortarium  ,  dans  quelques  auteurs  du  moyen  âge. 

GRAVISCjE  ,  ancienne  ville  de  .Toscane  ,  fur  la 
côte  auprès  de  l'embouchure  de  la  Marta.  Velléïus  Pa- 
terculus,  /.  i,  c.  15,  &  la  Table  de  Peutinger  difent 
Gravifca  au  fingulier  ;  tous  les  autres  difent  Gravifca  au 
pluriel.  Tite-Live  ,  /.  41 ,  c.  16,  dit:  on  apprit  qu'à 
Gravi  fques  ,  le  mur  &  une  porte  avoient  été  trappes  de 
la  foudre.  Virgile  JEncid.  1. 


GR.E 


184,  dit: 
s  Gravisca. 


Et  Pyrgi  veieres ,  intempefaqi 
Et  Silius,  1.8,  v.  474. 

Veteres  mifere  Gravisca. 

C'étoit  une  colonie.  Outre  le  témoignage  de  Velléïus, 
nous  avons  celui  deTite-Live ,  /.  40 ,  c.  29.  Cette  année, 
dit-il,  fous  le  confultat  de  P.  Cornélius,  rkdeM.Bcebms, 
qui  revient  à  l'an  571  delà  fondation  de  Rome,  (181  ans 
avantl  ère  vulgaire,)  on  mena  une  colonie  à  Gravisques, 
dans  un  champ  d'Etrurie ,  qui  avoit  été  autrefois  pris  fur 
les  Tarquins.  Cette  ville  fut  épifcopale  ,  6k  fon  fiége 
étoit  du  quatrième  fiécle  ;  mais  Gravisques  ayant  été 
ruinée  ,  Févêché  en  a  été  transféré  à  Corneto ,  qui  en 
eft  à  deux  milles. 

GRAY,  ville  de  France,  dans  la  Franche  -  Comte  , 
au  bailliage  d'Amont,  dont  elle  eft  le  chef-lieu,  &  que 
l'on  appelle  aufli  le  bailliage  de  Gray.  Cette  ville  eft 
fituée  fur  la  Sône  ,  qui  la  rend  la  ville  de  la  province  la 
plus  marchande  ;  car  c'eft-là  qu'on  embarque  les  grains 
&;  le  fer  que  l'on  transporte  à  Lyon.  Elle  étoit  connue 
vers  l'an  10^0  ,  &  on  Fappelloit  Gradicum.  C'étoit  un 
château ,  {Cafellum)  du  tems  d'Odo  ,  abbé  de  Beze , 
comme  on  le  voit  dans  la  Chronique  de  cette  abbaye , 
écrite  dans  le  fiécle  fùivant ,  par  le  moine  Jean ,  qui  rap- 
porte une  charte  lignée  de  l'abbé  Odo  ,  où  il  fait  men- 
tion de  Villare  près  de  Gradicum.  Sa  fituation  eft  fort 
avantageufe;  de  forte  que  les  princes  de  la  maifon  d'Au- 
triche y  avoient  fait  faire  de  belles  fortifications.  C'étoit 
une  des  plus  fortes  villes  de  la  province  ;  mais  Louis  XIV, 
l'ayant  prife  en  1668  ,  il  en  fit  rafer  les  fortifications. 
L'univerfité,  qui  eft  aujourd'hui  àBefançon ,  fut  d'abord 
inftituée  à  Gray  par  le  comte  Othon  IV.  Il  y  a  aujour- 
d'hui dans  cette  ville  un  préfidial  ,  un  magiftrat,  une 
paroilîe  ,  une  églife  collégiale  ,  trois  couvens  de  reli- 
gieux, &  en  tout  trois  mille  neuf-cens  quatre-vingt-deux 
habitans.  Cette  ville  eft  à  cinq  ou  fix  lieues  de  Dole  , 
&  l'on  y  paffe  la  Sône  fur  un  pont  de  pierre.  *  Lon- 
guerue ,  Defcr.  de  la  France  ,  1 .  part.  p.  311.  Piganiol  de 
la  Force  ,  Dekr.de  la  France  ,  t.  7,  p.  558. 

Le  BAILLIAGE  de  Gray  OU  d'AMONT  ,  eft  un  des 
quatre  grands  bailliages  de  la  Franche-Comté  ,  &  ren- 
ferme dans  fon  étendue  huit  cent  trois  villes ,  bourgs  ou 
villages.  Les  villes  principales  font , 


Gray, 
Vefoul , 

Jonvelle, 
Dampierre, 

Pefmes , 

Hericourt , 

Marnay, 

L'ifle  fur  le  Dou 

Baume-, 

Clairevaux , 

Gy, 

Champlite, 

Villers-fur-Scey  , 

Amance, 

S.  Hipolyte . 

Belvoir , 

Luxeuil , 

Bouclans , 

Lure , 

Faucogné , 

Charié  , 

&c. 

GR.AYES  ,  bourg  d'Angleterre ,  dans  la  province d'Ef- 
fex.  Il  a  droit  détenir  marché  public.  *  Etat  préfent  de 
la  G.  Prêt.  t.  1. 

GRÉAT-BEDWIN  ,  bourg  d'Angleterre  ,  dans  la 
province  de  Witts.  Il  envoie  fes  députés  au  parlement. 
*  Etat  préfent  de  la  G.  Brct.  t.  1. 

GREBENUM  ,  ville  de  l'Albanie  ,  félon  Chalcon- 
dyle  ,  deReb.  Turc.  f.  9,  p.253 ,  édit.  du  Louvre  ,  qui  dit 
qu'elle  étoit  très-forte  ,  &que  Zagan  l'affiégeaen  vain. 


GRÈCE,  (la)  grand  pays  d'Europe,  &  même  d'Afie. 
Les  Grecs  ont  une  part  fi  brillante  à  l'ancienne  hiftoire, 
que  la  juftice  demande  que  nous  ayons  une  attention  par- 
ticulière à  ce  qui  les  regarde.  D'ailleurs ,  leur  pays  a  tant 
de  fois  changé  de  bornes  &  de  divifions,  que  pour  évi- 
ter la  confufion  ,  il  faut  traiter  cette  matière  à  plufieurs 
reprifes  ,  &  divifer  ce  que  nous  avons  à  en  dire  en  plu- 
fieurs âges  ,  puisque  ce  que  nous  en  dirions  à  l'égard  d'un 
fiécle  ,  ne  feroit  plus  véritable  à  l'égard  d'un  autre.  C'eft 
pourquoi  nous  confidérerons  la  Grèce  fous  huit  âges. 

I.  Depuis  la  fondation  des  petits  royaumes ,  jusqu'au 
fiége  de  Troye  ;  &  nous  l'appelions  le  tems  hé- 
roïque. 

II.  Depuis  la  prife -de  Troye,  jusqu'à  la  bataille  de 
Marathon. 

III.  Depuis  cette  époque,  jusqu'à  la  mort  d'Alexandre^ 

IV.  Sous  fes  fucceffeurs  ,  jusqu'à  la  conquête  qu'ea 
firent  les  Romains. 

V.  Sous  la  république  Romaine. 
VI.  Sous  Augufte  &  fes  fucceffeurs  ,  jusqu'à  la  divifion 

des  deux  empires. 
VII.  Sous  les  empereurs  d'Orient,  jusqu'à  l'irruption 

des  Turcs. 
VIII.  Sous  la  tyrannie  des  Turcs. 

Nous  y  ajouterons  un  neuvième  article  ,  pour  ce  qui 
regarde  l'églife  grecque. 

HISTOIRE  GÉOGRAPHIQUE  DE  LA  GRÈCE, 

Premier  âge  de  la  Grèce. 

§.  1.  De  fes  premiers  habitans. 

Lepays  que  nous  connoiffons  aujourd'hui  fous  le  nom 
de  Grèce  ,  n'a  pas  d'abord  porté  ce  nom.  Le  texte  hébreu 
de  l'Ecriture  femble  ne  lui  donner  aucun  nom  particu- 
lier ;  mais  elle  nomme,  (Genef.  c.  10,  v.  2,)  Javar.  entre 
les  fils  de  Japhet.  Ifaïe  dit ,  c.  66,  v.  19,  félon  l'hébreu, 
&  vers  Tubal  &  Javan ,  &  dans  les  ijles  éloignées  ;  !a 
Vulgate  porte  :  inltaliam,  &  Grœciam,  adinfulû.,  longe. 
Elle  rend  de  même  Javan  par  la  Grèce  ,  clans  Eyècbiel, 
c.  27,  v.  13  &  19;  dans  Daniel,  c.  11  ,  v.  2,  &  dans 
Zacharie  ,  c.  9,  v.  13  :  par-tout  là  l'hébreu  porte  Javan; 
mais  les  Septante  difent  Hellas ,  qui ,  comme  nous  le  di- 
fons  en  fon  lieu  ,  fut  un  des  noms  de  la  Grèce  ;  ou 
Hellènes  qui  fut  l'un  des  noms  des  Grecs  ;  &  notre  Vul- 
gate les  a  imités  en  difant  toujours  Grœci  St  Gracia.  U 
eft  remarquable  que  le  nom  de  Javan  en  hébreu,  p>  n'ayant 
aucuns  points  qui  déterminent  la  prononciation  ,  eft  le 
même  qu'Ion  ;  Scnous  trouvons  que  les  premiers  Ioniens, 
que  l'on  connoiflè,  étoient  dans  la  Grèce.  Il  y  a  même 
lieu  de  croire  qu'ils  en  furent  les  premiers  habitans  ;  mais 
ils  n'y  furent  pas  long-tems  feuls.  Les  Phéniciens  ,  grands 
navigateurs  de  tout  tems ,  les  y  allèrent  trouver ,  &  éta- 
blirent des  colonies.  En  faveur  de  leur  commerce,  ils  ap- 
prirent aux  Grecs  naturels  la  navigation,  le  commerce, 
&  fur-tout  l'écriture,  dont  on  leur  attribue  l'invention.  Les 
Egyptiens  ne  furent  pas  les  derniers  à  y  envoyer  des  peu- 
plades. Ils  leur  communiquèrent  le  goût  des  feiences  & 
des  arts  ;  &:  les  infectant  de  leur  idolâtrie ,  non  contens 
de  leur  donner  des  rois,  ils  leur  donnèrent  des  dieux. 


§.2.   De  fes  plus  anciens  fc 

Le  favant  le  Févre ,  dans  fes  Notes  fur  Apollodore  , 
dit  :  la  Grèce  ne  connoît  rien  de  plus  ancien  qu'Inachus  ; 
&  fans  copier  ici  ce  que  nous  avons  dit  à  l'article  Ina- 
CHIA  ,  ce  prince  étoit  un  Phénicien  :  ce  fut  le  premier 
roi  d'Argos.  Son  nom  fut  commun  à  fes  fucceffeurs  ,  les 
rois  d'Argos ,  &:  même  à  tous  les  rois  de  la  Grèce.  Les 
Grecs ,  avec  un  léger  changement ,  en  firent  un  mot  qui 
fignifie  roi  ,  ' kvs.% ,  "/W«/m.  De  même  que  les  fuccef- 
feurs de  Cefar,  prirent  le  nom  deCefar,  qui  eft  devenu 
fynonime  d'empereur  ;  de  même  aufli  les  noms  de  Pha- 
raon &  de  Ptolomée  ,  ont  été  en  divers  tems  des  noms 
propres  à  des  rois  d'Egypte ,  &  appellatift  par  rapport  à 
leurs  fucceffeurs.  ïnachus  vivoit  vers  l'an  du  monde  2127, 
l'an  18^7,  avantl'ére  vulgaire.  George  le  Syncelle,  Chro- 
nograph.  avoit  dit  la  même  chofe  avant  le  Fevre.  U  n'y 


GRE 


GRE 


a  rien  ,  dit-il ,  dans  les  hiftoires  des  Grecs  qui  foit  plus 
ancien  qu'Inachus  &fon  fils  Phoronée ,  qui  furent  les  pre- 
miers roisd'Argos.  Anticlide,  cité  par  Pline,  /.  7,  c.  56, 
regarde  Phoronée  comme  le  premier  roi  dé  la  Grèce. 
Anticlides  Phoronaum  antiqui (Jîmum  Gracia  regem  tra- 
dit.  Cela  ne  feroit  pas  vrai ,  s'il  etoit  sûr  que  le  royaume 
de  Sicyone,  dont  on  donne  une  fuite  de  vingt-fix  rois, 
eût  commencé  dès  l'an  du  monde  1898  ,  puisque  le  régne 
d'Egialée,  premier  roi  de  Sicyone,  eût  précédé  de  deux 
cens  ving-fept  ans  le  régne  d'Inachus.  Mais  la  fuite  de 
ces  rois  de  Sicyone  eft  (u jette  à  tant  de  contradictions , 
que  le  chevalier  de  Marsham  a  rejette  abfolument  dans 
fon  livre,  CanonChronic.  Algypt.  où  il  a  traité  l'ancienne 


179 

chronologie.  D'ailleurs  félon  cette  lifte ,  il  devoit  y  avoir 
un  roi  de  Sicyone  du  tems  de  la  guerre  de  Troye  ;  & 
Homère  n'auroit  pas  manqué  de  faire  mention  de  ce 
royaume  ;  au  contraire  il  dit  que  Sicyone  étoit  une  des 
villes  fur  lesquelles  régnoit  Agamemnon.  Avec  le  tems  it 
fe  forma  presqu'autant  de  petits  royaumes  qu'il  y  avoit  de 
villes  un  peu  considérables.  Ces  villes  dévoient  leur  fon- 
dation à  une  certaine  fuite  de  héros ,  dont  les  Grecs  dres- 
ferent,  après  coup,  une  généalogie  un  peu  fuspeâe,  à  la  vé- 
rité ;  mais  pourtant ,  comme  elle  établit  une  certaine  liai- 
fon  entre  ces  pays,  je  la  rapporterai,  &je  fuivrai  en  cela 
le  P.  Bnet,  qui  n'a  pas  dédaigné  de  l'inférer  dans  fes  Pa- 
rallèles, z.part.  /,  3  ,  c.  6. 


S-  3-  ORIGINES  DES  ANCIENS  ROIS  ET  PRINCES  DE  LA  GRÈCE» 

Selon  les  anciens* 


h 

POSTÉRITÉ  DE  DEUCALION  ,  roi  de  Theffalie. 

f  jEson.{Jason  ,  chef  des  Argonautes. 

MÉLÂMPE,   époufa  Iphianir  fille) 
d'Anaxagore ,  fils  de  Mégapenthe ,  roi  |  ANTIPHAS5 
d'Argos.  II  guérit  les  filles  de  Proëtus,  iManto, 
qui  étoient  furieufes;  &  Anaxagore,  / Bias  , 
par  reconnoiffance  ,   le  fit  roi  d'Ar- 1  PRONOë. 
CRETHUS  époufa^  gos ,  avec  fon  frère  Bias.  ) 


Tyro,  fille  de  fon 
frère  Salmonée. 


(rÎELLEN 
DEUCA-  jeut   d'Or-, 
LION  quï\  feïde  ,     fa  ./Eolus,qui 
régnoit  en  femme 
Theffalie,  I  trois  fils , 


lorsqu' ar- 
riva le  dé- 
luge,nom- 
mé  de  fon 


qui  don- 
nerentlieu 
à  trois  es- 
pèces de 
Grecs ,  fa- 


d'ENA- 
rete,  fille 
de  Déi- 
machus , 
eut  cinq 
filles ,  Ca- 
nache,  Al-\ 


BlAS  partagea,  avec  fon  frère}  (Adraste-Parthe- 

Mélampe  ,  le  royaume  d'Ar- (T  JnoPjEUS  ,   Eriphi- 

gos.   De  fafemmePÉRONE(1ALAUS-)LE,    femme  d'Am- 
il  eut  un  fils  nommé ,  )  \phiaraus. 


Pkeres. 


JAdmete,      ("Opheltes,  aufli  nommé  Arche* 
|Lycurgue,|more. 


SlSYLHE,  fondateur  de  Corinthe,  eut  del 
Mérope,  fille  d'Atlas,  ) 


GlAucus.{Bellerophon, 


AthAMAS,  roi  de 
Béotie ,  eut 


De  NepheleJ 


j  d'Ino  ,  fille  de  çLéarque. 
\Cadmus.  "^MeLICERTE. 


l'an  du     (  voir,l'£o-l  donc,  Pi 
monde      )  lique  ,    le\jîdice,  Ca- 
Doriqde     \fyce  & 
&   l 'Ioni-  Pcrimede , 
fa-  &  huit 


avant  1ère 
vulgaire. 
Il  eut   de 
fa  femme 
Pyrrha. 


que 
voir,  jEo- 
lus,  Do- 
rus,  fesûh, 
&/o«,fon 
petit-fils. 


fils,  félon 
Diodore. 


CNelée  ,  qui  s'enfuit/NESTOR  ,  &  dix  autres 

.    .  r  à  Meffine.   Il  eut  de)  fils  ,  qui  furent  tués  par 

SALMONÉE ,  qui  1  TYRO, femme  fa  femme  CHLORIS,  )  Hercule. 

régna  d'abord  en 'de  Crethéus.   1  fille  d'Amphion.         ^Pirnnjiï 

Theffalie  ,    puis  j  Elle  avoit   eui 

Elide  1  de  Neptune,    L  .     de(AcASTE. 

1  Theffalie.'  JAlceste,  fer 

V  \meu. 


-Perone,  femme  de  BU 


mme  à' Ad- 
Deione,  qui  régna  en  Phocide.  {  Cephale  ,  mari  de  Procris. 

eurent  l'ifle  de  Sériphe. 


POLYDECTE, 

Magnetes,  dont  les  deux  fils,  <J  Dictis 


Mimas,  qui  régna) Hippotes  ,  eut 
en  iEolide.  jde  Mélanippe, 


Eole 
dont  la 
fille 


(Arne  ,  f  Eole  j  roi  des  ifles  ^Eo- 
)eut  deviennes,  près  de  la  Sicile. 
JNeptu-jBoEOTUS  ,  dont  hBéo* 
(ne,       \tie  prit  le  nom. 


ÎApharée , 
Leucippe, 
Tyndarée , 
Icare. 

Dorus  ,  dont  on  ne  dit  rien  finon  que  les  Doriens  viennent  de  lui. 

Xutus,  qui  étantC     AcH^EUS,  qui  ayant  commis  un  meurtre  involontaire,  fc  fauva  au 
chaffé   par  Ces  fre-l  Péloponnèfe  ,  &  donna  fon  nom  à  YAchaïe ,  que  l'on  appelloit  aupa- 
res  ,  fe  réfugia  chez/  ravant  ALgialce.  Il  retourna  pourtant  en  Theffalie  où  il  régna. 
Erechlhée  ,  dont  il]      Ion  ,  qui  régna  ,   dit-on  ,  à  Athènes ,  après  fon  aïeul  maternel  ;  de 
(.époufa  la  fille.  \\u\  les  Athéniens  furent  nommés  Ioniens. 


IAMPHICTYON,  qui  après  l'expulfion  de  Cranaùs,  régna  à  Athènes, 


Tome  III.      Z  ij 


GRE 


I0O 

Vers  l'an  du  monde  1102,  Ogyges  jetta  les  fondemens 
ffEUudne ,  dans  le  pays  qui  tut  enfuite  nommé  VAttique. 
Il  régnoit  dans  ce  canton,  lorfqu'arriva  le  déluge ,  nommé 
de  ion  nom  le  déluge  d'Ogyges.  Le  favant  le  Clerc , 
Compend.  Hifl.  Univ.  foupçonne  que  l'hiftoire  de^ce 
déluge  &  le  nom  de  ce  roi  pourraient  bien  être 
venus  de  là*  langue  phénicienne  ,  mal  entendue  par  les 
Grecs  ;  car  ,  dit-il  ,  XV,  7133  Mab'bouL  Chog  peut 
lignifier  le  débordement  de  l'océan. 

Vers  le  tems  où  Moïfe  délivrait  les  Ifraëlites  ,  &  les 
emmenoit  d'Egypte,  Cecrops  partit  d'Egypte  par  mer, 
&  conduifit  une  colonie  dans  la  Gréce'où  il  bâtit  douze 
bourgs  ou  petites  villes ,  tk  y  établit  des  loix  ,  vers  l'an 
du  monde  2373  ,  161  r  ans  avant  l'ère  vulgaire  ,  félon 
le  Clerc;  &  l'an  du  monde  2426,  félon  le  père  Pétau, 
ou  144a ,  félon  de  Vallemont  ,  Elem.  de  CHift.  t.  2. 
On  le  regarde  comme  le  fondateur  d'Athènes  &  de  la 
monarchie  des  Athéniens.  Ce  fut  à-peu-près  vers  ce 
même  tems  que  la  Grèce  fut  affligée  par  le  déluge  de 
Deucalion ,  parce  que  Deucalion  régnoit  alors  en  Thes- 
falie.  Les  Grecs  l'ont  confondu  avec  Je  déluge  univerfel 
décrit  par  Moïfe.  Le  Clerc  ,  obferve  que  Noé  eft 
nommé  dans  l'Ecriture  homme  de  la  terre  ,  c'eft-à-dire , 
laboureur  ,  n31NH  £?>X  ,  ce  qui  peut  auflï  fe  rendre 
•en  grec  par  'âviÎ/i  7rupf«<r  en  latin  Marïtus  Pyrrha,  ou 


GRE 


Rubrx;  car  Adamah  fignifie  également  Pyrrha ,  Rubra. 
&c  Terra.  :  les  Jurées  ont  pris  ce  mot  dans  le  fens  de 
Pyrrha,  &  en  ont  fait  un  nom  propre;  ils  ont  dit  que 
Pyrrha  étoit  la  femme  de  Deucalion.  Il  foupçonne 
même  que  le  nom  de  Deucalion  eft  un  mal-entendu  , 
&  qu'il  eft  venu  de  W  >^jn  Diglê  Ion  ,  c'eft-à-dire  , 
les  drapeaux  des  Ioniens.  Les  pierres  que  l'on  dit  qu'ils 
jettoient  pour  réparer  le  genre  humain  ,  n'ont  peut-être 
de  fondement  que  le  double  fens  du  mot  !3>33&  Abanim 
qui  vraifemblablement  fignifioit  en  phénicien  ,  d'une 
manière  équivoque  ,  des  enfans  &  des  pierres.  Les  fables 
ont  dit  qu'il  n'étoit  refté  que  Deucalion  &  fa  femme. 
Juftin  ,  /.  2 ,  c.  6  ,  dit  beaucoup  mieux;  il  n'en  réchappa 
que  ceux  qui  purent  gagner  les  montagnes,  ou  arriver  avec 
des  vaifleaux  auprès  de  Deucalion ,  roi  de  Theflalie.  Il 
les  fecourut ,  &  de-là  vint  qu'on  publia  de  lui  qu'il  avoit 
réparé  le  genre  humain.  Il  eft  certain  que  les  Phéniciens 
ayant  pris  le  goût  des  colonies  ,  preffés  d'ailleurs  par 
Jofué  qui  les  chaffoit  du  pays  de  Chanaan  ,  fe  répan- 
dirent dans  l'Europe.  C'eft  à  ce  tems  qu'il  faut  rapporter 
l'arrivée  de  Cadmus  en  Grèce  ,  où  il  bâtit  la  ville  de 
Thebes.  Les  Grecs  le  font  defeendre  d'Inachus  ,  dont 
voici  la  famille ,  félon  le  P.  Briet.  Les  Grecs  ont  ignoré 
l'origine  de  ce  prince.  Nous  avons  remarqué  à  l'article 
Inachia  ,  d'où  il  venoit. 


II. 


POSTÉRITÉ  D'INACHUS,  roi  dArgos. 


(  Belus. 


ÎNACHUS, 

fondateur  du 
royaume  ' 
d'Argosi 


(Libye, 
YEpA-    )eut   de 
Io-,  ou  jpHUsJNeptu-  ) 
IsiS,eut{roi       vne. 
de  Jupi-jd'E- 

ter  >      Egypte- 


Danaus,  ( 
eut  trente 
filles,  dont 
vingt-neuf^ 
egorge- 
rent    leurs  | 
maris.        \ 


(Acrisius.{Danaé.{Persée. 
y  Proetus.  |LAus  {Adraste. 


jEgyptus  eut  trentef 

I  fils  ,  dont  vingt-neuf)  LyncÉE  fut  épargne  feul  ,  par  Hyper' 
I  furent  tués  par  leursS  mnejlre,  fa  femme. 
Ifemmes.  (. 


TGadmus  , 
^Europe. 


'Cinquante  fils  ;  qui 
tous  furent  tués ,  à 
la  réferve  de  Nyg- 


Pho- 

I.RONÉE. 


'Ca- 

RES. 

Nio-  f 
""iBÉ,      !Pe-  fTycaon, 

qui  eut  |  LAS- Voi         ( 
I  de  Ju-  GUS. 
ipiter,  ^ 


Id'Ar- 
^cadié, 


f  A-  (  Ly-   (Amphi-     CMela-  (Parthê- 

1PHI- ICUR-      DAMAS,      |  NION  ,   j  NOPjEUS, 
DAS.   GUE.  4  AnCjEUS  ,  {  qui    eut{  l'un  des 
iEpo  chus,  !  d'ATA-  Ifept  chefs 
!  t™  i-tic         (LAï^E.  I  devant 


Ce-    IdjEus 


I  ^r  V 

JPHEE, 


CaLIS-(ARCAS, 
TO ,  qui]  dont     font 
eut  de  \  venus  les   j 
Jupiter ,  {Arcadiens.  |  EtA- 1  StenOBÉE    , 
(tus.  (Proetus, 


Thèbes. 


femme    de 


Ceux  qui  fe  donneront  la  peine  de  comparer  ces  tables  Chronograph.  de  Paufanias  /.  2  ,  c.  1 5  ,  &  de  plufieurs 

avec  celles  du  P.  Briet ,  trouveront  que  j'y  ai  fait  quel-  autres  Ecrivains. 

ques  changemens  qui  m'ont  paru  néceflaires.  Par  exemple,         L'étendue  de  la  feuille, ne  nous  ayant  point  permis 

j'ai  donné  à  Phoronée  Cares  pour  fils ,  fur  l'autorité  de  de  mettre  de  fuite  la  poftérité  de  Perlée  &  d'Agenor  , 

Paufanias ,  /.  1 ,  c.  39.  Je  l'ai  fait  lui-même  fils ,  &c  non  nous  allons  la  joindre  ici  en  deux  fupplémens. 
frère  d'Inachus  ,  fur  l'autorité  de  Georges  le  Syncelle , 

III. 

POSTÉRITÉ  DE  PERSÉE. 

ALCÉE   époufa  HïPPOMONE  ,  fillerAMPHYTRYON. 

de  Menœcée.  \ANAXO  ,  femme  d'ELECTRYON,  fon  oncle. 

ÎESTO     époufafHlPPOTOE  (TaPHIUS, 
;ys,  fille  de  Pe-<  eut  de  Nep-\  ville  de  Tapi 
s.  (tune.  .(lonie. 


PERSÉE ,  fils  de 
Danaé  &de  Ju- 


qui  bâtit  la(PTERELAS  ,    que  Neptune   fon  aïeul 
lus  en  Cefa-<  rendit  immortel. 


GRE 


GRE 


18 


l'exemple  de  fa  mère ,  époufa  fon  oncle  Amphy- 


pirer,    délivra    IElectryON   époufa  Ana- f Neuf  fils ,  outre 
Andromède  ,lxo,  fa  nièce,  de  laquelle  uYAlcmene,  qui, 
fille  de  Cepliée ,{  eut ,  (TRYON. 

poufa  ,  &  en  / 

eut  ilx  fils  tk  une  II  eut  auffi  de  MÉdéejLicymmus  ,  tué  par  méprife  par  Tlepoleme ,  fils  d'Hercule  :  fon  père 
fille.  un  fils  naturel ,  nommé  lavoit  été  tué  de  même  par  fon  gendre  Amphytryon.      . 

Sthenelus'    époufa/- 
NlClPE,filledePelops,\EURYSTHÉE,  qu'Hercule  fervit,  Sien  qui  finit  la  poftéritedePerfée;  de 
roi  d'Elide  ,-de  laquelle) forte  que  le  royaume  de  Mycenes,  paffa  aux  Pélopides. 
il  eut  <• 

Helas  ,  dont  on  ne  connoît  point  la  poftérité. 

Perses  ,  qu'il  laiffa  chez  Cephée  ,  fon  beau-pere.  Les'Perfes  prétendoient  en  être  defcendus, 
\Gorgophone  époufa  Perieres  ,  l'un  des  defcendans  de  Deucalion. 


POSTÉRITÉ   D'AGENOR. 


Cadmus,(Polydore  f 

époufa  NYC-) 
teis,  fille deV 
Nyfteus,        *• 


/•Laïus  ,  détrônéz-CErn- 

,    :US>anrc,Lyc„us'/on)PEeu; 

'par 


père    pour 

chercher    ; 

AGENOR   eut     Europe, (S  AnTINOÉ  ,  qui  époufa  ArISTÉE. 
deTELEPHAS-  fceur,  bà-|lNO,  femme  d'ATHAMAS  ,  fils  d'jEolus. 
SA,  fa  femme ,}  tit  la  ville  Ag  ave  ,  qui  époufa  EcHION. 
trois  fils  &c  une  de  Thè-      Semele  ,  maîtreffe  de  Jupiter,  mère  de  Bacchus, 

'Ko 


Anugone,  fille; 
) oncle,  &enfuite)avecfa)"-°CLE  ».    Sl'autre, 
(tué  par  fon  fils.   Wre    (^OLYMCE,    (_ 


Is  fe  tuèrent  l'un 


ihïe 


,b«. 


Phœnix  ,  d'où  font  nommés  les  Phéniciens^  qui  alors  étoient  très-puiflans  en  Afie.  Le  fiege  de 

fon  empire ,  étoit  à  Thèbes  d'Egypte, 
Cilix  ,  dont  la  C'diàt  porte  le  nom, 
Europe  enlevée  par  Jupiter. 

On  vient  de  voir  que  Laïus  fut  détrôné  par  fon  grand  oncle  Lycus  ;  voici  quel  lien  de  parenté  étoit  entr'eux? 

V. 

ALLIANCE  des  MAISONS  de  CADMUS  &  de  NYCTEUS, 


(Nycteus,(Nycteïs  qui  époufa  f      .:•',■■( 
On  ne  fait  |  venu  d'Eu-  Polydore,  fils  de Cad-^LABDACUsJLAÏUS  détrôné, 
qui  étoit     J' bée  ,  avec"  j mus,  (  ( 


leur  père.  ',  fon  frère,    j 


[Antiope, 
^de  Jupiter , 


ai  eut  ÇXethus  ,    \  élevés  par  un  pâtre  :  ils  vengèrent  leur  rnere  des  outra- 
(_Am'phion,3  ges  de  Dircé. 


ILycus  ,  fil  eut  pour  femme  Dircé  ,  8c  chaffa  Laïus  du  trône.  Il  prit  Antiope  ,  fi  nièce  ,  qui  avoir. 
frère  de  <époufé  Epopéus  ;  Dircé  l'ayant  fort  maltraitée ,  elle  fut  vengée  par  Zethus  6k  Amphion, 
vNycleus.     (qui  tuèrent  Lycus,  &  attachèrent  Dircé  à  un  taureau  indompté. 


§.4.  Anciennes  fociétés  de  la  Grèce. 

Ces  héros  ,  naturellement  guerriers  ,  n'avoient  pas 
plutôt  atteint  l'âge  de  quitter  la  maifon  paternelle  ,  qu'ils 
fe  cherchoient  eux-mêmes  quelque  établiiTement.  Sou- 
vent un  exploit  hardi  &  heureux  at'tachoit  à  leur  deftinée 
quelques  familles  avec  lesquelles  ils  alloient ,  ou  conquérir 
«ne  ville ,  ou  en  fonder  une  nouvelle.  Chaque  fociété , 
pour  ainfi  dire  ,  formoit  un  royaume.  De  Vallemont , 
Elem.  de  CHifl.  t.  2,  dit  très-bien:  jamais  pays  fi  petit 
na  renfermé  tant  de  royaumes  &  tant  de  républiques. 
George  Honorius ,  Arca  Noè ,  p.  133,  nous  en  donne 
prefque  tous  les  noms  que  nous  mettrons  ici  ,  quand  ce 
ne  ferait  que  pour  la  curiofité  de  voir  dans  la  feule  Grèce 
tant  de  royaumes  &  de  républiques ,  dont  à  peine  les 
noms  font  venus  jufqu'à  nous.  On  trouve  ,  dit  -  il  , 
jufqu'i  cinquante  états  dirFérens ,  formés  par  les  Grecs , 
favoir. , 


AUgialée  ,  ou  Sicyone , 

Les  Leleges, 

Les  Mejjéniens  , 

Les  Ectenes, 

Crète  , 

Argos  ,  %     ^ 

Lacédémone ,  ou  Sparte ,     Elid 

Les  Pe/asgues  ,  Pylos  , 

Les  TheJJaliins ,  L'Jirçadie 


LAtdque  , 

La  Daulide  dans  la  Pho- 

cide  , 
Les  Locres  O^olei } 
Corintke , 
Eleufine  , 


Egine  , 
Ithaque  , 
Cephalenie  - 
Phïthti, 
La  Phocide  , 
Ephyre  , 
L'Eolide, 
Thèbes ; 
Calliftes  , 
Les  Etoliens, 
Les  Dolopes , 
L'tEchalie, 
Mycenes , 
L'Eubèt , 
Minies, 
Les  Doriens  î 


Pheres, 

Lolcos  , 

Locres , 

Les  Thraciniens  ," 

Les  Tresprotiens , 

Les  Mirmidons  ,- 

Salamine , 

Scyros, 

Hyperies , 

Les  ijlcs  de  Vulcain  , 

Megares , 

L'Epire  *, 

L'Achaïe  , 

L'Ionie, 

La  Macédoine , 

Les  ifles  de  la  mer  Egée,  &£. 


*Je  ferai  voir  que  la  Macédoine  &  TEpire  ne  furent 
de  la  Grèce ,  que  long-tems  après. 

Il  ne  faut  pas  s'imaginer  que  ces  pays  ayent  d'abord 
porté  les  noms  que  nous  leur  donnons  ordinairement  ; 
par  exemple  Corinthe  s'appella  d'abord  Ephyre  ,  & 
ainfi  de  quantité  d'autres  ;  &  c'eft  ce  que  nous  avons  eu 
foin  de  marquer  dans  les  articles  particuliers.  Il  furlit 
dans  celui-ci  de  les  défigner  par  les  noms  qui  font  les 
plus  connus. 

Les  familles  royales  n'étoient  pas  toujours  les  mêmesj 


l82 


GRE 


GRE 


Elles  fe  detrènoient  mutuellement  à  la  première  occa- 
fion ,  Si  les  peuples  étoient  toujours  la  victime  du  parti 
triomphant.  La  Grèce  ,  &  iur-tout  le  Péloponnefe  , 
éprouva  fouvent  les  malheurs  de  ces  révolutions.  Deux 
oartis  célèbres  l'agitèrent  aflez  long-tems  ;  c'étoient  les 
Heraclides  &.  les  Pelopides. 

§.  5.  Origines  des  HERACLIDES  &  des  Pelopides. 

On  a  vu  dans  la  pofterité  de  Perfée  fils  de  Danaé., 
deux  princes  ,  l'un  Alcée  père  d'Amphitryon,  l'autre 
Elettryon  père  d'Alcmene  ;  Amphitryon  n'obtint  Alcmene 
de  l'on  oncle  qu'à  condition  qu'il  lui  aideroit  à  faire  la 
guerre  à  (es  ennemis.  Amphitryon  y  confentit  ;  mais  il 
eut  le  malheur  de  tuer  involontairement  l'on  beau-pere  ;,çe 
qui  l'obligea  de  prendre  la  fuite  &  d'abandonner  les  états 
(a).  Il  le  retira  à  Thèbes.  Son  fils  Hercule  étoit  encore 
trop  jeune  pour  lui  fuccéder  ;  &  Sthenelus  autre  fils  de 
Perlée  &  oncle  du  roi  fugitif ,  profitant  de  ce  malheur  , 
s'empara  du  royaume  de  Mycenes  que  fon  neveu  avoit 
abandonné.  Il  comprenoit  aufli  celui  d'Argos.  Cet  état, 
fondé  par  Inachus,  avoit  duré,  fous  la  pofterité  de  ce 
prince,  jusqu'à  l'an  du  monde  2530 ,  félon  de  Vallemont, 
c'eft-à-dire  jusqu'à  Gelanor,  fils  de  Sthenelus,  roi  d'Argos. 
Danaiis,  chafle  alors  d'Egypte  par  fon  frère  vEgyptus,  vint 
à  Argos  ,  s'en  rendit  maître  ,  Si  chafla  Gelanor.  C'eft  de 
ce  Danaiis  que  les  Grecs  font  fouvent  nommés  Danai , 
fur-tout  par  les  poètes.  Sa  pofterité  mafculine  finit  au 
royaume  d'Argos  en  la  perlbnne  d'Acrifius.  La  dureté 
avec  laquelle  celui-ci  traita  Danaé  fa  fille  ,  Si  Perfée  qu'elle 
mit  au  monde  ,  lui  coûta  cher.  Perfée  fut  expofé  &  fauve. 
Etant  grand  il  fe  vengea  de  fon  ayeul ,  qu'il  tua  par  firr- 
prife  ,  Si  transporta  la  domination  d'Argos  à  Mycenes  : 
ainfi  Alcée,  Amphitryon,  fon  fils  ,  Si  Sthenelus,  oncle  de 
ce  dernier  ,  étoient  rois  de  Mycenes  y  compris  Argos. 
Sthenelus  laiffa  cette  couronne  à  fon  fils  Euryfthée ,  qui 
fit  faire  à  Hercule  -un  ;long  apprentiffage  -de  patience. 
Euryfthée  haïfloit  Hercule  &  fes  enfans ,  Si  craignoit  qu'ils 
ne  repriflent  une  couronne  dont  il  les  avoit  privés  (b  ).  Il 
les  pourfuivit  par-tout  :  les  Athéniens  ayant  donné  retraite 
aux  fils  d'Hercule  ,  Euryfthée  alla  avec  une  armée  contre 
eux  :  il  y  fut  tué  ave,c  tes  fils.  Hyllusj  fils  d'Hercule,  triom- 
phoit  déjà  ;  mais  Atrée  lui  difputa  la  couronne ,  le  vainquit 
&  régna.  Cet  Atrée  étoit  fils  de  Pelops  &  frère  de  Nici  ppe , 
&  oncle  maternel  d'Euryfthée.  Pelops  avoit  époufé  Hip- 
podamie  fille  d'CKnomaùs,  roi  d'Elide,  Si  avoit  fuccédé 
à  fon  beau-pere.  Ce  fut  lui  qui  donna  fon  nom  au  Pélopon- 
nefe ,  aujourd'hui  la  Morée  ,  qu'on  nommoit  ancienne- 
ment Apia.  Hercule  privé  de  la  fucceflîon  d'Amphitryon , 
fut  quelque  tems  errant  ;  Si  comme  il  étoit  d'un  tempé- 
rament amoureux  ,  il  ne  manqua  point  de  pofterité.  De 
fon  nom  qui  étoit  en  grec  Hp*;ai"ïr  ,  Héraclès  ,  fes  des- 
cendais furent  nommés  Hcraclides  ;  &  Atrée  Si  Thyefte, 
fils  de  Pelops,  furent  nommés  les  Pelopides.  *  (a)  Paufa- 
nias  ,  1.  9 ,  c.  11.  (b)  Diod.  Sic.  1.  4  ,  c.  4. 

§.  .6.  Règne  des  Pelopides. 

Thyefte  ne  fut  guères  connu  que  par  fes  malheurs.  Son 
frère  Atrée  Si  lui  ont  été  immortalifés  par  les  poètes  ,  qui 
ont  trouvé  un  fujet  très-tragique  dans  la  haine  implaca- 
ble qui  les  divifa.  Atrée  fut  père  d'Agamemnon  &  de 
Menelas.  Le  premier  fut  roi  de  Mycenes  ;  le  fécond 
époufa  Hélène  fille  de  Tyndare ,  roi  de  Lacédémone ,  & 
fceur  de  Caftor  Si  de  Pollux  ,  ausquels  il  fuccéda  pour 
cette  couronne.  Menelas  ne  fut  guères  connu  que  par  les 
galanteries  d'Helene  fa  femme.  Elle  fe  fit  enlever  par 
Paris  fils  de  Priam  ,  roi  de  la  Troade  ,  dans  l'Afie  mineure. 
Tous  les  monarques  de  la  Grèce  ,  jaloux  de  la  puiflance 
de  Troye  ,  faifirent  cette  occafion  pour  l'abbatre  :  ils  fe 
réunirent  tous  contr'elles  ,  fous  prétexte  de  venger  l'ou- 
trage fait  à  Againemnon.  La  guerre  de  Troye  a  été  décrite 
poétiquement  par  Homère  Si  par  Virgile ,  &  hiftorique- 
inent  par  Diftys  de  Crète ,  qui  en  a  recueilli  toutes  les 
anciennes  traditions. 

Comme  toutes  les  villes  de  la  Grèce  étoient  alors  autant 
de  petits  états  qui  avoient  ieurs  fouverains  particuliers  , 
chaque  ville  envoya_à  cette  guerre  cîes  troupes,  avec  des 
coinmanchns.  Pour  faire  connoître  quelle  étoit  la  Grèce 
alors ,  nous  donnons  un  détail  des  troupes,  tel  qu'Homère 
le  donne  ;  on  y  verra  quelles  villes  étoient  ious  un  même 


chef,  quel  nombre  de  vaifleaux  chaque  état  avoit  fourni  4 
St  par-là  on  pourra  juger  de  fa  puifïance. 

§.  7.  Dénombrement  dégroupes  Greques  &  de  Uurs 
vaiffiaùx  à  la  guerre  de  Troye. 

Les  Béotiens  étoient  conduits  par  Peneleus  ,  Leitus  ," 
Arcefilas,  Prothenor,  Si  Clonius.  Les  Béorie.isqui  habi- 
toient Hyrie  ,  les  rochers  A'Aulide  ,  Schoene  ,  Scole  , 
les  montagnes  d'Eteon  ,,  Graie  ,  Si  les  riches  plaines  de 
Micalejjc  ;  ceux  qui  tenoient  Harme ,  llefium  Si  Erythrée  , 
Eleon ,  Hyle  Si  Peteon  ;  O calée  ,  Medeon  la  bien  bâtie  , 
Copes  ,  Eutrefine  Si  Thisbé  fi  abondante  en  colombes  , 
Coronée  ,  Si  les  prairies  à'Aliarte  ,  Platées  Se  Glyjjante. 
Ceux  qui  habitoient  la  nouvelle  Thèbes  qui  a  de  fi  belles 
murailles.  Onchcjle  célèbre  par  le  beau  temple  de  Nep- 
tune, Arne  fertile  en  vin  ,  Midée  la  divine,  NyJJ'a  & 
Anthedon  qui  eft  à  l'extrémité  de  la  Béotie.  Ils  avoient 
cinquante  vaifleaux  ,  Si  chaque  vaifleau  portoit  fix-vingt 
hommes.  *  Homère  ,  Iliad.  I.  2. 

Mais  les  Béotiens  d' '  Afpledon  Si  d'Orchomene  ville  de 
Minyas ,  étoient  conduits  par  Afcalaphus  ,  Si  Jalmenus 
fils  du  dieu  Mars ....  Ces  deux  chefs  avoient  trente  vaif- 
feaux. 

Schedius  Si  Epiftrophus  ,  tous  deux  fils  du  vaillant 
Iphitus,  Si  petits-rilsde  N.aubolus,  étoient  à  la  tête  des  peu- 
ples de  la  PhocïDE  qui  habitoient  Cypariffus  ,  les 
roches  de  Pytho  ,  Crijjd  ,  Daulis  ,  Si  Panope  ,  Ane- 
morée  Si  Hyampolis  ;  de  ceux  qui  buvoient  les  eaus 
du  CephiJJe  ,  Si  de  ceux  qui  tenoient  la  ville  de  LiLeà. 
où  ce  rleuve  prend  fa  fource.-  Ils  menoient  quarante 
vaifleaux. 

Ajaxfils  d'Oilée  commandoit  les  Locriens...  il  menoit 
les  peuples  de  Cyne  ,  à'Opus  ,  de  Calliare  ,  de  Beffi  , 
de  Scarpke ,  SAugée ,  de  Tarphe  Si  de  Thronie  qui  eft 
fur  les  rives  du  Boagrius  :  il  avoit  quarante  vaifleaux  de 
ces  Locriens  qui  habitent  au-delà  de  l'Eubée. 

Les  belliqueux  Abantes  d'Eubée  qui  habitoient  Cha- 
lois  ,  Eretrie  Si  Hyjliée  fertile  en  bons  vins ,  la  maritime 
Cerinthe  Si  la  haute  ville  de  Dium  $  Caryfle  Si  Styre  j 
étoient  conduits  par  Elphenor^  fils  de  Chalcodon  de  la 
race  de  Mars.  Ce  vaillant  capitaine  étoit  à  la  tête  des 
Abantes  qui  n'ont  des  cheveux  que  par  derrière  ,  Si  qui 
font  fi  vaillans ,  que ,  méprifant  l'art  de  lancer  le  javelot  , 
ils  joignent  toujours  l'ennemi,  Si  à  grands  coups  dépiques 
ils  percent  les  boucliers  Si  les  cuirafles. 

Ceux  qui  habitoient  la  ville  d'Athènes  ,  la  cité  du 
généreux  Erechthée  ,  que  la  terre  enfanta,  Si  que  Minerve 
prit  foin  d'élever  elle-même.  .  .  .  étoient  menés  par 
Menefthée  fils  de  Peteus...  Il  commandoit  cinquante 
vaifleaux. 

Ajax  mena  douze  vaifleaux  de  Salamim...> 

Ceux  qui  habitoient  Argos  ,  les  fortes  murailles  de 
Tyrinthe  ,  Hermione  Si  Ajine ,  qui  ont  des  golfes  pro- 
fonds ,  Trefenes  ,  Eïones  ,  Epidaure  ,  dont  les  coteaux 
font  couverts  de  vignes  ;  ceux  d'Ane  Si  de  Mafete 
avoient  pour  chefs  le  vaillant  Diomede ,  Sthenelus ,  fils 
de  Capanée  ,  Si  Euryale  fils  de  Meciftée ,  Si  petit-fils  du 
roi  Talausi  Diomede  étoit  le  général  Si  commandoit 
quatre-vingt  navires. 

Ceux  de  la  belle  ville  de  Mycenes  ,  de  la  riche  Corin- 
the,  de  Cléone ,  fi  bien  bâtie,  d'Ornées ,  d'Aretkurée ,  de 
Sicyone  ,  où  Adrafte  régna  le  premier  ,  ceux  d'yperejle  , 
de  Conoejfe  de  ,  Pellene  Si  zxMgion  ,  ceux  de  toute  la 
côte  ,  depuis  Sicyone  jusqu'à  Buprafie  au-deflus  d'Elide  , 
Si  ceux  des  environs  d'Hélice  fuivoient  Agamemnon  fur 
cent  vaifleaux. 

Ceux  qui  habitoient  La-CEDEMONE  ,  Phare  ,  Sparte 
Si  Mejfé  ,  Bryfées  Si  Augées  ,  Amycles  ,  Si  la  ville 
maritime  d'Helus ,  Laas  &  Œtylée  ,  avoient  pour  chef 
Menelas  ,  frère  d'Agamemnon.  Il  commandoit  foixante 
vaifleaux. 

Le  vieux  Neftor  commandoit  quatre-vingt  vaifleaux  , 
Si  étoit  à  la  tête  des  peuples  de  Pylos  ,  d'Arrene  ,  de 
Thruon  ,  où  eft  le  gué  de  YAlphée  ,  de  la  belle  ville 
d'Aepy  ,  de  CyparijJ'e  ,  d'Amphigenée ,  de  Ptelée ,  d'Helos 
Si  de  Dorie. . . . 

Les  peuples  d'ARCADiE  f&is  la  haute  montagne  de 
Cyllene.  . . .  ceux  de  Bhenée  ,  d'Orchomene  ,  riche  en 
troupeaux,  de  Ripa  ,  de  Stratie  Si  d'EniJpe  ,  toujours 
battue  des  vents ,  de  Tégée  de  Mantinée  ,  de  StymphaU 


GRE 


GRE 


&  de  Parrhàfte  étoient  conduits  par  Agapenor ,  fils  d'An- 
|  cée,  qui  commandent  foixafite  vaiffeaux,  montés  par  des 
foldats  Arcadiens  ,  fort  expérimentés  dans  le  métier  de 
I  -Mars.  Agamemnon  leur  avoit  fourni  les  vaiffeaux  tout 
équipés  ,  parce  que  les  Arcadiens  habitant  au  milieu  des 
terres ,  ne  s'appliquoient  pas  à  la  marine. 

Ceux  qui  habitoient  Ruprafie  Si  l'ELIDE  ,  c'eft-à-dire 
tout  le  pays  qui  eft  renfermé  entre  Hyrmine ,  Myrfme  , 
la  Pierre  Olenienne  Si  Alifie  ,  étoient  fous  la  conduite 
de  quatre  chers ,  qui  avaient  chacun  dix  vaiffeaux  montés 
,       par  des  Epéens.  Le  premier  étoit  Amphimaque  ,  fils  de 
Ctéatus  ;  le  fécond  étoit  Thalpius  ,  fils  d'Eurytus  ;  le 
troifiéme  Diores  ,  fils   d'Amaryncée  ;  Si  le  quatrième 
Polyxene  ,  fils  d'Agafthene  &i  petit-fils'  du  roi  Augée. 
Ceux  de  Dulichium  Si  des  autres  Echinades  ,  de 
t      ces  ifles  qui  font  à  l'extrémité  de  la  mer  ,  vis-à-vis  de  la 
côte  d'Elide  &  de  l'embouchure  de  l'Acheloùs  ,  avoient 
à  leur  tête  Megès ,  fils  de  Phylée  ,  qui ,  ayant  encouru  l'in- 
dignation de  fon  père  ,  fut  obligé  de  fe  retirer  à  Dulichium. 
Megès  commandoit  quatre  vaiffeaux. 

Ulyffe  menoit  les  Cephalenïens  ,  ceux  S  Ithaque  Si  de 
la  forêt  de  Nerite  ;  ceux  de  Crocylèe  &C  de  l'escarpée 
Aigilippe  ;  ceux  de  Zacynu  Si  de  Samos  ,  Si  ceux  du 
continent  au-delà  des  ifles. ...  Il  commandoit  douze  vaif- 
feaux. 

Thoas,fils  d'Andramon  ,  étoit  à  la  tête  des  Etotlens 
qui  habitoiens  Fleuron  ,  Oient  ,  Pylene  la  maritime  , 
Chalcis  &  Calydon ,  ceintes  de  montagnes  ;  car  les  enfans 
d'CEnée  n'étoient  plus ,  ni  (Enée  lui-même  ;  &  Méléagre 
étoit  mort  :  ceft  pourquoi  le  royaume  d'Etolie  étoit  échu 
.  à  Andrœmon  ,  gendre  d'Œnée  &  père  de  Thoas  qui  avoit 
quarante  vaiffeaux. 

Ceux  de  Crète,  qui tenoient  Gnojfe  ,  Gortyne  environ- 
née de  fortes  murailles,  Lycle ,  Mllet  Si  Ly  cafte,  Phœfte 
&  Rude ,  enfin  tous  les  peuples  de  cette  ifle  qui  a  cent 
villes ,  fuivirent  le  vaillant  Dioinede  &  Merion.  Ils  avoient 
tous  deux  quatre-vingt  vaiffeaux. 

Les  fiers  habitans  de  l'ifle  de  Rhodes  ,  partagés  en  trois 
diftërens  peuples  dans  les  trois  villes  de  Lir.de  ,  de  JalyJJe 
&  de  Camire  fuivoient,  fur  neuf  vaiffeaux,  Tlepoleme,  fils 
d'Hercule  &  d'Aftyochée  que  ,  ce  héros  avoit  prife  dans 
Ephyre  ,  fur  le  fleuve  Selleïs. 

Nirée  menoit  trois  vaiffeaux  de  l'ifle  de  Sime. 
Ceux  qui  habitoient  les  ifles  de  Nifyre ,  de  Ca.rpath.us , 
de  Cafus ,  de  Cos ,  où  avoit  régné  Eurypylus ,  &  les  ifles 
Calydnes  étoient  fous  la  conduite  de  Pheidippe  &  d'An- 
tiphus ,  fils  de  TheiTalus  Si  petit-fils  d'Hercule.  Ils  avoient 
trente  vaiffeaux. 

Les  peuples  SÂrgos  Pelasgique  (  ou  de  Tejfalie  )  ceux 
qui  habitoient  Alos ,  Alope  Si  Trachine ,  ceux  qui  tenoient 
Phthie  Si  la  Grèce  (  proprement  dite  )  Si  qui  étoient 
compris  fous  les  noms  de  Myrmidons  ,  d'Ackahns  & 
d'Hellènes ,  obéiffoient  à  Achille  qui  avoit  cinquante  vaif- 
feaux . . . 

Ceux  qui  habitoient  Phylacé  Si  la  fertile  Pyrrafus  con- 
facréeà  Cerès ,  Itone ,  riche  en  troupeaux,  la  maritime 
Antrône  Si  PuUe ,  qui  a  de  fi  beaux  herbages  ,  étoient 
commandés  par  Protefilas  qui  avoit  mené  quarante  vais- 
feaux ,  &  fut  tué  par  un  T-royen  en  débarquant  :  il  eut  pour 
fucceffeur  Podarces  ,  fils  d'Iphiclus. 

Ceux  qui  habitoient  Pheres  vis-à-vis  du  marais .  de 
Boibeïde  ,  Boibe  ,  Glaphyres  Si  Iolcos  ,  fuivirent  fur  onze 
vaiffeaux  Eumelus  ,  fils  d'Admete  Si  d'Alcefte. 

Ceux  de  Methome  ,  de  Thaumaàe  ,  de  Melibèe  & 
iïOlhone  ,  avoient  pour  chef  Philoftete  ,  qu'on  avoit 
laiffé  a  Lemnos ,  à  caufe  d'un  ulcère  incurable  qui  lui  étoit 
venu  de  la  piqûre  d'un  ferpent.  Son  escadre,  qui  confiftoit 
en  fept  vaiffeaux,  fur  chacun  desquels  il  y  avoit  cinquante 
hommes  bien  dreffés  à  combattre  à  coups  de  flèches  ,  étoit 
commandée  en  fon  abfence  par  Medon ,  fils  naturel  d'Oïlée 
ôc  de  la  Nymphe  Rhena. 

Ceux  qui  habitoient  Tricca  ,  l'escarpée  Ithome  ,  &C 
(Echalie,  qui  étoit  fous  la  domination  d'Eurytus,  fui- 
voient fur  trente  vaiffeaux  Podalire  Si  Machaon  ,  fils 
d'Esculape. 

Ceux  qui  tenoient  Ormenium  ,  la  fontaine  d'Hypereia , 
'Aflerie  &r  les  blancs  fommets  du  mont  Titane  ,  étoient 
commandés  par  Eurypyle ,  fils  d'Evœmon  qui  avoit  qua- 
rante vaiffeaux. 

Ceux  <$ArgyijJa ,  de  Gyrtone ,  SOnhe  ,  SElone  & 


183 


à'OlooJlbn  ,  avoient  à  leur  tête  Polypoëtes  ,  fils  de 
Pirithoiis  Scd'Hyppodamie,  qui  le  mit  au  monde  le  jour 
même  où  fon  père  Pirithoiis  punit  les  Centaures  ,  & 
les  chaffa  du  mon  Pelion  vers  les  montagnes  dV-i- 
Polypo'étes  partageoit  ce  commandement  avec  Leonteus, 
fils  de  Coronus,  &  petit-fils  de  Coënée  :  ilscommandoient 
quarante  vaiffeaux. 

Goneus  menoit  de  Cyphos  vingt-deux  vaiffeaux.  Il  é;oit 
fuivi  desEniénes  Si  des  belliqueux  Perabcs.  qui  habitoient 
aux  environs  de  la  froide  Dodone  ,  &  qui  cultivoient  les 
campagnes  arrofées  par  le  délicieux  Titarefius  ,  qui  fe 
jette  dans  le  Penée,  fans  mêler  l'es  eaux  avec  les  eaux  argen- 
tées de  ce  fleuve . . . 

Prothoiis ,  fils  de  Tenthredon ,  commandoit  les  Magne- 
tes  qui  habitoient  autour  du  Penée  &  des  forêts  de  Pelion, 
Il  avoit  quarante  vaiffeaux. 

VOILA  les  noms  des  rois  &  des  capitaines  des  troupes 
Grecques  ,  félon  Homère.  Ceft  ce  que  le;  anciens  ont 
appelle  le  catalogue  des  vaiffeaux  ;  Si  ils  ont  donné  ce 
nomaufecond  livre  de  l'Iliade  ,. quoiqu'il  n'en  fade  qu'une 
partie.  J'ajouterai  ici  quelques  remarques  qui  aideront  à 
tirer  de  ce  catalogue  tout  le  fruit  dont  nous  avons  befoin 
pour  cet  article. 

§.  8.  Remarques  furie  catalogue  d'Homère. 

On  voit  d'abord  qu'il  y  avoit  vingt-fept  ou  vingt-huit 
états  de  la  Grèce  ,  indépendans  les  uns  des  autres_  ;  mais 
ligués  avec  Agamemnon.  Ces  états  ,  quoique  fubordon- 
nés  au  chef  pour  cette  expédition  ,  étoient  pourtant  libres 
pour  ce  qui  étoit  de  leur  gouvernement  particulier  ;  Si  ils 
avoient  leurs  propres  rois  ,  ou  leurs  capitaines.  Argos 
n'efl:  point  fous  le  commandement  d' Agamemnon  ;  mais 
il  forme  un  état  qui  avoit  fes  chefs  particuliers  :  en  récom- 
penfe  Homère  lui  donne  plufieurs  villes  qui  n'étoient 
point  du  royaume  de  Mycenes  fous  la  poftérité  de  Perfée. 
On  y  voit  Corinthe  qui  devoit  avoir  encore  fes  rois  des- 
cendus de  Sifyphe  ;  peut-être  étoient-ils  alors  vaffaux 
d'Agamemnon.  On  y  voit  une  grande  partie  de  la  côte 
occidentale  du  Peloponnefe  ;  c'étoit  l'héritage  de  Pelops. 
^Atrée ,  fon  fils  ,  l'avoit  joint  au  royaume  de  Mycenes  , 
ufurpë  fur  les  Heraclides. 

Homère  ne  compte  point  la  Macédoine  ni  l'Epire  entre 
les  états  de  la  Grèce..  Il  la  borne  au  nord  par  la  Theffa- 
lie  Si  par  l'Etolie  ,  au-delà  desquelles  il  ne  nomme  rien 
dans  cette  lifte.  Mais,  en  échange,  il  donne  à  la  Grèce 
non  feulement  le  Peloponnefe  Si  les  ifles  SEubU  ,  de 
Cephalonie  Si  autres  fituées  autour  du  Peloponnefe,  auffi- 
bien  que  h  Crête  Si  les  ifles  qui  bordent  l'Afie  mineure. 
Il  eft  remarquable  que  dès  la  guerre  de  1  roye ,  non  feule- 
ment les  Calydnes  ,  c'eft-à-dire  aujourd'hui  les  iiles 
autour  de  Stanco  ;  celle  de  Scarpanto  ,  Sic.  Si  même 
celle  de  Rhodes ,  étoient  poffedées  par  les  Grecs.  Homère 
nous  apprend  lui-même  de  quelle  manière  Tlepoleme,  un 
des  Heraclides  ,  avoit  fondé  trois  villes  dans  la  dernière 
de  ces  ifles. 

On  dira  peut-être  qu'un  ouvrage  de  poëlie  ,  où  la  ficlion 
a  tant  de  part ,  n'eft  pas  allez  authentique  pour  devoir  fer- 
vir  de  guide.  Mais  Strabon  ,  l'un  des  plus  grands  géogra- 
phes de  l'antiquité  ,  n'a  point  fait  de  difficulté  de  le  nom- 
irer  comme  le  piemier  de  ceux  qui  onttraité  cette  feiencei 
Ildit,/.  1  Itin.  qu'Homereétoittrès-habile  dans  la  géogra- 
phie ;  Si/.  26  ,  il  le  défend  contre  Eratofthene  qui  avoit 
voulu  en  contefter  l'autorité,  fous  le  prétexte  de  les  fixions 
poétiques.  Homère  né  dans  la  Grèce  Aiiatique  avoit  par- 
couru la  véritable  Grèce  ,  Si  beaucoup  plus  de  pays  qu'il 
n'en  a  décrit  dans  fes  poèmes.  Eraftothene  eft  le  lëul  Grec 
qui  ait  attaqué  Homère  fur  la  géographie. 

Après  cette  digreflion,  revenons  à  l'ufage  que  nous  en 
pouvons  faire  pour  la  connoiffance  de  la  Grèce  de  ion 
teins.  Selon  lui  elle  comprenoit. 

La  Thess  alie  partagée  alors  en  divers  petits  états  jus- 
qu'au mont  Olympe. 

L'Etolie. 

L' A  c  h  a  ï  e  différente  de  l'Achaïe  du  Peloponnefe. 

La  Ph  oc  IDE. 

La  Béotie. 

L'Att  i  que. 

Tout  le  Pe  lo  P  0  N-N  E  s  E  avec  les  ifles  voifiues. 


i84 


GRE 


GRB 


[    ECHINADES. 

I  De  Crète. 
Lesifles.  {   Calydnes. 
1   De  R  k  o  d  e  s. 

^  De   SCARPANTÔ. 

Tel  flit  le  premier  âge  de  la  Grèce  qui  ,  finit  à  la  prife 
de  Troye  ;  nous  l'avons  appelle  le  tems  héroïque  ,  parce 
que  l'on  y  doit  rapporter  les  travaux  d'Hercule  ,  de 
Thefée  ,  de  Pirithoùs ,  les  voyages  des  Argonautes  ,  l'ex- 
pédition des  fept  capitaines  devant  Thèbes  en  faveur  de 
Polynice  ,  fil;  d'CEdipe  contre  Etéocle  fou  frère  qui  vou- 
loit  gouverner  feul  la  guerre  de  Minos  avec  Thefée  ,  & 
généralement  tous  les  i'ujets  que  les  anciens  tragiques  ont 
célébrés. 


II.  AGE  DE  LA  GRECE. 


[.  Ch.tn 


arrivés  après  le  fié'. 


Troye 


Cet  âge  s'étend ,  depuis*  l'an  du  monde  1800  ,  jufqu'à 
la  bataille  de  Marathon ,  &  comprend  un  efpace  d'en- 
viron fept  fiécles  :  plufieurs  des  petites  monarchies  établies 
durant  le  premier  âge  ne  fubnftoient  déjà  plus.  Celle 
de  SlCYONE  qui  ,  avoit  commencé  avec  Jïgialée ,  félon 
quelques-uns  ;  avec  Adrafte ,  félon  Homère ,  étoit  éteinte 
avant  la  guerre  de  Troye ,  comme  nous  avons  vu.  Celle 
de  Corinthé,  commencée  parSifyphe,  avoit  encore 
des  rois  du  fang  de  ce  prince ,  puifqu'un  d'eux  regnoit 
encore  quarre-vingt  ans  après  la  prife  de  Troye  :  ce- 
pendant il  doit  y  avoir  eu  quelque  interruption  ;  car  , 
comme  nous  l'avons  remarqué ,  les  troupes  de  Corinthé 
étoient  dans  l'armée  cFAgamemnon.  *  Petav.  Ration, 
temp.  part.  1. 

§.  z.  Difperjions  des  Troyens. 

La  deftruftion  du  règne  de  Priam  donna  lieu  à  deux 
fortes  d'événemens.  D'un  côté, les  Troyens  qui  échap- 
pèrent au  fac  de  Troye  ,  fe  réfugièrent ,  les  uns  en  Italie , 
les  autres  en  Thrace ,  enfin  par-tout  où  ils  purent  trouver 
un  afyle. 

§.  3.  Révolutions  chéries  Grecs. 

D'un  autre  côté  ,  les  Grecs  vainqueurs  ne  furent 
guères  plus  heureux  que  les  vaincus.  Outre  ceux  qui 
périrent  à  cette  guerre ,  plufieurs  ne  purent  regagner  leur 
patrie  ;  d'autres  n'y  arrivèrent  qu'après  des  peines  infinies  ; 
d'autres  enfin  n'y  furent  pas  plutôt  qu'ils  y  périrent  mifé- 
rablement. 

ULYSSE,  qui  avoit  difputé  les  armes  d'Achille  à 
Ajax ,  fils  de  Telamon ,  s'étoit  attiré  la  haine  de  beau- 
coup de  capitaines  :  craignant  qu'ils  ne  lui  fiffent  un 
mauvais  parti ,  il  s'embarqua  6c  fe  hâta  de  partir.  Il  prit 
même  une  fauffe  route  pour  ne  fe  pas  rencontrer  avec 
fes  ennemis  ,  de  forte  qu'il  s'égara.  Quelques-uns  le 
mènent  jufqu'à  Lisbonne ,  à  caufe  de  la  redèmblancè  de 
fon  nom  avec  OUJlpo.  D'autres  plus  fages  fe  contentent 
de  le  promener  le  long  des  côtes  de  la  Méditerranée; 
de  forte  qu'il  fe  pana  dix  ans ,  avant  qu'il  revît  fon  iflé 
d'Ithaque.  *  Salin,  c.  23. 

Ajax,  fils  d'Oilée,  roi  des  Locriens ,  fit  naufrage 
auprès  du  cap  Capharée ,  dans  Fille  d'Eubée  ,  6c  y  périt. 
Voyez  l'article  Choerades  4. 

Diomede  arriva  dans  Argos ,  qui  vraifemblable- 
ment  avoit  alors  un  gouvernement  Âriflocratique  ,  6c 
qui  étoit  devenue  une  efpece  de  république ,  depuis  la 
tranflation  (a)  du  trône  à  Mycenes  ;  mais  il  y  trouva  fa 
femme  qui  avoit  livré  fa  maifon  ,  lés  biens  ,  6c  fon  auto- 
rité à  Cyllabarus ,  fils  de  Sthenele.  Trop  foible  pour  fe 
venger  de  cette  infidélité'  ,  il  pana  en  ^Etolie  ,  de-là 
dans  la  mer  Adriatique  (b)  ,  oit  il  fit  divers  établiffe- 
mens  dans  la  Pouille,  entr'autres,  Â'rgos  Hippium,  qu'il 
nomma  ainfi  du  nom  de  fa  patrie.  Il  eut  enfuite  querelle 
avec  Daunus  fon  beau-pere  ;  il  fut  tué ,  &  fes  gens  fe 
jetterent  dans  les  illes  voifmes  qui  furent  nommées  ijles 
de  Diomede.  Ils  n'y  panèrent  qu'a  la  faveur  des  vaiflëaux 
dont  ils  fe  fervirent  pour  pirater  ,  ne  pouvant  fubnfter 
autrêlhént.  De-là  vint  que  les  poètes  qui ,  dans  leur  ftyle 
figuré  ,  ont  comparé  les  voiles  à  des  ailes  ,  ont  dit  que 


les  foldats  de  Diomede  furent  metamorphofés  en  oi('eau\-. 

*  C)  Doujat ,  Supplem.  de  Paterculus,/\  70.  (b)  Srab. 
l.<i,p.ïi%;  6c/.  6^,280. 

IdomenÉE  trouva  de  même  que  fa  femme  s'étoit 
pourvue  d'un  galant  nommé  Lcucon ,  qui  s'étoit  emparé 
du  royaume  de  Crête.  Ne  pouvant  chaffer  ce  rival ,  il 
fut  obligé  de  lui  céder  la  place  :  il  s'embarqua ,  &  vint 
dans  la  partie  méridionale  de  l'Italie  ,  au  pays  des  Sa-, 
lentins.  Quelques  Cretois  étoient  déjà  venus  en  ce  pays 
après  la  mort  de  Minos.  On  attribue  la  fondation  de  la 
ville  â'Una,  autrefois  capitale  de  la  MefTapie  6c  celle 
de  Brundufes ,  ou  Brindes  à  l'une  ou  à  l'autre  de  ces 
colonies.  *  Doujat ,  Supplém.  de  Paterculus ,  p.  71. 

Philoctéte,  fils  de  Péante  ,  prince  dé  Mélibée  en 
Thenalie ,  étant  chafTé  de  fon  pays  par  une  fédition  , 
vint  fonder  chez  les  Brutiens  ,  Pedliz  5c  Crimife.  Les 
Pyliens  qui  étoient  à  la  fuite  de  Neftor ,  après  une  rude 
6c  longue  tourmente  ,  abordèrent  à  l'embouchure  de 
lArne  ,  fur  les  bords  duquel  ils  bâtirent  Pife  en  Tofcai'.e  , 
qui  fut  ainfi  nommée  du  nom  de  Pife-Olympie  en  Elide, 
que  les  jeux  Olympiques  ont  rendue  célèbre.  Meiapontus 
que  les  Barbares  appel'oient  Metabus ,  félon  Etienne  le 
le  Géographe  ,  écarté  de  Neftor  ,  fon  général ,  par  la 
violence  de  la  tempête  ,  aborda  le  pays  que  l'on  nomme 
aujourd'hui  le  royaume  de  Naples  ,  6c  y  bâtit  Métaponte. 
C'eft  ainfi  que  les  Grecs  peu-à-peu  fe  firent  une  nouvelle 
Grèce  ,  dans  la  patrie  méridionale  de  l'Italie  :  nous  en 
parlerons  plus  amplement  clans  l'article  de  la  grande  Gréée. 

*  Velleius  Paterc.  1.  I. 

Dans  la  lifte  d'Homère  ,  il  n'en,  point  fait  mention 
d'aucune  nation  Grecque  au  -  delà  de  Crète  o:  de 
Rhodes.  Mais  au  retour,  divers  princes  furent  jettes  du 
côté  de  l'Afie ,  6c  même  vers  l'Egypte.  Agapenor ,  prince 
Arcadien  fut  porté  en  l'ifle  de  Cypre  ,  où  il  fonda  Pa- 
phos.  Menelas ,  jette  avec  Hélène ,  par  la  force  des  vents  t 
vers  l'embouchure  occidentale  du  Nil  ,  y  bâtit  la  ville 
de  Canope,  en  mémoire  de  fon  pilote  qui  étoit  mort  en 
cet  endroit ,  6c  de-là  il  gagna  Laeédémone  avec  beaucoup 
de  fatigues. 

Teucer  ,  fit  de  Telamon ,  fut  mal  reçu  de  fon  père  , 
à  caufe  du  pende  vigueur  qu'il  avoit  montrée  dans  l'injure 
faite  à  fon  frère  Ajax ,  pour  le  jugement  des  armes  d'A- 
chille. Il  fe  rembarqua ,  6c  allant  aborder  dans  l'ifle  dé 
Cypre,  y  fonda  une  ville  ,  à  laquelle  il  donna  le  nom 
de  Salaminè ,  fa  patrie.  *  Velleius  Paterc.  1.  1. 

Nous  avons  remarqué  ,  dans  la  Grèce  décrite  par 
Homère  ,  que  VEpire  n'en  étoit  pas.  Elle  en  fut  bientôt 
après  :  Pyrrhus,  fils  d'Achille,  s'en  empara,  6c  trouva 
plus  de  facilité  à  conquérir  un  nouveau  royaume ,  qu'à 
rentrer  dans  celui  qui  auroit  dû  lui  appartenir.  Il  en  dé- 
tacha même  la  Chaonie  en  faveur  d'Helenus  ,  prince 
Troyen  ,  qui ,  tout  fon  captif  qu'il  étoit ,  avoit  fu  gagner 
fes  bonnes  grâces  ;  6c  il  lui  fit  époufer  Andromaque , 
veuve  d'Heftor.  Virgile ,  jEneid.  1.  3  ,  v.  292 ,  qui  pro- 
fitoit  de  tout  ce  que  lui  préfentoit  la  tradition ,  s'eft  très- 
bien  fervi  de  ce  fait,  &  a  mené  fon  Enée  à  Buthrot  i 
où  il  trouve  Andromaque.  Phydippe  fe  faifit  cXEphyn 
ville  de  la  Thefprotie.  C'eft  ainfi  que  la  Grèce  s'étendoit 
de  plus  en  plus  par  des  colonies.  *  Jujlin ,  1.  17 ,  c.  3. 

Agamemnon  ,  jette  par  la  tempête  dans'  l'ifle  de 
Crète ,  y  établit  trois  villes ,  Mycenes ,  Tegée  8c  Pergame  ; 
les  deux  premières  en  mémoire  de  deux  autres  villes  du 
Péloponnefè ,  6c  la  troifieme  en  mémoire  de  la  deftruftiotl 
de  Troye  ;  mais  il  n'arriva  dans  fon  palais ,  que  pour  y 
périr  miféràblement.  Nous  avons  dit  qu'Agamemnon  étoit 
fils  d'Atrée  6c  neveu  de  Thyefte  (a).  Ce  dernier  avoit 
un  fils  nommé  Egijlhe  ,  qui  fut  profiter  de  l'abfencé 
d'Agameihnon  ,  fe  fit  aimer  de  Clytemneftre  ,  femme 
de  ce  roi ,  6c  conjura  avec  elle  de  s'en  défaire  a  fon 
retour.  Ils  ie  firent  périr  de  concett ,  6c  Egifthe  s'empara 
du  royaume  de  Mycenes.  Orefte  fils  d'Agamemnori  , 
étant  devenu  grand ,  6c  aidé  par  fa  fœur  Electre ,  rétablit 
le  royaume  cï'Argos  ,  reconquit  celui  de  Mycenes  ,  6c 
vengea  la  mort  de  fon  père  ,  en  tuant  Egifte  (b).  Cly- 
temneftre fut  la  première  immolée  aux  mânes  d'Aga- 
memnon.  Les  poètes  ont  fort  célébré  les  fureurs  d'Orefle. 
L'hiftoire  ( c  )  dit  au  contraire ,  qu'il  parut  par  la  longueur 
de  fa  vie  6c  par  le  bonheur  de  fon  règne  ,  que  cette 
aftion  étoit  approuvée  des  dieux  ;  car  il  vécut  quatre- 
vingt-dix  ans  ,  6c,en  régna  foixante-dix.  Il  hérita  du 
royaume 


GRE 


GRE 


royaume  de  Lacédémone  ,  qu'avoit  eu  fon  oncle  Me- 
nelas  (d)  dont  i!  avoit  époufé  la  fille  Hermione ,  héri- 
tière de  ce  royaume  ;  ainfi  fes  deux  fils  Penthile  Se 
Tyfamene  régnèrent  ,  l'un  dans  l'Argohde  ,  &  l'autre 
dans  la  Laconie.*  (a)  Velleius  F 'aterc.  1.  i.  (>>)  Diclys 
Cret.  1.6.  C)  Vdhms ,  1.  I .  (  d  )  Pau/an.  1.  3  ,  c.  i . 

§.  4.  Retour  des  Héraclides  dans  le  Peloponnefe. 

Jufques-Ià  les  Héraclides ,  ou  descendans  d'Hercule , 
avoient  fait  de  vains  efforts  pour  rentrer  en  poffefïion  des 
états  d'Amphytrion  ,  c'eft-à-dire  du  royaume  de  My- 
cenes :  Hyllus  6k  les  autres  n' avoient  pu  en  chaffer  les 
Pelcpides  ;  mais  environ  fix- vingt  ans  après  la  mort 
d'Hercule,  quatre-vingt  ans  après  la  prife  de  Trôye ,  les 
Héraclides  affiliés  par  les  Doriens  lé  reffaifirent  d'une 
fucceffion  qu'ils  pourfuivoient  depuis  fi  long-tems.  Les 
chefs  de  l'entreprife  furent  Temenus  ,  Crefphonte  6k 
Arijhdème  ,  descendus  d'Hercule  au  quatrième  degré. 
Us  vainquirent  Tyfamene  roi  de  Laconie  ,  6k  Penthile  , 
roi  de  Mycenes ,  6k  furent  ainfi  maîtres  du  levant ,  du 
midi ,  6k  d'une  partie  confidérable  du  couchant  du  Peio- 
ponnefe.  Ils  attaquèrent  enfuite  les  Nélekles  ou  les 
descendans  de  Neftor  ,  puis  ils  partagèrent  entr'eux  les 
royaumes  de  Mycenes  ,  £  Argos  ,  de  Mécène  6k  de 
Lacédémone.  *  Velleius  ,  1.  I . 


18* 


§.   5.  Ils  partagent 


le  Peloponnefe. 


Arijlodhne  eut  le  royaume  de  Lacédémone ,  6k  laifTa 
deux  fiis  jumeaux.  Comme  l'aîneue  ne  pouvoit  pas  dé- 
cider qui  des  deux  devoit  régner  ,  les  Spartiates  ou 
Lacédémoniens  les  prirent  tous  deux  pour  leurs  rois. 
De-là  vinrent  les  deux  familles  royales  des  Euryflhenides 
ck  des  Proclipes,  des  noms  d'Euryfthene  6k  de  Procles  : 
elles  régnèrent  enfemble  dans  Lacédémone  ,  comme  on 
le  verra  dans  la  fuite.  Cresphonte  eut  la  Meffenie.  Cypfelus, 
qui  régnoit  en  Arcadie ,  lui  donna  fa  fille  Merope  en 
mariage;  &  en  confidération  de  cette  alliance  ,  Tes 
Héraclides  le  laifferent  en  polTeffion  paifible  de  fon  état. 
Us  ne  firent  pas  la  même  grâce  aux  Sifyphides  ;  mais 
Alethes  (a)  ,  autre  Héraclide  ,  fils  d'Hippotes ,  tua  le 
devin  de  Nanpafte  ,  s'empara  de  Corinthe ,  qu'il  rétablit, 
6c  dont  il  fit  comme  une  nouvelle  ville.  Sa  poftérité 
régna  julqu'à  Hachis  (b),  cinquième  roi,  dont  les  descen- 
dans prirent  le  nom  de  Bachides.  Temenus  eut  le  royaume 
de  Mycenes ,  auquel  Orefte  avoit  rejoint  Argos.  *  (a) 
Paufan.  1.  4  ,  c.  3.  (b)  Velleius  Paterc.  1.  1.  Paufan. 
1.  2  ,  c.  4. 

Straboh,  /.  8  ,  p.  389,  nous  apprend  quelle  étoit  la 
diftribution  du  Peloponnefe ,  après  le  retour  des  Héra- 
clides. Alethes  à  Corinthe  ,  Phalces  à  Sicyone  ,  Tyfamene 
dans  VAchaie ,  Oxyle  dans  YElide  ,  Cresphonte  dans  la 
Meffenie ,  Euryfthene  ck  Procles  à  Lacédémone ,  Temene 
à  Argos ,  6k  jEgée  6k  Diophonte  fur  la  cou  de  la  mer, 

§.  6.  Athènes  fe  gouverne  en  République. 

Peu  de  tems  après  ces  changemens ,  la  ville  SAtlùnes 
ceffa  d'être  gouvernée  par  des  rois.  Codrus  fut  le  der- 
nier. Ses  deux  fils,  Medon  ck  Nilée,  disputèrent  la  cou- 
ronne. Les  Athéniens  ,  pour  les  accorder  ,  abolirent  la 
royauté  ,  en  la  déférant  à  Jupiter ,  ck  établirent  des 
archontes  ou  magiftrats.  Il  y  en  eut  treize  qui  le  furent 
fuccefiivement  ck  à  vie  ;  mais  on  le  laffa  d'un  terme  fi 
long  ;  on  décida  qu'ils  feroient  dix  ans  en  charge  ;  au 
bout  de  foixante-dix  ans ,  on  ftatua  qu'il  falloit  changer 
les  archonte  tous  les  ans.  Les  Péloponnéfiens  avoient 
voulu  s'étendre  hors  de  leur  presqu'iile ,  ck  étoient  entrés 
en  armes  dans  l'Attique.  Ce  fut  en  les  combattant  que 
Codrus  fut  tué  ,  ck  fa  mort  acquit  la  victoire  aux  Athé- 
niens. Les  Péloponnéfiens  en  fe  retirant  bâtirent  la  ville 
de  Megare.  *  Velleius  Paterc.  1.  1. 

§.  7.  Les  Pelopides  quittent  le  Peloponnefe. 

Les  Pelopides ,  c'eft-à-dire  les  enfans  d'Orefte  ,  dé- 
trônés par  les  Héraclides  ,  ne  trouvant  plus  de  retraite 
pour  eux  au  Pélopomiefes'embarquerent  ;  ck ,  après  avoir 
été  battus  de  pluiieurs  tempêtes  dans  leur  navigation , 


6k  avoir  erré  environ  quinze  ans  ,  ils  s'arrêtèrent  dans 
l'iile  de  Lesbos. 

§.  8.  Nouveaux  changemens  dans  la  Grèce. 

La  Grèce  fut  bientôt  agitée  par  le  choc  des  peuples 
qui  fe  pouffoient  les  uns  les  autres  ,  comme  les  flots 
de  la  mer.  Les  uns,  trop  preffés,  cherchoient  à  s'étendre 
aux  dépens  de  leurs  voifins.  Les  autres ,  chaffés  de  leurs 
terres ,  paffoient  ailleurs  pour  en  trouver  de  nouvelles. 
Les  Achéens ,  chaffés  de  la  Laconie  ,  allèrent  s'établir 
à  l'autre  extrémité  du  Peloponnefe  ,  à  laquelle  ils  donnè- 
rent le  nom  d'Achaïe.  Les  Pélafgues  pafferent  du  côté 
d'Athènes.  Un  nommé  Thejfalus  ,  Thesprotien  de 
nation  ,  alla ,  avec  une  grande  troupe  de  gens  de  fa  na- 
tion ,.  s'établir  par  force  dans  la  contrée  que  l'on  nomma 
enfuite  Thefjalie  ?  on  l'appelloit  auparavant  Cétat  des 
Myrmidos.  Les  Athéniens  fe  faifirent  de  Chalcide  ck 
d'Erctrie  dans  l'ifle  d'Eubée ,  ck  y  envoyèrent  des  colo- 
nies. Une  troupe  de  Lacédémoniens  pa'.la  dans  l'Afie 
mineure  ,  ck  s'établit  à  Magnefie  auprès  du  mont  Sypile. 
Les  Chalcidiens ,  originaires  d'Attique  ,  furent  quelque 
tems  après  en  état  d'envoyer  eux-mêmes  des  colonies. 
Leur  flotte  paffa  en  Italie ,  ck  y  fonda  Cumes ,  dont  une 
partie  des  habitans  fe  détacha  enfuite  pour  aller  fonder 
une  nouvelle  ville  ,  qu'on  appella  la  Fille-Neuve  ,  en 
grec  Néapolis  ;  c'eft  l'origine  de  Naples. 

§.9.  Migration  des  Ioniens  en  Afie. 

La  guerre  de  Troye  avoit  donné  aux  Grecs  l'occafiort 
de  connoitre  l'Afie  ,  beaucoup  mieux  qu'ils  ne  faifoient 
auparavant.  Leur  nombre  s'étoit  fi  bien  accru  que  le  pays 
ne  pouvoit  plus  les  contenir.  Les  Ioniens  ,  autrefois 
établis  dans  l'Attique,  étoient  entrés  dans  le  Pelopon- 
nefe ,  ck  s'étoient  établis  dans  le  pays  qui  fut  enfuite. 
nommé  Achaïe  par  les  Achéens  qui  les  en  chafferent, 
lorfqu'ils  furent  eux-mêmes  chaffés  de  la  Laconie.  Les 
Ioniens  rentrèrent  dans  l'Attique;  ck  Codrus  étant  mort, 
6k  les  Athéniens  ayant  pris  Medon  ,  fon  fils  aîné  ,  pour 
archonte  perpétuel  :  Nileus  ,  autre  fils  de  Codrus,  partit- 
avec  les  Ioniens  fur  une  flotte ,  6k  les  mena  en  Afie.  Ils 
s'emparèrent  de  la  côte  occidentale  de  ce  pays  qui  fut 
depuis  nommée  l'IONlE  ,  6k  y  fondèrent  les  villes 
SEphefe  ,  Milet ,  Colophon  ,  Pryene ,  Lebede  ,  Myunte  y 
Ery thres  ,  Cla^omenes  6k  Phocie.  Us  fe  rendirent  aufli 
maîtres  de  plufieurs  ifles  de  l'Archipel ,  comme  de  Samos  t 
Ch/os ,  Andros,  Tenos ,  Paros  ,  Dclos  ,  6kc.  C'eft  ce 
qu'on  appelle  la  migration  Ionique  ,  arrivée  ,  félon, 
le  P.  Petau ,  vers  l'an  du  monde  3 184. 

§.  10.  Migration  des  Etoliens  en  Afie. 

Elle  fi.it  fuivie  peu  après  d'une  autre  migration ,  qut 
n'eft  pas  moins  fameufe  dans  l'hiftoire.  Les  Eoliens,  ayant 
befoin  de  chercher  de  nouvelles  terres ,  s'attachèrent  à  la 
fortune  de  Penthile  ,  l'un  des  fils  d'Orefte  ,  détrônés  par 
les  Héraclides.  En  fortant  de  la  Laconie ,  ils  fe  réfugiè- 
rent d'abord  aux  environs  de  la  Locride  ,  fur  le  mont 
Phricius  ,  s'y  arrêtèrent  quelque  tems  ,  pafferent  en 
Afie  ,  s'établirent  dans  le  voifinage  des  Ioniens ,  6k  y 
bâtirent  ou  réparèrent  les  villes  de  Smyrne  ,  Cyme  ou 
Cume  (qui  fut  furnommée  Eolique  de  leur  nom,  ou 
Phricotide  ,  ou  Phriconide,  du  nom  delà  montagne  qu'ils 
avoient  habitée.)  Lariffe ,  Myrina,  avec  Mitylene,  6k 
quelques  autres  villes  de  l'ifle  de  Les  B  OS.  *  Velleius 
Paterc.  1.  1. 

§.  1 1.  Fin  de  la  plupart  des  Royaumes  de  Corinthe ,  dt 
Meffenie ,  d' Arcadie ,  d 'Argos ,  de  Mycenes  &  de  Tlùbes 

Athènes  ne  fut  pas  la  feule  ville  qui  quitta  le  gou- 
vernement monarchique  ,  pour  s'ériger  en  république. 

Corinthe.  fe  laffa  d'avoir  des  rois  ,  6k  dépota 
Theletes  ,  dernier  roi  de  la  race  des  Baccliidès  ,  6k 
dixième  fucceffeur  d'Alethes,  314  ans  après  le  commen- 
cement du  règne  de  ce  roi ,  le  premier  des  Héraclides. 
On  établit ,  pour  gouverner,  des  prytanes  qui  comman- 
doient  un  an.  Ces  prytanes  étoient  pris  de  la  maifon 
régnante  ,  mais  avec  une  autorité  fort  courte  ck  fort. 
Tome  III,    A  a 


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bornée.  Cela  dura  121  ans;  Cypfele ,  tyran ,  ufurpa  le 
pouvoir  fouverain  &  le  conferva  trente  ans.  La  douceur 
de  (on  gouvernement  charma  les  Corinthiens  ;  &  il  étoit 
fi  sûr  de  leur  amitié ,  qu'il  marchoit  fans  gardes ,  dit  de 
Vallemont ,  EUm.  de  L'Hijî.  t.  2.  Hérodote  ,  l. _  5  ,  c.  5  , 
n'en  dit  pas  tant  de  bien  à  beaucoup  près.  Périandre  , 
fon  fils,  lui  (uccéda  ;  mais  il  étoit  dur  envers  le  peuple, 
d'ailleurs  grand  guerrier.  Il  régna  un  peu  plus  de  quarante 
ans.  Pfammeticus ,  fils  d'un  Gordias  ,  qu'on  ne  connoit 
point,  ne  régna  que  trois  ans;  après  quoi,  Corinthe  Ce 
gouverna  toujours  en  république  ,  jufqu'à  la  conquête  de 
la  Grèce  par  les  Romains.  Ainjl  finit  le  rouaume  de  Co- 
RINTHE.  *Paufan.\.  2,  c.^.Petav.  Ration.  Temp.  part.  1 . 

Le  royaume  de  Messenie  ne  jouit  pas  long-tems  de 
la  tranquillité  que  lui  avoit  procurée  l'Héraclide  Cres- 
phonte.  Epythus  (a)  ,  fon  fils ,  qui  lui  fuccéda ,  &  dont 
les  fucceffeurs  furent  nommés  Alpyihides ,  eut  pour  fils 
Glaucus ,  qui  fut  père  d'Ithmius  ,  Se  ayeul  de  Dotida  , 
dont  le  fils  Phyntas  eut  pour  fucceffeurs  fes  deux  fils 
Antiochus  ci  Androcles ,  qui  régnèrent  enfemble.  Lacé- 
démone  ,  dont  nous  parlerons  enfuite  ,  étoù  toujours 
gouvernée  par  deux  rois ,  l'un  des  deux  nommé  Telecle , 
fils  d'Archelaùs ,  fut  tué  par  les  Meffeniens ,  dans  le 
temple  de  Diane ,  qui  étoit  fitué  aux  confins  du  pays  des 
Meffeniens ,  6t  de  celui  des  Lacédémoniens.  Ce  meurtre 
ne  caufa  d'abord  aucune  guerre  ;  mais  fous  le  règne 
d'Euphaës ,  qui  fuccéda  aux  deux  frères ,  commença  la  pre- 
mière guerre  entre  Meffene  &  Lacédémone  ,  nommée  par 
les  hiftoriens  la  PREMIERE  GUERRE  Messeniaque  (b). 
Les  Meffeniens,  durant  cette  guerre,  fe  retirèrent  fur  le 
mont  Ithome  ,  qu'ils  fortifièrent.  Après  beaucoup  de 
pertes  ,  vingt  ans  d'efforts  inutiles  pour  réfifter  aux  La- 
cédémoniens ,  ci  cinq  mois  de  fiége  dans  Ithome  ,  ils 
l'abandonnèrent  &  fe  fournirent  aux  Lacédémoniens ,  qui 
les  réduifirent  à  la; plus  dure  fervitude  ;  de  forte  qu'on 
difoit  d'un  homme  dépourvu  de  toute  liberté:  il  eft  plus 
efclave  qu'tin  Méffenien.  Ils  ne  purent  fupporter  cet  état 
que  38  ans  ,  au  bout  defquels  ils  fe  préparèrent  de  nouveau 
à  la  guerre  fous  la  conduite  d'Ariftomene.  Alors  com- 
mença la  féconde  guerre  Meffeniaque  ,  qui  dura  quatorze 
ans.  Les  Meffeniens  ayant  été  vaincus,  fe  retirèrent  fur 
le  mont  Ira  ,  où  ils  furent  forcés  &C  accablés  fans 
reffource.  De-là  ils  fe  retirèrent  en  Sicile  ,  s'emparèrent 
de  Zurich ,  qu'ils  appelèrent  de  leur  nom.  C'eft  préfen- 
tement  Me/fine.  Les  Lacédémoniens  jouirent  enfuite  de 
la  Meffenie  ,  &C  s'aggrandirent  confidérablement.  Ainfi 
finit  le  royaume  de  MESSEN1E.  *  (a)  Paufan.  1.  4  ,  c.  3  , 
Ç°)Ibid.  c.  6,  14  Si  i^. 

Le  royaume  d'ARCADiE  finit  clans  le  même  tems. 
Nous  avons  vu  que  Cypfelus ,  roi  d'Arcadie ,  avoit  été 
épargné  par  les  Héraclides  en  faveur  du  mariage  de  fa 
fille  Mérope  avec  Cresphonte  ,  roi  de  Meffenie.  Cette 
alliance  avoit  formé  entre  les  deux  peuples  une  amitié  & 
une  liaifon  affez  étroite.  Tandis  qu'Àriftomene  faifoit 
tous  fes  efforts  pour  foutenir  les  débris  de  la  fortune  des 
Meffeniens  ,  les  Arcadiens  obligèrent  Ariftocrate ,  leur 
roi  ;  de  lui  mener  du  fecours.  Il  fe  laiffa  corrompre  par 
les  Lacédémoniens  ;  les  peuples  d'Arcadie  en  furent  fi 
indignés ,  qu'ils  lapidèrent  Ariftocrate  ,  exterminèrent 
toute  fa  maifon  ,  ci  ne  voulurent  plus  de  rois.  Ainfi 
finit  le  royaume  é/'ArCADIE.  *  Paufan.  1.  6 ,  c.  8. 

Le  royaume  d'ARGOS  rétabli  par  Temenus  n'alla  pas 
fi  loin.  Il  avoit  plufieurs  fils  ,  dont  l'aîné  s'appelloit  Ci/us, 
ci  une  fille  mariée  à  Diophonte.  La  prédilection  qu'il 
témoignoit  à  fon  gendre  lui  coûta  la  vie  :  fes  fils  craignant 
qu'il  ne  lui  laifTât  la  couronne,  à  leur  préjudice  ,  le  tuèrent 
lui-même  ;  de  forte  que  Cifus  régna  après  lui.  Diophonte 
qui  avoit  fes  partifans ,  fe  retira  à  Epidaure  ,  excita  contre 
fon  beau-frere  les  Argiens ,  qui  d'ailleurs  aimoient  extrê- 
mement la  juftice  &c  la  liberté.  Ils  bornèrent  tellement 
la  puiffance  royale  ,  qu'ils  ne  laifferent  aux  enfans  de 
Cifus  qu'un  vain  titre  de  roi.  Meltas ,  l'un  de  fes  descen- 
dais ,  ayant  entrepris  de  remettre  l'autorité  royale  fur 
l'ancien  pied  ,  irrita  tellement  le  peuple  ,  qu'il  le  dépouilla 
de  fa  dignité,  &  le  condamna  à  mort.  Depuis  ce  tems, 
il  n'eft  plus  queftion  des  rois  d'Argos.  Ce  ne  fut  plus 
qu'une  république  ,  gouvernée  par  des  magiftrats  dont  la 
charge  ne  duroit  qu'un  tems  marqué.  Ainfi  finit  le  royaume 
CARGOS.*  Paufan.  1.  2 ,  c.  19. 

Le  royaume   de  Mycenes  réuni   depuis  Orefte  à 


celui  d'Argos  ,  fut  av.ffi  détruit.  Les  Argiens  ne  virent 
point  avec  tranquillité  les  Mycéniens  hors  de  leurs  dépen- 
dances ;  ils"  les  attaquèrent  ,  fe  rendirent  maîtres  de 
Mycenes  ,  firent  les  habitans  efclaves  ,  les  décimèrent 
pour  les  coniacrer  à  Mars  ,  &  raierent  la  ville  jufqu'aux 
fondemens.  Ainfi  finirent  le  royaume  &  la  ville  de 
Mycenes  ;  &  il  n'en  eft  plus  fait  aucune  mention  dans 
l'hiftoire.  *  Diodor.  Sicul.  Lu. 

Le  royaume  de  Thebes  ,  dans  la  Réotie  ,  étoitéteint 
depuis  long-tems.  Etéocle  ,  fils  d'GEdipe  ,  n'ayant  pas 
voulu  fe  deffaifir  de  la  couronne  qu'il  devoit  pofféder 
alternativement  avec  Polynice  fon  trere  ,  celui-ci  eut 
recours  à  fes  amis  ,  Si  vint  afféger  Thèbes  ,  avec  fîx 
héros  de  ce  tems.  Ce  fut  l'expédition  desfept,  devant 
Thèbes  :  ces  iept  étoient  Polynice,  pour  qui  la  guerre 
fe  faifoit ,  Adrafte,  roi  de  Sicyone,  Tydée  ,  Capanée, 
Hippomédon  ,  Parthenopéus  &  Amphiaraiis.  Elle  ne 
réuiiit  point  ;  les  deux  frères  concurrens  fe  battirent  1 
duel  ,  &  fe  tuèrent  l'un  l'autre  ,  comme  nous  l'avons 
déjà  dit.  Dix  ans  après  cette  malheureufe  entreprife ,  les 
enfans  des  fept  capitaines ,  qui  n'avoient  pu  rétablir  Po- 
lynice ,  vinrent  devant  Thèbes ,  la  prirent  &  en  chaffe- 
rent  le  roi  Léodamas ,  fils  d'Etéocle  ,  à  la  place  duquel 
ils  établirent  Therlandre  ,  qui  alla  au  fiége  de  Troie, 
où  il  rut  tué  par  Télephe ,  dans  la  Myfie.  Penélée ,  qui 
gouverna  après  Terfandre ,  _fi.it  tué  par  Eurypyle  ,  fils  de 
Télephe.  Il  étoit  ftreur  de  i  yfamene  ,  fils  de  Terfai  tire 
encore  trop  jeune  pour  gouverner  par  lui-même.  Auté- 
fion ,  fils  deTyfamene,  quitta  le  royaume  par  ordre  de 
l'oracle  ,  &  fe  transporta  dans  la  Doride.  Il  eut  pour 
fucceffeur  Damaficton  ,  fils  d'Ophelte  ,  ci  petit-fils  de 
Penélée.  Ptolomée ,  fils  de  Damaficton,  ci  Xanthus, 
fils  de  Ptolomée  ,  jouirent  du  trône  de  Thèbes.  Xan- 
thus eut  une- rude  guerre  contre  les  Athéniens ,  les  deux 
peuples  convinrent  qu'elle  fe  termineroit  par  un  duel 
entre  Mélanthe ,  roi  d'Athç  nés ,  ci  Xanthus,  roi  ne  Thè- 
bes. Ce  dernier  fut  tué  par  un  ftratagême  ;  ci  les  7  hé- 
bains ,  après  fa  mort ,  réfolurent  de  fe  paffer  de  roi1:.  Ils 
vécurent  en  république  jusqu'à  la  prife  de  leur  ville  par 
Alexandre  le  Grand  qui  la  détruifît.  Ainfi  finit  le  royaume 
de  THÈBES.  *  Paufan.  1.  9  ,  c.  5. 

§.  12.   Suite  de  Lacédémone. 

Pendant  que  les  cliverfes  monarchies  de  la  Grèce  fe 
détruifoient ,  celle  de  Lacédémone  fubfiftoit  fous  le  gou- 
vernement de  deux  rois  qui  régnoierît  conjointement. 
Ce  qui  paroît  incroyable  ,  elle  a  fubfifté  ainfi  pendant 
plus  de  huit  fiécles ,  &  n'a  été  détruite  que  lorsque  ce 
gouvernement  a  changé. 

Nous  avons  dit  que Tyfamene  avoit  eu  deux  fils,  Eu- 
ryfthene  ci  Procles.  La  poftérité  du  premier  fubfifta 
long-tems  :  il  eut  pour  fils  Agis,  du  nom  duquel  les  rois, 
fes  descendans  ,  furent  furnommés  AGIDES  :  Procles 
n'eut  point  d'enfans  ;  il  adopta  Sous  qui  lui  fuccéda  , 
&  dont  le  fils,  troifieme  roi  de  Lacédémone,  fit  chan- 
ger le  nom  de  Proclides  en  celui  d'EuRIPONTIDES. 
Voici  quel  fut  l'ordre  de  ces  rois. 


EURYSTHENE  ; 

Agis  ,  fils. 

ECHESTRATE,  fils. 

Léobote.,  fils. 

DORISSE,  fils. 

Agesilaus,  fils. 
Archelaus,  fils. 


Procles  ; 
Sous  ,  fils  adoptif. 
Euripon,  fils. 
Pritanis  ,  fils. 
Eunomus,  fils. 
Polydecte,  fils.' 
Charilaus  ,  fils. 


Par  bonheur  pour  les  Lacédémoniens ,  Charilaus  ns 
naquit  qu'après  la  mort  de  fon  père  :  Lycurgue,  fils  d'Eu- 
nomus  ,  frère  de  Polydecte  ci  oncle  de  Charilaus ,  eut 
par-là  occafîon  de  gouverner  les  Lacédémoniens  ,  en 
qualité  de  tuteur  de  fon  neveu.  Il  ne  s'appliqua  pointa 
profiter  de  cette  puiffance  pour  fes  intérêts  particuliers; 
il  ne  s'attacha  qu'à  former,  chez  fes  compatriotes ,  la  ré- 
publique la  plus  parfaite.  Après  avoir  dreffé  des  loix, 
que  tontes  les  nations  ont  admirées ,  il  leur  fit  jurer  de 
les  obferver  jusqu'à  fon  retour  :  il  partit  effe&ivemenr; 
ci  non-feulement  il  ne  revint  plus  ;  mais  même  il  pât 
des  mefures  ,  pour  que  l'on  ne  pût  jamais  reporter  fes 
ps  à  Lacédémone  ,    de  peur  que  les  Lacédémoniens  ne 


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fe  erufîent  par-là  dégagés  de  leur  ferment.  Nous  parlons 
de  ces  loix  à  l'article  particulier  de  Lacédémone.  En- 
tr'autres  établiffemens  de  Lycurgue  ,  .il  inftitua  un  con- 
feil  de  vingt-huit  vieillards  ou  fénateurs,  qui  tempéroient 
l'autorité  des  rois.  *  Jujlin.  1.  3 ,  c.  z  &C  3  ;  &£  Plu.ta.rc. 
in  Lycurgo. 


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Telecle  ,  fils  d'Arche- 
laiis. 

Il  fut  tué  par  les  MefTé- 
niens. 

Alcamene,  fils. 


Nicandre  ,  fils  de  Cha- 
rilaiis. 


Théopompe. 


Ce  fut  fous  ces  deux  rois  que  commença  la  première 
guerre  MefTéniaque,  dont  nous  avons  parlé.  Sous  Théo- 
pompe on  inftitua  les  épkores  ou  magijlrats ,  qui  avoient 
du  moins  aurant  d'autorité  que  les  rois  ;  &C  cet  état  & 
cette  puifTance  des  éphores  dura  jusqu'à  la  défaite  de 
Cléomene;  après  quoi,  ce  royaume  ,  ou  fi  l'on  veut  cette 
république,  ié  perdit  dans  la  monarchie  de  Macédoine, 
&  enfuite  dans  celle  des  Romains.  Nous  parlerons  en- 
fuite  de  l'origine  &  des  progrès  des  rois  de  Macédoine; 
il  faut  auparavant  fuivre  Fhiftoire  géographique  de  la 
véritable  Grèce ,  que  nous  traitons. 

Nous  voici  enfin  parvenus  à  ces  tems  où  toute  la  Grèce 
fembla  réduite  à  deux  grandes  puifTances ,  les  Lacédé- 
moniens &  les  Athéniens.  Toutes  les  autres  s'attachoient 
à  l'une  des  deux  ,  félon  que  le  voifm'age  ou  l'intérêt  les 
déterminoient  à  la  préférence.  Avant  que  d'aller  plus 
loin,  reprenons  quelques  particularités  ,  que  nous  avons 
été  obligés  de  remettre  ici  pour  ne  pas  interrompre  la 
fuite  des  événemens.  *  Juftiri.  1.  3  ,  c.  2. 


5.13. 


rfes  colonies  Grecques. 


r  Ça)  Dans  le  tems  de  la  première  guerre  MefTéniaque , 
'Archias  de  Corinthe ,  de  la  famille  royale  des  Bacchides , 
mena  une  colonie  en  Sicile  ,  où  il  le  rendit  maître  de 
quatre  villes,  Achradine  ,  Neapolis ,  Epipolis  &  Tyche, 
auxquelles  il  joignit  Ortygie ,  qui  n'étoit  qu'une  ifle  ;  &. 
de  tout  cela  il  en  fit  la  feule  ville  de  Syracufe.  Il  avoit 
deux  filles ,  qui  portaient  les  noms  d'Ortygie  &  de  Syra- 
cufe. On  ne  fait  s'il  donna  les  noms  de  ces  filles  à  ces 
lieux,  ou  s'il  donna  le  nom  de  ces  lieux-là  à  fes  filles. 
Un  an  auparavant  (b),  la  ville  de  Naxos  ,  dans  fine  de 
même  nom,  avoit  été  bâtie  parThucle  (c)  deChalcide, 
dans  l'Eubée  ;  &  cinq  ans  après ,  le  même  homme,  étant 
allé  en  Sicile  ,  habita  Cutané  ,  après  en  avoir  chaiTé  les 
Sicules ,  qui  auparavant  en  avoient  chaffé  les  jEtoliens  , 
(d)  venus  de  Grèce.  Cherficrate  (e)  ,  autre  prince  du  fang 
des  Bacchides  ,  fe  fauvant  auffi  de  Corinthe  ,  fe  déta- 
cha d'Archias ,  &  mena  une  colonie  à  Corfou.  Eusèbe , 
Chrome,  place  cet  établiffement  fous  la  dix -huitième 
Olympiade.  (a)  D'wdor.  Sicul.  in  Excerptis  Valef.  p.  229. 
Strab.  1.  6,  p.  268.  (b)  Thucyd.  1.  6.  (c)  Ibid.  1.  5. 
(d)  UbboEmm.  Refp.  Syracuf.  (e)  Strab.  1.  6,  p.  270. 

Les  Lacédémoniens  ,  dans  la  guerre  MefTéniaque  , 
ayant  perdu  une  fanglante  bataille  contre  Ariftodème , 
(a)  s'aviferent  d'un  étrange  expédient ,  pour  remplacer 
les  hommes  qu'on  leur  avoit  tués.  Ils  envoyèrent  chez 
eux  déjeunes  foldats,  à  qui  ils  abandonnèrent  autant  de 
filles  qu'ils  en  voulurent.  De-là  vint  une  jeunefie  que 
l'on  furnommoit  Parthenii  ,  comme  qui  diroit  l'ouvrage 
des  filles  ;  &  trente  ans  après ,  on  les  envoya  hors  du 
pays,  qui  étoit  afTez  peuplé  fans  eux,  pour  chercher  de 
nouvelles  demeures.  Ils  s'embarquèrent  ,  &  firent  voile 
vers  l'Italie,  où  ils  bâtirent  Tarente.  Micyle  ou  Myscellus , 
felon  Strabon ,  (b)  Grec-Lacédémonien  ,  fonda  Crotone , 
&  les  Achéens  Sybarrs  (c)  dans  le  même  pays.  Deux 
frères  Rhodiens  ,  qui  cherchoient  de  nouvelles  terres-, 
fuivant  l'ordre  de  l'oracle,  allèrent,  l'un,  nommé  La- 
cius,  vers  l'Orient ,  où  il  fonda  Phafélide  en  Pamphi- 
lie  ;  l'autre,  appelle  Antipheme ,  vers  l'occident,  bâtit 
Geia  (d) ,  en  Sicile.  Les  Mégariens  (e)  fondèrent  dans 
la  Bithynie  AJlacus  ?  qui  perdit  enfuite  ce  nom  ,  pour 
prendre  celui  du  roi  Nicomcde.  Une  autre  colonie  de 
ce  même  peuple  jetta  les  fondemens  de  Chalcédoine  , 
&  choifit  fi  mal,  qu'une  autre  troupe  confultant  l'oracle 
fur  le  choix  d'un  lieu  ,  eut  ordre  de  fe  placer  vis-à-vis 
de  la  ville  des  aveugles  ('")•  Elle  l'expliqua  de  Chal- 
cédoine  ,  ik  bâtit  Byfance  de  l'autre  côte  du  Bosphore, 


Quelque  tems  après,  Sinope  (S)  fat  bâtie  fur  le  rivage  du 
Pont-Euxin  par  les  Miléfiens  ;  &  Ep-dj^ne ,.  nommée 
^enfuite  Dyrachium,  fur  le  rivage  de  la  mer  Adriatique 
par  les  Corcyréens  ou  habitans  de  Corfou.  *  (3)  Juftin. 
1.  3 ,  c.  4;  &  LaBant.  Inftit.  1.  2,  c.  20.  (b)  Strab.  !.  6, 
p.  263  &26Ç).  (c)Dcujat,  Supplémens  de  Vdlcius  Pa- 
*r<:.p.IO}.  (d)  Paufan.  1.8,  c.  46.  (e)  Strab.  1.  12, 
p.  564.  (0  Voyez  les  articles  CïECORUM  civitas,  ôc 
BlZANCE.   (S)  Strab.  1.  12,  p.  545,  &  1.  7,  c.   16. 

C'eft  ainfi  que  les  Grecs  fe  répandoientde  tous  côtés  , 
&  fondoient  de  nouvelles  colonies  grecques ,  tant  au  cou- 
chant qu'à  l'orient.  Toutes  ces  villes  formoient  autant 
de  républiques,  qui  confervoient  un  extrême  atrache- 
ment  pour  le  lieu  de  leur  origine.  Elles  iè  réuniffoient 
au  befoin  ,  lorfqu'il  s'agifToit  de  repoufierun  ennemi  com- 
mun. Lorfqu'elles  avoient  quelques  guerres  pour  les  li- 
mites ,  le  premier  coup  de  main  en  décidoit,  fînon  les  ré- 
publiques voifines  s'entre-mettoient  pour  les  réconcilier. 
Elles  formoient  enfemble  des  fociétés  ,  &:  faifoient  des 
alliances  pour  leur  détènfe  mutuelle.  Souvent  les  plus 
foibles  s'attachoient  aux  plus  puifTantes ,  qui  étoient  elles- 
mêmes  bien-aifes  de  pouvoir  compter  fur  ce  renfort  en 
cas  de  befoin.  Elles  avoient  des  temples  communs  à  toute 
la  ligue  ,  &  des  jours  marqués  pour  y  faire  des  facrifices 
folemnels,  ausquels  toutes  les  villes  confédérées  partici- 
poient  :  on  y  célébrait  des  jeux  publics  &  des  fêtes  an- 
nuelles, qui  contribuoientà  refierrerle  iien  de  leur  union. 
C'eft  ainfi  que  les  Lacédémoniens  &  les  Athéniens  parta- 
gèrent entr'eux  ,  avec  le  tems ,  la  protection  des  autres 
moindres  républiques  ;  &  c'eft  ce  qui  f orma  entre  ces 
deux  puifTances  une  jalonne  qui  éclatoit  à  la  moindre  oc- 
casion E  .les  fe  difputoient,  l'une  à  l'autre ,  une  fupériorité 
que  chacune,  de  fon  côté,  fondoit  fur  les  avantages  de  fon 
ancienneté ,  ou  de  fes  fondateurs ,  ou  de  l'excellence  de 
fes  loix.  L'une  vantoit  Lycurgue  ,  dont  nous  avons  déjà 
parlé;  l'autre  rolon,  l'un  des  plus  figes  légi dateurs  de 
toute  la  Grèce.  Les  républiques  grecques  d'Ane  fe  par- 
tagèrent auffi  entre  les  deux  républiques  de  la  véritable 
Grèce.  * 

Outre  -la  république  de  Lacédémone  ,  dont  le  gou- 
vernement étoit  un  mélange  de  la  monarchie  &  de  l'arif- 
tocratie,  &  le  royaume  de  Crète ,  c\\ù  avoit  peu-à-peu 
abforbé  toutes  les  petites  fouverainetés  de  cette  ifle,  il 
fe  forma  un  nouveau  royaume  en  Sicile.  Syracufe  s'ag- 
grandit  tellement ,  qu'elle  devint  plus  conifidérable  que 
Corinthe  à  laquelle  elle  devoit  fa  naiffance  ;  elle  acquit 
peu-à-peu  la  fouverainetéde  fille.  Nous  en  parlons  dans 
fon  article  particulier. 

§.  14.  De  la  Macédoine'. 

La  Macédoine,  comme  nous  l'avons  remarqué,  n'é- 
toit pas  cenfée  faire  partie  de  la  Grèce  ,  du  tems  du  fiége 
de  Troye  ;  &  même  du  tems  de  Philippe  ,  père  d'Alexan- 
dre le  Grand,  on  ne  l'y  comprenoit  pas  encore.  Demos- 
thene  oppofe  toujours  la  Grèce  à  ce  roi.  Cependant  ce 
trône  étoit  occupé  par  la  poftérité  de  Caranus  ,  l'un  des 
defeendans  d'Hercule,  dont  il  étoit  éloigné  d'onze  de- 
grés ,  félon  Velleïus  Paterculus  ,  /.  I.  Il  étoit  parti  d'Ar- 
gos  (  l'an  du  monde  3 170  ,  )  s'étoit  emparé  de  la  Macé- 
doine, &fe  vantoit,  avec  raifon,  d'être  defeendu  d'Her- 
cule par  fon  père,  &  d'Achille  par  fa  mère.  Alexandre  le 
Grand  fut  fon  dix-feptieme  fuccefleur. 


Guerres  des  Athéniens. 


SALAMINES  avoit  eu  autrefois  fes  rois  particuliers  ; 
mais  cette  ifle  s'étoit ,  avec  le  tems ,  dépeuplée  par  fes 
colonies ,  &t  étoit  dévenue  un  fujet  de  difcôrde  entra 
les  villes  d'Athènes  &  de  Megare,qui  s'en  attribuèrent 
la  propriété.  On  fe  battit  avec  tant  d'acharné  r  :nt,que 
les  Athniens  rebutés,  défendirent,  fous  peine  le  mort, 
de  jamais  propofer   cette  conquête  :    Solon  : 

alors;  eutla  prudence  de  la  propofer fans  danger  : 

&  on  la  prit. Les  Megariens,  pour  le  ve.  •'.-. 
enlever  les  femmes  des-  Athéniens  qui  dev  lien  r 

un  facririce  :  on    fut  leur  projet  ;  Pififtrate  ,  •■  :< 

Athéniens,  les  prévint,  &  fe  fervit  de  leurs  vain  ■ 

furprendre  Megare ,  par  un  ftratagême  dorrt  s 

avoient  eux-mêmes  donné  l'oeçauon  :  il  réufîn  ,  c-;  pro- 
fita de  cette  viftoire  pour  devenir  le  tyran  de  fa  patrie. 
Tome  III,    A  a  ij 


i88 


GRE 


GRE 


On  peut  voir  les  détails  dans  Hérodote,  /.  I  ,  c.  <fç  & 
feq.  La  faction  de  Megacles  le  chaffa  de  ce  pofte  ;  mais 
un  mariage  les  raccommoda,  &  Megacles  lui  aida  à  y  ren- 
trer. Il  en  jouit  environ  dix-fept  ans  ,  Se  le  laifla  à  fon 
fils  Hipparque,  qui  fut  chaffé.  par  Harmodius  Se  Arifto- 
giton.  Hippias ,  fon  frère  ,  tâcfia  en  vain  de  fe  foutenir  ; 
profcrit ,  fugitif,  il  fe  jetta  entre  les  bras  de  Darius,  'qu'il 
trouva  d'autant  plus  difpofé  à  le  venger,  qu'il  étoit  déjà 
réfolu  de  faire  la  guerre  aux  Athéniens.  Ceux-ci  avoient 
fècouru  les  Ioniens  contre  lui ,  Se  avoient  brûlé  la  ville 
de  Sardes  *  Jujlin ,  1.  8  ,  c.  S. 

§.  ié.  Guerre  des  Perfes  contre  les  Athéniens. 

Darius ,  qui  ne  pouvoit  pardonner  aux  Athéniens  l'in- 
cendie de  Sardes,  accorda  fa  proteâion  à  Kippias  Se 
lui  permit  de  le  rétablir.  Il  chargea  Mardonius,  fon  gendre, 
de  conduire  une  armée  formidable  contre  les  Grecs.  Mar- 
donius commença  par  nettoyer  les  villes  Grecques  d'Afie 
de  tous  les  tyrans'qui  s'en  étoient  emparés  ,  Se  y  rétablit  le 
gouvernement  populaire ,  l'an  du  monde  3488.  Il  s'empara 
enfuite  de  la  Thrace  ,  de  la  Macédoine  ,  Se  des  contrées 
voifines  ;  une  flotte  de  cinq  ou  fîx  cens  galères  ,  chargée 
de  plus  de  deux  cens  mille  hommes ,  Se  de  dix  mille 
chevaux,  &  conduite  par  Dates ,  Se  Artapherne ,  neveu  de 
Darius  ,  débarqua  dans  l'Eubée  ,  pritEretrie,  pafla  dans 
FAttique ,  Se  les  troupes  fe  rangèrent  dans  la  plaine  de 
Marathon.  Une  poignée  de  Grecs  d'environ  dix  mille 
hommes  ,  commandés  par  des  officiers  généraux  ,  entte 
lesquels  étoit  Miltiade  ,  mit  toute  cette  armée  en  déroute , 
l'an  du  monde  3494.  Hippias  fut  tué,  Se  fes  enfans,  qui 
fe  réfugièrent  en  Perfe,  voulurent  en  vain  le  venger. 

§.17  Remarques  fur  le  fécond  âge. 

Ce  fut  dans  le  fécond  âge  de  la  Grèce  ,  que  fe 
firent  les  principaux  accroiffemens  de  la  Grèce  ,  par  le 
grand  nombre  de  colonies  qu'elle  envoya  dans  l'Ane 
mineure  Se  en  Europe.  Il  eft  encore  remarquable  par  l'ex- 
tinction de  la  plupart  des  royaumes  qui  divifoientla  Grèce. 
C'eft  dans  cet  âge  que  vécurent  les  fept  hommes  illuftres , 
auxquels  on  donna  le  nom  de  Sages  de  la  Grèce.  La  plupart 
n'étoient  pas  feulement  des  philofophes  fpéculatifs  ;  plu* 
fïeurs  étoient  de  grands  hommes  d'état.  Thaïes  de  Milet 
&  Anaximandre,  fon  difciple ,  firent  des  progrès  dans  l'é- 
tude de  la  phyfïque  ;  Se  on  attribue  à  ce  dernier  l'hon- 
neur d'avoir  obfervé  le  premier  l'obliquité  de  l'ecclipti- 
que.Homere  Se  Hefiode  s'immortaliferent  par  leurs  poëfies. 

TROISIEME  AGE  DE  LA  GRECE. 

§.  1.  Suite  de  la  guerre  des  Perfes  contre  les  Grecs. 

Darius  fit  de  grands  préparatifs ,  pour  fe  venger  de  la 
défaite  de  Marathon  (a)  ;  mais  la  mort  arrêta  fon  projet. 
Xerxès ,  fon  fils  Selon  fucceffeur  ,  hérita  de  fa  haine  contre 
les  Athéniens,  il  les  attaqua  l'an  du  monde  3504,  avec 
onze  cens  mille  combatans;  (b)  d'autres  difent  dix-fept  cens 
mille ,  fans  compter  fon  armée  navale  de  donze  cens 
vaiffeaux.  Les  Lacédémoniens  n'abandonnèrent  point  les 
Athéniens  dans  cette  occafion.  Léonidas,  roi  de  Sparte, 
vint  à  leur  fecours  avec  trois  cens  hommes  ;  Se  ce  peu 
de  monde  s'étant  Placé  au  pas  des  Thermopiles  (^)  ,  arrêta 
quelque  tems  les  Perfes  à  qui  il  tua  plus  de  vingt  mille 
hommes  ;  mais  Léonidas  y  périt  ^avec  fes  gens.  Thémi- 
flocle  confeilla  aux  Athéniens  de  s'embarquer  eux  Se  leurs 
biens  ;  ce  confeil  leur  réuffit  :  ils  avoient  deux  cens  bar- 
ques ou  vaiffeaux  ,  qui  avec  cent  autres  que  leurs  alliés 
leur  fournirent ,  leur  formèrent  une  flotte  de  trois  cens 
voiles.  (d)  Les  Perfes  ne  trouvant  à  Athènes  qu'une  ville 
déièrte ,  la  pillèrent  Se  la  brûlèrent ,  après  en  avoir  dé- 
moli les  murailles.  Ce  fut  alors  que  fe  donna  la  bataille 
de  Salamine  où  Themiftocle  remporta  cette  viftoire  fi 
vantée  par  les  auteurs.  Xerxès  regagna  l'Hellefpont  avec 
frayeur,  Se  laifla  en  Grèce  Mardonius  avec  trois  cens 
mille  hommes.  Paufanias,  roi  de  Lacédémone,  Se  Ariftide 
Athénien  lui  taillèrent  cette  armée  en  pièces  à  la  ba- 
taille de  PLATÉES  ,  l'an  du  monde  3505  ;  Se,  ce  qui  eft 
à  remarquer  ,  la  bataille  fe  donna  le  matin  ;  &  le  foir 
de  cette  fameufe  journée  ,  les  Grecs  Ioniens,  qui  avoient 
iècoué  le  joug  des  Perfes  ,  leur  tuèrent  trente  mille  hom- 


mes dans  la  bataille  de  Mycale  ,  fous  la  conduite  de 
Xentippes  Se  de  Léotychides.  Le  général ,  pour  encou- 
rager iès  foldats ,  leur  dit  que  Mordonius  venoit  d'être 
défait  dans  la  Grèce.  La  nouvelle  fe  trouva  véritable , 
ou  par  un  effet  prodigieux  de  la  renommée  (e)  ,  dit 
Boffuet ,  ou  plutôt  par  une  heureufe  rencontre  ;  Se  tous 
les  Grecs  de  l'Afie  mineure  fe  mirent  en  liberté.  *  (*) 
Hérodote,  1.  7  init.  (b)  Boffuet,  Difc.  fur  l'Hift.  univ. 
an  de  Rome  274.  fc)  Cornel.  Nepos  in  Themiftocle.  ( d) 
Herodot.  1.  8.  (e)  Difc.  fur  l'Hift.  univ. 


l.  Les  Athè 


affectent  la  primauté. 


Les  Athéniens  pour  conferver  l'alliance  des  Lacédé- 
moniens leur  avoient  toujours  cédé  la  primauté.  Quoique 
l'armée  qui  vainquit  les  Perfes  à  Salamine  ,  fût  pres- 
que toute  compofèe  d'Athéniens ,  conduits  par  Themis- 
tocle,-on  céda  l'honneur  du  commandement  aux  Lacé- 
démoniens ,  qui  n'avoient  fourni  qu'un  très-petit  nom- 
bre de  vaiffeaux.  A  labataille  de  Platées  ,  Paufanias ,  roi  de 
Lacédémone ,  eut  le  commandement;  mais  ce  jour  fi  glo- 
rieux à  la  Grèce  lui  devint  fatal ,  dit  De  Toureil ,  pré- 
face des  Harangues  de  Demqfthene  ,  p.  41.  Athènes  ne 
voulut  plus  fouffrir  la  fubordination  de  Sparte  :  elle  s'at- 
tribua le  gain  de  ces  batailles  ,  prétendit  au  premier  rang , 
attira  la  plupart  des  alliés  dans  fon  parti ,  décida  fur  les  in- 
térêts de  la  Grèce  en  général ,  s'arrogea  le  droit  de  punir  Se 
de  récompenfer  ;  enfin  elle  devient  l'arbitre  de  la  Grèce. 
Sparte  lui  eût  volontiers  cédé  l'empire  de  la  mer;  mais 
elle  vouloit  commander  par-tout,  Si  croyoit  que  pour 
avoir  délivré  la  Grèce  de  l'oppreffion  de  Barbares  ,  elle 
avoit  acquis  le  droit  de  l'opprimer  à  fon  tour.  Les  Athé- 
niens traitèrent  durement  les  villes  grecques  ,  dont  ils  fe 
difoient  les  protecteurs.  Pour  peu  qu'un  voifin  les  eûtof- 
fenfés ,  il  fentoit  tout  le  poids  de  leur  colère  ;  d'où  vint 
le  proverbe  rapporté  par  Ariftote,  (RJiet.  1.  2,  c.  11  :) 
J^oiflnage  Athénien.  Ils  ne  fe  firent  pas  feulement  haïr  de 
leurs  voifins  :  une  partie  de  la  Thrace  Se  les  ifles  de  la 
mer  Egée  fujettes  à  leurs  loix ,  fupportoient  impatiem- 
ment le  joug  qui  s'appefantiffoit  de  plus  en  plus.  Voilà  de 
quelle  façon  Athènes  fe  gouverna  près  de  cinquante  ans  , 
depuis  la  bataille  de  Platées. 

§.  3.  Les  Lacédémoniens  s' 'oppefent  aux  Athéniens. 

Sparte,  pendant  quelque  tems,  ne  fe  donna  que  defoi- 
bles  mouvemens ,  pour  réprimer  fa  rivale  ;  mais  à  la  fin  , 
preffée  par  les  plaintes  réitérées  de  plufieurs  villes ,  contre 
les  vexations  d'Athènes ,  elle  prit  les  armes  ;  Se  c'eft-ici 
que  commence  la  fameufe  GUERRE  DU  PELO- 
PONNESE, dont  Thucydide  &  Xénophon  ont  immor- 
talifé  le  fouvenir  par  Fhiftore  qu'ils  en  ont  écrite. 

Lacédémone,  d'un  côté,  fortifiée  des  alliés  que  lui  don- 
nèrent la  juftice  de  fa  Caufe  Se  l'amour  de  la  liberté; 
Athènes,  de  l'autre  ,  fécondée  de  ceux  que  la  crainte  re- 
tenoit  encore  dans  fon  alliance ,  mefurerent  leur  puiffance 
&  leurs  armes  l'efpace  de  vingt-fept  ans,  avec  une  valeur 
qu'elles  auroient  pu  employer  ailleurs  plus  utilement.  La 
viftoire ,  dans  le  cours  de  cette  guerre  longue  Se  cruelle  , 
ne  fe  fixoit  point.  Les  Athéniens  toujours  maîtres  de  la 
mer,  s'y  dédommageoient  de  toutes  les  pertes  qu'ils  fai- 
foient  fur  terre  :  tout  fembloit  leur  promettre  une  heu- 
reufe iffue.  Les  ifles  de  la  mer  Egée  qu'ils  avoient  chargées 
d'un  tribut  le  payoient  régulièrement  ;  Se  ils  auroient 
pu  terminer  la  querelle  avec  honneur ,  fi  la  vingt-huitième 
année  de  la  guerre ,  lorfqu'ils  avoient  tant  d'ennemis  fur 
les  bras,  ils  n'euffent  à  contre-tems  entrepris  le  fiege  de 
de  Syracafe,  Se  avec  tant  d'ardeur  ,  qu'Efionleur  reprochât 
d'avoir  répandu  toute  Athènes  dans  la  Sicile.  Cett  té- 
mérité leur  coûta  cher  :  toute  l'armée  qui  débarqua  pé- 
rit :  la  flotte  entière  fut  prife  ou  brûlée  ;  Se  les  deux  gé- 
néraux Nicias  Se  Demofthene ,  autre  que  l'orateur ,  avec 
la  fleur  de  la  jeUneffe  Athénienne  ,  demeurèrent  à  la 
merci  des  peuples  qu'ils  ivouloient  fubjuguer.  A  la  nou- 
velle de  cette  défaite ,  Athènes  fe  trouva  presque  totale- 
ment abandonnée  ;  fes  alliés ,  qui  ne  la  fervoient  qu'à 
contre-coeur ,  fe  rangèrent  auflï-tôt  du  côté  des  Lacédé- 
moniens. Ces  coups  réitérés  ne  l'abbatirent  pas  c  •>  oie  ; 
mais  les  Lacédémoniens  s'allièrent  avec  le  roi  de  Perfe, 
qui  les  renforça  d'une  flotte  nombreufe  ,  Se  leur  ouvrit 
fes  trélbrs  ;    Se  ils  prirent  à  la  fin  tant  de  fupériorité  fur 


GRE 


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leurs  ennemis,  qu'après  leur  avoir  enlevé  cent  quatre- 
vingt  vaiffeaux,  ils  affiégerent  Athènes ,  &  la  forcèrent 
de  le  rendre  à  difcrétion."  Alors  maîtres  du  fort  d'Athè- 
nes ,  ils  affemblerent  leurs  alliés ,  pour  en  délibérer  avec 
eux  &  le  régler  de  concert.  La  plupart ,  tant  cette  or- 
gueilleufe  ville  avoit  aigri  les  esprits ,  ce  aliéné  les  cœurs, 
vouloient  la  ruiner  de  fond  en  comble.  Thèbes  appuya 
fortement  cet  avis  :  les'Lacédémoniens  «  plus  prudens  &£ 
plus  équitables  ,  crurent  qu'on  ne'  pourroit  avec  sû- 
reté abbatre  un  des  principaux  boulevards  de  la  Grèce  , 
&:  qu'il  y  auroit  de  l'ingratitude  à  exterminer  un  peuple 
à  qui  elle  devoit  fon  faïut  ck  fa  gloire.  Ils  fe  contentè- 
rent d'exiger  que  les  Athéniens  démoliraient  leurs  mu- 
railles ,  raieraient  les  fortifications  que  Thémiftocle 
avoit  faites  au  port  de  Pyrée ,  ne  pourraient  avoir  que 
douze  vaiffeaux  armés  ,  &  reconnoîtroient  les  Lacédé- 
moniens  pour  chefs  fur  mer  comme  fur  terre.  Les  vain- 
cus n'obtinrent  la  paix  qu'à  ce  prix.  Ainfi finit  l'empire 
d'Athènes  ,  qui  avoit  commencé  peu  de  tems  après  la  dé- 
faite des  Perles  ,  &  qui  dura  foixante  ck  treize  ans. 
*AriJl.  Rhet.  1.  3,  c.  10. 

Les  Grecs  ne  firent  que  changer  de  maîtres  :  Sparte 
reprit  fa  fupériorité  ;  mais  ce  nouvel  empire  ne  paffa  pas 
trente  années.  Il  auroit  duré  davantage  ,  fi  Sparte ,  fé- 
lon fes  anciennes  maximes  ,  l'eût  borné  à  maintenir 
chaque  peuple  dans  la  poffeffion  de  fe  gouverner  par  fes 
propres  loix.  Mais  entêtée  de  fon  gouvernement ,  elle 
voulut  abolir  par-tout  la  Démocratie  ,  inftituer  des  Dé- 
cemvirs ,  c'efl-a-dire  dix  hommes  en  qui  feuls  réficlât  tout 
le  pouvoir ,  &  mettre  dans  ces  places  les  gens  qu'elle 
reconnoiffoit  lui  être  les  plus  affectionnés  &C  les  plus 
oppofés  au  gouvernement  populaire.  Par-là  l'autorité  de 
Lacédémone  devenoit  plus  abfolue  &  plus  odieufe.  Tel 
qui  n'ofeit  s'affranchir  du  joug,  en  murmuroit;  &c  ceux  à 
qui  elle  n'ofoit  l'impofer,  en  prenoient  ombrage.  Rien 
pourtant  ne  précipita  plus  fa  chute  que  fa  profpérité ,  qui 
la  fit  trop  préfumer  de  fes  forces.  Elle  s'imagina  pou- 
voir à  la  fois  tenir  tous  les  Grecs  dans  l'obéiffance ,  & 
détruire  l'empire  des  Perfes  ,  ou  du  moins  les  refferrer 
dans  des  bornes  plus  étroites.  Agéfilas  (a)  ,  roi  de  Sparte, 
paffa  en  Afie;  &c  fes  premiers  exploits  permettoient  de 
toutefpérer,  quand  le  roi  de  Perfe,  qui  étoit  alors  Ar- 
taxerxès  Memnon  ,  dont  les  armées  innombrables  ne 
pouvoient  arrêter  ce  conquérant ,  trouva  le  fecret  de  le 
chaffer  par  une  voie  bien  plus  sûre  ;  il  envoya  femer  de 
l'argent  en  Grèce  ,  &  acheta  des  ennemis  à  Lacédé- 
mone. Les  Grecs  fe  prêtèrent  à  fes  defirs  ,  avec  j'oie , 
&  lui  vendirent  allez  cher  une  révolte  qu'ils  avoient  ré- 
folue.  Tous, d'un  commun  accord,  fe  fouleverent  contre 
Lacédémone  ,  qui ,  hors  d'état  de  réfifler  avec  ce  qui  lui 
reftoit  de  troupes  ,  rappella  promptement  fon  roi  ikfon 
armée.  Les  Athéniens ,  à  la  tête  des  mécontens ,  réfolu- 
rent  de  tout  risquer  pour  la  liberté  de  la  Grèce  ;  &  fans 
fonger  aux  dernières  extrémités  d'où  ils  fortoient ,  ils 
oferent  encore  attaquer  Sparte  :  ils  furent  fi  bien  profi- 
ter des  conjonctures  ,  qu'avec  la  flotte  du  grand  roi , 
(c'étoit  ainfi  qu'on  appelloit  le  roi  de  Perfe,)  &la  leur, 
ils  défirent  celle  de  Sparte  ,  faifirent  ce  moment  heu- 
reux pour  rétablir  leurs  murailles  ,  relever  leurs  fortifi- 
cations ,  &  fe  mirent  en  état  de  diiputer  la  fupériorité 
à  Sparte  (b).  Ils  ne  voulurent  pas  avoir  vaincu  pour  eux 
feuls  ,  &  ne  poferent  point  les  armes ,  qu'ils  n'euffent, 
par  un  traité  folemnel,  obligé  les  Lacédémoniens  à  re- 
mettre les  villes  grecques  en  liberté.  Quoique  les  La- 
cédémoniens femblaffent  s'y  porter  volontairement  ,  la 
fuite  montra  que  la  crainte  feule  les  y  avoit  forcés,  puis- 
que ,  peu  de  tems  après ,  ils  violèrent  leur  parole  par  l'op- 
preffion  deThôbes,  comprilé  expreffément  dans  le  traité. 
*(a)  Cornet.  Nepos,  m  Àgefilao.  (b)  Idem  m  Conone. 
Cette  infraction  ralluma  le  zélé  des  Athéniens  qui 
animèrent  le  refte  de  la  Grèce  à  s'unir  avec  eux  con- 
tre Lacédémone.  Ils  l'attaquèrent  de  nouveau  par  mer 
&  par  terre,  à  Corinthe  ,  àNaxe,  à  Corcyre  ,  à  Leu- 
cade.  Quoiqu'ils  n'euffent  pas  plus  d'intérêt  à  cette  guerre, 
que  les  autres  villes ,  ils  ne  lailTerent  pas  d'en  faire  tous 
les  frais.  Sparte  fut  réduite  à  renouveller  le  traité  con- 
clu quelques  années  auparavant  ;  !k  toutes  les  villes 
grecques  rentrèrent  dans  leur  pleine  indépendance.  Dans 
tout  ceci  ,  il  faut  entendre  aufli  les  villes  Afiatiques. 
Leur  liaifon  avec  la  véritable  Grèce  ,  leur  en  faifoit 
éprouver  toutes  les  révolutions.  *  Xenophon,  1.  6. 


l89 


§.  4.    Thèbes  affecte  ta  fupériorité  de  ta  Grèce. 

On  eût  cru  que  la  Grèce  alloit  jouir  d'un  profond  re- 
pos. L'égalité  des  deux  puiffances  ,  qui  jusqu'alors  l'a- 
voient  agitée ,  fembloit  le  promettre  ;  cependant  ThÈ- 
BES  s'avifa  d'afpirer  au  commandement. 

LesThébains  forts  &  robuftes ,  de  plus  extrêmement 
aguerris  ,  pour  avoir  presque  toujours  eu  les  armes  à  la 
main  ,  depuis  la  guerre  du  Péloponnefe  ,  &  pleins  d'un 
defir  ambitieux ,  qui  croiffoit  à  proportion  de  leurs  for- 
ces &:  de  leur  courage  ,  fecrurent  trop  ferrés  dans  leurs 
anciennes  limites.  Us  refalérent  de  figner  cette  paix  mé- 
nagée par  les  Athéniens,  à  moins  -qu'on  ne  les  reconnût 
chefs  de  la  Béotie.  Ce  refus  non -feulement  les  expo- 
foit  à  l'indignation  du  roi  de  Perfe  ,  qui ,  pour  agir  plus 
librement  contre  l'Egypte  révoltée  ,  avoit  exhorté  tous 
les  Grecs  à  pofer  les  armes  ;  mais  même  foulevoit'edn- 
tr'eux  Athènes,  Sparte  &  la  Grc,.  (  rie  -  .-me  fou- 
piroit  qu'après  la  paix.  Toutes  .es  c  iniidérarions  n'ar- 
rêtèrent point  les  Thébains  :  ils  ri  mpirent  avec  Athè- 
nes ;  attaquèrent  Platées ,  qu'elle  protégoit  depuis  long- 
tems  ,  &  la  raferent.  Les  Lacédémoniens  crurent  que 
Thèbes  délaiffée  de  fes  alliés ,  étoit  hors  d'état  de  leur 
faire  tête.  Ils  y  marchèrent  comme  à  une  victoire  cer- 
taine ,  entrèrent  avec  une  puiiïànte  armée  dans  le  pays 
ennemi ,  &  pénétrèrent  bien  avant.  Tous  les  Grecs 
alors  regardèrent  Thèbes  comme  perdue.  On  ne  favoit 
pas  quelle  reffource  elle  avoit  dans  un  foui  homme.  Epa- 
minondas,  queCiceron,  Tufcul.  1.  1,  regarde  comme 
le  premier  homme  de  la  Grèce  ,  avoit  été  élevé  par 
fon  père  Polymne  ,  dont  la  maifon  étoit  ouverte  à  tous 
les  lavans ,  &  le  rendez-vous  des  plus  grands  maîtres. 
On  peut  voir  les  détails  de  fon  éducation  &  fon  admi- 
rable caractère,  dans  l'éloge  que  Cornélius  Nepos  en  a 
fait.  Pour  fon  coup  d'effai ,  il  battit  les  Lacédémoniens 
à  Leuctre ,  &  leur  porta  un  coup  mortel  ,  dont  ils  ne 
fe  relevèrent  jamais.  Ils  perdirent  quatre  mille  hommes, 
avec  leur  roi  Cléombrote  ,  fans  compter  les  prifonniers 
&  les  bleffés.  *  Diodor.  Sicul.  1.  15. 

Cette  journée  fut  la  première  où  les  forces  de  la 
Grèce  commencèrent  à  fe  déployer.  On  avoit  vu  Sparte, 
d'ailleurs  fi  acharnée  contre  Athènes ,  racheter  d'une 
trêve  de  trente  années  huit  cens  de  fes  citoyens  qui 
s'étoient  laiffés  envelopper.  On  peut  juger  de  la  con- 
fternation  où  furent  les  Lacédémoniens,  lorsqu'ils  fe  vi- 
rent tout  d'un  coup  fans  troupes,  fans  alliés,  &  presque 
à  la  merci  des  vainqueurs.  Les  Thébains  fe  croyant  in- 
vincibles fous  Epaminondas,  traverferent  l'Attique,  en- 
trèrent dans  le  Péloponnefe  ,  pafferent  le  fleuve  Euro- 
tas  ,  affiégerent  Sparte ,  humilièrent  les  Lacédémoniens, 
&  les  obligèrent  d'alonger  leurs  monofyllabe^  ,  comme 
le  dilbit  Epaminondas.  Ce  général  content  de  les  avoit 
réprimés  ,  fit  réflexion  qu'il  alloit  attirer  à  là  patrie  la 
haine  de  tout  le  Péloponnefe,  s'il  détruifoit  une  fi  puif- 
fante république,  ck  borna  là  vengeance  à  relever  Mef- 
fene  ,  ancienne  rivale  de  Lacédémone.  Il  rapella  de 
de  tous  côtés  les  Mefléniens  ,  ck  leur  rendit  leur  patrie 
dont  il  fut  le  nouveau  fondateur.  Il  n'en  demeura  pas  là. 
Cet  homme  fi  modéré  pour  lui-même  ,  avoit  une  amj 
bition  fans  bornes  pour  fa  patrie.  Non  content  de  l'a- 
voir rendue  fupérieure  par  terre  ,  il  voulut  lui  donner 
fur  mer  une  même  fupériorité  :  fa  mort  renverfa  ce  projet 
que  lui  feul  pouvoit  foutenir  :  il  mourut  d'une  blefïïire 
qu'il  reçut  à  la  bataille  de  Mantinée  ,  où^  il  avoit  mis 
fes  ennemis  en  déroute.  C'eftici  que  finit  l'hiftoirede  la 
Grèce ,  écrite  par  Xenophon.  *  Xenophon ,  1.  6.  Diod* 
Sicul.  1.  15. 

§.  5.  Trois  grandes  républiques  dans  la  Grèce. 

Les  Thébains  ne  purent  profiter  de  fa  victoire  :  en  vain 
ils  voulurent  fe  maintenir  dans  le  degré  de  fupériorité 
où  il  les  avoit  placés.  On  vit  alors  la  Grèce  partagée  entre 
trois  puiffances  rivales  les  unes  des  autres. 

Thèbes  tâchoit  de  s'élever  fur  les  ruines  de  Lacédé- 
mone. LACÉDÉMONElbngeoit  à  lé  relever  de  fes  pertes. 
Athènes  ,  quoiqu'ouvertement  dans  le  parti  de  Sparte , 
fur-tout  depuis  que  celle-ci  lui  avoit  cédé  l'empire  de  la 
mer  par  un  traité  folemnel ,  étoit  bien-aife  de  voir  ans 
mains  ces  deux  puiffances ,  &  ne  penlbit  qu'à  les  balancer , 
en  attendant  la  première  occafion  d'accabler  l'une  &  l'Stt» 


GRE 


190 

tre.  Mais  une  quatrième  puiffance  les  mit  toutes  d'accord, 
&  parvint  à  la  fupériorité  de  toute  la  Grèce.  Ce  fut 
Philippe  de  Macédoine. 

§.  6.  Grands  progrès  de  la  Macédoine  fous  Philippe. 

Ce  royaume  étoit  bien  éloigné  de  concevoir  avant 
Philippe  les  espérances  de  la  grandeur  à  laquelle  il  s'éleva 
en  peu  de  tems.  Il  avoit  été  la  première  proie  des  Perfes 
dans  leurs  guerres  contre  les  Athéniens.  Il  en  avoit  été 
•délivré  en  même  tems  qu'eux.  Mais  il  avoit  pour  voifines 
les  villes  de  Theflalie  ,  les  ides  Se  les  villes  que  les  Athé- 
niens pofledoient  dans  la  mer  Egée  Se  dans  la  Thrace  ; 
d'un  autre  côté  ,  les  Illyriens  ,  les  Péoniens  Se  autres 
peuples.  Philippe  fut  élevé  à  Thèbes ,  chez  le  père  d'Epa- 
minondas  ,  Se  eut  la  même  éducation  que  ce  héros  :  il 
y  étoit  en  qualité  d'otage  ,  quand  il  apprit  une  révolution 
-arrivée  dans  la  Macédoine.  Il  fe  déroba  de  Thèbes  , 
arriva  dans  fa  patrie  ,  Se  trouva  les  peuples  confternés 
d'avoir  perdu  leur  roi  Perdiccas ,  fon  frère  aîné  ,  tué  dans 
un  grand  combat  contre  les  Illyriens  qui  étoient  bien 
rélbïus  de  pouffer  leurs  avantages.  Les  Péoniens  infec- 
■toient  le  royaume  par  des  courfes  continuelles.  LesThra- 
•ces  prétendoient  placer  fur  le  trône  Paufanias ,  prince  du 
fang  royal.  Les  Athéniens  appuyoient  Argée  ,  que  leur 
général  Mandas  avoit  ordre  de  foutenir  avec  une  bonne 
flotte  Se  un  corps  de  troupes  confidérable.  L'héritier  légi- 
time étoit  Amyntas  encore  enfant.  Dans  ce  befoin  pres- 
fant  on  le  dépofa  ;  &  à  la  place  du  neveu  que  la  nature 
appelloit  ,  on  mit  l'oncle  que  la  conjoncture  demandoit. 
Le  nouveau  roi  ,  quoique  âgé  feulement  de  vingt-deux 
ans ,  remédia  Se  pourvut  à  tout.  Une  profonde  diflimula- 
tion  de  fes  deffeins  &  une  politique  impénétrable  lui  fervit 
beaucoup.  Il  commença  par  facrifîer  en  apparence  Amphi- 
polis  aux  Athéniens.  Cette  ville,  fituée  furies  confins  de 
fon  royaume ,  étoit  à  fa  bienféance  ;  mais  pour  la  garder  , 
il  eût  fallu  affoiblir  fon  armée  dont  il  avoit  befoin  ailleurs, 
Se  fe  brouiller  avec  les  Athéniens  qui  revendiquoient  ce 
lieu  comme  leur  colonie.  Il  fe  garda  bien  de  la  leur  céder 
purement  Se  Amplement  :  il  en  fit  une  ville  libre  ayant 
que  de  la  leur  rendre  ,  Se  engagea  ainfi  cette  ville  à  lui 
fçavoir  gré  de  fa  liberté.  Il  défarma  les  Péoniens  à  force 
de  promeffes  Se  de  préfens ,  fe  défit  de  ceux  qui  lui  difpu- 
toient  la  couronne  ,  ferma  la  porte  du  royaume  à  Paufa- 
nias ,  marcha  contre  Argée  (a)  ,  l'atteignit  fur  le  chemin 
d'Ege  à  Methone ,  le  défit  ,  lui  tua  beaucoup  de  monde  , 
Se  fit  beaucoup  de  prifonniers  ;  ils  lui  fervirent  à  faire 
une  paix  captieufe  avec  Athènes.  (b)  Il  attaqua  enfuite 
les  Péoniens  ,  Se  les  réduifit  fous  fon  obéiffance ,  tourna 
fes  armes  contre  les  Illyriens  ,  les  tailla  en  pièces  ,  Se 
les  obligea  à  lui  reftituer  les  conquêtes  qu'ils  avoient  faites 
fur  la  Macédoine.  Enhardi  par  tant  de  profpérités  ,  il 
emporte  Amphipolis  ;  mais  ,  au  lieu  de  la  rendre  aux 
Athéniens  ,  il  leur  enlevé  encore  Pydne  Se  Potidée  , 
l'an  du  monde  3616  ;  de-là  il  vient  occuper  Crenides  que 
les  Thafiens  avoient  bâtie  dans  la  Thrace ,  depuis  deux 
ans  ,  Se  qui  dès-lors  s'appella  Philippes  :  il  y  ouvrit  des 
mines  ,  qui  chaque  année  lui  rapportoient  de  quoi  battre 
une  monnoie  d'or  qui  portoit  fon  nom  (c)  ,  &  dont  le 
produit  feul  montoit  plus  haut  que  tous  les  revenus  de  la 
république  d'Athènes.  La  fupériorité  des  finances  lui 
donna  de  grands  avantages  qu'il  ne  négligea  point  :  il 
s'en  fervit  à  entretenir  un  puiffant  corps  de  troupes  étran- 
gères ,  Se  à  s'acquérir  des  créatures  dans  toutes  les  villes 
de  la  Grèce.  Ce  ne  fut  plus  que  victaires  qu'il  remporta 
pendant  les  vingt-deux  années  de  fon  règne  ;  il  s'aggran- 
dit  de  tous  côtés  par  fes  conquêtes  en  ThefTalie  ,  en 
Thrace ,  en  Epire  ,  en  Scythie  Se  en  Eubée.  Ces  con- 
quêtes font  d'autant  plus  efTentielles  ici  ,  qu'en  unifiant 
enfuite  la  Grèce  avec  fon  royaume  ,  elles  devinrent  par- là 
des  dépendances  de  la  Grèce.*  (a)  Diodor.  SiculA.  16. 
Orof.  1.  3  ,  c.  16.  {})  Juftin  ,  1.  7.  (c)  Plant,  in  Poë- 
nul.  aft.  1  ,  fc.  1 .;  Se  ac~t.  3  ,  fc.  5  ;  oc  Horat.  Ep.  1 . 
ad  Auguftin. 

§.  7.  Philippe  fc  rend  maître  de  la  Grèce. 

Il  étoit  de  l'intérêt  des  Grecs  de  s'unir  plus  que  jamais 
pour  fe  garantir  d'un  ennemi  fi  redoutable  qui  étoit  à  leur 
porte.  Ils  firent  tout  le  contraire  ,  &  fe  déchirèrent  plus 
que  jamais  par  des  guerres  civiles.   On  nomma  cette 


GRE 


guerre  la  guerre  facrèe  ,  ou  lu  guerre  des  confédérés.  En 
voici  le  finet,,  Se  le  fuccès  en  peu  de  mots.  (a)  Les  Thé- 
bains  enivrés  de  leur  bonne  fortune ,  citèrent  devant  les 
Amphictyons  les  Lacédémoniens  Se  les  Phocéens. _  Il 
acculbient  les  premiers  d'avoir  violé  la  trêve  ,  envahi 
la  fortereffe  de  Thèbes  ;  Se  les  autres  d'avoir  ravagé  la 
Béotie.  Les  Amphiâyons  étoient  un  çonfeil  général  de  - 
toute  la  Grèce  ,  et  un  tribunal  auquel  toutes  les  caufes 
de  ville  à  ville  étoient  portées.  Le;  juges ,  qui  craignoient 
les  Thébains ,  jugèrent  en  leur  faveur  ,  Se  condamnèrent 
les  aceufés  à  une  très-groffe  amende.  Les  Phocéens  n'ayant 
pas  de  quoi  la  payer  ,  Phiiomele  leur  confeiila  de  piller 
le  temple  de  Delphes,  où  .la  fuperftition  des  peuples  avoit 
amaffé  d'immenfes  richeffes.  Ils  le  firent.  Enrichis  de  cette 
dépouille  ,  ils  portèrent  la  guerre  chez  les  Thébains.  Mal- 
gré l'horreur  que  l'on  eut  de  leur  facrilége  ,  on  eut  encore 
plus  de  haine  contre  les  Thébains  qui  leur  en  avoient  en 
quelque  forte  impofé  la  néceflité.  Ainfi  Athènes  &  Lacé- 
démone  leur  envoyèrent  du  fecours.  Les  Thefîaliens  Se 
les  Thébains  étoient  unis.  Philippe  vit  avec  plaifir  cette 
guerre  qui  affoibliiToit  des  peuples  dont  il  fe  promettoit 
la  conquête  :  il  demeura  neutre  jusqu'à  ce  que  les  Thefîa- 
liens l'appellerent  -à  leur  fecours.  Ils  craignoient  ,  dit 
Juftin  ,  1.8,  c.  2. ,  que  s'ils  oppofoient  à  leurs  ennemis 
un  capitaine  de  leur  nation  ,  il  ne  fe  fervît  de  la  victoire 
pour  ufurper  l'autorité  fouveraine.  Ce  qu'ils  craignoient 
arriva.  Ils  furent  affez  aveugles  pour  donner  la  préférence 
à  Philippe  ,  qui  ayant  déjà  de  grands  états  à  gouverner  , 
leur  étoit  moins  fuspeft.  Ils  ne  connoiffoient  pas  fon 
ambition.  Il  marcha  à  leur  fecours  ,  défit  Si  chaffa  leurs 
tyrans  ,  Se  par-là  fe  concilia  pour  jamais  l'affe&ion  des 
Theffaliens  dont  l'excellente  cavalerie ,  jointe  à  la  pha- 
lange Macédonienne  ,  eut  depuis  tant  de  part  à  fes  vic- 
toires Se  à  celles  de  fon  fils.  Au  retour  de  cette  expédi- 
tion ,  il  attaqua  Se  fubjugua  les  Olynthiens ,  dont  la  puif- 
fance avoit  jusqu'alors  tenu  en  échec  celle  de  fes  ancê- 
tres ,  Se  qui  peu  auparavant  avoit  dépouillé  fon  père 
Amyntas.  Alors  il  fe  découvrit  ;  mais  ce  ne  fut  qu'après 
avoir  diflimulé  jusqu'au  bout  ,  Se  fi  bien  caché  fes  véri- 
tables intentions  ,  qu'à  la  veille  de  tomber  fur  les  Pho- 
céens ,  il  leur  perfuada  qu'il  en  vouloit  à  Thèbes ,  Se  qu'il 
alloit  humilier  cette  orgueilleufe  république.  Par  cet 
impénétrable  fecret  il  endormit  fes  ennemis  ,  féduifit  fes 
alliés  ,  Se  les  aveugla  fur  leur  propre  intérêt  ;  de  manière 
que  ,  fans  tirer  l'épée  ,  il  fe  rendit  maître  de  la  Phocide  , 
(b)  fefit  déclarer  Amphiftyon  ,  général  des  Grecs  contre 
les  Perfes  ,  vengeur  du  dieu  Apollon  Se  de  fon  temple  ; 
Se,  ce  qui  valoit  mieux  pour  lui ,  il  s'empara  des  Ther- 
mopyles ,  paffage  fameux  qui  lui  ouvrit  la  porte  de  la 
Grèce.  La  victoire  qu'il  remporta  à  ChéronÉe  fur  les 
Athéniens  Se  les  Béotiens  ,  acheva  de  lui  foumettre 
les  Grecs  ,  le  vengea  pleinement  des  Athéniens  qui ,  deux: 
ans  auparavant ,  lui  avoient  fait  lever  le  fiége  de  Byzance, 
Se  couronna  fes  autres  exploits.  La  guerre  de  la  Phocide 
Se  la  bataille  deChéronée  ,  où  Alexandre  ,  âgé  de  dix-neuf 
ans ,  commandoit  une  des  ailes  de  l'armée ,  font  les  deux 
chefs-d'eeuvres  de  Philippe.  Ainfi  la  Macédoine  ,  jusqu'a- 
lors foible  ,  méprifée  ,  fouvent  tributaire  ,  Se  toujours 
réduite  à  mendier  des  protections  ,  devint  tout  à  coup 
l'arbitre  de  la  Grèce  ,  &  la  terreur  de  toute  l'Alîe.  Toute 
la  Grèce  reconnut  Philippe  pour  fon  chef.  En  cette  qua- 
lité il  forma  la  réfolution  d'attaquer  les  Perfes  :  fon  avant- 
garde  commandée  par  fes  lieutenans  Attale  Se  Parmenion  , 
marchoit  déjà  pour  cette  expédition  ,  quand  la  mort  lui 
en  déroba  la  gloire  ,  Se  la  réferva  à  fon  fuccefîeur.  Ce 
fut  Alexandre  le  Grand.  Philippe  fut  tué  en  trahifon  ,  à 
l'âge  de  47  ans  ,  l'an  du  monde  3648  ,  Se  laiffa  à  fon 
fils  un  royaume  craint  Se  refpefîé  de  tous  fes  voifins ,  une 
armée  disciplinée  Se. accoutumée  à  vaincre  ;  Se  enfin  une 
fupériorité  univerfelle  fur  tous  les  états  de  la  Grèce. 
*  (*)  Jujl.  1.  8.  0)  Diodor.  Sic.  Se  Orof.  1.  3  ,  c.  iz. 


?.  La  Grèce  foi 


:andr:  le  Grand. 


Alexandre  commença  par  s'âfïiirer  de  la  couronne  ,  fe 
défit  de  ceux  qui  la  lui  disputaient  ,  S:  punit  les  meurtriers 
de  fon  père.  11  n'eut  pas  plutôt  pourvu  au  dedans  de  fon 
royaume ,  qu'il  alla  fondre  iùr  i'js  voifins.  On  le  vit  en 
moins  de  deux  ans  réduire  les  Thefîaliens  rebelles  ,  fub- 
juguer  la  Thrace  ,  Se  pafTer  le  Danube;  battre  les  Gétes  , 
prendre  une  de  leurs  villes  ,  Se  rep3fler  ce  fleuve  ;  rece- 


GRE 


GRE 


voir  enfuite  les  hommages  Se  les  ambaffades  de  diverfes 
nations  ;  châtier  en  revenant  les  Illynens  ,  Si  ranger  au 
devoir  d'autres  peuples  ;  de-Ià  voler  à  Thèbes  qu'un  faux 
bruit  de  fa  mort  avoit  révoltée  contre  la  garnifori  Macé- 
donienne ,  affiéger  ,  prendre  Si  rafer  cette  ville  ;  Si  par 
cet  exemple  de  févérité ,  tenir  en  bride  le  refte  des  Grecs 
qui  l'avoient  déjà  proclamé  leur  chef.  Après  avoir  alnfi 
mis  ordre  au  gouvernement  de  la  Grèce  ,  il  donna  tous 
fes  foins  à  l'exécution  du  projet  de  fon  père  contre  les 
Perlés.  11  partit  pour  l'Afie,  l'an  du  mo.nde  3650,  avec  une 
armée  de  trente  mille  hommes  d'infanterie  ,  Si  cinq  mille 
de  cavalerie  ,  d'autres  difent  de  trente-quatre  milie  hom- 
mes de  pied  ,  Se  de  quatre  mille  chevaux.  Il  rraverfa  l'Hel- 
lespont  ,  s'avança  vers  le  GRANIQUE  où  il  remporta  fa 
première  viftoire  fur  les  Perlés ,  ne  donna  aucun  quartier 
aux  Grecs  d'Afie  qu'il  trouva  dans  l'armée  de  Darius.  11 
pouffa  fes-cenquêtes  jusqu'à  Sardes  qui  le  rendit  à  lui  ; 
c'étoit  le  boulevard  de  l'empire  des  Ferfes  du  côté  de  la 
mer  :  toutes  les  autres  villes  fuivirent,  excepté  Milet  ck 
Kalicarnafie,  qui  feules  oferent  lui  réfifter  ;  il  les  prit  de 
force  ;  &  parcourant  la  côte  d'Afie ,  il  continua  de  fou- 
mettre  tout,  jusqu'à  laClLIOEti  la  Phcenicie.  De-Ià 
revenant  par  l'intérieur  des  terres  ,  il  fubjugua  la  Pam- 
phylie,  la  Pisidie  &  la  PhryGIE  ,  dont  Gordium 
étoit  la  capitale  ;  Si  enfuite  la  PAPHLAGONIC  ck  la 
CAPPADOCE.  Il  s'achemina  de-là  vers  les  hautes  pro- 
vinces de  l'Afie,  &  retourna  dans  la  ClLICIE.  Darius, 
de  fon  côté ,  marchoit  vers  lui  ,  avec  une  armée  de  lix 
cent  mille  combattans  ;  Si  voulant  le  joindre  dans  la  Ci- 
licie  ,  il  s'engagea  dans  les  détroits.  C'étoit  où  Alexan- 
dre le  vouloit  :  il  l'y  attaqua  ,  lui  tua  plus  de  cent  dix 
mille  hommes.  C'eftla  bataille  d'Issus  ,  l'an  du  monde 

3651.  Outre  les  richeffes  qu'il  trouva  dans  l'armée,  il 
apprit  que  Darius  avoit  laiffé  à  Damas  tous  fes  équipa- 
ges Si  lés  tréfors  ;  il  envoya  prendre  poffeflion  de  ces 
dépouilles  Si  de  la  ville.  Il  jugea  que  pour  avancer  plus 
fûrement ,  il  devoit  s'affurer  des  polies  maritimes.  Cy- 
PRE  Si  la  Phcenicie  fe  fournirent  à  lui,  l'an  du  monde 

3652.  Il  n'y  eut  que  Tyr  qui  risqua  le  hazard  d'un  fiége. 
II  en  laiffa  la  conduite  à  quelques  généraux ,  Si  alla  faire, 
lui-même  une  courfe  au  pays  des  Arabes  qui  habitoient 
l'Anti-Liban  :  il  revint  à  Tyr,  qu'il  prit  Si  démolit.  Gaza, 
dans  la  Palefiine ,  fut  prilè  auffi  ;  Si  Alexandre  ,  maître 
dé  la  Judée ,  qui  ne  lui  coûta  guères  que  la  peine  de  la 
parcourir  ,  paffa  en  Egypte ,  où  il  fonda  la  ville  S  Ale- 
xandrie ,  l'an  du  monde  3653  ;  il  s'avança  même  dans 
le  défert  fablonneux,  où  etoit  le  temple  de  Jupiter  Am- 
mon  qu'il  confuita.  D'Egypte  il  revint  en  Phénicie  :  là 
Darius  ,  dont  la  femme -Si  la  famille  étoient  au  pouvoir 
d'Alexandre,  lui  envoya  propoler  une  paix,  à  condition 
de  lui  payer  dix  mille  talens  pour  la  rançon  des  plafon- 
niers ,  Si  de  lui  donner  fa  fille  en  mariage,  avec  tout  le 
pays  qui  eft  entre  l'Euphrate  Si  l'Heliespont.  11  ne  l'ac- 
cepta point,  Si  marcha  vers  Darius.  Les  deux  armées  fe 
rencontrèrent  à  Gaugameles ,  près  d'drbeles ,  Si  fc  bat- 
tirent :  cette  bataille  coûta  -l'empire  à  Darius  6k  aux 
Perlés.  Alexandre ,  reconnu  roi  de  toute  l'Afie ,  mar- 
qua fa  reconnoiffance  aux  Grecs  qui  l'avoient  fi  bien 
fervi ,  abolit  tous  les  tyrans  qui  s'étoient  élevés  dans  les 
villes  grecques  auxquelles  il  rendit  la  liberté  ,  leurs 
droits  6k  leurs  privilèges,  l'an  du  inonde  3654.  Pour  lui 
jl  parcourut  la  Babylonie  ;  Ecbatane  ,  Suft ,  Perfcpolis 
ek  les  autres  villes  le  fournirent  à  lui.  Il  fit  un  détache- 


Hyrcar. 
de-là 


la  mer  Caspienne,  l'an  du  monde  36")'}  ,  de-là  il  entra 
dans  la  Parthïene  ,  paffa  dans  la  Sogdiane  jusqu'au  Ja- 
xarte  qu'il  prit  pour  le  Tanaïs.  Il  établit  presque  par- 
tout là  des  colonies  des  foldats  qui,  accablés  de  fatigues, 
ne  pouvoient  plus  le  fuivre.  De-là  vient  ce  grand  nom- 
bre A'Alexpndrics  en  Afie ,  dont  nous  avons  marqué  les 
principales.  Il  revint  enfuite  clans  l'Hyrcanie ,  Si  conçut 
enfin  le  deffein  de  conquérir  les  Indes ,  l'an  du  monde 
3656.  Il  s'avança  vers  l'Hydaspe  ,  où  il  bâtit  Bucephalk , 
en  mémoire  de  fon  cheval  Bucephale ,  qui  mourut  en  cet 
endroit.  Il  conquit  les  royaumes  de  Taxile  Si  de  Porus  : 
il  fe  borna  au  Gange  que  fas  troupes  refuferent  de  paf- 
fer.  Il  éleva  deux  autels  qui  furent  le  non  plus  ultra  de 
fon  expédition.  De-là  defeendant  le  long  de  î'Hypafis, 
il  trouva  en  fon  chemin  la  ville  des  Maïliens  ,  au  fiége 
de  laquelle  il  penfa  périr.  Etant  guéri  de  fa  bleffure,  il 
continua  fa  route  vers  l'Océan ,  descendant  l'Iiidus ,  Se 


foumettant  les  villes  ck  les  pays  par  où  il  paffoif.  Il  cfut 
fept  mois  entiers  à  cette  descente,  il  continua  fa  mar  he 
par  le  pays  des  Orites  ,  qu'il  traverfa  en  deux  mois  ,  far- 
riva  lur  les  confins  de  la  Gedrofie.  Il  y  rafraîchir  ,on 
armée,  traverfa  la  Carmanie,  en  une  femaine,  jusqu  au 
palais  de  Carrfiana ,  capital  de  la  province,  Si  retourna 
enfin  dans  la  Perlé,  fubjugua  les  Gîtfféens  ou  L  . 
peuple  de  la  Médie,  les  fit  égorger ,  fous  prétexte  d'ho- 
norer une  cérémonie  funèbre  qu'il  faifoit  en  l'honneur 
d'Epheftioti ,  fon  ami.  1!  entra  dans  Babyicne  ,  où  il 
mourut,  l'an  du  monde  3660.  * Plutarq.  in  Alexandre. 
Il  eft  à  remarquer  que  les  Lacédémoniens  forent  s 
feuls  Grecs  de  l'Europe,  oui  refuferent  de  ponti 
l'expédition  d'Alexandre  en  Afie,  Si  qu'il  leur  en  man- 
qua fon  reffentiment,  en  faifant  mett*  cette  infeription 
lur  les  dépouilles      s  Perfes  ,  1  .1 

Graniqae.  Alexa         ......  '■,  &  les  Gr:cs 


Se  vouloir  ...  b       -   Darius.    Cette 

isuffe  politique   les  fit  lans  le  mépris. 

Aie    111  t  le  premier  qui. fit  connaître  les  Indes 

aux  Européens.     Il  ordonna    à  l'on   armée   navale    de 

l'Océan,  depuis  le  golfe,  où  ce  fleuve  a  lès  bou  h .      jus- 
qu'au golfe   Perfique.    I!   établit  Néarque    général  „    Si 
Onéficrire  chef  des  pilotes.   Ce  fut  dans  la  c 
Carmanie  ,  que  ÎN'éa.-que  vint  rendre  compte  à  Alexan- 
dre de  fa  navigation. 

Néarque  Si  Onéficrite  avoient  fait  un  journal  de  leur 
route  :  ces  ouvrages  fubfiftoient  encore  du  tems  de 
Pline,  qui  s'en  eft  fervi  dans  fon  fixieme  livre  ;  m  1  \]; 
ont  été  perdus  depuis.  Nous  avons  bien  un  Périple,  qui 
porte  le  nom  deNéarque  ;  mais  c'eft  l'ouvrage  d'Arrien 
qui  a  écrit  allez  tard  l'hiftoire  d'Alexandre,  &  qui  amis 
dans  fon  huitième  livre  la  conquête  des  Indes  ,  d'une 
manière  allez  farisfaifante  pour  la  géographie.  Il  mérite 
d'être  lu  avec  attention,  non  pas  dans  la  traduction  da 
Dablancour,  où  ilefteftropié.  Ce  huitième  livre  d'Arrién 
n'eft,  fans  doute,  qu'une  compilation  de  ce  qu'avoient 
écrit  les  ofiîciers  d'Alexandre. 

C'eft  à  la  bataille  d'Arbeles  que  commence  la  grande 
monarchie  des  Grecs.  Elle  s'aggrandif  jusqu'à  la  mort 
d'Alexandre.  Ce  héros  mourut'  fouverain  d  un  état  qui 
comprenoit 

La  Thra.ce  ,  La  Grèce  Asiatique, 

La  Macédoine,  Toute  I'Asie  mineure, 

L'Illyrie,  La  Phœnicie, 

L'Epire,  La  Syrie, 

La  véritable  Grèce  ,  L'Egypte  , 

Le  Péloponnèse,  L'Arabie, 

Les  isles  de  1' Archipel,  Tout  l'empire  de  Perse 
ck  les  Indes. 

Tels  furent  les  commencemens  de  la  grande  monar- 
chie des  Grecs,  que  bien  de.«  hiftoriens  regardent  comme 
le  troilîemc  empire   prédit  par  Daniel. 

C'eft  dans  ce  troifieme  âge  de  la  Grèce,  qu'il  faut 
chercher  les  grands  hommes  qu'elle  produifit,  foit  pour 
la  guerre,  foit  pour  les  feiences  Si  pour  les  arts.  On 
trouve  dans  CorncliusNepos  ,  Si  dans  Plutarque  d'excel- 
lentes vies  des  capitaines  Grecs  de  ce  tems.  Entre  les 
poètes  Efchyle ,  Sophocle  ,  Euripide  ,  Sic.  pour  le  tragi- 
que ;  Eupolis ,  Cratinus,  Ariftophane  ,  Sic.  pour  le  co- 
mique ,  acquirent  une  réputation  que  la  pofterité  leur  a 
confervée.  Pindare  ,  malgré  la  ftupidité  reprochée  à  fes 
compatriotes  ,  porta  l'ode  à  un  degré  d'élévation  qui  a 
été  plus  admiré  qu'imité.  Parmi  les  Orateurs  on  diftin- 
gue  Demofthéne  ,  Efchine,  Kbcrate,  Gorgias  ,  Prodi- 
cus  ,  Lylias,  Sic.  Entre  les  hiftoriens.  Hérodote  ,  Cte- 
fias,  Xenophon,  Thucydide ,  Sic.  Entre  les  philoso- 
phes ,  Anaxagnre ,  Meliffe ,  Empedocle,  Parmenide  ,  Ze- 
non Éleate  ,  Efope  ,  Socrate  ,  Platon  ,  Diogéne  ,  Arif- 
tippe,  Aiiftote  ,  Xenophon  le  même  que  le  général  Si 
l'hiftorien.  C'eft  proprement  la  Heur  6k  la  jeuneffe  delà 
Grèce.  Methon  grand  mathématicien  Si  grand  aftro- 
noine  à  Athènes,  trouva Wnncadtcaclerid;  ou  la  fameufe 
période  de  dix-neuf  ans.  Il  découvrit  que  les  différentes 
mutations  du  foleil  6k  de  la  lune  s'accompliflent  dans 


GRE 


192 

un  période  de  dix-neuf  ans ,  après  lesquels  les  aftres  re- 
parlent de  nouveau  par  les  mâmes  dispofitions  où  ils  s'é- 
toient  rencontrés  auparavant.  Cette  découverte  plut  tant 
aux  Athéniens,  qu'ils  la  rirent  écrire  en  gros  caractères 
d'or'au  milieu  de  la  place  publique;  ce  qui  lui  acquit 
dès  ce  tems-Ià  le  nom  de  nombre  d'or  qu'elle  garde  en- 
core. Tel  hit  le  troiiieme  âge  de  la  Grèce  ,  qui  porta  la 
gloire  de  cette  nation  jusqu'aux  extrémités  du  monde 
connu. 

QUATRIEME  AGE    DE  LA  GRÈCE.    . 

§.  1.   SuueJJeurs  d'Alexandre. 

Alexandre  en  mourant  remit  fon  anneau  à  Perdiccas , 
qui  à  cet  avantage  fut  joindre  celui  d'être  appuyé  du 
crédit  de  Roxane  ,  veuve  du  monarque ,  &  fe  faifir  des 
rênes  du  gouvernement.  Pour  affermir  fa  puiflance ,  il 
fit  proclamer  roi ,  fous  le  nom  de  Philippe  ,  Aridée  , 
frère  d'Alexandre  :  c'étoit  un  imbécille  qu'Olympias  , 
mère  du  feu  roi ,  avoit  abruti  par  un  breuvage ,  de  peur 
qu'il  ne  nuisît  à  fon  fils.  Perdiccas  commandoit  donc  en 
fouverain  ,  fous  le  nom  de  Philippe  ;  mais  les  gouver- 
neurs fe  laiTerent  bientôt  de  lui  obéir.  Chacun  d'eux 
voulut  être  maître  clans  fa  province  ,  &  l'on  vit  bientôt 
la  vafte  monarchie  d'Alexandre  fe  démembrer.  Voici  la 
la  lifte  des  gouverneurs  et  des  gouvememens. 

g.  2.  Divîfwn  de  l'empire  d'Alexandre. 

La  MïDIE,  fous  Phyton. 

La  Paphlagonie,  la  Cappadoce,  avec  les  pro- 
vinces voifines ,  fous  Eumenes.    ^     _ 

La  petite  Phrygie,  fous  Léonat. 

La  grande  Phrygie,  laLrciE,  &la  Pamphy- 
LIE ,  fous  Andgonus. 

La  Lydie  ,  fous  Mélèagre. 

La  CARIE  ,  fous  Caffander. 

La  ClLIClE,  fous  Philotas. 

La  Syrie  ,  fous  Laomedon  de  Mitylene.' 

L'Egypte  ,  fous  Ptolomée ,  fils  de  Lagus._ 

L'Epire  ,  fous  Olympias ,  mère  du  feu  roii 

La  THRACE  ,  fous  Lyfimachus. 

La  Macédoine,  fous  Antipater. 

Lacédémone  confervoit  toujours  fes  rois  de  Pan- 
cienne  race ,  dont  la  fucceiîïon  n'étoit  point  encore  inter- 
rompue. Nous  en  marquerons' la  fin,  quand  nous  ferons 
venus  à  ce  tems-là.  Il  n'eft  point  fait  ici  mention  de  la 
Pkœnicu  ,  parce  qu'Alexandre  avoitdonné  le  royaume 
de  Sidon  à  Abdolomie  ,  qui  étoit  du  fang  royal.  A  l'égard 
des  .provinces  de  la  Perse  &  des  Indes,  excepté  la 
Medie ,  on  en  laiffa  le  gouvernement  aux  fatrapes  &C 
aux  autres  gouverneurs  qu'Alexandre  y  avoit  mis.  Anti- 
pater  n'eut  pas  feul  d'abord  la  Macédoine  ;  on  la  lui 
fit  partager  avec  Craterus  qui  y  ramenoit  dix  mille  vieux 
foldats,  congédiés  par  Alexandre.  *  Quint.  Cure.  \.  4. 

La  nouvelle  de  la  mort  d'Alexandre  étant  arrivée  en 
Grèce ,  y  caufa  une  terrible  révolution.  Les  Athéniens 
furent  les  premiers  à  lever  le  mafque,  &  folliciterent 
les  autres  Grecs  à  rompre  leurs  fers.  Leofthenes ,  leur 
général ,  préfenta  la  bataille  à  Antipater,  le  défit  &£  le 
força  de  fe  réfugier  à  Lamia  ,  ville  de  Theffalie  où  il 
l'affiégea  :  de-là  vient  le  furnom  de  Lamiacum  bellum 
que  l'on  donna  à  cette  guerre.  Cela  arriva  l'année  d'après 
la  mort  d'Alexandre ,  l'an  du  monde  3661  ;  mais  l'arrivée 
de  Craterus  mit  Antipater  en  état  de  battre  les  Athéniens 
à  fon  tour  l'année  fuivante.  Craterus  &c  lui  les  défirent 
&  les  obligèrent  de  recevoir  garnilbn  Macédonienne  dans 
la  citadelle  nommée  Munycia. 


GRE 


Guc 


re  les  fuccejfeurs  d'Alexandn 


En  Orient ,  Perdiccas  voulant  que  tout  dépendît  de 
lui ,  étoit  toujours  à  la  tête  de  l'armée  ,  qui  gardoit  la 
perfonne  du  roi  Aridée  (a).  Il  forma  le  deffein  d'op- 
primer fes  compagnons  :  il  fongea  à  (e  faire  un  titre  pour 
fuccéder  ,  en  époulant  Cléopatre  ,  fœur  d'Alexandre, 
comptant  que  tous  les  Macédoniens  prendroient  fon 
parti.  Il  alloit  commencer  par  attaquer  Ptolomée ,  &  il 
conduifoit  en  Egypte  une  armée  formidable  ;  mais  fon 


orgueil  infupportable  l'avoit  rendu  odieux  à  fes  troupes  î 
on  confpira  contre  lui  ;  &  il  fut  maffacré  au  pafTage  du 
Nil,  Fan  du  monde  3662.  Eumene  (b)  qui  étoit  dans 
les  intérêts  de  Perdiccas ,  avoit  quelque  teins  auparavant 
défait  Craterus  &  Néoptolème.  Ce  Craterus  eft  le  même  ' 
qui  étoit  allé  en  Macédoine  ,  &  avoit  aidé  Antipater 
à  ranger  les  Grecs  à  la  raifon  :  Antipater  &  lui  avoient 
repaffé  en  Afie,  pour  s'oppofer  à  l'ambition  de  Perdiccas. 
Néoptolème  étoit  un  ambitieux  inquiet,  qui  ayant  été 
défait  par  Eumene  ,  s'affocia  avec  Craterus  &  fut  battu 
avec  lui  pour  la  féconde  fois.  Ils  y  perdirent  tous  deux  la 
vie.  Léonat  étoit  déjà  mort.  Eumene  ci  Aleétas  ,  frère 
de  Perdiccas  ,  furent  déclarés  ennemis  de  la  couronne 
de  Macédoine  :  Antipater  ck  Ptolomée  réglèrent  le  refte 
comme  il  leur  plut  ;  car  ils  s'étoient  rendus  maîtres  de 
toutes  les  affaires ,  &  nepartageoient  leur  autorité  qu'avec 
Antigonus-  qui ,  comme  nous  avons  dit  ,  commandoit 
dans  la  Lycie,  la  Pamphyiie  &  la  grande  Phrygie,  Anti- 
gonus marcha  contre  Eumenes  &  Aleftas,  les  joignit 
dans  la  Piiîdie  ,  ck  les  défit.  Antipater  qui  n'étoit  revenu 
en  Afie  que  pour  s'emparer  3e  la  perfonne  d'Aridée, 
&  s'en  fervir  aux  mêmestfages  que  Perdiccas  avoit  fait , 
vint  à  mourir  ;  il  avoit  avec  lui  fon  fils  Caffander  ;  cepen- 
dant il  donna  à  Polysperchon  la  tutelle  du  roi  Aridée 
&  d'Eurydice  fa  femme,  &  ne  laiffa  à  Calïànder,  fort 
fils,  que  le  commandement  d'un  corps  de  mi  lie  hommes. 
Celui-ci  mécontent  d'un  partage  fi  peu  conforme  à  fes 
efpérances ,  rechercha  la  protection  de  Ptolomée.  Cepen- 
dant Polysperchon  avoit  repris  le  chemin  de  la  Macé- 
doine avec  Aridée  &  Eurydice.  Caffander  l'y  fuivit  ;  &C 
Polysperchon ,  pour  fe  fortifier  contre  lui ,  rapptlla  en 
I.-acédoine  la  mère  d'Alexandre  Olympias,  que  la  haine 
ci' Antipater  avoit  obligée  de  fe  retirer  en  Epire.  Elle 
fignala  fon  retour  en  Macédoine,  par  la  mort  d'Aridée 
ck  d'Eurydice  ,  (c)  ck  d'un  grand  nombre  ds  feigneurs 
à  qui  on  fit.  un  crime' d'être  amis  de  C'iffmder.  Ce 
maffacré  fe  fit  fix  ans  ck  quatre  mois  après  Ja  mort 
d'Alexandre.  Caffander  fit  la  guerre  ouvertement  à  Polys- 
perchon ;  ck  la  Grèce  fut  le  théâtre  de  leur  haine  ,  tandis 
qu'Eumenes ,  qui  étoit  dans  le  parti  de  ce  dernier  & 
d'Olympias  ,  faifoit  la  guerre  à  Antigonus  en  Afie. 
Caffander  fe  rendit  maître  d'Athènes ,  y  abolit  la  Démo- 
cratie ,  ck  en  donna  le  gouvernement  à  Démet;, a-  de 
Phalere,  difciple  de  Théophrafte,  homme  éloquent,  & 
le  plus  grand  philofophe  de  fontems  (d).  Les  Athéniens 
avoient  fait  la  folie  de  fe  priver  de  Phocion ,  le  plus  homme 
de  bien  ck  le  meilleur  général  qu'ils  euffent  alors.  Ils 
l'avoient  proscrit ,  6c  il  étoit  tombé  entre  les  mains  de 
Polysperchon  qui  le  leur  avoit  livré  ck  ils  le  firent  mourir 
par  un  verre  de  jus  de  ciguë.  Malgré  les  melir.es  qu'avoit 
prifes  Polysperchon  ,  Caffander  s'empara  de  la  Macé- 
doine ;  &  pour  s'en  affurer  la  poffelîion  ,  il  fit  mourir 
Olympias  ,  l'an  du  monde  3668  &  époufa  Theffalonice, 
fœur  d'Alexandre  le  Grand.  L'année  fuivante  il  rebâtit 
Thèbes  ruinée  vingt  ans  auparavant  ,  &  fonda  Caffan- 
drie  en  Macédoine. 

(e)  Eumenes  ayant  donrfë  pendant  long-tems  beau- 
coup de  peine  à  Antigonus ,  dans  l'Afïe ,  fut  enfin  livré 
par  la  trahifon  des  Argyraspides  ,  ck  fon  ennemi  s'en 
défit  dix  ans  après  la  mort  d'Alexandre  :  Phyton  eut  le 
même  fort.  Antigonus  devenu  le  plus  puiffant  par  la  mort 
de  ces  concurrens  ,  déclara  la  guerre  à  Caffander  ck  à 
Ptolomée.  Il  employa  pour  cette  expédition  Démétrius  fon 
fils,  qui  fut  furnommé  Poliorcète  c'eft-à-dire ,  le  preneur 
de  villes.  Ils  protefterent  qu'ils  ne  prenoient  les  armes" 
que  pour  rendre  la  liberté  aux  villes  de  Grèce,  opprimées 
par  Caffander.  Démétrius  en  rétablit  plulieurs  dans  leur 
premier  état,  &  fur-tout  celle  d'Athènes,  d'où  il  fit 
fortir  la  garnifon  ,  que  la  guerre  de  Lamia  l'avoit  forcée 
à  recevoir  quinze  ans  auparavant,  ck  rafa  la  citadelle  de 
Munychia,  qui  défendoit  la  ville,  la  même  année  507, 
avant  l'ère  vulgaire  ,  l'an  du  monde  3677.  Ces  deux 
princes  ck  tous  les  autres  fucceffeurs  d'Aiexar.dre  prirent 
le  titre  de  rois  rk  les  ornemens  de  cette  chg  ité.  Six  ans 
après ,  la  puiffance  d'Antigonus  •&  de  Démétrius  qui  fe 
rendoit  trop  formidable,  donna  de  la  jaloulieà  ces  autres 
nouveaux  fou  verains.  Séleucus,  après  la  mort  d'Alexandre, 
avoit  eu  le  commandement  de  la  cavalerie .  ck  s'étoit 
affuré  laBABYLONlE  S:  enluite  la  Syrie.  Lyfimachus, 
roi  deThrace  ,  Caffander  ,  roi  de  Macédoine  ,  &  lui ,  fe 
liguèrent  enfembie  contre  Antigonus  ck  fon  fils  ,\  l'an  du 

monde 


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monde  3681  ,  &£  mirent  fur  pied  une  puhTante  armée 
ce  74000  hommes  de  pied ,  de  10500  chevaux  6k  de  cent 
vingt  chariots  armés.  Antigonus  6k  Demetrius  avoient 
70000  hommes  d'infanterie  ,  10000  de  cavalerie  &  .75 
éléphans.  La  bataille  fe  donna  près  d'Ipsus  en  Phrygie. 
Les  alliés  vainquirent  ;  Antigonus  fut  tué  ;  Demetrius 
(f)  s'enfuit  à  Athènes,  qui  lui  ferma  fes  portes.  Il  leva 
une  armée ,  affiégea  cette  ville  ingrate  ,  la  prit  après  un 
an  de  fiége.  On  s'attendoit  qu'il  traiteroit  les  Athéniens 
avec  la  dernière  rigueur.  Il  ufa  au  contraire  d'une 
extrême  modération  :  il  fe  contenta  de  châtier  Lachares 
qui  s'étoit  rendu  le  tyran  de  la  ville ,  fit  quelques  légers 
reproches  aux  Athéniens ,  6k  leur  rendit  tout  hors  la 
liberté.  Après  avoir  mis  une  gamifon  pour  s'afTurer  de 
cette  conquête ,  il  marcha  contre  les  Lacédémoniens  , 
les  défit,  6k  leur  roi  Archidamus  :  il  fe  difpofoit  à  faire 
le  fiége  de  leur  capitale ,  quand  de  nouvelles  efpérances 
Tappellerent  dans  la  Macédoine,  l'an  du  monde  3686. 
*  (a)  Dior.  Sic.  1.  17.  (b)  Corna.  Nevos  6k  Plutarch.  in 
Eumene.  (c)  Diodor.  Sic  l.  19.  (d)  Plutarch.  6k  Cornel. 
Ncpos  in  Phocione.  (e)  Plutarch.  6k  Corn.  Ncpos  in  Eu- 
mene Diodor.  Sicul.  1.  19.  (f)  Plutarch.  in  Demetrio. 

Caflander  y  étoit  mort  6k  avoit  laiffé  trois  fils  de 
ThefTalonice.  Philippe,  qui  étoit  l'aîné,  ne  régna  qu'un  an. 
Antipater  6k  Alexandre ,  {es  cadets ,  fe  cli'fputerent  la  cou- 
ronne après  fa  mort.  Antipater  ,  qui  étoit  gendre  de 
Lyfimachus ,  crut  que  fa  mère  étoit  plus  dans  les  intérêts 
de  ion  frère  que  dans  les  fiens ,  6k  la  tua.  Alexandre  eut 
recours  à  Pyrrhus ,  roi  d'Epire  ,  qui ,  pour  fa  récompenfe 
eut  une  partie  de  la  Macédoine  ;  il  avoit  auffi  appelle 
Demetrius,  qui ,  renonçant  au  fiége  de  Sparte  ,  fe  rendit 
auffi-tôt  auprèsde  lui ,  chafla  Pyrrhus , fe  défit  d'Alexandre, 
dépouilla  Antipater  ,  6k  envahit  la  Macédoine  quatre  ans 
après  la  mort  de  Caflander.  *  Jufl'm.  1.  16. 

Ce  fuccès  lui  enflant  le  courage ,  il  voulut  reconquérir 
les  provinces  qu'il  avoit  perdues  en  Àfie.  Il  leva  une  armée 
de  deux  cens  mille  hommes  d'iufanterie  6k  de  dix  mille 
chevaux  ,  6k  équipa  une  flotte  de  cinq  cens  voil*s. 
Lyfimachus  ,  Pyrrhus  ,  Seleucus  6k  Ptolomée  unirent 
leurs  forces  contre  lui.  Il  fut  chafTé  de  la  Macédoine  ;  6k 
toutes  les  villes  qui  lui  reftoient ,  l'ayant  abandonné  ,  il 
fut  fi  épouvanté  de  l'extrémité  où  il  fe  voyoit  réduit , 
qu'il  fe  rendit  à  Seleucus ,  l'an  du  monde  369 1 .  Ce  prince 
devint  amoureux  de  Stratonice,  fille  de  fon  prifonnier  ; 
ck  ayant  découvert  que  fon  fils  Àntiochus  en  étoit  amou- 
reux ,  6k  que  cette  paflion  mettoit  fa  vie  en  danger ,  il  la 
lui  céda  avec  une  partie  de  fes  états.  Demetrius  parla 
le  refte  de  fes  jours  à  la  cour  de  fon  gendre  dans  une 
voluptueufe  obfcurité.  *  Plutarch.  in  Pyrrho  6k  Demetr. 

Les  trois  vainqueurs  ne  furvécurent  pas  long-tems. 
Ptolomée,  fils  deLagus,  abdiqua,  l'an  du  monde  3700, 
ck  remit  fa  couronne  à  fon  fils  Ptolomée  ,  furnommé 
Philadelphe  ,  au  préjudice  de  Ptolomée  Ceraunus ,  qui 
étoit  l'ainé.  Deux  ans  après ,  Lyfimachus  pafla  en  Afie 
pour  y  faire  la  guerre  à  Seleucus  ;  mais  il  y  fut  tué  dans 
une  bataille,  à  l'âge  de  feptante-quatre  ans  6k  fept  mois. 
Après  Seleucus  fut  tué  à  Lyfimachie ,  en  Thrace ,  par 
Ptolomée  Ceraunus,  c'eiï-k-àue  le  Foudre ,  frère  de  Pto- 
lomée-Philadelphe.Il  y  a  deux  choies  à  remarquer  fur  le 
roi  Lyfimachus.  1.  Il  avoit  eu  un  fils  nommé  AgathocU 
qui  avoit  époufé  Lyfandra  ,  fille  de  Ptolomée ,  fils  de 
Lagus.  Arfinoé ,  belle-mere  de  ce  prince ,  étant  devenue 
amoureulé  de  lui ,  n'ayant  pu  en  obtenir  l'incefte  qu'elle 
defiroit ,  elle  l'accufa  de  l'avoir  voulu  corrompre.  Lyfi- 
machus l'écoutant  trop  légèrement ,  fit  mourir  Agathocle. 
Lyfandra  s'enfuit  avec  fes  enfans  6k  alla  trouver  Seleucus. 
Philetere  tréforier  de  Lyfimachus ,  fe  retira  à  Pergame  , 
où  il  fe  fit  un  petit  royaume  qu'il  pofTéda  vingt  ans. 
a.  Après  la  chute  de  Demetrius  ,  Lyfimachus  s'étoit 
emparé  de  la  Macédoine  qu'il  avoit  jointe  à  fon  royaume 
de  Thrace  :  Seleucus  la  lui  avoit  enfuite  enlevée  ;  mais 
après  la  mort  de  Seleucus ,  la  Macédoine  revint  aux  enfans 
de  Demetrius  ;  6k  fa  poftérité  y  régna  jufqu'à  Perles ,  fils 
de  Philippe ,  dont  nous  aurons  occafion  de  parler.  *  Jujiin. 
1.  17.  Paufan.  Phoc. 

§.  4.  Réduction  de  tous  ces  royaumes  en  IV. 

Ces  gouverneurs  ne  fe  contentèrent  pas  d'avoir  la 
puifiance  des  fouverains  :  ils  en  prirent  le  titre  6k  les 
marques;  leur  ambition  ne  fut  pas  encore  fatisfaite  :  ils 


Ï93 


voulurent  fe  dépouiller  les  uns  les  autres,  s'armèrent, 
fe  battirent  &  fe  détruifirent  mutuellement.  Enfin ,  de 
douze  ou  treize  qu'ils  étoient  d'abord,  ils  furent  réduits 
à  quatre ,  dont  le  premier  fut  celui  d'EGYPTE  ,  fondé 
par  Ptolomée ,  fils  de  Lagus ,  détruit  par  les  Romains  , 
fous  le  régne  deCléopatre  ;  le  fécond  celui  de  Babylone 
6k  de  Syrie  ,  fondé  par  Seleucus  ;  le  troifieme  celui  de 
Macédoine  6k  de  Grèce,  fondé  par  Cajfander ;  6k 
le  quatrième  celui  d'AsiE  ,  fondé  pat  Antigonus. 
Après  la  défaite  de  ce  dernier  ,  ces  quatre  royaumes 
furent  réduits  à  trois  ;  favoir,  I'Egypte  ,  la  Syrie  6k  la 
Macédoine  ,  à  moins  qu'on  ne  veuille  conferver  le 
nombre  de  quatre,  en  comptant  le  royaume  de  Pergame  , 
dont  nous  avons  parlé. 

Après  cette  époque ,  les  royaumes  d'Egypte  Se  de  Syrie 
ne  regardèrent  plus  la  Grèce  :  ce  font  des"états  particuliers 
6k  indépendans.  La  Grèce  Afiatique  eft  envahie  par  le 
roi  de  Syrie  ou  par  des  fouverains  difTérens ,  qui  tombent 
enfin,  l'un  après  l'autre,  fous  la  puifiance  des  Romains. 
Nous  remarquerons  feulement  ici ,  que  le  petit  royaume 
de  Pergame  devint  conlidérable  en  peu  de  tems.  L'eu- 
nuque Philetere  ,  tréforier  de  Lyfimachus,  6k  fondateur 
de  ce^  royaume ,  avoit  deux  frères ,  Eumenes  6k  Attale  , 
qui  régnèrent  fucceffivement  après  lui.  Attale  fut  le  pre- 
mier qui  prit  la  qualité  de  roi ,  félon  Strabon ,  /.  13  ;  &  le 
dernier  qui  porta  ce  titre  ,  fut  un  autre  Attale ,  fon  petit- 
fils  ,  qui  inflitua  le  peuple  Romain  fon  héritier ,  cent 
cinquante  -  deux  ans  depuis  le  commencement  de  ce  ' 
royaume. 

§.  5.  La  Grèce  après  la.  mort  d'Alexandre. 

La  Grèce  détachée  de  ce  qu'Alexandre  y  avoit  joint  ; 
fe  trouve  réduite  au  royaume  de  Lacédémone,  qui  futn 
fiftoit  toujours;  au  royaume  de  Macédoine,  qui  a  fous 
lui  la  TheJ/alie ,  YAttique  ,  6kc.  Mais  bientôt  après  il 
s'y  élevé  une  nouvelle  république  fous  le  nom  àesAchécns. 
Nous  pouvons  ajouter  le  royaume  d'Epire.  Eclairafions* 
cela  par  quelques  détails.  Parcourons  en  abrégé  la  delfinée 
de  ces  trois  royaumes  6k  celle  de  la  nouvelle  Ach'aïe 
6k  nous  arriverons  ainfi  au  cinquième  âge  de  la  Grèce.   ' 

§.  6.  Suite  du  royaume  d'Epire. 

Pyrrhus ,  dont  on  peut  voir  l'origine  6k  la  vie  plus  en 
détail  dans  les  Hommes  illuftres  de  Piutarque  ,  in  Pirrho, 
étoit  fils  d'Eacide ,  &  avoit  pour  aïeul  Arybas  ,  roi  des 
Molofifes.  Dépouillé  de  fes  états  dès  l'enfance  ,  il  apprit 
le  métier  déjà  guerre  fous  Demetrius  Poliorcète ,  qui 
avoit  époufé  fa  fœur  Deidamie.  Il  étoit  encore  fort  jeune  , 
lorfqu'il  fe  trouva  à  la  bataille  d'Ipsus  ,  que  fon  bean- 
frere  Demetrius,  &  Antigonus  perdirent.  La  protection 
de  Ptolomée,  fils  de  Lagus  &  celle  de  Bérénice,  qui  étoit 
fa  proche  parente ,  lui  aidèrent  à  rentrer  dans  fon  royaume  , 
vers  l'an  du  monde  36S9.  La  même  année  il  fut  appelle 
dans  la  Macédoine  par  Alexandre ,  fils  de  Caflander.  Il 
eut  une  partie  de  ce  royaume  ;  mais  il  en  fut  chaffé  par 
Demetrius  Poliorcète,  fon  beau-frere  ,  qui  vouloit  ce 
royaume  entier  ;  ck  pendant  quelques  années ,  il  fit  la 
guerre ,  tantôt  avec  fes  feules  forces  ,  &  tantôt  avec  le  fe- 
cours  de  Lyfimachus,  de  Ptolomée  &  de  Seleucus  qui  le 
mirent  en  état  de  conquérir  toute  la  Macédoine;  mais  il 
n'y  régna  guères ,  &  les  la  Macédoniens  fe  donnèrent  à 
Lyfimachus.  Pyrrhus  fe  rendit  enfuite  en  Italie ,  au  fecours 
des  Tarentins  contre  les  Romains  ausquels  il  donna 
deux  batailles;  de-ià  il  parla  dans  la  Sicile  &  fut  contraint 
de  fortir  6k  de  fe  retirer  dans  fes  états  qu'il  reconquit 
fur  Antigonus ,  fils  de  Demetrius ,  qui  les  avoit  envahis. 
Enfin  Cléonyme ,  fils  d'Areus  ,  l'ayant  prefle  de  paffer 
dans  le  Péloponnefe ,  pour  s'y  oppofer  aux  entreprifes 
d'Antigonus ,  il  s'y  rendit  6k  fut  tué  dans  Argos  ,  après 
un  régne  d'environ  vingt-trois  ans. 


§.  7.  Suite  &  fin  du 


de  Macédoine. 


C'efl:  vers  ce  tems  qu'il  faut  mettre  les  courfes  des 
Gaulois  dans  la  Thrace  6k  dans  la  Grèce.  Paufamas  en 
décrit  trois  (a).  Dans  la  première  ,  ils  entrèrent  dans  la 
Thrace,  conduits  par  Cambaules, y  firent  du  butin  ,  &  le 
retirèrent.  Dans  la  féconde  ,  ils  fe  partagèrent  en  trois 
corps.  Les  uns  ,  commandés  par  Cerethrius  ,  coururent 
Tome  III.     Bb 


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la  Thrace.  Brennus  &:  Acichonus  menèrent  les  autres 
-dans  la  Pannonie  ;  les  autres  ^enfin  ,  avec  Belgius ,  fe 
jetterent.fur  la  Macédoine  &  l'Illyrie.  Les  Macédoniens 
oierent  faire  tète  à  ces  derniers  ;  mais  ils  furent  battus ,  & 
Ptolomée  Ceraunus  périt  dans  cette  occafion  ,  l'an  du 
monde  3705.  Ce  prince  étoit  fils  de  Ptolomée,  fils  de 
Lagus ,  qui  ne  lui  avoir  donné  aucune  part  au  royaume 
d'Egypte  ,  &  lui  avoit  préféré  Ptolomée-Philadelphe, 
fan  cadet ,  à  qui  il  avoit  remis  la  couronne  de  fon  vivant. 
Sa  mère  étoit  Er.ridice  ,  fille  d'Antipater.  Il  palTa  dans  la 
Grèce,  s'attacha  à  Lyfimachus  ,  &r  ce  fut  lui  qui,  pour 
venger  fa  mort,  tua  Seleucus  à  Lyfimachie.  Cette  ven- 
geance lui  acquit  l'amour  des  peuples.  Il  fut  roi  de 
Macédoine  à  la  place  de  Seleucus.  Il  défendoit  ce 
royaume  contre  les  Gaulois  ,  lorfqu'il  fut  tué ,  après  un 
an  &  cinq  mois  de  règne.  Il  s'étoit  accommodé  avec 
Antiochus  Soter ,  fils  de  Seleucus,  avec  Eumenes,avec 
Antigonus,  fils  de  Demetiïus,  &  avec  Pyrrhus  à  qui  il  avoit 
donné  fa  fille  en  mariage  :  pour  lui  il  avo:t  épouie  Arfinoé  fa 
feeur  y  veuve  de  Lyfimachus  (b).  fclle  avoit  deux  fils  de 
fon  premier  mari  ;  lavoir,  Lyfimachus  âgé  de  ieize  ans, 
&  Philippe  âgé  de  treize.  Apres  les  noces  il  fit  mourir 
les  deux  enfans ,  &  exila  leur  mère  dans  l'ille  de  Samo- 
thrace.  Il  mourut ,  comme  nous  avons  dit.,  en  combattant 
contre  les  Gaulois  :  Méléagre,  fon  frère  ckfon  fucceffeur, 
régna  à  peine  deux  mois  ;  Antïpater,  fils  de  Caffander, 
prit  enfuite  la  couronne  ,  ik  n'en  jouit  que  quarante- 
cinq  jours.  Softhene ,  fur  l'origine  duquel  Juftin  n'eft  pas 
bien  d'accord  avec  lui-même  ,  foutint  par  fa  valeur  le 
royaume  de  Macédoine.  On  lui  décerna  le  diadème  : 
il  le  refufa ,  &  fe  contenta  du  généralat.  Il  fut  tué  ou 
vaincu  par  les  Gaulois ,  peut-être  la  même  campagne. 
La  Macédoine  auroit  voulu  fe  donner  à  Pyrrhus  ;  mais 
fes  befoins  demandoient  qu'il  s'y  rendît  d'abord  pour  la 
défendre  ;  il  étoit  alors  occupé  à  conquérir  la  Sicile , 
à  quoi  il  ne  put  réuflir,  comme  nous  avons  dit  au  §.  6. 
Antigonus  Si  Antiochus  Soter  prétendoient  tous  deux  à 
la  Macédoine  ,  comme  à  un  bien  que  leurs  pères  avoient 
poffédé.  Antiochus  étoit  fils  de  Seleucus  ,  qui  l'avoit 
envahie  fur  Lyfimacus  ;  8c  Antigonus  étoit  fils  de  Deme- 
trius  Poliorcète  ,  à  qui  Lyfimachus  l'avoit  enlevée.  On 
le  furnommoit  Gonatas,  àcaufe  de  la  ville  de  Gone,  en 
Theffalie ,  où  il  avoit  été  élevé.  C'eft  par  ce  prince  que 
la  couronne  de  Macédoine  rentra  dans  la  famille  de  De- 
métrius Poliorcète ,  pour  n'en  plus  fortir  jusqu'à  la  con- 
quête des  Romains.  Voici  quelle  fut  la  poftérité  de  De- 
merrius.  *  (a)  In  Phocic.  Jujlin.  1.  24  ,  &  Dexippus, 
in  Colleft.  Scaliger.  Q>)  Jujlin.  I.  24. 

Il  eut  une  fille ,  nommée  Stratonice ,  mariée,  comme 
nous  avons  dit,  à  Seleucus  Nicanor  ,  à  la  cour  duquel 
il  mourut,  &  un  fils  ,  nommé  Antigonus  ,  furnommé  Go- 
natas,  qui  fuccéda  à  Antipater,  fils  de  Caffander.  An- 
tigonus Gonatas,  ou  Antigonus  I,  régna  quarante  ans,  Se 
laiffa  un  fils  Demétrius  II  ,  qui  régna  dix  ans  ,  &  un 
fils  -naturel ,  nommé  Alcyonée.  Philippe  II ,  fils  de  De- 
métrius II ,  n'avoit  que  dix  ans  ,  lorsque  fon  père  mourut. 
Sa  mère  Phthia  époufa  Antigonus  II ,  fils  d'Alcyonée. 
Ce  coufin  ,  beau-pere  &  tuteur  du  jeune  roi ,  étant  mort 
au  bout  de  fix  ans  ,  Philippe  II  fuccéda  &  régna  qua- 
rante-deux ans.  Un  an  avant  fa  mort ,  il  avoit  fait  périr 
Demétrius  ,  fon  fils  aîné.  Son  autre  fils  Perfée  lui  fuc- 
céda ,  &  après  un  régne  d'onze  ans  ,  fut  fait  prifonnier 
par  les  Romains  qui  fubjuguerent  la  Macédoine.  De- 
puis ce  tems  il  n'eft  plus  queftion  de  ce  royaume. 

§.  8.  Suite  &fin  du  royaume  éTEpire. 

Les  Romains  étoient  déjà  maîtres  du  royaume  d'Epire  ; 
mais  pour  mieux  connoître  quelle  fut  la  fin  de  ce  royaume, 
il  faut  reprendre  les  chofes  de  plus  haut.  Nous  avons 
marqué  que  Pyrrhus  fut  tué  à  Argos.  Il  faifoit  alors  la 
guerre  contre  Antigonus-Gonatas  (a).  Alexandre,  fils  &. 
fucceffeur  de  Pyrrhus  au  royaume  d'Epire  ,  voulant  ven- 
ger la  mort  de  fon  père,  attaqua  la  Macédoine,  croyant 
profiter  de  l'abfence  d'Antigonus  qui  étoit  occupé  ail- 
leurs. Il  s'en  empara  en  effet  ;  mais  Demétrius ,  fils  du 
roi  abfent ,  quoique  jeune ,  raffembla  les  troupes ,  reprit 
la  Macédoine,  &  chaffa  Alexandre  de  l'Epire.  Ce  prince 
s'enfuit  dans  l'Acarnanie ,  &  avec  le  fecours  de  fes  al- 
liés &  de  fes  fujets  qui  le  regrettoient  beaucoup  ,  il  trouva 
.  le  moyen  de  rentrer  dans  fes  états  où  il  mourut.    Les 


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Grecs  avoient  apporté  d'Ah'e  une  contagion  dans  les 
mœurs  :  plufieurs  fouverains  avoient  donné  à  Alexan- 
dre ,  roi  d'Epire  ,  un  exemple  qu'il  ne  fuivit  que  trop. 
Sa  fœur  Olympias  étoit  en  même  tems  la  femme.  Il 
avoit  de  ce  mariage  inceftueux  deux  fils  ,  Pyrrhus  &C 
Ptolomée ,  &  une  fille  nommée  Phthia.  Olympias  fe 
voyant  veuve  ,  s'adreffa  à  Demétrius  II  ,  qui  réçnoit 
alors  en  Macédoine ,  &£  lui  donna  fa  fille  Phthia  en  ma- 
riage ,  afin  de  l'attacher  à  ks  enfans  dont  elle  étoit.tu- 
trice.  Demétrius  (b)  avoit  déjà  une  autre  femme ,  nom- 
méeNicée,  fœur  d'Antiochus ,  roi  de  Syrie  ;  mais  il  la 
lui  renvoya,  &£  fe  brouilla  avec  ce  prince  par  ce  ma- 
riage ,  qui  en  récompenfe  lui  attira  Faffe&ion  des  Epi- 
rotes.  Les  Etoliens  ,  peuple  voifin ,  qui  confervoit  en- 
core fa  liberté,  ayant  eu  befoin  du  fecours  d'Alexandre, 
père  des  deux  pupilles,  lui  avoient  cédé  pour  récompenfe 
une  partie  de  l'Acarnanie  :  ils  prirent  le  tems  de  la  mi- 
norité de  fes  enfans  pour  s'en  reffaifir  ;  &c  ce  fut  pour 
être  plus  en  état  de  leur  réfifter,  qu'Olympias,  reine  ré- 
gente,s'étoit  affurée  de  l'alliance  deDemetrius.  Les  A.car- 
naniens  ne  comptant  pas  beaucoup  fur  les  Epirotes  ,  & 
ne  voulant  pas  retomber  fous  la  domination  des  Eto- 
liens ,  fe  jetterait  entre  'les  bras  des  Romains  ,  dont  la 
république  avoit  déjà  fait  de  grands  progrès.  De-là  vint 
la  guerre  d'Etolie  ,  qui  donna  entrée  aux  Romains  dans 
la  Grèce.  Ils  étoient  eux-mêmes  trop  occupés  de  la 
guerre  que  leur  faifoit  Annibal ,  pour  être  d'un  grand 
fecours  auxAcarnaniens  ;  auffi  les  Etoliens  (c)  firent-ils 
d'abord  peu  de  cas  des  ambaffadeurs  que  Rome  leur 
envoya.  Olympias  (d)  remit  l'état  à  fon  fils  Pyrrhus, 
dès  qu'il  fut  en  âge  ;  mais  il  vécut  peu ,  &:  fit  place  à 
fon  frère  Ptolomée,  qui  peu  après  mourut  auffi  de  ma- 
ladie ,  comme  il  marchoit  à  la  tête  d'une  armée  contre 
fes  ennemis  ;  &  Olympias ,  leur  mère ,  mourut  de  cha- 
grin de  les  avoir  perdus.  Il  y  avoit  trois  filles  ;  favoir, 
Neréïs, mariée  àGêlon,  fils  du  roi  de  Sicile;  Laodamie, 
qui  fut  tuée  par  le  peuple  ,  auprès  de  l'autel  de  Diane, 
qu'elle  avoit  choifi  pour  afyle.  Nous  avons  dit  que 
Phthia  avoit  époufé  fucceffivement  Demétrius  II  ,  &C 
Antigonus  II ,  rois  de  Macédoine  ;  ainfî  Philippe  II, 
fils  de  cette  princeffe  &  de  Demétrius ,  devoit  naturel- 
lement fuccéder.  Cependant  le  royaume  d'Epire  ne  fè 
releva  plus  ;  il  effuya  ,  dit  Juftin  ,  tous  les  malheurs  de 
la  famine  ,  caufée  par  la  fterilité  de  la  terre  ,  &  toutes 
les  horreurs  des  difeordes  inteftines  ;  la  nation  ne  fut 
pas  bien  loin  de  fe  voir  entièrement  exterminée  par  les 
armes  des  étrangers.  Les  Etoliens  y  firent  de  grands  ra- 
vages (e)  ,  l'an  du  monde  3766  ;  ils  renverferent  le  tem- 
ple de  Ûodone.  Les  R.omains  délivrés  de  la  féconde 
guerre  Punique  ,  y  vinrent  à  leur  tour ,  en  firent  une  Co~ 
litude  ;  St  au  rapport  de  Polybe ,  dans  un  livre  que  nous 
n'avons  plus  ,  mais  qui  eft  cité  par Strabon,  /.  7, p.  322, 
le  feul  Paul-Emile  en  détruifit  foixante-dix  villes.  *  (a)/tf- 
fiin.l.  26.  (t)  Ibid.  1.  28.  O  Ibid.  I.27.  (ï)Ibid.\.  28. 
(e)  Polyb.  1.  5,  c.  9;  &  1.  9,  c.  29. 

Il  nous  refte  à  parler  du  royaume  de  LacJdJmone,  & 
de  la  république  des  Achéens ,  pour  arriver  au  cinquième 
âge. 

§.  9.  Suite  &  fin  du  royaume  de  Lacédémone. 

Nous  avons  vu  que  les  Lacédémoniens  ne  voulurent 
point  contribuer  à  l'expédition  d'Alexandre  le  Grand 
contre  Darius ,  &  quelle  fut  en  cela  leur  politique.  Les 
fucceffeurs  de  ce  conquérant  tâchèrent  plus  d'une  fois  de 
s'approprier  la  Laconie  ,  (c'eft  ainfi  que  l'on  appelloit  le 
pays  de  Lacédémone,)  parce  que ,  fans  cette  conquête 
ils  ne  pouvoient  faire  celle  du  Péloponnefe.  Demetrius- 
Poliorcete ,  dont  nous  avons  déjà  tant  parlé  ,  s'étant 
rendu  maître  d'Athènes ,  voulut  auffi  fubjuguer  les  La- 
cédémoniens :  il  affiégeoit  déjà  leur  ville  ,  &  avoit  battu 
Archidamus ,  leur  roi ,  lorsqu'il  fut  obligé  de  voler  vers 
la  Macédoine  où  Pyrrhus  étoit  entré  :  cela  donna  quel- 
que relâche  aux  Lacédémoniens.  On  a  vu  que  Pyrrhus 
paffa  enfuite  en  Italie ,  &  de-là  en  Sicile  ,  d'où  les  ar- 
mes des  Romains  le  chafferent  également  :  il  revint  fort 
à  propos  en  Epire  ,  pour  délivrer  ce  royaume  de  l'ufur- 
parion  d'Antigonus ,  fils  de  Demétrius  ,  qui  avoit  profité 
de  fon  abfence  pour  s'en  emparer. 

(a)  Les  divifions  qui  régnoient  fouvent  à  Lacédémone, 
étoient  alors  très-aigries ,  &£  peu  s'en  fallut  que  Pyrrhus 
n'en  profitât  pour  l'affujettir,  Cléomene,  l'un  de  fes  rois, 


GRE 


mourut  après  un  régne  de  foixante  ans  ck  dix  mois ,  au 
rapport  de  Diodore  de  Sicile,  Ôk  dans  le  tems  que  De- 
metrius  de  Phalere  étoit  gouverneur  d'Athènes.  Cléo- 
mene laiffa  deux  fils ,  Acrotate  &  Cléonyme.  Le  pre- 
mier mourut  avant  fon  père ,  &  laiffa  un  fils ,  nommé 
Arée.  Après  la  mort  de  Cléomene ,  Arée  &  Cléonyme 
fe  disputèrent  la  couronne,  Ôk  l'affaire  fut  décidée  par 
le  (énat  en  faveur  d'Arée.  Mais  on  craignoit  que  fon 
concurrent  n'entreprît  quelque  chofe  contre  la  républi- 
que :  on  le  dédommagea  par  des  honneurs  éclatans,  ck 
en  lui  donna  les  emplois  les  plus  confidénibles.  On  lui 
conféra  le  commandement  des  troupes  qu'on  envoyoit 
en  Italie,  pour  lécourir  les  Tarentins,  qui  étoient  alors 
en  guerre  contre  les  Lucaniens  &  les  R.omains.  Il  défit 
ces  premiers  ,  &  prit  Tarente  ,  qui  ,  quoique  colo- 
nie de  Lacédémone  ,  avoit  renoncé  à  l'alliance  des 
Lacédémoniens.  L'année  fuivaure  ,  (452  de  Rome, 
félon  Diodore ,)  l'an  du  monde  3682,  le  confiai  C. 
Emilius  s'étant  rendu  maître  de  la  ville  de  Salente , 
les  Romains  battirent  Cléonyme  fur  mer,  &  la  flotte 
errante  fur  les  flots  n'y  fubfifta  que  de  pirateries  :  elle 
arriva  enfin  fur  la  côte  du  golfe  Adriatique  du  côté 
du  Padouan  ,  où  elle  fut  très- maltraitée.  Cléonyme 
que  Tite-Live  ,  /.  10,  appelle  par  erreur1,  roi  de 
Lacédémone  ,  eut  bien  de  la  peine  à  ramener  dans  fa 
patrie  la  cinquième  partie  de  les  troupes.  Il  y  refta  pen- 
dant plufieurs  années  ,  toujours  aigri  de  l'injuftice  qu'il 
prétendoit  que  le  fénat  lui  avoit  faite  en  faeur  d'Arée. 
Mais  il  fut  encore  plus  fenfible  à  un  nouvel  affront  qu'il 
reçut.  Il  avoit  époufé  Chelidone  ;  "k  fon  neveu  Acrota 
tus,  fils  d'Arée.,  qui  en  étoit  devenu  amoureux,  s'infirma 
iî  bien  auprès  d'elle ,  qu'il  en  obtint  lès  dernières  faveurs. 
Cléonyme  ,  à  qui  ce  commerce  ne  put  être  caché  ,  prit 
le  parti  de  ne  plus  dilfimuler  fon  reffentiment  (b)  ;  il  eut 
recours  à  Pyrrhus  qui  venoit  de  reprendre  l'Epire  en- 
vahie par  Anngonus  ,  &  rengagea  à  porter  fes  armes 
dans  la  Laconie  ,  l'an  481  de  Rome  ,  du  monde  571 1. 
L'année  fuivante  Pyrrhus  entra  dans  cefe  province;  peu 
s'en  fallut  qu  il  ne  s'emparât  de  Lacédémone  ,  qu'il 
trouva  dégarnie  de  troupes  ;  mais  les  habitans  prirent 
les  armes ,  &  le  chafferent.  Ce  prince  marcha  vers  Ar- 
gos  ,  où  Àntigonus  fon  ennemi  le  trouva  aiiflï  :  tandis 
qu'ils  combattotent  ,  une  femme  lui  jetta  une  tuile  fur  la 
tête .  &  le  tua.  Acrotatus ,  ayant  fuccédé  à  fon  père  Arée, 
qui  fut  tué  près  de  Corinthe  (c)  ,  fut  aufli  tué  lui-même 
à  une  bataille  près  de  la  ville  de  Mégalopolis  ,  par  le 
tyran  Ariftodeme,  &  laiffa  fa  femme  enceinte.  Elle  eut 
un  fils  dont  Léonidas  ,  fils  de  Cléonyme  ,  eut  la  tutelle. 
Cet  enfant  étant  mort  en  bas  âge ,  la  couronne  tomba 
à  ce  tuteur,  dont  les  mœurs  ne  convenoient  pis  trop 
à  celles  des  Lacédémoniens.  L'autre  branche  des  rois 
Euripontides  avoit  alors  fur  le  trône  Agis,  jeune  prince 
de  vingt  ans.  Perfuadé  que  la  décadence  de  Lacédémone, 
ne  venoit  que  de  ce  que  les  loix  de  Lycurgue  étoient 
négligées,  il  voulut  les  faire  revivre.  Un  long  efpace 
de  tems  les  a-voit  presque  infenfiblement  abolies.  Il  ofa 
commencer  par  le  partage  des  terres.  Les  plu;  puiffans 
de  la  ville,  &  Léonidas,  fon  collègue,  s'y  oppoferent  : 
il  ne  fe  rebuta  point  ;  &  foutenu  par  les  confeils  de  Ly- 
fandre ,  l'un  des  éphores,  il  perfifta  dans  fon  entrepriiè. 
Cet  éphore  même  cita  le  roi  Léonidas ,  devant  les  ju- 
ges, qui  le  privèrent  de  la  couronne  ,  ck  la  mirent  fur 
la  tête  de  Cléombrote ,  fon  gendre.  Léonidas  croyant 
fa  vie  en  danger ,  après  cette  révolution  ,  fe  fauva  dans 
le  temple  de  Minerve,  &  s'éloigna  enfuite  pourfe  met- 
tre à  couvert.  D'au  res  éphores  fuccéderent  à -ceux  qui 
avoient  condamné  Léonidas  ,  &  fient  citer  devant  leur 
tribunal  Lyfandre,  &  les  autres  partifans  d'Agis ,  pour 
y  rendre  compte  de  leur  conduite.  Les  deux  rois  fe  ren- 
dirent en  perfonne  à  l'affemblée  ,  accompagnés  d'une 
nombreufe  fuite  ,  cafferent  ces  éphores,  &  en  fubftitue- 
xent  d'autres  qui  étoient  dans  leur  parti  ,  &  entr'autres 
un  certain  Agéfîlas ,  homme  fort  riche  en  fonds  de  ter- 
res ,  mais  en  même  tems  perdu  de  dettes.  Ce  nouvel 
éphore  fongeant  à  fes  intérêts  particuliers ,  infirma  adroi- 
tement à  Agis,  qu'il  devoit  faire  publier  quelques  loix 
pour  le  foulagement  du  peuple  ,  avant  que  d'en  venir,  à 
celle  qui  ordonnerait  le  nouveau  partage  des  terres.  Agis 
le  crut  ;  mais  lorsqi'après  la  publication  de  ces  nouvel- 
les loix  ,  il  fut  queftion  du  partage  des  terres ,  fl  n'y  eut 
point  d'adrelle  dont  cet  Agéfilas  ne  fefervît,  pour  eu 


GRE  i9S 

éluder  l'exécution.  Agis  perdit  ainfi  la  confiance  du 
peuple  :  fes  ennemis,  qui  avoient  leur  cabale  faite,  rap- 
pelèrent Léonidas^  de  fon  exil  ,  &  le  rétablirent  fur  le 
trône.  Agis  &  Cléombrote  furent  à  leur  tour  réduits  à 
fe  réfugier  dans  les  temples.  On  fit  grâce  de  la  vie  à 
Cléombrote  ,  en  faveur  de  fa  femme  Chelidone,  fille  de 
Léonidas.  Il  en  fut  quitte  pour  un  bannifîement  ,  où  fa 
femme  le  fui  vit,  malgré  fon  père  ,  qui  tâcha  de  l'en  dé- 
tourner. Les  éphores  corrompirent  les  amis  d'Avis  :  il 
fortoit  quelquefois  du  temple  pour  aller  aux  bains  ,  ac- 
compagné de  quelques  pet  tonnes  de  confiance;  ceux-ci 
l'e  .traînèrent  dans  la  prifon,  où  la  faction  de  Léonidas 
après  une  espèce  d'interrogatoire  ,  le  fit  étrangler.  Son 
aïeule  &  fa  mère  averties^ qu'il  étoit  en  prifon,  y  ac- 
coururent ,  &  eurent  le  même  fort.  Archidamus  fon 
ffere ,  fe  fauva.  Agiatis  ,  femme  d'Agis ,  étoit  une  des  plus 
riches  &  des  plus  belles  perfonnes  du  pays.  Elle  avoir  un 
fiis  qui  fut  nommé  Eurydamas  ;  Léonidas  la  fit  épou- 
fer  à  Cléomene ,  fon  fils ,  qui  étoit  encore  fort  jeune. 
Elle  plut  infiniment  à  ce  nouveau  mari  qui  fe  raifoit 
un  plaifir  de  lui  entendre  parler  d'Agis  ck  de  fes  des- 
feins. Léonidas  étant  mort  quelque  tems  après ,  Cléo- 
mene monta  fur  le  trône,  vers  Fan  de  Rome  579,  du 
monde  3749;  c'étoit  un  tempérament  bouillant  &  plein 
de  feu,  fier,  brave  ,  ck  né  pour  la  guerre.  LesAchéens 
étoient  alors  très-puiffans.  Lacédémone  avoit,  depuis 
quelque  tems,  été  dans  leur  alliance  ;  Cléomene  s'en 
détacha  pour  prendre  le  parti  des  Etoliens.  Les  Achéens 
bien  appuyés  par  le  roi  de  Macédoine ,  Antigonus  II 
beau  père  &  tuteur  de  Philippe,  fils  de  Deme°trius  & 
par  d'autres  puiffances,  firent  la  guerre  à  Cléomene.'  La 
quinzième  année  de  fon  régne,  il  leur  donna  bataille  à 
Sellafia  (d)  ,dans  la  Laconie,  _&  fut  vaincu  :  on  le  pour- 
suivit à  Lacédémone,  où  ne  fe  croyant  point  en  sûreté 
il  l'abandonna  à  la  difeétion  de  fes  ennemis  &  fe  re- 
tira en  Egypte  ,  auprès  de  Ptolomée-Evergete  ,  qui  le 
reçut  affez  bien  ;  mais  Ptolomée-Philopator,  qui  lui  fuc- 
céda  peu  après  ,  n'eut  pas  les  mêmes  égards  pour  Cléo- 
mene. Il  le  fit  arrê-er  par  le  confeil  de  Sofibius  ,  fon 
premier  mtniftre.  Cléomene  s'échappa  de  la  prifon  par 
ftraragême  ,  fortit  avec  treize  amis  ,  courut  les  rues 
d'Alexandrie  ,  y  exhortant  le  peuple  à  fe  mettre  en  li- 
berté ;  &  perfonne  ne  fe  joignant  à.lui,  (es  treize  com- 
pagnons ,  ck  lui ,  fe  tuèrent  les  uns  les  autres  ;  pour  lui 
il  le  perça  de  fon  épée,  trois  ans  après  fon  arrivée  en 
Egypte.  (a)  Dïodor.  Sicul.  I.  20.  Paufan.  in  Lacon.  & 
Plut.irch.  in  Agi  &  Cleom.  (b)  Plut.irch.  in  Pvrrho 
(c)  Piutarch.  in  Agi  &  Cleom.  (?)  Plutarch.  ibid.  ck 
Polyb.  1.  5. 

Les  alliés  des  Achéens  ,  étant  maîtres  de  Lacédé- 
mone, lui  rendirent  fa  liberté  &  l'es  privilèges.  On  donna 
à  Cléomene,  pour  fucceffeur,  un  certain  Agéfipolis.  Eu- 
rydamidas  ,  fils  d'Agis,  quoiqu'etffant  (a),  avoit  ré^né 
quelque  tems  conjointement  avec  Cléomene.  Mais  if  rut 
empoifonné  par  l'ordre  de  ce  roi  qui  mit  en  fa  place 
Epiclidas  ,  fon  propre  frère ,  qui  périt  dans  la  bataille 
de  Sellafia  ,  félon  Paufanias.  Ils  étoient  fils ,  l'un  S:  l'au- 
tre ,  de  Léonidas ,  &  petits-fils  de  Cléonyme.  La  mo- 
narchie de  Sparte  finit  avec  Cléomene  (>>V,  car  Agéfipo- 
lis, fon  fuccelleur ,  régna  peu.  Les  Lacédémoniens  fu- 
rent fucceflîvement  la  proie  de  trois  tyrans ,  Lycurgue  , 
Machanidas  &  Nabis  qui  chafferent  Agefîpolis  de  la 
ville.  Ce  prince  prit  le  parti  d'aller  à  Rome  ,  implorer 
le  fecours  de  cette  république  ,  qui  commençoit  à  de- 
venir l'arbitre  de  la  Grèce  ;  mais  il  fut  tué  en  chemin 
par  les  pirates.  Nabis  dit  tué  par  les  Etoliens  ,  &  Ma- 
chanidas par  Philopcemen  ,  général  des  Achéens  ,  qui 
marcha  contre  Lacédémone,  la  prit,  en  chaffa  les  Eto- 
liens, aiTujettit  les  Spartiates,  abo'it  leurs  loix,  &  ruina 
les  murailles  de  leur  ville  (c).  Ainfi  finit  le  royaume  de  La- 
cédémone ;  ce  pays  fe  perdit  dans  la  ligue  "des  Achéens  , 
avec  qui  il  paffa  ,  dans  la  fuite  ,  fous  la  domination  des 
Romains.  *  (^)Paufan.  1.  2 ,  c.  9.  (b)  Ibld.  1.  4,  c.  29. 
(c)  Polyb.  excerpt.  Légat,  c.  49. 

§.  10.  De  la  ligue  des  Achéens  ,  &  celle  des  Etoliens. 

J'ai  déjà  expliqué  ,    dans  l'article  de  PAchaïe  PRO- 
PRE, qui  étoient  originairement  les  Achéens,  &j'ën  ai 
parlé  affez  au  long  fur  le  témoignage  de  Paufanias ,  de 
Polybe  ck  de  Strabon,   C'étoit  'la  poftérité  d'Achïus  , 
Tomt  III.     B  b  ij 


i96  GRE 

arriere-petit-fils  de  Deucalion  :  elle  le  retira  dans  la  par- 
tie méridionale  du  Péloponnèfe  ,  où  elle  demeura  jus- 
qu'au retour  des  Hérachdes  ,  qui  l'en  chafîerent  :  elle 
pafla  alors  dans  le  pays  des  Ioniens  qu'elle  força  de  le 
lui  abandonner  :  ceux-ci  paflerent  enlùite  en  Ane,  avec 
le  fils  cfOrefte  :  l'Ionie  demeura  aux  Achéens  ,  qui  lui 
donnèrent  le  nom  A'Achaie. 

■  Ce  peuple  eut  lés  rois,  6k  après  l'extinction  de  la  fa- 
mille royale ,  prit,  comme  les  autres,  le  parti  de  lé  gouver- 
ner en  republique.  Il  fut  entraîné  par  le  torrent ,  comme 
tout  le  refte  du  Péloponnèfe ,  dans  le  tems  que  les 
républiques  de  Lacédémone  ,  d'Athènes  6k  de  Thè- 
bes  fe  difputoient  la  primauté.  Avec  elles  il  fucomba 
fous  la  puifïance  des  Macédoniens  ;  mais  il  profita  des 
régnes  foibles  &  tumultueux  des  premiers  fucceffeurs  d'A- 
lexandre le  Grand  ,  &  vers  le  tems  que  Pyrrhus ,  roi  d'E- 
pire ,  pafla  en  Italie ,  dit  Polyb ,  /.  2,  les  Achéens  jette- 
rent  les  fondemens  d'une  république  qui  fut  le  dernier 
effort  de  la  liberté  des  Grecs.  Les  peuples  de  Dyme ,  de 
Patras  ,  de  Tritée  &  de  Phares  firent  enfemble  une 
étroite  alliance  ,  dans  laquelle  plufieurs  autres  peuples  en- 
trèrent. Ils  établirent  pour  toutes  les  affaires  communes 
un  fecrétaire  6k  deux  préteurs  ,  qui  étoient  alternative- 
ment pris  des  villes  de  l'union.  Vingt-cinq  ans  après,  ils 
jugèrent  àpropos  de  n'avoir  plus  qu'un  feul  préteur.  On  le 
créoit  vers  le  tems  que  la  conftellation  des  Pléiades  com- 
mencent à  paroître,  comme  Polybe,  /.  5,  le  rapporte; 
6k  il  dit  que  le  premier  de  ces  préteurs  ,  lorfque  leur 
nombre  eut  été  réduit  à  un  feul,  fut  un  certain  Marcus 
de  Caryne ,  6k  qu'il  y  avoit  quatre  ans  qu'il  étoit  dans 
ce  pofte ,  lorfqu'Aratus  de  Sicyone  commença  d'acquérir 
une  grande  réputation.  Il  faut  donc,  dit  le  P.  Pétau, 
Ration,  temp.  que  cette  republique  ait  commencé  lai 
dernière  énnée  de  la  1 24e  Olympiade  qui  revient  à  la 
473  e  de  la  formation  de  Rome,  6k  à  l'an  du  monde  3703  ; 
car  l'année  fuivante  Pyrrhus  pafla  en  Italie.  Il  remarque 
ailleurs  que  le  royaume  de  Pergame  6k  la  république 
des  Achéens  commencèrent  à-peu-près  dans  le  même 
tems. 

La  valeur  d'Aratus  de  Sicyone  contribua  beaucoup  à 
l'aggrandiflement  de  cette  république.  Ce  jeune  guerrier 
n'avoit  que  vingt  ans ,  lorfqu'il  commença  à  fe  rendre  re- 
doutable ,  la  quatrième  année  de  la  préture  de  Marcus 
de  Caryne ,  la  onzième  de  la  première  guerre  Punique ,  6k 
la  vingt-neuvième  depuis  la  naiflance  de  cette  republi- 
que. Son  premier  deflein  fut  de  rendre  la  liberté  à  toutes 
les  villes  de  la  Grèce ,  dont  la  plus  grande  partie  étoit 
opprimée  par  des  tyrans  ,  ou  par  des  garnifons  Macédo- 
niennes ;  il  commença  l'exécution  de  ce  grand  projet 
par  fa  propre  patrie  ,  délivra  Sicyone  de  la  tyrannie  de 
Nicolas  qu'il  en  chafla  ,  6k  fit  recevoir  cette  ville  dans 
la  ligue  des  Achéens ,  l'an  501  de  la  fondation  de  Rome, 
l'an  du  monde  373 1.  Plus  de  cinq  cens  exilés  étant  reve- 
nus à  Sicyone ,  redemandèrent  les  biens  dont  ils  avoient 
été  dépouillés  :  Aratus , fur  leurs  plaintes ,  paflaen Egypte , 
ck  tira  de  Ptolomée-Philadelphe  cent  cinquante  talens  , 
avec  lefquels  il  fatisfit  à  leurs  juftes  demandes.  Huit  ans 
après  il  fut  élu  préteur  de  la  république  d'Achaïe  ;  6k 
après  un  an  d'intervalle  ,  il  eut  une  féconde  fois  le  même 
honneur.  Ce  fut  dans  le  tems  de  cette  féconde  préture  , 
qu'il  mit  Corinthe  en  liberté ,  en  chaflant  de  la  forterefle 
la  garnifon  .Macédonienne  qui  y  étoit  commandée  par 
Perfée  le  Stoïcien.  Plufieurs  villes  fuivirent  cet  exemple  , 
6k  entrèrent  clans  la  confédération  ,  vers  l'an  511  de  la 
fondation  de  Rome.  Lacédémone  avant  Cléomene  étoit 
aufli  entrée  dans  cette  fociété  à  laquelle  elle  demeura 
ïnviolablement  attachée  jufqu'à  ce  qu'il  l'en  retira  ,  6k 
la  fit  entrer  dans  ligue  des  Etoliens  ,  autre  confédéra- 
tion oppofée  à  celle-ci.  *  Plutarch.  in  Arato.  Paufan. 
Corinth. 

La  vue  des  Achéens  étoit  de  ne  faire  qu'une  feule 
république  de  toutes  les  villes  du  Péloponnèfe.  Ils  avoient 
toujours  fonhaité  avec  beaucoup  d'ardeur  l'exécution  de 
ce  grand  deflein  ,  6k  Aratus  les  y  encourageoit  tous  les 
jours  par  (es  exploits.  Les  rois  de  Macédoine ,  dont  ce 
projet  bleflbit  les  intérêts  ,  nefongeoientqu'àle  traverfer  ; 
&  c"eft  par  cette  raifon  qu'ils  mettoient ,  autant  qu'ils  pou- 
voient ,  des  tyrans  dans  la  plupart  des  villes  ;  ou  bien  ils 
donnoient  à  ceux  qu'ils  y  trouvoient  déjà  établis  ,  des 
troupes  pour  s'y  maintenir.  Aratus  mit  toute  fon  applica- 
tion à  chaiïer  ces  garnifons  par  la  force  ,  ou  à  engager 


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par  la  douceur  les  villes  à  fe  joindre  à  la  grande  alliance  i 
fa  prudence  6k  fon  adrefle  ne  contribuèrent  pas  peu  à 
l'exécution  de  fon  projet. 

Dès  le  vivant  d'Antigonus-Gonatas  fils ,  de  Demetrius- 
Poliorcete  ,  il  avoit  fait  prendre  ce  parti  à  plufieurs  vil- 
les ,  entr' autres ,  à  Sicyone  dont  il  avoit  chaflé  le  tyran  ; 
&  à  Corinthe  d'où  il  avoit  mis  en  fuite  la  garnifon 
Macédonienne  ;  Antigonus  étant  mort  ,  6k  Demétrius  , 
fon  fils ,  n'ayant  régné  que  dix  ans ,  Aratus  renouvella  tous 
fes  foins  pour  remettre  la  Grèce  dans  fon  ancienne  liberté. 
Il  commença  par  l'Attique  qu'il  délivra  du  joug  des. 
Macédoniens,  ayant  gagné  par  des  prefens  considérables 
Diogène  quien  étoit  gouverneur.  Il  délivra enfuite  Argos,. 
Hermione,  Phliafie  6k  plufieurs  autres  villes  dont  les  tyrans 
fe  rendoient  eux-mêmes  ,  de  peur  d'être  prévenus  par  le 
peuple  ,  6k  recevoient  l'alliance  des  Achéens. 

Les  Etoliens  ,  ck  Cléomene  ,  roi  de  Lacédémone  ,' 
s'oppoferent  à  la  rapidité  de  ce  torrent  ,  6k  traverferent 
les  defleins  d'Aratus.  Les  premiers  le  firent  fecrettement , 
6k  y  employèrent  tous  les  artifices  imaginables  ;  mais 
Cléomene  prit  les  armes ,  battit  plufieurs  fois  Aratus  6k 
les  autres  généraux  des  Achéens.  Peurfe  rendre  le  maître 
de  faire  cette  guerre  comme  il  lui  plairoit ,  il  fupprima  les 
éphores  ,  renferma  toute  l'autorité  dans  fa  feule  perfonne, 
rétablit  l'ancienne  discipline  de  Lacédémone ,  la  dixième 
année  qui  fut  la  518  ou  529  de  Rome  :  n'y  ayant  plus 
rien  au  dedans  qui  pût  lui  faire  de  la  peine  ,  il  fe  donna 
tout  entier  à  la  guerre  contre  les  Achéens.  Ceux-ci  fe 
trouvant  trop  foibles ,  ck  fe  voyant  prefles  par  Cléomene 
qui  les  avoit  défaits  plufieurs  fois  ,  rélblurent  ,  par  les 
confeils  d'Aratus  qui  n' étoit  plus  en  état  de  fupporter  les 
fatigues  de  la  guerre ,  d'appeller  les  Macédoniens  à  leur 
fecours.  La  Macédoine  étoit  alors  gouvernée  par  Antigo- 
nus II ,  qui  gouvernoit  en  qualité  de  tuteur  de  Philippe  II, 
fils  de  Demétrius  ,  comme  nous  avons  dit. 

Pour  cimenter  cette  alliance  ,  ils  cédèrent  aux  Macé- 
doniens la  forterefle  de  Corinthe  ,  6k  déclarèrent  Anti- 
gonus généraliflîme  de  toute  la  Grèce ,  tant  par  mer  que 
par  terre.  Cette  confédération  donna  aux  Achéens  les 
Macédoniens ,  les  Epirotes ,  les  Phocéens  ,  les  Béotiens  , 
les  Arcadiens  6k  les  Theflaliens.  Antigonus  partit  à  la  tête 
d'une  puiflante  armée.  Cléomene  s'avança  pour  lui  disputer 
le  paflage  de  l'ifthme  ;  mais  ayant  appris  que  la  ville  d'Argos 
avoit  abandonné  fon  parti  ,  il  prit  la  réfolution  de  fe 
tenir  fur  la  défenfive  dans  fon  propre  pays.  Les  Macédo- 
niens entrèrent  donc  dans  le  Péloponnèfe,  6k  l'an  535 
de  Rome  fe  donna  la  bataille  de  Sdlafia.  qui  fut  fuivie 
de  la  fuite  de  Cléomene  en  Egypte ,  où  il  périt ,  comme 
nous  l'avons  rapporté,  §.  9.  Antigonus  donna  la  paix  à 
toute  la  Grèce  ,  6k  fe  retira ,  dit  Polybe  ,  /.  4.  Un  des 
principaux  articles  du  traité  fut  que  les  Etoliens  ne  pour- 
roient  faire  entrer  aucunes  troupes  dans  l'Achaïe.  Après 
fa  mort,  fon  pupille  Philippe  ,  qui  n'avoit  pas  dix-fept  ans, 
monta  fur  le  thrône.  Il  promettait  beaucoup  ;  mais  la 
flatterie  le  corrompoit.  Les  Etoliens  mépriferent  fa  jeu- 
neflè  ;  6k  fe  laflant  d'une  paix  qui  ne  leur  permettoit  pas 
d'exercer  leurs  brigandages  ,  ils  la  violèrent  ;  commen- 
cèrent par'ravager  les  terres  des  Mefleniens  qui  étoient 
alors  leurs  alliés.  Dorimachus  (a)  6k  Scopas  comman- 
doient  les  Etoliens.  Aratus  6k  les.  Achéens  les  conjurè- 
rent en  vain  de  cefler  leursjioftilités  dans  le  Péloponnèfe  , 
6k  d'en  retirer  leurs  troupes.  On  en  vint  à  une  rupture  , 
l'an  de  Rome  534.  La  première  bataille  fe  donna  près 
de  Caphyes  ,  ville  d'Arcadie  (b)  ,  6k  les  Achéens  y 
furent  battus.  Les  Etoliens  fiers  de  ce  fuccès  ,  continuè- 
rent de  ravager  le  Péloponnèfe.  Les  confédérés  de  la 
ligue  des  Achéens ,  dans  laquelle  les  Mefleniens  venoient 
d'entrer  ,  appellerait  Philippe  à  leur  fecours  ;  6k  ce 
prince  à  la  prière  ,  de  tous  ces  peuples ,  déclara  la  guerre 
aux  Etoliens.  On  la  nomma  la  guerre  des  alliés  ,  fociale 
bcllum.  Elle  commença  l'an  534  de  Rome  ,  du  monde 
3764,  lor/qu'Aratus  étoitpréteur  des  Achéens.  (a)  Diodor. 
Excerpt.  Valef.  Q>)  Polyb.  1.  4. 

Vers  l'équinoxe  du  printems  de  la  même  année  ,  qui 
étoit  la  faifon  où  les  préteurs  de  l'Achaïe  entroient 
en  charge  ,  Aratus  le  jeune  fut  mit  en  place  au  lieu  de 
fon  père  ,  6k  Philippe  prit  la  réfolution  de  faire  la  guerre 
aux  Etoliens.  Dans  le  même  temps  les  Romains  ,  fous  la 
conduite  du  coniùl  Emilius  ,fepréparoientà  faire  la  guerre 
à  Demétrius  Pharius  roi  d'Illyrie  ,  qui  étant  vaincu,  cher- 
cha un  afyle  auprès  de  Philippe.  Lycurgue  qui ,  après  la. 


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mort  de  Cleomene  s'étoit  mis  fur  le  trône  de  Lacédé- 
mone  ,  fit  alliance  avec  les  Etoliens  ,  Se  fe  mit  à  rava- 
ger le  pays  des  Ache'ens.  La  guerre  des  alliés  dura  trois 
ans ,  .&  pendant  ce  teins  Philippe  i'e  lervit  des  conteils 
d'Aratus.  Ses  cou'rtifans  jaloux  de  la  déférence  qu'il  avoit 
pour  ce 

que  le  roi  fe  refroidit  en  vers  lui  ;  mais  11  reconnut 
tort  qu'on  lui  avoir  fait ,  &:  lui  rendit  ton  eftime.  Cepen- 
dant ayant  écouté  de  nouveau  de  faux- rapports  ,  il  le  fit 
empoifonner,  vers  l'an  de  Rome  541  ,  du  monde  3771. 
Cinq  ans  après  la  fin  de  la  guerre  des  alliés  ,  Philippe 
s'étoit  ligué  avec  Annibal.  La  défaite  des  Romains  près 
du  lac  de  Traiîmene ,  lui  avoit  fait  prendre  la  réiblution 
de  palier  promptement  en  Italie  pour  avoir  part  au  butin. 
Il  fit  voile  vers  l'Illyrie  ;  mais  la  crainte  qu'il  eut  des 
forces  des  Romains ,  l'obligea  d'abandonner  alors  cette 
entreprife.  L'an  de  Rome  540 ,  il  leur  déclara  la  guerre  , 
&c  voulut  taire  une  descente  dans  l'Illyrie  ;  mais  la  mar- 
che de  Valerius  Levinus  Pétonna  fi  fort  ,  qu'il  fit  retirer 
une  partie  de  la  Sotte  ,  en  brûla  le  refte  ,  &  fe  retira  par 
terte  en  Macédoine.  Levinus,  qui  vouloir  empêcher  ce 
prince  de  lui  donner  fouvent  de  pareilles  allarmes  ,  fe 
ligua  contre  lui  avec  les  Etoliens  ;  &  ce  traité  fut  con- 
clu l'an  de  Rome  541  ,  du  monde  3771.  Les  nouveaux  donner  aux  Àchéens  de  féparer  de  leur  corps,  non-feu- 
confédérés  joignirent  enfuite  leurs  forces  à  celles  d'Atta-  lement  Laccdémone  ,  mais  encore  Corinthe  ,  Arvos  , 
lus  ,  &  attaquèrent  les  Macédoniens  &£  leurs  alliés  Heraclée  &  Orchomene  d'Arcadie.  Les  ambafiadeurs  ex- 
dont  les  Achéens  étoient  les  plus  confidérables.  Ceux-ci  poferent  les  ordres  du  fénat  ;  &r.  à  peine  ils  s'éroient  ac- 
avoient  pour  général  Philopcemen  dont  Piutarque  a  écrit  quittés  de  leur  commiflion  ,  qu'on  vit  naître  une  fédi- 
la  vie.  Ce  fut  lui  qui  nettoya  Lacédémone  du  tyran  tion,  à  l'inftiga' ion  particulièrement  de  Critolaiis.  On 
Machanidas  auquel  Nabis  fuccéda.  Les  Romains  ne  purent 
foutenir  cette  guerre  avec  vigueur  :  Annibal  étoit  au 
milieu  de  l'Italie  &  tenoit  toutes  leurs  forces  en  échec. 
Cela  donna  lieu  à  la  paix  que  les  Epirotes  ménagèrent 
entre  les  Romains ,  Philippe  ,  &  leurs  alliés ,  de  part  Se 
d'autre.  Elle  fe  fit  l'an  de  Rome  549,  du  monde  377g. 
Rome  ayant  fait  la  paix  avec  les  Caithaginois  ,  ne  garda 
lus  de  meiures  avec  Philippe  ,  &  lui  déclara  la  guerre 


metrius  &  Perfée.  Le  premier  avoit  été  en  otage  par 
les  Romains ,  &  avoit  eu  le  bonheur  de  leur  plaire.  La 
diviûon  s'étant  mife  entre  ces  deux  frères ,  Philippe  prit 
de  la  haine  pour  Demetrius ,  que  les  calomnies  de  Per- 
fée, &  plus  encore  l'eftime  des  Romains  lui  avoit  rendu 
grand  homme  ,  le  calomnièrent ,  &  firent  fi  Bien  odieux.  11  le  fit  mourir,  l'an  de  Rome  574,  du  monde  3  §04. 
-  L'année  fui  vante  Perfée  monta  fur  le  trône  ,  &  conti- 
nuant ies  defieins  de  fon  père,  fit  la  guerreaux  Piomains. 
Il  fut  défait  &  pris  prifonnier  la  onzième  année  de  fon 
régne.  Avec  lui  finit  le  nouveau  royaume  de  Macédoine, 
commencé  par  Ptolomée  Ceraunus  ,  c'eft-à-dire  U 
Foudre. 

Les  Achéens  tombèrent  bientôt  dans  la  fervitude.' 
Les  Lacédemoniens  n'étoient  rentrés  dans  la  ligue  des 
Achéens,  qu'à  contre- cœur.  Ils  avoient  porté  aux  Ro- 
mains des  plaintes  contre  cette  violence  :  le  fénat  de 
Rome  avoit  choifi  avec  joie  cette  occafion  ,  &  il  avoit 
fouvent  interpolé  fon  interceffion  en  leur  faveur  :  la  trop 
grande  autorité  de  ce  parti  lui  donnoit  de  l'ombrage  ; 
&  pour  l'abbaifler  ,  il  réfolut  de  ie  divifer  fk  de  remet- 
tre toutes  les  villes  de  la  Grèce  dans  leur  première  li- 
berté. Enfin  ,  l'an  de  Rome  606,  &  du  monde  3 -3 6  , 
le  fénat  envoya  des  ambafiadeurs  en  Grèce ,  pour  or- 


armes  pour  maiTacrer  tous  les  étrangers  ,  8c 
fur-tout  les  Lacédemoniens  ;  &  ils  n'auroient  pas  épar- 
gné les  ambafiadeurs  Romains  ,  s'ils  ne  fe  fufTent  fauves. 
L'année  fuivante,  le  fénat  déclara  la  guerre  aux  Achéens. 
Le  préteur  Méteilus  le  délie  en  deux  batailles  ;  l'une 
auprès  de  Thermopyles  :  Critolaiis  y  commandoit  les 
Achéens;  l'autre  dans  la  Phocide  ,  où  Dieus  eroit  à 
leur  tête.  L'an  de  Rome  608  ,  du  monde  3S38,  le  con- 
an  554,  de  Rome,  du  monde  3784.  Lesanciennes  injures     fui  Memmius  fe  rendit  maître  de  toute  l'Achaïe  ,   ôc  fit 


qu'elle  en  avoit  reçues ,  &  les  nouveaux  ravages  qu'il  venoit 
de  faire  fur  les  terres  de  fes  alliés ,  en  furent  un  prétexte 
plaufïble.  Les  Athéniens  avoient  renoncé  à  l'alliance  de 
Philippe ,  &  s'étoient  mis  fous  la  protection  des  Romains. 
Philippe  les  attaqua.  Titus-Qumtus  Flaminius  termina 
cette  guerre  au  bout  de  quatre  ans  ,  par  la  défaite  des 
Macédoniens.  La  liberté  de  la  Grèce  fut  le  fruit  de  cette 
viftoire.  Lucius-Flaminius ,  frère  de  Titus-Quintus,  battit 
en  même  tems  les  Acarnaniens.  Titus-Quintus  tourna 
enfuite  toutes  fes  forces  contre  Nabis-tyran  de  Lacédé- 
mone ;  mais  il  lui  accorda  la  paix  après  qu'il  eut  rendu 
la  liberté  à  la  ville  d'Argos  :  ainfi  de  toutes  les  villes  de 
la  Grèce ,  il  n'y  eut  que  Sparte  feule  qui  relia  dans  l'es- 
clavage. L'an  de  Rome  562.  ,  du  monde  3791  ,  Philo- 
pcemen la  fit  entrer  dans  l'alliance  des  Achéens,  après  la 
mort  de  Nabis  qui  fut  tué  par  les  Etoliens.  Ce  fut  dans 
ce  tems  que  les  Etoliens  fe  détachèrent  des  Romains  , 
contre  qui  ils  voyoient  fe  former  une  puiiTante  ligue  dans 
l'Orient.  Antiochus  ,  roi  de  Syrie  ,  &  Ptolomée  roi  , 


brûler^  Corinthe ,  qui  en  étoit  la  capitale.  Enfuite  les  dix 
députés  du  fénat  abolirent  l'afTemblée  de  la  Grèce  , 
réglèrent  le  tribut  qu'elle  payeroit  à  l'avenir  ,  &  or- 
donnèrent que  tous  les  ans  on  y  enverroit  un  préteur, 
pour  y  rendre  la  juftice  ;  &  depuis  ce  tems  elle  de- 
meura fous  les  Romains.  C'eft  de  cette  ligue  que  le  nom 
d'AcHAÏE  fut  donné  à  la  Grèce  ,  fituée  hors  du  Péio- 
ponnefe. 

§.  11.  Remarques  générales  fur  le  quatrième  âge. 

Durant  cet  âge ,  la  Grèce  diminuant  peu-à-peu ,  pro- 
duit encore  de  rems  en  tems  quelques  héros ,  mais  rare- 
ment plufieurs  à  la  fois.  Du  tems  de  la  bataille  de  Ma- 
rathon ,  on  avoit  vu  dans  une  même  année  Miitiade^ 
Themiftocle  ,  Ariftide  ,  &  plufieurs  autres  hommes  du 
premier  ordre  ;  on  voit  dans  cet  âge-ci  un  Phocion  , 
un  Aratus  ,  &  enfuite  un  Philopcemen  ,  après  qui  la 
Grèce  ne  produit  plus  un  héros  digne  d'elle  ,  comme  fit 


d'Egypte  ,  s'étoient  unis  furies  espérances  que  donnoit     elle  étoit  épuilèe.  Quelques  rois,  comme  Pyrrhus  d'E- 

pire,  Cleomene  de  Sparte  ,  les  rois  de  Macédoine  ,  fe 
lignaient  encore  par  leur  courage  ;  mais  la  conduite  &C 
la  morale  n'y  répondent  pas.  Il  fe  trouve  encore  néan- 
moins des  philofoph.es  célèbres  ,  entr'autres,  Théophrafte, 
fuccefTeur  d'Arifiote  ;  Xenocrate  ,  fuccefleur  de  Platon, 
&  maître  de  Polémon,  dont  Cratès  fut  le  difciple.  Ce- 
lui-ci forma  Crantor  ,  qui  eut  pour  élevé  Arceiîlaa;, 
fondateur  de  la  moyenne  académie  ;    Epicure,  difciple 


Annibal  qui  s'étoit  réfugié  auprès  d'Antiochus.  Les  Eto- 
liens envoyèrent  à  ce  dernier  une  ambaiTade  ;  mais  ce  prince 
ayant  été  vaincu  par  les  deux  Scipions,  l'an  cle  Rome  564, 
du  monde  3794,  fa  défaite  en  traîna  celle  des  Etoliens.  L'an- 
née fuivante  le  conful  Fulvius  les  dompta  ;  &  la  même 
année ,  Cneius  Manlius  ,  fon  collègue  ,  réduifit  la  Gal- 
LOGRECE  ou  la  Galatie  dans  l'Afie  mineure. 

L'an  de  Rome  171  ,  du  monde   3801  ,   Philopœmen 


fut  furpris  &  tué  par  les  Meflèniens.  Peu  de  tems  avant     de  Cratès  ;  Zenon,  fondateur  de  la  fecle  des  Stoïciens; 


fa  mort ,  il  avoit  forcé  les  Lacédemoniens  de  rentrer 
dans  l'alliance  des  Achéens  qu'ils  avoient  voulu  aban- 
donner :  pour  les  punir  de  leur  révolte,  il  avoit  aboli 
leurs  loix ,  &  raie  leurs  murailles.  Lycortas  élevé ,  ami 
&  fuccefTeur  de  Philopœmen,  vengea  cette  mort,  &c 
força  les  Meflèniens  &  les  Lacédemoniens  à  rentrer 
dans  cette  alliance.  Ces  villes  avoient  bien  de  la  peine 
à  s'y  foumettre ,  &  fur-tout  la  dernière,  qui  comptoit 
beaucoup  fur  la  proteftion  des  Romains.  Ils  s'en  mêlè- 
rent en  effet  ,  comme  nous  verrons   dans  la  fuite. 

Cependant  Philippe  ,  roi  de  Macédoine  ,  plus  irrité 
que  découragé  de  fa  défaite,  ne  fongeoitqu'à  s'en  ven- 
ger ,  &  fe  préparoît  à  la  guerre.  Il  avoit  deux  fils,  De- 


Chryfippe  SiCléanîhe,  qui  fuivirent  lès  fentimens.  Str, 
ton  deLampfaque,  Péripatétic.en ,  fiicceffeur  de  Théo- 
phrafte ;  Lycas  ,  fuccefleur  de  Straton  ;  Demetrius  de 
Phalere ,  forti  de  la  même  école  :  archonte  d'Athènes  , 
l'an  dumonde367'i,  &  deux  ans  après ,  obligé  de  s'enfuir 
chez  Ptolomée  ;  Diogène  le  Stoïcien  diffèrent  de  Dio- 
gène  le  Cynique  ;  Critolaiis,  Péripatéticien;  Carnéade, 
Académicien;  Lacyde ,  fondateur  de  la  nouvelle  aca- 
démie ,  &c.  Entre  les  poètes,  on  diftinaue  Arafus  ,  qui 
a  traité  de  l'adronomie  en  vers  ;  Calhmaque  ,  po'éte 
élégiaque  ;  Ménandre  ,  poète  comique  ;  Théocriie, 
Bion  &  Moschus  ,  poètes  bucoliques.  Timée  ,  hifto- 
rien  ;    Eratofthène  ,  hiftorien  6c  géographe  ,  &  quel- 


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ques  autres  acquirent  de  la  réputation  par  leurs  ouvra- 
ges. 

CINQUIEME  AGE  DE  LA  GRECE. 

Cet  âge  commence  à  l'an  de  Rome  608  ,  du  monde 
3838  ,  &  dure  jusqu'à  l'empire  d'Augufte  ,  l'an  de 
Rome  724,  &  du  monde  3954.  L'intervalle  eft  de  cent 
feize  ans.  Les  Romains  ne  firent  pas  de  grands  change- 
mens  dans  les  loix  municipales  des  villes  de  Grèce. 
Ils  le  contentèrent  d'en  tirer  le  tribut  annuel,  &  d'exer- 
cer la  fouveraineté  par  un  préteur.  Ce  gouvernement 
allez  doux,  pour  un  pays  épuifé  par  de  longues  guerres 
civiles  ;  la  puiiTance  des  Romains  qui  s'étendoit  autour 
de  la  Grèce  ,  &  affujettiffoit  l'Afie  peu-à-peu  :  l'inu- 
tilité des  efforts  qu'on  pourroit  faire  pour  reprendre  fa 
liberté  ,  tout  cela  retint  les  Grecs  dans  la  dépendance 
des  Romains.  Les  vainqueurs  avoient  respefté  les  tem- 
ples ,  &  les  riches  offrandes  qui  y  étoient  dépofées  ; 
ainfi  tout  fut  affez  tranquille  jusqu'à  la  guerre  de  Mi- 
THRIDATE.  Ce  roi  avoit  chaffé  Ariobarzane  de  la  Cap- 
padoce,  &  Nicomede  de  la  Bithynie.  Il  s'étoit  emparé 
du  royaume  de  Pergame,  où  il  étoit.  De  fes  deux  fils, 
l'aîné  régnoit  paisiblement  dans  le  royaume  de  Pont  & 
du  Bosphore  ,  qui  étoit  l'ancien  domaine  de  fes  pères , 
&  qui  s'étendoit  jusqu'aux  déferts  des  Palus  Méotides. 
Le  cadet  nommé  Ariarathes ,  à  la  tête  d'une  grande  ar- 
mée ,  faifoit  la  conquête  de  la  Thrace  &C  de  la  Macé- 
doine ,  &  fes  généraux  avec  leurs  forces  remportoient 
pour  lui  des  vi&oires  considérables  en  plufieurs  lieux. 
Archelaiis  ,  le  plus  confidérable  d'entr'eux ,  avec  une 
puiflante  flotte  qui  le  rendoit  maître  de  la  mer  ,  lui 
affujettit  les  Cyclades  ,  toutes  les  autres  ifles  qui  font 
renfermées  par  le  promontoire  de  Malée  ,  &  YEubée 
même  ;  &:  s'étant  emparé  tf  Athènes ,  de-là  comme  de 
fa  place  d'armes ,  il  couroit  par-tout ,  &  faifoit  révol- 
ter tous  les  peuples  de  la  Grèce ,  jusqu'à  l'exrrémité  de 
la  Theffalie.  II  reçut  quelque  échec  près  de  Cheronée  : 
Brutius  Sura  ,'  lieutenant  de  Sentius,  qui  commandoit 
pour  les  Rornains  ,  dans  la  Macédoine ,  s'oppofa  aux  fol- 
dats  de  Mithridate ,  qui  ravageoient  la  Béotie  ;  &  ayant 
battu  en  trois  rencontres  Archelaiis,  près  de  Cheronée, 
il  le  chaffa  de  la  Grèce  ,  &  le  réduifit  à  fe  renfermer 
dans  fa  flotte  ,  &  à  fe  contenter  de  la  mer.  Sylla  prit 
la  place  de  Brutius  Sura  ,  dans  le  tems  que  toute  la 
Grèce  étoit  dispofée  à  fe  déclarer  pour  les  Romains. 
Toutes  les  villes  envoyèrent  à  Sylla  des  ambaffadeurs , 
pour  l'appeller  &  pour  lui  ouvrir  leurs  portes.  Il  n'y  eut 
qu'Athènes ,  qui,  réduite  fous  le  joug  du  tyran  Ariftion, 
fut  forcée  de  réfifter.  Sylla  en  fit  le  liège  ;  &  comme 
il  manquoit  de  bois  pour  les  machines ,  qui  étoient  fou- 
vent  brifées  par  le  poids  dont  elles  étoient  chargées,  il 
n'épargna  point  les  bois  facrés.  Il  coupa  les  belles  allées 
de  Y  Académie  Se  celles  du  Lycée  ,  qui  étoient  les  plus 
beaux  parcs  qu'il  y  eût  dans  les  fauxbourgs.  Il  pilla  les 
tréfors  facrés  des  temples  à'Epidaure ,  A'Olympie  ,  de 
Delphes ,  &tc.  auxquels  ni  Flaminius  ni  Paul-Emile ,  ni 
les  autres  capitaines  Romains  ,  n'avoient  ofé  toucher. 
Sylla  prit  enfin  la  ville  d'Athènes  où  il  permit  le  pil- 
lage &  le  carnage  à  la  difcrétion  du  foldat.  *  Plutarch. 
-  in  Sylla. 

Sur  ces  entrefaites  Taxile  ,  autre  général  de  Mithri- 
date, arrivé  de  Thrace  &C  de  Macédoine,  avec  une  ar- 
mée de  cent  mille  hommes  de  pied  ,  de  dix  mille  che- 
vaux &  de  quatre-vingt-dix  chariots  armés  ,  écrivit  à 
Archelaùs  de  le  venir  trouver.  Sylla  décampa,  &  alla 
dans  la  Béotie  :  ayant  été  renforcé  par  Hortenfius  ,  il 
livra  bataille  aux  Barbares  ;  &c  malgré  l'infériorité  du 
nombre  ,  il  les  mit  en  déroute.  Après  la  défaite  d'Ar- 
chelaus ,  il  eut ,  peu  de  tems  après ,  le  même  fuccès  con- 
tre Dorilaùs ,  nouvellement  arrivé  avec  des  troupes  fraî- 
ches. Cette  féconde  bataille  fe  donna  à  Orchomene.  La 
paix  qui  fui  vit  ces  deux  victoires ,  rendit  la  Grèce  &  la 
Macédoine  aux  Romains.  Cette  guerre  arriva  l'an  de 
Rome  668,  &  du  monde  3898. 

La  Grèce  (buffrit  beaucoup  des  GUERRES  CIVILES 
de  Jules-Célàr  &  de  Pompée.  Ce  fut  chez  elle  qu'une 
partie  de  leurs  querelles  fe  décida.  Mais  elle  eut  cela 
de  commun  avec  toute  la  république  Romaine.  Elle  ne 
recouvra  un  élat  bien  tranquille  qu'après  les  guerres  qui 
firent  paffer  l'empire  entre  les  mains  d'Augufte. 


Remarques  fur  cet  âge'4. 

Le  cinquième  âge  fut  affez  ftérile  en  grands  hom- 
mes_  pour  la  Grèce.  On  y  trouve  pourtant  Métrodore, 
phifoibphe  Sceptique ,  aimé  des  rois  Mithridate  ce  Ti- 
grane  ;  Geminus ,  lavant  mathématicien  ;  Diodore  de 
Sicile ,  hiftorien ,  &  quelques  autres.  Les  feiences  avoient 
pris  leur  cours  vers  Rome  &  l'Italie  ,  qui  produifoit  à 
ion  tour  cette  foule  d'écrivains  illuftres ,  qui  ont  rendu 
immortel  le  fiécle  d'Augufte. 

SIXIÈME   AGE   DE  LA    GRÈCE. 

AUGUSTE ,  ayant  furmonté  tous  fes  ennemis ,  rendit 
au  fénat  &  au  peuple  Romain  une  ombre  d'autorité.  II 
partagea  avec  eux  les  provinces.  Il  leur  laiffa  la  difpoli- 
tion  de  celles  qui ,  étant  éloignées  des  frontières  de  l'em- 
pire, n'avoient  pas  befoin  de  troupes  pour  fe  défendre; 
&il  fe  réferva  celles  qui,  étant  plus  expofées, avoient  des 
garnifons  otl  des  armées ,  dont  il  garda  pour  lui  le  com- 
mandement. La  Grèce  étant ,  pour  ainfi  dire  ,  dans  le 
centre  de  l'empire  ,  fut  du  partage  du  peuple  ;  &  gou- 
vernée par  trois  préteurs.  L'un  avoit  une  partie  de  YE- 
pire  ,  avec  toute  YIllyrie  ;  l'autre  la  Macédoine  &  une 
partie  de  la  Grèce  ;  le  troifiéme  YAchaïe,  la  Theffalie  , 
la  Béotie  ,  Y  Acarnanie  &  une  partie  de  YEpire  ,  au 
rapport  d'Onuphre  qui  met  ce  partage  ,  Tan  727  de 
Rome  ,  fous  le  feptiéme  confular  d'Augufte  ,  &  le  troi- 
fiéme d'Agrippa.  Voyez  Scheljlrate  ,  Antiquit.  ecclef. 
/.  2. 

Sous  Adrien  ,  la  Grèce  fut  fubordonnée  à  l'Illyrie. 
Le  département  d'Illyrie  avoit  fous  lui  dix-fept  provins 
ces;  lavoir, 


Les  deux  NoRlQUES, 
Les  deux  Pannonies. 
La  Valérie, 
La  Savie  -, 

LaDALMATIE, 

La  première  MtESIE, 

Les  deux  Dacies, 


La  Macédoine, 
La  Thessalie, 
L'Achaïe, 

La  Prévalitane, 
L'ifle  de  Crète. 


La  féconde  Mœfïe ,  ou  la  baffe  Mcefie  ,  étoit  l'une  des 
fix  provinces  de  Thrace  ;  mais  cet  arrangement  fut 
changé  fous  Conftantin.  Il  établit  quatre  préfets  du  pré- 
toire. Celui  d'Illyrie  avoit  deux  diocèfes  ,  lavoir  la  Ma- 
cédoine &  la  Dacie.  Le  dernier  de  ces  diocèfes  n'a  de 
rapport  avec  la  Grèce  que  d'avoir  été  fous  un  même 
préfet.  Sous  ce  diocèfe  de  Macédoine  ,  on  comprenoit 
fix  provinces;  l'avoir, 

L'Achaïe  , 
La  Macédoine  ; 
La  Crète, 
La  Thessalie, 
L'ancienne  Epire, 

La  nouvelle  Epire  &  partie  de  la  Macédoine 
salutaire. 

L'autre  partie  de  la  Macédoine  falutaire  étoit  de  la 
Dacie  avec  la  Prévalitane. 

Par-tout  là  ,  le  mot  Achaïe  ne  lignifie  pas  feulement 
le  petit  pays  de  l'Achaïe  propre  ,  mais  encore  tout  ce 
que  la  ligue  des  Achéens  poffédoit ,  lorsqu'elle  fut  fou- 
mife  aux  Romains  ;  '  ainfi  il  faut  entendre  fous  le  nom 
d'Achaïe  , 

L'Étolie,  '   La  Béotie'; 

L'Atttque,  La  Locride,' 

La  Mégaride  ;  L'Eubée  , 

LaPHOdDE,  Le  Péloponnèse; 

&  les  principales  ifles  adjacentes. 

Ptolomée  traite  de  route-la  Grèce  en  cinq  chapitres ,  8c 
en  fait  autant  de  parties  ;  favoir , 

La  Macédoine  ,  L'Achaïe  , 

L'Epire,  Le  Péloponnèse 

&  la  Crète. 


GRE 


SEPTIEME  AGE  DE  LA  GRÈCE. 

La  diftribution  des  fix  provinces  &C  !e  prétoire  d'Illyrie  , 
établis  par  Conftantin  ,  fublifterent  jusqu'au  régne  d'Ho- 
norius  ck  d'Arcadius.  Ainfi  la  Grèce  étoit  comprife  dans 
l'Illyrie  orientale  ,  ck  faifoit  partie  de  l'empire  d'Orient. 
Theffalonique  étoit  la  capitale  de  cette  Illyrie.  Le  pape 
S.  Damafe  commit  à  S.  Ascole  de  Thelialonique  le 
gouvernement  des  dix  provinces  qui  compofoient  alors 
l'Illyrie  orientale  ,  pour  y  exercer  fon  autorité  comme 
fon  vicaire.  C'eft  le  même  S.  Ascole  qui  baptifa  l'em- 
pereur Théodofe.  *  Fkury ,  Hift.  Eclef.  t.  4,  p.  382, 
édit.  de  Bruxelles. 

Juftinien,  dont  les  deux  pallions  dominantes  étoient 
de  faire  des  loix  ck  de  bâtir  ,  remplit  la  Grèce  de  forte- 
refies ,  pour  la  garantir  des  courtes  ausquelles  elle  avoit 
été  fouvent  expofée.  On  peut  voir  dans  Procope ,  Edifie. 
1. 4,  c.  2 ,  3  &  4,  le  grand  nombre  de  forts  qu'il  fit  bâtir 
de  neuf ,  ou  réparer ,  ck  les  villes  qu'il  releva ,  tant  dans 
le  Péloponnefe  ck  YAchaie ,  que  dans  la  Theffalie  ,  VEpire 
&  la  Macédoine.  La  lifte  eft  trop  longue  ck  trop  lèche  pour 
l'inférer  ici. 

Sous  l'empire  de  Michel  les  ides  de  Crète  ck  les  Cy- 
clades  furent  envahies  par  les  Sarrafins  :  ils.  s'emparèrent 
aufli  de  la  Sicile.  Vers  l'an  819  ,  foixante  ck  trois  ans 
après  ,  ils  prirent  la  ville  de  Theffalonique ,  où  ils  firent 
un  grand  carnage  ,  fous  l'empire  de  Léon  ,  en  892.  Crète 
fut  reprife  fur  les  Sarrafins  ,  l'an  960  ck  961  ,  par 
Nicephore  Phocas ,  général  des  troupes  de  l'empereur 
Romain.  Dix-huit  ans  après  ,  fous  l'empire  de  Bafile  6k 
de  Conftantin  ,  fils  de  Romain  ,  les  Bulgares  coururent 
ck  pillèrent  la  Thrace  ,  la  Macédoine  ck  la  Theffalie. 
Neuf  ans  après  ,  ils  recommencèrent  leurs  courfes  ,  Se 
entrèrent  dans  le  Péloponnefe.  Les  troupes  de  l'empereur 
tombèrent  fur  eux,  ck  pillèrent  leur  camp  ,  l'an  1001. 
Bafile  reprit  fur  eux  la  Servie  ck  la  Theffalie ,  ck  con- 
traignit  Samuel ,  leur  prince ,  de  fe  retirer  à  l'extrémité  de 
fes  états. 

Lorsque  les  François  envahirent  Conftantinople  en 
1204,  &  proclamèrent  Baudouin  empereur,  l'empire 
d'Orient  fe  trouva  dans  une  confufion  ck  un  trouble 
affreux.  Tous  les  officiers  fe  révoltèrent  :  les  uns  fe  firent 
proclamer  empereurs  ,  les  autres  ufurperent  la  fouve- 
raineté  du  pays ,  dont  on  leur  avoit  confié  la  garde.  L'on 
vît  quatre  empereurs  d'Orient  à  la  fois  ;  un  à  Trébifonde , 
un  à  Theffalonique ,  un  autre  à  Nicée ,  enfin  celui  de  Conf- 
tantinople. Il  y  avoit  en  outre  une  multitude  _de  fouve- 
rains  en  Grèce.  Henri ,  frère  ck  fucceffeur  de  Baudouin , 
voulut  foumettre  ces  rebelles  ;  mais  comme  il  n'avoit 
pas.affez  de  force  pour  y  réuffir,  il  permit  aux  principaux 
feigneurs  de  fa  cour  d'armer  contre  eux ,  ck  leur  aban- 
donna les  conquêtes  qu'ils  feraient  ,  à  condition  qu'ils 
relèveraient  de  l'empire.  Les  Vénitiens ,  qui  avoient  aidé 
aux  François  à  faire  la  conquête  de  Conftantinople, 
eurent  pour  prix  de  leur  fervice  la  Theffalie,  avec  une 
partie  de  la  Macédoine.  Voyant  que  les  François  éten- 
doient  leur  domination  dans  la  Grèce ,  ils  conçurent  le 
projet  de  les  imiter,  ck  donnèrent  aux  principaux  de 
leur  nation  le  même  pouvoir  que  Henri  avoit  donné  à 
ceux  de  fa  cour  ,  avec  les  mêmes  promeffes.  L'on  vit 
bientôt  les  François  ck  les  Vénitiens  envahir  la  Grèce , 
chaffer  les  Grecs  des  fouverainetés  qu'ils  avoient  ufur- 
pées  ,  s'établir  à  leur  place  ,  fous  le  titre  de  despotes. 
La  nature  de  ce  dictionnaire  ne  permettant  pas  de 
donner  ici  les  détails  hiftoriques  de  la  manière  dont 
toutes  fes  principautés  furent  établies ,  je  renvoie  à  Pa- 
chimere  ,  Chalcondile ,  de  Burigni.  Révolutions  de 
Conftantinople  ,  Sec.  èk  je  me  contente  d'en  donner  ici 
une  hfte ,  telle  que  j'ai  pu  la  faire  d'après  les  meilleurs 
hiftoriens. 

La  Macédoine  fut  en  partie  cédée  aux  Vénitiens, 
comme  nous  l'avons  dit":  le  refte  fut  divifé  en  despotats. 

L'EPIRE ,  despotac. 

Albasi^.,  despotat. 

THESSALIE,  royaume.  Les  Vénitiens  le  pofféderent 
d  abord  avec  une  partie  de  la  Macédoine  ;  mais  ils  le 
cédèrent  à  Boniface  de  Montferrat,  en  échange  de  Pifle 
de  Candie  ou  de  Crète. 

ACHAÏE  ,  despotat. 

Athènes  &k  Thèbes  ,  duché. 

CORINTHE  ck  NAPOLI,  despotat. 


GRE  ipp 

LacÉDÉMONE  ,  duché. 

L'Archipel  ,  duché.  Il  comprenoit  les  ifies  de  Naxe> 
de  Paros,  d'Antiparos,  de  Santorini,  de  Nio  ,  d'Anqfî, 
de  Cimolo  ,  de  Milo  ,  de  Siphanto  ck  de  Polycandro. 

L'ifle  de  Negrepont  ,  despotat. 

L'ambition  arma  tous  ces  princes  les  uns  contre  les  au- 
tres ;  chacun  d'eux  ne  fongeoit  qu'à  envahir  les  états  defon 
voifin  :  l'on  nevoyoit  en  Grèce,  que  brigandages,  que 
viols  ,  que  maffacres,  que  miféres.  L'empereur  étoit  trop 
foible  pour  arrêter  ces  maux ,  ck  appaifer  ces  divifions.  Les 
Turcs  en  profitoient  pour  étendre  leurs  conquêtes  :  enfin  , 
après  des  coups  fouvent  redoublés ,  ils  renverferent  l'empe- 
reur Grec,  ck  foumirenttoutes  ces  petites  principautés  dont 
on  vient  de  voir  la  lifte.  Le  duc  de  l'Archipel ,  après  leur 
avoir  réfifté  long-tems ,  fubit  le  fort  des  autres.  Les  Vé- 
nitiens défendirent  la  Morée  ou  le  Péloponnefe ,  pendar/f 
plufieurs  fiécles  ;  enfin  leurs  efforts  fuccomberent  à  la 
puiffance  des  Turcs ,  ck  la  Grèce  entière  fait  aujourd'hui 
partie  de  l'empire  Ottoman. 

HUITIÈME   ÉTAT   DE  LA   GRÈCE, 
ou  la  Grèce  dans  son  état  présent. 

On  comprend  à  préfent  fous  le  nom  de  Grèce  plu- 
fieurs pays  qui  n'en  étoient  pas  anciennement;  ck  comme 
nous  fommes  obligés  de  traiter  de  ces  pays  dans  leurs 
articles  particuliers ,  il  fuftira  ici  de  les  indiquer ,  ck  de 
marquer  en  même  tems  le  rapport  des  noms  modernes 
avec  les  anciens. 

1.  La  Romanie,  ou  Romelie  ,  ou  la  Thrace 
des  anciens. 

CJamboli;  la  première  ck 

SECONDEMACÈDOINEdes 
anciens. 
La  Macédoine  propre  ;  la 
|      plus  grande  partie   de   leur 

2.  La  Macédoine.  {     troisième  Macédoine. 

ILe  Comenolitari  ,   partie 

>de  la  troisième  Macé- 
doine ck  de  laTHESSALIE. 
LaLiNlNA,  la  plus  grande par- 

V  tie  de  la  Thessalie. 

(La  haute  ,  autrefois  la  qtja- 
I  trieme  Macédoine,  ou 
I     la  partie  occidentale  de  ce 

3.  L'ALBANIE.  \      royaume. 

|La  basse  ,  autrefois  I'Épire. 
ILe    Despostat  ,    autrefois 

V  l'Etolie. 

fLa  Livadie-PROPRE,  autre- 
fois la  Phocid'e  ,  la  Do- 
ride  ck  la  Locride. 

i  La  Stramulipa  ,  autrefois  la 

4.  La  Livadie.        i      béotie. 

Le  duché  d'ATHÈNES,  autre- 
I     fois  I'Attique  ck  la  Mê- 

I,      GA.RIDE. 

5.  La  Morée  ;  autrefois  le  Péloponnèse. 

6.  L'isle  de  Candie  ,  autrefois  la  Crète. 

7.  Les  isles  de  l'Archipel. 

La  Grèce  eft  préfentement  divifée  pour  le  gouverne- 
ment politique  ,  fous  le  département  de  deux  bâchas. 

Celui  de  Rumelie ,  ou  Romanie ,  le  dix-huitiéme  de 
l'empire  Turc  ,  eft  le  plus  confidérable  de  la  Turquie  en 
Europe.  Le  bâcha  fait  fa  réfidence  à  Sophie  ,  6c  a  fous 
lui  vingt-quatre  fangiacs ,  lavoir , 

Kiojlendil  ou  Juffiniana ,       Delvina  , 


Mord  ou  Morea , 

Uskiup  , 

Skenderi  , 

Kirkkelifa, 

Tirhala  y 

Ducakin  , 

Siliftra, 

Wedin, 

Nigheboli  % 

Alagelùfar, 

Uchri, 

Ser^erin , 

Aulona. , 

Waltchartn , 

Janina, 

Bender, 

Ilba^an  , 

Ahkerman , 

Tchirmen , 

Ou, 

Salonica.  ou 

Theffalonique^ 

Aiak. 

Wire, 

GRE 


200 

"Tous  ces  fangiacs  ne  font  pas  de  la  Grèce ,  à  beaucoup 
près  ;  mais  ils  dépendent  tous  du  bâcha  de  P«.umelie  , 
ielon  Ricaut ,  Etat  préfent  de  L'empire  Ottoman,  t.  I , 

1.1,  C.  12. 

Quoique  la  Mode ,  félon  le  canon  ancien  ,  fût  fous 
la  jurisdienon  du  bâcha  de  Rumelie ,  elle  en  a  été  déta- 
chée &  a  fait  une  partie  des  revenus  de  la  Validé,  ou 
impératrice ,  mère  du  fultan.  Elle  y  avoit  un  fermier  qui 
y  recevoit  les  droits  ,  &  qui  lui  en  tenoit  un  compte 
exaeft.  L'autre  bâcha ,  le  dix-neuviéme  de  l'empire  ,  c'eft 
le  Cupoutan  bâcha ,  ou ,  comme  les  Turcs  l'appellent  , 
ï 'amiral  de  la  mer  Blanche  ou  de  Y  Archipel.  C'eft  lui  qui 
commande  toutes  les  forces  marines  du  grand-feigneur. 
Il  a  fous  lui  treize  fangiacs  ;  favoir , 


CRE 


Galiwoli ,  où  il  réfide , 

Egriku^  ou  Negrepont , 

Karluli,  _ 

Ainehachti  , 

Rhodes , 

Medilli  ou  Mitylene  , 


Kogia  bli, 

Betga  , 

S  Ma, 

Meiefira ,  _ 

Sakis  ou  l'ille  de  Chio 

Benckfche  ,  Malvajîa. 


Quelques-uns  y  ajoutent  Nicomèdie,  Lemnos  &C  Naxe. 

Il  faut  faire  ici  la  même  remarque  que  nous  avons  faite 
fur  le  bâcha  de  Romanie.  Depuis  que  la  Grèce  eft  fous 
la  domination  du  grand-feigneur,  elle  n'eft  plus  peuplée 
comme  elle  l'étoit  autrefois.  Il  s'en  faut  bien  pourtant 
qu'elle  foit  aufli  déferte  qu'elle  le  paroît ,  à  n'en  juger  que 
fur  la  plupart  des  cartes.  Voici  une  lifte  des  habitans  qui 
cultivoient  les  ifles  de  l'Archipel ,  félon  la  note  qui  en 
fut  donnée  au  marquis  de  Fleuri  ,  gentilhomme  Savoi- 
fien  ,  qui  s'étoit  propofé  de  liguer  enfemble  ces  ifles , 
vers  l'an  1671,  ôt  d'y  établir  une  fouveraineté  indépen- 
dante du  Turc. 


ISLES. 

Habitans. 

Santorin ,' 

8000. 

Polycandro  • 

1500. 

Nio, 

1000. 

Sichino  , 

2000. 

Nanfi, 

1000. 

Eftopalia  l 

1500. 

Nixoro  , 

1500. 

Pattino  ou  Pathmos  , 

6000. 

Andros , 

ï  5000. 

zia,  ; 

4000. 

Termia, 

3000. 

Serfou , 

2000. 

Sifanto , 

3000. 

Argenteria: 
Miïo, 

1500. 

7000. 

Especii, 

1000. 

Idra, 

1000. 

Engia, 

2000. 

Scopolo , 

5000. 

Sciladroi , 

600. 

San  Giorgio  de  Scbirc 

1,  3000. 

Pfara , 

800. 

Naxe, 

7000. 

Nicaria, 

1000. 

Xamos, 

10000. 

Paros , 

10000. 

Antiparos  ,' 

800. 

Micone  , 

2000. 

Sira, 

3000. 

Aijo  Strati ,_ 

2000. 

Samandrachi, 

800. 

Schiaro  , 

1500. 

Simo, 

2000. 

Zaora  , 

3000. 

Taffo, 

3000. 

Cazo , 

5000. 

Scarpanto  ^ 

4000. 

Scarpantoni ,' 

200. 

Niffero , 

3O0O. 

Piscopia , 

4O0O. 

Amourgos, 

4000. 

Leros , 

3500. 

Lindo , 

20OO. 

En  tout  43  ifles  j  St 

145000  habitans. 

On  ne  comprend  dans  cette  lifte  ,  que  ceux  qui  payent 
le  charatz  ou  tribut  de  capitation.  Tous  ces  habitans  font 
Chrétiens ,  du  rit  grec  :  il  y  a  aufli  quelques  Juifs.  Autre- 
fois le  grand-feigneur  entretenoit  un  aga,  ou  un  cadi  , 
dans  plufieurs  des  ifles ,  pour  les  gouverner  Se  y  admi- 
niftrer  la  juftice.  Mais  comme  ces  officiers  ont  été  fouvent 
enlevés  par  les  corfaires ,  il  fe  trouve  peu  de  gens  qui 
fe  foucient  d'accepter  des  emplois  fi  dangereux  ;  ainfi 
le  peuple  fait  choix  de  trois  ou  de  quatre  perfonnes  des  plus 
éclairées  <k  des  plus  riches  pour  être  leurs  archontes  ou 
magiftrats  ,  ausquelles  ils  remettent  la  décïfion  de  toutes 
les  affaires  civiles.  lis  agiffent  pour  toute  l'ille ,  lèvent  l'ar- 
gent du  tribut ,  qu'iis  tiennent  prêt  pour  l'arrivée  de  la  flotte 
que  le  capoutanbachay  conduit  une  fois  l'an.  S'ilfe  commet 
un  crime  capital,-  on  réferve  le  coupable  jufqu'à  l'arrivée 
du  général  de  la  flotte ,  qui  prononce  la  fentence ,  &  la 
fait  exécuter.  Les  archontes  font  choiiis  tous  les  ans ,  à 
moins  que  le  peuple  ne  confirme  ceux  de  l'année  précé- 
dente ;  ce  qui  fe  fait  la  plupart  du  tems  ,  parce  qu'il  y  a 
peu  de  perfonnes  en  ce  pays-là,  qui  ambitionnent  de  com- 
mander. 

Voilà  pour  ce  qui  regarde  les  ifles  de  la  Grèce  ;  à  l'égard 
de  la  MorÉE  &  des  provinces  de  terre  ferme ,  comme 
I'Albanie  ,  la  Livadie  ,  la  Janina,  le  Comeno- 
litari,  la  Macédoine  tk  le  Jambôli  ;  on  trouvera 
fous  leurs  articles  refpeftifs ,  ce  qui  regarde  l'état  préfent , 
&  leur  ancien  état ,  fous  les  anciens  noms  de  ces  mêmes 
pays.  Il  eft  tems  de  venir  enfin  à  l'églife  Grecque. 

DE  L'EGLISE   GRECQUE. 

Il  ne  faut  pas  confondre  l'églife  de  la  Grèce ,  avec  l'églife 
Grecque  ;  ce  font  deux  chofes  très-différentes. 

L'églife  DE  LA  GRÈCE  eft  l'églife  établie  par  S.  Paul, 
Se  par  les  autres  apôtres  à  Corinthe ,  à  Theffalonique ,  &C 
autres  lieux  .de  l'ancienne  Grèce  ,  en  Europe  ;  on  peut 
encore  y  ajouter  l'églife  fondée  par  les  apôtres  à  Eplùfe  , 
à  Antioche ,  &  dans  les  autres  villes  de  la  Grèce  AÎîa- 
tique. 

Par  l'EGLISE  GRECQUE  ,  nous  entendons  aujour- 
d'hui toute  cette  étendue  qui  eft,  ou  qui  devroit  être 
comprife  fous  le  patriarchat  de  Conftantinople  ;  &  même 
les  églifes  qui  adhèrent  au  fchisme  des  patriarches  Grecs  , 
comme  l'églife  Ruffienne  ,  &:  quelques  autres.  Voyez  au 
mot  Patriarchat. 

Avant  Conftantin  ,  l'églife  perfécutée  par  les  empe- 
reurs ,  n'étoit  occupée  que  de  la  conyerfion  des  payens, 
&  de  l'édification  des  fidèles.  Les  évêques  fuivoient, poul- 
ie partage  de  leur  jurisdiftion  ,  celui  qu'ils  trouvoient 
déjà  établi  dans  le  gouvernement  politique.  En  un  mot, 
l'églife  ne  changea  point  les  bornes  des  provinces  Ro- 
maines ;  &  lorsque  dans  une  même  province,  il  y  avoit 
plufieurs  évêques  ,  ils  s'accordoient  tous  à  reconnoître 
pour  fupérieur  celui  qui  occupoit  le  premier  fiége  de  la 
province.  Rome  ,  capitale  de  l'univers ,  fut  la  réfidencedu 
prince  des  apôtres,  qui  y  fouffritle  martyre,  fous  Néron: 
tous  les  autres  évêques  de  l'univers  reconnurent  en  toute 
occafion  la  primauté  des  fucceffeurs  de  S.  Pierre.  Avant 
&  fous  Conftantin,  il  n'y  avoit  qu'un  empire;  mais 
après  fa  mort  fes  trois  fils  partagèrent  fes  états.  Conf- 
tantin ,  qui  étoit  l'aîné ,  eut  l'Espagne ,  la  Gaule  &  tout 
ce  qui  eft  au-deçà  des  Alpes.  Confiant  qui  étoit  le  plus 
jeune,  eut  l'Italie , l'Afrique ,  la  Sicile  &l'Illyrie.  Cons- 
tantius  ,  qui  étoit  le  fécond  ,  eut  l'Ane  ,  l'Orient  &C 
l'Egypte.  Un  frère  de  Conftantin  avoit  deux  fils ,  Dalmace 
&  Hanniballien  :  Conftantin  leur  avoit  donné  leur  part 
de  fes  états  :  Dalmace  avoit  eu  la  Thrace ,  la  Macédoine 
&  l'Achaïe  ;  Hanniballien  avoit  eu  la  Cappadoce ,  le 
Pont  8t  l'Arménie  :  ces  deux  frères  furent  maffacrés  par 
les  foldats ,  à  la  mort  de  Conftantin  le  Grand.  Cela  donna 
lieu  à  un  nouveau  partage.  Conftantius  eut  la  Thrace  avec 
la  Cappadoce  ;  Conftantin  eut  l'Achaïe  &  la  Macédoine  : 
ainfi  la  Grèce  fut  du  partage  de  Conftantin  qui  étoit 
l'aîné ,  &  qui  poffédoit  aufli  les  Gaules ,  l'Espagne ,  &c. 
Mais  cet  empereur  ayant  péri  en  340,  Confiant  profita 
de  ce  qui  lui  avoit  appartenu  ,  &  le  joignit  à  ce  qu'il 
poffédoit  déjà  ;  ainfi  on  ne  diftingua  plus  que  deux  em- 
pires ,  l'un  d'Orient  ,  l'autre  d'Occident.  La  Grèce 
Afiatique  fut  confondue  fous  le  nom  d'Orient  ,  &  les 
évêques  â'Antioche ,  à'Ephfe ,  de  Smyrne ,  &c.  en  un 
mot ,  tous  les  évêques  de  l'Afie  mineure  furent  diftingnés 

des 


GRE 


GRE 


201 


des  autres  ,  par  le  nom  d' 'Orientaux.  Ceux  d'Italie ,  des 
Gaules ,  de  l'Efpagne ,  de  PIllyrie  ,  de  la  Grèce  &  de 
la  Thrace  furent  appelles  les  Occidentaux.  Les  Orientaux 
avoient  leur  patriarche  qui  réfidoit  à  Antioche  :  l'Egypte 
avoit  le  lien  qui  réfidoit  à  Alexandrie.  Jérufalem,  après 
fon  rétabliffement ,  ne  fut  d'abord  regardée  que  comme 
une  "ville  nouvelle ,  &Ç  fon  évêque  étoit  iubordonné  à 
celui  de  Cefarée  comme  à  fon  métropolitain  ;  du  tems 
du  concile  de  Nicée,  il  précédoit  les  autres  évêques  de 
la  Paleftine.  Avec  le  tems  ,  on  lui  accorda  le  titre  de 
Jiége  patriarchal ,  par  refpeâ  pour  le  lieu  où  le  Sauveur 
du  monde  étoitmort.  Tout  l'Occident  étoit  fous  le  fiége 
de  Ro.-ne ,  &  ne  reconnoifibit  point  d'autre  patriarche. 
Les  autres  patriarches  eux-mêmes  convenoient  de  fa 
primauté.  Il  n'étoit  point  encore  queftion  du  fiége  de 
Conftantinople  parmi  les  patriarches  ;  mais  ceux  quî 
l'occupoient ,  fe  voyant  favorifés  des  empereurs ,  crurent 
pouvoir  en  profiter,  ôf  donner  à  leur  fiége  un  rang  qu'il 
n'avoit  pas.  Ils  étoient  parvenus  à  s'élever  au-deffus  de 
celui  d'Héraclée  qui  étoit  le  vrai  ■  métropolitain  de  la 
Thrace,  comprife  alors  dans  l'églife  d'Orient.  Mais  au 
concile  de  Chalcédoine,  ils  s'arrogèrent  plus  qu'ils  n'a- 
voient  ofé  jufqu'à  ce  tems-là.  Non-feulement  ils  fe  mirent 
au  rang  des  patriarches  ;  mais  même  ils  fe  firent  donner 
le  fécond  rang  par  le  vingt-huitième  canon  ,  laiffant  à 
Rome  le  premier  qu'elle  avoit  toujours  poffédé.  Ainfi 
Alexandrie  qui  avoit  eu  le  fécond  rang  ;  &  Antioche , 
qui  jouiffoit  du  troifiéme ,  furent  reculées  &  n'eurent  plus 
que  le  troifiéme  rk  le  quatrième  ;  &  Jérufalem  eut  le 
cinquième.  En  vain  les  légats  du  pape  ,  Se  S.  Léon  lui- 
même  tâchèrent  de  maintenir  l'ancien  ordre  ,  l'am- 
bition d'Anatolius  l'emporta.  On  fournit  au  patriarche  de 
Conftantinople  les  métropoles  de  Pont  ,  d'Afie  &  de 
Thrace.  La  Grèce  demeura  à  l'églife  d'Occident.  Theffa- 
lonique  ,  devenue  depuis  long-tems  la  plus  importante 
ville  d'Illyrie ,  fous  laquelle  nous  avons  dit  que  la  Grèce 
étoit  comprife  ,  étoit  le  fiége  d'un  métropolitain  ,_  qui , 
en  qualité  de  vicaire  apoftolique,  exerçoit  la  jurifdièrion 
du  S.  fiége  dans  l'étendue  de  ce  grand  diocèfe. 

Le  fiége  de  Conftantinople  n'en  demeura  point-là, 
il  étendit  fa  jurisdiction  fur  les  ifles  de  l'Archipel  ;  & 
ce  diocèfe  s'appella  la  province  des  ifles  Cyclades.  La 
notice  de  Léon  le  Sage  y  met  les  évêchés  fuivans  : 


Rhode, 
Samos  , 
Chio, 
Cos, 
Naxe, 
Theres  : 


Paros , 
Leros , 
Andros . 

TlNE  , 
MlLO, 
PlSYNO. 


Ce  fiége  profita  des  courfes  des  Barbares  en  Italie  ,  & 
prit  fon  tems  pour  s'attribuer  les  métropoles  de  la 
Grèce  ,  Sr.  tous  les  évêques  qui  en  dépendoient.  Ceux 
qu'il  détacha  du  fiége  de  Rome  ,  furent  : 


Thessalonique  . 
Syracuse, 
corinthe, 
Rhegio, 


Nicopolis, 

Athènes , 

Patras, 

La  nouvelle  Patras. 


Ifli ,  dit  la  notice  ,  fynodo  &  ecclejicz  Conflantino- 
politance  ,  veteris  Romœ  papa  à  Gentilibus  detento  ,  funt 
adjuncli.  Du  tems  de  Hierocles ,  la  Grèce  étoit  partagée 
en  huit  provinces ,  dont  voici  le  rang  par  rapport  aux 
provinces  de  tout  l'empire  : 

La  vu,  qui  comprenoit  la  première  Macédoine. 
La  vin,  qui  comprenoit  la  SECONDE  MACEDOINE. 
La  IX,  qui  comprenoit  la  Thessalie. 
La  X,  qui  comprenoit  la  Grèce  PROPRE,  ou  l'A- 

CHAÏE,  y  compris  le  PELOPONNESE. 
La  XI ,  qui  comprenoit  l'ifle  de  Crète. 
La  xn  ,  qui  comprenoit  1' ancienne  Epire. 
La  xm  ,  qui  comprenoit  la  nouvelle  Epire. 
.-     La  XXIX,  qui  comprenoit  les  1SLES. 

Voyons  préfeutement  quelles  étoient  les  villes  de 
chacune. 


DE  LA  PREMIERE  MACÉDOINE. 


Theflalonique, 

Pella, 

Europe , 

Dius, 

Beroée, 

Eordée, 

Edeffe  , 

Colla  ou  Cellaj 

Almoépeia, 

Lariffe, 

Heraclée  de  Laocus , 

Antagnie , 

Nicedes , 

Diobore , 

Idomene  . 


Dragylus  ou  Bragylus  , 

Trimula  ou  Primula  , 

Parthicopolis , 

Heraclée  de  Strymnus  j 

Serres  , 

Philippe , 

Amphipe, 

Apollonié, 

Néapolis  , 

Achanthe  , 

Berge , 

Araure  , 

Clema, 

Menticon  &  Âcontisma:' 

L'ifle  de  Thafo  , 


L'ifle  de  Samothr, 
DE  LA    SECONDE    MACÉDOINE, 

Stoli ,  Bargala , 

Argos ,  Celenis , 

Euftraïon ,  Harmonia  , 

Pelagonia,  Zapara. 

DE   LA    THESSALIE. 

Lariffe ,  Caeparea , 

Demetriade  ,  Dioclétianople  , 

Thèbes ,       '  Pharfale , 

jEchionio,  Sartoburamifium , 

Lamia ,  Satofibius , 

Hypata ,  métropole ,  _  les  C  Scopelos  ,  •■ 

Tricas  ou  Trocae ,  ifles  <  Sciathos  , 

Gomphi ,  de  (  Peparethos. 

DE  LA  GRÈCE  PROPRE  ou  de  L'ACHAIE. 
Thespies, 


Scarphia , 
Eleufine, 
Boë  &  Drimya , 
Daulia, 
Cheronée, 
Lepante , 
Delphes  , 
Amphiffa  , 
Tithora , 
Ambrofus  ,' 
Anticyra, 
Lebadia, 
Coronie  en  "  ' 
Steraës , 
Opus, 
Anaftafis , 
Ecepsùs , 
L'ifle  d'Eubée, 
Anthedon , 
Bumelita , 


Hyttes  Thyffa , 

Thèbes,  métropole  de  Béo- 

tie, 
Tanagra , 

Chalce,  dans  l'ifle  d'Eubée,' 
Porthmus , 
Caryftus  , 
Platées, 
jEgofthene , 
Athènes,  métropole  de  l'At- 

tique , 


eotie , 


Megare, 

Bag£, 

Cromon , 

L'ifle  d'Engia," 

Pcetoeufa , 

Cea, 

Adelus, 

Talamene  &  Thermopyle, 

AU    PELOPONNESE. 
Corinthe ,  nouvelle  métro-     Tegée  , 

pôle  de  la  Grèce ,  Tarpufa , 

Sicyone,  Mantinée, 

Laëédémone,  métropole  de    Pharae , 

la  Laconie  , 
Geronthrae  , 
jEges, 
Melhana, 
Troëfene,  . 
Epidaure, 
Hermione , 
Argos, 

Mlh't  métropole  de  l'Etohe. 

fCefalonie, 
I  Panormus, 

Zante, 

Cythere, 
I  Mycone , 
Les  isLESde{Strophaclie) 

Melos , 

Dorula , 
I  Lemnos , 
Umbros. 

Tome  III.      Cc- 


Afopolis , 

Acrea; , 

Phialea, 

Mefene , 

Coronia, 

Afinœ , 

Mothone  ou  Modon, 

Cypanfia , 


2  0  2  GRE 

DE  L'ISLE  DE  CANDIE. 

Gortyne ,  métropole ,  Axius  , 

Inathus ,  Eleutherna, 

Bienna ,  Lampœ  , 

HieraPydna,'  Aptera, 

Camara,  Cydonie, 

Allyngus ,  Cifamus  , 

Cherfonnenfus  ,  Cantanum  ? 

Lyftus,  Elyrus, 

Arcadia ,  Liffus , 

Cnoffus ,  Phoenece  ou  Phœnix  portus . 

Subritum  ,  Aradena  ou  Artacina  , 

L'ifle  Claudos. 


GRE 


La  Notice  ne  met 
point  les  noms  de 
ices  évêchés.  A  l'é- 
'gard  du  dernier 
nombre,  ilya,l'ans 
doute ,  une  faute. 


DE   L'ANCIENNE  EPIRE. 

Phénice , 
Anchiasmus, 
Butrinto , 


Nicopolis,  métropole, 
Dodone, 
Eurée , 
Acnium , 
Adrianopolis  , 
Appon , 


Photice , 

L'ifle  de  Corfou, 

L'ifle  d'Ithaque. 


DE  LA  NOUVELLE   EPIRE, 
Epidamus  ,    aujourd'hui     Amantia 


Durazzo  , 
Scappa  ou  Scampio 
Apollonie, 
Bullis . 


DES 


Pulcheriopolis , 
Aulon  , 
Liflron , 
&  Scepon. 

I S  L  E  S. 


Rhode, 
Cos, 
Samos , 
Chio  , 
Mitylene," 
Methymne 
Petelos , 
Tenedos, 
Profelene» 


Andros, 
Tine  , 
Naxe, 
Paros , 
Syphne, 
Milo, 
lus, 
Thera  ,' 
Amorgos, 
Aftypalœa. 


Tel  efl  l'état  de  la  Grèce ,  félon  le  grammairien  Hie- 
rocles.  On  ne  fait  pas  au  jufte,  quand  il  a  vécu;  mais  il 
paraît  que  ça  été  entre  Léon  le  Philofophe ,  &c  la  prife 
de  Conftantinople  par  les  François  ,  &  par  conféquent 
dans  le  dixième  fiécle.  Cette  Notice  fert  à  faire  voir 
comment  6c  en  quelles  provinces- la  Grèce  étoit  alors 
diftribuée ,  &c  quelles  villes  elle  avoit.  Toutes  n'étoient 
pas  épiscopales. 

La  Notice  de  Nilus  Doxapatrius ,  qui  écrivoit  vers  le 
milieu  du  onzième  fiécle ,  indique  ainfi  les  archevêchés, 
&  le  nombre  des  évêques  qui  en  dépendoient  ;  favoir, 

Thessalonique,  en  Theffalie ,  huit  évêques.  On  ne 
nomme  point  leurs  fiéges. 

/Damala  , 


Larisse,  dans  la  Grèce,  dix-huit) 
évêques. 

LepantE  ou  Naupacîus  Nicopo- 
leos,  neuf  évêques. 

Philippes  de  Macédoine,  fept 
évêques. 

La  NOUVELLE  PATRAS  ,  dans 
la  Grèce  ,  fix  évêques. 

Thèbes  ,  dans  la  Grèce ,  trois 
évêques. 

Serres,  dans  la  Theffalie,  LVIÏ.) 


La  Notice  met  entre  les  archevêques  fournis  au  fiége' 
de  Conftantinople  ,  mais  qui  n'ont  aucun  évêque  fous 
eux; 

Lemnos ,  Scarpanto, 

Leucade ,  Pharfale  , 

Engia ,  &c. 

L'état  des  églifes  de  Grèce,  efl:  aujourd'hui  bien  diffé- 
rent ;  voici  quels  font  les  évêchés  &  les  archevêchés  , 
félon  la  Notice  de  Thomas  Smith,  qui  a  écrit  de  l'état 
préfent  de  l'églife  Grecque  ,  avec  quelques  corrections 
que  le  dofteur  Schelftrate  y  a  faites  : 


(Cytros  , 
IServia, 
Campania  ,' 
(     Thejfalonique  a  I  Petra  , 
j  neuf    fuffragans  ^  Ardamerion  , 
favoir,  (Hieroffus, 

Du  mont  Athos , 
I  Plantainon  , 
IPoliannina. 

fTalantion  , 
Scirre , 
Solon  , 
Mindinir.' 

Lacèdémone.    fCariopoIis,' 


Demetriade  l 
Zeiton, 
Stagon, 
Taumacos  ,' 
Gardicion, 
Radobisdion  ,' 
Sciathos , 
Loëdoricii, 
Letzœ, 
Agrapha.  " 


L'Archevê- 
que de 


Lariffe,  dix,    { 


JArgos, 


CORINTHE  au  Peloponnefe,  S£ef  » 
a  iept  eveques  ;  favoir  ,        '.  £ante       ' 
I  Zarneres  , 
l  Marne. 

fEuripe  , 

IDaulie , 
Coronie  , 
Andros, 

ATHàNES  ,  en  Grèce  ,  onze^  P*"> 
évêques;  favoir,      '  g^; 

Porthmos  , 
Aulone , 

Syre  &  Seriphe  J 
Céos  &  Termie. 
La  CRETE ,  dix  évêques  fans  noms  des  fiéges. 
fLacédémone  , 

PATRAS,  au  Peloponnefe,  a!  Coron  ' 

cinq  évêques  ;  favoir,  Bolene', 

Olene.' 


Corinthe,  un.   {Damalon. 

(Butrinto  , 

Poan/2Îna,qnatie.<r     i? . 

ILa  Chimarra, 
CDrinopolis. 

Monembafe,   au-(wlo.s  ' 
trefois   kpidau-M*™, 

Phanarion,  imi^??'1,0™"-  ?,«£ 
J.  uni  al  archevêché. 


i 


,  ancienne  . 


Metyn 


(  Olene , 
.JModon, 
(Coron. 

{Sans  fuffragans. 


Les  fiéges  de  Thïbes,  de  Serres ,  de  la  nouvelle  Patras, 
en  Theffalie ,  d'Eno ,  en  Macédoine ,  d'Euripe ,  en  Negre- 
pont ,  ôiArta ,  de  Chio ,  de  Zia ,  de  Siphnos ,  de  Samos , 
de  Scarpanto  ,  à' 'Andros ,  de  Cos ,  de  LeuM.de ,  de  Zucna. 
en  Macédoine  ,  de  Berrhoie ,  d'Imiros  ,  de  Santetin , 


GRE 


d'Engia  ,  relèvent  immédiatement  du  fiége  de  Conftan- 
tinople.  Cela  doit  s'entendre  des  évêques  du  rit  grec. 

GRÈCE  ASIATIQUE  (la)  :  on  a  auffi  autrefois 
ainfi  nommé  la  partie  de  l'Àfie  ,  où  les  Grecs  s'étoient 
établis  ,  principalement  YALolide.  Ylonie,  la  Carie,  & 
la  Doride,  avec  les  ides  voifines.  Ces  Grecs  Afiatïques 
envoyèrent  le  long  de  la  Propontide  ,  &  même  jufqu'au 
fond  du  Pont-Euxin  des  colonies ,  qui  y  établirent  d'au- 
tres colonies  ;  de-là  vient  que  l'on  y  trouve  des  villes 
qui  portent  des  noms  purement  grecs ,  comme  Héraclée , 
Trebisonde ,  Athènes ,  &c.  Nous  avons  marqué  les  prin- 
cipales révolutions  de  la  Grèce  Asiatique ,  dans  l'hiftoire 
géographique  de  la  Grèce. 

GRECE  PROPRE  (la).  Voyez  HellaS. 

GRANDE  GRÈCE  (la)  :  on  a  ainfi  appelle  la  partie 
orientale  &  méridionale  de  la  prefqu'ifle  d'Italie.  Dans 
l'hiftoire  géographique  de  la  Grèce  ,  nous  avons  rap- 
porté les  principales  colonies  que  les  Grecs  menèrent 
en  Italie ,  &  les  fondations  de  plufieurs  villes.  On  peut 
y  ajouter  quantité  d'autres  détails  rapportés  par  Denis 
d'Halicarnaffe  ,  dans  le  premier  livre  de  Ces  Antiquités 
Romaines.  Cette  dénomination  de  la  grande  Grèce 
ne  s'eft  faite  apparemment  ,  que  quand  la  république 
Romaine  a  été  formée  &  a  eu  un  état,  dont  les  Latins  , 
les  Volsques  &  les  Sabins  faifoient  partie  ;  car  ces 
peuples  étoient  Grecs  d'origine  ,  &  leur  pays  pouvoit 
être  naturellement  compris  dans  la  Grèce  Italique. 
Mais  comme  ils  avoient  fubi  le  joug  des  Romains ,  Se 
parloient  une  langue  différente  de  celle  des  Grecs,  on 
réferva  le  nom  de  Grèce  à  ceux  qui  avoient  confervé 
leur  langue  originale  ,  qu'ils  mêlèrent  pourtant  enfuite 
avec  la  latine  ,  comme  on  voit  que  du  tems  d'Augufte 
on  parloit  encore  à  Canuiè  un  jargon  qui  étoit  un  mélange 
de  grec  &c  de  latin.  *  Horat.  1.  i ,  Sat.  v.  30  : 

Canujîni  mort  bilinguis. 

On  peut  voir  la  table  des  premiers  peuples  d'Italie 
dans  l'article  d'Italie  ,  à  la  première  divifion.  On  voit 
pourquoi  ce  pays  avoit  été  appelle  la  Grèce.  Mais  le 
furnom  de  grande  a  caufé  de  l'embarras  à  plufieurs  fa  vans , 
faute  d'avoir  connu  la  véritable  étendue  de  l'ancienne 
Grèce  &  de  la  nouvelle.  Pline  /.  3  ,  c.  5  ,  que  l'on  fuppofe 
avoir  été  dans  cette  erreur  ,  dit  que  ce  nom  de  grande 
vient  des  Grecs ,  &  non  pas  des  Romains  :  que  les  Grecs 
pleins  de  vanité  ,  donnèrent  le  nom  de  grande  Grèce 
à  un  affez  petit  canton.  Jofeph  Scaliger  dit  fur  Feftus  ; 
il  eft  certain  qu'elle  fut  ainfi  nommée  -,  major  Gracia, 
par  les  Romains,  parce  qu'elle  étoit  plus  proche  d'eux 
que  l'autre  Grèce.  Il  femble  que  Scaliger  ait  jugé  dans 
cette  conjecture  ,  félon  les  régies  de  la  perspective. 
Dacier  a  bien  vu  qu'il  falloit  .chercher  une  meilleure 
raifon  que  celle-là.  Il  la  prend  de  ce  que  quelques  anciens 
ont  aggrandi  la  nouvelle  Grèce.  Feftus  dit  :  Major  Grcecia 
dicta  eft  Italia  ,  qubd  eam  Siculi  quondam  obtinuerunt  ; 
velqubd  in  ed  milita  magneeque  civitatesfuerunt  ex  Gracia, 
profccla  :  c'eft- à-dire  ,  l'Italie  a  ètè  appellèe  la  grande 
Grèce ,  parce  que  les  Sicules  font  autrefois  habitée  ,  oit 
parce  qu'il  y  avait  plufieurs  grands  peuples  venus  origi~ 
naircment  de  Grèce.  Athénée  ,  /.  1 1 ,  c.  5  ,  donne  ce  nom 
à  une  grande  partie  de  l'Italie.  Strabon  ,  /.  6,  p.  153  , 
appelle  ainfi  la  Sicile ,  Se  la  partie  d'Italie  qui  en  eft 
voifine.  Servius  l'étend  depuis  Tarente ,  jufqu'à  dîmes, 
&c.  Dacier  fe  moque  avec  juftice ,  de  la  ridicule  con- 
jecture de  Scaliger;  comme  fi,  dit-il,  de  deux  villes  de 
iriême  nom,  la  plus  proche  pouvoit  être  appellèe  grande , 
par  la  feule  raifon  du  voifinage.  D'ailleurs  il  n'eft  pas 
vrai  que  ce  foient  les  Romains  qui  lui  ayent  donné  ce 
nom  ;  ce  font  les  Grecs  ,  comme  Pline  le  dit  très-bien. 
Quant  à  ce  qu'il  les  aceufe  de  vanité  ,  cela  ne  tombe 
pas  fur  la  comparaifon  de  la  grande  avec  la  petite  Grèce  , 
mais  fur  ce  qu'ils  avoient  donné  le  nom  de  grande  Grèce 
à  un  pays  qui  étoit  petit ,  en  comparaifon  de  toute 
l'Italie,  dont  il  n'étoit  que  la  partie  orientale  &C  méri- 
dionale. Il  eft  pourtant  vrai  &  démontré  que  la  grande 
Grèce  en  Italie  eft  réellement  Sr.  confidérablement  plus 
grande  que  la  véritable  Grèce  ;  Se  cela  eft  exactement 
vrai ,  fans  qu'il  foit  befoin  d'y  attacher  la  Sicile ,  comme 
fait  Strabon,  quoique  cette  ifle  étant  pleine  de  colonies 
Grecques,  pût  être  auffi  appellèe  Grèce. 

De  l'Ifle ,  dans  fon  excellente  Juftifkation  des  mefures 


GRE  203 

des  anciens ,  en  matière  démographie ,  a  traité  ce  fujet 
en  peu  de  mots.  Voici  féV  paroles  :  les  Grecs  avoient 
envoyé  un  fi  grand  nombre  de  colonies  dans  cette  partie 
d'Italie ,  qu'elle  en  fut  appellèe  Grée: ,  comme  le  pays 
qui  a  porté  ce  nom  de  tout  tems.  Mais  les  modernes 
comparant  l'étendue  de  ce  pays  avec- celle  de  la  Grèce 
proprement  dite,  qui  comprenoit  l'Achaïe,  le  Pélopon- 
nefe  &  la  Theffaiie  ,  ils  ont  cru  que  le  nom  de  grande 
Gréeç  aurait  mieux  convenu  à  cette  ancienne  Grèce, 
qui  étoit  plus  grande  que  l'autre  ,  félon  leurs  hypothèfes» 
Ces  modernes  donc ,  Cellarius ,  Geogr.  ant.  1.  2 ,  c.  9 , 
p.  640 ,  entr 'autres  ,  ne  fâchant  comment  expliquer  les 
anciens  dans  cet  endroit  ,  attribuent  cette  prétendue 
erreur  des  anciens  à  là  vanité  des  Grecs  ;  mais  ils  font 
juftinés  par  les  obfervations.  Le  père  Feuiliée ,  de  concert 
avec  MM.  de  i'obfervatoue,a  obfervé  les  hauteurs  du  pôle;, 
_&  les  longitudes  de  Theflalonique,  de  Milo  &  de  Candie: 
j'ai  recueilli  auffi  les  obfervations  de  Vernon ,  Anglois, 
à  Lacédéinone,  à  Athènes,  à  Thèbës,  à  Coiinthe  ,  I 
Chalcis  ,  &  en  d'autres  endroits.  Il  réfulte  de  toutes  'ces 
obfervations,  que  la  longueur  que  l'on  donnoit  ci-devant 
à  la  Grèce  proprement  dite,  auffi-bien  que  fa  largeur, 
excédoit  de  plufieurs  degrés  la  véritable  ;  enforte  que 
ce  pays  fe  trouve  plus  petit  de  la  moitié  qu'on  ne  le 
fuppofoit.  On  pourrait  auffi  juftifîer  par  les  mefures  des 
anciens  cette  étendue  de  l'ancienne  Grèce  ,  fi  différente 
de  celle  qu'on  lui  a  donnée  jufqu'à  préfent.  *  Mém.  de 
l'Acad.  royale  des  feiences ,  année  IJI4.. 

Afin  de  rendre  cetre  vérité  plus  fenfible  ,  De  l'Ifle 
donne  une  carte,  où  l'Italie  &  la  Grèce  font  repréfentées 
de  deux  manières ,  l'une  félon  les  meilleurs  géographes 
modernes ,  l'autre  félon  les  obfervations  aftronomiques 
pour  les  lieux  où  l'on  a  pu  en  avoir  ,  Se  pour  les  autres 
félon  les -mefures  des  anciens  auteurs.  On  ne  croirait 
peut-être  pas  ,  dit  De  Fontenelle ,  combien  ces  deux 
représentations  font  différentes.  Dans  la  féconde ,  la 
Lombardie  eft  fort  accourcie  du  midi  au  feptentrion ,  la 
grande  Grèce  augmentée  ,  la  mer  qui  fépare  l'Italie  & 
la  Grèce,  rétrécie,  auffi-bien  que  celle  qui  eft  entre  l'Italie 
&  l'Afrique  ;  la  Grèce  fort  diminuée.  Par-là  il  (e  trouve 
que  certaines  chofes  qui  ont  été  dites  par  les  anciens  ,  ou 
font  vraies  ou  moins  abfurdes  qu'on  ne  penfoit ,  &  affez 
peu  abfurdes  pour  avoir  pu  fe  dire  :  par  exemple ,  il  eft: 
vrai  ,  contre  l'opinion  univerfellement  reçue  ,  que  la 
grande  Grèce ,  ou  la  partie  méridionale  de  l'Italie  ,  eft 
plus  grande  que  la  Grèce  proprement  dite. 

Tite-Live,  /.  7,  c.  26 ,  regardant  la  Sicile  comme 
partie  de  la  Grèce ,  nomme  Grèce  ultérieure  la  véritable 
Grèce.  En  ce  fens  la  Grèce  citérieure  étoit  la  même  que 
la  Grèce  Italique  ;  Se  en  effet  elle  étoit  en-deçà  par  rap- 
port à  cet  hiftorien.  Cette  Grèce  en  Italie  eft  nommée 
Subàflva  Gracia  par  Apulée  ,  Apolog.  Plaute  ,  Menach. 
AH.  2. ,  Se.  1 ,  V.  11,  116-13,  dans  une  comédie 
dont  la  feene  eft  en  Grèce,  appelle  l'autre  Grèce  étrangère 
OU  barbare  ;  Exoticam  : 

Mare  fuperum  omne  ,  Grœciamqu'e  exoticam , 
Orasque  Italicas  omnis ,  qua  adgreditur  mare, 
Sumus  circumvecli. 

Cette  grande  Grèce  diminua  infenfiblement,  à  mefure 
que  la  république  Romaine  s'aggrandit  :  Strabon  à  l'en- 
droit déjà  cité  ,  dit  que  de  fon  tems  il  ne  reftoit  plus 
que  Tarente  ,  Rhege ,  &  Nâples ,  qui  euffent  confervé 
les  mœurs  grecques  ,  &  que  toutes  les  autres  villes  avoient 
pris  les  manières  étrangères ,  c'eft-à-dire ,  des  Romains 
leurs  vainqueurs.  Elle  diminua  infenfiblement  ;  &c  Pto» 
lomée  n'y  trouve  que  fix  villes  maritimes  ,  favoir , 


Locri ,  Crotone , 

Scylacium ,         Tliurium  , 


Metapontium . 
Tarente. 


Et  deux  dans  l'intérieur  du  pays  ,  favoir 


Petilia , 


&  Abyftrum. 


Cette  Grèce  â  eu  aiiffi  fes  hommes  illuftres  en  affez 
jrand  nombre  ;  entre  les  philofophes  ,  Pythagore , 
Parmenide ,  Zenon  ,  &c  ;  entre  les  poètes  ,  Ibicus  Se 
quelques  autres,  mais  ces  Grecs  d'Italie  s 'étant  enfuite 
donné  à  la  langue  Latine ,  s'en  fervirent  dans  leurs  poëlies. 
Tome  III.     C  c  ij 


GRE 


2  04 

Pacuvius  &t  Horace,  tous  deux  nés  dans  la  Pouille ,  étoient 
de  véritables  Grecs  ,  quoiqu'ils  ibient  entre  les  poètes 
Latins.  Voyez  les  articles  particuliers  ,  la  Pouille  ,  la 
Messapie  ,  la  Calabre  ancienne  ,  les  Salentins  , 
les  Locres  ,  les  Lucaniens  ,  les  Brutiens. 

GREDONENSE  Castrum.  Grégoire  de  Tours  , 
dit  que  S.  Privât,  évêque  de  Javoux,  ou  Gabales  dans 
le  Gévaudan  ,  dans  le  tems  que  les  Allemands  firent 
irruption  dans  les  Gaules ,  fut  trouvé  dans  une  grotte  de 
la  montagne  de  Mende ,  où  il  s'occupoit  au  jeûne  &  à 
la  prière  pendant  que  le  peuple  étoit  enfermé  dans  la  for- 
terefie  Gre.done.nfis  Caflri.  On  croit  que  c'eft  préfente- 
ment  Gre^e ,  village  du  Gévaudan.  *  Hijl.  Franc.  1.  1 , 
c.  32,  p.  20,  eiit.  Bénédictin. 

GREGARI  ,  peuple  de  la  Sarmatie  ,  en  Afie,  félon 
Pline  ,  /.  6  ,  c.  7.  Le  P.  Hardouin  lit  Gogari  ,  dans  fon 
édition. 

1.  GREIFFENBERG ,  ville  de  Bohême  ,-  en  latin 
Gryphiberga  ;  elle  eft  dans  la  Siléfie  &  dans  la  princi- 
pauté de  Jauer  ,  fur  la  Queifs  ,  aux  frontières  de  la  haute 
Luface  &  de  la  Bohême  propre.  Elle  eft  peu  confidéra- 
ble. 

2.  GREIFFENBERG,  fortereffe  fur  une  montagne , 
près  de  Trarbarek.  Voyez  Trarbach. 

GREIFFENSTEIN  ,  château  de  Bohême ,  en  Siléfie, 
dans  la  principauté  de  Jauer ,  à  l'orient  de  Greirfenberg. 
Il  appartient  aux  comtes  de  SchafFgotsch.  *Hubner.  Géogr. 
p.  620. 

GREIFFSVALDE.  Voyez  Gripswalde. 

GREIN  ,  Greyna  ou  Gru.no.  ,  petite  ville  &  châ- 
teau d'Allemagne  ,  en  Autriche  ,  fur  le  Danube  ,  & 
fur  un  ruiffeau  que  Cluvier  appelle  Cluna.  C'eft  où 
étoient  autrefois  les  limites  des  Quades  &c  des  Marco- 
mans.  Lazius  Comment.]  des  R.  R.\.  12 ,  fecL  7,  c.  6, 
dit  que  Grein  eft  nommée  Artagruna,  dans  une  lettre 
de  l'empereur  Louis  I.  Ce  lieu  reçut  les  franchifes  &  les 
privilèges  de  ville ,  de  fon  feigneur  ,  Léonard  Helfrei- 
chen  ,  comte  de  Meggaw ,  chevalier  de  la  toifon  d'or , 
lequel  mourut  à  Vienne  ,  en  1644 ,  fans  laiffer  d'héritiers 
mâles.  Trois  ans  auparavant ,  le  23  Mai ,  elle  fut  réduite 
en  cendres ,  excepté  l'hôpital ,  la  paroiffe  &  la  prifon.  Le 
dernier  comte  y  avoit  fait  bâtir  un  couvent  de  Francis- 
cains, une  chapelle  de  Notre-Dame  de  Lorette,  une  autre 
fur  le  modèle  du  S.  Sépulcre ,  ck  un  Calvaire  auquel  il 
avoit  dépenfé  beaucoup  d'argent  :  tout  cela  fut  détruit 
&  ravagé  par  le  feu.  La  ville  a  été  rebâtie.  L'héritière 
de  ce  comte  avoit  un  fils,  nomme  le  (leur ■■  Lut[  de  Die- 
drichflein ,  confeiller  privé ,  ck  préfident  de  la  chambre 
à  Gratz  en  Styrie,  lequel  eut  cette  petite  ville  ck  le  châ- 
teau de  Greinbourg,  pour  fa  part  de  l'héritage.  *  Zeyler, 
Auftric.  Topogr.  p.  20. 

GREISSÀC  ou  Creissac  ,  bourg  de  France  ,  dans 
le  Rouergue  ,  au  diocèfe  de  Rhodez. 

GREITZ,  petite  ville  d'Allemagne  ,  au  cercle  de  la 
haute  Saxe,  dans  le  Voigtland  ;  elle  a  un  château,  ckeft 
fituée  fur  l'Elfter.  Elle  appartient  aux  feigneurs  Reuffen, 
Van-Plawen.  Zeyler ,  Saxon,  fup.  Topogr.  p.  98 ,  écrit 
Greit{  ck  Gratç  ;  ce  qui  fait  à  peu  près  la  même  pro- 
nonciation. 

GREMELLjE  ,  lieu  particulier  de  l'Afrique  propre  , 
félon  Antonin  qui ,  dans  fon  Itinéraire ,  le  met  fur  Iaroute 
de  Telepte  à  Tacapes ,  à  vingt-deux  mille  pas  de  la  pre- 
mière. Il  la  diftingue  de  Gemilla  ,  ainfi  : 

Telepte, 

Gemellas  ,  M.  P.  XXII. 

Gremellas,  M.  P.  XXV. 

Çapfe,  M.  P. -XXIV. 

1 .  GRENADE ,  ville  d'Efpagne ,  au  royaume  de  Gre- 
nade, dont  elle  eft  la  capitale.  Elle  eft  fituée  ,  félon  les 
obfervations  aftronomiques ,  à  14  d.  15'  de  longitude, 
ck  à  37  d.  30'  de  latitnde,  félon  Lèvera,  AJlronom.  re- 
Jlitut.  1.  1 ,  p.  262. , Le  P.Riccioli,  Geograph.  reformat. 
1.  9,  p.  398  ,  ne  met  que  quatre  minutes  de  plus  pour  la 
longitude.  La  latitude  eft  la  même.  Cette  ville,  dit  l'abbé 
de  Vairac  ,  eft  une  des  plus  grandes  d'Espagne.  Quel- 
ques-uns ont  cru  que  c'eft  l'ancienne  Illiberis  ou  Eliberis. 
Ils  ont  été  trompés  par  deux  inscriptions ,  que  l'on  voit 
à  Grenade.  L'une,  félon  Gruter,  p.  272,  n. 7,  eft: 


GRE 


Flaviae.  Valeriae.  Tranquillin.  Augustae. 
Conjug.  Imp.  Ces.  Gordi.  Pu.  Feli.  Aug. 
Ordo.  Milit.  Flopiani  Illiberitani  De- 
votus  Numini  Majestatique.  Sumptu 
Publico.  Posurr. 

L'autre  ,  félon  le  même ,  p.  277,  n.  3  ,  eft  : 

Imp.  Caes.  M.  Aur. 

Probo. 
Pio.  Felici. 

Invicto. 
Aug.  Numini 
Majestatique 

Devotus. 
Ordo  Illiber,  de 
Dicatissimus.  D.  P. 

Quoique  ces  inscriptions  fe  trouvent  à  Grenade  ,  on 
n'en  peut  pas  conclure  que  cette  ville  foit  auflî  ancienne 
qu'elles  :  on  peut  les  y  avoir  portées.  A  l'égard  de  l'an- 
cienne Eliberis  ou  Illiberis,  nous  avons  détruit  l'opi- 
nion de  ceux  qui  tiennent  que  c'eft  Gernade.  Voyez 
Eliberis  3.  ci  Elvire.  Grenade  eft  une  ville  du 
dixième  fiécle,  ck  elle  a  été  bâtie  parles  Maures.  On  ne 
convient  pas  de  l'origine  de  fon  nom  ;  ck  fans  nous  y  ar- 
rêter, nous  parlerons  à  fa  description,  telle  que  la  donne 
l'abbé  de  Vairac  ,  Etat  de  L'Espagne,  1.  1,  p.  172;  elle 
eft  bâtie  en 'partie  fur  des  croupes  de  montagnes  qui 
forment  un  amphithéâtre  merveilleux ,  ck  en  partie  dans 
une  vafte  plaine.  On  lui  donne  près  de  douze  mille  pas 
de  circuit  :  la  muraille  eft  ,  dit-on  ,  flanquée  de  mille 
trente  tours ,  ck  a  douze  portes ,  dont  celles  qui  font  pla- 
cées  à  l'orient,  ne  découvrent  que  des  lieux  rudes  ck 
escarpés  ,  parmi  lesquels  on  voit  deux  coteaux  élevés 
qui  laiffent  entr'eux  une  vallée  profonde  où  coule  la 
petite  rivière  du  Darro  ,  laquelle ,  après  avoir  traverfé 
une  partie  de  la  ville ,  va  fe  jetter  près  l'une  de  fes  por- 
tes dans  le  Xenil  qui  en  baigne  les  murailles  ,  ck  roule 
avec  fon  fable  des  paillettes  d'or  ck  d'argent ,  qui  lui  ont 
fait  donner  le  nom  de  Rio  de  Oro ,  c'eft-à-dire  rivière 
d'or. 

La  ville  eft  partagée  en  quatre  quartiers  qui  ont  cha- 
cun leur  nom  particulier;  favoir, 


Grenade, 
Alhambra, 


Albaycin, 
Antiquerula. 


Le  quarties  de  Grenade  eft  la  principale  partie  de  la 
ville.  Il  occupe  la  plaine  ck  les  vallons  qui  font  entre 
les  deux  montagnes.  C'eft-là  que  demeurent  la  nobleffe, 
le  clergé  ,  les  marchands  ck  les  plus  riches  bourgeois, 
ck  où  fe  tiennent  les  marchés.  Tout  ce  quartier  eft  cfcné 
de  très-beaux  édifices  publics  ck  particuliers  ,  &  de  di- 
verfes  places  publiques  avec  des  fontaines.  Les  maifons 
des  nobles  ,  des  eccléfiaftiques  ck  des  marchands  font 
belles ,  vaftes ,  propres ,,  bien  bâties  ,  fort  commodes 
ck  accompagnées  de  jardins  ck  de  fontaines.  Les  princi- 
pales rues  font  voûtées  ,  à  caufe  des  canaux  qui  condui- 
fent  l'eau  dans  les  maifons  des  particuliers.  De-là  vient 
que  les  carroffes  y  font  défendus.  C'eft  dans  ce  quartier 
que  fe  trouve  l'églife  cathédrale  ,  ck  la  chancellerie.  La 
cathédrale  n'eft  pas  fort  grande  ;  mais  elle  a  un  très-beau 
dôme ,  foutenu  par  douze  grands  piliers ,  fupportant  des 
arcades  ,  fur  lesquelles  régnent  deux  rangs  de  balcons 
dorés.  La  voûte  eft  peinte  ck  dorée  ;  ck  contre  les  pi- 
liers paroiffent  les  ftatues  des  douze  apôtres  en  bronze 
doré ,  de  grandeur  naturelle.  Près  du  grand  autel  eft  la 
chapelle  du  roi  Ferdinand  V,  fumommé  le  Catholique, 
qui  conquit  Grenade  fur  les  Mores  ,  en  1492  ,  lequel 
voulut  y  être  enterré  ,  auffi-bien  que  la  reine  Ifabelle , 
fon  époufe  :  leurs  corps  font  dans  deux  beaux  tombeaux 
de  marbre  ,  à  l'un  desquels  on  voit  une  harpie  à  chaque 
coin ,  ck  un  faint  du  côté  oppofé.  A  la  gauche  du  mi- 
lieu de  la  chapelle  paroiffent  deux  autres  tombeaux  où 
font  les  corps  de  la  reine  Jeanne  ,  leur  fille ,  &  de  Phi- 
lippe I,  archiduc  d'Autriche  fon  mari  ,  roi  d'Espagne, 
ck  père  de  Charles  V.  Au-deffous  de  la  même  chapelle, 
on  voit  un  caveau  rempli  de  cercueils  de  plomb  ,  dans 
lesquels  font  inhumés  quantité  d'autres  rois.  Parmi  les 
raretés ,  dont  la  facriftie  eft  richement  fournie,  on  mon- 
tre la  couronne  du  même  roi  Ferdinand  le  Catholique, 


GRE 


GRE 


&  divers  ornemens  d'églife  ,  les  uns  à  l'antique ,  façon- 
nés de  mailles  d'or ,  les  unes  fur  les  autres  ;  8c  d'autres 
à  la  moderne  ,  &  brodés  de  pierreries.  Près  de-là  on 
voit  un  ancien  édifice  ,  tout  bâti  en  portiques ,  &  fou- 
tenu  de  piliers  de  marbre.  C'étoit  une  mosquée  du  terns 
des  Maures.  Les  Chrétiens  en  firent  une  églife  paroif- 
fîale.  A  quelque  diftance  de-là  s'élève  le  palais  de  la  chan- 
cellerie ,  auquel  on  va  par  une  grande  &  magnifique 
place  dont  la  forme  eft  d'nn  carré  de  quatre  cents  pieds 
delongueur,  fur  deux  cents  de  largeur ,  ornée  d'une  très- 
belle  fontaine  de  jaspe  :  les  Grenadins  l'appellent  en 
leur  langue  Bivarambla  ,  c'eft-à-dire  fablonneufe.  Ce 
palais  a  un  très-beau  frontispice,  eft  enrichi  de  colomnes 
d'albâtre ,  &  bien  conftruit.  On  y  entre  par  trois  portes , 
dont  celle  du  milieu  eft  plus  élevée  que  les  deux  autres. 
-Au-defïus  de  ces  trois  portes  régne  un  beau  rang  de 
fenêtres  accompagnées  de  balcons  dorés.  L'intérieur  du 
bâtiment  eft  une  grande  cour ,  environnée  de  chambres 
à  chaque  étage.  C'eft-là  qu'eft  la  tréforerie  ,  &  où  s'af- 
femble  le  tribunal  fouverain  de  Grenade  ,  compofé  de 
plusieurs  miniftres ,  appelles  auditeurs. 

Vis-à-vis  du  palais  de  la  chancellerie  ,  on  voit  une 
maifon  fort  longue ,  appellée  la  Alcaxeria ,  partagée  en 
près  de  deux  cent  boutiques  où  les  marchands  étalent 
toutes  fortes  de  marchandifes  ,  &C  particulièrement  des 
étoffes  de  foie.  Outre  la  place  dont  on  vient  de  parler , 
qui  eft  entre  ces  deux  fuperbes  édifices  ,  on  en  voit  en- 
core une  autre  fort  belle  ,  qu'on  appelle  la  plaça  mayor, 
au  milieu  de  la  ville  :  c'eft-là  que  fe  font  les  courfes  de 
taureaux. 

Le  quartier  de  l'ALHAMBRA  eft  fur  les  montagnes  , 
qui  commandent  le  refte  de  la  ville  :  on  l'appelle  en  es- 
pagnol ,  la  ferra  delfol,  la  montagne  du  foleil ,  parce 
qu'elle  eft  vers  le  lever  du  foleil ,  &  dans  une  très-belle 
expofition  :  les  Maures  Grenadins  appellent  ce  quartier 
el  Alhambra ;  ce  qui  en  leur  langue  fignifie  rouge,  foit 
parce  que  fon  fondateur  s'appelloit  Alhamar  ,  foit  parce 
qu'il  étoit  rouffeau ,  foit  à  caufe  de  la  terre  rouge  qui  s'y 
trouve  ,  &  qui  s'y  fait  remarquer  dans  les  édifices.  Ce 
quartier  eft  habité  en  partie  par  des  Grenadins  ,  c'eft-à- 
dire  par  des  defcendans  des  Mores  &£  par  de  francs 
Efpagnols  ,  qu'on  appelle  dans  le  pays  Chriftianos  viejos. 
C'eft-là  qu'on  voit  deux  châteaux  ou  palais  dont  l'un 
fut  bâti  par  les  Mores  ,  &  l'autre  par  Charles  V  &  par 
Philippe  II,  fon  fils.  L'un  &  l'autre  font  fort  remarquables, 
tant  par  leur  fituation  admirable ,  que  par  la  vue  char- 
mante dont  on  y  jouit  ,  ck  par  la  fomptuofité  de  leur 
ftrufture  :  on  y  monte  de  la  ville  baffe  par  une  longue 
&  belle  allée ,  fort  unie ,  bordée  des  deux  côtés  de  grands 
ormeaux ,  ck  embellie  au  milieu  d'une  très-belle  fontaine 
de  marbre  jaspé  ,  autour  de  laquelle  on  voit  quantité  de 
petites  ftatues  qui  jettent  l'eau  plus  haut  que  le  fommet 
des  arbres  :  cette  allée  conduit  à  ces  palais ,  en  tournoyant 
ck  en  montant  toujours  infenfiblement.  Celui  de  Char- 
les V  fe  prefente  le  premier  :  c'eft  un  fuperbe  corps  de  logis 
carré  ,  qui  borde  une  partie  d'une  grande  de  place 
bâtie  de  pierre  de  taille  ;  les  bandeaux  des  fenêtres  font 
de  marbre  noir  :  tout  à  l'entour  de  l'édifice  ,  on  voit  au- 
deffus  des  fenêtres  un  grand  nombre  de  têtes  d'aigles ,  ck 
de  mufles  de  lions  qui  tiennent  de  groffes  boucles ,  le 
tout  de  très-beau  bronze  ;  le  portail  eft  de  jaspe ,  relevé  de 
trophées  ck  de  plufieurs  autres  ornemens  :  fur-tout  les 
piedeftaux  des  colomnes  qui  foutiennent  tout  l'ouvrage , 
repréfentent  différens  combats  gravés  fur  le  jaspe  :  l'in- 
térieur du  palais  eft  une  grande  ck  magnifique  cour  ronde  , 
autour  de  laquelle  régnent  deux  beaux  rangs  de  porti- 
ques ,  l'un  fur  l'autre  ,  foutenus  par  trente-deux  groffes 
colomnes  de  marbre  jaspé  ,  chacune  d'une  feule  pièce 
dont  chaque  a  coûté  onze  cens  écuts  ,  à  ce  que  l'on  pré- 
tend. Les  fales ,  les  chambres  ,  ck  les  quatre  portes  des 
façades  ont  été  richement  ornées  ;  mais  comme  depuis 
plus  d'un  fiécle  on  l'a  fort  négligé  ,  avant  même  qu'il 
fût  entièrement  achevé  ,  il  eft  à  prefent  à  demi-ruiné. 
Delà  on  va  à  l'ancien  palais  des  rois  Mores  ,  lequel  eft 
bâti  de  groffes  pierres  de  taille  carrées  ,  environné  de 
bonnes  murailles  ,  fortifié  de  groffes  tours  ck  de  baftions 
comme  une  citadelle  ,  ck  fi  vafte  qu'elle  peut  contenir 
une  garnifon  de  40000  hommes.  Avant  que  d'y  arriver  , 
on  trouve  une  espèce  de  ravelin  ,  où  l'on  tient  quelques 
pièces  de  canon  pointées  contre  la  ville  :  on  a  élevé  en 


2oy 


cet  endroit  une  espèce  d'autel  où  l'on  voit  les  figures 
du  roi  Ferdinand  ck  de  la  reine  Ifabelle  :  le  dehors  du 
palais  n'a  aucune  apparence  ;  mais  l'intérieur  eft  de  la 
dernière  magnificence  ;  la  porte  eft  faite  à  la  moresque  , 
finiffant  en  pointe  par  en  haut  :  on  voit  au-deffus  du 
portail  une  clef  gravée  fur  un  morceau  de  marbre  ,  ck 
plus  haut  une  main  en  relief  ,  auffi  fur  un  morceau  de 
marbre  :  ces  deux  figures,  dans  l'esprit  des  Mores ,  étoient 
une  espèce  d'hiéroglyphe  myftérieux  ,  pour  lignifier 
que  quand  la  main  prendroit  la  clef  ,  les  ennemis  des 
Mores  prendroient  le  palais  :  le  veftibule  eft  revêtu  de 
marbre;  ck  toutes  les  parties  du  dedans  font  de  même, 
d'une  ftrufture  fuperbe  ,  Se  fi  fomptueufe  ,  qu'elle  fait 
connoître  fenfiblement  jusqu'où  alloit  la  magnificence 
des  Mores.  Les  murailles  des  chambres  font  incruftées 
de  marbre  ,  de  jaspe  6k  de  porphyre  ;  les  plafonds  , 
les  poutres  ck  les  lambris  font  dorés  ;  ck  on  voit  par-tout 
des  figures  hieroglyfiques  ,  des  inscriptions  arabesques  , 
ck  divers  ouvrages  à  la  mofaïque.  On  entre  d'abord  dans 
une  grande  cour  plus  longue  que  large  ,  pavée  de  inar- 
bre ,  à  chaque  coin  de  laquelle  on  voit  une  belle  fon- 
taine de  marbre  ;  ck  le  milieu  eft  occupé  par  un  beau 
canal  d'eau,  vive  ,  incrufté  de  marbre  ,  fi  profond  ,  qu'on 
y  peut  nager  aifément ,  ck  d'où  l'eau  eft  conduite  dans 
les  chambres  &  dans  les  fales  du  palais  ,  qui  ont  toutes 
leurs  fontaines  :  elles  font  voûtées  pour  la  plupart  ;  les 
voûtes  font  découpées  à  jour  ,  d'un  ouvrage  fi  délicat  ck 
fi  hardi ,  qu'il  eft  étonnant  qu'il  fe  foit  confervé  pendant 
tant  de  fiécles.  On  voit  une  chambre  où  les  rois  Mores 
fe  baignoient  dans  des  bains  d'albâtre  ,  remplis  d'eau  , 
par  de  gros  canaux  qui  fortent  de  la  muraille  ;  ck  des 
bains  ,  elle  coule  par  de  petits  canaux  dans  d'autres 
chambres  ;  de  celle  où  ils  fe  baignoient  ,  on  entre  dans 
une  autre  où  ils  fe  faifoient  effuyer  ,  &  de  celle-là  ils 
paffoient  dans  une  troifiéme  ,  ck  faifoient  las  fîellas  les 
après-midi.  Une  des  plus  belles  pièces  de  cet  édifice  royal , 
eft  la  cour  qu'on  appelle  el  guadro  de  los  leones  :  elle 
eft  carrée  &  pavée  de  marbre ,  ck  ornée  de  portiques  qui 
régnent  tout  autour ,  avec  cent  dix-fept  colomnes  d'albâtre 
fort  hautes  ,  qui  foutiennent  des  galeries  aufll  ornées 
d'albâtre.  Au  milieu  de  la  cour  on  voit  une  fontaine  où 
douze  figures  de  lions  agroupés  fijpportent  un  grand  ck 
large  baffin  de  marbre  blanc  d'une  feule  pièce ,  ck  jettent 
tous  une  grande  quantité  d'eau  par  la  gueule  ,  faifant  tout 
autant  de  fontaines  qui  coulent  continuellement  ;  du 
milieu  de  la  fontaine  fort  un  gros  jet  d'eau  qui  s'élève 
fort  haut  ,  ck  retombe  dans  le  baffin  avec  grand  bruit , 
d'où  elle  fe  répand  dans  les  chambres.  A  côté  de  la  pre- 
mière cour  ,  on  voit  une  chambre  où  étoient  les  lits  des 
rois  Mores  ,  ck  dont  les  châlits  fe  voient  encore  fi  larges 
que  fix  perfonnes  y  pourroient  coucher  fort  à  l'aife.  On 
monte  de-là  à  une  chambre  qui  eft  d'un  autre  étage  ,  où 
l'on  voit  deux  pavillons  ,  dont  les  châlits  font  de  beau 
marbre  ,  ck  le  fond  richement  doré  :  les  fenêtres  ont 
auffi  les  bandeaux  Si  les  croifées  de  marbre  ,  avec  des 
balcons  où  l'on  a  une  vue  charmante  ,  qui  s'étend  fur  la 
campagne  ,  fur  le  quartier  de  la  ville  qui  eft  au  pied  de 
la  montagne  ,  ck  fur  les  montagnes  voifines  qui  prefen- 
tent  leurs  cimes  toujours  couvertes  de  neiges.  La  cham- 
bre où  les  reines  s'habilloient  ,  a  dans  un  coin  fept  jets 
d'eau  qui  fortent  du  plancher  ,  ck  qui  fervoient  à  les 
rafraîchir.  On  remarque  auffi  dans  ce  palais  une  chambre 
d'une  merveilleufe  ftrufture  ,  où  d'un  certain  coin  on 
entend  tout  ce  qui  s'y  dit  ,  pour  bas  qu'on  y  parle  :  on 
l'appelle  par  contre-vérité  la  chambre  dufecret.  Derrière 
le  palais  on  apperçoit  une  vallée  fort  agréable  ,  bordée 
de  hautes  montagnes  des  deux  côtés  ,  &  arrofée  par  le 
Darro  qui  la  traverfe.  Quantité  de  jardins  affez  bien 
entretenus  ,  un  parc  ,  une  petite  forêtTur  le  penchant 
de  la  montagne,  un  petit  logement  pourferepofer,  ck  de 
fort  belles  promenades  aux  deux  bords  de  la  rivière,  ren- 
dent cette  vallée  délicieufe. 

En  montant  du  palais  un  peu  plus  haut ,  on  découvre 
une  belle  maifon  que  les  rois  Mores  avoient  fait  bâtir 
pour  aller  paffer  le  printems  ;  on  l'appelle  en  langue 
arabe  Xeneralife.  La  fituation  en  eft  fort  agréable  ,  & 
l'art  a  beaucoup  contribué  à  en  faire  un  féjour  charmant  ; 
on  y  respire  en  tout  tems  un  air  doux  ck  ferein  :  on  y 
trouve  quantité-  de  fontaines  qui  coulent  avec  un  doux 
murmure  ,  dont  l'une  particulièrement  pouffe  un  jet  d'eau 


206 


GRE 


GRE 


de  la  groffeur  du  bras ,  avec  tant  de  roideur ,  qu'il  s'élève 
beaucoup  au-deffus  de  la  muraille  de  la  mailbn  ,  telle- 
ment que  quand  les  rayons  du  l'oleil  donnent  deffus  ,  d'un 
certain  fens  on  apperçoit  une  multitude  d'iris  ,  qui 
divertiffent  agréablement'la  vue.  Ce  terreir,  eft  planté  de 
divers  arbres  fruitiers  qui  forment  plufieurs  petits  bos- 
quets ,  d'où  l'on  voit  de  très-beaux  jardins  &  un  parc  où 
l'on  garde  des  animaux  fauvages.  Au  Commet  de  la  mon- 
tagne" s'élève  un  vieux  bâtiment  qui  fervoit  de  mosquée 
aux  Mores  ,  &  dont  on  a  fait  une  églife  fous  le  nom  de 
Sainte-Hdtnt  ,  à  laquelle  les  habitans  du  pays  ont  une 
fervente  dévotion.  Sur  cette  montagne  ,  près  du  palais  , 
il  y  a  une  citerne  publique  ,  qu'on  appelle  en  arabe 
Algibe  ,  creufée  (  à  ce  qu'on  croit  )  par  les  Romains  ; 
elle  eft  fi  bien  faite  ,  que  l'eau  ne  s'y  corrompt  jamais  , 
&  y  acquiert  une  vertu  médicinale  qui  appaiiè  les  douleurs 
de  la  colique  :  tout  joignant  le  palais  ,  il  y  a  une  colline 
où  l'on  -voit  un  vieux  couvent  afléz  joli  ,  habité  par  les 
Carmes  déchauffés  ,  appelle  el  monte  de  los  martyres  , 
c'eft-à-dire  le  mont  des  martyrs  :  toute  cette  colline  eft 
eft  entre-coupée  de  creux  &  de  cavernes  fort  fpacieufes  , 
qui  n'ont  qu'une  feule  entrée  par  une  étroite  ouverture , 
faite  en  rond  au-de flous  ;  c'eft-là  où  l'on  dit  que  les 
Mores  descendoient  les  Chrétiens  esclaves  ,  pendant 
la  nuit  ,  après  les  avoir  cruellement  tourmentés  pendant 
le  jour  :  ces  cavernes  s'appellent  masmorras  en  langue 
arabique. 

Le  troifiéme  quartier  de  Grenade ,  appelle  ALBAYCIN, 
n'étoit  confidéré  autrefois  que  comme  un  tauxbourg 
féparé  du  refte  de  la  ville  par  une  muraille ,  dans  un  terrein 
élevé  fur  deux  collines  ,  Se  occupé  par  «fooo  maifons  ; 
tous  les  habitans  étoient  Mores  ,  diftingués  des  autres 
Grenadins  par  leur  langage  ,  par  leurs  mœurs  Si  par  leurs 
habillemens  ;  vivant  avec  beaucoup  de  léfine ,  Se  don- 
nant à  leurs  femmes  des  habits  de  foie  ,  tandis  qu'ils  fe 
vêtoient  de  facs  ,  afin  d'être  toujours  prêts  à  charger  fur 
leurs  épaules  des  fardeaux  pour  tous  ceux  qui  en  avoient 
à  faire  :  lorsque  Ferdinand  le  Catholique  eut  pris  Gre- 
nade ,  les  habitans  de  l'Albaycin  excitèrent  une  fédition 
contre  le  cardinal  Ximenès  qui  les  preffoit  d'embraffer 
le  Chriftianisme  ;  mais  fe  voyant  tous  déclarés  crimi- 
nels de  lèze-majefté  ,  ils  demandèrent  tous  le  baptême  , 
pour  fauver  leur  vie  ;  Se  ,  ce  qu'il  y  a  de  plus  furprenant , 
c'eft  qu'au  rapport  de  Filluftre  Fléchier  qui  a  écrit  la 
vie  du  cardinal  Ximenès  ,  tout  ce  qui  reftoit  d'infidèles 
dans  les  autres  quartiers  de  la  ville ,  ou  dans  les  bourgades 
voifines  ,  au  nombre  de  50000  fe  rendirent  Chrétiens 
presqu'au  même  tems.  C'eft  ainfi  que  par  la  valeur  &  le 
zèle  du  roi  Ferdinand,  le  Mahométisme  fut  enfeveli  pour 
jamais  dans  Grenade  ,  Se  que  l'empire  des  Mores  fut 
éteint  pour  toujours  dans  toute  l'Espagne. 

Enfin  le  dernier  quartier  de  la  ville  que  nous  avons 
appelle  Antiquerula  eft  (itué  dans  une  plaine  ,  &  peuplé 
de  gens  venus  d'Antequera  ,  d'où  lui  vient  le  nom  qu'il 
porte.  Presque  tous  fes  habitans  font  ouvriers  en  foie  , 
&  font  du  fatin  ,  du  tafetas  ,  du  damas  ,  ou  teinturiers 
en  pourpre  ,  en  écarlate  Se  en  autres  couleurs. 

Si  le  dedans  de  la  ville  eft  beau  ,  les  dehors  ne  font  pas 
moins  agréables  ,  particulièrement  du  côté  du  midi  Se  du 
couchant.  C'eft  une  grande  Se  belle  plaine  de  huit  lieues 
de  long  fur  quatre  de  large  ,  appellée  la  vega  de  Gre- 
nada  ,  c'eft-à-dire  le  verger  de  Grenade  ,  environnée  de 
petites  montagnes  ,  Se  couvertes  d'un  nombre  infini  de 
villages.  A  l'entrée  de  la  ville  ,  du  côté  qu'on  vient 
d'Antequera  ,  on  trouve  une  fort  grande  place  que  l'on 
appelle  el  Campo  ,  où  eft  un  hôpital  royal  magnifique. 
Prèï  de  celui-là  on  en  voit  un  autre  fondé  par  S.  Jean 
de  Dieu  ,  inftituteur  des  Frères  de  la  Charité  :  c'eft  un  vafte 
bâtiment.  Le  portail  eft  enrichi  de  piliers  de  jaspe  ,  Se  au- 
deffus  paroit  la  figure  du  fondateur  en  marbre  ;  le  cloître  eft 
fait  en  voûtes  foutenues  de  piliers  ,  Se  au-deffus  font  les 
chambres  des  malades  qui  y  font  1er  vis  par  des  religieux.L'es- 
calier  par  où  on  y  monte,  eft  fort  beau  ,  peint  aux  deux 
côtés  ,  où  l'on  voit  la  vie  du  fondateur  :  la  voûte  eft  pla- 
fonnée Se  dorée.  Près  de  cet  hôpital  eft  un  célèbre  cou- 
vent de  religieux Hieronymites ,  fondé  par  Fernand  Gon- 
falve  ,  furnommé  le  grand  capitaine.  On  lit  fur  la 
muraille  extérieure  de  Féglile  cette  inscription  gravée  fur 
un  morceau  de  jaspe* 


Gonzales-Flrnando  ,  '-'.'• 

A  Coeduba  , 
Magno  Hispaniarum  Duci, 
Gallorum  ac  Turcarum, 

Terrori : 

C'eft-à-dire  ,  à  Gon^ates  Fernand  de  Cordouï  ,  h 
grand  capitaine  d'Espagne  ,  la  terreur  des  François  6- 
des  Turcs.  Il  eft  inhumé  clans  le  chœur  de  l 'églife  de 
ce  couvent  ,  &  l'on  voit  fa  ftatue  fur  fon  tombeau  qui 
le  repréfente  armé  à  genoux. 

Enfin  le  féjour  de  Grenade  eft  délicieux  ;  le  terroir 
eft  très-fertile.  L'air  y  eft  fort  pur  Se  fort  doux ,  fans  être 
incommode  par  les  chaleurs  exceffives  qui  fe  font  fentif 
dans  les  autres  parties  méridionales  d'Espagne.  On  y 
remarque,  entr'autres  choies  ,  un  joli  endroit  fur  le  bord 
du  Darro ,  dans  une  vallée  hors  de  la  ville  ,  où  l'air  eft 
fi  pur ,  fi  agréable  Se  fi  bon  pour  la  fanté  ,  que  plufieurs 
perfonnes  indispolées  s'y  font  transporter  &  ont  recou- 
vré la  faute.  Les  Mores  trouvoient  cette  ville  fi  charmante  , 
qu'ils  s'imaginoient  que  le  paradis  devoit  être  dans  la  partie 
du  ciel  qui  eft  au-deffus  de  Grenade. 

L'hiftoire  rapporte  deux  choies  fort  remarquables  de 
Boabdel  furnommé  el  Qitichito  ,  c'eft-à-dire  le  Petit ,  à 
caufe  de  la  petiteffe  de  fa  taille,  fils  de  l'infortuné  Alboa- 
cen  ,  dernier  roi  de  Grenade.  1 .  Ce  Prince  avoit  tant  de 
peine  à  quitter  ce  charmant  féjour  ,  que  fortant  de  fon 
palais  pour  fe  rendre  à  Ferdinand,  fon  vainqueur,  il  prit 
fon  chemin  par  une  porte  de  l'Albaycin ,  Se  lui  demanda 
pour  toute  grâce  ,  que  jamais  perfonne  ne  fortît  après  lui 
par  cette  porte.  Le  monarque  lui  accorda  cette  faveur  , 
Se  fit  murer  la  "porte ,  comme  .elle  l'eft  encore.  2.  Lors- 
qu'il fut  hors  de  la  ville  il  s'arrêta  fur  un  coteau  pour  la 
voir  une  dernière  fois.  Cette  vue  le  toucha  fi  vivement  , 
qu'il  verfa  des  larmes.  Sa  mère  qui  l'accompagnoit ,  lui  dit 
d'un  ton  infultant  :  C'eft  avec  raifon  que  tu  pleures  main- 
tenant comme  une  femme  ,  puisque  tu  n'as  pas  été  affez 
brave  pour  te  défendre  toi  Se  ton  royaume.  Ce  reproche 
étoit  d'autant  plus  injufte  ,  que  ,  du  contentement  des 
hiftoriens ,  il  étoit  fort  vaillant  ;  mais  il  fut  forcé  de  céder 
aux  nombreufes  armées  de  Ferdinand. 

Grenade  eft  honorée  d'un  archevêché  ,  d'une  chan- 
cellerie ,  Se  d'une  célèbre  univerfité.  Il  s'y  fait  un  très- 
grand  commerce  en  foie  qui.  paffe  pour  la  meilleure  de 
toute  l'Europe  ,  Se  dont  on  fabrique  les  plus  riches  étoffes 
qu'on  voie  en  Espagne. 

2.  L'archevêché  de  GP«.ENADE  eft  le  même  fiége  que 
celui  d' Eliberis.  Voyez  Eliberis  3.  Il  eft  nommé  dans 
les  anciennes  Notices  Eliberi ,  Elbenis  Se  Eliberis.  Elvire 
ayant  été  ruinée  par  les  Mores  qui  avoient  bâti  Gre- 
nade ,  ils  en  firent  enfuite  la  capitale  d'un  royaume  par- 
ticulier. Ferdinand  le  Catholique  s'étant  rendu  maître  de 
Grenade  au  mois  de  Janvier  1491 ,  le  pape  Alexandre  VI , 
qui  étoit  Espagnol  ,  adreffa ,  au  mois  d'Avril  1493  ,  une 
bulle  à  l'évêque  d'Âvila  au  fujet  de  cette  conquête.  Il  le 
chargea  de  taire  réparer  les  anciennes  égliiès  ,  Se  d'éta- 
blir quatre  cathédrales ,  favoir  à  Grenade  qu'il  érigeoit 
en  métropole  écléfiaftique  ,  comme  elle  étoir  déjà  métro- 
pole d'un  royaume  :  les  trois  autres  fiéges  étoient  ceux 
de  Malaga  ,  àAlmcria  Se  de  Guadix.  Le  continuateur 
deTHiftoire  écléfiaftique  de  Fleuri  ,  /.  1 17  ,  c.  69  ^laiffe 
croire  que  Grenade  eft  métropole  de  ces  trois  évêchés. 
Mais  il  n'y  a  que  Malaga  Se  Almeria  qui  en  dépendent. 
Guadix  eft  fous  l'archevêché  de  Seville.  Voyez  Guadix'. 
D.  Ferdinand  de  Talavera ,  religieux  Hieronymite ,  fut  le 
premier  archevêque  de  cette  églife.  Son  chapitre  eft  com- 
pote de  fept  dignitaires  ,  de  douze  chanoines  ,  douze 
prébendiers  Se  plufieurs  chapelains.  Le  diocèfe  a  cent 
quatre-vingt-quatorze  paroiffes  ,  Se  l'archevêque  jouit  de 
quarante  mille  ducats  de  revenu.  *  Vayrac  ,  Etat  de  l'Es- 
pagne , ,  l.  4,  p.  373. 

3.  GRENADE  ,  (  le  Royaume  de  )  province 
d'Espagne ,  avec  titre  de  royaume  :  c'eft  proprement  la 
haute  Andaloufie  ,  comme  le  remarque  Baudrand  ,  idit. 
de  1705.  Il  fait  partie  de  la  Bétique  des  anciens.  Il  a 
la  nouvelle  Caftille  au  feptentrion  ,  le  royaume  de  Mur- 
cie  au  levant ,  la  Méditerranée  au  midi  ,  Se  l' Andaloufie 
au  couchant.  Il  a  environ  foixante  Se  dix  lieues  de  lon- 
gueur ,  trente  de  largeur  Se  quatre-vingt  de  côtes.  Ses 
principales  rivières  font  le  Xenil ,  le  Guadalantin  ,  le 


GRE 


Rio  Frio  &  le  Guadalquivirejo.  Sur  la  côte  de  la  mer  , 
6c  bien  avant  dans  les  terres  on  ne  voit  que  des  monta- 
gnes fort  hautes  ,  coupées  de  belles  vallées  ,  de  diftance 
en  diftance  ;  ce  qui  fait  le  plus  agréable  payfage  du 
monde.  Entre  fes  montagnes  font  les  ALpuxarras.  Voyez 
ce  mot.  *  Vayrac  ,  État  de  l'Espagne  ,l.i,  p.  164. 

Toute  la  côte  du  royaume  étant  vis-à-vis  de  l'Afrique , 
&  par  conféquent  expofée  aux  courfes  des  pirates  de  Bar- 
barie ,  on  y  voit  tout  du  long  d'espace  en  espace ,  depuis 
le  détroit  de  Gibraltar  jusqu'au  Rio  de  Frio  un  grand 
nombre  de  tours  d'où  l'on  découvre  les  vaifleaux  qui  font 
en  mer. 

Quoique  le  royaume  de  Grenade  Toit  la  partie  la  plus 
méridionale  de  toute  l'Espagne  ,  c'eft  cependant  un  des 
plus  fains  ck  des  plus  tempérés.  On  y  trouve  presqu'à 
chaque  pas  des  fources  d'eau  vive  ,  des  rivières  &  des 
ruifieaux  qui,  venant  à  fe  croifer  &  às'entre-couper  les  uns 
les  autres  en  divers  endroits  ,  forment  des  labyrinthes 
agréables  ,  bordés  de  tous  côtés  de  fleurs  ck  d'une  ver- 
dure perpétuelle.  A  une  lieue  de  Grenade  on  trouve  les 
célèbres  bains  S  Alhama;  (Voyez  ce  mot,  )  &  à  quatre 
ceux  SAlicun  ,  qui  font  propres  contre  les  maladies 
qui  procèdent  d'une  humeur  chaude  èk  fanguine.  L'eau 
du  Darro  a  la  propriété  de  guérir  les  animaux  qui  en 
boivent ,  &  c'eft  pour  cette  raifon  que  les  habitans  d,u 
pays  l'appellent  le  bain  falut  air  1  des  brebis.  Près  tfAnte- 
quera  on  voit  une  fontaine  dont  l'eau  guérit  de  la  gravelle. 
Du  côté  qui  regarde  le  midi  on  voit  d'une  part  de  vaftes 
plaines  ck  des  champs  très-fertiles  ,  &  de  l'autre  des 
montagnes  très  hautes  ;  mais  le  pays  ,  quoique  raboteux 
&  herille  de  rochers  escarpés  ,  eft  tellement  abondant , 
qu'il  fournit  ce  qui  eft  néceffaire  aux  habitans  ,  ck  même 
beaucoup  aux  étrangers.  En  un  mot  ,  toutes  les  contrées 
de  ce  royaume  font  généralement  fi  fertiles  ,  qu'elles 
n'ont  presque  pas  befoin  de  culture  ni  de  l'induftrie  des 
hommes.  Du  tems  que  les  Mores  le  pofledoient ,  c'étoit 
le  pays  du  monde  le  plus  peuplé  ck  le  plus  riche  :  toutes 
les  collines  étoient  auffi  couvertes  de  vignes  ,  d'arbres 
fruitiers,  de  bourgs  ck  de  villages,  que  le  font  encore  celles 
des  Alpuxarras  ;  mais  à  préfent  elles  ne  font  à,  beaucoup 
près  ,  ni  fi  peuplées  ,  ni  fi  bien  cultivées  :  toutefois  ce 
pays  rapporte  aujourd'hui  autant  ou  plus  qu'un  autre  de 
toute  l'Espagne  ,  fur-tout  les  endroits  qui  font  arrofés 
par  le  Xenil  ck  par  le  Darro.  Généralement  parlant ,  tout 
le  terrein  de  ce  royaume  eft  fertile  en  grains  ,  en  vin  , 
en  huile  ,  en  fucre  ,  en  lin  ,  en  chanvre  ;  fes  montagnes 
&  fes  campagnes  produifent  toutes  fortes  de  fruits  excel- 
lens ,  comme  grenades ,  citrons ,  oranges ,  olives ,  câpres  , 
figues  ,  amandes.  Le  pays  abonde  en  meuriers  ,  par  le 
moyen  desquels  on  nourrit  quantité  de  vers  à  foie  dont 
on  retire  un  grand  profit.  On  y  voit  une  infinité  de  forêts 
qui  produifent  quantité  de  noix  de  galle  ,  qui  fervent  à 
faire  l'encre  ,  à  épaiffir  les  cuirs ,  ck  font  propres  pour  la 
médecine.  Elles  produifent  encore  des  palmiers  ;  ck  les 
dattes  qu'on  en  recueille ,  font  d'un  grand  fecours  ,  auffi- 
bien  que  le  gland  des  chênes ,  qui  outre  qu'il  fert  à  en- 
graifler  les  beftiaux-,  eft  d'un  goût  fi  délicat ,  qu'il  fur- 
paffe  celui  des  noifettes  les  plus  fines.  C'eft  pourquoi 
ceux  du  pays  en.  envoient  à  Madrid  aux  grands  d'Espa- 
gne ,  qui  s'en  font  un  régal  :  ainfi  en  fuppofant  que  le 
gland,  dont  les  premiers  hommes  fe  nourriffoient,  au  rap- 
port des  anciens  ,  fut  auffi  bon,  ils  n'étoient  pas  fort  à 
plaindre.  Tout  le  monde  fait  combien  on  recueille  de 
raifins  fecs  dans  le  royaume  de  Grenade  :  on  les  nomme 
pajferilUs  ;  mais  bien  des  gens  ignorent  de  quelle  ma- 
nière on  les  apprête  :  l'auteur  citée  l'explique. 

On  y  recueille  auffi  beaucoup  de  miel  6k  de  cire. 
Dans  les  montagnes  d'Antequera  ,  il  y  a  plufieurs  en- 
droits où  le  fel  le  fait,  non  par  le  feu  ,  mais  par  l'ar- 
deur du  foleil  qui ,  venant  à  darder  fes  rayons  fur  l'eau 
de  la  pluie  &  des  fontaines  raflemblées  en  certains  lieux 
bas ,  l'épaiffit  ck  la  convertit  en  très-bon  fel  ,  dont  on 
fait  un  commerce  confidérable.  Dans  les  mêmes  mon- 
tagnes, on  trouve  de  très -belles  pierres  à  bâtir  ,  Se 
d'une  autre  forte  de  pierre  blanche ,  qu'on  appelle yejfo  , 
qui,  étant  mife  en  œuvre,  reflemble  au  plâtre  ,  &  produit 
le  même  effet  pour  enduire  &  pour  blanchir.  Elle  s'em- 
ploie auffi  pour  faire  une  espèce  de  colle  que  les  archi- 
tectes Espagnols  appellent  tarras  ,  ck  qu'on  emploie  pour 
fortifier  les  murailles  ck  les  édifices  :  on  en  utè  encore 


GRE  207 

pour  boucher  les  vaifleaux  de  terre  ck  de  bois  ,  qu'on 
envoie  aux  Indes  ck  ailleurs , .  &  qui  font  remplis  de  di- 
verfes  liqueurs.  On.  trouve  auffi  en  divers  endroits  des 
grenats ,  des  hyacinthes  &  autres  pierres  précieufes.  Le 
J'umac  eft  très-commun  dans  les  montagnes  ;  les  Grena- 
dins en  font  un  grand  commerce  avec  les  étrangers ,  & 
s'en  fervent  utilement  dans  le  pays  pour  apprêter  &  pour 
épaiffir  les  peaux  de  boucs  ,  de  chèvres  &  le  marro- 
quin. 

Les  habitans  du  pays  font  polis ,  doux  ck  d'une  fociété 
agréable,  adroits  de  leurs  corps  ck  très -propres  pour 
les  armes.  Quoiqu'ils  ayent  beaucoup  dégénéré  de  l'ap- 
plication ck  de  la  vigilance  de  leurs  pères ,  ils  font  pour- 
tant les  ^peuples  les  plus  laborieux  des  parties  méridio- 
nales d'hspagne.  Us  font  fi  fobres  ,  qu'ils  ne  boivent 
presque  point  de  vin,  ck  défendent  à  leurs  enfans  l'ufage 
de  cette  liqueur  jusqu'à  un  âge  fort  avancé.  Ils  aiment 
aflez  le  commerce  ck  l'agriculture. 

Quoique  toute  FAndaloufieait  été  fept  cents  quatre-vingt 
ans  au  pouvoir  des  Mores  ,  le  royaume  de  Grenade- 
n'a  commencé  que  vers  le  milieu  du  treizième  fiécle; 
Abenhud  ,  roi  More  ,  qui  regnoit  à  Cordoue  ,  ayant 
perdu  la  couronne  ck  la  vie  dans  une  bataille  décifive  que 
les  Chrétiens  lui  livrèrent  l'an  1136  ,  l'es  fujets  contraints 
d'abandonner  leur  patrie  à  leurs  vainqueurs ,  fe  retirèrent 
à  Grenade,  où  ayant  ramafte  les  débris  de  leur  nation, 
ils  élurent  pour  leur  roi  un  homme  nommé  Mahommad 
Aben-Alhamar ,  de  baffe  extraction,  mais  brave;  il  ne 
fut  pas  plutôt  reconnu  premièrement  par  les  habitans 
à'Arjona,  lieu  de  fa  naiflance  ,  puis  par  ceax  de  Baça, 
de  Guadix  ,  de  Juin  ck  de  Grenade  ,  qu'il  établit  Ion 
fiége  royal  dans  cette  dernière  ville.  C'eft  ainfi  que  com- 
mença ce  royaume  ,  le  dernier  que  les  Mroes  ayent 
établi  en  Espagne  ,  lequel  a  dominé  fur  trente-deux 
grandes  villes ,  &.  fur  nonante-fept  autres  moins  confidé- 
rables ,  quoique  fermées  de  murailles ,  l'efpace  de  deux 
cens  cinquante-fix  ans,  c'eft-à-dire  ,  depuis  12-56,  jufqu'à 
1491 ,  que  le  roi  Ferdinand  le  Catholique  ,  ck  la  reine 
Ifabelle ,  fon  époufe ,  s'en  rendirent  les  maîtres ,  ck  l'in- 
corporèrent pour  toujours  à  la  couronne  de  Caftille 
dont  il  fait  un  des  plus  beaux  fleurons ,  tant  par  rapport 
au  commerce  qui  s'y  fait ,  à  caufe  de  fes  ports  de  mer , 
que  par  rapport  aux  revenus  conlîdérables  que  les  rois 
Catholiques  en  tirent.  Us  y  tiennent  un  gouverneur  par- 
ticulier ,  dont  l'autorité  eft  foumife  à  celle  du  vicaire 
général  t$ Andaloujie ,  ck  une  chancellerie  royale ,  qui 
connoît  fouverainement  ck  fans  appel  de  toutes  les  caufes 
qui  lui  font  dévolues. 

Voici  quelles  font  les  principales  villes  du  royaume  de 
Grenade  par  rapport  à  leur  iituation. 


(  Grenade, 
Guadix  , 
Baça , 
Les  places  les  !  Guescar , 
plus    confidéra-  I  Loxa  , 
blés  font,  iSanta-Fé, 

jAlhama, 
|  Antequera, 
^Ronda. 


Dans   les    ter-/ 


fSettenil, 
Lora  , 
Eftepa, 

Vêlez  de  Malaga, 
Albanuelas, 
Cardiar  , 
Taron , 
Veria , 
'Les  places  les  Uxixar , 
moins  confidéra-^  Anduxar, 
\bles  font,  iCangivar, 

Hoanez , 
Santa  Cruz , 
Nerca , 
Porcena  , 
Monteijcar, 
Cogollos, 
Monaehil , 

\Monda. 


208 


Sur  la  côte,  ^ 


GRE 


GRE 


(Malaga  ; 
r  Les  places  les  |  Almeria , 
"  plus  confidéra-  {  Muxacra  , 
blés  font,  Vera, 

[f^/f.,..U,.l 


i  Marbella 


Fuengirola, 
Molina, 

Porto  de  Torres , 
Almuneçar , 
Salobrena, 
Motril , 
Cartel  Ferro, 
Les  places  les,  Beria , 
moins  confidéra- \  Adra , 
Uries  font,  |Aladra, 

^Caftel  Grimaldo. 


Quoique  nous  ayons  remarqué  que  I'évêché  de  Guadix 
n'eft  pas  fournis  à  l'archevêché  de  Grenade ,  mais  à  ce- 
lui deSeville,  il  ne  laiffe  pas  défaire  partie  du  royaume 
de  Grenade.  Voici  une  nouvelle  diftribution  des  villes 
de  ce  royaume ,  félon  lés  quatre  diocèfes. 


beaucoup  plus  blanc  que  dans  les  autres  ifles,  en  café, 
tabac,  indigo,  coton,  riz,  gingembre,  miel,  manioc. 
L'air  y  eft  très-fain.  Elle  eft  très-peuplée.  Il  y  a  un  gou- 
verneur, état-major,  &  plusieurs  lieutenans  de  roi  ;  en- 
fin elle  eft  fort  bien  policée.  Il  y  a  beaucoup  de  rivières 
&  de  fontaines.  Le  terrein  y  eft  uni  par-tout ,  &  le  mouil- 
lage y  eft  fort  bon  pour  les  navires.  On  y  trouve  quan- 
tité de  beaux  arbres  ,  dont  les  uns  portent  d'excellens 
fruits  ,  &c  les  autres  font  propres  à  bâtir.  Le  poiffon  eft 
abondant  fur  toute  la  côte.  Au  nord-eft  de  cette  ifle  il  y 
en  a  une  douzaine  de  petites ,  nommées  les  Grenadins , 
où  la  pêche  &  la  chafle  font  fort  abondantes ,  auffi-bien 
que  dans  Fifle  de  Grenade.  Les  légumes  y  font  en  abon- 
dance. Les  patates ,  les  ignames ,  les  bananes  ,  &  les 
figues  d'Inde  y  viennent  très  -  bien.  On  y  trouve  deux 
espèces  de  gibier  à  poil  ;  favoir,  l'acoutis  &  le  taton, 
qui  font  d'un  afTez  bon  goût.  Il  n'y  a  aucune  bête  ve- 
nimeufe.  *  Le  P.  Dutertre ,  Hift.  des  Antilles  de  l'Amé- 
rique ,  /.  i ,  c.  î.  Rochefort ,  Hift.  nat.  &  morale  des  An- 
tilles de  l'Amérique.  Le  P.  Labat ,  Voyages  de  l'Amé- 


rique, t.  %,  p.  140. 
7.  GRENADE, 
villes  de. l'Amérique  Espagnole,  lituée  fur  le  bord  delà 


Ronda , 

, 

Dans   I'évêché 
de  Malaga, 

Setenil , 
Monda , 
Marbella , 
Malaga  , 
Cartama, 
Antequera , 
Vêlez  de  Malaga. 

.     / 

'Alhama, 
Boxa , 

Le  ROYAUME, 

de  Grenade 
a 

Dans  l'ÉvicHÉi 
de  Grenade,  ' 

Santa-Fé , 
Grenade  ,    capitale 

du  royaume  , 
Almunecar, 
Valobrenna, 
iMotril. 

(Adra  , 
Dans  I'évêché) Almeria; 
d'ALMERiA,       )Muxacra, 

(Vera. 

Dans  I'évêché 
de  Guadix, 

(Guadix  , 

^Baça, 

(Huesca. 

GRENADE ,  une  des  plus  belles  Se  des  plus  riches 


Il  étoit  refté  beaucoup  de  Mores  dans  le  royaume 
de  Grenade  ;  mais  comme  leur  converfion  au  Chriftia- 
nisme  étoit  feinte  ,  &  que  même  non  contens  de  ne  pas 
trop  diffimuler  leur  attachement  à  l'ancienne  erreur,  leur 
commerce  étoit  préjudiciable  aux  Espagnols ,  avec  qui 
ils  s'allioient ,  &  corrompoient  ainfi  les  familles  ,  Phi- 
lippe III ,  préférant  la  pureté  de  la  foi  aux  intérêts  tem- 
porels de  fa  couronne  ,  chaffa  ces  Mahométans  ,  vers 
l'an  1609. 

4.  GRENADE ,  petite  place  de  France ,  en  Gasco- 
gne, dans  la  banlieue  de  Marfan,  fur  l'Adour,  à 'deux 
lieues  au-deffbus  d'Aire  ,  en  allant  vers  Saint -Sever, 
dont  elle  n'eft  pas  plus  éloignée.  Dans  les  grandes  eaux, 
£4  dans  l'hiver ,  l'Adour  commence  à  y  porter  des  ba- 
teaux. 

5.  GRENADE,  ville  de  France,  en  Gascogne,  au 
comté  de  Gaure ,  &  fur  la  Garonne ,  à  trois  lieues  au- 
deflbus  de  ïouloufe.'C'eft  un  des  fiéges  royaux  de  la 
judicature  de  Rivière-Verdun  ,  Sg.  le  fiége  de  fon  élec- 
tion. 

6.  GRENADE ,  (la)  ifle  de  l'Amérique  feptentrio- 
nale,  dans  la  mer  du  nord.  Elle  eft  fituée  par  les  il.  d. 
15'  de  latitude,  &c  les  315  d.  50'  de  longitude.  Elle 
commence  le  demi-cercle  des  Antilles.  Les  François  s'y 
établirent,  en  1650,  par  ordre  de  M.Dyel  du  Parquet, 
qui  les  fit  pafTer  de  la  Martinique,  &  qui  fit  cet  établif- 
fement  à  fes  frais.  Cette  ifle  appartenoit  aux  Sauvages 
qui  eurent  beaucoup  de  peine  à  fouffrir  que  les  François 
s'y  établiflent.  Cette  ifle  eft  très-fertile  en  fucre ,  qui  eft 


Nicaragua ,  qu'on'  appelle  auffi  quelquefois  le  tac  de  Gre- 
nade ,  &c  à  vingt- huit  lieues  de  la  mer  du  fud.  Vers 
l'an  1665  1  foixante  des  flibuftiers  François  la  furprirent, 
&  y  pillèrent  quelques  maifons.  En  1675  ,  une  autre 
troupe  plus  nombreufe  ,  &  dans  laquelle  il  y  avoit  quel- 
ques Anglois,  la  prirent  après  avoir  forcé  la  place  d'ar- 
mes où  les  habitans  s'étoieut  retranchés  ,  après  l'avoir 
environnée  d'une  forte  muraille,  défendue  par  quatorze 
pièces  de  canon  ,  fix  pierriers ,  &  fix  compagnies  de  ca- 
valerie :  ils  menacèrent  enfuite  de  brûler  la  ville,  fi  elle 
ne  fe  rachetoit  ;  &  voyant  qu'on  ne  leur  faifoit  aucune 
réponfe  ,  ils  effectuèrent  leur  menace  en  partie.  *  Le 
P.  Charlevoix  ,  Hift.  de  S.  Domingue  ,  /.  9. 

8.  GRENADE ,  (lac  de)  grand  lac  de  l'Amérique 
feptentrionale  ,  dans  la  nouvelle  Espagne ,  &  dans  la 
province  de  Nicaragua.  II  eft  ainfi  nommé  par  quel- 
ques-uns ,  à  caufe  de  la  petite  ville  de  Grenade  qui  eft 
fur  la  côte  occidentale  ;  d'autres  l'appellent  auffi  le  LAC 
de  Nicaragua.  Voyez  Nicaragua. 

9.  GRENADE  ou  la  nouvelle  Grenade,  pays 
de  l'Amérique  méridionale  ,  dans  la  terre  ferme.  Il  a 
pour  bornes  au  nord  le  pays  de  Sainte-Marthe  ;  au  nord- 
eft,  celui  de  Venezuela  ;  au  levant,  la  Guiane  ;  au  midi, 
de  vaftes  pays  que  l'on  connoît  peu  ;  au  fud-oueft,  le 
Popayan  :  il  eft  de  l'audience  de  Santa-Fé.  Sa  longueur 
eft  de  cent  trente  lieues  ,  &c  fa  plus  grande  largeur  eft 
de  trente. 

Ses  principales  provinces  ont  été  de  tout  tems  BO- 
GOTA &  Tunja.  Santa-Fé  de  Bogota  eft  la  capitale 
du  pays.  Ces  deux  provinces  font  entourées  de  Sauva- 
ges furnommés  PANCHOS  ,  dont  le  pays  eft  fort  chaud. 
Celui  de  Bogota  ,  au  contraire  ,  eft  un  peu  plus  tempéré. 
Les  fauvages  qui  l'habitent ,  auffi-bien  que  le  Tunja ,  s'ap- 
pellent communément  Moxes.  Ces  fauvages  étoient  gou- 
vernés par  divers  Caciques ,  quand  les  Espagnols  com- 
mencèrent à  découvrir  ces  provinces.  Ferdinand  de 
Lugo,  amiral  des  ifles  Canaries ,  envoya  en  1536,  delà 
ville  de  Sainte-Marthe,  Gonfalvo  Ximenès  de  Quefada  , 
fon  lieutenant  ,  pour  découvrir  les  régions  (nuées  le 
long  de  la  grande  rivière  de  la  Magdelaine.  Ximenès 
monta  par  terre  le  long  du  rivage  ,  à  main  gauche  de  cette 
rivière  ,  où  il  s'avança  avec  de  grandes  difficultés,  tant 
pour  l'épaiffeur  des  bois  ,  que  pour  la  quantité  de  ri- 
vières ,  torrens  &c  marais  qu'il  rencontra  ;  mais  parti- 
culièrement à  caufe' des  courfes  fréquentes  des  fauvages. 
Il  arriva  à  un  lieu,  nommé  ToRA,  qu'il  nomma  Pue- 
BLA  DE  LOS  BRACHOS  ,  parce  qu'il  y  avoit  en  cet  en- 
droit, quatre  bras  de  rivières  qui  fe  joignoient.  Il  y  fé- 
journa  pendant  l'hiver  ,  ayant  fait  jusques-là  depuis  la 
mer  ,  félon  fon  calcul  ,  environ  cent  cinquante  fieues 
dans  le  continent.  Au  printems  il  monta  avec  fes  gens 
le  long  d'une  autre  rivière  jusqu'au  pied  des  hautes  mon- 
tagnes ,  appellées  Opon,  larges  de  cinquante  lieues ,  & 
fort  rudes  &  défertes.  Après  les  avoir  paffées  ,  ils  des- 
cendirent dans  un  pays  plat  &  bien  cultivé ,  ou  l'on  as- 
fembloit  beaucoup  de  fel  de  certaines  fontaines  Calées , 
d'où  ils  pafferent  dans  la  province  du  Cacique  Bogota, 

qu'ils 


CRE 


GRE 


2  09 

qu'ils  défirent ,  pillèrent  enfuite  les  villages  des.Sauva-  rites  ifles  ou  écueils ,  fitués  clans  la  mer  du  Nord,  parmi 

tes,   où  ils  trouvèrent  beaucoup  d'or  ck  d'émeraudes.  les  Antilles,    entre  Saint-Vincent  &  la  Grenade ,"  dont 

)e-là  ils  parlèrent  dans  le  pays  des  Pachos ,  feparé  de  ils  prennent  le  nom.  *  Atlas.  Robert  de  Vaugondy. 

la  province  de  Bogota  par  de  petites  montagnes,  ck  ar-  GRENCHEN  ,  village  ck  paroifie  de  Suiiï'e,  dans  le 

rivèrent  à  une  vallée  qu'ils  appelèrent  trompette,  haut  Vallais  ,    au  département  de  Fischbach.  *  Etat  &. 

éloignée  de  quinze  lieues  d'une  montagne  fort  haute,  Délices  de  la  Suiffe,t.  4,  p.  183-. 

&  dénuée  d'arbres ,  d'où  l'on  tiroit  les  émeraudes.  Pen-  GRENETIERE  ,  (la^)  Granauria;  abbaye  d'hom- 

dant  leur  féjour  dans  cette  vallée  ,  ils  firent  un  fort  grand  mes ,  en  France,  de  l'ordre  de  S.  Benoît ,  dans  le  Poi- 

butin,  ck  amaiferent  beaucoup  d'or.    A  trois  journées  tou  ,  au  diocèlè  de  Luçon  ,  au  levant  de  Pabeau,  fon- 

de-là  ils  réduifirent  deux  autres  Caciques  ,  nommés  Sa-  dée  avant  l'an  1170  ;  mais  on  ignore  l'année  de  fa  fon- 

gamofa  ck  Diutima  ;    ck   étant  retournés  dans  la  pro-  dation, 

vince  de  Bogota  ,    ils  pafferent  par    le  terroir  des  Pu-  GRENICUS  ,    rivière   d 


ckos ,  ck  contraignirent  la  plus  grande  partie  de  ces  peu- 
ples à  faire  la  paix  après  une  longue  guerre.  Ximenès 
donna  à  cette  province  ,  qu'il  crut  allez  découverte  ck 
allez  domptée  ,  le  nom  de  nouveau  royaume  de 


'Afîe  mineure.    C'eft  la 
même  que  le  Granique.  Voyez  ce  mot. 

GRENOBLE  ,  ville  de  France ,  au  Dauphiné ,  dont 
elle  eft  la  capitale  ,  dans  le  Graifivaudan  ,  auquel  elle 
donne  le  nom',  fur  la  rivière  de  l'Ifere  ,  où  elle  reçoit 


Grenade,  à  caule  qu'il  étoit  de  Grenade  en  Espagne,  le  Drac  dans  une  plaine  ,  au  pied  des  montagnes.    On 

&  il  y  bâtit  la  ville  de  Santa  Fé ,  qui  en  eft  la  capitale,  l'appelle  en  latin  Gratianopolis ,   parce  qu'elle  fut  réta- 

*  DeLaét,  Ind.  occid.  /.ç>,  c.  1.  blie  par  l'empereur  Gratien.    Son  nom  précédent  étoit 

Les  autres  villes  que  les  Espagnols  y  ont  fondées  font,  Cularo  ;  &  c'eft  ainfi  que  la  nomme  Plancus  dans  une 


felon  de  Laët, 

Tocayma , 

La  Trinitad , 
Tunja  , 
Pamplona  , 
Merida  , 

Outre  trois  bourgs  qui  font, 


Vêlez  , 

Mareguita, 

Ibague , 

Vittoria, 

S.  Juan  de  Los  Lanosi 


lettre  à  Ciceron,  écrite  Cularone  in  finibus  Allobrogum. 
Cette  place  appartenoit  alors  aux  Al'lobroges  ,  &  ce  né 
fut  que  long-tems  après  que  les  Romains  l'érigerent  en 
cité.  Elle  avoit  un  évêque  dès  le  quatrième  fiécle  ,  puis-, 
que  S.  Domnin ,  évêque  de  Grenoble,  affifta  l'an  381, 
au  concile  d'Aquilée  ,  où  prélidoit  S.  Ambroife.  *  Lotir. 
guerue  ,  Defcr.  de  la  France  ,  part.  I ,  p.  3 17. 

Cette  ville ,  dans  le  déclin  de  l'empire  Romain  ,  fut 
afiujettie  par  les  Bourguignons,  au  cinquième  fiécle,  ck 
dans  le  fuivant'par  les  François  Mérovingiens.  Sous  les 
Carlovingiens  elle  fi.it  du  partage  de  Lothaire  ;  mais 
après  la  mort  de  fes  enfans  ck  celle  de  fon  frère  Char- 
les ,  le  Chauve ,  &  de  Louis  le  Bègue ,  elle  obéit  à  Bo- 
fon  ,  enfuite  à  l'empereur  Charles ,  le  Gros ,  ck  à  Louis  j 
l'Aveugle ,  fils  de  Bofon.  Cette  partie  du  royaume  de 
Bourgogne  ayant  été  réunie  à  celle  du  roi  Rodolphe  IL> 
Grenoble  vint  au  pouvoir  de  Conrad  Sk  de  Rodolphe, 
le  Lâche ,  fon  fils  ,  qui  lui  donnèrent  de  grands  privilè- 
ges,  auffi-bien  qu'à  fon  évêque.  Ce  prélat  commença  à 


Saint  Miguel ,  Palma, 

ck  S.'Chriftophe. 

Les  naturels  fe  fervent  de  maïs  ou  de  caflave  au  lieu 
de  froment.  Ils  ont  quantité  de  fel  dont  ils  font  un  grand 
commerce.  Le  gibier  y  eft  fort  commun ,  auffi-bien  que 
le  poiflbn.  Les  Bogotes  ck  les  Tuniens  font  g»ands  :  ils 
fe  couvrent  de  manteaux  noirs  ,  blancs  ck  bigarrés  de 
diverfes   couleurs  ,    font  ceints  de  bandes    autour    des 

reins  :  ils  ornent  leurs  cheveux  de  chapelets  ck  de  fleurs  être  troublé  dans  la  jouiflance  de  fes  droits  par  les  com- 
teintes  ck  faites  de  coton  ,  d'une  manière  fort  induf-  tes  d'Albon  ck  de  Graifivaudan  ,  nommés  enfuite  Dau- 
trieufe.  Quelques-uns  fe  couvrent  la  tête  d'un  bonnet  phins.  Mais  l'empereur  Frédéric  BarberoufTe,  condamna 
ou  fe  ceignent  d'un  rets.  Il  fé  trouve  dans  ce  royaume  le  comte,  ck  remit  l'évêque  en  tous  fes  droits,  l'an  1 161. 
beaucoup  de  mines  d'or ,  de  cuivre  ck  d'acier.  Il  y  a  Cet  empereur  défendit ,  par  fes  lettres ,  à  tous  les  fei- 
beaucoup  de  chevaux ,  ck  de  mulets,  on  en  mené  plu-  gneurs  voifins,  de  troubler  l'églifè  de  Grenoble  &  fon 
rieurs  au  Pérou.  Ce  pays  abonde  en  pâturages  ,  en  fro-  évêque,  qu'il  appelle  #/2  de  fes  fidèles ,  c'eft-à-dire  va£> 
ment  ,  en  autres  grains  ck  en  fruits.  Les  Indiens  qui  faux;  il  lui  donna  le  titre  de  prince.  Les  différends  pour 
habitoient  la  province  voifine  de  celle  de  Tunja  ,  vi-  la  jurisdiction  temporelle  de  la  ville  de  Grenoble  re- 
voient de  fourmis  ck  les  nourriffoient  avec  foin  pour  commencèrent  entre  le  Dauphin  ck  l'évêque ,  ck  dure- 
les  manger.  Les  lieux  que  les  Sauvages ,  nommés  Coli-  rent  plufieurs  années  ;  de  forte  qu'ils  ne  furent  entiére- 
MAS  ck  Musos  habitent,  font  aux  limites  des  proviri-  ment  terminés  que  par  la  tranfaftion  paflëe ,  l'an  1313» 
ces  de  Bogota  ck  de  Tunja.  Leur  contrée ,  qui  a  vingt-  entre  le  Dauphin  Guigues  de  la  Tour  du  Pin  ,  ck  l'é- 
cinq  lieues  de  long  ck  treize  de  large  ,  eft  presque  par-  vêque  Guillaume  du  Ruin  ;  on  convint  alors  que  la  ju- 
tout  chaude  ck  humide  ;  ils  ont  chaque  année  deux  étés  risdiétion  feroit  commune  à  perpétuité  entre  l'évêque 
ck  deux  hivers.  Leur  premier  été  commence  en  Dé-  ck  le  Dauphin  ,  dans  la  ville  ck  le  territoire  de  Greno- 
cembre  ,  ck  dure  jusqu'à  la  fin  de  Février;  ck  le  fécond  ble  ,  ck  que  la  juftice  y  feroit  rendue  par  un  juge  agréé 
commençant  en  Juin ,  continue  jusqu'en  Octobre.  Les  des  deux  feigneurs.  Les  évêques  de  Grenoble  n'ont  été 
deux  hivers  occupent  les  fix  autres  mois.  Ces  deux  fai-  entièrement  affiijettis,  que  depuis  que  le  Dauphiné  a  été 
fons  ne  font  cependant  diftinguées  que  par  le  béautems,  donné  aux  rois  de  France. 

qui  dure  tous  les  étés,  6k  la  pluie  qui  ne  ceffe  point  les  nuits  Le  parlement  de  Grenoble  doit  fa  première  origine 
d'hiver.  Les  animaux  les  plus  communs  dans  les  provinces  à  Humbert  II,  dernier  Dauphin  de  Viennois,  qui  créa 
des  Musos  ck  des  Colim  AS,  qu'on  appelle  auffiCANA-  à  Grenoble  un  confeilDelphinal ,  l'an  1340,  qu'ilcom- 
PEYES  ,  d'un|nom  commun  aux  deux  nations,  font  cer-  pofa  de  fept  confeillers  fans  aucun  préfident ,  d'un  audi- 
tains  pourceaux  noirâtres,  qui  ont  le  nombril  fur  le  dos',  teur  des  comptes,  ck  d'un  tréforier  du  Dauphiné.  Il  or- 
ck d'autres  plus  petits,  presque  femblables  aux  fangliers;  donna  que  quatre  des  fept  confeillers  enfeigneroient  le 
des  cerfs ,  des  dains,  des  guatinayas ,  animaux  qui  dif-  droit  dans  l'univerfité  ,  qui  étoit  pour  lors  à  Grenoble, 
fèrent  peu  de  nos  lièvres,  des  brebis,  des  chèvres  ckcles  Deux  ans  après,  il  fit  un  de  ces  officiers  préfident  ,  ck 
chevaux.  Les  Espagnols  n'y  ont  que  deux  colonies,  l'une  créa  un  avocat  fifcal  Delphinal.  Louis  XI,  n'étant  en- 
dans  la  ville  de  la  Trinitad ,  &  l'autre  dans  la  bourgade  core  que  Dauphin  ,  s'étant  retiré  en  Dauphiné  ,  érigea 
delà  Palma,  qu'ils  bâtirent  en  1571  ,  à  quinze  lieues  en  1453  ce  confeil  Delphinal  en  parlement  ,  avec  les 
de  Santa-Fé.  Ils  habitèrent  d'abord  la  bourgade  de  la  mêmes  droits  ck  honneurs  que  les  autres  parlemens  du 
Tutela,  fur  le  bord  de  la  rivière  de  Zarbi  ;  mais  la  pro-  royaume  ,  ck  en  14H)  "  crc^a  un  procureur  fiscal  Del- 
ximité  des  montagnes ,  la  grande  férocité  des  Sauvages ,  phinal.  Charles  VIII  ,  confirma  cette  érection  ;  ck  le 
ck  la  difficulté  des  vivres  ,  les  contraignirent  de  l'aban-  parlement  de  Grenoble  prétend ,  en  vertu  de  cette  con- 
donner  peu  de  tems  après.  La  plupart  fuivirent  le  capi-  firmation  ,  qu'on  doit  compter  fon  érection  ,  depuis 
raine  Pedro  d'Orfua  ,  au  voyage  qu'il  fit  vers  les  pro-  l'an  1453.  Le  parlement  de  Bordeaux  prétend,  au  con- 
vincesde  laGuiane.  La  renommée  de  l'or  lesyayant  at-  traire,  qu'on  ne  la  doit  compter ,  que  depuis  la  confîr- 
tirés,  ils  bâtirent  dans  ce  canton  la  ville  de  la  Trini-  mation  de  Charles  VIII ,  parce  que  Louis  XI,  n'étant 
tad  ,  qui  fut  bientôt  après  transportée  à  l'endroit  où  elle  que  Dauphin  en  1453  ,  fon  édit  n'a  de  force  par  rap- 
eft  préfenternent.  port  aux  autres  parlemens  du  royaume  ,  que  depuis  la 
pRENADINS  :  (les)  on  appelle  ainfi  quelques  pe-  confirmation  de  Charles  VIII.   Le  parlement  de  Dau- 

Torne  III.    D  d. 


I 


210 


GRE 


GRE 


beauté  au  cardinal  le  Camus  ,  évêque  de  Grenoble.  Les 
fâlles  font  ornées  de  tableaux  de  prix,  de  la  vie  &  de  la  pas- 
non  de  Jefus-Chrift,  &c des  portraits  des  évêques  de  Gr~""- 


phiné  a  néanmoins  pane  pour  le  troifieme  après  Paris 

&:  Touloufe  ,  rk  a  précédé  celui  de  Bordeaux ,  dans  les 

Semblées  des  Notables,  tenues  à  Paris,  à  Moulins  &     -.,-.. 

à  Rouen     en  i«7 ,  1566  &  1617,  ck  dans  la  chambre     ble.  LesOratonensontle  (emmaire;  cklesJefuitesavoient 

de  indice'    de  l'an  1661.    Les  commiffaires  de  ces  deux     lecollege.L'hôpital-géneraleftbienbati,ayantquatrecorps 

parlemens' alternèrent,    l'un  ayant   eu  la  préléance  un     de  logis  &  des  jardins  dune  étendue  lurrilame.  Tous  les 

four     &  l'autre  le  jour  fuivant.  *  Piganiol  de  la  Force, 


autres  hôpitaux  de  la  ville  ne  font  qu'un  même  corps  avec 


Defcr.  de  hfrance,  t.  4, 


.30. 


celui-ci,  &  font  fous  la  même  direction.    L'arfenal  eft 


Ce  parlement  eft  aujourd'hui  compofé  de  dix  prefi-  une  espèce  de  petite  c 
dens  ,  le  premier  compris  ;  de  cinquante-cinq  conl'eil- 
lers  ;  de  trois  avocats-généraux  ,  fck  d'un  procureur-gé- 
néral :  tous  ces  officiers  font  diipofés  en  quatre  cham- 
bres. Les  préfidens  font  tous  à  mortier  ,  parce  qu'il  n'y 
a  point  de  grand'-chambre ,  ni  de  chambre  des  enquêtes; 
&  à  la  referve  du  premier  prélident  ck  du  garde  des 
fceaux  ,  qui  fervent  toujours  dans  la  première  chambre; 
les  préfidens  &  les  confeillers  roulent  dans  les  autres , 
fuivant  leur  ancienneté  &c  l'option  qu'ils  en  font  à  l'ou- 
verture du  parlement  à  la  S.  Martin. 

Le  gouverneur  &  le  lieutenant-général  de  la  province, 
ont  féance  au  parlement  avant  le  premier  préfident.  Ils 
le  précèdent ,  dans  les  procédions  &  dan^  les  autres  ce- 

rérnonies  publiques.  Le  premier  préfident  du  parlement     n  enflamment  pas  la' poudre.   Les  peaux  &  les  gants  de 
de  Grenoble  ,   ou  en  fon  abfence  le  plus  ancien   préfi-     Grenoble  ont  de  la  réputation  ;  mais  h  draperie  en  eft 

grofiiere,  quoiquon  y  en  taile  quantité.  Hors  de  la  ville 
eft  le  couvent  des  Minimes  ,  où  fut  enterré  l'illuftre 
chevalier-Rayard ,  dont  fon  oncle  ,  appelle  Laurent  Al- 
Leman ,  avojt  été  le  fondateur. 

Le  diocèfe  de  Grenoble  eft  compofé  de  trois  cens  quatre 
paroifles,  dont  deux  cens  quarante  font  en  Dauphiné  ,  ck 
foixante- quatre  en  Savoye.  Le  chapitre  de  la  cathédrale 
eft  compofé  d'une  feule  dignité  ,    qui  eft  le  doyenné, 


délie,  au  milieu  de  la  ville.  A 
Sainte-Claire  font  les  tombeaux  de  la  connétable  de  Les- 
diguieres  ck  de  fa  fille.  Ils  font  de  marbre,  ck  eftimés 
pour  la  fculture.  Les  draperies  en  font  parfaitement 
bien  jettées.  Le  cours  eft  une  belle  promenade.  Il  y  a 
un  allez  beau  mail.  Les  fortifications  de  la  ville  font  du 
chevalier  de  Ville.  On  trouve ,  près  de  Grenoble  ,  les 
reftes  d'une  tour  appellée  la  Tour -fans-venin ,  parce 
qu'on  n'y  a  jamais  vu,  dit-on,  d'inlefte  venimeux,  ck 
que  ceux  qu'on  y  apporte ,  s'enfuient  fur  le  champ.  A 
trois  lieues  de  cette  ville,  on  trouve  encore  un  terrein 
de  huit  pieds  de  long,  fur  quatre  de  large  ,  qui  vomit  des 
flammes  rouges  &  bleues  de  la  hauteur  d'un  demi-pied. 
Elles  brûlent  le  papier  ,   la  paille  6c  le  bois  ;   mais  elles 


dent,  commande  dans  la  province  en  l' abfence  du  gou- 
verneur ,  du  lieutenant-général  ck  des  commandans  par 
brevet  particulier.  Ce  droit  qui  eft  ancien  ,  a  été  con- 
firmé par  des  lettres-patentes  du  roi ,  du  12  Juillet  1716, 
publiées  à  l'audience  le  30  du  même  mois.  En  confor- 
mité de  ces  lettres,  M.  de  Treflemane  étant  mort  en  1718, 
M.  de  Grammont ,  fécond  préfident  du  parlement  de  Gre- 
noble ,  commanda  jusqu'au  retour  du  comte  de  Medavy 


dans  la  province.  Tous  les  archevêques  &  évêques  du  &  de  dix-huit  canomeats ,  dont  le  revenu  eft  fort  mo- 
royaume  ont  féance  &  voix  inftructive  au  parlement  dique.  Le  chapitre  nomme  le  doyen  &  les  chanoines  ; 
de  Grenoble.  Le  feul  évêque  de  cette  ville  y  a  voix  dé-  1  eyeque  y  prehde ,  &  y  a  fa  voix.  Ce  chapitre  a  un  de- 
liberative  :  ils  fiégent  avec  les  préfidens  ,  au-deffus  du  gre  de  jundiftion ,  de  laquelle  on  appelle  al  officiante 
doyen  des  confeillers.  de  '  eve3ue\Le  cl>aP!tr<;  de  S'  A?dr|  f  a"ffi  dansL  Gre" 

La  chambre  des  comptes  de  Grenoble  a  été  unie  au  noble  &  eft  compole  d  un  prevot  &  de  douze  chanot- 
parlement ,  jusqu'en  l'année  161 8,  qu'elle  en  fut  féparée  nés  :  il  eft  en  tout  fournis  a  la  nindiftion  de  1  eveque. 
par  un  édit  qui  l'a  créée  ad  inftar  de  celle  de  Paris  :  Ce  chapitre  eht  le  prevot,  les  chanoines  fk  les  chape- 
elle  eft  compofée  de  fix  préfidens  ,  le  premier  compris;  kuris.  Les  canonicats  n  ont  qu'un  très -petit  revenu.  IL 
de  dix-huit  maîtres  ordinaires,  de  deux  correcteurs,  de 
fix  auditeurs  ,  d'un  avocat  général  ,  ck  ^d'un  procureur- 
général.  Cette  chambre  connoît  des  mêmes  afraires  que 

les  autres  chambres  des  comptes  du  royaume.  Elle  pré-  . 

tend  encore  avoir  droit  d' enregistrer  les  provifions  des  bon ,  qui  y  eft  enterrée.  La  grande  Chartreufe  eft  dans 
«5,„Sm,0c  &  leur  ferment  de  fidélité  ;   mais  la  chambre     ce  diocèfe.  _ 

Selon  les  nouvelles  obfervations,  Grenoble  eft  a 23  d. 

12'  de  longitude  ,  &  à  45  d.  11' de  latitude. 

GRENTiUS  ,  ou  Orentius  ,  lieu  d'Ane  ,  dans  la 

Galatie  ,  fur  la  route  de  Claudiopolis  à  Ancyre,  à  XXIV 

M.  P.  de  cette  dernière  ,  félon  Antonin. 

GRENWICH  ,  ancien    château   d'Angleterre  ,    au 

comté  de  Kent  ,  fur  la  Tamife  ,  auprès  de  Deptfort. 

C'eft    où   naquirent    Henri  VIII  ck   fa  fille   Ehfabeth. 


n'y  a  point  d'abbaye  d'hommes  dans  tout  ce  diocèfe.  Il 
n'y  en  a  qu'une  feule  de  filles,  qui  eft  celle  DES  Hayes, 
de  l'ordre  deCïteaux,  fondée  en  11 63,  par  Marguerite 
de  Bourgogne  ,  femme  de  Gui,  Dauphin,  comte  d'Ai- 


des comptes  de  Paris  le  contefte.  La  chambre  des  coin 
ptes  va  après  le  parlement  ;  mais  dans  Féglife  de  Notre- 
Dame  &  dans  celle  de  S.  André ,  les  officiers  des  com- 
ptes font  à  la  droite  en  entrant  dans  le  choeur,  &  le  par- 
lement a  la  gauche  ;  ce  que  la  chambre  des  comptes 
rapporte  à  l'ancienneté  de  fa  création ,  qu'elle  prétend 
être  antérieure  à  celle  du  parlement. 

Le  bureau  des  finances  n'a  fait   qu'un  même   corps  ....... 

avec  le  parlement,  jusqu'en  1628 ,  qu'il  en  a  été  féparé  Voyez  Deptfort.  Voyezaufli  al  article  de  LONDRES, 
ck  établi  en  corps  de  Compagnie.  Il  eft  à  préfent  coin-     ce  qui  regarde  l'hôpital  de  Grenwich.  ■ 

pofé  de  vingt-fept  officiers  qui  font  un  préfident  en  ti-  GREPHIS  :  félon  quelques  éditions  de  Pline  ,  £4  , 
tre ,  quatre  préfidens  par  commiffion  ;  vingt  tréforiers  c-  7  >  c'étoit  le  nom  dune  ville  de  Grèce  ,  dans  la  Beo- 
généraux ,  un  avocat  ck  un  procureur  du  roi.  tie.  Sylburge  a  cru  que  c  etoit  la  Cnphis  de  Strabon  ; 

La  ville  de  Grenoble  eft  fort  peuplée.  La  baftille  eft     mais  le  P-  Hardou 


fait  voir  qu'il  falloit  lire  ACR£- 


:  fortereffe  qui  commande  la  ville.  L'Ifere  coupe  Gre- 
noble en  deux  parties  inégales.  La  moins  confidérable 
eft  fort  ferrée  par  lecôteau,  cks'appelle  Saint-Laurent 
ou  la  Perrière.  Elle  ne  confifte  presque  qu'en  une 
grande  rue.  Saint-Laurent  eft  la  paroifie  de  ce  quartier. 
Au-deflus  eft  un  couvent  des  filles  de  la  Vifitation  ,  ap- 
pelle Sainte-Marie  d'en-haut.  Le  quartier  de  BONNE  eft 
le  plus  beau  de  Grenoble.  Les  rues  y  font  grandes ,  bel- 
les ck  bien  percées.  Le  palais  où  fe  tient  le  parlement, 
la  chambre  des  comptes  ck  le  bureau  des  finances  eft  un 
ancien  bâtiment ,  fitué  fur  une  place  presque  ronde.  La 


GRESINUS  ,  ville  de  laChersonnefe  ,  félon  Etienne 
le  Géographe ,  qui  cite  Androtion.. 

GRESSIC ,  petit  royaume  ,  avec  une  ville  capitale  de 
même  nom  ,  dans  l'ifle  de  Java,  à  l'oppofite  de  celle  de 
Madura  ,  dont  l'ifle  de  Java  n'eft  féparée  que  par  un 
détroit.  Son  roi  eft  le  meilleur  ami  que  les  Hollandois 
ayent  dans  tout  le  pays. 

GRESTONIA ,  petit  pays  de  Grèce  aux  confins  de  la 
Thrace  Se  de  la  Macédoine.  Thucydide  ,  /.  2  ,  le'  joint 
avec  Anthemus  cklaMygdonie  dans  un  paftage:  lesMacé- 


place  ,  appellée  la  Grenelle  ,  eft  grande  ck  belle  ;  à  l'un  doniens  ravagèrent  la  Mygdome ,  la  Greftonie  ck  Anthe- 

des  bouts  eft  l'hôtel  de  ville  ,  maifon  fort  fimple.  L'hô-  mus  ;  il  la  nomme  avec  Anthemus ,  ck  la  Biialtie  dans  un 

tel  de  Lesdiguieres  eft  un  ancien  bâtiment ,  compofé  de  autre  paffage  :  ces  Macédoniens ,  dit-il ,  fournirent  d  au- 

différens  corps  de  logis    joints   les  uns  aux  autres.    Il  très  peuples  qu'ils  tiennent  encore  ious  leur  domination , 

forme  un  tout  qui  n'a  rien   de  beau  pour  l'extérieur;  &voir  Anthemus  ,  la  Greftonie  ck  la  Bifaltie.  Hérodote 

mais  les  dedans  en  font  commodes  &c   magnifiques.  Le  écrit  Crefionie.  L'Echedore  ,  dit-il  ,  /.  7  ,  c.  124,  a  (a 

jardin  confifte  en  un  parterre   accompagne  d'une   ter-  fource  dans  la  Creftonie  ,  ck  coule  à  travers  la  Mygdome. 

rafle  ck  en  une  espèce  de  bois.  C'eft  la  promenade  pu-  H  nomme  auffi  cette  contrée,  CrestONICE  ,  Kfnçariiii. 

blique  de  la  ville.  Le  palais  épiscopal  eft  beau  ;  il  doit  fa  Lycophron  cité  par  Ortélius ,  Thef.  écrit  auffi  Crejlorùa, 


GRI 


CRI 


GRETAIN  ,  ou  Grestain  ,  bourg  de  France,  en 
Normandie  ,  au  diocèfe  de  Lifieux  ,  avec  une  abbaye 
de  Bénédictins,  à  une  lieue  &c  demie  au-deffus  de  Honneur , 
&  à  pareille  diftance  du  port  ,  &  de  la  collégiale  de 
S.  Sanfon  ,  •  vis-à-vis  du  château  de  l'Orcher  ,  affis  de 
l'autre  côté  de  la  Seine  ,  qui  a  deux  lieues  de  largeur  en 
cet  endroit.  La  haute  juftice  de  Gretain  étend  fa  jurisdic- 
tion  jusques  fur  un  des  quartiers  de  la  ville  de  Honfleur. 
Cette  abbaye  avec  l'églife  paroiffiale  eft  fituée  au  pied 
d'une  côte ,  &c  arrofée  d'un  ruiffeau  qui  tombe  dans  la 
Seine  devant  fes  murailles  ,  environ  à  une  lieue  de  fa 
fource  qui  eft  au-defïus  de  S.  Pierre  du  Châtel  que  fes 
eaux  traverfent.  Le  Necrologe  de  l'abbaye  de  Gretain 
regarde  Odon  ou  Eudes  ,  I  du  nom  ,  trente  &  unième 
évéque  de  Rayeux  ,  comme  l'on  fondateur  ,  quoiqu'elle 
foit  redevable  de  fa  fondation  à  la  pieté  de  Herluin  de 
Couteville  fon  père  ,  à  caufe  feulement  qu'il  y  avoit 
confenti  ,  &£  que  vers  l'an  1040 ,  le  même  Herluin ,  appa- 
remment à  la  prière  de  fon  fils  ,  l'avoit  augmentée  con- 
fidérablement  de  fes  biens.  Les  premiers  abbés  ont  été 
Geolroi ,  moine  de  S.  Sever  d'Angers  ;  Fulchre  ,  &  Her- 
bert. *  Corn.  Dicl.  Hermant ,  Hiftoire  du  diocèfe  de 
Bayeux,  t.  1. 

GREVE,  (la)  Ce  mot  eft  différemment  expliqué  par 
les  auteurs.  Sanfon  ,  dans  fon  Introduction  à  la  géogra- 
phie ,  dit  :  la  partie  de  la  côte  que  la  mer  couvre  &: 
découvre  par  fon  flux  &  reflux ,  s'appelle  grève.  Ozanam  , 
dans  fon  Dictionnaire  de  mathématiques  ,  dit  la  même 
chofe  ;  dans  fon  Traité  de  géographie  ,  il  ajoute  :  on 
appelle  ejlrain  la  côte  de  la  mer  qui  eft  plate  &t  fablon- 
neufe.  Ce  qu'il  appelle  eflrain  eft  ce  que  nous  appelions 
grive  fur  la  côte  de  Normandie.  La  grève  eft  un  fond  de 
fable  que  la  mer  couvre  &  découvre  ,  &  plus  haut  fur 
le  rivage  font  des  cailloux  que  l'on  appelle  le  gallct.  Mais 
une  preuve  que  cette  circonftance  de  la  mer  qui  couvre 
&  découvre  n'eft  pas  effentielle  au  mot  de  grève  , 
c'eft  qu'à  Paris  le  quartier  de  la  grève  n'a  rien  de  com- 
mun avec  le  flux  &  reflux.  Il  y  a  bien  plus  d'apparence 
de  dire  que  le  mot  de  grive  ,  fignifie  un  rivage  de  gros 
fable  &  de  gravier  ,  &  que  grève  &£  gravier  viennent 
d'une  même  origine.  Le  P.  Lubin  ,  dans  fon  Mercure 
géographique,  dérive  grive  de  gradus  ;  cette  étymologie 
ne  convient  point  à  la  grève  du  rivage  de  l'Océan  de 
laquelle  nous  avons  parlé. 

GREVELINGEN.  Voyez  GrAvelines. 
GREVE -MACRE  ,  félon  Baudrand  ;  Grave- 
Marcheren  ,  félon  le  diftionnaire  géographique  des 
Pays-bas  ,  petite  ville  des  Pays-bas ,  au  pays  de  Luxem- 
bourg ,  fur  la  rive  gauche  de  la  Mofelle ,  entre  Sirck  &c 
Trêves. 

GREVENBOURG  ,  ou  Greiffen'berg.  Voyez 
Trarbach. 

GREVENBROECK ,  ou  Grevenbruch  ,  ou  Gre- 
venbruck ,  petite  ville  d'Allemagne ,  fur  l'Erpe ,  au  duché 
de  Juliers  ,  félon  Zeiler  ,  Weftphal.  Topogr.  p.  81;.  En 
1641,  les  François  &  les  Heffois,  qui  étoient  unis  enfem- 
ble  ,  l'abandonnèrent  à  l'approche  de  Jean  deVerth  qui 
s'en  empara.  Elle  eft  à  l'élefteur  Palatin ,  comme  tout  le 
refte  du  duché. 

GREVENDAEL ,  abbaye  de  filles  ,  ordre  de  Cîteaux , 
dans  la  Gueldre,au  diocèfe  deRuremonde,  fur  la  rivière 
de  Niers. 

GREZE  ,  en  latin  Credo  &  Credonense 
Castrum  ,  autrefois  place  fortifiée  de  France ,  au  Gevau- 
dan  ,  du  tems  de  S.  Privât  ,  évêque  du  pays  au  III 
fiécle.  C'eft  encore  un  village  plus  confidérable  que 
Javoux  même  qui  étoit  alors  la  ville  épiscopale.  *  Bail- 
let ,  Topogr.  des  faints  ,  2.  part. 

GRIESS  ,  montagne  de  Suiffe  ,  dans  le  haut  Vallais , 
au  département  de  Gomb  :  c'eft  le  chemin  pour  paiTer  en 
Italie.  *  Etat  &  Dilices  de  la  Suifle ,  t.  4  ,  p.  173. 

GRIESSEBERG  ,  village  &  feigneurie  de  Suifle  ,  dans 
leThurgaw.  *  Dilices  de  la  Suiffe,  t.  3  ,  p.  154. 

GRIET  ou  Grit  ,  bourg  d'Allemagne  ,  au  cercle  de 
Weftphalie  ,  dans  le  duché  de  Cléves  ,  fur  le  Rhin  , 
entre  Emeric  &  Rées ,  au  nord  de  la  ville  de  Calcar. 

GRIETENIJE  ,  terme  particulier  dont  on  fe  fert  en 
Frilc  pour  fignifier  un  bailliage  ;  de  même  on  appelle 
grietman  ,  ce  que  nous  appelions  en  françois  un  bailli. 
La  province  de  Frife  eft  partagée  en  un  grand  nombre 


211 

de  Grietenije  ;  &  on  en  a  publié  une  grande  Carte  ,  où 
chacune  a  une  feuille  particulière. 

GRIETHUYSEN  ou  Griethausen  ,  bourg  d'Alle- 
magne ,  au  pays  de  Cléves  ,  dans  le  cercle  de  Weftpha- 
lie  ,  fur  un  petit  ruiffeau  qui  va  fe  jetter  dans  le  Rhin. 
Ce  lieu  eft  au  nord-nord-eft  ,  à  demi  -  lieue  de  Cléves  , 
au  couchant  méridional  ,  &  à  une  lieue  d'Emeric  au 
fud-eft  ,  <k  à  un  peu  plus  d'une  demie-lieue  du  fort  de 
Schenck  ,  qui  eft  à  la  pointe  du  Betuve.  Ce  bourg  a 
été  bâti  par  Jean  ,  vingt-huitième  comte  de  Cléves.  En 
1536,  Griethuyfen  fut  pris  par  les  Hollandois  ,  &' 
quatre  ans  après  par  les  troupes  Heffoifes.  *  Sanfon  , 
Atlas. 

GRIFFENBERG.  Voyez  Greiffenberg. 
GRIFFENHAGEN  ou  Greiffenh  agen  ,  ville  d'Al- 
lemagne ,  dans  la  Poméranie  Pruffienne  ,  au  duché  de 
Stetin  ,  fur  la  rive  orientale  de  l'Oder  ,  au-deffus  de 
Stetin  ,  &  presque  vis-à-vis  de  Gartz  ,  qui  eft  fur  l'oc- 
cidentale. Les  géographes  du  pays  lui  donnent  38d.  45' 
de  longitude  ,  &  53  d.  17'  de  latitude.  Elle  ne  fat  érigée 
en  ville,  que  l'an  1262  ;  elle  eft  fort  baffe  &  fort  enfon- 
cée. Cette  ville  fut  prife  &  reprife  durant  les  guerres 
civiles  de  l'empire.  On  la  céda  à  la  Suéde  par  la  paix 
de  Weftphalie  ;  mais  elle  fat  rendue  à  l'électeur  de  Bran- 
debourg par  le  traité  de  S.  Germain-en-Laye  ,  en  1679. 
Elle  fut  brûlée  par  accident  en  1532.  Il  y  a  une  prévôté 
eccléfiaftique  ,  dont  la  juridiction  s'étend  fur  vingt-trois 
paroiffes.  On  tient  dans  cette  ville  trois  foires  par  an.  La 
première  eft  au  fécond  jeudi  de  Carême  ;  la  féconde  à  la 
Trinité  ;  &  la  troifiéme  au  28  Octobre.  Villeneuve 
croit  que  c'eft  la  J^iritium  ,  dont  parle  Ptolomée  ,  /.  2  , 
c.  11,*  Zeykr  ,  Pomeran.  Topogr.  p.  61.  Baudrand  , 
édit.  de  1705. 
GR1FFENSÉE.  Voyez  Gryffensée. 
GRIFSTETD  ,  comrnanderie  d'Allemagne  ,  dans  la 
Thuringe  ,  près  de  la  rivière  d'Unftrut ,  Se  dépendante 
du  bailliage  de  Marpurg ,  en  Heffe. 

GRIGNAN  ,  petite  ville  &  comté  de  France  ,  en 
Provence,  furies  confins  du  Dauphiné.  C'eft  plutôt  une 
annexe  qu'une  partie  de  la  Provence  ;  car  il  eft  hors  des 
limites  de  cette  province  :  c'eft  pourquoi  il  eft  mis  avec 
toutes  fes  dépendances  entre  les  terres  adjacentes.  Les 
feigneurs  de  Grignan,  qui  étoient  de  la  race  des  Adey- 
mars  ,  feigneurs  de  Monteil  ou  Montelimar  ,  fe  font 
long-tems  maintenus  dans  la  liberté  &  l'indépendance. 
Enfin  ,  l'an  1 164,  Gérard  Ademar ,  fit  hommage  volon- 
tairement à  Raimond  Berenger,  le  jeune,  comte  de  Pro- 
vence ,  qui  conferva  à  Gérard  le  pouvoir  de  battre  mon- 
noie  ,  Se  d'autres  droits  qui  n'appartiennent  qu'aux  fou- 
verams.  Un  autre  Ademar  fit  hommage  l'an  I2s,7,  à  la 
comteflé  Béatrix,  femme  de  Charles  I,  comte  d'Anjou, 
de  la  manière  &  aux  mêmes  conditions  que  les  feigneurs 
de  Grignan,  fes prédéceffeurs ,  l'avoient  tait  aux  comtes 
de  Provence,  depuis  Raimond  Berenger  ,  le  jeune.  Le 
dernier  mâle  de  la  race  des  Ademars  ,  a  été  Louis  Ade- 
mar, lieutenant-général ,  pour  le  roi  de  France  en  Pro- 
vence ;  en  faveur  duquel  la  feigneurie  de  Grignan  fut 
érigée  en  comté,  par  Henri  II,  l'an  1550.  Il  mourut  fans 
enfans,  &  laiffa  héritière  fa  feeur,  Blanche  ,  femme  de 
Gaspard  de  Caftellane ,  baron  d'Entrecafteaux ,  Se  par-là 
ce  comté  entra  en  cette  maifon  ;  &  depuis  peu  la  bran- 
che masculine  des  comtes  de  Grignan ,  de  la  maifon  de 
Caftellane ,  a  été  éteinte.  Il  y  a  dans  ce  comté  les  peti- 
tes villes  ou  bourgades  de  Grignan  &  de  Colonelle  , 
avec  plufieurs  villages.  *  Longuerue ,  Defcr.  de  la  France, 
1.  part.  p.  375. 

GRIJALVÀ,  (la)  rivière  de  l'Amérique .Septentrio- 
nale ,  dans  la  nouvelle  Espagne.  Elle  a  fa  fource  dans 
la  province  de  Chiapa,  d'où  ,  coulant  vers  le  nord  ,  elle 
traverfe  la  province  de  Tabasco  ,  &  fe  jette  dans  la 
baye  de  Campêche.  Quelques-uns  la  nomment  la  rivière 
de  Tabasco  ,  du  nom  de  la  province  où  eft  fon  embou- 
chure ,  les  autres  la  rivicre  de  Gnjalya ,  du  nom  de  Jean 
deGrijalva,  Espagnol,  qui  !a  découvrit  en  i'jiS.  Cor- 
neille, après  de  Laët,  Ind.  occid.  1.  5,  c.  30,  la  nomme 
Grialva,  Se  la  décrit  ainfi.  Elle  a,  dit-il  ,_  au-deffus  de 
fon  embouchure  plus  de  huit  braffes  de  profondeur  ;  mais 
elle  eft  fort  plate  àtr-dedans  ,  &  l'entrée  en  slt  difficile, 
parce  qu'il  y  brife  fort  à  caufe  du  choc  qu'y  Km  la  ma- 
rée contre  le  courant  d'amont  ,  qui  eft  extrêmement 
Tome  III.    D  d  ij 


GRI 


2  12 

rude.  Cinq  autres  rivières  y  descendent  outre  quantité 
de  torrens.  Elle  le  décharge  dans  la  mer  par  deux  bou- 
ches ,  dont  l'une  a  un  quart  de  lieue  de  largeur  ,  &C 
coupe  la  côte  qui  s'étend  en  cet  endroit  eft  &  oueft , 
descendant  du  îùd  vers  le  nord.  L'autre  court  du  fud- 
oueft.  Après  cette  description ,  Corneille,  reproduit  la 
même  rivière  (bus  le  nom  de  Grijalva  ,  fans  avertir  que 
c'eft  la  même.  *  Baudrand,  édit.  1705. 

GRILLENE  :  c'étoit  autrefois  une  ville  de  la  Sar- 
daigne ,  &  ce  n'eft  plus  préfentement  que  le  lieu  d'OR- 
GOSOLO,  félon  Baudrand,  édit.  1681,  qui  cite  Fran- 
çois de  Vie. 

GRIMAUT  ,  petite  ville  de  France ,  en  Provence , 
«proche  de  la  Méditerranée  &  du  golfe  de  Grimaut, 
dont  elle  eft  éloignée  d'une  lieue  ,  ck  environ  trois  de 
S.  Tropez,  au  couchant.  *  Baudrand ,  édit.  1705. 

Le  golfe  de  Grimaut,  petit  golfe  de  France, 
.dans  la  mer  Méditerranée  ,  fur  la  côte  de  Provence ,  près 
de  Grimaut  ,  qui  lui  donne  le  nom.  Il  ne  s'étend  pas 
plus  de  deux  à  trois  lieues  vers  l'occident ,  &  n'a  point 
d'autre  place  confidérable  que  la  ville  de  S.  Tropez ,  fur 
ù  côte  méridionale. 

GRIMBERGE  ou  Grimbourg  ,  petite  ville  d'Al- 
lemagne, dans  l'éle&orat  de  Trêves.  Jean,  quatre -vingt- 
iîxiéme  évêque  de  Trêves,  qui  fut  élu  en  1190  ,  & 
mourut  en  12.12  ,  fit  bâtir  de  neuf  cette  ville,  dans  le 
AVefterwald.  Zeyler  n'en  dit  rien  de  plus  ;  mais  Bau- 
drand, édit.  1705  ,  dit  qu'elle  eft  aux  contins  de  la 
Lorraine  &  du  Palatinat  du  Rhin,  à  trois  lieues  de  Bia- 
kenfeld.  Il  ajoute  que  Grimberg  eft  le  chef  d'un  des 
vingt-cinq  bailliages  de  l'archevêque  de  Trêves. 

GRIMBERGUE ,  abbaye  d'hommes  ,  ordre  de  Pré- 
montré ,  dans  les  Pays-bas ,  à  deux  lieues  au  nord  de 
Bruxelles.  C'eft ,  outre  cela  ,  un  comté  qui  a  été  érigé  en 
principauté  ,  en  1730. 

GRIMM  ,  petite  ville  d'Allemagne  ,  dans  Féleftorat 
de  Saxe ,  en  Misnie  ,  fur  la  Mulde ,  que  l'on  y  paffe  fur 
un  pont  à  trois  milles  d'Allemagne  de  Leipfic  ;  entre 
Wurtzen  &  Colditz,  avec  un  bailliage,  dont  dépend 
la  petite  ville  de  Lausswitz  ou  LAUSSWIG  :  le  ter- 
roir des  environs  eft  très-bon  :  il  y  a  un  château  &  une 
école  publique ,  qui  tient  le  troifiéme  rang  entre  celles 
de  l'éleftorat  de  Saxe  ;  cette  école  fut  fondée  en  1550, 
par  l'éle&eur  Maurice  ,  au  couvent  des  Auguftins  ,  en 
faveur  de  cent  jeunes  garçons ,  choifis  dans  les  villes  de 
l'électorat  ;  &t  pour  cet  effet  on  appliqua  les  revenus  du 
monaftere  des  religieufes  de  Nimpzschen ,  qui  étoit  de- 
vant la  ville.  Ce  lieu  a  beaucoup  foufFert  tant  des  inon- 
dations que  des  incendies  ,  principalement  en  1429  , 
ÔC  is^.  En  1429  ou  1430,  les  Huffites  en  faccagerent 
les  environs.  Dix  ans  après  les  Suédois  y  firent  de  cruels 
ravages.  Cette  ville  appartient  àl'élefteur  de  Saxe.  *  Zey- 
ler, Saxon,  fuper.  Topogr.  p.  99. 

GRIMMEN,  petite  ville  d'Allemagne ,  danslaPomé- 
ranie  ,  au  duché  de  Bardt ,  à  cinq  milles  de  Stralfund: 
cette  ville  eft  ancienne  ;  fa  longitude ,  félon  les  géogra- 
phes de  ce  pays ,  y  eft  de  37  d.  45',  &t  la  latitude  de 
54.  d.  18'.  Elle  fut  entourée  de  murailles,  l'an  1190. 
11  y  avoit  autrefois  un  monaftere  de  religieufes.  Elle  a 
dans  fon  département  eccléfiaftique  dix-neuf  paroiffes 
qui  étoient  autrefois  de  l'évêché  de  Schwerin ,  qui  eft 
du  duché  de  Mecklenbourg ,  aux  frontières  duquel  Grim- 
men  eft  fituée,  entre  Tribefées  SfGripswalde.  On  y  tient 
trois.foires  par  an,  l'une  au  dimanche  Mifericordias ,  l'au- 
tre le  famedi  après  l'Affomption  ,  &  la  troifiéme  après  la 
fête  de  fainte  Elifabeth.  Cette  ville  a  été  plufïeurs  fois 
prilé  par  les  ducs  deMeckelbourg,  &  reprife  parles  ducs 
de  Poméranie.  *  Zeyler ,  Pomeran.  Topogr.  p.  61. 

GRIMMENSTEÏN  ,  fortereffe  d'Allemagne  ,  dans 
la  Saxe  auprès  de  Gotha  ,  fur  la  hauteur.  Elle  paffoit 
pour  imprenable.  Elle  fut  commencée  par  le  landgrave 
Balthazar.  Enfuite  augmentée  parle  duc  Guillaume  de 
Saxe  ;  &c  enfin  l'an  1530  ,  &C  les  années  fuivantes  ,  on 
y  fit  travailler  huit  ou  neuf  mille  hommes  pendant  dix  à 
onze  ans  pour  en  perfectionner  les  fortifications  :  elle  ne 
fut  pourtant  point  imprenable  ;  mais  Jean-Frederic,  élec- 
teur de  Saxe,  ayant  été  fait  prifonnierpar  les  troupes  de 
l'empereur  Charles  V  ,  cette  fortereffe  fut  démantelée 
Juivant  l'ordre  de  l'empereur  ,  par  Lazare  de  Schwendi  ; 
£i  réie&eur  ayant  été  relâché  cinq  ans  après  en  1552  , 


GRI 


elle  fut  réparée.  Son  fils,  de  même  nom,  ayant  protégé 
mal-à-propos  Guillaume  de  Grumbach  ,  qui  avoit  été 
mis  au  ban  de  l'empire  ,  avec  quelques  autres ,  &  n'ayant 
pas  voulu  le  livrer  ;  Augulle  ,  électeur  de  Saxe  ,  en  qua- 
lité d'exécuteur  du  ban  impérial ,  affiégea  Grimmenftein 
en  1566,  &c  la  prit  le  13  Avril  1567,  &  la  fit  rafer  jus- 
qu'aux fondemens.  Mais  le  duc  Erneft  y  rebâ;it  un  châ- 
teau qui  fut  nommé  pRIEDENSTEIN  ou  le  château  de 
la  paix.  L'ancien  nom  fignifioit  le  château  de  La  fureur. 

*  Zeyler  ,  Super.  Saxon.  Topogr.  p.  96.  Hubner  , 
Géogr.  p.  586. 

GRIMMETSHbFEN  ,  bailliage  de  Suiffe  ,  au  canton 
de  Schafhoufe.  Il  y  a  une  haute  jurisdi&ion.  *  Etat  & 
délices  de  la  Suiffe ,  t.  3  ,  p.  97. 

GRIMMI  ,  ville  d'Aile  ,  clans  la  Géorgie  ,  dans  la 
province  de  Gagueti  (  Caket  )  :  elle  eft  allez  peuplée 
pour  ce  pays  ,  félon  Archange  Lamberti  ,  cité  par 
Baudrand,    édit.  1705. 

GRIMNITZ  ,  château  &  maifon  de  chaffe  d'Allema- 
gne ,  dans  la  moyenne  marche  de  Brandebourg  ,  auprès 
d'une  grande  forêt  &  d'un  lac  ,  aux  frontières  de  l'Uckes- 
marck.  Ce  lieu  eft  remarquable  par  le  traité  qui  termina 
les  longues  disputes  qui  étoient  entre  les  maifons  de 
Brandebourg  &  de  Poméranie.  On  y  régla  la  fuccefïion  , 
de  manière  qu'au  cas  que  la  maifon  des  ducs  de  Pomé- 
ranie vînt  à  manquer  d'héritiers  mâles  ,  les  margraves 
de  Brandebourg  auraient  toute  la  Poméranie  ,  excepté 
les  fiefs  relevant  de  la  Pologne.  Ce  traité  eft  de  l'an  1 529. 

*  Zeyler  ,  Poméran.  Topogr.  p.  62. 

GRIMSBY ,  petite  ville  cF Angleterre, en  Lincolnshire, 
fur  lé  bord  méridional  de  l'Humber  ,  à  huit  lieues  de 
Lincoln  vers  le  levant.  Elle  envoie  fes  députés  au  par- 
lement ,  Se  a  marché  public  toutes  les  femaines.  Il  y  a 
une  affez  belle  églife.  *  Etat  pref.  de  la  Gr.  Bret.  t.  1  , 
p.  84,  &  86. 

GRIMSEL  ,  montagne  de  Suivie  ,  aux  confins  du  haut 
Vallais  ,  &  du  département  de  Goms  qu'elle  fépare  du 
canton  de  Berne.  Le  village  de  Geftilen  eft  au  pied  de 
cette  montagne.  Elle  eft  très-haute  ,  .&  il  faut  quatre 
heures  de  marche  pour  arriver  au  fommet  ,  encore  ne 
peut-on  y  monter  que  par  des  fentiers  escarpés  &  diffi- 
ciles. C'eft  par  un  de  ces  chemins  que  Berchtold  ,  duc 
de  Zeringen,  conduifit  fes  troupes  en  121 1  ,  pour  faire 
irruption  dans  le  Vallais.  Le  chemin  eft  ordinairement 
impraticable  ,  fur-tout  en  hyver  qu'il  eft  fermé  par  les 
neiges.  Il  y  a  fur  le  Grimfel  deux  petits  lacs  qui  font  per- 
pétuellement couverts  de  neige  &  de  glace.  La  rivière 
d'Aar  a  fa  fource  dans  cette  montagne.  *  Etat  &  délices 
de  la  SuiJJe  ,  t.  2  ,  p.  222  ;  &  t.  4  ,  p.  172.  . 

GRIMSEY  ,  petite  ifle  de  l'Océan  ,  fur  la  côte  fepten- 
trionale  de  l'Irlande.  Elle  eft  peuplée  Se  cultivée  félon 
Baudrand. 

GRINAA  ,  bourg  de  Danemarck  ,  dans  le  Jutlâhd 
feptentrional  ,  au  diocèfe  d'Arhus ,  fur  la  côte  du  Cate- 
gat.  *  De  l'JJle  ,  Carte  du  Danemarck. 

GRINAE'l ,  ancienne  nation  de  la  Scythie  ,  entre  le 
peuple  Saca  ,  dans  le  voifinage  des  Maffagetes  ,  félon 
Ptolomée  ,  /.  6  ,  c.  13. 

GRIMDEDVALD,  montagne  de  Suiffe  ,  au  can- 
ton de  Berne  ,  dans  l'Oberland  ,  aux  frontières  du  Val- 
lais. Elle  eft  remarquable ,  non  feulement  par  fa  hauteur  , 
mais  principalement  par  fa  glacière  ,  (  en  allemand 
Gletscher  ~)  qui  eft  comme  une  montagne  de  glace  ,  &C 
qui  va  toujours  croiffant  en  hauteur  &:  en  circuit  ;  telle- 
ment que  toutes  les  années  elle  gagne  toujours  du  terrein 
fur  fon  voifinage  qu'elle  couvre  d'une  glace  perpétuelle. 
Quelquefois  en  été  cette  glace  fe  fend  &  fait  des  fentes 
d'une  profondeur  immenfes  ;  ck  quand  cela  arrive ,  ce  font 
des  éclats  pareils  à  ceux  du  tonnerre.  *  Etat  &  Délices 
de  la  Suiffe  ,  t.  2  ,  p.  221. 

GRINNES  ,  ancien  village,  entre  les  Bataves  ,  feloa 
Tacite  ,  Hift.  1.  5  ,  in  fine.  Il  n'en  détermine  point  la 
pofition  ;  mais  la  carte  de  Peutinger ,  corrigée  fur  Tacite 
met  Grinne  ,  huit  mille  pas  au-deffous  de  Carvo  ,  & 
quatre  au-deffus  de  Leva  fanum  ,  c'eft-à-dire  au  lieu 
nommé  de  Beerhuyfen ,  à  caulé  des  hutes  des  bateliers  , 
vis-à-vis  du  petit  village  de  Rcmmerten  ,  &  par  confé- 
quent  un  peu  au-deffus  de  la  chauffée  que  Drufus  oppofa 
au  Rhin  qui  rafoit  un  peu  trop  le  rivage  du  côté  de  la 
Gaule  ,  ôc  en  emportoit  toujours  quelque  chofe.  Le 


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GRI 


dofte  Alting  ne  doute  point  que  les  fables  enlèves  de  la 
rive  du  Rhin  du  côté  de  la  Gaule  ,  étant  pouffes  par 
la  répercuflion  du  neuve  ,  n'ayent  été  portés  plus  haut , 
&  qu'il  ne  s'en  foit  formé  des  amas  en  forme  d'ifles  ; 
ce  qui  aura  donné  le  nom  au  lieu  de  Grinnes  ;  car  , 
félon  lui  ,  Grinds  ou  Grinden  lignifie  des  hauteurs 
couvertes  de  verdure  ,  qui  s'élèvent  dans  le  lit  d'une 
rivière.  Grin  veut  dire  verd  dans  la  langue  des  Frifons  , 
&  Grïnd  fignifie  le  fond.  Quant  au  nom  de  Kemmerten  , 


213 


GRIS.  D'Audifret  nomme  ainfi  une  ifle  Britannique , 
entre  les  Orcades ,  &  dit  que  ce  n'eft  qu'une  montagne 
foçt  haute  ,  en  façon  d'une  pyramide  ,  au  couchant  de 
Wier.  On  lit  dans  fon  livre  ,  edit.  Parif.  i/2-40,  t.  1  , 
p.  242 ,  au  couchant  de  Gris  ;  mais  c'eft  une  faute  d'im- 
preffion. 

GRISA  C  ,  bourg  de  France ,  en  Languedoc ,  avec  ti- 
tre de  baronie ,  dans  le  Gevaudan.  Il  appartient  à  la 
maifon  du  Roure,  &  eft  conlidérable  pour  avoir  donné 


jl  vient  des  iiles  du  Rhin  ,  qui    ont   pouffé  de  l'herbe     la  naiflance  au  pape  Urbain  V,  appelle  auparavant  Gull 


&  que   l'on  appelle   en  langu 
'aarien  ,    Warten  ,   Weerden  &C 


comme  des  prairies 
du  pays  Waarden  , 
Werten. 

GR1NNICUM  ,  nom  latin  de  Grasse  ,  ville 
Provence. 

GRIPSWALD  ,  ou  Greiffsv.-ald  ,  ville  d'Allema- 


launie  deGrifac.  Il  fuccéda,  l'an  136a,  à  Innocent  VI, 
&  mourut  le  19  Décembre  1370.  *  Corn.  Dictionnaire. 

GR.ISANO  ,  ancien  bourg  de  Grèce  ,  dans  la  Thes- 
falie ,  aux  confins  de  la  Macédoine ,  au  couchant  de  La- 
riffa.  Voyez  Ctemen^E.  *  Baudrand,  éd.  1705. 

GRISFENBERG ,  ville  d'Allemagne  ,  en  Poméranie, 


gne,  en  Poméranie.  Les  géographes  du  pays  la  mettent  à  félon  Baudrand  &  Corneille  :  c'eft  la  même  que  Greif- 
3od.o'  de  longitude,  ckà^d.  16'  de  latitude.  Elle  afubfifté  fenberg 
long-tems avant  que  d'être  fermée  de  murailles  en  1133. 
Elle  dépendoit  de  l'abbaye  d'Eldenov/.  Comme  les 
habitans  des  Pays-bas  y  négociaient  beaucoup  ,  elle  s'ac- 
crut de  telle  manière  qu'elle  fe  tira  cle  la  domination  des 
moines.  Cela  porta  enfuite  Wratiflas  ïïl ,  &  après  fa  mort 


GR.ISO  ou  Grisso  ,  Colone  ,  Colonie.  Bourg  de 
Grèce,  dans  la  Morée,  fur  la  côte  du  Belveder,  entre 
les  villes  de  Coron  &c  de  Modon.  *  Baudrand ,  édit. 
1705. 

GRISOLLES  ,  petite  ville  de  France  ,  dans  le  haut 


fon  fils  Barnime,  à  traiter  avec  l'abbé  d'iiïdenau  pour  les     Languedoc,  au  diocèfe  deTouloufe.  Elle  eft  renommée 


droits  qu'il  avoit  fur  cette  ville.  Ce  ne  fut  qu'à  condition 
qu'il  en  feroit  hommage  à  l'abbaye  ,  &  qu'il  reconnoî- 
troit  devant  le  grand"  autel  de  tenir  ce  lieu  comme  un 
fief,  &  que  pour  marque  de  dépendance  chaque  bour- 
geois payerait  tout  les  ans  à  l'abbaye  en  forme  de  rede- 
vance un  denier  d'argent ,  ce  qui  a  été  ufité  durant  quel- 
que tems  ;  mais  les  moines  fe  laffant  des  disputes  inuti- 
les que  leur  coûtoit  la  perception  de  ces  deniers  ,  ont  laiffé 
tomber  cet  ufage  ,  &  infenfiblement  la  ville  en  eft  venue 
à  dépendre  du  prince  immédiatement  fans  aucune  rede- 
vance. Elle  eft  affez  grande  ,  quoiqu'elle  ne  le  foit  pas 
tant  que  Strahlfond  &  Stetin.  Elle  eft  vis-à-vis  de  l'ifle 
de  Rugen  ,  à  un  demi-mille  du  fond  du  golfe.  D'un  côté  , 
elle  a  de  larges  prairies ,  &  de  l'autre  un  grand  lac  d'où  il  fort 
un  canal  d'une  demi-lieue  qui  porte  l'eau  au  golfe  ,  & 
fur  lequel  les  marchandifes  font  portées  jusqu'au  quai  de 
la  ville  ;  car  les  vaiffeaux  ne  fauroient  remonter  jusques- 
là.  Des  deux  autres  côtés  eft  un  pays  plat ,  &  devant  la 
ville  il  y  a  des  fources  dont  l'eau  fervoit  autrefois  à  faire 
du  fel  ,  comme  on  en  fait  préfentement  à  Lunebourg  ;  on 
a  discontinué  ce  travail  faute  de  bois.  Jaromar  II ,  prince 
de  Rugen  donna  l'an  1240  ,  cette  faline  au  monaftere 
d'Eldenov.  La  ville  a  trois  églifes  paroiffiales ,  &  deux 
monaftéres  dont  l'un  fert  prefentement  à  l'univerfité  , 
&  l'autre  aux  écoles  de  la  ville.  Elle  a  d'affez  belles 
terres  ik  de  grands  privilèges.  Dans  la  guerre  que  les  ducs 


par  fa  coutellerie.  *  Mémoires  drejfésfur  les  lieux. 

GRISONS  ,  (les)  peuple  des  Alpes ,  alliés  des  Suif- 
ks.  Les  anciens  hiftoriens  en  parlent  fouvent  ,  &  les 
nomment  PJiceti,  ck  il  n'y  a  point  de  nation  voifine  de 
laSuiffe,  dont  l'origine  foit  plus  aifée  à  fixer.  Tite-Live, 
/.  5  ,  c.  33  ,  en  a  écrit.  Les  Tofcans  ,  (dit-il ,  )  qui  s'é- 
tendoient  d'une  mer  à  l'autre  ,  avoient  originairement 
douze  villes,  dans  cet  espace  de  terres ,  au-deçà  de  l'A- 
pennin, fur  les  côtes  de  la  mer  inférieure.  Dans  la  fuite 
ayant  envoyé  des  colonies,  qui  occupèrent  toute  la  con- 
trée ,  qui  eft  au-delà  du  Pô ,  jusqu'aux  Alpes ,  à  l'excep- 
tion de  l'angle  des  Venetes  ,  qui  habitent  autour  du 
golfe  de  la  mer  Adriatique  ,  ils  fe  trouvèrent  avoir  au- 
tant de  villes  ,  au-delà  de  l'Apennin  ,  qu'il  y  avoit  eu 
de  chefs  de  colonies.  Il  n'y  a  aucun  doute  ,  que  c'eft-là 
l'origine  des  nations  des  Alpes,  principalement  celle  des 
Rhétiens  ,  &  que  les  lieux  qu'ils  habitent ,  les  ayant 
rendus  fauvages ,  comme  ils  font ,  il  ne  leur  eft  rien 
demeuré  de  leur  ancienne  origine  que  la  langue  du  pays, 
qu'ils  ont  même  corrompue.  *  Etat  &  Délices  de  la 
Suiffe,  t.  4,  p.  2. 

L'origine  des  Grifons  étant  ainfi  fixée  ,  il  refte  à  dire 
que  leur  pays  ,  connu  fous  le  nom  latin  Rhatia,  eft  placé 
par  les  anciens  hiftoriens  dans  les  Alpes  Lépontiennes, 
aux  environs  des  deux  fources  du  Rhin.  Il  renfermoit  les 
vallées  ck  les  montagnes  des  environs ,  jusqu'à  l'endroit 


de  Poméranie  , .  &   ceux  de  Meckelbourg  eurent  pour  où  les  deux  ruiffeaux  de  ce  fleuve  fe  joignent ,  pour  ne 

l'ifle  de  Rugen  ,  les  habitans  de   Gripswald  fignslerent  former  qu'un  même  lit.    Et  comme  au^-ceffus  de  ces 

leur  zèle  pour  les  ducs  de  Poméranie  ,  qui  les  en  récom-  deux  ruiffeaux  ,   on  trouve  une  belle  plaine  ,   que  com- 

penferent  par  des  grâces  &  des  franchifes.  L'ifle  d'Oe/ie  ,  mande  un  petit  coteau  ,  fur  lequel  il  y  a  une  fortereffe 

ou  Oie,  ou  Gripswaldiscke  Oie  ,  qui  eft  pour  la  plus  grande  célèbre  S:  très-ancienne ,  nommée  Rhœdum ,  ce  aujour- 

partie  fubmergée  ,  ckiituée  à  cinq  oufix  milles  de-là  dans  d'hui  Rkat-jins  ,m\  eft  à  croire  que  c'eft-là  un  ouvrage 


la  mer  ,  appartient  à  cette  ville.  Il  y  avoit  autrefois  dans 
cette  ifle  un  bois  où  l'on  élevoit  de  très-beaux  chevaux 
que  l'on  y  laiffoit  fans  que  perfonne  les  gardât  :  on  fe 
contentoit  de  pourvoir  à  leur  fourrage  durant  l'hyver.  Il 
y  avoit  auffi  une  chapelle  où  les  pêcheurs  fafoient  dire  la 
jneffe  avant  que  d'aller  à  la  pêche  du  hareng ,  de  Feftu'r- 
geon ,  ckc.  *  Zeyler  ,  Pomer.  Topogr.  p.  62 


des  premiers  Rhétiens.  Ce  qui  en  fait  la  preuve  ,  c'eft 
que  tous  les  hiftoriens  s'accordent  à  dire  que  les  Rhé- 
tiens commencèrent  par  s'établir  au-deffus  du  Rhin  : 
les  reftes  de  plufieurs  anciennes  fortereffes  que  l'on 
voit  en  différens  endroits  confirment  ce  fentiment.  On 
ne  trouvera  ,  ni  dans  la  France  ,  ni  dans  l'Allemagne 
aucune  contrée  où  il  y  ait  autant  cle  châteaux  ck  de  for- 


II  y  a  deux  foires  par  an  à  Gripswald ,  l'une  le  25  Juillet  tereffes  que  chez  les  Grifons ,  quoique  le  terrein  y  foit 

à  la  fête  de  S.  Jacques  ,  l'autre  le  premier  Novembre  à  dur  ,  ingrat  Si  fauvage.    Sous  le  conlùlat  de  Cn.  Pom- 

la  tête  de  tous  les  Saints.  L'univerfité  fut  fondée  en  1456,  peius  Strabon  ,    père  du  grand  Pompée,    les  Rhétiens 

par  Wratiflas  IX  duc  de  Poméranie  ;  &  le  premier  rec-  étendirent  leurs  frontières  jusqu'aux  territoires  des  villes 

teur  fut  le  dofteur  Henri  Rubenowen  ,  bourg-meftre  de  de  Trente,  de  Vérone  Se  de  Corne.    Dans  la  fuite  ils 

Gripswald  ,  qui  avoit  été  auparavant  chancelier  d'Eric ,  les  pouffèrent  encore  plus  loin.    *  Etat  &  Délices  de  la 

roi  de  Dianemarck,  ik  avoit  eu  beaucoup  de  part  à  ce  SmjJ'e  ,  t.  4,  p.  3. 

louable  établiffement.   Le   dernier    duc    de   Poméranie         Le  pays  des  Grifons  a  pour  bornes  au  nord  ,  le  comté 

Bogiflas ,  XIV  du  nom  ,  donna  l'an  1633  ^  l'univerfité  ,  deTirol ,  &  le  comté  de  Sargans;  à  l'occident  les  can- 

quoi  qu'avec  quelques  réferves,  l'abbaye  d'Eldenov  avec  tons  de   Glaris  &  d'Uri  ;    au  midi  les  bailliages  com- 

toutes  fes  dépendances  ,    villages  ,   terres  labourables  ,  muns ,  que  les  cantons  poffedent  en  Italie ,  le  comté  de 


prairies  ,  pâturages  ,  moulins  ,  pêches  ,  bois  ,  &c.  pour 
l'entretien  &  l'augmentation  de  l'univerfité  ,  ck  pour  la 
fubfiftance  des  profeffeurs.  Il  les  en  mit  folemnellement 
en  poffefiion.  La  dignité  de  chancelier  de  l'univerfité  a 
été  long-tems  afiëftée  aux  évêques  de  Gammin,  Cette 
ville  eft  une  des  fortes  places  du  pays. 


Chiavenne  &  la  Valteline  ;  &  à  l'orient  le  Tirol  en- 
core ,  ck  le  comté  de  Bormio.  Il  eft  aujourd'hui  far- 
tage en  trois  grandes  parties  ,  qu'on  nomme  Ligues  *  en 
allemand  Bundt  ;  &  de-là  vient  le  nom  de  Bumner, 
que  les  Allemands  donnent  aux  Grifons.  Ces  trois  Li- 
gues font, 


2i4  GRI 

I.  La  LIGUE-HAUTE  ou  Grise  ,  en  allemand  Graw- 
bundt.  Celle-ci,  comme  la  plus  conlîdérable,  a  commu- 
niqué fon  nom  à  tout  le  pays.  _ 

II.  La  li<*ue  de  LA  CaddÉE,  (Caddea,  en  italien 
corrompu,  "pour  Cafa-Dtl,)  ou  de  la  Maifon-de-Dieu , 
en  allemand  Gotts-haufs-bundt. 

III.  La  ligue  DES  DIX  COMMUNAUTÉS ,  en  allemand 
Zehen-grlchten-  bundt. 

Les  deux  premières  font  au  midi  ,  &  la  troifieme  au 
nord.  La  première  eft  féparée  de  la  féconde  ,  en  partie 
par  la  branche  orientale  du  Rhin  ,  6c  elle  fait  face  à 
l'occident,  aux  cantons  d'Uri  6c  de  Glaris  :  les  deux  au- 
tres ,  à  l'orient  6c  au  nord  ,  font  face  au  Tirol.  Ce  font 
comme  trois  cantons  ou  républiques  ,  dont  chacune  a 
fon  gouvernement  à  part ,  6c  fait  fes  affaires  féparé- 
ment  ;  mais  toutes  enfemble  forment  un  corps  de  ré- 
publique ,  en  qui  réfide  l'autorité  fuprême.  La  longueur 
de  tout  ce  pays  ,  du  nord  au  fud ,  eft  de  quinze  milles 
d'allemagne,  ou  d'environ  trente-cinq  lieues.  On  a  donné 
aux  habitans  le  nom  de  Grifons  ,  parce  que  les  premiers 
qui,  dans  le  quinzième  fiécle,  fe  liguèrent  enfemble  ,  pour 
fecouer  le  joug  de  ceux  qui  les  opprimoient ,  portoient 
des  habits  greffiers  d'une  étoffe  grife  ,  qui  fe  fabriquoient 
dans  le  pays. 

Ce  pays  a  effuyé  à-peu-près  les  mêmes  révolutions 
que  la  Suiffe  ;  il  fut  quelque  tems  fous  la  domination  des 
Francs  ;  après  quoi ,  les  Huns  s'en  rendirent  maîtres ,  6c 
le  ravagèrent  :  la  fouveraineté  fut  enfuite  partagée  en- 
tre l'empire  5c  divers  comtes  particuliers  ;  6c  comme  les 
évêques  de  Coire  furent  chargés  par  les  empereurs  de 
la  partie  qui  dépendoit  de  l'empire  ,  ils  ne  manquèrent 
pas  de  faire  leurs  affaires  aux  dépens  des  princes  qui 
les  commettoient  ;  ils  parvinrent  enfin  à  fe  faire  eux- 
mêmes  fouverains.  Les  Grifons ,  ayant  rendu  de  grands 
fervices  aux  empereurs ,  en  obtinrent  de  grands  privilè- 
ges. Ceux  qui  étoient  fournis  aux  comtes  ,  rachetèrent 
leur  liberté ,  ou  devinrent  libres  par  l'extinction  des  fa- 
milles de  leurs  feigneurs.  Les  évêques  de  Coire,  perdi- 
rent infenfiblement  tout  leur  pouvoir  ,  ^principalement 
au  tems  de  la  révolution  ;  de  forte  qu'aujourd'hui  ils 
n'ont  plus  aucune  part ,  ni  aucune  influence  fur  les  af- 
faires du  gouvernement.  Les  Grifons  parvinrent  enfin  à 
l'indépendance  ,  6c  formèrent  une  république  Démocra- 
tique ,  dont  le  pouvoir  fouverain  réfide  entièrement 
dans  le  peuple. 

Le  pays  des  Grifons  étant  tout  entier  dans  les  Alpes , 
&  ne  confiftant  qu'en  vallées  plus  ou  moins  larges  , 
au  pied  de 'hautes  montagnes  ,  on  peut  aifément  juger 
que  l'air  n'y  eft  pas  des  plus  doux ,  ni  le  terroir  des  plus 
fertiles.  Cependant  il  eft  extrêmement  peuplé  ;  6c  les 
deux  extrémités  ,  qui  font  d'un  côté  la  feigneurie  de 
Meyenfeld ,  6c  de  l'autre  le  pays  de  Pregell ,  font  dans 
un  climat  allez  doux ,  6c  ont  un  terroir  fertile  en  bleds , 
en  fruits  6c  en  excellent  vin.  Dans  le  cœur  du  pays  on 
recueille  de  l'avoine  ,  de  l'orge ,  quelques  fruits ,  6c  en 
quelques  endroits  du  froment.  Il  y  a  auffi ,  par-ci  par- 
là  ,  de  bonnes  vallées  fertiles.  En  récompenfe  on  tire 
des  Alpes  bien  des  avantages  ,  par  les  troupeaux  de  bê- 
tes à  corne  qu'on  y  entretient.  On  y  a  auffi  le  gibier  en 
très-grande  abondance  ;  6c  les  rivières  ,  avec  quelques 
petits  lacs  ,  donnent  beaucoup  de  poiffon. 

Les  Grifons  gardent,  à  l'égard  des  mœurs ,  un  certain 
milieu  ,  entre  les  Suiffes  6c  les  Italiens  ;  ils  ont  un  peu 
de  la  vivacité  Italienne  ,  6c  beaucoup  de  la  franchife 
des  Suiffes.  La  liberté  dont  ils  jouiffent ,  les  rend  gais , 
hardis ,  courageux ,  fiers  ;  mais  cela  même  rend  la  po- 
pulace ,  (qui  en  tous  lieux  abufe  de  tout,)  farouche, 
emportée-.  6c  infolente.  Ils  font  extrêmement  jaloux  de 
leur  liberté.  Ils  font  presque  tous  Proteftans.  L'évêque 
de  Coire  6c  l'abbé  de  Difentis  ,  avec  le  doyen  6c  le 
chapitre  de  Coire  ,  6c  quelques  villages  difperfés  dans 
les  trois  ligues ,  font  Catholiques  ;  mais  les  villes  6c  tout 
le  refte  du  pays  eft  Proteftant.  La  Ligue  haute  eft  celle 
où  il  y  a  le  plus  de  Catholiques.  Chaque  églife  Protes- 
tante ,  dans  le  Grifons ,  a  le  droit  d'établir  fes  pafteurs 
&  de  les  dépofer.  Les  eccléfiaftiques  Catholiques  dé- 
pendent de  l'évêque  6c  du  chapitre  de  Coire  ,  6c  de 
l'abbé  de  Difentis  pour  la  plus  grande  partie  :  l'évêque 
de  Coire  eft  élu  par  le  chapitre  ,  6c  les  chanoines  font 
obligés  de  choifir  un  homme  du  pays ,  6c  même  qui  foit 


GRI 


de  la  Ligue  de  la  Maifon-de-Dieu.  L'évêque  prend  le 
titre  de  prince  de  £ empire ,  à  caufe  des  terres  qu'il  poffede 
dans  l'empire  ;  mais  nonobftant  ce  titre  ,  il  n'eft  rien 
moins  que  fouverain  dans  fon  pays  ;  car  il  eft  liijet  des 
Ligues  avec  tout  le  clergé.   (  ■ 

Chaque  communauté  ,  étant  gouvernée  par  fes  propres 
loix  municipales  ,  6c  par  fes  coutumes  particulières , 
choifit  fes  propres  magiftrats,  6c  tous  les  hommes,  dès 
l'âge  de  feize  ans ,  ont  droit  de  fuffrage.  Et  les  diverfes 
communautés  de  chaque  Ligue  ayant  leurs  diètes  pro- 
vinciales ,  compofées  des  députés  de  chaque  commu- 
nauté ,  qui  choififfent  le  chef,  6c  les  autres  officiers  de 
chaque  Ligue  en  particulier  ,  ces  diètes  provinciales  ne 
reffemblent  pas  mal  aux  états  provinciaux  des  Provinces-, 
Unies.  Au  refte  la  juftice  eft  adminiftrée ,  dans  ce  pays  ,' 
d'une  manière  très-fimple.  On  applique  les  criminels  à 
la  queftion ,  comme  en  Suiffe  ;  6c  après  leur  exécution, 
en  quelques  endroits,  on  confisque  leurs  biens.  En  d'au- 
tres ,  comme  dans  les  communautés  du  Prettlgau  ,  la 
confiscation  n'a  point  de  lieu.  A  l'égard  des  procès  ,  il 
n'y  a  point  d'appel  d'ans  la  Ligue  des  dix  jurisdictions, 
excepté  dans  la  feigneurie  de  Meyentèld.  Dans  la  Ligue 
de  la  Caddée ,  ils  font  très-rares  ;  6c  quant  à  ceux  de  la 
Ligue  haute,  ils  fe  portent  ordinairement  à  Tron. 

Pour  ce  qui  eft  des  affaires  générales  ,  qui  regardent 
tout  le  corps  de  l'état  ,  il  y  a  des  diètes  compofées 
des  députés  de  chaque  Ligue ,  qui  s'affemblent  auffi  fou- 
vent  que  la  néceffité  le  demande  ,  comme  des  diètes 
provinciales  ,  formées  des  députés  de  chaque  commu- 
nauté ,  pour  les  affaires  de  chaque  Ligue  en  particulier. 

La  principale  affemblée ,  que  l'on  appelle  diète  géné- 
rale ,  eft  compofée,  outre  les  trois  chefs  des  Ligues ,  d'un 
député  de  chaque  communauté  ,  qui  a  droit  de  fuffrage. 
Elle  fe  tient  régulièrement  une  fois  l'an ,  non  tour-à-tour  I 
dans  chacune  des  trois  Ligues ,  mais  dans  l'ordre  fuivant; 
favoir  en  premier  lieu  ,  à  llant7^ ,  enfuite  à  Coire  ,  la  ( 
troifieme  fois  à  Ilant^,  la  quatrième  à  Coire  encore,  6c 
la  cinquième  h  Davos.  Le  chef  de  la  Ligue  ,  où  elle  fe 
tient,  y  préfide  toujours  ;  6c  l.e  tems  auquel, elle  fe  con- 
voque ,  eft  fixé  à. la  fin  d'Août  :  {es  affaires  principales 
font,  i°  d'agiter  6c  de  délibérer  fur  les  propofitions  des 
princes  étrangers.  i°  De  recevoir  les  deniers  communs, 
6c  d'examiner  les  comptes  publics.  30  De  prendre  fer- 
ment des  gouverneurs  6c  des  fubalternes.  40  De  juger 
les  appels. 

Outre  cette  diète  générale  ,  il  y  en  a  de  trois  autres 
espèces. 

La  première  de  ces  affemblées  n'eft  proprement  qu'une 
demi-diète  ;  auffi  en  porte-t-elle  le  nom.  Elle  confifte 
dans  la  moitié  [des  députés  qui  ont  droit  d'affifter  aux 
diètes  générales  ;  de  forte  que  deux  communautés  n'en- 
voient entr'elles  qu'un  feul  député  qu'elles  choififfent 
chacune  à  leur  tour.  Cette  demi-diète  n'a  point  de  tems 
fixe  pour  s'afîèmbler  ;  elle  fe  convoque  feulement  lors- 
qu'on le  juge  néceffaire  ;  mais  le  plus  fouvent  à  la  re- 
quifition  des  ambaffadeurs  étrangers  ,  elle  fe  tient  tou- 
jours à  Coire. 

La  féconde  affemblée  eft  appellée  le  congres.  Elle 
n'eft  compofée  que  de  trois  députés  de  chaque  Ligue  , 
avec  les  trois  chefs  ;  elle  s'affemble  généralement  une 
fois  l'an  ,  environ  au  commencement  de  Mars  ,  pour 
examiner  6c  mettre  en  ordre  les  réponfes  des  commu- 
nautés ,  6c  pour  communiquer  de  nouveau  le  réfultat  de 
ces  réponses  aux  mêmes  communautés.  Ce  congrès  fe 
tient  encore  à  Coire,  auffi-bien  que  les  autres  affemblées 
publiques  ;  mais  cela  fe  fait  pour  la  commodité  ,  plutôt 
que  par  un  droit  attaché  à  cette  ville. 

La  troifieme  eft  une  affemblée  des  trois  chefs  des  Li- 
gues feulement  ;  elle  fe  tient  un  peu  devant  la  diète 
générale  ,  pour  préparer  les  matières  fur  lesquelles  on 
doit  délibérer. 

Il  y  a  encore  ,  comme  il  eft  dit  ci-deffus  ,  des  diètes 
provinciales  ,  qui  fe  convoquent  toutes  les  fois  qu'on  le 
]uge  néceffaire.  Mais  il  faut  obferver,  comme  règle  gé- 
nérale ,  que  dans  toutes  ces  affemblées  ,  les  députés  font 
tellement  liés  par  leurs  inftructions,  qu'ils  ne  font  que  dé- 
libérer,  6c  rapportent  enfuite  ce  qui  a  été  délibéré  à 
leurs  communautés  qui  discutent  l'affaire  de  nouveau  , 
chacune  en  particulier  ,  6c  décident  la  queftion  par  la 
pluralité  des  voix  :   chaque  communauté  envoyant  fon 


GRO 


GRO 


opinion  par  écrit  ;  Se  ce  qui  fe  trouve  avoir  été  réfolu 
par  la  plurali  té  des  Suffrages  ,  paffepour  le  fentiment  de 
toute  la  natii  m. 

On  voit  pi  3f-là ,  que  la  fouveraineté  réfide  entière- 
ment dans  le  corps  du  peuple  :  cependant  comme  les 
communautés  choififfent  généralement ,  pour  leurs  dé- 
putés ,  les  plu:;  habiles  gens ,  il  arrive  rarement  que  l'opi- 
nion d'une  communauté  diffère  de  celle  de  fon  député  ; 
de  forte  que  cette  république  eft,  en  quelque  manière  , 
gouvernée  par  un  petit  nombre  de  chefs  :  au  refte  , 
ceux  qui  engagent  le  peuple  dans  des  mefures  mauvai- 
fes  ,  ou  qui  ne  réuflîflént  point  ,  le  payent  quelquefois 
de  leur  tête ,  comme  dans  les  petits  cantons.  Les  Gri- 
fons font  fort  jaloux  de  leur  liberté  ,  Se  ils  ont  une 
manière  finguliere  ,  pour  châtier  ceux  qu'ils  foupçonnent 
de  trahifon  ou  de  quclqu'autre  crime  d'état.  Lorsque  la 
diète  eft  affemblée  ,  les  payfans  y  vont  en  troupe ,  de- 
mander une  chambre  de  juftice  contre  les  coupables  .>  Se 
on  la  leur  accorde  :  elle  eft  compofée  de  dix  juges  ,  Se 
de  vingt  procureurs  de  chaque  '  Ligue  ;  fes  procédures 
font  fortes  Se  rigoureufes  ,  &  il  en  coûte  toujours  la 
vie  ou  de  greffes  amendes  à  quelqu'un  :  cependant  on 
a  très-fouvent  éprouvé  que  ces  fortes  de  juftices  ont 
fait  plus  de  mal  que  de  bien  au  pays. 

Les  alliances  des  Grifons  avec  les  Suiffes  ont  été  faiites 
en  différens  tems.  L'an  '1497 ,  après  diverfes  alliances 
particv.iieres  que  quelques  communautés  avoient  faites , 
avec  deux  ou  trois  d'entre  les  cantons  Suiffes  ,  la  Ligue 
Grife  fit  une  alliance  perpétuelle  avec  les  fept  anciens 
cantons.  L'année  fuivante  la  Ligue  de  la  Caddée  fit  rauffi 
la  même  alliance  avec  les  mêmes  cantons  ;  l'an  1600, 
Ses  trois  Ligues  enfemble  firent  une  alliance  perpétuelle 
avec  les  Vallaifans ,  Se  l'an  1602,  avec  la  ville  de  Be.rne  ; 
enfin,  en  1707,  elles  ont  négocié  une  nouvelle  alliance 
avec  Zurich  ,  &  quelques-uns  des  cantons  leurs  voiSins. 

Les  Grifons  poffedent  un  affez  beau  pays ,  d'une  éten- 
due considérable  ,  au  pied  de  leurs  Alpes  ,  8e  à  l'entrée 
de  l'Italie.  Il  eft  partagé  en  trois  feigneuries  ,  le  comté 
de  BORMIO  ,  la  Valteline,  Se  le  comté  de  Chia- 
VENNE.  Tout  ce  pays  n'eft  proprement'  qu'une  vallée , 
<}ui  s'étend  en  longueur  au  pied  des  Alpes  Rhétiques  ; 
ayant  pour  bornes,  à  l'orient  leTirol  ;  au  midi  les  ter- 
res de  Venife  Se  de  Milan  ;  à  l'occident  Se  au  nord  les 
Grifons.  Sa  longueur  eft  d'environ  foixante  milles  d'Ita- 
lie ,  ou  de  vingt  lieues  de  chemin  ;  fa  largeur  eft  fort 
inégale  ;  car ,  en  quelques  endroits  ,  elle  n'a  pas  plus  de 
deux  lieues  ,  en  d'autres  fix  ou  fept.  La  rivière  l'Aclda, 
qui  fort  du  mont  Braulio  ,  descend  dans  le  comté  de 
Eormio  ,  Se  paffe  de-là  dans  la  Valteline  qu'elle  arrofe 
dans  toute  fa  longueur  ,  après  quoi  elle  fe  jette  dans  le 
lac  de  Côme  :  cette  rivière  fait  beaucoup  de  bien  au 
pays  ;  mais  elle  y  fait  aufli  quelquefois  bien  du  mal  par 
ùs  inondations. 

GRISSAU ,  Gratiafanclcs  Maria  ,  abbaye  d'hommes, 
ordre  de  Cîteaux  ,  dans  la  baffe  Siléfie  ,  au  duché  de 
Schweidnitz  ,  fondée  en  1 292  ,  par  Boleflas ,  duc  de 
Schweidnitz. 

GRISSIA ,  rivière  de  la  Dacie  ,  félon  Jornandes ,  de 
Reb.  Getic.  c.  22.  Il  dit ,  en  parlant  des  Vandales  Se  de 
leur  Vifumar  :  ils  étoient  alors  au  même  lieu  où  font 
préfentement  les  Gepides  ,  près  des  fleuves  Marijîa, 
Miliare ,  Gilfild  Se  Grifjia ,  qui  furpaffe  ceux  que  l'on 
vient  de  nommer.  Ces  rivières  font ,  fans  doute  ,  partie 
dans  la  Hongrie ,  Se  partie  dans  la  Tranfilvanie.  La  pre- 
mière eft  le  Marosch  owMerisch.  Lazius  qui  lit  Crisia, 
au  lieu  de  Griffia  dans  Jornandes  ,  ajoute  que  c'eft  la 
même  rivière  que  le  Chryjlus.  Ce  même  auteur  &  Sam- 
bucus  ont  cru  que  c'eft  la  rivière ,  nommée  par  les  Hon- 
grois Keureuz  ,  &  par  les  Allemands  Kraiss  ;  ou  fi 
l'on  veut  Keres  ,  comme  il  eft  nommé  fur  nos  Cartes  ; 
mais  il  y  a  une  grande  difficulté  en  cela  :  les  deux  ri- 
vières de  Keres  ,  qui  fe  joignent  au-deflus  de  Giula  , 
ne  font  pas  fi  grandes  enfemble  ,  à  beaucoup  près ,  que  le 
Merisch;  &  félon  Jornandes  ,  la  rivière  de  Grima  doit 
être  la  plus  grande  des  quatre  :  c'eft  à  quelque  favant 
Hongrois  à  lever  cette  difficulté. 
GRlUS.  Voyez  Latmus. 

GROBE,  ancienne  abbaye  de  l'ordre  de  S.  Benoît, 
en  Allemagne ,  dans  la  Poméranie  ultérieure  au  diocèfe 
de  Cammin.  Elle  a  été  fécularifée  ,  Se  Supprimée  à  la 
paix  de  Veftphalie. 


US 

GROBMING  ,  village  de  la  baffe  Autriche.  Je  n'en 
fais  ici  mention  que  parce  que  Lazius  croit  y  trouver  la  Ga- 
brumagum  de  IaNorique,  Se  dont  Antonin  fait  mention. 

1.  GRODECK  ,  petite  ville  de  Pologne  ,  dans  la 
Ruffie  Rouge,  entre  les  fources  du  Boug  ,  du  Niefter, 
Se  du  San  ;  au  couchant  méridional ,  Se  à  neuf  lieues  Se 
demie  communes  de  Pologne  de  Léopold.  *  De  l'Ifle  , 
Atlas. 

2.  GRODECK  ou  Grudeck  ,  petite  ville  de  Po- 
logne ,  dans  le  Palatinat  de  Podolie  ,  fur  la  rivière  de 
Smotrziez ,  au-deffous  de  Felftin ,  Se  au  nord  de  Kami- 
niek ,  qui  eft  fur  la  même  rivière.  Il  y  a  une  citadelle. 
*  Atlas.  Robert  de  Vaugondy.  And.  Cellar.  Polon.  Defcr. 
P-  351- 

3.  GRODECK  ou  Grudeck,  petite  ville  de  Po- 
logne ,  fur  la  rive  gauche  du  Niefter ,  Se  en  même  tems 
fur  le  Seret  qui  la  traverfe ,  Se  qui  fe  joignant  au-deflus 
de  Janow  à  une  autre  rivière  qui  vient  de  la  gauche 
vient  fe  perdre  dans  le  Niefter  ;  elle  eft  forte  Se  diffé- 
rente de  Grodeck  ,  fituée  fur  la  rivière  de  Smotrziez» 
C'eft  dans  une  de  ces  deux  villes  que  Vladiilas  V,  roi 
Pologne,  nommé  auparavant  Jagdlon,  mourut  en  1434, 
De  l'Ifle  ne  la  marque  point  dans  fa  Carte. 

4.  GRODECK  ou  Grudeck,  pente  ville  ou  bourg 
de  Pologne  ,  au  Palatinat  de  Kiowie ,  fur  une  rivière 
qui  va  fe  perdre  dans  leBorifthene  ,  au-deffusde  Kiov. 
*Atlas.  Robert  de  Vaugondy. 

GRODENZ.  Voyez  Graudentz. 
GRODNO  ,  Grodno.  ,  ville  de  Pologne  ,  dans  la 
Lithuanie  ,  fur  la  rive  droite  du  Niémen  ,  au  Pala- 
tinat de  Troki  ,  partie  fur  une  montagne  ,  Se  partie 
dans  la  plaine.  Il  y  a  peu  de  maifons  qui  foient  continues 
les  unes  aux  autres ,  Se  qui  foient  bâties  de  pierre  ;  la 
plupart  font  de  bois,  Se  fort  vilaines.  La  ville  n'a  ni  tours, 
ni  baftions  ,  ni  murailles  :  la  citadelle ,  qui  eft  élevée , 
eft  fortifiée;  elle  a  été  bâtie  ou  rétablie  parle  roi  Etienne, 
qui,  aimant  beaucoup  la  ch;iffe  aux  ours  Se  aux  élans,  ve- 
noit  fouyent  en  prendre  le  divertiffement  dans  ce  lieu. 
Les  habitans  de  Grodno ,  avant  leur  converfion  au  Chrif- 
tianisme,  étoient  idolâtres.  On  y  voit  encore  trois  tem- 
ples bâtis  de  pierres ,  dont  l'un  fert  d'églilé  aux  Polo- 
nois  ,  Se  les  deux  autres  aux  Ruffiens  du  rit  grec  :  ces 
derniers  en  ont  encore  deux  aiittes  dans  les  fâiixbour^s, 
l'une  qui  eft  ronde  Se  bâtie  de  bois  ;  l'autre  eft  de  pier- 
res. Les  autres  églifes  ne  font  que  de  charpente  ;  les  cl .« 
ches  ne  font  pas  dans  l'édifice  ,  mais  devant  la  porte,  dans 
une  tour  de  bois  élevée  exprès.  La  citadelle  ,  le  palais  du 
roi ,  la  cour ,  l'écurie  royale ,  mettent  d'être  vus  ;  le 
refte  eft  fort  peu  de  chofe ,  quoique  Grodno  tienne  après 
Vilna  le  premier  rang  entre  les  villes  de  Lithuanie.  Il  y 
a  un  pont  de  bois  fur  le  Niémen  :  il  paffe  pour  le  plus 
beau  de  la  Pologne.  Ce  fut  le  roi  Sigismond  qui  le  fit 
faire.  La  ville  a  quelques  couvens  Se  un  collège  de  Je- 
fuites.  L'an  1283,  l'ordre  Teutonique,  déjà  maître  de  la 
Pruffe  ,  attaqua  la  Lithuanie  ,  ravagea  le  territoire  de 
Grodno ,  affiégea  la  citadelle ,  Se  la  prit ,  après  y  avoir 
perdu  bien  du  monde  :  les  Lithuaniens  la  reprirent  en- 
fuite.  Les  Prufliens  l'afliégerent  en  vain  en  1306;  le  roi 
Etienne  tint  la  diète  l'an  1  ^77  à  Grodno ,  où  fe  trouvè- 
rent des  envoyés  du  czar  de  Moscovie  ,  avec  un  cor- 
tège de  douze  cens  hommes, fuperbement  vêtus,  quipof- 
toient  avec  eux  de  riches  préfens.  On  leur  traça  hors 
de  la  ville  un  terrein  où  ils  drefferent  leurs  tentes  ; 
Se  ils  n'ofoient  fortir  de  ce  camp  ,  qu'ils  ne  fuffent  ac- 
compagnés d'un  Polonois.  11  y  vint  auffi  des  députés  des 
Turcs  ,  des  Tattares  Se  des  Valaques ,  que  les  feigneurs 
Polonois  placèrent  en  divers  lieux.  Grodno  eut  fa  part 
des  ravages  que  les  Moscovites  firent  dans  ce  pays  , 
en  1655.  Sous  le  régne  de  Michel,  l'an  1673  ,  il  tut  ré- 
glé que  chaque  troiiieme  diète  fe  tiendrait  à  Grodno, 
excepté  la  convocation  générale  au  tems  de  l'interrègne, 
la  diète  de  l'élection  ;-  l'une  Se  l'autre  doit  fe  tenir  à 
Varfovie  ,  Se  la  diète  du  couronnement  qui  doit  être  à 
Cracovie.  Cela  fut  confirmé  par  le  roi  Jean  III  qui  pro- 
mit de  plus ,  que  tous^  les  trois  ans  il  réfideroit  en  Li- 
thuanie. Le  même  règlement  touchant  les  diètes  de 
Grodno,  fe  retrouve  dans  les  conftitutions  de  1677,  & 
même  l'année  fuivante  la  diète  s'y  tint ,  Se  le  rang  de 
cette  ville  étant  revenu  en  1685,  &  'a  diète  ayant  été 
indiquée  à  Varfovie ,  Se  non  à  Grodno ,  il  yeut  à  cette 
occafion  de  grands  troubles ,  Se  les  Lithuaniens  ne  s'ap. 


2l6 


CRO 


GRO 


paiferent  qu'après  qu'on  leur  eut  promis  de  nouveau 
d'affluer  leur  droit  par  une  nouvelle  conftitution,  comme 
on  le  peut  voir  au  commencement  des  conftitutions 
de  1685.  *  Hartknock  ,  de  Repub.  Polon.  /.  2 ,  c.6, 
p.  635. 

GROEN,  ville  d'Hyeffo ,  félon  lesHollandois.  *  No- 
tes du  P.  Charlevobc. 

GRONENLAND  ;  (le)  [il  fe  prononce  Grounland.] 
Ce  grand  pays  eft  mis  par  beaucoup  de  modernes  ,  au 
nombre  des  terres  Ar&iques  ;  mais  la  Mappemonde  du 
favant  M.  deBuache,  donnée  en  1755,  'e  mettant  à  l'o- 
rient 6k  au  nord  de  la  baie  de  Baffrn  ,  6k  l'uniffant  aux 
nouvelles  découvertes ,  nous  croyons  qu'il  doit  apparte- 
nir à  l'Amérique  feptentrionale. 

Il  prend  fon  nom  de  Groenland,  qui  en  langue  teutô* 
nique  ou  allemande  ,  fignifie  terre  verte ,  de  la  mouffe 
qui  croît  fur  fes  côtes ,  &  qui  préfente  à  la  vue  un  tapis 
verd.  On  ne  connoît  point  fon  étendue  :  la  partie  la  plus 
connue  par  rapport  à  nos  côtes ,  s'étend  depuis  environ 
le  325e  d.  de  longitude  ,  jusqu'au  premier  méridien,  6k 
de-Ià  jusqu'au  12e  ou  13e  d.  en-deçà  :  fa  latitude  com- 
mence vers  le  63e.  On  n'en  connoit  point  les  côtes  au- 
delà  du  78e  d.  Il  efl:  fitué  entre  l'Europe  6k  l'Amérique 
dans  les  deux  hémisphères.  Il  a  à  l'orient  le  Spitzberg 
&  l'Iflande;  au  midi  le  détroit  de  Forbisher  ,  &k  le  cap 
Farvel;  à  l'occident  le  détroit  de  Davis  &  la  baie  de 
Baffin.  On  ignore  totalement  quelles  font  les  terres  du 
côté  du  nord. 

Le  Groenland  fut  découvert  dans  le  neuvième  fiécle 
par  un  nommé  Eric;  ce  qui  engagea  le  roi  de  Norvège, 
à  y  envoyer  une  colonie  pour  le  peupler  :  il  y  avoit 
cependant  des  fauvages  qui,  félon  toutes  les  apparences, 
y  avoient  parlé  de  l'Amérique.  Plufieurs  prêtres  y  panè- 
rent 6k  y  annoncèrent  la  foi  :  elle  y  fit  de  fi  grands  pro- 
grès ,  qu'on  trouve  dans  les  Notices  du  douzième  fiécle 
un  évêque  du  Groenland. 

En  1348,  le  Nord  fut  affligé  d'une  pefte  qui  détruifit 
une  fi  prodigieufe  quantité  d'hommes ,  que  tous  les  mar- 
chands 6k  les  matelots  de  la  compagnie  du  Groenland 
périrent.  D'ailleurs  les  rois  deNorvege  établiffoient  des 
impôts  très-confidérables  fur  les  vaifieaux  qui  partaient 
pour  le  Groenland ,  6k  punifloient  de  mort  ceux  qui  y 
alloient  fans  congé.  Enfin  il  ne  fe  trouva  plus  perfonne 
qui  y  allât  ,  6k  le  Groenland  s'oublia.  Vers  le  feizieme 
fiécle  ,  les  rois  de  Danemarck ,  fous  la  puifiance  des- 
quels la  Norvège  fe  trouvoit  réunie  ,  réfolurent  de  re- 
couvrer le  Groenland.  Pour  cet  effet  ils  'levèrent  les  dé- 
fenfes  rigoureufes  que  leurs  prédéceffeurs  avoient  faites 
d'aller  au  Groenland  ,  fans  leur  permiffion.  Plufieurs 
Norvégiens  en  tentèrent  la  découverte  ,  mais  inutile- 
ment. Enfin  un  capitaine  Anglois  ,  nommé  Martin  For- 
bischer ,  le  découvrit,  en  1578,  ci  y  aborda  du  côté  de 
l'orient. 

Les  habitans ,  qui  étoient  devenus  fauvages ,  fe  retirè- 
rent dabord  ;  mais  ils  s'attroupèrent  enfuite  6k  revinrent 
pour  attaqu2r  les  Anglois ,  qui ,  étant  fur  leurs  gardes,  les 
repoufferent.  Les  habitations  de  ces  fauvages  étoient  des 
tentes  faites  de  peaux  de  veaux  marins  ou  de  baleines , 
étendues  fut  quatre  grofles  perches ,  6k  coufues  adroite- 
ment avec  des  nerfs.  Elles  avoient  toutes  deux  portes , 
l'une  à  l'oueft  ,  l'autre  du  côté  du  fud  ,  pour  fe  mettre 
à  couvert  des  vents  d'eft  8c  de  nord ,  qui  les  incommo- 
dent le  plus..  Enfin  Chriftian  IV,  roi  de  Danemarck, 
voulant  rétablir  le  commerce  du  Groenland  ,  fit  venir 
un  habile  pilote  Anglois  ,  qui  connoiffoit  ces  mers.  Il 
l'envoya  avec  trois  vaifleaux,  en  1605,  qui  abordèrent, 
6k  l'on  découvrit- tout  le  pays  ;  mais  les  fauvages  ne  vou- 
lurent point  faire  de  commerce  avec  ces  nouveaux  ve- 
nus :  le  roi  de  Danemarck  fe  rebuta  ,  &  n'envoya  plus 
au  Groenland.  Des  marchands  de  Copenhague  entte- 
prirent  par  la  fuite  cette  navigation ,  formèrent  une  com- 
pagnie qui  fubfifte  encore  aujourd'hui  fous  le  nom  de 
compagnie  de  Groenland.  Plufieurs  auteurs  ont  prétendu, 
que  ce  Groenland,  découvert  dans  le  dix-fèptieme  fiécle, 
efl;  différent  de  l'ancien ,  ce  qui  a  donné  lieu  de  diftin- 
guer  le  nouveau  6k  l'ancien  Groenland.  Quoi  qu'il  en 
loit ,  on  y  trouve  des  marbres  de  toute  forte  de  cou- 
leur ;  les  pâturages  y  font  très-bons  ;  il  y  a  quantité  de 
gros  6k  de  menu  bétail ,  des  chevaux  ,  des  lièvres ,  des 
rênes  ,  des  loups  communs ,  des  loups  cerviers  ,  des  re- 
gards, beaucoup  d'ours  blancs  ck  noirs  ,  des  caftor:.  6k 


des  martres  auffi  belles  qu'en  Ruffie.  Il  efl  a  remarquer 
que  tous  les  animaux  de  ce  pays,  tant  quadrupèdes  que 
volatiles,  ont  leur  graille  entre  la  chair  ck  la  peau,  que 
leur  chair  efl:  très-maigre  ,  plus  remplie  de  (àng  que  celle 
des  animaux  des  pays  chauds.  Cette  furabondance  de 
fang  doit  caufer  une  chaleur ,  prétendent  les  naturaliftes, 
capable  de  réfifter  au  froid  extrême  du  climat  ,  ck  la 
graille  qui  enveloppe  la  chair ,  arrête  cette  chaleur  :  ainfi 
ces  animaux  ont  une  conftruftion  propre  au  climat  qu'ils 
habitent.  On  ne  trouve  dans  ce  pays  aucun  ferpent  ni 
reptile  venimeux  à  caufe  du  grand  froid.  Parmi  les  oi- 
feaux  terreftres  ,  il  n'y  a  que  la  perdrix  de  mangeable  : 
elles  efl:  blanche  6k  tachetée  de  noir  fur  les  aîies  ,  6k 
fes  pâtes  font  revêtues  d'un  duvet  fort  épais.  Elleamafte 
fa  nourriture  pour  l'hiver  ,  qui  efl:  de  l'herbe  qu'elle 
range  par  petits  tas  ,  pour  n'en  pas  manquer  ,  lorsque 
tout  efl:  couvert  de  neige ,  attendu  que  contre  la  cou- 
tume des  autres  oifeaux ,  elle  paffe  l'hiver  dans  le  pays*. 
On  y  voit  auffi  des  pies ,  des  moineaux ,  6k  une  quan- 
tité prodigieufe  d'oifeaux  aquatiques  femblables  à  ceux 
d'Iflande ,  6k  plufieurs  espèces  d'oies  &  de  canards  à 
duvet.  Les  rivières  font  remplies  de  truites ,  d'écrevifles 
6k  fur-tout  de  faumons.  La  mer  qui  baigne  ces  côtes, 
efl:  très-poiflbnneufe.  On  y  pêche  quantité  de  cabéliaux, 
de  rayes ,  de  foies  6k  de  plies.  La  mer  de  ce  pays  ,  vers 
les  côtes  du  nord  de  l'Europe  ,•  efl:  remplie  de  baleines,, 
dont  quelques-unes  ont  près  de  cent  pieds  de  long ,  6k 
l'on  en  tire  jusqu'à  cent  vingt  tonneaux  d'huile.  On 
compte  jusqu'à  quinze  espèces  différentes  de  cet  énorme 
poiflbn.  La  grande  baleine  du  Groenland  a  le  fang 
chaud,  despoumons,  s'accouple  comme  les  quadrupèdes, 
efl:  vivipare  6k  alaite  fes  petits  :  elle  a  un  grand  boyau 
qui  lui  fert  au  même  ufage  que  la  bouteille  d'air  dans 
les  autres  poifions  ,  c'eft-à-dire  à  fe  mouvoir  dans  l'eau 
en  tout  fens.  C'eft  la  cervelle  de  cette  baleine ,  qu'on 
appelle  le  blanc  de  baleine ,  en  latin^raza  ceti ,  6k  l'am- 
bre-gris le  trouve  dans  fa  veine.  Les  Anglois  ,  les  Da- 
nois ,  les  Hollandois  6k  quelques  François  vont  tous 
les  ans  au  Groenland  faire  la  pêche  de  la  baleine.  Voici 
la  manière  dont  cette  pêche  fe  fait.  Un  homme  fe  met 
dans  Une  barque  ;  6k  lorsque  l'animal  paroît  fur  l'eau, 
il  lui  lance  un  harpon  attaché  à  une  corde.  Lorsque  la 
baleine  eft  bleffée ,  elle  fe  débat ,  s'éloigne  beaucoup  des 
pêcheurs  qui  lâchent  la  corde  tant  qu'elle  tire.  Elle  s'en- 
fonce dans  la  mer  en  mourant ,  6k  revient  fur  l'eau  lors- 
qu'elle eft  morte.  On  la  tire  6k  on  la  met  en  pièces  , 
pour  en  avoir_  la  graine  ,  dont  on  fait  l'huile.  Les 
Groenlandois  fe  nourriffent  de  viande  de  poiflbn  crud. 
L'huile  de  baleine  eft  pour  eux  un  breuvage  délicieux  : 
ils  ne  peuvent  fouffrir  le  vin.  Leur  mal-propreté  ,  les 
viandes  6k  le  poiflbn  corrompus  qu'ils  mangent  ,  leur" 
caufent  une  puanteur  qui  eft  infupportable  aux  étrangers. 
Leurs  habits  font  faits  de  peau  de  chien  6k  de  veau  ma- 
rin, 6k  leurs  camifoles  font  de  peaux  d'oifeaux,  ornés  de 
plumes  de  différentes  couleurs.  Ils  fe  fervent  d'arcs ,  de 
frondes ,  d'épées  ,  de  couteaux ,  de  javelots.  Leurs  jave- 
lots 6k  leurs  flèches  font  armés  de  cornes  ou  de  dents 
aiguifées.  Ils  reffemblent  aux  Lapons  ;  mais  ils  font  Am- 
ples 6k  ftupides,  exempts  de  paflions  brutales.  C'eft  peut- 
être  le  peuple  du  monde  le  plus  fingulier  par  fon  carac- 
tère :  affables  6k  enjoués  dans  la  converfation  ,  malgré 
leur  tempérament  naturellement  mélancolique  ;  l'envie, 
la  haine  ,  les  trahifons ,  la  débauche  font  inconnus  parmi 
eux,  auffi -bien  que  le  vol  ,  quoiqu'ils  n'ayent  ni  loix 
ni  magiftrats  ;  mais  c'eft  plutôt  le  befoin  du  nécefiaire 
qui  les  contient  dans  l'indifférence  que  la  vertu  ;  6k  la 
vie  dure ,  qu'ils  mènent,  éloigne  d'eux  toute  idée  de  vo- 
lupté. Ils  font  d'ailleurs  pleins  de  mépris  pour  les  étran- 
ters  qu'ils  regardent  comme  leur  étant  très- inférieurs; 
l  malgré  leur  indifférence ,  ils  font  attachés  opiniâtre- 
ment à  leur  fentiment.  La  forme  des  canots ,  dont  ils  fe 
fervent  pour  la  pêche  ,  font  fort  finguliers  :  elle  reflem- 
ble  à  une  navette  de  tifferand.  Ils  font  faits  de  côtes 
de  baleines,  6k  couverts  de  peaux  ou  de  veaux  marins. 
Il  y  a  un  trou  au  milieu  où  fe  place  le'  Groenlandois  qui 
fait  aller  le  canot  avec  une  petite  rame  longue  de  cinq 
à  fix  pieds  ,  plate  6k  large  par  les  deux  bouts.  *  Hiji. 
naturelle  de  l'Iflande  ,  par  M.  Anderson  ,  t.  2. 

GROESBEC ,  village  des  Pays-bas ,  dans  la  Gueldre  , 

à  deux  lieues  de  Nimegue.  Il  y  a  un  château  qui  a  donné 

le  nom  à  une  famille  illuftre  de  cette  province.  Prononcez 

comrn^ 


GRO 


GRO 


Comme  s'il  étoit  écrit  Grousbeck.  *  Dictionnaire  géo- 
graphique des  Pays-bas. 

GROENSUND  ,  c'eft-  à-dire  le  détroit  verd  ,  petit 
détroit  de  Danemarck ,  entre  l'ifle  de  Falfter  6k  la  partie 
méridionale  de  Séelande  &  de  l'ifle  de  Moen.  Baudrand  , 
édit.  de  1705  ,  écrit  Gromfund. 

GROLÉÉ  ,  bourg  de  France  ,  dans  le  Bugey  ,  fur 
le  Rhône.  Cette  communauté  députe  aux  alfemblées 
du  Bugey.  *  Garreau  ,  Descript  de  la  Bourgogne  , 
édit.   1734. 

GROLL  ,  petite  ville  fortifiée ,  dans  les  Pays-bas , 
dans  la  province  de  Gueldre  ,  au  comté  de  Zutphen  , 
fur  la  rivière  de  Slincsl  ,  fur  les  confins  de  l'évêché  de 
Munfter  6k  de  la  Weftphalie.  Elle  rut  prife  par  les  Fran- 
çois en  1672  ,  6k  ils  la  quittèrent  la  même  année  ,  après  en 
avoir  ruiné  les  fortifications.  C'étoit  l'empereur  Charles  V 
qui  les  avoit  t'ait  commencer.  *  Diction,  géog.  des  Pays- 
bas.  Baud.  édit.  1705. 

GRONA.  Wittikind  nomme  ainfi  un  lieu  que  Lazius 
croit  être  le  même  que  CREMONE  en  Dalmatie.  Voyez 
CREMONE  2.*  Baudrand,  édit.  1705. 

GRONIA,  ville  de  Grèce  ,  dans  la  Phocide,  félon 
Etienne  le  géographe. 

GRONII  ,  ancien  peuple  d'Espagne  ,  aux  environs 
du  promontoire  Celtique  ,  félon  Pomponius  Mêla,  /.  3  , 
c.  1.  Iiaac  Voffius  écrit  Grovii.  Ce  font  les  mêmes 
que  les  Gravii.  Voyez  ce  mot. 

GRONINGUE  ,  ville  des  Pays-bas,  aux  Provinces- 
Unies  ,  dans  une  feigneurie  particulière  ,  à  laquelle  elle 
donne  fon  nom.  Elle  n'eft  pas  fi  ancienne  que  quelques- 
uns  l'ont  écrit  :  ce  n'eft  ni  le  Juhonum  Civitas  ,  ni 
le  Grinnes  de  Tacite.  Quelques  uns  ,  comme  Gui- 
chardin  ,  Descr.  des  Pays-bas ,  ont  prétendu  lui  donner 
une  origine  i  royenne.  Le  favant  Alting  conjecture  que 
c'eft  la  citadelle  que  Corbulon  ,  général  des  Romains  , 
fit  bâtir  pour  s'aflurer  de  la  fidélité  des  Frifons  ,  qui 
venoient  de  rentrer  fous  l'obéiffance  de  l'empire  Romain. 
(*)  Getmanicus  ayant  deflein  de  faire  la  guerre  aux 
Cherusques  ,  fitués  proche  du  '\Yefer  ,  partit  de  fifle  de 
Bataves  ,  embarqua  fon  infanterie  fur  mille  bateaux  qui 
pafferent  par  le  canal  de  Drulus  ,  6k  par  l'Ifïel ,  dam  un 
.  lac  qui  eft  aujourd'hui  le  Zuyderzée  ,  dont  les  eaux 
n'étoient  pas  aufli  répandues  en  ce  tems-là  qu'elles  le 
font  prefentement  :  il  entra  à  l'embouchure  de  l'Ems  , 
où  il  fit  fon  débarquement.  Pedo  ,  général  de  la  cavaletie , 
prit  une  autre  route  en  traverfant  la  Frife  ,  6k  le  pays 
de  Groningue  qui  y  étoit  attachée.  Ils  arrivèrent  tous  fur 
le  bord  de  l'Ems  ,  où  étoit  le  rendez-vous  général  6k  le 
lieu  de  raflemblée.  Il  y  avoit  là  un  petit  port  ,  avec  un 
château  qui  portoit  le  nom  de  la  rivière ,  dans  lequel  on 
laifla  la  flotte  pendant  la  campagne.  On  confond  presque 
toujours,  dit  Basnage,  ce  château  &  cette  petite  ville  avec 
celle  d'Embden  ,  qui  n'eft  pas  fi  ancienne  ,  6k  qui  eft 
devenue  fameufe  par  fon  grand  commerce  ,  pendant  que 
l'autre  a  péri  ;  mais  ces  deux  villes  étoient  fituées  des 
deux  côtés  de  la  rivière  dont  elles  ont  porté  le  nom  ;  6k 
celle  où  Germanicus  fit  débarquer  fon  infanterie  ,  étoit 
fûrement  en-deçà  de  l'Ems  ,  6k  du  côté  de  Groningue  , 
puisque  la  cavalerie  vint  par  terre  ,  6k  par  la  Frife  ,  join- 
dre l'infanterie  qui  y  avoit  débarqué.  Comme  il  n'y  avoit 
point  alors  de  digues  pour  arrêter  les  débordemens  de  la 
mer  6k  de  l'Ems  ,  dont  l'embouchure  eft  fort  large  , 
les  Romains  ne  purent  prendre  fur  fes  bords  leurs  quar- 
tiers d'hiver  (b)  ,  ni  y  avoir  de  fortes  garnifons.  Ils  furent 
obligés  de  s'en  retourner  ,  6k  fouffrirént  beaucoup  fur  la 
route  ,  parce  que  la  mer  étoit  fort  grolTe  6k  le  vent 
très-fort.  Ils  fe  fauverent  dans  un  village  du  territoire  de 
Groningue  qui  étoit  plus  élevé  que  les  autres  ,  6k  où 
Germanicus  ,  qui  avoit  pris  les  devans  avec  quelques 
légions  ,  les  attendoit.  *  (a)  Basnage  ,  Delcr.  des  pro- 
vinces-Unies ,  dans  fon  Hiftoire.  (b)  Tacit.  Annal. 
/.  2,c.  15. 

La  Frife  6k  Groningue  n'étoient  pas  en  état  de  remuer 
pendant  que  les  troupes  de  Germanicus  ,  qui  venoient 
de  dompter  leurs  voifins  ,  paflbient  fur  leurs  terres  ;  mais 
il  fe  fit  quelque  tems  après  un  foulevement  général  :  on 
battit  les  armées  Romaines  ,  comme  nous  l'avons  déjà 
remarqué ,  6k  Corbulon  fut  envoyé  l'an  48 .  de  l'ère  chré- 
tienne pour  remettre  dans  l'obéiffance  les  peuples  d'Ooft- 
Frife  6k  du  duché  de  Brème.  Les  Frifons  épouvantés  à 
la  nouvelle  de  fon  arrivée ,  6k  de  la  fevérité  avec  la  quelle 


217 

il  traitoit  les  rebelles  ,  lui  envoyèrent  des  député»  , 
promirent  de  fe  foumettre  à  fes  ordres ,  6k  donnèrent  des 
otages  de  leur  fidélité.  Il  prit  cette  occafion  de  fe  rendre 
maître  de  la  Frife  ,  la  divifa  en  quartiers  :  il  affigna  des 
portions  des  terres  aux  habitans  anciens  6k  aux  nouveaux  , 
6k  bâtit  une  citadelle  pour  les  tenir  en  bride.  Alting  , 
Descr.  p.  48  ,  croit  que  cette  citadelle  fut  bâtie  dans  le 
même  endroit  où  eft  aujourd'hui  Groningue ,  parce  que 
c'étoit  un  lieu  très-commode,  qui  fe  trouvoit  dans  le  votfi- 
nage  de  la  petite  ville  d'Ems  ,  où  ce  général  étoit  lors- 
que les  Frifons  lui  envoyèrent  leurs  ambafladeurs  ,  6k 
parce  qu'il  pouvoit  veiller  de-là,  en  même  tems,  à  la 
conftruction  de  cette  citadelle  ,  6k  à  la  réduction  des 
peuples  qui  étoient  au-delà  de  la  rivière. 

Ce  qui  rend  cette  conjecture  plus  probable  ,  eft  la 
grande  conformité  qu'on  remarque  entre  le  gouverne- 
ment de  Groningue  6k  celui  de  l'ancienne  Rome  :  on  y 
voit  un  fénat  revêtu  d'une  autorité  fouveraine  ;  des  con- 
fuls  ,  des  préteurs  ,  des  cenfeurs ,  des  édites  ;  6k  même 
on  y  a  créé  quelquefois  un  dictateur ,  lorsque  la  néceflité 
des  tems  l'a  demandé  ;  mais  fur-tout  il  y  a  pljfieurs  loix 
reçues  daiis^  cette  ville  ,  qui  paroiflent  tirées  de  celles 
des  douze  1  ables.  C'étoit  une  loi  des  douze  Tables  .  que 
le  préteur  devoir  juger  les  procès  avant  midi  ;  que  le  plus 
proche  parent  devoit  fe  charger  de  la  tutelle  des  enfans 
qui  avoient  perdu  leurs  pères  pendant  leur  minoriré  ; 
qu'on  ne  doit  point  boire  aux  enterremsns  ,  6k  que  les 
dédiions  du  peuple  font  fouveraines.  Il  feroit  inutile  de 
s'étendre  davantage  fur  cette  conformité  des  loix  ,  dont- 
on  peut  mieux  mger  en  liiant  les  termes  originaux  :  je 
remarquerai  feulement  qu'on  ne  trouve  pas  beaucoup  de 
monumens  R.omains  dans  le  pays  de  Groningue  ;  mais' 
cette  rareté  vient  peut-être  de  ce  que  les  Romains  retirè- 
rent leurs  troupes  d'Allemagne  par  l'ordre  de  l'empereur 
Claude  ,  6k  envoyèrent  leurs  garnifons  du  côté  du 
Rhin. 

Il  eft  difficile  de  deviner  fi  le  château  de  Corbulon 
devint  une  ville.  Heda,  Hifl.  rapporte  que  les  Normands, 
dans  l'irruption  qu'ils  firent  l'an  837  .  ruinèrent  trois  lieux 
fameux  par  leur  commerce  6k  par  les  foires  qu'on  y  tenoit , 
(avoir  Anvers,  auprès  de  l'Escaut  .  Vilta,  proche  de  la 
Meufe,  6k  Groningue,  fur  les  bords  de  l'Ems.  Anvers 
eft  allez  connu  ;  mais  comme  il  n'y  avoit  point  alors 
d'autre  endroit  voifin  de  la  Meufe  dans  lequel  on  pût  tenir 
une  foire  ,  6k  faire  un  grand  commerce  ,  que  Vlaerding, 
il  femble  qu'au  lieu  de  Vilta  il  faudroit  entendre  6k  lire 
VUerdinga  Filtorum.  L'hiftorien  fe  trompe  aufli  fur  la 
fituation  de  Groningue  ,  qui  n'eft  pas,  cornue  il  le  dit, 
fur  les  bords  de  l'Ems  :  6k  il  auroit  bien  pu  fe  tromper 
de  même  fur  le  nom  de  cette  ville  ,  qui  ne  devmt  con- 
fidérable  6k  ne  fut  ceinte  de  murailles  que  long-tems 
après  cette  irruption.  En  effet  on  voit  une  afte  de  dona- 
tion de  l'empereur  Henri  Iil  ,  à  l'églife  de  S.  Martin 
dUtrecht ,  datée  de  l'an  1040  ,  d'une  terre  qu'il  avoit 
in  villa  Groninga  nuncupata ,  dans  le  bourg  (  ou  plutôt 
village  )  de  Groningue  ,  fuuée  dans  le  pays  de  Drenthe, 
avec  les  maifons ,  champs  ,  prairies ,  terres  incultes  ou 
labourées  ,  les  redevances  ,  6kc.  Il  eft  certain  que  dans 
ce  tems  le  terme  de  villa  fignirioit  très-rarement  une 
ville  murée,  mais  un  affemblage  de  plulïeurs  maifons  qui 
formoient  un  village  ou  un  bourg. 

Le  lavant  abbé  de  Longuerue  ,  Descr.  de  la  France  ,' 
2.  part.  p.  3  i  ,  ne  fait  Groningue  guères  plus  ancienne 
que  cette  époque.  Quoiqu'on  débite  ,  dit-il  ,  beaucoup 
de  fables  fur  fon  origine ,  il  eft  sûr  qu'elle  eft  fort  ancienne  ; 
6k  elle  étoit  déjà  bâtie  l'an  1040  ,  torique  l'empereur 
Henri  le  Noir  la  donna  à  l'églife  d'Utrecht.  Les  habitans 
obtinrent  de  grands  privilèges  des  évêques  ,  6k  même 
des  empereurs  ,  érant  libres  6k  unis  à  la  Hanfe  Teutoni- 
que,  6k  ils  n'obéifloient  aux  évêques  d'Utrecht  que  comme 
il  leur  plaifoit  ,  agiflant  en  véritables  fouverains  ,  6k 
faifant  même  la  guerre  à  leurs  voifins.  Mais  reprenons  la 
description  de  Basnage. 

Pendant  le  onzième  fiécle  6k  le  fuivant ,  Groningue 
devint  une  ville  conlidérable,  6k  le  mit  en  état  de  fou- 
tenir  un  fiége  ;  car  les  habitans  s'étant  révoltés  l'an  1 166  , 
contre  Godetroi  ,  évêque  d'Utrecht,  Florent,  comte  de 
Hollande  ,  vint  à  fon  fecours ,  le  délivra  des  mains  des 
habitans  qui  l'avoient  fait  prifonnier  ,  aiïiégea  la  ville  , 
fit  de  violens  efforts  pour  la  prendre  ,  6k  ne  put  y  réunir. 
L'empereur  Frédéric  trouva  à  propos  d'interpofer  fon 
Tome  III.    E  e 


CPvO 


218 

autorité  pour  mettre  fia  à  cette  guerre ,  ck  réconcilia  les 
bourgeois  avec  l'évêque  ,  ck  en  fui  te  l'évêque  avec  le 
comte  de  Hollande  ,  lesquels  s'étoient  brouillés  fur  la 
poffeffion  des  pays  qui  s'étendoient  depuis  Gronin- 
gue jusqu'à  la  rivière  de  Laver.  Florent  prétendoit  en 
être  le  maître  abfolu ,  parce  qu'ils  lui  avoient  été  don- 
nés par  quelques  empereurs.  L'évêque  produifoit  de 
fon  côté  d'autres  donnations  ,  par  lesquelles  il  faifoit 
voir  qu'il  étoit  légitime  pofîeffeur  d'une  partie  de  ce  ter- 
ritoire. L'empereur  décida  qu'à  l'avenir  ils  partageroient 
les  revenus  ,  qu'ils  choifiroient  un  comte  qui  en  auroit 
l'adminiftration  ;  &  que  s'ils  ne  pouvoient  pas  convenir 
de  la  perfonne ,  elle  ferait  nommée  par  l'empereur  ;  qu'ils 
fe  rendroient  l'un  ck  l'autre  au  mois  de  Mai  à  Groningue 
pour  faire  le  partage  de  la  recette  ,  ck  n'y  demeureraient 
que  fix  femaines  ,  l'un  pour  y  faire  les  fonctions  ecclé- 
fiaftiques ,  l'autre  pour  régler  les  affaires  civiles ,  (  Con- 
cordia  ineer  episcopum  Traj  eclenfem  &  comium  Hollan- 
diœ  fuper  partes  Frifitz  oriœtalïs  ,  &c.  apud  Hedam  , 
p.  171.)  Cet  exemple  fait, voir  que  Groningue  étoit  alors 
une  ville  murée  ,  capable  de  réfifter  à  une  armée  &  de 
foutenir  un  liège  ;  que  les  comtes  de  Hollande  ck  les  évê- 
ques  d'Utrecht  prétendoient  qu'elle  leur  appartenoit ,  ck 
que  l'empereur  devenoit  le  juge  des  différends  de  ce  pays, 
en  qualité  d'arbitre ,  ck  comme  feigneur  féodal  ,  parce 
que  les  uns  ck  les  autres  ne  fe  l'attribuoient  qu'en  vertu 
des  donations  faites  par  fes  prédéceffeurs ,  fous  la  condi- 
tion de  la  redevance  &  de  Fhominage  ,  comme  cela  fe 
faifoit  en  ce  tems. 

La  ville  de  Groningue  devint  fi  riche  ck  fi  puiffante  , 
qu'elle  forma  le  projet  d'étendre  fa  domination  fur  la 
Frife ,  ck  d'y  faire  des  conquêtes.  Les  vainqueurs  abuferent 
de  leur  pouvoir  ,  ck  traitèrent  durement  ceux  qu'ils 
avoient  fournis.  Albert  de  Saxe  ,  envoyé  par  l'empereur 
Maximilien  ,  attaqua  les  Frifons  ;  &  profitant  de  la  divi- 
sion qui  régnpit  entr'eux',  les  dompta  facilement.  Il 
voulut  reprendre  fur  les  Gruns  (  on  appelloit  ainfi  les 
habitans  de  Groningue  )  ce  qu'ils  avoient  ufurpé  ;  mais 
ils  lui  réflfterent  courageufement ,  &  fournirent  toutes  les 
incommodités  d'un  rude  fiége.  Enfin  craignant  de  tom- 
ber entre  les  mains  de  leur  ennemi ,  ils  aimèrent  mieux 
fe  réconcilier  à  certaines  conditions  avec  Frédéric  de 
Bade  ,  qu'on  avoit  élu  évêque  d'Utrecht  l'an  1490.  Ils 
confentoient  à  recevoir  un  juge  au  nom  de  l'évêque  , 
pourvu  qu'on  leur  biffât  une  entière  liberté  ;  mais  lors- 
qu'on voulut  les  obliger  à  reftituer  ce  qu'ils  avoient  pris 
dans  la  Frife  ;  un  prêtre  de  grande  réputation ,  qui  étoit  à 
la  conférence,  la  rompit,  en  foutenant  qu'il  valoit  mieux 
plier  fous  le  joug  ,  que  d'abandonner  ces  conquêtes.  D'un 
autre  côté  ils  trouvèrent  moyen  de  fe  défaire  d'Albert , 
en  aidant  les  Frifons  qui  affiégeoient  fon  fils  Henri.  Le 
père  laiffa  les  Gruns  pour  courir  au  fecours  du  prince 
affiégé  ,  ck  mourut  de  chagrin.  Henri  ,  ck  George  ,  fon 
frère  ,  ne  l'aillèrent  pas  de  revenir  à  la  charge  contre  les 
habitans  de  Groningue,  qui  appellerent  à  leur  fecours  le 
prince  d'Ooft-Frife  ,  qui  étoit  au-delà  de  l'Ems  ,  ck  le 
duc  de  Gueldre.  La  guerre  fut  violente  ;  Coëverden  , 
livrée  au  duc  par  la  trahifon  des  Gruns  ,  fut  reprife  par 
l'évêque  ,  qui  ,  comme  nous  l'avons  remarqué  ,  ne 
pouvant  foutenir  les  droits  de  fon  évéché  ,  aima  mieux 
s'en  dépouiller.  Enfin  Groningue  fe  donna  à  Charles  V 
en  1536. 

La  province  de  Groningue  ,  qui  eft  la  dernière  de 
l'union  ,  s'étend  depuis  la  rivière  d'Ems  jusqu'à  celle  de 
Lawers  ,  qui  la  fépare  aujourd'hui  de  la  Frife.  Elle  eft 
divifée  en  deux  corps  différens  :  les  habitans  de  la  ville 
de  Groningue  compofent  l'un  ;  ceux  du  plat  pays  ,  qu'on 
appelle  les  Ommelandes ,  forment  l'autre  ;  &  ce  font  ces 
deux  corps  ,  affemblés  par  leurs  députés  aux  états  de  la 
province  ,  qui  en  font  la  fouveraineté  ;  la  moitié  des 
députés  eft  nommée  par  la  ville  ,  ck  l'autre  par  les 
Ommelandes. 

Ces  deux  corps  diftribuent  les  emplois  ,  ck  obfervent 
dans  cette  diftribution  une  parfaite  égalité  pour  le  nom- 
bre ,  ck  donnent  les  commiffions  au  nom  de  la  pro- 
vince. 

Ils  envoient  fix  députés  aux  états-généraux  ,  deux.au 
confeil  d'état ,  deux  à  la  chambre  des  comptes  de  la  géné- 
ralité ,  quatre  à  l'amirauté  de  Harlingue  ,  deux  ordinai- 
res ,  ck  deux  extraordinaires.  Enfin  ils  en  envoient  tour- 
à-tour  un  à  l'amirauté  d'Amfterdam. 


GRO 


Ils  choififfent  tous  les  ans  huit  perfonnes  qui  compo- 
fent le  collège  des  confeillers  députés  :  c'eft  ce  collège  , 
qui  pendant  Fabfence  des  états  ,  régie  les  affaires  de  la 
province  ,  à-peu-près  comme  le  Gecommiueerde  Raad 
fait  en  Hollande  ;  mais  l'autorité  des  premiers  doit  être 
plus  grande  ,  parce  que  la  convocation  des  états  de  la 
province  eft  moins  fréquente  :  ce  font  aufti  ces  confeil- 
lers députés  qui  les  convoquent  extraordinairement ,  lors- 
qu'il y  a  des  affaires  importantes. 

Ils  élifent  fix  perfonnnes  qui  compofent  la  chambre 
des  finances  de  la  province  ,  fix  curateurs  qui  règlent  les 
affaires  de  l'univerfité  de  Groningue  ;  ils  en  nomment 
aufli  les  profeffeurs  ,  dans  laquelle  on  a  vu  paroître  les 
Ahings  ,  les  Desmarais  ,  &  une  infinité  de  favans  Illus- 
tres ,  dont  on  peut  voir  ailleurs  les  noms  ,  ck  le  catalogue 
des  ouvrages  qu'ils  ont  faits. 

Ils  dispofent  aufli  des  charges  du  confeil  de  guerre  qui 
réfide  à  Groningue.  Il  eft  compofé  d'un  prefident  ,'  de 
deux  affeffeurs  ck  d'un  fecrétaire.  Ils  nomment  encore  trois 
perfonnes  pour  faire  la  revue  des  troupes  ;  mais  cette 
dernière  commiflion  eft  à  vie ,  ck  ceux  qui  en  font  chargés 
prêtent  le  ferment  aux  états-généraux. 

Enfin  ces  deux  corps  donnent  toutes  les  charges  mili- 
taires des  troupes  qui  font  de  la  répartition  de  la  pro- 
vince ;  mais  on  le  fait  ordinairement  par  tour  ;  ck  lorsque 
Groningue  a  diftribué  quelqu'emploi  ,  les  Ommelandes 
jouiffent  enfuite  du  même  droit.  Cette  égalité  dans  la 
diftribution  des  charges  devrait  entretenir  une  parfaite 
union  entre  les  deux  corps  de  cette  province  ;  mais 
il  arrive  fouvent  de  violentes  conteftations  entre  la  ville 
&  les  .Ommelandes. 

Les  états  de  Groningue  s'affemblent  ordinairement 
tous  les  ans  le  8.  de  Février ,  ck  dans  ce  jour  toutes  les 
charges  annuelles  deviennent  vacantes  ;  mais  on  les  rem- 
plit auffi-tôt  ,  foit  par  une  élection  nouvelle  ,  foit  en 
continuant  la  jouiffance  à  ceux  qui  l'avoient  déjà.  Les 
états  font  convoqués  extraordinairement  par  les  confeil- 
lers députés  ,  lorsqu'ils  le  jugent  important  ou  néceffaire. 
Le  lieu  de  raffemblée  n'eft  fixé  par  aucune  loi  ,  &  on 
a  vu  fur  ce  fujet  plufieurs  conteftations  entre  la  ville  de 
Groningue  &  les  Ommelandes.  Les  états-généraux  ftatué- 
rent  l'an  1 597  ,  qu'on  pourrait  convoquer  cette  aftem- 
blée  dans  le  lieu  qu'on  jugeroit  à  propos  ;  mais  par  un 
autre  règlement  fait  l'an  1645  (b)  ,  on  a  ordonné  que 
par  provifion  on  s'affembleroit  dans  la  maifon  de  la 
province ,  laquelle  eft  à  Groningue.  *  (a)  Réfolut.  de  1 597, 
art.  17.  (b)  Autre  Réfolution  de  l'an  1645  ,  n.  2  , 
art.  17,  &  n.  3. 

Les  états  affemblés  délibèrent  ck  décident  en  fouve- 
rains  de  tout  ce  qui  regarde  l'intérêt  ou  la  fouveraineté 
de  la  province.  Il  n'y  a  dans  cette  affemblée  que  deux 
fuffrages  ,  l'un  de  Groningue  ck  l'autre  des  Ommelan- 
des ;  un  fuffrage  ne  prévaut  point  fur  l'autre  ;  ck  lorsque 
les  avis  font  différens  on  ne  peut  prendre  une  réfolution 
décifive  qu'après  avoir  obligé  l'un  des  partis  à  convenir 
avec  l'autre.  Ce  font  les  penfionnaires  ou  fyndics  ,  qui 
parlent  dans  l'affemblée  ,  ck  qui  font  chargés  de  porter 
l'avis  de  leur  corps  ,  &  de  le  foutenir. 

Groniugue  étant  la  ville  principale  de  la  province  qui 
porte  fon  nom  ,  tient  le  premier  rang  clans  les  affemblées , 
ck  jouit  de  plufieurs  privilèges.  Elle  eft  gouvernée  par 
douze  confeillers  ôc  par  quatre  bourg  -meftres.  Ces 
magiftrats  font  élus  par  un  corps  de  bourgeois  ,  qu'on 
appelle  jurés.  Ce  corps  s'affemble  tous  les  ans  .le  huit 
Février  pour  faire  l'élection.  Huit  des  anciens  magiftrats 
demeurent  en  poflèfîion  de  leur  charge  pour  cette  année  ; 
mais  on  en  choifit  huit  autres  qui  entrent  en  fonction 
avec  les  huit  anciens  ,  ck  ces  feize  choififfent  de  leurs 
corps  quatre  bourg-meftres  qui  prefident  par  quartier  da 
trois  en  trois  mois.  Si  une  place  devient  vacante  dans  le 
confeil  des  feize,  pendant  le  cours  de  l'année,  par  mort, 
par  punition  ,  ou  par  démiftion  volontaire  ,  le  collège 
la  remplit.  C'eft  aufli  ce  collège  qui  règle  la  police  ck 
juge  de  tous  les  procès  tant  civils  que  criminels.  Enfin  , 
ce  confeil  de  feize  perfonnes  élit'un  penfionnaire,  qu'on 
sppellejj'ndic  ,  deux  fecrétaires ,  un  fifcal,  les  directeurs 
de  la  chambre  des  Orphelins  ,  ck  dispofe  de  plufieurs 
autres  petites  charges  qui  dépendent  de  la  ville.  Proche 
de  la  ville  eft  une  jurisdittion  ,  appellée  Old-Ampten  , 
les  bourg-meftres  ck  les  confeillers  ont  le  droit  de 
nommer  le  haut  officier  ,  ck  fon  fecrétaire.  Ils  établiffent 


GRO 


GRO 


sn.1i  un  droflart  avec  deux  juges  dans  le   Twede  ck  le 
Weflwoldir.gerland. 

La  ville  eft  belle  ,  grande  ,  fituée  fur  les  rivières  de 
Hunnes  ck  d'Aa ,  à  quatre  lieues  de  la  mer  d'Allemagne. 
Il  y  a  onze  églifes  dont  trois  étoient  paroiffiales  ,  cinq 
étoient  à  clés  monafteres  ck  quatre  à  des  hôpitaux.  La 
principale  eft  celle  de  S.  Martin.  Il  y  a  une  belle  orgue 
de  la  façon  du  fameux  Rodolphe  Àgricola.  Les  deux 
autres  paroiffes  portent  les  noms  d'£jl-Wralburg  ck  de 
Notre-Dame.  Les  couvens  étoient  de  Franciscains ,  de 
Dominicains  ,  de  religieux  nommés  les  Feres ,  des  Cla- 
rifies; le  cinquième  étoit  un  noviciat  de  religieufes.  Les 
murs  de  la  ville  font  entourés  d'un  bon  fofle  ,  avec  dix- 
fept  bâfrions  &  fept  portes.  L'académie  ou  univerfité  de 
cette  ville  fut  établie  l'an  1614,  le  23  d'Août ,  jour  auquel 
le  refteur  eft  inftallé.  *  Blaeu.  Theatr. 
.  La  Seigneurie  de  Groningue  eft  bornée  à 
l'orient  par  l'Ooft-Frife  ;  à  l'occident  par  la  Frife  ;  au  nord 
parla  mer  d'Allemagne  ;  au  midi  par  FOver-Iffel  ck  par 
le  comté  de  Bemhem ,  qui  eft  de  la  \Veftphalie.  Quelque- 
fois dans  les  aûes  publics  ,  Groningue' ck  les  Ommelan- 
des,  qui  font  enfemble  une  des  fept  Provinces-Unies ,  font 
deiîgnées  par  ces  mots  la  province  de  la  ville  &  pays. 
Voyez  OMMELANDES. 

GRONSFELD,  terre  des  Pays-bas,  avec  titre  de  comté, 
au  duché  de  Limbourg  ,  à  une  lieue  de  "Wick.  *  Dicl. 
geogr.  des  Pays-bas, 

GRONTA  ,  rivière  de  la  grande  Bretagne.  Il  en  eft 
parlé  clans  la  Vie  de  S.  Gutla  hermite  ,  écrite  par  Félix  , 
auteur  comtemporain.  Il  y  eft  fait  aufli  mention  de  l'ifte 
de  Crowland  ,  qui  étoit  alors  au  royaume  de  Mercie  , 
&  eft  aujourd'hui  dans  le  comté  de  Lincoln.  *  Ortel. 
Theiaur. 

GROS-BOIS  ,  maifon  de  plaifance  ,  dans  I'ifle  de 
France  ,  auprès  de  Paris.  Le  premier  préfident  de 
Harlay  fa  fort  embellie.  Elle  confifte  en  trois  corps  de 
logis  ,  un  dans  le  fond  ,  ck  les  deux  autres  placés  à  la 
droite  ck  à  la  gauche  de  la  cour.  Celui  qui  eft  au  fond 
s'enfonce  en  forme  de  démi-cercle.  Il  eft  compofé  de 
deux  ordres  d'archite&ure  l'un  fur  l'autre  ,  ck  terminé 
par  un  grand  fronton  :  les  deux  corps  de  bâtimens  qui 
forment  les  deux  côtés  de  la  cour  ,  font  chacun  dis- 
pofés  de  manière  que  l'un  tient  au  refte  de  l'édifice  ck 
l'autre  s'avance  fur  la  face  du  château.  Les  jardins  font 
fpacieux  &  agréables  ;  le  parterre  eft  orné  de  quelques 
ftatues  ;  on  monte  de-là  dans  le  bois ,  par  deux  rampes 
décorées  de  baluftrades  de  pierre  ck  d'autres  ornemens 
d'architefture. *  Piganiolde laForce,  Descr.  delaFrance, 
t.  2,  p.  636  ,  édit.  Parif. 

GROS-BOS  ,  Groffum-Boscum  ,  abbaye  régulière  en 
France  ,  de  l'ordre  de  Cîteaux  ,  filiation  d'Obafine  , 
au  diocèfe ,  ck  à  quatre  lieues  d'Angoulêrne  au  fud-oueft  , 
fondée  l'an  11 66  ;  l'abbé  en  retiré  4000  liv. 

GROSIO  ,  village  de  Suifle  ,  au  pays  des  Grifons  , 
dans  la  Valteline  fur  la  rive  gauche  de  l'Adda.  *  Etat  & 
dêl.  de  la  Suifjï  ,  t.  4  ,  p.  143. 

GROSLAY  ,  village  de  France  ,  en  Normandie  ,  au 
diocèfe  d'Evreux  ,  avec  titre  de  baronie  ,  entre  Lyre  & 
Beaumont-le-Roger  ,  fur  la  rivière  de  Rille  qui  perd 
fes  eaux  ,  ck  qui  renaît  dans  fon  voifinage.  *  Corn.. 
Dift. 

GROSNE  ,  (  la)  rivière  de  France  ,  en  Bourgogne. 
Elle  a  diverlés  fources  dans  le  Beaujolois ,  qui  fe  rafîem- 
blent  dans  le  Mâconnois  ,  qu'elle  traverfe  du  midi  au 
feptentrion.  Au  village  de  Mazilles  elle  reçoit  le  ruifTeau 
du  Repentir  ,  qui  vient  de  l'étang  de  Y  Auvergnet  ,  g. 
elle  parle  à  Clugni  ,  g.  au  bourg  de  Cormantin  ,  nu- 
deffous  reçoit  la  Guye  ,  g.  fe  tourne  vers  le  nord-eft  , 
coule  dans  le  Châlonnois;  ck, entre  l'Allceue  ck  la  Ferté- 
fur-Grosne  ,  elle  reçoit  les  eaux  du  Grifon  ,  cl.  forme 
quelques  ides ,  ck  fe  perd  enfin  dans  la.  Sô'.ie  ,  au  village 
de  Marnay  ,  entre  Châlon  ck  Toumus.  *  Atlas.  Robert 
de  Vaugondy. 

GROSSA  ,  (Isola)  ifle  de  la  Dalmatie  ,  dans  le 
golte  de  Veniié  ,  au  comté  de  Zara.  Elle  appartient  aux 
Vénitiens^ ,  &  s'étend  du  couchant  feptentrional  au 
levant  méridional  ;  mais  ellen'eft  pas  large  à  proportion 
de  fa  longueur.  On  la  nomme  aufli  Ifola  grande  ck  Ifola 
longa  ck  Ifola  dï  Sale.  Elle  a  environ  foixante  ck  dix' 
milles ,  de  circuit ,  félon  le  P,  Coronelli  ^  Ifolario  part.  1 , 


2  19 


GROSSETTO  ,  ville  d'ftaKé  ,  en  Tcfcane  ,  dans 
l'état  de  Siéne  ck  dans  le-,  Maremrr.es  ,  avec  un  évêché 
fuffragant  de  l'archevêché  de  Sienne.  Elle  eft  pcri:e,or. 
mal  peuplée  ,  avec  un  allez  bon  château  ,  à  trois  milles 
de  la  rivière  d'Ombrone  au  couchant  ,  en  allant  vers  le 
lac  de  Caftiglione  ,  dont  elle  n'eft  qu'à  fis  milles  ck  vers 
Piombino  ,  à  fix  milles  de  la  côte  de  la  mer ,  ck  à  quarante 
milles  de  Siéne.  *  Baudrani  ,  édit.  1705. 


GIK.'SSEUVRE. 


bourg  ( 


•  France  ,  en  "  "-7- 


mandie,  au  diocèfe  d'Evreux  ,avec  titre  de  baronie,  à  une 
lieue  de  la  rivière  d'Iton  ,  entre  Damville  ,  Eailleul  , 
S.André  de  la  Marche  ,  ck  Garencieres.  *  Corn,  D-c>. 

GROSSOTO  ,  village  de  Suifle  ,  dans  1a  Valteline  , 
au  pays  des  Grifons ,  fur  la  rive  droite  de  l'Adda.  *•  Eict  & 
del.  de  là.  Suijfe,  t.  4  ,  p.  143. 

^  GROSSWERDER  ,  ifle  confidérable  de  Prufte  ,  à 
l'embouchure  de  la  Viftule  ,  qui,  fe  féparanten  plusieurs 
bras  à  l'orient ,  ck  au  couchant ,  forme  cette  ifle  ,  avec 
le  Frisch-Haff,  du  côté  du  nord-eft.  Niger  croit  que 
cette  ifle  a  été  connue  des  anciens  fous  le  nom  de 
Latris, 

GROSVYN  ,  ville  d'Allemagne  ,  en  Poméranie  -, 
auprès  d'Aniâam.  Elle  iubfiftoit  encore  dans  le  douzième 
fîéele.  Micrtslius  ,  Hifi.  Pomeran.  1.  2  ,  c.  89  ,  dit  que 
dans  la  guerre  des  ducs  de  Poméranie  contre  le  roi  de 
Danemarck  en  1 183  ,  le  roi  Canut  la  ruina  de  fond  en 
comble.  Daniel  Crammer,  dans  fon  Hiftcireeccléfiaftique 
de  Poméranie  ,  /.  2 ,  c.  3  ,  écrite  en  allemand  ,  dit  que 
cette  ville  détruite  étoit  où  eft  prefentement  une  fortifi- 
cation au  partage  par  où  l'on  va  à  Stolpe  ;  ck  que  dans 
la  campagne  d'Anclam  il  y  a  encore  à  prêtent  un  chemin 
que  l'on  appelle  Grcjjv/inische  StrafJ'e  ,  ou  le  chemin  de 
GroflVin.  *  Zeylcr,  Pomeran.  Topogr.  p.  18. 

GROTE.  Voyez  Grotte. 

GROTKAU  ,  ou  Grotka  ,  ville  d'Allemagne,  en 
Siléfie.Zeyler,  Silef.Top.p.  148, écrit Grolka&Grotkau, 
ck  reprend  quelques  auteurs  qui  l'ont  appellée  Krotkau. 
Cette  ville ,  capitale  d'une  principauté  de  même  nom ,  eft 
petite  ,  mais  eft  bien  fermée  ck  a  de  bonnes  portes ,  ck  les 
murs  ont  une  enceinte  d'un  triple  fofTé.  Elle  eft  fituée  dans 
une  plaine,  procheunebelle  forêt,  ck  entreles  villes  de  Brieg 
au  nord  ,  ck  Munfterberg  au  fud-oueft  ,  au  couchant  ck 
à  peu  de  diftance  de  la  rivière  de  Neisl.  L'air  y  eft 
fàin,  le  terroir  fertile  :  de-là  vient  que  l'on  dit  en  pro- 
verbe  :  qu'en  tems  de  paix  les  bourgeois  de  Grotkau 
font  à  couvert  de  la  faim  ck  du  froid  ,  parce  qu'il  n'y  a 
point  de  maifon  qui  n'ait  allez  de  terre  8c  de  bois  pour 
fon  befoin.  Il  y  a  une  grande  église  paroiiîiale,  un  palais 
épiscopal ,  une  maifon  de  ville  bâtie  de  pierre  ,  entou- 
rée d'une  allez  grande  place  ;  mais  les  maifons  bourgeoi». 
fes  font  toutes  de  bois  :  aux  environs  ck  dans  la  cam- 
pagne, il  y  a  une  aîTez  belle  nobîefle,  qui  a  fon  capi- 
taine particulier.  Cette  ville  avec  la  principauté  ,  dont 
elle  eft  le  chef-lieu,  fut  vendue  en  13 41,  par  les  ducs 
de  Lignitz  ck  de  Brieg  à  l'évêque  de  Breshm.  Grotkau 
à  été  fujette  à  divers  malheurs  remarquable-.  L'an  2490, 
elle  fut  réduite  en  cendre  ;'  ck  en  1  ^49  ,  le  7  d'Août ,  le 
tonnerre  la  brûla  de  nouveau  ;  Péglife  paroiffiaie  ck 
quelques  maifons  en  échappèrent  à  peine.  En  1438,  les 
Polonois  ,  ayant  fait  une  irruption  dans  la  Bohême, 
faccagerent  Grotkau.  Le  duc  Guillaume  de  Troppau  la 
prit  en  1445  ,  ck  elle  fouffrit  beaucoup  durant  les  guerres 
des  Suédois  contre  l'empire. 

La  frinxipauté  de  Grotkau  eft  fituée  dans  !a 
Silène  ,  aux  confins  de  la  Bohême  &  de  la  Moravie: 
on  i'appelle  aufli  la  principauté  de  Nsiffe.  Voyez  Neisse. 
Ces  deux  villes  font  les  feules  places  remarquables  de 
cette  principauté.  Elle  a  le  duché  de  Brieg  au  nord  , 
celui  d'Oppelen  à  l'orient  ;  celui,  de  Munfterberg  au 
couchant,  &  la  Moravie  au  midi. 

GROTTA  FERRATA,  fameufe  abbaye  d'Italie, 
dans  l'état  de  l'églife,  à  un  mille  ou  deux  de  FraVati, 
Elle  eft  deflervie  par  des  moines  Grecs  ou  Calabrois, 
qui  y  chantent  le  fervice  en  langue  grecque.  S.  Barthe- 
lemi ,  abbé  ,  disciple  de  S.  Nil ,  ck  quelques  moines 
Grecs  vinrent  fe  réfugier  en  ce  lieu,  dans  l'onzième  iié- 
cle  ,  ck  vivoient  dans  une  grotte  qui  fe  \r9rmoic  avec 
une  grille  de  fer.  C'eft  cie-!i  que  cette  abbaye  porte  le 
nom  de  Grotte -finie.  Us  avofent  été  établis  auparavant 
dans  la  Calabre ,  d'où  les  perféeutions  de  Sarrazins  les 
avoient  chaffés.  Peu  après  il  fe  fit  de  cette  grotte  un 
Tomi  III.     E  e  ij 


GRO 


2  20 

fpacieux  monaftere.  Le  cardinal  Beffarion,  en  étant  abbé 
commendataire,  le  reftaura.  On  voit  au  maître-autel  de 
l'églife  une  vierge  que  l'on  dit  être  miraculeufe  ,  6k 
peinte  par  S.  Luc  :  à  l'autel  ,  qui  eft  à  côté,  on  voit 
un  tableau  repréfentant  S.  Nil  Si  S.  Barfhelemi ,  abbés  : 
il  eft  du  Carache.  Toutes  les  peintures  à  fresque  de  cette 
chapelle  ou  nef,  font  du  Dominiquin.  L'hiftoire  de 
S.  Nil  s'y  trouve ,  ainfi  ,  que  fon  entrevue  avec  l'empe- 
reur Othon  III,  parmi  une  grande  foule  de  courfifans, 
Si  de  peuple  pour  voir  cet  empereur;  le  Dominiquin  y 
a  peint  une  belle  fille  de  Frascati  qu'il  aimoit.  *  Corn. 
Dict.  E.  D.  R.  nouveau.  Voyage  d'Italie  ,  t.  i. 

GROTTA  DEL  CANE  ;  voyez  Grotte  du 
chien. 

GROTTA  ROSSA  ,  bourg  d'Italie ,  fur  le  Tibre  , 
dans  l'état  de  l'églife  ,  à  fix  milles  au-deffus  de  Rome. 
Voyez  au  mot  Minerve  ,  l'article  Castrum  Miner- 
ve. *  Baudrand ,  éd.  1705. 

GROTTARIA  ,  bourg  d'Italie ,  au  royaume  de  Na- 
ples,  dans  la  Calabre  ultérieure  ,  fur  la  rivière  de  Pro- 
teriate  ,  à  fix  milles  Si  au  nord  de  Gieraci  ;  c'eft  lé  Mi- 
ncrvœ  Caftrum.  *  Bandr.  éd.  1705. 

GROTTE ,  petite  caverne  ménagée  paj  l'art  ou  par 
la  nature ,  dans  une  montagne  ou  dans  un  rocher.  II  y 
en  a  beaucoup  dans  la  Paleftine.  Les  anachorètes  Si  tous 
les  faints  folitaites  qui  ont  peuplé  les  déferts  ,  dans  la 
ferveur  des  premiers  fiécles  de  l'églife  ,  habitoient  des 
grotes.  La  Thebaïde ,  le  Carmel  ,  le  Liban ,  Sic.  en 
font  remplis.  Les  anciens  Chrétiens,  durant  les  tems  de 
perfécution,  célébraient  les  faints  myfteres  dans  des  grot- 
tes ,  où  fouvent  ils  dépofoient  les  reliques  des  martyrs. 
De-là  eft  venu  l'ufage  qui  eft  encore^en  Italie,  d'appel- 
er grottes,  les  églifes  fouterreines.  Telle  eft  la  grotta 
Vaticana.  Un  détail  de  toutes  les  grottes,  dont  l'hiftoire 
Si  les  voyages  font  mention ,  occuperoit  feul  un  affez 
grand  volume.  Nous  nous  bornerons  aux  plus  célèbres. 

GROTTE  (la)  d'Antiparos.  Voyez  Antipa- 
ROSl 

GROTTES  (les)  d'Arcy  ,  grotte  de  France  ,  en 
Bourgogne  ,  à  fept  lieues  d'Auxerre  ,  à  deux  de  Ver- 
manton ,  Si  à  cinq  cens  pas  d'un  village  nommé  Arcy, 
qui  eft  fur  le  bord  de  la  petite  rivière  de  Cure.  Au-def- 
fus de  ces  grottes  font  des  terres  labourables  ^  qui  n'ont 
pas  plus  de  huit  ou  dix  pieds  de  fol.  Il  paraît  que  ces 
grottes  ou  cavités  ont  été  faites  en  tirant  de  la  pierre  : 
elle  ont  une  entrée  étroite  ,  6k  environ  trois  cens  toi- 
fes  de  profondeur  ou  de  long.  Il  y  a  des  ceintres  qui 
forment  plufieurs  voûtes  ,  du  haut  desquelles  il  tombe 
une  eau  cryftalline ,  qui  fe  convertit  en  pierre  fort  bril- 
lante Se  très-dure  ,  ck  forme  des  pointes  ou  culs  de 
lampe  de  toutes  groffeurs ,  Si  qui  descendent  en  bas  les 
unes  plus  ,  les  autres  moins  ,  avec  une  diverfité  admi- 
rable. Entre  ces  congélations  qui  repréfentent  une  infi- 
nité de  chofes  différentes  ,  l'on  en  remarque  fur-tout 
une  :  ce  font  cinq  ou  fix  tuyaux  de  cinq  à  fix  pieds  de 
haut  ,  Si  de  huit  à  dix  pouces  de  diamètre  ,  creux  par 
dedans  ,  Si  arrangés  d'alignement  l'un  près  de  l'autre 
fans  fe  toucher  pourtant.  Quand  on  frappe  ces  tuyaux 
avec  un  bâton  ,  ils  rendent  des  fons  différens  &  fort 
agréables  ,  d'où  on  les  appelle  les  orgues.  On  trouve  à 
vingt  ou  trente  toifes  de  l'entrée  un  petit  lac ,  qui  a  cinq 
toifes  de  large ,  fur  quinze  ou  vingt  de  longueur ,  ck  du- 
quel l'eau  eft  très-claire.  Selon  toutes  les  apparences ,  il 
eft  formé  par  la  partie  de  l'eau  la  plus  légère, qui  tombe 
fans  celle  goutte  à  goutte  du  haut  des  voûtes  ,  qui  en  des 
endroits  paroiflent  avoir  vingt  pieds  de  hauteur  ,  en 
d'autres  vingt-cinq ,  ck  en  d'autres  trente.  L'élévation , 
la  largeur ,  rk  la  longueur  de  cette  voûte  ,  toute  de  pier- 
res ,  font  un  écho  ou  retentiffement  fort  agréable ,  qui 
fait  durer  long-tems  le  bruit  qu'on  entend  rouler  bien 
loin  dans  la  profondeur  obfcure  de  cette  caverne.  Il  y 
a  un  endroit  de  cette  grotte ,  où  l'on  trouve  une  espèce 
de  fale.  La  nature  y  a  formé  un  plafond  d'une  terre  fort 
unie  ,  couleur  de  caffé ,  Si  où  paroiflent  mille  chiffres 
bizarres ,  qui  font  un  effet  fort  agréable ,  de  même  que 
quelques  figures  de  pierres  mal-formées  par  les  gouttes 
d'eau.  On  appelle  cet  endroit  LA  SALE  DU  BAL  ou  la 
SALE  de  MONSIEUR  LE  prince.  *  Viganiol  de  la. 
Force ,  Defcr.  de  la  France ,  t.  3  ,  p.  401. 

GROTTE  (la)  de  Bethlehem.  Voyez  Beth- 

LEHEM. 


GPvO 


GROTTE  (la)  de  Cabreres,  grotte  de  France, 
au  Querci,  dans  Féleftionde  Cahors  ;  elle  eft  fort  éten- 
due ck  fort  finguliere.  *  Piganiol  de  la.  Fora  ,  t.  4  , 
p.  458. 

GROTTE  (la)  du  chien  ,  en  italien  ,  grotta 
del  CANE  ou  BUCO  VELENOSO  ;  caverne  d'Italie ,  au 
royaume  de  Naples  ,  proche  Puzzole  &  le  lac  d'Agnano, 
au  pied  de  la  montagne  Solfatara ,  autrefois  Forum  Vul- 
cani  Si  Leucogee  colles.  Miffon  la  décrit  ainfi  dans  fon 
Voyage  d'Italie ,  t.  2 ,  p.  68  :  la  grotte  du  chien  eft 
comme  un  petit  commencement  ou  entrée  de  caverne, 
au  pied  d'un  coteau.  Elle  eft  longue  &  profonde  de 
neuf  à  dix  pieds  ;  large  de  quatre  &  demi ,  &  haute  de 
cinq.  Cela  eft  fans  art.  Le  bas  n'eft  que  pure  terre ,  ou 
pierre  couverte  de  pouffiere  comme  le  milieu  d'un  che- 
min ;  les  côtés  n'ont  rien  non  plus  qui  (bit  poli  ni  tra- 
vaillé ,  ni  aucun  ornement  remarquable.  ...  Il  fort  de 
la  terre  dans  cette  grotte  une  exhalaifon  fubtile  &  pé- 
nétrante, fans  aucune  fumée  ;  cela  faifit  la  refpiration, 
ck  fuffoque  abfolument  dans  une  minute.  On  ne  la  laiffe 
pas  ouverte.  Celui  qui  en  a  la  clef,  entre  debout  autant 
qu'il  le  peut  être  au  milieu  de  la  grotte  :  il  fe  baille , 
&  s'agenouille  peu-à-peu,  tenant  toujours  la  tête  droite: 
il  s'aflîed  fur  fes  talons  ;  en  telle  forte  que  fes  mains  puif- 
fent  toucher  à  terre  :  alors  il  empoigne  le  chien  par  les 
quatre  pâtes  ,  Si  le  couche  pRinptement  fur  le  côté 
contre  terre.  A  l'inftant  même ,  ce  pauvre  animal  entre 
en  convulfion  ,  il  tourne  les  yeux,  tire  la  langue,  ij  s'al- 
longe fans  crier  ;  il  fe  roidit ,  Si  celui  qui  le  tient,  le  jette 
comme  mort ,  hors  de  la  caverne.  On  le  met  inconti- 
nent dans  le  lac,  qui  n'eft  qu'à  vingt  pas  de-là.  En  moins 
d'une  autre  minute,  il  reprend  fes  esprits  ,  il  fort  de  l'eau 
en  nageant^  il  court,  Si  il  crie  comme  en  exprimant 
la  joie  qu'il  "a  d'être  délivré.  On  a  fait  cette  expérience 
fur  des  hommes  &  fur  toutes  fortes  d'animaux ,  &  la  même 
chofe  eft  toujours  arrivée.  Charles  VIII,  roi  de  France, 
fit  l'expérience  avec  un  âne  ;  D.  Pedro  de  Tolède,  vice- 
roi  de  Naples  ,  avec  deux  esclaves  qui  en  moururent* 
De  Villamont  parle  ,  dans  fon  Voyage  ,  d'un  gentil- 
homme ,  nommé  Tournon  ,  qui  s'étant  baifle  dans  la 
grotte  ,  pour  y  prendre  une  pierre ,  fut  faifi  de  la  va- 
peur, Si  porté  auffi-tôt  dans  le  lac,  où  il  reprit  un  peu  fes 
esprits  ;  mais  il  mourut  quelques  momens  après.  Il  faut 
cependant  remarquer  que  cette  grotte  eft  trop  petite  , 
pour  qu'un  homme  ou  un  âne  y  puifle  entrer  tout  en- 
tier ;  mais  il  fuffit  qu'ils  y  entrent  jusqu'à  mi-corps ,  pour 
que  la  vapeur  les  fane  mourir. 

A  deux  pieds  de  terre,  6k  plus  près  même  encore, 
il  n'y  a  rien  à  craindre  :  les  esprits  fe  raréfient  ck  fe  diffi- 
pent  ;  mais  plus  on  1e  baifle  ,  plus  le  danger  eft  grand  : 
ces  mêmes  esprits  font  fubtils  ck  violens  ;  ils  pétillent 
ck  fortent  impétueufement  ck  en  abondance.  Le  maître 
de  la  grotte  fait  encore  une  autre  expérience',  il  y  entre 
avec  deux  gros  flambeaux  allumés.  Quand  il  en  abaifle 
un ,  un  peu  près  de  terre ,  non-feulement  il  cefle  de  flam- 
ber ;  mais  il  s'éteint  entièrement  ,  fans  qu'il  refte  ni  feu 
ni  fumée.  Il  le  rallume  avec  l'autre  flambeau  ,  ck  il  les 
éteint  ainfi  plufieurs  fois  tour-à-tour.  Pline,  /.  2,  c.  113, 
fait  mention  de  cette  grotte  ,  ck  dit  que  l'on  nommoit 
SPlRACULAckSCROBES  CHARONEjE  ,  ces  grottes  dont 
les  exhalaifons  étoient  mortelles  ;  quelques-unes,  dit-il, 
ne  font  mortelles  que  pour  les  oifeaux  comme  celle  du 
mont  Sorafte  ;  d'autres  à  tous  les  animaux,  hors  l'homme  ; 
d'autres  à  l'homme  même  ,  comme  dans  les  territoires 
de  Sinuefle  ck  de  Pouzzol. 

Il  y  a  bien  de  l'apparence  qu'on  pourroit  creufer  fur 
la  même  ligne  plufieurs  autres  grottes  où  les  mêmes  ef- 
fets fe  feraient  fentir.  Ces  effets  ,  outre  celui  que  j'ai 
dit  ,  font  qu'à  un  pied  du  fol  de  la  grotte  ,  un  piftolet 
ne  prend  point  feu  ,  Si  qu'un  flambeau  de  poix-réfine 
bien  allumé  s'y  éte,int  d'abord  à  la  même  diftance  :  cela 
vient ,  fans  doute ,  d'une  exhalaifon  fubtile  ci  pénétrante  , 
fans  aucune  fumée  ,  qui  fort  du  fond  de  la  grotte ,  ck 
qui  faifit  la  respiration  ci  caufe  les  mêmes  effets  qu'on 
voit  dans  le  récipient  de  la  machine  de  Boyle ,  quand  on. 
en  a  pompé  l'air.  *  Notes  du  P.  Charlevoix. 

GROTTE  (la)  du  désert  de  la  tentation  ; 
grotte  de  la  Paleftine  ,  dans  le  défert  où  Jefos-Chrift 
fut  tenté  par  le  démon.  Elle  eft  fur  la  montagne ,  où  il 
jeûna  quarante  jours.  Le  P.  Nau  la  décrit  ainfi.  La  mon- 
tagne eft  grande  ;  la  cime  en  eft  extrêmement  élevée, 


GRO 


GRO 


Se  le  fond  eft  un  abysme  très-profond  :  elle  fe  courbe 
de  l'occident  au  feptentrion ,  Se  préfente  une  façade  de 
rochers  escarpés  qui  s'ouvrent  en  plufieurs  endroits ,  &c 
forment  des  grottes  de  différentes  grandeurs.  *  Voyage 
de  la  Terrt-fainte  ,  1. 4,  c.  4,  p.  359, 

Pour  aller  dans  celles  où  le  Sauveur  s*enferma  ,  on 
monte  d'abord  un  terrein  affez  roide ,  mais  fans  danger. 
On  arrive  enfuite  à  un  chemin  qu'on  a  rendu  aifé  par 
quelques  degrés  qu'on  y  a  faits  ;  mais  au  bout  ,  il  faut 
grimper  pour  fe  mettre  dans  un  fentier  large  à-peu- 
près  de  deux  ou  trois  pieds ,  qui  s'étrecit  encore  davan- 
tage en  quelques  endroits ,  Se  qui  n'eft  bordé  que  de 
précipices  horribles.  Cette  vue  eft  fi  effroyable  ,  qu'elle 
décourage  la  plupart  des  pèlerins.  L'auteur  cité  ,  dé- 
tourna les  yeux  des  précipices  fur  le  bord  desquels  il 
marchoit;  Se  s'appuyant  des  mains  au  rocher,  il  conti- 
nua fa  route  ;  Se  enfin  approcha  des  faintes  grottes.  Ce 
fut-là  ,  dit-il,  que  le  tremblement  redoubla  :  je  me  trou- 
vai dans  un  lieu  fort  étroit,  Se  je  ne  vis  plus  devant  moi 
qu'un  rocher  escarpé  Se  presque  tout  droit ,  haut  envi- 
ron de  huit  à  neuf  pieds  ,  que  l'on  ne  monte  qu'à  la 
faveur  de  quelques  pierres  un  peu  avancées  en  certains 
endroits ,  où  il  faut  s'attacher  des  pieds  &  des  mains 
avec  beaucoup  de  précaution  ;  car  fi  le  pied  ou  la  main 
vient  à  manquer  ,  on  tombe  dans  un  précipice  épou- 
vantable ,  Se  fans  un  miracle  on  ne  peut  éviter  la  mort, 
6c  de  fe  brifêr  tout  le  corps  fur  les  pointes  de  rochers  Se 
fur  les  pierres  :  on  trouve  au-deffus  une  grande  grotte , 
que  la  Providence  y  a  ménagée  pour  donner  lieu  aux 
pèlerins  de  respirer.  L'on  pafïe  de-là  par  un  chemin 
tout-à-fait  étroit  Se  effroyable ,  mais  fort  court  ,  dans 
deux  belles  grottes  :  la  première  en  enferme  une  autre 
plus  petite  Se  obscure  ,  qui  eft  à  main  droite.  La  féconde 
eft  comme  la  fale  Se  l'antichambre  du  cabinet  de  la  pé- 
nitence de  l'Homme-Dieu.  On  y  monte  au  bout  de  cette 
grotte  par  quelques  degrés.  Ce  lieu  eft  presque  carré , 
Se  n'a  pas  plus  de  douze  ou  treize  pieds  de  diainetre. 
La  voûte  naturelle  ,  que  la  montagne  y  forme ,  eft  fort 
élevée  :  il  y  a  un  creux ,  Se  comme  une  espèce  de  ni- 
che ,  dans  le  fond  où  l'on  dit  que  notre  Seigneur  fe 
mettoit  Se  ofFroit  jour  Se  nuit  les  prières  qu'il  faifoit 
pour  nous  à  fon  Père.  Quelques-uns  difent_  qu'il  prenoit 
ion  fommeil  dans  la  grotte  voifine  ,  que  j'ai  nommée  fon 
antichambre.  On  a  élevé  une  muraille  droite  Se  forte,  à 
l'ouverture  de  toutes  ces  grottes ,  qui  les  fait  paroître 
comme  un  monaftere.  Celle  où  j'ai  dit  que  le  Sauveur 
prioit ,  eft  plus  ornée  que  toutes  les  autres  :  elle  étoit 
autrefois  presque  toute  peinte  ,  &  on  y  voit  encore  les 
reftes  des  images  avec  des  inscriptions  gréques  ;  mais 
tout  cela  eft  fi  effacé ,  qu'on  a  de  la  peine  à  diftinguer 
ce  que  c'étoit,  Se  quels  faints  y  étoient  repréfentés.  On 
y  entrevoit  pourtant  une  annonciation  ,  des  anges  Se  des 
apôtres.  Cette  grotte  n'eft  pourtant  qu'au  milieu  de  la 
montagne  ,  du  fommet  de  laquelle ,  on  croit  que  le  dé- 
mon fit  voir  au  Sauveur  tous  les  royaumes  du  monde , 
avec  leur  gloire.  Il  y  a  encore  fur  cette  cime  une  églife, 
en  mémoire  de  la  victoire  queJefus  y  remporta.  J'ai  dit, 
on  croit ,  parce  que  les  évangéliftes  S.  Matthieu  ,  c.  4 , 
v.S,  &  S.  Luc,  c. 4,  v.  6  ,  qui  nous  apprennent  le  dé- 
tail de  la  tentation ,  ne  difent  pas  que  ce  fut  fur  la  même 
montagne  où  le  Seigneur  avoit  jeûné  ;  mais  feulement 
que  le  démon  l'ayant  encore  pris ,  le  porta  fur  une  haute 
montagne. 

GROTTE  (la)  de  l'Estale.  Voyez  Estale. 
GROTTE  (la)  de  Jérémie,  grotte  de  laPalefhne, 
auprès  de  Jérufalem  ,  à  l'occident ,  Se  en  marchant  un 
peu  vers  le  feptentrion,  affez  proche  de  la  porte  de  Da- 
mas. Elle  n'a  guères  moins  de  vingt-cinq  ou  trente  pas 
en  longueur  ,  Se  environ  autant  de  largeur.  Sa  voûte 
qui  eft  extrêmement  haute ,  eft  foutenue  par  un  gros  pi- 
lier du  roc  même  ,  comme  font  celles  des  carrières.  On 
voit  à  l'entrée,  à  main  gauche,  un  endroit  élevé  de  huit 
ou  dix  pieds ,  où  la  pierre  eft  faite  Se  taillée  en  forme 
de  lit.  Au  bout  le  plus  enfoncé  de  la  grotte ,  il  y  a  un 
trou  profond  que  ce  prophète  ,  à  ce  qu  on  croit ,  avoit 
deftiné  pour  fa  fépulture  ;  mais  fon  véritable  fépulcre 
eft  en  Egypte  ,  à  ce  que  dit  Nicéphore ,  Hijl.  1.8,  c.  30. 
Cette  grotte  de  Jérémie  eft  maintenant  entre  les  mains 
des  Mahométans  qui  la  laiffent  voir  aux  Chrétiens ,  pour 
de  l'argent.  *  Le  Père  Nau ,  Voyage  de  la  Terre-fainte , 
1.1,  c.  16,  p.  W. 


22Î 

■  GROTTE  (la)  du  lait,  grotte  de  la  Paleftine  à 
Portent  de  Bethléem  ,  à  un  trait  d'arbalète  de  la  grande 
églife.  Elle  eft  confacrée  à  la  fainte  Vierge ,  Se  renferme 
trois  grottes.  La  première  qu'on  trouve  en  y  entrant , 
Se  dont  l'entrée  eft  fort  étroite  ,  n'a  rien  de  confidéra- 
ble.  La  féconde  eft  à  main  droite ,  quand  on  paffe  de 
celle-là  dans  la  troifieme.  Celle-ci  qui  fuit,  eft  fpacieufe, 
Se  fa  voûte  eft  affez  élevée  :  il  y  a  au  milieu  un  autel 
où  l'on  va  célébrer  les  faints  myfteres  ;  Se  à  l'extrémité 
la  plus  reculée ,  on  voit  quelques  creux  qui  ont  fervi  de  ' 
fépulcres  ,  Se  un  autre  affez  profond  ,  où  l'on  croit  que 
la  fainte  Vierge  fe  cacha  avec  l'Enfant  &  S.  Jofeph ,  lors- 
qu'elle s'enfuyoit  en  Egypte.  On  prétend  que  donnant  là 
à  tetter  au  Sauveur ,  elle  répandit  fur  cette  terre  quel- 
ques gouttes  de  fon  lait ,  qui  la  blanchirent  &  lui  com- 
muniquèrent la  vertu  de  guérir  les  maladies ,  Se  princi- 
palement le  défaut  de  lait  des  nourrices.  L'auteur  cité 
ajoute  que  c'eft  une  chofe  fi  certaine  Se  fi  infaillible , 
qu'elle  rend  le  lait  aux  femmes  qui  l'ont  perdu  ,  Se  en 
fait  venir  à  celles  qui  en  ont  peu,  que  les  infidèles  mê- 
mes en  ont  eu  mille  fois  l'expérience.  *  Le  P.  Nau  t 
Voyage  de  la  Terre-fainte  ,  /.  4  ,  c.  14,  p.  425. 

GROTTE  (la)  deMarcillac,  grotte  de  France 
en  Guyenne  ,  dans  l'élection  de  Figeac.  Elle  va  toujours 
en  descendant  ;  la  longueur  eft  de  trois  mille  pas  :  fon  ter» 
rein  n'eft  pas  uni.  * Piganiol  de  la  Force ,  t.  4,  p.  458. 

GROTTE  (la)  deMiremont,  grotte  de  France, 
en  Périgord,  dans  la  terre  de  Miremont.  On  la  nomme 
aufli  le  trou  de  Cluseau.  Les  gens  du  pays  difent 
que  c'étoit  un  paffage  fait  pour  accourcir  le  chemin  ; 
mais  il  eft  aujourd'hui  inutile  pour  cet  effet.  Elle  a  huit 
ou  neuf  lieues  d'étendue  jusqu'à  un  ruiffeau  que  per- 
fonne  n'a  encore  ofé  paffer.  *  Piganiol  de  la  Fora ,  t.  4, 
p.  458. 

GROTTE  (la)   de  Naplës.    Voyez  le  Pausi» 

LYPE. 

GROTTE  (la)  de  Notre-Dame  de  la  Balme, 
grotte  de  France ,  dans  le  Dauphiné  (a).  L'ouverture  en 
eft  haute  de  plus  de  cinquante  toifes  ,  Se  large  d'environ 
foixante.  Mais  elle  fe  rétéreit  peu-à-peu.  On  n'y  trouve 
point  le  gouffre ,  ni  le  grand  lac  dont  il  eft  parlé  dans  la 
Vie  de  François  I.  Cette  grotte  eft  fur  le  chemin  de 
Grenoble  à  Lyon.  Mezeray  raconte  ainfi,  de  quelle  ma- 
nière François  I  la  vifita  :  je  puis  bien  la  rapporter  > 
après  avoir  averti  qu'il  n'y  a  rien  de  pareil  dans  cette 
caverne.  «  Le  roi  (b)  ,  à  qui  l'étude  de  la  phyfique  avoit 
»  donné  la  curiofite  de  rechercher  les  chofes  rares  Se 
V  extraordinaires,  fut  touché  du  defir  d'.ntrerdans  un  lac 
»  fouterrein  ,  qui  eft  fur  le  chemin  de  Grenoble  à  Lyon, 
»  auprès  du  lieu  qu'on  nomme  Notre-Dame  de  laBaulme, 
»  lequel  eft  auflî  une  des  merveilles  du  Dauphiné.  Il  fit 
»  exprès  conftruire  un  vaiffeau  plat ,  dont  les  débris  fe 
»  voyoient ,  il  n'y  a  pas  encore  long-tems ,  dans  la  ca- 
»  verne  par  où  l'on  entre  dans  ce  lac.  Autour  de  ce  ba- 
»  teau  il  fit  attacher  plufieurs  planches ,  Se  fur  ces  plan- 
»  ches  grand  nombre  de  flambeaux  ,  Se  il  n'oublia  pas 
»  de  faire  porter  des  mèches  Se  des  fufils ,  Se  de  choifir 
»  des  bateliers  qui  favoient  bien  manier' le  croc  Se  l'avi- 
»  ron.  Après  qu'ils  eurent  navigé  quelque  tems  clans  ce 
»lac,  ils  reconnurent  qu'il  avoit  environ  une  lieue  de 
»  large.  Comme  ils  furent  près  de  d'eux  lieues  avant , 
»  ils  entendirent  un  grand  bruit  qui  devenoit  plus  épou- 
»  ventable  à  mefure  qu'ils  en  approchoient ,  Se  ils  fen- 
»  tirent  que  l'eau  couroit  avec*  une  extrême  rapidité. 
»  Us  s'imaginèrent  alors  qu'il  pouvoit  y  avoir  quelque 
»  gouffre  là  auprès  ;  pour  découvrir  ce  qui  en  étoit  ,  ils 
»  détachèrent  une  des  planches  où  il  y  avoit  des  flam- 
»  beaux  ,  laquelle  ayant  été  emportée  avec  roideur  , 
»  puis  renversée  ou  abysmée ,  ils  eurent  frayeur  Se  rame- 
»  nerent  le  roi  vers  l'entrée.  »  Ce  lac  fi  vafte  fe  réduit  à 
un  petit  ruiffeau.  *  (a)  Piganiol  de  la  Force  ,  Defcr.  de 
la  France,  t.  5,  p.  14.  (b)  Hift.  de  France,  t. 4,  à  l'an- 
née 1548. 

GROTTE  (la)  de  Quingei  ,  grotte  de  France  , 
en  Franche- Comté,  aune  lieue  de  Quingei ,  Se  à  cin- 
quante pas  du  Doux.  Elle  eft  longue  Se  large ,  Se  la  na- 
ture y  a  formé  des  colomnes ,  des  tombeaux  ,  des  ani- 
maux de  plufieurs  espèces.  Voici  la  description  qu'en  a 
faite  l'abbé  Boifot ,  Journal  des  Savans  du  ()  Septem- 
bre 168G.  On  y  descend  par  un  trou  fort  étroit,  Se  qui 
n'a  que  dix  pu  douze  pieds  de  profondeur.   A  quelques 


GRO 


Z2l 

pasde-là,  on  trouve  à  main  droite  une  voûte  affez  grande 
&  haute ,  pleine  de  chauves-fouris  du  haut  en  bas.  Il  ne 
faut  pas  s'y  arrêter  ;  car  fi  on  inquiète  ces  animaux  ,  il 
s'en  répand  une  l!  grande  quantité  dans  la  belle  grotte, 
qu'il  eft  iinpoffible  d'y  demeurer;  ckceferoit  dommage 
•qu'on  ne  la  vît  pas  en  repos.»  Je  ne  la  puis  mieux  com- 
parer qu'à  un  falon ,  plein  d'antiques  &  de  raretés.  En 
■effet  on  y  voit  de  grandes  colomnes,  qu'on  diroit  faites 
exprès,  pour  foutenir  la  voûte,  des  ftatues  &  des  figures 
de  toutes  fortes ,  des  cabinets  ,  des  fruits ,  des  fleurs , 
des  feftons ,  des  trophées  ,  enfin  tout  ce  que  l'on  s'ima- 
gine ;  car  il  en  eft  de  ce  falon  enchanté  comme  des  clo- 
ches. Dans  l'un  on  voit,  &  aux  autres  on  fait  dire  tout 
ce  que  l'on  veut.  Dans  le  tems  que  j'y  fus  ,  (  vers  l'an 
1674,)  il  y  avoit  des  orgues  parfaitement  bien  formées; 
mais  c'eft  une  transformation  continuelle.  Ce  qu'on  y 
voit  aujourd'hui  eft  tout  autre  dans  huit  jours,  &  peut- 
être,  pourftiit  l'auteur  avec  enjouement ,  que  mes  orgues 
•font  devenues  quelque  joueur  de  vielle.  L'unique  incom- 
modité qu'il  y  a  à  vifiter  cette  grotte  ,  c'eft  qu'il  faut 
faire  provifion  de  flambeaux  &  de  jufte-au-corps  de  toile; 
car  on  n'y  voit  goutte  ,  &:  l'on  y  gâte  fes  habits.  Le  ter- 
rein  eft  fort  inégal ,  félon  les  congélations  qui  s'y  font 
faites.  Il  eft  même  à  craindre  qu'avec  le  tems  tout  ne  fe 
rempliffe  ;  car  il  y  a  déjà  des  endroits  où  l'on  ne  peut 
plus  parler  qu'avec  beaucoup  de  peine  ,  fk  un,  entr'au- 
tres  ,  où  il  faut  fe  tramer  fur  le  ventre.  Mais  auffi  ceux 
qui  vont  au-delà  en  content  des  merveilles ,  foit  qu'ils 
difent  la  vérité  ,  foit  qu'ils  cherchent  en  trompant  les 
autres  à  fe  dédommager  de  la  peine  qu'ils  ont  prife.  J'a- 
voue, dit  l'auteur  cité ,  que  je  ne  voulus  pas  y  paffer  ; 
ce  qui  m'en  dégoûta,  fut  un  petit  ruiffeau,  dans  lequel  il 
falloit  presque  fe  coucher  pour  entrer  dans  l'autre  fale. 
Je  me  contentai  d'admirer  ce  qui  étoit  dans  la  première, 
&c  certes  il  y  avoit  de  très-belles  chofes.  Il  y  a  plaifir  de 
voir  l'eau  dégoûtant  fur  toutes  les  figures  ,  fe  fixer,  s'é- 
paifîir ,  &  faire  mille  grotesques.  Tout  cela  eft  blanc  & 
fragile  ,  tant  qu'on  le  lanTe  dans  la  grotte  ;  mais  ce  qu'on 
en  tire  s'endurcit  à  l'air  &L  devient  grisâtre.  Il  n'y  a  rien 
de  plus  joli  pour  faire  des  grottes  artificielles.  *  Piganiol 
de  la  Foret,  Defcr.  de  la  France,  t.j,p.  503. 

GROTTE  (la)  de  sainte  Pélagie  ,  grotte  de  la 
Paleftine  ,  fur  la  montagne  des  oliviers  ,  au-deffous  de 
l'églife  de  l'Ascenfion.  Elle  a  trois  diverfes  chambres  ; 
la  première ,  qui  eft  la  plus  grande  ,  eft  à  l'entrée  :  on 
descend  de-là  par  dix  degrés  dans  la  féconde ,  qui  eft 
moindre  ,  où  l'on  voit  un  fépulcre.  La  troifieme  eft  la 
plus  étroite.  Les  Mahométans  ne  permettent,  à  aucun 
Chrétien  d'y  entrer  ;  &  fi  quelqu'un  ofe  le  faire ,  il  n'é- 
vite la  mort  qu'en  donnant  une  fomme  confidérable. 
*  Le  P.  Nau,  Voyage  de  la  Terre-fainte ,  /.  3,  c.  6. 

GROTTE  (la)  de  la  Sibylle  ,  grotte  d'Italie  au 
royaume  de  Naples ,  auprès  du  lac  d'A vente.  Miffon, 
Voyage  d'Italie ,  t.  2 ,  p.  So ,  la  décrit  ainfi  :  ce  qu'on  ap- 
pelle communément  ,  dit-il  ,  la  grotte  de  la  fibylle  eft 
auprès  de-là.  La  principale  entrée  étoit,  dit-on,  proche 
de  la  ville  de  Cumês ,  à  quatre  petits  milles  de  l'Averne  ; 
mais  tout  eft  comblé  de  ce  côté-là.  Nous  fommes  donc 
entrés  dans  cette  grotte ,  par  un  paffage  affez  étroit  & 
embarrailé  de  ronces  &  d'épines  ,  chacun  portant  fon 
flambeau  allumé.  La  caverne  eft  creufée  fous  les  coteaux, 
fans  embelliffement.  Elle  eft  large  d'environ  dix  pieds, 
tk.  haute  de  douze.  Après  avoir  fait  deux  censcinquante 
pas  fans  détourner ,  la  grotte  fait  l'équerre  à  droite  ,  & 
foixante  &  dix  ou  quatre-vingt  pas  plus  loin,  on  trouve 
une  petite  cellule  qui  a  quinze  pieds  de  long  tk  huit  à 
neuf  de  large  :  la  voûte  en  étoit  autrefois  peinte ,  &:  les 
murailles  étoient  revêtues  de  mofaïque  :  il  en  refte  même 
quelque  chofe  encore.  La  terre  eft  affaiftée  à  quelques  pas 
plus  loin  que  la  chambre,  le  paffage  eft  rempli,  &  l'on 
ne  peut  pas  aller  plus  avant.  L'auteur  cité  s'attache  en- 
fuite  à  prouver  que  les  fibylles  font  une  chimère ,  quoi 
qu'en  ayent  dit  un  nombre  confidérable  d'hommes  fa- 
vans  d'ailleurs  ,  &  même  les  pères  de  l'églife. 

GROTTES  (les.)  de  Siouth,  grotte  en  Egypte, 
auprès  de  Siouth.  Voyez  Siouth. 

GROTTES  (les)  de  la  Thébaïde.  Voyez  The- 
Baïde. 

Voyez  auffi  les  mots  Caverne  &  Sépulcre. 

GROTTE,  ancien  bourg  de  Sicile,  dans  la  vallée  de 
Mazare,  furie  Salfo,  à  huit  lieues  de  Gergenti,  vers  le 


GRU 


tvord>  Ce  bourg'  eft  fort  déchu.  Voyez  He.RBessus, 
*  Baudrand,    éd.  1705. 

GROTTE,  en  italien,  ou  les  grottes  en  fran- 
çois  ;  village  d'Italie,  dans  la  marche  d'Ancone.  Il  eft 
litué  près  du  château  de  Montalte ,  &  n'eft  remarquable 
que  pour  avoir  été  la  patrie  du  pape  Sixte  V,  qui  y  na- 
quit le  13  Décembre  1511  ,  de  parens  très-pauvres. 

GRO  VA  ,  village  d'Afrique,  dans  la  haute  Guinée, 
à  trois  lieues  à  l'eft  du  cap  Palmas ,  &£  à  trente  à  l'oueft 
de  Tabo ,  à  l'embouchure  d'une  grande  rivière.  Ce  vil- 
lage n'eft  remarquable  que  parce  que  c'eft  le  premier 
lieu  qu'on  trouve  fur  la  côte  d'Ivoire.  *  Cotes  de  Guinée, 
par  Al.  Eellin,  1746. 

GROUABLI,  bourgade  de  l'ifle  de  Ceylan  ,  fur  la 
rivière  de  Colombes ,  dans  le  Halvagam  Corla  ,  entré 
Malwana  &  Sittavacca.  *  Atlas.  Robert  de  Vaugondy. 

GROUAIS,  (l'ifle  de)  petite  ifle  de  France  ,  fur  la 
côte  méridionale  de  Bretagne,  vis-à-vis  de  l'embouchure 
de  la  rivière  de  Blavet ,  Sa  au  midi  occidental  de  Port- 
Louis.  La  rade  y  eft  bonne,  mais  à  une  certaine  diftance; 
car  elle  eft  presque  enfoncée  dans  un  cercle  de  rocs  auffi 
dangereux  pour  les  vaiffeaux,  qu'utiles  à  la  fureté  des  ha- 
bitans.  La  pêche  des  congres,  ou  des  anguilles  de  mer,  y 
eft  fort  abondante.  *  Mém.  drejfésfur  les  lieux. 

GROUCASUS  ,  nom  du  mont  Caucafe  :  il  fignifie 
blanchi  de- neige,  félon  Pline  ,  1.6,  c.  17. 

GRUB  :  ce  mot  en  allemand  veut  dire  une  fojje. 

GRUB  ,  village  de  Suifie  ,  au  pays  de  Prettigoew;  il 
dépend  de  la  communauté  du  Cloître  ,  &  eft  remarqua- 
ble à  caufe  de  fes  eaux  minérales.  *Etat  &■  Délices  delà. 
Suijje,  t.  4,  p.  77. 

GRUBENHAG  JE  Qa)  ,  ou  ce  qui  revient  au  même 
pour  la  prononciation,  Grubenhagen,  château  d'Al- 
lemagne ,  dans  la  baffe  Saxe  ,  dans  les  états  de  la  mai- 
fon  de  Brunswik  ,  fur  une  montagne ,  à  quelque  diftance, 
&  au  couchant  de  la  Leine,  au  midi  de  la  ville  d'Eim- 
beck  (y).  II  eft  remarquable  pour  avoir  été  la  réfidence 
d'une  branche  de  la  maifon  de  Brunswik ,  descendue  de 
Henri  l'Admirable.  Le. partage  de  cette  branche  a  été  la 
principauté  de  Grubenhague.  (a)  Homan ,  Ducat.  Bruns- 
vik.  Tab.   (b)  Hubner,  Géogr.  p.  514. 

Cette  principauté  eft  coupée  en  deux  par  une  enclave 
du  pays  de  Hildesheim  ;  ainfi  il  y  a  deux  parties  de  cette 
principauté.  La  partie  occidentale  eft  bornée  au  nord  par 
la  principauté  de  Wolffenbutel  ,  au-  couchant  &£  à  l'o-* 
rient  par  le  pays  de  Hildesheim ,  au  midi  par  la  princi- 
pauté d'Oberwaldt.  Dans  cette  partie  font  ElMBECK , 
ville  capitale,  &  le  château  de  GRUBENHAGUE,  réfi- 
dence des  princes  de  cette  branche. 

La  partie  orientale  de  cette  principauté  eft  bornée 
de  même  au  nord,  par  la  principauté  de  Wolffenbutel , 
au  couchant  par  le  pays  de  Hildesheim  ,  à  l'orient  par  le 
Hartz  ,  &  au  midi  par  l'Eifsfeld.  On  y  trouve  Oste- 
RODE ,  ville  ;  Hertiberg,  château  affecté  aux  ducheffes 
douairières;  Elbingerode  ,  petite  ville  ;  Claujlhal  ; 
S.  Andréas-berg  &c  Altenau ,  (ce  font  trois  petites  villes 
dans  les  montagnes ,)  &  Sah{  der  Helden  ,  bourg  avec 
un  vieux  château.  Ce  pays  eft  préfentement  à  la  maifon 
de  Hanover. 

GRUDII,  ancien  peuple  de  la  Gaule  Belgique,  félon 
Cefar,  Comment.  1.  5  ,  c.  38,  qui  le  range  fous  les  Ner- 
viens  ,  avec  quelques  autres  peuples.  Comme  il  eft  le 
feul  ancien  qui  en  ait  parlé,  &;  qu'il  fe  contente  de  les- 
nommer  fans  en  défigner  la  fituation ,  rien  n'eft  plus  tri- 
voie  que  les  conjectures  que  les  modernes  ont  bâties 
fur  ce  paffage  unique ,  pour  placer  ces  peuples. 

GRUMBESTINI ,  ancien  peuple  d'Italie ,  dans  l'an-, 
cienne  Calabre  ;  félon  Pline,  A3,  c.  il,  ils  étoient 
dans  les  terres.  D'anciennes  éditions  portent  Brumbes-. 
uni  ;  mais  l'ordre  alphabétique  demande  Grumbeftini. 

GRUMENHA ,  bourg  de  Portugal ,  dans  la  province. 
d'Alentejo ,  fur  la  Gaudiana .  à  trois  lieues  au-deffous 
d'Elvas.  * Baud.  édit.  1705.  Je  crois  que  c'eft  le  même 
que  Sanfon  &  De  l'ifle  nomment  Xerumena.  Sa  posi- 
tion le  fait  affez  connoître. 

GRUMENTUM  ,  petite  ville  de  la  grande  Grèce  , 
dans  la  Lucanie ,  vers  le  golfe  de  Tarente.  Ptolomée  , 
L  3 ,  c.  1 ,  dit  qu'elle  étoit  .dans  les  terres.  Tite-Live, 
/.  13  ,  c.  37,  la  nomme  à  l'occafion  de  la  vi&oire  que 
Titus  Sempronius  y  remporta  fur  le  Carthaginois  Han- 
non.  Il  dit,  /.  2.7,  c.  41.  ;  Hannibal  vint  à  Grumentum 


CRU 


GRY 


dans  la  Lûcanie.  Pline ,  l.  3 ,  c.  1 1 ,  la  défigne  à  fort  or- 
dinaire par  le  nom  de  les  habitans  Grumtntïni.  Strabon 
en  parle  auffi,  /.  6 ,  p.  254.  Antonin,  dans  fon Itinéraire, 
&  la  Table  de  Peutinger  font  mention  de  cette  ville  ; 
Holftenius  ,  in  Ortel.  p.  89  ,  dit  mal-à-propos,  que  c'eft 
préfentement  Agromento  ,  fur  la  rive  droite  de  la  rivière 
d'Agri ,  dans  la  haute  Calabre.  C'eft  la  Sapanara ,  dans 
le  diocèfe  de  Marfico  ,  comme  on  le  prouve  par  des  in- 
scriptions fk  d'autres  monumens  trouvés  aux  environs. 
Haftenius  en  avoit  dit  quelque  chofe. 

GRUMUS  ;  les  anciens  ont  ainfi  nommé  la  partie  de 
lApennin,  que  les  modernes  appellent  Crepacore  ,  félon 
Scipion  Mafella  ,  dans  fon  Hiftoire  de  Naples.  *  Oritl. 
Thef. 

GRUNA,  village  de  Suiffe  ,  dans  le  haut  Vallais ,  au 
département  de  Sider  ou  Siers.  Entre  Gruna  fk  Ferco- 
rey,  on  a  trouvé  une  mine  d'argent.  *  Etat  &  délices  de 
la  Suiffe ,  t.  4,  p.  192. 

GRUNAW,  Chartreufe  d'Allemagne  ,  dans  la  Franco- 
nie  ,  au  diocèfe  de  Vurtzbourg ,  près  de  Wertheim. 

GRUNBERG  ,  petite  ville  de  Bohême  ,  en  Siléfie  , 
dans  la  principauté  de  Glogau.  Elle  eft  peu  confidérable. 
* Hubner,  Géogr.  p.  614. 

GRUNDE,  petite  ville  d'Allemagne,  dans  la  baffe 
Saxe  ,  au  duché  de  Brunswik  ,  dans  les  montagnes  du 
Hartz.  *  Hubner,  p.  516. 

GRUNEN  ,  ancienne  fortereffe  de  Suiffe ,  qui  ne  fub- 
fifte  plus.  Elle  étoit  dans  le  quartier  de  Ganderschweil  , 
dépendance  du  comté  de  Tokenbourg.  *  Etat  &  délices 
de  la  Suiffe  ,  t.  3  ,  p  3  20. 

GRUNHAIN  ,  abbaye  d'Allemagne  .  dans  la  haute 
Saxe  ,  dans  V Ert^geburgisch  Kreiff  ,  c'eft-à-dire  dans  le 
département  des  mines.  Elle  eft  préfentement  réduite  en 
bailliage.  *  Hubner  ,  Géogr.  p.  '573. 

1.  GRUN1NGEN,  (prononcezGronningue)  ville  de 
Suiffe ,  au  canton  de  Zurich ,  avec  un  château  où  loge  le 
bailli.  Elle  eft  dans  une  fituation  agréable.  Ce  bailliage  a 
ceci  de  particulier  ,  que  quand  il  s'agit  de  juger  un  cri- 
minel ,  ce  n'eft  pas  un  corps  particulier  qui  en  juge  , 
mais  tous  les  chefs  de  famille  de  tout  le  bailliage  que  l'on 
affernble  pour  ce  fujet  ;  fk  c'eft  ce  qu'on  appelle  le 
Lands-Gericht ,  c'eft-à-dire  jujlice  du  pays.  Zurich  acheta 
cette  terre  Fan  1418.  *  Etat  &  délices  de  la  Suiffe  , 
t.  2  ,  p.  47. 

2.  GRUNINGEN  ,  ou  Gruningue  ,  ville  d'Allema- 
gne ,  au  cercle  de  la  baffe  Saxe  ,  dans  la  principauté  de 
Halberftadt ,  fur  la  rivière  de  Felke  ,  à  l'orient  ,  &  à  un 
mille  fk  demi  de  la  ville  de  Halberftadt.  Hubner,  Géogr. 
p.  5 58  ,  en  vante  trois  ch'ofes  :  le  château  ,  les  églifes  fk 
la  grandeur  des  tonneaux. 

GRUNIUM.  Voyez  Grynium. 

GRUNO  ,  village  de  Suiffe  ,  au  pays  des  Grifons  , 
dans  la  communauté  de  la  vallée  de  Mafox.  *  Etat  & 
délices  de  la  Suijfe  ,  t.  4  ,  p.  34. 

GRUNSFELD  ,  petite  ville  d'Allemagne  ,  dans  la 
Franconie  ,  fur  un  ruiffeau  ,  qui ,  coulant  vers  le  fud-oueft, 
va  fe  perdre  dans  le  Tauber  à  Konigshofen.  Elle  eft  au 
nord-oueft  &  à  cinq  milles  de  Rottenbourg  ,  au  levant , 
&  à  environ  un  mille  de  Bischofsheim.  Elle  appartient 
au  landgrave  de  Leuchtenberg ,  qui  n'y  reconnîot  pas  le 
cercle  de  Franconie  ,  mais  le'  cercle  de  Bavière  duquel 
ce  prince  relevé  lui-même  ,  quoique  Grunsfeld  fk  fon 
bailliage  foient  dans  le  territoire  de  Franconie  ,  &  que 
même  ce  foit  un  fief  de  l'églife  de  Vurtzbourg.  *  Zeyler , 
Francon.  Topogr.p.  25. 

GRUNSTADT  ,  petite  ville  d'Allemagne  ,  dans  le 
Palatinat  du  Rhin.  Elle  eft  fort  jolie  ,  &  eft  dans  le 
comté  de  Linanges ,  affez  près  du  chef-lieu  dont  ce  comté 
porte  le  nom  ,  dans  un  terroir  fertile  en  blé  fk  en  vin. 
Elle  appartient  aux  comtes  de  Linanges  ,  &  a  bien  fouf- 
fert  durant  les  guerres.  *ZÉy/er,Palat.RhenTopogr.».62. 

GRUTUNGHI, 

GRUTINGI  ,  & 

GRUTUNGI ,  ancien  peuple  ,  qui  ,  félon  Ammien 
Marcellin  ,  habitoit  au-delà  du  Danube.  Il  dit  qu'on  le 
nommoit  auffi  Grutingi.  L'édition  de  Valois  ,  /.  27  , 
t.  5  ,  fk  /.  3  ,  c.  3  ,  porte  Greuthungi.  Us  font  nommés 
Greothingi  dans  la  Chronique  d'Idace  ,  fk  rc'3iyyci  par 
Zofime  ,  /.  4  ;  Claudien  ,  de  Conful.  IF  Honor.  &  in 
Eutrop.  1.  2  ;  &  Pollion  ,  in  Claudio  ,  les  appelle  Gru- 
tungi.  Ammien  Marcellin ,  /.  3  ,  c.  3  ,  dit  qu'ils  étaient 


223 

voîfîns  des  Alains  ,  que  l'on  appelloit  Tandites  ,  à  caufe 
qu  ils  habitoient  auprès  du  Tanaïs.  Il  nomme  une  vallée 
Greuthungorum  Vallis  au  bord  du  Danaftre  (  ou  du 
Dniefter ,  entre  le  Boryfthene  fk  le  Danube.  )  Il  en  parle 
comme  d'une  nation  belliqueufe.  Il  remarque  ,  /.  27  , 
c.  5  ,  fk  /.  3 1  ,  c.  s;  ,  que  dans  le  tems  que  l'on  permit 
aux  Goths ,  conduits  par  Alalive ,  de  paner  en-deçà  du 
Danube  ,  les  Greuthungues  qui  avoient  pour  roi  "Withe- 
ric  avec  Alathée  &  Sapharace  ,  par  les  confeils  de  qui 
ils  fe  gouvemoient  ,  s'approchèrent  du  Danube  ,  & 
demandèrent  la  même  faveur  qui  leur  fut  refufée  ,  & 
qu'Alhanaric  craignant  qu'on  ne  lui  fit  le  même  affront 
fe  retira  auffi. 

GRUYERE. ,  O  petite  ville  de  Suiffe ,  au  canton  de 
Fribourg  ,  chef-lieu  d'un  bailliage  qui  eft  le  plus  confidé- 
rable du  canton  ,  avec  un  affez  beau  château  où  demeure 
le  bailli  fur  une  hauteur.  C'étoit  autrefois  la  réfidence  des 
comtes  de  Gruyère,  &  la  capitale  de  leur  comté  (b).  Ils 
ont  été  connus  dès  le  commencement  du  XIV  fiécle  , 
&  fe  font  fuccédés  de  père  en  fils  jusqu'à  Michel ,  dernier 
comte  de  Gruyère.  Ils  étoient  puiffans  ,  fk  poilédoient 
une  grande  étendue  de  pays  ,  depuis  le  voifinage  de 
Vevay  jusques  bien  avant  dans  les  Alpes.  Ils  avoient  , 
entr'autres  ,  tout  le  bailliage  de  Sanen.  Michel  dont  on 
vient  de  parler,  venditd'abord  à  fes  fujets  tous  les  privilè- 
ges qu'ils  fouhaitoient;  car  il  avoit  grand  befoin  d'argent , 
étant  accablé  de  dettes  :  il  fut  fi  preffé  par  fes  créanciers  , 
qu'il  céda  tous  fes  biens  ,  qui  furent  discutés  par  l'arbi- 
trage des  cantons  d'Uri ,  de  Schwitz  ,  de  Glatis  ,  de 
Soieurre  &c  de  Schafhoufe.  Les  créanciers  s'étant  accom- 
modés avec  les  Bernois  &  les  Fribourgeois  ,  ils  prirent 
poffeffion  du  comté  de  Gruyère.  Les  Bernois  unirent  à 
leur  canton  le  bailliage  de  Sanen  &  quelques  autres 
portions  qui  étoient  à  leur  bienféance  ,  &  laifferent  le 
refte  aux  Fribourgeois.  Le  terroir  de  Gruyère  eft  abon- 
dant en  pâturages  ,  où  l'on  nourrit  beaucoup  de  vaches  , 
du  lait  desquelles  on  fait  ces  grands  fromages  qui  prennent 
leur  nom  de  ce  comté  de  Gruyère  ,  en  quoi  confifte  la 
richeffe  de  tout  le  canton  qui  n'a  point  de  vignes  ,  8c 
eft  peu  abondant  en  grains.  *  (a)  Etat  &  délices  de  la. 
Suijfe  ,  t.  3  ,  p.  60.  (b)  Longuerue  ,  Descr.  de  la  France  , 
2.  pjrt.  p.  285. 

GRYERS  en  Suiffe.  Voyez  Gruyère. 

GRYFFENSÉE ,  bourg  de  Suiffe  ,  presqu'au  bout  du 
lac  qui  lui  donne  ce  nom  ;  car  Gryffenfée  eft  proprement 
le  nom  du  lac  ,  &  à  deux  lieues  de  la  ville  de  Zurich.  Le 
lac  eft  petit  ,  mais  fort  poiffonneux.  On  lui  donne  cinq 
cens  pas  de  long  ,  fk  la  moitié  de  largeur.  C'eft  un  des 
bons  bailliages  du  canton  de  Zurich  qui  acheta  cette  terre 
l'an  i402.Lechateaufutbrûléen  1444,  fk  rebâti  l'an  1520. 
*  Etat  &  délices  de  la  Suiffe ,  t.  2  ,  p.  47. 

GRYFFENSTEIN  ,  vieux  château  en  Suiffe  ,  au  pays 
des  Grifons  ,  proche  de  Felifur  :  il  eft  ruiné  ,  tk  eft  une 
des  dépendances  de  la  communauté  d'Oberfatz.  *  Etat 
&  délices  de  la.  Suiffe  ,  t.  4  ,  p.  51. 

GRYLIOS  ,  ruiffeau  de  l'Afie  mineure  dans  la 
Troade  ,  félon  Pline  ,  /.  5  ,  c.  30.  Quelques  éditions 
corrompent  ce  mot  en  le  joignant  avec  celui  d'un  autre 
ruiffeau  ,  fk  mettent  Gryliofolius  ;  au  lieu  que  Pline 
nomme  deux  ruiffeaux  Amnos  Grylios ,  Ollius. 

GRYNA  ,  ancien  nom  de  Clazomene  ville  d'Ionie  , 
félon  Etienne  le  Géographe. 

GRYNiEI ,  ou  GriNjEI  ,  peuple  Scythe  d'entre  les 
Sacœ. 

GRYNjEUM  Nemus  ,  bois  cl'Afie  aux  confins  de  l'Io- 
nie ,  félon  Servius  fur  ce  vers  de  Virgile  ,  Eclog.  6,v.ij% 

His  tibi  Gryncei  nemoris  dicatur/origo. 

Apollon  à  qui  il  étoit  confacré  y  avoit  un  temple. 

GRYNAW  ,  vieux  château  de  Suiffe  ,  à  l'extrémité 
du  pays  d'Utznach ,  à  l'endroit  où  la  Linth  fe  jette  dans 
le  lac  de  Zurich.  Il  y  a  des  logis  pour  les  étrangers  ,  fk 
un  pont  pour  paffer  la  Linth ,  avec  un  port  pour  les  bateaux. 
Ceux  qui  viennent  de  Zurich  ,  ou  des  autres  endroits 
voifins  du  lac  ,  s'y  arrêtent  ,  fk  de-là  s'embarquent  fur 
la  Linth  jusqu'à  Wefen.  *  Etat  &  délices  de  la  Suiffe  , 
t.  3  ,  p.  204. 

GRYNIA  ,  ville  cl'Afie  ,  dans  l'Eolide  ,  félon  Pline  , 
qui  dit  que  de  fon  tems  elle  ne  fublïftoit  déjà  plus.  Héro- 
dote ,  /.  1  ,  n.  149 ,  la  nomme  Gruneia-  TpC/aa.  Xeno- 


224 


GUA 


GUA 


phon  ,  Hitt.  Grccc.  1.  5  ,  P-  481  >  l'appelle  Gryniam  , 
fpv'vi'.t  ,  &  dit  que  le  roi  de  Perfe  la  donna  avec  Myrina 
à  Gongile.  Etienne  le  géographe  dit  Gryni ,  rp»V«  ,  petite 
ville  des  Myriniens  ,  où  étoit  un  temple  d'Apollon  & 
un  ancien  oracle.  Le  temple  où  le  dieu  étoit  adoré  ,  étoit 
magnifique ,  &  bâti  de  pierre  blanche.  Strabon,  /.  13  ,  dit 


née,  aux  confins  du  royaume  de  Grenade,  entre  Gibral- 
tar &  Marbella.  * Baudr.éd.  1705. 

2.  GUADALAJARA  ou  Guadalaxara,  ville  d'Es- 
pagne  ,  dans  la  nouvelle  Caftille  ,  fur  le  bord  oriental  du  • 
Henares ,  à  quatre  lieues  au-deflus  d'Alcala  ,   dans  un 
lieu  élevé  &  un  peu  raboteux.  Elle  n'exiftoit  pas  du  tems 
.,„,-" .  "..,     j  m-  ■  petite  ville  ,  &  emploie  précifement  les     des  Romains.    La  Caraca  de  Ptolomée  étoit  ,  félon  ce 
mêmes  paroles  qu'Etienne  le  géographe.  géographe  ,  au  fud-eft  de  Complutum ,   qui  eft  Alcala; 

GRYNIUM  place  d'Afie  ,  dans  la  Troade  ;  jEmi-  &  Guadalaxara  eft  au  nord-eft  de  la  même  ville.  Cepen- 
lius  Probus  dit  que  Pharnabal'e  la  donna  à  Alcibiade.  dant  quelques  Espagnols  ont  cru ,  que  c'étoit  préfente- 
Etienne  le  géographe  met  une  GRYNIA  dans  la  Troade.  ment  la  même  ville.  L'abbé  de  Vayrac  ,  Etat  préfent  de 
*  Diodor.  Sic.  1.  17.  l'Espagne ,  ti  ,  1.  1 ,  p.  387 ,  qui  les  a  fuivis ,  dit  que  , 

GUABIS  rivière  de  l'Amérique  méridionale  ,  au  du  tems  des  Romains  ,  elle  s  appellent  Arriaca  ou  Car- 
Paracaiai  ;  elle  fe  perd  dans  le  Paraguai  ;  c'eft  fur  le  bord  raca ,  &  quetorsqu'elle  fut  prife  par  les  Mores ,  ces  in- 
de  la  rivière  de  Guabis  que  l'on  transporta  en  1701  la  ndeles  y  ajoutèrent  Guadal  ;  de  forte  qu'on  l'appella 
miffion  de  S.  Raphaël  qui  étoit  auparavant  à  quarante  Guadal- Ariaca,  &  que  par  corruption  on  l'a  appellée 
lieues  de-là.  Guadalaxara.  Ce  qu'il  ajoute  eft  plus  certain.  Elle  eft 

GUACA  petite  province  de  l'Amérique  méridionale,  aflez  grande  ,  mais  mal  bâtie,  fi  on  en  excepte  le  palais 
aux  confins  du  Popayan  &  de  Quito ,  qui  eft  du  Pérou  :  des  ducs  de  l'Infantado  ,  qui  en  font  feigneurs.  En  1460, 
on  la  trouve  en  fortaut  de  la  bourgade  Ipiahs  ,  l'une  de  Henri  IV1  honora  du  titre  de  cite  ,  &  elle  a  drdt  d'af- 
cellesde  Los  Paftos  On  y  commence  à  voir  le  fameux  "fter  aux  etats-généraux  de  Caftille.  C'eft  tout  ce  qu'elle 
chemin  des  Incas,  pratiqué,  avec  beaucoup  de  travail  &     a  de  plus i  remarquable. 

d'induftrie    au  travers  de  plufieurs  montagnes  tort  hautes,  3-    GUADALAJARA   DE   BUGA  ,    ou  Simplement 

ck  par  des  lieux  déferts  &  très-raboteux.  Il  eft  garni  d'hô-  BuGA ,  comme  la  nomme  De  l'Ifle  ,  ville  de  l'Améri- 
telleries  par  intervalles.  Garcilaffo  écrit  que  les  Indiens  que  méridionale  ,  dans  le  Popayan  ,  vers  l'eft-nord-eft, 
l'achevèrent  du  tems  du  roi  Huayna-Capac  ,  que  les  &  à  quinze  lieues  de  la  ville  de  Popayan.  Elle  eft  fituée 
Espagnols  nomment  ordinairement  Guaynacava.  Ils  dans  la  vallée  de  Buga ,  dont  elle  a  pris  fon  furnom  , 
appelaient  ces  hôtelleries  Tambos  ;  elles  font  placées  entre  les  hauts  fommets  des  Andes  ,  qui  féparent  la  pro- 
auprès  du  chemin  royal ,  à  cinq  ou  fix  lieues  ,  &  quel-  vince  de  Popayan  des  vallées  de  Neyva.  Les  habitans 
quefois  moins ,  les  unes  des  autres  ,  &  fervent  encore  de  cette  ville  répondent  pour  la  juftice  à  l'audience  de 
beaucoup  aujourd'hui  dans  le  Pérou.  Il  y  a  toujours  dans  Quito,  tk  font  fous  le  gouvernement  de  Popayan,  dont  ' 
chacune  quelques  Indiens  avec  leur  commandeur  que  ils  reconnoiffent  l'évêque  en  ce  qui  regarde  la  religion, 
les  Espagnols  appellent  Alcade.  Sa  charge  eft  de  fournir  *  De  Laet  Ind  occid.  l  9,  c  17. 
aux  étrangers  qui  arrivent  un  Américain  pour  les  fervir  ,  4-  GUADALAJARA  ou  Guadalaxara,  ville  de 
&  pour  leur  fournir  de  l'eau  ,  du  bois  &  autres  chofes  l'Amérique  feptentrionale ,  dans  la  nouvelle  Espagne,  & 
femblables.  Il  leur  en  donne  deux  autres,  tant  pour  apprê-     dans  la  province  à  laquelle  elle  donne  J'on  nom, 


ter  à  manger  ,  que  pour  avoir 


dans 
foin  de  leur  monture';  ce     la  partie  occidentale  de  cette  province.  Elle  fut  bâtie  par 

20  d.  20'  de  latitude 


qu'ils  font  gratuitement,  &  avec  beaucoup  de  fidélité  &  Nuno  de  Gusman ,  1  an  1  «  1  .  , 

de  promptitude.  Lorsqu'ils  partent ,  il  leur  fourniffent  des  nord,  a  quatre-vmgt-fept  lieues  &  a  1  oueft  nord-oueft 

guides   On  voit  dans  ce  même  lieu ,  près  d'une  rivière ,  les  de  Mexico  ,  &  a  1  orient  d  hy ver  de  Compoftelle.   Les 

iriafures  d'un  vieux  château  bâti  autrefois  par  les  Incas  juges  royaux  y  ont  leur  auditoire ,  ci  les  autres  officiers 

du  Pérou  ,  pour  tenir  en  bride  les  peuples  nommés  los  &rec 


receveurs  du  roi  y  font  leur  demeure.  Son  évêché  eft 


ment  le  nom  de  MoLINO 
C'eft  une  large  plaine  ,  arrofée  de  plufieurs  fources  ,  & 
voifine  d'une  rivière ,  (qui  eft  celle  de  Sant-Jago  ;  )  les 
champs  y  font  propres  à  femer  ;  &  on  y  trouve  de  beaux 
pâturages.  *  De  Lait ,  Ind.  occid.  /.  6,  c.  3. 

5.  GUADALAJARA  ou  Guadalaxara,  province 


coule  par  deffous.  Les  fauvages  l'appellent  Lumichaca  , 
c'eft  à-dire  pont  de  pierre.  De  Guaca  on  va  à  Tufa ,  der- 
nière bourgade  des  Paftos.  *  Corn.  Di&.  De  La'ét.  Ind. 
occid.  /.  10  ,  c.  7.  v  , 

GUACAPA  ,  rivière  de  l'Amérique  feptentrionale  , 
dans  la  nouvelle  Espagne ,  dans  l'audience  de  Nicaragua , 

furlacôtedeslfalgos  auprès  de  San-Salvador.  Elle  devient  

grande  &  navigable  à  environ  fept  lieues  de  fa  fource  ;  de  1  Amérique  feptentrionale,  dans  la  nouvelle  Espagne. 
&  après  avoircouru  l'espcae  de  treize  autres  lieues ,  elle  Elle  eft  bornée  au  nord  par  la  province  de  Zacatecas  , 
fe  rend  dans  la  mer  du  fud.  On  donne  auffi  le  nom  de  au  levant  &  au  midi  par  le  Mechoacan ,  &  au  couchant 
la  rivière  au  canton  qu'elle  arrofe.  *  Corn.  Dift.  reftifié  par  les  ides  de  Xalisco.  Au  midi  de  cette  province  eft 
fur  de  nouvelles  cartes.  ™  grand  lac  ,  nomme -lac  de  Chapala     forme  par  Rio 

GU  ACDE.  Voyez  Gu AHEDE.  Grande ,  qui  vient  du  Mexique  propre,  &  par  deux  au- 

GUÀCHO  ,  port  de  la  mer  du  fud  ,  au  Pérou ,  dans  très  rivières.  De  ce  lac  tort  la. rivière  de  Sant-Jago  ,  au 
l'audience  de  Lima  ,  entre  fille  de  S.  Martin  &  le  port  couchant  de  laquelle  eft  GUADALAJARA,  capitale  de  ls 
de  Callao.  Il  n'y  entre  que  de  (impies  barques.  Vous  voyez  province.  Lagos  ,  Léon  &  Zamora  font  les  autres 
fous  le  vent  un  cap  dont  il  faut  s'éloigner  ,  parce  qu'il  y  lieux  les  plus  conhderables  félon  de  1  lue ,  Carte  du  Me- 
a  des  brifans  cachés  fous  l'eau.  *  Supplém.  aux  voyages  de     xiqut.  De  Laët ,  Ind.  occid.  I  6  ,c.  3  ,  y  met  trois  yil- 

JP'oda  Rovers    p.  46.  '  les  poffedees  par  les  Espagnols  ;  favoir  ,  Guadalajara, 

GUAGÔCINGO,' ville  de  l'Amérique  feptentrionale  ,     villa  de  Efpiritu  fanto  ,  Zcfanta  Maria  de  las  Lagos. 

dans  la.  nouvelle  Espagne ,  entre  Puebla  de  los  Angeles     H  dit  que  l'air  de  cette  province  eft  tres-bon.  On  ne  (au- 

&  la  ville  de  Mexico.  Elle  eft  habitée  par  des  Espagnols     roit  rien  ajouter  a  la  fertilité  du  terroir;  qui  porte  le  mais 

&  par  des  naturels  du  pays.  Les  habitans  ont  de  grands     &Ie  froment  en  abondance,  a.nfi  que  tous  les  truits  de 

privilèges  ,  que  les  rois  d'Espagne  leur  ont  accordés,  pour     l'Europe.  Cette  province,  pourfuit-il ,  eft  extrêmement 

avoir  fecoûru  les  habitans  de  Chalco  à  la  prière  de  Fer- 

nand  Cortez.  *  Gage,  Voyages,  ï.part.  c.  12. 

GUADADAR,  petite  rivière  d'Espagne,  au  royaume 

de  Grenade.  Elle  prend  fa  fource  au  couchant ,  ck  près  de 

Huescar  qu'elle  arrofe ,  &  fe  rend  dans  la  Guadalentin  à- 

Lorca. 

GUADAIRA,  petite  rivière  d'Espagne ,  dans  l'Anda- 

loufie.  Elle  a  fon  cours  du  levant  au  nord-oueft;  &,  après 

avoir  coulé  à  Alcala  de  Guadaira  ,    ell 

avec  le  Guadalquivir  au-deffous  de  Seville 


riche  en  argent. 

GUADALAVIAR ,  rivière  d'Espagne  ,  au  royaume 
de  Valence.  Ce  nom ,  qui  lui  a  été  donné  par  les  Mo- 
res ,  fignifie  eau  pure.  Les  anciens  l'ont  nommée  Turias. 
Elle  a  fes  rivages  toujours  verdoyans  &  bordés  de  tou- 
tes fortes  de  fleurs  ,  de  faules  ,  de  planes  ,  de  pins  Se 
d'autres  femblables  arbres ,  depuis  fa  fource  jusqu'à  fon 
embouchure.  Elle  aies  fources  dans  les  montagnes, 
le  (es  eaux  féparent  la  nouvelle  Caftille  du  royaume  d'Arragon  :  elle 
coule  dans  ce  dernier  d'occident  en  orient ,  paffe  à  Al- 


,     :  ,  ■  ■■    ■  ■■.!>•,.  •< ,,  MM.j.ne,  dans     barazin ,  enfuite  à  Terwel ,  où  elle  reçoit  la  rivière  d'Al- 

l'Andaloufie.   EUe  fe  décharge  dans  la  mer  Méditerra-    hambra  ;  de-là  fe  courbant  vers  le  fud-ouelt ,  elle  entre 

dant 


GUADALAJARA,  petite  rivière  d 


GUA 


GUÀ 


dans  le  royaume  de  Valence  ,  à  cinq  ou  fix  lieues  de 
Tervel ,  ôc  continue  le  même  cours  jusques  aux  fron- 
tières de  la  nouvelle  Caftille  ,  qu'elle  côtoyé  jusqu'à 
Santa-Cruz  ;  de-là  elle  ferpente,  tantôt  vers  le  fud-eft, 
tantôt  vers  l'eft  jusqu'à  Valence  qu'elle  baigne  ,  ÔC  au- 
deflbus  de  laquelle  elle  fe  perd  dans  la  Méditerranée. 
*Davity,  Valence.  Jaillot ,  Atlas. 

GUADALBULON ,  petite  rivière  d'Espagne ,  dans 
l'Andaloufie  ;  elle  a  fa  fource  dans  les  montagnes ,  d'où 
fort  auffi  le  Guardadar ,  au  royaume  de  Jaën  ;  5c ,  cou- 
lant d'orient  en  occident ,  elle  pafle  au  midi  de  la  capi- 
tale ,  puis  fe  tourne  vers  le  nord-oueft  ,  6c  fe  perd  dans 
Je  Guadalquivir  ,  au  -  deffus  Ôc  à  l'orient  d'Anduxar. 
*  Atlas.  Robert  de  Vaugondy. 

i.  GUADALCANAL ,  petite  ville  d'Espagne^  en 
'Andaloufîe,  dans  la  Sierra  Morena,  aux  confins  del'Es- 
tramadure ,  à  quatre  lieues  Se  au  midi  d'EUerena  ;  au 
nord  oriental ,  ôc  à  douze  lieues  de  Seville.  Il  y  a  une 
mine  d'argent,  d'où  l'on  tiroit  chaque  jour  pour  fix  cents 
écus  de  ce  métal.  Quelques-uns  la  prennent  pour  la 
CORTICATA  des  anciens  ;  mais  la  fituation  n'y  con- 
vient pas.  *  Corn.  Dicl.  ôc  Atlas.  Rob.  de  Vaugondy. 

L'auteur  des  Délices  d'Espagne,  p.  445  ,  ôc  les  diffé- 
rens  Atlas  placent  Guadalcanal  dans  l'Eftramadure  ,  ÔC 
non  pas  dans  l'Andaloufie. 

2.  GUADALCANAL,  ifle  de  la  mer  du  Sud,  en- 
tre les  ifles  de  Salomon.  Corneille  ,  Dict.  dit  que  les 
Espagnols  lui  donnèrent  ce  nom  ,  lorsqu'ils  y  pafferent 
avec  Pedro-Fernandes  de  Quiros. 

GUADALENTIN,  rivière  d'Espagne ,  qui  a  fa  fource 
au  royaume  de  Grenade  ,  proche  Guadix  ,  de- là  elle 
parle  à  Baça  ;  puis  ,  coulant  vers  l'orient ,  elle  reçoit  le 
Guadadar  à  Vêlez  el  Rubio ,  paffe  à  Lorca,  fe  tourne  en- 
fuite  vers  le  fud-eft  ,  ôc  fe  perd  dans  la  Méditerranée , 
à  Almacaren  ,  dans  le  golfe  de  Carthagene.  *  Atlas. 
Rob.  de  Vaugondy. 

GUADALETE,  petite  rivière  d'Espagne,  dans  l'An- 
daloufie. Elle  a  fa  fource  à  Zahara  ,  d'où  ferpentant  vers 
l'oueft  ,  elle  pafle  à  Villa-Martin  ,  à  Bornos  ,  à  Arcos  , 
à  Xeres  de  la  Frontera ,  ôc  va  fe  perdre  dans  la  mer  au 
port  de  Sainte-Marie  qu'elle  forme.  Les  anciens  l'ont 
connue  fous  le  nom  de  Lahes.  Les  Arabes  y  ont  ajouté 
les  deux  premières  fyllabes.  Voyez  LetHES.  *  Atlas. 
Rob.  de  Vaugondy. 

GUADALIMAR.  Voyez  GuadarMeNA. 
GUADALMAÇAR  ,  petite  rivière  d'Espagne,  dans 
le  royaume  de  Grenade  ,  vers  les  confins  du  royaume 
de  Murcie.  Elle  coule  quelque  tems  entre  les  montagnes 
vers  le  midi  oriental ,  &  fe  perd  dans  la  Méditerranée, 
auprès  de  Vera  à  ("on  nord.  *  Atlas.  Rob.  de  Vaugondy. 
GUADALMEDINA  ,  petite  rivière  d'Espagne ,  au 
royaume  de  Grenade.  Elle  a  fa  fource  à  Monda  ,  d'où 
elle  ferpente  vers  l'orient  ÔC  le  midi ,  jusqu'à  Malaga  , 
où  elle  fe  jette  dans  la  mer.  *  Atlas.  Rob.de  Vaugondy. 
.1.  GUADALOUPE,  petite  rivière  d'Espagne ,  dans 
l'Eftramadure  ;  elle  a  fa  fource  près  d'une  petite  ville  de 
même  nom  ,  ce  vient  fe  perdre  dans  la  Guadiana  au 
midi. 

2.  GUADALOUPE ,  Aqua.  Lupm ,  ville  d'Espagne, 
dans  l'Eftramadure  ,  fur  un  ruifleau  dont  elle  prend  le 
nom  ,  à  onze  lieues ,  ôc  à  l'orient  d'été  de  Truxillo.  Elle 
eft,  dit  l'abbé  de  Vairac ,  Etat  pré fent  de  l'Espagne, 
t.  1 ,  1.  1 ,  p.  263  ,  fituée  dans  une  vallée  au  milieu  des 
montagnes  de  même  nom  ;  fur  le  bord  d'une  petite  ri- 
vière ,  qui  s'appelle  âuffi  de  même  ;  de  forte  que  le  mot 
àe  Guadaloupe  eft  commun  à  une  chaîné  de  montagnes, 
à  une  rivière  &c  à  une  ville. 

La  ville  eft  petite  ,  mais  affez  bien  bâtie  ,  ôc  dans 
une  fituation  très-avantageufe.  La  vallée  qui  l'environne 
eft  fertile  en  vin,  en  oranges,  en  figues  ,  ÔC  en  autres 
fruits  délicieux.  Ce  qui  contribue  à  cette  grande  ferti- 
lité ,  c'eft  le  concours  de  quatre  petites  rivières ,  qui  fer- 
pentent  dans  cette  vallée.  Mais  rien  ne  rend  cette  ville 
fi  confidérable  que  la  dévotion  des  peuples  à  Une  image 
miraculeufe  de  la  fainte  Vierge  ,  qui  fe  trouve  dans  un 
couvent  de  l'ordre  des  Hieronymites ,  fitué  au  milieu  de 
la  ville  ,  Se  bâti  en  forme  de  citadelle,  d'une  ftrudture 
magnifique  &  fort  vafte.  On  y  voit  une  infirmerie  pour 
les  pauvres  malades,  un  hospice  pour  les  étrangers,  une 
apothicairerie  riche  ôc  bien  fournie  ,  deux  colféges  ,  Se 
plufieurs  cloîtres  fort  agréables,  avec  des  fontaines  Ôc 


22J- 

des  jardins  délicieux  ,  plantés  de  citronniers  ôc  d'oran- 
gers. A  l'entrée  on  trouve  un  beau  crucifix  ,  ôc  au  milieu 
fe  préfente  un  beau  jardin  :  de-là  on  pafle  à  l'apothicai- 
rene,  que  deux  médecins  gagés  ont  foin  de  fournir  d'eaux 
diftillées ,  ôc  de  toutes  fortes  de  drogues  pour  la  guéri- 
fon  des  malades  ;  ce  qui  coûte  neuf  mille  ducats  par  an. 
De  cet  endroit  ,  on  monte  à  un  portique  élevé  où  l'on 
voit  une  fontaine  qu'on  y  a  faite  par  le  moyen  de  quel- 
ques machines  qui  pouffent  l'eau  de  bas  en  haut.  L'sgiue 
eft  digne  de  remarque.  On  y  voit  l'image  de  la  Vierge  , 
que  l'on  y  trouva,  îly  a  quatre  cents  ans  ou  environ ,  dans 
un  tombeau  de  marbre ,  où  des  Chrétiens ,  dit-on ,  Fa- 
voient  cachée  fix  cents  ans  auparavant ,  pour  la  garantir 
de  la  fureur  des  Mores.  Quoiqu'elle  foit  d'un  bois  cor- 
ruptible ,  elle  ne  fe  corrompit  pas  fous  la  terre  ,  durant 
le  cours  de  tant  de  fiécles.  On  la  voit  fur  le  grand  au- 
tel ;  elle  eft  d'une  couleur  tirant  fur  le  noir ,  tenant  en- 
tre fes  bras  l'enfant  Jefus ,  vêtu  d'une  robe  blanche.  A 
fes  côtés  font  fuspendus  deux  anges  d'argent  doré  :  au- 
deffous  paroiflent  trois  figures  d'argent ,  qui  repréfentent 
trois  princes  ou  princeffes.  Les  murailles  de  l'églife  font 
embellies  de  tous  côtés  de  peintures  à  fresque ,  qui  re- 
préfentent les  miracles  que  l'image  a  opérés.  Les  colom- 
nes  font  chargées  de  voeux ,  de  dons ,  de  tableaux  ôc  de 
chaînes ,  que  ceux  qui  ont  guéris  ou  délivrés  ,  y  ont  ap- 
porté pour  marquer  leur  reconnoiflance.  Le  grand  au- 
tel ,  où  eft  l'image ,  eft  bordé  de  cent  lampes  d'argent , 
fuspendues  tout  à  l'entour  ,  ôc  données  par  divers  prin- 
ces ôc  feigneurs.  Les  religieux  qui  vivent  dans  ce  magni- 
fique couvent  ,  font  au  nombre  d'environ  cent  vingt , 
ôc  ont  vingt-huit  mille  ducats  de  revenu ,  pour  leur  en- 
tretien. 

3.  GUADALOUPE.  (la)  De  l'Ifle  Se  Rochefort 
difent  Gardeloupe ,  ifle  de  l'Amérique,  l'une  des  Antil- 
les françoifes.  Les  fauvages  l'appelloient  Carucueira; 
ôc  les  Espagnols  qui  l'habitoient  en  1635,  avant  que  les 
François  s'en  rendiflent  maîtres  ,  la  nommèrent  Gua- 
daloupe  ,  à  caufe  de  la  reffemblance  de  fes  montagnes 
avec  celle  de  Guadaloupe  -en  Espagne.  Elle  a  l'ifle  de 
Saint-Dominique  au  midi  ,  Marigalante  au  fud-eft  ;  la 
Defirade  au  levant ,  ôc  l'ifle  de  Montferrat  au  nord.  La 
largeur  eft  de  neuf  ou  dix  lieues  aux  endroits  où  la  terre 
s'étend  le  plus  ,  ôc  fon  circuit  eft  de  foixante.  Elle  eft 
divifée  en  deux  parties  par  un  petit  bras  de  la  mer  ;  la 
partie  orientale  s'appelle  la  grande  terre  ;  l'occidentale  , 
dont  le  milieu  eft  hénffé  de  montagnes ,  eft  proprement 
la  Guadaloupe.  *  Atlas.  Rob.  de  Vaugondy.  Rochefort, 
Hift.  des  Antilles,  t.  1,  c.  3. 

Cette  partie  occidentale  eft  divifée  en  deux  autres.  La 
côte  orientale  eft  appellée  Cabefterre.  Celle  du  couchant 
ôc  du  nord  fe  nomme  la  baffe  -  terre.  La  Guadaloupe 
eft  peuplée.  On  trouve  à  fon  centre  plufieurs  hautes  1 
montagnes  ,  dont  les  unes  font  hériflées  de  rochers  pe- 
lés ,  qui  s'élèvent  du  fein  de  plufieurs  effroyables  préci- 
pices qui  les  entourent  ;  ôc  les  autres  font  couvertes 
d'arbres  qui  y  font  voir  en  tout  tems  une  agréable  ver- 
dure. Au  pied  de  ces  affreufes  montagnes ,  font  plufieurs 
plaines  de  grande  étendue  ,  rafraîchies  par  plufieurs  bel- 
les rivières  qui  attiroient  autrefois  les  flottes  d'Espagne 
par  la  bonté  de  leurs  eaux  ;  de  forte  qu'en  allant  aux  In- 
des ,  ces  flottes  étaient  obligées  d'en  venir  prendre  par 
arrêt  du  confeil  général  des  Indes.  Quelques-unes  de  ces 
rivières  ,  en  fe  débordant ,  roulent  des  bâtons  enfoufrés , 
pour  avoir  pafle  dans  des  mines  de  foufre  qui  font  dans 
une  montagne  voifîne  ,  à  laquelle  on  a  donné  le  nom 
de  foufriere  ,  à  caufe  de  la  fumée  qu'elle  jette  conti- 
nuellement. Il  y  a  auffi  des  fontaines  d'eaux  bouillantes, 
qu'on  a  trouvées  propres  à  la  guérifon  de  toutes  les  ma- 
ladies, caufées  par  une  humeur  froide. 

La  Guadaloupe  commença  à  être  habitée  par  les  Fran- 
çois, en  1635.  MM.  duPleffis  ôc  l'Olive,  en  eurent  les 
premiers  le  commandement  avec  égale  autorité.  Le  pre- 
mier étant  mort,  fept  mois  après  fon  arrivée,  ôc  l'autre 
étant  devenu  aveugle ,  la  compagnie  Françoife  donna  le 
commandement  de  cette  colonie  naiflante  à  M.  Aubert, 
l'un  des  capitaines  de  S;  Chriftophe  ,  qui  étoit  alors  à 
Paris.  C'eft  à  lui  qu'on  eft  redevable  de  la  confervation 
de  cet  établiflement.  Le  fieur  Houel  ,  qui  fut  enfuite 
feigneur  ÔC  gouverneur  de  cette  ifle  ,  y  attira  des  habi- 
tans  qui  la  peuplèrent ,  ÔC  y  établirent  un  bon  commerce. 
On  y  voit  des  plaines ,  fur  lesquelles  on  fait  palier  là 
tome  III.      Ff 


2l6 


GUA 


GUA 


charrue  pour  labourer  la  terre  ;  ce  qui  ne  fe  pratique 
point  aux  autres  ifles  ;  après  quoi,  le  riz,  le  maïs,  le  ma- 
nioc ,  dont  on  fait  la  caffave  ,  les  patates  Si  même  le 
gingembre ,  Si  les  cannes  de  fucre,  viennent  parfaitement 
bien.  Les  Jacobins  poffedent  une  partie  de  la  meilleure 
terre  de  cette  ifle  ;  il  y  a  auffi  des  Jéfuites  ,  des  Carmes 
ôi  des  Capucins.  (  ' .      '   ,  ■ 

Cette  ifle  eft  féparëe  de  l'autre  par  un  ifthme  ,  au  bout 
duquel  eft  un  petit  bras  de  mer.  Cet  ifthme  forme  deux 
golfes ,  dont  le  plus  feptentrional  eft  nommé  le  grand- 
cul-de-fac  ,  Si  l'autre  le  peiit-cul-de-fac.  Ils  font  tous 
deux  très-pohTonneux.  On  y  pêche  en  tout  tems  de  la 
tortue  ,  Si  plufieurs  autres  excellens  poiffons. 

Le  P.  Labat ,  Voyage  aux  ijles ,  t.  i ,  %.  part,  obferve 
qu'il  y  avoit  autrefois  deux  bourgs  confidérables ,  l'un  à 
côté  de  la  rivière  des  Pères  ,  Si  l'autre  des  deux  côtés 
de  la  rivière  du  Baillif.  Mais  le  premier  ayant  été  em- 
porté deux  fois  par  des  débordemens  de  la  rivière,  dans 
des  tems  d'ouragan  ,  les  habitans  qui  relièrent,  ne  voulu- 
rent plus  courir  de  pareil  risque  ,  &c  fe  transportèrent 
vers  le  fort ,  où  peu-à-peu  ils  ont  fait  le  bourg  ,  qui  eft 
à  préfent  le  principal  de  l'ifle. 

Le  bourg  qui  eft  des  deux  côtés  de  la  rivière  du  Baillif, 
a  été  aufli  ruiné  plus  d'une  fois  :  il  a  été  brûlé  par  les 
Anglois  en  1691  ;  Si  lorsqu'il  étoit  presque  entièrement 
rétabli ,  il  fut  emporté  tout  entier  par  un  débordement 
furieux  de  la  rivière.  La  caufe  de  ce  malheur  ,  fut  qu'un 
côté  de  la  falaife  ,  chargé  de  grands  arbres ,  s'étant 
écroulé  tout-à-coup  dans  un  endroit  où  les  falaifes  ré- 
tréciffoient  extrêmement  le  lit  de  la  rivière,  les  arbres, 
les  brouffailles  ,  les  terres  &  les  pierres  firent  une  digue 
qui  retint  les  eaux ,  jusqu'à  ce  que  leur  poids  entraînant 
tout  d'un  côté  cet  obftacle ,  le  torrent  fe  répandit  avec 
tant  d'impétuofîté  ,  qu'il  entraîna  à  la  mer  toutes  les 
maifons  du  bourg,  avec  une  partie  deshabitans.il  com- 
mençoit  à  fe  rétablir  ,  lorsqu'il  fut  brûlé  de  nouveau  par 
les  Anglois  en  1703.  Le  bourg  eft  aujourd'hui  accom- 
pagné d'un  fort,  auprès  de  la  rivière  aux  Herbes.  Ceux 
qui  veulent  voir  un  détail  fort  étendu  de  tous  les  quar- 
tiers de  cette  ifle  ,  le  trouveront  dans  l'ouvrage  du  P.  La- 
bat ,  que  nous  avons  cité. 

La  grande  terre  eft  beaucoup  moins  peuplée.  Il  y  a  un 
fort ,  nommé  le  Fort-Louis ,  auprès"  duquel  eft  un  an- 
crage ;  il  y  a  aufli  trois  falines,  favoir  la  grande  faline, 
à  l'extrémité  orientale  ;  la  faline  auprès  de  S.  François; 
&  la  perite  faline  vers  le  milieu  de  la  côte.  Ce  font  trois 
étangs  ,  où  l'eau  fe  forme  en  fel ,  par  la  feule  force  du 
foleil  ,  fans  aucun  autre  artifice.  *  Carte  particulière  de 
la  Guadaloupe. 

4.  GUADALOUPE  ,  (la)  ifle  de  la  mer  du  fud  , 
entre  les  ifles  de  Salomon  ;  elle  fut  découverte  &  nom- 
mée ainfi  par  les  Espagnols  commandés  par  Pedro- 
•  Fernandes  de  Quiros.  *  Corn.  Dift. 

GUADALOUPEJO,  petite  rivière  d'Espagne.  C'eft 
la  même  que  Guadaloupe.  I. 

GUADALQUIVIR,  (le)  grande  rivière  d'Espagne, 
dans  la  nouvelfe  Caftille  &  dans  l'Andaloufie.  C'eft  la 
même  que  le  Baetis  des  anciens.  Voyez  BvETIS.  Avant 
l'arrivée  des  Romains,  les  Espagnols  YâppeWoient  Perça, 
félon  l'abbé  de  Vairac  ,  Etat  préfent  de  l'Espague,  t.  1, 
p.  59.  Les  Mores  s'étant  emparés  de  l'Espagne ,  l'appel- 
lerent  Vadalcabir  ,  d'où  par  corruption  eft  venu  le  mot 
de  Guadalquivir ,  qui  en  arabe  fignifie  un  grand  fleuve  , 
félon  cet  auteur.  Il  tire  fon  origine  de  l'extrémité  orien- 
tale de  l'Andaloufie  ,  au-deffus  d'un  lieu  nommé  Caçorla, 
vers  les  frontières  des  royaumes  de  Grenade  &  de  Mur- 
cie,  .  où  s'élève  le  mont  Orospeda  des  anciens  ,  Si  que 
les  Espagnols  appellent  aujourd'hui  Sierra  Segura.  Atlas, 
Rob.  de  Vaugondy ,  fait  naître  le  Guadalquivir,  dans  la 
Manche,  affez  près  du  village  de  Segura  de  la  Pierre,  Si 
vis-à-vis  de  Caçorla  ;  il  reçoit  la  rivière  deGuadarmena, 
&  une  autre  rivière  auprès  de  Baëça  ;  en  allant  vers  le 
couchant ,  il  reçoit  le  Guadalbulon  qui  vient  de  Jaën  , 
&  une  autre  rivière  à  Anduxar  ,  où  il  paffe  de  même 
qu'à  Cordoue  ,  au-deffous  de  laquelle  il  reçoit  la  rivière 
de  Marbella,  Si  plus  loin  le  Xenil.  Après  s'être  chargé 
de  divers  ruiffeaux  ,  il  fe  tourne  vers  le  fud-oueft  ,  paffe 
à  Seville ,  forme  quelques  ifles  ,  &  va  fe  perdre  dans  le 
golfe  de  Cadix  ,  à  S.  Lucar  de  Barameda. 

Il  roule  fes  eaux  fort  lentement ,  ce  qui  le  rend  moins 
dangereux  pour  la  navigation  ,  parce  qu'il  eft  rempli  de 


barres  ou  de  bancs  de  fable,  qui  font  périr  quelquefois  les 
vaiffeaux  qui  vont  à  Seville,  où  il  en  porte  d'afiez  grands 
depuis  fon  embouchure.  Mais  depuis  Seville  en  remon- 
tant jusqu'à  Cordoue  ,  il  ne  peut  porter  que  de  petits 
bateaux  ;  Si  au-deffus  de  cette  ville  ,  il  n'eft  plus  navi- 
gable ,  étant  reffèrré  par  les  montagnes ,  Si  bordé  par- 
tout de  rochers.  Autrefois  ce  fleuve  ,  avant  que  d'entrer 
dans  l'Océan ,  débordoit  à  droite  Se  à  gauche ,  à  quel- 
ques lieues  au-deflbus  de  Seville ,  Si  formoit  un  petir  lac 
que  les  Latins  appelloient  lacus  Libijlinus  ,  d'où  fortant 
comme  d'une  nouvelle  fource  ,  il  fe  partageoit  en  deux 
branches  ,  par  lesquelles  il  fe  déchargeoit  dans  la  mer. 
Ces  deux  branches^  s'éloignoient  fi  fconfidérablement, 
qu'à  leur  embouchure  elles  étoient  à  plus  de  quatre  lieues 
l'une  de  l'autre.  Celle  qui  étoit  à  l'occident ,  baignoit 
une  ville  appellée  Onoba  ;  Si  celle  qui  étoit  à  l'orient 
en  avoit  deux ,  dont  l'une  s'appelloit  Alla ,  Si  la  féconde 
Nebrijfa.  Au  milieu  de  l'ifle ,  que  ces  deux  branches  for- 
moient,  on  voyoit  une  ville  qui  a  été  fort  célèbre  dans 
l'antiquité,  fous  le  nom  de  TarteJJus.  Par  la-  fuite  des 
tems  ,  la  branche  qui  étoit  à  l'orient  a  été  bouchée. 

Un  favant  Espagnol  a  prétendu  ,  contre  l'opinion  des 
modernes  ,  qu'il  n'eft  arrivé  aucun  changement  confi- 
dérable  à  ce  fleuve ,  foutenant  qu'il  conferve  encore  au- 
jourd'hui ces  deux  branches  ;  à  caufe  qu'au  deffous  de 
Seville ,  il  forme  trois  ou  quatre  ifles  ,  dont  la  plus  grande 
a  environ  vingt  milles  de  longueur ,  Si  la  féconde  feize  , 
Se  que  fe  partageant  en  deux  pour  embraffer  ces  ifles  , 
il  rejoint  ces  deux  branches  au-deffous  ,  Se  va  fe  jetter 
ainfi  dans  la  mer.  Mais  la  branche  orientale  du  Guadal- 
quivir eft  fi  bien  bouchée ,  qu'il  n'en  refte  que  de  foibles 
veftiges  ;  Se  cela  eft  fi  vrai  que  les  deux  villes  qui  étoient 
fur  fes  bords  ,  c'eft-à-dire  Nebrijfa,  aujourd'hui  Lebrixa, 
Si  AJla  ,  qui  n'eft  plus  qu'un  monceau  de  ruines,  fous  le 
nom  de  Mefa  de  AJla ,  fe  trouvent  maintenant  la  pre- 
mière à  huit  milles,  Si  la  féconde  à  quinze  milles  de  ce 
fleuve.  Ceux  qui  favent  les  changemens  ,  que  les  trem- 
blemens  de  terre,  (Si  autres  accidens,)  ont  caufé  à 
d'autres  fleuves  ,  ne  s'étonneront  pas  de  ceux  qui  font 
arrivés  au  Guadalquivir.  Il  eft  large  d'une  lieue  à  fon 
embouchure  ,  Si  la  marée  y  monte  jusqu'à  Seville.  Les 
Espagnols  attribuent  à  fon  eau  la  propriété  de  teindre 
en  rouge  la  laine  des  brebis. 

GUADARMENA,  félon  Atlas,  Rob.  de  Vaugondy  ; 
rivière  d'Espagne,  dansla  nouvelle  Caftille.  Elle  a  fa  fource 
dans  la  Manche ,  dans  la  Sierra  d'Alcaraz ,  d'où ,  ferpen- 
tant  entre  les  montagnes  ,  elle  fe  groffit  de  quelques  ruisi- 
féaux  ,  dont  elle  porte  les  eaux  avec  les  fiennes  dans  le 
Guadalquivir,  après  avoir  coulé  à  l'orient  d'Ubeda  &C 
de  Baëça.  Corneille  la  nomme  Guadalimar. 

1.  GUADARRAMA ,  petite  ville  d'Espagne ,  dans  la 
vieille  Caftille  ,  aux  confins  de  la  nouvelle  ,  dans  les 
montagnes  ,  au  nord-oueft  de  Madrid.  On  y  trafique 
beaucoup  de  fromages.  *  Davity  ,  Espagne  ;  Si  Corn. 
Diftionnaire. 

2.  GUADARRAMA  ,  rivière  d'Espagne, dans  la  nou- 
velle Caftille  ;  elle  a  fa  fource  aux  confins  de  la  vieille  , 
au-delà  d'une  petite  ville  de  même  nom.  De-Ià ,  coulant 
vers  le  midi  ,  elle  paffe  à  l'Escurial ,  Si  va  fe  perdre 
dans  le  Tage,  à  trois  lieues  au-deffous  de  Tolède.  *  Corn. 
Dift.  Si  Atlas.  Rob.  de  Vaugondy. 

GUADASSO,  petite  rivière  d'Espagne  ,  dans  TAn- 
daloufie  :  elle  a  fa  fource  au'  midi  de  Jaën  ,  Si  ferpen- 
tant  d'orient  en  occident  ,  elle  arrofe  Baena  ,  reçoit 
un  ruiffeau  au-deffus  de  Caflro-Rio  ,  Si  fe  jette  dans  le 
Guadalquivir  ,  au-deffous  de  Cordoue.  On  la  nomme 
auffi  Maibella. 

GUADEL ,  ville  du  royaume  de  Perse ,  dans  la  pro- 
vince de  Mekran ,  fur  la  côte  méridionale ,  avec  un  af- 
fez bon  port,  dont  l'entrée  eft  par  les  25  d.  de  latitude. 
*  Atlas.  Rob.de  Vaugondy. 

GUADEN  ,  lieu  d'Afrique,  dans  la  Numidie,  félon 
Marmol ,  t.  3  ,  /.  7,  c.  6.  C'eft ,  dit-il ,  comme  un  grand 
village  fans  murs,  dans  un  défert,  fur  la  frontière  deSe- 
nega.  De  l'ifle  le  nomme  Guaden  ou  Haden,  Si  le 
place  dans  le  royaume  de  Senega  ou  Zanhaga.  Sur  quoi 
il  eft  bon  de  remarquer  que  Marmol  ne  devoit  pas  le 
ranger  fous  la  Numidie  ,  qui  n' étoit  pas  auffi  étendue 
que  la  Getulie  ,  quoiqu'il  femble  les  confondre.  Les  ha- 
bitans, dit-il,  font  pauvres  Si  brutaux,  Sin'onr  rien  pour 
trafiquer ,  fi  ce  n'eft  quelques  dattes  :  à  peine  même  le 


GUA 


GUA 


227 


fournît-il  leur  fubfiilance  ;  de  forte  que  ces  pauvres     voudra.  Quelques  Espagnols  ont  dit  comme  en  énigme, 


qu'ils  avoient  chez  eux  un  pont,  fur  lequel  on  pouvoit 
faire  paître  dix  mille  moutons  fort  à  leur  aife  ;  l'exagé- 
ration eft  un  peu  forte.  D'autres  ,  qui  ne  favoient  où 
prendre  ce  prétendu  pont ,  l'ont  cherché  auprès  de  Me- 
delin,  qui  eft  le  MetaLLinum  des  anciens.  Us  ontfuppofé 
que  la  Guadiana  y  coule  dix  lieues  fous  terre  ;  ce  qui  eft 


gens  font  fort  miférables  ,    &C  vont  presque  tous  nuds  , 

ians  ofer  fortir  à  caufe  des  différends  qu'ils  ont  avec  leurs 

voifins.  Us  s'exercent  à  la  chaffe  ,   tuent  des  autruches 

ck  des  fauvagines  ,    6V  s'entretiennent  de  quelques  chè- 
vres fort  petites ,  dont  ils  font  grand  cas  à  caufe  du  lait. 

Us  font  plutôt  noirs  que  bafanés  ,  tk  font  fujets  aux  Ara- 
bes Ludayes ,    qui   demeurent  au  délért ,  qui  eft  entre     démenti  par  le  témoignage  de  quantité  d'Espagnols    II 

cette  habitation  &  le  royaume  de  Gualata  ,   &  à  qui  le 

roi  Nègre  paye  quelque  tribut  par  an  ,  parce  qu'ils  font 

plus  de   quatre-vingt  mille   combattans.   Il  y  a  peu  de 

chevaux  dans  la  contrée ,  h.  on  ne  leur  donne  à  boire 

que  du  lait  de  chameau.  Us  font  accoutumés  pour  cela 

à  fuivre  les  femelles ,  &C  les  tettent ,  quelque  grands  qu'ils 

foient.   L'auteur  cité  parle  de  cette  bourgade ,  pour  y 

avoir  été. 

GUADIAMAR,  petite  rivière  d'Espagne,  dans  l'An- 

daloufie.   Elle  a  deux  fources  dans  la  Sierra  Morena;  & 

les  ayant  unies  dans  un   même  lit ,    elle  coule  vers  le 

midi,  paffeàSaint-Lucard-Ia-Major,  &  vient  fe  jetter  dans     ne  la  fauroit  mieux  comparer  qu'à  ces  ravines  ,   où  les 

le  Guadalquivir ,  vis-à-vis  de  la  grande  ifle,  qui  eft  au-     torrens  laiflent  après  eux  les  pierres  qu'ils  ont  entraînées 

deffous  de  Seville  ,  &  auprès  de  Chillas.  *  Atlas.  Rob.     des  montagnes.   Il  ne  faut  donc  pas  s'étonner  ,  pourfuit 
de  Vaugondy.  l'abbé  de  Vairac  ,  fi  l'on  a  cru  qu'elle  fe  perdoit  fous 

GUADIANA  ,  grande  rivière  d'Espagne.  Les  Latins  terre  ,  puisque  dans  la  féchereffe  on  la  perd  de  vue  ,  au 
l'ont  connue  fous  le  nom  S  Anas,  auquel  les  Mores  ont  moins  dans  les  lieux  dont  je  parle.  Cela  a  donné  lieu  à 
ajouté  les  deux  premières  fyllabes  du  nom  moderne,  un  bel  esprit  de  ces  derniers  tems  de  dire  au  fujet  des  fleu- 
Elle  naît ,  félon  l'abbé  de  Vairac  ,  Etat prifent  de  l'Es-  ves  d'Espagne  :  l'Ebre  l'emporte  pour  le  nom  ;  le  Duéro 
pagne  ,  t.  1 ,  p.  6 1  ,  dans  la  nouvelle  Caftille ,  proche  pour  la  force  ;  le  Tage  pour  la  renommée  ;  le  Guadal- 
de  Canamarez ,  dans  une  vafte  campagne  ,  appellée  par  quivir  pour  les  richefîes  ;  &  que  la  Guadiana  n'ayant  pas 
les  Espagnols  ElCampo  de  Montiel.  Elle  fort  ,  dit-il,  de  quoi  fe  mettre  en  parallèle  avec  les  autres  ,  ellefe  ca- 
de  certains  lacs  ,  qu'on  appelle  dans  le  pays  lasLagunas     che  de  honte  fous  terre. 

de  Guadiana,  &C  prend  d'abord  le  nom  de  rioRoidera;  GUADIARO  ou  GuADAJARA,  rivière  d'Espagne," 
elle  fe  perd  fous  terre  un  peu  après  ,  &  renaît  par  des  dans  le  royaume  de  Grenade,  où  elle  arrofe  Ronda,  &C 
ouvertures  que  l'on  appelle  Los  Oios  de  Guadiana,  d'où  fe  perd  dans  la  Méditerranée  à  Eftepona.  Quelques-uns 
lie  coule  à  Calatrava.    Là  elle  fe  groflît  de  la  rivière  ,     doutent  fi  elle  eft  la  même  que  la  Barbesola  des  an- 


feroit  plus  naturel  de  dire  qu'elle  a  changé  fon  cours 
en  quelques  endroits.  Dans  le  voifinage  de  Malagon , 
au-deffus  de  Calatrava ,  elle  eft  fi  couverte  de  joncs  &C 
de  r»chers  ,  qu'elle  ne  paroît  pas  une  rivière.  Depuis 
Merida  jusqu'à  Mertola  ,  deux  villes  éloignées  l'une  de 
l'autre ,  d'environ  trente-cinq  lieues  ,  elle  eft  toute  rem- 
plie à  droite  &  à  gauche  d'une  infinité  de  rochers  qui 
empêchent  qu'elle  ne  foit  navigable ,  &  en  rendent  même 
le  paffage  très-difficile  &  très-dangereux.  En  été  elle  3 
très-peu  d'eau  ,  &£  le  peu  qu'il  lui  enrefte  nefemble  pas 
tant  couler  que  croupir  fous  ces  rochers  ;  tellement  qu'on 


déjà  formée  par  la  rencontre  des  ruitTeaux  de  Ruz  ,  & 
de  Zancara  ,  de  Xiquela  &  de  Bedija  ,  qui  n'ont  plus 
qu'un  même  lit  dès  Villa-Harta.  La  Guadiana ,  formée  à 
Calatrava,  ferpente  tantôt  vers  le  couchant,  tantôt  vers 
le  midi ,  le  lùd-oueft  &  le  nord-oiieft ,  pafîe  à  Ciudad- 
Real  ;  &  après  avoir  recueilli  les  eaux  deRio-Bullaque, 
de  l'Eftena ,  de  la  Guadaranque  ,  &  de  quelques  autres 


ciens.  Voyez  l'article  BARBESOLA.  i.  * Baudrand  édit. 
1705. 

GUADIEL  ,  petite  rivière  d'Espagne  ,  dans  la  nou- 
velle Caftille.  Elle  reçoit  les  ruiffeaux  de  CuERVO  , 
Escavas  &  Rio-Major  ,  &  fe  rend  dans  le  Tage, 
près  de  Zurita.  *  Baud.  édit.  1705. 

GUADIL-BARBAR  ,  rivière  d'Afrique  ,  fur  la  côte 


ïuiffeaux ,  elle  entre  dansl'Eftramadure ,  paffe  à  Merida  feptentrionale  de  Barbarie.  Elle  a  fa  fource  auprès  de 
Se  à  Badajoz  ;  de-là  entre  dans  le  Portugal ,  où  elle  ar-  l'Orbus,  coule  à  Begie  ,  &  tombe  dans  la  Méditerranée 
rofe  les  provinces  d'Alentejo  &;  d'Algarve  ,  fépare  cette  à  Tabarca.  C'eft  la  TUSCA  &:  le  RuBRICATUS  des  an- 
province  d'avec  le  Contado  ,  qui  eft  de  l'Espagne ,  &  ciens.  Baudrand  ,  édit.  1705  ,  le  trompe  ,  quand  il  dit 
fe  jette  enfin  dans  l'Océan  ,  entre  Caftro-Mann  &£  Aya-  que  c'eft  une  branche  de  la  Magrada.  Cette  dernière  qui 
monte.  *  Atlas.  Rob.  de  Vaugondy.  eft  le  Bagradas  des  anciens ,  n'a  rien  de  commun  avec 

Autrefois ,  dit  le  même  abbé  de  Vairac  ,   elle  fe  dé-  cette  rivière.  *  Sanfon  &£  Atlas.  Rob.  de  Vaugondy. 
chargeoit  dans  la  mer  par  deux  branches  ;  maïs  il  y  en         GUADIX,  ville  d'Espagne ,  au  royaume  de  Grenade, 

aune  qui  s 'eft  perdue  dans  la  mer,  laquelle  s'eft  avancée  à  neuf  lieues  au  levant  de  la  ville  de  ce  nom  ,   &c  à  fept 

dans  cet  endroit.  Elle  forme  encore  deux  ou  trois  ifles  ;  au  midi  de  Baça  ,  près  d'une  des  fources  du  Guadalen- 

&  à  fon  embouchure  elle  eft  fi  peu  profonde ,  qu'à  peine  tin  appellée  Fardes.    Les  Romains  l'ont  connue  fous  le 

a-t-elle  deux  ou  trois  pieds  d'eau.  nom  d'Acci.  Voyez  ce  mot.    Elle  eft  fort  grande  &c 

Nous  avons  remarqué  qu'elle  fe  cache  fous  terre ,  affez  fituée  fur  le  penchant  d'une  colline ,  au  milieu  d'une  vafte 


près  de  fa  fource ,  &  qu'elle  en  fort  au  lieu  nommé  les 
yeux  de  la  Guadiana.  Cela  a  donné  lieu  à  diverfes  con- 
jectures ,  entr'autres  ,  à  celle-ci  ,  que  le  nom  d'ANAS  , 
que  les  Latins  lui  out  donné,  &  qui  fignifie  un  canard, 
vient  de  la  reflemblance  de  l'immerfion  de  cette  rivière 
dans  la  terre ,  avec  un  canard  qui  fe  plonge  dans  l'eau , 
&  reparoît  à  quelque  diftance  de-là.  Mais  ils  n'ont  pas 
fait  réflexion  que  ce  nom  ne  convient  au  canard  qu'auno- 
minatif ,  &  qu'il  eft  différent  dans  tous  les  autres  cas. 
Cette  rivière  fait  anas ,  ance,  anam,ana.;  au  lieu  qu'a- 
ns ,  canard ,  fait  anatis ,  anati ,  anatem  & 


plaine ,  environnée  de  tous  côtés  de  hautes  montagnes  , 
&  arrofée  par  quatre  petits  ruiffeaux  ou  torrens.  Les 
mail'ons  n'y  font  pas  bien  bâties ,  &C  il  n'y  a  de  consi- 
dérable que  quelques  monatreres  &c  Féglife  cathé- 
drale qui  font  d'affez  beaux  édifices.  Le  voifinage  des 
montagnes  fait  que  l'air  n'y  eft  pas  fi  chaud  que  dans  le 
refle  du  royaume  ;  de-là  vient  qu'il  n'y  croît  ni  oran- 
gers ni  oliviers  ;  mais  cela  n'empêche  pas  que  le  terroir 
n'y  produife  d'autres  fruits  très-délicats,  de  fort  bon  grain, 
&  d'excellent  vin.  Les  vallées  ,  qui  font  au  pied  des 
montagnes  ,  font  fécondes  en  gras  pâturages 


qui  eft  une  preuve  que  les  anciens  n'ont  point  fongé  à  la     nourrit  quantité  de  bétail ,  qui  produit  un  revenu  confi- 


reflemblance ,  en  nommant  ainfi  la  Guadiana.  Le  favant 
Bochart ,  Geogr.  p.  2 ,  l.i,  c.  3  ^  ,  a  cru  trouver  mieux 
fon  compte  en  cherchant  une  étymologie  arabe  ,  dans 
le  mot  hanafa ,  qui  fignifie/è  cacher  ,  pour  paroître  bien- 
tôt de  nouveau  ;  mais  quel  commerce  les  Arabes  avoient- 
îls  en  Espagne  du  tems  des  Romains  ?  car  le  nom  anas 
eft  de  ce  tems-là  ;  il  eft  vrai  qu'il  croit  que  ce  pouvoit 


V ai. 


Etat  prélènt    de  l'Espagne. 


être  aufli 

auffi  n'en  être  pas.  Comme  les  conjectures  ne  lui  man- 
quent point ,  il  en  donne  une  autre  :  il  croit  que  ce  mot 
anas  pourroit  bien  venir  iïana  fc$JJ?  ,  qui  en  fyriaque 
fignifie  brebis,  parce  que,  dit-il,  il  y  a  beaucoup  de  pâ- 
'turages,  pour  les  brebis,  fur  les  bords  de  cette  rivière. 
Ce  font  des  conjectures  dont  on  fera  tel  cas  que  l'on 


dérable. 

p.\%S- 

■  Guadix  eft  le  fiége  d'un  évêché  fuffragant  de  Seville, 
quoique  fa  fituation  au  royaume  de  Grenade  femble  de- 
voir le  foumettre  au  fiége  de  Grenade.  Il  y  a,  dit  l'abbé 
de  Vairac,  t.  2,  p.  352,  des  Mémoires  qui  donnent  lieu 
de  croire  que  cet  évêche  fut  érigé  du  tems  que  les  Ro- 


de la  langue  punique  ;  mais  il  pouvoit  mains  dominoient  en  Espagne.  On  ne  trouve  pourtant, 
pourfuit-il,  ni  l'époque  de  fon  érection,  ni  les  noms  des 
évêques  qui  le  pofléderent  en  ce  tems-là.  S.  Torquat, 
martyr ,  dont  les  reliques  font  au  monaftere  de  Casa- 
nova, ordre  de  S.  Benoît ,  paroît  être  le  premier  qui 
ait  gouverné  cette  églife.  Les  Mores  s'étant  rendus  maî- 
tres de  Guadix  ,  en  chafferent  tous  les  Chrétiens ,  6c  le 
Tome  III.     Ffij 


2l8 


GUA 


GUA 


Mahométisme  y  régna  jusqu'en  12^0,  que  Ferdinand  III 
la  reprit  &  y  rétablit  la  religion  Chrétienne  ;  mais  peu 
de  teins  après  ,  les  infidèles  s'en  emparèrent  pour  la  fé- 
conde fois,  &  s'y  maintinrent  jusqu'en  1489,  que  Fer-  . 
dinand  le  Catholique,  &  la  reine  Ifabelle  ,  fa  femme, 
les  en  chafferent ,  &  y  rétablirent  le  fiége  épiscopal , 
par  le  miniftere  du  grand  cardinal  d'Espagne  D.  Pedro 
Gonzales  de  Mendoza ,  archevêque  de  Tolède. 

Le  chapitre  de  Guadix  eft  compofé  defix  dignitaires, 
de  fix  chanoines  &.  de  huit  prébendiers.  Le  diocèfe  s'é- 
tend fur  trente- fept  paroiffes.  L'évêque  jouit  de  huit 
mille  ducats  de  revenu.  Jouvin  de  Rochefort  dit ,  dans 
fon  Voyage  d'Espagne  ,  que  Guadix  eft  fituée  au  bord 
d'une  petite  rivière  qui  y  fait  de  grandes  prairies.  Ses 
rues ,  dit-il,  foiit  connoître  fon  antiquité.  Elles  font  étroi- 
tes &C  tournoyantes  ,  à  l'exception  de  celle  qui  aboutit 
à  la  grande  place ,  où  il  y  a  une  fontaine  avec  fon  bas- 
fin.  La  grande  églife  ,  dont  la  façade  fouftent  une  tour 
très-haute ,  eft  à  l'entrée  de  la  ville  où  paffe  un  bras  de 
la  petite  rivière ,  fur  laquelle  elle  eft  affife.  Le  couvent 
de  S.  .François  eft  affez  beau. 

GUAFO  ,  nom  de  la  ville  capitale  du  royaume  de 
Commendo  ,  en  Afrique.  Voyez  CoMMENDO. 

GUAGIDA,  ville  ancienne  d'Afrique,  au  royaume 
de  Tremecen.  Elle  eft  dans  une  agréable  plaine  ,  à  qua- 
torze lieues  de  la  mer ,  vers  le  midi ,  &:  à  pareille  dis- 
tance de  Tremecen.  Vers  le  couchant  de  ces  deux  côtés, 
elle  touche  au  défert  d'Anga  ,  &  le  territoire  y  abonde 
en  bleds  &  en  pâturages.  Ptoloinée  nomme  cette  ville 
Lanigara,  &  la  met  à  12  d.  de  longitude ,  &  à  33  d.  de 
latitude.  Elle  eft  fermée  de  bons  murs  fort  hauts ,  faits 
à  la  façon  de  ces  peuples ,  &  entourée  de  jardinages  &C 
de  vergers  que  l'on  arrofe  par  des  rigoles  qui  fe  tirent 
d'une  grande  fource  au-deffous  de  la  ville.  Cette  fource , 
paffant  à  travers ,  fe  va  rendre  dans  les  jardins ,  Se  de-là 
dans  la  rivière  de  Muluye.  Leurs  hiftoriens  racontent 
queGuagidaa  eu  autrefois  cinq  mille  habitais.  Les^  mos- 
quées Se  les  maifons  y  font  bâties  de  moilon  ,  lié  avec 
de  la  chaux.  Comme  elle  ne  voulut  point  fe  rendre  à 
Jofeph ,  roi  de  Fez  ,  de  la  lignée  des  Berimerinis ,  dans 
une  guerre  qu'il  eut  contre  celui  de  Tremecen  ,  il  la 
ruina ,  &c  elle  ne  fut  repeuplée  qu'en  1^15  ;  quand  Ho- 
rux  prit  Tremecen  ,|  Guagida  ayant  refufé  de  le  recon- 
noître ,  il  envoya  Escander.  Sur  l'avis  que  les  habitans 
reçurent  de  fa  venue  ,  ils  rompirent  un  pont ,  qui  étoit 
fur  la  Muluye  ,  croyant  que.  cela  fuffifoit  pour  les  défen- 
dre ;  mais  il  fit  abbatre  quantité  d'oliviers  ,  dont  il  y  a 
grand  nombre  en  ces  quartiers-là  ,  &  en  fit  un  pont 
en  les  rangeant  de  travers  les  uns  fur  les  autres.  Après 
qu'il  fut  paffé  avec  fes  troupes  ,  il  prit  la  ville ,  &  em- 
mena plufieurs  prifonniers  à  Tremecen.  Depuis  ce  tems- 
là  elle  s'eft  repeuplée  d'environ  deux  mille  cinq  cens  Bé- 
réberes.  Tout  le  refte  eft  dans  des  parcs.  Les  habitans 
font  fort  tourmentés  des  Turcs,  &  quelquefois  des  Ara- 
bes du  défert.  Le  peuple  s'habille  à  la  façon  des  Béré- 
beres  ,  mais  plus  proprement  que  ceux  des  montagnes. 
Ils  parlent  la  langue  du  pays  ,  &  preffent  fi  fort  leurs 
mots  ,  qu'à  peine  font-ils  entendus  des  autres.  On  trouve 
là  les  plus  belles  mules  d'Afrique  ,  que  l'on  mené  vendre 
à  Tremecen  &:  ailleurs.  *Marmol,  1.  5,c.  6. 

GUAHEDE,  lieu  d'Afrique  ,  dans  le  Biledulgerid. 
C'eft,  dit  Dapper,  Afrique,  />.  211  ,  une  habitation  à 
trois  journées  de  Sugulmeffe ,  vers  le  midi.  Elle  confifte 
en  trois  villes  &  quelques  villages  fur  la  rivière  de  Ghir. 
Les  habitans  font  iujets  des  ;  Arabes  ils  ont  peu  de  bled , 
mais  quantité  de  bonnes  dattes  ,  qu'ils  portent  vendre 
dans  la  Nigritie. 

1.  GUAIRA  ,|  (la)  province  de  l'Amérique  méridio- 
nale ,  dans  le  Paraguai ,  fur  la  rivière  de  Parana.  La 
capitale ,  qui  eft  au  bord  oriental  de  cette  rivière  ,  au- 
deffus  du  confluent  de  l'Italie ,  s'appelloit  Guaira  ou 
Ciudad  ;  mais  elle  eft  ruinée. 

2.  GUAIRA,  ville  du  Paraguai.  Voyez  l'article  pré- 
cédent. 

3.  GUAIRA,  port  de  l'Amérique  méridionale,  dans 
la  province  de  Venezuela ,  avec  un  château  fur  la  côte 
de  la  mer  du  nord  ,  à  trois  lieues  de  Sant-Jago  de  Léon. 
*  Baudrand,  éd.  1705. 

GUALATA-,  royaume  d'Afrique ,  dans  la  Nigritie, 
avec  une  capitale  de  même  nom  :  les  habitans  font 
nommés  Benais  ou  Benays.  Selon  De  l'Ifle ,  ce 


royaume  eft  borné  au  nord  par  les  Derveches ,  au  midi 
par  le  royaume  de  Zanhaga ,  ou  de  Senega  ;  à  l'orient ,  par 
une  chaîne  de  montagnes  ;  &:  au  couchant ,  par  la  rivière 
de  S.  Antoine  ou  de  S.  Jean ,  &  par  les  Ludayes.  Selon 
Dapper,  Afrique ,  p.  219,  il  n'y  a  que  quelques  places 
habitées,  comme  de  grands  villages  ;  on  n'y  recueille 
que  du  riz  &C  du  petit  millet ,  de  l'orge  &  des  dattes  : 
la  viande  y  eft  extrêmement  chère.  Ces  peuples  font  fort 
groffiers  ,  quoiqu'affez  francs  dans  le  commerce ,  &c  d'un 
bon  naturel  ;  ils  ont  accoutumé  de  fe  couvrir  le  vifage  , 
tant  les  hommes  que  les  femmes;  ils  n'ont  point  de  ju- 
ges ,  ni  d'autres  lettres  que  celles  des  Arabes  ,  &  la  plu- 
part mènent  une  vie  fort  fauvage  Si  fort  miférable.  Lors- 
que les  Senegues  étoient  maîtres  de  ce  royaume  6i  des 
autres  qui  font  voifins  ,  le  fiége  royal  étoit  à  Gualata, 
&:  grand  nombre  de  marchands  y  venoient  trafiquer  ; 
mais  fous  le  régne  de  Soni-Heli ,  qui  fut  fort  piaffant  , 
le  commerce  paffa  de-là  à  Gaogo  îk  à  Tombut.  Environ 
l'an  1526,  le  roi  de  Tombut  ayant  conquis  cet  état,  ce- 
lui qui  en  étoit  feigneur  fe  fauva  dans  les  déferts  ,  dans 
l'intérieur  du  pays  ;  mais  ce  conquérant  le  lui  rendit  en- 
fuite  ,  &  fe  contenta  de  quelque  tribut  :  ces  peuples  par- 
lent la  langue  de  Zungay ,  &£  adorent  le  feu. 

Sanut  dit  qu'il  y  a  une  ville  nommée  Hoden  ,  à  fix 
journées  du  Cap-blanc,  à  19  d.  30'  de  latitude  fepten- 
trionale  ;  mais  que  cette  place  n'eft  point  fermée  de  mu- 
railles, &:  qu'elle  n'eft.  faite  que  pour  la  commodité  des 
Arabes ,  &  des  caravanes  qui  vont  de  Tombut  en  Bar- 
barie. A  Hoden  les  habitans  nourriffent  du  bétail ,  ce 
qui  y  rend  la  viande  moins  rare  que  dans  le  refte  du 
pays-;  mais  s'ils  ont  des  chèvres,  des  chameaux  &  des 
autruches ,  dont  les  œufs  font  bons  à  manger  ,  ils  font 
en  revanche  fort  incommodés  des  lions  &  des  léopards. 

Baudrand  donne  à  ce  royaume  une  ville  de  même 
nom. 

1.  GUALDO  ,  bourg  &  château  d'Italie,  dans  l'état 
de  l'églife  ,  &t  dans  la  marche  d'Ancone  ,  au  pied  du 
mont  Apennin  ,  &c  aux  frontières  de  l'Ombrie  ,  entre 
Gubio  au  couchant ,  &  Nocera  au  levant.  Ce  bourg  a 
été  bâti  en  1 180 ,  des  ruines  de  la  ville  de  Tadinum  , 
félon  Jacobille  cité  par  Baudrand  ,  édit.  1682.  Voyez 
Tadinates. 

2.  GUALDO  ,  feigneurie  de  Suiffe  au  pays  des  Gn- 
fons  ;  elle  appartient  à  l'abbeffe  de  Munfter  ,  &c  eft  fituée 
dans  le  Munfterthal.  *  Etat  &  Délices  de  la  Suijfe  , 
t.  4,  p.  69. 

GUALËOR  ;  quelques-uns  écrivent  Goualeor  i 
comme  il  fe  prononce  ,  ou  Gualor  ,  grande  ville  de 
l'Indouftan  ,  dans  la  province  de  même  nom  ,  dont  elle 
eft  la  capitale.  Cette  ville  eft  bâtie  le  long  d'une  mon- 
tagne qu'elle  a  au  couchant ,  &  eft  vers  le  haut  envi- 
ronnée de  montagnes  ,  avec  des  tours.  Il  y  a  dans  cet 
enclos  quelques  étangs  que  forment  les  pluies ,  &  ce  que 
l'on  y  feme  fuffit  pour  nourrir  la  garnifon  ;  cela  fait  paffer 
cette  place  pour  une  des  meilleures  des  Indes.  Sur  la  pente 
de  la  montagne  qui  regarde  le  nord-oueft ,  le  Grand- 
Mogol  Cha-Jehan  fit  bâtir  une  maifon  de  plaifance  ,  qui 
peut  fervir  de  fortereffe  à  la  ville  :  au  bas  de  cette  maifon 
font  plufieurs  idoles  de  bas-relief  taillées  dans  le  roc  , 
parmi  lesquelles  il  y  en  a  une  d'une  grandeur  extraordi- 
naire. "La  fortereffe  de  Gualeor  eft  le  lieu  où  les  rois 
Mahometans ,  depuisqu'ils  font  maîtres  du  pays  ,  envoient 
les  princes  Se  les  grands  feigneurs  dont  ils  veulent  s'affu- 
rer.  Aureng-Zeb  y  envoya  le  prince  Morat  Bakche  ,  fon 
plus  jeune  frère  ,  auffi-tôt  qu'il  l'eut  en  fon  pouvoir.  Ce 
prince  y  étant  mort ,  peu  de  tems  après  ,  on  lui  fit 
dans  la  ville  une  fépulture  affez  magnifique  ,  dans  une 
mosquée  qu'on  bâtit  exprès  avec  une  grande  place  au-* 
devant  toute  entourée  de  voûtes  ,  fous  lesquelles  il  y  3 
plufieurs  boutiques  :  c'eft  la  coutume  des  Indes  ,  quand 
on  fait  un  édifice  public  ,  de  faire  auffi  après  une  grande 
place ,  pour  y  tenir  le  marché ,  avec  une  fondation  pour 
les  pauvres  à  qui  on  donne  tous  les  jours  l'aumône.  Taver- 
nier ,  qui  fournit  ces  détails  ,  dit  qu'il  y  paffe  une  petite 
rivier.e.  Thevenot  ,  Voyages' des  Indes  ,  c.  41  ,  écrit 
GuALEAR  ,  &  la  comprend  avec  fon  pays  ,  dans  la 
province  de  Malva.  Selon  De  Flfle  ,  Atlas  ,  la  province 
de  Gualeor  eft  bornée  au  nord  &  au  couchant  par  celle 
d'Agra  ;  à  l'orient  &  au  midi.  par.  celle  de  Narva.  *  Taver-. 
nier  ,  Voyages  des  Indes ,  /.  1 ,  c.  4. 

GUALID,  montagne  d'Afrique,  au  royaume  de  Fez  j 


GUA 


GUA 


c'eft  la  même  chofe  que  Benigualid  ou  Beniguelid  ; 
Marmol  la  décrit  ainfi,./.  4,  c.  85.  C'eft  une  montagne 
fort  haute  ôc  fi  rude  ,  qu'on  a  peine  à  y  voyager  ;  elle 
eft  habitée  d'un  peuple  riche  6c  bien  vêtu  ,  qui  n'eft 
point  chargé  d'impôts.  Il  y  a  plufieurs  vignes  de  raifins 
noirs  fort  excellens  ,  qu'on  fait  fécher  ,  ôc  dont  on  fait 
de  très-bon  vin.  Il  y  a  auffi  beaucoup  d'oliviers  ,  de 
figuiers  ôc  d'amandiers.  Les  habitans  ont  ce  privilège  du 
roi  de  Fez  ,  qu'ils  font  confirmer  à  chaque  changement 
de  prince  ,  qu'on  ne  peut  aller  prendre  un  criminel  qui 
fe  retire  parmi  eux  :  on  ne  leur  veut  pas  ôter  ce  droit , 
parce  qu'on  a  intérêt  de  les  contenter  ;  car  s'ils  venoient 
à  fe  foulever  ,  on  aurait  bien  de  la  peine  à  les  réduire  , 
à  caufe  de  la  difficulté  des  avenues  de  leur  montagne  , 
où  il  y  a.foixanre  bons  villages  ,  qui  font  plus  de  fix 
mille  hommes  de  combat  ,  ôc  le  pays  rapporte  tout  ce 
qui  eft  néceflaire  pour  l'entretenir  ,  fans  avoir  befoin 
d'en  aller  chercher  ailleurs.  Lorsqu'ils  trafiquent  à  Fez  , 
ou  quelqu' autre  part ,  fi  on  leur  fait  tort  ,  ils  ne  s'amu- 
fent  point  à  en  demander  juftice  ;  mais  vont  prendre 
quelque  parent  de  celui  qui  les  a  ofFenfés  ,  oc  ne  le 
relâchent  point  qu'on  ne  les  ait  fatisfaits  :  s'ils  ne  vou- 
loient  point  aller  à  Fez ,  ils  ne  payeroient  aucun  tribut  , 
ÔC  ne  payent  pas  trois  réaies  par  an  pour  chaque  feu. 
Mais  ceci  peut  avoir  changé  depuis  que  le  royaume  de 
Fez  eft  fous  la  domination  de  l'empereur  de  Maroc. 

GUALLAGA ,  rivière  de  l'Amérique  méridionale.  Elle 
prend  fa  fource  ,  ainfi  que  la  rivière  des  Amazones  ,  à 
l'eft  de  Lima ,  &  ,  prenant  fon  cours  vers  le  nord  ,  elle 
fe  rend  dans  l'Amazone  ,  cinq  lieues  au-deffous  de  la 
Laguna  qu'elle  arrofe.  Son  embouchure  a  environ 
2.50  toifes.  C'eft  par  cette  rivière  que  Pedro  de  Urfoa 
entra  dans  l'Amazone. 

GUALTIERI ,  ou  Gualtiere  ,  bourgade  d'Italie  , 
dans  l'état  du  duc  de  Modene  ,  dans  la  partie  feptentrio- 
nale  du  duché  de  Reggio  ,  aux  confins  du  duché  de 
Guaftalla  ,  fur  la  route  de  Guaftalla  à  Parme  ,  ôc  à 
peu  de  diftance  de  Berfello.  *  Théâtre  de  la  guerre  en 
Italie. 

GUAM  ,  Guan  ,  ou  Guahan  ,  la  première  6c  la 
plus  méridionale  des  ifles  des  Larrons  y  ou  ,  ce  qui  eft 
la  même  chofe ,  des  ifles  Mariannes ,  félon  le  P.  Gouye  , 
Objervat.  phyjîques  &  mathem.  Elle  a  quarante  lieues 
de  tour  ,ôc  la  latitude  feptentrionale  eft  de  13  d.  2Ç; 
félon  le  P.  Morales ,  Jéfuite  Espagnol  ,  [qui  a  été  long- 
tems  millionnaire  dans  ces  ifles  :  il  ajoute  qu'elle  eft  à 
fept  lieues  de  Rota  ou  Sarpana  ;  par  une  fupputation 
inférée  dans  le  même  mémoire  ,  la  longitude  de  cette 
ïfle  eft  de  itfà.  io'.  Le  capitaine  Dampier  ,  Voyages 
autour  du  monde  ,  c.  10  ,  t.  1  ,  p.  307  ,  qui  a  parcouru 
ces  ifles ,  les  décrit  ainfi  :  L'ifle  de  Guam  ou  de  Guahon , 
comme  prononcent  les  Indiens  naturels,  eft  une  des  ifles 
des  Larrons  ,  &C  appartient  aux  Espagnols  qui  y  ont 
un  petit  fort  avec  fix  canons  ,  un  gouverneur  Si  vingt 
ou  trente  foldats  ;  c'eft-là  que  fe  rafraîchifîent  leurs  vaif- 
feaux  des  Philippines  ,  qui  vont  d'Acapulco  à  Manille  ; 
mais  pour  le  retour  les  vents  ne  leur  laiffent  pas  aifément 
reprendre  cette  route.  Les  Espagnols  on  auflî  nommé 
Guam  I'Isle  Marie  ;  elle  a  environ  douze  lieues  de 
long  5c  quatre  de  large ,  eft  fituée  au  nord  ôc  au  fud  ,  ôc 
eft  paflablement  élevée  ôc  plate. 

De  loin  elle  paroît  plate  ôc  unie  ;  mais  à  mefure  qu'on 
en  approche  ,  on  s'apperçoit  qu'elle  penche  du  côté  de 
l'eft  qui  eft  le  plus  élevé  ;  elle  eft  défendue  par  des 
rochers  escarpés  qui  arrêtent  la  violence  de  la  mer ,  qui 
y  bat  continuellement ,  étant  pouffée  par  les  vents  alifés  ; 
an  ne  fauroit  ancrer  de  ce  côté-là  :  à  l'occident  elle 
eft  allez  baffe  ôc  pleine  de  baies  fablonneufes  ,  divifées 
par  autant  de  pointes  de  rochers  :  le  terroir  eft  rougeâtre , 
aride  ôc  paflablement  fertile.  Les  principaux  fruits  qu'elle 
produit ,  font  du  riz  ,  des  pommes  de  pin  ,  des  melons 
d'eau ,  des  melons  musqués ,  des  oranges  ,  des  citrons  , 
des  noix  de  Cacao  ,  ÔC  une  forte  de  fruit  .que  nous  nom- 
mons fruit  à  pain. 

Les  gens  du  pays  font  robuftes  ,  ôc  ont  les  membres 
gros  6c  bien  formés  :  ils  font  noirâtres  comme  les  autres 
Indiens ,  ont  les  cheveux  noirs  6c  longs  ,  les  yeux  mal 
proportionnés  ,  le  nez  grand  ,  les  lèvres  groffes  ,  ôc  les 
dents  paflablement  blanches  :  ils  ont  le  vifage  long  6c 
l'air  féroce.  Cependant  nous  les  trouvâmes  civils  6c 
obligeant  ;  il  y  en  a  plufieurs  d'incommodés  d'une 


229 

espèce  de  lèpre ,  maladie  fort  commune  à  Mir.danao  : 
les  Guamois  font  fort  fains  ,  à  cela  près  ,  6c  fur-tout 
durant  la  faifon  lèche  ;  mais  durant  les  humidités ,  qui 
viennenten  Juin  ,  ô:  durent  jusqu'en  Ocïobre  ,  l'air 
eft  plus  épais  ôc  plus  mal-fain  ,  ce  qui  caufe  des  fièvres  ; 
cependant  les  pluies  n'y  font  ni  violentes,  ni  longues  ;  car 
cette  ifle  eft  tellement  à  l'oueft  ,  6c  fi  éloignée  des  ifles 
Philippines,  ou  des  autres  terres  ,  qu'il  eft  rare  que  les 
vents  d'oueft  lbuffient  fi  loin  ;  6c  quand  ils  y  foufflent  , 
ce  n'eft  pas  pour  long-tems  ;  mais  les  vents  d'eft  ,  qui 
font  fecs  6c  fains ,  y  foufflent  continuellement.  Il  n'y  s 
point  de  gens  au  monde  plus  ingénieux  que  les  Guamois 
à  faire  des  chaloupes  ,  6c  ils  ne  font  pas  moins  expéri- 
mentés à  les  mener  qu'à  les  conftruire.  J'ai  entendu  dire 
qu'ils  alloient  de  Guam  à  une  des  ifles  Mariannes  ,  qui 
en  eft^ éloignée  de  trente  lieues  ;  qu'ils  y  font  leurs  affai- 
res ,  6c  reviennent  en  moins  de  douze  heures.  On  m'a 
dit  qu'un  de  ces  bâtimens  ayant  été  envoyé  exprès  à 
Manille  ,  c'eft-à-dire  à  plus  de  quatre  cens  lieues  de 
Guam  ,  il  fit  le  voyage  en  quatre  jours.  On  fe  fert  de 
ces  bateaux  ou  pros  en  plufieurs  endroits  des  Indes  orien- 
tales ;  mais  ils  ont  un  ventre  6c  un  petit  bateau  cha- 
que côté. 

Les  maifons  des  Guamois  naturels  font  petites  ,  pro- 
pre ,  6c  bien  couvertes  de  feuilles  de  palmiers.  Ils 
demeurent  enfemble  du  côté  de  l'oueft  dans  les  villages 
maritimes ,  6c  ont  des  prêtres  Espagnols  pour  les  inftnure 
dans  la  religion  Chrétienne. 

A  l'oueft  tirant  vers  le  midi ,  les  Espagnols  ont  un 
petit  fort ,  avec  fix  pièces  de  canon  ,  un  gouverneur  , 
ôc  vingt  ou  trente  foldats  de  leur  nation.  Voilà  tout  ce 
qu'il  y  a  d'Espagnols  dans  l'ifle  ,  à  deux  ou  trois  prêtres 
près.  Peu  de  tems  avant  notre  arrivée  ,  les  habitans 
s'étoient  foulevés  contre  les  Espagnols  ,  6c  en  avoient 
tué  plufieurs  ;  mais  enfin  le  gouverneur  l'emporta  avec 
fa  gnrnifon  ,  6c  les  chaffa  du  fort.  Les  Indiens  fe  voyant 
fruftrés  de  leurs  espérances  ,  ruinèrent  les  plantations  ôc 
pafferent  enfuite  aux  autres  ifles.  Il  y  avoit  alors  dans 
cette  ifle  trois  à  quatre  cents  Indiens  ;  mais  à  préfent  ils 
ne  font  pas  plus  de  cent ,  car  tous  ceux  qui  étoient  de 
cette  conspiration  s'enfuirent.  Quoique  ceux  qui  réitè- 
rent ,  n'euffent  pas  de  part  à  la  conspiration  ,  ils  n'en 
font  pas  pour  cela  mieux  intentionnés  pour  les  Espa- 
gnols ;  car  ils  nous  offrirent  de  nous  mener  au  fort ,  ÔC 
de  nous  aider  à  conquérir  l'ifle  ;  mais  le  capitaine  Swan. 
ne  fut  pas  d'avis  d'accepter  leur  propofition.  Wodes 
Rogers  ,  Voyages  autour  du  monde ,  t.  2  ,  p.  Sx  ,  en 
parle  un  peu  différemment.  Cette  ifle  ,  dit-il  ;  peut  avoir 
quarante  lieues  de  circonférence.  L'ancrage  eft  à  l'oueft 
ôc  vers  le  milieu  il  y  a  une  grande  anfe  ,  avec  plufieurs 
maifons  bâties  à  l'Espagnole  ,  où  les  officiers  ôc  l'équi- 
page du  vaiffeau  d'Acapulco  fe  viennent  rafraîchir  lors- 
qu'ils retournent  à  Manille.  Il  y  a  environ  trois  cents 
Espagnols  fur  cette  ifle  ,  ou  celles  du  voifinage  ,  ôc  la 
plupart  des  naturels  du  pays  font  leurs  Profélytes.  Us  ont 
huit  curés  ou  prêtres  ,  dont  fix  tiennent  école  ,  Ôr  font 
les  tonifions  curiales.  Us  ont  auffi  des  maîtres  d'école 
Mulâtres  ôc  Indiens  qui  entendent  l'espagnol  ,  ôc  qui 
l'ont  enfeigné  à  presque  tous  les  naturels  du  pays.  Les 
Espagnols  difent  qu'il  y  a  une  chaîne  d'ides  qui  courent 
d'ici  au  Japon  ,  entre  lesquelles  piufieurs  abondent  en 
-  or.  L'ifle  de  Guam  eft  fort  montagneufe  ;  ôc  l'on  y  trouve 
quantité  d'excellente  eau  d'oranges  ,  de  limons  ,  de 
citrons  ,de  melons  d'eau  ôc  musqués,  dont  les  Espa- 
.  gnols  y  ont  porté  la  femence.  On  y  a  des  boeufs  qui 
font  maigres  ,  petits  ,  ôc  presque  tous  blancs  ,  ôc  des 
cochons  dont  la  chair  eft  ferme  ôc  excellente  ,  parce 
qu'ils  ne  fe  nourriffent  que  de  noix  de  coco.  L'indigo  y 
croît  en  fi  grande  abondance,  que  fi  les  habitans  avoient 
de  l'induftie  ôc  des  chaudières  pour  le  faire  bouillir  ,  ils 
en  tireraient  un  grand  profit  ;  mais  éloignés  de  tout  com- 
merce ,  ils  n'en  font  aucun  ufage  ;  ôc  contens  du  fimple 
néceflaire  ,  ils  ne  cultivent  que  ce  qu'il  leur  faut  pour 
fubfifter.  L'argent  y  eft  rare.  Il  y  a  environ  deux  cents 
foldats  qui  reçoivent  tous  les  ans  leur  paye  de  Manille 
par  la  voie  d'un  petit  vaiffeau  qui  leur  apporte  des  habits  , 
du  fucre  ,  du  riz  ôc  du  vin  ;  c'eft  ce  qui  les  a  ensi?."-és 
depuis  peu  à  femer  du  riz  dans  leurs  vallées  ,  ôc  à  mieux 
cultiver  la  terre.  Le  vent  réglé  y  fouffle  toujours  du  f'ud- 
eft,  excepté  pendant  la  moufonde  l'oueft,  qui  dure  depuis 
la  mi-Juin  jusqu'à  la  mi-Août,    ' 


2  30 


GUA 


CUA 


Le  gouverneur  demeure  au  -  nord  de  l'ifle  ,  où  il 
y  a  un"  couvent ,  &  un  petit  village  qui  eft  la  principale 
habitation  des  Espagnols.  Ils  font  obligés  de  fe  marier 
avec  les  Indiennes  faute  d'Espagnoles.  Les  Guamois 
ont  de  la  vigueur  ,  la  taille  avantageufe  ,  Se  le  teint 
d'un  brun  olivâtre  :  ils  vont  tout  nuds  ,  à  la  réferve 
d'un  torchon  qui  leur  pend  au  derrière  ,  &t  les  fem- 
mes portent  de  petits  jupons.  Ils  font  fort  adroits  à 
tirer  de  la  fronde  ,  où  ils  mettent  des  pierres  d'argille 
de  figure  ovale  ,  qu'ils  féchent  au  feu  ,  &  qui  de- 
viennent auffi  dures  que  du  marbre.  Ils  tirent  fi  jufte  , 
à  ce  que  difent  les  Espagnols  ,  qu'ils  ne  manquent 
presque  jamais  leur  but  ,  quelque  petit  qu'il  foit  ;  & 
îe  coup  a  tant  de  force ,  qu'ils  peuvent  tuer  un  homme 
à  une  bonne  diftance.  Ils  n'ont  d'ailleurs  pour  toutes 
armes  qu'un  bâton  ou  une  lance  faite  de  bois  le  plus  pefant 
qui  fe  trouve  dans  l'ifle. 

Le  fruit  qui  leur  fert  de  pain,  eft  ce  qu'il  y  a  de  plus 
remarquable  fur  cette  ifle  :  l'arbre  qui  le  porte ,  eft  fort 
gros  ,  &  fes  feuilles  ,  qui  reflemblent  un  peu  à  celle  du 
figuier ,  font  presque  auffi  grandes ,  mais  de  couleur  brune. 
C'eft  une  allez  groffé  pomme  fans  noyau  ;  l'intérieur 
refîemble  à  une  patate  féche  :  on  le  rôtit  ;  &  quand  la 
croûte  en  eft  levée  ,  le  dedans  refîemble  à  une  mie  de 
pain  de  fort  bon  goût.  Ces  arbres  rapportent  tant  de 
fruit  dans  la  faifon  ,  qu'on  en  engraiffe  les  cochons. 

GUAMA  ,  petite  rivière  de  l'Amérique  méridionale  , 
au  Brefil  ,  dans  la  capitainerie  de  Para.  Elle  prend  fa 
fource  au  levant  de  Para  ,  &  vient  fe  rendre  au-deffus 
de  cette  ville  ,  dans  la  rivière  de  Capi  ,  qui  plus  bas  fe 
jette  dans  le  Muju.  Carte  de  l'Amérique  méridionale  par 
ce  la  Condamine.  *  De  Lait ,  Ind.  occid.  /.  10  ,  c.  21. 

GUAMANGA  ,  ville  Se  province  de  l'Amérique 
méridionale  ,  au  Pérou  ,  dans  l'audience  de  Lima. 
C'eft  ,  dit  Frefier  ,  Voyage  de  la  mer  du  fud  ,  p.  323  , 
une  ville  épiscopale ,  à  quatre-vingt  lieues  de  Pisco.  On 
dit  qu'elle  enferme  environ  dix  mille  communians.  Son 
principal  commerce  confifte  en  cuirs  ,  en  boëtes  de  con- 
fitures ,  de  pâtes  ,  marmelades  ,  gelées  ,  cotignac  ,  & 
autres  qui  font  les  plus  eftimées  du  royaume  ,  où  il  s'en 
fait  une  confommation  confidérable.  On  y  fait  auffi  des 
pavillons  qui  fervent  de  rideaux  pour  les  lits ,  dont  il  y  a 
«ne  célèbre  manufacture  ,  &c  de  plufieurs  fortes  d'ou- 
vrages de  cuirs  étampés  Sr.  dorés.  Elle  eft  fituée  au  pied 
d'une  haute  montagne  ,  dans  un  plat  pays  fort  fain  & 
fertile  en  toutes  fortes  de  denrées. 

De  Laët ,  Ind.  occid.  1.  10  ,  c.  29  ,  &C  30  ,  en  parle 
ainfi  :  les  naturels  du  pays  font  de  taille  médiocre  ,  de 
couleur  brune  ,  8r_  d'un  esprit  pefant  Se  parefleux.  On 
tient  que  le  nombre  de  ceux  qui  y  payent  tribut  monte 
à  trente  mille.  La  province  abonde  en  mines ,  Se  il  s'y 
en  trouve  d'or  &  d'argent ,  d'argent  vif ,  de  cuivre  ,  de 
fer  ,  de  foufre  &  d'aimant.  La  ville"  qu'où  appelle  Gua- 
manga  ,  &  que  quelques-uns  nomment  S.  Juan  de  la 
Vktoria ,  eft  fituée  fur  la  hauteur  de  treize  degrés  de  la 
ligne  vers  le  fuel  ,  à  dix-huit  lieues  des  montagnes  des 
Andes  ,  &  à  foixante-dix  de  Lima  vers  le  fud-eft ,  dans 
une  plaine  ouverte  ,  au  pied  de  quelques  petites  monta- 
gnes qui  s'étendent  d'une  fuite  continue  vers  le  fud  de 
la  ville.  Les  maifons  y  font  presque  toutes  de  pierres  ,  ; 
&  couvertes  de  tuiles.  Il  y  a  trois  églifes  &  divers  cou- 
vents de  religieux  ,  plufieurs  confréries  d'Indiens  & 
d'Espagnols  ,  Si  une  de  Nègres  ,  avec  un  hôpital  des 
plus  beaux  qui  foient  dans  ces  quartiers-là.  L'air  y  eft 
fort  fain  ,  &  aflez  tempéré.  Les  Espagnols  ont  aux  envi- 
rons plufieurs  métairies ,  où  ils  nourriflent  de  grands  trou- 
peaux de  brebis.  La  plus  grande  rivière  de  ce  pays 
s'appelle  Vinoque.  On  voit  fur  les  bords  le  refte  de  quel- 
ques édifices  anciens  ,  que  les  fauvages  difent  avoir  été 
bâtis  autrefois  par  une  autre  nation  ;  ce  qui  donne  lieu 
de  le  croire  ,  c'eft  que  leur  architecture  eft  fort  diffé- 
rente de  celle  que  les  rois  du  Pérou  ont  fuivie  depuis.  Les 
champs  voifins  de  cette  rivière  produifent  une  grande 
quantité  de  froment  ,  dont  on  fait  d'excellent  pain.  A 
neuf  lieues  ou  environ  de  Guamanga  vers  le  nord-oueft  , 
font  les  fameufes  mines  de  Guancabelica ,  que  les  Espa- 
gnols appellent  El  Affiento  de  Oropefa.  On  en  tire  beau- 
coup d'argent  vif.  Cette  forte  de  métal  étoit  entièrement 
inconnue  aux  naturels  du  Pérou  :  ils  tiraient  feulement 
le  minium ,  qu'ils  nommoient  limon,  &  dont  ils  fe  pei- 
gnoient  le  corps  ,  comme  ib  font  encore  aujourd'hui  , 


par  ornement.  Ils  ont  miné  pour  cela  plufieurs  cavernes 
au  dedans  des  montagnes  par  de  longs  espaces.  Elles  ont 
tant  de  détours,  qu'on  a  peine  à  en  trouver  la  fortie,  quand 
on  s'y  eft  engagé  un  peu  avant.  Les  Espagnols  ,  non 
plus  qu'eux  ,  ne  connoiffent  pas  l'argent  vif  qui  eft  con- 
tenu dans  les  veines  de  ce  minium.  Ce  fut  Henriques 
Garcias  ,  Portugais ,  qui  examinant  une  pierre  de  Limpi 
qu'il  avoit  reçue  d'un  Indien  ,  jugea  que  c'étoit  une 
mine  femblable  à  celle  dont  on  tire  en  Espagne  8t  le 
vermillon  &  l'argent  vif.  L'effai  lui  fit  voir  qu'il  avoit 
eu  raifon  de  le  croire.  Les  mines  des  Palcas  ,  dans  le 
territoire  de  la  ville  de  Guamanga ,  ayant  été  ainfi  décou- 
vertes ,  les  Espagnols  y  accoururent  en  grand  nombre 
pour  en  tirer  de  l'argent  vif,  qu'ils  transportèrent  en  la 
nouvelle  Espagne  ,  où  l'on  purge  la  mine  d'argent  avec 
ce  métal  ,  ce  qui  rendit  ce  lieu  fort  peuplé.  Entre  ces 
mines ,  on  eftime  celles  qu'on  nomme  d'Amador  Cabrera  : 
c'eft  un  dur  rocher,  rempli  d'une  infinité  déveines  d'ar- 
gent vif  qui  courent  par  toute  la  mafle  :  il  a  quatre-vingt 
aunes  d'Espagne  de  long  ,  quarante  de  large  ,  &  il  eft 
creufé  de  tous  côtés  de  quatre-vingt  coudées  de  profon- 
deur ;  de  forte  que  trois  cens  mineurs  y  peuvent  tra- 
vailler tous  à  la  fois.  On  tire  tous  les  ans  des  mines  de 
Guancabelica  pour,  un  million  de  livres  d'argent  vif 
qu'on  mené  par  terre  à  Lima  ,  puis  à  Arica  ,  &  de-là 
à  Potofi. 

GUAN.  (rifle  de)  Voyez  Guam. 

GUANABE  ,  petite  ifle  de  l'Amérique  ,  au  couchant 
de  l'ifle  de  Saint-Domingue  ,  au  nord  du  petit  Gouave  &î 
du  quartier  du  fud. 

GUANAHANI ,  (  l'IslE  de  )  ou  l'ifle  de  Saint-Sau- 
veur ,  ifle  de  l'Amérique  feptentrionale  ,  &  l'une  des 
ifles  Lucayes  ,  dans  la  mer  du  nord  :  elle  eft  fituée  à  1 3  d. 
de  latitude  feptentrionale.  Ce  fut  la  première  terre  que 
Chriftophe  Colomb  découvrit  dans  le  nouveau  monde 
le  12e  Odtobre  1492  :  il  la  nomma  l'Isle  DeSaint- 
Sauveur  ,  parce  qu'il  fauva  fa  vie  par  cette  découverte  , 
&  fe  délivra  heureufement  de  la  perfécution  des  Espa- 
gnols qui  le  vouloient  tuer  ce  jour-là  même  ,  Se  s'en 
retourner  en  Espagne  fans  avoir  rien  fait ,  s'il  n'avoit 
heureufement  découvert  cette  terre  qui  eft  à  l'eft  de 
celle  d'Yuma,  &  au  nord  deTriangulo  Se  de  Guanima, 
avec  un  aflez  bon  port.  Les  Anglois  l'appellent  Gum- 
BOA  ,  &  ceux  du  pays  Cuzeatelan  ;  mais  elle  n'eu 
peuplée  que  des  naturels  de  ces  ifles.  *  Baudrand ,  édit. 
1705. 

GUANAIA  ,  ifle  de  l'Amérique  ,  dans  le  golfe  de 
Honduras ,  à  fix  ou  fept  lieues  du  cap  auquel  elle  eft 
oppofée  vers  le  nord-oueft.  Elle  va  en  penchant  vers  le 
nord  ,  Se  le  rivage  n'y  a  point  de  havre.  Vers  le  fud 
elle  a  deux  ports  où  il  n'eft  pas  facile  d'entrer  à  caufe 
des  rochers  &  des  bancs  de  fable.  Cette  ifle ,  du  tems  de 
Laët  ,  étoit  habitée  par  des  fauvages  ,  8c  par  quelques 
Espagnols  ;  8e  l'on  y  trouve  ,  dit-il ,  /.  17  ,  c.  18  ,  des 
brebis  ,  des  poules  Se  des  perroquets  en  abondance. 
Chriftophe  Colomb  ,  qui  la  découvrit  le  premier  , 
l'avoit  appellée  l'ifle  des  Pins  ,  à  caufe  de  la  quantité  de 
ces  arbres  qu'il  y  vit  ;  mais  elle  a  retenu  jusqu'à  préfent 
le  nom  fauvage  de  Guanaya.  De  cette  ifle  jusqu'à  celle 
de  Guayava  ,  ou  Guyama  ,  (  apparemment  la 
même  que  De  l'ifle  appelle  Ruatan  )  on  compte 
trois  ou  quatre  lieues  ,  Se  fix  jusqu'à  Utiln  ?  qui  a  cinq 
ou  fix  lieues  de  circuit  ,  qui  eft  toute  baffe  8c  pleine  d« 
bois.  Il  y  en  a  quelques  autres  plus  petites  qui  font  com- 
prifes  auffi  fous  le  nom  d'ifles  Guanayas  ;  favoir  Gauy- 
dia  ,  Helen  ,  8c  San-Francesco.  Toutes  ces  ifles 
rempliffent  le  GOLFE  DE  GUANAYAS  qui  eft  dans  le 
fond  de  la  baie  de  Hondutas  ;  il  commence  à  la  pointe 
del  Negro.  On  transporte  dans  ce  golfe  ,  fur  des  mulets  , 
les  marchandifes  de  l'audience  de  Guatimala  ,  pour  les 
charger  fur  les  vaiffeaux  -d'Espagne  qui  ont  coutume  d'y 
arriver  tous  les  ans. 

if  GUANAPE  ,  port  de  la  mer  du  fud  ,  dans  l'Amé- 
rique méridionale  ,  au  Pérou  dans  l'audience  de  Lima  , 
au  midi  de  Truxillo ,  *  Atlas  Robert  de  Vaugondy.  De 
Lait  ,  Ind.  occid.  /.  10,  c.  3 1. 

2.  GUANAPE  ,  vallée  de  l'Amérique  méridionale  , 
au  Pérou ,  à  l'orient  du  port  de  même  nom.  Elle  a  été 
fort  peuplée.  La  bonté  d'une  boiffon  appellée  chica ,  qui 
fe  faifoit  dans  cette  vallée,  la  rendoit  célèbre.  Les  natu- 
rels y  font  à  prefent  en  petit  nombre.  Il  y  a  un  port  où 


GUA 


GUA 


les  navires  qui  viennent  de  Panama  ont  accoutumé  d'abor- 
der pour  prendre  ce  qui  eft  néceffaire.  C'eft  le  même 
port  dont  on  vient  de  parler  dans  l'article  précèdent. 
De  Lait.  Ind.  occid./.  10  ,  c.  il. 

3.  Le  Farellon  de  GUANAPE  ,  Se 

4.  L'Isle  de  GUANAPE;  le  Supplément  deWodes 
Rogers  ,  p.  39  ,  en  parle  ainfi  :  du  port  de  Guanchaco 
à  la  montagne  de  Guanape  qui  eft  fous  le  8e  d.  30'  de 
latitude  méridionale  ,  il  y  a  neuf  lieues  ,  cours  nord- 
nord-oueft ,  Se  fud-fud-eft.  A  moitié  chemin  on  trouve 


231 


une  fontaine  ,  dont  l'eau  fe  pétrifie  fi  facilement  Se  fî 
vite ,  que  la  plupart  des  maifons  de  la  ville  en  font  bâ- 
ties. J'en  ai  vu,  dit  l'auteur  cité,  quelques  pierres  à  Lima, 
qu'on  y  avoit  transportées.  Elles  font  blanches,  un  peu 
jaunâtres ,  légères  &  affez  dures. 

GUANCHACO  ou  GouancHAQ  ,  comme  écrit 
De  l'Ifle ,  Port  de  la  mer  du  fud  dans  l'Amérique  mé- 
ridionale ,  fur  la  côte  du  Brefil ,  fous  le  8e  d.  de  latitude 
méridionale,  à  quatorze  lieues  de  Makbrigo,  Se  à  neuf 
de  la  montagne  de  Guanape.    L'auteur  du  Supplément 

avis 


une  grande  baie  avec  une  montagne  au  milieu    qu'on  aux  Voyages  de  Vodes  Rogers ,  p.  39,  donr 

appelle  Mono  de   Carretas  ;  la  côte  eft  faine  &  baffe  aux  navigateurs  :  à  deux  lieues  ou  environ  en-deçà  de 

près  de  la  mer.    Il  ne  faut  pas  mouiller  clans  cette  baie  ,  Guanchaco,  (en  venant  au  nord,)  vous  verrez  une  pointe 

à  moins  que  la  néceffité  n'y  oblige  ,   parce  que  la  mer  de  terre,  qui  s'élève  par  degrés  vers  le  pays,   Se  tombe 

y  eft  fort  rude.  En-deçà  de  Guanape  on  voit  un  gros  enfuite  tout  d'un   coup  ;  enforte  qu'elle  paroît  d'abord 

rocher ,   qu'on   appelle  Farellon  de  Guanape  ,   &  au-  plus  haute  que  ces  montagnes ,  Se  qu'il  femble  y  avoir  à 

delà  de   ce  rocher  une  petite  ifle  avec  un  bon  canal  la  fin  un  précipice  entre  deux  :  fi  vous  touchez  à  ce  ha- 

entre  deux  ,  où  le  fond  eft  net.   Le  cap  de  Guanape  vre ,  allez-y  la  fonde  à  la  main  ;  Se  lorsque  vous  verrez 

qui  eft  environné    de    la  mer    Se    de    plufieurs   petits  l'églife,  qui  eft  dans  la  ville  ,  donnez  fond,  Se  vous  au- 

rochers  ,   peut  avoir  une  demi-lieue  de  circonférence  ,  rez  dix  brades  d'eau.  Lorsque  vous  avez  la  Cerra  Cam- 

de-là  à  Porto-Sanio  il  y  a  neuf  lieues.  On  peut  courir  pana  nord-eft-quart  au  nord  ,  vous  pouvez  mouiller  à 

entre  la  petite  ijle  de  Guanape  Se  la  terre   fans  aucun  fept ,  huit ,  neuf  ou  dix  braffes  d'eau  ;   mais  quand  vous  . 

danger  ,  puisque  tous   les  brifans  qu'il  y  a ,  paroiffent  êtes  fur  les  ancres ,  il  faut  les  nettoyer  de  tems  en  terns , 

au-deffus  de  l'eau.  Si  on  veut  aller  à  Truxillo  ,  il  faut  parce  qu'il  y. a  dans  ce  port  une  fi  grande  quantité  d'her- 

naviguer  nord-oueft  ,  quart  au  nord.  Du  cap  xle  Gua-  bes  maritimes ,  que  les  houles  y  amènent,  qu'elles  enter- 

napo  à  celui  de  Chao  il  a  fept  lieues  ,  nord-oueft  Se  reroient  les  unes  Se  les  autres  ,  fi  l'on  n'avoit  foin  de  les 


fud-eft. 

GUANAPU  ,  rivière  de  l'Amérique  méridionale  , 
qui,  conjointement  avec  celle  de  Pacajas  ,  forme  le  Rio 
de  los  Bocas.  Voyez  ce  mot. 

GUANCABELICA  ou  Guancavelica  ,  petite 
ville  de  l'Amérique  méridionale  ,  au  Pérou  ,  dans  l'au- 
dience de  Lima ,  éloignée  de  60  lieues  au  nord  de  Pisco , 
Se  à  l'orient  de  Lima.  Elle  eft  riche  par  la  quantité  de 
vif-argent  qu'on  en  tire  ,  Se  qui  feule  fournit  tous  les 
moulins  d'or  Se  d'argent  du  royaume.  Quoique  cette 
confommation  foit  très-grande  ,  &  qu'elle  dure  depuis 
fi  long-tems  ,  on  ne  s'apperçoit  pas  que  ces  mines  en 
foient  devenues  moins  abondantes.  On  a  l'obligation  de 


en  débaraffer. 

GUANCHOS  ou GUANCHIOS,  ancien  peuple  d'Afri- 
que, dans  les  ifies  Canaries.  C'en  font  les  anciens  habi- 
tans.  Le  fieur  de  la  Croix  ,  dans  fa  Relation  de  l'Afrique, 
t.  4 ,  en  rapporte  des  choies  fingnlieres ,  fur  la  manière 
dont  ils  embaumoient  les  corps  de  leurs  ancêtres.  On 
voit,  dit- il,  peu  de  leurs  descendans,  Se  le  petit  nom- 
bre qui  en  refte  ,  a  quitté  les  mœurs  farouches  &  fau- 
vages  ,  pour  s'accommoder  à  la  manière  de  vivre  des 
Espagnols.  Ils  font  fort  pauvres  Se  miférables. 
GU ANGARA.  Voyez  Gangara. 
GUANIBA.  Voyez  l'article  fuivant. 
GUANIMA  ,  petite  ifle  de  l'Amérique  feptentrionale, 
cette  découverte,  félonies  uns,  à  Enrique  Garces,  Por-  dans  la  mer  du  nord ,  Se  l'une  des  Lucay  es ,  au  midi  de 
tugais  ,  en  1566,  félon  d'autres  ,  à  l'Indien  Novin-  l'ifle  de  Guanahani ,  dont  elle  n'eft  éloignée  que  de  trois 
copa.  Il  eft  toujours  certain  que  Pierre-Fernandès  Ve-  lieues  en  allant  vers  Samana.  Chriftophe  Colomb  qui  la 
lasco  fut  le  premier  qui  fut ,  en  1 57 1  ,  appliquer  le  vif-  découvrit ,  la  nomma  Sainte-Marie  de  la  Conception  ;  &C 
argent  à  l'ufage  des  mines.  Les  rois  Catholiques  fe  font  les  Anglois  la  nomment  Fornibo  ;  mais  elle  eft  peu  habi- 
toujours  refervé  ces  mines,  jusqu'à  Philippe-Quint,  elles  tée  par  ceux  du  pays  ,  Se  s'étend  en  long  l'espace  de 
furent  gouvernées  par  un  des  magiftrats  Oydors ,  de  l'Au-  douze  lieues.  Quelques-uns  la  nomment  Guaniba.  De 
dience  de  Lima ,  qui  fe  fuccédoient  l'un  à  l'autre  ,  tous  l'Ifle  l'appelle  Yumeta  ou  Long-Ilar.d.  Sa  partie  fepten- 
les  cinq  ans  ;  ils  avoient  le  titre  defurintendant.  De-  •  trionale  eft  presque  fous  le  tropique  du  cancer. 
puis  1735  elles  ont  un  gouverneur  particulier,  qui  con-     .    GUANO,  petite  ifle  de  l'Amérique  méridionale ,  fur 


ferve  le  même  titre.  Les  particuliers  y  travaillent  à  leurs 
frais ,  Se  font  obligés  de  remettre  au  roi  tout  ce  qu'ils 
tirent,  fous  peine  aux  contrevenans  de  confiscation  de 
tous  leurs  biens ,  d'exil  Se  d'esclavage  perpétuel  à  Bal- 
divia.  Le  roi  le  paye  à  un  certain  prix  fixé  ,  qui  étoit  alors 
à  foixante  piaftres  le  quintal  fur  les  lieux  ,  Se  le  vend  à 
plus  haut  prix  comme  quatre-vingt  piaftres  ,  dans  les 
mines  écartées.  Lorsqu'on  en  a  tiré  une   quantité  fuffi- 


la  côte  du  Pérou  dans  la  mer  du  fud  ,  à  trois  lieues  de 
Xuli ,  Se  auprès  de  l'embouchure  de  la  rivière  de  Nom- 
bre de  Dios.  De  l'Ifle  la  met  beaucoup  plus  au  midi,  Se  la 
nomme  ijle  de  Gouane.  *  Supplément  de  Woodcs  Rogers, 
p.  57  ;  &  Atlas.  Robert  de  Faugondy. 

GUANUCO,   contrée  de  l'Amérique  méridionale, 
dans  l'audience  de  Lima.    De  Laët ,  Ind.  occid.  I.  10, 
:ette  contrée  étoit  autrefois  un  très- 


fante ,  le  roi  fait  fermer  l'entrée  de  la  mine ,  Se  perfonne  grand  &  très-fomptueux  palais ,  bâti  de  fort  grandes  pier- 

n'en  peut  avoir  que  de  celui  des  magafins.             '  res ,   jointes  enfemble  avec  beaucoup   d'induftrie  &  de 

La  terre  qui  contient  le  vif-argent,  eft  d'un  rouge  blan-  propreté.    Pedro  de  Ciéca  rapporte  que  c'étoit  la  cita- 

châtre  ,  comme  de  la  brique  mal-cuite.  On  la  concaffe  délie  des  provinces  qui  font  depuis  Caxamalca  jusqu'aux 


Se  on  la  met  dans  un  fourneau  de  terre ,  dont  le  chapiteau 
eft  une  voûte  en  cul-de-four ,  un  peu  fphéroïde  ;  on  l'é- 
tend  fur  une  grille  de  fer  recouverte  de  terre ,  fous  la- 
quelle on  entretient  un  petit  feu  ,  avec  de  l'herbe  icho , 
qui  eft  plus  propre  à  cela  que  toute  autre  matière  com- 
buftible  :  c'eft  pourquoi  il  eft  défendu  de  la  couper  à 
vjngt  lieues  à  la  ronde.  La  chaleur  fe  communique  au 
travers  de  cette  terre  ,  Se  échauffe  tellement  le  minerai 
concaffe ,  que  le  vif-argent  en  fort  volatilité  en  fumée. 
Mais  comme  le  chapiteau  eft  exactement  bouché. 


Andes;  qu'il  y  avoit  auprès  un  temple  du  Soleil,  avedes 
Vénales,  Se  que  ce  temple  étoit  en  fi  grande  vénération 
fous  l'empire  des  Incas  ,  qu'il  y  avoit  continuellement 
jusqu'à  trente  mille  Indiens  pour  y  iérvir.  Il  y  a  préfen- 
tement  une  colonie  d'Espagnols  ,  appellée  Léon  de  Gua- 
nuco ,  ou  félon  d'autres,  Guan:ico  de  los  Cavalleros ,  à 
quarante-cinq  lieues  de  Lima  vers  le  nord-eft  ,  le  long 
du  chemin  qui  mené  aux  montagnes.  Cette  ville  eft  ri- 
che ,  agréable  Se  abondante  en  tout  ce  qui  eft  néceffaire 
piour  la  vie.  Elle  eft  habitée  par  trois  cents  familles  d'Es- 


r,e  trouve  d'iffue  que  par  un  petit  trou  qui  communique  pagnols  Se  de  plufieurs  Indiens   Si  Nègres.    Elle  a  fou 

à  une  fuite  de  cucurbites  de  terre ,  rondes  Se  emboitées  corrégidor  ,  un  couvent  de  religieux ,  un  collège  de  Jé- 

par  le  col  les  unes  dans  les  autres.  Là  cette  fumée  cir-  fuites,  Se  des  maifons  de  nobles.  Affez  proche  de  la  ville, 

cule  Se  fe  condenfe  par  le  moyen  d'un  peu  d'eau ,   qu'il  paile  la  rivière  du  Maragnon  ,  qui  vient  des  montagnes 

y  a  au  fond  de  chaque  cucurbite,  où  le  vif-argent  tombe  de  Bonbon,  (ou  plutôt  du  lac  de  Bonbon  ,  qui  eft  au 

condenfe  Se  en  liqueur  bien  formée  ;   dans  les  premières  midi  de  Guanuco  ;)  la  terre  eft  fertile  ,  Se  a  des  mines 

cucurbires  il  s'en  forme  moins  que  dans  les  dernières;  d'argent.  L'air  y  eft  fort  fain.  Les  Indiens  font  diligens 

Se  comme  elles  s'échauffent  fi  fort  qu'elles  cafferoient ,  Se  dociles  ;  Se  depuis  qu'ils  ont  appris  des  Espagnols  à 

on  a  foin  de  les  rafraîchir  par  dehors  avec  de  l'eau.  femer  le  froment,  ils  ont  rejette  leur  maïs ,  qui  nourrit 

On  voit  dans  cette  ville  une  autre  particularité  ;  c'eft  moins  Se  qui  fait  un  fang  plus  groflier.  Le  pays  eft  riche 


23  2 


CUA 


GUA 


en  vaches,  en  jumens,  8e  en  brebis  ,  &  porte  des  vi- 
gnes ,  des  figuiers  6c  autres  arbres  fruitiers  étrangers  Se 
domeftiques.  Les  bois  y  font  remplis  de  perdrix  6c  au- 
tres oifeaux  ,  6c  les  montagnes  de  bêtes  fauvages  Se 
d'ours.  Sous  le  reffort  de  la  ville  de  Guanuco  ,  font  com- 
pris les  Conchucos,  Indiens  de  taille  médiocre  Se  en  pe- 
tit nombre ,  depuis  que  les  Espagnols  les  ont  détruits. 
Les  contrées  de  Guaila ,  Bonbon  Se  Tarama  font  auffi 
de  fon  reffort  :  de,  forte  ,  que  félon  le  témoignage  de 
Herrera ,  il  y  a  trente  mille  Indiens  tributaires  entre  (es 


Ces 


provinces  appartenoient  anciennement 
i'..»:i:l'  j..  : _„_.. i..   i>- 


Lima  ;  mais  l'utilité  du  royaume  ayant  voulu  que  l'on 
ait  bâti  cette  autre  ville,  elles  lui  ont  été  attribuées.  Les 
Viticos  font  du  même  diocèfe  ;  ils  habitent  au  haut  des 
Andes ,  dans  des  lieux  rudes  6c  difficiles. 

Le  lac  de  Bonbon ,  dont  on  parle  dans  cet  article ,  eft 
le  même  que  le  lac  Lauri-Cocha ,  ou  chacun  fait ,  qu'eft 
la  fource  de  la  rivière  des  Amazones. 

GUAPACHOS  ,  (les)  peuple  de  l'Amérique  méri- 
dionale au  Paraguay,  aux  confins  du  Tucuman  ,  6c  en- 
tre les  fources  de  Rio  Vermeio  6c  du  Salado  ,  qui  tom- 
bent l'un  6c  l'autre  dans  le  Paraguay. 

GUAPAS,  peuple  de  l'Amérique  méridionale,  à  l'ex- 
trémité orientale  du  Pérou  ,  Se  de  l'audience  de  los 
Charcas.  *  Lettres  édif.  t.  1 2. 

GUAPAY,  rivière  de  l'Amérique  méridionale,  qui 
fous  le  nom  de  Rio  grande  ,  tire  fa  fource  du  Pérou ,  en- 
tre Cochabanba  6c  Misquo ,  coule  en  tournant  de  l'oc- 
cident à  l'orient,  puis  tourne  au  nord,  traverse  une  par- 
tie du  pays  de  Chiquitos ,  laifTe  Santa-Cruz  de  la  Sierra 
à  fon  occident,  6c  retournant  à  l'occident ,  après  avoir 
reçu  un  affez  grand  nombre  de  rivières  ,  entre  dans  le 
pays  des  Moxes ,  8c  va  fe  jetter  par  les  25  d.  environ  30' 
de  latitude  auftrale  ,  dans  le  Mamore.  *  Hijl,  du  Para- 
guay, du  P.  Charlevoix. 

GUARA  ou  Guaurà  ,  port  de  l'Amérique  méri- 
dionale ,  dans  la  mer  du  fud ,  fur  la  côte  du  Pérou.  De 
Laët,  Ind.  occid.  I.  10,  c.  32,  dit  :  il  eft  àfix  lieues  de 
la  Barranca  ;  6c  il  y  a  des  ialines  qui  en  font  peu  éloi- 
gnées. Olivier  les  met  à  deux  lieues  de-là ,  8c  k  dix-huit 
de  Lima;  Il  dit  que  dans  une  certaine  vallée  où  les 
flots  de  mer  ne  pénètrent  pas ,  on  trouve  du  fel  en  gref- 
fes pierres  amoncelées  enfemble.  Selon  l'auteur  du  Sup- 
plément aux  Voyages  de  Wodes  Rogers,  p.  45  6c  46, 
ce  port  de  Guara  eftfous  le  1  Ie  d.  30'  de  latitude  méridio- 
nale ,  à  une  lieue  de  Fille  de  S.  Martin.  Au-deffous  du 
vent  de  cette  ifle,  il  y  en  a  une  autre  petite ,  qu'on  nomme 
Yijle  de  Lobos  ou  Yijle  des  Loups  ,  près  de  laquelle  il  y  a 
une  batture ,  dont  il  ne  faut  pas  approcher  non  plus  que 
du  canal  qui  eft  entre  ces  ifles  6c  le  rivage  ,  parce  qu'il 
y  a  peu  d'eau.  Pour  entrer  dans  ce  port ,  il  faut  que  vous 
ayez  Fille  de  Lobos  6c.  les  deux  vieilles  murailles  ,  qui 
refTemblent  à  deux  colomnes  fituées  fur  le  cap ,  à  vôtre 
arrière  ;  laifTez  alors  tomber  l'ancre  avec  quelque  foin, 
parce  qu'il  y  a  plufieurs  petits  rochers  pointus  qui  en- 
dommageaient vos  cables.  Souvenez-vous  auffi  d'amar- 
rer avec  un  grappin  à  terre,  àcaufe  des  houles.  Vous  y 
trouverez  d'ailleurs  de  bonne  eau  ,  Se  l'on  peut  avoir 
toute  forte  de  provifions  de  la  ville.  Il  n'y  a  auffi  qu'une 
lieue  de  la  pointe  de  Guara  au  port  de  Guacho.  De 
l'Ifle  écrit  Guaura. 

GUARACAYO ,  détroit  de  l'Amérique  méridionale 
au  Pérou ,  fur  la  rivière  des  Amazones ,  au-deffous  de 
celui  d'Escurrebragas.  Le  lit  de  la  rivière ,  refferré  dans 
cet  endroit ,  entre  deux  grands  rochers  ,  n'a  pas  plus  de 
trente  toifes  de  large.  Il  n'eft  périlleux  que  dans  les  gran- 
des crues.  *  Carte  dit  cours  de  l'Amazone  ,  par  M.  de  la 
Condamine. 

GUARAIGUAZU  ,  rivière  de  l'Amérique  méridio- 
nale ,  au  Brefil ,  dans  la  province  de  Fernanbouc  ,  où 
elle  a  fon  cours  d'occident  en  orient.  Il  y  a  deux  riviè- 
res ,  à-peu-près  ,  de  même  nom  dans  la  même  province, 
favoir  celle-ci  que  les  Portugais  nomment  Rio  de  Sant- 
Antonio  grande ,  8c  celle  de  Guaraitnini  ,  qu'ils  appel- 
lent el  Rio  de  Sant-Antonio  menino  ,  parce  qu'elle  eft 
plus  petite  5c  moins  cortfidérable  que  l'autre.  *  Corn. 
Dift. 

GUARANIS ,  peuple  de  l'Amérique  méridionale  ,  au 
Paraguay.  Les  PP.  Jéfuites  y  ont  établi  une  million. 
*  Lettres  édif.  t.  12. 

GUARAUNAS,  peuple  de  l'Amérique  méridionale, 


qui  occupe  les  ides  qui  fe  trouvent  aux  embouchures  de 
l'Orinoque.  Le  caraftere  de  ce  peuple  eft  la  gaieté  : 
ami  fidèle  des  Espagnols  ,  jamais  il  n'a  entrepris  d'en 
fecouer  le  joug.  Voyez  l'Orinoque  ,  où  nous  parlons  au 
long  de  cette  nation  ,  8c  de  fa  façon  de  vivre. 

GUARAYOS  ,  peuple  de  l'Amérique  méridionale , 
dans  le  voifinage  des  Majos  otj  Moxes ,  entre  les  rivières 
d'Ubay  Se  d'Yraibi  ,  qui  tombent  dans  le  Guazumiri , 
Se  enfin  dans  l'Itonamas  qui  fe  perd  dans  la  Mamore  ou 
riviere.de  Guapay.  *  Carte  de  la  miffion  des  Moxes. 

GUARCENUM  ,  lieu  d'Italie  ,  dans  la  Campanie. 
Columelle ,  l.  i  ,  c.  5 ,  dit  que  l'eau  dont  la  fource  étoit 
dans  les  montagnes  s'y  précipitoit  entre  les  rochers. 

GUARCO ,  vallée  de  l'Amérique  méridionale  ,  au 
Pérou  ,  à  cinq  lieues  de  celle  de  Mala.  Elle  eft  fort  large 
6c  remplie  d'arbres  odoriférans.  La  terre  y  eft  très-fer- 
tile en  froment  8c  en  maïs  ;  8c  toutes  les  autres  chofes 
que  l'on  y  feme,  y  viennent  très-bien.  Les  Incas,  an- 
ciens rois  du  Pérou  ,  y  avoient  une  fomptueufe  forte- 
reffe  ,  bâtie  de  greffes  pierres  de  taille  ,  fur  un  coteau 
qui  commande  fur  la  vallée.  On  descendoit  de  ce  fort 
jusqu'à  la  mer ,  par  un  escalier  de  pierre  ,  contre  lequel 
fe  brifoient  les  flots.  Ce  palais  étoit  orné  de  fcultures 
affez  belles  ,  félon  la  capacité  d'une  nation  fauvage.  On 
y  gardoit  un  grand  tréfor  de  ces  rois.  Ce  que  l'on  doit 
fur-tout  admirer  dans  cet  édifice  ,  c'eft  que  les  greffes 
pierres  ,  qui  le  compofoient  ,  étoient  jointes  de  telle 
forte  que  fans  aucun  mortier,  on  pouvoit  à  peine  apper- 
cevoir  les  jointures.  Le  tems  a  fait  tomber  cette  mafTe  ; 
mais  les  ruines  font  encore  connoître  quelle  en  étoit  la 
magnificence.  Entr'autres  auteurs  qui  en  font  mention , 
Garcilaffo  dit,  qu'au  tems  de  i'IncaPachacutée,  cette  vallée 
Se  celles  de  Chilca  Se  de  Mala  furent  conquifes  fur  un 
puiflant  prince  de  ces  quartiers-là ,  appelle  Chuquimancut 
ôc  jointes  au  royaume  de  Cufco.  La  vallée  de  Guarco 
étoit  alors  peuplée  de  trente  mille  habitans ,  6c  les  val- 
lées voifines  presque  de  la  même  forte.  Ce  nombre  eft 
préfentement  beaucoup  diminué.  *  De  Laët ,  Ind.  occid. 
I.  10,  c.  24. 

De  l'Ifle  dit  Cannete  ou  GuARCO.  Ce  der- 
nier, nom  eft  celui  de  la  vallée  ,  Se  le  premier  eft  ce- 
lui d'une  ville ,  qu'on  y  a  bâtie ,  à  l'embouchure  de  la  ri- 
vière de  Cerca,  à  fept  lieues  de  Fille  d'Afia.  Il  y  a  auffi 
un  havre.  *  Supplém.  de  Woodes  Rogers ,  p.  5 1 . 

1.  GUARDA,  ville  du  royaume  de  Portugal  ,  dans 
la  province  de  Beirâ.  Voyez  l'article  de  Guardia  2. 

2.  GUARDA,  village  de  Suiffe  ,  au  pays  des  Gri- 
fons ,  avec  une  pareille  qui  dépend  de  la  communauté 
de  la  baffe  Engadine.  *  Etat  &  Délices  de  la.  Suife  , 
t.  4,  p.  64. 

GUARDADAR  ,  rivière  d'Espagne  ,  qui  prend  fa 
fource  dans  l'Andalôufie ,  dans  la  même  montagne  où  le 
Guadalbulon  prend  la  fienne.  Elle  entre  enfuite  dans  le 
royaume  de  Murcie,  où  elle  va  fe  joindre  auGuadalen- 
tin ,  entre  Vêlez  el  Rubio  ,  8e  le  château  de  Xixena. 
*  Atlas.  Robert  de  Vaugondy. 

GUARDAFUI  ou  Gardafù.  Voyez  page  123  ; 
col.  1. 

GUARDAMAR  ;  fortereffe. d'Espagne,  au  royaume 
de  Valence ,  fur  la  côte  Se  à  l'embouchure  de  la  Segura. 
Voyez  Alona. 

GUARDAN ,  montagne  d'Afrique ,  au  royaume  de 
Fez ,  dans  la  province  de  Garet.  Elle  touche  à  celle  de 
Quizina  ou  Teuxin  ,  du  côté  du  nord ,  Se  s'étend  qua- 
tre lieues  le  long  de  la  mer  Méditerranée ,  Se  trois  vers 
la  rivière  de  Nocor.  Les  habitans,  gens  riches ,  braves  Se 
magnifiques  ,  font  d'entre  les  Zenetes,  Se  tiennent  un 
marché  tous  les  famedis  près  d'une  petite  rivière.  Les 
marchands  de  Fez  y  viennent  avec  les  Arabes  du  dé- 
fert ,  Se  les  Bereberes  des  montagnes ,  8e  ils  y  achètent 
de  la  cire  ,  de  l'huile ,  des  cuirs  Se  tout  ce  qui  fert  à  en- 
harnacher  des  chevaux  8c  le  refte  de  leur  équipage.  Ces 
Bereberes  n'ont  point  de  vignes  ,  8e  ne  boivent  point 
de  vin,  comme  ceux  d'Errif ,  ne  payent  aucun  tribut, 
8e  font  feulement  chaque  année  un  préfent  au  roi  de 
Fez ,  en  argent ,  en  chevaux  ou  en  esclaves  ;  8e  par  ce 
moyen  ils  ont  conservé  leur  liberté  ,  quoiqu'ils  fefoient 
réfervé  le  droit  de  le  faire  tel  qu'ils  veulent  ;  il  va  ordi- 
nairement au-delà  de  ce  qu'ils  payeraient  de  contribu- 
tion. Ils  étoient  autrefois  valïaux  des  feigneurs  de  Vê- 
lez. Mais  un  célèbre  Alfàqui  qui  en  étoit ,  fit  fi  bien  avec 
v  -  le 


GITA 


GUA 


le  roi  de  Fez  ,  que  ce  prince  les  incorpora  à  la  couronne, 
à  la  charge  de  ce  prélent.  Ils  font  fept  mille  hommes  de 
combat  ,  "parmi  lesquels  il  y  a  plus  de  cinq  cents  chevaux, 
Se  plufieurs  arquebufiers  tous  bien  en  ordre.  *  Marmol , 
Afrique,  I.4,  c.  ioî. 

1.  GUARDE,  (le  lac  de)  grand  lac  de  Nigritie 
formé  par  le  Niger.  Sa  partie  feptentrionale  eft  du 
royaume  d'Agdes  ou  d'Agades  ,  d'où  il  reçoit  une  ri- 
vière ,  auprès  de  laquelle  eft  fituée  la  ville  de  Secmara  : 
là  partie  occidentale  eft  du  royaume  de  Caffèna  ou  de 
Ghana.  C'eft  par-là  que  le  Niger  entre  dans  ce  lac  qui, 
dans  fa  partie  méridionale,  eft  nommé  lac  de  Sigismes. 
Les  deux  villes  de  Ghana  font  aux  deux  côtés  du  Niger, 
à  fon  embouchure  dans  ce  lac.  Sa  partie  méridionale  Se 
l'occidentale  font  du  royaume  de  Guber.  A  la  fortie 
du  Niger  &  au  couchant  du  lac ,  eft  au  midi  la  ville  de 
Timby  ou  Tainby.  Segmeda  Se  Mura  font  auffi  près  de 
ce  lac  ,  en  allant  vers  le  nord.  Sur  fa  côte  orientale  eft 
Reghebil  ,  autre  ville.  Ce  lac  reçoit  auffi  du  midi  une 
petite  rivière  qui  vient  de  Guber ,  au  nord  de  l'embou- 
chure de  cette  rivière  eft  une  grande  ifle.  Les  royaumes 
de  Canton  Se  de  Gago  n'y  confinent  pas  ,  quoique  Bau- 
drand  le  dife.  *  De  rifle  ,  Carte  de  la  Barbarie,  Nigri- 
tie, 8ec. 

2.  GUARDE  ou  Garde,  fiége  épiscopal  du  Groen- 
land. Voyez  l'article  Groenland. 

1.  GUARDIA,  village d'E' pagne,  dans l'Andaloufie , 
à  deux  lieues  Se  au  midi  oriental  de  Jaén.  C'étoit  autre- 
fois une  ville  épiscopale ,  dont  le  fiége  eft  préiëntement 
à  Jaén.  Voyez  Menteza.  *  Baud.  éd.  1705. 

2.  GUARDIA  ou  Guarde  ,"  ville  du  royaume  de 
Portugal ,  dans  la  province  de  Beira  ,  avec  un  évêché 
fulïragant  de  l'archevêché  de  Lisbonne  ,  presqu'au  mi- 
lieu, entre  Coria  au  fud-eft,  Se  Lamego  au  nord-oueft, 
proche  de  la  fource  de  la  rivière  de  Mondego.  *  Baud. 
éd.  1705. 

3.  GUARDIA,  bourg  de  la  Servie,  fur  la  Morave, 
à  vingt  lieues  de  Widdin  ,  félon  Baudrand,  éd.  1705  ; 
c'étoit  anciennement  une  ville  de  la  haute  Mcefie,  nom- 
mée Orrhea  ou  Horreum  Margi.  Voyez  ces  articles. 

4.  GUARDIA  ,  Se/a,  rivière  de  la  Morée  ,  dans  la 
province  deBelveder,fur  la  côte  occidentale  de  l'ifle,  &, 
îërpentant  vers  le  couchant,  elle  feperd  dans  le  golfe  de 
Zonchio,  vis-à-vis  de  la  partie  feptentrionale  de  la  pe- 
tite ifle  de  Prodano ,  au  midi  du  bourg  dont  elle  porte 
le  nom.  *  De  Wit ,  Atlas. 

•) .  GUARDIA ,  Se/a ,  bourg  de  la  Morée ,  fur  la  côte 
occidentale  ,  au  nord  de  l'embouchure  d'une  rivière  de 
même  nom,  entre  Arcadia  au  nord,  Se  Navarin  au  midi. 
*  De  Wit,  Atlas. 

6.  GUARDIA  Alferez  ,  ville  d'Italie ,  au  royaume 
de  Naples  ,  dans  le  comté  de  Molife  ,  avec  un  évêché 
fuffràgant  de  l'archevêché  de  Benevent ,  fur  la  rivière  de 
Tiferno.  Elle  eft  petite  &  presque  déferte  ,  à  caufe  du 
mauvais  air.  Elle  eft  aux  confins  de  la  Capitanate,  à  cinq 
milles ,  Se  au  couchant  d'été  de  Larino.  *  Baudrand  Se 
Jaïllot,  Atlas. 

7.  GUARDIA  Girardo  ,  bourg  d'Italie  ,  au 
royaume  de  Naples ,  au  comté  de  Molife ,  à  quatre  lieues 
de  la  ville  de  Molife  ,  vers  le  couchant ,  félon  Bau- 
drand. 

GUARGA  ,  rivière  d'Afrique  ,  au  royaume  de  Fez. 
Elle  a  fa  fource  dans  la  Province  d'Errif ,  traverfe  celle 
de  Habat  ;  Si  enfin  ,  après  avoir  bien  ferpenté  vers  l'oc- 
cident, elle  entre  dans  le  Suba,  Sebu  ou  Sebou,  qui  fe 
perd  dans  la  mer  à  la  Mamore.  *  San  fon  ,  Carte  du 
royaume  de  Fez. 

GUARGALA ,  félon  Robert  de  Vaugondy,  Atlas ,  ou 
GUERGUELA  ,  petit  royaume  d'Afrique  ,  au  midi  du 
mont  Atlas.  Il  eft  borné  au  nord  par  le  pays  de  Zab  & 
par  le  Bildulgerid  propre  ;  à  l'orient  par  le  pays  de  Ga- 
damis  ;  au  midi  par  le  défert  de  Nefifa,  qui  en  occupe 
une  partie ,  &  au  couchant  par  le  royaume  de  Ticarte 
ou  Tecort.  La  partie  feptentrional  eft  occupée  par  des 
Arabes,  logés  fous  des  tentes.  Dapper,  Afrique,  p.  211, 
nomme  ce  pays  la  feigneurie  de  Guargala  ou  de  Qtier- 
quelen.  Voici  ce  qu'il  dit  de  la  capitale  :  la  ville ,  qui 
donne  fon  nom  à  toute  la  contrée  ,  eft  fort  ancienne  ,  & 
on  tient  qu'elle  a  été  connue  fous  le  nom  de  Tamarca. 
(Voyez  ce  mot.)  Elle  a  été  eonftruite  par  les  Africains, 


in 

dans  1e-.:défert  de  la  Numidie ,  au  milieu  du  pays  ,  fous 
le37ed.'3o'  de  longitude,  Se  fous  le  25e  d.  50'  de  lati- 
tude. Le  terroir  porte  beaucoup  de  dattes  ;  mais  on  y 
manque  de  bled  Se  de  bétail ,  Se  on  s'y  nourrit  de  chau- 
de chameau  Se  d'autruche.  La  plupart  des  habitans  font 
Nègres,  non  à  caufe  du  climat  Se  de  la  température  de 
l'air ,  mais  à  caufe  qu'ils  s'allient  avec  des  esclaves  Ne- 
gtes ,  qui  font  des  enfans  qui  leut  reflemblent.  Il  y  a 
beaucoup  d'artifans  Se  de  gens  qui  s'adonnent  au  négoce. 
Ils  font  francs,  affables,  libéraux  ,  Se  traitent  bien  les 
étrangers ,  parce  qu'ils  leur  apportent  du  bled  ,  des  chairs 
falées ,  des  draps ,  des  toiles  ,  des  armes  Se  des  couteaux. 
Voyez  GUERGUELA. 

GUARMAY,  port ,  bourgade  Se  vallée  de  l'Améri- 
que méridionale ,  au  Pérou ,  dans  la  mer  du  fud ,  à  dix 
lieues  de  Mongon  ,  fous  le  10e  d.  30'  de  latitude'méri- 
dionale  ,  à  l'embouchure  d'une  petite  rivière  qui  coule 
dans  la  vallée  de  Guarmay.  Garcilaffo  nomme  cette  val- 
lée Hualmi.  Elle  étoit  anciennement  fort  peuplée  ;  Se 
ce  n'eft  plus  aujourd'hui  qu'une  habitation  de  pâtres'  qui 
ynourriffent  beaucoup  décochons  Se  peu  de  vaches.  Ils 
occupent,  dit  de  Laët ,  Ind.  occid.ï.  10,  c.  21  une 
bourgade  de  ce  même  nom ,  proche  d'un  havre  com- 
mode Si  capable  de  contenir  plufieurs  navires.  Le  Hol- 
landois,  Spilberg  ,  y  jetta  les  ancres  l'an  161 5  ,  après 
qu'il  eut  défait  l'armée  du  vice-  roi  du  Pérou.  On  voit 
encore  en  ce  lieu  les  ruines  d'un  vieux  château.  *  Sup- 
plément au  Voyage  de  Woodts  Rogcrs ,  p.  47 

GUARMACIENSE  Concilium  ;  ce  nom  fe  trouve 
dans  le  décret  de  Gratien.  Ortélius  croît  très-fagement 
qu'il  s'agit  du  concile  tenu  à  Wormes. 

GUARNORUM  rex  :  on  trouve  une  lettre  de  Théo* 
doric  à  un  roi ,  qui  étoit  ainfi  qua'ifîé  dans  les  ouvrages 
de  Caffiodore,  Varior.  I.  3.  Ortélius  croit  qu'il  faut  lira 
Carnorum.  Voyez  Carni. 

GUARUPA  ,  port  de  la  mer  du  nord  ,  dans  l'Amé- 
rique méridionale  ,  au  Brefil ,  à  fept  ou  huit  lieues  au 
nord  de  l'ifle  de  Sainte-Catherine.  On  y  eft  à  l'abri  de 
tous  vents.  Il  eft  difficile  à  connoître ,  parce  qu'au  de- 
hors il  ne  paroît  qu'une  grande  anfe ,  au  fond  de  laquelle 
eft  la  petite  ouverture  du  port.  *  Frejler,  Voyage  de  lae 
mer  du  fud ,  t.  I ,  />.  49. 

_  GUASCO  ,  port ,  rivière  Se  vallée  de  l'Amérique  mé- 
ridionale, fur  la  côte  du  Chili.  Le  port  eft  à  28  d.  45  * 
de  latitude  méridionale,  à  quinze  lieues  de  rifle  de  To- 
toral.  Ce  havre  eft  bon  depuis  le  fud  jusqu'au  nord-oueft. 
Il  eft  habité  ;  il  faut  mouiller  vis-à-vis  de  la  rivière,  près 
d'une  petite  ifle  baffe.  La  pointe  du  continent  eft  envi- 
ronnée de  fept  ou  huit  rochers  qui  paroiffent  hors  de 
l'eau  ;  Se  fur  une  pointe  ,  il  y  a  une  montagne  de  fable  un 
peu  crevaffe  ,  auprès  de  laquelle  on  peut  auffi  mouiller. 
On  voit  deux  ou  trois  autres  petites  ifles,  Se  la  montagne 
au-deffus  du  port  eft  haute  ,  groffe  Si  ronde.  J'ai  déjà 
parlé  de  la  rivière  dans  l'article  du  Chili.  De  Laët ,  Ind. 
occid.  1.  12,  c.  4 ,  dit,  que  ce  port  eft  dans  une  baie  ou- 
verte ,  par  laquelle  fe  décharge  une  petite  rivière  ;  elle 
vient  des  montagnes  de  neige  qui  couvrent  ce  que  l'on 
appelle  auffi  Guasco  ,  Se  en  arrofe  les  champs  qu'elle 
rend  très-fertiles.  Il  y  a  un  nombre  infini  de  perdrix  dans 
cette  vallée  ,  Se  elle  nourrit  des  brebis  en  quantité.  On 
y  voit  auffi  beaucoup  d'écureuils  ,  de  couleur  cendrée  Se 
de  couleur  brune  ,  dont  les  peaux  font  d'un  grand  ufage. 
La  ville  de  Saint-Jacques  de  la  nouvelle  Eftramadure  y'fut 
autrefois  bâtie.  *  Supplément  au  Voyage  de  Wçodes  Ro~ 
gers,  p.  65. 

GUASACOALCO,  ou  Guazacoalco,  ou  Gua- 
SIKWALP,  rivière  de  l'Amérique,  dans  la  nouvelle  Es- 
pagne, dans  la  province  de  Guaxaca,  d'où  elle  va  fé 
perdre  dans  la  baye  de  Campèche.  Elle  eft  à  huit  lieues 
de  celle  de  Tondelo ,  Se  plus  profonde  que  celle  de  To- 
basco ,  quoiqu'elle  ne  foit  pas  la  moitié  f\  large.  Cette 
■  rivière  fe  peut  naviger  un  fort  long  espace  de  chemin , 
fur-tout  pour  les  chaloupes  ou  pour  les  petites  barques. 
Sa  barre  eft  une  des  moins  dangereufes  de  cette  côte.  Il 
y  a  quatorze  pieds  d'eau  par-deflus,  Se  peu  de  mer.  Quand 
ou  l'a  paffée  on  trouve  beaucoup  d'eau  Se  un  fond  de 
vafe.  Les  bords  de  chaque  côté  font  bas.  On  y  voit  de 
grands  bois  fur  celui  de  l'eft  ,  Se  des  favanas  fur  l'au- 
tre. On  y  trouve  quelque  bétail  ;  mais  depuis  que  ces 
côtes  ont  été  fréquentées  par  les  boucaniers  ,  les  Espa- 
Tomt  III.    G  g 


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234 

gnols  ont  fait  paffer  la  plus  grande  partie  de  leurs  bœufs 
plus  avant  dans  le  pays.  *  Atlas.  Robert  de  Vaugondy. 
■Corn.  Dici.  Dampier,  Supplément,  i.part.  c.  5. 

GUASTALLA  ,  ville  d'Italie  ,  en  Lombardie  ,  près 
du  Pô ,  fur  la  frontière  du  duché  de  Modene ,  6k  pres- 
qu'au  milieu ,  entre  Mantoue  au  feptentrion ,  &  F>.eggio 
au  midi  :  elle  eft  petite  ,  mais  forte.  Elle  a  un  petit  ter- 
ritoire qui  eft  poffedé  à  titre  de  duché ,  par  une  branche 
de  la  maifon  de  Mantoue.  Le  dernier  duc  de  Mantoue, 
ayant  été  mis  au  ban  de  l'empire ,  &  étant  mort  avant 
fa  réconciliation  avec  l'empereur  ,  ce  monarque  s'eft 
emparé  du  duché  de  Mantoue ,  au  préjudice  du  duc  de 
Guaftalla,  qui  n'a  pu  encore  obtenir  la  jouiffance  de  Ces 
droits.  Ce  duché  a  été  cédé ,  par  le  traité  d'Aix-la-Cha- 
pelle, de  l'an  1748,  à  D.  Philippe,  duc  de  Parme. 

GUASTECA ,  (la)  province  de  l'Amérique  fepten- 
trionale ,  dans  la  nouvelle  Espagne  :  on  l'appelle  auffi 
Panuco.  Voyez  ce  mot. 

GUASTO ,  ville  d'Italie  ,  au  royaume  de  Naples , 
dans  l'Abbruzze  citérieure.  On  l'appelle  auffi  GuaJIo 
d'Almone,  6k  quelquefois  Vaflo,  entre  l'embouchure  de 
la  rivière  deTrigno  &C  celle  de  l'Afmella,  -dans  le  golfe 
de  Vernie ,  environ  à  feize  milles  de  Lanciano  au  fùd- 
eft,  en  allant  vers  Termoli  ;  c'eft  l'ancienne  Hifîenium. 
*  Baudr.  édit.  1705,  &  JailloU 

GUATALCO.  Voyez  Aguatulco. 
GUATAO  ,  ifle  de  l'Amérique  feptentrionale] ,  dans 
la  mer  du  nord,  l'une  de;  Lucayes.  Elle  eft  à  dix  lieues 
de  celle  de  Curatto ,  6k  s'étend  en  long  eft-oueft.  Son 
extrémité  orientale  eft  à  25  d.  46',  6k  ion  extrémité  oc- 
cidentale à  27  d.  ck  quelques  minutes.  Elle  eft  environ- 
née d'écueils ,  de  baffes  rk  de  rochers.  *  De  Laët,  lnd. 
occid.  /.  1,  c.  16. 

GUATAPOIU,  rivière  de  l'Amérique  méridionale, 
dans  la  terre-ferme ,  6k  dans  la  province  de  Sainte-Mar- 
the. Elle  descend  de  montagnes  chargées  de  neiges;  ce 
qui  rend  fes  eaux  fi  froides  ,  qu'elles  caufent  diverfes 
incommodités  à  ceux  qui  en  boivent.  Elle  paffe  à  Ciu- 
dad  de  los  Reyes ;  elle  fe  mêle  avec  Rio-Cefar,  qui  en 
porte  les  eaux  dans  la  rivière  de  la  Madelaine» 
GU  AT  ARIA.  Voyez  Guetaria. 
GUATES ,  (les)  peuple  fauvage  de  l'Amérique  mé- 
ridionale ,  au  Paraguay  ,  fur  la  rivière  de  même  nom. 

GUATIMALA  ,  province  de  l'Amérique  feptentrio- 
nale ,  dans  la  nouvelle  Espagne.  Elle  ne  comprenoit  au- 
trefois que  celle  de  Nicaragua  6k  de  Guatimala ,  propre- 
ment dite  ;  mais  outre  ces  deux  provinces  particulières , 
elle  enembraffe  aujourd'hui  onze  autres  ;  favoîr  celles  de 
S  an-Salvador,  àeSan-Miguil ,  àeChiapa,  deSoconus- 
co  ,  de  Suchilepeco  ,  de  la  Vera-Pa^  ,  des  Yçalcos ,  de 
Honduras ,  de  Chuluteca  ,  de  Tagusgalpa  6k  de  Cojla 
Rita.  Le  Ion?  de  la  côte  de  la  mer  du  fud ,  elle  s'étend 
entre  le  fud-efl  &  le  nord-oueft ,  plus  de  trois  cents  lieues 
de  long,  mais  félon  la  droite  ligne  entre  Feft  6kl'oueft, 
elle  n'en  a  que  deux  cents  quarante.  Sa  largueur  où  elle 
eft  la  plus  grande  >  eft  de  cent  qnatre-vingt  lieues.  Il  part 
tous  les  ans  de  ces  provinces  plufieurs  navires  chargés 
de  cacao.  Les  habitans  fe  fervent  de  ce  fruit  pour  mon- 
noie ,  6k  on  vend  certaines  chofes  cinq ,  dix  ,  trente  6k 
cent  cacaos.  On  en  donne  même  l'aumône  aux  pauvres; 
mais  on  s'en  fert  principalement  à  faire  un  breuvage, 
qu'ils  appellent  chocolaté,  ck  qui  leur,  paroit  fi  délicieux, 
qu'ils  ne  l'auraient  vivre  s'ils  n'en  prennent.  Ces  provin- 
ces abondent  aufli  en  maïs ,  dont  ils  font  du  pain  6k  di- 
verses potions  mixtionnées.  *  Corn.  Dict.  Z>u  Lait ,  lnd. 
occid.  /.  7,  c.  1  6*9. 

Les  villes  principales  de  Guatimala  font  ,  S.  Jago  , 
S.  Salvador,  Spirùu-Santo  ,  S.  Miguel,  la.  Trinidad, 
Antequera ,  Xeres  6k  quelques  autres.  Ce  gouvernement 
a  divers  ports,  entr'autres,  la  baie  de  FONSECA  ,  pro- 
che de  la  bourgade  de  S.  Miguel,  découverte  sn  1^11, 
par  Gil-Gonçales  d'Avila ,  qui  la  nomma  ainfi  à  l'hon- 
neur de  Juan  Rodriguez  de  Fonfeca,  évêque  deBurgos, 
qui  étoit  pour  lors  préfident  au  confeil  des  Indes ,  établi 
en  Espagne.  Au  dedans  de  la  baye  ,  il  y  a  une  petite 
ifle,  que  le  même  GilappellaPETRONILLA.  Onatàché 
fôngHems  de  perluader  au  conseil  d'Espagne  ,  que  la  na- 
vigation ferait  plus  facile  6k  plus  affurée  de  la  baie  de 
Fonfeca  au  Pérou,  que  du  port  de  Panama  ;  mais  on  n'y 
a  point  eu  d'égard.   Fuler  ,  pilote  de  Candisch  ,  a  re- 


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marqué  qu'il  y  a  dix  ides  dans  cette  baie,  dont  quatre 
font  habitées  par  des  Sauvages  ,  6k  abondent  en  eau  ,  en 
bois  6k  en  fel ,  6k  qu'au  côté  occidental  de  la  même  baie  , 
il  y  a  une  bourgade  d'Indiens  ,  appellée  Matal  ,  011  il 
fe  trouve  du  bétail  en  quantité.  Le  port  d'Acaxutla,  qui 
eft  le  plus  confidérable  de  tout  le  gouvernement  de  Gua- 
timala, eft  proche  de  la  baie  de  Fonfeca.  C'eft  où  abor- 
dent les  navires  du  Pérou  6k  de  la  nouvelle  Espagne.  On 
compte  douze  lieues  vers  l'oueft  ,  de  ce  port  à  la  baie 
de  Guatimala,  &  fept  delà  baie  de  Guatimala  jusqu'à 
la  rivière  de  Xicapala.  Ce  gouvernement  n'a  aucun  port 
fur  la  mer  du  nord  ;  toutefois  les  marchai: Ji  fes  de  l'Eu- 
rope fe  transportent  par  la  Goljo-Dolce  ,  du  fond  de  la 
baie  de  Honduras,  jusqu'à  une  place,  appellée  El  Puerto 
de  Golfo-Dolce  ,  qui  eft  au-dedans  du  pays ,  &  de-là  par 
terre,  à  la  ville  de  S.  Jago  de  Guatimala,  capitale  de  ces 
provinces  ,  6k  aux  autres  villes  du  même  gouverne- 
ment. 

La  province  que  l'on  appelle  aujourd'hui  proprement 
Guatimala  ,  &  en  langue  des  Indiens  Quatumal- 
LjE,  qui  veut  dire  arbre  pourri ,  eft  maritime,  6kadix- 
fept  lieues  de  long  ou  environ  ,  félon  la  côte  de  la  mer 
du  fud  ,  ck  trente  de  large  entre  le  fùd  ck  le  nord.  Le 
terroir  eft  abondant  en  maïs  ,  en  coton  ,  en  froment , 
en  bons  fruits ,  fur-tout  en  cacao  qui  eft  d'un  grand  re- 
venu. Elle  abonde  auffi  en  pâturages,  6k  il  y  a  beaucoup 
de  troupeaux.  On  la  tient  mal-faine ,  tant  pour  le  grand 
chaud  .t.\e  pour  la  trop  grande  humidité.  Les  vents  du 
fud  ou  du  nord  y  font  fréquens  ;  le  premier  plus  que 
l'autre ,  qui  n'y  dure  que  quinze  ou  vingt  jours  ,  mais 
fort. froid  ck  impétueux.  Le  pays  eft  raboteux  ck  plein 
de  montagnes.  I!  eft  occupé  de  plufieurs  rivières  qui, 
outre  toute  forte  de  poiffons ,  nourriffent  de  grands -cro- 
codiles. Les  pluies  y  font  rares  ;  mais  quand  elles  tom- 
bent, c'eft  avec  beaucoup  de  véhémence  ,  principale-, 
ment  depuis  le  mois  d'Avril  jusqu'en  Oftobre.  Il  y  a  des 
vipères,  desferpens,  beaucoup  des  feorpions  ,  ck  des 
vers  gros  ck  velus ,  allez  dangereux ,  ck  Couvent  mortels 
par  leur  feul  toucher.  Les  moucherons  incommodent 
beaucoup  la  nuit  ck  le  jour..  Il  y  a  auffi  beaucoup  de  mou- 
ches ck  de  guêpes  ;  ck  l'on  y  trouve  quantité  d'abeilles 
qui  font  leur  miel  blanc ,  ainfi  que  leur  cire ,  ck  dont  les 
piqûres  ne  font  pas  à  craindre.  Cette  province  porte 
du  baume  6k  une  autre  liqueur  aromatique,  femblable 
à  l'huile,  que  Gomara  dit  couler  d'une  montagne.  On 
l'eftimc  auffi  extrêmement  pour  l'excellent]  paftel  qu'on 
en  tire.  On  y  a  une  grande  difette  de  fel  :  on  le  fait 
avec  beaucoup  de  dépense  du  fable  que  la  mer  a  cou- 
vert ,  6k  _  que  l'on  cuit  dans  des  fournaifes  à  force  de  feu. 
Au  quartier  nommé  Nsjlupaca ,  il  y  a  des  lacs  qui  ont 
des  veines  de  foufre  ,  ce  que  l'on  connaît  par  la  mau- 
vaife  odeur  de  leurs  eaux  ,  6k  par  des  morceaux  que  l'on 
en  trouve  coagulés  près  de  leurs  rivages.  Les  pâturages 
qui  font  auprès  de  ces  lacs,  6k  qui  en  reçoivent  des  ruif- 
feaux,  ont  la  propriété  de  rendre  fort  gras  les  chevaux, 
qui  font  maigres  6k  débiles. 

Cette  province  eft  feparée  de  celles  de  Suchitepeco  6k 
de  Guafàcapan ,  par  la  rivière  de  Michaova,  qui  fort  du 
lac  Amitatan  ,  à  quatre  lieues  de  la  ville  de  San-Jago  , 
6k  qui  fe  précipite  du  haut  de  quelques  rochers  fort  hauts 
dans  une  profonde  caverne  ,  au  haut  de  laquelle  nichent 
un  nombre  infini  de  perroquets  6k  de  groffes  chauve-fou^ 
ris ,  fort  dangereures ,  qui  tuent  les  veaux  en  fuçant  leur 
fang ,  6k  qui  n'épargnent  pas  même  les  hommes ,  quand 
elles  les  trouvent  endormis.  Elles  y  font  en  fi  grande 
quantité,  que  les  Sauvages  ont  été  contraints  d'abandon- 
ner les  censés  voifines ,  à  caufe  du  dommage  continuel 
qu'elles  faifoient  au  bétail. 

Quoique  les  naturels  du  pays  ayent  une  langue  parti- 
culière, la  Mexicaine  leur  eft  fort  commune.  Les  hom- 
mes font  greffiers ,  mais  fort  bons  archers.  Les  femmes 
y  font  un  peu  plus  civiles  ,  6k  favent  fort  bien  filer.  Ils 
ont  profité  en  la  religion  Chrétienne  plus  qu'aucuns  au- 
tres Sauvages  ;  mais  dès  qu'ils  ne  craignent  rien ,  ils  re- 
tombent dans  leurs  coutumes  payennes. 

Les  habits  ordinaires  des  Indiens ,  qui  demeurent  aux 
environs  de  Guatimala ,  font  une  paire  de  caleçons  de 
laine  ou  de  toile,  qui  descendent  jusqu'aux  genoux.  Ils 
marchent  nuds  pieds  la  plupart  du  teins  ,  fi  ce  n'eft  quel- 
ques-uns qui  ont  des  fandales   ou  quelques  paires  de 


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chauffes  ,  fans  pourpoint.  Ils  portent  une  chemife  fort 
courte  avec  une  mante  de  laine  ou  de  toile  par-deffus. 
Cette  mante  eft  nouée  fur  une  épaule  ,  6k  pend  presque 
jusqu'à  terre  de  l'autre  côté.  Il  y  en  a  qui  portent  une 
natte  pour  fe  coucher.  Ceux  qui  n'en  ont  point,  paffentla 
nuit  fur  la  terre,  enveloppés  de  leurs  mantes.  Ceux  qui  ne 
portent  point  de  fardeaux ,  ou  qui  ne  travaillent  point  pour 
les  Espagnols ,  6k  qui  demeurent  dans  les  fetmes  qui  leur 
appartiennent ,  qui  trafiquent  à  la  campagne  avec  leurs 
mulets ,  qui  ont  des  boutiques  dans  les  villes  ou  dans  les 
villages ,  ou  qui  y  font  employés  en  qualité  d'officiers  de 
juftice  ou  de  police  ,  portent  du  ruban  au  bas  de  leurs 
caleçons ,  ou  y  font  faire  quelque  ouvrage  en  broderie  de 
foie  ou  de  fil ,  ainfi  que  fur  la  mante  qu'ils  ont  autour 
d'eux ,  ou  l'enrichiffent  de  quelque  ouvrage  de  plumes 
de  différentes  couleurs.  Il  y  en  a  auffi  quelques-uns  qui 
ont  des  pourpoints  de  toile  découpée  6k  des  fou'iers  ; 
mais  il  en  eft  peu  qui  ayent  des  bas  à  leurs  jambes ,  ou  des 
collets  autour  de  leur  cou.  Ils  couchent  fur  des  ais  ou  fur 
des  rofeaux  liés  ensemble  ,  un  peu  élevés  de  terre  ,  fur 
quoi  on  pofe  une  natte  fort  large  6k  fort  propre  ,  avec 
deux  petits  billots  de  bois,  qui  fervent  de  chevet  à  l'homme 
6k  à  la  femme.  Ils  mettent  leur  mante  &  leur  chemife 
deffus  ou  d'autres  hardes  ,  au  lieu  de  couffin  ,  6k  fe  cou- 
vrent d'une  autre  forte  de  mante  blanche ,  mais  plus 
froffiere  que  celle  qui  leur  tient  lieu  de  manteau.  Les  ha- 
its  des  femmes  ne  leur  coûtent  pas  beaucoup.  Au  lieu 
de  jupe  ,  elle  portent  une  mante  de  laine  qu'elles  lient  au 
défaut  du  corps,  6k  qui  d'ordinaire  eft  enrichie  debrode- 
rie  de  plufieurs  couleurs  ,  mais  tout  d'une  pièce  ,  fans 
nulle  couture ,  &  repliée  autour  d'elles  en  dedans.  El- 
les n'ont  point  de  chemifes  ,  6k  couvrent  leur  nudité 
avec  une  espèce  de  furplis,  qu'on  nomme  guaipil ,  qui 
pend  depuis  leurs  épaules  jusqu'au  deflbus  de  la  ceinture , 
avec  des  manches  ouvertes  fort  larges,  qui  leur  couvrent 
feulement  la  moitié  du  bras.  Ce  guaipil  eft  orné  d'ordi- 
naire de  quelque  ouvrage  de  plumage  ou  de  coton,  fur- 
tout  à  l'endroit  du  fein.  Elles  vont  la  plupart  nuds  pieds. 
Celles  qui  font  riches ,  portent  des  fouliers  noués  avec  un 
ruban  fort  large.  Celles-là  portent  auffi  des  pendans  d'o- 
reille 6k  des  bracelets  ,  6k  ont  leurs  cheveux  retroufîés 
avec  des  bandelettes ,  fans  coëffe ,  ni  aucune  chofe  qui  les 
couvre  ;  'mais  les  femmes  diftinguées  ne  fortent  jamais 
fans  une  espèce  de  voile  de  toile  fine ,  qui  leur  couvre 
la  tête,  6k  descend  presque  jusqu'à  terre,;  elles  le  lient 
autour  d'elles  avec  un  ruban.  C'eft  ce  qu'il  y  a  de  plus  ' 
cher  en  leurs  habits.  *  Th.Gagï,Voyage  aux  Indes occid. 
■}.part. 

Leurs  maifons  ne  font  que  des  cabanes  couvertes  de 
chaume  ,  fans  aucunes  chambres  hautes.  Ils  en  ont  feu- 
lement une  ou  deux  baffes ,  en  l'une  desquelles  ils  apprê- 
tent leurs  viandes ,  faifant  le  feu  au  milieu  entre  deux  ou 
trois  pierres ,  fans  qu'il  y  ait  de  tuyau  ni  de  cheminée , 
pour  conduire  la  fumée  hors  de  la  maifon.  Ceux  qui  font 
pauvres  ,  n'ont  qu'une  chambre  où  ils  apprêtent  leurs 
viandes  ,  où  ils  mangent  6k  fe  couchent.  Comme  ils 
n'ont  pour  meubles  que  des  pots  ,  des  cruches  6k  des 
plats  de  terre  ,  avec  des  coupes  pour  boire  leur  choco- 
lat, ils  n'appréhendent  point  les  voleurs.  Auffi  il  y  en  a 
fort  peu  qui  ayent  des  ferrures  à  leurs  portes.  On  ne  voit 
presque  aucune  maifon  qui  n'ait  un  bain  dans  la  cour.  Ils 
s'y  baignent  dans  de  l'eau  chaude,  6k  c'eft  presque  toute 
leur  médecine,  lorsqu'ils  ont  la  moindre  indispofition. 

Dans  chaque  village  ils  font  divifés  entr'eux  par  tri- 
bus ,  qui  ont  chacune  un  chef ,  à  qui  s'adreffent  tous 
ceux  qui  en  font,  quand  il  s'agit  de  quelque  affaire  im- 
portante. Ce  chef  eft  obligé  de  comparoître  pour  eux 
devant  les  officiers  de  la  juftice  ,  &  de  demander  répa- 
ration des  injures  qu'on  leur  a  faites.  Lorsque  quelqu'un 
d'eux  cherche  à  fe  marier  ,  le  père  du  garçon,  qui  veut 
prendre  une  femme  d'une  autre  tribu  ,  va  trouver  le 
chef  de  la  flenne  pour  l'avertir  de  ce  mariage ,  &  enfuite 
les  chefs  des  deux  tribus  confèrent  fur  les  articles.  Ces 
conférences  durent  ordinairement  trois  mois  ,  pendant 
lesquels  les  parens  dn  garçon  doivent  acheter  la  fille  par 
des  préfens,  6k  aquitter  la  dépense  qui  fe  fait  à  boire  6k 
à  manger,  lorsque  les  chefs  des  tribus  confèrent  enfem- 
ble  avec  les  parens  des  deux  parties  ;  ce  qui  dure  ordi- 
nairement un  jour  entier  jusqu'à  la  nuit.  Après  plufieurs 
jours  paffés  ainfi  ,  s'il  arrive  qu'on  ne  pniffe  s'accorder 
fur  le  mariage ,  les  parens  de  la  fille  font  obligés  de  ren- 


dre  à  ceux  du  garçon  tous  les  préfens  qu*  ils  orit  reçus» 
Lorsque  ces  Indiens  meurent,  tout  ce  qu'ils  poffedent 
de  meubles  6k  d'immeubles  ,  eft  partagé  entre  les  fils 
par  égales  portions  ,  &  les  filles  n'y  ont  rien.  Si  quel- 
qu'un d'entr'eux  n'a  point  de  maifon ,  ou  qu'il  veuille 
faire  recouvrir  la  fienne ,  on  en  donne  avis  aux  chefs  des 
tribus,  qui  en  informent  les  habitans  du  village ,  &  alors 
chacun  eft  obligé  d'apporter  une  botte  de  paille  ou  quel- 
ques^ autres  matériaux  ;  de  forte  qu'en  un  feul  jour  une 
mailon  le  trouve  bâtie.  La  plupart  du  tems  les  Pame- 
RES  n'ont  pour  leur  manger  qu'un  plat  de  phaféoles 
blancs  bc  noirs  ,  dont  il  y  a  quantité  en  ce  pays ,  6k  que 
1  on  conferve  fecs  toute  l'année.  C'eft  une  espèce  de  fè- 
ves qu  ils  font  bouillir  avec  du  chilé.  Quand  ils  n'en  ont 
point,  leur  portion  ordinaire  eft  des  lonilks.  Ce  font 
de  petits  gâteaux  ronds ,  faits  avec  de  la  pâte  de  mahis 
qu  ils  mangent  tout  chauds ,  en  fortant  d'une  terrine  OÙ 
ils  les  font  cuire  fur  leur  champ.  Lorsque  leur  maïs  eiï 
encore  vert  6k  tendre ,  ils  font  bouillir  la  tige  avec  les, 
■épis  &  les  feuilles  qui  font  à  l'entour  ,  &  les  mandent 
enfuite  avec  du  fel.  Le  famedi  au  foir ,  quelques-uns  au. 
retour  de  leur  travail  ,  achètent  de  la  viande  pour  l'ac- 
commoder en  tafajos,  qui  font  des  morceaux  de  chair 
roules  6k  liés  bien  fort.  C'eft  le  bœuf  falé  de  l'Améri- 
que. Après  qu'ils  ont  coupé  toute  la  chair  de  la  cuiffe  d'un 
bœuf ,  bc  qu  ils  l'ont  féparée  des  os  en  forme  de  petites 
cordelettes  ,  ils  la  falent  &  l'expofent  au  vent  dans  leur' 
cour  pendant  huit  jours.  Enfuite  ils  la  mettent  encore- 
autant  a  la  fumée,  après  quoi  ils  en  font  de  petits  rou- 
leaux qui  deviennent  durs  comme  une  pierre  ;  ek  cuand- 
îls  en  ont  affaire,  ils  les.  lavent  ,  les  font  bouillir  &  les 
mangent.  Ce  taflajos  eft  une  fort  bonne  marchandife  " 
a  laquelle  plufieurs  Espagnols  fe  font  enrichis  par  le 
moyen  du  trafic  qu'ils  ont  fait  dans  les  villages  où  l'on 
ne  vend  point  de  viande,  6k  où  ils  le  trafiquent°avec  les  In- 
diens pour  du  cacao.  Ils  vont  auffi  à  la  chaffe  en  de  cer- 
tains tems;  6k  quand  ils  ont  tué  quelaue  daim  à  coups, 
de  flèches,  ils  le  laiffent  toute  une  femaine  fous  des  feuil- 
les d  arbres ,  jusqu'à  ce  que  l'animal  foit  plein  de  vers 
&  qu  il  commence  a  (entir.  Alors  ils  l'apportent  chez 
eux  le  coupent  en  pièces ,  6k  le  font  bouillir  avec  une 
herbe  qui  lui  ôte  fa  mauvaife  odeur  ,  6k  rend  cette  chair 
auffi  tendre  6k  auffi  blanche  que  celle  d'un  coq  d'Inde 
lorsqu'il  eft  à-demi-cuit.  Ils  en  mettent  les  morceaux- 
quelque  tems  à  la  fumée  ,  les  font  bouillir  de  nouveau 
quand  ils  en  veulent  manger  ,  6k  l'apprêtent  ordinaire- 
ment avec  un  peu  de  poivre  rouge.  Ces  mêmes  Indiens 
aiment  fort  les  hériffons ,  qui  font  tout  pleins  d'aiguillons 
6k  piquans  comme  les  nôtres.  On  les  trouve  dans  les 
bois  6k  dans  les  champs ,  où  ils  fe  retirent  dans  des  trous  J 
6k  ne  vivent  que  de  fourmis  &  de  leurs  œufs ,  de  bois 
pourri ,  d'herbes  6k  de  racines.  Leur  chair  eft  blanche  , 
graffe  comme  celle  d'une  poule  qu'on  a  pris  foin  d'en- 
graiffer,  6k  à  auffi  bon  goût  que  celle  d'un  lapin.  Us 
mangent  auffi  beaucoup  d'une  forte  de  lézards,  qu'ils  ap- 
pellent iquana.  Ils  font  plus  longs  qu'un  lapin  ,  ck  ref- 
femblent  à  un  fcorpion  ,  ayant  fur  le  dos  des  écailles 
vertes  ck  noires.  Les  uns  fe  trouvent  dans  l'eau ,  6k  les 
autres  fur  la  terre  :  ces  derniers  courent  auffi  vite  que 
nos  lézards  6k  font  fort  hideux.  Us  grimpent  fur  les  ar- 
bres comme  les  écureuils,  6k  emportent  même  les  raci- 
nes dans  les  murailles. 

Les  Indiens  en  général  aiment  tous  les  breuvages  qui 
enivrent,  6k  principalement  le  chicka,  qui  eft  plus  fort  que 
le  vin.  Us  le  font  dans  de  gtandes  cruches  qu'on  leur 
apporte  d'Espagne.  Us  y  mettent  un  peu  d'eau ,  ck  enfuite 
ils  rempliffent  le  vaiffeau  de  jus  de  cannes  de  fûcre  » 
avec  un  peu  de  miel  pour  le  rendre  doux  ;  6k  afin  qu'il 
ait  de  la  force ,  ils  y  mettent  des  racines  6k  des  feuilles 
de  tabac ,  6k  d'autres  racines  qui  croiffent  en  ce  pays--ià. 
Us  y  mettent  auffi  quelquefois  un  crapaud  vivant  6k' 
laiffent  fermenter  tout  cela  enfemble  pendant  quinze 
jours  ou  un  mois  entier  ,  après  quoi  ils  ouvrent  le  vaif- 
feau ,  6k  invitent  leurs  amis  à  le  venir  vuider  avec  eux  ■ 
ce  qu'ils  font  ordinairement  la  nuit ,  de  peur  d'être  décou- 
verts par  le  prêtre  du  village  :  ils  ne  ceffent  point  de 
boire  qu'ils  ne  foient  tout  à  fait  yvres. 

Quant  à  leur  gouvernement  civil  ,  ils  l'ont  emprunté 

des  Espagnols  ;  6k  dans  les  villages  qui  contiennent  trois 

ouquatre  cents  familles,  il  y  a  d'ordinaire  deux  alcades, 

fix  regidors  ,  deux  alguafils  majors ,  &  fix  autres  qui  en 

Tomt  III,    G  g  ij 


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236 

dépendent.  Il  y  a  auffi  quelques  villages  qui  ont  le  pri- 
vilège d'avoir  un  gouverneur  Indien  ,  qui  eft  au-deflus 
des  alcades  ck  de  tous  les  autres  officiers.  Tous  les  ans 
on  nomme  de  nouveaux  officiers  :  ce  font  les  Indiens  qui 
les  élifent ,  &  les  prennent  l'un  après  l'autre  de  chaque 
tribu.  Ils  entrent  en  charge  le  premier  jour  de  l'année  , 
fck  auffi-tôt  on  fait  favoir  leur  éle&ion  à  la  cour  de  Gua- 
timala  ,  s'ils  en  dépendent  ;  ou  s'ils  ne  font  pas  de  fa 
jurisdi&ion  ,  aux  principaux  magiftrats  ou  gouverneurs 
Espagnols  des  provinces ,  qui  approuvent  cette  éleftion 
nouvelle.  Les  officiers  qui  ont  le  gouvernement  entre  les 
mains  ,  peuvent  faire  châtier  tous-  les  Indiens  de  leurs 
villages  ,  qui  commettent  quelque  crime  ou  quelque 
fcandale.  Ils  ont  droit  de  condamner  à  l'amende  ,  au 
fouet  8c  au  banniiïement  ,  mais  non  à  la  mort.  Il  faut 
qu'ils  renvoient  ces  fortes  de  caufes  aux  gouverneurs 
Espagnols.  La  plupart  de  leurs  églifes  font  voûtées  en 
haut ,  rk  toutes  bâties  par  les  Indiens.  L'églife  ,  félon  la 
grandeur  du  village  ,  a  un  certain  nombre  de  chantres  , 
de  trompettes  8c  de  joueurs  de  hautbois  ,  fur  lesquels  le 
curé  ou  prêtre  ordonne  un  officier  appelle  fiscal  ,  qui 
marche  devant  eux  ,  un  bâton  blanc  à  la  main  avec  une 
croix  d'argent  au  bout.  Les  dimanches  8c  les  fêtes  ,  il  eft 
obligé  d'alfembler  à  l'églife  les  jeunes  garçons  &  les  filles 
devant  &  après  le  fervice  ,  8c  de  leur  enfeigner  les  com- 
mandemens  de  Dieu  ,  la  manière  de  prier  ,  8c  tout  ce 
qui  regarde  la  religion,  il  faut  auffi  que  ce  fiscal  8c  les 
autres  mulïciens  ,  auffi-bien  que  les  Espagnols  ,  fe  ren- 
dent à  l'églife  au  fon  de  la  cloche  ,  pour  chanter  la 
mefïè  qu'on  célèbre  avec  des  orgues  8c  d'autres  inftrumens 
de  mufique.  Ils  font  encore  obligés  de  s'y  rendre  fur  les 
cinq  heures  du  foir  pour  dire  complies.  Le  fiscal  &  tous 
ceux  qui  dépendent  de  l'églife  ,  font  exempts  du  fervice 
que  les  autres  Indiens  rendent  toutes  les  femaines  aux 
Espagnols  ;  mais  quand  il  arrive  quelque  prêtre  ou  quel- 
que homme  de  dualité  dans  leur  village  ,  leur  devoir  eft 
d'aller  au  devant  de  lui  ,  de  l'accompagner  avec  leur 
mufique  ,  leurs  trompettes  rk  leurs  hautbois ,  Se  de  faire 
dreffer  des  arcs  de  triomphe  avec  des  fleurs  &  des  bran- 
ches d'arbres  ,  dans  les  rues  où  ces  étrangers  doivent 
parler.  Il  n'y  a  point  de  village  ,  où  chaque  Indien  marié 
ne  paye  tout  au  moins  tous  les  ans  quatre  réaies  de  tribut 
au  roi  d'Espagne  ,  tk  autant  au  commendeur.  On  appelle 
ainfi  des  feigneurs  particuliers,  descendus  de  ceux  qui 
ont  les  premiers  conquis  l'Amérique.  Si  le  village  dépend 
feulement  du  roi  ,  ils  payent  jusqu'à  huit  réaies.  Ceux 
qui  dépendent  des  gouverneurs  leur  apportent  des  den- 
rées qui  fe  trouvent  fur  les  lieux  ,  du  maïs  ,  du  miel  , 
des  volailles  ,  de  coqs  d'Inde  ,  du  fel  ,  du  cacao  ,  des 
mantes  de  coton  ,  Se  autres  chofes  femblables.  Mais 
les  villages  qui  peuvent  prouver  qu'ils  descendent  de 
l'état  de  Tlaxcatlan  ,  de  quelques  familles  de  Mexico  , 
ou  des  environs,  qui  aidèrent  les  premiers  aux  Espagnols 
à  conquérir  ce  pays  ,  font  exempts  de  ce  tribut. 

Les  Indiens  profeffent  en  apparence  la  religion  Chré- 
tienne ;  mais  dans  le  fond  ils  ne  croient  point  les  princi- 
paux myfteres.  Il  s'en  trouve  qui  adorent  encore  des  ido- 
les ,  quiobfervent  la  rencontre  des  bêtes  qui  traversent  les 
chemins ,  le  vol  Scie  chant  des  oifeaux;  d'autres  croient  que 
leur  vie  eft  attachée  à  tel  animal  :  ils  le  gardent  auprès  deux 
avec  beaucoup  de  foin.  Comme  ils  voient  qu'on  peint 
divers  faints  avec  quelque  animal  auprès  d'eux  ,  comme 
S.  Jérôme  avec  un  lion  ,  S.  Antoine  avec  un  pourceau  , 
S.  Dominique  avec  un  chien ,  S.  Marc  avec  un  taureau ,  Ck 
S.  Jean  avec  un  aigle  ,  ils  fe  perfuadent  que  ces  faints 
étoient  de  leur  même  opinion,  ck  que  ces  animaux  peints 
auprès  d'eux  étoient  leurs  esprits  familliers  ;  que  ces  faints 
fe  transformoient  en  leurs  figures  pendant  leur  vie  ,  ck 
qu'ils  font  morts  en  même  tems  qu'eux  ,  de  forte  que 
comme  ils  ont  une  grande  vénération  pour  eux  ,  ils  en 
achètent  les  tableaux  qu'ils  font  mettre  dans  l'églife  ,  afin 
que  chacun  les  y  honore.  Les  églifes  font  pleines  de  ces 
tableaux  qu'on  porte  en  proceffion  au  haut  de  certains 
bâtons  dorés  ,  le  jour  qu'on  en  célèbre  la  fête.  Ce  jour- 
là  ,  celui  à  qui  le  tableau  appartient  fait  un  grand  feftin 
dans  le  village  ,  ck  donne  ordinairement  trois  ou  quatre 
écus  au  curé  pour  fa  meffe  ck  fon  fermon  ,  avec  un  coq 
d'Inde  ,  trois  ou  quatre  pièces  de  volailles  ,  ck  du  cacao 
fuffifamment  ,  pour  lui  faire  du  chocolat  pendant  toute 
l'oftave  de  la  tête.  Deux  ou  trois  mois  avant  celle  du 
faint  à  qui  le  village  eft  dédié ,  les  Indiens  qui  l'habi- 


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tent ,  s'aflemblent  tous  les  foirs  pour  fe  préparer  aux  danfes 
accoutumées  en  ces  jours  là.  Il  y  a  une  maifon  ordonnée 
exprès  ponr  chaque  forte  de  danfe  ,  avec  un  maître  qui 
va  l'enfeigner  aux  autres  ,  afin  qu'ils  la  fâchent  parfaite- 
ment pour  le  jour  de  la  fête  de  ce  faint.  La  principale  de 
ces  danfes  eft  appellée  toncont-in.  Les  Indiens  qui  la 
danfent  font  du  moins  trente  ou  quarante  ,  tous  habillés 
de  blanc  ,  tant  pour  leurs  pourpoints  que  pour  leurs 
caleçons  ck  leurs  ajates  ou  mantes  ,  qui  d'un  côté  pen- 
dent jusqu'à  terre.  Quelques-uns  en  louent  de  tafetas 
pour  cette  cérémonie.  Leurs  caleçoris  Se  leurs  ajates  font 
bordés  de  foie  ou  de  plumage  ,  ou  d'un  beau  galon.  Ils 
ont  fur  le  dos  de  grands  bouquets  de  plumes  de  toutes 
couleurs  ,  collées  à  une  petite  machine  faite  exprès  ,  ck 
qui  eft  dorée  par  le  dehors.  Ils  l'attachent  à  leurs  épau- 
les avec  des  rubans.  Ils  portent  encore  fur  la  tête  un 
autre  bouquet  de  plumes  ,  mais  moindre  que  celui-là. 
Il  eft  attaché  à  leurs  chapeaux  ,  ou  à  une  espèce  de  cas- 
que peint  ou  doré  qu'ils  mettent  fur  leur  tête.  Ils  tiennent 
auffi  dans  la  main  un  éventail  de  plumes.  La  plupart  en 
ont  encore  au  pied  en  forme  de  petites  ailes.  Quelques- 
uns  portent  des  fouliers  ;  d'autres  n'en  ont  point  ;  mais 
depuis  la  tête  jusqu'aux  pieds ,  ils  font  tout  couverts  de 
fort  belles  plumes.  L'inftrument  ,  avec  lequel  ils  mar- 
quent la  cadence  ,  eft  fait  du  tronc  d'un  arbre  creux  , 
arrondi  ck  paré  au  dedans  8c  au  dehors  ,  fort  doux  ck 
luifant.  Il  eft  quatre  fois  plus  épais  que  nos  violes  ,  avec 
deux  ou  trois  longues  fentes  au  côté  d'en-haut  8c  quel- 
ques trous  au  bout.  On  pofe  cet  inftrument  appelle 
cepanaba^  fur  un  banc  ,  au  milieu  des  Indiens  ;  8c  le 
maître  de  danfe  frappe  deflus  avec  deux  bâtons  ,  garnis 
de  laine  par  le  bout  ,  8c  couverts  d'un  cuir  poiffé  pour 
tenir  la  laine.  Quoiqu'il  rende  un  fon  lourd  8c  pelant , 
celui  qui  en  joue  ne  laiffe  pas  ,  parla  diverfitédes  coups 
qu'il  donne  defïus  ,  de  faire  entendre  divers  tons  ;  ce 
qui  apprend  aux  danfeurs  les  mouvemens  qu'ils  doivent 
faire ,  foit  en  s'allongeant ,  foit  en  fe  courbant ,  ou  bien 
lorsqu'il  faut  qu'ils  fe  mettent  à  chanter.  Ils  danfent  tous 
en  rond  autour  de  cet  inftrument  ,  fe  fuivant  les  uns  les 
rutres  ,  quelquefois  tout  droits  ,  quelquefois  ne  faifant 
qu'un  demi-tour  ,  8c  d'autres  fois  fe  penchant;  de  forte 
que  les  plumes  qu'ils  ont  en  la  main  ,  touchent  la  terre. 
Cette  danfe  n'eft  qu'une  espèce  de  marche  en  rond  , 
qu'ils  continuent  deux  ou  trois  heures  dans  un  même 
lieu  ,  après  quoi  ils  vont  faire  la  même  chofe  dans 
un  autre.  Il  n'y  a  que  les  chefs  8c  les  principaux  du  vil- 
lage ,  qui  la  danfent.  C'eft  ce  qu'ils  pratiquoient  avant  qu'ils 
fuffent  Chrétiens.  Rien  n'y  a  été  changé  ,  linon  qu'au 
lieu  des  louanges  de  leurs  faux  dieux  ,  ils  chantent  la 
vie  des  faints.  Ils  pratiquent  auffi  fort  fouvent  une  autrî 
forte  de  danfe  ,  dans  laquelle  on  fe  fert  d'une  grande 
diverfité  d'airs  avec  un  petit  upanaba:  ,  ck  plufieurs 
écailles  de  tortue  ,  ou  des  pots  couverts  de  cuir ,  fur  quoi 
ils  frappent  comme  fur  le  tepanabaz  ,  qu'ils  accompa- 
gnent du  fon  des  flûtes.  Cette  danfe  eft  une  espèce  de 
chaffe  de  bêtes  fauvages.  Lorsqu'ils  la  danfent ,  ils  crient  , 
8c  font  grand  bruit  ,  les  uns  racontant  une  chofe  8c  les 
autres  une  autre  fur  le  fujet  de  la  bête  qu'ils  chaffent. 
Il  y  en  a  qui  font  habillés  de  peaux  peintes  en  forme 
de  lions  ,  8c  d'autres  qui  en  ont  en  forme  de  tigres  8k 
de  loups.  Ils  portent  des  bonnets  faits  comme  la  tête  de 
ces  animaux-là  ,  ou  bien  d'aigles  ou  d'autres  oifeaux  de 
proie.  Ils  tiennent  auffi  des  bâtons  peints  comme  des 
dards  ,  des  épées  ,  des  haches  ,  avec  quoi  ils  menacent 
la  bête  qui  eft  pourfuivie.  Cette  danfe  eft  fort  pleine  d'ac- 
tion. Tantôt  ils  courent  tout  autour  d'un  cercle ,  8c  quel- 
quefois dehors  ;  tantôt  ils  fautent  8c  frappent  les  inftru- 
mens qu'ils  ont  en  la  main  ;  mais  le  fpe&acle  qui  attire 
plus  le  peuple  ,  eft  une  tragédie  qu'on  représente  en 
danfant  ,  8c  qui  bien  fouvent  eft  la  mort  de  S.  Pierre  , 
ou  celle  de  S.  Jean-Baptifte.  L'on  y  fait  paroître  l'em- 
pereur Néron  ,  ou  le  roi  Herode  avec  fa  femme  ,  vêtus 
magnifiquement ,  8c  un  autre  perfonnage  avec  une  lon- 
gue robe ,  pour  repréfenter  S.  Pierre  ou  S.  Jean-Baptifte  , 
qui  ,  pendant  que  les  autres  danfent  ,  marche  au  milieu 
d'eux  tenant  un  livre  en  fes  mains ,  comme  s'il  lifoit  quel- 
ques prières.  Tous  ceux  qui  danfent  font  vêtus  en  capi- 
taines ck  en  foldats  ,  avec  des  épées  ,  des  poignards  ck 
des  hallebardes  en  leurs  mains.  Ils  danfent  au  fon  d'un 
petit  tambour  8c  de  quelques  flûtes ,  quelquefois  en  rond 
ck  quelquefois  en  avançant. 


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■l.  GUATIMALA  ,  ville  de  l'Amérique  feptentrio- 
naîe  ,  dans  la  nouvelle  Espagne  ,  Se  capitale  du  gouver- 
nement de  Guatimala  :  on  l'appelle  communément  San- 
Jago  de  Guatimala.  Elle  eft  fituée  dans  une  vallée  ,  qui 
n'a  pas  tout-à-fait  une  lieue  de  large  ,  parce  qu'il  y  a  de 
hautes  montagnes  qui  la  clofent  ;  mais  en  fa  longueur  , 
vers  la  mer  du  fud  ,  elle  contient  un  pays  vafte  Se  tout 
uni  ,  qui  s'élargit  un  peu  au-delà  du  lieu  qu'on  nomme 
encore  aujourd'hui  la  Vicilk-Villt  ,  Se  qui  en  eft  envi- 
ron à  une  lieue  de  Guatimala.  Quoique  les  montagnes 
l'environnent  de  chaque  côté  ,  Se  qu'il  femble  qu'elles 
pendent  deffus  du  côté  de  l'orient ,  les  chemins  qu'on  y 
a  faits  font  fi  commodes  ,  que  les  hommes  Se  les  bêtes 
chargées  de  pefans  fardeaux  y  paffent  facilement.  Celui 
qui  vient  de  Mexique ,  en  le  prenant  par  la  côte  de  Soco- 
nuçeo  &c  Suchuttpegue  ,  fe  rend  dans  la  ville  par  le  côté 
du  nord-oueft.  Cette  route  eft  large  ,  ouverte  Se  fablon- 
neufe  ;  mais  par  Chiapa  il  eft  au  nord-eft  ,  Se  fe  rend  à 
la  ville  entre  les  montagnes.  A  l'occident  vers  la  mer 
du  fud  ,  le  chemin  eft  tout  ouvert  au  travers  de  la  vallée , 
Se  du  pays  qui  eft  tout  plat  en  cet  endroit.  Au  fud  Se  au 
fud-eft  le  chemin  eft  par  deffus  des  montagnes  fort  hautes 
Se  difficiles.  C'eft  par-là  qu'on  vient  ordinairement  de 
Comayagua  ,  de  Nicaragua ,  &  de  Golfo-Dolce  où  les 
navires  abordent  tous  les  ans  ,  Se  déchargent  les  mar- 
chandifes  qu'on  apporte  d'Espagne  pour  Guatimala. 
Les  deux  montagnes  qui  approchent  le  plus  de  la  ville  Se 
de  la  vallée,  font  appellées  les  Volcans.  Elles  font  presque 
vis-à-vis  l'une  de  l'autre ,  à  chaque  côté  de  la  vallée.  L'une 
prend  presque  perpendiculairement  fur  la  ville  du  côté 
du  fud  ,  Se  les  Espagnols  l'appellent  improprement  le 
Volcan  de  l'eau  ,  parce  que  de  l'autre  côté  de  Guati- 
mala il  en  fort  plufieurs  ruiffeaux  ,  vers  le  village  de 
S.  Ghriftophe.  On  croit  qu'elle  fournit  de  ce  côté  les 
eaux  qui  entretiennent  un  grand  lac  d'eau  douce,  proche 
des  bourgades  à'Amatitlan  Se  de  Petapa.  Du  côté  qu'elle 
regarde  Guatimala  &e  la  vallée  ,  il  en  fort  tant  de  fontai- 
nes d'eau  douce  ,  qu'elles  font  une  rivière  qui  court  en 
la  vallée  paffant  près  de  la  ville  ,  Se  fait  tourner  les  mou- 
lins qui  font  à  Xocotenango.  La  tradition  des  Espagnols 
porte  que  cette  rivière  n  etoit  point  connue  dans  le  tems 
de  la  conquête  ;  ck  l'on  prétend  que  vers  l'an  1534,  une 
dame  nommée  Marie  de  Cajlille ,  demeuroit  dans  la  ville 
de  Guatimala  ,  autrefois  bâtie  plus  haut  Se  plus  proche 
du  Volcan ,  au  lieu  qu'on  appelle  encore  la  Vieille-Ville. 
Cette  femme  ayant  perdu  fon  mari  à  la  guerre  ,  &  vu 
mourir  tous  fes  enfans  dans  la  même  année ,  fut  telle- 
ment faine  de  douleur  ,  qu'au  lieu  de  fe  foumettre  à  la 
volonté  de  Dieu  ,  elle  défia  fa  puiffance  ,  en  difant  qu'il 
ne  pouvoit  porter  plus  loin  fa  colère  ,  puisqu'elle  comp- 
toit  fa  vie  pour  rien ,  &  que  c'étoit  la  feule  chofe  qu'il  lui 
pût  encore  ôter.  A  peine ,  dit  la  tradition ,  eut-elle  achevé 
ces  mots ,  qu'il  fortit  de  ce  Volcan  un  gros  torrent  d'eau 
qui  l'emporta ,  Se  qui  ,  en  ruinant  un  grand  nombre  de 
maifons  ,  obligea  les  habitans  à  choifir  pour  leur  demeure 
le  lieu  où  eft  aujourd'hui  bâtie  la  ville  de  Guatimala.  La 
montagne  qui  eft  vis-à-vis  de  celle  d'eau ,  de  l'autre  côté 
de  la  vallée  ,  eft  épouvantable  à  voir  ,  étant  couverte  de 
cendres  ,  de  pierres  ck  de  cailloux  calcinés  ,  fterile  & 
fans  aucune  verdure.  On  n'y  entend  que  des  bruits  de 
tonnerre  ,  Se  de  métaux  qui  fe  fondent  dans  la  terre  ; 
Se  l'on  n'y  voit  que  des  flammes  Se  des  torrens  de  feu ,  qui 
brûlent  inceflamment ,  Se  rempliffent  l'air  d'odeurs  fort 
puantes.  Il  y  a  plufieurs  années  qu'il  fe  fit  au  haut  de  cette 
montagne  une  ouverture  fort  large,  qui  jetta tant  de  cen- 
dres ardentes  ,  que  toutes  les  maifons  de  Guatimala  Se 
des  environs  en  furent  remplies.  Si  les  pierres  qu'elle 
vomit  en  très-grande  quantité  fuffent  tombées  fur  la  ville  , 
elle  l'auroient  ruinée  ;  mais  elles  furent  jettées  à  côté  , 
dans  un  fond  où  elles  font  encore  aujourd'hui ,  Se  donnent 
de  l'étonnement  à  ceux  qui  les  voient. 

Il  y  a  environ  cinq  mille  familles  dans  Guatimala ,  fans 
compter  un  fauxbourg  d'Indiens ,  nommé  le  fauxboug  de 
S.  Dominique  ,  où  font  encore  environ  deux  cents 
autres  familles.  Le  plus  bel  endroit  de  la  ville  eft  celui 
qui  fe  joint  à  ce  faubourg  ,  qu'on  appelle  la  rue  defaint 
Dominique  ,  à  caufe  que  le  couvent  de  S.  Dominique  y 
eft  bâti.  C'eft  en  ce  lieu  que  font  les  plus  riches  boutiques 
de  Guatimala  ,  Se  les  meilleurs  bâtimens.  La  plupart  des 
maifons  font  neuves  Se  bien  bâties.  Il  s'y  tient  tous  les 
jours  un  petit  marché  ,   où  quelques  Indiens  vendent 


157 

des  herbes  ,  des  fruits  Se  du  cacao.  Il  n'y  a  qu'une  feule 
églife  paroiffiale  Se  cathédrale  ,  bâtie  dans  la  place  du 
grand  marché  :  toutes  les  autres  églifes  dépendent  des 
couvens  des  Dominicains  ,  des  Cordeliers  ,  des  PP.  de 
laMercy ,  desAuguftins  ,  Se  des  Jéfuites.  Les  trois  pre- 
mières font  magnifiques  ,  Se  renferment  cent  religieux 
chacun.  Le  plus  fomptueux  eft  celui  des  Dominicains  , 
qui ,  par  une  grande  allée  qui  eft  devant  l'églife ,  eft  joint 
à  l'univerfité  de  la  ville.  Entre  les  richeffes  qu'on  y  voit  , 
font  une  lampe  d'argent  qui  pend  devant  le  grand  autel , 
Se  qui  eft  d'une  telle  pefanteur  que ,  pour  l'élever  en  haut, 
on  a  befoin  de  trois  hommes,  Se  une  image  de  la  Vierge 
de  pur  argent  ,  de  la  grandeur  d'une  femme  de  belle 
taille.  Elle  eft  dans  un  tabernacle  fait  exprès  ,  dans  la 
chapelle  du  Rofaire.  On  tient  tout  au  moins  une  douzaine 
de  lampes  d'argent ,  continuellement  allumées  devant  cette 
image.  Il  y  a  dans  le  cloître  d'en-bas  un  fort  grand  jardin  , 
avec  une  fontaine  au  milieu  ,  Se  un  beau  jet  d'eau  d'où 
fortent  douze  ou  quinze  tuyaux  ,  qui  rempliftent  deux 
viviers  pleins  de  poiflbn  ,  fur  lesquels  on  voit  nager  plu- 
fieurs oifeaux  aquatiques.  Ce  couvent  a  encore  deux  jar- 
dins ,  l'un  fruitier  Se  l'autre  potager.  On  voit  dans  l'un 
un  étang  de  deux  cents  cinquante  pas  de  long  ,  qui  eft 
tout  pavé  au  fond,  avec  une  petite  muraille  tout  à  l'en- 
tour  ,  Se  un  bateau  dans  lequel  les  religieux  vont  fe  pro- 
mener fur  l'eau  ,  Se  pêcher  lorsque  le  poiflbn  leur  man- 
que d'ailleurs.  Le  revenu  du  couvent  confifte  en  certains 
villages  d'Indiens  qui  en  dépendent.  Ils  ont  encore  un 
moulin  à  eau ,  une  ferme  à  froment  ,  une  autre  où  l'on 
nourrit  des  chevaux  Se  des  mulets  ,  une  ferme  où  il  y  a 
un  moulin  à  fucre  ,  Se  une  mine  d'argent  qui  leur  fut 
donnée  en  1633  ;  ce  qui  monte  au  moins  à  trente  mille 
ducats  chaque  année.  Il  y  a  auffi  deux  couvens  de  reli- 
gieufes ,  l'un  appelle  de  la  Conception  ,  Se  l'autre  de 
fainte  Catherine.  On  compte  jusqu'à  mil'e  perfonnes  dans 
celui  de  la  Conception ,  tant  en  religieufes  ,  leurs  fervan- 
tes  Se  esclaves  ,  qu'en  jeunes  filles  à  qui  elles  apprennent 
à  lire  &  à  écrire  ,  Se  à  travailler  à  divers  ouvrages.  Les 
religieufes  qui  font  proiéfuon ,  y  portent  cinq  ,  fix  5e  fept 
cents  ducats  de  dot ,  Se  quelquefois  jusqu'à  mille.  Il  n'y  a 
qu'un  feul  boucher  qui  puifte  fournir  de  viande  la  ville  de 
Guatimala  ;  encore  faut-il  que  ce  foit  au  prix  qui  lui  eft 
fixé  pour  chaque  livre.  Il  acheté  par  cent  ou  par  mille 
le  bétail  dont  il  croit  avoir  befoin.  Quoique  le  mouton 
n'y  foit  pas  fi  abondant  que  le  bœuf,  il  en  vient  toujours 
affez  de  la  vallée  de  Micco  ,  de  Pirola  ,  de  Petapat  y 
cYXmatitlan  Se  d'autres  endroits.  En  général ,  la  ville  eft 
fi  bien  fournie  de  vivres  ,  Se  à  fi  bon  marché  ,  qu'avec 
une  demi-réale  de  cinq  fols  un  homme  peut  avoir  de  la 
viande  ,  un  peu  de  cacao  ,  affez  de  pain  de  maïs ,  Se 
bien  fouvent  même  du  pain  de  froment ,  pour  toute  la 
femaine.  Il  y  a  un  grand  commerce  dans  Guatimala.  Avec 
des  mulets  on  tire  par  terre  les  meilleures  marchandises 
du  Mexique  ,  de  Guaxaca ,  de  Chiapa  ,  de  Nicaraga  8c 
de  Coftarica.  Du  côté  de  la  mer ,  cette  ville  trafique  avec 
le  Pérou  ,  par  le  moyen  de  deux  ports  de  mer  ,  dont 
l'un  eft  le  village  de  la  Trinité ,  qui  eft  éloigné  de  vingt- 
cinq  lieues  du  côté  du  fud  ,  Se  l'autre  Realejo  ,  qui  eft  à 
quarante-cinq  lieues  de-là.  Elle  négocie  auffi  avec  l'Es- 
pagne par  la  mer  du  nord  ,  le  Golfe-Doke  n'étant  qu'à 
foixante  lieues  de  Guatimala.  Le  gouvernement  ,  qui , 
outre  le  pays  des  environs  ,  comprend  les  Honduras  , 
Soconuco  ,  Comayaga  ,  Nicaraga  ,  Cojlariga  ,  Vera-Pa^  , 
Cuckutepeques  6e  Chiapa  ,  dépend  la  chancellerie  ,  ou 
de  l'audience  de  Guatimala.  Cette  cour  eft  compofée 
d'un  premier  préfident ,  de  deux  autres  préfidens ,  de  fix 
confeillers  ,  &  d'un  procureur  du  roi. 

GUAXACA ,  province  de  l'Amérique  feptentrionale, 
dans  la  nouvelle  Espagne.  Sa  ville  capitale  eft  ..to^tra, 
évêché.  Les  autres  font  S.  lldefonfo-de-los-Zapotecas , 
San-Jago  Se  Villa  del  Spiritu-Santo.  L'évêché  de  Gua- 
xaca ,  eft  entre  ceux  de  Tlascala ,  Se  de  Guatimala.  Il 
a  cent  lieues  de  longueur ,  félon  la  fuite  de  la  côte  de  la 
mer  du  fud  ,  8e  cinquante ,  félon  celle  du  nord.  Sa  lar- 
geur entre  l'une  Se  l'autre  mer  le  long  des  limites  du 
diocèfe  de  Tlascala  eft  de  fix-vingt  lieues  ;  Se  vers  l'eft 
le  long  de  la  province  de  Chiapa  ,  elle  n'eft  que  de 
cinquante.  Il  renferme  plufieurs  contrées  ,  qui  font  fort 
confidérables.  La  vallée  de  Guaxaca  eft  la  principale. 
Son  étendue  eft  de  feize  lieues  en  long.  Elle  commence 
au  pied  de  la  montagne  de  Cocvla  ,  au  iSe  d.  de  latitude 


238 


CUA 


GUA 


feptentrionale ,  &  félon  Herrera  ,  à  quatre-vingt  lieues 
de  la  ville  de  Mexico  vers  le  fud.  Elle  eft  très-fertile; 
et  il  s'y  trouve  plufieurs  mines  d'or  ,  d'argent  ÔC  de 
cryftal.  Elle  porte  beaucoup  de  froment ,  de  maïs  ,  de 
cacao,  de  cochenille  &  de  caffe.  L'air  y  eft  allez  ferein 
&  falubre.  Les  Espagnols  y  façonnèrent  d'abord  de  la 
foie,  à  quoi  ils  étoient  attirés  par  le  grand  nombre  des 
meuriers  de  la  province.  Ils  yen  ont  planté  depuis  quan- 
tité de  ceux  de  l'Europe.  On  compte  dans  ce  diocèfe 
trois  cents  cinquante  principales  bourgades  des  naturels 
du  pays  ,  outre  trois  cents  villages  ou  censés ,  plus  de 
cent  cinquante  mille  Sauvages  tributaires,  fix-vïngt  mo- 
nafteres  Dominicains ,  &C  plufieurs  collèges  d'eccléfiafti- 
ques.  Quoiqu'il  y  ait  treize,  langages  fort  différens  l'un 
de  l'autre ,  l'idiome  Mexicain  eft  commun  à  tous.  Cette 
province  étoit  fort  fujette  aux  tremblemens  de  terre, 
-avant  que  les  habitans  enflent  embraffé  la  religion  Chré- 
tienne ;  mais  ils  y  font  beaucoup  moins  fréquens  depuis 
ce  tems-là  ;  ce  que  les  Espagnols  attribuent  à  S.  Mar- 
tial ,  qu'ils  ont  choifi  pour  patron  de  l'églife  d'Ante- 
quera.  *  De  Lait,  Ind.  occid.  /.  5  ,  c.  10. 

GUAXARAPOS  ,  Sauvages  de  l'Amérique  méridio- 
nale ,  fur  le  rivage  d'une  rivière  ,  qui  venant ,  comme 
Ton  croît ,  des  limites  du  Brefil ,  fe  mêle  dans  celle  de 
Paraguay,  fur  19  d.  ou  environ  de  latitude  méridionale. 
Leur  contrée  eft  baffe  ,  ci  fort  fujette  à  être  inondée  ; 
ce  qui  les  oblige  à  demeurer  fur  le  bord  de  la  rivière  , 
quand  elle  ne  fort  point  de  fon  lit.  Ils  s'y  adonnent  à  la 
pêche  ,  &  font  leur  provision  du  poiffon  qu'ils  prennent. 
Quand  leur  rivière  déborde ,  &  qu'elle  couvre  les  terres 
voifines ,  les  Sauvages  fe  retirent  au-  dedans  de  la  pro- 
vince ;  ce  qui  arrive  presque  tous  les  ans  dans  le  mois 
de  Janvier.  *  De  Lait ,  Ind.  occ.  1.  14  ,  c.  5. 

GUAXATECAS  ,  province  de  l'Amérique  fepten- 
trionale ,  au  Mexique  ;  on  y  paffe  au  fortir  de  celle  de 
Meztitlan.  Elle  enferme  plufieurs  bourgades ,  qui  font 
-«"tuées  fur  la  rivière  de  Panuco  ,  Se  qui  appartient  à  la 
fille  de  Saint-EJlevan.  Les  habitans  fe  fervent  d'un  lan- 
gage particulier ,  fort  différent  de  celui  qui  eft  en  ufage 
dans  la  ville  de  Mexico.  Cette  province  eft  nommée 
Guafteca  ou  Panuco  par  De'L'IJle.  Elle  prend  ce  dernier 
nom  de  fa  principale  rivière.  Meztitlan  n'eft  point  une 
province,  mais  une  bourgade,  fur  la  route  de  Mexico  à 
Panuco.  Voyez  Panuco.  Cette i  province  eft  appellée 
Guaxteca, parBauira.nd  qui  lui  donne  pour  capitale  Hue- 

XUTLA. 

GUAXOCINGO ,  ville  de  l'Amérique  feptentrionale, 
au  Mexique.  C'eft  la  même  que  GuACOCINGO,  quoi- 
que Corneille  les  diftingue.  Voyez  cet  article. 

GUAYAQUIL  ou  GuiAQUli  ,  félon  les  relations 
Angîoifes  ,  ville  ,  baie  &  port  de  mer  de  ^Amérique 
méridionale ,  au  Pérou  ,  dans  l'audience  de  Quito  ,  par 
les  o  d.  de  latitude  méridionale.  Dampier,  Voyage  autour 
du  monde ,  1. 1 ,  c.  6 ,  p.  1 59  ,  dit  :  cette  baie  eft  entre 
le  Cap-blanc,  du  côté  du  midi,  &£  la  pointe  de  Chandy, 
(Chanday,)  du  côté  du  nord.  Environ  à  vingt-cinq  lieues 
du  Cap-blanc ,  près  du  fond  de  la  baie,  if  y  a  une  pe- 
tite ijle,  nommée  Sainte-Claire,  fituée  à  eft-oueft.  Elle 
eft  paffablement  longue  ,  &  paroît^  comme  un  homme 
mort  étendu.  Les  vaiffeaux  deftinés  pour  la  rivière  de 
Guiaquil  paffent  au  fud  ,  pour  éviter  les  fonds  bas  ,  qui 
font  du  côté  du  nord.  De  l'ifle  de  Sainte-Claire  à  Punta- 
Arena,  il  y  a  fept  lieues  en  tirant  du  côté  de  l'eft-nord- 
eft.  C'eft  la  pointe  la  plus  occidentale  de  Puna ,  ifle  que 
nous  décrivons  en  fon  lieu.  Tous  les  vaiffeaux  qui  vien- 
nent de  la  rivière  de  Guayaquil  y  mouillent ,  &  font 
obligés  d'y  attendre  un  pilote ,  parce  que  l'entrée  de  la 
rivière  eft  fort  dangereufe  pour  les  étrangers.  De  Puna 
à  Guayaquil  il  y  a  fept  lieues ,  &C  une  avant  que  d'arriver 
à  l'embouchure  de  la  rivière  de  Guayaquil  ,  qui  a  plus 
de  deux  milles  de  large.  De-là  en  avant  la  rivière  fer- 
pente  peu.  Ses  deux  côtés  font  bas  &c  marécageux ,  & 
pleins  de  mangles  rouges.  A  quatre  milles  de  Guayaquil, 
la  rivière  fe  partage  en  deux  canaux  ,  &  forme  une  pe- 
tite ifle.  Les  vaiffeaux  peuvent  monter  &  descendre  dans 
les  deux  canaux.  Celui  qui  eft  au  fud-oueft  eft  le  plus 
large.  L'autre  eft  auffi  profond ,  mais  plus  étroit  à  caufe 
de  plufieurs  arbriffeaux  qui  s'étendent  fur  la  rivière  ,  &c 
du  côté  de  la  terre  ferme ,  Se  du  côté  de  l'ifle.  Il  y  a 
aufli  de  gros  troncs  d'arbres  qui  font  debout  dans  l'eau. 
L'ifle  a  plus  d'un  mille  de  long,  De  la  haute  partie  de 


l'ifle  jusqu'à  la  ville  de  Guayaquil  ,  il  y  a  près  d'une 
lieue  ,  Ôt  environ  autant  d'un  bord  à  l'autre  de  la  ri- 
vière. Les  vaiffeaux  les  plus  chargés  peuvent  aifément 
mouiller  dans  ce  grand  espace  ;  mais  la  meilleure  rade 
eft  au  plus  près  de  l'endroit  de  l'ifle  ou  la  ville  eft  bâ- 
tie. Aufli  ce  lieu-là  eft  rarement  fans  vaiffeaux.  Guaya- 
quil fait  face  à  l'ifle,  &  eft  bâtie  fur  la  rivière  ,  &  en 
partie  au  pied  d'une  agréable  montagne ,  dont  le  pen- 
chant eft  du  côté  de  la  rivière  ,  qui  inonde  fouvent  la 
baffe  ville.  Il  y  a  deux  forts ,  l'un  dans  un  lieu  bas  & 
l'autre  fur  une  hauteur  :  cette  place  fait  une  très-belle 
perspective  ,  ck  eft  embellie  par  de  beaux  édifices  &c 
plufieurs  églifes. 

Cette  ville ,  dit  le  capitaine  "Woodes  Rogers ,  Voya- 
ges ,  t.  1 ,  p.  283  ,  eft  gouvernée  par  un  préfident  8c 
cinq  ou  fix  oidors  ou  auditeurs  ,  qui  font  une  audience 
royale  ,  ou  cour  fouveraine  de  juftice  ,  qui  ne  relevé 
que  du  roi  dans  les  affaires  militaires.  Chaque  province 
a  le  même  gouvernement.  Ces  emplois  fe  vendent  en 
Espagne  ,  ck  les  aquereurs  en  jouiffent  pendant  leur 
vie ,  à  moins  qu'ils  ne  fe  comportent  mal.  Le  corregi- 
dor  eft  le  chef  du  gouvernement  civil  èk  militaire.  Son 
lieutenant ,  que  les  Espagnols  appellent  lieutenant-eéné- 
ral ,  vient  ensuite ,  ck  tous  les  autres  principaux  officiers 
réfident  à  Guayaquil  ou  dans  le  voifinage.  Lorsqu'il  eft 
queftion  d'une  affaire  civile  ou  criminelle  ,  on  y  affem- 
ble  le  confeil ,  qui  eft  compofé  du  corregidor  ,  de  fon 
lieutenant  ,  de  deux  alcades  ou  juges  ,  qui  d'ordinaire 
entendent  le  droit ,  de  l'alguafil  major  ,  ck  de  huit  re» 
gidors.  Ceux-ci  tiennent  la' place  des  officiers  fupérieurs, 
en  cas  d'absence  ou  de  mort  ,  jusqu'à  ce  que  le  roi  en 
ait  dispofé  autrement.  Ils  donnent  leurs  voix  dans  tou- 
tes les  affaires  publiques ,  &  font  juges  de  tous  les  pro- 
cès. H  V  a  deux  procureurs ,  qu'on  appelle  clercs  de  la 
cour ,  ck  quatre  alguafils  ou  fergens  ;  on  peut  appeller 
de-là  à  Lima.  L'inquifition  y  eft  plus  févere  qu'en  Espa- 
gne. Quatre  de  fes  officiers  réfident  toujours  à  Guaya- 
quil ,  outre  vingt-quatre  eccléfiaftiques  de  la  ville  ,  qui 
fervent  à  informer  contre  toutes  les  perfonnes  fuspe&es 
d'heréfie.  Les  prévenus  font  d'abord  envoyés  à  Lima. 
La  rivière  eft  navigable,  quatorze  lieues  au-deffus  delà 
ville  ;  ck  quoique  le  flot  ne  monte  que  vingt  lieues  plus 
haut,  les  canaux  &  les  radeaux  peuvent  aller  beaucoup 
plus  avant. 

Cette  province  eft  fi  fertile  en  bois  de  charpente  1 
qu'il  n'y  en  a  point  dans  tout  le  pays  où  l'on  bâtiffe 
ck  répare  tant  de  vaiffeaux.  On  en  voit  toujours  fix  ou 
fept  à  la  fois  fur  les  chantiers  devant  Guayaquil.  On  y 
recueille  une  fi  grande  quantité  de  cacao  ,  qu'on  en  four- 
nit presque  toutes  les  places  de  la  mer  du  fud  ,  ck  qu'il 
s'en  transporte  tous  les  ans  plus  de  trente  mille  ballots  , 
quelquefois  même  foixante  mille  ,  dont  chacun  pefe  qua- 
tre-vingt-une livres.  Il  eft  enfin  devenu  fi  commun  , 
qu'il  ne  vaut  aujourd'hui  que  deux  piaftres  ck  demi  le 
ballot.  On  y  trafique  le  long  des  côtes  du  fel  ck  du  poif- 
fon falé  ,  qu'on  tire  de  la  pointe  de  Sainte-Helene ,  ck 
dont  la  plus  grande  partie  fe  vend  à  Quito  ,  &  en  d'au- 
tres places  éloignées  dans  le  pays.  On  y  charge  quan- 
tité de  bois  de  charpente  pour  Truxillo  ,  Chancay  , 
Lima  ck  autres  ports  de  mer ,  où  il  eft  rare.  On  trans- 
porte aufli  de  cette  province  du  riz  ,  du  coton  ck  du 
bœuf  fumé.  Il  n'y  a  point  de  mines  d'or  ni  d'argent  ; 
mais  il  y  a  toute  forte  de  gros  bétail  ,  à  bon  marché  , 
fur-tout  à  l'ifle  de  Puna.  Il  ne  croît  dans  ce  terroir  d'au- 
tre bled  que  du  maïs  ;  tout  le  froment  qu'on  y  con- 
fomme ,  vient  de  Truxillo ,  ck  autres  ports  au-deffus  du 
vent.  Diverses  étoffes  de  laine ,  les  draps  ck  les  bayes  , 
leur  viennent  de  Quito  où  on  les  travaille.  Le  vin ,  l'eau- 
de-vie ,  l'huile ,  les  olives ,  le  fucre  ck  autres  denrées  y 
viennent  de  Piscola,  Nasca  ,  ck  autres  places  au-deffus 
du  Vent.  Les  marchandifes  de  l'Europe  arrivent  de  Pa- 
nama ,  où  elles  font  portées  de  Portobello  qui  les  reçoit 
par  la  mer  du  nord.  Ainfi  la  ville  de  Guayaquil  n'eft 
pas  une  des  moindres  places  de  trafic  de  ces  quartiers-là,, 
puisqu'il  y  arrive  ou  qu'iLgn  part  toutes  les  années  une. 
quarantaine  de  vaiffeaux ,  Tans  parler  de  ceux  qui  négo- 
cient le  long  des  côtes.  D'ailleurs  il  y  a  tous  les  jours 
marché  public  qui  fe  tient  devant  la  ville  ,  fur  des  cha- 
loupes et  des  radeaux  ,  ck  où  l'on  trouve  en  abondance 
tout  ce  que  le  pays  fournit. 

L/auteur  de  l'hiftoire  de  l'ifle  Espagnole ,.  /.g,  diç. 


GUA 


GUC 


que  Guavaquil  eft  à  dix  lieues  de  la  mer  ,  fur  le  bord 
d'une  rivière,  dont  l'embouchure  eft  dans  une  baie, 
qui  porte  auffi  le  nom  de  Guayaquil ,  de  même  que  cette 
rivière  au  pied  d'une  montagne  ,  dont  elle  tait  presque 
tout  le  tour ,  que  les  Flibuftiers  la  nommoient  par  cor- 
ruption Queaquille  ,  6k  que  dans  quelques  mémoires  elle 
eft  appellée  la  Culaite ,  qu'il  n'y  peut  monter  que  des  bâ- 
timens  de  deux  cents  tonneaux  au  plus  ;  mais  que  les  na- 
vires mouillent  à  l'abri  de  Fille  de  la  Puna  ,  qui  eft  à 
l'entrée  de  la  baie ,  où  ils  font  en  sûreté  ,  que  Guaya- 
quil eft  la  feule  ville  du  Pérou ,  où  il  pleuve ,  &  qu'il  y 
pleut  extraordinairement  les  quatre  premiers  mois  de 
l'année,  qu'elle  eft  toute  bâtie  fur  pilotis ,  6k  que  les  édi- 
fices y  font  même  un  peu  élevés  ,  à  caufe  des  inonda- 
tions qui  y  font  fréquentes  dans  la  faifon  des  pluies ,  6k 
qui  en  feraient  un  marais  impraticable  ,  fi  on  n'avoit 
élevé  des  digues  du  côté  de  la  mer  ;  que  malgré  cette 
précaution  ,  la  communication  n'eft  libre  en  quelques 
endroits  que  par  le  moyen  des  ponts.  Enfin  que  les  égli- 
fes  6k  les  maiibns  religiëufes  y  font  d'une  grande  magni- 
ficence &  fort  riches  ;  6k  que  la  principale  richefle  de 
<ette  ville  eft  le  cacao ,  dont  elle  fournit  tout  le  pays. 

En  1685,  cette  ville  futprife  6k  pillée  par  des  Flibustiers 
François  de  Saint-Domingue,  6k  par  quelques  Anglois. 
Ils  en  emportèrent  plus  de  quinze  cens  mille  livres  en 
or,  en  perles ,  en  pierreries.  Ils  en  auraient  enlevé  da- 
vantage ,  fans  doute  ,  mais  ils  furent  prefiés  de  partir 
par  la  crainte  d'un  puiflant  lécours  qui  venoit  de  Lima. 
GUAYCUR.ES  ,  peuple  de  l'Amérique  méridionale 
dont  le  pays  s'étend  de  l'occident  à  l'orient  ,  presque 
jusqu'au  bord  occidental  du  Paraguay.  Anciennement  ils 
étoient  tous  réunis  à  cent  lieues  au  nord  de  l'Aiïbmp- 
'tion.  Ils  fe  font  féparés  en  plufieurs  tribus ,  qui  ont  cha- 
cune leur  nom  particulier  ;  mais  dans  les  relations  Espa- 
gnoles on  ne  les  connoît  que  fous  le  nom  générique  de 
la  nation,  que  la  principale  tribu  s'eft  rendu  propre.  C'eft 
aufli  la  plus  voifine  de  FAnbmption  ,  dont  elle  a  fou- 
vent  ravagé  le  territoire,  6k  les  habitations  de  la  cam- 
pagne. La  détùnion  qui  s'eft  fouvent  mile  entre  les  tri- 
bus ,  a  empêché  de  faire  aux  Espagnols  de  plus  grands 
maux  encore.  Ces  Indiens  ibnt  braves  par  férocité  ;  on 
n'en  connoît  guères  dans  le  continent  qui  foient  plus 
féroces  6k  plus  intraitables.  Dans  ces  derniers  tems ,  ils 
ont  fait  des  courses  jusqu'à  Santa-Fé ,  6k  fe  font  ligués 
avec  d'autres  nations  plus  méridionales,  pour  porter  le 
•ravage  jusques-là.  *  Hijî.  du  Paraguay ,  par  la  P.  Char- 
levoix. 

GUAYQUIRIES  ,  peuple  de  l'Amérique  méridionale, 
qui  occupe  les  bords  de  l'Orinoque  vers  fes  embouchures. 
Cette  peuplade  eft  gouvernée  par  un  Cacique ,  air.fi  que  les 
autres  Indiens ,  fes  voifins  ;  mais  on  y  obferve  un  ufage 
particulier  pour  les  mariages.  La  fille, qui  eft  à  marier, 
eft  étroitement  renfermée  pendant  quarante  jours  ;  6k  on 
l'oblige  à  un  jeûne  fi  rigoureux  ,  que  lorsqu'elle  fort  de 
fa  prifon ,  elle  refîemble  à  un  fquelette  la  nuit  qui  pré- 
cède le  jour  du  mariage  ,  la  future  épouié  fubit  encore 
une  épreuve  moins  longue ,  mais  plus  pénible,  6k  plus 
ennuyeufe.  Elle  eft  environnée  des  plus  vieilles  femmes 
de  la  peuplade ,  qui  font  occupées  du  foin  de  fa  parure. 
Au. lever  dufoleil,  le  maître  des  cérémonies,  fuivi  des 
autres  Sauvages  ,  vient  danfer  autour  de  la  maifon  des 
deux  époux.  La  danfe  finie  ,  la  nouvelle  mariée  paraît 
accompagnée  delà  plus  laide  femme  de  la  nation,  qui, 
pour  la  conibler  de  fes  tourmens  paflés,  lui  répète  fans 
cefie  :  Ah  L  ma  fille ,  Ji  vous  favie^  ce  qu'il  vous  en  coû- 
tera pour  devenir  mère ,  vous  ne  vous  marieriez  pas.  On 
fe  met  ensuite  à  table  ,  toute  la  peuplade  eft  du  repas , 
6k  par  honneur  les  deux  époux  font  placés  auprès  du 
Cacique.  *  El  Orinoco  iUuftrado  ,  &c.  por  elpadre  Gu- 
milla,  en  Madrid  174$. 

GUAYRA  ou  Guayranie  orientale,  province,  ou 
canton  du  Paraguay ,  qui  s'étend  le  long  du  Parana ,  jus- 
qu'au Bréfil ,  &  qui  étoit  autrefois  habité  par  les  Guara- 
nis. Ils  étoient ,  comme  la  plupart  des  autres  peuples  de 
ce  vafte  pays,  anthropophages ,  cruels  ;  mais  un  fond  de 
docilité  6k  de  douceur,  qu'on  a  trouvé  en  eux,  a  beau- 
coup facilité  leur  converfion.  On  en  a  formé  une  répu- 
blique Chrétienne ,  compofée  de  trente  bourgades,  6c 
qui,  depuis  plus  d'un  fiécle,  fait  un  des  plus  grands  orne- 
mens  du  Chriftianisme ,  6k  la  plus  grande  reffource  des 


239 

rois  d'Espagne ,  pour  la  confervation  de  ce  vafte  pays. 

*  Hijl.  du  Paraguay,  par  le  P.  Charievoix. 

GUAZACOALCO.  Voyez  Guasacoalco. 

GUAZEVAL ,  petite  ville  d'Afrique ,  au  royaume  de 
Fez,  dans  la  province  d'Errif,  fur  le  mont  Béni  Gua^i- 
val.  Voyez  ce  mot. 

GUBA  ,  lieu  de  l'Arabie  Petrée  ,  félon  Ptolomée , 
/.  5,  c.  17.  Il  la  nomme  dans  une  lifte  de  villes  6k  de 
villages  dans  les  terres. 

GUBEN  ,  Gubena,  petite  ville  d'Allemagne  ,  dansla 
baffe  Luface  ,  fur  la  Neifs.  Elle  eft  fort  jolie,  êk  appar- 
tient à  la  maifon  de  Saxe-Mersebourg.  Elle  eft  à  cinq 
milles  de-Francfort-fur-1'Oder  ,  ck  à  quatre  de  Cotbus" 

*  Hubner,  Géogr.  p.  596. 

1.  GUBER,  royaume  d'Afrique ,  dans  laNigritie  ,  au 
nord  ck  au  midi  du  fleuve  du  Sénégal  ,  qui  le  coupe 
en  deux  parties  d'orient  en  occident.  La  partie  fepten- 
trionale  eft  bornée  au  nord-oueft  parle  défert  deGhir, 
à  l'oued:  par  le  royaume  de  Tombuto ,  6k  par  la  rivière 
du  Sénégal  ,  qui  la  termine  auffi  au  midi  ;  au  nord-eft 
6k  à  l'eft  par  le  royaume  des  Agades ,  6k  par  le  lac  de 
Guarde.  On  y  trouve  les  villes  de 

Mavma ,  Mura , 

Beviftk,  6k  Semegda. 

La  partie  méridionale  eft  bornée  au  nord  par  le  Séné- 
gal -,  6k  par  le  lac  de  Sigisme  ;  au  levant  par  une  Hfiere 
de  Ghana ,  ck  par  le  royaume  de  Bito  ;  au  midi  par 
les  royaumes  d'Ulcami  ck  du  grand  Ardra  ,  6k  au  cou- 
chant par  le  royaume  de  Gago.  On  y  trouve  la  ville  de 
Guber,  capitale,  celle  de  Timbi  ou  Tambi,  presqu'au 
bord  du  Sénégal  ;  6k  au  midi  eft  le  pays  de  Lamleir. 
où  font  Malel  ck  Dau.  De  l'Iîle  ,  Carte  d'^J::::  ::  , 
1722  ,  que  nous  avons  fuivi  dans  cette  description  , 
l'appelle  dans  une  Carte  poftérieure  Goubour,  6k  le  met 
tout  au  nord  du  fleuve  qui  n'eft  plus  da-.is  cette  Carte  le 
Sénégal  ,  mais  la  Gambra.  Le  lac  de  Guarde  ne  s'y 
retrouve  point.  Dans  la  première  il  avoit  fuivi  les  idées 
de  Jean  Léon  ;  6k  par  les  changemens  de  la  féconde, 
il  femble  faire  un  aveu  tacite  de  l'incertitude  des  con- 
noiffances  que  l'on  a  de  ce  pays.  Dapper ,  Afrique , 
p.  221,  ne  met  que  des  villages  dans  le  royaume  de  Gu- 
ber. Cette  contrée,  eft,  dit-il,  entre  de  hautes  monta- 
gnes ,  6k  toute  pleine  de  villages.  Celui  où  le  prince 
tient  fa  cour  ,  a  environ  fix  mille  maifons.  Lorsque  le 
Nil  fe  déborde  ,  il  couvre  tout  ce  pays;  ce  qui  le  rend 
fécond  en  pâturages ,  en  riz ,  en  gros  6k  en  petit  mil- 
let. On  y  observe  quelque  police ,  à  caufe  de  la  multi- 
tude des  marchands  6k  des  artifans,  dont  la  plupart  font 
des  toiles  de  coton  6k  autres  ouvrages ,  qu'ils  vont  ven- 
dre à  Gago  6k  à  Tombuto.  De  la  Croix ,  dans  fa  Rela- 
tion d'Afrique ,  parle  de  ce  pays  de  Guber,  comme  d'un 
canton  ravagé,  6k  fort  apauvri  par  les  rois  de  Tombuto , 
qui,  après  en  avoir  fait  le  roi  prifonnier,  ont  conquis  6k 
ruiné  ce  royaume. 

2.  GULER,  rivière  de  PrufTe  ,  au  cercle  de  Natan- 
gen,  dans  le  Bartenland.  Elle  prend  fa  feurce  dans  un 
lac ,  un  peu  au  nord  de  Rein,  d'où  courant,  au  norcl-oueit, 
elle  coule  à  Raftembourg  ,  à  Tocksdorf ,  Lamgarden  , 
Lunebourg,  6k  va  fe  rendre  dans  l'Alla,  au-defTous  de 
Schippenpel.  *  Robert ,  Atlas.  Zeyler ,  Pruff.  Topog. 

GUBIO,  ville  d'Italie,  dans  l'état  de  l'églife,  au  du- 
ché d'Urbin ,  près  de  la  fource  de  la  rivière  de  Chias- 
cio  ,  au  pied  du  mont  Apennin ,  6k  aux  frontières  de  la 
Marche  d'Aucone  ,  avec  un  évêché  fuffragant  de  l'ar- 
chevêché d'Urbin  ,  mais  exempt  de  fa  jurisdiélion.  Cette 
ville  eft  mal  nommée  Eugubio ,  dans  la  plupart  des  Car- 
tes récentes  de  Magin  Si  des  autres  qui  l'ont  fuivi  ,  au 
jugement  de  Baudrand  ,  éd.  1705.  Elle  eft  à  vingt-fix 
milles  d'Urbin  au  midi,  en  allant  vers  Affile,  dont  elle 
eft  à  treize  milles,  6k  vers  Peroufe  ,  dont  elle  n'eft  éloi- 
gnée que  de  feize  milles.   C'eft  l'ancienne  Iguvium. 

GUCHEU  ,  ville  de  la  Chine  ,  dans  la  province  de 
Quangfi ,  dont  elle  eft  la  cinquième  métropole  :  elle  eft 
de  6  d.  33'  plus  occidentale  que  Pékin  ,  6k  fa  latitude 
eft  de  24  c!.  2.'  ;  fa  fituaîion  eft  d'autant  plus  commode, 
qu'elle  eft  placée  dans  le  lieu  où  la  rivière  de  Ta ,  déia 
groflie  par  quantité  d'autres  ,  reçoit  encore  les  eaux  du 
Teng,  de  l'Yung,  du  Pinglo,  6k  du  Fu.  C'eft  la  pre- 
mière ville  de  la  province ,  aux  contins  de  celle  deQuang- 


GUE 


240 

tung  :  la  commodité  des  rivières  y  fait  fleurir  le  com- 
merce ;  on  y  recueille  le  cinnabre  dans  les  montagnes 
de  ion  territoire,  où  il  yen  a  en  abondance;  ony  trouve 
de  gros  ferpens  ;  les  Chinois  difent  qu'il  y  en  a  de  dix 
toiles  de  long  :  il  y  a  auflî  des  rhinocéros ,  &l  il  y  croît 
l'arbre  quanglang,  qui,  au  lieu  de  moelle  a  une  espèce 
de  pulpe  qui  ne  reflemble  pas  mal  à  de  la  farine  ,  &C 
qui  peut  fervir  aux  mêmes  ufages  :  on  en  mange ,  &  le 
goût  n'en  eft  pas  mauvais.  Il  y  a  aufli  des  finges  faits 
comme  des  chiens  ,  jaunâtres ,  avec  une  face  presque 
îiumaine ,  &  une  petite  voix  qui  reflemble  à  celle  des 
femmes.  A  l'oueft-fud-ouéft  de  la  ville ,  eft  la  vallée  de 
de  Pelieu  ,  profonde ,  presque  impraticable ,  dans  la- 
quelle eft  pourtant  l'unique  chemin  qui  conduit  auTon- 
quin.  On  dit  que  la  difficulté  de  la  pafler  eft  fi  grande, 
&.  la  route  fi  pénible  &  fi  dangereufe  ,  que  beaucoup 
<le  voyageurs  y  ont  péri  :  les  uns  la  nomment  Tien- 
MUEN,  c'eft-à-dire  la  porte  du  ciel,  parce  que  c'eft  un 
chemin  étroit  &  difficile  ;  d'autres  QuELMUEN  ,  c'eft- 
à-dire  la  porte  des  démons. 

Cette  ville  a  deux  temples  confacrés  aux  hommes  il- 
luftres.  Autrefois,  fous  la  famille  de  Han,  on  lanommoit 
KlAOCHEU  ;  fous  la  famille  de  Léang,  CHINGCHEU; 
fous  celle  du  Sui  ,  FuNGCHEU  :  la  famille  de  Tang  lui 
a  donné  le  nom  qu'elle  porte  aujourd'hui.  Elle  a  dans 
fen  territoire  dix  villes ,  dont  elle  eft  la  première. 


GUE 


GUCHEU. 
Teng, 
Y-ung , 
Cengki , 
Koaicie, 


Yolin  , 
Pope, 
Pelieu , 
Lochuen , 
Hingye. 


GUDAVARI  ;  De  l'Ifle  ,  dans  fa  Carte  des  côtes 
de  Malabar  &  de  Coromandel  ,  écrit  Godvarin  , 
pointe  &  banc  du  golfe  de  Bengale  ,  à  l'extrémité  de 
la  côte  de  Coromandel ,  &  de  la  côte  de  Gergelin  Se 
d'Orixa.  C'eft  en  cet  endroit  que  fe  fait  la  féparation 
du  royaume  de  Golconde  ,  &  du  royaume  de  Cicocol, 
ou  Ziacola  :  il  y  a  trois  pagodes  blanches. 

GUDIMINE  ou  Gedemeve.  Voyez  Guidimive. 

GUDSKES  ;  c'eft  ainfi ,  félon  Baudrand  ,  que  s'ap- 
pellent les  habitans  de  la  province  de  Gothland  en 
Suéde. 

GUDUSCANI  &  TiMOTTANI  ,  anciens  peuples 
dont  parlent  les  Annales  des  Francs  ,  écrites  par  un 
moine  Bénédiftion  ,  &  inférées  dans  le  Recueil  de  Reu- 
ber  ;  on  trouve,  p.  43,  à  l'année  818  ,  qu'il  vint  des 
députés  des  Abotrites  &  de  Borna  ,  chef  des  Guduscans 
&desTimotiens,  qui  avoient  quitté  depuis  peu  l'alliance 
des  Bulgares.  On  voit  peu  après,  que  Borna  étoit  duc  de 
Dalmatie  ;  que  les  Guduscans  l'abandonnèrent,  &  qu'il 
les  fubjugua  de  nouveau.  Lucius  qui  a  écrit  une  hiftoire 
de  Dalmatie  ,  dit  que  Gudusca  étoit  un  lieu  de  Bulga- 
rie, &  que  c'eft  préfentement  Branicevo. 

GUE  DE  Launay,  abbaye  d'hommes,  ordre  de  S.  Be- 
noît, dans  le  Maine  au  diocèfe,  &  près  du  Mans.  Il  n'y 
a  plus  de  conventualité. 

GUEBRES  :  (les)  ce  font  les  mêmes  que  les  Gau- 
RES.  Voyez  ce  mot. 

GUÉÇAR,  petite  rivière  d'Espagne,  dans  la  nou- 
velle Caïlilie  :  elle  a  fa  fource  auprès  de  Palomera  , 
d'où  ferpentant  vers  le  fud-eft  ,  elle  fe  jette  dans  la  Xu- 
car  ,  au-deflous  de  Cuença.  Jaillot  la  nomme  Cuesca. 

GUEDAN-Gueri-Guetnas,  félon  les  Perfans  ,  ou 
Guidel-Quel-Maise,  félon  les  Turcs  ,  petite  mon- 
tagne de  Perfe,  dans  une  plaine  ,  fort  proche  du  grand 
chemin  de  Saxava  à  Com  ,  à  la  vue  de  cette  dernière 
ville.  On  fait  mille  contes  de  cette  montagne ,  dit  Paul 
Lucas  ,  dans  fon  Voyage  du  Levant ,  t.  2 ,  c.  5  ;  mais 
une  chofe  que  l'on  en  aflurc  ,  eft  que  tous  ceux  qui  y 
vont ,  n'en  reviennent  plus  ;  &  c'eft  ce  que  fignifie  fon 
nom  eu  Persan  &  en  Turc.  La  raifon  la  plus  fpécieufe 
qu'on  lui  en  a  dit ,  eft  qu'il  y  a  des  tenes  mouvantes 
dans  de  certaines  heures  du  jour,  qui  engloutiflent  ceux 
qui  fe  harardent  d'y  aller.  Les  gens  du  pays  difent  que 
je  roi  de  Perle  y  a  envoyé  plnfieurs  personnes  ,  &  que 
jamais  il  n'en  eft  revenu  aucune  :  l'on  y  a  fait  pafler 
plufieurs  chameaux  qui  n'en  font  pas  revenus  non  plus  ; 
l'auteur,  lui-même,  n'y  alla  point,  parce  que  les  gens 
de  la  caravane  ne  voulurent  pas  le  lui  permettre. 


GUECBLEN  ou  Guibeleyn  ,  montagne  d'Afri- 
que au  royaume  de  Fez  ,  dans  la  province  de  Chaus , 
à  feize  milles  de  Teza  :  elle  a  treize  milles  de  long  &; 
deux^de  large  ;  à  l'orient  elle  confine  au  mont  Dubdu, 
&  à  l'occident  au  mont  Beni-Jasga,  felon  Dapper,  Afri- 
que, p.  158. 

GUEGUERE,  (fille  de)  Me  d'Afrique  dans  le  Nil, 
aux  confins  de  la  Nubie  &  du  royaume  de  Tigré ,  qui 
eft  de  l'Abiffinie  ,  felon  quelques  géographes  qui  la 
prennent  pour  l'Ifle  de  MeroÉ.  Voyez  MeroÉ. 

i.  GUEI,  (le)  grande  rivière  de  la  Chine  :  elle  a 
fes  principales  fources  dans  la  province  de  Chanfî  ou 
Xanfi  ;  fàvoir  le  Chang  ik  le  Quey  :  elles  prennent 
leur  cours  vers  l'orient ,  traversent  la  partie  feptentrio- 
nale  de  la  province  de  Honan  ,  où  le  Guey  propre  bai- 
gne la  ville  de  Gueihoei  ,  &c  fe  grofiît  de  plufieurs  ruis- 
léaux  :  il  entre  ensuite  dans  le  Pekeli  qu'il  fépare  de  la 
province  de  Chanton  ;  &;  après  avoir  long-tems  fer- 
penté  entre  ces  deux  provinces  ,  il  quitte  la  frontière , 
va  vers  le  nord ,  recevoir  la  rivière  de  Chochang  ,  &r 
fe  perd  enfin  dans  le  golfe  de  Cang  ,  auprès  deTiencin. 
*  Atlas  Sinenfis. 

2.  GUEI  ,  ^  ville  de  la  Chine  ,  dans  la  province  de 
Chanfi,  au  département  de  JLaitung,  troiiîéme  métro- 
pole de  la  province.  Elle  eft  plus  occidentale  que  Pé- 
kin ,  de  3  degrés  ,  par  les  40  degrés  de  latitude.  *  Atlas 
Sinenfis. 

3.  GUEI,  forterefle  de  la  Chine ,  dans  la  province 
de  Xenfi ,  au  département  de  Jungchang ,  première  for- 
terefle de  la  province.  Elle  eft  plus  occidentale  que  Pé- 
kin de  10  d.  50''  de  latitude,  par  les  38  d.  36'  de  lati- 
tude.  *  Atlas  Sinenfis. 

4.  GUEI,  ville  de  la  Chine,  dans  le  Pekeli,  au  dé- 
partement de  Taming,  feptiéme  métropole  de  la  pro- 
vince. Elle  eft  de  2  d.  28'  plus  occidentale  que  Pékin, 
fous  les  36  d.  46'  de  latitude.  *  Allas  Sinenfis. 

5.  GÛEI,  ville  de  la  Chine,  dans  le  Pekeli,  au  dé- 
partement de  Quangping ,  fixiéme  métropole  de  la  pro- 
vince. Elle  eft  plus 'occidentale  que  Pékin  de  I  d.  42', 
par  les  37  d.  40'  de  latitude.  * Atlas  Sinenfis. 

GUEICHUEN  ,  ville  de  la  Chine ,  dans  la  province 
de  Honan  ,  au  département  de  Caifung,  première  mé- 
tropole de  la  province.  Elle  eft  plus  occidentale  que 
Pékin  de  3  d.  12',  par  les  35  d.  14'  de  latitude.  *  At; 
las  Sinenfis. 

GUEIFAN,  forterefle  de  la  Chine,  dans  la  province 
deQueicheu,  au  département  de  Qdeiyang  ,  première 
métropole  de  la  province.  Elle  eft  de  1 1  d.  32'  plus  oc- 
cidentale que  Pékin,  parles  25  d.  53'  de  latitude.  *  Al- 
las Sinenfis. 

GUEIHAI ,  forterefle  de  la  Chine  ,  dans  la  province 
de  Chennton  ,  au  département  de  Ningcing  ,  première 
forterefle  de  la  province.  Elle  eft  plus  orientale  que  Pé- 
kin de  5  d.  par  les  37  d.  il'  de  latitude.  *  Atlas  Si- 
nenfis. 

GUEIHOEI ,  ville  de  la  Chine ,  dans  la  province  de 
Honan ,  dont  elle  eft  la  quatrième  métropole  ,  fur  la  rive 
droite  du  Guei  :  fon  territoire ,  que  ce  fleuve  arroie , 
n'eft  pas  extrêmement  fertile  :  mais  cette  fterilité  eft  ré- 
parée par  le  fecours  de  la  navigation.  Un  roi  de  la  fa- 
mille de  Taiming  y  a  fait  fa  rélidence.  Il  y  a  fept  tem- 
ples remarquables  ,  confacrés  à  des  hommes  iiluftres  : 
ion  territoire  comprend  fix  villes  ;  favoir, 


Gueihoei , 

Hoékia, 

Coching, 

Ki, 

Sinhiang  , 

Hoéi. 

L'empereur  Vu ,  ayant  fait  mourir  l'empereur  Kieo ,' 
qui  étoit  un  méchant  homme ,  &  qui  y  réfidoit ,  chan- 
gea le  nom  de  cette  jyille ,  &  l'appeîla  Pinan.  Il  y  éta- 
blit un  roi  qui  fut  Cangxo.  Du  tems  des  rois,  elle  ap- 
partenoit  aux  rois  de  Guey  ,  d'où  l'on  peut  remarquer 
qu'il  y  avoit  un  royaume  de  même  nom  que  la  rivière. 
Sous  la  famille  de  Cin  elle  fut  annexée  au  pays  de  Ho- 
tung.  La  famille  de  Han  la  nomma  Honui  :  celle  de 
Sung  Queicheu,  ce  celle  de  Taiminga,  lui  donna  le 
nom  qu'elle  porte. 

Au  midi  de  la  ville ,  eft  un  magnifique  édifice ,  cons- 
truit au  même  lieu  où  l'empereur  Vu,  rencontraLiuvang  ; 

grand 


GUE 


GUE 


vang ,  grand  philofophe  ,  qui ,  par  (es  confeils ,  le  mit  en 
état  d'acquérir  l'empire  de  la  Chine.  *  Allas  Sinenjîs. 

GUEIXI ,  ville  de  la  Chine ,  dans  la  province  de 
Honan  ,  au  département  de  Càifung ,  première  métro- 
pole de  la  province.  Elle  eft  plus  occidentale  que  Pékin 
de  3  d.  3' ,  par  les  35  d.  36'  de  latitude.  *  Atlas  Sinenjis. 

1.  GUÉIYVEN,  ville  de  la  Chine,  dans  la  province 
de  Xenfi  ,  au  département  de  Linyao  ,  fixieme  métro- 
pole de  la  province.  Elle  eft  plus  occidentale  que  Pé- 
kin de  11  d.  52',  par  les  37  d.  44'  de  latitude.  *  Atlas 
Sinenfis. 

z.  GUEIYVEN ,  première  forterefle  de  la  Chine, 
dans  la  province  de  Channli.  Elle  eft  plus  occidentale 
que  Pékin  de  J  d.  par  les  40  d.  10'.  *  Atlas  Slncnjïs. 

GUELDRE  ;  (la)  contrée  des  Pays-bas,  eft  bornée 
au  nord  par  le  Zuider-Zée ,  &  par  la  province  d'Over- 
IfTel  ;  au  midi  par  le  duché  de  Cleves  ,  par  l'électorat 
de  Cologne  ,  ck  par  le  duché  de  Juliers  ;  à  l'occident 
par  le  Brabant ,  la  Hollande  ck  par  la  province  d'Utrecht. 
A  l'orient,  il  touche  par  le  comté  de  Zutphenà  l'évêché 
de  Munfter.  Cette  étendue  de  pays  étoit  habitée  dès 
letems  de  Jules-Cefar ,  par  les  SlCAMBRES,  les  Me- 
NAPIENS,  lesMATTIAQUES  &  par  les  TeNCTERIENS. 
Les  Romains  en  ont  poflédé  une  partie ,  jusqu'à  l'ancien 
bras  du  Rhin ,  ck  l'avoient  jointe  à  la  féconde  Germanie. 
Les  François  &  les  Frifons  l'occupèrent  ensuite  ;  ck 
ceux-ci  ayant  été  vaincus  ,  tout  ce  pays  fut  uni  au 
royaume  d'Auftrafie ,  qui  fut  lui-même  joint  à  l'empire 
dans  le  dixième  fîécle ,  fous  le  régne  d'Othon  le  Grand. 
Les  évêques  d'Utrecht  ont  eu  le  haut  domaine  de  tout 
ce  qui  eft  au-delà  du  Vahal  èk  du  Rhin ,  parce  que  cela 
compofoit  la  plus  grande  partie  du  comté  de  Theyfter- 
band ,  que  l'empereur  Conrad  ,  le  Salique  ,  donna  ou 
Confirma  à  l'églife  d'Utrecht,  l'an  1026. 

Le  nom  de  Gueldre,  Gueldres  ou  Gelre  ,  n'a 
jamais  été  connu  avant  le  onzième  fiécle  :  ce  fut  alors 
qu'Othon  bâtit  ,  vers  l'an  1079  ,  une  forterefle  qui 
fat  nommée  Gelre  :  on  ignore  l'étymologie  de  ce 
mot.  On  en  peut  voir  plufieurs  dans  l'hiftoire  de  Guel- 
dre par  Pontanus  ,  Hijl.  Gelr.  1.  1  ;  mais  comme  il 
n'en  fait  pas  lui-même  beaucoup  de  cas  ,  je  me  dispense 
de  les  rapporter.  Plufieurs  écrivains  ,  voulant  faire  de 
Gueldre  une  ville  ancienne,  l'ont  confondue  avec  Gel- 
DUBA ,  place  des  Romains  ,  de  laquelle  il  eft  fait  men- 
tion daas  Pline,  /.  19,  c.  5,  &  dans  l'Itinéraire  d'An- 
tonin  ;  mais  ,  comme  le  remarque  très-bien  le  dofte 
abbé  de  Longuerue  ,  Gueldres  eft  à  quatre  lieues  du 
Rhin;  ck  Geldube  étoit  fur  ce  fleuve,  comme  dit  Pline, 
cajlellum  Rheno  impofitum.  Voyez  Gelduba.  i.  Jus- 
qu'alors il  n'y  avoit  eu  dans  ce  pays  que  des  officiers  ou 
juges  impériaux  ,  qu'on  appelloit  les  feigneurs  ou  juges 
du  Pont ,  lieu  de  leur  demeure  ,  lequel  eft  peu  éloigné 
de  la  ville  de  Gueldre.  Othon  ,  que  quelques-uns  veu- 
lent avoir  été  frère  du  comte  de  NafTau,  en  Vétéravie, 
fut  créé  premier  comte  de  Gueldre.  ,  par  l'empereur 
Henri  III,  l'an  1079.  ^  eut  Pour  fuccefTeur  en  ce  comté 
de  Gueldre ,  fon  fils  Gérard ,  qui  joignit  à fon  patrimoine 
le  comté  de  Zutphen  ,  qui  étoit  beaucoup  plus  ancien 
que  celui  de  Gueldre  ;  ck  cette  union  fut  faite ,  de  ma- 
nière que  les  deux  comtés  ne  firent  plus  qu'un  état  ck 
qu'une  province. 

Les  deux  derniers  ducs  descendans  par  mâles  des  pre- 
miers comtes  de  Gueldre  ,  furent  Edouard  ck  Renaud, 
qui  moururent  fans  enfans  ,  ck  eurent  pour  fuccefleurs 
leurs  neveux  Guillaume  ck  Renaud ,  fils  de  Marie ,  leur 
fceur  ,  femme  de  Guillaume ,  duc  de  Juliers.  Les  ducs 
de  Juliers  ck  de  Gueldre  ,  Guillaume  ck  Renaud , 
étant  morts  fans  enfans  ,  eurent  pour  fuccefTeur  leur  pe- 
tit neveu ,  Arnold  d'Egmond  ,  fils  de  Marie  d'Arkel , 
femme  de  Jean,  feigneur  d'Egmond  ,  ck  fille  de  Jeanne, 
fceur  des  ducs  Guillaume  ck  Renaud,  laquelle  avoit  époufé 
Jean,  feigneur  d'Arkel.  Adolphe  ,  duc  de  Gueldre ,  ayant 
été  emprifonné  par  fon  fils  Charles ,  duc  de  Bourgogne 
ck  de  Brabant,  s'empara  de  la  Gueldre  ;  mais  après  la 
mort  d'Adolphe  ck  de  Charles  de  Bourgogne,  les  états 
du  duché  mirent  à  leur  tête  la  princeffe  Catherine  ,  tante 
de  Charles  d'Egmond,  héritier  de  ce  duché,  qui  étoit 
alors,  à  la  cour  de  Bourgogne.  Maximilien  d'Autriche  , 
qui  avoit  époufé  Marie  de  Bourgogne ,  conquit  ce  du- 
ché, ck  obligea  les  états  à  le  reconnoitre  ^  l'an  1485,  ck 
il  jouit  de  fa  conquête  durant  quelques  années  ;   mais 


241 

Charles  d'Egmond  ,  fils  du  duc  Adolphe  ,  étant  forti 
d'une  prifon  ,  où  on  le  retenoit  en  France  ,  entreprit 
de  rentrer  dans  les  états  de  fes  pères ,  l'an  1492  :  il  en 
vint  à  bout ,  malgré  la  puiflance  de  la  maifon  d'Autri- 
che, ck  il  mourut  en  poflefïion,  l'an  1538. 

Antoine ,  duc  de  Lorraine  ,  prétendant  être  fon  héri- 
tier naturel  ,  comme  descendant  de  fa  fceur  Philippa  , 
femme  du  duc  B.ené  I  ,  envoya  des  ambafladeurs  aux 
états  de  Gueldre,  pour  leur  faire  voir  le  droit  qu'il  avoit, 
ck  pour  demander  la  fuccefllon  de  fon  oncle  le  duc 
Charles.  Mais  les  états  répondirent  qu'il  y  avoit  un  ac- 
cord pafîe  entre  les  ducs  de  Gueldres ,  de  Juliers  ck  de 
Cleves ,  pour  fe  fuccéder  mutuellement ,  en  cas  que  les 
mâles  vinfient  à  manquer  dans  ces  duchés  ;  c'eft  pour- 
quoi ils  proclamèrent  Guillaume  ,  duc  de  Gueldres  & 
de  Juliers,  comte  delaMarck,  qui  ne  jouit  de  ce  duché 
qu'environ  fîx  ans  ;  car  Charles  V  l'en  dépouilla 
l'an  1544,  fous  prétexte  qu'il  tenoit  le  parti  de  la  France; 
ck  cet  empereur  fe  fit  reconnoître ,  l'an  1545,  par  les 
états ,  duc  propriétaire  de  Gueldres  ,  ck  comte  de  Zut- 
phen. Il  donna  ce  duché  ck  ce  comté  ,  quatre  ans  après  , 
avec  les  autres  provinces  des  Pays-bas,  à  fon  fils,  Phi- 
lippe II ,  qui  perdit  avant  fa  mort  le  comté  de  Zutphen 
ck  le  duché  de  Gueldre  ,  qui  prirent  parti  dans  l'union 
de  la  république  des  Pays-bas  ;  &  il  ne  lui  demeura  que 
la  haute  Gueldre. 

Il  faut  donc  diftinguer  le  duché  de  Gueldre,  de 
la  province  de  Gueldre  ,    ck  cette  province  du 

HAUT  QUARTIER  DE  GUELDRE.  Le  duché  eft  tout  le 
pays  entier,  tel  que  nous  venons  d'en  donner  l'hiftoire 
en  abrégé.  La  province  tk  le  haut  quartier  en  font  la  di- 
vifion ,  félon  l'état  préfent. 

La  province  de  GUELDRE  eft  une  province  de 
l'état  des  Provinces-Unies,  ck  tient  le  premier  rang  dans 
la  république  ,  fans  être  ni  la  plus  riche ,  ni  la  plus  puis- 
fante.  Basnage  ,  Defcr.  hifl.  des  Provinces-Unies,  dit  que 
c'eft  un  duché  ,  parce  qu'elle  avoit  cet  avantage  long- 
tems  avant  que  d'être  entrée  dans  l'union.  La  divifion 
de  toute  la  Gueldre ,  en  quatre  quartiers ,  eft  ancienne. 
Ces  quartiers  font, 


NlMEGUE, 
RUREMONDE. 


Zutphen, 

Arnheim  ouleVELUVE: 


La  Gueldre  Hollandoife  ,  c'eft-à-dire  la  partie  de  la 
Gueldre ,  qui  conftitue  la  première  des  fept  Provinces- 
Unies ,  ne  contient  queNimegue,  Zutohen  ck  Arnheim. 
Toutes  les  quatre  parties  étoient  entrées  dans  la  confé- 
dération ;  ck  même  lorsque  le  comte  de  Bergues ,  qui 
en  étoit  le  gouverneur  ,  fe  laifta  gagner  par  le  duc  de 
Parme ,6k  changea  de  parti  ,  il  remit  fon  gouvernement 
aux  alliés.  Mais  un  Ecoftois ,  qui  commandoit  dans  la 
ville  de  Gueldre,  la  livra  aux  ennemis,  pour  fe  venger 
du  comte  de  Lçycefter,  dont  il  étoit  mécontent,  ck  de 
Skenck ,  avec  lequel  il  avoit  eu  querelle.  Le  prince  Fre- 
deric-Henri  fit  ensuite  diverses  tentatives  pour  la  repren- 
dre ;  mais  elles  furent  toutes  inutiles.  On  a  plufieurs  fois 
conquis  ces  places  ,  ck  particulièrement  dans  la  guêtre 
pour  la  fuccefllon  d'Espagne.  Par  le  traité  d'Utrecht  on 
en  a  dispofé  de  la  manière  que  nous  dirons  dans  l'article 
qui  fuit. 

La  province  de  Gueldre  ne  confifte  donc  qu'en  trois 
quartiers.  Dans  le  premier  font  les  villes  de  NlMEGUE, 
Thiel  ck  Bommel.  Dans  le  fécond  font  Zutphen, 
Do'isbourg,  Doetecum,  Lorhem  ck  Groll  ;  ck  enfin  dans 
le  troifieme  font  Arnheim  ,  Harderwyk  ,  Wagenin- 
gen ,  Hattum  ck  Helburg.  Toutes  ces  villes  envoient 
leurs  députés  à  l'afTembiée  des  étais  de  la  province  , 
qu'on  appelle  le  Landdag  ;  ck  cette  aflemblée  fe  tient 
dans  les  villes  capitales,  une  année  dans  chacune. 

Chaque  quartier  forme  un  état  particulier  ,  dont  la 
jurisdiclion  ck  les  droits  ne  font  ni  confondus  ,  ni  par- 
tagés avec  ceux  des  autres  quartiers.  On  peut  voir  ce  qui 
regarde  chacun  de  ces  quartiers  aux  mots  NlMEGUE, 
Zutphen  ck  Arnheim. 

Le  haut  quartier  de  GUELDRE ,  ou  le  quar- 
tier DE  RUREMONDE  ,  OU  laGUELDRE  ESPAGNOLE  , 
étoit  demeuré  aux  Espagnols ,  après  l'éreftion  de  la  ré- 
publique des  Provinces-Unies.  Ce  pays  ayant  été  con- 
quis par  les  alliés  ,  durant  la  longue  guerre  qui  fuivit  la 
mort  de  Charles  II ,  le  roi  de  Prude,  à  la  bienléancs  de 
Tome  III.     H  h 


GUE 


242 

qui  il  étoit,le  prétendit  ;  Se  au  traité  de  paix cPUtrerîit ,' 
art.  7,  entre  le  roi  de  France,  autorifé  par  le  roi  d'Espagne 
&  le  roi  de  Prufle  ,  il  eft  dit  que  la  partie  du  haut  quartier 
de  Gueldre  ,  dite  Gueldre  Espagnole ,  nommément  la 
ville  de  Gueldre,  les  préfectures  ,  villes  ,  bourgs  ,  fiefs, 
terres,  fonds,  cens,  rentes,  Sec.  &  généralement  tout 
ce  qui  eft  compris  dans  cette  partie  du  haut  quartier  de 
Gueldre,  occupée  Se  pofledée  actuellement  par  le  roi 
de  Prune  ,  lui  feroient  cédées  à  perpétuité  pour  lui  & 
fes  héritiers  ,  &  fuccefîeurs  de  l'un  Se  de  l'autre  fexe. 
Par  le  même  traité  ,  art.  §,  on  lui  ccdoit  dans  le  haut 
quartier  de  Gueldre  le  pays  de  K.ESS.L  Se  le  bailliage  de 
Krickenbeck.  Par  le  traité  de  Barrière ,  art.  18,  con- 
clu à  Anvers  l'an  171 5  ,  l'empereur  a  cédé  aux  Etets- 
généraux  à  perpétuité ,  Se  en  toute  fouveraineté ,  dans 
le  haut  quartier  de  Gueldre,  la  ville  de  Venlo ,  avec  là 
banlieue ,  Se  le  fort  de  S.  Michel  ;  le  fort  de  Stevens- 
wert  avec  fon  territoire  Se  banlieue,  avec  autant  de  ter- 
rein  qu'il  faudra  pour  en  augmenter  les  fortifications  en- 
deçà  de  la  Meufe  ;  l'Ammanie  de  Montfort ,  dont  S.  M. 
Imp.  s'eftréfervé  les  petites  villes  de  Swalme  Se  d'Elmpt. 
•Ce  qui  eft  cédé  confifte  dans  les  petites  villes  de  Nieus- 
tadt  Se  d'Echt,  avec  les  villages  d'Ohe  Se  Lack,  Roos- 
ten,  Baach,  Defel ,  Belfen ,  Kodorp ,  Pofterholt,  Berg, 
Lyne.  Se  Montfort  ;  avec  les  préfectures ,  bourgs,  fiefs, 
terres,  Sec. 

Ainfi  le  haut  quartier  eft  préfentement  poffédé  par 
trois  fouverains.  Le  roi  de  Pruffe  y  poflede  la  ville  de 
■Gueldre  ;  la  reine  de  Hongrie,  Ruremonde  Se  fes  dé- 
pendances ;  &  les  Etats-généraux  y  ont  Venlo,  Steven- 
wert  ,  Nhufladt  Se  Echt.  Quoique  ces  deux  dernières 
foient  qualifiées  villes  dans  le  traité  de  Barrière ,  elles  ne 
méritent  guères  ce  nom. 

GUELDRES,  ville  des  Pays-bas,  au  duché  de  même 
nom,  &  maintenant  dans  i'état  du  roi  de  Prufle  ,  à  deux 
lieues  de  Venlo  ,  dans  une  plaine  fur  la  Niers  ,  qui  fe 
féparant  en  deux  bras ,  forme  une  ifle ,  dans  laquelle 
cette  ville  eft  fituée.  Elle  eft  plus  petite  que  Venlo.  Elle 
a  un  ancien-  château  où  réfidoient  les  gouverneurs  de"  la 
Gueldre.  Les  marais ,  dont  elle  eft  entourée  ,  font  une 
partie  de  fa  force.  Elle  eft  à  quatre  lieues  du  Rhin  ;  Se 
par  conséquent  elle  ne  peut  être  la  même  que  la  Gel- 
DVBA  des  Romains.  Voyez  ce  que  nous  en  avons  dit, 
parlant  du  duché  de  même  nom. 

GUELDRIA  ,  ou  plutôt  Castel-Gueldria,  ou 
feion  l'orthographe  Hollandoife  Kastel  Geldria  , 
château  d'Afîe,  félon  Sanfon ,  -Atlas.  Baudrand,  éd.  1705, 
dit  que  c'eft  une  foriereflé  de  la  presqu'iile  de  l'Inde  , 
deçà  le  Gange  ,  au  royaume  de  Narfingue  Se  au  pays  de 
Coromandel ,  fur  la  côte  du  golfe  de  Bengale  ;  elle  a , 
dit-il  ,  été  bâtie  Si  ainfi  appellée  par  les  Hollandois 
qui  s'y  font  établis.  Baudrand  n'en  a  point  d'autre  ga- 
rant que  Sanfon.  Ainfî  il  n'y  a  que  l'autorité  de  ce  der- 
nier pour  Fexiftence  de  ce  château,  comme  d'une  place 
féparée.  Il  'la  met  entre  la  rivière  d'Aremogan  Se  Palia- 
•cate ,  c'eft-à-dire  au  nord  de  cette  ville  &  afTez  près  de 
cette  rivière.  Les  Cartes  Hollandoifes  ne  le  marquent 
point  ,  Se  Jean  de  Raey  a  foin  d'en  avertir  dans  fon 
Dift.  géogr.  Mais  il  remarque  qu'au  midi  dePaliacate, 
eft  le  fort  de  Gueldre,  joignant  cette  ville  ,  dont 
les  Hollandois  font  tout  le  commerce. 

1.  GUEMENÉ  ouGuimené;  principauté  de  France, 
en  Bretagne ,  au  diocèfe  de  Vannes  ,  fur  la  rivière  de 
Scorf ,  vers  fa  fource  ,  au  couchant  de  Pontivy. 

2.  GUEMENÉ,  paroiffe  de  France,  en  Bretagne  , 
au  diocèfe  de  Nantes,  fur  la  rivière  de  Don.  Je  ne  mar- 
que ici  ce  lieu,  que  parce  que  Baudrand  l'a  confondu  avec 
Guemené,  principauté  qui  fait  l'article  précédent. 

GUENEZERIS,  montagne  d'Afrique,  au  royaume 
de  Tremecen,  dans  la  province  de  Tenez.  Elle  eft  haute, 
escarpée  Se  habitée  par  des  peuples  qui  font  vaillans,  Se 
ont  toujours  eu  guerre  contre  les  rois  de  Tremecen , 
l'ayant  entretenue  foixante  ans  à  la  faveur  des  rois  de 
Fez.  Tout  le  haut  n'eft  que  terre  ,  qui  produit  quantité 
de  genêts ,  dont  on  fait  des  paniers  Se  des  nates.  Sur  la 
pente  Se  dans  les  lieux  unis  ,  il  y  a  plufieurs  fontaines, 
dont  l'eau  eft  très-fraîche  Se  de  bonnes  terres  laboura- 
bles. Les  habitans  font  braves ,  Se  font  bien  cinq  mille 
combattans  ,  dont  il  y  a  deux  mille  cinq  cents  chevaux 
qui  favoriferent  MuleyYahaya,  quand  il  fe  fit  roi  deTe- 
ntz  ;  Se  depuis  que  cet  état  çhaflgca  de  maître ,  ils  fe 


GUE 


font  maintenus  en  liberté ,  courant  tout  le  pays  ',  comme 
ils  font  encore  aujourd'hui.  C'eft  sânfi  qu'en  parle  Mar» 
mol,  /.  î,  c.  38. 

GUENGA ,  rivière  de  l'Indouftan.  Voyez  GANGA2. 

GUEPIE,  bourg  de  France ,  en  Languedoc  ,  fur  la 
rivière  de  Brant,  qui  fe  jette  près  de-là  dans  l'Aveyrou. 
Corneille ,  Dict.  dit  avec  Davity ,  que  cette  rivière  (le 
Brant,)  met  le  château  dans  l'Albigeois  ,  Se  le  bourg 
dans  le  Rouergue.  Sanfon  ,  Langued.  ne  met  point  de 
château  ;  mais  il  fépare  le  bourg  aux  deux  côtés  de  la 
rivière  ,  Se  met  ces  deux  parties  dans  l'Albigeois ,  quoi- 
qu'aux  confins  du  Rouergue  Se  affez  près  de  Nayac.  Les 
auteurs  du  Dictionnaire  de  la  France  en  parlent  autre- 
ment. La  Guepie,  difent-ils,  ville,  bailliage  Se  châtel- 
lenie  dans  le  haut  Languedoc  au  diocèfe  d'Albi ,  parle- 
ment Se  intendance  de  Touloufe.  Ils  ne  lui  donnent  que 
nonante-fix  habitans.  Le  dénombrement  du  royaume 
qui  la  nomme  la  Guerpie  ,  n'y  met  que  vingt-un  feux. 
Cette  petite  ville,  continuent  ces  auteurs,  eft  fituée  au 
confluent  de  la  Veirou,  (l'Aveyrou,)  Se  de  la  rivière  de 
Viaur.  Us  trouvent  dans  le  Rouergue  une  autre  la  Gue- 
pie ,  qui  n'a  que  quatre-vingt-fix  habitans  au  diocèfe  de 
Rhodez. 

Pour  mettre  tous  ces  auteurs  d'accord  ,  il  faut  dire  que 
la  Guepie  eft  une  petite  ville  ,  fur  leBirant,  qui  la  fépare 
du  Rouergue ,  enforte  que  le  château  eft  du  Languedoc, 
Se  la  ville  qui  eft  au-delà  de  la  rivière  eft  du  Rouergue. 

GUERANDE  ,  ville  de  France ,  en  Bretagne  ,  dans 
le  comté  de  Nantes ,  à  treize  lieues  au  couchant  de  la 
ville  de  ce  nom  ,  à  trois  de  S.  Nazaire  ,  Se  à  une  feu- 
lement de  Croizil  Se  de  l'Océan,  entre  l'embouchure  de 
la  Vilaine  Se  celle  de  la  Loire.  Il  y  a  une  églife  collégiale 
qui  eft  auffi  paroiffiale,  Se  un  couvent  d'Urfulines ,  avec 
un  autre  monaftere  de  religieufes  qui  gouvernent  l'hô- 
tel-dieu  ,-  hôpital  pour  les  pauvres  malades.  Cette  ville 
eft  fermée  de  murailles ,  Se  a  un^château ,  des  faubourgs 
Se  un  gouverneur  particulier.  La  juftice ,  qui  a  un  grand 
nombre  de  paroifîes  dans  fon  reiîort ,  s'y  adminiftre  en 
langue  françoife  ,  Se  les  habitans  font  riches.  Ils  font  un 
commerce  confidérable  de  fel  blanc  ,  tiré  des  falines  du 
territoire ,  que  les  Anglois  Se  les  Hollandois  viennent 
enlever  au  port  de  Croizil.  On  tient  à  Guerande  une 
foire  tous  les  ans ,  Se  l'on  y  vend  beaucoup  de  chevaux. 
Ce  fut  à  Guerande  que  Waroc  ,  comte  de  Bretagne, 
rendit  hommage  au  roi  Gontran  ,  l'an  591.  Ce  fut  en- 
core dans  ce  lieu,  que  fe  fit  le  traité  de ^3 65,  le  12  Avril, 
entre  les  enfans  de  Charles  de  Blois  Se  de  Jean  V,  comte 
de  Montfort,  pour  la  fucceflion  de  Bretagne.  * 'Mémoires 
drejfis  fur  les  lieux,  en  1706. 

GUERARD,  bourg  de  France  ,  dans  la  Brie,  au  dio- 
cèfe de  Meaux. 

1.  GUERCFIE  (la)  ou  la  Guierche  ,  ville  de 
France,  dans  la  Ton  rai  ne  ,  au  diocèfe  de  Tours  ,  élec- 
tion de  Loches  au  bord  de  la  Creufe ,  à  deux  lieues  de 
la  Haye.  Il  y  a  un  château  ,  dans  lequel  réfidoit  la  belle 
Agnès  Sorel  ou  Surel ,  maîtrefTe  de  Charles  VII ,  qui 
érigea  ce  lieu  en  vicomte  à  caufe  d'elle.  Depuis ,  cette 
vicomte  a  pafle  par  aquêt  dans  la  maifon  de  Villequier, 
puis  en  celle  d'Aumont ,  par  alliance.  Le  parc  du  châ- 
teau eft  orné  d'une. belle  allée  de  cyprès. 

2.  GUERCHE,  (la)  ou  la  Guierche  ,  ville  de 
France ,  en  Bretagne  ,  au  diocèfe  de  Rennes.  Il  y  a  une 
collégiale,  fondée  1166,  par  Guillaume  II ,  feigneur  de 
la  Guerche. 

3.  GUERCHE,  (la)  ou  la  Guierche,  feigneurie 
de  France  ,  dans  le  Maine  ,  avec  titre  de  baronie,  fur  la 
Sarthe  ,  à  trois  lieues  du  Mans.  Elle  appartient  à  M;  Hu- 
rault,  marquis  de  Vibray.  Elle  étoit  auparavant  à  la  mai- 
fon de  Roftaing,  qui  l'avoit  eu  par  alliance  deTriftande 
Roftaing  ,  avec  Françoife  Robercet ,  fille  du  baron  de  la 
Guerche  Se  de  Jaqueline  Hurault.  Sa  jurisdiftion  com- 
prend fix  ou  huit  paroifles. 

GUERCHY,  rivière  de  France  ,  dans  le  Nivernois, 
où  elle  à  fa  fource.  Elle  reçoit  quelques  ruifTeaux  ,  Se 
va  fe  perdre  '  dans  la  Loire  à  Mefuc ,  au  -  deflbus  de  la 
Charité. 

GUERET,en  latin  TTara&us,\\\h  de  France ,  dans  la 
haute  Marche, dont  elle  eft  la  capitale,  Se  prétend  l'être  de 
toute  la  province.  Elle  eft  fituée  près  de  la  fource  de  la 
Garteinpe  ,  à  dix  lieues  de  Limoges  ,  Se  à  trois  de  la. 
Creufe  (a)  ,  à  46  d,  il'  de  latitude.   Il  y  a  beaucoup 


GUE 


GUC 


d'apparence ,  dit  Pîganiol  de  la  Force  ,  qu'elle  doit  fon 
origine  à  une  abbaye  qui  y  fut  fondée  vers  l'an  720  ,  par 
Lautharius  ,  en  faveur  de  S.  Pardoux  (Pardulpkus}  qui 
s'y  retira  ,  Se  qui  en  étoit  abbé  lorsque  Charles-Martel 
défit  les  Sarazins.  (  Ce  Lautharius  ou  Lauthaire  étoit 
comte  ou  gouverneur  de  Limoges.)  (b)  Ce  n'eft  plus 
qu'un  prieuré  fimple  de  l'ordre  de  S.  Benoît.  Quoique 
cette  ville  foit  petite  ,  elle  eft  le  fiége  d'une  fénéchauffée  , 
d'un  préfidial ,  d'une  éleftion  ,  d  une  officialité  ,  d'une 
maîtrife  particulière  des  eaux  Se  forêts ,  Se  d'un  dépôt 
pour  empêcher  le  verfement  du  fel  dans  deux  provinces 
voifines  ,  qai  font  fujettes  à  la  gabelle.  Il  n'y  a  qu'une 
paroiffe  dont  l'églife  paroît  avoir  été  celle  de  l'abbaye. 
Les  Récollets  s'établirent  à  Gueret  en  16 16.  Les  Barnabi- 
tes  y  ont  un  collège  qui  a  été  fondé  des  bienfaits  d'An- 
toine Varillas ,  hiflorien  célèbre.  Il  y  naquit  en  1614  ,  Se 
mourut  à  Paris  en  1696  ,  le  9  Juin.  Gueret  eft  auffi  la 
patrie  de  Pardoux  du  Prat  ,  qui  a  fait  un  Lexicon  de 
droit ,  Se  plufieurs  autres  ouvrages  de  jurisprudence.  Le 
préfidial  de  Gueret  fut  établi  par  le  roi  Louis  XIII  ,  en 
1635.  La  fénéchauffée  a  dans  fon  refïort  les  châtellenies 
royales  de  Gueret ,  de  Drouilles  ,'d'Aubuffon  ,  de  Fel- 
letin  ,  d'Ahun  ,  de  Chenerailles  ,  de  Jarnage ,  de  Cro- 
2ant  Se  de  Bellegarde.  .Mais  de  toutes  ces  châtellenies 
il  n'y  a  plus  que  celles  de  Gueret  Si  de  Bellegarde  ,  qui 
foient  an  roi ,  les  autres  ayant  été  données  en  échange 
ou  engagement  par  Louis  XIV  ,  au  maréchal  duc  de 
la  Feuillade  ;  comme  aufli  plufieurs  juftices  feigneuriales  Se 
fubalterries ,  entre  autres  ,  Dun-le-Paluau  ,  S.  Germain  , 
Malleval ,  la  Borne  ,  S.  Julien  ,  Châteauvert  ,  la  Feuil- 
lade ,  le  Douignon  ,  Chdtelus  ,  Châteaucloup  ,  Mon- 
teil-au-Vicomte  ,  la  Farge  ,  Genouillac  ,  le  Pougi  ,  Se 
plufieurs  autres  moins  importantes.  Toute  cette  féné- 
chauffée fe  régit  par  la  coutume  de  la  Marche  ,  qui  fut 
rédigée  en  15x1.  Le  roi,  par  fon  édit  de  Mars  1710  , 
ayant  fupprimé  tous  les  officiers  des  inaréchauffées  du 
royaume  ,  8e  ayant  établi  de  nouvelles  compagnies  de 
maréchauffées ,  il  ne  doit  y  avoir  à  Gueret ,  fuivant  la 
déclaration  du  9  Avril  de  la  même  année  ,  qu'un  lieu- 
tenant général  durprevôt  de  Bourbonnois.  La  maîtrife 
particulière  des  eaux  Se,  forêts ,  établie  à  Gueret ,  s'étend 
fur  la  haute -Se  la  baffe  Marche  ,  Se  connoît  de  toutes 
les  matières  attribuées  à  cette  jurisdiclion.  (a)  Piganiol 
de  la  Force  ,  Defcr.  de  la  France,  t.  6 ,  p.  393  ,  595  , 
397 ,  Se  398.  (>0  Baillei,  Vie  de  S.  Pardoux ,  6  Oftobre. 

L'Election  de  GUERET  contient  trois  cents 
foixante  Se  dix  ou  foixante  Se  douze  paroiffes.  Les 
appellations  fe  relèvent  à  la  cour  des  aides  de  Clermont. 

GUERGUELA  ,  Huerguela  ,  Guagala  ,  ou 

GUARCALA   ,    OU    QUER-QUELEN   OU    GlJARGALA   ; 

c'eft  le  même  lieu.  Marmol ,  /.  5  ,  c.  57  ,  dit  que  c'eft 
une  ville  de  Numidie  ,  à  cent  quarante  lieues  d'Al- 
ger ,  du  côté  du  midi.  Quoiqu'elle  ait  fix  mille  habitans  , 
elle  ne  pouvoit  fe  défendre  des  Arabes  ;  ce  qui  l'engagea 
de  fe  mettre  fous  la  protection  des  Turcs  Se  de  leur  payer 
un  tribut  annuel  ;  mais  en  ayant  reçu  de  mauvais  traite- 
mens,  elle  fe  révolta  :  Salharraës  alla  l'affiéger  ,  Se  la 
força  de  fe  foumettre  ;  emmena  quinze  chariots  chargés 
d'or  ,  Se  plus  de  cinq  mille  esclaves  Nègres  de  l'un  Se 
l'autre  fexe. 

GUERNESEY.  Voyez  Garnezey. 

GUERNICA  ,  lieu  d'Espagne  ,  dans  la  Biscaye  ,  à 
trois  lieues  de  Bilbao ,  dans  une  plaine  au  pied  des  mon- 
tagnes ,  au  bord  d'une  petite  rivière  qui ,  près  de-là,  fe 
jette  dans  la  mer.  Il  y  a  abondance  de  vivres  ,  Se  fur- 
tout  de  poiffon  ,  cinq  cents  habitans  Se  une  églife  paroif- 
fïale.  Elle  eft  ancienne  Se  fondée  par  les  Grecs ,  félon 
Rodrigue  Mendez  de  Silva  ,  Poblacion  Gêner,  de 
Efpana ,  fol.  238  ,  verf.  qui  la  nomme  Villa  DeGar- 
NICA.  C'eft  dans  ce  lieu  que  les  gouverneurs  de  Biscaye , 
les  feigneurs  Se  les  rois  prenoient  anciennement  poffef- 
fion  du  gouvernement  fous  un  arbre  que  ce  lieu  porte 
dans  fes  armes  en  champ  d'argent  :  l'auteur  cité  ajoute 
que  cette  coutume  s'étoit  confervée  depuis  le  tems  des 
Grecs. 

GUERRY  ,  ou  Gerry  ,  bourgade  d'Afrique  dans  le 
royaume  de  Sennar  fur  le  bord  occidental  du  Nil. 

Comme  les  caravanes  qui  viennent  d'Egypte  ,  parlent 
à  Guerry ,  il  y  a  un  gouverneur  dont  le  principal  emploi 
tft  d'examiner  fi  perfonne  n'a  la  petite  vérole ,  pareeque 
cette  maladie  n'eft  pas  moins  dangereufe  Se  ne  fait  pas 


243 

moins  de  ravages  en  ce  pays  que  la  pefte  en  Europe. 
Le  Nil  n'eft  point  large  en.cet  endroit  ;  il  eft  cependant 
rapide  Se  profond.  *  Poncet ,  Voyage  en  Ethiopie. 

GUERVA  ,  rivière  d'Espagne  ,  dans  F  Aragon.  Elle 
a  fa  fource  au  fud-eft  de  Daroca  ,  Se  circulant  vers  le 
nord-oueft ,  elle  paffe  à  Romanos  ,  à  Villa-real ,  puis  fe 
courbe  vers  le  nord-eft  ,  fe  replie  enfuite  vers  le  cou- 
chant ,  paffe  à  Magalocha  Se  à  Muel  ,  arrofe  le  bourg 
de  Santa-Fé  ,  Se  tombe  dans  l'Ebre  ,  vis-à-vis  de  l'em- 
bouchure du  Gallego  ,  près  des  murs  de  Saragoffe. 
*  Jaillot ,  Atlas. 

GUESCAR,  VoyezHuESCA,  qui  eft  lenommoderne  ; 
Se  Osca  ,  qui  eft  le  nom  que  les  Romains  ont  donné  à 
cette  ville. 

GUETARIA  ,  petite  ville  d'Espagne  ,  dans  la  pro- 
vince de  Guipuscoa  ,  avec  un  château  Se  un  bon  port  , 
fur  la  côte  de  la  mer  de  Biscaye  ,  près  de  l'embouchure 
de  la  rivière  d'Orio  ,  à  trois  lieues  de  S.  Sebaftien  vers 
l'oueft.  C'eft  la  patrie  de  Sebaftien  Cano  ,  célèbre  navi- 
gateur, qui,  le  premier,  fit  le  tour  du  monde  fur  le  vaiffeau 
la  Viftoire  ,  fous  Ferdinand  Magellan  ,  après  la  mort 
duquel  il  acheva  fon  cours  Se  ramena  ce  vaiffeau  à  Seville. 
Baudr.  éd.  1705. 

GUETE  ,  ville  d'Espagne ,  dans  la  nouvelle  Caftille  ,' 
fur  la  petite  rivière  de  Cauda  ,  dans  la  Sierra.  On  y 
compte  cent  vingt  habitans  ,  Se  quelque  nobleffe  ,  dix 
paroiffes  ,  cinq  couvens  d'hommes  ,  deux  de  filles  , 
trois  hôpitaux  Se  une  jurisdiftion  affez  étendue.  On  croit 
qu'elle  eft  ancienne  Se  que  c'eft  I'Opta  des  Grecs.  Mais 
on  ne  dit  point  dans  quel  ancien  auteur  ce  nom  fe  trouve. 
Rodrigue  Mendez  Sylva ,  Poblacion  général  de  Espana  , 
fol.  17  verfo ,  affure  qu'elle  fut  fondée  par  les  Celtibé- 
riens  ,  l'an  du  monde  3031 ,  ou  930  ,  avant  Ianaiffance 
du  Sauveur.  Ce  furent  les  Maures  qui  lui  donnèrent  le 
nom  de  Gueta  ,  qui  fignifie  une  lune.  Le  roi  de  Caftille  , 
Alfonfe  VI  ,  la  fit  rebâtir  après  l'avoir  conquife  en 
1080.  Enfuite  Jean  II  l'érigea  en  cité  ,  avec  les  privi- 
lèges de  Tolède.  Henri  IV  l'honora  du  titre  de  duché  , 
dont  il  gratifia  Lope  Vasques  de  Acuna.  Mais  Ferdinand 
Se  Ifabelle  l'éteignirent  Se  réunirent  cette  ville  à  la 
couronne. 

GUEVETLAN  ou  Guevatlan  ,  petite  ville  de 
l'Amérique  feptentrionale  ,  au  Mexique  ,  dans  la  pro- 
vince de  Soconusco  ,  dont  elle  eft  la  capitale  ,  fur  la 
côte  de  la  mer  du  fud  ,  environ  à  trente  lieues  de  Guati- 
mala  ,    au  couchant.  *  Baudr.  éd.  170J. 

GUEUGNON  ,  bourg  de  France  ,  dans  la  province 
de  Bourgogne  ,  fur  la  rivière  dArroux  ,  qui  commence 
d'être  navigable  à  cet  endroit.  Les  forges  de  Villefays 
à  Gueugnon  font  magnifiques  *  Garreau  ,  Description  de 
la  Bourgogne. 

GUÊUL ,  (la)  rivière  des  Pays-bas  ,  au  pays  de 
Limbourg.  Elle  prend  fa  fource  au-defïus  de  Valhorn  , 
paffe  à  Valhorn  ,  d.  à  Herkemet  ,  d.  à  Calmine  ,  g.  i 
Morezent ,  g.  à  Busdal  ,  g.  à  Mechelem  ,  d.  à  Vittem  , 
à  Cartiels ,  d.  à  Vilre  ,  d.  à  Shinop  ,  d.  à  Fauquemont  , 
à  Brouchen  d  ,  à  S.  Ghierlack  ,  d.  à  Houten  ,  d.  à 
Moërzem  ,  d.  à  Hardenftein  ,  d.  Se  tombe  dans  la  Meufe  , 
au-deffous  de  Cafter-Gueul. 

GUEULE  ,  (la)  rivière  des  Pays-bas  ,  dans  la 
Flandre  Autrichienne.  Elle  fe  rend  dans  la  mer  près 
d'Oftende. 

GUEUSGEN.  Voyez  Goesghen. 

GUEYVEN  ,; cité  de  la  Chine,  dans  la  province  de 
Suchuen  ,  au  département  de  Kiating ,  troifieme  grande 
cité  de  la  province.  Elle  eft  de  11  d.  38  '  plus  occiden- 
tale que  Pékin,  fous  les  29 d.  38'  de  latitude.  *  Atlas 
Sinenfis. 

GUGERNI  ,  ancien  peuple  de  la  Belgique  ,  félon 
Pline  ,  /.  4  ,  c.  17.  Il  les  met  entre  les  Ubiens  Se  les 
Bataves.  L'édition  du  P.  Hardouin  ,  porte  GuBERNI. 
On  ne  doute  point  que  ce  ne  foient  les  mêmes  que 
les  Cugcrni  de  Tacite  ,  Hifl.  1.  5  ,  qui  les  joint  pareil- 
lement  aux  Bataves.  C'eft  préfentement  le  pays  de 
Cleves. 

GUGIDIME  ou  GuiGINA,  montagne  d'Afrique  ,  ail 
royaume  de  Maroc ,  province  d'Escure.  Elle  touche  à  celle 
de  Tenfit ,  Se  n'eft  habitée  que  du  côté  du  feptentrion , 
lequel  eft  plein  d'oliviers  ,  dont  on  porte  quantité  d'huile 
dans  la  Numidie.  On  y  recueille  beaucoup  d'orge.  C'eft 
la  nourriture  de  ces  peuples  qui  n'ont  presque  point 
Tome  III.    H  h  ij 


GUI 


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de  froment.  Ils  ont  été  long-tems  libres  ,  parce  que  la 
montagne  eft  fort  escarpée.  Ils  y  nourriffent  grand  nom- 
bre de  chèvres  ,  de  mules  ôc  de  chevaux  ,  qui  ,  quoi- 
que petits  ,  ne  biffent  pas  d'être  vigoureux  6c  fort  légers. 
Quand  les  chérits  eurent  pris  Fiftele  ,  les  habitans  de 
Gugidimefe  fournirent  à  leur  domination  :  ils  demeurent 
dans  des  villages  &  dans  des  hameaux ,  qui  font  disperfés 
par  les  valices.  Les  maifons  y  font  de  terre  ,  couvertes 
de  paille  ou  de  branchages.  Tout  ce  qui  regarde  le  midi  , 
dans  cette  montagne  ,  eft  entièrement  défert.  Les  hifto- 
riens  rapportent  qu'elle  fut  défolée  par  les  guerres ,  quand 
les  Almohades  dépofféderent  les  Almoravides  ,  à  caufe 
que  les  habitans  donnèrent  retraite  à  Brahem-Ben-Ali  , 
qui  fuyoit  devant  Abdulmumen  ;  ce  qui  l'irrita  fi  fort  , 
qu'il  fit  mettre  tout  à  feu  Si  à  fang ,  fans  épargner  ni  âge 
ni  fexe  ;  de  forte  que  ceux  qui  y  vinrent  habiter  depuis , 
étant  pauvres  ôc  foibles  ,  ne  peuplèrent 'que  ce  qui  eft 
du  côté  du  nord ,  qui  regarde  la  Barbarie  ;  c'eft  le  meilleur. 
*  Marmol ,  1.  3  ,  c.  77. 

GUGUAN  ,  ille  de  l'Océan  oriental ,  l'une  des  ifles 
Mariannes.  Elle  a  trois  lieues  de  tour  ,  ôc  eft  fituée  à 
fix  lieues  de  celle  de  Sarighan ,  ôc  à  trois  ôc  demie  de 
celle  d'Alamagan.  Elle  eft  à  17  d.  45'  de  latitude  ,  au 
rapport  du  P.  Morales,  dans  les  Obfervations  phyfiques  Ôc 
mathématiques ,  publiées  par  le  P.  Gouye. 

GUIANE ,  (la)  ou  LA  Goyane  ,  grand  pays  de 
l'Amérique  méridionale  ,  entre  les  rivières  de  l'Orenoque 
&  des  Amazones  ,  qui ,  avec  la  mer  du  nord  ,  lui  fervent 
de  bornes. 

Voici  la  description  que  de  la  Barre  en  a  donnée  ; 
mais  il  faut  remarquer ,  dans  l'extrait  que  nous  en  allons 
donner  ,  que  ce  qu'il  appelle  Guiane  Jngloife  eft  pré- 
sentement aux  Hollandois  ,  5c  poffédé  par  la  compagnie 
de  Surinam  ,  Ôc  par  divers  particuliers  qui  y  ont  des 
conceffions.  Il  divife  tous  les  vaftes  pays  de  la  Guiane 
*n  Guiane  Indienne  j.  Guiane  Françoise  ,  ôc 
Guiane  Anglicane  ôc  Belgique.  Voici  comment 
il  traite  chacune  en  particulier. 

La  Guiane  Indienne  ,  qui  n'eft  habitée  que  d'In- 
diens ,  contient  toutes  les  terres  qui  font  depuis  la  ligne 
jusqu'au  cap  d'Orange  ;  ce  qui  fait  à-peu-près  80  lieus. 
Ce  pays  eft  fort  bas  ,  ôc  inondé  vers  les  côtes  maritimes  ; 
depuis  l'embouchure  de  la  rivière  des  Amazones  jusqu'au 
cap  de  nord ,  il  eft  très-peu  connu  des  François.  Quoi- 
que celui  qui  eft  depuis  le  cap  de  nord  jusqu'au  cap 
d'Orange  foit  de  la  même  nature  ,  ôc  que  l'on  ne  voye 
fur  fes  rivages  aucune  terre  élevée  ,  mais  feulement  des 
arbres  comme  plantés  dans  la  mer ,  6c  diverfes  coupures 
de  ruiffeaux  ôc  de  rivières  qui ,  pour  tout  aspeft,  donnent 
celui  d'un  pays  noyé  ,  on  ne  laiffe  pas  d'avoir  plus  de 
connoiffance  de  ces  terres  ,  parce  que  les  barques  Fran- 
çoifes  ,  Angloifes  ôc  Hollandoifes  y  vont  fouvent  traiter 
du  lamenfin ,  ou  vache  de  mer ,  avec  les  Aricarets  ôc  les 
Palicours  qui  habitent  cette  côte ,  dans  laquelle  on  con- 
noît  les  rivières  d'Aricari ,  Unimamary  ôc  Caflîpouro. 
La  mer  monte  en  barre  defept,  huit  6c  neuf  braffes  à  pic 
dans  les  deux  premières  ;  6c  les  bâtimens  qui  s'y  trouvent , 
font  dans  un  grand  danger  ,  s'ils  ne  fe  font  pas  mis  à  cou- 
vert de  cette  barre  derrière  quelque  ifle  ,  ou  dans  quelques 
anfes  où  les  navires  &c  les  barques  demeurent  à  fec  ,  après 
que  la  mer  s'eft  retirée.  La  mauvaife  qualité  de  l'air  de 
cette  côte  la  rend  inhabitable  aux  Européens ,  qui  y  font 
presque  tous  malades  dans  leurs  vaiffeaux ,  quand  la  durée 
deleurtraiteles  oblige  d'y  faire  un  long  féjour  :  lesoriginai- 
res  y  fouffrent  même  beaucoup ,  étant  contraints  ,  faute 
d'y  trouver  des  terres  hautes  où  ils  puiffent  bâtir  des 
maifons ,  de  placer  leurs  hutes  fur  des  arbres ,  où  elles 
reffemblent  mieux  à  des  nids  de  gros  oifeaux  qu'à  des 
retraites  d'hommes. 

La  Guiane  Françoise  ,  proprement  France 
ÉQUINOXiale  ,  contient  environ  quatre-vingt  lieues  , 
ôc  commence  par  le  cap  d'Orange  ,  qui  eft  une  pointe  de 
terre  baffe  qui  fe  jette  à  la  mer  ,  ÔC  dont  on  prend  con- 
noiffance par  trois  petites  montagnes  qu'on  voit  par-deffus  ; 
ces  montagnes  font  au-delà  de  la  rivière  d'Yapoco.  Le 
cap  d'Orange  pouffe  un  banc  de  vafe  dix  à  douze  lieues 
à  la  mer  ;  enforte  qu'à  fix  ou  fept  de  terre  on  ne  trouve 
que  quatre  braffes  6c  demie  d'eau  de  baffe  mer  vis-à-vis 
la  pointe  de  ce  cap.  Les  terres  que  l'on  voit  de  l'autre 
bord  de  la  rivière  d'Yapoco ,  font  baffes ,  &c  presque  tou- 
tes noyées  ;  mais  dans  celles  qui  font  ducôté  du  cou- 


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rant ,  il  y  a  plufieurs  belles  montagnes.  Les  Yaos  Indiens 
ont  une  habitation  mieux  cultivée  qu'on  ne  le  pourroit 
attendre  de  ces  fauvages  ,  qui  font  en  fort  petit  nombre. 
A  une  lieue  de  cette  rivière ,  6c  le  long  de  la  côte  ,  eft  la 
montagne  de  Comaribo  ,  qui  a  une  belle  fource  d'eau 
vive ,  avec  une  crique  ou  rivière  falée  au  pied ,  où  peu- 
vent entrer  les  canots  6c  les  chaloupes.  La  côte  ,  jusqu'au 
cap  d'Aprouague,  eft  à  huit  lieues  de  celle  d'Yapoco  ;  6c 
à  quatre  d'Aprouague ,  eft  la  rivière  de  Canu  ;  à  huit 
autres  ,  eft  l'embouchure  de  celle  de  Wia  ,  6c  la  pointe 
de  l'hle  de  Caïenne  ,  marquée  improprement  dans  les 
cartes,  rivière  de  Mahuri.  Toutes  les  terres  depuis  Aproua- 
gue  jusqu'à  la  rivière  de  "NVia ,  à  trois  lieues  près  des  bords 
de  la  mer  ,  font  baffes  &c  noyées  ;  mais  plus  avant ,  tout 
le  pays  eft  relevé  de  belles  montagnes  6c  collines  très- 
propres  à  faire  des  plantages  &c  des  habitations.  L'embou- 
chure de  la  rivière  fait  une  manière  de  port  qui  eft  sûr 
contre  tous  vents ,  5c  où  il  y  a  un  bon  mouillage  fur  trois 
braffes  d'eau  de  baffe  mer.  Il  faut  monter  près  de  trois 
lieues  entre  la  terre  ferme  6c  l'ifle  de  Caïenne  pour  trou- 
ver le  vrai  canal  de  la  rivière ,  qu'on  rencontre  à  la  bandé 
du  fud  ,  courant  fud-fud-oueft  ,  &c  fùd-oueft  ,  fur  deux 
braffes  6c  demie  de  profondeur  jusqu'à  douze  6c  quinze 
lieues  avant  dans  les  terres  qui  y  font  relevées  de  grands 
bois  d'une  hauteur  6c  groffeur  extraordinaire.  L'embou- 
chure de  cette  rivière  ,  large  par-tout  d'une  portée  de 
mousquet ,  eft  défendue  par  la  pointe  de  Mahuri  de  l'ifle 
de  Caïenne  ,  où  les  François  font  bien  établis.  La  côte 
qui  eft  depuis  l'embouchure  de  la  rivière  de  Caïenne 
jusqu'à  la  rivière  de  Carrou ,  eft  de  douze  à  treize  lieues  : 
elle  eft  de  fable  ,  &c  le  terrein  eft  uni  6c  fec.  Dans  les 
terres  .font  de  belles  plaines  qu'ils  appellent  favanas  , 
qui  ne  font  point  inondées  ,  ôc  dans  lesquelles  on  peut 
nourrir  plufieurs  milliers  de  toutes  fortes  de  beftiaux. 
C'eft  dans  cet  endroit ,  ôc  le  long  des  bords  de  la  rivière 
de  Macouriague  ,  à  fept  lieues  de  Caïenne ,  ôc.  à  fix  de 
Courrou  ,  qu'habite  les  plus  grand  nombre  d'Indiens  de 
toute  la  côte.  Les  Aricarets  y  ont  quatre  habitations  ,  Se 
les  Galibis  y  en  ont  cinq  ou  fix.  Les  terres  de  cet  endroit 
ne  font  pas  fi  graffes  que  celles  des  collines  5c  des  mon- 
tagnes ;  cependant  celles  que  les  Indiens  y  cultivent  ,  leur 
produifent  des  vivres  en  abondance  ;  ôc  les  cannes  de  fucre 
y  viennent  auffi-bien  que  le  tabac.  La  rivière  de  Corrou 
n'eft  pas  fort  large  ;  mais  elle  a  beaucoup  de  profondeur, 
6c  on  la  remonte  jusqu'à  trente-cinq  lieues  dans  les  terres 
qui  font  fort  bonnes.  L'air  y  eft  fain.  Depuis  la  pointe 
jusqu'à  la  rivière  falée  de  Corouabo  ,  qui  en  eft  éloignée 
de  cinq  lieues  ,  il  y  une  anfe  de  fable  où  les  tortues  ter- 
rifient dans  la  faifon ,  en  fort  grande  quantité  ,  c'eft-à-dire 
qu'elles  viennent  pondre  dans  le  fable.  A  trois  lieues  de 
Corouabo  eft  la  rivière  de  Manamory ,  peu  confidérable  r 
mais  le  long  de  laquelle  font  de  bonnes  terres.  A  cinq  lieues 
de-là  on  trouve  la  rivière  de  Sinamari  ,  dans  laquelle 
peuvent  entrer  les  petits  navires.  Les  terres  font  bonnes 
le  long  de  fes  bords  ;  6c  la  pêche  y  eft  fi  abondante  , 
qu'elle  pourroit  y  nourrir  une  colonie  de  plus  de  cinquante 
hommes.  Les  Anglois  y  venoient  pêcher  de  Surinam 
avant  que  les  François  enflent  fait  un  port  à  fon  embou- 
chure. Conanama  ,  qui  eft  à  fix  lieues  ,  eft  une  petite 
rivière  ,  proche  l'embouchure  de  laquelle  les  navires 
peuvent  mouiller  à  une  portée  de  mousquet  de  terre  ,  à 
quatre  ou  cinq  braffes  d'eau  ;  ce  qui  ne  fe  trouve  en 
aucun  endroit  de  cette  côte.  Ces  deux  rivières  font  habi- 
tées par  un  nombre  affez  confidérable  de  Galibis.  La 
terre  de  Conanama  eft  bonne  6c  faine  ;  mais  l'on  y  eft 
un  peu  tourmenté  des  maringoins.  A  cinq  lieues  de-là 
eft  la  rivière  de  Jurague  ;  à  cinq  autres  celle  d'Amana  , 
6c  enfuite  celle  de  Marony.  A  trois  lieues  des  rivages 
de  la  mer  ,  depuis  Conanama  jusqu'à  Marony  ,  les 
terres  font  toutes  baffes  ,  ÔC  de  difficile  abord  ;  ÔC  la 
qualité  n'en  eft  point  connue  plus  loin  que  les  bords  do 
la  mer. 

Le  commencement  de  la  Guiane  Anglicane  eft  à  la 
rivière  de  Marony  ,  fur  laquelle  les  Anglois  ont  fait  un 
petit  fort.  L'entrée  de  cette  rivière  eft  compofée  de  tant 
de  bancs  de  fable  ,  ÔC  qui  changent  fi  fouvent  ,  qu'elle 
eft  interdite  aux  bâtimens  de  plus  de  vingt  tonneaux  ; 
6c  même  ceux  de  ce  port  n'y  entrent  qu'avec  péril ,  ôc 
touchent  fouvent  fur  les  bancs.  Ses  terres  ne  font  bonnes 
ÔC  habitables  que  cinq  ou  fix  lieues  en  la  remontant  ; 
'la  côte  depuis  Marony  jusqu'à  Surinam ,  où  il  y  a  trente- 


GUI 


GUI 


cinq  lieues  de  diftance,  eft  une  terre  noyée  ck  inhabitable  ; 
ck  même  la  rivière  de  Surinam  ,  principal  pofte  des 
Anglois  ,  n'eft  habitée  que  cinq  ou  fix  lieues  au-deffus  de 
fon  embouchure.  C'eft  une  belle  rivière  ,  où  l'on  peut 
monter  vingt  lieues  fans  trouver  moins  de  trois  brades  ck 
demie  d'eau  de  bafTë  mer.  Les  Anglois  qui  y  font  éta- 
blis depuis  cinquante  ans  ,  Ce  font  répandus  le  long  de 
cette  rivière.,  ôk  dans  toutes  celles  qui  y  descendent. 
Ils  y  ont  formé  leurs  habitations  ;  ck  elles  embraffent 
une  fi  grande  étendue  de  pays  ,  qu'il  y  en  a  d'éloignées 
les  unes  des  autres, de  plus  de  quarante  lieues ,  fans  qu'el- 
les fe  puiffent  communiquer  autrement  que  par  mer  , 
&  en  parlant  par  la  grande  rivière.  Ils  ont  l'ancien  fort 
des  François  ,  qui  n'eft  qu'une  redoute  qu'on  avoit  bâtie 
de  pierres,  qui  ,  en  1665  ,  étoit  entièrement  démolie  , 
n'ayant  point  d'autre  marque  de  fort  que  le  baftion  où 
le  pavillon  Anglois  eft  arboré.  Leur  ville  qu'ils  appellent 
Suinte-Pointe  ,  eft  trois  ou  quatre  lieues  plus  haut  ,  ck 
confifte  en  foixante  ou  quatre-vingt  maifcns  peu  habi- 
tées ,  ck  fans  aucune  clôture  de  murailles.  Tout  le  terroir 
que  les  Anglois  occupent  en  ce  lieu  ,  eft  fort  bas  ,  ck 
inondé  la  moitié  de  l'année  ;  enforte  que  les  cannes 
de  fucre  ,  qui  y  font  en  abondance  ,  ont  le  pied  dans 
l'eau  pendant  ce  tems.  Auffi  le  fucre  n'en  eft  pas  fi  bon. 
A  dix  lieues  de  Surinam  eft  la  rivière  de  Croni  ,  où  il 
y  a  encore  quelques  Anglois  ,  puis  celle  de  Compename 
èk  de  Coreftye  ,  qui  ne  font  occupées  d'aucun  Européen. 
Erifuite  eft  la  rivière  de  Berbice  ,  qui  eft  belle  ck  qui  a 
bonne  entrée  ck  bon  fond.  Les  terres  à  fix  ou  fept  lieues 
plus  haut  font  propres  pour  les  cannes  à  fucre  ,  pour  le 
rocou ,  ck  pour  le  coton.  Après  cela  font  Éfléquebe 
&  Barome  ,  occupées  par  les  Hollandois  ,  ainfi  que 
Berbice. 

La  Guiane  Indienne  jouit  de  la  même  tempéra- 
ture d'air  que  le  refte  de  la  côte  ,  fi  ce  n'eft  que  les 
pluies  y  font  plus  fréquentes  ck  plus  abondantes  ,  à 
caufe  de  la  vafte  étendue  des  marais  qui  s'y  trouvent  , 
&  qui  produifent  un  plus  grand  nombre  de  vapeurs  , 
que  les  endroits  où  les  terres  font  relevées  en  collines 
ck  en  montagne!.  Elle  eft  habitée  par  les  Palicours  6k 
par  les  Aricarets.  Il  règne  un  printems  perpétuel  dans 
■  la  France  équinoxiale  comme  dans  le  refte  de  la  côte  , 
jusqu'à  l'Orenoque  ;  ck  il  n'y  a  de  différence  du  plus  court 
au  plus  long  jour  de  l'année  ,  que  de  treize  minutes  qui 
ne  font  pas  un  quart  d'heure  :  le  froid  ni  le  chaud  n'y 
font  jamais  exceffifs.  Quoique  le  foleil  y  foit  à  pic  deux 
fois  l'année  ,  fans  qu'il  y  faffe  aucune  ombre  ,  &  que 
daris  les  autres  faifons  fes  rayons  frappent  plus  à  plomb 
qu'ils  ne  font  en  Europe  ,  il  fe  levé  presque  tous  les 
jours  ,  à  neuf  heures  du  matin  ,  un  vent  oriental  qui 
rafraîchit  l'air.  Ainfi  la  différence  des  faifons  ne  confifte 
qu'aux  féchereffes  ,  ck  au  plus  ou  au  moins  de.  pluie. 
Ces  pluies  qui  pourroient  marquer  l'automne  ,  y  com- 
mencent en  Novembre  ,  mais  en  fi  petite  quantité  qu'el- 
les ne  donnent  pas  encore  le  moyen  de  planter  dans 
une  terre  que  quatre  mois  de  féchereffe  continuelle  ont 
altérée  :  il  n'en  tombe  point  le  jour  ,  ck  peu  en  Décem- 
bre. Elles  augmentent  en  Janvier  ,  en  Février  ,  ck  à  la 
mi-Mars.  L'hiver  commence  ck  dure  jusqu'aux  premiers 
jours  de  Juin.  Il  pleut  beaucoup  en  ce  tems  ,  pendant  la 
nuit ,  ck  même  quelquefois  le  jour.  Ce  font  de  gros  orages 
qui ,  en  moins  d'une  heure ,  couvrent  d'eau  la  furface  de 
la  terre.  Les  pluies  diminuent  au  commencement  de 
Juin  ,  ck  finiffent  entièrement  le  dixième  de  Juillet  ;  ck 
depuis  ce  temf  jusqu'au  dixième  de  Novembre  ,  il  ne 
tombe  pas  une  feule  goutte  d'eau.  La  terre  y  eft  commu- 
nément abondante  ,  les  oranges  ,  les  citrons  ,  les  figues 
ck  les  grenades  y  viennent  fort  bien  ,  ck  la  vigne  y  pro- 
duit de  fort  bons  raifins.  Le  pâturage  y  eft  tel  que  les 
vaches  qu'on  y  a  apportées ,  y  font  devenues  méconnoif- 
fables  ,  en  fix  mois  ,  par  leur  graiffe  extraordinaire.  La 
chafle  y  eft  bonne  pendant  la  moitié  de  l'année.  Les 
cerfs  qu'on  y  voit  en  quantité ,  font  de  la  même  taille  que 
les  daims  en  France  ,  ck  bons  à  manger.  Il  y  a  quelques 
fangliers  de  deux  espèces  ;  les  uns  comme  ceux  de  France , 
mais  plus  petits  ;  ltfs  autres  ont  un  évent  fur  le  dos.  Ceux- 
là  ne  font  grands  que  comme  de  gros  renards.  Il  y  a 
auffi  des  pacs  ,  des  tatous  ,  des  agoutis  ,  animaux  qui  fe 
retirent  en  terre  comme  des  lapins  ck  des  bléreaux  :  les 
tigres  qui  y  font  en  aviez  grand  nombre  ,  ne  font  aucun 
mal  aux  hommes.  On  y  trouve  des  canards  ,  des  cer- 


24T 

celles  ,  des  beccaffes  ,  des  ramiers,  des  tourterelles,  des 
perroquets  de  plus  de  vingt  fortes  ,  des  aigrettes  ,  des 
•flamans  ,  des  ipatules ,  des  alouettes  de  mer  ,  des  per- 
drix ,  des  faifans  de  quatre  ou  cinq  fortes  ,  &  une  espèce 
d'oifeaux  presque  auffi  grands  que  des  autruches ,  nommés 
toujouj'ou  par  les  Indiens.  H  y  a  auffi  plufieurs  fortes  de 
bons  poiflbns  ,  comme  mulots ,  vieilles  ,  turbots ,  raies , 
apalicas ,  ck  plufieurs  autres  quiont  des  écailles.  Les  terres 
marécageufes  fourniffent  de  fort  bonnes  crabes  ;  ck  dans 
les  criques  ou  rivières  falées  ,  '  il  fe  trouve  des  huîtres 
fort  graffes  ,  mais  moins  falées  que  les  nôtres.  Cette 
terre  ne  produit  aucuns  animaux  venimeux;  ck  les  fer- 
pens  ,  fi  redoutables  en  plufieurs  endroits  de  l'Amérique  , 
y  font  recherchés  comme  un  mets  fort  bon  ck  fort  nour- 
riffant.  Il  s'y  en  rencontre  dans  les  eaux  ck  dans  les  marais  , 
de  dix ,  douze  ,  ck  quinze  pieds  de  long ,  &  qui  font  plus 
gros  que  n'eft  la  cuiffe  d'un  homme.  Le  bled  d'Inde  appelle 
communément  maïs  y  croît  en  grande  abondance  ;  ck 
l'on  en  fait  la  récolte  deux  fois  l'année  ,  en  toutes  fortes 
de  terres.  On  la  fait  jusqu'à  trois  fois  dans  celles  qui  font 
humides  ck  fort  graffes.  La  Guiane  Anglicârie  &  Belgi- 
que, ayant  plus  de  terres  baffes  que  la  Françoife  ,  eft  plus 
fujette  aux  humidités  &  aux  pluies  que  les  terres  de  Vuïa  , 
de  Caïenne  ,  de  Co'érrou  ,  de  Sinamari  ,  ck  de  Cona- 
nama.  Le  terroir  de  Surinam ,  quoique  peuplé  d'un  nom- 
bre confidérable  de  familles  Angloifes  ,  peut  à  peine  pro- 
duire des  vivres  pour  nourrir  (es  habitans ,  le  manioc  ne- 
fe  plaifant  pas  dans  les  terres  baffes  &  marécageufes  , 
dont  tout  le  pays  eft  rempli.  Les  Indiens  qui  habitent  ces 
côtes  ,  font  divifés  en  diverfes  nations  ,  feavoir  les 
aricarets  Orientaux  ,  les  Palicours  ,  les  Yaos  ,  les 
Sapayes ,  les  Galibis  ,  les  Aricarets  Occidentaux  ,  les 
Marones  ,  les  Paragotes  ,  &  les  Arrouagues.  Ces  peu- 
ples n'ont  aucuns  fouverains  ,  caciques  ,  ni  feigneurs,  8c 
ne  reconnoiffent  entfeux  aucune  fupériorité.  Les  plus 
anciens  dans  chaque  famille  y  font  respectés  en  qualité 
de  chefs  ;  ck  comme  chaque  famille  habite  fon  canton 
en  particulier  affez  loin  l'une  de  l'autre  ,  il  eft  difficile 
qu'ils  puiffent  former  un  corps  en  peu  de  tems.  Ils  ont 
quelque  fuborclination  pour  les  commandemens  de  la 
guerre  ,  élifant  un  général  qui  donne  le  tems  ck  le  lieu 
du  rendez-vous  ,  l'ordre  de  la  marche  ,  ck  celui  de  l'at- 
taque ck  du  combat ,  après  quoi  il  n'a  plus  d'autorité. 
Ils  le  font  par  le  choix  des  chefs  des  familles  de  leurs 
nations  ,  qui  s'affemblent  en  un  feftin  qu'ils  appellent 
vin  ,  où  ils  refolvent  leurs  guerres.  Ils  vivent  fans  reli- 
gion ,  connoiffant  le  diable  pour  celui  qui  leur  fait 
du  mal. 

J'ai  déjà  dit  qu'il  faut  prendre  garde  que  ce  qui  eft 
appelle  Guiane  Angloife  ,  eft  à  préfent  aux  Hollandois. 
Surinam  appartient  à  une  compagnie  Hollandoife.  Voyez 
Surinam  ck  Caïenne. 

GUIARE  ,  ville  d'Amérique  ,  dans  la  terre  ferme  , 
fur  la  côte  feptentrionale  ,  affez  près  de  la  ville  de  Carac- 
cos.  C'eft,dit  Dampier,  Voyage  autour  du  monde  ,  t.  1  , 
c.  3 ,  p.  84,  la  principale  place  de  cette  côte,  &  une 
bonne  ville  que  la  mer  enferme.  Quoiqu'elle  n'ait  qu'un 
méchant  havre  ,  elle  ne  laiffe  pas  d'être  beaucoup  fré- 
quentée par  les  Espagnols  ;  car  les  Hollandois  fck  les 
Anglois  mouillent  dans  les  baies  fablonneufes  ,  qui  font 
par -ci  par -là  à  l'entrée  de  diverfes  vallées  ,  &  où 
la  rade  eft  fort  bonne.  La  ville  eft  ouverte  ,  mais  il 
y  a  un  bon  fort  ;  cependant  le  capitaine  Wright 
ck  fes  avanturiers  prirent  la  ville  &  le  fort.  Elle  eft 
fituée  à  quatre  ou  cinq  lieues  du  cap  Blanc  ,  du  côté  de 
l'occident. 

GUIBRAI,  fauxbourgde  Falaife  ,  ville  de  France  ,' 
en  Normandie.  Elle  pourrait  paffer  pour  une  petite  ville. 
En  y  entrant  du  côté  de  Falaife  par  une  grande  rue  bien 
pavée  ,  on  voit  un  couvent  d'Uri'ulines  ,  l'abbaye  des 
Prémontrés  réformés  du  titre  de  S.  Jean.  Leur  églife  a 
quinze  piliers  de  chaque  côté  dans  fa  longueur.  Le  chœur 
eft  tout  orné  de  peintures  ;  &  le  grand  autel ,  qui  a  deux 
faces ,  eft  ifolé  &  fort  propre.  Un  peu  plus  loin  ,  eft  une 
chapelle  de  Notre-Dame  dite  la  Guibrdi  ,  qui  donne 
fon  nom  au  fauxbourg.  C'eft-là  que  fe  tient  la  fameufe 
foire  qu'on  appelle  foire  de  Guibmi.  Elle  commence  le 
feize  d'Août  ,  &  dure  huit  jours.  On  y  vient  de  toutes 
les  provinces  voifines  ;  ck  le  trafic  y  eft  grand ,  tant  de 
draps  Si  autres  marchandifes  ,  que  de  toute  forte  de 
bétail ,  à  caufe  des  franchifes  oc  des  exemptions  de  péage 


•>4-6 


CUI 


GUI 


6c  d'impôts ,  accordées  par  Guillaume  furnommé  le  Con- 

fùrant  ,  qui  étoit  né  à  Falaife.  Il  étoit  fils  naturel  de 
obert  le  Diable  ,  duc  de  Normandie  ,  qui  l'eut  de  la  fille 
d'un  pelletier  de  Falaife. 

i.  GUICHE,  comté  de  France ,  dans  le  pays  de  La- 
bour fur  l'Adour.  C'efl  le  titre  que  prennent  les  fils  aînés 
delamaifon  deGrammont. 

2.  GUICHE,  (la)  Guichia.  Abbaye  de  filles  en  France 
de  l'ordre  de  fainte  Claire  dans  le  Blaifbis ,  au  diocèfe  , 
Se  à  trois  lieues  au  couchant  de  Blois.  Elle  fut  fondée 
l'an  1171  ,  par  Jean  de  ChâtiHon  comte  de  Blois  ,  &c 
Alix  de  Bretagne  fa  femme. 

GUICIEING  ,  fortereffe  de  la  Chine  dans  la  province 
•de  Queicheu  ,  au  département  de  Lungli  ,  quatrième 
ville  militaire.  Elle  eft  plus  occidentale  que  Pékin  de 
1 1  d.  3  8  '  par  les  26  d.  1 5  '  de  latitude.  *  Atlas  Sinenfls. 

GUIDI.  Bede ,  cité  par  Ortélius  Thifaur ,  nomme 
ainfi  une  ville  de  la  grande  Bretagne.  Buchanan  ,  Hijl. 
Scot.  1.  1  ,  p.  16  ,  croit  qu'elle  étoit  entre  Bodotria  6c 
Glotta. ,  c'eft-à-dire  entre  le  golfe  d'Edimbourg  8c  la 
Cluyd  ,  à  l'endroit  où  Tacite  dit  qu'Agricola  établit  une 
garnifon  :  l'hiftorien  Ecoffois  ajoute  après  Bede  ,  qu'il 
étoit  à  l'angle  du  boulevard  de  Severe.  Il  en  parle ,  /.  4 , 
j>.  114,  comme  d'une  ville  détruite  ,  mais  dont  on 
voyoit  encore  les  ruines  peu  d'années  avant  qu'il  écri- 
vît ;  de  forte  que  l'on  pouvoit  encore  connoître  fes  folles , 
fes  murs ,  6c  même  ks  rues. 

GUIDIMIVE  ,  montagne  d'Afrique  ,  dans  la  Barba- 
rie ,  au  royaume  de  Maroc  8c  dans  la  province  de  Maroc 
proprement  dite.  Elle  commence  à  la  montagne  de  Cem- 
mede  du  côté  du  couchant  ,  &  finit  vers  le  levant  à  la 
ville  d'Amizimizi ,  ayant  au  midi  la  montagne  de  Tçm- 
melet.  Elle  eft  peuplée  de  Bereberes  de  la  tribu  de  Muça- 
wioda  Se  de  la  lignée  des  Hentetes  qui  font  fort  pauvres , 
&  avoient  accoutumé  d'être  vaffaux  des  Arabes  ,  parce 
qu'ils  demeurent  près  de  la  plaine  8c  fur  la  pente  de  la 
montagne  qui  regarde  le  midi  ,  où  font  les  villes  d'Ami- 
zimizi &  de  Teneza.  Toute  la  côte  eft  remplie  d'oliviers 
&  de  terres  labourables  où  l'on  fème  de^  l'orge.  D  y  a 
des  forêts  de  pins  8c  de  noyers  ,  8c  du  faîte  descendent 
plufieurs  petits  ruiffe.aux  qui  arrofent  quelques  petits  coins 
de  -terre  dans  la  plaine.  Le  peuple  eft  plus  civil  que  dans 
les  autres  montagnes  ,  à  caufe  de  la  communication  qu'il 
a  avec  les  étrangers  ;  car  c'eft  le  partage  de  Barbarie  en 
Numidie. 

GUIDRONISA ,  ou  fj/le  des  ânes  ,  petite  ide  déferte 
de  la  Grèce  ,  près  de  Capo  Colonni  ,  au  fud-oueft  , 
félon  Wheler  ,  Voyages  ,  t.  2  ,  1.  3  ,  p.  219.  Elle  s'ap- 
pelloit  autrefois  Patroclea  ;  &  quelques-uns  lui  don- 
nent encore  ce  nom.  Il  y  croît  beaucoap  d'ébene  ,  c'eft 
pourquoi  ily  en  a  qui  l'appellent  auflî  Ebanonisi  ;  mais 
les  corfaires  ont  beaucoup  gâté  de  ce  bois.  Spon  compte 
du  cap  Colonne  quatre  milles  jusqu'à  l'ifle  Palrocleïa  , 
que  quelques-uns  nomment  encore  de  ce  nom  ;  mais 
ajoute-t-il,  t.  2  ,  p.  155  ,  le  nom  le  plus  vulgaire  eft 
GAYD  ARONISI ,  l'ifle  des  ânes  ,  OU  EBANONISI ,  c'eft- 
à-dire  l'ifle  de  VEbene  ,  parce  que  que  cet  arbriffeau  y 
croît  ;  mais  du  tems  que  les  Vénitiens  avo'ient  la  guerre 
en  Candie ,  on  en  a  beaucoup  gâté.  Paufanias  fe  trompe 
de  croire  qu'il  ne  produit  point  de  feuilles. 

GUIENNE  ,  (la)  partie  considérable  du  royaume  de 
France  :  il  faut  diftinguer  la  Guienne  ,  province  ,  ou  la 
Guienne  propre  ,  6c  la  Guienne  ,  gouvernement. 

1.  Le  Gouvernement  de  GUIENNE  ,  le  plus 
grand  de  tous  les  gouvernemens  de  France  ,  comprend 
treize  provinces  ,  favoir  , 

La  Guienne  propre ,      Le  Rouergue, 
Le  Perigord  ,  Le  Querci  , 

Le  Bazadois,  L'Armagnac, 

L'Agenois,  Le  comté  de  Cominges, 

Le  Condomois  ,        Le  Conserans  , 
La  Gascogne  ,  Le  Bigorre  ; 

Le  pays  de  Soûle  7        .    ,  ,     „ 

Se  de  Labour  ,     \  P3"1"2  du  Pa^s  des  Brés- 
il renferme  trois  généralités,  favoir, 

Bordeaux,  Montauban. 

8cAufch. 


Il  eft  borné  au  nord  par  le  Poitou  ,  l'Angoumois  8c 
la  Marche  ,  à  l'orient  par  l'Auvergne  8c  le  Languedoc  , 
au  midi  par  les  Pyrénées  ,  Se  à  l'occident  par  l'Océan. 
Ce  gouvernement  a  du  midi  au  feptenrrion  quatre-vingt 
lieues  de  large,  depuis  Vie  de  Sos  dans  les  Pyrénées 
jusqu'à  Niord  en  Poitou  ,  Se  environ  quatre-vingt-dix 
lieues  de  long ,  depuis  S.  Jean  de  Luz  jusqu'au-delà  de 
S.  Gêniez  en  Rouergue. 


Ses  rivières  font , 


La  Garonne, 
L'Adour , 


Le  Lot. 


Le  Tarn, 

L'Aveirou, 


Le  nom  moderne  de  Guienne  eft  corrompu  de  celui 
d' 'Aquitaine ,  qui  a  été  connu  des  Romains.  L'abbé  de  Lon- 
guerue  ,  Defcr.  de  la  France  ,  part.  I  ,  p.  167  ,  dit  : 
Quoique  les  bornes  du  gouvernement  de  Guienne  foient 
fort  différentes  de  celles  d'Aquitaine ,  tant  fous  Jules-Cefar 
que  fous  Augufte  ;  cela  n'empêche  pas  que  le  nom  de 
Guienne  ne  tire  fon  origine  de  celui  d'Aquitaine  ;  6t 
cette  province ,  quoique  moins  étendue  à  préfent ,  qu'elle 
n'étoit  fous  l'empire  Romain  ,  eft  aujourd'hui  la  plus 
grande  de  France.  On  ne  voit  pas ,  dit-il ,  que  le  nom  de 
Guienne  ait  été  en  ufage  avant  le  commencement  du 
XIV  ,  fiécle  ;  car  dans  ce  tems  Guillaume  de  Guyart 
quiacompofé  ,  vers  l'an  1306  ,  une  hiftoire  de  France 
intitulée  La  Branche  aux  Royaux  Lignages  ,  ne 
fe  fert  que  du  mot  $  Aquitaine  ;  mais  dans  le  même  fié- 
clé  le  roi  Edouard  ,  dans  fes  Lettres  de  1360  ,  données 
pour  la  paix  avec  la  France  ,  fe  fert  indifféremment  des 
mots  Guienne  ôc  Aquitaine ,  comprenant  dans  la  Guienne  , 
le  Poitou  6c  les  pays  circonvoifins  conquis  par  Phillipe 
Augufte  ,  6c  cédés  par  les  Angloisau  traité  de  l'an  1159. 
Dans  le  quinzième  fiécle  le  mot  Guienne  prévalut  ;  6c 
les  Anglois ,  qui  ont  fort  long-tems  maintenu  en  leur  lan- 
gue l'ufage  du  mot  Aquitan  ,  ont  enfin  reçu  celui  de 
Guiann  ,  qu'on  trouve  dans  les  modernes.  Dans  le  13e 
fiécle  on  diminua  le  duché  de  Guienne  de  près  de  moi- 
tié ,  6c  on  le  laiffa  à  Henri  III  ,  roi  d'Angleterre ,  à 
•condition  que  lui  6c  fes  fucceffeurs  feraient  pour  ce  duché 
vaffaux  de  la  couronne  de  France  ;  mais  Edouard  qui 
tenoit  priformier  le  roi  Jean  ,  le  contraignit  de  lui  céder 
la  fouveraineté  de  ce  duché  que  le  roi  S.  Louis  s'étoit 
réfervée.  La  guerre  ayant  enfuite  recommencé  entre  les 
François  6c  les  Anglois  fous  le  règne  de  Charles  V  ,  6c 
ayant  été  continuée  fous  les  rois  Charles  VI  6c  Char- 
les VII ,  ce  dernier  chaffa  entièrement  les  Anglois  de  la 
Guienne  l'an  14.5  3  ^  après  que  leur  armée  avec  leur  géné- 
ral Talbot  eût  été  taillée  en  pièces  ,  près  de  Caftillon  en 
Perigord.  Louis  XI  ,  après  la  guerre  du  bien  public  , 
céda  à  fon  frère  Charles,  le  duché  de  Guienne,  l'an  1469  j 
mais  après  la  mort  du  prince  Charles  arrivée  en  1472  , 
le  duché  de  Guienne  fut  réuni  à  la  couronne.  Voyez 
I'Aquitaine. 

La  Guienne  eft  divifée  en  HAUTE  6c  en  BASSE. 

La  BASSE  comprend  le  Bourdelois  ,  le  Perigord  ,' 
YAgénois ,  le  Condomois  ,  le  Bazadois  ,  les  Landes ,  la 
Gafcogne  proprement  dite  ,  6c  le  pays  de  Labour. 

La  HAUTE  ,  qui  a  pour  principale  ville  Montauban  ," 
comprend  le  Querci  ,  le  Rouergue  ,  Y  Armagnac ,  le  pays 
de  Comminges  ;  6c  l'on  y  joint  même  le  comté  de  Bigorre. 
Ces  pays  qui  compofent  la  haute  Guienne  ,  font  tous  du 
reffort  du  parlement  de  Touloufe  :  il  n'y  a  que  la  baffe 
qui  reconnoiffe  le  parlement  de  Bordeaux. 

2.  La  GUIENNE  proprement  dite  ,  contrée  8c  pro- 
vince de  France  ,  au  gouvernement  de  Guienne  auquel 
elle  donne  fon  nom.  Elle  eft  bornée  au  nord  par  la  Sain- 
tonge  ;  à  l'orient  par  l'Agénois  6c  le  Perigord ,  au  midi 
par  le  Bazadois  6c  par  la  Gascogne  ,  6c  au  couchant 
par  l'Océan.  Ce  pays  comprend  le  Bourdelois ,  le  Medoc  , 
le  Captalat  de  Buch  ,  6c  le  pays  entre  deux  mers. 
On  croit ,  dit  Piganiol  de  la  Force ,  Defcr.  de  la  France  , 
t.  4  ,  p.  535  ,  qu'il  fut  érigé  en  comté  en  778  ,  par  Char- 
lemagne  ,  en  faveur  de  Seguin  ,  dont  la  pofterité  finit 
à  Brifée  fœur  unique  8c  héritière  de  Guillaume  Bernard  , 
de  Guillaume  5c  de  Sanche  Guillaume  ,  laquelle  le  porta 
en  mariage  à  Guillaume  IV ,  duc  de  Guienne.  Les  villes  les 
glus  remarquables  de  cette  province  font 


GUI 


GUI 


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Bordeaux,  Libourne," 

Blaye,  Fronfac, 

Bourg,  Coutras, 

Cadillac. 

3.  Baudrand  éd.  1705  ,  trouve  unetroineme  Guienne 
qu'il  appelle  la province  de  Guienne..  Elle  diffère  du  gou- 
vernement de  Guienne  ,  comme  la  partie  de  fon  tout  , 
&  de  la  Guienne  propre  comme  le  tout  de  la  partie.  C'eft 
félon  lui  la  partie  feptentrionale  du  gouvernement  de 
Guienne  ,  &  elle  comprend 


La  Guienne  propre  j 
Le  Querci , 


Le  Perigord , 
Le  Rouergue. 


Selon  lui,  les  principales  villes  font, 

Bergerac ,  Montauban  , 

Blaye,  Perigueux, 

Bordeaux,  capitale,  Rhodes, 

Cahors  ,  Sarlat , 

Figeac ,  Vabres  , 

Milhaud ,  Ville-Franche  en  Rouergue. 

GUILFORD  ,  ville  d'Angletere ,  au  comté  de  Surrey  , 
fur  le  \Vey  ,  à  vingt-cinq  milles  de  Londtes.  C'eft  une 
bonne  ville  où  il  y  a  trois  paroiffes.  Elle  eft  la  capitale 
de  la  province.  On  y  tient  marché  public ,  Se  elle  envoie 
deux  députés  au  parlement.  Je  ne  fais  pourquoi  Baudrand 
n'en  fait  qu'un  bourg.  *  Etat  préfent  de  la  Gr.  Bret.  t.  I , 
p.  114. 

GUILLEAUMES  ,  ville  de  France  ,  en  Provence. 
Elle  eftaffez  confidérable,  &  chef  d'un  bailliage  qui  porte 
fon  nom  ;  mais  elle  ne  jouit  de  cette  prérogative,  que 
depuis  que  le  lieu  de  Puget  de  Theniers ,  qui  étoit  vigue- 
rie  ,  a  été  feparé  de  la. Provence  ,  &  donné  au  duc  de 
Savoye.  Pour  lors  fa  viguerie  fut  transéfrée  à  la  ville  de 
Guilleaumes  fous  le  titre  de  bailliage.  Elle  entre  par-là 
dans  les  affemblées  générales  de  la  province.  *  Piganiol 
de  la  Force  ,  Defc.  de  la  France  ,  t.  4 ,  p.  r8o. 

GUILLESTRE  ,  ville  de  France ,  en  Dauphiné  ,  dans 
l'Embrunois  ,  au  pied  des  Alpes  ,  fur  une  rivière  de 
même  nom ,  qui  (é  jette  peu  après  dans  la  Durance ,  à  trois 
lieues  au-deffus  d'Embrun  ,  fur  le  chemin  de  Pignerol. 
*  Baudrand  ,  éd.  1705. 

GUIMARAENS ,  ou  Guim  aranés  ,  ville  de  Portu- 
gal ,  dans  la  province  d'entre  Duero  fk  Minho  ,  rk  dans 
la  Comarca  à  laquelle  elle  donne  le  nom  ,  dans  l'arche- 
vêché de  Brague  ,  à  trois  lieues  &  à  l'orient  de  cette 
métropole  ,  entre  les  rivières  d'Avé  &  d'Arezilla  ,  au 
pied  du  mont  Latito  ,  félon  le  langage  des  anciens  6k 
que  nous  connoiffons  aujourd'hui  fous  le  nom  de  Santa 
Maria  &  de  Monte  Largo ,  parce  qu'il  fe  divife  en  deux. 
Cette  ville  a  eu  autant  de  noms  qu'il  y  a  eu  de  peuples 
qui  l'ont  habitée,  félon  le  P.  d'Acofta:lesuns  l'ont  appellée 
Âradtjsa  qui  lignine  ville  des  lettres  ,  d'autres  Leobriga 
qui  veut  dire  ville  forte.  Ceux-ci  lui  ont  donné  le  nom 
de  Latita  ,  qui ,  félon  quelques  étymologiftes ,  exprime  fa 
fituation  ,  parce  qu'elle  eft  cachée  derrière  une  monta- 
gne ;  ceux-là  celui  de  Laciis  par  raport  au  lait  de  la 
iainte  Vierge  que  l'on  croit  y  pofféder  dans  l'églife  col- 
légiale ;  ceux-ci  l'ont  nommée  Colombina  ,  à  caufe  du 
grand  nombre  de  pigeons  qu'on  y  voit.  Enfin  quelques- 
uns  l'ont  appellée  Santa  Maria ,  à  caufe  de  l'image  mira- 
culeufe  de  Notre-Dame  d'Oliveira  pour  la  quelle  le  peuple 
a  une  fmguliere  dévotion.  Les  Portugais  prétendent 
qu'elle  fut  fondée  par  les  Gaulois  Celtes ,  cinq  cents  ans 
avant  l'ère  vulgaire.  Elle  eft  divifée  en  ancienne  fk  en 
nouvelle  ;  l'une  Se  l'autre  ayant  été  le  féjour  des  rois  de 
Portugal  ,  étant  d'ailleurs  comme  le  berceau  de  la  monar- 
chie, elles  méritent  qu£  nous  en  faffions  une  deferip- 
tion  un  peu  circonftanciée.  *  Mémoires  manuferits  com- 
muniqués. 

L  ancienne  VILLE  fat  conftruite  fur  un  terrein  fort 
élevé ,  au  fommet  duquel  paroît  une  tour  antique  dont  la 
porte  a  vingt-cinq  pieds  de  haut  fur  douze  de  large  :  en  y 
entrant ,  on  voit  ces  mots  Via  Maris  ,  gravés  fur  une 
pierre.  Quelques  étymologiftes  prétendent  en  tirer  l'ori- 
gine d'un  fixiéme  nom  qu'elle  a  long-tems  confervé. 
La  ville  n'avoir,  que  onze  cents  douze  pas  de  circuit  ;  fes 


murailles  étoient  baffes  ,  foibles ,  &  défendues  par  une 
fimple  barbacane  qui  exifte  encore. 

La  nouvelle  ville  a  été  conftruite  1417  ans  après 
l'ancienne ,  à  l'occafion  d'un  monaftére.  Mumadona  nièce 
de  D.  Ramire  ,  roi  de  Caftille  &  de  Léon,  &  veuve  de 
don  Hermenegilde  Mendez ,  comte  de  Thui  fk  de  Porto  , 
ayant  obtenu  de  fon  mari  la  permiffion  de  difpofer  de  la  cin- 
quième partie  des  biens  qu'il  lui  laiffoit,  &de  les  employer, 
à  des  oeuvres  piesàfa  volonté  ,  elle  fonda  un  monaftére  de 
l'ordre  de  S.  Benoît  dans  une  Quinta  ou  rhaifon  de  cam- 
pagne qu'elle  avoit  tout  près  de  Guimaraens  pour  y  entre- 
tenir un  certain  nombre  de  religieux ,  comme  il  parole 
par  deux  actes  authentiques  rapportés  par  Ëftace  , 
Antiq.  de  Portugal ,  c.  I  ,  &  1 ,  n.  4 ,  &  n.  11  ;  l'un 
du  8  Juin  917  ;  &c  l'autre  du  18  Mai  951 ,  figrié  du  roi 
Ramire  ,  de  la  reine  dona  Urraca  fon  époufe  fk  des 
princes  fes  enfans  ,  par  lequel  ce  monarque  confirme  la 
donation  de  la  comteffe  Mumadona  ,  unit  au  nouveau 
monaftére  celui  de  S.  Jean  de  Porto ,  fk  lui  fait  don  de 
trente  villages  de  la  Quinta  de  Melares  ,  finies  fur 
la  rivière  de  Duero  ,  ÔC  des  métairies  qui  en  dépen- 
dent. 

Ce  nouveau  monaftére  devient  fi  célèbre  par  les 
miracles  qu'y  opéroit  l'image  Notre-Dame  d'Oliveira, 
qu'il  y  venoit  une  foule  de  pèlerins  de  tout  âge ,  de  tout 
iexe  fk  de  tout  état  ;  ce  qui  engagea  les  religieux 
à  faire  bâtir  des  maifons  autour  du  monaftére.  En  fin 
plufieurs  perfonnes  ,  s'y  établirent  :  ils  furent  imités  par 
d'autres  ;  &  les  maifons  fe  multiplièrent  au  point  que  ce 
lieu  devint  un  grand  bourg,  &  dans  la  fuite  une  ville  affez 
confidérable  pour  être  la  cour  des  fois  de  Portugal  , 
comme  nous  allons  voir. 

Alfonfe  VI ,  roi  de  Caftille  &  de  Léon  ,  ayant  marié 
dona  Therefe  fa  fille  à  Henri  de  Bourgogne  ,  &  lui  ayant 
donné  pour  dot  tout  le  pays  qu'on  appelle  la  province 
d'entre  Duere  fk  Minho ,  à  titre  de  comté  de  Portugal  ; 
ce  prince  s'alla  établir  dans  l'ancien  Guimaraens  ;  mais 
s'y  trouvant  trop  à  l'étroit  ,  h.  y  manquant  d'eau  fk  de 
quantité  d'autres  chofes  ,  il  forma  le  deffein  d'aller  fixer 
fa  réfidence  dans  le  nouveau.  Il  y  fit  conftruire  une  cham- 
bre des  comptes  ,  une  fale  d'audience  ,  des  prifons  Se 
une  forte  tour  ,  pour  y  dépofer  les  archives  ;  les  titres 
de  la  couronne  y  ont  refté  jufqu'au  13  de  Mai  1511  , 
que  le  roi  don  Emanuel  les  fit  transporter  à  Lisbonne  , 
où  ils  font  confervés  dans  la  tour  du  Tombo.  Tous  ces 
édifices  exiftent  encore  ;  rk  leur  magnificence  jointe  à 
quantité  d'autres  chofes  remarquables  qu'on  y  voit ,  font 
du  vieux  fk  du  nouveau  Guimaraens  une  des  plus  confi- 
dérables  villes  de  Portugal.  Sa  fituation  ne  fauroit  être 
plus  avantageufe ,  puifque  ,  comme  nous  l'avons  déjà  dit , 
elle  eft  bâtie  au  pied  du  mont  Latito ,  fk  envionnée  de 
deux  tivieres  qui  fertilifent  fon  terroir  ,  oc  font  un  très- 
bel  afpeft.  Elle  eft  environnée  de  murailles  fortes  ,  cré- 
nelées fk  défendues  par  neuf  tours  ;  fon  circuit  eft  de 
trois  mille  fix  cents  quatre-vingt-cinq  pas.  On  y  compte 
cinq  églifes  paroiffiales ,  huit  couvens  ,  quinze  chapelles 
ou  hermitages ,  cinq  hôpitaux  ,  quinze  places ,  cinquante- 
fept  rues ,  huit  portes ,  quatre  ponts ,  &  mille  neuf  cents 
foixante  &  trois  familles  ,  favoir  fix  cents  quatre-vingt- 
trois  dans  l'enceinte  des  deux  villes ,  Se  douze  cents  quatre- 
vingt-deux  dans  les  fauxbourgs. 

De  toutes  les  rues  de  l'ancien  Guimaraens ,  il  ne  refte 
que  celle  du  château  ,  appellée  autrefois  rue  de  fainte 
Barbe  ,  dont  la  porte  qui  eft  à  l'orient  porte  le  nom  ; 
de  forte  que  tout  le  terrein  fur  lequel  cette  ville  étoit  bâtie, 
n'eft  occupé  préfentement  que  par  des  maifons  de  cam- 
pagne que  des  particuliers  y  ont  fait  conftruire  ,  &  par  un 
palais  de  forme  carrée  ,  dont  Alfonfe  ,  premier  duc  de 
Brangance,  fit  jetter  les  fondemens ,  ci  qui  auroit  furpaffé 
tous  ceux  qu'on  voit  en  Portugal ,  s'il  eût  pu  l'achever  ; 
mais  la  mort  l'ayant  furpris ,  cet  ouvrage  demeura  impar- 
fait. Cependant  quelques-uns  de  fes  descendais  y  ont 
fait  leur  réfidence.  Don  Duarte  ,  duc  de  Guimaraens,  a 
été  le  dernier  ;  &  dona  Confiance  de  Moronha  , 
féconde  femme  de  don  Alfonfe  ,  dont  nous  venons  de 
parler  ,  y  mourut.  Lorfqu'on  y  creufe  la  terre  pour  y 
faire  de  nouveaux  édifices  ,  on  y  trouve  des  veftiges  des 
anciens  ,  qui  font  juger  que  cette  ville  étoit  fuperbe- 
ment  bâtie. 

Le  nouveau  confervé  encore  tout  fon  éclat:  fes  rues, 
pour  la  plupart,  font  longues,  larges  fk  droites  ;  iss  égli«- 


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GUI 


GUI 


fes  font  fuperbes  6k  richement  ornées  ;  fes  couvens  font 
magnifiques  &  bien  rentes  ;  prefque  toutes  fes  places  font 
bordées  de  maiibns  bien  bâties  ;  en  un  mot ,  on  y  remar- 
que tout  ce  qui  peut  contribuer  à  former  une  ville  con- 
sidérable. 

L'églife  de  S.  Michel  du  château  eft  irréguliere.  Son 
architecture  eft  groffiere  &  irréguliere  ;  elle  a  cependant  un 
certain  air  de  majefté  antique  ,  qui  infpire  de  la  vénéra- 
tion. Le  corps  de  l'églife  eft  féparé  de  la  chapelle  majeure 
par  une  arcade  de  pierre  ,  fur  laquelle  on  a  bâti  deux 
magnifiques  autels ,  dont  celui  qui  eft  du  côté  de  l'évan- 
gile eft  dédié  à  Notre-Dame  de  Grâce  ,  &  celui  qui 
eft  du  côté  de  l'épître  à  fainte  Marguerite.  C'eft  la  plus 
ancienne  églife  de  l'archevêché  de  Brague. 

Près  de  cette  églife  on  voit  un  hôpital,  avec  une  très- 
belle  chapelle  ,  où  l'on  reçoit  les  pauvres  qui  font  hors 
d'état  de  pouvoir  gagner  leur  vie.  L'abbé  de  Guima- 
raens,  qui  en  eft  Fadminiftateur,  leur  fait  diftribuer  tous 
les  ans  une  certaine  rétribution  pour  leur  entretien ,  6k  une 
voie  de  bois ,  la  veille  de  Noël ,  à  chacun. 

A  quelque  diftance  de  là  s'élève  l'églife  royale  6k  col- 
légiale de  Notre-Dame.  d'Oliveira  ,  qui ,  par  là  fomptuo- 
fité ,  6k  par  les  grands  avantages  qu'elle  a  fur  toutes  celles 
de  Guimaraens  ,  même  au-deflus  de  toutes  celles  de 
l'archevêché  de  Brague  ,  mériteroit  d'occuper  le  premier 
rang  clans  notre  description.  Si  l'on  en  croit  une  tradition  , 
c  eft  la  plus  ancienne  églife  de  Portugal  ,  même  d'Espa- 
gne. C'étoit  un  temple  dédié  à  Cerès ,  que  l'apôtre  faint 
Jacques  détruifit  ,  6k  y  plaça  l'image  de  Notre-Dame 
d'Oliveira.  Parlafuitedes  tems ,  cette  image  fut  transférée 
à  l'églife  du  monaftere  de  Mumadona  ,  à  laquelle  on 
donna  le  nom  de  Notre-Dame.  Le  comte  Henri  en  fit 
une  collégiale  ;  &  le  roi  don  Alfonfe  I  ,  fon  fils  ,  dis- 
pofa  la  forme  du  chapitre  en  1139  ,  à-peu-près  telle 
qu'elle  eft  à  prefent. 

Don  Jean  I.  qui  avoit  une  dévotion  finguliere  à  l'image 
de  N.  D.  ne  trouvant  pas  que  fon  églife  fût  affez  majes- 
tueufe  ,  ordonna  en  142.9  ,  qu'elle  fût  rebâtie  de  nou- 
veau ,  6k  que  rien  ne  manquât  à  la  régularité  ni  à  la 
magnificence  de  l'architecture  ;  mais  fes  ordres  furent  fi 
mal  exécutés  par  l'architecte  ,  que  quoiqu'elle  ait  une 
nef,  elle  n'a  que  quarante-neuf  pas  de  longueur  ,  depuis 
la  porte  principale  jusqu'à  l'arcade  qui  fépare  la  chapelle 
majeure  du  corps  de  l'églife  ,  tellement  que  cette  cha- 
pelle fut  extrêmement  petite  jusqu'en  1670,  que  le  roi 
don  Pedro  la  fit  abbatre  6k  rebâtir  de  nouveau.  Dans 
cette  nouvelle  conftruction,  l'architecte  6k  les  chanoines 
firent  tout  leur  poffible  pour  donner  à  la  chapelle  plus 
de  longueur  qu'elle  n'avoit  ;  mais  ayant  trouvé  du  côté 
du  nord  une  muraille  qui  fondent  le  cloître  6k  la  voûte 
de  deux  autres  chapelles  ,  ils  furent  contraints  de  le 
contenter  d'enrichir,  autant  qu'il  fut  poffible,  l'architecture 
de  la  nouvelle  fabrique  ,  ci  de  drefier  une  fuperbe  tri- 
bune au-deflus  du  maître-autel  ,  dans  laquelle  l'image 
de  la  fainte  Vierge  fut  placée  ,  à  laquelle  on  monte 
par  un  degré  de  pierre  ,  pratiqué  dans  l'épaifleur  de  la 
muraille. 

Au  pied  du  maître-autel  eft  un  marche-pied ,  par  le 
moyen  duquel  on  y  monte  :  du  côté  de  l'évangile  on 
voit  un  arc ,  fous  lequel  eft  le  fiége  du  prieur  du  chapitre  , 
6k  un  autre  du  côté  de  l'épitre  pour  le  célébrant  &  pour 
fes  affiftans  ;  des  deux  côtés  de  la  chapelle  règne  un 
rang  de  lièges  qu'ocupent  les  chanoines  pendant  qu'ils 
chantent  l'office  divin  ,  que  le  même  don  Pedro  fit  faire 
en  1685.  Toute  la  façade  de  la  chapelle  eft  fermée  par 
une  grille  de  fer  bien  travaillée ,  peinte  6k  dorée  ,  qui  fait 
un  bel  effet. 

Le  corps  de  l'églife  n'a  que  trente  pieds  de  longueur  ; 
mais  elle  eft  azurée  presque  par-tout  ;  6k  dans  les  endroits 
où  il  n'y  a  pas  d'azur  ,  elle  eft  peinte  ou  dorée.  Des 
deux  côtés  on  voit  de  grandes  croifées  fur  les  vitrages 
desquelles  la  vie  de  la  fainte  Vierge  eft  repréfentée  par 
des  peintures  très-fines  ,  avec  les  armes  du  roi  don 
Jean  1 ,  6k  de  la  reine  fon  époufe  ,  qui  font  celles  d'An- 
gleterre. 

A  l'entrée  du  chœur  on  a  pratiqué  dans  la  muraille, 
du  côté  de  l'évangile ,  un  degré  de  pierre,  par  lequel  on 
monte  au  chœur,  6k  à  une  tour  qui  a  cent  trente  pieds 
de  hauteur ,  au  fommet  de  laquelle  eft  un  très-beau  clo- 
cher ,  à  la  pointe  duquel  eft  un  ange  armé  ,  qui  indique 
les  vents  qui  foufflent.  Cette  tour  fut  bâtie  en  1515  ,  fur 


les  ruines  d'une  autre ,  aux  dépens  du  docteur  Pierre , 
Etienne  Cogominho  ,  auditeur  des  terres  du  duc  de  Bra- 
gance  6k  d'Élifabeth  Pinheyra  fa  femme.  Au  pied  de  la 
tour  on  a  bâti  une  grande  chapelle  ,  dans  laquelle  on 
voit  deux  magnifiques  tombeaux  de  pierre  ,  avec  deux 
figures  de  demi-corps ,  dont  l'une  repréfente  le  fondateur  , 
6k  l'autre  fa  femme.  Ces  deux  tombeaux  font  environnés 
d'une  grille  de  fer  fort  haute  6k  très-bien  travaillée.  Dans 
la  même  chapelle  il  y  a  un  autel  fur  lequel  on  dit  la  méfie 
tous  les  dimanches  &  jours  de  fêtes ,  qu'on  peut  entendre 
de  la  rue  &  des  maifons  qui  font  vis-à-vis ,  par  le  moyen 
d'une  porte  grillée  ,  au-deflus  de  laquelle  paroiffent  les 
armes  du  fondateur. 

Au  pied  de  la  tour  ,  du  côté  de  l'occident  eft  une 
belle  fontaine  ,  à  trois  grands  tuyaux  ,  qui  fourhifîent 
une  grande  quantité  d'eau  excellente.  Celui  du  milieu  fert 
de  frontispice  au  perron  de  la  porte  de  la  chapelle  :  celui 
qui  eft  à  main  gauche ,  eft  d'une  pierre  d'une  beauté  fin- 
guliere ,  6k  d'une  architecture  admirable ,  &  eft  orné  d'une 
image  de  la  fainte  Vierge,  appuyée  fur  un  olivier ,  qui  font 
les  armés  de  la  ville.  Celui  qui  eft  à  main  droite ,  eft  de 
la  même  forme  ,  que  celui  qui  eft  à  gauche  ,  &  eft 
accompagné  des  armes  de  Portugal ,  peintes  6k  dorées. 
Cette -fontaine  eft  faite  avec  tant  d'art,  qu'il  femble  que 
l'eau  qui  en  fort ,  vienne  de  l'intérieur  de  la  muraille  de 
la  tour,  dans  laquelle  elle  eft  conftruitë;  6k  les  étrangers 
ne  peuvent  pas  ie  perfuader  qu'elle  puiflê  venir  d'autre 
part.  Cependant  il  eft  confiant  qu'elle  y  eft  conduite 
d'une  lieue  de-là  par  des  canaux  fouterreins. 

A  la  porte  principale  de  l'églife  ,  on  voit  à  main  droite 
un  grand  écu ,  aux  armes  du  roi  don  Jean  I ,  fon  reftau- 
rateur  ,  entre  deux  anges ,  6c  pour  timbre  un  féraphin, 
qui  foutient  avec  les  mains  la  couronne  royale  ,  6k  au- 
deflbus  une  pierre  de  marbre  ,  avec  cette  infeription  : 
l'an  MCCCC  XV,  &  le  VI  de  Mai  cet  ouvrage  fut  com- 
mencé par  ordre  du  roi  don  Jean  I  donné  par  la  grâce 
de  Dieu  à  ce  royaume  de  Portugal  :  ce  roi  don  Jean  , 
livra  bataille  au  roi  don  Jean  de  Caftille  ,  dans  les 
champs  d'Aljubarrota  ,  dans  laquelle  il  fut  vainqueur i 
&  en  reconnoiffance  de  c'ette  victoire ,  qu'il  obtint  par  le 
fecours  de  fainte  Marie  ,  il  ordonna  que  cet  ouvrage  fût 
fait  par  Jean  Garcia ,  entrepreneur. 

Cette  églife  a  deux  autres  portes  magnifiques  ;  l'une 
au  nord ,  &  l'autre  au  midi  ;  6k  derrière  la  chapelle  ma- 
jeure on  a  pratiqué  un  grand  cloître  ,  où  les  chanoines 
font  leurs  procefîions  ordinaires.  Entre  l'églife  6k  le  cloî- 
tre eft  un  cimetière  ,  où  l'on  enterre  les  pauvres  qui 
meurent  dans  les  hôpitaux  de  la  Miféricorde  ck  de  TAnge. 
Autour  du  cloître  régnent  cinq  grandes  chapelles,  ri- 
chement ornées ,  dont  l'une  eft  dédiée  à  Notre-  Dame 
de  Pombinha  ,  la  féconde  à  S.  Roch  ,  la  troifiéme  à 
S.  Côme  6k  S.  Damien  ;.  la  quatrième  à  S.  Pierre  ,  de 
la  confrérie  des  clercs  de  la  ville  ;  6k  la  cinquième  à 
S.  Louis. 

Près  de  la  porte  du  chapitre  on  a  bâti  une  autre  belle 
chapelle  ,  dédiée  à  S.  Blaife  ,  où  les  chanoines  font 
obligés  d'aller  réciter  ,  pendant  cinquante  jours  ,  des 
prières  pour  le  repos  de  l'aine  de  Gonçale  Romeu ,  de- 
puis le  jour  de  Pâques  ,  jusqu'au  dimanche  de  la  Trinité. 
Dans  l'intérieur  de  l'églife ,  entre  la  nef  6k  le  chœur  , 
on  a  ménagé  une  porte  du  côté  du  midi ,  pour .  aller  à 
la  facriftie  de  la  confrérie  du  faint  Sacrement  ;  6k  une 
autre  du  côté  du  nord  ,  pour  aller  au  cloître  6k  à  la 
maifon  du  prieur  du  chapitre ,  tout  contre  laquelle  eft  une 
galerie  qui  conduit  à  la  facriftie  des  chanoines  ,  laquelle 
eft  belle  6k  bien  ornée.  On  y  admire  fur -tout  un  re- 
table d'argent  vermeil ,  qui  repréfente  la  crèche  de  No- 
tre-Seigneur ,  que  donna  en  préfent  le  roi  don  Jean  I, 
en  action  de  grâces  de  la  victoire  fignalée  qu'il  rem- 
porta fur  le  roi  don  Jean  I ,  de  Caftille  ,  près  à'Alju- 
barrota.  Il  y  a  quantité  d'autres  chapelles  magnifiques , 
dont  nous  ne  parlerons  pas.  Nous  n'entrerons  pas  non 
plus  dans  le  détail  du  tréfor  de  cette  églife.  Nous  nous 
contenterons  de  dire  ,  qu'outre  une  grande  quantité  de 
pierreries,  de  pièces  d l'or  ,  de  vermeil  6k  d'argent, 
qu'on  ne  peut  pas  pefer  au  jufte  ,  à  caufe  de  l'émail  dont 
elles  font  garnies  ,  on  y  compte  huit  cents  marcs  d'ar- 
genterie ,  qu'on  étale  les  jours  de  fêtes  folemnelles. 

Cette  églife  a  toujours  été  fi  chère  aux  rois  de  Portu- 
gal ,  qu'ils  ont  exempté  de  toute  forte  d'impôts  tous  ceux 
qui  font  deftinés  à  la  deflervir.  jusqu'aux  domeftiques  6k 

loca- 


GUI 


GUI 


249 


locataires  des  chanoines.  Elle  eft  deffervie  par  un  cha-  fe  vont  affeoir  pour  y  converfer.  On  voit  encore  quel- 
pitre  collégial  6c  royal ,  compofé  d'un  prieur ,  d'un  tré-  ques  autres  places  ,  ôc  plusieurs  belles  églifes  dans  les 
forier ,  de  deux  archidiacres  ,   d'un  théologal ,   d'un  ar-  fauxbourgs. 

chiprêtre  ,   de  quinze  chanoines  ,    de  huit  prébendiers,  Avant  que  l'ancien  Guimaraëns  fût  entièrement  rainé, 

de  fix  clercs  ,  qu'on  appelle  capinhas  ,.  qui  affiftent  au  il  avoit  une  jurisdi&ion  diftinfte  de  celle  du  nouveau  , 

chœur  avec  le  chapitre  ;  avec  cette  différence  ,  que  les  6c  des  magiftrats  différens;  &  afin  que  la  mémoire  n'en 

chanoines  &•  les  prébendiers  portent  des  aumuflès  four-  foit  pas  tout-à-fait  éteinte,  il  le  fait  tous  les  ans,  letroi- 

rées  de  rouge,    &  que  celles  des  capinhas  ne  font  pas  fieme  dimanche  de  Juillet,  une  proceffion  foleranelle  qui 

fourrées.  va  de  Féglife  collégiale  à  celle  de  S.  Michel   du  châ- 

Les  chanoines  font  curés  primitifs  de  toutes  les  égli-  teau ,  à  laquelle  affiftent  le  chapitre ,  les veréadors,  avec 

fes  paroifliales  de  la  ville ,  &  de  toutes  leurs  annexes  ;  6c  leur  verge,  en  corps  de  ville,  accompagnes  du  procureur- 

en  cette  qualité  ,  le  chapitre  affifto.it  anciennement  à  tous  fyndic  ,  du  greffier  &  autres  officiers  de  juftice ,  ducor- 

les  enterremens  ;  mais  comme  cet  honneur  leur  devint  regidor,  du  provediteur,  ôc  du  juge  de  dehors.  Lorsque 

onéreux ,  ils  s'en  déchargèrent  fur  une  communauté  de  la  proceffion  part  de  Féglife  collégiale ,   le  juge  de  de- 

quarante  prêtres ,  qu'ils  formèrent ,  &  qu'on  appelle  co-  hors  levé  un  étendard  rouge  ,   fur  lequel  paroît  la  figure 

raria ,  l'un  desquels  eft  le  chef,  fous  le  titre  de  prévôt;  de  l'archange  S.  Michel  ;     6c  lorsqu'il  arrive  au   terme 

ck  tous  les  autres  font  obligés  de  lui  obéir  ,  comme  à  leur  qui  fépare  l'ancienne  ville  de  la  nouvelle  ,  il  le  remet 


fupérieur. 

Le  chapitre  eft  indépendant  de  la  jurisdiftion  épisco- 
pale  ,  6c  ne  reconnoit  d'autre  fupérieur  que  le  pape. 
Plufieurs  archevêques  de  Braga  ont  tâché,  mais  inutile- 
ment, de  Faffujétir  à  leur  autorité. 

Le  roi  don  Alfonse  IV  fit  conftruire  vis-à-vis  de  la 


au  plus  ancien  veréador ,  pour  marquer  qu'il  n'eft 
en  droit  d'entrer  dans  un  lieu  où  il  n'a  pas  de  jurisdic- 
tion,  avec  les  marques  qui  dénotent  les  attributs  de  la 
judicature. 

La  ville  eft  gouvernée ,  quant  au  civil ,  par  un  corregi-' 
dor,  un  audueur ,  trois  veréadors,  un  procureur  du  con- 


forte principale  de  Féglife  ,   &  au-delà  d'une  place  qui     feil ,  un  greffier  de  la  chambre  ,  un  juge  du  dehors , 
n'en  eft  éloignée  que  de  dix-fept  pas  ,   un  fuperbe  pa-     juge  des  orphelins  avec  fon  greffier ,  un  maître  des  comp- 


draon,  dont  quatre  arcades  appuyées  fur  des  piédeftaux, 
en  foutiennent  la  voûte.  Tous  ces  piédeftaux  fe  termi- 
nent en  pointe  de  diamant  ,  6c  s'élèvent  au  -  deffus  du 
toit  de  la  voûte.  Dans  chaque  flanc  de  la  muraille  de  ces 
arcades,  on  voit  un  écu  aux  armes  du  roi,  fondateur  de 
l'édifice.  Au  milieu  de  l'arcade  ,  qui  eft  du  6Ôté  de  Fé- 
glife ,  on  a  bâti  un  magnifique  autel  fur  lequel  on  a 
placé  une  image  de  Notre-Dame  de  la  Viâoire.  Au  pied 
de  l'autel  on  voit  la  figure  du  licencié  Pedro  de  Lobaon  , 
avocat  de  la  ville  de  Guimaraëns  ,  lequel  entreprit  de 
priver  Féglife  de  Notre-Dame  ,  6c  ceux  qui  la  de.Ter- 
vent ,  des  privilèges  6c  immunités  que  les  rois  leur  ont 
accordés  ,  6c  qui ,  dit-on  ,  en  fut  puni  d'une  manière 
furnaturelle. 

La  grande  place  eft  fort  proprement  parée  ,  &  envi- 
ronnée de  bancs  attachés  à  la  muraille  de  Féglife ,  ou  à 
celles  des  maifons  qui  la  bornent  de  trois  côtés,  lefquel- 
les  font  foutenues  par  despiiiers  de  pierre,  qui  forment 
de  beaux  portiques  ,  qui ,  entre  le  nord  6c  l'orient ,  font 
face  à  Féglife  collégiale  ,  6c  entre  l'occident  ôc  le  nord  , 
aux  deux  fuperbes  édifices  de  la  chambre  &  de  l'au- 
dience ,  au-defiùs  desquels  on  a  placé  deux  grands  écus 
aux  armes  royales  ,  entre  deux  fpheres  dorées  8c  peinteSb 
On  voit  encore  dans  l'enceinte  de  la  ville,  h  place  de 
'Saint-Paye ,  où  eft  fituée  Féglife  paroiffiale  de  ce  nom  ; 
quoique  celle  dont  nous  venons  de  parler  foit  appellée  la 
grandeplace,  celle-ci  eft  encore  plus  grande,  mais  moins 
ornée.  En  fortant  de  la  ville,  on  trouve  à  l'entrée  du  faux- 
bourg  de  Sainte -Croix  la  place  appellée  le  champ  de  la. 
foire.  Elle  eft  vafte ,  bien  peuplée  6c  partagée  par  un  ruif- 
feau  qui  porte  fon  nom ,  qu'on  patte  fur  un  pont  qui  ne 
s'élève  qu'à  niveau  du  terrein,  &c  qui  a  120  pas  de  long 
fur  trente  de  large. 

La  partie  de  la  place  ,  qui  eft  au-delà  du  pont  ,  eft 
remplie  de  beaux  arbres  ,  à  l'ombre  defquels  ont  tient 
une  foire  de  beftiaux,  qui  commence  le  premier  diman- 
che d'Août ,  6c  dure  trois  jours. 

A  quelque  diftance  delà,  on  trouve  la  place  de  Saint- 
Sebaftien ,  où  eft  lîtuée  une  églife  paroiffiale ,  dédiée  à 


tes  ,  un  enquêteur  ,  un  diftributeur  ,  un  mayrinhe ,  deux 
lieutenans  de  police ,  un  alcaïde  ,  fix  tabellions  ,  un  ca- 
pitaine-major 6c  un  .fergent- major  qui  commandent 
quatre  compagnies  d'ordonnance.  Les  habitans  de  cette 
ville  ont  reçu  du  roi  Denys  l'exemption  de  tous  im- 
pôts. 

La  Comafxa  ou  département  DE  Guimaraëns  eft 
compofée  de  vingt-deux  villes  ,  favoir  , 


Guimaraëns , 

Conda  , 
Amarante  , 
Vahaon , 
Figueira , 
Monte-Longo  -, 
Raes, 
Villabon, 
Rida  , 
Santa-Cruz  , 


Riba-Tamaga , 
Colories  de  Baftc 
Roufl, 
Reftim, 
Pedralta, 
Vemieiro  ," 
Tibaëns  , 
Cambefes, 
Gueyada  , 
Capçaons  ,' 
Manedo. 


Elle  s'étend  fur  vingt  confeils  ,  qui  font  J 

Conda ,  Colories  de  Baftos  , 

Amarante  >  Roufi , 

Vulgaon,  Reftim, 

Figueira,  Pedralta, 

Monte-Longo ,  Vemieiro , 

Raës ,  Tibaëns , 

Villabon,  Cambefes, 

Rida,  Gueyada, 

Santa-Cruz,  Capçaons, 

Riba-Tamaga ,  Manedo. 


Saint  -  Guimaraëns  eft 
Portugal,  &C  du  pape  S 
367  jusqu'à  Fan  385» 

GUIN,  ville  de  Perfe,  dans 


la  patrie  d'Alfonfe  I ,  roi  de 
Damafe ,  qui  y  fiégea  depuis 

province  de  Perfe  , 
ce  faint  :  cette  place  eft  remarquable  par  la  beauté  de  proprement  dite ,  dont  néanmoins  elle  eft  féparée  par  de 
féglife  qui  la  borde  d'un  côté  ,  6c  de  la  façade  de  la  hautes  montagnes ,  félon  Corneille ,  Dicl.  qui  cite  le 
douane  qui  régne. d'un  autre  ;  delà  en  tirant  entre  le  voyage  d'Olearius.  Elle  eft  dans  une  plaine  de  plus  de 
nord  6c  l'occident ,  on  va  à  la  place  du  Toural.  quatre  lieues  de  long  6c  de  large  ,  femée  pour  la  plus 
Elle  eft  bordée  d'un  côté  par  de  belles  maifons,  dont  grande  partie  de  riz  6c  de  coton ,  6c  arrofée  de  plu- 
ie devant  eft  foutenu  par  des  arcades  qui  font  un  effet  iieurs  petits  canaux.  Quoique  cette  ville  foit  petite ,  l'a- 
merveilleux  ;  6c  certains  jours  de  fêtes ,  on  y  fait  des  bord  6c  la  vue  en  font  fort  agréables  à  travers  les  pal- 
danfes  au  fon  des  trompettes  6c  de  plufieurs  autres  inf-  mes  6c  les  autres  arbres  qui  la  font  voir  dans  une  âgréa- 
trumens,  qui  font  fuivies  de  tournois  &  de  courfes  aux-  ble  perfpeftive.  En  y  entrant,  on  trouve  à  main  droite  une 
quels  la  jeunefle  de  la  ville  6c  du  voifînage  s'exerce,  très-ancienne  m'ofquée ,  avec  un  dôme  couvert  d'un  ou- 


Ceux  qui  ne  veulent  être  que  fpeftateurs ,  font  affis  fur 
des  bancs  de  pierre  ,  dreffés  contre  les  murailles  des 
maifons ,  en  forme  d'amphithéâtre.  Du  côté  du  midi  , 
on  a  conftruit  une  très-belle  fontaine  à  fix  gros  tuyaux 
terminée  par  une  fphere  de  bronze  doré ,  au  bas  de  la 
quelle  font  les  armes  royales  ;  le  pied  de  la  fontaine  eft 


vrage  de  marqueterie ,  dont  les  murailles  de  dehors  font 
auffi  revêtues.  LesPerfes  prétendent  que  ce  bâtiment  a 
plus  de  neuf  cents  ans  :  auffi  eft-il  à  moitié  ruiné,  6centr'ou- 
vert  de  grandes  crevaffes  en  quelques  endroits.  Il  eft  en 
grande  vénération  aux  habitans.  On  voit  dans  la  ville  deux 
petits  canaux  de  bonne  eau  vive,  bordés  ce  chaque  coté 


environné  de  degrés  de  pierre ,  fur  lesquels  les  habitans    d'ormes  ck  de  faules  comme  en  Europe.  Il  paroît  que  cette 

Tom  III.    I  i 


GUI 


250 

ville  eft  ancienne  ,  8c  qu'une  colonie  de  Perfe  ,  l'a  peu- 
plée, parce  que  (es  habitans  ont  plus  d'efprit,  &  font 
plus  polis  que  les  autres  Arabes  leurs  voifins.  Ils  ont  le 
teint  plus  blanc ,  &  l'habit  de  leurs  femmes  eft  plus  agréa- 
ble. L'air  y  eft  auffi  plus  tempéré ,  Se  la  façon  de  vivre 
beaucoup  moins  ruftique. 

GUINALA,  gros  village  d'Afrique,  dans  laNigritie, 
aune  lieue  de  l'iile  de  Bifagues,  fur  la  rive  droite  d'un 
marigat ,  ou  petite  rivière  qui  lui  donne  fon  nom  ,  aufli- 
bien  qu'à  un  royaume.  Ce  village  n'eft  habité  que  par 
des  Portugais  qui  s'y  font  établis  de  père  en  fils ,  depuis 
long-tems.  Il  y  en  a  de  blancs,  de  bazanés,de  mulâtres, 
de  noirs.  Ils  font  tous  allez  bien  logés,  &c  paroiiTent  à 
leur  aife  ;  mais  on  ne  peut  voir  qu'une  de  leurs  cham- 
bres ,  parce  que  la  jaloufie  ne  leur  permet  pas  d'en  mon- 
trer davantage  :  cette  maladie  eft  générale  dans  le  pais. 
Au  demeurant  ils  font  affez  polis ,  8c  favent  allier  la  ci- 
vilité à  la  gravité.* Labac,  Afrique  occident./.  j,p.  160. 

Le  Roi  DE  GUINALA  réfîde  dans  un  village  à  une 
lieue  de-là ,  fur  le  bord  d'une  moyenne  rivière ,  qui  vient 
de  l'eft ,  &l  qui  fe  rend  dans  celle  de  Courbali.  Tout  le 
terrein  eft  bien  cultivé,  il  eft  abondant  Se  gras;  &c  s'il 
étoit  en  d'autres  mains,  il  feroit  d'un  grand  rapport.  On 
y  peut  faire  un  commerce  très-confidérable  de  cire  , 
d'efclaves  ,  8c  d'ivoire.  On  y  voit  quantité  d'çléphans , 
6c  malgré  la  guerre  continuelle  que  les  Nègres  leur  font 
pour  les  empêcher  de  gâter  leurs  champs ,  Se  pour  avoir 
leurs  dents  8c  leur  chair ,  ils  ne  laiffent  pas  de  multi- 
plier beaucoup.  Le  pays  eft  charmant  à  caufe  des  arbres 
6c  des  bananiers  qui  environnent  toutes  les  maifons , 
avec  des  tapades  d'épines  8c  de  groffes  cannes. 

Le  Roi  de  GUINALA  eft  le  même  que  celui  des 
£iafares.  Voyez  BlAFARS. 

GU1NCHY ,  ville  de  l'Indouftan,  fur  la  route  de 
Cochin  à  Madrefpatan.  Elle  eft  à  dix  journées  de  che- 
min de  cette  ville,  6c  eft  peuplée  deMahometans,  félon 
Tavernier  dans  fon  voyage  des  Indes  ,  /.  I ,  c.  16. 

GUINÉE  ,  (  LA  )  grand  pays  d'Afrique ,  entre  la  Ni- 
gritie  au  nord  ,  l' Abiffinie  à  l'orient ,  Se  la  Cafrerie  au 
midi  ;  nous  n'en  connoiflbns  guères  que  les  côtes  qui 
commencent  à  la  rivière  de  Serre-Lionne ,  8c  s'étendent 
jusqu'au  Cap-Negre  ;  c'eft-à-dire  environ  10  d.  en-deçà 
de  la  ligne  8c  16  d.  au-delà.  On  la  divife  en  haute  8c  en 
bajje  Guinée. 

La  Haute  Guinée  eft  bornée  au  midi  par  l'Océan , 
Se  comprend  divers  pays  que  l'on  trouve  de  fuite ,  8c 
qui  font  fubdi visés  chacun  en  plufieurs  royaumes.  Ces 
pays  font , 

La  côte  de  Malaguete,  ou  du  Poivre. 

La  côte  des  Dents,  ou  d'Ivoire. 

La  cote  d'Or, 

Le  royaume  de  Juda  , 

Le  royaume  du  grand  Ardre, 

6c  Le  royaume  de  Bénin. 

La  baffe  Guinée  eft  le  même  pays  que  le  Congo.  Voyez 
ce  mot. 
La  Guinée,  ditBosman,  Lettre  1,  eft  un  fort  grand 
pays,  6c  a  quelques  centaines  de  lieues  d'étendue,  ren- 
fermant un  nombre  infini  de  royaumes  ,  tant  grands  que 
petits,  8c  d'autres  peuples  qui  font  gouvernés  en  forme 
de  république.  Il  y  a  plufieurs  écrivains  ,  ajoute -t-  il, 
qui  ont  cru  que  la  Guinée  étoit  un  puiffant  état ,  dont 
le  roi  ayant  fubjugué  plufieurs  pays ,  en   avoit  fait  un 

royaume ,  8c  lui   avoit  donné  le  nom  de    Guinée 

Mais  c'eft  une  erreur  groffiere.  Le  nom  de  Guinée  n'eft 
pas  même  connu  parmi  les  habitans,  8c  le  royaume  de 
Guinée  eft  un  royaume  imaginaire,  qui  ne  fe  trouve  pas 
dans  le  monde.  La  côte  de  Guinée  eft  fituée  environ  à 
5  d.  de  latitude  feptentrionale  ;  ainfi  ce  climat  eft  fort 
chaud  :  il  ne  l'eft  cependant  pas  tout-à-fait  tant  que  plu- 
■  fleurs  fe  l'imaginent.  Il  y  fait  extrêmement  chaud  dans 
les  mois  d'Octobre,  Novembre,  Décembre,  Janvier ,  Fé- 
vrier 8c  Mars.  Pendant  les  fix  autres  mois  de  l'année ,  la 
chaleur  eft  fupportable  ;  mais  il  s'élève  un  brouillard ,  tous 
les  matins ,  qui  eft  fi  épais  8c  fi  puant  qu'on  ne  peut  y 
réfifter  :  à  cette  incommodité  fe  joint  la  mal-propreté 
des  Nègres  qui  ont  l'habitude  de  laiffer  pourrir  leur  poif- 
fon ,  avant  que  de  le  manger ,  8c  qui  font  leurs  ordures 
dans  tout  le  village  autour  de  leurs  maifons.  Ces  puan* 


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teurs  réunies  enfemble ,  caufent  nécefiairement  quantité 
de  maladies  à  ceux  qui  y  arrivent.  Les  naturels  du  pays 
n'y  font  pas  fujets ,  par  l'habitude  qu'ils  ont  d'être  dans 
le  mauvais  air.  Ils  font  cependant  fujets  à  deux  fortes  de 
maladies,  la  petite  vérole  qui  eft  plus  dangereufe  chez 
eux  qu'en  Europe ,  8c  le  ver.  Ce  ver  s'engendre  dans  tou- 
tes les  parties.de  leur  corps,  fur-tout  aux  jambes.  Ce 
mal  eft  fort  douloureux  8c  fort  long  ;  8c  ils  n'en  font  dé- 
livrés que  quand  le  ver  eft  forti.  S'il  fe  rompt ,  en  le  ti- 
rant, la  douleur  augmente;  ce  qui  eftrefté  du  ver  fe  pour- 
rit ,  8c  fait  un  apoftume  dans  un  autre  endroit.  C'eft  ce 
qui  a  donné  lieu  à  Fockenbrogh  de  dire  :  la  Guinée  eft 
un  pays  où  les  vers  de  terre ,  de  la  longueur  d'une  aune 
ou  d'une  pique  ,  n'attendent  pas  que  les  hommes  foient 
morts  Se  les  rongent  tous  vivans. 

A  ces  incommodités  près ,  les  Nègres  jouiffent  engé- 
néral  d'une  parfaite  fanté  ;  mais  ils  deviennent  rarement 
vieux.  On  en  voit  quantité  qui  le  paroiffent  fans  l'être; 
ils  s'abandonnent  trop  aux  femmes;  ce  qui  les  vieillit  Se 
les  affoiblit  tellement,  que  lorfqu'à  l'âge  cîe  cinquante  ans 
qui  eft  parmi  eux  une  grande  vieilleffe,  ils  font  attaqués 
de  maladies,  ils  en  meurent  ordinairement;  les  enfans 
même  connoiffent  cette  débauche ,  ce  qui  fait  qu'il  ne 
fe  trouve  pas  une  honnête  fille  parmi  eux. 

Les  Nègres  font  tous  en  général  d'un-naturel  fi  fourbe  , 
qu'on  ne  peut  fe  fier  à  eux.  Ils  ne  négligent  aucune  oc- 
cafion  de  tromper  un  Européen ,  ou  de  fe  tromper  les 
uns  les  autres.  Ils  ne  travaillent  que  par  contrainte.  Ils 
ne  font  fufceptibles ,  ni  d'inquiétude  ni  de  chagrin.  Le 
malheur  ne  les  fait  jamais  fortir  de  leur  gaieté.  Lorfqu'ils 
vont  à  la  guerre  ,  ils  s'en  reviennent  toujours  en  fautant 
8c  danfant,  qu'ils  foient  viftorieux,  ou  qu'ils  aient  été 
battus.  Quand  ils  fe  trouvent  à  une  fête  ou  à  un  enter- 
rement, c'eft  pour  eux  la  même  chofe.  Ils  ont  cepen- 
dant foin  d'amaffer  de  l'argent;  mais  ils  le  perdent  avec 
une  tranquillité  extrême. 

Les  jeunes  gens  fur-tout  font  fort  orgueilleux  ;  ils  vou- 
draient paffer  pour  des  perfonnes  de  qualité ,  quoiqu'ils 
ne  foient  bien  fouvent  que  des  efclaves  ;  ils  font  aufti 
paroître  beaucoup  de  vanité  dans  leur  manière  de  fe  pa- 
rer. Ils  s'ornent  la  tête  en  plufieurs  endroits.  Quelques- 
uns  portent  les  cheveux  longs ,  joliment  bouclés  6e  at- 
tachés enfemble  fur  la  tête  :  d'autres  font  de  petites  bou- 
cles de  leurs  cheveux ,  les  frotent  d'huile  8c  de  pein- 
ture ,  6c  les  ajuftent  en  manière  de  rofes  autour  de  leur 
tête.  Ils  mettent  entre  deux  pour  enjolivement  des  féti- 
ches d'or ,  6c  une  certaine  forte  de  corail  que  nous  nom- 
mons conte  di  terra ,  8e  qui  vaut  quatre  fois  plus  que  l'or. 
Ils  ont  encore  une  efpece  de  corail  bleu ,  que  nous  ap- 
pelions aigris,  Se  les  Nègres  acorri  ,  6c  que  l'on  pefe  au 
poids  de  lor,  lorfqu'il  eft  un  peu  gros.  Ils  aiment  fort  à 
porter  des  habillemens  comme  nous ,  8e  ne  font  pas  dif- 
ficulté de  les  payer  bien  cher.  Ils  portent  autour  des  bras, 
des  jambes  8c  du  corps  ,  quantité  d'or  ou  de  corail  pour 
ornement.  Leur  habit  ordinaire  eft  compofé  de  trois  ou 
quatre  aunes  d'étoffes  ,  foit  de  velours ,  de  foie  ,  de 
drap,  6cc.  Il  y  en  a  plufieurs  qui  en  ont  de.  cinquante 
fortes.  Ils  roulent  cet  habit  (  ou  pagne}  autour  de  leur 
corps ,  Se  le  laiffent  pendre  depuis  le  nombril  jufqu'à  mi- 
jambe.  Ils  portent  auffi  aux  bras  des  anneaux  d'ivoire 
fort  proprement  faits;  8e  quelques-uns  en  ont  d'or, 
d'argent ,  Sec.  Ils  ont  au  cou  plufieurs  colliers  d'or  6c 
de  toutes  fortes  de  corail,  de  celui  même  dont  on  vient 
de  parler  ;  6c  il  y  en  a  qui  valent  chacun  plus  de  mille 
livres.  Ce  font  leurs  joyaux ,  6c  on  n'eftime  nullement 
ceux  qui  n'en  ont  point. 

Autant  que  les  jeunes  gens  ou  manceos  font  magni- 
fiques ,  autant  les  gaborecos  ou  vieillards  font  modeftes. 
Ils  aiment  mieux  paffer  pour  pauvres  que  pour  riches. 
Us  fe  contentent  d'avoir  une  bonne  pagne,  un  bonnette 
peau  de  cerf,  8c  à  l'exemple  des  Ifraëlites,  un  bâton  à 
la  main ,  avec  une  chaîne  ou  un  collier  de  corail  au  cou. 
Ce  font  tous  les  ornemens  dont  ils  fe  parent  journelle- 
ment. 

Les  gens  du  commun ,  comme  les  payfans ,  les  pê- 
cheurs, Se  autres  de  cette  forte,  's'habillent  à  fort  peu  de 
frais.  Quelques-uns  n'ont  que  deux  aunes  d'étoffe  com- 
mune ,  Se  d'autres  n'ont  qu'une  bande  pour  cacher  ce  que 
la  pudeur  ne  permet  pas  de  laiffer  voir ,  excepté  que  les 
pêcheurs  ont  un  bonnet  de  peau  de  cerf,  ou  de  jonc  fur 
la  tête  ;  mais  la  plupart  tâchent  d'avoir  des  matelots  un 


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vieux  chapeau  ou  un  vieux  bonnet,  qui  leur  fert  dans  le    treize  ou  quatorze  pieds  de  l°ng,  &  trois  ou  quatre  de 


chaud  &  dans  le  froid  Les  femmes  de  Guinée  font  pi 
occupées  à  fe  bien  parer  que  les  hommes.  Elles  ont  l'a- 
dreffe-  de  boucler  fort  joliment  leurs  cheveux ,  6k  de  les 
orner  de  fétiches ,  de  corail ,  &  de  queues  d'éléphant  ; 
•elles  portent  au  cou  des  chaînes  d'or  &  de  très-beau  co- 
rail ,  outre  dix  ou  douze  petits  colliers  blancs  fort  jolis , 
de  conte  de  terra.  &c  d'or ,  qu'elles  ont  en  quantité  aux 
bras ,  aux  jambes  ,  &  autour  du  corps.  Elles  ont  de- 
puis la  ceinture  en  bas  une  pagne  ,  qui  eft  fouvent 
deux  ou  trois  fois  plus  longue  que  celles  des  hom- 
mes,  &  qu'elles  attachent  avec  une  bande  de  drap  rouge 
ou  de  quelqu'autre  étoffe ,  de  la  longueur  de  deux  aunes , 
&  large,  d'une  demie  ,  dont  les  deux  bouts  pendent  pai 


large.  Les  Européens  fe  fervent  des  plus  grands  pour 
tranfporter  leurs  marchandifes  d'un  lieu  à  l'autre ,  £c  ils 
contiennent  autant  que  la  chaloupe  d'un  vaiffeau  mar- 
chand. On  fait  aller  ces  canots  à  la  rame  :  on  y  em- 
ploie deux,  trois,  cinq,  fept,  neuf,  onze,  treize, 
quinze  ou  dix-fept  rameurs  ,  félon  qu'ils  font  longs  :  ils 
font  en  nombre  impair,  parce  qu'ils  font  deux  à  deux, 
&  qu'il  en  faut  un  qui  gouverne.  Ils  ne  fe  fervent  point 
de  rames  comme  les  nôtres,  mais  de  pelles,  faites  en 
forme  de  cœur  :  ils  tiennent  ces  pelles  avec  les  deux 
mains  ;  &  les  enfonçant  continuellement  dans  l'eau  der- 
rière eux  ,  ils  font  aller  le  canot  fort  vite.  Les  plus 
petits  bateaux  leur  fervent  à  aller  pêcher ,   &  leurs 


deffus  leur  pagne.  Celles  qui  font  d'une  condition  rele-  ftruir.ens  de  pêche  font   de   petits    hameçons  ,   &  des 

vée  y  mettent  une  dentelle  d'or  ou  d'argent;  ce  qui  leur  harpons  pour  tuer  le  poiffon  qui  a  mordu  à  l'hameçon, 

donne  encore  plus  d'agrément.  Elles  ont  en  haut  autour  Ils  ont  aufli  des  éperviers ,  &  de  grands  traîneaux  qu'ils 

du  corps  une  écharpe  de  foie,  ou  de  quelqu'autre  jolie  tendent  le  loir  dans  la  mer,  &  qu'ils  vont  lever  le  len- 
étoffe.  Leurs  b 
d'ivoire,  ckc. 


arpi 
étoffe.  Leurs  bras  font  garnis  d'anneaux  d'or,  d'argent,     demain.    S'i 


arrive  que  quelque  poiffon  mal-faifant  , 
_  eradcr,  s'yembarraffe,  le  traîneau  eft  tout 

Elles  accouchent  fans  beaucoup  de  frais,  fans  cet  atti-  déchiré  dès  la  première  fois,  car  ce  poiffon  coupe  le 

rail  de  petites  hardes ,  béguins  ,  langes,  &  autres  que  réfeau  du  traineau  avec  une  espèce  de  glaive  qu'il  a  fur 

l'on  a  en  Europe.  Plufieurs  femmes,  vont  le  jour  même  le  mufeau  ;  £>t  c'eft  ce  glaive  qui  lui  a  fait  donner  le  nom 

de  leurs  couches,  fe  laver  au  bord  de  la  mer.  Quelques-  de  fwaerd-vis ,  ou  le  poiffon  au  glaive,  dans  la  lan- 

unes  gardent  le  lit  quelques  jours,  &  font  fort  malades;  gue  Hollandoife.  Il  eft  vrai  que  les  Nègres  y  peuvent 

mais  cela  eft  rare.  Auffi-tôt  que  l'enfant  eft  né ,  on  va  mettre  ordre  quand  ils  s'en  apperçoivent.  Ils  y  vont  d'a- 

chercher  un  fétiche  ou  confie  ;  c'eft  une  efpece  de  prêtre  bord  avec  trois  ou  quatre  canots,  &  avec  des  harpons 

parmi  eux.  Il   leur  fait  incontinent  attacher  autour  du  pour  le  prendre  ;  &  comme  ce  poiffon  eft  fort  grand  , 

corps,  du  cou,  des  bras  &  des  jambes,  quantité  décor-  &  que  les  Nègres  l'aiment  beaucoup,  un  feul  les  dé- 

delettes  de  corail,  &  d'autres  bagatelles  ,  après  les  avoir  dommage  bien  du  tort  que  leurs  filets  ont  fouffert. 

confacrées  par  des  cérémonies  particulières  ;  &£  à  ce  qu'ils  La  Guinée  contenant  un  fi  grand  nombre  de  peuples, 


croient,  cela  préferve  l'enfant  de  maladie,  &c  des  autres 
accidens  fâcheux.  Ces  cordelettes  fervent  d'habit  à  ces 
enfans  jusqu'à  l'âge  de  fept  ou  de  huit  ans ,  &  alors  on 
leur  donne  une  demi-aune  d'étoffe  pour  fe  bien  ajufter. 
Ces  enfans,  au  refte,  ne  leur  coûtent  ni  foin  ni  dépenfe  : 
ils  tettent  pendant  deux  ou  trois  ans.  Lorfqu'ils  ne  tet- 
tent  plus  ,  &  qu'ils  ont  faim  ,  la  mère  leur  donne 
un  morceau  de  pain  fec  ,  &  les  envoie  dehors  : 
ils  peuvent  aller  où  ils  veulent  ,  même  fur  le  bord 
de  la  mer  ,  pour  apprendre  à  nager  ,  fans  que  la 
mère  ou  quelqu'autre  perfonne  y  prenne  garde.  Des 
centaines  d'enfans  ,  depuis  l'âge  de  quatre  ans  jus- 
qu'à fix  ,  courent  tout  nuds  fur  le  bord  de  la  mer,  & 
n'ont  qu'un  morceau  de  pain  fec  ,  dont  ils  font  très- 


la  diverlîté  des  langues  doit  s'y  trouver  :  on  en  jugera 
par  la  côte  d'or  ,  qui  n'en  eft  qu'une  partie.  Quoique 
cette  côte ,  dit  Bosman ,  n'ait  que  foixante  lieues  de 
long  ,  on  y  parle  pourtant  fept  ou  huit  langues ,  dont 
il  y  a  trois  ou  quatre  qui  n'ont  aucun  rapport  enfemble. 
Ceux  de  Jummoré ,  dix  lieues  au-deffus  d'Axim  ,  peu- 
vent bien  parler  avec  les  habitans  dEguira,  dAbo'èroïy 
(  ou  d'Abourou  )  à'Ancober ,  &  d'Axim  ;  cependant 
leur  langage  diffère  encore  beaucoup  de  l'autre.  Celui 
d'Axim  eft  très-délagréable,  celui  d Ame  l'eft  pour  le 
moins  autant  ;  le  plus  horrible  de  tous  eft  celui  d'A- 
cra,  qui  n'a  nul  rapport  avec  aucun  des  autres.  La  plu- 
part des  autres  Nègres  de  la  côte  peuvent  s'entendre , 
excepté  ceux  d'Aquamboë.  Il  n'y  en  a  point  dont  le 
contens.  Ils  n'ont  perfonne  pour  les  garder  ,  ck  on  n'ap-  langage  foit  plus  agréable  que  ceux  qui  viennent  du  fond 
prend  pas  qu'il  leur  arrive  aucun  accident.  du  pays  ,  comme  font  les  habitans  de  Dinkira,  d'A- 

Les  Nègres  fe  nourriffent  eux-mêmes  à  fort  peu  de  kim ,  d  Acanni ,  ck  après  eux  ceux  d'Adom.  L'auteur 
frais.  Leur  fobriété  eft  extrême  pour  le  manger,  quand  cité  dit  que  ceux  qui  entendent  un  peu  le  langage  des 
eux-mêmes  en  font  la  dépenfe  ;  car  quand  les  Euro-  Nègres  y  apperçoivent  d'abord  une  différence  confidé- 
péens  les  traitent ,  ils  font  friands  èk  gourmands ,  êk  rable ,  ck  pour  le  moins  aufli  grande  qu'entre  le  lan- 
dévorent  ce  qu'il  y  a  de  meilleur  ;  mais  ils  font  fort  en-  gage  des  Brabançons  ,  ck  celui  cie  ceux  qui  habitent  au- 
c'ins  à  l'ivrognerie  :  ils  aiment  paflîonnëment  les  boif-  delà  de  la  mer.  Si  les  Nègres  qui  demeurent  fous  nos 
fons  fortes  ,  ck  ne  manquent  jamais  de  boire  le  matin  forts  ,  ck  avec  qui  nous  fommes  obligés  de  converfer 
de  l'eau-de-vie ,  ck  l'apres-midi  du  vin  de  palmier.  tous  les  jours  ,  parloiefit  un  langage  plus  doux ,  il  ne 

La  pareffe  des  Nègres  eft  caufe qu'on  trouve  peu  d'arts  feroit  pas  difficile  de  l'apprendre  dans  deux  ou  trois 
&  de  métiers  parmi  eux  ;  leurs  principaux  métiers  con-  ans  ;  au  lieu  que  nous  avons  de  la  peine  à  l'apprendr» 
fiftent  à  faire  des  coupes  ck  des  vafes  de  bois  ck  de  parfaitement  au  bout  de  dix  ans.  Il  y  a  quelques  perfon- 
terre,  à  natter  des  chaifes  ,  à  faire  des  boëtes  de  cuivre  nés,  parmi  lesquelles  je  meflate  d'être,  pourfuit-il,  qui 
pour  y  mettre  de  l'onguent ,  des  braffelets  d'or  ,  d'ar-  y  ont  fait  des  progrès  affez  confidérables  pour  entendre 
gent,  ck  de  dents  d'éléphant,  ck  autres  bagatelles  fem-  tout;  mais  la  prononciation  a  toujours  été  très-difficile, 
blables.  Il  n'y  a  rien  à  quoi  ils  s'entendent  mieux  qu'à  parce  que  les  mots  ck  les  noms  de  certaines  chofes  font 
forger  ,  ck  ils  font  tous  les  inftrumens  qui  leur  font  né-  fi  extraordinaires,  que  voulant  les  écrire,  ou  les  pro- 
cédures pour  l'agriculture,  pour  le  ménage  &  pour  la  noncer  à  notre  manière,  nous  ne  réuflifTons  jamais; 
guerre ,  excepté  les  armes  à  feu.  Ils  ne  lavent  ce  que  Si  comme  les  Nègres  ne  favent  ni  lire  ni  écrire ,  ck  par 
c'eft  que  l'acier,  ck  cependant  leurs  fabres  &  leurs  fer-  conféquent  n'ont  point  de  lettres,  il  eft  affez  mal-aifé  de 
pes  ne  laiffent  pas  d'être  d'une  trempe  fort  dure,  ck  de  connoître  ckde  corriger  les  fautes.  Old  Dapper,  qui  n'a 
bien  couper  :  il  en  eft  de  même  de  leurs  houes,  ck  jamais  été  ici,  a  bien  mis  dans  fâ  description  de  l'Afri- 
des  autres  inftrumens  dont  ils  fe  fervent  pour  cultiver  que  plufieurs  noms  ck  fupputations  dont  les  Nègres  fe 
la  terre.  Ils  forgent  tout  cela  fur  une  groflè  pierre  ,  qui  fervent  ;  èk  moi ,  qui  crois  en  favoir  un  peu  plus  que 
leur  tient  lieu  d'enclume  :  ils  fe  fervent  de  deux  ou  trois  lui ,  je  n'oferois  l'entreprendre  ,  étant  afluré  d'avance 
mokers ,  d'une  pincette  ,  ck  d'un  petit  foufflet  qui  a  trois  que  je  ne  rencontrerois  pas  mieux  qu'il  a  fait, 
tuyaux,  ck  quelquefois  davantage.  Ils  ont  inventé  ces  J'ai  parlé  à  l'article  d'Axi M  des  cinq  degrés  de  qualité 
foufflets ,  dont  il  fort  beaucoup  de  vent.  Ils  treffent  pour  qui  diftinguent  les  Nègres  :  il  eft  inutile  de  le  repeter 
les  Hollandois  des  cordons  de  chapeau  de  fils  d'or  ck  ici;  j'ajouterai  feulement  qu'il  n'y  a  point  parmi  les  Né- 
d'argent  avec  tant  d'adreffe,  que  les  orfèvres  d'Europe  grès  de  pauvres  qui  aillent  mendier  pour  vivre  ;  quelque 
auraient  peine  à  les  imiter.  peu  de  bien  qu'ils  ayent ,  ils  ne  font  jamais  réduits  à 

La  navigation  des  Nègres  n'eft  pas  bien  confidérable.  la  mendicité  ;  car  lorfqu'un  Nègre  ne  peut  vivre  de  ce 
Ils  fe  fervent  de  bateaux,  qu'on  appelle  canots;  les  qu'il  a,  il  s'engage  à  quelqu'un  pour  une  certaine  fomme 
plus  grands  ont  trente  pieds  de  long,  &  fix  de  large  ,  d'argent;  ou  bien  (es  parens  même  l'engagent,  quand  il 
ik  diminuent  peu-à-peu  jufqu'aux  plus  petits,  qui  ont     eft  dans  la  néceflité.  Celui  avec  qui  il  s'eft  engagé  lui 

Tome  III.     Ii  ij 


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donne  ce  qui  eft  néceffaire  pour  fon  entretien  ,  à  con- 
dition qu'il  fade  ce- qui  lui  eft  ordonné  ;  ce  qui  n'eft  pas 
fort  pénible ,  &  ne  Cent  nullement  l'elclavage.  Il  n'a  qu'à 
fervir  ion  maître  avec  les  armes ,  lorfqu'il  a  befoin  de 
lui ,  Se  à  travailler  dans  le  tems  qu'on  feme  les  grains., 
à-peu-près  autant  qu'il  veut.  Il  n'y  a  donc  point  de  men- 
dians  par  néceflité  ;  mais  ils  demandent  tout  ce  qu'ils 
voient,  même  jusqu'au  roi  qui  n'a  pas  honte  de  deman- 
der des  bagatelles  qu'il  pourrait  avoir  pour  un  ou  deux 
fols.  Ils  font  tous  fi  importuns,  qu'on  eft  obligé  de  leur 
donner  quelque  chofe  pour  s'en  détaire. 

Les  Nègres  de  la  côte  ont  une  idée  confufe  Se  grof- 
fiere  de  l'unité  de  Dieu  ,  delà  Création  ,  &  de  la  Pro- 
vidence qui  conferve  Se  gouverne  tout.  Ils  ne  Font  pas , 
dit  l'auteur ,  ni  d'eux-mêmes ,  ni  par  tradition  ,  mais  par 
le  commerce  qu'ils  ont  avec  les  Européens  :  il  en  ap- 
porte pour  preuve  qu'ils  ne  font  jamais  de  facrifices  à 
Dieu  ,  Se  ne  l'invoquent  pas  dans  leurs  befoins ,  mais 
ils  s'adreffent  à  leur  fétiches ,  c'eft-à-dire  leurs  idoles  , 
qu'ils  fervent  avec  des  fuperftitions ,  dont- on  trouve  le 
détail  dans  l'auteur  cité.  Ils  ont  deux  jours  de  la  femaine 
où  ils  s'abftiennent  de  vin  ;  ils  obfervent  des  abftinen- 
ces  particulières ,  Se  chacun  a  fes  viandes  défendues  : 
par  exemple ,  l'un  ne  mange  point  du  mouton ,  l'autre 
de  la  chèvre ,  l'autre  de  la  vache ,  Se  ainfi  des  autres  ; 
&  ce  qui  eft  remarquable ,  c'eft  que  le  fils  imite  en  cela 
le  père ,  Se  la  fille  fuit  l'exemple  de  la  mère  ,  c'eft-à- 
dire  que  le  fils  ne  mange  point  de  ce  qui  eft  défendu 
à  fon  père,  ni  la  fille  de  ce  qu'il  n'eft  pas  permis  à  fa 
mère  de  manger.  Ils  ne  comptent  point  entre  les  péchés 
le  meurtre ,  l'adultère  ,  le  larcin ,  ni  d'autres  crimes  de 
cette  nature ,  parce  qu'ils  peuvent  s'en  décharger  pour 
de  l'argent  :  il  n'en  eft  pas  de  même  de  manger  des 
viandes  défendues.  Ils  ne  font  pas  tous  d'un  même  fen- 
timent  fur  la  vie  à  venir  :  la  plupart  croient  pourtant 
qu'auffi-tôt  que  l'homme  eft  mort ,  il  va  dans  un  autre 
monde  ,  &  y  vit  dans  la  même  dignité  ,  Se  avec  les 
mêmes  honneurs  dont  il  jouiffoit  durant  fa  vie,  &  que 
tout  ce  que  fes  pareils  facrifient  après  fa  mort ,  lui  eft 
rendu  dans  l'autre  monde. 

Ils  ont  peu  de  connoiffance  des  récompenfes  Se  des 
peines  qu'ils  ont  à  efpérer  ou  à  craindre  après  cette  vie  ; 
excepté  que  quelques-uns  foutiennent  que  le  défunt  eft 
tranfporté  auffi-tôt  après  fa  mort  fur  une  rivière  qui  eft 
î>ien  avant  dans  la  terre  ferme ,  Se  qu'ils  nomment  Bof- 
manque.;  (ce  qu'il  faut  entendre  de  Famé,  car  ils  voient 
que  le  corps  demeure  parmi  eux  ;  )  que  là  il  eft  inter- 
rogé par  l'idole  de  quelle  manière  il  a  vécu.  S'il  n'a 
point  fauffé  fon  ferment-,  qu'il  n'ait  point  mangé  de 
viandes  défendues ,  l'idole  lui  fait  paffer  doucement  la 
rivière,  Se  le  mené  dans  un  pays  où  il  jouit  de  toutes 
fortes  de  délices  ;  mais  s'il  a  prévariqué  dans  ces  chofes , 
il  le  précipite  dans  la  rivière  ,  où  il  étouffe ,  Se  tombe 
ainfi  dans  un  éternel  oubli.  Us  croient  qu'il  y  a  un  diable , 
mais  il  n'eft  pas  vrai  qu'ils  lui  rendent  un  culte  ;  ils  le 
Cïaignenl  feulement;  &  il  y  a  un  certain  tems  dans  l'an- 
née où  ils  châtient  le  diable  de  leurs  villages ,  ce  qui  fe 
fait  avec  d'étranges  cérémonies.  Ils  n'ont  que  deux  fêtes 
dans  l'année  ;  l'une ,  quand  ils  font  cette  cérémonie ,  & 
l'autre  après  la  récolte  des  grains. 

Je  renvoie  à  Fauteur  même  pour  ce  qui  regarde  les 
animaux,  les  arbres  Se  les  plantes  ;  auffi-bien  ce  qu'il 
en  décrit,  appartient  principalement  à  la  côte  d'or;  Se 
ces  détails  me  mèneraient  trop  loin.  Mais  une  remarque 
.  afTez  finguliere ,  c'eft  que  les  moutons  de  ce  pays-là  por- 
tent du  poil  au  lieu  de  laine ,  Se  que  les  hommes  por- 
tent de  la  laine  au  lieu  de  cheveux. 

Les  Portugais  ont  une  manière  particulière  de  divifer 
la  Guinée  en  haute  Se  en  baffe.  Selon  leur  divifion ,  la 
haute  comprend  tout  ce  qui  eft  depuis  la.  rivière  de  Sé- 
négal jusqu'au  Congo ,  Se  la  baffe  contient  toute  la  baffe 
Ethiopie.  Mais  les  François  n'appellent  Guinée  que  ce 
qui  eft  depuis  le  cap  de  Sierra-Leona  jusqu'à  la  rivière 
de  Camerones. 

La  Guinée  étant  peuplée  par  de  véritables  Nègres  , 
.  eft  regardée  par  quelques-uns  comme  la  partie  méridio- 
nale du  pays  des  Nègres.  Mais  ce  nom  de  pays  des 
Nègres  ,  n'eft  qu'une  dénomination  vicieulé.  Quelques- 
uns  l'ont  employée  pour  fignifier  la  Nigritie,  fur  la  fauffe 
perfuafion  où  ils  étoient  que  ce  mot  vient  du  mot  Nè- 
gres ,  au  lieu  qu'il  vient  du  mot  niger ,  comme  nous  le 


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prouvons  ailleurs,  aux  mots  Nègres,  Nigritie,  fie 

Niger.  Tous  les  Nègres  ne  font  pas  habitans  de  la  Ni- 
gritie, quoiqu'ils  puitî'ent  en  être  originaires. 

Les  Portugais  prétendent  être  les  premiers  Européens 
qui  ayent  découvert  cette  contrée  vers  Fan  1417;  mais 
il  eft  confiant  que  cette  gloire  eft  due  aux  François  , 
qui ,  lorfque  la  France  commençoit  à  refpirer ,  du  tems 
du  roi  Charles  V ,  des  malheurs  qu'elle  avoit  foufrerts 
fous  le  roi  Jean  fon  père ,  y  navigerent  plus  de  foixanta 
ans  avant  qu'aucune  nation  d'Europe  en  eût  connoif-* 
fance.  Les  Dieppois  s'étant  attachés  de  tout  tems  au 
commerce  ,  équipèrent  au  mois  de  Novembre  1364  , 
deux  vaiffeaux  du  port  d'environ  cent  tonneaux,  cha- 
cun ;  Se  ayant  fait  voile  vers  les  Canaries ,  ils  mouillè- 
rent devant  Rufisque  ,  près  du  Cap- Verd ,  dans  la  baie 
qui  conferve  encore  le  nom  de  baie  de  France  :  les 
noirs  de  ces  côtes  ausquels  jusques-là  les  blancs  avoient 
été  inconnus ,  accoururent  de  tous  côtés  pour  les  voir  , 
fans  vouloir  pourtant  entrer  dans  leurs  vaiffeaux ,  jus- 
qu'à ce  qu'ils  eurent  remarqué  que  ces  blancs  les  ca- 
reffoient,  Se  qu'ils  Ieup  avoient  apporté  plufieurs  baga- 
telles ,  dont  la  vue  les  furprenoit ,  Se  en  échange  des- 
quelles les  noirs  leur  donnèrent  de  l'ivoire  ,  des  cuirs  , 
Se  de  l'ambre  gris.  Les  Dieppois  leur  ayant  fait  con- 
noître  qu'ils  reviendraient  les  voir  les  années  fuivantes  , 
pouffèrent  plus  loin ,  Se  au  fortir  du  Cap-Verd ,  auquel 
ils  donnèrent  ce  nom  ,  ils  arrivèrent  àSierra-Leona,  Se 
pafferent  devant  le  Cap-de-Monte  avec  beaucoup  de  fur- 
prilê  des  habitans  de  toute  la  côte,  qui  croyoient  que 
tous  les  hommes  étoient  noirs  comme  eux.  Ils  s'arrê- 
tèrent enfin  à  l'embouchure  d'une  petite  rivière  près  de 
Sextos,  où  eft  un  village  qu'ils  appelèrent  le  PETIT 
Dieppe,  à  caufe'  de  la  reffemblance  du  Havre  Se  du  vil- 
lage, fîtués  entre  deux  coteaux.  Us  achevèrent  de  prendre 
là  leur  charge  d'ivoire  Se  du  poivre  nommé  Malaguette  % 
8e  furent  de  retour  à  Dieppe  fur  la  fin  de  Mai  136s;  , 
avec  des  profits  immenfes.  La  quantité  d'ivoire  qu'ils 
rapportèrent  fut  cause  que  les  Dieppois  s'appliquèrent  à 
le  travailler ,  en  quoi  ils  ont  fi  bien  réuffi  ,  qu'ils  paf- 
fent  pour  les  plus  excellens  ouvriers  en  ivoire.  Au  mois 
de  Septembre  de  la  même  année  ,  les  marchands  de 
Rouen  s'étant  affociés  avec  ceux  de  Dieppe  ,  équipe-1 
rent  quatre  vaiffeaux ,  deux  desquels  dévoient  traiter 
depuis  le  Cap-Verd  jusqu'au  petit  Dieppe ,  &  les  deux 
autres  allèrent  plus  avant  découvrir  les  côtes  ;  mais  Fua 
des  deux  derniers  s'arrêta  au  grand  Seftre  fur  la  côte 
de  Malaguette  ;  &  y  trouvant  une  grande  quantité  de 
poivre ,  il  en  prit  fa  charge.  L'autre  ayant  paffé  la  côte 
des  dents ,  pouffa  jusqu'à  la  côte  d'or ,  d'où  il  en  rap- 
porta quelque  peu  avec  quantité  d'ivoire.  Comme  les 
peuples  de  ces  deux  côtes  ne  les  avoient  pas  fi  bien 
reçus  que  les  autres  ,  les  marchands  fe  bornèrent  au 
petit  Dieppe  Se  au  grand  Seftre  où  ils  continuèrent  d'en- 
voyer quelques  vaiffeaux  les  années  fuivantes,  Se  même 
une  colonie.  Le  grand  profit  qui  fe  trouva  dans  le  débit 
de  ce  poivre, donna  envie  aux  étrangers  d'aller  eux-mê- 
mes  chercher  ce  qu'ils  achetaient  des  Dieppois.  Ainfi 
en  1375  ,  ils  commencèrent  d'y  traiter  ;  mais  voyant  que 
les  François  y  avoient  par-tout  des  loges ,  comme  au 
Cap-Verd,  à  Sierra-Leona  ,  S:  au  Cap-de-Monte,  au  petit 
Dieppe  Se  au  grand  Seftre  ,  Se  qu'ils  étoient  fort  ai- 
més des  Nègres  ,  ils  quittèrent  ce  commerce ,  le  repri- 
rent enfuite ,  Se  ne  l'ont  point  discontinué  depuis  ce 
tems-là.  Le  profit  diminuant  par  la  grande  quantité  de 
marchandifes  que  les  François  Se  les  Etrangers  avoient 
apportées  de  ces  côtes  ;  ceux  de  Dieppe  Se  de  Rouen 
firent  partir  en  1380  un  vaiffeau  du  port  de  cent  cin- 
quante tonneaux,  qui ,  fur  la  fin  de  Décembre,  arriva  z 
la  rade  des  lieux,  d'où  feize  ans  auparavant  le  premier 
navire  avoit  rapporté  de  l'or.  Il  en  revint  neuf  mois  après 
richement  chargé  ;  de  forte  que  l'année  fuivante  ils  y 
envoyèrent  jusqu'à  trois  vaiffeaux.  L'un  s'arrêta  au  pre- 
mier lieu  que  Fon  avoit  découvert ,  8e  l'appellererit  LA 
Mine  ,  à  caufe  de  la  quantité  d'or  qu'on  y  apportait 
des  environs.  L'autre  navire  traita  à  Capo-Corfo  Se  à 
Mouré,  au-deffous  de  la  mine;  Se  le  troifieme  alla  jus- 
qu'à Acron  ,  ayant  traité  à  Fantin,  à  Sabou,  SeàCor- 
mentin.  Dix  mois  après  ils  retournèrent  en  France  ,  Se 
'  furent  fi  bien  perfuader  les  marchands ,  en  leur  vantant 
le  pays  ,  la  douceur  des  habitans ,  Se  la  quantité  d'or 
.  que  l'on  en  pqurrQi.t  tirer,  qu'ils  réfolurent  de  s'y  éta« 


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blir  &  d'abandonner  plutôt  tout  le  refte.  En  138^  ils  y 
envoyèrent  trois  vaifleaux,  favoir  deux  grands  leftés  de 
matériaux  propres  à  bâtir ,  &  un  petit  deftiné  à  parler 
au-delà  d'Acron  pour  découvrir  le  refte  des  côtes.  Lorf- 
tm'ils  turent  à  la  mine,  ils  y  firent  une  petite  loge  où  ils 
laùTerent  dix  ou  douze  hommes ,  &  s'en  revinrent  en- 
core richement  chargés  dix  mois  après  leur  départ.  Le 
petit  vaiffeau  qui  vouloit  paffer  Cormentin  &  Acron  , 
ayant  été  emporté  par  les  marées ,  fut  contraint  de  re- 
tourner ,  et  arriva  avec  la  moitié  de  fa  cargaifon  avant 
les  deux  autres  ,  qui  ne  furent  pas  plutôt  venus  ,  qu'on 
le  fit  partir  pour  porter  des  rafraîchiffemens  à  ceux  qui 
étoient  reftés  dans  la  nouvelle  habitation  de  la  mine  : 
cette  habitation  s'augmenta  fi  fort  en  quatre  ans  par  la 
grande  colonie  qui  alla  s'y  établir  ,  qu'ils  y  bâtirent  une 
églife  qu'on  y  voit  encore  aujourd'hui.  *  Corn.  Dicf. 

Les  guerres  civiles  ayant  commencé  en  France  en  1410, 
le  commerce  dépérit  par  la  mort  de  quantité  de  marchands; 
&  au  lieu  de  trois  ou  de  quatre  vaifleaux  qui  partoient 
tous  les  ans  du  port  de  Dieppe ,  à  peine  ,  pendant  deux 
ans,  en  mettoient-ils  un  en  mer  pour  la  côtod'or,  &t  un 
autre  pour  le  grand  Seftre.  Enfin  les  guerres  augmen- 
tant ,  ce  commerce  fe  perdit  entièrement.  Cependant  les 
Portugais  'ayant  formé  le  deffein  d'aller  plus  loin  que 
les  ifles  du  Cap-Verd ,  dont  ils  étoient  maîtres ,  longè- 
rent à  s'établir  à  la  côte  d'or  auffi-bien  que  les  Fran- 
çois. Dans  cette  vue ,  fous  le  régne  du  roi  Jean  I ,  ils 
équipèrent  un  grand  vaiffeau  à  Lisbonne  pour  courir 
les  côtes  d'Afrique  ,  où  s'étant  trouvés  au  tems  des 
pluies,  les  maladies  les  forcèrent  d'en  partir.  Comme 
ils  vouloient  regagner  le  vent  pour  s'en  retourner,  en 
Portugal ,  ils  furent  portés  (  en  1405  )  dans  une  ifle 
fituée  fous  l'équateur  ,  &c  ils  la  nommèrent  Yijle  de 
j'aint  Thomé ,  à  cause  qu'ils  y  abordèrent  le  jour  de  la 
fête  de  S.  Thomas.  Comme  les  chofes  néceffaires  à  la 
vie ,  s'y  trouvoient  en  abondance  ,  ils  envoyèrent  en 
rendre  compte  au  roi  de  Portugal  qui  y  renvoya  en  1407. 
Peu  de  tems  après  ils  vinrent  à  l'ifle  du  poivre ,  de-là 
dans  la  terre  ferme ,  au  Bénin,  d'où  ils  pafferent  à  Acron, 
où  ils  trouvèrent  de  l'or  ;  ce  qui  les  fit  retourner  à  faint 
Thomé ,  pour  en  rapporter  de  quoi  faire  des  habitations 
fur  ces  côtes.  L'an  1433  ,  le  gouverneur  de  cette  ifle  en- 
voya des  caravelles  qui  s'avancèrent  jusqu'à  la  mine  que 
les  François  avoient  abandonnée  vingt  ans  auparavant  à 
caufe  des  guerres.  Les  Nègres  apprivoifés  par  le  com- 
merce des  Dieppois  dont  ils  s'étoient  bien  trouvés  , 
firent  mille  careffes  aux  Portugais ,  ck  achetèrent  leurs 
marchandifes  au  prix  qu'ils  voulurent.  Jean  II ,  roi  de 
Portugal ,  informé  de  ces  immenfes  profits ,  y  envoya 
trois  vaifleaux  avec  ordre  exprès  d'y  élever  un  château 
fous  le  nom.  de  S.  George.  Corneille  dit  que  ce  fut  en 
mémoire  de  ce  que  qtiarante-neuf  ans  auparavant  ils  y 
étoient  arrivés  le  jour  de  la  fête  de  S.  George.  Les 
Portugais  difent  que  ce  fut  à  caufe  de  la  dévotion  fin- 
guliere  que  le  roi  de  Portugal  avoit  pour  ce  faint.  Ils 
ajoutent  que  ce  monarque  fit  conftruire  ce  château  à 
Lisbonne ,  &:  que  l'on  porta  les  matériaux  tous  taillés , 
de  façon  qu'il  n'y  eut  qu'à  les  pofer  &  ajufter  en  arri- 
vant. Le  château  de  S.  George  de  la  mine  étant  bâti ,  le 
foi  de  Portugal  forma  une  compagnie  pour  faire  ce 
commerce,  à  l'exclufion  de  tous  autres,  &c  il  en  tira 
de  grands  revenus. 

Quelque. tems  après  ,  cette  compagnie  devenue  puif- 
fante ,  bâtit  le  château  d'Axim  au-delà  du  cap  de  Tres- 
Puntas  ;  un  fortin  à  Acron ,  ck  une  café  à  Âchema ,  à 

■  caufe  de  la  bonté  du  lieu  qui  lui  fourniiToit  la  plupart 
des  ch'ofes  dont  elle  pouvoit  avoir  befoin.  S'étant  rendue 

■  ainfi  peu-à-peu  maîtreffe  du  pays ,  elle  commença  à  ty- 
ïannifer  les  Nègres  qui  ne  s'étoient  oppofés  à  rien  ;  ne 

•  devinant  pas  qu'on  n'avoit  bâti   que  pour  les  affujétir. 

■  Elle  leur  fit  payer  des  impôts ,  leur  renchérit  les  mar- 
chandifes ;  ce  qui  les  aigrit  fi  fort  qu'en  1 576 ,  après  une 
poffeffion  de  plus  d'un  fiécle  ,  avec  une  autorité  abfolue  , 

-ceux  d'Acron  fe  révoltèrent;  &c  ayant  attiré  des  mar- 
chands des  terres  plus  reculées  ,  ils  s'en  allèrent  au  fort , 

■  fous  prétexte  de  négocier,  &  y  tuèrent  tous  les  Portu- 
.  gais.  Le  général  de  la  Mine  qui  en  fut  inftruit ,  y  envoya 
.  des  canots  avec  des  foldats  &  des  marchandifes  ;  mais 

les  Nègres  ne  permirent  point  qu'ils  defeendiffent  à  terre  , 
ainfi  ils  furent  contraints  d'expofer  leurs  marchandifes 

•  ^  le  fable  ;  les.  Nègres,  qui  les  venojent  prendre,  y  laif- 


2J3 


foient  autant  d'or  qu'ils  avoient  coutume  d'en  payer;  5c 
pour  leur  ôter  entièrement  l'efpérance  d'y  rentrer,  ils 
raferent  le  château  de  fond  en  comble. 

Cependant  les  François  qui  commençoient  à  refpiret 
un  peu,  après  plufieurs  guerres  civiles  &  étrangères, 
reprirent  les  voyages  des  côtes  de  la  Guinée  au  com- 
mencement du  régne  de  Henri  III,  &  vinrent  premiè- 
rement fur  celle  de  Malaguette  d'où  ils  pafferent  à  la 
côte  d'or  ;  mais  appréhendant  les  Portugais  qui  avoient 
toujours  là  de  bons  vaifleaux,  ils  netrafiquoient  que  dans 
les  lieux  éloignés  de  la  mine,  comme  à  Acron  où  ils 
arrivèrent  pendant  que  les  Nègres  étoient  traités  fi  cruel- 
lement. Ce  fut  ce  qui  les  porta  à  maffacrer  les  Portugais , 
&  à  établir  parmi  eux  les  François  qui  ne  leur  vendoient 
pas  fi  cher  leurs  marchandifes ,  &c  qui  d'Acron  allèrent  à 
Cormentin.  Les  Portugais  voyant  qu'outre  les  deux  ha- 
bitations que  les  François  avoient  déjà  en  ces  deux  en- 
droits ,  ils  avoient  encore  bâti  un  fortin  à  Takoray ,  au 
commencement  de  la  côte ,  &  qu'ils  ne  pouvoient  em- 
pêcher les  Nègres  de  trafiquer  avec  eux  ,  ufere.it  de  vio- 
lence contre  ces  Africains ,  en  brûlant  de  nuit  tous  leurs 
canots,  &C  en  les  faifant  efclaves.  Mais  ce  mauvais  trai- 
tement ne  fervant  de  rien,  ils  s'en  prirent  aux  François 
quivenoientàMouré  &à  Capo-Corfo;  de  forte  qu'ayant 
fait  venir  deux  navires  de  guerre  en  1586,  ils  coulèrent 
à  fond  un  grand  vaiffeau  de  Dieppe  nommé  \'Ejpîrancet 
tuèrent  une  partie  de  l'équipage,  &  firent  le  refte  prifon- 
nier.  L'an  1 591 ,  ils  leur  brûlèrent  un  autre  grand  vaiffeau 
qui  étoit  à  la  rade  de  Capo-Corfo  ;  ce  qui  engage  les. 
François  à  abandonner  ces  climats. 

Les  profits  immenfes  que  fâifoient  les  Portugais  dans 
ce  commerce  ,  excitèrent  la  jaloufie  des  Anglois  &:  des 
Hollandois.  Ils  crurent  qu'il  leur  feroit  honteux  de  ne 
les  pas  partager  avec  eux.  Us  les  attaquèrent  donc  avec 
tant  de  bravoure  &  des  fuccès  fi  heureux ,  qu'ils  fe  vi- 
rent bientôt  en  état  de  partager  avec  eux  le  commerce 
d'Afrique  ,   &c  les   profits  de  ce  commerce.  *  Voyage 


du  Ch.  des  Marchais-  en  Gui 


161. 


Les  Hollandois  chafferent  par  la  fuite  les  Portugais , 
des  comptoirs  &  des  fortereffés  qu'ils  avoient  fur  les 
côtes,  &  les  forcèrent  de  fe  retirer  bien  avant  dans  le* 
terres  ,  où  ils  ont  fait  alliance  avec  les  naturels  du  païs. 
Voici  une  lifte  des  établiffémens  que  les  Européens  ont 
à  préfent  fur  la  côte  de  Guinée.  Us  font  tous  fur  la  côte 
d'or.  Je  joindrai  à  chaque  heu  la  lettre  initiale  du  nom 
de  ceux  qui  le  poffedent.  L'A  fignifie  Anglois;  le  B  , 
Brandebourgeois  ;  le  D,  Danois,  &.  l'H,  Hollandois. 
Les  voici  dans  l'ordre  où  ils  fe  trouvent  en  allant  d'oect* 
dent  en  orient. 


Axim,  H. 
Frederichsbourg ,  B. 
Acoda ,  } 

Boutri,  VA. 

Saconde ,       ) 
Ekke-Tekki,  H.  A. 


Çapo-Corso,  A; 
Mouré,  H. 
Anamabo ,  A. 
Cormentin,  ?   „. 
Apam,  S      - 

Vimba,  A. 


S.  George  de  la  Mine,  H.     Acron ,  A.  H.  D. 

La.  Mer  de  GUINÉE  ,  partie  de  l'Océan  »  depuis 
le  Cap-Tagrin  le  long  des  côtes  méridionales  de  la  haute 
Guinée ,  &  le  long  des  côtes  occidentales  de  la  baffe  , 
jusqu'à  la  Cafrerie.  On  y  trouve  les  ifles  de  Fernand-Po , 
du  prince  ,  de  S.  Thomas  ,  d'Annobon  ,  ôc  d'autres, 
moindres.  Le  golfe  de  S.  Thomas  en  fait  partie. 

1.  GUINÉE  ,  (  la.)  ou  Gheneoa.,  pays  d'Afrique  ,' 
dans  la  Nigritie  ;  les  auteurs  s'accordent  fi  peu  fur  fa 
fituation,  que  j'ai  bien  du  penchant  à  croire  que  ce  qu'ils 
en  difent ,  n'eft  fondé  que  fur  les  fimfîes  connoiffances 
que  l'on  a  eues  d'abord  de  la  Guinée.  Je  me  conten- 
terai de  rapporter  ce  qu'en  dit  Marmol ,  /.  9 ,  c.  3 .  La 
Guinée  ,  dit-il ,  que  les  Arabes  nomment  Génêoa  fait 
la  province  de  Gualata,  quoiqu'il  y  ait  entre  deux  cents 
foixante  lieues  de  défert.  Gualata  étant  du  côté  du  fep- 
tentrion  .  Tombut  au  levant,  &  Melli  vers  le  midi.  La 
Guinée  s'étend  plus  de  quatre-vingt  lieues  le  long  du  Ni- 
ger ,  &  une  partie  eft  à  fon  embouchure.  La  côte  de 
l'Océan  où  le  Niger  fe  décharge  eftun  pavs  qui  ab.mde 
en  orge ,  en  riz  ,  en  troupeaux  &  en  poiffons.  On  y 
recueille  beaucoup  de  coton  ,  &  les  habitans  échangent 
les  toiles  qu'on  en  fait  contre  des  draps  de  F  Europe  qu'otj 


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leur  porte  de  Barbarie  ,  &c  contre  du  cuivre,  du  léton, 
des  armes ,  Se  d'autres  chofes  dont  ils  ont  befoin  :  la 
monnoie  de  la  contrée  eft  d'or  fans  être  fondu;  mais 
ils  fe  fervent  entr'eux  de-  pièces  de  fer,  dont  il  y  en  a 
qui  pefent  une  livre,  &c  d'autres  quatre  onces.  On  ne 
trouve  dans  tout  le  pays  ni  ville  ni  château.  Il  n'y  vient 
point  de  fruit ,  &  Ton  y  porte  des  dattes  de  Gualata  & 
de  Numidie.  Le  feigneur  demeure  dans  un  grand  village, 
avec  les  marchands  ,  les  Alfaquis  &  les  plus  honorables. 
Les  maifons  en  font  comme  des  cabanes  faites  de  terre , 
&  couvertes  de  paille.  Les  habitans  s'habillent  allez  bien 
à  leur  mo«le  ,  de  toile  de  coton  noire  ou  bleue  dont 
ils  font  leurs  bonnets  ;  mais  les  Alfaquis  les  ont  tous 
blancs.  Le  Niger  qui  fe  déborde  au  même  term  que  le 
Nil  forme  une  ifle  de  ce  village  aux  moi:  de  Juillet  , 
d'Août  &  de  Septembre  ;  &  quand  l'eau  commence  à 
croître ,  les  marchands  de  Tombut  chargent  leurs  mar- 
chandifes  fur  des  barques  longues  &c  étroites  faites  de 
grands  aibres  que  l'on  fcie  par  le  milieu ,  fk  que  l'on 
•creufe  en  façon  d'auge.  Ils  navigent  ainfi  de  jour  ;  Se  la 
nuit  ils  mettent  pied  a  terre ,  &  les  attachent  au  rivage. 
(  Ce  font  des  canots.  ) 

Ce  que  rapporte  Dapper,  Afrique, p.  220  ^du  pays 
de  Genehoa  eft  un  extrait  affez  fidèle  de  ce  qu'on  vient 
de  lire.  Sanut,  (  Géogr.  l.J,p.  82  ,fol.  verf.  &  83 ,  edit. 
■Venu.  1 588  ,  )  qui  s'accorde  auffi  pour  le  gros  de  ces 
déiails,  ait  de  plus  que  c'eft  un  royaume  au-delà  du 
pays  dés  Néges  ,  au-delà  du  fleuve  de  Canaga  ;  il  ap- 
pelle ainfi  le  Senega ,  ou  le  Niger.  Il  lui  donne  deux 
cents  cinquante  milles  d'étendue  le  long  de  ce  fleuve  , 
à  commencer  à  fon  embouchure.  Il  dit  que  les  mar- 
chands l'appellent Gheneo A ,  &  les  Portugais  GHINEA. 
Tous  ces  auteurs,  en  fe  copiant  l'un  l'autre,  n'ont  fait 
que  répéter  ce  qu'avoit  dit  Jean  Léon  l'Africain,  /.  7, 
c.  3  ;  les  cartes  de  Dapper ,  celles  de  Sanfon,  de  Nolin  , 
&  quantité  d'autres  confervent  le  pays  de  Genehoa  au 
nord  du  Niger.  Dans  les  nouvelles  cartes ,  ce  pays  eft 
nommé  de  Senega. 

3.  La  nouvelle  GUINÉE,  félon  De  l'ifle ,  At- 
las ,  grande  contrée  de  l'Océan  oriental  ,  à  l'orient  des 
Moluques.  On  ne  fait  pas  fi  c'eft  une  grande  ifle  ,  ou  fi 
elle  eft  attachée  au  continent  des  terres  Auftrales.  Elle 
eft  entre  le  2e  d.  &  le  9e  de  latitude  méridionale  ;  ce 
entre  les  146  d.  de  longitude,  &  les  162;  on  l'appelle 
Suffi  terre  des  Papous  ,  du  nom  de  lés  habitans.  Elle  va 
en  fe  rétrédflant  vers  le  nord-oueft,  &C  en  s'ëlargiflant 
vers  le  fud-eft.  Parles  1 50  d.  eft  une  montagne  couverte 
de  neiges  nommée  par  les  Hollandois  Snéeberg.  Le  ca- 
pitaine Dampier  en  parcourut  toute  la  côte  du  nord-  eft. 
Elle  eft  entourée  des  ides  des  Chauvefouris ,  Fille 
d'Arow,  l'ifle  Koy,  Lifte  de  Ceram ,  I'ifle  de  Gilolo  , 
fille  de  Schouten ,  celle  de  Hogheland  ,  &c  la  nouvelle 
Bretagne  ;  cette  dernière  en  eft  (éparée  par  un  détroit.  On 
doute  fi  la  nouvelle  Guinée  tient  à  la  Carpentarie ,  ou 
û  elle  en  eft  féparée  par  un  bras  de  mer.  Il  eft  étonnant 
que  ce  pays  étant  fi  voifin  des  Moluques ,  on  le  coa- 
noiffe  encore  fi  peu  :  tout  ce  que  l'on  en  fait  fe  réduit 
au  gifement  de  la  plus  grande  partie  de  fes  côtes.  L'au- 
teur de  la  nouvelle  Méthode  pour  étudier  la  géographie, 
diflingue  la  terre  des  Papous  de  la  nouvelle  Guinée,  &C 
en  fait  deux  pays  differens.  Il  dit  de  la  nouvelle  Guinée , 
/.  3  ,p.  3 16 ,  edit.  Parif.  Ce  pays  fut  découvert  l'an  1 527, 
par  Alvar  de  Savedra  qui  lui  donna  le  nom  de  nouvelle 
Guinée ,  parce  qu'il  eft  presque  diamétralement  oppofé  à 
la  Guinée  d'Afrique.  (Cette  oppofition  presque  diamé- 
trale ne  l'eft  point  du  tout  ;  il  s'en  faut  au  moins  fix  cents 
lieues  que  cela  ne  foit.)  Antoine  Urdanefta  reconnut  ce 
pays  l'an  1528  ;  mais  il  n'y  fit  que  palier  non  plus  que 
Savedra.  Les  relations  des  Ànglois  aflurent  que  c'eft  une 
ifle  ;  mais  quelques  autres  nations  foutiennent  qu'elle 
fait  partie  du  continent  des  terres  Auftrales  ,  &  d'autres 
enfin  la  confondent  avec  la  terre  des  Papous  :  quoiqu'il 
en  foit ,  pourfuit  cet  auteur  ,  on  y  a  découvert  les  em- 
bouchures de  quelques  rivières ,  dont  les  plus  confidéra- 
bles  font  celles  des  Vierges,  de  S.  Augustin  ;  fon 
principal  cap  eft  celui  delà  Punta-Salida.  Ses  havres, 
ports  &  rades  les  plus  connus,  font  Aquada  ,  S.Jacques, 
.  S.  André,  S.  Jérôme,  S.  Nicolas,  la  Nativité  de  Notre- 
Dame.  Les  terres  de  la  nouvelle  Guinée  font  affez  fer- 
tiles &  habitées  par  des  peuples  qui  ont  le  teint  brun  5>C 
bacané.  Dans  l'article  fuivant ,  il  parle  ainfi  des  Papouas, 


ou  Papous  :  ils  paffent  pour  très-vaillans  Sr.  très-fideles; 
ce  qui  les  a  mis  dans  une  fi  haute  eftime  ,  que  plufieurs 
princes  des  ifles  voifines  en  prennent  à  leur  folde. 

GUÏNEGATE,  village  de  France,  dans  l'Artois  au 
territoire  de  Terouenne  à' deux  lieues  au  fud-oueft  d'Aire. 
Il  eft  fameux  par  la  bataille  qui  s'y  donna  en  1 513. 

GUINES  (*)  ,  petite  ville  de  France  ,  en  Picardie," 
dans  le  comté  à  qui  elle  donne  fon  nom.  Elle  eft  fituée 
dans  un  pays  marécageux  ,  à  deux  lieues  de  la  mer.  Ce 
n'étoit  anciennement  qu'un  village  dépendant  de  l'abbaye 
de  S.  Bertin  que  Sifrid  ou  Sifroy ,  premier  comte  de 
Guines,  fit  aggrandir  &  fortifier.  Ce  lieu  (b)  avec  les 
terres  d'Ardres,  de  Mark  &  d'Oye  fut  ufurpé  fur  les 
moines  de  cette  abbaye  par  ce  Sifrid ,  Danois ,  qui  fut 
le  premier  comte  héréditaire  de  Guines,  &  en  fit  hom- 
mage à  Arnoul,  comte  de  Flandres.  Le  dernier  mâle  de 
cette  race  fut  Manafsès  ,  qui  mourut  l'an  11 37;  &  de 
cette  maifon  de  Guines,  le  comté  pafla  à  celle  de  Gand: 
Arnoul,  fils  de  Wenemar ,  châtelain  de  Gand  &c  de  Gil- 
les, feeur  du  dernier  comte  Manafsès,  en  hérjta.  Ar- 
noul III,  comte  de  Guines  &  feigneur  d'Ardres,  qui 
descendoit  en  ligne  directe  par  mâles  de  ces  comtes  de 
la  maifon  de  Gand,  vendit  ce  comté  &  fes  dépendan- 
ces à  Philippe  III  dit  le  Hardi ,  roi  de  France  ,  l'an. 
1282,  (pour  la  fomme  de  trois  mille  livres.)  Baudouin, 
fils  d'Arnoul  ,  tenta  en  vain  de  rentrer  dans  le  bien  de 
fon  père  ;  mais  après  fa  mort ,  fa  fille  Jeanne  ayant  époufe 
Jean  de  Brienne ,  comte  d'Eu ,  ils  obtinrent  du  roi  Phi- 
lippe le  Bel  d'être  rétablis  dans  la  pofleffion  des  ter- 
res de  Guines  &  d'Ardres  en  1 29^.  A  la  mort  de  Raoul  IL, 
connétable  de  France  ,  qui  eut  la  tête  tranchée  en  1350, 
fes  terres  furent  confisquées  par  ie  roi  Jean,  qui  céda  le 
comté  de  Guines,  au  roi  d'Angleterre  ,  par  le  traité  de 
Brétigni.  Charles  VI  le  reconquit  en  141 3.  Louis  XE 
le  donna  à  Charles  le  Hardi ,  duc  de  Bourgogne  ,  à  la 
charge  de  foi  &  hommage  ;  mais  il  fut  réuni  au  domaine 
de  la  couronne  après  la  mort  de  ce  duc.  Ce  comté  a 
quatre  lieues  de  long  &  autant  de  large ,  &  enferme  les 
villes  de  Guines  &  d'Ardres.  *(a)  Piganiolde  la  Force, 
Defcr.  delà  France  ,  t.  3  ,p.  215.  (b)  Longuerue,  Defcr. 
de  la  France,   i.part.p. :  59. 

GUINGAMP  ou  Guincamp  (a)  ,  petite  ville  de 
France  ,  en  Bretagne ,  dans  l'évêché  de  Tréguier  ,  au 
duché  de  Penthiévre  ,  dont  elle  eft  le  lieu  le  plus  confi- 
dérable  (b).  Sa  fituation  eft  fort  agréable  au  milieu  de 
plufieurs  grandes  prairies ,  fur  la  droite  &  au  bord  de  la 
rivière  de  Trieu  qui  fert  de  fofle  aux  murailles  :  une 
grande  rue  la  traverse  d'un  bout  à  l'autre ,  &  dans  le  mi- 
lieu eft  fa  grande  églife  ornée  de  deux  hautes  tours. 
Cette  églife  a  une  chapelle  fort  renommée  ,  appellée 
Notre-Dame  de  Halgo'dt,  célèbre  par  plufieurs  miracles, 
&  par  le  concours  de  monde  que  la  dévotion  y  attire. 
Elle  eft  près  de  la  grande  place  qui  eft  environnée  de  mai- 
fons très-bien  bâties.  Il  y  a  une  abbaye  de  l'ordre  de 
S.  Auguftin,  fondée  fous  le  titre  Aefainte  Croix, l'an  1 1 3  <jt 
par  Etienne ,  comte  de  Penthiévre  ,  &  Arrife  de  Quin- 
camp ,  fa  femme.  (a)  Piganiol  de  la  Force ,  Defcr.  de  la 
France  ,  t.  5 ,  p.  247.  (b)  Jouvin.  de  Rochefort ,  Voyage 
de  France. 

GUINGIN,  village  d'Afrique,  dans  la  Nigritie  ,  '  à 
cinq  lieues  de  Baitto,  &  à  pareille  diftance  de  Cachaux, 
à  l'extrémité  d'une  petite  rivière  qui  fort  de  la  rivière  de 
Cafamança  ,  &  qui  tombe  dans  celle  de  S.  Domingue, 
à  trois  lieues  au-deflus  de  Cachaux.  Le  village  de  Guin- 
gin  eftconfidérable,  tant  à  caufe  du  nombre  de  fes  habi- 
tans naturels,  qui  font  Bagnons,  qu'à  caufe  des  Portugais 
qui  s'y  font  établis ,  ou  qui  y  ont  des  cafés  où  ils  vien- 
nent de  tems  en  teins  ,  8t  où  ils  entretiennent  plufieurs 
fervitewrs  qui  vont  dans  tous  les  villages  acheter  de  la 
cire.  Ce  pays  eft  très-beau ,  tout  rempli  d'arbres  frui- 
tiers ;  ce  qui  y  a'tire  une  grande  quantité  de  finges  qui  y 
font  du  defordre.  Mais  ils  n'ofent  approcher  des  ruches; 
tk  quand  cela  leur  arrive,  les  abeilles  ne  les  épargnent 
pas.  On  fait  beaucoup  de  cire  dans  ce  pays-là.  *LeP.L#- 
bal ,  Afrique  occid.  t.  5  ,  p.  50. 

GUIOGOU,  (l'Isle  de)  ifle  d'Afrique,  dans  la  ri- 
vière du  Senega  ,  un  peu  au-deflus  de  la  Barre.  Elle  a 
l'ifle  de  Son  au  couchant,  &  l'ifle  de  DoUROUMOUR 
au  levant.  *Le  P.Labat,  Afrique,  c.z,p.  124. 

GUIOLLE  ,  (la)  ville  de  France  ,  dans  le  Rouer- 
gue ,  fur  les  frontières  de  l'Auvergne ,  auprès  des  monta* 


GUI 


GUI 


ïSS 

gnes,  qui  portent  le  même  nom  de  GuiOLLE.  *  Ban-  d'Avesne  époufa  Hugues  de  Châtillon ,  ,8e  apporta  cette 

drand,  éd.  1705.  grande  feigneurie  à  cette  illuftre  maifon.  Leur  fils  Jean 

.  GUIOREL,  gros  village  d'Afrique,  dans  la  Nigritie,  de  Châtillon  ,  comte  de  Blois  ,  porta   le  nom  de   conte. 

au  royaume  des  Foules.    C'eft  l'escale  de  leur  roi.    Ce  de  Guife  ;  enfuite  Charles  de  Châtillon  qui  descendoit 

prince  n'y  a  pourtant  pourtant  point  de  maifon.  Ses  ca-  de  ce  comte ,  Se  qui  prétendoit  au  duché  de  Bretagne  , 

{'es  où  il  habite,  font  à  près  de  dix  lieues  de-là  à  l'eft-  ayant  marié  fa  fille  Marie  avec  Louis  fils  de  France ,  duc 

nord-eft  ,  auprès  d'une  rivière  alïez  coniidérable  ,  qui  d'Anjou  ,  il  lui  donna  en  mariage  le  comté  de  Guife.  De 

grofîit  extrêmement  dans  la  crue  du  Niger  ,  Se  qui  ,  lé  ce  mariage  vint  Louis  II ,  roi  de  Sicile  qui  pofféda  le 

débordant,  forme  un  marais  de  grande  étendue.  La  com-  comté  de  Guife  comme  fon  fils  René.  Les  biens  de  René 

pagnie  de  Senéga  a  un  comptoir  fixe  à  Guiorel.  *Le  furent  confisqués  l'an  1412,  par  le  parti  Anglois  qui  étoit 

P.  Labat ,  Afrique  Occid.  t.  3  ,  p.  200.  maître  delaperfonne  de  Charles  VI  ;  &  ce  fut  fous  l'auto- 

GUIPUSCOA  (a)  ,  (le)  petite  province  d'Espagne,  rite  de  ce  roi  dont  l'esprit 'étoit  aliéné  ,  que  Jean  de 
dans  fa  partie  feptentrionale.  Elle  eft  bornée  à  l'eft  par  Luxembourg  qui  descendoit  de  Mahaut  de' Châtillon  , 
le  pays  de  Labour ,  Se  une  partie  de  la  baffe  Navarre  ,  comteffe  de  S.  Paul ,  fut  mis'  en  poffeffion  du  comté  de 
nord  par  l'océan  ,  oueft  par  la  Biscaye ,  fud  par  la  Na-  Guife  ;  mais  Charles  VII  ,  après  la  mort  de  fon  père  , 
varre.  Elle  faifoit  autrefois  partie  de  la  Biscaye  ;  mais  il  confisqua  les  biens  de  Jean  de  Luxenbourg  ,  Se  réunit 
y  a  long-tems  qu'elle  en  eft  féparée  ,  Se  qu'elle  a  fa  le  comté  de  Guilé  à  la  couronne  ;  à  quoi  s'oppofa  Char- 
forme  de  gouvernement  particulière.  Elle  a  pour  bornes  les  d'Anjou  ,  comte  du  Maine  ,  à  qui  ce  comté  de  Guife 
au  levant  la  rivière  de  Bidaffoa  ,  qui  la  fépare  du  pays  appartenoit  par  le  partage  que  Louis  d'Anjou  IIe  du. 
des  Basques  ,  au  nord  l'Océan  ,  au  couchant  la  Biscaye ,  nom  ,  avoit  fait  entre  fes  enfans.  Et  même  ce  comte  du 
Se  au  midi  la  Navarre.  Ses  principales  rivières  font  ,  la  Maine  fe  mit  en  poffeffion  de  Guife  dont  il  jouit ,  malgré 
Bidaffoa ,  YAraxès  (b) ,  que  nous  appelions  Orio  ,  du  les  oppofitions  Si.  demandes  de  Louis  de  Luxenbourg  , 
nom  d'un  lieu  fitué  à  fon  embouchure  ;  VUrola  qui  comte  de  Saint-Paul  ,  à  qui  Louis  XI  avoit  promis  le 
coule  à  Azpeytia  ,  Se  enfin  la  Deva  qui  a  à  fon  embou-  comté  de  Guife ,  en  le  mariant  'avec  Marie  de  Savoye  fa 
chure  un  lieu  de  même  nom.  (a)  Vayrac ,  Etat  prélént  belle-fœur  ,  ce  qui  n'eut  aucune  exécution  ;  car  le  roi 
de  l'Espagne ,  t.i,  p.  307.  (b)  Rodrig.  Mendes^  Silya ,  ne  dédommagea  pas  le  comte  du  Maine  comme  il  s'y 
Poblacion  gênerai  de  Ëspana.  étoit  obligé.    Ce  comte  eut  deux  enfans  ,  Charles  qui 

Le  pays  eft  entre-coupé  de  hautes  montagnes ,  qui  for-  mourut  fans  poftérité  ,  Se  fit  fon  héritier  univeriél 
ment  des  vallons  fort  agréables  Se  très-fertiles  en  gros  Louis  XI,  &  une  fille  nommée  Louife  qui  époufa  Jacques 
millet  ,  en  pommes  dont  on  fait  quantité  de  cidre,  Se  d'Armagnac  ,  comte  de  Nemours.  Elle  fe  porta  pour  héri- 
en-fruits  ,  mais  affez  ftériles  en  froment.  Les  montagnes  tiere  de  fon  frère  ,  &  jouit  du  comté  de  Guife.  Leur  fils 
produifent  beaucoup  de  bois  ,  ■  Se  ont  des  mines  de  fer  Louis  d'Armagnac  mourut  fans  enfans  l'an  1503.  Safceur 
dont  on  fait  des  armes  excellentes  Se  toutes  fortes  de  Marguerite  d'Armagnac  avoit  époufé  Je  maréchal  de  Gié, 
ferremens.  Le  génie  des  habitans  eftà-peu-prèslemême  delà  maifon  de  Rohan,  qui  mourut  fans  enfans.  Cepen- 
que  celui  des  Biscayens  ,  excepté  qu'ils  ne  font  pas  fi  dant  René,  duc  de  Lorraine,  petit-fils  de  René  d'Anjou 
fins  ,  ni  fi  infinuans  pour  s'introduire  à  la  cour.  Ses  prin 
çipales  villes  font, 


Tolofa , 
Fontarabie  ', 
Saint-Sebaftien , 


Villa-Franca  ,' 
Mondragon  , 
Onnate. 


disputoit  ce  comté  de  Guife  ;  &  étant  mort  l'an  1 508  , 
il  laiffa  héritier  de  fes  droits  fon  fils  Claude  qui  portoit 
alors  le  titre  de  comte  d'Aumak.  Enfin  après  plufieurs 
procès  contre  la  maifon  d'Armagnac  ,  Se  contre  le  pro- 
cureur général  qui  vouloit  unir  Guife  au  domaine  ,  Fran- 
çois I  fit  don  de  tout  ce  qui  lui  en  appartenoit  au  prince 
Claude  de  Lorraine  l'an  1527.  La  même  année  il  le 
Créa  duc  de  Guife  Se  pair  de  France  ;  Se  par  les  lettres 
d'érection  ,  on  unit  à  ce  duché  les  terres  de  Nouvion  en 
Tierache  ,  d'Aubenton  ,  de  Rumigni  ,  Se  plufieurs 
autres.  Le  roi  établit  en  même  tems  ce  duché-pairie 
pour  les  descendais  mâles  du  duc  Claude  ;  mais  il  ïtipula 
nobleffe  de  Guipuscoa  Se  celle  des  Afturies  font     qu'au  défaut  des  mâles  ,  le  duché  fubfifteroit  Se  la  pairie 


La  première  eft  dans  le  cœur  de  la  province ,  la  fécon- 
de ,  la  troifiéme  Se  la  quatrième  font  fur  la  côte  de  la 
mer  ,  Se  la.  fixiéme  vers  les  frontières  de  la  province 
de  l'Alava.  *  Fayrac  ,  Etat  préfent  de  l'Espagne  ,  t.  1  , 
p.  307, 

La  1 


les  plus  eftimées  pour  l'ancienneté ,  Se  font  réputées  des-  feroit  éteinte.  Claude  eut  pour  héritier  fon  fils  aîné  Fran- 

cendre  de  ce  qu'on  appelle  en   Espagne  Clirijlionas  vie-  cois,  duc  de  Guilé  qui  eutdeux  fils  ,  Henri,  duc  de  Guife  , 

gos.  Les  Maures  n'ont  jamais  pénétré  dans  ces  deux  pro-  tué  à  Blois  ,  Se  Charles  ,  duc  du  Maine.  La  poftérité  de 

vinces.  *  Notes  du  P.  Charlevoix.  Henri  a  été  éteinte  en  la  perfonne  de  feu  madenioiiélle 

GUIR  ,  petite  rivière  d'Afrique  ,  en  Barbarie  ,  au  de  Guife  ,    de  laquelle  les  héritiers  naturels  étoient  les 

royaume  de  Fez.  Elle,  a  fa  fource  dans  les  montagnes  de  descendans  de  Charles  de  Lorraine  ,  duc  du  Maine ,  dont 

Temesne,  traverfe  cette  province,  Se  fe  jette  dans l'Océan  la  fille  Catherine  avoit  époufé  Charles  Gonzague ,  duc  de 

à  un  demi-mille  d'Azamor.  *De  la  Croix ,  Hift  de  l'Afri-  Nevers  Se  de  Mantoue.  Leur  fille  Anne  époufa  Edouard , 

que  ,  t.  1.  prince  Palatin,  qui  en  eut  trois  filles,  la  ducheffe  d'Ha- 

GUIRENS1S  ,   fiége  épiscopal  d'Afrique  ,  dans  la  nouer ,  la  princeffe  de  Salins  mariée  en  Allemagne  ,  Se 

Numidie  ;  Lucien  fon  évêque  ,   episcopus  ecclejîœ  Gui-  la  princeffe  douairière  de  Condé,  qui  a  recueilli  cette  fûc- 

re'njls ,  affifta  à  la  conférence  de  Carthage.  Ce  fiége  eft  ceffion  de  Guife.  Ainfi  ce  duché  a  paffé  dans  la  branche 

différent  de  celui  qui  eft  nommé  Girenfis  dans  la  Notice  cadette  de  la  maifon  de  Bourbon ,  en  faveur  de  laquelle 

épiscopale  d'Afrique  où  l'on  trouve  Martialis  Girenfis.  il  a  été  érigé  de  nouveau  en  duché-pairie.  Ce  duché  eft 


fort  grand  :  il  s'étend  dans  la  province  de  Picardie ,  Se 
dans  celle  de  Champagne.  Quoique  la  ville  de  Guife  ait 
toujours  eu  fes  feigneurs  propriétaires ,  les  rois  y  ont  mis 
des  gouverneurs  ,  parce  qu'étant  fituée  fur  la  frontière 
des  Pays-bas ,  elle  étoit  comme  un  boulevard  de  la  France. 
*  C)  Piganiol de- la  Force,  Defc.  de  la  France  ,  t.  3   , 

.  part. 


La  Table  de  Peutinger  fait  mention  de  Guira ,  en  Afrique. 
*  S.  Optât.  Oper.  p.  261  ,  éd.  Dupin. 

GUISE  (a),  petite  ville  de  France ,  en  Picardie ,  dans 
la  Tierache  ,  fur  la  rivière  d'Oife  ,  avec  un  château 
très-fort ,  qui  a  foutenuun  long  fiége  contre  l'armée  d'Es- 
pagne ,  commandée  par  l'archiduc  Léopold,  en  1650;  la 

levée  de  ce  fiége  fauva  tout  le  pays.  Les  habitans  de  p.  204.  (•>)  Longuerue  ,  Defcr.  de  la  France  . 
Guife  y  contribuèrent  beaucoup  par  leur  vigoureufe  refis-  p.  62. 
tance.  Il  y  a  dans  cette  ville  une  petite  collégiale  Se  un  GUISO  ,  ou  GULSA  ,  fortereffe  du  royaume  de 
couvent  de  Minimes.  Guife  (b)  ne  fe  trouve  point  mar-  Mino  ,  au  Japon  ,  dans  la  grande  ifie  Nipon.  Elle  étoit 
quée  dans  aucun  monument  avant  la  fin  de  l'onzième  l'ancien  patrimoine  des  ancêtres  du  fameux  Nobunanga  , 
fiécle  où  elle  eft  nommée  Gufia  ,  ou  Gufgia.  C'étoit  qui ,  dans  le  XVI  fiécle  ,  étant  devenu  d'abord  roi  de 
déjà  alors  une  feigneurie  confidérable  tenue  par  Geofroi,  Mino  Se  de  Boari  ,  conquit  enfuite  la  moitié  du  Japon  , 
ou  Godefroi  qui  avoit  époufé  Ade  fille  de  Hildin  comte  monta  fur  le  trône  des  empereurs  Cubofama  ,  Se  fut  tué 
de  Roucy.  Son  petit-fils  Eouchard,  qui  vivoitfous  Louis  avec  fon  fils  aîné  dans  une  révolte  ,  lorfqu'ili'e  dispofoit 
le  Jeune  ,  ne  laiffa  qu'une  fille  nommée  Ameline  mariée     à  achever  la  conquête  de  cet  empire.  Son  petit-fils  ay  mt 


à  Jacques  feigneur  d'A 


veue    i.n 


Riir 


qui   elle     été  dépouillé  de  tous  les  états  de  fon  aïeul 


iv  .M'- 


apporta la  feigneurie  de,  Guife.  Sa  petite-fille    Marie     fama  qui  s'étoit  déclaré  fon  tuteur  ,  ce  prince  lui  rendit 


2|6" 


GUL 


GUN 


ont  un  langage  formé  du  Turc  Se  du  Tartare  ;  ils  fe 
ent  aufli  de  " 


quelque  tems  après  la  forterefle  de  Guifo  :  ainfi  il  fe  trouva 
réduit  à  la  condition  de  fes  ancêtres.  *  Hifi.  du  Japon  du 
P.   Charlevoix. 

GUISTRES  ,  Aquifiritz  ,  bourg  Se  château  de  France  , 
dans  la  Guienne  ,  au  Bourdelois  ;  il  n'eft  remarquable 
que  par  une  abaye  de  l'ordre  de  S.  Benoît,  dediéeà  Notre- 
Dame.  Elle  eft  fituée  fur  la  rivière  ,  à  trois  lieues  de  i'ifle 
au  nord  de  Libourné. 

GUIXOLES  ,  (S.  Félix  de)  abbaye  d'hommes ,  ordre 
de  S.  Benoît  ,  de  la  congrégation  de.  Valladolid  en 
Espagne,  dans  la  Catalogne  ,  au  diocèfe  de  Gironne  fur 
la  côte. 

GULACHAN  ,  petit  territoire  ,  fitué  entre  Cuba  , 
le  Dagiftan  inférieur  ,  Se  les  montagnes  de  Schak  au 
bas  desquelles  il  eft  fitué  du  côté  du  levant  ;  comme  les 
montagnes  font  extrêmement  hautes  ,  elles  l'empêchent 
de  recevoir  des  rayons  du  foleil  ;  &  les  bleds  n'y  vien- 
nent pas  bien  :  les  villages  même  les  plus  près  de  ces 
montagnes  font  dans  l'ombre  dès  deux  heures  après  midi. 
Ces  rochers  ,  par  leur  hauteur  ,  par  les  neiges  dont  ils 
font  toujours  couverts  ,  Se  par  l'ombre  qu'ils  jettent ,  font 
frémir  tous  les  étrangers.  Les  habitans  de  ce  territoire 


fervent  aufli  de  la  langue  Lesgine.  Ils  font  Mahométans  , 
&  fournis  au  Chan  de  Cuba  qui  propofe  des  anciens 
aux  villages.  Six  de  ces  villages  tombèrent  en  partage  au 
Turc  ,  lorsqu'on  régla  les  limites.  Les  autres  font  fou- 
rnis à  la  Ruffie  depuis  l'an  1716.  Ils  l'étoient  auparavant 
à  la  Perfe.  Us  font  courageux  ,  ont  de  bons  chevaux  , 
de  bonnes  armes  à  feu  Se  de  bons  fabres.  La  Ruffie  n'en 
tire  aucun  revenu  ;  mais  lorsqu'elle  envoie  ordre  au 
Chan ,  il  eft  obligé  de  la  fervir  en  tems  de  guerre  ,  avec 
fes  fujets. 

Lorsqu'il  fut  queftion  de  faire  prêter  ferment  de  fidé- 
lité aux  habitans  des  territoires  de  Cuba  Se  de  Gulachan  , 
ils  comparurent  ;  mais  quelques-uns  d'entr'eux  qui 
avoient  eu  part  au  maflacre  du  Chan  ,  craignoient  qu'on 
ne  les  pourfuivît  ,  Se  ne  fe  raffurerent  que  lorsqu'on  leur 
eut  affirmé  que  l'on  ne  feroit  mention  en  aucune  manière 
de  ce  qui  s'étoit  paffé  avant  qu'ils  appartinffent  à  la  Ruffie. 
Us  prêtèrent  ferment  avec  les  autres,  Se  baiferent 
l'Alcoran.  Quelques-uns  d'entre  les  habitans  de  Cuba  , 
qui  étoient  de  bonne  foi  ,  avertirent  qu'il  ne  fuffifoit 
pas ,  pour  les  rendre  fidèles ,  de  leur  faire  prêter  ferment 
de  la  forte  ;  mais  qu'il  falloit  leur  faire  confertir  que  , 
s'ils  n'obfervoient  pas  leur  ferment ,  leurs  femmes  fuffent 
réputées  putains  publiques  ,  Se  que  chacun  fût  en  droit 
d'en  jouir  ;  Se  ils  aflurerent  que  cette  formule  les  lieroit 
bien  davantage  que  cent  baifers  fur  l'Alcoran  ,  parce  que , 
quand  ils  auraient  prononcé  ce  ferment  ,  celui  qui  le 
romprait  ,  feroit  réputé  infâme  par  tous  ceux  qui  en 
auraient  connoiffance.  Lorsqu'il  fut  queftion  de  leur  faire 
prêter  ce  ferment ,  ils  firent  beaucoup  plus  de  difficulté 
qu'ils  n'avoient  fait  à  baifer  l'Alcoran  :  cependant  on  les 
y  contraignit ,  Se  ils  font  toujours  demeurés  fidèles  depuis. 

*  Defcription  des  peuples  Occidentaux  de  la  mer  Cas- 
pienne ,  faite  fur  les  lieux  par  M.  Garber  officier  au  fervice 
de  la  Ruffie. 

GULDBORG  ,  ou  Guldeborg  ,  petite  ifle  de 
Danemarck  ,  dans  la  mer  Baltique  ,  au  nord  de  I'ifle  de 
Laland,  Seau  couchant  de  celle  de  Falfter ,  à  l'entrée  fepten- 
trionale  du  détroit  qui  fépare  ces  deux  ifles ,  Se  auquel  elle 
donne  le  nom  de  GuLDEBORG-SUND.  *  Hermanides  , 
DaniœDefcr./.  680. 

GULDENHOLM.  Voyez  Glucksbourg. 

GULFE ,  petite  ifle  de  la  mer  Britannique  entre  les 
Sorlingues  ci  la  côte  de  Cornouailles  ,  province  d'An- 
gleterre. On  la  nommoit  anciennement  Lissia  ,  félon 
Éaudrand,  éd.  1701;. 

GULLO  ,  ou  Golin  ,  place  de  l'Indouftan  ,  fur  le 
Gange  ,  à  cinquante  lieues  de  fon  embouchure  ,  au 
royaume  de  Bengale  ,  félon  Davity  ,  Etat  du  R.  de 
Portugal  en  Afie.  Il  ajoute  que  les  Portugais  qui  y 
font  établis  ,  y  ont  un  port  Se  une  églife  dédiée  à  Notre- 
Dame. 

GULPAGNIAN ,  ville  de  Perfe ,  dans  l'Irak-Agemi  fur 
une  rivière  de  même  nom  à  1 2  lieues  au  nord  de  Khounfar. 

*  D'Anville  ,  Carte  de  Perfe  175 1. 

GULPE,  (la)  ou  Galope  ,  petite  rivière  desPays- 
fcas ,  au  duché  de  Limbourg.  Elle  coule  près  de  Sainte- 


Croix  ,  Se  fe  rend  dans  la  rivière  de  Gueul  à  une  lieue  Se 
demie  de  Fauquemont.  *  Baud.  éd.  170^. 

GULTZOW  ,  petite  ville  d'Allemagne  ,  en  Pomé- 
ranie.  Elle  appartenoit  autrefois  à  l'églife  de  Cammin  ,  Se 
fut  vendue  par  l'évêque  Henri  de  Schmelingen  en  1303  ; 
elle  eft  à  3od.  20'  de  longitude ,  &  à  53  d.  39'  de  latitude  , 
félon  Zeyler  ,  P orner.  Topogr.  p.  65. 

GULUS  ,  rivière  de  la  Mauritanie  Cefarienfe  ,  félon 
Ptolomée  ,  /.  4  ,  c.  2.  Il  en  met  l'embouchure  dans 
le  golfe  deNumidie,  entre  celle  de  Ampfaga  (klgikili. 

GUMANAPI ,  félon  Baudrand  ,  Corneille  Se  quel-' 
ques  autres  ,  Gunnapi  ,  Gunnappi  ,  Gunoappi  , 
GoENONGAPI  ,  ou  GuANAPI  ,  félon  les  différentes 
relations  ,  ifle  de  l'Océan  oriental ,  -Se  la  fixiéme  des  ifles 
de  Banda.  Corneille  y  met  une  ville  nommée  auffî 
Guamanapi ,  Se  dit  qu'elle  eft  fituée  au  pied  d'une  mon- 
tagne qui  vomit  des  flammes  ,  d'où  par  plaifanterie  on  la 
nomme  la  Grenade  ,  Se  cite  Maty  qui  ne  parle  que  de 
la  ville.  Baudrand  ,  édit.  1682  ,  qui  ne  parle  point 
de  la  ville ,  dit  le  nom  de  la  Grenade  de  Banda  à  l'égard 
de  la  montagne.  Mais  on  lui  prête  deux  articles  dans 
fon  édition  françoife ,  l'un  de  I'ifle  ,  l'autre  de  la  mon- 
tagne. Les  Holbndois  ,  entr'autres ,  Rechteren ,  dans  fon  ' 
Voyage  aux  Indes  orientales ,  t.  5  ,  p.  116,  difent  que 
c'eft  une  montagne  ardente  peu  éloignée  de  Nera  , 
Se  que  perfonne  n'y  habite  ;  qu'elle  fume  jour  Se  nuit , 
Se  vomit  quelque  fois  des  flammes  ,  du  feu  &f  des  pier- 
res. Il  y  avoit  quelques  années  qu'elle  s'étoit  ouverte  , 
Se  qu'elle  avoit  jette  prodigieufement  des  pierres  & 
même  des  roches  entières  qui  comblèrent  tellement  le 
canal  d'entre  cette  montagne  ,  &  Nera  qui  avoit  alors 
vingt  brades  de  profondeur  ,  qu'il  n'a  plus  été  navigable 
depuis  ce  rems-là. 

GUMARA  ,  ifle  de  la  mer  des  Indes  ,  dans  le  voifi- 
nage  de  I'ifle  de  Taprobane ,  félon  Ptolomée ,  /.  7 ,  c.  4. 

GUMATHENA ,  ou  Gym ATHENA ,  contrée  fertile  , 
dont  parle  Ammien  Marcellin  ,  /.  18.  Ortelius  ,  Thi- 
faur.  juge  qu'elle  étoit  vers  la  Méfopotamie. 

GUMBRIT^E  ,  peuple  de  l'Inde  ,  félon  Pline  ,1.6, 
c.  20.  Quelques  exemplaires  portent  GUMERIT^E  :  le 
P.  Hardouin  lit  Umbritt.e. 

GUMBSE,  maifon  dans  le  comté  de  Dannenberg,' 
en  Allemagne,  entre  l'Elbe  Se  la  ville  de  Dannenberg, 
à  diftance  égale ,  dans  une  plaine.  C'eft  la  réfidence  d'un 
bailli.  * Zeyler,  Brunf.  Topogr.  p.  73.  Corneille  écrit 
Gumitz  ,  &  dit  que  c'eft  un  bourg.  • 

GUMEL ,  rivière  d'Afrique ,  au  nord  du  Sénégal.  Elle 
fort  du  lac  de  Kaflan  ;  Se  prenant  de  l'eft  àl'oueft,  elle 
fe  rend,  après  avoir  fait  un  coude,  dans  le  Sénégal,  à  Ca- 
haydé  au  nord  ,  Se  à  l'extrémité  de  I'ifle  de  Bilbas. 
*  Cours  du  Sénégal ,  levé  en  17 18  ,  par  un  ingénieur 
François. 

GUMMASIS ,  fiége  épiscopal  d'Afrique  ,  dans  la  By- 
zacene.  On  trouve  que  Stephanus,fon  évêque,  fouscri- 
vit  à  la  lettre  écrite  à  l'empereur  Conftantin.  *  Har- 
duin.  CollecL  conc. 

GUMMEN ART  ARUM ,  fiege  épiscopal  d'Afrique; 
dans  la  province  proconfulaire.  Sabinianus ,  évêque  de 
ce  lieu,  affifta,  l'an  525,  au  concile  deCarthage.  * Har- 
duin.  Colleft.  conc. 

GUMMINE ,  lieu  de  Suiffè.  C'eft  un  paffage  impor- 
tant de  Berne  à  Morat,  à  caufe  de  la  Sane  qu'on  y  pane 
fur  un  grand  pont  de  bois ,  Se  couvert.  Cette  rivière  eft 
large  ,  dangereufe  Se  bordée  d'une  chaîne  de  rochers 
fort  hauts  Se  escarpés.  *  Etat  &  délices  de  laSuiffe,  t.  2, 
p.  166. 

GUMMITANUS,  fiege  épiscopal  d'Afrique,  dans  la 
Byzacene.  On  trouve  Johannes  Gummitanus  dans  la  Con- 
férence de  Carthage,  Se  Maxime ,  évêque  du  même  fiéee, 
dans  la  Notice  d'Afrique.  *  S.  Optât.  Oper.  p.  289,  éd. 
Dupin. 

GUNAGITANUS,  fiege  épiscopal  d'Afrique ,  dans 
la  Mauritanie  Cefarienfe  ,  félon  la  Notice  épiscopale 
d'Afrique,  qui  nomme  Auxilius  Gunagitanus.  Il  faut 
lire  au  lieu  de  ce  nom  GuNUGITANUS. 

GUNARIA ,  grande  plaine  d'Afie  ,  dans  la  Paphlago- 
nie ,  félon  Cedrene  Se  Curopalate  ,  cités  par  Ortelius , 
Thefaur. 

GUNAS ,  heu  d'une  grande  fertilité,  dans  la  Syrie,' 
félon  Etienne  le  Géographe, 

GUNEZ» 


GUN 


GUPv 


GU.NEZ  ,  bourg,  château -6c  rivière  d'Allemagne; 
d;n\s  la  baffe  Autriche,  à  cinq  lieues  au-deffus  de  Sarvar. 
*  Baudr.  éd.  1705. 

GUNDA  ou  PUNDA  ,  félon  les  divers  exemplaires 
de  Ptolomée,  /.  5,  c.  20,  ville  de  la  Babylonie. 

1.  GUNDELFINGEN,  félon  Zeyler-,  Bavar.  To- 
pogr.  p.  23  ,  petite  ville  d'Allemagne  dans  la  Suabe ,  au- 
deïfous  d'Ulm  ,  avec  un  beau  château ,  à  un  mille  ou  en- 
viron de  Laugingen,  fur  un  ruiffeau  poiffbnneux,  nommé 
le  Brent^ ,  qui  tombe  près  de-là  dans  le  Danube.  Il  y 
a  apparence  que  la  maifon  de  Bavière  l'acheta  avec  quel- 
ques autres  lieux,  du  duc  Guelphe  ,  ou  de  Conradin, 
dernier  duc  de  Suabe  :  elle  a  appartenu  auffi  quelque 
temsaux  ducs  de  Teck,  puisque  Frédéric,  duc  de  Teck, 
y  a  inftitué  une  foire.  Lorsqu'Ulric  de  V/urtenberg,  fils 
du  comte  Evrard ,  époufa  Elifabeth  ,  fille  de  l'empereur 
Louis  IV,  on  lui  donna,,. cette  petite  ville  comme  partie 
delà  dot;  mais  à  condition  de  rachat.  Gundelfingen  re- 
vint à  la  Bavière  en  1449,  comme  on  peut  le  voir  dans 
laChronique  de  Suabe,  écrite  par  Crufius,  t,. part.  p.  268» 
En  1 505  ,  elle  paffa  à  la  maifon  Palatine. 

2.  GUNDELFINGEN  ,  félon  Zeyler ,  ïbU.  ancien 
château  d'Allemagne  ,  dans  la  haute  Suabe.  Il  y  avoit 
autrefois  une  famille  illuftre  de  ce  nom.  Ce  château  eft 
tombé  en  ruine  :  la  feigneurie  qui  en  dépendoit ,  paffa 
aux  comtes  de  Helffenftein  ,  Se  de.  cette  maifon  dans 
celle  des  comtes  de  Furftenberg ,  qui  la  poftède  à  titre 
de  baronnie.  Zeyler  diftingue  ces  deux  GUNDELFIN- 
GEN ;  il  appelle  celui-ci  le  haut  ,  Se  le  BAS.  D'Au- 
difietne  diftingue  rien,  &  donne  aux  comtes  deFurften- 
ber  j-Blomberg ,  celui  qui  eft  auprès  du  Danube.  Bau- 
drr.nd,  Mati  Se  Corneille  l'ont  fuivi  :  je  crois  qu'ils  fe 
trompent. 

GUNDELSHEIM ,  petite  ville  ou  bourg  d'Allema- 
gne, dans  la  Suabe;,  au  Craichgow,  fur  lanve  droite  du 
Necker,  au-deffous  de  Hailbron  :  mais  comme  il  appar- 
tient au  grand-maître  de  l'ordre  Teutonique  ,  on  le  range 
fous  le  cercle  Je  Franconie.  11  y  a  fur  la  hauteur  le  châ- 
teau de  Horneck ,  qui  eft  la  réfidence  d'un  commandeur. 
*  Zeyler,  Francon.  Topogr. /.  71. 
GUNDIS.  Voyez  Gondes. 
GUNDOSA.  Voyez  Godasa. 
GUNDUNI.  Voyez  Gorduni. 
GUNELENSIS  ou  Gunelmensis  ,  fîege  épiscopal 
d'Afrique  ,    dans  la  province  proconfulaire  ,    lelon  la 
Conférence  dejCarthage,  où  il  eft  parlé  de  Paschafius  , 
évêque  de  ce  lieu. 

GUNI  ,  petite  ville  d'Ane  Cur  la  mer  Noire  ,  aux 
confins  de  la  Turquie  Se  de  la  Mmgrelie,  félon  Taver- 
nier,  Voyage  de  Perfe,  1.  3.  C'eft  la  même  chofe  que 
Gonie.  Voyez  ce  mot. 

GUNTERSTHAL  ,  abbaye  de  filles  de  Tordre  de 
Cîteaux,  dans'  la  Suabe ,  au  Brisga-w,dans  le  voifinage  de 
I  Fïibourg. 

GUNTIA  ,  ancienne  ville  de  la  Rhetie ,  fur  le  Da- 
nube ,  félon  Beatus  Rhenanus,  Rer.  Gcrman.  I.  t),p.  340, 
qui  la  nomme  GuNTZEBURG.  Voici  ce  qu'il  remarque  à 
ce  fujet  :  il  y  a  dans  la  première  Rhetie  un  bourg  ,  Se 
une  rivière  que  l'on  nomme  Rha.ua  ;  les  Allemands , 
qui  envahirent  ce  pays  ,  appelleront  l'un  Se  l'autre  Gunt^e- 
bourg.  La  Notice  de  l'empire  ,  feft.  59,  met  Guntia  au 
nombre  des  garnifons  Romaines.  Auprès  de  Guntia  étoit 
unpaflagedu  Danube,  nommé  Guntknfis  Trajeflus  ou 
Tranfitus  :  un  ancien  panégyrifte  dit  à  1  empereur  Maxi- 
mien :  Et  à  ponte  Rlunï  usque  Danubïi  tranjitum  Gun- 
tienfem  devafiata  atque  exhaujla  penitus  Alemania.  Ce 
pont  du  Rhin  ,  eft  le  pont  de  Mayence.  11  y  a  encore  à 
préfent  à  Guntzbourg  un  pont  fur  le  Danube.  Antonin,  Iti- 
ner,  parle  auffi  de  Guntia,  6c  la  met  à  vingt  mille  pas 
d'Augsbourg,  &  à  feize  du  mont  Celius.  Cette  route  fait 
voir  que  ce  nom  ne  fignifie  pas  le  bourg,  mais  la  rivière 
de  Guntia ,  aujourd'hui  le  Guntz,  que  l'on  traverse  en  effet 
en  allant  d'Augsbourg  à  Kelmuntz  fur  î'Iler.  Voyez  Guntz, 

GUNTZEBOURG. 

GUNTIA ,  rivière.  Voyez  Guntz. 

GUNTZ  ,  rivière  d'Allemagne  clans  la  Suabe.  Elle  a 
fa  fource  à  "Wefter-Rieden ,  village  de  la  principauté ,  Se 
abbaye  de  Kempten  ,  auprès  du  village  de  Gunt^berg; 
Se  une  autre  fource  au  village  de  G^qrc/^dans  le  même 
pays  :    cette  dernière  fe  groffit  d'un  riùfleau  auprès  de 


Gunti ,  ensuite  les  deux  fourcesfe  joignent  ;  elle  ferpente 
de-là  vers  le  nord,  paffe  à  Babenhaùfen  ,  reçoit  une  au- 
tre rivière  ;  arrofe  Ichenhaufen  ,  Se  enfin  fe  perd  dans  le 
Danube  à  Guntzebourg.  *Jaillot.  Cours  du  Danube. 

GUNTZEBOURG  ou  Guntzbourg  ,  Guntia  ; 
petite  ville  d'Allemagne,  au  cercle  de  Suabe,  à  l'embou- 
chure de  la  rivière  de  Guntz  dans  le  Danube,  à  environ, 
trois  milles  d'Ulm  ;  elle  appartient  au  margraviat  de 
Burgaw  ;  Se  c'eft,  félon  Beatus  Rhenanus ,  le  Guntknfis 
Tranfitus  des  anciens.  Il  prétend  que  du  tems  de  l'em- 
pereur Conftantius  on  la  nommoit  Contia.  Les  apparte- 
nons du  château  ne  font  pas  fort  beaux  ;  il  y  a  un  joli 
bain,  Senne  grande  fale,  dans  laquelle  on  vovoit  avant 
la  longue  guerre  d'Allemagne  ,  diverses  hiftoires  repre- 
•fentées  ,  'fur-tout  les  principales  aftions  de  l'archiduc 
Ferdinand,  frère  de  l'empereur  Maximilien  II,  outre  les 
portraits  de  feize  margraves  du  Burgaw  :  la  ville  eft  fin 
un  terrein  élevé  ;  plus  bas,  près  de  l'eau,  font plufieurs 
maifons  Se  édifices  ;  Se  comme  cette  ville  eft  un  palWe 
pour  ceux  qui  vont  d'Augsbourg  à  Ulm  ,  on  n'y  manque 
pas  d'auberges.  *  Zeyler,  Suev.  Topogr. 

GUNTZEN,  montagne  de  Suifie,  au  comté  de  Sar- 
gans ,  près  du  .bourg  de  Flums.  Il  y  a  dans  cette  mon- 
tagne trois  fortes  de  minières  ,  du  mélange  desquelles 
on  tire  de  fort  bon  acier  :  on  les  fond  dans  le  village  de 
Quinten ,  &  on  fait  l'acier  à  Flums  :  on  remarque  que 
fi  on  ne  mêle  que  deux  de  ces  minières  ,  il  n'eu  réfulte 
que  du  fer  :  pour  avoir  de  l'acier  il  faut  fondre  lés  trois 
ensemble  en  une  certaine  proportion,  qui  n'efi  c 
que  de  ceux  qui  y  travaillent.  Pour  les  tirer  de  la  mon- 
tagne ,  on  y  a  déjà  creufé  plus  de  demi-liere  de  profon- 
deur :  cette  fonderie  appartient  à  des  particuliers.  La 
montagne  de  Guntzen  produit  auffi  du  talc. 

GUNTZENHAUSEN  ,  petite  ville  d'Allemagne , 
dans  la  Franconie  ,  fur  la  rivière  d'Altmul  ,  à  un  mille 
de  V/eiffenbourg  ,  auprès  d'une  forêt  :  elle  appartient 
au  margrave  d'Anspach.  En  1368",  Guillaume  de  Secken- 
dorfla  vendit  au.burgraye  de  Nurenberg  :  elle  eft,  à- 
peu-près ,  fur  la  route  de  Nordlingen  ou  d'Oettingen  à 
Nurenberg  par  le  Hanenkam.  *  Etat  6*  délices  de  l.t 
Suife  ,  t.  3  ,  p.  191. 

GUNUGI ,  ancienne  ville  de  la  Mauritanie  Cefa>; 
rieuse.  Antonin  dans  ion  Itinéraire ,  la  met  entre  Car- 
t\li  Se  Ctfarée ,  colonie,  à  douze  mille  pas  de  l'une  Se 
de  l'autre.  Pline,  /.  5 ,  c.  2,  la  nomme  Gunugi ,  Anto- 
nin Gunugus  ;  l'anonyme  de  Ravenne ,  /.  3,  c.  8,  auiïï 
Gunugus.  Cette  ville  étoit  épiscopale.  La  Notice  d'Afri* 
que  nomme  Auxilius  Gunagitanus  ;  il  faut  lire  Gunu- 
gitanus.  C'eft  vraifemblablemcnt  la  CANUCCIS  de  Pto- 
lomée. Voyez  ce  mot.  Le  P.  Hardouin  croit  que  Gunugi 
eft  prêïentement  Mestagan. 

GUOL,  rivière  de  Corse.  Voyez  Gole» 

GUPLO.  Voyez  Goplo. 
.GUR;£Ï,  peuple;  & 

GUR.EUS ,  rivière  de  l'Inde,  félon  Arien  ,  Alex.  1. 4, 
c.  2),  qui  dit  qu'Alexandre  la  paffa  en  allant  contre  les 
A[jacenii  il  marcha  ,  dit  ce  hiftonen,  à  travers  les  Gu- 
reens  ,  Se  paffa  le  fleuve  Gurée ,  qui  porte  le  même  nom 
que  le  pays  :  le  trajet  fut  difficile  ,  tant  à  calife  de  la 
profondeur  Se  de  la  rapidité  du  fleuve  ,  qu'à  caufe  des 
pierres  rondes  qui  font  fous  l'eau  ,  Se  qui  faifoient  faire 
de  taux  pas. 

GURANII ,  peuple  d'Afie  ,  vers  l'Arménie  Se  la  Mé- 
die,  félon  Strabon  ,  /.  11  ,  p.  531. 

GURASIUM  Volfanharum,  ancienne  ville  d'Italie, 
félon  Diodore  de  Sicile,  /.  14.  Amiot  lit  Samnitum ,  au 
lieu  d'oWa-  -viVv  ,  qui  eft  dans  le  grec  ordinaire,  Se  par 
confequent  met  cette  ville  au  pays  des  Samnites. 

GURBAAL  ,  lieu  nommé  au  fécond  livre  des  Para- 
lipomenes  ,  c.  !26.  S.  Jérôme  dit  que  c'eft  Gerara  ,  où 
Abraham  voyagea.  *0rte/.Thef. 

GURBATHA  ou  Gorbata  ,  TV*'5a  ,  ville  de  la 
Méfoporamie,  dans  les  terres,  félon  Ptolomée,/.  s;,c.  18. 

1.  GURCK.,  ville  ^Allemagne  ,  dans  la  baffeLCa- 
rinthie,  fur  la  petite  rivière  de  même  nom  :  elle  a  un 
évêehé  fuffragant  de  Saltzbourg  ,  érigé  l'an  1073  ,  à 
l'inftance  des  archevêques  de  Saltzbourg,  qui  en  qualité 
de  patrons  en.,  dévoient  avoir  la  préfentation  ,  Se  en 
donner  l'inveftituie.  Cependant  Ferdinand  I  obtint  que 
de  trois  nominations  ,  il  y  en  auroit  deux  à  l'empereur. 
Tome  III.     Kk 


2î8 


GUR 


GUS 


Cette  ville  eft  à  fix  milles  de  Villach  ,  5c  à  cinq  de  Cla- 
genfurt:  elle  eft  afiez  grande.  *  Baudrand,  éd.  1705. 
Hubntr ,  Géogr. 

2.  GURCK  (le)  ,  petite  rivière  d'Allemagne  ,  dans 
la  Carinthie  :  elle  a  fa  fource  dans  le  lac  de  Sepach,  &c 
une  autre  à  S.  Laurent  ;  ensuite  ces  ruifléaux  le  joignent 
ck  en  reçoivent  plufieurs  autres,  en  fergentant  vers  le 
fud-eft  ;  puis  fe  tournant  vers  le  nord-eft  ,  elle  recueille 
quelques  ruifieaux  ,  entr'autres,  celui  de  Grin  ;  parte  à 
Gurck,  &  à  Strasbourg,  &  lé  jette  dans  l'Olcza,  vis-à- 
vis  d'Altnhof.  *Zeykr,  Carte  de  la  Carinthie. 

3.  GURCK  (le),  petite  rivière  d'Allemagne,  dans 
la  Carniole  ,  &  glus  particulièrement  à  l'extrémité  occi- 
dentale du  Vindischmarck  ,  dans  une  allez  grande  fo- 
rêt :  elle  ferpente  ensuite  vers  l'orient  méridienal  ,  re- 
çoit quelques  ruifléaux  en  chemin  ,  pafle  à  Seifenbourg  , 
où  elle  a  un  pont ,  reçoit  un  autre  ruifleau  à  Anack,  lé 
replie  vers  l'orient  feptentrional ,  pafle  à  Rudolfs-Werd, 
fe  recourbe  vers  l'orient  jusqu'à  Wergel,  enfuite  vers  le 
nord,  puis  enfin  reprend  fon  cours  vers  le  nord-eft; 
pafle  à  Landftras,  où  elle  a  un  pont,  &  fe  perd  dans  la 
Save  ,  un  peu  au-deflus  de  Rayn  ,  aux  confins  de  la  Croa- 
tie &  du  comté  de  Glley.  *  Zeyler ,  Carte  de  la  Car- 
niole. 

GURCKFELD  ,  félon  Zeyler  ,  petite  ville  d'Alle- 
magne ,  dans  la  baîfe  Carinthie,  fur  la  Save,  un  peu  au- 
deflùs  de  Rayn  ;  elle  a  été  autrefois  la  réfidence  de  la 
cour  dû  comte  de  Cilley.  Il  y  a  un  beau  château ,  qui 
appartient  à  MM.  de  Moscou,  &un  couvent  de  Capu- 
cins. Lazius ,  Reip.  Rom,  l.  1  z,  fect.  5 ,  c.  3  ,  prend  cette 
ville  pour  l'ancienne  Quadratum.  Il  y  a  une  ancienne 
inscription  à  la  tour,  où  font  les  clochers. 

GUREIGURA,  montagne  d'Afrique.,  au  royaume  de 
Fez.  Marmol,  t.  z,  L  4,  c.  T,J,p.  204,  en  parle  ainfi. 
C'eft  une  montagne  fort  peuplée  d'où  fort  le  fleuve  d'A- 
gubel ,  qui  va  fe  rendre  dans  le  Beher  vers  le  couchant  : 
elle  eft  près  du  grand  Atlas  ,  à  treize  lieues  de  Fez ,  dont 
elle  eft  féparée  par  les  plaines  d'Eceïs  ;  mais  il  y  en  a 
encore  de  plus  grandes  entr'ellé  &  le  grand  Atlas ,  qui 
font  peuplées  d'Arabes  fédentaires ,  comme  les  Berebe- 

res Les  habitans  portent  le  nom  de  leur  montagne  , 

ck  font  fort  riches  &  belliqueux  ;  recueillent  beaucoup 
de  bled  &  d'orge ,  &  ont  quantité  de  gros  &;  menu  bé- 
tail :  ils  ont  beaucoup  de  villages  fort  peuplés  ;  mais  il 
n'y  a  ni  ville  ni  château ,  ni  bourg  fermé  :  la  difficulté 
des  avenues  leur  fert  de  défense. 

GURGAITENSIS ,  fiége  épiscopal  d'Afrique ,  dans 
la  Bysacene  ,  félon  la  Notice  qui  nomme  Primianus 
Gurgaiunjis.  Il  faut  lire ,  fans  doute ,  Gurgitenfis.  Dans  le 
concile  de  Carthage  ,  tenu  fous  S.  Cyprien,  on  trouve 
un  évêqne  Félix  à  Gurgitibus:  le  lieu  de  fon  fiége  étoit 
nommé  Gurgites. 

GURGISTAN.  (  le)  Voyez  Géorgie. 

GURGITES  ,  lieu  épiscopal  d'Afrique.  Voyez  Gur- 
GA1TENSIS. 

GURGULIENSIS  Locus  ,  lieu  dont  parle  Ives  de 
Chartres,  dans  une  de  fes  lettres,  Epijl.  69.  Ortélius 
croit  qu'il  eft  de  la  Gaule  ,  &  avertit  que  fur  la  marge 
de  fon  exemplaire  il  y  avoit  BuGULIENSIS. 

GURGURES  Montes  ,  montagne  d'Italie  ,  dont 
parle  Varron ,  de  re  Rujî.  1.  a ,  c.  4.  Il  femble ,  dit  Orté- 
lius ,  qu'elle  étoit  au  pays  des  Samnites.  Fulvius  doute 
s'il  ne  faut  pas  lire  Querqueros ,  mot ,  qui  félon  Feftus , 
fignifie  froid.  Ce  ne  feroit  donc  plus  un  nom  propre  ; 
mais  Amplement  une  épithete.  Viftorius  a  remarqué  que 
les  anciens  manuscrits  portent  BuRBURES. 

GURIAUNA,  ville  de  la  Medie ,  félon  Ptolomée, 
/.  6 ,  c.  z.  Elle  étoit  dans  les  terres. 

GURIAUNÉ  ,  ville  de  la  Margiane,  félon  le  même, 
L  6,  c.  10. 

GURIEL ,  province  d'Alie ,  dans  la  Mingrelie,  dont 
pourtant  elle  eft  féparée  à  certains  égards  ;  car  les  prin- 
cipaux de  Guriel  voyant  que  les  Mingreliens  avoient 
fecôuélejoug  du  roi  d'Imirete,  élurent  un  roi  entr'eux, 
qui  jusqu'à  préfent,  dit  Chardin,  Voyages,  t.  I  ,  p. 252, 
s'eft  maintenu  dans  l'indépendance,  par  l'appui  qu'il  a 
du  Grand-Seigneur ,  à  qui  il  paye  un  tribut  annuel  de 
qu'arante-fix  enfans ,  garçons  &  tilles ,  qu'il  envoie  au 
Bâcha  d'Acalziké.  Le  pays  de  Guriel  eft  petit,  &C  res- 
femble  à  la   Mingrelie  pour  les  mœurs  des  habitans  : 


l'on  y  a  la  même  religion  ,  les  mêmes  coutumes,  &  le 
même  penchant  à  l'impureté,  au  brigandage  ci  au  meur- 
tre. Il  confine  au  nord  avec  l'Imirette ,  à  l'orient  au 
Caucafe ,  où  le  Kur  a  fa  fource ,  au  couchant  à  la  mer 
Noire  ,  &  au  midi  à  l'état  du  Turc  :  le  roi  de  Guriel  eft 
Chrétien. 

GURNIGEL  ,  (le)  montagne  de  Suifle  ,  au  canton 
de  Berne  ,  dans  l'Oberland  ou  pays  d'en-haut ,  au  bail- 
liage de  Thoun.  Le  Gurnigel  eft  célèbre  par  un  bain 
d'eau  foufrée  qui  s'y  trouve.  Cette  eau  eft  chaude ,  &  a 
le  goût  de  vitriol.  On  en  ufe,  tant  en  bain  qu'en  boiffbn. 
On  en  porte  beaucoup  à  Berne  ,  où  fon  en  fait  un  grand 
ufage ,  parce  qu'elle  eft  utile  pour  les  foibleflés  d'efto- 
mac,  pour  les  douleurs  des  nerfs,  &  autres  maladies. 
*  Etat  &  délices  de  la  Suffi,  t.  2,  p.  215. 

GUROVAN  ,  montagne  d'Alie,  en  Arabie,  ck  dans 
la  province  de  Hegiaz  ,  auprès  de  la  ville  de  Thayef. 
Elle  eft  très-ftérile.   *  D'HerbeTot ,  Biblioth.  orient. 

GURREA ,  petite  ville  ou  bourg  d'Efpagne ,  en  Ara- 
gon ,  fur  le  Riof  Gallego ,  à  cinq  lieues  de  Sarragoflé  , 
&  environ  à  pareille  diftance  de  Huesca.  On  la  prend 
pour  le  Forum  Gallorum  ,  ou  Gallicum  des 
anciens. 

GURSIQ.  Voyez  Gorsio.  *  Baudrand,  éd.  1705. 

GURTIANA.  Voyez  Gustiana. 

GURULIS  :  il  y  avoit  deux  villes  de  ce  nom  dans 
la  Sardaigne ,  dans  l'intérieur  des  terres  ,  félon  Ptolo- 
mée ,  /.  3  ,  c.  3 ,  qui  les  diftingue  par  les  noms  de  vieille 
&  de  neuve.. 


,  3  ,  qui  les  diftingue  par  les  noms  de  1 
Voici  la  pofition  qu'il  leur  donne. 


Gurulis ,  la  vieille 
Gurulis ,  la  neuve , 


Longitude.  Latitude. 
30  d.  30'.  38  d.  30'. 
30  d.     30'.       37  d.     20'. 


GUSCHA  ,  village  de  Suifle,  au  pays  des  Grifons  ; 
proche  l'a  ville  de  Meyenfeld.  *  Etat  &  délices  de  la 
Suffi ,  t.  4  ,  p.  81. 

GUSELISAR  ,  ville  de  la  Turquie  ,  en  Afie ,  dans 
la  Natolie.  Paul  Lucas ,  qui  croit  que  c'eft  la  Magne- 
fle ,  dans  l'Ionie ,  en  fait  cette  description  dans  fon  troi- 
fiéme  Voyage  ,  /.  1 ,  p.  159.  Gufelizar  n'eft  aujour- 
d'hui que  les  débris  d'une  des  plus  belles  6c  des  plus 
anciennes  villes  de  l'Afie.  Sa  grandeur  paroît  encore  as- 
fez  ,  puisque  je  fus  plus  de  deux  heures  à  en  parcourir 
les  ruines.  Je  marchai  pendant  plus  d'une  heure  fur  des 
monceaux  de  pierres,  où  je  remarquai  plufieurs  fouter- 
reins  très-bien  voûtés.  Il  paroît  que  c'étoient  des  aque- 
ducs qui  conduifoient  les  eaux  dans  la  ville  ;  on  dit 
qu'ils  vont  encore  très-loin  de-là.  A  une  lieue  hors  de 
la  ville,  on  trouve  les  ruines  d'un  temple  fuperbe  ,  dont 
on  voit  encore  trois  belles  arcades  qui  ont  chacune  plus 
de  cinquante  pieds  de  haut:  les  frifes  Se  les  moulures 
ont  confervé  toute  leur  beauté.  Il  y  a  une  apparence 
que  l'on  avoit  pratiqué  dans  l'épaifleur  du  mur  un  de- 
gré pour  monter  aux  galeries  qui  font  fur  ces  arcades  ; 
mais  il  eft  détruit  ou  bouché  par  la>  quantité  de  pierres 
qui  font  au  pied.  Ce  qu'il  y  a  de  plus  remarquable  eft 
une  voûte  fous  terre,  qui  conduit,  à  ce  que  l'on  dit,  à 
plus  de  deux  journées  de-là  :  on  ne  me  fut  dire  à  quel 
ufage  pouvoit  avoir  été  conftruît  ce  fouterrein:  l'on  fait 
là-defius  mille  contes  frivoles.  On  dit  qu'un  amant  pour 
tromper  la  jaloufie  d'un  mari  ,  dont  il  aimoit  la  femme , 
fit  pratiquer  ce  fouterrein  pour  l'aller  voir  dans  une  ville 
voiiïne  où  elle  demeurait.  J'ai  remarqué  que  ce  prodi- 
gieux ouvrage  avoit  été  conftruit  des  ruines  d'un  autre 
encore  plus  ancien ,  car  j'ai  vu  du  côté  du  couchant , 
au-deflus  des  arcades  ,  fur  deux  belles  pierres  de  mar- 
bre deux  inscriptions  qui  font  renverfées.  Il  me  fut  im- 
poflîble  de  tirer  aucune  lumière  des  habitans  du  pays  : 
leur  tradition  porte  feulement  que  la  mer  venoit  autre- 
fois battre  contre  les  murailles  de  la  ville  :  l'on  voit  en 
un  endroit  de  gros  anneaux ,  où  ils  difent  qu'on  amarrait 
les  vaifléaux.  Cette  tradition  me  porte  à  croire  qu'on 
avoit  creusé  un  lac  dans  la  plaine  voifine ,  où  les  eaux 
du  Méandre,  qui  paffent  à  deux  lieues  de  la  ville,  for- 
mulent un  canal  qui  fervoit  à  faire  remonter  les  vaif- 
feaux  de  la  mer  qui  eft  à  dix- huit  ou  vingt  lieues  de-là  ; 
peut-être  même  que  la  mer  n'en  étoit  pas  alors  fi  éloi- 
gnée ,  fes  rivages  ayant  fouvent  changé  dans  cette  par- 
tie de  l'Afie.  Ce  qui  confirme  ma  conjè&ure ,  c'eft  qu'en 


GUS 


GUZ 


labourant  la  terre  dans  cette  plaine  qui  eft  à  prêtent 
très-fértile  &  bien  peuplée,  on  y  trouve  une  infinité 
de  coquillages  ;  d'ailleurs  Gurjil  dans  la  langue  Tur- 
que veut  dire  un  lac  ,  8e  Elifar  une  fortereffe  ;  ainfï 
Guselisar  fera  la  même  chose  que  la  forterejfe  ou  la  ville 
du  lac.  Cette  ville  ne  peut  être  que  celle  de  Magnéfie 
dans  l'Ionie.  Dans  l'endroit  de  la  ville  qui  eft  le  plus  ha- 
bité ,  &  où  il  y  a  plulîeurs  fontaines ,  on  tient  un  mar- 
ché où  les  Arméniens  font  un  grand  commerce  de  foie 
&  de  coton  filé.  Tout  le  pays  aux  environs  eft  couvert 
de  colomnes  de  marbre  ou  de  granité ,  renverfées  ou 
rompues  pour  la  plupart.  Voyez  Magnésie.  Il  ajoute 
qu'il  faut  bien  diftinguer  cette  Magnéfie  d'Ionie ,  dont 
il  eft  ici  queftion,  de  la  Magnéfie  de  Lydie,  au  pied 
du  mont  Sipyle. 

GUSTAVEBOURG  ,  fortereffe  d'Allemagne ,  dans 
le  landgraviat  de  Darmftadt ,  au  confluent  du  Meyn  Se 
du  Rhin.  Guftave-Adolphe ,  roi  de  Suéde,  la  fit  con- 
ftruire  en  1632,  &  l'abandonna  trois  ans  après.  Elle  eft 
à  préfent  ruinée.  *  Baud.  édit.  1705. 

GUSTIANA  ,  ville  de  la  Pannonie  ,  félon  Antonin , 
fur  la,  route  de  Sopiar.œà.  Bregeùo ,  entre  Jovia  Se  Her- 
culia,  à  xxv.  M.  P.  de  la  première ,  Se  à  XX.  M.  P.  de  la  fé- 
conde. L'édition  des  Aides  1518,^.170,  celle  des  Juntes 
1519,  portent  GUSTIANA.  L'exemplaire  du  Vatican , 
l'édition  de  Simler,  celles  de  Zurita  ce  de  Bertius  por- 
tent GURTIANA.  Lazius  lit  Cumana,  Se  croit  que  c'eft 
la  Curta  de  Ptolomée. 

GUSTROV  O  ,  ville  d'Allemagne ,  dans  la  baffe 
Saxe ,  au  duché  de  Meckelbourg  ,  dans  la  Vandalie  pro- 
prement dite.  Elle  eft  nommée  Gustrowe  dans  les 
anciens  aftes.  On  ne  trouve  rien  de  cette  ville  avant 
l'an  1107:  il  en  eft  parlé  à  l'occafion  d'un  avantage  que 
Wratiflas  I ,  duc  de  Poméranie ,  y  remporta.  Thomas 
Kantzovius  (b),  dans  une  Chronique  de  Poméranie,  ma- 
nuscrite, dit  que  l'an  1128,  Otfion,  évêque  de  Bam- 
berg ,  le  même  qui  eft  regardé  comme  l'apôtre  des  Po-  ' 
méraniens ,  envoya  de  Poméranie  des  millionnaires  à 
Guftro'W  pour  inftruire  Se  baiiser  les  Obotrites  Si  les 
Wendes ,  qui  avoient  alors  plus  de  dispofition  qu'aupa- 
ravant à  fe  convertir.  Henri  Burevin  II ,  ou  le  jeune 
duc  de  Mecldembourg ,  augmenta  cette  ville  en  1119 
ck  1220.  Il  y  bâtit  un  château,  lui  donna  le  droit  de 
•ville  Teutonique  ,  &  y  fit  élever  une  églife.  Il  eft  le  pre- 
mier duc  qui  y  ait  réfidé,  après  que  la  ville  de  Verle  , 
eu  il  avoit  eu  fa  cour  eut  été  ruinée.  On  a  encore  vingt- 
quatre  des  loix  qu'il  donna  à  cette  ville.  L'égHfe  collé- 
giale fut  fondée  en  1226  fous  l'invocation  de  fainte  Cé- 
cile ,  dont  la  fête  fe  célèbre  le  22  novembre,  jour  au- 
quel toute  cette  province  abjura  l'idolâtrie.  Guftro'W  fût 
encore  amplifiée  par  Niclot  ou  Nicolas  en  1 24.3  ;  mais 
elle  n'étoit  pas  alors  au  même  lieu  où  elle  eft  à  préfent: 
de  la  droite  du  ruifteau  de  Nebel  ,  elle  a  paffé  à  la 
gauche.  Il  y  a  environ  cinq  iîécles  que  cette  ville  ayant 
été  détruite  par  un  incendie  ,  les  habitans  à  qui  l'autre 
côté  de  la  rivière  plaifoit  davantage  y  bâtirent  des  mai- 
fons  neuves  ,  8c  y  formèrent  la  nouvelle  Guftrow.  La 
vieille  ne  fut  pourtant  pas  abandonnée  entièrement ,  Se 
on  en  rebâtit  une  partie.  La  nouvelle  eut  fon  églife  par- 
ticulière ,  la  vieille  conferva  l'ancienne  ,  qui  appartint 
enlùite  aux  payfans  du  villagede  Suckow.  Avec  le  teins 
elle  eft  tombée  en  ruine  au  feiziéme  fiécle  ;  Se  il  n'en 
refte  plus  qu'une  hauteur  formée  de  l'es  débris  8c  un  lieu 
qui  porte  encore  le  nom  de  l'ancien  cimetière.  Le  refte 
des  ruines  de  l'ancienne  Guftrow  eft:  dans  quelques  mai- 
fons  hors  de  la  ville,  dans  des  jardins  8c  dans  l'hôpital 
de  S.  George.  Guftrow  appartenoit  alors  à  une  branche 
particulière  de  la  maifon  de  Meckelbourg ,  qui  portoit 
le  titre  de  prince  de  Verle  ou  des  Vandales  ;  mais  cette 
branche  s'éteignit ,  Se  les  ducs  de  Meckelbourg  étant 
réffaifis  de  cette  province  en  1436,  s'appliquèrent  à  taire 
"fleurir  Guftrow  ,  qui  pourtant  effuya  quelques  incen- 
dies. La  confeffion  d'Augsbourg  s'y  introduifit  fous  le 
duc  Henri  furnommé  le  Pacifique.  La  fucceffion  de 
Meckelbourg  s'étant  trouvée  réunie  entre  les  deux  frè- 
res Adolphe  ,  Frédéric  1 ,  8c  Jean-Albert  II ,  ils  la  parta- 
gèrent également  :  l'aîné  eut  la  principauté  de  Schewerin, 
8e  fes  annexes  ;  \e  cadet  eut  Guftrow,  la  Vandalie, 
8e  pays  qui  en  dépendent.  De-!à  vint  la  diftinftion  du 
duc  de  Guftrow  Se  du  duc  de  Schwerin  :  cette  diftinc- 
ti'on  ne  fubfifte  plus.  Guftave-Adolphe  ,  fils  d'Albert  II , 


2S9 


étant  mort  en  1691  ,  trois  ans  après  fon  fils,  n'ayant 
qu'une  fille  ?  la  branche  de  Schwerin  rentra  en  poffes- 
iïon  du  duché  de  Guftrow.  La  ducheiTe  douairière  oc- 
cupa le  château  jusqu'à  fa  mort.  Ce  château  eft  le  plus 
beau  Se  le  plus  riant  qu'il  y  ait  dans  tout  le  pays.  C'eft 
un  grand  édifice  à  quatre  faces ,  où  pourtant  un  des  an- 
gles manque  encore.  Il  eft  accompagné  d'un  magnifique 
jardin.  Guftrow  eft  à  quatre  milles  au  midi  de  Roftock , 
à  fept  au  levant  de  Wismar ,  à  huit  de  même  de  Schwerin  , 
Se  à  deux  Se  demie  fud-eft  de  Butzow.  Mémoires  drejfés 
fur  les  lieux  en  1718.    *  MUml ,    Hift,  Polit.  Pomer. 


GY 


UTjE,  ancien  peuple  de  la  Scandinavie  ,  félon 
Ptolomée.  Ils  parlèrent  enlùite  dans  la  Chersonnefe  Cim- 
brique,  où  ils  donnèrent  leur  nom  au  Jutland.  La  pro- 
nonciation du  G ,  devant  un  u  ,  Gu ,  diffère  peu  de 
celle  de  notre  Ju  chez  les  peuples  qui  parlent  la  langue 
Teutone.  Voyez  Goths  ,  &  Jut^E» 

GUTENZÊLL,  Dei  Cella  ou  Bonacella,  abbaye 
de  l'ordre  de  Citeaux  ,  dans  la  Suabe  ,  au  diocèfe  de 
Confiance  ,  à  une  lieue  au  nord-eft  de  celle  d'Ochfen- 
haufe'n.  Cette  abbaye,  qui  eft  de  filles ,  fut  fondée  en  1257. 

GUTSTAT,  ville  de  laPruffe  royale,  fur  la  rive  ga» 
chedel'Alla,  au  fudoueft  d'Heilsperg.  Longitude  38  d. 
42';  latitude  53  d.  52'. 

GUTTA ,  ville  de  la  haute  Hongrie ,  dans  un  lieu 
marécageux  ,  entre  une  branche  du  Danube ,  du  Waag 
Se  du  Swartz ,  à  un  mille  de  Newhausel.  Cette  ville , 
dit  Edouard  Brow  ,  Voyage  de  Komara,  p.  124,  eft 
bâtie  depuis  les  dernières  guerres ,  Se  eft  à  préfent  bien 
fortifiée. 

GUTTALUS,  rivière  de  la  Germanie  ,  félon  Pline, 
/.  4,  c.  14.  Cluvier.  Ger'man.  Ant.  1.  3  ,  c.  49 ,  a  &• 
vain  ment  prouvé,  contre  Junius,  que  c'eft  préfentement 
YOJer.  Voyez  ce  mot. 

GUTTONES  ,  ancien  peuple  de  la  Germanie ,  qui 
habitoit  le  golfe  Mentonomon ,  aujourd'hui  le  Frisc'h- 
Haff ,  félon  le  plus  commun  fentiment.  Quant  aux'  Gui- 
tones  on  les  a  connus  dans  la  fuite  fous  le  noms  de  Goths. 
Voyez  ce  mot. 

_  GUTZKOW,  ville  d'Allemagne,  dans  laPoraéranie 
citéneure  ,  entre  Loytze  Se  Anclam ,  fur  la  riyiere  de 
Peene ,  dans  un  comté  dont  elle  eft  le  chef-lieu  ,  Se  au- 
quel elle  donne  fon  nom.  Lorlque  Otthon  ,  évêque  de 
Bamberg ,  l'apôtre  de  la  Poméranie ,  prêchpit  la  foi  , 
Gutzkowfùt  la  première  qui  fe  convertitauChnfuarmme, 
Mitzlaff,  fon  comte,  s'étant  fait  baptiser  à  la  diète  d'Uffdom. 
C'étoit  alors  une  ville  très-diftinguée  ;  mais  ion  château 
ayant  été  rafé  par  les  habitans  de  Stralfonde  Si  de  Grçifs- 
walde  en  1386,  elle  déchut  au  point  qu'elle  devint  un 
très-petit  bourg.  Quelques-uns  lui  confervent  cependant 
le  rang  de  ville.  Le  faint  évêque  Otthon  dî  Bamberg  y 
a  autrefois  féjourné  ,  prêché,  bapt'sé,  Se  bâti  une  église, 
après  avoir  détruit  le  temple  des  fauffes  divinités.  *  Zeyler, 
Pomeran.  Topogr.  p.  6f. 

Le  comté  de  GUTZKOW  comprenoit  autrefois 
Greiffswakle  ,  Loytze  8c  l'abbaye  d'Eldenow.  C'étoit 
même  le  fiége  d'un  prévôt  Se  d'un  fynode ,  duquel  quel- 
ques paroiffes  relevoient  pour  le  fpirituel  ;  mais  cela  eft 
changé  ,  Se  ces  paroiffes  font  maintenant  partagées  entre 
"W  olgatz  8c  Greirïswalde  ;  8c  Gutzkow  même  relevé  à 
préfent  du  fynode  de  GreiiTswalde.  Cette  ville  .rut  prife 
Se  faccagée  en  1357  par  les  Danois  Se  les  Rugiens.  Jean, 
dernier  comte  de  Gutzkow,  étant  mort  fans^enfans  ,  les 
ducs  de  Poméranie  fe  faifirent  de  ce  comté  ,  par  droit  de 
dévolution  ,  8c  le  partagèrent  entr'eux  ;  l'empereur 
Charles  leur  en  donna  l'inveftiture.  Il  eft  préfentement  à 
la  Suéde. 

GUYER  (le)  ,  félon  Baudrand ,  rivière  de  France  , 
en  Dauphi'né.  Elle  a  fa  fource  dans  les  montagnes  de  la 
grande  Chartreufe ,  d'où  courant  au  nord  ,  elle  fépare 
la  France  de  la  Savoye  ;  Se  paffant  au  pontBeauvoiiin, 
elle  fe  jette  dans  le  Rhône ,  au-deffous  de  Saint-Genis- 
l'Hôte ,  à  douze  lieues  au-deffus  de  Lyon. 

GUYOLE.  Voyez  Guiole.    ' 

GUZABENSIS'ou  plutôt  Guzabetensis  ,  fiege 
épiscopal  d'Afrique.  Innocent ,  fon  évêque ,  afïïfta  à  la 
conférence  de  Carthage  ;  mais  on  ne  fait  dans  quelle 
province  il  étoit. 

GUZARATE,  Guzerat  ou  Guzurate,  autrefois 
royaume  particulier  de  l'Indouftan-,  dans  la  presqu'ifte 
To/iu  III,      K  k  ij 


î6o 


GYA 


GYN 


d'en-decà  le  Gange  ,  &  maintenant  province  de  l'em- 
pire du  'Mogol.  Nous  obfervons  ailleurs  qu'il  avoit  été 
autrefois  fort  étendu  ,  &  comprenoit  le  royaume  de 
Cambaye&c  le  Decan.  Vers  l'an  1545  ou  1546,  Sultan 
Mamoët,  roi  de  Guzerat,  étant  près  de  mourir,  confia 
la  tutelle  de  fon  fils  unique,  &c  le  gouvernement  général 
de  fon  état  à  un  grand  lëigneur  ,  dont  l'ambition  excita 
l'envie  &  la  révolte  des  grands  du  royaume.  Pour  fe 
maintenir  dans  fon  autorité  ,  ce  gouverneur  eut  recours 
au  Mogol  Ecbar  ou  Akébar  ,  dont  il  rechercha  la  pro- 
tection, fous  prétexte  de  la  demander  pour  Mudater  fon 
pupille ,  qui  étoit  en  bas  âge ,  &  dont  le  pouvoir  n'étoit 
pas  afTez  établi  pour  conferver  fon  tuteur,  contre^  la  ligue 
des  grands  qu'il  avoit  irrités.  Il  promit  de  lui  céder  une 
ville  avec  fon  territoire.  Akébar  vint  effectivement  à  fon 
fecours,  en  1565,  &  fournit  tous  ceux  qui  s'oppofoient 
à  lui,  &  que  le  gouverneur  accufoit  d'être  les  ennemis 
de  fon  roi  ;  mais  au  lieu  de  fe  contenter  de  la  ville  pro- 
mife ,  il  fe  faifit  de  tout  le  royaume  ,  &C  en  fit  le  roi  & 
le  gouverneur  prifonniers  ,  fans  que  jamais  ce  malheu- 
reux prince  y  pût  rentrer.  Il  eft  vrai  qu'il  trouva  le 
moyen  de  s'évader,  &  fit  quelques  efforts  ;  mais  ils  fu- 
rent inutiles,  car  il  fut  vaincu,  &  pris  encore  une  fois  : 
enfin  le  défefpoir  l'obligea  à  s'ôter  lui  -  même  la  vie. 
*  Thevenot ,  Voyage  des  Indes,  c.  4, p.  18. 

Cette  province  eft  la  plus  agréable  de  l'Indouftan , 
quoiqu'elle  ne  foit  pas  la  plus  grande.  Le  Nerdaba ,  le 
Tapa  &c  plufieurs  autres  rivières,  qui  Farrofent,  la  ren- 
dent très-fertile;  &C  fes  campagnes  font  remplies  de  ver- 
dure ,  durant  toutes  les  faifons  de  l'année ,  à  caufe  des 
bleds  tk  du  riz  dont  elles  font  couvertes,  &  des  diver- 
fes  espèces  d'arbres  qui  fourniffent  continuellement  des 
fruits.  Ses  villes  &  bourgs  font , 


Amadabad,  capitale, 
Surate , 
Cambaye  , 
Beriao , 
Qucljfler, 
Baroche, 
Sourban  , 
Debea, 
Petnad  , 


Soufentra , 
Mader , 


Rageapout 
Goga, 
Patan, 
Diu,  aux 
Nariad , 
Se  Mamadebad. 


Selon  Thevenot ,  le  Guzerat  paye  ordinairement  au 
Mogol  vingt  millions  cinq  cents  mille  livres  par  an.  Se- 
lon le  P.  Catrou  ,  Hijloire  générale  du  Mogol,  p.  349  ,  il 
y  entretient  dix  mille  cavaliers.  Ce  père  dit,  p.  361 , 
que  l'abondance  des  grains  qu'on  recueille  danscepays, 
&  les  marchandées  précieufes  qu'on  y  fabrique ,  lui  don- 
nent beaucoup  de  réputation.  On  en  transporte  des  toi- 
les d'or  &c  d'argent  &  des  étoffes  de  foie.  On  y  travaille 
en  orfèvrerie  &  en  joyaux  de  toutes  fortes.  Il  ajoute  ail- 
leurs qu'il  renferme  dans  fon  enceinte  neuifarcas  ou  pro- 
vinces, &C  dix-neuf parganas  ou  gouvernemens,  &  qu'il 
paye  à  l'empereur  deux  carols  ,  trente-trois  lacs,  & 
quatre-vingt-quinze  mille  roupies.  Un  carol  vaut  cent 
lacs,  c'eft-à-dire  ,  dix  millions  :  un  lac  vaut  cent  mille 
roupies,  ck  une  roupie  vaut,  à-peu-près ,  trente  fols  de 
de  France.  Ainfi  cette  fomme  furpaffe  de  beaucoup  celle 
que  marque  Thevenot. 

GUZUNTINA.  Baudrand  appelle  ainfi  une  partie  du 
royaume  d' Alger ,  qui  comprend  les  pays  de  Bugie  ck  de 
Conftantine. 

GYAROS,  petite  ifle  de  l'Archipel  ;  un  fragment  de 
Pétrone  en  détermine  la  fituation  auprès  de  Delos  : 

Delos  jam  Jlabili  revincla  terra  , 
OLim  purpureo  mari  natabat  ; 
Et  moto   levis  hinc  &  ïnde  vento , 
Ibat  jluctibus  inquiéta  fummis. 
Mox  illam  geminis  Deus  catenis 
Hac  alta  Gyaro  ligavit  ,  illac 
Conjlanti  Mycono  dédit  tenendam. 

Ce  qui  veut  dire  que  l'ille  de  Delos  ayant  long-tems 
flotté  fur  la  mer  au  gré  des  vents ,  Dieu  prit  deux  chaî- 
nes ,  dont  il  l'attacha  d'un  côte  à  l'ifle  de  Gyaros ,  & 
de  l'autre  à  l'ifle  de  Mycone.  Strabon  ,  /.  10,  p.  485  ,  ne 
met  à  Gyaros  qu'un  mauvais  village,  habité  par  des  pê- 


cheurs. Tacite  ,  Annal.  I.  3 ,  c.  69 ,  dit  que  cette  ifle 
eft  fauvage  &  peu  cultivée  par  les  hommes.  Pline ,  /.  4 , 
c.  12,  dit  :  Gyaros  avec  un  bourg  ;  elle  a  environ 
douze  mille  pas  de  circuit  :  elle  eft  à  foixante-deux  milles 
d'Andros.  Mêla  écrit  auffi  Gyaros  :  les  R.omains  y  re- 
léguoient  les  criminels.  Tacite,  Annal.  l.-$  ,  c. 68,  dit: 
Lucius  Pifon  opina  qu'il  falloit  interdire  le  feu  Si  l'eau 
àSilanus,  &  le  reléguer  à  l'ifle  de  Gyaros.  Juvenal , 
Sat.  1 ,  v.  73  ,  dit  : 

Aude  aliquid  brevibus  Gyaris  &  carcere  dignum  t 
Si  vis  ejje  aliquis. 

Elle  eft  fort  petite  en  effet ,  encore  une  partie  eft-elle  cou- 
verte de  rochers  ;  ce  qu'il  exprime  ainlï ,  Sat.  10  ,  v.  170  : 

Ut  Gyara  claufus  feopulis  parvaque  Seripho. 

C'eft  à  préfent  Joura ,  ifle  déferte. 

GYAS  ,  contrée  de  Sicile ,  félon  Plutar  que ,  &  partie  da 
territoire  de  Syracufe.  Aretius  tient  que  c'eft  préfente- 
ment  la  Cava  di  Giorgia  ;  &c  Cluvier.  Sicil.  Ant.  croit 
que  c'eft  Longarina  &  Cuba. 

GYFHORN  ,  ville  d'Allemagne ,  dans  la  baffe-Saxe  , 
au  duché  de  Lunebourg  ,  fur  deux  rivières  qui  s'y  ren- 
contrent ,  favoir  V  Aller  &  Vlfe.  La  première  vient  du  pays 
de  Magdebourg  ,  &  toutes  les  deux  viennent  du  levant 
jusqu'auprès  du  château  ,  &  fe  joignent  derrière  la  ville  , 
où  elles  baignent  de  belles  prairies  ,  &r.  fourniffent  du 
poiffotî.  La  ville  eft  peu  de  chofe  par  elle-même  ,  & 
beaucoup  plus  longue  que  large  :  entre  autres  commer- 
ces des  habitans  ,  ils  braffent  d'excellente  bière  dans  le 
goût  de  la  Bretagne.  Le  château  eft  fort  beau.  Il  y  en 
avoit  un  vieux  ,  au  lieu  duquel  celui-ci  fut  bâti  en  1 525  , 
par  le  duc  François  de  Brunswik  &  de  Lunebourg  qui  y 
réfidoit  ;  ce  château  eft  bien  fortifié  à  la  manière  antique. 
*  Zeyhr  ,  Brunsvici  Topogr.  p.  90. 

G'YFYRA  ,  heu  dont  il  eft  parlé  au  code  Thedofien  , 
au  fixiéme  titre  des  Préteurs  &  des  Quefteurs.  Ortélius 
Thef.  doute  fi  ce  n'eft  point  GEPHYRA. 

GYGjEUS  ,  lac  de  Lydie.  Quintus  Calaber  en  fait 
mention. 

GYGARIUM  ,  lieu  de  la  Cilicie  ,  vers  les  détroits  du 
mont  Amanus,  félon  Curopalate. 

GYGAS  ,  promontoire  d'Afie  ,  dans  la  Troade  ,  près 
de  Dardanus,  félon  Strabon  ,  /.  13. 

GYMNASIA ,  ville  d'Afie  ,  quelque  part  vers  la  Col- 
chide,  félon  Diodore  de  Sicile  ,  /.  14.  C'eft  peut-être 
laGYMNIAS  deXenophon,  Cyr.  Exped.  4. 

GYMNESLE.  Voyez  Baléares. 

1.  GYMNETES.  (les)  Cratès  de  Pergame  nomme 
ainfi  certains  Indiens  qui  vivoient  au-delà  de  cent  ans. 
Quelques-uns  ,  dit  Pline  ,  /.  7  ,  c.  2  ,  les  appellent 
Macrobiens. 

2.  Il  y  en  avoit  d'autres  de  même  nom  ,  félon  cet  auteur  , 
dans  l'Afrique ,  à  l'orient. 

3.  Outre  cela  les  Gymenetes  Pharufii  qui  s'étendoient 
jusqu'à  l'occident  :  le  P.  Hardouin  les  plaça  le  long  du 
Niger ,  en-deçà  de  ce  fleuve. 

4.  GYMNETES  ,  peuple  de  l'Espagne  Tarragonoife, 
félon  Feftus  Avienus. 

1.  GYNjECON  Portus,  port  de  mer  ,  entre  Ana- 
ple  &  Leofthenie  ,  félon  Etienne  le  géographe.  Ce  port 
étoit  auprès  de  Conftantinople.  *  Dyomf.  Anapl. 

2.  GYNjECON  ,  port  de  mer  ,  dans  la  Gedrofie  y 
félon  Ptolomée ,  /.  6  ,  c.  21. 

Ce  nom  veut  dire  kport  des  femmes. 

GYN^COCRATUMENI  ,  peuple  Sarmate  ,  dans 
l'Afie,  auprès  des  palus  Meotides,  félon  Mêla,/.  1  ,  c.  19; 
vers  l'embouchure  du  Tanaïs  ,  félon  Pline  ,  /.  6  ,  c.  7. 
Ce  nom  leur  fut  donné  ,  parce  qu'après  la  bataille  du- 
Thermodon  ,  ils  fe  prêtèrent  aux  Amazones  pour  avoir 
commerce  avec  elles  ,  &  leur  donner  des  enfans.  On 
les  nommoit  Sauromates  ,  félon  Ephorus  ,  cité  par  l'au- 
teur d'un  Périple  du  Pont-Ëuxin,  dont  nous  n'avons  qu'un 
fragment  dans  la  colleftion  d'Oxford,^.  2:  Juxtà  Eplw 
rum  verb  vocatur  Sauromatarum  gens.  Cum  his  Sauro- 
matis  dicunt  coiffe  amazones  ,  cùm  quondam  venijjént  à 
preelio  circà  Thcrmodontem  jluvium  commiffb  ,  quâ  de 
causa  Sauromatœ  di'clifunt  Gyn^ECOCRATUMENI. 

1.  GYNjECOPOLIS  ,  ville  de  Phenicie,  félon  Etienne 
le  Géographe. 


GYR. 


GYZ 


t.  GYNjECOPOLIS  ,  ville  d'Egypte ,  félon  Strabon  , 
l.  17  ,  p.  8o-$. 

Ce  nom  lignifie  la  ville  des  femmes.  Le  P.  Hardouin 
femble  croire  que  ces  deux  auteurs  ont  parlé  d'une 
même  ville  ;  en  ce  cas  on  doit  dire  qu'Etienne  l'a  bien 
déplacée. 

GYÎnLECOPOLITES  Nomos  ,  contrée  d'Egypte  , 
félon  Pline  ,  /.  5  ,  c.  9  ,  Strabon  la  nomme  Gynxcopoli- 
tanapmfeciura.  Elle  étoit  du  côté  de  l'Afrique  ,  hors  du' 
Delta. 

GYNAICRATUMENIENS  ,  peuples  anciens  de  la 
Sarmatie  d'Europe.  Ils  habitoient  autour  du  Tanaïs  ,  & 
n'avoient  point  de  femmes  chez  eux  ,  ce  que  leur  nom 
fait  connoître.  Ces  peuples  fe  marioient  avec  les  Amazo- 
nes qui  leur  rendoient  tous  les  enfkns  mâles  ,  retenant 
avec  elles  ceux  de  l'autre  fexe.  *  Corn.  Dift. 

GYNDES  ,  rivière  d'Afie  ,  dont  le  cours  eft  ainfî 
décrit  par  Hérodote,  /.  5  ,  c.  52,  &c  /.  1  ,  c.  189.  C'eft 
le  quatrième  des  fleuves  d'Arménie  que  l'on  paffe  en 
bateau.  Il  a  fa  fource  dans  les  montagnes  Matienes  ,  _  tra- 
verse le  pays  des  Dardanéens ,  &  fe  jette  dans  le  Tigre, 
autre  rivière  qui,  coulant  auprès  de  la  ville  d'Opis  ,  fe 
jette  dans  la  mer  Erythrée.  Cyrus  le  voulant  pafler ,  Sr. 
ne  le  pouvant  fans  bateau ,  un  des  chevaux  blancs  qui 
étoient  facrés  ,  étant  eritré  dans  l'eau  ,  pour  palier  le 
fleuve  ,  fut  emporté  &C  fubmergé  par  les  flots.  Cyrus  pi- 
qué de  cette  avanture  ,  menaça  le  fleuve  de  l'arFoiblir, 
fi  bien  que  des  femmes  le  pourroient  pafler  fans  fe  mouil- 
ler les  genoux.  Pour  cet  effet  il  fit  tirer  au  cordeau  cent 
quatre-vingt  canaux ,  qui  aboutiflbient  à  cette  rivière  de 
chaque  côté  :  l'ayant  ainfi  partagée ,  en  trois  cents  foi- 
xante  rigoles ,  il  prit  le  chemin  de  Babylone.  Ammien 
Marcellin  le  nomme  avec  le  Choaspe  qui  tombe  dans 
le  Tigre.  Mais  comme  après  les  faignées  que  Cyrus  fit 
à  ce  fleuve ,  il  ne  paroît  pas  qu'il  ait  repris  fon  ancien 
cours,  il  y  a  bien  de  l'apparence  que  le  Gyndesd Am- 
mien Marcellin  n'eft  pas  le  Gyndes  d'Hérodote  ,  mais 
le  Gyndes  qui  ,  au  rapport  de  Tacite  ,  féparoit  les 
Dahes  &  les  Arriens. 

GYPLE,  wmas,  roche  de  Gypie  ,  nom  d'un 
lieu ,  dont  Eschyle  fait  mention  dans  fes  Suppliantes. 

GYPOPOLIS ,  lieu  de  Thrace  ,  dans  le  voifmage  de 
Conftantinople  ,  félon  Denis  de  Byzance  ,  de  Trat. 
Bosph. p.  ij,edit.  Oxon.  C'eft  une  colline  de  roche,  à 
laquelle  le  nom  de  Gypopolis  a  été  donné ,  foit  à  caufe 
de  la  cruauté  des  Thraces  &  des  Barbares  ,  car  on  dit 
qu'elle  a  été  autrefois  habirée  par  des  fujets  du  roi  Phi- 
née  ,  gens  d'une  inhumanité  extrême  ;  foit  parce  que 
quantité  de  vautours  fe  plaifent  en  cet  endroit. 

GYPSARA,  Tu\iça.  ,  ville  de  la  Mauritanie  Cefa- 
riense,  félon  Ptolomée,  /.  4,  c.  2.  C'étoit  un  port  de 
mer,  entre  le  grand  promontoire,  &c  la  ville  &c  colonie 
de  Siga.  Outre  cela,  elle  étoit  épiscopale;  &  Germain, 
fon  évêque  ,  (Germanus  Gypfarienjls ,)  aflifta  à  la  con- 
férence deCarthage,  {p.  267,  édit.  Dupin.)  Il  n'en  eft 
fait  aucune  mention  dans  la  Notice  d'Afrique.  A  l'égard 
du  nom  Gypfarienjls ,  il  eft  très-bien.  La  Table  de  Peu- 
tinger  &  l'Anonyme  de  Ravenne  nomment  ce  lieu 
Gypsaria.  Ce  dernier  le  met  dans  la  Byzacene. 

1.  GYPSARIA  ,  ville  d'Afrique.  Voyez  l'article  pré- 
cédent. 

2.  GZPSARIA  ,  ville  ou  village  de  l'Arabie  Petrée , 
félon  Ptolomée  ,  /.  5  ,  c.  17. 

GYPSEIS ,  ru'4,,,5  ,  ifle  de  l'Ethiopie  ,  où  Etienne 
le  géographe  dit  que  l'on  trouvoit  des  métaux. 

GYPSITIS.  Voyez  Gythites. 

GYPSUS,  lieu  dont  il  eft  parlé  dans  le  Code,  /.  2, 
tic.  47.  Balfamon  en  parle  auffi  in  Photium. 

GYR.  Voyez  Girgiris. 

GYRjE.  Voyez  Choerades  4. 

GYRAS  ,  montagne  dans  l'ifle  de  Tenedos ,  dans  l'Ar- 
chipel ,  félon  Hefyche. 


l6l 


GYREI ,  peuple  de  l'Arabie  heureufe  ,  félon  Pline, 
1.6,  c.  28. 

G1RES  ,  petite  rivière  de  l'Ane  mineure  ,  dans  la 
contrée  de  Lalacaon ,  félon  Zonare  ,  Cedrene  &  Curo- 
palate  cités  par  Ortélius  ,  Thefaur. 

GYRI  MONS ,  montagne  d'Afrique  ,  dans  la  Libye 
intérieure ,  félon  Pline,  L  5  ,  c.  5.  C'eft  le  GlRC-IRlS 
de  Ptolomée.  Voyez  ce  mot. 

GYRISOENI,  ri.p.«.i«,  ancien  peuple  de  l'Espagne 
Tarragonoife ,  félon  Plutarque.  Morales  les  met  aux"en« 
virons  de  Jaën. 

GYROLIMNA,  lieu  voifin  de  Conftantinople,  fé- 
lon Nicetas.  *  Ortel.  Thefaur. 

GYRTON  Se  Gyrtone,  ancienne  ville  de  Grèce ,' 
dans  la  Theflalie.  Strabon ,  /.  9 ,  in  fin.  dit  :  Larifle 
Gyrtone  &  Pherès ,  font  dans  le  canton  nommé  la  plaine 
Pelasgique.  Il  avoit  dit  peu  auparavant ,  les  Gyrtonïens 
habitent  aux  environs  du  Penée  &:  du  mont  Pélion. 
Tite-Live ,  /.  36,  c.  10  :  .  tout  le  pays  étoit  fournis ,  à 
la  réferve  d'Atrax  &  de  Gyrtone.  Il  dit  ailleurs  :  il  dé- 
campa ,  &  prit  fa  marche  vers  Phalana  ,  &C  le  lende- 
main il  arriva  à  Gyrtone.  Etienne  le  géographe  donne 
ces  deux  villes  à  la  Theflalie  ,  &£  plus  particulièrement 
à  laPerrhébie.  Ptolomée  donne  Gyrtone  à  la  Macédoine, 
&  la  met  dans  la  Stymphalie.  Ceft  préfentement  Tachi 
Volicati. 

GYPvlJS,  montagne  de  Grèce,  dans  l'Etolie,  auprès 
du  fleuve  Acheloùs  :  on  l'appella  enfuite  Calydon ,  i'elon 
Plutarque,  le  géographe,  DeFlumin.  éd.  Oxon. 

GYSTATÉ,  ville  de  l'Ethiopie,  fous  l'Egypte,  félon 
Pline  ,  l.  6,  c.  29. 

GYTHEATES  sinus.  Voyez  Gythium. 

GYTHITES  ,  iv&Wi  ,  ifle  de  l'Ethiopie,  fous  l'E- 
gypte, félon  Ptolomée,  /.  4,  c.  9.  Elle  eft  dans  la  mer 
Rouge.  Les  interprètes  Latins  lifent  Gypjitis.  Ortélius, 
qui  foupçonne  que  ce  peut  bien  être  la  Gypfeis  d'E- 
tienne, ajoute  qu'on  la  nomme  prélèntement  Genamani. 

GYTHIUM  ,  ville  du  Péloponnefe  ,  dans  la  Laco- 
nie ,  félon  Ptolomée.  (")  Quelques-uns  l'ont  nommée 
Gytheum.  M  C'étoit  le  port  de  mer  de  Lacédémone 
(c)  à  trente  ftades  de  cette  ville  (d).  Paufanias,  /.  4, 
c.  5,  en  nomme  les  habitans  Gytheata  ;  Pline  dit  Gy- 
thtates.  *(a)  Cictr.  Offic.  /.  3,  c.  il.  (■>)  Strib.  1.  8. 
(c)  Polyb.  1.  5.  (d)  InLacon.  c.  21. 

L'auteur  de  Lacédémone  ancienne  &  nouvelle ,  taxe 
d'erreur  Meurfius  ,  pour  avoir  dit  dans  fes  Miscellanea. 
Laconica  ,  que  Gythéon  n'étoit  éloigné  de  Lacédémone 
que  de  trente  ftades  ,  qui  rbnt  environ  cinq  quarts  de 
lieue  françoife.  Il  croit  que  fon  erreur  vient  d'un  pas- 
fage  du  cinquième  livre  de  Polybe  qui  ,  parlant  de  la 
marche  des  troupes  de  Philippe ,  roi  de  Macédoine,  dit: 
lier  infiituit  ad  Lacedamoniorum  navale  qubd  Gythium 
vocant ,  habet  verb  portum  tutum  ,  abeftque  ab  urbefla- 
diis  tri°inta.  Meurlius ,  &  quantité  d'autres  favans  ont 
cru  qu  ab  urbe  doit  s'entendre  de  Lacédémone ,  &  que 
la  diftance  de  cette  ville  au  port  étoit  de  trente  ftades  ; 
cela  ne  fe  peut ,  puisque  Lacédémone  étoit  à  huit  gran- 
des lieues  de  la  mer.  C'eft  la  ville  même  de  Gythium  , 
qui  étoit  à  cinq  quarts  de  lieue  du  mouillage.  Voyez  au 
mot  CoLOCHINE,  qui  eft  le  nom  moderne. 

GYTHONS.  Voyez  les  Goths. 

GYTTA  ,  ville  bâtie  en  Afrique  ,  par  le  Carthagi- 
nois Hannon,  félon  le  faux  Périple  qui  porte  fon  nom. 

GYZANTES,  peuple  d'Afrique  ,  qui  fàifoit  du  miel 
avec  les  fleurs,  félon  Apollonius,  In  Mirabil.  Euftathe, 
In  Perieg.  Dyonif.  les  nomme  de  même.  Ce  font  les  Zy- 
GANTES  d'Hérodote. 

GYZIS  ,  r„y(  ,  port  de  la  Marmarique ,  félon  Pto- 
lomée ,  /.  4,  c.  5.  Caftald  croit  que  le  nom  moderne 
eft  golfo  de  gli  Arabi.  Quelques  exemplaires  portent 
Zygis. 


^r&$^**ï 


LE   GRAND 


DICTIONNAIRE 

GÉOGRAPHIQUE, 

HISTORIQUE    ET     CRITIQUE. 


HAA 

AAG ,  bourgade  d'Allemagne ,  dans 
la  Bavière.  Baudrand  dit  Haag  ou 
Hag  ,  petite  ville  fur  une  petite  col- 
line ,  près  de  la  rivière  d'Inn ,  entre 
Burchaufen  &£  Freifingue  ,  à  neuf 
lieues  de  l'une  &  de  l'autre.  Elle  eft 
capitale  d'un  comté  ,  qui  a-  eu  fes 
comtes  particuliers  jusqu'en  1667,  qu'elle  fut  réunie  au 
duché  de  Bavière  par  la  mort  de  Ladiflas  ,  dernier  comte 
de  fa  race.  Les  Cartes  varient  :  les  unes ,  comme  celles 
de  Sanson  ,  en  font  un  village  ;  d'autres  un  bourg, 
comme  celles  de  Vit  &  de  Zeyler  :  ce  dernier  en  parle 
ainfi ,  Topogr.  Bavar.  p.  j6.  Hag  eft  fituée  affez  près 
de  l'Inn ,  entre  OberndorfF  <k  Craybourg ,  &  eft  chef- 
lieu  d'un  comté  qui  eft  venu  à  la  maifon  de  Bavière , 
depuis  la  mort  de  Ladiflas  ,  dernier  comte  de  Hag  ,  ar- 
rivée l'an  1567;  &:  cette  maifon  en  rend  hommage  à 
l'empire ,  auffi-bien  que  des  annexes.  C'eft  dans  ce 
comté  que  fe  trouve  le  monaftere  de  R.AMSAW ,  ocupé 
par  des  religieux  mendians  qui  fuivent  la  régie  de  S.Au- 
uftin.  La  faute  de  1667  pour  1567,  fe  retrouve  dans 
4aty  &  Corneille.  Une  preuve  qu'ils  fe  trompent  tous, 
c'eft  que  la  chofe  eft  rapportée  dans  le  livre  de  Zeyler , 
imprimé  en  1644. 

1.  HAAG  ou  plutôt  s'Gravenhague.  Voyez  la 
Haye. 

HAARLEM  ou  Haerlem.  Voyez  Harlem. 
f  HAB ,  lac  de  Pruffe  ,  le  plus  renommé  de  tous  ceux 
que  l'on  y  voit.  Le  vulgaire  le  nomme  la  nouvelle  mer. 
Il  eft  long  de  quinze  lieues  ,  &  large  de  deux  ,  entre 
les  villes  de  Mont-royal  &  de  Dantzick.  J'épargne  au 
lefteur  le  refte  de  l'article.  Il  eft  de  Corneille  &  tiré  de 
Davity.  Je  me  contente  d'avertir  que  ce  prétendu  lac 
eft  le  golfe  de  Dant{ig ,  nommé  le  Haff.  Voyez  fous  ces 
deux  noms. 

1.  HABAD,  ville  de  la  Paleftine ,  félon  Guillaume 
de  Tyr ,  cité  par  Ortélius ,  Thefaur. 

2.  HABAD  ,  contrée  d'Afrique ,  au  royaume  de  Fez. 
Voyez  Haseat.  On  la  nomme  auffi  Algarve. 

1.  HABAR  ,  ville  d'Afrique  ,  dans  le  royaume  de 
Fez,  &  dans  la  province  de  Fez,  à  deux  lieues  delà  ca- 
pitale ,  du  côté  du  levant.  Elle  eft  bâtie  fur  la  pente  d'une 
haute  montagne,  d'où  l'on  découvre  non-feulement  celle 


HAB 


gM 


de  Fez ,  mais  tout  le  pays  d'alentour.  Elle  doit  fa  fonda-* 
tion  à  un  Morabite  de  ces  quartiers  ,  qui  étoit  premier 
Alfaqui  de  la  grande  mosquée  ;  mais  elle  a  été  détruite 
en  la  guerre  de  Sayd  ;  de  forte  qu'il  n'en  reftoit  que  les 
murailles  &  les  temples,  du  tems  de  Marmol,  t.  3,  A4, 
c.  24.  Sa  contrée  eft  petite  &  les  terres  en  font  données 
à  ferme  tous  les  ans  pari' Alfaqui  de  la  grande  mosquée, 
à  qui  elles  appartiennent. 

2.  HABAR ,  ville  de  Perse ,  fur  la  route  de  Sultanie 
à  Kom.  Elle  eft  ancienne  &  de  grande  étendue  ,  mais 
fort  ruinée  ;  &  il  y  a  plufieurs  Arméniens.  Comme  ils 
font  de  bon  vin  ,  les  voyageurs  ont  foin  de  remplir 
leurs  outres  en  cet  endroit.  Je  crois  que  c'eft  la  même 
ville  qui  eft  nommée  ABHER  ou  Ebher  ,  ou  Ebbe- 
HER,  [dans  les  Voyages  de  la  Valle  ,  fur  les  Cartes  de 
De  l'Ifle,  &  dans  celle  d'Oléarius.  *  Tayermert  Voyage 
de  Perse  ,  /.  1 ,  c.  6. 

HABASSIA.  1    ,r  . 

HABESSIA.   |  Voyez  Abissinie. 

HABESSUS  /ville  de  la  Lycie,  félon  Pline  ,  /.  5, 
c.  27,  qui  dit  que  c'eft  l'ancien  nom  de  la  ville ,  que  l'on 
nommoit  de  fon  tems  AntipHelos.  Hermolaiis  Bar- 
barus  vouloit  qu'on  lût  dans  cet  endroit  de  Pline  Ede- 
bejjus ,  au  lieu  de  Habejfiis.  Voyez  EDEBESSUS. 

HABID ,  petite  rivière  d'Afrique  ,  qui ,  félon  quel- 
ques géographes ,  fépare  la  province  de  Hascore  ,  de 
celle  de  Duquela  ;  ce  qui  ne  doit  s'entendre  que  du  lieu 
où  elle  fe  joint  à  la  rivière  de  Tenfift,  Elle  a  fa  fource 
à  l'occident  de  la  montagne  Elgemuha ,  félon  les  Cartes 
de  Sanfon  inférées  dans  la  traduftion  de  Marniol. 

HABOR,  ouChabor,  ouChaboras,  fleuve  cé- 
lèbre dans  la  Méfopotamie.  Il  fe  dégorge  dans  l'Euphrate. 
Une  partie  des  Ifraëlites  des  dix  tribus^  fut  transportée 
fur  le  Habor.  Ezéchiel  a  intitulé  fes  prophéties  de  des- 
fusle  Chaboras,  qui  eft  le  même  que  le  Habor.  *  D.  Cal-- 
met,  Dictionnaire  de  la  Bible.  Reg. /.  4 ,  c.  17,  v.y,&cci 
18,  v.  11;  &  Parai.  /.  1,  c.  5,  v.  26. 

HABRAN,  petite  ville  de  l'Arabie  heureufe.  Elle  eft 
■fituée  en  une  plaine  arrofée  de  plufieurs  ruiffeaux  qui 
la  rendent  très-fertile  &  abondante  en  diverses  fortes  de 
fruits.  Les  habitans  font  des  Arabes ,  venus  des  villes  de 
Sanaa  &:  de  Saada.  Habran  eft  à  quarante-huit  milles  de 
cette  dernière,  &  à  trois  journées  de  la  première  ,  fe-, 


HAC 


Ion  Edrifi  ,  dans  la  fixieme  partie  de  fon  premier  climat. 

*  D'Herbelot ,  B'ibl.  orient. 

i.  HABSBOURG  ou  Hapsbourg  ,  ancien  château 
de  Suifle  ,  au  bas  Argow ,  au  canton  de  Berne ,  clans  le 
bailliage  de  Lentzbourg.  Ce  château  eft  remarquable, 
en  ce  qu'il  fervoit  ,  il*y  a  quatre  ou  cinq  fiécles,  de  ré- 
sidence aux  comtes  d'Habsbourg  ,  qui  font  la  tige  de 
l'augufte  maifon  d'Autriche.  Rodolfe  .,  comte  de  Habs- 
bourg ,  dut  fon  élévation  à  fon  mérite  :  quoiqu'il  ne 
fut  qu'un  petit  feigneur ,  en  comparaifon  de  tant  de 
grands  princes  d'Allemagne ,  qui  aspiroient  à  l'empire ,  il 
fut  é.u  empereur  l'an  1273.  Ce  fut  lui  qui  rétablit  les 
affaires  d'Allemagne  ,  6k  en  calma  les  troubles ,  fe  fai- 
fant  redouter  par  les  plus  puifïans  princes  de  ce  varie 
■corps ,  à  caufe  de  fa  valeur.  En  travaillant  pour  le  public, 
il  ne  s'oublia  pas  lui-même  :  il  aggrandit  confidérable- 
ment  fa  maifon  ,  6k  lui  donna  de  grandes  provinces  , 
entr'autres  l'Autriche  ,  dont  Ces  enfans  prirent  le  nom. 
Et,  ce  qui  eft  bien  glorieux  pour  lui ,  fes  descendans  ont 
poffédé  fucceffivement  l'empire  d'Allemagne  ,  6k  la  mo- 
narchie d'Espagne,  durant  deux  fiécles.  Mais  pour  reve- 
nir au  château  d'Habsbourg,  il  eft  à  une  petite  lieue  au- 
deflus  de  Broug  ,  fur  une  hauteur,  où  (de  quelque  côté 
qu'on  y  veuille  aller ,  )  la  montée  eft  fort  rude  :  en  y 
allant  on  y  croit  trouver  un  grand  ck  vafte  bâtiment, 
qui  réponde  à  l'idée  qu'on  a  de  la  puilïance  des  anciens 
comtes  de  Habsbourg  ,  (car  c'étoient  les  plus  puiflans 
feigneurs  qu'il  y  eut  en  Suifle ,  après  les  ducs  de  Zerin- 
gen  ;  )  mais  ce  n'eft  point  cela.  Le  bâtiment  eft  petit 
ck  étroit,  6k  tout  y  respire  la  frugalité  6k  la  fimplicité. 
Il  eft  vrai  qu'il  eft  à  demi-ruiné  ;  mais  lés  ruines  annon- 
cent encore  ce  qu'il  a  été.  Ce  qu'il  y  a  de  plus  beau  , 
c'eft  un  très- bel  aspect  qu'on  y  a  de  toutes  parts.  On 
y  découvre  l'Aar ,  qui  coule  en  ferpentant ,  &  fe  pré- 
fente aux  yeux  de  trois  côtés.  On  voit  toute  la  plaine 
de  Lentzbourg  6k  le  château  de  Bruneck ,  les  terres  de 
Soleurre  &  de  Bafle ,  la  ville  de  Broug ,  &  bien  loin  au- 
delà  jusqu'à  Klingenau.  Les  Bernois  ont  un  concierge 
dans  ce  château  ;  6k  ils  entretiennent  ce  bâtiment  plutôt 
pour  fon  nom,  que  pour  l'ufage  qu'ils  en  tirent.  On  m'a 
dit  que  M.  le  comte  de  Trautmansdorf  ,  ambaffadeur 
de  l'empereur  en  Suifle  ,  eut  la  curiofité  d'aller  voir  ce 
château ,  il  y  a  quelques  années ,  &  que  dès  qu'il  fut  à  la 
porte ,  il  fe  mit  à  genoux  ;  ck  au  milieu  de  quelques  dis- 
cours fur  ce  fujet,  il  baifa  dévotement  cette  terre  bénite, 
qui  avoit  nourri  &  porté  les  pères  de  l'empereur  fon 
maître.  *  Délices  de  la  Suiffé,  t.  1,  p.  145  &  feq. 

2.  HABSBOURG  ou  Hapsbourg,  ancien  château 
de  Suifle  ,  au  canton  de  Lucerne  ,  à  une  lieue  de  la  ville 
ck  au  bord  du  lac  de  Lucerne.  Il  ne  faut  pas  le  con- 
fondre avec  l'autre  château  de  Habsbourg  ,  qui  ell  dans 
le  canton  de  Berne,  ek  dont  il  eft  queftion  dans  l'article 
précédent.    Il  fut   ruiné  parles  Lucernois  ,   l'an   1352. 

*  Délices  de  la  Suife,  t.  2  ,  p.  2.84.  Plantin  ,  Abrégé  de 
l'hift.  génér.  de  la  Suifle  ,  p.  539. 

1.  HABUS  ,  nom  latin  que  quelques-uns  donnent 
au  golfe  nommé  le  Haff  ,  auprès  de  Dantzig.  Voyez 
Haff.  '     1 

2.  HABUS  ,  nom  latin  de  la  rivière  d'Angleterre, 
dont  le  nom  vulgaire  eft  I'Humber.  Voyez  Humber. 

HACA-CHAN  ou  Hangi-Chan,  province  d'Afie, 
dans  l'Indouftan.  Elle  a  la  rivière  de  l'Indus  au  cou- 
chant,  félon  Corneille ,  qui  cite-Mandeflo.  Il  ajoute  que 
ce  pays  qu'on  appelle  aufli  le  royaume  de  Balochi, 
n'a  point  de  villes  confidérables.  Comme  l'auteur  cité 
eft  foupçonné  de  n'avoir  pas  vu  tous  les  lieux  dont  il 
eft  fait  mention  dans  fes  Voyages  ,  6k  qu'Oléarius  ,  fon 
éditeur,  6k  Viquefort  le  traducteur  de  leurs  Voyages, 
y  ont  ajouté  bien  des  chofes  tirées  des  autres  voyageurs 
ck  écrivains ,  rien  n'oblige  à  compter  fur  lui  comme  fur 
un  témoin  occulaire.  Rien  n'empêche,  au  contraire,  de 
croire  que  Mandeflo,  ou  ceux  qui  ont  enflé  fon  livre  ,  fe 
font  trompés.  En  effet  ce  royaume  de  Balochi  n'eft 
point  différent  des  Balluches  ou  Bulloques  ,  peu- 
ple fur  les  frontières  de  Perse  ck  des  Indes,  vers  la  fource 
de  l'Ilmen ,  ck  à  l'occident  de  l'indus.  Voyez  Bullo- 
QUES. 

HACHA.  Ce  mot  en  espagnol  veut  dire  flambeau, 
ck  entre  dans  la  composition  d'un  nom  de  rivière  nom- 
mée par  les  Espagnols  rio  de  la  Hacha  ,  ck  d'une  ville 
qui  porte  le  même  nom  que  la  rivière.  Voyez  aumotRiO. 


HAD  263 

HACEL-DAMA  ou  CHAKEL-DAM  ,  c'eft-à-dire 
héritage  ou  partage  du  fang.  Voyez  Aceldama. 

HACHILA,  montagne  de  la  Paleftine ,  où  David  fe 
réfugia  lorsque  Saùl  le  perlécutoit ,  ck  que  les  habitans 
de  Ziph  offrirent  au  roi  de  le  lui  livrer,  Reg.  I.  1,  c.  23, 
v.  19.  ^Eufehe  parle  â'Echela  où  fe  cacha  David  ,  ce  qui 
peut  s'entendre^  SHachila  ,  puisque  Dawd  ibrtoit  de 
.Kehiia ,  lorsqu'il  s'y  alla  cacher. 

HACOC  ou  Hucac  ,  ville  de  la  Paleftine,  dans  la 
tribu  d'Afer,  Parai.  I.  1 ,  c.  6,  v.75.  D.  Calmet  croit 
que  c'eft  la  même  que  Hucuca  du  livre  de  Jolùé,  c.  19, 
v.  34,  ou  Chuccoc,  comme  prononçoient  :es  Hébreux. 
Dans  Jofué  :  elle  eft  attribuée  à  la  tribu  de  Nephtali. 

HACOTENA  ou  Hacotina,  ville  d'Afie  ,  à  cin- 
quante milles  de  Samolate,  en  venant  de  Sat;:hk,  (elon 
Antonin,  Itin.  Baudrand,  éd.  1602,  lui  impute  d'avoir 
dit  que  c'eft  une  ville  d'Arménie  ,  près  de  l'Euphrate  , 
vers  l'endroit  où  il  arrofe  le  Taurus  :  ce  qu'il  ne  dit  en 
aucune  façon.  Simler  vouloit  que  l'on  lût  Locotena. 
L'exemplaire  du  Vatican  porte  Hacotena.  Zurita,/?.  372, 
lit  Lacotena ,  en  quoi  ii  fe  fonde  fur  l'autorué  d'Ammien 
Marceliin  ,^  qui  dit  que  Conftantius  ayant  renvoyé  Arface, 
roi  d'Arménie ,  qui  l'étoit  venu  trouver  en  Cappadoce, 
il  prit  fa  route  par  Mélitene,  petite  ville  de  la  petite  Ar- 
ménie ,  par  Lacoune  ck  Samolate ,  ck  paflant  l'Euphrate 
fe  rendit  à  Edefte.  Cette  corredbon  eft  fondée  fur  des 
manufcrits  ,  dont  un  porte  Lacotïna.  Ainfi  Ba:  drar.d 
dit  vrai  fur  la  pofition  de  cette  ville  ,  mais  fa  citatoin 
eft  fauffe. 

HACÏARE  ,  ville  de  l'ancienne  Espagne,  dans  la 
Eétique,  à  trente-deux  mille  pas  d'Acci,  en  venant  de 
Caftulon ,  félon  Antonin ,  Itïntr. 

HACZAG  ,  petit  pays  de  Tranfilvanie  ,  fur  les  con- 
fins de  la  Walaquie,  entre  les  montagnes  qui  en  font  la 
ieparation,  ^  ck  la  rivière  du  Maroch ,  qui ,  au  nord  de 
cette  contrée,  fait  un  coude  pour  couler  vers  l'occident 
6k  fe  joindre  à  la  Teiflé.  De  l'Ifle  varie  un  peu  fur  l'or- 
thographe de  ce  nom  ,  ck  écrit  indifféremment  H—.  :, 
Hat~ag  ck  Hacrag.  On  l'appelle  le  comté  ou  la  vallée 
dHaciag.  C'eft  dans  ce  diftria  que  font  les  ruines  de 
l'ancienne  Ulpia  Trajana  ,  desquelles  il  y  a  apparence 
que  s'eft  formée  la  ville  dont  le  pays  porte  le  nom  , 
quoique  l'ancienne  ville  fût  à  quelque  diftance,  au  cou- 
chant d'été  de  la  nouvelle. 

HADADREMMON  ou  Adadremmon,  ancienne 
ville  de  la  Paleftine.  D.  Calmet  la  place  clans  la  vallée 
deJezrahel.  Le  P.  Bonfrérius ,  dans  fa  Carte,  la  met 
hors  de  cette  vallée,  dans  la  tribu  deManafie.  C'eft  auffi 
la  pofition  qui  lui  eft  donnée  dans- TOnomafticon  des 
villes  6k  lieux  de  l'écriture  fainte  ,  p.  6,  où  i!  eft  dit, 
qu'e  le  étoit  clans  la  demi-tribu  de  Manaflé  ,  d'en-deçà 
du  Jourdain,  auprès  de  Jezrahel,  dans  la  çampagHe  de 
Magedo.  C'eft-là  que  fe  donna  la  fatale  bataille  dans 
laquelle  Jofias  ,  roi  de  Juda,  fut  mis  à  mort  par  l'armée 
de  Néchao  ,  roi  d'Egypte.  S.  Jérôme  ,  fur  le  douzième 
chapitre  de  Zacharie,  nous  apprend  qu'elle  fut  eniuite  nom- 
mée Maximïanopolis ,  en  l'honneur  de  l'empereur  Maxi- 
mien. Elle  étoit  à  dix-fept  milles  de  Céfarée  de  Paleftine, 
&  à  dix  milles  de  Jezrahel,  félon  l'ancien  Itinéraire  de  Jé- 
rufalènv.  Ce  nom  fignifie  un  écho  ou  le  j'en,  de  la  gre- 
nade, félon  l'Onomaflicon  cité.  D.  Calmet  L'explique 
parmi  de  la  Grenade  du  mot  ~S°\T\  kidad ,  cris ,  clameurs, 
6k  de  X2F\  rimmon ,  qui  fignifie  un  grenadier,  l'arbie  qui 
porte  la  grenade.  C'était  en  même  tems  le  nom  d'un 
dieu  des  Syriens  ;  de  forte  qu'{13"lT"in  pourroit  ligni- 
fier l'invocation  du  dieu  Rimmon. 

HADAGïE  ,  ville  d'Afrique  ,  au  royaume  de  Fez  ,' 
dans  la  province  de  Chaùs  ,  félon  Dapper  ,  Jfrique, 
p.  157.  Elle  eft  petite  ,  6k  bâtie  au  confluent  des  riviè- 
res de  Mullule  6k  Muluye  ,  qui  l'entourent  comme  une 
ifle.  Elle  fut  faccagée  par  les  Arabes  de  Dara  ;  6k  depuis, 
pendant  la  guerre  de  Teurert ,  elle  fut  tout-à-fait  dépeu- 
peuplée  ;  mais  les  Turcs  l'ont  remife  dans  fon  premier 
luftre,  en  y  envoyant  une  colonie  d'Arabes  de  Motti- 
gia.  Voici  ce  qu'en  dit  Marmol ,  /.  2,  /.  4,  c.  108. 
C'eft  une  grande  ville  ,  bâtie  par  les  anciens  Africains 
dans  une  ifle  que  font  deux  rivières  qui  enfuite  fe  joi- 
gnent :  elle  eft  ceinte  de  bons  murs  garnis  de  tours ,  6k 
étoit  autrefois  fort  peuplée  de  Bereberes  ,  d  ;  la  tribu 
des  Zenetes  ;  mais  quand  les  Arabes  Mahométans 
occupèrent  les  provinces  du  couchant ,  &  fe  répandirent 


i6\ 


HAD 


HAD 


par  les  défères ,  ils  firent  tant  d'infultes  aux  habitans ,  -qui 
étoient  auffi  incommodés  des  armées  de  Fez  &  de  Tre- 
mecen,  qu'ils  abandonnèrent  la  ville  pour  fe  retirer  ail- 
leurs; de  forte  que  toutes  les  maifons  en  font  fondues: 
il  ne  refte  que  les  murailles ,  6k  la  campagne  eft  aux  Ara- 
bes. 

HADAMAR.  C'eft  ainfi  que  les  Allemands  écrivent 
ce  nom  ,  &  non  pas  Hademar ,  comme  l'écrivent  queI-_ 
ques  François,  &  entr'autres Baudrand ,  ville  d'Allema-' 
gne ,  dans' la  Weteravie  :  c'eft  la  rélidence  d'une  bran- 
che de  la  maifon  de  Naflau.  Dans  le  partage  qui  fe  fit 
du  comté  de  Nàffau-Diilenbourg  ,  l'an  1606  ,  le  8  Oc- 
tobre ,  par  le  décès  du  comte  Jean  le  Vieux,  Jean- 
Louis  ,  l'un  de  fes  fils',  eut  pour  fa  part  la  feigneurie  de 
de  Hadamar,  Ellar  6k  quelques  autres  bailliages  &  dé- 
pendances. Ce  comte  s'étant  fait  Catholique,  fonda  un 
collège  de  Jéfuites  dans  cette  ville  ,  qu'il  choifit  pour  fa 
réfidence,  à  quoi  il  fut  autorifé  par  une  conceiîion  de- 
l'empereur  Ferdinand ,  6k  par  une  confirmation  du  pape. 
Il  affigna  ,  pour  l'entretien  de  ce  collège,  les  monafteres 
de  filles  de  Dierftein  6k  Befelich  ,  comme  auffi  l'abbaye 
de  Dietz  ,  6k  la  part  que  la  maifon  de  Naflau  avoit  au 
monaftere  de  Thron  :  c'eft  ce  qui  lm  a  attiré  un  procès 
avec  la  maifon  de  Dillenbourg.  Cette  ville  a  un  beau 
château,  &  eft  auWercle  du  haut  Rhin  ,  proche  de  la 
rivière  de  Lohne.  Baudrand  ,  èdit.  1705  ,  dit  qu'elle  eft 
à  quatre  milles  d'Allemagne  ,  à  l'eft  de  Coblentz  ,  &  à 
fept  de  Mayence ,  vers  le  nord.  *  Ziykr ,  Top.  Haff.  6k 
Vicin.  reg.  p.  47. 

HADDASA  ,  ou  CHADASSA  ,  ville  de  la  Paleftine  : 
il  en  eft  parlé  au  livre  de  Jofué  ,  c.  15  ,  v.  37.  Eufebe 
dit  qu'Adafa  étôit  de  la  tribu  de  Juda  ,  6k  que  de  fon 
teins  c'étoit  un  village  auprès  de  Taphnas.  S.  Jérôme 
dit  :  Adafa  ,  dans  la  tribu  de  Juda  :  il  ajoute  que  ce  vil- 
lage fubfiftoit  encore  de  fon  tems  auprès  de  Gufnœ  ;  ce 
qui  marque  qu'il  lifoit  Gufnœ.  ,  6k  non  pas  Taphnœ  , 
dans  Eufebe  qu'il  a  traduit  ;  mais"  il  pourfiiit  ainfi  :  je 
m'étonne  qu'il  (Eufebe)  ait  mis  le  pays  de  Gufnœ  dans 
la  tribu  de  Juda  ,  puisqu'il  eft  clair  par  le  livre  de  Jofué  , 
qu'elle  fut  donnée  à  la  tribu  d'Ephraim.  Le  P.  Bonfre- 
rius  obferve  que  S.  Jérôme  corige  ici  Eufebe  ;  6k  il  croit 
quel' Adafa  dont  il  s'agit  ,  n'eft  pas  différente  des  villes 
d'Adarfa  &  Adazer.  Mais  il  croit  que  l'Adafa  d'Eufebe 
6k  de  S.  Jérôme  ,  dont  je  viens  de  rapporter  les  fenti- 
mens  ,  6k  de  laquelle  j'ai  parlé  dans  un  article  particulier, 
lî'eft  pas  la  même  que  la  Hadaffa  de  la  Vulgate  ,  nom- 
mée Adafa  par  les  Septante  ,  placée  dans  la  tribu  de 
Juda ,  &  mentionnée  dans  le  quinzième  chap.  de  Jofué  , 
v.  37.  D.  Calmet  tient  ,  au  contraire  ,  que  la  ville  de 
Juda  ,  nommée  Hada£k  ,  eft  la  même  qu'Eufebe  6k 
S.  Jérôme  ont  indiquée  dans  les  articles  rapportés 
au  commencement  de  celui-ci.  Il  cite  des  Rabbins  , 
in  Eruvim  ,  v.  6  ,  qui  dilent  que  c'étoit  une  des 
plus  petites  villes  de  Juda ,  n'ayant  que  cinquante  mai- 
ions. 

HADDINGTON,  ou  Haddingtown,  Hadina, 
ville  de  l'Ecoffe  méridionale  ,  dans  la  Lothiane.  On 
n'en  fait  qu'un  bourg  dans  l'Etat  préfent  de  la  grande 
Bretagne  ,  t.  t., p.  145  ,  où  il  eft  dit  qu'on  y  tient  mar- 
ché ;  qu'il  a  été  autrefois  entre  les  mains  des  Anglois  qui 
le  fortifièrent  ,  6k  y  foutinrent  un  long  fiége  fous  la 
minorité  de  la  reine  Marie  d'Ecoffe  ,  6k  qu'il  donne  le 
titre  de  comte  à  une  branche  de  la  famille  d'Hamilton. 
Cambden  dit  de  plus  que  cette  ville  eft  fituée  dans  une 
grande  plaine  ;  qu'elle  a  un  foffé  large  6k  profond  ,  avec 
un  boulevart  extérieur  fait  de  gafon  ,  accompagné  de 
quatre  battions  aux  angles ,  6k  d'autant  au  mur  intérieur , 
qui  eft  de  figure  carrée.  Telle  fut  la  fortification  dont  les 
Anglois  l'entourèrent. 

£e  bailliage  de  HADDINGTON  ,  félon  d'Au- 
clifret ,  Geogr.  t.  1  ,  p.  10")  ,  bailliage  d'Ecoffe  ,  dans 
la  province  de  Lothiane  ,  à  l'orient  du  bailliage  d'Edin- 
bburg.  La  rivière  de  Tyne  le  coupe  en  deux  parties  ;  6k 
bien  qu'il  n'ait  pas  la  même  étendue  que  les  deux  autres 
bailliages  ,  ou  fcherifsdoms  de  la  province  ,  il  a  les 
mêmes  avantages  par  la  fertilité  de  fes  campagnes  ,  & 
par  le  commerce  de  fes  habitans.  Les  principaux  lieux  , 
nommés  villes  par  les  uns  ,  ck  bourgs  par  les  autres  , 
font 

Dunhar  ,  Haddington , 

&  Northbenvick. 


HADELLAND  ,  Hadclia  ,  petit  pays  d'Allema- 
gne ,  au  nord  du  pays  de  Brème  -,  affez  près  de 
l'Elbe  :  on  y  trouve  le  château  a" 'Ottendorff.  Ce  pays 
appartenoit  autrefois  aux  ducs  de  Saxe-Lavrembourg  ; 
mais  après  l'extinction  de  cette  famille  ,  l'empereur  l'a 
pris  en  ièqueftre.  L'orthographe  dunom  du  château  varie  ; 
les  uns  écrivent  Otttrmdorf  ;  6k  d'autres  Olurzndorf 
*  Hubmr  ,  Frag.  auff.  Geogr.  d.  <i<  fck  551. 
HADEMAR.  Voyez  Hadamar. 
HADEQUIS  ,  petite  ville  d'Afrique  ,  au  royaume  de 
Maroc ,  dans  la  province  d'Hea.  Marmol ,  r.  z ,  1. 3  ,  c.  7 , 
la  décrit  ainfi  :  c'eft  une  petite  ville  fermée  de  hautes 
murailles  ck  de  tours  bâties  de  chaux  ck  de  moilon.  On 
tient  qu'elle  a  été  fondée  par  les  naturels  du  pays.  Elle 
eft  dans  une  plaine ,  à  trois  lieues  de  Teculet  du.  côté 
du  midi ,  ck  contient  plus  de  mille  maifons  très-bien 
■bâties.  Il  paffe  au  milieu  une  rivière  médiocre ,  qui  des- 
cend des  montagnes  ,  ck  qui  eft  bordée  de  quelques 
arbres  fruitiers  ,  ck  de  quantité  de  treilles.  A  l'un  des 
côtés  de  la  ville  eft  le  quartier  des  Juifs ,  où  il  y  a  plus  de 
cent  cinquante  maifons ,  tant  de  marchands  que  d'artifans 
qui  ont  la  liberté  de  conscience.  Il  s'y  tient  une  foire  tous 
les  ans,  qui  dure  quinze  jours  ,  où  tous  les  montagnards 
des  environs  amènent  quantité  de  bétail  avec  de  la  laine  , 
du  beurre ,  de  l'huile  ,  de  la  cire ,  des  draps  non  foulés , 
ck  autres  chofes  femblables.  Il  n'y  a  point  de  lieu  dans 
la  province  où  les  femmes  foient  plus  belles  ,  ni  plus, 
blanches  ck  de  meilleure  grâce  ,  6k  où  elles  fe  piquent 
plus  de  gentilleffe  6k  de  galanterie  ;  mais  elles  aiment 
fort  les  étrangers  ,  ck  leurs  maris  font  bien  jaloux.  Quoi- 
qu'ils foient  allez  propres  à  leur  mode  ,  6k  que  quelques- 
uns  aillent  à  cheval  ,  ils  font  néanmoins  fort  brutaux  , 
6k  s'entre-tuent  pour  la  moindre  occafion.  Nugno  Fer-  . 
nandez  d'Ataide  accompagné  d'Yahaia  prit  cette  ville 
d'affaut  l'an  1514,  tk  en  emmena  les  plus  belles  esclaves 
qu'il  y  ait  eu  depuis  long-tems  en  Portugal.  Les  Cherifs 
la  repeuplèrent  depuis  ,  ck  les  habitans  font  fort  riches  , 
depuis  qu'ils  ne  font  plus  inquiétés  par  les  courfes  des 
Chrétiens.  Ils  la  bourent  6k  moiffonnent  en  toute  affu- 
rance.  C'eft  cette  grande  fécurité  qui  fait  qu'il  n'y  a  aucune 
fortification  à  cette  ville ,  qui  d'ailleurs  n'a  aucun  édifice 
confidérable. 

HADERSLEB ,  ou  Hatf.RSLEBDAM  ,  lac  du  Dane- 
marck  ,  dans  le  duché  de  Sleswig  ,  auprès  de  la  ville  de 
Haderslebe.  11  a  1060  toifes  dans  fa  longueur  prife  de 
l'occident  méridional  à  l'orient  feptentrional  ;  6k  fa 
largeur  ,  qui  eft  inégale  ,  eft  de  deux  cents  en  quelques 
endroits  6k  de  trois  cents  en  d'autres  *  Hermanides ,  Dan. 
ckc.  Defc.  p.  801. 

HADERSLEBE  ,  abbaye  de  religieufes  Bénédictines 
en  Allemagne  ,  dans  la  baffe  Saxe  ,  au  diocèfe  de  Mag- 
debourg. 

~  HADERSLEBEN  ,  ou  Hatersleben  ,  ville  de 
Danemarck ,  au  duché  de  Sleswig.  Les  géographes  du 
pays  lui  donnent  55 d.  15'  30"  de  latitude  ,  fur  41  d. 
51'  30"  de  longitude.  De  Flfle  la  fait  plus  feptentrionale 
d'un  degré  au  moins.  Quant  à  la  longitude  ,  elle  eft  exces- 
fi  ve  de  plus  de  douze  degrés ,  à  la  prendre  de  l'ifle  de  Fer  ; 
6k  quand  même  on  la  prendroit  aux  ides  Açpres  ,  le 
méridien  du  XL  degré  pafferoit  à  l'orient  de  toute  la 
presqu'ifle  de  Sleswig  6k  Jutland  fans  y  toucher.  Elle  eft 
à  quatre  milles  d'Allemagne  de  Colding  ,  à  cinq  de 
Ripen  ,  à  trois  d'Appenrade  ,  à  fept  de  Flensbourg  ,  à 
onze  de  Sleswig  ,  à  douze  de  Hufum  ,  6k  à  quatorze  de 
Rensbourg.  Elle  eft  arrofée  à  l'occident  par  le  lac  de 
Haderslebdam  ,  6k  à  l'orient  par  le  canal  nommé  Haders- 
kbfoerd ,  qui  a  fi  peu  de  profondeur  vers  la  ville  ,  que 
les  gros  viffeaux  ne  peuvent  en  approcher  qu'à  deux 
milles.  Le  terroir  des  environs  y  eft  très -fertile  en 
bleds ,  6k  très-bon  en  pâturages.  Les  lacs  6k  le  canal  font, 
remplis  de  poiffon.  Entre  l'un  6k  l'autre  eft  une  iile  oùjcl 
eft  fituée  la  nouvelle  ville  avec  une  citadelle ,  commen- 
cée par  le  duc  Jeanle  Vieux  ,  6k  continuée  par  le  roi 
Frédéric.  Torftenfon  ,  général  des  Suédois ,  qui  com- 
mandoit  clans  ce  pays,  en  1643  6k  1644,  flanqua  de 
quatre  baftions.  cette  citadelle  qui  venoit  d'être  incen- 
diée, 6k  où  il  ne  reftoit  presque  plus  rien  que  les  mu- 
railles. Elle  eft  au  côté  oriental.de  la  ville  neuve  ,  qui 
avoit  ci-devant  une  belle  6k  magnifique  ^glife  ,  dédiée 
fous  l'invocation  de  la  fainte  Vierge,  6k  des  maifons  de 
pierres  qui,  avec  l'églife,  furent  détruites  par  un  incendie, 

l'an 


HAD 


HAD 


26s 


l'an  1617.  Le  temple,  dont  le  feu  avoit  épargné  les  mu- 
railles ,  fut  rebâti  peu  après.  L'ancienne  ville  eft  hors  de 
l'ifle ,  au  bord  feptentrional  du  lac.  Les  maifohs  en  font 
moins  belles ,  &il  y  auneéglife  du  nom  de  S.  Severin;  èk 
tout  auprès,  fur  un  coteau,  on  voit  les  ruines  de  l'ancienne 
citadelle ,  que  le  duc  Jean  le  Vieux  détruifit ,  au  lieu  de 
laquelle  il  bâtit  la  nouvelle  auprès  de  la  ville  neuve, 
dont  on  vient  de  parler.  L'an  1257,  le  roi  Eric  étant  en 
guerre  avec  fon  frère  Abel,  brida  Hadersleben,  qui  étoit 
alors  une  ville  libre,  (municipium,)  c'eft-à-dire  qui 
avoit  droit  de  bourgeoifie  ;  ck  le  roi  Eric  &  Glippin 
s'en  rendirent  maîtres ,  après  en  avoir  chafle  Eric ,  duc 
de  Sleswig.  Le  duc  Voldemar  II ,  l'un  des  descendans  - 
d'Abel ,  lui  donna  droit  de  cité ,  l'an  1192.  Après  la  mort 
de  Voldemar  Ve  du  nom,  duc  de  Sleswig,  une  querelle 
arrivée  entre  les  habitans  de  Kiel  ck  un  gentilhomme , 
nommé  Henneque  Lembecke  ,  caufa  de  grands  troubles. 
Quelques 'gens  de  ce  gentilhomme  ayant  été  pris  volant 
ck  pillant  auprès  de  Kiel ,  on  les  pendit.  Le  gentilhomme 
qui  crut  les  devoir  venger,  maflacra  quelques  marchands 
qui  alloient  de  Kiel  à  Eckerenfoerd  ,  ck  en  prit  quelques 
autres.  Il  avoit  fa  réfî  Jence  à  Dorning  dans  le  Slesv/ig , 
&  la  veuve  de  Voldemar  le  protégeoit.  Adolfe  ck  Nico- 
las ,  comtes  de  Holftein ,  lui  déclarèrent  la  guerre.  L'un 
prit  Hadersleben ,  ck  ne  put  prendre  Dorning  qu'il  affié- 
gea  inutilement  :  l'autre  fe  faifit  de  Tunder.  Dans  la 
guerre  ,  qui  s'éleva  entre  le  jeune  duc  de  SleiVig  &  le 
comte  de  Holftein  ,  le  roi  Eric  de  Dannemarck  ,  qui 
étoit  intervenu  dans  cette  querelle ,  commença  par  fe  fai- 
fir  d'Hadersleben  qu'il  garda.  Le  roi  Chriftophe  de  Ba- 
vière la  rendit  enfuite  à  Adolfe  ,  duc  de  Slefiyig  ck 
comte  de  Holftein.  C'eft  présentement  la  couronne  de 
Dannemarck  qui  poffede  la  ville  ck  le  bailliage  de  Ha- 
dersleben. *  Hermanides ,  Dan.  ckc.  /?.  803. 

La  préfecture  de  HADERSLEBEN, grande  con- 
trée du  royaume  de  Dannemarck,  au  duché  de  SlefVig, 
-aux  frontières  du  Nord-Jutland,  qui  la  borne  au  fepten- 
trion.  Elle  eft  bornée  au  levant  par  le  petit  Belt  ;  au 
couchant  par  la  mer  du  nord  ,  ck  au  midi  par  la  préfec- 
ture d'Apenrade ,  Loemklofter  ck  la  préfecture  de  Tun- 
der. Sa  longueur  eft  de  neuf  milles  Germaniques  ck  plus, 
entre  les  deux  mers  ;  ck  fa  largeur  nord  èk  fud,  eft  de 
quatre  ou  cinq  de  ces  mêmes  milles.  On  la  divife  en 
fept  diftriêb  ,  qui  font, 

Herdersleberharde ,         Froesharde , 
Tufterupharde ,  Kalslundharde , 

Gramharde ,  Guiddingharde  , 

ck  Norderrangftorpharde. 

Le  mot  HARDE  lignifie  un  dijlricl  où  commande  un 
officier  envoyé  par  le  roi  ou  par  le  fouverain.  Celui 
d'HAERRlT  ou  herrit  veut  dire  la  même  chofe.  Ce 
bailliage  eft  arrofé  de  plufieurs  rivières,  favoir; 

Koldingaw ,  Nipfa  , 

Schotburgischau ,  Daps. 

Il  y  a  outre  cela  un  grand  nombre  de  ruifîeaux.  Ce  bail- 
liage n'eft  habité  que  par  des  Danois ,  ou  par  des  Juthes 
qui  parlent  Danois. 

Le  district  de  HADERSLEBEN  ,  petite  contrée 
du  royaume  de  Danemarck  au  duché  de  SlelVig ,  dans 
la  préfecture  de  Hadersleben.  Il  eft  divifé  en  deux  par- 
ties ,  la  feptentrionale  ck  la  méridionale  par  le  golfe  ou 
bras  de  mer,  qui  s'étend  depuis  la  mer  Baltique  jusqu'au 
lac  de  Hadersleben  qui  s'y  décharge.  Le  terroir  en  eft 
agréable  ck  fertile ,  &  devient  plus  beau  à  mefure  qu'on 
approche  plus  de  la  mer  Baltique.  Il  produit  du  feigle  , 
de  l'orge  &  autres  grains  ,  ck  même  du  froment  en  quel- 
ques endroits  ;  mais  il  n'a  pas  tant  de  forêts  ni  de  mon- 
tagnes que  Tufterupherde.  Il  y  a  trois  lacs  très-poiflbn- 
neux.  Celui  de  Hadersleben  ou  Haterslebdam  ,  celui  de 
Banckeldam ,  ck  celui  de  Hopdrupdam.  Il  y  a  douze  pa- 
roiftes  ou  églifes ,  dont  deux  font  dans  la  ville  même  de 
Hadersleben ,  ck  les  autres  dans  le  pays  pour  les  villa- 
ges ,  hameaux  ck  métairies  qui  en  dépendent. 

1.  HADHRAMOUT,  contrée  de  l'Arabie.  Elle  eft 
comprife  dans  la  province  de  l'Yemen  ou  Arabie  heu- 
reufe.  D'Herbelot,  Bibl,  orient,  dit  que  les  anciens  l'ont 


connue  fous  le  nom  d'HADRAMYTHENA ,  ck  que  ce 
nom  eft  tiré  de  celui  d'une  tribu  descendue  de  la  famille 
de  Hatliinnout  ou  Hatfarmavet,  troiueme  fils  de  Joctan, 
fils  de  Heber  .■  dont  les  enfans  ont  peuplé  l'Arabie.  Le 
géographe  de  Nubie,  dans  la  fixiéme  partie  du  I,  Cli- 
mat,/». 26,  donne  au  pays  d'Hadhramout  deux  villes., 
nommées  Sciabam  èk  Tarim  ,  à  une  ftation  de  diftance 
l'une  de  l'autre.  Il  ajoute  que  Mareb  en  étoit  auffi,  mais 
qu'elle  eft  détruite  ,  ck  que  c'étoit  l'ancienne  Saba  d'où 
étoit  originaire  Belcqis,  femme  de  Salomo.n,  fils  cïe  Da- 
vid. Le  même  auteur  Arabe  dit  qu'il  y  a  dans  ce  canton  de 
vaftes  plaines  de  fable  ,  que  l'on  nomme  AHCAF.  L'au- 
teur du  livre  des  Propriétés,  fauflement  attribué  à  Ariftote, 
èk  qui  eft  l'ouvrage  de  quelque  Arabe  ;  cet  auteur  ,  dis- 
je,  fait  mention  de  Hadhramout ,  lieu  où  le  vent  a  fait 
mourir  bien  des  hommes  ;  ce  qui  me  paraît  devoir  être 
expliqué  de  cette  contrée  de  l'Arabie.  D'Herbelot  pour- 
fuit  ainfi  :  La  ville  de  Saba  ,  qui  a  été  autrefois  le  fiege 
des  Tobais  ou  rois  de  l'Yemen ,  appartient  au  pays  d'Ha- 
dhramout. La  ville  qui  porte  le  nom  de  Cabar-Houd  à 
cauie  du  fépukhre  de  Houd  ou  de  Heber  le  Patriarche  ,_' 
que  les  Arabes  y  révèrent ,  en  eft  auffi.  Les  campagnes 
fablonneufes  que  les  Arabes  appellent  Ah.ca.foxi  l'on  trouve 
de  l'aloës  en  abondance  ,  font  dans  cette  province. 
Cette  espèce  d'aloës  porte  le  nom  de  fabr -  alhadri 
pour  le  dîuinguer  de  celui  que  l'on  appelle  foccotori  qui  • 
le  furpafîe  en  bonté.  Les  Adites,  appelles  dans  l'alco- 
ran  le  peuple  de  Houd,  ont  autrefois  habité  ce  pays.  Ces 
Adites  descendoient  d'AdouAad,  fils  d'Amlac  ou  Ama- 
lec,  èk  petit-fils  de  Cham,  fils  de  Noé,  félon  quelques- 
uns,  Selon  d'autres  ,  Ad  étoit  fils  d'Aous  ou  de.  Hus ,  èk 
ck  petit-fils  d'Aram  ou  Eram  ,  fils  de  Sam,  quieftSem, 
fils  de  Noé ,  Si  régnoit  en  la  province  d'Hadhramout,  du 
tems  de  Heber,  le  Patriarche  que  les  Arabes  appellent. 
Houd.  C'eft  de  ce  prince  que  la  tribu  des  Adites  prenoit 
fon  nom.  Il  y  a  auffi  clans  le  pays  d'Hadhramout  une 
montagne  nommée  Schibam  ,  cultivée  èk  couverte  de 
plufieurs  belles  bourgades ,  d'où  l'on  tire  les  plus  belles 
onyces  ck  agathes  de  tout  l'Orient. 

2.  HADHRAMOUT,  ville  de  F  Arabie ,  dans  le  pays 
de  même  nom.  Abdalmoal ,  géographe  Perfien  ,  cité 
par  d'Herbelot ,  met  la  ville  d'Hadhramout  dans  la  pro- 
vince d'Yemen ,  ck  dit  qu'elle  n'eft  éloignée  de  la  mer 
d'Oman  ,  qui  eft  l'océan  Arabique ,  que  de  quatre  jour- 
nées. Le  géographe  de  Nubie  ,.  compte  d'Hadhramout 
à  Saada  CCXL  milles  ,  ck  de  la  même  ville  à  Aden  , 
cinq  ftations. 

HADHP..AMI  ou  Hadhri  ;  furnom  que  les  Arabes 
donnent  à  quelques  hommes ,  pour  marquer  qu'ils  font 
natifs  ou  originaires  d'Hadhramout.  *  D'Herbelot,  Bibl. 
orient. 

HADLEIGH,  bourg  d'Angleterre ,  dans  la  province 
de  Suffolck.  On  y  tient  marché  public.  *  Etat pufent  de 
la  G.  Bt et.  t.  1. 

HADMERSLEBEN  ,  petite  ville  d'Allemagne,  dans 
le  duché  de  Magdebourg  fur  laBode.  Il  s'y  eft  confervé 
un  monaftere  Catholique  de  filles  Bénédictines. 

HADRA  ,  petite  rivière  dç.  France  ,  dans  l'ifle  <le 
France.  Elle  pafîe  àNonancourt ,  au  Mesnil  de  l'Etrée, 
ck  fe  jette  dans  la  rivière  d'Eure  près  de  Motel ,  fi  nous 
en  croyons  Papyre  Mafl'on  ,  qui  cite  ce  vers  latin  : 

Hadra  licet  parva  Francorum  dividit  arva  , 

parce  que  cette  rivière  féparoit  la  France  de  la  Norman- 
die. Les  Cartes  appellent  Aure  la  rivière  qui  pafle  à 
Nonancourt. 

HADRAMONT,  lieu  où  le  vent  a  fait  mourir  bien 
des  hommes',  félon  l'auteur  du  livre  des  Propriétés,  attri- 
bué fauflement  à  Ariftote ,  ck  qui  eft  plutôt  d'un  auteur, 
Arabe. 

HADRANUM.  Voyez  Adranum  6k  Aderno. 

HADRIA.  Voyez  Adria. 

1.  HADRIANA,  ville  de  Lycie,  félon  une  ancienne 
inscription  alléguée  par  Ortelius.  Il  trouve  dans  la  Ly- 
cie une  ville  marquée  fur  les  Tables  géograpl  iques,  nom- 
mée jEliopoli.  11  cloute  cependant  que  co  I".-.  1  la  même 
chofe  ,  quoiqu'Elius  foit  un  des  noms  d'Adrien. 

2.  HADPJANA.  Voyez  Adriana. 
HADRIANOPOLIS.  Voyez  Andr.nople. 

Tome  111.     Ll 


i66 


BMU 


EJEM 


HADRIANOTHERAS.  Voyez  Adrianotheras. 

HADRIATICUS  SINUS.  Voyez  Adriàticum 
Mare. 

-  '  HADROGA ,  ville  épiscopale  ,  félon  la  Notice  du 
patriarchat  de  Jerafalem,  dans  le  recueil  de  Schelftrate, 
/.  2 ,  p.  741.  Elle  étoit  vers  la  Paleftine;  car  la  Notice 
nomme 

•  Nazareth  ,  Kelis , 

Thabor ,  Faram , 

Caraca  ou  Para,  Htlenopolls  , 

Eadroga ,  Mons  Syna. 
Àffri, 

Une  antre  Notice  du  tems  de  Celeftin  ÏIÎ  ,  dans  le 
même  Recueil ,  p.  766  ,  marque  ce  fiége  avec  le  même 
nom  6e  dans  les  mêmes  circonftances. 

HADRUMETUM.  Voyez  Adrumette.    . 
■  HAEGHLAND.  On  nomme  ainfi  le  pays  qui  s'étend 
depuis  Louvain  à  l'orient  jusqu'au  pays  de  Liège  ,  entre 
Tillemont  &  Sichem.  *  Dicl.  géogr.  des  Pays-bas. 

ULEMI-MONS  & 

ULEMIMONTUS  ,  contrée  de  Thrace,  ainfi  nom- 
mée à  caufe  du  mont  Haemus.  Ortelius ,  Tkzfaur.  pré- 
tend que  le  premier  de  ces  noms  ne  fignifie  pas  la  pro- 
-vince ,  mais  la  montagne  même  ;  6c  que  le  fécond  qu'il 
écrit H.EMIMONTUM,  defigne  ,  nonla  montagne , mais 
la  contrée  où  elle  étoit.  Il  ajoute  que  faute  de  favoir 
cette  diftin&ion ,  plufieurs  ont  appliqué,  mal-à-propos,  à 
la  province  une  façon  de  parler  qui  ne  convenoit  qu'à 
la  montagne.  On  nomma  d'abord  HiEMIMONTANI 
ceux  qui  habitoient  le  mont  Haemus  ;  &  dans  un  fiécle 
poftérieur,  on  en  forma  une  province  nommée  H^EMI- 
MONTUS  ;  mot  qui  fe  trouve  dans  Sextus  Rufus,  c.  9, 
au  nombre  des  fix  provinces  de  Thrace  que  les  Romains 
avoient  conquifes.  La  province  du  mont  Haemus  s'éten- 
doit  beaucoup  plus  loin  que  la  montagne.  (a)  Elle  étoit 
entre  la  féconde  Mcefie  Se  l'Europe  ,  province  particu- 
lière, ayant  la  Thrace  propre  au  couchant ,  la  province 
de  Rhodope  au  midi ,  1  Europe  propre  au  levant ,  la  fé- 
conde Mcefie  6c  la  Scythie  au  nord.  Elle  étoit  gouver- 
née par  un  préfident  particulier.  (b)  Selon  les  Notices 
eccléfiaftiques ,  elle  a  eu  fix  fieges  épiscopaux  ;  favoir  , 


Hadrianopolis ,  métropole. 

Mefembria, 

So^opolis , 


Plotinopolii 
Develtus , 
Anchialus. 


Le  métropolitain  prenoit  la  qualité  d'exarque.    D'autres 
Notices  (c)  ne  comptent  que  cinq  villes  ,  favoir, 

Adrïanopolis  ,  Plutinopolis  , 

Mefembria ,  Se 

Sor^opoliS)  Zoîdum. 

D'autres  (d)  comptent  celles-ci  en  pareil  nombre  , 

Adrïanopolis  ,  Dibertius , 

Achialus  ,  Plutinopolis , 

Se  Tipïdes. 

La  métropole  demeure  toujours  la  même.  On  voit  af- 
fez  que  Dibertius  de  la  troifiéme  Notice  eft  le  Develtus 
de  la  première ,  Se  qu'il  manque  dans  la  féconde.  L'ano- 
nyme de  Ravenne  ,  /.  4,  c.6,  le  nomme  Debellion;  Se 
ce  nom  eft  écrit  Debelium  ,  dans  quelques  exemplaires 
d'Antonin.  Plotinopolïs  6c  Plutinopolis  ne  font  point 
déguifés.  La  difficulté  eft  plus  grande  en  ce  que  chacune 
des  deux  Notices  admet  cinq  villes ,  retranche  deux  de 
la  première  &  en  fournit  une  nouvelle  qui  eft  Zoîdum 
Se  Trépides.  Comme  ce  nom  ne  fe  trouve  que  là ,  on 
pourrait  croire  qu'il  éft  dans  la  dernière  Notice ,  au  lieu 
de  So{opolis.  Mais  la  féconde  détruit  cette  conjecture , 
puisque  Mefembria  6c  Sozopolis  s'y  trouvent  avec  Zoî- 
dum. Il  vaut  mieux  dire  que  Tzoides  eft  inconnu  ,  6c 
que  l'on  n'en  fait  autre  choie  ,  finon  qu'on  la  compte 
dans  quelques  Notices  de  l'Haemi-mons.  Baudrand  , 
édit.  1681,  met  mal  à-propos  dans  l'Haemimont  la  ville 
de  Nicopolis  qui  étoit  de  la  Thrace  propre.  (a)  Carol.  à 
S.  PauloGeo*.  Sacr.  p.  107.  (•>)  Ibid.  p.  224.  (c)  Schel- 
ftrate ,  t.  l,  p.  6S0,  (d)  Ibid.  p.  690. 


HjEMON  ,  petite  rivière  de  Grèce ,  dans  la  Béottei  ' 
Elle  fe  jette  dans  le  Céphife  ,  auprès  de  la  ville  de  C  he- 
ronée.  Plutarque  ,  in  Demojlh.  Se  Thef.  croit  qu'il  avoit 
été  autrefois  nommé  Thermodon.  Comme  cet  auteur 
étoit  de  Cheronée  où  paffoit  cette  rivière  ,  on  peut  l'en 
croire.  Hérodote ,  /.  9 ,  c.  41 ,  nomme  une  rivière  Ther- 
modon dans  la  Béotie  ,  Se  la  fait  couler  à  Giiffa  Se  à 
1  anagra.  Il  ne  fe  peut  pourtant  pas  que  ce  (bit  la  même 
qui  couloit  à  Cheronée  _,  Se  fe  jettoit  dans  le  Céphife  , 
puisque  pour  y  aller  il  faudrait  qnielle  eût  rencontré  au 
travers  de  fon  chemin  le  Céphife  déjà  forti  du  lac  Co- 
païs ,  au  lieu  que  Cheronée  étoit  au-deflus.  Quoi  qu'il  en 
foit,  l'Haemon  n'étoit  qu'un  ruifieau. 

LLEMONA.  Voyez  jEmonia. 

HvEMONIA.  Voyez  H^Mi-MONS. 

HiEMONLE,  ancienne  ville  d'Arcadie.  Elle  étoit 
déjà  presque  réduite  à  rien  du  tems  de  Paufanias ,  /.  8, 
c.  44,  6c  il  n'en  reftoit  presque  plus  qu'un  village  de  ce 
nom.  Elle  avoit  été  fondée  par  Hsraon,  fils  de  Lycaon. 

HLEMONIUS  FONS  ou  la  fontaine  Hemonitnnt , 
auprès  du  mont  Offa.  Elle  prenoit  ce  nom  de  laThefla- 
lie  ,  qui  a  aufli  été  nommée  Hcimonie  ou  JEmonie. 

rLEMUS  ;  quelques-uns  écrivent  JEM.VS  ,  haute 
montagne  de  la  Thrace.  Servius  s'eft  trompé  en  la  don- 
nant à  la  ThefTalie,  6c  en  y  mettant  la  vallée  de  Tempe 
qui  étoit  bien  loin  de-là.  Il  n'a  pas  remarqué  que  Vir- 
gile, Georg.  I.  2,  v.  485  &  feq.  voulant  exprimer  com- 
bien font  délicieux  les  vallons  arrofés  par  des  rivières  , 
6c  où  l'on  respire  la  fraîcheur  à  l'ombre  des  forêts,  nomme 
àes  lieux  affez  éloignés  les  uns  des  autres,  à  favoir,  le 
Sperchius ,  rivière  de  Thefïalie  ,  le  Taïgete  montagne 
de  la  Laconie  au  Peloponnefe  ,  6c  le  mont  Hremus  dans 
la  Thrace. 

Rura  miki  &  ri  gui  placeant  in  vallibus  amnes  : 
Flumina  amem  ,  Sylvasque  inglorius.  O  ubi  campl  t 
Sperchiusque  &  vïrginibus  bacchata  Laccnis, 
Taygeta  !  ô  fui  me  gelidis  in  vallibus  Hami 
Siflat,  &  ingenù  ramorum  protegat  umbrâ  ! 

Une  partie  de  cette  montagne  eft  nommée  ScoM- 
BROS  par  Ariftote  ,  félon  le  témoignage  d'Ortélius  , 
Thefaur.  Se  Thucydide ,  /.  2,  c.  21,  de  la  traduction 
d' '  Ablancourt ,  nomme  2-;:u/.ùos ,  Scomios ,  la  montagne 
où  font  les  fources  du  Strymond  ,  de  l'Oscie ,  l'Hebre 
6c  le  Nèfle.  Ç'efï,  dit-il ,  une  montagne  haute  6c  dé- 
ferte ,  contigue  au  mont  Rhodope.  Tous  les  autres  au- 
teurs font  descendre  ces  rivières  du  mont  Haemus.  Cette 
montagne  s'étend  depuis  le  mont  Rhodope  jusqu'à  la 
mer  Noire.  Pline  dit  qu'il  y  avoit  eu  autrefois  au  fom- 
met  de  l'Haemus  une  ville  nommée  A  ri  fée  ;  ce  qui  s'ac- 
corde avec  ce  que  Diodofe  de  Sicile  dit  qu'Ariftée  ,  fils 
d'Apollon ,  alla  trouver  Bacchus ,  qui  étoit  alors  fur  le 
mont  Haemus.  Il  fut,  fans  doute,  le  fondateur  de  cetta 
ville. 

Le  mont  Haemus  peut  avoir  environ  1250  pas  de 
hauteur  ,  félon  le  P.  Riccioli,  Geogr.  reform.  I.  6,  c.  18, 
§.  1.  Tite-Live,  Décade  4,  l.  10,  rapporte  que  Phi- 
lippe de  Macédoine  ayant  ouï  dire  à  un  témoin  ocu- 
laire, que  du  haut  du  mont  Haemus  on  voyoit  les  Alpes 
d'Italie  ,  il  monta  un  jour  fur  cette  première  montagne, 
mais  qu'il  ne  put  voir  les  Alpes ,  à  caufe  des  nuages. 

Les  modernes  ne  conviennent  pas  fur  le  nom  que 
porte  à  préfent  cette  montagne.  Laonic  la  nomme  Pra- 
fovo.  Si  nous  en  croyons  Pinet,  dans  fa  description  des 
villes  ,  elle  eft  nommée  par  les  Italiens  cadena  del 
Mondo ,  (c'eft-à-dire  la  chaîne  du  monde  ;  6c  c'eft  le 
nom  le  plus;  ufité  par  le  grand  nombre,  )  6c  monte  Ar- 
gentan ;  Balhan  par  les  Turcs  ,  6c  Cumowit^  par  les 
Êsclavons.  Le  même  Pinet  dans  fa  traduction  de  Pline , 
aux  endroits  cités ,  la  nomme  monte  de  Cojlcgnas.  Cus- 
pinien  dit  Cofiegna^jo  ,  6c  Lazius  dit  Krïvic^ne.  Mais 
ces  noms  n'appartiennent  pas  à  toute  la  chaîne  du  mont 
Ha:mus  :  ils  n'en  défignent  'que  des  parties.  De  l'Ifie 
nomme  Cofttgna^  celles  qui  féparent  la  Macédoine  de 
la  Romanie  ,  Se"  mont  Balcan  celles  qui. font  entre  la 
Bulgarie  6c  la  Romanie.  Le  mont  Argentaro  pourrait 
bien  être  le  même  que  la  Cliffura,  l'une  des  parties  de 
l'Haemus,  félon  Edouard  Brown.  Nous  fûmes  fort  fur- 
pris,  dit-il,  dans  fon  Voyage  de  Vienne  à  LarifTe,/».  65, 


HAF 


HAG 


267 


à  îa  première  vue  de  cette  montagne  ;  car  les  rochers  Se     nom  de  Curon.  C'eft  le  Haffide  Curlande.  Voyez  au  mot 
les  pierres  y  paroiflbient  comme  de  l'argent.  Lefoleil  &     CuRLANDE,  CURISCHE-HHAFF. 

HAFNIA  ,   nom  latin  de  Coppenhague  ,  ville  capi- 
tale du  royaume  de  Dannemarck. 
HAG.  Voyez  Haag. 

HAGANAW.  Corneille  met  en  Allemagne,  dans  la 
Misnie,  au  bord  de  l'Elbe  ,  une  ville  nommée  ainfi.  Elle 
eft  inconnue  à  Zçyler  ,  qui  a  décrit  jusqu'aux  bourgades 


îa  lune  la  font  fi  bien  reluire ,  qu'il  n'y  a  perfonne  qui 
ne  s'imaginât  qu'elle  eft  toute  couverte  de  verre  deMos- 
covie.  Nous  descendîmes  dans  un  chemin  fort  étroit  & 
tout  couvert  de  pierres ,  aflez  proche  du  château  de  Co- 
lombotz  ;  &  nous  avançâmes  jusqu'à  Urania,  qui  eft 
fituée  au  fond  de  cette  vallée.   Il  venoit  de  Lescoa  ou 


Lescovia ,  ville  fituée  fur  la  petite  rivière  de  Liperitza ,     &  aux  châteaux  de  ce  pays, 

qui  tombe  un  peu  au-deffous  dans  la  Morave.  Tous  les         HAGANOA,  nom  latin  de  Haïn  ,  petite  ville  d'Aï 

noms  marqués  par  Brovn,  fe  trouvent  très- bien  placés     lemagne,  en  Misnie, 


dans  la  Carte  de  Hongrie  ,  par  De  l'Ifle  ,  en  1703 , 
excepté  celui  de  Clifllira.  Il  femble  que  Cliflura  doit 
être  plutôt  du  mont  Rhodope  que  de  l'Haemus.  Mais 
Brovn  s'explique  :  il  regarde  toutes  les  montagnes  qui 
font  entre  la  Servie  &:  la  Macédoine ,  comme  n'étant 
qu'une  partie  du  mont  Hœmus.  On  croit ,  dit-il ,  que , 
fous  différens  noms ,  il  s'étend  depuis  la  mer  Adriatique 
jusqu'au  Pont-Euxin.  Il  marque  enluite  qu'il  voulut  éprou- 
ver s'il  étoit  vrai  ce  qu'on  lui  avoit  dit,  que  du  haut  du 
mont  Hsemus ,  on  peut  voir  en  même  tems  la  mer  Adria- 
tique d'un  côté  ,  &  la  mer  Noire  de  l'autre.  Il  ajoute 
que  s'étant  trouvé  fur  ces  hautes  montagnes ,  &  un  peu 
plus  proche  de  la  mer  Adriatique  que  de  l'autre  , 


HAGEMAU  :  Corneille  écrit  Hagetmau  ,  bourg 
de  France ,  dans  la  Chalofle ,  au  nord  de  la  rivière  du 
Lous ,  fur  la  route  ordinaire  de  S.  Sever  à  Orthès  ,  dans 
le  Béarn.  Le  Dénombrement  de  la  France ,  t.  1,  p.  386, 
écrit  Hayetman,  ou  Hagetman ,  ville,  &  compte  qu'avec 
la  Baftide  il  y  a  636  feux.  Corneille  ajoute  ,  fur  la  ga- 
rantie de  Davity ,  qu'elle  a  titre  de  baronnie. 

HAGENOA.  Voyez  Haguenau. 

HAGER  ,  petite  ville  d'Allemagne,  dans  la  Vétéra- 
rie,  à  l'oueft  deDillenbourg  fur  la  Dille,  &  renfermée 
dans  la  principauté  de  Siegen  ,  ainfi  qu'Hernborn  &C 
Freudenberg.  *  D'Audifret,  Géogr.  t.  3. 

HAGIA ,  ville  dans  le  voifinage  de  la  Carie  ,  félon 


garda  tout  autour  de  foi ,  &c  remarqua  que  les  montagnes  Porphyrogenete ,  cité  par  Ortéiius.  Elle  doit  avoir  été 
d'Albanie  bornoient  la  vue  de  ce  côté-là.  Peut-être  n'é-  vers  les  frontières  de  la  Lydie  ,  félon  Leunclavius  qui 
toit-il  pas  fur  la  cime  ,  d'où  l'on  peut  voir  ces  deux  ajoute  qu'elle  eft  nommée  Aialuni,  parles  Turcs.  C'eft 
mers.^  _  la  même  ville  qu'EpHESE.  Voyez  ce  mot.  Ortéiius  avoit 

H^ERÉE.    C'eft  ainfi  que  le  P.  Lubin  &  Corneille     dit  fagement  ,  juxtà  Cariam.  Baudrand  plus  hazardeux. 
écrivent  ce  nom  d'une  ville  de  l'Arcadie  ,  qui  doit  être      &  moins  exaft  ,  urbs  Caria;  ce  qui  n'eft  pas  vrai 
Hem.  Voyez  Herée.  «,,,,,.,,  r  ., .  , 

HAESBROUK  ,  petite  ville  des  Pays-bas  de  la  Flan- 
dre Teutonne  ,  à  deux  lieues  de  Çaffel.  *  Dicl.  Géogr. 
des  Pays-bas. 

HAESS  ,  rivière  d'Allemagne  ,  dans  la  Weftphalie. 
Elle  part  de  Belfeld  ,  pane  par  la  ville  d'Osnabruck  , 
après  quoi  elle  entre  dans  l'Ems  près  de  Haflingen. 
»  Corn.  Dift. 

Cet  article  n'eft  pas  jufte  ;  voyez  au  mot  Hase,  qui 
eft  le  vrai  nom  de  cette  rivière. 

U.JESTM.  Caffiodore  ,  Varï'ar.  5  ,  nomme  ainfi  des 
peuples  fur  les  bords  de  l'Océan  ,   d'où  l'on  apportoit 

l'ambre. Ortéiius,  Thefaur.  croit  que  ce  font  les  mêmes  vaux  &  le  bétail  même  y  ont  tout  gratis,  &  n'y  man- 
que les  JEjliens  ,  (JEJlii,)   de  Tacite.    Rajoute:    ce     quent  jamais  de  rien. 

font,  fi  je  ne  me  trompe  les  Aljlri  de  Jornandes,  nom-  On  y  eft  logé  &  traité  admirablement  bien.  Il  y  a 
mes  Heljli,  par  corruption  dans  Callimachus  Experiens.  par-tout  de  belles  alcôves  bien  garnies  de  tapis  &  de 
Fabricius  lit  encore  plus  mal  HeJJi,  dans  fes  Commen-  couffins.  On  y  fert  du  riz ,  de  la  viande ,  du  fromage 
taires  fur  les  poètes  _Chrétiens ,  &c  attribue  à  Altalaric     &  du  pain.  On  y  donne  lecaflé  avant  &  après  le  re- 


HAGIBESTAGE  ,  lieu  de  la  Natolie  ,  fur  la  route 
de  Quicher  à  Avanos ,  fur  l'Ermac.  Il  eft  très-fameux 
par  les  pèlerinages  des  Turcs.  Paul  Lucas,  dans  fon 
fécond  Voyage,  t.  1 ,  p.  114,  dit  que  ce  n'eft  à  prêtent 
qu'un  village  affez  gros  ;  mais  autrefois  c'étoit  une  fort 
grande  ville ,  comme  la  tradition  du  pays ,  &  les  vaftes 
ruines  qui  s'y  trouvent  par- tout,  l'anoncent.  On  y  loge 
dans  une  maifon  confacrée  aux  voyageurs.  Au  fond  de 
ce  palais  (  carc'en  eft  un  véritable)  eft  la  mosquée  où 
l'on  voit  la  fépulture  du  Santon  Agibeftage.  Tous  les 
allans  &  venans  y  font  toujours  parfaitement  bien  reçus. 
La  Mosquée  a  des  revenus  pour  les  nourrir  :  leurs  che- 


ce  qui  appartient  a  Théodoric ,  ayant  été  trompé  ,  je 
pense ,   par  un  exemplaire  fautif.  Voyez  iESTIAI. 

HjESUSA,  rivière.  Vibius  Sequefter,  édit.  Hejfel, 
j>.  51,  le  feul  des  anciens  qui  en  fafle  mention ,  dit  Htz- 
jufa  Undea.  finibus  Apolloniœ  decurrens  in  finum  Ioni- 
cum.  Ce  mot  Undetz  a  embarafle  bien  des  favans.  Quel- 
ques manuscrits  portent  Ytide,  qui  n'eft  pas  plus  intelli- 
gible. Quelques-uns  ont  cru  qu'il  falloit  lire  Judeœ ; 
mais  quelle  rivière  de  la  Judée  pafle  auprès  d'Apollonie, 
&  tombe  dans  la  mer  Ionienne  ?  Bocace,  p.  izi ,  qui 
s'eft  attiré  le  nom  de  plagiaire  ,  pour  avoir  copié  cet 


auteur  fans  : 

quibusdam  Eas  appellalum  Apollonius  propinquus.  Il  y 
a  ici  plufieurs  chofes  à  remarquer.  I.  Le  changement  du 
nom  Hafufa  en  Adufa  ;  z.  le  pays  où  il  coule ,  favoir 
YEpire  ;  &  3.  que  c'eft  la  même  chofe  que  VMas; 
voyez  ce  mot.  Baudrand,  édit.  1681,  dit,  par  conjec- 
ture {forû)  que  c'eft  préfentement  la  Faiufid.  Cor- 
neille l'affirme. 

HAFA ,  lieu  de  la  Sardaigne  ,  félon  quelques  exem- 
plaires d'Ântonin,  hiner.  D'autres  portent  Nafa. 

HAFEN.  Ce  mot,  dans  la  langue  allemande,  veut  dire 
un  port  ;  un  havre. 

HAFF  ou  plutôt  Frische-Haff,  bras  de  mer  dans 
la  Pologne  ,  à  l'embouchure  des  rivières  de  la  Viftule 
&  la  Pregel.  Il,  eft  féparé  du  golfe  de  Dantzig  par  une 
longue  pointe ,  qui  s'avance  jusqu'auprès  de  Pilau  ;  & 
c'eft  entre  l'extrémité  de  cette  pointe ,  nommée  Frifche- 
Nerung ,  8c  cette  forterefle  qu'eft  l'entrée  de  ce  golfe. 
Voyez  Frische-Haff.  Davity  le  nomme  très-mal  lac 
de  Hab.  Ce  même  auteur  dit  auffi  mal ,  qu'il  y  a  dans 
la  Pruffe  ducale  un  autre  lac,  nommé  Hab ,  avec  le  fur- 


pas.  Enfin  la  magnificence  &C  l'agrément  fe  font  .... 
quer  jusques  dans  les  écuries  ,  où  l'orge  &  la  paille  ne 
font  point  épargnées.  J'entrai  dans  la  mosquée  du  Sau^ 
ton  :  il  eft  dans  une  chapelle ,  couvert  d'un  grand  drap 
de  velours  tout  bordé  d'or  ci  d'argent  :  autour  fe  voit 
un  grand  nombre  de  chandeliers  oc  de  lampes ,  par- 
faitement bien  travaillés  ;  mais  tout  eft  de  cuivre.  La 
cuifine  où  l'on  apprête  à  manger  pour  les  allans  &  les 
venans,  eft,  comme  on  le  peut  conjefturer,  fort  vafte  , 
&  toujours  fort  pleine  de  cuifiniers  &  de  fourneaux.  J'y 
vis  une  chaudière  d'une   largeur  &  d'une  profondeur 


; 


citer  ,  dit  Adufa  Epyrrhi  fiumen  ejl  :  à  prodigieufe.  C'eft  affurément  le  plus  grand  vaifteau  que 
j'aie  vu  de  ma  vie.  L'on  me  dit  que  le  jour  de  la  fête  , 
l'on  n'y  faisoit  jamais  cuire  moins  de  vingt-quatre  bœufs 
à  la  fois  ,  pour  donner  à  manger  à  tout  le  monde.  Tou- 
tes ces  dépenfes  fe  font  des  revenus  de  la  mosquée  ;  on 
peut  juger  jusqu'où  elles  peuvent  aller.  Cette  mosquée 
eft  defîervie  par  des  Dervis ,  qui  ont  une  bibliothèque 
magnifique  que  le  Santon  leur  a  léguée.  Ils  ont  eu  foin 
de  l'augmenter  ,  &  l'augmentent  encore  tous  les  jours, 
foit  des  livres  qu'ils  achètent,  foit  de  ceux  qu'ils  com- 
pofent  eux-mêmes.  C'eft  là  qu'il  y  a  de  toutes  fortes  de 
manuscrits  ,  où  l'on  apprendroit  fans  doute  bien  des 
chofes  extrêmement  curieufes  dans  toutes  les  fiences  ; 
mais  ce  font  des  dépôts  facrés  que  l'on  ne  vend  point. 

HAGINOIA  ,  contrée  des  pays-bas ,  que  l'on  nomme 
préfentement  le  Hainaut:  Ce  nom  eft  moderne.  Voyez 
Hainault. 

HAGNAUS  ,  nom  dune  rivière,  que  l'on  croit  être 
la  Haine.  Il  en  eft  fait  mention  dans  la  vie  de  S.  Lan- 
delin. 

HAGNO  ,  fontaine  du  mont  Lycée ,  en  Arcadie  , 
Tome  III.    Llii 


68 


HAG 


HAG 


ièlon  Paufanias ,  /.  8,  c.  38,  qui  dit  que.  les  Arcadiens 
avoient  coutume  d'y  avoir  recours  dans  les  teins  de 
féchereffe.  Lorsque ,  faute  de  pluie ,  les  grains  &C  les  ra- 
cines fe  féchoient ,  le-prêtte  de  Jupiter  Lycéen  fe  tour- 
noit  vers  l'eau  de  la  fontaine  ,  en  récitant  des  prières  ; 
&  après  avoir  fait  les  facrifices  ufités  en  cette  occafion , 
il  étendoit  un  rameau  de  chêne  ,  non  pas  bien  haut,  mais 
fur  la  furface  de  l'eau ,  ci  l'eau  commençoit  à  s'agi- 
ter :  il  s'en  élevoit  une  exhalaison  noirâtre,  pareille  à 
-un  brouillard,  dont  il  fe  formoit  bientôt  une  nuée  qui, 
étant  d'abord  jointe  à  d'autres ,  couvrait  tout  le  ciel , 
&  comblait  les  vœux  des  Arcadiens  par  une  pluie  abon- 
dante. 
.     HAGNUS.  Voyez  Agnos. 

HAGR,  Hagiar.  Ce  mot  lignifie  en  Arabe  une  pierre. 

*  D'Herbelot ,  Bibl.  orient. 

HAGR. ,  ville  de  l'Arabie  heureuse.  Elle  eft  fituée 
dans  la  province  de  Higiaz  ,  &  eft  des  dépendances  de 
Jemamah,  dont, elle  n'eft  éloignée  que  de  vingt-quatre 
heures  de  chemin.  C'eft  dans  cette  vilie  que  l'on  voit 
les  fépulcres  des  Schoûàa  ,  ou  martyrs ,  qualité  donnée 
.à  ceux  qui  furent  tués  en  combattant  contre  le  faux 
prophète  Mufeilemah  ,  lequel  prétendit  faire  dans  l'Ye- 
men  ce  que  Mahomet  avoit  fait  dans  l'Higiaz.  Il  publia 
en  effet  une  nouvelle  loi ,  &  eut  pendant  un  tems  beau- 
coup de  fe&ateurs  ;  de  forte  queAbubeker,  fucceffeur 
de  Mahomet ,  craignit  que  ce  nouveau  prophète  ne  l'em- 
portât fur  le  fien ,  &  ne  eaufât  la  mine  du  Mufulmanisme  ; 
mais  enfin  Mufeilemah  fut  défait  &:  tué  auprès  de  cette 
ville  ,  qui  eft  apparemment  celle  que  Ptolomée  &  Stra- 
bon  appellent  Petra  desertt,  Se  les  Hébreux,  Arac. 
Abdelmoal  la  met  dans  le  fécond  climat ,  &  Naffired- 
din  lui  donne  83  d.  30'  de  longitude,  ci  25  d.  15' de 
latitude  feptentrionale.  Cette  ville  donne  fon  nom  à  un 
pays  qui  eft,  félon  Khondemir  &t  tous  les  géographes 
Orientaux ,  entre  la  Syrie  &c  l'Arabie  ;  &  c'eft  ce  que 
nous  appelions  aujourd'hui  l'Arabie  Pétrie ,  où  le  peu- 
ple de  Saleh  ,  c'eft-à-dire  'les  Themu  dites  ,  habitoient 
autrefois  :  on  voit  encore,  difent  les  Mufulmans ,  en  ce 
pays  les  rochers  Sr.  les  cavernes  où  ils  fe  retirèrent  pour 

.  fe  garantir  des  maux  dont  le  prophète  Saleh  les  mena- 
çoit  :  l'on  y  remarque  auffi  les  terribles  effets  de  la  co- 
lère de  Dieu.  La  ville  de  Hagiar  devint ,  à  cause  de  fa 
Situation  avantageuse ,  la  place  qui  fervit  de  retraite  & 

,•  de  capitale  aux  Carmathes  ,  d'où  ces  rebelles  infefterent 
long-tems  les  états  des  Kalifes  de  Bagdad,  &  moles- 
tèrent à  un  tel  point  les  pèlerins  de  la  Mecque ,  que  ce 
pèlerinage  ceffa  pendant  plufieuts  années.  Abusaïd  y  bâ- 
tit un  palais  ou  château  nommé  HAGIARAH  ,  que  fon 
fils,  Abou-Thaher,  fortifia  extrêmement.  Depuis  ce  tems 
Hagiar  paffa  pour  une  place  presque  imprenable.  Les 
Sultans  de  Syrie  &  d'Egypte  l'ont  poffédée  long-tems. 
Les  Francs  la  prirent  à  leur  tour,  <k  changèrent  le  nom 
de  Crake  qu'elle  portoit  alors ,  tiré  de  celui  d'Arach  , 
que  les  Juifs  lui  donnoient,  en  celui  de  Montréal.  Plu- 
sieurs de  nos  hiftoriens  l'appellent  Crake  ,  d'où  quel- 
ques auteurs  ont  formé  le  nom  de  Cyrïacopolis  qu'ils 
lui  donnent.  On  peut  encore  remarquer  que  cette  ville 
n'eft  point  Rabbat  Moabitis ,  ou  Rabba  des  Moabites  ; 
car  ces  peuples  habitoient  au-delà  du  Jourdain,  &  un 
peu  au-deffus  de  la  mer  Morte.  Il  eft  vrai  toutefois  que 
la  dignité  de  Métropole  fut  transférée  de  Rabbat  à  Mont- 
réal, qui  a  dépendu  autrefois  du  patriarche  d'Alexan- 
drie ,  &c  enfuite  de  celui  de  Jérusalem.  Voyez  Petra. 

*  D'Herbelot,  Bibl.  or. 

HAGUE,  (la)  petite  contrée  de  France,  en  Nor-  • 
mandie,  dans  le  Corentin,  félon  Corn.  Dicl.  Sa  lon- 
gueur eft  de  dix  ou  douze  lieues.  Elle  tire  au  nord-oueft , 
&c  il  n'y  a  aucune  ville  ,  mais  des  bourgs  &  des  villages. 
Huet,  Origines  Je  Ca'én ,  c.  2  1 .  p.'  45.1  ;  dérive  ce  nom 
de  l'anglo-faxon  Hacg,  qui  lignifie  lieu  fermé  &  for- 
tifié de  pieux  rk  de  haies.  Cette  origine  eft  commune 
aux  lieux  nommés  la  Haye  en  françois  ,  Hag  ou  Haage 
en  allemand  ,  Hedge  en  anglois  ,  Haghe  en  flamand. 
De  Lons;ucrue ,  dans  fa  Defcr.  de  la  France  ,  I.  part. 
p.  79 ,  dit  que  le  pays  où  Cherbourg  eft  fituée ,  eft  une 
presqu'ifle  que  l'Océan  environne  de  trois  côtés  ,  favoir 
de  l'occident,  du  feptemrion  &  de  l'orient,  qu'on  l'ap- 
pelle la  Hague.  Il  ajoute  que  les  Anglois  la  nomment 
Fijlc  de  Cojlantin. 


-  Cap  DE  LA  HAGUE;  (le)  c'eft  la  pointe  la  plus 
feptentrionale  de  ce  pays.  Il  eft  ,  félon  De  l'ifle ,  Cane 
de  Normandie,  parles  1  5  d.  50'  de  longitude  ,  &  par  les 
49  d.  44'  de  latitude.  Le  Raz  Blanchard  eft  vis-à-vis. 

HAGUENAU,  (a)  ville  de  France  ,  en  Alface,  en- 
tre les  deux  rideaux  qui  régnent  le  long  des  prairies  qui 
font  à  droite  &  à  gauche  de  la  rivière  de  Motter,  la- 
quelle traverfe- cette  ville  à-peu-près  par  le  milieu  ,  fk  la 
fépare  en  ville  vieille  &  ville  neuve.  (b)  Ce  n'étoit  au- 
fois  qu'un  village  entouré  d'une  haie  dans  une  grande 
bruyère ,  &  fon  nom  ne  fignifie  que  la  Haye  des  Bruyères. 
Cependant  (c)  elle  étoit,  il  y  a  cinq  cents  ans  le  fiége  de 
la  préfecture  ou  landvogtey  &  Alface,  fous  l'empereur  Fré- 
déric II.  Le  moine  Richer ,  auteur  de  la  Chronique  de 
Sennone  ,  &  qui  vivoit  dans  ce  tems ,  dit  /.  4 ,  c.  6  , 
qu'un  payfan  nommé  Volfellus  exerçoit  cette  prélecture , 
&  commandoit  dans  toute  la  province  d'Alface,  où  il 
bâtit  plufieurs  villes.  Erat  his  diebus  in  Hagonoijd  Al- 
fatiœ.  prxfeclus.  Dans  le  même  tems ,  il  y  avoit  un  comte 
Sigebert  qui  avoit  la  qualité  de  landgrave  d'Alface  , 
félon  le  même  écrivain ,  c.  8 ,  /.  4.  La  ville  de  Hagueneau 
fut  fondée  l'an  1164  ,  &  fermée  de  murailles  par  l'em- 
pereur Frédéric  Barberoufle ,  qui  y  bâtit  un  palais'  im- 
périal ,  dans  lequel  il  voulut  que  l'on  gardât  la  couronne  , 
le  feeptre  ,  le  globe ,  &  l'épée  de  Charlemagne.  Le 
même  empereur  donna  de  grands  privilèges  à  cette  ville. 
Cet  empereur  Se  fes  fucceffeurs- ordonnèrent  auffi  que  la 
chambre  &  la  recette  des  finances  d'Alface  y  feraient 
établies,  &  qu'elle  fût  gouvernée  par  douze  échevins 
desquels  on  choififfoit  le  préteur.  Richard  ,  roi  d'Angle- 
terre ,  lui  accorda  un  privilège  l'an  1257,  qu'elle  ne 
pourrait  en  aucune  manière,  être  aliénée  &  iéparée  de 
■l'empire  ;  ce  qui  fut  confirmé  par  Charles  IV  ,  fan  1347. 
Cet  empereur ,  voyant  que  les  douze  échevins  tvranni- 
•foientles  habitans,  ordonna  que  Ton  choififoit  cl-  corps 
des  artifans  xxiv  autres  échevins,  parmi  lesquels  (èroit 
•pris  le  maréchal  qui  gouvernerait  avec  le  préteur  Lors- 
que les  empereurs  établifloient  un  préteur ,  que  les  Alle- 
mands appellent  landvogt ,  il  étoit  obligé  (  de  quelque 
éminente  qualité  qu'il  fût)  de  jurer  de  garder,  &  con- 
ferver  tous  les  privilèges  de  la  ville.  *  Piganiol  de  la 
Force ,  Defcr.  de  la  France ,  t.  6,  p.  335.  (b)  Baudrani , 
éd.  1705.  (c)  Longuerue  ,  Defcr.  de  la  France,  2.  part. 
P-  13°- 

Cette  préfecture  impériale  étoit  membre  de  l'empire,' 
•fujette  à  la  jurisdiction  de  la  chambre  impériale,  &  du 
confeil  Aulique.  Après  la  paix  de  'Weftphalie ,  les  chofes 
demeurèrent  au  même  état  jusqu'à  l'an  1658  ,  que  le 
confeil  ou  tribunal  fupérieur  nouvellement  établi  à  En- 
fisheim  ,  dans  la  haute  Alface  ,  voulut  étendre  fa  jurif- 
diftion ,  tant  au  civil  qu'au  criminel ,  fur  les  dix  villes 
de  la  préfecture  de  Haguenau  :  ces  villes  s'y  opposèrent, 
foutenant  que  par  le  traité  de  paix  le  roi  de  France  ne 
pouvoit  prétendre  plus  de  droit  &£  d'autorité  en  Al- 
sace que  la  maison  d'Autriche  n'en  avoit  eu  ;  &  les  plain- 
tes ayant  été  portées  aux  états  dî  Pempire  ,  on  mit  dans 
la  capitulation  de  l'empereur  Léopold,  que  l'on  ferait  en- 
forte  que  les  dix  villes  impériales  ne  rectifient  aucun 
préjudice.  L'an  1673 ,  le  roi  Louis  XIV  fe  faifit  de  Ha- 
guenau ;  Se  comme  la  place  n'étoit  pas  forte  ,  elle  fut 
abandonnée  &:  laiffée  toute  ouverte  à  celui  qui  fe  trou- 
verait le  maître  de  la  campagne  ;  de  forte  qu'elle  fouf- 
frit  beaucoup  des  armées  des  différens  partis.  Ainfi  quoi- 
qu'elle foit  toujours  chef  de  la  préfecture  &  du  grand 
bailliage,  elle  eft  fort  déchue  de  ce  qu'elle  a  été  autre- 
fois. Les  archiducs  y  demeurant  fouvent  à  cause  de 
la  chaffe  ,  avoient  pris  à  tâche  de  l'embellir  ;  mais  en 
167^  'es  impériaux  en  démolirent  les  fortifications  ,  Se 
brûlèrent  plufieurs  beaux  édifices  qui  y  étoient.  Elle  n'; 
présentement  qu'une  (impie  muraille ,  &  la  plupart  des 
maisons  n'ont  point  été  rétablies.  Elle  eft  toujours  de- 
meurée attachée  fans  mélange  à  la  religion  Catholique. 
Les  impériaux  s'en  emparèrent  en  1704 ,  &  elle  fut 
affiégée  &  reprise  par  les  François  _  en  1706.  On  ne 
compte  dans  Haguenau  que  3  ^o  maisons  ,  &  environ 
2.600  habitans.  Ses  murailles  ont  15  ,  18  &  20  pieds  de 
haut  au-defïus  du  rez-de-chauftee.  Elles  font  flanquées 
de  quelques  tours  peu  confidérables  ,  &  percées  de  cré- 
neaux fort  éloignés  les  uns  des  autres.  Elles  ont  un  che- 
min de  coude  en  quelques  endroits ,  pour  feryir  de  ban^ 


HAI 


HAI 


quette  à  tirer  par  les  crenaux.  Ce  chemin  de  coude  eft 
pratiqué  fur  l'épaifléur  des  murailles  ;  &  aux  endroits  où 
elle  eft  diminuée ,  on  a  mis  des  planches  maçonnées 
pour  cet  effet.  Au  pied  de  ce  revêtement  étoit  autre- 
fois une  faune  braie  de  maçonnerie,  de  deux  pieds  d'é- 
paiffeur  ,  fur  fix  ou  fept  de  hauteur ,  qui  ne  fublîfte  plus 
que  par  intervalles.  Au-devant  de  cette  faufle  braie ,  il 
y  a  un  foffé  de  douze ,  quinze ,  Se  vingt  toises  en  des 
endroits  ,  revêtu  presque  par-tout ,  profond  de  dix  à 
dix-huit  pieds ,  rempli  en  partie  d'eau  ,  Se  foutenu  par 
des  batardeaux  qui  fubfiftent  encore  ,  Se  font  très-bons. 
Le  Bailliage,  ou  la  Préfecture  de  HAGUE- 
ÏNAU  ,  en  latin  Agenoenfîs  Prxfiaura. ,  pays  de  France , 
■dans  l'Alface ,  qui  étoit  ci-devant  partie  de  l'Allemand , 
£e  que  l'on  appelle  autrement  landvogtei  de  Haguenau , 
ou  la  préfecture  provinciale  des  dix  villa  d'Alface,  Il 
s'étend  partie  dans  la  haute  Alface ,  Se  partie  dans  la  baffe, 
où  il  y  a  encore  un  espace  de  pays  vers  Haguenau,  que 
l'on  appelle  klein-reich  ou  petit  royaume,  ainfi  nommé 
•de  la  ville  de  Haguenau,  la  première  de  ces  dix  villes. 
.Les  neuf  autres  font  Colmar ,  Schleftat ,  Weiffembourg , 
Landau  ,  Oberenheim  ,  Rosheim  ,  Munffer  en  la  vallée 
S.  Grégoire ,  Caisersberg  &  Turcheim  ,  lesquelles  avoient 
été  autrefois  vilies  libre  Se  impénales;  mais  elles  avoient 
perdu  leur  liberté  depuis  long-tems ,  avoient  été  fou- 
jnises  à  ce  bailliage,  &  engagées  en  14x3  à  Louis  IV, 
élefteur-  Palatin ,  pour  une  fomme  de  50000  florins  par 
l'empereur  Sigismond.  L'empereur  Ferdinand  I  retira  ce 
bailliage  en  1558,  Se  le  céda  après  à  la  maison  d'Au- 
triche. Les  princes  puînés  d'Autriche  en  ont  joui  depuis 
comme  d'un  appanage  &  d'un  état  particulier  jusqu'à  la 
paix  faite  à  Munfteren  1648  ,  que  ce  bailliage  a  été  cédé 
à  perpétuité  avec  toutes  fes  dépendances  par  l'empereur, 
l'empire  ,  Se  la  maison  d'Autriche  ,  à  la  France  qui  en 
jouit  paih'blement  depuis  ce  tems.  Il  faut  remarquer 
que  ces  dix  villes  n'étoient  plus  libres ,  il  y  avoit  plus 
de  deux  cents  cinquante  ans ,  Se  n'avoient  plus  de  voix 
-dans  les  diètes  ;  mais  elles  faifoient  ferment  de  fidélité  à 
leur  bailli  ,  Se  lui  obéiffoient  en  toutes  chofes  comme  à 
leurs  princes ,  quoiqu'ayent  pu  écrire  au  contraire  quel- 
ques peifonnes  mal  informées.  Ces  villes  font  à  préfent 
à  la  France.  La  ville  deMulhaufe,  au  Sundgau,  «oit  auffi 
partie  de  ce  bailliage;  mais  elle  s'en  fépara  en  l'an  1515, 
&:  fît  alliance  avec  les  Suiffes.  *  Buudrand,  éd.  1705. 

HAGUSTAN,  montagne  d'Afrique,  au  royaume  de 
Fez  ,  dans  la  province  d'Errif.  Elle  eft  haute  5e  froide  * 
■Se  il  en  fort  plufieurs  fources.  La  pente  de  cette  mon- 
tagne eft  couverte  de  figuiers  qui  produisent  les  meilleurs 
figues  de  tout  le  pays  ;  Se  au  bas  dans  la  plaine,  font  des 
vergers  qui  portent  toutes  fortes  de  beaux  fruits,  pom- 
mes, poires,  coings,  5c  pêches  ;  Se  parmi  les  vignes  il 
y  a  des  oliviers  dont  on  tire  beaucoup  d'huile.  Leshabi- 
.  tans  font  riches ,  à  caufe  qu'ils  ne  payent  au  roi  que  quel- 
.  que  reconnoiffance.  Ils  ont  un  grand  bourg  tout  ouvert, 
joù  font  planeurs  maifons  d'artilans  Se  de  marchands 
qui  vont  trafiquer  à  Fez  ,  d'où  tls  rapportent  du  lin  ,  de 
la  laine ,  de  la  toile ,  Se  les  autres  chofes  qui  leur  man- 
quent. Ils  font  trois  mille  hommes  de  combat ,  bien  équi- 
pés ,  parmi  lesquels  il  y  a  des  arquebufiers.  C'eft  l'idée 
qu'en  donne  Marmol,  t.  2,  /.  4,  c.  87. 
HAHARAT.  Voyez  Hamen. 

HAI  (a)  ,  ancienne  ville  de  la  Paleftine  ,  près  de  Be- 
tliel  (b)  ,  &  à  l'occident  de  cette  ville  (c).  Les  Septante 
l'appellent  Agaï  ,  Se  Jofeph  Aina  ;  d'autres  Aiath. 
Joiué  ayant  envoyé  contre  la  ville  d'Haï  une  troupe  de 
trois  mille  hommes ,  Dieu  permit  qu'ils  furent  repouffés 
à  caufe  du  péché  d'Achan,  qui  avoit  "violé  l'anathême 
de  la  ville  de  Jéricho ,  en  prenant  pour  lui  quelque  chofe 
du  butin.  Mais  après  l'expiation  de  ce  crime,  Haï  fut 
prife, brûlée  Se faccagée par  les  Hébreux.  VoyezANNAi, 
qui  eft  la  même  ville.  *  (a)  D.  Calmet,  Di'ft.  de  la  Bi- 
ble, (b)  Jofué,  07,  v.  2.    (c)  Genef.  c.  Il,  v.  8. 

HAlA  ,  ville  de  la  petite  Arménie  ,  félon  quelques 
exemplaires  d'Antonin ,  fur  la  route  de  Cefarée  à  Sa- 
tala ,  à  vingt-fix  mille  pas  de  cette  dernière.  On  lit  Haia 
dans  l'Antonin  du  Vatican  ;  Se  cependant  Simler  Se  Or- 
félius  croyoient  ce  mot  corrompu,  Se  lifoient  Haso  ou 
•Aza.  Ce  dernier  fe  trouve  dans  Pline  ,  /.  6 ,  c.  10 ,  & 
le  P.  Hardouin  eft  perfuadé  que  c'eft  ainfi  qu'il  faut  lire 
dans  Antonin. 
HAJALON  ,  lieu  de  la  Paleftme ,  félon  Jofué ,  c.  19, 


2  69 

Judic.  1 ,  v.  3$.  C'étoit  une  ville  dans  le  partage  de  la 
tribu  de  Dan ,  &  qui  fut  mife  à  part  pour  les  Lévites. 
S.  Jérôme ,  Onomaft.  dit  que  ,  de  fon  tems  il  y  avoit 
encore  un  village  affez  près  de  Nicopolis.  Ses  copiftes 
lifent  vicies  alius,  c'eft-à-dire  un  autre  village  ,  au  lieu, 
que  félon  toutes  les  apparences  ,  ce  père  avoit  mis  Alus, 
Eufebe,  qu'il  traduit,  ayant  mis  'A\ês.  L"un  Se  l'autre 
remarquent  les  Septante ,  au  lieu  de  traduire  AjAon  (ou 
II.ijjIo.-z,)  ont  exprimé  ce  mot  par  ceux-ci ,  où.  étoient 
les  ours.  Le  P.  Bonfrere  prétend  que  c'eft  de  cet  Aialon, 
qu'il  faut  entendre  le  commandement  que  Joîué  fit  à  la 
lune  de  s'arrêter  vis-à-vis  de  la  vallée  d'Ajaion.  Il  ne 
convient  pas  avec  ces  deux  écrivains  ecclenaflîques ,  que 
la  vallée,  &  le  précipice  d'Ajalon,  où  la  lune  eut  ordre 
de  s'arrêter  ,  fut  près  de  Bethel ,  encore  moins  à  l'orient 
de  cette  ville  :  quant  à  l'endroit  où  les  Septante  ont 
rendu  Ajalon  par  ces  mots  où  étoient  les  ours  ,  c'eft  au 
livre  des  Juges,  c.  I  ,  v.  35. 

Il  femble  qu'il  y  ait  une  féconde  Aialon  dans  la  tribu 
de  Zabulon  ;  du  moins  l'hébreu  ,  (Judic.  12,)  la  nomme 
ainfi  :  la  verfion  latine  n'exprime  point  ce  nom  ;  mais 
le  paraphrafte  Chaldéen  Se  les  Septante  l'expriment  fort 
bien_,  le  premier  par  Elon  ,  les  autres  par  Eiim  ,  iÈlim 
Se  -£lom  :  c'eft  la  même  ville  qu'AÏALlN  d'Eufebe, 
qui  eft  corrompu  en  Athalim  dans  le  latin  de  S.  Jérôme. 

HAÏATELAH  ,  peuples  d'Afie,  entre  les  Indes  Scia 
Chine.  Les  anciens  les  ont  nommés  Indoscytk£  :  on 
croit  qu'ils  habitent  le  Tombut,  Tobut  ou  Thebet  :  ils 
ont  eu  autrefois  un  roi  fameux  ,  nommé  Kaschnaovary 
qui  défit  Firous ,  fils  d'Iezdegsrd  ,  roi  de  Perfe  ,  Se  qui 
fut  ensuit  défait  Se  tué  par  Noufchinran  ,  quoiqu'il  eût 
rétabli  Cobad ,  fon  père.  Ces  peuples  faifoient  leur  capi- 
tale de  la  ville  de  Balke  ;  mais  ils  furent  pour  lors  entiè- 
rement chaffés  de  Perse.-*  D'Herbelot ,  Bibl.  orient. 

HAICANG,  fortereffe  de  la  Chine,  dans  la  province 
de  Channton ,  au  département  de  Ningcing ,  première 
fortereffe  de  la  province.  Elle  eft  plus  orientale  que  Pé- 
kin de  2  d.  57',  par  les  36  d.  57'  de  latitude.  *  Atlas  Si- 

"llArCHERLOCH.  Voyez  Haigerloch. 

HAïCING  ,  ville  de  la  Chine  ,  dans  la  province  de 
Fokien  ,  au  département  de  Changcheu  ,  troiîiéme  mé- 
tropole de  la  province.  Elle  eft  plus  orientale  que  Pékin 
de  1  d.  16',  parles  24  d.,22'  de  latihide.*  Atlas  Sinenfis. 

HAIDENHEIM.  Vovez  Heidenheim. 

HAIDINGFELD.  Voyez  Heydingfeld. 

1.  HAIrO,  ville  d'Afie  ,  au  royaume  de  Tonquin, 
dansi'ifle  de  Haifo. 

1.  HAIFO,  rivie-e  du  Tonquin:  elle  entoure  une  ifle 
que  l'on  nomme  auiîï  Haifo  ,  Se  où  eft  la  ville  de  même 
nom  ,  félon  Tavernier,  dans  la  Carte  qu'il  a  ,  dit-on, 
dreffée  fur  les  lieux ,  laquelle  fe  trouve  au  troifiéme  tome 
de  fes  Voyages. 

1.  HAiFÙNG,  fortereffe  de  la  Chine  ,  dans  la  pro- 
vince de  Chekiang ,  au  département  de,  Chinxan  ,  pre- 
mière fortereffe  de  la  province.  Elle  eft  plus  orien- 
tale que  Pékin  de  4  d.  40',  par  les  17  d.  15' de  latitude. 
*  Atlas  Sinenfis. 

2.  HAIFU&G ,  viile  de  la  Chine,  dans  la  province  de 
Quanton,  au  département  de  Heichen ,  quatrième  métro- 
pole de  la  province.  Elle  eft  plus  occidentale  que  Pekir» 
de  2  d.  <)',  par  les  23  d.  6'  de  latitude.  *  Atlas  Sinenfis. 

3.  HAiFUNG,  ville  de  la  Chine,  dans  la  province 
de  Channfi,  au  département  de  Cinan,  première  mé- 
tropole de  la  province.  Elle  eft  plus  orientale  que  Pékin 
de  1  d.  7',  par  les  37  d.  57'  de  latitude.  *  Ailes  Sinenjis, 

HAlGAN  ,  fortereffe  de  la  Chine ,  dans  la  province 
de  Chekiang  ,  au  département  de  Chinxan ,  première 
■  fortereffe  de  la  province.  Elle  eft  plus  orientale  que  Pé- 
kin de  4  d.  40',  par  les  27  d.  45'  de  latitude.  *  Atlas 
Sinenfis. 

HAIGERLOCH  ou  Haicherloch.  D'Andifret,' 
Géogn  t.  3,  p.  192  ,  dit,  que  c'eft  un  bourg  confidérable 
d'Allemagne,  dans  la  principauté  de  Hohen-Zollern  , 
fur  la  petite  rivière  de  Zollern ,  qui  fe  décharge  dans  le 
Necker ,  à  trois  heures  au-deffous  ,  entre  les  châteaux 
deSutza  Se  d'Eglftat  :  c'étoit,  dit-il,  un  Comté  qu'Ei- 
tel  Frédéric  I ,  comte  de  Zollern  aquit  des  archiducs 
d'Autriche,  en  échange  de  la  baronnie  de  Raetzuns,  qu'A- 
délaïde de  Furftemberg  avoit  apportée  en  dot ,  à  Fré- 
déric II,  comte  de  Zollern,  Zeyler,  Sucv,  Topcy.p.  37, 


haï 


270 

fournit  de  quoi  rectifier  ce  détail.  Haigtrloch  eft  ffne 
petite  ville  qui  dépendoit  autrefois  du  comte  de  Hohen- 
berg  ,  &  qui  dans  la  fuite  fut  engagée  aux  comtes  de 
Zoilern  à  qui  elle  appartient  encore  :  elle  eft  dans  la 
Suabe,  proche  de  Sultz  &  de  Jechingen,  fur  la  rivière 
àéTeyak,  &  a  un  doyenné.  Crufius,  {L.Paralip.  An- 
nal, f.  56,)  dit  la  même  chofe  :  il  eft  certain  que  d'Au- 
difret  fe  trompe  pour  le  nom  de  la  rivière,  que  MM. 
'Sanfons  nomment  Teyack. 

HAIKEN,  fortereffe  de  la  Chine,  dans  la  province 
de  Eokien ,  au  département  de  Pumuen ,  première  for- 
tereffe de  la  province.  Elle  eft  plus  orientale  que  Pékin 
de  3  d.  50' ,  parles  25  d.  50'  de  latitude.  *  Atlas  Sir 
nenjîs. 

1.  HAILBRON  ou  Heilbronn,  félon  Zeyler,  Suev. 
Topogr.  Ville  impériale  d'Allemagne,  dans  la  Suabe, 
fur  le  Necker  ,  qne  l'on  y  paffe  fur  un  pont  de  pierre. 
Son  nom  qui  lignifie  fourus  falutaires  ,  lui  vient  des 
eaux  médicinales  qui  y  attiroient  autrefois  quantité  de 
malades ,  dont  les  uns  étoient  guéris  en  les  buvant ,  d  au- 
tres en  s'y  baignant.  Ce  n'étoit  d'abord  quun  village  , 
qui  devint  ensuite  un  bourg  :  on  ne  convient  pas  de 
l'époque  à  laquelle  ce  lieu  eut  la  qualité  de  ville  ;  les 
uns  la  mettent  en  1082,  d'autres  en  108^  ou  en  11 29. 
Il  y  a  plus  d'apparence  que  ce  fut  vers  l'an  1240,  fous 
Frédéric  II,  eue  cette  ville  fut  entourée  de  murailles,  & 
déclarée  ville'ïmpériale.  Elle  eft  dans  une  avantageufe 
fituation  ;  quatre  villages ,  qui  l'environnent ,  la  fournifient 
de  tout  eh  abondance  :  c'eft  Fleln ,  où  croît  le  meilleur 
■vin  ;  Bâckingen,  où  l'on  recueille  beaucoup  de  bleds  ; 
Nccker-Gartack ,  fameux  par  la  pêche  que  l'on  y  fait  ; 
&  Frauckcnback,  qui  fournit  le  gibier  &t  la  venaifon 
-abondamment.  On  compte  dans  ce  territoire  plus  de 
deux  cents  fources  ,  dont  la  plus  fàmeufe  eft  fous  la  grande 
éolife,  dédiée  fousY invocation  de  S.  Kihan,  &  qui  coule 
par  fept  tuyaux  affez  abondamment.  On  lit  au  -  deffus 
cette  infeription  : 

Fonte  faludfero  Ballanteh  uniique  vents 
Monftrani  aterni  mimera  fancta  Dei. 

ïl  y  a  deux  moulins  remarquables ,  dont  un  fait  tourner 
treize  meules  :  il  y  a  trois  portes  à  remarquer  ;  un  pont 
de  pierre  fur  le  Necker,  lequel  joint  à  la  ville  Necker- 
Geftad  ,  qui  eft  de  l'autre  côté  à  l'oueft.  Les  édifices 
publics  &  les  maifons  des  particuliers  ont  de  la  beauté, 
quoique  l'an  1634,  cette  ville  ait  été  incendiée  lorsqu'elle 
fut  prife  ;  les  rues  font  nettes  ,  le  marché  eft  large ,  la 
maifon  de  ville  affez  remarquable  ,  avec  une  horloge  qui 
reffemble  en  quelque  chofe  à  celle  de  Strasbourg.  Il  y 
a  un  couvent  de  Carmes,  qui  étoit  autrefois  fort  déco- 
ré, Stpoffédoit  de  bons  revenus  fondés  fur  le  pèlerinage 
qu'y  attiroit  une  image  de  bois,  qui  repréfentoitlafainte 
Vierge  ;  mais  durant  la  guerre  des  payfans  ,  les  religion- 
naires  briferent  cette  image  ,  &  renverferent  l'églife  en 
«à«.  Il  y  a  auffi  un  monaftere  de  filles  de  fainte  Claire, 
&  l'on  dit  que  le  clocher  eft  d'une  fabrique  finguliere, 
■qui  mérite  d'être  vue  :  le  magiftrat  fuit  la  confeffion 
d'Augsbourg.  On  a  tenu  plufieurs  affemblées  &  diètes 
en  cette  ville  ;  mais  comme  les  archives  ont  été  brû- 
lées avec  la  maifon  de  ville ,  Munfter  &  Reusner  n'ont 
pu  en  recueillir  autant  d'antiquités  qu'ils  auroient  fou- 
haité.  On  trouva  que  l'an  1388,  quelques  princes  de 
l'empire  l'affiégerent,  la  prirent,  pillèrent  tout,  excepté 
les  biens  des  eccléfiaftiques  ;  mais  à  peine  étoient-ils  par- 
tis que  les  bourgeois  s'en  emparèrent ,  afin  de  n'être  pas 
feu'ls  malheureux.  Cependant  Crufius  dit  que  ce  fiége 
fut  inutile  :  peu  après  une  pefte  en  emporta  fix  cents 
perfonnes.  L'an  1408,  la  nobleffe  de  Suabe  y  fit  un  tour- 
nois,  où  fe  trouvèrent  des  princes,  des  comtes  &  des 
barons,  &c.  En  1631 ,  les  Suédois  laffiegerent,  la  pri- 
rent, &c  en  1634,  les  impériaux  y  rentrèrent  par  com- 
pofition.  Dans  la  guerre  de  1688,  les  François  étant  en- 
trés en  Suabe ,  prirent  Hailbron  le  1  \  Oftobre  ;  mais  ils 
l'abandonnèrent  peu  après  ,  &£  en  démolirent  les  forti- 
fications que  le  prince  Louis  de  Eade  fit  relever. 

2.  HAILBRON  ,  ville  bien  différente  de  la  précé- 
dente. Celle  qui  fait  cet  article  ,  eft  en  Franconie  ,  au 
margraviat  d'Anspach ,  fur  la  rivière  de  Schvaback.  Il 
y  avoit  autrefois  une  fameufe  abbaye  de  l'ordre  1  de  Cî- 
teaux ,  qui  a  été  changée  en  collège. 


HAI 


HAILDESHEIM  :  c'eft  ainfi  que  Baudrand  &  fa  fa* 
mille  géographique  écrivent  le  nom  d'une  petite  ville- 
que  les  Allemands  nomment  Haidelsheim  ou  Hey- 
DELSHEIM  :  ce  n'eft  qu'une  petite  ville  au  bas  Palati- 
nat  du  Rhin  ,  dans  le  Craichgow ,  à  deux  milles  da 
Brettheim ,  &  à  un  mille  de  Bruchfal  :  elle  eft  fituée  fur 
la  petite  rivière  de  Saltz ,  qui  tombe  dans  le  Rhin  à  Phi- 
lipsbourg  :  elle  fut  fort  endommagée  par  le  feu,  en  1622, 
ôc  n'eft  que  très-peu  de  chofe  à  préfent. 

HAIMBOURG  ouHainbourg,  ville  d'Allemagne,' 
dans  la  baffe  Autriche,  au  bord  méridional  du  Danube, 
vis-à-vis  de  l'embouchure  de  la  Morave  ,  dans  cette  ri- 
vière ,  fur  les  frontières  de  Hongrie ,  à  huit  milles  de 
Vienne  par  eau.  Les  auteurs  écrivent  différemment 
Haimberg  ,  Hainbourg  ou  Haynbourg  ,  &  di- 
fent  en  latin  Hamburgum  Aufiriœ.  On  peut  juger,  en 
voyant  &s  murailles ,  qu'elle  eft  fort  ancienne,  &:  qu'elle 
a  été  autrefois  fort  grande  :  il  y  avoit  aufli  une  prévôté 
qui  ne  fubfifte  plus ,  fa  décadence  eft  venue  de  ce  que  , 
vers  l'an  1200,  Léopold  VI,  duc  d'Autriche,  en  trans- 
féra le  droit  d'étape  &  le  commerce  à  Vienne.  Haim- 
bourg  a  été  la  réfidence  de  plufieurs  princes  de  la  mai- 
fon d'Autriche.  C'étoit  même  un  entrepôt  pour  les  mar- 
chandifes  que  l'on  transportoit  de  Suabe  à  Bude,  après 
que,  dans  l'affemblée  de  1050 ,  à  Nuremberg ,  il  fut  réglé 
que  la  ville  de  Haimbourg  ,  ruinée  par  le  feu ,  durant 
les  guerres  de  l'empereur  Henri  III ,  contre  Ovon ,  roi 
de  Hongrie  ,  feroit  rebâtie  ;  ce  qui  fut  exécuté.  Matthias 
Corvin  ,  roi  de  Hongrie ,  aflîégea  Sr.  prit  cette  ville  , 
l'an  1482  ;  mais  en  1490 ,  la  ville  &:  fur-tout  le  château, 
fe  rendirent  aux  gens  de  Maximilien  I ,  Gabriel-Bethlem, 
que  nous  appelions  Betlem-Gabor,  prince  de  Tranfilva- 
nie,  l'affiégea  inutilement  durant  les  troubles  de  Bohême. 
Les  habitans  ne  fubfiftent  plus  que  de  la  culture  des  ter- 
res &  de  leurs  vignes.  Il  y  a  auffi  des  eaux  minérales , 
mais  qu'il  faut  faire  chaffuer ,  pour  s'y  baigner.  Au  haut 
de  la  montagne  ,  nommée  Hainberg  ,  fe  trouvent  les 
meilleurs  faucons  Se  facres  ;  il  y  a  un  vieux  château  in- 
habité ,  où  le  petit  peuple  s'imagine  que  les  forciers  tien- 
nent leur  fabat  :  quelques  auteurs  prétendent  que  Haim- 
bourg eft  la  Comagenum ,  que  les  anciens  mettoient  dans 
laPannonie.  *  Zeyler  ,  Auftr.  Topogr. />.  21.  Bonfin. 
Rer.  Hungar.  Decad.  v.  1.  I.  Baudrand,  édit.  1705. 

HAIMUEN,  ville  delà  Chine,  dans  la  province  de 
Kiangnan ,  au  département  d'Yangcheu  ,  feptieme  mé- 
tropole de  la  province.  Elle  eft  de  4  d.  to'  plus  orien- 
tale que  Pékin,  fous  les  32  d.  48'  de  latitude.  *  Atlas 
Sïnenfis. 

H  AIN  ,  Aïn,  En  ou  Eïn  :  ces  mots  lignifient  en  hé- 
breu une  fontaine  ,  &  entrent  dans  la  compofition  de 
plufieurs  noms  des  villes  de  la  Paleftine  :  les  Arabes  les 
emploient  auflï  dans  le  même  fens. 
HAIN-EL-GINUN.  Voyez  Aaïn-El-Ginun. 
HAIN-SEMES.  Voyez  En  Semés. 
'  HAIN  ,  ou  Hayn  ,  Hayna  ,  ville  d'Allemagne  ; 
dans  la  haute  Saxe  ,  au  cercle  de  Misnie  ,  fur  la 
petite  rivière  de  Rheder  ,  &  environ  à  trois  milles  de 
Dresde.  Drefferus  cité  par  Zeyler  ,  Saxon.  Misn.  &c. 
Topogr.  p.  100  ,  dit  que  chez  les  anciens  Allemands  & 
les  Vendes ,  Hayna  fignifie  une  forêt  détachée ,  &  que 
le  diminutif  en  eft  Hanichen.  Il  y  a  des  écrits  qui  font 
mention  de  Han  ,  ou  Groffen-Han  &  Grofen-Haïn  en 
Misnie  ;  ôt  cette  place  ne  fe  trouvant  ni  fur  les  Cartes  , 
ni  dans  les  Descriptions  de  ce  pays  ,  Zeyler  en  con- 
clut que  ce  doit  être  la  même  chofe  que  cette  ville.  On 
trouve  bien  les  Hanischen  ;  &  Mercator  marque  dans 
fa  Description  de  la  haute  Saxe  ,  de  la  Luface  &  de  la 
Misnie  ,  une  Henischen  ,  ou  Heinischen  ,  comme  une 
petite  ville  près  de  Freyberg  en  Misnie.  Colleras  danï 
fon  Calendrier  perpétuel ,  marque  deux  foires  annuelles  , 
l'une  au  dimanche  après  la  Pentecôte ,  Se  l'autre  à  la  fête 
de  S.  Michel  à  Henichen  :  d'ailleurs  on  trouve  Henichen 
dans  le  cercle  éleftoral  de  Saxe  ,  entre  Wittenbere  & 
Bitterfeld ,  à  deux  milles  de  l'une  &c  de  l'autre  de  ces  deux 
villes.  C'étoit  ci-devant  une  jolie  petite  ville ,  &  Zeyler 
dit  l'avoir  vue  deux  fois  en  cet  état  ;  mais  elle  fut  ruinée 
par  le  feu ,  même  de  fon  tems.  Colleras  y  place  auffi  deux 
foires ,  l'une  le  jour  de  la  Trinité ,  l'autre  à  la  S.  Michel  : 
la  fituation  de  cette  dernière  ,  entre  Wittenberg  6c 
Bitterfeld  ,  ne  convient  pas  à  Haïn  ,  qui  eft  de  1  autre 
côté  de  l'Elbe  ,  beaucoup  plus  vers  le  midi  &  1  orient. 


haï 


Pour  revenir  à  Hïan 
qui  y  exercèrent  de 


Ile  fat  ravagée  par  les  Huflîtes  ," 
andes  cruautés  ,  Se  là  brûlèrent 
l'an  1429  ,  fî  l'on  en  croit  Peccenftein  ;  mais  une  chro- 
nique manuscrite  de  Thunnge  d'Adam  Uriinus  .  allure 
au  contraire  que  les  Bohémiens  IV.ffiégerent  en  vain 
l'an  1430 , en  quoi  elle  s'accorde  avec  Boregk ,  qui ,  dans 
fa  Chronique,  fol.  445  ,  de  Bohême  ,  dit  que  .  Fan  1429 , 
les  Huffites  perdirent  leurs  peines  devant  la  ville  de  Haïn. 
Elle  fat  brûlée  en  1538  :  avant  cette  perte  ,  elle  avoit 
beaucoup  d'ouvriers  en  drap.  Peccenftein  dit  qu'elle  a 
été  autrefois  la  réfidence  des  margraves  de  Misnie  ,  Se 
il  refte  encore  des  ruines  du  château  où  ils  demeuraient. 


Cette  ville  a  eu  auffi  des  édifices  allez  beaux ,  &  des  monas- 
tères que  les  guerres  Se  le  changement  de  religion  ont     que    cet    écrivain    appelle   monejleriurri  Al 
détruits  en  tout  ou  en  partie.  jltum  in  territorio  Hagnovo  jzixtà  Sa:nb, 


HALNAN ,  ifle  d'Aile ,  au  nord  du  golfe  de  là  Cochin-  pays  eft  auffi  appelle  du 
chine ,  Se  au'midi  de  la  Chine  &  de  la  province  de  Quan- 
ton  ,  dont  eile  eft  iéparée  par  un  bras  de  mer  ,  de  fept 
ou  huit  lieues  communes  de  large.  Elle  s'étend  par  les  19e 
6e  20e  degrés  de  latitude  feptentrionale.  Elle  eft  presque 
toute  remplie  de  très-hautes  montagp.es  &  couverte  d'an- 
ciennes forêts ,  Si  produit  tout  ce  qui  eft  néceffaire  à  la 
vie.  Les  Chinois  n'en  pofledent  que  les  côtes  ;  mais  le 


Haï       27  î 

l'Orient  de  la  ville ,  Se  s'eft  formé  d'une  grande  ville  qui 
a  été  abîmée ,  la  terre  s'étant  ouverte. 

HAINAUT  (  le  )  ,  Hannonia  ,  Se  en  allemand 
Henegow  (  a  ).  Quelques  -  uns  l'écrivoient  autrefois 
Henault.  Anciennement  on  l'appelloit  Pannonia  ,  du 
nom  ce  Pan  ,  qui  y  étoit  adoré  ,  fi  l'on  en  croit  quelques 
chroniques  fabuleufes.  C'eft  une  des  provinces  Catholiques 
des  Pays-bas.  Leffab2us ,  dans  fa  Description  du  Hair.aut , 
&  Trithème  dans  lés  Annales  des  François  ,  difent  que 
ce  pays  fat  enfuite  nommé  h  forée  du  charbonnier.  Il  eft 
marqué  pour  la  première  fois  (b)  parle  moine  Angrade, 
dans  la  Vie  de  S.  Ansbert  ,  archevêque  de  Rouen  ,  qui 
étoit  moine  du  rnonatlère  d'Aumont ,  dans  le  VII  fiécle  , 

monli.il 
um.  Ce 


Hagnau. 

On  voit  encore  des  traces  de  ce  nom  dans  la  Chronique 
de  Sigebert  ,  où  cet  écrivain  appelle  Reinier  comte  de 
Hainaut ,  comium  Hagionenjium.  Mais  dans  les  Annales 
de  S.  Berlin  ,  ad  ann.  870  ,  le  même  pays  eft  appelle 
Hainôum ,  de  même  que  dans  les  Capitulai  res  de  Charles 
le  Chauve.  Tous  les  anciens  actes  nomment  ainfi  ce  pays; 
&  ce  n'eft  que  depuis  environ  400  ans,  que  l'on  a  changé 


milieu  eft  peuplé  d'une  nation  qui  ne  reçoit  point  les  ce  nom  Htghoum  en  Hannonia.  Il  a  été  nommé  Hainaut, 
officiers  Chinois,  qui  fe  gouverne  indépendamment,  &  n'a  de  la  rivière  de  Haine  qui  le  coupe  par  le  milieu.  Il  eft 
de  commerce  avec  eux  que  pour  en  tirer  des  habits  Se  dit  dans  les  anciens  Capitulaires ,  que  le  Kairraut  eft  entre 
du  fel.  Les  Chinois  afturent  qu'il  y  a  dans  ces  montagnes  le  pays  de  Cambrai  ,  Pagum  Cameracenfem  ,  Se  le  pays 
des  mines  d'or  Se  d'argent  ;  mais  (bit  politique  ,  foit  de  Lomme  ,  Pagum  Lommcnfem  ou  LqntacenjtTÇ..  Ainfî 
pareffe  ,  on  n'y  travaille  point  :  ils  recueillent  les  paillet-  non-feulement  VOftervand  ,  qui  eft  à  l'occident  de  '."Es- 
tes d'or  que  les  rivières  entraînent.  Il  ne  fe  trouve  nulle  caut ,  mais  Valenciennes  Si  le  pays  vôifiji  n'étoient  pas 
part  ailleurs  des  perles  en  11  grande  quantité  que  vers  le  du  Hainaut  ;  Se  aujourd'hui  dans  le  cliccèfe  de  Cambrai 
nord  de  l'ifle.  Les  montagnes  produilènt  du  bois  d'aigle  ,  Farchidiaconé  de  Valenciennes  eft  diftiriguë  de  celui  de 
de  l'ébene ,  du  bois  derofe  ou  rofnrt  Se  du  bois  de  Brelil  Hainaut. 


que  les  teinturiers  emploient  à  la  Chine.  On  y  trouve 
auffi  des  noix  d'Inde ,  de  la  grande  S:  de  la  petite  efpece  , 
Se  le  jaque ,  -qui  paffe  pour  le  plus  gros  de  tous  les  fruits. 
L'ifle  abonde  de  cerfs  ,  de  divers  oifeaux  ,  d'animaux 
domeftiques  &  appriveifés.  Vers  la  partie  méridionale  d: 
l'ifle ,  les  Chinois  pèchent  des  baleines  d< 
que  les  Hollandois  en  pèchent  auprès 
que  le  P.  Martini  transporte  affez  mal-à-propos  dans  la 
mer  Baltique.  Il  y  croît  une  herbe  qui  feroit  merveilleufe, 
fi  elle  avoit. effectivement  les  vertus  qu'on  lui  attribue. 
On  la  nomme  chifung  ,  c'eft-à-dire  qui  montre  le  vent. 
Les  mariniers,  en  l'examinant  croient  apprendre  combien 
de  tempêtes  il  y  aura  durant  l'année  ,  Se  en  quel  mois. 
C'eft  en  comptant  les  nœuds  :  moins  il  en  y  en  a ,  difent- 
ils ,  moins  il  y  aura  de  tourmentes  ;  Se  ils  jugent  félon 
l'intervalle  d'ujp  nœud  à  un  autre ,  en  quel  mois  chaque  tem- 
pête  arrivera.  *  P.  Martini  Atlas  Sinenfis. 

Les  Chinois  difent  que  cette  ifle  a  mille  ftades.  (  Bau- 
drand  lui  donne  cinquante  lieues  de  long  du  levant  au 
couchant  ,  Se  quarante  de  large  du   nord  au  fad.   (  Les 

Jefaites  y  ont  des  églilés  Se  un  affez  grand  nombre  de  gne,  qui  étoient  devenus  comtes  du  Hainaut 
Chrétiens.  Avant  que  les  Chinois  s'y  faflent  établis ,  ce  pays  — 
s'appelloit  G.10.  Le  nom  cYHaïnan  ne  lignifie  autre  choie 
que  fa  lïtuarion  méridionale.  La  capitale  de  l'ifle  eft 
Kiuncheu ,  félon  les  Portugais,  ou  Kiontcheou  félon  notre 
prononciation.  Elle  à  fous  elle  douze  autres  villes  toutes 
iituées  dans  l'ifle  ,  à  lavoir  : 


Chingyu  , 
Lincao, 
Tingan  , 
Verre  hang. 
Ho.eitung, 
Lohoei , 


Chen  , 

Changhoa . 
Van  , 
Lingxui, 

Ya'r, 
Cangen. 


Ce  pays  contient  la  plus  grande  partie  duterritoire  des 
Netvuns  ,  dont  la  capitale  étoit  Bagactim  ,  marquée  par 
Ptolomée  comme  la  principale  ville  de  ces  peuples  fi 
célèbres  dans  Fhiftoire.  Elle  fe  trouve  auffi  dans  l'Itiné- 
raire d'Antonin  Se  dans  la  Carte  de  Peutinger.  Plufieurs 
ème  manière  grands  chemins  Romains  s'y  rencontrent  ,  dont  on  voit 
Groenland  ,  encore  des  reftes  auffi-bien  que  de  plufieurs  monumens 
de  l'antiquité.  *  Abralz.  Onelii.  1  hefaurgeograph.  (b)  Lon- 
gueme',  Description  de  la'France  ,  pan.  2  ,  p,  97. 

Le  Hainaut  fut  pôfféde  par  les  rois  d'Auftrafie,  tant 
Mérovingiens  que  Carlovirgiens  ,  qui  établiffbient  des 
gouverneurs  ou  comtes  dans  le  Hainaut.  Ce  fat  le  comte 
Reinier,  fous  le  règne  de  Charles  le  Simple  ,  roi  de  France , 
qui  en  fut  le  premier  comte  héréditaire.  Ses  fuccefleurs, 
pour  être  plus  indépendans  du  royaume  de  France ,  fe 
rendirent  feudataires  de  l'empire.  Il  y  eut  même  ds  .;  le 
onzième  fiécle  un  comte  de  Hainaut  ,  qui  demanda  du 
fecours  à  l'évëque  de  Liège  pour  réduire  lès  fujets  révol- 
tés ,  Si  rendit  du  confentement  de  l'empereur  foi  Se 
hommage  à  l'églife  de  Liège  ;  mais  les  ducs  de  Bourgo? 

1436, 
par  ra  mort  de  la  comteffe  Jacqueline  ,  obligèrent  l'évo- 
que de  Liège  en  1465  ,  à  renoncer  à  cette  mouvance  : 
Se  peu  de  tems  après  l'empereur  y  renonça  auffi  en 
faveur  de  Charles  lé  Hardi,  dernier  duc  de  Bourgcgue. 
*  Piganiol de  la  Force ,  Description  de  là  France  ,  t.  6  , 

p-  iy- 

Cette  province  eft  entrée  dans  la  maifon  d'Autriche  , 
pat  le  mariage  de  Marie  de  Bourgogne  avec  Maximilien  , 
dont  les  descendans  ont  joui  du  Hainaut  jusqu'au  règne 
de  Philippe  IV ,  Si  à  celui  de  Charles  II,  rois  d'Espagne , 
qui  cédèrent  une  partie  du  pays  à  la  France  par  les  fai- 
tes des  Pyrénées  Se  de  Nimegue  ;  enforte  que  le  Hai- 
naut fe  trouve  maintenant  François  Si  Impérial  ,  parce 
que  la  portion  qui  appartenoit  à  l'Espagne  ,  a  été  con- 
quife  par  les  alliés  dans  la  paix  d'Utrecht  ,  Se  la  pos- 
feffion  en  a  été  donnée  à  l'empereur  par  les  traités 
de  Bade  Se  de  Radftat  ,  Si  confirmée  par  le  traité  de 
Vienne. 

Le  Hainaut  impérial  eft  la  partie  feptentrionale 
de  ce  pays ,  qui  comprend  la  ville  de  Mons ,  qui  en  eft 
la  capitale  avec  celles  d'Ath  ,  Binche  ,  Leffines  ,  Saint- 
Guillain  ,  Halle  ,    Enghien  Se  Braine-';e-Co< ■- 


Il  y  a  auprès  de  Van  une  montagne  plus  haute  que  les 

nues.  Elle  eft  dans  l'ifle  de  Tocheu  ,  qui  a  cent  ftades 

de  tour.  Près  d'Yaï  on  voit  une  montagne  très-élevée  , 

nommée  Hœlfung ,  de  laquelle  on  dit  ce  que  les  anciens 

ont  écrit  du  mont  Olympe,  que  les  vents  ni  la  pluie  ne 

fe  font  jamais  fentir  au  fommet.  Son  nom  de  Hœifung 

fignifie  qui  adoucit  le  vent ,  parce  qu'en  effet  elle  femble 

le  brifer.  La  mer  qui  baigne  les  murs  de  la  ville  de  Kiun  , 

eft  remarquable  ,  lelon  les  géographes  Chinois ,  en  ce  que 

le  flux  Se  le  reflux,  qui  eft  généralement  dans  tous  les    Mons  Se  d'Ath ,  qui  ("oient  des  places  de  déTenfe.  *  Baudr. 

environs  ,  ne  s'y  tait  point  fentir  en  même  tems  ;   mais     éd.  170^. 

le  flux  y  va  quinze  jours  vers  l'orient  ,  Se,  pendant  les         Le    H.YINAUT   FRANÇOIS    comprend  les    villes   de 

quinze  autres  jours ,  vers  l'occident.  Le  lac  Tung  eft  à    Vaknciennes  capitale ,  de  Bouqhain ,  Coudé  ,  le  Ques- 


leurs  bailliages  Se  territoires  ;  mais  il  n'- 


:e  celles 


iyz 


HAI 


HAI 


noy  ,  Landrecies  ,  Avesnes ,  Maubeuge  ,  Bavay  ,  Beau- 
mont  ,  Chimay  ,  Philippeville  ,  Marienbourg  Se  Fon- 
taine-l'Evêque ,  avec  leurs  territoires ,  bailliages  Se  dépen- 
dances ,  Se  le  pays  d'entre  Sambre  Se  Meufe  ,  qui  eft  du 
Hainaut  ,  tout  cela  ayant  été  cédé  à  la  France  par  les 
traités  des  Pyrénées  Se  de  Nimegue. 

Le  domaine  du  roi  eft  peu  confidérable  dans  le  Hai- 
naut françois  :  il  confifte  principalement  dans  la  fofêt  de 
de  Mormall,  auprès  du  Quesnoy,  Se  en  quelques  terres 
Se  prairies  dépendantes  du  château  de  Loquinol ,  qui 
peuvent  rapporter  environ  trois  mille  livres  par  an.  Les 
trois  quarts  de  la  forêt  de  Mormall  font  de  bois  de  hêtre  , 
6c  l'autre  quart  de  bois  de  chêne.  Ce  bois  n'étant  pas 
bon  pour  les  bâtimens  à  caufe  de  l'humidité  du  fol  ,  fe 
débite  presque  tout  pour  le  chauffage  dans  le  Cambrefis  où 
il  n'y  en  a  point.  On  en  met  tous  les  ans  cent  cinquante 
arpens  en  coupe  ,  qui  rapportent  au  roi  environ  quatre 
mille  florins. 

Les  droits  établis  pour  le  roi  ,  dans  cette  province  , 
font  fur  les  fonds ,  les  boiflons  ou  les  entrées  des  denrées, 
L'impofition  qui  fe  levé  fur  les  fonds  ,  eft  appellée  dans 
le  pays  vingùéme.  Il  fut  établi  en  1604  ,  par  l'archiduc 
Albert  ,  qui  gouvernoit  pour  lors  les  Pays-bas  ,  Se  il 
confiftoit  à  payer  le  vingtième  du  revenu.  L'argent  étant 
devenu  plus  commun  qu'il  n'étoit  en  1604  ,  le  prix  des 
fermes  Se  des  maifons  eft  augmenté  de  moitié  ,  Se  on 
levé  aujourd'hui  quatre  vingtièmes  au  lieu  d'un  ;  quoi- 
que cette  taille  paroifle  forte  ,  néanmoins  on  compte  que 
dans  fa  réalité  elle  ne  fait  qu'environ  la  treizième  ou  la 
quatorzième  partie  du  revenu. 

La  taxe  des  cheminées  fut  établie  en  même  tems  que 
le  vingtième  ,  Se  ne  fut  d'abord  que  de  cinq  patars  par 
cheminées  ;  mais  elle  a  été  depuis  augmentée  jusqu'à 
trente  patars  pour  chaque  corps  de  cheminée  ,  foit  qu'il 
y  ait  plufieurs  tuyaux  ou  qu'il  n'y  en  ait  qu'un. 

Le  droit  de  feu  a  été  établi  en  1635  ,  pour  fournir  à 
l'étape  des  troupes  qui  paffoient  dans  la  province.  Les 
bourgeois  des  villes  ,  non  plus  que  les  gentilshommes 
qui  demeurent  dans  les  villages  ,  Se  les  eccléfiaftiques  , 
n'y  font  point  fujets.  Cette  taxe  eft  de  vingt  patars  pour 
chacun  de  ceux  qui  y  font  fujets.  Il  y  a  auflî  une  espèce 
de  taxe  fur  les  chevaux  Ss  fur  les  vaches.  L'on  paye  par 
an  pour  chaque  cheval  trente  patars ,  Se  quinze  pour  cha- 
chaque  vache  ou  bœuf.  La  vifite  que  l'on  en  fait  deux  fois 
l'année  ,  s'appelle  retrouve. 

On  a  auffi  établi  un  droit  furies  beftiaux  dans  le  cas  de  la 
confommation.  On  paye  quarante  patars  pour  chaque 
bœuf  que  l'on  tue,  vingt  pour  chaque  vache,  huit  pour 
un  porc  ou  pour  un  mouton ,  Se  quatre  pour  une  brebis, 
un  veau  ou  un  agneau. 

Les  eccléfiaftiques  Se  les  nobles  font  fujets  à  tous  les 
droits  qu'on  levé  fur  les  terres  ,  fur  les  beftiaux  8c  fur 
la  confommation  :  ils  ne  jouiflent  à  cet  égard  d'aucun 
privilège. 

Des  impôts  qu'on  levé  fur  les  boiflons  ,  celui  de  la 
bière  produit  plus  qu'aucun  autre  ,  parce  que  les  eaux 
du  pays  n'étant  pas  bonnes  ,  les  habitans  ne  peuvent  fe 
pafler  de  cette  boiflon.  L'ufage  du  fel  gris  eft  défendu  , 
afin  d'empêcher  qu'il  pafle  du  fel  en  fraude  dans  le 
Soifîbnnois  Se  dans  la  Picardie  ,  où  la  gabelle  eft 
établie. 

Le  Hainaut  eft  un  pays  entre-mêlé  de  terres  laboura- 
bles ,  de  bois  Se  de  prairies.  Les  terres  qui  font  du  côté 
de  la  Flandres  ,  font  aflez  bonnes  ;  mais  celle  de  Ventre- 
Sambre  &  Meufe  font  bien  différentes ,  auffi-bien  que  les 
dépendances  de  Maubeuge.  Il  n'y  croît  presque  point  de 
blé  ,  &  on  y  feme  le  feigle  fur  des  terres  dont  les  bois 
ont  été  nouvellement  coupés.  On  brûle  les  reftes  de  ce 
qui  n'a  pas  été  fagoté  ou  mis  en  corde  ,  Se  l'on  feme 
fur  la  cendre  épandue  fans  aucune  autre  façon.  Il  croit 
beaucoup  de  houblon  aux  environs  de  Mons  ,  &  on 
trouve  dans  cette  province  des  forêts  confidérables  , 
dont  celle  de  Mormall  a  dix-fept  mille  cinq  cents  foixante- 
trois  arpens  de  bois  de  hêtre  Se  de  chêne.  Il  y  a  ^des 
mines  de  fer  dans  la  partie  du  Hainaut  ,  qui  joint  l'en- 
tre-Sambre  Se  Meufe  ,  Se  des  mines  de  charbon  de 
terre  ,  depuis  Keuvrin  jusqu'à  Marimont  ,  dans  l'es- 
pace d'environ  fept  lieues  de  long  ce  deux  de  large. 

Toutes  les  villes  du  Hainaut  François  ont  leur  gouver- 
neur particulier  Se  leur  état-major.  Les  troupes  de  gar- 
nifon  ôc  celles  de  paffage  y  vivent  de  leur  folde  ,  Se 


le  fourrage  eft  fourni  à  la  cavalerie  par  des  entrepre- 
neurs. 

Autrefois  dans  le  Hainaut  les  juges  fubalternes  ne 
jugeoient  en  madère  civile  ,  qu'à  la  charge  de  l'appel  ; 
mais  en  matière  criminelle  ,  lorsqu'il  n'y  avoit  point 
de  partie  civile ,  leurs  jugemens  s'exécutoient  fans  appel , 
lors  même  qu'ils  portoient  condamnation  de  mort. 
Louis  XIV  ,  ayant  conquis  une  partie  du  Hainaut  ,  ne 
jugea  pas  à  propos  de  laitier  un  pouvoir  fi  abfolu  aux 
juges  fubalternes.  Il  ordonna  que  les  jugemens  qui  portent 
peine  alfli£r.ive,nes'y  exécuteraient  qu'après  qu'ils  auraient 
été  confirmés  par  arrêt  du  parlement  pour  lors  féant  à 
Tournai ,  Se  aujourd'hui  à  Douai. 

Le  Hainaut  eft  fitué  au  nord  de  la  Picardie  ,  &  a  au 
couchant  la  Flandre  Se  le  Cambrefis  ;  au  levant  le  comté 
de  Namur ,  Se  le  duché  de  Brabant.  Sa  longueur  depuis 
la  Capelle  jusqu'à  Hall  eft  de  vingt  lieues  ;  Se  fa  largeur  , 
depuis  Pecancourt  jusqu'à  Beaumont,  de  dix-huit.  Le  cli- 
mat de  cette  province  eft  froid  ce  pluvieux ,  à  caufe  du 
voifinage  des  Ardennes. 

HAINE  ,  ou  HaiSNE  (la)  ,  rivière  des  Pays-bas  ; 
elle  coule  dans  le  Hainaut  qui  en  prend  fon  nom'.  Ella 
a  fa  fource  au  midi  d'Andrela  qu'elle  arrofe  ,  pafle  à 
Fontaine-l'Evêque  ,  d.  reçoit  deux  ruhTeaux  ,  dont  l'un 
vient  de  Binche  ,  Se  l'autre  d'Eftine  ;  de  là  elle  fe  rend 
à  Havre,  g.  d'où,  tournant  vers  le  nord-oueft  ,  elle  recom- 
mence à  Nimi  à  couler  vers  le  fud-oueft  ,  où  elle  prend 
le  ruifleau  de  Trouillon  ,  Se  quelques  autres  qui  fe  font 
aflemblés  dans  les  marais  de  Mons.  De-là  elle  traverfe 
S.  Guilain  ,  arrofe  BoflTut  ,  g.  Se  va  fe  mêler  à  l'Escaut 
qu'elle  rencontre  dans  les  fortifications  de  Condé.  Bau- 
drand ,  éd.  1705  ,  nomme  en  latin  cette  rivière  Hania  &c 
Henius. 

HAINING  ,  ville  de  la  Chine ,  dans  la  province  de 
Chekiang ,  au  département  de  Hangcheu ,  première  métro- 
pole de  la  province.  Elle  eft  plus  orientale  que  Pékin 
de  3d.  45',  par  les  30  d.  34'  de  latitude.  *  Atlas 
Sincnfis. 

HA  10  ,  ville  de  la  Chine  dans  la  province  de  Kian- 
gnan  ,  au  département  de  Hoaigan  huitième  métropole 
de  la  province.  Elle  eft  de  id.  31'  plus  orientale  que 
Pékin  ,    fous  les  3  5  d.  1 3  '  de  latitude.  *  Atlas  Sinenfis. 

HAÏR  ,  petite  ville  d'Afrique  ,  dans  le  Zara  ou 
défert  ,  félon  Baudrand  Se  Corneille.  Le  premier  dit 
que  ce  défert  eft  dans  le  royaume  de  Targa  ,  Se  en  fa 
partie  méridionale.  Il  s'étend  l'espace  de  près  de  cent 
lieues  ,  vers  le  pays  des  Noirs  ,  entre  le  royaume  de 
Lempta  à  l'orient  ,  Se  celui  de  Zuenziga  à  l'occident  , 
félon  Jean  Léon  l'Africain.  Il  prend  fon  nom  de  la 
ville  de  Hair  ,  environ  à  foixante  lieues  de  celle  de 
Targa  ,  du  côté  du  couchant.  Corneille  ,  au  contraire  , 
ne  met  que  quinze  lieues  entre  Haïr  Se  Targa.  J'esperois 
concilier  cette  variété  par  Jean  Léon  lui-même  ;  mais 
voici  tout  ce  qu'il  dit  ,  /.  1  ,  c.  6  :  de  même  Hair  , 
quoique  ce  ne  foit  qu'un  défert  ,  ainfi  nommé  à  caufe 
de  la  bonté  de  l'air  qui  y  eft  fort  tempéré.  Il  dit ,  /.  6 ,  c.  5  5  , 
qu'un  certain  défert  ,  habité  par  le  peuple  Zuenziga  , 
s'étend  depuis  Tegafa  à  l'occident  ,  jusqu'au  défert 
d'Hair  ,  habité  par  le  peuple  Targa  ;  mais  je  n'ai  pu  y 
trouver  rien  de  ce  que  lui  attribue  Baudrand  ,  qui  félon 
l'apparence  l'a  ,  cité  en  fécond.  Jean  Léon  ,  /.  6 ,  c.  56  , 
dit  que  dans  le  défert  de  Targa  ,  on  trouve  allez  de 
bonne  eau ,  fur-tout  dans  le  voifinage  d"Haïr  ;  mais  il 
ne  dit  nulle  part  que  Haïr  Se  Targa  loient  des  villes. 
L'un  eft  le  nom  du  défert ,  l'autre  celui  d'un  peuple.  De 
l'Ifle  celui  de  nos  géographes  qui  eft  le  plus  vrai  Se  le  plus 
exactement  attaché  aux  Mémoires  qu'il  emploie,  s'eft  bien 
gardé  de  mettre  un  royaume  ni  une  ville  de  Targa  dans 
ce  pays  ,  encore  moins  une  ville  de  Haïr.  Mais  il  met 
feulement  les  Targa  ,  dont  le  pays  eft  fort  tempéré  ,  & 
produit  beaucoup  d'herbes.  Et  le  défert  de  Hair  où  il  y 
a  des  puits  de  bonne  eau.  L'intérieur  de  l'Afrique  fera 
toujours  peu  connu  ;  Se  il  vaut  mieux  avouer  qu'on  ne 
le  connoit  guères  ,  que  de>  le  peupler  d'imagination  , 
comme  ont  fait  la  plupart  des  faifeurs  de  cartes  ,  qui  ne 
haïffent  rien  tant  que  des  places  blanches  ,  Se  qui 
aiment  mieux  y  tracer  leurs  chimères  ,  par  la  faufle 
honte  qu'ils  fe  font  d'ignorer  ce  que  les  autres  ne 
favent  pas. 

HAIVE  (la)  ,  ou  LA  Heve  port  de  l'Acadie  fur  la 

côte  méridionale  de  cette  peninlùle  à  26  ou  27  lieues 

communes 


HAL 


HAL 


communes  de  France ,  à  l'occident  de  la  baie  de  Chï- 
bouêtou  ,  à  l'entrée  d'une  rivière  de  même  nom  ,  dans 
laquelle  d'affez  gros  vaiflèaux  peuvent  remonter  environ 
trois  lieues.  Cette  rivière  fe  décharge  dans  une  baie  où 
ïl  y  a  par-tout  bon  ,  &  sûr  mouillage.  Le  port  de  la 
Haive  eft  un  des  meilleurs  de  toute  cette  côte  qui  en  a 
plusieurs  de  très-bons. 

HAIVON  ,  forterefle  de  la  Chine ,  dans  la  province 
deChannton,  au  département  de  Ningcing  première  for- 
terefle de  la  province.  Elle  eft  plus  orientale  que  Pékin 
de  I  d.  56'  ,  par  les  37  d.  50'  de  latitude.  Atlas 
Sincnfis. 

HAIYEN  ,  ville  de  la  Chine  ,  dans  la  province  de 
Chekiang,  au  département  de  Kiahing  ,  féconde  métro- 
pole de  la  province.  Elle  eft  de  4d.  zé'  plus  orientale 
que  Pékin,  fous  les  30  cl.  45'  de.  latitude.  * Atlas 
Smen/îs. 

■HALA  ,  ville  de  l'Arabie  heureufe,  à  deux  journées 
de  diftance  de  la  mer  ,  Se  à  huit  de  la  Mecque.  Son 
port  eft  Konfodah  ,  du  nom  d'une  iile  très-proche  de  la 
terre.  *  Manuscrits  de  la  Eibl.  dit  roi. 

HALAB.  Voyez  l'article  Syrie. 

1.  HALAB  AS  ,  ville  d'Ane,  dans  I'Indouftan  ,  fur  'le 
Gange  ,  au  confluent  de  la  rivière  de  Gemene  Se  de 
ce  fleuve.  Thevenot ,  dans  fon  Voyage  des  Indes ,  c.  38  , 
dit  :  elle  a  été  long-tems  un  des  boulevards  du  royaume 
des  Patans ,  Se  c'eft  la  ville  que  Pline  a  appellée  Chryfo- 
bacra.  Elle  tomba  en  la  puiflance  du  grand-mogol  'Ecbar 
(Akebar)  après  qu'il  eut  fubjugué  le  royaume  de  Ben- 
gale :  il  y  fit  bâtir  la  forte  citadelle  ,  qui  y  eft  fur  une 
langue  de  terre  ,  Se  la  fit  entourer  d'une  triple  muraille , 
dont  celle  de  dehors  étoit  d'une  pierre  rouge  très-dure. 
Ce  château  eft  orné  d'un  obélisque  fort  antique.  Elle  a 
plus  de  foixante  pieds  de  haut ,  depuis  fon  rez  de  chauf- 
fée,  &  a  plufieurs  inscriptions  ;  mais  les  lettres  en  font 
fi  effacées,  qu'on  n'en  diftingue  pas  même  le  caractère. 
Le  palais  du  roi  eft  auflî  d'une  belle  ftructure  ;  &  l'on  voit 
encore  au-deffous  des  lieux  voûtés  où  l'on  conferve 
avec  foin  des  pagodes  que  les  gens  du  pays  attribuent 
à  Adam  &  à  Eve  ,  dont  ils  prétendent  fuivre  la  reli- 
gion.  On  y  voit  en  certains  tems  une  afHuence  incroyable 

.  de  peuple  qui  y  vient  en  pèlerinage  de  toutes  les  parties 
des  Indes  ,  Se  par  la  croyance  qu'ils  ont  qu'Adam  Se 
Eve  y  ont  été  créés.  Mais  avant  que  d'approcher  de  ce 
lieu  qu'ils  croient  faint  ,  il  fe  jettent  tout  nuds  dans  le 
Gange  pour'fe  purifier  ;  Se  ils  fe  rafent  la  barbe  Se 
les  cheveux  ,  afin  de  mériter  l'honneur  d'y  être  intro- 
duits. Cette  ville  eft  la  capitale  d'une  province  de  même 
nom. 

2.  HALABAS  ,  province  de  l'Indoftan  ,  fur  le  Gange. 
On  la  nommoit  autrefois  Purop.  On  y  comprend  le  Nar- 
var  Se  le  Mevat ,  qui  ont  au  midi  le  Bengale.  Il  y  a 
beaucoup  de  bonnes  villes  dans  cette  province.  L' auteur 
cité  n'en  nomme  que  trois  ,  favoir ,  HaLibas  capitale  , 
Narvar  Se  Gehud.  Il  pouvoit  y  joindre  Canove ,  Ondée. 
Narnol  Se  Minapour.  Le  Mevat  Se  le  Narvar  ,  qui 
compofent  cette  province  ,  font  féparés  par  le  Gange  ; 
le  premier  eft  au-delà  de  ce  fleuve  ,  Se  le  fécond 
en-deçà. 

1 .  HALiE  ,  "AXat. ,  petite  ville  de  Grèce  ,  dans  la 
Béotie.  Plutarque  en  fait  mention  dans  la  vie  de  Sylla. 
*  Ortel.  Thef. 

2.  HAL/i, ,  ville  de  Cilicie  ,  félon  Etienne  le  géo- 
graphe. Elle  dpnnoit  le  nom  à'Alefus  ager  à  une  cam- 
pagne. 

3.  HALjE  ,  lieu  à  l'oppofite  de  Mafetes  ,  félon  le 
même  ;  fon  abréviateur  le  diftingue  d'un  autre  Haies 
qu'Etienne  dit  être  le  nom  d'une  terre  voifine  du  pays 
d'Argos.  Mais  ,  comme  le  remarque  Berkelius  ,  il  y  a 
lieu  de  fonpçonner  que  l'abbréviateur  fe  trompe  , 
Se  que  c'eft  la  même  chofe  ;  car  Mafetes  étoit  dans  le 
pays  d'Argos.  Thucydide ,  /.  4 ,  dit  :  ils  infeftoient  de  leurs 
brigandages  les  territoires  de  Troëzene  ,  de  Haie  ,  Se 
.d'Epidaure.  Voyez  Halice. 

HALiE  .tëXÔNIDES.,  & 

HALJE  Araphenides. Voyez jExone.  Spon,  clans 
fa  lifte  de  l'Attique  ,  p.  311,  écrit  Alœ  ,  à  l'une  Se  à 
l'autre  ,  Se  dit  :  Alœ  ÂLxonidcs  étoient  proche  du  bourg 
jExone  ,  de  la  tribu  Cecropide  affez  proche  d'Athènes  : 
Alœ  Arafenides  cle  la  tribu  Egeïde  ,  n'étoient  pas  loin 
de  Bauton  ôe  de  Marathon  ;  Se  on  y  voyoitun  temple  Se 


une  ftatùë  de  Diane  Taurique  ,  comme  on  le  lit  dans  Euri- 
pide ,  Se  danb  CaLlimaque. 

HALALjENUS  ,  rivière  de  l'ifle  d'Albion ,  félon  Pto- 
lomée ,  /.  2  ,  c.  3  ;  quelques  exemplaires  portent  Alau- 
nius.  Ortelius  ,  Thejàur.  croit  que  c'eft  préfentement 
YAvon. 

HALALE  ,  village  d'Afie  ,  au  pied  du  mont  Taurus. 
Jule  Capitolin  ,  Hifi.  Auguft.  dit  que  Fauftine  ,  femme 
de  Marc-Aurele  ,  mourut  en  cet  endroit  ,  Se  qu'enfuite 
l'empereur  y  envoya  une  colonie.  C'eft  apparemment 
cette  colonie  qui  devint  enfuite  une  ville  épiscopale  , 
connue  fous  le  nom  de  FauÇùnopolis.  Voyez  ce  mot.  ■ 

HALANI  ,  peuple  voifin  des  Perfes  ,  /elon  Ammien 
rviarcellin  ,  /.  31.  Ce  font  les  Alains  ,  peuple  Scythe  , 
qui  étoient  fort  répandus  en  ce  tems-là. 

HALAPO  ,  ville  de  l'Amérique.  Voyez  Halpo. 
HALAR,  ou  Hola  ,  ou  Holen  ,  bourg  d'iila'ide  ; 
dans  fa  partie  fetentrionale  ,  fur  le  bord  oriental  du 
golfe  de  Skage,  précifément  fous  le  premier  méridien, 
par  les  67  d.  25'  de  latitude.  Baudrand  en  fait  une  ville. 
La  Peyrere,  Relation  de  l'I/lande,  c.  29,  dit  :  il  n'y  a 
dans  toute  l'Iflandeque  deux  villages,  dont  le  plus  grand, 
qui  eft  celui  de  Holar,  ne  confifte  qu'en  fort  peu  de  mai- 
fons  contiguës  :  il  ajoute,  Se  comme  il  n'y  a  ni  ville  ni 
village  dans  l'Iflande ,  il  n'y  a  point  auffi  de  grands  che- 
mins. ...  Il  y  a  un  collège  à  Holar,  .où  les  en  fans  étu- 
dient jusqu'à  la  rhétorique  ,  Se  viennent  ensuite  à  Cop- 
penhague  faire  leurs  cours  de  philofophie  Se  de  théolo- 
gie. Ils  ont  une  imprimerie  où  ils  ont  imprimé  autrefois 
l'ancien  teftament  en  Iflandois.  Le  nouveau  ne  fut  point 
achevé  faute  de  papier.  Holar  eft  néanmoins  un  des  deux 
évêchés  de  l'ifle.  Il  eft  Luthérien,  Se  reconnoit  pourfoix 
métropolitain  l'archevêque  de  Drontheim. 

HALBERSTAT,  ville  d'Allemagne  ,  dans  la  baffe 
Saxe ,  où  elle  eft  la  capitale  d'un  évêché  (ëcularifé ,  Se 
réduit  en  principauté  l'an  1648  ,  Se  donné  à  la  maifoft 
de  Brandebourg.  Les  auteurs  ne  conviennent  pas  de  l'o- 
rigine de  fon  nom.  Gaspard  Bru^chius,  de  Episc.  Germ, 
c.  13,  p.  124;  Schopper,  Bèrtius  ,  Se  quelques  autres  „ 
ont  cru  qu'il  venoit  des  noms  de  l'Elbe  Se  de  l'Ora,  qui 
s'y  rencontroient  autrefois  ,  quoique  cette  dernière  ers 
foit  préfentement  à  fept  milles.  Drefler  croit  que  cette 
ville  a  été  aiiifï  appellée  d'un  Albert ,  fon  fondateur» 
Verdenhagen  juge  qu'Halberftadt  lignine  demi  -  ville, 
parce  que ,  dit-il ,  elle  étoit  autrefois  plus  grande  ;  ce 
qu'il  prouve  par  les  ruines  que  l'on  voit  de  fon  ancienne 
enceinte ,  vers  le  midi.  Bertius ,  Comment.  Rer.  German* 
l.  3  ,  p.  561  ,  lui  donne 3 3  d.  8'  de  longitude,  Se  ^2  d.  8' 
de  latitude  ;  mais  il  fe  trompe  ,-car  elle  a  29  d.  4'  de  lon- 
gitude, Se  52  d.  6'  de  latitude.  Il  ajoute  :  Irenicus  s'eft 
imaginé  que  c'étoit  la  $îu'ya.&v  de  Ptolomée  ;  mais  i! 
n'appuie  d'aucune  preuve  fon  fentiment  qui  a  été  fuivï 
par  Appjen,qui  étoitun  favant  homme.  Ptolomée  donne 
à  fa  ville  de  Pheugarum  32  d.  40'  de  longitude  ,  Se 
52  ch  15'  de  latitude  :  fur  quoi  Bertius  observe  que  cette 
pofitiôn  convient  mieux  à  ÔJlenp'ick.  Il  eft  certain,  pour» 
fuit-il,  que  Charlemagne  ,  voulant  convertir  les  Saxons, 
fit  bâtir  l'an  780,  à  Ojlcrwick  une  églife  fous  l'invocation 
de  S.  Etienne,  Se  y  établit  éyêque  un  François  de  Cha- 
înons ,  nommé  Hildegrin  ,  Se  qu'il  nomma  ce  lieu  Seli- 
genfladt  ;  mais  on  transféra  ie  liège  épiscopal ,  au  con- 
fluent de  l'Elbe  Se  de  l'Ora.,  d'où  fe  forma  le  nom  iïAt- 
boreftadium  ,  dont_s'eft  fait  enfuite  celui  d'Halberftadt. 
Nous  avons  déjà  fait  revnarquer  l'inconvénient  de  cette 
Opinion.  Il  fe  fert  au  r.efte  de  Halbcrfîadiutn  pour  expri- 
mer en  latin  cette^  ville.  Zeyler ,  Saxon,  infer.  Topogr. 
p.  119  ,  dit  Hemipolis  ;  ce  qui  revient  à  l'opinion  "de 
ceux  qui  expliquent  Halberftadt  au  fens  de  demi-ville. 
Les  fuccefleuts  de  Hildegrin  étendirent  le  domaine  de 
Cet  évêché.  Albert  ,  frère  de  Bernard  ,  fécond  prince 
d'Anhalt,  y  unit  le  comté  d'Ascanie.  Albert  de  Bruns- 
vick  ,  qui  lui  fuccéda,  eut  pour  fuccefleur  Louis ,  land- 
grave deThuringe,  Se  margrave  de  Misnie,  qui  fut  trans- 
fère à  l'archevêché  de  Bamberg.  Je  pafle  les  prélats  qui 
fuivent  jusqu'à  Albert  de  Brandebourg,  coadjuteur  d'Er- 
neft  de  Saxe,  après  la  mort  duquel  il  fut  élu  évêque  d* 
Halberftadt,  l'an  1^13.  Il  eut  pour  foc  (Te  r,  en  iï48  , 
fon  coufin  Jean-Albert,  marquis  de  Brandebourg,  fils  de 
Frédéric  d'Anspach,  auquel  fuccéda  Frédéric  de  Brande- 
bourg ,  fils  de  l'électeur  Joachim  II.  Après  fa  mort ,  cet 
évêché  fut  conféré  à  Sigismond,  fou  frère,  qui  n'avok 
tmt  ÎIL    Mm 


174 


HAL 


HAL 


que  quatorze  ans.  Ce  fut  lui  qui  introduifit  dans  cet  évê- 
ché  la  religion  Proteftante,  qu'il  profelïoit  ;  Scies  fuc- 
cefleurs  l'imitèrent.  Enfin  au  traité  de  Veftphalie ,  cet 
évêché  fut  converti  en  principauté %  Se  cédé  à  l'électeur 
de  Brandebourg,  qui  en  jouit.  *  D'Audifrst,  Geogr.  hift. 
t.  3 ,  p.  3  54. 

La  ville  eft  agréablement  lîruée  dans  un  terroir  fer- 
tile où  le  bled  vient  plus  haut  qu'un  homme  à  cheval. 
Au  milieu  de  la  ville  eft  une  hauteur ,  furmontée  d'une 
esplanade,  fur  laquelle  font  deux  églifes,  avec  les  mai- 
fons  des  chanoines.  La  cathédrale  ,  dédiée  à  S.Etienne, 
eft  de  pierre  de  taille ,  avec  deux  tours.  Elle  n'eft  pas 
bien  éclairée  ;  mais  par  dehors  elle  eft  ornée  de  ftatues 
remarquables.  Dans  l'églilé,  derrière  !e  chœur,  eft  l'imags 
de  la  Vierge  ,  avec  foixante  Se  douze  titres  d'honneur. 
On  a  une  fondation  faîte  ,  en  1489  ,.dans.  cette  cathé- 
drale ,  fuivant  laquelle  on  doit,  tous  les  vendredis,  à  onze 
heures  du  matin,  fonner  la  groffe  cloche,  nommée Can- 
takona  ,  pour  jfervir  de  lignai  aux  fidèles  de  dire  un 
Pater  nojter,  afin  de  remercier  Jefus-Chnft  de  la  pailion 
qu'il  a  foufferte  pour  nous. 

Il  y  a,  dit  Zeyler ,  des  orgues  qui  font  peut-être  uni- 
ques dans  leur  espèce.  La  facture  en  eft  fort  antique.  Il 
y  a  quelques  tuyaux  de  plomb  d'une  extrême  groffeur. 
Les  touches  font  plus  larges  que  la  main,  en  très-petit  nom- 
bre, creufées,  &  fi  duras  à  abbaifler,  qu'il  faut  y  employer 
toute  la  main  ou  même  le  coude  ;  il  y  a  quantité  de  petits 
foufHers.  On  affure  qu'un  homme  ne  fauroit  refter  vingt- 
quatre  heures  auprès  de  ces  orgues,  fans  être  étouffé  par  une 
vapeur  d'arfenic,  qui  en  fort  iorsqu'on  en  joue.  On  pré- 
tend qu'un  voyageur  étranger  l'éprouva  en  1646.  Les 
maifons  qui  font  fur  la  hauteur  ou  à  l'entour ,  font  ce 
qu'on  appelle  la  ville.  Ce  qui  eft  au-defîous,  eft  le  faux- 
bourg.  Outre  la  cathédrale  il  y  avoit  quatre  églifes  col- 
légiales ,  favoir  Notre  -  Dame  ,  S.  Paul ,  S.  Boniface  , 
S.  Maurice ,  avec  quelqu' autres  églifes  Se  monafteres.  La 
paroiffe  de  S.  Martin  a  deux  tours  qui  ont  la  vue  fur  le 
pays  circonvoifin.  Les  rues  font  aflez  belles  ;  la  place , 
qui  eft  gtande  ,  eft  devant  la  maifon  de  ville  :  fous  un 
petit  toit ,  eft  la  ftatue  de  Roland ,  moins  grande  que  celle 
de  Magdebourg.  Voyez  l'article  Impériales.  La  petite 
rivière  de  Hotheim  traverse  la  ville.  Halberftadt  a  fix 
portes  ;  favoir  Harjleber  thor  ou  la  porte  de  Harfleben , 
celle  de  S.  Jean,  la  porte  de  Kuhling,,  la  porte  large, 
celle  de  S.  Burckhart  ,  la  Cioper  thor  ,  Se  la  porte  de 
l'eau. 

La  PRINCIPAUTÉ  eft  enfermée  entre  les  duchés  de 
Brunsvick,  de  Magdebourg,  &  la  principauté  d'Anhalt. 
Ses  principaux  lieux  font, 

Halberftsdt,  capitale,  Sch^aneberg , 

Afchersjeben  ou  Ascanie,    Oftervick, 
Hornburg  ,  Cropperftede  , 

Gruningen. 

Les  comtés  de  Hohenstein  &  de  Reinstein  en 
font  des  annexes.  On  remarque  .dans  cette  principauté 
le  village  de  StrôpKE  ,  dent  les  payfans  font  habiles 
au  jeu  des  échets ,  au  rapport  de  Hubner  ,  Geogr.  p.  558. 

1.  HALCYONE,  ancienne  ville  de  Grèce,  dans  la 
Locride ,  fur  le  golfe  Maliaque.  On  trouve  une  médaille 
de  l'empereur  Severe ,  en  petit  bronze ,  fur  laquelle  on  lit 
AAKTONinN  ,  des  Àlcyonitns.  C'eft  la  même  qu'AL- 
CYONE.  Voyez  ALCIONE.   *  Plin.  1.  4,  c.  7. 

a.  HALCYONE  ,  montagne  de  Grèce ,  dans  la  Ma- 
cédoine ,  dans  le  voifinage  du  golfe  de  Therméen. 
•  Pline,  I.4,   c.  10. 

HALCYONl^E  Insul,£.  Ortélius  croit  que  c'étoient 
des  ifles  de  Grèce  ,  aux  environs  de  Pallene  ;  Se  au  mot 
Pallene  il  cite  Suidas  ,  qui  dit  Amplement  :  Pallene 
l'une  des  Alcyonides,  &  renvoie  au  mot  Alcyonides. 
Mais  la  verfion latine  dit  PALLENE,  una  ex  Alcyonidi- 
bus ,  Se  ajoute  par  manière  d'explication  ,  vel  ex  Alcyo- 
niis  injidis.  Mais  cette  explication  eft  toute  de  l'inter- 
prète. Au  mot  Alcyonides  ,  Suidas  parle  des  jours  Al- 
cyoniens,  Se  dit  que  l'on  ne  convient  pas  du  nombre; 
que  Simonide  dit  onze  ,  Ariftote  de  même  ;  Demagoras 
de  Samos  fept ,  Philochore  neuf:  enfin,  ajoûte-t-il ,  Hé- 
gefander  raconte  ainfi  la  fable  des  Alcyons.  Le  géant 
Alcyonée  eut  fept  filles  ,  favoir  Phthonie  ,  Anthe,  Mé- 
hone,  Alcippe,  Pallene,  Drimo  Se  Aiterie.  Ces  filles, 


après  la  mort  de  leur  père ,  fe  précipitèrent,  du  promon- 
toire Canaftre ,  dans  la  mer  ;  Amphitrite  les  métamor- 
phofaen  oifeaux,  &  elles  turent  appellées^/cvo/z-f ,  du 
nom  de  leur  père.  Dans  tout  cela  il  n'y  a  point  d'ides  , 
Se  l'explication  latine  a  tout  gâté  :  c'eft  elle  qui  a  trompé' 
Ortélius.  Baudrand  trouvant  dans  ce  dernier  auteur  des 
ifles  Alcyoniennes ,  avec  un  renvoi  au  mot  Pallene  Se 
Phoflonia,  dont  le  dernier  eft  une  faute  de  copiftes,  au 
lieu  de  Phthonia ,  bâtit  là-deflus  ce  lavant  article.  Hal- 
cyonice  infulae ,  dit- il  ,  «ce  font  deux  ifles  de  la  Ma- 
»  cédoine  ,  près  de  la  presqu'ifle  Pallene ,  dont  l'une  eft 
»  nommée  Pallene ,  ci  l'autre  Phoflonia,  par  Suidas  Se 
»par  Etienne,  ou  vers  Halcyone  ,  ville  de  Theffalie, 
»  au  golfe  Maliaque.»  La  citation  eft  doublement  famTe , 
Etienne  qui  parie  de  Pallene  ne  dit  pas  un  feul  mot  de 
ces  ifles.  Le  nom  de  Phoflonia  lui  eft  inconnu ,  Se  il  ne 
fait  aucune  mention  du  nom  Halcyonice  ;  Suidas  n'en  dit 
que  ce  que  j'ai  rapporté  ci-deflus.  Baudrand  ne  devoit 
citer  qu'Ortélius,  puisqu'il  étoit  le  feul  qu'il  eût  confulté. 
Il  en  auroit  vu  la  méprife,  s'il  eût  confulté  Suidas  ;  car 
pour  Etienne  il  n'eft  nommé  en  cet  endroit  ,  que  pour 
faire  parade  de  citation.  Il  n'y  a  rien  de  pareil  dans  l'on 
livre. 

HALDE ,  ville  de  Norwege ,  au  gouvernement  d'Ag- 
gerlaus ,  fur  la  côte  de  l'Océan  Se  du  golfe  d'Iddesfiord , 
où  il  reçoit  la  rivière  de  Teftedatile-Ëlw,  aux  frontières 
de  laSuéde ,  félon  Samuel  Pu.ffendorf  cité  par  Baudrand , 
èdit.  1705,  qui  ajoute  :  cette  ville  eft  près  de  l'ifle'd'A- 
kerfund,  à  cinq  milles  de  Fredericftadt  au  midi;  mais 
il  fe  trompe.  Si  elle  eft  auprès  dAkerfund,  elle  ne  fau- 
roit être  au  midi  ;  mais  elle  doit  être  au  couchant  de  Fre- 
dericftadt. 

HALDENSLEBEN,  petite  ville  d'Allemagne  ,  dans 
le  duché  de  Magdebourg  fur  l'Ohr.  Il  y  a  une  colonie 
de  réfugiés  François. 

HALDENSTEIN,  baronie  en  Suiffe  ,  libre  Se  indé- 
pendante ,  avec  un  beau  &  fort  château  ,  fitué  fur  un  ro- 
cher élevé ,  à  un  mille  au-deflous  de  Coire  ;  on  la  voit 
facilement.  Cette  baronie  a  pafle  par  plulîeurs  mains.  Au 
milieu  du  feiziéme  fiécle ,  elle  appartenoit  à  Jean-Jacques 
de  Châtillon],  ambaiîadeur  de  France ,  qui  y  bâtit ,  l'an 
1 547,  le  beau  château  qu'on  y  voit  aujourd'hui.  Après 
lui  elle  eft  tombée  entre  les  mains  de  MM.  de  Schauen- 
ftein,  qui  la  poffedent  actuellement,  Se  qui  font  les  plus 
riches  feigneurs  de  tous  les  Grifons.  Ces  barons  font 
fous  la  protection  des  Grifons ,  mais  du  refte  entière- 
ment libres  Se  fouverains  dans  leur  terre  ,  ayant  le  dou- 
voir  de  battre  monnoie,  Se  tous  les  autres  droits  qui  ap- 
partiennent à  la  fouveraineté.  Du  refte  la  baronie  eft 
petite,  Se  n'a  pas  beaucoup  d'étendue,  Se  elle  eft  dans, 
un  terroir  ftérile  au  pied  des  Alpes.  L'an  1616,  Thomas 
de  Schauenftein  ,  à  qui  l'empereur  Matthias  donna  le 
titre  de  baron ,  introduiiît  la  religion  Proteftante ,  dans 
cette  terre.  *  Etat  &  délices  de  la  Suiffe ,  t.  4 ,  p.  46. 

HALE ,  lieu  voifin  d'Argos ,  félon  Etienne  le  géogra- 
phe. Voyez  Hale  3. 

HALEA,  ville  d'Arcadie.  Voyez  Aléa. 

HALEN,  petite  ville  ou  bourg  des  Pays-bas,  dans  le 
Brabant  Autrichien,  fur  la  petite  rivière  de  Géete  ,  en- 
tre Dieft  Se  Herck ,  à  environ  une  lieue  de  l'une  Se  de 
l'autre ,  Se  à  cinq  lieues  Se  demie  de  Louvain. 

HALENTE  ,  petite  rivière  d'Italie ,  au  royaume  de 
Naples ,  dans  la  principauté  citérieure.  Elle  a  la  l'ource 
entre  Magliano  Vetere  Se  Magliano  ,  coule  quelque 
tems  vers  l'occident ,  puis  fe  recourbant  vers  le  midi  , 
elle  reçoit  beaucoup  de  ruifleaux ,  pafle  au  nord  de  Cas- 
tel  à  Mare  de  la  Brucca ,  S:  fe  perd  enfin  dans  la  mer 
de  Toscane,  félon  Magin.  Voyez  Halètes,  qui  eft  l'an- 
cien nom. 

HALENTINA  ,  ville  de  Sicile  ,  félon  Ortélius  ,  qui 
cite  Ciceron  contre  Verres ,  /.  3 ,  c.  48.  C'eft  une  faute 
de  copifte.  Il  faut  lire  Haluntina  civitas  ;  c'eft  la 
même  que  HaluntiOM. 

1.  HALES,  rivière  de  l'Ane  mineure  ,  près  de  Co- 
lophone  ;  c'eft  la  rivière  la  plus  froide  de  toute  l'Ionie, 
félon  Paufanias,  /.  7,  c.  5,  &  /.  8,  c.  29.  Pline,  /.  5;, 
c.  29 ,  la  nomme  Halesus. 

2.  HALES;  lien  maritime  de  la  Grèce,  dans  l'Atli- 
que ,  où  Timon  le  Mifanthrope  fut  enterré ,  félon 
Plutarque ,  in  Antonio. 

3.  HALES.  Voyez  Halètes. 


HAL 


BAL 


HALESA  &t  Halesina  ,  félon  Cluviërj  SîciLànt. 
I.  x,p.  287.  Voyez  ALESA.  Phalaris  ,  Strabon  SePto- 
îomée  écrivent  "AXaira  ,  Aljexa  ;  Diodore  de  Sicile 
Alésa  ,  'AKxlca ,  Se  Antonin  Alésa  ;  mais  Ciceron 
Se  la  Carte  de  Peutinger  préfèrent  Halesa.  De  même 
Ciceron  Se  Pline  en  nomment  les  habitans  HALESINI. 
La  rivière  eftplufieurs  fois  nommée  i  'Ahaiiros  l\ot"-^U  » 
Alcefus  fiuvius  ;  Columelle,  deReRuJl.  I. 10,  la  nomme 
Halesus. 

Et  qute  Sicanii  fions  leglfiis  Haleji  , 
Cùm  Cereris  proies ,  Sec. 

Cluvier  trouvant  dans  Silius  Italicus ,  /.  14  : 

Venit  ab  amne  trahens  nomen ,  Gela;  venit  &  Hefa, 
Et  qui  prcefend  ,  Sec. 

corrige  ainfï  cet  endroit  :  on  ne  trouve  nulle  part ,  dit-il , 
«ne  ville  de  Sicile  ,  nommée  ffefa.  Silius  aura  ,  fans 
doute ,  écrit  : 

Venit  ab  arnnt  trahens  nornen  ,  Gela;  venit  Àlefa. 

Ou  avec  une  aspiration  venit  Halefa ,  ou  avec  une  diph- 
tongue venit  Alxja.    Sa  correction   s'eft  trouvée  con- 
forme au  manuscrit  de  Cologne ,  qui  porte  Halesa  , 
&  on  l'a  fuivie. 
HALES1A  ou  âlexia.  Voyez  Alise  1. 
HALESIjE  ou  Alesue  ,  village  de  Grèce,  au  Pelo- 
ponnefe, dans  la  Laconie ,  entre  Therapne ,  ville,  Se  le. 
mont  Taygete.    Ce  nom  lignifie  les  moulins ,  Se  feroit 
très-remarquable ,  s'il  étoit  vrai  ce  que  Paufanias  ,  /.  3  , 
c.  10,  raconte  comme  une  tradition,  à  favoir  que  Mi- 
let ,  fils  de  Lelege ,  y  enseigna  le  premier  l'art  de  mou- 
dre le  bled ,  Se  inventa  le  premier  moulin. 
HALESINUS.  Voyez  Halesa  Se  Alésa. 
1.  HALESIUS  Se  Alesus  ,  montagne  de  Grèce  au 
Peloponnefe  ,  dans   l'Arcadie   'Axmioc.    Il  étoit  fur  la 
route  de  Mantinée  àTegée.  Ilyavoitfur  cette  montagne 
un  bois  confacré  à  la  déene  Cérès.  *  Paufan,  1.  8,  c.  10. 
1.  HALESIUS  ou  Alesius,  ville  del'Elide,  félon 
Etienne  ,  le  géographe.  Elle  prenoit  fon  nom  d'Alefius , 
fils  de  Seillunte  ,  l'un  des  foupirans  d'Hippodamie  ;  d'au- 
tres difent  d'un  fils  de  Gargettus ,  l'un  de  ceux  qui  vin- 
rent avec  Pelops. 

3.  HALESIUS  ou  Alesius,  lieu  d'Epire  ,  où  l'on 
faifoit  beaucoup  de  fel ,  félon  le  même  auteur. 
HALESUS.  Voyez  Alestjs.  i. 
HALESWORTH,  bourg  d'Angleterre ,  dans  la  pro- 
vince de  Suffolck.    On  y  tient  marché  public*   *  Etat 
prêfent  de  la  G.  Bret.  t.  I. 

HALETES ,  rivière  d'Italie  dans  la  LuCanie.  Cice- 
ron ,  {Famil.  1.  7,  Êpift.  10  ;  Se  ad  Attïc.  Lié,  Epifl.  7,) 
nous  apprend  qu'elle  couloit  auprès  de  Velia,  Se  l'ap- 
pelle nobikm  amntm  :  c'eft  la  même  rivière  que  le  Ha- 
LES  ,  Helées  ou  I'ElÉes  de  Strabon,  Se  I'Elfa  d'E- 
tienne. Il  conferve  encore  fon  nom ,  Se  s'appelle  le  Ha- 
lente.  Voyez  ce  mon 

HALEUS,  gén.  Halentos,  nom  d'une  rivière,  fé- 
lon Théocrite  dans  fa  feptiéme  idylle.  Vinfemius ,  fon 
interprète  ,  croit  que  c'eft  une  rivière  de  l'ifle  da  Co. 
HALENvaN.  Voyez  Hallewin. 
HALEX  ;  les  Grecs  écrivent  ce  nom  ALEX  fans  aspi- 
ration ;  rivière  de  la  grande  Grèce ,  à  fon  extrémité  la 
plus  méridionale ,  au  pays  des  Brutiens.  Elle  fervoit  de 
bornes  entre  le  territoire  de  Rhegio  Se  celui  de  Locre  ,' 
Se  coule,  dit  Strabon  ,  /.  6  ,  dans  une  profonde  vallée. 
Il  observe  cette  particularité,  que  les  cigales  qui  étoient 
le  long  de  ce  fleuve ,  du  côté  de  Locre ,  avoient  de  la 
voix  ,  Se  que  celles  de  l'autre  côté  étoient  muettes. 
Pline  ,l.n,  c.  17,  dit  la  même chofe.  Elien ,  Hift.  ani- 
mal. I.  5,  c.  9,  raconte  le  fait  tout  autrement  ;  voici  fes 
paroles.  Ceux  de  Rhegio  Se  de  Locre  vivent  en  bonne 
union ,  partent  les  uns  chez  les  autres  ,  &  y  travaillent 
.  librement  à  la  campagne.  Les  cigales  n'en  font  pas  de 
même,  car  celles  de  Locre  font  muettes  dans  le  terri- 
toire de  Rhegio ,  Se  celles  de  Rhegio  font  auffi  muettes 
dans  le  territoire  de  Locre.  Je  ne  fais  point  la  caufe  de 
ce  filence  ,  Se  perfonne  ne  la  fait ,  fi  ce  n'eft  quelque  té- 
méraire discoureur,   C'eft  un  fecret  que  la  nature  s'eft 


27 


refervé  :  du  refte  cette  rivière  fépâre  le  territoire  de 
Rhegio  de  celui  de  Locre  ;  Se  quoique  les  bords  n'ayent 
pas  un  arpent  de  diftance  ,  cependant  les  cigales  ne  vo^ 
lent  jamais  d'un  côté  à  l'autre.  Cette  rivière  conferve 
l'ancien  nom  Se  s'appelle  préfentement  ALECE.  Voyez 
ce  mot. 

HALI  ,  ville  de  l'Arabie  heureufè  ,  aux  confins  de 
l'Yemen  Se  de  l'Higiaz.  * 'Abulfeda ,  Manufcr.  de  laBibl. 
du  roi. 

1.  HALIA  ,  ville  du  Peloponnefe  ,  dans  l'Arcadie  ; 
félon  Paufanias  ,  /.  8,  c.  17.  Il  la  met  dans  le  nombre 
de  celles  qui  formèrent  la  colonie  de  Megalopolis. 

_  2.  HALIA,  yille  maritime  du  Peloponnefe,  dans  l'Ar- 
gie ,  félon  Thucydide,  /.  1  ,  1  6-4. 

HALIACMON.  Voyez  Aliacmon  Se  Plata- 
MONA,  qui  eft  le  nom  moderne  de  cette  rivière. 

HALIACTER  ,  lieu  où  les  Siciliens  s'affembloient  * 
félon  Hefyche; 

HALIARDI.  Voyez  Aliardiî, 

i.  HALIARTE,  ancienne  ville  de  Grèce,  dans  1» 
Béotie.  Strabon  ,  /.  9 ,  dit  qu'elle  ne  fubfiftoit  plus  de 
fon  tems.  Elle  fut  détruite ,  durant  la  fécond  guerre  des 
Romains  contre  la  Macédoine  ,  ou ,  ce  qui  revient  au 
même,  dans  la  guerre  contre  Perfée.  Tite-Live,  I.42, 
c.  63 ,  dit  :  le  prêteur  Lucretius  avoit  vivement  attaqué  la 
ville  d'Haliarte  ;  cette  ville  futrafée  jusqu'aux  fondemens. 

2.  HALIARTE  ,  ville  du  Peloponnefe  ,  dans  l'inté- 
rieur de  la  Mefienie  ,  félon  Ptolomée ,  le  feul  qui  eit 
ait  parlé.  C'eft  la  même  qu'ALIARTUS.  2. 

HALICA  ou  Halice  ;  lieu  de  l'Argie ,  félon  Paufa- 
nias ,  /.  1 ,  c.  36,  qui  dit,  à  l'occafion  du  chemin  dé 
Ha'.y-e  ;  elle  eft  déferte  à  préfent  ,  quoiqu'elle  ait  été 
habitée  •  il  eft  certain  qu'il  en  eft  fait  mention  dans  urt 
monument  tfFfpJdaure  ,  où  font  gravés  les  remedesT 
qu'Esculape  a  enfe^,  aux  malades;  mats  hors  cela,. 
je  n  ai  jamais  vu  d'écrit  disne  de  foi  ;  où  il  foit  fait  men- 
tion ni  de  la  ville  de  Halice  ,  ni  de  quelque  homme  quï 
en  fut.  Il  y  a  pourtant  un  chemin  qui  y  conduit  Se  il' 
eft  au  milieu  entre  la  colline  Proné  ,  Se  la  colline  nom- 
mée anciennement  Thornax  Se  ensuite  Coccygie  -< 
depuis  que  Jupiter  s'y  changea  en  coucou. 

HALICANUM  ,  H,eclitanum  ou  Hilicanum.: 
Voyez  Alicanum. 

HALICARCARA  ,  gros  village  d'Ane ,  dans  laPerse^ 
entre  Cars  Se  Erivan.  Tous  les  habitans  font  Chrétiens; 
Se  les  maifons  y  font  bâties  fous  terre  comme  des  ca- 
ves. La  deuxième  journée  après  ,  qu'on  a  palTé  ce  vil- 
lage, on  paffe  trois  fois  l'Araxe  à  gué,  félon Tavernier,' 
*  Voyage  de  Perse ,  1.  1,  c.  2. 

HALICARNASSE  ,  ancienne  ville  d'Ane  ,  dans  I* 
Carie  ,  dont  elle  étoit  la  capitale.  On  en  rapporte  la 
fondation  à  des  Grecs  venus  d'Argos.  Elle  avoit  ur» 
port ,  d'excellentes  fortifications.  Se  de  grandes  richenes. 
Elle  avoit  été  la  réfidencê  des  rois  de  Carie ,  Se  parti- 
culièrement de  Maulble ,  dont  le  fameux  tombeau  luî 
donna  un  nouvel  éclat.  Pline ,  /.  5 ,  c.  29 ,  en  marque; 
la  fituation  entre  deux  golfes ,  favoir  le  Jafien  Se  le  Cé- 
ramique. Strabon,  /.  14,  dit:  Halicarnaffe ,  réfidencê 
des  rois  de  Carie,  autrefois  appellée  Zephyre.  Pom- 
ponius  Mêla,  /.  1,  c.  16,  dit  :  HsUcarnafie  ,  colonie 
des  Argiens  ,  Se  mémorable ,  tant  parles  fondateurs  que 
par  le  maufolée ,  tombeau  du  roi  Maulble  ,  l'une  des 
fept  merveilles  du  monde  ,  Se  l'ouvrage  d'Artemife. 
Strabon  ,  /.  14,  p.  6^6,  parlant  des  fondateurs  de  cette 
ville  dit  :  fes  fondateurs  furent  entr'autre,s  ,  Anthes  avec 
les  Trcezéniens.  Cela  eft  conforme  à  ce  que  dit  Paufa- 
nias. Les  descendaas  d'iEùvïs,  fils  d'Antes,  furent  en- 
voyés pour  fonder  une  colonie  ,  Se  ils  fondèrent  Hali- 
cainâfle  fy.  Mynde.  On  peut  voir  dans  Arrien,  de  cx~ 
ped.  Alex.  I.  1 ,  la  difficulté  qu'Alexandre  crouva  ,  lors- 
qu'il l'affiégea*  Scylax  de  Cariande  ,  Peripl.  vante  la 
bonté  de  fes  ports,  dont  l'un  étoit  fermé  ,  Se  l'autre  au 
bord  de  l'ifle.  A  l'égard  de  fes  fortérefles  ,  Strabon  parle 
de  celle  devant  laquelle  étoit  fille  Arconefos  ;  Arrien  , 
dans  la  description  du  fiége,  parle  dune  autre  qui  étoit 
dans  l'ifle,  Se  d'une  autre  nommée  Salmacis  ,  du  nom 
d'une  fontaine  ainli  appellée  ,  parce  qu'elle  avoit  l'in- 
fâme propriété  de  rendre  voluptueux  Se  efféminés  ceux 
qui  en  buvoient.  Cependant  Strabon  n'attribue  pas  ce 
vice  à  la  fontaine  ,  mais  au;:  richeffes  Se  à  la  bonrie 
chère  des  habitans;  Vitruve ,  /.  2 ,  c.  8  ,  nous  apprem' 
r«r.'«  ///.    Min  ij 


HAL 


î7<5 

qu'auprès  de  cette  fontaine  de  Salmacis  ,  il  y  avoit  un 
temple  de  Mercure ,  &  un  autre  de  Venus.  Il  ajoute  : 
on  croit  feuffement  qu'elle  infecte  d'une  ardeur  impudi- 
que ceux  qui  en  boivent  :  je  veux  bien  expliquer  pour- 
quoi ce  bruit  mal  fondé  s'en:  répandu  dans  le  monde. 
Les  Grecs,  charmés  de  la  bonté  de  cette  fontaine  ,  bâti- 
rent des  hutes  tout  à  l'entour ,  &  attirèrent  les  Barbares 
des  montagnes  voifines  ;  ceux-ci  s'apprivoiferent  peu- 
à-peu  ,  devinrent  fociabtes  ,  &  perdirent  leur  humeur 
fauva^e ,  prirent  des  mœurs  plus  douces  &  plus  humai- 
nes. Ovide  faififfant  le  bruit  commun ,  a  bâti  la  fable  de 
Salmacis  que  l'on  peut  voir  dans  le  quatrième  livre  des 
Métamorphofes.  Cette  ville  a  donné  la  naifTance  à  deuxfa- 
meux  hiftoriens;  l'un  eft  Hérodote,  l'autre  Denys.  Elle  eft 
nommée  métropole  des  Halicarnaffiens  ,  fur  une  me- 
<laille  de  Severe  AAïKAPNASSEnN  MHTronoAEnz.  Cette 
prérogative  de  métropole  peut  s'expliquer  par  le  paffage 
de  Pline  qui  dit  ,  qu'Alexandre  le  Grand  donna  à  la 
ville  d'Halicarnaffe  fix  autres  villes  ,  lavoir  ; 

Tlieangela,  Euranium, 

Sibde ,  Pedafum  , 

Mtdmajfa. ,  Telmefum. 

La  chofe  n'eft  pas  fort  croyable  d'Alexandre  le  Grand, 
qui  ne  voyoit  pas  cette  ville  de  bon  œil.  Strabon,/.  13, 
dit  que  Maufole  y  avoit  transporté  les  habitans  de  fix  vil- 
les. Une  autre  médaille  frappée  fous  Geta  a  pour  légende 
aaikapnazsesîn  attonomjîN  ,  ce  qui  marque  que  fous 
les  Romains  cette  ville  fe  gouverna  par  fes  propres  loix, 
&i  jouit  de  fa  liberté.  Ses  ruines  s'appellent  préfentement 
Tabia,  félon  quelques-uns,  <k  BoUDRON, félon  d'autre*- 
HALICUS  ,  "Aa;Xoî,  montagne  &c  contrée  d*  V.1I1- 
cie ,  félon  Etienne ,  le  géographe. 

HALICY.E ,  ville  de  Sicile  ,   feW  'e  même  ,  entre 
Lilybée  &  Entella.  Thucydide ,  -'-7,  lanommeHALiCJE, 
A*,W  Ciceron,  in  Verr.  o*P»ne,  l-l,  c.  8,  en  nom- 
ment les  habitans  Hal^nfis.  Diodore,/.  14,  les  nomme 
'kK,Kuuïo,.  Il  y  a  préfentement  dans  la  même  place  le 
ioure  de  Salemi.  *Cluv.  Sicil.  Ant.  /.  1,  p.  zSo-, 
HALICYRNA.  Voyez  Alicyrna. 
HALIEI.  Voyez  Tiryns. 
HALIFAX.  Voyez  Hallifax. 
HALIMUSII  ,  village  de  Grèce ,  dans  l'Attique ,  fé- 
lon Strabon  Si  Plutarque ,  dans  la  Vie  de  Cimon.  Voyez 
AliMUS. 
HALIOLA.  Voyez  Halle  in. 
HALIPEDO,  lieu  de  l'Attique  ,  près  du  Pyrée.  Xe- 
nophon  en  parle  dans  le  fécond  livre  de    fon  hiftoire 
des  Grecs  vers  la  fin. 

HALIPHTORUM,  ville  de  l'Arcadie.  C'eftlamême 
qu'ALiPHERA.  Voyez  ce  mot. 

HALIS ,  fleuve  de  l'Afie  mineure.  Voyez  Halys. 
HALISARNÈ  ou  Haliserne.  Voyez  Alisarna. 
HALITjEA  ,  fontaine  de  l'Afie  mineure  ,  dans  le  ter- 
ritoire d'Ephefe,  félon  Paufanias,  A  7,  c.  <^,p.  535. 

HALIUSSA  INSULA,  petite  ifle  de  l'Archipel,  fur  la 
côte  de  l'Argolide  ,  près  du  promontoire  nommé  Buce- 
phalos.  Il  y  a ,  dit  Paufanias ,  /.  z ,  c.  34 ,  un  port  fort 
commode  pour  les  navires. 

HALITZ ,  ville  de  Pologne  ,  dans  la  Ruine  rouge , 
&  dans  le  pays  de  Halitz ,  avec  un  château  fur  la  rivière 
du  Nieller.  Elle  a  été  autrefois  fort  confidérable  ,  & 
même  capitale  de  la  Ruine  rouge  ,  Si  le  liège  des  rois 
de  Ruine.  Elle  eut  ensuite  un  archevêché  qui  fut  trans- 
féré à  Léopol  en  1414,  félon  Starovolski.  Elle  eft  pré- 
fentement fort  petite ,  à  feize  milles  de  Pologne ,  &  de 
Léopol,  au  levant  d'hyver.  *Baudr.  édit.  1705. 

Le  territoire  DE  HALITZ  ,  petit  pays  de  Polo- 
gne ,  dans  la  Ruine  rouge ,  Si  l'une  des  quatre  parties  du 
Palatinat  du  Ruflie ,  plus  étendue  au  midi  vers  la  Tran- 
filvanie  qu'elle  a  au  couchant ,  comme  elle  a  la  Valachie 
au  midi.  Elle  eft  coupée  en  deux  par  le  Niefter ,  &  prend 
fon  nom  de  la  capitale.  Sa  partie  méridionale  s'appelle 
PoKUClE.  Baudrand,  pour  le  francifer ,  le  déguife  en 
Pocouche. 

HALIX,  ville  d'Afie,  dans  la  Cilicie ,  félon  Pline, 
/.  5  ,  c.  17.  L'édition  du  P.  Hardouin  porte  Ale.  Nous 
avons  dit  fous  ce  nom  ,  qu'elle  étoit  entre  Selinus  Si 
Pedalie. 
HALIZONES.  Voyez  Alizones. 


HAL 


lUt,  -v 

'•*     S 

ftnhplir.       -' 


HALL ,  en  Hainaut , 

HALL,  en  Sa 

HALL,  enSuabe,  V  Voyez  HALLS. 

HALL,  auTirol, 

HALL,  en  Weftphalie, 

HALLAEU ,  village  de  Suiffe ,  au  canton  de  Schaf- 
houfe ,  dans  le  bailliage  de  Neukirch.  Il  eft  grand  &  bâti 
comme  un  bourg ,  à  la  tête  d'une  fort  belle  vallée ,  lon- 
gue de  quatre  ou  cinq  lieues,  fur  une  de  largeur,  &  qui 
eft  très-fertile  &  très-peuplée.  Ce  village  a  une  fontaine 
qui  a  la  même  propriété  que  celle  du  mont  Gouppen. 
Voyez  ce  mot. 

HALLAND  ,  contrée  de  Suéde  ,  dans  la  Schone,  le 
long  de  la  mer  de  Dannemarck,  oui  la  borne  au  cou- 
chant méridional.  Elle  a  la  Schone  proprement  dite  au 
midi.  La  Weftrogothie  au  nord  ci  au  nord-eft ,  Si  un 
peu  de  la  Smalande  ou  Gothie  méridionale  à  l'orient. 
Elle  peut  avoir  de  côtes  vingt-fept  lieues  marines  ;  mais 
ce  n'eft  qu'une  lifiere  le  long  de  la  mer,  où  l'on  trouve 
en  côtoyant  du  nord-nord-oueft  au  fud-fud-eft, 

Konigsbacka,  Falkenberg., 

Warberg,  Helmftad, 

&  Laholm. 

Elle  étoit  autrefois  à  la  couronne  de  Dannemarck  ; 
mais  par  le  traité  de  Bromsbroo  ,  en  1645  ,  elle  fut  cédée 
par  engagement  ^  Ia  Suéde  pour  trente  ans ,  qui  l'a  en- 
fuite  garH<='e  à  titre  de  pouèfiion  perpétuelle  ,  en  vertu 
des  faites  de  Roschild  ci  de  Coppenhague.  *  Baudr. 
Jdit.  170  5. 

HALLÀTON,  bourg  d'Angleterre  ,  dans  la  province 
de  Leicefter.  On  y  tient  marché  public.  *  Etat  préfent 
de  la  G.  Bret.  t.  I. 

1.  HALLE,  (la)  petite  rivière  de  Suiffe,  dans  l'Es- 
gav  ?  elle  a  fa  fource  allez  près  du  Doux  ;  &  coulant 
vers  le  nord,  elle  arrofePorentruy,réfidence  de  l'évêque 
de  Bade ,  ci  fe  mêle  avec  d'autres  ruiffeaux  ,  de-là  fer- 
pentant  vers  le  nord  Si  vers  l'oueft ,  elle  arrofe  les  bourgs 
de  Dattenreit  Si  de  Granvillers ,  paffe  à  Montbeliart  et 
fe  recourbe  vers  le  fud  ,  pour  aller  tomber  dans  le  Doux... 
On  a  fouvent  remarqué  que  la  Halle  fe  débordoit  inopi- 
nément ,  fans  qu'il  eût  plu  ni  dans  les  lieux  où  elle 
prend  fa  fource  ,  ni  dans  ceux  par  où  elle  paffe.  Ces 
débordemens  fubits  viennent  d'un  trou  que  l'on  ren- 
contre fur  fa  gauche  ,  en  allant  de  Porentruy  à  Che- 
nerey.  Il  peut  avoir  environ  trente  pieds  de  pro- 
fondeur: l'orifice  fupérieur,  bordé  d'un  rocher  escarpé, 
m'a  paru  de  trente  à  quarante  pieds  de  large  :  il  eft 
presque  rond.  Ce  trou ,  nommé  par  les  habitans  Creufe- 
not,  comme  qui  diroit  petit  creux,  va  toujours  en  dimi- 
nuant jusqu'au  bas  :  le  fond  en  eft  couvert  de  fable.  Lors- 
que j'y  fus,  j'y  trouvai  fort  peu  d'eau.  Elle  n'occupoit  en 
tout  que  quatre  ou  cinq  pieds  d'étendue ,  &  pouvoit  être 
éloignée  de  deux  ou  trois  pieds  d'une  fente  fort  étroite 
qui  me  parut  fe  perdre  fous  terre  en  fe  bi  niant  ;  mais 
que,  faute  de  mefure,  je  ne  pus  fonder.  Lorsque  la  Halle 
doit  fe  déborder,  on  entend  un  mugilfement  terrible;  ÔC 
en  moins  de  rien  ce  trou,  fe  trouve  rempli  d'eau,  dé- 
borde dans  la  plaine  ,  inonde  en  un  inftant  le  vallon, 
Si  forme  un  torrent  impétueux ,  qui ,  prenant  fon  cours 
du  côté  de  Porentruy,  fe  décharge  clans  la  Halle  ,  Se 
caufe  les  débordemens  inopinés  ,  auxquels  cette  rivière 
eft  fujette.  On  croit  que  ces  débordemens  viennent  de 
quelque  communication  fouterreine  du  Doux  avec  Creu- 
fenot, Si  que  l'embouchure  de  cette  communication  eft 
plus  élevée  que  Creufenot.  Ainfi  lorsque  les  eaux  du 
Doux  augmentent  au-delTus  de  cette  embouchure ,  elles 
font  poulîées  avec  violence  ,  par  leur  propre  pefanteur, 
dans  Creufenot ,  le  rempliffent  ci  débordent.  *  Supplé- 
ment au  Manuscrit  de  la  bibliothèque  de  M.  de  Corbf 
ron  ,  premier  prèfident  au  confeilfouverain  d'Alsace. 

2.  HALLE  ,  H  alla  ,  petite  ville  des  Pays  -  bas 
Autrichiens ,  dans  le  Hainaut ,  Si  fur  les  confins  du  Bra- 
bant.  Elle  eft  fituée  dans  un  pays  très-fertile  ,  Si  traver- 
fée  par  la  petite  rivière  de  Zinne  (Senne)  qui  descend 
à  Bruxelles  ,  où  elle  commence  à  porter  bateau.  Cette 
ville  prend  fon  nom  de  l'églife  de  Notre-Dame  qui  en 
eft  la  tutelaire  ,  ci  qu'on  appelle  vulgairement  Notre- 
Dame  de  Hall ,  ou  de  Hau.  Quelques-uns  veulent  que 
ces  grandes  halles  où  trafiquent  les  marchands  ,  ayent 


HAL 


Bal 


contribué  à  lui  faire  donner  le  nom  qu'elle  porte.  Elle 
eft  à  dix  lieues  de  Mons  ,  ck  à  trois  de  Bruxelles.  L'image 
de  la  Vierge  eft  dans  une  chapelle  à  main  gauche  de 
l'églife ,  qui  eft  très-belle ,  &  deffervie  par  des  Jéfuites  : 
cette  image  eft  de  bois  doré  ,  ck  couronné  de  fin  or.  La 
vierge  porte  fon  fils  Jeftis  d'un  main  ,  &  tient  de  l'autre 
une  fleur  de  lys.  Elle  a  fur  ion  eftomac  fix  grofles  perles  , 
avec  un  beau  rubis  au  milieu  ,  &C  eft  vêtue  ordinaire- 
jnent  de  l'une  des  douze  robes ,  que  les  députés  des  douze 
villes  &  bourgades  ,  qui  ont  fenti  fa  protection  ,  lui 
apportent  tous  les  ans  le  premier  dimanche  de  Septem- 
bre ,  pour  lui  rendre  grâces  publiquement.  Ce  jour-là 
il  le  fait  une  proceffion  folemnelle  ,  où  l'image  eft  por- 
tée dans  toute  la  ville  Se  dans  les  faubourgs  ,  par  les 
députés  de  ces  douze  lieux  ,  qui  font  Ath  ,  Bruxelles  , 
Tournai ,  Valenciennes  ,   Condé  ,  Namur  ,  Lembec  , 

guievrain  ,  Crêpin  ,  Braine  ,  Baufiquies  ck  Sain&es. 
es  fix  Serniers  ne  font  que  des  bourgades.  Sur  le  même 
autel  font  les  douze  apôtres  ck  aux  deux  côtés  deux 
anges  qui  tiennent  des  chandeliers  ,  le  tout  eft  d'argent. 
Philippe  le  Bon ,  duc  de  Bourgogne,  y  fit  plufieurs  beaux 
préfens  ,  entr'autres  ,  deux  figures  auffi  d'argent  ;  l'une 
d'un  cavalier  ck  l'autre  d'un  foldat  ,  l'un  &  l'autre  armé 
de  toutes  pièces.  Charles  ,  fils  de  Philipe  le  Bon  ,  y 
donna  un  faucon  d'argent  ;  Se  jamais  on  ne  vit  en  aucun 
lieu  un  fi  grand  nombre  de  lampes  ,  de  cottes  d'armes  , 
d'étendards  ,  de  croix  ,  de  calices  ,  &  enfin  de  figures 
d'or  &  d'argent ,  que  les  plus  grands  princes  &  feigneurs 
ont  données.  Jufte-Lipfe  qui  en  a  écrit  l'hiftoire  ,  pen- 
dit une  plume  d'argent  devant  l'autel.  Cette  hiftoire 
rapporte  que  l'image  de  N.  D.  de  Hall  appartenoit 
autrefois  à  fainte  Elifabeth  de  Hongrie  ,  &  que  fa  fille 
Sophie  ,  féconde  femme  de  Henri  II ,  duc  de  Brabant , 
l'ayant  donnée  à  Mathilde  feeur  du  duc  fon  mari  ,  & 
femme  de  Florent ,  comte  de  Hollande,  leur  fille  Adélaïde 
la  porta  en  Hainaut,  en  époufant  Jean  d'Avênes  ,  comte 
d'Oftrevant. 

3.  HALLE  ,  Hala  Magdsburgia  ,  ville  d'Allemagne  , 
dans  la  haute  Saxe  ,  au  duché  de  Magdebourg  ,  fur  la 
rivière  de  Saale ,  dans  une  agréable  plaine  ,  à  cinq  milles 
de  Leipfig  ,  à  huit  de  Wittenberg  ,  Se  à  onze  de  Mag- 
debourg. Son  nom  vient ,  dit-on  ,  des  falines  que  les 
Hermandures  y  trouvèrent  ;  Se  comme  cette  découverte 
étoit  auffi  précieufe  qu'une  mine  d'or  ,  les  Cattes  leur 
rirent  la  guerre  pour  en  jouir  ,  ck  les  en  dépofféderent. 
Ils  nommèrent  ce  lieu  Dobrebora ,  ou  Dobrefala  ,  c'eft- 
à-dnefonfel.  L'an  806  ,  Charlemagne  attacha  ce  heu 
au  comté  de  Vettin  ,  fur  la  Saale  &  le  donna  au  comte 
Wittikind  le  Jeune  ,  qu'il  avoit  établi  à  Zerbig  ,  Se  à 
qui  il  avoit  fournis  les  Wendes.  L'empereur  Otton  le 
Grand  le  donna  à  l'archevêché  de  Magdebourg.  Son 
fils  Otton  II  en  981  ,  bâtit  en  cet  endroit  une  ville 
libre  ,  abrogea  l'ancien  nom  ,  6k  ordonna  que  celui  de 
Halle  feroit  feul  employé  à  l'avenir.  L'an  1130.,  l'em- 
pereur Lothaire  II  l'aiTiégea  ,  Se  fit  faire  une  juftice 
exemplaire  de  quelques  feditieux ,  qui  avoient  fait  mourir 
fes  députés ,  contre  le  droit  des  gens.  Il  y  eut  beaucoup 
de  brouilleries  entre  cette  ville  &  les  archevêques  de 
Magdebourg,  fur-tout  en  1164  ,  1416  &  1433.  Enfin 
l'archevêque  Erneft  ,  qui  étoit  de  la  maifon  de  Saxe  , 
pour  les  brider ,  fit  bâtir  un  château  neuf  au  lieu  de  celui 
qui  y  étoit  auparavant  &  qu'on  appelloit  le  château  noir. 
Cette  ville  fouffrit  beaucoup  durant  les  longues  guerres 
d'Allemagne  ,  ck  fut  prife  fucceflivement  par  les  Impé- 
riaux Se  par  les  Suédois.  L'an  1637  ,  l'électeur  de  Saxe 
la  prit  par  ftratagême.  Il  y  avoit  autrefois  à  Halle  le  palais 
de  l'évêque ,  où  les  archevêques  de  Magdebourg  faifoient 
leur  réfidence.  Cette  ville  reçut  le  Luthéranisme  de 
bonne  heure  ;  ck  Jufte  Jonas  l'y  établit  publiquement  dans 
l'églife,  l'an  1 541  ,  malgré  les  foins  que  le  cardinal  Albert 
de  Brandebourg  fe  donna  pour  l'empêcher.  * 'Mémoires 
drejfés  fur  les  lieux  &  communiqués. 

A  la  paix  de  "Weftphalie  l'archevêché  de  Magdebourg , 
avec  toutes  fes  dépendances  ,  fut  féculariié  ck  cédé  à 
la  maifon  de  Bandebourg  ,  comme  nous  le  difons  en  fon 
lieu;  mais  à  condition  qu' Augufte  de  Saxe  ,  poftulé  admi- 
nistrateur ,  qui  en  étoit  en  poffeffion,  en  jouirait  jusqu'à 
fa  mort  qui  arriva  en  1680.  Ce  prince  qui  étoit  fécond 
fils  de  l'électeur  Jean  George  I  ,  ck  tige  de  la  branche 
de  Saxe-Weiffenfels ,  réfidoit  à  Halle  en  qualité  d'ad- 
mitiiftrateur  de  l'archevêché  de  Magdebourg  ;  mais  après 


.     ï-77 

fa  mort  l'archevêché  fut  évacué  par  fes  enfans  ,  Se  cédé 
pour  toujours,  à  titre  de  duché  héréditaire  ,  à  la  maifon 
Electorale  de  Brandebourg.  Ainfi  le  duché  de  Halle  * 
marqué  fur  la  carte  de  Saxe  par  MM.  Sanfon  ,  eft 
une  faute  commife  avant  l'an  1680.  La  manière  dont 
d'Audifret  en  parle  ,  étoit  vraie  alors  ;  mais  Bau- 
drand  ,  Maty  &  Corneille  qui  ont  écrit  long -rems 
après  ,  ne  dévoient  pas  dire  que  Halle  appartient  à 
une  branche  de  la  maifon  de  Saxe  ,  ni  que  cette  branche 
s'appelle  Saxe-Hall.  Halle  n'a  jamais  eu  le  titre  de  duché  , 
ck  Augufte  de  Saxe  n'y  réfidoit  qu'à  titre  d'adminiftratcijr 
de  Magdebourg  ;  la  pofterité  de  ce  prince  ne  s'appelle  point 
Saxe-Halle  ,  mais  Saxe-Weiffenfels. 

Ce  prince  étant  mort ,  comme  nous  venons  de  dire  , 
en  1680,  Frédéric  Guillaume ,  électeur  de  Brandebourg  , 
en  alla  prendre  poffeffion  ,  y  fit  une  magnifique  entrée  , 
&  y  établit  la  régence  du  pays  de  Magdebourg.  L'an  1 694, 
l'électeur  Frédéric  ,  qui  a  été  le  premier  roi  de  Pruffe  , 
y  fonda  une  umverfité ,  qui  s'appelle  en  latin  académie 
Fridericana  ,  du  nom  de  ion  fondateur.  L'inftallation 
s'en  fit  le  Ier  Juillet ,  avec  de  grandes  folemnités.  Elle  s'eft 
confidérablement  diftinguéeenpeudetems  par  les  grands 
hommes  qu'elle  a  eus  pour  profeffeurs  ;  on  y  a  vu ,  entr'au- 
tres ,  Chriftian  Thomafius  ,  Lud-wig  ,  Stryck  ,  &c. 
Il  y  a  auffi  à  Halle  des  làlines  ,  où  l'on  prépare  le  fel  de 
quatre  fources  falées.  On  les  nomme  der  Teutfche  brunn  , 
Gutiahr  ,  Meterit^  ck  Hacleborn  ;  il  y  a  en  outre  1  50 
petites  falines  aux  environs  ,  dont  quelques-unes  font  au 
duc,  les  autres  héréditaires  à  des  familles  particulières, 
ck  le  refte  acordé  à  certaines  perfonnes  durant  leur  vie. 
La  ville  eft  affez  belle  Se  bien  bâtie  ;  on  y  parle  le  haut 
allemand  très-purement.  Le  magiftrat  de  la  ville  étoit 
confidérable  ,  Se  le  premier  du  pays  après  celui  de 
Magdebourg.  Il  y  avoit  une  école  affez  fameufe  avant 
l'érection  de  Funiverfité.  Les  églifes  font  affez  belles. 
Celle  du  marché  eft  fous  l'invocation  de  Notre-Dame  ; 
c'eft  la  plus  remarquable.  On  y  voit  de  belles  peintures 
de  Luc  Cranach.  On  y  garde  auffi  une  bibliothèque  , 
que  l'on  augmente  de  jour  en  jour.  Il  y  a  en  outre  les 
paroiffes  de  S.  Ulrich  Se  de  S.  Maurice.  On  gardoit 
autrefois  tians  cette  dernière  le  cops  du  B.  Rhabanus 
Maurus  ,  :que  le  cardinal  Albert ,  archevêque  de  Magde- 
bourg ,  y  avoit  dépofé  en  1515  ;  mais  il  l'en  retira 
pour  le  mettre  avec  d'autres  reliques  à  AschafFenbourg. 
11  y  a  enfuite  l'églife  collégiale  ,  où  les  Calvintftes  s'af- 
femblent  ;  ck  l'églife  dé  l'école.  L'églife  françoife  pour 
les  réfugiés  eft  au  Moritzbourg.  Aux  faubourgs  font  les 
églifes  du  Marché-neuf  Se  de  Glauche.  L'âdmïniftrateuc 
Augufte  y  a  fait  conftruire  un  palais  ,  avec  des  jardins 
au  bord  de  la  Saale  ,  près  de-là  font  les  auditoires ,  ou 
fales  de  Funiverfité.  Au  marché  eft  la  tour  rouge  ,  bâtie 
de  pierre  de  taille  ,  haute  de  cent  quarante  aunes  ,  & 
ornée  de  cloches  ck  d'une  groffe  horloge.  Dans  le  faux- 
bourg  de  Glauche  eft  la  fameufe  maifon  des  orphelins  , 
d'où  le  docteur  Francken  a  jette  les  fondemens  de  la 
feite  des  Piétiftes  ,  qui  fait  confifter  la  perfection  du 
Chriftanisme  dans  un  fanatisme  mélancolique.  Elle  fit 
de  grands  progrès  au  commencement  de  ce  fiécle  ,  ck 
dérangea  plufieurs  cerveaux.  La  régence  du  duché  de 
Magdebourg  ayant  été  transférée  à  Halle  ,  comme  nous 
avons  dit ,  fut  rétablie  à  Magdebourg  en  1714. 

4.  HALLE  ,  ville  d'Allemagne  ,  au  comté  du  Tirol  , 
fur  la  rivière  del'Inn  ,  entre  de  hautes  montagnes ,  d'où 
on  la  nomme  Halle  dans  dnntkal.  Elle  a  eu  lés  fei- 
gneurs particuliers.  Ce  n'étoit  d'abord  qu'un  bourg ,  qui 
appartenoit  aux  feigneurs  de  Wafferbourg.  Le  duc  Otton 
de  Meran  en  fit  une  ville  l'an  1102.  Il  y  a  un  beau 
palais  ,  ck  tout  auprès  une  fort  belle  églife  :  l'un  Se 
l'autre  avec  le  monaftere  de  filles  furent  bâtis  par  Ferdi- 
nand I,  l'an  i<(3i,àla  prière  de  la  princeffe  Madelaine  ^ 
fa  fille.  A  environ  un  mille  de  la  ville  ,  dans  les  mon- . 
tagnes  ,  eft  une  faline  d'où  Fon  tire  le  fel  foffije  comme 
de  la  glace.  On  le  jette  dans  des  folles ,  où  Fon  fait 
enfuite  entrer  de  l'eau  qu'on  y  laifiè  quelques  tems  , 
après  quoi ,  on  la  porte  dans  la  ville ,  où  on  la  fait  bouillir  ; 
ce  qui  produit  un  gros  revenu  tous  les  ans.  *  Tirol.  Bef- 
chreibung  ,  p.  96. 

Les  mémoires  ck  plans  géographiques  ont  donné  lieu 
à  Corneille  de  doubler  cette  ville  ,  parce  qife  le  nom  y 
eft  écrit  Halla.  Voici  ce  qu'on  y  en  lit  :  avant  un  trem- 
blement de  terre  qui  l'a  imfe  dans  un  état  pitoyable  , 


278 


HAL 


HAL 


elle  étoit  affez  bien  fortifiée  ,  quoiqu'elle  ne  tirât  fes 
défenfes  que  de  fes  tours  a  l'antique  ,  qui  fe  flanquoient 
autant  bien  que  leur  figure  imparfaite  le  permettoit.  Ce 
qu'il  y  avoit  de  meilleur  ,  étoit  une  fauffe  braie  à  cinq 
ou  fix  toifes  de  la  muraille ,  bien  flanquée  de  tours  comme 
l'intérieur ,  Se  d'espace  en  espace  des  caponieres  ,  pour 
défendre  le  foffé  qui  étoit  bon  &  revêtu.  Quoiqu'on  ait 
porté  fort  loin  les  dommages  qu'elle  a  foufferts ,  on  croit 
qu'il  n'y  a  eu  que  quelques  dedans  ruinés.  On  voit  que 
'auteur  ne  parle  pas  en  homme  bien  informé  du 
dommage. 

5.  HALLE  ,  en  Bavière ,  dans  l'évêché  de  Saltzbourg. 
Voyez  Hallein. 

6.  HALLE  ,  ville  impériale  d'Allemagne  ,  dans  la 
Suabe  ,  aux  confins  du  Palatinat  ,  de  la  Franconie  Se 
du  duché  de  Wurtemberg  ,  fur  la  rivière  de  Kokher. 
Quelques-uns  la  prennent  pour  YAlifum  de  Ptolomée  , 
que  d'autres  cherchent  à  Hailbronn.  Cette  ville  doit 
fa  fondation  aux  fources  falées.  Zeyler  ,  Suev.  Topogr. 
p.  39  ,  en  parle  ainfi  :  tous  les  anciens  monumens  de 
cette  ville  périrent  dans  l'incendie  de  1376  ;  mais  on  fait 
fuffifamment  dailleurs' que  les  environs  étoient  inhabités, 
fc.  que  les  bois  y  occafionnoient  beaucoup  de  meurtres  Se 
de  vols  ;  Se  qu'au  lieu  où  font  préfentement  les  falines  , 
étoit ,  il  y  a  fix  ou  fept  cents  ans ,  un  marais  d'eaux  crou- 
pies ,  où  couroient  les  bêtes  fauvages  ,  Se  où  l'eau  falée 
fe  perdoit.  Ces  animaux  ayant  donné  occafion  de. la 
découvrir  ,  on  bâtit  quelques  hutes  dans  ce  bourbier  ,  Se 
on  commença  à  mettre  cette  eau  falée  à  profit  ,  en  la 
cuifant  fans  beaucoup  d'art.  Avec  le  terris  il  s'y  forma 
un  village  ,  Se  enfin  une  ville.  Le  fel  n'eft  ni  fi  blanc 
ni  fi  piquant  que  l'autre  ,  cependant  on  le  porte  à 
Nurenberg.  Dès  qu'on  eut  commencé  à  travailler  aux 
falines  ,  on  bâtit  des  maifons  le  long  du  bord  de  la 
Kocher  ;  Se  il  fè  forma  un  hameau ,  qui ,  avec  le  tems  , 
fut  fermé  de  murailles  ;  de-là  vient  qu'une  partie  de  ce 
fauxbourg  eft  encore  nommée  im  Weyler  ,  ou  dans  le 
hameau  ;  car  la  Kocher  partage  à  préfent  la  ville  en 
deux  ,  favoir  la  ville  St  le  fauxbourg  dont  on  vient  de 
parler  ,  Se  on  va  de  l'une  à  l'autre  par  un  pont.  Du 
côté  de  la  ville  eft  cette  fource  falée  qui  a  donné  occa- 
sion de  la  bâtir  :  on  en  tire  l'eau  avec  quinze  féaux,  Se 
on  la  conduit  par  un  canal  dans  les  chaudières  ,  qui 
font  environ  au  nombre  de  cent  onze.  La  ville  ne  man- 
que pas  pour  cela  d'eau  douce  ;  il  y  en  a^  abondamment. 
Quelques  gentilshommes  qui  vinrent  s'établir  dans^  ce 
pays  contribuèrent  beaucoup  à  bâtir  la  ville  :,  ils  y  éle- 
vèrent fept  tours  qu'on  y  voit  encore  en  partie  ;  (  d'au- 
tres prétendent  que  ces  fept  tours  font  plus  anciennes  que 
la  ville  même  ,  Se  que  c'eft  un  refte  des  Bourguignons.) 
Quoi  qu'il  en  foit  ,  cette  ville  en  fut  appellée  SlEBEN 
BURCEN  ,  c'eft-à-dire  Stpt-forts.  L'une  de  ces  tours  , 
placée  près  de  l'églife  de  S.  Michel ,  eft  nommée  Ber- 
1ERHOFF  :  on  dit  que  fainte  Brigite  ,  allant  de  Suéde  à 
Rome  ,  y  logea  en  1363  ;  Se  comme  ce  lieu  a  été  enfuite 
habité  par  des  Béguines  ,  on  le  nomme  préfentement  der 
Nunnènheff,  ou  la  cour  des  religieufes.  Ce  n'étoit  pas 
feulement  dans  la  ville  que  les  nobles  s'étoient  établis  ; 
ils  bâtirent  des  châteaux  tout  à  Pentour  ,  Se  il  y  en  a 
encore  environ  quarante  qui  fubfiftent.  Il  vint  aulli  des 
gens  du  peuple  qui  s'habituèrent  à  Halle.  Ils  obtinrent 
le  droit  de  bourgeoifie  ;  Se  on  leur  donna  quelque  part 
au  gouvernement.  On  forma  deux  confeils ,  favoir  celui 
de  dedans  Se  celui  de  dehors  :  dans  le  premier  étoient 
les  nobles  ,  Se  les  bourgeois  étoient  dans  l'autre  ;  mais 
ceux-ci  étant  exclus  des  plus  importantes  affaires  ,  pri- 
rent le6  armes.  L'empereur  Louis  de  Bavière  fit  appai- 
fer  cette  émeute  par  Ulric  ,  comte  de  Wurtenberg  , 
l'an  1340.  La  condition  fut  que  les  bourgeois  feroient 
admis  au  confeil  du  dedans  ,  Se  peu  après  ils  ocupoient 
la  moitié  des  places  :  cela  dégoûta  la  nobleffe  ,  qui 
s'alla  établir  à  Nuremberg ,  à  Ulm  ,  Se  à  Ausbourg.  Il  y 
eut  pour  le  même  fujet  une  grofle  dispute  en  i<fi2  , 
entre  la  nobleffe  Se  la  bourgeoifie.  Les  nobles  eurent  le 
deffous  ,  Se  cédèrent  enfin  entièrement  le  gouvernement 
aux  bourgeois.  Ceux-ci  ont  de  grands  privilèges  ,  entre 
autres  celui  de  batte  monoie  :  on  prétend  que  les  H 'aller  , 
ou  Hellers  ,  forte  de  petite  monoie  très-ancienne  Se 
très-commune  en  Allemagne ,  ont  pris  leur  nom  Se  leur 
origine  dans  cette  ville.  Cette  ville  étant  libre,  Se  lituée 
aux  frontières  de  plufieurs  pays ,  eft  fouvent  nommée  dans 


l'hiftoire  à  caufe  que  fon  territoire  a  été  le  champ  de 
bataille  où  la  nobleffe  voifine  alloit  vuider  fes  différends 
par  des  duels. 

7.  HALLE  ou  Hall  ,  village  d'Allemagne  ,  dans  la 
haute  Autriche  ,  fur  la  rivière  de  Krems.  Cluvier ,  Vln- 
delic.  &  Noric.  p.  30  ,  croit  que  c'eft  a-peu-près  en  cet 
endroit  qu'étoit  PErnotatia  d'Antonin. 

8.  HALLE  ou  Hall  ,  petite  ville  d'Allemagne  ,  au 
cercle  de  "Weftphalie ,  au  comté  de  Ravensberg  ,  à  quatre, 
lieues  de  la  ville  d'Hervorden  ,  Se  à  deux  de  Bilefeld  » 


fondé  une  académie  des  débris  de  l'univerftté  de 


Hei! 


félon  Maty,  qui  ajoute  que  l'élefteur  de  Brandebourg 

fondé  « 

delberg, 

9.  HALLE,  enWeftphalie,  au  comté  de  Ravensberg,eft 
un  village  dont  Zeyler  n'a  pas  feulement  daigné  nous  mar- 
quer le  nom.  Il  confond  mal-à-propos  ce  lieu  avec  Halle 
en  Saxe  ,  ou  Halle  3.  Cependant  cette  faute  eft 
copiée  par  Corneille  Se  par  l'éditeur  François  dulivre  de 
Baudrand. 

HALLEIN  ou  Halle  ,  Haliola  ,  ou  HalMa ,  petite 
ville  d'Allemagne  ,  au  cercle  de  'Bavière ,  dans  l'évêché 
de  Saltzbourg  ,  fur  la  Saltza  ,  entre  les  montagnes  ,  à 
deux  milles  au-deffus  ,  ou  au  midi  de  Saltzbourg  ;  c'eft 
la  principale  des  villes  de  l'évêque.  Un  voyageur  Fran- 
çois ,  (  Remarq.  hijl.  &  cric,  faites  dans  un  voyagt 
d'Italie  en  Holl.  en  1704  ,  t.  I  ,  p.  44  &  fuiv.  )  qui 
la  nomme  Halle  ,  dit  :  c'eft  la  richeffe  du  pays  ,  puis- 
que c'eft-là  qu'on  tire  Se  qu'on  cuit  le  fel  ,  dont  le  débic 
fait  le  plus  grand  commerce  Se  le  plus  grand  rapport  des 
habitans.  La  plus  grande  partie  de  ce  fel  étoit  levée  par 
le  parle  au  nom  de  l'élefteur  de  Bavière  ,  qui  a  encore 
d'autres  falines  qui  lui  font  propres  ,  peu  éloignées  de 
Halle  ,  dans  une  de  fes  terres  ,  appellée  Reichnoll  ; 
Se  ces  fels  étoient  transportés  par  la  Bavière  ,  Se  par  un 
coin  du  Tirol  ,  dans  la  Suifle  ,  qui  les  payoit  tous  en 
monnoie  de  France  ;  ce  qui  eft  caufe  ,  dit-on ,  qu'on  ne 
voyoit  presque  que  de  cette  monnoie  dans  la  Bavière.  Le 
fel  fe  cuit  à  Halle  dans  de  grandes  chaudières  ,  comme 
en  beaucoup  d'autres  lieux  ;  mais  la  traite  de  Peau  falée 
eft  différente  de  toutes  celles  que  je  me  fouviens  d'avoir 
vues  ailleurs.  Il  y  a  une  grande  Se  haute  montagne  à 
l'occident  de  la  ville  de  Halle  ,  dont  la  terre  eft  ,  en 
plufieurs  lieux  ,  mêlée  avec  une  espèce  d'alun  ,  ou  de  fel 
de  pierre ,  qui  fert  à  faire  cette  eau  falée.  Des  mineurs 
cherchent  ce  minéral ,  Se  font  paffer  de  l'eau  claire  par- 
deffus ,  laquelle ,  dans  fon  cours,  détachant  les  parties  de 
ce  fel ,  les  entraîne  avec  elle  ,  Se  devient  falée.  Quand 
ce  minéral  eft  abondant ,  ils  ne  font  qu'entourer  l'espace 
où  ils  le  trouvent  de  terre  graffe ,  Se  remplir  cet  espace 
d'eau  douce.  Elle  n'y  demeure  pas  long-tems  fans  fe 
faler  ;  on  la  fait  écouler  enfuite  ,  hors  de  la  montagne 
par  des  canaux  de  bois  faits  exprès  ,  Se  qui  en  règlent 
l'écoulement  où  l'on  veut.  Il  faut  aufïï  faire  de  grands 
canaux  pour  avoir  de  l'eau  douce  ;  ce  qui  eft  caufe  que 
cette  montagne  eft  ,  comme  celle  du  Potofi  au  Pérou  , 
percée  en  mille  endroits ,  qu'il  a  fallu  ouvrir ,  ou  pour 
chercher  la  mine  de  fel  ,  ou  pour  la  faire  écouler  hors 
de  la  montagne.  Ceux  qui  y  entrent  par  curioflté  ,  ont 
befoin  de  bons  guides  pour  ne  fe  pas  perdre  dans  la  quan« 
tité  de  routes  qu'il  y  a  de  toutes  parts. 

Cette  entrée  fe  fait  en  cérémonie.  II  y  a  une  églife 
au-deffus  de  la  montagne ,  où  les  curieux  font  leurs  dévo- 
tions avant  que  d'entrer  ,  Se  fe  recommandent  à  Dieu 
pour  qu'il  les  garantiffe  de  malheur.  Ce  n'eft  pas  fans 
raifon ,  car  plufieurs  perfonnes  y  ont  péri  par  les  éboule- 
mens  de  terres. 

La  grande  ouverture  par  où  l'on  entre  dans  cette  mon- 
tagne, eft  auprès  de  cette  églife  ;  Se  ceux  qui  y  veulent 
entrer ,  après  avoir  bien  déjeuné  dans  une  aberge  voifïne  , 
Se  s'être  pourvus  de  bouteilles  de  roffolis  ,  pour  s'en 
fervir  au  befoin  ,  font  revêtus  par  leurs  conducteurs  d'hs- 
bits  de  groffe  toile.  Le  dos  Se  le  bras  droit  font  armés  de 
certains  cuirs  ,  dont  on  verra  l'ufage  ci-après.  Au  lieu 
de  chapeau  on  prend  de  gros  bonnets  ,  qui  ne  laiffent 
qu'une  partie  du  vifage  découvert  ,  Se  dont  la  chaleur 
puiffe  parer  du  froid  qui  régne  dans  ces  antres  fouterreins 
Chacun  prend  à  fa  main  gauche  une  chandelle  ,  ou  une 
torche  allumée  pour  s'éclairer  ;  Se  les  ouvriers ,  ou  ceux 
qui  font  deftinés  à  accompagner  les  étrangers ,  fe  mêlent 
avec  eux ,  les  uns  devant ,  les  autres  après  ,  Se  d'autres 
parmi  la  troupe  ;  car  ordinairement  on  ya  par  troupes  , 


HAL 


pour  encourager  par  le  nombre  ceux  qui  feraient  plus 
Susceptibles  de  frayeur  dans  ces  fombres  Si  affreufes 
cavernes.  L'on  parcourt  enfuite  de  tous  côtés  ,  Si  l'on 
v.oit ,  ou  les  endroits  d'où  l'on  a  déjà  tiré  du  fel  ,  ou 
ceux  où  l'on  travaille  à  le  découvrir  ,  ou  enfin  ceux  d'où 
on  le  tire  actuellement  ;  &  parce  qu'il  y  a  des  espaces 
hauts  Si  bas  par  lesquels  il  faut  pafler  ,  on  descend  par 
des  trous  quafi  tous  droits ,  fournis  d'une  espèce  de  bran- 
carts  de  haut  en  bas  ,  Si  armés  à  côté  d'une  affe-z  grofle 
perche  :  après  que  l'on  s'eft  aflls  fur  le  brancart,  onembraffe 
cette  perche  avec  le  bras  droit ,  muni  de  cette  manche 
de  cuir  dont  on  a  parlé  ,  aufîi-bien  que  le  derrière  l'eft 
d'une  espèce  de  tablier  de  même  cuir  pour  ne  fe  point 
déchirer  en  fe  laiffant  couler,  comme  on  fait  de  haut  en 
bas  par  ces  brancarts. 

Ces  descentes  fe  font  avec  une  rapidité  fi  prodigieufe  , 
que  les  chandelles  s'éteignent  fouvent  ;  mais  les  guides 
battent  le  feu  promptement ,  Si  les  rallument.  Il  eft  à 
craindre  de  tomber  l'un  fur  l'autre  dans  cette  descente  , 
qu'il  n'eft  pas  facile  de  régler  ,  quand  on  a  pris  la  pente 
fur  un  déclin  très-rapide  ,  quoique  l'on  ait  mis  les  per- 
ches fur  la  droite  pour  cet  effet ,  afin  que  l'on  puifie-fe 
retenir  avec  le  bras  ;  mais  comme  le  plus  grand  danger 
eft  en  arrivant  au  bas  ,  les  guides  qui  font  arrivés  les 
premiers  ont  foin  de  tirer  les  étrangers  du  brancart  à 
mefure  qu'ils  arrivent  ,  de  peur  qu'ils  ne  foient  écrafés  , 
ou  foulés  aux  pieds  de  ceux  qui  les  fuivent.  Entre  les  bois 
du  brancart  il  y  a  un  escalier  fait  dans  la  terre  pour  remon- 
ter. Les  descentes  font  en  fi  grand  nombre  dans  les  minés 
de  Halle  ,  qu'on  descend  ainfi  du  haut  de  la  montagne 
jusqu'au  bas ,  après  s'être  promené  par  mille  détours  que 
font  les  ouvriers  en  travaillant  à  la  recherche  de  la  matière 
qui  donne  la  falure  à  l'eau.  Ces  détours  fonr  fi  grands  , 
&  on  fouille  fi  loin  ,  que  non  feulement  la  montagne 
en  eft  toute  percée  ,  mais  même  les  montagnes  voifines 
le  font  aufii  ;  de  forte  qu'on  affure  qu'il  y  a  très-peu  de 
diftance  entre  les  ouvriers  de  Halle  &  ceux  de  Reichnoll, 
qui  en  eft  à  deux  milles  ,  Si  qui  appartient  à  l'électeur  de 
Bavière. 

On  emploie  cinq  ou  fix  heures  à  vifiter  ces  curiofités 
fouterreines  ;  &  après  avoir  régalé  les  guides  ,  on  trouve 
un  grand  diner  à  Halle  ,  où  l'on  fait  bonne  chère.  La 
cuite  du  fel  fe  fait  là  comme  ailleurs  :  on  voit  bouillir  de 
l'eau  fort  claire  dans  des  chaudières  de  dix  à  douze  pieds 
<3e  diamètre  fur  des  brafiers  épouvantables  ;  l'eau  étant 
évaporée  ,  laiffe  au  fond  le  fel ,  que  l'on  ramaffe  ,  Si 
qu'on  jette  dans  de  petits  tonneaux  de  lapin  qui  n'ont 
ni  fond  ni  couvercle  ;  il  s'y  féche ,  s'y  durcit,  Si  peut  être 
transporté  fans  craindre  d'en  rien  perdre.  La  Saltze  qui 
coule  auprès  de  la  ville  eft  continuellement  chargée  de 
bateaux ,  qui  le  transportent  à  Saltzbourg ,  d'où  on  le  dif- 
tribue  ailleurs.  Le  30  Juin  1567  ,  cette  rivière  fe  déborda  , 
Se  fit  un  grand  dégât,  tant  dans  les  lieux  où  l'on  cuit  le  fel  , 
que  dans  ceux  où  l'on  le  garde.  L'an  1 573  ,  on  trouva  dans 
la  mine,  à  fix  mille  trois  cens  pieds  de  profondeur,  fur  une 
pierre  très- dure  ,  un  homme  qui  devoit  avoir  eu  neuf 
empans  de  hauteur.  *  Zcykr  ,  Bavar.  Top.  24. 

Vis-à-vis  de. Halle,  de  l'autre  côté  de  la  Saltz  ,  il  y  a 
des  forges ,  où  l'on  fond  le  cuivre  que  l'on  tire  des  mines 
qui  font  dans  l'état  de  Saltzbourg. 

HALLENLESBEN  ,  monaftere  Catholique  de  filles 
en  Allemagne  dans  le  duché  de  Magdebourg. 

HALLEW1N ,  village  des  Pays-bas  ,  dans  la  châ- 
tellênie  de  l'ifle,  proche  de  Menin  ,  fur  la  rivière  de  Lis. 
Il  donne  fon  nom  à  l'une  des  plus  anciennes  ramilles  du 
pays.  *  D'ici,  sosp:  des  Pays-bas.' 

HALLEVIONS.  Voyez  Hillevions. 
HALLIFAX,  ville  d'Angleterre,  en  Yorckshire.  On 
la  nommoit  autrefois  HoRTON.  C'eft  une  aflez  grande 
ville,  dont  les  maifons  font  bâties  de  pierre.  Elle  eft 
fituée  fur  le  penchant  d'une  colline  ,  Si  dans  un  terroir 
ftérile.  La  manufacture  de  laine  y  tient  le  premier  lieu, 
&  l'on  y  punit  rigoureufement  les  voleurs  de  drap  ;  de- 
là vient  cette  prière  que  l'on  attribue  aux  vagabonds  Si 
gens  fans  aveu  :  From  Hell,Hull,  andHallijax  ,  Gooi 
Lord,  D  cliver  us  ;  c'eft-à-dire  :  Seigneur  Dieu,  délivrez- 
nous  de  l'enfer,  de  Hull  &  de  Hallifax.  Cette  ville  donne 
le  titre  de  comte  au  fleur  George  de  Montaigu.  *  Etat 
prcfenl  'de  lu  G.  Bret.  t.  1,  p.  103  Si  324. 

HALLIN ,  peuple  ancien  de  Scandinavie ,  félon  Jour- 
nandes,  deReb.Get.  c.  3. 


HAL  279 

HALLUIN.  Voyez  Magnelay. 

HALLUOS  ,  vAkkvo<;  :  ce  devoit  être  le  nom  d'un 
ruiffeau  ,  ou  d'une  fontaine  ;  car  il  eft  parlé  de  les  eaux 
dans  un  oracle  rapporté  par  Paufanias  ,  in  Mejjeniac. 

HALLWYL,  château  dé  Suiffe  ,  au  canton  de  '.  erne, 
à  ïifiue  d'un  petit  lac  qui  fe  dégorge  dans  la  petite  ri- 
vière d'Aa.  *Etat  &  délices  de  la  Suijje,  1. 1,  p.  195. 

HALMATIA,  'Aa^stw.  Athénée ,  l.  9,  c.  2,  nomme 
ainfi  un  lieu  où  il  dit ,  que  les  raves  naiffent  fans  cul- 
ture.  Dalechamp  rend  ce  nom  par  la  Dalmatie. 

HALMITESTaurica,  '  À^irns  ,  heu  delà  Cher- 
fonnefe  Taurique,  fur  le  Pont-Euxin  ,  félon  Arrien, 
Peripl. 

HALMONES.  Vovez  Almon  Si  Olmones. 

HALMYDISSUS.  Voyez  Axmydissus. 

1 .  HALMYRIS  ,  lac  que  forme  le  Danube  ,  dan<  la 
Scythie,  au-deflus  d'iftropolis,  à  peu  de  difaice     e  la 


féconde  embouchure,  félon  Pli 


,  qui  lui 


donne  foixante-trois  mille  pa>  de  tour.  Il  y  avoit  tout 
auprès  une  ville  de  même  nom, 

_  On  croit  que  le  nom  moderne  de  ce  lac  eft  Carafou  ,' 
ainfi  que  les  Turcs  l'appellent,  Si  qui  eft  à  la  bouche  la 
plus  méridionale  du  JDanube. 

2.  HALMYRIS ,  ville  de  Scythie.  Elle  étoit  épisco- 
pale,  félon  la  Notice  de  Hierocles.  Philflftorge ,  /.  10, 
c.6,  dit  qu'Eunomius  ,  chef  des  Ariens,  fut  exilé  à 
Halmyris ,  lieu  de  la  Myfie ,  fur  l'Ifter.  Nicephore  Cal- 
lifte,  /.  12,  c.  79,  dit  la  même  chofe.  C'eft  vraifem- 
blablement  la  même  que  la  Salmorudis  d'Antonin ,  dont 
les  copiftes  trouvant  Halmyridem  ,  en  ont  tait  Salmo- 
rudem. 

HALMYRIDES ,  lieu  de  l'Attique  ,  au  bord  de  la 
mer  :  c'eft  où  l'on  jetoit  les  cadavres  ,  Si  une  espèce  de 
voirie. 

HALMYRUS,  lieu  vers  la  Theffalie  ou  vers  Larifle, 
félon  Nicetas  ,  dans  la  Vie  de  Baudouin  de  Flandre. 
*  Ortel.  1  hefaur.  '    . 

HALONjE  ,  ville  de  l'Afie  mineure,  près  du  Méan- 
dre, félon  Nicetas.  Leunclavius  croitqueles  Turcs  nom- 
ment ce  lieu  Solba^ar.  *  Ortel.  Thefaur. 

HALONE.  Voyez  Alone  2.  3. 

1.  HALONESE  ou  Halonnese,  (la)  petite  ifle 
de  la  mer  Egée ,  au  couchant  de  fille  de  Lemnos  ,  Si 
à  l'orient  de  l'embouchure  du  golfe  Therméen.  Elle  eft 
accompagnée  de  deux  petites  ifles,  dont  l'une  eft  nom- 
mée Piperi ,  anciennement  Peparrethe ,  Si  l'autre  Jura. 
LaHalonefe  eft  préfentementappeHéeZ.j/2/5,  Peias,ifiaw 
Pelagnifi.  C'eft  la  même  dont  il  eft  queftion  dans  les 
harangues  d'Eschine  Si  de  Demofthène.  N.  Gerbelius, 
cité  parOrtélius,  dit  qu'elle  eft  nommée  Nefidium  ou 
Niiïlhov  par  Harpocration  ;  mais  ce  mot  ne  veut  dire 
qu'une  petite  ifle  ;  Si  Na^JW ,  Nefydrion  par  Suidas. 
Toureil  dit  qu'elle  eft  prés  de  Peparrethe  Si  deSciathe, 
qui ,  avec  elle,  compofoient  une  espèce  de  triangle.  Il  a 
été  trompé  par  de  mauvaifes  cartes. 

2.  HALONESE  ,  ifle  fort  petite  de  la  mer  Egée,  fur 
la  côte  deThrace,  entre  fille  deSamothraceSilaCher- 
fonnefe ,  à  quinze  mille  pas  de  l'une  Si  de  l'autre.  Le 
P.  Hardouin  croit  que  c'eft  la  petite  ifle  dont  parle  Har- 
pocration.  Elle  eft  différente  de  la  précédente.  *  Plin. 

'  3.'  HALONESE ,  petite  ifle  d'Afie  ,  fur  la  côte  de 
l'Ionie ,  félon  Etienne  le  géographe. 

HALONNESI,  ifles  delà  mer  Rouge,  devant  la  Tro- 
gloditique,  félon  Pline  ,  /.  6  ,  c.  29. 

HALOPE.  Voyez  Alope. 

HALORUS.  Voyez  Aloros  2. 

HALORIUM,  lieu  du  Peloponnefe,  félon  Strabon, 
/.  8,  p.  350.  Il  étoit  dans  l'Elée  ;  il  y  avoit  un  temple 
de  Diane,  furnommée  Etienne,  dont  la  prêtrife  dépen- 
doit  des  Arcadiens. 

HALOS.  Voyez  Alos  i  Si  2. 

HALOVER ,  petit  ifthme  de  l'Amérique,  dans  la  pro- 
vince de  Tabasco,  auprès  de  Sainte-Anne,  Si  de  Rio 
Palmas.  Il  fépare  la  mer  d'un  grand  iac.  Les  boucaniers 
Anglois  qui  y  mettent  leurs  canots  à  léc  ,  lui  ont  donné 
ce  nom  comme  nos  mariniers  diroient  Halle  à  terre, 
du  mot  haller,  qui  veut  dire ,  tirer.  *  Dampier,  fupplétn. 
c.UP,  178. 

HALPiLAME,  lieu  maritime  de  l'ifle  de  Ceilan,  fur 


2  8o 


HAL 


H  AL 


fa  côte  méridionale ,  dans  le  pays  de  Mature ,  à  l'orient, 
&  à  fix  lieues  &  demie  de  Mature,  au  couchant  d'été, 
&  à  deux  lieues  &  demie  d'Ajalle.  * Mandejlo ,  Voyag. 
Robert  de  Vaugondy,   Atlas. 

HAJ..PO  ouHALAPO,  ville  de  l'Amérique,  dans  la 
nouvelle  Espagne,  dans  la  province  de  Tabasco,  &  fur 
la  rivière  de  Tabasco  ,  trois  lieues  au-deffus  d'Eftapo. 
Elle  eft  riche  &C  la  principale  de  ce  pays.  Les  Indiens 
qui  l'habitent  ,  ne  cultivent  pas  plus  de  terre  qu'il  ne 
leur  en  faut  pour  entretenir  leurs  familles  &c  payer  les 
taxes.  Ainfi  la  campagne  qui  s'étend  d'une  ville  à  l'au- 
tre ,  demeure  inculte.  On  nourrit  dans  ce  pays  une 
glande  quantité  de  volailles  ,  comme  de  coqs  d'Inde  , 
de  canards,  de  poules  ,  &c.  Mais  quelques-uns  ont  des 
allées  de  cacao  ;  la  plupart  de  celui  qu'on  recueille  en 
ces  quartiers,  eft  envoyé  à  Villa  de  Mofe ,  où  on  l'em- 
barque pour  être  transporté  ailleurs.  Il  y  a  peu  de  com- 
merce dans  ce  pays.  * Dampier,  Supplém.  c.  4, p.  166, 
&  c.  <j,p.ijS. 

HALS ,  bourgade  de  Dannemarck  ,  à  la  pointe  fep- 
tentrionale  de  l'ifle  de  LefW,  fur  la  côte  orientale  du 
diocefed'Aiborg,au  nord  de  Jutland.  Il  y  a  un  bon  ancrage 
au  nord  de  cette  'bourgade.  * Robert  de  Vaugondy ,  Atlas. 

HALSTELD  ,  bourg  d'Angletesre  ,  dans  la  province 
d'EfTex.  On  y  tienO  marché  public.  *  Etat  préj'ent  de  la 
G.  Bret.  t.  1. 

HALTEREN  ,  petite  ville  d'Allemagne  ,  .en  Weft- 
phalie,  dansTévêché  de  Munfter,  fur  la  Lippe,  en  ap- 
prochant de  Dulmen  &  de  Kœsfeld  ,  dans  la  feigneurie 
de  Dulmen.  *Zcyler,  Weftphal.  Topogr. 

HALVA  ,  ville  d'Afrique  ,'  au  royaume  de  Fez  ,  à 
trois  lieues  de  la  capitale  du  côté  du  midi ,  fur  les  bords 
du  Cebu.  Elle  a  été  bâtie,  dit-on,  par  un  roi.  des  Zene- 
tés  ;  mais  un  autre  de  la  race  des  Benimerinis  a  conftruit, 
tout  proche ,  un  beau  palais  fur  tin  bain  naturel  qui  met 
la  ville  en  grande  réputation ,  parce  que  les  habitans  de 
Fez  s'y  vont  baigner  au  mois  d'Avril  ,  &.  demeurent 
là  à  fe  réjouir  fept  ou  huit  jours.  Les  habitans  font  gens 
ruftiques  &  barbares ,  vivent  fort  pauvrement  de  quel- 
ques terres  qu'ils  tiennent  à  rente  de  l'Alfaqui  de  la 
grande,  mosquée  de  Fez.  *  MarmoL,  1.  4,  c.  26 ,  p.  196. 

HALUNTIUM  ou  Aluntium,  ville  de  Sicile,  fé- 
lon Denys  d'Halicarnaffe ,  l.  l.Ciceron,  Verr.de  fignis, 
c.  23  ,  fait  mention  d'Archagathus  ,  citoyen  d'Halun- 
tium  ,  &  nous  apprend  que  cette  ville  étoit  fituée  fur 
une  hauteur  dont  l'accès  étoit  difficile.  Ptolomée,  /.  3, 
£.4,  la  met  fur  la  côte  occidentale  ,  allez  près  de  l'em- 
bouchure du  Chydas,  au  bord  de  la  mer.  Mais  ce  qu'il 
appelle  côte  occidentale  ,  devroit  plutôt  être  appelle 
côte  feptentrionale  ;  .car  il  fuppofe  que  l'extrémité  vrai- 
ment occidentale  eft  beaucoup  plus  au  micli  ,  qu'elle  n'y 
eft  effectivement.  Quoi  qu'il  en  foit  ,  De  l'ifle  croit 
qu'elle  étoit ,  à-peu-près ,  au  même  lieu  où  eft  préfen- 
tement  San-Marco  ,  au  midi  de  Capo-Orlando.  C'eft 
ce  qui  réfulte  de  la  comparaifon  de  la  Sicile  ancienne 
&  de  la  moderne ,  dont  il  a  donné  les  Cartes.  Fazel , 
Decad.  1 ,  /.  9,  c.  4,  croit  que  les  ruines  de  cette  ville 
<T  Aluntium  font  à  cinq  cents  pas  du  bourg  de  S.  Phila- 
delphie, &  que  le  Chydas  eft  à  préfent  appelle  'Rosmarïno. 
Olivier  qui  rapporte  ce  fentiment  ,  ne  s'en  éloigne  pas. 

1.  HALUS.  Voyez  Alos  1  &:  2. 

2.  HALUS,  ville  d'Afie  ,  fous  la  domination  des 
Parthes,  félon  Tacite,  Annal.  1.  6  ,  c.  41. 

3.  HALUS,  A  lus  ou  Allus,  lieu  de  la  Paleftine. 
D.  Calmet ,  D'ici,  de  la  Bible ,  en  parle  ainfi  :  Alus  ou 
Allus.  Les  Israélites  ,  pourfuit-il  ;  étant  dans  le  défert 
de  Sur,  partirent  de  Daphca,  pour  venir  à  Alus.  {Nu- 
mer,  c.  3J  ,  v.  13.)  De-là  ils  allèrent  iRaphidim.  Dans 
le  livre  de  Judith,  c.  1,  v.  8,  in  Gmco,  on  met  Ckclus 
ou  Chalus  ,  &  Cadès  comme  des  lieux  affez  voifins. 
Eufebe  &C  S.  Jérôme  mettent  Allus  dans  l'Idumée  vers 
la  Gabnlene  ,  c'eft-à-dire  aux  environs  de  Petra  ,  ca- 
pitale de  l'Arabie  déferte  ;  car  Eufebe  ik  S.  Jérôme  pla- 
cent la  Gabalene  auprès  de  Petra.  On  donne  auffi  à 
Allus  le  nom  d'ELUSA  ou  ChaLUSA.  Elle  eft  placée 
par  les  Notices  dans  la  troifiéme  Paleftine  ,  &  par  Pto- 
lomée entre  les  villes  d'Idmnée.  Le  Tarçum  de  Jerufa- 
lem  fur  la  Genele,  e.  2<j ,  v.  18,  &  fur  l'Exode  ,  c.  16, 
y.  22,  traduit  le  défert  cle  Sur  par  Allus. 

HALUSIUM,  lieu  de  Grèce,  dans  l'Epire ,  félon 
Euftathe,  fur  le  lécond  livre  de  flliade.  *  Ortel.TheL 


HAL  Y,  ville  de  l'Arabie  heureufe  ,  fur-  les  confins  de 
l'Yemen,  du  côté  de  Hégias.  Êdrifi  la  nomme  forterelTe 
&  petite  ville  maritime  ,  fituée  au  nord  d'Attu  ,  à  cinq 
journées  de  chemin.  Il  compte  une  ftation  depuis  Haly 
jusqu'au  fleuve  S  ANC  AN.  *  Geogr.  Nubien/,  part.  j.jlj 
cundi  clim. 

HALYCIA  ck'HALici.E.  Voyez  Halycus  2. 

HALYCIDON  ,  port  de  mer,  dans  les  Gaules  ,  fé- 
lon quelques  éditions  de  Pomponius  Mêla.  Voyez  La- 
CYDON. 

1 .  HALYCUS ,  rivière  de  Sicile ,  félon  Diodore  ," 
/.  16,  qui  écrit  auifi  Alycos,  /.  15,  23  &  24.  Il  y  avoit 
en  Sicile  deux  rivières  de  ce  nom  ,  &  toutes  les  deux; 
avoient  leur  embouchure  fur  la  côte  méridionale.  La  plus 
oriental  des  deux  étoit  auffi  nommée  Camicus ,  du  nom 
d'une  forterefte  allez  près  de  laquelle  elle  paffoit  :  du 
moins  De  l'ifle  croit  que  le  Camicus  Ik  le  Halycus 
font  une  même  rivière  ;  Olivier  les  diftingue ,  &  croit 
que  le  Camicus  étoit  le  ruifteau  que  De  l'ifle  nomme 
Cena,  &  réferve  le  nom  <X  Halycus  pour  la  rivière  qui 
avoit. fon  embouchure  auprès,  &  au  couchant  d'Hera- 
clée.  Le  Halycus  de  l'un  tk  de  l'autre  devroit  être  pré- 
fentement  le  Platani  qui  reçoit  deux  autres  rivières ,  fa- 
voir  le  Turbulo  du  couchant  ,  &  le  Salso  du  levant. 
Le  nom  de  Salso,  qui  lignifie  rivière  falée,  femble  tra- 
duit de  l'ancien  nom  grec  'Aauko;  ,  dont  l'étymologie 
vient  du  fel. 

2.  HALYCUS  ,  petite  rivière  de  Sicile.  Olivier , 
Sicil.Ant.  l.i,p.  229  ,  doute  fi  ce  n'eft  pas  aujourd'hui 
Fiume  délie  Arène.  Il  trouve  quelque  rapport  entre  le 
nom  Halycus',  &C  delui  de  Saleme  que  cette  rivière, 
félon  lui ,  porte  dans  fa  partie  fupérieure.  Il  ajoute 
que,  fur  fes  bords ,  étoit  le  bourg  nommé  Halyc'm  par 
les  anciens.  Mais  la  rivière  de  Saleme  prend  fon  nom 
d'une  ville  moderne.  Elle  a  d'ailleurs  plufieurs  autres 
noms,  favoir  Deha,Billigero  &  Fiume  di  Arena. 
De  i'Isle  ne  met  pas  le  bourg  d'Halycia  au  bord  de 
cette  rivière,  mais  fur  l'Hypfa  qui  eft  le  Bélice.  La 
caufè  de  cette  diverfité  d'opinions  n'eft  autre  que  l'en- 
vie qu'ont  eu  les  modernes  de  placer ,  à  quelque  prix 
que  ce  fût,  des  lieux  dont  les  anciens  n'ont  pas  mar- 
qué la  pofition  d'une  manière  claire  &  fatisfaifante. 

HALYDIENSES,  peuple  de  l'Afie  mineure,  dans 
la  Carie.  Quelques  manuscrits  de  Pline ,  /.  5 ,  'c.  29  ; 
portent  Alidienses;  tk.  le  P.  Hardouin  conjecture 
que  ce  font  les  habitans  dALIND A,  ville  de  Carie. 

HALYS ,  grande  rivière  de  l'Afie  mineure.  Quinte 
Curce,  l.  4,  c.  1 1,  dit,  qu'elle  terminoit  la  Lydie.  Ha 
pris  cela  d'Hérodote ,  qui  dit  ,  /.  1 ,  c.  72 ,  que  l'Halys 
léparoit  l'empire  des  Médes  de  celui  des  Lydiens.  Ce 
dernier  paroît  n'en  avoir  pas  bien  connu  le  cours  ;  car 
il  le  fait  venir  du  midi ,  d'une  montagne  d'Arménie, 
à  travers  la  Cilicie.  Il  fépare  presque  toute  l'Afie  infé- 
rieure, depuis  la  mer  qui  eft  vis-à-vis  de  Cypre  , 
jusqu'à  la  mer  Noire.  Ce  n'eft  point  là  le  cours  de 
l'Halys".  Arrien  qui  avoit  été  fur  les  lieux  par  ordre  de 
l'empereur  Hadrien  ,  a  très-bien  relevé  cette  faute  d'Hé- 
rodote ;  &  il  eft  étonnant  que  les  modernes  s'y  foient 
encore  trompés.  Strabon ,  dont  l'autorité'  doit  être  plus 
grande  ,  puisqu'étant  Cappadocien  il  a  dû  mieux  con- 
noître  que  perfonne  une  rivière  de  fon  pays,  dit,  /.  12, 
p.  646  :  fes  fources  dans  la  grande  Cappadoce',  près 
de  la  Pontique,  aux  confins  de  la  Cambyfene.  De-là 
coulant  dans  un  large  lit  vers  le  couchant ,  il  fe  recoarbe 
par  la  Galatie  &  la  Paphlagonic,  fépare  celle-ci  des 
Leuco  -  Syriens.  Le  fcholiafle  d'Apollonius  ,  ad  l.  2. 
v.  366,  nomme  l'Halys  un  fleuve  de  la  Paphlagonie.  Il 
a  raifon ,  parce  que  l'Halys  bornoit  cette  province  : 
après  avoir  coulé  dans  la  Cappadoce  ,  il  couloit  en- 
tr'elle  &  la  Paphlagonie.  Hérodote ,  dit  très  -  bien  : 
qu'il  couloit  entre  la  Paphlagonie  &  la  Cappadoce; 
il  bornoit  auffi  la  Galatie,  comme  on  a  vu  dans  le 
paffage  de  Strabon.  Ce  dernier  auteur  ajoute  que  le 
nom  d'Halys  eft  tiré  des  falines  qui  étoient  fe  long 
de. fon  cours.'  Tournefort  ,  qui  a  été  fur  les  lieux, 
confirme  le  cours  de  l'Halys  tracé  par  Strabon ,  relevé 
la  faute  d'Hérodote,  &  dit  :  il  a  pris  fon  nom  des 
terres  falées  au  travers  -desquelles  il  pafte  ;  en  effet, 
pourfuit  -  il ,  tous  ces  quartiers  font  pleins  de  «Tel  fos- 
file  ;  on  en  trouve  même  fur  les  grands  chemins  8c 
dans  les  champs  labourables  ;  fa  falnre  tire  fur  l'amer- 
tume. 


HAM 


HAM 


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tume.   Baudrand  met    affez   mal-à-propo 
de  l'Halys   dans  la  Galatie.   II  n'y  a  peut  - 
de   rivière  au  monde  fur  le  cours  de  laquelle  les  géo 
graphes  s'accordent  fi  peu.  De  l'Isle  qui  a  eu   ocafion 
de  la  tracer  dans  un  aflez   grand  nombre   de   Cartes  , 
n'eft  pas  uniforme.  Dans  fon  Théâtre  de  l'hiftoire  d'O- 
rient, il  fuit  Strabon  :   dans    les  Thèmes   de  Conftan- 
tin  Porphyrogénete ,  il  fuit  davantage  Hérodote.  '  Dans 
la  Carte  dreltée  fur  les  Mémoires  de  Paul  Lucas ,  cette 
rivière  eft  nommée  rivière  d'Ermac ,  &  vient  non  feule- 
ment du  midi,  mais  du  midi  oriental. Ereigle,  Qjdchemeti     rie  établie    avant  l'an   1188,  un    château  bâti 
.Bore,  Avanos  font  des  lieux  que  ce  voyageur  a  parcourus  le     tifié  par   Louis  de  Luxenbourg,  connu  dans 


la  fource  au  diocèfe  de  Noyon,  d'où  elle  n'eft  éloignée  que  de 
tre  point  quatre  lieues  ;  c'eft  la  première  ville  que  l'on  rencon- 
tre du  Vermandois  en  quittant  l'isle  de  France  :  elle 
eft  fituée  fur  la  Somme,  dans  une  plaine,  au  milieu 
d'un  marais  fur  lequel  elle  domine  ,  ck  qui  pourroit 
contribuer  à  la  rendre  une  des  plus  fortes  places  de 
la  province.  Il  y  a  châtellenie  ,  vicomte ,  gouverne- 
ment qui  a  plus  de  trente  villages  qui  en  dépendent, 
état  major  ,  un  bailliage  qui  eft  devenu  royal  depuis 
l'avènement  de  Henri  IV    à  la  couronne,    une   mai- 

v    for- 
îiftoire 


long  de  cette  rivière;  de  forte  qu'Ereigle  n'eft  pas  loin  fous  le  nom  du  connétable  de  S.Paul,  vers  l'an  1470 
de  fa  fource.  Après  avoir  reçu  les  eaux  de  la  Cheche-  il  y  a  une  tour  ronde,  dont  les  murs  ont  trente -fix 
nur  ,  elle  arrofe  Ofmangioux  ,  ck  Caftamone  qui  eft  pieds  d'épaiffeur  ,  ck  laquelle  en  a  cent  en  diamètre  5c 
presque  à  fon  embuchure  dans  la  mer  Noire.  Pierre  de  hauteur.  On  compte  à  Ham  trois  paroifies  toutes 
Gille ,  dans  une  lettre  qui  étoit  entre  les  mains  d'Or-  trois  régulières ,  favoir  celle  de  S.  Pierre ,  celle  de 
:lius  ,  dit  que  le  nom  moderne  de  l'Halys  eft  Cafilir-  S.  Martin  ,  &  celle  de  S.  Sulpice.  Il  y  a  une  abbaye  de 
"1  eût  l'ordre  de  S.  Auguftin.  C'étoit  avant  le  douzième  liécle 
une  collégiale  de  chanoines  qui  avoient  été  autrefois 
réguliers,  mais  qui  seraient  fécularifés.  Bauclry  ,  évê- 
que  de  Noyon,  y  rétablit  des  chanoines  réguliers  en 
1108  ;  ck  le  pape  Paièhal  II  lerigea  la  même  année 
en  abbaye.  Avant  l'an  876  ,  Ham  étoit  la  capitale  d'un 
pays  appelle  le  Hamois.  Cette  ville  apparter.oit ,  en 
932,  à  Hebrard  ,  frère  d'Herluin  ,  comte  de  Mon- 
treuil.  Hébert  II  ,  comte  de  Vermandois  &C  de  Troyes , 
la  prit  la  même  année  j-xnais  Raoul,  roi  de  France, 
la.  reprit  auffi-tôt  fur  lui  :  etie  fut  encore  reprife  en 
933  ,  par  Heudes,  fils  d'Hébert.  Simon  étoit  châtelain 
de'Ham  ,  l'an  986  ;  ck  il  eft  regardé  comme  le  chef 
de  l'ancienne  maifon  des  feigneurs  de  Ham.  Jean  IV  , 
le  dernier  de  fes  descendans  ,  mourut  fans  pofterité 
avant  l'an  1374.  Depuis  ce  temps  la  feigneurie  de  Ham 
a  fucceflîvement  pane  dans  les  maifons  de  Couci ,  d'En- 
guien  ,  de  Luxenbourg ,  de  Rohan ,  de  Vendôme  ,  de 
Navarre,  &  a  été  réunie  à  la  couronne,  lorsque  Henri  IV 
devint  roi  de  France.  Depuis  l'an  164';  ,  elle  eft  par 
engagement  dans  la  maifon  de  Mazarin.  Les  Espagnols 
fe  rendirent  maîtres  de  Ham  ,  après  la  bataille  de  S.Lau- 
rent ,  en  1557; mais  elle  retourna  fous  la  domination 
de  la  France ,  deux  ans  après ,  par  le  traité  de  Cateau- 


mar.  Baudrand  cite  Pierre  Gilles  ,  comme  s' 
trouvé  cela  dans  quelqu'un  de  fes  ouvrages  ,  &  ne 
nomme  point  Ortélius.  Cafilirmar  ou  plutôt  le  Cafal- 
mac  ,  n'eft  point  l'Halys  ,  mais  I'Iris  des  anciens. 
Voyez  CaSalmac,  ck  Pytozu  le  nom  moderne 
de  VHalys. 

HALYZEA ,  ville  de  Grèce ,  dans  l'Acarnanie ,  fé- 
lon Pline  ,  /.  4 ,  c.  1 .  On  trouve  ce  nom  écrit  Aly^ia  , 
&  Aly\ea.  Strabon,  /.  10,  dit  qu'elle  étoit  en  de-çà 
de  Leucade,  en  allant  de  Patras  vers  l'Italie,  à  quinze 
ftades  de  .la  mer,  c'eft-à-dire,  à  près  de  deux  mille 
pas.  Ciceron  dans  une  épitre  à  Tiron  ,  /.  16,  Ep.  2, 
dit  :  le  troiiîeme  jour  après  vous  avoir  quittés ,  nous 
arrivâmes  à  Alyzia  ,  lieu  fitué  à  cent  vingt  ftades  en- 
deçà  de  Leucade  :  Ptolomée  lui  donne  la  même  pofî- 
tion  ;  mais  ce  nom  eft  eftropié  dans  fon  livre  par  un 
renverfement  de  lettres;  car  il  nomme  cette  ville  'AÇVxh* 
Azylia.  Etienne  le  Géographe  dit  'Ax^a  ville  d'A- 
carnanie  :  Sophien  dit  que  le  nom  moderne  eft  Na- 
TALICO  ,  &  félon  Baudrand  Alcipo. 

HALYSONES  ,  ancien  peuple  de  laScythiej  félon 
Hérodote  ,  /.  4  ,  c.  17.  Après  la  ville  ,  dit-il  ,  où  les 
Boryfthenites  tiennent  leur  marché  ,  les  premiers  font 
les  Callipides,  qui  font  des  Scythes  venus  de   Grèce; 


.  deftus  font  les  Alyzones   (les  exemplaires  grecs  por-     Cambrefis  :  elle  fut  encore  afiîégée   d 


tent  'AxaÇweç  Ala^ones)  ces  deux  nations  ont  tous 
les  ufages  des  Scythes,  excepté  qu'ils  fement  du  bled  & 
s'en' nourriffent ,  &  qu'ils  mangent  de  l'oignon,  de 
l'ail ,  des  lentilles  ck  du  millet  :  au  -  deflus  des  Haly- 
zons  font  les  Scythes  Aroures ,  ou  laboureurs  qui  fe- 
ment aulfi  du  bled  ,  non  pour  le  manger ,  mais  pour 
le  vendre.  Strabon,  l.  13  ,  /»>  603  ,  parle  d'une  ville 
nommée  AllazONIUS  ,  bâtie  par  les  Allazones,  dans 
laMyfie  fur  la  Propontide,  fur  la  rive  gauche  du  fleuve 
jEfepus.   Pline,   /.  5  ,  c.  31,  parlant   de  la  Bithynie 


la  ligue  ,en 
:  la  France. 


595.   *  Piganiol  de  la  Force  ,  De  1er. 
t.  3  ,  p.  18  ck  200,  édit.  1712. 

L'abbé#de  Longuerue  raconta  autrement  la  manière 
dont  cette  ville  a  changé  de  maîtres  :  felcn  lui ,  Ham 
étant  réunie  au  domaine  du  roi  S.Louis,  il  la  vendit 
à  un  gentilhomme  nommé  Guillaume  de  LonguevaL 
Après  avoir  pafté  par  plufieurs  mains,  étant  vernie  à 
la  maifon  d'Orléans,  elle  fut  réunie  à  la  couronne, 
fous  François  l. 

5.  HAIvt    (a)  ,  abbaye  de  France  ,  en  Artois  ,   air 


dit  "qu'elle  a  été  appellée  Cronia  ,  enfuite  TheLlie,  diocèfe  de  Saint- Orner,  au  midi  oriental,  ck  à  une  lieué 
puis  Mdiande  ck  Strymoms.  Il  ajoute  qu'Homère  en  &  dem,Te.,d  AireJ,'  f\  nor.d  ff  ldental.i  ^  \ 
a  appelle  les  habitans  HaU^ones ,  parce  que  ce  peuple 
eft  environné  par  la  mer.  Etienne  le  géographe  croit 
au  contraire  que  les  Halyfons  d'Homère  ,'  (  ad  vocent 
Xâhvèa  ),  font  les  Chalybis ,  peuple  voilîn  du  Pont- 
Euxin,  près  du  Thermodon  ;  mais  dans  un  autre  en- 
droit il  rapporte  le  fentiment  d'Ephorus  ,  qui  croit  que 
es  Halyfons  de  ce  vers  d'Homère  {ad  vpeem  iAxiÇàn<;) 
habitoient  un  canton  maritime  entre  la  My(îe,  la  Carie 
ck  la  Lydie. 

1.  HAM,  petite  ville  d'Allemagne,  dans  la  haute 
Saxe  ,  au  duché  de  Saxe  -  Gotha.  Voyez  Hayn. 

2.  HAM ,  ou  Hamm  ,  Hammona ,  ville  d'Alle- 
magne ,  en  Weftphalie,  au  comté  de  la  Marck  en- 
tre Werne  ck  Marck  fur  la  Lippe  ,  à  trois  milles  de 
Soëft  ,  ck  fut  la  frontière  du  pays  de  Munfter  ;  c'eft- un 
partage  confidérable  fur  la  Lippe,  pour  entrer  dans 
l'évêché  de  Munfter  :  le  ruiffeau  de  DuNKER  y  tombe 
dans  la  Lippe;  le  pays  d'alentour  eft  très  -  fertile  :  elle 
eft  à  l'éleveur  de  Brandebourg.  *  Zeyler  ,  Weftph.' 
Topogn  p.  69. 

3.  HAM -en-  Ardennes  ,  feigneurie  des  Pays- 
bas  ,  au  duché  de  Luxenbourg  ,  fur  la  rivière  de  Lè- 
che :  le  feigneur  étoit  un  des  quatre  pairs  du  Comté 
de  la  Roche.  *  Longuerue  ,  Defcr.  de  la  France,  i.part. 
p.  119. 

4.  HAM,  H.imum ,  petite  ville  de  France ,  en  Picardie, 


euedeLillers,  d'où  lui  vient  le  furnom  de  Ham-LÉS- 
Liller  (b)  :  elle  eft  de  l'ordre  de  S.  Benoît ,  ck  fut 
fondée  l'an  1084,  par  un  feigneur  de  Lillers,  qui  fit 
venir  des  Bénédictins  de  l'abbaye  de  Charoux  dans  le 
Poitou  :  cette  abbaye  eft  en  régie.  *  (a)  De  l'IJle  , 
Artois.  (b)  Pig.-iniol  de  la  Force,  Defcr.  de  la  France, 

'•  !'/'•  *#■    . 

Baudrand  dit  qu'elle  eft  à  une  lieue  ck  demie  de 
Ham  ;  c'eft  une  faute:    il  faut  dire  d'Aire. 

6.  HAM  ,  ou  Hem  ,  ou  Cham  ,  pays  des  Zu« 
ZIMS  ,  dont  il  eft  parlé  dans  la  Genèfe,  c.  14,  v.  f» 
L'auteur  de  la  Vulgate  traduit  :  Codor  Lahoinor  vain- 
quit les  Réphaims  d'Aftaroth  -  Cxrnaïm  ,  ck  les  Zurimi 
avec  eux  ;  mais  l'hébreu  porte  :  &  les  Zunms  dans 
Hem  ou  dans  U.A.M..  D.  Calmet,  de  qui  j  emprunte 
cette  remarque  ,  dit  :  on  ne  fait  quelle  étoit  la  firuâ- 
tion  de  ce  pays  de  Ham. 

1.  HAMA  ,  montagne  de  Gerce  ,  dans  la  Laco-' 
nie  ,  près  du  bourg  de  Lah  ,  félon  Paufanias ,  /.  3  ,' 
c.  24-. 

2.  HAMÀ  ,  ville  d'Ane  ,  dans  la  Syrie  :  c'eft  la 
même  qu'APAMÉE  1. 

HAMADAN.   Voyez  Amadan. 

HAMiE  ,  ancienne  ville  ou  bourg  d'Italie  ,  dzris  la 
Campanie ,  à  trois  milles  de  Cumes ,  félon  Tite-Live  , 
/,  23  ,  c.  35-.  Les  habitans  de  la  Campanie  y  avaient  an 
Tome  UI.     Nn 


282           HAM  HAM 

facrifice  réelé  aui  fe  faifpit  la  nuit  ,  &  cette  fête  duroit  Cilicie.    Strabon,  l.  14,  p.  66c, ,  dît:  après  Coractfium 

trois  iours°  fuit  la  vil!e  de  SJdm  ■>   mÇmte  Hamaxia,   bourgade» 

HAMAH      ville  de  Syrie  ,  à  laquelle   le  géographe  K*to«u«  ,  fur  une  colline ,  avec  un  port  où  l'on  trans- 

Abuîfeda  donne  6id.  &  55'  de  longitude  ,  &  34d.45'  porte  du  bois  à  bâtir  des  vaifleaux  ;   c'eft  presque  une. 

de  latiK  le.  Cette  ville  ,  félon  quelques  hftoriens  ,  eft  espèce  de  cèdre  que  ces  lieux  ont  en  abondance.  C  eft 

la  même  dont  il  eft  parlé  dans  le  XXIe  chapitre  de  Jofué  la  même  que  I'Amaxie  d'Etienne  le  géographe, 

fous  le  nom  de  Hamot.  Elle  échut  à  Mohammet  ,fils  HAMAXICI,  peuple  de  la  Scythe  ,  entre  le  Tanais, 

d'Omar     dans  le  partage  que  les  enfans  de  Saladin  firent  le  Boryfthene  ,  ex  les  Palus  Méotides ,  félon  Strabon  , 

des  états  de  leur  père  ,  <k  fut  renverfée  par  un  horrible  /.  2  ,p.  116. 


tremblement  de  terre  qui  fit  périr  ja  plupart  des  habi 
tans  ,  l'an  11 57  ;  enforte  qu'un  maître  d'école  en  étant 
forti  avant  que  ce  tremblement  arrivât ,  trouva  à  fon 
retour  tous  fes  écoliers  écralés  fous  les  ruines  de  fa  maifon 
fans  que  perfonne  vînt  s'informer  de  ce  qu'ils  étoient 
devenus.  On  l'a  rétablie  depuis ,  &  les  Mogols  ou  Tartares 
ne  la  détruilirent  point  comme  ils  firent  plufieurs  autres 
villes  de  la  Syrie.  Voyez  Hama&c  Apamée.  i.  *  DHer- 
belot  ,  Bibl.  orient. 

HAMAIGE  ,  ou  HAMAY  ,  Hamaticum  ,  abbaye  tus ,  &  Colonie  ;  on  voit  que 
des  Pays-bas  ,  dans  le  Hainaut ,  fur  les  limites  de  Flan- 
dres ,  à  cinq  cents  pas  du  double  monaftere  de  Marchien- 
nes  ,  bâti  par  S.  Amand  &c  par  fainte  Riclrude  ,  de 
l'autre  côté  de  la  rivière  de  Scarpe  ,  fur  les  confins  de 
l'Oftrevant  ou  Flandre  Vallone  Se  du  Hainaut  :  il  y  avoit 
un  autre  monaftere  de  filles,  appelle  Hamay,  ou  Hamaige , 
bâti  en  l'honneur  de  S.  Pierre  ,  par  Gertrude  première 
abbeffe  du  lieu  ,  grand-mere  du  bienheureux  Adalbaud^, 
:  fainte  Riclrude.  Ces  deux  monafteres  furent  brû- 


HÀMAX1TUS,  ou  Amaxitus  ;  Ortelius  dit:  Ha- 
MAXITIS , 'A^ccçiTîf ,  ville  maritime  aux  environs  de 
l'jEolie,  &  cite  Xenophon  ,  /.  3  de  l'Hiftoire  des  Grecs , 
&  Thucydide  ,  /.  8.  Il  ne  s'agit ,  dans  ces  deux  auteurs, 
cités, que  de  Hamaxitos,  'Aj/afmç.  Thucydide,  /.  8. 
p.  616.  dit  qu'en  allant  de  Lesbos  à  Rhœteum  on  trou- 
ve Leclum  ,  LariJJe ,  ck.  Hamaxitus.  Xenophon ,  /.  8  , 
p.  481 ,  dit  de  Manie ,  femme  de  Zenis ,  qu'elle  rédui- 
fit  quelques  villes  maritimes,  ("avoir  Larijfe,  Hamaxi- 
&  l'autre  parlent  d'une 


même  ville  d'Hamaxitus.  Elle  11 'étoit  pas  de  l'jEolie, 
mais  de  la  Troade.  Pline  ,  /.  5  ,  c.  30 ,  dit  qu'elle 
en  étoit  la  première  ville ,  en  venant  du  promontoire 
Leclum  qui  féparoit,  félon  lui  ,  la  Troade  &C  l'jEolie. 
De-là  vient  que  Strabon,  l.  13,  p.  604,  dit:  Hamaxite 
eft  immédiatement  au- défions  de  Leclum.  Le  petit  pays 
d'autour  de  cette  ville  étoit  nommé  Hamaxitia  par 
le  même  géographe,  /.  10,  p.  473.  11  y  avoit  auprès 
d'Hamaxitus  la  (àline  de  Tragefaïon  ,  où,  pendant  un 


lés  par  les  Normands  au  IXe  fiéc'.e.   On  tâcha  de  les     certain  tems  de  l'année,  le  fel  fe  formoit  de  liii-mê 
rebâtir  fous  le  ré?ne  de  Charles  le  Simple.  Hamaige  n'eft     Athénée  parle  de  cette  faline  :   les  habitans  de  la  Troade 
i„    ."      ,  • •    m j_..„   .1-    a*ï_      ■  ..t  i-    /■ ■     j_  . 


plus  aujourd'hui  qu'un  prieuré  dépendant  de  Mâr 
chiennes.  *  Bailla  ,  Topogr.  des  faims  ,  p.  221.  Sainte 
Yfoie  ,  ou  Eufebie  ,  étoit  abbeffe  de  ce  monaftere 
l'an  649. 

HAMAMET  ,  ville  d'Afrique  ,  en  Barbarie  ,  fur  un 
s?olfe  auquel  'elle  donne  fon  nom.    Les   rois  de  Tunis 


pouvoient  fe  fervir  de  cet  fel  librement.  Lyfimachus 
y  ayant  mis  un  impôt,  le  fel  ne  s'y  trouva  plus,  ce 
qui  ,  ayant  étonné  ce  prince  ,  l'obligea  à  le  lever ,  Se 
le  fel  fe  retrouva  comme  auparavant.  Hamaxitus  fut  le 
premier  établifïement  des  Teucri,  peuple  amené  de  Créfe 
par  Callinus  poète  élegiaque.    L'oracle  leur  avoit  corn- 


levant ,  fur  le  golfe  de  Cartilage  jusqu'au  cap  c 

ou  de  Pucro.  Il  y  a  là  une  forterefle  d'où  la  mer  fait  un     Athen.  Deipn^  Animad.  3  . 


l'ont  bâtie  (ditMarmol,  1.6,  c.  22 ,  il  y  a  environ  deux  mandé  de  s'arrêter  à  l'endroit  où  les  habitans  les  atta- 
cents  ans.)  Quelques-uns  difent  par  corruption  Mahama  queroient  ;  ce  qui  leur  arriva  à  Hamaxitus.  Ils  n'y 
pour  Hamamet.  Elle  eft  à  dix-fept  lieues  de  Tunis  par  furent  pas  plutôt  débarqués ,  qu'une  multitude  de  rats 
terre,  du  côté  du  levant;  mais  par  mer  A  y  en  a  plus  de  vint  leur  ronger  ,  durant  la  nuit,  tout  ce  qui  étoit  de  cuir 
foixante  à  compter  de  la  Goulette  ;  car  delà  jusqu'au  cap  dans  leur  bagage  &  dans  leurs  armes  ;  ce  qu'ils  prirent- 
d'Apollon  ,  aujourd'hui  Açafran ,  la  mer  forme  un  cercle  pour  l'acomplifTement  de  l'oracle.  Ils  s'établirent  donc 
forme  de  croiflant ,  &C  s'étend  enfuite  fort  loin  vers  le  en  cet  endroit ,  &  nommèrent  la  montagne  voifine  Ida 
de  Mercure  du  nom_  d'une  montagne  de  Crète.  *  Cafaubon  ,  in 
,  .9. 
grand  golfe  ,  fur  lequel  cette  ville  eft  affile  ;  ce  qui  fait  HAMAXOBII,  ancien  peuple  de  la Sarmatie ,  auprès 
qu'elle  eft  fi  éloignée  de  Tunis  par  mer ,  Se  fi  proche  par  des  Palus  Méotides.  Pomponius  Mêla  ,  /.  2,  c.  1  ,  dit  que 
terre.  Ses  habitans  font  de  pauvres  gens  ,  pêcheurs  ,  blan-  les  Agathyrfes  &  Sauromates  étoient  nommés  Hama- 
chifleurs,  ou  charbonniers,  quiontbiendelapeineàvivre  xobii ,  parce  qu'au  lieu  de  maifons  ils  logeoient  dans 
à  caufe  des  impôts  dont  on  les  charge.  Le  P.  Hardouin  des  hutes  portées  fur  des  roues.  Agathyrji  &  Sauro- 
dit  de  l'ancienne  Adrumete,  que  c'eft  aujourd'hui  Maho-  inata.  Qjiia.  pro  Jïiibus  plaujlra  habent  dicli  Hama- 
META.  Ce  mot  ,  comme  on  vient  de  voir ,  eft  corrompu  xobii.  Ainfi  ce  nom  n'eft  pas  celui  d'un  pays,  ou 
de  Hamamet.  Baudrand  écrit  Hamamethe  ,  fk  ajoute  d'un  peuple  ,à  proprement  parler,  mais  un  adjectif  qui 
ou  MAHOMETA  &  donne  pour  noms  latins,  Hamame-  défigne  une  manière  de  fe  loger. 
tha,  Adrumaum  &c  Hadrumetum.  Il  prétend  que  c'eft  HAMBIE ,  ou  Ambie,  Ambia,_  bourg  de  France, 


une  ancienne  ville  épiscopale  ,  fufFragante  de  Carthage, 
Cela  eft  vrai  d'Adruméte  ;  mais  cela  eft  faux  d'Hama- 
meth  ,  ville  nouvelle  ,  bâtie  tk  pofledée  par  un  peu- 
ple Mahométan  ,  long-tems  après  la  ruine  entière  de 
Carthage. 

HAMARAC.  VoyezHAMEM. 

HAMARAN,  grande  plaine  d'Afrique  ,  au  royaume 
de  Fez  ,  dans  la  province  de  Cutz ,  entre  les  montagnes 
ou  grand  Atlas.  Il  y  a  là ,  dit  Marmol  ,  de  vaftes  plai- 
nes environnées  de  plufieurs  bois  de  chênes  ,  de  hêtres 


en  Normandie',  au  diocèfe  de  Coutances  ,  à  trois 
lieues  de  la  ville  de  ce  nom.  Il  y  a  une  abbaye  de  Bé 
nédiftins  ,  fondée  par  Guillaume  Paisnel  en  1015  , 
comme  il  fe  voit  par  la  charte  de  cette  fondation.  Le 
château  de  Hambie  ou  Hambuis  étoit  l'ancien  patri- 
moine des  Paisnels  ,  l'une  des  plus  confidérables  fa- 
milles de  la  province.  La  maifon  ^de  Longueville  ,  hé- 
ritière de  celle  d'Eftouteville  qui  l'eut  de  Jeanne  Pais- 
nel par  mariage  ,  en  a  été  depuis  en  pofleffion.  Ce 
château  a -beaucoup  de  marques  d'antiquité  ,  de  grande» 


ck  d'autres  arbres  ,&:  remplies  de  quantité  d'herbes  pour     fales  avec   de   grandes   cheminées.     Il  eft   bâti  fur   I, 


les  troupeaux  ;  mais  il  faut  fe  donner  de  garde  des  lions  , 
&  reflerrer  le  bétail  la  nuit  dans  de  grands  parcs  fer- 
més d'épines.  Quelques  -  uns  nomment  ces  lieux  les 
Plaines  d'Onzar  ,  les  autres  de  Iufet  ,  ou  de 
Mocin  ;  mais  le  nom  le  plus  commun  eft  celui  de  Ha- 
maran  &  d'Azgar.  *  Marmol ,  /.  4  ,  c.  1 24 

1.  HAMAT,  Amath  ,  ou  Emath.  Voyez  Epi- 
phanie. 

2.  HAMAT,  Amatis,  ou Hemath.  Voyez  Apa- 
MÉe. 

3.  HAMAT.  Voyez  Amathus  4. 

4.  HAMAT.  Voyez  Emese. 
HAMATHÉENS.  Voyez  Amathéens. 
HAMATICUM,  Voyez  Hamaige. 
HAMAXIA ,  bourgade    maritime   d'Afie  ,   dans  la 


hauteur  d'un  rocher,  Se  il  y  a  un  puits  très-profond  taillé 
dans  le  roc.  .*  Corn.  Dic~t.  And.  Duchêne,  Ant.  des 
villes  &  chat,  de  France. 

HAMBOURG,  grande  ville  libre  &:  impériale  d'Al- 
lemagne ,  dans  la  bafle  Saxe  fur  le  bord  feptentrional  de 
l'Elbe ,  dans  le  duché  de  Holftein  ,  dont  elle  eft  indé- 
pendante ,  &C  comptife  dans  la  Stormarie  vers  le  5  3  e  d. 
40'  de  latitude,  &  le  27  ed.  30'  de  longitude.  Elle  doit 
fon  origine  à  Charlemagne  qui ,  pour  arrêter  les  cour- 
tes des  Slaves  ou  Esclavons  feptentrionaux  ,  fit  conftruira 
par  lès  lieutenans  deux  forts  fur  l'Elbe  l'an  808.  Celui 
qui  commandoit  le  fort,  qui  avec  le  tems  eft  devenu  la 
ville  de  Hambourg,  s'appelloit  Odon;  &C  'a  garnifon  que 
l'on  y  mit,  étoit  une  compagnie  de  Saxons  orientaux.  Al- 
bert de  Staade  dit  que  l'ancien  nom  de  ce  château  étoit 


HAM 


HAM 


283 


HoCHEÛCHl ,  ou  Hochburi.  Lambécius  obferve  peine.  L'an  849 ,  Léon  IV,  fucceffeur  de  Grégoire ,  en- 
aue  ce  château  avoit  deux  noms  ,  un  Saxon  &  un  Van-  voya  à  S.  Anschaire  une  bulle  par  laquelle  il  lui  accor- 
fkliqile  ;  que  ce  dernier  eft  fort  diverfement  écrit  dans  doit ,  comme  fon  prédéceffeur ,  la  jurisdiction  fpirituelle 
les  anciens  monumens.  L'on  y  trouve  Huobbuocki  ,  l'ur  toutes  les  nations  fepcentrionales  qu'il  pourrait  con-^ 
HoBBOUCH  ,  HoCHBUCH  ,  HocHBURl,  BOCH-  vertir  à"la  foi  ;  on  y  nomme  les  peuples  Wimodii,  Nor- 
BURI ,  BUCHBURI ,  BuCHBORG  &c  BucH30RCH  ;  il  âalbingi ,  Dani,  Norweni ,  Sueni ,  &c.  c'eft-à-dire  les 
fait  voir  que  les  villes  de  ces  cantons  avoient  auffi  deux  peuples  qui  habitoient  un  canton  dn  pays  de  Brème  vers 
noms,  &  rapporte  ceux  de  Slefwic  ,  d'Aldenbourg  &£  l'Elbe,  le  Holftein  ,  le  Danemarck,  la  Norvège  &C  la 
de  quelques  autres.  On  dérive  la  fyllabe  de  Buch  du  mot  Suéde.  L'an  857,  le  pape  Nicolas  I  unit  l'évêché  de 
Bog  ou  Buh  ,  qui  fignifie  Dieu ,  le  premier  en  Polonois ,  Brème  à  celui  de  Hambourg  ,  en  faveur  de  S.  Anschaire  ; 
le  lècond  en  Bohémien.  Cela  s'accorde  avec  ce  que  dit  de  forte  que  la  dignité  de  métropole  demeura  attachés 
l'auteur  de  la  préface  de  l'ancien  droit  civil  de  Hambourg,  à  l'archevêché  de  Hambourg;  cela  fe  fit  du  confente- 
que  cette  ville  étoit  nommée  ville,  de  Dieu  ,  en  langue  ment  de  Gunthier,  archevêque  de  Cologne  ,  duquel  le 
Vandalique.  De-là  cet  auteur  imagine  qu'on  y  avoit  adoré  fiége  de  Brème  relevoit  comme  fuffragant.  Il  n'eft  point 
Jupiter  Ammon  ;  mais  cette  divinité  peut-elle  avoir  été  vrai ,  comme  le  dit  Corneille  ,  que  le  fiége  de  Ham- 
adorée  dans  une  ville  fondée  par  un  prince  Chrétien  ?  bourg  ait  été  transfeté  à  Brème.  L'acte  du  pape  Nico- 
D'ailleurs  Jupiter  Ammon  n'a  jamais  été  connu  dans  le  las  I  eft  du  premier  Juin.  Peu  de  tems  après ,  les  Nor- 
nord.  Ce  que  difentJoachim  Vaget,/>.  258,  Matthieu  Dref-  v/égiens  ayant  discontinué  leurs  pirateries  ,  on  commença 
fer,  deUrb.  German.  p.  304,  &  quelques  autres,  qu'Ham-  à  rebâtir  Hambourg  (/).  Pendant  qu'on  y  travailloit  , 
bourg  a  été  autrefois  appellée  Augufla  Gambriviorum ,  S.  Anschaire  paffa  en  Danemarck ,  où  il  fit  de  grandes 
ou  Gambrivia  ,  eft  fans  aucun  fondement.  Tacite  qui  converfions,  entr'autres  celles  du  roi  Eric,  ennemi  dé- 
parle des  Gambriviens,  ne  dit  point  qu'ils  euffent  une  claré  du  nom  Chrétien;  il  paffa  de-là  en  Suéde  ;  &  après 


ville  nommée  Augufla.  11  nomme  feulement  ce  peuple 
fans  dire  où  il  étoit  ;  &  Althamer  a  été  auffi  autorité 
à  dire  que  c 'étoit  l'origine  de  Cambrai  ,  qu'il  dérive  de 
Gambrcw.  Ce  font  de  pures  badineries.  Cluvier  ,  Ger- 
man. ant.  1.  3  ,  c.  17,  p.  605  ,  s'eft  également  trompé, 


des  travaux  qui  l'ont  fait  nommer  V apôtre  du  nord  ,  il 
revint  mourir  à  Brème  l'an  86^.  Il  étoit  François,  moine 
Bénédictin  deCorbie  ,  d'où  il  avoit  été  tiré  avec  la  co- 
lonie qui  fut  envoyée  à  la  nouvelle  Corbie  ou  Corwey. 
Il  eut  pour  fucceffeur  S.  Rembert,  Bénédictin  ,  le  coo- 


quand  il   a  dit  que   HAMBOURG    eft    préfentement  la  pérateur  de  fes  travaux  apoftoliques,  qui  a  écrit  la  vie  de 

Marionis ,  Maeiai'ij  de  Ptolomée.  Il  a  tort  de  chicaner  ce  faint  prélat.    Je  ne  fuivrai  point  la  lifte  des  archevê- 

à  cette  occafion  Ptolomée  ,  de  ce  que  fa  latitude  &  fa  ques  qu'à  eus  Hambourg;  je  remarquerai  feulement  que 

longitude  ne  s'accordent   point  avec  cette    conjecture,  l'églife  s'étant  étendue  vers  le  nord ,  les  archevêques  de 

Marionis  n'eft  pas  plus  Hambourg   que  Lunebourg  où  Cologne  qui  prétendoient  n'avoir  pas  cédé  entièrement 

Gérard  Mercator  l'a  placée.  Voyez  Marionis.  leur  droit  fur  l'églife  de  Brème  ,   mais  avoir  feulement 

Le  château  qu'Odon  avoit  bâti  ,  étoit ,  à  ce  que  jugé  confenti  à  l'union   pour  fortifier  l'églife    de  Hambourg 


Lambécius ,  au  midi  de  la  cathédrale  ,  &  au  même  lieu 
où, 'vers  l'an  1036,  l'archevêque  Bezelin  éleva  un  palais 
flanqué  de  tours  &  de  battions.  L'^n  810  (a)  ,  les  Wil- 
fes ,  peuple  d'entre  les  Slaves ,  prirent  ce  fort  &  le  ra- 
ferent  :  l'année  fuivante  Charlemagne  le  releva  Q>) ,  & 


pour  un  tems  ,  jugèrent  quelle  pouvoit  fe  paffer 
fecours,  &  demandèrent  à  rentrer  dans  leurs  droits.  Adal- 
gaire,  alors  archevêque  de  Hambourg,  perdit  fa  caufe 
au  concile  tenu  à  Tribut,  maifon  royale  au-delà  du 
Rhin  ,    entre  Oppenheim   &  Mayence  ,    l'an  895.    Il 


fit  bâtir  une  églife  en  l'honneur  de  Jefus-Chrift  &  de     y    fut  décidé  que  le  fiége  de  Brème  relevoit  de   Colo 


a  fainte  Vierge.  Bertius  ,  Rer.  German.  I.  3  ,  dit  que 
l'églife  fut  d'abord  dédiée  à  S.  Pierre.  Pontanus  ,  Dan. 
Chorogr.  defer.  p.  666  ,  le  dit  àuffi  :  c'eft  une  erreur  dé- 
mentie par  tous  les  anciens  monumens.  Ce  dernier  dit 
qu'Amalarius  Fortunat  ,  fut  premier  évêque  de  Ham- 
bourg ,  &  qu'Heridag  fut  le  fécond  ;  c'eft  une  double 
erreur.  Louis  le  Débonnaire  ,  fils  &  fucceffeur  de  Char- 
lemagne  ,  déclare  le  contraire  dans  le  diplôme  de  la 
fondation  de  l'évêché  de  Hambourg.   Voici  fes  termes  : 


gne  ;  ce  qui'  fut  confirmé  par  un  acte  du  pape  Formofe; 
mais  en  911  ,  le  pape  Sergius  III  rendit  à  Hambourg 
fes  droits  fur  Brème.  Vers  l'an  915  ,  les  Danois  fk  les 
Slaves  pillèrent  Hambourg  pour  latroifieme  fois.  La  ville 
fe  releva  encore  de  fes  ruines ,  &  les  Ottons  lui  accor- 
dèrent de  beaux  privilèges.  Otton  ,  le  Grand,  en  948, 
fit  fon  expédition  du  Danemarck  ,  &  établit  dans  le 
Jutland  trois  évêchés  ;  favoir,  Slefwig,  Rypen  &  Ar- 
hits  ,    qui  furent   fournis  comme  fuffragans  au  fiéje  de 


»  Notre  père,  de  glorieufe  mémoire, Charles,  &c.  ayant  Hambourg.  Baronius  rk  Calvifius  fe  trompent  loriqu'ils 

»  deffein  de  faire  ériger  ici,  (à  Hambourg,)   un  fiége  mettent  ces  faits  un  an  plus  tard.  Otton  le  Grand,  étant 

»  épifcopal  au-delà  de  l'Elbe,   pour  prévenir  qu'aucun  allé  en  Italie,  pour  remédier  aux  fcandales  qui  affligeoient 

«évêque  voifin  ne  s'attribuât  ce  diocefe  ,  fit  venir  des  l'églife,  y  mena  avec  lui  Adalgag,  feptieme  archevêque 

i>  Gaules  un  évêque  nommé  Amalarius ,  pour  confacrer  de  Hambourg.  On  y  dépofa  Benoît  V  que  les  Romains 

s>  la  première  églife.»  Cet  évêque  s'en  retourna  àTreves,  avoient  élu  pape  en  la  place  de  Jean  XII  qui  avoit  dé- 

après  la  confécration.    Heridag  demeura  en  qualité  de  po(é  Léon  VIII.  Otton  fit  rétablir  ce  dernier  ;  &  Benoît 

prêtre,  pour  deffervir  cette  églife.  Le  diplôme  déjà  cité,  ayant  été  traité  en  ufurpateur  ,    fut    confié  à  Adalgag 

porte  que  Charlemagne  avoit  voulu  faire  facrer  le  prê-  qui  l'amena  à  Hambourg  en  exil.  Il  étoit  favant  &  ver- 

tre  Heridag    archevêque  de  Hambourg  ;    mais  que  ce  tueux,  digne  du  pontificat  ,  s'il  y  fût  parvenu  ,  félon  les 
projet  n'ayant  pas  été  exécuté,  lui  empereur  Louis  avoit  '  canons  ;  Léon  VIII  ,  étant  mort  au  mois  d'Avril  96s;, 

établi  S.  Anschaire  premier  évêque   &  archevêque  de  on  demandoit  Benoît  pour  l'élever  canoniquement  fur  la 

l'églife  de  Hambourg.  Le  prêtre  Heridag  vécut  à  peine  chaire  de  S.  Pierre  ;  mais  il  mourut  à  Hambourg  le  trois 


deux  ans  après  fon  inftallation  ,  &  mourut  au  plus  tard, 
l'an  813.  JLa  confécration  de  S.  Anschaire  fe  fit  l'an  8 3 1 . 
Les  deux  années  fuivantes ,  Louis  fut  trop  occupé  par 
la  révolte  de  fes  enfans  ;  mais  ayant  recouvré  fa  liberté 
&  l'empire,  il  confirma  l'érection  de  l'archevêché  par  un 
diplôme  du  15  Mai  834  :  l'acte  eft  daté  d'Aix-la-Cha- 


de  Juillet  (uivant  ,  feion  l'épitaphe  que  l'on  voit  aujour- 
d'hui fur  fon  tombeau,  dans  la  cathédrale  de  Hambourg, 
ou  le  5  ,  félon  Adam  de  Brème.  Son  corps  repofa  dans 
cette  églife  jusqu'à  l'an  999 ,  qu'Otton  III  le  fit  repor- 
ter a  Rome  :  fon  tombeau  fe  voit  encore  dans  le  chceur„ 
*  (f)  Eghinard,  ad  ann.  810.  Albert.  Stad.  Chronic.  eodi 


pelle  ;    ik  quelques-uns   l'ont  confondu  avec  l'acte  de  ann.  (b)  Lambécius ,  B.er.  Hamb.  p.  333.  (c)  He'nold, 

fondation,  qui  eft  antérieur  de  trois  ans.  La  même  an-  Chron.  /.  1 ,  c.  "j. 

née  S:  Anschaire,  accompagné  de  deux  évêques  &  d'un  La  ville  fe  rétabliffoit  de  plus  en  plus .  &  Unwan  IX  , 
comte  que  l'empereur  lui  avoit  adjoints  par  honneur,  archevêque,  y  établit  un  chapitre  de  douze  chanoines 7 
alla  à  Pvome  demander  la  confirmation  de  fon  fiége,  ait  qui  fubfifte  encore  ,  quoique  la  religion  Luthérienne  y  ait 
pape  Grégoire  IV,  qui  lui  donna  le  pallium  &c  letitrede  admis  des  gens  mariés.  Quelques  années  auparavant^ 
•légat  dans  tous  les  pays  du  nord.  11  s'étoit  infenfiblement  c'eft-à-dire  Fan  1012  ,  Miftiwoy  &  Mizzudrag ,  pririfcès 
formé  une  yille  auprès  du  fort  ;  elle  ne  devoit  pas  'être1  Vandales  ,  qui  avoient  embraffé  la  religi  >n  Chrétienne, 
fort  considérable  en  845 ,  lorsqu'elle  fut  faccagée  par  les  fe  voyant  traités  durement  par  le  comte  Bernard  ,  qui 
pirates  Normands.  Ils  prirent  le  tems  que  le  comte  Ber-  commandoit  pour  l'empereur  en  ces  quartiers ,  prirent 
nard  ,  gouverneur  de  la  ville,  étoit  abfent  ;  &  remontant  les  armes  ,  abjurèrent  le  Chriftianifme ,  &  profiterez  de 
l'Elbe  ,  à  là  faveur  de  la  nuit ,  ils  furprirent  les  habitans,  l'embarras  où  Bernard  s'étoit  mis  lui-même  ,  en  fe  re- 
mirent tout  à  feu  &  àfang.   S,  Anschaire  échappa  à  voltant,  centre  l'empereur  Henri  It.  Ils  rirent  par-tout; 

Jmt  ///.    N  n  ij      „ 


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HAM 


HAM 


d'affreux  ravages ,  fur-tout  à  Hambourg ,  qui  étoit  la  mé- 
tropole du  Chriftianisme.  Ils  raferent  i'églife  de  Notre- 
Dame,  tuèrent  uns  partie  deshabitans,  &  en  emmenè- 
rent d'autres  en  esclavage.  La  communauté  des  Bénédic- 
tins ,  que  S.  Anschaire  avoit  tirés  de  Corbie  6c  établis 
à  Hambourg  auprès  de  cette  églile  qu'ils  delïervoient , 
pa-fla  alors  en-deçà  de  l'Elbe  &  s'établit  à  Ramefloë.  Ils 
avoient  formé  une  école  &  tenoient  lieu  de  chapitre  à 
la  cathédrale  ;  ce  fut  pour  les  remplacer  que  l'archevê- 
que Unvan  y  mit  douze  chanoines. 

Après  le  quatrième  foc  de  Hambourg ,  I'églife  de  No- 
tre-Dame n'avoit  été  rebâtie  que  de  bois.  Bezelin , 
douzième  archevêque  ,  commença  à  la  bâtir  de  pierres 
de  taille  ;  fck  tout  auprès  au  midi ,  du  côté  de  l'Elbe , 
il  éleva  un  palais  muni  de  tours  ck  de  baftions  ,  ck  forti- 
fié commeune  citadelle.  Bernard,  duc  de  Saxe,  craignant 
que  l'archevêque  ne  s'en  fervît  pour  fe  rendre  le  plus  tort 
dans  la  ville  ,  fit  bâtir  au  nord  de  la  même  églife  une 
autre  fortereiïe ,  dont  il  eft  refté  de  notre  tems  quelques 
vertiges.  C'eft  préfentement  où  font  les  écuries  dufénat. 
Ces  deux  citadelles  furent  commencées  vers  l'an  1037. 
La  dernière  étoit  fur  l'Alfter  ,  petite  rivière  qui  fépare 
aujourd'hui  l'ancienne  ville  de  la  neuve.  Mais  l'an  1066, 
les  Obotrites ,  nation  d'entre  les  Slaves ,  ayant  martyrilé 
Gotscalc  ,  leur  prince ,  fe  replongèrent  dans  le  Paga- 
nisme ,  ravagèrent  toute  la  Saxe  d'au-delà  de  l'Elbe  ', 
prirent  Hambourg  ck  râlèrent  de  fond  en  comble  le  fort 
que  le  duc  Bernard  avoit  élevé.  Ce  fut  le  cinquième 
défaftre  que  cette  ville  fournit',  à  caufe  de  la  religion 
Chrétienne.  Le  fixiéme  ck  le  lèptiéme  arrivèrent  en  1 072.. 
Les Payens  prirent  cette  ville  ,  la  pillèrent,  la  brûlèrent 
&  la  détruifirent  presqu'entiérement. 

Depuis  l'an  961,  les  empereurs  avoient  confié  le  foin 
de  cette  frontière  à  des  gouverneurs  qui  défendoient  la 
Saxe  contre  les  courfes  des  Barbares.  Otton ,  le  Grand, 
partant  pour  Rome,  avoit  commis  ce  foin  àHermanBil- 
ling,  qui,  étant  mort  en  973  ,  eut  pour  fuccelfeur  le  duc 
Bennon,  fon  fils;  celui-ci  mourut  l'an  1010,  ck  fon  fils 
Bernard  lui  fuccéda  au  duché  de  Saxe ,  qui  en  jouit  jus- 
qu'à fa  mort,  qui  arriva  l'an  1061.  Ordolphe,  fon  fils, 
eut  pour  fuccelTeur  fon  fils  Magnus  ,  qui  mourut  fans 
poftérité. 

Le  feptiéme  faccagement  de  Hambourg  étant  arrivé 
en  1072,  comme  j'ai  dit  ,  les  Barbares  qui  l'avoient  dé- 
truit, s'emparèrent  de  tout  le  nord  de  l'Elbe,  &  ce  pays 
relia  quelque  tems  fous  leur  joug.  Plus  de  fix  cent  fa- 
milles abandonnèrent  le  Holftein ,  ck  fe  réfugièrent  dans 
la  forêt  du  Hartz.  Enfin  l'an  1100,  Henri,  fils  de  Gots- 
calc, prince  des  Obotrites ,  qui,  après  le  martyre  de  fon 
père,  s'étoit  réfugié  chez  les  Saxons ,  s'accommoda  avec 
Crucon,  qui  avoit  ufurpé  fes  états  ;  ck  ayant  mis  dans 
fes  intérêts  la  femme  de  ce  tyran,  en  promettant  de  l'é- 
poufer  ,  il  vint  à  bout  de  le  tuer  &  de  reprendre  fon 
pays.  Il  délivra  auftï-tôt  le  nord  de  l'Elbe  ,  c'eft- à-dire 
le  Holftein ,  qu'il  rendit  à  Magnus ,  duc  de  Saxe.  Ce  duc 
y  mit  pour  le  gouverner  un  gentilhomme,  nommé  Got- 
frid ,  à  titre  de  comte  du  pays.  Hambourg ,  où  ce  comte 
demeuroit,  commençoit  à  fe  relever  de  fes  ruines,  quand, 
en  1106,  un  gros  de  Slaves  s'étant  jette  fur  leStormar, 
fe  faifit  d'une  multitude  d'hommes  Se  de  beftiaux  qu'il 
furprit  près  de  Hambourg.  Gotfrid  accompagné  de  quel- 
ques bourgeois  armés  précipitamment,  courut  après  le  bu- 
tin; ck  pourfuivant  l'ennemi  avec  trop  peu  de  précaution, 
il  tomba  dans  une  embuscade  ;  il  y  fut  taillé  en  pièces. 
Le  duc  Magnus  venoit  de  mourir  ,  ck  fon  duché  fut 
donné  par  l'empereur  Henri  V  à  Lothaire  ,  comte  de 
Supplenbotirg ,  qui,  après  la  mort  de  Gotfrid,  donna  le 
comté  de  Holftein ,  de  Wagrie  ck  de  Stormar  à  Adol- 
phe, comte  de  Schawenbourg.  C'eft  ainfi  que  Hambourg, 
capitale  du  Stormar,  vint  fous  la  domination  des  comtes 
de  Schawnbourg  ;  de  manière  pourtant  qu'elle  étoif 
foumife  à  l'empereur ,  comme  faifant  partie  du  fief  du 
duché  de  Saxe.  Ce  Lothaire  dont  on  vient  de  parler, 
eft  le  même  que  Lothaire  le  Saxon  ,  qui  fut  empereur 
après  la  mort  de  Henri  V. 

Le  comte  Adolphe  s'appliqua  à  rétablir  la  ville  de 
Hambourg,  à  en  rebâtir  la  cathédrale;  ck  fa  femme  re- 
leva nre  forte  citadelle  fur  les  ruines  de  celle  du  duc 
Bernard.  Adolphe  mourut  en  tuS.  Adolphe  II,  fon 
fils ,  fe  mêla  de  la  querelle  de  Henri  de  Bavière,  ck  d'Al- 
bert l'Ours,  de  Brandebourg,  qui  fe  difputoient  le  duché 


de  Saxe  ;  le  parti  du  premier  qu'il  avoit  fuivi ,  étant  d'à* 
bord  le  plus  foible  ,  il  fut  dépouillé  de  fes  états  ,  qui 
furent  donnés  à  Henri,  comte  de  Badevid,  qui  ne  comp- 
tant pas  les  garder,  lui  démolit  plulieurs  fortereffes  , 
entr'autres  celles  de  Segeberg  ck  de  Hambourg.  Il  fut 
rétabli ,  ck  fit  bâtir  Lubec  en  11 40;  il  fut  tué  en  il 64, 
dans  la  guerre  de  Poméranie.  Adolphe  III  fon  fils,  étoit 
encore  trop  jeune  pour  gouverner  ,  on  lui  donna  un  tu- 
teur ;  &  lorsqu'il  tut  grand  ,  il  mit  tous  les  foins  à  em- 
bellir Hambourg  ,  à  l'exemple  de  fon  père  &  de  l'on 
aïeul.  L'an  1 181,  la  mélintelligence  s'étant  mile  entre 
Henri  &  lui  ,  Henri  le  dépouilla  de  fes  états  ;  mais  celui- 
ci  ayant  été  attaqué  ,  mis  en  fuite  par  l'empereur  Frédé- 
ric Barberouffe  en  1 182 ,  l'empereur  prit  Lubec,  qui  de- 
puis ce  tems-là  eft  demeurée  ville  libre  6k  impériale,  ÔC 
rendit  au  comte  Adolphe  le  Holftein  ,  la  Wagrie  ck  le 
Stormar.  Il  en  jouit  jusqu'à  l'an  11 89,  qu'il  fuivit  Fré- 
déric Barberouffe  à  la  Terre- fainte.  La  ville  de  Ham- 
bourg lui  ayant  fait  de  riches  préfens  pour  fon  voyage  , 
par  reconnoiffance  il  engagea  l'empereur  à  l'exempter 
de  tous  impôts  pour  les  guerres  que  les  comtes  de  Scha- 
■wenbourg  entreprendroient  ,  de  douane  fur  l'Elbe  jus- 
qu'à la  mer,  &  dans  toute  la  dépendance  des  comtes; 
à  défendre  à  toute  perfonne  en  général ,  d'élever  ni  châ- 
teau fortifié  ni  citadelle,  à  deux  milles  d'Allemagne  de 
la  ville  ;  il  ajouta  à  cela  le  droit  de  pêcher  dans  l'Elbe, 
deux  milles  au-defius  ck  au-deflbus  de  la  ville  ,  ck  un 
mi1  le  dans  la  petite  rivière  de  Billa  ,  qui  fe  perd  dans 
l'Elbe ,  auprès  de  la  ville  ,  ckc.  Après  leur  départ, 
Henri  le  Lion,  qui  étoit  en  Angleterre  ,  revint  en  Alle- 
magne, reprit  Lubéc  &  Hambourg,  rafaBardevic,  qui  lui 
avoit  fait  une  longue  réfiftance ,  ck  en  vendit  les  démoli- 
tions aux  Hambourgeois,  qui  les  employèrent  à  bâtir  un 
port  fur  l'Elbe.  Adolphe  revint  de  la  Croifade,  pour  dé- 
fendre fon  pays.  On  le  reçut  à  Hambourg ,  d'où  il  châtia 
la  garnifon  étrangère,  6k  cette  ville  lui  aida  à  reconqué- 
rir le  refte  de  fon  pays.  Mais  les  grands  impôts  qu'il  mit 
fur  fon  peuple  ,  ci  les  guerres  qu'il  eut  contre  \Valde- 
mar,  duc  de  Sleswig ,  frère  de  Canut,  roi  de  Dane- 
marck,  Ôk  ensuite  fuccefteur  de  ce  monarque,  réduifîrent 
le  comte  Adolphe  à  la  fîmple  qualité  de  comte  de  S'cha- 
wenbourg.  Ce  fut  lui  qui  fit  bâtir  la  chapelle  de  S.  Nico- 
las ,  dans  le  quartier  qu'on  appelloit  alors  la  ville  neuve. 
Cette  chapelle  eft  devenue  ensuite  une  grande  églife. 
L'abdication  d'Adolphe  III  arriva  en  1203. 

Les  chapitres  de  Hambourg  ck  de  Brème  fe  disputè- 
rent long-tems  la  prééminence.  Enfin  la  querelle  finit 
en  faveur  de  celui  de  Brème.  Hambourg  céda  à  cette 
églife  fon  droit  de  métropole. 

Les  Danois  poffédoient  tranquillement  le  Stormar  8c 
la  ville  de  Hambourg  qui  portoient  impatiemment  le  joug 
de  l'étranger.  Il  fe  fit  quelques  démarches  auprès  d'Adol- 
phe III ,  qui ,  content  de  fon  exil ,  refufa  de  tenter  fortune 
de  nouveau.  L'empereur  Otton  IV,  étant  venu  en  121 5  , 
avec  des  troupes  devant  la  ville ,  les  bourgeois  le  reçu- 
rent à  btas  ouverts ,  êk  fe  lièrent  par  ferment  à  l'empire  , 
dont  ils  avoient ,  dilbient-ils  ,  été  arrachés  par  la  force. 
C'eft  pour  cela  qu'ils  fe  difent  préfentement  immédiate- 
ment fujets  de  l'empire.  Mais  l'empereur  ne  fut  pas  plu- 
tôt parti ,  que  Valdemar  ,  roi  de  Danemarck ,  afuegea  la 
ville  ,  qui  réfifta  d'abord  courageufement ,  &  fe  rendit 
enfin  à  compofition.  Il  tint  mal  la  capitulation  ,  fatisfit 
fa  vengeance  avec  bien  de  la  cruauté  ,  ck  vendit  la  viile 
à  perpétuité  à  Albert,  comte  d'Orlarminde,  pour  fept  cents 
marcs  d'argent.  Mais  Valdemar  ayant  été  fait  priibnnier 
par  Henri ,  comte  de  Swerin  ,  Adolphe  IV ,  fils  d'Adol- 
phe III  ,  comte  de  SchaWenbourg  travailla  à  regagner 
l'héritage  de  fes  pères.  Albert  avoit  commencé  par  fo 
faire  chérir  de  fes  nouveaux  fujets  ,  en  les  gouvernant 
avec  bonté  ck  en  les  faifant  jouir  de  tous  les  privilèges 
que  les  empereurs  ,  les  ducs  de  Saxe  ck  les  comtes  de 
SchaWenbourg,  fes  prédeceueurs ,  leur  avoient  accordés. 
Quand  il  vit  qu'Adolphe  étoit  foutenu  par  Gérard,  archer 
vêque  de  Brème,  &  par  Henri  ,  comte  de  Swerin  ,  il  fon- 
gea  à  tirer  le  meilleur  parti  d'un  bien  qu'il  ne  pouvoit  pas' 
garder  ;  il  vendit  à  la  ville  de  Hambourg  pour  quinze 
cents  marcs  d'argent  tous  les  droits  qu'il  avoit  fur  elle ,  en 
vertu  de  la  vente  que  lui  en  avoit  faite  le  roi  de  Dane- 
marck ,  ck  ayant  reçu  cette  fommeil  la  déclara  ville  libre 
ck  indépendante.  Il  marcha  enluite  contre  Adolphe  ,  qui 
le  fit  prifonnier  ,  &  fe  relîaifit  du   Holftein  ,    de  la 


HAM 


HAM 


Wagrîe  &  du  Stormar.  Il  rentra  auffi  dans  Hambourg  ', 
à  qui  il  confirma  tous  les  privilèges  accordés  par  fes  pré- 
deceffeurs  ;  il  commença  par  nettoyer  les  environs  de 
Hambourg  des  forts  que  le  roi  de  Danemarck  y  avoit 
construits  pour  brider  la  bourgeoifie  ,  entr'autres  ,  le  fort 
de  Schifhcck  dont  on  voit  encore  les  veftiges.  La  pos- 
térité de  ce  comte  jouit  de  la  ville  &  du  pays  jusqu'à 
Adolphe  VIII ,  dernier  comte  de  Holftein ,  de  la  maifon 
de  Schavenbourg ,  mort  l'an  1 4T9- 

Adolphe  VIII  avoit  une  fœur  Hedvige  mariée  à  Théo- 
doric-Fortunat ,  comte  d'Oldenbourg  ;  &  de  ce  mariage 
étoient  nés  trois  fils  ,  dont  l'aîné  Chriftian  devint  roi  de 
Danemarck  en  1448  ,  de  Norvège  en  1450  ,  &  de 
Suéde  en  1458.  Il  y  avoit  encore  en  Veftphalie  un  Otton 
de  SchaY/enbourg  à  qui  la  fucceffion  d'Adolphe  appartenoit 
de  droit ,  mais  le  roi  de  Danemarck  acheta  fon  droit 
&  fe  rendit  à  Hambourg  qui  lui  promit  l'obéifTance  :  il 
exigeoit  le  ferment  ;  mais  on  lui  remontra  que  les  com- 
tes à  qui  il  fuccédoit  ne  l'avoient  pas  exigé  ,  &c  l'ancien 
ufage  l'emporta.  Zeyler  ,  Infor.  Saxon  Tspogr.  p.  127  , 
dit  qu'on  ne  lui  promit  obéiiïance  qu'autant  qu'il  laiffe- 
roit  jouir  la  ville  de  tous  les  privilèges  antérieurement 
accordés  ,  &  qu'il  en  maintiendroit  le  commerce  par 
terre  &  par  mer.  Ses  fucceffeurs  exigèrent  comme  lui 
l'hommage  qu'on  leur  refufa  ,  &  la  ville  ne  les  reconnut 
que  fauf  le  droit  de  l'empereur  &  de  l'empire ,  &c  les  liber- 
tés obtenues  du  trône  impérial.  Du  vivant  du  roi  Chris- 
tian III  ,  le  fiscal  impérial  revendiqua  la  ville  de  Ham- 
bourg ,  comme  ville  impériale  :  le  procès  fut  porté  à  la 
chambre  de  l'empire.  Cela  n'empêcha  point  que  la  ville 
ne  reconnût  Chriftian  IV ,  mais  fans  ferment ,  l'an  1 603  , 
&  enfuite  le  duc  Jean-Adolphe  de  Sleswig  &  de  Holftein  ; 
&  cette  démarche  fut  excufée  par  l'empereur  Rodol- 
phe II  ,  &  par  l'empire  ,  quoique  dès  l'an  15 10  ;  à  la 
diète  d'Augsbourg,  Maximilien  I  eût  déclaré  que  Ham- 
bourg étoit  une  ville  libre  &  impériale  ,  &  que  la  mai- 
fon de  Holftein  eût  été  renvoyée  à  la  chambre  de  Spire , 
pour  y  débattre  fes  prétentions ,  félon  le  droit.  La  récep- 
tion des  ducs  de  Holftein  ,  que  cette  maifon  expliquoit 
comme  une  preftation  de  foi  &  hommage  ,  n'eft  autre 
chofe  qu'une  liaifon  de  protection  ,  &  la  ville  fe  gouverne 
indépendamment  d'eux.  *  Hubner,  Polit,  Hift.  t.  6  ,p.  3  56 

I.  Les  magiftrats  de  Hambourg  ont  le  libre  gouver- 
nement dans  les  affaires  fpirituelles  Se  temporelles.  1.  Ils 
établiffent  les  bourg-meftres  &  les  confeillers  par  une 
libre  éleftion  ,  fans  qu'il  faille  demander  le  confentement 
ni  la  confirmation  de  la  maifon  de  Holftein.  3.  Ils  con- 
fèrent les  poftes  de  prédicateur.  Ils  font  des  ftatuts  & 
des  réglemens  pour  ce  qui  regarde  la  police,  j.  Ils  exer- 
cent publiquement  toute  jurisdicYion  fouveraîne  ,  tant 
pour  le  civil  que  pour  le  criminel ,  jugent  &  font  exé- 
cuter leurs  fentences ,  au-dedans  &c  au-dehors  de  la  ville  , 
fans  appel  ,  révifion  ,  réduction  ou  réformation  de  la 
cour  de  Holftein  ,  &C  ne  reconnoiffent  pour  cet  article 
aucun  fupérieur  que  fa  majefté  impériale  &£  le  confeil 
aulique  &c  la  chambre  impériale.  6.  Ils  reçoivent  & 
excluent  des  bourgeois  comme  il  leur  plaît.  7.  Ils  dispo  ■ 
font  des  emplois  &c  y  attachent  des  privilèges.  8.  Ils 
règlent  5c  impofent  les  contributions  6Ï  les  taxes.  9.  Ils 
lèvent  des  troupes  &  des  milices  dans  leur  diftricl.  10.  Ils 
font  des  traités  Se  des  alliances  avec  qui  bon  leur,  fem- 
ble,  fans  confulter  la  cour  de  Holftein.  il.  Ils  ne  reçoi- 
vent point  fes  troupes  en  tems  de  guerre.  12.  Ils  forti- 
fient leur  ville  ,  ont  leur  propre  artillerie  ,  &  leurs 
marins  ;  choififfent  leurs  commandans  ,  &  générale- 
ment tous  leurs  militaires.  13.  Ils  ont  le  droit  de  faut- 
conduit  6;  de  fifc ,  &  ne  rendent  à  la  maifon  de  Hol- 
ftein aucun  devoir  qui  foit  une  reconnoiffance  de  fou- 
■veraineté. 

Limneus  /.  7 ,  c.  13  ,  fe  trompe  ,  quand  il  dit  que 
Hambourg  eft  une  ville  Vandalique  &  voifine  du  Stor- 
mar. Lambecius  fe  moque  d'un  jurisconfulte  qui  dit 
que  les  hiftoriens  &:  les  géographes  ne  s'accordent  point 
fur  la  queftion ,  fi  Hambourg  eft  dans  le  Stormar  ou 
dans  la  Saxe.  Cette  queftion  feroit  ridicule  :  Ham- 
bo'.irr;  eft  dans  le  Stormar ,  province  de  la  baffe  Saxe. 
C'eft  en  vertu  de  cette  qualité  de  métropole  du  Stor- 
mar que  le  duc  de  Holftein ,  à  qui  le  Stormar  appar- 
tienf,  excepté  Hambourg  &  fon  territoire,  forme  des 
prétentions  fur  cette  ville. 


Les  droits  que  les  archevêques  de  Brème  avoient  côn» 
forvés  fur  le  liège  de  Hambourg ,  ont  été  cédés  à  la 
Suéde  par  le  traité  d'Osnabrug ,  comme  une  annexe  de 
l'archevêché  de  Brème  lèculariïe  ,  &  ont  paffé  à  la  mai* 
fon  de  Brunswig -Hanno ver ,  qui  jouit  de  ces  droits. 
Les  rois  de  Danemarck  ont  fait  tous  leurs  efforts  pour 
s'emparer  de  cette  ville  ;  mais  la  proteftion  des  puiffances 
voifines  la.  garantit  de  l'esclavage.  Safituation  fur  l'Elbe 
qui  y  fait  remonter  de  grands  vaiffeaux,  lui  eft  très-avan- 
tageufe  pour  le  commerce.  Auffi  eft -elle  très -riche, 
&C  l'une  des  plus  belles  villes  du  nord.  Elle  a  terni 
un  rang  confidérable  entre  les  villes  Hanséatiques.  On 
l'a  fort  aggrandie  :  l'Alfter  la  bornoit  autrefois  ;  mais 
on  a  bâti  une  ville  neuve  ,  de  l'autre  côté  de  cette 
rivière.  Il  y  a  à  Hambourg  une  banque  dont  le  crédit 
eft  fort  grand.  Plufieurs  grands  hommes  ont  enseigné  dans 
fon  école.  Je  me  contenterai  d'en  donner  deuxf  l'un  eft 
Hubner,  auteur  de  plufieurs  livres  fur  les  généalogies, 
fur  l'hiftoire  Se  far  la  géographie  ;  l'autre  eft  le  favant 
Fabricius  connu  par  quantité  d'éditions  utiles  &  par 
fes  Bibliothèques ,  la  latine  &  la  gréque.  Hambourg  3 
eu  depuis  le  commencement  de  ce  fiécle  plufieurs 
alarmes  qui  ont  troublé  fon  repos.  Les  deux  principa- 
les font  les  factions  qui  s'élevèrent  en  1708,  entre  le 
fénat  Se  la  bourgeoifie;  Krumholtz,  prêtre  féditieux  , 
qui  augmentoit  le  trouble  par  fes  fermons  ,  fut  enlevé 
&  condamné  à  une  prifon  perpétuelle.  Les  princes  voi- 
fms  envoyèrent  leurs  troupes  pour  appaifer  le  délbrdre; 
6c  la  bourgeoifie  fatiguée  de  les  garder  ,  s'en  délivra  par 
un  accommodement.  Lapefte  ravagea  cette  ville  en  1713. 

Le  territoire  de  Hambourg  comprend  peu  de  chofe  ; 
car  au  couchant  du  côté  d'Altena,  qui  eft  au  roi  de 
Danemarck,  à  peine  a -t- elle  affez  de  terrein  pour  fes 
fortifications  ;  elle  eft  moins  refferrée  au  nord  Se  au  le- 
vant. Elle  poffede  en  commun  avec  la  ville  de  Lubec, 
la  petite  ville  de  Bergdorf  Se  ce  qu'on  appelle  Bur~ 
Tandei;o\\  les  Quatre-Terres.  Son  commerce  qui  eft  fort 
étendu,  Se  le  grand  abord  d'étrangers  &  même  des  prin- 
ces voifins  qui  y  ont  fouvent  leurs  rendez  -  vous ,  fait 
la  plus  grande  reffource  de  cette  ville. 

Elle  eft  affez  belle  au  -  dehors  ;  &  fes  'fix  tours  font 
un  bel  effet,  quand  on  vient  de  Harbourg  :  elle  a  quatre 
portes  ,  favoir , 

Diech-Thor,  Dam-Thor," 

Stein-Thor,  Millern-Thor. 

Les  remparts  en  font  propres  &  très  -  bien  entrete- 
nus. Le  fénat  de  la  ville  confifte  en  quatre  bourtr-mes- 
tres  &  vingt  confeillers ,  dont  dix  font  lettrés  &  dis 
autres  gens  de  négoce,  trois  fyndics  &  un  fecrétaire. 
Ils  s'affemblent  ordinairement  les  lundis,  les  mercredis  Se 
les  vendredis  ,  &  extraordinairement  quand  il  en  eft 
befoin.  Le  chapitre  qui  ,  comme  nous  avons  dit, 
eft  de  la  confeffion  d'Augsbourg ,  confifte  en  un  pré- 
vôt ,  un  doyen  Se  douze  chanoines.  Le  miniftere  ecclé- 
fiaftique  eft  compofé  de  vingt-huit  prédicateurs,  à  la 
tête  desquels  il  y  en  a  un  nommé  par  le  fénat  ;  on  le 
prend  entre  les  cinq  principaux  ,  Se  on  choifit  ordinai- 
rement le  plus  ancien  pafteur  en  chef  ou  curé.  Il  y  3 
cinq  paroiffes,  favoir  , 

Saint  -  Pierre  ,  Sainte  -  Catherine^ 

Saint-Nicolas ,  Saint  -  Jacques, 

&  Saint-Michel. 

Outre  cela,  il  y  a  la  cathédrale  &£  quelques  autres  égli* 
fes  ;  favoir, 

Saint  -  Jean  ,  Saint  -  George  l 

Sainte  -  Marie-Magdelelne ,      Le  Saint-Efprit. 

La  longueur  de  cet  article  ne  me  permet  pas  d'entre? 
dans  le  détail  de  ces  églifes  :  la  religion  Luthérienne  eft 
la  feule  que  l'on  y  exerce  librement.  La  Romaine  &  la 
Calvinifte  n'y  font  tolérées  que  dans  des  maifons  privi- 
légiées des  miniftres  publics.  Les  Juifs  font  en  grand 
nombre  dans  cette  ville,  &  font  une  partie  confidé- 
rable du  commerce. 

L'hôtel  de  ville ,  la  bourfe  ,  l'arfenal  &  plufieurs 
églifes  font  de  très -beaux  édifices. 

HAMEAU ,  affemblage  de  quelques  maifons,  (ans 
églifes  ni  jurisdi&ion  locale  ;  le  hameau  dépend  ,  à  ces 


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HAM 


HAM 


deux  égards ,  d'un  village  ou  d'un  bourg.  Il  vient  de 
h.zmellus ,  mot  dont  le  font  fervis  les  auteurs  de  la 
baffe  latinité  (a)  ,  &  qui  eft  un  diminutif  de  Ham  , 
qui  lignifie  maifon  ,  habitation,  ck  le  trouve  en  forme 
de  terminaifon  dans  un  grand  nombre  de  noms  propres 
géographiques,  fur-tout  en  Angleterre ,  où  l'on  voit  Buc- 
kinham  ,  jpickgam  ,  .Agmondesham  ,  Chesham  ,  Not- 
tigham  ,  Waltham  ,  witham  ,  Grandtham  ,  Kirckham 
ck  quantité  d'autres  ;  ck  quoique  plulieurs  de  ces  noms 
appartiennent  aujourd'hui  à  des  bourgs ,  à  des  villes  ou 
même  à  des  provinces ,  cela  n'empêche  pas  que  la  pre- 
mière origine  n'ait  été  un  hameau.  De  même  en  Alle- 
magne cette  fyllabe  eft  changée  ordinairement  enheim, 
comme  dans  Manheim  ,  Gemzrsheim  ,  Spanheim  ,  Hil- 
desheim  ,  Lordheim  ,  etc.  quelque  fois  en  haïn ,  comme 
Grunhain.  La  langue  flamande  change  cette  fyllabe  en 
hem.  Ce  nom  ham  eft  reconnoiffable  ,  non  -  feule- 
ment dans  le  mot  françois  hameau,  mais  encore  dans 
plulieurs  noms ,  comme  Ejlreham  vient  SCijlreham. 
pour  Wejlerham ,  qui  veut  dire  demeure  occidentale  ;  nom 
qui  marque  U  fituation  de  ce  lieu ,  qui  eft  au  couchant 
de  l'embouchure  de  l'Orne.  (b)  En  Normandie  on 
change  communément  la  fvllabe  ham  en  hom ,  comme 
le  Hommet ,  le  Hommel ,  Kobehomme ,  Brethcmmt ,  Su- 
homme  ;  ces  trois  derniers  s'appellent  en  iatm  Roberti 
Villa  ,  Britonica  Villa  ,  Meridionalis  Villa.  Tel  lieu 
qui  n'étoit  qu'un  limple  hameau ,  eft  devenu  bourg  ou 
ville  fans  changer  de  nom.  *  (")  Du  Cange,  GlolT. 
(b)  Huet,  Origines  de  Caen,  p.  451. 

HAMEDANAGER,  ville  des  Indes,  dans  leDecan; 
d'autres  la  nomment  Amplement  Danager.    C'eft  la 
même  qu'ANDANAGAR.  Voyez  ce  mot. 
HAMEL.  Voyez  Hameau. 
HAMEL,  rivière  d'Allemagne.  Voyez  Hameln. 
HAMELA  ,  nom  latin  de  la  rivière  d'Arun  ,  qui  coule 
en  Angleterre  auprès  d'Arundel ,    dans  la  province  de 
Suffex,  félon  Speed  ,  cité  par  Baudrand  ,  éd.  1682. 

HAMELBOURG ,  ou  Hammelbourg  ,  ville  d'Al- 
lemagne ,  fur  la  Saal  ,  rivière  de  Franconie ,  qui  y 
reçoit  un  ruiffeau  ,  ck  va  fe  perdre  dans  le  Meyn  à  Ge- 
mûnd.  Cette  ville  de  Hamelbourg  eft  à  trois  milles  as- 
Scfvweinfurt ,  ck  peu  loin  de  Reineck ,  félon  Zeyler  , 
Hajf.  &  finitim'ar.  région.  Topogr.  p.  49.  Ainfi  elle  eft 
véritablement  dans  la  Franconie  ,  fans  en  être  :  elle  ap- 
partient à  l'abbé  de  Fulde ,  dont  le  petit  état  eft  cenfé 
du  cercle  du  haut  Rhin.  Quelques  -  uns  la  nomment 
AMMALEY-BOURG  du  nom  d'Ammaley,  fœur  de  Char- 
lemagne  ,  laquelle  ,  difent  -  ils  ,  bâtit  cette  ville  ,  non 
dans  l'endroit  où  elle  eft,  mais  à  quelque  diftance  de- 
là, fur  une  montagne  allez  haute,  au  château  deSaleck, 
où  l'on  voit  encore  à  préfent  une  églife ,  une  tour  ck 
t!fc  foffé.  Ils  prétendent  que  l'on  frère  lui  avoit  donné 
ce  lieu  auprès  de  l'abbaye  de  Fulde.  Il  paroît  que  ce 
n'étoit  qu'un  bourg ,  lorsque  Conrad  abbé  de  Fulde  le 
fit  fermer  de  murailles  en  1220,  ou  1221.  En  1303 
l'empereur  Albert  donna  à  cette  ville  de  grands  privi- 
lèges, comme  Munfter  le  rapporte.  Chriftophe  Brower 
écrit  dans  fes  Annales  de  Fulde, /.i,  c.  2;  ck  /.  4, p.  304, 
310,35^,362  5c  372,  que  Hamelbourg  s'ap'pelloit  an- 
ciennement Hamalung  -  Bourg  ;  que  c'étoit'  un 
village  royal  ;  que  le  roi  Pépin  le  donna  à  l'abbaye  de 
Fulde;  &  que  Charlemagneibn  fils  y  ajouta  la  douanne 
&  le  territoire,  que  le  Château  de  Balock  apparte- 
tenoit  aux  Abbés  de  Fulde;  que  l'abbé  Conrad  IIP  du 
nom  ,  ck  XLïVe  abbé  de  Fulde  fit  une  ville  de  Hamel- 
bourg ,  ce  qui  eft  exprimé  par  ces  deux  vers  : 

Abbas  Conradus  de  Malkos  nomine  dicius , 
Halmburg  circumdat  mûris ,  &  mœnia  fundat. 
Cette  ville  fuivit  la  confelfion  d'Augsbourg  dès  le 
tems  de  Luther.  Mais  en  1603  Balthazar  de  Dermbach, 
abbé  de  Fulde ,  y  introduifit  la   religion  Catholique. 

HAMELN  ,  ville  d'Allemagne ,  en  baffe  -  Saxe ,  dans 
la  principauté  de  Calenberg ,  au  confluent  de  la  rivière 
de  Hamel,  avec  le  Wefer.  Cette  rivière  de  Hamel 
a  fa  fource  au  village  de  Hamelspring  ,  auprès  de 
Munder ,  au  comté  de  Spiegelbera  qu'elle  arrofe  ;  cou- 
lant d'abord  vers  le  fud  -  eft  ,  enfuite  vers  le  fud  ,  fk 
ierpentant  vers  lefud-oueft  jusqu'au  Wefer.  La  ville 
eft  dans  l'angle  que  forment  ces  deux  rivières  en  fe  ren- 
contrant. Elle  doit  fa  fondation  à  un  ancien  temple  de 


Jupiter  ,  qui  fut  détruit  par  Bernard  ,  proche  parent  du 
fameux  Witikind.  Après  leur  converlion  ménagée  par 
S.  Boniface,  ils  bâtirent  dans  le  Hamelaw ,  fur  les  rui- 
nes de  ce  temple  en  712  ,  une  églife  qui  a  été  celle 
du  chapitre  de  S.  Boniface,  qui  fubftjje  encore  avec  un 
doyen  ou  prévôt ,  &  un  collège  de  chanoines  Luthér- 
riens.  Cette  églife  fut  donnée  avec  la  métairie  qui  en 
dépendoit'à  l'abbaye  de  Fulde  ,  Se  la  donation  confir- 
mée par  Charlemagne.  L'eglife  attira  .tant  d'habitans 
dans  cette  métairie,  qu'il  s'en  forma  la  ville  de  Hameln 
qui  abforba  dix  villages  fitués  aux  environs  ;  ck  les  pro- 
priétaires de  ce  tems  lui  accordèrent  diverfes  franchi- 
fes.  Dans  cette  églife,  derrière  l'autel,  on  voit  encore 
une  pierre  fur  laquelle  font  gravés  ces  mots.  Bernar- 
DUS    COMES  ,  CHRISTINA  CoMITISSA  ReGNI  An- 

GARIvE  de  Osten,  fundarunt  hanc  Eccle-, 
SIAM  ;  ce   qui  s'accorde  avec  ces  deux  vers  : 

S  iptingentis  annis  Domini  duodenis 
Conditur  in  denjïs  ecclejia  tune  Hamelenfis. 
L'abbé  de  Fulde  à  qui  cette  ville  avoit  appartenu  jus* 
qu'à  l'an  12J9,  voulut  la  vendre  à  Wedekind  ,  évê- 
que  de  Minclen  ,  fans  avoir  pris  le  contentement  des 
habitans  ;  mais  lorsque  l'évêque  voulut  en  prendre  pof- 
fefîïon ,  la  ville  s'y  oppofa ,  ck  pour  fe  ggrantir  de  fes  ar- 
mes, elle  fe  donna  à  Albert  duc  de  Brunswig  ck  de  Lune- 
bourg,  qu'elle  reconnut  pour  fon  fouverain  héréditaire; 
ce  que  le  duc  accepta  en  lui  confirmant  fes  privilèges. 
C'eft  en  vertu  de  cette  foumilïion  que  les  de^cendans 
de  ce  prince  l'ont  poffedée  ,  conformément  à  la  confir- 
mation des  privilèges  accordés  par  Albert.  Elle  eft  li- 
tuée  à  l'extrémité  du  duché  de  Brunsvig  ,  dont  elle  eft 
une  clef  ;  le  Wefer  coule  au  couchant  ;  &  de  l'autre 
côté  font  des  jardins  ,  des  prairies ,  des  terres  labou- 
rables ck  des  bois.  La  rivière  de  Hamel  qui  lui  donna 
le  nom  ,  coule  de  l'autre  côté  ;  ck  devant  la  porte  du 
moulin  ,  elle  fe  pattage  en  deux  branches  dont  l'une 
coule  entre  le  mur  de  la  ville  ck  les  ouvrages  extérieurs, 
ck  y  fait  tourner  un  beau  moulin  ;  l'autre  va  tomber  au 
fud  dans  le  Wefer.  De  ce  côté  font  auffi  d'afîez  beaux 
jardins ,  des  pâturages ,  des  terres  à  bled  ,  ck  des  col- 
lines ;  de  manière  que  l'agriculture  fournit  une  partie  de 
la  fubfiftance  des  habitans.  Le  Wefer  leur  donne  la 
commodité  du  commerce.  Cette  place  eft  la  mieux 
fortifiée  du  duché.  Le  mur  intérieur  garni  de  tours,  eft 
ceint  d'un  bon  foffé  d'eau  vive,  ck  accompagné  d'un 
chemin  couvert,  ck  d'ouvrages  avancés  ,  capables  de  fou- 
tenir  un  liège  avec  vigueur.  La  ville 'qui  eft  à-peu-près 
ronde ,  a  trois  quarts  d'heure  de  circuit  :  on  y  entre  pat 
quatre  portes  qui  font  la  porte  du  pont  ,  celle  du  mou- 
lin ,  celle' de  l'orient,  ck  enfin  la  porte  neuve.  Il  y  a 
deux  églifes  principales,  fa  voir  celle  de  S.  Boniface, 
ck  celle  de  S.  Nicolas  ;  l'eglife  du  S.  Esprit  eft  à  l'en- 
droit où  eft  l'hôpital.  En  1542  ,  elle  embrafla  la  con- 
felfion d'Augsbourg.  Le  duc  de  Cumberland  étoit  cam- 
pé aux  environs  ,  avec  une  armée  compofée  de  Hano- 
vriens  ck  d'Anglois  ;  mais  il  y  fut  battu  le  26  Juillet 
1757,  par  les  François  commandés  par  le  maréchal  d'E- 
trées. 

HAMEM,  ck  HAMARAC  :  Serapion  nomme  ainfi 
des  pays  où  il  dit  que  l'on  falfifie  le  musc.  Ortélius  , 
Thefaur.  croit  qu'ils  font  vers  la  Perfe  ou  l'Arabie. 
HAMEPvSBACH.  Voyez  Zeix  ,  en  Suabe. 
HAMI ,  (  la  Forêt  de)  Selva  de  Hami  ,  pe- 
tit bois  d'Italie,  au  royaume  de  Naples ,  dans  la  terre  de 
Labour,  à  l'embouchure  du  Gariglian.  Il  a  confervé  le 
nom  de  Hama,  ancienne  ville  ,  qui ,  fi  nous  en  croyons 
Baudrand,  éd.  1705,  étoit  en  ce  lieu -là.  Mais  il  ne 
nous  dit  point  quel  ancien  a  nommé  cette  ville  de  Hama 
que  les  géographes  ne  connoiffent  point. 

HAMI ,  pays  de  la  grande  Tartarie.  Paulo  le  nomme 
Camul  ou  Camoul ,  ck  dit  que  c'eft  une  province  du  ■ 
royaume  de  Tangut,  voifine  de  deux  déferts  ,  dont  l'un* 
eft  le  grand  défert  de  fables.  Selon  lui ,  on  y  trouve  tout 
ce  qui  eft  nécelTaire  à  la  vie  :  les  habitans  étoient  ido- 
lâtres, ck  forthofpitaliers,  leur  abandonnant  leurs  mai- 
fons  ck  leurs  femmes ,  pour  les  fervir  en  tout  ce  qu'ils 
defiroient.  Ils  ne  rentraient  chez  eux  qu'après  s'être  af- 
furés  du  départ  de  leurs  hôtes.  Ils  s'imaginoient  fe  ren- 
dre agréables  aux  dieux  en  proftituant  ainfi  leurs,  fem- 
mes ;  Se  les  ordres  de  l'empereur  Kublai-Khan  ne  lu- 


HAM 


rent  pas  capables  de  leur  faire  abandonner  une  pratique 
fi  fingulierc. 

Ce  pays  eft  connu  depuis  ïong-tems  des  Chinois ,  & 
il  en  eft  fouvent  fait  mention  dans  leurs  hiftoires.  Il  s'ap- 
pelloit  anciennement  Y-ou-liou ,  &c  a  fouvent  fait  par- 
tie de  l'empire  de  la  Chine  ;  mais  vers  l'an  713  de 
J.  C.  une  famille  nommée  Tchin,  en  forma  un  royaume; 
tkies  descendans  qui  portoient  le  titre  de  rois,  s'y  main- 
tinrent jusqu'à  la  dixième  génération. 

Autrefois  le  pays  de  Hami  étoit  rempli  de  villes  ; 
mais  elles  font  presque  toutes  ruinées  à  préfent.  La  capi- 
tale eft  Hami  ou  Y-ou-lien ,  qui  donne  fon  nom  à  la 
province.  Les  empereurs  des  Ham  y  avoient  garnifon 
Chinoife.  Dans  la  fuite,  les  Tarn  Fappellerent  Y-tchsou , 
(il  eft  d'ufage,  dans  l'empire  de  la  Chine,  que  les  em- 
pereurs ,  fur-tout  les  fondateurs  de  dynafties,  donnent  de 
nouveaux  noms  aux  provinces  &c  aux  villes  ,  ce  qui  caufe 
une  grande  confufion  dans  la  géographie  Chinoiiè.) 

Au  nord  du  pays  de  Hami  ,  on  trouve  la  montagne 
Tun-chan  ou  montagne,  célefle  ,  que  les  anciens  Huns 
appelaient  Ki-lo-man-chan.  On  l'appelle  encore  Sione- 
than  ou  montagne  déneige.  Elle  fait  partie  de  cette  lon- 
gue chaîne  de  montagnes,  qui  vient  de  Kaschar.  Au  midi 
de  cette  montagne,  à  deux  lieues,  il  y  a  un  lac  nommé 
Yen-uhi,  qui  doit  être  le  lac  Parkol. 

Ma-piao-cham  eft  une  montagne  fituée  au  fud-eft  & 
fur  les  frontières  de  Hami.  Dans  le  voifmage  eft  une  au- 
tre montagne  nommée  Vang-hiang-ling.  Your-ho  eft 
une  rivière  fituée  à  130  lieues  de  Hami  vers  l'orient. 

Niang-tsu-tchuen  eft  une  rivière  ou  fource  à  l'eft  de 
la  rivière  d'Your.  Les  habitans  du  pays  l'appellent  Ko- 
tun-che-la. 

Ho-lo-tchuen  ,  rivière  fur  les  frontières  de  Hami  au 
fud.  Le  lac  Tang-tsuen-tchi  eft  dans  le  voifinage. 

Kan-lo-tchuen,  autre  rivière  à  300  lieues  aunord-oueft 
de  Hami.  *  H: [faire  générale  des  Huns ,  par  de  Guienes, 
t.z,  p.  -/. 

HAM1D.  Voyez  àmed  &c  àmid. 

HAMÏD-E1LI,  c'eft-à-dire  le  pays  d'Amid.1 
•  HAMILTON  ,  félon  l'Etat  préf.  de  la  G.  Bref.  t.  3 , 
P-i\7  :  ville  de  l'Ecoffe  méridionale,  l'une  des  plus 
conudérables  de  la  province  de  Clydsdale.  Baudrand  , 
édit.  1705,  en  fait  un  bourg  de  la  province  de  Lothian. 
Elle  donne  le  nom  &  la  qualité  de  duc  à  une  illuftre 
famille  qui  y  a  un  magnifique  palais  avec  un  parc.  Ja- 
ques III,  roid'Ecoffe,  établit  la  grandeur  de  cette  fa- 
mille, en  donnant  fa  fille  aînée  avec  le  comté  d'Arranà 
Jacques ,  chef  de  la  maifon  de  Hamilton.  Son  petit-fils 
Jacques  ,  comted'Arran,  fut  lait  vice-roi  d'Ecoffe  par  le 
parlement ,  jusqu'à  ce  que  la  reine  Marie  fût  en  âge,  & 
duc  de  Chdtelleraut  en  France  ,  par  Henri  II.  Il  rut  aufîî 
déclaré  la  leconde  perfonne  du  royaume  ,  Si  le  plus 
proche  héritier  de  la  couronne  d'Ecofle ,  fi  la  reine  Ma- 
rie mouroit  fans  enfans.  La  naiffance  de  Jaques  VI,  roi 
d'Ecofle  &  premier  en  Angleterre  ,  fils  de  cette  princeffe, 
rendit  cette  dispofition  inutile.  Les  comtes  de  Selkirck , 
d  Orkney,  de  Ruglen,  d'Abercorn  &  d'Haddington,  les 
lords  Bargeny  St  Belhaven,  &c.  font  des  branches  de 
celte  famille. 

HAMINEA  ou  Hanunea.  On  lit  dans  l'Itinéraire 
d  Antonm  ce  mot  diverfement  écrit,  fur  la  route  de  Do- 
hea  ou  Doliche,  à  Seriane.  L'édition  des  Aides,  & 
celle  des  Juntes  ,  portent 


HAM 


A  Doîica  Seriane , 

Hanunea  , 
Cyrro  , 
Minniça , 
Borca  , 
Androna  s 
Seriane  , 


M.  P.  CXXXVIII.  SU. 
M.  P.  XXV. 
M.  P.  XXIV. 
M.  P.   XXIV. 
M.  P.   XX. 

M.  p.  xxvir. 

M.  P.  XXVIII. 


Mais  ces  fommes  font  cent  quarante-huit  milles  ,  au 
lieu  que  e  total  exprimé  d'abord  n'en  promet  que  138. 
L  exemplaire  du  Vatican  ne  met  point  de  nombre  à  Ha- 
nunea ,  &  ne  met  que  xvm  milles  à1  Androna  à  Se- 
nane;te  forte  qu'en  fuppofant  que  la  diftance  de  Do- 
Uca  a  Hanunea  eft  de  xxv  milles,  comme  portent  les 
éditions  des  Aides  ,  des  Juntes  &  de  Simler  ,  le  calcul 
tct.-l  répond  aux  fommes  ;  8c  Har.unea  fe  trouvera  alors 
a  xxv.  M.  P,  de  Dolica ,  &:  à.  xxiv  milles  de  Cyrrhe. 


.   287 

Sunta  &  Eertius  renverfent  toutes  ces  diftances ,  Se  met* 
tent  le  mot  Anunea  avant  le  total. 

Item  à  Doliche  Serianem  Anunea  M.CXXVHI.  Sic, 


Cyrrhon , 

M.  P.  XXIV. 

Minniyam  , 

M.   P.   XXIV. 

Beroam  , 

M.   P.  XX. 

Chalcida-, 

M.   P.  XV. 

Andronam  , 

M.   P.  XXVII. 

Serianem  , 

M.   P.  XXVIII 

Il  eft  vrai  que  le  total  eft  jufte  ;  mais  Chalcida  s'y 
trouve  inférée ,  &  elle  n'eft  ni  dans'  les  trois  éditions 
des  Aides ,  des  Juntes -,  ni  de  Simler  ,  ni  dans  l'exem- 
plaire du  Vatican  :  d'ailleurs  ce  total  n'eft  que  de  cent 
vingt-huit  mille  pas  plus  court  que  celui  de  ces  quatre 
eemons.  Sunta  avoue  que  dans  le  manuscrit  de  laBiblio- 
theque  Blandinienne,  le  nom  àeHununea  eft  accompa- 
gné du  nombre  de  M.  p.  XXIV  ;  que  le  manuscrit  de  la 
bibliothèque  royale  deNaples  ,  où  ce  nom  eft  écrit  Ha- 
minea,  met  ce  lieu  à  même  diftance  de  Cyrrhe.  Cette 
diftance  fe  trouve  auffi  dans  l'exemplaire  de  Chriitoph» 
Longueil,  publié  par  Henri  Etienne  ,  à  Pars,  1511. 

Ma  penfée  eft  que  Chalcidica  eft  un  nom  de  province, 
'qui  a  paffé  de  la  marge  où  il  étoit,  dans  le  texte  où  il 
ne  devoit  pas  être.  Aufti  Surita  dit-il  ne  l'avoir  trouvé 
que  dans  un  ieul  exemplaire.  Je  le  retranche  donc,  & 
je  rétablis  au  mot  Hanunea  lafomme  de  vingt-cinq  mille 
pas  que  lui  donne  le  plus  grand  nombre  des  exemplai- 
res. Cela  s'accorde  avec  la  Table  de  Peutin?er./e^ro.  7, 
où  ce  heu  eft  nommé Ckanunia,  Se  eft  mis  entre  Ôyrihj 
&  Dohca  ,  à  virigt-huit  mille  pas  de  l'une  &  de  l'au- 
tre ,  c  eft-a-dire  à  diftance  égale.  Antonin  qui  met  Ha* 
nunea  à  vmgt-cinq  mille  pas  de  Doliche  ,  ■&  à  vin<*t- 
quatre  mille  pas  de  Cyrrhe-,  ne  s'en  éloigne  pas  beau- 
coup. 

HAMIREÏ ,  ancien  peuple  de  l'Arabie  heureufe  ,  fé- 
lon Pline,  /.  6,  c.  28. 

HAMIZ-METAGARA,  ville  d'Afrique,  dans  la 
Barbarie  ,  au  royaume  de  Fez ,  entre  la  capitale  Se  Ge> 
maa-el-Harr.cm  ,  à  cinq  lieues  de  l'une  Se.  de  l'autre. 
Elle  fut  détruite  pendant  les  guerres  de  Sayd  ;  mais  les 
rois  de  Fez  qui  veuloient  la  repeupler ,  la  donnèrent  de- 
puis à  quelques  Mbrisques  de  Grenade  ,  qui  y  rirent  plus 
de  deux  lieuesde  jardins  tout  à  l'entour,  où  ils  nourrif- 
fent  des  vers  à  foie ,  St  plantent  quantité  de  cannes  de 
fucie.  Ils  furent  fort  maltraités  durant  les  guerres  des 
chérifs  ;  car  Mahamet  s'étant  campé  près  de  cette  ville, 
en  gâta  les  jardinages ,  &  fit  égorger  la  plupart  des.  ha- 
bitans en  fa  préfence  ,  pour  intimider  ceux  de  Fez.  Il  s'y 
tient  un  marché  tous  les  jeudis  ;  &  elle  en  a  pris  l'on 
nom  ,  qui  lignifie  marché  du  jeudi.  Ibn  Alraquiq  dit 
qu'elle  a  été  bâtie  par  les  anciens  Africains.  Il  y  a  de 
grandes  brèches  aux  murailles  ,  quoiqu'elles  ayent  été 
réparées  en  quelques  endroits  par  les  Grenadins;  mais  la 
place  n'eft  pas  bonne;  &  un  petit  château  qui  y  étoit, 
eft  tout  ruiné.   *Mar,noî,  Afrique,  /.  4,  c.  20. 

HAMLÏSMAN.  Voyez  Aain-al-Ginun.     ' 

HAMMA  ,  rivière  d'Allemagne  ;  elle  a  fa  fource  dans 
la  baffe  Saxe,  au  duché  de  Lunebourg  ,  auprès  du  vil- 
lage de.Munfter,  dans  les  Bruyères  de  Solrov.  Elle  raie 
i'cx:rém:te  fcptentrionale  de  la  principauté  de  Ferden , 
entre  dans  le  duché  de  Brème ,  en  reftbrt  auffi-tôt  ,  Se 
baigne  une  îifiere  de  cette  principauté  ;  jusques-là  elle 
porte  le  nom  de  Len^o  ;  mais  à  la  rencontre  d'un  rui;- 
ibau  qu'elle  reçoit  ,  elle  prend  le  nom  de  Hamme ,  ar- 
rofe  Rotenbourg ,  où  elle  fe  groffit  d'un  autre  ruiiïeau  ; 
elle  fe  recourbe  vers  le  nord-ouefi,  pour  rentrerai]  du- 
ché de  Brème  ,  où  elle  arrofe  Ottersberg  ;  &  fe  tour- 
nant vers  l'occident ,  elle  va  en  ferpentant  recevoir  les 
eaux  de  la  grande  Se  de  la  petite  Vumme  qu'elle  perte 
au  Wefer.  *C.irtes  de  la  bafe  Saxe  ,  &  cours  du  Wcjlr, 

HAMMAEURGUM,  ancien  nom  de  Hambourg! 

HAMMyEUM  Littus;  côte  particulière  de  l'Arabie 
heureufe  ,  fur  la  mer  des  Indes ,  félon  Pline ,  /.  6 ,  c.  28 
qui  dit  qu'il  y  a  des  mines  d'or.  Le  promontoire  Am- 
monium de  Ptolomée  étoit  dans  ce  canton. 

HAMMANIENTËS,  peuple  de  l'ancienne  Afrique, 
félon  Pline ,  /.  <j,  c.  <f.  Il  dit  :  après  les  Nafamons  font 
les  Asbyftes  &  les  Mac*  ,  ôc  au-delà  de  ceux-ci  les 


î88 


HAM 


HAN 


Hammanientes ,  à  douze  journées  de  chemin  des  gran- 
des Syrtes  ,  vers  le  couchant.  Ils  font  entourés  de  iables 
de  tous  côtés.  Ils  ne  laiffent  pas  d'avoir  aifément  des 
puits  d'environ  deux  coudées  de  profondeur  ;  les  eaux 
de  la  Mauritanie  fe  ramaffent  en  cet  endroit.  Ils  fé  bâ- 
tiffent  des  maifons  avec  du  fel  qu'ils  taillent  dans  les 
montagnes  ,  comme  de  la  pierre.  Entr'eiw  &  les  Tro- 
glodites  ,  qui  font  au  couchant  d'hyver  ,  il  y  a  quatre 
fournées  de  chemin.  On  voit  bien  que  ce  font  ces  mê- 
mes peuples  que  Solin  appelle  Amantes  ;  mais  Ortélius 
a  eu  tort  de  les  confondre  avec  les  Ammoniens.  Boch'art 
a  fait  la  même  faute  après  lui  ,  comme  le  P.  Hardouin 
le  leur  reproche. 

HAMME.  Voyez  H  am  M  a. 

HAMMELBOURG.  Voyez  Hamelbourg. 

HAMMER ,  petite  ville  de  Norvège  ;  c'eft  ainfi  qu'é- 
crit Baudrand.  De  Fille  écrit  Hamar,  &  met  cette  ville 
for  la  côte  orientale  d'un  lac  fort  long  ,  que  forme  une 
rivière  qu'il  ne  nomme  point,  mais  qui  tombe  dans  celle 
de  Glammer  ,  au  gouvernement  d'Àgerhuys.  Hammer 
n'eft  qu'à  cinq  lieues  d'Allemagne  des  montagnes  qui 
féparent  la  Norwége  d'avec  le  Vermeland  ,  _  pro- 
vince de  Suéde.  Cette  ville  étoit  le  fiége  d'un  év'êché. 
Commanville  ,  dans  fa  Lifte  des  archevêchés  ,  dit  que 
l'évêché  de  Hammar,  en  latin  Hammaria ,  a  été  uni  à 
celui  d'Anflo ,  &  qu'il  eft  de  l'onzième  fiécle.  Herma- 
nides,  Dan.  &  Norveg.  Disc.  p.  1 114  ,  dit  auffi  que  l'é- 
•vêque  d'Anflo  a  la  jurisdi&ion  fpirituelle  fur  la  grande 
Hammar  &  fur  la  petite,  qui  avoit  fon  évêque  particu- 
lier ,  &C  fur  les  autres  pays  qui  font  au  nord  d'Anflo. 
Baudrand  dit  que  l'évêché  de  Hammar  a  été  uni ,  il  y  a 
fort  lor.g-tems,  à  celui  de  Bergues.  Il  fe  trompe  ;  il  faut 
dire  à  celui  d'Anflo  ;  mais  il  parle  jufte  ,  quand  il  dit 
que  ce  fiege  étoit  fuffragant  de  Drontheim.  Aubert  le 
Mire,  Not.  Episcop.  1.  5  ,  p.  338  ,  le  dit  auffi. 

HAMMERSTEIN,  forterefle  d'Allemagne,  fur. le 
Rhin ,  vis-à-vis  d'Andernàch.  Elle  eft  à  i'éleâeur  de 
Trêves ,  félon  Zeyler.  Anhang  {il  den  Ert^biflhumern. 
Maynt7_,  Trier,  Coeln,  &c. 

HAMMODARA,  ville  de  l'Ethiopie,  fous  l'Egypte, 
félon  Pline,  /.  6,  c.  29. 

HAMMODES.  Hyginus,  in  Ariete ,  nomme  ainfi  un 
peuple  d'Egypte  ;  &c  Ortélius ,  Thefaur.  croit  que  c'eft 
l'^mmorcie  d'Etienne ,  &  I'Ammoniaca  REGIO  de 
Ptolomée.  Voyez  ce  dernier  article  en  fon  lieu. 

HAMMON!  Voyez  Ammon: 

HAMMONA.  Voyez  Ham  2. 

HAMMONII  ,  peuple  de  l'Arabie  heureufe.  Voyez 
Ammonii. 

HAMMONIS  Lacus.  Vibius  Sequefter  nomme  ainfi 
un  lacdAfrique,  qui,  félon  lui  s'échauffe,  au  lever  &  au 
coucher  du  foleil  ,  &  eft  très-froid  dans  les  autres  tems. 
Il  a  pris  cela  de  Pline ,  A  2,  c.  103  ,  mais  d'une  manière 
peu  exacte  ;  car  ce  dernier  dit  que  l'étang  deHamrnon, 
Hamrnonis  Jlagnum  ,  étoit  froid  le  jour ,  &  chaud  la 
nuit.  Quelques-uns  ont  mis  mal-à-propos  le  mot  As  fon- 
taine pour  itanz,  qui  eft  conforme  aux  manuscrits. 

HAMMONITES.  Voyez  Ammonites. 

HAMON  ou  Chamon  ,  ville  de  la  Paleftine,  dans 
la  tribu  d'Afer,  félon  Jofué,  c.  19,  v.  28.  D.  Calmet 
doute  fi  ce  n'eft  pas  la  même  que  Chamon  ,  attribuée  à 
la  tribu  de  Nephtali ,  au  premier  livre  des  Paralipome- 
nes  ,  c.  6  ,  v.  76. 

HAMONT ,  petite  ville  d'Allemagne ,  au  cercle  de 
Weftphalie ,  dans  l'évêché  de  Liège ,  fur  les  confins  du 
Brabant  Hollandois.  *  Dictionnaire  géographique  des 
Pays-bas. 

HAMOTH-DOR ,  ville  de  refuge ,_  dans  la  Paleftine, 
dans  la  .tribu  de  Nephthali  ,  félon  Jofué,  c.  21  ,  v.  32. 
D.  Calmet  dit  :  c'eft  peut-être  Hamach  ou  Chamath  de 
la  même  tribu  ,  dont  il  eft  parlé  au  Livre  de  Jofué,  c.  19, 
y.  3  ,  que  l'on  croit  être  la  ville  de  Tibériade. 

Le  nom  de  Hamath  ou  Chamath  ,  fe  donnent  ordinai- 
rement aux  lieux  où  il  y  a  des  bains  d'eaux  chaudes. 
Voyez  Amath.  i. 

HAMPTAB  ,  ville  d'Afie  ,  vers  la  Syrie  Sd'Euphrate, 
félon  Guillaume  de  Tyr ,  cité  par  Ortélius,  Thefaur. 

HAMPTON  ,  bourg  d'Angleterre  ,  dans  la  province 
de  Glocefter.  On  y  tient  marché  public.  *  Etat  préfent 
de  la  G.  Bret.  t.  I. 

HAMPTONCOURT  ,   félon   l'Etat  préfent  de  la 


Grande-Bretagne,  /.  1,  p.  174,  maifon royale  d' Angle 
terre ,  dans  la  province  de  Middlefex  ,  fur  la  Tamife , 
à  onze  milles  de  Londres.  Ce  palais  fut  bâti  par  le  car- 
dinal yolfey,fous  le  régne  de  Henri  VIII.  Guillaume  III 
fe  plaifoit  fort  en  ce  lieu  ,  &  fit  de  grandes  dépenfes 
pour  l'embellir.  Si  on  achevoit  ce  bâtiment  ,  l'Angle- 
terre pouroit  fe  vanter  d'avoir  un  des  plus  beaux  palais 
de  l'Europe.  Outre  une  avenue  magnifique  ,  il  a  deux 
parcs.  Monconis,  (Voyage  d'Anglettrre  ,  p.  157,)  qui 
alla  voir  cette  maifon  au  mois  de  Juin  1663  5  en  parle 
ainfi  :  le  payfage  eft  très-beau ,  comme  en  toute  l'An- 
gleterre. La  maifon  a  le  devant  régulier ,  mais  le  de- 
dans ne  l'eft  point  :  ce  n'eft  qu'une  quantité  de  tours  , 
tourillons  &  autres  colifichets  qui  forment  une  confufion 
qui  n'eft  pas  défagréable ,  &  font  paraître  cela  quelque 
chofe  de  plus  qii  il  n'eft  ;  car  il  n'y  a  ni  architecture, 
ni  fculpture  ,  ni  taille.  Tout  eft  de  brique  ,  fans  orne- 
ment ,  à  un  feul  étage  ;  les  planchers  fort  bas ,  excepté 
une  couple  de  fales  &  quelques  chambres  qui  font  d'une 
petiteffe  extraordinaire.  On  voit  pourtant  un  parte 
affez  beau,  fait  de  gazon,  à  la  mode  d'Angleterre  :  il 
a  une  fontaine  au  milieu,  compofée  de  quatre  firenes 
de  bronze  ,  affifes  comme  à  cheval  fur  des  poiffons, 
forme  de  dauphins ,  entre  les  deux  une  coquille  foute- 
nue  d'un  pied  de  chèvre,  orné  d'architefture  ;  au-defiut 
des  firenes  quatre  petits  enfans  affis  ,  tenant  un  poiffon 
fur  un  fécond  ordre;  &  par-deftus  le  tout  une  fort 
grande  figure  de  femme  ,  le  tout  de  bronze  pour  les 
figures  ;  mais  le  corps  de  la  fontaine  &  le  baffin  font  de 
marbre.  D'un  côte  de  ce  parterre  eft  un  grand  berceau 
de  hêtre  ,  fort  toufu  ,  &  vis-à-vis  une  terraffe ,  au  long 
de  laquelle  ,  de  la  clôture  de  brique  fortent  dans  le  parc 
plufieurs  petits  cabinets  de  diverfes  figures ,  ronds 
rés,  en  croix,  qui  font  autant  de  petites  tours.  Il  y  a 
une  galerie  pleine  de  bois  de  cerfs  ,  entre  lefquels  eft 
la  peinture  de  celui  d'Amboife ,  lequel  a  onze  pieds  de 
haut,  neuf  de  largeur,  îk  cinq  &  demi  entre  les  deux 
branches.  Dans  le  logis  il  y  a  une  grande  quantité  de 
chambres ,  de  fales  &  de  galeries  ,  où  il  y  a  un  grand 
nombre  de  tableaux ,  entr'autres  dix  ou  douze  du  Man- 
teigne  ;  ils  repréfentent  le  triomphe  de  Cefar ,  &  font 
fort  eftimés.  J'ai  déjà  averti  que  Guillaume  III  avoit 
embelli  ce  palais  depuis  ce  tems-Ià.  Baudrand  joint  un 
bourg  à  ce  palais. 

HAMPTONWATER.  Voyez  Southampton. 

HAMRON  ,  bourgade  d'Afrique  ,  en  Barbarie  ,  au 
royaume  de  Tunis ,  au-dedans  du  pays ,  &  à  deux  lieues 
de  tripoli.  Elle  eft  ouverte  de  tous  côtés.  Il  y  a  quantité 
de  jardins  ,  dont  on  recueille  toutes  fortes  de  fruits  que 
les  habitans  portoient  vendre  à  Tripoli  ,  avec  quelque 
bétail ,  lorsqu'elle  étoit  aux  Chrétiens  ;  mais  il  y  a  peu 
d'orge  &  de  froment.  * Marmol.  1.  6,  c.  52. 

HAMSA  ;  quelques-uns  nomment  ainfi  la  ville  d'E- 
MESE.  Voyez  ce  mot. 

HAM-TCHEOU.  Voyez  Hangcheu. 

1.  HAN,  rivière  de  la  Chine. 

1.  HAN,  ville  de  la  Chine,  dans  la  province  deSu- 
chuen  ,  au  département  de  Chingtu  ,  première  métro- 
pole de  la  province.  Elle  eft  plus  occidentale  que  Pékin 
de  12  d.  32',  par  les  31  d.  22'  de  latitude.  *  Atlas  Si' 
nenjis. 

HANAU  ,  Hanovia ,  ville  d'Allemagne  ,  au  cercle 
du  haut  Rhin  ,  dans  la  Véteravie,  fur  la  rivière  deKuntz, 
Kuenh  ,  à  fix  bons  milles  d'Allemagne ,  du  Rhin  ,  &  à 
deux  de  Francfort,  dans  un  comté  particulier,  dont  elle 
eft  la  capitale.  La  ville  eft  bien  fituée  ,  bien  bâtie  ,  mu- 
nie de  remparts ,  de  foffés  &c  de  plufieurs  ouvrages.  On 
la  divife  en  vieille  ville  &:  en  ville  neuve.  Il  y  a  un  affez 
beau  château  ,  accompagné  d'une  tour  fort  élevée.  L'  " 
glife  paroiffiale  eft  vers  le  milieu  de  la  ville  ;  il  y  a  une 
autre  églife  qui  fert  aux  Vallons  &  aux  François.  Ce  lie 
a  eu  autrefois  une  imprimerie  célèbre,  où  il  s'eft  fait  di 
bonnes  éditions  des  auteurs  Grecs  &:  Latins. 

Le  comté  de  HANAU,  félon  d'Audifret,  géogra- 
phe, t.  3  ,  p.  283  ,  édit.  in-4.0,  Paris  ,  petit  pays  d'Alle- 
magne ,  dans  la  Véteravie.  Il  eft  borné  par  le  comté  d'I- 
fenbourg  &  par  l'abbaye  de  Fulde  ,  au  feptentrion  ;  par 
le  comté  de  Reineck  ,  à  l'orient  ;  par  l'archevêché  de 
Mayence  ,  au  midi  ;  &  par  la  Véteravie,  au  couchant  : 
il  a  beaucoup  d'étendue  en  longueur,  Se  très-peu  en  lar- 
geur, Outre  Hanau  fa  capitale,  il  y  a  : 

Schluchter 


! 


HAN 


HAN 


Schluchterifur  ta  même    Biedberg  &Y    furleGem- 
icSteinaw,  Sriviere  de        Bobenhau-  (fplatz. 
\Kuntz.  fen.  ) 

&  Muntzenberg  aux  confins  des  comtés  de  Solms 
ck  de  Nidde. 

La  maifon  de  Hanau  tient  depuis  long-tems  un  rang 
diftingué  ,  entre  les  plus  anciennes  du  haut  Rhin.  Elle 
e'toit  autrefois  partagée  en  deux  branches ,  favoir  de 
Muntzenberg  qui  finit  l'an  1641  ,  ck  celle  de  Lichten- 
berg  ,  qui  iuccéda  en  vertu  d'une  confraternité  établie 
en  137J,  par  Ulric  V,  ck  confirmée  l'an  1610,  par  Jean- 
Renaud,  &  Philippe-Louis ,  comtes  de  Hanau. 

La  maifon  de  Hanau  poffede,  outre  ce  comté,  ceux  de 
Lichtenberg,  d'Ochfenfteinckde  Bitsch.  *Hubner,  Géo- 
graphie, p.  495. 

La  race  masculine  des  comtes  de  Hanau,  s'étant  éteinte 
en  1736,  les  landgraves  de  Hefîe-CaiTel  leur  ont  fuc- 
cédé. 

HANCHING,  ville  de  la  Chine,  dans  la  province 
de  Xenfi ,  au  département  de  Sigan ,  première  métro- 
pole de  la  province.  Elle  eft  plus  occidentale  que  Pékin, 
de  7  cl.  36',  par  les  36  d.  41'  de  latitude.  *  Atlas  Si- 
nenfis. 

HANCHUEN,  ville  de  la  Chine  ,  dans  la  province 
de  Huquang,  au  département  de  Hanyang ,  féconde  mé- 
tropole de  la  province.  Elle  eft  plus  occidentale  que  Pé- 
kin de  4  d.  il',  par  les  31  d-  4'  de  latitude.  *  Atlas 
Sinenfis. 

HANCHUNG  ,  ville  de  la  Chine ,  dans  la  province 
de  Chenfi  ou  Xenfi ,  dont  elle  eft  la  troifiéme  métro- 
pole. Elle  tire  fon  nom  des  deux  rivières  auxquelles  le 
nom  de  Han  eft  commun  ,  ck  fon  territoire  eft  presque 
entièrement  entre  le  Han  oriental ,  &k  le  Han  occiden- 
tal. Elle  eft  de  9  d.  <jz'  plus  occidentale  que  Pékin  ,  & 
falatitudeeft  de  34  d.  io':  fon  territoire  s'élève  par-tout 
en  montagnes  fort  hautes  ;  elles  environnent  beaucoup 
de  vallées  très-agréables  ,  où  l'on  peut  trouver  abon- 
damment tout  ce  qui  eft  néceffaire  pour  vivre.  Il  y  a 
fur-tout  beaucoup  de  miel,  de  musc  &  de  cinnabre.  On 
rencontre  fouvent  dans  le  chemin  des  troupeaux  de 
daims ,  des  bandes  de  cerfs,  ck  quelques  ours  qui  leur  font 
la  guerre.  Elle  a  été  autrefois  fous  l'obéiffance  des  pe- 
tits rois  de  Cin  ;  &  c'eft  par-là  qu'ils  commencèrent  à 
fe  rendre  maîtres  de  l'empire  ,  ck  à  ruiner  la  famille  de 
Cheva.  C'eft  encore  là  que  Lieupang ,  premier  de  la  fa- 
mille de  Hana  ,  s'étant  armé  contre  la  famille  de  Cin  , 
quitta  le  titre  de  général,  pour  prendre  la  qualité  de  roi. 
Ce  fut  lui ,  qui  le  premier  nomma  cette  ville  Hanchung. 
Les  familles  de  Tanga  ck  de  Sunga  changèrent  ce  nom 
en  celui  de  Hingyven  ;  mais  celle  de  Taiminga  lui  ren- 
dit fon  premier  nom.  Cette  ville  eft  grande  ck  peuplée  : 
les  montagnes  &  les  forêts  qui  l'environnent,  lui  fervent 
de  remparts.  Les  Chinois  en  ont  toujours  fait  beaucoup 
de  cas  en  tems  de  guerre.  On  y  voit  cinq  temples  con- 
sacrés aux  hommes  illuftres.  Il  y  en  a  un  ,  entr'autres , 
dédié  à  Chang-Léang  ,  à  qui  on  doit  le  merveilleux 
chemin  qui  conduit  de-là  à  la  capitale,  qui  eft  Sigan.  Le 
P.  Martini  dit  que  ce  chemin  eft  unique  dans  fon  espèce , 
&:  le  décrit  ainfi. 

Ce  chemin  étoit  autrefois  fort  difficile  ,  à  caufe  des 
montagnes  ck  des  vallées  par  où  il  paiToit  :  il  falloit  avan- 
cer vers  l'orient  jusqu'aux  frontières  de  la  province  de 
Houquan,  ck  retourner  après  vers  le  nord,  ck  faire  ainfi 
plus  de  deux  mille  ftades  ,  au  lieu  qu'en  droiture  il  n'y 
en  auroit  pas  huit  cens.  Dans  la  décadence  des  empe- 
reurs de  la  famille  de  Cin  ,  ck  dans  le  tems  que  Lieu- 
pang dispntoit  l'empire  à  Hyangyu  ,  Chang  -  Léang , 
homme  prudent  ck  fidèle  à  Lieupang  ,  dont  il  étoit  le 
général,  fit  applanir  toutes  ces  montagnes  ,  ces  détours 
&  ces  précipices  ,  afin  de  prendre  le  devant  fur  les  enne- 
mis qui  méditoient  la  retrait*.  Ces  montagnes  furent 
applanies  avec  une  promptitude  incroyable ,  quoiqu'il  y 
eût  beaucoup  de  travail  ;  plufieurs  centaines  de  milliers 
d'hommes  y  travaillèrent.  Chaque  corps  de  l'armée  eut 
fa  portion  de  montagne  à  applanir  ;  on  vit  des  murail- 
les faites  de  la  montagne  même  ,  qui  s'élevoient  à  plomb 
des  deux  côtés  ;  ck  fi  hautes  qu'elles  fembloient  toucher 
jusqu'au  ciel  ,  ck  quoique  la  lumière  vînt  d'en-haut ,  on 
avoit  peine  à  y  voir  en  marchant,  Il  fit  faire  en  quelques 


289 


•endroits ,  avec  des  poutres  couvertes  de  planches  x  de 
ponts  qui  joignoient  une  montagne  à  l'autre  :  on  en  fie 
d'autres  aux  endroits  où  les  torrens ,  en  tombant  du  haut 
des  montagnes  ,  les  creufent  Se  interrompent  le  che- 
min ordinaire  :  mais  aux  lieux  où  les  vallées  étoienc 
un  peu  larges,  il  y  fit  mettre  des  piliers  ,  de  façon  que 
le  tiers  du  chemin  fe  faifoit  fur  ces  ponts  ,  qui  font  ii 
hauts  en  quelques  endroits  ,  qu'on  ne  fauroit  voir  le 
fond  c'u  précipice ,  fans  horreur.  Quatre  cavaliers  y  peu- 
vent marcher  de  front.  On  ne  laiffe  pas  à  préfent  ce 
conferver  6k  de  réparer  ce  chemin ,  pour  la  commodité 
des  voyageurs.  Il  y  a  en  certains  lieux  des  villages  & 
des  hôtelleries  pour  loger.  Tout  ce  chemin  eft  encore 
couvert  de  la  terre  qu'on  y  a  portée  ,  avec  des  garde- 
fous  de  bois  &k  de  fer,  des  deux  côtés  du  pont ,  pour  la 
fureté  des  paffans.  Sa  longueur  eft  depuis  Hanchung, 
jusqu'à  la  partie  occidentale  de  Sigan.  Les  Chinois  ap- 
pellent ce  pont  CienXao  ,  c'eft- à-dire  le  chemin  des  ap- 
puis. Le  territoire  a'e  cette  ville  en  comprend  feize  , 
dont  la  capitale  fait  nombre  ;  favoir, 


Hanchung , 
Paoching , 
Ch'ingcu  , 
Yang, 
Sihiang  , 
Fung , 
Mien, 
Ningkiang ,  9 


Léoyang , 
Hinggan,  ' 
Pingli, 
Xeciuen  , 
Sinyang  , 
Hanyn  , 
Peho, 
Cuyang. 


Son  département  eft  grand ,  mais  affreux  par  les  fnon- 
tasnes.  *  Martini  ,  Atlas  Sinenfis. 

"HANGCHEU,  ville  de  la  Chine,  dans  la  province 
de  Chekiang ,  dont  elle  eft  la  capitale.  Elle  eft  de  3  d. 
10'  plus  orientale  que  Pékin  ;  ck  fa  latitude  eft  de  30  d. 
vji  cette  ville  qui  eft  très- grande  ,  eft  la  même  que 
Marco  Paolo,  Vénitien,  a  décrite  fous  le  nom  de  Quinfay, 
Le  P.  Martini  le  prouve  ainfi  :  afin,  dit-il,  que  les  géo- 
graphes Européens  ne  s'égarent  pas  en  cherchant  la  ville 
de  Quiniai  de  Marco  Paolo  ,  dont  ils  ont  tant  de  fois 
donné  le  deffein  ,  je  vais  la  repréfenrer  telle  qu'elle  eft. 
C'eft  la  même  ville  ;  car  elle  eft  éloignée  de  Singui  ,. 
c'eft-à-dire  de  Sucheu  ,  de  cinq  journées  de  chemin  de 
la  marche  d'une  armée  ;  autrement  il  y  a  à  peine  quatre 
journées.  C'eft  cette  Quinfai ,  où  étoit,  de  fon  tems,  la 
cour  de  la  Chine,  que  les  lettrés  entre  les  Chinois  nom- 
ment King-su,  ck  le  vulgaire  Kingsay  ;  c'eft  de-là  qu'eft 
venue  la  Kinfay  du  voyageur  Vénitien.  Mais  Kingsu  en 
cet  endroit  eft  un  nom  de  dignité  ,  qui  fignifie  une  ville 
vraiement  royale.  Cette  ville  de  Hangcheu  fe  nommqit 
autrefois  Lingan  ,  fous  la  famille  de  Sunga  ;  parce'tjtte 
Caoçung ,  dixième  empereur  de  cette  famille  ,  y  établit 
fa  cour ,  comme  il  fuyoit  devant  les  Tartares  de  Kin  : 
c'eft  pourquoi,  du  tems  de  Marco  Paolo,  on  la  nommeit 
King-fu  ;  ce  qui  arriva  l'an  1135  de  Jefus  -  Chrift.  La 
famille  de  Sunga  y  a  aufli  tenu  le  fiége  de  l'empire  ,  jus- 
qu'à ce  que  les  Tartares  occidentaux  du  grand  Kan  eus- 
fent  chaflé  les  Tartares  orientaux  de  Kin ,  hors  du  Ca- 
tay ,  c'eft-à-dire  des  provinces  feptentrionales  de  la 
Chine  ;  après  les  avoir  défaits  ,  ils  portèrent  leurs  armes 
dans  le  Mangin,  c'eft-à-dire  dans  les  provinces  méridio- 
nales de  la  Chine.  *  Atlas  Sinenfis. 

Cette  ville  a  une  infinité  de  ponts  très-hauts  ;  Marco 
Paolo  en  compte  dix  mille  ;  mais  il  faut  qu'il  y  com- 
prenne les  arcs  de  triomphe  ,  qu'il  a  pu  mettre  au  nom- 
bre des  ponts ,  à  caufe  de  leurs  arcades  ;  de  même  qu'il 
a  donné  le  nom  de  lions  à  des  tigres  :  il  ne  fe  trouve 
point  de  lions  dans  toute  la  Chine  ;  peut-être  avffî  que 
pour  trouver  le  nombre  de  dix  mille  ponts  ,  il  y  a  mis 
ceux  de  la  ville  ,  ceux  des  fàuxbourgs  ck  de  tout  le  pays  ; 
ck  alors  il  pouvoit  groffir  le  compte  ,  tant  h.  quantité  en 
eft  grande. 

Le  lac  de  Siku  a  quarante  milles  d'Italie  ;  car  il  tou- 
che les  murailles  de  la  ville ,  ck  fes  deux  côtés  font  tel- 
lement couverts  ck  garnis  de  temples  ,  de  monafteres , 
de  collèges  ,  de  palais  ck  de  maifons ,  qu'il  n'y  a  per- 
ibnne  qui  ne  croie  être  plutôt  dans  la  ville  qu'à  la  cam- 
pagne. De  plus  fes  bords  font  par-tout  revêtus  fck  pavés 
de  pierres  de  taille  carrées  ,  &  il  y  a  un  chemin  fort 
fpacieux  pour  s'y  promener.  Il  y  a  auffi  des  chemins  ck 
dej  ponts  qui  le  traversent  ,  fous  lesquels  les  navires 
Tome  III.      O  o 


HAN 


290 

peuvent  paffer,  de  façon  que  ceux  qui  fe  promènent,  peu- 
vent taire  le  tour  de  ce  lac  fur  ces  ponts  :  le  voyageur 
Vénitien  les  a  pu  aifément  mettre  au  nombre  de  ceux 
de  la  ville.  De  ce  lac  on  fait  entrer  nombre  de  canaux 
dans  la  ville. 

Dans  l'enceinte  des  murailles  de  Hangcheu  ,  il  y  a 
une  montagne  nommée  Ching-hoang  ,  au  midi  de  la 
ville ,  où  l'on  voit  cette  tour  où  les  heures  fe  marquent 
par  le  moyen  d'une  clepsydre  ou  horloge  d'eau  :  il  y  a 
un  cadran  qui  les  montre;  les  lettres  en  font  dorées ,  &c 
ont  bien  un  pied  &  demi  delongueur  :  &;  pour  parcourir 
les  autres  marques,  auxquelles  on  peut  reconnoître  dans 
Hangcheu  la  ville  de  Quinfay ,  c'eft  cette  ville  dont 
toutes  les  rues  font  pavées  de  pierres  carrées  ;  c'eft  elle 
qui  eft  fituée  dans  un  lieu  marécageux,  divifée  &  par- 
tagée par  plufieurs  canaux  tous  navigables  ;  c'eft  elle  en- 
fin d'où  l'empereur  s'enfuit  vers  la  mer,  fur  cette  grande 
rivière  de  Cientang,  qui  a  plus  d'une  lieue  d'Allemagne 
de  largeur ,  &  parle  près  de  la  ville  au  midi  ;  de  forte 
qu'on  trouve  ici  la  rivière  que  le  voyageur  Vénitien 
donne  à  fa  ville  de  Quinsay,  Scqui  de-là  coulant  vers 
le  levant ,  fe  va  jetter  dans  la  mer ,  n'en  étant  pas  da- 
vantage éloignée  que  le  dit  ce  voyageur.  Elle  a  plus  de 
cent  milles  dltalie  de  circuit ,  fi  on  y  joint  les  fauxbourgs 
qui  font  fort  grands  ,  &c  qui  s'étendent  fort  loin  de  côté 
&  d'autre.  C'eft  pourquoi  on  peut  fort  bien  faire  cin- 
quante lis  de  la  Chine ,  en  fe  promenant  du  nord  au  fud, 
&  paflant  toujours  par  des  rues  fort  peuplées  ^Jans  y 
trouver  de  place  qui  ne  foit  bâtie  ,  ni  de  maifon  qui  ne 
foit  habitée.  On  peut  faire  le  même  chemin  d'occident 
en  orient.  Tout  cela  prouve  fufEfamment  que  Hangcheu 
eft  la  véritable  Quinsai  de  Marco  Paolo. 

Outre  une  infinité  de  très-grands  ponts  ,  on  rencon- 
tre par-tout  des  arcs  de  triomphe  :  dans  la  feule  grande 
place  de  la  ville  il  y  en  a  trois  cents ,  qui  font  comme 
autant  de  monumens  de  magiftrats  qui  ont  fidèlement 
exercé  leur  charge ,  ou  des  éloges  publics  des  citoyens 
qui  ont  été  avancés  aux  honneurs  &C  aux  dignités.  L'em- 
pereur en  a  auflî  fait  ériger  d'autres  à  la  mémoire  de 
ceux  qui  ont  rendu  quelque  fervice  notable  au  pays.  Ces 
monumens  font  bâtis  dans  les  places  de  plus  grand 
abord  ,  embellis  de  diverses  fortes  de  gravure  &  de 
fculture.  L 'architecture  &  l'ordonnance  eft  presqu'en- 
tiérement  à  l'antique.  Ces  arcs  ont  toujours  trois  arca- 
des ;  la  plus  grande  au  milieu  ,  &  de  chaque  côté  une 
petite ,  par  où  on  entre  ,  comme  par  de  grandes  por- 
tes ;  de  part  &  d'autre  il  y  a  des  lions  ou  autres  em- 
belliffemens  de  marbre  ,  Se  au-deffous  on  voit  des  figu- 
res grotesques  ,  des  oifeaux  ,  des  fleurs  &  des  ferpens 
admirablement  bien  taillés.  L'entre-deux  des  figures  où 
iltfi'y  a  rien,  eft  percé  à  jour,  quelquefois  orné  defcul- 
tùres  qui  femblent  fe  foutenir  en  l'air.  Je  me  fuis  fouvent 
étonné,  dit  le  P.  Martini,  comment  ils  pouvoient  percer 
<le  la  forte  de  fî  groffes  pierres  ;  car  ils  en  font  comme 
fi  c'étoit  une  chaîne  de  plufieurs  anneaux.  Ces  arcs  ont 
d'ordinaire  trois  étages.  Le  devant  &  le  derrière  fe  res- 
femblent  fi  fort ,  que  vous  diriez  que  c'eft  la  même  face. 
Ces  trois  étages  font  bien  diftingués  par  leur  corniche 
&  architrave  de  marbre.  Tout  au  haut  de  l'arc,  fur  une 
pierre  couverte  &  bleue  ,  eft  écrit  en  lettres  d'or  d'une 
coudée  de  long  ,  le  nom  de  l'empereur ,  fous  l'empire 
duquel  ce  bâtiment  a  été  conftruit.  Au  milieu  il  y  a  une 
fort  grande  pierre ,  où  fe  trouvent  aufîi  en  lettres  d'or 
ou  d'azur  ,  le  nom ,  le  pays ,  la  dignité  ,  &  l'éloge  de 
celui  à  l'honneur  de  qui  ce  monument  eft  confacré.  Mais 
ft  ces  ouvrages  étoient  aux  carrefours  ,  &  que  les  rues 
réjjondiffent  aux  faces,  on  ne  pourroit  rien  imaginer  de 
plus  -magnifique. 

On  compte  dans  la  ville  quatre  grandes  tours  à  neuf 
étages  ;  \»s  temples  des  idoles  y  font  à  l'infini ,  tant  de- 
dans que  hors  la  ville  :  on  dit  qu'il  y  a  bien  près  de 
quinze  mille  bonzes.  Il  y  a  environ  foixante  mille  tiffe- 
rands  en  foie ,  dans  la  ville  Se  dans  les  fauxbourgs.  Les 
autres  cités ,  villes ,  bourgs ,  bourgades  qui  tirent  vers 
le  nord ,  en  font  remplies."  Il  y  a  tant  de  peuple  dans 
cette  ville  ,  qu'il  s'y  confume ,  dit-on ,  tous  les  jours  dix 
mille  facs  de  riz  ,  &  chaque  fac  contient  de  quoi  nour- 
rir cent  hommes  en  un  jour.  On  y  tue  mille  pourceaux 
par  jour ,  fans  compter  les  vaches  ,  les  chèvres ,  les 
brebis  ,  les  oies  ,  les  canards  &c  autres  animaux  ;  & 
cependant  il  y  a  beaucoup  d'habitans  qui  ne  mangent 


HAN 


point  de  viande  ,  parce  qu'ils  font  d'une  fefte  qui  n'en 
permet  pas  l'ulàge.  La  quantité  du  poiffon  n'y  eft  pas 
moindre  ;  on  le  porte  vendre  par  la  ville  tout  vivant. 
Les  Jéluites  ont  une  églife  magnifique  dans  la  ville  ,  & 
deux  chapelles  aux  fauxbourgs.  Telle  eft  la  description 
qu'en  fait  le  père  Martini ,  qui  y  a  demeuré  quatre  ans. 
Le  P.  le  Comte,  Mémoires  de  la  Chine,  L.  3,  t.  i,p.  144, 
n'en  parle  guères  moins  magnifiquement.  Il  nomme  cette 
ville  Hamlcheou ,  &  la  province  Tchéquiam.  C'eft,  dit- 
il  ,  une  des  plus  riches  Ô£  des  plus  grandes  villes  de  l'em- 
pire. Les  Chinois  lui  donnent  quatre  lieues  de  tour  ,  &£ 
je  crois  qu'ils  ne  s'éloignent  pas  beaucoup  de  la  vérité. 
Il  y  paroît  dans  les  rues  autant  de  monde  que  dans  cel- 
les de  Paris  ;  &t  comme  d'ailleurs  les  fauxbourgs  en  font 
immenfes ,  &c  la  multitude  des  barques  qui  couvrent  les 
canaux  infinie,  je  ne  la  crois  pas  moins  peuplée  que  les 
plus  grandes  villes  de  l'Europe.  La  garnifon  eft  de  dix 
mille  hommes  ,  parmi  lesquels  on  compte  trois  mille 
Chinois.  L'eau  des  canaux  n'en  eft  pas  belle  ,  les  rues 
font  étroites  ;  mais  les  boutiques  parodient  propres  ,  Sx. 
les  marchands  paffent  pour  être  extrêmement  riches. 

A  l'orient ,  elle  aune  rivière  large  d'un  quart  de  lieue, 
à  caufe  du  voifinage  de  la  met ,  mais  en  effet  peu  confi- 
dérable  ,  car  pour  peu  qu'on  la  remonte ,  ce  n'eft  plus 
qu'un  torrent  inutile  qui  coule  au  travers  d'une  infinité 
de  rochers.  Du  côté  de  l'oueft,  elle  eft  refferrée  par  un 
étang  ,  dont  le  circuit  eft  tout  au  plus  de  deux  lieues  ; 
l'eau  en  eft  très-claire  ,  mais  peu  profonde  ;  elle  fuffit 
néanmoins  pour  porter  les  grandes  barques  que  les  Chi- 
nois y  entretiennent ,  comme  autant  d'hôtelleries  flottan- 
tes ,  où  les  jeunes  gens  de  qualité  fe  régalent  &  fe  pro- 
mènent. Après  la  promenade  ,  ils  fe  rendent  ordinai- 
rement à  une  petite  ifle  qui  eft  au  milieu  du  lac.  Les 
Chinois  y  ont  bâti  un  temple ,  &  quelques  autres  mai- 
fons  de  divertiffement.  Les  relations  font  de  cet  étang 
un  lieu  enchanté.  J'y  ai  lu  que  tout  étoit  bordé  de  fuper- 
bes  bâtimens  &  de  palais  magnifiques.  Cela  pouvoit  être 
autrefois  ;  mais  s'il  eft  vrai  ce  qu'on  en  a  écrit  ,  il  faut 
qu'on  fe  foit  bien  attaché  dans  la  fuite  à  en  abolir  la  mé- 
moire ,  puisqu'à  préfent  on  n'y  en  remarque  pas  le  moin- 
dre veftige  ,  fi  ce  n'eft  qu'on  mette  au  rang  des  palais 
les  maifons  de  bois  &£  de  torchis  qui  font  fi  ordinaires  à 
la  Chine ,  6c  qui  peuvent  bien  tomber  d'elles-mêmes  , 
fans  que  le  grand  nombre  des  années  foit  néceffaire  pour 
les  détruire.  Au  refte ,  fi  cette  ville  ne  fe  diftingue  pas 
par  la  magnificence  de  fes  bâtimens  ,  elle  eft  du  moins 
confidérable  par  fa  fituation  ,  l'une  des  plus  belles  qui 
foit  dans  l'empire  ,  par  le  nombre  prodigieux  de  fes  ha- 
bitans,  par  la  commodité  de  fes  canaux,  &  par  le  com- 
merce des  plus  belles  foies  du  monde.  J'ai  cru  ce  der- 
nier détail  néceffaire  pour  reâifier  ce  qui  précède. 

Ce  canton  appartenoit  anciennement  aux  rois  d'U, 
puis  aux  rois  de  Jue,  &  ensuite  à  ceux  de  Çu.  Chin  la 
nomma  Cient'anG;  Suio  fut  le  premier  qui  lui  donna 
le  nom  de  Hangcheu.  La  famille  de  Tanga  l'appella 
Iuhang  ;  celle  de  Sunga  LlNGAN  :  la  famille  de  Tai- 
minga  lui  rendit  le  nom  de  Hangcheu.  Elle  comprend 
fept  autres  villes  dans  fon  territoire. 


HangcheO, 

Lingan , 

Haining, 

Yucien  , 

Fuyang , 

Sinching, 

Juhang, 

Changhoa 

HANEAC  ,  montagne  de  l'Inde  ,  où  croît  le  meil- 
leur nard ,  au  rapport  de  Serapion  ,  cité  par  Ortélius  , 
Thefaur. 

HAN-HAI  ,  vaftes  déferts  de  la  Tartarie  ,  dans  le 
royaume  de  Tangout  au  nord.  Les  fables  y  coulent  au 
gré  des  vents,  &  font  périr  les  voyageurs.  * Hifl.  gèn.  des 
Huns,  t.  2,  p.  xxxiij.  Voyez  Gobi.  C'eft  la, même chofe. 

HAN1N  ,  ville  de  la  Chine  ,  dans  la  province  de 
Xenfi  ,  au  département  deHanchung,  troifiéme  métro- 
pole de  la  province.  Elle  eft  de  8  d.  41'  plus  occiden- 
tale que  Pékin ,  par  les  34  d.  3  '  de  latitude.  *  Atlas  Si~ 
nenfis. 

HANNIBALIS.  Voyez  au  mot  Annibalis. 

HANNONIA  ,  nom  latin  du  Hainaut. 

HANNONII  Montes,  nom  latin  de  Mons,  ville 
du  Hainaut. 


HAN 


HAN 


HANNOVIA,  nom  latin  de  Hanau. 

HANNUYE  ,  petite  ville  des  Pays-bas  Autrichiens 
dans  le  Brabant.  Elle  eft  nommée  Hannuye  ou  Han- 
NUT,  dans  le  Dictionnaire  géographique  des  Pays-bas; 
ck  on  la  qualifie  Mairie  ;  on  ajoute  :  on  la  nommoit 
autrefois  le  somté  de  Dabor  ,  à  quatre  lieues  de  Ju- 
doigne ,  approchant  des  confins  de  l'évêché  de  Liège. 
Elle  eft  fur  la  Ghéte ,  affez  près  de  fa  fource  ,  dans  le 
quartier  de  Louvain ,  entre  le  pays  de  Liège ,  le  Namu- 
rois  &  les  mairies  de  Jaudrain ,  d'Orp  ck  de  Landen. 

HANOVER  ,  ville  d'Allemagne  ,  dans  la  baffe  Saxe, 
dansl'électorat  de  Brunswig,  fur  la  rivière  de  Leyne,&  ré- 
sidence de  labranche  électorale  delamaifon  de  Brunswig, 
avant  qu'elle  fût  parvenue  à  la  couronne  de  la  Grande-Bre- 
tagne ;  de-là  vient  que  l'on  dit  improprement  l'électeur 
d'Hanover,  pour  dire  l'électeur  de  Brunswig,  ck  le  pays 
d'Hanover,  pour  direl'électorat  de  Brunswig,  ou  même 
la  principauté  de  Calemberg.  La  ville  d'Hanover  eft 
fituée  dans  une  plaine  fablonneufe ,  où  il  y  a  d'affez  bel- 
les prairies  ckdes  bois  d'aunes.  La  rivière  partage  la  ville 
en  deux.  A  l'oueft  de  la  ville ,  il  y  avoit  ci  -  devant  le 
château  de  Lawerirhode  ,  qui  appartenoit  à  des  comtes 
de  ce  nom.  Cette  famille  étant  éteinte ,  le  duc  Henri  le 
Lion  ,  en  qualité  de  feigneur  féodal ,  s'empara  de  cette 
comté  ck  des  environs  ,  ck  gratifia  la  ville  de  Hanover 
de  plufieurs  franchifes  ck  privilèges.  Elle  eft  affez  bien 
fortifiée  ck  diftinguée  en  ville  neuve  &k  ancienne.  On 
travailloit  à  bâtir  la  neuve ,  lorsque  Monconis  y  paffa. 
(  Voyage  d'Allemagne  ,  p.  45.)  Il  parle  peu  avantageu- 
sement du  palais,  ck  trouve  que  ce  n'eft  rien.  La  ville 
n'eft  pas  fi  grande ,  dit-il,  que  celle  de  Hildesheim  ;  mais 
les  rues  en  font  plus  larges  :  proche  d'une  des  portes  eft 
un  lieu  fpacieux ,  où  l'on  court  la  bague  &  les  têtes  , 
&  un  grand  cimetière.  On  tient  à  Hanover  quatre  foires 
par  an  ,  &  il  s'y  rend  des  marchands  d'Allemagne  ck 
des  pays  étrangers.  Il  y  a  plufieurs  églifes  affez  belles , 
favoir  la  paroiffe  de  S.  George  ôk  de  S.  Jacques  , 
l'églife  de  Sainte-Croix  ,  celle  de  S.  Gilles.  L'éle&rice 
douairière  Sophie,  mère  de  George  I,  roi  d'Angleterre, 
a  fait  bâtir  en  outre,  dans  la  ville  neuve ,  une  églife  pour 
les  François  réfugiés ,  ck  le  roi  Guillaume  III ,  d'Angle- 
terre, y  contribua.  La  cour  étoit  autrefois  un  monaftere  ; 
mais  les  bâtimens  ont  été  entièrement  changés.  La  cha- 
pelle en  eft  affez  belle.  Il  y  a,  outre  cela,  une  maifon  des 
orphelins,  un  hôpital  dans  la  ville  &  hors  la  ville.  II  y 
a  auflî  une  machine  hydraulique  que  fait  mouvoir  une 
roue  qui  plonge  dans  la  Leyne  ,  ck  qui  élevé  l'eau  jus- 
qu'à une  certaine  hauteur ,  d'où  elle  coule  fous  terre 
jusqu'au  marché ,  ck  fournit  d'eau  à  la  belle  fontaine  dont 
parle  Monconis.  Il  y  a  auffi  des  puits  de  réferve ,  que 
l'on  peut  ouvrir  en  cas  d'incendie. 

On  parle  beaucoup  de  la  bière  d'Hanover.  Un  bras- 
feur  nommé  Conrad  Breykan  ,  du  village  de  Stoken , 
au  voifinage  de  Hanover,  étoit  allé  apprendre  fon  mé- 
tier à  Hambourg  :  étant  revenu  à  Hanover,  en  1516, 
il  réuflit  à  faire  une  bière  beaucoup  meilleure  que  celle 
de  Hambourg.  C'eft  en  effet  un  breuvage  fort  agréable , 
ck  qui  furprend  ,  d'autant  plus  qu'on  s'en  défie  moins. 
Un  homme  qui  l'avoit  trouvée  fort  à  fon  gré ,  exprima 
fa  fatisfaftion  par  ce  diftique  : 

Gaudia  Ji  fièrent ,  toto  &  convivia  cœlo  , 
Breihanam  fuperis  Jupiter  ipfe  darct. 

La  ville  de  Hanover  a  acquis  un  nouveau  luftre,  depuis 
que  le  chef  de  la  branche  qui  y  réfidoit,  a  eu  rang  en- 
tre les  électeurs,  ck  a  enfuite  fuccédé  à  la  couronne 
d'Angleterre  ;  ck  enfin  par  le  fameux  traité  qui  y  fut 
conclu  l'an  1715,  pour  balancer  le  traité  d  s  Vienne, 
A  une  lieue  d'Hanover  ,  on  voit  HERRENHAUSEN  , 
où  eft  une  maifon  de  plaifance  ,  ck  d'affez  beaux 
jardins  qui  faifoient  les  délices  de  1  électeur  durant  fon 
féjour  en  Allemagne. 

Le  Pays  d'HANOVER  :  ce  nom  s'emploie  en  deux 
fens  fort  differens.  Quelquefois  il  comprend  tous  les 
pays  fournis  à  la  branche  royale  qui  réfidoit  à  Hanover; 
c'eft -à -dire, 

Le  Pays  d'Hanover  proprement  dit. 

Le  Duché  DR  Zell,  que  poffédoit  la  branche  de 


29I 

.  Le  Duché  de  Saxe-Lawenbourg ,  fequeftré 
entre  les  mains  du  dernier  duc  de  Zell. 
Le  Duché  de  Brème. 
La  Prinipauté  de  Ferden. 

George -Louis  qui  unit  en  fa  perfonne  tous  ces  états, 
dont  il  n'avoit  d'abord  que  le  premier ,  y  joignit  en- 
fuite  la  Grande-Bretagne  ;  ce  qui  le  mit  en  peu  de  tems 
entre  les  plus  puiffans  monarques  de  l'Europe. 

Le  Pays  D'HANOVER,  proprement  dit.  On  a  vu 
que  ce  n'étoit  d'abord  que  le  comté  de  Lawenrode ,  qui, 
prenant  fon  nom  d'un  château  où  le  comte  de  meu- 
roit  ,  enfermoit  dans  fon  territoire  Hanover,  ville  alors 
petite  ck  peu  confidérable  ;  que  ces  comtes  étant  morts, 
Henri  de  Lion  fe  faifit  de  ce  comté  au  douzième  fiécle. 
Dans  le  quinzième  ,  Henri ,  chef  d'une  branche  de  la 
maifon  de  Brunswig ,  qui  portoit  le  titre  de  Wolfen- 
butel ,  partagea  fes  états  entre  fes  deux  fils  :  Hanover  ck 
Gottingen  furent  le  partage  d'Eric ,  qui  étoit  le  fécond. 
Et  comme  Eric  réfidoit  dans  un  château  nommé  Calen- 
berg,  on  nomma  fon  petit  état  la  principauté  de  Calen- 
berg. Cette  branche  s'éteignit  en  1584,  ck  la  principauté 
revint  à  la  branche  aînée  ,  qui  étoit  celle  de  Wolfen- 
butel.  Erneft ,  de  qui  defeend  toute  la  maifon  de  Bruns- 
wig d'aujourd'hui,  fe  fit  Proteftant,  [établit  le  Luthé- 
ranisme dans  fes  états,  ck  mourut  en  1546,  laiffant  trois 
fils.  L'aîné  mourut  jeune  fans  enfans  :  Henri  forma  la 
branche  de  Danneberg  ,  ck  Guillaume  celle  de  Zell. 

La  maifon  de  Danneberg  fe  partagea  en  trois  bran- 
ches principales ,  qui  font  Wolfenbutel  ,  Brunswig  & 
Bever.  La  maifon  de  Zell  fe  divifa  en  deux  branches  , 
favoir  celle  de  Zell,  ck  celle  de  Calenberg  ou  d'Hano- 
ver. La  branche  de  Zell  eft  éteinte  depuis  l'an  1705  ; 
ck  ce  qu'elle  p«ffédoit ,  eft  revenu  avec  toutes  les  acqui- 
fitions  à  la  branche  d'Hanover.  Voyez  l'article  de  Lu- 

NEBOURG. 

L'état  particulier  d'Hanover ,  fans  y  comprendre  le 
Lunebourg  ni  les  autres  acquisitions ,  comprend  les  vil- 
les de 

Hanover,  Neuftadt, 

Hameln ,  Wunftorf. 

Les  châteaux  de 

Calenberg ,  &  Herrenhaufen. 

&  l'abbaye  de  Lockum  ,  occupée  par  un  abbé  Luthérien. 
La  Principauté  de  Grubenhagen  où  font, 

Grubenhagen,  ville,  Elbingerode, 

Eimbeck,  ville,  Clausthal , 

Grubenhagen,  château,  Saint- Andréas-berg , 

Ofterode ,  ville ,  Altenau  , 

Hertzberg ,  château ,  Saltz  der  Helden. 

La  Principauté  d'Oberwald  où  font,' 


Northeim  , 


Gottingen , 


ck  Munden ,  qu'il  ne  faut  pas  confondre  avec  Minden 
en  Weftphalie. 

Autrefois  il  y  àvoit  dans  ces  cantons  plufieurs  CoM» 
TES ,  comme , 

Woelpe  ,  aux  environs  de  Neuftadt, 
Lutterberg  ,  auprès  d'Ofterode. 
Eberftein  en  partie  auprès  de  Bodenwerdef» 
Hallermund  :  ce  dernier  a  été  rétabli  en  faveur  du 
comte  de  Platen. 

Auprès  d'Elbingerode  eft  la  fameufe  montagne  de 
Brocksberg  ,  ou  Bloxberg  ,  où  le  peuple  s'ima- 
gine que  les  forciers  tiennent  leur  fabbat. 

HANOVERA  ,  nom  latin  d'HANOVER. 

HANOVIA  ,  nom  latin  de  HanaU. 

HANSE  :  ce  mot,  qui  fignifie  une  fociété  de  villes 

qu'un  intérêt  commun  avoit  unies  pour  la  protection 

de  leur  commerce ,  vient  d'un  ancien  mot  allemand  Han- 

firif  qui  veut  dire  ajjocier.  Hanse,  dans  cette  langue, 

O  o  ij     Tome  III, 


i9i  HAN 

fignifie  ligue  ,  fociété.  Les  Allemands  ont  encore  le 
mot  HANSELEN,  qui  vient  de-là  &  qui  veut  dire  ini- 
tier ,  admettre  dans  une  fociété  ou  compagnie. 

Lambecius ,  Orig.  Hamburg.  ad  ann.  1242  ,  dit  que 
la  Hanfe  Teutonique  tire  fon  origine  d'un  traité  que 
■firent  entr'elles  les  villes  de  Hambourg  ck  de  Lubec,  en 
1241 ,  dont  les  conditions  étoient  que  Hambourg  net- 
toyeroit  de  voleurs  Se  de  brigands  le  pays  d'entre  la 
Thrave ,  rivere  qui  coule  à.Lubec  ,  &C  la  ville  de  Ham- 
bourg ,  &  empêcheroit  les  pirates  de  venir  faire  des 
courtes  fur  l'Elbe  depuis  cette  ville  jusqu'à  l'Océan  ;  que 
Lubec  payeroit  la  moitié  des  frais  que  coûteroit  cette 
entreprife  ;  que  ce  qui  concerneroit  l'avantage  de  ces 
deux  villes  feroit  concerté  en  commun  ,  &:  qu'elles  uni- 
roient  leurs  forces  pour  maintenir  leur  liberté  &  leurs 
privilèges.  Il  eft  vraifemblable,  dit  Lambecius,  que  quand 
on  vit  ces  deux  villes  s'accroitre  de  jour  en  jour  par  le 
commerce  que  cette  union  rendoit  plu;  fur  &  plus  facile, 
les  villes  de  la  Saxe  &  de  la  Vandalie  demandèrent 
à  s'affocier  avec  elles ,  pour  jouir  des  mêmes  avantages. 
Telle  eft  la  conjecture  du  favant  Lambecius  fur  l'origine 
de  cette  fociété.  Struve,  Syntagm.juris  publ.  German. 
p.  441,  ne  la  blâme  pas  ;  mais  il  dit  que  ce  n'eft  qu'une 
alliance  particulière  ,  &il  croit  qu'il  fautprendre  l'époque 
de  l'interrègne.  Quoi  qu'il  en  foit ,  cette  Hanfe  devint 
fi  célèbre  ,  que  quantité  de  villes  de  tout  pays  deman- 
dèrent à  être  admifes  au  nombre  des  Hanféatiques.  Com- 
me les  plus  confidérables  étoient  d'abord  des  villes  ma- 
ritimes ,  ou ,  ce  qui  revient  au  même  ,  fïtuées  fur  de 
grandes  rivières  qui  leur  facilitoient  la  navigation ,  quel- 
ques gens  fe  font  imaginé  que  leur  nom  à! Hanféatiques 
venoit  A'An-Zee,  c'eft-à-dire  au  bord  de  la  mer.  C'eft 
une  erreur  ;  il  vient  de  Hansa  ,  ancien  mot,  &  a  la 
même  origine  que  le  mot  Hanse  qui  fe  trouve  dans 
les  anciens  ftatuts  de  Paris.  Voyez  Du-Cange ,  Gloffar. 
latin. 

Ce  commerce  s'étendit  fort  loin  ;  &  cette  compagnie 
de  villes  liées  d'intérêts ,  établit  des  étapes  en  divers 
royaumes  (a)  ,  favoir  Bruges  en  Flandre,  Londres  en 
Angleterre,  gergen  en  Norvège  ,  Novogorod  en  Ruf- 
fie  :  c'étoient' autant  de  comptoirs  généraux  où  s'amaf- 
foient  les  marchandifes  des  contrées  voifines  pour  pou- 
voir être  transportées  plus  commodément  ,  ckdiftri- 
buées  par-tout'  où  les  inrerefles  en  avoient  befoin  Q>). 
Les  princes  qui  n'y  confidéroient  d'abord  qu'une  fociété 
lucrative ,  furent  les  premiers  à  fouhaiter  que  leurs  vil- 
les y  entraffent,  &  en  effet  il  ne  s'agiffoit  que  de  cela. 
La  protection  mutuelle  des  libertés  de  chaque  ville 
n'étoit  pas  un  engagement  général  qu'eût  pris  toute  la 
Hanfe  ;  &  fi  on  trouve  que  quelques  villes  en  ont  protégé 
quelques  autres ,  il  fe  trouve  auffi  un  bon  nombre  d'oc- 
cafions  où  l'on  n'a  rien  fait  pour  celles  qui  étoient  op- 
primées. La  formule  du  renouvellement  d'alliance  pro- 
pofée  dans  l'affemblée  des  villes  Anféatiques  en  1579, 
a  bien  un  article  de  fe  maintenir  refpeftivement  con- 
tre la  violence  (°).  La  formule  de  l'alliance  de  1604 
le  porte  auffi  :  cependant  on  ne  trouve  pas  une  feule 
guerre  que  la  Hanfe  ait  entreprife  pour  la  défenfe  d'une 
ville  Anféatique.  *  Q)  Krantiii,  Wandal.  /.  9,  c.  7.  (b) 
Conringius  deUrb.  Germ.:98.  (c)  Chytrœus,  Chron.  7.24. 

Les  fouverains  de  divers  pays  ,  charmés  d'attirer  chez 
eux  le  commerce  de  la  Hanfe ,  lui  accordèrent  divers 
privilèges.  On  a  des  lettres  -  patentes  des  rois  de  France, 
en  faveur  des  OSTERLINS  ;  c'eft  ainfi  que  l'on  nom- 
moit  les  négocians  des  villes  Anféatiques,  du  mot  Ofl, 
qui  veut  dire  l'Orient ,  d'où  vient  OstsÉe  ,  qui  figni- 
fie  la  mer  Baltique..  Ces  lettres  font ,  entr'autres ,  de 
Louis  XI,  en  1464  ;  &£  en  1483  ,  peu  avant  fa  mort; 
&  de  Charles  VIII ,  en  1489. 

Les  quatre  métropoles  de  la  Hanfe  étoient  Lubec  ,  Co- 
logne ,  Brunswig  ci  Dantzig.  Avec  le  tems,  Bruges  ne 
fut  pas  feule  dans  les  Pays -bas.  Dunkerque ,  Anvers, 
Oftende,  Dordrecht,  Roterdam,  Amfterdam  ,fe  trouvent 
auffi  fur  d'anciennes  liftes  comme  villes  Anféatiques  , 
auffi-bien  que  Calais  ,  Rouen,  Saint-Malo,  Bordeaux, 
Bayonne  &  Marfeille  en  France  ;  Barcelone,  Séville 
&  Cadix  en  Espagne;  Lisbonne  en  Portugal  ;  Livourne, 
Meffine  &  Naples  en  Italie  ;  Londres  en  Angleterre ,  &c. 

Plufieurs  princes  ayant  mieux  trouvé  leur  compte  à 
favoriièr  le  commerce  particulier  de. leurs  fujets  ,  il  fe 
forma  dans  leurs  états  des  compagnies  qui  firent  non- 


HAN 


feulement  le  commerce  ordinaire  ,  mais  même  des  dé- 
couvertes &  des  acquifitions  en  Afrique  &  en  Améri- 
que. Cela  ralentit  le  commerce  de  la  mer  Baltique  : 
chaque  pays  fe  détacha  peu-à-peu  de  la  Hanfe ,  &  tra- 
fiqua en  fon  particulier.  D'un  autre  côté ,  Charles  V , 
ennemi  de  toute  fociété  qui  ne  fervoit  pas  à  fes  vues 
ambitieufes ,  vint  à  bout  de  réduire  celle-ci  à  très -peu 
de  chofe.  Plufiers  fouverains  d'Allemagne  éprouvèrent 
que  les  privilèges  que  leurs  ancêtres  avoient  accordés 
pour  encourager  le  commerce  ,  ne  fervoient  qu'à  ren- 
dre plus  mutine  la  bourgeoifie  des  villes  de  leur  dépen- 
dance ,  &  que  ces  villes  enrichies  &  enorgueillies  cher- 
choient  toutes  les  occafions  de  fe  fouftraire  à  l'obéiffance 
du  fouverain  :  ils  prirent-leur  tems  pour  les  fubjuger. 
Et  enfin  quelques  villes  ne  pouvant  contribuer  leur  part 
des  contributions ,  fe  retirèrent  d'une  fociété  qui  leur 
étoit  onéreufe.  Ainfi  la  Hanfe  qui  avoit  vu  jusqu'à 
quatre-vingt  villes  fur  la  lifte  ,  &  qui  floriffoit  depuis 
quelques  fiécles,  commença  à  décheoir  en  1500,  &c  fon 
pouvoir  diminua  peu-à-peu.  On  parla  bien,  en  1560, 
de  la  rétablir  :  on  fit  même  quelques  projets  pour  cela, 
en  1 571  ;  on  propofa  une  formule  de  renouvellement 
en  1579:  cependant  peu  de  villes  y  fouscrivirent.  On 
recommença,  en  1604,  un  nouveau  plan  ;  mais  cela  fe 
réduifit  à  conferver  le  nom  A' 'Anféatique  ,  rk  une  om- 
bre de  fociété  entre  un  fort  petit  nombre  de  villes  qui 
ne  foutinrent.  pas  le  commerce  fur  l'ancien  pied.  Les 
rois  de  France  ne  laifferent  pas  de  faire  ,  de  tems  en 
tems,  des  traités  avec  la  Hanfe,  jusqu'à  ces  derniers  tems  : 
on  a  des  actes  en  fa  faveur  ;  de  l'an  1536,  fous  Fran- 
çois I  ;  de  1 5  52 ,  fous  Henri  II  ;  de  1604  ,  fous  Henri  IV, 
confirmés. en  1655  ,  par  Louis  le  Grand.  Cependant 
il  n'y  avoit  plus  de  villes  Anféatiques  en  France  ;  &t 
les  villes  principales ,  que  nous  avons  dit  être  de  l'Al- 
lemagne ,  avoient  pris  le  parti  de  refferrer  la  Hanfe  dans 
la  partie  feptentrionale  de  l'empire  ;  encore  en  a-t-on  re- 
tranché ,  pour  ainfi  dire,  certaines  villes.  La  Suéde  étant 
devenue  maîtreffe  de  Riga  en  Livonie  ,  &  de  Vismar 
en  baffe  Saxe ,  ces  deux  villes  ,  qui  étoient  Anféati- 
ques ,  font  devenues  Amplement  des  villes  de  guerre  , 
quoique  le  port  de  Riga  ait  toujours  fervi  au  commerce. 
Lunebourg  ,  qui  fe  gouvernoit  autrefois  par  elle-même  r 
eft  foumife  à  la  maifon  de  Brunswig  ;  &  l'ancien  gou- 
vernement Anféatique  ne  fubfifte  plus  qu'à  Lubec  ,  à 
Hambourg  &.à  Brème  ;  trois  villes  qui  confervent  en- 
core ce  titre  avec  une  liaifon  &  des  ufages  dont  on 
peut  voir  les  détails  dans  l'Hiftoire  de  l'empire,  par  Heifs, 
t.4,1.6,   c.   26. 

HANTAN ,  ville  de  la  Chine  ,  dans  je  Pekeli ,  au 
département  de  Quangping  ,  fixiéme  métropole  de  la 
province.  Elle  eft  plus  occidentale  que  Pékin  de  3  d. 
10' ,  par  les  37  d.  23'  de  latitude.  *  Atlas  Sinenfis. 

HANTSHIRE  (a)  ,  province  maritime  d'Angleterre, 
fur  la  Manche  ,  entre  Suffex  à  l'eft ,  &  Dorfetshire  à 
l'oueft,  au  diocèfe  de  Winchefter  :  elle  a  cent  railles 
de  tour ,  treize  cens  douze  mille  cinq  cens  arpens ,  & 
vingt-fix  mille  huit  cens  cinquante-une  maifons.  C'eft 
un  pays  agréable ,  abondant  &c  fertile  en  bleds  &  en 
pâturages  ;  en  laine ,  en  bois  St  en  fer  :  on  en  vante 
beaucoup  le  miel  &  les  jambons.  Du  côté  de  l'oueft,  il 
eft  arrofé  par  l'Avon  &  la  Stoure ,  qui  fe  rencontrent 
au  voifinage  de  la  mer  ;  6c  vers  l'eft,  par  la  Tefe,  ou 
Teft  ,  &C  par  l'Itchin  ,  qui  fe  joignent  près  de  Sou- 
thampton.  C'eft  dans  cette  province  que  fe  trouve  la 
nouvelle  forêt  new-foreft  (b)  .•  Guillaume  le  Conqué- 
rant fut  fi  charmé  de  la  forêt ,  qui  étoit  alors  bien  plus 
petite ,  que  pour  l'aggrandir  il  fit  démolir  plufieurs  vil- 
les &  villages ,  avec  trente-fix  églifes  paroiffiales.  *  (a) 
Etatpréfent  de  la  Gr.  Bretagne  ,  t.  I  ,  p.6j.  (b)  Ibid. 
p.  16. 

Cette  province  s'appelle  communément  HANTSHIRE, 
ou  Hampshire,  ou  Province  de  South amton; 
fes  villes  &£  bourgs  où  l'on  tient  marché  font , 

SOUTHAMPTON  ,  capitale , 


(  Winchefter 
v  Portsmouth , 
Andover, 
Chrift-Church, 
Lymington, 
Petersfield*. 


Stockbridge  , 
Kingsklere  , 
Kingvood, 
Broding , 
♦"Withchurch, 
*  Newton , 


HAP 


Alton , 
Farnham  , 
Bàfingftoke, 
Fordingbridge , 


Havant , 
Odiham , 
Rumfay , 
Waltham. 


Ge  qui  rend  cette  province  remarquable,  c'eft  fon 
port  de  Portsmouth ,  l'un  des  plus  fameux  de  l'Angle- 
terre.   L'isle  de  WlGTH  fait  partie  de  Hampshire. 

HANTUNG ,  fortereffe  de  la  Chine  ,  dans  la  pro- 
vince de  Xenfi ,  au  département  de  Jungchang ,  pre- 
mière forterefTe.de  la  province.  Elle  eft  plus  occiden- 
tale que  Pékin  de  i^  d.  50'  ,  par  les  38  d.  30'  de  la- 
titude. *  Adas  Siuenjis. 

HANYANG,  ville  de  la  Chine,  dans  la  province 
de  Huquang ,  dont  elle  eft  la  féconde  métropole.  Elle 
eft  3  d.  43'  plus  occidentale  que  Pékin  ,  à  30  d.  50' de 
latitude.  Elle  eft  pleine  d'eaux  dehors  &  dedans,  de 
forte  qu'on  peut  aller  en  bateau  par-tout  ;  Se  diverfes 
rivières  arrolënt  fon  territoire.  Quoiqu'il  ne  contienne 
que  deux  villes  ,  i'avoir 

HANYANG,  ôc         Hanchuen, 

elle  eft  très-fertile,  Sçeft  proehe_de  la  rivière  de  Han, 
à  l'endroit  où  elle  fe  jette  dans  le  Kiang.  Le  transport 
des  marchandées  s'y  fait  commodément.  On  prend  dans 
ce  diftricr.  quantité  d'oies  fauvages.  Il  y  croît  des  oran- 
ges Sr.  des  citrons  de  toute  espèce  ;  il  y  a  plufieurs  édi- 
fices remarquables ,  entr'autres, une  haute  tour,  nommée 
Xdeukoa ,  que  l'on- dit  avoir  été  conftruite  à  cette  00- 
cafion.  Une  bru  ?  qui  avoit  un  grand  refpecr.  pour  fa 
telle-mere,  fâchant  qu'elle  devoit  la  venir  voir  ,  pré- 
para une  poule  pour  la  régaler  :  la  belle-mere  n'en  eut 
pas  plutôt  goûté  qu'elle  mourut.  On  faifit  la  bru  :  on 
L'acufa  d'avoir  empoifonné  fa  belle-mere.  On  la  me- 
noit  au  fupplice  ,  quand  trouvant  un  arbre  qui  porte  la 
grenade  ;  elle  en  faifit  une  branche  qui  étoit  en  fleur , 
St  prononça  ces  paroles  :  «  Si  j'ai  empoifonné  ma  belle- 
»  mère  ,  que  la  fleur  de  cette  branche  meure  ;  mais  fi 
»  je  fuis  innocente  de  ce  crime  ,  qu'elle  porte  d'abord 
»  du  fruit.  »  A  peine  avoit-elle  parlé ,  que  la  bran- 
che parut  couverte  de  grenades.  Pour  conferver  la  mé- 
moire de  ce  prodige,  on  a  élevé  cette  tour,  Se  on 
l'a  nommée  Xeleuhoa,  c'eft-à-dire  fleur  de  grenade. 

HANUNCA  ,  ou 

HANUNEA.   Voyez  Hamïnea. 

1.  HANXAN,  fortereffe  de  la  Chine  ,  dans  la  pro- 
vince de  Quanton  ,  au  département  de  Taching  ,  pre- 
mière fortereffe  delà  province.  Elle  eft  de  1  d.  10'  plus 
occidentale  que  Pékin ,  par  les  13  d.  41'  de  latitude. 
*  Atlas  Sinenfîs. 

2.  HANXAN  ,  ville  de  la  Chine ,  dans  la  province 
deKiangnan,  au  département  de  Hocheu,  féconde  grande 
cité  de  la  province.  Elle  eft  plus  orientale  que  Pékin 
de  41'  par  les  32  d.  40'  de  latitude.  *  Atlas  Sïncnjis. 

HAO ,  ville  de  la  Chine  ,  dans  la  province  de 
Kiangnan  ,  au  département  de  Fungyang,  féconde  mé- 
tropole de  la  province.  Elle  eft  de  1  d.  z8'  plus  occi- 
dentale que  Pékin,  fous  les  34  d.  34'  de  latitude.  * 'At- 
las Sinenjïs. 

HAO  ARES,  ancien  peuple  d'Afrique.  Marmol ,  /.  4, 
ci,  /.  2,  p.  138,  dit  que  les  Benimerinis  ayant  chaffé 
de  la  province  de  Temecen  ,  au  royaume  de  Fez , 
les  Arabes  qui  y  avoient  été  fous  le  règne  des  Almo- 
hades  ,  ils  y  mirent  les  Xenetes  Sr.  les  Haoares  pour  ré- 
compenfe  des  fervices  qu'ils  leur  avoient  rendus  à  leur 
établiffement.    Voyez  Temecen. 

HAO  AXE  ,  ou  AOAX  ,  félon  Bau-)  Voyez  Ao  AXE 
drand.  S  & 

HAOUACHE,  félon  De  l'isle.         >     Hawash. 

HAPHARAIM,  ancienne  ville  de  la  Paleftine,  dans 
la  tribu  d'Iffachar ,  félon  Jofué ,  c.  19,  v.  19.  Eufebe 
dit  que  de  fon  tems  il  y  avoit  un  lieu  nommé  Apharaïm, 
à  fix  milles  de  Légion  ,  vers  le  feptentrion. 

HAPON,  "Awav.  Voyez  Aspona. 

HAPPING  ,  ou  Apping  ,  bourgade  d'Allemagne  , 
en  Bavière,  fur  l'Inn,  aux  confins  du  Tirol,  près  du 
bourg  de  Rofenheim.  Quelques-uns  croient  que  c'eft 
I'Abudiacum  des  anciens.  Voyez  Abudiacum.  *Bau- 
drand ,  édit.  1705. 

HAPSAL  ,   petite  ville  maritime  de  Livonie ,  dans 


HAR  293 

l'Eftonie,  au  quartier  de  Vickeland  ,  à  l'orient  de  Pifle 
d'Ormso.  Baudrand  8c  quelques  autres  écrivent  Hap- 
fel.  Zeyler  Si  De  fille  écrivent  Hapsal.  C'étoit  le  fiége 
d'un  évêché  Mragant  de  Riga  ,  érigé  dans  le  treizième 
fiécle  :  il  a  été  fupprimé  ,  auffi-bien  que  fon  métropo- 
litain. Cette  ville  ,  qui  a  été  long-tems  à  la  Suéde,  eft  à 
l'empire  Ruffien ,  avec  toute  la  Livonie. 

HARAD,  ou  Harod,  ou  Arad  ,  nom  d'une  fon- 
taine de  la  Paleftine,  dans  le  grand  champ,  au  pied  du 
mont  Gelboé.  *  Judic.  c.  7,  v.  1. 

HARAN  ou  Charan  ,  ville  de  Méfopotamie ;  c'eft, 
dit-on  ,  la  même  que  Carrhes.  Voyez  l'article  Car- 
RHjE. 

HARAX,  rivière  d'Afie  ,  dans  la  Sufiane  ,  félon  Am- 
mien  Marcellin ,  /.  13. 

HARAY.  Corneille ,  après  Davity  ,  en  fait  une  ifle 
contigue  à  celle  de  Lewes  ;  il  falloit  dire  que  la  partie 
méridionale  de  l'ifle  de  Lewis ,  l'une  des  Hébrides  ou 
"Wefternes,  s'appelle  Harries.  Voyez  Lewis. 

HARBERT,  ville  d'Afie,  dans 'le  Diarbeck,  proche 
d'Amid  ,  fous  la  domination  du  Turc.  11  y  a  un  archevê- 
que Arménien ,  qui  réfide  au  monaftere  de  Surbalbafa- 
zin ,  ou  de  la  fainte  Mère  de  Dieu  ,  &  un  archevêque 
Syrien.  *  Commanville,  Lifte  des  archev. 

HARBI ,  bourg  d'Afie ,  dans  la  Méfopotamie ,  entre 
Anna  &  Tecrite  ,  félon  le  traducteur  de  l'hiftoire  de 
Timurbec,  /.  3,  c.  33. 

HARBOROUGH,  bourg  d'Angleterre,  dans  la  pro- 
vince de  Leicefter.  On  y  tient  marché  .public.  *  Etat 
prifent  de  la  G.Bretagne,  t.  I. 

HARBOURG  ouHaarbourg,  ville  d'Allemagne, 
au  cercle  de  la  baffe  Saxe,  au  duché  de  Lunebourg,  dans 
leleftorat  de  Brunswig ,  vis-à-vis  de  Hambourg  ,  fur 
l'Elbe  ,  qui ,  à  caufe  des  ifles  dont  elle  eft  remplie  en 
cet  endroit  ,  met  un  mille  de  diftance  entre  ces  deux 
villes.  Harbourg  eft  défendue  par  un  château  très- bien 
fortifié  ;  c'eft  un  pentagone  ,  capable  d'une  longue  ré- 
fiftance  :  on  ne  trouve  point  quand  ,  m  par  qui  cette 
fortereffe  a  été  commencée.  Il  y  a  dans  la  citadelle  un 
vieux  bâtiment  carré  à  quatre  étages ,  dont  les  murailles 
font  fort  épaiffes ,  Se  les  fouterreins  profonds.  Quoique 
cette  ville  eût  d'affez  grands  privilèges  ,  on  ne  trouve 
point  qu'elle  fe  foit  beaucoup  augmentée  avant  la  ré- 
gence du  duc  Guillaume  ;  mais  il  s'appliqua  à  l'orner, 
Sr.  à  y  attirer  des  habitans  ,  de  forte  qu'il  s'y  forma  une 
ville  neuve  qui  a  une  affez  belle  églilè  &  des  places. 
Harbourg  eft  un  grand  paffage  pour  ceux  qui  viennent 
de  Hambourg ,  vers  les  provinces  méridionales  ,  Sr  on 
y  prend  les  chariots  de  pofte.  *  Mém.  drejfésfur  les  lieux, 
en  1719. 

HARCANUN ,  lieu  d'Afie  ,  fiége  d'un  évêque  Ar- 
ménien ,  fous  le  patriarchat  de  Sis.  On  ne  le  connoît 
que  par  une  Notice  de  Téglife  Arménienne.  *  Commun- 
ville ,   Lifte  des  archev. 

HARCHIES,  baronnie  de  France,  dans  le  Hainaut, 
à  une  lieue  de  Condé.  *  Dicl.  glegr.  des  Pays-bas. 

1.  HARCOURT,  bourg  de  France,  en'Normandie , 
dans  le  diocèfe  d'Evreux ,  avec  château,  titre  de  comté, 
Se  haute  juftice.  Il  eft  fitué  à  dix  lieues  de  Rouen,  entre 
le  Bec,  Neubourg  &  Beaumont- le- Roger  ,  près  de 
Brionne,  Se  de  Tibouville,  au  milieu  d'une  belle  cam- 
pagne à  bleds  qu'on  débite  à  fon  marché,  qui  eft  des 
plus  fréquentés  :  l'églilè  paroiffiale  eft  dédiée  à  S.  Ouen. 
II  y  a  un  monaftere  de  chanoinefiës  de  S.  Auguftin  ,  qui 
gouvernent  Se  qui  fervent  l'hôtel-dieu ,  hôpital  pour  les 
malades.  Le  château  bâti  à  l'antique ,  avec  des  fofles  pro- 
fonds, accompagné  d'un  donjon  &  d'une  chapelle,  eft  très- 
logeable,  Se  en'belair.  Les  appartenons  y  ont  été  rétablis 
à  la  moderne,  avec  un  jardin  bien  ordonné,  Se  fort  propre. 
Au  pied  de  ce  château,  Si  d'un  parc  fermé  de  murailles,  eft 
un  prieuré  clauftral  de  chanoines  réguliers  de  S.  Auguftin 
de  la  congrégation  de  fainte  Geneviève ,  fous  le  titre  de 
Notre-Dame  du  Parc.  On  y  conserve  des  reliques 
très-précieufes  Se  anciennes.  Les  chaifes  du  chœur  de 
leur  églife  font  à  l'antique  Se  affez  belles ,  ck  l'on  y  voit 
un  grafid  candélabre  de  cuivre  à  fept  branches  ,  S:  les 
tombeaux  des  anciens  comtes  d'Harcourt ,  fondateurs  du 
prieuré.  Une  groffe  tour  affez  baffe ,  bâtie  hors  de  l'é- 
glilè ,  renferme  une  bonne  fonnerie  ,  dont  on  dit  que 
la  groffe  cloche  eft  du  poids  de  fix  milliers.  Les  religieux 
de   cette  maifon   deffervent  les  cures  d'Harcourt  ,  de 


2  94      "    HAR 


HAR 


Rouge-Perier ,  de  Bray  &  d'Ecardanville ,  'qui  font  dans 
le  voifinage.  Le  comté  d'Harcourt  comprend  vingt  pa- 
Toiffes.  *  Corn.Did.Mém.dreJfésfur  les  lieux,  en  1704. 
1.  HARCOURT,  Harcurtium,  félon  Baudrand; 
Harcurfîum  ,  Se  Harcurium  félon  Corneille  c  c'eft  Ha- 
recortis  ,  félon  Valois,  Notit.  Gai.  p.  241.  Il  vient  de 
sortes  ou  cutus  ,  nom  qu'on  donnpit  aux  maifons  de 
campagne  des  rois  de  France.  Arcoret  futdabordune  mai- 
-fon  de'  campagne.  Philippe  VI ,  roi  de  France  ,  l'érigea 
en  comté,  en  1338.  On  l'écrivoit  différemment.  Les  uns 
mettoient  Herecort;  les  autres  He-recuria  ;  plu- 
sieurs Haricuria  ;  Guillaume- de  Nangis  ,  dans  l'Hif- 
-toire  de  Philippe  III ,  dit  Hardicuria.  Les  auteurs 
Anglois  écrivent  Harecort.  C'eft  un  bourg  de  Nor- 
mandie ,  fitué  fur  la  rivière  d'Orne  ,  fix  lieues  au-deffus 
de  Caën ,  dans  le  diocèse  de  Bayeux.  Il  était  aupara- 
vant appelle  Thury,  Se  avoit  titre  de  marquifat,  châ- 
teau &  haute  juftice  ;  mais  en  1700,  au  mois  de  No- 
vembre, Louis  XIV  l'érigea  en  duché  fous  le  nom  d'Har- 
court ,  en  faveur  de  Henri  d'Harcourt  de  Beuvron ,  de- 
puis maréchal  de  France,  Se  capitaine  des  gardes  du  corps 
de  fa  majefté.  Le  duché  d'Harcourt  comprend  les  bois 
Se  francs  buiffons  de  cinq  Layes  ;  le  fief  Se  la  feigneurie 
de  S.  Bernin,  la  terre  Se  la  feigneurie  de  pont  d'Ôuilly; 
le  fief  ferme  de  Croifilles ,  uni  au  marquifat  de  Thury  ; 
la  terre ,  feigneurie  Se  marquifat  de  la  Motte-Har court, 
avec  le  bois  de  la  Motte  Se  Grainbaut  qui  en  dépen- 
dent ;  les  terres  Se  feigneuries  de  S.  Martin  de  Salons  ; 
celles  de  Beauvoir  Se  de  Châtelier ,  avec  tous  les  droits, 
prérogatives  Se  mouvances  qui  leur  appartiennent ,  Se 
qui  ne  composent  plus  à  préfent  qu'une  terre  Se  dignité 
d'Harcourt. 

HARDAM -,  ville  épiscopale  de  Syrie  ,  fous  la  mé- 
tropole de  Damas  ,  félon  Guillaume  de  Tyr ,  cité  par 
Ortélius,  Thefaur. 

HARDBERG  ,  village  de  la  baffe  Hongrie  ,  aux 
confins  de  la  Rascie.  Lazius  croit  que  c'eft  1  Heorta 
des  Scordisques.  Voyez  Heorta. 

HARDEBY,  village  d'Angleterre  en  Lincolnshire.  Il 
n'eft  connu  que  «parce  que  c'eft-là  que  mourut,  en  1 298, 
Eléonore  de  Caftille ,  femme  d'Edouard  I ,  roi  d'Angle- 
terre. 

HARDENBERG ,  ville  des  Pays-bas ,  dans  la  pro- 
vince d'Over-Iffel ,  fur  la  rivière  de  Vecht ,  au-deffous 
de  Gransberge;  longitude  24  d.  15';  latitude  52  d.  40'. 
HARDERWYK,  ville  des  Provinces-Unies  ,  dans 
la  Gueldre  ,  au  quartier  d'Arnheim  ,  dans  le  Velaw  , 
fur  le  Zuider-Zée ,  qui  y  gagne"  de  tems  en  tems  un  nou- 
veau terrein.  Les  Annales  de  Gueldre  en  mettent  la  fon- 
dation à  l'an  1230  :  elle  doit  être  plus  ancienne,  au  fen- 
timent  d'Alting  ,  German.  infer.  Notit.  2.  part. p.  81 ,  & 
il  en  apporte  pour  preuve  des  lettres  de  Gérard ,  comte 
de  Holftein  Se  des  bourg-meftres  de  Hambourg  ,  datées 
de  l'an  1230,  dans  lesquelles  cette  ville  eft  qualifiée  op- 
pidum Felvce  in  orâ  aujlrali  lacus  Flevonis  transmarinâ 
navigadone  inclytum  :  elle  a  eu  autrefois  dans  fes  armes 
une  barque  de  pêcheur ,  Se  un  droit  d'étape  pour  le 
poiffon.  Ce  droit  que  l'on  nomme  den  Afflagh ,  lui 
avoit ,  dit-on ,  été  accordé  par  Arnold ,  duc  de  Guel- 
dre. Elle  a  maintenant  dans  (es  armes  un  lion  que  lui 
accorda  Othon  VI,  comte  de  Naffau,  qui  floriflbit  l'an 
1229.  On  croit  que  c'eft  en  ce  tems-là  qu'elle  fut  envi- 
ronnée de  murailles ,  comme  Ruremonde  ,  Bomel  & 
autres  villes  de  la  Gueldre.  Durant  les  guerres  contre 
l'Espagne ,  on  ajouta  à  ces  murs  quelques  ouvrages.  Un 
incendie  la  réduifit  en  cendres  le  31  Juillet  1503,  Se  il 
en  refta  à  peine  fix  ou  fept  maifons  entières  :  on  l'a  re- 
bâtie depuis  avec  foin.  Entre  les  édifices  publics,  l'églife 
de  Notre-Dame  eft  belle  :  fa  tour  carrée  eft  fort  haute, 
&  peut  fervir  de  phare  aux  vaiffeaux  :  fes  voûtes  font 
dignes  d'être  vues  avec  attention  :  il  y  a  un  hôpital 
pour  les  pauvres.  Avant  la  révolution  il  y  avoit  fix  mo- 
nafteres ,  trois  d'hommes  Se  trois  de  femmes.  L'un  des 
premiers  ,  dédié  à  S.  Jean  ,  étoit  affez  beau  Se  hors  de 
la  ville  :  on  le  nommoit  het  Heeren  loo  ;  il  étoit  fitué 
dans  un  agréable  endroit ,  Se  fondé  par  Renauld ,  duc 
de  Gueldre  :  on  l'a  entièrement  rafé.  Les  deux  couvens 
d'hommes  qui  étoient  dans  la  ville,  appartenoient  l'un  aux 
Hieronymites ,  Se  l'autre  aux  Franciscains.  Ce  dernier 
avoit  été  augmenté  par  le  duc  d'Albe  ;  on  le  pilla  lors- 
que la  ville  fut  ptife  en  1572  ;  quelque  tems  après,  le  feu 


prit  à  l'églife  de  ce  couvent ,  Se  la  ruina.  Les  trois  -au- 
tres monafteres  étoient  dédiés  ,  l'un  fous  le  nom  de 
fainte  Agnes  ;  on  y  fuivéit  la  régie  de  S.  Auguftin  :  il 
n'y  avoit  guères  que  des  filles  de  qualité  ;  le  fécond  , 
fous  le  nom  de  fainte  Catherine ,  étoit  fous  la  régie  de 
S.  François  ,  Se  le  troifiéme  étoit  de  fœurs  grifes  ;  ce 
qui  reftede  ces  monafteres ,  eft  employé  à  d'autres  ufa- 
ges.  Les  orphelins  font  dans  une  maifon  bâtie  fur  le 
terrein  qui  étoit  aux  Franciscains  :  la  maifln  des  fbeurs 
grifes  fert  pour  la  monnoie  ;  d'autres  couvens  fervent  à 
la  bibliothèque  publique  Se  à  l'école  :  cette  école  a  été 
fameufe  de  bonne  heure  ;  avant  le  milieu  du  dernier 
fiécîe,  on  l'augmenta  confidërablement  :  on  y  rétablit 
des  profeffeurs  pour  les  langues  ,  pour  la  théologie , 
pour  le  droit;  Se  le  12  d'Avril  1648  ,  elle  prit  poffef- 
fion  du  titre  Se  des  droits  d'une  univerfité  dans  les  for- 
mes. Harderwyk  eft  à  huit  lieues  d'Arnhem.  *Blaeu-> 
Theatr.  urbium  Belg. 

HARECORT,  ou 

HARECURIA.  Voyez  Harcourt  2. 

HARENC  ,  fortereffe  de  Syrie  ,  dans  la  Cafîiotide , 
à  douze  milles  d'Antioche  ,  félon  Guillaume  de  Tyr , 
Se  Matthieu  Paris ,  cités  par  Ortélius ,  Théfaiir. 

HARES  ,  montagne  de  la  Paleftine ,  clans  la  tribu  de 
Dan  ,  où  les  Danites  furent  refferrés  par  les  Amorrhéens. 
Judic.  c.  1,  v.  31;. 

HARETÉ  :  Corneille  nomme  ainfi  une  Contrée  de 
ta  Terre-fainte ,  dans  la  Syrie  ,  dit-il ,  en  latin,  felon  ', 
Harcefta  rtgio  ;  il  ajoute  :  elle  eft  vers  le  Jourdain,  Se 
on  y  compte,  à-peu -près  ,  cinquante  villages  ou  ha- 
meaux que  les  Arabes  habitent.  Il  ne  ci  e  point  fon  au- 
teur :  je  croîs  que  par-là  il  entend  le  même  pays  que 
Philippe  de  la  Rue ,  dans  fa  Carte  de  Sourie  ,  appelle 
ArdeNj  ou  royaume  des  Arabes,  dont  le  roi  a,  dit- 
il  ,  (bus  fon  obéiffance  ce  qui  eft  de  la  Terre-fainte ,  à 
l'orient  du  Jourdain.  Caftai  nomme  Arden  la  Palmyrène", 
comme  nous  le  remarquons  ailleurs. 

HARETH,  forêt  de  la  Paleftine,  où  David  fe  retira 
fuyant  la  perfécution  de  Saùl.  *Reg.  I.  1 ,  c.  12,  v.  5. 

HARFLEUR,  ville  de  France  ,  en  Normandie  , 
pays  de  Caux.  D'anciens  titres  la  nomment  Hare- 
FLOT  Se  Hareflou  ,  comme  nous  le  "remarquons  ail- 
leurs. Voyez  l'article  FLt.UR.  Piganiol  de  la  Force,  Defcr. 
de  la  France,  la  nomme  en  latin  Hareflotum,  Harefiuum, 
Herifloium,  Herijlorium  Se  Autiflorium.  Corneille  dit 
Harjkvium ,  Harofletum  Se  Harflutum  ,  qu'il  explique 
comme  fi  elle  arrêtoit  les  flots  ,  quafi  arcens  jluclus  . 
de  qui  que  ce  ioit  que  vienne  cette  étymologie ,  elle  eft 
puérile.  Harfleur,  felon  des  Mémoires  dreffés  fur  les  lieux, 
en  1704,  eft  fituée  fur  la  Lézarde  ,  à  trois  quarts  de 
lieue  de  Montivilliers  ,  à  deux  du  Havre  ,  à  fix  de  Fes- 
camp,  à  neuf  de  Caudebec  Se  à  feize  de  Rouen.  Cette 
ville  eft  fort  ancienne  ;  Se  quoiqu'elle  ait  été  jusqu'à  la 
fondation  du  Havre,  frontière  maritime  de  France,  on 
ne  lit  dans  aucune  hiftoire ,  ni  en  quelle  année  elle  fut 
bâtie,  ni  qui  en  a  jette  les  premiers  fondemens.  On  la 
trouve  entre  deux  montagnes ,  dont  l'une  eft  à  l'orient, 
Se  l'autre  à  l'occident.  Du  côté  du  midi ,  elle  a  un  ma- 
rias quis'étend  jusqu'à  la  Seine,.  Se  qui  eft  fouvent  inondé 
par  le  reflux  delà  mer,  Se  du  côté  du  feptentrion  la  val- 
lée de  Montivilliers  ,  d'où  viennent  des  vents  qui  ren- 
dent fon  air  affez  fain.  On  y  arrive  de  l'Iflebonne  par 
une  chauffée  qui  a  cinq  ou  fix  lieues  de  longueur  ,  Se 
qu'on  aflure  avoir  été  faite  par  les  ordres  de  Cefar  : 
cette  chauffée  eft  tirée  à  la  ligne  ,  Se  bordée  d'arbres 
des  deux  côtés  en  plufieurs  endroits.  Depuis  le  régne  de 
François  I ,  que  le  Havre  eft  devenu  une  ville  confidé- 
rable,  Harfleur  a  perdu  la  plus  grande  partie  de  fon  luf- 
tre.  Ses  fortifications  extérieures  ont  été  rafées  aufli-bien 
que  fes  murailles ,  Se  fon  port  s'eft  rempli  de  fable.  Son 
commerce  eft  tellement  tombé  ,  que  ce  n'eft  plus  au- 
jourd'hui qu'un  port  à  barques  qu'on  fait  remonter 
avec  fix  ou  huit  pieds  d'eau  du  reflux  de  la  mer  ,  dans 
le  canaljde  la  Lézarde.  Cependant  Harfleur  jouit  encore 
de  fes  anciennes  prérogatives  ,  avec  exemption  de  tailles 
Se  de  gabelles.  Il  y  a  un  lieutenant  de  police,  un  maire, 
trois  échevins  Se  une  maifon  de  ville  ,  fiége  de  juftice 
royal,  Se  grenier  à  fel.  Les  fontaines  y  font  belles  Se 
abondantes,  Se  viennent  d'une  montagne  voifine,  qui  lu: 
commande  entièrement  ;  ce  qui  peut  avoir  caufé  fa  ruine. 
Il  n'y  a  qu'une  feule  paroiffe  ,  appellée  de  S.  Mania  .• 


HAR 


la  nef  de  l'églife ,  qui  eft  une  grande  fabrique  ,  eft  ac- 
compagnée d'un  double  corridor  ;  mais  le  chceur  n'a  ja- 
mais été  voûté  ni  couvert  ;  Se  c'eft  avec  déplaifir  qu'on 
voit  ce  bel  édifice  impartait ,  un  cercle  de  chapelles  au- 
tour du  chceur,  ornées  au-dehors  d'une  baluftrade  Se  de 
jolies  pyramides  de  pierres,  abandonnées  aux  injures  du 
tems.  On  y  remarque  fept  autels  de  face  :  les  vitres  font 
peintes  Se  chargées  d'un  nombre  prodigieux  de  figures 
qui  repréfentent  les  myfteres  du  Sauveur  du  monde  & 
de  la  Vierge ,  la  vie  &  ie  martyre  de  plusieurs  faints.  Le 
clocher  eft  une  pyramide  très-belle  Se  très-haute  portée 
fur  une  tour  ornée  d'une  baluftrade  ,  d'une  galerie  ,  de 
petites  pyramides ,  Se  c'farcsboutans ,  le  tout  de  pierre, 
&e  bien  ouvragé  ,  avec  de  bonnes  cloches  dans  la  ville  ; 
il  y  a  un  couvent  de  Capucins  Se  un  hôpital  ;  &  hors 
de  la  ville ,  eft  une  chapelle  de  fainte  Anne  au  milieu 
du  cimetière  public.  On  a  planté  des  arbres  au  pied  du 
rempart,  Se  des  deux  côtés  du  commencement  du  grand 
canal.  Le  chemin  qui  conduit  à  Montivilliers  ,  eft  à 
demi  à  couvert,  auiïi-bien  que  celui  par  où  l'on  va  a 
Notre-Dame  de  confolation.  Du  haut  des  montagnes 
entre  lesquelles  la  ville  d'Harfleur  eft  fituée  ,  on  décou- 
vre le  Havre ,  la  mer  Se  Honfleur  ,  qui  eft  de  l'autre 
côté  de  la  Seine  ,  large  de  trois  lieues  en  cet  endroit  , 
oc  quelquesfois  fi  irritée  ,  qu'on  ne  peut  la  traverfer 
qu'avec  beaucoup  de  danger.  On  tient  marché  à  Har- 
fleur  tous  les  mercredis  ,  Se  deux  foires  franches  par  an , 
l'une  à  la  S.  Martin  d'été,  &  l'autre  à  la  S.  Martin  d'hiver  : 
on  y  fait  beaucoup  de  dentelles  ;  l'onybraffe  delà  bière, 
Se  l'on  fait  moudre  à  fes  moulins  à  eau  presque  tous  les 
grains  pour  l'ufage  du  Havre  Se  des  lieux  voifins.  Son 
territoire  produit  des  grains ,  des  fruits  &C  des  chanvres , 
Se  l'on  y  blanchit  quantité  de  toiles  fur  le  pré.  Les 
Anglois  prirent  d'aiïaut  Harfleur  en  141  ^  ,  Se  faccagerent 
la  place  un  peu  avant  la  bataille  d'Azincourt. 

HARGA ,  félon  Alting  ,  Nota.  German.  infir.  part.  2, 
p.  28  ,  ancien  nom  d'une  petite  rivière  de  Hollande  entre 
Schiedam  Se  Vlaerdingen.  On  la  nomme  aujourd'hui 
la.vkille.Harc  de.  Oune  ,  Harc.  Theodoric  V,  dans  un 
diplôme  de  l'an  1083  ,  la  nomme  autrement  Turlede; 
&:  Stockius  écrit  DuRLEDE. 

HARGÎAH  ,  port  de  mer  de  l'Arabie  heureufe  ;  Abul- 
féda ,  Descr.  de  l'Arab.  heur.  n.  1 5  dit  :   il  y  a  quelques 
maifons,  la  plupart  fort  petites,  Se  conftruites  avec  de 
la  terre  Se  desrofeaux.  Edrifi  dit  qu'il  y  a  une  journée  de 
chemin  entre  Hargia  Se  Hirdah. 
HARIARTUS.  Voyez  Aliartus. 
HARIM,  petite  ville  de  Syrie.  Il  y  a  un  château  ,  des 
arbres  Se  des  fources.  Il  y  pafle  une  rivière.  Les  grenades 
de  fon  territoire  font  excellentes  Se  fans  pépins.    Cette 
ville  eft  à  deux  journées  d'Alep  ,   Se  à  une  d'Antioche. 
*  Manuscr.  de  la  Bibl.  du  roi. 
HARISTALLIUM.  Voyez  Herstal. 
HARIZA.  Corneille  dit  :  ville  d'Espagne  au  royaume 
d'Aragon  :  elle  eft  fur  la  frontière  de  la  Caftille.  C'eft  le 
bourg  d'ARizA.  Voyez  ce  mot. 

HÂRLAY,  petite  ville  de  France ,  dans  la  Franche- 
Comté  ,  au  bord  de  la  petite  rivière  de  Seille.  *  Bau- 
drand,  édit.  1705. 

HARLEBEC,  bourg  de  la  Flandre  Autrichienne,  dans 
la  châtellenie  de  Courtray ,  fur  la  rivière  du  Lis ,  à  une 
lieue  au-deffous  de  Courtray  en  allant  à  Gand.  Il  y  a  une 


égl.fe 


laudr.  édit. 


70  <;• 


HARLECH  ,  ville  d'Angleterre  ,  dans  la  principauté 
de  Galles  ,  où  elle  eft  la  capitale  de  Mérionetshire.  Cette 
ville  qui  étoit  autrefois  remarquable  pour  fon  magnifique 
château,  eft  à  168  milles  de  Londres.  On  y  tient  mar- 
ché toutes  les  femaines.  *  Etat  pref.  de  la  G.  Bret.  t.  I, 

HARLEM  ,  ville  des  Provinces-Unies  ,  dans  la  Hol- 
lande. Quelques-uns  écrivent  Haarlem.  L'ancien  nom 
eft  Haralhem  ,  que  l'on  dérive  de  ce  qu'elle  eft  fituée 
dans  un  terrein  plus  fec  Se  moins  aquatique  que  la  plu- 
part des  villes  de  Hollande.  On  ne  fait  ni  quand  ni  par 
qui  elle  fut  commencée.  La  plus  ancienne  trace  que  l'on 
en  trouve  ,  eft  dans  un  ancien  inventaire  des  biens  de  l'é- 
glife d'Utrecht  que  l'on  croit  être  du  onzième  fiécle.  Mais 
on  n'eft  pas  bien  fur  qu'il  s'y  agiffe  de  cette  ville.  I!  y  a  voit 
autrefois  un  château  fortifié  Se  un  bailliage  affez  ancien 
qui  portoient  ce  nom  ,  mais  ils  l'ont  laifié  à  la  ville.  Stoc- 
kius rapporte  fur  debons  titres,  que  du  tems  de  Thierri  VI, 


HAR  29S 

en  iif5,  elle  étoit  déjà  bien  peuplée,  affez  puiffante,  Se 
affez  fortifiée  ,  Se  fur-tout  très-fidele  à  fon  prince.  Il  eft 
certain  que  les  bourgeois  de  Harlem  accompagnèrent 
Guillaume  I,  qui  partoit  pour  la  Terre-fainte ,  en  1217. 
L'empereur  Guillaume  ,  par  un  diplôme  du  23  Novem- 
bre 1245  ,  reconnoît  le  courage  Se  la  fidélité  des  Harle- 
mois  ,  Se  leur  accorde  plufieurs  immunités  Se  franchifes. 
Jean  I,  qui  rut  le  dernier  comte  de  la  race  de  Frife  ,  la 
choifit  pour  y  paffer  les  reftes  d'une  vie  languiffante  ,  5c 
pour  y  avoir  fa  fépulture.  Il  y  mourut  en  1299.  Harlem 
eft  dans  le  territoire  des  Marfatiens ,  ancien  peuple,  dont 
le  pays  deKENNEMERLAND  a  pris  fon  nom.  Elle  a  été 
la  capitale  de  ce  pays ,  qui  eft  partagé  entre  plufieurs  vil- 
les ;  fa  partie  occidentale  eft  toujours  de  la  jurisdi&ion 
de  Harlem.  Autrefois  la  ville  étoit  feulement  au  bord 
méridional  de  la  Spare ,  rivière  qui  fe  jette  dans  l'Ye  à 
Sparendam.  On  a  des  lettres  de  1 390,  qui  marquent  que 
la  Spare ,  {Sparnam^)  couloit  auprès  de  la  ville  ;  ce  fut 
vers  l'an  1400,  qu'on  étendit  Harlem  au-delà  de  cette 
rivière  qui  la  traverfe  à  préfent.  *  Alting,  Notit.  German. 
infer.  part.  2,  p.%\. 

En  1249 ,  on  amena  du  Levant  en  Europe  les  religieux 
de  Notre-Dame  de  Mont-Carmel ,  que  Blaeu  ,  dans  fon 
Théatredes  villes  des  Pays-bas,  prend  pour  une  mon- 
tagne d'Egypte.  CarmelutB  etiam  à  Carmelo  jSgypti. 
monte  è  quo  progrejfî funt ,  dicîi ;  on  les  établit  de  bonne 
heure  à  Harlem  ;  Se  Simon  de  Harlem  leur  fit  préfent 
d'une  maifon  Se  de  grands  biens.  Il  mourut  en  1280,  &C 
fut  enterré  dans  leur  chapelle  devant  le  grand  autel.  L'an 
1287,  Florent  V,  fils  de  l'empereur  Guillaume ,  donna 
aux  Dominicains  dans  la  ville  de  Harlem  un  fonds ,  une 
maifon  Se  une  rente  annuelle.  En  13 10,  les  chevaliers  de 
l'hôpital  de  S.  Jean  de  Jerufalem  furent  reçus  à  Harlem  ; 
Se  lesTemp  iers  qui  étoient  auparavant  dans  le  fauxbourg, 
fe  transportèrent  à  l'églife  de  S.  Jean  qui  eft  dans  la  ville, 
Se  lui  donnèrent  tous  leurs  biens.  En  1347,  la  ville  fut 
entièrement  brûlée  ;  quatorze  perfonnes  périrent  dans 
les  flammes.  Elle  commençoit  à  fe  rétablir  en  13^1, quand 
un  fécond  incendie  en  confirma  la  moine.  On  la  rebâtit 
bien  promptement  ,  puisqu'en  1400,  l'ancienne  enceinte 
fe  trouvant  trop  petite  ,  on  fut  obligé  de  l'aggrandir  au- 
delà  de  la  rivière. 

Ce  fut  environ  vingt  ans  après  cette  époque,  que  Lau- 
rent Cofter,  bourgeois  de  Harlem  ,  inventa  l'imprime- 
rie. Quelques-uns  retardent  cette  découverte  de  dix  ans 
ou  même  de  vingt.  Se  la  mettent  en  1430  ou  40;  mais 
cela  ne  fe  peut;  car  Rabbi  Jofeph,  dans  fa  Chronique, 
dit  que  le  plus  ancien  livre  fut  imprimé  à  Venife  ,  l'an 
Judaïque  5188  ,  qui  revient  à  l'an  1428  de  l'ère  vul- 
gaire; Se  l'on  convient  que  Harlem  eut  le  fecret  de  l'im- 
primerie avant  Venife.  Je  fais  que  Mayence  dispute  cet 
honneur  à  Harlem.  Ce  n'eft  pas  ici  le  lieu  de  discuter  ce 
procès.  On  eft  fi  perluadé  à  Harlem  ,  que  Laurent  Cof- 
ter eft  l'inventeur  de  cet  art,  qu'on  a  mis  fur  la  porte  de 
fa  maifon,  qui  eft  au  milieu  de  la  ville,  cette  infeription: 

Mémorise  Sacrum 

Typographia 

Ars  artium  optima 

conservatrix 

HlC    PRIMUM    INVENTA 
ClRCA  ANNUM  MCCCCXL. 

Un  particulier  érigea  une  ftatue  publique  en  l'honneuï 
de  Cofter,  avec  ces  mots  fur  le  piedeftal  : 

M.  S. 

VlRO   CONSULARI. 

Laurentio  Costero. 

Harlemensi 

Alteri.  Cadmo.  et  Artis.  Typographice. 

clrca.  annum.  domini.  m.  ccccxxx. 

Inventori.  Primo. 

Bene.  de.  litteris.  ac.  toto.  orbe.  Merito, 

Hanç 

Q.  L.  G   Q. 

Statuam.  quia.  AREAM.  non.  habuit. 

Pro  monume:-to  posoit 

Civis  Gratissimus. 

Je  crois  que  Laurent  Cofter  inventa  l'art  de  graver- 


î96  HAR 

les  lettres  fur  leboïs ,  &  qu'en  même  tems,  ou  peu  après, 
Jean  Faufte  de  Mayence  inventa  les  caractères  de  métal , 
dont  on  fe  fert  préfentement  ;  ainfî  ces  deux  villes  au- 
ront également  la  gloire  de  l'invention.  Harlem  aura 
trouvé  &  ébauché  l'imprimerie ,  Mayence  l'aura  rendue 
plus  commode  &  plus  généralement  utile. 

Albert  de  Bavière  fit  bâtir,  en  1471,  l'églife  de  S.  Ba- 
von  ;  mais  il  n'eft  pas  vrai ,  comme  Blaeu  le  dit  dans 
l'ouvrage  cité ,  qu'elle  ait  pu  être  folemnellement  consa- 
crée par  le  pape  Boniface  IX,  puisque  ce  pontife  étoit 
mort  dès  l'an  1404,  foixante-huit  ans  avant  la  fondation 
de.  cette  églife.  Elle  eft  au  marché.  C'eft  un  grand 
morceau  d  architecture.  Elle  devint  cathédrale, en  1559, 
fous  le  pontificat  de  Paul  IV,  qui  érigea  Harlem  en  évê- 
ché.  La  bulle  d'éreftion  afïigne  à  ce  diocèfe  douze  vil- 
les ou  bourg? ,  &tous  les  villages  compris  dans  cet  espace. 
La  ville  de  Harlem  a  eu  jplufieurs  hommes  célèbres 
dans  les  fciences  ,  la  plupart  eccléfiaftiques  &  théolo- 
giens ;  les  bourgeois  s'appliquoient  beaucoup  autrefois 
aux  manufactures  de  laine  ;  mais  ce  commerce  a  paffé 
àLeyden,  &  les  Harlemois  s'appliquent  davantage  aux 
toiles.  Celles  qu'ils  pi  éparent,font  d'une  blancheur  éblouif- 
fante,  &  fe  transportent  beaucoup  dans  les  pays  étran- 
gers. La  ville  eft  grande  &  peuplée  ;  mais  elle  ne  paroît 
pas  affez  remplie  d'habitans,  lorsque  l'on  vient  d'Amfter- 
<km  ,  &  que  l'on  compare  le  fracas  de  cette  ville  avec 
la  tranquillité  de  l'autre.  La  Spare  &  le  vieux  canal  mar- 
quent l'ancienne  enceinte  ;  tout  ce  qui  eft  à  l'entour  jus- 
qu'à la  muraille,  a  été  ajouté  vers  le  commencement  du 
quinzième  fiécle.  L'an  1587,  la  ville  fut  en  partie  con- 
fumée  par  le  feu.  L'églife  de  S.  Gangoul ,  l'hôpital  de 
iainte  Elizabeth  ,  le  couvent  des  fceurs  de  l'ordre  de 
S.  François  ,  le  jardin  de  S.  Martin  Se  quelques  autres 
lieux,  furent  réduits  en  cendres.  Ce  fut,  en  1577,  que 
les  Harlemois,  laffés  des  mauvais  traitemens  qu'ils  rece- 
voient  des  gouverneurs  Espagnols,  fe  donnèrent  de  nou- 
veau au  prince  d'Orange. 

Au  dehors  de  la  ville  eft  un  bois  fort  agréable  qui  fert 
de  promenade  à  ceux  d'Amfterdam ,  aufli-bièn  qu'à  ceux 
de  Harlem.  C'eft  dans  ce  bois  que  Laurent  Cofter  imagina 
les  premiers  effais  de  l'imprimerie  ;  &  Florent  V,  comte 
de  Hollande ,  y  fit  bâtir  une  maifon  de  plaifance  ,  qu'il 
nomma  VoGELSANG  ,  c'eft-à-dire  ,  le  ramage  ou  /* 
chanedes  oifeaux  ;  ilvenoityjouir  d'une  agréable  folitude 
&  fe  délaffer  des  foins  &  des  embarras  attachés  à  la 
grandeur. 

La  Mer  de  HARLEM  :  on  appelle  ainfi  une  inon- 
dation entre  la  ville  de  Harlem ,  dont  ellaporte  le  nom  , 
&  celles  d'Amfterdam  &  deLeyden.  Elle  fe  forme  du 
concours  de  plufieurs  ruifleaux  avec  la  mer  qui  y  en- 
tre par  l'Ye  avec  lequel  elle  à  communication  au  moyen 
d'une  éclufe  de  forte  maçonnerie.  Quoique  cette  mer 
foit  commune  à-  ces  trois  villes ,  cependant  elle  n'en 
approche  que  par  le  moyen  de  divers  canaux  qui  abou- 
tiflènt  à  quelqu'un  de  fes  golfes.  Dans  fa  partie  orien- 
tale eft  un  enfoncement  long  Se  étroit,  appelle  de  Nieuwe- 
Meer,  qui  ,  par  un  canal  nommé  leSckinckel,  aboutit 
au  lieu  d'Overtoom ,  où  commence  le  plus  beau  faux- 
bourg  dAmfterdam.  Par  le  moyen  d'une  roue  &  des 
rouleaux ,  on  fait  entrer  les  barques  toutes  chargées  dans 
ce  canal ,  qui  va  jusques  dans  les  rues  d'Amfterdam.  Au 
nord  eft  un  autre  golfe,  nommé  le  Spiering-Meer ,  à 
l'extrémité  duquel  eft  une  éclufe  qui  s'ouvre  &  fe  ferme 
par  le  poids  des  eaux  qui  la  preffent.  Comme  ce  lieu 
eft  à-peu-près  à  moitié  chemin  de  Harlem  &  d'Am- 
fterdam ,  on  y  a  bâti  un  château  nommé  Swanenbourg. 
Il  appartient  en  commun  aux  feigneurs  de  la  régence. 
Cette  éclufe  étant  accompagnée  d'une  forte  digue  de  ma- 
çonnerie, arrête  les  barques  par  lesquelles  on  va  de  Har- 
lem à  Amfterdam  :  on  en  prend  d'autres  de  l'autre  côté 
de  la  ville.  Cette  éclufe ,  dont  nous  venons  de  parler  , 
eft  la  communication  de  la  mer  de  Harlem  avec  l'Ye , 
autre  mer  formée  par  le  mélange  des  eaux  du  Zuider- 
Zée  &  de  la  rivière  de  l'Ye.  Les  barques ,  qui  paffent 
de  ITe  dans  la  mer  de  Harlem ,  vont  chercher  1  e- 
clufe  qui  eft  à  l'embouchure  de  la  Spare ,  où  eftle  vil- 
lage deSparendam  ,  &,par  une  coupure  ménagée,  en- 
trent de-là  dans  la  mer  de  Harlem ,  fans  aller  jusqu'à 
la  ville  qui  communique  elle-même  à  cette  mer  par 
d'autres  canaux  ,  dont  le  plus  remarquable  eft  à  Hem- 
fkede,  La  partie  de  la  mer  de  Harlem,  qui  eft  au  fud- 


HAR 


oueft ,  coi  nunique  au  Rhin  par  divers  canaux ,  dort 
un  fert  à  u  induire  les  barques  qui  viennent  de  Harlem 
ou  d'Amf?  [dam.  Comme  le  terrein  eft  très  -  précieux 
en  Hollart-î,  &  que  cette  mer  en  occupe  beaucoup, 
on  a  fong-,  i  à  la  deffécher  ;  ce  qui  feroit  facile  :  plu- 
fieurs par-,  iailiers  ont  offert  d'en  faire  les  frais  ,  fi  on 
vouloit  leuir  ibandonner  la  propriété  de  ce  terrein  ;  mais 
des  intérêts  oppofés  en  ont  empêché  l'exécution.  Elle 
fert  de  décharge ,  lorsque  les  vents  du  nord  pouffent 
avec  impétuofité  les  eaux  de  la  mer  d'Allemagne  dans 
le  Zuider-Zéee ,  &  de-là  dans  ITe ,  d'où  ces  eaux  pou- 
vant s'échapper  dans  la  mer  de  Harlem,  ont  un  grand 
efpace  pour  s'étendre  ;  au  lieu  que  fi  ,  par  le  defféche- 
ment  de  cette  mer ,  elles  étoient  refterrées  au  baffin  de 
l'Ye ,  la  ville  d'Amfterdam  feroit  en  risque  d'être  inon- 
dée,  lorsque  les  vents  aident  à  groffir  les  hautes  marées. 
D'ailleurs  la  mer  de  Harlem  fournit  du  poiffon ,  la  com- 
modité de  la  navigation ,  &  plufieurs  autres  avantages 
aux  villages  qui  font  fitués  à  l'entour  ;  comment  les  dé- 
dommager d'une  firuation  qui  fait  la  fubfiftance  des  ha- 
bitans  ?  &  enfin  cette  mer  eft  fur  divers  territoires , 
dont  les  intérêts  n'étant  pas  les  mêmes  ,  il  ne  feroit  pas 
facile  de  les  accorder.  Il  y  a  au  moins  trois  fiécles  que 
cette  mer  étoit  un  pays  cultivé,  où  l'on  trouvoit  plu- 
fieurs bons  villages. 

HARLEPOLE,  ou  plutôt  Hartlepole  ,  bourg 
d'Angleterre ,  dans  la  province  de  Durham.  Il  eft  fitué 
fur  une  langue  de  terre  qui  avance  dans  la  mer ,  dont 
il  eft  tout  environné ,  excepté  du  côté  de  l'oueft.  Bau- 
drand  le  meta  quatre-vingt-fept  milles  de  Londres.  *  Bau- 
drand,  Maty  &  Corn.  Etat  pref.  de  la  G.  Bret.  1. 1 ,  p.  61 . 
HARLIÎnGEN,  ville  maritime  des  Provinces-Unies , 
dans  la  Frife ,  dont  elle  eft  ,  après  Leuwarde ,  la  plus 
grande,  la  plus  peuplée  &  la  plus  riche.  Ce  n'étoit 
anciennement  qu'un  petit  hameau ,  fitué  entre  deux  mai- 
fons  de  briques ,  qui  appartenoient  à  deux  gentilshom- 
mes ,  &  dont  l'un  s'appelloit  Harlïga  &c  l'autre  Harnsi 
De-là  vint  qu'on  ne  favoit  quel  nom  donner  à  ce  vil- 
lage ,  de  l'une  ou  de  l'autre  de  ces  deux  maifons.  Mais 
îa  maifon  de  Harliga  ayant  été  rafée  par  les  moines  de 
Ludingkerke,  &  le  village  s'étant  étendu  fur  les  ruines 
de  cette  maifon ,  le  nom  de  Harliga  prévalut.  La  mer 
rongeant  peu-à-peu  le  rivage,  couvrit  une  partie  du  ter- 
ritoire ,  &  même  quelques  maifons  de  ce  village  ;  on  en 
rebâtit  d'autres  plus  à  l'orient  &  plus  loin  de  la  mer  : 
ainfi  le  village  de  Harlingen  s'approcha  de  celui  SAlmen  , 
&  fut  fous  la  jurisdi&ion  de  Franecker.  Il  s'accrut  avec 
le  tems,  fit  devint  fi  confiderable,  qu'il  acquit  les  droits 
de  ville,  quoiqu'il  n'eût  point  encore  de  murailles.  On 
ne  fait  au  jufte  le  tems  où  il  commença  d'être  enfermé  ; 
on  fait  feulement  que  cette  ville  fut  fortifiée,  en  1496 ,  par 
les  habitans  de  Groningue  ,  qui  y  bâtirent  au  midi  une 
citadelle  qu'ils  entourèrent  d'un  mur  de  briques  &  d'un 
bon  fofîe.  Trois  ans  après  ,|  Albert  de  Saxe  y  aborda 
en  venant  de  Hollande ,  débarqua  en  cet  endroit ,  6c 
l'année  fuivante  y  fit  bâtir  en  fon  abfence ,  fous  les  or- 
dres de  fon  fils  ,  une  autre  citadelle  beaucoup  plus  forte 
&  plus  grande ,  au  bord  de  la  mer  ;  ci  on  la  nomma 
lafortereffe  ou  le  Château ,  cajlellum.  Elle  fervoit  à  te- 
nir la  ville  dans  le  refpeft  ,  beaucoup  plus  qu'à  la  défen- 
dre. On  y  ajouta  de  tems  en  tems  divers  ouvrages  ; 
&  elle  dura  aufli  long-tems  que  le  gouvernement  des 
princes  ;  mais  lors  de  la  révolution ,  le  peuple  s'en  Li- 
fo &  la  détruifit.  Les  fortifications  autour  de  la  ville 
ne  font  pas  fi  anciennes  à  beaucoup  près  ,  quoiqu'on 
ignore  en  quelle  année  on  les  a  faites.  Cette  ville  reçut 
un  accroiffement  confiderable,  en  1543  ,  &  encore  un 
autre,  en  1579,  Se  l'année  fuivante  par  les  foins  de 
Guillaume ,  prince  d'Orange ,  qui  vouloit  faire  de  cette 
place  une  bonne  ville  marchande  de  la  Frife  ,  &  s'en 
fèrvir  comme  d'un  lieu  entre  cette  province  &C  celle 
de  Hollande  ,  pour  le  transport  des  troupes  &  des  con- 
vois. On  fit  un  grand  boulevard  de  terre ,  avec  un  fofïé 
large  &  profond,  &  on  y  enferma  tout  le  village  d'Al- 
men,  dont  nous  avons  dit  que  Harlingue  s'étoit  ap- 
prochée. Le  commerce  s'augmentant  de  plus  en  plus  , 
la  ville  s'accrut  de  nouveau  ;  on  en  augmenta  l'enceinte, 
en  1597,  &c  on  en  rendit  le  port  plus  commode.  La 
ville ,  dans  fon  état  préfent ,  eft  une  espèce  de  carré 
imparfait  ;  elle  eft  un  peu  plus  grande  que  Leuvarde , 
6j  eft  flanquée  de  cinq  grands  battions  j  le  terrein  d'a- 
lentour 


HAK 


HAR 


lentour  peut  être  inondé ,  par  le  moyen  des  eclufes. 
Du  refte  le  terroir  en  eft  bon  ,  fertile  en  pâturages  &C 
en  bleds  :  le  territoire  a  de  beaux  villages ,  &  eft  dé- 
fendu contre  les  ravages  de  la  mer,  par  de  bonnes  digues, 
au  nord  &:  au  midi ,  entrecoupé  de  ruiffeaux  qui  en- 
trent dans  la  ville.  Ces  ruifleaux  font  ménagés  de  ma- 
nière qu'ils  font  couverts  de  barques ,  de  voitures  &  de 


*97 


c'eft  YÂrmaciica  dé  Ptrolomée  dans  lequel  il  faut  peut- 
être  lire  ' kfjjAsha.  au  lieu  de 'AppxKW.a. ,  comme  le  con« 
je&ure  très-bien  le  P.  Hardouin. 

HARMATE ,  dans  la  Troade.   Voyez  Harmatus. 

HARMATELIA,  ville  des  Indes.  Diodore  de  Sicile, 
/.  17,  c.  101,  en  parle,  &  dit  que  c'étoit  la  dernière 

lie  des  Brachmanes ,  &  qu'Alexandre  la  prit  après  ua 


bateaux  qui  apportent  à  Harlingue  les  denrées  des  en-     fiége  où  il  eut  beaucoup  de  peine  à  la  réduire. 


virons.  Le  port  en  eft  beau  &  commode  ;  mais  1  en- 
trée en  eft  embarraflee  par  un  affez  grand  banc ,  qui  ne 
permet  aux  gros  navires  d'y  entrer,  qu'après  avoir 
été  déchargés.  Il  y  a  quatre  grandes  portes  ,  favoir 
Zuider-poort  ,oula  porte  du  midi ,  Sneektr-poort,  Fra- 
necker  - poort  &  BÙdpoort  ;  près  du  canal  des  barques 
de  Franecker  eft  une  cinquième  porte,  mais  plus  petite 
que  ks  autres.   Il  n'y  a  qu'une  églife^  bâtie  au  lieu  "" 


HARMATOTROPHI,  ancien  peuple  de  la  Scythie  ; 
Pline,  /.  6,  c.  16,  les  nomme  avec  les  Ochanï,  les 
Ckomarï ,  les  Berdiigsi ,  &  quantité  d'autres  peuples 
au-delà  de  la  Margiane. 

HAPvMA  i  US ,  ancienne  ville  de  l'Ane  mineure ,  vis- 
à-vis  deMethyme,  dans  le  continent,  félon  Thucydide, 
/.  8.  C'eft  de-là  que  prennent  leur  nom  les  Harmato- 
polhtzAe.  Pline,  /.  5  ,  c.  30.  Mais  au  lieu  de  ce  mot,  le 


étoit  le  village    d'Almen.    La  ville  eft  gouvernée   par     P.  Hardouin  met  KERMOeAPELlT^:.  Voyez  ce  mot. 


fénat  de  huit  bourg-meltres.  A  la  fin  de  chaque  an- 
née, ils  choififlent  un  pareil  eombte  de  citoyens ,  &  en 
envoient  les  noms  à  Leuwarde  ;  enfuite  la  cour,  tant  en 
fon  nom  qu'en  celui  du  Stadhouder ,  envoie  à  Harlingen 
tin  député ,  pour  informer  fur'  le  mérite  6c  la  capacité 
des  huit  élus ,  &  à  fon  retour  on  choilît  entre  les  feize 
propofés ,  huit  bourg-meftres  pour  l'année  fuivante ,  foit 
des  anciens -,  foit  des  nouveaux  ;  car  cela  eft  libre  ;  &C 
il  arrive  quelquefois  qu'on  en  laifle  quatre  anciens , 
&  qu'on  en  met  quatre  nouveaux  ,  quelquefois  plus  , 
quelquefois  moins  ,  ou  que  l'on  les  change  tous  ^  ou 
que  tous  font  continués  ;  après  cela ,  celui  qui  étoit 
venu  faire  les  informations  ,  vient  recevoir  le  ferment 
du  nouveau  magiftr3t  ,  &:  l'inftalle  dans  l'exercice  defes 
fonctions.  Hors  de  la  ville  font  des  moulins  à  planches  & 
à  papier  ,  &  des  fours  à  chaux ,  à  tuiles  &C  à  briques. 
*  Blaeu  Theat.  Urb.  Belg.  ex  Ubbom  Emmio. 

HARLOV,  bourg  d'Angleterre,  dans  la  province 
d'Effex.  On  y  tient  marché  public.  *  Etat  prifent  de  la, 
G.  Bru.  t.  1. 

HARLSTON  ,  bourg  d'Angleterre  ,  dans  la  province 
de  Nortfolck.  On  y  tient  marché  public.  *  Etat  prifint 
de  la  G.  Brel.  t.l. 

1.  HARMA,  Horma,  ou  Chorma,  ville  de  la 
Paleftine.  Elle  étoit  de  la  tribu  de  Juda  ,  félon  Jofui , 
c.  i1)  ,  v.  3  ,  &  c.  19  ,  v.  4  ,  &  fut  enfuite  cédée  à  celle 
de  Siméon.  C'eft  la  même, dit  D.  Calmet ,  ou  le  même 
lieu  à  qui  les  Hébreux  donnèrent  le  nom  de  Horma  , 
c'eft- à-dire  anathême ,  après  avoir  vaincu  le  roi  d'Arad, 
{  Nunur.  c.  21  ,  v.  3.)  Voyez  HoRMA.  Elle  eft  nom- 
méeArama,  au  premier  Livre  des  Rois  c.  30,  v.  30;  & 
elle  s'appelloit  Sephaath,  avant  que  les  Israélites  lui  euffent 
■donné  !e  nom  de  Horma,  ou  Harma. 


HARMENE  ,  lieu  maritime  de  la  Paphlagorrie ,  fur 
la  côte  méridionale  de  la  mer  Noire ,  à  une  lieue  & 
demie  de  Sinope  ,  félon  Xenophon ,  Retraite  des  dix 
mille ,  1.  6 ,  c.  1. 

HARMESIA.   Voyez  HerMeSïA. 
HARMI ,   ancien  peuple  de  la  Germanie ,  félon  Pro- 
cope,  Goth.l.T..  Ortélius  conjecture  qu'ils  étoient  quel», 
que  part  vers  la  Saxe. 

HARMONISE  Monumentum.  Voyez  Cylices. 
HARMOZICA.  Voyez  Osica. 
HARMUSIA.   Voyez  Armuzaw 
HARMUZ.  Voyez  Ormus. 

HARNDAL,  petite  contrée  de  Suéde  ,  aux  confins 
de  la  Norvège  ,  dans  les  montagnes  de  Darrafield.  Cette 
vallée  a  été  cédée  à  la  Suéde  par  le  traité  de  Brons- 
broo  ,  avec  le  Jempterland  auquel  elle  confine  ;  il  n'y 
a  ni  ville  ni  bourg,  mais  feulement  des  villages.  *Baudr. 
éd.  1705. 

HARNLAND.  Voyez  Harrié. 
HARNSTEIN.  Voyez  Alison, 
HARO,  ville  dïspagne,  dans  la  vieille  Caftille,  au" 
bord  de  l'Ebre.  Jaillot ,  dans  fa  grande  Carte  d'Espagne, 
la  met  au  -  deffous  &  à  l'orient  de  Miranda  ;  mais  Ro- 
drigue Mendez  Silva,  Poblacion  geher.  de  Espana,fol.  54. 
la  met  à  trois  lieues  de  Nagera;  ce  qui  change  la  fitua- 
tion.  Son  territoire  produit  des  grains,  du  vin,  du  jar- 
dinage :  on  y  a  la  pêche  &:  la  chaflfe.  Les  murailles 
en  font  bonnes ,  renferment  fix  cents  familles  bourgeoi- 
fes  Ôt  quelque  nobleffe  ;  trois  paroiffes  Se  un  couvent 
de  religieux  de  l'ordre  de  S.  Auguftin.  On  y  tient  mar- 
ché chaque  femaine.  Elle  doit  fa  première  fondation  , 
en  900,  à  Fernand  Laynez,  fils  aine  de  Laincalvo  Juez 
de  Caftille.    Elle  dépérit  avec  le  tems ,   &  fut  rebâtie 


HARMA.  Corneille  dit  :  Stephanus  fait  mention  en  1 168  ,  ou  trois  ans  auparavant,  par  D.  Lope  Diaz 

d'une  autre  Harma  dans  la  Béotie  ;   ce  lieu ,  pourfuit-  de  Haro  ,  l'un  des  feigneurs  de  Biscaye ,  qui  lui  donna 

il  ,  étoit  environné  de  colomnes ,  &  fut  dans  une  telle  fon  nom.   On  ne  fait  comment  on  l'appelloit  aupara- 

malédiftion  depuis  que  la  terre  y  eut  englouti  le  devin  Vant.    Mariana  qui  le  fait  fondateur  de  cette  ville  ,  fe 

Amphiaraiis,  qu'on  tient  qu'on  n'envoyoit jamais  ap-  trompe  :  Garibay  &T.  Navarre  difent  qu'il  ne  lui  donna 


f  rocher  ni  oifeau  ni  bête.  Corneille  n'a  point  lu  cela  dans 
tephanus.  Cet  auteur  ,  que  j'appelle  Etienne  le  Géo~ 
graphe ,  dit  :  Harma  ,  ville  de  Béotie  ,  dans  le  terri- 
toire de  Tanagre ,  félon  Paufanias  ,  /.  Ix. ■  elle  prend 
fon  nom  de  "Ap^a-rof ,  c'eft-à-dire ,  du  chariot,  d'Am- 
phiaraiis  ;  car  on  dit  que  s'y  étant  rendu  en  chariot  il  y 
trouva  un  afyle  ,  &c  ne  fut  point  rendu  à  fes  perfécu- 
teurs  par  les  habitans.  Cet  auteur  fournit  une  troifiéme 
Ha 


3.  HARMA  ,  ville  de  Grèce,  dans  l'Attique ,  proche 
dePhyle,  vers  les  frontières  de  la  Béotie.  Elle  étoit  ac- 
compagnée d'une  forferefle  fur  un  lieu  élevé  ,  femblable     lans  hommes  de  V 


pas  fon  nom  ,  mais  qu'il  prit  celui  de  la  ville  qui  pafla 
à  fes  de'scendans.  Ils  mettent  cette  augmentation  qu'il 
fit  à  la  ville,  en  la  rebâtiffant,  à  l'année  11 40.  Sandoval 
penche  à  croire  que  ce  fut  D.  Diegue  Lopez  le  Blanc, 
en  1115.  Chacun,  dit  Rodrigue  Mendez ,  peut  fuivre 
l'opinion  qui  lui  plaira  le  plus.  Elle  eft  le  chef-lieu  d'un 
comté ,  érigé  par  le  roi  D.  Juan  II ,  en  faveur  de  D.  Pe- 
dre  Fernandez  de  Velasco  ,  tige  des  connétables  de 
Caftille ,  en  la  maifon  desquels  elle  eft  demeurée. 


HAROD  Q ,  ancien  lieu  de  la  Paleftine.   C'eft  le 
lieu  de  la  naiffance  de  Semma  îk  d'Hclica ,  deux  vail- 


de  David   (b).  Dans  un  autre 


à  celle  de  Béotie ,  qui  portoit   le  même  nom   proche     endroit  (c)  Semma  eft  furnommé  Ararite;  &  dans  les 
de  Tanagre.    On  l'appelloit  aufli   les  bains  d'Amphia-     Paralipomenes  (d) ,  Semma  Arorites  ;  &:  dans  le  même 


rails.  Voilà  ,  pourfuit  Spon  ,  à  l'endroit  cite ,  ce  que 
Stephanus  en  dit  au  mot  afma.  J'ai  été  furpris  ,  ajoûte- 
t-il ,  que  Meurfius  n'ait  pas  pris  garde  à  ce  partage  ,  où 
Stephanus  donne  précifément  le  titre  de  peuple  d'Atti- 
que  à  ce  lieu ,  quoiqu'il  ne  marque  point  fa  tribu  èVJ  ^ 
ths-  'Att-'v-nî  *Affia,  &c.  Strabon,  /.  7,  en  fait  auffi  men- 
tion, en  parlant  del'Harma  de  Béotie.  *Spon,  Lifte  de 
l'Attique,  p.  318.- 


ivre,  Sammoth  de  Je^er.  *  (a)  D.  Calmet,  D\&.  (b)  Rcg. 
I.2,  c.23,  V.lf.  OR'!-  l.I,C.23,V.H.  (d)l.,, 
c.  1 1 ,  v.  27  ;  &  c.  27  ,  v.  8. 

HAROSETH  des  Gentils  ,  ville  de  la  Paleftine, 
fur  le  lac  de  Semechon,  lieu  de  la  demeure  de  Sifara, 
général  des  troupes  de  Jabin,  roi  de  Hazor ,  Judic.  c.  4» 

17-  2. 

HAROUC,  château  de  Turquie ,  dans  la  Natolie, 


HÂRMÀLÀ,  viltecPAue,  fur  le  Méandre,  félon  Ni-     Près  deSebafte.  Il  fut  pris  &  faccagé  parles  troupes  de  Tij 
cetas,  cité  par  Ortélius,    Thefaur.  mur-Bec.  *Hiff.  de  Tunur-Bcc,  1.  5 ,   c.  55. 

HARMASTIS ,  ville  d'Ane,  dans  l'Iberie ,  félon  Pline  :        HARPADKJM.  Voyez  Hirpinum. 

P  p     Tome  III, 


2<?8 


HAR 


HAR 


HARPAGIA,ou  Harpagium,  lieu  de  l'Afie  mineure,' 
aux  environs  de  Cyzique.  Etienne  le  Géographe  dit 
que  ce  fut  dans  cet  endroit  que  Ganymede  fut  enlevé , 
&  rapporte  cela  comme  une  tradition.    *«« ,  on  dit. 

KARPAGUS.   Voyez  Harpasus  2. 

HARPALYCIA  ,  ville  d'Afie,  dans  la  Phrygie,  fé- 
lon le  même ,  qui  en  attribue  la  fondation  aux  habitans 
de  Gordiu  Teichos. 

HARPASA  ,  ancienne  ville  d'Afie,  dans  la  Carie, 
félon  le  même ,  qui  dit  qu'elle  prenoit  fon  nom  de  la 
rivière  nommée  Harpafus.  Pline , ' ./.  5 ,  c.  29,  dit  :  Har- 
pafa ,  fur  la  rivière  de  Harpafus ,  qui  arrofoit  auffi  la 
ville  de  Trallicon,  lorsque  cette  ville  fubfiftoit.  Elle 
eft  épiscopale.  Phanias,,  fon  évêque,  fouscrivit  au  con- 
cile d'Ephèfe ,   tenu  l'an  431. 

HARPASOU.  Voyez  Arpa-Sou  &  Harpasus  2. 

1.  HARPASUS,  rivière  d'Afie,  dans  la  Carie.  Les 
villes  de  Trallicon  &  d'Harpafa  étoient  fur  fes  bords , 
&  elle  tombe  dans  le  Méandre.  Tite-Live,  /.  38,  c.  13, 
en  parle  ainfi  :  le  conful  étant  parti  d'Ephèfe  pour  fe 
rendre  à  Magnéfie ,  rencontra  Attale.  .  .  .  Après  avoir 
loué  ce  jeune  homme  ,  il  marcha  vers  le  Méandre,  & 

campa Ayant  parlé  ce  fleuve ...  on  vint  le 

deuxième  jour  de  marche  camper  auprès  de  la  rivière 
d'Harpafus. 

2.  HARPASUS ,  rivière  de  l'Afie  mineure ,  entre  le 
pays  des  Calybes  &  celui  des  Scythoniens  qu'elle  di- 
vifoit.  Xenophon,  Retraite  des  dix  mille,  /.  4,  c  6, 
lui  donne  quatre  cents  pieds  de  large  à  l'endroit  où  les 
dix  milles  Grecs  la  traverferent  à  leur  retour  de  l'ex- 
pédition de  Cyrus.  C'eft  YHarpagus  de  Diodore  de  Si- 
cile ,  /.  14. 

HARPESSUS  ou  Arpessus,  rivière  de  Thrace.  Elle 
4e  perd  dans  l'Hebre  ,  félon  Appien  ,  Civil.  1.  4. 

HARPINNA,  ville  du  Peloponnèfe ,  dans  l'Elide ,  fé- 
lon Paufanias,  /.  6 ,  c.  21.  Elle  étoit  au  bord  d'une 
rivière  qui  en  prenoit  le  nom  de  Harpinnates.  Elle  ne 
fubfiftoit  plus  ,  &  il  n'en  reftoit  que  des  mafures  ,  lors- 
que cet  auteur  écrivoit. 

HARPINNATES ,  rivière  de  l'Elide.  Voyez  l'arti- 
cle précèdent. 

HARPIS  ,  ancienne  ville  de  la  baffe  Myfie ,  à  l'une 
des  embouchures  du  Danube  ,  félon  Ptolomée ,  /.  3  , 
c.  10.  Voyez  ArPïi. 

HARPLIA,  lieu  du  Peloponnèfe  auprès  de  Derrhium , 
dans  la  Laconie  ,  félon  Paufanias ,  /.  3 ,  C.  20. 

HARPYA,  bourg  de  l'Illyrie  ,  auprès  d'Enchelées, 
félon  Etienne  le  Géographe. 

HARRAN.  Voyez  CARRHiE.     ' 

HARRAY.  Voyez  Harries. 

HARRENLAND.  Voyez  l'article  fuivanr. 

HARRIE  (!') ,  petite  province  de  la  Livonie  au  nord- 
oueft ,  fur  le  golfe  de  Finlande ,  &C  en  partie  fur  la  mer 
Baltique,  félon  Robert  de  Vaugondy,  Atlas,  &  Zey- 
ler ,  Sueciœ ,  &  Livon.  Defcr.  On  l'appelle  en  allemand 
Harrenland.  Cette  contrée  eft  bornée  au  nord  par 
le  golfe  ;  au  levant  en  partie  par  la  \Vikie,  &c  en  par- 
tie par  la  Jervie  ;  au  midi  par  la  "Wikie  ;  &c  au  cou- 
chant par  le  détroit  qui  eft  entr'elle  &  l'ifle  de  Dag- 
ho'é.  Son  unique  ville  eft  Revel ,  dont  nous  parlons  en 
fon  lieu.  A  l'orient  de  la  baie  où  eft  le  port  de  cette 
ville  étoit ,  le  monaftere  de  fainte  Brigitte.  Il  y  a  au 
couchant  de  Revel  fur  la  rivière  d'Affa ,  affez  près  de 
fon  embouchure  ,  la  fortereffe  de  Pats  ,  en  latin  Padis, 
ou  Pades,  ou  Badis  Arx.  On  trouve  le  long  de  cette 
province  les  petites  ifles  fuivantes  : 

Odesholm  ,  Nargho  , 

Rago ,  Ulfo. 

HARRIES  :  c'eft  le  nom  de  la  partie  méridionale  de 
de  l'ifle  de  Lewis ,  l'une  des  "Wefternes.  Voyez  au  mot 
Isle  ,  l'article  de  l'Isle  Lewis. 

HARTBERG,  Hartismons,  petite  ville  d'Allemagne, 
dans*  la  baffe  Stirie. 

HARTENSELS ,  château  d'Allemagne.  Voyez  Tor- 

CAU. 

HARTENSTEIN ,  bailliage  d'Allemagne  ,  dans  la 
haute  Saxe,  au  Voigtland.  Le  chef-lieu,  dont  il  prend 
le  nom,  eft  un  village  entre  Schneebenj  &c  Stolberg.  *  Me- 
nait ,  Carte  de  la  haute  Saxe. 


1.  HARTFORD,  ville  & 

Le  Comté  de  HARTFORD.  Voyez  Hertforo 
&  Hertfordshire. 

2.  HARTFORD ,  colonie  Se  canton  de  l'Amériqus 
feptentrionale ,  dans  la  nouvelle  Angleterre.  Cette  con- 
trée avance  beaucoup  dans  les  terres  au  couchant  de  1* 
rivière  de  Connefticut ,  &c  comprend  les  villes  de 


Farmington , 
Glaftonbury  , 
Hadham , 
Hartford , 
Middletown , 


Simsbury  , 
Waterbury, 
Weathersfield  , 
Windfor, 
Farm, 


&  Windham. 

La  capitale  qui  donne  le  nom  à  cette  contrée,  le  prend 
elle-même  d'une  ville  de  l'Angleterre  propre;  &  on 
voit  par  la  lifte  précédente  que  les  Anglois  ont  voulu 
que  dans  la  nouvelle  Angleterre,  on  retrouvât  des  villes 
qui  portaffent  les  mêmes  noms  que  celles  de  leur  an- 
cienne patrie.  Hartford  eft  la  plus  confidérable  de  cette 
contrée  :  il  y  a  deux  églifes ,  favoir  la  vieille  églife,  Se 
l'églife  neuve.  Les  Anglois  les  diftinguent  ainfi ,  parce 
qu'ils  n'ont  plus  ufage  de  donner  des  noms  de  faints 
aux  églifes  qu'ils  bâtiffent. 

HARTHALS,  montagne  de  Dannemarck,  au  Jutland, 
dans  le  diocèfe  d'Albourg  ,  près  de  l'Océan  ,  où  elle 
fait  une  efpece  de  cap  entre  le  grand  banc  de  Jutland  » 
&  un  autre  banc  qui  eft  plus  à  l'orient.  *  Robert  de 
Vaugondy,   Atlas. 

HARTLAND  Point,  cap  d'Angleterre ,  fur  la  côte 
feptentrionale  de  Devonshire ,  aux  confins  du  cctmté  de 
Cornouailles ,  à  l'entrée  du  golfe  de  la  Saverne ,  vis-à-. 
vis  de  la  petite  ifle  de  Lundye. 

HARTZ  (le),  ce  mot  Hart  étoit  anciennement 
un  nom .  général  dont  les  Germains  fe  fervoient  pour 
fignifier  une  forêt.  Ce  nom  fe  conferve  encore  en  Alle- 
magne dans  celui  de  la  forêt  de  Speshart ,  dans  celui  du 
Hartç  dont  il  eft  queftion  dans  l'article  fuivant  ;  dans 
celui  de  Neujladt  an  der  Hart ,  &  en  quelques  autres. 
Les  Romains  entendant  dire  que,  depuis  la  Gaule  Belgi- 
que jusqu'à  la,  Scythie ,  il  y  avoit  quantité  de  forêts  , 
&  les  Germains  fe  fervant  du  mot  Hart^en,  les  Ro- 
mains prirent  ce  nom  pour  celui  d'une  feule  forêt  qui 
couvroit  cette  vafte  étendue  de  pays  ,  Se  du  nom  alle- 
mand ils  formèrent  ceui  à'Hercinia  Silva  ,  ou  Herci- 
nius  Saltus ,  fi  fameux  dans  leurs  écrits.  Voyez  au  mot 
Hercinia  Silva.  Ils  ne  laiffoient  pas  de  donner  des 
noms  particuliers  à  diverfes  parties  de  cette  forêt ,  comme 
nous  le  faifons  voir  en  leur  lieu. 

Le  HARTZ  ,  n'eft  pas  feulement  une  forêt ,  mais  un 
amas  de  hautes  montagnes  :  les  anciens  l'ont  connue 
fous  le  nom  de  Bacenis.  Le  mont  Melibocus  que 
couvroit  cette  forêt,  étoit  une  chaîne  de  montagnes,  qui 
répond  à  celles  du  Hartz ,  Se  fon  nom  s'eft  conferve 
dans  celui  de  Blockberg.  Le  nom  de  Harti  étant 
devenu  peu-à-peu  hors  d'ufage,  &  le  nom  particulier 
de  ces  forêts  du  Brunswig,  on  a  dit  également  leffartç 
&  le  Hart^wald.  Ce  dernier  ne  fignifie  que  la  forêt- 
forêt,  de  même  qu'en  Sicile  on  a  nommé  l'Ethna  le 
Mont  Gibel,  qui  n'eft  qu'une  répétition  du  mot  Mont. 
Les  montagnes  &c  les  forêts  que  l'on  défigne  par  le  nom 
du  Harti ,  font  dans  la  baffe  Saxe  ,  dans  la  partie  de 
la  principauté  de  "Wolfenbutel ,  qui  eft  entre  l'évêché 
d'Hildesheim,  la  principauté  de  Halberftad,  &  la  Thu- 
ringe.  Il  y  a  dans  le  Hartz  quatre  villes ,  nommées  les 
quatre  villes  des  montagnes ,  quatre  Berg-Stadte  ,  que 
les  maifons  de  Hanover  &c  de  Brunswig  poffedent  eu 
commun.   Ces  villes  font, 


Zellerfeld , 
Vildeman , 


Grunde , 
Lautenthal. 


II  y  a  trois  chofes  remarquables  dans  le  Hartz,  1.  le 
château  de  Hartzbourg  ,  dont  nous  parlerons  ci-après  ; 
2.  les  falines,  &  3.  les  mines. 

Pierre  Albinus  croit  que  la  mine  de  Wildeman  fut 
ouverte  vers  l'an  1045  ,  ci  celle  de  Zellerfeld  en  1070, 
&c  ainfi  des  autres.  On  en  tire  de  l'argent,  du  cuivre, 
du  borax ,  du  plomb ,  du  vitriol ,  &C  du  foufre.  On  peut 
voir  l'hiftoire  6c  les  opérations  de  ces  mines  dans  le 


HAR 


HAS 


livre  de  Zeyler ,  Brunswic.& Luneburg.  Topogr.  p.  106 
&  feq.  On  trouva  les  falines  auprès  du  vieux  château 
de  Hartzbourg,  du  tems.de  Jules  ,  duc  de  Brunswig  ck 
de  Lunebourg  ;  ck  comme  il  la  fit  mettre  en  état  de 
fournir  du  feï,  on  la  nomma  Julus  Halle.  J'ai  remar- 
qué ci-deffus ,  que  le  nom  de  Halle  eft  commun  à  bien 
des  lieux  qui  ont  des  falines. 

HARTZBOURG,  autrefois  Hartesburg,  ancien 
château  d'Allemagne,  dans  le  Hartz  ;  quoiqu'il  foit  démoli, 
il  y  a  long-tems ,  il  mérite  bien  que  l'on  en  faffe  men- 
tion. On  ignore  le  tems  de  fa  fondation  ;  mais  il  étoit 
remarquable  par  le  culte  de  Crodo  ,  idole  que  Schedius , 
de  Dits  Germanis ,  fyngramm.  4 ,  c.  2  ,  décrit  ainfi. 
Crodo  éjoit  repréfenté  comme  un  vieillard  debout  fur 
un  poiffon  ,  nommé  perche.  Il  étoit  vêtu  d'une  che- 
mife ,  nudspieds ,  avec  une  ceinture  de  lin.  Il  tenoit 
de  la  main  droite  une  corbeille  remplie  de  fruits  ck  de 
fleurs,  ck  de  l'autre  une  roue.  Le  poiffon ,  fur  le  dos 
duquel  il  étoit  debout ,  avoit  le  ventre  appuyé  fur  une 
colomne.  On  croit  affez  communément  que  ce  dieu 
n'étoit  que  le  Saturne  des  Latins,  dieu  du  tems.  La  roue 
marque  fa  rapidité,  ck  la>  corbeille  fait  entendre  que 
c'eft  le  tems  qui  fait  éclore  les  fleurs ,  ck  meurir  les  fruits. 
Zeyler  dit  que  ce  château  s?appelloit  autrefois  Satur- 
bourg.  Il  ajoute  :  Charlemagne  ayant  fait  la  guerre  , 
en  780  ,  contre  les  Saxons  orientaux ,  ck  converti  leur 
roi  Wittikind ,  fe  rendit  maître  de  Saturbourg  ,  où  étoit 
un  faux  dieu  nommé  Crodo ,  adoré  par  les  Saxons  , 
&  vint  à  bout  de  détruire  l'idolâtrie  de  ces  peuples; 
ce  qui  ne  put  pourtant  fe  faire  fans  une  grande  effufion 
de  fang.  Pour  mieux  affermir  la  religion  Chrétienne  en 
ces  quartiers  ,  l'empereur  Charles  fonda  une  églife  dans 
la  vallée  de  SchuUnrode ,  immédiatement  au-deffous  de 
Hartzbourg  ;  car  c'eft  ainfi  que  Zeyler  dit  que  Char- 
lemagne nomma  Saturbourg.  Il  met  cette  fondation 
en  916  ,  cela  fait  une  difficulté  ;  car  cet  empereur  Char- 
les ne  peut  être  ni  Charlemagne  mort  en  814,  ni  Char- 
les le  Chauve  mort  en  875  ,  ni  Charlesle  Gros  mort 
en  887  ;  c'eft  encore  moins  Charles  IV ,  qui  ne  com- 
mença de  régner  qu'en  1346.  Je  laiffe  aux  hiftoriens 
d'Allemagne  à  éclaircir  cette  difficulté.  Quoi  qu'il  en 
foit  ,  Péglife  fut  bâtie  en  l'honneur  de  Dieu  ,  fous  l'in- 
vocation de  S.  Matthieu.  L'empereur  Henri  III  tira  de-là 
le  chapitre,  ck  le  transféra  à  Goslar ,  en  1040,  dans  Pé- 
glife de  S.  Simon  fk  S.  Jude. 

L'ancien  château  de  Hartzbourg,  qui  eft  démoli ,  étoit 
au  haut  de  la  montagne  de  Burberg  ;  on  a  bâti  au  bas 
la  faline  de  Julius  Halle   dont  nous  avons  parlé. 

HARTZGERODE  ,  petite  ville  d'Allemagne,  dans  la 
haute  Saxe,  dans  la  principauté  d'Anhalt  &  dans  les  états 
de  la  branche  de  Bernbourg.  Zeyler  écrit  cenomHARTZ- 
KERODE,  ck  Baudrand  Hartzerode.  Cette  ville  eft 
fur  le  bord  méridional  de  la  Selke ,  entre  Schwartzbourg 
&  Falkenftein ,  félon  la  carte  de  Homan  qui  écrit  ce 
nom  Hartzkerode.  Hubner  écrit  Hart{gerode  ,  ck 
dit  qu'il  y  a  une  mine  ouverte  Se  que  c'étoit  ci-devant 
la  réfidence  du  prince. 

HARUDES,  (les)  ancien  peuple  delà  Germanie. 
Cefar ,  de  Bell.  Gall.  t.  1 ,  ç.  3 1 ,  dit  que  les  jEdui  ck 
les  Séquaniens  fe  disputant  la  fupériorité ,  ces  derniers 
appelèrent  Ariovifte  à  leur  fecours  ;  que  ce  roi  trouvant 
à  fon_  gré  le  pays  des  Séquaniens ,  s'en  fit  donner  la 
troifiéme  partie ,  fur-tout  après  l'arrivée  de  14000  Ha- 
ludes,  qui  vinrent  fortifier  (on  armée.  Il  dit,  l.i, c.  37, 
qu'après  leur  établiffement  dans  les  Gaules,  ils  fe  mirent 
à  harceler  les  jEdui;  ck  /.  1  ,  c.  51  ,  qu'ils  étoient  de 
l'armée  d'Ariovifte  avec  les  Marcomans,  les  Triboques, 
les  Vangions ,  les  Nemetes ,  les  Sedufiens  ck  les  Suéves, 
tous  peuples  de  Germanie.  Après  cela  il  n'en  eft  plus 
parlé ,  ni  dans  les  autres  livres  de  Cefar ,  ni  clans  Sué- 
tone, ni  dans  Tacite ,  ni  dans  aucun  des  autres  hifto- 
riens de  Rome.  On  voit  feulement  dans  Cefar,  que  l'ar- 
mée d'Ariovifte  fut  battue  &  diffipée.  Les  autres  peu- 
ples,qui  an  étoient,  fe  retrouvent  enfuite  dans  leur  pa- 
trie. Les  Harudes  &  les  Sedufiens  ne  fe  retrouvent 
plus.  Ce  que  Cefar  nous  apprend  des  Harudes ,  ne  fuf- 
fit  pas  pour  leur  afligner  une  demeure  fixe  &C  certaine 
en  Germanie.  C'eft  pourtant  ce  que  Olivier ,  German. 
ant.  a  tâché  de  faire.  Il  prétend  que  les  Harudes  oc- 
cupoient  une  partie  de  la  Franconie  ck  du  haut  Pala- 
tinat,  avec   le  territoire  de  Nurenberg  ck  un  peu  de 


2  99 

la  Suabe.  Cela  s'appelle  deviner.  Cefar  ,  le  feul  qui 
ait  parlé  de 'ce  peuple  ,  ne  dit  rien' qui  puiffe  marquer 
leur  ancien  pi'ys.  Ils  vinrent  de  Germanie  dans  les  Gau- 
les. Cefar  ledit  !  Mais  il  ne  dit  point  de  quel  endroit. 
Une  partie  périt  'en  combattant  fous  Ariovifte ,  le  refte 
reparla  à  peine  le  Rhin  ck  regagna  le  gros  de  fa  nation. 
Il  fe  peut  que  les  Harudes  ck  les'  Sebufiens ,  trop  affai- 
blis pour  faire  chacun  un  corps'  de'  nation,  fe  perdirent 
dans  quelqu'autrq  dont  ils  portèrent  enfuite  le  nom.  Cette 
conjecture  eft  ,  cerne  femble,  plus  raifonnable  que  de 
les  placer  en  Suiffe,fans  qu'aucun  auteur  ancien  fourmffe  un 
feul  mot  qui  puiffe  faire  croire  que'celafoit.  Les  Harudes 
•s'étant  ainfi  fondus  dans  un  autre  peuple ,  il  n'eft  pas  éton- 
nant que  leur  nom  ne  fe  retrouve  plus  dans   l'hiftoire. 

HARUM,  ancien  nom  d'un  château  d'Italie,  fur  le 
mont  Caffm.  Voyez  Casinum. 

HARVICH,  ville  maritime  d'Angleterre ,  au  comté 
d'Effex  ,  avec  un  port  de  mer  à  l'embouchure  de  la  Sture , 
fur  les  frontières  de  Suffolck.  C'eft  où  font  établis  (es 
"paquebots  qui  portent  les  lettres  de  Harvich  à  Helvoet- 
ffuis ,  ou  à  la  Brille  en  Hollande  ,  ck  qui  repaffent  la 
la  mer  aves  les  lettres  de  Hollande.  Sa  fituation  eft  fort 
avantageulé,  étant  environnée  de  la  mer  presque  de 
tous  côtés  ;  mais  le  havre  n'eft  pas  propre  pour  de  gros 
vaiffeaux.  *  Etat  préfent  de  la  G'.  Bretagne ,  tom..  I,  p.  64, 

H  AS  ART,  fortereffe  ck  principauté  de  Syrie  :  il,  en 
eft  parlé  dans  I'Hift'oire  des  Croifades.  La  Chronique 
de  Jerufalem,  /.  5  ^  c.  5,  6  &  7',  .fait  mention  djxpr.ince 
de  Hafart  &  de  Ces  guerres  contré  Brodoân,  prince  d'Â- 
lep.  On  voit  dans  la  lettre  que  ce  .prince  écrivit  à  G°~ 
defroi,  duc  d'Antio'che ,  c.  8  ,  n  &  ri,  que  Brôrïoan 
avoit  amaffé  diverfes  troupes  auxiliaires  des  Turcs,  ck 
venoit  affiéger  la  fortereffe  de  Hafart.  Qu'il  l'affiégea 
en  effet,  &  que  Godefroi  lui  en  fit  lever  le  liège.  Il 
eft  parlé  du  pays  ck  des  campagnes  déHafart  dans  cette 
Chronique,   c.  10. 

HASAR-SUAL  ,  ou  Haser-Sual  ,  ville  de  la  Pales- 

ne  ,  dans  la  tribu  de  Siméon  ou  de  Juda ,  félon  D.  Cal- 


met  ;  Hafar  ou  Cha^er  Suai ,_  h]}W  Ti  H  1  Psut  Hni~ 

fier  la 

Efdr.  1.1,  c.  il,  v.  17. 


fier  la  demeure  du  renard. 


rofuê  , 


c.  15,  v.  28;  ck 


HASAR-SUSIM,  ou  Haser-Susim,  ville  de  la 
Paleftine,  dans  la  tribu  de  Siméon,  {Parai.  1.  1,  c.4, 
v.  31.)  Chaftr-Sufîm,  Q'DID  "li'H  fignifie  la  demeure 
des  chevaux.  Elle  eft  nommée  dins  Jcfué,  c.  I0,v.  5, 
Hafer-Sufa. 

HaSBAIN,Hasbaine,Haspengav,ouHesbaye; 
Hasbania  ou  Hafpjnga  ;  pays  d'Allemagne ,  dans  le 
cercle  de  Veftphalie  ,  dans  l'état  de  l'évêque  de  Liège  , 
dont  il  fait  aujourd'hui  la  principale  partie  ou  province. 
Liège,  capitale  de  tout  le  pays ,  y  eft  fituée.  Les  empe- 
reurs ont  été  très-long-tems  fans  aliéner  ce  comté  ou 
pays  de  Hasbain  ou  Hàspengaw  ;  &  quoique  les  évê- 
ques  de  Liège  fuffent  très-puiffans  dans  leur  ville  ck 
dans  le  pays  voifin  ,  ils  n'en  étoient  pas  les  véritables 
fouverains.  Ce  qui  a  duré  jusqu'à  l'an  1040.  L'em- 
pereur Henri  donna  alors  à  Nitard,  évêque  de  Liège, 
ck  à  (es  fucceffeurs ,  le  comté  de  Haspinga ,  ou  Has- 
pingau,  qui  étoit  tenu  alors  fous  l'autorité  de  l'empereur 
par  un  comte  nommé  Arnauld.  La  patente  impériale, 
datée  du  9  des  calendes  de  Février  ou  du  14  Janvier 
1040,  en  la  première  année  du  régne  de  Henri,  fck 
donnée  à  Ulme  ,  eft  rapportée  par  Anfelme,  en  fon  His- 
toire des  évêques  de  Liège. 

Liège ,  Tongres  ,  Vifet ,  Borch-worme  ,  Sainf-Tron, 
ck  quelques  autres  lieux,  font  de  la  Hasbain  ;  6k  mêaig 
Borch-worme  paffepour  en  être  la  capitale,  parce  que 
les  comtes  y  faifoient  leur  réfidence ,  &  non  pas  à 
Liège,  qui  fegouvernoit  par  l'es  magiftrats,  ck  que  Liège 
tk  (à  banlieue  font  un  territoire  à  part. 

Du  refte  la  Habaye,  Hasbain,  ou  Hasbaine ,  étoit 
autrefois'  de  bien  plus  grande  étendue  qu'elle  n'eft  à 
préfent  ;  car  outre  qu'elle  comprenoit  les  comtés  de 
LOSS  ckde  Horn,  il  y  aune  partie  du  quartier  de  Lou- 
vain  ,en  Brabant,  ck  du  comté  deNainur,  qui  ont  été 
de  l'ancienne  Hasbanie  ;  &  dans  la  moderne ,  il  y  a 
des  lieux  enclavés  qui  font  du  Brabant,  comme  Her- 
STal.  Voyez  ce  mot. 

HASBAT  ,  province  d'Afrique  ,  en  Barbarie  ,  au 
royaume  de  Fez.  Elle  commence,  vers  le  couchant,  aux 
marais  de  la  province  d'Asgar ,  s'étend ,  vers  le  k- 
Tomt  III.    Pp  ij 


HAS 


300 

vant,' jusqu'aux  montagnes  d'Errif,  Se  comprend  le»  au- 
tres qui  font  fur  le  détroit  de  Gibralrar.  La  rivière  d'Er- 
■guile  la  borne  au  midi,  &  l'Océan  au  feptentrion.  Elle 
a  vingt-fept  lieues  du  couchant  au  levant,  6k  plus  de 
Trente  -  cinq  du  midi  au  nord.  Cette  province  eft  une 
plaine  fort  fertile  en  bleds  :  elle  eft  arrofée  par  plufieurs 
grandes  rivières  qui  descendent  des  montagnes,  &  fc 
Tendent  dans  la  mer.  On^  y  voit  une  quantité  prodi- 
gieufe  de  troupeaux.  Les  hiftoriens  d'Afrique  parlent  fort 
ce  cette  province,  parce  que  c'a  été  la  plus  illuftre  de 
tout  le  .pays  &C  celle  qu'on  nommoit  la  Tingitane,  &r_ 
où  il  y  avoit  plus  de  villes  bâties  par  les  Romains  &C 
par  les  Goths  ;  mais  depuis  la  fondation  de  Fez  ,  les 
meilleurs  habitans  de  la  province  s'y  font  allés  habituer, 
pour  éviter  les  délbrdres  de  la  guerre,  particulièrement 
depuis  que  les  Portugais  conquirent  les  principales  villes 
de  la  côte.   *  Marmot,  1.  4,  c.  42,'t.  2,  p.  210. 

Marmol  femble  croire  que  la  province  dont  il  eft 
çpieftion ,  répond  à  la  Tingitane  des  anciens  ;  mais  elle 
n'en  comprend  qu'une  petite  partie ,  puisque  pour  for- 
mer la  Tingitane  ,  il  faut  prendre  tout  le  royaume  de 
Fez  &  la  plus  grande  partie  de  celui  de  Maroc ,  c'eft- 
à-dire  tout  ce  qui  eft  au  nord  ou  au  couchant  de  la 
grande  chaîne  du  mont  Atlas  qui  s'étend  depuis  Sainte- 
Croix  par  Itala  Gefula  ,  &c  Garciluin  jusqu'à  l'embou- 
chure de  la  Meluya ,  la  Malva  ou  Mal  varia  des  anciens, 
qui  féparoit  la  Tingitane  de  la  Céfarienfe.  Mais  c'eft 
dans  cette  province  qu'étoient  Tingis  qui  donnoit  le 
nom  au  pays  ,  Stpta ,  Se  autres  villes  poffédées  par 
les  Romains. 

Les  villes  qui  y  font  aujourd'hui,  font ,  félon  Marmol , 


HAS 


Se  ils  portent  les  mêmes  armes  que  les  Bcreberes  des 
autres  montagnes  de  Hea.  Mais  depuis  le  règne  des  Ché- 
rifs  ,  ils  ont  quelques  arbalètes  &t  arquebufes ,  &  l'on 
ne  fait  pas  cas  d'un  Chec  -qui  n'a  pas  avec  lui  quelques 
arquebufiers  pour  écarter  les- Arabes.  Ses  villes,  feloa 
Marmol ,  font  : 


Almenide  , 
Elemedin , 

Ses  montagnes  font , 

Tenendez , 
Tenfit, 


Bizu. 


Ifadagaz , 
Elgemuha, 


Guigidime  , 
Tescevin. 


Ezagen, 
Beni-Teudï , 
Amergue  , 
Tenzert , 
Aquila, 
Frixa, 
Egefire , 


Bezat , 

Homara , 

Arzicle , 

Tanger, 

Alcaçar-Ceguer, 

Ceuta ,  aux  Espagnols , 

Tetuan. 


Les  montagnes  de  cette  province  font, 


Aihon  ,. 
Beni-Zéquer , 
Beni-Aroz  , 
Beni-Telit , 


Beni-Hascen , 

Amegara, 

Huat-Idris, 

Beni-hued-fileh. 


Quelques-uns  nomment  cette  province  Habat,  Sr.  Mar- 
mol n'écrit  pas  autrement.  Son  nom ,  dans  les  cartes  de 
De  l'Ifle,  eft  ['Algarve.  Voyez  Alcarve  1  Se  3. 

HASBISTiE.  Voyez  Asbistje. 

HASBOURG.  Voyez  Habsbourg- 

HASCORE  ,  province  d'Afrique,  en  Barbarie,  au 
royaume  de  Maroc.  Marmol ,  /.  3  ,  c.  69  &  fuiv.  }a 
nomme  EscURE ,  &  dit  que  fon  ancien  nom  eft  Do- 
MINET.  Il  la  décrit  ainfi  :  elle  commence  vers  le  fep- 
tentrion à  la  montagne  Verte ,  fur  la  frontière  de  Du- 
quela  où  elle  aboutit  à  la  rivière  de  Tancift ,  Se  s'étend 
au  couchant  près  de  la  rivière  d'Ammey.  Au  levant 
elle  arrive  au  fleuve  des  Nègres  ,qui  la  fépare  de  la  pro- 
vince de  Tedla,  &  fe  rend  dans  celle  d'Ommirabi. 
Elle  a  au  midi  quelques  montagnes  du  grand  Atlas  , 
qu'elle  enferme  dans  fon  enceinte  :  ces  montagnes  font 
remplies  de  vignes,  d'oliviers,  Sr.  de  toutes  fortes  de 
fruits  dont  elles  fourniffent  abondamment  la  ville  de 
Maroc  ,  qui  en  eft  à  vingt  lieues  du  côté  du  couchant. 
Cette  province  eft  habitée  d'Africains  fédentaires ,  d'une 
des  branches  de  la  tribu  de  Muçamoda ,  d'où  elle  a  pris 
fon  nomd' 'E/cure.  Ils  font  plus  riches  que  ceux  deDuquela, 
parce  qu'ils  font  moins  inquiétés  des  Arabes,  Se  culti- 
vent un  bon  pays,  où  il  y  a  force  bled,  &  quantité  de 
gros  Se  de  menu  bétail.  C'eft  là  qu'on  accommode  les 
beaux  marroquins ,  dont  ils  font  des  bottines  &  des  cou- 
vertures de  felle  à  piquer  ,  Se  toutes  fortes  de  belles 
chaufTures.  On  y  fait  auflî  plufieurs  fins  draps ,  mais  qui 
ne  font  pas  fi  beaux  que  ceux  de  l'Europe;  &  on  y 
aborde  de  tous  côtés  pour  le  trafic.  Les  mœurs ,  les 
habits ,  &c.  des  habitans  des  villes  font  à-peu-près  fem- 
blables  à  ceux  de  Maroc  ;  mais  ceux  de  la  montagne 
font  brutaux  ,  &£  vivent  comme  des  payfans.  Il  y  a 
entre  eux  plufieurs  artifans   &  autres  marchands  Juifs, 


Cette  province  a  été  nommée  Hascore  du  nom  de  la 
famille  de  Hascura,  l'une  des  branches  de  la  tribu  de 
Muçamoda.  Un  Africain  de  cette  maifon  gouvernoit 
la  ville  d'Ifadagaz ,  quand  le  Chérif  fe  rendit  maître  du 
pays. 

HASE  (le)  ,  Chafua ,  rivière  d'Allemagne  ,  dans  la 
"Weftphalie.  Elle  fe  joint  à  l'Ems  au  deflbus  de  Lingen. 
*  Alling.  Bat.  &  Frif.  ant.  not.  p.  3. 

1.  HASEL,  ruiffeau.  Voyez  HASELFELD. 

2.  HASEL  ou  le  Val-Hasel.  Voyez  Hasli. 
HASELAC  ,  Florentii  monaflerium  ,  ancienne  abbaye 

de  France ,  au  diocèfe  de  Strasbourg ,  dans  la  baffe 
Alface  ,  à  deux  lieues  de  Molsheim.  Elle  fut  fondée 
par  Dagobert ,  roi  d'Auftrafie ,  Se  enfuite  changée  en 
collégiale.  Jaillot  écrit  Haflac ,  &  Piganiol  ASLA.C  , 
dont  fes  imprimeurs  ont  fait  Astac.  Il  dit  que  le  cha- 
pitre a  été  transféré  à  Molsheim.  Hafelac  n'eft  qu'un 
village.  *  Abrégé  de  tkiftoire  de  tordre  de  S.  Benoit  t 
I.  3,  c.  43. 

HASELFELD,  ou,  comme  on  écrivoit,  anciennement 
Haszlefelde,  petite  ville  d'Allemagne,  dans  la  baffe 
Saxe  ,  dans  les  Etats  de  la  maifon  de  Brunsvig  ,  au 
comté  de  Blanckenbourg  ,  bailliage  de  Stiége.  Quel- 
ques-uns dérivent  fon  nom  du  Hafel ,  ruiffeau  qui  coule 
auprès  de  la  ville  ;  d'autres  des  coudriers ,  qu'on  nomme 
en  allemand  Hafel,  parce  que  dans  les  environs  on  trouve 
beaucoup  de  cette  forte  d'arbres  ;  Sr.  ce  qui  favorife 
cette  opinion ,  c'eft  que  la  ville  a  une  feuille  de  coudrier 
dans  fes  armes.  Elle  eft  à  deux  milles  de  Blanckenberg  , 
dans  le  Hartz  ,  Se  dans  un  canton  très-froid  ;  auflî  n'y 
feme-t-on  que  les  grains  d'été.  Elle  eft  ancienne  ,  Se  fes 
murailles  Se  fa  citadelle  ,  quoique  démolies  ,  font  voir 
encore  qu'elle  étoit  autrefois  plus  grande  Se  bien  forti- 
fiée. L'an  1559,  le  mardi  après  le  dimanche  de  Quajl- 
modo ,  le  4  Avril ,  à  quatre  heures  ,  quand  presque  tous 
les  habitans  étoient  au  bois  ou  à  la  campagne  ,  des  en- 
fans  en  fe  jouant  mirent  imprudemment  le  feu  à  la  ville 
qui  fut  réduite  en  cendres  ;  l'églife ,  la  maifon  de  ville , 
l'école,  tout  fut  confirmé.  On  l'a  rebâtie  depuis.  * Zey- 
ler,  Brunswic.  Topogr.  p.  109. 

HASELINE,  petite  ifle  de  la  mer  de  Dannemarck,' 
au  nord  de  celle  de  Seelande ,  Se  à  l'orient  de  celle  de 
Syro.   ■ 

HASELMERE ,  bourg  d'Angleterre  ,  dans  la  province 
de  Surrey.  II  a  droit  de  tenir  marché  public.  *  Etat  pré* 
fine  de  la  G.  But.  t.  I. 

HASENCALA.  Voyez  Calicala. 

HASFURTH.  Voyez  Haszfurth. 

HASLACH,  bourg  d'Allemagne,  en  Suabe,  dans  la 
principauté  de  Furftenberg,  fur  la  rive  droite  du  Kintzig,  au- 
deffous  de  Haufen.  *  S  an/on  ;  Robert  de  Vaugondy,  Atlas. 

HASLI,  (le  pays  de)  le  Val-Hasel  ou  le  Has- 
lethal  ,  petit  pays  de  Suiffe  ,  au  canton  de  Berne  , 
dont  il  eft  la  dernière  partie ,  &  l'extrémité  la  plus  re- 
culée ,  faifant  front  d'un  côté  au  canton  d'Undenrald  ; 
du  côté  d'orient  à  celui  d'Uri  ,  &  du  côté  du  midi  au 
haut  Valais.  C'eft  un  pays  de  valons  ,Jitués  entre  de  hau- 
tes montagnes ,  où  il  y  a  de  bons  pâturages  ,  beaucoup 
d'eau  ,  plufieurs  villages,  Se  encore  plus  de  maifons  de 
campagne  disperfées  çà  &  là.  Les  habitans  ont  beau- 
coup de  privilèges.  Ils  choififfent  eux-mêmes  leur  chef 
qu'ils  appellent  Amman  ,  &  qui  eft  toujours  pris  de  leur 
corps  ;  il  eft  confirmé  à  Berne ,  où  il  rend  compte  de 
fon  adminiftration.  Là  font  les  monts  Grimsel ,  Schrek- 
horn ,  Wetterhorn  &C  quelques  autres  femblables.  Il  y  a 
dans  le  même  pays  quelques  mines  de  fer ,  qu'on  y  a 


HAS 


HAT 


découvertes,  il  y  â  environ  deux  cents  ans,  ck  qu'on  fait 
valoir  parle  moyen  des  forges.  Il  femble  que,  dans  des 
lieux  aufîî  fauvages  que  ceux-là ,  on  ne  devrait  recueillir 
aucuns  fruits  ;  cependant  en  été  la  chaleur  le  concentre 
dans  ces  vallons  profonds  ,  environnés  de  hautes  mon- 
tagnes de  toutes  parts,  &  meurit  promptement  les  fruits 
ck,  la  terre.  On  y  feme  au  printems  ;  &  dans  dix  femai- 
nes  ou  trois  mois  au  plus  tard  ,  on  moiffonne.  *  Etat  & 
délices  de  la  Suijfe,  p.  221  Se  fuiv. 

HASLINGDEN  ,  bourg  d'Angleterre  ,  dans  la  pro- 
vince de  Lancaftre.  On  y  tient  marché  public.  *  Etal 
préfent  de  la  G.  Bret.  t.  I . 

HASNA  ,  ville  d'Afie,  dans  un  pays  queD'Herbelot 
nomme  Jagiouge.  Il  dit  que  les  Arabes  ont  ainfi  nommé 
ce  lieu,  àcaufe  de  fon  afliette,  qui  eft très-forte  &  pres- 
que inacceffible  ,  ôc  que  cette  ville  eft  fituée  proche  la 
muraille  ou  le  rempart  qui  a  été  fait  pour  arrêter  les  cour- 
fes  des  Hyperboréens ,  qui,  dit-il,  font  les  Scythes  les 
plus  feptentrionaux.  Il  femble  qu'il  faille  chercher  ce  lieu 
aux  confins  de  la  Tartarie  &C  de  la  Chine  ,  près  de  la 
grande  muraille.  *D'Htrbelot,  Bibliot.  orient,  aux  mots 
Ip.%iougi  &  Hasna. 

"HASN-ELTAF,  ville  dePerse,  372  d.  32'  de  lon- 
gitude ,  &  à  34  d.  40'  de  latitude  ,  félon  Tavernier, 
Voyages  de  Perse  ,  /.  3,  ch.  dernier.  Ce  nom  fignifie  le 
centre  de  la  beauté.  Quoique  cette  ville  ait  un  fi  beau  nom, 
elle  eft  pourtant  habitée  par  des  gens  groflîers  &C  tout-à- 
fait  ruftres.  Elle  eft  fort  petite  ;  mais  elle  a  été  autrefois 
beaucoup  plus  grande  ,  &  a  eu  pour  fondateur  le  Kalife 
Mohteffen.  Aujourd'hui  elle  eft  presque  toute  en  ruine. 
.  HASNON ,  Hasnonium.  Abbaye  régulière ,  de  l'or- 
dre de  S.  Benoît ,  clans  le  Hainaut ,  au  diocèlé  d'Arras , 
for  la  Scarpe  ,  à  une  lieue  au  fud-oueft  de  Saint-Amand. 
L'abbaye  fut  fondée  par  Jean  &  par  Eulalie,  perfonnages 
d'une  grande  naiffance,  qui  fondèrent  deux  monafteres, 
l'un  pour  des  hommes  ,  qui  fut  gouverné  par  Jean  ;  &c 
l'autre  pour  des  filles  ,  dont  Eulalie  fut  la  première  ab- 
befle  ,  &  qui ,  dans  le  neuvième  fiécle ,  eut  pour  abbeffe 
Ermentrude  ,  fille  de  Charles  le  Chauve.  Les  Normands 
défolerent  ces  deux  maifons  ,  Se  mirent  les  religieux  &C 
les  religieufes  en  fuite.  On  mit  en  leur  place_des  cha- 
noines ;  mais ,  dans  l'onzième  fiécle,  Baudouin,  comte 
de  Flandres  ,  rétablit  le  monaftere  ,  &  y  mit  des  moines 
qu'il  tira  de  Saint-Amand.  L'abbaye  jouit  de  cinquante  mille 
livres  de  revenu.  Elle  eft  de  l'ordre  de  S.  Benoît.  *  Pï- 
ganiol  de  la  Force,  Descr.  de  la  France  ,  t.  3,  p.  153. 
HASPAHAM.  Voyez  Ispaham. 
HASPARON  ,  gros  bourg  de  France ,  au  pays  de  La- 
bour, généralité  d'Auche,  près  la  petite  rivière  d'His- 
pide.  *  Mém.  drejfés  fur  les  lieux. 
HASPENGOW.)  .,  „, 
HASPINGIA.      £   Voyez  Hasbain. 

.  HASSARASSAP  ,  ville  du  pays  de  Charasm  ,  fur  la 
rive  feptentrionale  de  la  rivière  de  Khefell ,  à  40  d. 
45'  de  latitude,  St  à  89  d.  de  longitude.  Elleétoit  autre- 
fois confidérable  ;  mais  elle  a  bien  déchu  depuis  que  les 
Tartares  Usbeks  en  font  en  pofleffion.  *  Hifl.  généal.  des 
Tatart ,  p.  798. 

HASSARMAUETH.  Arias  Montanus  dit  que  lesHé- 
breux  nomment  ainfi  la  Sarmatie  ;  il  entend  par-là 
les  Juifs  modernes. 

HASSEBROUCK,  petite  ville  démantelée  des  Pays- 
bas  ,  dans  la  châtellenie  de  Caffel.  *  Diction,  géogr.  des 
Pays-bas. 

HASSEK  ,  ville  de  l'Arabie  heureufe  ,  fur  la  mer  , 
vis-à-vis  de  Zocotora.  L'ancien  peuple  des  Adites  de- 
meurait aux  environs  de  Haffek,  félon  D'Herbelot ,  Bibl. 
orient. 

HASSELFELD  ,  bourg  de  la  baffe  Saxe  ,  dans  le 
comté  de  Reinftein ,  aux  confins  de  la  principauté  d'An- 
halt ,  entre  les  villes  de  Northaufen  St  Halberftadt  ,  à 
environ  cinq  lieues  de  la  première  ,  &  à  fept  de  la  fé- 
conde. 

i .  HASSELT ,  petite  ville  des  Provinces-Unies  des 
Pays-bas,  dansl'Over-Iffel,  fur  le  Wecht ,  à  deux  lieues 
de  Zwol ,  &  à  quatre  de  Steenwyk.  Son  nom  latin  eft 
Haffcletum  ;  c'eft  une  des  huit  villes  murées  de  la  pro- 
vince d'Over-Iffel.  Elle  eft  petite  ,  mais  affez  jolie.  On 
ignore  le  tems  de  fa  fondation  :  on  fait  feulement  qu'en 
1241,  Henri  de  Vienne,  évoque  d'Utrecht,  lui  accorda 
le  droit  de  ville,  une  jurisdi&ion  fans  appel,  Se  le  droit 


jor 


de  condamner  à  mort.  Tous  les  évêques  fuivans  jusqu'à 
Henri  de  Bavière,  confirmèrent  ces  privilèges  ;  Si  Char" 
les  V,  empereur  6c  feigneur  d'Over-Iffel  ,  les  ratifia , - 
en  1527.  L'églife  a  été  bâtie  fous  l'invocation  de  faint 
Etienne.  La  ville  eft  entourée  de  bons  pâturages  ,  &  le  - 
Wecht  lui. fournit  du  poiffon  abondamment.  *  Blaew, 
Theat.  urb.  Belg. 

2.  HASSELT,  petite  ville  d'Allemagne ,  au  pays  d#  - 
Liège,  dans  le  comté  de  Lofs,  furleDemer,  &  à  cinq 
lieues  de  Maftricht. 

x.  HASSI  ;  quelques  modernes  ayant  cru  voir  Ce  nom 
dans  Plme,  /.  4,  c.  17,  ou  Bassi,  comme  porte  l'édi- 
tion de  Venife ,  ie  font  figurés  que  c'étoit  la  Baffée,  ville 
de  Flandres ,  mais  le  mot  Hajji  ne  paraît  plus  dans  les 
bonnes  éditions  de  Pline.  *Ahyer,  Annal.  Fland.  /.  10. 

•2.  HASS1  ;  les  modernes  nomment  ainfi,  en  latin,  les 
Hessois. 

HASSIA,  nom  latin  de  h  Hefe. 

Ces  deux  noms  viennent  du  peuple  Chatti  ou  Catù  , 
ancêtres  des  Heffois.  Voyez  Hesse  &  Cattes. 

1.  HASTA,  ancienne  ville  delà  Paleftine  ,  félon  la 
Notice  de  l'empire  ,  fecl.  21. 

2.  HASTA,  ville  d'Italie,  félon  Pline.  Voyez  Basta. 
C'eft  ainfi  que  ce  nom  fe  trouve  écrit  dans  les  bonnes 
éditions. 

HASTEMBECKE  ,  village  d'Allemagne  ,  au  cercle 
de  la  baffe  Saxe,  dans  l'électorat  d'Hanovre  ,  au  fud-eft 
d'Hameln  ,  remarquable  par  la  victoire  remportée  par  . 
les  François  ,  commandés  par  le  maréchal  d'Etrées ,  fur 
les  Anglois  qui  avoient  à  leur  tête  le  duc  de  Cuinber- 
land,  le  26  Juillet  1757. 

HÀSTIER;  abbaye  d'hommes,  ordre  de  S.  Benoît, 
dans  les  Pays-bas ,  au  comté  de  Namur  ,  proche  celle 
de  Wafor  à  laquelle  on  l'a  réunie. 

HASTINGS  ,  félon  l'Etat  préfent  de  la  G.  Bretagne, 
t.  1 ,  p.  1 17,  ville  maritime  d'Angleterre,  dans  la  pro- 
vince de  Suffex  ;  c'eft  un  des  cinq  ports  qui  ont  de  grands 
privilèges  &  dont  les  députés  au  parlement  font  appelles 
barons  des  cinq  ports.  La  ville  eft  ancienne,  Se  étoit  au-" 
trefois  défendue  par  un  château  qui  eft  tombé  en  ruine. 
11  y  a  deux  paroiffes.  Ce  fut  près  de  cette  ville  que  fe 
donna  ,  en  1263  ,  la  fanglante  bataille  entre  le  roi 
Henri  III ,  &  les  barons  :  la  victoire  fe  déclara  en  fa- 
veur de  ceux-ci,  Se  le  roi  fut  contraint  de  plier.  Bau-, 
drand,  édit.  1705,  n'en  fait  qu'un  bourg,  Se  dit  que 
Guillaume  le  Conquérant  débarqua  au  port  de  Has-' 
rings,  &  que  huit  jours  après  il  défit  aux  environs,  Ha- 
rald ,  roi  d'Angleterre  ,  qui  y  fut  tué  le  14  d'Octobre 
1066,  ce  q  ù  lui  acquit  le  royaume  d'Angleterre,  qu'il 
a  transmis  à  fa  poftérité.  D'Audifret,  Geogr.  kijl.  t.  1, 
avoue  que  quelques-uns  y  mettent  le  débarquement  de 
Guillaume  le  Conquérant  ;  cependant  il  ajoute  :  d'au- 
tres juftifient  que  ce  fut  à  Prevenefey,   (Pevensey.) 

HASUNDA,  rivière deSuéde,  danslaGeftricie.  Elle- 
arrofe  Gévalie ,  qui  en  eft  la  capitale  ,  &  la  i'épare  en 
deux  parties.   *  De  Clfle;  Zeyler  ,  Suev.  Descript. 

HASZFURTH  ,  petite  ville  d'Allemagne  ,  en  Fran- 
conie ,  dans  l'évêché  de  W urtzbourg  fur  le  Mein ,  en- 
tre Bamberg  Se  Schweinfurth  ,  à  trois  milles  germani- 
ques, au-deffus  de  la  dernière.  Il  y  a  un  château,  ocelle 
eft  le  chef-lieu  d'un  bailliage  de  même  nom.  *  Zeyler  , 
Francon.  Topogr.  p.  26. 

1.  HATFIELD  ,  bourg  d'Angleterre  ,  dans  la  pro- 
vince d'Effex.  On  y  tient  marché  public.  *  Etal  préfent 
de  la  G.  Bret.  t.   I. 

2.  HATFIELD,  bourg  d'Angleterre,  dans  la  pro- 
vince d'Hertford.  Il  a  droit  de  tenir  marché  public. 
*  Etat  préfent  de  la  G.  Bret.  t.  I . 

HATIBONICO  ,  rivière  de  l'Amérique ,  dans  Me 
Hispaniola.  C'eft  ,  fans  doute,  la  même  q\xs?Artibonite, 
qui  a  fa  feurce  dans  des  montagnes  ,  au  milieu  de  Fifle  , 
Se,  coulant  d'orient  en  occident,  arrofe  le  petit  pays  que 
les  François  appellent  Mirabalais  ,  Se  le  jette  dans  une 
baie  terminée  au  midi  par  le  Morne-au-Diable.  Elle  a 
plus  de  foixante  lieues  de  cours,  fans  parler  des  détours 
qu'elle  fait. 

HATRA,  ancienne  ville  d'Afie  ,  dans  la  Méfopota- 
mie,  félon  Ammien  Marcellin,  /.  2^,  c.  8.  Il  dit:  nous 
vînmes  à  Hatra,  ville  ancienne,  fituée  au  milieu  d'undé- 
fert,  Se  autrefois  dépeuplée.  Trajan  &  Severe,  princes 
guerriers,  ayant  entrepris,  en  divers  tems,  de  la  détruire , 


302  HAT 

faillirent  eux-mêmes  à  périr  avec  leurs  armées.  Dion 
Cafiius ,  L  68  ,  p.  785 ,  qui  rapporte  cette  expédition  de 
Trajan ,  ne  nomme  point  cette  ville  ;  mais  il  en  fait  la 
capitale  desAgaréniens  que  l'empereur  vouloit  fubjuguer. 
Il  la  met  en  Arabie ,  c'eft-à-dire  dans  l'Arabie  qui  eft  en- 
tre le  Tigre  &  l'Euphrate  ;  voici  les  paroles  :  étant  parti 
de-là  ,  (c'eft-à-dire  de  Ctefiphonte  chez  les  Parthes  à 
qui  il  venoit  de  donner  un  roi ,)  Se  marchant  vers  l'Ara- 
bie, il  attaqua  les  Agaréniens  qui  avoient  quitté  le  parti 
des  Romains ,  Se  dont  la  ville  n'eft  ni  grande  ni  riche: 
le  pays  voifin  eft  en  partie  défert,  parce  qu'on  y  manque 
d'eau  ,  &  que  le  peu ,  qu'on  y  en  trouve,  eft  très-mau- 
vais ,  Se  parce  qu'on  n'y  peut  avoir  de  bois  ni  de  four- 
rage ;  de-là  vient  qu'un  peuple  un  peu  nombreux  ne 
fauroit  y  lùbfifter  ,  tant  par  cette  difette  qu'à  caufe  des 
chaleurs  violentes  auxquelles  elle  eft  expofée.  Trajan 
donc  ne  put  la  prendre,  ni  Severe  après  lui,  quoiqu'ils 
euffent  renversé  une  partie  de  la  muraille.  On  voit  bien 
par  ces  circonftances  ,  que  la  capitale  des  Agaréniens  eft 
la  même  que  celle  dont  parle  Ammien  Marcellin.  De 
Valois  croit  que  ce  nom  des  Agarénitns  eft  une  faute 
du  copifte  qui  a  mis  'ày^moiç,  pour  'krpmoiç ,  ce  qui 
eft  très-vraifemblable  ;  Se  alors  les  Hatreniens  feront  un 
peuple  qui  prenoit  l'on  nom  de  la  ville  d'Hatra.  Ce  peu- 
ple fe  trouve  effectivement  nommé  ainfi  par  Hérodien 
£.3.  Voyez  ATR.E. 

HATRENI  ,  'AtpwkoÏ  ,  peuple  de  la  Méfopotamie. 
Ils  habitoient  la  vil'e  d'HATRA.  Voyez  cet  article. 
.'  HATTEM ,  Huttenum ,  petite  villes  des  Provinces- 
Unies  des  Pays-bas  ,  au  duché  de  Gueldre,  dans  le  Ve- 
îaw ,  fur  la  rive  gauche  de  l'Iffel ,  entrer  Deventer  Se 
Campen  ,  à  deux  lieues  de  Zwol.  Il  y  avoit  autrefois  une 
forte  citadelle  ,  bâtie  par  Reinald ,  premier  duc  de  Guel- 
dre, Se  augmentée  de  divers  ouvrages  par  Charles,  der- 
nier duc.  Elle  foutint  les  rudes  attaques ,  que  George 
Schenk  lui  donna.  Elle  eft  maintenant  détruire  ,  Se  il 
n'en  refte  plus  que  les  décombres.  Hattem  fut  prife  ,  en 
1672,  par  les  François;  ils  l'abandonnèrent  enfuite,  Se 
en  raierent  les  murailles  ,  félon  Baudrand,  édit.  1705. 
*  Dïcl.  geogr.  des  Pays-bas  ;  Pontanus  ,  Hift.  Gelric. 
/.  1 ,  p.  40. 

HATTIBONITE,  grande  rivière  de  l'ifle  de  Saint-Do- 
mingue ,  que  l'on  nomme  aujourd'hui,  par  corruption, 
Artimte.  Voyez  ce  mot. 

HATTINGEN  ,  petite  ville  d'Allemagne  ,  au  cercle 
de  "Weftphalie,  dans  le  comté  delà  Marck,  fur  leRoer, 
aux  confins  du  pays  de  Berg.  Cette  ville  fut  prife  par  les 
impériaux,  en  1636.  *  ZeyUr ,  Weftphal.  Topogr.  p.  8*. 

HATTON-CHATEL  ,  bourg  de  France  ,  au  duché 
de  Bar  ,  dans  la  Vaivre ,  entre  la  Meufe  Se  la  Mofelle, 
fur  une  montagne  près  du  nrjffiau  de  Hatton,  d'où 
lui  vient  fon  nom.  Il  eft  de  l'ancien  patrimoine  de  la 
ville  de  Verdun.  Cette  étymologie  eft  de  Baudrand,  qui 
dit  Batton-Chàteau.  DeLonguerue  en  donne  une  autre, 
&  en  même  tems  l'hiftoire  abiégée  de  ce  lieu.  La  voici: 
Hatton-Chaftel  a  pris  fon  nom  de  fon  fondateur  Hatton, 
évéque  de  Verdun,  qui  vivoit  fous  le  jeune  Lothaire, 
vers  l'an  860 ,  Se  qui  fit  bâtir  cette  fortereffe  ,  qui  étoit 
la  meilleure,  Se  la  plus  importante  de  l'évêché.  Les  évê- 
ques  la  conferverent  foigneufement  ;  car  Guillaume  , 
évêque  de  Verdun,  fous  Charles  VII,  ayant  engagé  à 
Jean  de  Luxenbourg  ,  comte  de  Ligni ,  cette  place  pour 
une  fomme  d'argent ,  dont  il  avoit  un  extrême  befoin  , 
la  retira  deux  ans  après  ,  imitant  en  cela  Hugues  de  Bar, 
fon  prédeceffeur,  qui  retira  promptement  Hatton-Chas- 
tel  des  mains  de  Robert  ,  duc  de  Bar  ,  &  de  fa  mère 
Yoland  ,  pour  quatre  mille  florins.  *  Longutrue ,  Descr. 
de  la  France,  z.  part.  p.  199. 

Jean,  cardinal  de  Lorraine,  engagea  la  prévôté  & 
châtellenie  de  Hatton-Chaftel  à  fon  neveu,  Antoine, 
duc  de  Lorraine,  pour  la  fomme  de  fix  vingt  mille  francs, 
l'an  1  ^40.  Le  duc  déclara ,  l'année  fuivante ,  que  cet  en- 
gagement étoit  fan  fans  préjudice  des  droits  de  fupério- 
rité  cV  de  reffort  de  l'évêché  ,  auquel  on  laiffoit  les  fiefs 
qui  relevoient  de  cette  prévôté. 

Les  chofes  ne  demeurèrent  pas  long-rems  en  cet  état; 
car  Chrétienne  de  Danemarck ,  veuve  du  duc  François, 
&  tutrice  du  duc  Charles  II  ,  fit  un  échange  avec  fon 
beau-frere  Nicolas  de  Lorraine  ,  évêque  ou'adminiftra- 
teur  de  Verdun  ,  l'an  1546.  L'évêque  céda  au  duc,  fon 
neveu,  le  plein  domaine  Si  la  propriété  du  château  ,  de 


HAV 


la  ville ,  de  la  terre  &  feigneurie  de  Hatton-Chaftel  y 
Se  des  villes  ou  villages  qui  .en  dépendent ,  à  la  referve 
du  droit  de  l'empereur  ;  Se  la  duchelTe  céda  les  fix  vingt 
mille  francs,  fournis  par  le 'duc  Antoine,  &  ce  qui  ap- 
partenoit  à  fon  fils,  le  duc  Charles,  à  Rambercourt-aux- 
Pots,  (liir  les  confins  du  bailliage  de  Bar-le-Duc;)  ce 
qui  fut  confirmé,  l'année  luivan.e,  par  le  cardinal  Jean 
de  Lorra  ne  ,  à  caufe  du  droit  de  regrès  qu'il  s'étoit  ré- 
fervé  lur  cet  évêché  ,  en  le  réfignant  à  fon  neveu  Ni- 
colas. • 

Cette  aliénation  fut  confirmée  par  une  transaction  du 
10  de  Septembre  1564,  paflée  entre  Nicolas  Pfeaulme, 
évêque  de  Verdun  ,  Se  Charles  II ,  duc  de  Lorraine  ;  par 
laquelle  il  fut  convenu  que  la  terre  Se  feigneurie  de  Hat- 
ton- Chjftel  demeureroit  en  toute  propriété,  jurisdic- 
tion  Se  dernier  reffort ,  Se  autres  droits ,  au  duc  de  Lor- 
raine Se  à  les  fuccefieurs  ;  à  quoi  l'évêque  Pfeaulme  re"' 
nonça. 

Cette  transaction  fut  ratifiée  le  lendemain,  par  le  car- 
dinal Charles  de  Lorraine,  à  cauîè  du  droit  de  regrès  qu'il 
avoit  à  cet  évêché.  Enfin  ces  contrats  furent  de  nouveau 
ratifiés  par  l'évêque  Pseaulme  ,  Se  le  duc  Charles  de  Lor- 
raine le  19  Janvier  1566.  L'année  fuivante  1567,  le  duc 
Charles  II  obtint  l'inveftiture  des  fiefs  impériaux  de 
l'empereur  Maximilien  II  ,  qui  donna  alors  à  Hatton- 
Chaftel  le  titre  de  marquifat  ;  mais  1!  mit  cette  condi- 
tion ,  qu'il  réfervoit  à  l'empire  pour  ce  marquifat  tous 
les  droits  féodaux  ,  &  ceux  de  reffort  ,  où  les  autres 
fiefs  de  Lorraine  n'étoient  pas  fournis  ;  ce  que  l'on  voit 
par  les  lettres  d'inveftiture,  données  par  l'empereur  Ro- 
dolphe II,  au  duc  Henri,  l'an  1609  ,  &  confirmées  par 
celles  de  Matthias  de  l'an  161 3  ,  données  au  même  duc, 
Se  par  celles  de  Ferdinand  II  ,  données  au  duc  Char- 
les III,  l'an  1617. 

Le  duc  Charles  fut  rétabli ,  fans  d:fFiculté  ,  l'anl66l, 
en  poffeflïon  du  marquifat  de  Harton-Chaftel  ;  &  il  a  été 
rendu  au  duc  Léopold  par  la  même  raifon  ,  en  exécu- 
tion du  traité  de  Ryswick  ,  nonobftant  l'arrêt  de  la 
chambre  de  Metz  ,  rendu  pour  la  réunion  de  Hatton- 
Chaftel  ,  le  29  Mai  1680  ,  lequel  a  été  cafté  ,  comme 
tous  les  autres ,  par  le  traité/de  Ryswick. 

HATUAN  ou  Hatwan  ,  Haduanum,  ville  Se  for- 
tereffe de  Hongrie,  au  comté  de  Ncvigrad  ,  entre  cette 
ville  Se  Agria.  Les  impériaux  la  brûlèrent  Se  la  ruinè- 
rent,  en  1685. 

HATZFELD  ,  gros  bourg  Se  château  d'Allemagne, 
en  Vétéravie ,  dans  le  cercle  du  haut  Rhin.  Il  eft  le 
chef-lieu  d'un  comté  qui  donne  le  nom  &  le  titre  de 
cornu  aux  comtes  de  Hatzfeld.  Ce  comté  eft  fitué  près 
de  celui  de  V/itgenftein ,  Se  les  comtes  de  Hatzfeld  ont 
de  grands  biens  en  Thuringe  ,  ravoir  Gleichen  &L 
Blanckenheim  ,  Se  en  Silt'fie  la  baronnie  de  Tra- 
CHENBERG ,  &c.  Le  bourg  de  Hatzfeld  eft  fur  la  rivière 
d'Eder ,  Se  le  comté  n'eft  pas  d'une  grande  étendue.  La 
maifon  qui  le  poffede  eft  une  des  plus  anciennes  de  la 
Heffe  ;  elle  descend  d'Everard  ,  qui  affilia  au  tournois 
de  Schweinfurt ,  fur  la  fin  du  treizième  fiécle.  Melchior 
de  Hatzfeld  fut  créé  comte  de  l'empire  par  l'empereur 
Ferdinand  II  ,  en  récompense  de  fes  fervices  militaires. 
* Hubner ,  Géogr.  p.  496,  590  S:  626.  D'Audifrety 
Géogr.  t.  3. 

1.  HAVANA  ou  Havaria  ,  ville  de  la  Paleftine, 
félon  la  Notice  de  l'Empire  ,  fiel.  21.  Reland ,  Palefi, 
p.  230,  croit  que  c'eft  i'Avara  de  Ptolomée. 

2.  HAVANA ,  (la)  ville  dans  l'Amérique  fepten- 
trionale.  Elle  eft  fituée  fur  la  côte  du  nord  de  l'ifle  de 
Cuba,  vis-à-vis  de  la  Floride,  à  13  d.  de  latitude.  Son 
port  eft  très-renommé,  Se  fi  bien  fortifié  par  l'art  &e  la 
nature,  que  plufieurs  le  croient  imprenable.  Il  reçoit  la 
mer  par  une  embouchure  fort  étroite  ,  mais  affez  pro- 
fonde, Se  s'élargit  au-dedans  en  une  grande  baye  ,  les 
rivages  s'éloignant  infenfiblement  l'un  de  l'autre,  Se  en- 
fuite  fe  courbant  en  un.  Il  peut  contenir  au  moins  mille 
navires;  Se  les  montagnes  qui  l'environnent,  le  mettent 
à  l'abri  des  vents  Se  des  tempêtes;  en  forte  que.  les  vaif- 
féaux  y  font  comme  dans  un  golfe  fur ,  fans  avoir  be- 
foin de  cables  ni  d'ancres.  Aux  deux  côtés  de  l'embou- 
chure il  y  a  deux  pointes  avec  deux  châteaux ,  affez  bien 
fortifiés,  pour  empêcher  le  paffage  à  une  très- grande 
flotte.  On  y  a  mis  quantité  de  pièces  de  fonte,  Se  l'on 
y  tient  une  forte  garnifon.  Du  côté  de  l'eft,  au-deftous 


HAU 


HAU 


du  château  ',  on  voit  une  haute  tour,  dans  laquelle  il  y  a 
toujours  des  fentinelles,qui  découvrant  les  navires  qui  s'ap- 
prochent, donnent  un  lignai  qui  fait  connoitre  leur  nom- 
bre à  la  garnifon  fk  aux  habitans.  La  ville  eft  encore 
défendue  par  un  fort  château  ;  mais  elle  n'eft  ceinte  d'au- 
cunes murailles.  Ce  troifiéme  château  eft  beaucoup  plus 
grand  que  les  deux  autres  ,  ck  oppofé  de  telle  manière 
au-devant  des  navires  qui  entrent  dans  l'embouchure 
étroite  du  Havre,  qu'il  leur  peutbrifer  la  proue,  comme 
ceux  des  pointes  peuvent  leur  brifer  les  côtés.  Toutes 
les  flottes  d'Espagne  qui  viennent  de  la  terre-ferme  de 
l'Amérique  méridionale ,  de  la  nouvelle  Espagne ,  ck  des 
ides  où  elles  fe  font  chargées,  ont  accoutumé  de  s'y  re- 
tirer ck  d'y  demeurer  pour  fe  pourvoir  d'eau  ck  des  cho- 
ies néceffaires ,  jusqu'à  ce  qu'elles  y  foient  toutes  affem- 
blées ,  ou  au  moins  la  plus  grande  partie  ;  ck  de-là  au 
mois  de  Septembre ,  divifées  en  deux  ou  toutes  ensem- 
ble, elles  gagnent  la  mer  du  nord  par  le  détroit  de  Ba- 
hama ,  6k  vont  en  Espagne.  La  ville  d'Havana ,  outre 
la  garnifon  qui  doit  être  de  mille  hommes  ,  a  environ 
trois  cents  familles  d'Espagnols ,  plufieurs  Portugaises  Se 
un  grand  nombre  d'esclaves.  Le  gouverneur  de  toute 
l'ifle  y  demeure  d'ordinaire  ,  ainfi  que  les  officiers  royaux. 
Cette  ville  furpaffe  toutes  celles  de  l'ifle ,  ck  la  plupart 
des  autres  de  l'Amérique  ,  tant  par  la  grandeur  fck  par  la 
fureté  de  fon  port ,  qu'en  richeffes  fck  en  commerce.  Les 
forêts  voifines  fournifferrt  une  grande  abondance  de  fort 
bon  bois  ,  dont  on  fe  fert  à  conftruire  des  navires.  On 
a  effayé  de  travailler  à  quelques  mines  de  cuivre  ,  qui 
ne  font  pas  bien  loin  de  la  ville  ;  mais  on  l'a  fait  fans 
fuccès.  Le  P. Taillandier,  millionnaire  Jéfuite  ,  dans  fa 
lettre  du  20  Février  171 1  ,  décrit  ainfi  le  port  de  laHa- 
vana.  Nous  entrâmes  dans  le  port  de  la  Havane  ,  en 
rangeant  le  fort  du  More  à  demi  -  portée  du  piftolet.  Ce 
château  a  plus  de  foixante  canons  de  fonte.  L'autre  paffe 
eft  au  milieu  entre  le  fort  du  More  ck  un  autre  fort ,  qui 
a  trente-fix  pièces  de  groffe  artillerie  de  fonte.  Le  canon 
porte  d'un  fort  à  l'autre.  Quand  on  approche  de  la  ville, 
on  fe  trouve  à  la  portée  d'un  troifiéme  fort  plus  petit 
que  les  deux  autres  :  il  ne  peut  paffer  qu'un  feul  vaiffeau 
dans  chaque  paffe,  le  refte  de  l'entrée  étant  femé  de  ro- 
chers à  fleur  d'eau.  Ce  port,  ou  plutôt  cette  baie,  s'en- 
fonce une  lieue  au  fud,  ôk  forme  comme  divers  bras  à 
l'oueft  ck  à  l'eft.  Le  mouillage  en  eft  bon  ,  &  on  y  eft 
en  fureté  contre  les  vents  les  plus  violens.  La  ville  eft 
bien  fortifiée.  Elle  a  du  côté  de  la  terre  plufieurs  battions 
avec  leurs  courtines  :  fa  figure  eft  presque  ronde  ,  6k  il 
faut  environ  une  heure  pour  en  faire  le  tour.  Il  y  a  trois 
paroiffes ,  fix  maifons  de  différens  ordres ,  ck  trois  mo- 
nafteres  de  religieufes.  Les  Anglois  l'ont  pris  dans  la 
dernière  guerre  ,  y  ont  fait  un  butin  confidérable  ck 
l'ont  rendue  par  le  traité  de  paix.  *  Corn.  Dict.  fck  De 
Lait,  Ind.  occid.  /.  l,c.  ir. 

HAUBERTINGA,  E^elinga,  Adalunga  ,  Gamun- 
dia,  Sec.  Ce  font  des  lieux  nommés  dans  un  diplôme  de 
Charlemagne qui  les  nomme  comme  étant  du  duché  d'Al- 
lemagne. Beatus  Rhenanus  le  rapporte  dans  fes  Antiquités 
Germaniques.  Ce  font  aujourd'hui  des  lieux  de  Suabe, 
qui  confervent  encore  leurs  noms  ,  les  uns  fans  aucun 
changement,  comme  Effelingzn  fck  Gemund  ,  fck  les  au- 
tres avec  un  peu  plus  d'altération.  C'étoient  alors  de  pe- 
tits monafteres  que  Volrad ,  étant  chapelain  de  Charle- 
magne ,  avoit  fondés  ,  &  qu'il  avoit  demandé  de  les  unir 
lorsqu'il  fut  abbé  de  S.  Denis. 

HAUBERT-WILLIERS  ou  Aubervilliers  ,  la 
première  orthographe  eft  de  Corneille,  fck  la  féconde  eft 
de  Piganiol  de  la  Force  ,  village  de  France  ,  au  nord 
oriental  de  Paris  ,  dans  la  plaine  de  S.  Denis  :  on  le 
nomme  auflî  Notre-Dame  des  Vertus  ,  à  caufe  de  fon 
églife  qui  porte  ce  nom  ,  fck  qui  eft  deffervie  par  des 
pères  de  l'Oratoire.  C'eft  un  lieu  où  la  dévotion  attire 
beaucoup  de  monde,  tant  de  Paris  que  des  autres  lieux. 
L'an  1 519 ,  fous  le  régne  de  François  I,  toutes  les  pa- 
roiffes de  la  capitale  du  royaume  s'affemblerent  dans  la 
cathédrale  ,  d'où  elles  allèrent  en  proceffion  à  l'églife 
d'Haubertvilliers,  avec  une  fi  grande  quantité  de  torches 
ck  de  flambeaux,  que  ceux  qui  étoient  vers  Montlheri  cru- 
rent, en  voyant  une  fi  grande  lumière  ,  que  le  feu  étoit 
dans  la  ville.  *  Duchéne,  Antiquités  des  villes  de  France. 
HAUBOURDIN  ,   bourg  de  la  Flandre  Françoife, 


3^3 


dans  la  châtellenie [de  Lille,  fur  la  droite  de  laDeule. 

HAUBTSVYL ,  bourg  de  Suiffe  ,  dans  le  haut  Thur» 
gow ,  avec  un  château  appartenant  à  un  particulier  de 
S.  Gai.  Il  s'y  fabrique  quantité  de  toiles  qu'on  envoie  clans 
les  pays  étrangers.  *  Etat  &  délices  de  La  Suijje,  t. 3 ,  p.  1 66» 
HÂVEL  ,  rivière  d'Allemagne  ;  elle  a  fa  fource  au 
duché  de  Meckelbourg,  dans  un  lac  fitué  entre  les  vil- 
lages de  Vogelfang,  Éltberg,  Feltborg,  Furftenhagen, 
Kiuffel  fck  Thomasdorff,  fck  arrofe  Furftenberg  dernière 
ville  du  pays ,  entre  ensuite  dans  la  Marche  de  Brande- 
bourg ,  où  elle  reçoit  divers  ruiffeaux  ,  fe  partage  de 
tems  en  tems ,  fck  forme  plufieurs  ifles  ,  coule  à  Bot- 
zoti',  à  Orangebourg  fck  à  Spando-w,  ensuite  ,  ferpentant 
vers  le  couchant ,  fck  formant  beaucoup  d'ides ,  elle  paffe 
à  Potsdam  ,  au  vieux  Brandebourg,  reçoit  plufieurs  ri* 
vieres  ,  dont  les  plus  confidérables  font  la  Plun,  l'Ile, 
rejoint  au-deffous  de  Ratenow  une  de  fes  branches ,  fck 
près  de  Rhinow  la  rivière  de  Rhin  ,  fck  enfin  ,  après  avoir 
baigné  les  murs  de  Havelberg,  elle  fe  perd  dans  l'Elbe 
vis-à-vis  de "Werben.  Un  peu  au-deffous  du  vieux  Bran- 
debourg ,  cette  rivière  coule  entre  le  duché  de  Mag- 
debourg  ,  la  moyenne  Marche  ,  fck  au-deffous  de  Rhi-» 
now,  entre  ce  même  duché  fck  Priegnitz. 
■  Le  HAVELLAND ,  c'eft-à-dire  le  pays  de  Havel, 
s'étend  aux  deux  bords  de  cette. rivière,  aux  environs 
de  Havelberg  fck  de  Naven. 

HAVELBERG,  ville  d'Allemagne,  dans  la  baffe  Saxe, 
dans  l'éleftorat  de  Brandebourg ,  fur  la  rivière  de  Havel 
qui  l'entoure  de  fes  eaux.  Elle  eft  dans  le  Havelberg; 
mais  l'églife  cathédrale  fck  le  palais  épiscopal  eft  de  l'au- 
tre côté  de  l'Havel ,  dans  le  pays  de  Priegnitz ,  fur  une 
hauteur.  Durant  les  longues  guerres  d'Allemagne ,  le  roi 
de  Dannemarck  s'empara  de  la  ville ,  fit  de  cette  hauteur 
une  fortereffe  ,  &  l'abandonna  néanmoins  en  1617.  Les 
impériaux  qui  l'alfiégerent ,  s'en  rendirent  maîtres  ;  les 
Suédois  la  reprirent,  en  163 1.  Les  impériaux  fk  les  Sa^ 
xons  les  en  dépofterent ,  en  1636  ;  mais  ils  y  rentrèrent 
l'année  fuivante  ,  fck  ne  la  gardèrent  que  jusqu'au  mois 
de  Juillet.  En  1639  ou  40,  elle  tut  encore  prife  fck  re- 
prife,  fck  eft  enfin  demeurée  à  l'éle&eur  de  Brandebourg» 
*  Zeyler ,  Brandeb.  Topogr. 

L'évêché  de  Havelberg  fut  fondé  par  l'empereur  Ot- 
ton  I,  en  946,  du  vivant  deGero  ,  comte  d'Altenbourg 
fck  de  Mersbourg ,  burgrave  de  Magdebourg  ,  margrave 
de  Luface ,  &  féconde  margrave  de  Brandebourg.  Le 
premier  évêque  fe  nommoit  Udo  ,  en  1501  ;  l'évêque 
étoit  Otton  de  Konigsmarc  ,  gentilhomme  ,  en  1513  ; 
c'étoit  Buffo  d'Alvensleben,  docteur  es  droits,  à  qui  il 
fuccéda,  en  1  ^48  ;  Frédéric  ,  margrave  de  Brandebourg. 
Après  lui  ,  George  de  Blankenberg ,  fut  remplacé.  Le 
margrave  Joachim-Frederic  de  Brandebourg  ,  fck  depuis 
ce  prince  la  maifon  de  Brandebourg  ne  s'eft  point  des- 
faifie  de  cet  évêché  qui  a  été  fécularifé  en  fa  faveur, 
auflî-bien  que  l'archevêché  de  Magdebourg,  dontlefiége 
de  Havelberg  étoit  furFragant.  La  réfidence  de  l'évêque 
étoit  à  Witftock ,  ville  du  Preignitz  ,  fck  quelque  tems 
à  Plattenberg. 

HAVELSBERG,  petite  ville  de  Siléfie,  dans  le  comté 
de  Glats ,  fur  la  Neiffe ,  au-deffus  de  la  ville  de  Glats. 

HAVERBURG.  Corneille  dit  :  Haverburg^,  ville 
d'Angleterre  ,  dans  le  comté  de  Leice/ier  :  on  l'appelle 
vulgairement  Harboron  ;  elle  eft  fituée  fur  la  rivière  de 
"Welland  ;  fck  cite  Davity.  Cet  auteur,  t.  1,  p.  304,  met 
dans  la  province  de  Leicefter  Haverburg  nommé  vul- 
gairement Harborow.  L'auteur  de  l'Etat  préfent  de  la 
G.  Bretagne  ,  t.  I  ,  p.  8i  ,  la  nomme  Harborough. 

HAVÊRFORD-WEST,  ville  de  la  Grande-Breta- 
gne ,  dans  la  principauté  de  Galles ,  en  Pembrokeshire. 
HAVERILL,bourg  d'Angleterre,dans  la  province  d'Ef- 
fex.  On  y  tient  marché  public.  *EtatpT:f.  de  la  G.Bret.  t.i'C 
HAVIZA,  ville  d'Afie,  dans  le^urdiftan,  fur  la  ri- 
vière $Ab{al,  à  85  d.  de  longitude  ,  &  à  31  de  lati- 
tude. Ce  mot  Havifa  ,  employé  dans  l'Hiftoire  de  Ti- 
mur-Bec,  /.  5  ,  c  iz,  eft  corrompu  d'Ahouaz,  félon  la 
remarque  du  tradufteur. 

H  A  VISC  AS,  grand  baflïn  ,  qui  fournit  d'eau  la  ville 
de  Deli ,   dans  l'Indouftan. 

HAULTON  ,  village  d'Angleterre  ,  en  Cheshire  , 
entre  Chefter  fck  Manchefter.  Bauclrand  dit  qu'il  paffe 
pour  un  refte  de  la  petite  ville  de  Co 


3^4 


HAV 


HAV 


eft  nommé -Concangios  ,  dans  la  Notice  de  l'Empire, 
Jtci.Gi  '■>  mais  elle  en  détermine  fi  peu  la  fituation,  qu'on 
ne  fauroit  dire  s'il  étoit  là  ou  ailleurs. 

HAVRE  :  ce  mot,  que  les  Latins  expriment  par  celui 
de  Portas ,  étoit  appelle  par  les  Grecs  Ai'ft»» ,  Limné  &C 
'Ofiioi.  H  ne  répond  pas  au  Statïo  navïum  dès  Latins, 
-comme  l'a  cru  le  P.  Lubin.  Le  port  ou  le  havre,  en  latin 
jportus ,  marque  un  lieu  ou  fermé  ,  ou  capable  d'être 
fermé.  Statio  navïum  fignifie  au  contraire  une  rade ,  un 
abri,  un  mouillage,  où  les  vaifleaux  font  feulement  à 
couvert  de  certains  vents.  Voyez  au  motPoRT  ,  où  je 
traite  des  ports  plus  au  long.  Je  remarquerai  feulement 
ici  l'ufage  du  mot  havre  ,  dans  quelques  façons  de  par- 
ler ,  qui  en  marquent  les  avantages  ou  les  inconvéniens. 
On  appelle  havre  de  barre  ,  un  havre  dont  l'en- 
trée eft  fermée  par  un  banc  de  roches  ou  de  fables,  &C 
auquel  on  ne  peut  entrer  que  de  pleine  mer. 

Le  HAVRE  de  toutes  marées  eft  celui  où  l'on 
n'eft  pas  obligé  d'attendre ,  pour  entrer  ou  pour  fortir, 
la  commodité  de  la  marée. 

Le  HAVRE  d'entrée  fignifie  la  même  chofe  ;  c'eft 
un  havre  où  il  y  a  toujours  allez  d'eau  pour  y  entrer  ou 
pour  en  fortir,  même  en  baffe  marée. 

Le  HAVRE  brute  eft  celui  que  la  nature  feule  a 
formé  ,  &c  auquel  l'induftrie  des  hommes  n'a  encore 
rien  ajouté  pour  le  rendre  plus  fur  ou  plus  commode. 
Les  François  qui  naviguent  en  Amérique  ,  appellent  cul- 
de-fac  un  havre  de  cette  espèce. 

Quelquefois  le  havre  eft  refferré  à  fon  entrée^par  une 
longue  digue-,  qui  s'avance  dans  la  mer  ,  ou  même  par 
deux,  que  l'on  appelle  des  jettées.  Elles  fervent  à  plu- 
sieurs ufages;  i.à  arrêter  le  gros  galet,  ou  le  fable,  ou 
la  vafe  qui  pourrait  entrer  dans  le  port ,  c£  le  combler 
peu- à-peu;  2.  à  haller  les  vaifleaux  qui  en  entrant  ne 
peuvent  fe  fervir  de  leurs  voiles,  à  caufe  des  vents  con- 
traires ;  3.  à  rompre  les  vagues  ,  &C  à  procurer  la  tran- 
quillité aux  vaifleaux  qui  font  dans  le  port;  4.  fouvent 
a'ufîi  à  relTerrer  le  lit  de  la  rivière  ,  dont  l'embouchure 
fonne'le  port,  &  à  lui  ménager  une  profondeur  d'eau 
fuffifante  pour  tenir  les  vaifleaux  à  flott;  5.  fouvent  aufli 
la  tête  de  ceS  jettées  eft  fortifiée  d'une  baterie  de  canon 
pour  protéger  &  la  jettée  &  les  vaifleaux  qui  1  entrent 
clans  le  port. 

Quelquefois,  &  fur-tout  en  Italie  Se  dans  la  Grèce, 
au  lieu  de  jettées ,  il  y  a  un  mole  qui  terme  le  port.  Le 
mole  eft  un  ouvrage  de  maçonnerie  que  l'on. avance  dans 
la  mer  ,  ou  en  ligne  circulaire  ,  ou  à  angles  ,  félon  la 
commodité  du  fond  fur  lequel  on  le  bâtit,  &£  onylaiffe 
feulement  une  entrée  fuffifante  pour  les  vaifleaux,  &que 
l'onpuiffe,  en  cas  de  befoin ,  fermer  avec  une  chaîne-, 
qui  en  empêche  l'entrée  ou  la  ("ortie.  ^  Ce  mole  ,  qui  eft 
ordinairement  fortifié  ,  fert  à  brifer  l'agitation  delà  mer, 
&  à  mettre  en  fureté  les  vaifleaux ,  qui  n'y  craignent  ni 
l'ennemi  ni  les  tempêtes. 

La  crique  eft  une  espèce  de  havre  brute ,  où  des  bar- 
ques Si  des  chaloupes  fe  peuvent  retirer. 

HAVRE  DE  GRACE,  (le)  autrefois  François- 
ville  ,  Franciscopolis ,  ville  de  France  ,  en  Norman- 
die ,  au  pays  de  Caux,  avec  un  port  de  mer  :  elle  eft  fi- 
tuée  à  l'embouchure  de  la  Seine  ,  dans  un  lieu  maréca- 
geux, &  un  terrein  uni,  à  douze  lieues  de  Caën,  à  dix-huit 
de  Rouen  Si  de  Dieppe  ,  à  huit  de  Fescamp  Se  de  l'Ifle- 
Bonne  ,  à  fept  de  Quillebceuf ,  &  à  deux  de  Montivil- 
liers  &  de  Harfleur.  Cette  ville  ,  confidérable  par  la 
quantité  de  beaux  édifices ,  doit  fon  commencement  au 
roi  Lonis  XII,  qui  en  jetta  les  fondemens  ,  en  1509. 
François  I  la  fit  fortifier ,  afin  d'en  faire  un  rempart 
contre  les  Anglois  qui  défoloient  les  pêcheurs  ;  &  on 
y  bâtit  par  fon  ordre  une  très-groffe  tour ,  qui  fubfifte 
encore ,  Se  qui  a  un  commandement  particulier,  avec  bre- 
vet de  fa  majefté  ;  on  y  entretient  garnifon.  Henri  II 
&c  fes  fucceffeurs  y  ont  aufli  fait  travailler.  Le  cardinal 
de  Richelieu  ,  auquel  Louis  XIII  donna  \e  gouverne- 
ment de  cette  place  ,  fit  faire  la  citadelle  à  fes  frais,  & 
par  ce  moyen  vint  à  bout  d'arrêer  les  Anglois ,  qui  ve- 
ndent jusque  dans  la  Seine,  enlever  les  vaifleaux  mar- 
chands. Louis  le  Grand ,  a  augmenté  toutes  les  fortifica- 
tions que  le  cardinal  avoit  faites  à  cette  place. 

Il  y  a  dans  la  ville  environ  quarante  rues  ,  toutes  pa- 
vées ,  dont  plufieurs  font  larges  &c  fpacieufes ,  &{  tirée*. 


à  la  ligne  :  il  y  en  a  fix  qui  la  traverfent  depuis  la 
boulevard  de  la  porte  d'Ingouville,  jusqu'au  port.  Ses 
belles  fontaines ,  diftribuées  dans  tous  les  quartiers  &  lés 
carrefours ,  y  font  d'un  grand  ornement.  On  remarque, 
entr'autres  ,  celle  de  la  grande  place ,  où  fe  terminent 
quatre  grandes  rues.  Sur  cette  fontaine  qui  jette  l'eau 
par  quatre  côtés ,  ainfi  que  celle  de  la  place  du  marché 
ôc  de  Saint-François ,  eft  élevée  une  figure  pédeftre 
de  Louis  XIV  ,  repréfentée  en  pierre  bronzée  ,  &  vê- 
tue à  la  Romaine.  La  ville  du  Havre  a  trois  portes  , 
&  à-peu-près  vingt-quatre  mille  habitans.  Outre  un, 
intendant  de  marine ,  il  y  a  un  commiflaire ,  un  con- 
trôleur ,  un  capitaine  ,  un  lieutenant  de  port ,  6k  quan- 
tité d'officiers  de  département  pour  les  vaifleaux  du  roi  ; 
des  écoles  pour  la  marine  ,  pour  les  mathématiques  &c 
pour  l'exercice  du  canon ,  &  un  collège  pour  les  hu- 
manités. Il  y  a  aufli  bailliage,  vicomte ,  amirauté ,  gre- 
nier à  fel ,  un  lieutenant  de  polke  ,  un  maire  ,  quatre 
échevins,  une  compagnie  privilégiée ,.  &  quatre  com- 
pagnies de  bourgeois  ,  avec  leurs  officiers.  Les  églifes 
de  Notre-Dame  Si  de  Saint-François ,  Se  les  couvens 
des  Capucins  &C  des  Urfulines  ,  font  dans  l'enceinte  de 
fes  murailles  ;  mais  la  paroiffe  de  S.  Michel  ,  le  cou- 
vent des  Pénitens ,  l'hôpital  général ,  &  la  chapelle  de 
S.  Roch ,  avec  les  maifons  des  peftiférés  ,  font  dans 
le  fauxbourg  au-delà  du  marais ,  du  côté  du  nord ,  Se- 
au pied  de  la  côte.  Les  chapelles  de  la  citadelle  &  de 
l'arfenal  font  deffervies  par  les  Capucins ,  qui  ont  aufli 
un  petit  hospice  du  titre  de  Notre-Dame  des  Neiges  , 
derrière  la  citadelle,,  au-delà  des  Tuileries.  M.  le 
prince  de  Conti ,  comme  marquis  de  Grasville  ,  (  De 
Longuerue  le  donne  à  la  maifon  de  Condé,  )  prélènte 
à  la  cure  de  S.  Michel  d'Ingouville ,  fauxbourg  du 
Havre ,  dont  dépendent  les  églifes  de  Notre-Dame  & 
de  S.  François  ,  dans  la  ville  ;  de  forte  que  le  curé  de- 
cette  première  églife  gouverne  toutes  les  trois ,  exerçant 
fes  fondions  curiales  dans  celle  de  Notre  -  Dame ,  Se 
mettant  des  vicaires  pour  deffervir  les  deux  autres  ,  avec 
avec  un  clergé  convenable.  L'églife  de  Notre-Dame 
eft  bâtie  en  croix ,  grande ,  belle ,  Si  ornée  d'architec- 
ture &  de  fculture.  Un  corridor  &  un  rang  de  cha- 
pelles régnent  à  l'entour  ;  celle  de  la  Vierge  ,  der- 
rière le  chœur  ,  y  attire  un  grand  concours  de  dévo- 
tion. Le  grand  portail  eft  un  beau  morceau  d'architec- 
ture ,  qui  préf;nte  trois  portes  fur  la  grande  rue ,  pour 
entrer  fous  les  corridors  &  dans  la  nef.  Ce  portail  eft, 
accompagné  d'une  belle  tour,  &  avec  d'affez  bonnes  clo- 
ches ,  Se  une  grofle  horloge.  Les  deux  portes  de  l«t 
croifée  font  aufli  ornées  d'architefture  6>£  de  fculture, 
&c  une  belle  baluftrade  de  pierre  couronne  en  dehors 
toute  cette  églife.  Le  féminaire  de  S.  Charles  eft  une 
grande  maifon  ,  dans  laquelle  plufieurs  prêtres  vivent  en 
commun  avec  leur  pafteur,  L'églife  de  S.  François, 
a  un  air  de  propreté  dans  toute  fon  étendue  ;  mais 
elle  n'eft  pas  encore  entièrement  achevée  dans  fon  des» 
fein.  La  maifon  de  ville  fait  face  à  l'entrée  du  port  : 
elle  eft  en  bel  air ,  affez  jolie  ,  très-logeable ,  6c  a  une 
avant-cour ,  ornée  d'un  corridor  ouvert  des  deux  côtés., 
&  au-devant  une  grande  place.  La  ville  eft  couverte  d'un 
côté  par  la  citadelle,  dont  elle  eft  féparée  par  un  double 
foffé  rempli  d'eau  ;  de  l'autre  côté  ,  bordée  de  la  Seine, 
Si  divifée  de  fon  fauxbourg  par  une  longue  chauffée, 
aux  deux  côtés  de  laquelle  on  peut  inonder  tous  les  ma-» 
rais ,  par  le  moyen  des  éclufes.  Le  canon  de  la  grofle 
tour  terraffée  ,  accompagnée  d'une  grande  plate-forme  , 
défend  les  jettées  du  canal  d'entrée  de  la  mer ,  Se  la 
petite  rade.  Le  gros  canon  de  fes  baftions  &  de  fes 
boulevards  plantés  d'arbres ,  &  défendus  par  des  demi- 
lunes  Si  des  ravelins ,  fraifés  &  palifladés  ,  pour  fou- 
droyer tout  ce  qui  fort  du  fauxbourg  pour  entrer  dans 
la  ville.  C'eft  tout  le  long  de  fa  plus  grande  place  que 
ce  port  a  fon  étendue  :  il  n'eft  féparé  du  canal  de  la 
Seine,  que  par  une  baffe  muraille  terraffée.  Le  quai  eft  aufli 
terraffé  de  pierre  de  taille,  &  affez  large,  pavé  &  bord£ 
de  maifons.  La  marée  entre  tous  les  jours  deux  fois  dans 
ce  port,  où  elle  apporte  jusqu'à  dix-huit  pieds  d'eau, 
quand  elle  eft  forte.  En  paffant  fur  le  pont  qui  fépare  le 
port  marchand  d'avec  le  baflin  du  roi ,  Sf  le  quartier 
de  Notre  -  Dame  de  celui  de  S.  François ,  on  voit  ce 
baffin  par  lequel  on  entre  par  quatre  grandes  portes  : 
\  il 


BAV 


il  eft  clos  pâr-tout  de  murailles,  excepté  du  côté  du 
pont ,  où  il  eft  -fermé  par  un  treillis  de  fer ,  porté  fur 
un  mur  d'appui ,  afin  que  ceux  qui  panent  de  ce  côté 
puiffent  voiries  vaifleaux.  Ce  baflin,  revêtu  de  pierres 
de  taille,  eft  de  figure  pyramidale,  affez  à, l'abri  des 
vents  ,  avec  un  large  quai  qui  régne  tout  à  l'entour. 
On  y  retient  ordinairement ,  avec  le  fecours  des  éclu- 
fes,  feize  pieds  d'eau;  &  il  y  peut  contenir  à  flot  une 
escadre  de  vaifleaux  de  guerre  de  différentes  grandeurs. 
En  1690,  on  y  fit  entrer  6k  féjourner  onze  galères  du 
roi*  On  rafraîchit  les  eaux  de  ce  baflin ,  en  ouvrant  les 
éclufes ,  pour  recevoir  par  le  canal  du  port  les  eaux  de 
la  marée,  lorsqu'elle  eft  dans  fon  plein,  &  on  les  ren- 
ferme quand  elle  commence  à  s'en  retourner.  Ces  éclu- 
fes font  deux  grandes  portes  doubles  ,  dont  l'une  fou- 
tient  d'un  côté  les  eaux  du  baffin ,  6k.  l'autre  celles  du 
port.  On  les  ouvre  ,  6c  on  détourne  le  deffus  du  pont , 
lorsqu'on  veut  y  faire  entrer  6k  en  faire  fortir  des  vaif- 
feaux.  A  droite  6k  à  gauche ,  fur  les  quais  de  ce  baflin, 
on  voit  quantité,  de  canons  6k  d'ancres ,  comme  en  ma- 
gazin  ,  les  mâts ,  les  agrès ,  6k  autres  pièces  de  vaif- 
feaux  défarmés.  Au  bout  de  ce  baflin ,  il  y  a  un  grand 
espace  de  terrein  ,  qu'on  nomme  le  chantier,  dans  le- 
quel on  peut  en  même  tems  tirer  trois  vaifleaux  de 
foixante  à  quatre-vingt  canons  ;  mais  quand  ces  grands 
vaifleaux  bâtis  au  Havre  ,  en  font  une  fois  fortis  ,  ils  n'y 
rentrent  plus,  6k  font  du  département  de  quelqu'un  des  plus 
grands  ports  de  France ,  comme  de  Breft,  de  Port-Louis, 
de  Toulon  6k  de  Rochefort.  L'arfenal  pour  la  marine 
eft  toujours  en  état  de  fournir  tout  ce  qui  eft  néceffaire 
pour  l'armement  6k  l'équipement  des  vaifleaux  du  dé- 
partement du  Havre.  Cet  arfenal  confifte  en  une  cour 
de  bâtimens.  Dans  le  bas  font  la  chapelle ,  la  Sainte- 
Barbe  ,  où  l'on  tient  l'école  pour  le  canon ,  différens 
bureaux  pour  les  officiers ,  6k  des  fales  où  l'on  conferve 
les  défarmemens  des  vaifleaux.  Au-deflus  des  apparte- 
nons bas,  on  tient  la  jurisdiétion  de  l'amirauté,  l'école 
de  la  marine ,  &  celle  des  mathématiques  ;  clans  d'autres 
fales  font  les  magazins  pour  les  armes.  La  corderie  du 
roi ,  où  l'on  fait  les  cordages  pour  les  vaifleaux  de 
guerre,  eft  une  longue  galerie ,  conftruite  le  long  de 
la  muraille  de  la  ville  -,  du  côté  de  la  mer  :  fa  longueur 
eft  de  plus  de  cent  vingt-quatre  toifes  :  elle  eft  cou- 
verte 6k  fermée  de  toutes  parts ,  6k  a  fes  cours  6k  fes 
magazins  particuliers  où  l'on  conferve  les  cordages.  On 
y  entre  par  trois  grande  portes ,  dont  celle  qui  eft  au 
bout,  paroît  comme  le  portail  d'une  églife.  Lorsque  l'on 
fort  du  baflin ,  par  les  portes  de  fer  qui  font  aux  côtés 
du  pont,  on  entre  fur  la  paroiffe  de  S.  François.  Ce  quar- 
tier eft  entouré  d'eau,  ck  compofé  d'une  vingtaine  dé  rues 
tirées  à  la  ligne ,  6k  dreflees  par  compartimens  comme  les 
planches  d'un  parterre,  à  fleurs.  La  plus  fpacieufe  de  fes 
rues  eft  celle  qu'il  faut  prendre  pour  aller  à  la  citadelle. 
Cette  citadelle  eft  très-forte  6k  de  plus  régulières 
qu'on  puiffe  voir.  Elle  a  quatre  battions  royaux ,  bâtis  de 
brique ,  à  chaînes  de  pierres  de  taille.  Ses  larges  foffés  rem- 
plis d'eau,font  revêtus  de  pierres  ck  de  brique,  aufli-bien  que 
toutes  les  demi-lunes  ck  autres  ouvrages  de  fes  dehors.  Il  y  a 
dans  fon  enceinte  cinq  ou  fix  magazins  confidérables.  Les 
eaux  de  fontainey  font  très  abondantes  ,  ck  l'on  y  conferve 
dans  plufîeurs  citernes  les  eaux  de  pluie  par  précaution.  Sa 

frande  place  d'armes  ck  fes  boulevards  font  plantés  d'ar- 
res.  qui  forment  de  belles  allées  pour  la  promenade^; 
le  point  de  vue  y  eft  fort  agréable ,  tant  fur  la  mer 
que  fur  la  côte.  La  grande  jettée  ,  ou  mole  ,  qui  a  cent 
foixante  toifes  de  longueur ,  ck  vingt-quatre  à  trente  pieds 
de  hauteur,  fur  neuf  ou  environ  de  largeur,  entre  les 
deux  parapets  ,  eft  très-folidement  bâtie  de  greffes  piè- 
ces de  bois ,  enclavées  dans  de  fortes  couliffes ,  arrê- 
tées fur  des  pilotis  ,  ck  entièrement  revêtues  de  fortes 
planches  des  deux  côtés.  Elle  eft  remplie  de  gros  galets 
ou  cailloux ,  6k  fermée  par-deffus  en  manière"  de  coffre. 
Au  bout  de  cette  jettée,  qu'on  doit  encore  prolonger  de 
quatre-vingt  toifes ,  eft  une  tour  de  bois  6k  une  batterie 
de  douze  gros  canons ,  pour  défendre  les  approches  de 
la  ville  ,  6k  les  bords  de  la  mer  6k  de  la  Seine ,  qui 
font  auffi  garnis  de  batteries  de  canons  6k  de  mortiers 
à  bombe.  On  a  commencé  une  autre  grande  jettée  de 
pierres  ,  pour  foutenir  les  eaux  du  canal  d'entrée. 

Le  commerce  du  Havre  confifte  principalement  dans 
la  navigation  6k  dans  la  manufacture   des  dentelles  de 


HAU  30; 

fil ,  qui  font  fort  recherchées.  Ses  habitans  très-habi~ 
les  6k  très-expérimentés  fur  mer ,  montent  de&  vaifleaux 
pour  aller  négocier  dans  toutes  les  parties  du  monde. 
Plufieuçs  compagnies  de  commerce  ont  été  établies  en 
cette  ville.  Celles  d'Afrique,  du  Senega,  de  Guinée, 
des  ifles  Françoifes ,  6k  plusieurs  autres ,  y  ont  leur  dé- 
partement en  tems  de  paix  ;  mais  la  navigation  la  plus 
commune  eft  celle  de  Terre-neuve  où  l'on  va  pêcher 
des  morues  dans  une  cinquantaine  de  vaifleaux  de  deux, 
de  trois  6k  de  quatre  cents  tonneaux,  bâtis  6k  deftinés 
uniquement  pour  cet  ufage.  Toutes  les  fortifications  du 
Havre  ,  excepté  quelques  ouvrages  du  côté  de  la  mer  , 
font  du  chevalier  de  Ville. 

Le  roi,  pour  donner  un  rang  diftingué  à  la  ville  du 
Havre,  en  a  fait  un  gouvernement  en  chef,  qui  com- 
prend la  partie  occidentale  du  pays  de  Caux,  dans  la 
haute  Normandie  ;  favoir  la  ville  6k  la  citadelle  du  Havre, 
chef  de  Caux ,  la  ville  6k  le  château  de  Fescamp  ,  les  châ- 
teaux du  Bec-Crespin ,  de  l'Ocher ,  de  Tancarville  6k 
autres.  Ce  gouvernement  qui  s'étend  plus  de  huit  lieues 
à  la  côte  de  Caux  ,  6k  fept  à  huit  à  la  côte  de  Seine, 
jusques  dans  les  environs  de  l'IUebonne,  a  de  circuitprès 
de  trente  lieues  ,  6k  eft  mis  au  nombre  des  gouvernemens 
de  province. 

Le  Havre  eft  la  patrie  de  George  de  Scuderi  6k  de 
Madelaine  de  Scuderi ,  fa  feeur.  Le  premier  dégroflit 
la  tragédie  Françoife ,  en  attendant  Corneille  qui  l'effaça 
entièrement  :  il  mourut  en  1668.  Madelaine  de  Scu- 
deri, fa  feeur,  eft  fameufe  par  les  romans  de  Cyrus  , 
de  Clélie  6k  quelques  autres ,  6k  par  plufîeurs  ouvrages 
de  vers  6k  de  profe.  On  a  d'elle  quelques  madnaàux 
très-délicats.  Elle  mourut  au  commencement  de  cefiécle, 
âgée  de  94  ans.  C'eft  la  Sapho  fi  célèbre  dans  les  vers 
de  Peliffon  6k  de  quantité  d'autres  beaux  esprits. 

HAVRE ,  principauté  des  Pays-bas ,  dans  la  prévôté, 
6k  au  voifinage  de   Mons. 

HAUSEN  ,  bourg  d'Allemagne ,  en  Suabe ,  dans  la 
principauté  de  Furftenberg  ,  fur  la  rive  gauche  du  Kint- 
zig,  entre  Wolfack  6k  Haslach.  Sdnfon;  Robert  de  Pau- 
gondy.  Atlas, 

HAUSTISUS.  Pline  ,  /.  4 ,  c.  13  ,  parlant  de  la  Quer- 
fonnèfe  Cimbrique  ,  dit  que  le  promontoire  des  Cim- 
bres,  s'avançant  dans  la  mer,  fait  une  presqu'ifle,  nom- 
mée Hauflifus,  félon  les  anciennes  impreflîons,  6k 
Cartris  félon  les  nouvelles.  Voyez  Quersonnese. 

HAUT  &t Haute  :  ce  mot,  en  géographie  ,  s'emploie 
par  oppofition  à  celui  de  bas  pour  le  SUPERIOR  des  La- 
tins ,  oppofé  de  même  à  inferior ,  afin  de  divifer  un 
pays  plus  commodément.  Il  fe  prend  le  plus  commu- 
nément du  cours  des  rivières  dont  le  haut  eft  toujours 
le  plus  près  de  la  fource.-  C'eft  ainfi  que  la  haute  Saxe 
fe  diftingué  de  la  baflé  Saxe ,  félon  le  cours  de  l'Elbe. 
Souvent  aufli  il  fe  prend-  du  voifinage  des  montagnes  ; 
comme  la  haute  Hongrie  eft  entre  le  mont  Crapack  6k 
le  Danube  ,  le  haut  Languedoc  eft  plus  du  côté  des  Py- 
rénées. La  haute  Egypte  a  quantité  de  montagnes ,  6k 
la  baffe  Egypte  n'en  a  point. 

Ce  mot  de  haut  ou  haute  fert  donc  à  la  divifion  de 
plufîeurs  provinces,  6k  nous  en  parlons  aux  noms  pro- 
pres de  ces  provinces  dans  leurs  articles  particuliers. 
Outre  cela,  il  eft  joint  inféparablement  à  plufîeurs  autres 
noms ,   ck  devient  ainfi  le  nom  propre  de  plufîeurs  lieux. 

HAUT-CRET ,  Alta-Crijîa ,  abbaye  cHiommes ,  or- 
dre de  Cîteaux  ,  dans  la  Suiffe  ,  au  bailliage  d'Olon  , 
dans  le  canton  de  Berne.  Elle  fut  fondée  l'an  11 34; 
les  Réformés   l'ont  abolie. 

HAUT-MONT ,  Alius  mons,  Aldmontïum.  ;  abbaye 
régulière ,  de  l'ordre  de  S.  Benoit ,  dans  le  flainaut , 
au  diocèfe  de  Cambray ,  fur  la  Sambre,  à  une  lieue  au 
fud-oueft  de  Maubeuge  ,  fondée  l'an  650,  par  le  comte 
Vincent  Madelgaire,  dit  Saint-Mauger  owSaint-Vinccnt 
de  Soignies  ,  mari  de  fainte  Vaudru  ,  lequel  s'y  retira 
pour  .s'y  confacrer  au  fervice  de  Dieu.  Il  n'y  mourut 
point ,  parce  que  les  importunités  de  ceux  qui  venoient 
troubler  fa  folitude ,  l'avoient  faif  paffer  à  Soignies  , 
dont  on  croit  qu'il  tut  abbé.  *  Baillet,  Topogr.  des 
Saints,  6k  Hift.  abr.  de  l'Ordre  de  S.  Benoît. 

HAUT-VILLIERS  ,  Ahum-ViLlarc ,  abbaye  d'hom- 
mes, de  l'ordre  de  S.  Benoit,  congrégation  de  faint  Vanne, 
en  Champagne,  au  diocèfe,  6k  à  quatre  lieues  de  Rheims, 
vers  le  midi,  fur  la  rive  feptentnonale  de  la  Marne % 
Tome  III.     Qq 


30(5 


HAU 


HAU 


vis-à-vis  d'Epernay ,  fur  la  pente  d'une  montagne ,  en 
un  lieu  néanmoins  fort  élevé ,  ayant  au-deflbus  une  belle 
plaine  &  une  vue  charmante.  Elle  a  été  fondée  en  66i , 
par  S.  Nivar,  archevêque  de  Reims,  qui  y  établit  des 
religieux ,  dont  il  confia  la  conduite  à  S.  Berchaire  qui 
mourut  en  696.  Ce  faint  abbé  fut  gagner  l'amitié  des 
rois  &  des  évêques ,  &  des  grands  feigneurs ,  desquels 
il  obtint  des  biens  fk  des  privilèges  considérables  pour 
cette  abbaye  qui ,  dès  ce  tems  ,  avoit  beaucoup  de  ré- 
putation. Elle  a  eu  des  abbés  commendataires ,  depuis 
le  concordat  ;  &C  on  ya  mis  la  réforme  le  16  Mai  1635, 
depuis  lequel  tems  les  religieux  l'ont  entièrement  re- 
bâtie. Elle  vaut  à  l'abbé  plus  de  vingt  mille  livres  de 
tente  ,  (st.  aux  religieux  environ  quatre  mille ,  non 
compris  leurs  vignes  ,  dont  ils  tirent  de  grands  avan- 
tages ,  &  qui  leur  fournit  le  moyen  d'y  entretenir  vingt 
religieux  de  chœur.  On  voit  dans  1  eglife  de  cette  ab- 
baye ,  qui  eft  petite  ,  quatre  grandes  chattes  d'argent 
doré  ,  dans  l'une  desquelles  eft  le  corps  de  fainte  Hé- 
lène ,  qui  fut  apporté  de  Rome  par  Teutgifus ,  prêtre 
de  Reims  ,  en  l'an  804.  Dans  la  féconde^  eft  le  corps 
de  S.  Nivard ,  fon  fondateur  ;  dans  la  troifiéme  le  corps 
de  S.  Sindulphe ,  patron  du  lieu  ;  &c  la  quatrième  enferme 
les  corps  de  S.  Polycarpe  &  de  S.  Madelou.  On  y  voit 
auiîi  plufieurs  autres  reliques  ,  entr'autres,  de  fainte  Pe- 
tronille  &  de  S.  Urbain  ,  pape.  Ce  fut  dans  ce  monas- 
tère, que  Gotescalc  fut  mis  en  pénitence  :  il  étoit  Alle- 
mand ,  &C  moine  de  l'abbaye  d'Orbais ,  dans  le  diocèfe 
de  Soiflbns ,  connu  fous  le  nom  de  Fulgenu  :  il  apprit 
par  cœur  un  grand  nombre  de  partages  des  pères  de  l'é- 
glife.  Il  alla  à  Rome;  &  étant  retourné  en  Allemagne, 
environ  l'an  846 ,  il  fut  accufé  auprès  de  Raban ,  ar- 
chevêque de  Mayence  ,  d'avoir  des  fentimens  fur  la  pré- 
destination contraires  à  la  foi  ;  il  fe  défendit ,  &  ex- 
pliqua fes  fentimens;  l'archevêque  de  Mayence  le  con- 
damna ,  &£  le  renvoya  à  Hincmar,  archevêque  de  Reims, 
qui,  après  l'avoir  examiné  de  nouveau^  le  jugea  héré- 
tique 8i  incorrigible ,  &  le  condamna  à  être  fouetté  & 
enfermé;  ce  qui  fut  exécuté  en  préfence  du  roi  Charles 
le  Chauve  :  il  mourut  dans  fa  prifon  à  Haut-  Villiers,après 
avoir  refufé  de  fouscrire  à  la  profeffion  de  foi  qu'Hinc- 
mar  lui  avoit  envoyée,  &  qui,  par  cette  raifon,  lui  fit 
refufer  les  facremens  fk  la  fépulture  avec  fes  confrères. 
*  Baugier,  Mém.  hift.  de  la  Champagne,  t.i,  p.  47. 

HAUTE  -  Bruyère  ,  monaftere  confidérabte  de 
l'ordre  de  Fontevraut ,  en  France  ,  à  deux  lieues  de  Mont- 
fort  -  l'Amaury.  Les  comtes  de  ce  nom  y  avoient  leur 
fépulture.  Il  fut  fondé  par  la  fameufe  Bertrade ,  qui  s'y  fit 
religjeufe  entre  les  mains  du  bienheureux  Robert  d'Ar- 
briflet,  &  y  mourut  peu  de  tems  après. 

HAUTE-COMBE,  Alta-Columba ,  abbaye  d'hom- 
mes ,  de  l'ordre  de  Cîteaux ,  dans  le  duché  de  Savoye, 
fur  le  bord  occidental  du  lac  de  Bourget ,  à  quatre  lieues 
au  nord  de  Chambery  ,  fondée  Tan  1 1  iç  ;  félon  d'au- 
tres ,  l'an  1 1  î5 ,  par  Amée  IV,  à  la  prière  de  S.  Ber- 
nard. Les  ducs  de  Savoye  avoient  cl  «"ifi  cette  abbaye 
pour  leur  fépulture.  Aujourd'hui  elle  n'eft  presque  plus  rien. 

HAUTE  -  Fontaine,  Altus-Fons,  abbaye  de 
France,  en  Champagne  ,  au  diocèfe  de  Châlons ,  avec 
un  village  fur  une  colline  ,  dont  le  pied  eft  arrofé  par  la 
rivière  de  Marne,  entre  Saint-Dizier  &  Larzicourt.  Elle 
eft  de  l'ordre  réformé  de  Cîteaux ,  dans  un  endroit  des 
plus  agréables  de  toute  la  Champagne,  &  où  la  vue 
trouve  de  quoi  fe  contenter.  On  ne  lait  pas  précifement 
en  quel  tems  ni  par  qui  elle  a  été  fondée.  On  croit  néan- 
moins que  S.  Bernard  la  fit  bâtir  pour  fervir  de  mai- 
fon  de  fanté  à  fes  religieux  convalefcens,  &  qui  avoient 
befoin  d'un  air  plus  pur.  Feu  l'abbé  le  Roi  a  fait 
bâtira  neuf  la  maifon  abbatiale,  réparer  le  couvent  des 
religieux  &c  orner  l'églife.  *Baugier ,  Mémoire  hift.  de 
la  Champagne  ,  t.  1,  p.  47 ,  &  393. 

HAUTEFORT  ,  ancienne  baronnie,  aujourd'hui  mar- 
quifat  de  France ,  dans  le  Périgord  ,  fur  les  frontières 
du  Limoufin ,  proche  l'abbaye  de  Châtre.  Il  y  a  un 
beau   château. 

1.  HAUTE-Rive,  Altaripa,  petite  ville  de  France, 
dans  le  haut  Languedoc ,  fur  l'Ariege ,  à  quatre  lieues 
de  Touloufe,  au  midi,  en  allant  vers  Pamiers.  *  Baudr. 
édit.  1705. 

l.  HAUTE-RlVE.  Jaillot  écrit  AUTERIVE,  village 
de  France,  dan»  leBourbonnois,  élcftion  de  Gannat, 


fur  l'Allier,  à  trois  quarts  de  lieue  au  midi  de  Vichi. 
On  y  voit  une  fource  bouillonnante  d'une  eau  aigrelette  „ 
qui  ne  diffère  en  rien  de  l'eau  du  petit  boulet  de  Vichi. 
A  trente  pas  de-là,  dans  le  lit  même  de  l'Allier,  qui  fe 
trouve  quelquefois  à  fec ,  il  y  a  deux  fources  d'une  eau  pi- 
quante &  tiède  ;  &  qui  feroit  une  recherche  de  ces  fources 
dans  le  territoire  de  Vichi  ,  en  pourroit  trouver  un  grand 
nombre  entre  celles  que  l'on  connoît  déjà  6c  dont  on  fait 
ufage.  *  Mcm.  de  l'Acad.  Roy  ah  des  Sciences,  ann. 
1707,/*.  130. 

3.  HAUTE-Rive  ,  abbaye  de  Suifïe  ,  au  canton 
de  Fribourg ,  dans  le  comté  de  Gruyère  ;  elle  eft  de 
Tordre  de  Cîteaux,  fk  fut  fondée  en  1098  ,  par  un  comte 
de  Glane  qui  y  fut  enfeveli  en  1141,  ayant  été  tué  à 
Payerne.  L'abbaye  eft  fort  riche  Si  poffede  beaucoup 
des  vignes  au  bailliage  de  Laufanne,  *  Etat  &  déli- 
ces de  la  Suiffe,    t.  3  ,  p.   161. 

HAUTE-SEILLE  ,  Aha-Sylva  ,  abbaye  régulière 
d'hommes  de  l'ordre  de  Cîteaux,  filiation  de  Teulley,  en 
Lorraine ,  au  diocèfe  de  Toul  près  de  Blamont  fur  la  Ve* 
zouze,  fondée  l'an  1140. 

HAUTEM  ,  bourg  de  la  Flandre  impériale,  au  quar- 
tier d'Aloft.  Il  eft  remarquable  parle  martyre  de  S.  Liwin, 
apôtre  du  Brabant.  *  Baillet,  Topographia  des  Saints  , 
p.6o}. 

HAUTEUR  :  ce  mot  qui  fïgnifie  élévation,  a  plu- 
fieurs ufages  dans  la  géographie. 

On  dit  qu'un  château  eft  fur  la  hauteur,  fur  une  hau- 
teur, lorsqu'il  eft  élevé  fur  une  colline,  &  commande 
une  ville  ou  un  bourg  qui  eft  au  pied  ou  fur  le  pen- 
chant. 

On  dit ,  en  termes  de  navigation  :  quand  nous  fûmes 
à  la  hauteur  d'un  tel  port ,  pour  dire  vis-à-vis. 

On  dit ,  en  termes  de  géographie  aftronomique  ,  la 
hauteur  j  ou  l'élévation  du  pôle ,  pour  dite  la  latitude; 
car  quoique  la  hauteur  du  pôle  &  la  latitude  foient 
des  espaces  du  ciel  dans  des  parties  différentes ,  ces  es- 
paces l'ont  pourtant  tellement  égaux,  que  la  détermina- 
tion de  l'un  ou  de  l'autre  produit  le  même  effet  &  la 
même  connoifXance  ;  car  la  hauteur  du  pôle  eft  l'arc  du 
méridien  compris  entre  le  pôle  &  l'horizon;  &  la  la- 
titude du  lieu  eft  l'arc  de  ce  même  méridien  compris 
du  heu  '&  l'équateur.  Or  à  méfure  que  le  pôle  dont 
on  examine  la  hauteur,  s'élève  de  l'horizon  ,  autant 
l'équateur  s'éloigne  du  zénith  du  lieu  ,  puisqu'il  y  a 
toujours  90  d.  de  l'un  à  l'autre  :  ainfi  Pobfervatoire  de 
Pans,  où  la  hauteur  du  pôle  eft  de  48  d.  50'  10",  a  fon  zé- 
nith à  pareille  diftance  de  l'équateur.  On  dit  prendre  hau- 
teur,  pour  dire  mefurer  la  diftance  d'un  aftre  à  l'horizon. 

La  hauteur  de  l'équateur  eft  l'arc  du  méridien  com- 
pris entre  l'horizon  &  l'équateur:  elle  eft  toujours -égale 
au  complément  de  la  hauteur  du  pôle  ,  c'eft  -  à  -  dire  ,, 
à  ce  qui  manque  à  la  hauteur  du  pôle,  pour  être  de  no- 
nante  degrés.  La  raifon  en  eft  facile,  par  le  principe 
que  nous  avons  établi ,  que  du  pôle  à  l'équateur  la  dif- 
tance eft  invariablement  de  nonante  degrés.  Si  le  pôle 
s'élève,  l'équateur  s'abaifle  ;  fi  le  pôle  s'abailTe,  l'équa- 
teur s'élève  à  fon  tour.  Plus  le  pôle  eft  élevé,  plus  fa 
diftance  au  zénith  eft  diminuée  ;  &  de  même  l'horizon 
s'eft  abaifle  ,  &  fa  diftance  à  l'horizon  eft  plus  petite 
dans  la  même  proportion. 

La  hauteur  de  l'équateur  fe  peut  connoître  de  jour, 
par  le  moyen  de  la  hauteur  du  foleil.  On  la  trouve  fa- 
cilement avec  un  quart  de  cercle  bien  divifé  ,  ou  avec 
quelqu'autre  infiniment  aftronomique  ,  &  par  le  moyen 
de  la  déclinaifon  que  l'on  peut  aifément  connoître  r-ar 
la  trigonométrie  fpherique ,  après  que  l'on  a  fupputé,  par 
le  moyen  des  tables  aftronomiques,  le  véritable  lieu 
dans  le  zodiaque  ;  car  fi  cette  déclinaifon  eft  ajoutée  à 
la  hauteur  méridienne,  lorsque  la  déclinaifonfera  méridio- 
nale, ou  étant  ôtée  de  la  hauteur  méridienne  ,  lorsque 
la  déclinaifon  fera  feptentrionale ,  on  aura  la  hauteur 
de  l'équateur, qui  donnera  la  latitude  du  lieu,  &  la  hau- 
teur du  pôle  fur  l'horizon. 

HAUVKSHEAD,  bourg  d'Angleterre,  dans  la  pro- 
vince deLancaftre;  on  y  tient  marché. public.  *  Etal 
préfent  de  la  G.  Bref.  t.  r. 

HAWAS  ,  ville  de  Perfe.  D'Herbelot  la  nomme 
AHUAS,  &  l'hiftorien  de  Timur-Bec  Havi^a.  Elle  eft 
à  31  d.  de  latitude,  &  à  85  de  longitude.  Tavernier, 
Voyage  de  Perfe,  chap,   dern.  dit    que  le  terrok  de 


HAY 


eette  ville  porte  quantité  de  dattes  ck  quelques  autres 
fruits ,  que  l'on  confit  dans  le  vinaigre  ck  qu'on  trans- 
pose dans  d'autres  pays. 

TIAWASCH,  ouHaouache,  ouAoaxe,  rivière 
d'Abifîinie.  Le  Grand,  dans  l'on  Voyage  hiftorique  de  l'A- 
biflinie,/*.  213  ,  la  décrit  ainfi:  l'Aoaxe  n'elt  pas  moins 
grand  que  le  Nil  dans  les  commencemens.  Il  reçoit  le 
Machi  &  le  lac  Zoay  ;  mais  les  peuples  par  où  pane 
l'Aoaxe  ,  le  partagent  en  tant  de  canaux  ,  qu'il  devient 
à  rien  :  on  croit  néanmoins  qu'il  va  le  rendre  par  plu- 
fîeurs  louterreins  dans  la  mer  des  Indes.  Il  eft  bon  de 
remarquer  que  le  Maclù ,  ou  Matshi ,  n'eft  autre  que 
la  décharge  du  lac  Zoay  ou  Zav/aya.  Ce  lac  &  la  lburce 
de  l'Awasch  font  dans  ie  royaume  de  "Wed  ,  l'Ha- 
\rasch ,  entre  dans  le  royaume  d'Ifat ,  ck  le  recourbant 
vers  le  fud-eft ,  il  va  fe  joindre  dans  le  royaume  de  Fa- 
tagar  avec  le  Maeschi  qui  vient  du  couchant  :  ils  pas- 
fent  eniémble  au  toyaume  de  Bali,  &  de-là  au  royaume 
d'Adel  ;  là ,  comme  dit  Ludclfe  ,  Hijl.  JEthiop.  I.  1 , 
c.8,  n.  106  ,  il  fournit  des  eaux  à  ce  pays  qui  en  man- 
que abfolument  :  les  habitans  charmés  d'un  fecours  II 
néceffaire,  ont  grand  foin  de  le  recevoir  en  une  infinité 
de  coupures  pour  fertilifer  leurs  terres  ;  ainfi  à  force 
de  faignées ,  il  fe  trouve  enfin  fi  peu  de  chofe ,  qu'il  fe 
perd  entièrement  dans  les  fables ,  comme  s'il  avoit  honte 
de  ne  porter  à  la  mer  qu'un  tribut  indigne  d'elle.  *  Cane 
de  UAbiffinie  par  Ludolfi. 

I.  HAYE,  (la)  lieu  des  Provinces-Unies,  dans  la 
province  de  Hollande  ,  autrefois  réfidence  des  com- 
tes de  Hollande  ,  d'où  lui  vient  fon  nom  flamand  de 
s'GRAVENHAGEN,  que  l'on  exprime  en  latin  parHAGA 
CoMITIS  ou  COMITUM.  C'eft  aujourd'hui  le  centre 
du  gouvernement  de  la  république ,  la  demeure  des 
Etats-Generaux  des  Provinces-Unies ,  des  ambaflàdeurs 
êtminiftres  étrangers.  Quoiqu'elle  n'ait  point  de  rang 
parmi  les  villes  de  Hollande ,  elle  a  ,  par  fon  étendue  , 
par  le  nombre  Ôk  la  beauté  de  lés  palais ,  par  les  pré- 
rogatives de  fes  magiftrats  ,  de  quoi  être  mile  entre  les 
belles  villes  de  l'Europe.  *  Mémoires  drejfés  fur  les  lieux. 

La  Haye ,  félon  Altmg  ,  Notit,  German.  Infer.  pan.  2, 
p.  78,  eft~~un~magnifique  boutg,  préférable  à  plufieurs 
villes  qui  pafiént  pour  belles.  Ce  n'étoit  d'abord  qu'un 
bois  avec  une  fimple  maifon  de  chafle,  où  les  comtes  de 
Hollande  venoient  quelquefois  ;  Florent  II  s'y  rendoit 
de  tems  en  tems  ,  comme  il  paroît  par  un  diplôme  de 
ce  prince,  daté  de  l'an  1097,  ck  rapporté  par  Boxhor- 
nius.  Mais  l'éclat  où  nous  la  voyons  aujourd'hui  ,  ne 
commença  qu'au  milieu  du  treizième  fiécle,  vers  l'an  1250. 
Jusques-là  les  comtes  a  voient  eu  leur  réfidence  ordi- 
naire à  deux  lieues  de-là,  dans  une  ville  qui  en  avoit  pris 
le  nom  de  sGraveiande.  Mais  Guillaume  II,  comte  de 
Hollande,  le  même  que  les  états  de  l'empire  avoientélu 
&  couronné  empereur,  en  1248,  transporta  fon  iéjour 
à  la  Haye,  où  il  commença  le  palais  qui  eft  aujourd'hui 
la  cour.  Les  guerres  qu'il  eut  contre  les  Frifons  ,  ck  fa 
mort  arrivée ,  en  1256,  dans  une  bataille  qu'il  leur  li- 
vra ,  ne  lui  permirent  pas  d'achever  le  bâtiment.  Floris 
ou  Florent  V ,  fon  fils ,  qui  lui  fuccéda ,  fit  aggrandir  la 
chapelle  ck  tout  l'édifice.  Il  commença  à  y  féjourner 
régulièrement,  fur-tout  depuis  l'an  1284,  ckfix  ans  après, 
il  y  établit  l'ordre  de  S.  Jacques  ;  il  faut  en  conclure  qu'il 
y  avoit  déjà,  outre  la  cour,  aflez  de  maifons  pour  loger 
toute  cette  noblefie  ,  avec  fon  monde  ck  fes  équipages  ; 
car  fans  cela  il  eût  été  plus  naturel  de  préférer  Leide  ou 
Harlem.  En  1296  ,  la  comtefle  ,  époulé  de  Florent  V, 
mourut  à  la  Haye ,  au  rapport  de  Stokius.  La  Haye  étoit 
déjà  le  chef-lieu  d'un  bailliage  de  même  nom,  ck  il  eft 
parlé  de  ce  bailliage  dans  un  acte  de  1291. 

Depuis  Florent  V ,  les  comtes  de  Hollande  y  firent 
leur  réfidence  ordinaire  ;  ck  comme  leur  féjour  avoit 
donné  le  nom  de  s  Grave^ande  au  lieu  où  ils  réfidoient 
auparavant ,  ils  donnèrent  à  la  Haye  celui  de  s'Graven- 
hage  par  la  même  analogie  :  ces  comtes  ne  confidére- 
rent  long-tems  ce  lieu,  que  comme  un;teire  feigneu- 
riale  :  avec  le  tems  il  fut  qualifié  village.  C'eft  ainfi 
qu'il  eft  nommé  dans  un  oftroi  du  roi  Philippe  ,  du 
10  Janvier  15:52,  de  même  dans  un  autre  ottroi' de  Phi- 
lippe d'Autriche  ,  comte  de  Hollande  ,  l'an  1485  ,  ck 
dans  un  autre  acle  du  22  Mars  1439.  D'un  autre  côté, 
on  ne  manque  point  d'actes  où  la  Haye  eft  qualifiée 
ville  ;  entr'autres ,  un  mandement  de  Masimilien  £k  de 


HAY  307 

Marie,  du  l"  Octobre  1481 ,  ckdans  un  grand  nombre 
d'aftes  émanés  depuis  le  commencement  3e  la  républi- 
que :  il  faut  pourtant  avouer  que  cette  qualification  n'eft 
pas  décifive  ;  car  dans  l'ordonnance  du  14  Avril  1557, 
où  il  s'agiffoit  d'un  impôt  fur  le  vin  ,  on  lit  ces  mots  , 
art.  17:  Dans  toutes  les  villes,  ci-devant  mentionnées,  en. 
comptant  la  Haye  pour  une  ville  ;  cette  explication  fait 
voir  qu'elle  ne  pafloit  pas  pour  en  être  une. 

Guillaume  de  Bavière  ,  comte  de  Hollande ,  IVe  du 
nom  ,  étant  devenu  maniaque  ,  ck  ayant  tué  dans  un 
accès  de  fureur  Gérard  de  "Watering  ,  pour  expier  ce 
crime ,  fonda  un  vicaire  dans  la  chapelle  de  la  cour  ; 
mais  fa  maladie  ayant  empiré ,  on  l'enferma  ,  6c  on  ap- 
pella  Albert  de  Bavière,  fon  frère ,  pour  lui  ùiccéder.  Ce- 
lui-ci établit  dans  cette  même  chapelle  un  chapitre  com- 
pofé  d'un  doyen  ck  de  douze  chanoines.  Ce  chapitre 
avoit  de  beaux  droits  tk.  de  grands  privilèges. 

Boxhornius  attribue  à  ce  même  Albert  de  Bavière  la 
fondation  de  la  grande  églife  ou  de  S.  Jacques,  en  1399. 
Il  peut  y  avoir  fait  travailler  ;  mais  la  paroifle  eft  plus 
ancienne  que  la  venue  de  la  maifon  de  Bavière  en  Hol- 
lande. Frère  Hugues  eft  nommé  prochipape  ou  curé  delà 
Haye;  dès  l'an  131 1,  onaunaâe  de  Nicolas,  abbé  de 
Midelbourg  de  l'an  1326,  concernant  la  fondation  d'un 
chapelain  à  l'autel  de  la  Vierge ,  dans  la  paroifle  de  la 
Haye,  ck  un  diplôme  de  Guillaume  III,  (  ayeul  de  Guil- 
laume IV  ck  d'Albert,)  pour  autorifer  cette  fondation. 
Il  y  a  plus  d'apparence  qu'il  eft  fondateur  du  monaftere 
de  S.  Vincent  Ferrier  :  on  croit  qu'il  commença  l'édi- 
fice ,  ck  que  Marguerite  de  Cleves ,  fille  du  duc  Adol- 
phe ,  ck  veuve  de  cet  Albert ,  le  continua  ck  acheva  la 
fondation.  L'abbé  de  Midelbourg  la  confirma,  &  l'atta- 
cha à  fon  ordre ,  qui  étoit  celui  de  S.  Dominique  ,  en 
y  établiffant  une  communauté  de  religieux.  Cette  prin- 
celTe  ck  divers  feigneurs,  entr'autres  Guillaume  VI,  fon 
fils,  en  aflurerent  les  revenus  par  leurs  donations;  ck  ce 
prieuré  fublifta  jusqu'à  Pierre  Bachier  ,  dernier  prieur, 
en  1578. 

Ce  fut  le.  même  Albert  de  Bavière  ,  qui  fonda  ,  à  ce 
que  l'on  croit,  l'hôpital  de  S.  Nicolas,  ck  il  lui  donna, 
en  1385 ,  le  droit  des  poids  &:  mefures,  ck  de  l'aunage. 
Dans  cet  hôpital  étoit  le  Bejaan  ou  Belleard,  lieu  où  l'on 
donnoit  le  couvert  un  jour  &  une  nuit  aux  pauvres  pas- 
fans.  Après  la  révolution ,  Péglife  de  cet  hôpital  ne  fer- 
vant  plus  à  fon  premier  ufage ,  on  en  fit  une  halle  aux 
grains,  &  en  161 5  ,  le  magiitrat  de  la  Haye  l'acheta,  &C 
en  fit  une  boucherie. 

L'école  latine  eut  aufli  patt  aux  bienfaits  d'Albert.  II 
attacha  la  charge  d'écolâtre  au  chapitre  de  Notre-Dame 
de  la  cour  ,  ci  voulut  qu'il  eût  la  direction  de  l'école 
publique ,  ck  que  perfonne  n'en  pût  tenir  de  particulière, 
fans  la  permiffion  du  chapitre. 

Il  eft  remarquable  ,  que  la  Haye  s'étant  accrue  de  tems 
en  tems ,  ck  jouifiant  de  la  prélènce  d'une  cour  bienfai- 
fante  envers  les  eccléfiaftiques  ,  il  n'y  ait  eu  qu'un  feul 
monaftere  d'hommes,  qui  s'y  (bit  établi.  En  récompense 
il  y  avoit  jusqu'à  cinq  monafteres  de  filles.  i°  Le  mo- 
naftere de  fainte  Barbe  ,  (  ou  la  prévôté  de  Bethlehem 
ou  les  foeurs  grifes  ,  ordre  de  Prémontré,)  étoit  au 
Veft-einde ,  au  coin  de  la  rue  d'Affendelft  ou  le  Loo- 
renftraat.  On  ignore  l'année  de  fa  fondation  ;  les  reli- 
gieufes  fe  fournirent ,  en  1496 ,  à  la  direction  de  l'abbé 
de  Middelbourg.  Dans  les  tems  de  troubles  ,  leur  mo- 
naftere ,  qui  étoit  très-vafte,  fervit  de  tribunal  à  l'inqui- 
fiteur-général.  Après  la  révolution  il  fut  ver.da,  I'é^iie 
démolie  ,  6k  le  terrein  couvert,  avec  le  tems,  de  maifons 
bourgeoifes.  2°  Le  couvent  des  religieufes  de  fainte 
Agnès  ,  du  tiers-ordre  de  S.François,  étoit  auffi  dans  le 
"Weft-einde  ,  vis-à-vis  de  l'hôtel  d'Âflèndelft ,  qui  eft 
aujourd'hui  l'hôtel  d'Espagne.  Il  fut  changé,  en  1576, 
en  un  hôpital  pour  les  orphelins.  30  II  y  avoit  un  autre 
monaftere  de  fainte  Agnès,  dans  le  Thoren-ftraat ,  qui 
aboutit  au  pied  de  la  tour  de  l'églife  de  S.  Jacques.  Ces 
religieufes  vivoient  fous  la  régie  de  S.  Auguftin.  40  Les 
religieufes  de  fainte  Elifabeth  ,  du  tiers-ordre  de  S.  Au- 
guftin, étoient  dans  le  Vlaming-ftraat,  vis-à-vis  du  School- 
ftraat ,  au  bas  de  la  rue  de  la  Poiflbnnerie.  Ce  couvent 
a  été  raie  ,  ck  l'emplacement  a  fervi  à  aggrand:r  le  mar- 
ché verd,  où  le  tiennent  les  deux  marchés  du  lundi  ck 
du  vendredi.  5°.Le  couvent  de  fainte  Marie  en  Galilée, 
étoit  partie  dans  le  Pooten,  ck  partie  fur  le  Spuy.  Ls 
Tome  III.    Q  q  ij 


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Kalvermack  ,  le  Tursmark  &  le  Houtmarck  ,  c'eft-à- 
dire  les  marchés  aux  veaux,  aux  tourbes  &  au  bois ,  font 
préfentement  fur  le  terrein  qu'occupoient  les  jardins  des 
religieufes.  Le  Beginncn-Jlraat  conserve  encore  dans  fou 
nom  les  vertiges  de  ce  monaftere. 

L'unique  églife  paroiffiale  qu'il  y  eût  à  la  Haye,  étoit 
celle  de  S.  Jacques ,  de  laquelle  j'ai  parlé.  Elle  fut  brû- 
lée, en  1401,  et  refta  dans  un  état  fort  délabré  jusqu'à 
l'an  1434.  On  voit  un  diplôme  de  Philippe  ,  comte  de 
Hollande  ,  accordé  la  même  année  pour  la  réparer. 
L'an  1 518  ,  Martin  de  Roffem,  pilla  &  ravagea  la  Haye. 
L'églife  fut  brûlée  en  cette  occafîon.  Onze  ans  après,  le 
tonnerre  la  brûla  de  nouveau  ;  &  au  mois  de  Mars  1702, 
elle  auroit  eu  le  même  fort ,  fans  quelques  citoyens  qui 
eurent  le  courage  ôt  l'habileté  d'éteindre  le  feu.  Les  clo- 
ches qui  y  font  aujourd'hui  ne  font  plus  les  mêmes  qu'au- 
trefois ;  on  prit  les  anciennes ,  en  1 57°) ,  pour  fondre  du 
canon.  Cette  églife  n'étoit  déjà  plus  au  pouvoir  des  Ca- 
tholiques Romains ,  ils  en  avoient  été  privés  ;  &  Pierre- 
Gabriel  ,  miniftre  Proteftant,  y  avoit  été  inftallé  dès 
l'an  1566.  Cette  églife  eft  belle  &  affez  grande ,  Philippe 
le  Bon,  duc  de  Bourgogne,  y  tint  en  1456,  un  chapitre 
de  l'ordre  de  la  toifon  d'or  ,  &  on  y  voit  encore  les  ar- 
moiries des  chevaliers.  Il  y  a  des  vitrages  peints  que  l'on 
conserve  avec  foin.  Entr'autres  tombeaux,  ceux  de  l'ami- 
ral d'Opdan  ,  de  Gerard-van-Randerode  ,  dit  Vander 
Aa  ,  &  du  prince  Philippe  de  Heffe-Philipsthal ,  méri- 
ritent  d'être  remarqués. 

Si  cette  paroiffe  étoit  unique ,  il  y  avoit  plufieurs  cha- 
pelles disperfées  dans  la  Haye.  Celle  de  la  Vierge  fur  le 
Pont-du-Spuy ,  étoit  petite.  Il  n'en  refte  plus  que  le  nom 
de  Kappelbrugge ,  que  le  pont  où  elle  étoit,  conferve  en- 
core aujourd'hui.  Les  revenus  en  ont  été  affignés  à  la 
Leproferie.  La  chapelle  de  S.  Jacques  le  Mineur  ,  étoit 
entre  le  Wagefiraat  &  le  Spuy ,  au  bout  de  la  rue  Saint- 
Jacques  ;  l'églife  neuve  en  occupe  le  terrein.  La  cha- 
pelle de  S.  Corneille ,  joignant  la  Leproferie ,  eft  à  l'en- 
trée de  la  Haye.  La  Leproferie  eft  préfentement  une 
maifon  où  des  perfonnes  qui  aiment  la  vie  tranquille  & 
retirée  ,  achètent  une  place  qui  leur  procure  le  loge- 
ment ,  la  nourriture  )k  les  autres  befoins  jusqu'à  leur 
mort.  La  chapelle  de  la  petite  femme  à  la  cruche,  dans 
le  Nord-einde  à  l'orient  ,  n'étoit  pas  fort  loin  du  pont 
de  Skevelink.  Il  n'en  refte  plus  que  le  nom.  Il  y  avoit 
enfin  la  chapelle  du  faint  Sacrement  ;  elle  appartenoit  à 
une  confrérie ,  qui  portoit  le  même  nom ,  &  qui  avoit 
été  confirmé  par  l'abbé  de  Middelbourg  ,  le  29  Octo- 
bre 1440.  Il  y  avoit  attenant  cette  chapelle  une  maifon 
où  les  pauvres  confrères  étoient  reçus  ,  pourvu  qu'ils 
eufïent  été  de  la  confrérie  huit  ou  dix  ans  ,  &  euffent 
payé  les  charges  auxquelles  on  s'obligeoit  en  y  _  entrant. 
C'eft  préfentement  en  partie  une  maifon  où  vivent  de 
vieilles  gens  ;  &  l'églife  eft  affectée  aux  Proteftans  An- 
glois,  èc  aux  Allemands  de  la  religion  réformée.  La 
chapelle  de  S.  Antoine  de  la  Clochette  étoit  dans  le 
Flcer-fleeg,  où  eft  à  préfent  la  maifon  où  l'on  enferme 
les  infenfés.  Il  y  avoit  dans  le  bois  une  autre  chapelle 
de  S.  Antoine  ,  à-peu-près  au  même  lieu  où  les  foldats 
font  l'exercice.  Elle  eft  détruite  jusqu'aux  fondemens. 

Charles  V  orna  la  Haye  d'une  charmante  promenade, 
que  l'on  appelle  Voorhout ,  (prononcez  Foreaût.)  Les 
arbres  furent  plantés,  vers  l'an  1536;  c'étoit  alors  la 
partie  antérieure  du  bois  ,  &£  c'eft  ce  que  fon  nom  ligni- 
fie ;  c'eft  préfentement  un  cours  magnifique ,  dans  une 
vafte  enceinte  de  maifons.  Il  eft  fait  en  équerre  ;  tout 
ce  grand  espace  contient  une  promenade  couverte  d'ar- 
bres ,  parfaitement  bien  entretenus  ,  &c  qui  font  un  dé- 
licieux ombrage  pendant  l'été.  C'eft  le  rendez-vous  des 
grands  &  du  peuple ,  qui  viennent  le  foir  y  respirer  la 
fraîcheur.  Dans  la  longueur  de  cette  place  eftune  lon- 
gue allée  ,  jonchée  de  gravier  ,  &  bordée  d'une  bar- 
rière, dans  laquelle,  de  drftance  en  diftance,  font  ménagés 
des  entrées  pour  les  perfonnes  à  pied  ;  c'eft  autour  de 
cette  barrière  que  fe  promènent  les  catroffes  ,  le  refte  de 
cette  place  eft  planté  d'arbres  en  quinconce.  Sur  le  Voor- 
hout, du  côté  de  la  mer  ,  eft  l'églife  du  cloître  ,  ainfi 
appellée  ,  parce  que  c'eft  un  refte  du  monaftere  de  S.  Vin- 
cent Ferrier,  dont  j'ai  parlé.  Après  la  révolution ,  cette 
églife  fervit  d'écurie ,  &£  ensuite  d'arfenal.  Enfin  ,  en 
1617,  on  s'en  fervit  comme  d'une  églife  Proteftante  ; 
mais  on  l'a  fort  diminuée.  Elle  fut  cédée  au  magiftrat , 


en  1615,  en  toute  propriété.  Pour  ce  qui  eft  du  mo* 
naftere ,  on  y  garda  quelque  tems  les  privilèges  ,  les 
Chartres  &r_  autres  documens  publics  de  l'état  ;  en  1558, 
les  Etats  de  Hollande  y  firent  accommoder  une  falle 
pour  leurs  affemblées  ;  mais  durant  les  troubles  qui  fui- 
virent ,  ils  quittèrent  la  Haye  ,  Se  s'affemblerent  en  dif- 
férens  lieux ,  félon  l'occurrence  ;  Se  la  plupart  du  tems 
ce  fut  à  Delft.  Ils  revinrent  à  la  Haye,  en  1577,  tk 
tinrent  leurs  affemblées  dans  le  réfeftoire  du  cloîtré 
jusqu'à  l'année  1583.  Dès  l'année  1576,  ce  monaftere 
avec  tous  les  bâtimens  &  jardins  ,  avoit  été  donné  à 
l'hôpital  de  S.  Nicolas  ,  qui  en  fit  abbatre  une  partie, 
&  en  vendit  les  matériaux  ;  mais  il  y  eut  défenfe  d'en 
achever  la  démolition. 

Aujourd'hui  les  états- généraux  ,  compofés  des  dépu- 
tés de  toutes  les  différentes  parties  de  la  république  ;  les 
états  de  la  province  de  Hollande  Se  de  Weft-Frife ,  com- 
potes des  députés  des  villes  de  cette  province  le  confeil 
d'état  ;  la  chambre  des  comptes  de  la  généralité  ,  la 
chambre  des  finances  de  la  généralité  ,  la  chambre  des 
monnoies  de  la  généralité  ,  le  haut  conseil  de  guerre  , 
la  haute  cour  de  juftice  ;  en  un  mot ,  les  divers  collè- 
ges qui  concernent  l'adminiftration  de  la  guerre ,  des 
finances  &  des  loix,  ont  leurs  féances  ou  leurs  tribu- 
naux dans  la  cour.  Ce  palais  ,  comme  on  a  déjà  dit  , 
étoit  premièrement  une  fimple  maifon  de  chaffe,  enfuite 
un  château  de  plaifance,  entouré  d'un  bon  foffé  &£  d'une, 
muraille  ,  avec  des  portes  Se  des  ponts-levis  ;  avec  le 
tems ,  on  a  bâti  tout  à  l'entour  ;  Si  au  lieu  de  ces  mu- 
railles, ce  font  d'un  côté  des  maifons  louées  à  divers  par- 
ticuliers ,  le  côté  qui  fuit  eft  un  long  édifice  ,  autrefois 
occupé  par  le  ftadhouder.  Il  eft  percé  d'une  porte ,  fous 
laquelle  eft  la  grande  garde.  Le  côté  qui  eft  bordé  par 
le  vivier,  a  la  chapelle  que  l'on  a  fort  aggrandie.  Le 
bas  eft  occupé  par  divers  bureaux  ,  &  le  haut  eft  diftri- 
bué  en  diverfes  fales ,  où  fe  tiennent  les  affemblées  des 
états  &  des  différens  collèges ,  dont  on  a  parlé.  Plus 
loin  eft  la  châtellenie  ;  prifon  civile  où  l'on  met  les  dé- 
biteurs, tk  même  les  perfonnes  contre  qui  les  préfomp- 
tions  font  affez  fortes  pour  s'en  affurer  ;  mais  quand  le 
crime  commence  à  fe  conftater  ,  on  les  transfère  dans 
les  prifons  de  la  cour.  Il  y  a  apparence  que  ce  lieu  étoit 
anciennement  la  demeure  des  chanoines  de  la  chapelle. 
C'a  été  ensuite  la  maifon  du  châtellenie  ou  conciergerie^ 
d'où  lui  vient  fon  nom  de  châtellenie  ou  conciergerie. 
Pour  ce  qui  eft  de  la  chapelle ,  elle  fut  brûlée ,  en  1 642  ; 
on  la  rebâtit  ensuite  ;  &  comme ,  en  1685  ,  la  révocation 
de  l'édit  de  Nantes  attira  en  Hollande  un  grand  nombre  de 
réfugiés  François ,  dont  quantité  s'établirent  à.  la  Haye  ; 
cette  églife  fe  trouvant  trop  petite  pour  les  contenir ,  on 
l'aggrandit  du  double.  On  l'appelle  préfentement  l'églife 
Françoije.  La  grande  falle  de  la  cour  eft  ifolée  de  trois 
côtés ,  &  fert  préfentement  à  plufieurs  ufages.  En  pre- 
mier lieu,  c'eft  le  veftibule  des  chambres  où  font  les  tri- 
bunaux de  la  cour.  2.  Le  long  des  murailles,  font  des  bou- 
tiques de  Libraires ,  dont  on  fe  fert  principalement  pour 
les  ventes  publiques  des  bibliothèques  ;  &  troifîémement 
au  milieu  eft  un  théâtre  ,  fur  lequel  on  tire  les  loteries 
auxquelles  l'état  a  donné  fon  confentement.  L'affemblée 
générale  des  états  fe  tint  dans  cette  falle  en  165 1  :  tout 
le  haut  de  cet  édifice  eft  garni  de  drapeaux ,  d'étendards, 
&  de  pavillons ,  remportés  fur  les  ennemis. 

Outre  la  jurisdiftion  delà  cour,  le  magiftrat  de  la  Haye 
a  la  fienne  en  particulier.  La  maifon  de  ville  fut  bâtie, 
en  1564  &  1565.  Elle  n'eft  féparée  de  la  grande  églife, 
que  par  un  petit  terrein  dont  même  une  partie  eft  à  l'é- 
glife, &  enfermée  par  unebaluftrade  de  fer  :  le  refte  eft 
une  place  où  s'exécutent  les  fentences  que  le  magiftrat  a 
prononcées  contre  les  criminels  de  fon  reffort. 

Le  corps  des  chirurgiens  a  un  profeffeur  en  anatomie, 
qui  donne  des  leçons  publiques  dans  un  bâtiment  adoffé 
à  l'églife  de  S.  Jacques. 

La  Haye  a  diverfes  places ,  dont  voici  les  plus  confi- 
dérables.  Le  Buytenhoff ou  la  cour  extérieure,  ainfi  nom- 
mée pour  la  distinguer  de  la  Binnenhoff  ou  cour  inté- 
rieure ,  qui  eft  dans  l'enceinte  même  de  la  cour.  C'eft 
au  Buytenhofque  les  gardes  à  cheval  montent  la  garde. 
De  cette  place  on  va  par  une  porte  d'une  ancienne  ma- 
çonnerie ,  autour  de  laquelle  font  les  prifons  de  la  cour , 
dans  une  autre  place  ,  nommée  la  place  ;  c'eft  où  s'exé- 
cutent les  fentences  que  la  cour  a  prononcées  contre  les 


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criminels  ;  par  un  bout  elle  fe  termine  en  entonnoir  dans 
le  Noord-Einde;  au  bout  oppofé  elle  eft  continuée  par  le 
Vyver-berg,  lieu  planté  d'arbres,  d'où  l'on  voit  la  cour, 
de  laquelle  elle  eft  féparée  par  une  grande  pièce  d'eau, 
qui  a  une  petite  ifle  carrée  au  milieu  :  cette  pièce  d'eau 
eft  appellée  le  Vivier ,  6k  donne  le  nom  au  Vyver-berg. 
La  place  que  l'on  nomme  préfentement  le  Pleyn ,  étoit 
autrefois  le  jardin  du  ftadhouder.  On  en  a  fait  une  place, 
où  une  enceinte  de  pieux  enferme  un  grand  carré  planté 
d'arbres ,  &  percée  par  une  allée  en  croix  ,  pour  accour- 
cir  le  chemin  de  ceux  qui  font  à  pied.  C'eft-là  que  l'in- 
fanterie fait  la  parade  ,  avant  que  de  monter  la  garde. 

Les  autres  places  font  le  marché  qui  eft  devant  la 
boucherie ,  ensuite  la  poiflbnnerie  ,  par  laquelle  on  des- 
cend à  une  autre  place  où  fe  tient  le  marché  les  lundis 
ck  les  vendredis.  Cette  dernière  place  s'étend  jusqu'au 
prince  graaft  ou  canal  du  prince. 

C'tft  fur  ce  canal  que  l'on  a  bâti  en  dernier  lieu  un 
grand  nombre  de  maifons  fuperbes ,  qui  méritent  le  nom 
de  palais.  On  y  trouve  auffi  le  Spin-huys,  maifon  de 
force  où  l'on  enferme  les  filles  &  les  femmes  de  mau- 
vaife  vie.  Elle  eft  contigue  à  1?  banque  des  emprunts, 
que  l'on  appelle  communément  le  Lombard.  Ce  dernier 
édifice  fut  bâti,  en  1668,  6k  a  fon  entrée  au  Varkenmark; 
mais  l'établitTement  de  la  banque  eft  plus  ancien. 

Depuis  environ  un  liécle  ,  la  Haye  a  été  fi  augmentée, 
qu'elle  n'eft  presque  plus  reconnoiflable  fur  les  plans  de 
ce  tems-  là.  Ses  principales  augmentations  fe  font  faites 
au  midi  ,  fi  l'on  regarde  le  grand  nombre  de  maifons  ; 
mais  les  plus  fuperbes  accroiffemens  font  le  long  du  ca- 
nal de  la  princeffe,  dans  la  partie  orientale  ,  le  long  du 
bois  que  l'on  a  reculé ,  pour  tirer  ce  canal.  Il  eft  bordé 
d'hôtels  magnifiques  qui  ont  la  vue  fur  le  bois.  Dans 
ce  quartier  font  deux  bâtimens  dignes  d'être  remarqués. 
L'un  eft  la  fonderie  pour  le  canon.  L'autre  eft  la  fyna- 
gogue  des  Juifs  Portugais.  A  l'extrémité  feptentrionale 
de  ce  canal,  eft  le  mail,  promenade  délicieufe  durant  la 
belle  faifon. 

Le  grand  nombre  d'hôtels  qu'on  a  bâtis  à  la  Haye  , 
depuis  quarante  ans  ,  ne  permet  pas  de  les  marquer  en 
détail.   Je  me  contenterai  d'en  nommer  quelques-uns. 

Entre  la  cour ,  le  Pleyn  6k  le  Vy  ver-berg  eft  la  maifon 
du  prince  Maurice  de  Naflau.  Elle  fert  d'hôtel  des  am- 
bafladeurs. 

Le  palais  nommé  la  vieille  cour,  qu'habite  l'envoyé 
du  roi  de  Pruffe.  Les  jardins  en  étoient  beaux  ;  mais  ils 
font  négligés  depuis  quelque  tems. 

L'hôtel  d'Espagne  eft  entre  le  Wejl-Einde  6k  leLakn- 
frat.  George  Frédéric  de  Reneffe  ,  baron  d'Elderen, 
ieigneur  d'AfTendelft ,  le  vendit,  en  1677,  à  D.  Emanuel- 
Francisco  deLyra ,  qui  l'acheta  au  nom  du  roi  d'Espagne, 
dont  il  étoit  envoyé  extraordinaire.  C'eft  une  grande  6k 
vieille  mafle  de  bâtimens  ,  compofée  de  cinq  parties 
différentes,  où  il  n'y  a  ni  goût,  ni  fymmétrie;  mais  l'em- 

E lacement  eft  très-beau  ,  le  jardin  eft  grand  ,  mais  trop 
as  ;  de  manière  que  Phyver  il  eft  fous  l'eau.  La  chapelle 
eft  belle  &  haute,  6k  fa  majefté  Catholique  y  entretient 
trois  chapelains.  Ce  font  les  feules  puiffances  qui  ayent 
en  propre  un  hôtel  pour  leurs  miniftres.  Les  autres  font 
dans  des  hôtels  de  louage.  Chaque  ville  de  la  province 
de  Hollande  a  fon  hôtel  particulier  pour  Ces  députés  :  il 
eft  gardé  par  fon  concierge.  L'amirauté  &  la  compagnie 
des  Indes  ont  auffi  leurs  hôtels  en  propre. 

Quoique  la  Haye  n'ait  point  de  rang  entre  les  villes , 
il  n'y  en  a  guères  qui  ait  autant  de  maifons  de  charité. 
Celle  des  orphelins  fut  fondée,  en  1564,  dans  IsNobel- 
firaat ,  d'où  on  les  transféra  au  couvent  de  fainte  Agnès, 
■vis-à-vis  de  l'hôtel  d'AfTendelft.  Les  orphelins  de  la  Dia- 
conie  font  à  l'extrémité  du  Spuy  6k  de  Wykboom  : 
c'eft  un  affez  beau  bâtiment  autour  d'une  cour  carrée. 
L'hôpital  du  S.  Esprit  fut  bâti ,  en  1616  ,  fur  le  Pa- 
villoens-Graaft ,  vis-à-vis  du  Veerkay  ;  mais  le  nom  des 
pvuvresdu  S.  Esprit  étoit  en  ufage  à  la  Haye  dès  le  qua- 
torzième fiécle.  La  maifon  de  Niewkoop  ,  fur  le  prince 
Graaft  ,  eft  un  grand  bâtiment  en  carré  long  ,  qui  oc- 
cupe un  terrein  de  400  pieds  en  longueur,  6k  de  158  en 
largeur  ,  fondé  par  Jean  de  Bruin  de  Buytenwech ,  fei- 
gneur  de  Niewkoop ,  Noorden  6k  Achtinhoven.  On  y 
donnoit  le  logement ,  la  nourriture  '&  les  remèdes  gra- 
tis aux  pauvres  ;  mais  les  fonds  ayant  été  diminués"  en 
partie  par  des  non- valeurs ,  ou  même  difiîpés  par  quel- 


HAY  309 

ques  administrateurs ,  on  a  été  force  de  louer  les  appar- 
temens  à  des  familles  qui  y  font  allez  bien ,  ck  à  meil- 
leur marché  qu'ailleurs  ;  ck  ce  qu'on  en  tire,  fert  à  l'en- 
tretien des  bâtimens.  La  cour  de  Madame  Cornelie  van 
Wouw,  au  côté  occidental  du  Bree-flraat  entre  le  Prince- 
graafi  6k  le  Herdcrine-jlraat ,  confîfte  en  feize  maifon- 
netes,  fans  le  logis  des  régens.  Elle  fut  fondée,  en  1647, 
par  cette  dame  pour  de  vieilles  femmes  ou  filles  de' la 
religion  Proteftante.  Elles  ont  le  logement ,  quelque  ar- 
gent par  mois ,  &  du  chauffage  tous  les  ans.  La  maifon 
hérite  de  ce  qu'elles  ont  au  tems  de  leur  mort.  Près  de-là 
Barthelemi  van  Wouv  ,  bâtit  en  1649  ■>  une  maifon  ; 
mais  comme  elle  ne  contient  que  deux  places,  on  la  con- 
fond avec  l'autre.  L'hôtel  de  Jean-van-Dam  ,  au  côté 
feptentrional  de  la  rue  nommée  Jufrow  Ida.  -flraat ,  a 
eu  pour  fondateur  Florent-van-Dam  ,  dont  le  reftament 
du  5  Septembre  1563  ,  porte  que  l'on  bâtira  douze  cham- 
bres pour  autant  de  pauvres  perfonnes  âgées  ,  6k  une  pour 
un  treizième  pauvre.  Cette  maifon  s'appelle  à  préfent  la. 
cour  de  S.  Anneland.  L'hôtel  de  Hooghelande  ,  fondé 
en  1669,  par  Pierre  de  Hooghelande  ,  entre  le  Wct- 
moes-firaat  6k  le  Boekhorfi-jlraat ,  a  feize  logemens  pour 
autant  de  Catholiques  Romains.  La  petite  cour  de  Bour~ 
gogne ,  confîfte  en  vingt  logemens.  On  ne  fait  qui  en 
fut  le  fondateur  ;  à  la  voir ,  il  ne  paroît  pas  qu'il  ait  été 
fort  riche.  Faute  de  revenus  pour  l'entretenir,  on  l'a  ven- 
due à  des  particuliers  qui  en  louent  les  chambres  à  des 
gens  du  bas  peuple. 

La  longueur  de  cet  article  ne  me  permet  pas  d'ajou- 
ter ici  les  promenades ,  ck  je  les  réferve  aux  articles  de 
Loosduyn,  Scheveling  6k  Ryswyk  ;  ce  font 
trois  villages  de  la  jurisdiftion  de  la  Haye  ;  je  me  con- 
tente de  dire  ici  que  le  bois  qui  étoit  autrefois  contigu 
à  la  cour,  eft  préfentement  au  nord-eft  de  la  Haye.  On 
y  entre  par  trois  belles  allées.  La  plus  feptentrionale  eft 
le  mail.  La  plus  méridionale  eft  nommée  par  le  peuple 
le  chemin  de  la  roue  de  fortune  ,  à  caufej  d'un  cabaret 
où ,  entr'autres  jeux  il  y  a  une  grande  roue  de  charpente» 
dans  laquelle  font  ménagés  des  fiéges  qui,  quand  on  la 
tourne,  font  alternativement  au  haut  ou  au  bas  de  cette 
roue ,  6k  toujours  fuspendus  à  plomb.  C'eft  un  des  amu- 
femens  de  la  populace.  L'allée  du  milieu  eft  le  chemin 
que  prennent  les  chariots  6k  les  carroffes  qui  vont  à 
Leyden.  Du  côté  de  la  Haye,  ces  trois  allées  font  termi- 
nées par  le  magnifique  canal  de  la  princeffe. 

2.  HAYE ,  (la)  ville  de  France ,  en  Touraine ,  fur 
la  Creufe,  aux  frontières  du  Poitou  ,  à  deux  lieues  de  la 
Guierche ,  à  quatre  de  Châtelleraut ,  6k  à  dix  de  Tours 
6k  de  Poitiers.  Elle  a  titre  de  baronnie.  Il  y  a  deux  pa- 
roiffes  ,  dont  l'une  eft  fous  l'invocation  de  S.  George. 
On  ne  compte  que  cent  foixante  feux  ,  6k  environ  fept 
cents  habitans  dans  cette  petite  ville.  Outre  les  marchés 
ordinaires  de  la  ville  on  y  tient  quatre  foires  par  année. 
C'eft  la  route  ordinaire  des  gens  de  guerre ,  qui  vont 
en  Poitou  ou  qui  en  viennent  ;  6k  pendant  la  guerre 
d'Espagne  ,  il  y  a  paflë  tous  les  ans  onze  ou  douze  mille 
hommes,  tant  d'infanterie  que  de  cavalerie.  C'eft  la  pa- 
trie du  fameux  René  Descartes.  Il  y  naquit  le  3 1  Mars 
1596  ,  6k  mourut  à  Stockholm  le  11  Février  1650.  *  Pi- 
ganiol  de  la  Force  ,  Defcr.  de  la  France,  t.  7,  p.  67. 
Baudrand ,  éd.  170^. 

3.  HAYE  du  Puis,  (la)  bourg  de  France,  en  baffe 
Normandie,  auWiocèfe  de  Coutance,  entre  Carentan, 
S.  Sauveur-le-Vicomte,  Barneville  ckLeflai,  près  de  la 
côte  de  la  mer.  Il  a  titre  de  marquifat ,  château  6k  haute- 
juftice.  *  Corn.  Dift.  Mém.  manufer. 

4.  HAYE-Paisnel,  (la)  bourg  de  France,  dans  la 
baffe  Normandie,  au  diocèfe  de  Coutance,  entre  Ville- 
Dieu  6k  la  Luferne. 

HAYES,  (les)  abbaye  de  filles,  ordre  de  Cîteaux, 
dans  le  Dauphiné  ,  au  diocèfe  de  Grenoble. 

HAYHAM  :  c'eft  la  même  qu'JÏLANA.  Voyez  cet 
article  6k  celui  d'AiLA. 

HAYLESHEM,  abbaye.   Voyez  Helissen. 

1.  HAYN,  félon  Zeyler,  Saxon. fuper.  topogr.p.  100, 
ville  d'Allemagne  ,  dans  la  Misnie ,  au  cercle  de  hauta 
Saxe  ,  fur  la  petite  rivière  de  Reder  ,  environ  à  trois 
milles  de  Dresden.  Dreffer  dit  que  ce  mot  Hayna  , 
chez  les  Allemands  6k  les  Vendes ,  fignifie ,  une  forêt 
folitaire  6k  écartée  ;  6k  que  Hctnischen  en  eft  le  di- 
minutif. Hayn  fut  façcagée  Se  brûlée  par  les  Huflite;, 


3io  HEA 

en  1429;  elle  fut  encore  confumée  par  le  feu,  en  1538. 
Cette  ville  avoit  été  autrefois  allez  floriffante ,  fur-tout 
lorsqu'elle  étoit  la  réfidence  des  margraves  de  Misnie. 
On  voit  encore  des  veftiges  de  leur  palais.  Avant  la  lon- 
gue guerre  d'Allemagne  ,  on  y  fabriquoit  beaucoup  de 
draps.  C'eft  la  patrie  de  Johannts  ab  Indagine. 

2.  HAYN  ;  quelques-uns  difent  Han  ,  mais  mal , 
comme  le  remarque  Zeyler ,  Sikf.  topogr.  p.  150,  petite 
ville  de  Bohême,  au  duché  de  Silène  ,  au  duché  de 
Lignits ,  &  à  deux  milles  au  couchant  de  la  ville  de  ce 
nom ,  à  trois  de  Buntzel ,  &  auprès  du  ruiffeau  de  Dei- 
scha.  Elle  a  un  petit  territoireoù  font  compris  quelques 
bourgs  &  villages  qui  font  un  cercle  particulier.  En  1427, 
les  Huffites  y  égorgèrent  les  enfans  qui  étoient  à  l'école, 
les  prêtres  dan;  lès  églifes  ,  &  les  bourgeois  dans  leurs 
maifons.  En  1 581  ,  cette  ville  fut  incendiée  par  des  fcé- 
lérats  que  l'on  prit  deux  ans  après. 

HAYNA  ,  rivière  de  l'Amérique ,  dans  l'ifle  de  Saint- 
Domingue.  D'Anville  la  nomme,  par  erreur,  Jaina.  Elle 
a  fa  fource  vers  l'eft  de  la  ville  de  Saint-Domingue,  & 
coule  affez  lentement.  Il  y  a  grand  nombre  de  métairies 
fur  (es  bords ,  Se  fes  eaux  font  eftimées  pour  leur  bonté. 

HAYNAM,  ou 

HAYNAN.  Voyez  Hainan. 

HAYR.  Voyez  Haïr. 

HAZA ,  pour  Haïa.  Voyez  ce  mot. 

HAZAN  Keif  :  c'eft  ainfi  que  l'on  dit  aujourd'hui 
par  corruption  ,  au  lieu  de  Husni-Keifa  ,  qui  eft  lé 
nom  d'une  ville  d'Ane ,  dans  la  Méfopofamie  ,  fur  le 
bord  du  Tigre  ,  entre  Ainid  &  Moful  auprès  de  Mer- 
din.  On  la  trouve  auffi  nommée  Hasm-Keifa.  *  Hiji. 
de  Timur-Bec,  1.  5  ,  c.  30. 

HAZEBROUCK. ,  ville  de  la  Flandre  Françoife ,  dans 
la  châtellenie  de  Caffel.  Elle  eft  du  diocèfe  d'Ypres.  Les 
Auguftins  y  enfeignent  les  humanités.  Il  y  a  une  fubdé- 
légation  de  l'intendance  de  Lille. 

HEA,  province  d'Afrique  ,    fur  la  côte  de  Barbarr 


HEA 


Leur  plus  commun  habit  eft  une  espèce  de  robe ,  de 
laine  non  foulée  ,  dont  ils  s'enveloppent,  Se  qui  eft  un 
peu  moins  grofliere  que  des  couvertures  de  lit  ;  fur  la 
chair  ils  ont  un  tablier  de  même  étoffe  ,  qui  les  couvre 
depuis  la  ceinture  jusqu'à  mi-cuiffe.  Ils  ne  portent  point 
de  chapeaux  ,  ni  de  bonnets  ;  mais  feulement  des  cur- 
Jîes  :  ce  font  des  bandes  de  laine  de  quelque  demi-pied 
de  large,  qui  font  cinq  ou  fix  tours  autour  de  leur  tête, 
comme  des  turbans  ;  8c  les  plus  belles  font  de  toile  de 
coton  rayées  de  rouge  ,  avec  des  cordons  qui  pendent 
des  deux  côtés  ,  en  forme  de  franges  ou  de  houppes. 

Les  alfaquis ,  pour  le  diftinguer  des  autres  ,  ont  des 
bonnets  rouges  ou  de  petits  turbans  de  groffe  toile.  Us 
ne  portent  point  de  chemife ,  parce  qu'ils  n'ont  point  de 
lin  ;  &  fi  quelqu'un  en  peut  avoir,  cela  eft  fort  eftimé; 
car  il  n'y  a  que  les  gens  de  condition  qui  ont  été  à  la 
cour  qui  en  ayent,  Se  les  femmes  galantes. qui  en  font 
venir  à  Maroc  &C  à  Safie.  Ils  portent  auffi  des  hagnyfas, 
qui  eft  une  espèce  de  cafaque  de  bure ,  faite  de  groffe 
laine.  Les  jeunes  gens  fe  font  rafer  les  cheveux  Se  la 
barbe ,  jusqu'à  ce  qu'ils  fe  marient  ;  mais  lorsqu'ils  font 
mariés ,  ils  fe  biffent  venir  le  poil  de  la  barbe  ,  ôc  un 
toupet  de  cheveux  au  haut  de  la  tête ,  par  où  les  Arabes 
difent  que  les  Mahométans  feront  connus  au  jour  du  ju- 
gement. Ceux  qui  vivent  dans  les  villes,  portent  des  veftes 
de  draps  de  couleur  ,  à  longues  basques  &  demi-man- 
ches ,  avec  force  boutons  par-devant,  &  par-deffus  quel- 
que cafaque  un  peu  plus  fine. 

Les  femmes  ont  des  veftes  ou  des  mantes  qu'elles  ap- 
pellent des  hayques  ,  Se  qui  font  femblables  aux  veftes 
que  portent  les  Turcs  &  les  Maures  par-deffus  leurs  ha- 
bits, quoiqu'elles  ne  foient  pas  fi  fines,  &  quelques  che- 
mifes  de  toile  fort  longues  &  fort  larges.  Dans  les  mai- 
fons, les  femmes  de  condition  s'enveloppent  d'un  drap 
de  toile  rayé  de  foie  ,  Se  attaché  fur  le  fein  avec  une 
agraphe  d'argent  ou  de  léton ,  à  la  façon  des  boucles  que 
l'on  met  au  poitrail  des  chevaux  ;  mais  elles  portent  au 
bord'dei'Ôcéân,  au  royaume  de  Maroc,   dont  elle  "  bras  de  gros  braffelets  d'argent,  &C  de  gros  anneaux  au- 


eft  la  partie  la  plus  occidentale.  Elle  occupe  la  pointe  du 
grand  Atlas  ,  que  les  Africains  appellent  AYTUACAL , 
Se  a  au  couchant  &c  au  feptentrion  l'Océan  ;  au  midi  les 
montagnes  du  grand  Atlas  qui  confinent  avec  la  pro- 
vince de  Sus  ,  Se  au  levant  le  fleuve  d'EciFELMEL  qui 
la  fépare  de  celle  de  Maroc.  Cette  rivière  naît  dans  la 
montagne  de  Henteta,  Se  court  dans  la  plaine  jusqu'à  ce 
qu'elle  entre  dans  la  rivière  de  Tanjifi,  qui  fépare  cette 
province  de  celle  de  Duquela.  Dans  toute  cette  étendue, 
il  y  a  de  grandes  montagnes  escarpées  Se  fort  hautes , 
Se  des  rochers  couverts  d'arbres,  d'où  naiffent  des  ruis- 
feaux  dont  on  arrofe  les  terres  des  vallons.  On  y  voit 
beaucoup  de  chèvres  Se  d'ânes  ;  mais  peu  d'autres  ani- 
maux ,  à  caufe  de  l'aspect  des  montagnes.  Il  y  vient 
beaucoup  d'orge  ,  mais  point  de  bled.  Les  mouches  à 
miel  Scies  chèvres  font  le  plus  grand  trafic,  parce  qu'on 
en  tire  quantité  de  cire  Se  de  marroquins  dans  Safie ,  où 
l'on  vient  d'Europe  pour  les  acheter.  . 

Le  peuple  de  cette  province  eft  belliqueux  ,  mais  bru- 
tal ,  fans  aucune  police.  Il  ne  cultive  ni  vignes ,  ni  jar- 
dins, quoiqu'il  en  pût  avoir  de  fort  bons  dans  les  vallées, 
à  caufe  des  ruiffeaux  qui  y  coulent.  Il  n'y  plante  point 
auffi  d'oliviers ,  &  l'huile  ,  dont  il  fe  fert  ,  vient  des 
noyaux  d'un  certain  fruit ,  que  portent  des  arbres  épi- 
neux nommés  erquen  ;  ce  fruit  eft  gros  comme  un  gros 
abricot ,  Se  quelquefois  davantage ,  8c  n'a  que  le  noyau 
couvert  d'une  peau  qui  réluit  la  nuit  comme  une  étoile, 
quand  il  eft  mûr.  Les  chèvres  mangent  de  ce  fruit  ,  & 
les  Africains  recueillent  après  les  noyaux  dans  leurs  ber- 
geries, parce  qu'ils  font  fi  durs,  que  les  chèvres  ne  les 
peuvent  cafter ,  &c  les  jettent  tout  entiers  ,  Se  c'eft  de 
l'amande  que  l'on  fait  l'huile  d'Erquen  ,  elle  put  Se  eft 
de  mauvais  goût. 

Ce  peuple  ne  fe  pique  point  de  lettres ,  &  perfonne 
n'y  fait  lire  que  quelques  alfaquis.  Il  n'y  a  ni  médecins , 
ni  chirurgiens  ,  ni  apothicaires  ,  ni  droguiftes  ,  Se  les 
maladies  fe  guériffent  par  les  diètes,  ou  en  appliquant  le 
feu  à  la  partie.  II  n'y  a  que  quelques  barbiers  ,  pour  cir- 
concire les  enfans  Se  pour  faire  le  poil.  Quoiqu'ils  foient 
tous  Mahométans ,  ils  ne  favent  ce  que  c'eft  que  Ma- 
homet 8c  fa  fefte  ;  mais  ils  font  Se  difent,  à  peu  près , 
ce  qu'ils  voient  faire,  ou  entendent  dire  à  leurs  alfa- 
quis. 


deffus  de  la  cheville  du  pied.  Celles  qui  n'ont  pas  le 
moyen  d'en  avoir  d'argent,  les  portent  de  fer  ou  de  léton. 
Elles  portent  auffi  aux  oreilles  trois  ou  quatre  grands  an- 
neaux d'or ,  d'argent,  ou  de  fer,  chacune  félon  fa  qualité, 
où  font  enfilés  des  grains  de  verre  de  couleur ,  avec  de  la 
femence  de  perles  entremêlée.  Les  lits  ordinaires  des 
gens  de  condition  ,  font  de  ces  tapis  à  long  poil ,  pareils 
à  ceux  qui  nous  viennent  d'Afrique  ;  ils  les  mettent  fous 
eux  en  plufieurs  doubles ,  Se  en  laiffent  pendre  un  grand 
mourceau  qui  leur  fert  de  couverture.  Au  lieu  de  draps 
ils  fe  fervent  de  hayques  ;  Se  pour  chevet ,  d'oreillers 
longs  Se  étroits ,  faits  de  laine  ou  de  groffe  toile.  Le  peu- 
ple n'a  d'autre  lit  qu'une nate  de  jonc,  ou  quelques  peaux 
de  moutons  Se  de  chèvre  ,  &  fe  couvre  de  veftes  &  de 
cafaques.  Les  femmes  font  belles ,  ont  le  teint  'fiais  & 
blanc ,  Se  font  fort  amoureufes.  Les  hommes  font  ro- 
buftes  Se  fort  jaloux. 

Leur  nourriture  la  plus  ordinaire  eft  de  farine  d'orge, 
qu'ils  accommodent  en  deux  façons.  Les  uns  en  font  du 
pain  que  l'on  cuit  au  four  comme  en  Europe  ,  les  au- 
tres de  grandes  galettes  fort  déliées  ,  que  l'on  cuit  au 
feu  dans  des  terrines ,  ou  fur  des  têts  de  pots  caffés  Se 
on  les  mange  ainfi  toutes  chaudes  avec  du  beurre  ou  du 
miel  ,  ou  avec  de  l'huile  d'erquen  ;  quelquefois  avec 
des  étuvées  de  chair  de  chèvre  hachée,  ou  par  morceaux, 
parce  qu'ils  n'ont  point  de  vaches ,  Se  que  les  moutons 
font  fort  rares  8c  difficiles  à  élever  dans  ces  montagnes. 
Ils  ont  d'autres  mets  plus  ordinaires ,  comme  le  hacida, 
qu'on  fait  d'un-morceau  de  pâte  cuite  avec  de  l'eau  & 
du  fel.  On  met  dans  une  terrine  cette  eau  8e  cette  pâte 
cuite  ;  puis  on  y  fait  un  trou  au  milieu  ,  qu'on  emplit 
de  beurre  ou  d'huile ,  &  c'eft  la  fauce  où  l'on  trempe 
les  morceaux  :  puis  quand  tout  eft  mangé  ,  on  avale 
bouillon.  Il  y  a  encore  le  hacua  ,  qui  eft  fait  de  farine 
d'orge  cuite  dans  du  lait  ou  du  beurre  frais  ,  qu'ils  m 
gent  de  même.  La  viande  là  plus  ordinaire ,  dont  ufent 
les  Africains  6c  les  Arabes  ,  eft  Yal-cu^cuçu ,  (de  S.  Olon 
l'appelle  couscous.}  Ils  mangent  plutôt  de  la  chair  de 
chèvre  ou  de  brebis ,  que  de  mouton  ou  de  vache ,  Se 
ils  difent  qu'elle  eft  plus  faine  ;  mais  je  crois ,  dit  Mar- 
mol ,  que  c'eft  à  caufe  qu'elle  eft  à  meilleur  marché.  Ils 
ont  quantité  d'œufs ,  Se  la  poule  n'y  vaut  que  huit  ou 
dix  marayedis,  &  la  douzaine  d'çsijfe  environ  la  moitié. 


HEÂ 


BEA 


Quand  ils  veulent  prendre  leurs  repas ,  ils  s'affeyent  par 
terre  ,  auffi-bien  les  femmes  que  les  hommes  ;  &  ayant 
mis  au  milieu  d'eux  la  terrine  ,  chacun  y  met  la  main 
droite  ;  car  ils  tiennent  que  c'eft  un  péché  mortel  que 
de  manger  avec  la  main  gauche  ,  parce  qu'ils  s'en  fer- 
vent pour  leurs  ablutions  avant  la  prière.  Leur  religion 
ne  leur  permet  pas  de  manger  avec  de  cuillers  :  quand 
ils  ont  fini,  ils  lèchent  leurs  doigts  ,  fe  frottent  les  mains 
l'une  contre  l'autre,  ou  autour  des  bras  :  c'eft  ainfî  qu'ils 
s'efluient.  Ils  ne  fe  fervent  ni  de  napes  ,  ni  de  ferviettes , 
ni  même  de  mouchoirs  ;  &  quand  ils  fe  lavent  les  mains, 
ils  ne  les  efluient  point ,  mais  les  tiennent  en  l'air  jus- 
qu'à ce  qu'elles  foientféches  :  ils  font  fi  greffiers,  qu'ayant 
tant  de  ruiffeaux  qui  coulent  des  montagnes  dans  les  val- 
lées ,  où  ils  pourroient  faire  des  moulins ,  ils  occupent 
leurs  femmes  à  moudre  chaque  jour,  à  force  de  bras,  la 
farine  dont  ils  ont  befoin  ,  dans  de  petits  moulins  de  pier- 
res ,  qui  fe  tournent  avec  une  main.  Ils  n'ont  point  de 
favon ,  &  ne  favent  ce  que  c'eft  ;  mais  ils  blanchiflent 
avec  une  certaine  herbe  qu'ils  appellent  ga^ul. 

Toute  cette  province  eft  fort  peuplée  ;  &  il  y  a  de 
grands  villages  &  de  gros  bourgs  ,  pleins  d'un  peuple 
turbulent  ,  qui  étoit  dans  une  guerre  perpétuelle  ayant 
l'empire  des  Cherifs  ,  parce  que  vivant  à  leur  fantaifie , 
ils  n'obfervoient  ni  loi  ni  juftice ,  &  ne  vouloient  fouf- 
frir  aucune  puiffance  pour  les  brider.  Ils  ont  pour  armes 
trois  ou  quatre  dards ,  dont  la  pointe  eft  d'acier  &  fort 
aiguë ,  avec  des  poignards  courbés  en  faucilles ,  qui  cou- 
pent en  dedans ,  Se  font  fort  pointus.  Ils  ont  deux  ou 
trois  frondes  dont  ils  fe  ceignent.  Ils  n'ont  eu  que  fort 
tard  connoiflance  des  arquebufes  &  des  arbalètes.  Ils  ont 
auffi  peu  de  chevaux ,  encore  font-ils  fort  petits  ,  mais 
lî  légers, que.  fais  être  ferrés,  ils  grimpent  fur  les  mon- 
tagnes comme  des  chèvres.  Leurs  cavaliers  portent  des 
lances  avec  de  petites  rondaches  de  cuir ,  Sr  des  coute- 
las faits  comme  leurs  poignards ,  &  ont  des  felles  à  la 
genette  ;  on  n'en  connoît  point  d'autres  dans  toute  l'Afri- 
que. Ils  combatent  écartés  ;  &  chacun  donne  où  il  veut, 
gagnant  toujours  le  haut  des  montagnes  &C  les  pafïàgcs 
les  plus  difficiles ,  d'où  ils  lancent  des  pierres  Se  des  cail- 
loux .  qui  incommodent  fort  ceux  qui  montent.  Ils  atta- 
quent avec  de  grands  cris ,  de  forte  qu'on  diroit  qu'ils 
font  en  grand  nombre  ;  &  ceux  qui  ne  les  connoiflfent 
pas, prennent  quelquefois  l'épouvante.  Comme  le  pays  eft 
âpre  &c  rude,  &c  qu'ils  n'ont  ni  mules  ni  bœufs,  ils  la- 
bourent les  terres  avec  des  ânes  qui  ,  quoique  petits, 
font  forts.  Il  y  a  dans  toute  la  province  quantité  de 
cetfs,,  de  chevreuils  ,  de  fangliers  ,  &  les  plus  grands 
lièvres  qu'il  y  ait  en  toute  la  Barbarie. 

Voilà,  conclut  Marmol,  tout  ce  qui  fe  peut  dire,  en 
peu  de  mots ,  des  mœurs  &t  des  façons  de  vivre  de  ceux 
d'Héa,  Se  généralement  de  tous  les  autres  peuples  de 
la  Barbarie ,  qui  vivent  dans  les  montagnes  ;  parce  qu'il 
y  a  peu  de  différence ,  quoiqu'il  y  en  ait  de  plus  fauva- 
ges  les  uns  que  les  autres.  J'ajoute  qu'un  fiécle  peut  y 
avoir  apporté  bien  du  changement  depuis  ce  tems-là. 
Les  villes  de  cette  province  font  : 

Tedneft  ,   capitale  de    Tefegdelt , 
la  province, 

Agobel,  Tegtefa, 

Alguel,  Eitdevet , 

Teculet ,  Culcyhat-Elmuhaydin  , 

Hadequis  ,"  Egue-Leguingil , 

Eufugaguen  ,  Teftana  , 

Techevit,      .  Amagor. 

Les  principales  montagnes  font  : 

Ayducal ,  Tenzera," 

&  Giubelhadid. 

HEADON,  ville  d'Angleterre,  au  comté  d'Yorc. 
Elle  eft  presque  déchue  de  fon  ancienne  réputation ,  à 
caufe  de  fon  port  bouché,  &  du  voifinage  de  Hull.  *Corn. 
Dift.  Davity 

Elle  eft  nommée  Heydon  ,  dans  l'Etat  préfent  de  la 
Grande-Bretagne. 

HEAN ,  ville  d'Ane ,  au  Tunquin.  C'eft  la  capitale 
de  la  province  de  l'eft,  &C  le  fiége  du  mandarin  qui 
en  eft  le  gouverneur.  Elle  eft  fituée  à  quatre-vingt  lieues 


de  la  mer,  &  à  l'eft  d'une  rivière  qui  fe  fépâranten  deus 
branches,  dont  l'une  eft  appellée  Domia  &  l'autre  Rokbos 
fe  rejoint  en  ce  lieu.  Héan  peut  avoir  deux  mille  mai- 
fons  ;  mais  fes  habitans  font  presque  tous  pauvres.  On 
y  tient  garnifon,  quoiqu'il  n'y  ait  ni  forts,  ni  muraille,  ni 
gros  canon.  Les  marchands  Chinois  y  ont  une  rue ,  Se 
portent  de  longs  cheveux  trèfles  par  derrière  ,  comme 
c'étoit  la  mode  de  leur  pays  ,  avant  que  les  Tartares 
en  euffent  fait  la  conquête.  Les  François  y  ont  auffi  un 
comptoir  ;  &:  le  palais  de  leur  évêque  eft  le  plus  beau 
bâtiment  de  toute  la  ville ,  au  bout  feptentrional  'de  la- 
quelle il  eft  fitué ,  fur  le  bord  de  la  rivière.  Il  n'eft 
point  permis  à  cet  évêque  François  d'aller  demeurer  à 
Cachao  ,  capitale  du  Tunquin  ,  &  il  ne  peut  même  y 
aller  en  aucun  rems  ,  fans  la  permiffion  du  gouverneur'; 
encore  faut-il  obtenir  ce  privilège  par  la  faveur  de  quel- 
qu'un des  mandarins  ,  qui  y  font  leur  réfidence ,  &  pour 
qui  l'évêque  ou  tout  autre  miffionaire,  doit  faire  quelque 
forte  d'ouvrage.  C'eft  pour  cela  que  les  miffionaires  qui 
font  en  ce  pays,  ont  appris  exprès  à  raccommoder  les 
montres ,  les  horloges ,  &  quelques  inftrumens  de  ma- 
thématiques ;  ce  que  les  naturels  du  pays  ignorent  en- 
tièrement. *  Corn.  Dift.  Dampier ,  Voyage  autour  du 
monde,  (.],£,  i  &  ;. 

HEAYE,  ville  d'Ane,  dans  la  Perfe,  à74d.  35'de 
longitude  ,  &  à  31  d.  50'  de  latitude,  félon  Tavernier, 
Voyage  de  Perfe ,  /.  I ,  ch.  dern.  qui  dit  que  c'eft  un 
grand  village. 

HEBAL  (a) ,  montagne  célèbre  de  la  Paleftine  ,  dans 
la  tribu  d'Ephraïm  ,  près  de  la  ville  de  Sichem ,  vis-à 
vis  la  montagne  deGarizim.  Voyez  Garizim.  *  (3)  D. 
Calma ,  Dift. 

HEBATA,  ancienne  ville  d'Ane,  dans  laMéfopota- 
mie ,  félon   Pline ,  1.6,  c.  26. 

HEBDOMECONTACOMETiE  :  ce  mot  eftgrec, 
&  fignifie  les  habitans  àesfoixante  &  dix  villages.  Pline, 
/.  6 ,  c.  29  ,  nomme  ainfi  un  peuple  de  l'Ethiopie ,  fous 
TEgypte. 

HEBDOMUM,  fauxbourg  de  l'ancienne  ville  de  Con- 
ftantinople.  Ce  nom  eft  latinifé ,  &c  rendu  par  le  mot 
Seplimum  ,  dans  la  Chronique  du  comte  Marcellin  ,  &C 
dans  THiftoire  mêlée.  Il  étoit  fur  la  fixiéme  colline  , 
qui  eft  pré  lentement  dans  la  ville.  Ortel.  The/,  a  cru  qu'il 
étoit  à  fepf  milles  de  la  ville  de  Conftantinople ,  ce  qui 
ne  paroît  guères  poffible  ;  il  eft  plus  probable  que  ce 
nom  lui  eft  venu  de  ce'  qu'il  étoit  le  feptiéme  fauxbourg. 
*  Gilles,   Topogr.  ConftmtinopoL  A4,  c.  4. 

HEBERMUNSTER,  abbaye.  Voyez  Ebermuns- 

TER. 

HEBRAICA ,  monaflere  aux  environs  de  Conftan- 
tinople :  on  le  nommoit  auffi  Braca ,  l'eion  Zonare.  Il 
eft  mal  nommé  Thebraîca  dans  THiftoire  mêlée  :  on 
l'appelloit  auparavant  le  monaflere  de  Staurace,  à  caufe 
d'un  homme  de  ce  nom ,  qui  y  étoit  enterré.  *  Ortel. 
Thef. 

KEBRE ,  (l')  fleuve  de  Thrace.  Quelques  Grecs  écri- 
vent 'e2&<;  ,  Ebros  ,  fans  aspiration.  Plutarque  le  Géo- 
graphe, Collecl.  Oxon.t.Z,  p.  6 ,  eft  de  ce  nombre, 
&  dit  que  l'Ebre,  fleuve  de  Thrace,  prend  fon  nom 
des  tournans  qu'il  a  dans  fon  cours.  Caflandre ,  roi 
de  ce  pays ,  eut  de  Crotonice  ,  fa  femme ,  un  fils ,  nomme 
Hebrus.  Il  la  disgracia  enfuite,  époufa  Damafippe,  fille 
d'Atrax ,  laquelle  étant  devenue  amoureufe  d'Hebrus  , 
lui  fit  des  propofitions  criminelles  :  ce  jeune  prince  en 
eut  horreur;  fk  pour  ne  la  point  voir,  étoit  toujours  à 
la  chatte.  Cette  malheureufe  voulant  le  perdre ,  l'accufa 
auprès  du  roi  de  l'avoir  forcée.  Caflandre  la  crut,  & 
entrant  dans  la  forêt,  l'épée  à  la  main  ,  pourfuivitfon 
fils,  qui  ne  pouvant  éviter  la  mort,  &t  voulant  fauver 
à  fon  père  l'horreur  d'un  parricide,  fe  jetta  dans  le  fleuve 
RHOMBUS,  qui  prit  enfuite  le  nom  d'Hebre,  comme 
le  rapporte  Timothée  au  livre  XI  des  rivières. . .  Dans 
ce  fleuve  ,  pourfuit  le  même  géographe  »  il  naît  une  herbe 
femblable  à  de  l'origan  ;  les  Thraces  en  cueillent  les 
fommités,  St  les  brûlent  après  le  repas  ;  il  en  respirent 
la  fumée  qui  les  enyvre,  &  leur  caufe  un  profond  foin- 
meil.  Pline,  l.  33  ,  c.  3  ,  nomme  l'Hebre  entre  les  ri- 
vières qui  avoient  des  pailletés  d'or.  Il  dit,  A4, c.  il, 
que  ce  fleuve  descend  du  pays  des  Odryfiens.  Il  n'y  a 
guères  de  rivières  dont  les  anciens  ayent  tant  parlé,  & 
dont  ils  ayent  fi  peu  dit  de  chofes,  Rien  n'eft  plus  mai- 


3i2  HEA 

gre  que  ce  qu'ils  en  difent  de  fuite.  De  l'Ifle  raffemblant 
ce  qu'il  avoit  trouvé  disperfé  ,  un  mot  d'un  côté ,  un 
mot  de  l'autre ,  en  décrit  ainfi  le  cours. 

L'Hebre  a  fa  fource  au  pied  du  mont  Scomius ,  qui  eft 
à  l'orient  de  Sardique  :  de-là  ,  ferpentant  vers  le  midi  , 
l'orient ,  &  le  feptentrion  alternativement ,  il  coule  auprès 
de  Zyrma ,  aujourd'hui  Bazan-gik  ,  &  fait  presque  le  tour 
de  la  ville  de  Philippopolis  ;  de-là ,  prenant  ion  cours 
vers  le  fud-eft ,  par  le  pays  de  Celetes ,  il  reçoit  divers 
ruiffeaux ,  Sr.  arrive  à  Andrinople  ;  auprès  de  cette  ville, 
il  fe  groffit  de  deux  rivières  affez  greffes.  La  première 
eft  le  TONZUS ,  ou  le  BURGUS  ,  qui  vient  de  Tonzos  , 
au  pied  du  mont  Haîmus,  à  Ordiza  &  à  CARPUM.E- 
MUM  ,  &cfe  perd  dans  le  Hebre  au-deffus  d' Andrinople  ; 
c'eft  aujourd'hui  laTUNClA.  L'autre  eft  le  CoNTADES- 
DUS ,  qui  a  fa  fource  affez  près  de  la  mer  Noire ,  reçoit 
le  Tœarus ,  5c  enfuite  l'Agrianes,  dont  il  prend  le  nom 
jusqu'à  l'Hebre ,  dans  lequel  il  fe  perd  au-deffous  d'An- 
drinople.  L'Hebre,  coulant  de-là  vers  le  midi ,  à  tra- 
vers le  pays  des  Odryfiens ,  forme  quantité  de  détours, 
paffe  auprès  de  Didymotychos  ,  de  Trajanopolis ,  de 
Dyme ,  ci  de  Cypfelum  ;  en  prenant  enfuite  fa  route 
vers  le  midi  occidental ,  il  entre  dans  la  mer  jEgée  par 
deux  bouches,  entre  Sala  &c  le  port  d'jEnos,  au  nord 
de  l'ifle  de  Samothrace ,  à  l'entrée  du  golfe  Melanis.  A 
fon  embouchure  il  féparoit  les  Cicones ,  ou  Ciconiens 
Doriques,  des  Abfynthiens.  C'eft  pour  cela  que  Vir- 
gile dit  que  les  femmes  des  Ciconiens  ,  irritées  de  fon 
attachement  pour  Euridice  ,  le  déchirèrent,  &  jetterent 
fa  tête  dans  l'Hebre.  Ce  fleuve  a  toujours  eu  la  répu- 
tation d'être  très-froid.  Virgile,  Egl.  10  ,  v.  65  ,  dit: 

Nec  fi  frigoribus  mediis  Hebrumque  bibamus. 

Et  Horace  n'en  parle  que  comme  s'il  étoit  couvert 
de  neiges  &c  de  glaces ,  Epit.  3  ,  v.  3  : 

Hebrusque  nivali  comptai  vinSus. 

Il  l'appelle  le  compagnon  de  l'hyver,  Ode  25  ,  /.  1.  : 

Arldas  frondes  hyemis  fodali 
Dedicet  Hebro. 

Le  nom  moderne  de  l'Hebre  eft  Mariza.  Voyez  ce 

mot- 

HEBREUX  :  nom  que  l'on  a  donné  à  la  poftérité 
d'Heber  ,  fils  de  Salé  ,  &  petit-fils  d'Arphaxad  ,  qui 
étoit  fils  de  Sera ,  &  petit-fils  de  Noé.  Heber  fut  père 
de  Phaleg  ,  dont  le  fils ,  nommé  Reù  ,  fut  père  de  Sa- 
lue ,  &  ayeul  de  Nachor ,  dont  le  fils  Tharé  fut  père 
d'Abraham,  de  qui  descend  le  peuple  que  l'on  a  appelle 
les  Hébreux.  Voilà  l'opinion  plus  générale  fur  l'origine 
du  mot  Hébreux.  Quelques-uns  prétendent  que  c'eft  Abra- 
ham qui  a  été  le  premier  appelle  Hébreu,  rk  que  les 
Chananéens  le  nommèrent  ainfi ,  parce  qu'il  venoit  de 
de-là  l'Euphrate  ,  &  que  ce  mot,  en  hébreu,  lignifie 
un  homme  de  de-là.  le  fleuve.  Les  Hébreux  font  les 
mêmes  que  les  Juifs.  Appien  les  nomme  'EG&iti  ;  les 
Italiens  difent  encore  un  Ebreo  ,  pour  un  Juif  ;  en  fran- 
çois ,  les  Hébreux ,  ne  fe  dit  point  des  Juifs  modernes , 
mais  de  ceux  qui  ont  vécu  avant  l'établiffement  de  la 
loi  nouvelle.  A  l'égard  de  la  langue  hébraïque,  voyez 
Langue.  *  Saci,  fur  le  c.  11  de  la  Genèfe. 
HEBRIDES.  Voyez  "Westernes. 
HEBRO.  Voyez  Hobro. 
HEBROMANI.  Voyez  Ebromagus. 
HEBRON  (a),  ou  Chebron,  une  des  plus  ancien- 
nes villes  de  la  Paleftine ,  &C  même  du  monde  ,  puis- 
quelle  fut  bâtie  fept  ans  avant  Tanis ,  capitale  de  la  baffe 
Egypte,  (k)  Comme  l'Egypte  avoit  été  un  des  premiers 
pays  peuplés  ,  après  la  difperfion  de  Babel ,  on  en  peut 
conclure  que  Hebron  étoit  très-ancienne.  On  croit 
qu' Arbé ,  un  des  plus  anciens  géans  delà  Paleftine,  l'a- 
voit  fondée ,  ce  qui  lui  fit  donner  le  nom  de  Carie- 
THARBÉ  ,  ou  ville  d'Arbé ,  qui  fut  enfuite  changé  en 
celui  d'HEBRON.  Arbé  fut  le  père  d'Enach,  (c)  &Enach 
donna  fon  nom  aux  géans  Enacim  ,  qui  demeuraient 
encore  à  Hebron  lorsque  Jofué  conquit  la  terre  de  Cha- 
naan.  Dans  la  traduction  latine  de  Jofué  (d),  on  lit 
que  le  grand  Adam  y  eft  enterré  :  Adam  maximus  ibi 


HEA 


inter  Enacim  Jztus  eft  ;  &  S.  Jérôme  ,  dans  plus  d'un  en- 
droit ,  (e)  témoigne  que  c'étoit  l'opinion  des  Juifs ,  qu'A- 
dam y  avoit  été  enfeveli.  Mais  on  peut  donner  un  autre 
fens  à  l'hébreu ,  Se  traduire  :  le  nom  ancien  d' Hebron  ejl 
Arbé.  Cet  homme  (Arbé)  eft  le  plus  grand,  le  chef 
des  Enacim.  On  ne  fait  quand  elle  commença  à  por- 
ter le  nom  à'Hebron.lly  en  a  qui  croient  que  ce  ne  fut  que 
depuis  que  Caleb  en  eut  fait  la  conquête ,  &  qu'il  lui  donna 
le  nom  d'Hebron  ,  à  caufe  d'un  de  fes  fils,  qui  s'appel- 
loit  ainfi.  Mais  je  crois ,  dit  D.  Calmet ,  que  le  nom 
d'Hebron  eft  plus  ancien ,  &  que  Caleb  donna  peut- 
être  par  honneur  à  fon  fils  le  nom  de  cette  ancienne  &T. 
célèbre  place.  *  (a)  D.  Calmet,  Did.  P>)  Num.  c.  13  , 
v.  23.  (c)  Jofué,  c,  14,  v.  15.  (d)  Jofué,  c.  15,  v.  13. 
(e)  c.  14,  v,  15.  H'uronym.  in  Epitaph.  Paula  &c  in. 
Qji.  Hebr.  in  Genef.  &i/z  locis  Hebr.  en  Arbog.  &  Ccwz- 
ment,  in  Malt.  27. 

Hebron  étoit  fituée  fur  une  hauteur  à  vingt-deux  milles 
de  Jérufalem ,  vers  le  midi  (a) ,  &  à  vingt  milles  de 
Berfabée  ,  vers  le  nord.  Abraham ,  Sara  &c  Ifaac  furent 
enterrés  près  d'Hebron ,  dans  la  caverne  de  Macphela  , 
ou  dans  la  caverne  double  qu'Abraham  avoit  achetée  au- 
près d'Ephron  Q3).  On  voyoit  près  de-là  le  chêne  ,  ou 
le  térébinthe  d'Abraham ,  fous  lequel  il  avoit  reçu  les 
trois  anges  (c).  Eufebe,  Demonjtr.  Evang.  1.  5  ,  c.  9  , 
Sozomene,/.  I,  c.  3  ,  ve/4,  &  plufieurs  autres  anciens, 
parlent  de  la  vénération  que  les  Chrétiens  &  les  payens 
avoient  pour  ce  térébinthe.  On  difoit  qu'il  y  étoit  là 
dès  le  commencement  du  monde ,  comme  fi  ce  n'eût 
pas  été  affez  exagérer ,  que  de  dire  qu'il  y  étoit  depuis 
Abraham  (d).  D'autres  difoient  que  c'étoit  le  bâton  d'un 
des  anges ,  qui  avoit  pris  racine  en  cet  endroit.  On  y 
avoit  établi  une  foire  célèbre  dans  tout  le  pays ,  Se  on 
croyoit  que  ce  térébinthe  étoit  incorruptible ,  parce  que 
quelquefois  il  paroiffoit  tout  en  flammes  par  le  feu  que 
l'on  faifoitautour,&tqui  ne  le  confumoit  point.*  (a)  Eufeb, 


ad  vocem  ARCO.  (b)  Genef  c.  33,  v.  7  ,  9.  (c)  Genef. 

2ce" 
l.i,  c.  18. 


c.  18 

Georg.   Sincell.  ex  Julio  Afr 


eronym.   &  Eufeb.  in  locis  Jofeph. 
p.  107  ;  &  Socrat.  Hift. 


%\ 


Hebron  étoit  dans  le  partage  de  Juda.  Le  Seigneur 
l'aflïgna  pour  partage  à  fon  ferviteur  Caleb  (a).  Jofué 
prit  d'abord  Hebron ,  &  en  tua  le  roi  nommé  Oham  (b). 
Caleb  en  fit  de  nouveau  la  conquête  ,  aidé  par  les  trou- 
pes de  fa  tribu  (c)  ,  &  par  la  valeur  d'Othoniel.  Elle 
fut  affignée  aux  prêtres  pour  leur  demeure ,  &  fût  dé- 
clarée ville  de  refuge  (d).  David  y  établit  le  fiége  de 
fon  royaume,  après-la  mort  de  Saùl  (e).  Ce  fut  à  He- 
bron qu'Abfalon  commença  fa  révolte  (f).  Pendant  la 
captivité  de  Babylone  ,  les  Iduméens  s'étant  jettes  dans 
la  partie  méridionale  de  Juda ,  s'emparèrent  d'Hebron , 
d'où  vient  que,  dans  Jofeph,  elle  eft  quelquefois  attribuée 
à  l'Idumée  (s).  On  croit  que  c'étoit  la  demeure  deZa- 
charie  Se  d'Elizabeth ,  &  le  lieu  de  la  naiffance  de  S.  Jean- 
Baptifte  :  Hebron  fubfifte  encore  aujourd'hui ,  mais  fort 
déchue  de  fon  ancien  éclat.  *  (a)  Jofué,  c.  14,  v.  13. 
Jofué,  c.  10,  v. 3,  23  &  37.  (c)  Judic.  ci,  v.  12 
3.  (d)  Jofué,  c.  21  ,  v.  13.  (e)  Reg.l.  2,  c.  2", 
v.  2,  5.  (f)  Reg.  1.  2,  c.  15,  v.  7  &feq.  (S)  De  Bell. 
1.  5 ,  c.  7. 

Le  père  Nau,  dans  fon  Voyage  de  la  Terre-  fainte, 
/.  4,  c.  18  ,  avoue  qu'il  n'a  pu  voir  Hebron  :  il  en  rap- 
porte ce  qui  fuit,  fur  la  foi  d'un  de  (es  amis ,  qui  y  avoit 
long-tems  féjourné. 

En  partant  de  Bethlehèm  ,  on  prend  fa  route  par  les 
pifeines  de  Salomon.  On  paffe  enfuite  une  montagne  ÔC 
une  forêt  ;  on  arrive  à  une  petite  vallée  qui  eft  culti- 
vée &  femée  ;  après  cela ,  on  trouve  une  plaine  &c  up 
village  nommé  Ain  Halhoul  ;  &  de-là  jusqu'à  Hebron 
ce  ne  font  que  vignes  qui  portent  des  raifins  dont  les 
grains  font  gros  comme  le  pouce ,  &  des  jardins  qui 
fourniffent  presque  toutes  fortes  des  fruits.  Hebron  efl 
une  ville  dont  la  grandeur  approche  de  celle  de  Jéru- 
falem ;  mais  elle  eft  fans  remparts  Scfans.murailles.  Une 
partie  eft  fur  une  petite  montagne ,  &  l'autre  dans  la 
plaine  qui  eft  au  bas.  Les  maifons  font  de  pierres.  Ce 
qui  eft  de  plus  remarquable  ,  c'eft  la  grande  mosquée, 
qui  a  autant  d'étendue  que  l'églife  du  S.  Sépulcre  à  Jéru- 
falem ,  &  qui  eft  tout-à-fait  belle  &  ornée.  Les  fépulcres 
d'Abraham  &  de  Sara  font  au  milieu  ,  un  peu  féparés 
l'un  de  l'autre,  ck  couverts  de  riches  tapis  ;  la  vafte  & 
profonde 


HEC 


HED 


313 


profonde  grotte ,  où  leurs  corps  ont  été  mis  ,  eft  en  cet  où  a-t-ii  pris  cette  circonftance  ?   Pline  ,  /.  6 ,  c.  15, 

endroit:  on  n'y  defcend  point,   on  la  voit  feulement  dit:  la  Parthie  a  pour  capitale  Hecatompyle,  ville  fituée 

par  une  ouverture.    Les  Mahométans  y  font  despéleri-  à  cent  trente- trois  mille  pas  des  portes  Caspiennes.  Il 

nages  :   ils  y  viennent   d'Alep  ,  de  Damas,    &  d'au-  dit,  c.  25  ,  qu'elle  étoit  au  milieu  de  la  Parthie  ,    &  la 

très  pays ,  avec  une  ferveur  admirable ,  fous  la  conduite  réfidence  d'Arface.  Il  eft  certain ,  par  la  latitude,  qu'elle 

de  leurs  fantons.    Cette  mosquée  eft  deflèrvie  par  des  ne  peut  être  ni  Yesd ,  ni  Ispahan. 
gens  favans  dans  la  loi ,  &  qui  ont  nne  penfion  réglée.         2.  HECATOMPYLUS  ,  ancienne  ville  de  la  Libye. 

A  deux  ou  trois  cens  pas  de-là  vers  l'occident,  il  y  a  Diodore  de  Sicile  en  parle  ainfi  ,  /.  4,  c.  28.  Hercule, 

une  belle  mosquée  qu'on  nomme  des  Quarante  Martyrs,  après  la  mort  d'Anthée ,   pafla  en  Egypte  où  il  fit  mou- 

ElarbaïnScheid  ;  auprès  il  y  a  un  grand  &t  vieux  chêne,  rir  le  tyran  Bufiris    qui  fouilloit   fes  mains  du   fang  de 

Dans  cette  mosquée ,  il  y  a  auflî  une  cave  &;  grotte  pro-  fes  hôtes.  Pendant  qu'il  traverfoit  les  déferts  fablonneux 

fonde   qu'on    dit   aboutir  fous  terre  à   celle  d'Hébron.  de  la  Libye ,  il  trouva  un  terrem  frais  &C  fertile  où  il 

Au-delà  de  cette  ville  ,  tant  à  l'orient  qu'au  midi,  il  n'y  bâtit  une  grande  ville  ,  qui  fut  nommée  Hecatompyle , 

a  que  des  Arabes.  Ils  y  viennent  trafiquer ,  &  y  appor-  à  caufe  de  fes  cent  portes.    Cette  ville  a  été  très-floris- 

tent,  entr'autres  chofes  ,  une  terre  qu'ils  prennent  à  fept  fante  jusqu'à  ces  derniers  tems.  Les  Carthaginois  l'ayant 

ou  huit  lieues  de-là ,  dont   on  fait  du  verre  à  Hébron.  enfin  attaquée  avec  un  grand  nombre  de    troupes   con- 

Cette  ville  a  environ  douze  villages  qui  dépendent  d'elle,  duites  par  d'excellens  capitaines ,  la  fournirent  à  leur  do- 

&  le  pays  d'alentour  eft  aufli  montagneux  que  celui  de  mination. 

Jerufalem,  mais  plus  couvert  de  bois.  Voyez  ArbÉ.  3.    HECATOMPYLUS.     Voyez    ThÈBES  ,    en 

HECADEMIA.  Voyez  Echedamie.  Egypte. 

HECALE,  bourg  de  Grèce,  dans  PAttique ,  dans  la         HECATONNESI  (orum)  ,  't'aré^iK.  ,   ifles  fituées 

tribu  Léontide,  félon  Etienne  le  Géographe.  Spon,  Lifte  dans  le  détroit   qui  eft  entre  lïfle  de  Lesbos  &  le  con- 

de  f 'Attique ,   le  nomme  Ecali,  félon  la  prononcia-  tinent  de  l'Afie  mineure  ,    félon  Etienne  le  Géographe. 

tion  vicieuf?  de  quelques  écoles  Eîk*ah.   On  y  adoroit  Strabon,   /.  13  ,  p.  618,  dit  qu'elles  étoient  au  nombre 

Jupiter  Ecalien.  de  vingt ,  &C  rapporte  le  fentiment  de  Timofthène  qui 
HECATE,  divinité  des  enfers  dans  le  pagananisme ,     les  met  au  nombre  de  quarante.   Hérodote  ,  l.  1  ,  fait 
qui  avoit  fon  culte  &  fes  temples.     On  trouve  dans  la     auffi  mention  de  ces  ifles.  Voyez  Agatonisi. 
géographie  ancienne  certains  lieux  qui  en  avoient  pris        HECATONTACHEIRIA  ,   ville  nommée  ensuite 
leur  nom.  Orestiade  ,  félon  Palïephate ,  cité  par  Ortélius ,  tkef. 

1.  HECATESinsula.oul'isle  d'Hécate,  ifle  de     Ce  dernier   foupçonne  que  ce   pourroit  être  l'Oreftis 
l'Archipel  ,   devant   celle  de   Delos  ;    quelques-uns  la     de_Tite-Live  ,  dans  la  Macédoine 


nomment  aufli  PsaMMITE  ,  -^a^/û-ni ,  félon  Suidas. 

2.  HEC  ATES  ;  lieu  dans  le  voifinage  de  Lesbos,  félon 
Hélyche. 

HECATESIA.  Voyez  iDRr as. 

HECATIS  NEMUS  ou  le  bois  d'Hécate  ,  bois  de  la 
Sarmatie  Européenne  ,  fur  un  promontoire  qui  s'avance 
entre  l'embouchure  de  l'Hypanis ,  &  Pifthme  de  la  pres- 
que'ifle  nommée  la  course  d'Achille,  félon  Ptolomée, 
l.  3,  c.  5,  qui  nomme  ce  promontoire,  fi -sot  'hxaTts  «te*. 
C'eft  le  Trivia  Lucas   d'Ammien   Marcellin.    Strabon 


HECHINGEN  ,  petite  ville  d'Allemagne  ,  dans  la 
Suabe ,  au  comté  de  Hohenzollern.  Elle  a  eu  fes  com- 
tes particuliers  ,  qui  étoient  feigneurs  d'un  petit  canton 
dont  Hechingen  étoit  le  chef-lieu  ,  avant  qu'elle  tombât 
dans  la  maifon  qui  la  poflede  aujourd'hui.  *  Hubner  t 
Géogr.  p.  417.  D'Audifret,  Géogr.  t.  3. 

HECLA  ,  montagne  &:  volcan  de  l'ifle  d'Iflande  ; 
fous  le  2e  d.  de  longitude ,  &  le  65e  d.  30'  de  latitude. 
J'en  parle  plus  au  long  à  l'article  de  I'Islande. 

HECTODURUM ,  ville  de  la  Rhétie  ,  félon  Pto- 


nomme,  dans  ce  quartier,  le  bois  d'Achille  ;  peut-être     lomée-  Lazius  dit  que  c'eft EcHTAL.  *  Ortel. Thef. /.  2, 
le  nom  du  héros  auroit-il  paffé  de  la  presqu'ifle  au  bois, 


à  caufe  du  voifinage. 

HECATOMBÉE,  Hecatombceum  ,  lieu  de  Grèce,  au 
Pélop.onnefe  ,  dans  l'Achaïe  proprement  dite  ,  auprès 
de  Dymé.  Plutarque,  inCleomen.  &  Polybe ,  /.  1,-en 
font  mention.  Voyez  HeRjEUM 


HECTORIS  lucus  ou  le  bois  d'Hector  ,  bois 
de  l'Afie  mineure,  dans  la  Troade,  près  d'Ophrynium, 
félon  Strabon  ,  /.  13  ,  p.  595. 

HEDEMORA,  bourg  de  Suéde,  dans  la  Dalécar- 
lie ,  fur  le  bord  oriental  de  la  Dala ,  qui  fe  recourbe  1 


HECATOMPEDUM,  ancienne  ville  de  l'Epire,  dans  cet  endroit,  &c  aux  confins  de  la  Geftricie,  del'Uplande 

la  Chaonie,  &  dans  l'intérieur  des  terres,  entre  Phcenice  &  ^e  la  Weftmanie.  *  De  iljle ,  Couronnes  du  Nord. 

&  Omphalium,  félon  Ptolomée,  /.  3  ,  c.  14.  HEDETA.  Voyez  Edeta. 

HECATOMPOLIS.  Voyez  Crète.  HEDETANI ,  ancien  peuple  de  l'Espagne  Tarrago- 
1.  HECATOMPYLUS,  ancienne  ville  de  la  Parthie,  noife,  félon  Ptolomée,  /.  2,  c.6.  Il  le  partage,  félon 
&  capitale  du  royaume  des  Parthes  ,  fous  les  Arfacides  &  coutume  générale ,  en  contrée  maritime  &  en  con- 
qui  y  faifoient  leur  réfidence.  Polybe,  /.  10,  c.26,  trée  méditerranée  ,  ou  dans  les  terres.  La  partie  mari- 
dit  :  Le  roi,  (  Antiochus,)  ayant traverfé  le  défert,  vint  ^ms  comprend 
à  la-  ville  nommée  Hecatompyle  ,    fituée  au  milieu  de 

la  Parthie.    Comme  c'eft  le  centre  d'un  grand  nombre  L'embouchure  de  la  rivière  de  Pallantia,  aujour- 

de  chemins  qui  de-là  fe  répandent  dans    tous  les  pays  d'hui  le  Aforv/Wro; 

voifins  ,  elle  a  pris  fon  nom  de  fes  cent  portes.    Ptolo-  L'embouchure  du  Turulis  , 

mée,  /.  6  ,  c.  5  ,   la  nomme  Hecatompylos,  ville  Et.  la  ville  de  Dianium ,  préfentement  Dénia. 
royale  ,&c  lui  donne  96  d.  de  longitude  ,  fur  37  d.  ço' 

de  latitude.  Sa  Table  des  principales  villes,  publiée  dans  La  partie  méditerranée,  fituée  entre  les  Baftitains  &  les 


la  Collection  d'Oxford,  met  97  d.  de  longitude ,  Se  37d. 
2.0'  de  latitude.  Ne  nous  arrêtons  ici  qu'à  la  latitude  : 
ces  trente  minutes  de  différence  ne  font  rien ,  en  com- 
paraifon  de  celle  qui  doit  être  entre  Hecatompylos ,  à 
37  d.  20'  de  latitude,  &c  Ispahan  fituée  à  32d.  i<y';&c 
cette  différence  eft  fi  grande,  que  ce  ne  peut  être  la  même 
■ville,  comme  le  croit  Oléarius.  D'ailleurs  la  fondation 
d'Ispahan  eft  bien  plus  nouvelle,  comme  nous  le  faifons 
voirenfon  lieu.  Diodore  de  Sicile,  /.  17,  c.  75,  dit,  qu'A- 
lexandre leGrandjs'avançantvers  l'Hyrcanie,campa  auprès 
d'une  ville  nommée  Hecatompyle ,  &  que  ce  canton  étoit 
fort  riche  &.  abondant ,  il  s'y  arrêta  quelques  jours  avec 
fon  armée ,  pour  la  remettre  de  fes  fatigues.  Ce  paflage 
fait  voir  que  ce  n'étoit  pas  une  ville  Grecque  ;  puis- 
qu'Alexandre  la  trouva  fondée  ,  quand  les  Grecs  l'au- 
îoient-ils  bâtie?  Quinte-Curse,  /.  6,  c.  2,  dit:  Heca- 
tompyle, ville  bâtie  par  les  Grecs,  étoit  alors, célèbre: 


Celtibériens  au  couchant  ,  &i  les  Ilercaons  au  levant , 
comprend,  félon  cet  auteur , 

Ccefarea  Augujla,  aujourd'hui  Sarragoce, 
Barnama  ou  Barnava  ; 
Ebora  ,  aujourd'hui  Ixar, 
Belia  ,  aujourd'hui  Belehite  , 

SU. 

Leonica ,  aujourd'hui  Oliete , 
Oficerda, 
Etobema  , 
LajJÎTa , 

Hedeta  ,  nommée  auffi  Leria ,  aujourd'hui  Liftai 
Saguntum  ,   aujourd'hui  Moryiedro  ,  c'eft- à -dire 
vieux  murs. 

Tome  III.     R  r 


314 


HEG 


HEG 


Les  noms  modernes  font  pris  duP.Briet,  Paraît,  l.parl. 
I. 4,p.  268,  qui  dit  que  les  Edetani  répondent  à  une  partie 
de  l'évêché  deSarragoce ,  Se  à  une  partie  du  royaume  de 
Valence.  Les  anciens  écrivoient  indifféremment  Ede- 
tani &  Hedetani.  Ptolomée  emploie  l'un  &  l'autre. 
Strabon,  /.  3,  dit,  Sidetani  ,  ïAra:»  ;  &  Tite-Live, 
/.  23 ,  c.  24;  Se  L  29,  c.  2;  Se  /.  34,  c.  20,  Sedetani. 
Pline,  /.  3  ,  c.  3,  dit  Edetania,  pour  le  pays  qu'habi- 
toit  ce  peuple  ;  mais  Appien ,  p.  507 ,  dit  ShJVt ca/Ut , 
Sedetania.  Pline  en  met  l'étendue  depuis  le  Sucro  , 
aujourd'hui  le  Xucar,  presque  jusqu'à  l'Ebre.  D'autres 
la  continuent  jusqu'à  ce  fleuve,  le  Xucar  eft  donné  aux 
Edétains ,  dans  ces  vers  de  Silius  Italicus  ,  L  3,  v.  371  ; 

Hos  inter  clara  Tlwracis  luce  nitebat 
Sedetana  cohors  ,  quam  Sucro  rigcntibus  urifis , 
Atque  Altrix  ctlfa  mittcbat  Scetabis  arce. 

HEDETANIA.  Voyez  l'article  précédent. 

HEDIN.  Voyez  Hesdin. 

HEDONACUM  ,  village  de  la  Béotie ,  où  étoit  la 
fontaine  de  Narciffe,  félon  Paufanias,  L  9,  c.  31.  Quel- 
ques-uns lifent  DONACUM  ,  comme  le  remarque  Syl- 
burge. 

HEDONES  ScHedoni.  VoyezEDONES. 

HEDONIS.  Voyez  Edonis. 

HEDRUS  ou  Edros.  Voyez  Andros  3.  6c  Edros. 

HEDUA  CIVITAS.  Sidonius  Apollinaris, /.  5, nomme 
ainfi  dans  fa  Lettre  à  Attalns  la  ville  d'AuTUN  ;  Augu- 
flodunum  ou  Augufta  jEduorum  en  eft  le  vrai  nom  la- 
tin. Hericus ,  Vita  Germant ,  /.  1  ,  la  nomme  auffi  He- 
dua.  Voyez  jEdui  &  Autun. 

HEDYLIUM.  Voyez  Edylios. 

HEDYPHON,  rivière  d'Ane  ,  dans  l'Affyrie ,  félon 
Strabon,  I.16,  p.  744.  Elle  couloit  auprès  deSéleucie, 
ville  de  l'Elimaïde  ,  nommée  auparavant  Soloce.  Orté- 
lius ,  trompé  par  le  nom  de  Séleucie ,  a  mis  cette  rivière 
dans  la  Babylonie  ,  au  lieu  qu'il  eft  ici  queftion  d'une 
autre  Séleucie.  Pline  ,  /.  6,  c.  27,  qui  nomme  cette  ri- 
vière Hedypnus  ,  dit  qu'elle  tombe  dans  l'Eulée. 

HEDYPNUS.  Voyez  l'article  précédent. 

HEGALEOS.  Baudrand  ,  éd.  1682  ,  lit  ainfi  dans 
Stace,  Thebaïd,  /.  12,  v.  620.  L'édition  de  l'abbé  de 
Maroles,  &  celle  de  Jean-Frederic  Gronovius  portent 
Egaleos. 

Dives  &  Egaleos  nemorum ,  Parnesjac  benignus 
Vitibus  &  Pingui  mdior  Lycabelfos  oliva. 

Ce  font  trois  montagnes  de  l'Attique.  Le  bon  abbé 
de  Villeloin  a  jugé  à  propos  d'en  faire  autant  de  vil- 
les. Ces  fortes  de  fondations  ne  lui  cou  oient  rien.  L'E- 
galée de  Stace  étoit  une  montagne  couverte  de  bois. 

HEGETMATIA  ;  c'eft  ainfi  qu'il  faut  lire  ,  Se  non 
pas  Hegetma/îa,  comme  il  y  a  dans  les  éditions  latines 
de  Ptolomée,  /.  2,  c.  il.  'Hyrir^oLiia  y  ancienne  ville 
de  la  grande  Germanie  ,  félon  Ptolomée.  Quelques-uns 
croient  y  trouver  la  ville  de  LlGNITz,  en  Siléfie  :  pour 
cela ,  ils  ont  recours  à  une  étymologie  pnfe  de  l'ancien 
allemand.  Ils  fuppofent  que  le  nom  grec  n'eft  autre 
chofe  que  hoegc-tnatten  ,  qu'ils  expliquent  par  gehœgte 
wufin  ,  c'eft-à-dire  des  prairies  entourées  de  haies.  Ils 
aflurent  même ,  qu'au  bord  de  la  rivière  qui  coule  à  Lig- 
nitz ,  il  y  a  plufieurs  lieux  qui  portent  le  nom  de 
HaGE,  comme  Frawen-hag,  Glogauijcher-hag  Se  Bres- 
lauifcher-kag.  Cependant  toute  cette  belle  conjefture 
eft  détruite  par  deux  objections  auxquelles  il  n'y  a  rien 
à  répondre. 

(*)  L'une  eft  que  la  pofition  de  I'Hegetmatia  de 
Ptolomée  ,  ne  s'accorde  point  avec  celle  de  Lignitz  : 
les  voici  l'une  Se  l'autre. 

Longitude.      Latitude. 
Hegetmatia,  39  d.  40'.       50  d.  o'. 

Lignitz  (b),  33  d.  50'.       52  d.  o'. 

La  féconde  obje&ion  eft  encore  plus  forte  :  c'eft  que, 
du  fems  de  Ptojomée ,  la  grande  Germanie  ,  ou  la  Ger- 
manie d'au-delà  le  Rhin  ,  n'avoit  point  encore  de  vil- 
les. Il  eft  vrai  qu'il  le  fert  du  nom  de  ville ,  pour  expri- 
mer ces  habitations  ;   mais  ce  n'étoient  que  des  bour- 


gades plus  ou  moins  grandes.  *(a)  Schuft\fJÙsch ,  Die- 
iert.  60,  §.  18.  Q>)  De  Cille  ,  Allemagne.     , 

HEGGENBACH,  abbaye  de  filles  ,  en  Allemagne, 
dans  la  Suabe  ,  affez  près  de  Biberach  :  fon  abbeffe  a 
rang  entre  les  princelïes  de  l'empire.  *Hubner,  Géogr. 
^7.432. 

HEGGLINGEN  ,  village  de  Suifie  ,  dans  les  francs 
bailliages  freyen  ampttrn  ,  qui  font  entre  les  cantons  de 
Zurich  Se  de  Berne.  *  Etat  &  délices  de  la  Suiffe  ,  t.  3  , 
p.  i4ï. 

KEGILONENSIS  :  le  P.  Hardouin  met  un  fiege  épis- 
copal  de  ce  nom  en  Angleterre  ,  Se  dit  que  Concors,  en 
étoit  évêque,  l'an  1189. 

HEGOEV.  Voyez  Hegov. 

HEGONIS  PROMONTORIUM  ,  'Ht-m/k  txxpf  ,  cap 
de  la  Macédoine ,  dans  le  golfe  Therméen ,  au  couchant 
de  l'embouchure  du  Chabrius.  Ce  doit  être  cette  point» 
qui  s'avance  dans  le  golfe  ,  allez  près  Se  au  fud-eft  de 
Thefialonique.  Niger  ne  fait  ce  qu'il  dit  quand  il  brouille 
ce  nom  avec  celuid\/£GOS  POTAMOS,  rivière  qui  étoit 
bien  loin  de-là  ,  Se  diftante  du  promontoire  Hegonis  , 
de  toute  la  largeur  de  l'Archipel  Se  de  toute  la  longueur 
de  l'Hellespont  jusques  à  l'entrée  de  la  «Propontide. 
*  Ptolomée,  1.  3,  ci  3. 

HEGOW  ou  Hegowe  (a)  ,  contrée  d'Allemagne , 
dans  la  Suabe.  Bebelius  nomme  fes  habitans  Hegeji  Se 
Hegani.  Dans  le  premier  capitulaire  (b)  de  l'an  806, 
qui  a  pour  titre  chartre  de  partage  du  royaume  de  France, 
entre  Charles,  Pépin  &  Louis ,  fils  de  Charlemagne,  em- 
pereur, on  lit  (c)  pour  le  partage  de  Pépin  :  Italiam  verà 
quœ  Se  Langobardia  dicitur  Se  Baiovariam  Jîcut  Tajjîlo 
tenuit ,  excepto  duabus  villis  ,  quarum  nomina  funt  In- 
goldejlat  6-  Lutrahakof  y  quas  nos  quondam  Tajjiloni 
benepeiavimus ,  &  pertinent  ad  pagum  qui  dicitur  North- 
gow  &  de  Allemanià  parlent  quœ  in  Aujlrali  ripa  Da- 
nubii  Jluminis  ejl,  &  de  ipso  jlumine  Danubii ,  currente 
limite  usque  ad  Rhenum  Jluvium  in  confinio  pagorum 
Chletgowe  &  Hegowe  in  locum  qui  dicitur  Enge  6-  indè 
per  Rhenum  Jluvïum  fursum  versus  ,  usque  ad  Alpes 
quidquid  inter  hos  terminos  fuerit  ,  &  ad  meridiem  vtl 
orientent  respicit,  unà  cum  ducatuCuiienfî  & pagoDur- 
gowe ,  Pippino  dileclo  filio  noflro.  On  voit  par  ce  détail, 
que  Charlemagne  donnoit  à  fon  fils  Pépin  la  Lombar- 
die  8e  la  Bavière,  telle  que  Taflilon  l'avoit  pofledée, 
à  l'exception  d'Ingoiftadt  Se  de  Lutrahof ,  qui  étoient 
alors  des  feigneuries ,  villa  dominicales  ,  comme  elles 
font  nommées  dans  un  capitulaire  de  Louis  le  Débon- 
naire, Se  dépendoient  du  Nortgow.  Outre  cela,  il  lui  don- 
noit une  partie  de  l'Allemagne  ,  au  midi  du  Danube , 
depuis  ce  fleuve  jusqu'au  Rhin ,  les  limites  parlant  aux 
confins  du  Chletgow  &  du  Hegow,  à  un  lieu  nommé 
Enge  y  &  de-là  par  le  Rhin  jusqu'aux  Alpes  ,  compre- 
nant dans  fon  lot  ce  qui  eft  au  midi  &  à  l'orient ,  Se 
nommément  le  Turgow  &  le  duché  de  Coire.  Engen , 
dont  il  eft  parlé  en  cet  afte  ,  fubfifte  encore  à  quatre 
milles  de  Schafhoufe ,  dans  le  Hegov.  Zeyler  (d)  parle 
ainfi  du  Hegov.  Prulendorf ,  dit-il  ,  eft  placé  dans  le 
Hegow,  Hegoia  &c  Hegoea  ,  qui  eft  une  partie  de 
la  haute  Suabe.  Il  eft  ainfi  nommé ,  comme  qui  diroit 
HEVENGEW,  c'eft-à-dire  le  GO¥  ou  GEV  de  HEVEN, 
àcaufe  d'un  château  nomméHoGENHEWEN  ouHEWEN 
le  haut,  Se  eft  enfermé  entre  le  Danube  Se  le  Rhin.  Il 
eft  petit,  mais  bien  peuplé  Se  très-fertile.  11  afix  mil- 
les de  long  Se  autant  de  large.  Dans  ce  petit  espace  on 
trouve  plufieurs  bons  châteaux  ,  des  vignobles  ,  des 
grains  Se  des  fruits.  Le  poiffon  Se  le  gibier  n'y  man- 
quent point  :  de-là  vient  qu'il  s'y  trouve  afTez  de  no- 
blefie  qui  y  a  choifi  fon  domicile  (e).  Ce  petit  canton 
eft  partagé  entre  plufieurs  fouverains.  La  maifon  d'Au- 
triche y  poffede  le  landgraviat  de  Nellenbourg.  Le  duc 
de  "Wurtenberg  eft  maître  de  Hohentwil.  L'évêque  de 
Confiance  y  a  Bellingen.  Pfulendorf  ,  dont  j'ai  parlé , 
eft  une  ville  impériale.  Le  canton  de  Schafhoufe  pofTede 
auffi  une  lifiere  du  HegoW;  Se  y  a  quelques  bailliages  ; 
favoir ,  Tengen  ,  ou ,  comme  écrit  Ruchat ,  Theyn- 
gen  Se  Bargen  ou  Barzheim,  Se  celui  de  Buch. 
Ce  dernier  comprend  le  village  de  BuESINGEN,  à  une 
demi  -  lieue  de  Schafhoufe.  Il  y  a  huit  ou  neuf  fiéclei 
que  c'étoit  un  village  paroiffial ,  dont  dépendoit  Schaf- 
houfe ,  qui  n  etoit  alors  qu'un  village  ;  cela  eft  changé , 


HEI 


HEI 


&  c'eft  préfentement  le  contraire.  *  (a)  Paulin.  dePagis 
German. p. 90. M  Baluf.  Capitular.  t.  1^.430;  (Q~)p.^i, 
c.r.  (d) Suev.  Topogr.  p.  62.  (e)  D'Audifree,  Géogr. 
t.  2.  (f)  Voyez  l'Etat  &  délices  de  la  SuiJJ'e ,  t.  3  , 
p.  97. 

HEGUjE.  Dans  l'édition  de  Pline,  chez  les  Elzevirs, 
1635  ,  &c  dans  plufieurs  autres,  on  lit  entre  les  noms  de 
quantité  de  villes  d'Espagne  ,  dans  la  Bétique  :  Vesci 
quodFavcntia  ;  Singilia,  Hegua.  Cet  derniers  noms  fon 
^eftropiés.  On  a  pris  VA  ,  qui  appartenoit  au  dernier , 
pour  le  donner  à  Singili  qui  n'en  a  pas  befoin  ,  &  de 
deux  te,  on  a  fait  une  H  initiale  ;  amfï  il  falloit  lire  Sin- 
gili ,  Attegua;  alors  cette  dernière  ville  eft  reconnoifia- 
ble.'  Le  nom  de  cette  ville  a  été  malheureux  pour  être 
eftropié ,  non-feulement  par  les  copiftes  de  Pline ,  mais 
par  Strabon  lui-même  qui  l'écrit  "hyèu..  Ce  nom,  dans 
cet  auteur,  airompé  le  clairvoyant  Cafaubon ,  qui  a  cru 
y  devoir  lire  Escua  ,  dont  Pline  parle  dans  le  même 
livre  ;  mais  la  déroute  des  fils  de  Pompée  auroit  dû  ra- 
mener ce  critique  à  Attegua  ,  puisque  cette  défaite  y  eft 
placée  par  Dion  Caffius ,  par  Hirtius  &c  par  Valere  Ma- 
xime. 

HEIDEBA.  Crantz'ms,  in  Mandai,  croit  que  c'eft  l'an- 
cien nom  de  Scheswig.  Voyez  Sleswich. 

HEIDELBERG  où  Haldelberg  ,  ou  Heydel- 
BERG ,  ville  d'Allemagne  :  on  la  donne  au  bas  Palati- 
nat ,  dont  elle  eft  même  la  capitale  ,  quoiqu'elle  foit 
dans  le  Craichgow ,  &:  par  conféquent  dans  la  Suabe , 
au 49e  d.  25'  de  latitude,  &c  au  16e  d.  10'  de  longitude. 
Le  Necker  y  fépare  en  cet  endroit  la  F;anconie  &  la 
Suabe ,  de  forte  que  l'une  eft  à  fa  droite  &  l'autre  à  fa 
gauche.  La  dernière  fyllabe  de  fon  nom  vient  des  mon- 
tagnes dont  la  ville  eft  environnée.  On  ne  s'accorde 
pas  de  même  fur  l'origine  des  deux  premières  fyllabes. 
Quelques-uns  les  dérivent  du  mot  heyden  ,  qui  lignifie 
les  payens  ou  \es-bruyeres  ;  d'autres  ,  de  heydel  qui 
lignifie  le  myrtileou  T airelle,  forte  d'arbrifîeau  qui  croît 
encore  en  quantité  fur  le  Geifsberg  &  derrière  le  châ- 
teau. Cette  ville  eft  fituée  en  très-bon  air  :  le  vent  qui 
coule  entre  la  montagne  &  la  vallée  du  Necker  ,  le 
rafraîchit  fk  le  purifie.  De  deux  côtés  les  montagnes 
ont  des  vignes  ;  vers  le  couchant  &  le  midi,  il  croît  des 
bleds  :  au  levant  !k  au  nord ,  dans  l'Oldenvald  ,  il  y  a 
du  bois  &  du  gibier.  Au  midi ,  dans  le  Craichgow ,  le 
Necker  fournit  du  poiffon ,  &  les  pâturages  voifins  font 
remplis  de  bétail.  On  ne  fait  ni  quand  ni  par  qui  elle  a 
été  bâtie.  C'eft  fans  fondement  que  quelques-uns  la  pren- 
nent pour  la  Budoris  de  Ptolomée.  On  trouve  feule- 
ment que  Conrad  ,  frère  de  Frédéric  I ,  qui  lui  avoit 
donné  le  Palatinat  ,  faifoit  fa  réfidence  à  Heidelberg  ; 
qu'il  mourut,  en  1191,  &  eut  fa  fépulture  au  monaftere 
de  Schona-w,  à  un  mille  de  Heidelberg.  Avant  ce  tems, 
les  comtes  Palatins  n'y  féjournoient  pas.  Agnès  ,  fille 
de  Conrad ,  époufa  le  comte  Palatin  Henri ,  fils  de  Henri 
le  Lion,  duc  de  Saxe,  qui  mourut  en  1213  ,  &c  futauflï 
enterré  à  Shona-w  ;  leur  fille ,  nommée  Agnès ,  époufa 
Otton,  fils -du  duc  Louis  de  Bavière  ,  &c  porta  à  cette 
maifon  le  Palatinat ,  qui  lui  eft  demeuré  depuis  ce  teins. 
* Zeyler,  Palat.  ad  topogr.  p.  23. 

Heideibetg  n'étoit  qu'un  château  avec  un  bourg  ,  &C 
dépendoit  de  l'évêque  de  "Wornis.  On  voit  que, l'an  122^, 
l'évêque  de  Worms  donna  Heidelberg  ,  à  titre  de  fief, 
à  Louis,  duc  de  Bavière ,  père  d'Otton  &  beau-pere  de 
cette  Agnès ,  dont  nous  avons  parlé  :  cette  inveftiture 
fut  donnée  dans  le.  tems  de  leur  mariage  ;  les  termes 
qu'elle  contient,  concernent  ce  château,  le  bourg  de  Hei- 
delberg &  le  comté  de  Stalbuhel,  ou,  comme  porte 
le  latin ,  cajlrum  in  Heidelberg ,  eum  burgo  ipjius  cajlri  , 
&  comitiâ  Stalbohtl  ;  de-là  vient  que,  dans  une  courte 
Chronique  de  la  ville  de  Heidelberg  ,  inférée  dans  le 
Recueil  de  Freher,  Orig.  Palat.  part.  2,  c.  20,  on  lit 
que  le  duc  Henri  de  Bavière,  fils  du  comte  Palatin  Ot- 
ton de  Wittelsbach,  reçut  de  l'empereur  Frédéric  le  Pa- 
latinat du  Rhin  ,  &  fut  invefti  de  nouveau ,  par  l'évê- 
que &  le  chapitre  de  Worms  ,  du  château  &  de  la  pe- 
tite ville  de  Heidelberg  ,  tant  pour  lui  que. pour  Otton, 
fon  fils  ,  &  pour  Agnès  ,  comtefle  Palatine  ,  femme 
d'Othon.  Le  comte  Palatin  Robert  ,  aggrandit  Heidel- 
ierg  ,  en  1392,  prit  le  village  de  Bergheim  ,  en  forma 
la  ville  neuve ,  qui  eft  aujourd'hui  le  fauxbourg  de  Spire. 
L'églife  paroiiïiale  de  Bergheim  fut  transférée  au  lieu  où 


3*^ 


eft  l'églife  de  S.  Pierre,  avec  les  dîmes  &  autres  reve- 
nus. 

Il  y  a  le  couvent  des  Auguftins  ,  qui  fubfiftoit  déjà 
dans  le  tems  qu'Heidelberg  n'étoit  qu'un  village  de  pê- 
cheurs ,  ou  tout  au  plus  un  bourg  ;  &  il  fut  nommé 
Notre-Dame  au  défert.  L'éleâeur  Robert  établit  dans 
cette  ville  une  univerfité,  l'an  1346,  à  laquelle  on  atta- 
cha des  revenus.  Quelques-uns  en  mettent  la  fondation, 
en-  1376,  d'autres  en  1387;  d'autres  enfin  difent  qu'elle 
étoit  commencée  quarante  ans  auparavant.  Quoi  qu'il  en 
foit,  Robert  fe  régla  fur  celle  de  Paris.  Le  premier  rec- 
teur &  profeffeur  fut  Marfile  d'Ingen ,  fameux  théolo- 
gien &£  philofophe ,  que  l'on  fit  venir  de  Paris.  On  ne 
fait  au  jufte  de  quel  pays  il  étoit.  Cette  univerfité  a  eu 
entre  ks  profefîeurs  des  hommes  très-célébres  dans  la 
république  des  lettres  ,  entr' autres,  Rudolphe  Agricola, 
Munfter ,  Buschius ,  Jean  Micyle  ,  Xilander ,  Hartman 
d'Eppingen  ,  Paul  Cisner,  Doneau,  Pacius,  Godefroi, 
François  du  Jon  ou  Junius ,  Tremellius ,  Meliftus,  Pos- 
thius,  Smetius,  Erafte,  Freher,  Hippolyte  de  Colli  > 
Jean  Grutter  &  plufieurs  autres.  Les  électeurs  Palatins 
s'appliquèrent  fucceffivement  à  rendre  cette  école  floris- 
fante  ,  en  y  attirant  de  grands  hommes.  La  religion  Ca- 
tholique étant  bannie  de  leurs  états ,  l'univerfité  de  Hei- 
delberg devint  l'afyle  de  plufieurs  favans  qui  ne  trou- 
vaient pas  en  France  la  même  liberté  de  penfer  &  d'é- 
crire. La  réputation  de  fes  profeffeurs  ,  &  le  fecours 
qu'ils  trouvoient  dans  la  riche  bibliothèque  ,  contri- 
buoient  beaucoup  à  la  rendre  célèbre.  Pendant  les  guer- 
res pour  la  fucceftlon  de  Bohême  ,  Maximilien  ,  duc 
de  Bavière,  fit  porter  cette  bibliothèque  à  Rome,  comme 
un  préfent  dont  les  vainqueurs  régalèrent  le  pontife  ; 
de  forte  qu'elle  eft  préfentement  fondue  dans  celle  du 
Vatican.  La  première  chaire  qu'il  y  ait  eu ,  pour  enfei- 
gner  publiquement  le  droit  de  la  nature  &C  des  gens  , 
fut  fondée  à  Heidelberg ,  pour  le  fameux  Samuel  Pu- 
fendorff ,  qui  y  ébaucha  fon  fyftême  qu'il  acheva  en 
Suéde. 

Cette  bibliothèque  qui,  au  jugement  de  Jofeph  Scali- 
ger,  /.  4,  epifi.  434,  étoit  plus  riche  que  celle  du  Va- 
tican ,  avoit  été  formée  de  plufieurs  autres  afTez  bel- 
les. Elle  étoit  placée  au-deffus  de  l'églife  du  S.  Esprit 
qui  eft  devenue  célèbre  par  une  dispute  qu'elle  occafion- 
na  dans  ces  derniers  tems.  Elle  avoit  été  bâtie  fur  la 
place  ,  par  l'empereur  Robert ,  lorsqu'il  n'étoit  encore 
qu'électeur  :  il  y  avoit  attaché  de  bons  revenus.  Ce 
prince  ci  plufieurs  autres  ont  leurs  tombeaux  dans  le 
choeur  ;  &  ce  lieu  devint  avec  le  tems  celui  de  la  fépul- 
ture des  électeurs.  Otton-Henri  s'étant  fait  Proteflant 
&  ayant  établi  fa  religion  dans  le  pays,  donna  aux  ec- 
cléiîaftiques ,  de  fa  communion,  l'églife  du  S.  Esprit, 
&  les  autres  églifes  de  fes  états.  Avec  le  tems,  Wolf- 
gang-Guillaume  ,  de  la  branche  de  Neubourg ,  étant 
rentré  dans  le  fein  de  l'églife  ,  un  de  l'es  derniers  fuc- 
ceffeurs  voulut  fe  reffaifirde  l'églife  du  S.  Esprit,  offrant 
aux  Proteftans  de  leur  en  laiffer  bâtir  une  autre.  Mais  il 
s'agiflbit  des  revenus  dont  ceux-ci  prétendoient  qu'on 
ne  pouvoit  les  dépouiller  fans  injuftice.  Cela  a  donné 
lieu  à  de  longs  démêlés.  *  Mémoires  du  tems. 
:  Le  château  électoral  n'eft  pas  au  même  lieu  où  étoit 
l'ancien  ,  qui  n'eft  presque  plus  rien.  Le  nouveau  eft 
plus  haut  que  la  ville  ,  mais  moins  haut  que  l'ancien. 
C'eft  une  allez  grofle  malle  avec  quelques  morceaux 
d'architefture  aftez  belle  ,  qui  forment  un  tout  fort  ir- 
régulier ;  l'élévation  y  donne  une  belle  vue  fur  la  ville 
&  fur  toute  la  plaine  voifine.  Les  jardins  font  foutenus 
en  terraflé  ,  &  ménagés  par  étage ,  dans  le  penchant  de 
la  montagne ,  nommée  Konicgs-Stul.  Il  y  a  dans  les  jar- 
dins d'aftez  belles  grottes ,  des  cabinets  de  verdure  des 
jets  d'eau  ,  un  labyrinthe ,  enfin  beaucoup  d'ornemens. 
Cette  ville  fouffrit  beaucoup  ,  durant  la  guerre  pour  là 
fuccefîîon  de  Bohême.  Elle  commençoit  à  oublier  fes 
anciens  malheurs,  lorsque  les  François  la  prirent,  en  1688. 
Elle  fut  pillée  &  faccagée.  Ils  vuiderent  6c  briferent  là 
fameufe  tonne.  L 'électeur  Charles-Louis  la  fit  réparer  & 
remplir  :  il  en  fit  même  faire  une  nouvelle  plus  grande 
que  la  première.  Elle  tient ,  félon  Oldenbourg  ,  deux 
cens  quatre  foudres  trois  tonneaux  &  quatre  banques  ; 
elle  eft  dans  le  château.  *  Divers  Mém.du  tems.  Thejaur. 
reruin  publ.  part.  4,  p.  953. 

Les  dehors  de  Heidelberg  ont  plufieurs  chofes  remar- 
TomelII.     Rr  ii 


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316 

quables.  r.  LeWolfsbrunn  ou  la  fontaine  du  loup.  z.  Vis- 
à-vis  ,  à  demi-mille  de  la  ville ,  eft  le  Furjlenbrunn ,  ou 
la  fontaine  du  prince.  C'eft  un  ouvrage  de  maçonnerie 
dans  un  bocage.  De  deffous  une  affez  belle  voûte  , 
fort  une  fort  belle  eau  qui  forme  tout  auprès  deux  vi- 
viers accompagnés  d'une  agréable  promenade  ,  Se  de 
prairies  où  l'on  blanchit  des  toiles,  avec  quantité  deruis- 
feaux ,  &  un  bois  aux  environs.  Il  y  avoit  un  moulin  à 
papier  qui  en  fourniffoit  la  chancellerie  de  1  ele&eur  &T. 
l'univeriîté  de  Heidelberg.  3.  A  un  bon  quart  de  mille 
de  la  ville  eft  l'abbaye  deNeubourg,  bâtie  par  Anselme, 
abbédeLorsch,  en  l'honneur  de  l'apôtre  S.  Barthelemi, 
fous  la  régie  de  S.  Benoît.  En  1195  ,  au  lieu  des  moines 
on  y  mit  des  religieufes.  L'empereur  Conrad  fit  de  grands 
biens  à  ce  monaftere.  Les  deux  abbeffes  de  ce  lieu ,  Ca- 
therine &  Brigitte,  mortes  en  1526  &  1562,  y  font  en- 
terrées. Elles  étoient  comfeffes  Palatines.  4.  Un  peu  au- 
delà  de  cette  abbaye  de  Neubourg  eft  le  Heelig-Berg  ou 
la  fainte  montagne  ,  qui  a  pris  fon  nom  du  culte  que 
l'on  y  rendoit  à  Mercure.  Aux  environs  ,  dans  le  petit 
village  de  Neuwenheim  ,  on  a  trouvé  des  antiquités  Ro- 
maines ,  entr'autres ,  des  médailles  d'or  du  poids  d'un 
double  ducat  ;  &t  à  l'endroit  où  étoit  Téglife  de  S.  Etienne 
fur  cette  montagne ,  on  a  déterré  une  pierre  où  étoient 
quatre  figures  en  fculture  ;  un  aigle  couronné  de  laurier  , 
avec  une  inscription  que  Zeyler  ne  nous  communique 
point  ;  une  figure  nse  &c  aîlée ,  fur  un  globe  ;  Vulcain 
avec  fon  marteau  &c  fes  tenailles  ,  &£  enfin  une  femme 
Vêtue  d'une  robe.  Il  y  eut  ensuite  deux  églifes  fur  cette 
montagne  ;  l'une  plus  haut  fous  l'invocation  ,  de  S.  Mi- 
chel ;  l'autre  un  peu  plus  bas ,  fous  celle  de  S.  Etienne  & 
de  S.  Laurent.  Il  y  avoit  aufli  un  petit  couvent  ;  &  ces 
deux  églifes  devinrent  des  lieux  de  pèlerinage.  Cette 
montagne  a  été  nommée  le  Mont  Saint-Michel,  Michels- 
berg  ,  à  caufe  de  l'églife  de  ce  (àint.  Quelques-uns  l'ont 
auffi  appellée  Abrahamsberg ,  &  par  corruption  Abrins- 
berg.  5.  Autour  de  cette  montagne,  dans  le  voifinage  du 
Necker ,  fe  trouvent  quantùé  de  hérons  qui  nichent  fur 
les  arbres,  &  qui  font  la  guerre  aux  vautours.  6.  Dans 
cette  montagne  font  quantité  de  cavernes  fermées  avec 
des  murailles.  Le  peuple  croit  que  c'eft  l'ouvrage  des  Ro- 
mains :  j'aimerois  mieux  croire  que  ce  font  des  fouter- 
reins  où  fe  font  autrefois  réfugiés  ces  miférables  dont  il 
eft  parlé  dans  l'article  EGYPTIENS.  Le  Heydenlock,  c'eft- 
à-dire  le  Trou  des  Payens ,  nom  que  l'on  donne  encore 
aujourd'hui  aux  Egyptiens  ou  Bohémiens  en  Allemagne 
&  en  Hollande,  m'en  paroît  une  preuve.  Il  eft  dans  cette 
montagne.  7.  A  un  quart  de  mille  de  Heidelberg,  eft  un 
petit  bourg  ,  nommé  HANDSUSCHHEIM  ,  au  Berg- 
ftraat  :  il  fubfiftoit  déjà  il  y  a  près  de  mille  ans  ,  &  a  eu 
{es  feigneurs  particuliers  d'une  famille  ancienne  &  il- 
luftre  qui  portoit  ce  nom  ;  le  dernier  fut  tué  à  Heidel- 
berg ,  fous  l'empire  de  Frédéric  IV.  8.  Le  village  de 
Dossenheim  ,  qui  a  un  vignoble  confidérable  &  fa- 
meux depuis  plufieurs  fiécles  ,  eft  à  un  demi- mille  de 
Heidelberg  au  Berg-ftraat.  9.  A  un  mille  de  la  même 
ville,  furie  Berg-itraat  étoit  Schawenberg,  château 
&  fortereffe  qui  appartenoit  à  l'éle&eur  de  Mayence. 
Les  tours  ,  les  murailles  &  les  foffés  en  failbient  une 
bonne  place.  Cependant  Frédéric  le  Victorieux  ,  élec- 
teur Palatin,  la  prit  en  1460,  &  la  rafa  jusqu'aux  fonde- 
mens.  *  Zeykr ,  Topogr.  p.  29. 

HEIDELSHEIM  ,  Haidelsheim  ou  Heydels- 
HEIM,  petite  ville  d'Allemagne,  dans  le  bas  Palatinat 
du  Rhin  ,  dans  le  Craichgow,  à  deux  milles  de  Bret- 
heim  ,  &  à  un  mille  de  Bruchsal  ;  un  incendie  la  mit 
presque  entièrement  en  cendres,  en  1621  ;  Se  il  en  refta 
peu  de  chofe.  Baudrand  la  nomme  Haidelsheim. 
Voyez  ce  mot.  *  Zeyler ,  Palat.  Topogr.  p.  30. 

1.  HEIDENHEIM  ou  Heydenheim,  ville  d'Al- 
lemagne ,  dans  la  Suabe  ,  fur  la  Brentz ,  dans  le  Brentz- 
thal ,  avec  un  beau  château,  nommé  Hellenstein, 
fur  une  hauteur.  D'Audifret ,  tk  après  lui  Corneille ,  le 
nomme  Hellauster.  Cette  ville  n'étoit  encore  qu'un 
village  en  l}<(6,  îque  l'empereur  Charles  IV  en  fit  un 
bourg,  en  faveur  du  comte  Ulric  de  Helffenstein. 
La  feigneurie  de  Hellenfiein  ,  dont  ce  château  étoit  le 
chef-lieu ,  avoit  fes  barons  particuliers  ;  &  ce  même 
empereur  la  donna  avec  toutes  fes  dépendances,  en  135 1, 
aux  comtes  de  Helffenftein ,  pour  la  pofleder  à  titre  de 
fief  héréditaire  à  perpétuité.  En  1434,  l'empereur  Sigis- 


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mond  donna  à  ce  lieu  le  droit  de  tenir  marché.  Il  appar- 
tenoit encore  alors  à  la  maifon  de  Helffenftein.  L'an 
1450,  le  comte  Ulric  de  Vurtenberg  acheta  cette  ville 
&  fon  diftrift  ,  dont  dépendoient  vingt-  cinq  villages 
avec  le  château  de  Helleftein ,  trois  monafteres ,  favoir, 
ANHUSEN,  HERBRECHTINGEN  &  KONIGSBRUNN, 
&  deux  châteaux  brûlés  ,  favoir  ,  GUSSENBERG  &c 
Hurwang,  avec  le  château  d'UFFHUSEN  ,  pour  foi- 
xante  mille  guides.  Pendant  la  guerre  des  princes  &  des 
villes  ,  Wurtenberg  ayant  pris  le  parti  de  l'empereur , 
contre  le  duc  de  Bavière  ,  ce  dernier  fe  rendit  maître 
de  cette  feigneurie,  en  1462  ;  mais  en  1504,  dans  la 
guerre  de  Bavière  &  du  Palatinat ,  Albert ,  duc  de  Ba- 
vière, la  rendit  à  Ulric  de  Wurtenberg,  qui  avoit  fuivi 
fon  parti.  Dans  la  longue  guerre ,  qui  défola  l'Allemagne 
avant  la  paix  de  Weftphalie  ,  la  maifon  de  Bavière  fe 
reffaifit  de  Heidenheim,  &C  le  garda  quelque  tems  ;  mais 
elle  l'a  rendu  à  la  maifon  de  Wurtenberg.  Il  y  a  dans 
la  montagne  fur  laquelle  eft  le  château  ,  une  caverne 
affez  profonde  ,  nommée  Heidenloch.  La  ville  eft  à 
cinq  milles  d'Allemagne  ôc  au  nord  occidental  d'Ulm. 
*  Zeyler,  Suev.  Topogr.  p.  42. 

Heidenheim,  félon  les  Cartes,  eft  au  nord  oriental 
d'Ulm. 

2.  HEIDENHEIM  ou  Haidnhaim  ,  abbaye  d'Al- 
lemagne ,  auprès  de  la  ville  de  même  nom,  qui  lui  doit 
vraifemblablement  fon  origine.  L'an  750  ou  752,  S.  Wu- 
nebaud  ou  Gombaud  ,  bâtit  un  monaftere  dans  les  bois 
de  Haidenhaim  ,  audiocèfe  d'Aichftet,  en  Bavière,  dont 
fon  frère,  S.  Guillebaud,  étoit  le  premier  évêque.  Quatre 
ans  après ,  les  deux  frères  en  bâtirent  un  autre  dans  la 
même  forêt ,  pour  des  filles  ,  &  ils  firent  venir  leur  feeur 
deBischofsheim,  pour  en  prendre  la  conduite.  *  Bailler, 
Topogr.  des  Saints,  p.  226. 

1.  HEIDENLOCH.  Voyez  l'article  de  Heidel- 
berg. 

2.  HEIDENLOCH.  Voyez  Augst. 

3.  HEIDENLOCH.  Voyez  Heidenheim. 

Nous  avons  remarqué  ailleurs ,  que  le  mot  HeydEN 
fignifie ,  non-feulement  des  Payens  ,  mais  encore  ces 
troupes  de  vagabonds  ,  que  nous  appelions  Egyptiens 
Bohémiens ,  gens  fans  mœurs  ni  religion  ,  dont  nous 
avons  rapporté  l'origine  auflî-bien  que  celles  de  ces  ca- 
vernes ,  au  mot  Egyptiens. 

HEIGERLOCH.  Voyez  Haigerloch. 

HEILA  ,  félon  Baudrand  ,  Maty  &  Corneille,  dans 
leurs  Dift.  géogr.  Heel  ,  félon  Cluvier  ,  Antiq.  Ger- 
man.  1.  3  ,  c.  35.  Heele  ou  Hela  ,  félon  Zeyler,  Bo- 
rufs.  Topogr.  p.  30  ,  petite  ville  ou  bourg  de  la  Pruffe 
dans  la  Caffubie  ,  eft  une  presqu'ifle  ,  qui  s'avance  dans 
la  mer  Baltique ,  à  l'embouchure  de  la  Viftule  ;  elle  fut 
fort  endommagée  par  le  feu,  en  1572.  Cluvier,  à  l'en- 
droit cité ,  foupçonne  que  du  nom  de  Heel  ,  ont  été 
appelles  les  Helers  ,  Helii  ,  dont  les  Grecs  ont  fait 
'Ekx&î  ,  H^ELURI,  qu'ils  ont  dérivé  d'£*»  ,  Ele,  mot 
qui  lignifie  un  marais  ;  qu'ensuite  par  une  transpofition 
de  lettres,  à'Heluri  on  a  fait  Heruli  ,  qui  a  prévalu 
dans  les  hiftoriens.  Pour  donner  quelque  apparence  de 
fondement  à  cette  conjecture  ,.  il  faudroit  être  bien  fur 
que  les  Hérules  font  venus  de  ces  cantons  ;  que  le  nom 
de  Heel,  Hela  ou  Heila  ,  eft  ancien  ,  &  qu'enfin  il  y 
avoit  un  peuple  nommé  Helers  ,  ou  à-peu-près  ,  long- 
tems  avant  Procope  qui  a  parlé  des  Hérules.  Voyez 
ce  mot. 

HEILBRON,  Heylbron.  Voyez  Hailbron. 

HEIL-CREUTZTHAL ,  VallisS.  Crucis, abbaye  de 
religieufes ,  ordre  de  Cîteaux ,  en  Allemagne  ,  dans  le 
cercle  de  Suabe,  au  diocèfe  de  Confiance,  à  deux  lieues 
au  nord-oueft  de  Riedlingen. 

HEILIGBEIL.  Voyez  Heiligenpeil. 

HEILIGEBERG,  ou  la  Sainte-Montagne,  mon- 
tagne voifine  de  Heidelberg.  Voyez  Heidelberg. 

HEILIGEDAM,  ou  la  Digue-sainte.  Voyez  l'ar- 
ticle de  Doberan. 

HEILIGE-LAND,  OU  l'ISLE  SAINTE,  Infulafancla, 
ifle  delà  mer  d'Allemagne,  entre  l'embouchure  del'Ei- 
der  &  celle  de  l'Elbe ,  quoiqu'à  la  diftance  de  neuf  milles 
de  cette  dernière,  félon  Zeyler,  Saxon,  infer.  topogr. 
p.  13.  Pour  moi ,  qui  y  ai  paffé,  en  1715  ,  j'ai  trouvé 
que  les  habitans  ne  comptoient  que  fix  milles  de-là  jus- 
qu'à l'entrée  de  l'Elbe.  Cette  ifle  a  été  beaucoup  plus 


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grande  qu'elle  n'eft  à  préfent  :  la  mer  n'y  a  Iaiffé  que  ce 
qu'elle  n'apu  emporter.  Elle  eft  préfentement  escar- 
pée de  tous  côtés ,  6k  a  la  forme  d'un  triangle  irrégulier , 
dont  la  bafe  eft  expofée ,  partie  au  fud-oueft  ,  6k  partie 
à  l'oueft-fud-oueft.  Le  côté  qui  eft  au  nord-oueft ,  eft 
bordé  d'un  fond  bas  6k  pierreux  ,  dont  l'extrémité  eft 
nommée  Norder-Riff  ;  il  s'élève  enfuite  à  plomb , 
de  la  hauteur  de  trente  braffes.  Ce  fond  bas  6k  pier- 
reux fe  rétrécit  peu-à-peu  jusqu'à  la  pointe  orientale  de 
l'ifle,  où  il  court  vers  l'orient,  6k  enfuite  vers  le  nord 
&  le  nord-eft,  prenant  la  figure  d'une  côte  de  baleine. 
Ces  deux  baffes  fe  découvrent  quand  la  mer  baiffe,  6k 
fur-tout  quand  il  fouffle  un  vent  d'eft  un  peu  violent  ;  on 
peut  aller  un .  mille  entier  fur  le  fable.  A  la  baffe  de 
cette  dernière  pointe ,  à  l'orient  de  l'ifle ,  eft  un  rocher , 
à-peu-près  de  la  figure  de  l'ifle  ;  on  le  nomme  Witte- 
Klippe  ;  &  il  a  au  midi  des  dunes  qui  fe  terminent 
en  pointe  vers  le  midi ,  où  un  autre  bas  fond  de  coquil- 
lages commence  6k  fe  recourbe  en  demi-lune ,  vers  le 
nord-oueft  &  l'oueft,  jusqu'à  un  rocher  rond  &  plat 
par  le  haut ,  au  couchant  duquel  avance  le  Suder-Rif, 
c'eft-à-dire ,  une  autre  baffe  qui  vient  de  la  pointe  mé- 
ridionale de  l'ifle ,  vers  le  midi.  Le  terrein  qui  eft  en- 
tre l'ifle  6k  le  Witte-Klippe ,  eft  bordé  de  quelques  ca- 
banes, 6k  a  deux  havres  ,  l'un  au  nord ,  6k  l'autre  au  midi. 
C'eft  à  ce  terrein  qu'on  trouve  le  feul  paffage  qui  con- 
duife  à  l'ifle.  La  côte  qui ,  comme  nous  avons  dit ,  eft 
expofée,partie  au  fud-oueft ,  6k  partie  à  l'oueft-fud-oueft, 
eft  toujours  baignée  par  la  mer  ;  mais  elle  eft  fort  éle- 
vée 6k  a  trente-fîx  braffes  à  plomb  vers  le  nord ,  6k 
quarante  vers  le  midi  :  il  y  a  fur  cette  côte  quelques  pe- 
tites montagnes  ,  favoir  du  nord  au  fud ,  Flavenberg , 
Kiesberg ,  Bredbcrg,  6k  Moderbere,  6k  à  l'orient  Radel- 
berg;  au  milieu  de  l'ifle  eft  l'églite  de  S.  Nicolas ,  à  l'o- 
rient 6k  au  midi  de  laquelle  font  les  maifons  des  habi- 
rans.  Voyez  les  articles  Fosetes  6k  Fosi.  Le  Kiesberg, 
dont  je  viens  de  parler  ,  a  la  vue  fur  toute  la  mer  voi- 
fine  ;  6k  les  infulaires  ont  toujours  foin  d'y  mettre  quel- 
qu'un pour  voir  s'il  n'y  a  point  de  vaiffeau  étranger  qui 
ait  befoin  de  leur  fecours,  pour  remonter  l'Elbe:  auffi- 
tôt  ils  fe  jettent  dans  une  chaloupe ,  l'abordent  ;  &  fi  on 
a  befoin  d'eux ,  ils  en  laiffent  un  que  l'on  tire  au  fort , 
&  qui,  moyenant  vingt  écus,  conduit  le  vaiffeau  à  Ham- 
bourg. *  Mémoires  dreffes  fur  les  lieux. 

Cette  ifle  a  caufé  plufieurs  guerres  entre  les  rois  de 
Dannemarck  6k  les  villes  de  Hambourg  ,  de  Brème 
fck  autres  hanféafiques.  Ces  villes  prétendoient  faire  de 
cette  ifle  un  pays  libre  ;  6k  les  Brémois  y  avoient  élevé 
une  maifon  que  Frédéric  ,  duc  de  Sleswig  6k  de  Hol- 
ftein,  fit  brûler,  en  1496.  L'année  fuivante,les  habi- 
tans  de  Hambourg  ,  de  Brème ,  de  Stade  ,  6k  leurs  al- 
liés brûlèrent  la  maifon  du  duc  de  Holftein ,  avec  quel- 
ques bateaux  pour  la  pêche  du  hareng.  On  en  avoit 
alors  beaucoup  aux  environs  de  cette  ifle  ;  mais  on  n'y 
en  voit  plus  depuis  long-tems.  Après  bien  des  hoftili- 
tés  de  part  6k  d'autre ,  cette  ifle  demeura  en  poffeflîon 
du  duc  de  Holftein  :  au  mois  de  Mars  17 13  ,  le  roi  de 
Dannemarck  tenta  inutilement  de  s'en  rendre  maître. 

1.  HEILIGENBERG.  Baudrand  ,  éd.  1705  dit 
qu'on  l'appelle  auflï  Knytlinger-Staig  ,  6k  ajoute 
que  c'eft  une  montagne  du  Palatinat  du  Rhin ,  près  du 
Necre  ,  vis-à-vis  de  la  ville  de  Heidelberg  ;  qu'on  y  voit 
encore  les  ruines  d'un  château  6k  d'une  églife  ,  qui  font 
les  reftes  d'un  ancienne  ville  que  l'on  nommohPyri-Mons. 
On  peut  voir  dans  l'article  de  Heidelberg,  que  ce  que 
l'on  prend  pour  un  château ,  étoit  une  églife  ,  6k  qu'il 
y  en  avoit  deux.  A  l'égard  de  la  ville  de  Pyri-Mons, 
voyez  cet  article. 

2.  HEILIGENBERG,  château  d'Allemagne  ,  en 
Suabe,dans  la  principauté  deFuiftenberg,fur  le  haut  d'une 
montagne ,  à  deux  lieues  de  l'abbaye  de  Salsmonweiler. 
Il  adonné^fon  nom  au  comté  d'Heiligenberg  ,  qui  con- 
fine avec  l'évêché  de  Confiance.  Les  reliques  desfaintsFe- 
lix ,  Exuperance  6k  Régule  furent  trouvées  dans  ce  comté, 
fous  l'empire  de  Louis  II ,  qui  les  fit  transporter  à  Zurich: 
outre  le  château  ,  il  y  a  une  petite  ville.  *  D'Judifret, 
Geogr.  hift.  t.  3.  H. ubner ,  Geogr.  p.  418. 

3.  HEILIGENBERG,  abbaye  d'hommes ,  ordre  de 
Cîteaux ,  dans  la  haute  Silefie ,  en  la  principauté  de  Trop- 
pau.Elle  dépend,  pour  le  fpirituél,  dudiocèfe  d'Olmutz. 


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HEILIGENCREUTZ  ,  abbaye.  Voyez  Sainte- 
Croix. 

HEILIGEN-HAVE ,  port  d'Allemagne,  fur  la  mer 
Baltique  ,  dans  la  baffe  Saxe ,  6k  plus  particulière- 
ment dans  la  Wagrie  ,  vis-à-vis  de  l'ifle  de  Femeren  ; 
Regkman,  dans  fa  Chronique  de  Lubec,  fol.  69,  parle 
du  port  6k  de  la  petite  ville  de  Heiligenhave,  à  l'année  1419; 
mais  dans  une  Relation  particulière  ,  consultée  par  Zey- 
ler,  Saxon,  infir.  Topogr.  p.  138  ,  fur  un  fait  arrivé 
en  1617  ,  la  ville  eft  nommée  Heiligenstadt  en 
Holftein.  L'origine  du  nom  de  ce  port  eft  marquée  dans 
ce  diftique. 

Dixit  terra.  Sacrum  quondam  me  Cimbria  porfum , 
Commoditas  ratio  nominis  ejlque  loci. 

HEILIGENPEIL ,  ou  Heiligpeil,  ou  Heilgen- 
BEIL  :  les  deux  premiers  noms  font  de  Zeyler;  le  troi- 
fieme  eft  de  Hubner  ,  Gèogr.  p.  730  ,  petite  ville  du 
royaume  de  Pruffe ,  dans  la  province  de  Natangen  ,  à 
peu  de  diftance  du  Frischhaf,  entre  Braunsberg  &c  Bran- 
debourg :  on  la  nommoit  autrefois  Schwantomest  , 
mot  qui  veut  dire  la  ville  fainte.  Cette  petite  ville  fut 
confumée  par  le  feu  ,  en  15 19  l'année  fuivante.  En 
1571,  on  y  brûla  huit  femmes,  entre  lesquelles  étoit  la 
femme  d'un  bourg-  meure.  *  Zeyler ,  Pruff.  Topogr. 
p.  19. 

1.  HEILIGENSTADT.  Voyez  Heiligen-Have. 
5  2.  HEILIGENSTADT,  ville  d'Allemagne  ,  dans 
l'Eichsfeldt,  dont  elle  eft  la  capitale  ,  au  confluent  de 
la  rivière  de  Geifled  avec  la  Leine  :  elle  appartient  à 
l'élefteur  de  Mayence.  Zeyler,  Eleclor.  Mogunt.  Topogr. 
p.  14,  dit,  fur  la  foi  d'une  Chronique  manuscrite,  qu'il 
ne  garantit  pas ,  qu'elle  doit  fa  fondation  à  Dagobert. 
Ce  prince  ,  dit-il  ,  étoit  devenu  fi  lépreux  ,  qu'il  fut 
obligé  de  quitter  la  France  ,  6k  de  venir  en  Allemagne  , 
à  l'endroit  où  eft  aujourd'hui  Heiligenftadt  ;  il  y  bâtit 
un  château  ,  que  l'on  appelle  encore  préfentement  die 
alte  Burgk  ,  6k  il  y  demeura  avec  fa  femme.  Long-tems 
auparavant  ,  deux  frères  Chrétiens  nommés  Aureus  6k 
Jnjlin ,  allant  en  pèlerinage  ,  s'arrêtèrent  dans  une  mé- 
tairie nommée  Rufltefeld  ,  6k  y  logèrent  la  nuit  :  le 
lendemain  ,  ils  continuèrent  leur  route  à  travers  la  forêt 
où  ils  trouvèrent  des  payens  qui  les  maffacrerent  &  les 
enterrèrent.  Dagobert  ,  quoiqu'affligé  de  la  lèpre  ,  ne 
laiffoit  pas  de  monter  à  cheval ,  6k  de  chaffer  :  un  jour 
d'été  ,  fe  trouvant  de  bon  matin  dans  la  forêt,  il  descen- 
dit de  cheval  pour  fe  délaffer,  fe  coucha  dans  la  rofée 
6k  s'endormit  :  il  trouva  à  fon  réveil ,  que  les  endroits 
de  fon  corps  qui  avoient  été  mouillés  de  la  rofée,  étoient 
guéris  :  la  reine  y .  retourna  avec  lui  ;  il  fe  deshabilla  , 
ie  roula  fur  la  rofée ,  6k  fut  guéri  entièrement  de  fa  lè- 
pre. Il  dit  alors  :  Difi  ijl  eiue  heilige  jlcette  ;  Ctfi  ici  un 
lieu faint.  On  fouilla,  6k  l'on  trouva  les  deux  corps 
faints  ,  frais  6k  fans  corruption.  Il  bâtit  deffus  une  églife 
qui,  avec  le  tems,  eft  devenue  une  ville  nommée  Hei- 
ligenfiatt  :  il  bâtit  ensuite  Dagoberftatt ,  qui  eft  préfen- 
tement Erfurt ,  &  s'en  retourna  à  Paris.  Zeyler  laiffe  aux 
lecteurs  le  foin  de  comparer  cette  anecdote  avec  l'his- 
toire de  Dagobert ,.  6k  la  vîe  de  S.  Boniface.  Mais  c'eft 
une  chofe  remarquable  que  pas  une  des  églifes  de  cette 
ville  n'eft  dédiée  fous  l'invocation  des  deux  faints  dont 
parle  cette  Chronique.  Au  milieu  de  la  ville  eft  l'églife 
de  Notre-Dame  ,  celle  de  S.  Gilles  au  midi  ;  au  cou- 
chant eft  celle  de  S.  Martin.  La  Chapelle  de  S.  Laurent 
n'en  eft  pas  loin  ;  celle  de  S.  Nicolas  eft  au  nord-eft  de 
la  ville  ;  la  chapelle  de  fainte  Anne  6k  le  collège  des  Jé- 
fuites  font  auprès  de  Notre-Dame  :  celles  de  S.  Jac- 
ques ,  de  S.  George  6k  de  S.  Liboire  font  hors  de  la 
ville. 

HEILSBERG,  ou 

HEILSPERG,  Heilsberga,  ville  de  la  Pruffe  Polo- 
noife ,  avec  un  château  où  l'évêque  de  Warmie  a  fa  ré- 
fidence.  Elle  fut  bâtie  en  1240  ,  6k  eft  fituée  fur  l'Ai  la, 
entre  Gutftatt  6k  Bartenftein.  En  1522,  elle  fut  brûlée 
par  un  malheur;  ck  en  1559,  à  l'occafion  d'un  bal  que 
l'on  donnoit  au  château ,  le  feu  y  prit  6k  le  confuma.  Ce 
lieu  a  été  habité  par  piufieurs  grands  prélats  ,  entr'au- 
tres,  par  le  fameux  cardinal  Etienne  Hofius  de  Cracovie  , 
qui  mourut,  en  1579,  en  Italie  ;  il  eut  pour  fucceffeur 


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HEL 


HEL 


!e  célèbre  Martin  Cromer ,  de  qui  nous  avons  une  Hif- 
toire  de  Pologne  :  il  étoit  dofteur  en  droit ,  &  mourut 
à  table,  en  1589.  Il  étoit  fort  âgé,  fort  pieux  &  fort 
favant.  Le  cardinal  André  Batory  ,  qui  lui  fuccéda , 
étoit  neveu  d'Etienne  Batory,  roi  de  Pologne. 

HEINTZENBERG,  montagne  de  Suiffe ,  au  pays  des 
Grifons  ,  dans  la  Communauté  de  Thufis.  Elle  a  trois 
lieues  de  1-ong ,  &  eft  une  des  meilleures  5c  des  plus  fer- 
tiles du  pays  :  aufli  eft-elle  peuplée  de  fix  gros  villages 
qui  font  une  jurisdiftion.  Dans  cette  montagne  il  y  a  un 
petit  lac,  nommé  PaSCHOLEN,  qui  tient  lieu  de  Ba- 
romètre aux  habitans  ;  car  il  annonce  les  tempêtes  par 
un  grand  bruit  qui  fait  retentir  la  montagne.  *  Etat  & 
délice)  de  la  Suiffe,  t.  4 ,  p.  23. 

HEIONES.  Voyez  Eio^es. 

HEISTERBACK. ,  abbaye  d'hommes  ,  ordre  de 
,  Cîteaux ,  dans  le  duché  de  Berg  ,  auprès  de  la  rive  droite 
du  Rhin,  vis-à-vis  de  Bonne.  Elle  a  embraffé  la  réforme 
d'Orval. 

1.  HELA.  Voyez  Heiea. 

2.  HELA  ,  bourgade  d'Ane  ,  fur  le  bord  occidental 
de  l'Euphrate,  entre  Ana,  Bagdat  &  Kufa ,  dans  l'Irac- 
Arabi.  Le  P.  Texeira ,  dans  fon  retour  des  Indes  en  Ita- 
lie ,  fait  mention  de  ce  lieu.  Il  dit  que  c'eft  une  ancienne 
bourgade  ,  dans  le  lieu  par  où  pafferent  les  Israélites, 
que  l'on  menoit  captifs  à  Babylone.  Il  ajoute  que  les 
campagnes  qui  font  dans  la  Méfopotamie  ,  font  entre- 
coupées de  ruiffeaux  ;  bordés  de  quantité  de  Gaules  &c 
il  y  trouve  à  la  lettre  la  description  prophétique  du 
Pseaume  136,  Super  jlumina  Babylonis  :  voilà  les  ruis- 
feaux  ;  in  falicibus ,  in  medio  ejus  fusperidimus  organa 
nojlra  ;  voilà  les  faules  dont  leurs  bords  font  couverts. 
*  Voyage  de  Pedro  Texeira  de  la  India  Hajla  Italia , 

-'HhjEA.'VoyezHiLEiA. 

HELAIS ,  'Eko,!  ,  ville  de  la  Syrie  ou  de  la  Paleftine, 
entre  le  Liban  &  le  mont  Cafius ,  félon  Tzetzès ,  Chi- 
liad.  xij ,  11.  451.  Ortélius  croit  quil  a  voulu  dire 
Allia,  la  même  que  Jérufalem. 

HELAM  ,  ancien  nom  d'un  lieu  de  la  Paleftine,  cé- 
lèbre par  la  bataille  que  David  livra  aux  Syriens ,  dans 
laquelle  il  les  tailla  en  pièces  ,  &  prit  leurs  chevaux  & 
leurs  chariots,  Reg.  1.  2,  c.  10,  v.  17.  Dans  le  paffage 
des  Paralipomenes,  /.  1  ,  c.  19,  v.  17,  où  cette  hiftoire 
eft  racontée  au  lieu  de  Hdam  ,  qui  eft  une  ville  incon- 
nue ,  on  lit  Alehem  ;  c'eft- à-dire  ;  David  vint  fondre 
fur  eux  ;  ce  qui  eft  apparemment  la  bonne  leçon  ,  au 
jugement  de  D.  Calmer.  Dicl. 

HELAOUÉ  ,  grolTe  bourgade  de  la  haute  Egypte, 
au  midi  de  Syout ,  &  la  dernière  qui  dépende  du  grand- 
feigneur.  Il  y  aune  garnifon  de  cinq  cens  janifiaires ,  Se 
de  trois  cens  fpahis. 

On  voit  aux  environs  quantité  de  jardins  arrofés  de  ruis- 
féaux  ,  &  un  grand  nombre  de  palmiers  toujours  verds. 
On  y  trouve  de  la  coloquinte  ;  &  toutes  les  campagnes 
font  remplies  de  féné  qui  Croît  fur  un  arbrifleau  haut 
d'environ  trois  pieds.  Cette  drogue  ,  dont  on  croit  ne 
pouvoir  fe  pafler  en  Europe  ,  n'eft  d'aucun  ufage  en  ce 
pays.  Les  habitans  ne  fe  fervent ,  dans  leurs  maladies, 
•  que  de  la  racine  de  l'éfula ,'  qu'ils  font  infufer  dans  du 
lait ,  pendant  une  nuit ,  &  qu'ils  prennent  le  lendemain, 
après  l'avoir  fait  pafter  par  un  tamis.  Ce  remède  eft  très- 
violent  ;  mais  il  eft  à  leur  goût,  &£  ils  s'en  louent  beau- 
coup. L'éfula  eft  un  gros  arbre  ,  dont  la  fleur  eft  bleue. 
Il  fe  forme  de  cette  fleur  une  espèce  de  ballon  ovale  , 
plein  de  coton  ,  dont  les  gens  du  pays  font  des  toiles 
aflez  fines.  *Poncet,  Voyage  d'Ethiopie. 

HELATH  ,  lieu  dont  il  eft  parlé  au  Deuteronome , 
c.  2,  v.  8.  La  vulgate  le  nomms  Elath,  fans  aspiration. 
C'eft  la  même  chofe  qu'Aila. 

HELATICI  Campi.  Plutarque  nomme  ainfi,  dans  la 
Vie  de  Sylla,  les  campagnes  d'Elatée. 

HELAVERDE  ,  ville  d'Ane  ,  dans  la  Perfe ,  à  91  d. 
I  30'  de  longitude,  &  à  35  d.  15'  de  latitude,  félon  les 
géographes  du  pays  ,  cites  par  Tavernier ,  Voyage  de 
Perse ,  /.  3 ,  ch.  dernier.  Celui  qui  bâtit  cette  ville ,  fut 
Abdalla ,  fils  de  Taher ,  du  tems  que  Maimon  étoit  ful- 
tan  de  Babylone. 

HELBA  ou  CHELBA  ,  ancienne  ville  de  la  Paleftine, 
dans  la  tribu  d'Afer  (a).  D.  Calmet ,  Dicl,  doute  fi  ce 


ne  feroitpas  la  même  ville  que  Chelbon  en  Syrie  (b)  ;  qui 
ne  devoit  pas  être  fort  loin  de  Damas.  Chelbon  étoit 
célèbre  par  fes  bons  vins.  *  (a)  Judic.  c.  I ,  v.  3 1 .  (b)  E{t- 
chiel,  c.  27,  v.  18. 

HELBO ,  ifle  de  la  Méditerranée  ,  dans  la  mer  de 
Rhodes  ,  félon  Pline,  /.  <;,  c.  31.  On  y  lit  comme  deux 
noms  Helbj,  Scope.  Le  P.  Hardouin  nous  apprend  que 
cinq  manuscrits  ne  fonf  qu'un  feul  mot  de  ces  deux  ,  &C 
portent  Helboscope  ;  &  dit  que  c'eft  peut-être  pour  He- 
lioscope. 

HELCHATH ,  ou,  par  une  très- forte  aspiration,  Chel- 
chath,  ville  de  la  Paleftine,  dans  la  tribu  d'Afer ,  Jofuc, 
c.  21,  v.  31.  Elle  fut  donnée  aux  Lévites  de  la  tribu  de 
Gerfom. 

HELE  A.  Voyez  Elea. 

HELECTRAS.  Voyez  Electras. 

HELECTRIDES.  Voyez  Electrides. 

HELEDUS  ,  rivière  de  la  Gaule  Narbonnoife ,  félon 
Feftus  Avienus.  Ora  mark.  p.  16 ,  èdit.  Oxon. 

At  nunc  Heledus  ,  nunc  &  Orobis  jlumina 
Vacuos  per  agros  ,  <S*  ruinarum  aggeres  , 
Amœnitatis  indices  prisete,  nieam. 

Les  critiques  fe  font  apperçus  que  ce  nom  Heledus 
devoit  être  corrompu  ;  on  a  donc  rétabli  ainfi  ce  nom, 
&:  le  premier  vers  : 

At  nunece  Ledus ,  nunc  &  Orobis  jlumina. 

Alors  on  fait  que  le  Lydus  ,  aujourd'hui  le  Les ,  ou  le 
Lei  ,  eft  le  même  que  Ledum  jlumen  de  Pomponius 
Mêla,/.  2,  c.  5.  Sidonius  Appollinaris  le  nomme  entreles 
rivières  de  France  ,  dans  ce  vers  : 

Rhenus,Arar,Rhodanus,Mofa,Matrona,Sequana,Ledus 

EtThéodulphe,  Paranœf.  adjudices,  dans  celui-ci 

Rura ,  Mofellce ,  Liger ,   Vulturnus ,  Matrona ,  Ledus, 

Voyez  Lez. 

HELELA,  ville  d'Ane  ,  dans  la  Syrie,  ou  dans  l'E 
phratense  ,  félon  les  Notices  de  l'Empire  ,fecl.  24. 
HELELLUS  ,  nom  latin  de  l'Ill ,  rivière. 

1.  HELEM,  fiége  épiscopal  d'Ane,  quelque  part  vers 
la  Syrie,  félon  Guillaume  deTyr,  cité  par  Ortélius, 
Thejkur. 

2.  HELEM,  ou 
HELEN.  Voyez  Mecyra. 

HELENjE  Sepulchrum  ,  c'eft- à-dire  lefépulcre 
d'Hélène  ,  lieu  au-defîbus  de  la  ville  de  Jérufalem.  Jo- 
j'eph  de  Bello  Judaïc.  1.6,  c.6,  ou  Kîç.  iy' ,  p.  913. 

Cette  Hélène  étoit  une  reine  d'Adiabene  ,  mère  d'I- 
zate  ,  qui  fe  fit  Juif.  Elle  fe  retira  à  Jérufalem  où  elle 
mourut. 

1 .  HELENE ,  'Exltn ,  ifle  de  la  mer  Mgée  ,  à  cinq 
mille  pas  du  promontoire  de  Sunium  ,  félon  Pline ,  l.  4, 
c.  12,  fecl.  19.  C'eft  la  même  dont  Pomponius  Mêla, 
l.  1 ,  c.  7,  dit  :  in  Atthide  Hélène  ejl ,  nota  jlupro  He- 
lence  ;  par  où  il  fait  entendre  que  ce  fut  en  cet  endroit 
qu'Hélène  accorda  les  dernières  faveurs  à  Paris ,  fon  ra 
vifleur.  C'eft  préfentement  Macroniji  ;  le  nom  moderne 
fignifie  l'Ifle  longue.  Etienne  le  Géographe  la  nomme 
Macris.  Ce  n'eft  point  la  Cranaé  d'Homère.  Voyez 
CranXé. 

2.  HELENE,  ifle  de  Grèce,  entre  les  Sporades,  fe 
Ion  Pline,  /.  4,  c.  12,  fecl.  22.  Le  P.  Hardouin  di 
qu'on  la  nomme  préfentement  Pira. 

3.  HELENE,  ifle  de  Grèce,  dans  le  golfe  Laconi 
que ,  à  l'embouchure  de  1  Eurotas ,  devant  la  ville  de 
Gytheum  ,  félon  Paufanias,  /.  3  ,  c.  21 ,  qui  la  nomme 
Cranaé.  Homère  ,  Iliad.  dit  que  ce  fut  dans  cette 
ifle  que  Paris  conduifit  d'abord  Hélène  ,  qu'il  enle- 
vait de  Lacédémone.  Ainfi  Pomponius  Mêla  fe  trompe , 
quand  il  dit  que  ce  fut  à  l'ifle ,  d'Hélène  ,  dans  l'A** 
tique.  Il  y  a  effectivement  peu  d'apparence  que  Paris 
ait  mené  la  maîtrefle  aux  côtes  de  l'Afrique ,  où  il  pou- 
voit  rencontrer  des  fujets  d'Agamemnon  ,  roi  de  My- 
cène ,  dont  il  venoit  de  deshonorer  le  frère.  Cependant 


; 


HEL 


HEL 


fi  c'eft  une  erreur,  il  faut  avouer  qu'elle  eft  très- an- 
cienne. Euripide  ,  dans  la  tragédie  intitulée  Hélène , 
dit  :  cette  ifle  qui  s'étend  comme  un  boulevard,  le  long 
de  PAttique ,  fera  dorénavant  nommée  Hélène  ,  parce 
qu'elle  vous  a  reçue  lorsqu'on  vous  y  a  amenée  après 
votre  enlèvement.  Voilà  cette  ifle  deCranaé,  nommée 
Hélène,  le  fait  détaillé,  &  la  pofition  marquée  par  un 
poëte  Grec.  Strabon,  La, p.  399,  dit  précifément  que 
la  Cranaé  d'Homère  efl  1  Hélène  de  l'Attique.  Paufanias, 
in  Attic.  I.  1 ,  c.  3  5  ,  dit  la  même  chofe  ;  mais  il  remet 
enfuite  cette  ifle  de  Cranaé  dans  le  golfe  de  Laconie. 
Voyez  l'article  Cranaé.  Quelques-uns  ont  cru  que  cette 
ifle  de  Cranaé  ou  d'Helene  étoit  l'ifle  de  Cythere,  au- 
jourd'hui Cerigo  ,  où  l'on  dit  qu'Helene  étoit  née.  Cel- 
larius  a  eu  raifon  de  la  diftinguer ,  &  de  la  mettre  plus 
avant  d^n;  le  golfe  ,  &;  plus  près  de  l'embouchure  de 
l'Eurotas  ;  mais  il  ne  la  met  pas  affez  près  de  la  côte 
occidentale  du  golfe.   La  Guilletiere  ,  dans  fon  Voyage 


319 


d'Athènes,  p.  ^8,  la  nomme  Spa 


dit  qu'elle  efl: 


à  demi-lieue  de  Pagana  ,  &  à  trois  de  Colochina.  Il 
ajoute,  p.  62  :  comme  nous  étions-là,  un  de  nos  voya- 
geurs fe  reffouvint  que  ce  fat  dans  cette  ifle  de  Cranaé 
ou  de  Spatara  ,  que  la  fameufe  Hélène  accorda  fes  pre- 
mières faveurs  à  Paris  ;  &  il  nous  dit  que ,  fur  le  rivage 
de  la  terre  ferme ,  qui  eft  vis-à-vis ,  cet  heureux  amant 
avoit  fait  bâtir ,  après  cette  agréable  conquête ,  un  tem- 
ple à  Venus  ,  pour  marquer  les  transports  de  fa  joie 
&  de  fa  reconnoiffance.  Il  donna  à  cette  Venus  le  nom 
de  Migonitis  ,  &c  nomma  ce  territoire  Migonium  ,  d'un 
mot  qui  figniêoit  l'amoureux  myftere  qui  s'y  étoit  paffé. 
Menelas ,  le  malheureux  époux  de  cette  princeffe  ,  dix- 
huit  ans  après  qu'on  la  lui  eut  enlevée  ,  vint  vifiter  ce 
temple,  dont  le  terrein  avoit  été  le  témoin  de  fon  mal- 
heur &  de  l'infidélité  de  fa  femme  &C  fit  mettre  aux  deux 
côtés  de  Venus  les  images  de  deux  autres  déeffes ,  Thé- 
tis  &  ^faxidice ,  comme  qui  diroit  la  déeffe  des  châti- 
mens ,  pour  montrer  qu'il  ne  laifferoit  pas  l'affront  im- 
puni. Ce  voyageur  avoit  pris,  à-peu-près,  tous  ces  dé- 
tails dans  Paufanias ,  quoiqu'il  ne  le  nomme  point. 
4:  HELENE  ou  Helena.  Voyez  Elna. 
j.  HELENE,  ville  de  Bithynie.  Procope,  ALdific. 
L<j,  c.  z,  en  parle  ainfi  :  il  y  a  dans  la  Bithynie  une 
ville  nommée  du  nom  iïHelene  ,  mère  de  Conftantin. 
Ce  n'étoit  autrefois  qu'un-village  de  nulle  confidération; 
mais  ce  prince,  voulant  l'honorer,  lui  donna  le  titre  de 
ville ,  parce  que  fa  mère  y  étoit  née  ;  mais  il  ne  lui  en 
donna  ni  l'étendue  ni  la  beauté.  Ainfi  elle  demeura 
dans  fon  premier  état  ,  Se  ne  laiffa  pas  de  changer  de 
nom.  Juftinien,  pour  purger  la  mémoire  du  fondateur  du 
nouvel  empire  ,  du  reproche  qu'on  lui  pouvoit  faire  d'une 
négligence  femblable  ,  fit  bâtir  un  magnifique  aqueduc 
dans  cette  ville ,  par  le  moyen  duquel  il  délivra  les  ha- 
bitans  de  la  foif  dont  ils  étoient  preffés  auparavant.  Il 
y  fit  même  bâtir  un  bain  tout  neuf,  en  un  endroit  où  il 
n'y  en  avoit  jamais  eu,  &  il  en  fit  réparer  un  ancien  qui 
avoit  été  négligé,  il  y  éleva  des  hôtels  pour  les  magis- 
trats, des  édiles,  des  palais  ,  des  galeries,  &  d'autres 
édifices  publics,  qui  en  font  le  principal  ornement. 

Cette  ville  devint  épiscopale  ,  &  eft  nommée  He- 
LENOPOL!";  dans  les  Notices.  Voyez  ce  mot. 
_  6.  HELENE,  ancienne  ville  delà Paleftine.  Conftan- 
tin la  fit  bâtir  en  l'honneur  de  fa  mère,  dont  il  lui  donna 
3*  nom.  Sozomene,  Hijloire  eccléfîajlique ,  1.  2,  e.  2, 
dit  en  parlant  de  cette  princeffe  :  fon  nom  ne  fauroit  ja- 
mais être  effacé  de  la  mémoire  des  hommes  ,  puisqu'il 
y  a  deux  villes ,  l'une  en  Bithynie,  &  l'autre  en  Pales- 
tine ,  qui  le  conferveront  à  la  poftérité  :  cet  auteur  ne 
met  qu'une  ville  de  ce  nom  en  Bithynie.  Voyez  les  deux 
articles  d'HELENOPOLls. 

7.  HELENE  ,  Helena ,   Vicus.  Sidonius  Apollinaris 
carm.  v.  5. 112  &feq.p.  315,  edit.  Sirmond,  dit  : 

Pojl  rempore  parvo 
Pugnajlis  pariter  Francus  quâ  Cloio  paumes 
Atrebatum  terras  pervaftrat.  Hic  coèumes 
Claudebant  angujla  vias  ,  arcumque  fubaclum , 
Vicum  Helcnam ,  jlumenquejimul ,  fub  cramite  longo, 
Artus  fuppojltis  trabibus  transmijerat  agger. 

Les  favans  conviennent  que  cette  rivière  eft  la  Candie , 
&  qu'il  eft  ici  queftion  de  Kedin  ou  Hesdin  ;  non  pas 


de  la  nouvelle  ville  de  ce  nom  ,  du  vieil  Hedin  ,  dont 
il  refte  plus  haut  des  ruines  à  cinq  quarts  de  lieues  delà 
nouvelle  ville,  &  au  côté  gauche  de  la  Canche.  Vige- 
nere,  dans  fa  Bibliothèque  hiftoriale  ,  affure  que  les  an- 
ciens manuscrits  de  Sidonius  portent  HedENA.  Voyez 
Hesdin. 

8.  HELENE  ,  fontaine  de  l'ifle  de  Chio.  C'eft  où  Hé- 
lène fe  baignoit .  dit  Etienne  le  Géographe. 

9.  HELENE ,  (cap  Sainte-)  dans  l'Amérique  méridio- 
nale ,  entre  le  cap  Redondo  au  nord,  &  le  cap  de  Matas 
au  midi ,  proche  la  baie  de  los  Camerones  dans  la  -erre 
Magellanique.  *  Océan  méridional,  par  Bellin.  Robert  de 
Vaugondy ,  Atlas. 

HELENI ,  ville  d'A  frique,  dans  l'Ethiopie ,  fur  la  route 
de  Gondar  à  Duvarna.^  C'eft  une  principauté  qui  eft 
l'apanage  de  l'héritier  préfomprif  de  l'empire  de;  Abiffins. 

Il  y  a  dans  cette  ville  un  très-beau  monaftere  .  & 
une  magnifique  églife ,  dédiée  à  làinte  Hélène  ,  &  c'eft 
apparamment  de  cette  églife  que  la  ville  a  pris  le  nom  à"H.- 
leni.  Au  mi'ieu  de  la  grande  place,  qui  eft  devant  l'églife, 
on  voit  trois  aiguilles  pyramidales  &  triangulaires  de 
granité,  toutes  remplies  de  hiéroglyphes.  Quoiqu'il  ne 
paroiffe  pas  de  piedeftaux  ,  ces  aiguilles  ne  laiffent  pas 
d'être  auffi  hautes  que  l'obélisque  ,  qu'on  voit  dans  la 
place  de  S.  Pierre  à  Rome ,  pofé  fur  fon  piedeftal.  On 
croit  que  ce  pays  eft  celui  de  la  reine  de  Saba  :  plufieurs 
villages  qui  dépendent  de  cette  principauté,  portent  en- 
core aujourd'hui  le  nom  de  Sebaim.  On  trouve  dans  les 
montagnes  du  marbre  qui  ne  cède  en  rien  à  celui  d'Eu- 
rope ;  mais  ce  qui  eft  plus  confidérable  ,  eft  qu'on  y 
trouve  beaucoup  d'or,  même  en  labourant  la  terre.  *  Pon- 
cet,  Voyage  d'Ethiopie. 

HELENIUM.  Voyez  Elenius. 

HELENO,  lieu  d'Ifaurie  ,  fous  l'évêque  d'Ifauropo- 
lis,  félon  Balfamon  fur  Photius.   *  Ortel.  Thefaur. 

1.  HELENOPOLIS  ,  ville  épiscopale  d'Afie,  dans 
la  Bithynie,  félon  les  Notices.  C'eft,  fans  doute,  la  même 
que  la  ville  d'Helene  de  Procope.  Mais  il  y  a  une  dif- 
ficulté. Ortélius,  parlant  de  l'Helene  de  Paleftine  ,  dit  : 
Freculphe  écrit  qu'elle  étoit  affez  près  de  Bethame  ,  &C 
que  c'eft  l'endroit  où  fut  enfeveli  Lucien,  évêque  d'An- 
tioche.  C'eft  une  erreur  ;  le  martyrologe  Romain  dit 
au  7  Janvier  :  Eodem  die  natalis  beati  Luciani  Antio- 
chtni  presbyteri  &  martyris  qui  fatis  clàrus  doclrind  & 
tloqiuntiâ  pafjus  ejl  Nicomedicz ,  ob  Chrijh  confeffïonem 
in  perfeculiom  Gaterii  Maximiani ,  fepultusque  ejl  Hcle- 
nopoli  in  Bithyniâ  ;  cujus  laudes  fanclus  Johannes 
Chryfofcomus  celebravit.  Cette  Helenopole ,  que  l'on  ap- 
pelloit  autrefois  Drepanum  ,  fut  une  ville  épiscopale  de 
Bithynie  ,  &:  avoit  pou-  métropole  Nicomédie  où  ce 
faint  avoit  fouffert.  Elle  étoit  fituée  fur  le  golfe  de  Ni- 
comédie ,  presque  à  diftance  égale  entre  Nicomédie  & 
Nicée,  félon  le  P.  Lubin  ,  dans  fes  Notes  fur  le  Marty- 
rologe ,  p.  297.  On  peut  voir  auffi  Baronius  ,  dans  les 
Annales,  ad  annum.  311 ,  n.  9. 

Drepane  eft  donc  l'ancien  nom  de  cette  ville.  Et, 
comme  dit  Baillet ,  Topogr.  des  faims,  p.  226,  la  célé- 
brité du  culte  que  l'on  rendoit  à  S.  Lucien,  prêtre  d'An- 
tioche,  (&  non  pas  évêque,  comme  le  dit  Freculphe,) 
martyrifé  à  Nicomédie,  l'an  312,  dans  le  bourg  de  Dre- 
pane ,  qui  étoit  fur  la  côte  de  Bithynie,  &  où  fon  corp» 
avoit  été  jette  par  les  vagues,  porta  l'empereur  Conftan- 
tin ,  quinze  ans  après ,  à  rebâtir  ce  lieu  en  l'honneur  de 
ce  martyr.  Il  l'aggrandit,  ("ceci  eft  contraire  à  ce  que 
dit  Procope  cité  dans  l'article  HELENE  5 ,  )  &  l'embellit 
de  telle  forte  qu'il  en  fit  une  nouvelle  ville  qu'il  nomma 
Helenopole,  du  nom  de  fa  mère  Hélène,  qui  avoit  une  dé- 
votion particulière  à  S.  Lucien  ,  &  qui  s'y  plaifoit  àcaufe 
des  reliques  de  ce  faint.  Il  voulut  que  la  ville  avec  fon 
territoire  fut  exempte  des  tributs  &  des  autres  charges 
publiques ,  qu'elle  eût  le  droit  de  cité  avec  tous  les  pri- 
vilèges qui  y  étoient  joints ,  &  que  la  poftérité  i'ùt  que 
c'étoit  uniquement  pour  faire  honneur  à  la  mémoire  du 
faint  martyr.  Ce  lieu  étoit  celui  de  la  naiffance  de  l'im- 
pératrice Hélène ,  dont  on  vient  de  parler.  Elle  y  mou- 
rut, l'an  327,  dans  le  tems  que  Conftantin  la  failoit  bâ- 
tir ,  après  y  avoir  fait  dédier  elle-même  la  principale 
églife,  fous  le  nom  de  S.Lucien,  &f  avoir  fait  promet- 
tre à  l'empereur,  par  modeftie  ,  que  la  ville  même  feroit 
auffi  dédiée  en  l'honneur  du  même  faint  ;  ce  qui  ne  l'em- 
pêcha pas  de  lui  dqnner  Je  nom  SHtlenopolt.  Cette  ville 


3  20  BEL 

n'eft  plus  rien  aujourd'hui.  Le  corps  de  ce  faint  a  été 
apporté  en  France  ,  &  dépoté  à  Arles  par  Charleraa- 
gne,  dans  une  églife  dédiée  fous  le  nom  de  S.  Lucien, 
au  rapport  de  la  Saïuîaye,  Martyrol.  Gallican. 

2.  HELENOPOLIS ,  ville  archiépiscopale  de  Pales- 
tine, fous  le  patriarchat  de  Jénifalem.  Ce  liège  n'avoit 
aucun  fuffragant,  félon  la  Notice  de  Doxapatrius. 

3.  HELENOPOLIS.  Ce  nom  eft  employé  dans  la 
Notice  de  Hieroclès  pour  Helenopontus  ,  province 
de  l'Alîe  mineure. 

4.  HELENOPOLIS.  Voyez  Francfort  i. 
HELENOPONTUS  ,  province  de  l'Afie  mineure, 

fur  le  Pont-Euxin.  Je  n'en  trouve  point  les  bornes  mar- 
quées ;  mais-  bien  les  villes  épiscopales  font  nommées 
dans  les  Notices  :  je  remarquerai  feulement  que,  dans  la 
feconde  Notice,  Saltum  &  Zalichen ,  qui  font  diftingués 
comme  des  noms  différens ,  font  joints  comme  un  feul 
mot  dans  le  manuscrit  de  la  bibliothèque  Farnefe. 

La  province  d'ffelenopolis  ,    (ou  plutôt  d'Helsnopont,') 
fous  un  homme  conjulaire,  afipt  villes,  favoir, 


HEL 


Selon  Hieroclès, 

Selon  Léon  le  Sage 

Amajia  , 

Amafeœ  , 

Ibyra  , 

Ibyrnorum  , 

Zela, 

Zelorum , 

Saltum , 

Zalichi  ,  ou 

Zalichen  , 

Leontopoleos , 

Andrapa , 

Andrapodum  , 

Amifus 

Amifjï , 

&  Sinope. 

Sinopes. 

La  féconde  de  ces  deux  Notices  met  le  iîége  d'Eu- 
CHMTA  dans  cette  province,  entre  les  évêques  qui  ne 
dépendent  d'aucun  autre ,  Se  de  qui  perfonne  ne  relevé. 
Et  dans  une  autre  Notice  du  même  Léon ,  où  font  ré- 
glés les  rangs  entre  les  métropoles  ,  Euchaha  tient  le 
cinquante-unième. 

HELEPH  ,  ville  de  la  Paleftine  ,  dans  la  tribu  de 
Nephthali,  Jofuê  ,  c.  19,  v.  33.  Elle  eft  appellée  Mehe- 
leph  dans  l'hébreu ,  dans  les  Septante  &  dans  Eusèbe. 

HELEUTHERI  ou  Eleutheri  ,  anciens  peuples  de 
la  Gaule.  Cefar,  de  Bell.  GalL  1.  7,  c.  75  ,  fait  mention 
des  Heleutheri-  Cadurci  ,  &t  des  H  eleutheri  Suefjîones  , 
1. 1,  c.  75,qu'ilne  faut  pas  confondre.  On  convient  aviez, 
parmi  les  critiques,  que  le  mot  Heleutheri  a  été  mïs  en  cet 
endroit ,  devant  Suejfiones ,  pour  quelque  autre  mot ,  par 
quelque  copifte  ignorant  ;  mais  pour  les  Heleutheri  Ca- 
durci ,  c'eft  une  autre  affaire  :  Cefar  les  nomme  bien 
diftinclement ,  &  les  manuscrits  ne  varient  point  à  leur 
égard.  Nous  avons  dit,  au  mot  ELEUTHERIENS,  que 
D'Audifret  les  prend  dans  l'Albigeois.  Il  s'accorde  en  cela 
avecNicolasSanson,  dont  nousavons  mis  la  remarque  à 
l'article  ALBIGEOIS,  foye^  ce  mot. 

HELFFENSCHWEIL,  village  de Suifle,  dans  le  bas 
Togsenbourg. 

HËLGAS.  Voyez  Germanicopolis  i. 

HELHACER  ,  lieu  fortifié ,  avec  garnifon ,  dans  la 
Paleftine  ,  au  territoire  de  Sidon  ,  félon  Guillaume  de 
Tyr,  cité  par  Ortélius. 

1.  HELIA  :  fi  on  s'en  rapporte  aux  éditions  commu- 
nes de  Pline,  cet  auteur  nomme  ainfi  ,  /.  32.,  c.  2,  une 
ifle  voifme  de  Drepanum  en  Sicile ,  où  l'on  pêchoit  le 
corail.  On  y  lit,  inSiculo  {marî)  circà  Heliam  &  Dre- 
panum. Fazel  a  cru  qu'Hélia  étoit  une  ifle  près  de  Tra- 
pani.  Baudrand,  édit.  l68x,  dit:  Helia,  ifle  fort  petite 
de  l'ille  de  Sicile ,  dans  fa  côte  occidentale  ,  félon  Pline , 
devant  la  ville  de  Trapani.  J'ai  rapporté  les  mots  de 
Pline.  Il  ne  dit  point  qu'Hélia  foit- une  ifle  ,  ni  qu'elle 
foit  fur  la  côte  occidentale  de  Sicile ,  ni  qu'elle  foit  de- 
vant Trapani.  Ce  font  toutes  chofes  que  lui  prête  Bau- 
drand. Auffi  le  P.  Hardouin  qui  n'y  voyoit  rien  de  pa- 
reil, &  qui  trouvoit,  au  contraire,  circà  Eulias ,  dans 
quelques  manuscrits ,  a  pafTé  l'éponge  fur  cette  préten- 
due ifle  d'Helia  ,  ck  a  fubftitué  le  mot  jEoLIAS.  Ainfi 
le  corail ,  félon  Pline  ,  fe  trouvoit  dans  la  mer  de  Si- 
cile ,  aux  environs  des  ifles  yEoliennes ,  ck  de  la  ville  de 
Trapani. 

2.  HELIA  ,  nom  dune  ville,  dans  la  Chronique  du 
comte  Marcellin.  Il  nomme  ainfi  la  ville  de  Jérufalem. 
Il  falloit  écrire  jElia. 


3.  HELIA.  Voyez  Velia  2. 

4.  HELIA ,  nom  latin  d'ELY  ,  ifle ,  monaftere  &  ville 
épiscopale  d'Angleterre.   Voyez  Ely. 

5.  HELIA,  nom  latin  d'EYLE  ouHaly,  petit  can- 
ton d'Irlande ,  dans  la  province  de  Munfter  ,  au  comté 
de  Tiperari  ;  c'eft  dans  ce  canton  qu'étoit  la  ville  épis- 
copale de  Roscraea  qui  eft  détruite ,  félon  Uflerius. 

HELIAS ,  ville  épiscopale  d'Egypte ,  dans  la  féconde 
Auguftamnique  ,  félon  la  Notice  de  Léon  le  Sage. 

1.  HELICE  ,  ancienne  ville  de  Thrace,  clans  la  Sar- 
dique,  entre  l'Oescus  ck  les  montagnes ,  fur  la  route  de 
Sardique  à  Phihppopoli.  Antonin  ,  Itiner.  la  décrit  ainfi. 


Serdica , 
Bargaraca  , 
Hélice , 
Liffa, 
Bejjapara, 
Philippopoli , 


M.  P.  XVII 

M.  P.   XXI. 

M.  P.  XXI. 

M.  P.   XXII 

M.  P.   XXII 


2.  HELICE  ,  ancienne  ville  du  Peloponnefe  ,  dans 
l'Achaïe  proprement  dite,  dont  elle  étoit  une  des  douze 
villes.  Polybe,  /.  2 ,  £.41 ,  dit  que,  de  fon  tems,  il  n'en 
reftoit  plus  que  dix ,  qu' Olenus  ck  Hélice  avoient  été  en- 
glouties par  la  mer  ,  peu  avant  la  bataille  de  Leuctres. 
Paufanias ,  /.  7,  c.  24,  rapporte  non-feulement  cette  des- 
truction ,  mais  aufli  la  caufe  &  les  détails  de  ce  defas- 
tre.  Il  y  avoit  auprès  d'Hélice  un  temple  dédié  à  Nep- 
tune Heliconien.  Des  fupplians  s'y  étant  réfugiés ,  les 
Achéens  les  en  arrachèrent ,  ck  les  maflacrerent.  Le  dieu, 
pour  punir  ce  crime,  détruifit  fon  temple  ck  leur  ville. 
Paufanias  raconte  les  préfages  qui  précédèrent  cette  ruine. 
Il  dit  qu'on  vôyoit  encore  les  débris  rongés  par  les  flots 
de  la  mer.  Strabon,  /.  S,  p.  385,  parle  auffi  de  ce  châ- 
timent de  la  ville  d'Hélice,  ck  en  met  l'époque  deux  ans 
avant  la  bataille  de  Leucrres.  Ainfi  cette  ville  n&fubfis- 
toit  plus  du  tems  de  Strabon  ,  pas  même  du*ms  de 
Polybe.  Cependant  Ptolomée  ,  /.  3,  c.  16,  met  une  ville 
d'Hélice  ,  dans  l'Achaïe,  à  quelque  diftance  de  la  mer. 
Voyez  Nioua,  le  nom  moderne. 

3.  HELICE,  ville  de  Grèce,  dans  la  Béotie ,  félon 
le  Scholiafte  de  Callimaque. 

4.  HELICE ,  ville  de  Grèce ,  dans  la  Theffalie  ,  fé- 
lon Strabon  qui  cite  Hefiode  ,  dont  voici  les  vers  : 


10'Mi  KKtî\»  T'I#<W/tfV  , 


C'éft-à-dire  :  Et  toute  la  ville  des  Myrmidons  &  la  fa- 
meufe  lolcos ,  Arné  &  Hélice. 

•j.  HELICE  ,  lieu  d'Afie ,  fur  le  Pont-Euxin  ,  vers  la 
Cappadoce.  Orphée  en  fait  mention  au  rapport  d'Orté- 
lius. 

6.  HELICE ,  marais  ou  étang  de  la  Gaule  aux  envi- 
rons de  la  rivière  de  l'Aude  ,  félon  Feftus  Avienus  , 
Ora.  mark.  v.  588  ;  il  dit  : 

Hicfalfum  in  œquor  amnis  Attagus  mit, 
Heliceque  rursùl  hic  palus  juxta. 

Dès  que  l'Atax  ou  YAttagus  eft  l'Aude ,  il  s'ensuit  que 
le  lac  voifin  eft  l'étang  de  Thau ,  puisqu'après  avoir  pane 
de-là  à  l'Orient ,  ck  dit  que  la  ville  de  Befarum  avoit 
été  en  cet  endroit ,  félon  une  vieille  tradition ,  il  nomme 
la  rivière  de  l'Orbe  qui  pane  à  Beziers ,  &C  le  Lez  qui 
coule  auprès  de  Montpellier. 

HELICEUS  AMNIS ,  ruiffeau  dont  il  eft  parlé  dans 
l'Hiftoire  mêlée ,  /.  17,  vers  la  Thrace  &  la  Macédoine, 
au  fentiment  d'Ortélius ,  Thefaur. 

1.  HELICON,  rivière  de  Grèce,  dans  la  Macédoine: 
elle  couloit  auprès  de  Dium  ;  &  après  avoir  parcouru 
un  espace  de  foixante  &  quinze  ftades ,  elle  fe  cachoit 
fous  la  terre  ,  &  quittant  fon  nom  d'Helico/i,  portoit  ce- 
lui de  Baphyras  ou  Baphyrus  ,  au  rapport  de  Pau- 
fanias ,  /.  8,  c.  30,  qui  ajoute  que  de-là  il  eft  navigable 
jusqu'à  la  mer.  Il  femble  le  nommer,  c.  33,  Balyras  , 
V,iMpa.f.  Ptolomée,  par  un  renversement  de  lettres ,  le 
nomme  PHAR1BUS,  »*j>v£os  ,  pour  Bapupoc 

2.  HELICON,  rivière  de  Sicile,  félon  Ptolomée, 
dans  ce  qu'il  appelle  fa  côte  occidentale  ;  mais,  pour  par- 
ler plus  jufte  dans  la  partie  orientale,  de  la  côte  du  nord 

de 


BEL 


de  cette  ifle.  Son  nom  moderne  eft  Otiveri  ;  elle  le 
prend  du  bourg  d'Oliveri,  qui  eft  à  (on  embouchure. 

3.  HELICON  ,  montagne  de  Grèce  ,  dans  la  Béo- 
tie,  à  l'entrée  &  aux  confins  de  la  Phncide.  Elle  étoit 
confacrée  aux  Mufes.  Elle  eft  remarquable  ,  dit  Paufa- 
nias ,  c.  28 ,  par  la  bonté  du  terroir  ,  &  par  la  quantité 
des  arbres.  Strabon  ,  /.  8 ,  lui  donne  beaucoup  d'éten- 
due dans  fa  longueur  ;  car  elle  touche  à  la  Phocide  par 
la  partie  feptentrionale  de  cette  province  ,  &c  en  partie 
aufli  au  couchant,  &  avance  jusqu'au  port  Mycos ,  qui 
eft  le  dernier  de  la  Phocide.  Il  ajoute  que  fur  cette  mon- 
tagne il  y  avoit  Un  temple  dédié  .aux  Mufes  ;  la  fon- 
taine d'Hippocrene,  &  la  grotte  des  Nymphes  Libethri- 
des  :  à  l'égard  de  la  grotte  ,  elle  n'éfoit  pas  unique  ; 
il  y  en  avoit  en  d'autres  lieux  qui  portoient  le  même 
nom.  Cette  montagne  eft  devenue  fameufe  par  l'honneur 
que  les  poètes  lui  ont  fait  de  la  célébrer  dans  leurs  ou- 
vrages. 

Spon  ,  Voyage  de  Grèce  ,  t.  2,  p.  47,  dit  qu'on  la 
nomme  préfentement  Zagara  ,  wheler,  fon  compa- 
gnon de  voyage  ,  s'étend  davantage  fur  cette  matière , 
t.  2  ,  p.  3  19.  Les  Turcs  ,  '  dit-il  ,  appellent  aujourd'hui 
cetre  montagne  Zagara  à  caufe  de  la  grande  quantité  de 
lièvres  qui  s  y  engendrent,  quoiqu'il  y  ait  beaucoup  d'au- 
tre gibier ,  fur-tout  de  langiiers  &  de  cerfs.  La  descrip- 
tion de  Strabon  prouve  indubitablement  que  cette  mon- 
tagne eftl'Helicon  ;  car  elle  étoit,  félon  lui,  fur  le  golfe 
Crifleen  ou  de  Corinthe  ,  bordant  la  Phocide  ,  qu'elle 
regarde  au  nord  ,  inclinant  un  peu  à  l'oueft.  Il  ajoute 
que  fes  hautes  croupes  pendoient  fur  le  dernier  port  de 
la  Phocide  ,  d'où  il  s'appelloit  Mycus.  Elle  n'étoit  pas 
fort  éloignée  du  Parnafle ,  &  ne  lui  cédoit  ni  en  hau- 
teur ni  en  étendue  :  enfin  c'étoient  toutes  deux  des  mon- 
tagnes de  rochers  ,  &t  leur  croupe  étoit  toujours  çoa- 
verte  de  neige.  Le  mont  Helicon  étoit  autrefois  confacré 
aux  Mufes  par  les  Thraces  ,  &i  ce  fut  le  pays  natal  du 
poète  Hefiode.  Voyez  Ascra.  Je  ne  trouve  rien  en  ce 
lieu  ,  ni  les  monumens  d'Orphée  ou  des  Mufes,  ni  ceux 
d'Hefiode,  que  Paufanias  dit  y  avoir  vus  de  fon  tems  ; 
&  pour  ce  qui  eft  de  la  fontaine  d'Hippocrene,  elle  étoit 
alors  gelée.  Ayant  avancé  une  lieue  &  demie  vers  le 
haut  jusqu'aux  neiges ,  il  fallut  m'arrêter  &  me  contenter 
de  descendre  de  cheval  ,  &  de  tâcher  de  grimper  fur 
quelque  rocher  plus  haut  d'où  je  pufTe  découvrir  le  pays 
de  deflbus  &  le  haut  des  montagnes  ;  enforte  que  l'es- 
pace qui  y  étoit  renfermé  me  parut  comme  un  lac  glacé 
&  couvert  de  neiges.  Mon  guide  me  dit  qu'en  été  on 
y  voit  une  belle  vallée  couverte  de  verdure  &  de  fleurs, 
avec  une  belle  fontaine  au  milieu.  Je  me  trouvai  dispofé 
à  croire  que  c'étoit  là  qu'étoit-la  fontaine  d'Hippocrene, 
&  le  bois  délicieux  des  Mufes. 

HELII ,  ancien  peuple  dont  parle  Céfaire ,  frère  de 
S.  Grégoire  de  Nazianze,  dans  les  Dialogues.  Ortélius, 
Thefaur.  dit  qu'on  ne  fait  rien  du  pays  où  vivoit  cette 
nation. 

HELIMNA,  village  dont  il  eft  parlé  dans  la  Vie  de 
ThalalTius,  écrite  par  Théodoret.  Il  étoit  dans  la  Syrie, 
&  peut-être  aux  environs  de  la  ville  de  Cyr. 

HEL1NGA  ,  \\t.iyy-,  ville  de  l'Espagne  Tarrago- 
noile.  Polybe,  /.  n  ,  p.  889,  ckAppien,  en  font  men- 
tion. Morales  fk  Xylander  croient  que  c'eft  la  Silpia 
de  Tite-Live.  Voyez  ce  mot.  L'édition  de  Polybe  par 
Gronovius  écrit  ce  nom  fans  aspiration  ElinGA. 

1.  miAOVOUS,  ville  du  foleil.  C'eft  une  ancienne 
ville  de  laCelefyrie,  félon  Ptolomée,  /.  5  ,  c.  l«f.  Elle 
étoit  entre  le  Liban  &  l'Anti-Liban  ,  entre  Laodicée  & 
Abila.  Il  y  avoit  un  temple  confacré  au  foleil  d'où  lui  eft 
venu  fon  nom.  On  y  voit  encore  à  préfent  de  magni- 
fiques telles  de  ce  temple.  Je  crois  ,  dit  D.  Calmet,  que 
c'eft  c«tte  ville  que  le  prophète  Amos  a  voulu  marquer, 
en  difant ,  c.  1 ,  v.  5  :  T'exterminerai  les  habitans  du  camp 
de  l'idole.  L'hébreu  porte  :  J'exterminerai  les  habitans 
de  Bekath-aven  ou  de  la  vallée  d'iniquité.  Il  donne 
le  nom  de  Bekath-aven  à  la  ville  que  les  payens  nom- 
rnoient  Bekath-baal,  &  que  l'on  nomme  encore  au- 
jourd'hui BAALBECH  ,  la  vallée  de  Baal.  Maundrell  , 
dans  fon  Voyage  d'Alep  à  Jérufalem ,  p.  127,  dit  :  on 
iùppofe  que  Balbec  eft  l'ancienne  Hcliopolis  ou  la  ville 
du.  foleil,  véritable  lignification  de  ce  mot  là  :  le  nom 
arabe  qu'elle  porte  aujourd'hui ,  &  qui  eft  peut-être  fon 
plus  ancien,  peut  fignifier  la  même  chofe;  car  quoique 


FEL         3ÎI 

Baal  lignifie  toutes  les  idoles  en  général  ,  de  quelque 
fexe  ou  condition  qu'elles  puiflent  être ,  on  l'attribue  fou- 
vent  au  foleil ,  idole  fouveraine  de  ce  pays.  Voyez  Bal- 
BEC. 

j  2.  HELIOPOLIS  ou  la  ville  du  foleil,  ville  ancienne 
d'Egypte.  Il  en  eft  parlé  dans  la  Genefe ,  c.  41  ,  v.  45  , 
où  elle  eft  nommée  ON  dans  le  texte  hébreu ,  &  Helio- 
polis  dans  laVulgate.  Il  eft  dit  que  Pharaon  ,  roi  d'E- 
gypte ,  fit  époufer  à  Jofeph  ,  Azaneth ,  fille  de  Putiphar  , 
prêtre  d'Heliopolis.  Quoiqu'ily  ait  eu  plus  d'une  ville  de  ce 
nom  enEeypte,  comme  nous  dirons  ci-après  ,  celle-ci 
eft  reconnoiflable  par  fes  temples  &  par  les  grandes  mai- 
fons  de  fes  prêtres  qu'on  y  voyoit  encore  du  tems  de 
Strabon  ,  quoiqu'elle  fût  abandonnée.  Ces  lieux,  dit-il, 
/.  17,  p.  805  ,  approchent  dufommet  du  Delta  :  c'eft  là 
qu'eft  Bubafte  &  fa  préfe&ure ,  au-deftus  de  laquelle  eft: 
la  contrée  (1  u  le  nôme)  d'Heliopolis  où  le  voit  la  ville 
du  foleil  ,  fituée  fur  une  grande  digue.  Il  y  a  un  temple 
confacré  au  foleil ,  &  dans  un  certain  enclos  on  nourrit 
le  bceufMnevis  que  les  habitans  d'Heliopolis  Honorent 
comme  un  dieu,  de  même  qu'Apis  eft  adoré  par  les  ha- 
bitans de  Memphis  :  devant  la  digue  eft  un  grand  lac 
où  fe  déchargent  les  folles  voifins  ;  la  ville  eft  préfente- 
ment déferte ,  &  il  y  a  un  temple  très-ancien ,  bâti  à  la 
manière  d'Egypte ,  &  qui  conierve  des  marques  de  la  fu- 
reur &  de  l'impiété  de  Cambyiè.  Ce  pnnee  ravagea  par- 
tie par  le  feu,  partie  par  le  fer,  les  temples  &  les  obélis- 
ques. Strabon  décrit  ensuite  la  forme  des  temples  d'E- 
gypte :  à  l'entrée  du  temple,  eft  une  cour  pavée  de  la 
largeur  d'un  arpent  ,  &  de  la  longueur  de  trois  ou  d« 
quatre  ou  même  davantage.  Ce  lieu  s'appelle  Dromos , 
en  grec,  mot  qui  veut  dire  la  course.  Callimaque  dit  : 

O'  tTe^fUç   U&t  btcî  iïpt,'giJb;, 

Cette  courfe  eft  confacrée  à  Anubis. 

Le  long  de  cet  espace  ,  des  deux  côtés  de  la  largeur,  font 
p'ofés  des  Sphinx  de  pierre,  à  vingt  coudées ,  fk  même 
plus ,  de  diftance  l'un  de  l'autre.  Après  les  Sphinx  font 
plufieurs  veftibules  de  fuite,  dont  le  nombre  n'eft  point 
fixé  ;  il  y  en  a  plus  ou  moins ,  à  proportion  de  la  lon- 
gueur &.  de  la  largeur  des  dromes  ou  courfes.  Après  les 
veftibules,  eft  le  temple  qui  eft  petit  ;  mais  il  a  un  grand 
parvis.  Il  n'y  a  aucune  figure;. ou,  s'il  y  en  a,  ce  n'eft 
point  celle  d'un  homme  ,  mais  de  quelque  bête.  Des 
deux  côtés  du  parvis  s'étendent  les  ailes.  (w'igg).  Ce 
font  deux  murs  aufli  hauts  que  le  temple.  D'abord  leur 
diftance  eft  un  peu  plus  grande  que  toute  la  largeur  du 
temple  ;  mais  ils  fe  rapprochent  l'un  de  l'autre  jusqu'à 
cinquante  ou  foixante  coudées.  Ces  murailles  font  plei- 
nes de  grandes  figures  fculptées  pareilles  aux  ouvrages 
des  Toscans  ou  des  anciens  Grecs.  Il  y  a  aufli  un  bâti- 
ment facré,  foutenu  fur  un  grand  nombre  de  colomnes, 
comme  à  Memphis  ,  d'une  fabrique  dans  le  goût  bar- 
bare ;  les  colomnes  font  grandes  &  dispofées  en  plu- 
fieurs rangs  ;  il  n'y  a  ni  peinture,  ni  grâce ,  c'eft  un  amas 
de  pierres. 

Nous  vîmes  dans  cette  ville ,  continue  Strabon ,  de 
grandes  maifons  où  logeoieht  les  prêtres  ;  car  on  dit  que 
c'étoit  la  demeure  des  prêttes  qui  s'appliquoient  à  la  phi- 
lofophie  &c  à  l'aftronomie  ;  mais  ce  genre  dévie  cVces 
études  n'y  font  plus  en  ufage.  Il  y  avoit  feulement  des 
hommes  dont  l'emploi  étoit  de  diriger  les  facrifices ,  Se 
d'en  apprendre  les  cérémonies  aux  étrangers.  Le  géné- 
ral iElius  Gallus,  partant  d'Alexandrie ,  Se  remontant  le 
Nil,  avoit  à  fa  fuite  un  homme  appelle  Cheremon  qui 
faifoit  profeflion  de  cette  feience.  Mais  fon  ignorance 
jointe  à  beaucoup  d'orgueil  le  faifoit  méprifer.  On  nous 
fit  voir  aufli  des  maifons  des  prêtres  Se  des  appartenons 
où  Eudoxe  Se  Platon  avoient  logé  ;  car  ils  étoient  ve- 
nus enfemble  dans  cette  ville ,  &  avoient  vécu  l'un  Se 
l'autre  ,  treize  ans  avec  les  prêtres.  Ce  qui  fuit  dans. 
Strabon  ,  ne  regarde  que  les  études  des  prêtres. 
Diodore  de  Sicile  ,  /.  <j ,  c.  56  ,  raconte  l'origine  de 
cette  ville  ,  fur  la  tradition  des  Grecs.  Il  fuppofe 
donc  ,  comme  une  vérité  ,  qu'au  commencement 
du  monde  ,  l'ifle  de  Rhodes  ,  étant  couverte  d'une 
boue  molle  Se  détrempée  ,  le  foleil  la  fécha  &  la 
rendit  féconde  ,  &  qu'il  s'en  forma  fept  hommes  éga- 
lement Aborisines ,  qui  furent  nommés  les  Helia.- 
Sî    Tome  M, 


32î  HEL 

liadcs ,  du  nom  du  foleil ,  qu'ils  reconnoJflent  pour  l'au- 
teur de  leur  naiffance.  Leurs  noms  étaient  Ochim,  Cer- 
caphe  ,  Macar ,  Aclis  ,  Tenages  ,  Triopas  ,  &  Candalc. 
Ils  s'appliquèrent  tous  à  l'aftronomie  ,  cultivèrent  la  na- 
vigation ,  &  déterminèrent  le  cours  des  heures.  Tena- 
gesavdit  plus  d'efprit  que  les  autres  ;  par  jaloufie ,  ils  le. 
tuèrent  ;  le  meurtre  fut  reconnu  ,  Se  ils  furent  réduits 
à  prendre  la  fuite.  Aftis  le  quatrième-,  (  pour  ne  parler 
que  de  celui-là,)  s'en  alla  en  Egypte,  &  y  fonda  la 
ville  qu'il  nomma  la  ville  du  foleil ,  en  l'honneur  de 
fon  père.  Cet  hiftorien  fuppole  enluite  qu'un  déluge 
ayant  fait  périr  dans  la  Grèce  la  plupart  des  hommes  &£ 
tous  les  monumens  des  feiences ,  les  Egyptiens  qui  les 
avoient  confervées, profitèrent  de  l'ignorance  où  les  Grecs 
tombèrent,  Se  fe  firent  honneur  d'une  invention  qui 
ne  leur  appartenoit  pas.  On  voit  dans  ce  récit,  que  j'ai 
abrégé  ,  qu'il  n'eft  fait  que  pour  diminuer  la  honte  que 
les  Grecs  avoient  de  devoir  les  feiences  aux  Egyptiens 
à  qui  ils  tâchoient  d'en  enlever  l'honneur. 

Avec  le  tems  ,  les  Juifs  eurent  auffi  un  temple  à  He- 
liopolis  (a):  Onias,  fils  d'Onias  III,  s'étant  retiré  en 
Egypte,  &  ayant  gagné  les  bonnes  grâces  de  Ptolomée 
Phïlometor  &  de  Cleopatre  fa  femme ,  obtint  permif- 
fion  de  bâtir  un  temple  femblable  (b)  à  celui  de  Jeru- 
falem,  à  l'ufage  des  Juifs  qui  étoient  en  Egypte.  Ce 
temple  que  l'on  appella  ONION  ,  fubfifta  jusqu'au  tems 
de  Vefpafien  qui  le  fit  fermer  par  Lupus  (c) ,  préfet 
d'Egypte.  ,     >  t 

Paulin ,  qui  fuccéda  quelque  tems  après  a  Lupus  ,  fit 
ôter  tous  les  ornemens  &  toutes  les  richeffes  qui  y  étoient  ; 
en  fit  fermer  toutes  les  portes,  &  ne  permit  pas  qu'on 
y  fît  aucun  exercice  de  religion.  *  (a)  D.  Calma,  Dift. 
(b)  Jofeph.  Antiq.'  1.  Il  ,  c.  I  5  ;  &  1.  10 ,  c.  8.  (c)  De 
Bell.  1.  7,  c.  37. 

Le  P.  Hardouin  fe  trompe ,  ce  me  femble  ,  dans  la 
note  qu'il  faite  iur  le  mot  Heliopolius ,  qui  eft  le  nom  du 
nôme  ou  de  la  province,  dont  elle  étoit  la  capitale.  Il 
dit  que  la  ville  d  Heliopolis,  où  l'on  croyoit  que  le  phé- 
nix portait  fon  nid,  eft  attribuée  par  quelques-uns  à  l'E- 
gypte ,  fk  par  quelque  sautres  à  l'Arabie  ;  de  -  la  vient , 
pourfuit-il  ,  l'erreur  d'Etienne  qui  a  cru  qu'il  y  avoit 
deux  villes  de  ce  nom  ;  car,  dit-il,  elle  était  aux  con- 
fins de  l'Egypte  &£  de  l'Arabie  ,  comme  Pline  nous  l'ap- 
prend ,  /.  "j  ,  c.  10.  Cet  auteur  dit  effectivement  :  Unum 
preetereà  intùs  ,  &  Arabia  conterminum  claritatis  magna 
Solis  oppidum.  Mais  cela  ne  dit  pas  qu'il  n'y  eût  qu'une 
feule  ville  d'Egypte  ,  nommée  Heliopolis.  Etienne  a 
raifon  d'en  mettre  deux.  Ptolomée  ,L  4 ,  c.  %  ,  en  met 
deux  auffi,  &  donne  la  pofition  de  l'une  &  de  l'autre; 
Se  ,  ce  qui  eft  remarquable  ,  elles  étoient  dans  le  même 
nome.  Il  appelle  la  première  qui  eft  celle-ci  la  métro- 
pole du  foleil;  il  nomme  l'autre  Heliopolis. 

'H*/«  »  c'eft-à-dire  ,  Longitude.     Latitude. 

du  foleil,  6zd.   30'        30  d.  io' 

'HA/aW/ir  ,  Heliopolis ,        61.      30.      29.     50. 

La  féconde  étoit  au  midi  de  la  première  ;  mais  elle  n'é- 
toit  pas  fur  le  Nil  comme  elle.  Ptoldmée,qui  avoit  pafleune 
partie  de  fa  vie  à  Alexandrie  en  Egypte  ,  eft  fort  croyable 
fur  ce  chapitre.  Le  P.  Hardouin  nomme  la  première, 
qu'il  croit  unique,  BELHESA  ;  &  c'eft ,  félon  lui,  le 
nom  moderne.  Antonin  la  nomme  Heliu  &  la  met 
à  XXIV.  M.  P.  de  Memphis.  Elle  eft  auffi  nommée 
Heliu  ,  ville  épiscopale ,  dans  la  Notice  de  Hierocèis. 

3.  HELIOPOLIS,  ville  d'Egypte,  différente  delà 
'  métropole  de  même  nom  ,  ^  quoique  dans  la  même  pro- 
vince. Voyez  l'article  précédent. 

4.  HELIOPOLIS,  ville  d'Arabie,  au  pays  des  Aro- 
mates ,  félon  Etienne  ,  qui  avertit  qu'elle  étoit  différente 
de  celle  d'Egypte.  Il  y  a  trois  partis  à  prendre.  Le  pre- 
mier eft  de  dire,  avec  des  favans  critiques,  qu'Etienne  fe 
trompe  ,  &  que  c'eft  la  même  qui  étoit  aux  confins  de 
l'Egypte  &  de  l'Arabie  ;  le  fécond  qu'il  y  avoit  effeôi- 
vement  une  Ville  du  Soleil  dans  l'Arabie  heureule ,  Se 
que  c'eft  peut-être  la  même  qu'Etienne  nomme  Ba-o-a/^a, 
Bafampfa  qui  étoit,  dit-il,  fur  le  golfe  Arabique,  vers 
la  mer  Rouge,  c'eft-à-dire,  vers  la  mer  qui  eft  hors  du 
détroit  de  Bab-El-Mandel.  Il  avertit  que  ce  nom  fignifie 
Maifon  du  Soleil.  Le  troifiéme  parti  eft  enfin  de  dire 
que  cette  Ville  du  Soleil  eft  auffi  imaginaire  que  le  bû- 


HEL 


cher  précieux  que  le  phénix  s'y  conftruit  pour  s'y  brûler. 

5.  HELIOPOLIS,  ville  de  la  Thrace,  félon  Etienne. 

6.  HELIOPOLIS  ,  ancien  nom  de  Corinthe  qui  fut 
d'abord  nommée  ainfi ,  puis  Pagus  ,  puis  Ephyra  Se 
enfin  Corinthe ,  félon  le  même  Etienne. 

7.  HELIOPOLIS,  ville  épiscopale  d'Allé,  dans  la 
Galatie  ,  félon  la  Notice  de  Léon  le  Sage  ,  Se  celle  de  - 
Hieroclès. 

8.  HELIOPOLIS.  Voyez  Soltwedel. 
Corneille  met  une  ville  épiscopale  de  ce  nom  dan* 

laCilicie.  Je  ne  trouve  dans  les  anciennes  Norices ,  que 
trois  villes  épiscopales  de  ce  nom  ;  l'une  en  Phénicie  , 
ou  dans  la  Céléfyrie  ;  l'autre  en  Egypte ,  Se  la  troifiéme 
en  Galatie. 

HELIOPOLITES  Nomos  ;  nome  ou  province  d'E- 
gypte ,  à  l'orient  du  Nil,  entre  le  nôme  Aphroditopo- 
lite  au  nord  ;  la  pointe  de  la  mer  Rouge  Se  l'Arabie 
pétrée  à  l'orient  ;  Se  le  nôme  Bubaftide  au  midi.  Il 
étoit  traverfé  dans  fa  longueur  par  le  canal  de  Trajan , 
qui  communiquoit  du  Nil  à  la  mer  Rouge,  par  Héroo- 
polis  Se  Babylone.  Ces  deux  villes ,  6c  les  deux  Hé- 
liopolis font  les  feules  que  Ptolomée ,  /.  4 ,  c.  5  ,  y  ait 
nommées. 

HELIOTRAPEZA,  W*  T0.V<*  ,  e'eft-à-dire,  la 
Table  du  Soleil,  en  latin  Menfa  Solis.  Pomponius  Mêla, 
/.  3  .  c.  9,  parlant  de  l'ifle  de  Méroé  Se  de  l'Ethiopie, 
décrit  les  fingularités des  peuples  Macrobiens.  H  y  a,  dit- 
il,  chez  eux  un" lieu  toujours  garni  de  viandes  prêtes  à 
manger  ;  Se  comme  il  eft.  permis  à  quiconque  le  veut 
d'en  manger  félon  fon  appétit  ,  on  le  nomme  la  Table 
du  Soleil  ;  Se  ils  difent  qu'à  mefure  que  l'on  mange,  il 
renaît  d'une  façon  miraculeufe  de  nouvelles  viandes.  So- 
lin ,  c.  30,  edit.  Salmaf.  dit  la  même  chofe.  Héro- 
dote, /.  3  ,  c.  18,  dit  plus  Amplement  en  parlant  des 
Macrobiens  :  au  fauxbourg  il  y  a  une  prairie  chargée 
de  viandes  rôties  de  toutes  fortes  d'animaux  à  quatre 
pieds  ;  toutes  les  nuits  chaque  magiftrat  a  foin  de  les 
faire  fervir;  &  dès  qu'il  eft  jour,  il  eft  pe:-mis  à  tout  le 
monde  de  venir  prendre  fa  nourriture.  Paufanias,  /.  1  , 
c.  33  ;  Se  /.  6,  c.26,  parle  auffi  de  cette  Table  du  Soleil. 

HEL1OTR0PIUM  ,  lieu  de  Grèce  ,  dans  le  voifî- 
nage  de  Thèbes.  Ortélius  en  fait  une  ville  ;  mais  Po- 
lybe  ,  qu'il  cite ,  /.  5  ,  p.  600 ,  ne  dit  pas  que  c'en  fût 
une  :  il  dit  feulement  que  Philippe  aprocha  fon  camp 
de  la  ville  de  Thèbes  ;  qu'il  partagea  fon  armée  en  trois, 
Se  fe  failit  des  environs;  qu'une  partie  fe  pofta  autour 
de  SCOPIUM  ,  une  autour  d'HELlOTROPIUM ,  &  que 
la  troifiéme  fe  plaça  fur  la  colline  qui  commande  la  ville. 
Scopium  Se  Heliotropium  étoient  tout  au  plus  des  feux- 
bouras  de  Thèbes. 

HÊLIS,  ou  Elis':  Ortélius  a  cru,  qu  Elim  ouHe- 
lim  qui  eft  indéclinable ,  étant  à  l'accufatif ,  faifoit  Helis 
ou  Elis  au  nominatif  ;  c'eft  pourquoi  il  nomme  de  ce 
dernier  nom  le  lieu  où  Moïfe  trouva  douze  fontaines. 
Voyez  Elim 

HELISSEN,  ou  Hayleshem,  abbaye  d'hommes, 
ordre  de  Prémontré,  dans  le  Brabant,  à  deux  lieues  de 
Tillemont ,  fur  les  limites  des  diocefes  de  Namur  &  de 
Liège. 

HELISSON.  Voyez  Elissus  2,  &  4. 

HELIU,  ou 

HELIUPOLLS,  ouHelius.  Voyez  Heliopolis. 

HELIU  ,  ou  Solis  Delubrum  ,  ou  Lucus ,  c'eft-à- 
dire  le  Temple,  ou  le  Bois  du  Soleil,  (  Té^e.oj  ,)  lieufur 
le  Pont-Euxin,  où  Diodore  de  Sicile,  /.  4,  c.  47,  dit 
que  fe  cacha  Medée ,  lorsqu'elle  fuyoit  la  colère  de  fes 
parens;  le  mot  dont  fe  fert  l'hiftorien,  veut  dire  un  lieu 
facré,  comme  un  temple,  ou  un  bois  dédié  à  une 
vinité. 

HELIUM:  Pline  I.4,  c.  15,  après  avoir  nomnté  quel- 
ques peuples ,  ajoute  ces  mots  :  ils  font  fitués  entre  le 
bras  du  Rhin,  furnommé  Hélium,  &  celui  de  ce  même 
fleuve  qui  eft  appelle  Flevum  :  on  appelle  ainfi,  dit-il, 
les  embouchures  par  lesquelles  le  Rhin  fe  jette  au  nord 
dans  le  lac,  &  au  couchant  dans  la  Meufe ,  y  ayant  en- 
tre deux  une  embouchure  qui  conferve  un  petit  canal 
qui  garda  fon  nom.  Ce  partage  eftaifé  à  expliquer.  L'em- 
bouchure nommée  Flevum  ,  qui  fe  jette  dans^  les  lacs  eft 
le  bras  du  Rhin  qui  tombe  dans  la  Zuider-Zée ,  mer  qui 
a  abforbé  ces  lacs  ;  ce  petit  canal  du  milieu  qui  pafte  à 
Utrecht  61  à  Leyden ,  mais  fon  embouchure  a  été  boit- 


HEL 


HEL 


cjiée  par  les  fables  ;  &  il  n'arrive  point  jufqu'à  la  mer. 
L'autre  dont  il  eft  ici  queftion  eft  le  Rhin  qui  tombe 
dans  la  Meufe  ;  &  Clavier ,  de  tribus  Rhenl  alveis  ,c.  i  , 
p.  16  &  17,  conjecture  affez  raifonnablement  que  ce 
nom  eft  apparemment  celui  de  quelque  fortereflè  que 
les  Romains  avoient  bâtie  auprès  de  cette  embouchure. 
Voici  fur  quoi  il  fe  fonde.  Pline  eft  le  feul  auteur  qui 
fourniffe  ce  nom.  Les  Romains  avoient  élevé  des  forts 
aux  principales  rivières  des  pays  qu'ils  avoient  conquis. 
Us  en  avoient  mis  fur  les  deux  autres  branches  du  Rhin, 
pourquoi  n'en  auroient  -  ils  point  mis  à  celle-là  ?  Flo- 
rus  femble  l'infinuer  quand  il  dit  que  Drufus,  pour  la 
confervation  des  provinces  ,  rangea  des  garnifons  &  éta- 
blit des  fortereffes  par-tout ,  fur  la  Meufe ,  fur  l'Elbe  & 
fur  le  Wefer  ;  il  en  bâtit  plus  de  cinquante  fur  le  Rhin. 
Comme  Cluvier  l'obferve  très-bien  ,  les  Gaules  étoient 
foumifes  &  paifibles  ;  il  ne  falloit  point  de  fortereffes 
au  haut  de  la  Meufe ,  mais  bien  au  bas  de  fon  cours  , 
pour  fe  garantir  des  Menapiens  &  des  Toxandriens , 
&  pour  n'avoir  rien  à  craindre  des  Frifons.  Si  donc  on 
accorde  qu'il  y  avoit  une  fortereffe  à  l'embouchure  de  la 
Meufe ,  il  eft  queftion  de  voir  de  quel  côté  de  cette 
rivière  elle  étoit.  Ce  ne  doit  pas  être  fur  l'ifle  des  Ba- 
taves, c'eft-à-dire,  fur  la  rive  droite.  Car  Tacite, 
Hifl.  I.  4 ,  en  auroit  fait  mention  lorsqu'il  nomme  les 
ftx  forts  ou  châteaux  fitués  dans  l'ifle  des  Bataves  fur 
le  Rhin ,  &C  attaqués  par  les  Canenifates ,  les  Frifons  & 
les  Bataves.  Il  ne  parle  point  de  celui-là  ;  ck  fi  ce  fort 
avoit  été  là  ,  ces  peuples  l'auroient  attaqué  comme  les 
autres ,  &  Tacite  en  auroit  parlé.  Il  falloit  donc  qu'il 
fût  de  l'autre  côté  ,  à  la  gauche  de  la  Meufe ,  chez  les 
Toxandriens,  à-peu-près  au  même  endroit  où  eft  aujour- 
d'hui la  Bnel  ,  ou  un  peu  plus  bas.  Cluvier  croit  que 
le  village  d'Helvoët  qui  eft  fur  le  rivage  oppoféàcette 
îfle  ,  quatre  mille  pas  au-deffous  de  la  Briel,  pourroit 
bien  avoir  pris  fon  nom  d'Hélium. 
HEL1XUS.   Voyez  Elixus. 

1.  HELLAS,  ville  de  la  Theffalie  ,  félon  Strabon  , 
/.  9,  p .  431  &C  4^1.  Ce  géographe  expliquant  quelques 
paffages  où  Komere  parle  de  Hellas  &  de  Phthie,  rai- 
sonne de  cette  manière.  Homère ,  dit-il ,.  les  diftingue  ; 
mais  on  ne  fait  s'il  entend  deux  villes  ou  deux  lieux  : 
ceux  qui  tiennent  pour  la  féconde  opinion  ,  entendent 
Hellas  pour  la  Grèce,  pays ,  ck  difent  que  Thèbes  de 
Phtiotide  eft  une  ville  diftinfte  de  l'ancienne  Pharfale; 
dans  cette  contrée  eft  auffi  un  lieu  nommé  Thuiedion  , 
voifin  de  la  nouvelle  &  de  l'ancienne  Pharfale.  Ils  con- 
jecturent qu'une  partie  de  ce  lieu  Thetidion  étoit  fous 
la  domination  d'Achille.  Ceux  qui,  par  Hellas,  entendent 
une  ville,  font,  entr' autres,  les  habitans  de  Pharfale,  qui, 
à  foixante  ftades  de  leur  ville,  (c'eft-à-dire,  à  deux 
lieues  &  demie  )  montrent  les  ruines  d'une  ville  qu'ils 
prétendent  avoir  été  celle  d'Hellas.  Les  habitans  de  Me- 
litsa  ,  de  leur  côté ,  croient  que  la  ville  d'Hellas  étoit  en- 
viron à  dix  ftades  (ou  à  douze  cens  cinquante  pas)  de 
leur  ville,  au-delà  de  l'Enipée,  dans  le  tems  que  leur 
ville  s'appelloit  Pyrrha.  ;Ils  allèguent  comme  une  preuve 
le  tombeau  de  Pyrrha  &C  deDeucalion,  qui  eft  dans  leur 
place  publique ,  &c.  Dicearque ,  dans  fon  Etat  de  la 
Grèce,/?,  21 ,  edit.  Oxon.  dit  :  Hellas  étoit  ancienne- 
ment une  ville  bâtie  par  Hellen  père  d'iEole,  &c  nommée 
de  ion  nom  ;  elle  étoit  dans  la  Theffalie ,  entre  Pharfale 
ck  Melitée. 

2.  HELLAS,  contrée  de  Grèce,  dans  la  Theffalie. 
Nous  avons  vu,  dans  le  paffage  de  Strabon  cité  dans 
l'article  précédent ,  que  quelques  -  uns  prenoient  Hellas 
pour  une  contrée  ;  ck  cette  contrée  ,  avec  Phthie  ou  la 
Phthiotide, étoit  de  la  Theffalie.  Dicearque, à  l'endroit 
cité  dit  la  même  chofe.  Les  Hellènes  ,  dit-il ,  font  ceux 
qui  parlent  la  langue  gréque ,  félon  la  dialefte  des  Hel- 
leniftes,  &  descendent  d'Hellen.  Les  Athéniens  habi- 
tent l'Attique  ck  parlent  félon  la  dialecte  attique,  & 
font  originaires  de  leurs  pays.  Les  Doriens  defcendans 
de  Dorus  ,  ont  le  langage  dorique ,  comme  les  defcen- 
dans d'jEolus  ont  l'a;olique  ;  de  même  l'ionique  eft 
propre  aux  Ioniens  qui  descendent  d'Ion ,  fils  de  Xutus. 

_  Il  y  eut  donc  autrefois  Hellas  qui  étoit  dans  la  Theffa- 
lie ,  &C  non  pas  dans  l'Achaïe.  Car,  comme  dit  .le  pëote 
Homère ,  on  les  nommoit  les  Myrmidons  ,  les  Hellè- 
nes ck  les  Achéens.  Il  appelle  les  Myrmidons  ceux  qui 
habitoient  Phthie  en  Theffalie;  Hellènes,  ceux  dont  nous 


323 

venons  de  parler  ;  ck  il  les  diftingue  des  Achéens  qui 
habitent  préfentement  Melitée  6k  Larifle  furnommée 
Cremafte,  ckc.  Il  fe  fert  enfuite  de  la  différence  de  la 
véritable  langue  gréque,  ck  de  l'idiome  des  Athéniens, 
pour  prouver  que  le  pays  d'Hellas  étoit  différent  de  l'At- 
tique ;  il  cite  un  paffage  où  Pofidippe ,  comique  Grec ,  re- 
prend les  Athéniens  de  ce  qu'ils  croyoient  que  leur  lan- 
gue étoit  la  véritable  langue  gréque,  ck  que  leur  ville 
étoit  proprement  le  pays  d'Hellas.  Il  n'y  a,  dit-il,  qu'un 
pays  d'Hellas  :  vous  parlez  athénien ,  quand  vous  parlez 
votre  langue  :  pour  nous  qui  fouîmes  Grecs ,  nous  parlons 
grec:  pourquoi  tant  traîner  Iesfyllabes,  appuyer  furies 
lettres  ck  devenir  ennuyeux  en  affectant  l'élégance  ?  Pau- 
fanias  ,  /.  3  ,  c.  20  ,  dit  que  Hellas  étoit  anciennement 
le  nom  d'une  contrée  de  la  Theffalie ,  ck  qu'il  eft  devenu 
enlùite   celui  de  toute  la  Grèce. 

3 .  HELLAS  :  fi  nous  en  croyons  Ariftote  dans  fon 
Traité  des  Météores ,  /.  1 ,  c.  14  ,  de  Cataclysmis  &  quart 
fluviorum  alii  perennes  alii  non  ;  la  Grèce ,  ou  le  pays 
d'Hellas ,  étoit ,  dans  les  premiers  tems  ,  le  pays  qui  eft 
aux  environs  de  Dodone  ck  du  fleuve  Acheloiis  ;  car , 
parlant  du  déluge  de  Deucalion ,  il  dit  :  il  arriva  prin- 
cipalement autour  de  la  Grèce  ,6k  fur  -  tout  autour  de 
cette  partie  que  l'on  appelle  ancienne   Hellas  :  or  cette 


contrée  eft  celle  qui  eft  aux  environs  de  Dodone  ck  du 
fleuve  Acheloiis.  Car ,  pourfuit  ce  philofophe ,  il  a  changé 
fon  cours  en  plufieurs  endroits ,  c'eft-à-dire  que  félon  lui 
Heljas  étoit  anciennement  le  nom  particulier  d'un  pays 
fitué  entre  la  Thesprotie  ,  la  Theffalie  &  l'Acarnanie. 
4.  HELLAS,  ou  la  GRÈCE  proprement  dite.  Ce  nom, 
ayant  été  quelque  tems  particulier  à  un  pays  affez  pe- 
tit ,  foit  qu'on  le  prenne  dans  la  Theffalie  avec  Strabon 
ck  Dicearque ,  dont  nous  avons  rapporté  ci-deffus  les 
témoignages,  foit  qu'on  le  trouve  avec  Ariftote  au  midi 
de  l'Epire  6k  au  couchant  de  la  Theffalie ,  fignifia  avec 
le  tems  un  pays  plus  étendu  ,  comme  le  dit  Paufanias 
dans^  le  paffage  allégué  ci-deffus.  Dicearque  dit  que  les 
Athéniens  prétendaient  que  la  véritable  Grèce  ou  Hellas 
fe  trouvoit  chez  eux,  6k  j'ai  rapporté  le  paffage  du  co- 
mique qui  les  reprend  de  cette  erreur.  Tandis  que  la 
Macedonie,  l'Epire,  la  plus  grande  partie  du  Peloponnefe 
avec  leurs  rois  particuliers,  6k  un  affez  bon  nombre 
de  peuples  qui  avoient  eu  auffi  les  leurs,  au  commence- 
ment ,  s'étoient  arangés  en  républiques ,  6k  confervoient 
leur  liberté  par  leurs  alliances  contre  l'oppreffion  étran- 
gère ,  6k  par  la  police  6k  les  loix  contre  l'ufurpation  &  le 
trop  grand  crédit  des  particuliers;  c'eft  ce  que  l'on  nomma 
long-tems  la  Grèce  propre ,  ou,  en  un  feul  mot,  Hellas» 
On  y    commprenoit 


L'Acarnanie, 
L'jEtolie  , 
La  Doride, 
La  Locride, 


La  Phocide, 
La  BÉopE, 
L'Attique  , 
La  Megaride. 


Les  détails  où  je  fuis  entré  dans  l'article  général  de 
la  Grèce  6k  dans  les  articles  particuliers  de  chacun  de 
ces  pays  ,  rendent  inutile  ce  que  j'en  dirois  ici  :  je  re- 
marquerai feulement  deux  chofes  ;  l'une  que  les  noms 
d' 'Hellas  6k  d'Hellènes  ,  qui  lignifient  la  Grèce  6k  les 
Grecs ,  ne  fe  bornèrent  point  là ,  &  qu'ils  ont  été  em- 
ployés enfuite  pour  fignifier  ,  non-feulement  la  Grèce 
propre ,  mais  encore  toutes  fes  augmentations ,  comme 
la  Macédoine ,  6k  généralement  tout  ce  que  les  Latins 
ont  entendu  par  le  mot  de  Grèce.  La  féconde  obferr 
vation  eft  que  quand  la  Grèce  propre  ou  l'Hellas  prit 
le  nom  d'Achaïe ,  parce  qu'elle  étoit  entrée  dans  la  ligue 
des  Achéens ,  il  faut  en  excepter  l'jEtolie  qui  fit  une  ligue 
à  part  dans  laquelle  entrèrent  les  Acarnaniens  qui  fu- 
rent auffi  quelque  tems  fous  la  domination  de  l'Epire. 

1.  HELLENES,  nom  que  les  Grecs  fe  donnoient 
en  leur  propre  langue. 

2.  HELLENES ,  ville  de  l'Efpagne  Tarragonoife  ,  au 
pays  des  Callalà ,  félon  Strabon  ,  /.  3.  Mariana  croit  que 
c'eft  préfentement  Ponte-Vedra. 

HELLENICUM  Mare  ;  quelques  anciens  ont  ainfi 
nommé  l'Archipel. 

HELLENISTES:  (les)  nous  avons  remarqué  que 

le  mot  Hellènes  veut  dire  les  Grecs  ;  c'eft  le  pluriel 

d'Hellen ,  un  Grec.    On  appelloit  Juifs  Hellénises  ceux 

qui  vivoient  dans  les  villes  ou  dans  les  provinces  où  la 

Tome  III.    Sf  ij 


324  HEL 

langue  gréque  étoit  commune ,  &  qui ,  fi'ayant  pas  IV 
fage  de  la  langue  hébraïque ,  ou  fyriaque ,  ne  fe  fer- 
voient  communément  que  de  la  verfion  gréque  des 
Septante  dans  leur  particulier,  &  même  dans  leurs  a(- 


HEL 


en  découvre  tout  le  dôme  &c  le  minaret.  Entre  ce  châ- 
teau neuf  nommé  par  les  Turcs  N atoll  Inghl  IJJ'ar ,  &C 
le  cap  des  Janljjalres ,  il  y  a  au  nord-eft  un  bourg  ap- 
pelle Inglla-lffar-Kxol  ;  bourg  du  château  neuf.  On  n'y 


Juifs  que  l'on  nommoit  Hébraifans,  parce  qu'ils  ne  pou- 
voient  fouffrir  qu'on  lût  l'écriture  fainte  en  une  autre  lan- 
.gue  qu'en  hébreu.  Les  Helleniftes  ne  font  connus  que  de- 
puis le  régne  des  Grecs  en  Orient.  La  raifon  en  eftfort 


femblées  •  ce  qui  étoit  defapprouvé  par  plufieurs  autres     voit  rien  de  recommandable  que  huit  moulii 

-<->•'  -  chacun  à  huit  .ailes,  qui  font  tout  de  fuite  en  allant  vers  le 

promontoire  Sigée,  vis-à-vis  du  château  neuf  d'Afie.  Il 
y  en  a  un  autre  en  Europe  nommé  par  les  Turcs  Rou- 
meli  Inghi  Iffar.  Ils  ont  tous  deux  été  bâtis  par  Maho- 
mturelle  ;  la  Bible  ne  fut  traduite  en  grec  par  les  Sep-  met  IV  ,  qui  connut,  en  1656  &  en  1657  ,  que  les  deux 
tante,  que  fous  le  régne  de  Ptolomée  Philadelphe  ,  roi  châteaux  des  Dardanelles  ,  quoique  d  une  fituation  tres- 
d'Egypte,  defeendu  de  l'un  des  capitaines  d'Alexandre,  avantageule,  ne  rendoient  pas  impoffible  1  entrée  de  la 
Quelquefois  ces  Juifs  Helleniftes  font  appelles  fimple-  Propontide,  ni  par  confequent  Conftantinople  incré- 
ment Hellènes ,  c'eft-à-dire  Grecs  ,  &  quelquefois  Hel-  nable ,  puisque  les  Vénitiens  battirent  toute  1  armée  na- 
lenifi»  dans  le  Nouveau  Teftament,  (  AU.  Apojl.  c.  9,  vale  des  Ottomans  fous  le  canon  de  ces  forterefles.  1 
v.  29  ;  &c  c.  11  ,  v.  20.)  Dom  Calmet,  de  qui  font  la     y  a  de  1  un  a  1  autre  cinq  bons  quarts  de  lieue ,    &  ils 


plupart  de  -ces  remarques ,  dit  qu  il  ne  trouve  point  ce 
dernier  terme  dans  les  Machabées  ni  dans  les  autres  li- 
vres grecs  de  l'Ancien  Teftament. 
HÈLLENOPOLIS ,  pour  Helenopolis. 
HELLENOPONTUS.  Voyez  Helenopontus. 
HELLENORUM  ,  fiege  épiscopal ,  dans  la  Lydie , 
félon  les   Notices  gréques.     Anatollus  ,  fon  évêque  , 
fouscrivit  à  la  lettre  écrite  à  l'empereur  Léon.  *  Hard. 
CollecT:.  conc. 
HELLENSTEIN.  Voyez  Heidenheim. 
HELLES ,  rivière  qui  fait  le  tour  de  la  ville  de  Smyrne , 
.félon  Ifidore  cité  par  Ortélius  ,  Thcfaur.  Ce  géographe, 
après  avoir  confulté   Strabon,    préfume  qu'il  faut  lire 
Mêles.  ,    „     „ 

HELLÈSPONT,  félon  Grelot ,  Voyage  de  Conftan- 
tinople ,  page  3  &  fulv.  fameux  détroit  appelle  ainfi  du 
nom  de  Helli • ,  fille  d'Athamas ,  qui  en  le  panant  pour 
s'enfuir  dans  la  Colchide  avec  fon  frère  Phryxus ,  char- 
gés tous  deux  de  la  toifon  d'or  ,  tomba  dans  cette  mer 
&  y  périt.  On  y  arrive  par  diverfes  routes ,  après  avoir 
laiflé  derrière  foi,  à  droite  &à  gauche, les  ifles  Cycla- 
des  &  Sporades ,  qui  compofent  dans  la  mer  Egée  ce 
qu'on  appelle  t  Archipel.    Ce  détroit  qu'on  nomme  au- 
trement Bras  de  S.  George  ,  eft  fituée  au  37e  d.  42.'  de 
latitude  ,  &  environ  au  55e  de  longitude.  Toute  fa  lon- 
gueur n'eft  pas   de  plus  de  dix  à  douze  lieues  ;  il  n'en 
a  guère  plus  d'une  de  largeur  dans  fon  entrée,  &c  dans 
toute  la  fuite  une  demie  tout  au  plus.  A  fon  couchant, 
que  l'on  a  à  gauche  en  y  entrant ,   on  voit  la  Thrace 
qui  eft  une  partie  de  l'Europe  ,   que  ce  détroit  fépare 
d'avec  la  Troade ,  province  d'Afie  ,  qui  eft  à  fon  orient. 
Il  a  la  Propontide  au  feptentrion  ,  &  la  mer  Egée  avec 
tout  l'Archipel   au  midi.    A  l'entrée  de  ce  partage ,  à 
main  droite,  on  trouve  le  promontoire  Sigée,  appelle 
aujourd'hui  cap  Glanl^arl ,    proche  duquel  il  y  a  un 
petit  village  de  Chrétiens  Grecs ,  nommé  par  les  Turcs 
Glaourkiol,  c'eft-à-dire  village  d'infidèles;  nom  qu'ils 
ont  accoutumé  de  donner   à  tous  les  lieux  où  il  n'y  a 
point  de  mosquées.    Il  eft  proche  de  l'endroit  où  étoit 
autrefois  la  célèbre  ville  de  Sigée  ;  rk  ceux  du  pays  le 
nomment  Trojaki  ou  petite  Troye.  On  trouve  là  toute 
forte  de  bons  rafraîchiflemens.    L'eau  y  eft  très-bonne. 
L'excellent  vin  muscat  de  l'ifle  de  Tenedos  qui  n'en  eft 
qu'à  une  lieue ,  s'y  donne  presque  pour  rien.    On  dé- 
couvre la  plus  grande  partie  de  la  belle  campagne  ^de 
la  Troade ,  avec  le  Xanthe  &  le  Simoïs ,  rivières  d'un 
nom  fameux,  mais  fi  peu  larges,  qu'elles  tariflent  fou- 
vent  en  été.    Ces  rivières  qui  descendent  toutes  deux 
du  mont  Ida ,  après  s'être  unies  au-deflous  du  lieu  où 
étoit  Troye ,  &t  avoir  formé  un  grand  marais ,  paffent 
par-deflbus  un  pont  de  bois  ,   appuyé  fur  quelques  pi- 
liers de  pierres  ,  d'où  elles  s'embouchent  dans  l'Helles- 
pont,  environ  une  demi- lieue  au-deflous  de  ce  cap, 
proche  du  nouveau  château  d'Afie ,  le  quel  eft  fitué  fur 
une  langue  de  terre  qui  s'avance  dans  la  mer.  Il  y  a  qua- 
tre tours  aux  quatre  coins  :  celles  qui  regardent  Ja  mer 
font  carrées ,  avec  une  espèce  de  redan  d'un  côté.  Les 
deux  autres ,  vers  la  terre  ferme,  font  rondes.  Entre  ces 
quatre  tours ,  il  y  en  a  cinq  autres  qui  appuient  les  murs  ; 
une  ronde  &:  quatre  carrées.  Elles  font  de  grofleur ,  de 
gran'~ 


font  tous  deux  commandés  par  des  collines  ;  mais  celui 
d'Europe  l'eft  encore  plus  que  celui  d'Afie.  Il  eft  fitué 
proche  du  cap  de  Grèce ,  &  d'une  forme  tout-à 
réguliere.  Il  a  dans  fon  circuit  quelques  maifons  de  l'Aga 
&  des  officiers ,  avec  une  mosquée  dont  le  dôme  &  le 
minaret  paroifîent  fort  en  dehors  ,  auffi -bien  que  les  au- 
tres édifices ,  parce  qu'ils  font  pofés  la  plupart  fur  le  haut 
de  la  place  ,  d'où  l'on  descend  par  de  grands  degrés  aux 
embrafures  des  canons  qui  font  à  fleur  d'eau.  Il  y  a  près 
de  ce  château  un  petit  village  qui  n'a  rien  de  remar- 
quable ,  &  cinq  grands  pilaftres  qui  fervent  à  foutenir 
des  ventoufes  pour  donner  de  l'air  à  quelques  conduits 
fouterreins  qui  portent-l'eau  à  la  fortereife.  Quand  on  a 
pafle  ces  deux  châteaux,  on  entre  dans  l'Hellelpont  dont 
ils  font  les  portes  ;  &  de-là  jusqu'aux  Dardanelles ,  il 
n'y  a  aucun  refte  d'antiquité  confidérable. 
-  Cette  mer  a  eu  divers  noms  chez  les  anciens,  & 
principalement  chez  les  poètes  ausquels  Hellefpontus  ne 
convenoit  pas  toujours.  Virgile  ,  JEneld.  1.  1  ,  v.  385, 
dit  la  mer  de  Phrygle ,  parce  qu'en  effet  la  Phrygie  reA 
ferre  ce  détroit  à  l'orient  : 


Bis  finis  Phryglum  c 

T avais  dou^e  valffeaux . 
lefpont.  Lucain,  /.  6,  v.  55 


mfeendi  navlbus  œquor. 
lorsque  je  fis  voile  de  CHcl~ 


Tôt  potuere  manus  aut  jungere  Sefion  Abydo 
Ingefloque  folo  Phryxxum  elldere  Pontum, 
Aut  Pelopis  lads  Ephyren'  abrumpere  regnis. 

Tant  de  bras  aurolent  pu  joindre  Sejlos  à  Abydos ,  & 
combler  la  mer  de  Phryxus ,  en  rempllffant  de  terres  fon 
canal,  ouféparer  Corinthe du Peloponnefe.Valenas  Flac- 
cus,  l.  z,  v.  586,  dit  de  même: 


Aïquora 


Phryxœa  fublbant 


deur  &  de  diftance  inégales.    Celles  que    lave   la    Pell£//^ 
mer,  ont  à  fleur  d'eau  quantité  d'embrafures,  leurs  cour- 
tines &  redans.    Cette  place ,  dont  l'entrée  eft  au  fep- 


Pour  dire  ils  entroient  dans  l'Hellefpont.  Ces  deux  poè- 
tes nomment  le  frère  pour  la  feeur ,  parce  que,  félon  la 
fable,Hellé  étoit  avec  fon  frère  Phryxus,  lorsqu'elle  donna 
fon  nom  à  cette  mer.  Leur  père  étoit  Acharnas ,  &  de-là 
elle  fut  nommée  Athamantls ,  ou  Athamantlde.  Apol- 
lonius nomme  l'Hellefpont  h  courant  d'' Athamantlde. 
Appien,  Civil.  I.  4,  p.  638,1e  nomme  le  détroit  d' Aby- 
dos, parce  qu'effeftivement  Abydos  étoit  au  bord  de 
cette  mer.  Aufone ,  in  Mofell.  v.  287  &c  288 ,  emploie 
trois  expreffions  de  fuite,  pour  lignifier  l'Hellefpont  : 

.  Quls  modo  Sefllacum  pelagus  ,  Nepkeleldos  Helles 
ALquor ,  Abydenl  fréta  quls  mlretur  Ephebl  ? 
Il  l'appelle  en  premier  lieu  la  mer  de  Sejlos  ;  c 
ville  étoit  fur  le  rivage  du  détroit,  du  côté  de  l'Eu 
rope  ;  enfuite  la  merdHellé,  fille  de  Nephele  &  d'A- 
thamas ,  &  enfin  le  détroit  du  jeune  homme  d' Abydos. 
Cette  ville  étoit  au  midi  de  Seftos,  &T.  le  poëte  fait  al- 
lufion  à  la  fable  d'Ero  &£  de  Leandre.  Ortélius  dit  qu 
l'Hellefpont  eft  appelle  parLycophron  Vlrglcldum  mare, 
&c  Canterus  obferve  que  S.  Grégoire  de  Nazianze  l'ap- 
mare. 


HELLESPONTIA  Chersonesus  ,   partie   de  la 
Cherfonnefe  de  Thrace,  le  long  de  l'Hellespont ,   félon 
tentrion,  aboutit  par  une  grande  rue  à  une  aflez" belle    Etienne  le  Géographe  In  voce  'AKamMnw-  II  femble, 
mosquée,  qui  eft  à  fon  midi,  proche  la  marine,  d'où  l'on    en  lifant  l'article  Agoraus  murus,  qu'il  y  eut  en  Euro 


HEL 


HEL 


un  canton  nommé  tHeltefpont,  de  même  qu'il  y  en  avoit 
un  en  Ane. 

HELLESPONTUS,  province  d'Afie,  dans  la  Phry- 
gie,  au  nord  de  la  Troade.  Elle  étoit  déjà  diftinguée 
de  la  Phrygie,  du  tems  d'Augufte  ,  puisqu'elles  font  nom- 
mées l'une  &  l'autre  dans  le  partage  de  cet  empereur. 
Elle  étoit  auffi  alors  de  la  proconfulaire.  La  Notice  de 
l'Empire  ,  que  l'on  croit  faite  fous  Conftantin ,  compte 
l'Hellefpont  entre  les  dix  provinces  du  diocèfe  dAfie. 
Le  géographe  anonyme  de  Godefroi  ,  Expofit.  todus 
mundi  ,  après  avoir  parlé  de  l'Afie  proprement  dite  , 
ajoute  :  après  cela  eft  l'Hellefpont ,  pays  fertile  où  l'on 
recueille  du  bled  ,  du  vin  &  de  l'huile  en  abondance. 
Ses  villes  font  Troie,  llion  &  Cyzique  qui  eft  plus  grande. 
Elle  eft  belle,  bien  bâtie  &  ornée  au-delà  de  toute  expres- 
fion.  Il  parle  ensuite  de  la  beauté  des  femmes,  dont  Ve- 
nus l'avoit  gratifiée.  On  voit  par  ce  pafTage  que  l'Hel- 
lespont  étoit  la  partie  feptentrionalede  la  Troade,  &C  qu'il 
comprenoit  encore  une  partie  de  la  petite  Myfie.  La  No- 
tice de  Hieroclès  met  pour  vingt- unième  province  de 
"îempire  d'orient  celle  de  l'Hellespont ,  gouvernée  par 
un  homme  confulaire,  &  lui  donne  trente  villes,  favoir, 


ckde-i 


1*5 

ils  allèrent  à  la  montagne  d'A- 


Cyzique  ,  métropole , 

Proconefe  , 

Exoria , 

Barispe , 

Parium , 

Lampsaque,' 

Molis , 

Germa; , 

Aptaiis , 

CergE , 

Sagara , 

Adriani  ScThera;, 

Abydos , 

Dardanum*, 

llion , 

Troas,  (Alexandrie,) 

Scamandre, 


Polichna , 
Poëmanentos, 
Artemée, 
Recita , 
Bladus, 
Scelenta, 
Hera;, 
Pionia , 
Coniofine," 
Argiza  , 
Xius  Tradus , 
Manda  Canda, 
Ergafterion  , 
Mandras  , 
Hippi , 
Cifideron  , 
Sceplîs. 


Quoique  le  titre  de  cette  province ,  dans  la  Notice  , 
promette  trente  villes  ,  on  y  trouve  néanmoins  trente- 
quatre  noms.  La  Notice  de  Léon  le  Grand  réduit  ce 
nombre  à  treize. 

Les  voici. 


Cyçici, 

Germes , 

Lampsaci , 

Âbydi, 

Poëmanii , 

Dardani, 

Oces, 

nu, 

Bareos, 

Troadis , 

Adriani  Venants 

Pionia  , 

Et 

Melitopokos. 

L'archevêque  de  Cyzique  étoit  exarque  de  tout  l'Hel- 
lespont. • 
HELLEVIONES.  Voyez  Hillevions. 
HELLOPES,  ancien  peuple  de  l'Epire  ,  félon  Pline, 
/•4,  c.  i.  Etienne  le  Géographe  dit  HeUopia  ou  ELlopia. 
Voyez  Ellopia  3. 
HELLOPIA.  Voyez  Ellopia  3. 
HELLUM,  Helleum,  village  d'Allemagne ,  furie 
bord  de  FUI.    C'eft  le  même  lieu  qu'ELCEBUS.  Voyez 
ce  mot. 

HELLUS  ou  Elius  ,  nom  latin  de  l'IU ,  rivière  d'Al- 
lemagne. 

HELLUSII.  Tacite  nomme  ainfi  le  même  peuple  que 
Pline  appelle  HlLLEVlONES.  Voyez  ce  mot. 
HELMANDICA.  Voyez  Salmantica. 
HELMATI  :   le  père  Hardouin  met  un  fiége  de  ce 
nom  en  Angleterre  ,    &  cite  Humbritus ,  qui  en  étoit 
évêque,  l'an  833. 

HELMEANENSIS  ,  fiége  épifcopal  d'Angleterre. 
Herfaftus  en  étoit  évêque  ,  l'an  1071.  *  Harduin.  Col- 
left.  conc. 

HELMODENES  ,  peuple  d'Arabie  ,  félon  Pline , 
/.  6 ,  c.  18.  Il  avoit  une  ville  nommée  Ebode. 

HELMON-Deblataïm  ,  lieu  de  la  Paleftine  ,  fur 
le  torrent  d'Amon,  Numer,  c.  33  ,  v.  46.   Les  Israélites 


HELMONT,  petite  ville  des  Pays-bas ,  dans  le  Bra- 
bant  Hollandois  ,  au  quartier  du  Peelland,  dont  elle  eft 
la  feule  ville  :  elle  eft  fituée  fur  l'Aa ,  rivière  qui  prend 
fa^fource  dans  le  marais  ,  &  qui  abonde  en  poiflons. 
C'eft  une  feigneurie  afiez  confidérable  ,  qui  relevé  du 
conseil  de  Brabant  à  la  Haye.  Elle  appartenoit  autre- 
fois aux  feigneurs  de  Berler  &  Keerberghe  ,  Sr.  a  paffé 
dans  la  famille  de  Cortenbac  ,  &  appartient  aujourd'hui 
à  celle  d'Arenberg.  Il  y  a  un  fort  beau  château  ,  près  du- 
quel étoit  autrefois  un  monaftere  de  chanoineffes  régu- 
lières. "Le  feigneur  d'Helmont  le  fit  brûler  ,  parce  qu'il 
fervoit  de  retraite  aux  troupes  de  Martin  de  RofTem  , 
qui  faifoient  de  grands  ravages  dans  ce  pays.  Le  comte 
de  Hohenlo  s'élant  rendu  maître  de  la  ville  de  Helmont, 
en  1588  ,  elle  fut  réduite  en  cendres  ,  excepté  une  feule 
maifon  Scie  château.  Depuis  ce  tems  elle  a  été  rebâtie; 
mais  il  s'en  faut  bien  qu'elle  foit  aujourd'hui  auffi  confi- 
dérable qu'elle  l'étoit  auparavant.  Les  habitans  de  ce 
lieu  prétendent  être  exemts  des  péages  dans  tout  le  Bra- 
bant, &  avoir  divers  autres  privilèges.  La  réfidence  con- 
fifte  en  un  droflart ,  deux  bourg-meftres ,  rk  fept  éche- 
vins ,  qui  font  établis  par  le  feigneur.  C  y  a  une  aflèz 
grande  églife  pour  les  Proteftans  ,  dont  le  miniflre  va 
auffi  prêcher  à  Rixtel.  Il  fe  tient  à  Helmont  un  marché 
toutes  les  femaines ,  tk  quatre  foires  tous  les  ans  ,  fa- 
voir le  famedi  avant  la  fin  de  Mars,  le  famedi  après  la 
S.  Jean,  le  famedi  après  le  premier  Septembre  ,  &  le  fa- 
medi d'après  le  a  5  Novembre.  *  Janiçon,  Etat  préfent 
des  Provinces-Unies ,  t.  a,  p.  138. 

HELMSLEY,  bourg  d'Angleterre ,  dans  la  province 
d'Yorck.  On  y  tient  marché  public.  *  Etat  préfent  de  la. 
G.  Bret.  t.  I. 

1.  HEL.MSTADT.  Quelques-uns  écrivent  Helme- 
fiadt,  entr'autres  ,  Herman  Conringius ,  de  antiquiffimo 
fiatu  Helmejladii  &  Vicinitz  conjecturée,  Helmeftadii  1665. 
D'autres  ont  écrit  Halemfladt  fa)  ;  d'autres  enfin,  comme 
Zeyler  Q>)  ,  Helmftat ,  ville  d'Allemagne,  dans  le  du- 
ché de  Brunswig  ,  auprès  d'un  agréable  bois  ,  nommé 
l'Elm,  d'où  lui  vient  fon  nom.  Elle  eft  à  quatre  milles 
de  Wolfenbutel.  C'eft,  après  Bardewick,  la  plus  an- 
cienne ville  de  Saxe.  Chariemagne  la  bâtit  &  la  fortifia, 
en  78a,  à  la  prière  de  Ludger,  afin  de  fervir  d'afyle  à  la 
religion  Chrétienne ,  que  l'on  prêchoit  alors  aux  Sorabes 
&  aux  Vilhes  qui  venoient  d'être  fubjugués.  S.  Lud- 
ger ,  étant  évêque  de  Munfter ,  y  établit  un  monaftere 
ce  Bénédictins ,  &  le  fournit  à  celui  de  Werden  ou  Wer- 
thin  ,  qui  eft  dans  le  diocèfe  de  Cologne  ,  fur  la  Roër, 
&  qu'il  ne  faut  pas  confondre  avec  l'évêché  de  Verden 
ou  Ferden.  Ces  deux  monafteres  furent  long- tems  unis 
fous  un  même  abbé.  En  1489,  Antoine,  abbé  de  Ver- 
den &  de  Helmftadt,  vendit  la  ville  de  Helmftadt  dont 
il  étoit  feigneur,  à  Guillaume  de  Brunswig,  duc  de"\Vol- 
fenbuttel.  (  D'autres  difent  qu'il  ne  la  lui  donna  qu'à  ti- 
tre de  fief.)  Ce  prince  en  prit  pofleffion  l'année  fuivante. 
Helmftadt,  avec  fon  fauxbourg,  nommé  OfiendorjJ ,  eft 
allez  belle  ;  elle  eft  entourée  de  murs,  de  foifés  cVde  rem- 
parts ,  &  pouvoit  pafTer  autrefois  pour  une  place  allez 
forte.  Il  y  a  trois églifes ,  fous  l'invocation  de  S.Etienne, 
de  S.  Auguftin  &:  de  fainte  Walburge.  Hors  la  ville  il  y 
a  deux  monafteres;  l'un  à  l'orient,  c'eft  celui  que  S.  Lud- 
ger fonda  :  on  y  voit  encore  la  première  chapelle  qu'il 
y  bâtit.  De  l'autre  côté,  ou  au  couchant,  Volfrram,  abbé 
de  Helmftadt  &  de  Werden  ,  fonda,  en  1181  ,  un  mo- 
naftere de  filles  ,  fous  l'invocation  de  Notre-Dame ,  où, 
en  1135  ,  il  y  avoit  cinq  chapelains ,  quarante  religieufes 
de  chœur  ,  &  dix  converses.  Le  principal  ornement 
qu'ait  à  préfent  cette  ville  ,  c'eft  fon  univeriité  fondée 
par  le  duc  Jules  de  Brunswig,  &  inftallée  le  15  Oftobre 
1 576.  Elle  eft  nommée,  en  latin,  Julia  Academia.  On  y 
donne  les  degrés  dans  les  trois  facultés  de  théologie , 
de  droit  &  de  médecine  ;  les  profefTeurs  font  de  la  con- 
feffion  d'Augsbourg.  Il  y  a  un  beau  collège,  nommé  Ju- 
leum  novum  ;  la  bibliothèque  eft  allez  belle.  *(a)  Bail- 
let ,  Topogr.  des  faints.   (b)  Brunswic.  Topogr.  p.  112. 

a.  HELMSTADT,  ville  de  Suéde,  dans  la  province 
de  Halland ,  dont  elle  eft  la  capitale.  Baudrand  ,  edit. 
1705,  la  nomme  Hdmllede;  &  Hubner,  Geoçr.  p.  696, 
la  nomme  en  latin  Helmqftadium  :  elle  eft  à  neuf  milles 
d'Helfingor,  &  à  cinq  de  Falckenbourg  ,  fur  la  côte. 


Ù6 


HEL 


HEL 


Chriftian  IV,  roi  de  Dannemarck,  l'avoit  fait  fortifier; 
mais,  par  le  traité  de  Bromsbro ,  il  la  céda  aux  Suédois , 
qui  la  poiTédent  depuis  l'an  16^.  *  H/Jl.de  Danem. 

HELODES,  'EjJftt,  ifles  de  la  mer  Caspienne,  fur 
la  côte  d'Albanie,  félon  Ptolomée,  /.  <f ,  c.  12.  Mais  ce 
nom  eft  moins  le  nom  propre  de  ces  ifles  ,  qu'une  épi- 
thète,  qui  fignifie  qu'elles  étoient  marécageulés ,  baiïes 
Se  humides.  L'exemplaire  de  la  Bibliothèque  Palatine 
porte  qu'il  y  avoit  deux  ifles. 

HELON ,  ville  ancienne  de  la  Paleftine ,  dans  la  tribu 
de  Juda  :  elle  fut  donnée  aux  Lévites  ,  Parai.  L.  i,  c.  6, 
v.  58.  D.  Calmet  conjecture  que  c'eft  la  même  que  CAo- 
lon  ou  Olon  ,   dont  il  eft  parlé  dans  le  Livre  de  Jofué, 

c.  iy,v,iU'. 

HELORUM  CASTELLUM.  Voyez  l'article  qui  fuit. 

1.  HELORUS,  rivière  de  Sicile,  fur  la  côte  orien- 
tale de  i'ifle  ,  dans  fa  partie  méridionale  :  elle  avoit  fa 
fource  auprès  à'Acrcc ,  d'où,  ferpentant  vers  le  midi,  Se 
recevant  une  autre  rivière ,  comme  fi  elle  eût  dû  paffer 
à  Casmene ,  elle  fe  recourbe  vers  l'orient  méridional , 
&  fe  perd  dans  la  mer  de  Sicile.  Son  nom  moderne  eft 
VAtellara  ou  Abijfo.  Affez  près  de  fon  embouchure ,  Se 
vers  le  nord ,  fur  le  chemin  ,  qui  va  de  Pachinum  ,  le 
long  de  cette  côte ,  étoit  la  ville  à'Elorum  ou  Helorum, 
dont  ce  chemin  prenoit  le  nom  de  Via  Eloria  ou  Helo- 
ria.  Entre  cette  ville  Se  l'embouchure  de  la  rivière  étoit 
un  château  nommé  Eloram  ou  Helorum  cajlellum.  En- 
tre Casmene  Se  l'embouchure  de  V  Helorus  eft.  un  canton 
délicieux  ,  que  l'on  nommoit  Heloria  Tempe.  Ovide , 
Fajl.  I.4,  v.jlEj,  lenommeainfi.  Virgile  vante  la  bonté 
de  fon  terroir  dans  fon  Eneïde ,  A3,  v.  698  : 

Pmpingue  folum  Jlagnantis  Helor'u 

Cette  épithète  de  Jîagnans  ,  qui  fignifie  une  rivière  qui 
coule  lentement ,  Se  que  l'on  prendroit  pour  un  lac ,  ne 
s'accorde  guères  avec  le  Clamofus  Helorus  de  Sihus  Ita- 
licus  ,  /.  14,  v.  270.  Vibius  Sequefter  fait  couler  cette 
rivière  dans  le  territoire  de  Syracufe.  Helorus  Syracufa- 
rum  à  quo  civitas  ;  ceci  eft  bien  obscur,  pour  dire  que 
cette  rivière  donne  fon  nom  à  une  ville.  Etienne  eft  plus 
clair  ;  il  dit  :  Helorus  ,  ville  de  Sicile ,  ainfi  nommée 
de  l'Helorus  qui  eft  vers  le  promontoire  Pachinum. 

x.  HELORUS  ,  ville  de  Sicile.  Voyez  l'article  pré- 
cédent. 

3.  HELORUS  ,  ancienne  rivière  d'Italie  ,  dans  la 
grande  Grèce,  entre  Caulonia  &  Crotone ,  félon  Dio- 
dore  de  Sicile  ,  cité  par  Ortélius.  Mais  je  trouve  dans 
l'édition  latine  deRhodoman,  /.  14,  c.  io<(.  Etjambo-' 
nam  icineris  partem  emenjî  ,  ad  Helorim  jluvium  cajlra 
locabant,  Sec.  Ainfi  cette  rivière ,  auprès  de  laquelle  De- 
nys  remporta  une  victoire  ,  s'appelloit  Heloris  ,  Se  non 
pas  Helorus.  Le  même  fait  eft  rapporté  par  Polybe,  /.  1, 
c.  6  ,  &  il  nomme  cette  rivière  'Ewiésropov  ima/to/  , 
Elleporus  ;  mais  la  verfion  latine  porte  ad  Elorum  am- 
nem. 

1.  HELOS  ,  ancienne  ville  de  Grèce,  au  Pelopon- 
nèfe ,  dans  la  Laconie  ,  affez  près  de  la  mer,  Se  au  fond 
du  golfe  Laconique,  à  trente  ftades  d'Acriœ,  c'eft-à-dire 
à  trois  mille  fix  cens  pas.  Elle  étoit  fort  petite.  Homère 
l'appelle  maritime  dans  le  fécond  livre  de  l'Iliade,  v.  91. 
On  n'en  voyoit  plus  que  les  ruines  du  tems  de  Paufanias, 
in  Lacon.  c.  22.  Les  Lacédémoniens  fe  rendirent  maî- 
tres d'Helos,  fous  le  régne  de  Sous ,  (Plutarch.  inLy- 
curgo,")  en  rendirent  les  habitans  esclaves  ;  8e  les  em- 
ployoient  à  labourer  les  terres ,  Se  aux  ouvrages  les  plus 
pénibles  Se  les  plus  méprifés  :  avec  le  tems ,  le  nom  des 
Helotes ,  Heilotes  ou  Ilotes ,  devint  un  nom  général  de 
tous  les  esclaves  publics  :  on  le  donna  aux  Mefféniens , 
après  qu'on  les  eut  dépouillés  de  leur  pays  ,  Se  privés  de 
la  liberté.  On  peut  voir,  dans  la  Vie  de  Lycurgue,  avec 
combien  de  dureté  Se  de  mépris  ils  étoient  traités  par 
leurs  maîtres.  Voyez  l'article  ILOTES.  Strabon,  l.  S, 
p-  265 ,  dit  que  la  ville  de  Sparte  fe  fournit  fes  voifins, 
de  manière  qu'ils  jouiffoient  avec  elle  des  mêmes  loix  Se 
du  même  gouvernement  ;  qu'ils  étoient  également  admis 
aux  charges  ,  &  qu'on  les  nommoient  Heilotes  ;  mais 
qu  Agis  ,  fils  d'Euryfthène  ,  leur  ôta  ce  droit  ,  Se  les 
força  de  payer  tribut  aux  Lacédémoniens  ;  que  les  He- 
leiens ,  qui  poffédoient  la  ville  d'Helos  ,  furent  les  feuls 
qui  s'oppoferent  à  ce  décret  ;  qu'ils  furent  vaincus ,  Se 


réduits  en  un  esclavage  d'autant  plus  rigoureux  ,"  qu'jj 
n'étoit  pas  permis  au  maître  d'un  tel  esclave  de  l'affran- 
chir ni  de  le  vendre  hors  du  pays.  Cette  guerre  fut 
appellée  la  guerre  des  Heilotes.  Mais  ce  fut  Agis  qui  ré- 
gla l'état  des  Heilotes ,  qui  dura  jusqu'à  la  conquête  de 
Lacédémone  par  les  Romains.  Les  Lacédémoniens  s'en 
fervirent  comme  d'esclaves  publics  ,  leur  affignant  des 
maifons  particulières ,  Se  leur  impofant  des  tâches  Se  des 
corvées. 

2.  HELOS  ,  ancien  nom  d'un  lieu  du  Peloponnèfe  , 
dans  la  Meffenie ,  félon  Pline,  /.  4,  c.  <;.  Strabon  rap- 
portant un  paffage  de  l'Iliade ,  où  il  eft  dit  : 

Ékoi  r'1'tpa.hoy  5J?o?iiV/£ji'.      .  , 

c'eft-à-dire  Helos ,  voifine  de  la  mer ,  dit  :  quelques-uns 
entendent  par  Helos  un  certain  lieu  auprès  de  l'Alphée; 
d'autres  entendent  Helos  une  ville  pareille  à  celle  de  La- 
cédémone ;  d'autres  entendent  Helos ,  auprès  de  Halo- 
rium  où  eft  un  temple  de  Diane  Eléenne  ,  dont  le  fa- 
cerdoce  dépendoit  des  Arcadiens.  Le  paffage  de  Strabon 
eft  cité  par  le  P.  Hardouin ,  comme  s'il  y  étoit  queftion 
du  même  lieu  ;  mais  fi  l'Helos  de  Pline  étoit  dans  la  Mes- 
fénie  ,  il  ne  pouvoit  être  auprès  de  l'Alphée  :  il  étoit 
dans  l'Elée.  De  plus  Halos,  dans  le  voifinage  de  Halo- 
rium,  étoit  certainement  dans  l'Elée,  Se  par  conféquent 
différent  de  l'Helos  ,  que  Pline  nomme  entre  Methone 
&  Afine. 

3.  Il  y  avoit  donc  trois  Helos  au  Peloponnèfe  ;  l'une 
dans  la  Laconie  ;  l'autre  dans  la  Meffenie ,  &  la  troifiéme 
dans  l'Elée  auprès  de  l'Alphée.  Il  n'y  avoit  que  la  pre- 
mière qui  fût  une  ville  ;  la  féconde  étoit  Amplement  1 
lieu  fans  autre  qualification,  Sela  troifiéme  pouvoit  avoir 
été  une  ville  ;  mais  comme  elle  ne  fubfiftoit  plus ,  on  ne 
convenoit  point  de  fon  ancien  état. 

4.  HELOS ,  ancienne  ville  d'Afie ,  dans  l'Ionie ,  au- 
près d'Erythres.  Elle  ne  fubfiftoit  plus  du  tems  As  Pline 
qui  en  fait  mention ,  /.  5  ,  c.  2.9.  Il  la  nomme,  avec  deux 
autres,  favoir Pteleon  écDorion.  Etienne  le  Géographe 
dit  de  même  ,  Se  Pteleon ,  Se  Helus  Se  Dorion  ;  Se  cela 
eft  écrit  en  forme  de  citation,  immédiatement  après  ces 
mots  Helos  ,  ville  de  la  Laconie.  Cela  a  donné  lieu  à  ' 
Ortélius  de  croire  qu'Etienne  avoit  donné  ces  trois  noms 
comme  fynonimes  ,  Se  ne  lignifiant  qu'une  même  ville  ; 
ce  qui  feroit  une  faute.  Le  paffage  de  cet  ancien  géogra- 
phe a  été  eftropié  par  fon  ftupide  abbréviateur.  Ce  font 
trois  anciennes  villes. 

y  II  y  avoit  auffi  Helos  en  Egypte,  félon  Etienne  le  ' 
Géographe. 

HELOSENSIS  ,  fiege  épiscopal  de  la  Gaule.  Gré- 
goire de  Tours ,  Hijl.  Franc.  I.  8 ,  c.  22 ,  p.  394 ,  nomme 
Laban,  Helofenfis.  Ortélius,  Thefaur.  conjecture  que  ce 
doit  être  le  même  fiege  q\\' E lu/anus ,  aujourd'hui  Eaufe; 
&  fa  conjecture  a  été  fuivie  par  D.  Ruinart ,  moine  Bé- 
nédictin. 

HELPHA,  Voyez  Porphyreum. 

HELPRA ,  nom  d'une  rivière ,  de  laquelle  il  eft  fait 
mention  dans  la  Vie  4e  S.  Humbert.  Elle  doit  être  dans 
la  Belgique  ,  Se  même  dans  le  Hainaut  ,  au  jugement 
d'Ortélius ,  Thefaur. 

HELSINGBORG,  ville,  port  8e  château  de  Suéde, 
dans  la  Schone,  fur  l'Ôrefund,  vis-à-vis  de  Cronenbourpi. 
Les  Danois  s'en  rendirent  maîtres,  en  1709,  mais  ils  la 
gardèrent  peu.  *Baudrand,  éd.  1705.  Hubner ,  Géogr. 
p.  697. 

HÉLSINGEN  ou  la  Helsingie.  Voyez  Helsingie. 

HELSINGFORD,  ville  de  Finlande,  dans  le  canton 
de  Nyland ,  fur  le  golfe  de  Finlande.  Elle  eft  fort  petite , 
&  a  un  port  affez  commode.  Elle  a  été  bâtie  par  Gus- 
tave Ier.  *  Hubner ,  Géogr.  p.  702. 

HELSINGIE,  province  de  Suéde  :  Hubner  la  nomme 
Helfingen  ,  Baudrand  &  Corneille  difent  Helfinghland  ; 
Elle  eft  bornée  au  nord ,  par  l'Iempterland  Se  par  la  Mé- 
delpadie  ;  au  couchant  Se  au  fud-oueft  par  la  Dalécar- 
lie ,  au  midi  par  la  Geftricie ,  &  à  l'orient  par  le  golte 
de  Bothnie.  Elle  eft  traverfée,  da:is  fa  longueur  ,  par  la 
rivière  de  Liusna,  qui  reçoit  la  rivière  de  NVoxna,  un 
peu  avant  que  de  fe  perdre  dans  le  golfe  de  Bothnie , 
auprès  de  Soderham.  Ce  lieu  ,  Se  celui  d'Hudwick?-- 
wald ,  qui  eft  à  l'embouchure  de  la  rivière  d'EckfunJ, 
font  fur  la  côte ,  Se  les  principaux  de  la  province. 


HEL 


HEL 


3*7 


HELSINGOR  Helsingohr.Elseneur;  Helfmgo- 
ra.  Ville  de  Dannemarck,  fur  l'Orefund,  dans  Fille  deSe- 
lande  ,  au  nord  de  Coppenhague.  Elle  eft  remarquable 
par  l'obligation  impolee  à  tous  les  vai  fléaux  qui  parlent 
par  le  détroit  de  mouiller  devant  cette  ville  ,  d'y  dé- 
clarer leur  charge,  &  d'en  payer  une  douane  au  roi  de 
Dannemarck.  Cette  ville  fut  revêtue  de  murailles,  fous  le 
régne  de  Chriftian  tIV,  Se  eft  peuplée  non  -  feulement 
de  Danois ,  mais  de  citoyens  de  diverses  nations.  Elle 
Ait  brûlée,  en  1288,  par  le  roi  de  Norvège;  Se  les  ha- 
bitans  fe  réfugièrent  dans  la  forterefle  de  Flunderburg,  ou  . 
Flundersbourg,  qui  étoit  au  midi.  On  bâtit  ensuite  le  fort 
à'Orekrage,  dans  le  même  lieu  où  eft  préfentement  Cro- 
nenbourg.  Eric,  de  Pomeranie  ,  roi  de  Dannemarck,  ac- 
corda, en  1425,  des  droits  Se  des  privilèges  à  la  ville,  Se  les 
franchifes  pour  dix  ans  à  ceux  qui  y  bàtiroient  des  maifons 
de  bois ,  Se  de  vingt  ans  pour  ceux  qui  en  bâtiraient  de 
pierres.  Sous  Chriftian  II ,  les  villes  hanféatiques  la  rui- 
nèrent de  nouveau,  en  1 5  il  ;  mais  elle  fe  releva  en  peu  de 
tems.  Elle  fouffrit  beaucoup  pendant  le  fiége_deCronen- 
bourg,  en  1658,  par  les  Suédois  ;  mais  elle  fut  rendue  au 
toi  de  Dannemarck,  après  la  paix,  en  1 660.  Cette  ville  eft 
la  patrie  du  fameux  Jean  -  Ifaac  Pontanus.  Il  y  naquit , 
quoique  les  parens  fuffent  de  Harlem  :  il  fut  ensuite  doc- 
teur en  médecine,  Se  profefTeur  dans  l'univerfité  de  Har- 
derwic  en  Guldres ,  Se  joignit  à  cette  qualité  celle  d'his- 
toriographe durai  de  Dannemarck  Se  de  la  province  de 
Gueldre  :  fes  ouvrages  font  fouvent  cités  dans  ce  Dic- 
tionnaire. *  Hermanid.  Dan.  Descr./>.  611. 

HELSTON  ,  bourg  d'Angleterre  ,  dans  le  comté  de 
Cornouailles,  à  deux  lieues  de  Falmouth,  du  côté  du  cou- 
chant. C'eft  un  des  quatre  bourgs  où  Ton  marque  l'étain 
de  Cornouailles.  Ce  bourg  envoie  fes  députés  au  parle- 
ment. *  Baudrand,  éd.  1705.  *  Etat  préf.  de  laG.Bret. 
t.  1. 

HELTA.  Corneille ,  Dici.  géogr.  dit  :  ville  de  Tran- 
filvanie  ,  habitée  par  les  Saxons  ;  elle  eft  ,  dit-il ,  à  une 
lieue  de  Zeben  ou  d'Hermanffad ,  Se  renommée  par  les 
faucilles  qu'on  y  fait.  C'eft  tout  au  plus  une  bourgade. 
HELTHECEM.  Voyez  Elteke. 
HELTOLAD.  Voyez  Eltolad. 
HELVA.  Voyez  Elvia. 

HELVECONvE  ,  ancien  peuple  de  la  Germanie.  Il 
faifoit  partie  des  Lygiens ,  félon  Tacite ,  de  Mor.  Germ. 
e.4\. 

HELVELDII.  Voyez  au  mot  Slavi. 
HELVETII  :  ce  nom  a  une  lignification  bien  diffé- 
rente pour  l'étendue ,  dans  les  anciens  auteurs ,  Se  dans 
les  modernes.  Ces  derniers  nomment  ainfi  la  république 
des  SuifTes  ,  avec  toutes  fes  dépendances  ,  Se  dans  ce 
fens  ,  les  treize  cantons  Se  leurs  alliés  font  appelles  le 
corps  Helvétique.  Voyez  au  mot  Suisses. 

Dans  les  écrits  des  anciens,  c'eft  un  peuple  particulier, 
nommé  les  Helvetiens ,  qui  faifoient  partie  de  la  Gaule  , 
&  étoient  divifés  en  quatre  cantons.  Cefar  nous  apprend 
en  même  tems  les  bornes  8e  les  qualités  de  ce  peuple. 
Les  Helvetiens ,  dit-il ,  l.  1 ,  c.  z ,  font  enfermés  de  tous 
côtés  par  des  bornes  naturelles.  D'une  part  le  Rhin  , 
fleuve  très-large  Se  très-profond,  les  fépare  des  Ger- 
mains. D'une  autre,  le  Jura  ,  montagne  très -haute  ,  Se 
entr'eux  font  les  Sequaniens.  Troifiémement  le  lac  Lé- 
man ,  Se  le  Rhône  les  féparent  de  notre  province.  Il 
ajoute  :  refferrés  de  la  forte ,  ils  ne  pouvoient  ni  s'éten- 
dre par  des  courses ,  ni  faire  aifément  la  guerre  à  leurs 
voifins.  La  prodigieufe  quantité  d'hommes  qui  fe  trou- 
vent dans  un  pays  qui  n'avoit  au  plus  que  deux  cents  qua- 
rante mille  pas  de  longueur  ,  Se  cent  quatre-vingt  mille 
de  largeur  ,  engageoit  ce  peuple  courageux  à  tenter  des 
conquêtes.  Cefar  dit  qu'ils  entrèrent  dans  la  Gaule  , 
avec  le  deflein  de  la  conquérir.  Ils  commencèrent  par 
b-ûler  douze  villes  &  quatre  cents  villages  qu'ils  avoient, 
&  perfuaderent  aux  Rauraques,  auxTulinges  Se  auxLa- 
tebriges  de  faire  la  même  chofe  ,  Se  de  fe  joindre  à  eux. 
-Ils  s'apurèrent  auffi  des  Boïens  qui  avoient  pane  dans 
le  Norique.  Il  y  avoit  deux  forties  de  leur  pays  pour  en- 
■  trer  dans  la  Gaule  ,  l'une  étroite  par  Genève  ,  l'antre 
par  les  Sequaniens  &  les  jEdui.  Cefar  leur  avant  fermé 
le  premier  paffage  ,  ils  tentèrent  le  fécond  ci  parlèrent 
mêrre  la  Saône  ;  un  quart  de  leur  armée  étoit  encore  au- 
.  delà  de  cette  rivière,  quand  Cefar  fondit  defîus ,  les  bat- 
lit  Se  les  força  de  s'enfuir  dans  les  forêts  voifines.  Il  dit 


que  c'étoit  le  canton  de  Zuric  qui  fut  batu ,  Tigurinus  ■ 
pagus  Se  avertit  en  même  tems  que  les  Helvetiens  étoient 
partagés  en  quatre  cantons.  Il  n'en  nomme  que  deux  , 
Tigurinus  Se  Urbigenus  pagus.  Pendant  la  nuit ,  fix  mille 
hommes  du  canton  nommé  Urbigenus ,  foit  par  la  crainte 
qu'on  ne  les  fît  périr ,  après  les  avoir  desarmés ,  foit  par 
l'espérance  de  pouvoir  fe  fauverSe  cacher  leur  fuite  dans 
le  grand  nombre  de  ceux  qui  s'étoient  rendus ,  fortirent 
du  camp  des  Helvetiens ,  Se  prirent  la  route  du  Rhin  Se 
des  frontières  de  la  Germanie.  Voyez  Urbigenus.  Cefar 
n'ayant  nommé  que  ces  deux  cantons  des  Helvetiens, 
on  a  cherché  les  deux  autres  dans  les  autres  auteurs  an- 
ciens ;  Se  on  a  cru  les  trouver  dans  un  paffage  de  Stra- 
bon  ,  /.  4 ,  où  il  dit  queMarius,  vainqueur  des  Cimbres 
Se  de  leurs  alliés,  récompensa  les  Maffiliens  des  bons  fer- 
vices  qu'ils  avoient  rendu  contre  les  Ambrons  Se  les  Tu~ 
geni.  Eutrope ,  /.  "j,  c.  1 ,  dit  :  Marcus  Manlius  Se  Caïus 
Cépion  furent  vaincus  auprès  du  Rhône  par  les  Cim- 
bres ,  les  Teutons ,  peuple  de  Germanie  ,  les  Zuriquois 
Se  les  Ambrons  qui  étoient  des  Gaulois.  Tite-Live, 
Epitom.  L  65 ,  au  commencement  de  la  guerre  des  Cim- 
bres, ne  fait  mention  que  des  Zuriquois  :  Lucius  Caffius, 
conful,  fut,  dit-il ,  battu  avec  fon  armée ,  fur  la  frontière 
des  Allobroges,  par  les  Zuriquois,  peuple  Gaulois,d'un  can- 
ton des  Helvetiens.  Le  même  auteur  dit,  /.  68  :  C.  Marius, 
conful ,  défendit  le  camp  que  les  Teutons  Se  les  Ambrons 
attaquoient  vigoureufement  ;  enfuite  il  les  tailla  en  piè- 
ces dans  deux  batailles  auprès  d'Aix.  Plutarque  parle  fou- 
vent  des  Ambrons.  Voyez  leur  article  particulier.  Le 
peuple  Tugeni  ,  que  l'on  explique  par  le  canton  de 
Zug  ,  a  fait  moins  de  bruit  que  les  Ambrons ,  dans  les 
écrits  des  anciens  ;  mais  il  fuffit  qu'il  fe  trouve  dans  Stra- 
bon  ,  qui  le  nomme  Tmryz'vot.  Voyons  préfentement 
comment  on  diftribue,  entre  ces  quatre  peuples  ou  can- 
tons ,  le  pays  des  Helvetiens  entre  le  mont  Jura,  le  Rhône 
Se  le  Rhin. 

Le  canton  de  Zuric  {Tigurini ,  )  étoit ,  dit-on ,  borné 
par  le  Rhin  Se  la  Linth  ,  Se  par  une  partie  du  mont  Ju- 
ra ,  vis-à-vis  du  confluent  de  la  Linth  Se  de  l'Aar.  Le 
canton  de  Zug  (Tugeni,)  étoit  entre  la  Linth  Se  la  Ruff, 
Se  la  montagne  où  font  leurs  fources.  *  Cluvier.  German. 
Ant.  /.  2,  c.  4,/>.  i]. 

Les  Urbigenes avoient  au  couchant  le  mont  Jura,  de- 
puis Genève  jusqu'à  la  fource  de  la  Byrse  ,  qui  fe  perd 
dans  le  Rhin  auprès  de  Balle  ;  au  midi,  tout  le  bord  fep- 
tentrional  du  lac  Léman  ;  Se  à  l'orient,  laSaane  Sel'Aar, 
jusqu'au  confluent  de  l'Orbe. 

Les  Ambrons  avoient  au  nord  le  mont  Jura ,  entre  les 
deux  confluens  de  l'Orbe  Se  de  la  Linth  ;  au  midi ,  la 
chaîne  des  Alpes  ,  qui  eft  entre  les  fources  de  la  Saane 
Se  de  la  Linth  ;  au  couchant,  la  Saane  Se  l'Aar  ;  Se  à  l'o- 
rient ,  la  Linth. 

Quoique  cette  diftribution  ne  foit  qu'une  conjefture, 
elle  s'accorde  affez  avec  ce  que  les  anciens  nous  appren- 
nent de  ces  peuples.  On  croit  même  trouver  dans  ces 
cantons  des  traces  de  l'ancien  nom. 

Le  canton  des  Urbigenes  tire  fon  nom  SUrba ,  aujour- 
d'hui Orbe  ,  nom  commun  à  une  rivière  ,  à  une  ville 
Se  à  un  bailliage.  Le  canton  des  Tigurini  a  pu  prendre 
le  fien  de  Tigurum,  qui  étoit  apparemment  une  des  douze 
anciennes  villes  que  les  Helvetiens  brûlèrent.  Le  nom  de 
Zuric  qui  en  eft  vraifemblablement  dérivé ,  porte  la  mar- 
que de  fon  origine.  Il  en  eft  de  même  de  Zug ,  en  latin 
Tugehus  pagus  qui  prenoit  fon  nom  de  Tugium  autre 
ancienne  ville.  Pour  les  Ambrons  ,  il  y  a  tout  lieu  de 
croire  qu'ils  prenoient  leur  nom  de  la  rivière  <£Emmen, 
autour  de  laquelle  ils  habitoient  :  on  les  nommoit  Em- 
meren  en  leur  langue  ,  Se  les  Romains  en  firent  le  mot 
Ambrones. 

Ainfi,  à  comparer  les  cantons  des  Helvetiens  avec  ceux 
des  Suiffes  d'aujourd'hui  ,  les  Tigurini  occupoient  partie 
du  canton  de  Glaris ,  entre  la  Linth  Se  le  Rhin ,  le  Tog- 
genbourg ,  le  canton  d'Appenzel ,  les  terres  de  l'abbé  de 
S.  Gall ,  le  Turgo-çr,  la  plus  grande  partie  du  canton  de 
Zuric ,  Se  la  comté  de  Bade. 

Les  Tugeni  poffédoient  l'autre  partie  du  canton  de 
Glaris,  le  canton  de  Schwitz  Se  la  plus  grande  partie  de 
celui  de  Zug,  une  lifiere  de  celui  de  Lucerne,  Se  plus  de 
la  moitié  de  celui  d'Un. 

Les  Urbigenes  avoient  une  partie  du  canton  de  So- 
leurre  ,  lavoir  ce  qui  eft  à  l'orient  de  l'Aar  ,  la  princi- 


328 


BEL 


HEL 


pauté  de  Neuchâtel  Se  de  Valengin ,  la  plus  grande  par- 
tie du  canton  de  Fribourg ,  avec  le  pays  de  Vaux. 

Les  Ambrons  avoient  le  refte  du  canton  de  Soleurre , 
presque  tout  celui  de  Lucerne  ;  une  liffere  du  canton  de 
Fribourg ,  presque  celui  de  Berne ,  celui  d'Underwald  , 
Se  partie  de  celui  d'Uri. 

Les  Grifons  ,  la  Valteline  Se  le  Vallais  ne  faifoient 
point  partie  des  anciens  Helvetiens,  non  plus  que  le  can- 
ton 'de  Schafhoufe  qui  eft  au-delà  du  Rhin  ;  il  apparte- 
noit  à  la  Germanie.  L'évêché  Se  le  canton  de  Bade 
étoient  aux  Rauraci,  peuple  différent  des  Helvetiens. 

Voici  une  autre  opinion.  On  convient  avec  Cluv.ier 
des  deux  cantons  nommés  par  Cefar  ;  celui  des  Tigu- 
rini,  Se  celui  des  Urbigenes.  On  laifie  au  premier  les  mê- 
mes bornes  ,  excepté  au  couchant  Se  au  midi  qu'on  l'é- 
tend  jusqu'au  fécond  ;  de  forte  qu'ils  font  contigus  l'un  à 
l'autre.  A  la  place  des  Tugeni  Se  des  Ambrons ,  on  fubs- 
titue  les  Aventicenses  Se  les  Antuates.  On  prétend  que 
les  Aventicenses  avoient  Aventicum  (Avanches)  pour 
capitale,  &  qu'ils  s'étendoient  jusqu'aux  Alpes  Pennines, 
c'eft-à-dire  y  compris  tout  le  Vallais.  On  place  le  can- 
ton des  Antuates  aux  deux  bords  du  lac  Léman  ;  de 
forte  qu'au  midi  il  étoit  féparé  des  Salaffes  ,  des  Cen- 
trons Se  des  Allobroges  par  des  montagnes ,  que  de-là 
il  s'étendoit  au  couchant  jusqu'au  mont  Jura  ;  que  pour 
le  refte  il  étoit  borné  par  le  canton  d'Avanches.  On  al- 
lègue pour  preuve ,  que  les  Antuates  font  expreffément 
nommés  par  Cefar  ,  Se  que  plufieurs  exemplaires  ont 
fubftitué  mal-à-propos  à  ce  nom  celui  de  Nantuaus.  On 
convient  que  les  mots  S  Aventicenjîs  pagus  ne  fe  trou- 
vent point  dans  les  écrits  des  anciens  ;  mais  on  trouve 
dans  Pline,  Se  fur  les  anciennes  pierres,  qu'il  eft  fait  men- 
tion des  Aventici  Se  Avantici.  On  voit  quAvanches 
{Aventicum,)  étoit  une  ville  très-ancienne  Se  très-puis- 
fante  ,  Se  qu'elle  fut  enfuite  la  capitale  du  pays  ;  &C 
comme  Urba  Se  Tigurum  ,  c'eft-à-dire  Orbe  Se  Zuric  , 
donnèrent  chacune  le  nom  à  un  canton,  il  feroit  étrange 
qu'Aventicum  fi  fameufe ,  n'eût  pas  aufli  donné  lé  fien 
à  un  autre  canton  particulier.  On  trouve  deux  évêques 
établis  dans  l'ancienne  Helvetie,  l'un  à  Avanches,  & 
l'autre  à  Windisch,  (Vindomijfee •)  Se  comme  la  juris- 
diftion  eccléfiaftique  fut  d'abord  réglée  far  la  jurisdic- 
tion  civile ,  on  peut  en  conclure  que  ces  deux  villes  qui 
devinrent  épiscopales  ,  étoient  alors  honorées  du  fiége 
de  deux  préfidens  Romains  ,  dont  l'un  réfidoit  à  Avan- 
ches ,  Se  l'autre  à  Windisch.  Le  préfident  Se  l'évêque 
d'Avanches  gouvernoient  encore  le  canton  des  Antuates. 
Ceux  de  Windisch  avoient  fous  leur  jurisdiftion  les  can- 
tons des  Urbigenes  Se  des  Tïgurini.  II  n'eft  pas  incroya- 
ble que  les  quatre  grands  cantons  fiiffent  divifés  en  d'au- 
tres petits  ,  du  nombre  desquels  étoient  les  Ambrons  Se 
les  Tugeni. 

L'auteur  de  l'Etat  Se  des  Délices  de  la  Suifle  ,  t.  i , 
part,  i ,  c.  2  ,  a  embrafle  le  premier  fentiment  :  nous 
trouvons  ,  dit- il ,  dans  Cefar  les  limites  anciennes  de 
l'Helvetie.  Il  la  borne  d'un  côté  par  le  Rhin,  qui  la  fé- 
paroit  de  la  Germanie  ;  de  l'autre  par  le  mont  Jura,  qui 
la  féparoit  des  Sequani ,  Se  de  l'autre  par  le  lac  Léman 
Se  par  le  Rhône  qui  la  féparoient  de  l'Italie.  Comme  elle 
étoit  en-deçà  du  Rhin,  elle  appartenoit  à  la  Gaule;  d'où 
Tacite  appelle  les  Helvetii ,  nation  Gauloife.  Jules-Ce- 
far,  Strabon,  Pline  Se  Ptolomée  les  ont  placés  dans  la 
Gaule  Belgique  ;  mais  Augufte,  pour  rendre  les  provin- 
ces à-peu-près  égales  ,  mit  les  Helvetiens  dans  la  Bel- 
gique. Cellarius,  Geogr.  Ant.  1.  z,  c.  3  ,  avoit  fait  cette 
remarque  :  ainfi  Nicolas  Sanson  a  donc  tort  de  reprocher 
à  Plme  Se  à  Ptolomée ,  dans  fes  Remarques  fur  la  Carte 
de  l'ancienne  Gaule ,  de  n'avoir  pas  bien  entendu  Ce- 
far ,  Se  de  foutenir  que  Cefar  ne  les  y  place  point,  mais 
dans  la  Celtique.  Toutes  fes  preuves  deviennent  inutiles, 
puisque  l'on  convient  que ,  du  tems  de  Cefar,  ils  étoient 
de  la  Celtique  ;  mais  fous  Augufte  ils  en  furent  détachés 
Se  unis  à  la  Belgique.  Revenons  à  l'Etat  Se  aux  Délices 
de  la  Suifle. 

Il  n'y  avoit  dans  tout  le  pays  ,  poursuit  cet  auteur  , 
que  douze  villes  Se  quatre  cents  villages  ,  qu'ils  brûlè- 
rent ,  pour  aller  chercher  une  nouvelle  demeure  dans 
les  Gaules  ;  mais  le  général  Romain  ,  les  empêcha  de 
s'y  établir  ,^  Se  les  contraignit  de  retourner  dans  leur  pays, 
Se  d'y  rebâtir  leurs  villes  Se  leurs  villages. 

Tou:e  l'Helvetie  ,   comprife  dans  VHelvetm  civ'uas , 


étoit  divifée  en  qnatre  cantons  qui  ,  quoique  compris 
fous  le  nom- général  des  Helvetii  ,  avoient  cependant 
chacun  un  nom  diftingué ,  Se  un  territoire  féparé.  Ce- 
far nous  apprend  cette  particularité  ;  mais  il  ne  nomme 
que  deux  de  ces  cantons  ,  favoir  Tcgurinus  Se  Urbige- 
nus  pagus.  Strabon  Se  les_  hiftoriens  qui  ont  écrit  la 
guerre  des  Cimbres  ,  nous  fourmffent  les  noms  des  deux  ' 
autres  cantons.  En  parlant  de  la  victoire  que  C.  Marius 
gagna  fur  les  Cimbres  ,  ils  mettent  au  nombre  de  leurs 
alliés  les  Ambrons  Se  les  Tugeni ,  peuples  de  l'Helve- 
tie :  aufli  nous  avons  les  noms  des  quatre  cantons  qui 
compofoient  l'ancienne  Helvetie  :  favoir, 

Pagus  Urbigenus ,  Pagus  Tigurinus  , 

Pagus  Ambronicus  ,  Pagus  Tugenus. 

Les  Urbigenes  étoient  les  plus  voifins  de  l'Italie  ;  ils 
tiroient  leur  nom  de  la  ville  Urba,  (Orbe)  ville  ancienne, 
mais  dont  la  fplendeur  ne  fut  pas  de  durée  ;  car  Aveuti- 
cum  (Avencke)  lui  enleva  de  bonne  heure  la  gloire  d'ê- 
tre la  capitale  du  canton  ,  même  de  toute  l'Helvetie. 
Cette  dernière  dut  fon  élévation  aux  Romains  qui',  eri- 
tr'autres  faveurs  y  établirent  une  colonie.  On  comptoit 
aufli  du  tems  des  Romains  plufieurs  autres  villes  confi- 
dérables  dans  ce  canton  ,  favoir  Colonia  Equefiris  ou 
Noiodunum  ?  aujourd'hui  Nyon  ;  Laufanna  ou  Lacus 
Laufonius,3.  préfent  Laufanne  ;  Minnidunum  ou  Mi- 
nodum,  préfentement  Mi'lden,  Se  en  françois  Meuldon; 
Penejlica  ou  Petinesca ,  qui  eft  Buren ,  Se  Eburodunum 
ou  Laferum  Ebredunense ,  qui  eft  Yverdun. 

Les  Ambrons  n'avoient ,  félon  Cluvier  ,  que  deux 
villes,  Salodurum  Se  Vindonifa  ;  Se  l'on  ne  peut  rien 
dire  fur  l'ancienneté  de  la  première  ;  car  les  deux  plus 
vieux  monumens  qui  en  faflent  mention  ,  font  la  table 
Théodofienne  (ou  de  Peutinger)  8e  l'Itinéraire  d'Anto- 
nin ,  qui  peut  être  du  même  tems.  On  ne  peut  douter 
que  Soleurre  ne  foit  la  même  ville  que  Salodurum  :  à 
l'égard  de  Vindonijja ,  fon  ancienneté  eft  encore  plus 
confiante  ;  car  Tacite  en  fait  mention.  Les  géographes 
prétendent  que  l'on  trouve  aujourd'hui  des  veftiges  de 
cette  ville  dans  le  village  de  Windisch  ,  au  canton  de 
Berne  ;  Se  fi  les  noms  ont  aflez  de  rapport,  la  pofition 
ne  convient  pas  mal ,  non  plus  à  celle  que  lui  donnent 
la  Table  de  Peutinger  Se  l'Itinéraire. 

Le  Pagus  Tigurinus  tiroit  fon  nom  de  la  ville  de  Ti- 
gurum ,  aujourd  hui  Zurich.  Il  n'y  a  cependant  pas  un  an- 
cien écrivain  ,  qui  fafïe  mention  de  la  ville.  Il  eft  à  croire 
qu'elle  fut  du  nombre  de  celles  que  les  Helvetiens  brûlè- 
rent ,  lorsqu'ils  formèrent  le  deflein  de  s'aller  établir 
dans  les  Gaules.  Les  autres  villes  de  ce  canton  étoient 
Forum  Tiberii ,  Arbor  Félix  ,  ad  fines ,  Vitodurum,Ga- 
nodurum.  On  croit  que  les  quatre  premières  fubfiftent 
encore  dans  Keyferfiuhl,  Arbon ,  Pfin  Se  Winterthurny 
mais  pour  la  dernière  on  ne  fait  ni  fa  fituation ,  ni  le 
fort  qu'elle  a  eu. 

Strabon  eft  le  feul  des  anciens ,  qui  fafle  mention  de 
Pagus  Tugenus.  Il  eft  vraifemblable  qu'il  tiroit  fon  nom 
de  la  ville  Tugum  ou  Tugium ,  encore  à  préfent  capitale 
d'un  ^canton.  On  peut  dire  que  le  nom  eft  abfolument 
le  même  ;  car  dans  plufieurs  noms  de  villes  ,  qui ,  chez 
les  Romains,  commençoient  par  la  lettre  T,  les  Germains 
changeoient  cette  lettre  en  Z  :  de  Taberna  ils  firent  Za- 
bern  ;  de  Tolpiacum ,  Zulpich  ;  Se  ainfi  de  Tugum ,  ils 
ont  fort  bien  pu  faire  Zug. 

Nous  avons  dit  que  les  Helvetiens  furent  de  la  Celti- 
que ,  du  tems  de  Jules-Cefar ,  Se  qu' Augufte  les  rangea 
fous  la  Belgique  ;  ce  ne  fut  pas  immédiatement  ;  car  il 
les  mit  d'abord  fous  la  Lyônnoife  ;  mais  cet  état  dura 
peu ,  Se  lui-même  ou  quelqu'un  de  fes  fuccefleurs  les 
mirent  fous  la  Belgique.  Après  Conftantin,  ils  fe  trouve-, 
rent  avec  les  Rauraques  Se  les  Sequaniens ,  dans  la  pro- 
vince nommée  Maxima  S equanoru m  ;  Se  peu-à-peu  leur 
nom  d1 'Helvetiens  fe  perdit,  Se  fit  place  à  celui  as  Sequa- 
niens. Eutrope  en  fournit  la  preuve,  quand  il  dit  :  Cefar 
vainquit ,  en  premier  lieu,  les  Helvetiens  que  l'on  appelle 
préfentement  Sequaniens.  Depuis  l'empire  de  Conftan- 
tin ,  les  Allemands  fe  jetterent  dans  l'Helvetie,  Se  en  in- 
commodèrent fort  les  habitans.  Il  fallut ,  pour  les  borner, 
leur  en  céder  une  partie ,  les  Burgundions  ou  Bourgui- 
gnons envahirent  l'autre,  de  manière  que  l'Helvetie  fe  trou- 
vant partagés  entre  ces  deux  peuples  ,  prit  le  nom  A' Al- 
lemagne 


HEL 


lemagne.  &  àe  Bourgogne.,  Sous  les  empereurs  François,' 
la  partie  Allem'ande  fut  gouvernée  par  le  duc  d'Allema- 
gne &  de  Suabe  :  l'autre  obéifîbit  à  des  comtes.  Cette 
forme  de  gouvernement  fubfifta  très-long-tems.,  jusqu'à 
ce  qu'après  treize  cents  ans  de  fujétion  ,  ce  pays  recou- 
vra fbn  ancienne  liberté,  en  s'affociant  divers  états  voi- 
6ns ,  qui  n'étoient  point  de  l'ancienne  Helvetie ,  mais 
qui  font  du  corps  Helvétique  d'aujourd'hui.  Vojez  Suis- 

-  HELVETIORUM  Eremùs  :  ces  mots  ,  dans  les 
écrivains  modernes  ,  lignifient  EinJÎ  Deln  ;  mais  dans 
Ptolomée,  /.  2,  c.  1 1,  ils  fignifient  une  grande  foret,  que 
nous  appelions  aujourd'hui  la  'Foret-noire ,  en  allemand 
Schwarqwald.  Voyez  Martiana  silva. 

HELVETUM ,  ancienne  ville  de  la  Germanie  pre- 
mière ,  félon  Antonin ,  entre  Mons-Brifacius  &  Argen- 
toratum ,  à  vingt-cinq  mille  pas  de  la  première  ,  &  à 
trente  mille  pas  de  la  féconde.  Simler  croit  que  c'eft 
SchUfiadt.  Ce  nom  eft  écrit  Helvetum  dans  l'exemplaire 
du  Vatican.   D'autres  portent  Elcebus.  Voyez  ce  mot. 

HELVIARicina.  Voyez  Recanati  ôcRicinen- 

SES. 

HELVIENS,  (les)  Helvii,  ancien  peuple  de  la  Gaule, 
Sanfon  en  parle  ainfi,  dans  fes  Remarques  fur,  la  carte 
de  l'ancienne  Gaule  :  Ceiar  étant  bien  entendu ,  place 
ce  peuple  in  Provincid  Romanorum  ,  c'eft-à-dire  dans 
la  Gaule  Narbonnoife  :  Strabon  les  a  eftimés  in  Aqui- 
tenids:  mais  Pline,  Ptolomée,  la  Notice  des  provinces 
&  cites  de  la  Gaule ,  &  l'ordre  que  nous  voyons  à  prê- 
tent dans  l'Etat  eccléfiaftique  ,  qui  a  été  formé  fur  le  ci- 
vil des  anciens  ,  font  voir  que  les  Helvii  ont  été  de  la 
Gaule  Narbonnoife  ;  &  on  convient  qu'ils  repondent  au 
Vivarais  ,  dont  l'évêché  de  Viviers  repond  à  Vienne 
en  Dauphiné  ,  qui  eft  l'une  des  métropoles  de  la  Gaule 
Narbonnoife.  Belle-Forêt  les  prend  pour  les  Albigeois. 
iVoyez  Alba  Helviorum. 

HELVILLUM ,  lieu  d'Italie.  L'Itinéraire  d' Antonin 
le  met  à  quatorze  mille  pas  de  Calle ,  en  allant  à  An- 
cone.  Cluvier,  Ital.  Ant.  croit  que  c'eft  préfentement 
Sigello,  bourg  de  la  Marche  d'Ancone,  aux  confins  du 
duché   d'Urbin  ,  au  pied  de  l'Apennin. 

HELVINA ,  fontaine  d'Italie ,  dans  le  territoire  d'A- 
tnuno ,  où  l'on  dit  qu'elle  eft  encore  nommée  ELvino 
Juvenal,/a/.  3,  v.  318,  dit: 

.  Et  quoties  te 

Roma  uio  refici  properantem  reddet  Aquino , 
Me  quoqueadHtlvinam  Cererem  ,  vellramque  Dianam, 
Convdle  à  Cumis. 

Sur  quoi  l'ancien  commentateur  obferve  qu'à  Aquino 
on  adoroit  les  mêmes  déeffes  que  dans  les  Gaules.  Cette 
explication  eft  plus  obscure  que  le  texte  même.  Cerès 
eft  nommée  ELvina  ou  Helvina  Ceres ,  parce  qu'elle 
y  avoit  une  chapelle  auffi-bien  que  Diane  ;  &  on  pré- 
tend que  l'on  voit  encore  quelques  reftes  de  temples  au- 
près de  la  fontaine  Elvino.  Ortélius,  Thïfaur.  cite 
la-deflus  les  recueils  de  Scopa,  &  ajoute  :  cet  auteur 
croit  ,  &  Brodeau  le  croit  auffi,  que  ce  furnom  n'eft 
qu  une  épithéte  tirée  de  la  langue  gréque  ,  &  qu'elle 
fignifie  la  même  chofe  que  le  Flava  des  Latins  :  nous 
dirions  la  blonde  Cerès. 

HELVINUM  :  Ortélius,  Thefaur.  trompé  par  quel- 
ques éditions  de  Pline,  &  par  Niger,  fait  couler  en 
Italie  ,  dans  le  pays  des  Samnites  une  rivière  de  ce  nom. 
En  effet,  dans  l'édition  deDalechamp,  /.  3,  c.  13  ,  on 
lit  :  Flumina  Alpulates ,  Suinum ,  Helvinum  quo  'fini- 
tur  Pmtutiana  regio  &  Piandumincipit.  Mais  les  ma- 
nuscrits le  rétablirent  ;  &  le  P.  Hardouin  y  a  trouvé 
t Lumen  Albula,  Terrium  quo  finitur  Prcetudana  reno 
G '  ficenuum  incipu  :  amfi  ces  trois  prétendues  rivières 
Alpulates,  Suinum,  Helvinum,  fe  reduifent  à  une  feule 
nommée  Albula,  aujourd'hui  la  Ragnola,  dans  la 
Marche  d  Ancone,  &  à  l'embouchure  de  laquelle  étoit 
I  ervinum,  aux  confins  des  Pratutiens  &  des  Picentes. 
Un  copifte  aura  joint  la  fyllabe  Ter,  de  Tervium  ,  au 
mot  Atbula,  dont  un  autre  aura  fait  Albulates  , 
ou,  lelon  la  prononciation  Germanique,  Alpulates- 
&  de  vmm  qui  refto.t ,  les  uns  auront  conjecturé  que 
ce  devoit  être  Suinum ,  &  d'autres  Helvinum,  après 
quoi  ,  ces  deux  mots  inférés  dans  le  texte  ,  auront 
oblige    les  copiftes  poflérieurs  à  changer  Flumcn  en 


HEM 


329 


Flumina. Cluvier ,  liai.  Ant.  I.  %  ,  ç.  1 X  ,p.  73  5,  trompé 
par  le  paffage  corrompu  de  Pline,  prétend  trouver  ces 
trois  rivières.  Selon  lui,  VAlbulaies  eft  la  Liberata% 
ou  Librata,  ou  Libraii  ,  mot  qu'il  croit  s'être  formé  de- 
1  ancien,  par  degrés  ,  de  cette  manière  AlbuUtes  ,  Au- 
bulate,  Aubrau ,  par  le  retranchement  d'un  u  ,  &  le 
changement  d'une  /  en  r,  &  enfin  par  l'addition  de  l'ar- 
ticle Laubrau,  Laubrad,  &  enfin  Librad  :  cette  éty- 
mologie  eft  fondée  fur  rien.  Cet  auteur  croit  que  Sui- 
num eft  préfentement  le  Sino  :  il  doute  fi  le  Salino- 
a  ion  embouchure  ,  n'a  pas  été  autrefois  nommé  Sui- 
num ;  &  comme  il  trouve  dans  la  Table  de  Peutin- 
gerune  rivière  de  ces  quartiers-là  ,  nommée  Fl.  San- 
NUM  ,  il  n  ofe  décider  fi  originairement  il  y  avoit  Sui- 
num ou  Sahnum.  A  l'égard  à' Helvinum  Flumen  iL 
juge  que  ce  ne  peut  être  que  Salinello  ;  &  comme  la, 
Table  de  Peutmger  met  ce  Pays  dans  Fl.  Nermnum, 
il  croît  que  c  eft  un  mot  corrompu  de  celui  de  Helvinum. 
Baudrand,  édit.  1682,  cite  fur  le  mot  Helvinum  Pto- 
lomée auffi  hardiment  que  s'il  eût  trouvé  cette  rivière 
^LF" auteur  à  <P"  eiIe  eft  ablolument  inconnue. 

HELURI.  Voyez  Hela. 
.  HELUSANI.  Voyez  Elusa. 
.  HEMA  :  Herodien  nomme  ainfi  un  lieu  que  Jules  Ca- 
pitolm  appelle  Hjemona.   C'eft  I'Emona  de  Ptolo- 
mée ,  entre  l'Italie  &  le  Norique ,  ck  la  même  qa'JE- 
mona ,  qui    eft  Laubach, 

HEMASA,  ville  de  Syrie  ;  c'eft  la  même  qu'E- 

HEMASINI,  ancien  peuple  de  la  Dalmatie ,  félon 

rlrJ-,£;,^-  ,11  en  P^  comme  d'un  peuple  qui 
ne  fubfiftoit  déjà  plus.  .: 

HEMATH.  Voyez  Epiphanie  ,  ville  de  Syrie 
HEMBERG,  félon  YEtat&Dél.  de  la  Suil  t  V 
P-  Îi75/illage  de  Suiffe,  dans  les  montagnes;  au  pays 
de  Tockenbourg  :  les  deux  religions  y  font  également 
TSnclmnfe  communautés  du  Thourthal. 
HEMEROSCOPIUM  ,  ville  d'Efpagne ,  félon  Avie- 
nus  ,  Ora  marit.  v.  476  ,  qui  dit  : 


Stériles  Ar 


Littus  ex  tendit  dehinc,  ■ 

Hemeroscopium   quoque 


Habit ata  pridem  hic  civilas.    Nunc  jam  folùm 
Vacuum  incolarum  languido  flagno  madet. 

Strabon  dit,  /.  3  ,  p.  159:  Hemeroscopium  eft  très-cé- 
lebre,  &  il  y  a  fur  le  promontoire  un  temple  confacré 
a  Diane  d'Ephèfe  ;  cette  remarque  fait  connoître  que 
c  eft  le  même  heu  qui  fut  enfuite  nommé ,  à  caufe  de 
ce  temple,  Dianium,  aujourd'hui  Dénia.  Le  nom 
d  Hemeroscopium  lui  avoit  été  donné  à  caufe  d'une  tour 
qui  fervoit  à  découvrir  de  loin  ,  en  latin  Spécula  :  c'é- 
tait ,  félon  lui ,  une  colonie  des  Mafîiliens. 

HEMERUM  ,  lieu  maritime ,  dans  le  territoire  de  la 
ville  de  Chalcedoine ,  félon  Simeon  Metaphrafte  ,  dans 
la  Vie  de  S.  Auxence. 

HEMERUS  :  c'eft  un  des  anciens  noms  de  I'Euro- 
tas  ,  fi  nous  en  croyons  Plutarque  le  Géographe ,  de 
Flumin. 

HEMERTÊ.  Voyez  Lesbos. 

HEMESA.  Voyez  Emese. 

HEMICHARA,  ville  de  Sicile ,  dans  les  terres,  fé- 
lon Ptolomée.  Voyez  IMACARENSES. 

HEMY CINES,  peuple  voifin  des  Maffagetes  5c  des 
Hyperborées  ,  félon  Etienne  le  Géographe. 

HEMIMONTUS.  Voyez  HvEmimontus. 

HEMINLE  Dymnus  ,  montagne  de  l'Iberie  Afiati- 
que,  félon  Vibius  Sequefter. 

HEMISA.  Voyez  Emese 

HEMISPHERE  ,  mot  tiré  du  grec,  &  qui  fignifie 
la  moitié  d'un  globe.  Mais  comme  tout  globe  coupé  par 
une  ligne  droite  qui  paffe  par  le  centre ,  peut  être  coupé 
en  bien  des  manières  différentes  ;  pour  éviter  toute 
équivoque  ,  on  eft  convenu  qu'en  géographie  ce  mot 
hémisphère  dit  fans  autre  explication ,  fignifie  une  moi- 
tié du  globe  coupé  félon  la  ligne  de  l'équateur  ;  de  forte 
que  le  centre  foit  précifément  un  des  deux  pôles.  De-là 
vientque  les  deux  hémisphères  font  naturellement  dif- 
tmgués  par  le  nom  qui  convient  à  chacun  des  pôles,  qui 
en  eft  le  centre.  Ainfi  l'hemisphere  qui  eft  au  nord  de 
1  equateur ,  eft  ['hémisphère  feptentrional  ;  &  l'hemi- 
Tt    Tome  III. 


33o  HEN 

sphère  qui  eft  Oppofé" ,  s'appelle  ïhemisphere  méridional. 
De  l'Ifle  a  publié  deux  bonnes  cartes  qui  repréfenteht 
les  deux  hémisphères  dans  le  fens  que  nous  lui  donnons 
ici.  Rien  n'empêche  que  l'on  ne  (è  ferve  du  mot  hé- 
misphère ,  pour  lignifier  un  globe  coupé  autrement  , 
pourvu  que  la  feftion  pafle  par  le  centre.  Par  exemple , 
on  peut  le  couper  de  façon  que  le  centre  lera  Tolède, 
ou  Paris,  ou  Stockholm,  ou  toute  autre  ville  que  l'on 
veut ,  ce  n'en  fera  pas  moins  un  hémisphère ,  à  parler 
à  la  rigueur  ;   mais  alors  il  faut  l'expliquer. 

Il  eft  impolTible  de  voir  d'un  feul  coup  d'ceil  plus  dé 
la  moitié  d'un  glebé  ;  c'eft  ce  qui  a  obligé  les  géogra- 
phes de  partager  les  mappemondes  en  deux  côtés  qui 
font  deux  vrais  hémisphères  :  les  deux  pôles  n'y  font 
pas  au  centre  $  mais  aux  extrémités  fupérieures  6c  infé- 
rieures des  deux  cercles. 

HEMMETHAL,  (l')  petit  bailliage  de  SuilTe,  au 
canton  de  Schaffhoulè.  Etat  &Dél.  de  la'Suiffe,  t.^,p  97. 
HEMODES  :  dans  l'édition  de  Pompomus  Mêla  par 
Olivarius,  on  lit,  p.  101:  Septem  Hemodes  contra  Ger- 
maniam  projecla  in  illo  finu  quem  Codanum  diximus  ; 
ce  qui  fignifie  que  vis-a-vis- de  la  Germanie,  dans  le 
golfe  Codanus ,  (  c'eft-à-dire  à  l'entrée  de  la  mer  Balti- 
que ',  )  il  y  a  fept  ides  nommées  Hemodes.  Cela  s'ac- 
corde alTez  bien  avec  l'état  préfent  des  ifles  du  Dane- 
marck  ,  qui,  fans  parler  de  quelques-unes  moins  impor- 
tantes ,  (ont  au  nombre  de  fept ,  favoir  Seeland,  Fu- 
nen,  Langelandt ,  M'uen  ,  Faljl'er ,  Laland  &  Femeren  ; 
&  cependant  cette  convenance  n'a  pu  afiurer  à  ce  paf- 
fage  l'honneur  d'être  confervé  dans  les  nouvelles  édi- 
tions. L'édition  de  Gronovius  changé  ainli  les  paroles 
de  Mêla  ,  1.  3  ,  c.  6.  Septem  JEmodce.  Contra  Germa- 
niam  vecla  in  ilio  Jinu  quem  Codanum  diximus  ,  fex. 
En  premier  lieu ,  les  jEmodes  ou  Hemodes  ne  font  plus 
les  ifles  du  golfe  ;  mais  d'autres  ifles  au  nombre  de  lëpt, 
en  que'qu'aiitre  lieu  qu'elles  foient.  Secondement ,  el- 
les font  différentes  de  fix  autres  ifles  qui  font  dans  ce 
golfe;  &  Gronovius  conje&ure  que  ce  mot  fex  a  été 
oublié  par  les  copiftes  ,  parce  que  la  période  finilTant 
par  diximus  ,  8c  la  fnivante  par  ces  mots  ex  iis ,  le 
mot  fex  a  paru  une  répétition  inutile  de  celui  qui  dic- 
toit  à  des  gens  qui  n'èntendoient  pas  ce  qu'ils  écnvoient. 
Ce  mot  vecla  ,q'ui  avoit  paru  fi  étrange  à  Olivarius  8c 
à  d'autres  critiques  qui  l'avoient  changé  enprovecla ,  qui 
fignifie  la  même  chofe,  a  engagé  Il'aac  Voflius  à  le  chan- 
ger en  Vecla  ,  qu'il  prend  pour  l'ifle  de  Wight  ;  &  il  fait 
faire  une  double  faute  à  Mêla  ,  favoir  que  l'ifle  de  Wight 
eft  à  l'oppofite  de  la  Germanie  ,  6c  qu'elle  eft  dans  le 
golfe  Codanus.  Si  l'on  détache  ainfi  les  Hemodes  ou 
jEmodes  de  ce  golfe ,  on  ne  peut  plus  favoir  en  quel 
endroit  Mêla  a  voulu  les  mettre.  Voyez  jEmodes. 
HEMODUS.  Voyez  Emodus. 
HEMONA ,  ancienne  ville  de  la  Paleftine ,  dans  la 
tribu  de  Benjamin.  *  Jofué,  c.  18  ,  v.  24. 

HEMOPSONESTIA  :  au  lieu  de  ce  mot  qu'on  lit 
en  quelques  éditions  de  Procope ,  JEdific.  1.  5  ,  c.  5  ,  il 
faut  lire  MOPSUÈSTIA.  Voyez  Mopsueste. 
HEMS.  Voyez  Emese. 

HEMUAT^È,  ancien  peuple  de  l'Arabie  heureufe, 
félon  Pline ,l.6,c.  18. 

HENADDA,  lieu  de  la  Paleftine  :  les  Septante  le 
nomment  Anna.  *  Jofué,  c.  19. 
HENAIM.  Voyez  Enaïm. 
HENAN.   Voyez  Enam. 

HENARÈS,  (l')  rivière  d'Espagne  ;  elle  fa  fource 
dans  la  vieille  Caftille ,  au-deiTus  de  Siguenza  qu'elle  ar- 
rofe  ;  d'où,  coulant  dans  la  nouvelle  Caftille  rk  au  pays 
d'Alcaria  par  Hita  8c  Guadalajara ,  &  à  Alcala ,  elle  fe 
jette  un  peu  après  dans  le  Xarama  à  Mejorada ,  à  quatre 
lieues  au-deiTus  de  Tolède ,  après  avoir  reçu  dans  fon 
cours  les  petites  rivières  de  Hornova ,  Canamarès  ,  Sa- 
lado,  Dulce ,  Torete ,  Sorbe  5c  Vadiel.  *  Baudrand, 
éd.  1705. 

HEND  u  Send  ,  8c  Hind  ve  Sind  ;  c'eft  ce  que 
nous  appelions  d'un  mot  général  les  Indes  orientales, 
qui  font  partagées  par  les  Orientaux  en  ces  deux  dif- 
férens  noms  Hend  Se  Send.  Le  pays  de  Hend  eft  l'o- 
tient  de  celui  de  Send.  Le  golfe  de  Perfe  eft  à  fon  cou- 
chant :  l'océan  Indien,  à  fon  midi  ;  à  l'orient,  de  fort  grands 
déferts  qui  le  féparent  de  la  Chine  ;  au  feptentrion ,  le 
pays  des  Azae,  ouTartares.  11  paroît  par  cette  pofition, 


HEN 


que  le  Send  eft  feulement  ce  qui  s'étend  de-çà  &  de-là 
le  long  du  fleuve  Indus,  particulièrement  vers  fes  em- 
bouchures. *  D'Herbelot , ,  Bibliothi  orient. 

Tout  le  pays  de  Hend  ti  de  Send  pris  enfernble,  fe 
divife  en  trois  parties.  La  première  s'appelle  Giu^urat  ; 
nous  l'appelions  Gu^erate  ou  Decan  :  elle  confine  avec 
le  pays'  de  Gaznen  ,  de  Multan  &c  de  Makhran ,  8c  eft 
la  plus  occidentale.  La  féconde  porte  le  nom  de  Ma-* 
nibar ,  que  nous  appelions  le  Malabar  :  elle  eft  à  l'o- 
rient &C  au  midi  du  Guzerate  ,  Se  on  l'appelle  encore 
Beladalfulful,\e  pays  du  poivre,  parce  qu'il  y  vient  en 
abondance  :  l'arbre  qui  le  porte ,  s'attache  aux  autres 
&c  les  embrafle  comme  le  lierre.  La  troifiéme  partie, 
6c  la  plus  orientale ,  s'appelle  Mdbar ,  ou  Mebar ,  mot 
qui  fignifie  en  Arabe  le  trajet  5c  le  pafjage  ,  à  caufe  que 
l'on  palTe  de  cette  partie  des  Indes  à  la  Chine  :  elle 
eft  toute  entière  au-delà  du  golfe  de  Bengale ,  6c  a  pour 
capitale  la  grande  ville  deCANAcOR,  ou  Cancanor. 
C'eft- là  que  l'empereur  ou  le  plus  grand  roi  des  Indes 
fait  fon  féjour,  félon  l'auteur  du  MelTahet  alârdh ,  qui  eft 
une  Géographie  Perfienne.  Le  titre  des  rois  de  ce 
pays  eUBirdaoval ,  dit  le  même  auteur  qui  vivoit  avant 
que  les  fuccefleurs  de  Tamerlan  fe  fulTent  rendus  maî- 
tres de  la  plus  grande  partie  des  Indes.  Ebn  -  Alvardi 
écrit  dans  la  première  partie  de  fa  Géographie  Arabique, 
que  le  pays  de  Hend  s'étend  depuis  le  Send ,  6c  le  Mak- 
ran,  jusqu'à  la  ville  deKanoge,  de  l'occident  à  l'orient, 
qui  eft  un  efpace  d'environ  trois  mois  de  chemin  par 
terre ,  6c  que  depuis  Kanoge  ,  en  tirant  de  l'orient  vers 
le.  feptentrion ,  on  va  jusqu'au  Tonbut  ou  Tebet,  en 
quatre  mois  de  chemin  ,  à  journées  de  caravane.  Le 
même  géographe  dit  que  les  rois  des  Indes  portent  le 
nom  de  Raian.  Nous  les  appelions  Ragias  (ou  Ra- 
jas ;  )  mais  le  plus  puiflant  ,  6c  l'empereur  de  tous 
s'appelle  Belhar.  11  marque,  entre  les  principales  villes 
de  ce  pays ,  Kanbaïat ,  c'eft  Cambaya ,  Souménat ,  Man- 
foura,  ouMahourar,  6c  CanogeouKennauge.  11  ditaulli 
que  les  ifles  principales  de  la  mer  Indienne  font  Cameron 
qui  eft  le  cap  de  Comorin  ;  car  lés  ifles  8c  les  presqu'illes 
chez  les  Orientaux  s'appellent  du  même  nom ,  Sila  ou 
Sili  ;  Giamcout ,  Serandib  qui  eft  Zeilan  ;  Lameri ,  Kala 
ou  Kalé,  qui  eft  peut-être  Calecut ,  6c  Meherage. 

Hend  6:  Send  ,  ou  les  Indes ,  font  féparées  de  la 
Chine  ,  félon  les  auteurs  Orientaux,  par  le  cap  de  Co- 
morin ;  car  les  anciens  donnoient  le  nom  de  Sin  en 
arabe  ,  6c  de  Thcin  en  perfien  ,  aux  pays  de  Siam , 
de  Pegu ,  du  Tunquin  6c  de  la  Cochinchine.  Les  Orien- 
taux ont  quelquefois  compris  l'Ethiopie  fous  le  nom 
des  Indes  ,  &  les  Perfans  nomment  encore  aujourd'hui 
un  Ethiopien  Siah  Hindou ,  ou  Hindi ,  un  Indien  noir. 
Leurs  hiftoires  portent  que  les  Indiens  demandèrent  des 
évêques  à  Simon  le  Syrien,  patriarche  Jacobite  d'Alexan- 
drie. Il  ne  faut  point  douter  que  ces  Indiens  ne  foient 
les  Abiffins  ;  car  nos  hiftoires  gréques  8c  latines  por- 
tent que  S.  Frumentius  qui  pafla  en  Ethiopie  ,  fut  en- 
voyé par  S.  Athanafe  aux  Indiens.  Une  partie  des  In- 
des fut  rendue  tributaire  aux  Arabes,  fous  le  règne  de 
Valid,  fixiéme  Khalife  de  la  race  desOmmiades;  mais 
elles  ne  furent  fubjuguées  entièrement  que  par  Mahmoud, 
fils  de  Sebekteghin,  lequel  y  pénétra  bien  ayant,  8c  au 
moins  jusqu'au  Gange ,  ce  que  n'avoit  fait  encore  au- 
cun prince  étranger,  depuis  Alexandre  le  Grand;  c'eft 
ce  qui  fait  qu'Ebn  Amid  n'appelle  jamais  Mahmoud  roi 
de  Gaznah  ,  ou  Sultan  de  Gaznin  ,  mais  roi  des  In- 
des. Khr  srouSchah,  dernier  Sultan  des  Gaznevides,  fonda 
le  royaume  de  Lahaver ,  ou  Lahor.  Les  Orientaux  ap- 
pellent BaHAR  al  Hend  la  mer  des  Indes  ,  8c  lui 
donnent  aufE  le  nom  de  Herkend.  Scherif-  Al  -  Edrifïi 
écrit  que  cette  mer  s'étend  depuis  les  côtes  de  la  Chine, 
prife ,  comme  nous  avons  vu  ci-deflus ,  jusqu'à  l'entrée 
du  golfe  Arabique,  ou  mer  Rouge.  Les  anciens  ont  donné 
cette  même  étendue  à  ce  qu'ils  appelloient  Mare  Ery- 
thraum,  comme  il  paroît  par  le  Périple  d'Arrien ,  8c 
y  ont  compris ,  aufli-bien  que  les  Arabes,  les  deux  golfes 
Arabique  8c  Perfique. 

HENDECAN  ,  ville  de  Perfe ,  dans  la  province  du 
Fars  ,  ou  dans  la  Perfe  proprement  dite.  Il  y  a  un  puits 
qui  exhale  une  vapeur  peftilentielle.*Z7'.ffer'£e/0<,BibI.  or. 
HENDMEND,  {ëonRobertderaugondy,AÛx,  rivière 
d'Afie,  dans  la  Perfe.  Elle  a  fa  fource  dans  les  montagnes  de 
Balck,  traverfe  le  pays  de  Candahar,  palTe  de-là  au  cou- 


HEN 


chant,  dans  le  Sableftan,  arrofe  la  ville  de  Boft,  entre 
dans  le  Segeftan ,  dont  elle  baigne  la  capitale  ,  &  re- 
tournant aux  frontières  de  l'Indouftan ,  elle  forme  le  lac 
de  Zare  ;  on  la  nomme  auffi  HlRMEND  ,  dans  l'hiftoire 
de  Timur-Bec ,  /.  2,  c.  45  ,p.  379.  Sur  les  Cartes  elle  eft 
nommée  Ilment  ,  depuis  le  lac  de  Zare  jusqu'à  la  mer. 

HENDOUKECH,  montagne  d'Ane  ,  au  midi  de  la 
Tartane ,  &  plus  particulièrement  du  royaume  de  Balck 
&  du  Tochareftan  ,  au  nord  de  Caboul  &  de  Cache- 
mire. C'eft  une  partie  de  Flmaiis  des  anciens.  Le  Ni- 
lab,  qui  eft  une  des  fources  de  l'Inde,  y  a  fa  fource. 
?  Robert  de  Vauvondy  ,  Atlas. 

HENDOWNS  :  Daviti  nous  donne  ce  mot  pour  le 
nom  particulier  d'un  peuple  des  Indes  ,  en  quoi  il  eft 
fui  vi  par  De  l'Ifle.  Les  Hendowns  ont  au  nord  le  royaume 
de  Jengapor;  au  nord-eft,  celui  de  Deli  ;  au  fud-eft,  ce- 
lui d'Agra  ;  au  midi ,  celui  d'Asmer  ;  au  couchant ,  celui 
de  Buchor  ;  &  au  nord-eft ,  celui  de  Multan.  Leur  nom 
iîgnifie  fimplement  les  Indiens. 

HENESIOTIS  ,  'HnmÔTif,  contrée  de  la  Sarmatie 
Afiatique,  félon  Ptolomée ,  /.  5  ,  c.  9.  Son  interprète 
Latin  retranche  la  première  fyllabe ,  &c  lit  Nefiotis.  L'é- 
dition de  Bertius  lit  de  même  ,  &  prend  l'H  pour  l'ar- 
ticle du  nom. 

HENETA.  Zenodote,  cité  parStrabon,  /.  12,/.  543, 
croyoit  qu'au  lieu  d"£f  "Ewiâ»  dans  Homère  (  Iliade  B. 
y.  851  ,)  il  faut  lire  '£i;'Eyé]»t  ;  qu'il  ne  s'agit  pas  là 
d'un  peuple  nommé  Heneti ,  mais  d'une  ville  nommée 
Heneta ,  la  même  que  l'on  a  appellée  enfuite  Amifus. 

HENETES,  (les)  Heneti.  Il  y  a  eu  divers  peu- 
ples de  ce  nom.  Nous  les   traiterons  féparément. 

LES  HENETES,  enAjie  ;  ancien  peuple  de  Paphla- 
gonie.  Strabon,  /.  12  ,  p.  543  ,  dit  qu'on  n'en  trouvoit 
plus  de  fon  tems ,  &  que  quelques-uns  cherchoient  les  He- 
netes d'Homère  dans  un  village  au  bord  de  la  mer ,  à 
dix  fchoenes  d'Amaftris  ;  il  rapporte  le  fentiment  de  Ze- 
nodote. Voyez  Heneta.  D  autres,  dit-il,  croient  que 
c'étoit  une  nation  limitrophe  des  Cappadociens  qui , 
ayant  entrepris  une  expédition  avec  les  Cimmeriens  , 
allèrent  s'établir  dans  le  golfe  Adriatique.  On  convient , 
pourfuit-il ,  que  les  Henetes  étoient  la  principale  nation 
«ntre  les  Paphlagoniens  ;  quePylemene  qui  en  étoit,  al- 
lant au  fiége  de  Troye ,  emmena  beaucoup  de  monde 
avec  lui  ;  qu'après  la  ruine  de  cette  ville  ,  le  chef  étant 
mort ,  les  Henetes  s'en  allèrent  en  Thrace  ,  d'où ,  après 
tien  des  courfes ,  &  ils  arrivèrent  dans  la  Venetie ,  s'éra- 
ilirent  au  fond  du  golfe.  Il  eft  vraifemblable  ,  continue 
Strabon ,  que  c'eft  la  raifon  pour  laquelle  il  ne  fe  trouve 
plus  de  Henetes  dans  la  Paphlagonie.  Pline,  /.  6,c.  3, 
parlant  de  la  Paphlagonie ,  n'a  garde  d'y  mettre  des  He- 
netes ^  puisqu'il  n'y  en^  avoit  plus  ;  il  dit  feulement  : 
Cornélius  Nepos  y  ajoute  les  Henetes  de  qui  il  veut 
que  l'on  croie  que  font  descendus  les  Venetes  d'Italie.  Il 
ne  paroît  pas  fort  perfuadé  de  la  vérité  de  cette  origine. 
Solin  ,  c.  44,  edit.  Salmaf.  n'a  pas  été  fi  fage  que  Pline 
qu'il  copioit.  Il  falfifie  en  même  tems  le  témoignage 
de  Nepos ,  &  la  citation  de  Pline.  La  Paphlagonie , 
dit-il ,  eft  remarquable  par  le  lieu  Henetus  ,  d'où,  au  rap- 
port de  Cornélius  Nepos ,  les  Paphlagoniens  palTerent  en 
Italie  ,  &  furent  enfuite  nommés  Veneti.  Il  faut  pour- 
tant avouer  que  Solin  n'eft  pas  le  feul  qui  ait  parlé  de 
ce  lieu  nommé  Henetus.  On  le  retrouve  dans  Etienne 
le  Géographe  ,  qui  cite  Diogene  Laërce.  Il  y  a  auffi , 
dit  Etienne  ,  une  ville  nommée  Henetus  ,  de  laquelle 
étoit  Myrmex  philofophe  Dialectitien,  comme  le  dit  Dio- 

fene,  dans  le  fécond  livre  de  l'Hiftoire  des  philofophes. 
aumaife ,  in  Solin.  p.  888 ,  qui  a  cherché  dans  le  li- 
vre de  Diogene  Laërce  une  Vie  de  Myrmex ,  ne  l'y  trou- 
vant pas ,  a  cru  qu'Etienne  citoit  un  ouvrage  perdu.  C'eft 
dans  la  Vie  de  Stilpon  qu'on  trouve  le  paffage  qui  a 
trompé  Etienne.  On  y  lit  qu'entre  ceux  dont  Stilpon 
avoit  gagné  l'eftime, étoit  Myrmex,  fils  d'Exenete.  Etienne 
aura  trouvé  un  exemplaire  vicieux  ,  où ,  au  lieu  de  ^ 
MJo^axa  swsgcuviw,  il  y  avoit  lyj  Mv'p/xwca  tir  ï|»- 
VêT»  ;la  différence  eft  légère  pour  la  prononciation,  mais 
très-grande  pour  le  fens.  Ainfi  ,  trompé  par  une  fauffe 
manière  de  lire  ,  il  aura  pris  un  homme  pour  une  ville, 
&  le  père  de  Myrmex  pour  la  patrie  de  ce  philofophe. 
LES  HENETES,  en  Italie,  au  fond  du  golfe  de  Ve- 
nife,  ancien  peuple  qui  eft  le  même  que  les  Veneti. 
Ils  venoient  d'un  peuple  des  Gaules  ,  dont  Vannes  en 


HEM  33r 

Bretagne  conferve  encore  le  nom.  Cette  origine  eft  moins 
fabuleufe  que  celle  que  fourniffent  Cornélius  Nepos  Se 
Strabon.  Voyez  Veneti. 

LES  HENETES  ,  dans  le  nord  ;  quelques  écrivains 
feptentrionaux  ont  placé  des  Henetes  fur  les  côtes  de 
Livonie  &  de  Pruffe  ,  &  difent  qu'ils  s'emparèrent  du 
pays  des  Vandales  ,  que  ces  derniers  avoient  dégarni 
par  leurs  expéditions  vers  le  midi.  Ces  Henetes  font 
les  mêmes  que  les  Vendes  ou  Venedes  ,  nation  qu'il 
ne  faut  pas  confondre'aves  lesVandales.  VoyezVENEDl. 

1.  HENG,  montagne  de  la  Chine,  dans  la  province 
de  Huquang.  *   Atlas  Sinenfis. 

2.  HENG ,  ville  de  la  Chine  dans  la  province  de 
Quangfi,  au  département  deNanning,  feptiéme  métro- 
pole de  la  province.  Elle  eft  plus  occidentale  que  Pé- 
kin de  9d.  6',  par  les  23  d.  40'  de  latitude.  *  Atlas 
Sinenfis. 

HENGCHEU,  ville  de  la  Chine,  dans  la  province 
de  Huquang ,  dont  elle  eft  la  dixième  métropole.  Elle 
eft  de  5  d.  13'  plus  occidentale  que  Pékin,  à  27  d.48' 
de  latitude.  La  rivière  de  Ching  en  baigne  les  murs,  du 
côté  du  midi  ;  &  le  Siang  ,  autre  rivière ,  fait  une  pres- 
qu'ifle  d'une  partie  de  fon  territoire.  Ce  canton  ne  man- 
que pas  de  montagnes ,  dont  la  plupart  font  belles  & 
cultivées  ;  &  outre  qu'il  produit  tous  les  befoins  de  la 
vie  ,  il  y  a  beaucoup  des  perdrix ,  de  papier  ,  de  talc  ,  ckc. 
Les  mines  d'argent  l'enrichiroient ,  s'il  étoit  permis  de 
les  ouvrir.  Elle  étoit  autrefois  du  royaume  de  Cu.  La 
famille  de  Hana  la  nomma  Queyang  :  elle  porta  en- 
fuite  les  noms  de  Siantung  ,  de  Hunan  ,  &  enfin 
celui  de  Hencheu  qu'on  lui  rendit,  ck  qu'elle  avoitau- 
trefois  reçu  des  rois  de  Leang.  Elle  a  huit  autres  vil- 
les fous  fon  département ,  favoir  : 


Hengxan , 
Liuyang, 
Changning, 
Gangin, 


Ling, 
Queiyang , 
Linuu, 
Lanxam. 


Oncroit  que  le  montTACEU ,  au  couchant  de  la  ville^ 
ades  mines  d'argent,  qui  ont  été  autrefois  ouvertes.  Le 
mont  Heng  commence  auprès  de  Hengxan ,  &c  occupe 
huit  cens  ftades  de  terrein.  On  y  compte  au-delà  de  foi- 
xante_  &  douze  fommets  ,  dix  grandes  cavernes ,  trente- 
huit  fources  de  fontaines ,  &  vingt-cinq  torrens.  *  Atlas 
Sinenfis. 

HENGXAN,  ville  de  la  Chine,  dans  la  province 
de  Huquang, dans  le  diftrift  de  Hengcheu ,  dixième  mé- 
tropole ,  fur  la  rive  droite  de  la  rivière  de  Siang,  auprès 
de  la  montagne  de  Heng.  Elle  eft  de  4  d.  50'  plus  oc- 
cidentale que  Pékin ,  à  28  d.  3  '  de  latitude.  Atlas  Si- 

HENGXUI ,  ville  de  la  Chine  ,  dans  le  Pekeli,  au 
département  de  Chinring  ,  quatrième  métropole  de  la 
province.  Elle  eft  de  1  d.  38'  plus  occidentale  que  Pé- 
kin ,  par  les  38  d.  14'  de  latitude.   Atlas  Sinenfis. 

1.  HENIOCHI,  ancien  peuple  de  la  Sarmatie,  en 
Afie.  Denys  le  Periégete,  nommant  les  peuples  qui  oc- 
cupoient  la  côte  feptentrionale  du  Pont-Euxin,  y  met 
les  Cercetiens ,  les  Oretes  &  les  braves  Achéens ,  qui 
furent  emportés  des  rives  du  Xante  ck  du  Ximoïs  par 
un  vent  du  midi ,  à  la  fuite  d'un  roi  vaillant  &  guer- 
rier: après  eux,  dit-il ,  v.  687,  le  voifmage  eft  habité 
par  les  Henioques  &  les  Zygiens  originaires  de  Grèce. 
Mêla,  /.  1  ,  c.  19,  nomme  auffi  de  fuite,  mais  dans 
un  ordre oppofé,  c'eft-à-dire  d'orient  en  occident,  les 
Henioques  ,  les  Achéens ,  &  les  Cercetiens.  Il  met  aux 
confins  des  Henioques  la  ville  deDiotcurias,  ainfi  nom- 
mée en  l'honneur  de  Caftor  Se  de  Pollux  qui  entrèrent 
dans  le  Pont-Euxin  avec  Jafon.  Scylax  de  Cariande , 
dans  fon  Périple,  p.  31,  edit.  Oxon.  dit:  après  les 
Cercetes  font  les  Achéens ,  enfuite  les  Henioques  ,  îk 
les  Coraxi  fuccedent.  Ces  derniers  tiroient  apparem- 
ment leur  nom  du  fleuve  Corax  ou  du  mont  Corax  , 
nommés  l'un  &  l'autre  par  Ptolomée  dans  ces  quartiers-là. 
Arrien ,  Peripl.  p.  1 1  ,  edit.  Oxon.  dans  le  détail  des 
peuples  qu'il  côtoya  depuis  Trebilbnde  jusqu'à  Sebafto- 
polis  ou  Dioscurias  dit  :  ceux  de  Trebilbnde  ont  pour 
voifins  les  Colques  &  les  Drilles ,  qui ,  au  rapport  de 
Xenophon,  font  très- belliqueux,  &  ennemis  jurés  de 
Trebilbnde  :  il  me  paroît ,  pourfuit  Arrien ,  que  ce  font 
Tome  III.    T  t  ij 


33î 


HEN 


HEN 


les  Sanni  ;  car  ils  font  encore  très -guerriers  fk  enne- 
mis irréconciliables  de  cette  ville  :  ils  habitent  des  lieux 
très-forts,  tk  n'ont  point  de  roi.  Ils  ont  autrefois  payé 
tribut  aux  Romains  ;  mais  à  préfent  ils  s'adonnent  au  bri- 
gandage ,  ne  payant  rien  à  perfonne.  Il  faudra  pour- 
tant qu'ils  le  payent  dans  la  fuite ,  ou  nous  les  extermi- 
nerons. Ils  touchent  aux  MACHELONS  &  aux  Henio- 
ques,  qui  ont  pour  roi  Anchiale.  Ceux-ci  ont  pourvoi- 
fins  les  ZYDRETES ,  fournis  à  Pharasmane;  &  ces  der- 
niers font  voifins  des  Laziens ,  qui  obéifTent  au  roi  Ma- 
laffas.  Ces  Machelons  d'Arrien  font  les  mêmes  que  le 
peuple  Maerones  de  Pline,  /.  6,  c.  4,  &  les  Zydretœ. 
ou  Périple  font  les  mêmes  que  Pline  appelle  Ampnuta. 
Ce  dernier  femble  connoître  plufieurs  peuples  auxquels 
le  nom  d'Heniochi  eft  commun  ;  car  en  premier  lieu, 
il  appelle  une  nation  Sanni-Hcniocki ,  &  nomme  enfuite 
un  peuple  Amplement  Heniochi.  Voici  le  pafTage  entier: 
In  orâ  ante  Trape^unta  jlumcn  Pyxites  :  ultra  verb  gens 
Sannorum  Heniochorum.  Flumcn  Abfarum ,  cum  ca- 
Jlello  ,  cognomine  in  faucibus  ,  à  Trape^unte  CXL.  M.  P. 
Ejus  loci  à  tergo  montium  Iberia  ejl  :  in  orâ  vero  He- 
niochi ,  Ampreuts,  ,  Laçi,  Voila  donc  les  Heniochi  bien 
nettement  diftingués  des  Sanni  Heniochi ,  peuple  dont 
le  nom  eft  Compofé  de  deux ,  comme  celui  à'Armeno- 
ckalibes  ,  de  Czltiberi ,  Se  autres.  Le  fleuve  Ampfarus 
les  féparoit.  C'étoient  fans  doute  de  ces  Henoques  dont 
les  montagnes  voifines  prenoient  le  nom  d'HENOCHU 
Montes.  Pline ,  /.  6  ,  c.  9,  qui  dit  que  le  Cyrus  y  prend 
fa  fource,  nous  apprend  qu'on  les  nommoit  aufli  Co- 
RAXICI  Montes.  C'eft  apparemment  où  il  faut  placer 
le  pays  nommé  Henochia  Regio  par  Etienne  le  Géo- 
graphe. 

2.  HENIOCHI  :  outre  les  peuples  dont  nous  venons 
de  parler,  il  y  avoit  encore  un  autre  peuple  de  même 
nom ,  à  l'orient  de  la  mer  Caspienne  ,  vers  l'Oxus  &  la 
Baâriane,  félon  Pline,  l.  6 ,  c.  16. 

HENIOCHIA  Regio  & 

HENOCHII  Montes.  Voyez  Heniochi  r. 

1.  HENLEY,  petite  ville  d'Angleterre,  au  comté 
d'Oxford  ,  fur  la  Tamife,  entre  la  ville  d'Oxford  &  celle 
deWindfor,à  quatre  ou  cinq  lieues  de  l'une  &  de  l'autre. 
Ce  lieu  fe  diftingue  par  fon  commerce  de  grains  germes 
dont  on  fait  de  la  bière.  On  croit  que  cette  ville  eft 
l'ancienne  Calleva. 

2.  HEMLEY ,  bourg  d'Angleterre ,  dans  la  province 
de  Warwick.  On  y  tient  marché  public.  Etat  préf.  de 
la  G.  Bret.  t.  1. 

HENNA.  Voyez  Enna. 

HENNEBERG,  château  &  comté  d'Allemagne,  en- 
tre la  Thuringe ,  le  landgraviat  de  Heffe  ,  l'abbaye  de 
Fulde ,  &  l'évêché  de  Wurtzbourg.  Le  château  de  Hen- 
neberg,  qui  donnoit  ce  nom  au  comté,  étoit  fitué  fur 
une  montagne  ,  au-deffus  d'un  village  de  même  nom  ; 
mais  il  eft  ruiné.  Le  comté  qui  a  été  enfuite  princi- 
pauté ,  a  eu  autrefois  fes  feigneurs  particuliers  ;  mais  leur 
famille  s'étant  éteinte  ,  les  ducs  de  Saxe  en  recueilli- 
rent la  fucceflion  en  vertu  d'un  accord ,  &  gouvernè- 
rent ce  pays  en  commun  par  une  adminiftration  établie 
à  Meinungen  ,  durant  plus  de  foixante  &J  dix  ans  ;  après 
quoi,  ces  biens  furent  partagés  entre  les  diverses  branches 
de.  la  maifon  de  Saxe.  *  Cellarius,  Geogr.  noftr.  temp. 
p.  247  &fuiv. 

Celle  de  Saxe-Naumbourg  eut  pour  fa  part  ce  qui  eft 
auprès  de  la  forêt  de  Thuringe  ,  favoir  Schleufingen , 
autrefois  réfidence  des  comtes  &  des  princes  ;  à  prêfent 
il  y  a  une  école  publique  ;  Sula ,  célèbre  par  les  armes 
que  l'on  y  fabrique  ;  &  Kundorf,  fortereffe  avec  un 
bailliage  &  le  village  de  Benshus  ,  qui  a  été  autrefois 
un  bailliage. 

Ce  qui  eft  auprès  de  la  Verre  ,  rivière  ,  qui ,  après 
avoir  reçu  la  Fulde ,  prend  le  nom  de  Wefer ,  favoir 
Meinungen  ,  rk  la  fortereffe  de  Masfeld ,  avec  quantité 
de  villages  voifins  ,  entre  lesquels  eft  Henneberg  ,  au 
pied  de  la  montagne  où  font  les  ruines  du  château  de 
même  nom.  Tliemar,  WaÇungen ,  &c  Breitungen ,  qui,  à 
caufe  d'un  monaftere  de  filles ,  eft  furnommé  Froucnbrà- 
tungen  appartient  à  la  famille  de  Gotha,  depuis  l'ex- 
tinction de  celle  d'Altenbourg,  qui  poffédoit  Meinungen, 
Masfeld,  UFhemar;  &  Meinungen  fut  la  réfidence  de 
Bernard,  troifiéme  fils  d'Erneft ,  duc  de  Gotha,  dont  la 
branche  en  porte  encore  le  nom  ;   ce  prince  ayoit  aufli 


Sal{ungen ,  bourg  important  pour  fes  falines  ,  fitué  fur 
la  werre,  &  censé  autrefois  entre  les  comtés  Saxons, 
dans  la  Thuringe. 

Les  comtes  &  princes  de  Henneberg  n'avoient  de 
ville  en  Thuringe ,  au-delà  de  la  forêt ,  qullmenau  qui 
fut  dévolue  aux  ducs  de  "Weimar ,  en  vertu  du  traité  de 
partage.  Mais  les  mines  d'argent  que  l'on  y  remit  ea 
état ,  furent  toujours  poffédées  en  commun.  Cette  mai- 
fon eut  aufli  ce  que  poffede  celle  d'Eifenach  ,  qui  en  eft 
une  branche  ,  favoir  Zilbach,  au-delà  de  la  Werre,  mai- 
fon de  chaffe ,  avec  les  bois  qui  en  dépendent ,  &  dans 
le  même  canton  Nordheim ,  furnommé  le  Froid  ;  Kalten 
Nordheim ,  avec  le  château  de  Lichtenberg  ,  qui  eft  près 
de-là  ;  &  le  bourg  d'OJiheim ,  qui ,  quoiqu'enclavé  dans 
la  Franconie  eft  de  la  Saxe.  Le  bailliage  à'Eischbergon 
de  Fischbach  ,  aux  confins  de  la  Heffe  !k  de  Fulde,  n'en- 
tra point  dans  le  partage;  &  il  eft  deftiné  à  l'école  de 
Schleufingen. 

Il  faut  mettre  aufli  dans  le'comté  de  Henneberg  Smal- 
calde ,  qui  eft  préfentement  du  cercle  de  Franconie  ,  à 
l'entrée  de  la  forêt  de  Thuringe.  Cette  ville  &  fon  ter- 
ritoire, divifés  en  plufieurs  bailliages ,  eft  au  landgrave  de 
Heffe-Caffel. 

HENNEBON  ,  ville  de  France,  en  Bretagne ,  au  dior- 
cèfe  de  Vannes,  à  fix  lieues  aunord-oueftd'Auray,  fur  la 
rivière  de  Blavet  ,  à  deux  lieues  au-deffus  de  fon  em- 
bouchure. On  divife  cette  ville  en  trois  parties ,  favoir , 
la  ville  neuve ,  la  ville  mûrit  &  la  vieille  ville.  L'églife 
de  Notre-Dame  du  chef  eft  paroiffiale  ,  &  ornée  d'un 
affez  beau  clocher  de  pierre.  On  trouve  dans  cette  ville 
de  riches  marchands ,  &  des  gens  de  condition,  de  très- 
bonne  compagnie.  Près  de  Hennebon  eft  la  Joie,  abbave 
de  filles  ,  ordre  deCîteaux,  fondée  par  Blanche  de  Na- 
varre, femme  de  lean  I,  duc  de  Bretagne  ,  l'an  1150. 
*  Piganiol  de  la  Force ,  Defcription  de  la  France ,  t.  5, 
p.  148  &  135. 

HENNENBERG,  ancien  nom  de  la  montagne  à'En- 

felberg ,  en  Suiffe  ,  auprès  du  monaftere  d'Engelberg. 
'ai  parlé  de  ce  monaftere  au  mot  Engelberg  ;  mais  voici 
des  particularités  qui  regardent  la  vallée  &  la  montagne 
de  même  nom.  C'eft  le  docte  Scheuchzer ,  Iter  Alpin, 
anno  1701,  qui  les  a  fournies  à  l'auteur  de  l'Etat  &  des 
Délices  de  la  Suiffe,  t.  t.,  p.  457.  La  vallée  d'Engelberg 
eft  fituée  dans  la -partie  méridionale  du  canton  d'Âppen- 
zel ,  &c  plus  haute  de  fept  cents  pieds  que  la  vallée  d'Uri. 
Elle  eft  de  toutes  parts  environnée  de  montagnes  cou- 
vertes d'une  neige  &  d'une  glace  perpétuelle  ;  il  y  fouffîe 
continuellement  un  vent  des  plus  froids&des  plus  âpres; 
ce  qui  a  donné  lieu  au  proverbe  ,   que  dans  la  vallée 


(Engelberg  ,  Fhyver  dure  treize  , 


le  relie  du  tems, 


s'ily  en  a,  ejl réjirvé pour  l'été.  Au  fud-eft  du  monaftere 
on  voit  la  montagne  dé  Tittlisberg,  dont  le  fommet  eft 
toujours  couvert  de  neige  &  de  glace.  Il  y  en  a  qui 
prétendent  que  c'eft  la  montagne  la  plus  haute  de  toute 
la  Suiffe.  Du  même  côté  fe  voit  aufli  le  mont  Engelberg 
ou  la  montagne  des  anges  ,  ainfi  nommée  ,  parce  qu'on 
affure  qu'il  y  a  eu  une  apparition  d'anges  ,  lorsqu'il  fut 
queftion  de  fonder  le  monaftere.  Cette  montagne  s'ap- 
pelloit  autrefois  le  Hennenberg  ,  &  fon  fommet  retient 
encore  le  nom  de  Hanen. 

HENNON.  Voyez  Gehennon. 

HENNIN-Bossut  ;  c'eft  le  même  que  Bojjut ,  en- 
tre Condé  &  Saint-Guillain  ,  fur  la  Haisne. 

HENNIN-LlETARD  ,  Henniacum-Lietardi  ,  Ugima- 
tense  monajlerium ,  abbaye  régulière  en  France ,  de  l'or- 
dre de  S.  Auguftin  ,  dans  un  bourg  de  l'Artois ,  au  dio- 
cèfe  &  à  trois  lieues  au  nord-eft  d'Arras  ,  à  deux  à  l'eft 
de  Lens ,  fondée  l'an  1040.  Le  bourg  fut  érigé  en  comté, 
en  1  ^79  ,  en  faveur  de  la  maifon  de  Bournonville. 

HENNUIN ,  fort  de  France ,  dans  la  Flandre,  à  deux 
lieues  de  Gravelines  ,  fur  les  confins  de  l'Artois,  entre 
Bourbourg  &  Ardres.  La  France  l'a  laiffétomber  en  ruine. 
* Baudr.  éd.  1705. 

HENOTICTONTI ,  'Evo-tm»,™).  Tzetzès  nomme 
ainfi  une  forte  d'homme  monftrueux  ,  au  rapport  d'Orté- 
lius,  Thefaur. 

HENQUISE ,  montagne  d'Afrique ,  au  royaume  de 
Maroc,  dans  la  province  de  Sus,  &  l'une  des  branches 
du  mont  Atlas.  La  ville  de  Meffa  eft  au  pied  de  cette 
montagne,  qui  a,  du  levant  au  couchant,  douze  lieues.  Ses 
habitans  font  plus  braves  que  ceux  de  Héa,  parce  qu'ils 


HEP 


HEP 


font  plus  libres ,  &  ils  ont  quelques  arquebufiers  ;  mais 
ils  font  fort  fuperbes ,  quoiqu'ils  foient  fort  pauvres ,  & 
qu'ils  n'ayent  point  de  bled  &  fort  peu  d'orge.  Il  efr 
vrai  qu'ils  ont  quantité  de  miel  &  de  cire ,  &  quelques 
troupeaux  de  chèvres.  Il  neige  la  plupart  de  l'année  fur 
cette  montagne,  à  quoi  ils  font  fi  accoutumés  qu'ils  ne 
s'habillent  pas  autrement  l'hyver  que  l'été  ;  &  les  fem- 
mes y  vont  presque  nues  &  fans  chauffure  ,  auffi-bien 
que  les  hommes.  Ils  étoient  autrefois  libres,  de  même 
que  les  autres  peuples  de  la  province,  parce  que  la  mon- 
tagne eft  fort  roide ,  &les  Chérifs  eurent  bien  de  la  peine 
à  les  affujétir  ;  encore  fut-ce  plus  par  amour  que  par  force. 
* Marmol ,  1.  3  ,  c.  29. 

_  HENRICHAW,  ville  d'Allemagne,  dans  la  baffe  Si- 
léfie ,  au  duché  de  Munfterberg  ,  fur  l'Olaw ,  au  midi 
deStrelen.  *  Zeyler.  J aillât ,  Atlas. 

Il  y  a  à  Henrichaw  une  riche  abbaye  de  l'ordre  de 
Cîteaux,  fondée  en  1112. 

HENRICHEMONT,  ville  de  la  principauté  de  Bois- 
belle.  Maximihen  de  Béthune  ,  duc  de  Sully,  ayant 
acheté  la  principauté  de  Bois-belle,  en  1 597 ,  y  bâtit  la 
ville  d'Henrichemonr.  Elle  eft  fituée  dans  un  terrein 
fort  fterile ,  ce  qui  eft  caufe  qu'il  y  a  peu  d'habitans  , 
quoi  qu'on  y  jouifie  de  plusieurs  prérogatives ,  &  qu'on 
yfoit  exempt  de  tailles,   aides  ,  gabelles,  &c. 

HENRICOPOLIS ,  nom  latin  de  la  ville  de  Quille- 
lœuf,  en  Normandie. 

HENTETE  ,  montagne  d'Afrique  ,  au  royaume  de 
Maroc  ,  dans  le  Maroc  proprement  dit.  C'eft,  dit  Mar- 
mol, h  plus  haute  montagne  du  grand  Atlas  ;  elle  com- 
mence à  celle  de  Guidimiva  ,  au  couchant ,  &  s'étend 
vers  le  levant  jusqu'à  celle  d'Animmey,  par  l'espace  de 
feize  lieues.  Elle  eft  peuplée  de  Bereberes ,  de  la  lignée 
des  Hentetes  ,  de  la  tribu  de  Muçamoda ,  peuple  riche 
&  belliqueux  ,  qui  fe  pique  d'être  des  plus  nobles  de 
l'Afrique  ,  &  a  quantité  de  cavalerie,  &c  une  place  forte 
bâtie  par  les  principaux ,  d'où  ils  faifoient  la  guerre  aux 
Chérifs ,  avant  que  ceux-ci  fuffent  maîtres  de  Maroc.  Il 
y  a  fur  cette  montagne  plufieurs  artifans  Juifs,  qui  font  te- 
nus pour  hérétiques  par  les  autres ,  parce  qu'ils  font  de 
la  fefte  des  Caraïtes.  Le  fommet  de  ce  mont  eft  couvert 
ce  neige  la  plus  grande  partie  de  l'année  ;  de  forte  qu'il 
n'y  a  ni  arbre  ni  herbe  ,  à  caufe  du  grand  froid.  On 
voit  par-tout  de  grands  piliers  ,  Se  des  badins  de  marbre 
blanc  fort  fin ,  pour  des  fontaines,  qui  femblent  avoir  été 
faits  pendant  la  fplendeur  de  la  ville  de  Maroc  ;  car  il 
y  en  a  plufieurs  carrières  à  l'entour  ;  mais  les  guerres 
ayant  interrompu  les  defféins  des  rois  ,  elles  font  demeu- 
rées là  fans  ufage ,  à  caufe  de  la  barbarie  des  habitans. 
?  Marmol,  1.  3,  c.  49. 

Cette  montagne  eft  la  même  que  XAntete  de  De  la 
Croix. 
HENUS.  Voyez  (Enus. 
HEORDjEA.  Voyez  Eordée. 
1.  HEORTA  ouEorta,  ville  de  l'Inde,  en-decà 
du  Gange ,  félon  Ptolomée ,  /.  7 


333 

plufieurs  endroits ,  &  entouré  d'un  feu  qui  ne  fait  aucun 
mal  à  perfonne.  Pline ,  l.  5  ,  c.  27 ,  dit  :  dans  la  Lycie 
eft  le  mont  de  la  Chimère ,  qui  brûle  pendant  la  nuit  : 
la  ville  à'HephasJlium ,  bâtie  fur  des  hauteurs  ,  remplies 
de  feu.  C'eft,  fans  doute,  de  ce  feu  que  Seneque  a  parlé. 
Le  nom  même  à'Htpajçiw  ,  fignifie  Vulcanium.  Pline 
dit ,  /.  2 ,  c.  106  ,  que  les  monts  Hepheftiens ,  {Hephœjlii 
montes?)  étant  touchés  par  un  flambeau  allumé ,  le  feu  y 
prend  de  manière  que  les  pierres  &  le  fable  des  ruis- 
feaux  s'enflament  au  fond  de  l'eau.  Il  ajoute  que  ce  feu 
fe  nourrit  par  la  pluie. 

HEPJLESTIAS  ,  bourg  ou  petite  ville  de  l'ifie  de 
Lemnos,  félon  Pline ,/.  4 ,  c.  12;  Ptolomée,/.  3,e.  13, 
&  Etienne  :  comme  la  fable  mettoit  les  forges  de  VuU 
cain  à  Lemnos,  il  n'eft  pas  étonnant  qu'une" ville  portât 
le  nom  de  ce  dieu.  Quelques-uns  croient  "que  c'eft  à  pré^ 
fent  Cocino. 
HEPILESTTI  montes.  >  ,T  „ 
HEPFLESTIUM.  S  V°yez  Heph*stia  *• 

HEPJLESTUS  ,  fiege  épiscopal  d'Egypte  ,  dans  la 
féconde  Auguftamnique  ,  félon  la  Notice  de  Léon  le 
Sage,  &  celle  deHieroclès.  Elle  reconnoiffoit  Rhino- 
corura  pour  fa  métropole.  Joanncs ,  fon  évêque  ,  aflîfta 
l'an  43 1  ,  au  premier  concile  d'Ephèfe  ;  ck  Mocmiu,  au 
fécond  concile  Romain,  tenu  l'an  403. 

HEPHELIA,  Hefelia  ou  Nephelia  ,  ville  épis- 
copale  du  patriarchat  d'Anrioche  ,  fous  la  métropole  de 
Seleucie ,  fuivant  une  ancienne  Notice. 
HEPHER.  Voyez  Geth-Epher. 
HEPPENHEIM,  petite  ville  d'Allemagne,  dans  l'é- 
leftorat  de  Mayence,  au  Bergftrat ,  entre  Heidelberg  & 
Darmftadt,  avec  un  château.  *  Hubner ,  Géogr./?.  464. 
HEPTA  ;  ce  mot  en  grec  fignifie  le  nombre  defept, 
&C  entre  dans  la  compofition  de  plufieurs  noms  géogra- 
phiques. 

HEPTABOLUS  ou  Eptabolus,  lac  de  Mauritanie 
où  tombe  le  Dyns  ,  rivière  qui  vient  du  mont  Atias, 
&  qui  prend  ensuite  le  nom  de  Niger ,  félon  Vitruve 
/.  S,  c.  2 ,  qui  fuppofe  que  la  (burce  du  Nil  vient  de-là! 
Nous  observons  ailleurs  que  les  anciens  ne  connoiflent 
presque  point  le  Nil  au-deffus  des  cataractes  ;  de-là 
viennent  toutes  les  dérivations  chimériques  ,  qu'ils  en, 
font. 

'  HEPTACOMETtE  ,  c'eft-à-dire  les  habitans  des 
fept  villages ,  peuple  ancien,  au  bord  du  Pont-Euxin  - 
on  le  nommoit  auffi  Mofynaci  ,  félon  Strabon ,  /.  1 2 
p.  548.  Ils  étoient  à  l'extrémité  du  mont  Scydiffês ,  fur- 
paffbient  tous  les  autres  Barbares  en  férocité  ,  &  demeu- 
roient  dans  les  arbres  ou  dans  des  petites  tours.  Ils  fe 
nourriiToient  d'animaux  fauvages  &  de  glands  ;  tendoient 
des  embûches  aux  voyageurs.  Ils  maffacrerent  trois  co- 
hortes de  Pompée,  qui  pafibient  par  leurs  montagnes. 
Quelques-uns  de  ces  Barbares  ont  été  auffi  nommés  By- 
zeres  ;  ce  font  les  Bu^ri  de  Pline.  Denis  le  Periegete , 
(vers  765,)  parlant  des  peuples  Barbares  qui  habiient 
en  ces  cantons ,  nomme  les  By\e 


;uva(  iyyei 


;:,<-->"•  h      1  ,:..:,  tx  près  de  ceux-ci 

2.  HtUKi  A,  vile  des  Scordisques ,  félon  Strabon,     les  Bechires,  puis  les  Macrons ,  les   Pliy  lires  ,   Se  ceux 
£7'£  îlSJ-,Ce,PeuP,e  «oit  de  la  baffe  Pannonie ,  fe-     qu;  ont  des  tours  de  bois ,  (v.  766.) 
Ion  Ptolomée,  /.a,  c.  16.  Lazms  croit  que  c'eft  prélên-  V      '       ' 

ternent  Hardberg ,  fortereffe  de  la  baffe  Autriche,  vers 
la  Rascie. 

HEPHAD.  Herman,  le  Petit,  (H.  Contractas,)  nomme 
ainfi  la  ville  où  l'on  trouva  la  tunique  de  notre  Seigneur 
Jelus-Chrift.  Albert  de  Stade  dit  Japha  ;  Lichtenau  &C 
Sigebert  nomment  le  même  lieu  Zaphad.  Ortélius  ajoute 
qu'elle  n'étoit  pas  loin  de  Jérufalem  ;  cela  convient  à 
Japha  ,  qui  eft  le  Joppé  des  anciens. 

HEPHvESTI,  ancien  fiege  épiscopal  d'Afrique.  Voyez 
Heph^stus  ,  qui  eft  le  nominatif. 

HEPHjESTI  Tumulus  ,  lieu  d'Espagne  ,  auprès  de 
Carthagene  ,  félon  Polybe  cité  par  Ortélius ,  Thefaur. 

1.  HEPHiESTIA,  village  de  Grèce,  dans  l'Afrique, 
dans  la  tribu  Acamantide  ,  félon  Pollux  &  Etienne. 
JJiogene  Laerce ,  dans  la  Vie  de  Platon-,  nomme  dans 
ce  même  canton  Hepkœffiadeus  fundus. 
.  %HEPR£STIA,  ville  d'Afie  ,  dans  la  Lycie,  fé- 
lon Solin.  Pline  l'appelle  Hephccfdum  :  elle  étoit  près 
du  mont  de  la  Chimère.  Seneque  la  nomme  Hcphœjlion  ; 
mais  il  en  fait  une  contrée.  Dans  la  Lycie ,  dit  ce  phi- 
lolophe  ,  Epifl.  79 ,  eft  un  canton  très-connu  ,  nommé 
par  les  habitans  Hepkœjlion  ;  le  terrein  y  eft  percé  en 


Des  tours  nommées  Moffunh  ,  &  du  nom  tfOïcos  , 
ditioç,  unemaifon,  fe  forma  leur  nom  de  Mofynoeci; 
&  du  nombre  de  leurs  villages  fe  forma  celui  d'Hcpta- 
cornette.  Pomponius  Mêla,  /.  1,  c.  19,  les  nomme  Mos- 
Jyni.  Au-delà  des  Chalibes,  dit-il,  les  Moffyniens  oc- 
cupent des  tours  de  bois ,  fe  font  des  marques  fur  tout 
le  corps  ,  mangent  dans  des  lieux  découverts  de  tous 
côtés  ,  s'accouplent  fans  choix  ck  en  public.  Ils  choifis- 
fent  leurs  rois  par  voie  de  furfrage  ,  les  lient  &  les  «ar- 
dent étroitement  ;  &  même  s'il  leur  arrive  de  faire  une 
faute,  en  ordonnant  quelque  chofe  mal- à-propos,  ils  les 
puniflèr.t ,  en  les  failànt  jeûner  tout  un  jour.  Du  refîe 
ils  font  féroces,  greffiers,  &  traitent  fort  mal  ceux  qui 
abordent  dans  leur  pays.  Cet  auteur  nomme  ensuite  les 
Macrocephales ,  les  Bechires  &  les  Buzeres  ,  c'eft-à-dire 
les  mêmes  peuples  que  Denis  avoit  nommés. 

HEPTADELPHI  ,  c'eft-à-dire  les  fept-freres  ;  nom 
grec  de  Ceuta,  yiHe  d'Afrique.    Voyez  au  mot  Ad} 


HEP 


3  34 

l'article  AD   SIPTEM  fratres,  qui  eft  le  nom  latin. 

HEPTAGONIAS ,  lieu  du  Peloponnèfe,  dans  la  La- 
conie,  près  de  Lacédémone,  félon  Tite-Live,  /.  35. 

HEPTANESIA  ,  ifle  de  l'Inde ,  en-deçà  du  Gange , 
félon Ptolomée,  /.  7,  c.  1.  En  réduifant  l'idée  qu'il  avoit 
de  la  presqu'ifle  d'en-deçà  le  Gange ,  aux  idées  que  nous 
en  ont  données  les  fréquentes  navigations  des  moder- 
nes ,  il  paroît  qu'il  a  entendu  par-là  les  ifles  voifines  de 
Goa ,  quoiqu'il  éloigne  trop  les  fiennes  du  continent. 

HEPTANOMUS  ou  Heptanomia.  Voyez  Hep- 
tapolis. 

HEPTAPAGUS  ,  lieu  ou  champ  d'Italie  ,  au  bord 
du  Tibre.  Denys  d'Halicarnaffe,  /.  2,'  en  fait  mention. 

HEPTAPOLIS  ,  ou  les  fept  villes  ,  ou  I'Hepta- 
POLE,  contrée  d'Egypte,  félon  Denys  le  Periégete, 
v.  25 1 .  Euftathe»,  fon  commentateur,  nous  apprend,  en  pre- 
mier lieu,  que  l'Heptapole  fut  nommée  V ' Arcadh,  &c  qu'a- 
•vant  l'empereur  Arcadius  on  la  nommoit  Heptanome 
&  Heptanomie  ;  en  fécond  lieu,  qu'il  y  avoit  plus 
d'un  fentiment  fur  les  villes  dont  l'Heptapole  étoit 
compofée  ;  que  quelques-uns  entendoient  par-là  fept  vil- 
les fituées  le  long  du  Nil  ;  Memphis  ,  Diospolis, 
Memnonie  ,  la  petite  &  la  grande  Catara&e ,  &  Syene, 
qui  toutes ,  félon  lui ,  étoient  fur  la  rive  gauche  de  ce 
fleuve,  &  Babylone  qui  étoit  fur  la  rive  droite.  D'au- 
tres comptaient  autrement  les  fept  villes  de  l'Heptapole, 
fa  voir; 

IV  dans  la  Thebaïde  , 


HER 


Panopolis , 
Antinoi  Civ'ua 


Lycopolis , 
Hermopolis , 


III  dans  l'Arcadie. 


Heraclk , 


Oxyryncus, 
Memphis. 


Cette  diftïncïion  de  l'Arcadie ,  qui  ne  comprenoit  que 
trois  villes  de  l'Heptapole  ,  prouve  que  l'Heptapole  & 
l'Arcadie  en  Egypte ,  ne  défignoient  pas  je  même  pays. 
A  examiner  les  vers  de  Denys  le  Periégete ,  on  voit 
qu'il  fait  trois  parts  de  l'Egypte  ,  favoir  la  Thebaïde  : 
ceux  ,  dit-il,  qui  habitent  la  fameufe  ville  de  Thèbes, 
cette  ancienne  cité  qui  a  cent  portes  ,  oit  la  Jlatue  de 
Memnon  falue  la  naijfante  aurore  par  desfons  harmo- 
nieux ;  l'Heptanome  ,  c'eft  ce  qu'il  exprime  par  ces 
mots  :  &  ceux  qui  occupent  le  milieu  des  terres  oà  ejl 
l'Heptapole  ;  &  enfin  la  baffe  Egypte ,  qu'il  défigne  ainfi: 
&  ceux  qui  vivent  auprès  de  la  mer  jusqu'au  lac  Sirbon. 
On  voit  par-là  que  la  première  opinion ,  rapportée  par 
Euftathe,n'y  convient  point ,  puisqu'elle  va  chercher  une 
partie  de  fes  villes  dans  la  Thebaïde  ,  &  tout  au  haut 
-de  l'Egypte ,  au  lieu  qu'il  falloit  fe  borner  entre  la  The- 
baïde &c  le  Delta.  Ptolomée,  /.  4,  c.  5  ,  qui  nomme 
précifement  l'Heptanome ,  dit  que  le  pays,  fitué  au  midi 
du  grand  Delta  &c  de  la  baffe  Egypte  eft  YHeptanomide, 
dont  le  premieT  nôme  ,  au  couchant  du  fleuve  eft  Mem- 
phis ;  le  fécond  eft  le  nôme  à'Heraclée ,  HERACLEOTES 
NOMOS  ,  au  couchant  dtiquel  eft  le  nôme  A'Ar/ïnoé, 
Arsinoïtes  NOMOS,  &  au  levant  celui  à'Aphrodito- 
polis,  Aphroditopolites  nomos;  au  couchant  du 
fleuve  eft  celui  à'Oyrinchos,  Oxyrinchites  nomos; 
ensuite  celui  de  Cynon  ou  de  Cynopolis ,  Cynopoli- 
tes  NOMOS  ;  à  l'orient  du  fleuve,  celui  ai  Hermopolis  , 
HERMOPOLITES  NOMOS  ;  &  enfin  le  nôme  à'Anti- 
noupolis ,  AntinOÏtes.  Sous  ces  nômes  on  rangeoit 
les  deux  OASITES.  Ptolomée  ajoute  que  le  pays  qui  eft 
au  midi  de  l'Heptanome,  s'appelle  la  Thebaïde.  A  comp- 
ter pour  rien  les  deux  oafites,  qui  étoient  annexés  à  d'au- 
tres nômes.  Ptolomée  nous  donne  ici  huit  nômes,  au 
lieu  de  fept ,  qu'il  faut  pour  répondre  exactement  au 
nom  de  ce  pays.  Mais  cela  peut  venir  de  ce  que  le  nom 
ayant  été  donné  à  ce  canton  dans  un  tems  qu'il  ne  ren- 
fermoit  que  fept  nômes,  avec  le  tems  on  y  en  joignit  un 
autre  ;  &  nous  allons  voir  que  ce  fut  le  nôme  Ântinoïte, 
qui  n'exiftoit  pas  du  tems  d'Augufte  ,  puisque  la  ville 
d'Antinous  ne  fut  élevée  que  fous  l'empire  d'Adrien. 
Elle  fubfiftoit  bien  auparavant  fous  le  nom  de  Besa  ; 
mais  ce  n'étoit  qu'un  fimple  lieu  fans  département,  ou 
nôme  :  elle  ne  devint  célèbre  que  par  les  honneurs  qu'A- 
drien rendit  à  Antinous ,  dont  il  lui  donna  le  nom;  ainfi 


elle  fut  ajoutée  ,  après  coup,  à  l'Heptanome.  Les  deux 
oafites  étoient  au  couchant  des  montagnes  ,  &C  furent 
comptés  aufli  comme  une  annexe  de  l'Heptanome  .  qui, 
avant  l'apothéofe  d'Antinous ,  renfermoit ,  félon  Pto- 
lomée,  fept  villes  capitales  d'autant  de  nômes  ,  fa- 


Villes,  _ 
Memphis, 
Heraclée , 
Arfinoé , 
Aphroditopolis , 
Oxyrinchos , 
Cynon  ou  Cynopolis, 
Hermopolis. 


Nômes. 
Memphites  , 
Heracléotes , 
Arfinoites, 
Aphroditopolites  i 
Oxyrinchites, 
Cynopolites, 
Hermopolytes. 


Ainfi  dans  les  fept  villes  ,  que  fournit  la  féconde  opinion 
rapportée  par  Euftathe ,  il  faut  retrancher  Panopolis  Se 
Lycopolis  ,  qui  n'étoient  point  de  l'Heptanome  ,  mais 
de  la  Thebaïde.  Hermopolis ,  au  contraire  ,  qu'il  donne 
à  la  Thebaïde  n'en  étoit  pas  ,  mais  de  l'Heptanome  ;  &C 
l 'Andnoiï  polis ,  ou  Antinoi  civitas,  n'étoit  point  du  tems 
de  Denys ,  qu'Euftathe  expliquoit.  Des  deux  fentimens 
qu'il  rapporte ,  il  n'y  en  a  aucun  qui  ne  foit  défectueux. 
Au  refte,  c'eft  dans  l'Heptanome  qu'il  faut  chercher  les 
principales  merveilles  de  l'Egypte ,  comme  les  obélis- 
ques ,  les  fameufes  pyramides ,  le  labyrinthe ,  le  lacde 
Moëris,  &c. 

HEPTAPORUS  ,  rivière  d'Afie  ,  dans  la  Troade , 
félon  Homère,  /.  12,  v.  20,  qui  nomme  de  fuite  les 
fleuves  qui  tombent  du  mont  Ida  dans  la  mer  ,  favoir 
le  Rhefus  ,  YHeptaporus  ,  (  le  Careffis ,  le  Rhodius  ,  le 
Granique  ,  l'JEfepe  ,  le  Scamandre  ck  le  Simnïs.  Plii 
dit  que  l'on  ne  trouvoit  plus  aucune  trace  des  quatre 
premiers.  Ortélius  a  cru  que  c'étoit  le  même  que  le  fleuve 
Draco,  dont  parle  Procope  ,  ALdific.  I.  5  ,  c.  1.  Je  ne 
fais  fur  quoi  il  fonde  fa  conjecture. 

HEPTAPYLOS  ,  nom  qu'a  eu  la  ville  deThèbes ,  en, 
Béotie.  VoyezTHEBES. 

Ce  nom  qui  {îgmhefept  portes,  étoit  plutôtune  épithéte 
que  le  nom  de  cette  ville. 

HEPTAUDATA,  c'eft- à-dire  les  fept  eaux ,  lieu  d'I- 
talie ,  à  quarante  ftades  de  Maruvium  ,  c'eft-à-dire  à 
cinq  mille  pas  ;  Ciceron,  adAtticum,  l.  4,  Epili.  15, 
appelle  ce  même  lieu  SEPTEM  AQU.E.  Cluvier  ,  Ital. 
ant.  p.  683  ,  croit  que  c'eft  préfentement  le  lac  de  Sainte- 
Sufanne ,  à  l'orient  de  Rieti ,  au  duché  de  Spolete  ;  mais 
Holftenius  ,  Annotât,  in  Cluver.  Ital.  ant.  p.  1 10,  ajoute 
que  pour  trouver  le  nombre  de  fept ,  il  faut  y  ajouter 
les  autres  lacs ,  tant  grands  que  petits ,  qui  font  à  l'orient , 
du  côté  de  Terni ,  jusqu'à  la  Nera.  Magin  les  marque 
très-bien  dans  fa  Carte. 

HEQUESI,  ancien  peuple  d'Espagne  ,  dans  le  dépar- 
tement de  Bragues,  félon  Pline ,  /.  3  ,  c.  3  ;  il  eft  nommé 
-/Equesilici  ,  par  corruption,  dans  quelques  éditions, 
&  jEquesi  dans  une  ancienne  inscription  de  Gruter. 

HERA  :  ce  mot  eft  le  nom  grec  delà  déeffeJuNON. 
Outre  les  noms  géographiques  que  j'ai  rapportés  au 
mot  Junon,  on  peut  ajouter  ces  deux-ci,  tirés  dePau- 
fanias. 

1.  HERA ,  lieu  de  l'Eolide ,  furnommé  Mefate ,  parce 
qu'il  étoit  à  moitié  chemin  ,  entre  Erythrès  &  Chio, 
félon  Paufanias  ,  /.  7,  c.  5.  Silburge  a  voulu  changer  ce 
nom  de  Hera  en  Acra,  qui  veut  dire  un  promontoire; 
mais,  comme  Kuhnius  l'observe  très-bien  ,  ce  change- 
ment feroit  une  faute  :  il  n'eft  point  là  queftion  d'un, 
promontoire  ,  mais  d'une  ifle  déferte  ,  entre  Erythrès 
qui  eft  du  continent  de  l'Eolie  ,  &  la  ville  de  Chio , 
fïtuée  dans  l'ifle  de  même  nom.  Pline,  /.  4,  c.  12  ,  qui 
ne  la  nomme  que  Mesate,  dit  que  c'eft  une  ifle  dé- 
ferte. Voyez  Mesate.  Ortélius  en  fait  une  ville  de 
l'Eolide  ,  en  quoi  il  fe  trompe.  Sa  conjecture ,  que  c'eft 
peut-être  YArgennum  de  Ptolomée ,  eft  fans  fondement. 
D'Erythrès  à  Chios  il  n'y  avoit  que  la  traverse  du  dé- 
troit ;  quel  befoin  d'aller  bien  loin  de-là  chercher  le  pro-- 
montoire  Argennum  ,  qui  étoit  au  nord  ,  &-tout-à-fait 
hors  du  détroit? 

2.  HERA.  Ortélius.  Thefaur.  trouve  une  ville  d'Hera 
en  Arcadie,  dans' le  livre  de  Paufanias.  Je  crois  qu'il  a 
pris  Her^a  pour  Hera. 

3.  HERA.  Paufanias,  inEliacis,  /.  6,  c,  6,  nomme 


HER 


deux  villes ,  favoir  Hera  &  Temefla ,  &  en  parle  comme 
de  villes  détruites  :  Hera  &  Temejfa  urbes  fuere. 
Voyez  l'article  Hybla  parva.  Voyez  auffi  Her^ea 

&  H&R.EUM. 

HERACLES  :  les  Grecs  nommoient  ainfi  Hercule, 
''HpaxAiT?  ;  &  comme  fon  culte  étoit  fort  étendu  dans 
les  tems  du  paganisme  ,  6c  qu'il  avoit  un  grand  nombre 
de  temples  ,  quantité  de  lieux  qui  lui  étoient  particuliè- 
rement confacrés ,  portoient  fon  nom  ;  de-là  vient  qu'il 
s'en  trouve  tant  qui  font  nommés  ou  HERACLÉE ,  ou 
Heracleopolis,  ou  Heracleum,  &c.  &  tous  les 
autres  dont  les  noms  font  formés  de  celui  d'Hercule. 
.Voyez  auffi  au  mot  HERCULE.     ' 

HERACLÉE ,  ville  de  la  grande  Grèce ,  entre  Méta- 
ponte  Se  Tarente  ,  feion  Appien  ,  in  Hannibalic.  Elle 
étoit  près  de  l'embouchure  de  l'Aciris,  fur  la  rive  droite 
de  cette  rivière.  Strabon ,  1.6,  p.  264,  dit  que  c'étoit 
une  colonie  des Tarentins  ;  ik  Ciceron, proArchid,  c.4, 
la  loue  de  l'équité  de  fes  loix  &C  de  la  fidélité  de  fon  al- 
liance ,  civitas  œquijjimo  jure  ac  faierc.  Tite-  Live, 
/.  8 ,  c.  24 ,  dit  :  Heraclée ,  colonie  des  Tarentins.  Scy- 
lax ,  Peripl.  la  nomme  Heracleïon.  Pline ,  /.  3,  c.  1 1, 
dit  :  entre  le  Siris  &  l'Aciris  eft  Heraclie  nommée  au- 
trefois Siris.  Ces  deux  rivières  font  préfentement  le 
Sino  fit  l'Agri.  Diodore  de  Sicile,  Biblioth.  hijl.  I.  12, 
c.  37,  nous  apprend  la  différence  de  ces  deux  villes.  Il 
dit  qu'en  Italie  les  Tarentins  forcèrent  les  habitans  de  Si- 
ris ,  petite  ville ,  d'aller  s'établir  ailleurs ,  &c  qu'ayant  mis 
en  cet  endroit  une  colonie  de  leurs  gens ,  ils  y  bâtirent 
une  ville ,  nommée  Heraclie.  Ce  paffage  fait  voir  qu'il 
y  eut  deux  villes  de  Siris  ,  l'une  que  les  habitans  cédè- 
rent aux  Tarentins ,  qui  y  mirent  une  colonie.  Cette  Si- 
ris étoit  auparavant  une  colonie  de  Troyens  ;  l'autre  fut 
l'endroit  où  les  anciens  de  Siris  s'allèrent  établir.  Stra- 
bon, /.  6,  p.  264,  ne  dit  pas  qu'Heraclée  ait  été  bâtie 
fur  le  terrein  de  Siris.  Il  dit,  au  contraire,  que  quand 
Heraclée  eut  été  fondée  par  les  Tarentins  ,  Siris  en  de- 
vint le  port  de  mer ,  &t  qu'il  y  avoit  vingt-quatre  ftades 
de  l'une  à  l'autre ,  c'eft-à-dire  une  lieue.  Il  dit  encore 
plus  bas,  que  cette  ville  changea  de  lieu  &  de  nom  en 
même  tems.  Voyez  Siris.  Il  eft  certain  que  Siris  étoit 
un  port  de  mer  d'Heraclée ,  qui  par  conféquent  étoit  un 
peu  plus  avant  dans  les  terres  ,  &  n'avoit  pas  la  com- 
modité de  la  mer  ,  comme  le  dit  Strabon  :  Heraclea 
paululùm  fuprà  mare.  Pline  ,  comme  on  le  voit ,  a  con- 
fondu ces  deux  villes  ;  &  le  P.  Hardouin  ,  à  fon  exem- 
ple ,  dit  quec'eft  préfentement  la  Tour  de  S.  Bafde  , 
TORREDI  S.  Basilio  ;  cela  ne  fe  peut.  La  Tour  de 
S.  Bafile  eft  au  midi  de  l'embouchure  du  Sino  ;  au  lieu 
que  Siris  devoit  être  de  l'autre  côté ,  félon  Strabon.  On 
croit  que  Pelicaro  eft  préfentement  l'Heraclée ,  dont  Si- 
ris étoit  le  port.  Ces  lieux  font  dans  la  Bafilicate  ,  au 
royaume  de  Naples ,  dans  le  golfe  de  Tarente. 

2.  HERACLÉE,' ancien  nom  de  Cita  nova,  ville 
fituée  dans  une  petite  ifle,  à  l'embouchure  de  la  Piave, 
dans  le  territoire  de  Venife,  félon  Ortélius ,  Thef.  L'abbé 
de  Commanville  dit  beaucoup  mieux  :  Heraclée  ville 
d'Iftrie  &C  du  vicariat  d'Italie  ,  dont  les  ruines  font  dans 
la  marche  Trevifane  ,  proche  Citta  nova  où  l'on  a 
transféré  fon  évêché.  Ce  fiége  eft  du  quatrième  fié- 
cle. 

3.  HERACLÉE,  ancien  nom  de  la  ville  d'ODERSO, 
dans  l'état  de  Venife.  Merula  écrit  que  cette  ville,  nom- 
mée Opitergium  par  les  anciens  ,  ayant  été  affiégée 
&  détruite  par  Rhotaire ,  roi  des  Lombards,  l'empereur 
Heraclius  la  releva,  &  lui  donna  fon  nom.  Voyez  Opi- 
tergium. 

è.  HERACLÉE,  ville  delà  Sardaigne,  félon  Etienne 
éographe.  C'eft  la  Ve  de  cet  auteur.  Elle  eft  nom- 
mée AD  Herculem,  dans  l'Itinéraire  d'Antonin.  Voyez 
au  mot  ad,  l'article  ad  Herculem  2. 

%.  HERACLÉE  ,  ville  de  Sicile  ,  &  l'une  des  plus 
anciennes  de  l'ifle.  On  la  nommoit  auffi  Minoa;  mais 
fon  ancien  nom  étoit  Macara.  Heraclide ,  in  Politiis, 
dit:  MiNOA,  ville  de  Sicile,  étoit  appellée  auparavant 
Macara.  Enfuite  Minos  ayant  appris  que  Dédale  s'y 
étoit  réfugié  avec  une  nombreufe  flote ,  remonta  le  Ly- 
cus,  (il  falloit  dire  le  Halycus,)  s'empara  de  cette  ville; 
&  ayant  vaincu  les  Barbares ,  il  lui  donna  fon  nom  (k 
y  établit  les  loix  de  Crète. 
6.  HERACLÉE,  dans  la  Tyrrhenie  ,  félon  Théo- 


HER  33y 

phrafte,  Hijl.  plant.  /..8  ,  qui. dit  qu'il  y  vient  de  l'a- 
conit, forte  depoifon. 

7.  HERACLÉE,  bourg  &  enfuite  ville  des  Gaules, 
à  l'une  des  bouches  du  Rhône,  félon  Pline  ,  /.  3,  c.  4, 
qui  en  parle  d'une  manière  très-incertaine  ;  car  il  dit  : 
il  y  a  des  gens  qui  affiirent  qu'il  y  a  eu  un  bourg  d'He- 
raclée à  l'embouchure  du  Rhône.  C'eft  l'Heraclée  Cel- 
tique d'Etienne  le  Géographe  ,  &  la  feptiéme  de  cet 
auteur.  Une  inscription  trouvée  dans  le  terrein  du  bourg 
de  S.  Remy  ,  près  de  ce  bourg  &  du  Grau  neuf,  fous  le 
régne  de  Charles  V,  roi  de  France ,  nous  apprend  qu'He- 
raclée fut  choifie  par  Ataulphe  pour  être  la  réfidence  des 
rois  Vifigoths.  Bouche,  qui,  dans  fonHiftoire  de  Provence, 
rapporte  cette  inscription  entière  ,  en  conclut  qu'Hera- 
clée devoit  être  en  cet  endroit.  Le  P.  Hardouin  obser- 
vant que  Pline  parle  d'Heraclée  immédiatement  après 
avoir  nommé  OJlium  Maffalioticum  ,  qui  eft  le  Gras 
d'Orgon ,  juge  qu'elle  en  devoit  être  voifine ,  &  que  le 
bourg  de  S.  Rémi  en  eft  trop  loin.  Il  a  raifon.  Cepen- 
dant l'inscription  peut  fervir  à  retrouver  Heraclée.  Il 
n'y  a  pour  cela  qu'à  la  rapprocher  de  ce  que  difent  Ot- 
ton  de  Freifingen  ,  &t  Godefroi  de  Viterbe.  Ces  deux 
chroniqueurs  difent  que  dans  les  Gaules  ,  joignant  la 
province  de  Narbonne,  S.  Giles  appella ,  (c'eft-à-dire 
fut  caufe  qu'on  appella)  de  fon  nom  la  métropole.yànSi 
JEgidii  villa  ,  à  l'endroit  qui  eft  appelle  le  palais  des 
Goths,  jusqu  ace  jour,  c'eft-à-dire  jusqu'au  tems  de  ces 
auteurs.  La  proximité  de  S.  Gilles  au  Gras  d'Orgon  ;  la 
réfidence  royale  mife  à  Heraclée  par  Ataulphe,  le  palais 
des  Goths ,  nommé  ensuite  du  nom  de  S.  Gilles ,  ces 
trois  circonftances  réunies  me  paroiffent  valoir  une  dé- 
monftration  en  faveur  de  ceux  qui  difent  que  cette  He- 
raclée eft  préfentement  S.  Gilles.     I 

8.  HERACLÉE  ,  ancien  nom  de  Calpe  ,  ville  d'Es- 
pagne, fur  le  détroit,  félon  Thimofthène,  cité  par  Strabon. 

9.  HERACLÉE,  villede  Grèce,  dans  la  Macédoine, 
dans  la  Sintique ,  à  l'orient  de  la  ville  de  Scotufa.  Elle 
eft  nommée  Heraclea  Sintica  par  Pline  ,  /.  4  , 
c.  10.  Tite-Live,  /.  45,  c.  29  ,  la  nomme  Heraclea  Syn- 
tice  ;  &C  Jules- Cefar,  Civil.  I.  3  ,  c.  79  ,  dit,  Heraclea. 
Syntica.  Elle  n'étoit  pas  loin  du  Strymon  ,  de-là  vient 
que  ,  dans  la  Notice  de  Hierocles  ,  elle  eft  nommée  He- 
raclea Strymni ,  comme  ville  épiscopale  de  la  première 
Macédoine.  Holftenius  cité  par  Baudrand ,  prétend  que 
c'eft  aujourd'hui  BagnabebuJJo.  Voyez  ce  mot. 

10.  HERACLÉE  ,  autre  lieu  de  Grèce ,  dans  la  Ma- 
cédoine, dans  la  Pierie  ,  fur  la  côte  méridionale  (du 
golfe  Therméen,)  félon  Pline,  l.  4,  c.  10  Le  P.  Har- 
douin croit  que  c'eft  Heraclée  de  Macédoine  ,  ou  la 
XXIIIe  d'Etienne  le  Géographe  ;  il  fe  trompe  ,  c'eft 
l'Heraclée  de  Pierie  Se  la  XVe  de  cet  auteur.  C'eft  la 
même  que  Scylax  ,  Peripl.  nomme  Heracleïon  ou 
Heracleum. 

11.  HERACLÉE,  autre  ville  de  Macédoine,  dans 
la  Lynceftide ,  félon  Ptolomée ,  /.  3  ,  c.  1 3 . 

12.  HERACLÉE,  autre  ville  de  Macédoine ,  fur  la 
côte,  au  nord  de  l'ifthme  du  mont  Athos  ,  félon  Pline, 
/.  4,  c.  10,  qui  la  nomme  avec  Acanthe  ,  Stagire ,  Si- 
thone,  toutes  villes  maritimes. 

13.  HERACLÉE  ,  ville  deThrace  ,  au  pied  du  mont 
Pangée,  félon  Pline,  I.4,  c.  11.  Le  P.  Hardouin  croit 
que  c'eft  la  même  que  l'Heraclée  Syntique  ;  mais  il  n'y 
a  point  d'apparence  que  Pline ,  après  avoir  placé  cette 
ville  dans  la  Macédoine  ,  où  elle  étoit  effectivement, 
puisqu'elle  étoit  au  couchant  &  à  quelque  diftance  du 
Strymon  ,  l'eût  été  reprendre  pour  Ma  mettre  dans  la 
Thrace ,  au  levant  de  ce  même  fleuve.  Il  eft  donc  ques- 
tion ici  d'une  autre  Heraclée  moins  connue  ,  mais  dif- 
férente de  la  Syntique. 

14.  HERACLÉE  ,  autre  ville  de  Thrace.,  près  de 
Calatis  ,  vers  les  bouches  du  Danube ,  félon  Pline,  /.  4, 
c.  11.  Elle  ne  fubfiftoit  plus  de  fon  tems.  jElien  en 
parle  dans  fon  Hiftoire  des  animaux  ,1.6,  c.  40,  &  /.  14  ; 
c.  25. 

15.  HERACLÉE,  villede  la  Chersonnèfe  de  Thrace, 
fur  la  Propontide  ,  félon  Ptolomée,  /.  3,  c.  11.  Elle 
étoit  à  l'embouchure  de  l'Erginus  ,  &C  à  l'ifthme  de  la 
Chersonnèfe. 

16.  HERACLÉE  ,  nommée  auffi  Perinthe  ,  autre 
ville  de  Thrace,  fur  la  Propontide,  félon  Ptolomée, 
/.  3 ,  c,  11,    Il  ne  faut  pas  la  confondre  avec  la  pièce- 


M<$ 


HER 


HEEL 


dente.  Voici  leur  pofition  telle  que  ce. géographe  la 
fournit. 

Longit.  Latit. 

Perinthos  five  Heracka,  5.4  c!.  50'.     41.  A.  10'. 

^ra^ea^ujourd'hui^rflc/ea.     54e.  io'.     41  d.  50'. 
Voyez  Perinthe. 

17.  HERACLÉE,  ville  de  Grèce,  en  Theffalie,  dans 
la  Phtiotide ,  &  plus  particulièrement  dans  la  Trachi-; 
nie.  C'eft  elle  que  Tite-Live ,  /.  36,  c.  211,  dit  être 
fituée  au  pied  du  mont  Œta  ,  dans  une  plaine  ;  mais 
la  fortereffe  eft  lit  r  un  lieu  élevé  &  escarpé  de  tous 
côtés.  ...  Le  confiai  réiblut  d'attaquer  la  ville  par  qua- 
tre côtés  à  la  fois*,  du  côté  de  la  rivière  Alôpus.  .  .  du 
côté  du  golfe  Maliaque  ,  par  où  l'accès  n'eft  pas  ailé  ; 
du  côté  d'un  autre  luiffeau ,  nommé  Melana ,  &c.  Le 
P.  Hardouin  ,  in  Plin.  1.  4.  (eft.  17  ,  s'eft  trompé  ,  quand 
il  a  appliqué  ce  paffage  à  notre  dixième  Heraclée,  que 
Pline  met  très-bien  dans  la  Pierie,  Se  par  coméquent  fur 
le  golfe  Therméen;  au  lieu  que  Tite-Live  met  celle-ci 
dans  le  golfe  Maliaque,  c'eft-à-dire,  bien  loin  de  la 
Macédoine,  dans  la  Theffalie.  Pline  lui-même ,/.  4, 
«.  7,  met  dans  la  Theffalie  la  ville  dont  il  eft  ici  ques- 
tion. Il  parle  du  Pas  des  Thermopyles  tk  ajoute  qu'à 
caufe  de  la  difficulté  des  partages  ,  Heraclée  fituée  à  qua- 
tre mille  pas  de-là,  avoit  été  furnommée  Trachin. 
Thermopylarum  angujlite ,  <pio  argumento  IV  milita  paf- 

Juuat  inde  Heracka  trachin  dicta  efl.  .  Le  même  père 
trouvant  que  Tite-Live  nomme  l'Afopus  ,  rivière  auprès 
de  cette  Heraclée  ,  &.  voulant  appliquer  le  paffage  de 
<et  auteur  à  l'Heraclée  de  Pierie  en  Macédonie ,  où  Pline 
met  un  ruiffeau  nommé  Apilas  ,  a  cru  que  l'Afopus 
de  Tite-Live  &  l'A  pilas  de  Pline  étoient  la  même 
chofe.  C'eft  encore  une  erreur.  L'Apilas  n'eft  qu'un 
ruiffeau ,  &  l'Afopus  eft  une  rivière  grande  &  fameufe, 
«ntre  cette  Heraclée  de  laTrachinier&  le  Pas  des  Ther- 
mopyles. Ce  Père  fe  trompe  encore,  en  ce  qu'il  croit, 
que  le  nom  de  Trachin  a  été  donné  à  cette  Heraclée 
à  caufe  de  l'âpreté  des  chemins.  Pline  le  dit  auffi  à  l'en- 
droit cité  ci-deffus.  Mais  ce  furnom  venoit  à  la  ville 
&  au  pays  voifin  d'une  autre  ville  plus  ancienne ,  nom- 
mée TRACHIN,  qui  étoit  à  trois  quarts  de  mille  dedif- 
tance  d'Heraclée,  lelon  Strabon,  l.<),p.  428.  Cette 
ancienne  Trachin  ayant  été  détruite  par  quelque  ac- 
cident, on  la  rebâtit  fix  ftades  au-deffous.  Strabon  dit: 
aux  Thermopyles ,  joignant  le  paffage  eft  le  fort  de  Ni- 
cée  fur  la  Mer,  il  appartient  aux  Locres  ;  enfuite  eft  7ï- 
■thius,  Se  Heraclée  au-deffus  de  la  ville,  que  l'on  ap- 
"pelloit  premièrement  Trachin  ;  c'eft  l'ouvrage  des  La- 
cédémoniens.  Heraclée  eft  éloignée  de  l'ancienne  Tra- 
chin de  près  de  fix  ftades.  Thucydide,  /.  3,  /7.23  s;, 
dit  que  les  Trachiniens  fe  voyant  fans  celle  harcelés 
par  les  montagnards  habitans  du  mont  (Eta,  ref'olurent 
d'abord  de  fe  mettre  fous  la  protection  des  Athéniens  ; 
mais  que  craignant  que  ceux-ci  les  negligeaffent ,  ils  s'a- 
drefferent  aux  Lacédémoniens  qui  élurent  trois  chefs , 
iavoirLeon,  Alcidas  &  Damagon,  fous  les  ordres  desquels 
ils  firent  partir  une  colonie.  Dès  qu'ils  furent  arrivés ,  ils 
rebâtirent  la  ville ,  depuis  les  fondemens  ,  &  l'entourè- 
rent de  murs  ;  c'eft  préfentement  Heraclée ,  environ  à 
cinq  milles  des  Thermopyles  ,  &  à  deux  milles  &  demi 
de  la  mer.  Parlant  ailleurs  d'un  armement  des  Lacédé- 
moniens qui,  vers  l'automne,  avoient  mis  en  campagne 
trois  mille  hommes  pefamment  armés  ,  il  ajoure  :  de  ce 
nombre  étoient  cinq  cents  d'Heraclée  ,  ville  nouvelle- 
ment bâtie  dans  le  territoire  Trachinien.  Diodore  de  Si- 
cile, /.  14,  c.  83,  dit  :  les  Béotiens  &  lesArgiens  occu- 
poient  Heraclée,  qui  eft  dans  laTrachine. 

18.  HERACLÉE,  ville  de  l'Acarnanie ,  au  bord  de 
la  mer ,  &  aux  confins  de  l'Etolie  :  je  crois  que  c'eft  la 
même  que  Trallianus ,  cité  par  Ortélius ,  met  dans  l'E- 
tolie. *  Pline,  l.  4,  ci. 

19.  HERACLÉE,  ville  du  Peloponnèfe ,  dans  l'Arca- 
die,  félon  Théophrafte ,  qui  dit  qu'il  y  avoit  de  l'eau  qui 
rendoit  les  femmes  fteriles ,  &  du  vin  qui  rendoit  infen- 
£és  les  hommes  qui  en  buvoient.  *  Orul.  Thef. 

20.  HERACLÉE,  ville  du  Peloponnèfe,  dans  l'E- 
lide,  auprès  de  Salmone.  C'étoit,  félon  Strabon ,  /.  8, 
p.  356,  une  des  huit  villes  de  la  Pifatide  ,  à  environ 
quarante  ftades  (ou  cinq  milles)  d'Olympie  ,  fur  le 
fleuve  Cytherius. 


ai.  HERACLÉE,  ville  maritime  de  Crète,  félon 
Pline  ,  /.  4 ,  c.  12 ,  fur  la  côte  feptentrionale  de  l'ifle  au 
nord  de  Gnoffus  ,  dont  elle  étoit  le  port  de  mer  ,  fé- 
lon Strabon  ,  /.  10,  p.  476.  On  croit  que  c'eft  Caftel 
Mirabello. 

22.  HERACLÉE  ,  ville  d'Afie ,  chez  les  Cadufiens, 
dans  la  Sogdiane ,  au-delà  de  la  mer  Caspienne  ,  félon 
Pline,  /.  6,  c.  16.  Il  dit  que  cette  Heraclée  fut  bâtie  par 
Alexandre  ;  qu'ayant  été  renversée  &  enfuite  rebâtie  par 
Antiochus,  ce  prince  lui  donna  le  nom  d'Ackaïde.  C'eft 
la  même  qu'Etienne  le  Géographe  place  entre  l'Inde  fk 
la  Scythie  ,   &  la  XIe  de  cet  auteur. 

23.  HERACLEE,  ville  d'Afie  ,  dans  la  Parthie,  au- 
près de  Rag.E,  félon  Strabon,  L  11 ,  p.  514. 

24.  HERACLÉE,  ville  de  la  ChertonnèfeTaurique, 
félon  Pline,  l.  4,  c.  12,  qui  dit  que  les  Romains  en 
firent  une  vilfe  libre  ;  qu'on  l'apoelloit  auparavant  Me- 
Garice;  que  c'étoit  la  ville  de  tout  le  canton,  qui  avoit 
le  mieux  conserva  l'on  ancien  éclar ,  en  conservant  les 
moeurs  de  la  Grèce ,  &£  qu'elle  étoit  environnée  d'une 
muraille  de  cinq  milles  de  longueur. 

.25.  HERACLÉE,  Pontica,  ville  d'Afie  ,  en  Bithy- 
nie  ;  Scylax  ,  in  Peripl.  met  chez  le  peuple  Mariandyni 
Heraclée ,  ville  grecque  ,  le  fleuve  Lycus ,  &  l'Hypius 
autre  rivière,  Ptolomée  la  nomme  u^ri  Hftt a«*  ,  He- 
raclée du  Pont.  Des  médailles  de  Caracalla  ,  de  Geta  Se 
de  Gordien  portent  hpakaeiaC  en  nONTQ  d'Heraclée 
dans  le  Pont.  Pline,  /.  5  ,  c.  ult.  dit  :  la  ville  d'Hera- 
clée ,  fituée  fur  le  fleuve  Lycus.  Il  devoit  dire  qu'elle 
en  étoit  voifine;  car  elle  en  étoit  à  deux  milles  &demi 
de  diftance  ,  félon  Arrien  ,  Ptripl.  Ponù  Euxin.  qui 
avoit  parcouru  cette  côte  avec  foin.  Xenophon,  dans  fa 
Retraite  des  dix  mille,  1.6,  p.  574  6-575,  dit  :  on  arriva 
à  Heraclée ,  ville  grecque  ,  colonie  des  Mégariens ,  fituée 
aux  confins  des  Mariandyniens  ;  &  on  prit  terre  dans  la 
presqu'ifle  Acherufiade,  où  Hercule,  dit-on,  descendit 
aux  enfers ,  &  en  emmena  par  force  le  Cerbère.  On  y 
montre  encore  la  caverne  par  où  il  descendit,  &  elle  a 
plus  de  deux  cents  cinquante  pas  de  profondeur.  La  cam-i 
pagne  voifine  eft  arrofée  par  le  fleuve  Lycus,  qui  a  deux 
plethres  de  largeur.  (Le  plethre  ,  félon  Suidas ,  eft  une 
mefùre  de  cent  pieds.  J  Cette  fable  de  Cerbère  tiré  des 
enfers  par  Hercule,  eft  rapportée  par  bien  des  auteurs. 
Denys ,  le  Périegete  ,  v.  788  ,  dit  :  ensuite  eft  le  terri- 
toire facré  des  Mariandyniens  ,  où  l'on  dit  que  le  grand 
chien  du  Saturne  terreftre  ,  malgré  fa  voix  d'airain ,  fut 
emmené  par  force  par  le  courageux  Hercule.  Sur  quoi 
Euftathe  dit  qu'au  pays  des  Mariandyniens,  au  bord  du 
pont ,  étoit  Heraclée ,  fondée  par  les  Miléfiens ,  félon 
le  géographe  ;  mais ,  poursuit-il ,  Xenophon  dit  qu'He- 
raclée  du  Pont  étoit  une  colonie  des  Mégariens.  Dans 
la  nore  fuivante ,  in  verf.  790 ,  il  cite  Diodore ,  dont  il 
copie  les  paroles  fuivantes  :  Heraclée,  colonie  des  Mé- 
gariens, auprès  de  laquelle  étoit  Acherufia  ,  presqu'iile, 
où  l'on  dit  qu'Hercule  tira  le  Cerbère  des  enfers.  Pom- 
ponius  Mêla,  /.  1,  c.  19,  la  raconte  aufli.  Sur  la  côte  du 
Pont-Euxin ,  dit-il ,  les  Mariandyni  habitent  une  ville 
qui  leur  fut  donnée ,  félon  la  tradition  ,  par  Hercule  l'Ar- 
gien.  On  la  nomme  Heraclée.  Ce  bruit  femble  confirmé 
par  une  caverne  qui  eft  tout  proche.  On  l'appelle  Ache- 
rufia ,  &  on  y  descend  chez  les  morts ,  à  ce  qu'on  dit  ; 
&  ils  croient  que  ce  fut  de-là  que  leCerbere  fut  entraîné. 
Strabon,  /.  12,  p.  542,  eft  l'autorité  fur  laquelle  Eufta- 
the s'eft  fondé  pour  dire  qu'Heraclée  fut  bâtie  par  les 
Miléfiens.  Il  le  dit  deux  fois.  Les  auteurs  ne  s'accordent 
pas  tous ,  furies  Mariandyniens  Se  fur  les  Caucons  :  ils 
conviennent  bien  qu'Heraclée  fut  bâtie  par  les  Miléfiens 
dans  le  pays  des  Mariandyniens  ;  mais  ils  nedifent  point' 
qui  étoient  ces  derniers  ,  ni  d'où  ils  étoient  venus.  Il 
ajoute  un  peu  plus  bas  :  on  rapporte  que  les  Miléfiens, 
qui  avoient  bâti  Heraclée  ,  réduifirent  à  l'esclavage  les 
Mariandyniens  qui  avoient  auparavant  habité  ce  pays, 
&  les  vendirent ,  fans  cependant  les  envoyer  hors  du 
pays.  Telles  font  les  paroles  de  Strabon.  Après  cela,  je 
m'étonne  que  Cellarius  ait  dit  que  généralement  tous  les 
auteurs  conviennent  que  c'étoit  une  colonie  des  Mégar 
riens.  Il  devoit  excepter  Strabon  ,  qui  dit  des  Miléfiens. 
Il  y  a  apparence  que  les  Miléfiens  en  furent  les  premiers 
conquérans  &  les  fondateurs ,  &  qu'ensuite  les  Mégariens 
y  envoyèrent  une  colonie.  Paufanias,  inEliac.  1,  c.  26, 
affocieà  ces  derniers  les  Tanagréens,  De  Tournefort, 

qui 


HE  51 


HER 


qui  a  vu  cette  ville  ,  en  parle  ainfi  dans  fon  Voyage  du 
Levant,  lettre  xvj ,  p.  84.  Heraclée  s'appelle  aujourd'hui 
Eregri  ou  Penderaghi.  .  . .  Penderaghi  eft  une  petite  ville, 
bâtie  fur  les  ruines  de  l'ancienne  Heraclée.  Cette  dernière 
devoitêtre  une  des  plus  belles  villes  d'orient,  s'il  en  faut  ju- 
ger par  les  ruines,  &  lur-toutparles  vieilles  murailles  bâties 
de  gros  quartiers  de  pierres  ,  qui  font  encore  fur  le  bord  de 
la  mer.  L'enceinte  de  la  ville  qui  eft  fortifiée,  d'espace  en 
espace,  par  des  tours  carées  ,  ne  paroit  être  que  du  tems 
des  empereurs  Grecs.  On  découvre  de  tous  côtés  des 
colomnes,  des  architraves  ck  des  inscriptions  fort  mal- 
traitées... Cette  ville  étoit  bâtie  fur  une  côte  qui  do- 
mine fur  la  mer ,  &  qui  femble  être  faite  pour  comman- 
der tout  le  pays.  Du  côté  de  terre ,  il  refte  encore  une 
porte  toute  fimple,  conftruite  de  grofles  pièces  de  mar- 
bre. Du  côté  du  levant ,  fck  au-deffous  de  la  ville  ,  font 
des  marais,  où  apparemment  croupifiént  les  eaux  duLy- 
cus.  On  doute  fi  Strabon  a  voulu  dire  que  cette  ville.eût 
un  bon  port  ,  ou  s'il  faut  laiffer  dans  cet  auteur  le  mot 
qui  exprime  qu'elle  n'en  avoit  point.  Pour  moi ,  dit  M.  de 
Tourneforr,  je  crois  que  le  vieux  mole  ,  qui  eft  entière- 
ment ruiné  ,  &  que  l'on  croit  être  l'ouvrage  des  Génois, 
avoit  été  bâti  (ùr  les  fbndemens  de  quelque  autre  mole, 
qui  mettoit  les  vaiffeaux  à  couvert  du  vent  de  nord;  car 
la  racle  qui  lorme  la  langue  de  terre  ,  ou  la  presqu'ifle 
à'AcheruJïas ,  eft  trop  découverte  ,  ck  eft  d'un  foible  fe- 
cours  pour  les  Saïques  ,  loin  de  pouvoir  fervir  de  port  à 
des  vaiffeaux  de  guerre.  Cependant  Arrien  dit  pofitive- 
ment  que  le  port  d'Heraclée  étoit  bon  pour  ces  fortes 
de  bâtimens.  Xénophon  affure  que  les  Heracliens  en 
avoient  beaucoup  ,  ck  qu'ils  en  fournirent  quelques-uns 
pour  favoriler  la  retraite  des  dix  mille  ,  qui  regardoient 
cette  place  comme  une  une  ville  gre'cque  ,  foit  qu'elle 
eût  été  fondée  par  les  Mégariens ,  par  les  Béotiens,  par 
ceux  de  Milet,  ou  par  Hercule  même.  La  belle  médaille 
de  Julia  Domna,  qui  eft  chez  le  roi,  ck  dont  le  revers 
repréfente  un  Neptune  ,  qui  de  la  main  droite  tient  un 
dauphin  ,  &  de  la  gauche  un  trident  ,  marque  bien  la 
puifiance  que  cette  ville  avoit  fur  mer  ;  mais  rien  ne  fait 
plus  d'honneur  à  fon  ancienne  marine,  que  la  flotte  qu'elle 
envoya  au  fècours  de  Ptolomée  ,  après  la  mort  de  Lyfi- 
jnachus,  l'un  des  fucceffeurs  d'Alexandre.  Ce  fut  par  ce 
fecours  que  Ptolomée  battit  Antigonus  ;  &  Memnon  re- 
marque ,  dans  Photrus ,  qu'il  s'y  trouvoit  un  vaiffeau 
nommé  le  lion  ,  d'une  beauté  furprenante,  ck  d'une  gran- 
deur fi  prodigieufe  ,  qu'il  avoit  plus  de  trois  mille  hom- 
mes d'équipage.  Les  Heracliens  fournirent  treize  galères 
à  Antigonus ,  fils  de  Démétrius ,  pour  s'oppofer  à  Antio- 
chus  ,  &  quarante  aux  Byfantins  que  le  même  prince 
avoit  attaqués.  Cette  ville  entretint  pendant  onze  ans , 
au  fervice  des  Romains  ,  deux  galères  couvertes ,  lesquel- 
les leur  furent  d'un  grand  fecours  contre  leurs  voifins, 
.  &  même  contre  ces  peuples  d'Afrique  qu'on  appelloit 
Marruàns.  L'hiftoire  eft  remplie  de  traits  qui  marquent 
lapuiffance  des  Heracliens  fur  mer,  &  par  conièquent. 
la  bonté  de  leur  port.  Après  que  Mithridate  eut  fait  pil- 
ler Scio  par  Dorylaiis ,  fous  prétexte  que  cette  ifle  avoit 
favorifé  les  Rhodiens ,  on  mit  par  ordre  de  ce  prince 
les  plus  illuftres  Sciotes  fur  quelques  vaiffeaux ,  pour  les 
disperser  dans  le  royaume  du  Pont  ;  mais  les  Heracliens 
eurent  la  générofité  de  les  arrêter  ,  de  les  mener  dans 
leur  port ,  &  de  les  renvoyer  chargés  de  préfens.  Enfin 
les  Heracliens  eurent  le  malheur  eux-mêmes  ,  quelques 
années  après  ,  d'être  battus  par  Triarius  ,  général  de  la 
flotte  Piomaine,  compofée  de  quarante-trois  vaiffeaux, 
laquelle  (lirprit  celle  d'Heraclée,  forte  feulement  de  trente 
•vaiffeaux  équipés  à  la  hâte.  Où  mettre  à  couvert  tant 
de  navires  ,  fi  ce  n'eft  dans  le  mole  dont  on  vient  de 
parler ,  puisqu'il  n'y  a  point  de  port  aux  environs  de  cette 
place  r  Si  Lamachus ,  général  Athénien,  qui  avoit  été 
envoyé  pour  exiger  les  contributions  des  Hetacliens, 
avoit  eu  l'entrée  de  ce  mole  ,  il  n'auroit  pas  perdu  fa 
flotte  par  la  tempête,  dans  le  tems  qu'il  ravageoit  la  cam- 
pagne avec  les  ttoupes  qu'il  avoit  débarquées.  Ne  pou- 
vant retourner  a  Athènes  ,  ni  par  mer  ,  ni  par  terre ,  il 
y  fut  renvoyé  ,  comme  dit  Juftin  ,  par  les  peuples  d'He- 
raclée ,  qui  fe  crurent  dédommagés  du  dégât  que  les 
Athéniens  avoient  fait  fur  leurs  terres,  en  les  obligeant, 
à  force  d'honnêtetés ,  à  leur  accorder  leur  amitié. 

La  caverne,  par  laquelle  on  a  fuppofé,  qu'Hercule  des- 
cendit aux  enfers ,  pour  enlever  le  Cerbère  ,  ck  que  l'on 


337 


monrroit  encore  ,  du  tems  de  Xénophon  ,'  dans  la  pé-1 
ninfule  d'Acherufie  ,  eft  plus  difficile  à  découvrir  que 
l'ancien  port  d'Heraclée  ,  quoiqu'elle  eût  deux  ftades  > 
(ceft-à-dire  deux  cents  cinquante  pas,)  de  profondeur. 
Elle  doit  s'être  abîmée  depuis  ce  tems,  car  il  eft  certain 
qu  il  y  a  eu  une  caverne  de  ce  nom. 

Si  Hercule  n'a  pas  été  le  fondateur  d'Heraclée,  il  y  a 
du  moins^  été  en  grande  vénération.  Paufanias  nous  ap- 
prend qu'on  y  célébroit  tous  les  travaux  de  ce  héros. 
Quand  Cotta eut  pris  la  ville  d'Heraclée  ,  il  y  trouva  dans 
le  marché  une  ftatue  d'Hercule  ,  dont  tous  les  attributs 
étoient  d'or  pur.  Pour  marquer  la  fertilité  de  leurs  cam- 
pagnes ,  les  Heracliens  avoient  fait  frapper  des  médail- 
les ,  avec  des  épis  ck  des  cornes  d'abondance  ;  &  pour 
exprimer  la  bonté  des  plantes  médicinales,  que  produi- 
lbient  les  environs  de  leur  ville ,  on  avoit  repréfente  fur 
une  médaille  de  Diadumene,  unEsculape  appuyé  fur  un 
bâton  ,  autour  duquel  un  ferpent  étoit  tortillé. 

Cette  ville  fut  célèbre  par  fes  colonies.  Cléarque ,  un 
de  fesw  citoyens ,  qui ,  pendant  fon  exil ,  avoit  étudié  à 
Athènes  laphilofophie.de  Platon,  y  fut  rappelle  pour 
appaifer  le  peuple,  qui  demandoit  de  nouvelles  loix,  ck 
une  nouvelle  répartition  des  terres.  Le  fenat  s'y  oppo- 
foit  ;  mais  Cléatque  ,  appuyé  par  le  peuple  ,  fe  rendit 
très-puilïant ,  ck  devint  le  tyran  de  fa  patrie.  Il  fut  tué 
la  douzième  année  de  fon  régne  pendant  les  Baccha- 
nales, piodore  lui  donne  pour  lùcceffeur  Timothée  fon 
fils ,  qui  régna  quinze  ans  ;  mais  Juftin  lui  fait  fuccéder 
fon  frère  Satyrns  qui  lùrpaiTa  les  autres  tyrans  en  cruauté.- 
Une  maladie  incurable  l'obligea  de  fe  décharger  du  (bip 
des  affaires  fur  l'on  neveu  ,  qui,  par  fa  bonne  conduite, 
mérita  le  nom  de  Bienfaiteur  ck  de  Sauveur  de  fa  patrie. 
Avant  fa  mort  il  affocia  au  gouvernement  fon  frère  De- 
nys  ;  ce  dernier  profitant  de  la  retraite  des  Perdes,  qu'A- 
lexandre venoit  de  battre  à  la  bataille  du  Granique,  éten- 
dit affez  loin  fa  dommation.  Après  la  mort  d'Alexandre 
ck  de  Perdiccas  ,  Denys  époufa  Amaftris  ,  fille  d'Oxa- 
thre  ,  frère  de  Darius,  &  coufine  de  Statira ,  femme  d'A> 
lexandre.  Denys  prit  la  qualité  de  roi ,  ck  la  foutint  avec 
grandeur  :  il  mourut  après  un  régne  de  trente  ans  ,  fck 
laiffa  le  gouvernement  du  pays  &:  la  tutelle  de  fes  en- 
fans  à  fa  femme.  Il  avoit  deux  fils  ,  favoir  Cléarque  , 
£4  Oxathre  ,  que  Diodore  nomme  Zathras ,  fck  une  fille 
nommée  Amajlris ,  comme  la  mère.  Antigonus  ,  l'un 
des  fucceffeurs  d'Alexandre  ,  prit  foin  de  la  tutelle  des 
enfans  de  Denys,  fck  des  affaires  d'Heraclée  ;  mais  Lyfi- 
machus ayant  époufé  Amaftris,  veuve  du  feu  roi ,  fut  le 
maître  de  la  ville  ,  long-tems  même  après  avoir  aban- 
donné cette  princeffe  ;  car  s'étant  tetiré  à  Sardes  ,  il 
époufa  Arfinoé ,  fille  de  Ptolomée-Philadelphe.  Cepen- 
dant Cléarque  II  régna  avec  fon  frère  Oxathre.  Leur 
cruauté  alla  jusqu'au  parricide  ,  &  ils  firent  mourir  leur 
propre  rnere  dans  le  vaiffeau  où  elle  s'étoit  embarquée 
pour  fe  retirer  à  Amaftris ,  ville  qu'elle  venoit  de  fon- 
der. Lyfimachus  la  vengea,  fck  les  fit  mourir.  Il  remit 
la  ville  en  liberté  ;  mais  Arfinoé  ,  fa  femme  ,  lui  en  de- 
manda la  poffeffion  qu'il  ne  put  lui  refulèr  ,  fck  elle  y 
établit  gouverneur  Heraclite,  qui  en  fut  le  feptiéme  tyran. 

Iy.es  Heracliens ,  après  la  mort  de  Lyfimachus  ,  vou- 
lant fecouer  le  joug  de  la  tyrannie  ,  fous  lequel  ils  gé- 
miffoient  depuis  foixante  fck  quinze  ans  ,  propolerent  à 
Heraclite  de  fe  retirer  avec  fes  richeffes  :  il  voulut  par- 
ler en  maître  ;  mais  on  le  prit ,  on  démolit  fa  citadelle 
jusqu'aux  fondemens  ,  on  envoya  une  ambaffade  à  Se- 
leucus ,  autre  fucceffeur  d'Alexandre  ;  fck  enfin  on  pro- 
clama Phocrite  adminiftrateur  d'Heraclée.  Les  ambaf- 
fadeurs  ayant  été  mal  reçus  ,  les  Heracliens  firent  une 
ligue  avec  Mithridate  ,  roi  de  Pont ,  avec  les  villes  de 
Byzance  ck  de  Chalcédoine.  Celle  d'Heraclée  fe 
foutint  avec  honneur  jusqu'au  tems  que  les  Romains  fe 
rendirent  formidables  en  Afie.  Pour  s'affurer  du  fenat , 
les  Heracliens  députèrent  à  Paul  Emile  ,  ck  aux  deux 
Scipions ,  ck  tachèrent  de  ménager  une  paix  entre  les 
Romains  ck  Antiochus.  Enfin  l'intelligence  fut  fi  bien 
établie  entre  Rome  &  Heraclée ,  que  ces  deux  villes  fi- 
rent entr'elles  une  ligue  offenfive  ck  défenfive  ,  dont 
on  écrivit  les  conditions  fur  des  tables  de  cuivre  :  on 
en  dépofa  une  copie  à  Rome  dans  le  temple  de  Jupiter 
Cap!tolin,&  une  à  Heraclée  dans  celui  de  ce  même  dieu. 
Cependant  Heraclée  fut  vigoureufement  affiégée  par  Pru- 
fus,  roi  de  Bidiynie,  qui  l'auroit  emportée,  ians  une 
Tome  III.  V  u 


338 


HER 


HER 


bleffure  qu'il  reçut ,  dans  le  tems  qu'il  alloit  monter  à 
l'escalade.  Après  cela,  les  Galates  inquiétèrent  fort  cette 
ville  ;  mais  ils  turent  obligés  de  fe  retirer.  Malgré  ion  al- 
liance avec  les  Romains  ,  elle  crut  qu'il  étoit  de  fon  in- 
térêt de  garder  la  neutralité  pendant  la  guerre  que  les 
Romains  firent  à  Mithridate  fous  le  commandement  de 
Murena.  Epouvantée  d'un  côté,  de  leur  formidable  puis- 
sance ,  &  alarmée  du  voifinage  du  roi  de  Pont,  Hera- 
clée  refufa  d'abord  l'entrée  de  fon  port  à  l'armée .  de  ce 
prince ,  &  ne  lui  fournit  que  des  munitions  de  bouche. 
Enfuite,  à  la  perfuafion  d'Archelaiïs ,  général  de  la  flotte, 
les  Heracliens  lui  donnèrent  cinq  galères  ,  &c  coupèrent 
fi  fecrétemeut  la  gorge  aux  Romains  qui  fe  trouvèrent 
dans  leur  ville ,  pour  exiger  le  tribut  ,  qu'on  ne  put  ja- 
mais avoir  aucun  indice  de  leur  mort.  Enfin. Mithridate 
lui-même  fut  reçu  dans  la  place  ,  par  le  moyen  de  La- 
machus,  fon  ancien  ami ,  qu'il  gagna  à  force  d'argent. 

Ce  prince  y  laifla  cannacorir  avec  quatre  mille  hom- 
mes de  gamifon.  Mais  Lucûilus ,  après  avoir  battu  Mi- 
thridate, fit  afiïéger  la  ville  par  Cotta  ,  qui  l'ayant  prife 
par  trahifon  ,  &  entièrement  pillée  ,  la  réduifit  en  cen- 
dres :  il  reçut  le  nom  de  Pontique  à  Rome  ;  mais  les 
richefles  qu  il  avoit  acquifes  au  lac  d'Heraclée,  lui  attira- 
ient de  cruelles  affaires  ;  &c  un  fenateur  dit  à  Cotta  : 
Nous  t'avions  ordonné  de  prendre  Heraclée  ,  mais  non 
pas  de  la  détruire.  Le  fenat  renvoya  tous  les  captifs ,  & 
rétablit  les  habitans  dans  lapoffeffion  de  leurs  biens  ;  on 
leur  permit  l'ufage  de  leur  port,  &;  la  faculté  de  commer- 
cer. Britagoras  n'oublia  rien  pour  la  repeupler  ,  &  fit 
long-tems  fa  cour  à  Jules-  Cefar  ,  pour  obtenir  la  pre- 
mière liberté  de  fes  citoyens. 

Ce  fut  apparemment  dans  ce  tems  que  les  Romains  y 
envoyèrent  la  colonie  dont  parle  Strabon ,  ck  dont  une 
partie  fut  reçue  dans  la  ville,  &  l'autre  dans  la  campagne. 
Avant  la  bataille  d'Aftium,  Marc-Antoine  donna  ce  quar- 
tier" d'Heraclée  àAdiatorix,  fils  de  Demenecelius  ,  roi 
des  Galates ,  &c  celui-ci  fit  couper  la  gorge  aux  Romains 
qui  s'y  trouvèrent ,  difant  que  c'étoit  par  la  permiffion 
d'Antoine.  Mais  après  la  défaite  de  ce  général  ,  il  fervit 
de  triomphe  ,  &c  fut  mis  à  mort  avec  fon  fils.  Après 
cette  expédition,  Heraclée  fut  du  département  de  la  pro- 
vince du  Pont  ,  laquelle  fut  jointe  à  la  Bithynie.  Voilà 
comment  cette  ville  fut  incorporée  dans  l'empire  Ro- 
main ,  fous  lequel  elle  floriffoit  encore. 

Elle  pafla  enfuite  dans  l'empire  des  Grecs  ,  pendant 
la  décadence  duquel  on  lui  donna  le  nom  de  Pende- 
RACHI ,  qui ,  fuivant  la  prononciation  ,  femble  un  nom 
corrompu  d'Heraclée  du  Pont.  Elle  fut  poffédée  par  les 
empereurs  de  Trebifonde  ,  après  que  les  François  eurent 
occupé  l'empire  de  Conftantinople  ;  mais  Théodore  Las- 
caris  l'enleva  à  David  Comnéne  ,  empereur  de  Trebi- 
fonde. Les  Génois  fe  faifirent  de  Penderachi,dans  leurs 
conquêtes  d'Orient ,  &  la  gardèrent  jusqu'à  ce  que  Ma- 
homet II  les  en  chaffa.  Depuis  ce  tems  elle  eft  reftée 
aux  Turcs  ;  ils  l'appellent  Eregri  ,  qui  paroit  tenir  en- 
core quelque  chofe  d'Heraclée.  Un  feul  Cady  y  exerce 
la  juftice,  un  "Waivode  y  exige  la  taille  &  la  capitation  des 
Grecs  :  les  Turcs  y  payent  feulement  les  droits  du  prince. 

Dans  la  Notice  de  Léon  le  Sage  ,  Heraclée  du  Pont 
eft  la  féconde  ville  épiscopale  de  l'Honoriade ,  &  Clau- 
diopolis  eft  la  métropole  de  la  province.  Elle  n'eft  que 
le  troifieme  fiége  dans  la  Notice  de  Hieroclès.  Mais 
l'expofition  du  vieux  Andronic  Paléologue  ,  porte  que 
la  métropole  d'Heraclée  du  Pont  étoit  auparavant  le  fiege 
de  Claudiopolis  ;  mais  que  cette  dernière  ville  étant  oc- 
cupée par  les  infidèles  ,  Heraclée  prit  la  qualité  de  mé- 
tropole ,  &:  eut  le  dix-feptiéme  rang  &  enfuite  le  dix- 
neuvieme  entre  les  trônes  ou  archevêchés.  Cet  empe- 
reur met  Prufe  pour  le  vingtième. 

2.6.  HERACLÉE ,  fiege  épiscopal  d'Afie ,  dans  la  Ly- 
die ,  félon  l'abbé  de  Commanville,  &  le  P.  Charles  de 
S.Paul,  Geog.facr. p.  235.  Ce  dernier  cite  Ptolomée, 
comme  s'il  avoit  parlé  d'une  ville  d'Heraclée  ,  dans  la 
Lydie  ,  &  ajoute  que  Jean  ,  évêque  d'HERACLIDE  , 
tpiscopus  Heraclidis ,  fouscrivit  à  l'épitre  fynodique  de 
cette  province.  Ptolomée  ne  met  point  d'Heraclée  dans 
la  Lydie  ;  &ç  je  ne  trouve ,  dans  les  Notices  de  Hiero- 
clès &  de  Léon  le  Sage ,  aucune  trace  de  ce  fiege  de  la 
Lydie.  Peut-être  ne  fubfiitoit-il  plus  lorsqu'elles  ont  été 
dreffées. 

27.  HERACLÉE,  village  de  l'Afie  mineure,  dans 


la  terre  ferme,  auprès  du  golfe  d'Adramite,  vis-à-vis  de 
rifle  de  Mitylene,  aux  hibi  tans  de  laquelle  Strabon ,  /.  1 3 , 
p.  607,   dit  qu'il  appartenoit. 

28.  HERACLÉE ,  ville  d'Afie  ,  dans  la  Carie.  Il  y 
en  avoit  deux  de  ce  nom  dans  cette  province  ;  favoir 
celle-ci  qui  étoit  au  bord  de  la  mer ,  &  une  autre  plus- 
avant  dans  les  terres.  La  première,  dont  il  eft  ici  ques-' 
tion,  eftappellée  par  Ptolomée,  /.  5,  c.  2 ,  Heradea  aé 
Latmum.  Pline,  /.  5  ,  c.  19,  après- avoit  dit  que  le  Lat- 
MUS  eft  une  montagne  ,  fait  mention  de  cette  Heraclée  : 
Inde  nions  Latmus  :  oppida  Heradea  montis  ejus  cogno- 
minis;  fur  quoi  le  P.  Hardouin  ,  in  Plin.  observe  que 
cette  ville  étoit  auffi  nommée  Latmos.  Strabon,/.  14, 
/?.  63 5  ,  en  parle  comme  d'une  petite  ville,  au  pied  du 
mont  Latmus  ,  &  il  ajoute  qu'on  l'appelloit  auffi  Lat- 
mos ,  de  même  que  la  montagne  au  pied  de  laquelle  elle 
étoit  fituée.  Hefyche  dit  de  même  :  Latmos ,  ville  & 
montagne.  Cette  ville  étoit  épiscopale,  &  elle  eft  nom- 
mée comme  telle  dans  les  Notices  de  Léon  le  Sage  & 
de  Hieroclès.  Ces  deux  Notices]  mettent  deux  fieges, 
d'Heraclée  ,  dans  la  Carie. 

29.  HERACLÉE,  autre  ville  d'Afie,  dans  la  Carie. 
La  Notice  de  Léon  le  Sage  la  nomme  Heradea  Syal- 
baca.  De  Commanville  dit  Heradea  Salbaà  ,  qu'il  a 
pris,  fans  doute,  du  P.  Charles  de  Saint-Paul,  Geogr.jdcr. 
p.  296.  Ce  dernier  cite  Ptolomée  ,  comme  s'il  en  eût 
parlé  :  Ptolomée,  /.  5,  c.  l ,  ne  connoît  que  deux  Hera- 
clées  dans  la  Carie  ;  l'une  Heraclée  ,  près  du  mont  Lat- 
mus ,  &  l'autre  Heraclée  près  de  l'Albane,  Heradea  ai 
Albanum.  Voici  les  polirions  différentes  qu'il  leur 
donne. 

Longit.  Latit. 

Heradea  ad  Latmum,         57  d.  30'.     37  d.   10'. 
Heradea  ad  Albanum ,      59  d.  30'.     37  d.  56'. 

Le  nom  de  Salbaà  ou  Syalbaca  ne  s'y  trouve  point. 
Cependant  les  deux  Héraclées  de  la  Carie  étoient  épis- 
copales;  &  entre  les  fouscriptions  du  concile  de  Chalce- 
doine  ,  on  trouve  Menandre  &  Denys  ,  évêques  des 
deux  Héraclées ,  félon  le  père  Charles  de  Saint-Paul  , 
qui  dit  que  Menandre  étoit  évêque  de  l'Heraclée,  dont 
il  eft  queftion  dans  ce  chapitre. 

30.  HERACLÉE,  lieu  de  l'Afie  mineure,  dansl'Eo- 
lide,  auprès  de  Cumes  ou  de  Cyme,  félon  Etienne  le 
Géographe. 

31.  HERACLÉE,  ville  de  la  Syrie,  félon  Strabon, 
/.  16,  p.  751,  qui  dit  que  cette  Heraclée  étoit  à  vingt 
ftades  du  temple  de  Minerve  Cyrrheftide.  Cela  s'accorde 
avec  Ptolomée ,  /.  5;  ,  c.  1 5  ,  qui  met  Heraclée  dans  la- 
Cyrrheftique. 

32.  HERACLÉE,  ville  d'Egypte,  entre  Pelufe  & 
Tmuis  ,  félon  Jofeph ,  de  Bello,  1.  4, ad  calcem.  Voyez 
l'article  Heracleopolis. 

33.  HERACLÉE  ,  ville  de  la  Lybie,  félon  Etienne 
le  Géographe. 

34.  HERACLÉE,  ifle  de  la  mer  Méditerranée,  dans 
la  mer  Carpathienne ,  c'eft-à-dire  aux  environs  de  Fille 
de  Scarpanto ,  félon  le  même. 

35.  HERACLÉE,  ifle  de  la  mer  Atlantique,  félon 
le  même. 

36.  HERACLÉE,  rivière  d'Afie ,  dans  la  Carie,  fé- 
lon Ortélius ,  qui  cite  Strabon. 

HERACLEOBUCOLI,  habitation  d'Egypte,  félon 
Etienne  le  Géographe.  Voyez  Bucolium  2. 

1 .  HERACLEOPOLIS,ville  d'Egypte,felon  le  même. 
C'étoit  la  patrie  du  philofophe  Theophane. 

2.  HERACLEOPOLIS,  autre  ville  d'Egypte,  au- 
près de  Pelufe,  félon  le  même. 

3.  HERACLEOPOLIS  ,  troifieme  ville  d'Egypte, 
félon  le  même.  Il  la  met  auprès  de  l'embouchure  Ca- 
nobique. 

Cet  auteur  met  ainfi  trois  villes ,  nommées  Hera- 
cleopolis en  Egypte.  Ptolomée,  /.  4 ,  c.  5 ,  n'y  en 
met  que  deux  ,  &  une  ifle  nommée  Heracleote  :  il 
diftingue  ces  deux  par  les  furnoms  de  grande  &  de  pe- 
tite. Il  place  à  l'orient  du  fleuve  Bubaftique ,  dans  le 
nôme  Sethraïte  ,  '  Hpty.M*f  fA.ir.gp  néfos  ,  la  petite  ville 
d'Hercule,  ou  la  petite  Heracleopolis ,  &C  afîez  près 
à'Acanthon  au  couchant  du  Nil ,  il  met  'Hpx>i\i«r  ttôhie 
fiiyûf,n,  la  grande  ville  d'Hercule,  ou  la  grande  Hera- 
cleopolis. Etienne  met  fa  troifieme  ville  de  ce  nom ,  près 


HER. 


de  l'embouchure  Canobique  :  cette  embouchure  eft  nom- 
mée aufli  HeracleoticumOstium  par  Ptolomée, 
&  elle  prenoit  indifférement  l'un  de  ces  deux  noms ,  à 
caufe  de  Canope  &  d'Heraclée,  deux  villes  qui  en  étoient 
voifines.  Ainlî  la  grande  Heracleopolis  étoit  voifine  de 
Canope  &  de  l'embouchure  à  laquelle  elle  donnoit  fon 
nom.  La  petite  eft  la  féconde  d'Etienne,  c'eft- à-dire 
auprès  de  Pelufe.  La  troifiéme  n'eft  pas  fi  aifée  à  trou- 
ver :  Berkelius  ,  fon  interprète  ,  foupçonne  que  dans 
l'ifle  Heracléote  ,  nommée  par  Ptolomée  ,  il  y  avoit 
peut-être  une  ville ,  dont  cette  ifle  prenoit  le  nom ,  aufli- 
bien  que   le  nôme  qu'elle  renfermoit. 

i.  HERACLEOTES,  ifle  d'Egypte,  fur  le  Nil,  avec 
un  nôme  de  même  nom,  félon  Ptolomée  ,  /.  4,  c.  5. 

2.  HERACLEOTES ,  ifle  de  la  Méditerranée  ,  en- 
tre l'Italie  &c  la  Sicile  ,  félon  Antonin. 

HERACLEOTICUM  Ostium  ,  ancien  nom  d'une 
des  embouchures  du  Nil.  C'eft  la  même  que  Canopi- 
*um  Offium.   Voyez  Canope  &  Heracleopolis. 

1.  HERACLEUM,  lieu  d'Afrique ,  en  Egypte.  Stra- 
bon, /.  17 ,  />.  801,  le  met  entre  Canope  &  l'em- 
bouchure Canopique  :  ce  doit  être  la  même  chofe  que 
la  grande  Heracleopolis  de  Ptolomée.  Après  Canope  , 
dit  Strabon  ,  eft  HERACLEUM  où  eft  un  temple  d'Her- 
cule, &  enfuite  eft  l'embouchure  Canopique. 

2.  HERACLEUM  Promontorium,  promontoire 
d'Afrique,  dans  la  Marmarique.  Strabon,  /.  17 , p.  838, 
nomme  de  fuite  de  long  de  cette  côte  Zephynum,  Cher- 
ronefus  ,  Heracleum ,  le  village  de  Paliure ,  le  port  Me- 
nelas,  &c. 

3.  HERACLEUM  Promontorium,  promontoire 
de  la  mer  Noire  ,  au  couchant  de  l'embouchure  du  Ther- 
modoon  ,  félon  Ptolomée,  l.  5  ,  c.  6.  Voyez  The- 
M1SCYRE.  Arrien  ,  Peripl.  Pont.  Eux.  met  le  port  HE- 
RACLEUM entre  l'Iris  &  le  Thermodoon. 

4.  HERACLEUM  Promontorium  ,  promontoire 
de  la  Sarmatie  Afiatique ,  fur  la  mer  Noire  ,  auprès  du 
fîeuve  Nefis ,  entre  le  Borgys  &  Mafaetica  ,  félon  Ar- 
rien, dans  fon  Périple  du  Pont-Euxin ,  p.  18. 

•j.  HERACLEUM ,  ville  du  même  pays,  félon  Pline, 
/.  6  ,  c.  5  ,  au-delà  de  Diofcuriade  ,  &  à  foixante  &  dix 
mille  pas  de  Sebaftopolis. 

6.  HERACLEUM ,  ville  de  la  Cherfonnefe  Tauri- 
que,  près  des  Palus  Méotide ,  félon  Ptolomée,  /.  3  ,  c.6. 

7.  HERACLEUM,  petit  lieu  de  l'Attique  ,  félon  Cte- 
fias ,  qui  dit  que  Xerxès  voulut  commencer  de-là  une 
digue ,  qu'il  devoit  avancer  jusqu'à  l'ifle  de  Salamine. 

8.  HERACLEUM,  ville  maritime  de  Crète,  fur  la 
côte  feptentrionale ,  félon  Ptolomée  ,  A3,  c.  17.  C'é- 
toit  le  port  des  Gnoflîens ,  félon  Strabon  ,  /.  10.  Voyez 
Heraclée  11. 

HERACLIE ,  félon  Marmol ,  /.  6 ,  c.  24 ,  petite  ville 
d'Afrique,  à  préfent  ruinée  ,  à  vingt- huit  lieues  de  Tu- 
nis ,  fur  la  côte  ,  au  haut  d'une  colline ,  entre  Sufe  & 
Hamamet,  où  l'on  en  voit  les  ruines.  Les  hiftoriens  du 
pays  racontent  qu'elle  a  été  bâtie  par  les  Romains ,  & 
ruinée  par  les  Califes ,  fuccefleurs  de  Mahomet,  à  caufe 
que  c'étoit  une  de  leurs  colonies.  Elle  fe  défendit  vail- 
lamment l'efpace  de  quelques  jours  ;  mais  à  la  fin  l'ayant 
emportée ,  ils  la  détruifirent ,  après  avoir  tué  tous  les 
habitans ,  fans  qu'elle  fe  foit  repeuplée  depuis.  Quelques- 
uns,  ajoute  Marmol,  la  prennent  pour  I'Aspis  de  Pto- 
lomée. Voyez  Aspis  1. 

HERACLITIUM.  Plutarque,  dans  fon  Traité  de  ceux 
que  Dieu  punit  avec  lenteur,  nomme  ainfi  une  rivière, 
dans  laquelle  on  dit  que  perfonne  n'entre  deux  fois  iàns 
changer  de  nature.  Il  ne  dit  point  où  elle  couloit.  *  Onel. 
Thef? 
HERACLIUM.  Voyez  Heracleum. 
HERACTUM.  Voyez  Eractum. 
HERjE  Murus  ,    nom  d'un  lieu ,  félon  Etienne  le 
Géographe.  Voyez  Heraum, 

Il  faut  remarquer  que  °Hf* ,  Hera  eft  le  nom  grec 
de  la  déefle  lunon  ,  6c  que  les  lieux  qui  lui  étoient  con 
facrés  ,  portoient  le  nom  d'HER^EA,  HeRtEUM  ou  He- 
RAS  ,  ou  quelqu' autre  pris  du  nom  de  cette  déeffe.  Voyez 
aufli  l'article  JUNON  &  les  fuivans. 

1.  HERjEA,  ville  du  Peloponnefe,  dans  l'Arca- 
die,  au  bord  de  l'Alphée.  Etienne  le  Géographe  la 
met  près  de  la  Meffénie;  ce  qui  ne  s'accorde  pas  avec 
la  pofition  que  lui  donnent  Ptolomée  Su.  Paufanias,  Pto- 


HER  339 

lomée,  /.  3  ,  c.  16  ,  la  met  plus  ati  nord,  aux  confins 
de  l'Elide;  &  Paufanias,  /.  8 ,  c.  26  ,  dit  que  les  He- 
RÉENS  ont  pour  fondateur  Herœus ,  fils  de  Lycaon  :  la 
ville  eft  fituée  fur  la  rive  droite  de  l'Alphée.  Polybe  dit 
de  même  :  Philippe  ayant  paffé  fur  un  pont  l'Alphée  qui 
baigne  la  ville  des  Heréens  ,  vingt  à  Aliphere.  Elien  , 
Var.  Hijl.  I.  13,  c.  6,  dit  que  dans  le  territoire  d'Herée, 
en  Arcadie ,  il  fe  fait  un  vin  qui  rend  les  hommes  infen- 
fés  &  les  femmes  fécondes.  Tite-Live,  /.  28 ,  c.  7 ,  parle 
aufli  de  cette  ville.  Etienne  le  Géographe  dit  de  plus, 
que  cette  ville  d'HERiEA  étoit  aufli  nommée  SOLOGOR- 
cos. 

2.  HERiEA  ,  promontoire  vis-à-vis  de  Chalcedoine^ 
félon  le  même  Etienne.  Il  obferve  que  par  un  mauvais 
ufage  quelques-uns  lenommoient  Heria,  &  d'autres  He- 
R1UM  ,  &  qu'ils  difoient  qu'y  ayant  fouillé  dans  des  tom^ 
beaux ,  ils  y  avoient  trouvé  des  urnes  &  des  offemens. 
Il  vaut  mieux ,  dit-il ,  en  croire  Demofthene  de  Bithy- 
nie ,  qui  dit  dans  fon  XIV  livre  :  il  y  a  devant  la  fa- 
meufe  ville  de  Chalcedoine  un  promontoire  nommé 
Herœa,  bordé  de  quantité  de  rochers:  au- dedans  de  ce 
promontoire ,  &  autour  d'un  mur  de  pierre,  la  mer  forme 
un  golte  qui,  à  le  voir,  femble  être  profond  par-tout. 
Cependant  il  n'y  a  qu'autant  d'eau  qu'il  en  faut  pour  cou- 
vrir le  terrein  ,  fans  aucune  profondeur.  Des  gens  de 
mer  le  prennent  pour  un  lieu  d'abri ,  &  pour  un  havre 
fait  par  la  nature  y  ont  mené  leurs  vaiffeaux  qui  s'y  font 
perdus. 

1.  HERjEENSES,  habitans  de  la  ville  d'Herée,  en 
Arcadie.  • 

2.  HERjEENSES,  village  de  Grèce,  dans  la  Mega- 
ride  ,  félon  Plutarque  ,  Quœjl.   Grœc. 

HE RjEI  Montes  ,  montagnes  de  Sicile  ,  *He<ua  *f»  , 
félon  Diodore  de  Sicile,  /.  4 ,  c.  86,  qui  en  vante  l'air 
falubre  &  la  beauté.  D'autres  difent  au  fingulier  Heraus 
mons  ;  &  Vibius  Sequefter  dit  que  la  Chryfa  y  a  fafource. 
C'eft  proprement  une  chaîne  de  montagnes ,  qui  s'étend 
dans  la  vallée  de  Demone.  On  les  nomme  préfentement 
Monti  Sori  ;  &  la  montagne  où  la  Chryfa  prend  fa 
fource,  s'appelle  Monte  Artesino,  félon  Cluvier, Sicil. 
vnt.  />.  327.  De  l'ifle  y  eft  conforme  ;  mais  il  donne 
une  autre  ligne  d'inclinaifon  à  cette  chaîne.  Labelledes- 
cription  que  Diodore  de  Sicile  fait  de  ces  montagnes, 
eft  confirmée  par  Fazel,  Dccad.  1  ,  /.  9  ,  c.  4.  Ces  mon- 
tagnes ,  dit  ce  moderne ,  font  les  plus  agréables  de  toute 
la  Sicile.  Car  quoiqu'elles  foient  hautes ,  elles  ont  des 
fources  en  abondance  qui  rendent  les  lieux  très-propres  à 
être  habités  &  cultivés.  Il  y  a  des  vignes,  des  rofiers,  des 
oliviers  &  toutes  fortes  d'arbres  domeftiques  en  quan- 
tité ,  qui  y  font  verds  toute  l'année  ;  &  ce  qui  fur-tout 
en  relevé  la  beauté  fur  le  fommet  des  coteaux  voifins, 
il  y  a  beaucoup  des  jolis  bourgs.  Presque  toutes  les  au- 
tres montagnes  de  Sicile  font  nues  &  dégarnies ,  ou  cou- 
vertes feulement  de  forêts  &  d'arbres  fauvages  ;  au  lieu 
que  celles-ci  font  très-cultivées.  C'eft  dans  ce  canton  , 
dans  une  vallée  couverte  d'arbres  ,  qu'étoit  le  bois  des 
Nymphes ,  Nympharum  Lucus ,  dont  parle  Diodore  de 
Sicile.  C'étoit  là  que  Daphnis ,  fi  célèbre  dans  les  poë- 
lîes  bucoliques ,  étoit  né  des  amours  de  Mercure  ÔC 
d'une  Nymphe.  On  ne  fait  à  préfent  où  étoit  préci- 
cement  ce  bois. 

HERjEITIS  ,  contrée  du  Peloponnefe  ,  félon  Paufa- 
nias ,  in  Eliac.  C'étoit  le  territoire  de  la  ville  d'Heraea. 

HERjEUM  ,  ou  Herbus  Murus  ,  'Hpa70»  T^-ot , 
ville  de  Thrace,  félon  Etienne  le  Géographe,  auprès 
de  Perinthe ,  félon  Hérodote  ,  /.  4.  L'auteur  du  grand 
Etymologyque  ù\ï.<\\i  Herzus  murus  eft  un  lieu  de  Thrace 
bâti  par  les  Samiens. 

Dans  un  grand  nombre  de  pa/Tages  des  auteurs  Grecs, 
Heraum  'tipalov ,  ne  fignifie  qu'un  temple  de  Junon  ; 
&£  fi  nous  avions  voulu  les  recueillir,  il  s'en  feroit 
trouvé  une  lifte  très-longue  &  très-inutile. 

HERvEUS  Portus  ,  port  de  l'Afie  mineure,  fur  le 
Bosphore.  Procope,  JEdïfic.  I.  1  ,  in  fine, dit  de  l'em- 
pereur Juftinien  :  l'empereur  a  élevé  deux  autres  palais  , 
l'un  à  Herseum ,  &  l'autre  à  Jucundienne.  ...  Il  fit  faire 
un  nouveau  porr  dans  le  même  endroit;  comme  l'ancien 
étoit  expofé  à  la  violence  des  vents  ÔC  des  tempêtes  , 
il  y  remédia  de  cette  manière.  Il  fit  jetter  quantité  de  caif- 
fes  des  deux  côtés  dans  le  fond ,  &  il  éleva  par  ce  moyen 
deux  moles  jusqu'à  la  furface  de  l'eau ,  au-deffus  desquel- 
Tomc  III.     V  U  ij 


340  HER. 

fcs  il  pofa  des  roches  pour  refifter  à  Pimpé'tuofîté  des 
vagues.  Ainfi'  il  rendit  ce  port  fort  fur,  même  pendant 
l'hyver ,  Se  durant  les  plus  furieufes  tempêtes.  Il  con- 
itruifit  au  même  lieu  des  églifes,  des  galeries ,  des  bains 
&  d'autres  édifices ,  qui  ne  cèdent  à  ceux  de  Conftan- 
tinople  ,  ni  en  grandeur  ni  en  beauté.  Il  fit  encore, 
près  d'Heraeum ,  un  autre  port  fur  le  rivage  d'Eutropium. 
Pierre  Gilles  dit  que  ce  port  Herée  eft  préfentement 
nommé  Noio,àk  S.  Joan  Calamoto.  Voyez  EUTROPIUM. 

HERAGA.  Voyez  Erage. 

HERAS-Lutra  ;  Pline  ,  /.  3  ,  c.  8  ,  dit  :  quelques- 
uns  mettent  une  ifle  de  ce  nom  entre  celles  qui  bordent 
la  Ssrdaigne  ;  mais  il  le  dit  d'une  manière  qui  ne  mar- 
que point  qu'il  ht  grand  cas  de  ces  auteurs. 

HERAS,  %ç  H*/*,  »  K3\  Ai/tuas'^  /»<*(,  c'eft- à- 
dire  l'i/le  de  fanon ,  du  foleil ,  &  qui  ejl  appellU  auffi 
Autolala  ;  ce  font  les  paroles  de  Ptolomée,  l-4,c.  6, 
qui  met  cette  ifle  fur  la  côte  de  la  Libye ,  dans  la  mer 
Atlantique.  Voyez  JuNONIS  SACRUM. 

HERAT.  Corneille  dit  :  Herat  ville  de  la  Turquie, 
en  Afie  ,  qu'on  appelle  auffi  JvRAC  &  HaGIAR  ,  He- 
ratum  Cariacopolis  &C  Mons  regalis.  C'eft  ,  dit- h", 
l'ancienne  Petra  qui  a  donné  fon  nom  à  l'Arabie  pé- 
trée ,  dans  laquelle  elle  fe  trouve.  Elle  a  un  archevêché, 
&  dépend  du  patriarche  de  Jérufalem.  Il  joint  enfuite 
à  cet  article ,  ce  que  d'Herbelot  dit  de  la  ville  de  Herat 
en  Perfe  ,  qui  eft  bien  loin  de- là.  A  l'égard  de  cette 
Herat  de  l'Arabie  petrée,    voyez  l'article  HeGAR. 

HERAT ,  Herah  ,  ou  Heri  ,  ville  de  Perfe  :  les  an- 
ciens l'ont  connue  fous  le  nom  S  Aria. ,  capitale  de  la 
province  de  même  nom ,  que  nous  connoiffons  aujour- 
d'hui fous  le  nom  de  KhoraJJan.  La  ville  d'Herat  eft  au 
}4ed.  de  latitude ,  &£  au  78e  d.  de  longitude.  Un  des  géné- 
raux de  Gengis-Kan  la  prit ,  en  1212  ;  paffa  au  fil  de  l'é- 
pée  tous  fes  habitans  ,  &C  en  rafa  les  murailles  jusqu'aux 
fondemens.  Tamerlan  la  prit  auffi  quelque  tems  après. 

C'eft  à  préfent  la  plus  belle  &  plus  grande  ville  du 
Khoraffan  :  elle  eft  très-peuplée  &  fes  habitans  font  fort 
riches  ,  ci  font  un  grand  négoce  avec  les  fujets  du  Mo- 
gol.  C'eft  dans  cette  ville  que  l'on  fabrique  les  plus  beaux 
tapis,  les  plus  belles  étoffes  &  brocards  de  Perse.  Etant 
limée  fur  la  route  d'Ispahan  à  Candahar ,  elle  eft  l'entre- 
pôt dû  commerce  qui  le  fait  entre  la  Perse  ôc  les  Indes. 
*ffift.  généalogique  des  Tatars ,  p.  327. 

Cependant  les  hiftoriens  Perfans  difent  tous  unaniment 
qu'Herat  eft  une  des  villes  auxquelles  Alaxandre  donna 
fon  nom,  en  les  bâtiffant;  mais  ils  le  difent  fans  preuve. 

HERATEMIS  ,  rivière  de  la  Perse  propre  ,  félon 
Arrien  ,  in  Indic.  Pline  en  parle  auffi ,  &  dit  qu'elle!  eft 
navigable. 

HERBANUM ,  ancienne  ville  d'Italie ,  dans  la  Tos- 
cane. Voyez  Oropitum  ScOrviete. 

HERBEMONT,  petite  ville  des  Pays-bas ,  au  pays  de 
Luxembourg  ,  dans  le  comté  de  Chiny ,  avec  un  château 
fur  une  montagne  ,  près  de  la  rivière  de  Semoi  ,  une 
lieue  au-deffous  de  Chiny  ,  &  à  quatre  de  Monmedy , 
vers  le  nord  ,  entre  Moufon  &  Neufchâteau.  Les  Espa- 
gnols l'avoient  cédée  à  la  France  ;  mais  on  la  leur  ren- 
rendit  ;  Se  elle  appartient ,  comme  le  duché  de  Luxem- 
bourg, à  l'empereur.  *  Baudrand  rectifié. 

HERBESSUS,  ancienne  ville  de  Sicile.  Cluvier,  Si- 
cil,  ant.  en  met  deux  de  ce  nom  dans  cette  ifle  ;  l'une 
au-deffus  d'Agrigente  ;  l'autre  aux  fources  de  l'Anapus, 
qui  fe  jette  dans  le  grand  port  de  Syracufe.  Il  prouve 
l'exiftence  de  l'une  par  un  paffage  de  Polybe,  /.  I,  c.  18. 
Bochart,  /.  5,  c.  l,n.  4,  y  rapporte  l'Oueffa  ,  Ovixra, 
Veffa  de  Polyen ,  qu'il  dérive  de  VI  Se  de  ]?)t2 ,  dont 
îl  retranche  la  fyllabe  VI-  Cette  Herbeflus  ou  ErbejJ'us, 
ne  laiffe  aucun  doute  ,  puisqu'elle  fervoit  de  magafinaux 
Romains ,  pendant  qu'ils  affiégeoient  Agrigente. 

L'autre  HERBESSUS  eft  plus  fujette  à  caution.  Clu- 
vier ne  la  fonde  que  fur  Tite-Live ,  /.  24,  c.  30,  qui  ne 
dit  autre  chofe  ,  finon  que  les  préteurs  de  Syracufe  me- 
nèrent les  troupes  à  Megare  ;  qu'ils  prirent  avec  eux 
quelque  cavalerie  ,  Se  fe  rendirent  à  Herbeflus  ;  que 
n'ayant  pu  engager  cette  ville  à  fe  rendre  ,  ils  décampè- 
rent de  Mégare  ,  afin  d'affiéger  Herbeflus  avec  toutes 
leurs  troupes.  Ptolomée  ,  Pline  Se  Etienne  ne  connoif- 
fent  qu'une  feule  ville  d'Herbeffus.  Il  n'eft  donc  pas  né- 
ceffaire  d'en  faire  deux  ,  puisque  la  même  pouvoit  être 
entre  Agrigente  6c  Syracufe. 


HER 


Quelques  géographes ,  dont  Baudrand  eft  du  nombre, 
croient  que  Palazzuolo  eft  le  nom  moderne  ;  du  moins 
cette  ville  a  pu  avoir  été  bâtie  fur  fes  ruines  ;  car  c'eft 
la  pofition  des  deux  villes  vers  la  fource  de  YAnapust 
comme  nous  l'avons  remarqué. 

HERBESSUS ,  rivière  de  Sicile  ,  dans  le  territoire 
d'Egefta,  félon  Solin,  Polyhift. 

HERBATILIA  ou 

HERBATILICUM  ,  ville  de  la  Gaule  ,  dans  la  fé- 
conde Aquitaine  ,  à  deux  lieues  de  la  Loire  fur  la  gau- 
che. Elle  avoit  été  autrefois  bâtie  dans  des  marécages,, 
par  les  habitans  de  Nantes,  après  que  Jules  Cefar  eut  ruiné* 
leur  ville.  Elle  s  etoit  accrue  Se  peuplée  de  fes  débris  ; 
&  le  rétabliffement  de  Nantes  ne  lui  avoit  fait  tort  qu'en 
ce  que  les  premiers  prédicateurs  de  l'Evangile  fembloient 
l'avoir  négligée  pour  s'arrêter  à  Nantes.  Ses  habitanr 
ét oient  encore  payens  ,  l'an  551.  S.  Martin  ,  diacre  &c 
prédicateur  ,  qui  fut  depuis  abbé  de  Vertou  ,  y  fut  en- 
voyé par  fon  évêque,  S.  Félix  de  Nantes ,  pour  les  con- 
vertir. On  fut  fourd  à  fa  prédication  ;  Se  ce  faint  s'étant 
retiré  promptement  avec  fon  hôte,  la  ville  fut  inondée 
Se  abymée  dans  les  eaux ,  qui  formèrent  dans  fa  place 
même  le  lac  de  Grand-lieu  ,  que  l'on  voit  encore  ;  il  ne 
refta  que  l'endroit  le  plus  élevé  de  la  ville  ,  qui  fut  ré- 
duit en  village  appelle  Herbauge.  Ceci  arriva  vers  Pan 
554;  &  trente-cinq  ans  après  ,  on  voyoit  encore  quel- 
ques toits  des  maifons  enfevelies  dans  l'eau.  *  Baillet  . 
au  24  Octob.  Vit  de  S.  Martin  de  Vertou. 

HERBAUGE.  Voyez  l'article  précédent. 

HERBIPOLIS  ,  mot  barbare ,  dont  peu  d'auteurs  ec- 
cléfiaftiques  fe  font  fervis  ,  mais  qui  avec  le  tems  a  été 
ufité  ,  pour  fignifier  la  ville  de  Wurt^bourg ,  fiege  épis— 
copal  d'Allemagne ,  dans  la  Franconie. 

Cependant  le  concile  qui  y  fut  tenu  ,  l'an  il 30,  efl 
appelle  Herbipolense  coucilium ,  ainfi  que  celui  qui  y  fut 
tenu  l'an  1 165. 

HERBITA.  Toyez  Erbita. 

HERBORN,  ville  d'Allemagne,  en Weteravie ,  dans- 
la  principauté  de  Naflau-Dillenbourg,  fur  la  Dille  ,  à 
quatre  milles  au  couchant  de  Marpourg ,  Se  à  trois  au 
nord  de  Gieflen.  Elle  a  une  fameufe  école  fondée ,  en 
1584,  par  le  comte  Jean  le  Vieux.  Jean  Piscator,  fameux 
théologien  Proteftant ,  en  fut  le  premier  recteur.  Elle  a 
eu  des  hommes  illuftres  entre  fes  régens.  Cette  ville  eft 
connue  à  caufe  de  fes  manufactures  d'étoffes  de  laine , 
dont  elle  fait  un  affez  bon  commerce.  *  Zejler  ,  Haf- 
fiae,  Sec.  Topogr.  p.  50. 

HERBULENSES  ,  nom  d'un  peuple  de  Sicile ,  félon 
Pline,  /.  3,  c.8.  Ortélius,  Thefaur.  doute  fi  ce  ne  fe- 
roit  point  de  chez  eux  que  venoit  YErbulum  vinum 
dont  parle  Athénée.  Le  P.  Hardouin  conjecture  qu'il 
faut  lire  Harbelenfes  ;  ck  alors  ce  feroient  les  habitans 
à'Arbelé,  qu'Etienne  le  Géographe  met  dans  la  Sicile, 
en  citant  Philifte  dans  fon  huitième  livre  de  l'Hiftoire  de 
Sicile. 

HERCABUM.  Voyez  Ercabum. 

HERCATES  ,  ancien  peuple  d'Italie  ,  en- deçà  de 
l'Apennin ,  vers  la  Ligurie.  Tite-Live ,  /.  41 ,  c.  23,  dit: 
cis  Apenninum  Garuli  &  Lapicini  &  Hercates  ,  trans 
Apenninum  Briniates  fuerant. 

HERCINIA  silva.  Voyez  Hercynia. 

HERCLEMANNICUS  portus.  Voyez  portus 
Monoeci  :  c'eft  préfentement  Monaco. 

HERISLE  ,  Herculaneus  pagus  ,  bourgade  fituée 
fur  la  montagne,  ou  eft  préfentement  Caferta  Vecchia  , 
au  fommet  des  Tifates  ,  dans  le  pays  des  Samnites.  Her- 
cule y  avoit  un  temple  qui  fut  caufe  que  cette  bourgade 
fe  forma. 

HERCULANEA  via.  Ciceron,  Agrar.ï,c.  14,  en 
parle  comme  d'un  canton  délicieux  &  fort  riche  :  ce> 
chemin  étoit  en  Italie  ,  dans  la  Campanie ,  entre  le  lac 
Lucrin  ck  la  mer.  C'étoit  une  chauffée  qui ,  au  rapport 
de  Strabon  ,  l.  j ,  p.  245  ,  paflbit  pour  être  l'ouvrage 
d'Hercule.  Ce  héros  la  fit  lorsqu'il  emmenoit  les  bœufs 
de  Geryon.  Silius  Italicus ,  /.  12,  v.  118,  nomme  ce 
chemin  Herculeum  iter  par  cette  raifon  ;  Se  Properce , 
/.  3,  cleg.  16,   v.  3,  dit  : 

Qua  jacet  &  Trojœ  tubicen  Mifenus  arenat 
Et  fonat  Herculeo  flruHa  labore  via. 

I.  HERCULANEUM,  ancienne  ville  d'Italie ,  aux 


HER 


pays  de  Samnites.  Tite-Live,  /.  ro,  c.  45,  dit  :  Carvilius 
avoit  pris  aux  Samnites  Volana,  Palumbinum.  &  Hercula- 
neum :  il  s'étoit  rendu  maître  de  la  première  en  fort  peu 
de  jours.  La  féconde  ne  lui  avoit  coûté  que  la  peine 
de  s'approcher  des  murailles.  Il  trouva  plus  de  difficulté 
à  Herculaneum.  Il  y  eut  deux  actions  fort  vives  ,  ck  où 
il  perdit  plus  de  monde  que  les  ennemis.  Il  campa  au- 
près de  la  ville  qu'il  refferra  :  il  en  fit  le  fiége  dans  les 
formes  ,  &c  la  prit  :  dans  cette  ville  il  y  eut  dix  mille 
hommes  de  tués  ou  prifonniers.  Cellarius,  Geogr.  an- 
tiq.  1.  1 ,  c.  9 ,  p.  870 ,  foupçonne  que  c'eft  ce  même 
lieu  ,  qui,  dans  la  Carte  de  Peutinger,  eft  nommé  Hercu- 
lus  ranï. 

1.  HERCULANEUM,  ancienne  ville  d'Italie  dans  la 
Campanie,  fur  la  côte,  vis-à-vis  du  mont  Vefuve  ,  ajou- 
tés à  fix  mille  cinq  cents  pas  de  Naples ,  bâtie  par  Her- 
cule 1241  ans  avant  l'ère  chrétienne.  Seneque  ,  Quœjl. 
jiat.  1.  6,  c.  26,  parle  des  tremblemens  de  terre  auquels 
Herculaneum  &  Pompeïes  avoient  été  expofées  ,  de  ma- 
nière qu'une  partie  cYHerculaneum  en  avoit  été  renver- 
fée.  Dion  Caffius  ,  p.  756,  édition  de  Wechel  1606  , 
s'explique  plus  clairement ,  &  nous  apprend  que  ces  deux 
villes  furent  entièrement  renverfées ,  tandis  que  le  peuple 
étoit  au  théâtre.  Prœtereaque  cinis  duas  urbes  intégras, 
Herculaneum  &  Pompeios,  populo  ejusfcdentc  in  theatro 
fenitùs  obruit.  Cette  funefte  cataftrophe  arriva  l'an  de 
Jefus-Chrift  63  ,  fous  le  confulat  de  Regulus  ck  de  Vir- 
ginius.  Mais  cette  ville  fut  bientôt  rétablie ,  ck  Rome  y 
envoya  de  nouveaux  habitans.  L'année  de  Rome  802,  ck 
de  Jefus-Chrift  79,  la  première  de  l'empire  deTite,  Her- 
culane  effuya  le  même  malheur  ,  ck  fut  enfevelie  fous  les 
cendres  du  mont  Vefuve.  Préfervée  en  partie  des  attein- 
tes du  feu  par  la  grande  quantité  de  terre  ck  de  cendre , 
qui  la  combla  presque  par-tout ,  elle  a  reparu ,  vers  l'an 
1738,  fous  les  villages  de  Refîna  &  de  Portici.  Ce  phé- 
nomène fouterrein  a  occupé  ,  ck  occupe  encore ,  l'atten- 
tion des  amateurs  de  l'antiquité. 

Le  père  Belgradi ,  Jefuite  Italien  ,  descendit,  en  1748, 
dans  Herculane,  foixante-dix  pieds  fous  terre.  Cette 
route  faite  de  main  d'homme  ,  depuis  la  découverte ,  eft 
étroite,  obscure;  &  l'on  ne  s'y  engage  qu'à  la  lueur  des 
flambeaux.  Ce  qui  frappa  d'abord  le  voyageur,  furent  des 
murailles  de  briques ,  enduites  de  couleur  rouge  ck  auffi 
brillantes  que  fi  l'on  y  avoit  parlé  tout  récemment  un 
vernis.  On  reconnoît  là  le  luxe  de  ces  Italiens,  Grecs 
d'origine  ,  qui  employoient,pour  l'ornement  de  leurs  de- 
meures ,  ce  que  Vitruve  condamne  comme  un  excès  de 
magnificence.  Le  même  luxe  avoit  porté  les  habitans 
d'Herculane  à  paver  leurs  marions  de  pièces  de  marbre 
noir  ck  blanc.  Ces  pièces  font  comme  de  petits  cubes 
entremêlés  ck  diftribués  avec  goût.  L'auteur  cité  confi- 
déroit  tout,  en  avançant  dans  ces  rues  fouterreines  ;  ck  il 
fut  bientôt  parvenu  au  théâtre  qui  eft  conftamment  le 
plus  beau  monument  de  cette  découverte  :  c'eft  dom- 
mage qu'on  l'ait  fi  mal  débouché  ;  qu'on  ait  comblé  de 
terre  fes  diverses  parties,  à  mefure  qu'on  en  retiroit  les 
ftatues,  les  médailles  ck  les  autres  antiques  qui  y  étoient 
enfevelies.  Il  n'en  paroît  que  quelques  côtés  ,  quelques 
veftiges  qui  fervent  à  faire  juger  du  refte  de  l'édifice.  Il 
étoit  en  demi-cercle ,  ayant  à  l'extérieur  290  pieds  de 
circonférence',  de  largeur  en  dedans,  jusqu'à  la  fcene, 
150  pieds.  Onentroit  fur  la  fcene,  dont  la  largeur  eft 
de  72  pieds,  par  trois  portes  ;  ck  tout  ce  frontispice  do- 
rique n'avoit  que  30  pieds  de  hauteur.  Toute  l'enceinte 
du  théâtre  étoit  en  portiques  deftinés  à  l'entrée  des 
fpeftateurs  ;  ck  ils  foutenoient  auffi  les  galeries  ck  les 
loges  en  gradins  où  l'on  fe  plaçoit.  La  dernière  galerie 
étoit  refervée  aux  dames ,  tk  paroît  avoir  été  plus  ornée 
que  les  autres. 

A  quatre-vingt  pas  environ  du  théâtre  d'Herculane ,  on 
trouve  trois  édifices ,  un  plus  grand ,  ck  deux  autres  beau- 
coup moindres,  placés  vis-à-vis ,  ck  communiquant  avec 
le  premier  par  des  portiques.  Le  plus  vafte  étoit  probable- 
ment le  Forum.  Cet  édifice  avoit  228  pieds  de  long  , 
.&  environ  132  de  large.  On  y  a  trouvé  plufieurs  ftatues , 
fur-tout  à  l'entrée-,  celle  de  M.  Nonnius  Balbus. 

A  l'égard  des  deux  bâtimens  placés  vis-à-vis  de  ce 
Forum,  c'étoient  des  temples,  l'un  ayant  1 50  pieds  de  long 
fur  60  de  large  ,  l'autre  beaucoup  moins  vafte ,  tous  deux 
voûtés ,  de  forme  quarrée  ,  ornés  d'autels ,  de  peinture 
a  fresque  ;  ck  l'on  y  voit  auffi  fur  les  murailles  des  pla- 


HER  341 

cfues  de  marbre  où  font  inscrits  les  noms  de  ceux  qui 
ont  contribué  aux  dépenses  de  ces  édifices ,  ck  des  ma- 
giftrats  qui  ont  préfidé  à  leur  confécration. 

Parmi  les  ftatues  de  bronze  on  a  admiré  celles  de  Né- 
ron ,  de  Germanicus  ;  mais  celles  qui  font  en  marbre 
font  mieux  conservées.  La  plus  belle  eft  une  ftatue  éques- 
tre ,  de  marbre  blanc ,  que  le  roi  des  deux  Siciles  a  fait 
placer  dans  la  cour  de  fon  palais  de  Portici.  Le  cavalier 
eft  ,  félon  toutes  les  apparences  ,  un  proconful  Romain. 
Il  a  l'air  d'autorité^  de  commandement;  on  le  voit  en 
habit  de  guerre,  l'anneau  au  doigt  ,  les  brodequins  aux 
pieds  ;_&  le  cheval  fur  lequel  il  eft  monté,  eft  auffi  dans 
une  attitude  fiere  ,  tournant  la  tête  vers  le  cavalier ,  & 
respirant  l'ardeur  des  combats.  C'eft  un  chef-d'œuvre  que 
ce  monument  :  on  y  diftingue  les  veines  ,  les  muscles  , 
les  tendons,  &  toutes  les  proportions  font  de  la  plus  grande 
jufteffe.  On  voit  cette  inscription  fur  la  bafe  de  la  fta- 
tue: 

M.  Nonio.  M.  F.  Balbo.  P.  R.  Proc. 
Herculanenses. 

Il  feroit  trop  long  de  détailler  tous  les  autres  monumens 
qu'Herculane  a  fournis.  On  peut  lire  l'auteur,  à  qui  rien 
n'eft  échappé  ,  ck  qui  traite  tout  avec  jufteffe.  *  Jacobi 
Belgradi  Epiftola;  de  antiquis  Monumentis  fub  retinâ  re- 
cens inventis.  Venet.  1749. 

HERCULANEUS  rivus  ,  ruiffeau  d'Italie  ;  il  a  fa 
fource  clans  le  chemin  de  Sublaque  ,  à  foixante-deux  mille 
pas  de  Rome ,  félon  Frontin. 

HERCULEA  via.  Voyez  Herculanea  via. 

HERCULES  saline.  Voyez  Herculaneum  2. 

HERCULE.  Le  même  que  les  Payens  nommoient 
en  grec  Héraclès  ,  eft  appelle  en  latin  Hercules ,  de-là 
vient  qu'il  y  a  tant  de  lieux  qui  dans  cette  dernière  lan- 
gue, portent  fon  nom  :  quelquefois  les  Latins  trouvant 
le  nom  déjà  impofé  par  les  Grecs  ,  l'ont  conservé  , 
comme  nous  avons  vu  ,  dans  le  grand  nombre  de  vil- 
les nommées  Hcraclie  ;  quelquefois  ils  l'ont  traduit  en 
leur  langue.  Il  fuffit  ici  de  remarquer  que  tous  ces  lieux, 
foit  en  grec  ,  foit  en  latin ,  tirent  leur  nom  d'une  même 
origine,  qui  eft  Hercule  ;  foit  que  ces  lieux  fuffent  il- 
luftrées  par  quelqu'une  de  fes  aftions ,  foit  qu'ils  euffent 
feulement  un  temple  ,  une  chapelle  ou  quelqu'autre  chofe 
de  consacré  à  ce  dieu. 

Ad  HERCULEM.  Voyez  au  mot  Ad,  les  quatre  ar- 
ticles Ad  Herculem. 

HERCULEUS  lacus  :  Diodore  de  Sicile  ,  /.  4, 
nomme  ainfiun  lac  de  Sicile,  dans  le  territoire  deLeon- 
tini.  Il  avoit  quatre  ftades  ou  cinq  cens  pas  de  circuit , 
ck  paffoit  pour  avoir  été  creufé  par  Hercule. 

HERCULEUM,  ERKELEN  ou  Erkelens,  ville 
du  BrabantHollandois,  au  quartier  de  Gueldre.  Plufieurs 
la  prennent  pour  Caflra-Herculis  ,  dont  Ammien  Mar- 
cellin  &  d'autres  ont  fait  mention.  Elle  eft  fituée  à  une 
lieue  de  Roër,  à  quatre  de  la  ville  de  Juliers  ,  êk  à  fix 
de  Ruremonde  ,  entre  l'une  ck  l'autre.  Quoiqu'elle  foit 
environnée  de  toutes  parts  des  terres  du  duché  de  Ju- 
liers, elle  eft  delà  jurisdicfion  de  Gueldre.  Les  François 
s'en  étant  rendus  les  maîtres  au  commencement  de  la 
guerre  de  Hollande,  l'abandonnèrent  en  1674,  après 
en  avoir  démoli  les  fortifications.  *  Corn.  Dift. 

HERCULUM  FRETUM  ;  ancien  nom  du  détroit 
de  Gibraltar. 

HERCULEUM  iter.  Voyez  Herculanea  via. 

HERCULIA  ,  félon  Antonin ,  hiner.  ville  de  la  Pan- 
nonie  ,  fur  la  route  de  Sopiana.  à  Bregendo  ;  entre  Gur- 
tiana  ck  Floriana ,  à  vingt  milles  de  la  première  ,  ck  à 
quinze  de  la  féconde.  Ortélius,  Thcfaur.  croit  que  c'eft 
la  même  qui  eft  nommée  dans  la  Notice  ad  Herculem, 
ck  Lazius  conjecture  que  c'eft  préfentement  la  ville  de 
Bude. 

HERCULIS  ara.  Voyez  ara  Hercults. 

HERCULIS  ar.£,  ou  les  autels  d'Hercule; 
ville  de  la  Sufïane,  près  de  la  Mefopotamie  &  du  Tigre, 
à  l'oppofite  d'Apamée  ,  félon  Ptolomée,  /.  6,  c.  3. 

HERCULIS  Arenosi  Cumuli  ,  ou  Herculis 
Aren*:,  c'eft-à-dire  les  monceaux  de  fable,  ouïes  fa- 
bles d'Hercule  ;  montagne  d'Afrique  ,  dans  la  Cyrenaï- 
que  ,  félon  Ptolomée  ,  /.  4,  c.  4, 

HERCULIS-Castra.  Voyez  Castra. 

HERCULIS-Castrum  ,  lieu  fltué  quelque  part  vers 


342.  HËR 

la  Mœfie  ,  entre  Neflus  &  Ulpiana  ,  feloft  Jornandes  ,* 
cité  par  Ortélius.  Mais  je  trouve  dans  Jornandes  même, 
de  Rcb.  Gaie.  c.  56,  ces  paroles  :  vidensTheodemir  un- 
dique  fibi  prospéra  provenire  ,  Naiffum  primam  urbem 
invadit  Ulyria  :  filioque  fuo  Theodorico  confociatus  ad- 
Jlat  &invil£am  comités  perCASTRVM.-HKRCVl.lS  trans- 
muta Ulpianam.  On  voit  par  ce  paflage  &  par  celui  qui 
le  fuit ,  que  Maiffus  étoit  ville  frontière  de  l'ïllyrie,  dont 
ëtoit  auffi  Ulpiana,  &  que  Callrum  Herculis  étoit  entre 
<leux.  Théodemir,  &  fon  fils  ihéodoric, les  prirent ,  & 
s'ouvrirent  par-là  certains  lieux  de  l'ïllyrie ,  qui  avoient 
été  jusqu'alors  inacceffibles.  Qui  venientes  ,  tàm  eam 
(Ulpianam)  quàm  &  opes  mox  In  deditionem  accipiunt , 
■nonnullaque  loca  lllyrici  inacceffibilia  Jibi  tune  pri- 
mum  pervia  faciunt. 

HERCULIS  column/e.,  c'eft-à-direlesCOLOMNES 
D'HERCULE.  On  entend  préfentement  par  ce  nom  deux 
montagnes  aux  deux  côtés  du  détroit  de  Gibraltar ,  fa- 
voir  Calpe  en  Espagne ,  &  Ab'da  en  Afrique.  Marcien 
d'Heraclée, />.?£.  36,  edit.  Oxon.  dit  dans  fon  Périple, 
que  les  anciens  ne  s'accordoient  pas  fur  le  lieu  où  il  fal- 
loit  placer  les  colomnes  d'Hercule  :  lors  ,  dit-  il  ,  que 
l'on  pafle  le  détroit,  &  que  l'on  range  le  temple  de  Ju- 
non ,  que  ceux  qui  fortent  la;ffentàleurdroite,  on  trouve 
l'Océan  qui  s'étend  fort  loin  de  chaque  côté ,  le  long  de 
l'Espagne  &  de  la  Libye  ,  &  qui,  du  côté  de  l'occident, 
a  une  "étendue  indéterminée ,  que  l'on  ne  connoît^  point. 
Premièrement,  en  côtoyant ,  on  trouve  à  droite  l'ifle  de 
Gades ,  où  l'on  prétend  que  font  les  colomnes  d'Hercule. 
Quelques-uns  les  mettent  auprès  du  montCalpé,  qui  eft 
dans  le  détroit  même  ;  &  d'autres  les  mettent  auprès  de 
l'ifle  de  Gades  ,  comme  Artemidore  le  Géographe.  Rien 
n'empêche  que  nous  commencions  le  Périple  de  l'Espa- 
gne au  mont  Calpé ,  que  la  plupart  prennent  pour  une 
colomne  d'Hercule.  Il  nomme  enfuite  ,  p.  39  ,  Calpé 
montagne  &  colomne.  Pomponius  Mêla,  /.  I -,  c.  5,  par- 
lant de  la  Mauritanie  ,  &  particulièrement  de  la  ville  de 
Tingi ,  ajoute  :  il  y  a  enfuite  une  montagne  très-haute, 
à  l'oppofite  d'une  autre  qui  eft  du  côté  de  l'Espagne.  On 
appelle  l'une  Abyla  &  l'autre  Calpé  ;  &  toutes  les  deux 
les  colomnes  d'Hercule.  On  dit  qu'Hercule  trouva  ces 
montagnes  contigues  l'une  à  l'autre  ;  qu'il  les  fépara  ,  & 
fit  entrer  ainfi  l'Océan  dans  les  terres  qu'il  inonde  aujour- 
d'hui, &c.  Seneque,  l'un  des  tragiques,  parle  ainfi  de 
cette  divifion  : 

Utrinque  montes  folvit  abrupto  obice, 
Et  jam  menti  fecit  Oceano  viam. 

Denys  le  Periégete,  v.  jz,  dit,  que  ces  deux  colom- 
nes font  fituées  aux  deux  côtés  du  détroit  ,  l'une  vers 
l'Europe  ,  l'autre  vers  la  Libye  ;  mais  il  ne  dit  pas  que 
ce  fuflent  deux  montagnes.  Après  avoir  invoqué  les  Mu- 
fes  qu'il  prie  de  commencer  fa  description  à  l'Océan  oc- 
cidental ,  il  ajoute  ,  v.  64:  c'eft,  là  que  font  les  colomnes 
d'Hercule  ,  à  l'extrémité  de  l'univers.  Elles  font  à  Ga- 
des ,  &  au  pied  du  mont  Atlas  ,  dont  les  branches  s'é- 
tendent fort  loin.  Là  une  colomne  d'airain  très-haute 
s'élève  dans  les  nues  qui  la  couvrent.  Diodore  de  Si- 
cile ,  /.  4  ,  c.  18  ,  dit  :  Hercule  ayant  parcouru  une  grande 
partie  de  l'Afrique,  arriva  au  bord  de  l'Océan  de  Gades, 
&  éleva  des  colomnes  fur  la  côte  de  l'un  &  de  l'autre 
continent.  De- là  il  pafia  en  Espagne,  &c.  Il  y  en  a 
pourtant  ,  continue-t-il ,  qui  afl'urent  le  contraire  ;  car , 
félon  eux ,  les  deux  continens  étoient  joints  l'un  à  l'au- 
tre ,  &  Hercule  ayant  creufé  un  canal ,  &  ouvert  le  pas- 
fage ,  l'Océan  fe  mêla  par  le  détroit  avec  notre  mer.  II 
la'iiïe  enluite ,  à  chacun  la  liberté  d'en  juger  ce  qu'il  lui 
plaira.  Strabon  ,  le  plus  judicieux  géographe  de  l'anti- 
quité, parle  ainfi  de  ces  colomnes,  /.  3  ,  p.  169  &  feq. 
Les  Gaditains  affurent  qu'un  oracle  ordonna  aux  Tyriens 
de  mener  une  colonie  aux  colomnes  d'Hercule  ;  que 
ceux  qu'ils  envoyèrent,  étant  arrivés  au  détroit ,  près  de 
Calpé  ,  s'imaginèrent  que  ces  promontoires  qui  reffer- 
rent  le  détroit  ,  étoient  le  bout  de  la  terre  habitée ,  & 
la  fin  de  l'expédition  d'Hercule  ,  &  en  même  tems  ce 
que  l'oracle  appelloit  les  colomnes  ;  ils  entrèrent  dans  le 
détroit ,  au  lieu  où  eft  préfentement  la  ville  des  Axitains  ; 
&  ayant  fait  des  facrifices  qui  ne  leur  réuffirent  point, 
ils  s'en  retournèrent  dans  leur  pays.  Quelque  tems  après, 
il  en  partit  d'autres  qui  fortiient  du  détroit  la  valeur  de 


HER 


quinze  cents  flades  ,  vinrent  à  une  Me  confacrée  à  Her- 
cule ,  vis-à-vis  d'Onoba  ville  d'Espagne  ;  6c  croyant 
avoir  trouvé  les  colomnes  ,  ils  facnrierent  à  ce  dieu  ; 
mais  les  viftimes  ne  promettant  pas  un  fuccès  heureux  , 
ils  s'en  revinrent  dans  leur  patrie.  Ceux  qui  partirent,  en 
troiliéme  lieu  ,  avancèrent  jusqu'à  l'ifle  de  Gades,  où 
ils  bâtirent  un  temple ,  dans  la  partie  orientale  de  l'ifle, 
&  une  ville  dans  l'occidentale;  de-là  vient  que,  par  le 
mot  de  colomnes  d'Hercule  ,  les  uns  entendent  ce  qui 
reflerre  le  détroit  ,  d'autres  Gades  ,  d'autres  enfin  des 
lieux  fitués  encore  au-delà  de  Gades.  Quelques-uns 
prennent  pour  les  colomnes  Calpé  &  Abyla,  qui  eft  une 
montagne  fituée  en  Afrique ,  vis-à-vis  de  Calpé.  Era- 
tofthèue  met  Abyla  chez  les  Métagoniens  ,  peuple  No- 
made ;  d'autres  croient  que  ce  font  de  petites  ifles  voifi- 
nés  de  l'une  &  de  l'autre  montagne,  &  dont  l'une  eft 
appellée  ïijle  de  Junon.  Artemidore  parle  bien  de  l'ifle 
&  du  temple  de  Junon  ;  mais  il  les  diftingue  d'Abyla; 
&  félon  lui  ,  ce  n'eft  ni  une  montagne  ,  ni  un  lieu  de 
Métagoniens  ;  quelques-uns  transportent  en  ces  quartiers 
les  roches  Symplegades  &  les  Planètes  ,  &  croient 
que  les  colomnes  font  ce  que  Pindare  appelle  les  portes 
de  Gadir.  De  plus  Dicéarque,  Eratofthene  &C  Polybe, 
&  la  plupart  des  Grecs,  allurent  que  ces  colomnes  font 
au  détroit.  Mais  les  Espagnols  &  les  Africains  les  pla- 
cent à  Gades ,  ôc  âfturent  qu'il  n'y  a  rien  auprès  du  dé- 
troit qui  reffemble  à  des  colomnes.  D'autres  veulent  que 
ces  colomnes  d'Hercule  ne  foient  autre  choie  que  les  co- 
lomnes de  bronze  de  huit  coudées  ,  qui  font  à  Gades 
dans  le  temple  d'Hercule  ,  &C  fur  lesquelles  eft  gravée 
une  inscription  qui  marque  combien  ce  temple  a  coûte 
à  bâtir.  Ce  font,  dit-on,  celles  que  les  Tyriens  trouvè- 
rent; &  ayant  fin;  là  leur  navigation,  &  facrifié  à  Her- 
cule ,  ils  eurent  foin  de  publier  que  la  terre  &  la  mer  ne 
s'étendoient  pas  plus  loin.  Polîîdonius  tient  ce  fentiment 
pour  le  plus  probable ,  &C  regarde  l'oracle  &  les  divers 
envois  des  Tyriens  comme  un  conte  forgé  par  les  Phéni- 
ciens. On  ne  peut  rien  aflurer  fur  ces  envois  ;  mais  pour 
les  ifles  &  les  montagnes,  il  eft  certain  qu'elles  n'ont  rien 
qui  reflemble  à  des  colomnes  ,  &  que  l'on  cherche  des 
coiomnes  proprement  dites  ,  qui  foient  &  la  borne  de 
la  terre  ,  &  la  fin  de  l'expédition  d'Hercule.  C'eft  un 
ancien  ufage  d'élever  de  pareils  monumens.  Les  habi- 
tans  de  Rhegium  ,  au  lieu  de  colomne  ,  ont  bâti  une 
tour  iur  le  détroit  (de  Sicile)  à  laquelle  répond  de  l'au- 
tre côté  la  tour  du  Pelore.  Il  y  a  les  autels  des  Philènes 
au  milieu  du  canton  qui  eft  entre  les  deux  fyrtes  :  dans 
l'ifthme  de  Corinthe  il  y  avoit  autrefois,  dit- on,  une 
colomne  placée ,  à  frais  communs ,  par  les  Ioniens  qui  , 
étant  chaflës  du  Peloponnefe  ,  avoient  envahi  l'Attique 
&  la  Megaride  ,  &  par  ceux  qui  occupoient  le  Pelo- 
ponnefe. Sur  la  colomne  du  côté  de  la  Megaride  ,  on 
lifoit  ces  mots  :  ce  n'ejl  plus  ici  le  Peloponnefe ,  mais 
rionie.  De  l'autre  côté  il  y  avoit  :  cefl  ici  le  Pelopon- 
nefe ,  &  non  pas  l'Ionie.  Alexandre  ,  dans  la  conquête 
des  Indes  ,  étant  arrivé  au  pays  le  plus  oriental  qu'il  ait 
vu,  dreffa  des  autels  pour  la  borne  de  fa  course  ;  il  fui- 
vit  en  cela  l'exemple  d'Hercule  &  de  Bacchus  :  c'étoit 
la  coutume.  Il  eft  vraifemblable  que  ces  lieux  ayant  pris- 
leur  nom  de  ces  monumens  le  conservèrent,  quoique  les 
monumens  fuflent  détruits. 

Enfin,  pour  finir  cet  article,  j'ajouterai  ce  que  dit 
Hefyche.  Rien  ne  prouve  mieux  l'incertitude  où  les  an- 
ciens ont  été  eux-mêmes  fur  le  heu  où  étoient  ces  co- 
lomnes d'Hercule.  Quelques-uns, dit-il,  les  prennent  pour 
des  ifles,  d'autres  pour  des  jettées  de  terre,  d'autres  pour 
les  extrémités  de  deux  continens  ,  d'autres  enfui  pour 
des  villes.  Les  uns  même  n'y  en  mettent  qu'une  ,  d'au- 
tres plufieurs. 

z.  HERCULIS  columnjE  ,  ou  les  colomnes 
d'Hercule.  Tacite  rapporte  une  ancienne  tradition  qui 
pla,çoit  d'autres  colomnes  d'Hercule  dans  la  Frife  ;  car 
parlant  des  Frifons  diftingués  en  grands  &  en  petits ,  il 
ajoute  :  ces  deux  nations  bordent  le  Pvhin  jusqu'à  l'O- 
céan ,  ck  entourent  des  lacs  d'une  grandeur  immense, 
où  les  flottes  Romaines  ont  pourtant  pénétré.  Nous  avons 
même  eflayé  de  naviguer  fur  l'Océan  de  ce  côté-là  ;  & 
la  renommée  a  publié  qu'il  reftoit  encore  des  colomnes 
d'Hercule,  foit  que  ce  héros  ail  été  elfeâivement  dans  ces 
pays  ,  foit  qu'on  lui  attribue  ordinairement  tout  ce  qu'il 
y  a  de  grand  6c  de  magnifique  en  quelque  pays  que  ce 


HER 


foit.  Drufus  voulut  tenter  cette  avanture  ,  &  ce  ne  fut 
pas  faute  de  courage  qu'il  ne  l'acheva  point  ;  l'Océan  ne 
le  lui  permit  pas ,  &  s'oppofa  aux  recherches  qu'il  vou- 
loit  faire.  Sur  un  fi  léger  indice,  il  y  a  eu  des  gens  affez 
téméraires  pour  ofer  afïurer  que  ces  colomnes  d'Her- 
cule font  aujourd'hui  un  lieu  entre  Groningue  &  Coë- 
■worde,  nommé  en  flamand Duyvels  Cut%_,  c'eft-à-dire , 
le  C ...  du  diable,  ou  comme  Ortélius  le  rend  en  latin  , 
Cacodcemonis 


HERCULIS  DELUBRUM  ,   OU 

j.  HERCULIS  fanum  ,  en  grec  'Hg^nxiui  hy*  , 
le  TEMPLE  d'Hercule.  II  y  en  avoit  dans  un  très- 
grand  nombre  de  villes  ,  &  il  feroit  ennuyeux  d'en  met- 
tre ici  une  lifte.  II  faut  chercher  aux  noms  des  villes 
même  où  étoient  ces  temples,  comme  Erythres,  Her- 
cules columnœ  ,  &  quantité  d'autres.  On  peut  mettre  tou- 
tes les  Heraclées  au  nombre  des  villes  qui  avoient  un 
temple  confacré  à  ce  héros.  Nous  diftinguerons  ici  un 
lieu  particulier,  dont  parle  Ptolomée  ,  parce  qu'il  étoit 
ainfi  nommé  indépendamment  d'aucune  ville  ,  quoique 
ce  temple  fût,  fans  doute,  accompagné  d'habitations  pour 
loger  ceux  qui  le  deffervoient.  Ptolomée  ,  /.  3  ,  c.  1 , 
le  met  en  Toscane  ,  fur  la  côte ,  entre  le  promontoire  6c 
le  bois  de  Feronie  d'un  côté ,  &C  l'embouchure  de  l'Ame 
de  l'autre. 

2.  HERCULIS  fanum  ,  port  de  l'ifle  de  Malthe  ; 
c'eft  préfentement  la  Marsa  Siroco  ,  ou  ,  comme  écrit 
De  l'ifle,  la  Calle  de  Marsa  Siroc,  au  fud-eft  de  l'ifle. 
$.Ortel.  Thef. 

1.  HERCULIS  insula  ou  I'isle  d'Hercule,  fé- 
lon Ptolomée ,  /.  3  ,  c.  3  ,  petite  ifle  fur  la  côte  occiden- 
tale de  Sardaigne.  Ortélius  croit  que  c'eft  préfenternent 
AsiNARA.  Pline  ,  /.  3  ,  c.  7,  met  dans  cet  endroit  deux 
ifles  d'Hercule  :  le  P.  Hardouin  observe  qu'il  y  en  a 
deux  ,  dont  l'une  eft  AsiNARO  ou  Zavara  ,  qui  eft  la 
plus  grande,  &  que  la  plus  petite  eft  ISOLA  Piana. 

2.  HERCULIS  insula  ,  ifle  d'Espagne.  On  lanom- 
moit  auffi  Scombraria.  Voyez  ce  mot. 

HERCULIS  LAVACRA  ,  'Huxtew  Xfcjpà ,  ou  les 
feains  d'Hercule,  lieu  de  la  Driopide  ,  félon  Antoninus 
Liberalis,  cité  par  Ortélius,   Thefaur. 

HERCULIS  lavacrum  ;  Aufone  remarque  dans 
fes  vers  fur  la  ville  de  Milan  ,  qu'un  des  beaux  quartiers 
de  cette  ville  s'appelloit  ainfi: 

Templa  ,  P  alatinœque  arces ,  opulensque  Moneta  , 
Et  regïo  Herculei  celebris  J'ub  honore  lavacri. 

HERCULIS  monoeci  portus.  Voyez  Monoe- 
Cus  &  Monaco. 

HERCULIS  oppidum  ,  ville  d'Egypte ,  dansune  ifle 
du  Nil.  Voyez  Heracléopolis. 

HERCULIS  PAGUS  :  Cedrene  &  Curopalate,  cités 
par  Ortélius,  nomment  ainfi  un  lieu  de  l'Afie  mineure, 
que  ce  géographe  croit  avoir  été  quelque  part  vers  la  Ci- 
licie. 

HERCULIS  Petra  ,  roche  d'Italie  ,  dans  la  Cam- 
panie ,  au  bord  de  la  mer ,  dans  le  territoire  de  Stabies. 
Pline,  l.  31,  c.  2,  place  de  certains  poiffons  nommés 
Melanuri  ,  qui  fe  jettent  fur  le  pain  qu'on  leur  jette 
dans  la  mer ,  Se  qui  ne  gobent  rien  où  il  y  ait  un  ha- 
meçon. 

1.  HERCULIS  PORTUS,  ou  le  PORT  d'HERCULE,'port 
d'Italie ,  au  pays  des  Brutiens  ,  auprès  de  la  villede  Vibo- 
Valentia,  félon  Pline  ,  /.  3  ,  c.  5.  Ce  port  étoit  au-des- 
fous  du  lieu  où  l'on  avoit  érigé  un  trophée ,  en  l'hon- 
neur de  la  viétoire  de  Sext.  Pompée,  &  qui  fut  nommé 
à  caulé  de  cela  AD  Trop^EA  ,  ïl&s  TejiHua..  *  Cellar. 
Geogr.   ant.  t.  2. ,  /.  1 ,  c.  9. 

2.  HERCULIS  portus  ,  port  de  l'ifle  de  Sardai- 
gne ,  dans  fa  partie  méridionale  ,  félon  Ptolomée,  /.  3  , 
e.  3.  Antonin  le  nomme  ad  Herculem.  Voyez  au  mot' 
Ad,  l'article  AD  HERCULEM. 

3.  HERCULIS  portus  ,  nom  latin  de  Porto- 
HERCOLE.  Voyez  ce  mot. 

HERCULIS  LABRONIS  ,  OU  LlBURNI  PORTUS  , 
ancien  port  d'Italie.  Antonin  ,  Itiner.  dans  la  route  de 
Rome  par  la  Toscane  &  les  Alpes  maritimes  ,  le  place 
à  douze  milles  dePife,  &  le  nomme  ad  Herculem.  Ci- 
ceron  ad  Quintum  fratrem  ,  l.  2  ,  epifi.  6,  appelle  un 
port  de  ces  quartiers-là  Labro  :  trat  iturus  a.  d,  1 1 1 ,  id. 


HER  34j 

Apr'des  ut  aut  Labrone  ,  aut  Pifs  tonscenderet.  Zo- 
zime ,  /.  5  ,  c.  20 ,  parlant  d'une  ibrte  de  navires ,  ap- 
pelles Liburnes  par  les  anciens,  dit  qu'on  ies  appeiloit 
ainfi  du  nom  d'une  certaine  ville  d'Italie  ,  où  les  pre- 
miers de  cette  espèce  ont  été  bâtis.  Cellarius  a  cru  que 
Zozime  avoit  voulu  parler  de  ce  port ,  &  que  le  nom  de 
Labro,  fuppofé  que  ce  mot  foit  bien  exempt  d'erreur 
dans  la  lettre  de  Ciceron,  a  été  changé  avec  le  tems  en 
Liburnum  ,  d'où  s'eft  fait  le  nom  moderne  qui  eft  Li- 
vourne.  Mais  le  témoignage  de  Zozime  ne  conclut  rien, 
&  fa  ville  de  Liburnum  ne  vient  qu'à  la  fuite  des  vais- 
feaux,  nommés  Liburnes,  dont  il  cherchoit  l'etymolo- 
gie  ;  au  lieu  qu'Appien  ,  Etienne  le  Géographe,  &c. 
nous  aprennent  que  l'origine  de  ces  navires  fe  doit  pren- 
dre de  la  Liburme ,  contrée  de  la  Dalmatie.  Voyez  Li- 

VOURNE. 

1.  HERCULIS  promontorium  ,  c'eft-à-dire  le 
cap  ou  le  promontoire  d'Hercule  ,  cap  de  la  Maurita- 
nie Tingitane  ,  fur  l'océan  Atlantique  ,  entre  l'embou- 
chure du  fleuve  Tuth ,  &  la  ville  de  Tamufiga  ,  feion 
Ptolomée,  /.  4,  c.  1.  Mercator  dit  que  c'eft  le  cap  Can  tin 

2.  HERCULIS  promontorium,  cap  d'Afie,dans 
la  Galatie ,  près  de  Themiscyre ,  félon  Ptolomée  t.  î, 
c.  6. 

3.  HERCULIS  promontorium  ,  cap  de  l'ifle  de 
la  grande  Bretagne ,  fur  la  côte  occidentale,  félon  Pto- 
lomée. Ses  interprètes  le  nomment  aujourd'hui  Hardt- 
Land. 

HERCULIS  pyrgos'ou  la  tour  d'Hercule.  Voyez 
Herculis  turris.    . 

HERCULIS  saline,  ouïes  salines  d'Hercule. 
Voyez  Herculaneum  2. 

HERCULIS  spécula.  Florus,/.  4,  ci,  nomme 
ainfi  les  deux  extrémités  de  l'Europe  &  de  l'Afrique,  qui 
refferrent  le  détroit  de  Gibraltar.  Ce  mot  femble  faire 
entendre  que  c'étoient  des  tours  élevées  qui  fervoient  à 
découvrir  ce  qui  entroitdans  k  détroit  &  ce  qui  en  fortoit. 

HERCULIS  turris,  ou  la  tour  d'Hercule, 
ville  de  la  Cyrenaïque ,  fur  la  mer  Méditerranée  ,  félon 
Ptolomée ,  /.  4 ,  c.  4.  Caftald  croit  que  c'eft  préfente- 
ment Corcuera.  ;  Se  Marmol,  que  c'eft  Caméra 
Torre. 

HERCULIS  via.  Voyez  Herculanea  via. 

HERCULIS  vicus,  village  d'Afie,  dans  la  Cilicie, 
félon  Curopalate  cité  par  Ortélius. 

HERCULIUS,  torrent  de  Grèce  ,  dans  la  Phocide  , 
près  de  la  ville  de  Bulis ,  félon  Paufanias ,  /.  10,  c.  37. 

HERCUNIATES.  Voyez  Ercumates. 

HERCINIASilva,  &: 

HERCINIUS  Saltus  ;  la  forêt  &  la  montagne 
d'Hercynie,  en  Germanie ,  félon  les  hiftoriens  Grecs  & 
les  Latins.  Les  Grecs  ayant  ouï  dire  aux  Germains  que 
la  Germanie  avoit  quantité  de  montagnes  &  de  vaftes 
forêts ,  &  remarquant  qu'ils  fe  fervoient  du  mot  Hart- 
^en,  pour  les  exprimer,  fe  figurèrent  que  ce  n'étoit  qu'une 
feule  forêt  continuée  dans  toute  la  Germanie  ,  &  une 
feule  chaîne  de  montagnes ,  qui  fe  répandoit  dans  tout 
ce  pays  ;  &c  pour  fignifier  cette  forêt  &  cette  chaîne 
de  montagnes  ,  ils  firent  le  mot  'Efnurlov ,  ou  'Apzu- 
viov.  Ariftote  ,  In  Mirand.  &  Meteorolog.  1.  I  ,  c.  13, 
met  dans  cette  chaîne  de  montagnes  la  fource  du  Da- 
nube &  de  la  plupart  des  rivières  qui  coulent  vers 
le  nord.  Diodore  de  Sicile,  /.  5,  c.  21,  qui  regarde  les 
montagnes  d'Hercynie  comme  les  plus  hautes  de  toute 
l'Europe ,  les  avance  jusqu'à  l'Océan  ,  &  les  borde  de 
plufieurs  ifles ,  dont  la  plus  grande'eft  la  Bretagne.  Pline, 


après  avoir  dit  qu  1 


/u  les  peuples  Chauchi, 


ajoute  peu  après ,  L  16 ,  c.  1 ,  que  tout  le  refte  de  la  Ger- 
manie eft  couvert  de  forêts.  Il  dit  enfuite  :  dans  cette 
partie  feptentrionale  de  la  forêt  Hercynie  ,  la  groffeur 
des  chênes  ,  auffi  anciens  que  le  monde ,  &  que  les  fié- 
cles  ont  épargnés,  furpaffe  toutes  les  merveilles  par  leur 
cleftinée  immortelle.  Il  rapporte,  c.  2,  ce  qu'on  lui  en  a 
dit  de  plus  croyable.  Pomponius  Mêla,  que  Pline  co- 
pie fouvent ,  avoit  dit  avant  lui,  /.  3  ,  c.  3  ,  que  la  Ger- 
manie a  plufieurs  forêts ,  dont  la  plus  grande  &  la  plus 
connue  eft  la  forêt  Hercynie  ,  qu'on  ne  parcourt  qu'en 
foixante  jours.  Il  entend,  fans  doute  ,  la  longueur;  & 
Jules-Celar  la  fait  encore  plus  longue.  Ce^  dernier,  après 
avoir  dit  que  cette  forêt  a  été  connue  à  Eratofthène, 
qui  la  nomme  Orcinia  ,  la  décrit  ainfi,  B.  GalL  1.6, 


BEK 


344 

c.  25.  Cette  forêt  d'Hercynie  a  douze  journées  de  laf- 
gueur  ;  on  ne  peut  la  déterminer  autrement  ;  car  ces 
peuples  ne  connoiffent  point  les  mefures  itinéraires.  Elle 
commence  aux  frontières  des  Helvétiens,  des  Nemetes 
ck  des  Rauraques ,  &r.  s'étend  le  long  du  Danube  jus- 
qu'aux confins  des  Daces  &;  des  Anartes.  De-là  elle 
tourne  fur  la  gauche  dans  des  contrées  éloignées  de  ce 
fleuve  ,  &  par  fa  vafte  étendue  touche  aux  pays  de  di- 
vers peuples  ;  &  il  n'y  a  perfonne  de  ces  pays  qui  dite 
en  avoir  trouvé  le  bout,  quoiqu'il  ait  marché  ibixante 
jours.  Il  parle  enfuite  des  animaux  fauvages  qui  s'y  trou- 
vent. Tout  cela  vient  de  l'erreur  où  étoient  les  Grecs  &t 
les  Romains,  d'avoir  cru  que  toutes  les  forêts,  auxquel- 
les le  nom  de  Hart(  au  fingulier  ,  &  Harqen  étoit  com- 
mun.; n'en  faifpient  qu'une  feule,  dont  c'étoit  le  nom 
propre  ;  au  lieu  que  ce  nom  lignifie  dans  la  langue  des 
anciens  Germains  toutes  les  forêts  indiftinftement ,  en 
quelque  pays  qu'elles  fe  trouvent.  Ainfi  la  longueur  que 
donnent  Cefar  &  Mêla  n'a  rien  d'exaft.  D'Ablancourt 
traduit  Hercinia  filva,  dans  le  paflàge  allégué  de  Jules 
Cefar,  par  h  forêt  noire  qui  n'y  convient  en  aucune  ma- 
nière. La  forêt  noire  n'eft  pas  fi  étendue  ,  &  répond  à 
Martiana  silva  des  anciens.  A  l'égard  des  monta- 
gnes d'Hercynie,  répandues  dans  toute  l'Allemagne ,  c'eft 
une  chimère  qui  a  la  même  erreur  pour  fondement.  Quel- 
ques Allemands  n'ont  pas  laiffé  de  croire  que  c'étoit  ef- 
fectivement une  forêt  continue  ,  dont  les  reftes  portent 
préfentement  divers  noms ,  favoir  ; 

Schwartzwaldt  ou  la  foret  noire.  ,  près  de  Fri- 
bourg  en  Brisgaw.  Voyez  la  copie  d'un  manuscrit  à  la 
fin  de  ce  Dictionnaire. 

Odenwaldt,  près  deHeidelberg. 

Steyger-waldt  ,  près  de  "Wurtzbourg  &c  de  Bam- 

kerS-  ,v  1      ■   • 

Westerwaldt  ,  depuis  le  Mêin  ,  jusqu  a  la  rivière 

de  Lohr. 

.  SPESHART  ,  peu  loin  du  Mein  ,  vers  Francfort, 
Aschaffenbourg  &  Mayence. 

Aaf  DEN  Hartz,  à  l'entrée  delà  Saxe  ,  au  comte 
de  Mansfeld. 

ThUrinCERWAI-DT  ,  dans  la  Thurihge. 
Behemewaldt,  dans  la  Bohême. 
HERCYNIUM.  Etienne  le  Géographe  nomme  ainfi 
une  montagne  d'Italie.  Ortélius  foupçonne  qu'il  entend 
l'Apennin. 

,  HERCYNIUM  JUGUM ,  chaîne  de  forêts  dans  la  Ger- 
manie ;  quelques-uns  l'expliquent  des  montagnes  qui  font 
à'  la  partie  occidentale  de  la  Bohême  ,  c'eft-à-dire  du 
Fichtelberg  où  le  Mein  ,  la  Saala  ,  l'Egre  &  le  Nab 
prennent  leurs  fources.  D'autres  entendent  par  ce  nom 
les  montagnes  qui  fontdansla  partie  orientale,  appellées 
der  Riefenberg ,  où  font  les  fources  de  l'Elbe.  Ces  deux 
fentimens  s'accordent  également  avec  celui  de  Ptolo- 
mée  ,  qui  met  les  monts  Sudites  ,  depuis  la  fource  du 
W'efer  à  l'occident ,  jusqu'à  la  fource  de  l'Elbe  à  l'orient. 
Or  ces  monts  Sudites  faifoient  partie  iïHercynium  ju- 
gum  ou  Hercynii  saltus.  *  Cluver.  Germ.-ant.  /.  3, 
c.  48. 

HERDER,  village  de  Suiffe,  dans  le  Thurgov.  C'eft 
une  terre  feigneuriale  qui  a  ("es  feigneurs  particuliers.  *Etat 
&  délices  de  la  Suiffe  ,  t.  3  ,  p.  1  ^4. 

HERDEREN  ,  village  de  Suifle,  au  comté  de  Bade. 
L'évêque  de  Confiance"  y  a  la  baffe  jurisdiftion.  * Etat 
&  délices  de  la  Suiffe ,  p.  143. 
HERDONIA.  Voyez  Erdonia. 
HEREA  ,  'f-fts*  »  ville  de  Macédoine  ,  félon  Appien 
Alexandrin ,  in  Syriac. 

HERECHON  ou  Arechon  ,  ou  Arecon  ,  ville 
de  la  Paleftine,dansle  tribu  de  Dan.  *Jofué,  c.  19^.46. 
HEREFORD  ,  ville  d'Angleterre ,  dans  là  province 
<rui  en  prend  le  nom  à'Herefordshire ,  dont  elle  eft  la 
capitale ,  fur  la  rivière  de  "Wye  ,  à  cent  cinq  milles  de 
Londres ,  dans  un  très-bon  terroir.  On  prétend  qu'elle 
a  été  bâtie  des  ruines  d'ARICONIUM ,  qui  étoit,  à  ce 
-que  l'on  croit ,  au  lieu  où  eft  aujourd'hui  Kenches- 
TER,  village  qui  eft  à  fon  couchant  fur  la  Wye,  &  elle 
avoit  autrefois  un  château,  bâti  par  les  Normands,  mais 
il  eft  tombé  en  ruine.  Il  y  a  trois  marchés  par  la  fe- 
maine  :  c'eft  le  fiege  d'un  évêque ,  dont  le  diocèfe  com- 
prend tout  Herefordshire  ,  &  partie  de  Shrosphire. 
*  Etat  préfent  de  la  Grand-Bretagne ,  t.  i,  p.  70  6-  277. 


HER 


Il  ne  faut  pas  confondre  cette  ville  ,  ni  fa  province 
avec  une  d'un  nom  à  -  peu  -  près  femblable  ,  appellée 
Hertford ,  ainfi  que  la  province  dans  laquelle  elle  eft 
fituée. 

HEREFORDSHIRE,  province  d'Angleterre  ,  dans 
l'intérieur  du  pays,  au  diocèfe  deHereford,  vers  le  pays1 
deGalles.  Elle  a  cent  milles  de  tour,  &  contient  660000 
arpens  de  terrein,  &  1 5000  maifons.  Cette  province1 
abonde  en  toutes  chofes  néceffaires  à  la  vie  ,  particulié-' 
rement  en  bled  ,  en  bois ,  en  laine ,  en  faumons  &  en 
cidre.  Sa  laine  eft  la  plus  eftimée  d'Angleterre  ,  de  même 
que  fon  cidre  ,  qui  fe  fait  d'une  pomme  appellée  reds-, 
treak,  qui  n'eft  pas  bonne  à  manger ,  mais  qui  ne  vient 
nulle  part  fi  bien  qu'en  cette  province.  Ses  villes  ôt  bourgs 
où  l'on  tient  marché  ,  font, 

Hereford,  capitale, 
Lempfter,  Pembridge, 

"NV'eobly,  Lidbury, 

Kyneton ,  Bromyard, 

&  Roff. 

C'eft  dans  cette  province  que  fe  trouve  la  farneufe  col" 
Une  ambulante ,  nommée  en  anglois  Marsley-Hill.  L'ori- ■ 
gine  de  ce  nom  vient  d'un  tremblement  de  terre,  arrivé 
au  mois  de  Février  1574  :  vingt -fix  arpens  de  terre  fe 
mirent,  pour  ainfi  dire,  en  marche,  avec  un  bruit  effroya- 
ble, pendant  trois  jours  consécutifs.  Par  ce  transport,  un 
clocher  &  plufieurs  arbres  furent  renversés ,  deux  grands 
chemins  changèrent  de  place  ;  celui  de  l'eft  p.iffa  à  l'oueft, 
_&  celui  de  l'oueft  vint -à  l'eft  ;  des  prés  fe  trouvèrent 
où  il  y  avoit  des  champs,  &  des  champs  où  il  y  avoit 
des  prés.  Ce  prodige  eft  attefté  par  les  plus  célèbres  au- 
teurs. *  Etat  préfent  de  la  Gr.  Bretagne,  p.  26  &  70. 

HEREN  ,  montagne  delà  Mauritanie  Cefariense, 
félon  Ptolomée,  /.  4,  c.  1.  Ses  interprètes  lifent  By- 
REN. 

HERENATIUM.  Antonin,  dans  fon  Itinéraire  ,  met 
Herenatium,  ancien  lieu  de  la  Belgique,  chez  les  Bata- 
ves  ,  fix  mille  pas  au-deffous  de  Burginadum.  La  table 
de  Peutinger  donne  la  même  pofition  à  Arenatium,  qui 
eft ,  à  vrai  dire  ,  le  même  nom  moins  deguifé.  Alting 
croit  que  ces  deux  noms  font  fynonymes  avec  Arena- 
cum  nommé  par  Tacite ,  Hifl.  I.  s;  ,  c.  28 ,  ÔC  qu'ils  ne. 
lignifient  qu'un  même  village  de  la  Batavie. 

HERENOPOL1S.  Voyez  Neronias. 

HERENTHALS  ;  (ce  nom  fignifie  la  vallée  des  fei- 
gneurs,) autrefois  ville ,  aujourd'hui  bourgade  des  Pays- 
bas  Autrichiens ,  dans  le  Brabant ,  au  quartier  d'Anvers. 
Elle  fut  bâtie  par  Henri,  duc  de  Brabant,  l'an  1212, I 
fur  la  petite  rivière  de  Nethe.  C'eft  le.  chef-  lieu  d'une 
mairie.  *Longuerue,  Defcr.  de  la  France,  2.  part.  p.  54. 
Baudrand,  éd.  1705  ,  Dicl.  géogr.  des  Pays-bas. 

HERETUM.  Voyez  Ere'tum. 

HERE  US  mons  ,  montagne  de  Sicile  ,  où  eft  la« 
fource  du  fleuve  Chryfas,  félon  Vibius  Sequefter.  Fazel. 
la  nomme  YArteJîno,  Se,  dans  un  autre  endroit,  Ta  VIS. 
*Ortel.Thef. 

HERFELD  ,  ancien  monaftere  d'Allemagne ,  dans  le 
duché  de  Brème  ,  autrefois  fort  célèbre  ,  aujourd'hui 
fécularifé. 

HERFORD.  Voyez  Hereford. 

HERFORDEN  ,  Herwerden  &  Hervordf.n, 
ville  d'Allemagne,  enWeftphalie,  au  comté  deRavens* 
berg.  Elle  a  eu  autrefois  fes  feigneurs  particuliers ,  dont 
le  dernier  étoit  contemporain  de  Charlemagne.  Il  s'ap- 
pelloit  Wplder,  &  nefe  voyant  point  de  fils,  il  demanda 
à  Witikind  ,  qui  s'étoit  fait  Chrétien  depuis  peu  ,  8& 
étoit  déclaré  duc  de  Saxe ,  la  permiffion  d'employer  fa 
maifon  &  fes  biens  ,  pour  bâtir  un  monaftere  ,  ce  qui  lûfj 
fut  accordé.  L'églife  de  Notre-Dame  de  Herforden  fut 
•  fondée  par  Meinwerck ,  dixième  évêque  de  Paderborni 
Cette  ville  eft  une  des  villes  impériales  du  cercle  de 
"Weftphalie  ;  &  quoiqu'elle  foit  la  capitale  du  comté  de 
Ravensberg ,  &  qu'elle  eût  pris  le  duc  de  Juliers  pour 
protecteur ,  elle  a  toujours  prérendu  être  ville  anséati- 
que  &  impériale  ;  elle  a  même  voulu  être  exemptée  de 
la  jurisdiftion  de  l'abbeffe.  Elle  a  fon  rang  entre  les  vil- 
les libres  &  impériales  du  banc  du  Rhin.  Elle  eft  affez 
grande  &  pafiablement  bien  bâtie  ,  à  la  jonâion  de 
plufieurs  ruiffeaux  ,  favoir  l'Aa ,  qui  vient  de  Bilefeld  à 

deux 


I 


HER 


ceux  lieues  de-là,  &  la  Velue,  qui  venant  de  Dieth» 
mold  au  comté  de  la  Lippe ,  fe  charge  de  l'Aa ,  &  fe 
va  perdre  dans  leWefer,  un  mille  au-deflus  de  Minden. 
Ces  deux  petites  rivières  traversent  la  ville  d'Herforden 
&  la  coupent  en  trois,  dont  l'une  appellée  la  Ville-neuve, 
a  fa  maifon  de  ville  &  fa  jurisdicuon  particulière  ;  la  fé- 
conde eft  nommée  la  Vieille-ville,  &  la  troifiéme  Rade- 
wich;  ces  deux  dernières  ont  une  maifon  de  ville  tk  une 
jurisdi&ion  en  commun,  quoique  chacune  aitfon  églife. 
Le  terroir  des  environs  eft  bon  &  fertile.  *  Zeyler,  "Weft- 
phal.  topogr.  p.  31. 

L'abbaye  a  eu  de  grands  privilèges  des  papes  &  des 
empereurs  ;  &c  l'abbefTe  a  rang  &  voix  de  fuftrage  à  la 
diète  ,  comme  étant  princelfe  de  l'empire ,  quoiqu'elle 
foit  de  la  confeflion  d'Augsbourg.  Sa  place  aux  diètes 
eft  entre  les  abbefies  du  banc  du  Rhin. 

HERFORDSHIRE.  Voyez  Herefordshire. 

HERGENTUM,  pour  Ergetium.  Voyez  ce  mot. 

HERGISVALD,  Hergottswald  ,  ou  Hergis- 
WALD ,  bois  ,  en  Suiiïè  ,  près  du  mont  Pilate ,  dans  le 
canton  de  Lucerne  :  il  y  a  une  chapelle  qui  renferme 
une  image  de  la  fainte  Vierge  ,  que  l'on  prétend  mira- 
culeufe,  &  avoir  été  trouvée  au  milieu  d'un  rocher  dans 
une  pierre  à  fer,  l'an  1660.  * Etat  &  délices  de  la  Suijfe, 
t.  2 ,  p.  414. 

HERI.  Voyez  Herat. 

HERIBATH,  ville  d'Afie,  dans  l'Indouftan,  à  cin- 
quante lieues  d'Amadabath.  Elle  n'eft  pas  fort  grande  , 
&  n'a  ni  portes  ni  murailles  ,  parce  qu'elles  ont  été 
détruites  parTamerlan,  auifi-bien  quefon  château,  dont 
l'on  voit  encore  les  ruines  fur  une  haute  montagne  près 
de  la  ville.  *MandeJlo,  Voyage  ,  1.  I  ,  p.  164. 

HERICOURT ,  petite  ville  tk  feigneurie  du  comté 
de  Montbeliard ,  à  une  lieue  de  Montbeliard ,  vers  le 
feptentrion ,  en  tirant  vers  le  mont  des  faucilles.  *  Bau- 
drand,  édit.  I705. 

HERlGEMI,  ville  épiscopale  d'Afie,  dans  le  patriar- 
chat  d'Antioche.  Emeffe  en  étoit  la  métropole.  *  Schels- 
trate ,  Ant.  ecclef.  t.  2,  p.  740. 

1.  HERISÀV,  gros  bourg  ou  village  de  SuifTe  ,  à 
une  des  extrémités  du  canton  d'Appenzell ,  au  bord  d'une 
petite  rivière  nommée  Brulback.  Il  eft  des  plus  anciens 
du  pays ,  &  fubfiftoit  avant  le  fixiéme  fiécle.  C'eft  l'en- 
droit le  plus  peuplé  &  le  plus  confidérable  du  parti  Pro- 
teftant  dans  ce  canton.  Il  y  a  dans  fon  voifinage  une  fon- 
taine d'eau  foufrée  Se  froide.  Dans  les  montagnes  qui 
féparent  ce  pays  d'avec  le  Rhintal ,  il  y  a  trois  petits  lacs 
qui  font  abondans  en  poifions.  On  dit  dans  le  pays,  qu'il 
yen  a  de  fi  gros ,  qu'on  ne  fauroit  les  tuer  qu'avec  de 
grolTes  arquebufes  ,  qu'on  n'y  peut  pas  porter.  Ces  lacs 
fe  vuident  par  quelques  canaux  fouterreins  &  inconnus. 
fEtat  &  délices  de  la  Suijfe  ,  t.  3  ,  p.  108. 

x.  HERISAW,  village  de  SuifTe,  &  une  des  commu- 
nautés extérieures  &  réformées  du  canton  d'Appenzell  ; 
ce  n'eft  pas  le  même  que  celui  dont  on  vient  de  parler 
dans  l'article  précédent. 

HERISSON,  ville  de  France,  dans  le  Bourbonnois, 
fur  la  petite  rivière  d'CEvil ,  qui  fe  jette  dans  le  Cher  au- 
dellous,  à  cinq  lieues  au  fud-oueft  de  Bourbon- l'Archam- 
baut.  Il  y  a  une  collégiale  ,  compofée  de  vingt- deux 
prébendes ,  fous  le  titre  de  S.  Sauveur.  Le  doyen  eft 
éleftif. 

HERISTALLUM.  Voyez  Herstal. 

HERIVAUX  ,  (Notre-Dame  d')  abbaye  de  l'or- 
dre de  S.  Auguftin,  aux  confins  du  diocèfe  de  Paris, 
du  côté  de  Senlis ,  à  une  lieue  de  Luzarche ,  &  à  fept  de 
Paris.  Elle  fut  fondée  l'an  1131. 

HER1US ,  nom  d'une  rivière  de  la  Gaule  Lyonnoife , 
félon  Ptolomée,  l.  2,  c.  8.  Les  interprètes  foupçonnent 
que  c  eft  préientement  la  VlLLAINE. 

HERKENRODE  ,  abbaye  de  religieufes  ,  ordre  de 
Citeaux,  dans  le  pays  de  Liège ,  au  comté  de  Loots ,  fur 
la  gauche  du  Demer,  une  lieue  au-deffous  d'Haffelt  vers 
le  couchant. 
I  xt  HEI^IN£ ,  bourg  d'Angleterre ,  dans  la  province  de 
l  Nortfolck.  On  y  tient  marché  public.  *  Etat  préfent  de  la 
&r.  Bretagne,  t.  1. 

1.  HERMA.  Voyez  HORMA. 

2.  HERMA  ,  ancien  heu  d'Espagne.  Avienus ,  Ora 
marit  v.  43  8  ,  ayant  parlé  de  Malaga ,  &  enfiute  du  port 
ci  de  la  montagne  de  Venus ,  dit  : 


HER 


34? 


Porrb  in  ijlo  littort  , 


àtaere  crebm  civilités  a/zteà  , 
Phœnixque  multos  habuit  hos  pridem  locos. 
lnhospitales  nunc  Arenas  porrigit 
Déferla  telius.   Orba  cultorum  iola , 
Squallentjacentque.  Veneris  abdito  jugo  , 
Speclatur  Herma  cespitis  Libyci  procul 
Qiiod  ante  dixi  ;  Uttus  hic  rursùm  patet , 
Vacuum  incolarum  nunc ,  &  abjecdfoli. 

ë^iCOPOLITj£-  V°yez  Hermocapelit*-. 

HtRMA,  EPft:!;,  heu  du  Peloponnefe ,  aux  confins 
du  pays  d'Argos  &  delaLaconie,  félon  Paufanias  ,  /.  2, 
in  fine.  Ce  nom  n'eft  pas  celui  du  lieu  ,  mais  des  bornes 
que  1  on  avoit  miles  fur  une  montagne  entre  les  Lacé-^ 
démoniens,  les  Argiens  &  les  Tegeates  ;  &  Paufanias 
dit  que  cette  petite  contrée  en  prenoit  le  nom. 

Le  dieu  connu  des  Latins,  fous  le  nom  de  Mercure» 
étoit  nommé  par  les  Grecs  "ê^ç  ,  Hermès.  Comme 
les  Payens  croyoient  qu'il  préfidoit  au  commerce ,  aux 
grands  chemins  ,  &c.  il  avoit  un  culte  fort  étendu.  De- 
la  vient  que  beaucoup  de  noms  géographiques  font  com- 
poles  du  lien. 

1.  HERMjEA  ACRA  ,  'rV*?*  "Azfa  ,  Promontorium 
Mercuru  Cap  d'Afrique  ,  dans  l'Afrique  ,  proprement 
dite,  félon  Ptolomée,  /.  4  ,  c.  3.  Pline  /  ï  c  4 
dit  qu'il  eft  à  l'oppofite  de  la  Sicile,  &  il  'y  place  'du- 
pa, ville  libre.  C'eft  maintenant  le  Cap-Bon;  &  la, 
ville  de  Clupee  eft  préfentement  Zafaran  ,  félon  Mar- 
mol.  " 

2.  HERMjEA  acra,  promontoire  de  la  Marmari- 
que,  (elon  Ptolomée,  /.  4,  c.  5. 

3.  HERMjEA  acra,  promontoire  de  l'ifle  de CréteJ 
dans  fa  partie  méridionale ,  félon  le  même,  /.  3  ,  c.  3 

HERMjEA  insula  ,  petite  ifle  adjacente  à  la  Sardai- 
gne ,  ielon  Ptolomée. 

1.  HERMjEUM  ,  félon  Ortélius ,  cap  du  Bosphore 
de  Thrace  ,  du  coté  de  l'Europe  ,  feion  Sozomène  . 
cite  par  Pierre  Grile  ,  qui  dit  que  c'eft  préfentement  Neo* 
cafiro.  Leunclavius,  /.  3 ,  c.  3  ,  dit  que  c'eft  Genichis- 
Jar.  Le  premier  nom  eft  Grec,   le  fécond  eft  Turc 

2.  HERM.EUM,  lieu  d'Afie,  félon  Polvœn  ,  1.6, 
entre  Lampsaque  &  Parium  ,  à  foixante-dix  ftades  de 
1  une ,  &  à'  deux  cents  de  l'autre.  *  Ortélius,  Thef. 

_  3.  HERMA.UM  ,  cap  de  la  Sardaigne  ,  dans  fà  par- 
tie occidentale,  félon  Ptolomée,  /.  3,  c.  3. 

On  appelle  aujourd'hui  ce  cap,CAPO  DELLA  Cacca» 
Voyez  ce  mot. 

4.  HERMJEUM,  montagne  de  l'iflede  Lemnos--,  fe* 
Ion  le  lcholiafte  de  Sophocle ,  in  Ph.UocT.it. 

5>s  HhRMjEUM  ,  lieu  de  Grèce  ,  dans  la  Béotie  , 
fur  l'Eunpe.  On  paflbit  de-là  dans  l'Eubée ,  félon  Tite- 
Live,  /.  3^. 

6.  HERMjEUM  ,  village  du  Peloponnefe ,  dans  l'Ar^ 
cadie  ,  félon  Paufanias  ,1.8,  c.  35. 

HERMjEUS  tumulus  ,  EpiuSos^i,  nom  de  lie» 
félon  Etienne  le  Géographe ,  in  voce  'AyxS»  ,  qui  ne 
nous  apprend  point  où  il  étoit. 

HERMAGORA ,  lieu  voifin  de  Conftantinople ,  fé- 
lon Pierre  Gille  ,  dans  fa  Description  du  Bosphore. 

HERMANCE,  bourg  de  Savoie ,  dans  le  Chablais , 
fur  le  bord  du  lac  de  Genève ,  au  couchant  du  fort  des 
Alinges.  *Robert,  Carte  de  Savoie. 

HERMANDICA.  Voyez  Salmantica. 

HERMANDURI.  Voyez  Hermunduri. 

HERMANDUS,  fleuve  de  l'Arachofie  ;  c'eft  fainfî 
qu'on  lifoit  dans  quelques  éditions  vicieufes  de  Pline  , 
/.  6,  c.  13  ,  au  lieu  cYErymanthus ,  que  le  P.  Hardouin 
a  doctement  rétabli. 

HERMANES ,  ancien  bourg  d'Espagne  ,  dans  l'An- 
daloufie,  à  trois  lieues  de  Seville  ,  vers  le  couchant  méri- 
dional. Lenom  latin  eûGERMA'Nl.  * Baudrand,ed  170T1 

HERMANSTAD,  Cibinium,  ville  de  Hongrie,  dans 
laTranfilvanie,  dont  elle  eft  la  capitale.  Les  Allemands 
lui  donnent  ce  nom  ;  mais  les  habitans  la  nomment  Ce- 
ben ,  Seben  ou  Zeben ,  qui  eft  auflî  le  nom  de  la  rivière 
qui  la  baigne,  &  qui  fe  rend  peu  après  dans  l'Alaut.  Elle 
eft  grande  &  bien  peuplée ,  dans  une  plaine.  C'eft  la  réfi" 
dence  ordinaire  du  prince  de  Tranfilvanie.  II  y  avoit  un 
cvêché  fufFragant  de  Colocz  ,  félon  Baudrand.  Je  n'en 
Tomtlll.    Xx 


HER 


34-6 

trouve  aucune  trace  dans  les  Notices.  Il  ajoute  :  fes  ha- 
bitans  font  Saxons  d'origine  ,  ôt  c'eft  de-là  que  dépen- 
dent les  fept  iiéges  des  Saxons,  qui  font  dans  cette  pro- 
vince. Elle  eft  à  l'orient  &  à  huit  milles  d'Allemagne 
de  V/eiflénbourg ,  en  allant  vers  les  frontières  de  la  Mol- 
davie, &  à  quinze  de  Claufenbourg. 

HERMANSTEIN.  Voyez  Ehrenbreitstein. 

HERMATOTRGPHI ,  peuple  d'Ane,  vers  la  Mar- 
giane,felon  Pline,/.  6,  c.  16.  Quelques  éditions,  entr'au- 
tres,  celle  du  P.  Hardouin  ,  portent  Hartnatotrophi ,  qui 
vaut  mieux.  Ce  nom  fignifie  des  gens  qui  nourriffent  des 
chevaux  pour  les  chariots. 

HERMEDAl  ;  l'hiftorien  de  Timur-Bec  ,  /.  3,  c.  60, 
nomme  ainfi  un  pays  entre  le  Boryfthène  &  le  Danube. 

HERMES  oppidum,  bourg  d'Afrique,  au  promon- 
toire de  Mercure  ,  félon  Procope ,  Vandal.  1.  1 ,  c.  6. 

HER.MESIA  ,  ancienne  ville  d'Afie,  dans  laMœnie, 
§..  quelque  diftance  de  la  côte.  Elle  ne  fubfiftoit  déjà  plus 
du  tems  de  Pline.  Quelques  exemplaires  portent  Har- 
mejla. 

1.  HERMETSCHWYL,  (Hermetis  villa,)  abbaye 
de  filles ,  en  Suiffe ,  proche  la  ville  de  Bremgarten ,  dans 
le  circuit  du  comté  de  Bade,  &  des  bailliages  libres.  Elle 
eft  environnée  de  la  Reufs ,  &  eft  auprès  d'un  village  du 
même  nom.  L'an  1080  ,  les  religieufes  de  ce  couvent 
furent  envoyées  à  Mûri  ,  d'où  elles  dépendent.  Mais , 
l'an  11 78  ,  elles  furent  rétablies  dans  leur  maifon  de 
Hermetschwyl,  &  font  cependant  demeurées  fous  l'ins- 
pection de  l'abbé  de  Mûri.  *Etat  &  délices  de  la  Suijfs  , 

P'  i4  HERMETSCHWYL  ,  village  de  Suiffe  ,  proche 
l'abbaye  du  même  nom  ci-deflus. 

HERMEUS  sinus.  Voyez  Hermus. 

HERMI  campus  ;  h^rif/ov  ,  lieu  d'Afie  dans 
l'Eolide ,  près  de  Cumes  ,  félon  Etienne  le  Géographe. 

HERMIANENSÏS  sedes  ,  fiege  épiscopal  d'Afrique, 
dans  laByzacène.  LaNotice  épiscopale  d'Afrique  fournit 
DonatusErmianenfis;  &  dans  la  Conférence  de  Car- 
tilage ,  p.  170,  éd.  du  Pin,  on  trouve  Secundianus  Her- 
mianenfis.  Entre  les  évêques  de  la  Byzacène  ,  qui  fous- 
crivirent  au  concile  de  Latran  ,  tenu  fous  le  pape  Mar- 
tin ,  on  trouve  Benaldus  episcopus  Htrmianenjîs.  Pro- 
cope,  Vandal.  \.  1  ,  c.  14,  nous  apprend  le  vrai  nom 
&  la  fituation  de  ce  lieu,  lorsqu'il  dit  qu'Hermione  eft 
une  ville  éloignée  de  quatre  journées  de  la  mer. 

HERMIERES,  abbaye  de  France ,  de  l'ordre  de  Pré- 
montré ,  à  fix  lieues  de  Paris ,  dans  la  forêt  de  Crecy, 
&  fondée  en  11 60. 

HERMINIUS  mons,  montagne  d'Espagne ,  dans  la 
Lufitanie,  félon  Hirtius,  B.  Alex.  c.  48,  &  Dion  /.  37, 
p.  53;  on  la  nomme  préfentement  MONTE  Armineo. 
*Ortcl.  Thef.  mais  plus  communément  Arminhia. 

1.  HERMIONE.  Voyez  l'article  HermianeNSIS. 

2.  HERMIONE ,  ancienne  ville  du  Peloponèfe ,  au 
royaume  d'Argos.  Paufanias,  /.  2,  c.  34,  diftingue  deux 
villes  de  même  nom  ,  favoir  l'ancienne,  qui ,  à  la  referve 
de  quelques  temples  fut  renversée  ,'  &  la  nouvelle  qui 
fut  bâtie  à  quatre  ftades  du  promontoire ,  fur  lequel  étoit 
le  temple  de  Neptune.  Le  même  auteur  &  Thucydide, 
l.  2  ,  nomment  Hermionide  les  environs  de  cette  ville. 

3.  HERMIONE.  Etienne  le  Géographe,  fait  men- 
tion d'une  ville  de  ce  nom  ,  que  l'on  appelloit  aufïï  La- 
ceria  ;  mais  il  ne  dit  point  où  elle  étoit.  Voyez  La- 
CERIA. 

HERMIONIA  ,  ville  fituée  quelque  part  vers  les 
monts  Pùphées  ,  félon  Orphée ,  dans  fes  Argonautiques. 
*Ond.  Thef. 

HERMIONICUS  SINUS  ,  golfe  du  Peloponnèfe ,  au- 
près de  la  ville  d:Hermione.  * Strab.  1.  1. 

HERMIONIDE.  Voyez  Hermione  2. 

HERMIONS  ,  ancien  peuple  de  Germanie.  Pline 
donne  ce  nom  ,  comme  un  nom  collectif,  qui  étoit 
commun  à  quatre  grandes  nations  ,  favoir  les  Suives  , 
les  Hermundurcs,  les  Chattes,  les  Cherusques  ,  comme 
je  l'ai  remarqué  dans  l'article  Germanie.  On  y  peut  voir 
auffi  que  les  noms  de  Germains  &  de  Hermions  ne  font 
que  de  différentes  prononciations  du  même  nom. 

HERMISIUM  ,  ville  de_  la  Cherfonnèfe  Taurique  , 
félon  Pomponius  Mêla,  /.  2  ,  c.  1  ;  &  Pline,  A4,  e.  12. 

HERMITAGE  ,  lieu  foli taire ,  où  demeure  un  hermite 
ou  anachorète  ,  qui  s'y  eft  retiré  pour  mener  une  vie 


HER 


religieufe  &  retirée.  Anciennement  les  hermitages  étoient 
dans  un  défert,  ou  au  fond  de  quelque  forêt  inhabitée, 
loin  du  commerce  des  hommes.  L'hiftoire  eccléfiaftique 
eft  pleine  d'exemples  de  faints ,  que  l'amour  de  la  con- 
templation &  de  l'abnégation  de  foi-même  ,  entraînoit 
dans  des  folitudes.  La  bonne  odeur  de  leur  iainteté  atti- 
roit  auprès  d'eux  des  disciples ,  dont  ils  formoient  un  mo- 
naftere,  qui  fouvent  étoit  caufe  que  la  forêt  fe  defrichoit, 
&  qu'il  fe  bâtifîoit  un  bourg  ou  une  ville.  Il  y  a  en  Eu- 
rope beaucoup  de  lieux  qui  doivent  leur  origine  à  un 
hermitage  devenu  célèbre  par  les  vertus  du  faint  qui 
y  demeuroit.  Eremus  ,  'Epnju«< ,  fignifie  folitude,  un  dé* 
fert  :  de  ce  mot  on  a  fait  Eremitœ,  'Ep.  phiu  ,  pour  ligni- 
fier ceux  qui  s'y  retiroient  ,  comme  du  verbe  anacho- 
rein,  'Am^àftiv,  qui  veut  dire  fe  retirer,  s 'éloigner,  on 
a  fait  le  mot  anachorètes,  'kva.y^-haj.  A  préfent  que 
la  ferveur  eft  plus  rare ,  &c  qu'il  y  a  moins  de  déferts 
qu'autrefois,  les  hermitages  font  éloignés  des  villes.  Ils 
confiftent  ordinairement  en  un  petit  bâtiment,  qui  com- 
prend une  chapelle  &  une  habitation  pourl'hermite,  avec 
un  jardin,  qui,  avec  les  aumônes,  qu'il  recueille,  fournit 
à  fa  nourriture.  Il  y  a  un  affez  grand  nombre  d'hermi- 
tages  en  France ,  &  encore  plus  en  Italie.  Une  lifte  des 
hermitages  feroit  quelque  chofe  de  bien  difficile  à  four- 
nir pour  un  homme  qui  en  eft  fi  éloigné.  Je  laide  ce 
foin  à  ceux  qui  font  à  portée  de  la  dreffer.  Te  me  con- 
tente d'en  mettre  ici  quelques  articles  qui  méritent  d'être 
diftingués. 

1.  L'HERMITAGE  des  Helvetiens  ,  eremus  Hel- 
vetiorum  ;  défert  de  la  Germanie  ,  félon  Ptolomée  :  il 
s'étendoit  jusqu'aux  Alpes. 

2.  L'HERMITAGE.  Voyez  Einsidlen. 

3.  L'HERMITAGE,  bourg  de  l'Ecoffe méridionale, 
dans  la  province  de  Lidesdale  ,  dont  il  eft  le  chef-  lieu. 
Il  prend  ce  nom  d'un  château  nommé  {'Hermitage  ,  qui 
eft  démoli.  11  appartenoit  auxHepburns,  comtes  de  Both- 
■well,  enfuite  aux  Stuarts  de  Coidingham.  *  Etat  préfent 
delà  G.  Bretagne,  t.  2,  p.  233. 

4.  L'HERMITAGE  :  {le  vin  de)  c'eft  un  vin  de 
France.  Il  croit  dans  le  Dauphiné,  proche  de  la  ville  de 
Thain  ,  fur  le  rivage  du  Rhône ,  vis-à-vis  de  Tournon. 
Sur  ce  coteau  il  y  a  un  hermitage  qui  donne  fon  nom 
au  territoire,  &  au  vin  qui  y  vient.  * Broffette,  fur  la  troi- 
fiéme  Sat.  de  Despreaux ,  v.  74. 

HERMOC A POLIT.E ,  peuple  d'Afie,  dans  la  Troade 
&  tous  la  jurisdiftion  de  Pergame,  félon  Pline.  Le  nom 
de  ce  peuple  fignifie  les  cabaretiers  ou  les  aubergif.es  dt 
Mercure.  Les  Notices  épiscopales  mettent  Hermocapelid 
dans  la  Lydie. 

1.  HERMON  (s),  ChermON,  A'éRMON,ouBaal- 
Hermon  ,  montagne.  Les  Sidoniens  lui  donnoient  le 
nom  deSchirion  (b),  &  les  Armorrhéens  celui  de  Sa~ 
nir.  S.  Jérôme  dit  qu'elle  eft  au-defTous  de  Paneade , 
&  que  pendant  l'été ,  on  en  portoit  de  la  neige  à  Tyr , 
pour  rafraîchir  le  breuvage.  Le  Chaldéen  &  l'interprète 
Samaritain  lui  donnent  le  nom  âemontagne  delà  neige  (c), 
parce  qu'elle  en  eft  toujours  chargée ,  à  caufe  de  fa  hau- 
teur. Dans  le  Deuteronome  (d)  il  eft  parlé  de  Sion  , 
comme  faifant  partie  du  mont  Heamon.  L'Ecriture  (e) 
met  le  mont  Hermon  ,  comme  terminant  le  pays  de 
de-là  le  Jourdain  au  feptentrion  ,  de  même  que  le  tor- 
rent d'Arnon  au  midi.  Baal-Gad  étoit  fituée  dans  la 
plaine  du  Liban  ,  au  pied  du  mont  Hermon  (f) ,  ck  les 
Hévens  au  pied  de  la  même  montagne  ,  dans  la  terre 
de  Maspha  fg)  ,  depuis  Baal-Hermon  ,  jusqu'à  Centrée 
d'Hemath  (h).  Le  mont  Hermon  appartenoit  au  roi  og, 
&  étoit  à  l'extrémité  feptentrionale  de.fes  états ,  avant 
que  les  Isrëalites.  en  fifTent  la  conquête  (').  L'auteur  du 
livre  apocryphe  d'Enoch  (k)  ,  dit  que  les  anges ,  qu'il 
nomme  egregori ,  c'eft- à-dire  les  veillans  ,  étant  épris 
de  l'amour  des  femmes ,  s'aflemblerent  fur  le  mont  Her- 
mon du  tems  du  patriarche  Jared  ,  &  s'engagèrent  par 
ferment  &  par  des  anathêmes  qu'ils  prononcèrent,  de 
ne  fe  féparer  jamais  qu'ils  n'enflent  exécuté  leur  réfolu- 
tion  ,  qui  étoit  de  prendre  les  filles  des  hommes  pour 
femmes.  Les  anathêmes,  auxquels  ils  fe  dévouèrent ,  s'ils 
manquoient  à  cette  promefîe,  firent  donner  à  cette  mon- 
tagne le  nom  à'Hermon  ,  c'eft-à-dire  anathime  (').  Le 
psalmifte  dit  que  l'union  des  frères  eft  auffi  agréable  que 
l'eftla  rofée  du  mont  Hermon,  qui  descend  fur  le  mont 


HER 


HER 


de  Sion  (m).  Hermon  eft  comme  le  nom  général  d'une 
montagne  qui  a  plufieurs  coteaux  ,  dont  l'un  eft  appelle 
Sion,  l'autre  Sanir  ou  Schirion.  Ainiî  la  rofée  du  mont 
Hermon  descend  fur  le  coteau  de  Sion  ,  qui  lui  eft  joint 
comme  l'huile  descend  de  la  barbe  d'Aaron  ,  fur  le  col- 
let de  fa  tunique.  Il  eft  vrai  que  Sion  ou  Zion  du 
pfeaume  i32eft  écrit  JVÏ  &  celui  du  Deuteronome|K1îy; 
mais  comme  ces  lettres  ont  le  même  fon  ,  on  peut 
les  confondre.  Le  pfalmifte  dit  ailleurs  (n)  :  vous  avq 
créé  l'aquilon  &  la  mer.  Thabor  &  Hermon  feront  reten- 
tir leur  joie.  La  fituation  de  Thabor  eft  connue.  Cette 
montagne  eft  entre  la  mer  Méditerranée  ,  à  l'occident , 
&  la  mer  de  Tiberiade  à  l'orient  ;  le  mont  Hermon  eft 
au  nord  de  l'une  &  de  l'autre. L'hébreu  porte:  vousave{ 
créé  î 'aquilon  &  la  droite  ,  c'eft-à-dire  le  nord  &  le  midi; 
le  Thabor  au  midi ,  &  le  mont  Hermon  au  nord  ,  feront 
retentir  leur  joie.  Les  deux  parties  de  ce  verfet  font  comme 
fynonymes ,  &  s'expliquent  l'une  &  l'autre.  *  (a)  D.  Cal- 
met,T>\&..  Q>)  Deuuron.c.  3,verf.o&io.  (*)AdDtu- 

tom.  c.  4,  v.  48.  (d)  Ibid.  (=)  Deuteron.  c.  3  ,  v. 

,  4,  v.  48.    (0  Jofué,  c.  11,  v.  17.   (S)  Ibid.  v. 


{h)  Judic.  c.  3,  v.  3.  Q)JoJu< 
00  ci.  (')  Voyez  S.  Hilaire 
Psalm.  131,  v.  3.   (n)  Psalm 

HERMON  0)  ou  Hermoniim' 


3- 
5;ci3,v.n; 
oyez  S.  Hilaire  fur  le  pfeaume  133.   (m) 
'salm.v^i,  y.  3.   (")  Psalm.  88,  v.  13. 

montagne  de 
la  Paleftine  ,  au-deçà  dirJourdain ,  dans  la  tribu  d'Ifîa- 
char ,  au  midi  du  mont  1  habor.  Phvûeurs  croient  qu'il 
en  eft  parlé  dans  cet  endroit  des  pseaumes  (b).  Je  me 
fouviendrai  de  vous  dans  le  pays  du  Jourdain  ,  à  Her- 
mon ,  à  la  petite  montagne  ;  comme  fi  ce  mont  de  de-çà 
le  Jourdain  étoit  appelle  petite  montagne ,  pour  le  distin- 
guer du  grand  Hermon,  qui  étoit  au-delà  de  ce  fleuve. 
Mais  d'autres  croient  qu'il  n'eft  fait  mention  du  petit 
Hermon  en  aucun  endroit  de  l'Ecriture  ,  &  que  cette 
montagne  qui  étoit  connue  fous  ce  nom,  du  tems  de  S.  Jé- 
rôme (c),  dans  la  tribu  d'Iflachar  au  midi  du  grand  champ, 
n'a  été  nommée  Hermon  que  dans  les  derniers  tems. 
D'autres  expliquent  de  cette  montagne  d'Hermon  de  de-çà 
le  Jourdain  ,  ce  qui  eft  dit  au  pfeaume  132:  comme  la 
rofée  du  mont  Hermon,  qui  descend  fur  le  mont  Sion. 
Maundrell  dit  que  la  rofée  en  cet  endroit  eft  auffi  abon- 
dante qu'une  grofle  pluie  ;  mais  cela  ne  persuade  pas  que 
le  psalmifte  parle  du  mont  Hermon  de  de-çà  le  Jourdain , 
puisque  le  mont  Sion  n'a  aucune  Iiaifon  avec  lui  ;  au  lieu 
que  nous  trouvons  un  des  coteaux  du  grand  Hermon , 
nommé  Sion.    *  (a)  D.  Calmet ,  DicL  (b)  Psalm.  41 , 


7.  (c)  Epifl.  44,  nouv.  édit.  p.  s,  s;  2. 
1.  HÉRMOr    ~ 


Î.RMONASSA,  ville  du  Bosphore  Cimmerien, 
&  l'une  des  quatre  que  Pomponius Mêla,  /.  1 ,  c.  19,  place 
dans  la  presqu'ille.  Denis  le  Périégete ,  v,  5  5  ,  dit  qu'elle 
eft  bien  bâtie. 

2.  HERMON ASSA  ,  ville  d'Afie ,  dans  le  Pont  Po- 
lemoniaque ,  près  de  Cotyora ,  félon  Ptolomée  ,  /.  5 , 
c.  6 ,  &  dans  le  même  golfe  que  Ceralbnte.  Strabon  , 
/.  12, p.  548  ,  dit  que  c'étoient  deux  villes  médiocres. 

3.  Ortélius,  rk,  fur  fon  autorité,  Baudrand  mettent 
une  autre  Hermonassa  dans  la  baffe  Moefie  ,  à  peu 
diftante  de  l'embouchure  de  l'Ifter.  Ils  citent  Pline  &t 
Mêla ,  dans  les  ouvrages  desquels  je  n'en  trouve  aucune 
trace.  Le  dernier  ajoute  qu'elle  eft  nommée  Hermo- 
HACTUS  par  Ptolomée.  S'il  l'avoit  consulté  ,  il  auroit 
trouvé  dans  la  verfion  latine,  /.  3,  c.  10,  Ermonac- 
TIS  VILLA  ,  dans  le  grec  'tf^aWioç  xr.'/u«.  C'eft  auffi  le 
nom  qu'emploie  Strabon ,  /.  7 ,  p.  306.  yjj  xa'/jiii  Eo^ts'- 
ratfoç  hty>y.ivn.  Hermonaclis  eft  le  génitif  à'Hermonax. 
Ortélius  avoit  mis  fort  fidèlement ,  en  citant  Ptolomée 
&  Strabon  ,  Hermonaclis  vicus ,  dont  Baudrand ,  faute 
d'exaftitude ,  a  fait  le  nom  SHermonatlus.  Quoiqu'il  en 
foit ,  Ortélius  foupçonne  que  ce  lieu  eft  préfentement 
Bialogrod,  qui,  au  rapport  de  Leunclavius,  eft  appelle  par 
les  Turcs  Beligrado  &  Nestar  Alba. 

HERMONIUS.  Voyez  Thermodon. 

HERMONTHIS ,  ville  d'Egypte  ,  dans  le  nôme  qui 
en  prenok  le  nom  d'HERMONTHiTES  ,  tk  dont  elle 
étoit  la  métropole  ,  félon  Ptolomée ,  /.  4 ,  c.  5  ,  qui  écrit 
ce  nom  par  un  ,  Ep^oiS-  «,  au  lieu  qu'Etienne,  écrit  par 
un  a  Ee//u»ôîf.  Strabon,  /.  17,  p.  817,  écrit  Hermuthis 
EfjUK&jf ,  tk  dit  que  l'on  y  adoroit  Jupiter  ck  Apollon  , 
&  qu'on  y  nourrifloit  un  bœuf  facré.  Il  la  place  entre 
entre  Thèbes  &  la  ville  des  Crocodiles.  Antonin  en  fait 
auifi  mention  dans  fon  Itinéraire. 


Diospoiïn, 
Tentyram  , 
Papa, 

Hermunthim  , 
Laton , 


347 


XIJ.  M.  K 
VIII.  M.  P. 
XXX.  M.  P. 
XXIV.    M.  P. 


Cette  dernière  eft  la  même  que  Latopolis.  Ortélius  dit 
que  ce  nom  eft  corrompu  en  celui  de  NaRMUNTHUM: 
dans  la  Notice  de  l'empire.  Si  c'eft  de  cette  ville  que  la 
Notice  a  voulu  parler,  le  nom  n'eft  pas  feulement  cor* 
rompu;  mais  la  ville  y  eft  horriblement  déplacée,  puis- 
qu'elle y  eft  mile  ,  comme  étant  de  l'Auguftamnique , 
qui  étoit  bien  loin  de-là. 

HERMONTHITES  nomos,  contrée  d'Egypte,  au 
couchant  du  Nil.  Elle  avoit,  félon  Ptolomée,  /.  4,  c.  f» 
le  nôme  de  Memnon  au  nord  ;  celui  de  Thèbes  &  le 
Nil  au  levant ,  les  Dodecaschoenes  au  midi ,  &  les  mon- 
tagnes de  la  Libye  au  couchant.  Ses  villes  étoient  : 

Hermonthis,  capitale. 

Latopolis. 

La  grande  ville  d'Apollon; 

Enfuite   un  village  iitué  dans    les  terres ,    favoir 

Phtkonds  ; 
Et  enfin  Tille  d'Elephandne. 

f  iv  HERMOPOLIS ,  ville  d'Afie ,  dans  l'Ifaurie.  Elle 
étoit  épiscopale  ;  &  Julien ,  fon  évêque  ,  eft  nommé 
dans  la  lettre  fynodique  des  évêques  de  cette  province* 
qui  affifterent  au  concile  de  Chalcédoine.  *Carol.  à. 
S.  Paulo,    Géogr.  facr.  p.  2âl. 

2.  HERMOPOLIS.  Voyez  Hermupolis. 

3.  HERMOPOLIS.  Cuspinien  ,  ad  Cafflodor.  Con- 
sul, an.  Chr.  516  ,  cité  par  Ortélius,  trouve  dans  Am- 
mien  Marcellin ,  un  lieu  de  ce  nom,  vers  les  frontières 
d'Epire  &  de  Macédoine. 

HERMOSELLO  ,  félon  Baudrand  ,  ou  Fermo- 
SELLO  ,  bourg  fortifié  d'Espagne,  au  royaume  de  Léon, 
au  confluent  des  rivières  de  Douero  &  de  Tormes  ,  à 
trois  lieues  au-delïbus  de  Miranda  de  Douero.  Ce  lieu 
eft  inconnu  à  Rodrigo  Mendes.  On  croit  que  c'eft  l'O- 
CELUM  DURII  d' Antonin. 

HERMOTUM,  lieu  d'Afie ,  au  bord  de  la  Propon- 
tide.  Arrien ,  Exped.  Alex.  I.  1 ,  p.  28 ,  dit  qu'Alexan- 
dre partit  d'Ilium  ,  fe  rendit  à  Arisbe  ,  à  Percote ,  à 
Lampsaque  ,  &  campa  auprès  du  fleuve  Practius  ,  qui , 
tombant  du  mont  Ida,  fe  jette  dans  la  mer  entre  l'Hel- 
lespont  ck  le  Pont-Euxin  ;  que  de-là  ii  vint  à  Hermo- 
tum ,  avant  parle  devant  la  ville  de  Colones. 

HERMUCHA  ;  l'Hiftoire  mêlée,  t.  18,  citée  par 
Ortélius  ,  nomme  trois  lieux,  où  l'armée  Romaine  fut 
défaite  ,  favoir  Gabatha  ,  Hermucha  &  Demithara.  Or- 
télius croit  que  ces  lieux  étoient  quelque  part  enAfie. 

HERMUNDULUS  populus  ;  Aulu-Gelle ,  Nott. 
Attic.  I.16,  c.  4,  citant  Cincius  au  troifiéme  iivre 
de  fon  Traité  de  la  guerre  ,  rapporte  en  quelle  ma- 
nière on  la  déclaroit  anciennement,  &  tire  de  cet  au- 
teur un  formulaire  des  paroles  que  prononçoit  le  hé- 
rault  du  peuple  Romain  ,  qui  faifoit  la  déclaration  de 
guerre  aux  ennemis  :  voici  les  paroles.  Quoo  popu- 
LUS  HeRMUNDULUS  ,  HOMINESQUE  POPULI  HeR- 
MUNDULI  ADVERSUS  POPOLUM  ROMANUM  BEL- 
LUM  FECERE  ,  DELIQUERUNTQUE.  QuOD  &C  PO- 
PULUS  ROMANUS  CUM  POPULO  HERMUNDULO  HO- 
MINIBUSQUE  HeRMUNDUNIS  BELLUM  JUSSIT.  Ob 
EAM  REM  EGO  POPULUSQUE  ROMANUS  POPULO 
HERMUNDULO  HOMrNIBUSQUE  Hermundulis  „ 
bellum  indico  ,  facioque.  Comme  ce  partage 
n'eft  accompagné  d'aucun  éclairciflement ,  on  ne  peut 
décider  où  étoit  ce  peuple.  Ce  nom,  répété  jusqu'à  fix  fois, 
m'empêche  d'y  foupçonner  un  changement  de  IV  en  /; 
fans  cela  je  ferois  porté  à  croire  que  ce  font  les  Her- 
mundures  de  l'article  qui  fuit. 

HERMUNDURI  ,  ancien  peuple  de  la  Germanie. 
Pline,  /.  4,  c.  14,  le  range  fous  les  Hermions  avec  les 
Suéves,  les  Chattes  &  les  Cherusques.  Tacite,  au  con- 
traire, les  range  fous  les  Suéves  ,  &  les  étend  jusqu'au 
Danube.  Cluvier  a  recueilli  les  partages  des  anciens , 
touchant  ce  peuple ,  y  a  ajouté  (es  conjectures ,  &  mar- 
que ainfi  leurs  bornes.  Selon  lui ,  German.  ant.  /.  3  , 
c.  28,  les  Hermundures  étoient  bornés  au  couchant  par 
Tome  III,    Xx  ij 


348 


HER 


HER 


la  Saala ,  rivière  , 


jusqu'à  Salefeld,  de-là  par  une  l'igné     turc  dit  Amplement  que  J.  C.  fut  mené  en  Egypte  ,  Se 


le  Ra- 


tirée  jusqu'à  la  fource  du  Radach  ;  ensuite  par 
dach  &  le  Mein  jusqu'à  Bamberg  ;  de-là  par  les  riviè- 
res de  Rednitz  &  d'Aisch  :  puis  par  une  ligne  imaginée 
depuis  la  fource  de  cette  rivière  jusqu'à  Kœnigsprun  ou 
Kœnigsbron  ,  &  enfin  par  la  rivière  de  Brentz  ,  qui  y  a 
fa  fource  ,  &  fe  perd  dans  le  Danube.  Ces  bornes  fé- 
paroient  le  pays  des  Hermundures  de  celui  des  Akmanni. 
Les  bornes  orientales  étoient ,  félon  le  même  auteur  , 
une  ligne  tirée  depuis  Ingolftadt  ,  jusqu'aux  fources  du 
Mein ,  &  elle  les  fépatoït  des  Narisques.  De-là  au  le- 
vant d'hyver  jusqu'à  l'Elbe  ,  ils  avoient  les  hautes  mon- 
tagnes de  la  Bohême  ,  qui  les  iëparoient  des  Marco- 
mans  ;  ensuite  au  levant  d'été,  l'Elbe  jusqu'au  confluent 
de  la  Saala,  les  féparoit  des  Semnons.  La  borne  méridio- 
nale étoit  le  Danube ,  depuis  le  confluent  de  la  Brentz 
jusqu'à  Ingolftadt.  Ainfi  leur  pays  comprenoit  la  princi- 
pauté d'Anhalt ,  la  partie  du  duché  de  Saxe ,  fituée  en- 
tre la  Saala  &C  l'Elbe,  presque  toute  la  Misnie,  excepté 
la  lifiere  qui  eft  au-delà  de  l'Elbe  ,  tout  le  Voigtland , 
partie  du  duché  de  Cobourg  ,  partie  de  la  Franconie  fur 
la  gauche  du  Mein  ,  un  peu  du  haut  Palatinat,  &  enfin 
une  petite  portion  de  la  Suabe.  Tel  eft ,  félon  Cluvier  , 
le  pays  que  les  Hermundures  habitoient.  Tacite  ,  Ger- 
man.  c.  41  ,  en  parle  comme  d'un  peuple  fidèlement, 
attaché  aux  Romains.  Il  parle  ,  /.  13,  c.  57,  des  guer- 
res qu'ils  eurent  contre  les  Chattes  pour  des  falines.,  qui 
étoient  à  la  bienséance  de  ces  deux  peuples  ,  qui  par 
conféquent  étoient  voifins  l'un  de  l'autre. 

HERMUNTHIS.  Voyez  Hermonthis. 

1.  HERMU POLIS  ou  Hermopolis  ,  ville  d'E- 
gypte ,  dans  le  Delta ,  dans  une  ille  formée  par  le  fleuve 
de  Thermuthis ,  c'eft-à-dire ,  par  le  bras  du  Nil ,  qui  pas- 
fant  à  Thermuthis  ,  qui  lui  donnoit  ce  nom  ,  prenoit  en- 
fuite  celui  de  la  ville  de  Sebennytus  ,  qu'il  portoit  jus- 
qu'à fon  embouchure  nommée  Ojlium  Sebennyticum. 
*  Strab.  1.  17,  p.  802. 

'1.  HERMUPOLIS  parva,  ou  la  petite  Hermu- 
polis,  ou  Hermopolis,  ville  d'Egypte,  hors  du  Delta, 
dans  le  nôme  d'Alexandrie,  au  couchant  du  bras  occi- 
dental du  Nil.  Ptolomée,  /.  4,  c.  5,  la  fait  métropole  du 
nôme  Alexandrin.  Elle  étoit  épiscopale  ,  comme  il  pa- 
roît  par  les  Notices  eccléfiaftiques.  Efaïas,  fon  évêque, 
fouscrivit  au  fécond  fynode  d'Èphèfe  ,  l'an  449. 

3.  HERMUPOLIS  magna,  ou  Hermopolis  la 


qu'après  la  mort  d'Herode  il  en  fut  rappelle  ;  elle  ne  dit 
point  en  quel  endroit  de  l'Egypte  ,  Jofeph  &  Marie  s'ar- 
rêtèrent. Il  y  a  tout  lieu  de  croire  qu'ils  n'avancèrent 
qu'autant  qu'il  falloit ,  pour  être  en  fureté.  D'ailleurs  la 
tradition  me  paroît  fi  peu  certaine  ,  qu'Elle  ne  doit  pas 
beaucoup  embarafler  les  critiques.  Un  auteur  moins  ti- 
mide que  moi  ,  créeroit  une  quatrième  Hermopole  en 
Egypte ,  pour  y  placer  cette  tradition  ;  mais  j'avoue  que 
je  n'en  ai  pas  la  hardieffe.  *  (a)  Vite.  PP.  1.  2,  c.  7.  J 
S010w.cn  ,  1.  5,  c.  21.  Nicephor.  1.  10,  c.  3  1.  Q>)  Hijl.  de 
la  Vie  de  J.C.  p.  19. 

4.  HERMUPOLIS,  ville  d'Ane,  dans  la  Carmanie, 
félon  AmmienMarcellin,  /.  23  ,  c  6.  MM.  de  Valois  ju- 
gent que  c'eft  la  même  que  Ptolomée  appelle  Armufa, 
'AppvÇa  vUh. 

HERMUPOLITESnomos  ,  ou,  comme  les  Latins 
écrivent,  Hermopolites  NOMOS,  contrée  d'Egypte, 
dans  l'Eptanome  où  elle  tenoit  le  feptiéme  rang.  Ce 
nôme  étoit  borné  au  nord  par  le  nôme  Cynopolyte,  au 
levant  par  le  Nil ,  au  midi  par  le  nôme  Lycopolyte,  & 
au  couchant  par  les  montagnes  de  la  Libye.  Il  avoit 
pour  métropole  Hefmupolis,  furnommée  La  grande,  ai 
laquelle  il  prenoit  fon  nom.  * Ptolom.  1.  4,  c.  <\. 

HERMUSJ,  "EftLu/r,  c'eft-à-dire  y  Mercure  :  ce  nom 
étoit  propre  à  quelques  rivières,  &  à  une  tribu  de l'At- 
tique. 

i.HERMUS  ,  rivière  d'Afie  dans  l'jEolide,  félon  Pto- 
lomée. Elle  avoit  fa  fource  dans  fa  Phrygie  près  d'Eu- 
carpia  ;  d'où  coulant  vers  le  couchant  méridional ,  elle 
recevoit  le  HyLLUS,autrement  nommé  PhrygiusFlu- 
vius  ,  dit  Strab.  /.  13  ,  affez  près  de  Philadelphie ,  en- 
fuite  le  Cryon,  puis  traverfant  le  mont  Draco,  elle 
recevoit  le  Pactole  qui  venoit  de  Sardis ,  puis  arrofoit 
les  murs  de  Magnefie  du  mont  Sipyle,  &  fe  jettoit  dans 
la  mer,  entre  Hermejia  &  Leuctz.  Martianus  Capella, 
/.  6,  c.  de  Phrygia,  ^.256,  édit.  Lugd.  1619,  dit 
qu'elle  féparoit  la  Phrygie  de  la  Carie  :  Smyrnœos  cam- 
pas Hermus  interfecat  ,  qui  ortus  Dorylao  Phrygiam 
Cariamqut  difpertit.  Pline,  /.  5  ,  c.  29,  parlant  de  cette 
même  rivière,  dit  :  au-delà  de  Smyrne  (c'eft-à-dire, 
au-deçà  par  rapport  à  nous,)  l'Hermus  torme  des  plai- 
nes ausquelles  il  donne  fon  nom.  (Ces  plaines  (cynt\'Hermi 
Campus,  dans  l'jEolide  ,  félon  Etienne.  )  Il  a  fa  fource, 
pourfuit  Pline ,   auprès   de  Dorylée ,  ville  de  Phrygie , 


lie  d'Egypte  ,  dans  l'Heptanôme  ,  &  plus  &  reçoit  plufieurs  rivières ,  entr'autres  le  Phryx ,  (  ou 
le  Phrygius,)  qui  donne  fon  nom  aux  habitans  du  pays 
&  le  fépare  de  la  Carie  ;  l'Hyllus  &  le  Cryon  qui  fe 
font  déjà  groflis  des  rivières  de  Phrygie ,  de  Myfie  & 
de  Lydie.  On  voit  qu'il  diftingue  le  Phryx  de  l'Hyllus, 
que  Strabon  confond.  Voyez  HYLLUS.  Il  eft  éton- 
nant qu'il  n'ait  point  parlé  du  Pââole.  L'Hermus  eft  pré- 
fentement  nommé  le  Sarabat.  L'auteur  de  la  Vie  d'Ho- 
mère, attribuée  à  Hérodote,  p.  556  ,  edit.  Gronoy.  1716,  ' 
dit  :   les  habitans  de  Cumes  ou  Cymes  bâtiffoient  alors 


GRANDE,   VI 

particulièrement  dans  le  nôme,  qui  en  prenoit  le  nom 
&  Hermopolites  nomos  ,  au  couchant  &:  à  quelque  dis- 
tance du  Nil ,  félon  Ptolomée.  Cette  ville  eft  nommée 
par  Pline  ,  /.  5 ,  c.  9,  Mercurii  oppidum.  Les  Notices  la 
mettent  entre  les  villes  épiscopales  de  la  Thebaïde.  Am- 
mien/Marcellin ,  /.  12,  c.  40 ,  éd.  Valef.  la  place  auffi 
entre  les  plus  célèbres  villes  de  laThebaïde  avec  Coptos 
&  Antinou.  On  a  des  médailles  de  cette  ville ,  frappées 
du  tems  d'Hadrien,  avec  l'effigie  de  Mercure  ou  d'Ofi- 
ris  ,  avec  cette  légende  EPMÔ,  pour  Hermopolitarum. 
Toutes  ces  villes  prenoient  leur  nom  de  Mercure.  Les 
deux  dernières  ont  exifté  ;  mais  je  ne  fais  fi  la  première 
que  Cellarius  fonde  fur  quelques  mots  de- Strabon  ,  où  ce 
géographe  s'explique  peu  ,  eft  bien  avérée.  Ptolomée, 
qui  a  vécu  long-tems  à  Alexandrie ,  n'en  dit  rien  ;  &t 
fon  filence  a  de  quoi  furprendre  à  l'égard  d'une  ville 
qui  en  devoit  être  fi  peu  éloignée.  Mais  voici  une  autre 
difficulté  ;  pas  une  de  ces  trois  Hermonoooles  ne  con- 
vient à  une  ancienne  tradition  rapportée  par  quelques 
écrivains  eccléfiaftiques  {').  Ils  dilent  que  Jefus-Chrift 
fe  retira  à  Hermopolis ,  lorsqu'il  vint  en  Egypte  avec  Ma- 
rie &  Jofeph ,  &  qu'étant  entré  dans  an  temple  d'Her- 
mopole  ,  toutes  les  idoles  tombèrent  par  terre  &  fe  bri- 
ferent.  D.  Calmet  combat  cette  tradition ,  en  difant  que 
le  peu  de  tems  que  J.  C.  fut  en  Egypte  ,  ne  femble  pas 
permettre  qu'il  ait  pouffé  jusques  dans  la  Thebaïde.  Ce 
n'eft  pas  la  difficulté  ,  puisque  cette  Hermopole  de  la 
haute  Egypte  n'étoit  pas  la  feule  ville  de  ce  nom.  On 
peut  ajouter  que  D.  Calmet ,  à  la  vérité  ,  ne  met  que  Dronthe 
cinq  ou  fix  jours  (b"),  entre  le  maflacre  des  innocens  &c    ]ancJ  Dar 

1 .  J'U i_v  J     •  l>         ■.    _     J '  . ■      -!>.._.  v 


dans  le  fond  du  golfe  Hermeen  , 

ville  à  laquelle  Thefée  donna  le  nom  de  Smyrne  qui  etoit 
celui  de  là  femme  ,  dont  il  vouloit  perpétuer  la  mémoire. 
On  voit  par  ce  paffage,  que  le  golfe  de  Smyrne,  qui  a 
pris  le  nom  de  la  ville  que  l'on'  y  bâtiffoit  alors,  portoit 
le  nom  de  cette  rivière  qui  s'y  perd,  &  s'appelloit  Her- 
MiEUS  Sinus. 

2.  HERMUS ,  rivière  du  Peloponnefe,  dans  l'Achaïe, 
félon  Paufanias  in  Elit 

3.  HERMUS,  bourg  de  Grèce,  dans  l'Attique,  dan 
la  tribu  Acamantide  ,  félon  Etienne  le  Géographe.  Il 
étoit  entre  Athènes  &Eleufine.*.S'Jpo;*)Liftede  l'Attique. 

HERNDAL,  petit  pays  de  la  Scandinavie,  au  pied 
des  montagnes  dé  Norvège,  entre  le  Solfiell  au  nord, 
le  Skarsfiell  au  levant ,  le  Dofrefiel  tk  le  Runtfiell 
midi  ;  c'eft  un  bailliage  du  gouvernement  de  Dron- 
theim  ;  &  ces  montagnes  le  féparent  de  l'Iempterland, 
qui  eft  de  la  Suéde.  Il  prend  fon  nom  du  Herndal, 
bourgade  fituée  affez  près  de  la  rivière  qui  coule  à 
&  fut  cédée  à  la  Suéde  avec  l'Iempter- 
de  Bromsbroo  ,   en  1645.  *  Robert  de 


paix 
la  mort  d'Herode  ,  qui  l'avoit  ordonné  ;  mais  d'autres ,  Vaugondy ,  Atlas.  B audrani ,  édit.  1705. 
comme  Baronius ,  Sponde ,  &C.  ont  fait  voir  qu'Herode  HÈRNHAUSEN ,  château  &  maifon  de  plaifance  des 
n'eft  mort  que  la  huitième  année  de  J.C;  &  par  consé-  électeurs  de  Brunswig-Hanover ,  à  un  demi-mille  de  Ha- 
quent  J.  C.  aéra  été  fept  ans  en  Egypte  ,  au  lieu  de  quel-  n0ver ,  rematquable  par  l'étendue  de  fes  bâtimens, 
ques  mois  que  D.  Calmet  dgftine  à  ce  voyage.  L'Ecri-    6c  par  la  beauté  de  fes  jardins. 


HER 


HER 


HERNICr  ,  ancien  peuple  d'Italie  ,  dans  le  Latium. 
Il  n'eft  guère  connu  que  parles  guerres  qu'il  eut  contre 
les  Romains ,  qui  le  fournirent  de  bonne  heure  ,  encore 
n'en  connoît-on  que  quatre  ou  cinq  lieux  plus  remar- 
quables que  les  autres,  favoir 


Anagni,  ville  capitale, 
Alatri , 


Feruli, 

&  Ftrentinum, 


A  quoi  il  faut  ajouter  Affile,  fitué  dans  les  montagnes , 
entre  Sublaque  &  Anagni.  Les  quatre  premières  villes 
font  bien  marquées  dans  ce  pailage  de  Tite-Live  ,  /.  9, 
c.  42:  les  Herniques,  dit-il ,  en  turent  très-mécontens; 
les  habitans  d'Anagni  firent  une  affemblée  générale  de 
tous  les  peuples,  dans  le  cirque  appelle  maritime; 
à  la  referve  de  ceux  à' Alatri ,  de  Ferentinum  &C  de  Ve- 
rnit, tous  les  peuples  compris  fous  le  nom  <$  Herniques  , 
déclarèrent  la  guerre  au  peuple  Romain.  Il  dit  encore, 
c.  43  :  on  rendit  à  trois  peuples  d'entre  les  Herniques, 
favoir  S  Alatri,  de  Veruli,  &C  de  Ferentinum,  la  li- 
berté de  fe  gouverner  par  leurs  propres  loix.  On  voit 
par  ces  deux  paffages,  que  ces  trois  dernières  villes  ne  vou- 
lurent point  avoir  guerre  contre  les  Romains  ;  &  c'eft 
une  preuve  que  celle  d'Anagni  fe  trouvoit  aflez  forte 
avec  Je  relie  du  pays ,  pour  hazarder  contre  eux  le  fort 
des  armes  ;  d'où  il  eft  naturel  de  conclure  que  les  villes 
confédérées  avec  elle,  étoientpuiflantes  &  nombreufes, 
puisqu'enlémble  elles  ofoient  faire  tête  aux  Romains , 
&  même  leur  déclarer  la  guerre.  Cependant  nous  igno- 
rons ablblument  leurs  noms.  Il  ne  s'eft  confervé  que 
celui  de  la  capitale  qui  les  avoit  mifes  en  mouvement , 
&  ceux  des  trois  villes  qui  ne  voulurent   point  avoir 

Îiart  à  cette  guerre ,  &  qui  en  furent  recompenfées  par 
es  Romains.  A  l'égard  de  la  cinquième  qui  eft  Affile, 
c'eft  Holftenius  ,  in  Ital.  ant.  p.  203  ,  qui  la  donne  aux 
Herniciens.  Frontin,  de  Colon,  avoit  dit  :  Affile  oppi- 
dum lege  Semproniâ  in  centuriis  &  in  laciniis  agir  ejus 
eft  affignatus.  Ce  lieu  eft  nommé  Effide  clans  les  Dia- 
logues de  S.  Grégoire  ,  l.  1  ,  où  il  traite  de  la  Vie  de 
S.  Benoît ,  dont  il  rapporte  un  miracle  opéré  en  cet  en- 
droit :  dans  les  premières  années  de  l'hiftoiFe  Romaine , 
ce  peuple  eft  nommé  comme  faifant  un  corps  à  part  &£ 
diftingué  des  Latins  ;  mais  dans  la  fuite ,  il  fe  trouve 
confondu  &  fe  perd  dans  le  Latium.  Feftus  dit  qu'il 
tiroit  fon  nom  Hernici  des  roches  que  les  Marfes  ap- 
pel oient  Herna  en  leur  langue.  Et  Virgile  JEneid.  1.  7, 
,v.  684,  ayant  dit: 


m 


ermea  taxa. 


faxa  colunt  quos  dives  Anagnia.  pafeit. 


Servius  ajoute  cette  remarque  :  dans  la  langue  des  Sa- 
bins  les  rochers  font  appelles  Herna.  Un  certain  chef 
puiftant  attira  des  Sabins  hors  de  leur  demeure ,  &  les 
engagea  à  demeurer  avec  lui  dans  des  montagnes  pleines 
de  roches,  d'où  vinrent  ces  noms  Hernica  LOCA& 
Populi  Hernici. 

HERNOSAND ,  ville  maritime  de  Suéde  ,  au  golfe 
de  Bothnie  ,  dans  l'Angermanie ,  dont  elle  eft  la  capi- 
tale. Elle  eft  dans  une  anfe  ou  une  petite  ifle  ,  forme  un 
havre  aflez  commode  ,  près  des  confins  de  laMedelpa- 
die,  vers  le  60  d.  5'  de  latitude.  On  y  tient  des  foires 
très-frequentes  ;  &  on  y  voit,  un  collège  aflez  célèbre. 
HERO,  ville  d'Egypte,  félon  Antonin.  Voyez  He- 
ROPOLIS. 

HEROA.  Voyez  Thurium,  ville  d'Italie,  au  golfe 
de  Tarente. 

HEROCLE,  Herctjlaneus  Pagus,  ou  plutôt  Her- 
COLE.   Voyez  ce  mot. 

1.  HERODION,  château  dePaleftine,  à  foixante 
flades  de  Jerufalem.  Jofeph.  Antiq.  L  14,  c.  25  ,  tkBell. 
I.  7,  c.  25,  le  nomme  également  Herodia  Hpm'J'/a,  Hero- 
dion, &  'Hpa<fW  ou  'Hpffl'JW.  Suidas  en  a  pris  HpJ- 
4W  ,  70W  Herodion ,  lieu  ;  Pline,  /.  5,  c.  14,  dit: 
Herodium  avec  une  ville  célèbre  de  même  nom.  Jofeph, 
Antiq.  1.  14,  c.  25  ,  &  1.  16 ,  c.  2  ,  dit  que  c'étoit  une 
forterefle,  &  qu'Herode  la  bâtit  en  cet  endroit,  où  il 
battit  les  ennemis  lorsqu'il  s'enfuyoitde  Judée.  Elle  étoit 
à  foixante  ftades ,  c'eft-à-dire ,  à  deux  lieues  &  demie 
de  Jerufalem,  fur  une  colline  au  pied  de  laquelle  il  y 
avoit  beaucoup  de  maifons ,  qui  formoient  une  ville.  Jo- 
feph ,  Antiq.  1.  15  ,  c.  1»,  en  fait  mention ,  fur-tout 


349 

lorsqu'il  met  entre  les  onze  toparchies  de  la  Judée  En~ 
gaddi  ,  Herodion  ,  Jéricho  ,  &  lorsqu'il  dit  qu' Herodion 
n'étoit  pas  loin  de  Thekoe.  C'eft  dans  cette  Herodion 
qu'il  choifit  fa  fepukure. 

2.  HERODION.  Il  y  avoit  encore  une  autre  HERO- 
DION. Jofeph,  Bell.  1.  1  ,  c.  16,  dit  qu'Herode  la  bâ- 
tit fur  une  montagne  vers  l'Arabie  •jàVpa'V  'ApxÇiav  «p. 
Anfi  il  paroît,  dit  B.eland,  Palejl.  p.  820 ,  qu'elle  étoit 
au-delà  du  Jourdain  ou  de  la  mer  Morte  ;  car  Jofeph 
dit  de  même ,  l.  1 ,  c.  6  ,  que  Machïronte  étoit  fituée 
vers  les  montagnes  d'Arabie.  Elle  étoit  différente  d'He- 
rodion  •  qui  n'étoit  qu'à  foixante  ftades  de  Jerufalem  ; 
car  d'une  ville  fituée  ainfi ,  on  ne  fauroit  dire  qu'elle  eft 
vers  l'Arabie.  On  peut  faire  cette  queftion,  dit  Reland  , 
dans  la  quelle  de  ces  deux  Herodions  le  corps  d'Herode 
fut  enfeveli?  Jofeph  ,  Bell.  1.  1,  c.  21  ,  raconte  qu'on 
le  porta  de  Jéricho  à' Herodion  l'efpace  de  deux  cens 
ftades.  Je  crois ,  répond  Reland ,  que  ce  fut  à  celle  qui 
étoit  à  foixante  ftades  de  Jerufalem  ;  car  fi  on  joint  ces 
foixante  ftades  à  cent  cinquante ,  qui  étoit  la  diftance 
de  Jéricho  à  Jerufulem  ,  cela' fait  deux  cens  dix  ftades 
qui  peuvent  avoir  été  réduits  à  deux  cens.,  pour  faire 
un  nombre  rond.  Outre  cela ,  l'autre  Herodion  étant  un 
lieu  expofé  aux  courfes  des  ennemis  ,  ci  fi  éloigné  de 
la  capitale,  il  n'eft  pas  croyable  qu'Herode  ait  voulu  y 
être  enterré;  au  contraire, l'Herodion  voifin  de  Jerufa- 
lem, avoit  été  non-feulement  fortifié  par  ce  roi  ,  mais 
même  orné  ;  au  lieu  qu'on  ne  dit  point  qu'il  eût  em- 
belli l'autre  :  il  s'étoit  contenté  de  le  tonifier. 

HERODIS  ager,  maifon  de  campagne  d'Italie, 
dans  la  voie  Appienne,  à  trois  milles  de  Rome.  On 
la  nommoit  aufli  Herodis  villa.  *  Ortcl.  Thefaur. 
HERODIOUM.  Voyez  Herodion. 
HEROEADjE,  ou  Ëroiad^E,  bourg  de  l'Attique, 
dans  la  tribu.Hippothoontide ,  félon  le  Lexique  de  Pha- 
vorin. 

HERONA  ,  '%:,.*  ,  ville  de  la  Dalmatie  ,  félon  Pto- 
lomée ,  l.i,  c.  17.  Elle  étoit  dans  l'intérieur  du  pays. 
HERONE  ,  'Hpo'iTi  ,  promontoire  de  l'Inde  ,  en-deçà 
du  Gange  ,  félon  Arrien  ,  Peripl.  mar.  Erythr.  p.  25  ,  éd. 
Oxon.  C'eft  uue  chaîne  de  roches  heriflèes  ,  a  la  droite 
du  golfe  deBarygaza,  auprès  du  village  de  Cammoni. 

HEROON,  'Hf»»»  w)V«,c'eft-a-dire,  la  ville  des 
Héros,  ou  Heroopolis. 

HEROOPOLIS,  ville  d'Egypte,  au  fond  de  la  mer 
Rouge  ,  ou ,  ce  qui  revient  au  même,  au  fond  du  golfe 
Arabique  ,  pour  parler  comme  les  anciens.  Strabon  , 
/.  17,  dit  :  près  d'Arfinoé  eft  la  ville  des  Héros,  & 
Cléopatride  au  fond  du  golfe  Arabique,  du  côté  de  l'E- 
gypte. Pline,  /.  6,  c.  29,  dit  :  outre  le  golfe  EÎaniti- 
que  ,  eft  un  autre  golfe,  nommé  jEant  par  les  Arabes 
dans  lequel  eft  la  ville  des  Héros  ,  Heroum  oppidum. 
Il  appelle ,  /.  5  ,  c.  1 1 ,  ce  même  golfe  Heroopoliti- 
QUE  ,  du  nom  de  la  ville.  Mêla,  /.  3  ,  c.  8,  n.  43  , 
place  la  ville  de  Bérénice  entre  deux  promontoires,  dont 
il  nomme  l'un  Heroopolitique ,  &  l'autre  Sirobile.  C'eft 
en  cette  ville  que  fe  terminoit  le  fameux  canal  de  Trajan, 
pour  la  communication  du  Nil  &  de  la  mer  Rouge. 
Voyez  au  mot  Canal  les  articles  Canal  de  Ptolo- 
mée,  &  Canal  de  Trajan.  Heroopolis  don- 
noit  fon  nom  à  un  nôme  d'Egypte ,  dont  elle  étoit  la 
métropole.  Ptolomée  ne  parle  point  de  ce  nôme ,  mais 
bien  Pline  ,  /.  5  ,  c.  9  ,  qui  le  nomme  expreflement  He- 
noopolites  nomos.  Cette  ville  d'Heroopolis  eft  fim- 
plement  nommée  Heroon  par  Antonin. 

Vicum  Judeorum 

Thou ,  XII.  M.  p. 

Heroon,  XXIV.  M.  P, 

Serapiu ,  XVIII.  M.  P; 

Cly sinon,  L.  M.  P. 

HEROOPOLITICUM  Promontorium,  promon- 
toire d'Egypte  ,  dans  le  golfe  Arabique,  félon  Pompo- 
nius   Mêla,  /.  3 ,  c.  8  ,  n.  43. 

HEROSA.  Voyez  Samos. 

HE  R~OUM  Insula,  ou  l'ijledis  Héros.  Voyez  Achi- 
lée  2. 

HEROUM  Oppidum.  Voyez  Heroopolis. 

HEROU ,  bourg  d'Egypte ,  fur  la  mer  Rouge  ,  avec 
un  château  près  de  fa  partie  la  plus  feptentrionale ,  vers 


iSo  HER. 

Suez,  à  quatre-vingt-dix  mille  pas  de  Dam.ete  6c  au- 
tant de  la  mer  Méditerranée.  C'eft  1  Heroopolis  des  an- 
ciens. *  Baudrand,  éd.  1705.  . 

HERPA,  ville  d'Ane,  dans  la  Cappadoce  ,  fur  la  ri- 
vière de  Carmalus  ,  dans  la  préfecture  de  Sargauralena, 
félon  Ptolomée,  L  5  ,  c.  6.  Strabon,  /.  11  ,  p.  537  > 
la  nomme  une  très-petite  ville  ,    vnKfaidv. 

HERPEDITANI,  peuple  de  la  Mauritanie  Tingitane. 

HERPHE  ,  *Hf(p» ,  ville  de  la  grande  Arménie  ,  (elon 
Strabon  cité  par  Ortélius  ,  Thefaur.  Mais  je  trouve  dans 
l'auteur  même  ,  l.  14,  p-  663  ,  'Hppvv  w*»'x.w  ,  &  dans 
lalverfion  latine  HerphenSE  OppidtjLUM  ;  une  note 


HER 


marginale  avertit  que  les  manuscrits  portent  h/ pu 


croit  que  c'eft 


Cafaubon  obferve  qu'il  faut  lire  'Hpw  : 
la  même  qu'HERPA  de  Cappadoce. 

1.  HERRADURA,port  de  l'Amérique  méridionale, 
for  la  côte  du  Chili ,  dans  la  mer  du  Sud.  DeLaët,  Ind. 
Occid.  1.  12  ,  c.6,  remarquequ'ileft  fur  accommode,  &C 
que  les  Espagnols  l'ont  ainfl  nommé,  parce  qu'il  a  la 
figure  d'un  fer  à  cheval.  Il  eft  à  une  lieue  au-defliw  du 
vent  de  la  pointe  de  Coquimbo  ,  6c  terminé  de  ce  côté- 
là  par  une  pointe  nommée  la  pointe  de  Herradura.  Ceft, 
dit  l'auteur  du  Supplément  au  Voyage  de  W .  de  Rogers, 
p.  66 ,  un  très-bon  port  ,'fans  aucun  danger,  le  fond  net. 

2.  HERRADURA ,  autre  port  de  l'Amérique,  au  Chi- 
li, entre  le  port  de  la  Conception  &  la  rivière  d'Itata. 
C'eft  une  baie  avec  un  bon  havre  ,  à  l'entrée  duquel 
on  voit  trois  ou  quatre  petits  rochers  qui  paroiflent  au- 
deflus  de  l'eau.  ,  . 

3.  HERRADURA  ,  petite  baie  de  1  Amérique  mé- 
ridionale ,  fur  la  côte  du  Pérou ,  près  des  rochers  de 
Guara.  C'eft  un  bon  havre  où  l'on  peut  mouiller  entre 
la  pointe  Se  le  continent ,  s'il  n'y  a  pas  moyen  de  doub- 
ler ces  rochers.  Dans  la  baye  on  en  voit  un  petit  qui 
fe  nomme  TAMBILLIO  :  on  peut  courir  entre  ce  ro- 
cher 6c  la  terre ,  mais  il  vaut  mieux  le  ranger  du  cote 
de  la  mer. 

4.  HERRADURA  ,  cap  de  l'Amérique,  dans  la  nou- 
velle Espagne ,  fur  la  mer  du  Sud  ,  dans  la  province 
de  CoftaRicca,  à  dix -huit  lieues  du  cap  blanc  (le 
golfe  de  Maya  eft  entre  ces  deux  caps ,  )  Se  a  onze 
lieues  de  Rio  délia  Stella.  _ 

HERREA,  ville  du  Peloponefe  ,  félon  Tite-Live, 
/.  33.  Ortélius  foupçonne  qu'il  faut  lire  Herda  en  cet 
«ndroit. 

HERRENALB  ,  Alba  domïnorum ,  ancienne  abbaye 
d'hommes ,  ordre  de  Cîteaux  ,  fur  la  rivière  d'Alb  ,  au 
haut  marquifat  de  Bade.  Elle  a  été  fupprimée  par  la 
paix  de  Weftphalie ,  6c  donnée  aux  ducs  de  Wurtem- 

HERR.NGRUND,  petite  ville  de  la  haute  Hongrie, 
à  un  mille  de  Newfol ,  félon  Edouard  Brown ,  Voya- 
ges, p.  155.  Elle  eft  fur  un  terrein  fort^élevé  ,  quoi- 
que fituée  entre  deux  montagnes.  Ce  qu'elle  a  de  plus 
remarquable  ,  ce  font  fes  mines  ,  où  l'on  descend  par 
des  échelles  ;  les  eaux  ne  les  incommodent  point ,  parce 
que  la  mine  eft  fi  élevée  fur  la  montagne ,  que  l'eau 
s'écoule  facilement.  Elle  eft  presque  toute  entourée  de 
rochers.  Ses  paffages  ne  font  pas  fi  réguliers  que  ceux 
de  Chremnitz ,  6c  il  y  a  de  grands  creux  fous  terre. 
Les  veines  en  font  fort  belles  ,  6c  ce  qu'on  en  tire  eft 
fort  riche  ;  car  de  cent  livres  on  en  trouve  vingt  de 
cuivre  ,  quelquefois  trente  ,  ou  quarante ,  6c  même  quel- 
quefois foixante.  La  plus  grande  partie  de  ce  métal  eft 
attachée  au  rocher.  On  a  bien  de  la  peine  à  l'en  fépa- 
rer  ;  6c  même  dans  plufieurs  endroits ,  on  trouve  que 
le  métal  &  le  rocher  ne  font  enfemble  qu'une  greffe 
pierre.  On  les  diftingue  par  la  couleur  ^car  le  cuivre  eft 
presque  toujours  jaune  ou  noir ,  lorsqu'on  le  tire  de  la 
mine.  Le  jaune  eft  très-bon  ;  mais  il  y  a  quelque  peu 
d'argent  dans  le  noir. 

On  trouve  auffi  dans  cette  mine  de  plufieurs  fortes 
de  vitriol ,  du  blanc ,  du  verd ,  du  bleu  &C  du  rouge 
transparent.  Il  y  a  même  une  certaine  terre  verte  , 
nommée  Berg-Grun  ,  ou  vérd  minerai ,  dont  les  pein- 
tres fe  fervent,  6c  des  pierres  d'une  très-belle  cou- 
leur verte  &  bleu.  Ce  font  ces  pierres  qui  ont  fait  trou- 
ver les  turquoifes  ;  &  c'eft  pour  cela  qu'on  les  nomme 
mères  des  turquoifes. 

Cette  mine  a  aufli  deux  fources  d'eau  vitrioliques ,  qui 


ont  la  vertu  de  changer  le  fer  en  cuivre  :  on  les  ap- 
pelle ZlMENT  l'une  &c  l'autre  ,  &  on  les  diftingue  par 
les  noms  d'ancien.  6c  de  nouveau.  Ces  fources  font  bien" 
avant  dans  la  mine,  6c  on  y  laiffe  ordinairement  le  fer 
pendant  quinze  jours.  Ces  eaux  apportent  beaucoup  de 
profit  au  maître  de  la  mine ,  parce  que  tout  le  méchant 
fer ,  6c  celui  dont  on  ne  peut  plus  fe  fervir  fe  change 
d'aborden  de  très-bon  cuivre.  On  l'eftime  même  plus  que 
l'autre  ,  parce  qu'il  n'eft  point  fi  dur ,  &  qu'il  fe  fond 
plus  facilement.  Ceux  qui  travaillent  dans  cette  mine,  y' 
ont  formé  une  ville  fouterreine  affez  étendue  ,  6c  le 
nombre  des  habitans  en  eft  très-grand;  ils  y  obfervent 
un  ordre  admirable.  Leurs  veilles  font  fort  exaftes ,  leurs 
repos  n'eft  point  troublé  ;  ils  aiment  autant  à  travailler 
qu'à  fe  rafraîchir  ;  &c  enfin  ils  fe  repolent  ,  pendant  huit 
heures  ,  dans  le  creux  d'un  rocher,  après  avoir  employé 
autant  de  tems  à  travailler. 

HERRY  ,  ville  épiscopale,  félon  la  Notice  du  patriar- 
chat  d'Antioche.  Elle  étoit  dans  ce  patriarchat ,  6c  re- 
connoifibit  Boftra  pour  métropole. 
HERSTALL.  Voyez  Herstel. 
HERSTAL  ,  château  &  village  de  Pays-bas  ,  au  pays 
de  Liège,  fur  la  rive  gauche  de  laMeufe,  aune  lieue 
au-deflous  de  Liège  (a).  C'étoit  autrefois  une  maifon 
royale  des  rois  de  France.  On  dit  que  Pépin  charmé 
de  la  fituation  de  cet  endroit,  y  bâtit  un  château,  6c y 
fit  fon  féjour  le  plus  ordinaire.  -C'eft  pour  cela  que  plu- 
fieurs hiftoriens  modernes  le  nomment  Pépin  de  Herf 
ta'l.  Ce  lieu  eft  nommé  dans  les  actes  écrits  en  latin  Ha- 
RISTALLIUM,  6c  ARISTALLIUM  cumforefte.  Il  eft  nom- 
mé dans  les  Capitulaires  de  Charles  le  Chauve,  6c  compté 
entre  les  mail'ons  royales.  Le  roi  de  France  qui  la  fit  bâ- 
tir ,  la  nomma  Haristallium,ou  HeriSTALLIUM  , 
ou  ARISTALLIUM  ,  qui,  dans  la  langue  vulgaire,  figni- 
fioit  un  logement  militaire.  Quelques-uns  expliquent  ce 
nom  par  l'écurie  du  roi,  ou  du  feigneur,  6c  le  dé- 
rivent de  Her,  feigneur  6c  de  Stal,  écurie.  Ce  château, 
après  avoir  appartenu  immédiatement  aux  rois  Carlo- 
vingiens  ,  vint  au  pouvoir  des  ducs  de  Lothier  ,  ou 
delà  baffe  Lorraine  ,  qui  en  ont  toujours  eulafeigneu- 
rie  directe  ;  car  pour  l'utile ,  elle  fut  donnée  en  par- 
tage par  Henri  I,  duc  de  Brabant  ,  à  fon  fils  puîné 
Godefroy,  dont  le  fils  Henri  étoit  feigneur  de  Herftal, 
comme  on  le  voit  par  une  patente  du  même  Henri  dit 
de  Louvain  ,  6c  feigneur  de  Herftal ,  datée  de  l'an  1 284. 
Son  fils  Jean ,  feigneur  de  Herftal  ,  mourut  fans  pofté- 
rité  ,1'an  1314-  Son  héritière  fut  fa  i'ceur  Beatrix,  qui 
mourut  auffi  fans  enfans,  l'an  1337.  Cette  feigneurie 
a  paffé  aux  comtes  de  Naflau  ,  princes  d'Orange,  dont 
le  dernier  a  été  Guillaume  III ,  roi  de  la  grande  Bre- 
tagne, mort  fans  enfans,  l'an  1702;  &C  cette  baronie 
d' Herftal  fait  partie  de  fa  fucceffion  qui  eft  conteftée  par 
plufieurs  princes.  *(a)  Valef.  Notit.  Gall.  p.  241.  (b)  De. 
Longuerue,  Defc.   de  la  France,  part.  2,  p.  128. 

Le  roi  de  Prufle,  héritier  en  partie  de  cette  maifon, 
vendit   cette  baronnie  à  l'évêque  de  Liège,  en  1740. 

HERSTEL ,  ville  d'Allemagne  ,  en  Weftphalie  ,  dans 
l'évêché  de  Paderborn  (a) ,  fur  le  "Wefer.  Cex  lieu  doit 
fon  nom  à  Charlemagne  ,  6c  eft  dans  le  pays  des  an- 
ciens Saxons  ;  car ,  comme  nous  le  remarquons  ailleurs, 
du  tems  de  ce  monarque ,  la  Saxe  étoit  où  eft  aujour- 
d'hui la  Weftphalie.  L'hiftorien ,  connu  fous  le  nom 
de  l'Aftronome,  dans  le  Recueil  de  Reuber,dit  de  Char- 
lemagne ,  ad  ann.  797:  pour  achever  la  guerre  contre 
les  Saxons ,  il  prit  le  parti  de  pafler  l'hyver  dans  le  pays 
même  ;  ayant  pris  fon  monde  avec  lui,  il  partit  pour 
la  Saxe;  6c  ayant  campé  au  bord  du  Wefer,  il  ordonna 
que  le  lieu  où  il  étoit  campé,  feroit  nommé  HeRISTELLI. 
L'auteur  de  la  Vie  de  Charlemagne,  dans  je  Recueil  de 
Pithou ,  parle  à  -  peu  -  près  dans  les  mêmes  termes. 
Adelme  ,  ad  ann.  797 ,  après  avoir  copié  les  mêmes 
termes ,  ajoute  que  ce  lieu  garde  encore  le  même 
nom.    Le  poète  anonyme  dit  de  même. 


Wifurte  pojîtis  in  littore  cafiris 
Sedit ,  Herijlellique  locum  jufjît  yocitari  ; 
Haclenus  hoc  &  nomen  habet. 

Henri  Meibom  croit  que  ce  nom  fut  donné  à  cet  en- 
droit, à  caufe  de  Herftal,  château  royal  dont  on  a  parlé 


HER 


HER 


dans  l'article  précèdent ,  6k  auquel  il  reffémbloit  affez, 
tant  par  fa  fituation  au  bord  d'une  belle  rivière ,  que 
par  les  autres  beautés  (b).  Il  y  fit  venir  Tes  fils  Pépin 
ck  Louis  qui  revendent ,  l'un  de  Ton  expédition  d'Ita- 
lie ,  l'autre  de  fon  expédition  d'Elpagne.  Il  y  donna 
audience  aux  amb'affadeurs  des  Huns  ,  &  à  un  ambaf- 
fadeur  d'Adefonfe  ,  roi  de  Gallice  6k  d'Afturie  ,  qui  lui 
apporta  une  tente  parfaitement  belle.  Il  y  fonda  même 
un  évêché  qui  dura  peu  ;  6k  c'eft  peut-être  celui  de  Pa- 
derborn  qu'il  y  avoit  transféré ,  6k  qui  retourna  en  fon 
premier  lieu.  La  maifon  de  Falkenberg  a  long-tems 
poffédé  cette  ville  de  Herftel.  Les  Heffois  la  pillèrent 
&  brûlèrent  le  24  Juillet  1465.  Ils  la  ravagèrent  de  nou- 
veau au  mois  d'Octobre  1632  ,  6k  enfin  ils  la  brûlè- 
rent encore  au  mois  de  Novembre  1637.  Henri,  duc 
de  Saxe  ,  la  retira  de  leurs  mains.  Théodore  de  Furf- 
îenberg  acheta  les  prétentions  des  Falkenberg  6k  autres 
créanciers ,  6k  acquit  cette  ville  pour  fon  églife  ;  entr'au- 
tres  conditions  de  l'accord,  on  convint  que  l'on  choi- 
firoit  auprès  d'Herftel  un  lieu  que  l'on  céderoit  à  cette 
famille  pour  y  bâtir  un  nouveau  château.  C'eft  de  cette 
maifon  qu'étoit  Théodore  de  Falkenberg,  maréchal  de 
la  cour  de  Guftave  Adolphe,  roi  de  Suéde,  qui  défen- 
dit pour  ce  prince  la  ville  de  Magdebourg  ,  affiégée 
par  Tilli.  *  (a)  Monum.  Paderborn.  p.  214.  Q>)  Aftro- 
nom.  apud  Reuber vita  Carol.  Magn.  apud  Pithteum,  6kc. 
Comme  Hcrjhl  ck  Herjîal  étoient  également  appel- 
les Heriftallum  par  quelques-uns ,  6k  qu'ils  étoient  éga- 
lement fameux  ,  par  les  actes  donnés  dans  l'un  ou  dans 
l'autre  ,  ou  les  diftinguoit  chacun  par  un  furnom.  On 
appelloit  Herftel  fur  la  Meufe ,  Heriftallum  Francicum; 
ck  Herftel  fur  UWefer,  Heriftallum  Saxonicum.  Voici 
une  infcription  que  le  fameux  évêque  dePaderborn,  Ferdi- 
nand de  Furftenberg  ,  a  compofée  pour  la  ville  d'Herftel. 

SEU.   TE.    CJF.RULEUS.  PLACIDO.  VEHIT.   AMNE.  VI- 
SDRGIS. 
SlVE.  FAC1S.    TERRA.  CARE.   VIATOR.   ITER. 
PARVA.  MORA.  EST.FAMjE.  RELEGAS.MONUMENTA. 
VETUSTE. 
Et.  precor.  hk.  paucis.  CARMINA.  SCRIPTA. 
notis. 
Magnus.  Heristallo.  Carolus.  dum  Saxonas. 

URGET. 
HlC.POSITIS.   CASTRIS.   NOMEN.   HABERE.  DE- 
DIT. 
Legatos.  Hiemans.    HIC.  REGIA.  DONA.  FEREN- 
TES. 

audiit.  et.    natos.  jussit.  adesse.  suos. 
Hic.   cœptam.  retulit.    fato.   meliore.   ca- 

THEDRAM. 

Ad.  vitreas.  pader^.  lene.  fluentis.  aquas. 
Non.  tamen.omnis.  honos.  abiit.  quin.  £mula. 
Franco. 
Certat.  Heristalli.  Gloria.  Saxonici. 

Cette  .infcription  dit  en  abrégé  ce  qu'il  y  a  d'hiftori- 
que  dans  cet  article. 

HERSZPRUCK,  petite  ville  d'Allemagne,  au  cercle 
de  Franconie  ,  à  deux  milles  de  Loffen ,  &  à  trois  de 
Sultzbach,  fur  la  rivière  de  Pegnitz,  dans  le  Nordgaw. 
Elle  appartenoit  autrefois  auflî-bien  que  Lauffen,  &  quel- 
ques autres  places  voifïnes  au  haut  Palatinat,  6k  enfuite  à 
l'empereur  Charles  IV  &  à  la  couronne  de  Bohême  ; 
puis  de  nouveau,  au  haut  Palatinat;  mais  en  1504,  du- 
rant la  guerre  du  Palatinat  6k  de  la  Bavière  ,  elles  fu- 
rent acquifes  par  la  ville  de  Nurenberg,  comme  fief 
mouvant  de  la  couronne  de  Bohême.  Elle  appartient 
encore  à  cette  ville  ;  ellefouffrit  beaucoup  le  fiéclepaffé, 
durant  les  longues  guerres  d'Allemagne.*  Zeyler ,  Franc. 
Topogr.  p.  16   &  31. 

HERTA.  Jornandes  nomme  ainfï  une  tour  fituée 
au  bord  du  Danube ,  de  laquelle  un  certain  Mundon  s'em- 
para avec  une  bande  de  brigands  qu'il  avoit  rafïemblés  ; 
6k  continuant  fes  vols  dans  le  pays  d'alentour,  il  fe  fit 
donner  le  titre  de  roi.  Lazius  croit  en  trouver  des  tra- 
ces dans  le  monaftere  à'Erdewdi,  qui  eft  en  Hongrie, 
dans  une  ifle  du  Danube,  affez  près  des  ruines  de  l'an- 
cienne Teutoburgium. 

HERTFELD,  petite  contrée  d'Allemagne,  dans  la 
Suabe ,  entte  Awlen  ,  Bopfingen  ,  Kcenigsbrun ,  Gien- 


3JÏ 

gen  6k  lafeigneune  de  Graveneck;  elle  s'étend  en  long 
du  nord-quart  au  nord-eft ,  au  fud-quart  au  fcd-eft.  Ce 
font  des  montagnes  &  des  forêts  femées  de  quelques 
villages.  *  Zeyler  &  De  l'I/le,  Cartes  de  la  Suabe. 

HERTFORD.ville  d'Angleterre,  dans  leHerfordshire, 
fur  la  rivière  de  Lea,  à  vingt  milles  de  Londres.  Elle 
eft  ancienne ,  &  a  été  autrefois  plus  confidérable  qu'elle 
n'eft  à  préfent.  La  caufe  de  fa  décadence  ,  c'eft  qu'on 
en  a  détourné  le  grand  chemin,  pour  le  faire  pafîer  à 
"Ware.  Hertford  a  un  château  ck  trois  paroiùes.  *  Etat 
préf  de  la  G.  Bretagne ,  t.  I ,  p.  72. 

HERTFOROSHIRE,  province  d'Angleterre,  dans 
l'intérieur  du  pays ,  dans  les  diocèles  de  Londres  &  de 
Lincoln  :  elle  a  cent  trente  milles  de  tour ,  6k  contient 
environ  quatre  cents  cinquante-un  mille  vingt  arpens,  6k 
feize  mille  cinq  cens  foixante-neuf  maifons.  C'eft  une 
belle  6k  agréable  province  ,  voifine  de  Middlefex.  L'air 
y  eft  bon,  6k  le  terroir  y  eft  fertile  en  bled,  en  pâturages 
6k  en  bois.  La  Lea  6k  le  Coin  en  font  les  principales 
rivières.  Le  froment,  l'orge  &t  les  grains  germes  pour 
la  bière  font  fon  plus  grande  négoce.  Ses  villes  ck  bourgs 
où  l'on  tient  marché  font  : 


*  Hertford,  capitale, 

Baldock, 

*  Saint  Albans, 

Hitchin, 

Barnet , 

Hodsdon  , 

Ware, 

Royfton , 

Berkhamfted , 

Standon , 

Bukmansworth, 

Stevenidge 

Hartfield, 

Stortford, 

Buntingford, 

Tring, 

Barkway, 

Watford. 

HERTICEI,  ancien  peuple  de  la  Sarmatie  Afiatique," 
félon  Pline ,  /.  6 ,  c.  7.  Il  le  met  au  nombre  des  peuples 
qui  étoient  au  bord  du  Tanaïs. 

HERTOGENBOS.    Voyez  Bois-le-Duc. 

s'HERTOGENDALE,  abbaye  de  filles,  en  Era- 
bant  ,  entre  Louvain  &  Vavre. 

i.HERTZBERG,  château  d'Allemagne,  dans  la 
principauté  de  Grubenhagen.  Il  eft  affecté  pour  être 
la  réfidence  des  princefies  douairières.  *  Hubner ,  Geoor. 
p.  514. 

2.  HERTZBERG  ,  ville  d'Allemagne  ,  dans  l'électo- 
rat  de  Saxe,  aux  confins  de  la  Luface.  Elle  eft  panabie- 
ment  grande.   *  Hubner,  Geogr./>.  565. 

HERTZOGTHUM  ;  ce  mot,  fur  les  cartes  géogra- 
phiques Allemandes,  veut  dire  duché. 

HERTZOGENBUSCH,  nom  Allemand  de  Bois- 
le-Duc. 

HERULES,  (les)  faifoient  nombre  parmi  les  Bar- 
bares qui  renverlèrent  l'empire  Romain.  Voici  les  pat- 
fages  des  anciens  auteurs  qui  peuvent  fervir  à  faire  con- 
noitre  cette  nation.  Zofime ,  /.  1  ,  c.  42 ,  dit  que  fous 
l'empire  de  Claudius,  tout  ce  qui  reftoit  de  Scythes  , 
enflé  de  quelques  fuccès,  fe  joignit  aux  Herules  ,  aux  Peu- 
ces,  aux  Goths,  6k  que  s'étant  affemblés  au  bord  du 
Tyras ,  rivière  qui  fe  jette  dans  le  Pont-Euxin  ,  6k  ayant 
conftruit  fix  mille  barques,  ils  s'embarquèrent  au  nom- 
bre de  trois  cens  vingt  mille  hommes  ;  &  côtoyant  le 
Pont-Euxin  ,  ils  manquèrent  les  villes  de  Tomes  6k  de 
Marcianople  ,  6k  vinrent  jusques  dans  la  Propontide  , 
où  ne  fâchant  pas  gouverner  leurs  barques,  ils  fe  heur- 
tèrent, 6k  fe  culbutèrent  les  uns  les  autres;  de  forte  qu'il 
en  périt  un  grand  nombre.  Le  refte  gagna  l'Hellefpont, 
arriva  de  l'autre  côté  de  l'Archipel,  affiégsa  Cafiandrie 
6k  Theflalonique  ;  ils  étoient  fur  le  point  de  prendre 
ces  villes ,  lorsqu'ayant  fu  que  l'empereur  arrivoit  avec 
des  troupes ,  ils  entrèrent  dans  la  Macédoine ,  6k  pé- 
nétrèrent dans  le  pays  jusqu'à  ce  qu'ils  trouvèrent  un 
corps  de  cavalerie  des  Dalmates,  qui  leur  tua  trois  mille 
hommes.  Malgré  cette  perte,  ils  ne  laifïerent  pas  de  faire 
tête  à  l'armée  impériale  qui  les  pourfuivoit.  Le  com- 
bat fut  fanglant ,  6k  les  Romains  prirent  la  fuite  ;  mais 
voyant  leurs  ennemis  engagés  dans  des  lieux  où  il  n'y 
avoit  aucune  route  marquée ,  ils  les  attaquèrent  de  nou- 
veau ,  6k  en  taillèrent  en  pièces  quarante  mille.  Le 
refte  courut  les  côtes  de  Theffalie,  de  Grèce ,  de 
Crète,  de  Rhodes  ,  où  il  ne  fit  rien  de  remarquable,  6k 
fe  retira  :  enfin  la  pefte  en  fit  périr  beaucoup  dans  la 
Theffalie  ÔC  la  Macédoine  ;  ceux  qu'elle  épargna,  prirent 


iS* 


HER 


HER 


parti  dans  les  troupes  impériales.  Il  y  a  deux  chofes  à 
remarquer  dans  ce  paflàge.  i°  Tous  les  Herules  ne  par- 
tirent pas  avec  ces  Scythes, &  le  gros  de  la  nation  de- 
meura dans  le  pays  quelle  occupoit.  1°  Ce  pays  étoit 
au  bas  du  Danube ,  puisqu'on  la  nomme  avec  les  Peu- 
ces  6k  les  Goths  qui  habitoient  au  bord  de  ce  fleuve, 
Procope  eft  celui  des  anciens ,  qui  a  parlé  de  cette  na- 
tion ,  avec  plus  d'étendue.  Voici  ce  qu'il  en  dit  dans  fon 
Hiftoire  des  Goths ,  l.  i ,  c.  14.  Je  me  ferverai  de  la 
traduftion  de  Coufin  ;  mais  je  fubftituerai  le  nom  d' He- 
rnies à  celui  SEruIXens  dont  il  s'eft  fervi. 

Je  dirai  en  cet  endroit ,  dit  cet  hiftorien  ,  quels  peu- 
ples ce  font  que  les  Herules ,  6k  comment  ils  ont  fait 
alliance  avec  les  Romains.  Ils  habitoient  autrefois  au- 
delà  de  l'Iftre  (  du  bas  Danube,  )  6k  ils  adoroient  plu- 
fleurs  dieux  à  qui  ils  facrifioient  des  hommes.  Ils  fe  con- 
duifoient  par  des  loix  toutes  contraires  à  celles  des  au- 
tres nations.  Il  ne  leur  étoit  pas  permis  d'être  malades 
ni  de  vieillir.  Si- tôt  que  quelqu'un  fe  fentoit  malade, 
ou  qu'il  étoit  arrivé  à  la  vieillefîe ,  il  étoit  obligé  de 
prier  fès  parens  de  Fêter  du  nombre  des  hommes.  Les 
parens  drelïbient  un  bûcher ,  au  haut  duquel  ils  le  met- 
taient ,  6k  lui  envoyoient  un  Herule,  qui  n'étoit  pas  de  lés 
parens ,  avec  un  poignard  ;  car  il  n'étoit  pas  permis  aux 
parens  de  letuer.  Quand  celui  qui  l'avoit  tué,  étoit  des- 
cendu ,  ils  mettoient  le  feu  au  bois  ;  6k  après  qu'il  étoit 
éteint ,  ils  ramaffoient  les  os ,  6k  les  couvraient  de  terre. 
Après  la  mort  d'un  homme ,  fa  femme  étoit  obligée , 
pour  donner  des  preuves  de  fa  vertu  ,  6k  pour  acqué- 
rir de  la  réputation ,  de  s'étrangler  à  fon  tombeau.  Si 
elle  manquoit  à  le  faire  ,  elle  fe  couvroit  d'une  confu- 
flon  éternelle,  &  s'attiroit  la  haine  irréconciliable  des 
parens  de  fon  mari.  Voilà  quelles  étoient  les  anciennes 
mœurs  des  Herules.  Ayant  augmenté,  par  la  fuite  du  tems, 
&  leur  nombre  6k  leur  puiflance ,  ils  battirent  leurs  voi- 
fîns ,  6k  s'emparèrent  de  leurs  biens.  Les  Lombards  fu- 
rent les  derniers  qu'ils  fubjuguerent ,  6k  à  qui  ils  impo- 
ferent  un  tribut. 

Quand  Anaftafe  parvint  à  l'empire  ,  les  Herules  n'ayant 
■plus  d'ennemis  à  attaquer ,  mirent  bas  les  armes ,  6k  de- 
meurèrent en  repos ,  durant  trois  années.  Ennuyés  en- 
fuite  de  ne  rien  faire  ,  ils  fe  fouleverent  contre  leur  roi 
Rodolphe ,  lui  reprochant  fa  lâcheté.  Rodolphe  ne  pou- 
vant fouffrir  ces  outrages  ,  fit  la  guerre  aux  Lombards 
fans  fujet.  Les  Lombards  lui  députèrent ,  pour  le  prier 
de  leur  déclarer  pour  que'le  raifon  il  leur  faifoit  la  guerre  ; 
que  s'ils  «voient  manqué  à  payer  le  tribut  qu'ils  lui  dé- 
voient ,  ils  étoient  prêts  d'y  fatisfaire  ,  &  que  fi  le  tribut 
étoit  trop  petit ,  ils  étoient  d'accord  de  s'obliger  à  en 
payer  un  plus  grand.  Ce  prince  ne  répondit  à  ces  pro- 
pofitions  que  par  des  menaces ,  6k  il  continua  fa  marche. 
Les  Lombards  lui  envoyèrent  une  féconde  ambaffade, 
qui  fut  méprifée  comme  la  première.  Enfin  ils  lui  en  en- 
voyèrent une  troifiéme ,  par  laquelle  ils  protefterent  que 
les  Herules  avoient  tort  de  prendre  les  armes  ;  que  s'ils 
perfiftoient  dans  ce  deflein  ,  ils  feroient  contraints  de  fe 
défendre;  que  Dieu  ,  qui  peut  détruire  par  une  foible 
vapeur  toute  la  puiflance  des  hommes  ,  leur  feroit  té- 
moin qu'ils  ne  fe  défendoientqu'à  regret,  6k  qu'ils  espe- 
roient  que  ce  Dieu  feroit  l'arbitre  d'une  guerre  que  les 
Herules  entreprenoient  par  une  injuftice  toute  vifible. 
Ils  avoient  espéré  d'attendrir  ces  aggreffeurs  par  des  confi- 
dérations  fi  puiflantes  ;  mais  ceux-ci  n'en  firent  nul  état, 
6k  perfifterent  dans  le  deflein  d'en  venir  aux  mains. 
Lorsque  les  deux  armées  furent  en  préfence  ,  une  nuée 
obscure  couvrit  celle  des.  Lombards ,  tandis  que  le  ciel 
paroiflbit  clair  fur  celle  des  Herules ,  ce  qui  paflbit  pour 
un  figne  de  leur  défaite  ,  n'y  ayant  point  de  préfageplus 
funefte  que  celui-là  parmi  les  Barbares.  Les  Hernies  qui 
méprifoient  tout ,  ne  laifferent  pas  d'attaquer  fièrement 
leurs  ennemis ,  6k  de  fe  promettre  un  fuccès  égal  à  l'a- 
vantage de  leur  nombre.  Cependant  ils  furent  vaincus, 
presque  tous  taillés  en  pièces  ,  6k  entr'autre,  leur  roi  Ro- 
dolphe. Les  autres  prirent  la  fuite  ;  quelques-uns  fe  fau- 
verent ,  6k  les  autres  furent  maffacrés. 

Comme  ils  ne  pouvoient  plus  demeuter  dans  leut  pays 
après  une  défaite  fi  honteuie ,  ils  en  fortirent ,  6k  cou- 
rurent avec  leurs  femmes  6k  leurs  enfans  les  bords  du 
Danube ,  s'arrêtèrent  enfuite  à  une  contrée  qui  avoit  été 
habitée  autrefois  par  les  Rugiens  ,  lesquels  étoient  ve- 
nus avee  les  Goths  s'établir  en  Italie  ;   mais  comme 


cette  contrée  étoit  déferte  ,  ils  en  furent  bientôt  chas» 
fés  par  la  faim ,  6k  allèrent  dans  le  voifinage  des  Gepi- 
des ,  qui  leur  permirent  au  commencement  d'y  demeu- 
rer ,  mais  qui  enfuite  prirent  leurs  troupeaux  ,  enlevè- 
rent leurs  femmes,  6k  enfin  leur  firent  la  guerre  ;  ce  que 
ne  pouvant  fouffrir,  ils  parlèrent  le  Danube ,  6k  s'y  éta- 
blirent avec  la  permiflion  de  l'empereur  Anaftafe  ,  qui 
leur  fit  un  accueil  très-favorable.  Mais  depuis  étant  irrité 
des  mauvais  traitemens  que  ces  Barbares  faifoient  aux 
Romains ,  il  envoya  contre  eux  des  troupes ,  qui  les  dé- 
firent ,  6k  les  auroient  entièrement  exterminés  ,  fi  les 
chefs  n'euflent  eu  la  bonté  de  leur  accorder  la  vie  ,  6k 
de  leur  permettre  de  fervir  dans  les  armées  de  l'empe- 
reur. Anaftafe  ayant  ratifié  cette  grâce ,  le  refte  des  He- 
rules fut  conservé.  Ils  n'eurent  pas  néanmoins  l'honneur 
d'être  alliés  des  Romains  ,  6k  ne  leur  rendirent  aucun 
fervice. 

Juftinien  étant  parvenu  à  l'empire  ,  leur  donna  un  bon 
pays  ,  leur  fit  des  préfens  confidérables,  les  honora  de 
fon  alliance,  6k  les  obligea  tous  de  fe  faire  Chrétiens. 
Voilà,  poursuit  toujours  Procope  ,  comme  ils  ont  em- 
braffé  une  manière  de  vivre  plus  civile  6k  plus  polie. 
Ils  ont  depuis  fait  profeflîon  de  notre  fainte  religion,  6k 
ont  combattu  fous  nos  enseignes.  Nous  ne  trouvons  pas 
néanmoins  qu'ils  foient  tout-à-fait  fidèles  ;  ils  exercent , 
fans  honte,  des  brigandages  contre  leurs  voifins ,  fe  touil- 
lent par  les  plus  abominables  de  toutes  les  conjonctions, 
même  par  celles  des  bêtes.  Enfin  ce  font  des  fcélérats 
dignes  des  plus  cruels  fupplices  ;  il  y  en  a  peu,  parmi 
eux,  qui  foient  demeurés  fermes  dans  l'amitié  des  Ro- 
mains ;  tous  les  autres  s'en  font  féparés  pour  le  fujet  que 
je  vais  dire.  Les  Herules  furent  fi  brutaux  6k  fi  enragés 
contre  leur  roi,  qui  fe  nommoit  Ochon,  qu'ils  le  mas- 
facrent  fans  autre  prétexte  que  de  dire  qu'ils  ne  vou- 
loient  plus  avoir  de  roi  à  l'avenir ,  quoique  de  fon  vi- 
vant ,  6k  auparavant  même ,  ils  n'euflent  un  roi-  que  de 
nom  ,  6k  qui  n'avoit  pas  plus  de  pouvoir  qu'un  particu- 
lier. Chacun  mangeoit  6k  buvoit  avec  lui ,  6k  difoit  en 
fa  préfence  tout  ce  qu'il  avoit  envie  de  dire  ,  cette  na- 
tion étant  la  plus  imprudente  6k  la  plus  incivile  du 
monde.  Ils  fe  repentirent  cependant  de  leur  crime  ,  6k 
dirent  qu'ils  ne  pouvoient  plus  vivre  fans  roi  6k  fans 
chef.  Après  plufieurs  délibérations ,  ils  trouvèrent  qu'ils 
ne  pouvoient  faire  mieux  que  d'envoyer  en  l'ifle  de 
Thulé ,  pour  demander  quelqu'un  de  la  maifon  royale  , 
pour  être  leur  roi.  Procope  ,  c.  1  j  ,  tache  enfuite  d  ex- 
pliquer quel  rapport  avoient  les  Herules  avec  l'ifle  de 
Thulé.  Quand  les  Herules,  dit-il,  vaincus  par  les  Lom- 
bards, abandonnèrent  leur  pays ,  une  partie  s'établit  dans 
l'Illyne;  (ce  font  ceux  dont  il  vient  de  rapporter  la  des- 
tinée,) les  autres  ne  voulant  pas  paffer  le  Danube,  al- 
lèrent chercher  des  demeures  jusqu'aux  extrémités  de  la 
terre.  Etant  donc  conduits  par  quelques  -  uns  du  fang 
royal ,  ils  traverferent  tout  \tpays  des  Sclavons  ,  6k  en- 
fuite  une  vafte  folitude  qui  eft  au  -  delà  ;  ils  entrèrent 
dans  le  pays  des  Warnes  6k  dans  le  Dannemarck  ,  6k 
arrivèrent  à  l'Océan  où  ils  s'embarquèrent ,  6k  parvin- 
rent à  l'ifle  de  Thulé. 

Procope  décrit  cette  ifle  ;  &  entr'autres  peuples,  il  y 
met  les  Scritifines  6k  les  Gautes  ,  6k  dit  que  ces  der- 
niers font  une  nation  nombreufe  ,  qui  reçut  les  Herules 
lorfqu'ils  s'y  allèrent  établir;  après  quoi,  il  poursuit  ainfi. 

Les  députés  des  Herules  trouvèrent  dans  l'ifle  de 
Thulé  plufieurs  princes  de  la  famille  royale  ,  entre  lef- 
quels  ils  en  choifirent  un  ;  mais  comme  ils  mourut  en 
chemin  ,  ils  y  retournèrent ,  6k  en  prirent  un  autre  qui 
fe  nommoit  Todajîns ,  6k  qui  emmena  fon  frère ,  nommé 
Aordus,  6k  deux  cens  jeunes  hommes  de  l'ifle.  Comme 
il  fe  paffa  beaucoup  de  tems  dans  le  voyage  de  ces  dé- 
putés ,  les  Herules  qui  habitoient  dans  le  voifinage  de 
Singidone ,  fentirent  que  ce  n'étoit  pas  faire  prudemment 
leurs  affaires ,  que  de  choifir  un  roi  fans  le  confentement 
de  l'empereur ,  6k  envoyèrent  une  ambaffade  à  Conftan- 
tinople  ,  pour  le  prier  de  leur  donner  un  roi  ;  il  leur 
envoya  incontinent  un  Herule  qui  étoit  à  fa  cour  ,  6k 
qui  fe  nommoit  Suartuas.  Ce  nouveau  fouverain  fut  d'a- 
bord bien  reçu  par  les  Herules  ,  falué  avec  toutes  fortes 
de  refpefts ,  6k  obéi  avec  une  fidélité  très-exacte.  Peu 
de  tems  après,  on  eut  nouvelle  de  l'arrivée  des  députés 
de  l'ifle  de  Thulé.  A  l'inftant,  Suartuas  commanda  d'aller 
au-devant  d'eux }  6k  de  les  tuer,  en  quoi  il  fût  ûiivi  de 

fes 


HER 


HER 


l'es  fujcts  ;  mais  lorfqu'ils  furent  éloignés  feulement  d'une 
journée ,  il  fut  abandonné  de  tout  fon  monde  ,  Se  con- 
traint de  s'enfuir  fc-ul  à  Conftantinople.  Comme  l'empe- 
pereur  fouhaitoit  avec  pafïïon  de  le  rétablir  fur  le  trône, 
les  Hernies  qui  redoutoient  fa  puiffance  ,  eurent  recours 
aux  Gepides;  Se  ce  fut  le  fujet  de  leur  désunion  d'avec 
nous. 

Paul  Diacre  abrège  de  beaucoup  le  royaume  des  He- 
.rules  ;  car  il  fuppofe  qu'après  leur  défaite  par  les  Lom- 
bards ,  ils  n'eurent  plus  de  rois  ,  Se  donne  à  entendre 
que  cette  nation  fe  fondit  dans  celle  de  Ces  vainqueurs , 
comme  il  arrive  fouvent  ;  mais  avant  que  d'aller  plus 
loin,  il  faut  faire  quelques  remarques  fur  Fhiftoire  qu'en 
fait  Procope.  Elles  ferviront  ,  ou  à  le  rectifier ,  ou  à 
mieux  démêler  qu'il  n'a  fait  l'origine  de  cette  nation. 

Procope  ne  leur  connoit  point  d'érablifTement  plus 
ancien ,  que  celui  qu'ils  avoient  au-delà  du  Danube  :  ils 
y  étoient  dès  le  tems  de  l'empereur  Claudius  ,  c'eft-à- 
dire,  dès  l'an  268 ,  comme  nous  l'avons  vu  dans  le  padage 
de  Zofime.  Après  leur  défaite  par  les  Lombards  ,  une 
partie  paffa  le  Danube  ,  Se  vint  s'établir  fur  les  terres  de 
l'empire,  où  ils  fe  firent  chrétiens  ;  l'autre  partie  remonta 
le  Danube ,  Se  repaffa  au  travers  du  pays  des  Sclavons  ; 
or  les  Sclavons  ou  Slaves  ,  comme  je  le  ferai  voir  en 
fon  lieu  ,  occupoient  alors  le  pays  d'entre  l'Elbe  Se  la 
Wiftule  ,  c'eft-à-dire  l'ancienne  Vandalie.  Quant  à  ce 
que  dit  Procope  ,  qu'iLs  traverferent  le  Dannemarck ,  Se 
arrivèrent  à  Tulé  ,  qui  eft  aujourd'hui  F Llande  ,  c'eft 
une  exagération  pardonnable  à  un  homme  qui  étant  né 
à  Cefarée  en  Paleftine  ,  paffa  une  partie  de  fa  vie  à 
fuivr-e  Belifaire  dans  fes  voyages,  en  qualité  de  fec rétaire. 
Une  preuve  qu'il  n'avoit  qu'une  idée  fort  peu  correcte 
de  rifle  de  Thulé ,  c'eft  qu'il  y  met  les  Scridfini ,  peu- 
ple que  les  anciens  auteurs  mettent  tous  dans  la  Scan- 
dinavie. Le  Danemarck  Se  Thulé  font  de  trop  dans  la 
narration  de  Procope.  Les  Herules  n'allèrent  pas  plus 
loin  qu'au  bord  de  la  mer  Baltique.  Ils  vinrent,  comme 
il  dit  très-bien  ,  au  pays  où  demeuraient  les  Warnes. 
Ces  Warnes,  ou  Warins ,  prenoient  leur  nom  du  War- 
now ,  rivière  de  la  Baffe-Saxe  dans  le  Meckelbourg ,  Se 
qui  coule  à  Roftock  ,  où  elle  eft  fort  large.  Cluvier  , 
guidé  par  une  reffemblar.ee  de  fon  ,  la  cherche  à  Heel 
ou  Heila.  Voyez  Heila.  Il  ferait  bien  plus  naturel  de 
les  chercher  auprès  des  Warnes  Se  des  Rugiens  ,  avec 
qui  on  les  trouve  fouvent  nommés.  Or  il  fe  trouve  qu'à 
deux  milles  de  P^oftock,  il  y  avoit  une  ancienne  ville 
nommée  Weerle  ,  des  ruines  de  laquelle  Schwan  a  été 
bâtie.  Son  nom  latin  étoit  Herula  ,  comme  l'écrit  le 
dofte  Bangert  ,  dans  fes  Notes  fur  la  Chronique  des 
Slaves ,  par  Helmod , /.  1  ,  c.  il, p.  3 5  ;  Se  ce  nom  eft 
un  refte  de  ce  peuple  ,  nom  dont  les  rois  Wandales 
avoient  foin  de  fe  parer  autant  que  du  nom  général  de 
la  nation  ,  puisqu'ils  fe  difoient  rois  des  Herules  &  des 
Wandales.  Ce  que  dit  Procope  ,  qu'ils  trouvèrent  dans 
Fille  de  Thulé  une  nombreuse  nation  nommée  Gaules , 
il  faut  entendre  les  Goths  ,  avec  qui  ils  s'affocierent 
quelquefois.  Zonare ,  in  Gallieno ,  dit  :  il  vainquit  en- 
fuite  les  Herules ,  peuple  d'entre  les  Scythes  &  les  Goths. 
Jornandes  qui ,  étant  Goth  lui-même  ,  aurait  dû  parler 
des  Herules  avec  plus  de  connoiffance  de  caufe  que  les 
Grecs ,  les  fait  venir  de  la  Scandinavie  ,  Si  dit ,  de  Reb. 
Getic.  c.  3  ,  que  les  Danois  avoient  chaffé  les  Herules 
de  leur  pays  ,  Se  que  ces  derniers  font  ceux  qui  ,  entre 
toutes  les  nations  de  la  Scandinavie  ,  ont  fait  le  plus  de 
bruit  à  caufe  de  leur  haute  flature.  Il  dit,  c.  13  ,  qu'Er- 
manaric  ,  rois  des  Goths  ,  déjà  maître  de  bien  des 
peuples  ,  ne  fut  point  content  qu'il  n'eût  affujetti  les 
Herules ,  après  en  avoir  maffacré  une  grande  partie.  11 
nous  apprend  qu'ils  avoient  alors  Alaric  à  leur  tête  ;  Se 
voulant  enfuite  nous  donner  l'origine  de  ce  peuple  ,  il 
a  recours  à  l'autorité  d'Ablavius  ,  hiftorien  Goth  ,  cité 
quelquefois  par  l'Anonyme  de  Ravenne  ,  Se  dit  que 
cette  nation  avoit  été  nommée  Erull ,  parce  qu'elle  ha- 
bitoit  auprès  des  Palus  Méotides  ,  dans  des  marais  que 
les  Grecs  appellent  Hele.  Il  eft  certain  que  des  Grecs 
les  ont  nommés  'Eï.v&i  comme  on  le  peut  voir  dans 
Etienne  le  Géographe,  Se  dans  le  grand  Etymologique. 
Cependant  on  ne  le  peut  pas  dire  généralement  ;  car 
Zonare  ,  dans  l'endroit  cité  ,  dit  A/pâxo;  Se  Procope 
'£p*>.u  qui  eft  XHerulï  des  Latins.   Jornandes  femble 


$n 


nous  marquer  comment  cette  nation  finit ,  au  moins  la 
partie  qui  étoit  au  voifinage  des  Goths  ,  vers  FUlyrie. 
Sidonius  Apollinaris,  Carm.  7,  dit  : 

Cursu  Herulus  ,  Hunnus  jaculis ,  Francufque  natalu. 

Les  Herules  excelloient  à  la  courfe  :  les  Huns  à  lancer 
le  javelot ,  Se  les  Francs  à  nager.  Jornandes ,  c.  23  ,  dit 
auffi  qu'ils  étoient  très-légers  à  la  courfe  ;  qu'il  n'y  avoit 
point  alors  de  nation  qui  n'en  voulût  avoir  dans  fon 
armée  ,  Se  que  malgré  cet  avantage  ,  ils  ne  laifferent 
pas  d'être  affervis  par  les  Goths ,  qui  étoient  plus  pefans 
Se  plus  fermes  ,  Se  qu'enfin  ils  furent  réduits  à  obéir  au 
roi  Ermanaric ,  avec  toutes  les  autres  nations  des  Gétes. 
Nous  avons  remarqué  ailleurs  ,  que  dans  ce  tems  on 
confondoit  mal -à-propos  les  noms  de  Goths  Se  de 
Gétes. 

Pour  moi  je  penfe  que  la  première  demeure  des  He- 
rules étoit  au  voifinage  du  Warnau,  dans  le  Meckelbourg, 
à  peu-près  où  a  été  enfuite  la  ville  de  Werle  ,  en  latin 
Herula  ;  que  fi  Tacite  n'en  a  point  fait  mention  ,  c'eft 
qu'ils  étoient  alors  compris  fous  le  nom  général  de  Van- 
dales ;  que  dans  les  irruptions  des  Goths  Se  des  Van- 
dales ,  vers  le  midi ,  ils.  eurent  leur  part  à  ces  migra- 
tions, Se  demeurèrent  quelque  tems  au-delà  du  Danube, 
où  abordoient  les  nations  feptentrionales  ;  qu'une  partie 
paffa  le  Danube  après  la  bataille  perdue  contre  les  Lom- 
bards ,  s'établit  dans  FUlyrie ,  où  elle  eut  tous  les  revers 
que  nous  avons  marqués ,  Se  fe  perdit  enfin  dans  l'ar- 
mée des  Goths.  Que  l'autre  partie  retourna  dans  la 
Vandalie  ,  auprès  des  Warnes  ;  que  ce  fut  à  ceux-ci 
que  les  autres  envoyèrent  demander  un  roi ,  S:  q  te  ces 
Herules  revenus  dans  leur  patrie ,  y  fubfiftere:  t  long- 
tems  dans  l'idolâtrie  ,  puifque  ce  ne  fut  que  fort  tard 
que  la  foi  chrétienne  leur  fut  annoncée  ;  encore  Fem- 
brafferent-ils  plus  par  force  que  par  perfuafion,  puifqu'à 
la  moindre  occaiion  ils  la  quittoient ,  Se  maffacroient  le» 
prêtres.  Leur  nom  fe  perdit  peu-à-peu  dans  celui  de 
Slaves  ,  Se  enfin  en  celui  de  Meckelbourg. 
L'auteur. Latin  d'une  Chronique  Efclavone,  inférée  dans 
le  Recueil  de  Lindebrog,  Se  réimprimée  dans  celui  de 
Fabricius, laquelle  finit  en  1487,  dit  que  lesHfcRULES, 
ou  Eveldes  ,  font  entre  l'Oder  Se  l'Elbe  ,  près  de  la 
rivière  de  Habola  ,  qui  eft  le  Havel.  Ainfi  il  les  con- 
fond avec  les  habitans  duHavelland.  Le  feavant  Bangert 
n'eft  pas  tombé  dans  cette  erreur  ;  car  il  dit  :  IV.  Havt- 
lani,  \Heveldi,  &  Hevelli  ,  ad  Havtlum  jluvium  :  les 
habitans  de  Hivelberg  ;  X.  Warnavi ,  Varini ,  Heruli  , 
Wtrli  &  wr  tf  M/lr  Wendi  ceux  de  Roftoc ,  de  Butzsu-, 
8c  de  Guftro-w  ,  trois  villes  fituées  fur  le  Warnau, 
Voyez  Slaves. 

HERWORD.  Vovez  Herford. 

HERY.  Voyez  Herat. 

HERYN  ,  montagne  de  la  Mauritanie  Cefariense  , 
félon  Ptolomée,  /.  4 ,  c.  2. 

HERZEGOVINE  ,  (U)  pays  de  la  Turquie,  en 
Europe  ,  dans  la  Botnie  ,  dont  elle  eft  la  partie  fupé- 
rieure  ,  félon  M.  Baudrand.  On  le  nomme  auffi  duché 
de  S.  Saba ,  Se  anciennement  on  le  nommoit  Zachulmi. 
Ce  pays  s'étend  vers  la  Dalmatie,  qui  le  borne  au  cou- 
chant Se  au  midi.  Elle  a  pour  capitale  la  ville  de  Ca/lel- 
Nuovo  qui  eft  aux  Vénitiens  ;  mais  tout  le  refte  eft  aux 
Turcs  qui  y  ont  dix-huit  places  ,  entr'autres ,  Moftar , 
Narenta  Se  Trebigne.  Cette  province  faifoit  autrefois 
partie  de  la  Servie. 

HESDIN  ,  (  FS  )  ne  fe  prononce  point ,  c'eft  pour- 
quoi quelques-uns  1  omettent  ;  en  latin  Hesdinium  ,  ou 
Hisdimum  ,  ville  de  France  dans  l'Artois ,  fur  la  Canche. 
Il  faut  diftinguer  le  Vieil  Hesdin  ,  Se  la  ville  qui  porte 
aujourd'hui  fe  nom  de  Hesdin.  Ce  font  deux  villes  dif- 
férentes. 

La  ptemiere  étoit  ancienne.  On  croit  même  que  c'eft 
le  Vicus  Hélène  ou  Hedene  Ficus  de  Sidonius  Apolli- 
naris. Voyez  Hélène  7.  Quelques  favans  difent  qu'He- 
lene,  femme  de  Conftantius  Chlorus,  Se  meredugrand 
Conftantin  ,  ayant  été  répudiée  par  fon  mari,  fe  retira 
en  ce  lieu  ,  Se  y  fit  bâtir  un  château  qu'elle  nomma 
Viols  Helence.  D'autres  foutiennent  que  Vicus  Heler.œ 
eft  Houdan  ou  Othain.  M.  l'abbé  de  Longuerue  n'a  pas 
trouvé  cette  origine  affez  prouvée  pour  la  rapporter,  Se 
Tomt  ///,    Y  y 


3J4 


HES 


HES 


le  contente  de  marquer  les  différens  maîtres  qu'a  eus 
cette  place.  Hesdin  ,  dit-il ,  étoit  une  fort^reffe  qui  apar- 
tenoit  aux  comtes  de  Flandres,  &£  qui  fut  donnée  pour 
dot  par  Philippe  d'Alfaçe,  avec  l'Artois,  à  iiabelle  de 
Hainaut,  femme  de  Philippe-Augufte.  Robert  ,  comte 
d'Artois  ,  trere  de  S.  Louis  ,  l'eut  &C  la  laifla  à  fes  fucr 
ceffeurs.  Elle  fut  prife  par  Louis  XI,  fur  Marie  de  Bour- 
gogne, &  rendue  par  Charles  VIII  à  Philippe  d'Autriche. 
La  guerre  ayant  été  déclarée  entre  Charles  V  &  Fran- 
çois I,  les  François ,  l'an  l^ll  ,  fe  rendirent  maîtres  de 
Hesdin .  dont  on  fut  oblige  de  promettre  la  reftitution 
au  traité  de  Madrid.  Ce  traité  n'ayant  point  été  exécuté, 
il  fut  accordé  par  la  paix  conclue  à  Cambrai,  l'an  1 5^9» 
que  Hesdin  feroit  rendu  à  Charles  V.  Les  François  ayant 
enfuite  repris  cette  place  ,  on  en  laifla  la  pofleflion  à 
François  I,  par  le  traité  de  Crespi.  Hesdin  fut  pris  & 
raie  par  l'armée, de  Charles  V,  l'an  1533.  Le  lieu  où  il 
étoit,  coriferve  encore  le  nom  de  KitiL-tlesdin.*  Piganiol 
de  la  Force.  Descr.  de  la  France  ,  1. 3  ,pï  24.3. 

Le  nouveau  Hesdin  ,  ou  la  ville  de  Hesdm  d'aujour- 
d'hui ,  doit  fa  fondation  à  Philibert.  Ce  prince  qui  étoit 
général  de  l'armée  impériale  dans  les  Pays-bas  ,  non 
content  d'avoir  fignaié  fon  généralat  par  la  prife  &  par 
la  deftructien  de  Hesdin  ,  voulut  rendre  à  l'empereur, 
qu'il  fervoit ,  une  autre  place  qui  ne  lui  fût  pas  conteftée. 
Il  fit  àggrandir  &  fortifier,  en  1554,  le  village  du MESNIL, 
fitué  une  lieue  au-deffous  de  Hesdin;  &  en  ayant  fait 
une  ville  flanquée  de  fix  bâfrions  royaux ,  il  lui  donna  le 
nom  de  Hesdin-Fcrt ,  nom  compofé  de  celui  de  la  ville 
détruite ,  &  des  quatre  lettres  que  les  ducs  de  Savoye 
portent ,  &  qui  fignifient ,  dit-on  ,fortitudo  ejusRkodit.m 
tenuit.  Cette  ville  eft  un  hexagone  régulier  ,  environné 
d'un  bon  foffé  &  d'une  bonne  contrescarpe ,  avec  des 
demi-lunes ,  &  autres  ouvrages  qui  défendent  cette  place 
du  côté  où  il  n'y  a  point  de  marais.  Elle  fut  prife,  en 
1639,  Par  Louis  XIII,  qui  l'afliégeait  en  perlbnne,  ck 
qui  y  entra  par  la  brèche  ,  tk  fe  tournant  vers  Puifegur , 
prit  fa  canne  qu'il  donna  à  la  Meilleraye,  en  lui  difant  : 
Je  vous  fais  maréchal  de  France  ,  voilà  le  bà'.on  que  je 
vous  en  donne.  Les  fervices  que  vous  m'ave^  rendus 
m'obligent  à  cela.  Hesdin  fut  ensuite  cédé  à  la  France 
par  le  traité  des  Pyrénées  en  1659. 

Le  bailliage  de  Hesdin  eft  entre  le  Boulenois  ,  le 
bailliage  de  Montreuil  ,  le  Ponthieu  ,  &  les  bailliages 
d'Avesnes  &  d'Aubigni.  La  partie  du  bailliage  de  Hesdin, 
qui  eft  au  midi.de  la  Canche  ,  qui  eft  du  diocèfe  d'A- 
miens, a  fait  partie  du  territoire  des  peuples  Ambiant, 
&  non  pas  de  celui  des  Morins. 

HESDR1N.  Voyez  Esdrin. 

HESEBON.  Voyez  Esbus. 

HESER ,  ville  de  la  Paleftine ,  dans  la  tribu  de  Juda. 
Salomon  la  fit  bâtir  ou  fortifier ,  Reg.  1.  3  ,  c.  9 ,  v.  1 5. 
Dom  Calmet  croit  que  c'eft  apparemment  la  même  ville 
qu'AsOR,  ou  HASOR. 

HESÏCHA.  Palladius ,  dans  la  Vie  de^  S.  Opien  , 
nomme  ainfi  un  monsftere  qui  étoit  fitué  près  de  la 
mer.  Ortodius  croit  qu'il  étoit  dans  la  Syrie. 

HESIDRU  ,  fleuve  de  l'Inde ,  félon  Pline,  1.6, c.  17. 
Il  étoit  à  cent  foixante-buit  milles  de  l'Hypanis  ,  &  à 
pareille  diftance  du  Jomanes. 

HESION-GABER.  Voyez  Asion-Gaber. 

HESIS  fij/ç ,  heu  de  la  Silicie  ,  félon  Jofeph  ,  Antiq. 
I.  18,  c.  il. 

HESMUNTHIS  :  ce  nom  fe  trouve  ainfi  dans  l'Iti- 
néraire d'Antonin  pour  Hermonthis.  Voyez  ce  mot. 

HESN-MEDI  ',  ville  de  Perfe.  Elle  eft  ,  félon  Ta- 
vernier,  Voyage ,  /.  3  ,  c.  dernier ,  à  74  d.  4  s;'  de  longi- 
tude ,  &a3ld.  5'  de  latitude.  Il  croît  quantité  de  beaux 
fruits  autour  de  cette  ville  ,  &  on  les  tranfporte  à  Bal- 
fara ,  &  en  divers  autres  lieux. 

HESPERA,  We«  ,  grande  Me  d'Afrique,  félon 
Diodore  de  Sicile,  /.  3  ,  c.  53.  Il  la  place  dans  un  lac 
formé  par  le  fleuve  Triton  ;  mais  il  en  parle  à  l'occafion 
d'une  fable;  &  ce  qu'il  en  dit,  n'a  rien  de  fort  hiftorique. 
HESPERlA.  Voyez  Espagne  &  Italie.  Ce  mot 
vient  de  Hesper  ou  Vesper  ,  qui  marque  le  couchant. 
Comme  l'Italie  eft  plus  occidentale  que  la  Grèce  ,  les 
Grecs  la  nommèrent  He.pcrie  ;  &i  les  Italiens  don- 
nèrent ce  même  nom  à  l'Espagne  ,  parce  qu'elle  a  la 
même  fituation  à  leur  égard.  Virgile,  Mneid.  1.  i,v.  573, 


nomme  l'Italie  Hesperiam  magnant  ;  &  Horace  ,  1.  1  ; 
Ode  36  ,  appelle  l'Espagne  Hesperia  ullima  ,.  fur  quoi 
Dacier  remarque  que  toute  la  partie  occidentale  de 
l'Europe  étoit  Hesperia  :  l'Italie  ,  pourfuit-il  ,  Hesperia. 
proxima,  ou  fîmplement  Hisperia:  l'Espagne  ;  Hesperia 
ultima  ,  parce  qu'elle  eft  la  plus  éloignée.  II  y  avoit 
donc  deux  Hesperies  ;  la  grande  qui  eft  l'Italie  ;  &  la 
petite  qui  eft  l'Espagne,  (elon  le  P.  de  la  Rue,  in  JEneid. 
1.  1  ,  v.  534  ,  ou  ïHesperie  voifine ,  ou  la  plus  proche 
qui  eft  l'Italie  ;  &  l'Hespene  dernière  ,  ou  la  plus  éloignée 
qui  eft  l'Espagne,  félon   Dacier. 

1.  HESPEÏ-UDES  ;  (  Les  )  ville  de  la  Pentapole  & 
de  la  Cyrenaïque.  Voyez  Hesperis. 

1.  HESPERIDES  ;  (  Les  Jardins  des  )  jardins 
fameux  dans  l'antiquité  fabuleufe.  Comme  ces  jardins 
ne  fubfiftoient  que  dans  l'imagination  des  poètes  ,  plu- 
fieurs  auteurs  les  ont  diversement  placés  ,  afin  d'avoir  la 
commodité  de  les  trouver  en  leur  chemin ,  &  de  pren- 
dre occafîon  d'en  tirer  des  images  agréables.  On  a  fup- 
pofé  que  les  Hésperides ,  filles  d'Hesper ,  gardoient,  par 
l'ordre  de  Junon ,  un  jardin  où  ilcroiffoit  des  pommes 
d'or  qu'Hercule  enleva,  ayant  tué  le  dragon  qui  en  dé- 
fendoit  l'entrée  :(rien  n'eft  moins  décidé  que  l'endroit 
où  étoient  ces  prétendus  jardins.  Pline,  /.  19,  c.  4,  dit 
qu'ils  étoient  vers  la  ville  de  L<xus  ,  à  deux  cens  pas 
de  l'Océan  ,  près  d'un  temple  d'Hercule  plus  ancien 
que  celui  de  l'ifle  de  Gades.  Ils  étoient  donc,  félon  lui, 
dans  la  Mauritanie  Tmgitane.  Claudien  ,  de  Laud.  Stilic, 
1.  1  ,  les  met  bien  loin  de-là  fur  le  fleuve^ Triton. 

Quos  vagns  humectât  Cinyps  &  proximus  hortis 
Hesperidum  Triton. 

Ce  voifinage  du  fleuve  Triton  ,  &  de  ces  jardins  ^ 
pourroit  bien  venir  de  l'ifle  Hespera  dont  parle  Diodore 
de  Sicile.  Voyez  Hespera.  Strnbon  ,  /.  17  .  p.  8;6, 
fait  bien  mention  d'un  lac  des  Hésperides  ;  mais  il  dit 
que  le  fleuve  Ladon  s'y  jette.  Parlant  ailleurs  des  jardins 
des  Hésperides,  il  les  place  à  quatre  petites  journées  de 
chemin  du  fond  du  golfe  de  la  grande  Syrte.  Il  trouve 
ce  lieu  affez  reflemblant  à  celui  de  Jupiter  Ammon,  & 
qu'il  eft  arrofé  d'eaux  ,  grand  avantage  au  milieu  cf  un. 
pays  de  fables  brûlans  &  altérés.  Qu'une  partie  eft 
couverte  d'arbres ,  &  que  l'autre  eft  employée  à  femer 
des  grains ,  &c.  D'autres  l'ont  mis  S  la  ville  qui  a  été 
fucce Hivernent  appellée  Hesperis  &  Bérénice  ;  &  Pline, 
/.  5  ,  c.  5  ,  exprime  la  raifon  de  cette  diverfïté  par  ces 
mots  :  Vagantibus  Greciœ  fabulis ,  les  fables  des  Grecs 
n'ayant  rien  de  fixe.  En  effet,  il  n'apartient  qu'aux  lieux 
véritablement  hiftoriques  &  exiftans,  d'avoir  une  fitua-« 
tion  qui  leur  (bit  propre. 

HESPERIDES ,  (  Les  Isles  des  )  ifles  de  la  mer 
Atlantique.  Pline  ,  l.  6 ,  c.  31  ,'  n'en  parle  qu'avec  un 
air  d'incertitude  ;  car,  après  avoir  nommé  les  deux  Gor- 
goges,  il  ajoute  :  on  raconte  qu'encore  au-delà  il  y  a  . 
deux  ifles  des  Hésperides.  Cela  ne  convient  point  aux 
Canaries  ,  &  encore  moins  aux  Açores.  Ce  qu'il  dit 
enfuite ,  y  convient  encore  moins  :  tout  cela ,  dit-il ,  eft 
fi  peu  certain  ,  que  fi  nous  en  croyons  Statius  Sebofus  , 
des  ifles  Gorgognes  aux  ifles  des  Hésperides,  il  y  a  qua- 
rante jours  de  navigation  le  long  de  l'Atlas  ,  &  une 
depuis  les  ifles  Hésperides  au  cap  nommé  Hes- 


peru  Ceras.  On  voit  bien  que  Pline  met  tout  cela  fur  la 
côte  occidentale  d'Afrique.  Si  Pline  avoit  parlé  avec 
certitude  ,  &t  qu'il  n'y  eût  aucun  doute  fur  l'exattitude 
du  calcul  de  Statius  Sebofus  ,  il  feroit  naturel  de  dire: 
le  cap  nommé  Hesperu  Ceras  doit  avoir  reçu  ce  nom  à' 
caufe  de  fa  fituation  à  l'occident.  Ce  doit  donc  être  le 
cap  verd  le  plus  occidental  de  toute  l'Afrique  ,  &  de' 
tout  l'ancien  continent.  Les  Hésperides  étoient  à  une 
journée  en-deçà  ;  ce  pouvoient  être  deux  des  ifles  du 
Sénégal  :  &  ainfi  du  refte  de  cette  course.  Mais  on  ne 
peut  compter  fur  des  relations  imparfaites  ,  &  dreffées 
dans  des  tems  où  ces  lieux  n'étoient  connus  que  par 
une  tradition  obscure  &  incertaine.  Denys  le  Periégete 
ne  parle  point  de  ces  Hésperides ,  lorsqu'il  dit  dans  les 
ifles  Hésperides  qui  font  fertiles  en  ctain.  Ce  mot  Hés- 
perides n'eft  pas  le  nom  propre  de  ces  ifles  ,'  mais  une 
fimple  épithéte  qui  défigne  occidentales  ;  &  cela  eft 
fondé  fur  l'opinion  faune  de  quelques  anciens  géographes, 


HES 


HES 


qui  ont  cru  que  ces  ifles  d'où  on  apportait  l'étain  en 
Espagne ,  étoient  au  couchant  de  ce  pays.  Voyez  Cas- 
SITERiDES.  Cette  fituation ,  par  rapport  à  l'Espagne,  a 
engagé  Hill  ,  commentateur  de  Denys  ,  à  foupçonner 
que  ces  Hespérides  de  fon  auteur  pouvoient  bien  être 
les  Açores. 

Quelques  Espagnols ,  &  entr'autres,  Oviedo  ,  ont  pré- 
tendu que  les  Hespérides  font  les  Antilles  ,  &c  ajoutent 
que  Dieu  ,  en  les  faifant  parler  fous  la  domination  des 
rois  Catholiques  ,  n'a  fait  que  restituer  à  leur  couronne 
ce  qui  lui  avoit  appartenu  3 1 50  ans  auparavant,  fous  le  roi 
Hesperus  ,  de  qui  elles  avoient  pris  leur  nom.  Oviedo 
avance  même  ,  que  les  apôtres  S.  Jacques  &  S.  Paul  y 
ont  prêché  l'évangile ,  &c  cite  pour  garant  de  ce  fait  les 
Morales  de  S.  Grégoire. 

HESPERII  .iEthiopes  ,  ancien  peuple  d'Ethiopie 
dont  il  occupoit  la  partie  la  plus  occidentale.  Les  Ethio- 
piens Ichthyophages ,  c'eft-à-dire  ,  qui  fe  nourriffent  de 
poiffon  ,  occupent  le  grand  golfe  de  l'Océan  occidental. 
Les  plus  méridionaux  d'entr'eux,  qui  s'étendent  jufqu'à 
une  terre  inconnue  ,  font  appelles  Hesperii  ALthiopes  , 
c'eft-à-dire ,  Ethiopiens  occidentaux.  Ce  grand  golîe  eft 
celui  de  Guinée  ;  &  les  plus  méridionaux  de  ce  golfe 
font  les  habitans  du  Congo.  Ils  étoient  peut-être  les  mêmes 
que  les  Hesperkns  de  Libye  ,  quoique  Maxime  de  Tyr , 
Difc.  38  ,  place  ceux-ci  vers  un  promontoire  du  mont 
Atlas.  Strabon ,  /.  17 , p. 8 29 ,  parle  des Hesperii  JEthiopes, 
à  l'occafion  de  quelques  paffages  d'Eratofthene ,  relevés 
par  Artemidore.  Il  parle  auffi,  /.  14,  p.  647  ,  de  divers 
fleuves  aufquels  le  nom  de  Lethé  étoit  commun  ,  &  en 
metun  chez\esHespérites  Libyens  j  toi  'f.ava  tjç  \iCvei 
la  verfion  latine  porte  apud  Hesperitas  ,  feu  occiduos 
Afros  ;  ce  qui  veut  dire  chez  les  Africains  occidentaux. 
Cafaubon  veut  qu'au  lieu  de  ,\  &  «  ,  on  life  '  ~ç, ,  c'eft- 
à-dire  ,  au  lieu  des  Libyens  les  Espagnols.  Ortelius  eft 
d'un  fentiment  contraire  :  il  oppofe  à  Cafaubon  l'autorité 
de  Strabon ,  de  Pline  ,  de  Lucain  &  de  Martianus  Ca- 
pella.  On  vient  de  voir  les  paffages  des  deux  premiers  ; 
les  deux  derniers  ne  parlent  Amplement  que  des  jardins 
des  Hespérides ,  que  Martianus  Capella  met  auprès, du 
mont  Atlas,  dans  la  Mauritanie  Tingitane.  Le  paffage  de 
Lucain  les  place  bien  loin  de-là  ,  &C  découvre  même  la 
fource  d'une  méprife  ,  s'il  y  en  a  dans  le  paffage  de 
Strabon.  Voici  le  paffage  entier.  Il  parle  de  la  flotte  de 
Caton ,  qui ,  après  une  rude  tempête,  entra  heureufement 
dans  le  lac  de  Triton. 

Pars  ratium  major  regimen  clavumque  fecuta  ejî  , 
Tutafugœ,  nautasque  loci  fortita  peritos  , 
Tcrpenlem  Tritonos  adit  illœfa  paludem  : 
Hanc  ,  m  fama  ,  Deus  quem  toto  Littort pontus , 
Audit  ventofa  perfianiem  murmura  concha  , 
Hanc  &  P allas  amat ,  patrio  qute  virdct  nala 
Terrarum  primam  Libyen  (  nam  proxima  cœlo  ejl , 
Ut  probat  ipse  calor  )  tetigit ,  Stagnique  quieta  , 
Voltus  vidit  aqua  ,  pofuitque  in  margine  plantas  , 
Et  fe  dilecla  Tritonida  dixit  ab  itnda. 
Quant  juxta  Lethon  tacitus  prcclabitur  amnis 
Infernis  ,  ut  fama ,  trahens  oblivia  venis  : 
Atque  infepiti  quondam   tutela   Draconis , 
Hesperidum  pauper  fpoliatus  frondibus  hortus. 
Invidus  annofo  famam  qui   derogat  avo , 
Qui  vates  ad  vera  vocat.  Fuit  aureafilv  a,  ckc. 

C'eft-à-dire  :  la  plus  grande  partie  des  vaiffeaux  ,  par 
V habileté  des  pilotes ,  échappa  à  ce  danger,  &  arriva  Jans 
,aucun  malheur  à  l'étang  de  Triton.  On  dit  que  ce  ma- 
rais cfi  chéri  du  dieu  ,  qui  fiit  retentir  la  mer  du  bruit 
de  fa  conque.  Il  efl  auffi  aimé  de  P  allas,  qui  étant  écloft 
du  cerveau  de  fon  père  ,  descendit  d'abord  dans  la  Libye, 
qui  étant  la  terre  la  plus  voijine  du  ciel,  comme  le  prou- 
vent les  chaleurs  quonyfent,  fut  la  première  qui  s'offrit 


SSf 


aux  yeux  de  cette  déeffe.  Elle  vit  tes  eaux  tranquilles 
de  ce  marais ,  s' arrêta  fur  fes  bords  ,  &  en  prit  lefurnom 
de  Tritonide.  Auprès  de  ce  marais  coule  paifiblemer.t  le. 
Lethon  (Lethes,  Lethos  ou  Lathon  ,  )  lequel,  à  ce  qu'on 
dit,  tira  des  conduits fouterreins  la  qualité  qu'il  a  défaire 
oublier.  Auprès  de  ce  marais  ,  fe  trouve  auffi  le  jardin.: 
des  Hespérides  ,  autrefois  gardé  par  un  dragon  qui  veil- 
loil  toujours;  mais  il  a  perdu  ces  richeffes  depuis  qu'il  a. 
été  dépouillé  de  fes  fruits  ,  &  qu'on  ne  lui  a  laiffé  que 
fes  feuilles.  Car  il  y  a  de  La  malignité  à  vouloir  démentir -■ 
l'antiquité  ,  &  à  réduire  les  poètes  à  ne  rien  dire  que  de 
vrai.' 

Lucain  fe  livre  enfuite  à  fon  imagination.  Le  jardin 
des  Hespérides  eft  donc  placé  près  du  marais  de  Triron, 
lequel  eft  le  même  que  Strabon  appelle  le  lac  des  Hef- 
perides,  où  il  dit,  /.  17,  p.  836,  que  fe  jette  le  fleuve 
Ladon  ,  que  Lucain  nomme  Lathon  ,  Lethon  ou  Lethes  • 
car  ces  trois  manières  de  lire  ce  nom  ,  font  autorifées: 
par  des  éditions  ou  par  des  manuscrits.  La  reffemblance 
du  nom  avec  le  fleuve  Lethé  ,  fi  fameux  par  l'oubli  que 
l'on  puifoit  avec  fes  eaux ,  a  donné  occafion  de  les  con- 
fondre, quoique  le  vrai  fleuve  de  Lethé  foit  en  Espagne. 
Voyez  Lethé  &  Hesperis. 

HESPERIS  ,  ville  de  Cyrenaïque.  Pomponius  Mêla  , 
/.  1  ,  c.  S ,  dit  en  nommant  les  cinq  villes  de  la  Penta- 
pole  :  Hesperis ,  Apollonie  ,  Ptolemaïde  ,  Arfinoé  & 
Cyrène  ,  qui  donne  le  nomme  au  pays.  Pline  ,  l.  5  , 
c.  5 ,  dit  que  la  même  ville  s'appelloit  Bérénice  ,  &  que 
les  fables  des  Grecs ,  au  fujet  des  Hespérides ,  ayant  été 
attribuées  à  divers  pays,  cette  ville  en  avoit  ancienne- 
ment porté  le  nom.  Il  ajoute:  à  peu  de  diftance  de  cette 
ville ,  coule  le  fleuve  Lethon  ;  il  y  a  un  bois  facré  où 
l'on  dit  que  font  les  jardins  des  Hespérides.  Ptolomée  , 
/.  4,  c.  4,  dit:  Bérénice,  que  l'on  appelle  auffi  Hespéri- 
des. Ammien  Marcellin  ,  /.  22 ,  joint  auifi  les  deux  noms. 
L'ancien  nom  étoit  Hesperis.  Elle  prit  l'aune  de  Béré- 
nice,  femme  de  Ptolomée  Evergete.  A  l'égard  du  fleuve 
Lethon  que  Pline  nomme,  c'eft  le  même  dont  il  eft  parlé 
dans  le  paffage  de  Lucain  ,  cité  dans  l'article  Hesperii 
ALthiopes ,  ci  que.  le  Lethé  ,  dont  parle  Strabon  dans  le 
paffage  rapporté  au  même  endroit. 

1.  HESPERIT^E,  ancien  peuple  de  la  Libye.  Voyez 
Hesperii  jEthiopes. 

1.  HESPERIT^E,  ancien  peuple  d'Afie,  verslePhafe, 
félon  Xenophon  ,  dans  fa  Retraite  des  dix  mille,  /.  7,  in 
fine.  Dans  le  dénombrement  des  Satrapes,  qui  comman- 
doient  dans  les  provinces  que  l'armée  Gréque  traversa 
dans  fa  retraite  ;  il  dit  que  Teribaze  avoit ,  pour  fon  dé- 
partement, les  Pha'iens  &  les  Hespérites.  D'Ablancourt, 
avec  fa  hardieffe  accoutumée,  dit  que  Tiribaie  gouver- 
noit  le  Phafe  &  l'Arménie. 

HESPERIUM  ceras  ,  ou  'Eçv.pS  4<*«  Hespemm 
Ceras  ;  nom  que  les  anciens  ont  donné  à  un  cap  d'Afri- 
que fort  avancé  vers  le  couchant.  C'eft  Pline ,  /.  6 ,  c.  31, 
qui  le  nomme  ainfi  :  il  dit  que  Statius  Sebolùs  le  plaçoit 
à  une  journée  de  navigation  au-delà  des  ifles  Hespéri- 
des. Il  dit  un  peu  auparavant ,  /.  6  ,  c.  30,  que  du  milieu 
de  l'Ethiopie ,  une  montagne  fort  haute  s'avance  vers  la 
mer;  qu'elle  y  brûle  par  des  feux  continuels;  que  les 
Grecs  l'appellent  Théon  Ochema,  &  qu'elle  eft  à  quatre, 
journées  de  navigation  du  promontoire  Hcsperion  Ce- 
ras,  qui  confine  à  l'Afrique,  auprès  des  ./Ethiopiens  Hes- 
periens  ou  Occidentaux.  Cet  Hcsperion  Ceras  ,  félon 
Mercator  ,  eft  le  cap  blanc  ;  félon  Florian  del  Campo , 
c'eft  le  cap  verd  ;  le  P.  Hardouin  croit  que  c'eft  Sierra. 
Liona,  en  quoi  il  s'accorde  avec  le  P.  Briet  &  Sanson; 
&  comme  le  Theon  Okéma  ,  félon  plufieurs  géographes 
très-habiles  ,  entre  lesquels  eft  De  l'Ifle  ,  ne  peut  être 
la  montagne  de  Serra  Liona ,  &  qu'il  doit  être  à  qua- 
tre jours  de  diftance  du  promontoire  Hesperien  ,  le 
P.  Hardouin  met  le  Theon  Ochema  à  Cabo  das  P  aimas  , 
qui  eft  fur  la  côte  de  Guinée.  Il  eft  certain  que  Ptolo- 
mée, /.  4,  c.  6,  nomme  grand  golfe  ou  golfe  Hesperien 
un  golfe  de  l'Océan ,  au  couchant  de  la  Libye.  La  lati- 
tude de  cinq  degrés  qu'il  lui  donne  achevé  de  détermi- 
ner pour  le  golfe  de  Guinée.  Il  femble  mettre  dans  ce 
golfe  fon  promontoire  Hesperien  ;  mais  les  pofitions 
qu'il  donne,  tant  au  Théon  Okema  qu'à  l'autre  promon- 
toire ,  fe  (entent  furieufement  de  l'ignorance  où  l'on 
étoit  de  fon  tems  fur  ce  qui  regarde  cette  côte  de  l'A- 
frique, 

Tome  III,     Y  y  ij 


IS6 


HES 


HES 


HESPERIUS  MONS  ,  montagne  d'Ethiopie  ,  félon 
Pline,  l.i,  c.  16.  Il  dit  que  la  campagne  brille  la  nuit 
comme  des  étoiles. 

HESPERIUS  sinus  ou  sinus  magnus,  nom  que 
Ptolomée  donne  au  golfe  que  nous  appelions  préfente- 
ment  le  golfe  de  Guinée. 

HESP-RE  ,  rivière  dans  le  Hainaut,  où  elle  prend  fa 
fource  dans  la  prévôté  de  Chirnay  d'où  elle  court  vers 
le  nord  ,  jusqu'aux  confins  de  la  prévôté  de  Maubeuge; 
elle  tourne  enfuite  vers  le  couchant,  parle  à  Liellie,  à 
Avesnes,  ck  va  lé  rendre  dans  laSambre  entre  Maubeuge, 
&  Landrecy.  *  Jaillot,  Atlas. 

HESRON.  Ortéiius  trouve  une  ville  de  ce  nom  dans 
la  Judée ,  au  chapitre  onzième  de  Jofué ,  &  dans  le  quin- 
zième des  Juges.  Ce  mot  pourtant  ne  s'y  trouve  en  au- 
cune façon.  Il  ajoute  qu'on  la  nommoit  auffi  Hasor, 
ck  que  lèlon  Brochard  ,  elle  s'appelle  aujourd'hui  An- 
TIOP.  Je  ne  fais  où  Ortéiius  a  pris  ce  mot  Hesron  ;  car 
Brochard  ne  le  fournit  point.  Voici  les  propres  paroles 
de  ce  religieux,  Descr.  Terr.  fancl.  c.  3,  au  chapitre  qui 
a  pour  titre  Voyage  d'Acre  ,  vers  le  Nord.  Après  avoir 
parlé  de  Tlioron ,  place  forte  ,  à  fept  lieues  de  Tyr,  ck 
bâtie  parle  lèigneur  de  Tiberiade  ,  pour  tenir  les  Tyriens 
dans  le  respect,  ce  voyageur  ajoute  :  de-là  il  y  a  quatre 
lieues  jusqu'à  Antiopie ,  ville  qui  fut  anciennement  ap- 
pellée  Afj'or  ;  c'eft-ià  que  demeuroit  autrefois  le  roi  Ja- 
bin ,  qui  étoit  allié  de  vingt-quatre  rois ,  contre  lesquels 
Jofué  combattit  par  l'ordre  de  Dieu.  (On  cite  en  marge 
Jojué  11;)  c'eft  de  cette  ville,  poursuit  le  P.  Brochard, 
qu'il  eft  oit  au  lèptiéme  chapitre  de  Jofué  ,|  qu'd  n'y  eut 
que  la  ville  d'Aflor,  place  très-forte  ,  qui  fut  confumée 
par  le  feu.  Ses  ruines  font  encore  aujourd'hui  des  preu- 
ves de  fon  ancienne  magnificence.  Elle  eft  à  huit  lieues 
de  Tyr,  vers  l'orient.  Voilà  ce  que  dit  le  voyageur  cité 
par  Ortéiius  ,  ck  il  ne  parle  point  d'Hesron.  Voyez 
Hasor. 

HESSE ,  (la)  pays  d'Allemagne ,  avec  titre  de  land- 
graviat ,  dans  le  cercle  du  haut  Rhin.  Ce  pays  s'étend 
depuis  le  Mein  jusqu'au  Wefer ,  &  confine  à  la  Wete- 
ravie,  à  laThuringe,  à  laV/eftphalie,  à  la  Franconie  Se 
au  pays  de  Brunswig.  Le  pays  de  Heffe  eft  partagé  en 
hauie  Heffe  ck  en  baffe.  Cela  joint  à  diverses  feigneuries 
ck  comtés  ,  qui  ont  été  aquilès  avec  le  tems ,  forme  un 
état  partagé  entre  quatre  branches  de  la  maifon  de  Heffe, 
qui  toutes  prennent  la  qualité  de  landgraves  de  Heffe. 
*  Divers  Mémoires. 

La  haute  HtSSE  ,  eft  ce  qu'on  appelloit  autrefois  la 
principauté  fur  la  Lohn. 

Les  HESbOlS  ,  en  latin  moderne  Haffi ,  tirent  leur 
origine  des  Catti  ou  Cattes ,  ancien  peuple  dont  nous 
parlons  en  fon  lieu.  Le  C  a  été  changé  en  une  aspira- 
tion ,  ck  les  deux  TTenSS,  changement  fort  ordinaire, 
fur-tout  dans  la  langue  Allemande.  Les  Cattes  faifoient 
partie  des  Hermions  ,  grand  peuple  de  la  Germanie. 
Pline,  /.  4,  c.  13,  les  nomme  avec  les  Hermundures  ck 
les  Cherusques. Les Bataves,\z%Cancnifites,  &c.  étoient, 
à  ce  qu'on  prétend ,  des  colonies  de  ces  Cattes  de  la  Ger- 
manie. Ainfi  la  liaifon  qu'il  y  avoit  entre  les  Cattes  Ger- 
mains, ck  ceux  de  la  Batavie  ,  eft  la  raifon  de  tous  ces 
diftérens  noms  qui  fe  trouvent  encore  dans  les  Pays-bas, 
ôc  qui  conservent  celui  de  cette  nation. 

Si  les  Cattes  des  Pays-bas  font  venus  originairement 
de  la  Heffe,  en  échange  la  maifon  qui  eft  fouveraine  de 
la  Heffe  aujourd'hui,  vient  originairement  des  Pays-bas, 
ck  eft  une  branche  de  celles  des  anciens  ducs  de  Bra- 
bant.  Elle  eft  préientement partagée  en  quatre  branches; 
favoir,  deux  principales  qui  font  Heffe-Cajjel  ôk  Hcfje- 
Darmlladt ,  &c  deux  autres  qui  font  des  branches  de  la 
feconcle,  favoir,  Hefje-Rhinfds  &  Heffe- Hambourg. 
Mous  nous  arrêterons  à  l'ordre  de  ces  quatre  branches,  & 
nous  marquerons  ce  que  chacune  poffede  ,  tant  du  pays 
de  Helle ,  que  de  fes  aquifitions  &.  conquêtes ,  ck  enfuite 
nous  y  joindrons  ce  que  d'autres  fouverains  poffedent 
au  pays  de  Heffe. 

La  branche  de  Caffel  eft  de  la  communion  de  Ge- 
nève. Celle  de  Darmftadt  eft  de  la  confeffion  d'Augs- 
bourg  ,  celle  de  Rhi'nfels  eft  Catholique  ,  6k  celle  de 
Hombourg  eft  réformée  comme  celle  de  Caffel.  Leurs 
fujets  fuivent  l'une  ou  l'autre  de  ces  religions  avec  li- 
berté. 

Les  ÉTATS  DE  Hesse-Cassel  ,  font 


I.  La  plus  grande  partie  de  la  baffe  Heffe ,  qui  confine 
à  la  Franconie  ,  à  la  Thuringe  ,  au  Brunswig  &C  à  la 
Weftphalie.  Les  principaux  lieux  font, 

Caffel ,  capitale. 
Pleffe,  feigneurie.  . 

Ziegenhaim,  comté  ;  de  laquelle  dépendent  trois  vil- 
les ,  favoir , 

Treiza,  Neukirken,  Scwartzenborri. 
Homberg ,  Spangenberg. 

Creutzberg , 

II.  Quelque  chofe  de  la  Haute  Hesse,  favoir,' 

Marpurg,  Wetter, 

Franckenberg,  Rauchenberg. 

Kirchhayn, 

III.  La  principauté  de  Hirschfeld  ,  abbaye  fe'* 
cularifée. 

IV.  La  plus  grande  partie  du  COMTÉ  de  ScHAUM- 
EOURG. 

V.  Les  bailliages  d'Ucht  ck  de  Freudenberg 
au  comté  d'Hoya. 

VI.  Smalkalde  ville  ,  avec  la  feigneurie  de  Frano 
KENstein  ,  dans  le  Henneberg. 

Le  landgrave  de  Heffe-Caffel  eft  aujourd'hui  le  même 
que  le  roi  de  Suéde. 

Les  ÉTATS  DE  LA  MAISON  DE  HeSSE-DaRMS- 
TADT  ,  font 

I.  La  plus  grande  partie  delà  HAUTE  HESSE  ,  fa- 
voir, 

Gieffen  ,  ville  ,  Itter ,  feigneurie, 

Nidda,  comté,  Butzbach,  ville. 

II.  Le  HAUT  COMTÉ  DE  CATZEN-ELNBOGEN,  au 
midi  du  Mein ,  où  eft  la  ville  de  Darmftadt ,  qui  donne 
le  nom  à  cette  branche. 

Les  ÉTATS  DE  LA  MAISON  DE  HESSE-RHINFELS, 
font , 

I.  Le  BAS  COMTÉ  DE  CATZEN-ELBOGEN  ,  oùfont, 
Rhmfels  ,  ville  forte. 

S.  Gever ,  ou  S.  Goar. 

Le  Gatz ,  forterejfe. 

Catzenelnbogen ,  ville  qui  donne  fon  nom  au  comté. 

Schwalbach  ,  village  fameux  par  fes  eaux  minérales. 

II.  Dans  la  basse  Hesse,  quelques  villes,  bailliages 
ck  feigneuries.  Les  villes  font, 


Rottenbourg, 
Wanfreid , 


Eschwege, 
Sontra. 


Les  ÉTATS  DE  LA  MAISON  DE  HESSE  HOMBOURG 

fe  bornent  au  bailliage  de  Hombourg.  Elle  poffede  auffi 
quelque  chofe  au  comté  de  Nidda. 

La  ville  de  VetzlaRD  eft  libre  ck  impériale. 

L'électeur  DE  Mayence  poffede  dans  la  Hesse. 

Fritzlar  dans  la  baffe  Heffe. 

Amcenebourg,  Ohmebourg  ou  Amelbourg. 

Trerùrt,  fur  la  Werre.  Cette  ville  a  trois  fouverains, 
favoir  le  landgrave  de  Heffe  -  Caffel  ,  l'électeur  de 
Mayence  ,  ck  l'élefteur  de  Saxe. 

HESSEM  ,  château  de  plaifance  d'Allemagne  ,  & 
chef-lieu  d'un  bailliage  appartenant  aux  ducs  de  Brunsr 
■wig-Wolfenbuttel ,  à  trois  milles  de  Nv'olfenbutel ,  fur  le 
chemin  de  Halberftadt  ,  derrière  Heff'endam.  Ce  lieu 
qui  n'étoit  qu'une  fimple  maifon  ,  fut  fort  orné  par  le 
duc  Henri  -  Jules  de  Brunswig  ,  qui  y  fit  beaucoup  de 
dépenses  pour  l'embellir  :  il  y  a  des  jardins  parfaitement 
beaux  ;  ce  château  eft  accompagné  d'un  bourg  ,  où  pas- 
fent  les  chemins  de  Leipfig  ,  de  Brunswig  ,  de  Ham- 
bourg &  deBrême.  *Zcylcr,  Brunswic.  Topogr./*.  117.  . 

HESNE-EBNEAMAlDE,  ville  d-Afie,  dans  la  Perse: 
elle  eft  ,  félon  Tavernier ,  Voyage  de  Perse,  l.  3 ,  c.  der- 
nier, à  70  d.  45'  de  longitude  ,  ck  à  19  d:  20'  de  lati- 
tude. Cette  ville  eft  fermée  de  hautes  murailles  ,  ck  il 
ne  s'y  fait  aucun  commerce  :  les  habitans  vivent  affez 
à  leur  aife  des  fruits  que  la  terre  leur  produit. 


HET 


HESTAOL ,  ou ,  comme  écrit  l'auteur  de  la  Vulgate  ," 
Estahol,  ancienne  ville  de  la  Judée  ,  dans  la  tribu  de 
Dan  (a).  Elle  avoit  auparavant  appartenu  à  la  tribu  de 
Juda  (b).  Eufebe  qui  la  nomme  Estaoul,  dit  qu'elle 
étoit  à  dix  milles  d'Eleutheropolis  ,  en  allant  vers  Ni- 
copol.s.  *(a)  Jofué,  c.  19,  v.  41.  (b)  c.  15,  v.  33. 

HESTLÈ.  Voyez  Esti^. 

HESTI^EA.  Voyez  Oreum. 

HESTLEOTIDE ,  Cl")  Hefiiœotis,  contrée  de  l'Eu- 
bée ,  félon  Strabon  ,  Pline  &  Plutarque  ,  nommés  par 
Oitélius.  Mais  je  trouve  que  Pline  ne  dit  point  précifé- 
ment  dans  quelle  province  étoit  cette  contrée.  Il  le  con- 
tente de  la  nommer ,  /.  31  ,  c.  1,  en  citant  Eudicus,  qui 
dit  que  dans  l'Heftiéotide  étoient  deux  fontaines ,  l'une 
Ceron  ,  l'autre  Nelée  ;  la  première  teignoit  en  noir  la 
laine  des  brebis  qui  en  buvoient  ,  la  féconde  leur  ren- 
doit  la  laine  blanche  ;  celles  qui  buvoient  des  deux, 
avoientla  laine  mêlée  des  deux  couleurs.  [fidpre  qui  rap- 
porte la  même  chofe,  change  le  nom  A'Hcjlicotide  ,  en 
celui  de  Theffalie.  En  effet  l'Heftiéotide  eft  la  même 
chofe  que  la  Doride  ,  contrée  de  la  Theffalie.  Origin. 
1.  13,  c.  13.  Voyez  l'article  EsTlOT.E  :  on  y  verra  la 
raifon  de  ce  changement  de  nom  dans  le  paflage  de  Stra- 
bon ,  qui  y  eft  rapporté.  Il  y  avoit  donc  deux  EJiiotides, 
OU  Hjfiiœntides. 

L'une  étoit  dans  fille  d'Eubée  ,  &  prenoit  fon  nom 
de  l'ancienne  EJliœa  ,  détruite  par  les  Perrhebes  ;  & 
l'autre  étoit  dans  la  Theffalie  ,  la  même  contrée  que  la 
Doride. 

HESTIONES.  Voyez  Estions. 

HETALON.  VoyezHETHALON. 

HETEROSCIENS  ;  les  géographes  Grecs  qui  parta- 
geoient  la  terre  ,  félon  le  cours  de  l'ombre  du  foleil  en 
plein  midi,  nommoient  ainlî  les  habitans  des  deux  zo- 
nes tempérées ,  dont  les  uns  ont  leur  ombre  au  nord  , 
&  les  autres  au  midi.  Les  HeteroscieiT; ,  dit  Ozanam, 
Cours  de  Mathem.  t.  5,  p.  133,  font  les  habitans  des 
zones  tempérées ,  parce  que  leurs  ombres  méridiennes 
tendent  toujours  vers  une  même  partie  du  monde  ,  fa- 
voir  vers  le  feptentrion  à  ceux  qui  font  dans  la  zone 
tempérée  feptentrionale  comme  nous ,  &  vers  le  midi 
à  ceux  qui  demeurent  entre'  le  tropique  du  capricorne 
&  le  cercle  polaire  antarctique.  Ainfi  les  Heterosciens 
de  notte  côté  ,  c'eft-à-dire  en-deçà  du  tropique  du  can- 
cer ,  lorsqu'ils  fe  tournent  vers  le  foleil  à  midi ,  ont  l'o- 
rient à  gauche,  &  ['occident  à  droite.  Au  contraire,  les 
Heterosciens  de  l'autre  côté,  c'eft-à-dire  au-delà  du 
tropique  du  capricorne  ,  lorsqu'ils  fe  tournent  vers  le 
foleil  à  midi,  ont  l'occident  à  leur  gauche,  &c  l'orient 
à  leur  droite.  C'eft  de  cette  oppofition  d'ombres  que 
leur  vient  le  nom  $  Heterosciens. 

1.  HETH.  (l'Isle  de)  Voyez  au  mot  Isle. 

2.  HETH  (a)  ,  père  des  Hethéens,  étoit  le  premier 
fils  de  Chanaan  ,  &  demeurait  au  midi  de  la  terre  pro- 
mife ,  à  Hebron  &  aux  environs.  Ephron  habitant  d'He- 
bron  étoit  de  la  race  deHeth  (b)  ;  &  toute  cette  ville, 
du  tems  d'Abraham ,  éroit  peuplée  des  enfans  de  Heth. 
II  y  en  a  qui  veulent  qu'il  y  ait  eu  une  ville  de  Heth  ; 
mais  on  n'en  voit  aucune  trace  dans  l'Ecriture.*^)  D. Cal- 
ma ,  Dift.    (b)  Gcn.  c.  13 ,  v.  13  &fiq. 

HETALON  ,  ville  marquée  par  Ezechiel ,  comme 
bornant  la  terre  promife,  du  côté  du  feptentrion,  Genef. 
c.  47  ,  v.  1  5  ;  c.  48  ,  v.  I .  C'eft  Hetalon  ou  Chetala , 
fur  la  Méditerranée,  fur  la  côté  de  Syrie,  entre  Pofi- 
dium  &:  Laodicée. 

HETHÉENS  ,  ce  font  les  enfans  de  Heth.  Voyez  ce 
mot. 

HETOBEMA  ,  HVo&i/xa  ;  ancienne  ville  de  l'Espa- 
gne Tarragonnoife,  dans  le  pays  des  Hedetans,  félon  Pto- 
lomée,/.  2,  c.  6.  Ses  interprètes  lifent  Etobesa. 

HETRICULUM  ,  ville  de  la  grande  Grèce,  au  pays 
des  Brutiens ,  félon  Tite-Live,  l.  .20,  c.  19.  Holftenius 
croit  que  c'eft  préfentement  Latarico,  dans  la  Cala- 
brie  citetieure,  au  royaume  de  Naples.  Voyez  Lata- 
RACO. 

HETRURIE,  ou  fans  afpiration  Etrurie,  (l')  an- 
cien nom  d'une  contrée  de  l'Italie,  qui  répond  pour  la  plus 
grande  partie  à  la  Toscane.  Elle  étoit  léparée  de  la 
Ligurie  par  la  rivière  de  Magra ,  &  s'étendoit  de-là  jus- 
qu'au Tibre.  Les  anciens  Latins  écrivoient  ce  nom  fans 
H ,  ck  le  mot  Etrufci, les  Etrusques,  qui  en  eft  dérivé. 


HET  3;7 

Les  anciennes  inscriptions  en  font  preuve.  Pline,  /.  3  , 
c.  5  ,  dit  :  la  feptiéme  région  où  eft  l'Etrurie  depuis  le 
fleuve  Magra.  Ce  pays  a  fouvent  changé  de  nom  ;  les 
Umbri  en  furent  chaffés  par  les  Pelasgues ,  qui  en  fu- 
rent _  dépofTédés  à  leur  tour  par  les  Lydiens  ,  dont  un. 
roi  fit  donner  aux  habitans  d'Etrurie  le  nom  de  Tyr- 
rh.inie.ns  ;  &  enfmte  à  caufe  de  leurs  rites  pour  les  facri- 
fices,  ils  turent  nommés  dans  la  langue  des  Grecs,  ThufcL 
Nous  en  avons  formé  le  nom  moderne  du  pays  ,  la 
Toscane;  &  celui  du  peuple  ,  les  Toscans.  Ce  nom  de 
Tyrrhéntens ,  pour  l'expliquer  davantage,  eft  dérivé 
de  ce  qu'Athys,roi  de  Lydie,  envoya  en  ce  pays-là  une 
colonie,  à  la  tête  de  laquelle  il  mit  Tyrrhène ,  fon  fils. 
C'eft  de-là  que  la  mer  de  cette  côte  a  confervé  le  nom 
de  mer  Tyrrhène.  Les  Grecs  nommoient  THetrurie  Tt/p- 
f' wU.  A  l'égard  du  nom  de  Thuscï ,  Servius  le  dérive, 
in  JEneid.  1.  10,  y.  164.  «V  «  &*«,» ,  mot  qui  fignifie 
facrifier.  Denis  d'Halicarnaffe ,  Antiq.  Rom.  1.  1  ,  qui 
lui  donne  la  même  origine  ,  dit  que  le  vrai  nom  eft 
Quoukooi,  qui  a  été  abrégé  en  celui  de  Thusci.  MaisCel- 
larius  ,  Geogr.  ant.  1.  2 ,  c.  9  ,  doute  que  cette  origine 
fou  bien  la  vraie ,  &  elle  lui  paraît  une  allufion  tirée 
de  loin  ;  car  fi  cela  étoit,  ce  mot  devrait  s'écrire  par 
TA,  au  lieu  que  les  anciennes  inscriptions  font  voir  qu'il 
s'écnvoit  par  un  fimple  T.  Il  n'eft  pas  fur  que  le  nom 
de  Thufcia,  donné  au  pays,  foit  auffi  ancien  que  celui 
de  Tuj'ci  donné  à  la  nation.  On,  trouve  à  la  venté,  dans 
Gruter,  p.  387,  476  &  486,  des  inscriptions  qui  por- 
tent Correctori  Tusci^E;  mais  on  fait  d'ailleurs 
que  cette  charge  n'eut  lieu  que  fous  le  bas  empire.  Il 
eft  parlé  au  Code  Theodofien ,  Leg.  12.  de  Indulgenûis 
debitor.  delà  TusciE  SUBURbicaire.  AmmienMar- 
cellin,  /.  27,  c.  4,  fait  mention  de  la  TusciE  Anno- 
NAIRE.  Mais  tous  ces  témoignages  ne  font  pas  du 
bon  âge,  qui  a  toujours  employé  le    mot  8 Etrurie, 

Anciennement  ,  &C  avant  la  grande  puiffance  des 
Romains  ,  l'Etrurie  éroit  partagée  en  douze  peuples. 
C'étoient  autant  de  villes  qui  chacune  avoit  fon  terri- 
toire. Tite-  Live  ;l.  '4 ,  c.  23  ,  /.'  <  ,  init.  I.  6  ,  c.  3  r  , 
parle  fouvent  de  ces  douze  peuples.  Denys  d'Hali- 
carnafle dit  de  même,  que  toute  la  Tyrrhenie  étoit 
partagée  en  douze  préfectures  «<  ifaJV.*  iy^fonac.  Ce* 
villes ,  félon  Cluvier  &  Holftenius  ,  étoient  , 


C'ufîum , 
Perufia, 
Cortona, 
Arretium  , 
Volaterra  , 
VctuLonium  , 


Rufellce  , 
Tarquinii , 
Volfinii, 
Lare  , 
Falerii, 
Veii. 


Avec  le  tems  ces  villes  furent  conquifes  par  les  Romains; 
&  fous  les  Céfars ,  le  nombre  en  fut  augmenté.  On  voit 
dans  des  inscriptions  de  Gruter,  p.  385  ,  n.  1 ,  hReinef. 
Claff.  6  ,  n.  1 14,  Etrur.  xv.  Populor.  &  Etrur. 
XV.  POPUL.  Il  eft  vrai  que  Reinefius  ,  qui  produit  la  fé- 
conde ,  croit  que  le  V  eft  une  faule  pour  II.  Mais  com- 
me la  première  fournie  par  Gruter  y  eft  conforme ,  il 
vaut  mieux  croire  qu'en  effet  le  nombre  de  ces  peuples 
de  l'Hetrurie  fut  augmenté  avec  le  tems ,  que  de  faire 
ainfi  violence  à  deux  médailles  qui  fe  juftifient  récipro- 
quement. 

Quoi  qu'il  en  foit,  l'Hetrurie  ancienne  n'avoit  que  ces 
douze  peuples,  dont  chacun  avoit  fon  Lucumon,  ou  fon 
chef  particulier  ;  mais  un  de  ces  chefs  avoit  une  auto- 
rité plus  grande  que  les  autres,  ik  fa  jurisdiftion  s'éten- 
doit fur  les  onze  autres  peuples.  Ces  princes  ou  chefs 
portoient  une  couronne  d'or  avec  un  iceptre  ,  au  bout 
duquel  étoit  un  aigle  ;  leur  tunique  étoit  de  pourpre 
enrichie  d'or  ,  &  ils  étoient  précédés  par  douze  lic- 
teurs. Ils  étoient  affis  dans  une  chaire  d'yvoire.  Nous 
joindrons  ici  la  table  que  le  père  Briet  donne  de  ces 
douze  peuples  dans  le  détail  ;  mais  nous  en  changerons 
l'ordre ,  pour  le  ramener  à  celui  que  nous  avons  déjà 
donne  à  ces  villes  en  les  nommant. 

T     r„,c™,    (Clufium,  anciennement  Camers.au- 
I.    CLUSINI,       jourd>hlli  Chiuc 
partie    du    Sien-],-.,'     ■        ■   ■         "  •        ,,.    . ,     „,  . 

noisUétfQnù- \aTS?  nv'ere'  ™l™Tr']hu']f  Chiana 

&  (on  marais  ,   C/u/ina  palus. 
iSenat  colonie,  aujourd'hui  Sienne, 


3;8 


HET 


HET 


(Perujia ,    colonie  ,    aujourd'hui  Pt- 

I     roufe ,  en  Italien  Perugia. 
II.  PERUSINI ,  '  Lacas  Trafimenus  ,    aujourd'hui   le 
bonne   Dartie    du{      lac  de  Pérou fe.  '.'"„'   m"  "U 

PeZil  I  Tusci ,  maifon  de  plaifance  de  Pline     lacBracnano,^- [Lacus  Sabb, 

rerugn.  j  .   fe  Jeune,  aujourd'hui  CtfMiiCVtf-     qu  à  la  mer.  V    de  Bracci 

\     tello. 


X.    C.ERETA- {Caere,  aujourd'hui  Cetveteri. 
NI,  partie  du  Pa-\Pyrgi,  à  préfent  S  anta- S  evera. 
trimoiné    de      S.)  Aljium  ,  aujourd'hui  Palo,  maifon  de 
■'      plaifance  de  la  maifon  Farnèfe. 

aujourd'hui  le  lac 
qu'; 


Pierre  . 


de 
depuis  le1. 


m.      CORTO-( 

NENSES  ,     partie| 

du  Florentin,  w,-\Cortona,  ville  détruite. 

deflus  du   lac   de  J 

Peroufe.  ( 

IV.  Arreti-C 

m  ,    une  bonne  Arreùum  ,  aujourd'hui  Are^o. 

partie  du  Floren-j  Fafulce  ,  à  préfent  Fiefoli. 

tin,  au- demis  tk\  Florentia  ,    en  italien  Fioren^a  ,   en 

au-deffous  de  Flo- 1     françois  Florence^ , 

rence,   &  autour  l  Pijlorium ,  aujourd'hui  Pijloye. 

d'Arezzo.  I  . 

V.  Voï.KTE'R-CVolaterra ,  aujourd'hui  Vouera. 
RANI  ,     la    plus]  Herculis  Labronis  portus  ,   préfente- 
grande   partie   du)     ment  Livourne. 

Pifan.  \Vada  Volaterrana ,  maintenant  Vadi. 

[Vemlonium ,  ville  ruinée ,  au  village 

VI.  VETULO-I      àeCapiglia. 

Nil ,  partie  de  Pi-!  Populomum  tk  Populoma ,  ville  rui- 
fan  &  de  l'état  de'      née  auprès  de  Piombino. 
Piombino.  |  Manliana  ,  aujourd'hui  Scarlino. 

KMaffa  Veternenfis,  aujourd'hui  Maffa. 


(Falerii ,  ville  ruinée  :  on  en  montre 

Ila  place  fur  une  roche  ,  auprès  de 
Civita-Caftellana. 
Sora&e ,  montagne  ;  le  mont  S.  Sil- 
le  pays  autour ,  /■:{      vejlre. 


mont  S.Silveftre&L 
ieCitaCaftellana. 


XII.  Veien- 
TES ,  l'état  du  duc 
de  Parme ,  (c'eft- 
à-dire  ,  ce  duché 
de  Cafiro  &  Ron-<j 
ciglione,)&  la  par- 
tie du  patrimoine 
de  S.  Pierre,  tirant 
vers  Rome  &  vers 
la  ville  de  Porto. 


Lacus  Vadimonis  ,  aujourd'hui  Lago 

di  BaJJanello. 
Fescennium  ,  à  préfent  Gallefe. 
Capena  ,  aujourd'hui  Civitella. 
\Feroniœ  Lucus ,  aujourd'hui  Fiano. 

{Veii,  aujourd'hui  Scrofano. 

Nepet  ou  Nepis ,  aujourd'hui  Nepi. 

Cremera,  rivière,  aujourd'hui  la  Var- 
ca. 

Mafia  Silva,  aujourd'hui  le  bois  de 
Baccano. 

Fanum  Voltumnœ  ,  aujourd'hui  Ba-, 
gno  d'Ajinelli. 

Mons  Ciminius ,  montagne,  aujour- 
d'hui Monti  di  Viterbo. 


VII.  RUSEL- 
Î.ANI  ,  Maremna 
diqua  è  di  la,avec 
le  duché  de  Cajlro. 


VIII.  Tarqui- 
NII  ,  partie  du 
Patrimoine  de  S. 
Pierre  qui  confine' 
au  duché  de  Cas 
tro. 


(Rufellce ,  aujourd'hui  à  Moscoua  :  on 
en  voit  encore  les  ruines  ,  &  au- 
près font  des  eaux  chaudes  à  trois 
mille  pas  de  Groffeto  ,  lesquelles 
conservent  encore  le  nom  de  Ba- 
GNI  DI  ROSELLE. 

Prilis  Lacus,  à  préfent  Lago  di  Cas- 
tiglione. 

Saturnia  ;  ce  lieu  garde  fon  ancien 
nom. 

Telanon  portus ,  préfentement  Tela- 
mone. 

Portus  Herculis ,  à  préfent  Porto-Er- 
cole. 

Cofa  ou  Cofte  ,  aujourd'hui  Lancedo- 
nia. 

Mons  Argent arius,  auj  ourd'  hui  Monte- 
Argentaro. 

Umbro ,  rtviere,  aujourd'hui  VOm- 
èrone. 


(Tarquinii ,  ville  ruinée  :    fes  ruines 
s'appellent  encore  Tarqueno,   au- 
deflus  de  Corneto. 
Gravisca  ,  dont  les  ruines  fe  voient 

au-deflbus  de  Corneto. 
Forum  Aurelii ,  aujourd'hui  Mont  alto. 
•  Régis  villa ,  ainfi  appellée ,  dit  Stra- 
bon,  parce  qu'on  croyoit  que  ç'a- 
voit  été  la  demeure  de  Maléote , 
roi  des  Pelasges. 
Caflrum  novum  ; 

Centum  Celle,  aujourd'hui  Civita  Vec- 
chia. 


IX.      VOLSI-f 
NU   ,     partie    du  \Volfinii  ou  Vulfinii,  aujourd'hui  Bol- 
Patrimoine  de  S.       se/1.7. 
Pierre  ,  autour  dei  Suana ,  aujourd'hui  Soana. 
Bolsena     &c     de^  Trojfulum,  à-peu-près  Montefiascone. 
Monte  -  FiasconeA  Ferentinum ,  aujourd'hui  Ferenti. 
&  un  peu  du  Sien-  [Herbanum  ,  préfentement  Orviete. 
nois.  À 


Le  lac  de  même  nom  ,   eft  Lago  di 
Vico ,  ou  Lago  di  Ronciglione. 

La  forêt  de  même  nom  ne  fubfifte 
plus. 

Baccana  ou  Buccanœ.  ,    aujourd'hui 
Baccano. 

Sutrium ,  aujourd'hui  Sutri. 

Fregenmz ,  entièrement  détruite. 

Portus  Augufii  ,  aujourd'hui  Porto. 
\Salina ,  aujourd'hui  Campo  di  Saline. 


L'Hetrurie  comprenoit  donc  entièrement , 
I .  Le  duché  de  Mafia ,  tk  ce  qui  eft  entre  ce  duché 
6c  l'Apennin  , 
1.  Carfagnana , 

3.  L'état  de  la  republique  de  Luques, 

4.  Tout  le  grand  duché  de  Toscane  , 

5.  Le  Perufin, 

6.  L'Orvietan, 

7.  Le  patrimoine  S.  Pierre, 

8.  Le  duché  de  Cafiro  &  Ronciglione  l 

9.  Lo  ftato  de  gli  Prefidii. 

Telle  étoit  l'Etrurie  après  que  les  Gaulois  furent  établis 
en  Italie;  car  avant  leur  arrivée  ,  les  Etrusques  avoient 
des  établifiemens  au-delà  de  l'Apennin. 

Par  le  détail  que  l'on  l'on  vient  de  voir,  ce  feroitfe 
tromper  bien  grofliérementque  de  traduire  roujours  Vile- 
trurie ,  par  \a.Tofcane;  car  quoique  la  Toscane  qui  com- 
prend le  Florentin ,  le  Pifan  &  le  Siennois ,  foit  une 
partie  confiderable  de  l'ancienne  Hetrurie ,  il  faut  y  en 
ajouter  huit  autres  pour  faire  l'Hetrurie  entière.  Bau- 
drand  appelle  Hetrurie  Circumpadane,  c'eft- à-dire  l'He- 
trurie autour  du  Pô  ,  la  partie  que  les  Gaulois  fubjugue- 
rent.   Voyez  les  articles  TOSCANE  &  TusciA. 

HETT^I.  Voyez  Heth. 

HETTHIM:  (la  terre  de)  il  en  eft  parlé  au 
chapitre  1  des  Juges,  v.  16:  un  homme  forti  de  Be- 
thel  (autrement  Luza)  alla  dans  la  terre  de  Hettim  , 
&  y  bâtit  la  ville  de  Lu\a.  D.  Calmet^  croit  que  cet 
homme  fe  retira  dans  le  pays  des  Hethéens ,  au  midi. 
de  la  tribu  de  Juda ,  &:  qu'il  y  bâtit  la  ville  de  LUZA  , 
Eliza  ou  LUSSA  dont  parle  Ptolomée ,  /.  5  ,  c.  16  , 
&  17.  Mais  Ptolomée  diftingue  deux  villes ,  c.  16  ;  l'une 
dans  l'Idumée  ,  Elu/a  ;  l'autre,  c.  17,  dansI'Arabie  pé- 
ttéeLufa;  ck  il  les  diftingue  non-feulement  par  la  dif- 
férente manière  d'écrire  leurs  noms,  &  par  les  diffé- 
rentes provinces  où  elles  étoient,  mais  encore  par  les 
pofitions  par  rapport  aux  longitudes  Si  aux  latitudes. 
Selon  ce  géographe  il  y  avoit, 


Dans  ridumée 
Elufa 


Longit. 
65d.ic/ 


Latit. 
30 d.  50'. 


HEV 


HEU 


Dans  l'Arabie  petrée         Longit.         Latit. 
Lufà  65  d.  50'     30  d.  15'. 

D.Calmet  auroit  dû  dire  à  laquelle  il  appliquent  lepaf- 
fage  des  Juges;  car  le  paflage  de  Jofeph,  Antiq.  1.  14, 
c.  2 ,  qui  dit  que  les  Juifs  prirent  fur  les  Arabes  la  ville 
de  Lujja ,  doit  s'entendre  naturellement  de  la  dernière 
qui  étoit  en  Arabie.  Ce  fut,  dit  D.  Calmet,  en  mé- 
moire cie  la  première  patrie ,  que  cet  homme  donna  à  la 
nouvelle  ville  le  nom  de  Lura. 

HEVjEI,  c'eft-a-dire  les  Hevéens,  peuple  ancien 
de  l'Aiie.  Il  étoit  defeendu  à'Hevœus,  fils  de  Chanaan. 
Ce  peupie  ,  ditD.  Calmet  ,  Dicl.  demeura  d'abord  dans 
le  pays  qui  fut  depuis  poffédé  par  les  Caphtorims,  ou 
par  les  Philiftins.  L'Ecriture  dit  expreffément  que  (a)  Us 
Caphtorims  chaf/erent  les  Hevéens  qui  demeuroient  depuis 
Hafferim  jufqu'à  Ga^a.  Il  y  avoit  auffi  des  Hevéens  à 
Sichem  &  à  Gabaon  ,  &c  par  conféquent  au  centre  de 
la  terre  promife  ,  puifque  ceux  de  Sichem,  &:  les  Ga- 
baonites  étoient  Hevéens.  (b)  Enfin  il  y  en  avoit  au- 
delà  du  Jourdain  au  pied  du  mont  Hermon.  (c)  Bochart 
croit  que  Cadmus ,  qui  conduifoit  une  colonie  de  Phé- 
niciens ,  dans  la  Grèce  vient  de  l'hébreu  Kedem  , 
C  orient ,  parce  qu'il  éfoit  de  la  partie  orientale  du  pays 
de  Chanaan.  Le  nom  de  fa  femme  Hermione ,  vient  du 
mont  Hermon  ,  au  pied  duquel  les  Hevéens  avoientleur 
demeure.  La  métamorphofe  de  Cadmus ,  tk  d'Hermione 
en  ferpens,  eft  fondée  fur  la  lignification  du  nom  d'He- 
véens  qui,  en  Phénicien,  {ignïûe  des  ferpens.  *  (a)  Deu- 
teron.  c.  1 ,  v.  23  ;  tk  Jofué,  c.  1 3  ,  v.  4.  (b)  Jofue ,  c.  u, 
V.  19  ;  &  Genef  c.34,  v.  2.   (c)  Jofué,  c.  u,  v.  3. 

HEUCHING,  ville  de  la  Chine,  dans  lePekeli,  au 
département  de  Hokien  ,  troifiéme  métropole  de  la  pro- 
vince. Elle  eft  plus  occidentale  que  Pékin ,  de  49',  par 
les  38  d^  14'  de  latitude.  *  Atlas  Sinenfis. 

HEVuLLI ,  nation  particulière  entre  les  anciens  Sla- 
ves. On  les  nommoit  auffi  Heveldi  &  Havelani  ;  ils 
habitoient  le  HAVELLAND  auprès  de  Havelberg,  tk  de 
la  rivière  de  Havel.  Voyez  l'article  Herules. 

HE  VER,  baronie  aux  Pays-bas,  dans  le  Brabant,au 
Voifinage  de  Louvain.  *  Dicl.  géogr.  des  Pays-bas. 

HEVERLÉ,  beau  château  de  plaifance,  aux  Pays- 
bas,  près  de  Louvain  ,  entre  la  Deyle  &c  la  Ture.  Il 
appartient  au  duc  d'Arschot.  A  cinq  cents  pas  du  châ- 
teau eft  un  couvent  de  Céleftins  ,  de  la  fondation  des 
ducs  d'Arschot  ,  qui  l'ont  choifi  pour  le  lieu  de  leur 
fépulture  ,  &  qui  ont  fait  peindre  tous  les  feigneurs 
d'Arschot  &  de  Croi ,  depuis  Adam  jusqu'à  leur  tems , 
avec  leurs  noms  &c  ieurs  armes.  Ridicule  monument 
d'une  vanité  qui  va  chercher  de  quoi  Ce  repaître  dans 
les  ténèbres  d'une  antiquité  fi  reculée.  *Dicl.  géogr.  des 
Pays-bas. 

HEVERSWERDE ,  petite  ville  d'Allemagne  ,  dans 
la  Luface,  fur  l'Elfter  ,  à  fix  lieues  de  Cotbus  ,  &  à 
cinq  de  Baudiffen.  On  la  nomme  auffi  HoJESWERDA. 
*£audrand,  éd.  1705. 

HEUFT,  (le  fort  d')  fortereffe  de  Pologne  ,  dans 
la  Fruffe  royale ,  fur  la  Wiftule  ,  qui  s'y  partage  en  deux 
branches  entre  Dantzig  Sf  Marienbourg  ,  à  cinq  lieues 
de  l'une  tk  de  l'autre.  *Baudr.  éd.  1705. 

HEVILA  ,  Hevilath  ou  Chavilath  ,  pays 
d'Ane  ,  qui  prit  fon  nom  d'Hevila.  D.  Calmet  diftingue 
les  deuxHevila,  l'un  fils  de  Chus,  l'autre  fils  de  Jeftan  ; 
&  comme  ils  peuplèrent  chacun  un  pays  ,  il  diftingue 
deux  pays  d'Hevila.  Selon  lui ,  il  y  avoit  donc, 

1.  HEVILA,  fils  de  Chus  qui  peupla,  félon  Bochart, 
cette  partie  de  l'Arabie  heureufe  où  l'Euphrate  &  le  Ti- 
gre Ce  réunifient  pour  le  décharger  enfemble  dans  le 
golfe  Perfique.  C'eft ,  dit-il ,  apparemment  ce  pays  d'He- 
vila ,  dont  il  eft  parlé  dans  la  Genefe ,  c.  25  ,  v.  18  ;  tk 
au  premier  livre  des  Rois,  c.  15,  v.  7,  qui  s'étendoit 
jusqu'à  Sur  du  côté  de  l'Egypte.  C'étoit  dans  ce  terrein 
qu'étoit  le  partage  des  fils  d'Ismaél.  Ab  Hevila  ,  usque 
Sur,  quee  respicit  Aïgyptum  introeuntibus  Affyriis  coram 
cunclis  fratribus  fuis  obit.  *  D.Calmet,  Dicl 

2.  HEVILA ,  fils  de  Jeftan  (a) ,  qui  peupla  apparem- 
1   ment  la  Colchide  ,    &  le  pays   dans  lequel  tournoie  le 

fleuve  Phifon  ou  du  Phafis  Q>).  On  connoît  dans  l'Ar- 
ménie ,  poursuit  D.  Calmet ,  tk  dans  le  pays  des  Col- 
chiens  les  villes  de  Cholva  &C  Cholvata ,    tk  la  région 


3S9 

Cholobottnt ,  marquée  dans  Haïton.  *(*)  Genef.  c.  10, 
v.29;  (b)c  u,  v.n. 

Huet,  Situât,  du  paradis  terrefire  ,  c.  8,  fait  voir  que 
rien  n'eft  plus  contelté  entre  les  iàvans,  que  la  fituation 
Ae  Chavila  ;  car  c'eft  ainfi  qu'il  écrit  ce  nom  ,  confor- 
mément à  l'hébreu. 

Pour  trouver  Chavila  ,  il  falloit  fuivre  les  traces  que 
les  écrivains  facrés  ont  marquées  dans  la  Genèfe  au 
10e  chapitre,  où  la  disperfion  des  nations,  qui  Ce  fit 
après  la  confulion  de  Babel ,  eft  très-exactement  décrite, 
&  où  les  noms  des  patriarches  &.  des  fondateurs  des  na- 
tions ,  qui  font  presque  tous  les  mêmes  noms  que  ceux 
de  ces  nations  :  on  trouve  deux  Chavila  ,  l'un  fils  de 
Chus ,  &  l'autre  fils  de  Jeftan.  Bochart  qui  a  expliqué  ce 
chapitre  dans  fon  Phaleg,  avec  beaucoup  d'érudition, 
montre  que  ce  dernier  Chavila  eft  fondateur  de  la  na- 
tion qui  habite  le  pays  de  Chaulan ,  fitué  fur  la  côte 
orientale  du  golfe  Arabique  ,  à  l'occident  de  l'Arabie 
heureufe  ;  cette  contrée  n'a  aucun  rapport  avec  celle 
que  nous  cherchons  ,  mais  bien  l'autre  qui  a  pris  fon 
nom  de  Chavila ,  fils  de  Chus ,  comme  nous  i'enseigne 
le  même  Bochart.  Moïfe,  &  l'auteur  eu  livre  de  Samuel, 
indiquent  bien  nettement  la  fituation  de  ce  pays  de  Cha- 
vila ,  lorsque,  pour  exprimer  les  deux  extrémités  de  l'A- 
rabie voifine  de  la  Terre  -  fainte ,  ils  nomment  Chavila 
&C  Sur.  Sur  étoit  un  défert ,  à  l'entrée  d'Egypte ,  vers 
l'extrémité  du  golfe  Perfique,  c'eft-à-dire,  commençant 
a  l'occident  de  l'embouchure  du  canal ,  que  je  prétends 
être  le  Phifon ,  tk  s' étendant  vers  le  midi ,  le  long  de 
la  côte  occidentale  de  ce  golfe,  jusques  vers  le  Catif  ; 
&:  Jofeph  ,  Antiq.  1.  6,  c.  8  ,  rapportant  les  mêmes  faits 
qui  font  expofés ,  dans  ces  endroits  de  Moïfe  tk  de  Sa- 
muel ,  &  voulant  marquer  les  mêmes  bornes  de  cette 
diftance  ,  au  lieu  de  Sur  met  Peluse  ,  la  même  ville 
qu'on  rencontre  en  allant  de  la  Paleftine  en  Egypte ,  le 
long  delà  mer,  &au  lieu  de  Chavila,  met  la  mer  Rouge 
ou  Erythréenne  ,  défignant  clairement  par  ces  paroles 
la  fituation  de  Chavila. 

Les  habitans  de  ce  pays  n'ont  pas  été  inconnus  aux 
auteurs  profanes.  Ils  les  nomment  Chavelothéens ,  Cha- 
blajiens,  Chaviafiens ,  Chavelécns  ;  noms  manifeftement 
dérivés  de  Chavila  ou  Chavilath ,  (aiafi  que  ce  nom  s'é- 
crit quand  il  eft  en  régime.)  &c  les  placent  entre  les  Na- 
bathéens  tk  les  Agréens  peuples  Ismaélites  d'origine  , 
habitans  de  l'Arabie  déièrte  ,  -allez  près  de  l'extrémité  du 
golfe  Perfique.  Plufieurs  favans ,  entr'autres  Steuchus  , 
Cosmop.  Beroalde  ,  Chrome.  1.  2.  Grotius  ,  in  Gènes. 
c.  2,  v.  il  ;  Hornius  ,  in  Sulpit.  Sever.  1.  1  ;  &  Bochart, 
Phaleg.  Prtzf.  tk  I.4,  c.  11,  ont  bien  vu  que  ces  peuples 
que  je  viens  de  nommer,  en  ont  pris  le  nom  &  la  fitua- 
tion. Peut-être  Catathua,  ville  de  l'Arabie  déferte  , 
que  Ptoloinée  place  vers  les  mêmes  lieux  ,  a^t-elle  ici 
quelque  rapport. 

Huet  répond  enfuite  à  une  objection.  Un  homme 
favant,  dit-il,  qui  a  depuis  peu  appot té  de  nouvelles  lu- 
mières à  l'éclairciflèment  de  laGenèfe,  contredit  la  fitua- 
tion que  je  donne  au  pays  de  Chavila  ,  par  le  paflàge  du 
premier  livre  des  Rois  ,  qui  dit  que  Saùl  poursuivit  les 
Àmalécites  depuis  Chavila  jusqu'en  Sur  ;  ce  qui  fait  une 
longueur  de  cent  cinquante  lieues  d'Allemagne,  &  paffe 
toute  créance.  Mais ,  répond  Huet ,  nous  refufera-t-il  la 
même  liberté  fur  Chavila  ,  qu'il  s'eft  donnée  fur  les 
lieux  de  Syrie  ,  nommés  Eden  &  Paradis  ,  lesquels  , 
quoique  de  fort  petite  étendue  ,  il  foupçonne  ,  fans  au- 
cune preuve  ,  avoir  pu  autrefois  s'étendre  depuis  la  mer 
de  Syrie  jusqu'au  Tigre  ?  Ne  pouvons-nous  pas  lui  dire 
à  meilleur  titre,  que  les  bornes  du  pays  de  Chavila  font 
incertaines ,  &  qu'autrefois  elles  ont  pu  s'étendre  bien 
avant  ,  dans  l'Arabie  déferte  tk  dans  l'Arabie  Petrée  , 
jusqu'aux  confins  de  la  Paleftine  ? 

HEUKELUM ,  petite  ville  des  Provinces-Unies  des 
Pays-bas,  dans  la  Hollande  ,  fur  la  rivière  de  Linge ,  au- 
deffous  de  Leerdam  ,  à  deux  petites  lieues  de  Gorcum. 

*  Dicl.  géogr.  des  Pays-bas. 

HEUPING,  ville  de  la  Chine,  dans  le  Pekeli ,  au 
département  de  Chinting,  quatrième  métropole  de  cette 
province.  Elle  eft  de  3  d.  40'  plus  occidentale  que  Pe- 
king,  &  à  39  d.  6'  de  latitude.  Affez  près  de  Heuping 
eft  un  petit  lac,  formé  par  deux  fources  très- voifines; 
&  cependant  l'une  eft  très-chaude  &  l'autre  très-froide. 

*  Atlas  Sinenfis. 


360 


HEY 


HIA 


HEURE ,  rivière  des  Pays-bas  ,  dans  le  Hainaut.  Elle 
prend  fa  fource  au  fud-oueft  de  Philippeville  ;  &  prenant 
fon  cours  vers  le  nord ,  elle  paflè  à  Walcourt ,  au  Jardi- 
net ,  ck  fe  rend  dans  la  Sambre  entre  Marchienne  ck 
Crwrleroi.  *  Jailloc  ,  Atlas. 

HEUSAKAS,  peuple  dAfrique ,  dans  la  Cafrerie.  Ils 
diffèrent  des  autres  Cafres  ,  en  ce  qu'ils  s'adonnent  à 
l'agriculture.  *  Corn.  Dift. 

HEUSDEN,  ville  des  Provinces-Unies,  dans  la  pro- 
vince de  Hollande,  fur  la  rive  gauche  de  la  Meule.  Elle 
fut  anciennement  du  Brabant  ;  mais  elle  fut  vendue  aux 
comtes  de  Hollande.  Elle  eft  à  trois  lieues  de  Bois-le- 
Duc ,  ck  à  deux  de  Bommel.  De  Longuerue ,  Descr.  de 
la  France  ,  part.  2,  p.  17,  en  parle  ainfi.  C'eft  une  ville 
forte,  fur  les  confins  du  Brabant  :  elle  a  eu  autrefois  fes 
feigneurs  particuliers  ,  qui  ne  reconnoiiïbient  ni  le  duc 
de  Brabant  ni  le  comte  de  Hollande  ;  mais  ils  ont  été, 
durant  quelque  teins  ,  vaflaux  des  comtes  de  Cleves  , 
dont  on  prétend  qu'ils  descendoient.  On  tient  que  le 
premier  feigneur  de  Heusden  fe  nommoit  Robert  ,  êk 
étoit  fils  d'un  autre  Robert,  comte  de  Cléves  ,  ck  que 
Baudouin  poifédoit  cette  feigneurie,  l'an  1028;  c'eft  de 
lui  que  descendoit  Jean,  qui  vendit,  l'an  1334,  la  fei- 
gneurie de  Heusden,  à  Jean  duc  de  Brabant,  au  préju- 
dice de  fa  fceur  Sophie,  qui  avoit  époufé  le  comte  de 
Saffenbourg.  Ce  comte  ne  pouvant  avoir  aucune  fatis- 
faction  du  duc  de  Brabant ,  vendit  fon  droit  ck  celui  de 
fà  femme,  à  Guillaume  le  Bon  ,  comte  de  Hollande, 
qui  fe  rendit  maître  de  Heusden,  ck  s'y  maintint,  comme 
fes  fuccefleurs  ont  fait ,  malgré  les  prétentions  contraires 
des  ducs  de  Brabant.  Les  comtes  de  Hollande  fe  fon- 
doient  fur  ce  que  Thierri  ,  comte  de  Cléves  ,  avoit 
vendu  à  Florent ,  comte  de  Hollande  ,  la  feigneurie  di- 
recte de  Heusden,  l'an  1182,  avec  le  droit  qui  appar- 
tenoit  à  ce  comte  fur  Altena.  *  Dicl.  géogr.  des  Pays~ 
bas. 

HEUXER.  Voyez  Hoxter. 

HEWECZ,  (le  comté  d')  petit  pays  de  la  haute 
Hongrie,  entre  la  Teifle  ck  le  Zag'rwa;  il  y  a  au  fèpten- 
trion  le  comté  de  Borsod  ,  au  levant  celui  de  Rabolez, 
au  couchant  celui  de  Peft ,  ck  celui  de  Zolnoc  au  midi. 
Outre  la  ville  de  Hewsc^  ,  dont  il  prend  le  nom ,  il  a 
encore  celle  de  Hatwan.  * Baudrand ,  édit.  I7CK. 

HEX.  Voyez  SeX. 

HEXACOMIAS  ,  fiege  épiscopal  d'Afie ,  fous  le  mé- 
tropole de  Berira  ,  en  Arabie ,  félon  une  ancienne  No- 
tice. 

HEXAMILIUM.  Voyez  Lysimachia  i. 

HEXAM,  bourg  d'Angleterre,  dans  le  Northumber- 
land,  à  quatorze  milles  au  couchant  de  Nevcaftle.  C'é- 
toit  autrefois  une  ville  épiscopale  ;  mais  fon  fiege  fut 
annexé  par  Henri  VIII ,  à  Févêché  de  Durham.  Sa  ca- 
thédrale étoit  fort  belle ,  avant  qu'elle  eût"  été  en  partie 
ruinée  par  les  Ecoffois.  C'eft  X Âxelodumun  des  anciens. 
* Etat préfent  de  la  Gr.  Bretagne  ,  t.  I ,  p.  97. 

HEYDON  ,  bourg  d'Angleterre ,  dans  la  province 
d'Yorck.  On  y  tient  marché  public.  *Etat  préjeru  de  la 
G.Bret.  t.  1. 

HEYDINGFELD,  félon  Zeyler ,  Francon.  Topogr. 
p.  71 ,  ou  HETZFELD  ,  monaftere  d'Allemagne  ,  en 
Franconie,  fur  le  Mein.  Il  y  a  auprès  une  petite  ville, 
ou  un  bourg ,  qui  appartient  à  l'évcque  ck  Wurtzbourg. 


Heyligenberg 
Heyligcnhaven,        ,,  y 
Heyhgenftadt, 
Heyligenpeil , 


Heiligenberg , 
Heiligenhaven, 

Me:  Il  j,lT. !t-U  it  , 

Heiligenpeil. 


HEYLON  ,  ville  d'Arabie,  c'étoit  un  fiége  épiscopal 
fous  la  métropole  de  Boftra  ,  félon  une  ancienne  Notice. 

HEYPACH  ou  Heppach  ,  bourg  ck  abbaye  d'Alle- 
magne ,  dans  le  cercle  de  Suabe ,  fur  la  rivière  de  Rot- 
tam  ,  environ  à  deux  lieues  de  Biberac ,  vers  le  levant. 
Cette  abbaye  fut  fondée  en  1233  par  deux  dames,  l'une 
de  la  raaifon  de  Rofenbourg  ,  1  autre  de  celle  de  Lau- 
denbourg.  *  Baudrand,  édit.  1705. 

HEYTESBURY  ,  bourg  d'Angleterre  dans  la  pro- 
vince de  "Witts.  Il  envoie  fes  députés  au  parlement. 
*  Etat  préfent  de  la  Gr.  Bret.  t.  1. 

HEYTERSCHEIM,  village  deBrisgau  ,  dans  le  châ- 
teau duquel  le  grand- maître  des  chevaliers  de  S.  Jean 


de  Jerufalem  de  la  langue  Allemande  ,  fait  fa  réfidence 
ordinaire.  Ce  château  eft  venu  à  la  religion  de  Malte , 
par  une  donation  d'un  comte  de  Hachberg  ,011  Hochberg, 
confirmée,  en  1197,  par  fes  fils  Henry  tk. Rodolphe  de 
Hachberg.  *  Notes  fur  un  ancien  manuferit  de  la  bi- 
bliotéque  de  M.  de  Corberon ,  premier  préjïdent  au  conseil 
fouvzrain  d'Alsace. 

HEZARÈ  ou  Hizarec  ,  ville  d'Afie  :  elle' eft  nom- 
mée fous  ce  dernier  nom  dans  l'hiftoire  de  Timur  Bec, 
/.  3  ,  c.  i|;  ck  par  une  note  ,  on  avertff  que  c'eft  une 
ville  du  Saganian,  entre  la  porte  de  fer  ck  la  rivière  de 
Vacah,à  iood.  50'  de  longitude  ,  ck  à  38  d.  de  latitude. 
Elle  eft  auffi  appellée  Hijdr  Cuduman ,  ck  eft  proche 
du  royaume  de  Catlan.  % 

HEZAR  Ehb  ,  ville  d'Afie  dans  le  Khuaresm ,  à  feize 
lieues  de  celle  de  Cal  ,  fur  le  bord  occidental  de  la 
rivière  d'Oxus  ou  de  Gehon.  Burini  la  met  fur  la  rive 
orientale  de  cette  rivière  ;  mais  Abulfeda  la  place  du  côté' 
feptentrional.  Cette  ville  parle  pour  la  plus  forte  de  tout 
le  pays.  Corn.  *  Dicl. 

1.  HIA,  ville  de  la  Chine  dans  la  province  de  Channfî, 
au  département  de  Pingyang  ,  deuxième  métropole  de 
la  province. Elle  eft  plus  occidentale  que  Pékin  de  6  d. 
27',  par  les  36  d.  27'  de  latitude.  *  Atlas  Sinenjis. 

2.  HlA  ,  forterefle  de  la  Chine  dans  la  province  de 
Suchuen  ,  au  département  de  Cienguei  ,  première  for- 
terefTe  de  la  province.  Elle  eft  plus  occidentale  que  Pé- 
kin de  10  d.  32'  par  les  29  d.  4'  de  latitude.  *  Atlas 
Sinenjis. 

HlABANDA  ,  ville  épiscopale  d'Afie  ,  fous  la  mé- 
tropole de  Damas  ,  félon  Guillaume  de  Tyr  ,  cité  par 
Ortelius.  Le  même  fiége  eft  nommé  Yabruda  ,  dans  la 
notice  du  patriarchat  d'Antioche ,  publiée  par  Schelftrate. 

HIACIN  ,  ville  de  la  Chine  dans  la  province  de 
Channton  ,  au  département  de  Tungchang  ,  troifiéme 
métropole  de  la  province.  Elle  eft  de  22'  plus  occiden- 
tale que  Pékin,  fous  les  37  d.  14'  de  latitude.  *  Atlas 
Sinenjis. 

H1ADERA.  Voyez  Jadera. 

HIADES,  ifles  dont  parle  Appien ,  in\Proœmio ,  p.  3.' 
Il  les  met  dans  la  mer  Méditerranée,  ck  nomme  de  fuite 
les  Cyclades ,  les  Sporades  ,  les  Hiades ,  les  Echinades. 
Le  traducteur  Latin  a  oublié  les  Hiades. 

HIAMUEN ,  fortereffe  de  la  Chine  ,  dans  la  province 
de  Fokien.  Elle  eft  d'un  degré  50'  plus  orientale  que 
Pékin ,  à  24  d.  3  5  '  de  latitude ,  félon  le  P.  Martini  dans 
fon  Atlas  Chinois.  Cette  forterefle  ck  celle  de  Ganhai , 
dit  le  même  auteur  ,  p.  130  ,  furpaffe  plulïeurs  villes  , 
tant- par  la  beauté  des  édifices,  que  par  la  multitude  des 
habitans  ,  ck  par  le.  commerce  qui  s'y  fait.  La  ville 
d'Hiamuen  eft  fur  une  iile  aiTez  près  du  continent  ;  au 
lieu  que  Ganhai  eft  attaché  à  la  terre  ferme.  C'eft  de-là 
que  l'on  embarque  des  marchandifes  pour  toutes  les 
Indes  ,  &  c'eft-là  qu'on  y  en  apporte  d'autres  au  retour. 
Ces  lieux  ont  autrefois  été  pofledés  par  Iquon,  fameux 
pirate ,  fi  connu  des  étrangers ,  ck  fur-tout  des  Espagnols, 
des  Portugais  ck  des  HoUandois  ,  qui  s'eft  Couvent  vu 
une  flotte  de  trois  mille  grands  bâtimens  de  la  Chine. 
Les  HoUandois  qui  ont  fouvent  été  dans  ces  deux  places, 
les  donnent  pour  de  grandes  villes ,  quoiqu'elles  ne  paf- 
fent  pas  pour  telles ,  à  beaucoup  près  ,  à  la  Chine. 

HIANG  ,  ville  de  la  Chine  dans  la  province  de 
Channfi ,  au  département  de  Taiven  ,  première  métro- 
pole de  la  province.  Elle  eft  plus  occidentale  que  Pékin 
de  4  d.  il'  ,  par  les  38  d.  52'  de  latitude  *  Atlas 
Sinenjis. 

Ht  ANGCHING ,  ville  de  la  Chine  dans  la  province 
de  Honan  ,  au  département  de  Caifung ,  première  mé- 
tropole de  la  province.  Elle  eft  plus  occidentale  que 
Pékin  de  2d.  8',  par  les- 34  d.  30'  de  latitude.  *  Atlas 
Sinenjis. 

HIANGHO  ,  ville  de  la  Chine,  dans  le  Pekeli ,  au 
département  de  Pékin  ,  première  métropole  de  la  pro- 
vince. Elle  eft  plus  orientale  que  Pékin  de  22'  ,  par  les 
39  cl.  35'  de  latitude.  *  Atlas  Sinenjis. 

HIANGLO  ,  ville  de  la -Chine  dans  la  province 
d'Iunnan  ,  au  département  de  Jungning  ,  onzième  mé- 
tropole de  la  province.  Elle  eft  plus  occidentale  que 
Pékin  de  16  d.  3',  par  les  27  d.  53'  de  latitude.  *  Atlas 
Sinenjis. 

HIANGNING ,  ville  de  la  Chine  dans  la  province 

de. 


HIB 


HIE 


's6t 


de  Channfi ,  au  département  de  Pingyang ,  féconde  mé~-  attaché  une  efpece  de  ridicule  à  ce  mot  à!  Hibernois,  &c 

tropole  de  la  province.  Elle  eft  plus  occidentale  que  Pe-  il  veut  dire  un  Ergoteur  ,  qui  au  lieu  de  s'attacher  à  ce 

kin  de  6  d.  56' ,  par  les  37  d.  S'  de  latitude.  *  Atlas  que  la  philofophie  a  de  folide  ,  fe  contente  d'étourdir 

Sinenjïs.  fon  adverfaire  de  puérilités  réduites  en  fyllogismes  en. 

H1ANGUN  ,  ville  de  la  Chine,  dans  la  province  de  forme.  Ceft  dans  ce  fens  que  les  Hibernois  font  nom- 


Quangfi  ,  au  département  de  Chingan  ,  dixième  mé 
tropole  de  la  province.  Elle  eft  plus  occidentale  que 
Pékin  de  il  d.  45',  par  les  13  d.  56'  de  latitude.  *  Atlas 
Sinenjïs. 

HiANGXAN  ,  ville  de  la  Chine ,  dans  la  province  de 
Quanton  ,  au  département  de  Quangcheu,  première  mé' 


mes  dans  l'Arrêt  burlesque  en  faveur  d'Ariftcte  ,  insère 
dans  les  Œuvres  de  M.  Despréaux. 

HIBERUS  pour  Iberus  ,  nom  latin  de l'Ebre,  rivière 
d'Espagne. 

HIBITA  ,  place  d'Afie  ,  dans  l'Aflyrie.  Ammien  Mar- 
cellin,  /.  25 ,  c.  9,  fait  dire  à  Sabinus  ,  que  Conftantius 


Sintnfii 

HIANTLE  Aqvm.  Martial , 
(on  livre  ,  en  fait  mention ,  /.  1 


dans  une  épigramme  à 


Clarus  Hiantia  S  alla  Jïtitor  aquœ. 


tropole  de  la  province.  Elle  eft  plus  occidentale  que     ayant  été  vaincu  par  les  Perses ,  &:  mis  en  fuite  ,  s'étoif. 

Pékin  de  3  d.  39',  par  les  22  d.  36'  de  latitude.  *  Atlas     réfugié  à  Hibita,  mauvaife  place  ,  où  il  avoit  vécu  du 

pain  que  lui  donnoit  une  vieille  payfane.  MM.  Valois 
croient  que  ce  lieu  eft  le  même  que  Thebeta,  marquée 
dans  la  carte  de  Peutinger  à  xvni.  m.  p.  de  Nifibe. 
Entre  les  evêques  de  laMefopotamie  ,qui  fouscrivirent 
au  concile  de  Nicée  ,  on  trouve  Jacobus  Hebeienjîs. 
Gennade  &  autres  obfervent  qu'il  faut  lire  Nijïbitis  , 
Quelques  exemplaires  portent  lanthuz  ;  quoi  qu'il  en     ou  Nijïbitenjïs.  Sans  cet  avertiflement  on  feroit  pore  à 

foit ,  Martial  décrit ,  /.  6  ,  Epigr.  47  ,  la  même  fontaine,     croire  que  ce  fiége  Hebetenjïs  étoit  le  même  que  i'Hi- 

mais  fans  la  nommer  :  on  y  voit  feulement ,  que  cette     bita  d'Ammien  Marcellin. 

fontaine  étoit  à  une  maifon  de  campagne  ,  qui  apparte-         HICCARA  ,  ancienne  ville  maritime  de  Sicile,  félon 

noit  à  Stella.  Le  vers  cité  veut  dire  ;  que  Stella  aimoit     le  P.  Lubin.  Il  faut  écrire  par  Y  Hyccara.  Ce   n'étoit 

fort  cette  retraite  ,  dont  fa  dignité  le  privoit ,  &C  le  poëte     qu'un  petit  bourg.  Voyez  Hyccara. 

exprime  ce  defîr  par  la  foif  qu'il  avoit  de  boire  de  l'eau          HlCESIUM.  Voyez  Icesia. 


de  la  fontaine  Ianthis  ou  îanthus.  Voyez  ce  que  dit 
Turnebe ,  Adversar.  1.  1  ,  c.  13  ,  fur  ce  fujet. 

HIAOCAN  ,  ville  de  la  Chine  dans  la  province  de 
Huquang  ,  au  département  de  Tegan ,  quatrième  métro- 
pole de  la  province.  Elle  eft  plus  occidentale  que  Pékin 
de  3  d.  53'  ,  par  les  31  d.  22'  de  latitude-  *  Atlas 
Sinenjïs. 

HIAOCHING  ,  ville  de  la  Chine  dans  la  province 
de  Honan ,  au  département  de  Queite  ,  féconde  métro- 
pole de  la  province.  Elle  eft  plus  occidenrale  que  Pé- 
kin de  2  d.  4'  ,  par  les  35  d.  51'  de  latitude.  *  Atlas 
Sinenjïs. 

HIAOFUNG  ,  ville  de  la  Chine  ,  dans  la  province  de 
Chekiang ,  au  département  de  Hucheu  ,  troifiéme  mé- 
tropole de  la  province.  Elle  eft  plus  orientale  que  Pékin 
de  1  d.  50'  ,  par  les  30  d.  46'  de  latitude.  *  Atlas 
Sinenjïs. 

HIAOY  ,  ville  de  la  Chine  ,  dans  la  province  de 
Channfi  ou  Xanfi ,  au  département  de  Fuencheu  ,  cin- 


H1CKLING ,  bourg  d'Angleterre ,  dans  la  province 
de  Norfolck.  On  y  tient  marché  puhlic.  *  Etat  préjent 
de  la  Gr.Bret.  t.  I. 

fflCTARIS.  Voyez  Hipparis. 

HIDEKEL.  Voyez  le  Tigre. 

HIDRIA.  Voyez  Hydria. 

HIELM ,  (  l'Isle  de  )  ifle  de  la  mer  de  Dane-* 
marck  ,  fur  les  côtes  de  Jutland ,  au  diocèlé  d'Arhus. 

HIELMER,  lac  du  royaume  de  Suéde ,  félon  De  rifle, 
Couronnes  du  Nord ,  partie  dans  la  Nericie  ,  &c  partie 
dans  la  Sudermanie.  Il  eft  formé  de  plufieurs  rivières  , 
entr'autres  de  la  Troza,  qui  coule  à  Orebro  ,  ville  fituée 
au  couchant  du  lac  ;  à  l'extrémité  orientale  eft  Juleta. 
Ce  lac  a  une  décharge  dans  le  grand  lac  de  Maëfet  qui 
s'étend  jufqu'à  Stockholm.  Celui  d'Hielmer  a  quelques 
ifles  ,  Se  s'étend  neuf  lieues  Suédoifes  en  longueur ,  &C 
près  de  quatre  en  largeur,  félon  Baudrand.  éd.  1705. 

HIELTES  ,  (  l'  )  petite  rivière  d'Espagne ,  au  royaume 
de  Léon  :  elle  a  fa  fource  à  la  montagne  de  Pegna  dt 
Francia  ,  Se  fe  jette  dans  la  rivière  de  Huebra  qui  va  fe 


,  autrefois  chef-1 


quiéme  métropole  de  cette  province.  Elle  eft  de  6  d.  11 

plus  occidentale  que  Pékin  ,  838  d.  6'  de  latitude,  Atlas     perdre  dans  le  Duero  ,  entre  Saucello  Se  la  Hmojof; 
Sïnenf.  p.  40.  Auprès  de  cette  ville  eft  la  montagne  de     félon  l'Atlas  de  Jaillot. 

Cajldjtg ,  où  font  quantité  de  fources  d'eaux  chaudes  Se         HIEMEN  ,  ou  Yemen.  Voyez  au  mot  Arabie  ce 
minérales,  Se  beaucoup  de  ces  puits  pleins  de  feu,  dont     que  nous  difons  de  l'Arabie  heureufe. 
j'ai  parlé  dans  l'article  de  Channfi.  Ces  fontaines  bouil-         HIEMES  ,  ou  E.XMES ,  en  latin  Oximus  ou  Oximumy 
lantes  en  font  un  pays  affez  femblable  à  celui  de  Pouzzol,     félon  le  DiS.  de  la  Fiance  ;  bourg  de  France  ,  en  Nor- 
au  royaume  de  Naples.   Si  les  Chinois  le  piquoient  de 
ces  fortes  de  curiofités ,  ils  en  tireroient  les  mêmes  effets; 
car  ces  eaux  font  différentes  de  goût  Se  de  couleur. 
HIARCHAN.  Voyez  Irken. 
HIASPIS  ,  lieu  d'Afie ,  près  du  Tibre ,  félon  Ammien 
Marcellin,/.  18. 

HIATOSPOLIS,ouHastopolis,ouImbripolis. 
Voyez  RatiSBONNE. 

H1AXE  ,  ville  de  la  Chine  ,  dans  la  province  de 
Quangfi  ,  au  département  de  Suming  ,  neuvième  mé- 
tropole de  la  province.  Elle  eft  plus  occidentale  que  Pé- 
kin  de  12  d.  par  les  22  d.   58'  de  latitude.  *  Atlas 


comté  de  grande  éten- 
due ,  Se  encore  aujourd'hui  d'un  archidiaconé  Se  d'un 
doyenné,  au  diocèle  de  Séez ,  à  quatre  lieues  de  cette 
ville.  Son  églife  paroiffiale  eft  fous  l'invocation  de  faint 
André  ;  l'abbé  de  S.  Vandrille  prélënte  à  la  cure  ,  &  a 
la  meilleure  part  des  dixmes,  par  concelfion  de  Richard  II, 
duc  de  Normandie.  Etienne  le  Boucher  fonda  à  côté 
de  cette  églife  une  chapelle ,  fous  l'invocation  de  faint 
Michel, en  1272,  de  15000  livres  de  rente  ,  pour  qu'on 
y  dit  tous  les  jours  la  meffe  pour  lui  Se  pour  fa  femme 
Alethie.  Il  s'en  réferva  la  nomination  pendant  fa  vie  , 
Se  confentit  qu'elle  allât  à  l'évêque  après  fa  mort.  Il 
Sinenjïs.  y  avoit  dans  le  château  ,  qui  eft  depuis  long-tems  dé- 

HIAYE  ,  ville  de  la  Chine,  dans  la  province  de  truit ,  une  chapelle  de  S.Nicolas,  à  la  préfentation  du 
Honan,  au  département  de  Queite,  féconde  métropole  roi  :  le  titre  peut  en  avoir  aufli  été  transféré  dans  cette 
de  la  province.  Elle  eft  plus  occidentale  que  Pékin  de  églife.  Il  y  a  encore  dans  la  paroiffe  une  autre  chapelle 
5 5',  par  les  3 5  d.  17'  de  latitude.  *  Atlas  Sinenjïs.  appelléeJainte-Magdelaine  d:s Fougeais ,  ou faiute-Vero- 

HIBERA  ,  ifle  dont  il  eft  parlé  dans  un  paifage  de     nique  ,  qu'on  dit  avoir  été  bâtie  par  ordre  du  roi  faint 
Lucille,rapportéparNonniusMarceUus.*Ort,;/.Thefaur.     Louis  ,  qui  y  avoit  mis  quatre  religieux   du  Val-des- 
HIBÈRIA  pour  Iberia,  nom  latin  de  l'Espagne.  Choux,  vers  l'an  1257  ;  mais  fans  leur  donner  d'autres 

HIBERNIE ,  ancien  nom  de  l'Irlande ,  que  l'on  ap-  fonds  que  douze  acres  de  terres  ,  aufquels  un  feigneur 
pelle  encore  en  latin  Hibernia ,  &  Tes  Irlandais, Hiberni.    nommé  Nonant ,  en  ajouta  neuf  autres  ,  pour  y  avoir  fa 


Baudran  dit    en    françois   les  Hiberniens.   L'ufage  eft 
pour  Hibernois. 

HIBERNOIS  :  ce  mot  ne  fignifie  qu'Irlandois  dans  fa 
lignification  propre  ;  mais  l'attachement  qu'ont  les  Irlan- 
dois  qui_  étudient  à  Paris  pour  L's  prolégomènes  de  lo- 


fépulture  :  les  aftes  en  font  perdus.  La  leproferie  de  fainte 
Marguerite ,  qui  étoit  dans  le  bourg ,  &  dont  la  chapelle 
eft  aufli  détruite  ,  étoit  au  moins  de  la  même  antiquité. 
Les  bourgeois  qui  en  étoient  les  patrons,  la  cédèrent  à 
dame  Catherine  duBoulonnay,  religieulë  d'Almeneches , 


;ique,  &  autres  inutilités  philofophiques ,  fur  lesquelles    pour  lui  aider  à  bâtir  une  maifon  de  BenédicT:mes,dont 
ls  disputent  avec  beaucoup  de  fubtilité  &  de  bruit,,  a    elle  fut  la  première  prieure,  Elles  en  jouirent  durant  n^ 

Tome  III,    Z  z 


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HiE 


HIE 


ficurs  années  ;  mais  elle  leur  fut  enlevée  par  tes  cheva- 
liers de  l'ordre  de  S.  Lazare  ;  Se  Louis  XI V  l'unit  pour 
toujours  à  l'hôpital  de  Trun  ,  par  arrêt  du  conléil  de 
lV.n  1695.  L'églife  des  religieules  eft  fous  l'invocation 
de  S.  Benoît  &  de  l'ainte  Opportune.  Les  Bénédictines  al- 
lèrent s'établir  à  Hièmes  ,  où  elles  l'ont  toujours  de- 
meurées depuis.  C'eft  l'évêque  qui  nomme  la  prieure. 
Henri  I ,  duc  de  Normandie  &C  roi  d'Angleterre, félon 
Orderic  Vital,  avoit  joint  à  l'ancien  bourg  d Hièmes, 
un  nouveau  bourg  avec  une  églife  de  la  lamte  Vierge  ; 
mais  dans  la  guerre  qui  furvint  après  la  mort  de  ce 
prince  en  11 36  ,  il  fut  totalement  brûlé  avec  l'églife, 
dont  on  ne  trouve  plus  aucuns  veftiges ,  auflî-bien  que 
du  château  &  des  murailles  du  bourg  ,  quoiqu'il  eût 
encore  foutenu  un  fiége  en  1 449 ,  quand  le  fameux  comte 
de  Dunois  ,  bâtard  d'Orléans ,  le  reprit  fur  les  Anglois. 
Ainfi  ce  lieu  fi  fameux  durant  tant  de  fiécles ,  ne  feroit 
plus  qu'un  fimple  village ,  s'il  n'avoit  pas  conservé  une 
partie  de  fon  reffort  ,  parce  que  fa  fituation  au  haut 
d'une  montagne  aride  &  fterile  ,  en  rend  le  féjour  peu 
agréable.  C'eft  de  quoi  les  habitans  (è  plaignoient  déjà 
beaucoup  dans  la  Philippide  de  Guillaume  le  Breton  , 
au  commencement  du  XIIIe  fiécle  : 

Oximiique  Jîtos  furili  fe  colle  gementes. 

II  n'y  a  plus  ni  juges  ni  avocats  :  on  n'y  trouve  que 
du  menu  peuple.  Le  marché  s'y  tient  le  jeudi  avec  la 
jurisdi&ion  :  il  s'y  tient  au  (fi  plufieurs  foires. 

Quelques  favans  prétendent  ,  &  M.  Huet ,  évêque 
d'Avranches ,  eft  de  ce  nombre  dans  les  Origines  de  la 
ville  de  Caen,  p.  14,  que  les  Oftsmii  dont  parle  Cefar, 
étoient  les  peuples  d'Hièmes  ,  qu'il  écrit  Hiesmes.  Ce 
prélat  eft  même  perfuadé  que  les  évêques  de  Séez  y 
avoient  quelquefois  établi  leur  fiége  ;  mais  c'eft  ce  qu'on 
ne  trouve  fondé  que  fur  une  mauvaife  tradition,  comme 
on  le  marque  à  l'article  de  SÉEZ  ,  &  ce  qui  a  été  rejette 
par  d'autres  favans  hommes.  En  effet  il  eft  évident  que 
ces  Ofismiens  étoient  à  l'extrémité  de  la  baffe  Bre- 
tagne ;  &  on  n'a  pas  le  moindre  monument  qui  prouve 
qu'aucun  évêque  de  Séez  ait  demeuré  à  Hièmes  depuis 
l'an  «33,  qu'on  commence  à  les  connoîrre  par  l'hiftoire. 
Il  eft  vrai  que  dans  une  charte  de  Guillaume,  feigneur 


de  la  Ferté-.Vlacé  , 


doi 


ma,  en  1053 


l'abbaye  de 


S.  Julien  de  Tours  ,  les  égli  es  cV  les  dixmes  des  pareilles 
de  Bellon  ou  Houlme  ,  d'Habloville  &  de  Giel  ,  avec 
tous  les  droits  épiscopaux  qu'il  difoit  tenir  de  l'évêque 
de  Séez  ;  cet  évêque  ,  qui  étoit  Yves  de  Bellesme ,  y  eft 
qualifié  évêque  des  peuples  d'Hièmes  ,  Yvonis  Oxismo- 
rum prerfulis  ;  fon  diocèfe  y  eft  nommé  le  diocèfe  des 
peuples  d'Hième  ,  in  diœceji  Oxismorum.  Mais  quand  cet 
afte  ne  feroit  pas  fuspeft,  il  ne  prouveroit  autre  chofe, 
finon  que  le  diocèfe  de  Séez  étoit  quelquefois  appelle 
le  diocèfe  des  peuples  d'Hièmes  ;  &  l'on  en  a  encore 
d'autres  preuves  dans  les  Légendes  de  fainreCeronne  ik 
de  S.  Serenie  ,  qui  font  bien  plus  anciennes  que  cette 
charte.  Cela  venoit  de  ce  que  ce  diocèfe  fe  trouvoit 
alors  compris  dans  le  comté  d'Hièmes.  Il  eft  certain  , 
par  un  très-grand  nombre  d'actes  ,  que  le  fiége  d'Yves 
de  Bellesme  fut  toujours  à  Séez  ,  où  ,  dès  le  commen- 
cement de  fon  épiscopat,il  jetta  les  fondemens  de  la 
nouvelle  cathédrale  d'aujourd'hui  ;  auffi  lui  donne-t-on 
le  titre  d'évêqne  de  Séez ,  avec  celui  des  peuples  d'Hièmes, 
dans  la  charte  même  de  S.  Julien  de  Tours  ,  où  l'on 
marque  ainfi  fa  fignature  :  Signum  Yvonis  Pontifias  Sas. 
quod  eft  Oxismorum.  \ 

On  verra  dans  l'article  fuivant ,  quelle  étoit  l'étendue 
de  l'ancien  comté  d'Hièmes.  Il  n'eft  fait  aucune  mention 
de  fes  comtes  avant  la  domination  des  princes  Nor- 
mands ,  quoiqu'il  exiftât  du  moins  dès  le  fixiéme  fiécle  ; 
car  fi  l'on  ne  croit  pas  ,  avec  Orderic  Vital ,  que  le 
château  d'Hièmes  etoit  bâti  avant  Jules  Cefar  ,  il  y  a 
toujours  bien  apparence  que  c'étoit  un  ouvrage  des  Ro- 
mains ,  puisqu'il  commandoit  déjà  à  un  grand  pays  fous 
les  fils  de  Clovis  I. 

On  ne  connoît  que  deux  comtes  fous  les  Normands  , 
favoir,  Guillaume,  fils  naturel  de  Richard  1 ,  qui  fut  en- 
fuite  privé  du  comté  par  le  duc  Richard  II, contre  qui  il 
s'étoit  révolté  ,  cV  duquel  il  obtint  depuis  le  comté 
d'Eu  ;  &  Robert,  fils  de  ce  dernier  duc,  qui  fe  fouleva 
auffi  contre  Richard  III ,  fon  frère ,  &  qui  eft  aceufé  avec 


bien  de  l'apparence ,  par  les  hiftorîens  ,  de  l'avoir  fait 
empoilonner,  pour  monter  lui-même  furie  trône  ducal. 
Il  lemble  qu'après  ces  deux  exemples ,  les  ducs  n'eulîent 
plus  voulu  mettre  ce  comté  hors  de  leurs  mains  ;  car  on 
n'y  voit  plus  que  des  vicomtes  ,  mais  qui  étoient  de 
grands  feigneurs.  Tels  furent  ToufTaint  furnommé  Gois, 
fils  d'Anfrid  le  Danois  ,  &  aïeul  de  Hugues  ,  comte  de 
Chefter  en  Angleterre;  les  deux  Roger  de  Montgom- 
meri  père  &  fils  ;  Robert  de  bellesme ,  comte  de'Pon- 
thieu  ,  fils  du  fécond  Roger  ,  Robert  de  l'Aigle  ,  baron 
de  làinte  Scolafte  ;  &  Guigenalgazon  ,  qui ,  quoique  de 
balle  naiflance  ,  étoit  aufii  vicomte  d'Argentan  &  de 
Domfront,  par  la  libéralité  de  Henri  I,  roi  d'Angleterre, 
dont  il  étoit  un  des  favoris. 

Les  rois  de  France  tinrent  la  même  conduite,  quand 
ils  turent  maîtres  de  la  Normandie.  Philipp  eAugufte  mit 
feulement  à  Hièmes  un  châtelain  nommé  Aseulfe  ,  à 
qui  il  donna,en  1116,  &  à  fes  fils  nés  en  légitime  ma- 
riage ,  tout  ce  que  Guillaume  de  Pontchardon  pofTédoit 
à  Orville  ,  Avernes ,  S.  Germain  de  la  Champagne,  &C 
à  la  Roche,  paroifié  du  même  pays.  Robert  de  Cocherel, 
verdier  de  la  forêt  de  GoFERNI  ,  étoit  en  la  même 
qualité, en  1348  ,  pour  le  roi  Philippe  de  Valois.  Mais 
eai3yo  ,  le  roi  Charles  V,  defirant  avoir  la  ville  de 
Château-Poffilin  en  Bretagne,  qui  appartenoit  aux  princes 
de  la  maifon  d'Alençon  ,  leur  donna  en  place  ,  le  do- 
maine d'Hièmes ,  &  celui  de  Caniel  au  pays  de  Caux  ; 
&  par  ce  démembrement  du  chef-lieu  ,  ce  comté  fut 
éteint.  Les  comtes  &  ducs  d'Alençon  tinrent  auffi  des 
châtelains  à  Hièmes  ;  mais  ils  l'aflujettirent  à  leurs  offi- 
ciers d'Argentan ,  qui  y  alloient  rendre  la  juftice  ,  en  fe 
qualifiant  également  juges  de  ces  deux  lieux.  C'eft  ce 
qui  a  duré  jusqu'au  fiécle  dernier,  qu'on  lui  redonna  des 
officiers  particuliers  ,  tant  pour  la  vicomte  que  pour  le 
bailliage  ;  &  le  bailliage  a  de  plus  dans  l'on  reffort ,  la 
vicomte  de  Trun.  Le  domaine  d'Hièmes  &  de  Caniel 
ne  fut  pas  fi-tôt  uni  à  l'appanage  d'Alençon  ;  il  fut  donné 
pour  dot  avec  Caniel  &  S.  Silvain  à  Catherine  d'Alençon, 
fœur  du  duc  Jean  I ,  &  elle  en  eut  auffi  toute  la  juft.ee; 
mais  cette  princefie, étant  morte  en  1461,  fans  laiffer  d'en- 
fans  de  fes  deux  maris,  qui  étoient  comtes  de Mortain, 
il  n'en  fut  plus  léparé.  Après  le  retour  de  l'apanage  à 
la  couronne  ,  il  fut  engagé  avec  les  domaines  d'Argen- 
tan &  de  Trun,  à  la  maifon  de  Luxembourg,  puis  à  celle 
de  Vendôme  ,  de  laquelle  il  a  paflé  par  donation  du  de> 
nier  duc  de  Vendôme  dans  celle  de  Condé,  puis  au  duc 
du  Maine,  du  chef  de  la  ducheffe  q:ii  eft  de  la  maifon 
de  Condé.  Il  a  auffi  la  nomination  des  officiers  de  tous 
ces  fiéges. 

Il  y  avoit  ci-devant ,  proche  d'Hièmes ,  une  forêt  de 
haute  futaye  de  quatorze  à  quinze  cens  arpens ,  qui  étoit 
très-eftimée  pour  la  beauté  de  fes  arbres  ;  &  elle  étoit 
appellée  la  Haye  d'Hièmes  ,  parce  que  c'étoit  le  parc 
des  anciens  comtes  ;  mais  elle  a  été  effartée  au  com- 
mencement de  ce  fiécle,  pour  y  mettre  le  haras  du  roi, 
qui  étoit  auparavant  à  Saint-  Léger  en  Yveline.  On  l'a 
environné  de  grands  foflés,  dans  un  lieu  appelle  le  Haut- 
bois. On  a  fait  des  bâtimens  magnifiques  &  commodes 
pour  les  officiers  du  haras ,  &  de  très-belles  écuries  pour 
les  chevaux  :  on  découvre  ces  édifices  de  cinq  ou  ftx 
lieues  loin  ;  mais  on  dit  que  les  fondations  n'en  font 
pas  affez  folides. 

H1EMOIS  ,  (  le  )  ou  l'Exmois  ,  ou  le  Pays 
d'Hièmes  ,  Eximen/h  pagus.  Ce  pays  comprend  au- 
jourd'hui deux  archidiaconés  d'une  affez  grande  éten- 
due ;  l'un  appelle  1' ' archidiaconé  d'Hiémois,  dans  le  di  1- 
cèfe  de  Séez  ,  contient  cent  foixante-fix  paroi  ffes  fous 
les  doyennés  d'Hièmes,  de  Trun,  de  S.  P.erre-fur-Dive, 
de  Falaife  &  d'Aubigny  ;  l'autre  archidiaconé  d'Hièmes, 
dans  le  diocèfe  de  Bayeux  ,  renferme  cent  quarante-fix 
paroiffes  fous  les  doyennés  de  Cinglais ,  de  Vaucelles  , 
de  Troarn  ,  &t  joint  la  ville  de  Caen  ,  dont  une  des 
portes  eft  ,  par  cette  raifon  ,  appellée  la  Porte  Ex- 
MOISE.  Mais  il  eft  évident  que  ce  pays  étoit  beaucoup 
plus  grand  autrefois ,  puisque  Hièmes,  fa  capitale  ,  eft 
préfentement  à  une  de  fes  extrémités ,  &  que  l'autre 
extrémité  qui  va  jusqu'à  la  mer,  en  eft  à  dix-huit  lieues; 
auffi  a-t-on  des  preuves  que  l'autre  pays  d'alentour  étoit 
d'abord  de  fa  dépendance.  On  voit  par  la  vie  de  faint 
Serenie  ,  que  la  folitude  de  ce  faint ,  qui  étoit  à  dix 
lieues  d'Hièmes  ,  fur  la  rivière  de  Sarte,  au-deffous 


HIE 


d'Alençon  ,  Se  qui  ,  par  corruption  ,  eft  depuis  long- 
tems  appellée  Saint  Cderin  ,  étoit  au  feptiéme  fiécle 
dans  le  pays  d'Hième.  Yves  de  Bellesmes  vivant  au 
dixième  fiécle  ,  déclare  dans  une  donation  ,  rapportée 
par  l'hiflorien  des  comtes  du  Perche,  que  faint  Martin 
du  Vieux  Bellesme ,  au  Perche ,  qui  eft  à  plus  de  douze 
lieues d'Hièmes  ,  etoit  alors  dans  le  même  pays.  La  Vie 
defainteCerone  ,au  fixiéme  fiécle, en  faitaufli  mention. 
La  Vie  de  S.  Evrou  fait  voir  auffi,  que  le  pays  d'Ouche, 
où  eft  le  monaftere  de  ce  Saint ,  &  qui  s'étend  dans  le 
diocèfe  d'Evreux,  où  il  forme  un  doyenné  ,  étoit  fou- 
rnis à  Hièmes  ,  auffi-bien  que  le  pays  de  Gacé  ,  qui 
donne  le  nom  à  un  des  archidiaconés  du  diocèfe  de 
Lifieux.  Enfin  on  met  encore  dans  fa  mouvance  le  pays 
d'Auge,  du  même  diocèfe,  ce  qui  furpaffe  de  beaucoup 
l'étendue  qu'Adrien  Valois  ,.6c  les  autres  (avans  avoient 
jusqu'ici  attribuée  à  l'ancien  Hiémois.  Cependant  il  n'y 
a  point  d'apparence  que  cette  étendue  fût  déjà  telle  au 
tems  des  établiffemens  des  évêchés  de  la  province  de 
Normandie  ,  au  quatrième  ou  au  cinquième  fiécle  ;  car 
Hièmes ,  en  cet  état  auroit  naturellement  été  préféré 
pour  y  mettre  un  fiége  épiscopal  ,  au  lieu  d'en  partager 
les  dépendances  entre  quatre  diocèfes.  Ainfi  ,  ou  ces 
dépendances  auront  été  bien  augmentées  depuis  la  do- 
mination des  François  fur  la  fin  du  cinquième  fiécle,  fi 
Hièsmes  fubfiftoit  avant  eux  ,  ou  il  aura  été  bâti  par 
eux  ;  mais  en  ce  cas  ç'auroit  été  dès  le  tems  de  Clovis, 
puisque  Fortunat ,  qui  vivoit  fous  les  rois ,  fes  fils  &  pe- 
tits-fils ,  parle  du  pays  d'Hièmes ,  dans  la  Vie  de  faint 
Germain  ,  évêque  de  Paris ,  qui  y  rendit  la  vue  à  une 
femme  aveugle ,  en  paffant  par  Taffilli  ,  que  les  Bollan- 
diftes  6c  Hadrien  Valois,  ont  mal  appelle  Taillac.  On 
ne  connoît  point  de  lieu  de  ce  nom  en  Normandie  ;  &C 
l'ufage  n'y  eft  pas  de  terminer  en  iac ,  mais  en  y,  les 
noms  des  lieux ,  qui  en  latin  font  terminés  en  iacum. 
Ainfi  on  y  a  fait  de  Tafliliacum  ,  Taffilli  ;  de  Torinia- 
tum,  Torigni  ;  d: '  Albiniacum ,  Aubigni  :  il  faut  pafferla 
Loire, pour  trouver  de  ces  terminaifons  en  iac.  CeTAS- 
SILLI  eft  une  paroiffe  à  deux  lieues  de  Falaife,  &  à  dix 
d'Hièmes  ;  ce  qui  montre  que  l'Hiémois  étoit  dès-lors 
fort  étendu.  Il  fe  prenoit  quelquefois  pour  la  principale 
partie  ;  &  il  eft  employé  en  ce  fens  dans  les  capitulai- 
res  de  Charles  le  Chauve  ,  de  l'an  8^3  ,  où  il  eft  joint 
au  pays  de  Séez  &  au  CoRBONNOlS  ,  qui  eft  le  pays 
de  Mortagne.  Oxmilum  ,  Sagilum  ,  Corbonilum.  Du 
refte  ce  pays  d'Hiémois  n'eft  pas  des  meilleurs  de  la 
province  ,  quoiqu'il  y  ait  de  bons  cantons  où  il  fait 
bon  vivre. 

HIEN,  ville  de  la  Chine,  dans  le  Pekeli,  au  départe- 
ment de  Kokien  ,  troifieme  métropole  de  la  province. 
Elle  eft  plus  occidentale  que  Pékin  de  44',  parles  38  d. 
46' de  latitude.  *  Atlas  Sinenfls. 

HIENIPA  ,  ancien  lieu  de  l'Espagne  Betique  :  on 
croit  que  c'eft  préfentement  Alcala  de  Guadaria ,  pe- 
tite ville  de  l'Andaloufie.  *Baudrand ,  édit.  1681. 

HIENNING,  ville  de  la  Chine,  dans  la  province  de 
Huquang,  au  département  de  Vuchang,  première  mé- 
tropole de  la  province.  Elle  eft  plus  occidentale  que 
Pékin  de  3  d.  6',  par  les  29  d.  46'  de  latitude.  *  Atlas 
Sinenfis. 

HIENTO  ,  lieu  de  l'ifie  de  Sardaigne  ,  dans  la  pro- 
vince de  Logudori.  On  y  voit  les  ruines  de  l'ancienne 
.ville  Hcrteum. 

HIENYANG,  ville  de  la  Chine,  dans  la  province 
de  Xenfi ,  au  département  de  Sigan  ,  première  métro- 
pole de  la  province.  Elle  eft  plus  occidentale  que  Pékin 
de  8  d.  2.6',  par  les  26  d.  de  latitude.  * Atlas  Sinenfis. 

HIERA  :  ce  mot  eft  grec  ,  fignifie  facrée ,  6c  étoit 
commun  à  plufieurs  lieux. 

1.  HIERA,  ifle  voifine  de  laSicile,  au  nord  de  cette 
ifle,  entre  les  Eoliennes.  Pline  la  nomme  Therasia. 
Voyez  ce  mot.  Le  nom  moderne  eft  Vulcania  ,  félon 
Fazel.  *  Ortel.  Thef. 

2.  HIERA,  ifle  voifine  de  la  Sicile,  au  nord  de  cette 
ifle  ,  félon  Ptolomée,  /.  3  ,  c.  4.  C'eft  préfentement  Fa- 
vagnana,  félon  Léandre.  Ortélius  croit  que  cette  der- 
nière eft  nommée  Maritima  ,  dans  l'Itinéraire  d'Anto- 
nin  ,  Se  dans  Julius  Obfequens  ;  enfuite  il  renvoie  aune 
note  de  Cafaubon  fur  le  fixiéme  livre  de  Strabon ,  /.  6, 
p.  176. 


HIE  36-j 

La  première  de  ces  ides  a  été  anciennement  nommée 
Vulcania,  ou Hiera,  on  Sacra.  Elle  conserve  encore  le 
nom  de  Vulcano ,  &c  eft  entre  l'ifie  de  Lipari  Se  la  Si- 
cile ,  mais  beaucoup  plus  près  de  la  première.  Elle  eft 
délèrte. 

La  féconde  n'eft  au  midi  de  la  Sicile  ,  que  par  l'an- 
cienne erreur  de  ceux  qui  abbaiflbient  beaucoup  trop  le 
côté  occidental  de  cette  ifle.  On  l'appelloit  Hiera ,  ou 
Sacra ,  ou  Maritima ,  parce  qu'elle  eft  la  plus  avancée 
vers  la  mer  d'Afrique.  Elle  conferve  encore  ce  dernier 
nom  dans  celui  de  Maretamo.  Celui  de  Favagnana  ré- 
pond beaucoup  mieux  à  une  autre  ifle  plus  voifine  de  la 
Sicile,  Se  que  l'on  appelloit  Aponania ,  Aigu/a  &  Ca— 
praria.  Le  fécond  de  ces  noms  eft  grec ,  Se  le  troifieme 
latin.  Le  premier  ne  s'éloigne  pas  beaucoup  du  nom  mo- 
derne. 

3.  HIERA  ,  rivière  d'Afie  :  elle  fervoit  de  bornes  en- 
tre la  Galatie  8c  la  grande  Phrygie,  au  rapport  de  S.  Jé- 
rôme,,  in  locis  Hebr.  Pline  la  nomme  Hieras ,  Se  dit, 
/.  5,  infint  qu'elle  fépare  la  Galatie  de  laBithynie. 

4.  HIERA ,  ifle  de  la  mer  de  Crète  ,  félon  Etienne 
le  Géographe. 

5.  HIERA,  ifle  d'Egypte,   félon  le  même. 

6.  HIERA,  ancienne  ville  de  l'ifie  de  Lesbos.  Elle 
ne  fubfiftoit  déjà   plus  du  tems  de  Pline ,  L  J  ,  c.  i  1. 

7.  HIERA,  ifle  de  l'Archipel,  l'une  des  Cyclades, 
entre  Thera  Se  Therafia.  Pline ,  /.  2  ,  c.  87,  dit  que  de 
fon  tems  il  y  avoit  cent  trente  ans  que  cette  ifle  étoit 
fortie  du  fond  delà  mer.  Juftin,  /.  30,  c.  4,  dit  que 
l'ifie  de  Hiera  fe  montra  vers  le  tems  que  les  Romains 
commencèrent  la  guerre  contre  Philippe  ,  Roi  de  Macé- 
doine. Plutarque  ,  L.  de  Pythice  Orac.  confirme  la  même 
chofe.  Ainfi,  félon  la  remarque  du  P.  Hardouin,  in. 
Plin.  I.  c.  il  y  a  environ  foixante  5c  dix  ans  de  plus 
que  l'époque  de  Pline.  On  la  nommoit  auffi  automate  t 
mot  qui  fignifie ,  qu'elle  s'étoit  formée  d'elle  même. 

8.  HIERA.  Voyez  Mesola. 

9.  HIERA.  Voyez  Sph^ERIa. 

HIERA-  BOLOS,  'upi  liaùs;  c'eft-à-dire  h  Moue 
facrée,  lieu  d'Egypte  ,  auprès  d'Heliopolis ,  félon  Dio- 
dore  de   Sicile,  /.  1. 

HIERAC.  Voyez  IRAC. 

HIERA-COME ,  'uf*  icipm  ,  c'eft-à-dire  le  Village 
facré  ,  village  d'Afie  ,  dans  la  Carie.  Les  habitans  font 
nommés  Hiera  Cometa.  par  Pline,  /.  5,  c.  30.  Tite-Live 
Se  Etienne  le  Géographe  font  mention  de  ce  lieu. 

HIERA-GERMA  ,  'lepa  j»»p/«i,  ou  fimplement  Ger- 
MA,  ville  d'Afie.  Etienne  le  Géographe  dit:  Germa, 
ville  de  l'Hellespont ,  près  de  Cyzique.  Il  a  voulu  dite 
qu'elle  étoit  de  la  province  de  l'Hellespont;  car  elle 
n'étoit  pas  fur  le  détroit  de  ce  nom ,  puisque  Cyzique 
eft  fur  la  Propontide;  mais  la  provincede  l'He'lefpont, 
dans  le  moyen  âge,  s'étendoit  jusques-là,  6c  même  plus 
loin.  C'eft  dans  ce  fens  qu'il  faut  entendre  ce  que  ditSo- 
crate ,  Hijl.  ecclef.  1.  4 ,  c.  11,  que  fous  l'empire  de 
Valens  une  grande  partie  de  Germa,  dans  la  province 
de  l'Hellespont ,  fut  renverfée  par  un  tremblement  de 
terre. 

1.  HIERA-PETRA,  'upx  Trhpa.,  c'eft  à-dire  la  roche 
facrée  ,  lieu  particulier  d'Italie  ,  au  pays  des  Meffapiens, 
félon  Antonius  Liberalis  ,  cité  par  Ortélius,  Thef. 

2.  HIERA-PETRA,  félon  Ptolomée,  /.  3,  c.17; 
Hiera-Pitna  ,  'lifXTj'nv*.  ,  félon  Strabon  ,  /.  10  , 
77.472,  ou  Hiera-Pytna,  félon  Pline,  /.  4,  c.  12, 
ville  de  l'ifie  de  Crète,  fur  la  côte  méridionale.  Dion 
Caffius,  /.  36,  dit  Hiera-Pydna  ;  Etienne  le  Géogra- 
phe dit  Hiera-Pytna,  ville  de  Crète.  Elle  s'appelloit 
anciennement  Cyrba  ,  enfuite  Pytna  ,  puis  Camy- 
RUS ,  6c  enfin  Hiera-Pytna.  Strabon,  à  l'endroit  cité, 
dit  que  Pytna  é:oit  une  colline  du  mont  Ida ,  laquelle 
donnoit  fon  nom  à  Hiera-Pytna  ;  le  nom  de'ispa,  ou 
facrée  ,   y  fut  ajouté  ,  parce  qu'au  rapport  des   auteuts 

Mithologiques  on'prétendoit  que  Jupiter  avoit  été  nourri 
par  une  chèvre  dans  un  antre  de  cette  montagne.  Ce 
lieu  conferve  encore  le  nom  de  Hiera-Petra ,  avec  le 
léger  changement  de  l'H  en  G,  6c  s'apelle  GlERA- 
Petra.  Cette  ville  a  été  épifcopale.^  On  trouve  dans 
le  concile  de  Trente  la  foufeription  à'Hippolytus  Ari- 
yabenus  Hiera  -  Pctrenfis. 

HIERA-PITNA,  ou 

Tome  III,    Zz  ij 


3°4 


HIE 


HIE 


HIERA-PYDNA ,  ou 
H1ERA-PYTNA.  Voyez  l'article  précèdent.  _ 
HiERACIA,  ifle  de  l'Archipel:  on  la  nominoit  auffi 
Onus,  félon  Pline,   I.4,  c.  12. 
HIERACON.    Voyez    Hieracum    &c   Accipi- 

TRHlERACOS-CORYPHE,  c'eft-à-dire  le  fommetde 
l'Epervier,  château  d'Afie,  dans  la  Pamphylie,  félon 
Nicetas.  *  Ortd.  Thef. 

1.  HIERACUM , 'isf»*»'  nrtt,  ifle  de  l'Arabie  heu- 
reufe ,  c'eft-à-dire  l'ifle  des  Eperviers.  C'eft  la  même 
qù 'Accipïtrum    infula. 

2..H1ERACUM,  ifle  d'Italie,  fur  la  côte  de  Sardai- 
gne  ,  félon  Ptolomée,  /.  3,  c.  3. 

3.  HIERACUM  ,  ville  de  la  haute  Egypte,  dans  la 
Thebaïde,  félon  Antonin,  hiner.  Il  la  met  entre  lfm 
&  Pejla  ,  à  vingt  mille  pas  de  la  première,  &  à  vingt- 
huit  mille  pas  de  l'autre. 

4.  HIERACUM,  village  de  l'Arabie  heureufe,  Ie'piW 
wix»,  c'eft-à-dire  le  village  des  Eperviers.  Ptolomée, 
/.  6  ,  c.  7,  le  met  fur  le  fleuve  Lar  ;  du  moins  il  eft  ainfi 
dans  les  cartes  dreftées  fur  cet  auteur. 

HIERjEA  ,  petite  contrée  de  la  Libye ,  félon  Etienne 
le  Géographe.  Ortélius,  Tkefaur.  croit  que  c'eft  Berce 
Sps/a  de   Cedrene. 

HIERAMjE,  ville  d'Ane,  dans  la  Cane,  félon  Etienne 
le  Géographe.  - 

HIERANOPOLITANI.  Ce  peuple  eft  nomme  fur 
une  médaille  d'Antinous,  rapportée  par  Antoine  Au- 
guftin.   *Ortei.  Thef.  ;•       _..•; 

HIERAPHE  ,  V?»  ,  ifle  de  la  Libye ,  félon  Etienne 
le  Géographe.  . 

1.  HlERAPLE.  Les  écrivains  Latins.  &  Grecs  difent 
Hierapolis,  ville  de  laPhénicie,  dans  la  Cyrrhefti- 
que  ,  félon  Ptolomée,  L  5  ,  c.  15.  Les  Notices  épis- 
copales  la  placent  dans  FEuphratenfe.  Etienne  le  Geo- 
graphe  la  nomme  HlEROPOLiS.         v';,' 

2  HIERAPLE  ,  Hierapolis  ,  ville  dAlie,  dans  la 
Phrygie ,  ielon  Ptolomée  ,/.?,«.  1.  Etienne  la  met 
entre  la  Phrygie  &c  la  Lydie.  Pline  ,  l.  3  ,  c.  18  ,  qui 
a  connu  cette  ville,  en  nomme  les  habitar.s  HlERAPO- 
lit.E.  Elle  étoit  épiscopale  ;  &  Sifinnius ,  fon  évêque , 
eft  nommé  au  fixiéme  concile  général.  Elle  avoit  beau- 
coup d'eaux  chaudes  ,  &  quantité  de  temples ,  félon 
Etienne.   Vovez  BAMBUCALE. 

3.  HIERAPLE;  ou  Hierapolis,  ville  de  l'ifle  de 
Crète ,  félon  Etienne  :  c'étoit  une  ville  épiscopale ,  &C 
elle  eft  fur  ce  pied-là  dans  les  Notices  eccléiiaftiques. 
Pline,  /.  4,  c.  il,  en  fait  auffi  mention. 

4.  HIERAPLE,  Hierapolis.  Selon  Etienne, il  y  avoit 
une  ville  de  ce  nom  dans  la  Carie.  Il  entend  peur-être 
le  village  de  Hieracome,  dont  il  fait  un  peuple  de  cette 
province.  . 

5.  HIERAPLE,  Hierapolis,  ville  épiscopale  de  1  A- 
rabie,  fous  la  métropole  de  Babba,  dans  laMoabitide, 
félon  une  ancienne  Notice  du  patriarchat  de  Jerufalem. 

6.  HIERAPLE  ,  Hierapolis  ,  autre  ville  épiscopale 
de  l'Arabie ,  fous  la  métropole  de  Boftra ,  félon  la  même 
Notice  qui   diftingue   ces  deux  fîéges. 

7. HIERAPLE,  Hierapolis.  Dorothée  écrit  queS. Mat- 
thieu mourut  à  Hieraple  ,  dans  laParthie.*  Ortd.  Thef. 

HIERAS,  rivière  de  l'Ane  mineure.  VoyezHlERA3. 

HIERAS  lacus  :  c'eft  le  même  que  le  lac  de  Cuti- 
lie.  Voyez  gutilie. 

H1ERASYCAMINOS.  Voyez  Sycaminos  3. 

H1ERASSON ,  ancienne  ville  épiscopale  d'Arabie  , 
fous  la  métropole  de  Beryra ,  félon  une  ancienne  Notice 
du  patriarchat  de  Jerufalem,  dans  laquelle  on  lit  Andra- 
fon  ,  Dias  ,  Mcdauon  ,  Ierajfon,  Nevi.  La  Notice  dres- 
fée  fous  l'empire  de  Léon  le  Sage ,  fous  le  patriarche  Pho- 
tius ,  nomme  ainfi  ces  mêmes  lieux  ;  Boftra ,  métropole, 
Adrafus  ,  Dia ,  Medava ,  GeraJJa  ,  Neve ,  &c  ;  celle  de 
Hieroclès  porte  Gerafa.  Ainfi  Jerajjon ,  Hierafon,  Ge- 
raJJa &c  Gerafa  ,  c'eft  le  nom  d'un  feul  5c  même  fiege. 

H1ERASUS,  rivière  de  la  Dacie,  félon  Ptolomée, 
/.  1 ,  c.%.  Ammien-Marcellin  ,  /.  3 1 ,  c.  3 ,  l'appelle  Ge- 
raSUS,  ce  qui  n'eft  qu'une  différence  peu  fenfible  dans 
la  prononciation.  MM.  Valois  observent  que  cette  rivière 
étoit  à  l'orient  de  la  Dacie  ,  &  que  c'eft  aujourd'hui  la 
Pruth;  ce  qui  eft  le  fentiment  de  Cluvier,  /.  3 ,  c.  41. 


HîERATIS  ,  ville  de  la  Perse  propre  ,  fur  le  golfe 
Perfique ,  félon  Arrien  ,  Indic. 

1.  HIERAX,  ville  d'Egypte,  dans  le  nôme  Maréo- 
tide  ,  félon  Ptolomée,  L  a,  c.  5. 

2.  HIERAX  ,  lieu  du  Peloponnèfe  ,  vers  Monem- 
bafe ,  félon  Cedrene  &C  Curopalate  cités  par  Ortélius , 
Thefaur. 

HlERCON  ou  Iercon.  Voyez  Jericon. 

1.  HIERES  ,  Olbia,  Area  ,  félon  le  Dit!,  de  la. 
France  ,  ville  de  France ,  en  Provence  ,  au  diocèfe  de 
Toulon.  Elle  étoit  autrefois  confidérable  ,  parce  qu'elle 
avoit  un  port  de  mer ,  où  s'embarquoient  les  pèlerins 
de  laTerre-fainte.  Le  port  s'eft  comblé,  &  la  mers'eft 
retirée  plus- de  deux  mille  pas  :  fon  terroir  eft  délicieux 
par  la  beauté  &£  par  l'excellence  de  ce  qu'il  produit  i 
fon  air  étoit  ci-devant  très-mal-fain ,  par  l'infeftion  que 
caufoient  les  eaux  croupiffantes  d'un  grand  étang,  qui  eft 
dans  fon  territoire  ;  mais  depuis  quarante  ou  cinquante 
ans ,  cet  étang  s'étant  fait  un  canal ,  pour  communiquer 
à  la  mer  ,  l'air  y  eft  beaucoup  meilleur.  Cette  ville  a 
long-tems  fervi  d'apanage  aux  puînés  des  vicomtes  de 
Marseille ,  de  la  maifon  de  Fosc  ;  elle  a  même  appar- 
tenu en  propre  à  une  branche  de  cette  maifon  ,  de- 
puis l'an  1140,  jusqu'en  11 5 7,  que  Roger  &  Bertrand 
de  Fosc,  après  un  long  fiége  ,  qu'ils  foutinrent  dans  le 
château  d'Hieres ,  furent  obligés  de  remettre  la  ville  Se 
les  illes  d'Hieres  à  Charles  d'Anjou  ,  duc  du  Maine  & 
comte  de  Provence ,  frère  de  S.  Louis.  Ce  prince  leur 
donna  en  échange  plufieurs  autres  terres  confîdérables. 
On  fait  d'affez  bon  fel  aux  environs  de  cette  ville.  Elle 
députe  aux  aflemblées  de  la  province;  fes environs  font 
les  plus  beaux  du  pays ,  pour  l'excellence  &  la  beauté 
des  fruits.  Son  éghle  paroiffiale  a  été  érigée  en  collé- 
giale, en  .1571.  Son  chapitre  eft  compofé  d'un  prévôt, 
de  fix  chanoines  ,  de  quatre  bénéficiers  &  de  deux  cu- 
rés. Il  y  a  encore  deux  autres  paroiffes ,  deux  couvens 
de  religieux Cordeliers  &  Récollets,  des  filles  Clarifies, 
&  deux  monafteres  de  filles  Bernardines ,  qui  y  ont  été 
transférées  de  S.  Pierre  d'Almanar. 

2.  HIERES,  autrefois  Almanare,  Almanara,  ab- 
baye de  filles  en  France,  de  l'ordre  de  Cîteaux,  &c  dé- 
membrée de  celle  de  S.  Pons.  Elle  étoit  fituée  en  Pro- 
vence, à  trois  lieues  de  la  mer  ,  proche  la  ville  d'Hie- 
res, &  avoit  été  fondée,  en  1243  ;  mais  ayant  été  dé- 
truite par  les  guerres  ,  elle  fut  transférée  à  Hieres ,  à  la 
follicitation  de  l'abbeffe  Saure  de  Glandeves.  Ce  fut 
Gautier  Beraud,  prévôt  de  Pignan,  qui  fit  la  cérémonie 
de  la  transmigration ,  en  vertu  d'une  commiffion  apofto- 
lique  de  Benoît  XIII. 

HIERES,  (les  isles  d')  infula  Arearum  ,  ifles  de 
France ,  fur  la  côte  de  Provence ,  avec  titre  de  mar- 
quifat.  Elles  font  au  nombre  de  trois.  Les  Marfeillois 
les  ont  habitées  les  premiers  ;  ils  les  nommèrent  Stoe- 
chades.  Les  noms  de  ces  trois  ifles'  font  Porquerolles  , 
Pom-croi  &  l'ifle  du  Titan.  Cette  dernière  fut  autre- 
fois appellée  Cabans.  On  trouve  dans  ces  ifles  de  tou- 
tes les  espèces  de  plantes  médicinales ,  les  plus  recher- 
chées dans  l'Italie  ,  dans  la  Grèce ,  &.  même  dans  l'E- 
gypte. 

HIERICHO.  Voyez  Jéricho. 

HIERIMOTH.  Voyez  Jarimoth  &  Jarmuth. 

HIERING,  ville  deDannemarck,  au  Jutland  fepten- 
trional ,  dans  la  préfefture  de  Wensyffel  ,  près  de  la 
côie  occidentale.  *  Hermanides ,  Descirpt.  Damas. 

HIERNA,  pourHlBERNIA. 

HIERNI,  pour  HlBERNI. 

HIEROCjESAREA  ,  ville  de  l'Afie  mineure ,  dans 
la  Méonie ,  félon  Ptolomée ,  /.  s,  ,  c.  2.  Tacite  en  fait 
auffi  mention  au  troifiéme  livre  de  fes  Annales.  Elle  eft 
comptée  entre  les  villes  épiscopales  de  Lydie  ,  dans  la 
Notice  de  Léon  le  Sage  ;  celle  d'Hierociès  la  nomme 
Hierocajtellia ,  l'epo>«t?îW./rf. 

HIEROCASTELLIA.  Voyez  l'article  précédent. 

HIEROCEPIA,  Ufiklim*;  ville  de  l'ifle  de  Cypre, 
félon  Strabon,  /.  14,  p.  684.  Pline,  /.  5  ,  c.  31  ,  en 
fait  une  ifle  ,  auprès  de  la  nouvelle  Paphos.  Ce  nom 
fignifie  le  jardin  facré.  Selon  Lufignan ,  c'eft  préfente- 
ment  le  bourg  de  Hierochipe.  Cette  ville  a  été  épisco-. 
pale  ;  car  Philetus  ,  fon  evêque ,  fouscrivit  au  fécond 
concile  d'Ephèfe. 


HIE 


HII 


HIERODULUM ,  ville  de  la  Libye  ,  félon  Suidas 
ck  Etienne  le  Géographe. 

HIEROLOPH-ENSES,  peuple  de  l'Afie  mineure, 
dans  la  Petgamène,  félon  Pline,  /.  5  ,  c.  30.  Ce  nom 
vient  de  Hieros  Lophos  ,  'ligys  X^siç  ,  lefacré  coteau. 

HIEROMIACE,  fleuve  d'Afie,  dans  la  Décapole; 
il  coule  auprès  de  Gadara  ,  félon  Pline ,  /.  5 ,  c.  18.  Le 
P.  Hardouin  observe  que  c'eft  le  Jarmoch  qui  couloit  des 
montagnes  de  Galaad,  au  pays  des  Gergeffëens ,  où  étoit 
Gadara. 

H1ERON.  Voyez  Sacrum.  Ptolomée ,  /.  2 ,  c.  1 , 
&  /.  3  ,  c.  8,  nomme  ainfi  deux  promontoires,  l'un  de 
l'Irlande  ,  et  l'autre  de  la  Sarmatie  en  Europe  ,  à  la 
presqu'ifle  nommée  la  course  d'Achille. 

1.  HIERON  OROS,  c'eft-à-dire  \a.  montagne  facrée , 
ville  maritime  de  Crète,  fur  la  côle  méridionale,  félon 
Ptolomée,  /.  3  ,  c.  17.  Ses  interprètes  le  rendent  par 
MONTE  SACRO  ;  mais  il  y  atout  lieu  de  foupçonner, 
avec  Ortélius  ,  que  c'eft  plutôt  la  traduction  gram- 
maticale de  l'ancien  nom  ,  que  le  nom  moderne. 

2.  HIERON  oros,  cu$ï  "opof  ,  montagne  de  l'Afie 
mineure,  fur  le  Pont-Eu\in ,  à  cent  cinquante  ftades  de 
Coralles,  &  à  quarante  de  Cordyle  ,  port  de  mer,  fé- 
lon Arnen  ,  dans  fon  Périple  du  Pont-Euxin,  p.  17. 
edii.  Oxon.  Xénophon,  dans  faRetraite  des  dix  mille  , 
/.  4,^.339,  edit.  Steph.  1615,  parle  de  cette  monta- 
gne, 6c  nous  la  déligne  par  le  furnom  de  montagne  fa- 
crée  ;  mais  outre  cela  ,  il  en  marque  le  nom  particulier, 
favoir  0a^â<  ,  THECHES.  Il  y  a  en  marge  'Hyjiç, 
ECHES. 

HIERONESOS,  ifle  de  la  Méditerranée ,  félon  Pline, 
l.  3  ,  c.  8.  Elle  eft  entre  la  Sicile  &  l'Afrique. 

1.  HIERON  STOMA  ,  "ispàv  çi/xa,  c'eft  à-dire  la 
touche  facrée.  Les  géographes  Grecs  ont  donné  ce  nom 
à  une  des  " 


des  bouches  duUanube.  Voyez  au  mot  Danube. 

2.  HIERON  STOMA,  lieu  particulier  fur  le  Bosphore 

deThrace.  Il  en  eft  fait  mention  parEuftathe,  inDionyf. 

Periegef.   &c  par  George  l'Alexandrin,    dans  la  Vie  de 

S.  Jean  Chryfoftome. 

HIEROPOLIS.  Voyez  Hierapolis. 
H1EROSOLIMA.  Voyez  Jérusalem. 
HIERPINIANENSIS,  Hirpinianensis,  liège  épis- 
copal  d'Afrique  ,  dans  la  Byzacène  ,  félon  la  Conférence 
de  Carthage  ,  où  il  eft  parlé  de  Barbarus  ,  fon  évêque. 
La  Notice  d'Afrique  fait  auflî  mention  àe  Félix. 

HIE.RRE  ou  YERRE  ;  Hedera  ou  Edera  ,  félon  le 
Dicl.  de  la  France,  abbaye  de  l'Ifle  de  France,  au  dio- 
cèfe  &C  dans  le  territoite  de  Paris  ,  à  quatre  lieues  de  la 
ville  ,  au  midi  fur  la  rivière  d'Yerre.  Ce  font  des  reli- 
gieufes  de  l'ordre  de  S.  Benoît ,  fous  le  titre  de  hfainte 
Vierge.  Elle  a  été  fondée  du  tems  d'Etienne ,  évêque  de 
Paris  ,  en  1122,  par  Euftachie  ,  comtelTe  d'Èftampes  &C 
de  Corbeil,  fœur  de  Louis  le  Gros. 

HIERVILLE  ,  bourg  de  France  ,  en  Normandie ,  au 
pays  deCaux,  dans  le  diocèle  de  Rouen,  entre  Ouville- 
l' Abbaye ,  Englesqueville-fur-Sanne,  Bourdinville  ,  Hec- 
tot-1'Auber  fk  Heugleville.  *  Corn.  Dift. 

1.  HIERUS  ,  ancien  nom  d'une  rivière  de  rifle  de 
Corse ,  dans  fa  partie  orientale  :  ce  nom  veut  être  joint 
avec  celui  de  Potamos ,  Se  fignifie  rivière  facrée.  On 
doute  fi  ce  n'eft  pas  la  même  rivière ,  que  l'on  nomme 
aujourd'hui  l'ORBE.  *  Ptolom.  1.  3,  c.  2. 

2.  HIERUS,  autre  rivière  de  l'ifle  deSardaigne,  dans 
fa  partie  occidentale  ;  fon  embouchure  étoit  entre  Ufel- 
lis  &  Ofiea.  C'eft  aujourd'hui  la  rivière  de  Sacro. 

3.  HIERUS  SINUS  ,  ou  le  golfe facré ,  golfe  près  de 
la  ville  d'Arade ,  félon  Etienne  le  Géographe. 

HIERUSALEM.  Voyez  Jérusalem. 

HIERY,  ville  d'Afie ,  dans  la  Choraffane  ,  dont  elle 
eft  la  capitale ,  félon  don  Juan  de  Perse.  Ce  qui  la  fait 
eftimer  la  principale  de  cette  province ,  c'eft  fa  grandeur 
extraordinaire  ,  &  le  nombre  de  fes  habitans ,  qui  paffe 
celui  de  cent  mille  ;  fi  l'on  y  comprend  les  mailons  de 
plaifance ,  &  les  jardins  qui  la  joignent  ,  elle  a  plus  de 
fix  grandes  lieues  de  circuit.  Elle  eft  fituée  fur  une  hau- 
teur, au  bord  de  la  rivière  de  Habin  ,  avec  de  bonnes 
murailles  ,  des  foliés  d'eau  vive  ,  Se  trois  cents  tours 
éloignées  l'une  de  l'autre  d'une  mou^quetade.  Quelques- 
uns  croient  que  c'eft  la  Rhéa  de  Ptolomée.  *  Corn.  JDift. 
Dayity. 


35 s 

La  capitale  de  la  Khoraflane  ,  c'eft  Balck.  Il  y  a  bien 
de  l'apparence  que  cette  Hiery  eft  la  même  ville  que 
Herat. 

HIESME  & 

HIESMOIS.  Voyez  HiÈMES  &  Hiémois. 
HiEU,  forterefle  de  la  Chine  ,  dans  la  province  de 
Suchuen  ,  au  département  de  Jungning,  première  forte- 
reffe de  la  province.  Elle  eft  plus  occidentale  que  Pékin, 
de  14  d.  4',  par  les  29  d.  13'  de  latitude.  *  Atlas  Si- 
nenfis. 

H1EUNING ,  ville  de  la  Chine  ,  dans  la  province 
de  Kiangnan  ,  au  département  de  Hoeicheu  ,  quator- 
zième métropole  de  la  province.  Elle  eft  de  40'  plus 
orientale  que  Pékin,  parles  3od.  15'  de  latitude.  *  Atlas 
Sinenfis. 

H1GH  :  ce  mot  eft  anglois,  &  fignifie  haut.  Il  en- 
tre dans  la  compofition  de  quelques  noms  géographi- 
ques. 

HIGHCROSSE,  village  d'Angleterre,  dans  le Leices- 
tershire  ,  à  quatre  lieues  de  Leicefter  ,  du  côté  du  midi. 
On  croit  que  c'étoit  anciennement  une  ville  des  Cori- 
tains.   Voyez  VENNONES.   * Baudrand,  éd.  1705. 

HIGHAM-FERRERS,  ville  d'Angleterre ,  dans  la 
province  de  Northampton.  Outre  que  l'on  y  tient  mar- 
ché ,  &  qu'il  y  a  une  école  publique  ,  elle  envoie  fes 
députés  au  parlement.  *  Etat  préjent  de  la  Gr.  Breta- 
gne, t.  I  ,  p.  93. 

HIGHLAND,  c'eft-à-dire  le  haut-pays.  On  appelle 
ainfi  la  partie  de  l'Ecofie,  qui  eft  pleine  de  montagnes  j 
ôx  Highlanders  ,  ceux  qui  habitent  cette  partie  ;  c'eft  ce 
que  nous  appelions  les  montagnards  d'Ecojfe. 

HIGNATIA  via,  grand  chemin  public  dans  la  Ma- 
cédoine. Il  avoit  cinq  cents  trente  milles  de  longueur  , 
félon  Strabon  ,  /.  7.  li  eft  nommé  Egnatia ,  dans  l'Epi- 
tome  de  fon  livre  ;  mais  il  ne  faut  pas  le  confondre 
avec  Y  Egnatia  via  ,  qui  étoit  en  Italie.  Celui  dont  nous 
parlons  ici ,  menoit  depuis  la  mer  Ionienne  jusqu'à  l'Hel- 
lespont.  Ciceron  en  fait  mention  dans  fon  Oraifon  tou- 
chant les  provinces  confulaires.  *  Ortel.  Thef. 

HIGUCY  :  la  plus  orientale  des  cinq  provinces  qui 
partageoient  fille  Espagnole  ,  lorsque  Chriftophe  Co- 
lomb en  fit  la  découverte  ,  ÔC  qui  avoient  chacune  leur 
fouverain.  Le  Higucy  avoit  pour  bornes ,  à  la  cô:e  du 
nord,  le  fleuve  Yaqui ,  &  à  celle  du  fud  l'Ozama ,  fur  le- 
quel eft  bâtie  la  ville  de  San-Domingo.  Les  peuples  de 
ce  canton  étoient  un  peu  plus  aguerris  que  les  autres, 
parce  qu'ils  avoient  fouvent  à  le  défendre  des  Caraïbes, 
qui  failoient  continuellement  des  descentes  fur  leurs  cô- 
tes. Ils  étoient  armés  de  flèches ,  comme  leurs  enne- 
mis ;  mais  il  s'en  falloit  beaucoup ,  qu'ils  s'en  ferviflent 
auflî- bien  qu'eux  :  auflî,  la  plupart  du  tems,  ne  fe  défen- 
doient-ils  que  par  la  fuite. 

Au  tems  de  la  découverte  de  leur  ifle ,  par  les  Espa- 
gnols ,  le  Cacique  ou  le  fouverain  du  Higucy  fe  nom- 
moit  Cayacoa  ;  mais  il  mourut  bien-tôt  après.  Sa  veuve 
fe  fit  Chrétienne,  &  fut  nommée  Agnes  Cayacoa.  Elle 
ne  furvécut  pas  long- tems  à  fon  mari ,  auquel  elle  avoit 
fuccédé  dans  fa  principauté  :  &  fes  états  pafferent  à  un 
Cacique,  nommé Cotrebanama ,  dont  le  féjour  ordinaire 
fut,  au  moins  pendant  quelque  tems  ,  à  la  presqu'ifle  de 
Samana  ou  aux  environs.  Barthelemi  de  las  Cala  donne 
à  cette  province  une  reine,  qu'il  appelle  Higuanama,  &c 
ajoute  que  les  Espagnols  la  firent  pendre.  Les  autres  his- 
toriens n'en  parlent  point. 

HIGUERA  ,  village  dans  l'Andaloufie  ,  à  huit  lieues 
de  Lucar-la-Major,  du  côté  du  nord  :  on  y  voit  les  rui- 
nes de  l'ancienne  NERTOBRICA.  *  Baudrand,  éd.  170^. 
HIHIMANI  :  on  nomme  ainfi  la  bafle  ville  de  Car- 
thagène,  en  Amérique;  6k  ce  nom  eft  un  mot  indien, 
qui  fignifie  fauxbourg.  Ce  quartier,  qui  étoit  très-bien 
fortifié,  lorsque  M.  de  Pointis  attaqua  Carthagène,  en. 
1697,  fut  emporté  d'aflaut  ;  mais  les  aflîégeans  y  perdi- 
rent beaucoup  de  monde  ,  entr'autres  ,  le  vicomte  de 
Coërlogon  ,  capitaine  de  vaifleaux.  Ce  fut  M.  DucafTe, 
qui  commanda  cette  attaque  ,  &  qui  parut  le  premier  fur 
la  brèche. 

HII,  ifle  entre  les  ides  Britanniques,  félon  Bede  :  il 
en  nomme  les  habitans  HlENSES.  Ortélius  dit  :  elle 
eft  en  Ecofle  ;  mais,  félon  Herman  le  Petit,  {Hcrmat~ 
nus  Contractas,)  elle  eft  attenant  l'Irlande  ;  &c  S.  Co- 


366 


HIL 


HIL 


lomban  en  étoit  abbé.  Selon  Camc'en,on  la  nomme  au- 
trement JONA. 

HUAR,  terre  &  baronnie  d'Efpagne,  en  Aragon, 
fur  une  petite  rivière  nommée  Martin ,  (l'abbé  de  Vai- 
rac  dit  Marin;  mais  Rodrigue-Mendez  Sylva  ,Poblacion, 
p. \-i,i, fol.  verfo,  dit  Martin,)  à  douze  lieues  de  Sar- 
ragooe.  Il  y  a  un  bon  château,  avec  une  bourgade  de 
cinq  cents  feux  ,  une  paroifTe  &  un  couvent  de  l'ordre 
de  S.  François.  Jacques  I ,  roi  d'Aragon ,  l'ayant  reprife 
for  les  Mores,  en  gratifia  D.Pedro-Fernandes ,  fonfils 
naturel,  qui  en  prit  le  furnom.  Elle  fut  érigée  en  du- 
ché ,  l'an  1483 ,  par  le  roi  D.  Ferdinand  le  Catholique , 
en  faveur  de  Jean-Fernandes  II,  du  nom  ,  ijju  de  ce 
D.  Pedro-Fernandes ,  dont  nous  venons  de  parler  ,  & 
une  feconde  fois,  en  1614,  par  Philippe  III,  roi 
d'Efpagne,  en  faveur  de  D.  Jean-Chriftophe- Louis- 
Fernandes  de  Hijar,  feigneur  de  Hijar,  &  quatrième 
comte  de  Belchite,  arriere-petit-fils  du  premier  duc: 
le  nouveau  duc  mourut  la  même  année ,  6c  ne  laiila 
qu'une  fille  ,  dona  Ifabelle  -  Marguerite  -  Fernandes  de 
Hijar ,  qu'il  eut  de  dona  Françoiïe  de  Caftro  &  Pinos , 
comteffe  de  Volfegona ,  fa  féconde  femme.  Cette  hé- 
ritière porta  le  duché  de  Hijar,  avec  tous  les  autres  états 
de  fon  père  Sx.  de  fa  mère,  à  D.  Rodrigo-Sarmiento 
de  Silva,  &  Villandrando  ,  comte  de  Salinas  &  de 
Ribadeo ,  fécond  marquis  d'Alenquer ,  iffu  de  l'ancienne 
&  illuftre  maifon  de  Silva ,  lequel  ayant  trempé  dans 
la  conlpiration  de  D.Charles  de  Padilla,  contre  le  roi 
Philippe  IV ,  fut  pris  Sx.  conduit ,  comme  criminel  d'état 
au  premier  chef ,  au  château  de  Léon,  où  il  finit  mi- 
sérablement fes  jours.  D.  Diego  Fran^ois-Viftor-Sar- 
miento  de  Silva  ,  fon  fils  aîné,  fuccédaafesetats,  fkfut 
cinquième  duc  de  Hijar  :  il  eut  plufieurs  enfans  de  trois 
femmes  qu'il  époula  ;  mais  les  mâles  étant  morts  en  bas 
âge ,  le  duché  tomba  derechef  en  quenouille  ,  Sx  échut 
à  dona  Jeanne-Petronille  de  Silva-Aragon ,  Sarmiento, 
&c.  née  en   1666.  Elle  époufa  en  premières  noces,  le 

L Décembre  1688  ,  D. Frédéric  de  Silva,  fon  coufin  ; 
en  fécondes ,  Ferdinand  Pignatelli ,  neveu  du  duc  de 
Monteleon,  Sx  fils  puîné  de  D.  Agnel  Pignatelli, 
prince  de  Monte-Corvino  ,  &  duc  de  Saint-Maur,  au 
Royaume  de  Naples  ;  lequel  porte  le  nom  de  duc  de 
Hijar.  *Vayrac,  Etat.  préf.  de  l'Efpagne , /.  3  ,  p.  86. 

HILA  ,  ville  d'Afie,  dans  la  Carie  ,  félon  quelques 
éditions  de  Pomponius  Mêla,  (/>.  44, fol.  verf  edie. 
Olivarii.)  Celle  de  Voffius  donne  Schoenus  ambit  Hy- 
lam;  c'eft -à-dire ,  le  Schoene  entoure  Hyla. 

HILARA ,  rivière  d'Allemagne.  Il  en  eft  parlé  dans 
la  Vie  de  S.  Udalric  ,  dans  Surius.  C'eft  I'Iller. 

HILARENSE  Oppidum  ,  bourg  d'Afrique  ,  auprès 
de  Carthage.  S.  Auguftin  en  fait  mention ,  Epijl.  162. 

HILAS  ,  petite  ville  d'Efpagne ,  dans  la  Caftille  nou- 
velle. Elle  eft  fituée  fur  le  penchant  d'une  colline  ronde, 
au  haut  de  laquelle  eft  le  château.  Il  n'y  a  pas  loin  delà  à 
Siguença.  *  Corn.  Diction.  Journal  du  Voyage  d'Efpgne. 

HILATIDES  ,  EiMTÎ/es  ,  forêt  d'Afie,  dans  la  Be- 
brycie,  félon  Orphée  cité  par  Ortélius,  Thefaur. 

HILDBURGHAUSEN.  Voyez  Hilpershausen. 

1.  HILDESHEIM,  ville  libre  impériale  d'Allemagne, 
dans  la  baffe  Saxe  ,  fur  la  rivière  d'Innerfte  ,  dont  Bau- 
drand  fait,  mal-à-propos,  un  ruiffeau,  quoique  ce  foit  une 
rivière  qui  reçoit  plus  d'une  douzaine  de  ruiffeaux  ou  riviè- 
res. Elle  a  été  ville  anféatique.  Quelques  uns  croient  que 
Louis  le  Débonnaire,  qui  la  fit  bâtir,  lui  donna  le  nom 
de  (a  mère  Hildegarde  ,  que  les  Allemands ,  par  abbrévia- 
tion  prononçoieur  Hilde.  Le  mot  qui  termine  ce  nom , 
eft  expliqué  à  l'article  Hameau.  Zeykr,  infer.  Sax. 
Topogr.  p.  139,  rapporte  plufieurs  autres  opinions  fur 
l'étymologie  d'Hildesheim.  Cette  ville,  félon  Bertius , 
Comm.  rer.  Germ.  1.  3  ,  p.  577  ,  eft  fituée  331  d.  50' , 
de  longitude,  &  à  51  d.  28'  de  latitude.  Au  levant,  il  y 
a  un  fauxbourg ,  fur  une  hauteur  ,  lequel  a  été  autrefois  fa- 
meux ,  à  caufe  d'une  églife  de  S.  Maurice.  La  ville  eft 
plus  grande  qu'Halberftat  ;  mais  ce  font  de  vieilles  mai- 
fons  ;  les  rues  y  vont  en  montant  &  en  defcendant, 
font  inégales ,  Sx  nullement  droites.  On  la  partage  en 
vieille  ville  Sx  ville  neuve.  Dans  la  vieille  ville  eft  la 
cathédrale,  avec  cinq  ou  fix  autres  églifes,  fans  com- 
pter fainte  Cécile,  qui  eft  auprès  de  la  cathédrale,  Sx 
deux  autres  églifes  qui  font  dans  la  ville  neuve.  Ces 


églifes  font  partie  aux  Catholiques  &  partie  aux  Luthé- 
riens. Le  magiftrat  de  cette  ville  admit  la  confeffion 
dAugsbourg,  en  1542,  ou  43  ;  Sx  les  deux  religions 
y  ont  fubfifté  depuis  ce  tems.  Cependant  les  Catholiques 
ont  confervé  la  cathédrale ,  Sx  ont  un  évêque  Catholi- 
que ,  le  feul  qu'il  y  ait  dans  la  Saxe  entière.  Jofeph  Clé- 
ment de  Bavière  ,  électeur  de  Cologne  &  prince  de 
Liège,  étoit  évêque  de  Hildesheim.  Chaque  ville,  la 
vieille  Sx  la  neuve,  a  fon  confeil  particulier  ,  compofé, 
pour  la  plupart ,  des  communautés  Sx  corps  de  métiers  , 
dont  les  membres  font  changés  tous  les  ans ,  Sx  fans  le 
confentement  duquel  on  ne  peut  établir  rien  de  confidé- 
rable  à  la  charge  du  peuple.  La  ville  a  des  privilèges 
affez  beaux ,  entr'autres  ,  celui  de  fe  gouverner  par  fes 
propres  loix  ;  &C  quoiqu'elle  reconnoiffe  fon  évêque  pour 
fupérieur,  il  eft  obligé  de  refpefter  (es  privilèges,  parce 
qu'en  cas  de  violence ,  le  peuple  de  Hildesheim  fe  jet- 
teroit  fous  la  protection  des  princes  de  la  maifon  de 
Brunswig,  qui  ne  manquent  jamais  d'intervenir ,  en  cas 
de  mésintelligence  dans  la  ville  ,  comme  il  arriva  en 
171 1.  L'électeur  de  Bruns-wig  -  Hanover,  y  mit  fes 
troupes ,  qu'il  retira  dès  que  les  différends  furent  affoupis. 
La  ville  eft  bien  peuplée  Sx  bien  fortifiée,  a  de  belles 
fontaines  &  de  riches  marchands.  Il  y  à  Hildesheim 
deux  chofes  fingulieres  à  remarquer. 

La  première  eft  la  fameufe  Jrmenful,  comme  écrit 
Zeyler,  ou  Irminfa'ul  ou  Irmenfaul  ;  c'eft  une  ftatue 
qui  repréfente  un  homme  armé  de  toutes  pièces  (a)  , 
tenant  dans  fa  main  droite  une  lance ,  au  haut  de  la- 
quelle eft  un  long  étendard  en  pointe ,  fur  lequel  on  voit 
une  rofe  :  de  la  main  gauche  il  tient  une  balance  (b). 
Sur  fa  poitrine  eft  repréfente  un  ours;  Sx  fon  écu  qui 
lui  convre  le  ventre ,  porte  un  lion  au-deffous  d'une  ba- 
lance. *  (a)  Schedii  Syntagma  de  Diis  German. 
Q>)  Syngram.  l^c-i.  

Les  favans  ne  conviennent  pas  du  lieu  ou  étoit  cette 
idole.  Crantzius ,  Saxon ,  1.  2 ,  c.  9 ,  dit  qu'elle  étoit 
à  Herbourg  en  Weftphalie.  Grégoire  de  Tours ,  nomme 
ce  lieu  Hermopolis.  D'autres  difent  qu'elle  étoit  à 
Mertzburg ,  fur  la  Saale.  Le  nom  dt  Hermopolis ,  em- 
ployé par  Grégoire  de  Tours,  eft  fonde  fur  ce  que 
quelques-uns  ont  cru  fauffement,  que  le  nom  de  cettefta- 
tue  étoit  Hermetis  Statua,  Sx  qu'elle  repréfentoit  Mer- 
cure. C'eft  une  ftatue  du  fameux  Herman ,  ou  Irmin  , 
chef  des  Germains  ,  guerrier  fameux  ,  que  les  Romains 
appelèrent  Arrr.inius ,  &qui,  après  fa  mort ,  fut  honoré 
comme  un  dieu  ,  à  caufe  de  fa  valeur.  C'eft  ainfi  que  les 
Vandales  adoraient  à  Gadebusc  ,  le  dieu  Radagafte ,  qui 
avoit  été  un  de  leurs  rois.  Voyez  Gadebusch.  Sche- 
dtus  rapporte  une  inscription  ,  qui  étoit  fous  cette  fta- 
tue ;  on  y  lifoit  ces  mots  : 

Dux  ego  gentis  Saxonum  victoriam  cer- 

TAM 
POLLICEOR   ME  VENERANTIBUS. 

Ces  mots  ne  font ,  fans  doute  ,  que  la  traduction  de  ce 
qui  y  étoit  en  langue  Teutone;  car  les  anciens  Ger- 
mains ne  fe  fervoient  pas  du  latin.  Schedius,,il  eft  vrai, 
cite  Dithmar  comme  fon  garant,  Sx  renvoie  au  livre  2. 
On  lui  reproche  que  Dithmar  ne  dit  rien  de  pareil  au 
livre  cité  ;  en  tout  cas,Schedius  n'eft  pas  le  feul  qui  ait 
cité  ce  fécond  livre  de  Dithmar,  Sx  Meibom,  dans  fa 
Differtation  inutilée  Irmynfula  Saxonica ,  fait  la  même 
faute ,  fi  c'en  eft  une.  Du  refte  Rheginon  dit  Hermanfaul; 
Sigebert  de  Gemblours  dit  Hormenful  ;  on  trouve  dans 
d'autres  chroniques  Hermenfuel ,  Hermenful ,Adurm en- 
fui Sx  Armenful.  On  peut  voir  fur  ce  fujet  la  Differta- 
tion de  Meibom  ,  au  troifieme  tome  de  fon  Recueil  des 
hiftoriens  de  l'Allemagne.  On  y  trouvera  qu'à  l'égard 
de  l'infcription,  elle  fe  trouve  dans  Crantzius,  au  fé- 
cond livre  de  fon  Hiftoire  de  Saxe. 

Cette  ftatue  eft  préfentement  devant  le  choeur  de  la 
cathédrale  ;  Sx  aux  fêtes  folemnelles ,  on  la  fait  fervir  à 
porter  des  cierges  qu'on  y  allume.  Quand  on  la  frappe 
avec  un  couteau ,  elle  rend  un  fon  fort  clair.  Dans  les 
grandes  chaleurs  de  l'été  ,  elle  eft  très-froide  ;  &  cepen- 
dant on  diroit  qu'elle  fue.  *  Wagenfeil,  Synopf.  Geogr. 
p.  295. 

L'autre  fingularité  eft  une  coutume  à  laquelle  les  PP.  Je- 


HIL 


HIL 


fuîtes  de  Hildesheim  font  obligés.  Ils  jouiflent  de  quel- 
ques concevions ,  à  la  charge  de  faire  tous  les  ans ,  à  un 
Jour  marqué,  une  foupe  dans  une  très-grande  marmite, 
-a  quantité  &  la  qualité  des  viandes  ,  les  herbes ,  les  ra- 
cines ,  les  épiceries  ,  tout  doit  être  exactement  compté 
ou  pefé ,  fans  qu'il  foit  permis  d'en  rien  omettre.  Il  en 
réfulte  un  jus  très-fort  ,  dont  ils  doivent  envoyer  à  cha- 
que magiftrat ,  à  chaque  chanoine  ,  enfin  à  ceux  qui 
ont  droit  d'en  recevoir.  Ce  jus  eft  fi  fort,  qu'en  mettant 
«ne  cuillerée  dans  un  plat  d'eau  chaude ,  il  s'en  tait  un 
excellent  plat  de  foupe  ;  &c  cela  fe  garde  très-long- 
tems,à  caufedes  épiceries  qui  le  confervent.  Cette  fin- 
guliere  fondation  fubfifte  toujours.  Les  PP.  ont  voulu 
en  racheter  l'obligation  ;  mais  il  n'ont  pu  en  venir  à 
bout  :  s'il  y  manquoient  une  feule  fois ,  ils  perdroient 
ce  dont  la  jouiflance  eft  attachée  à  cette  bizarre  institu- 
tion. *  Mem.  communiqués. 

l'Eveché  de  HILDESHEIM  ,  comme  on  a  vu 
dans  l'article  d'AuLlCA  ,  eft  une  continuation  de  cet 
évêché.  L'état  de  l'évêque  eft  un  petit  pays  qui  con- 
fifte  en  quinze  bailliages  ,  &c  confine  avec  les  duchés  de 
Lunebourg  &  de  Wolfenbutel ,  fit  avec  la  principauté 
de  Halberftat.  L'évêque  eft  fuffragant  de  Magdebourg. 
Les  principaux  lieux  de  l'évêché  font, 

Himmelsthûr ,  château  de  plaifance ,  près  de  Hildes- 
heim. 

Peina ,  petite  ville  forte  avec  un  château  dans  un  ma- 
rais. 

Wint^enbourg ,   autrefois  comté   célèbre. 

Daflel,  qui  avoit  autrefois  Ces  comtes  particuliers. 

Lamfpring ,  monaftére  où  il  n'y  a  que  des  Catholi- 
ques Anglois. 

Ringelheim ,  monaftére  dont  les  comtes  de  Ringel- 
heim  prenoient  leur  nom. 

Les  bailliages  de  Coldingen,  Luttern  ,  Bahrenberg  & 
Wejlerhoff 'ont  été  de  cet  évêché ,  &  appartiennent  pré- 
fentement  à  la  maifon  de  Braunswig  par  le  traité  de  Gos- 
lar  en  1641 ,  ratifié  l'année  iuivante  à  Brunswig ,  &  con- 
firmé par  la  paix  de  Weftphalie. 

2.  HILDESHEIM  ,  bourg  d'Allemagne,  dans  l'élec- 
toral de  Trêves,  fur  la  rivière  de  Kyll,  à  cinq  lieues 
au-deflus  de  Kilburg.  C'eft  le  chef-lieu  d'un  bailliage 
de  même  nom,  enclavé  dans  le  comté  de  Manderfcheid. 
*  Baudr.  éd.    1705. 

HILDINACUM ,  nom  de  lieu ,  dans  l'Afie  propre- 
ment dite ,  félon  la  conjecture  d'Ortélius,  Thef.  qui  foup- 
çonné que  ce  nom  eft  corrompu.  11  fe  trouve  au  refte 
dans  Frontin,  Stratag.  1.  3  ,  c.  17;  &  quelques  manus- 
crits portent  Thidiacum  ;  &:  l'éditeur  de  ce  livre  chez 
Plantin,  1607,  ajoute  qu'il  faut  peut-être  lire  Rhindi- 
ï.'II  s'agitjdans  Frontin,  d'un  ftratagême  de  Fim- 


HILEIA,  lieu  d'Afie,  vers  la  Perfe  propre,  félon 
Ammien  Marcellin  ,  /.  18,  c.  3.  Il  parle  d'un  combat 
qui  s'étoit  donné  la  nuit  auprès  d'Hileia  &  de  Singara. 
Rufus  Feftus ,  in  Breviario  ,  femble  appeller  ce  lieu 
ELEIA.  Noclurna  verb  Ekienfi  propl  Singaram  pugna, 
dit  cet  abbréviateur  de  l'Hiftoire  Romaine. 

HILELA,  ville  d'Afrique,  au  pays  de  Segelmefle, 
dans  la  province  de  Matagara  ,  dont  elle  eft  la  princi- 
pale, fur  la  rivière  de  Zis.  C'eft  laréfidence  de  chaque 
Arabe,  qui  a  une  famille  ou  branche  de  fa  tribu  ,  dis- 
perféepar  la  campagne,  fous  des  tentes,  &£  une  autre 
en  garnifon  dans  la  ville  qui  eft  forte.  Perfonne  ne  peut 
paffer  par  cette  contrée  fans  fa  permiffion  ;  &  fi  les  fol- 
dats  rencontrent  quelque  caravane  fans  paffeport  ,  ils  la 
pillent,  &c  dépouillent  ceux  qu'ils  trouvent.  Le  Che- 
rif  y  tient  aujourd'hui  garnifon  pour  la  fureté  des  che- 
mins &  des  habitans,  de  peur  des  Arabes  de  Ménébo, 
qui  tiennent  en  fujétion  tous  ces  quartiers.  *  Marmot  , 
1.  7  ,  c.  27. 

Ce  Chérif  dont,  parle  Marmol,  a  eu  pour  fuccefTeur 
l'empereur  de  Maroc.  Ce  lieu  eft  nommé  Helel,  par 
De  rifle  qui  le  marque ,  comme  un  village  fur  la  rivière 
de  Zis ,  dans  fa  Carte  de  la  Barbarie. 

HILERDA  pour  Ilerda.   Voyez  Lerida. 

HILICANUM.  Voyez  Adicakum. 

HILINONICUM  Bellum.  Egh'mard  nomme  ainfi, 


3  «7 

dans  la  Vie  de  Charlemagne,  une  des   guerres  que  ce 
monarque  eut  à  foutenir.    Ce  mot  veut  dire  la  guerre 
que  Charlemagne  fit  aux  HlLINONS.    Le  peuple   Hili- 
nones  eft  nommé  dans  les  Annales  écrites  par  l'Aftro- 
noine,  ad  ann.%11.  On  y  lit  que  le  roi  ayant  pattagé  fon 
armée  en  trois  corps,  en  envoya  un  au-delà  de  l'Elbe, 
contre  les  Hilinons  ;  qu'elle  ravagea  leur  pays  &  releva 
le  château  de  Huobuchi ,  que  les  Wilfes  avoient  détruit 
l'année  précédente  ;  &  ailleurs ,  que  Charles,  fils  de  l'em- 
pereur, pafla  l'Elbe  fur  un  pont,  &  mena  l'armée  qu'il 
commandoit   contre  les  Hilinons   &i  les  Smeldingues , 
qui  avoient  quitté  fon   parti  pour  prendre  celui  de  Go- 
defroi  ;  qu'après  avoir  ravagé  leurs  terres ,  il  reparla  le 
fleuve ,  ôc  revint  en  Saxe.    Dans  tous  ces  deux  parta- 
ges ,  il  y  a  en  margeLlNONES.  Bangert ,  dans  fes  Notes 
fur  la  Chronique  d'Helmold ,  p.  11  ,  prend  ce  p2ys  pour 
Lunebourg.    Mais  il  ne  convient  point  au  récit  des  An- 
nales.   Pour  aller  chercher  les  Hilinons ,  il  falloit  paf- 
fer l'Elbe  ;  &  le  pays  de  Lunebourg  éft  en-deçà  de  ce 
fleuve , .  aux  environs  de  l'Aller.  D'ailleurs  les  Wilfes  , 
qui  avoient   détruit  le   château  de  Huobuchi ,  étoient 
un  peuple  d'entre  les  Slaves ,  &  occupoient  partie  de  la 
Pomeranie,  vers  la  Pêne.   Il  eft  pourtant  vrai  que  les 
Hilinons ,  Linons  ou  Lini ,  font  un  même  peuple.  Spe- 
ner  croit  qu'ils  étoient  anciennement  avec  le  peuple  lZcrit 
aux  environs   du  Wefer ,  (Notit.  Gerinan.  Med.  c.  3  , 
/M79>  388,  )&  qu'ils  prenoient  leurs  noms  de  I'Ihne 
&  de  TUBK.ER,  rivières  qui   tombent  dans  l'Aller  & 
enfuite  dans  le  Wefer  ;  mais  ayant  parte  au-delà  de  l'Elbe, 
ils  donnèrent  les  mêmes  noms  à  d'autres  rivières.  Celle 
à'Ucker  eft  d'autant  plus  fameufe  qu'elle  donne  fon  nom 
à  une  partie  du  Brandebourg ,  qui  en  prend  celui  d'Z7c- 
kermarck.  Il  en  eft  de  même  des  Wilfes.  La  rivière  de 
Vilfe  les  bornoit  ;  mais  ils  paflerent  l'Elbe,  &  donnè- 
rent   leur  nom  à  la  Welfe  ,   qui  tombe  dans  l'Oder , 
aux  confins  de  l'Ucker-Marck  &  de  la  Pomeranie.  Wils- 
nach,  bourg  dans  le  Pregnitz,  &C  Wilfen  village  du  Mec- 
kelbourg ,  ont  aufli  pris    leur  nom   de   ce    peuple  des 
Wilfes.    J'ignore  où  eft  la  rivière  à  laquelle  les  Hili- 
nons ou  Linons  donnèrent  leur  nom  au-delà  de  l'Elbe  ; 
cependant  je  crois  qu'ils  occupoient  un  canton  de  Bran- 
debourg. 

HILISSUM  CastruM,  place  forte  de  la  Bulgarie," 
&  qui  en  étoit  autrefois  la  métropole.  Callifte  dit  qu'au- 
près de  cette  place  le  Drin  fe  mêle  avec  YOrin.  L'é- 
diteur a  foupçonné  qu'il  falloit  lire  Clissum.  Cette 
place  eft  peut-être  le  château  d'Acroliffus ,  auprès  de 
Liflus.  Il  fe  trouve  nommé  diffus  dans  les  Cartes  de 
l'empire  d'Orient,  inférées  dans  l'ouvrage  du  P.  Ban- 
duri. 

1.  HILLÉ,  ville  d'Afie,  dans  l'Irac-Arabi  ;  elle  eft 
dans  la  Babylonie  ,  à  79  d.  45'  de  longitude  ,  fk  à  31  d. 
50'  de  latitude,  entre  Bagdad  &  Coufa.  C'eft  la  même 
que  Hela  2.  Voyez  ce  mot.  L'auteur  cité  à  la  fin  de 
cet  article,  dit  qu'on  la  nomme  aufli  HilletBeniMe- 
ZID.  Elle  eft  fur  l'Euphrate.*  Hijl.  de  Timur-Bec,  1.  3, 
c.  30. 

2.  HILLÉ ,  ville  d'Afie ,  dans  l'Irac-Arabi ,  près  du 
Tigre,   entre  Vafet  &  Baflbra. 

3.  HILLÉ,' ville  de  Perfe,  dans  le  Coureftan,  au- 
près d'Ahouez. 

4.  HILLÉ ,  ville  de  la  Turquie ,  en  Afie ,  auprès  de 
Moful  ou  Mouflel. 

H1LLEVIONS,  ancien  peuple  de  la  Scandinavie  , 
félon  Pline ,  /.  4 ,  c.  1 3  ,  qui  en  parle  comme  d'une  na- 
tion qui  habitoit  cinq  cents  villages  ;  c'étoit  la  première 
Se  peut-être  la  feule  que  les  Romains  connuffent  de  fon 
tems  ;  aufli  ne  parle-t-il  que  de  celle-là.  Ils  étoient 
donc  dans  la  partie  la  plus  méridionale  de  cette  pres- 
qu'ifle  que  les  anciens  prenoient  pour  une  ifle  ,  Se  oc- 
cupoient apparemment  cette  partie  de  la  Suéde,  où  font 
les  provinces  de  Schone ,  de  Blekingie  &  de  Haland. 
Ptolomée ,  /.  2 ,  c.  1 1 ,  les  nomme  Levoni,  &  les  place 
plus  au  milieu  de  la  presqu'ifle.  Ce  mot  Levoni  peut 
être  une  faute  des  copiftes  qui  ont  omis  la  première 
fyllabe,  &  écrit  aetcînoi  pour  lAAElQNor,  Levoni  pour 
Hillcvoni  ;  c'eft  ce  que  foupçonné  le  P.  Hardouin  ,  in 
Plin.  I.  c. 

HILO  ,  ou  ILO ,  port  de  la  province  de  los  Char- 
cas  ,  dans  le  Pérou.  Il  eft  fort  commode,  Il  a  une  rh 


368 


HIM 


HIM 


«ère  qui  fe  jette  dans  la  mer ,  auprès  de  ce  port ,  à 
dix-huit  degrés  ou  environ  de  la  ligne,  vers  le  iud. 
*  Lait,  Ind.  occid.  /.il,  c.  10.  Corn.  Dift. 

HILPERSHAUSEN ,  ville  d'Allemagne  ,  en  Fran- 
conie  ,  fur  la  Werra ,  près  de  fa  fource ,  au  comté  de 
Henneberg ,  entre  la  ville  de  Coburg  &  celle  de  Smal- 
calde.  On  le  nomme  auffiHlLDBUR.GHA.usEN,  félon 
Hubner ,  Geogr.  p.  488  ,  en  latin  Hilpershusia.  Il  eft 
de  la  principauté  de  Coburg,  qui  appartient  à  une  bran- 
che de  la  maifon  de  Saxe-Gotha.  Zeyler  écrit  Hilper- 
haufen. 

HILPOLDSTEIN,  félon  Zeyler ,  Franc.  Topogr.p.j, 
château  -d'Allemagne  ,  en  Franconie,  au  territoire  de 
Nurenberg ,  au  midi ,  &  à  cinq  milles  de^  cette  ville ,  & 
à  diftance  à-peu-près  égale  de  celle  d'Aichftet,  à  la 
fource  d'une  petite  rivière  nommée  le  Rott  dans  les 
Cartes  de  Sanlbn. 

HILLIRICUM.  Voyez  Illyricum. 

HILLSBOROUG  ,  ville  d'Irrlande  ,.  dans  la  pro* 
vince  d'Ulfter,  au  comté  de  Down.  Elle  envoie  fes 
-députés  au  parlement.  *  Etat  préf.  de  l'Irlande. 

HILTENSIS  ,  fiege  épiscopal  d'Afrique,  dans  la  pro- 
vince proconfulaire.  On  trouve  dans  la  Conférence  de 
Carthage ,  (  Optât.  Oper.  p.  272 ,  Ed.  Dupïn.  )  Hilarien 
fon  évêque  :  Hilarianus  episcopus pkbis  Hiltenjis.  Dans 
l'Epître  fynodique  des  évêques  de  cette  province,  qui  af- 
filièrent au  concile  de  Latran ,  tenu  fous  le  pape  Mar- 
tin ,  il  eft  fait  mention  de  ce  fiége. 

HILVARENBEEK,  grand  village  des  Pays-bas,  au 
Brabant  Hollandois,  dans  le  quartier  d'Ofterwyk.  C'eft, 
dit  Janiçon  ,  Etat  des  Provnices-Unies ,  t.  2,  p.  123, 
un  grand  &t  beau  village ,  &  une  feigneurie  confidé- 
rable  ,  qui  comprend  auffi  les  villages  de  DlESEM  , 
Wester,Beer!.e  &Ryl.  Tous  ces  villages  ne  for- 
ment qu'un  feul  tribunal ,  compofé  de  cinq  échevins 
de  Hilvarenbeek,  deux  de  Diefen  &  de  fept  jurés.^  Il 
y  avoit  autrefois  une  églife  collégiale  qui  fut  brûlée 
dans  le  fiécle  pafle,  6c  rebâtie  quelque  tems  après.  Il  n'y  a 
plus  qu'un  miniftre  Proteftant  pour  cette  églife  &  pour 
celle  de  Diefen.  Cette  feigneurie  appartient  moitié  à  l'é- 
tat, &c  moitié  à   la  famille  de  Cort. 

HIMACUS,  pour  ImaûS,  montagne  des  Indes. 

HIMANTOPODES  ,  ancien  peuple  de  l'Ethiopie  , 
félon  Pomponius  Mêla ,  /.  3  ,  rt  8.  Il  dit  qu'ils  habi- 
toientunpays,  peuplé  d'animaux  fauvages  ;  qu'ils  avoient 
des  jambes  fî  foibles  &  fi  tortues  ,  qu'ils  fe  traînoient 
plutôt  qu'ils  ne  marchoient:  'ipuit ,  veut  dire  une  corde 
faite  de  courroies,  ôt  leur  nom  eft  exprimé  en  latin 
par  Loripedes.  Pline,  /.  5  ,  c.  8  ,  les  nomme  Himanli- 
podes  ,  comme  Mêla.  Ces  peuples  d'Ethiopie  étoient 
peu  connus  des  anciens ,  qui  leur  donnoient  fouvent  des 
noms  au  hazard. 

HIMERA  ,  rivière  de  Sicile.  Il  y  en  avoit  deux  de 
ce  nom  ,  l'une  dans  la  côte  leptentrionale  ,  &C  l'autre 
■dans  la  mér  dionale  ;  ce  qui  fe  doit  entendre  de  leurs 
embouchures.  Toutes  deux  ont  leurs  fources  dans  cette 
chaîne  de  montagnes ,  que  les  anciens  nommoient  Ne- 
brodes ,  ou  Gemelli  Colles  ;  &  leurs  fources  ne 
font  pas  à  une  lieue  l'une  de  l'autre. 

La  rivière  £  Himera ,  qui  coule  vers  le  midi ,  baignoit 
la  ville  de  Caulonia ,  &£  fe  perd  dans  la  mer  d'Afrique, 
entre  deux  places  ,  dont  l'une  fituée  à  l'orient  étoit 
Phalarium  Caftdlum,  l'autre  au  fud-oueft,  étoit  Phintia. 
C'eft  de  cette  Himera  que  parle  Tile -  Live  ,  /.  24,  c.6, 
lorsqn'il  dit  :  on  convint  par  un  traité  entre  le  roi  Hie- 
ron  &:  les  Carthaginois ,  que  la  rivière  d'Himera  qui 
coupe  l'ifle  de  Sicile  ,  &  ladivife  prefqu'entiérement  en 
deux  parties  ,  feroit  désormais  la  borne  de  l'empire  des 
Carthaginois  Sr.  du  royaume  de  Syracufe  ;  c'eft-à-dire 
<jue  ce  qui  eft  à  l'orient  de  cette  rivière,  feroit  de  ce 
■royaume,  &c  que  ce  qui  eft  à  l'occident,  feroit  fous  la 
domination  de  Carthage.  Pomponius  Mêla,  /.  2  , c.  7, 
donne  une  faufle  defcription  de  Y  Himera.  Selon  lui  ,elle 
a  fa  fource  au  milieu  de  l'ifle  ,  &  prend  deux  routes 
oppofées  ;  partageant  l'ifle  de  deux  côtés ,  elle  arrive  par 
une  embouchure  dans  la  mer  d'Afrique,  &  par  l'autre 
dans  la  mer  de  Tofcane.  Silius  Italicus  ,  /.  14,  v.  233  , 
a  été  dans  la  même  erreur ,  &  a  cru  fauffement  que 
ces  deux  rivières  n'en  étoient  qu'une ,  qui  fe  partageoit 
ainfi: 


Armavere  fuos ,  qua  mergitur  Himera  ponto 
jEolio.  Nam  dividuas  fe  j'cindit  in  oras ; 
Nec  minus  occafus  petit  incita ,  quant  petit  ortus  j 
Nebrodes  gcmini  nutrit  divortia  Jontis. 

Il  ne  veut  pas  dire  qu'elle  eût  deux  fources  ;  mais  que  les 
eaux  de  cette  fource  fe  partagoient  dès  les  montagnes 
mêmes ,  où  elles  fortoient  de  terre.  Cette  idée  ,  que  ces 
deux  rivières  n'en  fuflent  qu'une  feule ,  s'accorde  allez 
avec  le  choix  que  l'on  en  faifoit  pour  fépater  l'iâe  d'un 
rivage  à  l'autre ,  outre  que  l'uniformité  de  nom  la'  favo- 
rifoit.  Cependant  il  n'eft  pas  vrai  qu'elles  fortent  d'une 
même  fource;  il  y  a  environ  2500  ou  3000  pas  ,  d'une 
fource  à  l'autre.  Elles  peuvent  fortir  du  même  rélérvoir 
dans  l'intérieur  de  h  montagne  ;  mais  cela  n'empêche 
pas  que  ce  ne  foient  des. rivières  différentes.  Le  Rhône  , 
le  Rhin ,  lé  Danube  ,  l'Inn  ,  la  Drave  ,  le  Pô ,  &  quan- 
tité d'autres  fleuves  ,  ont  peut-être  un  refervoir  commun 
dans  le  fein  des  Alpes,  quoique  leur  cours  foit  très  dif- 
férent :  cependant  perfonne  ne  s'eft  avifé  de  dire  que  ce 
ne  rut  qu'un  feul  fleuve.  Voyez  le  P.  Kircher  ,  dans 
fon  Mundus  fubterraneus.  Cette  Himera  méridionale 
eft  la  même  que  le  Fiume  Salso.   Voyez  Salso. 

2.  La  rivière  SHimera  qui  coule  vers  le  nord , 
comme  nous  venons  de  le  dire ,  a  fa  fource  différente 
de_  celle  de  l'autre  ,  &a  à  une  diftance  que  nous  avons 
déjà  marquée  ,  fe  j-endoit  dans  la  mer  de  Tofcane , 
à  l'orient  de  la  ville  d'Himera,  dont  nous  parlerons  ci- 
après  ,  entre  Solus  ou  Soloentum  &  Cephaledis.  Son 
cours  eft  beaucoup  plus  court  que  celui  de  l'autre  Hi- 
mera, parce  que  les  monts  Nebrodes,  d'où  elles  for- 
tent toutes  les  deux  ,  font  beaucoup  plus  voifins  de  la 
mer  de  Tofcane  que  de  la  mer  d'Afrique.  C'eft  préfen- 
temont  le  FlUME  GRANDE.  *  Robert  de  Vaugondy, 
Atlas. 

3 .  HIMERA ,  ancienne  ville  de  Sicile  ,  fur  la  côte 
feptenmonale  de  Fille,  au  couchant  de  la  rivière  de 
même  nom.  Elle  avoit  été  très-floriffante ,  mais  les  Car- 
thaginois la  faccagerent.  On  peut  voir  les  détails  de  ce 
fiége  rapportés  par  Diodore  de  Sicile,  /.  13,  c.  62. 
Quelques  -  uns  ont  voulu  mal-a-propos  tranfporter 
cette  ville  fur  la  côte  méridionale;  mais  la  preuve  qu'il 
s'agiflbit  de  celle-ci  au  nord,  c'eft  que  ,  félon  l'hiftorien. 
cité ,  les  galères  de  Siraeufe  qui  faifoient  route  vers 
Himera,  étoient  obligées  de  paflër  devant  le  port  de 
Meffine  ,  détour  qu'elles  n'euïîéntpas  fait ,  fi  elles  avoient 
été  deftinées  pour  la  côte  du  midi.  Himera  étoit  fon- 
dée par  les  Zancléens.  Thucydide  le  dit  expreftement, 
1.6, p.  414.  Il  nomme  les  chsts  de  cette  colonie  Eu- 
clide  ,  Simon  &  Sacon.  Il  ajoute  que  la  plupart  des 
Chalcidiens  vinrent  s'y  établir  ayecceux  des  Syracu- 
fains  qui  furent  bannis,  après  avoir  été  chaffés  par  la 
faftion  contraire.  Leur  langue  tenoit  un  milieu  entre 
la  Chalcidique.ôi  la  Dorique.  Mais  les  loix  de  Chal- 
cide  furent  préférées.  Scylax  dit ,  que  c'étoit  une  ville 
Gréque  ;  &  Diodore  de  Sicile  dit,  que,  dans  la  crainte 
des  événemens  du  fiége ,  les  habitans  d'Himera  avoient 
tranfporté  à  Zancle  ce  qu'ils  avoient  de  plus  cher. 
Mêla  dit  entre  Lilibée  &.  Peloride  ,  font  Palerme  & 
Himera.  Il  ne  nomme  que  ces  deux ,  comme  les  plus 
célèbres.  Pline  dit  :  les  villes  de  cette  côte  font  Palerme, 
Solûs  ,  Himera,  avec  une  rivière.  Ciceron,  in  Ferr. 
I.  2 ,  dit  :  autrefois  les  Carthaginois  avoient  pris  la  ville 
d'Himera,  qui  avoit  été  une  des  plus  fameufes  de  la 
Sicile. 

4.  HIMER./E  TherMjE,  bains  £k  ville ,  près  de  [avilie 
d'Himera.  Cellarius  croit  qu'ils  étoient  de  l'autre  côté  de 
lariviere  d'Himera,  c'eft- a-dire  à  l'orient  de  la  rivière  5c 
de  la  ville  de  ce  nom  ;  &  il  les  place  ainfi  dans  fort 
livre,  &  dans  fa  Carte  de  laSicile.  Il  fe  trompe  ;  ils  étoient 
au  couchant  de  cette  vi(le  ,  &,  de  la  rivière.  Il  rapporte 
l'autorité  de  Ptolomée,  /.  3  ,  c.  4,  qui  y  place  une  ville 
nommée  0e/p^t!U  "ijxiptu  vôxit ,  Thermie  Himera  Oppi~ 
dum.  Il  l'accufe  à  tort  de  s'être  trompé  ,  &  d'avoir  mis 
cette  ville  d'un  côté  de  la  rivière  ;  au  lieu  que  ,  félon  lui, 
ces  bains  font  aujourd'hui  de  l'autre  côté.  Il  ajoute 
que  Pindare  (Ofympion  12,  Jubfin.~)  ayant  nommé 
les  bains  chauds  des  Nymphes  Ô5ff*«  tivfjœSv  ^»Tpa' 
le  fcholiafte  l'explique  de  la  ville  d'Himere,'£i' Vî>?? 

parce 


HIN 


HIN 


parce  qu'Ergotele ,  à  l'honneur  de  qui  cette  ode  eft  faite, 
étoit  de  cette  ville.  Ces  bains  devinrent  une  ville ,  & 
c'eft  fur  ce  pied  que  Ptolomée  les  nomme.  Ciceron  nous 
apprend  comment  cette  nouvelle  ville  fe  forma  :  Himera, 
dit-il,  in  Ferrem,  /.  2,  c.  35  ,  ayant  été  détruite,  les 
citoyens  que  les  miferes  de  la  guerre  avoient  épargnés, 
fe  réfugièrent  aux  bains ,  &t  s'établirent  à  l'extrémité  de  ce 
territoire,  à  peu  de  diftance  de  l'ancienne  ville.  La  Ta- 
ble de  Peutinger ,  &:  l'Itinéraire  d'Antonin  ,  nomment 
ce  lieu  Amplement  Thermœ  ;  &t ,  comme  Cellarius  l'a- 
voue lui-même  ,  ce  lieu  s'appelle  encore  aujourd'hui 
Termini.  Ainfi  voilà  la  difficulté  levée.  Termini  qui  ré- 
pond à  YHimera  Thermx  des  anciens  ,eft  plus  au  cou- 
chant que  Campo  di  San-Nicolo  ,  où  font  les  ruines  de 
l'ancienne  ville  d'Himera,  laquelle  étoit  fituée  au  cou- 
chant de  la  rivière  de  même  nom ,  aujourd'hui  Fiume 
grande.  Ainfi  Ptolomée  ne  s'y  eft  pas  trompé  ;&  Cel- 
larius n'eft  tombé  dans  cette  fauffe  critique  que  faute  d'a- 
voir confulté  une  bonne  carte  de  la  Sicile.  Celle  de 
Magin  qui  confond  les  rivières  de  ces  quartiers ,  eft  une 
de  celles  qui  l'ont  trompé  ;  caria  rivière  de  Termini  y 
eft  marquée  comme  ayant  une  de  fes  fources  aviez  près 
de  celle  de  Rio-Salfo  ;  au  lieu  que  cette  prétendue  fource 
du  Termini,  eft  une  rivière  différente,  qui  étant  accrue 
de  plufieursruiffeaux,  devient  aflez  confidérable  pour  mé- 
riter le  nom  de  Fiume  grande.  Il  y  a  même  entr'elle  ÔC 
le  Termini ,  les  rivières  d'Yhacatti  &  de  Fiume-torto , 
qui  fe  joignent  &  arrofent  la  campagne  qui  étoit  entre 
Himera  &C  Thermœ  Himera.. ,  c'eft-à-dire  entre  la  vieille 
ville  &  la  nouvelle.  La  faute  de  Cellarius  confifte  à 
avoir  cru  que  le  Termini  rivière,  eft  l'Himera  feptentrio- 
nale ,  au  lieu  qu'elle  en  eft  très-différente  ,  comme  nous 
venons  de  voir.  Cluvier  avoit  fait  la  même  faute  dans 
fa  Sicile  ancienne  ,  auflî-bien  que  le  P.  Briet  dans  fes 
Parallèles.  Ainfi  il  n'eft  pas  étonnant  que  CeIlarius,trompé 
par  de  fi  grandes  autorités,  ait  donné  dans  la  même  er- 
reur. De  lifte  a  très-bien  rangé  cela  dans  fa  Sicile  an- 
tienne &  dans  la  nouvelle. 

j.  HIMERA  ,  ville  de  la  Libye,  félon  Etienne  le 
Géographe. 

HIMERIA,  ville  épiscopale  d'Afie,  dans  l'Osrhoëne, 
fous  la  métropole  d'Edeffe.  Il  en  eft  parlé  au  concile 
de  Chalcedoine  ,  auquel  le  prêtre  Paulus  fouscrivit  pour 
ftm  évêque  Uranius.  *  Harduin.   Colleft.  conc. 

HIMETTE  ,  montagne  de  Grèce  ,  dans  l'Attique. 
Voyez  HvmeTTE. 

HIMIFFIN ,  rivière  d'Afrique.  Elle  a  fa  fource  aux 
montagnes  du  royaume  de  Maroc  propre ,  d'où  ferpen- 
tant  vers  le  midi,  &  enfuite  vers  l'occident,  elle  ar- 
rofe  le  pays  de  Suz ,  &  fe  perd  dans  l'Océan  auprès  d'An- 
fulima,  félon  MM.  Sanfon  dans  les  Cartes  inférées  au  troi- 
fiéme tome  de  Marmol. 

HIMMEL  ,  ancien  monaftere  d'Allemagne  ,  dans  le 
duché  de  Brème  :  il  a  été  célèbre.  Il  eft  aujourd'hui  fé- 
cularifé. 

HIMMELSTHUR ,  château  de  plaifance  des  évê- 
ques  de  Hildesheim ,  au  voifinage  de  la  ville. 

H1MNAS.  Voyez  Hymnas. 

HIN  A,  colline  de  l' Amérique  dans  la  nouvelle  Es- 
pagne ,  dans  la  baye  de  Campèche.  Voyez  au  mot  CAM- 
PÈCHE l'article  de  la  baye  de  Campèche. 

HINAGOA,  ou  Ynagva,  ifle  de  la  mer  du  nord, 
dans  l'Amérique  feptentrionale.  Ceft  une  des  Lucayes , 
à  vingt-  cinq  lieues  d'Hispaniola  vers  le  nord ,  &  de 
Cuba  vers  le  levant.  *  Baudr.  éd.    1705. 

HINAMANES  ;  Polyaen ,  /.  8 ,  nomme  ainfi  un  fleuve 
d'Afie,  qui  terminoit  à  l'orient  l'empire  de  Semitamis. 
Cafaubon  a  averti  que  c'eft  le  Iomanes  de  Pline. 

HINATUS  ,  'bctU  ,  ville  de  l'ifle  de  Crète  ,  félon 
Ptolomée.    Voyez  EÏNATUS. 

HINCHING,  ville  de  la  Chine,  dans  la  province  de 
Quangfi,  au  département  deKingyven,  troifiéme  métro- 
pole de  la  province.  Elle  eft  plus  occidentale  que  Pé- 
kin de  9  d.  54' ,  par  les  14  d.  36'  de  latitude.  *  Atlas 
Sinenfis. 

H1NDELOPEN,  petite  ville  des  Pays-bas,  dans  la 
Frife,  au  Weftergoe ,  entre  Staveren  &  Worcum  ,  fur 
le  Zuider-Zée.  On  dit  en  abrégé  Hinlopen.  Il  y  a  un 
petit  port  peu  fréquenté.  Les  habitans  s'occupent  à  la 
pêche ,  à  conduire  leurs  barques ,  &:  aux  travaux  de  la 


S^P 


campagne;  quelques  ,  uns  font  le  commerce.  Cette  ville 
n  a  point  de  murailles,  &  eft  gouvernée  par  cinq  bourg- 
meftres  qui  fe  changent  tous  les  ans ,  comme  dans  les  au- 
tres villes  ;  le  ftadthouder  &  la  cour  de  Frife  ont  autre- 
fois accordé  de  plus  ,  à  la  requête  du  peuple,  fix  jurés  qui 
font  pris  du  corps  des  bourg-meftres.  *  Blaeic  ,  Theat. 
Urb.  Belg. 

1.  HINDERLAPPEN,  par  corruption  d'InïeRLA- 
CHEN  ,  bailliage  en  Suiffe ,  dans  le  canton  de  Berne.  Il 
tire  fon  nom  d'une  ancienne  &  riche  abbaye ,  ou  plurôt 
d'un  monaftere  de  Chartreux,  changé  en  château  qui  eft 
firué  vis-à-vis  d'Underfewen  ,  entre"  les  lacs  de  Thdùn 
&  de  Brientz,  du  côté  du  couchant,  dans  une  ifle 
que  fait  l'Aare  fortant  du  lac  de  Brientz ,  avant  que 
de  fe  jetter  dans  celui  de  Thoun.  Le  prévôt  &  les  re- 
ligieux de  ce  monaftere  le  remirent  volontairement  en- 
tre les  mains  des  magiftrats  de  Berne,  en  15x8,  &  fe 
réferverent  une  penfion  viagère.  On  y  établit  d'abord 
un  bailli.  Les  habitans  indignés  de  la  ceflion  que  les 
religieux  avoient  faite  de  leur  monaftere  ,  demandèrent 
à  être  affranchis  de  toutes  leurs  redevances  envers  cette 
maifon;  &  fur  le  refus  qu'on  leur  en  fit,  ils  fe  mutinè- 
rent &  fe  mirent  en  devoir  de  s'affranchir  eux-mêmes. 
Cette  fédition  fut  enfin  terminée  par  un  accommode- 
ment ,  où  les  feigneurs  &C  les  fujets  fe  relâchèrent  en 
quelque  chofe  ,  chacun  de  leur  côté.  Le  nom  d'Interla- 
chen  eft  corrompu  des  mots  latins  Inter  lacus ,  entre  les 
lacs,  qui  repondent  à  fa  fituation.  *  Etat  &  Del.  de  la, 
Suiffe,  t.  2,  p.  219. 

ï.  HINDERLAPPEN,  château  en  Suiffe ,  où  étoit 
ci-devant  un  monaftere  de  Chartreux.  Voyez  l'article 
précédent. 

HINDER-RHEIN,  vallée  en  Suiffe  ,  dans  la  com- 
munauté de  Schams  ,  au  pays  des  Grifons.  Le  Rhin  y 
paffe.  *  Etat  &  Délices  de  la  Suiffe ,  t.  4,  p.  3  1. 

HINDON,  bourg  d'Angleterre,  dans  la  province  de 
Wilts.  Il  envoie  fes  députés  au  parlement  ,  &  a  droit 
de  tenir  marché  public.  *  Etat  préfent  de  la  grand  de  Bre- 
tagne, t.  1. 

HINDOO  ,  ville  des  Indes ,  fur  la  route  d'Amada- 
bat  à  Agra  ,  à  dix-neuf  coffes  de  Nuali  ,  6c  à  dix  de 
Baniana.  Cette  dernière  &  Hindoo  ,  dit  Tavernier, 
Voyage  des  Indes,  \.  1 ,  c.  5,  font  deux  villes,  où,  comme 
dans  le  pays  circonvoifin  ,  fe  fait  l'indigo  plat,  qui  eft 
rond;  &  comme  c'eft  le  meilleur  de  tous  les  indigos, 
auffi  eft-il  cher  au  double. 

HING,  ville  de  la  Chine,  dans  la  province 
de  Channfi,  au  département  de  Taiyven ,  première 
métropole  de  la  province.  Elle  eft  plus  occidentale  que 
Pékin  de  6d.  30',  par  les  38  d.  55'  de  latitude.  *  Atlas 
Sinenfis. 

HINGCI,  ville  de  la  Chine  ,  dans  le  Pekeli ,  au  dé- 
partement de  Hokien  ,  troifiéme  métropole  de  la  pro- 
vince. Elle  eft  plus  orientale  que  Pékin  de  5',  par  les 
38  d.  31'  de  latitude.  *  Atlas  Sinenfis. 

1.  HINGGAN,  ville  de  la  Chine,  dans  la  province 
de  Quangfi  ,  au  département  de  Queilin  ,  première  mé- 
tropole de  cette  province.  Elle  eft  de  7  d.  32'  plus  oc- 
cidentale que  Pékin  ,  à  16  d.  12'  de  latitude.  Auprès  de 
cette  ville  eft  la  montagne  de  Haiyang ,  qui  s'étend  jus- 
qu'à Lingchuen.  Dans  cette  montagne  eft  une  caverne 
remplie  d'eau  ,  qui  nourrit  des  poiffons  à  quatre  pieds , 
&  qui  frappent  avec  leurs  cornes.  Les  Chinois  fuperfti- 
tieux  difent  que  ces  poiffons  font  les  délices  du  dragon; 
ce  qui  fait  qu'ils  n'ofent  les  tuer.  *  Allas  Sinenfis. 
•  l.  HINGGAN,  ville  de  la  Chine,  dans  la  province 
de  Kianfi ,  au  département  de  Quangfin  ,  troifiéme  mé* 
tropole  de  la  province.  Elle  eft  de  6'  plus  orientale  que 
Pékin  ,    fous  les  28  d.  40'  de  latitude.  *  Atlas  Sinenfis. 

3.  HINGGAN,  ville  de  la  Chine,  dans  la  province 
de  Xenfi  ,  au  département  de  Hanchung ,  troifiéme  mé- 
tropole de  la  province.  Elle  eft  de  8  d.  16'  plus  occi- 
dentale que  Pékin,  par  les  34  d.  26'  de  latitude.  *  At- 
las Sinenfis. 

HINGHAM  ,  bourg  d'Angleterre ,  dans  la  province 
de  Norfolck.  On  y  tient  marché  public.  *  Etat  préfent 
de  la  Gr.  Bretagne ,  t.  I . 

1.  HINGHOA  ,  ville  de  la  Chine,  dans  la  province 
de  Fokien  ,  dont  elle  eft  la  feptiéme  métropole.  Elle  eft 
de  2  d,  ■*.%'  plus  orientale  que  Pékin  ,  à  17  d.  27'  de 
Time  III.    Aaa 


370 


HIN 


HIP 


latitude;  fon  territoire  eft  le  plus  beau  &  le  plus  fertile 
de  la  province.  La  ville  eft  belle  ,  ornée  &  pleine  de 
gens  de  lettres.  On  y  voit  quantité  d'arcs  de  triomphe  ; 
&  dans  les  collines  d'alentour  ,  il  y  a  de  magnifiques 
tombeaux.  On  peut  juger  de  fa  fertilité  par  le  tribut  an- 
nuel, qu'elle  paye  à  l'empereur  ;  car  quoique  fon  terri- 
toire ne  renferme  que  les  villes  d'HlNGHOA  &  de 
Sienlieu  ,  il  paye  foixante  &c  douze  mille  facs  de  riz. 
(Corneille  n'en  met  que  foixante  ik  douze.)  Tout  ce  ter- 
ritoire eft  fi  peuplé  de  bourgs  &  de  villages  ,  qu'on  di- 
roit  que  ce  tfeft  qu'une  ville.  Les  chemins  font  pavés 
de  pierres  de  taille  ,  l'espace  de  foixante  lis  Si  une  per- 
che de  largeur.  La  ville  a  deux  beaux  ponts  ,  l'un  au 
nord ,  l'autre  au  midi.  Tout  le  pays  a  de  la  foie  en  abon- 
dance. Entre  les  temples ,  dédiés  aux  hommes  illuftres, 
il  y  en  a  cinq  plus  remarquables  que  les  autres.  Le  roi 
Sui  nomma  autrefois  cette  ville  Putien.  La  famille  de 
Sunga ,  lui  donna  le  nom  qu'elle  porte  aujourd'hui  ;  il 
fignifie  une  fleur  naiflànte.  La  même  famille  la  nomma 
enfuite  Hingan;  mais  celle  de  Taiminga  lui  rendit  ce- 
lui de  Hinghoa.  La  montagne  de  Hucung  eft  au  midi 
de  la  ville.  Les  Chinois  racontent  beaucoup  de  mer- 
veilles de  celle-ci  ;  ils  y  diftinguent  huit, faces  par  les- 
quelles elles  repréfentent  un  cube.  La  montagne  de  Go- 
ching  fe  voit  au  fud-eft  de  la  ville  ;  au  bas  eft  un  bourg, 
habité  par  de  riches  &C  habiles  marchands  ,  qui  trafi- 
quent par  toute  la  Chine.  Ce  bourg  pourroit  être  comp- 
té pour  une  ville ,  à  caufe  de  la  beauté  &  de  la  grandeur 
des  édifices  ;  mais  il  n'a  ni  murailles ,  ni  les  privilèges 
ni  le  titre  de  ville.  Au  pied  du  mont  Chingucn  ,  au 
nord  de  la  ville  ,  eft  le  lac  de  Chung ,  au  bord  duquel 
on  a  bâti  un  fort  grand  palais,  où  il  y  a  dix  cours.  Quand 
il  doit  y  avoir  ou  pluie  ou  tempête,  on  y  entend  un  fon 
pareil  à  celui  d'une  cloche.  Au  Commet  du  mont  Hucung 
eft  un  puits  ,  dont  l'eau  a  fon  flux  &c  reflux  comme  la 
nier  :  on  le  nomme  Hiai. 

1.  HINGHOA  ,  ville  de  la  Chine  ,  dans  la  province 
de  Kiangnan  ,  au  département  d'Yangcheu  ,  feptiéme 
métropole  de  la  province.  Elle  eft  de  id.  49'  plus  orien- 
tale que  Pékin,  fous  les  33  d.  53'  de  latitude.  * Atlas 
Sinenfîs. 

H1NGLUNG,  fortereiïe  de  la  Chine  ,  dans  la  pro- 
vince de  Queicheu  ,  au  département  de  Lungli  ,  qua- 
trième ville  militaire  de  la  province.  Elle  eft  plus  occi- 
dentale que  Pékin  de  9  d.  51',  par  les  27  d.  10'  de  lati- 
tude. * 'Atlas  Sinenfîs. 

HINGNING,  cité  de  la  Chine  ,  dans  la  province  de 
Huquang ,  au  département  de  Chincheu ,  féconde  grande 
cité  de  la  province.  Elle  eft  plus  occidentale  que  Pékin 
de  4  d.  io',  par  les  27  d.  de  latitude.  *  Atlas  Sinenfîs. 

H1NGO  ouNlNGO,  province  maritime  d'Afrique, 
fur  la  côte  d'or.  Elle  a  au  couchant  le  grand  Acara ,  au 
nord  Equea  &  le  petit  Acara.  Il  y  a  quatre  habitations 
fur  la  côte  ,  favoir  Ningo ,  Temina ,  Sinco  &  Pijfi-  L'en- 
trée du  port  de  ces  quatre  places  eft  embaraflee  d'é- 
cueils.  Ningo  ,  qui  eft  à  quatre  ou  cinq  lieues  d'Acara, 
&c  à  deux  de  Labede  ,  eft  un  terroir  de  pâturages  ,  où 
les  marchands  d'Acara  vont  acheter  du  bétail  pour  le 
mener  à  Monté.  La  plupart  des  habitans  font  pêcheurs  : 
leur  manière  de  pêcher  eft  d'aller  la  nuit  dans  des  ca- 
nots ,  le  long  du  rivage  ,  à  la  clarté  des  lampes  ,  avec 
une  espèce  de  corbeille  qu'ils  jettent  fur  les  poiflbns  fi- 
tôt  qu'ils  les  apperçoivent.  Temina  eft  à  une  lieue  Se 
demie  de  Ningo;  &  Sinco  qui  eft  dans  la  même  dis- 
tance de  Temina ,  fut  découvert  par  les  Hollandois , 
en  1600.  Il  y  a  peu  d'années  qu'ils  faifoient  quelque  tra- 
fic à  Ningo,  à  Singo  &£  à  PifTi  ;  mais  n'y  trouvant  plus 
d'or ,  ils  ne  descendent  pas  aujourd'hui  plus  bas  qu'A- 
cara.  On  trouve  au  dedans  du  pays  une  jolie  bourgade, 
nommée  Spice  ,  où  il  croît  beaucoup  d'orangers.  *  De 
la  Croix  ,  Relation  de  l'Afrique,  t.  3.  Corn.  Dift. 

HINGPING  ,  ville  de  la  Chine  ,  dans  la  province 
de  Xenfi  ,  au  département  de  Sigan  ,  première  métro- 
pole de  la  province.  Elle  eft  plus  occidentale  que  Pé- 
kin de  8  d.  39' ,  par  les  36  d.  11'  de  latitude.  *  Atlas 
Sinenfîs. 

HINGQUE  ,  ville  de  la  Chine  ,  dans  la  province  de 
Huquang ,  au  département  de  Vuchang ,  première  mé- 
tropole de  cette  province.  Elle  eft  de  2  d.  22'  plus 
occidentale  que  Pékin,  à  30  d.  20'  de  latitude.  *  Atlas 
Sintnfis. 


1.  HINGQUÉ  ,  ville  de  la  Chine ,  dans  la  province 
de  Kianfi ,  au  département  de  Cancheu  ,  douzième  mé- 
tropole de  la  province.  Elle  de  1  d.  55'  plus  occiden- 
tale que  Pékin  ,  fous  les  26  d.  41'  de  latitude.  *  Atlas 
Sinenfîs. 

HINGUEN  ,  ville  de  la  Chine  ,  dans  la  province  de 
Suchuen  ,  au  département  de  Siucheu ,  quatrième  mé- 
tropole de  la  province.  Elle  eft  plus  occidentale  que 
Pékin  de  11  d.  52' ,  par  les  28  d.  53  '  de  latitude.  *  Atlas 
Sinenfîs. 

HINGXAN ,  ville  de  la  Chine ,  dans  la  province  de 
Huquang ,  au  département  de  Kingcheu  ,  fixiéme  mé- 
tropole de  la  province.  Elle  eft  plus  occidentale  que 
Pékin  de  7  d.  par  les  31  d.  22'  de  latitude.  *  Atlas 
Sinenfîs. 

H1NGYE  ,  ville  de  la  Chine  ,  dans  la  province  de 
Quangfi  ,  au  département  de  Gucheu  ,  feptiéme  mé- 
tropole de  la  province.  Elle  eft  plus  occidentale  que 
Pékin  de  8  d.  1' ,  par  les  23  d.  19'  de  latitude.  *  Atlas 
Sinenfîs. 

HINKLEY  ,  bourg  d'Angleterre  ,  dans  la  province 
de  Leicefter.  On  y  tient  marché  public.  *  Etat  préfent 
delaGr.Bret.t.ï. 

HINTERLAND  ,  c'eft-à-dire  le  pays  de  derrière; 
c'eft  la  partie  feptentrionale  du  royaume  dePrufle. 

HINUS.  Voyez  Oenus. 

H[N"\yiL  ,  village  de  Suifle ,  dépendant  du  bailliage 
de  Kybourg  ,  au  canton  de  Zurich.  Dans  la  paroifle  il 
fe  trouve  un  bain  d'eau  minérale  ,  au  pied  du  mont 
Aliman,  au  milieu  d'une  agréable  prairie.  Ce  bain  s'ap- 
pelle Gtïrenbad  ,  c'eft-à-dire  le  bain  du  vautour.  *  Etat 
&  DU.  de  la  Suiffe  ,  t.  2  ,  p.  49. 

HIO  ,  ville  de  Suéde  ,  dans  la  Veftrogothie ,  fur  le 
bord  occidental  du  lac  de  Vaeter  à  l'orient  ;  &  à  cinq 
lieues  &  demie  Suédoifes  de  Falkoping. 

HIOROPI ,  fiége  épiscopal  d'Afie',  en  Cilicie ,  félon 
Guillaume  de  Tyr ,  cité  par  Ortehus.  Il  ajoure  qu'elle 
avoit  Seleucie  pour  métropole.  La  Notice  du  patriarchat 
d'Antioche  met  fous  cette  même  Seleucie  Oropi ,  que 
je  crois  être  corrompu  de  Hierapolis,  ville  d'Ifaurie,  qui 
avoit  cette  même  Seleucie  pour  métropole  ,  félon  la 
Notice  d'Hieroclès. 

HIPANIS  &  CAL1IPID.E  ;  Jornandes  femble  en  faire 
deux  villes ,  entre  lefquelles  il  dit  que  le  Danube  fe  jette 
dans  la  mer  ;  mais  Calipidœ  eft  le  nom  d'un  peuple ,  & 
Hipanis ,  ou  plutôt  Hypanis  celui  d'un  fleuve.  Le  paf- 
fage  où  celafetrouve  eft  un  pur  galimathias. 

HIPNI ,  "Wm  lieu  de  Grèce  ,  dans  la  Theflalie  , 
dans  le  mont  Pelion  ,  cité  par  Ortelius  ,  qui  ne  dit 
point  en  que!  livre.  Ce  nom  m'eft  fuspec~t. 

HIPPA.  Voyez  Ippa. 

H1PPACRITA.  Voyez  Hippagreta. 

HIPPADIS  Pelagus  'WJV  ■xUa.you  Ptolomée, 
/.  4,  c.  8  ,  ayant  nomimé  les  ifles  des  Aromates  ,  dit  que 
la  mer  qui  eft  à  l'orient  de  ces  ifles  ,  s'appelle  la  mer 
d'Hippade  ,  &  qu'elle  s'étend  depuis  là  jufqu'à  la  mer 
des  Indes. 

HIPPADIS  PlLf  ,  lieu  de  Grèce  ,  où  Plutarque  dit 
que  l'orateur  Hyperide  fut  enterré  *  Ortel.  Thei'aur. 

HIPPAGRETA  'ivadypn* ,  grande  ville  d'Afrique , 
félon  Appien  ,  Punie,  p.  67.  Il  ajoute  que  c'étoit  une 
grande  ville  ,  défendue  par  des  murailles  &  par  une 
citadelle  ,  avec  des  ports  ,  un  arfenal  Si  des  chantiers 
qu'Agathocle  ,  tyran  de  Syracufe  ,  y  avoit  établis.  Elle 
étoit  à  moitié  chemin,  entre  Carthage  &  Utique.  Ge- 
qui  a  traduit  cet  hiftorien  en  latin,  dit  :  Hippon 


de  Hippagreta  qui  eft  dans  le  grec. 


Zaretus , 

Polybe,/.  1  ,  c.  70,  72  ,  77,  88  ,  parlant  de  la  même 
ville  ,1a  nomme  Hippacrit^e  ,  Ivtttxxvtch  ,  au  pluriel. 
Il  dit  même  ,  c.  82  ,  qu'elle  avoit  courageufement  ré- 
fifté  à  Agathocle.  Nous  parlerons  de  Y l' Hippon  Zaretus, 
Zarytus  ou  Diarytus  ,  qui  ne  fauroit  être  cette  ville 
d' 'Hippagreta  ;  puisque  ,  félon  Appien  ,  cette  dernière 
étoit  entre  Utique  &  Carthage,  à  diftance  égale  ;  au  lieu 
que, félon  les  Itinéraires, Utiqueeft  entre  cette  Hippone 
&  Carthage  à  xxxvi.  M.  P.  delà  première,  &àxxvir. 
de  la  féconde.  Elle  eft  appellée  nnrfc  azp* ,  par  Dio- 
dore  de  Sicile,  /.  20,  c.  0,  c'eft-à-dire  la  forterefle  du 
cheval.  Il  dit  qu'Agathocle  ayant  pris  &  pillé  Utique , 
y  ayant  laiffé  garnifon  ,  alla  camper  auprès  d'Hippoua- 


HIP 


HIP 


tra  ,  place  que  la  nature  même  avoir,  fortifiée  par  fa 
notation  auprès  d'un  lac  :  ck  qu'après  une  vigoureufe 
attaque  il  s'en  rendit  maître  ,  ayant  vaincu  par  mer  les 
habitans  de  ce  lieu.  Il  y  avoit ,  félon  Diodore ,  une 
autre  place  de  même  nom ,  mais  bien  plus  avant  dans 
les  terres  ;  car  après  qu'Agathocle  fut  repane  en  Sicile, 
fon  fils  Archagate,  qu'il  avoit  laifTé  avec  fon  armée  en 
Afrique  pour  garder  &  continuer  fes  conquêtes,  envoya 
Eumachus  un  de  fes  lieutenans  généraux ,  avec  lin  dé- 
tachement contre  lesNurnides.  Il  fe  rendit  maître  de  plu- 
fieurs  villes.  L'hiftorien  nomme,  /.  20,  c.  58,  entr'au- 
tres,  Hippou  Acra ,  "lirnv  axpa  ,  la  fortereffe  du  cheval, 
autre  que  la  ville  de  même  nom,  qu'Agathocle  avoit  prife. 
Etienne  le  Géographe  nous  débrouille  ceci  en  deux 
mots;  HlPPUACRA,  dit-il,  iW^np*,  ville  de  Libye  , 
dont  l'habitant  eft  nommé  Hippacrita. 

Ainfï  Hippacrita  dans  Polybe  eft  le  nom  des  habitans, 
&  non  celui  de  la  ville  qui  étoit  Hippuacra  ou  Hip- 
pouacra ,  que  fournit  Diodore  de  Sicile.  L'Hippagreta 
d'Appien  eft  un  mot  corrompu.  Il  y  avoit  deux  villes 
d'Hippouacra ,  que  Rhodoman  ,  éditeur  Latin  de  Dio- 
dore ,  rend  par  Arx  equi ,  \z  fortereffe  du  cheval  ;  l'une 
maritime,  qui  fut  prife  par  Agathocle ,  &  la  même  qu'Ap- 
pien  a  décrite  ;  l'autre  dans  les  terres ,  qui  fut  prife  par 
Eumachus. 

HIPPANA,  ancienne  ville  de  Sicile  ,  félon  Polybe, 
l.  1,  c.  24.  Il  dit  qu'après  le  combat  naval ,  entre  les 
Carthaginois  ck  les  Romains,  Amilcar  qui  commandoit 
l'infanterieCarthaginoife ,  ayant  appris,  à  Païenne ,  qu'il 
y  avoit  une  fédition  dans  le  camp  des  Romains  ,  au  fu- 
jet  du  rang  que  les  légions  &  les  troupes  auxiliaires  dé- 
voient avoir  dans  les  batailles  ;  ck  étant  bien  informé 
que  les  alliés  campoient  à  part ,  entre  Paropus  Se  les 
bains  d'Himera,  fondit,  tout-à-coup,  fur  eux  pendant 
qu'ils  étoient  encore  dans  le  défordre  du  décampement, 
&  en  tua  près  de  quatre  mille.  .  .  Les  Romains  furent 
quelque  tems  dans  l'inaction  en  Sicile  ;  mais  après  l'ar- 
rivée des  nouveaux  confuls  Aulus-Attillus,  ck  Caïus-Sul- 
picius  ,  on  marcha  vers  Païenne ,  où  les  Carthaginois 
avoient  leurs  quartiers  d'hyver  :  lorsqu'on  fut  près  de  la 
ville ,  on  rangea  l'armée  en  bataille  ;  mais  les  ennemis 
ne  fe  montrant  point  ,  on  partit  de -là  ,  ck  on  rabattit 
fur  Hippana  ,  qui  fut  inveftie  ck  prife  d'aflaut;  on  prit 
auffi  Mytiftrate  ,  ville  naturellement  forte  ,  dont  par 
conséquent  le  fiége  dura  long- tems.  Païenne  ck  My- 
tiftrate ,  aujourd'hui  Miftretta ,  font  allez  loin  l'une  de 
1  autre  ;  ck  comme  Hippana  étoit  entre  deux  ,  il  n'eft 
pas  aifé  de  conclute  ,  de  ce  partage  ,  en  quel  lieu  elle 
étoit.  De  l'Ille  la  met  fur  une  montagne  à  l'orient  fep- 
tentrional  de  la  rivière  d'Himera  ,  à-peu-près  au  lieu  où 
eft  aujourd'hui  le  comté  de  Golifano.  Etienne  le  Géo- 
graphe ,  qui  avoit  lu ,  en  courant ,  le  paftage  de  Polybe 
auquel  il  renvoie  ,  remarquant  feulement  que  cette  ville 
étoit  aux  Carthaginois ,  la  transporte  de  Sicile  en  Afri- 
que ,  ck  la  met  aux  environs  de  Carthage. 
HIPPARCH1A.  Voyez  Maronéa. 
HIPPARENUM,  ville  d'Afie,  dans  laMéfopotamie, 
fur  le  fleuve  Narraga  ,  qui  étoit  un  bras  occidental  de 
FEuphrate.  Pline,  1.6,  c.  26,  dit  qu'elle  étoit  fameufe 
par  la  doclrine  des  Chaldéens ,  ck  que  les  Perfes  en  ra- 
f'erent  les  murailles.  Le  P.  Hardouin  croit  que  ce  Nar- 
raga eft  le  Maarfares  de  Ptolomée ,  ck  qu'Hipparenum 
eft  Barfippa  ,  ville  que  ce  géographe  met  fur  les  bords 
de  ce  fleuve,  ck  que  Strabon,  félon  lui,  nomme  beau- 
coup mieux  Borfppa  ;  d'où  une  des  feftes  des  aftrono- 
mes  Chaldéens ,  prit  le  nom'  dé  Borfippenicns. 

HIPPARPS,  rivière  de  Sicile,  fur  la  côte  méridionale. 
Pindare,  Olymp.  od.  s;,  parle  des  canaux  qu'elle  rem- 
plit ,  ck  du  bois  qu'elle  fournit  pour  bâtir.  Elle  traverse 
le  lac  nommé  par  les  anciens  Camarina  Palus,  ck  par 
les  modernes  Lago  di  Camarana.  Cela  fait  voir  que 
c'eft  préfentement  Fiurr.i  di  Camarana.  Vibius  Seques- 
ter  eftropie  ce  nom,  ck  dit:  Hypanis,  qucm  &  Hicla- 
rim  vocant  ;  ex  quo  Cameri-is  aqua  inducla  eft.  Il  faut 
lire ,  Hy paris  quem  &  Hipparim  vocant.  *  Voyez  Clu- 
vicr,  Sicil.  ant.  p.  196. 
HIPPEMOLGI.  Voyez  Hippomolgi. 
HIPPENE ,  canton  de  la  Palefline.  Il  prenoit  fon 
nom  d'Hippos,  qui  en  étoit  le  chef-lieu.  Voyez  Hip- 
POS.  I. 


3 


HIPPEPENE.  Voyez  Hyp^epa. 

1.  HIPPI,  promontoire  d'Afrique,  "art*  «^  ,  dans 
l'Afrique  proprement  dite,  entre  le  port  de  Siur  au  cou- 
chant, ck  lacolome  d'Aphrodifium  au  levant  méridio- 
nal. C'eft  préfentement  le  cap  de  Ferre  ,  félon  Berthe- 
lot ,  dans  fa  Carte  de  la  mer  Méditerranée.  *  Ptolo- 
mée, 1.  4,c.  3. 

2.  HIPPI ,  autre  promontoire  d'Afrique ,  au  fond  du 
golfe  de  la  grande  Syrte.  Marmol  le  nomme  il  capo  di 
Sorta.  De  l'Ille  y  met  une  bourgade,  nommée  Serte, 
au  fond  du  golfe  de  la  Sidre.  *  Ptolomée,  1.  4 ,  c.  3. 

3.  HIPPI  INSULTE.  Strabon  nomme  ainfi  quatre  ifles 
qui  font  fur  la  côte  d'Ionie ,  devant  la  ville  d'Erythrès. 

4.  HIPPI.  Voyez HippagrjEta. 
HIPPICOME,  "W«  **>>»  ,  c'eft-à-dire  le  village  du. 

cheval ,  village  d'Afie ,  dans  la  Lycie ,  félon  Etienne  le 
Géographe. 

1.  HIPPIA,  ville  de  Grèce  ,  en  Theffalie,  dans  la 
Perrhebie,  félon  le  même  Etienne.  Il  dit  qu'Hécatéé  la 
nomme  Phalanna ,  *=Aayra  ,  ck  Ephorus  Phalannum. 

2.  HIPPIA ,  campagne  fertile  ck  délicieufe  ,  auprès 
de  l'embouchure  du  Cephife.  C'eft  où  vient  le  meilleur 
rofeau ,  félon  Théophrafte ,  Hift.  plant.  I.  4.  Voyez 
Orthe. 

HIPPICI  montes  ,  "W«*  ofw ,  montagne  de  la  Sar- 
matie  ,  en  Afie ,  félon  Ptolomée. 
5HIPPINI,  peuple  de  l'Afie  mineure,  félon  Pline  : 
c'étoit  le  même  que  les  Halydienfes.  Le  P.  Hardouin 
foupçonne  qu'il  faut  lire  Hipfini  de  la  ville  d'Hipsus  , 
Ï4<>Ç ,  que  les  anciennes  Notices  eccléfiaftiques  mettent 
dans  la  Phrygie  falutaire.  Voyez  Hypsus  3  ,  ck  Ipsus. 

HIPPIOPROSOPI ,  ■U-nuT.^eir»,  c'eft-à-dire,  fact 
du  cheval,  nom  d'un  peuple  d'Anthropophages  ou  man- 
geurs d'hommes  ,  c'eft-à-dire  ,  peu  fréquentés  ck  peu 
connus,  qui  habitait  dans  l'Inde,  en- deçà  du  Gange, 
félon  Arrien.  *Perip.  Mar.  Erythr. 

HIPPO.  Voyez  Hippone. 

HIPPO  Car ausi  arum  ,  ville  d'Espagne  ,  dans  la 
Betique,  au  département  de  Hispal,  félon" Pline,  l.  3, 
ci ,  dans  les  anciennes  éditions  ;  mais  le  P.  Hardouin 
fait  trois  villes  de  ces  deux  noms  ,  favoir  Orippo  ,  au- 
jourd'hui Pailla  de  dos  Hermanas ,  à  neuf  mille  pas  de  Se- 
ville  ,  Caura  ck   Siarum  ;   cette  dernière  eft  à  prêtent 

1.  HIPPOBOTON  ,  prairie  de  la  Médie  ,  où  l'on 
nourrifloit  des  chevaux  ;  on  y  paflbit  en  allant  de  la 
Perfide  ck  de  la  Babylonie ,  aux  portes  Caspiennes  ,  fé- 
lon Strabon  ,  /.  11,  p.  525.  C'eft  de- là  que  l'onprennoit 
les  chevaux  nommés  Nifai. 

2.  HIPPOBOTON  argos  ,  la  même  ville  qu'^r- 
gos  Hinpium.  Voyez  ARGOS. 

3.  HIPPOBOTON.  yElien,dans  fesHiftoires  diver- 
fes,  /.  6,  c.  1  ,  nomme  ainfi  une  terre  des  Chalcidiens, 
en  Eubée,  laquelle  fut  prife  par  les  Athéniens,  ck  par- 
tagée en  quarante  portions,  qui  furent  tirées  au  fort.  Ce 
nom  vient  àe"lw7i-c,  cheval,  ckde  ïéu  ,  paître,  ck  ligni- 
fie un  lieu  propre  à  nourrir  des  chevaux. 

HIPPOCEPHALUS,  fauxbourg  de  la  ville  d'Antio- 
che  de  Syrie ,  à  trois  mille  pas  de  la  ville  ,  félon  Am- 
mien  Marcellin  ,  /.  21,  c.  15. 

HIPPOCORONA,  'lwJpmvz,  lieu  d'Afie,  dans  la 
Myfie,  au  territoire  d'Adramytte,  félon  Strabon  ,  /.  10, 
p.  472. 

HIPPOCORONIUM ,  'lîTOTKopV/ov ,  lieu  de  l'ifle  de 
Crète  ,  félon  le  même. 

HIPPOCRENE ,  c'eft-à-dire  la  fontaine  du  cheval. 
Perse  dit  en  latin  Caballinus  fons: 

.  Nie  fonte  labra  prolui  Ca.balti.no. 

fontaine  de  Grèce,  dans  la  Béootie.  Pline,  /.  4,  c. 7, 
nommant  les  fontaines  qui  étoient  dans  cette  province , 
dit  :  (Edipodie  ,  Psamathé ,  Dircé ,  Epicrane  ,  Are- 
thufe,  Hippocrene,  Aganippe,  Gargaphie,  l'Aganippe 
ck  l'Hippocrene  étoient  fur  le  mont  Helicon.  Ovide 
femble  n'en  faire  qu'une  dans  ces  vers  pris  du  cinquième 
livre  des  Faftes  ,  v.  7  &  8  : 

Dicite  ,  quee  fontes  Aganippidos  Hippocrenes  , 
GraU  Medufsi  Jigna  tenetis  equi. 

Tome  III,    A  a  a  ij 


HIP 


172 

Solin  ,  c.  7,  p.  23,  édit.  Salmaf.  les  diftingue  beaucoup 
mieux  ;  car  après  avoir  nommé  l'Aganippe  &  l'Hippo- 
crène  ,  il  dit  que  Cadmus  ,  premier  inventeur  des  let- 
tres ,  trouva  ces  deux  fontaines  en  courant  à  cheval , 
lorsqu'il  cherchoit  un  lieu  pour  s'y  établir  ;  que  de-là 
les  poètes  ont  pris  la  licence  de  dire  que  l'une  d'elles 
étoit  (ortie  de  delïbus  les  pieds  du  cheval  aîlé  (Pega'fe,) 
&  que  les  eaux  de  l'une  &C  de  l'autre,  étant  bues,  inspi- 
roient  la  fcïence.  Saumaife  ïoutient  qu'il  faudrait  dire 
en  latin  Hippucrene ,  &  non  pas  Hippocrene  ,  qui  eft 
venu  de  l'ignorance  des  copiftes  ;  car,  dit- il,  les  Grecs 
ne  difent  point  en  un  feul  mot  'l-mny.fwti ,  mais  en  deux 
mots  '\71wi  xpuwi ,  &  de  même  que  les  auteurs  Latins  ont 
dit  Menandrus  Thaïs,  Àlexandru  Stephanos,  que  l'on 
trouve  dans  Pline ,  ils  ont  fait  Mopfaejlia  de  M«'4b  «s1'*, 
&  non  pas  Mopfoeftia ,  Heliu  Trape^a  -,  &  non  pas  He- 
lio  Trape\a.  C'eft  par  la  même  analogie  que  l'on  trouve 
Antinou ,  génitif  d'Antinous ,  pour  fignifler  la  ville  d'E- 
gypte, qui  portoitle  nom  de  ce  mignon  d'Adrien.  Quoi 
qu'il  en  foit ,  l'ufage  eft  préfentement  pour  Hippocrène. 
Cette  fontaine,  fi  vantée  par  les  poètes,  eft  furie  pen- 
chant de  l'Helicon  ;  cependant  Pàufanias  qui  a  décrit 
avec  un  extrême  détail  jusqu'aux  moindres  ftatues  que 
les  anciens  avoient  érigées  fur  cette  montagne  ,  ne  fait 
aucune  mention  de  l'Hippocrène  quoiqu'il  parle  de  l'Aga- 
nippe, fontaine  qui  eft  à  la  gauche,  quand  on  va  aubois  con- 
sacré aux  Mufes.  Il  dit  auffi  que  cette  Aganippe  étoit  fille 
de  Termefliis ,  rivière  qui  coule  autour  de  cette  montagne. 

1.  HIPPOCURA,  'Wzsqi,  ville  de  l'Inde  ,  en- 
deça  du  Gange,  au  bord  de  la  mer,  félon  Ptolomée, 
/.  7,  c.  1. 

2.  HIPPOCURA,  autre  ville  de  l'Inde,  en-deçà  du 
Gange ,  dans  les  terres ,  félon  le  même  :  il  dit  que  c  e- 
toit  la  réfidence  de  Balercur  ou  Baleocur.  L'une  &  l'au- 
tre étoit  dans  l'Ariace. 

HIPPODES  &  Jamnesia  :  ce  font  deux  ifies  de  la 
mer  des  Indes  ,  fi  l'on  en  croit  Jornandès.  Ortélius , 
Thefaur.  croit  que  ces  deux  noms  font  corrompus ,  au 
lieu  cVHippopodes  &  Phanefii ,  peuples  que  l'on  a  mal- 
à-propos  metamorphofés  en  ifles. 

HIPPODIUM  ou  Hypopôdium,  fiege  épiscopal , 
au  pays  des  Sarrafins.  Il  en  eft  fait  mention  au  concile 
de  Chalcédoine  ,  félon  Ortélius. 

HIPPODROME ,  place  deftinée  aux  courses  des  che- 
vaux &  au  manège.  Il  y  en  avoit  une  à  Rome ,  une  à 
Conftantinople ,  une  à  Carthage ,  une  à  Alexandrie  d'E- 
gypte &  ailleurs. 

HIPPOLA,  ville  ancienne  du  Peloponnèfe,  dans  la 
Lacohié,  félon  Pàufanias ,  /.  3  ,  c.  25  ;  il  dit  qu'elle  étoit 
détruite ,  &•  qu'entre  fes  ruines  on  voyoit  un  petit  tem- 
ple ;  dédié  à  Minerve  Hippolaïtide. 

HIPPOLAI  & 

HIPPOLEON.  Voyez  Ippoleum. 

HIPPOLOCHI  Villa  ,  lieu  de  Grèce.  Hippocrate 
■en  fait  mention ,  de  Morbis ,  l.  4. 

HIPPOLITI  lacus.  Voyez  TrivijE. 

HIPPOMOLGI  :  c'eft  moins  le  nom  particulier  d'une 
nation  qu'une  épithéte ,  qui  fignifie  des  gens  quift  nmir- 
rijfoient  du  lait  des  cavales  ;  ce  qui  étoit  commun  à  cer- 
tains peuples  de  Thrace ,  de  Sarmatie  Se  autres, 

1.  HIPPONE  :  Hippo  &  Hipponium,\\\\t  &  colo- 
nie de  la  grande  Grèce  ,  au  pays  des  Brutiens.  On  la 
nommoit  auffi  VlBO  Valentia.  Voyez  ce  mot. 

2.  HIPPONE,  Hippo,  ville  d'Espagne,  félon  Tite- 
Live,  /.  39 ,  c  30,  qui  dit  qu'il  y  eut  une  aclîon  entre 
les  fourrageurs  ,  affez  près  d'Hippone  &  de  Tolède. 

3.  HIPPONE  LA  NEUVE,  Hippo  nova  ,  ville  d'Es- 
pagne ,  entre  le  Guadalquivif  &  1  Océan  ,  dans  la  Be- 
tique  ,  félon  Pline  ,  /.  3  ,  c.  1 ,  &C  par  conféquent  diffé- 
rente de  celle  deTite-Live  ,  qui  étoit  dans  la  Carpetanie. 

4.  HIPPONE,  Hippo,  champ  de  Me  de Co  :  c'eft 
de-là  que  l'on  tirait  le  vin  appelle  Hippocoum  vinum. 

5.  HIPPONE,  Hippo,  ville  d'Egypte,  félon  la  No- 
tice de  l'empire,  fecl.  18.  C'eft  la  même  que  celle  qu'An- 
tonin  place  dans  la  Marmarique  ou  la  Cyrenaïque,  entre 
Darnide  &  Michera,  à  vingt-huit  mille  pas  de  la  pre- 
mière ,  &  à  trente  mille  pas  de  la  féconde. 

6.  HIPPONE,  ville  dePaleftine.  Voyez  HiPPOS. 

7.  HIPPONE  ,  ville  d'Afrique  :  elle  étoit  nommée 
Hippo ,  &  furnommée  Diarrhytus  ,   pour  la  diftinguer 


HIP 


d'une  autre  Hippone  ,  auffi  en  Afrique  ,  dans  la  Numi- 
die,  furnommée  la  Royale,  Hippo  revins.  Pline  dit:  il 
y  a  là  trois  caps  ,  le  cap  blanc  ,  le  cap  d'Apollon  ,  op- 
pofé  à  la  Sardaigne ,  &c  celui  de  Mercure ,  oppofé  à  la 
Sicile.  Ces  trois  caps  forment  deux  golfes  ;  celui  d'Hip- 
pone ,  ainfi  nommé  d'une  ville  ,  que  l'on  appelle  Hip- 
pone détruite  ,  appellée  Dïarrhytum  par  les  Grecs ,  à 
caufe  des  eaux  dont  elle  eft  arrofée.  Ces  mots  Hippone 
détruite  ,  en  latin  ab  oppido  quod  Hipponem  dirutum  va- 
cant, font  fuspefts,  avec  juftice,  au  P.  Hardouin  ,  qui 
croit  qu'au  lieu  de  dirutum ,  il  faut  lire  Zarytum  ,  em- 
ployé pour  Diarytum ,  comme  on  a  dit  Zabulus  pour 
Diabolus  ,  Zata  pour  Diana  ;  ce  qui  fait  voir  que  le 
mot  dirutum  ,  détruite  ,  ne  convient  pas  ;  c'eft  qu'Hip- 
poné  n'étoit  pas  détruite  du  tems  de  Pline.  C'étoit  au 
contraire  une  colonie  florifiante  ,  comme  on  le  peut  re- 
cueillir d'une  Lettre  de  Pline  le  Jeune  ,  /.  9 ,  Epift.  x  <f. 
Il  y  avoit  auprès  de  cette  ville  un  lac  navigable ,  d  où 
la  marée  fortoit  comme  une  rivière  ,  &  où  elle  ren- 
trait ,  félon  le  flux  &  le  reflux  de  la  mer.  Dans  la  No- 
tice épiscopale  d'Afrique  ,  cette  ville -étoit  le  fiege  d'un 
évêque  ;  &t  l'on  y  trouve  Marianus  .Hippo7<aritenfis ,  de 
la  province  proconsulaire.  Dans  la  Conférence  de  Car- 
thage, il  fe  trouve  deux  évêques  de  cette  ville ,  l'un  Ca- 
tholique, l'autre  Donatifte  ,  favoir  Florentin  &  Viftor. 
Ce  dernier  eft  qualifié  évêque,  Hipponenjtum  Zarito- 
rum ,  &  Hipponenfis-Diarrhitorum.  Cette  ville  eft  nom- 
mée Hippo-Zarrhyto  dans  l'Itinéraire  d'Antonin,  & 
Ipponte  Diarito  ,  dans  la  Carte  de  Peutinger.  L'ano- 
nyme de  Ravenrie,  /.  3  ,  c.  6,  écrit  Hippone  Zarefion, 
èk  ?.  5 ,  c.  5  ,  Hippon  Zarejlum.  Strabon  donne  le  fur- 
nom  de  royale  à  cette  Hippone ,  auffi-bien  qu'à  l'autre  , 
en  quoi  il  fe  trompe.  Dans  le  concile  de  Carthase,  tenu 
fous  S.Cyprien,  on  trouve  le  martyr  Pierre ,  évêque  de 
cette  Hippone ,  &  dans  la  Lettre  des  prélats  de  la  pro- 
consulaire ,  qui  avoient  aflifté  au  concile  de  Latran  ,  eft 
entre  les  fouscri pteurs  Donat  Dei  gratïa  episcopus  fanÛte 
ecclejzte  Ipponiraritenfîs.  C'eft  préfentement  Biferte. 

8.  HIPPONE  LA  ROYALE  ,  Hippo  regius  ;  Ptolo- 
lomée  dit  "Iwtîv  /Sao-Mfxèr ,  parce  qu'elle  étoit  dans  le  pays 
des  rois  de  Numidie  ;  au  lieu  que  l'autre ,  qui  étoit  dans 
le  territoire  des  Carthaginois,  n'étoit  nullement  royale, 
quoique  Strabon  lui  ait  donné  ce  furnom.  Procope, 
Vandal.  l.z,  c.  A,,  parlant  de  Belifaire,  dit  :.  il  vint  à 
une  forte  place  des  Numides,  fituée  au  bord  de  la  mer, 
éloignée  de  Carthage  de  dix  journées  de  chemin  ,  &c 
nommée  Hippone  la  royale.  On  dispute  fi  elle  étoit  co-^ 
lonie  Romaine  ;  &;  la  queftion  feroit  décidée,  s'il  étoit 
bien  fur,  que  ces  lettres  C.  G.  I.  H.  P.  A.  fur  une  mé- 
daille de  Marc-Antonin  fignifiaflent  CoLONIA  Geme- 
LIA  JULIA  HlPPONENSIS  PIA  AUGUSTA  ,  comme  le 
prétend  Vaillant ,  de  Num.  Colon.  Cette  ville  étoit  épis- 
copale auffi-bien  que  la  précédente  ,  &  elle  tire  (on 
plus  grand  luftre  d'avoir  eu  pour  fon  évêque  S.Augus- 
tin ,  l'une  'des  plus  grandes  lumières  qui  ayant  éclairé 
l'églife.  C'eft  préfentement  la  ville  de  Bone  ,  en  Afrique. 

HIPPON  ACRA  ,  pour  HlPPOU  ACRA.  Voyez  HlP- 
PAGRETA. 

1.  HIPPONESUS,  ville  d'Afie,  de  la  Carie,  félon 
Etienne  le  Géographe. 

2.  HIPPONESUS ,  Ville  delà  Libye  ,  félon  le  même. 
Cet  auteur  auroit  dû  dire  plutôt  que   c'étoient  des 

ifles ,  comme  le  marque  leur  nom ,  qui  fignifie  Yijle  du. 
cheval.  Pline  met  la  première  dans  le  golfe  Céramique. 

1.  HIPPONIATES  sinus,  golfe  d'Afrique  ;  c'eft 
préfentement  le  golfe ,  qui  eft  à  l'orient  de  Biferte.  Voyez 
Hippone  7. 

2.  HIPPONIATES  sinus  ,  golfe  de  la  mer  Tyr- 
rhene  ,  fur  la  côte  occidentale  du  royaume  de  Naples. 
C'eft  préfentement  le  golfe  de  fainte  Euphemie. 

HIPPONICA  regio  ;  contrée  de  Grèce,  dansl'At- 
tique  ,  félon  l' Athénée  /.  2,  c.  2.  Ortélius  foupçonne 
qu'elle  étoit  dans  l'Attique,-  ou  peut-être  l'Attique 
même. 

HIPPONITIS  LACUS ,  lac  d'Afrique  ,  auprès  de  la 
ville  d'Hippone.  Voyez  Hippone  7. 

HIPPONIUM.  Voyez  Vibo-Valentia. 

HIPPONON  ,  ville  d'Egypte  ,  entre  Antinou  & 
Aphroditen  ,  félon  l'Itinéraire  d'Antonin,  qui  marque 
ainfi  cette  route  ; 


HIP 


HIP 


Antlnou  ,'• 

Peos  Arltmidos , 

VIII. 

M. 

Mufon  , 

XXXIV. 

M, 

Hipponon, 
Alyi, 

XXX. 

M. 

XVI. 

M. 

Timor.epjî , 

xvi. 

iM, 

Aphrodiun. 

:xiv. 

M. 

Ôrtélius  doute  fi  ce  n'eft  point  la  ville  d'Hippone ,  que 
la  Notice  de  l'empire  place  en  Egypte. 

HiPPOPHAGl  :  ce  nom  eft  moins  le  nom  propre 
d'un  peuple  qu'une  épithéte  ,  qui  fignifie  des  gens  qui 
mangcoient  des  chevaux. ,  Les  Grecs  ont  donné  ce  fobn- 
quet  à  des  Sarmates  ,  à  des  Scythes ,  &:  à  d'autres  peu- 
ples qui  avoient  cette  coutume. 

HIPPOPODES  ,  anciens  peuples  au  feptentrion  de 
l'Europe ,  félon  Pomponius  Mêla  ,  /.  3  ,  c.  6.  Après 
avoir  dit  que  dans  certaines  ifles  ,  vis-à-vis  de  la  Sar- 
matie,  (c'eft-a-dire  dans  la  n\er  Baltique,)  il  y  avoit 
un  peuple  nommé  les  Otcones,  qui  fe  nourrifloient  d'oeufs 
d'oifeaux  fauvages  &C  d'avoine  ;  il  y  ajoute  .qu'il  y  avoit 
des  Hippopodes  ,  qui  avoient  des  pieds  de  cheval.  So- 
fi'ri,  c.  19,  edit.  Salamaf.  parlant  de  ces  mêmes  peuples, 
la  place  d'une  manière  plus  obscure  ;  car  il  dit  fur  l'au- 
torité de  Xénophon  de  Lampsaque,  que  du  rivage  des 
Scvthes ,  en  trois  jours  de  navigation  ,  on  arrivoit  à 
l'ifle  d'Abalcia,  (Saumaife  dit  Y  ifle  de  Bakhia,)  que 
cette  ifle  eft  d'une  étendue  immense,,  &  presque,  fem- 
blable  à  la  terre  ferme  ;  (ceci  reffemble  bien  à  la  Scan- 
dinavie,) que  peu  loin  de-là  étoient  les  Oaeones,  ha- 
bitées par  des  gens  qui  vivoient  d'oeufs  d'oifeaux  de  mer 
&  d'avoine  ,  qui  venoient  fans  culture  ;  que  des  ifles 
voifines  étoient  habitées  par  des  Hippopodes,,  gens  qui 
reflèmbloient  à  des  hommes  en  tout ,  excepté  leurs  pieds 
qui  étoient  faits  en  pieds  de  cheval.  Cela  vient ,  fans 
doute  ,  d'une  forte  de  chaufïltre  mal  examinée. 

.HIPPOREJE,  peuple  de  l'Ethiopie  ,  fous  l'Egypte, 
félon  Pline,  /.  6,  c.  30. 

HIPPORUM  ;  ancienne  ville  de  la  grande  Grèce ,  au 
pays  des  Brutiens.  Antonin,  Itiner.  la  met  fur  la  route 
àEquotuticum  à  Rhegium  ,  entre  Scillacium  &  cette 
dernière  ville. 


Scyllacium, 
Cocinthum , 
Sucçelanum , 
Subcijîvum  j 
Altanum , 
Hipporum , 
Decaftidium, 
Rhemum. 


XXII.  M.   P. 

XX.  M.   P. 

XXIV.  M.   P. 

XX.  M.   P. 

XXIV.  M.   P. 

XXII.  M.   P. 

XX.  M.   P. 


C'eft  préfentement  Felo ,  bourg  du  royaume  de  Naples , 
dans  la  Calabre ,  près  de  Rofarno. 

1.  HïPPOS  ,  ancienne  ville  de  la  Paleftine  ;  elle  étoit 
célèbre  du  tems  de  Jofeph,  de  Bell.  1.  3  ,  c.  z,  &,  ca- 
pitale d'un  petit  canton  nommé  Hippene.  Cette  ville 
étoit  au-delà  du  lac  de  Tiberiade , ,  à  trente  ftades  de 
la  ville  de  Tiberiade ,  &  à  foixante  de  Gadara ,  Jofeph , 
de  Vkâ  fui.  Les  campagnes  d'Hippos  &C  de  Scythopo- 
lis  étoient  limitrophes.  L'Hippene,  Gadare  &  la  Gau- 
lanite  bornbient  la  Galilée  ,  du  côté  du  levant.  Cette 
ville  fut  épiscopale,  &  on  trouve  quelques-uns  de  fes 
évêques  dans  les  fouscriptions  des  conciles.  Elle  eft  nom- 
mée Hippus  entre  les  onze  villes  de  la  féconde  Palef- 
tine ,  dont  la  métropole  étoit  Scythopolis ,  dans  la  No- 
tice dé  Hieroclès.  Celle  de  l'abbé  Milon  place  Ippus 
en  Galilée ,  fous  Nazareth ,  érigée  en  métropole  ,  à 
caufe  du  refpeft  que  l'on  avoit  pour  la  mémoire  de  la 
nativité,  &  de  l'annonciation  de  la  fainte  Vierge.  Dans 
l'Hiftoire  eccléfiaftique  de  Socrate  ,  lorsqu'il  parle  du 
concile  d'Antioche  ,  de  l'an  363  ,  on  lit ,  après  Titus  de 
Boftra,  Pierre  de  Sippon  ,  Petnis  Sippon,  nirpm  "S-W-nav  ; 
c'eft  une  faute  du  copifte  qui  a  joint  une  S  au  commen- 
cement de  ce  mot ,  à  caufe  de  Y  S  finale  du  mot  pré- 
cédent. Il  faut  lire  Pctrus  Hippon,  n>Vpo{  "L-ra-«|>,  comme 
le  remarque  Reland ,  Palefl.  p.8±i.  Dans  les  Actes  du 
concile  de  Jerufalem ,  tenu  en  536,  il  eft  fait  mention 
de  Théodore  évêque  des  Hippeniens ,imant>m  'Ittwiiiw  ; 
c'eft  une  faute  ,  il  faut  lire  'Itr-rtHvây.  Pline,  /.  5  ,  c.  15 
&  18,  nomme  cette  même  ville  Hippo. 


373 

.,  t.  HIPPOS,  montagne  ci  village  de  l'Arabie  heu- 
reufe,  au  golfe  d'jElana,  félon  Ptolomee,  /.  2,  c.j. 
.  3.  HIPPOS,  rivière  de  Cholchide.  Pline,/.  6,  c.  4, 
dit  :  entre  les  villes  célèbres ,  fituées  fur  le  Phafe ,  eft 
Aea ,  environ  à  quinze  mille  pas.  de  la  mer.  C'eft  là 
que  1'  Hippos  5c  le  Cyaneos,  grandes  rivières  qui  vien- 
nent de  deux  côtés  oppofés,  commencent  à  couler 
dans  un  même  lit ,  &  ne  deviennent  qu'un  même 
fleuve.  Le  P.  Hardouin  explique  l'origine  de  ces  deux 
noms.  VHippos  étoit  ainfi  appelle  ,  à  caufe  de  la  rapi- 
dité de  fa  courfe  :  le  Cyaneos ,  à  caufe  de  la  couleur 
bleue  de  fes  eaux.  Il  ajoute  que  l'un  &:  l'autre  fe  per- 
doit  dans  le  Phafe.  En  ce  cas  il  y  avoit  plufieurs  riviè- 
res de  ces  deux  noms  fur  cette  côte;  car  outre  les 
deux  qui  tomboient  dans  le  Phafe  ,  on  trouve  plus  au 
nord  ,  &  en  approchant  de  Dioscuriade ,  deux  autres  ri- 
vières ,  aufli  nommées  Hippos  &.  Cyaneos ,  qui  avoient 
leurs  embouchures  féparées ,  &  tomboient  dans  le  Pont- 
Euxin.  Voici  comment  Ptolomee  ';  l.  5  ,  c.  10 ,  les  place  , 

Dioscuriale  la  même  que  Sebas-    Long.      Lat. 

^topolis,  ^  -71  d.  10'.  46d-4y. 

L'embouchure  del'Hippus,  71        o.  46     30. 

N>eaPuIis'u    .    ,    -  7i      30-  4Ï     30- 

L  embouchure  du  Cyaneos ,  71      30.  45     15. 

On  voit  que  dans  Ptolomee  il  s'agit  de  rivières  qui  avoient 
leur  embouchure  danslePont-Euxin,  &  par  conféquent 
elles  étoient  différentes  de  toutes  celles  qui  tombent  dans 
le  Phafe.  Arrien,  Peripl.Pom.Eux.-ç.  10,  èdit.  Oxon. 
qui  avoit  vifité  toute  cette  côte ,  avec  un  extrême  foin  , 
pour  en  rendre  compte  à  l'empereur  qui  l'en  avoit  chargé, 
met  au  nord  du  Phafe  le  Chariente,  à  90  ftades,  enfiiîte 
le  Cobus  ,  qui  eft  à  90  autres  ftades  ;  puis  le  Singa- 
mis,  éloigné  du  Cobus  de  110  :  il  compte  enfuite  du 
Singamis  au  Tatfuras  1 20  ftades ,  du  Tarfura  à  l'Hip- 
pos  150,  de  l'Hippos  à  l'Aftelephe  30  ftades,  de-là  à 
Sebaftopolis.  iiù  ftades.  Ainfi ,  félon  ce  détail,  il  y  'avoit 
de  l'embouchure  du  Phafe  à  celle  de  l'Hippos  650  fta- 
des de  côtes  ;  ce  qui  revient  à  vingt-fept  ou  vingt-huit 
lieues.  Il  faut  conclure  que  l'Hippo  d'Arrien  ,  dont  Pto- 
lomee fait  mention,  eft  très-différent  de  l'Hippos  de 
Pline ,  &c  que  ce  font  deux  rivières  fur  la  même  côte. 
Strabon>  /.  11  ,  p.  498,  parle  aufli  de  l'Hippos,  quife 
perd  dans  le  Phalè ,  &  ne  connoit  que  celui-là.  Les  gens 
du  pays  appellent  cette  rivière  Scheni-Shari. 

4.  HIPPOS ,  rivière  de  la  Cholchide.  Voyez  l'article 
précédent. 

...  H1PPOPHOONTIA  Tribus.  Paufanias,  PoIlux& 
Suidas  nomment  ainfi  une  tribu  de  Grèce ,  dans  l'At- 
tique. 

HIPPOTAMADvE ,  pattie  de  la  tribu  Oeneïde,  dans 
l'Afrique.  Meurfius  croit  qu'il  faut  écrire  Hippodame'Ladce, 
du  nom  d'Hippodamus  Milefien ,  qui  avoit  fait  cons- 
truire une  place  de  marché  au  Pirée. 

HIPPOTAS,  village  de  Grèce,  près  de  l'Helicon, 
entre  Thèbes  &  Coronée ,  félon  Plutarque,  in  Amator. 

HIPPOTHOITIS,  tribu  des  Tegéates,  au  Pelopon- 
nèfe ,  félon  Paufanias.  Elle  prenoit  ce  nom  àïHippo- 
thon ,  au  rapport  de  Suidas.  *  Ortel.  Thef. 

HIPPOUACRA,  ou 

HIPPUACRA.  Voyez  Hippagretà. 

HIPPUCRENE.  Voyez  Hippocrene. 

HIPPUR1S,  ifle  de  l'Archipel,  l'une  de  Cyclades , 
félon  Pomponius  Mêla  ,  /.  2  ,  c.  7;  &  Pline,  /.  4,  c.  12. 

HIPPURISCUS  ,  ifle  d'Afie  ,  fur  la  côte  de  Carie, 
félon  Etienne  le  Géographe. 

HIPPURISSURA  ,  ifle  de  l'Archipel.  Cette  ifle  n'a 
d'autre  origine  que  l'erreur  des  copiftes,  qui  ont  répété 
mal-à-propos  le  nom  d'Hippuris ,  &  l'ont  corrompu  en 
le  répétant. 

HIPPUROS  ou  Hippuri  Portus  ,  port  de  la  Ta- 
probane,  félon  Pline,  /.  6,  c.  22.  Bochart,  /.  2  ,€.46, 
p.  769,  croit  que  ce  nom  conferve  des  traces  de  l'O- 
phir,  où  alloieht  les  flottes  de  Salomon.  Voyez  Ophir. 

HIPPUS.  Voyez  Hippos  &:  Hippi. 

HIPZARITUM.  Voyez  Hippone  7. 

HIR ,  "E/p  ,  ou  comme  écrit  l'interprète  Chaldéen  , 
lieu  de  la  Paleftine  ,  aux  confins  du  pays  de  Moab. 
*  K umer.  c.  21. 

HIRA ,  montagne  de  la  MefTenie ,   dans  le  Pelopon- 


374  H1R 

nèfe  ,  félon  Etienne  le  Géographe  &:  Suidas.  Homère , 
ïliad.l.  i,  nomme  ce  lieu  Hire  ,  &  Euftathe  fon  com- 
mentateur dit ,  à  cette  occafion ,  que  c'eft  une  montagne 
&  une  ville  de  la  Meflenie. 

H1RAH  ,  petite  ville  d'Arabie.  Voyez  l'article  de 

HlSNOUDDAMOULA. 

HIRCANIE.  Voyez  Hyrcanie. 

i.  HIRE.   Voyez  Hira. 

2.  HIRE ,  ville  de  l'ifle  de  Lesbos ,  félon  Euftathe. 

HIRENENSIS  ,  fiege  épiscopal  d'Afrique  :  on  trouve 
dans  laGonférence  de Carthage,/?.  189,  edit.Dupin.  Ter- 
tuilien  qualifié  Episcopus Hirentnfis.  L'Epître  iynodique 
des  évêques  de  la  Byzacene  ,  qui  affifterent  au  concile 
de  Latran  ,  fous  le  pape  Martin,  eft  fouscnte  par  Théo- 
dore Episcopus  Hirinenjîs. 

HIRIA.   Voyez  Iria. 

HIRLAND1.  Voyez  Irlande. 

HIRMEN.  Voyez  Hendmen. 

HIRMIN1UM  ou  Hirminius,  rivière  de  Sicile, 
félon  Pline  ,  /.  3  ,  c.  8.  Elle  eft  dans  fa  partie  méri- 
dionale. C'eft  préfentement  Fiume  di  Mauli  ;  vers  fon 
embouchure  on  la  nomme  aufli  Fiume  di  Ragufa, 
à  caufe  d'une  ville  de  ce  nom  quelle  arrofe  ;  mais  plus 
haut  &  en  approchant  de  fa  fource,  on  l'appelle  Fiume 
di  Giaratana ,  (  Cerretana  )  à  caufe  du  marquifat  de  ce 
nom ,  où  elle  fort  de  terre. 

HIRPI ,  familles  particulières  d'Italie.  Pline,  /.  7,  c.  1, 
dit  :  à  peu  de  diftance  de  la  ville  de  Rome,  au  tern- 
troire  des  Falisques ,  il  y  a  un  petit  nombre  de  famil- 
les que  l'on  appelle  Hirpi.  Tous  les  ans,  dans  un  facri- 
fice  qui  fefait  à  Apollon,  au  mont  Sorafte ,  ils  marchent 
fans  fe  brûler  fur  un  grand  tas  de  bois  allumé.  C'eft 
pour  cela  que ,  par  un  décret  perpétuel  du  fénat ,  ils  font 
exemts  d'aller  à  la  guerre  ,  &  de  toutes  autres  charges. 
Aruns  qui  étoit  de  cet  ordre,  parle  ainfi  dans  l'Enéide  , 
/.  11,  v.785  : 

Summt  Deûm  ,  fancli  cujlos  Soraiïis  Apollo, 
Quem  primi  colimus ,  oui  pineus  ardor  acervo 
Pafcilur ,  6-  médium  freti  pietate  ptr  ignem 
Cultores  muka  premimus  veftgia  pruna. 

Silius  Italicus  ,  /.  5  ,  dit  auffi  que  ces  facrifices  fe  fai- 
foient  à  Apollon  ;  mais  Strabon  ,  /.  5  ,  p.-ll6,  dit 
qu'ils  étoient  en  l'honneur  de  Feronia.  Servius ,  fur  le 
partage  de  Virgile,  cite  Varron,  &  avertit  que  ces  prê- 
tres ne  marchoient  ainfi  fur  des  brafiers,  qu'après  s'ê- 
tre froté  les  pieds  avec  quelque  préparation.        -    - 

HIRPINI,  les  Hirpins,  ancien  peuple  d'Italie,  fé- 
lon Ptolomée  ,  qui  leur  donne  pour  villes , 


H1S 


Aquilonia , 
Abellinum  , 


Alculanum  , 
Fratuolum , 


Pline,  /.  3,  c,  10,  dit  :  dans  la  féconde  région,  les 
Hirpins  n'ont  qu'une  colonie ,  favoir  Aufeculani ,  Aqui- 
loni ,  Abellinates  cognomine  Protropi ,  Compfani  ,  Cau- 
dini ,  Ligures  qui  cognominantur  Corndiani ,  &  qui  Be- 
biani,  Vescellani ,  JÈculani,  Aletrini,  Abellinates  cogno- 
minati  Marji  ,  &c.  Le  P.  Hardouin  croit  que  les  peu- 
ples nommés  après  les  Vescellani ,  n'étoient  plus  des 
Hirpins.  Il  fe  trompe  ;  les  Alcùlani  en  étoient,  comme 
on  le  peut  voir  dans  l'endroit  cité  de  Ptolomée.  Ainfi 
le  pays  des  Hirpins  étoit,  où  font  préfentement  la  Ce- 
dogna  ,  Conça  ,  Eclano,  Mirabdla  ,  &c.  Strabon,/.  5, 
fubfin.  les  compte  entre  les  Samnites. 

Dans  la  principauté  ultérieure ,  qui  faifoit  partie  des 
Hirpins ,  on  trouve  Ariano ,  Acellino ,  Fregento ,  Nufco, 
S.  Agata  de  Goti.  *  Noces  du  P.  Chadevoix. 

HIRPINUM  ,  ancienne  ville  d'Italie ,  au  pays  des 
Hirpins ,  félon  le  Biondo.  Léandre  dit  que  c'eft  pré- 
fentement Harpaïa ,  &  que  les  anciens  l'ont  nommée 
Harpadium.  Cette  ville  eft  inconnue  aux  anciens.  *Ortd. 
Thef. 

HIRRENSES ,  peuple  d'Italie ,  dans  la  Campanie.  Il 
en  eft  fait  mention  au  Livre  des  Limites.  *  Ortd.  Thef. 
HIRRI ,  ancien  peuple  de  la  Sarmatie ,  quelque  part 
vers  la  Courlande.  Pline  ,  /.  4,  c.  13  ,  le  nomme  avec 
les  Scyri ,  les  Venedes  ,  êk  autres  Sarmates  :  on  croit 
qu'ils  habitoient  les  provinces  de  Letten  &  d'Etonie. 
HIRSAUGE,  abbaye  d'Allemagne,  au  diocèfe  de 


Spire ,  fur  le  Nagolt ,  à  deux  lieues  au  nord  au-deflbus 
de  Calb ,  ordre  S.  Benoît  ;  elle  doit  fon  origine  à  la 
tranflation  des  reliques  d'un  faint ,  qui  furent  apportées 
d'Italie.  Erlafroi,  comte  de  Calve,  eut  un  fils,  nommé 
Notinge,  qui  fut  fait  évêque  de  Verceil.  Notinge,  qui 
félon  fon  devoir ,  réfidoit  d'ordinaire  dans  fon  diocèfe  , 
voulut  un  jour  repafier  en  Allemagne  pour  voir  fon  père, 
&  crut  qu'il  devoit  lui  faire  préfènt  du  corps  de  S.  Au- 
rele ,  évêque  Arménien  ,  qui  étoit  en  fadilpofition.  D'a- 
bord il  eut  fcrupule  de  tirer  (es  reliques  de  fon  diocèfe  ; 
mais  le  faint  lui  fit  connoître  en  fonge ,  que  fon  deffein 
lui  étoit  agréable ,  &  qu'il  fouhaitoit  qu'on  bâtit  un  mo- 
naftere  dans  le  lieu  où  Dieu  rendrait  la  vue  à  un  aveugle. 
Notinge  alla  donc  vifiter  les  parens  en  Allemagne ,  &C 
y  transféra  les  reliques  du  faint.  Non  loin  du  château 
d'Erlafroi,  il  y  avoit  une  chapelle  dédiée  à  S.  Nazarre, 
où  il  jugea  devoir  mettre  ce  précieux  dépôt  ;  &c  comme 
il  l'y  portoit  ,  il  vint  un  aveugle  qui  recouvra  l'ufage 
des  yeux ,  en  préfence  de  tout  le  monde.  Un  miracle 
fi  évident  accrut  extrêmement  la  vénération  qu'on  avoit 
pour  le  faint;  &  Notinge,  avant  que  de  s'en  retour- 
ner en  Italie,  perfuada  à  Erlafroi  de  fonder  un  monaf- 
tere  dans  le  lieu  même  où  étoit  arrivé  le  miracle.  L'on 
en  pofa  les  fondemens  l'an  830,  &  il  fut  achevé  fept 
ans  après.  Erlafroi  pria  Raban  ,  alors  abbé  de  Fulde , 
de  lui  donner  feize  de  fes  disciples  pour  le  peupler  ;  ÔC 
Raban  qui  avoit  alors  270  religieux  dans  la  communauté, 
lui  accorda  aifément  cette  grâce.  Il  y  eut  dans  la  fuite 
à  Hirfauge  une  école  célèbre.  Entre  les  abbés  illuftres 
qu'a  eu  cette  abbaye ,  on  peut  mettre  le  fameux  Tri- 
thème  ,  qui  en  a  écrit  la  Chronique.  Cette  abbaye  a  été 
ruinée  par  les  Luthériens ,  dans,  ces  derniers  fiécles.  Elle 
étoit  fur  le  Nagolt  ;  Braudrand  diftingue  mal-à-propos 
Hirfauge  &C  Hirfchau ,  comme  fi  c'étoient  deux  abbayes 
différentes.  C'eft  la  même  ;  &  c'eft  fous  ce  dernier  nom 
qu'il  eft  ftipulé  dans  la  paix  de  Weftphalie,  que  ce  mo- 
naftere  doit  être  îeftitué  à  la  maifon  de  Wurtenberg. 
*  Hift.  de  L'ordre  de  S.  Benoît,  l.  5 ,  c.  58.  Traité  d?0}~ 
nabruck ,  art.  19. 
H1RSCHAU.  Voyez  Hirsauge. 
HIRSCHBERG,  ville  de  Silefie,  dans  la  principauté 
de  Jauer,  fur  le  Bober.  Elle  eft  aflez  peuplée,  &  eft 
connue  principalement  à  caufe  des  bains  qui  en  font  â 
un  mille  ,  &  ausquels  elle  donne  fon  nom.  Quelques- 
uns  rendent  ce  nom  en  latin  par  Ctrvimontium.  *  Hub- 
ner ,  Géogr.  Baudrand. 

HIRSCHFELD ,  autrefois  abbaye  fameufe  d'Allema- 
gne, fur  la  rivière  de  Fulde ,  au  levant  du  pays  de  Hefte , 
du  côté  de  la  Thuringe.  Ce  monaftere  fut  bâti  par  faint 
Lui,  évêque  de  May  en  ce,  disciple  Si  fucceffeur  de  faint 
Boniface ,  au  VIIIe  fiécle.  S.  Lui  y  transporta  le  corps 
de  S.  "Wigbert,  premier  abbé  de  Fritzlar,  l'an  780;  il 
y  fut  enterré  lui-même,  &  le  B.  Albavin  Witta,  évê- 
que de  Burabourg  leur  ami  ,  qui  avoit  été  leur  compa- 
gnon fous  S.  Boniface.  Au  fiécle  fuivant  ,  Raban  ,  ar- 
chevêque de  Mayence,  y  dédia  une  églife  en  l'honneur 
de  S.  Wigbert.  Cette  églife  fubfifte  encore;  avec  letems 
il  fe  forma  une  ville  auprès  de  l'abbaye,  j  L'abbaye  a  été 
fécularifée  par  la  paix  de  Weftphalie  ;  &  la  vijle  de 
Hirschfeld ,  &  tout  ce  que  l'abbaye  poffédoit ,  eft  devenu 
une  principauté  féculiere ,  que  l'on  a  cédée  à  la  maifon 
de  Hefle  -  Caffel.  La  ville  eft  petite  &  ne  vaut  guères 
mieux  qu'un  bourg.  Le  nom  latin  eûHerofelda.  *Baillet, 
Topogr.  des  faims,  p.  231. 

HIS ,  ville  de  l'Arabie  heureufe  :  elle  eft  à  une  jour- 
née ,  &  au  midi  de  Zabid.  Les  environs  &  la  ville  font 
très-peuplés.  Il  y  a  beaucoup  d'eaux  courantes  ,  de  ter- 
res enfemencées  &  de  jardinages.   Les  montagnes  font 
au  midi  de  ce  pays.  *  Manuscrits  de  la  Bibl.  du  roi. 
H1SARCI.  Voyez  Isarci. 
HISARCHADUMAN.  Voyez  Hisarec. 
HISAREC  ,  ville  d'Afie ,  au  Saganian  ,  proche  du 
royaume  de  Catlan  ,  dans  la  Tartarie  ,  entre  la  porte  de 
fer  &  la  rivière  de  Vacach,  à  100  d.  50'  de  longitude, 
&  38  d.  de  latitude.   Elle  eft  aufii  appellée  Hifarchadu- 
man.  *  Hiji.  de  Timur-Bec ,  1.  3  ,  c.  2. 

H1SCON1ENSES  ,  ancien  peuple  d'Italie  ,  félon  une 
ancienne  inscription  inférée  au  tréfor  de  Goltzius.  La- 
zius  place  ce  peuple  en  Italie  ,  dans  le  Ferentin.  Jacobou 
dit  que  c'eft  préfentement  GuaSTO.  Voyez  HlSïO- 
NiUM.  *Ortel.  Thef. 


HIS 


H!U 


HISTNGÊ ,  petite  ifle  de  Suéde ,  à  fembouchure  de 
la  rivière  de  Trolhete,  dans  la  Manche  de  Dannemarck. 
Sa  partie  méridionale,  où  eft  fituée  la  ville  de  Gotten- 
bourg  ,  eft  du  Weftrogothland  ;  &C  fa  partie  fepten- 
trionale  eft  en  Norvège  ,  dans  le  gouvernement  de  Ba- 
hus.  *Baudrand,  édit.  1705. 

HISNOUDDAMOULA  ou  Aldemlow,  château 
de  l'Arabie  heureufe  ,  dans  l'Yemen ,  dans  les  monta- 
gnes ,  au  nord  d'Aden.  C'eft  où  l'ont  gardés  les  tréibrs 
ou  roi.  Ibn-Saïd  dit  que  ce  château  eft  élevé  fur  une 
montagne  ,  qui  s'étend  du  nord  au  midi.  La  force  &C 
l'aflîette  inacceffible  de  ce  château  ,  ont  pafle  en  pro- 
verbe ,  &C  on  dit  :  Fort  comme  Aldenlow.  Il  a  au  nord 
Hirah ,  petite  ville  fort  connue ,  &  fituée  fur  la  grande 
route  des  montagnes.  *  Abulfeda,Dt[a:  de  l'Arabie  /.  14. 

HIPAHAN.  Voyez  Lspahan. 

HI.SPAL,  & 

HISPALIS ,  ancienne  ville  d'Espagne  ,  dans  la  Béti- 
tjue,  fur  le  fleuve  Eastis,  au  pays  des  Turdetains ,  félon 
Ptolomée.  Philoftrate  la  nomme  Ispolon  ,  "\stiomv.  Elle 
eft  appellée  Spalis  dans  les  Notices ,  &  dans  les  autres 
monumens  eccléfiaftiques.  Ifidore' dérive  ce  nom  des 
pals  enfoncés  dans  un  terrein  marécageux.  Arias  Mon- 
tanus  .plus  favant  que  lui ,  dit  dans  une  Lettre  adreflée  à 
Ortélius,  T/iefaur.  Hispalis  eft  un  nom  Phénicien,  & 
vient  de  Spila  ou  Spala  ,  qui  lignifie  une  plaine  ,  ou  un 
pays  couvert  de  verdure  ,  &  c'eft  ce  que  l'on  voit  "aux 
environs  de  Seville  ;  les  Grecs  y  ont  ajouté  l'aspira- 
tion ;  &  comme  les  Arabes  n'ont  point  la  lettre  P,  ils 
ne  fauroient  prononcer  Spala  ou  S  pila,  ils  ont  dit  Sbilla  ; 
&t  ensuite  les  Chrétiens  en  ont  fait  Scvill: ,  qui  eft  le 
nom  moderne  de  cette  ville.  Voyez  SêvilLE. 

HISPANETA  ,  heu  de  la  Pannonie  ,  félon  Anto- 
nin  ,  fur  la  route  de  Sirmium  à  Salones  ,  entre  Budalia 
&  les  Ormes,  à  huit  mille  pas  de  l'une,  &  à  dix  mille 
pas  des  autres.  L'édition  de  Bertius  porte  Spanua. 

,HISPANIA.  Voyez  Espagne. 

HlSPANIENSE  pRjEdium,  nom  d'une  terre  en  Ita- 
lie, peu  loin  de  Rome.  Symmaque  en  fait  mention  dans 
une  Lettre  à  Flavien  ,  /.  2  ,  EpiJi.  86. 

HISPANIOLA.  Voyez  Espagnole,  &  au  mot 
SAJNT  l'article  de  S.  Domingue. 

HISPELLUM  ,  ville  d'Italie,  en  Ombrie  ,  à  l'orient 
de  la  ville  d'Affife.  Strabon,  p.  227  ,  la  nomme  Élnth^oHj 
&  Ptolomée,  A3  ,  c.  1,  *ltrrihov.  Les  auteurs  Latins  écri- 
vent Hispellum.  C'étoit  une  colonie  furnommée  Julia. 
Cela  fe  voit,  non-feulement  dans  le  livre  des  Limites 
d'Hyginus ,  Colonia  Julia  Hispdlum ,  mais  encore  dans 
une  inscription  au  Recueil  de  Gruter  ,  p.  3  5 1  ,  n.  1. 
II.  Via  Quin.  Col.  Jul.  Hispelli.  Les  habitans 
étoient  nommés  Hispeltates  &  Hispellenfes.  Ce  dernier 
fe  trouve  dans  une  inscription  fournie  par  Spon ,  Mis- 
cel/an.  crud.  ant.  p.  183.  C'eft  préiéntement  pello. 
*Plin.\.%,Epi/I.8. 

HISSA.  Voyez  Issa. 

HISTEMO  ,  lieu  de  la  Paleftine.  La  vulgate  lit  Ifte- 
mo  ;  quelques  nouvelles  veillons  latines  portent  EJlemo. 
Le  Clerc  lit  EJlhemo ,  &  Schmidt  Eschtkemoh.  Au  Livre 
de  Jofué,  c.  15,  v.  50,  elle  eft  nommée  avec  Hanab  & 
Haniin  ;  &  au  chapitre  ai,  v.  14,  on  trouve  nommées 
Jether&L  EJlemo ,  ou,  comme  portent  les  nouvelles  ver- 
fions latines  ,  Eflcmoa  ou  Ejthemoa  ou  Eschth-imoa. 
Quelques-uns  diftinguent  ces  places  ;  d'autres  préten- 
dent que  c'eft  une  même  ville  ,  qui  eft  comp'ée  entre 
les  villes  de  Juda  ,  parce  qu'elle  étoit  en  effet  dans  le 
partage  de  cette  tribu  ,  &  qu'elle  eft  ensuite  nommée 
entre  les  villes  facerdotales  ,  parce  qu'elle  appartenoit 
aux  Lévites ,  de  la  famille  d'Aaron. 

1.  HISTER,  habitant  de  VIfrie. 

2.  HISTER.  Voyez  Danube. 

1.  HISTI ,  *Uo) ,  havre  de  l'ifle  Icatie,  félon  Stra- 
bon ,  /.  14,  p.  639. 

2.  HISTI ,  ancien  peuple  entre  les  Scythes.  Ce  font 
peut-être  les  la/la  de  Ptolomée.   *  Plin.  1.  6  ,  c.  17. 

HISTLEA  ,  en  francois  Histjée  ,  ville  maritime  de 
de  l'ifle  d'Eubée,  fous  le  montTelethrius  ,  près  de  l'em- 
bouchure du  fleuve  Callas.  Elle  étoit  fituée  fur  un  ro- 
cher ,  &  fut  enfuite  nommée  Oreum,  c'eft-à-dire  ville 
de  montagne.   Voyez  OREUM. 

HISTO ,  ancien  bourg  d'Espagne ,  dans  la  nouvelle 


3  75' 


Caftille  ,  à  neuf  lieues  de  Cuença  ,  vers  le  midi  occi- 
dental ,  félon  Baudrand.  On  croit  que  c'eft  l'Hifiùmum. 
des  Ceitibériens. 

HISfONlUM,  ancien  bourg  d'Italie  ,  dans  la  qua- 
trième région,  félon  Pline,/.  3  ,  c.  11.  Dans  le  Tréior 
de  Goltzius,  on  lit  municipes  HisTONlENSES.  -Sto- 
lomée  ,  /.  3  ,  c.  1  ,  donne  Lstonium  au  peuple  Fren- 
ta.nl  ;  ôt^Froiitiii,  de  colon,  p.  109,  fait  mention  de  la 
colonie  d'Iftouium  dans  leSamnium.  Il  eft  à  croire  que 
le  peuple  nommé  HlSCONIENSES ,  dans  une  inscription 
de  Gruter,  eft  le  même  que  les  Hijlomens  ;  c'eft  pré- 
fentemenr  Guasto  di  Aimone. 

HISTORIUM.  Voyez  Istropolis. 

.HISTRIA.   Voyez  Istrie. 

HISTRICA  ClVlTAS  ,  ancien  nom  de  Capo  d'Is* 
TRIA.  Capitolin  dit ,  dans  la  Vie  de  Maxime  :  fuit  His~ 
triœ  exciatum  eo  tempore  ;  ut  autem  Dexippus  dicit , 
Htfiricœ  civitatis.  C'étoit  la  même  ville  que  l'on  nom- 
moit  Hiftria  &  Hiftrica  civitas, 

HIT,  ville  d'Allé,  dans  l'Irac-Arabi,  fur  l'Euphrate  ," 
entre  Caufa  ScKerbela,  félon  l'hiftorien  de  Timur-Eec 
/.   S,   c.  37. 

HITA  ,  petite  place  d'Espagne,  dans  la  nouvelle  Cas- 
tille,  fur  une  montagne  près  de  la  rivière  de  Henarés  , 
a  cinq  lieues  au-delius  de  Guadalajara  ,  &  preseme  au 
milieu  entre  Siguença  &  Alcala  de  Henarès ,  félon  Bau- 
drand ,  éd.    1705.  C'eft  hCefadaàes  Ceitibériens. 

HITAZUM.  Voyçz  Nitaium. 

HIFCH1N,  bourg  d'Angleterre,  dans  la  province 
d'Hertford.  On  y  tient  marché  public.  *Etatprifent  de 
la  Gr.  Bretagne,  t.  I. 

HIlH  ou  -Hyeth  ,  ville  maritime  d'Angleterre: 
c'eft  un  des  huit  ports  qui  ont  de  grands  privilèges ,  & 
dont  les  députés  au  patlement  font  appelles  barons  des 
cinq  ports  ,  parce  qu'originairement  il  n'y  en  avoit  que 
cinq  ;  mais  à  préfent  il  y  en  a  huit.  Celui  de  Huh  ou 
Hyeth  eft  dans  la  province  de  Kent  D'Auditrer,  GéoT. 
t.  1 ,  dit  qu'il  eft  défendu  par  un  bon  château.  Les  an- 
ciens, dit-il,  l'ont  connu  fous  le  nom  de  Portus  Lema- 
nis  :  il  fut  fort  fréquenté  des  Romains  ,  comme  on  le 
connoît  par  un  grand  chemin  pavé  ,  ou  voie  militaire, 
qui  va  de-là  à  Cantorbtri.  Cependant  ce  port  eft  pres- 
que abandonné ,  parce  que  les  fables  l'ont  presque  rem- 
pli. 

HITTOU  ou  Itto  ,  ville  des  Indes ,  dans  l'ifle  d'Am- 
boine.  De  l'ifle  la  nomme  Isou. 

HITUS ,  ville  de  la  Comagéne ,  entre  Catamana  Se 
Nifus  ,  félon  Simler,  qui  cite  un  manuscrit  d'Antonin. 
*  Ortd.  Thef. 

1.  HIU  ,  ville  de  la  Chine,  dans  la  province  de  Ho- 
nan  ,  au  département  de  Caifung  ,  première  métropole 
de  la  province.  Elle  eft  plus  occidentale  que  Pékin  de 
3  d.  36',  par  les  35  d.  6'  de  latitude.  *  Atlas  Sinenfis. 

2.  HIU  ,  ifle  du  Japon  ,  dont  le  P.  Aleveyda  dit 
qu'elle  a  cent  lieues  de  circuit ,  &  fe  divife  en  quatre 
provinces.  Ce  millionnaire  ajoute  qu'il  en  trouva  les  ha- 
bitans beaucoup  plus  polis  que  ceux  de  l'ifle  de  Ximo, 
où  il  avoit  long-tems  demeuté  :  fur  quoi  le  P.  de  Char- 
levoix  ,  dans  ("on  Hiftoire  du  Japon ,  /.  3  ,  ne  balance 
point  à  croite  que  l'ifle  de  Hiu  eft  l'ifle  Xicoco ,  la  troi- 
fiéme  en  grandeur  de  celles  du  Japon  ;  d'autant  plus  que 
cette  ifle  i'e  trouvoit  allez  naturellement  fur  la  route  que 
faifoient  les  PP.  Ftoez  &  Alméïda,&  qu'un  des  quatre 
royaumes ,  qui  partage  l'ifle  de  Xicoco  ,  fe  nomme  Yo, 
ou  Ijo  ,  &  c'eft  celui  où  les  deux  millionnaires  dévoient 
aborder.  Voyez  XlCOCO  &  Ixo. 

.  HIVENCHUN  ,  forterefïe  de  la  Chine,  dans  la  pro- 
vince de  Fokien  ,  au  département  de  Pumuen  ,  première 
forterefle  de  la  province.    Elle  eft  plus  occidentale  que 
Pékin  de  46',  par  les  24  d.  de  latitude.  *  Atlas  Sinenfis. 
HIVERNAUX ,   abbaye  de  France.    Voyez  IviR- 

NAUX. 

HIUGIN,  fortererefle  de  la  Chine ,  dans  la  province 
de  Suchuen  ,  au  département  de  Jungning,  première 
forterefle  de  la  province.  Elle  eft  plus  occidentale  que 
Pékin  de  14  d.  30',  par  les  26  d.  54'  de  latitude.  *  Atlas 
Sinenfis. 

HIUGNIN  ,  ville  de  la  Chine  ,  dans  la  province  de 
Quanton  ,  au  département  de  Hoeicheu  ,  quatrième  mé- 
tropole de  la  province.  Elle  eft  plus  occidentale  que  Pe- 


376 


HOA 


HOA 


kin  de  i  d.  6',  par  les  23  d.  45'  de  latitude.  *  Atlas  Si- 
nenfis. 

HIULCA  PALUS,  marais  de  la  baffe  Pannonie ,  au- 
près de  Cibales,  félon  Aurelius  Victor ,  Epitom. p.  J9, 
dans  la  Vie  de  l'empereur  Conftantin.  Vinet  veut  qu'on 
lifeVuLCA.  Ortélius  avoit  cru  d'abord  que  c'eft  le  même 
lac  que  les  Hongrois  appellent B alaton,  tk  les  Allemands 
PlatsÉE  ;   mais  il  changea  enfuite  de  fentiment. 

HIUNG ,  forterefle  de  la  Chine  ,  dans  la  province 
de  Quanton  ,  au  département  de  Taching  ,  première 
forterefle  de  la  province.  Elle  eft  plus  occidentale  que 
Pékin  de  6d.  30',  par  les  il  d.  30'  de  latitude.  *  Atlas 
Sinenfis. 

HIVORTH ,  bourg  d'Angleterre  ,  dans  la  province 
de  Wilts  ;  il  a  droit  de  tenir  marché  public.  *  Etat 
préfent  de  la  Gr.  Bretagne ,  t.'l. 

HIUTAI  ,  ville  de  la  Chine ,  dans  la  province  de 
Nankin,  au  département  de  Fungyang,  féconde  métro- 
pole de  la  province.  Elle  eft  de  1  d.  38'  plus  orientale 
que  Pékin  ,  fous  les  34  d.  de  latitude.  *  Atlas  SinenJLs. 

HIYUNG  ,  forterefle  de  la  Chine  ,  dans  la  province 
de  Iunnan  ,  au  département  deLingan,  troifiéme  mé- 
tropole de  la  province.  Elle  eft  de  14  d.  14'  plus  occi- 
dentale que  Pékin,  fous  les  13  d.  18'  de  latitude.  *  Atlas 
Sinenjîs. 

HIZIRZADENSIS,  fiege  épiscopal  d'Afrique,  dans 
la  Numidie ,  félon  la  Notice  d'Afrique  ,  où  il  eft  fait 
mention  de  Vlgilius  Hiiirçadenfis.  *  Harduin.  Collect. 
conc. 

1.  HO,  petite  région  d'Angleterre ,  entre  le  Medway 

6  la  Tamife,  à  l'orient  de  Gravefende  ;  l'air  y  eft  mal- 
fain.  Clife  en  eft  le  principal  lieu.  *  Corn.  Dift. 

2.  HO ,  ville  de  la  Chine ,  dans  la  province  de  Su- 
chuen  ,  dans  le  département  cle  Chungking ,  cinquième 
métropole  de  cette  province.  Elle  eft  de  10  d.  56'  plus 
occidentale  que  Pékin,  à  30 d.  50'  de  latitude.  Près  de 
cette  ville  eft  la  montagne  de  LuNGMUEN ,  fur  laquelle 
étoit  un  très-riche  temple  d'idoles ,  avec  une  bibliothè- 
que ,  compofée  de  trente  mille  volumes  Chinois.  On  la 
nommoit  la  bibliothèque  de  Siyuli ,  du  nom  de  celui  qui 
l'avoit  commencée.  *  Martini ,  Atlas  Sinenfis. 

3.  HO,  montagne  de  la  Chine,  dans  la  province  de 
Kiangnan  ,  aux  confins  de  celle  de  Huquang  ,  près  de 
la  fource  de  la  rivière  de  Hoai.  *  Martini  ,  Atlas  Si- 
nenfis. 

4.  HO  ,  ville  de  la  Chine  ,  dans  la  province  de 
Xenfi  ,  au  département  de  Linyao  ,  fixiéme  métropole 
de  la  province.  Elle  eft  plus  occidentale  que  Pékin  de 
13  d.  4',  par  les  36  d.  50'  de  latitude.  * Atlas  Sinenjîs. 

5.  HO  ,  ville  de  la  Chine  ,  dans  la  province  de 
Quangfi ,  au  département  de  Pinglo ,  quatrième  métro- 
pole de  la  province.  Elle  eft  plus  occidentale  que  Pékin, 
de  6d.  8',  parles  25  d.  n'  de  latitude.  *  Atlas  Sinenfis. 

6.  HO  ,  ville  de  la  Chine  ,  dans  la  province  de  Su- 
chuen ,  au  département  de  Chungking  ,  cinquième  mé- 
tropole de  la  province.  Elle  eft  plus  occidentale  que 
Pékin  de  jo  d.  56',  par  les  3od.  50'  de  latitude.  * Atlas 
Sinenfis. 

7.  HO  ,  ville  de  la  Chine  ,  dans  la  province  de 
Channfi,  au  département  de  Pingyang,  deuxième  mé- 
tropole de  la  province.  Elle  eft  plus  occidentale  que 
Pékin  de  5  d.  50',  par  les  37  d.  40'  de  latitude.  *  Atlas 
Sinenfis. 

1.  HOA,  ville  de  la  Chine,  dans  le  Pekeli ,  fous  le 
département  de  Taming  ,  feptiéme  métropole  de  cette 
province.  Elle  eft  de  2  d.  43'  plus  occidentale  que  Pékin, 
à  36  d.  20'  de  latitude.  *  Martini ,  Atlas  Sinenfis. 

2.  HOA  ,  ville  de  la  Chine  ,  dans  la  province  de 
Quanton,  au  département  deKaocheu,  feptiéme  mé- 
tropole de  la  province.  Elle  eft  de  5  d.  56'  plus  occi- 
dentale que  Pékin ,  fous  les  23  d.  10'  de  latitude.  *  Atlas 
Sinenfis. 

3.  THOA,  ville  de  la  Chine  ,  dans  la  province  de 
Xenfi ,  au  département  de  Sigan ,  première  métropole 
de  la  province.    Elle  eft  plus  occidentale  que  Pékin  de 

7  d.  46',  par  les  3  «;  d.  49'  de  latitude.  *  Atlas  Sinenfis. 
HOACHIE  ,  contrée  de  la  Tartarie  ,  près  des  mu- 
railles de  la  Chine.  Elle  eft  divifée  en  deux  barrières , 
&  eft  fur  la  rivière  de  Chikin  ou  de  Chirin-Pira.  *Hift. 
générale  des  Huns,  t.  4,  p.  239. 


HOAI  ,  rivière  de  la  Chine  ,  dans  la  province  de 
Kiangnan  :  elle  a  fa  fource  aux  confins  de  la  province 
de  Huquang ,  d'où  ferpentant  vers  le  nord-eft  ,  elle  re- 
çoit en  chemin  diversesrivieres ,  entr'autres,  celles d'iN 
ex:  d'iNG  ,  puis  fe  recourbe  vers  l'eft-nord-eft  ,  pane 
auprès  de  Xeu,  reçoit  la  rivière  qui  vient  de  Lucheu, 
puis  celle  de  Co  ôc  de  Vi  ;  &  après  avoir  lo.  g-tems 
ferpenté  vers  l'eft  ,  elle  fe  tourne  vers  le  nord  ,  s'élar- 
giffant  beaucoup  ;  puis  enfin  elle  va  tomber  dans  la  ri- 
vière Jaune  ,  déjà  voifine  de  fon  embouchure,  auprès  de 
Hoaigan.   *  Martini,  Atlas  Sinenfis. 

HÔAICIE  ,  ville  de  la  Chine,  dans  la  province  de 
Quangfi ,  au  département  de  Gucheu ,  cinquième  mé- 
tropole de  la  province.  Elle  eft  plus  occidentale  que 
Pékin,  de  6d.  14',  parles  24  d.  16'  de  latitude.  *  Atlas 
Sinenfis. 

HOAIGAN,  ville  de  la  Chine ,  dans  la  province 
de  Kiangnan ,  dont  elle  eft  la  huitième  métropole.  Elle 
eft  de  2  à.  12'  plus  orientale  que  Pékin  à  34  d.  17' de 
latitude.  Ce  font ,  à  proprement  parler ,  deux  villes  conti- 
guës  l'une  à  l'autre  ;  la  plus  méridionale  s'appelle  Hoai- 
gan, l'autre  Yenching  ;  elles  font  encore  aggrandies 
par  un  fauxbourg  d'un  mille  d'Allemagne  de  longueur ,  qui 
s'étend  le  long  du  canal  qui  aboutit  à  la  rivière  Jaune.  On  y 
voit  une  fi  grande  foule  d'habitans,  &  une  telle  abon- 
dance de  denrées ,  tant  de  marchands  qui  vont  &  qui 
viennent ,  que  cela  fuffiroit  pour  faire  plufieurs  villes. 
C'eft  le  fiége  d'un  viceroi  chargé  des  provifions  pour 
la  cour  ,  &  qui  a  l'intendance  fur  lesfept  provinces  mé- 
ridionales ,  où  il  fait  affembler  tout  ce  qu'il  faut  pour 
la  cour',  6k  le  fait  remonter  à  Pékin  par  eau,  après 
avoir  examiné  fi  tout  eft  bien  conditionné. 

Il  y  a  aufli  deux  bureaux  dans  le  fauxbourg":  dans  l'un 
on  paye  l'impôt  des  marchandises,  &.  dans  l'autre,  les 
droits  des  navires  qui  ne  font  pas  au  roi ,  félon  ce 
qu'ils  contiennent  &  félon  leur  grandeur  ;  une  partie 
eft  deftinée  pour  entretenir  le  canal ,  {es  chauffées  ,  Se 
refaire  les  éclufes  ;  celle  qui  entre  dans  les  coffres  de 
l'empereur  eft  aflez  forte.  Il  y  a  trois  chutes  d'eau  fur 
ce  canal  au  feptentrion  delà  ville;  mais  la  première, 
qui  eft  la  plus  proche  de  la  rivière  d'Hoai ,  eft  la  plus 
difficile  de  toutes;  car  l'eau  en  tombe  avec  grande  im-- 
petuofité,  &  defeend  d'uue  rivière  qui  vient  de  fort 
haut.  Pour  empêcher  qu'elle  ne  couvre  &  ne  fubmerge 
tout  le  pays  d'alentour ,  on  la  retient  par  le  moyen  des 
grandes  digues  qu'on  a  élevées ,  &  d'une  forterefle  qu'on 
y  a  bâtie  ,  qui  fe  nomme  Tienfi,  c'eft-a-dire  ,  qui  vole  du 
Ciel,  entendant  par  ces  mots  ce  grand  nombre  d'eaux, 
qui,  d'un  heu  fort  élevé,  fe  précipitent  en  bas.  Les  navires 
ont  de  la  peine  à  furmonter  ces  dangereux  paflages; 
c'eft  pourquoi  on  entretient  quelques  centaines  d'hom- 
mes des  deniers  du  roi  ,  qui  tirent  les  navires  avec  des 
cables  ,  en  tournant  des  roues  ;  &  même  difficilement 
viendroit-on  à  bout  de  la  violence  &  impetuofité  de 
de  l'eau ,  fi  on  ne  s'étoit  avifé  de  la  retenir  par  le  moyen 
d'une  autre  éclufe  qu'on  y  a  bâtie.  Cette  ville  eft  fituée 
dans  un  lieu  marécageux  ,  mais  qui  ne  laiffe  pas  de  pro- 
duire beaucoup  de  riz  &  de  froment.  La  ville  eft  riche 
&  embellie  d'ouvrages  publics  &r  particuliers,  qui  font 
tous  magnifiques.  Tout  ce  pays  eftdivifé  par  des  rivières, 
&  arrofé  de  fes  lacs.  Il  y  a  dix  villes  dans  le  départe- 
ment de  celle-ci ,  lavoir  : 


Hoaigan  , 
Cingho, 
Gantung, 
Taoyven  , 
Moyang , 


Haio , 
Ganyu  ," 
Pi, 

Sociven , 
Ciuning. 


Sous  l'empereur  Yvus  ce  pays  étoit  de  la  province 
d'Yangcheu.  Il  appartenoit  premièrement  aux  rois  d'U, 
après  ceux  d'Iûe,  &  enfuite  à  ceux  de  Çu ,  fous  la  fa- 
mille de  Cina.  Hoaigan  n'étoit  encore  qu'une  cité; 
ce  qui  eft  moins  qu'une  ville  à  la  Chine,  &  on  la 
nomma  Hoaiyn.  La  famille  de  Hana  la  nomma  Linhoai. 
Celle  de  Sunga  lui  a  donné  le  nom  qu'elle  porte  au- 
jourd'hui ,  avec  le  rang  &  la  qualité  de  ville.  J'ai  vu  , 
dit  le  père  Martini ,  plus  de  cailles  &  de  faifans  dans 
ce  pays  qu'en  aucun  autre.  Il  y  a  aufli  plufieurs  tem- 
ples 


HOA 


HOA 


pies  magnifiques ,  Se  fur-tout  quatre  tours  qui  font  fort 
hautes. 

HOAIGIN  ,  ville  de  la  Chine  ,  dans  la  province  de 
Channfi  ,  au  département  de  Taitung ,  troifiéme  métro- 
pole de  la  province.  Elle  eft  plus  occidentale  que  Pé- 
kin de  4d.  15' , par  les40  d.  n'  de  latitude.  *  Atlas 
Sinenfis. 

HOAIJO,  ville  de  la  Chine,  dans  la  province  de 
Pékin,  au  département  de  Pékin;  première  métropole  de 
la  province.  Elle  eft  plus  occidentale  que  Pékin  de}',  par 
les   40  d.  15'  de  latitude.  *  Atlas  Sinenfis. 

HOAIKING  ,  ville  de  la  Chine,  dans  la  province 
de  Honan,  dont  elle  eft  la  cinquième  capitale.  Elle  eft 
de  4  d.  ^5'  plus  occidentale  que  Pékin,  à  36  d.  10' 
de  latitude.  Son  territoire  eft  fort  petit  ;  d'ailleurs  l'air 
y  eft  fain  Se  fort  tempéré ,  6c  le  terroir  très-fertile.  Il 
eft  borné  au  nord  par  des  montagnes,  Se  au  midi  par 
la  rivière  Jaune.  Les  villes  de  fon  département  font  : 


377 


Hoaikin  , 

Vuche , 

Ciyuen , 

Meng, 

Siyevûû, 

Ven. 

Dans  le  partage  que  fît  l'empereur  Yvus,  ce  paysappar- 
tenoit  à  la  province  de  Ki.  La  famille  impériale  de 
Xanga  la  nomma  Xinui ,  Se  celle  de  Cheva  Sanyven. 
Du  teins  des  rois ,  elle  s'appella  tantôt  Guei  ,  puis 
Quel,  Se  enfuite  Ching.  La  famille  de  China  l'appella 
Sanchuen  ;  celle  de  Hanae ,  Honui;  celle  de  Tanga,  Hoai- 
cheu;  &  la  famille  de  Taiminga ,  Hoaiking.  Un  roi  de 
cette  famille  y  faifoit  fa  réfidence  ordinaire.  Elle  n'a 
que  trois  temples  qui  foient  confidérables.  Elle  produit 
de  bonnes  fimples ,  pour  la  médecine  dont  elle  fournit 
les  autres  provinces.  Au  nord  de  la  ville  eft  le  mont 
Tai,  qui  s'ouvrit  autrefois  avec  grand  bruit  ;  il  s'y  for- 
ma une  caverne  de  trois  cents  toiles ,  d'où  il  fort  une  eau 
foitumineufe,  épaifle  Se  grafle;  on  s'en  fert  au  lieu 
d'huile ,  en  beaucoup  de  chofes  ;  le  goût  n'en  eft  pas 
desagréable. 

1.  HOAIYVEN ,  ville  de  la  Chine  ,  dans  la  province 
de  Kiangnan  ,  au  département  de  Fungyang ,  féconde 
métropole  de  la  province.  Elle  eft  de  2' ,  plus  orien- 
tale que  Pékin  ,  fous  les  314  d.  de  latitude.  *  Atlas 
Sinenjîs. 

I.  HOAIYVEN,  ville  de  la  Chine,  dans  la  province 
de  Quangfi,  au  département  de  Lieucheu,  féconde  mé- 
tropole de  la  province.  Elle  eft  plus  occidentale  que 
Pékin  de  9  d.  5  ' ,  par  les  26  d.  de  latitude.  *  Atlas 
Sinenfis. 

HOAMA,  forterefle  de  la  Chine,  dans  la  province 
de  Xenfî  ,  au  département  de  Jungchang  ,  première  for- 
terefle de  la  province.  Elle  eft  plus  occidentale  que  Pé- 
kin de  9  d.  3',  par  les  38  d.  20'  de  latitude.  *  Atlas 
Sinenjîs. 

HO  AMHO ,  rivière  de  la  Chine  ;  fen  nom  veut  dire 
la  rivière  Jaune,  parce  que  les  terres  qu'elle  entraine, 
fur-tout  au  tems  des  pluies,  lui  donnent  cette  couleur. 
J'en  ai  vu  plufieurs  autres,  dit  le  P.  le  Comte  ,  dont 
les  eaux,  en  certains  tems  de  l'année,  font  (i  épaifles  Se 
fi  chargées  de  limon,  qu'elles  reflèinblent  plus  à  des 
torrens  de  boue ,  qu'à  de  véritables  rivières.  Le  Hoam- 
ho  prend  fa  fource  à  l'extrémité  des  montagnes ,  qui 
bornent  la  province  de  Soutchouen ,  [Suchuen  ,  )  à  l'oc- 
cident ;  de-là  il  fe  jette  dans  la  Tartarie  ,  où  il  coule 
quelque  tems  le  long  de  la  grande  muraille,  par  laquelle 
il  rentre  dans  la  Chine ,  entre  les  provinces  de  Chanfi 
Se  de  Chenu" ,  Zanjî  8c  Xenji.  Il  arrofe  enfuite  celle 
de  Honan  ,  traverfe  une  partie  de  la  province  de  Nan- 
kin ,  coule  plus  de  fix  cents  lieues  dans  les  terres  ,  fe 
jette  enfin  dans  la  mer  orientale ,  près  de  l'embouchure 
du  Kiam.  Il  eft  par-tout  fort  large  Se  fort  rapide ,  mais 
peu  profond  ck  peu  navigable.  Ce  fleuve  a  fait  autre- 
fois de  grands  ravages  dans  la  Chine  ,  Se  on  eft  encore 
obligé  aujourd'hui  d'en  foutenir  les  eaux  ,  en  certains 
lieux ,  par  de  longues  8c  de  fortes  digues  ;  ce  qui  n'em- 
pêche pas  que  les  villes  d'alentour  n'en  craignent  en- 
core les  inondations.  On  a  eu  foin,  dans  la  province 
de  Honan ,  dont  les  terres  font  baffes ,  d'entourer  la 
plupart  des  villes ,  à  un  demi-quart  de  lieue  des  murs , 
d'une  levée  de  terre ,  revêtue  de  gazon  ,  pour  fe  pré- 
cautionner contre  les  accidens ,   en  cas  que  les  digues 


fe  rompent ,  comme  il  arriva  vers  l'an  1643  ',  car  l'em- 
pereur voulant  obliger  un  rebelle,  qui  tenoit  depuis  long- 
tems  la  ville  de  Honan  étroitement  aflîégée  ,  à  fe  reti- 
rer, fit  rompre  une  partie  des  digues  pour  noyer  l'ar- 
mée ennemie.  Mais  ce  fecours  fut  plus  funefte  que 
ne  lui  auroit  été  la  fureur  des  afliégeans  :  presque 
toute  la  province  fe  trouva  inondée  avec  plus  fleurs 
villes  ,  Se  un  grand  nombre  de  villages  ;  plus  de 
trois  cents  mille  perfonnes  furent  fubmergées  dans  la 
capitale;  Se  quelques-uns  de  nos  mifîîonnaires,  qui  y 
avoient  alors  une  nombreufe  chrétienté  ,  y  perdirentla 
vie.  Le  plat  pays  eft  ,  depuis  ce  tems ,  devenuuneefpece 
de  marais.  Le  traducteur  de  l'Hiftoire  généalogique  des 
Tatars  met  cette  rivière  Hoangfo  ;  &  la  trouvant  nom- 
mée CARA  Mur  AN  ,  par  fon  auteur ,  en  explique  ainfi  le 
cours,  p.  357.  Cette  rivière  que  les  Chinois  appellent 
préfentement  HoANGSO  ,  eft  une  des  plus  grandes  du 
inonde  ;  elle  a  fa  fource  à  23  d.  de  latitude ,  fur  les 
confins  de  Tangut  Se  de  la  Chine ,  dans  un  grand  lac  , 
qui  eft  enclavé  dans  les  hautes  montagnes,  qui  fépa- 
rent  ces  deux  états  ;  Se  courant  de-là  vers  le  nord  ,  elle 
côtoie,  à-peu-près,  les  frontières  de  la  province  de 
Xienfi  Se  du  Tangut  jusques  à  37  d.  de  latitude,  où 
elle  fe  jette  hors  de  la  grande  muraille  pour  arrofèr  le 
Tibet;  elle  continue  enfuite  de  courir  au  nord  iusques 
vers  les  39  d.  30'  de  latitude  ;  revenant  au  fud-eft,  elle 
pafle  derechef  la  grande  muraille  vers  les  38  d.  de  lati- 
tude ,  St  rentte  dans  la  Chine  ;^puis  elle  pourfuit  fort 
cours  au  fud-eft  jusques  vers  les  34  d.  20'  de  latitude  , 
qu'elle  tourne  à  l'eft  ;  court  toujours  fur  la  même  di- 
rection, jufqu'à  ce  qu'elle  fe  dégorge  dans  l'océan  de 
la  Chine  à  34  d.  de  latitude ,  après  un  cours  de  plus  de 
•j 00  lieues  d'Allemagne.  Les  eaux  de  cette  rivière  ne  font 
pas  bonnes  à  boire  ;  car  elles  font  fort  troubles  8c  ar- 
gilleufes,  Se  tirent  fur  le  jaune-brun  :  elles  prennent  cette 
mauvaife  qualité  du  falpêtre  dont  les  montagnes  qu'elle 
baigne  au  dehors  de  la  grande  muraille  ,  font  remplies  ; 
car  depuis  fa  fource  jufqu'à  ce  qu'elle  fe  jette  hors  de 
la  muraille,  fes  eaux  font  fort  bonnes  Se  claires.  C'efl 
à  caufe  de  cette  couleur  brune  de  fes  eaux  que  les  Chi- 
nois lui  ont  donné  le  nom  à' Hoangfo  ou  de  la  rivière 
brune  ,  Se  les  Tartares  celui  de  Cara-Muràn,  ou  de  lai 
rivière  noire  ;  cependant  les  Chinois ,  par  le  moyen  de 
l'alun,  précipitent  ce  qu'il  y  a  de  fale  dans  ces  eaux,  Se 
les  rendent  potables.  Comme  cette  rivière  ne  fait  pas 
moins  de  200  lieues  parmi  des  montagnes  Se  des  ro- 
chers d'une  hauteur  exceflîve  ,  il  y  vient  tomber  de  tous 
côtés  une  fi  grande  quantité  d'eau  dans  le  printems  Se 
l'automne ,  qu'elle  eft  très-fujette  à  fe  déborder ,  Se  à 
faire  des  ravages  épouvantables  dans  les  provinces  voifi- 
nes;  les  Chinois  en  ont  eu  fouvent  de  fort  triftes  ex- 
périences. Elle  eft  encore  fi  rapide ,  qu'il  eft  impof- 
ble  de  la  remonter  à  la  rame  ou  à  la  voile  :  il 
faut  qu'on  tire  les  bateaux  qu'on  veut  faire  remonter 
par  des  chevaux  ou  par  des  hommes.  Cependant,  quoique 
cette  rivière  foit  par-tout  d'une  grande  largeur ,  elle  n'eft 
navigable  qu'en  fort  peu  d'endroits ,  à  caufe  de  la  grande 
inégalité  de  fon  fond;  elle  n'eft  pas  trop  poiflbn- 
neufe  non  plus  ;  ce  qui  pourrait^  être  un  effet  de  la 
mauvaife  qualité  de  fes  eaux.  *  Mémoires  fur  Citât  pré- 
fent  de  la  Chine,  t.  I. p.  191. 

HO  AN ,  ville  de  la  Chine  dans  la  province  de  Xenfî  » 
au  département  de  Kingyang  ,  feptieme  métropole.  Elle 
eft  de  9  d.  15'  plus  occidentale  que  Pékin ,  fous  les 
37  d.  40'  de  latitude.  * Atlas  Sinenfis. 

HOANG  ,  haute  montagne  de  la  Chine,  dans  la  pro- 
vince de  Kiangnan  ,  au  territoire  de  Hoeicheu ,  quator- 
zième métropole.  On  y  compte  vingt-quatre  petits  ruif- 
feaux  8c  trente-deux  fommets  qui  font  fort  hauts  ;  Se  en- 
tre fes  cavernes ,  dix-huit  qui  font  fort  obfcures.  *  Atlas 
Sinenfis. 

2.  HOANG,  ville  delà  Chine,  dans  la  province  de 
Channtor,  au  département  de  Tengcheu,  cinquième 
métropole  de  la  province.  Elle  eft  plus  orientale  que 
Pékin  de  4  d.  par  les  37  d.  3',  de  latitude.  *  Atlas 
Sinenfis. 

HOANGCHEU  ,  ville  de  la  Chine  ,  dans  la  province 
de  Huquang  dont  elle  eft  la  cinquième  métropole.  Elle 
eft  de  deux  d.  50'  plus  occidentale  que  Pékin  ,  à  3 1  d. 
23  '  de  latitude.  Cette  ville  eft  fituée  fur  le  bord  f'epten- 
trional  du  Kiang  ,  qui  en  baigne  les  murailles.  Elle  ell 
Tome  III.    Bbb 


378  HOA 

fort  peuplée  &  fort  riche,  &  il  y  arrive  fans  ceffe  des 
marchandifes&  des  barques:  elle  eft  devenue  fort  célè- 
bre ,  à  caufe  qu'un  roi  de  la  famille  de  Taiminga  y  a  eu 
fa  réfidence  ,  &  qu'il  s'y  trouve  une  forte  de  ierpens^, 
dont  on  fe  fert  pour  guérir  la  lèpre  &  la  gale.  Il  y  croît 
une  forte  d'abfinthe ,  que  les  médecins  appellent  blanc, 
pour  marquer  fon  excellence  ;  les  Chinois  s'en  fervent 
contre  la  brûlure.  Du  tems  des  rois ,  ce  pays  étoit  du 
royaume  dcHoang;  les  rois  de  Çu  s'en  rendirent  maî- 
tres enfuite  :  la  famille  de  Hane  le  nomma  Silo;  la 
ville  a  reçu  le  nom  qu'elle  porte  aujourdhui  de  la  fa- 
mille de  Tanga.  Tout  le  terroir  en  eft  cultivé  ,  excepté 
au  nord,  où  les  montagnes  commencent  à  être  plusroi- 
des.  Ce  territoire  comprend  neuf  villes ,  favoir  , 


HOC 


Hoangcheu , 

Hoanggan . 

Lotien , 

Kixui, 

Maching , 

Ki, 

Hoangpi , 

Hoangmui 

Hoangci. 

Au  nord  de  la  ville  eft  la  montagne  de  Cuipao  ,  où  l'on 
trouve  des  pierres  qui ,  étant  expofées  au  foleil ,  devien- 
nent rouges ,  &T.  d'autres  jaunes ,  &  gardent  quelque  tems 
cette  couleur ,  peut-être  comme  les  pierres  de  Bologne. 

*  Atlas  Sinenjïs!ï 

HOANGCHUEN  ,  fortereffe  de  la  Chine  ,  dans  la 
province  de  Suchuen ,  au  département  de  Jungning ,  pre- 
mière fortereffe  de  la  province.  Elle  eft  plus  occiden- 
tale q*ue  Pékin  de  14  d.  15'  par  les  27  d.  8'de  latitude. 

*  Atlas  Sincnjïs. 

HOANGCI,  ville  de  la  Chine,  dans  la  province  de 
Huquang,  au  département  de  Hoangcheu,  cinquième 
métropole  de  cette  province:  elle  eft  de  1  d.  3'  plus 
occidentale  que  Pékin  ,  à  30  d.  55'  de  latitude.  *  Atlas 
Sincnjïs. 

HOANGGAN,  autre  ville  de  la  même  province, 
fous  la  même  métropole:  elle  eft  de  3  d.  io'  plus  oc- 
cidentale que  Pe^ln;  fa  latitude  eft  de  31  d.  z6'.*  Atlas 
Sincnjïs. 

HOGANGMUI  ,  autre  ville  de  la  Chine  ,.au  même 
département  :  elle  eft  de  2  d.  2'  plus  occidentale  que 
Pékin,  à  31  d.  30'  de  latitude.  *  Atlas  Sincnjïs. 

HOANGNIEN  ,  ville  de  la  Chine ,  dans  la  province 
de  Chekiang  ,  au  département  de  Taicheu ,  dixième 
métropole  de  cette  province  :  elle  eft  de  S  d.  plus  orien- 
tale que  Pékin,  à  18  d.  18'  de  latitude.  Auprès  de  cette 
ville  eft  le  mont  Guciyu,  qui  a  cela  de  fingulier  que 
toutes  les  pierres ,  tant  grandes  que  petites ,  y  font  car- 
rées. Les  Chinois ,  naturellement  fuperftitieux, regardent 
ces  jeux  de  la  nature,  comme  quelque  chofe  de  merveil- 
leux. *  Atlas  Sincnjïs. 

HOANGPI  ,  ville  de  la  Chine  ,  dans  la  province  de 
Huquang,  au  département  de  Hoancheu ,  cinquième  mé- 
tropole de  cette  province  :  elle  eft  de  3  d.  26'  plus 
occidentale  Pékin,  à  31  d.  30'  de  latitude.  *  Atlas 
Sincnjïs. 

HÔANGPING,  fortereffe  de  la  Chine,  dans  la  pro- 
vince de  Suchuen,  au  département  de  Jungning,  pre- 
mière fortereffe  de  la  province.  Elle  eft  plus  occiden- 
tale que  Pékin,  de  10  d.  54' ,  par  les  28  d.  15'  de  lati- 
tude. *  Atlas  Sincnjïs. 

HOANGTAO  ,  fortereffe  de  la  Chine,  dans  la  pro- 
vince de  Queicheu  ,  au  département  de  Sucheu ,  féconde 
métropole  de  la  province.  Elle  eft  plus  occidentale 
que  Pékin  ,  de  8  d.  33',  parles  27 d.  25'  de  latitude. 
*  Atlas  Sincnjïs. 

HOARACTA.  Voyez  Organa. 

HOATING,  ville  de  la  Chine  ,  dans  la  province  de 
Xenfi,  au  département  dePingleang  ,  quatrième  métro- 
pole de  la  province.  Elle  eft  de  9  d.  59',  plus  occiden- 
tale que  Pékin,  par  les  37  d.  4'  de  latitude.  *  Atlas 
Sinenjïs. 

HÔAYN,  ville  de  la  Chine,  dans  la  province  de 
Xenfi  ,  au  département  de  Sigan,  première  métropole 
de  la  province.  Elle  eft  plus  occidentale  que  Pékin 
de  7  d.  34',  par  les  35  d.  52'  de  latitude.  *  Atlas 
Sincnjïs. 

HOAYUNG,  ville  de  la  Chine,  dans  la  province 
de  Huquang ,  au  département  d'Yocheu ,  feptiéme  mé- 
tropole de  la  province.  Elle  eft  de  5  d.  26'   plus  oc- 


cidentale que  Pékin,  fous  les  29  d,    55'  de  latitude. 
*  Atlas  Sinenjïs. 

HOBA.  Voyez  Choba. 

HOBORDENE  ;  ce  mot  s'étoit  gliffé  dans  beaucoup 
d'exemplaires  de  Ptolomée  ,  au  lieu  deBoLBENE,  con- 
trée de  la  grande  Arménie.  *  Ortel.  Thef. 

HOBRO  ,ou  Hebro,  ville  deDanemarck,  au  Tut- 
land,  dans  le  diocèfe  dArrhulén,  entre  la  ville  d'Ar- 
hulen  &  celle  d'Alborg ,  à  fix  lieues  de  celle-ci ,  ôi  à 
dix  de  celle-là.  *  B audrand ,  édit.  1705. 

HOCCONIENSIS,  fiége  épifcopal  d'Afrique,  dans 
laNumidie  ,  félon  Ortélius.  Il  taut  lire  Bo<.comcnJu  ou 
Buccomussis.   Voyez  à  ce  dernier  mot. 

HOCHBERG  ,  marquifat ,  château  (k  petit  pays  d'Al- 
lemagne ,  au  cercle  de  Suabe.  11  eft  enclavé  dans  leBris- 
gaw  ;  mais  il  confine  ,  vers  l'orient ,  avec  la  feigneurie 
dl/Jcnbcrg;  c'eft  l'ancien  patrimoine  de  la  maUon  de 
Bdde,queBertholdI,  duc  deZeringen,  donnaàHerman, 
fon  fils  pumé.  Il  ne  portoit  alors  que  le  titre  de  feigneurie, 
&  coniiftoit  feulement  en  trois  bourgs  ;  il  s'aggrandit 
confidérablement  par  différentes  acquifitions  que  firent 
les  marquis  de  Bade  de  la  branche  de  Hochberg.  Henri 
frère  d  Herman  VI,  marquis  de  Bade,  eut  cette  ieigneu» 
rie  en  partage  ;  &C  l'empereur  Frideric  II  ,  lui  donna  le 
Brisgaw  ,  vacant  par  la  mort  le  Berthold  V  , duc  deZe- 
ringen ;  Philippe ,  qui  fat  le  dernier  de  la  branche  de 
Hochberg ,  fit ,  l'an  1490,  un  concordat  de  fucceffion 
mutuelle  avec  Chtiftophe  ,  marquis  de  Bade  ,  fon  coufin. 
L'empereur  Maximihen  I  confirma  ce  concordat ,  l'an 
1499.  &  Philippe  étant  mort  fans  enfans  mâles  ,  quatre 
-  ans  après  ,  Chriftophe  fe  mit  en  poffeffion  de  fes  états  , 
malgré  les  prétentions  de  Louis  d'Orléans,  ducdeLon- 
gueville ,  qui ,  ayant  épousé  Jeanne  ,  fille  unique  de  Phi- 
lippe ,  croyoit  en  être  l'héritier  légitime  ;  mais  après  de 
longues  conteftations  ,  il  renonça  à  fes  prétentions  , 
moyennant  deux  cents  cinquante  mille  florins  d'or,  &£ 
le  comté  de  Neuf-Châtel.  Erneft ,  marquis  de  Bade-Dour- 
lac ,  obtint  de  l'empereur  Charles-Quint ,  que  la  feigneu- 
rie de  Hochberg,  auroit  dorénavant  le  titre  de  marqui- 
fat dans  les  lettres  d'inveftiture  ,  &c  qu'elle  auroit  vois 
6k  féance  dans  le  collège  des  princes  ,  comme  princi- 
pauté de  l'empire;  ce  marquifat  a  été  ainlî  Appelle  du 
château  d' Hochberg,  qui  eft  aux  confins  du  Brisgaw  : 
il  n'y  a  de  bourg  remarquable  qaEmeningcn.  *  D'Au~ 
difrct ,  Geogr.  t.  il,p.  1 87. 

HOCHELAGA,  nom  que  Jacques  Quartier  donna  à 
la  grande  rivière  de  S.  Laurent  au  Canada  ,  après  qu'il 
l'eut  découverte.  Il  parle  aufli  d'une  ville  de  même 
nom  ,  dont  Champlain&  d'autres  François  qui  ont  voyagé 
plus  loin  que  lui ,  ne  font  point  de  mention.  Laet,  lad. 
occidA.r  ,c.\<),  dit  que  quartier  étant  monté  jufqu'à 
l'IJle  de  B  acchus  ,méCentement  Y IJle  d'Orléans  ,  s'avança 
un  peu  vers  l'oueft ,  &  rencontra  un  port  fort  commode, 
où  il  mouilla  ,  &  l'appella  de  Sainte  Croix.  Les  fauvages 
y  avoient  une  habitation  &C  un  village  nommé  Stadaca  ou 
Stadacona  :  à  l'approche  de  l'automne  ,  il  y  fit  bâtir  une 
maifon  pour  y  paffer  l'hiver.  Pendant  que  les  ouvriers 
travailloient ,  il  entreprit, le  19  de  Septembre  1535  ,  de 
vifiter  la  rivière  plus  avant.  Les  rivages  d'un  côté  &£ 
d'autre  étoient  revêtus  de  forêts  &  de  bocages  remplis 
de  hauts  arbres  &  d'un  grand  nombre  de  vignes ,  mais 
qui  ne  portoient  que  de  petits  raifins  aigres ,  faute  de 
culture.  Le  fleuve  couloit  doucement  par  un  canal 
agréable  ,  bordé  à  droite  &  à  gauche  de  plufieurs  vil- 
lages &  habitations  de  fauvages,  qui  vivoient  principa- 
lement de  poiffon  :  à  vingt-cinq  lieues  au- deffus  du  port 
de  Sainte-Croix,  le  fleuve  s'étreciffoit ,  &  ferré  par  un 
détroit,  roidiffoit  fon  cours  par-deffus  des  pierres  & 
des  rochers  cachés  fous  l'eau  ;  ce  qui  le  rendoit  difficile 
à  naviger.  Les  fauvages  appelloient  ce  lieu  Achelaciou 
Achelay.  Ayant  enfuite  monté  ,  pendant  neuf  journées, 
il  entra  dans  un  grand ,  de  douze  lieues  de  long ,  de  cinq 
ou  fix  de  large  ,  &  de  deux  brades  de  profondeur  en 
plufieurs  endroits;  il  reçoit  l'eau  de  plufieurs  rivières  qui 
entre-coupent  quelques  petites  ifles ,  &  de-là  il  court  par 
un  canal ,  fe  répand  de  nouveau  dans  un  autre  lac , 
d'où  jufqu'à  Hochclaga ,  il  y  avoit  quarante-cinq  lieues. 
Dans  tout  cet  efpace  le  fleuve  eft  fort  plat ,  &  feule- 
ment navigable  avec  de  petits  bateaux.  La  ville  à'ffo- 
chelaga  étoit  fituée  à  fix  ou  fept  lieues  du  rivage,  dans 
un  terroir  fort  bien  cultivé,  où  il  y  ayoit  quantité  de 


HOC 


HOE 


chênes  &  de  fapins  ,  &  des  champs  fort  fpacieux  ferries 
de  maïs ,  dont  les  naturels  fe  fervoient  au  lieu  de  bled. 
Elle  étoit  munie  en  rond  d'un  rempart  de  bois  ,  fait  de 
traverfes  defommiers  entravés  l'un  dans  l'autre ,  avec  des 
pieux  pointus  couverts  de  planches  dedans  6k  dehors  :  l'en- 
trée au  haut  étoit  remparée  d'ais ,  6k  l'on  y  montoit 
avec  une  échelle;  il  y  avoit  un  grand  monceau  de  pier- 
res &  de  cailloux  ;  6k  de-là  les  habitans  auroient  pu  en 
fureté  chaffer  l'ennemi  du  rempart  avec  ces  pierres, 
s'il  fefût  efforcé  d'entrer.  La  ville  n'avoit  que  quarante 
ou  cinquante  maifons  bâties  de  même  matière,  cou- 
vertes d'écoce  d'arbre  ,  longues  au  plus  de  cinquante  pas, 
êk  larges  de  quinze  ;  chacune  étoit  divifée  en  petites 
chambres,  avec  un  foyer  prelqu'au  millieu.  Les  habi- 
tans avoient  leurs  provifions  6k  autres  chofes  en  com- 
mun :  leurs  mets  étoient  du  pain  de  maïs  ,  qu'ils  ap- 
pelaient caracomi ,  des  fèves ,  des  pois ,  des  melons , 
des  concombres  6k  du  poiffon  defféché  au  foleil  6k  au 
vent  :  ils  le  gardoient  pour  l'hiver.  Ils  s'habilloient  de  peaux 
de  bêtes  fauvages ,  6k  en  faifoient  leurs  lits  fur  un  plan- 
cher un  peu  relevé  de  terre.  Ils  ne  voyageoient  point 
pour  trafiquer  comme  les  autres  fauvages ,  6k  s'appli- 
quoient  uniquement  à  cultiver  la  terre ,  à  chaffer  ci  à 
pêcher.  Ils  plongeoient  dans  la  rivière  les  corps  de  leurs 
ennemis  "ou  des  leurs  mêmes,  fi  on  en  faifoit  mourir 
pour  quelque  forfait,  après  les  avoir  découpés  en  lon- 
gues taillades  aux  parties  les  plus  mufculeufes  ;  ils  les  y 
laiffoient  pendant  douze  heures,  6k  enfuite  ils  les  en 
retiroient,  formant  des  carcans  de  ces  incifures.  Ils  ho- 
noroient  beaucoup  leur  Cacique  ,  qu'ils  portoient  par- 
tout fur  leurs  épaules  ,  affis  fur  des  peaux  de  bêtes 
fauvages. 

HOCHELACA  ,  eft  une  boutgade  fauvage  que  Jac- 
ques Cartier  trouva  au  bas  de  la  montagne  qui  donne 
le  nom  à  l'ifle  de  Montréal,  dans  la  nouvelle  France, 
&  qui  n'exiftoit  plus  dès  le  tems  de  Champlain,  quoi- 
qu'alors  on  donnât  encore  le  nom  d'Hochelaga  au 
fleuve  S.  Laurent  ,  6k  à  tout  le  pays  des  environs  de 
Montréal.  Les  fauvages,  qui  habitoient  ce  village ,  étoient 
des  Hurons ,  ou  du  moins  parloient  une  dialecte  de  la 
langue  Huronne.  Leurs  cabanes ,  au  nombre  d'environ 
cinquante  ,  reffembloient  à  des  tonnelles  de  cinquante 
pieds  de  long ,  &  de  quinze  de  large  au  plus  :  chacune 
contenoit  plufieurs  familles  féparées  par  des  cloifons  : 
toutes  étoient  bâties  de  pièces  de  bois  entrelacées  de 
branches  d'arbres  ,  avec  un  enduit  de  terre ,  6k  fans 
autre  cheminée  qu'une  ouverture  au-deffus  du  foyer  ;  & 
c'eft  la  manière  dont  les  nations  de  la  langue  Huronne 
fe  logent.  La  bourgade  étoit  de  figure  ronde,  6k  fer- 
mée de  trois  enceintes  de  paliffades ,  au  deffus  desquelles 
il  y  avoit  d'efpace  en  efpace  des  galeries ,  où  l'on  mon- 
toit avec  des  échelles ,  ck  qui  étoient  garnies  de  pierres 
&  de  cailloux  pour  la  défenfe  de  la  place:  il  y  avoit 
de  femblables  galeries  au-deffus  de  la  porte  de  chaque 
cabane.  Les  habitans  d'Hochelaga  vivoient  de  chaffe  , 
de  pèche,  6k  du  travail  de  leurs  mains  ;  car  ils  culti- 
voient  la  terre ,  6k  femoient  du  maïs ,  des  melons ,  des 
citrouilles  6k  des  fèves ,  comme  ont  toujours  fait  les 
Hurons,  les  Iroquois ,  &Ctous  les  peuples  méridionaux 
du  Canada.  *  Notes  du  P.  Charlevoix. 
m  HOCHENWARTH,  abbaye  de  religieufes  Bénédic- 
tines ,  dans  la  haute  Bavière,  aumidi  du  Danube  ,  au 
fud-eft  de   Neubourg. 

HOCHEU,  féconde  grande  cité  de  la  Chine, dans 
la  province  de  Kiangnan.  Elle  eft  de  i  d.  plus  orien- 
tale que  Pékin  ,  par  les  2  d.  50'  de  latitude.  Cette  cité 
a  dans  fon  département  une  autre  ville,  fçavoir,  Hanxan. 
*  Allas  Sinenjis. 

HOCHI  ,  ville  de  la  Chine  dans  la  province  de 
Quangfi  ,  au  département  de  Kingyven  ,  troifiéme  mé- 
tropole de  la  province.  Elle  eft  plus  occidentale  que 
Pekïn  de  10  d.  38'  par  les  25  d.6'de  latitude.  *  Atlas 
Sinenjis. 

HÔCHSTAT,  Hochstet  ,  château  Se  petite  ville 
ou  bourg  d'Allemagne ,  en  Bavière,  fur  le  Danube,  à 
-trois  milles  au  deffus  de  Donavert,  6k  à  un  mille 
au-deffous  de  Dillinghen.  Le  duc  de  Bavière,  aidé 
de  l'armée  de  France ,  y  remporta  une  victoire  fur  les 
troupes  impériales  commandées  par  le  comte  de  Stirum 
le  10  Septembre  1703,  ck  l'année  fuivante  (le  13  Août 
1704  ,  )   le  même  duc  y  fut  défait  par  le  prince  Eu- 


379 


gène ,  ck  par  le  duc  de  Marlborough  :  l'armée  francoife, 
commandée  par  le  maréchal  de  Tallard  ,  y  fit  une  iï 
grande  perte  ,  tan  t  par  le  nombre  des  morts ,  que  par  celui 
des  prifonniers,quelesreftes  eurent  bien  de  la  peine  à 
regagner  le  Rhin.  Cette  déroure  fut  le  premier  avantage 
coniidérable  queles  alliés  euffent  remporté  fur  la  France 
durant  cette  guerre.  *  Mémoires  du  tems. 

HOEIKE  ,  (les)  branche  de  Tartares.  Ils  habitoient 
vers  les  fources  des  fleuves  Ancoret  ck  Selinga.  Ils  s'éten- 
doient  jusqu'aux  environs  du  lac  Pikal.  Ils  étoient  des- 
cendus des  anciens  Hiognou  ou  Huns,  ck  fuivoient 
les  mêmes  coutumes.  Ils  campoient  fous  des  tentes  , 
avoient  de  grands  troupeaux  ;  ce  qui  leur  faifoit  recher- 
cher le  voifinage  des  rivières  ck  des  prairies.  Onlesappel- 
loitauffi Raotche  ,  c'eft-à-dire,  hauts  chariots  ,  parce  que 
leur  chariots  étoient  élevés  fur  de  grandes  roues.  Vers  l'an 
616  ,  Tchulokhan  ,  empereur  des  Turcs  défit  plufieurs  de 
ces  hordes;  6k  par  les  cruautés  qu'il  exerçacontre  les  chefs, 
il  tût  caufe  que  cette  nation  fe  révolta  contre  lui  ,  ck  fe 
nomma  un  chef  qui  porta  le  titre  de  Kikin.  Ileutunfils 
nommé  Poufaqui  lui  fuccéda  ,  ck  fournit  plufieurs  nations. 
Il  avoit  établi  fon  campement ,  au  nord  de  fleuve  Toula. 
Cette  nation  s'empara ,  dans  la  fuite ,  de  tous  les  pays 
que  les  Turcs  poffédoient  en  Tartarie,  ck  devint  très- 
puiffante.  Leur  empire  fut  détruit  vers  l'an  849.  *  Voytr 
l'HiJloire  générale  des  Huns  par  de  Gui"ues ,  1.  I- 
p.  131. 

HOCIN,  ville  de  la  Chine,  dans  la  province  de 
Channfi ,  au  département  de  Pingyang  ,  féconde  métro- 
pole de  la  province.  Elle  eft  plus  occidentale  que  Pé- 
kin de  7  d.  25' ,  par  les  36  d.  50'  de  latitude.  *  Atlas 
Sinenjis 

HOCKELEN.  Voyez  Heukelum. 

HOCKERLAND,  (l')  contrée  du  royaume  de 
Pruffe,  ck  l'un  des  trois  cercles  du  pays  ,  MonHubner, 
Geogr.  p.  730.  On  y  comprend  la  Pomejanie  qui  en 
fait  partie.  Elle  eft  prefque  entourée  de  tous  côtés,  par 
la  Pruffe  Polonoife  ck  par  la  haute  Pologne.  Les  prin- 
cipaux lieux  font  : 

Marienwerder,  ville  frontière  vers  la  Pomerelle. 
Holland ,  ville  ck  château  peu  loin  d'Elbing. 
Gilgen  bourg ,  aux  frontières  de  Pologne. 
C/iri/ibourg ,  ville  ck  château. 
Rifenbourg ,  ville  6k  château  ,  autrefois  refidence  de 

l'evêque  de  Pomefanie. 
OJitrode  ,  ville   ck  château. 

HOCKESV/AGEN  ,  petite  ville  d'Allemagne  ,  dans 
le  cercle  de  Weftphalie ,  au  duché  de  Berg  fur  la  Vip- 
per  entre  Wipperford,  ckElverveld.  *  D'Audifree,  t.  3, 
p.  254. 

HODEN,  ville  d'Afrique,  dans  la  Nigritie  ,  au 
royaume  de  Gualata.  C'eft  la  même  ville  que  Guaden. 
Voyez  ce  mot. 

HODNET,  bourg  d'Angleterre  dans  la  Schrews- 
bury.  On  y  tient  marché  public.  *  Etat  préfent  de  Ij. 
Gr.Bret.t.  1. 

HODOMANTI,  ancien  peuple  de  Thrace,  parmi 
les  Odryfes,  félon  Pline,  /.  4,  c.  11.  Ils  étoient  auprès 
del'Hebre,  félon  Solin.  Voyez  Odontomantes. 

Cet  article  tiré  d'Ortelius ,  eft  défectueux  en  plufieurs 
chofes.  L'édition  de  Pline,  du  P.  Hardouin, porte  Am- 
plement Odomantes,  ck  enfuite  un  point.  Cequifuit, 
(lavoir  Odryfarum  gens')  fe  raporte  à  l'Hebre  qui  a  fa 
fburce  chez  les  Odryfes  ,  ck  n'a  aucun  rapport  avec  les 
Odomantes.  Solin  parle  des  Odryies  ,  ck  ne  dit  rien 
des  Odomantes.  Ces  Odomantes,  au  refte ,  étoient  les 
habitans  de  I'Odomantice  de  Ptolomée.  Voyez 
ce  mot. 

HODSDON ,  bourg  d'Angleterre ,  dans  la  province 
d'Hertford.  II  a  droit  de  tenir  marché  public.  *  Etat 
préfent  de  la  Gr.  Bret.  t.  I. 

HOECHTS  ,  ville  d'Allemagne,  au  pays  de  l'élec- 
teur de  Mayence  ,  fur  le  Mayn  ,  à  une  lieue  de  Franc- 
fort. Elle  eft  petite,  mais  fort  jolie.  Corneille ,  qui  n'en 
fait  qu'un  bourg,  dit  qu'il  eft  fermé  de  murailles,  6k 
que  les  fortifications  en  font  remarquables.  La  rivière  de 
Middo  y  paffe  ,  ck  remplit  les  foffés  du  château  qui  eu 
eft  féparé  par  un  foffé  auffi  large  que  profond.  Ce  châ- 
teau paffe  pour,  un  des  plus  beaux  6k  des  mieux  bâ- 
TomelII.    Bbbij 


38o  HOE 

tjs  d'Allemagne.  Cette  ville  appartient  à  l'ele&eur  de 
Mayence. 

HOEFT  ,  félon  Corneille  ,  ou  Hovet  on  Hooft  , 
(élon  André  Cellarius ,  auteur  d'une  Defcription  de  la 
Pologne  p.  484  ,  fortereffe  de  la  Pruffe  Polonoife ,  fur 
la  pointe  où  la  Viftule  fe  partageant ,  envoie  une  partie 
de  l'es  eaux  dans  le  Frifchhaff ,  &  l'autre  dans  la  mer 
Baltique  au-deffous  de  Dantzig.  Cette  place  a  été  plu- 
sieurs fois  prife  &  reprife  durant  les  guerres  des  Suédois 
&  des  Polonois. 

I.HOEI,  ville  delà  Chine,  dans  la  province  de  Xenfi, 
au  département  de  Cungchang  ,  cinquième  métropole  de 
la  province.  Elle  eft  plus  occidentale  que  Pékin ,  de 
10  d.  9',  par  les  35  d.  34'  de  latitude.  *  Atlas  Si- 
nenfis. 

.2.  HOEI  ,  ville  de  la  Chine,  dans  la  province  de 
Honan,  au  département  de  Gueihoei,  quatrième  mé- 
tropole de  la  province.  Elle  eft  plus  occidentale  que 
Pékin,,  de  3  d.  38',  parles  36  d.  36' de  latitude.  * At- 
las Sinenjîs. 

HGElCHANG/ville  delà  Chine,  dans  la  province 
de  Kianfi,  au  département  de  Cancheu ,  douzième  mé- 
tropole de  la  province.  Elle  eft  de  1  d-  3  5  '  plus  occi- 
dentale que  Pékin  ,  fous  les  25  d.  30'  de  latitude.  *  Atlas 
Sinenfis. 

1.  HOEICHEU  ,  ville  de  la  Chine,  dans  la  province 
de  Kiangnan,  dont  elle  eft  la  quatorzième  métro- 
pole. Elle  eft  de  55'  plus  orientale  que  Pékin  ;  la  hau- 
teur du  pôle  y  eft  de  30',  18'.  C'eft  la  ville  la  plus 
méridionale  de  la  province.  Elle  a  reçu  fon  nom  de  la 
famille  de  Sunga.  Il  y  a  beaucoup  de  montagnes  dans 
fon  territoire  qui  comprend  fix  villes,  favoir, 


HOG 


Hoeicheu , 

Kimuen, 

Hieuning  , 

In, 

Vuyven , 

Cieki. 

Elle  pafle  pour  une  des  plus  riches  villes  de  la  Chine, 
à  caufe  de  fon  grand  commerce.  L'air  y  eft  bon  fk 
tempéré  ;  les  habitans  ont  beaucoup  d'induftrie  ck  de 
génie  ;  ck  il  n'y  a  point  de  ville  dans  tout  l'empire ,  pour 
peu  qu'elle  foit  marchande ,  qu'on  n'y  trouve  quelqu'un 
de  Hoeicheu.  Il  n'y  a  même  ni  banque  ,  ni  change  , 
ni  lieu  où  l'on  prête  de  l'argent,  où  les  habitans  de  Hoei- 
cheu ne  foient  entre  les  principaux  intérefles.  Ils  font 
ménagers  ,  vivent  de  peu ,  &  de  ce  qui  fe  trouve  aifé- 
ment  ;  ils  font  hardis  ck  entreprenans  dans  les  affaires 
du  négoce.  C'eft  dans  cette  ville  que  fe  fait  la  meilleure 
encre  de  la  Chiné.  On  ne  trouve  point  ailleurs  de  meil- 
leur thé.  La  rivière  de  Singan  pafle  auprès  de  Hoeicheu. 
*  Atlas  Sinenfis. 

2.  HOEICHEU,  ville  de  la  Chine,  dans  la  pro- 
vince de  Quantung  ,  ou  Canton,  dont  elle  eft  la  qua- 
trième métropole  :  elle  eft  de  2  d.  46'  plus  occiden- 
tale que  Pékin,  à  23  d.  9'  de  latitude.  Son  territoire 
pafle  pour  le  meilleur  terroir  de  toute  la  province.  Il 
eft  très-bien  expofé  ck  fort  agréable;  le  fol  en  eft 
gras ,  ck  il  y  a  quantité  de  fources  ck  de  fontaines.  On 
y  compte  dix  villes ,  favoir , 


Hoeicheu, 
Polo, 

Haifung, 
Hoyven, 
Lungchuen , 


Changlo , 

Hiugning, 

Hoping, 

Changning, 

Junggan. 


Leangho  ,  la  nomma  LeanGHOA;  Suiu,LuNGCHEU; 
la  famille  de  Tanga,  Haifung  ;  mais  celle  de  Sunga 
lui  donna  le  nom  qu'elle  garde  encore  à  préfent.  Elle  eft 
proche  de  la  mer  ;  aufli  abonde-t-elle  en  poiffons ,  en 
huitres,en  écreviffes,en  crabes  &  autres  coquillages. Cette 
mer  produit  des  tortues  fi  groffes  ,  qu'à  les  voir  de  loin 
on  diroit  que  ce  font  des  écueils  ou  des  rochers.  On 
dit  plus  ;  on  allure  en  avoir  vu  qui  portoient  fur  leur 
dos  des  arbriffeaux  ck  des  herbes.  Les  Chinois  travail- 
lent fort  bien  en  écailles  de  tortue.  On  y  pêche  aufli 
l'hoangcioyu,  qui  eft  un  poiflbn  jaune  ou  plutôt  un  oifeau  ; 
car  durant  l'été  il  vole  fur  les  montagnes  ;  après  l'au- 
tomne il  fe  jette  dans  la  mer ,  ck  devient  un  poiflbn  qui 
ne  fe  pêche  qu'en  hyver  ,  ck  qui  eft  fort  dléicat.  Le 
P.  Martini  rapporte  ce  fait  fans  aucun  correftif.  On  re- 


marque à  Hoeicheu  trois  temples  ck  deux  ponts  ;  l'un 
qui  eft  à  l'orient ,  a  quarante  grandes  arcades ,  ck  joint  les 
bords  des  deux  rivières  qui  s'y  affemblent;  l'autre  au 
couchant  fur  le  lac  de  Fu.NG,  eft  tout  de  pierre  avec 
des  éclufes ,  pour  en  faite  fortir  autant  d'eau  qu'il  en 
faut  pour  arrofer  les  terres  femées  du  riz.  Ce  lac  a  dix 
lys  de  circuit ,  avec  deuxifles  où  les  habitans  ont  fait  bâtir 
quelques  maifons  de  plailance.  Le  lac  eft  coupé  par  un 
pont  qui  va  d'une  ifle  à  l'autre,  &.  les  jqint  au  rivage 
qui  eft   bordé  d'arbres  avec  des  jardins  de  plaifance. 

HOE1CHUEN  ,  fortereffe  de  la  Chine  ,  dans  la 
province  de  Suchuen  ,  au  département  de  Cienguei ,  pre- 
mière fortereffe  de  la  province.  Elle  eft  plus  occidentale 
que  Pékin  ,  de  14  d  53',  par  les  27  d.  19'  delatitude. 

*  Atlas  Sinenjîs. 

HOEILAI ,  ville  de  la  Chine  ,  dans  la  province  de 
Quanton  ,  au  département  de  Chaocheu  ,  cinquième  mé-t 
tropole  de  la  province.  Elle  eft  plus  occidentale  que 
Pékin ,    de   1    d.  40'  ,  par  les  23   d.  40'   de  latitude. 

*  Atlas  Sinenfis. 

HOEINING,  ville  de  la  Chine,  dans  la  province 
de  Xenfi  ,  au  département  de  Cungchang ,  cinquième 
métropole  de  la  province.  Elle  eft  de  n  d.  20'  plus 
occidentale  que  Pékin,   par  les  37  d.  25'  de  latitude. 

*  Atlas  Sinenjîs. 

1.  HOEITUNG,  ville  de  la  Chine,  dans  la  pro- 
vince de  Quanton ,  au  département  de  Kiengcheu,  dixiè- 
me métropole  de  la  province.  Elle  eft  plus  occiden- 
tale que  Pékin  ,  de  6  d.  49'  ,  par  les  19  d.  20'  de  la- 
titude. *  Atlas  Sinenjîs. 

2.  HOEITUNG  ,  cité  de  la  Chine,  dans  la  province 
de  Huquang,  au  département  de  Chingchieu,  première 
grande  cité  de  la  province.  Elle  eft  plus  occidentale 
que  Pékin  ,   de  7  d.  46' ,  par  les  27  d.  40'  de  latitude. 

*  Atlas  Sinenjîs. 

HOEKIA,  ville  de  la  Chine,  dans  la  province  de 
Honan ,  au  département  de  Oueihoei ,  quatrième  mé- 
tropole de  la  province.  Elle  eft  plus  occidentale  que  Pé- 
kin, de  3  d.  56'  ,  par  les  36  d.  27'  delatitude.  *  Atlas 
Sinenjîs. 

HOELO ,  ville  de  la  Chine  ,  dans  le  Pekeli ,  au  dé,- 
partement  de  Chinting,  quatrième  métropole  de  la  pro- 
vince. Elle  eft  plus  occidentale  que  Pékin  ,  de  3  d. 
par  les  38  d.  42'  de  latitude.  *  Atlas  Chinenjis. 

HOEN  ,  lieu  de  la  Libye,  habité  par  les  Phœni- 
ciens ,  félon  l'Hiftoire  mêlée,  /.  16  ,  citée  par  Ortelius  , 
Thefaur.  Le  même  lieu  eft  nommé  Tingis  par  Procope, 
Vandal.  1.  2. 

HOENFURT  ,  Altum  -  Vadum  ,  abbaye  d'hommes  ,' 
ordre  de  Cîteaux,  au  royaume  de  Bohême  dans  le  cercle 
Pifek. 

HOENYVEN  ,  ville  de  la  Chine  ,  dans  la  province 
de  Channfi ,  au  département  de  Taitung ,  troisième  mé- 
tropole de  la  province.  Elle  eft  plus  occidentale  que 
Pékin  ,  de  3  d.  50' ,  par  les  40  d.  de  latitude.  *  Atlas 
Sinenfis. 

riÔERNLIN ,  montagne  de  Suiffe,  dans  le  Thurgov. 

*  Etat  &  Dél.  de  la  SuiJJe,  t.  3.  p.  169. 

HO  F  ALISE,  petite  ville  des  Pays-bas ,  félon  Bau- 
drand.  L'auteur  du  Dictionnaire  géographique  des  Pays- 
bas  ,  dit  Homf ALISE ,  ck  n'en  fait  qu'une  feigneurie  dans 
le  Luxembourg  ,  entre  Baftoigne  ck  Salme ,  à  deux 
lieues  ck  demie  de  l'une  ck  de  l'autre.  L'abbé  de  Lon- 
guerue,  Defcr.  de  la  France,  2. part. p.  199,  dit  quele 
feigneur  de  HoFFALISE  étoit  un  des  quatre  pairs  du 
comte  de  la  Roche. . 

HOFF ,  ville  d'Allemagne,  en  Franconie,  aux  con- 
fins de  la  Bohême.  Elle  eSt  affez  belle  ,  Se  appartient  aux 
margraves  de  Bareut.  Il  y  a  un  fort  beau  collège.  Elle 
eft ,  auSîi-biert  que  Wonfidel ,  dans  le  Voigtland  ,  dans 
lequel  ces  deux  places  doivent  être  comptées,  &  par 
confequent  dans  la  Saxe ,  ck  ne  font  attribuées  à  la 
Franconie ,  qu'à  caufe  de  leur  fouverain  qui  eft  du  cercle 
de  Franconie. 

HOGELANDE.  Voyez  Hoghlande. 

HOG'R  ouHadgre  ,  ville  de  l'Arabie  heureufe ,  diffé- 
rente de  Hag'r  dont  nous  avons  parlé  en  fon  lieu. 
Celle-ci,  comme  le  remarque  De  la  Roque  dans.fes 
Notes  fur  fa  traduction  de  l'Arabie  d'Abulfeda ,  eft  dans  la 
région  d'Yamamah  ou  de  Bahrain ,  presque  à  l'extré- 
mité   de    l'Arabie,    du  côté  du  levant.   Cette  ville, 


HOH 


HOH 


dit  Abulfeda  ,  eft,  félon  Almoshtarec  ,  une  ville  célèbre 
&  la  principale  dans  Yamamah  ,  ayant  la  même  longi- 
tude &  la  même  latitude  qu'Ymamah.  (  En  ce  cas ,  ce 


3*1 


comtes  d'Hohen-Ems  font  iffus  d'une  ancienne  maifon 
de  Rhetie.  Thierri ,  feigneur  d'Alten-Ems ,  fe  trouva  au 
tournoi  de  Cologne  ,  l'an  1169;    fes   defcendans  l'ont 


feroit  la  même  ville.  )  Quelques  auteurs,  pourfuit  Abul-     divifés  en  deux  branches ,  favoir  la  Romaine ,  dont  eft 

!       J;,'~"  r-    !  "  '  ■'•     "  -'"'"  jour-     le  duc  d'Altemps ,  &c  l'Allemande  qui    a  eu  pour  chef 


feda,  difent  que  fa  diftance  d'Yamamah  eft  d 
née  &  d'une  nuit  de  chemin  :  On  affure  qu'Ymamah  ik 
Hog'r  font  la  demeure  de  la  tribu  de  Hanifah  ,  &  d'une 
partie  de  la  tribu  de  Maddar.  C'eft  à  Hog'r  que  font 
les  tombeaux  des  martyrs  (  Mahometans  )  qui  refterent 
dans  le  combat  de  Mofeilemah  le  faux  Prophète  ,  fous 
le  califat  d'Aboubekre  le  Jufte.  Hog'r  eft  fituée  entre 
l'occident  &  le  feptentrion  (c'eft- à-dire  au  nord-oueft) 


Jacques-Annibal ,  fils  puîné  de  Wolfgang-Thierri  &:  de 
Claire  de  Medicis.  Elle  eft  fous-divifée  en  deux  autres, 
qui  font  celle  de  Hohen-Ems  qui  a  vendu  le  comté  de 
Galerata  aux  Vifconti  de  Milan ,  &  celle  de  Wadutz 
qui  poffede  auffi  les  feigneuries  de  ScHELLENBERG  , 
de  DORENBEURN   &    de  LUSTENAU. 

HOHENFURT,  Alto-Vaium,   abbaye  d'hommes, 


d'Yamamah ,  à  la  diftance  de  deux  dations  de  l'une  &c  de     ordre  de  Cîteaux ,  dans  la  Bohême  ,  au  cercle  de  Bekin. 


l'autre.  Allebab  écrit  qvie  Hog'r  eft  une  ville  d; 
l'Yemen,  quia  donné  naiffance  à  Ahmed,  fils  d'Abdalah- 
Àlazbi  fameux  poëte  ,  lequel  a  été  furnommé  le  poète 
(Plfog'r.  De  la  Roque  reproche  à  D'Herbelot,  aureur 
de  la  Bibliothèque  orientale  ,  de  ne  pas  affez  diftin- 
guer  cette  ville  d'Hog'r  &c  celle  de  Hag'r  ,  &  d'attri- 


II  a  une  magnifique  eglife. 

HOHEN-GEROLDS-ECK,  baronnie  d'Allemagne, 
en  Suabe.  C'eft  la  même  que  Gerolds-Eck  ;  l'une 
dans  la  Suabe  ,  qui  eft  celle-ci  ;  &  l'autre  dans  l'Alface  , 
vers  les  monts  de  Vauge.  Il  appelle  la  première  Hoen- 
Gerolds-Eck ,    pour  la  diftinguer  de  l'autre.    Il  dit,  en 


buer  à  cette  dernière  ce  qui  ne  convient  manifeftement  parlant  de  celle  de  Suabe ,   qu'elle  eft  à  l'entrée  de  la 

qu'à  l'autre.  forêt  noire  entre  l'Ortnaw  &  les  feigneuries   de  Lahr 

1.  HOGHLANDE,  (l'isle  de)  ifle  du   golfe  de  &:   de   Mahlberg.    Il  ajoute:  les  anciens   feigneurs  de 

Finlande,    par  les  60  d.    de  latitude,   pour  le    milieu  Gerolds-Eck  defcendoient  de  Gerold,  fils  de  Hîldebrand, 

ou  environ,    &  vers  le  45e  d.   30'  de  longitude.   Elle  duc   deSuabe.  Jacques  étant  mort  fans  enfans  mâles  ,  le 

eft  longue  &  s'étend  du fud-.eft  au  nord-eft.  Cette  ifle,  z6  Juin    1634,   l'empereur   Ferdinand  II  donna    cette 

dit  Olearius,    Voyage  de  Perfe,   t.  I  ,  1.  2,    p.  69,  tire  baronnie  à  Adam-Philippe,  comte  de  Cronberg  ,  auquel 
'     fon  affiV— 


fon  nom  de  la  hauteur  de  fon  affiette  qui  paroît  fort 
élevée  dans  la  mer;  elle  a  trois  lieues  de- long  Se  une 
de  large.  On  n'y  voit  que  des  rochers ,  des  fapins  &C 
des  broflailles.  Il  y  vit  quelques  lièvres  qui  deviennent 
blancs  l'hiver,  comme  par-tout  ailleurs  en  Livonie. 
Tout  le  pays  eft  fort  rude  &  couvert.  Elle  eft  à  douze 
grandes  lieues  de  la  terre  ferme. 

Le  traducteur  d'Olearius  écrit  HoGLANDE. 

ï.  HOGHLANDE  ,  ifle  de  la  mer  des  Indes ,  au  nord 

de  la  partie  la  plus  orientale  que  l'on  connoifle  de  la  terre 

des  Papous,  &c  au  nord-eft  delà  nouvelle  Bretagne,  à 

2  d.   de  latitude  méridionale,  &C  à  165  d.de  longitude. 

3.  Il  y  a  une  troifiéme  ifle  de  ce  nom  ,  à  l'extrémité 
feptentrionale  de  la  Carpentarie ,  au  1 50e  d.  de  longi- 
tude, &t  au  10e  de  latitude  méridionale.  De  l'Ifle  écrit 

HOGELANDE. 

HOGUE.  (la)  Voyez  Hougue. 

HOHENBÈRG,  château  d'Allemagne  ,  danslecomté 
de  même  nom ,  dont  il  eft  le  chef-lieu  ,  dans  la  Suabe 
Autrichenne,  vers  la  fource  du  Neckre.  *  D'Audifret. 
Geog.  t.  3. 

Le  Comté  de  HohenberG,  petit  état  d'Alle- 
magne ,  en  Suabe ,  dans  les  états  de  la  maifon  d'Autriche , 


il  en  avoit  accordé  l'expeètative. 

HOHEN-KOTTENHEIM  ,  bourg  d'Allemagne, 
dans  la  Franconie  ,dans  la  baronnie  de  Sainsheim,  qui 
fait  partie  de  l'état   du  prince  de  Schwartzenberg. 

HOHENLOE,  château  d'Allemagne,  en  Franconie, 
au  comté  dont  il  eft  le  chef-lieu  ,  &L  auquel  il  donne 
fon  nom. 

Le  Comté  de  Hohenloe',  pays  de  Allemagne, 
en  |  Franconie  ,  entre  l'archevêché  de  Mayence,  l'évêché 
de  Wurtzbourg ,  le  margraviat  d'Anfpach  ,  le  comté 
d'Oetingen ,  le  territoire  de  Hall ,  le  comté  de  Lceu- 
venftein  ,  le  duché  de  Wurtemberg  ,  &- l'ordre  Teuto- 
nique;  il  a  été  ainfï  nommé  d'un  château  litué  dans 
l'OttenWaldt  ;  le  pays  en  eft  bon  &c  fertile.  Il  feroit 
riche,  s'il  y  avoit  plus  de  commerce  ;  fes  principaux; 
bourgs  font, 


Sinderingen  fur  lé  Kocher  . 
Eringen , 


Waltenberg  , 
Langenbourg  fur  le  Jakt. 


Les  comtes  de  Hohenloe  defeendent  de  Craton  qui  vivoit 
vers  l'an  897,  fur  la  fin  du  neuvième  fiécle  ;  ils  étoient 
autrefois  très  puiffans  ;  mais  les  partages  qu'ont  faits  les 


entre  le  duché  de  Wurtenberg  &  la  principauté  de  Fur-  différentes  branches  dont  leur  famille  eft  compolée  ,  les 

ftenberg.  L'empereur  Rodolphe  I  l'acquit  par  fon  mariage  ont  affoiblis  ;  Louis-Cafimir ,  &  Everard  ,  fils  de  George , 

avec  Anne  de  Hohenberg.  Il  a  environ  cinq  lieues  de  font   les   chefs  des  branches  principales  de  Nevenftein 

long  &C  quatre  de   large.    Il  confiftoit  en  quatre  baillia-  &  Waldenbourg  ;  la  première  a  produit  celles  de  Weic- 

ges;  mais  les   comtes  de  Zimmern  vendirent   ceux  de  kers/ieim  &  de  Langenbourg,  &  poffede  les  bailliages  de 

Nagoltz  &:  d'Oberndorf  aux  ducs  de Wurtenberg.  WlL-  Weichersheim  ,    de  Schroiberg,SHollenbach,  de  Neven- 

LINGEN  ,  gros   bourg  fur  la  Birg ,  qui  dépendoit  autre-  Jiein  &  de  Langenbourg,  &c  la  belle  terre  de  Wilmers- 

fois  du    landgraviat  de  Bar  ,    fut  bâti  par  les  ducs   de  dorf  ' ;  la  féconde  a!  produit  celles  de  Pfoedelbach  ,  &  de 

Zaringen,  &  paffa  de  la  maifon  de  Furftenberg  en  celle  Schillings/un,    &  poffede  les  bailliages  de  Meinard 


d'Autriche.  Le  bailliage  d'Orben  eft  féparé;  &  il  eft 
entre  l'ancien  comté  de  Tubingen  ,  au  duché  de  Wur- 
tenberg  ,  &c  la  principauté  de  Furftenberg.  Rotenbourg, 
qui  eft  dans  ce  bailliage  ,  eft  fur  la  Neckre.  Elle 
fiit  détruite  par  un  tremblement  de  terre,  &c  rebâtie 
l'an   1171. 

HOHENECK ,  château  d'Allemagne ,  en  Franconie , 
auprès  de  Vindsheim.  11  eft  ruiné  ;  c'étoit  le  chef-lieu 
d'un  bailliage,  dont  le  principal  bourg  s'appelle  Apps- 
SHEIM.  11  appartient  à  la  maifon  de  Culmbach.  *  Zeykr , 
Francon.  Topogr./J^i. 


SUnttr~-Steinbach ,  de  Heïmbach  ,  de  Sindringtn  ,  de 
Bartenjlein  ,  de  Waldenbourg ,  de  Pfoedelbach  ,  &  de 
Scliiblingfurt.  Ces  comtes  poffedent  encore  une  partie 
du  comté  de  Gleichen  dans  la  Thuringe ,  dont  ils  ont 
hérité  par  la  mort  de  Philippe-Erneft ,  dernier  comte  de 
Gleichen ,  qui  avoit  époufé  Marie-Agnès  feeur  de  George- 
Frideric  de  Craton  ,  &  de  Philippe  Erneft ,  Comte  de 
Hohenloe  ,  qu'il  nomma  fes  héritiers ,  s'il  mouroit  fans 
enfans,  ce  qu'il  confirma  par  un  concordat  de  fucceflîon 
mutuelle.  Comme  la-plus  grande  partie  du  comté  de 
Gleichen  relevoit  des  ducs  de  Saxe,  en  qualité  de  land- 


HOHEN-EMS  ,  ou  Hohen-Embs  ,  petit  pays  d'Aile-  graves  de  Thuringe ,  ils  refuferent  long-tems  de  ratifier  ce- 

magne,  aux  confins  delà  Suiffe.  Le  comté    d'Hohen-  concordat,  &c  ne  le  firent  qu'à  la  charge  que  les  autres 

Ems ,  dit  D'Audifret ,  Géog.  t.  3.  p.  175,  eft  à  l'extré-  biens,  &t  même  les  allodiaux  ,  releveroient  aufli  de  leur 

mité  de  la  Suabe ,    fur  la  frontière  du  canton  d'Appen-  domaine  ;  de  forte  que  Philippe-Erneft  étant  mort  fans 

zel,  dont  le   Rhin  le  fépate ,  entre  le  comté  de  Mont-  enfans,  les  comtes  de  Hohenloe  en  furent  invertis.  Ils 

fort  &  celui  de  Bregentz.    C'eft    un   pays  fort  monta-  ont  auffi  des  prétentions  fur  le  comté  de  Zlcgenhain  en 

gneux,  mais  affez  fertile  en  grains.  Il  porte  le  nom  d'un  qualité  d'héritiers  d'Elifabeth  de  Hanav  ,  petie-fille  de 

vieux  château  qui  fervoit  de  réfidence  aux  comtes  de  Jean ,  dernier  comte  de  Ziegenhain ,  qui  avoit   époufé 

Hohen-Ems,   qui  en  ont  depuis  fait  bâtir  un  autre.   Ils  Ulric,  comte  de  Hohenloe. 

poffedent  auffi  la  feigheurie  de  "Wadutz ,  ainfi  appellée         HOHEN-RECHBERG,    petit    pays    d'Allemagne, 

d'un  bourg,  qui  eft  à  un  mille  de    Feldkirch,  fur  une  dans  la  Suabe,  avec  titre  de  comté.  Il  eft  presque  dans 

montagne,  au  pied  de   laquelle  le  Rhin  coule.    Les  le  Rensthal  ou  vallée  de  Rens  ,  entre  le  duché  de  Wur- 


38i 


HOI 


HOL 


tenberg,  la  baronnie  de  Limbourg ,  &  les  territoires  d'Ulm 
&  de  Gemund  ;  il  porte  le  nom  d'un  ancien  château 
qui  étoit  poflèdé  par  les  maréchaux  de  Calatin.  Hilde- 
brand ,  troifiéme  rils  d'Henri  &  d'Anne ,  fille  unique , 
_&  héritière  d'Albert,  feigneur  de  Biberbach  ,  eut  en 
partage  lafeigneurie  de  Hohen-Rechberg.  Albert,  un  de 
ies  defcendans ,  acheta  celles  de  Staufineck  ,  de  Falcken- 
Jicin ,  de  Wofchelbourg ,  &C  de  Beum ,  avec  plufieurs  autres 
terres  qui  relevoient  des  ducs  d'Autriche  ;  Vit  II  acquit , 
l'an  1446,  les  terres  de  Reichenbach  ,  &  de  Deuzdorf: 
Conrad  fut  fait  baron  de  l'empire  par  l'empereur  Maxi- 
milien  II.  Gebhard  acheta  les  feigneuries  de  Rechberg- 
haujen  &  de  Scharpfmbzrg  ;  Si  Gafpard-Bernard  fut 
élevé  par  l'empereur  Ferdinand  II.  à  la  dignité  de 
comte  de  l'empire  ;  mais  fon  fils  n'ayant  laiffé  qu'une 
Fille,  qui  époufa  Maximilien-Guillaume  comte  de  Sty- 
rum ,  cette  dignité  pafla  à  fes  coufins  de  la  branche  de 
Jean  ;  les  comtes  de  Rechbergfont  de  la  même  maifon 
que  ceux  de  Pappenheim  ;  ceux-ci  viennent  de  Rodolphe , 
fils  aine  de  Henri,  maréchal  de  Calatin;  &c  ceux-là 
defcendent  de  Hildebrand,  frère  de  Rodolphe  ;  ils  font 
partagés  en  plufieurs  branches  ;  Bernard Beron, comte, 
régent  de  Rechberg ,  étoit  grand  maréchal  de  la  cour  de 
l'électeur  de  Bavière  ,  &  a  élevé  des  enfans  de  Marie 
Jacqueline,  fille  d'Antoine ,  comte  de  Fugger. 

HOHEN-SAX.  Voyez  Alt-Sax. 

HOHENSÉE,  lac  du  royaume  de  Prime  ,  fur  les 
confins  de  la  Lithuanie,  à  l'orient  de  la  rivière  de 
Goldap ,  dans  laquelle  il  fe  décharge.  *  Homan,  Carte 
de  la  Pruffe.  Robert  de  Vaugondy  ,  Atlas. 

1.  HOHENSTEIN,  bourg  d'Allemagne,  dans  la 
Franconie  :  la  maifon  de  Barreut  le  tient  en  fief  du  roi 
de  Bohême,  avec  le  château  de  HAUSECK. 

2.  HOHENSTEIN  ou  Hohenstein,  bourg  d'Alle- 
magne ,  au  bas  comté  de  Catzenelnbogen. 

3.  HOHENSTEIN,  comté  d'Allemagne ,  dans  la 
Thuringe ,  aux  frontières  de  la  principauté  d'Anhalt. 
Ilfa  eu  Tes  comtes  particuliers  dont  la  famille  eff  éteinte. 
Les  biens  de  ce  comté  font  venus  en  partie  à  l'évêché 
d'Halberftad ,  en  qualité  d'arriere-fief,  favoir  les  bail- 
liages de  Kettenberg  &  de  Lohre  ,  qui  ont  été  enfuite 
donnés  par  l'électeur  de  Brandebourg,  pour  qui  cet 
évêché  a  été  fécularifé  aux  comtes  de  Sayn  &  de  Wit- 
genftein  ,  comme  fiefs  relevans  de  cet  électeur  qui  fe 
qualifie  toujours  comte  de  Hohenftein.  Le  bailliage  de 
Hohenfrein  a  paffé  aux  comtes  de  Schwartzenbourg. 
*  Hubncr,  Géogr.  p.  496  &  589. 

4.  HOHENSTEIN,  vieux  château  d'Allemagne, 
dans  la  haute  Saxe  ,  au  cercle  de  Misnie  ,  aux  confins 
de  la  Bohême.  C'eft  le  chef- lieu  d'un  bailliage  fort 
étendu. 

HOHEN-TRINS,  terre  &  feigneurie  de  Suiffe,  au 
pays  des  Grifons,  dans  la  communauté  de  Flims.  Elle 
eft  ancienne,  &  a  eu  fes  feigneurs  particuliers  dès  le 
tems  de  Charles-Martel.  Ils  y  bâtirent  alors  un  beau 
château.  Après  avoir  paffé  par  bien  des  mains  ,  les 
habitans  achetèrent  leur  liberté  l'an  161 6,  pour  le  prix 
de  7000  écus  d'or.  *  Etat  &  DU.  de  la  Suiffe,  t.  4,  p.  2 1 . 

HOHENTWIL ,  Altum-Duellium  ,  fortereffe  d'Alle- 
magne en  Suabe ,  au  landgraviat  de  Nellenbourg ,  fur 
un  rocher  prefque  inacceflible ,  à  deux  milles  de Schaf- 
houfe.  Ulric  de  "Wurtenberg  l'acheta,  l'an  1520,  d'Anne 
de  Klingenberg.  La  maifon  d'Autriche  a  plufieurs  fois 
tenté  de  s'en  emparer;  les  François  la  prirent  durant 
les  vieilles  guerres  d'Allemagne;  mais  ils  la  rendirent 
par  la  paix  de  Veftphalie.  *  D'Audifret,  Géogr.  t.  3. 
p.  201. 

HOHEN-VECKEN,  château  d'Allemagne ,  en 
Suabe,  dans  l'état  des  comtes  de  Fugger. 

HOHENWART  ou  HochenwART,  village  d'Alle- 
magne ,  en  Bavière ,  fur  la  rivière  de  Par  ,  à  trois  ou 
quatre  lieues  d'Ingolftadt.   VoyezRlPA  PRIMA. 

HOKEN-ZOLLERN.  Voyez  Zollern. 

HOHNSTEIN.  Voyez  Hohenstein. 

Dans  tous  ces  noms  qui  commencent  par  Hohtn , 
ces  deux  oremieres  fyllabes  ne  fignifient  que  haut , 
élevé.  Ainfi  c'eft  uniquement  un  adjectif  qui  marque 
la  fituation  du  lieu. 

HOIN,  ville  de  la  Chine,  dans  la  province  de  Honan, 
au  département  de  Caifung  ,  première  métropole  de 
la  province.    Elle  eft  plus  occidentale  que  Pékin,  de 


4d.  14',  par  les  35  d.  50'  de  latitude.  *  Atlas  Si* 
nenfis. 

HOIO  ,  ou  Oyo.  Voyez  Ohio. 

HOKIÂNG,  ville  de  la  Chine,  dans  la  province 
de  Suchuen  ,  au  département  de  Liucheu ,  cinquième 
grande  cité  de  la  province.  Elle  eft  plus  occidentale 
Pékin,  de  11  d.  io'  ,  par  les  29  d.  24'  de  latitude, 
que  *  Atlas  Sinenjîs. 

HOKIEN  ,  ville  de  la  Chine,  au  Pekeli,  dont  elle 
eft  la  troifiéme  métropole.  Elle  eft  de  30'  plus  occiden- 
tale que  Pékin,  à  38  d.  50' de  latitude.  Son  nom  marque 
qu'elle  eft  entre  plufieurs  rivières,  &  repond  au  mot 
latin  Interamna  &  au  françois  Entragues  ;  en  effet,  fon 
territoire  eft  coupé  en  forme  d'ifle.  Sous  la  famille  de 
Cheva  ,  on  la  nommoit  Tungiam  ;  fous  celle  de  Hana  , 
Poihai  ;  fous  celle  de  Tanga ,  Ingcheu  ;  Sous  celle  de 
Sunga  Inghai.  Sous  le  roi  Yvus  elle  dépendoit  de  la 
province  de  Kiche.  Sous  les  rois  elle  changea  fouvent 
de  maîtres.  Le  territoire  eft  gras  &  argilleux  ,  &  s'étend 
jusqu'à  la  mer  orientale  ;  il  y  a  là  de  vaftes  plaines  où 
l'on  fait  du  fel  avec  l'eau  de  la  mer.  Il  y  a  peu  de  mon- 
tagnes ;  encore  font-elles  petites.  Les  eaux  y  font  fort 
poiflbnneufes,  &  on  y  pêche  d'excellentes  écreviflès.  II 
y  a  dans  cette  ville  quatre  principaux  temples  dédiés 
aux  hommes  illuftres.  Il  y  a  dix-huit  villes  dans  fon  dé- 
partement, favoir, 


Hokien  , 
Hien  , 
Heuching, 
Soning, 
Ginkieu, 
Kiaoho  , 
Cing, 
Hingci , 
Cinghai , 


Ningein  , 
King ,  e, 
Ukiao , 
Tungquang, 
Kuching , 
Çang,  ©. 
Nanpi, 
Jenxan , 
Kingyun. 


HOKIEU  ,  ville  de  la  Chine  ,  dans  la  province  de 
Nankin ,  au  département  de  Fungyang ,  féconde  métro- 
pole de  la  province.  Elle  eft  de  1  d.  plus  occidentale 
que  Pékin  ,  fous  les  33  d.  27'  de  latitude.  *  Atlas  Si- 
nenfis. 

HOKIO  ,  ville  de  la  Chine  ,  dans  la  province  de 
Channfi ,  au  département  de  Taiyven  ,  première  métro- 
pole de  la  province.  Elle  eft  plus  occidentale  que  Pékin 
de  6d.  10',  par  les  39  d.  15'  de  latitude.  *  Atlas  Si- 
nenfis. 

HOLABAS.  Voyez  Halabas. 

HOLACH,  (le  comté  d')  petit  pays  d'Allemagne; 
dans  la  Franconie  ,  aux  frontières  de  la  Suabe.  C'eft  la 
même  chofe  que  le  comté  de  HOHENLOÉ.  Voyez  cet 
article. 

HOLANA.  Voyez  Olane. 

HOLBEC  ,  bourgade  de  Dannemarck ,  dans  l'ifle  de 
Séelande  ,  fur  un  petit  golfe  ,  qui  fait  partie  de  l'Ife- 
fiord. 

HOLBECH  ,  bourg  d'Angleterre  ,  dans  la  province 
de  Lincoln.  On  y  tient  marché  public.  *  Etat  préfent  de 
la  Gr.  Bretagne ,  t.  I . 

HOLDENBY,  château  d'Angleterre ,  en  Northamp- 
tonshire.  Il  eft  remarquable,  parce  que  le  roi  Charles  I 
y  fut  détenu  prifonnier  pendant  quelque  tems.  *  Etat 
préjent  de  la  Gr.  Bretagne ,  t.  1 ,  p.  94. 

HOLDERNESS  ,  petit  canton  d'Angleterre  ,  dans  la 
partie  orientale  de  l'Yorckshire.  Il  a  la  figure  d'un  trian- 
gle irrégulier.  Barmifton ,  village  fur  la  côte  de  la  mer 
du  nord  ,  en  eft  le  premier  lieu  :  cette  mer  lui  fert  de 
borne  jusqu'à  l'embouchure  de  l'Humbert,  enfuite  le 
golfe  que  cette  rivière  forme  à  fon  embouchure  ,  puis 
la  rivière  qui  a  la  fienne  à  l'orient  de  Hull  ,  en  la  re- 
montant toujours  vers  le  nord  ,  jusques  auprès  de  Bri- 
ghant  ;  &  enfin  en  fuivant  une  des  fources  qui  coule 
entre  Fafton  &£  Bidford ,  &  à  l'orient  de  LyfTet  jusqu'au 
nord  de  Barmifton.  La  pointe  la  plus  méridionale  entre 
l'entrée  de  l'Humbert  fk  la  mer  du  nord ,  s'appelle  Smin- 
head.  Le  canton  de  Holderneffe  a  titre  de  comté.  Guil- 
laume I  en  gratifia  Drogon  de  Buerer ,  feigneur  Fla- 
mand ,  à  qui  il  avoit  donné  fa  nièce  en  mariage.  Dro- 
gon l'ayant  empoifonnée  ,  &  s'étant  enfui ,  eut  pour  fuc- 
cefleur  Etienne  ,  fils  d'Odon.  Cet  Etienne  étoit  feigneur 
d'Albemarle  en  Normandie  ;  5i  comme  il  étoit  fils  d'une 


HOL 


HOL 


ïceur  de  Guillaume  I,  ce  prince  l'avoit  créé  comte  d'AI- 
bemarle  ,  titre  que  fa  poftérité  a  conservé  en  Angleterre, 
quoiqu'Albemarle  l'oit  fitué  en  Normandie.  Etienne  eut 
pour  fucceffeur  fon  fils  Guillaume ,  furnommé  le  Gros , 
dont  la  fille  unique  Havifie  eut  trois  maris  ;  Guillaume 
de  Grandville,  comted'Effex;  Baudouin  Béton,  &  Guil- 
laume des  Forts.  LA  deux  premiers  mariages  furent  fté- 
riles  ;  mais  elle  eut  du  troifiéme  Guillaume,  dont  la  fille 
unique  Aveline ,  mariée  à  Edmont  le  Boffu ,  comte  de 
Lancaftre  ,  mourut  fans  enfans  ,  &C  le  comtéd'Albe- 
marle  &  la  feigneurie  de  Holderneffe  furent  dévolus  au 
roi.  Dans  la  fuite,  Richard  II  créa  duc  d'Albemarle 
Edouard  Plantagenette  ,  fils  du  duc  d'Yorck  ,  qui  vivoit 
encore.  Henri  IV  conféra  à  Thomas  le  titre  de  duc  de 
Clarence  &  de  comte  d'Albemarle  ;  &  ce  même  titre 
fut  enfuite  donné  par  Henri  VI  à  Richard  de  Campbel , 
comte  de  "Warwic.  Le  comte  deHoldernefs  eft  préfen- 
tement  Robert  Darcie.  *  Blaeu,  Atlas. 

HOLE  ,  ville  de  Suiffe,  au  canton  de  Balle,  auprès 
de  la  ville  de  ce  nom.  On  y  a  déterré  diverses  antiqui- 
tés, qui  marquent  que  ce  lieu  étoit  autrefois  confidérable, 
félon  Baudrand. 

HOLE-GASS  ,  c'eft-à-dire  le  chemin  creux  ;  lieu  de 
Suiffe ,  au  canton  de  Schwitz ,  près  du  bourg  de  Kus- 
nacht.  Ce  lieu  eft  remarquable ,  parce  que  c'eft  où  Guil- 
laume Tell  tua  d'un  coup  de  flèche  le  gouverneur,  que 
l'empereur  Albert  d'Autriche  avoit  dans  ce  pays ,  &C  qui, 
par  (à  conduite  tyrannique,  donna,  lieu  à  la  révolte  des 
habitans ,  &C  à  la  naiffance  de  la  république.  En  mé- 
moire de  cet  événement ,  on  y  a  bâti  une  chapelle  ,  où 
on  lit  cette  inscription  : 

BRUTUS    ERAT  NOBIS  ,    URO    GuiLLELMUS    IN 

ARVO  , 
ASSERTOR  PATRICE  ,    VINDEX  ULTORQUE   TY- 

RANNUM. 

HOLECA  ou  Oleca  ;  ou,  comme  écrit  LudolfF, 
{Carte  &  Hift.  de  l 'Ethiopie. ,  1.  i ,  c.  3  ,)  Walacha, 
province  d'Ethiopie,  dans  l'Abiffinie,- entre  celles  d'A- 
mhara  <k  deSewa.  Elle  a  celle  d'Amhara  au  nord  &  au 
nord-eft  ,  celle  de  Sewa  au  fud-eft  &c  au  fud  ,  tk  celle 
de  Goiam  au  couchant.  Elle  eft  comme  une  presqu'ifle 
entre  le  Kefem  &  le  Samba  ,  rivières  ,  &.  le  Nil  qui  les 
reçoit  l'une  &  l'autre.  Quoiqu'il  y  ait  un  viceroi ,  les 
Cartes  n'y  marquent  ni  ville,  ni  bourg,  ni  habitation  confi- 
dérable. 

HOLLAND  ,  petite  ville  au  royaume  de  Pruffe, 
dans  le  Hockerland ,  du  côté  d'Elbing.  On  la  nommoit 
anciennement  Wefela.  L'ordre  Teutonique  la  furprit  en 
1463;  mais  les  Polonois  conservèrent  le  château,  &C  re- 
prirent enfuite  la  ville.  L'an  1511,  le  margrave  Albert , 
grand-maître  de  Pruffe,  ayant  voulu  furprendre  Elbing, 
les  habitans  de  cette  dernière  ville,  irrités  de  cette  entre- 
prife,  tombèrent  fur  Holland  ,  en  raferent  le  château  , 
ck  emportèrent  chex  eux  l'artillerie.  Holland  faillit  à 
être  entièrement  confumée  par  un  incendie,  l'an  1549. 
Elle  appartient  au  roi  de  Pruffe.  *  Zeyler,  Boruffiae  To- 
pogr. 

HOLLANDE  ;  (la)  ce  mot  a  plufïeurs  lignifications 
qu'il  ne  faut  pas  confondre  ;  quelquefois  il  veut  dire  un 
pays  ,  qui  porte  proprement  ce  nom  ;  d'autres  fois ,  on 
l'étend  davantage.  Pour  éviter  la  confufion ,  nous  allons 
le  divifer  en  d'autant  articles  diftèrens  qu'il  a  de  lignifica- 
tions équivoques. 

Il  y  a  la  Hollande  proprement  dite. ,  qui  doit  fe  diftin- 
guer  en  ancienne  &  en  moderne. 

L'ancienne  Hollande  propre  ne  confifte  qu'au  paysfîtué 
en-deçà  &  au  midi  du  vieux  canal  du  Rhin ,  qui  paffe 
à  Leyde.  On  la  divife  en  feptentrionale  &  méridionale. 
La  moderne  Hollande,  proprement  dite,  entant  qu'elle 
fait  le  comté  de  Hollande  ,  ck  l'une  des  fept  Provinces- 
Unies  ,  fe  diftingue  en  Hollande  feptentrionale  ou  Wejl- 
frife,  &  en  Hollande  méridionale  ou  fuyd  Hollande. 

La  Hollande  fignifie  quelquefois  toute  la  république 
des  Provinces-Unies ,  avec  leurs  annexes  fk  leurs  acquifi- 
tions. 

Il  y  a  eu  la  nouvelle  Hollande ,  dans  l'Amérique  fep- 
tentrionale. 

H  y  a  encore  la  nouvelle  Hollande  ,  dans  les  terres 
Auftrales. 


3** 


Et  une  autre  nouvelle  Hollande  ,  près  du  détroit  de 
Weigatz,  dans  le  nord. 

Le  nom  de  Hollande  eft  formé  de  deux  mots  :  hol 
qui  veut  dire  creux ,  &  land ,  qui  fignifie  pays  ;  foit 
que  par  le  mot  de  creux  on  ait  entendu  un  pays  bas 
&C  enfoncé  :  foit  un  pays  dont  la  terre  femble  creufe 
extérieurement  ,  ces  deux  fens  conviennent  également 
au  pays  ;  car  outre  que  c'eft  où  le  Rhin  ,  la  Meufe  & 
quantité  d'autres  rivières  viennent  porter  leurs  eaux  dans 
la  mer ,  il  y  a  des  endroits  où,  lorsqu'il  paffe  un  chariot, 
même  un  cheval ,  on  lent  trembler  la  terre  comme  fielle 
étoit  creufe  en-deffous ,  &  qu'elle  fût  fôutehùë  fur  de 
l'eau.  Ce  nom  ne  fe  trouve  point  ufité  avant  le  milieu 
de  l'onzième  fiécle.  Quelques-uns  ont  voulu  tirer  le 
nom  de  Hollande  du  mot  holt  ou  holt^,  c'eft- à-dire  bois. 
Ils  prétendent  que  de  Holtland  ,  on  a  fait  par  corrup- 
tion Holland,  parce  qu'autrefois,  difent-ils,  ce  pays 
étoit  couvert  de  bois.  Cette  étymologie  n'eft  appuyée 
que  fur  une  conjeclure  très-frivole.  Le  mot  Holtland, 
ne  fe  trouve  dans  pas  un  aéte,  ni  dans  aucun  monu- 
ment ancien;  au  heu  qu'on  y  voit  toujours  Holland^ 
depuis  qu'il  a. commencé  à  être  en  ufage.  D'ailleurs  il 
eft  certain  que  dans  l'onzième  fiécle  où  ce  nom  s'eft 
accrédité ,  le  pays  qui  le  porte  aujourd'hui,  n'étoit  déjà 
plus  couvert  de  bois  ,  &  qu'il  ne  s'y  en  trouvoit  pres- 
que plus.  *  Mémoires  drejfés  fur  les  lieux. 

I.  L'ancienne  Hollande,  proprement  dite,  eft  bor- 
née au  nord  par  le  vieux  canal  du  Rhin  ;  &  c'eft  ce 
pu'on  peut  appeller  la  vraie  Hollande.  Du  tems  des 
Romains,  elle  faifoit  partie  de  la  Gaule  Belgique.  Ses. 
peuples  étoient  les  Caninefates  ,  que  les  anciens  pla- 
çoient  dans  la  partie  maritime  &  occidentale  de  l'ifle 
des  Bataves.  Ces  derniers  n'étoient  pas  bornés  par  l'ifle 
qui  portoit  leur  nom  ;  ils  s'étendoient  encore  au  midi 
jusqu'à  l'ancien  canal  de  la  Meu;e ,  auprès  de  Gertruy- 
denberg.  Tout  ce  qui  eft  au  nord  du  vieux  canal  du 
Rhin  ,  (  ou  le  Rhin  mitoyen  ,  j'appelle  ainfi  le  canal 
qui  paffe  à  Leyde,  &  qui  avoit  fon  embouchure  à  Ca- 
twyck,^)  s'appelloit  h  Frife,  &  étoit  poflédé  parles 
Marjdtitns ,  peuple  dont  le  Kennemerland  conferve  en 
partie  le  pays  St  le  nom  ,  &  par  les  Frifons  qui  occu- 
poient  partie  du  Rhinland  ,  tout  l'Amftelland,  le  Goy- 
land,  le  Wateriand,  &  tout  ce  qui  eft  préfentement  de 
la  NVeftfrife.  Tout  ce  pays,  aullï-bien  que  la  véritable 
Frife  d'aujourd'hui ,  s'appelloit  encore  Frife  dans  l'on- 
zième lîécle ,  6c  le  pays  d'Utrecht  ne  fe  nommoit  pas 
autrement.  On  a  vu  dans  l'article  des  Bataves  qu'ils  fu- 
rent amis  &  alliés  des  Romains.  Il  n'en  fut  pas  de  même 
des  Frifons.  Les  Romains  firent  plufieurs  tentatives  pour 
les  foumettre  ;  mais  elles  furent  toutes  inutiles.  Sur  le 
déclin  de  l'empire,  les  Frifons  fe  joignirent  avec  les  peu- 
ples qu'on  appelloit  Francs  ;  mais  ceux-ci  s'étant  éta- 
blis dans  les  Gaules,  les  Frifons  demeurèrent  libres  & 
indépendans  dans  leur  pays.  Les  François  par  la  fuite 
voulurent  les  foumettre  :  Pépin  deHerftal  leur  fit  la  guerre, 
&  conquit  une  partie  de  leur  pays.  Ils  avoient  alors  un 
roi  ou  duc  nommé  Adalgife  ,  auquel  fuccéda  le  duc 
Ratbod,  qui  fut  vaincu  par  Charles  Martel  :  fous  les 
règnes  de  Pépin  &  de  Charlemagne,  la  foi  Chrétienne 
fut  reçue  par  les  Frifons ,  qui  auparavant  en  avoient  été 
les  ennemis. 

Peu  après ,  les  Danois  ou  Normands  attaquèrent  les 
Frifons,  s'emparèrent  de  la  Frife,  où  ils  demeurèrent 
jusqu'en  900 ,  que  les  Frifons  les  chafferent  ;  &  le  même 
Charles  qui  régna  en  Auftrafie  après  la  mort  de  Louis, 
fils  d'Arnoul ,  donna  le  titre  de  comte  de  Frife  à  Thierri , 
que  quelques-uns  ont  mis  mal-à-propos  fous  le  régne 
de  Charles  le  Chauve. 

Ce  feigneur,que  l'on  tient  pour  le  premier  comte  de  Hol- 
lande, quoique  ce  nom  ne  fût  pas  encore  en  ulage ,  s'établic 
dans  le  pays  voifin  de  la  vieille  embouchure  du  Rhin  : 
ce  fut-là  que  commença  le  marquifat  de  Fladining  ou 
Flarding,  qui  eft  l'ancien  nom  de  la  véritable  Hollande. 
Le  pays  prenoit  ce  nom  àeVlaerding ,  bourgade  au-def- 
fous  de  Roterdam  ;  c'étoit  autrefois  une  ville  capitale 
du  pays,  &  réfidence  des  marquis.  On  les  nommoit 
auffi  comtes  de  Frife  ;  mais  ils  ne  poffédoient  ni  la  Frife 
propre ,  au-delà  du  Flevus  ,  ou  bras  feptentrional  du 
Rhin ,  dont  le  lit  eft  fubmergé  dans  le  Zuyder-Zée ,  ni 
une  grande  partie  de  la  Frife  en-deçà.  Ces  peuples  s'é- 
toient  mis  en  liberté }  &  reconnoiffoient  feulement  la 


PIOL 


384 

fupériorité  des  empereurs.  Hermanus  Contraclus ,  moine 
Bénédictin  de  l'abbaye  de  Richenoue ,  qui  écrivoit  Tan 
1066,  parle  plufieurs  fois  de  Thierri ,  quatrième  comte 
de  ce  nom,  &  ne  fe  fert  pas  une  feule  fois  du  mot 
Hollande,  qui  étoit  encore  inconnu  alors.  Il  appelle  tou- 
jours ce  pays  Fladirtinga.  Gérard  de  Nimegue  allure 
que  ce  nom  eft  très-ancien ,  &  il  le  change  en  Vlardinga 
&  Vlardingiacum.  Il  faut  remarquer  que  par  ce  mot 
de  Fladirtinga ,  Herman  n'entend  pas  une  ville  ou  un 
bourg ,  mais  le  pays  même.  La  réiîdence  que  les  com- 
tes de  Frife  faifoient  à  Vlaardingm  ,  fait  voir  que  le 
marquifat  de  ce  nom  étoit  proprement  leur  vrai  do- 
maine. 

Les  premiers  comtes  eurent,  au  fujet  de  leur  marqui- 
fat, de  longues  tk  vives  querelles  avec  les  évoques  d'U- 
trecht,au  fujet  des  donations  faites  par  les  empereurs. 
L'empereur  Henri  IV  donna,  l'an  10S6,  une  partie  con- 
fidérable  de  la  Frife  à  Conrad ,  évêque  d'Utrecht  :  cette 
donation  fut  confirmée  par  Henri  V,  qui, par  une  pa-. 
tente ,  avoit  affuré  le  droit  fur  la  Frife  à  l'éyêque  Gon- 
debaut,l'un  des'fucceffeurs  de  Conrad.  Mais  d'un  autre 
côté,rempereur  fit  une  donation  en  1 13  i,k  Florent,  comte 
de  Hollande,  d'un  pays  fitué  entre  Vlaerding  &  Utrecht, 
les  deux  capitales.  Ce  pays  s'appelloit  Merowede  ou  Me- 
rowe.Les  évêques  foutinrentlong-tems  leurs  droits  à  main 
armée.  Mais  enfin,  l'an  1 176,  l'évêque  ayant  été  vaincu  en 
bataille, par  Thierri,  comte  de  Hollande ,  fut  contraint  de 
céder  au  comte  toute  la  Merowede  ,  &  de  renoncer  à 
fes  prétentions  fur  la  Hollande  ;  ainfi  Thierri  &  fesfuc- 
ceffeurs  demeurèrent  en  poffeffion  de  la  Hollande  méri- 
dionale ,  qui  eft  la  véritable  ôc  la  feule  Hollande  de  ce 
tems-là. 

Ce  que  nous  appelions  aujourd'hui  la  Nord-Hollande, 
habitée  alors  par  les  Frifons  ,  conferva  encore  quelque 
tems  fou  indépendance.  Ce  pays  féparé  d'abord  de  la 
vraie  Frife  d'aujourd'hui,  par  le  lit  de^  la  Vlie,  avoit 
été  rétréci  par  les  inondations  de  l'Océan  ,  qui ,  au  lieu 
,d'un  fleuve  ordinaire,  y  avoit  creuféune  mer  qui  eft  au- 
jourd'hui le  Zuyder-Zée.  La  Frife  fituée  à  l'orient  de  la 
nouvelle  mer,  conferva  fon  nom  ;  celle  qui  étoit  de- 
meurée au  couchant  fut  appellée  Frife  occidentale  ou 
Wefl-Frife  :  on  la  nomma  auffi  la  petite  Frife ,  c'eft  la 
feule  dont  il  foit  queftion  dans  cet  article.  Elle  perdit 
peu-à-peu  ce  qui  étoit  au  midi  de  l'Y  &  du  Zuyder- 
Zée.  Les  comtes  de  Hollande  ayant  conquis  ce  pays  , 
on  s'acoutuma  de  le  nommer  auffi  la  Hollande.  Ils  fi- 
rent de  longs  efforts  pour  conquérir  auffi  la  Wefl-Frife; 
mais  en  13 13  ,  Jean  de  Bavière,  comte  de  Hollande  , 
prit  enfin  Verona,  ancienne  capitale  des  Frifons  occi- 
dentaux ,  &  la  ruina  de  fond  en  comble  ;  &  ce  pays, 
ayant  depuis  fait  partie  du  comté  de  Hollande ,  on  s'ac- 
coutuma à  le  nommer  Nord-  Hollande  ,  ou  Hollande 
fepuntrionalt ,  quoique  dans  les  aftes  publics  le  nom 
de  Wefl-Frife  fe  conferve  toujours  jusqu'à  ce  jour. 

Avant  l'érection  des  comtes  de  Frife,  ce  pays  étoit  par- 
tagé entre  divers  feigneurs  ,  qui  étoient  independans  les 
uns  des  autres. 

II.  Le  comté  de  Hollande  s'eft  formé  peu-à-peu  fur 
les  ruines  des  feigneurs  particuliers  ,  comme  tous  les 
autres  grands  états  de  l'Europe.  Voici  en  gros  quelle 
fut  la  fucceffion  de  ceux  qui  le  pofféderent.  Thierri  I , 
marquis  de  Fladirting  ou  Vlaerding,  créé  comte  de  Frife 
par  Charles  le  Simple,  comme  nous  avons  dit,  étoit 
fils  ,  à  ce  qu'on  croit,  de  Sigebert ,  prince  d'Aquitaine. 
Ses  descendans  jusqu'à  la  mort  de  Florent  I  du  nom  &c 
VIP  comte,  pofféderent  fucceffivement  cet  état,  ce  der- 
nier n'ayant  laiffé  qu'une  fille  qui  fut  mariée  à  Philippe  I, 
roi  de  France;  &C  Thierri  VII,  la  comteffe  douairière 
époufa  Robert  qui  fut  tuteur  du  jeune  pupille ,  Se  gou- 
verna en  fon  nom  ;  Godefroi  le  Boffu ,  duc  de  Lor- 
raine ,  chaffa  le  tuteur ,  &  envahit  la  Hollande.  Thierri 
fut  inftallé ,  &  gouverna  avec  le  tems  ;  &  fes  descen- 
dans lui  fuccéderent  jusqu'à  Florent  IV ,  dix-feptiéme 
comte  ,  dont  la  branche  masculine  s'étant  éteinte  avec 
Jean  I ,  fon  arriere-petit-fils ,  la  fucceffion  vint  à  Jean  II, 
fils  d'Adélaïde ,  fille  de  Florent  IV  ,  &  mariée  à  Jean 
d'Avesnes  ,  comte  d'Hainaut.  Guillaume  III,  ou  le 
Bon  ,  fils  de  Jean  II ,  eut  une  fille  mariée  à  l'empe- 
reur Louis  de  Bavière  ,  Se  un  fils  nommé.Guillaume  IV, 
qui  mourut  fans  poftérité  ;  ainfi  le  comté  de  Hollande 
paffa  à  Guillaume  de  Bavière, fon  neveu.  C'eft  Guil- 


HOL 


lautne  V,  à  qui  arriva  le  malheur  que  nous  avons  raconté 
à  l'article  deLAHAYE.  Albert,  fon  frère,  gouverna  d'a- 
bord en  adminiftrateur ,  &  enfuite  en  véritable  comte, 
&C  laiffa  trois  enfans  ;  Guillaume  VI  ;  Jean  &  Mar- 
guerite comteffe  de  Hainaut ,  laquelle  époufa  Jean  ,  duc 
de  Bourgogne.  Jean  de  Bavière  fut  d'abord  pourvu  de 
l'évêché  de  Liège,  qu'il  quitta  pour.fe  marier,  quand  il 
vit  que  le  comte  Guillaume,  fon  frère,  n'avoit  qu'une 
fille  ;  mais  lui-même  il  n'eut  point  de  lignée.  Cette 
fille,  nommée  J acquitte,  Jacqueline  ou  Jacobée ,  n'ayant 
point  d'enfans  de  fon  mariage  avec  Jean  de  Brabant, 
dispofa  de  fes  états  en  faveur  de  Philippe  le  Bon,  fon 
coufin  germain  ,  fils  de  Marguerite  de  Hainaut  &c  de 
Jean  de  Bourgogne.  Elle  les  lui  céda  en  1433  »  &  mou- 
rut deux  ans  après.  Marie  de  Bourgogne  ,  fille  de  Char- 
les le  Hardi ,  &  petite  fille  de  Philippe  le  Bon  ,  fut  hé- 
ritière de  tous  les  états  de  la  maifon  de  Bourgogne  & 
époufa  Maximilien  d'Autriche.  Leur  fils  Philippe  hé- 
rita de  fa  mère ,  fut  comte  de  Hollande  &  père  de  Char- 
les V,  qui  laiffa  ce  comté  à  fon  fils  Philippe  II,  roi 
d'Espagne.  On  peut  voir  à  l'article  Provinces-Unies, 
de  quelle  manière  ce  roi  perdit  ce  comté  &  les  autres 
états  dont  fe  forma  la  république. 

Les  premiers  comtes  faifoient  leur  capitale  de  Vlaer- 
dingen.  Elle  fut  ruinée  en  partie  ,  vers  l'an  1200,  par  la 
Meufe  qui  fe  déborda  &  inonda  beaucoup  de  terres. 
Les  comtes  s'attachèrent  quelque  tems  à  embellir  Gra- 
vezende  ,  comme  nous  le  difons  en  fon  lieu ,  &  ils  fe 
fixèrent  enfuite  à  la  Haye.    Voyez  ces  articles. 

On  trouve  dans  les  archives  de  la  chambre  dès  comp- 
tes ,  une  divifion  que  j'ai  cru  pouvoir  mettre  ici.  Le 
comté  y  eft  divifé  en  parties  fort  inégales.  Les  deux 
premiers  comprennent  l'ancienne  &  vraie  Hollande,  pro- 
prement dite,  &  en  ce  fens  on  la  divife  en  Hollande 

SEPTENTRIONALE  &  HOLLANDE   MERIDIONALE. 

I.  La  première  renferme  divers  territoires  nommés 
Dyckgraviats  ,  en  la  langue  du  pays ,  Waterfckappen. 
Tels  font  le  Rhinland,  le  Delfland ,  le  Schieland  &le 
territoire  de  "Woerden.  Les  villes  font , 


Delft, 

Roterdam  , 

Leiden, 

Schiedam , 

Gouda  r 

Oudewater 

&  "Woerden. 

Quelques-uns  ajoutent  Vlaerding  ,  ancienne  ville  & 
aujourd'hui  bourg ,  &  la  Haye. 
II.  La  féconde  comprend  les  villes  de 


Dordrecht, 

Gorcum, 

Woreum, 


Schoonhove  s 
Heusden , 
Geervliet. 


Cette  dernière  ,  autrefois  capitale  du  pays  de  Putten  ; 
n'eft  plus  qu'un  village. 

Les  deux  autres  parties  font  des  acceffions  de  l'an- 
cienne &  vraie  Hollande  ,  l'une  au  midi ,  &c  l'autre  au 
nord. 

III.  Le  pays  de  Voorn ,  ou ,  en  langue  du  pays,  'Tland 
Van  Boom  ,  c'eft- à-dire  le  pays  antérieur.  L'Atlas  de 
Bleau  n'y  met  que  deux  petites  villes  (Oppida)  favoir, 
la  Brille  &  Goerèe ,  capitale  de  l'ifle  de  même  nom; 
mais  on  y  remarque  qu'il  y  a  quantité  de  très  -  beaux 
villages  ,  &  que  c'eft  le  terroir  de  la  Hollande  le  plus 
fertile ,  &t  le  plus  abondant  en  toutes  fortes  de  fruits. 

IV..  La  quatrième  partie  du  comté  de  Hollande ,  fi- 
tuée au  nord  des  trois  autres ,  dont  nous  venons  de  par- 
ler, eft  la  plus  grande  de  toutes.  Elle  comprend  divers 
pays  ;  le  Kennemerland  &  la  Wefl-Frife.  On  y  trouve 
le  Kennemerland,  Y Amjlélland ,  le  Goyland,  le  Wa~ 
terland,  les  ifles  du  TexeL,  de  Vieringe,  de  Vlieland,  &c. 
Les  principales  villes  font  Harlem,  autrefois  capitale  du 
Kennemerland.  Amfterdam,càp\ta\ede  l'Amftelland  ;  Alc- 
m<zer,!premiere  ville  de  Weft-Frife  ;  Home ,  Enckhuyfen, 
Medcnblick  ,  Edam,  Monickendam  ,  chef-lieu  du  Water- 
land  ;  Purmerend,  &  dans  le  Goyland  Narden ,  Muyden 
&   Wefop._  _ 

Cette  divifion  eft  fort-ancienne ,  puisque  ce  qu'on  y 
appelle  Hollaudefeptentrionale  eft  tout  au  midi  de  Har- 
lem &  d'Amfterdam.  Aujourd'hui ,  dans  l'ufage  com- 
mun ,  la  Hollande  feptentrionale  eft  très-différente.  On 
la  prend  par  rapport  à  I'Ye ,  petit  golfe  qui  eft  une  ex- 
tenfion 


HOL 


HOL 


tenfion  du  Zuyder-Zée,  Se  fépare  la  Hollande  dela"Weft- 
Frife.  Ce  qui  eft  au  midi  eft  la  Hollande  ;  ce  qui 
çft  au  nord,  eft  la  Nord-Hollande  ,  Se  les  deux  enfem- 
ble  ne  font  qu'une  'province  ,  dont  les  états  prennent 
la  qualité  d'Etats  de  Hollande  Se  de  Weft-Frife. 

Cette  affemblée  des  états  de  Hollande  &  de  Weft- 
Frife ,  eft  compofée  des  députés  des  confeils  de  chaque 
ville.  Originairement  il  n'y  avoit  que  la  roblefle ,  la- 
quelle fait  un  corps  ,  Se  f'.x  villes  principales  qui  euffent 
voix  8e  féance  aux  états  :  ces  fix  villes  étoient , 


sSi- 


Dordrecht , 

Leyden , 

Harlem, 

Amfterdam, 

Delft, 

Gouda. 

Aujourd'hui ,  outre  la  nobleffe ,  il  y  entre  des  députés  de 
dix-huit  villes.  Les  douze  autres  font, 

Roterdam,  Home, 

Gorcum ,  Enckhuyfen , 

Schiedam,  Edam, 

Schoonhoven,  Monickendam, 

La  Brille,  Medenblick, 

Alckmaer,  Purmerend. 

La  nobleffe  a  la  première  voix.  L' affemblée  des  états  de 
Hollande  Se  de  "Weft-Frife  eft  fixée  à  la  Haye  ,  par  une 
réfolution  de  l'année  1581.  On  décida  alors  qu'on  pour- 
roit  changer  de  lieu  ,  s'il  furvenoit  quelque  raifon  im- 
portante qui  y  obligeât  ;  mais  cela  n'eft  point  arrivé.  Cette 
affemblée  fe  forme  quatre  fois  par  an ,  aux  mois  de  Mars, 
de  Juillet,  de  Septembre  Se  de  Novembre.  Si  les  nobles 
ou  quelques  villes  trouvent  qu'il  foit  néceffaire  de  con- 
voquer extraordinairement  les  états  ,  on  s'adreffe  aux 
confeillers  députés  ,  qui  jugent  de  l'importance  de  la  ma- 
tière, &  envoient  aux  autres  villes  le  fujet  qui  doit  être 
mis  en  délibération,  Se  fixent  le  jour  de  l'affemblée.  Si 
ces  confeillers  députés  jugent  qu'il  foit  néceffaire  d'af- 
fembler  les  états ,  ils  ont  droit  de  les  convoquer  ,  en 
avertiftant  les  nobles  Se  les  villes.  Les  députés  qui  com- 
pofent  les  états  de  Hollande ,  n'en  font  pas  les  fouverains. 
Ce  droit  rende  dans  le  collège  des  nobles,  Se  le  conseil 
des  villes. 

Quoique  Dordrecht  tienne  le  premier  rang  entre  les 
villes  de  la  province  ,  Amfterdam  eft  la  plus  riche  Se  la 
plus  puiffante  de  toutes ,  par  l'étendue  de  fon  commerce 
qui  y  attire  les  plus  gros  banquiers  Se  les  plus  accrédités 
négocians.  Il  y  a  une  académie  ou  univerfité ,  favoir , 
celle  de  Leyden  ,  trois  collèges  de  l'amirauté ,  favoir 
celui  d'Amfterdam ,  celui  de  Roterdam ,  celui  de  Horn 
&  d'Enckhuyfen  ,  lequel  fe  tient  alternativement  dans 
une  de  ces  deux  villes. 

Les  autres  lieux  remarquables  ,  foit  villes ,  foî*r  bourgs 
de  la  province ,  qui  ne  jouiffent  pas  du  droit  d'envoyer 
leurs  députés  aux  états,  font, 

Goerée,  Woerde, 

Hel  voetfluys ,  Oudewater  , 

Wilhelmftadt ,  Delshaven  , 

Klundert ,  Worcum , 

Geertruydenberg,  Hoeckelen, 

Heusden ,  Asperen  , 

Leerdam ,  Naerden  , 

Yffelftein ,  Muyden  , 

Viane,  Wefop, 
&  la  Haye. 

Cette  province  n'a  point  de  ports  fur  l'Océan ,  immédia- 
tement. Les  fiens  font  ou  dans  la  Meufe  ou  dans  le  Zuy- 
der-Zée.  Elle  eft  bordée  à  l'occident  par  des  dunes  qui 
arrêtent  l'impétuofité  des  flots  de  la  mer  ,  Se  du  côté 
des  rivières  Se  du  Zuydersée  par  de  fortes  digues  ,  qui 
font  entretenues  avec  beaucoup  de  foin  &  de  dépense; 
fans  quoi  une  partie  de  ce  terreinferoit  d'abord  fubmergé. 
Le  terrein  eft  presque  par-tout  humide  Se  marécageux. 
Il  y  en  a  peu  où  l'on  puiffe  femer  du  grain.  La  plus  grande 
partie  eft  employée  à  nourrir  des  vaches  ,  dont  le  lait 
fait  une  des  principales  richeffes  du  pays.  Tout  y  eft  en- 
tre-coupé de  canaux,  qui  fervent ,  1  °  à  deffécher  les  prai- 
ries ;  l°  à  faciliter  le  transport  des  denrées  d'un  lieu  à 
l'autre.  Il  y  a  peu  de  pays  où  l'on  voyage  fi  fûrement  Se 
fi  commodément,  foit  de  jour,  foit  de  nuit,  d'une  ville 


a  l'autre.  En  partant  d'une  ville,  on  peut  dire,  à  queiquè 
minutes  près ,  à  quelle  heure  on  arrivera  au  lieu  où  l'on 
va.  Le  pays  abonde  en  maifons  de  campagne ,  qui,  bien 
loin  de  rapporter  rien  aux  propriétaires ,  coûtent  beau- 
coup d'entretien.  Cependant  il  y  en  a  telle  qui  revient  à 
des  fommes,pour  lesquelles  on  auroit  ailleurs  une  terred'un 
bon  revenu.  II  n'y  croit  point  de  vin  ;  les  vignes  y  produi- 
fent  des  raifms ,  qui  quelquefois  ne  mûriffent  point.  Les 
tempêtes  y  font  fréquentes  en  automne  &  en  hiver.  Jofeph 
Scaliger  a  raffemblé  dans  une  épigramme  latine  plufieurs 
vïngularités  de  la  Hollande.  Il  n'y  a  point  de  troupeaux 
de  brebis,  &  on  y  fabrique  autant  Se  plus  d'étoffes  de 
laine  qu'en  quelqu' autre  pays  que  ce  foit.  Il  n'y  croît  point 
de  bois  de  charpente  ;  cependant'tout  y  en  eft  plein.  Ce 
font  des  pâturages ,  Se  non  pas  des  terres  à  bled  ;  cepen- 
dant il  y  en  a  de  riches  magafins  :  il  n"y  a  point  de 
vignobles  ;  Se  quantité  de  caves  y  font  pleines  de  vin  : 
on  n'y  cultive  point  de  lin ,  Se  on  ne  laiffe  pa<:  d'y  faire 
beaucoup  de  toiles.  On  vit  au  milieu  de  l'eau ,  Se  cepen- 
dant on  y  manque  de  bonne  eau  la  plupart  du  tems» 
Voici  l'épigramme  : 

Ignorata  tue  îeferam  miracula  terre , 

Dou^a. ,  peregrinis  non  habitura  fidem. 
Omnia  lanitium  laffat  ttxtrina  Minerve, 

Lanigeros  tamen  hinc  feimus  abejfe  grèges: 
Non  capiunt  opéras  fabules  oppida  vejlra , 

Nulla  /abris  tamen  hec  ligna  minijlrat  humusi 
Horrea  triticeae  rumpunt  hic  frugis  acervi , 

Pascuus  hic  tamen  eji,  non  cerealis ,  ager. 
Hic  numerofa  meri  Jlipantur  dolia  cellis 

Que  vineta  colat  nulla  putator  habet. 
Hic  nulla  aut  certe  feges  eft  rarijjbna  Uni , 

Linifici  tamen  eji  copia  major  ubi  ? 
Hic  mediis  habiiamus  aquis,  quis  credere  pofjit  * 

Et  tamen  hic  nulle ,  Dou^a ,  bibuntur  aqua. 

Les  villes  font  fort  voifines  les  unes  des  autres  ;  &  ort 
peut  appeller  la  Hollande  le  pays  des  belles  villes.  Il  y  a 
peu  de  villages  pareils  à  ceux  que  l'on  voit  en  France  Se 
en  Allemagne.  Ce  qu'on  appelle  ici  village  lont,  de  fort 
beaux  bourgs  :  presque  tous  ont  leur  églife,  leurs  ma- 
giftrats,  leurs  foires  annuelles ,  leurs  maifons  pour  les  or- 
phelins ,  Se  beaucoup  de  droits  Se  de  commodités  que 
n'ont  pas  plufieurs  villes  de  France  Se  d'Allemagne.  Cha- 
cun eft  maître  de  fon  bien.  La  monnoie  y  eft  invariable  j 
le  commerce  très-libre  ;  Se  comme  c'eft  le  plus  folide 
appui  de  la  république  ,  ceux  qui  gouvernent,  l'encoura- 
gent par  tous  les  moyens  poffibles.  Les  impôts  y  font 
fort  grands ,  mais  moindres  qu'en  beaucoup  d'autres  pro- 
vinces, Se  néceffaires  à  caufe  des  frais  immenses  qu'il  en 
coûte  pour  affurer  le  pays  contre  la  mer  Se  les  puiffances 
voifines. 

Le  Hollandois  eft  œconome ,  attaché  à  fon  commerce 
6e  à  fa  liberté.  Les  femmes  y  font  ceconomes  ,  8e  géné- 
ralement modeftes.  La  religion  Proteftante  y  eft  la  do- 
minante. Onyfuitlesfentimens  du  Synode  de  Dordrecht, 
&  il  n'y  a  que  ceux  de  cette  religion  qui  foient  admis 
aux  charges  de  la  magiftrature  Se  de  l'état  ;  mais  on  y 
tolère  les  Catholiques  qui  y  ont  un  grand  nombre  de  cha- 
pelles publiques,  tant  dans  les  villes  qu'aux  villages.  Les 
Luthériens ,  les  Arminiens  ou  Remontrins ,  les  Anabap- 
tiftes ,  Sec.  y  ont  des  lieux  où  ils  s'affemblent  fans  aucun 
obftacle. 

IV.  La  Hollande  ,  république  dans  les  Pays-bas. 
Voyez  Provinces-Unies. 

V.  1.  La  nouvelle  Hollande  ,  petit  pays  de 
l'Amérique  (èptentrionale ,  fur  la  côte  orientale  ,  au  midi 
de  la  nouvelle  Angleterre ,  peu  loin  des  frontières  des 
nouveaux  Pays-bas,  fur  la  mer  du  nord  ,  auprès  de  la 
nouvelle  Suéde.  Les  Hollandois  y  avoient  commencé 
une  nouvelle  Amflerdam  ;  mais  les  Anglois  fe  font  em- 
parés de  ce  pays  ,  Se  l'ont  nommé  la  nouvelle  Yorck  ou  U, 
nouveau  Gcrfey, 

TomtUI,    Cce 


3S6 


HOL 


HOL 


i.  La  nouvelle  Hollande,  pays  dans  les  terres 
Auftrales ,  au  midi  des  Moluques ,  en-deçà  &  au-delà 
du  tropique  du  capricorne.  Baudrand,  éd.  1705  ,  dit 
que  les  Hollandois  le  découvrirent  en  1644,  &  qu'ils 
n'y  ont  point  fait  d'établiflemens.  Ce  que  l'on  en  con- 
noit  eft  tort  grand, &  s'étend  depuis  le  115e  d.  jusqu'au 
160e  de  longitude,  &  depuis  le  10e  d.  de  latitude  jus- 
qu'au 34e.  Il  y  a  de  grands  golfes  :  tel  eft  celui  qui  eft 
bordé  à  l'orient  par  la  Carpenrarie.  Les  Hollandois  ont 
donné  différens  noms  aux  parties  de  ce  pays.  Les  prin- 
cipaux font, 

La  Carpentarie,  La   terre    d'Endracht, 
La  terre  d'Arnheim  ,  ou  de  la  Concorde, 

La  terre  de  Diemen,  La  terre  de  la  Lionne, 
La  terre  de  'Vit ,  &  la  terre  de  Nuitz. 

On  n'a  pas  encore  découvert  où  aboutiffent  les  côtes 
de  ce  pays  ;  &  on  ignore  fi  c'eft  une  ifle ,  ou  s'il  tient  - 
à  quelque  continent.  Ce  ne  peut  être  ni  à  celui  de  l'Afie, 
ni  à  celui  de  l'Afrique,  ni  à  celui  de  l'Amérique.  Dam- 
pier,  Voyages,  t.  5,  qui  y  pafla  en  1700,  fait  un  grand 
détail  de  ce  qu'il  vit  aux  lieux  où  il  aborda.  On  peut  le 
voir  dans  fon  Voyage  aux  terres  Auftrales.  *  Robert  de 
Vaugondy,  Atlas. 

3.  La  nouvelle  Hollande  ,  petite  contrée  au 
nord  de  l'Europe,  le  long  du  détroit  de  Heigats.  Lors- 
que les  Hollandois  firent  diverses  tentatives  pour  cher- 
cher au  nord  de  l'Europe  un  chemin  qui  pût  conduire 
leurs  flottes  au  Japon  &  dans  l'Océan  oriental  ,  ils  pri- 
rent pofleflion  de  divers  pays  ,  tant  dans  la  nouvelle 
Zemble  que  dans  le  continent.  Ils  appelèrent  nouvelle 
Hollande  la  côte  méridionale  du  détroit  ;  mais  avec  le 
tems  il  fe  rencontra  de  fi  grands  obftacles ,  que  defespé- 
rant  de  trouver  ce  partage ,  on  en  abandonna  le  projet  ; 
&  le  nom  de  nouvelle  Hollande  en  ces  quartiers  ne  fe 
trouve  plus  que  dans  quelques  anciennes  Cartes.  La  terre 
qu'ils  nommoient  ainfi ,  fait  partie  de  la  Ruffie ,  &  plus 
particulièrement  du  pays  des  Samoyedes.  C'eft  un  pays 
hérifle  de  montagnes ,  borné  au  nord  par  le  détroit  de 
Heigats  ou  de  NafiW ,  au  couchant ,  par  l'embouchure 
de  la  Petzora ,  &  au  levant  par  le  golfe  que  forme  l'Obi , 
avec  quantité  d'autres  rivières.  *  Nouvelle  Carte  de  la 
Ruffie  ,  pulaée  à  Leyde. 

HOLLANDESBY  ,  partie  de  l'ifle  d'Amag.  Elle 
prend  ce  nom  d'une  colonie  Hollandoife  qu'on  y  a 
établie. 

HOLLANDOIS,  (les)  habitans  de  la  provincede 
Hollande.  On  nommeainfi,  en  général,  dans  presque  route 
l'Europe  les  habitans  des  ProvinCïs-Unies  fans  diftinfrion 
de  province.  On  dit  même,  dans  deshiftoires,  d'ailleurs 
bien  écrites ,  les  Hollar.dois  ,  pour  dire  les  Etats  géné- 
raux des  Provinces -Unies,  comme  dans  cette  phtafe  : 
Les  H olLindois  firent  proposer  à  F  empereur,  &c. 

HOLM ,  ce  nom  ,  dans  la  langue  fuédoife  , lignifie  une 
ifle  ;  &  toutes  les  fois  qu'il  Te  trouve  compolé  avec 
d'autres  fyllabes  dans  un  nom  géographique ,  c'eft 
une  marque  que  ce  lieu  eft  une  ifle.  Bornholm ,  Gaas- 
holm,  Kaftelholm,  Stockholm,  &c.  font  de  véritables 
ifles. 

HOLMI.  Strabon,  /.  14,  p.  663  &  p.  660,  dit  au 
pluriel  "Ofyto;  &  "o>^of  au  fingulier  ;  Pline  l'exprime 
par  Holm-oe  &  Holmia,  ville  de  la  Ciliciemontagneufe. 
Etienne  le  Géographe  dit  Olmï ,  ville  de  la  Cilicie 
monragneufe  ,  où  demeuroient  ceux  qu'on  nomme  pré- 
fentement  Seleuciens  ;  il  a  pris  cela  de  Strabon.  Cela 
veut  dire  qxxHolmi,Holmoe  ,  ou  Holmia,  eft  l'ancienne 
ville  dont  on  prit  les  habitans  peur  peupler  la  nouvelle 
ville  que  l'on  appella  Seleucie.  Un  paflage  de  Pline, 
/.  5 ,  c.  17  ,  fert  de  preuve  &  d'éclairciflement  à  ce 
que  dit  Strabon.  Seleucie  ,  dit-il ,  fur  la  rivière  de  Caly- 
cadnus  ,  furnommée  Tracheodde.    On  la  transporta  en 


au  lieu  qu  auparavant 


elle  étoit  au  bord  de 


la  mer ,  &t  s'appelloit  alors  Holmia. 

1.  HOLMIA.  Voyez  l'article  précédent. 

1.  HOLMIA,  nom  latin  moderne  de  Stockholm, 
capitale  du  royaume  de  Suéde. 

HOLMIUS.  Voyez  Olmius. 

HOLMONES.  Voyez  Olmones. 

HOLMUS.  Voyez  Holmi. 

HOLO,  au  genhiïHolonis,  ancienne  ville  d'Efpagne. 


Elle  futprhepar  le  conful  M.  Fulvius,  félon  Tîte-Live, 
/.  35,  c.  22.  Elle  n'étoit  pas  fort  éloignée  de  Vescelia 
qu  il  prit  auflî. 

HOLOCRUS  ,  ou  Holocrdm,  montagne  de 
Grèce,  dans  la  Macédoine.  On  dit  auflî  Olocre  ;  je 
vois  même  ce  dernier  préféré  par  Dacier.  C'eft  auprès 
de  cette  montagne  quePaul  Emile  vainquit  Perfée,roi 
de  Macédoine.  *  Pluiarque,  Vies  des  hommes  illuftres, 
t-  ),p-  119- 

HOLONNA  ,  lieu  de  l'Italie  Cifalpine ,  comme  parle 
Ortelius ,  Thefaur.  C'eft  où  Luitprand  ,roi  des  Lombards, 
bâtit  un  édifice  en  l'honneur  de  S.  An  aftafe,  martyr ,  félon 
Paul  le  Diacre ,  Langobard.  6. 

HOLOPHYXOS.  Voyez  Olopyxos. 

HOLOPIXOS,  ville  de  l'ifle  de  Crète  ,  félon  Pom- 
ponius  Mêla,  /,  2  ,  c. 7;  &  Pline,/.  4,  c.  12. 

HOLSACE,  quelques-uns  emploient  ce  mot  pour  dire 
le  Holstein,  &  le  forment  du  nom  de  Holjatia,  qui 
.  eft  du  latin  moderne,  &  fignirie  le Holfiein.  Voyez  l'article 
de  Holstein. 

HOLSTERBROCK,  petite  ville  de  Danemarck,  au 
Jutland ,  dam  l'evêché  de  Ripen  ,  aflez  près  de  Lemwick. 
*  Hermanid.  Dan.  Norw.  Defc.  p.  778. 

HOLSTEIN  ,  Holjatia  ,  pays  &  duché  d'Alle- 
magne ,  duns  fa  partie  la  plus  feptentrionale ,  aux  con- 
fins du  Danemarck.  Il  eft  fitué  entre  la  mer  du  nord 
au  couchant,  &  la  mer  Baltique  au  Levant.  Il  a  au  nord 
le  Sleswig ,  dont  il  eft  féparé  par  des  limites  qui  ne  s'écar- 
tent guères  de  la  rivière  d'Eider.  Il  confine  au  Lawen- 
bourg  &  au  Meckelbourg ,  au  tùd-eft  ,  &  eft  terminé  par 
la  rivière  de  Bille  qui  tombe  dans  les  folles  de  Hambourg; 
il  a  l'Elbe  au  l'ud-oueft.  Cet  état  qui  n'étoit  d'abord 
qu'un  comté ,  fut  érigé  en  duché,  l'an  1474-,  en  faveur  de 
ChriftiernI,  roi  de  Danemarck.  Il  fut  enfuite  partagé 
entre  fes  petit- fils,  Chnftiem  III,  chef  de  la  branche 
royale  de  Danemarck,  &c  Adolphe,  chef  de  la  branche 
des  ducs  de  Holftein.  C'eft  de-là  que  le  Holftein  eft  di- 
visé entre  la  branche  royale  de  Dannemarck  &  celle 
des  ducs  de  Holftein.  Il  y  a  un  peu  plus  d'un  fiécle 
qu'il  y  eut  un  accord  par  lequel  il  fut  réglé  qu'il  n'y 
auroit  que  deux  régences  dans  le  duché  de  Holftein, 
favoir  , 

La  régence  royale  à  Gluckftadt, 
La  régence  ducale  à  Gottorp. 

On  s'en  eft  tenu  là  ;  car,  quoique  les  branches  de  la  maîfort 
fe  foient  encore  fubdivifées  ,  cela  revient  toujours  aux 
deux  principales,  la  royale  &  laduca'e,  &  les  bien<;  appar- 
tiennent toujours  à  l'une  ou  à  l'autre  maifon.  Il  eft  furvenu 
des  guerres  qui  ont  pu  troubler  la  pofleffion  de  l'une  ou 
de  l'autre  branche,  comme  en  171 5  ;  les  Danois  occu- 
poient  tout  le  duché  ;  mais  à  l'égard  du  Holftein  ,  les 
conquêtes  ont  été  rendues  par  les  traités  de  paix.  Nous 
parlerons ,  en  un  autre  lieu ,  de  Sleswig  ,  que  le  roi  de 
Dannemarck  s'eft  approprié. 

Les  habitans  de  ce  pays  font  defignés  dans  PHiftoire 
deCharlemagne  &  de  Louis  le  Débonnaire  fous  les  noms 
de  Saxons  a" au  delà  deElbe  ;  Transalbiani  S axones , 
&  Nord-Albingii;  leur  pays  y  eft  nommé  Nord-Albingia; 
&  trois  nations  principales  l'habitoient ,  favoir  Stormarii, 
Holfati ,  &  Dïtmarji.  Ces  peuples  font  appelles  Nord~ 
manni  par  FAftronome  (Annales  ad  ann.  798.)  Il  les 
Komme  ailleurs  Nordluidi.  Dithmar  de  Merfeburg  ,  dans 
fa  Chronique ,  nomme  les  trois  peuples  de  la  Nord-Al- 
bingie  Thietmarsgoi  ,  Olcetce  &  Sturmari.  Il  faut  y 
ajouter  le  peuple  Wagri  qui  faifoit  partie  des  Slaves, 
&C  qui  par  conféquent  étoit  une  même  nation  avec 
les  Abotrites,  peuple  voifin,  qui  habitoit  dans  le  Meckel- 
bourg. Ainfi  Olceta ,  Holfata ,  Holjins,i ,  Holjlati ,  fignifie 
un  feul  peuple  dont  le  pays  eft  le  Holftein  proprement 
dit ,  duquel  nous  parlerons  ci-après  ,  &  qui  ne  fait  que 
la  quatrième  partie  du  duché  de  même  nom. 

Le  Holstein  eftpartagéen  quatre  cantons,  favoir,' 


La  Holstein  propre, 
La  "SVagrie  , 


Le  Stormar  , 
Le  Dithmarse. 


Nous  ne  parlerons  ici ,  que  de  la  première  partie  :  on 
peut  voir  les  trois  autres  à  leurs  articles  particuliers.  Nous 


HOL 


HOM 


mettrons  feulement  ici  une  lifte  des  villes  qui  appartien- 
nent au  roi  de  Dannemarck  ôc  au  duc. 

Dans  le  Holstein  propre 


'387 


Le  roi  pojfedt 
Rendsbourg  , 
ïtzeho. 

Le  duc  poffede           \ 

Kiel, 

Bordisholm,  monaftere. 

Dans 

LA  VAGRIE. 

Ploen, 

Segeberg, 
Oldeflo  , 
Heiligenliafen. 

Travental , 
Oldenbourg  , 
Ranzov  , 

Eutin. 

Dans 

LE  STORMAR. 

Gluckftadt, 
Altena, 
Krempe , 
Pinneberg. 

Trito'w  , 
Rhinbeck, 

Barmftadt. 

Dans 

LE  DlTMARSE. 

Melsdorf, 
Brunsbutel. 

Heyde, 
Lunde. 

Le  comté  de  Pinneberg ,  dont  nous  parlons  en  fon  lieu ,  eft 
du  Holftein  ;  les  villes  de  Hambourg  &c  de  Lubecken 
font  auffi  mais  ,  elles  font  libres  &  indépendantes ,  comme 
nous  le  difons  dans  leurs  articles  particuliers. 

Le  duc  de  Holftein  pofledoit  de  même  le  Sleswig, 
qui  •  eft  le  partie  méridionale  du  Jutland ,  &  il  la  parta- 
geoit  de  même  avec  la  roi  de  Dannemarck.  Mais  lorsque 
le  duc  étoit  mineur ,  l'adminirtrateur  de  fes  états  qui  étoit 
l'évêque  de  Lubeck,  s'étant  ingéré  dans  les  guerres  de 
la  Suéde  contre  le  Dannemarck ,  il  reçut  dans  (es  places 
les  Suédois  commandés  par  le  comte  de  Steinbock.  Le 
roi  de  Dannemarck  eut  le  bonheur  de  vaincre  l'armée 
Suédoife  ,  de  prendre  le  Sleswig  &  le  Holftein.  Il  a  gardé 
cette  première  province ,  &  s'en  eft  fait  aflurer  la  pof- 
feflion  par  la  garantie  de  la  France  ,  de  la  Grande- 
Bretagne,  &c  des  autres  Puiflances  qui  ont  confenti  de 
facrifier  à  la  paix  une  protection  que  le  duc  de  Holftein 
leur  demandoit. 

HOLT ,  bourg  d'Angleterre ,  dans  la  province  de 
Nortfolck.  On  y  tient  marché  public.  *  Etat  préfent  de 
la  Gr.  Bret.  t.  I. 

HOLTHEIMou  Holtzhemme,  ruiflèau  d'Alle- 
magne ,  au  pais  de  Halberftadt.  Il  a  fa  fource  dans  la 
forêt  du  Hartz;  &  fe  jettant  dans  la  rivière  de  Bode, 
fe  perd  avec  elle  dans  la  Sala. 

HOLWAN.  Voyez  Hulvan. 

HOLY  Crosse  ,  c'eft-à-dire  Sainte  Croix  ,  bourg 
&  autrefois  monaftere  d'Irlande,  dans  la  province  de 
Memmonie  ,  au  comté  de  Tiperari ,  félon  Baudrand.  Je 
trouve  dans  l'Etat  de  l'Irlande ,  que  Tiperari  ou  fainte 
Croix  eft  un  même  lieu  qui  porte  ces  deux  noms.  Voyez 
Tipperari. 

HOLY-INEL  ,  lieu  d'Angleterre ,  au  pays  de  Galles , 
en  Flintshire.  Il  eft  remarquable  par  la  fontaine  de  fainte 
Winifride  ,  vierge, qui  y  fut martyrifée. Corneille  ,  Dicl. 
dit  :  on  prétend  que  la  moufle  de  cette  fontaine  rend  une 
très-bonne  odeur ,  &  qu'il  en  fortunruifîeau  qui  a  quelque 
chofe  de  fanglant  ;  ce  qu'on  attribue  à  la  récompenlé  que 
Dieu  a  voulu  donner  à  la  pureté  de  fa  vie,  &  àlafain- 
teté  de  fa  mort:  il  y  aune  veine  d'argent  proche  d'Holy- 
Inel.  L'auteur  de  l'Etat  prtfent  de  la  Grande-Bretagne  , 
t.i,p.  13  g,  n'a  pu  diflîmuler,  tout  zélé  Proteftant  qu'il 
eft ,  que  cette  fontaine  eft  fameufe  pour  la  guérifon  des 
rhumatismes;  que  les  Catholiques  vont  en  foule  à  ce 
lieu  ,  où-au  deflus ,  de  la  fource,  eft  une  belle  chapelle  de 
pierre  de  taille,  &  qu'ils  regardent  comme  des  miracles,  & 
attribuent  à  la  fainte  les  euérifons  que  produit  cette  fontaine. 

HOLY-ISLAND  ,  c'eft-à-dire  l'Isle  sainte.  Elle 
eft  fur  la  côte  orientale  d'Angleterre ,  auprès  du  Northum- 
berland ,  auquel  elleappartient.  Elle  s'appelloitauparavant 
LlNDISFARNE;  &on  lui  donna  le  nom  qu'elle  porte  à 
prefent  ,  à  caufe  des  moines  qui  s'y  éroient  retirés.  Il 
y  avoit  un  monaftere  de  Bénédictins  dont  l'eglife  étoit 
epilcopale.  On  y  enfeignoit  les  (aimes  lettres,  Se  toute 
l'ille  étoit  peuplée  de  perfonnes  conlàcrées  à  Dieu. 
S.Aidr.n,  Irlandois  ,  abbé  ,  en  fut  le  premier  évêque  ; 


le  roi  S.  Osvald  la  lui  avoit  donnée  en  636,  pour 
y  bâtir  un  monaftere  ,  &  y  mettre  le  fiége  epifcopal  de 
d'Yorck.  Bailler,  Topographie  des  Saints,  s'explique  mal 
quand  il  dit:  Lindisfarne  eft  contiguë  à  la  terre  ferme; 
mais  deux  lieues  plus  avant  dans  la  mer  étoit  l'ifle  de 
Farne  ?  où  S.  Cutbert  fe  pratiqua  une  folitude  qui  rut 
cultivée  par  ceux  qui  vinrent  après  lui.  Holy-Ifland  ou 
Lindisfarne  eft  féparée  de  la  terre  ferme  par  un  bras  de 
mer.  L'ifle  de  Farne  eft  auffi  le  long  de  la  côte  au 
fud-eft  de  Holy-Ifland;  elle  fubfifte  &c  eft  encore  au 
même  endroit  où  elle  étoit  du  tems  de  S.  Cubert.  Ce 
faim  fut  fait  évêque  en  66";,  &  eut  ,  en  688  ,  S.  Edbert 
pour  fuccefleur.  Le  monaftere  de  Lindisfarne  fut  ruiné 
par  les  Danois ,  vers  l'an  874.  Le  fiége  epifcopal  fut  trans- 
féré, vers  l'an  882,  à  Chefter,  avec  les  reliques  de  faint 
Cutberg  que  l'on  n'avoit  pas  laiflees  à  l'ifle  de  Farne  ; 
&  de  Chefter  l'evêché  fut  encore  transféré  à  Durham  , 
où  il  eft  aujourdhui.  Holy-Ifland  n'eft  au  fond  qu'une 
petite  ifle  dont  l'air  n'eft  pas  fain ,  ni  le  terroir  fertile  ; 
de-là  vient  qu'elle  eft  mal  peuplée.  Il  n'y  a  qu'un  bour<*, 
un  château  Si  une  eglife.  Le  havre  eft  allez  bon ,  ÔC 
défendu  par  un  fort.  Elle  n'a  ni  prairies  ni  pâturages  ; 
ainfi  fa  plus  grande  reflburce  eft  la  chafle  &  la  pêche. 
*  Baudrand  &t  Etat.  pref.  de  la  Gr.  Bret.  t.  I,  p.  97. 

HOLZ,  abbaye  de  filles,  ordre  deS.  Benoît,  dans  la 
Suabe,   au  margraviat  de   Burgaw. 

HOMAGUES  ,  peuple  de  l'Amérique  méridionale,  fur 
la  rivière  des  Amazones ,  à  l'orient  du  Pérou  &c  du  pays 
de  los  Pacamores.  De  fille  nomme  leur  pays  ijles  &  ha- 
bitations des  Omaguas  ou  Aguas  ,  vers  les  310  d.  de 
longitude,  &  les  3  d.  10'  de  latitude  méridionale.  Le 
comte  de  Pagan  dit  que  cette  province  eft  la  meilleure 
&  la  plus  grande  de  toutes  celles  qui  font  le  long  de  la 
rivière  des  Amazones.  Sa  longueur  eft  de  deux  cents  lieues; 
&  fes  habitations  font  fi  fréquentes,  qu'à  peine  a-t-on 
perdu  l'une  de  vue,  qu'on  découvre  l'autre.  Sa  largeur 
femble  petite  ,  parce  qu'elle  n'excède  point  l'étendue  des 
bras  de  ce  grand  fleuve.  Tous  les  bourgs  &  les  villages  font 
dans  des  ifles  fort  grandes;  Scie  commencement  de  cette 
longue  province  du  côté  de  l'occident  eft  à  trois  cents  dix- 
fept  lieues  des  fources  du  fleuve  des  Amazones.  La  plus 
grande  Scia  meilleure  habitation  desHomagues,  eft  dans 
une  ifle  du  côté  du  midi ,  à  3  d.  de  latitude  auftrale  ,  & 
312  d.  <(5'  de  longitude.  Il  y  en  a  une  autre  compofée 
d'une  infinité  de  maifons  conftruites  à  leurmode,  &  pofées 
en  un  lieu  avantageux.  Elle  eft  remplie  d'hommes  très- 
vaillans  &  aguerris ,  &  fournie  de  toutes  fortes  d'armes 
&  de  munitions  de  guerre.  Cette  place  étant  la  dernière 
de  toute  la  province  du  côté  l'orient ,  elle  eft  frontière  de 
diverlès  nations  vaillantes ,  contre  lesquelles  les  Homagues 
combattent  fouvent.  Ils  ont  des  guerres  continuelles  ,  de 
l'un  &  de  l'autre  côté  de  la  rivière  ,  avec  les  fauvages.  Ce 
font  les  Curines,  du  côté  du  midi,  nation  nombreufe 
quife  défend  contre  les  peuples  plus  éloignés.  Du  côté  du 
nord  font  les  Tecunes  auffi  vaillans  &  auffi  nombreux 
que  les  Curines.  Voyez  au  molOUAGUAS. *  Relat.  hijl. 
&  gc'ogr.  de  la  rivière  des  Amazones. 

HOMALA.  Voyez  Lyrnessus. 

HOMAR,  en  latinmoderne  Homarus,  petite  rivière 
d'Afrique ,  fur  la  côte  de  Barbarie ,  au  royaume  de  Fez  , 
dans  la  province  de  Habat.  Elle  a  fa  fource  dans  les 
montagnes  ;  &,  ferpentant  vers  le  couchant ,  elle  tombe 
dans  l'océan  Atlantique  à  Taximuxa  ,  entre  Arzile  Se 
Larache. 

HOMARA,  petite  ville  d'Afrique,  au  royaume  de 
Fez ,  dans  la  province  de  Habat  ;  fon  affiette ,  dit  Marmol , 
Afrique  ,  1. 4 ,  c.  51 ,  t.  2  , p. 216;  eft  affez  forte,  car 
elle  eft  fur  un  tertre  au  bord  d'une  petite  rivière ,  (c'eft 
le  Homar  ;)  Sr.  il  fait  beau  voiries  murs  de  loin.  Elle  eft 
entre  Arzile  &  Alcaçarquivir ,  à  cinq  lieues  de  l'une  &£ 
de  l'autre.  Elle  fut  bâtie,  à  ce  qu'on  dit ,  par  le  petit-fils 
du  fondateur  de  Fez.  Lorsque  les  Portugais  prirent  les 
villes  de  Tanger  Sid'Arzile ,  en  1471  ,  les  habitans  fe  reti- 
rèrent &  ne  revinrent  point;  mais  quand  Arzile  fut  aban- 
donnée ,  elle  commença  à  fe  repeupler  de  Bereberes , 
parce  que  le  pays  eft  beau  &  uni ,  abondant  en  bleds  Se 
en  pâturages.  Il  y  a  plufieurs  arbres  fruitiers  à  l'entour  , 
&  quelques  vignes  ;  Si  l'on  recueille  beaucoup  de  lin  dans 
la  campagne  à  caufe  de  la  rivière  dont  on  l'arrofe.  Mais 
les  habitans  y  font  fi  tourmentés  des  Arabes ,  qu'ils  font 
fort  pauvres.  La  plupart  font  tiflerands. 

Tome  III,    C  c  c  ij 


388 


HOM 


HOM 


De  la  Croix  dans  fon  Hiftoire  d'Afrique, 1. 1  ,  nomme 
cette  ville  Homan  ;  &  Corneille  copiant  ce  qu'il  en  dit, 
auffi-bien  que  l'article  de  Marmol  ,  en  fait  deux  villes 
mal-à-propos. 

i.  HOMBERG  an  DER  HoHN  ,  ville  d'Allemagne , 
dans  le  landgraviat  de  Hefïe ,  à  l'orient  d'Amenebourg  &C 
de  Marpurg,  à  trois  petites  lieues  communes  d'Allemagne 
de  la  dernière ,  &£  à  une  lieue  &  demie  de  l'autre  ;  elle 
eft  fur  une  colline  au  fommet  de  laquelle  eft  une  forterelîe. 
Baudrand  en  fait  un  bourg  &  un  château  qu'il  nomme 
Homberg  an  der  Flaum.  Ce  lieu  eft  fur  un  ruiffeau 
qui  tombe  dans  la  Lohn.  Jaillot  n'en  fait  qu'un  village. 
On  la  nomme  Homberg  dans  la  Hesse. 

x.  HOMBERG,  bourgade  d'Allemagne  ,  en  Veft- 
phalie.  C'eft  unefeigneurie  avec  titre  de  comté ,  entre  le 
duché  de  Berg  &  lecomté  de  la  Marck.  *  Baudr.  éd.  1705. 

3.  HOMBERG,  château  d'Allemagne  ,  dans  la Suabe, 
au  Frickthal,près  du  Rhin.  Ce  château  a  eufes  anciens 
comtes  qui  y  réiîdoient,  &  qui,  dans  la  fuite,  bâtirent  le 
château  de  Hombourg  en  Suifle.  *  Délices  &Etat  de  la 
Suijfe,  t.  3  ,  p.  41. 

HOMBLIERES,  Humblieres  ,  Humolaria  ;  abbaye 
d'hommes,  en  France,  de  l'ordre  de  S.  Benoît,  dans  un 
village  en  Picardie  ,  dans  le  Vermandois ,  au  diocèse  de 
Noyon  ,  aune  lieue  à  l'orient  de  S.  Quentin ,  fur  le  chemin 
de  Guife,  fondée  l'an  630  ,  par  S.  Eloy,  pour  des  reli- 
gieufes ,  dont  fainte  Hunegonde  étoit  du  nombre.  Albert , 
comtede  Vermandois,  l'an 948,  mit  dans  cette  abbaye 
des  religieux  Bénédi&ins. 

1.  HOMBOURG,  ville  d'Allemagne  dans  les  pays 
réunis ,  &  dans  le  comté  de  Sarbrug ,  à  deux  lieues  de 
Deux-Ponts ,  fur  une  petite  rivière  qui  fe  jette  dans  la 
Blife.  Longuerue  dit  que  Hombourg  eft  dans  la  Lorraine 
Allemande  ;  il  a  été  long-tems  un  domaine  de  l'eglife  de 
Metz.  Sigebold  évêque  de  Metz,  fonda  en  un  lieu  nommé 
Hilariac  un  monaftere ,  pour  S.  Fridelin  ,  moine  Ecoffois 
ou  Hibernois,  vers  l'an  730.  Crodegand  ou  Godegrand, 
évêque  de  Metz,  étant  allé  à  Rome,  fous  le  pontificat  de 
Paul  I  ,  obtint  de  ce  pape  le  corps  de  S.  Nabor ,  martyr  , 
qu'il  mit  dans  l'eglife  A' Hilariac,  &  donna  à  cette  eglife 
le  nom  de  ce  faint ,  au  lieu  de  celui  de  S.  Paul  auquel 
elle  étoit  dédiée.  Il  s'y  forma  à  l'entour  une  ville  affez 
confidérable  ,  &  dont  les  évêques  de  Metz  furent  feigneurs 
temporels.  11  y  avoit  à  deux  lieues  de  cette  ville  une  place 
nommée  Hombourg,  qui  avoit  été  fous  l'obéifTance  de  Fol- 
mare,  comtede  Metz.  Il  la  donna  à  fon  fils  Hugues ,  qui 
mourut ,  fans  l'aifter  d'héritiers  ;  ce  qui  donna  occafion  aux 
voifins  de  fe  faifir  de  Hombourg;  mais  Etienne  de  Bar, 
évêque  de  Metz ,  foutint  qu'elle  devoit  lui  revenir  au  défaut 
d'héritiers  du  dernier  propriétaire  ;  &  profitant  de  l'amitié 
que  l'empereur  BarberomTe  avoit  pour  lui  ,  il  fe  faifitde 
cette  place  à  main  armée,  &  la  réunit  au  domaine  de  fon 
eglife  de  Metz.  Les  comtes  deSarbruck ,  vaflauxde  l'eglife 
de  Metz ,  furent  établis  avoués  héréditaires  de  la  ville  de 
Hombourg,  &  de  la  ville  Si  abbaye  de  S.  Nabor ,  que  l'on 
appella  par  corruption  S.  Navau  ,  enfuite  S.  Avau  & 
S.Avold,ct  que  Meurifle  nous  apprend  dans  les  Vies  de 
Sigebauld  &  d'Etienne  de  Bat ,  évêques  de  Metz.  Les  pré- 
lats établirent  à  Ho  mbourg  &  S.  Avod  une  cour  compofée 
de  vingt-quatre  perfonnes  qui  avoient  le  nom  d'évechirzs , 
&  qui  étoient  tirés  de  tous  les  villages  de  la  châtellenie. 
On  appelloit  ce  tribunal  la  grande  ceicr,  &  l'avouerie 
dont  étoit  chef  le  comte  de  Sarbruck,  avoué  héréditaire, 
&  le  comte  de  Créange  arriere-voue.  Les  évêques  don- 
nèrent des  privilèges  aux  habitans  de  la  châtellenie  de 
Hombourg  &  de  S.  Avod ,  qui  furent  confirmés,  en  1368 
&  1383,  par  l'évêque  Theodoric  deBoppart.  Raoul  de 
Couci  ayant  fuccédé  à  Theodoric  de  Boppart ,  confirma 
l'an  1 3  89 ,  aux  habitans  de  la  ville  de  S.  Avod  un  péage , 
qui  leur  avoit  été  accordé  pour  la  garde  de  la  ville  ;  mais 
fix  ans  après, il  engagea  à  Charles,  duc  de  Lorraine,  la 
moitié  de  Hombourg  &  de  S.  Avod ,  &  de  leurs  dépen- 
dances ,  pour  s'acquiter  envers  le  duc  de  la  fomme  de 
quatre  mille  francs  d'or  ,  l'évêque  Raoul  fe  réfervant  le 
droit  de  rachat  avec  les  hommages  des  vaffaux ,  &  cet 
engagement  duroit  encore  l'an  1470.  Quelque  tems  après 
l'évêque  de  Metz  rentra  dans  lapleinejouiflancedecette 
châtellenie  ,  dont  Bernard  de  Sarbruck  fut  établi  châtelain 
&  receveur  pour  trois  ans  par  le  primicier  ,  &  le  chapitre 
de  Metz  ,  adminiftrateurs  de  l'eveché.  L'an  15  51  ,  le 
cardinal  Robert  de  Lenoncourt,  évêque  de  Metz,  engagea, 


avec  le  confentement  de  fon  chapitre ,  le  domaine  de  faint 
Avod  ,  &c  Hombourg ,  à  Philippe,  comte  de  Naffau-sar- 
bru.-k,  àlaréferve  des  aides  ordinaires,  &  extraordinaires, 
des  droits  de  régale  &c  de  fouveraineté ,  moyennant  quinze 
mille  florins  d'or,  avec permiffion  de  faire  les  réparations, 
jusq'à  la  concurreuce  de  trois  mille  florins  d'or,  qui  leroient 
rendus  par  l'évêqueavec  le  prix  de  l'engagement. L'eglife  de 
Metz  fe  trouvant  dans  une  grande  neceffitéquelques  années 
après  le  chapitre  donna  fon  confentement ,  l'an  1 567,  pour 
un  engagement  que  le  cardinal  de  Lorraine,  leur  évêque, 
prétendoit  faire  des  revenus  de  l'évêché,  &c  même  des 
ialines,  jusqu'àlafomme  de  trente  mille  écus.  En  vertu ,  ou 
fous  le  prétexte  de  cet  afte ,  le  cardinal  de  Lorraine , 
adminiftrateur  perpétuel,  &  fon  frère,  le  cardinal  de 
Guife,  titulaire  de  l'évêché,  cédèrent  à  leur  neveu, 
Henri  de  Lorraine ,  duc  de  Guife  ,  &  à  fes  descendans 
mâles  &t  femelles ,  S.  Avod  &  Hombourg ,  &  les 
dépendances,  à  la  charge  de  rendre  foi  &  hommage  aux 
évêques  de  Metz,  parce  qu'il  avoit  fourni  vingt  mille 
florins  pour  éteindre  une  rente  de  pareille  fomme ,  hypo- 
théquée fur  les  deux  châtellenies  de  Vie  &  de  Mariai, 
&  conftituée  par  le  cardinal  de  Lenoncourt ,  l'an  1551, 
au  profit  du  comte  de  Nalïau-Sarbruck ,  &  parce  qu'il 
avoit  fourni  en  outre  dix- huit  mille  florins  pour  retirer 
le  domaine  de  S.  Avod  &  Hombourg,  engagé  pour 
cette  fomme  au  comte  de  Naffau.  Le  duc  de  Guife  donna 
desa6f.es,  l'an  is^iSt  1576,  pour  reconnoître  l'évêque 
de  Metz,  &  lui  faire  hommage,  après  quoi  il  pritpoffef- 
fion  de  cette  châtellenie  &  de  fes  dépendances,  à  la 
requifîtion  du  chancelier  de  l'évêché  :  les  habitans  prêtè- 
rent ferment  de  fidélité  au  duc  ,  l'an  1  ^76  ,  après  avoir 
été  déliés  par  l'évêque  de  celui  qu'ils  lui  avoient  fait. 
Au  bout  de  fix  ans ,  le  duc  vendit  cette  feigneurie  à 
Charles ,  duc  de  Lorraine  ,  pour  la  fomme  de  quatre- 
vingt-feize  mille  écus.  Le  contrat  fut  approuvé  &  ratifié 
en  1 586 ,  par  le  cardinal  Charles  de  Lorraine ,  fils  du  duc  , 
qui  fit  hommage  à  ce  fils,  lequel  étoit  évêque  de  Metz 
&  de  Strasbourg.  Après  la  mort  du  duc  Charles ,  fon  fils 
Henri  rendit  les  mêmes  devoirs,  l'an  1609  ,  à  AnneDef- 
car ,  cardinal  de  Givri ,  évêque  de  Metz.  Cet  hom- 
mage fut  fufpendu  ,  dans  la  fuite,  à  caufe  que  la  Lorraine 
fut  occupée  par  les  François.  Au  traité  de  paix  de  Weft- 
phalie,  le  fief  impérial  de  l'évêché  de  Metz  fut  cédé  &£ 
incorporé  à  la  couronne  de  France  ;  mais ,  après  que  le 
duc  Charles  eut  été,  en  exécution  de  la  paix  des  Pyré- 
nées, remis  en  pofTeflîon  de  Hombourg  &  deS.Avod^ 
parce  qu'il  en  étoit  en  poffeffion  l'an  1633,  le  duc  ne 
voulut  rien  changer  à  ce  que  fes  prédécelîeurs  avoient 
fait  ;&t  ces  différends  n'ont  été  terminés  que  par  le  traité 
de  Paris,  1718,  article  XI  v ,  par  lequel  le  roi  cède  à 
Leopold ,  duc  de  Lorraine ,  tout  le  droit  de  fouveraineté 
qui appartenoit  à  la  couronne,  par  le  traité  de  Mimfter, 
&  lui  a  remis  toutes  fes  prétentions.  *  Longuerue ,  Defcr. 
de  la  France ,  part,  1,  p.  158. 

x.  HOMBOURG  an  der  Hohe,  c'eft-à-dire  châ- 
teau i 'AlLmagne ,  dans  le  landgraviat  de  Heffe ,  &  plus 
particulièrement  dans  la  haute  Hefle ,  affez  près  de  Franc- 
fort, à  l'extrémité  orientale  de  la  forêt  &  de  la  mon- 
tagne de  Hohe.  Ce  château  eft  la  réfidence  d'une  bran- 
che de  la  maifon  de  Hefle,  qui  en  prend  le  nom  de 
Hejfe-Hombourg.  C'eft  le  chef-lieu  d'un  bailliage  qui  fait 
l'appannage  de  cette  maifon.  *  Hubner ,  Geogr. 

3.  HOMBOURG,  château  de  Suifle,  au  canton  de 
Bafle ,  fur  un  rocher ,  à  la  descente  du  mont  Jura ,  à 
l'orient  de  Wallebourg.  Il  ne  faut  pas  le  confondre  avec 
Homberg  ,  dans  leFrickthal.  Ce  furent  les  anciens  com- 
tes de  Homberg  ,  qui  bâtirent  ce  château  de  Hombourg. 
Au-deflus  de  ce  château  les  Baflois  ont  un  bain  d'eau 
chaude  minérale ,  nommé  Ramfer-bad  ,  qui  eft  bon  con- 
tre la  gale  ,  les  obftru&ions  ,  la  débilité  des  nerfs ,  &C 
autres  maladies  de  cette  nature.  *  Etat  &  délices  de  la 
Suiffe,  t.  3  ,  p.  41. 

4.  HOMBOURG,  (la  Justice  de)  petite  con- 
trée de  Suifle ,  dans  le  Tockenbourg  :  on  y  voit  les  res- 
tes delà  fortereffed'ALT-GLATTENBOURG,  poffedée, 
il  y  a  plus  de  huit  cens  ans,  par  les  nobles  qui  porroient 
le  nom  de  Gielen  de  Glattenbourg.  Les  habitans  dAp- 
penzel  &  de  Saint-Gall  s'en  rendirent  maîtres  en  140^. 
Les  nobles  la  reprirent  presque  aufll-tôt  ;  &  elle  fut  enfin 
entièrement  détruite  par  les  habitans  du  pays, en  1485. 
*  Etat  &  dél.  de  la  Suiffe,  t.  3  ,  p.  313. 


HiP 


HIP 


389 


HOMEL,  petite  ville  de  la  Ruflîe  Polonnoife,  au    l'Ifaurie  &  la  Cilicie.  Pline  dit  de  la  première,  que  leur 
grand  duché  de  Lithuanie ,  aux  confins  du  duché  &  du    pays  lui  étoit  contigu ,  &C  qu'ils  avoient  dans  l'intérieuf 


palatinat  de  Czernkhow  ,  au  bord  occidental  de  la  ri- 
vière de  Sofz ,  qui  tombe  un  peu  plus  bas  dans  le  Nieper. 
*    Robert  de  Vaugcndi ,  Atlas. 

HOMELEA,  rhiere  d'Angleterre,  dans  fa  partie  méri- 
dionale.Son  nom  moderne  eft  l'HuMBLE.  Voyez  ce  mot. 

HOMERITES,  (les)  ancien  peuple  de  l'Arabie 
heureufe.  Selon  I tolomée  ,1.6,  c.  7  ,  ils  occupoient  la 
côte  méridionale  de  l'Arabie  depuis  le  détroit  jusqu'aux 
Adramites.   Les  léux  confidérables  de  leur  pays  étoient  : 


Arabia  emporium ,  port, 
Armanïsphe ,  village  , 
Me/an,  montagne. 


Madoce ,  ville, 
Marace  ou  Maladie,  ville, 
Dees  ou  Lies,  village, 
Ammoniu ,  promontoire, 

Ils  confinoient ,  félon  cet  auteur ,  avec  les  Saphorites 
voifins  des  Sabéens.  Pline,  1.6,  c.  28  ,  donne  aux  Ho- 
merites une  feule  ville  nommée  Massala  ;  &  le 
P.  Hardouin  croit  que  c'eft  la  Masthala  de  Ptolo- 
mée ;   mais  Cellarius  fait  voir  que  cela  ne  fe  peut.   Le 


du  pays  une  ville  nommée  Homona.  Tacite ,  Ann.  1. 3  . 
c.  46 ,  dit  du  conful  Quirinius ,  qu'il  avoit  mérité  l'hon- 
neur du  triomphe ,  pour  avoir  pris  les  forts  de  cette 
nation  dans  la  Cilicie  :  Mox  expugnatis  per  Ciliciam 
Homonadenfium  cafiellis  ;  il  faut  l'entendre  de  la  Cilicie 
montagneufe  qui  confmoit  à  l'Ifaurie  &c  à  la  Lycaonie  ; 
de -là  vient  que  quelques  Notices,  comme  celles  de 
Léon  le  Sage  &  de  Hieroclès ,  mettent  cette  ville  dans 
la  Lycaonie.  Elle  étoit  épiscopale  ,  ikfonnom  fe  trouve 
fort  défiguré  en  quelques  monumens  eccléfiaftiques. 
Hieroclès  dit  o't/^a'v  a.S  a,  U M  an  ad  a  ;  Léon  le  Sage  dit 
ONOMANDORUM  ,  génitif  SOnomada.  Ce  renverfe- 
ment  de  lettres  fe  trouve  conforme  à  la  manière  dont 
Strabon,  /.  14,  écrit  ce  mot  ;  car  il  nomme  ce  peuple 
'Ovofj.aS-^n ,  Honomades. 

HOMONOEA,  •opotoi*  ,  lieu  de  la  Paleftine.  lien 
eft  fait  mention  dans  la  vie  de  l'hiftorien  Jofeph. 

HOMOTYLES  ,  port  maritime  de  la  Sicile ,  félon 
Polyen ,  /.  5  ,  qui  dit  que  Denys  le  reçut  d'Imilcon.  C'eft 


P.  Hardouin  croit  que  les  Homerites  faifoient  partie  des  une  faute  d'écriture  ;  ilfautlire  Motya.  Voyez  ce  mot. 

Sabéens  ,   avec  lesquels  bien  des  auteurs  les  ont  con-  HOMO W ARE  ,  bourgade  des  Indes  ,  dans  l'état  du 

fondus.  Ortélius  fe  trompe,  quand  il  dit  que  les  Home-  Mogol ,   au  royaume  de  Vifapour.    Elle  eft  fur  la  route 

rites  font  nommés  Auxomites ,   par  Procope.    Cet  au-  d'Atteni ,  à  la  capitale ,  entre  Talfenghe  &  Tricota  ,  à 

teur  ,  Bell.  Perf.  1.  1 ,  c.  19  ,  n.  5  &C  6 ,  loin  de  dire  que  trois  lieues  de  l'une  &C  de  l'autre.  *  Robert  de  Vaugondy, 

les  Homerites  &c  les  Auxomites  foient   un   même  peu-  Atlas. 


pie,  les  diftingue,  &  met  le  golfe  Arabique  entre  deux. 
Les  Ethiopiens ,  dit-il ,  habitent  vis-à-vis  des  Homeri- 
tes ,  de  l'autre  côté  de  la  mer  :  on  les  appelle  Auxoni- 
tes  du  nom  de  la  principale  de  leur  ville.  Ces  mots  on 
les  appelle  ne  fe  rapportent  pas  aux  Homerites,  mais 
aux  Ethiopiens  fitués  au  couchant  du  golfe.    Au  lieu 


HOMPS,  commenderie  de  Malte,  dans  le  bas  Lan- 
guedoc ,  au  diocèfe  de  Narbonne. 

HON,  rivière  des  Pays-bas.  Il  en  eft  parlé  dans  la  vie  de 
S.  Landelin.  Ortélius  croit  que  c'eft  le  Honneau  qui 
coule  dans  le  Hainault.  Voyez  Honea. 

HONAN,  contrée  d'Afie ,  dans  l'empire  de  la  Chine, 


à'Auxonites,  il  faut  lire  Auxomites  ,  d'Auxuma ,   capi-  dont  elle  eft  la  cinquième  province.  Elle  prend  fon  nom 

taie   de    l'Ethiopie.     Procope  diftingue   encore   mieux  defafituation  ;  axHonan  fignifie,<2«  bord  méridional  du 

ces  deux  peuples  :    le  port  des  Homerites,  dit-il,  d'où  fleuve  ;  &t  c'eft  fa  pofition  fur  le  fleuve  jaune,  qui  la  fé- 

l'on  fait  voile  pour  l'Ethiopie,  eft  appelle  Bulicas  ;  &  pare  en  partie  du  Pekeli,  Sien  partie  du  Chanfi ,  quoi- 

celui  où  l'on  prend  terre  en  Ethiopie  ,  eft  appelle  le  port  qu'il  y  ait  un  espace  où  cette  province  s'étend  au  nord 

des  Adulites.  L'abbé  le  Grand,  dans  une  de  fes  Differ-  de  ce  fleuve,  entre  le  Pekeli  &c  le  Chanfi.  Elle  a  les 

tations  fur  l'Ethiopie,  p.  199,  rapporte  un  paiTage  de  provinces  de  Chanton  &  de  Nankin  au  levant,  celle 

Theodoret  furie  troifiéme  Livre  des  Rois ,  quœfl.-$i,!k  de  Huquang  au  midi ,  &  celles  de  Suchuen  &  deChenfi 

dit  :   «  Theodoret  ayant  demandé  ce  que  c'eft  que  le  au  couchant.  *  Atlas  Sinenfis. 

»  peuple  de  Saba  ,  répond:  c'eft  un  peuple  d'Ethiopie.  Les  Chinois  aflurent  que  cette  province  eft  au  milieu 

»  On  dit  que  ces  peuples  demeurent  le  long  de  la  mer  de  l'univers.   Ils   fondent  leur  opinion  fur   l'idée  qu'ils 

»  des  Indes  ;  on  les  appelle  Homerites  ;  ils  font  vis-à-  ont  de  la  Chine ,  hors  de  laquelle  ils  croient  avec  peine, 

»  vis  les  Axumites  ;  il  n'y  a  que  la  mer  entre  deux:  qu'on  trouve  d'autres  terres,  &  fur  ce  que  cette  province 

»  ils  ont  eu  pour  reine  cette  femme  admirable ,  dont  étoit  au  milieu  de  la  Chine  dans  les  tems  les  plus  an- 

»>  le  zélé  a  été  loué  par  notre  Seigneur  Jefus-Chrift.  ciens.   Les  empereurs  y  ont  fait  leur  demeure  à  caufe 

»  Philoftorge  place  les  Sabéens  parmi  les  peuples  des  des  commodités  qu'y  apporte  le  fleuve  jaune.    Le  pays 

»  Indes:  les  Sabéens  ,  nation  des  Indes  ,  font  ainfi  nom-  y  eft  beau  &  très-fertile  ;  ce  font  des  plaines   &  des 

»  mes  de  la  ville  de  Saba  ,  capitale  du  pays ,  &c  ils  font  montagnes ,  fur-tout   vers  le  couchant.  Tout  y  eft  mis 

»  les  mêmes  que  les  Homerites.  »  Ce  paflage  de  Théo-  à  profit,     excepté   quelques  montagnes   dont    plufieurs 

doretrenferme  plufieurs  fautes.  En  premier  lieu,  l'Ethio-  font  même  chargées  de  forêts.   La  campagne  y  abonde 

pie  étoit  au  couchant  du  golfe  Arabique ,  où  elle  eft  en-  en  froment  ,  en  riz  &  attires   grains  ;  le  bétail  y  eft 

core ,  &  les  Homerites  étoient  au  levant  de  ce  même  commun.  Tout  le  pays  eft  rempli  de  villes ,  de  cités  , 

golfe  ;  ils  n'étoient  donc   point  de  l'Ethiopie,  mais  de  de  bourgs  ,de  châteaux.  Il  eftarrofé  de  quantité  de  ri- 

PArabie.   2.  Les  Sabéens  n'étoient  dans  les  Indes,  que  vieres  &  de  ruifteaux,  qui  la  plupart  y  ont  leurs  four- 

parce  qu'on  nommoit  impropremenr  l'Arabie  des  Indes,  ces.    Il  produit  presque  tous  les  fruits  de  l'Europe ,  en 

Les  Sabéens  ne  font  les  mêmes  que  les  Homerites  qu'en  telle  quantité,  qu'on  les  y  donne  presque  pour  rien  ;  en 

partie ,  c'eft- à-dire  que  les  Homerites  étoient  compris  un  mot ,  on  y  trouve  le  néceflaire  ,  même  les  agrémens 

dans  le  pays  des  Sabéens.  Mais  cette  dernière  nation  com-  de  la  vie.    C'eft  pourquoi  il  ne  faut  pas  être  furpris  fi 

prenoit  encore  d'autres  peuples  que  les   Homerites.   Le  les  Chinois  l'appellent  le  jardin  ;  car  la  partie   orien- 

pays  des  Homerites  répond  à -peu -près  à  ce  que  nous  taie  en  eft  fi   délicieufe,  &  fi  cultivée,   qu'on  marche 

appelions  aujourd'hui  le  pays  d'Aden.                            ■  plufieurs   jours  dans   des  campagnes  que  l'on  prendrait 

HOMILjE  ,  "oiuXa ,  ville  de  Grèce  ,  dans  la  Thef-  pour  un  jardin  bien  entretenu.    Le  P.  Martini  dit  que 

falie,  félon  Ptolomée,/.  3,  c.  13.  cette    province  eft  l'Italie   de  la  Chii 


Le  Livre  Chinois  où  fe  trouvent  les  calculs  des  reve- 
nus, porte  que  dans  cette  province  il  y  a  589296  famil- 
les, $£  5106270  hommes  mâles  ;  que  le  tribut  tant,  du 
froment  que   du  riz,  eft  de  2414477  facs  ;  elle  ' 


four- 
nit 23509  livres  de  foie  crue  ;  9959  pièces  de  foie  tra- 
vaillée ,  &  341  pièces  de  coton,  dont  elle  produit  peu; 


HOMME  ,  ou  Hums  ,  petite  ville  de  l'Ecoffe  méri- 
dionale ,  dans  la  province  de  Mers  ,  à  cinq  lieues  ^le 
la  ville  de  Berwich.  Elle  a  eu  autrefois  fes  comtes  par- 
ticuliers ,  dont  elle  étoit  la  réfidence.  Leur  château  eft 
démoli.  *  Baudrand ,  édit.  1705.  Etat préfent  de  la  Gr. 
Bretagne,  t.  2,  p.  236. 

HOMOLIUM  ck  HoMOLIS ,  bourg  de  Grèce ,  dans  &  pour  les  écuries  de  l'empereur,  elle  livre  2288744bot- 
la  Theffalie  ,  entre  le  Penée  &  la  ville  de  Demetriade.  tes  de  foin.  Voici  la  lifte  de  fes  villes  avec  leurs  pofi- 
Strabon ,  /.  4 ,  c.  9  ;  &  Scylax  de  Caryande ,  /.  9  ,p.  443  ,  tions.  Nous  avertirons  feulement  que  la  longitude  fe 
en  font  mention.  Etienne  en  fait  une  ville  de  Macédoine,  prend  du  premier  méridien  Chinois  qui  eft  à  Pékin  , 
C'eft  peut-être  l'Homilse  de  Ptolomée.  &  on  compte  d'orient  en  occident  :  de  forte  que  pour 

HOMOLUS.  Voyez  Omole.  réduire  cette .  longitude   à  la  méthode   de  nos  géogra- 

HOMONA,  ville  d'Afie,  près  de  l'Ifaurie.  Leshabi-  phes  ,  il  faut  la  retrancher  de  celle  de  Pékin,  qui  eft, 
tans  font  nommés  HOMONADES  par  Pline,  /.  5  ,  c.  27.  félon  les  obfervations ,  136  d.  46',  étant  de  1  d.  54' 
Tacite  les  nomme  Homonadenses.    Ils  étoient  entre    plus  occidentale  que  Pékin  ,  eft  à  133  d.  52'deJongitude. 


39° 


HON 


HON 


Noms. 

Longitude. 

Latitude. 

Noms. 

Longitude. 

Latitude. 

I.  Ville 

v.  raie 

métropolitaine. 

métropolitaine. 

Caifung , 

2.                   54 

35- 

50  p 

■loaiking , 

t          'i 

À 

10  p. 

Chinlieu, 

i.                   40 

35- 

47  P 

Ziyûen , 

36. 

10  p. 

Ki, 

2.                   33 

35- 

36  p 

Sieùûû  , 

*.                    6 

36, 

16  p. 

Tunghiu , 

2.                  50 

35- 

34  P 

Vuche, 

4.                   12 

36, 

8P. 

Taikang, 

2.                   iz 

35- 

.'3P 

vleng, 

4.                    50 

36. 

4P- 

Gueixi , 

3-                    3 

35- 

36  p 

Ven. 

23.                  23 

36. 

7.P- 

Gueichuen  , 

3.                      IZ 

35- 

14  p 

Ienling , 

z.                   5z 

35- 

13  P 

VI.  Ville. 

Fukeu , 

3-                    4 

35- 

6p 

Chungmen, 
Iangûii , 

3.                   .6 

35- 

41  P 

rlonan, 

7-                   5 

35- 

38'P. 

3.                   16 

36. 

oP 

'ensu, 

4.                  42 

35- 

4°iP- 

Iuenûû, 

3.                   30 

35- 

58  P 

wUng'- 

4.                  30 

35- 

5op. 

Fungkieu , 
Jencin , 

z.                    32 

36. 

6p 

Vlengein  , 

4.                  50 

35- 

5°  P- 

3.                    30 

36. 

9P 

Yyang, 
Tengrung , 

5-                  30 

35- 

2  p. 

Laniang, 
Chin  ©, 

2.                   3z 

35- 

?zp 

4-                  34 

35- 

20  p. 

z.                    21 

34- 

48  p 

ungning , 

6.                   0 

35. 

17  P 

Xangxui, 

2.                    39 

34- 

41  p 

Singan , 

5-                  14 

35- 

52  p 

Sihoa, 

2.                    50 

34- 

51  P 

Vlienchi , 

5.                  50 

35- 

48  p 

Hiangchin, 

2.                    8 

34- 

30  P 

Caô, 

4.                  46 

35- 

26  p 

Xinkieu , 

z.                    0 

34- 

16  p 

Xen  ©, 

6.                   30 

35- 

53  P 

Hiu©, 

3.                   36 

35- 

6p 

Lingpao , 

6.                  ço 

35- 

53  P 

Liniu , 

3.                   30 

34- 

5*P 

Xeuhiang, 

7.                  20 

35- 

56  p 

Siangching , 

3-                   47 

34- 

53  P 

Luxi. 

6.                 28 

35- 

4P 

Ienching , 

3-                   '7 

34- 

46  p 

Chansco , 

3.                   29 

35- 

19  p 

VII.  Ville. 

lu®, 

3-                   55 

35- 

24  p 

Sinching, 
Ching  ©, 

3.                   40 

35- 

26  p 

Nanyang , 

5«                *5 

33- 

53  P 

3-                  35 

35- 

46  p 

Chinp'ing, 

5-                 *5 

33- 

50  p 

Mie, 

4-                     4 

35- 

26  p 

Tang, 

4.                  37 

33- 

50  P 

Iungyang , 

3-                   43 

35- 

52  p 

Pieyang , 

4.                  15 

33« 

57  P 

Iungçe , 

3-                   54 

36. 

oP 

Tungpe  , 

3-                  55 

33- 

44  P 

Hoin\ 

4.                   14 

35- 

îo  P 

Nangchao  , 

5«                  35 

34- 

Op 

Sûxûi , 

4.                      8' 

35- 

34  P 

Teng  © , 

5-                 42- 

33- 

40  p 

Ifung. 

2.                    21 

35- 

56  p 

Nuihiang , 
Sinye, 

6.                  27 
5-                  *5 

34- 
33- 

*P 
55  P 

il  ruu. 

Chechuen, 
Yu©, 

5-                  54 
4-                  34 

33- 

34- 

35  P 
20  p 

Qveite , 

I.                    31 

35- 

10  p 

Vuyang  , 

3-                  35 

34- 

^3  P 

Ningling, 

1.                    46 

35- 

11  p 

Ye. 

4.                  12 

34- 

41  P 

Loye, 

1.                    44 

34- 

45  P 

Hiaye , 

0.                    55 

35- 

17  P 

Vni.   Ville. 

Iungching , 

0.                    46 

3'- 

12  p 

'.1 

Iûching, 

1.                    20 

35- 

20  p 

. 

Iuning, 

2.                  56 

33- 

53  P 

Ciu  s, 

2.                     7 

35- 

34  P 

• 

Xangçai , 

2.                  59 

34. 

13  P 

Hiaoching, 

2.                      4 

35- 

5i  F 

. 

Sip'mg, 

3.                  29 

34- 

13  P 

Xeching. 

2.                      4 

35- 

12  p 

Sinçai , 
Suiping, 

2.  29 

3.  16 

33- 
34. 

41  p 
3  r 

III.  Fille. 

Chinyang, 
Sinyang  ©, 

z.                   59 
3.                   22 

33- 
33- 

33  F 
20  p 

Changte, 

3.                          2É 

37- 

Of 

. 

Loxan , 

3.                    0 

33- 

21  p 

Tanging, 

3.                              2C 

36. 

5of 

. 

Kioxan , 

3-                   17 

33- 

40  F 

Linchang  , 

3.                              22 

37- 

18  p 

. 

Quang  © , 

1.                   50 

33- 

20  f 

. 

Lin, 

5.                    4c 

37- 

V 

. 

Quangxan, 

2.                     2 

33- 

13  F 

. 

Cus, 

3-                    a7 

37- 

18  f 

. 

Cuxi, 

1.                   20 

33- 

14  F 

. 

Vuean , 

3-                   42 

37- 

3*1 

.- 

Sië, 

2.                   15 

33- 

30  F 

. 

Xef 

4.                   c 

37- 

40  ï 

. 

Xangching. 

2.                    0 

33- 

46  f 

. 

IV.  Ville. 

, 

Grande  Cité. 

Gueihoei , 

3-                              2C 

36. 

3° 

>. 

lu  ©, 

4-                  57 

35- 

5  I 

. 

Çoching  , 

3.                              * 

36. 

21 

i.l 

Luxan, 

5-                  35 

34- 

45  1 

. 

S'inhiang  , 

3-                   3S 

36. 

26 

3.1 

Kia, 

4.                  25 

34- 

501 

. 

Hoekia , 

3-                   5< 

36. 

2Z 

3.1 

Paofung  , 

4.                  46 

34- 

361 

. 

Ki, 

3-                   lJ 

36. 

38 

H 

Yang. 

5.                    6 

35- 

13  F 

. 

Hoei. 

I3.                   3> 

36. 

36' 

'•1 

2.  HONAN  ,  ville  de  la  Chine ,  dans  la  province  de 
même  nom ,  dont  elle  eft  la  ftxiéme  métropole.  On 
vient  d'en  voir  la  longitude  &  la  latitude,  auffi-bien 
que  les  noms  des  villes  qui  font  de  fon  département.  Elle 
eft  fituée  fur  la  rive  feptentrionale  du  fleuve  Co.  C'eft 
cette  ville  ,  que.  les  Chinois  aflurent  être  pofitivement 
au  centre  de  la  terre.  Le  pays  circonvoifm  a  beaucoup 


de  montagnes ,  &  cependant  il  eft  fort  agréable  &  fer- 
tile :  la  ville  eft  grande ,  bien  peuplée  ,  &  a  eu  un  roi 
de  la  famille  de  Taiminga  ;  cette  ville  a  de  fameux 
temples  dédiés  aux  hommes  illuftres  :  l'un  eft  fur  le 
fleuve  Co ,  dans  la  partie  orientale  de  la  ville ,  &  le 
fleuve  pa(Te  par-deflous  comme  fous  un  pont.  C'eft  la 
patrie  du  prince ,  qui  a  été  tige  de  la  famille  de  Sunga. 


HON 


L'empereur  Ivus  annexa  ce  canton  à  la  province  d'Yu  ; 
Se  l'empereur  Vu ,  lorsqu'il  fe difpofoit  à'fSre  la  guerre 
à  la  famille  de  Xanga,  fit  préparer  à^onan  les  armes 
Se  les  autres  chofes  néceffaires  pour  fon  entreprife.  La 
famille  de  Cin  la  nomma  Sanchuen,  parce  qu'en -effet 
elle  eft  fituée  entre  trois  rivières.  La  famille  de  Hana 
lui  donna  le  nom  qu'elle  porte  à  préfent,  Se  y  fixa  la 
réfidence  impériale  ,  qui  néanmoins  n'y  demeura  pas 
long-tems.  Elle  porta  enfuite  les  noms  de  CoCHEU, 
de  Tungsu  ,  de  Siking  ,  de  Kinchang,  &  enfin 
on  lui  rendit  celui  de  HoNAN.  *  Atlas  Sinenfis. 

HONCE,  (la)  ouLeoncel,  abbaye  d'hommes , 
ordre  de  Prémontré,  dans  le  Labour,  au  diocèse  de 
Bayonne. 

HOND.  Voyez  Hont.  i. 

HONDARIA,  bourg  maritime  d'Efpagne ,  dans  la 
Biscaye ,  aux  frontières  de  Guipuscoa.  *  Robert  de 
Vaugondy,  Atlas. 

i.  HONDO  ,  royaume  d'Afrique  ,  fur  la  côte  de 
Guinée,  entre  Sierra  Leona,  Se  le  cap  Monte,  au  nord 
de  Silrr.-Monou ,  &  du  pays  de  Galaveis.  Il  renferme 
la  contrée  de  Dogo.  Cet  état  eft  tributaire  de  Quoja. 
*Dapper,  Afrique.  Cote  de  Guinée  ,  par  M.  Bellin. 

z.  HONDO ,   bourg  Se  abbaye  royale  de  chanoines 
réguliers  en  Espagne ,  dans  la  vieille  Caftille ,  au  dio- 
cèfe  d'Avila. 
HONDSCOTTE.  Voyez  Honscotte. 
HONDT.  Voyez  Hont. 

HONDURAS ,(  félon  De  l'Ifle,  Carte  du  Mexique, 
province  de  l'Amérique  feptentrionale  ,  dans  la  nouvelle 
Efpagne  ,  le  long  de  la  mer  du  nord  ,  Se  du  golfe  Hon- 
duras. Elle  eft  bornée  au  nord  Se  au  nord-eft  par  la 
mer,  au  fud-eft  &  au  fud  par  la  rivière  d'Yare,  qui 
la  fépare  du  Nicagara  ;  Se  elle  a  au  couchant  le  pays  de 
Comayagua.  Elle  eft  dans  l'audience  de  Guatimala. 
Baudrand  comprend  dans  le  Honduras  ,  le  Camayagua. 
En  lui  donnant  cette  étendue  ,  on  peut  dire  que  les  prin- 
cipaux lieux  font  : 

Truxillo  ,  port  de  mer. 
Valladolid  ou  Camayagua,  évêché. 
Gracias  à  Dios. 
Sant  Georgio  d'Olancho. 

Il  y  a  plusieurs  rivières  remarquables  ,  favoîr  Xaqua  , 
Guayamo,  Rio  grande  Se  Yare.  Entre  les  caps ,  il  y  en  a 
trois  qui  méritent  d'être  obfervés  :  celui  de  la  pointe  qui 
s'avance  au  nord  de  Truxillo  ,  Se  forme  un  petit  golfe 
où  eft  ce  port ,  le  cap  de  Camaron  ,  Se  le  cap  Gracias  à 
Dios.  Voici  la  description  que  De  Laét  ,  Ind.  occid. 
1.  7,  c.  if,  18,  fait  de  ce  pays.  Le  Honduras  a  pour  li- 
mites, vers  l'orient ,  la  province  de  Taguzcalpa  ,  nom- 
mée aujourd'hui  la  nouvelle  EJlremadure  ;  vers  le  fud , 
celle  de  Nicaragua  ;  du  côté  du  fud  &c  fud-oueft  ,  les 
provinces  du  gouvernement  de  Guatimala  ;  à  l'occident, 
Vera-Paz  &  Golfo-dolce  ;  Se  au  nord,  la  mer  du  nord. 
Sa  longueur ,  fuivant  la  côte  de  la  même  mer  ,  eft  de 
cent  cinquante  lieues  entre  l'eft  Se  l'oueft,  Se  fa  largeur 
environ  de  quatre-vingt ,  depuis  cette  même  mer ,  jus- 
qu'aux provinces  que  lave  la  mer  du  fud.  Ce  pays  porte 
quantité  de  groffes  courges.  Ceux  qui  en  découvrirent 
les  premiers  la  côte ,  les  voyant  flotter  fur  l'eau ,  nom- 
mèrent cette  mer,  golfo  di  Hibueras ,  c'eft-à-dire  le  golfe 
des  citrouilles ,  Se  le  pays  même,  province  de  Hibueras, 
à  caufe  que  les  infulaires  de  l'Espagnole  appellent  les 
courges  Hibueras  ;  mais  depuis  pour  la  profondeur  de  la 
mer  auprès  du  cap  principal ,  on  donna  le  nom  de  Hon- 
dure  à  la  province ,  Se  celui  de  Hibuera  fut  aboli.  Les 
anciens  habitans  de  ces  régions  étoient  extrêmement 
pareffeux  ;  ils  ne  cultivoient  point  la  terre ,  fe  nourrif- 
foient  de  racines  Se  d'animaux  de  toute  espèce.  Les  prin- 
cipaux feuls  ufoient  du  breuvage  fait  avec  du  cacao.  Ils 
divifoient  leur  année  en  dix-huit  mois,  qu'ils  appelloient 
Joalar,  comme  qui  diroit  chofe  mobile,  Se  qui  pafle,  Se 
vingt  jours  à  chaque  mois.  Le  terroir  s'élève  en  hautes 
montagnes,  ou  s'enfonce  en  vallées  fertiles,  qui  étoient 
autrefois  extrêmement  peuplées  de  Sauvages  ;  mais  les 
guerres  imeftines  en  ont  fait  périr  un  très-grand  nom- 
bre ,  de  forte  qu'il  y  a  préfentement  peu  de  naturels  qui 
habitent  ces  grandes  provinces.  Ceux  qui  y  reftent,  payent 
tous  tribut  aux  Espagnols  ,  en  coton  ,  en  miel ,  qu'ils 


HON  39  ï 

tirent  des  troncs  des  arbres ,  en  chili  ou  axi ,  &  en  pa- 
tates. Cette  province  a  aujourd'hui  fon  évêque ,  &  plu- 
fieurs villes  bâties  par  les  Espagnols  ,  dont  la  principale 
eft  Valladolid.  Les  autres  font  Gracias  à  Dios,  Ssn-Pe- 
dro  ,  Puerto  de  Cavallos  ,  Truxillo  Se  San  Jorge.  La 
plus  confidérable  rivière  du  pays  fe  nomme  Haguaro» 
Elle  pafle  affez  près  de  la  ville  de  Truxillo  ,  Se  fur  fes 
deux  bords  il  y  a  plufieurs  bourgades.  Les  autres  rivières 
font  plus  petites.  L'une  appellée  Chamalucon ,  coule  au- 
près deCommyagua ,  Se  traverse  le  territoire  de  San-Pe- 
dro.  L'autre  qu'on  appelle  l/lua,  après  avoir  couru  vingt 
heues  par  un  terroir  fort  bien  cultivé ,  descend  en  la  mer 
du  nord.  Homme  toutes  ces  rivières  furmontent  leurs 
bords,  en  de  certaines  faifons,  l'eau  qui  fe  répand  dans 
les  champs  voifms  ,  arrofe  Se  engraiffe  les  prairies ,  les 
vergers  &  les  jardins.  Toute  la  côte  du  gouvernement 
de  Hondure  ,  s'étend  le  long  de  la  mer  du  nord,  Si  du, 
golfe  qui^ porte  fon  nom,  Yucatan  Se  le  cap  de  Hondure, 
Cette  côte  prend  fon  commencement  vers  l'oueft  de 
l'embouchure  du  Golfo-dolce,  &  du  cap  appelle  vulgai- 
rement Punta  di  Hubuera.  De-là  vers  l'eft ,  la  côte  fe 
retire  un  peu ,  Se  avançant  de  nouveau  un  coude ,  elle 
fait  un  autre  cap ,  dit  Cabo  de  très  Puntas  ,  auprès  du- 
quel les  Espagnols  ont  eu  autrefois  une  bourgade  nom- 
mée San-Gil  de  Bonavijla ,  qui  fut  de  peu  de  durée.  Du 
même  côté  fuivent  les  rivières  Piche  ,  Riobaxo  ,  Ubia 
le  port  de  Cavallos  ;  Se  le  rivage  s'avançant  de-là  encore 
en  mer  ,  fait  un  cap  nommé  Triumpho  de  la  Crux  ,  d'une 
bourgade  qu'on  y  a  vue  autrefois.  Ensuite  la  côte  court 
vers  le  cap  célèbre  de  Camaron,  duquel  s'avancent  en 
mer ,  jusqu'à  près  de  vingt  lieues  loin  ,  des  bancs  de 
forme  triangulaire  ,  dont  labafe  eft  tournée  vers  le  con- 
tinent. Auprès  de  la  bafe,  il  y  a  quelques  ides  féparées  par 
des  canaux  qui,  coulant  entre  deux,  s'étendent  vers  la  terre 
ferme.  Le  côté  feptentrional  de  ce  grand  banc  eft  bordé 
des  ifles  de  roches ,  qu'on  appelle  S.  Milan. 

i.  HONDURAS,  (le  golfe  de)  golfe  de  la  mer 
du  nord  ,  fur  la  côte  de  l'Amérique ,  dans  la  nouvelle 
Espagne ,  entre  la  province  de  Honduras  au  midi ,  Se 
celle  de  Iucatan  au  feptentrion.  Il  eft  rempli  de  plufieurs 
ifles ,  dont  les  plus  conlidérables  font  : 


Guania, 
Ruatan  . 


Utila, 
Quita  Suono. 


Ce  golfe  en  comprend  plufieurs  autres  plus  petits  qui  ont 
leur  nom  ,  comme  celui  de  Truxillo  ,  où  eft  la  ville  de 
même  nom  ,  Golfo-dolce  ,  à  l'embouchure  de  la  ville 
d'Acafabatlan  ,  Se  la  baye  de  l'Afcenfion,  au  pays  de  Che- 
tumal  Se  quelques  autres.  Ce  golfe  Se  les  environs  ap- 
partiennent au  roi  d'Espagne  ,  Se  a  été  nommé  autre- 
fois golfe  des  Hibueras  ou  des  Citrouilles ,  comme  on  a 
vu  dans  l'article  précédent.  *Baudrand ,  éd.  1705.  De 
l'Ifle,  Carte  du  Mexique. 

_  Ce  fut  Chriftophe  Colomb  qui  découvrit  cette  pro- 
vince à  fon  quatrième  voyage  ,  eniçoi,  conjointement 
avec  B.irthelemi  Colomb  ,  fon  frère  :  celui-ci  ayant  fait 
fur  la  côte  une  prife  qui  venoit  de  l'Yucatan  ,  y  trouva 
beaucoup  de  cacao ,  que  les  Espagnols  ne  connoifloient 
point  encore.  *  Notes  du  P.  Charlevoix. 
_  HONEAU  ,  ou  Honneau  ,  ou  Hosneau  ,  petite 
rivière  des  Pays-bas  dans  le  Hainaut.  Elle  a  deux  fources 
aux  environs  de  Bavsy;  Se  ces  deux  fources,  allez  voifi- 
nes  l'une  de  l'autre  ,  forment  deux  ruiffeaux ,  qui ,  après 
s'être  écartés  ,  enferment  une  espèce  d'ifie  autour  de 
cette  ville ,  aptes  quoi  ils  fe  rejoignent  auprès  de  Belli- 
gnies  ,  reçoivent  divers  ruiffeaux  ,  paffent  ensemble  à 
Kievrain  ;  Se  au-deffous  de  cette  place  le  Honneau  fe 
groffit  d'une  autre  rivière  qui  vient  du  bois  de  Mormal, 
Se  va  enfin  fe  perdre  dans  la  Haifne ,  auprès  de  Condé. 
*De  l'Ifle,  Carte  de  l'Artois. 

HONECK ,  village  de  Suiffe  ,  au  canton  ,  Se  à  une 
lieue  de  Zuric ,  fur  le  chemin  de  Baden.  Le  terroir  pro- 
duit le  meilleur  vin  de  tout  ce  canton.  *Etat  &  délices. 
de  la  Suiffe ,  t.  1,  p.  39. 

HONFLEUR,  ville  de  France,  en  Normandie ,  dans 
le  Lieuvin,  en  latin  Honflcvius  Se  Honflorium.  Sigebert 
l'appelle  Juliobona  ,  que  Turnebe  interprète  Villebon  ;  il 
femble  que  ce  doive  être  plutôt  Lillebonne.  André  du 
Chêne  dit  que  la  ville  de  Honfleur  a  reçu  peut-être  ce  nom. 
à  caufe  que  Us  eaux  jluent ,   &  s'écoulent. par-là  dans  la 


39i  HON 

mer.  Elle  eft  fituée  far  la  rive  gauche  de  la  Seine  ,  cinq 
lieues  au-deflous  de  Quilbeuf,  à  trois  dePont-l'Evêque 
&  de  Touques  ,  à  l'ept  de  Lifieux  ,  &  à  feize  de  Rouen, 
avec  un  bon  port ,  haute  juftice  &  amirauté.   Elle  n'eft 
qu'à  trois  lieues  du  Havre,  où,  à  la  faveur  du  flux  &  du 
reflux  delà  mer,  les  barques  de  partage  transportent  tous 
les  jours  des  hommes  &  des  marchandées.    Cette  ville 
efl  ouverte  presque  de  toutes  parts ,  une  pattie  des  mu- 
railles de  l'on  enceinte ,  ôt  un  grand  nombre  de  lès  mat- 
ions ayant   été  détruites  par  ordre  du  roi  ,    qui  a  fait 
creufer  ci  bâtir  au  milieu  de  la  ville,  un  port  revêtu  de 
telles  pierres ,  avec  un  quai  aiTez  large  qui  régne  tout  à 
i'entour.  Les  vaifleaux  de  trois  à  quatre  cents  tonneaux 
y  peuvent  entrer ,   &c  y  font  à  l'abri  des  vents  :  on  les 
y  peut  retenir  à  flot,  par  le  moyen  des  grandes  portes  ou 
éclufes  deftinées  à  cet  ufage.    On  y  retint  une  escadre 
de  galères  du  roi,  en  1690.  Deux  jettées  ou  digues  ren- 
dent l'entrée  du  port  plus  facile  &  plus  commode.  A  la 
tête  de  la  plus  longue  ,  on  a  établi  une  batterie  de  ca- 
non ,  &  une  autre  au  pied  de  la  côte  ,  pour  en  défendre 
les  approches  &  le  paflage  de  la  Seine.   L'espace  qui  eft 
entre  les  jettées  ,   fert  d  avant- port.  Huit  grandes  rues 
pavées  fe  terminent  aux  environs  du  baffin,.  Une  partie 
«le  ces  rues  s'élève  fur  le  penchant  d'une  côte  qui  com- 
mande fur  la  ville  ;  les  autres  font  dans  un  terrein  allez 
uni  du  côté  de  la  mer  qui  bat  les  terrafles  des  mailbns 
de  la  grande  rue,  &  la  muraille' du  château.  Honneur, 
où  l'on  compte  environ  douze  mille  habitans  ,    a  deux 
paroîfles  ;  l'une  eft  S.  Léonard,  Vautre  Sainte-Catherine, 
avec  un  clergé  nombreux.  Elles  ont  pour  aides  ou  fuccur- 
f aies,  deux  églifes  bien  bâties,  Notre-Dame  &  S.  Etienne, 
où  l'on  fait  le  fervîce  divin.  Il  y  a  auffi  un  couvent  de 
Capucins,  un  monaftere  de  religieufes  de  laCongrégation 
de  Notre-Dame  ,  un  de  Dominicaines,  qui  gouvernent 
l'hôpital  ;  &  au  bout  du  fauxbourg  de  S.  Léonard ,  une 
chapelle  de  S.  Clair  &  un  hermitage.  Il  y  a  encore  une 
fociété  de  filles  ,  fous  le  titre  de  la  Conception  de  la 
Vierge ,  qui  font  des  vœux  fimples.    On  trouve  fur  le 
haut  de  la  côte  une  chapelle  où  eft  Une  grande  dévotion, 
qu'on  appelle  Notre-Dame  Je  Grâce  ;  elle  eft  deflervie 
par  les  Capucins  qui  y  ont  un  petit  hospice  :  du  terrein 
planté  d'arbres  devant  cette  chapelle  ,    on  découvre  fix 
lieues  du  cours  de  la  Seine,  &  au-delà  de  cette  rivière, 
le  château  de  l'Orcher,  les  villes  deHarfleur  &  du  Ha- 
vre ,    ck  tous  les  vaifleaux  qui  montent  à   Rouen  ,  & 
qui  en  descendent.  Un  petit  ruifleau  ,  dont  l'eau  fert  à 
faire  moudre  les  moulins  de  la  ville ,  coule  au  pied  de  la 
côte,  &  plufieurs  fources  d'eau  vive,  en  fournifTent  les 
fontaines  ,    dont  plufieurs    font  allez  jolies   &  à  quatre 
jets.  La  ville  deHonfkur  qui  entretient  plus  de  foixante 
vaifleaux  pour  fon  commerce  ,    tant  au  grand  banc  de 
Terre-neuve ,  qu'aux  lues  Françoifes  ,   a  un  gouverneur 
qui  l'eft  auflî  de  Pont-FEvêque  &  du  pays  d'Auge  ;  un 
lieutenant  de  roi,  un  major,  un  maire,  trois  échevins, 
une  maifon  &  une  horloge  de  ville  ,    &  quatre  compa- 

fnies  bourgeoifes  formées  des  quatre  quartiers  de  la  ville. 
,es  officiers  de  la  vicomte  d'Auge  y  viennent  de  Pont- 
l'Evêque  tenir  leur  féance  une  fois  en  quinze  jours ,  ce 
que  fait  auffi  ,  toutes  les  quinzaines ,  le  vicomte  de  Ron- 
cheville  ,  à  l'alternative  ;  mais  on  va  à  Pont-FEvêque 
pour  les  affaires  dont  le  bailliage  d'Auge  doit  prendre 
connoiflance.  Le  fel  de  brouage  pour  le  département 
des  villes  &  pays  fitués  fur  la  Seine  ,  arrive  à  Honfleur 
dans  les  vaifleaux  du  parti ,  &  il  eft  déchargé  &  mis  en 
grenier  dans  trois  vaftes  magafins.  Cependant  cette  ville 
n'a  pas  fon  franc  falé  ;  mais  elle  eft  exempte  de  taille.  On 
y  fait  force  dentelles-,  ainfi  que  dans  les  paroiffes  de  la 
campagne  voifine.  *Corn.  Dift.  Mémoires  drejjés  fur  les 
lieux  ,  en  1 704. 

Cette  ville  s'appelle,  dans  les  anciens  titres ,  Honne- 
FLEUR  &  HuNNfcFLORUM.  Elle  étoit  déjà  connue  dès 
l'an  1 200  ,  &  depuis  elle  a  été  célèbre  par  fes  navigateurs 
qui  ont  tait  des  voyages  &  des  découvertes  dans  le  nou- 
veau monde,  &  aux  côtes  les  plus  éloignées.  * Lon- 
guerite ,  Defcr.  de  la  France ,  l.  part.  p.  76. 

HONGLOS  ,  rivière  de  la  Sarmatie  ,  en  Europe, 
félon  YHiftoire  mêlée  ,   1.  19. 

HONGRIE.  Plufieurs  géographes  ont  diftingué  deux 
Hongries  ;  l'une  en  Afie,  l'autre  en  Europe.  De  l'Ifle,  dans 
fa  Carte  d'Afie  pour  l'hiftoire  de  Genghiz-Kan,  a  mar- 
qué la  Hongrie  Afiatique  ,  qu'il  nomme  LA  GRANDE 


HON 


HONGRIE ,  &  la  met  à  l'orient  de  la  Bulgarie  en  Afie. 
Comme  la  Bulgarie  eft  entre  le  Wolga  &  la  montagne 
de  Caf,  qui  eft  une  branche  de  l'Imaùs  des  anciens ,  la 
Hongrie  Afiatique  eft  entre  cette  montagne  &  l'Irtisch, 
entre  les  g}6  &  les  100e  d.  de  longitude ,  entre  le  50e  &C 
le  55e  d.  de  latitude. 

La  Hongrie  en  Europe,  eft  bornée  à  l'occident  par  la 
Stirie,  l'Autriche  &  la  Moravie  ;  au  nord,  par  la  Polo- 
gne ;  à  l'orient  &  au  midi,  par  la  Turquie  d'Europe.  Sa 
longitude  eft  environ  depuis  le  3 s;e  d.  jusqu'au  44e  d.  3' ; 
&  (à  latitude  feptentrionale  eft  depuis  le  45  e  jusqu'au 
de-là  du  49e. 

Ce  royaume  ,  qui  répond  à  une  partie  de  l'ancienne 
Pannonie  &  de  laDacie,  fut  occupé,  au  cinquième  fié- 
cle  ,  par  les  Huns ,  enfuite  par  les  Lombards,  qui  pafle- 
rent  de-là  en  Italie.  Les  Esclavons  fe  répandirent  dans 
la  Hongrie  ,  &  allèrent  s'établir  aux  environs  de  la  Saxe. 
Dans  le  même  tems,  les  Avares  ou  Abares  s'en  rendirent 
maîtres.  Charlemagne,  &  Louis  le  Débonnaire,  fon  fils, 
les  fournirent  en  partie.  En  891  ,  les  Hongrois,  fortis'de 
la  Tartarie ,  vinrent  s'établir  dans  ce  pays ,  &  lui  don- 
nèrent leur  nom.  Geifa  ,  Fun  de  leurs  chefs  ,  embrafla  le 
Chriftianisme,  en  969;  &  S.  Etienne,  fon  fils,  fut  proclamé 
roi  de  Hongrie,  en  1000.  C'eft  donc  à  cette  année  que 
commence  le  royaume  de  Hongrie.  Les  fuccefleurs  de 
S.  Etienne  profitèrent  de  toutes  les  occafions  qu'ils  eu- 
rent de  s'aggrandir,  &  firent  fi  bien,  que  leur  domination 
s'étendoit  depuis  les  monts  Crapac  jusqu'à  la  Thrace» 
Ainfi  ,  dans  ce  fens ,  la  Hongrie  étoit  fort  grande. 

Elle  comprenoit, 

La  Hongrie,  La  Croatie,' 

La  Transilvanie,      La  Bosnie, 
La  Moldavie,  La  Dalmatie,' 

La  Valaquie  ,  La  Servie, 

ci  la  Bulgarie. 

Ce  fut  la  quatrième  famille  qui  l^aggrandît  ainfi  ;  car  Char- 
les-Robert, fils  de  Charles-Martel,  roi  de  Sicile,  fk  dé 
Marie,  fille  d'Etienne  V,  étant  demeuré  roi  paifible, 
&c  couronné  en  13 10,  fournit  au  royaume  de  Hongrie  la 
Dalmatie,  la  Croatie,  la  Servie  ,  la  Bulgarie,  la  Rascie 
&.  la  Bosnie.  Mais  les  grands  accroiffemens  de  l'empire 
Ottoman  diminuèrent  peu-à-peu  cette  belle  monarchie. 
Avec  le  tems ,  elle  s'affoiblit,  foit  parce  ce  qu'il  s'en 
détacha  des  provinces  entières ,  (bit  parce  que  les  Turcs 
en  envahirent  d'autres.  La  Servie  &  la  Bosnie  eurent 
des  rois  particuliers  qui  furent  afîujettis  par  le  Turc.  La 
Dalmatie  fut  auffi  la  proie  des  Ottomans  qui  la  prirent, 
à  la  réferve  des  places  maritimes ,  dont  les  Vénitiens  fe 
font  farfis  le  long  du  golfe.  La  Valaquie  &C  la  Moldavie 
fe  donnèrent  des  vaivodes  indépendans  des  rois  de  Hon- 
grie ;>&  la  Tiaiifilvanie  s'en  fépara,  en  1541  ;  de  forte 
qu'il  n'eft  refté  à  la  Hongrie  que  la  Hongrie  proprement 
dite  ,  avec  la  Croatie  &f  l'E^clavome.  Encore  a-t-on  vu 
dans  les  années  1 679  &  1 680 ,  les  Turcs  fi  avancés  au 
nord  qu'ils  afîiégerent  enfuite  la  capitale  de  l'empire.  Le 
"Wag  &  le  Rab  étoient  alors  les  bornes  des  deux  empi- 
res. Mais  ces  progrès  reffembloient  à  ceux  de  la  mer,  qui 
quelquefois  s'enfle  ,  &  fort  de  fon  lit  pour  y  rentrer  peu 
après ,  comme  nous  verrons  ci-defious. 

La  petite  république  de  Ragufe  eft  auffi  un  démem- 
brement de  ce  royaume ,  auquel  elle  appartenoit  dans 
les  tems  florifians ,  dont  nous  avons  parié. 

C'eft  à  cette  grande  monarchie  Hongroife  qu'il  faut 
Tapporter  les  Notices  fuivantes.  La  première  eft  une  No- 
tice eccléfiaftique ,  qui  regarde  les  évêchés  ;  l'autre  con- 
cerne les  comtés.  Il  y  a  en  Hongrie  deux  archevêchés, 
favoir  : 

1.  GrAN  ou  Strigonie.  Son  prélat  eft  primat  du 
royaume  ;  fes  fuffragans  font  , 


Aggna,  Agnenfis, 
Cinq-Eglifes  ,  Quinque- 

Ecclejîa, 
Vesprin ,  Vesprimienfis, 


Javarin ,  Javarienjîs , 
Waitzen,  Vacieiifis^ 
Neitta,  Nitrienjis. 


a.  Colocza  ;  fes  fuffragans  font, 

Bath  ,  Bathienfis  ,   uni    Bosna,  Bosnenfs.  Lefiégé 
à  Colocza.  a  Jaycza, 

Agram^ 


HON 


BON 


Àgram  ou  Zagrab,  Ta-  Chonad,  Chanadienjîs , 

grabienjîs,  Sirmich,  Sirmienfis , 

Le  grand  Varadin ,  ^<z-  Backow,  Bachovienfis  dans 
radienjls ,  la  Valachie. 

Pourla  Croatie  &  la  Dalmatie  eft  l'archevêque  de  Zara, 
Jadrienfis  ;  Ces  fuffragans  font , 

Ozero   ,     \AnfarenJLs    ou     Veglia,  Veglienfîs^ 
Abfarenjîs,  Arbe,  Arbenfis. 

L'archevêque  de  SPALATRO  ,  Spalatenfis ,  a  pour  fuf- 
fragans , 


393 


Segna ,  SegnienJFs , 
AlmifTa,  Almiffienjis  , 
Modruz,  Modrufienfis , 
Macarasca,  Macarienfis , 
Lefina ,  Pharenfts. 


Ragujinus  ,  a  pour  fuffra- 


Trau  ,  Tagurienfis , 
Scardone,  Scardonienjls, 
Tine,  Tininienfis, 
Nova,  Novenjts, 
Sebenico  ,   Sibinicenjîs , 
Temne ,  Temnenjîs , 

L'archevêque  de  Raguse  , 
gans, 

Sfagno,  Stagnenjïs,  Cattaro,  Catharienfis  , 

Caftronovo ,  Rofonenfls,     Labrazzo ,  Bacenjls , 
Tribigno,  Tribunicenjts,     Budua,  Biduanenfis. 

Cette  Notice  qui  fe  trouve  à  la  tête  de  l'Hiftoire  deHon- 
grie  d'Ifthuanffi,  eft  très-différente  de  celles  qui  fe  lifent 
dans  les  Recueils  ordinaires ,  &  particulièrement  de  celle 
du  P.  Briet. 

On  y  trouve  auffi  la  lifte  fuivante  des  comtés  de  Hongrie. 


Ung, 

Beregsaz, 

Ugocz  , 

Marmaros, 

szathmar, 

c  „,    „     ^   Mitoyen, 

Szolnoc'Î  Extérieur! 

Bihor, 

Krasnna , 

Ber, 

Bekes, 

Zarand , 

Chanad, 

torontal , 

Themeswar, 

Gran  ou  Strigonie  , 

Zeuren, 

Zemplin, 

Trinchin    ou  Tranc- 

ZIN, 
SoLTH , 

Kis-heves, 
NAhi-heves, 
Saros , 
Chongrad,  ouChon- 

GRAD, 

Haron , 
Maczo  , 
Orbacz, 
Krasso  , 
Orod  ou  Arad, 
Kovin  , 
Ztebernic. 


La  plupart  de  ces  comtés  fubfiftent  ;  mais  on  y  en  â 
ajouté  encore  quelques  autres,  comme  on  verra  dans 
les  chapitres  fuivans. 

La  couronne  de  Hongrie  a  été  long-tems  élective  ; 
mais  la  maifon  d'Autriche  en  ayant  chaffé  les  Turcs , 
l'a  rendue  héréditaire  ;  il  fut  déclaré  tel ,  en  687,  dans  les 
états  affemblés  à  Presbourg  ;  &  toute  la  nation  renou- 
vella  elle-même  cette  déclaration  en    1723. 

La  Hongrie  eft  divifée  en  quatre  parties  principales , 
favoir , 

La  haute  Hongrie,      L'Esclavonie, 
La  basse  Hongrie,      La  Transilvanië. 
On  pourroit  y  ajouter  la  Croatie. 

III.  La  Haute  Hongrie,  eft  la  plus  grande,  & 
répond  au  pays  des  anciens  Jazyges  Metanaftse ,  avec 
une  partie  de  la  Dacie.  Elle  eft  bornée  au  nord-oueft 
par  la  Moravie ,  &  au  nord  &C  au  nord-eft  par  la  Po- 
logne ,  dont  elle  eft  féparée  par  une  longue  chaîne  de 
montagnes  ;à  l'orient,  par  la  Pokutie  fk  la  Tranfilvanie; 
au  midi  &  au  couchant ,  par  le  Danube.  On  la  divife 
en  trente-quatre  comtés ,  dont  voici  les  noms. 

Comtés  de  la  haute  Hongrie , 


Sirmich  , 
Walko, 

POSGA  , 

Verocze, 
Baranya, 
Bach, 

BODROG , 

Tholna, 
Albe  royale, 
"Vesprin, 

SOMOGY, 

Szala, 

Sarvar  ou  Castel- 
ferrat  , 

SOPRON, 

Moson  , 
Javarin, 

CoMORRE, 
PlLICZ, 

Pest, 

Presbourg  ouPoson, 

NlTRIA, 

Bars, 

HONT, 

Novigrad, 

ZOLL  , 

Liptow, 
Arava, 
Thurocz, 

SCEPUZ, 

Thorn , 
"Wyvar  , 

BORSOD, 

Ghemer, 


Outre  ces  foixante-quatre  comtés  en  Hongrie ,  la  même 
Notice  en  met  trois  en  Esclavonie,  favoir, 

Creitz  ,  Zagrab  ou  Agram,  &  Varasdin. 

Et  fept  autres  dans  la  Tranfilvanie,  favoir, 

Kolos,,  Thorda, 

DOBOKA,  KlKELLO, 

ZOLNOC    INTERIEUR,     AbBeJvliE, 
6C  HUNYADE. 


I.  Poson  ou  Presbourg, 

II.  TranczinouTrans- 
chin, 

III.  Arva  ou  Arava  , 

IV.  Turocz, 

V.  Neytra  ou  Nitria, 

VI.  Bars, 

VII.  Novigrad, 

VIII.  Sag, 

IX.  Sol  ou  Newsoll, 

X.  GhemerouGoemer, 

XI.  Liptov, 

XII.  CzepuzouScepuz, 

XIII.  Saros, 

XIV.  GWINAR  , 

XV.  Torna, 

XVI.  Borsod  , 

XVII.  Hewez, 

XVIII.  Pest, 


XIX.  Bath, 

XX.  ZOLNOCK, 

XXI.  Chege, 

XXII.  Zemplin, 

XXIII.  Abanvivar: 
XXfV.  Ungvar, 

XXV.  Bereg-Saz, 

XXVI.  Maroma- 

ROS, 

XXVII.  Ugogh  ou 
Ugocz, 

XXVIII.  Zahtmar, 

XXIX.  Kalo, 

XXX.  Thurtur, 

XXXI.  Czongrad, 

XXXII.  Chonad, 

XXXIII.  Temes- 

WAR, 

XXXIV.  BODROG. 


Ces  trente-quatre  comtés  font  de  la  Hongrie  ,  fituée  au 
nord  6i  à  l'orient  du  Danube  ;  car  il  y  a  deux  maniè- 
res de  diftinguer  la  haute  Hongrie  de  la  baffe.  Les  uns 
mettent  dans  la  haute  tout  ce  qui  eft  au-delà  de  ce  fleuve, 
pour  parler  comme  les  anciens ,  qui  entendoient  ce  mot 
au-delà  par  rapport  à  Rome  &  à  l'Illyrie  ;  ainfi ,  à  la 
prendre  de  cette  façon,  on  pourroit  Tappeller,  comme 
quelques-uns  ont  fait ,  Trans-Danubiana  Hungaria  ;  ÔC 
la  baffe  Hongrie  contient  en  ce  cas  tout  ce  qui  eft  au 
midi  ùB»au  couchant  de  ce  fleuve,  &  peut  être  nom- 
mée par  la  même  raifon  Cis-D anubiana  Hungaria.  Et 
alors  la  bafj'e  Hongrie  eft  bornée  au  nord  &  à  l'o- 
rient par  le  Danube  ;  au  couchant,  par  l'Autriche  &  par 
la  Stirie ,  Sr.  au  midi  par  l'Esclavonie.  Il  y  a  quatorze 
comtés. 


I.  Baran, 

II.  TOLNA, 

III.  SlGETH, 

IV.  SlMIG, 

V.  PlLICZ, 

VI.  Albe  royale, 

VII.  Vesprin, 

VIII.  Gran    ou  Stri- 
gonie, 

L'Esclavonie  dont  nous  parlons  plus  amplement  en 
fon  rang  alphabétique,  comprend  fept  autres  comtés 
qui  font , 


IX.  Javarin     ou 
Raab, 

X.  Komore, 

XI.  Moson, 

XII.  Sopron  ouOe- 

DENBOURG, 

XIII.  Sarvar, 

XIV.  Salawar. 


I.  Varasdin. 

II.  Sago, 

III.  Creitz, 


VII.  Valpo'. 


IV.  Verocz, 

V.  Zagrab, 

VI.  Possega, 


A  quoi  il  faut  ajouter  le  duché  de  Sirmich. 

Tome  III.    Ddd 


394  HON 

Nous  venons  de  remarquer  qu'il  y  a  deux  manières 
de  partager  la  Hongrie  en  haute  &  en  baffe ,  en  pre- 
nant Tune  d'un  côté  du  Danube,  &.  l'autre  de  l'autre. 
De  l'Ifle,  dans  fa  Carte  de  Hongrie,  publiée  en  1717, 
prend  pour  la  haute  Hongrie  la  partie  feptentrionale , 
&  pour  la  baffe  Hongrie  la  partie  méridionale ,  de 
quelque  côté  du  fleuve  qu'elle  foit  placée  ;  &  c'eft  une 
différence  qu'il  étoit  bon  de  marquer  ici.  Mais  il  ne 
femble  pas  avoir  défini  fur  fa  Carte  les  bornes  qui  fé- 
parent  la  haute  Hongrie  de  la  baffe. 

La  Hongrie  fe  divife  en  Hongrie  Chrétienne  &  en  Hon- 
grie Turque  :  nous  n'aurions  jamais  fait,  fi  nous  voulions 
copier  les  diverfes  bornes  qui  les  ont  léparées  en  divers 
tenis.  Il  y  a  eu  des  changemens  fi  fréquens  &  fi  impré- 
vus ,  que  les  frontières  ont  fouvent  été  reculées  & 
rapprochées  de  part  &;  d'autre,  en  très-peu  de  mois  ;  mais 
pour  connoître  celle  de  l'état  préfent  ,  il  fiiffit  de  rap- 
porter le  règlement  qui  a  été  fait  à  ce  fujet,  à  la  paix  de 
Paffarowitz. 

»  Article.  I.  Les  deux  empires  feront  bornés  comme 
»  ci-devant  par  les  montagnes  du  côté  de  la  Molda- 
»  vie  &  de  la  Walaquie,  aux  frontières  de  Pologne 
»  &  de  Tranfilvanie  ;  de  forte,  qu'on  ne  changera  rien 
»  à  cet  égard  aux  anciennes  limites.  La  partie  de  la 
»  Walaquie ,  fituée  en-deçà  de  l'Alaut  avec  les  lieux  & 
»  la  forterefle  de  Temeswar  demeurera  à  l'empereur  ; 
»  de  forte  que  la  rive  orientale  de  l'Alaut  appartienne 
»  à  l'empire  Ottoman  ,  &  l'occidentale  à  l'empire  Ro- 
»  main.  L'Alaut  fervira  de  borne  aux  deux  empires,  de- 
»  puis  l'endroit  où  il  fort  de  Tranfilvanie  jusqu'à  fon 
»  embouchure  dans  le  Danube  ;  enfuite  les  bornes  fe- 
»  ront  le  Danube  même  jusqu'à  Orfova ,  vis-à-vis  de 
»  l'embouchure  du  Timoch,  dans  le  Danube. 

»  Article  II.  A  dix  lieues  au-deffus  de  l'embouchure 
»  du  Timoch  feront  continuées  les  limites  ;  de  manière 
»  qu' Isperleckbanea  avec  fon  ancien  territoire  fera  à  la 
»  Porte ,  &  Rejfova  à  l'empereur.  De-là  en  tirant  en- 
»  tre  les  montagnes  vers  Parakin  ,  de  forte  que  Para- 
it kin  foit  à  l'empereur  &t  Rasna  aux  Turcs ,  &  parlant 
»  à  diftance  raifonnable  entre  les  deux  ,  on  avancera 
»  xeisljlolatz  ;  &  y  parlant  la  petite  Morawe  ,  le  long 
»  de  la  rive  citéneure  ,  on  avancera  jusqu'à  Schaback 
»  &  Bilana  par  terre  jusqu'à  Bedka  ;  de-là  tournant 
»  autour  du  territoire  de  Zokol  on  ira  à  Bellina  fitué 
>»  fur  le  Drin  ;  de  forte  que  Belgrade  ,  &  fon  territoire 
»>  Parakin  ,  IJlolat^ ,  Schaback ,  Bodka  &  Bellina  avec 
»  leurs  anciens  territoires  feront  à  l'empereur  ;  Zokol 
»>  &  Rasna  avec  leurs  anciens  territoires  demeureront 
»  aux  Ottomans.   Le  Timock  fera  commun  &  la  navi- 

•  gation  libre  aux  deux  nations. 

»  Article  III.  Tout  le  cours  de  la  Save ,  depuis  le 
»  Drin  jusqu'à  VZfnna  ,  avec  les  places ,  foit  ouvertes  , 
»  foit  fermées  ,  fur  l'une  Se  l'autre  rive ,  avec  leurs  an- 
»  ciens  territoires ,  appartient  à  l'empereur. 

»>  Article  IV.  Depuis  le  confluent  de  X'Zfnna  &  de 
»  la  Save  jusqu'au  territoire  du  Vieux  Novi  qui  eft  aux 
»  Turcs  ,  JaJ/énowiii  &  Dobi^e  fur  la  rive  orientale  de 
»  eette  riviereappartiendront  à  l'empereur  avec  leurs  an- 
»  ciens  domaines. 

»  Article  V.  On  lui  rend  auflî  les  territoires  du  Nou- 

*  veau  Novi,  fur  la  rive  occidentale  de  l'Unna,  du  côté 
»  de  la  Croatie. 

»  Article  VI.  Quant  aux  lieux  de  la  Croatie  fitués  à 
»  quelque  diftance  de  la  Save ,  ils  demeureront  pofledés 
»  de  part  &  d'autre ,  comme  ils  l'étoient  auparavant. 

Par  ce  traité  l'empereur  a  recouvré  une  partie  de  la 
Tranfilvanie ,  de  la  Walaquie ,  de  la  Bulgarie  ,  de  la  Ser- 
vie, de  la  Bosnie  &  de  la  Croatie. 

Il  y  a  auflî  la  Hongrie  Polonoife  ;  on  appelle  ainfi 
une  contrée  du  comté  de  Scepus  dans  la  haute  Hongrie. 
Elle  confifte  en  une  douzaine  de  bourgs  fk  villages  en- 
fermés dans  les  monts  Crapack  ,  ôcqui  appartiennent  à 
la  couronne  de  Pologne. 

La  Hongrie  eft  arrofée  par  un  très-grand  nombre  de 
rivières,  dont  les  principales  font  le  Danube,  la  Save  , 
la  Drave  ,  la Teisse  ,  le  Maros  ,  le  Raab  ,  le  Waag  , 
le  Graan,  la  Zarwise  :  elles  font  toutes  très-poif- 
fonneufes  ;  mais  leurs  eaux  font  très-  mal  -faines ,  ex- 
cepté celles  du  Danube.  L'air  n'y  eft  pas  fort  falubre  ; 
mais  la  terre  y  eft  très-fertile  en  grains,  en  vins,  en 
fruits  &  en  pâturages.  Les  vins  y  font  forts  &  déli- 


HON 


cîeux  ;  la  Hongrie  en  fournit  l'Autriche  Bc  la  Pologne  ; 
celui  de  Tokai  eft  exquis.  Les  pâturages  y  nourriffent 
une  très-grande  quantité  de  bœufs  &  de  chevaux.  On 
fournit  beaucoup  de  bœufs  à  l'Autriche.  Le  gros  gibier 
&  le  menu  y  font  fi  communs ,  que  pour  empêcher  le 
dégât  qu'ils  réroient  dans  les  campagnes,  on  laiffe  la  charte 
libre  à  tout  le  monde  ;  &  les  payfans  vivent  fouvent 
de  viandes  de  cerf  &  de  fanglier.  11  y  a  plufieurs  fontai- 
nes d'eaux  minérales  dont  on  a  fait  des  bains  à  plufieurs 
endroits.   Je  parle  des  mines  ci-après. 

Les  Hongrois  font  guerriers  ;  mais  on  les  aceufe  d'ê- 
tre cruels,  fuperbes',  vindicatifs,  &c  peu  unis  entre  eux. 
Les  gentilshommes  y  font  magnifiques  ,  &f  tous  aiment 
paffionnément  les  chevaux  ,  la  chaffe  &  la  bonne  chère.. 
Les  Hongrois  n'aiment  pas  les  Allemans  :  la  nobleffe 
y  eft  pourtant  attachée  en  apparence  à  la  mailon  d'Au- 
triche ,  pour  fe  garantir  de  l'oppreffion  des  Turcs ,  qui 
confiderent  autant  un  payfan  qu'un'gentilhomme.  La  plus 
grande  force  du  pays  confifte  en  cavalerie  légère.  Les  ca- 
valiers y  font  appelles  huffars  ,  &C  les  gens  de  p.ïed 
heiduques. 

Les  Hongrois  font  d'affez  belle  taille  :  la  langue  Hon- 
groife  eft  une  dialecte  de  l'Esclavonne ,  &  par  conféquent 
elle  a  quelque  rapport  avec  les  langues  de  Bohême ,,  de 
Pologne,  &  de  Ruine.  La  domination  impériale  a  rendu 
la  langue  Allemande  néceffaire  aux  Hongrois.  Presque 
toutes  les  villes  de  Hongrie  ont  deux  noms,  l'un  Hon- 
grois ,  l'autre  Allemand  :  ainfi  Pofone  &  Presbcurg ,  So- 
pron  &  (Ëdenbourg ,  Ofen  &  Bude,  5c  quantité  d'au- 
tres, ne  font  que  des  fynonimes.  C'eft  de-là  que  plu- 
fieurs ont  mis  dans  des  Cartes  géographiques  deux  villes 
pour  une  feule.  La  langue  latine  eft  ttè^-familiere  aux 
Hongrois.  Il  y  a  même  des  gens  qui  prétendent ,  farts 
beaucoup  de  fondement ,  que  de  tous  les  peuples  de 
l'Europe,  il  n'y  en  a  point  qui  prononcent  la  langue  latine 
d'une  manière  fi  approchante  de  l'ancienne  prononcia- 
tion Romaine,  que  les  Hongroise  La  religion  Catholi- 
que n'y  eft  pas  fi  généralement  profeftee  ,  qu'il  n'y  ait 
un  grand  nombre  de  Proteftans  de  diverfes  feftes  :  ils 
y  font  non- feulement  tolérés,  mais  protégés  par  l'em- 
pereur qui  leur  fait  droit ,  lorsqu'ils  fe  plaignent  des  eccîé- 
fiaftiques  zélés  qui  les  oppriment. 

Je  finirai  cet  article  par  une  lifte  alphabétique  des  prin- 
cipales mines  de  Hongrie  ,  dreffée  par  un  favant  qui 
les  avoit  parcourues  avec  beaucoup  de  curiofité. 

Mines  de  Hongrie.  ., 

Alt-Zol  ,  heu  éloigné  de  deux  milles  de  Newzol , 
fur  la  gauche  du  grand  fleuve  ;  elle  n'a,  à  la  vérité,  au- 
cune mine  ;  mais  on  y  trouve  des  grains  d'or  qui  s'en- 
gagent dans  les  racines  du  bled.  Il  y  a  eu  autrefois  dans 
le  pays  des  mines  d'or,  d'argent,  de  cuivre  fk  d'argent  vif. 

Amgesbheid  ;  ce  lieu  éloigné  d'un  demi  -  mille 
de  Newzol ,  a  une  mine  qui  appartient  à  un  particulier, 
qui  n'a  pas  le  moyen  de  la  faite  valoir. 

Andraschow  :  ce  lieu  auflî  éloigné  d'un  demi-miHe 
de  Newzol,  a  une  mine  de  cuivre  jaune  ;  elle  eft  parti- 
culière &r  appartient  à  "Waldbourg. 

Boinik.  produifoit  autrefois  du  fer  ;  maintenant  on 
n'y  trouve  qu'une  terre  rouge  figillée,  qui  eft  la  mère  du  fer. 

Botzar  a  des  mines  d'or. 

Bresnizç  eft  éloigné  de  deux  milles  de  Newzol ,  & 
a  de  mines  de  fer  qui  appartiennent  à  l'empereur. 

Bude  ;  une  tradition  confiante  porte  qu'il  y  a  eu  dans 
les  montagnes  voifines,  de  cette  ville,  des  mines  d'or, 

Dobsch,  à  deux  milles  de  Rofenav,  &  à  quinze 
de  Newzol ,  produit  du  vermillon  :  ce  lieu  appartient  à 
Waldbourg. 

Fecketiban  ou  Schvartzberg  ,  dans  le  comté 
.de  Sathmar,  a  dès  mines  d'argent,  parmi  lequel  il  y  a 
un  peu  d'or  mêlé.  On  ne  trouve  guères  que  trois-  grains 
d'or  dans  une  demi-livre  d'argent. 

Felsghebanou  Obërberg,  dans  le  même  comté 
de  Sathmar ,  a  une  mine  fort  abondante  d'or ,  d'argent 
&C  de  plomb.  C'eft  un  marchand  de  ce  lieu ,  nommé  Mi- 
chel Fony,  qui  la  pofTéde.  Dans  une  demi-livre  d'argent, 
on  trouve  jusqu'à  quatre  à  cinq  dragmes  d'or. 

Gran.  Voyez  ci-après  Strigonie. 

Helliar  ;  on  trouve  dans  fes  montagnes  ,  que  l'on 
appelle  AUgebuirgt  quelque  peu  d'argent  mêlé  avec  du 


KON 


HON 


cuivre.  Ce  lieu  appartient  à  des  particuliers  de  Wald- 
bourg.  C'eft  en  cet  endroit  qu'il  y  a  une  eau  qui  pétrifie. 

Jekob  ;  cette  mine  eft  abandonnée. 

Jesenach;  en  ce  lieu  l'on  tire  de  la  terre  cette  matière 
fourrée  que  les  Allemands  nomment  rug ,  6k  que  l'on 
transporte  à  Schemniz  après  qu'on  en  a  tiré  l'argent  par 
la  fonte. 

Lïbethen  ,  mines  à  deux  milles  de  Newzol 
abondantes  en  cuivre  jaune.  Elles  font  au  nombre  de 
trois  ;  la  première  eft  pofledée  en  commun  par  les  villes 
de  Libethen  6k  de  Newzol;  la  féconde  appartient  à  un 
gentilhomme  nommé  Rethen  ;  la  troifiéme  ,  appeilée 
Oberberg ,  appartient  à  la  ville  de  Waldbourg  6k  à  celle 
de  GrondcL 

LiBSK.  a  dans  fes  montagnes  des  mines  d'or  6k 
d'argent. 

LUPSCENS  ,  que  l'on  nomme  auffi  Lupscher  Scïfftn, 
à  deux  milles  de  Newzol,  eft  une  mine  d'airain  qui  n'eft 
encore  pas  ouverte;  elle  appartient  en  propriété  à  Michel 

LuPZOw,  autrement  Rofcnberg,  fournit  de  l'anti- 
moine. 

Medzibrod  ,  à  deux  milles  de  Newzol ,  eft  une  mine 
d'or,  qui  n'eft  pas  non  plus  encore  ouverte:  elle  appar- 
tient à  Maximilien-Conrad   Ruprecht. 

Necban,  ou  Newberg  ,  dans  le  comte  de  Zathmar, 
à  deux  milles  de  la  Tranfilvanie  ,  eft  une  mine  d'argent, 
avec  le  quel  il  y  a  de  l'or  mêlé  :  on  trouve  dans  une  demi- 
livre  d'argent  quatre  ou  cinq  dragmes  d'or.  On  bat 
monoie  dans  ce  même  lieu. 

Oberberg.  Voyez  Felscheban. 

Offen.  Voyez  Bude. 

REDERICH  eft  une  mine  dont  le  fer  eft  propre  pour 
la  fonte  ;  il  y  a ,  dans  ce  lieu ,  de  la  marcaflîte ,  que  l'on 
appelle  rieg. 

Richtergrund  ;  on  n'y  trouve  que  du  cuivre , 
encore  n'eft-il  pas  du  meilleur  ;  il  eft  éloigné  de  Newzol 
environ  un  mille.  C'eft  une  mine  particulière  qui  appar- 
tient à  la  ville  de  Waldbourg. 

Ronitsch  ,  eft  une  mine  de  fer  à  l'empereur:  elle 
eft  éloignée  de  quatre  milles  de  Newzol. 

ROSNAVO  ,  du  côté  à'Erlam  ou  Agria ,  à  quinze 
milles  de  Newzol,  produit  l'or  le  plus  pur  qui  foit 
en  ces  quartiers-là  ;  mais  les  différents  qui  font  entre 
les  magiftrats  6k  les  bourgeois  de  Waldbourg  pour 
la  pofteffion  de  cette  mine ,  empêchent  que  l'on  n'y 
travaille. 

Rosenberc.  Voyez  Lupkow. 

Sandberg,  mines  abondantes  en  cuivre,  diftanres 
tout  au  plus  d'un  mille  de  Newzol,  appartiennent  aux 
habitans  de  cette  ville.  Le  métal  que  l'on  tire  eft  en 
partie  noirâtre,  en  partie  jaune,  &  en  partie  verd. 
La  couleur  noire  marque  qu'il  y  a  de  l'argent  mêlé; 
les  autres  font  des  fignes  de  l'airain. 

Sceptjzie  a  dans  fes  montagnes  une  mine  de  plomb, 
mêlée  d'antimoine1 

Schalckendorf,  du  côté  de  ce  lieu,  à  un  demi- 
mille  de  Newzol ,  il  y  a  une  mine  d'argent  qui  appartient 
à  l'empereur  ;  mais  elle  eft  peu  abondante ,  6k  on  n'y 
travaille  peut-être  point  par  cette  raifon. 

Schertzensteinen  ,  mine  d'or,  à  un  demi-mille 
de.  Newzol:  c'eft  un  domaine  particulier  d'un  bourgeois 
de  Waldbourg  ;    6k  on  n'y  travaille  pas  encore. 

ScHMOELNIZ  ,  eft  une  mine  de  cuivre ,  à  laquelle 
on  travaille  beauconp;  fon  eau  vitriolique  après  avoir 
rongé  le  fer,  qu'on  y  met ,  prend  la  forme  de  l'airain. 
En  quoi  elle  eft  femblable  à  celle  de  Schtmm^ ,  qualité 
quavoit  aufïi  autrefois  celle  de  Libeth. 

Sennizen  ,  mine  tout  au  plus  éloignée  d'un  mille 
de  Newzol  ;  elle  produit  à  l'empereur  un  cuivre  jaune 
&  doux. 

Strigonie  ou  Gran:  fes  mines  d'or  font  éloignées 
de  trois  milles  ;  on  les  avoit  abandonnées  ci-devant  par 
la  crainte  des  Turcs  ;  mais  l'empereur  y  a  envoyé  des  gens 
pour  les  reconnoître,  Sien  reprendre  le  travail  ;  ôc  ils 
ont  réuffi. 

TeicHOLTZ,  à  trois  milles  de  Newzol,  a  des  pierres 
d'aimant. 

Vers  Teioba  à  un  mille  de  Newzol ,  fur  le  chemin 
de  Kremnitz  ;  auprès  d'une  fontaine  ,  on  a  découvert 
.quelques   veines  de  vif-argent,    qui    ont  été  négligées 


39? 

jusqu  ici.  i  out  auprès  il  y  a  dans  la  terre  un  foufrê 
rouge. 

Toicai  ,  montagnes  fertiles  en  or  ;  les  branches 
des  vignes  de  ce  pays  ,  6k  les  pampres  mêmes  con- 
tiennent fouvent  de  petites  pailles  d'or;  mais  le  profit 
certain  que  l'on  trouve  dans  le  vin  de  Tokai ,  qui  eft 
plus  précieux  que  l'or  ,  fait  que  l'on  néglige  l'espé- 
rance incertaine  du  gain  que  l'on  pourroit  faire  en  ouvrant 
ces  mines. 

WElSCHOw,  lieudiftant  de  quatre  milles  de  Newzol, 
produit  un  excellent  antimoine  qui  croit  entre  quelques 
veines  d'or  ,  qui  ,  par  leur  petitefle  ,produifent  peu  de 
profit.  On  a ,  en  quelque  forte ,  abandonné  cette  mine  ,  à 
caufe  des  voleurs  qui  rodent  dans  les  bois  des  envi- 
rons; elle  appartient  à  Michel  Sturian,  homme  de  confi- 
dération. 

Enfin ,  on  peut  dire ,  que  non-feulement  les  monta- 
gnes de  la  Hongrie  produifent  de  l'or  ,  mais  encore  que 
les  fleuves  ,  les  rivières  ,  les  ruifîeaux,  6k  les  fontaines 
en  portent  ;  le  Danube  en  eft  une  preuve  fenfible  ;  car 
on  voit  que  les  eaux  y  entraînent  des  montagnes  une 
partie  de  leurs  tréfors. 

HONNEAU.  Voyez  Honeau. 

I.  HONNECOURT,  Hunnicuria,  Hunnoms  curia; 
abbaye  d'hommes,  en  France,  de  l'ordre  de  S.  Benoît , 
aux  confins  de  l'Artois  ,  6k  duCambrefis,  fur  l'Escaut; 
à  quatre  lieues  de  Cambrai,  au  midi,  &  à  une  du  Catelet. 
Elle  fut  fondée  vers  l'an  660,  par  Amalfride,  ouAmal- 
bert,  puiffant  feigneur  en  Cambrefis,  6k  en  Norman- 
die, félon  Balderic,  Iperius  &  Maibranck.  S.  Aubert, 
évêque  de  Cambrai ,  6k  fon  fucceftèur  Vindician  ,  favori- 
ferent  beaucoup  fes  defleins,  ci  y  établirent  des  reli- 
gieufes  de  l'ordre  de  S. Benoît,  ausquelles  ils  donnèrent 
pour  abeffe  S.  Auftraberthe ,  descendue  de  Wagon, 
comte  dePonthieuck  deHesdin.  Auriane, ou  Aure,  fille 
unique  d'Amalbert,  ayant  embrafté  l'état  monaftique, 
fucceda  à  Auftraberthe.  Iperius  rapporte  qu'après  la  mort 
d'Amalbert,  ck  de  Chilbertine  fa  femme,  &  d'Aurianne 
fa  fille  ,  les  abbés  de  S.  Bertin ,  attriftés  des  diffolutions 
des  religieufes  de  ce  lieu,  y  établirent  en  leur  place  des 
moines  de  leur  ordre,  ck  les  afîujettirent  à  leur  obéif- 
fance.  Du  tems  de  Charlemagne  ,  cette  abbaye  le  trouva 
presque  fans  moines  ck  fans  biens.  Les  châtelains  de 
Cambrai  s'appliquèrent  au  rétabliffement  de  ce  mona^ 
ftere  ,  ck  particulièrement  Eudes,  vers  l'an  911,  quoique 
Baldenc  femble  donner  à  entendre  que  ce  monaftere  fut 
changé  depuis  en  un  collège  de  chanoines,  quand  il 
dit:  Monajlerium  S.  Pétri  in  viUâ  Hunnulcurt,o//'ot 
religion-:  florens  ,   &  opibus,  pcjîyuà.m-  viris  militaribus 


hnefici 

n'eft  q 


beruilcialum 


canomeos  derivaïum.  Si 


que  cet  auteur  entende  monachos  fous  le  nom  de 
canonicos(\\y  a  apparence  que  canonici  veut  dire  ici  des 
réguliers  qui  vivoient  félon  les  canons.)  Quoiqu'il  en 
foit ,  il  eft  certain  que  les  feigneurs  de  Crevecceur  font 
regardés  comme  les  principaux  fondateurs  de  cette 
abbaye, qui, fans  les  guerres,  dont  les  frontières  font  le 
théâtre ,  ck  fans  la  nonchalance  de  fes  adminiftrateurs , 
ck  la  violence  de  fes  avoués,  ck  desfeisneurs  voifins, 
feroit  aujourd'hui  une  des  plus  opulentes  du  pays.  Gelic 
rapporte  que  fous  le  règne  du  roi  Philippe  de  Valois,  on 
trouva,  fous  un  marbre  du  vieux  cloître  de  cette  abbaye, 
une  cafaque  d'armes  garnie  de  tables  ou  lames  d'or, ck 
de  pierres  précieufès,  une  croix  émaillée  à  l'antique,  un 
heaume  d'or  ck  d'argent ,  avec  une  tablette  d'or  à  la 
tête  du  cadavre ,  qui  portoit  ces  mots  :  Odo  Kast* 
KaMBR.  H.  A.  Rest.  que  l'on  a  rendue  ainfi;  Odony 
Cajicllanus  Cumeracenfis  (autrefois  CambracaipS)  hujus 
Abbaiiz  rejlaurator.*  Le  Carpentier ,  Hift.  de  Cambrai 
6k  du  Cambrefis ,  part.  1,  c.  11. 

2.  HONNECOURT,  bourg  de  France, en  Picardie  , 
au  diocèse  de  Noyon ,  auprès  de  l'abbaye  de  Honneeourt. 
Il  y  a  environ  540  feux. 

HONOLSTEIN,  petite  ville  d'Allemagne,  dans 
l'électorat  de  Trêves,  à  une  lieue  6k  demie  de  Wel- 
dentz.  Elle  a  un  château  ,  6k  c'eft  le  chef-lieu  d'un  bail- 
liage de  l'éledtorat  de  Trêves.  *  Baudrand,  édit; 
1705. 

HONORATIANUM ,  lieu  d'Italie  ;  Anfonin  en  fait 
mention  dans  fon  Itinéraire,  6k  le  met  à  xviii.  M.  P.  de 
Venufe. 

HONORIADE  ,  Honorias  ,  contrée  de  l'Afie 
Totr.e  III.      D  d  d  ij 


HOO 


39S 

mineure.  Elle  fit  long-tems  partie  de  la  Bithyme ,  & 
n'étoit  pas  une  province  particulière  avant  l'empire 
d'Hononus ,  fuccefleur  du  grand  Théodofe  ;  mais  dans  la 
fuite  elle  devint  la  onzième  partie  du  royaume  de  Pont 
que  les  Romains  avoient  réduit  en  province.  Le  P.  Charles 
de  S.  Paul  fe  trompe  dans  fa  Géographie  facréc ,  lorsqu'il 
dit  que  l'empereur  Théodofe  divifa  le  Pont  en  huit  régions 
qu'il  mit  fous  la  jurisdiition  d'un  préfident,  &c  cite  Etienne 
de  Byzance,  comme  fi  cet  auteur  eût  dit  que  l'Honoriade 
en  étoit  une.  Etienne  ne  l'a  pas  dit.  L'Honoriade  ne  prit 
ce  nom,  que  fous  Honorius,  fuccefleur  de  Theodose,  &  le 
Pont  avoit  déjà  dix  parties ,  lorsque  l'Honoriade  y  fut 
ajoutée  :  elle  n'étoit  que  l'onzième.  Les  Notices  ecclé- 
fiaftiques  de  Léon  le  Sage  &  de  Hieroclès ,  nous  ont 
confervé  l'étendue  de  cette  province  ,  en  nommant  distinc- 
tement les  villes  qui  en  étoient. 
Il  y  avoit  fix  villes ,  favoir, 


HOR. 


Claudiopolis, 
Heraclée  du  Pont, 
Prufiade , 


Tios? 
Cratées  , 
Adrianople. 


C'eft  la  trente-deuxième province'de  l'empire  d'Orient, 
félon  Hieroclès.  Il  en  eft  parlé  dans  lesNovelles  &c  dans 
les  Conciles. 

HONOSCA ,  ville  maritime  de  l'Espagne  Tarrago- 
noife ,  entre  l'Ebre  &t  Carthagene,  félon  Tite-Live,  /.  22. 
On  foupçonne  que  c'eft  préfentement  Villa-Joyofa.  , 
bourgade  au  royaume  de  Valence,  dans  le  golfe  d'Ali- 
cante.  Je  ne  fais  fur  quoi  Corneille  fe  fonde,  pour  dire 
que  les  Géographes  en  font  perfuadés.  Ortelius  ne  le  dit 
qu'avec  un  peut-être  ;  &  Baudrand ,  qui  vrai  femblable- 
ment  eft  le  feul  géographe  que  Corneille  ait  confulté  fur 
cette  ville  ,  répète  le  peut-être,  &  dit  que  ce  n'eft  qu'une 
conjefture  &C  une  opinion  d'Ortelius.  Fortï . . .  ut  crédit 
Ortelius  ex  conjectura. 

HONSCOTTE ,  ville  des  Pays-bas ,  dans  la  Flandre 
Flamingante,  au  diocèfe  d'Ipres.  Elle  appartient  à  la 
France ,  depuis  fan  1667. 

HONSFELD  ,  feigneurie  des  Pays-bas,  dans  le  Luxem- 
bourg ,  à  deux  lieues  8c  demie  de  Vianden,  &  à  une 
demie  de  Clervaux.    *  Dicl.  géogr.  des  Pays-  bas. 

HONSLAERDYCK ,  ou  Honselaerdick  ,  belle 
maifon  de  campagne ,  dans  la  Hollande ,  proche  de 
Naeldvyck ,  à  deux  lieues  de  Delft  &  de  la  Haye.  Elle 
appartenoit  à  Guillaume  III ,  roi  de  la  grande  Bretagne. 
*Dict.géog.  des  Pays-bas. 

1.  HONT  (le)  ou  le  Hondt;  l'abbé  de  Longue- 
rue  écrit  LE  Honte,  ce  qui  eft  une  faute;  bras  de  mer 
qui  s'eft  introduit  dans  les  tetres  entre  la  Flandre  tk  la 
Zélande  par  l'embouchure  occidentale  de  l'Escaut.  On 
prétend  que  ce  n'étoit  autrefois  qu'un  canal  que  l'empe- 
reur Otton  II  fit  creufer  ,  en  980 ,  pour  la  commodité 
du  commerce  entre  la  Flandre  &C  le  Beveland  ;  &  cela 
demeura  en  cet  état  jusqu'en  l'année  1377,  qu'il  furvint 
une  fort  grande  inondation, laquelle fubmergea  plufieurs 
villages  en  cet  endroit, &  forma  ce  bras  de  mer,  tel  qu'on 
le  voit  aujourd'hui.  Voyezau  mot  ESCAUT.  *  Baudrand, 
«dit.  1705. 

2.  HONT,  (le  Comté  de)  contrée  de  la  haute 
Hongrie,  entre  les  comtés  de  Borfod  au  nord ,  de  Zem- 
blyn  à  l'orient,  de  Zabolcz  au  fud-eft,  de  Hewecz  au 
fud-oueft ,  &  de  Novigrad  au  couchant.  Il  y  a  beaucoup 
de  rivières  qui  l'arrofent  ;  il  n'y  a  que  des  bourgs  & 
villages.  Celui  dont  il  prend  le  nom  ,  eft  au  nord-eft  du 
comté  &  aunord-oueftdeTokai.  *De  ïljle  ,  Carte  de  la 
Hongrieiv^. 

HONT-BOSCH;  ('t)  on  nomme  ainfi  en  Hollande 
une  forte  digue  qu'on  a  élevée  dans  la  Nord-Hollande , 
pour  arrêter  la  mer  du  nord,  proche  duZybe.*  Dicl.  gêogr. 
des  Pays-bas. 

HONTON  ,  ville  d'Angleterre,  en  Devonsbire ,  aux 
confins  de  Dorfetshire  ,  à  quatre  lieues  d'Exceter,  du  côté 
de  l'orient.  On  y  tient  marché  public ,  &  cette  ville  envoie 
fes  députés  au  Parlement.  L'Etat  prefent  de  la  grande 
Bretagne,  t.  i,p.^,  nomme  ce  lieu  Honiton.*.Bûu- 
drand  ,  éd.  de  \~IO^. 

HOOGSTRATE  ,  gros  bourg  ou  petite  ville  des 
Pays-bas,  dans  le  Brabant ,  à  fix  lieues  d'Anvers ,  &t  à 
trois  de  Breda,  avec  titre  de  Comté.  Ce  lieu  n'a  point 
de  murailles  ;  &C  à  un  quart  de  lieue  de-là    eft  un  château 


remarquable  fur  la  rivière  de  Merk,  qui  de-là  paiTe  à 
Breda,  &■  fe  jette  dans  la  Meufe.  Le  comté  de  Hoog- 
ftrate  comprend  17  ou  18  villages.  *  Le  P.  Boufjingaut, 
Voyage  des  Pays-bas. 

HOORN.  Voyez  Horn.  1. 

HOPING  ,  ville  de  la  Chine  ,  dans  la  province,  de 
Quanton ,  au  département  de  Hoeicheu,  quatrième  métro- 
pole de^la  province.  Elle  eft  de  2  d.  50'  plus  occiden- 
tale que  Pékin,  par  les  23  d.  59'  de  latitude.  *  Atlas 
Sinenjis. 

HOPLIAS ,  &  Hoplites  ,  rivière  de  Grèce  ,  danj 
la  Béotie.  Dacier ,  {Hommes  illuftres ,  t.  4  ,  p.  278,  Vit 
de  Lyfandre,)A\t  Oplite  fans  aspiration.  Voici  comment 
il  rend  le  pafTage  ,  où  Plutarque  parle  de  cette  rivière. 
Pendant  que  l'armée  étoit  campée  en  cet  endroit,  on 
rapporte  qu'un  Phocien  racontant  cette  bataille  à  un  autre 
qui  ne  s'y  étoit  pas  trouvé ,  lui  dit  que  les  ennemis  les 
avoient  chargés  ^lorsque  Lyfandre  avoit  déjà  paffel'Oplite. 
Comme  il  en  étoit  fort  étonné  ,  il  y  eut  un  Spartiate  , 
ami  de  Lyfandre ,  qui  l'ayant  entendu,  lui  demanda  quel 
étoit  cet  Oplite;  car  Une  connoifloit  point  ce  nom. Le 
Phocien  lui  répondit:  c'eji  l'endroit  où  les  ennemis  ont 
renversé  &  tué  fur  la  place  nos  gens  les  plus  avancés  ; 
car  le  ruijfeau  qui  pajfepres  des  murailles  de  la  ville,  eft 
appelle  Oplite.  Ce  que  le  Spartiate  ayant  entendu,  il  fondit 
en  larmes,  Se  s'écria:  Qu'il efl difficile  à  l'homme  d: éviter 
fa  déjlinée!  -car  autrefois  il  avoit  été  rendu  à  Lyfandre 
un  oracle  qui  portoit  en  propres  termes  :  Je  t'ordonne 
d'éviter  fur-tout  le  bruyant  Oplite  &  le  fils  de  lateire% 
le  dragon  rusé  qui  vient  frauduleusement  affaillir  par  der- 
rière. D'autres  difentquel'Oplite  n'eft  pas  ce  ruifïèauqui 
paiTe  près  d'Haliarte,  mais  que  c'eft  un  torrent  qui  va 
vers  Cheronée  ,  fk  qui  fe  jette  dans  le  fleuve  Phliarus  , 
près  de  la  ville.  On  l'appelloit  autrefois  Oplias ,  Se 
aujourd'hui  on  le  nomme  ljomantus.  Or  celui  qui  tua 
Lyfandre  ,  étoit  un  officier  d'Haliarte  qui  s'appelloit  Neo- 
chorus  &  qui  portoit  fur  fon  bouclier  un  dragon  ,  & 
c'eft  ce  qu'il  femble  que  l'oracle  vouloit  faire  entendre. 
Ce  paflage  de  Plutarque  eft  l'unique  connoiflance  que 
nous  avons  de  ce  ruifîeau  &  de  ce  torrent. 

HOPLITES,  tribu  de  l'Attique,  dont  Hérodote ,  /.y, 
&  Pollux,  /.  8  ,  font  mention. 

HOQUIANG  ,  forterefle  de  la  Chine ,  dans  la  pro- 
vince de  Queicheu,  audépartement  de  Tucho ,  huitième 
métropole  de  la  province.  Elle  eft  plus  occidentale  que 
Pékin ,  de  9  d.  45'  ,  parles  26  d.  40'  de  latitude.  *  Atlas 
Sinenjis. 

HOR ,  montagne  d'Ane ,  dans  l'Arabie  pétrée  ,  aux 
confins  de  l'Idumée.  C'eft  fur  cette  montagne  qu'Aaron 
eut  ordre  du  Seigneur  de  monter  pour  fe  réunir  à  fes 
pères.  Il  y  mourut  ,  &  y  fut  enterré.  *  D.  Calmet , 
Dift.  Deuteronom.  c.  32,  v.  50.  Numer.  c.  20,  v.  26  J 
c. 27,  v.  13. 

HORACITjE,  'p_p*x/T<a,  ancien  peuple  de  l'Illyrie, 
félon  quelques  éditions  de  Polybe.  Il  faut  lire  Thora- 
CIT£   *  Ortel.  Thtf. 

HORjE  ,  ville  ancienne  de  la  Calabre  ,  félon  Curo-  " 
palate.  *  Ortel.  Thef. 

HORiEA  ,  ville  &  port  de  la  Carmanie,  félon  Arrieri 
dans  fon  Périple.  C'eft  peut-être  I'Ora  de  Ptolomée. 
*  Ortel. 1ht(. 

HORAS  ,  lieu  d'Italie,  au  pied  des  Alpes,  fur  le  Pô, 
félon  Cedrene  fk  Curopalate.  *  Ortel.  Thef. 

HORATjC,  peuple  des  Indes,  félon  Pline;  ils  avoient 
une  ville  fort  belle  entourée  de  fofles  &  de  marais. 
•Or*/.  Thef. 

HORBATII,  ancien  nom  deshabitans  de  la  Croatie; 
les  Crabates ,  félon  Lazius.  *  Ortel.  Thef. 

HORBOURG  ,  bourg  de  France,  dans  la  haute  Alface, 
au  diocèse  de  Balle,  fur  la  rivière  d'Ill,  à  environ  une 
lieue  de  Colmar.  On  foupçonne  que  c'eft  un  refte  de 
l'ancienne  Argentaria.  Voyez  ce  mot.  Le  domaine  utile 
de  Horbourg  appartient  au  duc  de  Wurtenberg. 

HORDAHA,  rivière  de  la  Thuringe ,  félon  Vignier,' 

dans  fa  Bibliothèque  hiftoriale.  Il  cite  Fortunat ,  comme 

ayant  fourni  ce  nom.  *  Ortel.  Thef. 

HORDEONIUM  ou  Herdonia.  Voyez  Erdonia. 

HORDONIENSES,  peuple  d'Italie  ,  dans  l'ancienne 

Pouille  ,  félon  Pline,  ou  plutôt  félon  Ortelius ,  qui  y  a 

trouvé  ce  nom,  /.  3,  c.  11.  Il  faut  lire  Herdonienfes. 

i.HOREB,  Mêlant  montts,  montagne  d'Afie,  dans 


HOR 


HOR. 


l'Arabie  petrée,  félon  D.  Calmet,  D'ici,  fi  proche  du 
mont  Sinaï,  qu'Horeb  Si  Sinaï  ne  femblent  être  que 
.deux  coteaux  d'une  même  montagne.  Sinaï  eft  à  l'orient, 
ex  Horeb  au  couchant  ;  enlbrte  qu'au  lever  du  foleirl, 
celle-ci  eft  couverte  de  l'ombre  de  Sinaï.  Horeb  a  deux 
ou  trois  belles  fources,  Si  quantité  d'arbres  fruitiers  fur 
fon  lommet,  au  lieu  que  Sinaï  n'a  point  d'autre  eau  que 
celle  des  pluies.  C'eft  à  Horeb  que  Dieu  apparut  à  Moyfe, 
dans  le  buiflbn  ardent.  (')  C'eft  au  pied  de  la  même 
montagne  ,  que  Moyfe  frappa  le  rocher ,  Si  en  tira  de 
l'eau  pour  désaltérer  le  peuple.  (  b  )  Enfin  c'eft  au  même 
lieu  qu'Elie  fe  retira,  pour  éviter  la  perïèeution  de  Jeza- 
bel.  ( c  )  Il  eft  dit  allez  fouvent  dans  l'Ecriture ,  que 
Dieu  donna  fa  loi  aux  Hébreux  à  Horeb  (<*)  ,  quoiqu'ail- 
leurs  il  foit  marqué  expreflement  que  ce  fut  à  Sinaï  , 
parce  que ,  comme  nous  l'avons  dit ,  Horeb  Si  Sinaï 
ne  faifoienten  quelque  forte  qu'une  montagne.  *  (a)  Exod. 
c.  3  ,  v.  1,3.  (b)  Exod.c.  17  ,  v.6.  (c)  Reg.  1.  3 ,  c.  19, 

V.  H.  (d)  Ecclejiajlic.  c.  2  ,  v.  7.  Malach.  c.  4 ,  V.  4. 

1.  HOREB ,  (la  roche  d')  roche  dont  Moyfe  fit  fortir 
de  l'eau  pour  désaltérer  les  Israélites.  Voyez  l'article  pré- 
cèdent. 

HOREM,ville  de  Paleftine  ,  dans  la  tribu  de  Neph- 
thali,  félon  Jofué,  c.  19,  v.  38. 

HORESTI,  ancien  peuple  de  l'ifle  de  la  grande  Bre- 
tagne. Tacite,  in  Agricol.en  fait  mention:  on  croit  qu'ils 
occupèrent  le  pays  nommé  aujourd'hui  Eskedal  , 
EuSDAL ,  Si  LlDDAL.  C'eft  le  fentiment  du  P.  Briet, 
Parailtl.  1.  2 ,  partie  2 ,  c.  2  ,  p.  1 84 ,  qui  marque  Atte- 
KICH  Trimontium,  Si  le  GOLFE  DE  SOLVAY,  ItuntS 
JEfiuarium  ,  pour  les  principaux  lieux  de  ce  peuple. 

HORGEN ,  bailliage  de  SuilTe  ,  au  canton  de  Zurich, 
dans  la  partie  orientale  du  lac  de  Zurich  ;  il  eft  d'une 
fort  grande  étendue.  *  Etat  &  Délias  de  lu  Suifje , 
t.  X  ,  p.  27. 

HORICI  :  on  lit  ce  mot  dans  Etienne  le  Géographe, 
au  mot  Ei/cupoî.  Ortelius  remarque  que  c'eft  une  faute  pour 
Norici. 

HORIN  ,  petite  rivière  de  Pologne  ,  dans  la  Volhinie. 
Elle  prend  fa  îburce  au  fud-oueft  de  Zaslaw  qu'elle  arrofe, 
d'où  coulant  vers  le  nord  ,  elle  paffe  à  Oftrog  ,  à  Alexan- 
drie ,  8c  après  avoir  reçu  la  rivière  de  Sluczk ,  elle  va 
fe  perdre  dans  le  Przypietz  entre  Davido-w ,  Si  Horo- 
dak.  *CellariusPo\.  Descript.  Robert  de  Vaugondy,  Atlas. 
HORISIUS, rivière d'Afie dans  laMyfie,  quelque  part 
vers  la  Troade,  félon  Pline,  /.  5  ,  c.  32.  Il  le  nomme 
avant  leRhyndacus,  qui  eft  beaucoup  plus  connu. 

HORISON  ,  ou  Horizon.  Ce  mot  vient  du  grec  : 
il  fignifie  borneur,  parce  qu'en  effet  il  borne  la  vue. 
L'horifon  eft  un  grand  cercle  qui  nous  environne  &r 
dont  notre  œil  eft  le  centre.  Illéparela  partie  vifible  du 
ciel,  d'avec  celle  qui  ne  l'eft  pas. 

Il  eft  différent ,  félon  les  différents  points  de  la  terre 
où  l'on  fe  trouve.  Il  a  pour  pôle  deux  points ,  l'un  au- 
deflus  de  notre  tête  ;  c'eft  le  point  vertical,  que  les 
Arabes  appellent  rénith,  &  l'autre  directement  oppofé 
«jue  l'on  nomme  dans  la  même  langue  nadir. 

Il  y  a  deux  fortes  d'horifons ,  l'un  rationel ,  intelli- 
gible ,  ou  agronomique  ;  l'autre  vifuel ,  ou  fenjîble.  Le  der- 
nier eft  celui  qui  borne  notre  vue,  lorsque  nous  fommes 
en  plaine  campagne  ,  c'eft-à-dire  l'étendue  que  nous  pou- 
vons découvrir,  de  tous  côtés  fur  mer  ou  dans  une  plaine, 
lorsque  la  vue  n'eft  bornée  par  rien. 

L'horifon  rationel ,  ainfi  appelle;  parce  qu'il  ne  peut 
être  conçu  que  par  l'entendement ,  eft  un  grand  cercle 
concentrique  à  la  terre  ,  c'eft-à-dire  qui  a  le  même  centre 
qu'elle  &  dont  les  deux  pôles  répondent  au  {énith,  Si 
au  nadir  du  lieu  dont  il  eft  l'horifon.  Il  partage  la  terre 
en  deux  parties  égales ,  qu'on  nomme  hemifpheres ,  dont 
l'un  eft  appelle  fupérieur  &  vifible,  l'autre  inférieur  6* 
invijible.  Le  fupérieur  eft  celui  où  nous  fommes  ;  l'infé- 
rieur eft  celui  où  font  nos  Antipodes. 

Quoique  ces  deux  fortes  d'horizon ,  le  vifuel  ouVaJlro- 
nomique  ,  foient  fi  différens  à  l'égard  de  la  terre ,  ils  ne 
le  font  pas  confidérablement  à  l'égard  du  ciel  ;  car  quoi- 
que l'on  ne  voye  pas  entièrement  la  moitié  du  ciel ,  la 
différence  eft  très-petite ,  eu  égard  à  toute  la  vafte  étendue 
du  ciel. 

Comme  ce  cercle  n'eft  appelle   horizon  qu'à  l'égard 


397 

change  auilî ,  fk  qu'il  y  a  autant  d'horizons  qu*il  y  a  de 

points    différens    fur  le    globe.  Un  voyageur  n'a  jamais 

rigueur  mathématique.  S'il 


du  point   de 
s'enfuit    qu'en 


terre  qui  lui    tient  lieu  de  centre ,    il 
prenant     un    autre  point  ,    l'horizon 


le  même   horizon  ,  da 

avance,  par  exemple  ,  vers  f orient  ,  il  découvre  de 
ce  côté-là  des  parties  du  ciel  qu'il  ne  voyoit  pas  aupa- 
ravant ;  Si  il  en  perd  autant  de  l'autre  côté ,  parce  qu'il 
ne  peut  jamais  voir  plus  de  la  moitié  du  ciel. 

L'horizon  étant  un  cercle  variable  ,  on  auroitdû,  ce 
femble ,  le  représenter  fur  lafphere  Si  fur  les  globes  ,  par 
un  cercle  que  l'on  pût  mouvoir  en  tous  les  fens  imagi- 
nables ;  cependant,  pour  plus  de  facilité,  on  le  repréfente 
toujours  par  un  cercle  fixe.  C'eft  un  grand  cercle  de  bois 
fort  large  ,  plat  par  deffus  ,  avec  deux  entailles  qui  fer- 
vent à  y  faire  entrer  le  méridien,  qui  eft  un  grand  cercla 
de  cuivre.  Ce  cercle  large  eft  posé  fur  les  colonnes 
qui  foutiennent  lafphere  ou  le  globe;  Si  on  y  colle  du 
papier,  où  fontrepréfentés  trois  cercles  contigus  &  inté- 
rieurs l'un  à  l'autre.  Le  plus  intérieur  eft  divisé  en  trois 
cent  foixante  degrés  ou  parties  égales,  avec  les  figu- 
res de  douze  fignes  du  zodiaque;  le  fécond,  qui  eft 
celui  du  milieu,  contient  les  douze  mois  avec  leurs  jours, 
les  fept  lettres  de  l'alphabeth  ,  qui  marquent  le  nombre 
d'or ,  puis  les  principales  fêtes.  Il  y  a  des  globes  fuf 
l'horizon  desquels  il  y  a  trois  calendriers  d.fférens; 
le  premier  eft  celui  de  Jules  Céfar ,  qui  eft  l'ancien  ;  le 
le  fécond  celui  de  Grégoire  XIII,  qui  a  tâché  de 
remettre  les  équinoxes  Si -les  folftices  au  même  point 
qu'ils  étoient  au  teins  du  concile  de  Nicée  ;  le  troifiéme 
calendrier  eft  celui  de  Scaliger,  qui  réduit  les  folftices  Se 
les  équinoxes  aux  mêmes  points  où  ils  étoient  au  tems 
de  la  naiffance  de  Jefus-Chrift.  Le  troifiéme  cercle,  ou 
le  plus  extérieur  des  trois,  fe  divife  en  trente-deux 
parties  égales  pour  le  nombre  des  vents;  diftributiondont 
fe  fervent  les  navigateurs  qui  partagent  leur  horizon  en 
trente-deux  vents. 

L'ufage  de  l'horizon  du  globe ,  ou  de  la  fphere ,  eft 
de  repréfenter  quel  eft  l'horizon  rationel  de  chaque  partie 
de  la  terre.  L  horizon  vifuel  Si  l'horizon  rationel  font 
toujours  parallèles  l'un  à  l'autre.  Le  vifuel  eft  plus  ou 
moins  grand ,  félon  l'élévation  du  lieu  où  l'on  eft.  Ce  que 
l'œil  peut  découvrir  de  laterreà  la  hauteur  d'un  homme 
de  cinq  pieds ,  quand  il  n'y  a  aucun  empêchement ,  eft 
d'environ  deux  lieues  Si  demie  communes  ,  lesquelles 
déterminent  le  demi-diametre  de  l'horizon  fenlible  à  cette 
hauteur.  Ce  demi-diametre  s'augmentera,  1Î  on  monte  fur 
une  tour.  Uhori[on  rationel  eft  toujours  de  la  même 
grandeur ,  quoiqu'il  change  de  place  avec  la  perfonne  dont 
il  eft  l'horizon  ;  mais  à  la  diftance  de  vingt  ou  vingt-cinq 
lieues  ,1a  différence  n'eft  pas  comidérable  à  l'égard  duciel. 
Les  différens  rapports  de  l'horizon  avec  la  fituation 
de  la  fphere,  lui  font  donner  divers  noms.  On  l'appelle 
horizon  droit ,  quand  il  paffe  par  les  pôles  du  monde  ,  Si 
coupe  l'équateur  à  angles  droits  ;  horizon  oblique  ,  quand 
un  des  pôles  eft  autant  élevé  au-defius  de  l'horizon  que 
l'autre  eft  abbaifle  au-de(îous  ;  Si  horizon  parallèle  ,  quand 
l'axe  du  monde,-  l'équateur  Si  l'horizon  font  unis  Sine 
font  qu'un  même  cercle;  Si  par  cette  railon,  toutes  les 
révolutions  du  mouvement  diurne  fe  font  parallèles  à 
l'horizon. 

i.  HORMA,  ville  de  la  Macédoine,  au  pays  des 
Albotes,  félon  Ptolomée,  /.  3  ,  c.  13.  Ce  même  peuple 
eft  nommé  Almopes ,  dans  quelques  exemplaires. 

2.  HORMA.  D.  Calmet,  Dicl.  de  la  Bible ,  dit Horma. 
ou  Herma  ou  H  arma  ,  Arama;  il  faudrait  écrire  Ckorma 
ou  Cherma  de  HS^n  anathéme  ;  cette  ville  s'appelloit 
Sephaat  avant  que  les  Hébreux  lui  euffent  donné  le  nom 
8 Horma ,  qui  fignifie  anathéme  5<  comme  nous  venons 
de  dire.  Voici  ce  qui  donna  lieu  à  cette  dénomination. 
Le  roi  d'Arad  (a)  ,  qui  étoit  Chananéen,  Si  habitoit  au 
midi  de  la  terre  promife,  ayant  attaqué  les  Hébreux,  les 
mit  en  fuite,  Si  prit  fur  eux  de  riches  dépouilles.  Alors 
les  Israélites  s'engagèrent  par  vœu  au  Seigneur  de  dévouer 
à  l'anathême  Si  d'exterminer  entièrement  tout  ce  qui  ap- 
partenoit  au  roi  d'Arad;  ce  qui  fit  donner  à  cet  endroit 
le  nom  d'Horma  (b).  Il  y  a  allez  d'apparence  que  ce  vœu 
ne  fut  exécuté  que  depuis  l'entrée  de  Jolùé  dans  la  terre 
promife.  On  trouve,  parmi  les  rois  qu'il  vainquit,  un  roi 
d'Herma  ou  d'Horma  (c)  ,  &  un  roi  d'Ared  ou  Arad. 
Horma  étoit  dans  la  Paleftine  (d)  Si  dans  la  tribu  de 
Siméon.  (a)  Judic.  c.  I  ,.  v.  17.  (|b)  Nurrur.  c.  21,  v.  3. 
(c)  Jofué,  c.  1%,  v.  14.  (d)  Jofui,  c.  15,  v.  30. 


HOP. 


o 

HORMANUS.  Voyez  Ormanus. 

HORMENIUS.  Voyez  Ormenius. 

HORMETIONI,  peuple  Barbare,  au  bord  de  la  mer; 
ils  avoient  pour  roi  Asceltus  ,  félon  l'Hijloire  mêlés, 
Î.16. 

HORMLE.  Voyez  Seleucie. 

HORMIjE  pour  Formi^e. 

HORMLE.  Voyez  Hyrmin^. 

HORMINIUS.  Voyez  Hypia. 

HORMIZA ,  village  de  l'Arabie.  Jofeph  en  fait  men- 
tion dans  fon  Hiftoire  de  la  guerre  des  Juifs ,  /.  i ,  c.  14. 

HORMUS,  lieu  de  laTheiMe,  affezprès  d'Iolcos, 
félon  Diodore ,  /.  4. 

1.  HORN  ou  Hoorn  011H0RNE,  ville  des  Provinces- 
Unies,  dans  la  Weft-Frife  ou  Hollande  feptentrionale , 
dont  elle  eft  la  capitale.  Elle  eft  fituée  au  bord  occiden- 
tal du  Zuider-Zée  ,  a  un  affez  bon  port ,  à  deux  lieues 
d'Edam.  Son  nom,  en  Hollandois,  lignifie  une  corne,  quel- 
ques-uns en  ont  cherché  l'origine  dans  la  reffemblance 
de  fon  ancien  port  avec  une  corne.  D'autres  la  tirent 
de  ce  que  le  même  mot  lignifie  auffi  un  angle  ou  un  coin; 
&  cette  ville  eft  fituée  dans  un  coin  ou  dans  un  enfonce- 
ment du  Zuider-Zée ,  qui  y  forme  un  golfe  entre  Edam 
&Enckhuyfe.  D'autres  difent  que  ce  nom  àeHorn  vient 
de  ce  qu'au  lieu  nommé  de  Kuyl ,  où  l'on  croit  que  la 
ville  a  commencé  ,  il  y  avoit  anciennement  trois  caba- 
rets ,  dont  le  principal  avoit  une  corne  pour  enfeigne. 
Quoi  qu'il  en  foit,  la  ville  commença,  vers  l'an  1300,  à 
être  bâtie  :  c'eft  du  moins  vers  ce  teins  que  l'on  com- 
mença à  |y  transporter  de  Danemarck  des  boeufs  mai- 
gres ,  que  Ton  engraiffe  dans  le  pays  ;  mais  ce  commerce 
ne  devint  floriffant  que  l'an  1389.  Vers  l'an  1313,  on 
bâtit  de  bois  l'églife  paroiffiale  ,  dédiée  à  S.  Cyr;  fix  ans 
après,  elle  fut  brûlée  par  le  tonnerre  ;  &  l'an  1 369,  on  la 
rebâtit  plus  grande  &  plus  belle  ,  fous  l'invocation  de 
S.  Jean-Baptifte  &  de  S.  Cyr.  En  1341  ,  l'ancien  port  ne 
fufhïant  point  pour  le  commerce  de  la  ville  ,  qui  00m- 
mençoit  à  y  attirer  de  gros  navires  ,  on  en  forma  un 
nouveau,  en  pouffant  une  levée  depuis  la  digue  de  la 
mer ,  jusqu'à  l'entrée  de  l'ancien  port  ,  afin  d'y  retirer 
en  fureté  les  navires  qui  ne  pouvoient  entrer  dans  la 
ville.  Ce  port  s'appelle  le  Vieax-Noiiveau-Port ,  Oudi- 
Nieuwe-Haven ,  pour  le  diftinguer  d'un  autre  que  l'on 
a  fait  depuis  ,  lequel  eft  très-vafte ,  &c  confifte  en  une 
grande  enceinte  de  piliers  enfoncés  dans  l'eau ,  &  liés 
enfemble ,  par  des  poutres  horizontales ,  avec  trois  en- 
trées &  deux  féparations.  En  13  56,  Guillaume  de  Ba- 
vière ,  comte  de  Hollande  ,  accorda  aux  habitans  de 
Horn  ,  pour  récompense  de  leurs  fervices ,  divers  privi- 
lèges ,  &  fur-tout  ceux  que  Florent  V  avoit  accordés , 
en  1188  ,  aux  habitans  de  Medenblick,  y  en  ajoutant 
quelques-uns  qui  regardent  la  réception  des  bourgeois. 
La  même  année ,  le  comte  Guillaume  leur  donna  abo- 
lition de  tout  ce  qui  s'étoit  paffé  durant  les.  guerres 
qu'il  avoit  eues  avec  fa  mère.  La  ville  eut  des  monafte- 
res  d'affez  bonne  heure  ;  on  y  en  fonda  deux  ,  en 
1385  ;  favoir  des  Hieronymites  &:  de  fainte  Agnès  , 
&  un  troifiéme  hors  la  ville  pour  les  réguliers ,  en  1 388  ; 
il  s'accrut  fi  bien  avec  le  tems ,  qu'il  fut  compté  entre 
les  plus  riches  &  les  plus  beaux  des  Pays-bas.  On  en 
fonda  trois  autres,  en  1400  ,  1 500  &  1600,  favoir,  fainte 
Catherine,  fainte  Cécile  &  fainte  Gertrude  ;  &huitans 
après,  celui  de  fainte  Marie.  Mais  l'églife  ,  qui  portoit  ce 
nom,  ne  fut  commencée  que  l'an  1416.  La  ville  de  Horne 
prenoit  toujours  un  nouvel  éclat.  Albert  de  Bavière,' 
s 'étant  bien  trouvé  du  fervice  qu'elle  lui  avoit  rendu  con- 
tre les  Frifons ,  qui  font  à  l'orient  du  Zuider-Zée ,  ac- 
corda à  fes  habitans  une  exempfion  de  péages  aux  doua- 
nes deSparendam&  deHeusden  ;  Guillaume  de  Bavière 
fournit,  en  7408,  à  la  jurisdiftion  du  magiftrat  de  Horne 
quelques  villages  qui  étoient  auparavant  fous  celle  du 
bailli  f  de  Medenblick.  Ces  villages  font  Berkhout ,  de 
Gooren  ,  Avenhorn  ,  Myfen  ,  Oudendyk  ,  de  Beets , 
Grojlhuyfen  &;  Scharwo'ude  ,  outre  quelques  hameaux. 
On  conserve  encore  les  lettres  qui  contiennent  cette  at- 
tribution. *  Mémoires  communiqués. 

L'accroiffement  d'Amfterdam  a  beaucoup  nui  à  la  ville 
de  Horn  :  Elle  a  attiré  le  principal  commerce  ;  les  oc- 
casions de  s'y  enrichir  étant  plus  fréquentes  qu'ailleurs , 
les  autres  villes  ont  perdu  beaucoup  de  négocians  qui 
leur  ont  préféré  le  féjour  fit  la  bourgeoilie  d'Amfterdam. 


HOR 


Horne  ne  lâifïe  pas  d'être  cûnfidérable  parplufîeurs  avarî» 
tages  qui  lui  font  attachés.  1.  C'eft  une  des  fix  chambre* 
de  la  compagnie  Hollandoife  des  Indes  orientales,  elle  a 
le  cinquième  rang ,  &  elle  poffede  environ  un  vingt-cin- 
quième du  fond  total  de  la  compagnie.  Elle  eft  compoféè 
de  fept  directeurs  ,  dont  fix  font  de  la  ville ,  &c  un  eft 
d'Alckmaar.  2.  C'eft  à  Horn  que  réfide  la  chambre  de 
Nord-Hollande ,  de  la  compagnie  Hollandoife  des  Indes 
occidentales  ;  cette  chambre  a  fix  directeurs  &  autres 
officiers.  3.  Elle  prend  beaucoup  de  part  à  la  pêche  de 
la  baleine.  4.  C'eft  l'abord  des  bœufs  que  l'on  amené 
de  Danemarck  fk  de  Holftein.  5.  Un  des  cinq  collèges 
de  l'amirauté  eft  alternativement  à  Horn  &  à  Enc- 
kuyfen. 

La  ville  de  Horne  a  cinq  portes ,  favoir  la  porté  oc- 
cidentale, Wcfter-Poort  ;  la  porte  de  l'eau ,  Water-Poôrt^ 
la  porte  orientale  ,  Hojler-Poort  ;  la  porte  aux  vaches  -t 
Roe-Poort;  &  la  porte  du  nord,  Noorder-Poort. 

Les  monafteres  ,  comme  dans  toutes  les  autres  ville» 
de  Hollande  ,  y  ont  changé  de  deftination.  Celui'  d« 
fainte  Agnès  eft  préfentement  la  Cour  du  Prince ,  't  Prin^ 
cen-Hoff;  celui  de  fainte  Gertrude  eft  le  Lombard  ou  la 
banque  des  emprunts  ,  celui  de  fainte  Catherine  eft  la 
monnoie  ,  celui  de  fainte  Marie  ,  eft  la  maifon  des  or» 
phelins,  celui  de  fainte  Cécile,  eft  l'école  latine. 

Horne  a  produit  plufieurs  hommes  célèbres  dans  là 
république  des  lettres  ;  entr'autres ,  Jacques  de  Jiorne  , 
qui  s'appella  Jacobus  Ceratinus ,  en  traduifant  fon  nom 
en  grec ,  à  la  manière  des  favans  de  ce  tems.  Il  étoit 
profeffeur  en  langue  grecque  ,  dans  l'université  de  Lou- 
vain,  où  il  mourut  en  1530.  On  a  de  lui  un  Diction- 
naire grec.  Pierre  Junius ,  père  d'Hadrien  Junius,  avoit 
commencé  une  hiftoire  de  Horne ,  fa  patrie.  Le  fils  mou- 
rut àMiddelbourg,en  1575.  Jacques  Dunius  mort  ver* 
l'an  1566,  Se  Pierre  Hogerbat,  docteur  enmédecine  de 
l'univerfité  de  Padoue,  ont  fait  des  poëfies:qui  font  im- 
primées. Théodore  Velius  a  fait  une  Chronique  de  Horne. 
Mais,  ce  qui  intéreffe  davantage  la  géographie,  Horne  eft 
la  patrie  de  Guillaume  Schouten,  qui  pouffant  au-delà 
du  détroit  de  Magellan ,  trouva  le  paffage ,  qu'on  a  nommé 
le  détroit  de  le  Maire,  en  1616. 

Corneille  fait  deux  articles  de  cette  ville  ,  favoir  ,' 
HOORN,  ville  de  la  Hollande,  dans  la  Wefi-Frife,  fur 
les  mémoires  du  père  Bouffingaut  ;  &  Horn  ,  ville  des 
Pays-bas ,  en  Hollande ,  article  tiré  du  Dictionnaire  de 
Maty.  Il  n'en  falloit  qu'un  ;  c'eft  la  même  ville  qui  eft 
dans  les  Pays-bas ,  &  dans  le  comté  de  Hollande  ci  dans 
le  pays  de  Weft-Frife. 

2.  HORN.  (l'isle  de)  Il  y  a  deux  ifles  de  ce  nom. 
Voyez  au  mot  IsLE  les  articles  fljle  de  Hoorn. 

3.  HORN,  petite  ville  d'Allemagne,  dans  la  baffe 
Autriche,  vers  les  confins  de  la  Moravie,  fur  unruiffeau 
nommé  Teffer  par  les  uns ,  &  Kamp  par  les  autres  ,  à 
neuf  milles  de  Vienne ,  &  à  quatre  de  Crembs.  Elle  a 
autrefois  appartenu  aux  feigneurs  de  Puechheim ,  &  les 
Proteftans  de  la  baffe  Autriche  y  ont  fouvent  tenu  leurs 
états.  *  Zcyler,  Auftr.  Topogr.  p.  22. 

4.  HORN ,  petite  ville  des  Pays-bas ,  au  pays  de  Liège 
entre  le  Brabant  Hollandois  &  la  Meufe ,  à  une  lieue  de 
cette  rivière  &  de  Ruremonde  ,  &  à  fix  de  Maftricht. 
C'eft  le  chef-lieu  d'un  comté  de  même  nom.  Baudrand 
n'en  fait  qu'un  bourg. 

<).  Le  comté  de  HORN  n'eft  pas  compté  entre  les 
dix-fept  provinces  des  Pays -bas  ;  néanmoins  il  en  fait 
partie,  étant  des  dépendances  de  Brabant,  &  fujet  au- 
jourd'hui de  la  maifon  d'Autriche.  Ce  comté  eft  borné , 
du  côté  du  nord ,  par  les  marais  de  Peel ,  &  par  la  terre 
de  Keffel ,  dépendante  de  Gueldres ,  &  cédée  au  roi  de 
Pruffe  &  à  la  maifon  de  Brandebourg ,  par  la  paix  d'U- 
trecht.  A  l'orient ,  la  Meufe  fépare  ce  comté  du  territoire 
de  Ruremonde  ,  qui  eft  de  la  Gueldre  Autrichienne, 
Au  midi  il  eft  borné  par  l'évêché  de  Liège  ;  à  l'occident 
il  a  le  même  évêché  &t  la  mairie  de  Bois-le-Duc.  Il  a 
fept  lieues  de  long  ,  fur  cinq  de  large.  Horn  qui  lui  donne 
le  nom ,  n'eft  qu'un  petit  bourg ,  peu  éloigné  de  la  Meufe» 
On  n'en  trouve  rien  avant  le  commencement  du  treizième 
fiécle.  Alors  Gérard  de  Limbourg  ,  fils  du  duc  Henri, 
étoit  feigneur  de  Horn  ;  &  on  le  nommoit  Gérard  dt 
Horn.  Ce  comté  vint  enfuite  au  pouvoir  de  Jean  I  du 
nom ,  duc  de  Brabant,  qui  le  donna  en  partage  &  en  fief" 
à  fon  fils  puîné  Guillaume,  qui  fut  comte  de  Horn.  La 


HOR. 


poftérité  masculine  de  Guillaume  finit  en  ïa  perfbnnê 
de  Jean ,  comte  de  Horn  ,  qui  vivoit  fous  Charles-Quint. 
Ce  comte  époula  Anne  d'Egmond ,  mère  de  Philippe  de 
Montmorenci ,  feigneur  de  Nivelle.  Ce  comte  n'ayant 
point  d'enràns ,  inftitua  héritier  Philippe,  fils  de  fa  femme. 
Ainfi  le  même  Philippe  fut  comte  de  Horn  &  feigneur 
de  Werth,  &  fit  battre  monnoie  d'or  &  d'argent,  mar- 
quée de  fon  nom  êk  de  fes  armes,  comme  feigneur  libre 
de  Werth  ;  &  parce  qu'Herman  de  Nieunart ,  comte  de 
Meurs  ,  prétendoit  au  comté  de  Horn ,  à  caufe  de  Jeanne 
de  Horn  ,  tante  du  dernier  comte  Jean  de  Horn  ,  la- 
quelle avoit  été  mariée  à  l'ayeul  de  Herman  ,  Philippe 
de  Montmorenci  affoupit  ce  différend,  en  époufant  Val- 
burge  de  Nieunart ,  fœur  du  comte  Herman. 

Herman  ekWalburge  avoient  eu  pour  père  Guillaume 
feigneur  de  \V  erth  ,  ck  par-là  la  feigneurie  de  Werth  fut 
unie  au  comté  de  Horn.  Quelques  prérogatives  qu'eût 
Philippe  dans  ce  comté,  il  ne  laiflbit  pas  de  reconnoître 
pour  fon  fouverain  Philippe  II;  &  ce  comté  étoit  fi  cer- 
tainement alors  fujet  du  roi  d'Espagne  ,  que  le  pape 
Paul  IV  en  ôta  la  jurisdiftion  fpirituelle  à  î'évêque  de 
Liège ,  ck  l'attribua  à  l'évêché  de  Ruremonde  ,  nouvel- 
lement érigé ,  en  leconnoifiant  que  ce  comté  étoit  fous 
la  domination  du  roi  d'Espagne  ,  de  forte  que  Philippe 
de  Montmorenci  ayant  été  exécuté  comme  criminel  de 
Jéze-majefté  ,  Fan  1568,  le  comté  de  Horn  fut  réuni  au 
domaine  du  roi  Philippe  II  ,  &  aujourd'hui  l'empereur 
Jofeph  II  en  eft  en  pofleffion.  Néanmoins  les  évêques 
de  Liège ,  qui  prétendent  que  ce  comté  a  été  un  fief  de 
leur  évêché  ,  prennent  encore  aujourd'hui  le  titre  de 
comtes  de  Horn  ,  fur  lequel  ils  n'ont  aucune  autorité , 
'ni  temporelle  ni  fpirituelle.  *Longuerue,  Descr.  de  la 
France,  i.  part.  p.  122. 

6.  HORN.  (le  cap  de)  Voyez  au  mot  Cap. 

7.  HORN ,  village  de  Suide ,  au  voifinage  de  la  ville 
d'Arbon.  Il  dépend  de  I'évêque  de  Confiance.  *  Etat  & 
délices  de  la  Suifje,  t.  3  ,  p.  157. 

8.^  HORN,  (la)  rivière  d'Allemagne,  dans  le  cer- 
cle électoral  du  Rhin.  Elle  a  plufieurs  fources  au  comté 
de  Bische  ,  dans  les  montagnes.  Elle  pafle  à  Bische  , 
d'où  ferpentant  vers  le  nord  ,  &  fe  chargeant  de  divers 
ruifleaux,  elle  entre  dans  le  bailliage  de  Deux- Ponts, 
fe  recourbe  vers  le  couchant,  pàfle  àHornbach,  où  elle 
reçoit  la  Schwalbe,  retourne  vers  le  nord,  reçoit  lePi- 
calt,  fck  quand  elle  eft  arrivée  au  couchant  ck  à  un  bon 
quart  de  lieue  de  la  ville  de  Deux-Ponts,  elle  reçoit  l'Er- 
bach,  elle  court  vers  l'oueft  pour  fe  joindre  à  une  rir 
viere  qui  vient  du  nord ,  avec  laquelle  elle  va  fe  perdre 
dans  la  Saare.  *Jaillot,  Atlas. 

HORNACOS,  bourgade  d'Espagne,  dans  l'Eftrema- 
dure.  Voyez  PHORNACIS. 

HORNBACH  ou  Horrenbach  ,  ville  d'Allema- 
gne ,  dans  le  cercle  électoral  du  Rhin  ,  au  duché  de 
Deux-Ponts ,  au  confluent  de  la  rivière  de  Horne  ,  avec 
la  Sdrwalbe,  à  deux  lieues  de  Deux-Ponts.  Il  y  a  une  ab- 
baye de  Bénédiftins ,  fondée  par  S.  Pirmin  ,  dont  le  corps 
y  repofe.  *  Zeyler ,  Palat.  infer.  Topogr.  p.  63. 

HORNBERG,  ancienne  ville  ck  baronnie  d'Allema- 
gne ,  dans  la  Forêt  noire ,  fur  la  rivière  de  Gutach ,  en 
tirant  vers  Schiltach ,  Wolffach  ck  Schranberg;  c'étoit 
autrefois  une  baronnie,  qui  avoit  fes  barons  particuliers. 
La  ville  appartient  au  duc  de  Wurtenberg.  Il  y  a  fur  une 
hauteur  deux  forterefles ,  dont  l'une  eft  habitée  par  le 
bailli  de  Wurtenberg ,  c'eft  la  nouvelle  ;  car  la  vieille 
eft  abandonnée ,  à  caufe  de  l'opinion  que  l'on  a  qu'il  y 
revient  des  esprits.  C'étoit  néanmoins  ci-devant  l'arfe- 
nal ,  le  magafin  6c  la  prifon.  *  Zeyler ,  Suev.  Top.  p.i,x. 

HORNBY,  bourg  d'Angleterre  ,  dans  la  province  de 
Lancaftre.  On  y  tient  marché  public.  *  Etat préfent  de 
la  Gr.  Bret.t.  I. 

HORNCASTLE,  bourg  d'Angleterre,  dans  la  pro- 
vince de  Lincoln.  On  y  tient  marché  public.  *  Etat  pré- 
fent de  la  Gr.  Bret.  t.  I. 

HORNDIEP ,  petite  rivière  des  Pays-bas  ,  aux  Pro- 
vinces-Unies. Elle  a  fa  fource  dans  le  pays  de  Drente, 
&  parte  à  Groningue  ,  où  elle  fe  jette  dans  l'Huntes. 
.   Baudr.  éd.  1705. 

(  Ce  n'eft  point  le  nom  de  cette  rivière.  C'eft  le  nom 
d'un  canal  que  l'on  a  creufé  pour  la  rendre  navigable, 
depuis  le  pays  de  Drente  jusqu'à  Groningue.  En  fortant 
de  ce  pays  de  Drente ,  elle  forme  une  ifle  nommée  Hoy- 


HOR  i99 

landt  ou  la  terre  du  foin.  Le  village  de  Hooren  eft  vers 
la  moitié  de  la  longueur  du  canal  ,  entre  cette  ifle  Se 
Groningue ,  ck  de-là  eft  venu  le  nom  de  Hoorensdiep , 
comme  il  eft  écrit  fur  les  Cartes  ,  &  que  Bàudrand  a  pris 
pour  le  nom  de  cette  rivière ,  quoiqu'il  ne  figmfie  que  le 
canal  de  Hooren. 

^  HORNDON  ,  bourg  d'Angleterre ,  dans  la  province 
d'Eflex.  On  y  tient  marché  public.  *  Etat  préfent  de  la. 
Gr.  Bret.  t.  I. 

HORNOY,  bourg  de  France,  en  Picardie,  dans  l'A- 
miennois. 

HORNSEY,  bourg  d'Angleterre  ,  dans  la  province 
dYorck.  On  y  tient  marché  public.  *  Etat  préfent  de  la. 

HORON^:.  Voyez  Oron*. 

HOROSSUS  ,  lieu  d'Afie.  Plutarque  le  nomme  dans 
la  Vie  de  Démétrius.  Ortélius  le  croit  en  Cilicie. 

HORP,  (le)  bourg- de  France,  dans  le  Maine,  dio- 
cèfe  6c  élection  du  Mans. 

HORREA ,  au  pluriel  ,  &  Horreum  au  fingulier. 
Voyez  Grange. 

HORRÉENS  ,  ancien  peuple  d'Afie  ,  près'  de  la  Pa- 
leftine ,  félon  D.  Calmet ,  Dictionnaire.  Ils  'habitoient 
au  commencement  dans  les  montagnes  de  Seir  ,  au-delà 
du  Jourdain  (a).^  Ils  avoient  des  chefs,  6k  étoient  déjà 
puifians  avant  qu'Efaù  eût  fait  la  conquête  de  leur  pays  0>\ 
D.  Calmet  dit  :  il  femble  que  les  Horréens ,  les  descen- 
dons de  Séïr  ,  fck  les  Iduméens  fe  confondirent  dans  la 
fuite,  ck  ne  compoferent  qu'un  leul  peuple.  Il  ajoute: 
on  trouve  le  nom  hébreu  Chori  ou  Chorim  (3nin  Cko- 
rim  ou  Horim,)  qui  eft  traduit  dans  la  Genèie  pur  H  or- 
rai ,  dans  plufieurs  endroits  de  l'écriture  (c) ,  en  un  fens 
appellatif ,  pour  fignifier  des  grands,  des  héros,  des  hom- 
mes puiffans  ;  &  il  y  a  afiez  d'apparence  que  les  Grecs 
ont  pris  de-là  leur  mot  Heroés,  de  même  qu'ils  ont  pris 
Anax ,  un  roi  des  fils  d'Enach  ou  Anach ,  fameux  héros 
delà  Paleftine.  *  (a)  Gtnef.  c.24,  v.  6;  (l>)  c.  16  v  20 
&30.  (c)A^.1.3,c.2i,v.8,n.  Esdras,c.i,v.t6; 
c.  4,  v.  14,  19;  c.  ?,  v.7.  c.  6,  v.  17;  EccLf  c.  10, 
v.  17.  Ifaie,  c.  34,  v.  12.  Jerem.  c.  27,  v.  20;  6-039, 
v.  6. 

HORRÉENSIS,  fiége  épiscopal  d'Afrique,  dans  la 
province  proconfulaire.  Avus ,  qui  en  étoit  évêque,  fous- 
criyit,  l'an  525  ,  au  fécond  concile  de  Carthage.  * Har- 
duin.  Colleft.  conc. 

HORREN  ,  lieu  d'Afie,  vers  l'Aflyrie  ,  félon  Ara- 
mien  Marcellm ,   /.  18,  in  fine. 

HOPvPvEUM  margi.  Voyez  Orrea. 

HORREUM,  petite  place  de  Grèce,  dans  la  Molos- 
fide  ,  aux  confins  de  l'Epire  &c  de  la  Theffalie  ,  félon 
Tite-Live,  /.  45  ,  c.  26.  Anicius  la  prit  avec  Phylace  & 
autres  places  de  ce  canton. 

HORSARA.  Voyez  Orsara. 

HORSENA.  Voyez  Orsena. 

HORSENS  ,  petite  ville  de  Danemarck  ,  dans  le 
Jutland  ,  au  diocèfe  d'Arhus  ,  au  fond  d'un  petit  golfe 
qui  s'avance  d'orient  en  occident  dans  les  terres ,  pour 
recevoir  quatre  ruifleaux  ,  qui  s'y  jettent  auprès  de  cette 
ville  :  l'entrée  de  ce  golfe  eft  entre  l'ifle  d'Endelo  & 
le  petit  Belt  ou  Middelfart.  *  Robert  de  Vaugondy 
Atlas. 

HORSHAM  ou  Horesham,  ville  d'Angleterre  au 
comté  de  Suffex  ,  aux  confins  de  Surrey.  On  y  tient 
marché  public  ,  &  fes  députés  ont  voix  en  parlement. 
* Etat  préfent  de  la  Gr.  Bret.  t.  I.  Bàudrand,  éd.  1705. 
L'HORT  -  DIEU  ,  Hortus  Dei  ,  petit  canton  de 
France ,  dans  les  Sevennes ,  vers  VAigoual  ou  ['Eperon, 
qui  en  font  les  plus  hautes  montagnes.  Il  y  croît  naturel- 
lement toutes  fortes  de  plantes  &  de  fleurs ,  même  des 
plus  belles  &  des  plus  curieufes  :  c'eft  ce  qui  lui  a  fait 
donner  ce  nom ,  qui  fignifie  jardin  de  Dieu. 

1.  HORTA,  ville  d'Italie.  Paul  le  Diacre,  de  Geflis 
Longobard.  1.  4,  c.  8  ,  dit  que  l'exarque  de  Ravenne 
fe  rendit  à  Rome ,  &  qu'à  fon  retour ,  il  reprit  poffés- 
fion  des  villes  que  les  Lombards  occupoient  ,  ravoir, 
Sutrium  ,  Polimartium  ,  Horta  ,  Tudertum  ,  Ameria  , 
Perujla,  Luceoli,  &C  autres  villes.  C'eft  L'HoRTANUM 
de  Pline.  Voyez  ce  mot. 

2.  HORTA  ,  ifle  d'Italie,  au  lac  de  Novare  ,  dans  la 
Gaule  Cifalpine,  félon  Sigonius,  Regn.  ltal.  1.  6.  Ceft 
là  que  Berenger  fut  confiné  par  l'empereur  Otton, 


4oo 


HOS 


HOT 


3.  HORTA  ,  ancienne  ville  d'Espagne,  dans  îa  Béti- 
<rue.  Petrus  Marfus  fonde  l'exiftence  de  cette  ville  fur 
ces  paroles  de  Silius  Italicus  ,7-3,  v.  394: 

Redim'uaque  facra , 
Nebride  &  Hortano  Mcsnas  noclurna  Lyao. 

Cellarius  méprife  cette  conjecture.  Un  commentateur, 
dit-il  ,  dérive  le  mot  Hortanus  de  Horta ,  petite  ville 
iituée  près  de  Nebriffa,  dont  aucun  autre  n'a  parlé.  Il  y 
en  a,  pourfuit-il ,  qui  le  dérivent  des  Orelains,  ab  Orc- 
tanis  Huera  &  halitu  abjulis.  On  peut  voir  d'autres 
conjectures  dans  le  Commentaire  de  Drakenborch. 

HORTANUM,  ancienne  ville  d'Italie,,  dans  l'Etru- 
rie,  félon  Pline,  A3,  c.  5.  On  croit  que  c'eft  V Horta. 
<le  Paul  le  Diacre ,  ôc  l'Horti  de  Léandre  :  c'eft  préfen- 
tement  un  évêché  dépendant  immédiatement  du  S.  Siège. 
Voyez  Orti. 

HORTENSES  ,  ancien  peuple  d'Italie ,  dans  le  La- 
tium ,  félon  Pline. 

1.  HORTENSIS,  fiége  épiscopald'Afrique ,  dans  la 
province  proconfulaire.  On  trouve  que  Donatus  en  étoit 
évêque.  * Harduin.  Colleil.  conc. 

2.  HORTENSIS  vicus,  village  delà  Gaule,  auprès 
d'Arles  :  c'eft  où  fe  tint  l'onzième  fynode ,  félon  Orte- 
lius,  Thefaur.  Voyez  Dura.  i,difiincl.  16. 

HORTES.  Voyez  Ortez. 

HORTIGA,  petite  rivière  d'Espagne  ,  dans  l'Eftre- 
madure.  Elle  naît  près  de  Calaméa  ,  &;  fe  rend  dans  la 
Guadiana,  près  de  Médelin.   *  Baudrand,  édit.  1705. 

HORTULUS  ;  le  jardina,  abbaye  des  Pays -bas  au 
diocèfe  de  Namur.  Voyez  ce  mot. 

HORTUS  :  ce  mot  ne  fîgnifie  en  latin  ope.  jardin,  & 
fignifie  un  lieu  fleuri  ci  charmant.  On  l'a  donné  par  cette 
raifon  à  un  canton  de  Sicile  auprès  de  Païenne  ,  à  un  lieu 
des  Sévennes ,  nommé  l'Hort-Dieu ,  &  à  quantité  d'au- 
tres endroits ,  qui  par  leur  beauté  naturelle ,  méritent  le 
nom  de  jardin.  Voyez  Jardin. 

HOSAAS,  (les)  peuple  de  l'Afrique  ,  danslaCafre- 
rie,  aux  environs  de  la  baie  de  Saldaigne.  Ils  nourris- 
fent  des  troupeaux.  *  Dapper,  Afrique,  p.  379. 

HOSjEA.  Voyez  Os^ea. 

HOSI ,  ville  de  la  Chine ,  dans  la  province  de  Iun- 
tian  ,  au  département  de  Lingan  ,  troifiéme  métropole 
de  cette  province  :  elle  eft  de  14  d.  19'  plus  occiden- 
tale que  Pékin,  à  14  d.  10'  de  latitude.  *  Atlas  Sinenjîs. 

Le  territoire  de  cette  ville  eft  fitué  au  midi  du  grand 
défert  de  Chamo.  Une  branche  des  Tartares Topa  s'em- 
para de  cetts  ville,  vers  le  milieu  du  troifiéme  fiécle  ,  & 
y  fonda  un  petit  royaume  ;  fa  poftérité  fit  plufieurs  con- 
quêtes fur  les  empereurs  de  la  Chine ,  battit  les  troupes 
de  Leamtcheou,  s'empara  de  cette  ville  Se  de  fon  ter- 
ritoire ,  vers  l'an  170  de  J.  C.  &  ces  fouverains  prirent 
le  titre  de  rois  du  Leam.  Ce  royaume  fut  détruit  par 
les  Sin  occidentaux,  vers  l'an  414.  *Foye^  l'Hift.  géné- 
rale des  Huns,  par  de  Guignes,  t.  1 ,  p.  198. 

1.  HOSPITAL  ;  (l's)  ne  fe  prononce  point  en  fran- 
chis ,  mais  bien  en  espagnol.  Ce  mot  autrefois  ne  figni- 
fioit  qu'hôtellerie ,  &  fe  prenoit  pour  un  lieu  où  les  voya- 
geurs trouvoient  à  boire ,  à  manger  &  à  loger,  en  payant. 
Plus  un  paflage  étoit  fréquenté  ,  plus  il  s'y  établiffoit 
d'auberges  ;  &  il  s'en  formoit  un  bourg  ou  une  ville  :  il 
y  en  a  qui  n'ont  pas  commencé  autrement,  &  elles  font 
fort  exactement  marquées  dans  l'Itinéraire  d'Antonin. 
Par  exemple  ,  Spire  a  commencé  par  une  auberge  qui 
n'a  rien  de  plus  remarquable  qu'un  poirier  ,  &  en  prit 
le  nom,  adpyrum;  il  en  eft  ainfi  de  quantité  d'autres. 
L'ordre  de  S.  Jean  de  Jérufalem  a  commencé  par  un  hô- 
pital ,  &eft  devenu  un  état  fouverain,  par  rapport  à  l'ifle 
de  Malthe  que  cet  ordre  pofféde.  Avec  le  tems ,  on  a 
diftingué  par  des  noms  particuliers  les  lieux  où  l'on  paye, 
de  ceux  où  l'on  eft  reçu  par  charité  ;  nous  appelions  les 
premiers  hôtellerie ,  auberge,  &c.  Les  Espagnols  les  nom- 
ment venta  ,  les  Allemands  herberg  ou  wirtsyhaus  ,  &c. 
Les  Latins  difoient  diverforium.  Nous  appelions  les  au- 
tres hôpital,  les  Espagnols  de  même;  les  Allemands^i- 
tal;  &  nous  appelions  hôtel- dieu  ceux  qui  font  defti- 
nésaux  malades.  Les  religieux  donnent  le  nom  à' hospice 
à  des  maifons  qu'ils  poffédent ,  &qui  fervent  de  retraite 
aux  voyageurs  de  leur  ordre  ,  ou  aux  religieux  dont  le 
monaftere  étant  placé  hors  de  la  ville ,  eft  menacé  de 


quelque  danger.  C'eft  ordinairement  une  maifon  qu'ils 
n'habitent  que  dans  les  cas  de  néceflité,  ou  dans  laquelle 
ils  font  encote  en  fort  petit  nombre.  Quantité  de  cou- 
vens ,  aujourd'hui  très-grands  &  très  -  bien  fondés  ,  ont 
commencé  par  être  un  hospice.  Le  monaftere  de  Port- 
Royal,  au  fauxbourg  S.  Jacques  à  Paris,  n'étoit  que  l'hos- 
pice de  l'abbaye  de  Port-Royal  des  Champs ,  qui  eft  dé- 
truite. Quelquefois  auffi  le  nom  ^hospice  fignifie  la  par- 
tie d'un  monaftere  ,  où  l'on  reçoit  les  hôtes  &  les  étran- 
gers. 

2.  HOSPITAL,  en  allemand^zw/, village  de  Suiffe. 
Voyez  Spital. 

HOSPITENSIS ,  fiége  épiscopal  d'Afrique.  On  ne 
fait  dans  quelle  province  ;  mais  la  Conférence  de  Car- 
thage  fait  mention  de  Benenatus  Hospitenjls.  La  Notice 
d'Afrique  nomme  auffi  Gedalius.  *  Harduin.  Collect. 
conc. 

HOST  ou  Hochst,  ville  d'Allemagne,  entre  Mayence 
&.  Francfort  fur  le  Mein  ,  à  un  mille  Germanique  de 
cette  dernière  ville  ,  affez  près  du  lieu  où  la  Nidda  fe 
jette  dans  le  Mein  ;  elle  appartient  à  l'électeur  de 
Mayence,  &  fut  bâtie,  en  1400,  par  l'archevêque  Jean, 
comte  de  Nafiow.  Nous  en  parlons  déjà  ailleurs.  *  Zey- 
ler ,  Mogunt.  Topogr.  p.  16. 

HOS1ERIA  de  l'Osa,  petit  lieu  d'Italie  ,  dans  la 
campagne  de  Rome ,  fur  la  petite  rivière  d'Ofa ,  à  trois 
lieues  de  Rome ,  vers  Tivoli.  Baudrand ,  édit.  1705,  dit 
qu'on  y  trouve  des  ruines  de  l'ancienne  Peda.  Voyez 
ce  mot. 

HOSTLE.  Voyez  OSTIE. 

HOSTICUM  ,  lieu  d'Afie,  vers  la  Perse  propre,  fé- 
lon Ammien  Marcellin  ,  /.  19. 

HOSTILIA,  ancien  village  d'Italie,  entre  Vérone  & 
Modene  ,  félon  Antonin ,  Itiner.  à  trente  mille  pas  de 
la  première,  &  à  cinquante  mille  pas  de  la  féconde.  Pline, 
/.  21 ,  c.iz,  dit  qu'il  étoit  fur  le  Pô;  &  Tacite,  Hift. 
I.  3,  9,  c.  14  6-40,  qu'il  dépendoit  de  Vérone.  Il  en 
parle  comme  d'un  lieu  voifin  de  Crémone.  Voyez  Osti- 

GLIA. 

HOSTUN ,  terre  &  feigneurie  de  France  ,  en  Dau- 
phiné  :  elle  fut  érigée  en  duché  fimple,  en  1712 ,  en  fa- 
veur de  Camille  d'Hoftun ,  comte  de  Tallart ,  maréchal 
de  France  ;  &  en  pairie ,  '  par  lettres  -  patentes  données 
à  Verfàilles,aumois  de  Mars  I7i5,regiftrées  le  2  d'Avril 
fuivant ,  en  faveur  de  Marie-Jofeph  ,  duc  d'Hoftun,  fils 
du  maréchal  de  Tallart.  *  Piganiol  de  la  Force,  Desav 
de  la  France,  t.  4, p.  39. 

HOSTUNIUM.  Voyez  Ostuni. 

HOTTENTOTS,  (les)  ou  Hotentôts,  ouHo- 
TENTOTES  ,  peuple  d'Afrique,  dans  la  Cafrerie,  près 
du  cap  de  Bonne-Esperance.  Nous  en  avons  déjà  dit 
quelque  chofe  à  l'article  de  Cap.  Dampier  dit,  que  les 
originaires  de  ce  cap  font  les  Hodmadods;  &c  il  croit  ce 
mot  corrompu  du  mot  Hottentot,  qui ,  félon  lui ,  eft  le 
nom  qu'ils  fe  donnent  les  uns  aux  autres  dans  leurs  dan- 
fes.  Ce  mot  qui  fignifie,  fans  doute,  quelque  chofe  dans 
leur  langage,  eft  devenu  leur  nom,  parce  qu'ils  le  répè- 
tent fans  celle ,  lorsqu'ils  daivfent. 

Voici  ce  qu'en  rapporte  le  P.  Tachard  ,  Voyage  de 
Siam,  p.  94,  édit.  de  Paris.  Les  habitans  de  la  pointe  mé- 
ridionale de  l'Afrique  ignorent  la  création  du  monde, 
la  rédemption  des  nommes  ,  &  le  myftere  de  la  très- 
fainte  Trinité.  Ils  adorent  pourtant  un  Dieu  ;  mais  la 
connoiffance  qu'ils  en  ont ,  eft  très-confufe.  Us  égorgent 
en  fon  honneur  des  vaches  &  des  brebis  ,  dont  ils  lui 
offrent  la  chair  &  le  lait  en  facrifice,  pour  marquer  leur 
reconnoiffance  envers  cette  divinité  qui  leur  accorde,  à 
ce  qu'ils  croient,  tantôt  la  pluie  ,  tantôt  le  beau  tems, 
félon  leurs  befoins.  Ils  n'attendent  point  d'autre  vie  après 
celle-ci.  Quoique  chaque  homme  ait  la  liberté  de  pren- 
dre autant  de  femmes  qu'il  en  peut  nourrir ,  il  ne  s  en 
trouve  pas  un,  même  parmi  les  plus  riches  ,  qui  en  ait 
plus  de  trois.  Ces  peuples  font  partagés  en  diverfes  na- 
tions, qui  ont  toute  la  même  façon  de  vivre.  Leur  nour- 
riture ordinaire  eft  le  lait  &  la  chair  des  troupeaux  qu'ils 
nourrifTent  en  grande  quantité.  Chacune  de  ces  nations 
a  fon  chef.  Cette  charge  eft  héréditaire  ,  &  pafie  des 
pères  aux  enfans.  C'eft  aux  aînés  qu'app; 
j~  r..~ — tr. —  .    fl.- 1 — r i'„„ 


artient  le  droit 


de  fucceffion  ;  &  pour  leur  conferver  l'autorité  &  le  res- 
peft,  ils  font  les  feuls  héritiers  de  leur  pères ,  les  cadets 
n'ayant  point  d'autre  héritage ,  que  l'obligation  de  fervir 

leurs 


HOT 


HOU 


leurs  aînés.  Leurs  habits  ne  font^  que  dé  fimplë's  péâux 
de  moutons  avec  la  laine,  préparées  avec  l'excrément  de 
vaches ,  ck  une  certaine  graiffe  ,  qui  les  rend  infuppor- 
tables  à  la  vue  ck  à  l'odorat.  La  première  nation  ,  en 
langage  du  pays ,  s'appelle  Souquas  ;  les  Européens  les 
appellent  Hotttntots  >,  peut-être  parce  qu'ils  ont  continuel- 
lement ce  mot  à  la  bouche ,  lorsqu'ils  rencontrent  des 
étrangers.  Comme  ils  font  agiles ,  robuftes  ,  hardis 
&  plus  adroits  que  les  autres  à  manier  les  armes  ,  qui 
l'ont  la  zagaye  Se  les  flèches ,  ils  vont  fervir  chez  les  au- 
tres nations  ,  en  qualité  de  foldats.  Les  éléphans ,  les 
rhinocéros ,  les  élans ,  les  cerfs  ,  les  gazelles  ,  les  che- 
vreuils ck  plusieurs  autres  fortes  d'animaux  font  très- 
communs  au  cap.  On  ne  manque  pas  de  ramafler  en 
certain  tems  le  miel  que  les  abeilles  font  dans  les  creux 
des  arbres  ck  des  rochers.  Les  Hottentots  étant  perfua- 
dés  qu'il  n'y  a  point  d'autre  vie  ,  ne  travaillent  qu'au- 
tant qu'il  faut  pour  paffè'r  doucement  celle-ci.  A  les  en- 
tendre parler,  lors  même  qu'ils  fervent  les  Hollandois, 
pour  avoir  un  peu  de  pain  ,  de  tabac  ou  d'eau-de-vie, 
ils  les  regardent  comme  des  esclaves ,  qui  cultivent  les 
terres  de  leur  pays,  &  comme  des  gens  fans  cœur,  qui 
fe  renferment  dans  des  maifons  ck  dans  des  forts  ,  pour 
fe  garantir  de  leurs  ennemis  ,  tandis  que  leur  nation 
campe  en  fyreté  par-tout  où  il  lui  plaît ,  au  milieu  des 
campagnes  &  des  plaines ,  fans  s'abaiffer  à  labourer  les 
champs.  Ils  prétendent ,  par  cette  manière  de  vie,  faire 
voir  qu'ils  font  les  maîtres  de  la  terre,  ck  les  plus  heu- 
reux peuples  du  monde,  puisqu'ils  font  les  feuls  qui  vi- 
vent en  liberté  ck  en  repos  ,  en  quoi  ils  font  confifter 
leur  bonheur.  Cette  prévention  n'empêche  pas  que  leur 
vie  ne  foit  très-mïférable.  Ils  font  mal-propres  jusqu'à 
l'excès,  ck  il  femble  qu'ils  s'appliquent  à  fe  rendre  af- 
freux. Quand  ils  veulent  fe  parer,  ils  fe  frottent  la  tête, 
le  vifage  ck  les  mains  de  la  fuie  de  leurs  chaudières  ;  & 
truand  ils  n'en  ont  pas,  ils  ont  recours  à  une  certaine 
graine  noire,  qui  les  rend  fi  puants  ck  fi  hideux,  qu'on 
ne  les  peut  fouffrir  ;  de-là  vient  que  leurs  cheveux,  qui 
d'ailleurs  font  naturellement  presqu'auffi  cotonnés  que 
ceux  des  Nègres ,  fe  réduifent  en  petites  boules  ,  aux- 
quels ils  attachent  des  pièces  de  cuivre  ou  de  verre.  Les 
plus  confidérables  ,  parmi  eux,  ajoutent  à  ces  ornemens 
degrands  cercles  d'y  voire ,  qu'ils  paffent  dans  leurs  bras 
au-deffus  ck  au-deffous  du  coude.  Leur  nourriture  eft 
<çncore  plus  furprenante  :  ils  fe  font  un  mets  délicieux 
ide  la  vermine  qui  s'engendre  dans  les  peaux  ,  dont  ils 
font  vêtus.  Les  pères  Jéfuites  difent  l'avoir  vu  plufieurs 
fois  ,  èk  que  fans  Cela  ils  n'auroient  pu  le  croire.  Les 
femmes ,  outre  cet  habit,  s'entourent  les  jambes  d'in- 
teftins  d'animaux  ou  de  petites  peaux ,  qu'elles  taillent 
pour  cet  ufage  :  elles  le  font  pour  fe  garantir  des  piquu- 
res  d'épines  ,  quand  elles  vont  dans  les  bois  ,  6c  pour 
avoir  un  remède  toujours  prêt  contre  la  faim ,  en  cas.  de 
befoin.  Leurs  atours  font  plufieurs  chapelets  de  raffa- 
gues  qu  d'os  de  différentes  couleurs ,  dont  elles  fe  font 
<les  colliers ,  des  ceintures  &c  quelques  gros  anneaux  de 
cuivre  qu'elles  portent  au  bras.  La  barbarie  n'a  pourtant 
pas  tellement  effacé  dans  ces  peuples  tous  les  traits  de 
l'humanité  ,  qu'il  n'y  refte  quelques  vertiges  de  vertu  ; 
jls  font  fidèles ,  ck  les  Hollandois  les  laiffent  entrer  li- 
brement dans  leurs  maifons  ,  fans  crainte  d'en  être  vo- 
lés. On  dit  néanmoins  qu'ils  n'ont  pas  cette  retenue  à 
l'égard  des  étrangers  ,  ou  des  Hollandois  nouveaux  ve- 
nus ,  qui  ne  peuvent  les  reconnaître  ck  les  faire  punir. 
Ils  font  bienfaifans  ckfécourables  ;  ils  n'ont  presque  rien 
à  eux  :  quand  on  leur  donne  quelque  chofe  ,  fi  elle  fe 
peut  divifer  ,  ils  en  font  part  aux  premiers  de  leurs  com- 
pagnons qu'ils  rencontrent  ;  ils  les  cherchent  même  à  ce 
deffein ,  ck  fe  réfervent  ordinairement  la  moindre  par- 
tie de  ce  qu'ils  ont.  Quand  quelqu'un  eft  convaincu  d'un 
crime  capital  parmi  eux,  comme  de  larcin  ou  d'adultère, 
le  capitaine  ck  les  principaux  s'affemblent  ;  &  après  avoir 
fait  le  procès  au  criminel,  ils  font  eux-mêmes  les  exé- 
cuteurs de  leur  fentence  ;  ils  le  tuent  à  coups  de  bâtons, 
chacun  venant  par  ordre ,  félon  fon  rang  Se  fa  qualité  , 
lui  donner  le  fien,  après  que  le  capitaine  par  honneur  a 
commencé;  ou  bien  ils  le  percent  avec  leurs  zagaies. 
On  dit  qu'ils  font  aftrologues  ck  herboriftes  ;  ck  des  gens 
dignes  de  toi ,  nous  affurerent ,  (difent  ces  pères ,)  qu'ils 
connoiffoient  affez  bien  le  ciel,  ck  qu'ils  diftinguoient 
les  fimples  »iême,  durant  la  nuit,  au  toucher  ckà  l'odo- 


401 

fat.  Ils  font  jaloux  de  leur  liberté  jusqu'à  l'excès.  IL  font 
gais  ,  vifs  ,  brusques  dans  leurs  paroles  ,  „ck  paroiffent 
avoir  de  l'esprit. 

Ils  ont  des  coutumes  très-bizarres.  Quand  une  femme 
a  perdu  fon  premier  mari ,  elle  doit  dans  la  fuite  fe  cou- 
per autant  de  jointures  de  doigts ,  en  commençant  par  le 
petit  ,  qu'elle  fe  remarie  de  fois.  Les  hommes  fe  font 
demi-eunuques  de  jeunefle  >,  prétendent  que  cela  fert 
beaucoup  à  conferver  ck  augmenter  l'agilité  :  ils  font 
tous  ou  chaffeurs  ou  bergers  ;  ceux-là  habitent  dans  des 
'cavernes ,  &  vivent  de  leur  charte  ;  ceux-ci  fe  nourris- 
fent  de  leurs  troupeaux  ck  de  leurs  laitages  :  ils  logent 
dans  des  cabanes  faites  de  branches  d'arbres ,  couver- 
tes de  peaux  ck  de  nattes ,  en  forme  de  tentes  ;  la  porte 
en  eftfibaïïe  qu'on  n'y  peut  entrer  qu'à  quatre  pïeds,  ck  là 
couverture  fi  peu  élevée ,  qu'on  ne  peut  s'y  tenir  debout. 
Quatre  ou  cinq  familles  logent  dans  une  de  ces  cafés,  qui 
n'a  qu'environ  cinq  ou  fix  pas  géométriques  de  tour ,  le 
feu  s'y  fait  au  milieu ,  ck  les  appartemens  ne  font  dis- 
tingués que  par  des  trous  creufés  en  terre  de  deux  pieds 
de  profondeur. 

Les  autres  nations  voifines  du  cap  font  les  Namaquas, 
dont  on  découvrit  le  pays  ,  en  1681  :  ils  font  braves, 
guerriers  ck  puiffans ,  quoique  leurs  plus  grandes  forces 
ne  partent  pas  deux  mille  nommes ,  portant  les  armes* 
Ils  font  tous  de  grande]taille  et  robuftes.  Ils  ont  un  bon  fens 
naturel  ;  ck  lorsqu'on  leur  fait  quelques  queftions,  ils  ne 
répondent  qu'après  avoir  bien  pefé  leurs  paroles,  Toutes 
leurs  réponfes  font  courtes  fck  accompagnées  de  gravité. 
Ils  rient  rarement  ck  parlent  fort  peu.  Les  femmes  pa- 
roifient artificieufes  ,  &  ne  font  pas  à  beaucoup  près  fi 
graves  que  les  hommes.  La  troifiéme  nation  eft  celle 
desUBiQUAS  ,  larrons  de  profeflion  :  ils  yolent  les  Afri- 
cains aufli-bien  que  les  étrangers.  Quoiqu'ils  ne  puiffent 
pas  mettre  cinq  cents  hommes  fur  pied ,  il  n'eft  pas  aifé 
de  les  détruire  ,  parce  qu'ils  fe  retirent  dans  des  monta- 
gnes inacceflîbles.  Les  GOURIQUAS  font  la  quatrième 
nation,  qui  n'eft  pas  fort  étendue  ;  leslLASiQUAS  font 
la  cinquième.  Ils  font  plus  étendus  ,  riches  ck  puiffans, 
ck  peu  verfés  dans  le  métier  de  la  guerre.  La  fixiéme 
nation  eft  des  Gouriquas.  Ce  font  de  grands  guer- 
riers. Lafeptiéme  eft  celle  des  Sousiquas  ck  des  Odi- 
QUAS  leurs  alliés. 

1.  HOU ,  (le  cap  DE  la)  cap  d'Afrique  dans  la  haute 
Guinée,  fur  la  côte  méridionale  ,  entre  Botrou  tk  Iflîni 
àl'eft  du  premier.  De  l'Ifle  écrit  Cap-la-Hou.  Le  P.  La- 
bat  en  parle  ainfi ,  t.  1 ,  p.  2.06.  Ce  cap,  où  commence 
la  côte  des  Bonnes-gens  ,  appelles  aufli  Qitaqua ,  n'eft 
qu'une  pointe  baffe ,  remplie  d'arbres ,  entre  lesquels  on 
en  diftingue  un  qui  s'élève  au-deffus  des  autres  ;  il  eft 
par  les  5  d.  io'  de  latitude  feptentrionale  ;  c'eft  environ 
la  moitié  de  la  diftance ,  qu'il  y  a  entre  le  cap  de  Palmes 
ck  celui  des  Trois- pointes.  *  Cote  de  la  Guinée  ,  par 
M.  Belin  ,  1746. 

1.  HOU ,  (la)  ville  d'Afrique  ,  dans  la  haute  Guinée, 
proche  le  cap  de  même  nom.  Elle  eft  grande  ,  bien 
peuplée  ,  ck  s'étend  l'espace  d'une  lieue  ,  le  long  de  la 
côte.  Les  habitans  font  doux  ck  fociables.  Ils  font  fou- 
vent  vifités  par  les  Anglois  ck  les  Hollandois  qui  vont 
acheter  leur  yvoire.  Une  lieue  à  l'oueft  de  la  ville,  on 
trouve  une  grande  rivière  ,  qui  fe  divife  en  deux  bras.  Le 
principal  fe  rend  dans  la  rivière  de  S.  André;  l'autre  coule 
à  l'eft  pendant  quelques  lieues.  Barbot  appelle  cette  ville 
Laho.  *  Bosman ,  p.  498  ,  Voyage  de  Barbot.  Côte  dt 
Guinée,  par  M.  Bellin  ,   1746. 

HO  VAL ,  royaume  d'Afrique.  On  l'appelle  auflî  SÉ- 
NÉGAL. Voyez  ce  mot. 

HOU  AT,  ifle  de  France  fur  l'Océan,  près  les  côtes 
de  Bretagne  ,  diocèse  de  Vannes  ,  à  quatre  lieues  de 
Belle-Ifle  :  elle  n'a  que  quatre  lieues  ck  demie  de  circuit. 
Il  y  a  un  village  Se  une  tour.  Laflotte  d'Angleterre  l'attaqua 
inutilement  en  1697,  pendant  plufieurs  jours.  L'air  y  eft 
fi  fain   qu'on  n'y  trouve  aucune  bête  venimeufe. 

HOUCOUAN;  c'eft  ainfi  que  l'on  prononce  ck  que 
l'on  devroit  écrire  le  nom  de  Huquang  ,  province  de  la 
Chine.  Voyez  HuQUANG. 

HOUDAN,  petite  ville  de  France  ,  dans  la  Beauce, 
au  diocèfe  de  Chartres ,  dans  l'élection  de  Montfort- 
l'Amauri,  fur  la  petite  rivière  de  Vegre  ,  à  douze  lieues 
de  Paris,  ck  à  quatre  de  Dreux.  C'eft  un  gouvernement 
particulier  du  gouvernement  militaire  de  l'ïlle  de  France. 
Tome  III.    Eee 


4o  z  HOU 

Il  y  a  une  manufacture  de  bas  de  laine.  Le  prieuré  de 
S.  Jean  de  Houdan  a  été  uni  à  l'abbaye  de  Colombe. 
On  trouve  dans  l'hiftoire,  que  le  roi  Robert  fit  bâtir  deux 
églilès  dans  cette  ville. 

HOVEN  ,  abbaye  de  filles  ,  ordre  de  Giteaux,  en 
Weftphalie,  au  pays  d'Eiffel.  " 

HOUGUE  ,  (la)  ou  la  Ho gue;  lufage  du  pays, 
plufieurs  auteurs,  entr'autres  l'abbé  de  Longuerue  ,1a 
grande  Carte  de  Normandie,  &■ celle  du  diocèse  de 
Coutance  ;  mettent  la Hougue ;  Huet,  Foucault,  &Bau- 
drand  ,  difent/a  Hogut.  Quant  à  fon  nom  latin,  ceft 
Ogas,  félon  Ordenc  Vital  ;  Ogigice,  félon  Cœnalis  ; 
Oglgies,  félon  Desrues;  Caput  Ogœ  ,  lelon  Baudrand 
&  Corneille  ;  &  Oga ,  félon  la  plupart  des  écrivains.  La 
Hougue  eft  un  cap  &c  port  de  mer  dans  la  Normandie, 
au  diocèfe  de  Coutance ,  fur  les  côtes  du  Cotentin ,  à 
trois  grandes  lieues  de  Vallogne,  &  près  delà  ville  de 
Cherbourg,  vis-à-vis  de  l'ifle d'Aldernai ,  entre Barfieur 
&;  Ifigni.  Cependant  il  n'y  a  ni  ville  ni  bourg  :  ce  n'eft 
qu'une  partie  d'une  paroiflé  qu'on  appelle  S.  Wafot;  mais 
c'eft  le  lieu  du  monde  le  plus  propre"  à  y  faire  une  place 
importante ,  foit  pour  le  commerce  ,  foit  pour  les  vaiffeaux 
de  guerre.  La  rade  en  eft  admirable ,  &  tous  ceux  qui 
font  éclairés  fur  'ce  qui  regarde  la  marine  &  la  naviga- 
tion, s'étonnent  qu'on  n'y  ait  pas  travaillé  &  qu'on  ait 
négligé  les  avantages  de  ce  lieu.  Au  refte  cette  cote 
produit  de  bon  poiffon  qu'on  transporte  en  divers 
pays.  Le  cap  de  la  Hougue  joint  presque  la  côte  fep- 
tentrionale  de  la  Normandie  avec  l'occidentale.  Le  port 
eft  défendu  par  un  fort  nommé  l'Ifle-à-Madame.  Ce 
fort  confifte  en  une  tour  avec  quelques  accompagne- 
rnens  ;  &C  l'on  y  tient  garnifon  pour  la  iûreté  des  vais- 
feaux  qui  y  font  retraite.  On  a  établi  fur  la  côte  plufieurs 
batteries  de  canon.  On  appelle  ordinairement  ce  port  la 
Hougue  S.  Waajl  ;  il  eft  mémorable  par  le  combat  naval 
où  les  Anglois  défirent  la  flotte  Françoife  commandée  par 
le  maréchal  de  Tourvilleen  1691. 
s  HOUGUES,  bois  de  France  ,  en  Normandie ,  au 
pays  de  Caux  ,  à  une  lieue  de  Fescamp.  Il  a  deux  lieues 
de  tour. 

-  HOULEFORT ,  baronnie  de  France ,  dans  le  Boule- 
nois,  érigée  en  duché-pairie,  fous  le  nom  de  Bour- 
nonville  ,  au  commencement  du  dernier  fiécle. 

HOULET ,  (  le  )  rivière  de  France ,  dans  l'Artois. 
Elle  descend  jusqu'au  Fort-rouge,  où  elle  fe  fépare  en  deux 
branches ,  dont  l'une  tirant  vers  l'eft ,  fe  va  rendre  dans 
la  rivière  de  Polincove  devant  le  château Henin.  L'autre 
branche  traverfe  le  gouvernement  de  Calais  jusques 
dans  les  foffés  de  cette  ville ,  après  avoir  pris  le  nom 
de  la  Marcq  ,  qui  eft  un  des  lieux  où  elle  paffe ,  & 
où  l'Oye  fe  joint  à  cette  branche  du  Houlet.  *  Corn. 
Dift. 

Le  canal  de  Calais  a  bien  dérangé  le  cours  de  cette 
rivière.  - 

HOULET-PANIAS  ,  petit  lac  de  Judée.  Il  eft  formé 
par  le  Jourdain.  Voyez  Meron  &t  Semechon. 

HOULME,  (le)  petit  pays  de  France,  dansla baffe 
Normandie  ,  entre  Domfront  &  Falaife.  Il  eft  borné 
au  feptentrion  par  la  rivière  d'Orne  ,  qui  le  fépare  de  la 
campagne  de  Caën  ,  à  l'orient  &  au  midi  par  le  pays 
des  Marches  ,  &  à  l'occident  par  le  pays  de  Bocage.  Il 
n'a  point  de  villes  ;  fes  lieux  les  plus  confidérables  font 
Briouze  ,  Pont-Ecrepin  §£  Carouge  :  le  terrein  eft  mon- 
tueux  &  de  mauvaise  qualité;  l'on  n'y  recueille  que  du 
bled  Sarazin:  il  y  a  quelques  pâturages  dans  les  fonds; 
la  principale  récolte  eft  en  pommes  dont  on  fait  du  cidre. 
On  voit  par  tout  ce  pays  de  grands  plants  de  pommiers 
qui  en  occupent  presque  tout  le  terrein.  Il  y  a  plufieurs 
mines  de  fer  &  plufieurs  forges.  Ce  pays  comprend 
l'éleftion  de  Falaise ,  dont  on  a  fait  le  titre  d'un  des 
cinq  archidiaconés  du  diocèse  de  Séez.  Quelques-uns 
prétendent  que  le  vrai  pays  de  Houlme  eft  aux  environs 
de  Rasne  &  de  Briouze. 

HOULOUVE ,  vallée  d'Afrique  de  l'ifle  de  Mada- 
gascar ,  vers  la  fource  de  la  rivière  de  Sacalite  qui  l'arrofe. 
Flacourt,  Hijl.  de  Madagasc.  c.  14^  p.  41  ,  parle  ainfi 
de  cette  vallée.  Le  pays  d'Houlouve  eft  vers  la  terre ,  à 
deux  journées  de  l'embouchure  de  cette  rivière.  Il  eft 
riche  en  bétail ,  ainfi  que  les  Mahafales.  On  tient  qu'il 
s'y  trouve  beaucoup  d'aigues-marines  &  d'amethiftes  de 
•couleur  de  fleurs  de  pêcher,  Se  plufieurs  beaux  cryftaux. 


HE  A 


HOURS :  Corneille  dit:  vallée  de  France,  dans  le 
Dnuphiné ,  près  de  Briançon.  Voyez  OuLX. 

HOUSSEL  ,  (le)  bourg  de  France,  dans  le  Maine, 
au  diocèse  du  Mans.  Il  y  a  un  prieuré  qui  «dépend  de 
l'abbaye  de  Marmoutier. 

HOWDON  ,  bourg  d'Angleterre  ,  en  Yorckshire.On 
y  tient  marché  public.  *  Etat  p refont  de  la  Gr.  Bretagne  t 
t.  1,  p.  12.7. 

HOXI ,  ville  delà  Chine, dans  la  province  deXer.fi, 
au  département  de  Kingyang  ,  (èptiéme  métropole  de  la 
province.  Elle  eft  plus  occidentale  que  Pékin ,  de  8  d. 
53'  par  les  37  d.  20'  de  latitude.  *  Atlas  Sinenjîs. 

HO"XTER:  Yo  fe  prononce  comme  oeu  ;  de  la 
vient  que  quelques-uns  écrivent  Heuxter ,  petite  ville 
d'Allemagne,  dansla  Weftphalie,  fur  le  Wefer,  fur 
lequel  elle  a  un  pont  de  pierre ,  aux  confins  du  duché 
de  Brunswig.  Le  nom  latin  eft  Huxaria  :  c'eft  peut-être 
ce  qui  a  engagé  Baudrand,  édit.  1705  ,  à  la  nommer 
Heuxer.  Elle  dépend  de  Corwey  ou  de  la  nouvelle 
Corbie.  Comme  c'eft  l'unique  ville  de  fon  petit  état , 
l'abbé  prétend  y  être  fouverain  :  la  ville  de  fon  côté 
prétend  être  libre  ,  &  avoir  des  franchifes  particulières  ; 
&  les  princes  de  la  maifon  de  Brunswig,  à  caufe  du 
voifinage  ,  prétendent  y  avoir  le  droit  de  protection  , 
&  autres  droits;  ce  qui  donne  lieu  à  des  conteftations 
qui  ne  font  pas  décidées.  Elle  eft  à  un  demi-mille  de 
Corwey  &  à  fept  milles  de  Paderborn.  L'empereur  Louis 
le  Débonnaire  la  donna  à  l'abbaye,  en  811.  *  Hubner, 
Géogr./*.  <;o}. 

HÔXUN,  cité  de  la  Chine,  dans  la  province  de 
Channfi,  au  département  de  Leao,  féconde  grande  cité 
de  la  province.  Elle  eft  plus  occidentale  que  Pékin, 
de  3  d.  30',  par  les  38  d.  io'  de  latitude.  *  Atlas 
Sinenjîs. 

HOY,  (l'  Isle  de)  Voyez  au  mot  Isle. 

HOYANG,  ville  de  la  Chine,  dans  la  province  de 
Xenfi,  au  département  de  Sigan ,  première  métropole 
de  la  province.  Elle  eft  plus  occidentale  que  Pékin  , 
de  7  d.  34',  par  les  36  d.  28'  de  latitude.  *  Atlas 
Sinenjîs. 

1.  HOYE.    Voyez  HijY. 

2.  HOYE,  petite  ville  d'Allemagne,  enWeftphatfe, 
fur  le  Weier  ,  au  comté  de  même  nom  ,  avec  un  châ- 
teau qui  en  étoit  chef-lieu. 

Le  Comté  de  Hoye,  petit  état  d'Allemagne,  dans 
la  Weftphalie.  Il  a  eu  fes  comtes  particuliers.  Le  dernier, 
qui  étoit  Othon ,  étant  mort  fans  enfans,  les  ducs  de 
Brunswig,  &  le  landgrave  de  Heffe-Caffel ,  partagèrent 
entr'eux  ce  duché  qui  eft  borné  au  nord  par  le  duché  de 
Brème;  à  l'eft ,  par  le  Brnnswig; au  midi ,  parla  prin- 
cipauté de  Ninden  ;  &  au  couchant ,  par  le  comté  de 
Diepholt. 

La  part  du  duc  de  Zell  fut 


Hoye, 

Nienbourg, 
Liebenaw , 


Le  vieux  &  le  nouveau 
Bruckhaufe. 


Celle  du  duc  de  Wolfenbutel  fut, 

Stolzenaw ,  Sicke  , 

Ehrenbourg ,  Stelgeberg  ," 

Bahrenbourg,  Siedenbourg, 

&  Diepenaw. 

Le  landgrave  de  Hefle-Caffel  eut  Ucht  &ç  Freudenberg.' 
L'elect.eur  de  Hanover   pofféde   ce  qui  éroit  au    duc 

de  Zell,  dont  il  a  hérité.  Hubner,  Géogr.  p.  508  ,   lui 

donne  auffi  Stolzenaw. 

HOYERSWERDA,  petite  ville,  château  &  feigneu- 

rie  d'Allemagne,  dans  la  haute  Luface.  *  Hubner,  Géogr. 

P-  ")95- 

HOYVEN ,  ville  de  la  Chine  ,  dans  la  province  de 
Quanton  ,  au  département  de  Hoeicheu  ,  quatrième 
métropole  de  la  province.  Elle  eft  plus  occidentale  que 
Pékin,  de  2  d.  25',  par  les  23  d.  20'  de  latitude. 
*  Atlas  Sinenfts. 

HRADISCH  ,  en  latin  Hradisca  ,  ville  de  Bohême, 
en  Moravie ,  fur  la  Morawe  ,  à  fix  milles  d'Allemagne 
d'Olmutz ,  &  à  pareille  diftance  de  Brinn.  Les  guerres 
d'Allemagne  &  de  Bohême  l'ont  fort  endommagée,  ôç 


me 


HUE 


elle  eft  presque  réduite  en  bourg.  Cependant  elle  eft 
paffablement  grande.  *  Baudr.  &  Hubner ,  p.  6 1 0. 

i .  HU ,  ville  de  la  Chine  ,  dans  la  province  de  Xenfi , 
au  département  de  Sigan ,  première  métropole  de  la 
province.  Elle  eft  plus  occidentale  que  Pékin  ,  de  8  d. 
25 '  ,  par  les  35  d.  44'  de  latitude.  *  Atlas  Sinenjis. 

2.  HU  ,  ancienne  ville  de  la  haute  Egypte,  vis-a-vis 
le  village  de  Cafis ,  à  deux  lieues  d'Andere.  Il  y  a  un  cou- 
vent dédié  a  S.  Menna.  *  Paul  Lucas ,  Voyage  d'Egypte. 
HUAPE,  montagne  de  l'Amérique  méridionale ,  au 
Chili  ,  dans  la  Cordillère  des  Andes  dont  elle  fait  partie. 
C'eft  un  volcan  qui  jette  des  flammes,  &  Baudrand  dit 
qu'il  eft  près  de  S.  Juan  de  la  Frontera. 

HUARTE  ÀraQUIL,  bourg  d'Espagne,  dans  la 
Navarre.  Voyez  ARCILLUM  &C  ARAQUIL. 

HUAT-IDRIS,  montagne  d'Afrique,  au  royaume 
de  Fez.  On  la  nomme  auflî  Vateres  &c  Guadres. 
Elle  eft  entre  Ceuta  &  Tanger,  &c  eft  fort  .haute  &c 
peuplée  d'une  nation  qui  fe  fignala  dans  les  guerres 
d'Espagne.  C'étoient  les  meilleurs  foldats  qu'euftent  les 
rois  de  Grenade,  &  en  qui  ils  fe  fioient  le  plus.  Ils  en 
avoient  d'ordinaire  une  garde  de  cinq  cens  qui  logeoient 
dans  la  rue  que  l'on  nomme  encore ,  à  caufe  d'eux ,  la 
rue  des  Gomeres ;  c'eft  la  rue  par  laquelle  on  va  de  la 
place  à  lAlahambra.  Les  hiftoriens  d'Afrique  difentque 
Bula-lul  dont  les  Mores  chantent  les  exploits  en  vers 
&  en  prose,  comme  on  fait  en  Europe  ceux  de  Renaud 
&  de  Roland ,  étoit  de  ce  pays  ,  &C  qu'après  s'être  finale 
en  divers  combats,  il  mourufà  la  bataille  des  plaines  de 
Tolosa ,  commandant  l'armée  de  Maroc,  félon  les  Arabes, 
l'an  de  l'hégire  609 ,  c'eft-à-dire  ,  l'an  de  Jefus  -  Chrift 
H31.  *  Marmol,  Afrique  /.  4,  c.  63. 

HUBET ,  ville  d'Afrique ,  au  royaume  de  Trémecen  , 
fur  une  montagne,  au  midi ,  &c  à  demi-lieue  de  la  capi- 
tale dont  elle  eft  comme  un  Fauxbourg.  Les  hiftoriens 
difent  qu'elle  a  été  bâtie  par  les  Romains  Se  nommée 
Emmeniaria  par  Ptolomée,  fi  nous  en  croyons  Marmol  ; 
mais  ce  nom  eft  inconnu  à  Ptolomée.  On  y  trouve 
feulement,  l.\,c.z,  MNlARiA,à  12  d.  50'de  longi- 
tude, &  à  33  d.  de  latitude.  Marmol  n'en  dit  que  3  2  d. 
10'.  Il  y  a  à  Hubet,  pourfuit  Marmol,  un  fameux  fépul- 
cre  où  l'on  dit  qu'eft  enterré  Cidi-bu-Median ,  Mora- 
bite  fort  révéré  parmi  les  Mores.  Il  eft  dans  une  grande 
mo'.quée  ,  &  l'on  y  descend  par  plufieurs  degrés.  Près 
de  cette  mosquée  eft  un  collège  &  un  hôpital  pour 
les  p-mvies  étrangers:  l'un  &  l'autre  a  été  bâti  parle 
quatrième  roi  de  Fez  ,  Abul-Ha«cen,  comme  on  voit  par 
l'inscription  en  lettres  arabesques ,  qui  eft  fur  le  portail 
en  une  table  d'albâtre.  Les  habitans  font  comme  ceux 
de  Treniécen  Se  vivent  de  même.  Ils  trafiquent  dans 
la  montagie ,  &  il  y  a  force  teinturiers ,  fans  autre 
cho^e  de  remarque.   *  Marmol ,  Afrique,  /.  5  ,  c.  ii. 

HUCAC,  ville  de  la  Paleftine , dans  la  tribu  d'Afer: 
D.  Calmet  dit  que  c'eft  apparemment  la  même  que 
Hucuca  qui  eft  attribuée  à  la  tribu  de  Nephthali  (a). 
Elle  fur  cédée  aux  Lévites,  &  aflîgnée  pour  fervir  de 
ville  de  refuge  (b).  Les  tribus  d'Àfer  fk  de  Nephthali 
étoient  limitrophes  ;  ainfi  il  n'eft  pas  étonnant  qu'on 
l'attribue  aune  ville  qui  eft  fur  les  limites  de  deux  tribus , 
tantôt  à  l'une  ,  tantôt  à  l'autre  d'entr'elles.  *  (a)/o/ae, 
C.  29,  v.  33.  (b)  Parai.  A.  1,06,  v.7<f. 

HUCHEU  ,  ville  de  la  Chine,  dans  la  province  de 
Chekiang ,  dont  elle  eft  la  troifiéme  métropole.  Elle 
eft  de  3  d.  3'  plus  orientale  que  Pékin,  à  30  d.  57' 
de  latitude.  Son  nom  fignifie  fa  fituation  auprès 
d'un  lac  ;  car  Hu  fignifie  un  lac  ,  &  celui  au  bord  duquel 
elle  eft  placée  s'appelle  Tai.  On  la  compte  entre  les 
plus  grandes  villes  :  elle  eft  riche  &  marchande ,  remar- 
quable par  la  beauté  des  édifices,  des  campagnes,  des 
eaux  &r  des  montagnes  qui  l'environnent.  On  y  fabrique 
quantité  d'étoffes  de  foie.  On  y  fait  d'excellens  pinceaux 
dont  toute  la  Chine  fe  fert  pour  écrire.  On  y  recueille 
auflî  du  thé.  Il  y  a  cinq  temples  confacrés  aux  hommes 
illuftres.  Le  principal  qui  eft  dans  l'enceinte  de  la  ville, 
eft  dédié  aux  cinq  premiers  empereurs  Chinois.  La  con- 
trée où  eft  préfentement  Hucheu ,  étoit  autrefois  un 
royaume  indépendant  nommé  Tung.  Les  rois  d'U , 
de  Jue  &  de  Çu  l'envahirent  fucceflïvement.  La  famille 
de  Cin  nomma  cette  ville  UcHlNG  ;  celle  de  Tanga 
la  nomma ,  Hucheu  ;  celle  de  Sunga  l'appella  Chao- 


4O3 

KING;  &  celle  de  Taiminga  lui  rendit  le  nom  de  Hucheu. 
Elle  a  fix  villes  dans  fon  département,  favoir, 

Hucheu ,  Tecing , 

Changhing,  Hiaofung, 

Gankie  j,  Uukang. 

HUDGEAZ,  lieu  de  l'Arabie.  L'hiftorien  de  Timur- 
bec,  /.  2,  c.  18  ,  dit  que  Seifeddin  Berlas  ayant  pris 
averfion  pour  toutes  les  chofes  de  ce  monde,  demanda 
à  l'empereur  Timur  de  fe  retirer  pour  paffer  le  refte  de 
fa  vie  à  Hudgeaz ,  dans  les  lieux  facrés  de  la  Mecque. 
Ainfi  ce  lieu  eft  dans  l'Arabie. 

HUDICOURT  ,  bourg  de  France ,  au  Vexin  Nor- 
mand, au  diocèie  de  Rouen,  avec  haute  juftice  &£ 
château ,  aflez  près  de  la  rivière  d'Epte  ,  à  trois  ou 
quatre  lieues  au-deflbus  de  Gournai ,  àunelieue,d'Eftre- 
pagni  &  de  Maineville.  C'eft  le  même  qu'HLUDicouRT, 
marquifat.    *  Corn.  Diâ. 

HUDISMENIL,  bourg  de  France,  en  Normandie, 
dans  le  Cotentin.  La  pareille  eft  très  grande,  &  même 
trop ,  à  proportion  du  revenu  de  la  cure.  Il  y  a  une 
grande  quantité  de  pommiers ,  &  quelques  bois  taillis. 

HUDSON.  (la  baie  ouïe  détroit  de)  Voyez 
aux  mots  Baie  &  Détroit. 

HUDSON,  (la  RIVIERE  de)  rivière  de  l'Amé- 
rique feptentrionale ,  dans  la  nouvelle  Yorck.  *  Baudr. 
édit.   1705. 

HUDWICHWALD,  ville  maritime  de  Suéde,  fur 
la  côte  orientale  du  golfe  de  Bothnie  ,  dans  la  province 
d'Helfingie,  au  nord  de  l'embouchure  de  la  rivière 
d'Escklùnd ,  entre  les  ifles  dAgan  &  de  Holfoon.  C'eft 
la  capitale  de  l'Heifingie. 

HUEBRA,  petite  rivière  d'Espagne,  dans  la  nouvelle 
Caftille.  Elle  a  fa  l'ource  aux  environs  de  l'Escurial ,  &î 
reçoit  le  Hieltes ,  puis  fe  rend  dans  le  Duero  entre  la  Hino- 
jotà  &    Frexo  deSpada  Ciuta.  *  Baudrand,  éd.  1705. 

HUED-ABID,  rivière  d'Afrique,  au  royaume  de 
Maroc.  Ce  mot  fignifie  la  rivière  de  Nègres,  félon  Dapper. 
Elle  fort  de  la  montagne  d'Anim-mey  ,  à  un  mille  del^ 
ville  de  Bzo ,  entre  Escure  ik  Tedla  ;  coule  au  milieu  de  pro- 
fondes vallées ,  Se  entre  des  montagnes  défertes  ;  &  ayant 
reçu  plufieurs  autres  rivières ,  elle  fe  décharge  dans  le  fleuve 
Ommirabi ,  près  d'un  grand  chemin  fort  uni  que  les  Afri- 
cains appellent  MageracEsfa.  *  Dapper ,  Afrique  ,p.  1 16. 

Marmol ,  /.  1  ,  c.  9  ,  décrit  ainfi  cette  rivière  qu'il 
nomme  Huei-Ala-Abid.  Ce  nom ,  dit-il ,  veut  dire  en 
langue  du  pays  rivières  des  Nègres  ou  des  Esclaves.  Il 
dit  de  même  que  fa  fource  eft  dans  l'Anim-mey,  entre 
les  provinces  d'Escure  &  de  Tedla.  De-là  traverfant 
d'âpres  rochers ,  de  profondes  &  obscures  vallées  ,  elle 
tire  vers  le  nord  ,  creufant  fon  lit  ;  de  telle  forte  qu'on 
n'en  peut  tirer  aucune  eau  pour  arrofer  les  campagnes. 
De-là  enflée  du  Técavin  ,  &  d'autres  moindres  rivières, 
elle  fe  décharge  dans  l'Ommirabi ,  près  d'un  gué  fort 
large  &  très-fûr ,  que  les  Africains  appellent  Megerat- 
Esfa  ,  c'eft-à-dire  gué  plat.  Cette  rivière  eft  extrême- 
ment haute  ,  principalement  au  mois  de  Mai ,  lorsque  les 
neiges  fe  fondent  dans  les  montagnes. 

HUED-EL-HARAX ,  torrent  du  même  pays  d'Afri- 
que ,  au  royaume  d'Alger.  *  Dapper,  p.  160. 

HUED-EL-HAMIZ,  autre  torrent  du  même  pays. 
Ces  deux  torrens  groflîffent  extrêmement  en  été  ;  mais  ils 
font  peu  de  choie  en  hiver,  &:  tombent  dans  la  mer 
Méditerranée,  entre -Alger  &  Ceffaye.  Corneille  n'en 
fait  qu'un  feul  torrent  qui  aces  deux  noms  :  Dapper  les 
diftingue  formellement. 

HUEL-EL-QUIBIR,  rivière  d'Afrique  ,  au  pays  de 
Tremécen.  Dapper  dit  que  les  Chrétiens  l'appellent  ZlN- 
GANOR;  qu'elle  fort  du  mont  Atlas,  à  l'endroit  qui 
confine  au  pays  de  Zeb ,  &  que  fe  précipitant  d'entre 
de  lwutes  montagnes ,  elle  fe  jette  dans  la  mer  auprès 
de  Bugie.  Marmol ,  /.  5  ,  c.  49 ,  parlant  de  la  ville  de 
Bugie  ,  dit  :  au  levant  de  la  ville  eft  l'embouchure  d'une 
rivière  aflez  petite  qui  s'enfle  extraordinairement  quand 
les  neiges  fondent.  Elle  eft  à  22  d.  10' de  longitude,  Se 
à  32  d.30'  de  latitude,  Stfe  nomme  Nazaava,  félon 
Ptolomée  ;  &  Navar,  félon  Pline.  On  y  pêche  force 
poiflbns  ;  mais  il  y  en  a  tant  fur  la  côte,  qu'on  ne  fe 
foucie  pas  de  celui-là.  Quand  Bugie  étoit  aux  Chrétiens, 
il  n'entroit  point  de  vaiffeaux  dans  cette  rivière  ,  à  caufe 
Tome  III,    E  e  e  ij 


HUE 


40+ 

du  fable  qui  eft  à  fon  embouchure;  mais  l'an  -I Ç Ç Ç ,  il 
plut  tant ,  que  les  eaux  l'emportèrent  ;  &  il  y  entra  depuis 
des  galères  &  dés  galiotes ,  avec  de  gros  vaifleaux  qui 
y  font  à  couvert  pendant  la  tempête ,  tk  ne  font  in- 
commodés que  du  vent  du  nord.  C'eft  cette  rivière  qui 
palTe  entre  les  montagnes  de  Cuco,  &  de -là  à  Abez, 
l'une  au  feptentrion  ,  &  l'autre  au  midi. 

Ptolomée  ,  l.  4 ,  c.  2 ,  nomme  Nasava  ou Nas AVAT  , 
rivière  de  la  Mauritanie  Céfarienfe.  Pomponius  Mêla , 
/.  1  ,  c.  6,  met  dans  la  NumidieNABAR  ou  Vabar;  mais 
ce  font  des  rivières  différentes.  Cependant  le  Nabar  de 
Pline ,  /.  $  ,  c.  2 ,  qui  eft  certainement  le  même  que  celui 
de  Mêla ,  eft  marqué  par  le  P.  Hardouin  pour  être  le 
Nafava  de  Ptolomée.  Voyez  Nasabath. 

HUED-HABRA  ,  rivière  d'Afrique ,  au  pays  d'Alger: 
elle  a  fa  fource  près  de  Mohofitar  ,  ville  de  Beni-Arax , 
&  fe  perd  dans  le  fleuve  Zis  ,  près  des  plaines  de  Cira, 
clans  un  lieu  nommé  Xamurra  :  alors  ces  deux  rivières 
prennent  le  nom  de  Cirât.  Ses  bords  font  habités  par 
des  Arabes  guerriers  qui  tourmentoient  beaucoup  les 
'habirans  d'Oran.  *  Dapper,  Afrique,/».  159. 

HUÈD-ICER,  grand- fleuve  d'Afrique,  au  pays 
d'Alger.  Il  a  fa  fource  au  mont  Atlas ,  fur  les  frontières  du 
Biledulgerid  ;  &  après  un  long  cours,  il  fe  jette  dans  la 
mer  à  l'orient  de  Metafus ,  près  du  village  de  Beni- 
Abdala.  On  croit  que  c'eft  le  Serb  ETES  de  Ptolomée. 
Voyez  Serbetes.  Marmol ,  /.  1 ,  c.  9  ,  dit  de  cette 
rivière,  qu'elle  eft  grofTe  ;  &  fa  description  s'accorde  affez 
avec  celle  de  Dapper  ,  Afrique,,  p.  160. 

HUED-NEFUSA  ,  ou  NlfTIS  ,  rivière  d'Afrique, 
au  royatime  de  Maroc  ;  elle  a  fa  fource  dans  la  mon- 
tagne de  Hantete  au-defifus  de  Maroc  :  après  avoir  coulé 
autour  de  cette  montagne ,  elle  fe  promené  le  long  des 
.  plaines ,  Se  fe  perd  dans  le  Tenfift.  *  Dapper,  Afrique, 
p.  n*. 

HUED-YL-BARBAR  ,  grand  fleuve  d'Afrique.  Il  tire 
fa  fource  du  grand  Atlas,  près  de  la  ville  de  Lorbus, 
au  royaume  de  Tunis ,  &  fait  tant  de  tours  &;  de  retours 
par  ces  montagnes ,  que  les  voyageurs  qui  vontdeBonë 
à  Tunis  le  panent  vingt-cinq  fois  ,  fans  qu'en  un  fi  long 
cours  il  ait  ni  pont  ni  barque.  A  la  fin  il  fe  va  rendre 
dans  la  mer  près  du  port  de  Taburc,  à  fix  lieues  dé 
la  ville  de  Begge.  C'eft  le  Rubricatus  de  Ptolomée. 
Il  fe  pêche  quantité  de  corail  fur  {es  bords,  jusqu'à  là 
ville  de  Bone.  *  Marmol,  1. 1  ,  c.  9. 

HUELMA  ,  bourgade  d'Espagne,  dans  l'Andaldufie , 
à  fix  lieues  au  levant  d'hyver  de  Jaën  ,  félon  Martin 
Ximenez  qui  prétend  que  c'eft  l'ancienne  Accatucci. 

HUERTA  ,  abbaye  d'hommes  ,  ordre  de  Cîteaux  ,  en 
Espagne  ,  dans  la  vieille  Caftille  ,  au  diocèfe  de  Siguenfa; 

HUESCA  ,  ville  d'Espagne  ,  au  royaume  d'Aragon, 
fur  le  bord  de  la  petite  rivière  d'Ifuela ,  dans  une  agréable 
plaine  ,  environnée  de  collines.  C'eft  le  fiége  d'un  évêché 
fufrragant  de  Sarragoce  ,  &  d'une  uhiverfité  âflezrecom- 
mandable.  Cette  ville  eft  ancienne ,  &  a  eu  autrefois 
une  académie  établie  par  Sertorius ,  comme  le  rapporté 
Plutarque.  Voyez  l'article  OscA,  qui  eft  le  nom  de  ce 
tems-là.'On  y  respire  un  air  fort  doux;  &  le  terroir  eft 
fertile  ,  fur-tout  en  vins,  au  rapport  de  l'abbé  dé  Vairac. 
Le  premier  évêque  de  cette  ville,  dont  on  ait  connois- 
fance,eft  un  moine  appelle  Vincent,  disciple  de  faint 
Victorin,  lequel  vivoit  en  <J5y.  La  ville  de  Huesca 
ayant  été  prise  par  les  Mores,  le  culte  divin  en  rut 
entièrement  banni  ;  Sl  lorsque  D.  Aznar,  premier  comte 
d'Aragon  ,  eut  repris  la  ville  de  Jaca  ,  eh  795  ,  il  y 
transféra  l'évêché  de  Huesca ,  en  attendant  que  cette 
ville  fût  retirée  des  mains  des  infidèles.  Pendant  que  le 
fiége  épifcopal  étoit  a  Jaca  ,  Pévêque  prenoit  tantôt, 
le  titre  d 'évêque  d'Aragon ,  tantôt  celui  A' évêque  de 
Jaca  &  de  Huesca,  &  quelquefois  celui  $  évêque  de 
S.  Pierre.  En  1096  ,  Huesca  étant  repris  fur  les  Mores , 
Pierre  qui  fut  le  dernier  titulaire  de  l'eglife  de  Jaca,  alla 
prendre  poiïeffion  de  Huesca.  Etienne  II,  qui  lui  fuccédâ, 
intenta  un  procès  à  S  F.aimond  ,  évêque  de  Balbaftro, 
.  pour  faire  unir  fon  eglife  à  celle  de  Huesca ,  en  quoi  il 
réunît;  de  forte  que  les  deux  églifes  furent  unies  jusqu'en 
•  571  »  1v'e  Philippe  II  fit  ériger  Balbaftro  en  évêché, 
fous  le  pontificat  de  Pie  V.  *  Etat.pref.  de  l'Espagne , 
1. 1,  p.  107;  &  1. 1  ,p.  366. 

Le  chapitre   de  Huesca  eft  composé  de  neuf  digni- 


HUI 


nommée 

,  dans  le 
;  elle  n'a 


taires ,  de  vingt-quatre  chanoines  ,  de  quatorze  prében- 
diers  ,  de  huit  bénéficiers ,  &C  de  quarante  chapelains. 
Le  diocèse  s'étend  fur  cent  quatre-vingt-feize  paroiffes , 
31  hôpitaux,  335  hermitages ,  &  fur  19  couvens. 
L'évêque  jouit  de  treize  mille  ducats  de  revenu. 

HUESCAR,  ou  Guescar,  ville  d'Espagne,  au 
royaume  de  Grenade ,  dans  une  plaine ,  avec  un  château, 
fur  le  bord  méridional  du  Guadadar ,  au  pied  du  mont 
Sagra,  que  l'on  appelle  fôuvent,  à  cause  de  cela,  la  Sierra 
du  Guescar ,  oh  Huescar.  L'abbé  de  Vairac  nomme 
cette  ville  Huesca,  '&  dit  qu'elle  fut  donnée  avec  fon 
territoire  par  les  rois  Catholiques,  àD.  Frédéric  Alvarez 
de  Tolède ,  fécond  duc  d'Albe ,  te  érigée  en  duché ,  l'an 
1563  ,  par  Philippe  II,  eri  faveur  de  D.  Ferdinand  fur- 
nommé  le  Grand,  troifiéme  duc  d'Albe,  pour  D.  Fré- 
déric de  Tolède ,  grand  commandeur  de  Calatrava ,  fon 
fils,  tk  pour  dona  Marie  Pimente! ,  fa  féconde  femme, 
qu'il  époufaen  même  tems.  *  Baudrand,  édit.  1705. 
Etat,  préf.del 'Espagne  ,  t.  3,  p.  88. 

Selon  Niger, cette  ville  a  été  ancieririérnént  nommée 
Calicula. 

HUESNE  ,  petite  iïle  de  la  mer  Baltique , 
Sund.  Baudrand  &  Maty  la  nomment  Ween  ; 
rien  de  remarquable  que  le  lieu  où  étoit  le  fameux  obfer- 
vatoire  de  Tycho-Brahé.  Voyez  URANIBOURG.  Elle 
eft  nommée  HuENE  par  Del'Iile,  dans  fa  Carte  deDàné- 
marck  ;  &  HuENA  pat  Huet ,  dans  fon  poème  intitulé 
lier  Suecicutn-,  Voici  comrhent  il  en  parle  : 

Flu&ibus  in  mediis  angufla  ouufrit  Hùenà , 
Aftris  Jacra  olim  &  cœlejlibus  inclyta  curis  ; 
Nunc  pisces  tantùm  folers  cap  tare  marinos  ; 
Hue  feror  à  viridi  fuperato  colle  ,  Tyc/ionis, 
Dilapfas  œdes  veneror  ,  pretiofaque  Jlelu 
Rudera  conspergo ,  &  rurjàm  do  carbafa  veniis. 

HUESSEN ,  bourg  d' Allerhagné ,  dans  Iè  haut  Bétuvè ," 
au  couchant ,  ôt  à  une  lieue  du  Rhin.  Quoique  ce  lieu 
foit  dans  le  Bëtuve  ,  il  eft  pourtant  dans  un  petit  canton 
qui  dépend  du  duché  de  Cléves ,  vis-à-vis  du  lieu  où 
fe  fait  la  féparation  du  Rhin  5c  de  l'Iffel ,  a  deux  lieues 
communes,  ck  au  rhidi  oriental  d'Arnheim.  *  Fijftkert 
Atlas. 

HUETE.  Voyez  GuETEi 

HUGES-HÔSEN,  autrement  Honcour,  abbatlà 
fancli  Michaèlis  Hugonis  curia,  abbaye  d'hommes, 
ordre  de  S.  Benoît ,  au  diocèse  de  Strasbourg.  Elle  à 
été  unie  à  un  monaftere  de  filles  à  Andelav. 

HUI,  ou  HUY  ou  Hoey  ,  Hoium ,  ville  des-  Pays- 
bas  ,  dans  le  Condros  dont  elle  eft  la  capitale,  C'eftune 
petite  ville  commodément  fituée  à  la  droite  de  la  Meute; 
fur  laquelle  elle  avoit  un  fort  beau  pont  qui  fut  com- 
mencé en  1294;  c'eft  Une  des  anciennes  poueflîons 
de  l'église  de  Tongres  ou  de  Liège ,  comme  l'empe- 
reur Othon  II  le  feconnoît  dans  fa  patente.  Il  y  a  eu 
néanmoins  un  comte  qui  avoit  quelque  droit  à  Hui , 
&  dans  le  pays  voifin ,  jusqu'au  tems  d'Ansfrid  ou  Aufride  , 
qui  ayant  été  élu  évêque  d'Utrecht ,  l'an  994 ,  remit  ce 
comté  à  l'empereur  Othon  III ,  qui  lé  donna  ,  à  la  prière 
de  ce  prélat ,  à  l'eglife  de  Liège ,  l'an  997.  Theoduin  , 
évêque  de  Liège ,  fonda  l'eglife  collégiale  de  S.  Domi- 
tien  ,  l'an  1066.  Le  cardinal  Érard  de  la  Marck  ,  évêque" 
de  Liège  ,  mort  l'an  1538  ,  a  fait  bâtir  le  château  épis- 
copal  qui  domine  fur  la  Meufe.  La  ville  &;  le  château 
de  Hui  ont  été  plufieurs  fois  pris  Se  repris  durant  les  der- 
nières guerres.  Les  Hollandois  qui  s'en  rendirent  maîtres 
en  1702 ,  y  âvoient  fait  faire  de  belles  fortifications. 
Ils  vouloient  y  conferver  une  garnifon  qui  ne  coûtéroit 
rien  au  pays  de  Liég'e  ;  rtiais  ni  l'empereur ,  ni  l'empire  , 
n'ayant  voulu  y  confentir,  ils  ont  abandonné  ce  pofte, 
après  en  avoir  ruiné  les  fortifications.  *  De  Longuerue, 
Descr.  de  la  France,  2,  part. p.  130. 

Quelques  critiques  ont  voulu  chercher  à  Hui  le  Juho* 
num  civitas  de  Tacite.  Nous  faifons  voir  au  mot  Juho-- 
num ,  que  c'eft  une  opinion  chimérique  &  fondée  uni-> 
quement  fur  une  faute  d'orthographe. 

HUICCIORUM  ;  fiége  épiscopal  d'Angleterre.  Dani- 
bertus  ,  fon  évêque ,  affifta  au  concile  Celichitenfe. 

HUICILOPUCHO,  bourgade  de  l' Amérique fepten- 
trionale  au  Mexique ,  Se  au  bord  du  lac  de  Mexico.  II 


HUL 


HUL 


y  avoît  autrefois  de  beaux  temples  confacrés  aux  idoles  : 
les  Espagnols  en  on  fait  des  monafteres.  Le  plus  grand 
trafic  de  ce  lieu,eft  le  fel  dont  ont  fe  fert  pour  faler 
les  provisions ,  &  qui  d'ailleurs  n'eft  pas  d'un  goût  allez 
agréable  pour  l'afTaifonnement.  On  ne  laifle  pas  d'en 
transporter  beaucoup  dans  le  pays 'd'alentour.  Cette  bour- 
gade a  environ  cinq  cents  maifons.  *  De  Lait.  Ind.  occid. 
/.  5 ,  c.  7. 

HUINE ,  (l')  ou  l'HuiSNE ,  rivière  de  France  ,  où 
elle  coule  au  Perche  6c  dans  le  Maine.  Elle  eft  diverse- 
ment nommée  dans  les  anciens  titres  du  pays  ,  en  latin 
JOGNIA,  HlOGINA,  EUCANIUM  ScEuCANIA;  dans 

les  écrits  deThéodulphe,  évêque  d'Orléans,  IdoNea, 
&par  corruption,  dans  Orderic-Vital,EGUENiA.  Elle 
prend  fa  fource  dans  la  pâroiffe  de  S.  Hilaire  de  Soizai , 
au  Perche,  du  côté  de  Mortagne;  paffe  àRemallart,à 
Nogent-le-Rotrou  ',  où  elle  reçoit  la  Bonne  ;  Se  enfuite 
enflée  des  eaux  de  là  rivière  d'Erve ,  elle  fe  rend  à 
la  Ferté-Bernard,  Se  fe  jette  dans  la  Sarte  au-deflbus 
du  Mans.  On  pourroi't  la  rendre  navigable  jusqu'à  la 
Ferté-Bernard.  Théodulfe ,  déjà  cité,  a  remarqué  qu'il 
eft  arrivé  une  fois  à  cette  rivière  de  fe  fécher.  *  Piga- 
nïol  de  la  Force,.  Descr.  de  la  France,  t.  5  ,/.  455. 

HUIONUM.  Voyez  Juhones.     . 

HUIRON ,  Aurion  ,  Ofïo,Aurïo ,  abbaye  d'hommes 
en  France ,  de  l'ordre  de  S.  Benoît ,  en  Champagne ,  au 
diocèse  de  Châlons-fur-Mame ,  à  une  lieue  de  Vitri- 
le-François  ,  au  fud-oueft  ,  fondée  par  Roger  IIIe  du 
nom,  évêque  de  Chàlons ,  l'an  1078. 

HUISSEAU  ,  bourg  de  France,  dans  ï'Orleanois. 

HUISSERIE  ,  (l')  bourg  de  France  ,  dans  le  Maine  , 
élection  de  Laval. 

1 .  HUISTRE ,  (l')  rivière  de  France  ,  dans  la  Cham- 
pagne pouilleufe  ,  on  elle  a  deux  fources  ,  l'une  à  Mailli , 
l'autre  à  Poivre.  Ce  font  deux  villages  de  ce  pays-là. 
Elles  fe  joignent  au-deflbus  de  Sainte-Sufanne ,  d'où 
•coulant  enfemble  vers  le  midi  jusqu'au  bourg  de  l'Huiftre, 
cette  rivière  fe  tourne  vers  le  fud-oueft  ,  pour  tomber  dans 
l'Aube  au-deffus  d'Arcis.  *  Robert  de  Vaugondy ,  Atlas. 

2.  HUISTRE,  (l')  bourg  de  France,  dans  la  Cham- 
pagne, au  diocèse  de  Langres  ,  8c  dans  l'eleftion  deBar- 
Ïur-Aube. 

HUKEU,  ville  de  la  Chine,  dans  la  province  de 
Kiangfi,  au  département  de  Kieukiang  ,  cinquième  métro- 
pole de  cette  province  :  elle  eft  de  1  d.  8'  plus  occi- 
dentale que  Pékin  ,  à  30  d.  26 'de  latitude.  Près  de  cette 
■ville  eft  une  montagne  nommée  Xechung,  c'eft-à-dire, 
la  cloche  de  pierre  ,  parce  que  les  eaux  agitées  par  le 
vent,  8e  pouffées  contre  cette  montagne,  font  un  mugis- 
fement  qui  reflemble  affez  au  fon  des  cloches.  *  Atlas 
Sinenfis. 

i.HULIN,  ou  Mont-Hulin,  place  de  France, 
en  Picardie,  dans  ie  Boulenois,  au  deffus  du  bourg 
de  Devre,  à  la  fource  d'un  petit  ruiffeau  qui  baigne  ce 
bourg  Se  fe  perd  dans  la  Liane ,  à  trois  lieues  de  Boulogne, 
en  allant  vers  Aire.  Il  y  avoit  autrefois  en  ce  lieu  une  fpr- 
terefîe ,  lorsque  ce  lieu  étoit  aux  frontières  des  Pays-bas 
Espagnols.  Mais  les  frontières  étant  reculées,  cette rorte- 
refle  a  été  détruite  comme  inutile.  De  l'Ifle  en  marque  très- 
bien  la  place  ,  Se  lanommeenunfeul  mot,  Mont-hulin. 

2..HULIN ,  petite  ville  de-Bohême  ,  dans  la  Moravie, 
aflezprèsde  la  ville  de  Cremfir.  Elle  appartient  àl'évê- 
que  d'Olmutz.  Ottocare ,  roi  de  Bohême  ,  la  donna  à 
l'évêque  Brunon ,  avec  les  villages  qui  en  dépendent , 
après  la  bataille  où  il  défit  les  Hongrois ,  près  de  Laba. 
*  Zeyler ,  Bohem.  Topogr./».  99. 

HULL ,  ville  d'Angleterre  ,  en  Yorkshire.  On  la 
nomme  auflî  Kïngjlon  upon  Hall.  C'eft  un  bon  port 
de  mer ,  à  l'embouchure  de  l'Hull  Se  de  l'Humber, 
6c  une  place  bien  fortifiée  Se  d'une  grande  étendue  , 
quoiqu'il  n'y  ait  que  deux  paroifles.  Elle  n'eft  pas  plus 
ancienne  que  le  régne  d'Edouard  I.  Ce  prince ,  qui  en 
eft  le  fondateur ,  y  fit  faire  un  havre ,  8c  accorda  de 
fi  grands  privilèges  à  ceux  qui  s'y  établiroient ,  qu'elle 
devint  floriflante  en  peu  d'années.  Sa  pêche,  fur  les 
côtes  d'Iflande ,  n'y  a  pas  peu  contribué  ;  il  y  a  un 
très-beau  collège  Se  un  bel  arfenal.  Avant  les  guerres 
civiles  du  tems  de  Charles  I ,  ce  monarque  y  établit  de 
grands  magafins  ;  mais  quand  il  voulut  s'en  fervir ,  l'an 
1642.  Hotham,  qui  étoit  gouverneur  de  Hull,  ferma 
les  portes  de  cette  ville  au  roi;  Se  fa  conduite  fut  approuvée 


40? 

par  le  parlement  qui  en  profita.  *  Etat.  prêf.  de  la  Gr. 
Bret.  1. 1  ,  p.  128. 

HULST  ,  ville  des  Pays-bas,  au  comté  de  Flandre; 
quartier  de  Gànd  ?  aux  frontières  du  pays  de  Waës ,  à 
quatre  lieues  de  Rupelmonde,  Se  à  fept  de  Gand.  C'eft 
la  capitale  du  bailliage  de  Hulft.  La  ville  eft  petite ,  mais 
fortifiée  par  la  nature  Se  par  l'art  :  elle  eft  dans  une  plaine 
qu'on  peut  inonder.  Son  rempart  qui  a  environ  demi» 
lieue  de  circuit ,  eft  flanqué  de  neuf  baftions ,  Se  entouré 
d'un  fofle  fort  large  Se  profond ,  outre  une  bonne  con- 
trescarpe défendue  par  un  foffé  extérieur  du  côté  du 
pays  de  Waës ,  Se  de  l'autre  par  une  ligne  8c  par  deux 
petits  forts.  Les  forts  de  Sandberg,  le  grand  Se  le  petit 
Kyk-uyt ,  Moerschans ,  le  grand  Se  le  petit  Kerre-Kyker, 
Se  le  Havenfort ,  en  rendent  l'approche  difficile.  Il  y 
en  avoit  trois  autres  qu'on  nommoit  Quaadpeerdsgat, 
S.Marc  Se  NaJJau;  mais  ils  font  détruits.  Avantqu'on 
fe  foit  rendu  maître  de  ces  forts,  les  afîiégés  ont  le  tems 
de  recevoir  du  fecours  par  mer.  Il  y  a  trois  portes  , 
celles  de  Gand ,  des  Béguines ,  Se  la  double  porte. 
*  Janiçon ,  Etat  préf.  des  Provinces-Unies,/.  2 ,  p.  368. 

Lansberge ,  qui  a  fait  une  description  particulière  de 
cette  ville  ,  prétend  ,  cl,  p.  7,  qu'elle  étoit  connue 
dès  le  douzième  fiécle,  du  tems  de  Philippe  d'Alface, 
Se  qualifiée  oppidum,  bourg  ou  petite  ville,  Il  ajoute, 
p.  8  ,  qu'en  141 3  ,  elle  obtint  de  Jean,  duc  de  Bourgogne 
Se  comte  de  Flandres ,  le  privilège  de  s'enfermer  de 
murailles,  de  fofles  Se  de  portes.  Alting ,  German, 
infer.  part.  2,  p.  98,  dit  que  ce  n'étoit  qu'un  bourg  qui, 
en  1350,  obtint  de  Louis,  comte  de  Flandres ,  les  privi- 
lèges d'une  ville  ,  Se  qu'elle  ne  fut  entourée  de  murailles 
qu'en  1426.  Les  confédérés  fe  rendirent  maîtres  de  cette 
place,  en  1 578  ;  mais  le  duc  de  Parme  la  leur  enleva  en 
1583.  Le  prince  Maurice  la  reprit ,  en  fix  jours  de  tran- 
chée ouverte,  l'an  1591.  L'àrchiduc  Albert  s'en  reflaifit 
en  1596  ,  après  fix  femaines  d'attaque  ,  mais  avec  perte 
de  cinq  mille  hommes  Se  de  foixante  officiers  de  diftinc- 
tion.  Elle  reftaau  pouvoir  des  Espagnols  jusqu'en  1645, 
que  Frederic-Henri,  prince  d'Orange,  l'afliégea  Se  la  prit 
le  5  Novembre.  Depuis  ce  tems  les  Etats  généraux  en 
font  demeurés  les  maîtres  ,  Se  la  pofTeffion  leur  en  a  été 
aflîirée  parla  paix  de  Veftphalie.  En  1702  ,  le  marquis  de 
Bedmàr  ,  commandant  général  des  Pays-bas  Espagnols, 
alla  m«ttre  le  fiége  devant  cette  place  ;  mais  quoique  le 
fameux  Vauban  ,  qui  fut  enfuite  maréchal  de  France  , 
eût  la  direftion  de  ce  fiége,  il  fut  obligé  de  le  lever, 
par  là  vigoureufe  défenfe  du  major  général  Dedem , 
après  y  avoir  perdu  plus  de  mille  hommes.  Cette  ville 
eft  d'une  figure  ronde ,  percée  de  vingt-deux  rues , 
grandes  ou  petites  :  on  y  compte  environ  quatre  cents 
maifons  ;  mais  on  ne  peut  guère  fixer  le  nombre  des 
habitans  ,  parce  qu'ils  augmentent  ou  diminuent ,  fuivant 
que  la  garnifon  y  eft  confidérable.  C'eft  elle  qui  fait  là 
principale  reflburce  du  commerce  des  habitans.  Il  y  a 
une  aflèz  belle  place  où  eft  fituée  l'églife,  deflervie  par 
trois  miniftres  de  la  clafle  de  Zuid-Beveland  en  Zélande. 
C'eft  un  très-beau  bâtiment  de  pierres  de  taille  bleues , 
en  forme  de  croix  :  le  chœur  en  eft  magnifique.  La 
tour  qui  eft  pofée  fur  quatre  piliers  de  l'églife  ,  n'eft 
pas  moins  belle;  elle  fut  brûlée,  en  1663  ,par  le  feu  du 
ciel ,  avec  une  partie  de  l'églife  ;  mais  elle  a  été  rebâtie 
dans  la  fuite ,  Se  plus  belle  qu'elle  n'étoit  auparavant. 
Il  y  a  un  très-beau  carillon  :  la  paroifle  de  cette  églife 
comprend  la  ville ,  Se  environ  1 2000  Gemeeten  dans  le 
bailliage  de  Hulft  ,  partagés  en  différens  diftrifts  ,  Se 
dont  les  habitans  font  obligés  de  payer  à  cette  églife  les 
droits  de  mariage  Se  d'enterrement.  Le  refte  du  bailliage 
de  Hulft  a  fes  propres  églifes  paroiffiales.  Les  Catholi- 
ques font  bien  les  trois  quarts  des  habitans  de  la  ville  , 
Se  ont  une  chapelle  privée,  deflervie  par  deux  Récolets 
du  couvent  de  S.  Nicolas ,  bourg  capital  du  pays  de  Waës. 
On  pouvoit  autrefois  aller  à  Gand  ,  par  un  beau  canal 
qui  avoit  été  creufé,  pour  la  commodité  du  commerce, 
entre  ces  deux  villes  ;  mais  depuis  quelque  tems ,  il  a  été 
fi  négligé ,  qu'il  n'eft  plus  navigable.  Par  un  autre  canal, 
Hulft  a  communication  avec  l'Escaut  occidental ,  Se  avec 
la  mer.  Le  commerce  y  étoit  autrefois  aflez  confidéra- 
ble ,  fur-  tout  pour  le  fel  Se  pour  les  manufactures  de 
draps  ;  mais  ces  négoces  n'y  ont  préfentement  aucun 
cours.  Le  peu  de  trafic  j  qui  y  refte,  ne  confifte  qu'eri 


FUL 


406 

bled,  dont  les  environs  fourniffent  une  grande  quantité: 
l'air  de  ce  pays  eft  fi  mal-la,n,  que  les  étrangers  noient 
venir  y  fixer  leur  (ejour.  La  maifon  de  ville  eft  un  très- 
beau  bâtiment  de  pierres  bleues,  où  il  y  aune  fort  belle 
tour  ;  elle  fût  brûlée  ,  en  14b  5  ,  par  les  bourgeois ,  dans 
un  combat  qu'ils  eurent  contre  la  garmlon  qui  s'y  etoit 
retirée  ;   mais  on  la  rétablit,  en  1518.  Elle  eft  fituée  du 
côté  méridional  du  grand  marché  ,    vis-à-vis  la  grande 
garde;  ce  qui  t'ait  un  très-bel  aspect.  La  maifon  du  bail- 
liage eft  auffi  un  bel  édifice,   qui  fut  coniïruit  en  16^5 , 
fur  les  fohdVmens  de  l'ancienne.  Elle  eft  fituée  dans  une 
des  principales  rues  de  la  ville  ;  il  y  a  une  petite  tour, 
&  quantité  de  fort  beaux  appartenons.  Il  y  avoit  autre- 
fois un  hôpiial   où  l'on  retirait  les  pauvres  voyageurs, 
pendant  trois  jours;  mais  après  la  réduction  de  la  ville, 
fous  ladomimuiondes  Etats-Généraux  ,  on  en  afaitplu- 
fieurs  maifons ,  qui  ont  été  données  à  divers  particuliers, 
moyennant  une  certaine  redevance  annuelle  à  la  ville. 
La  maifon  des  orphelins  eft  un  bâtiment  qui  taifoit  par- 
tie du  couvent  des  Récllets ,    &c  elle  a  une  galerie  qui 
fait  face  à  une  place  qui  étoit  le  cimetière  de  ces  reli- 
gieux. Cette  maifon  eft  fous  la  direction  de  trois  ou  qua- 
tre membres  du  magiftrat.  Une  autre  partie  de  ce  cou- 
vent a  fervi,en  tems  de  guerre,  d'hôpital  pour  les  mili- 
taires. La  maifon  du  commandant  eft  un  des  plus  beaux 
édifices  qu'il  y  ait  dans  la  ville,  tk  qui  lui  appartient^ 
commun  avec  le  bailliage  ;  mais  les  réparations  (ont  à  la 
charge  du  plat-pays.    Il  n'y  a  point  de  gouverneur  ou 
commandant  dans  toute  la  Flandre  Hollandoile ,  qui  foit 
mieux  logé.  L'autorité  de  ce  commandant  ,  qui  a  fous 
lui  un  major  de  place,  s'étend  fur  tous  les  forts  des  en- 
virons. Il  y  a  dans  cette  ville  plufieurs  magafins  dont  le 
plus  confidérable  eft  l'églife  des  Récollets  ,  qui  a  éié  des- 
tinée à  cet  u!age  ,  après  la  prife  de  cette  ville ,  en  1645. 
Les  auties  font  fitués  dans  les  baftions,  &  tous  font^  fous 
la  direction  d'un  commis  établi  par    le  confeil    d'état. 
Il  y  a  trois  priions  ,  l'une  pour  la  ville  ,  la  féconde  pour 
le  bailliage  ,  &  la  troifieme  pour  les  gens  de  guerre.  Les 
deux  premières  ont  chacune  leur  geôlier  ;  &  la  troifiéme 
eft  fous  la  direction  d'un  prévôt    établi  par  le  conleil 
d'état.    La  régence  eft  compofée  du  grand  bailli  ,    d'un 
bourg-meftre'ck  de  fix  échevins  ,  avec  un  greffier  &  un 
tréforier.  Le  grand  bailu  eft  établi  à  vie  par  les  Etats- 
Généraux  ,  &  eft  chef  du  gouvernement  politique   &£ 
de  la  juftice;  mais  dans  les  affaires   criminelles,  il  n'a 
point  de  voix  ,  parce  qu'il  fait  alors  la  fonction  de  fiscal; 
ce  qui  fe  pratique  par-tout  ailleurs  ;  &  il  ne  fait  qu'exé- 
cuter les  tentences  des  échevins.  C'eft  auffi  lui  qui  fait 
publier  &£  exécuter  les  édits  &  ordonnances  des  Etats- 
Généraux  ;   &  il  eft  toujours  préfent  avec  deux  échevins 
au  moins ,  quand  le  greffier  en  fait  la  lecture.    Il  a  un 
fubftitut ,  qui  tait  (es  fonctions  en  fon  abiènce ,  &  dont 
l'emploi  eft  à  fa  dispofition.  Le  bourg-meftre  eft  changé 
tous  les  ans,   &  choifî  entre  les  échevins,  qui  font  auffi 
changés ,  ou  continués  tous  les  ans ,  par  les  députés  des 
Etats-  Généraux.    Les   échevins  jugent  fouverainement 
dans  les  caulés  criminelles  ;  mais  dans  les  civiles  ,  leurs 
jugemens  font  lùjets  à  l'appel  au  confeil  de  Flandre,  ou 
l'on  envoie  les  procès  évangélifés  avec  toutes  les  pièces 
qui  y  ont  rapport.    On  oblerve  aujourd'hui  dans  cette 
ville  les  loix  &  coutumes  de  Hollande  &  de  Zélande, 
à  l'égard  des  contrats  de  mariage,  teftamens,  &c.   La 
juridiction  de  la   ville  ne   comprend  qu'environ  deux 
cents  Gemeeten  hors  des  fortifications.    Le  greffier  eft 
établi  à  vie  par    les  magiftrats ,    &  le  tréforier  par  les 
Etats-Généraux.  Le  confeil  d'état  entretient  à  Hulft  un 
receveur  du  Verponding  des  biens  eccléfiaftiques  ,  &c; 
&  un  autre  receveur  des  droits  de  confomption  ,    qui 
rendent  leurs  comptes  au  receveur  général  de  la  républi- 
que ,  à  la  Haye.  L'amirauté  de  Zélande  y  entretient  auffi 
un  receveur ,   un  contrôleur  tk  deux  commis  de  recher- 
ches ,  pour  la  perception  des  droits  d'entrée  ck  de  for- 
tie.  Le  bailliage  de  Hulft  eft  borné  au  nord,  par  l'Escaut 
occidental,  à  rorient  par  le  canal  deKieldrecht,  au  midi 
par  le  pays  de  Waës  ,   &  à  l'occident  par  le   bailliage 
d'Axel.    Il  a  environ  quatre  lieues  dans  fa  plus  grande 
longueur  du  nord  au  fud,  ck  trois  de  largeur  d'orient  en 
occident.  Ce  bailliage  renfermoit  autrefois  douze  villa- 
ges ,  dont  huit  ont  été  fubmergés.    Les  quatre  qui  res- 
tent, font  Offeniffe,  Honteniûe,  HeinsdykckTer  Pau- 
welspolder. 


HUN 


Les  François  prirent  Hulft ,  en  1747,  avec  la  plus 
grande  partie  de  la  Flandre  Hollandoile  ,  ck  l'ifle  de 
Cadsant  ;  mais  ils  les  rendirent  aux  Provinces-Unies  , 
l'année  (ùivante  ,  par  laf  paix  d'Aix-Ja  Chape  le.  Cette 
ville  eft  la  patrie  de  Corneille  Janienius  ,  évèque  de 
Gand. 

HULVAN  ou  Holvan  ,  ville  d'Ane  ,  dans  l'Affyrie 
ou  la  Chaldée  ,  dans  les  montagnes  ,  qui  léparent  l'ira- 
que  Babylonienne,  de  l'Iraque  Perlienne.i  34  cl.  de  la* 
titude  ieptentrionaie.  Les  califes  y  alloient  prendre  la 
frais  pendant  l'été.  Cette  ville  eft  à'quatre  ou  cinq  jour» 
nées  de  B.igdet,  du  côié  du  nord.  Le  lépulcre  de  Ham- 
fah  y  eft  fréquenté  Se  vifité.  On  tient  que  Gobab ,  fils 
de  Fiiouz,  roi  de  Perse,  de  la  quatrième  dynaftie  appel- 
lée  des  Chosroës  ou  des  SaJJanides ,  fonda  Hulvan ,  &r 
que  les  Tartares  ou  Mogols  de  Genghizkan  la  détruifi- 
rent.  Les  Mufulmans  croient  que  le  prophète  Elie  ,  qui , 
félon  eux  ,  vit  encore,  tait  fa  demeure  dans  une  mon* 
tagne  près  de  cette  ville.  *  D'Herbclot,  ,  Biblioth. 
orient. 

HUMAGO  ,  ville  d'Italie  ,  dans  l'Iftrie.  Voyez 
Umago. 

HUMAN,  ville  de  Pologne,  dans  la  baffe  Podolie, 
environ  à  vingt-cinq  lieues  de  Braclau ,  du  côté  du  le- 
vant.  *  Baudr.  éd.  1705. 

HUMANA  ROUInata,  on  appelle  ainfi  les  ruines 
d'une  ville  d'Italie  ,  fituée  autrefois  dans  l'érat  de  l'églife, 
ck  dans  la  marche  d'Ancone  ,  vers  la  côte  de  la  mer 
Adriatique.  Le  pape  Martin  V,  unit  fon  évêché  à  celui 
d'Ancone,  en  I422.  *  Baudr.  éd.  170s;. 

HUMBER,  (l')  prononcez  l'Hombre  ;  Abust. 
Umbcr:  les  François  écrivent  communément  /'ffami™, 
conformément  à  leur  prononciation  ,  mais  l'Humber  eft 
le  vrai  nom  :  grande  rivière  d'Angleterre,  dans  la  pro- 
vince d'Yorck  ,  à  parler  jufte  ,  ce  n'eft  point  une  rviere 
particulière ,  puisqu'elle  n"a  point  de  lource  proprement 
dite.  C'el',  pour  mieux  dire,  un  golfe  où  lé  rafiemblent 
dans  un  même  lit  ?OuJe  ,  la  Trente  ,  le  Dun ,  le  Dar- 
went ,  &c.  Elle  eft  lort  large,  ck  porte  toutes  fes  eaux 
entre  Spurn-Head  ck  Gnmsby.  L'Humber  peut  avoir 
environ  vingt-cinq  milles  de  longueur  de  l'oueft  à  l'eft, 
fans  autre  port  remarquable  que  celui  de  Hull,  qui  eft 
à  fon  embouchure.  La  partie  qui  eft  au  nord  de  cette 
rivière  en  Angleterre,  jusqu'aux  frontières  d'Ecoffe,  s'ap- 
pelle le  pays  au  nord  del'Humbsr ,  en  anglois  Northum- 
berland.  *Baudrand,  rectifié  fur  les  Mémoires  des  An- 
glois. 

HUMBLE,  (V)Homelea,  rivière  de  la  Grande-Bre- 
tagne ,  en  Angleterre,  dans  leHantshire,  qu'elle  arrofe; 
elfe  fe  jette  dans  la  mer  ,  vis-à-vis  de  l'ifle  de  Wight. 
*  Baudr.  éd.  170^. 
HUMBLIERES.  Voyez  Homblieres. 
HUMBLIGNI,  bourg  de  France,  dans  le  Berry,  à  la 
fource  de  la  petite  rivière  de  Saude.  Le  terroir  des  envi- 
rons eft  ingrat  ;  il  y  a  quelques  vignes ,  des  prés  6k  des 
bois.  ÎOn  y  fait  de  la  tuile ,  de  la  brique ,  de  la  chaux 
ck  de  la  poterie,  qui  fe  débite  dans  les  villes  &  paroiffes 
voilines. 

HUMBRE.  Voyez  Kumber. 
HUMELEDEGl  ,  ville  d'Afrique  ,  en  Numidie  ,  à 
dix-huit  lieues  de  Segelmeffe.  La  campagne  des  environs 
produit  quantité  d'un  certain  fruit  qui  reffemble  à  des 
asperges.  Les  Arabes  qui  ont  bâti  cette  place,  font  fort 
attachés  au  Mahométisme.  *  Corn.  Dict.  ck  Davity  t 
Afrique. 

HUMESEN  ,  ancien  lieu  de  laPaleftine,  dans  la  tribu 
de  Juda.  Les  Septante  en  font  deux  mots.  *At///  &*A<rs;«. 
HUMIERES  ,    ancienne  baronie  de   France  ,   dans 
l'Artois,  à  deux  lieues  au  nord-eft  d'Hesdin.  Elle  fût  éri- 
gée en  duché,  en  1650,  avec  plufieurs  autres  terres,  en 
faveur  de  Louis  de  Crevant. 
HUNDINGTHON.  Voyez  Huntingthon. 
HUNANBY,  bourg  d'Angleterre,  dans  la  province 
d'Yorck.  On  y  tient  marché  public.  *  Etat  préfent  de  la 
Gr.  Bretagne,   t.  I. 

HUNDRED,  terme  de  géographie  ;  on  ne  l'emploie 
que  dans  la  chorographie  d'Angleterre.  Le  royaume  eft 
divifé  en  Shires  ou  comtés ,  les  Shires  en  Hundreds  ou 
centaines  ,  les  Hundreds  en  Tithings  ou  dixaines ,  6c 
les  Tithings  en  Parisk  ou  paroiffes.  Le  P.  Lubin,itf<:r- 
eurc  géogr.  p.  408  ,  dit  :  Ce  mot  Hundred  eft  traduit 


HUN 


en  latin  Ccnturîa,  c'eft-à-dire  un  pays  où  cent  hommes , 
ou  cent  chefs  de  familles,  étoiemt  obligés  d'être  cautions 
les  uns  pour  les  autres  en  juftice,  tant  pour  le  criminel, 
que  pour  le  civil.  Ils  en  ont  fait  un  nom  latin  Hundre- 
dus.  Le  chef  d'un  Hundred ,  eft  une  espèce  de  centurion. 

HUNDSFELD  ou  Hundesfeld,  c'eft-à-dire  la 
Campagne,  du  Chien ,  petite  ville  de  Silène  ,  d'ans  la 
principauté  d'Olfs  ,fur  la  Weid  ,  en  tirant  versBreflaw. 
Elle  appartient  aux  ducs  de  Munfterberg.  Les  écrivains 
de  Pologne  difent  qu'il  s'y  donna  une  bataille  ,  l'an 
Ï109,  entre  l'empereur  Henri  V,  Se  Boleflas  III,  roi  de 
Pologne  ,  &  que  ce  dernier  eut  la  viftoire;  que  quel- 
ques jours  après  ,  il  s'y  affembla  quantité  de  chiens  û 
furieux  ,  qu'ils  déchiroient  les  voyageurs ,  ce  qui  fit  don- 
ner à  cette  place  ,  tant  dans  la  langue  Polonoife ,  que 
dans  l'Allemande ,  le  nom  qu'elle  porte.  Les  hiftoriens 
Allemands  ne  difent  rien  de  cette  bataille.  Cependant 
tant  d'autres  en  font  mention,  qu'on  ne  peut  la  révoquer 
en  doute.*  Ztyler ,  Silef.  Topogr./.  152. 

HUNDS-RUCK,  petit  pays  de  Allemagne,  entre  le 
Rhin  ,  la  Mofelle  Se  le  Nab  ,  au  bas  Palatinat.  Les 
Huns  y  firent  autrefois  des  conquêtes  Se  des  établiffe- 
mens  ,  &  le  nom  moderne  vient  de-là.  Ceux  qui  écri- 
vent en  latin ,  l'appellent  Hunnorum  Tracius.  La  partie 
feptentrionale  eft  a  l'éleâeur  de  Trêves  ;  Se  la  partie 
méridionale  comprend  le  comté  antérieur  de  Spon- 
heim  Se  le  duché  de  Simmeren,  qui  font  à  l'orient, 
ôe  appartiennent  à  l'ele&eur  Palatin  ,  partie  du  bas  comté 
de  Catzenelnbogen ,  qui  eft  au  landgrave  de  Heffe- 
Rhinfels  ,  Se  le  comté  de  Sponheim  ultérieur,  fitué  à 
l'occident,  qui  appartient  au  prince  Palatin  de  Birc- 
kenfeld ,  Se  au  marquis  de  Bade  ;  félon  Baudrand ,  les 
villes  Se  places    remarquables  du  Hundsruck,  font, 


Coblens , 
Boppart, 
Ober-Wefel, 

Saint  Gower  ,  }  au  landgrave  de  Heffe-Pvhinfels,, 

Baccarach ,       ) 
Creutzenach . 
Simmeren, 

Caftelaun  , 
Trarbach , 
Birkenfeld, 


eleftetir  de  Trêves. 


à  Metteur  Palatin. 


au  prince  de  Birkenfeld. 


1.  HUNG,  ville  de  la  Chine,  dans  la  province  de 
Queicheu,  au  département  de  Liping,  feptiéme  métro- 
pole de  la  province.  Elle  eft  plus  occidentale  que  Pékin, 
de  8  d.  1 5'  par  les  26  cl.  27'  de  latitude.  *  Atlas  Sinenjis. 

2.  HUNG ,  ville  de  la  Chine ,  dans  la  province  de 
Nankin  ,  au  département  de  Fungyang.  Elle  eft  de  I  d. 
plus  orientale  que  Pékin  ,  fous  les  34  d.  17'  de  lati- 
tude. *  Atlas  Sinenfis. 

HUNGER-BRUNN  ,  c'eft-à-dire  Fontaine  de  la, 
Famine  ,  fontaine  de  Suiffe  ,  au  village  de  Vangen, 
à  deux  lieues  de  Zurich.  Son  nom  vient  de  ce  que 
lorsqu'elle  coule ,  on  la  regarde  comme  un  préfage  de 
famine.  Par  des  obfervations  exa&es  ,  dit  l'auteur  de 
l'Etat  Se  des  Délices  de  la  Suiffe  ,  t.  2  ,  p.  fo ,  obfer- 
vations qui  ont  été  faites  depuis  l'an  1686,  jusqu'à 
notre  tems ,  il  paroît  que  ,  dans  les  années  d'abondance, 
elle  a  toujours  été  à  fec ,  quelque  fortes  6k  longues 
pluies  qu'il  ait  fait,  Se  qu'au  contraire,  à  mefure  qu'elle 
a  coulé ,  la  difette  eft  venue  ,  Se  que  plus  elle  a  coulé, 
plus  la  difette  a  été  grande. 

HUNGERFORD,  bourg  d'Angleterre ,  en  Berkshire, 
aux  confins  de  Wiitshire  ,  Se  de  Hantshire  ,  à  diftance  à- 
peu-pres  égale  de  Salisburi  Se  de  Winchefter.  On  y  tient 
marché  public  ;  Se  ce  lieu  fe  diftingue  par  la  bonté  de  fes 
truites ,  et  par  l'abondance  de  fes  écreviffes.  *  Baudr. 
édit.  1705.  Etat  priÇ.  de  la  Gr.  Bret.t.  1,  p.  42. 

HUNGFAN,  fortereffede  la  Chine,  dans  la  pro- 
vince de  Queicheu ,  au  département  de  Queiyang ,  pre- 
mière métropole  de  la  province.  Elle  eft  plus  occiclen- 
dale  que  Pékin ,  de  11  d.  31',  par  les  25  d.  42'  de  lati- 
tude. *  Atlas  Sinenfis. 

HUNGIA  ,  cité  de  la  Chine,  dans  la  province  de 
Suchuen  ,  au  département  de  Kiating  ,  troifiéme  cité 
de  la  province.  Elle  eft  de  13  cl.  16'  plus  occidentale 
que  Pékin,  fous  les  29  d.  31'  de  latitude,  *  Atlas  Sinenjis. 


HUN  407 

HUNGTUNG,  ville  de  la  Chine,  dans  la  province 
de^Channfi  ,  au  département  de  Pingyang  ,  fécondé 
métropole  de  la  province.  Elle  eft  plus  occidentale 
que  Pékin,  de  <j  d.  <ji' ,  par  les  37  d.  27'  de  latitude. 
*  Atlas  Sinenjis. 

HUNI.  Voyez  Huns. 

HUNINGUE  ;  félon  Piganiol  de  laForce,Description 
delà  France,  t.  6 ,  p.  472,  édit.  Parif.  ville  Se  for- 
tereffe  de  France  ,  dans  la  haute  Alface ,  au  diocèfe  de 
Bafle ,  fur  le  Rhin ,  dans  le  Suntgow  ,  à  deux  lieues 
de  Bade  ,  Se  aux  frontières  de  la  Suiffe.  Elle  eft  petite  , 
n'ayant  qu'environ  quatre-vingt  maifons,  Se  cinq  cents 
habitans  tout  au  plus.  Au  milieu  du  fiécle  paffé,  ce 
n'étoit  qu'un  {impie  village  :  on  y  ajouta ,  vers  l'an  1650, 
une  redoute  de  maçonnerie ,  où  l'on  tenoit  un  fergent 
Se  quinze  hommes,  uniquement  pour  avoir  des  nouvelles 
de  ce  qui  fe  paffoit  en  Suiffe.  Après  le  traité  de  Nimé- 
gue ,  Louis  le  Grand  en  fit  une  forte  ville ,  afin  de 
s'afiurer  de  l'AIface ,  Se  fe  faciliter  un  paffage  dans  le 
BrisgoW.  Quoique  Huningue  foit  très -petite,  c'eft , 
cependant  ,  une  place  très-importante.  Ses  fortifications 
font  du  maréchal  de  Vauban.  Elle  n'a  que  deux  portes  ; 
Se  fa  figure  eft  un  pentagone  régulier,  formé  de  cinq 
baftions,  bien  revêtus,  deux  desquels  font  chargés  de 
deux  cavaliers.  Les  autres  ont  dès  retranchemens  qui 
couvrent  un  magafin  à  poudre.  Les  quatre  fronts  du 
côté  de  la  terre  font  couverts  d'autant  de  grandes  demi- 
lunes  ,  le  tout  entouré  d'un  foffé  plein  d'eau ,  Se  d'un 
chemin  couvert.  Au-de-là  de  ce  premier  chemin,  on  a 
avancé  du  côté  de  la  plaine  deux  grands  ouvrages  à 
corne ,  dont  la  gorge  eft  contournée  en  arc  rentrant  dans 
l'ouvrage.  Leurs  fronts  font  couverts  d'une  petite  demi- 
lune.^  Tous  ces  ouvrages  font  coupés  de  traverfes,  pour 
empêcher  l'enfilade  des  commandemens  qui  font  à  l'en- 
tour.  Toute  la  place  ,  Se  ces  ouvrages  extérieurs  font 
entourés  d'un  avant-foffé  Se  d'un  chemin  couvert.  Le 
front  de  la  place,  qui  eft  fur  le  bord  du  Rhin  ,  eft  cou- 
vert par  un  grand  front  de  fortification,  qui  confine  en 
une  grande  courtine  ,  qui  couvre  les  deux  baftions ,  qui 
font  fur  le  bord  du  Rhin ,  Se  au  milieu  de  laquelle  eft 
un  grand  baftion  plat.  Tout  cet  ouvrage  a  un  parapet 
de  maçonnerie  ,  percé  d'embrafures.  A  l'angle  flanqué 
de  ce  baftion  eft  le  pont  de  bois  qui  traverfe  le  Rhin  , 
Se  dont  la  tête ,  qui  eft  du  côté  de  la  Suiffe  ,  étoit 
couverte  de  deux  grands  ouvrages  à  corne,  l'un  con- 
ftruit  dans  une  ifle  du  Rhin ,  Se  l'autre  fur  la  terre  ferme- 
Ce  dernier  ouvrage  étoit  entouré  de  fon  foffé  Se  de  fon 
chemin  couvert,  Se  fut  rétabli  après  la  bataille  de  Fried- 
lingue  ;  mais  par  l'article  VIII  du  traité  de  Bade , 
Louis  XIV  ,  s'obligea  de  faire  rafer  les  fortifications 
conftruites  vis-à-vis  Huningue  ,  fur  la  rive  droite ,  &C 
dans  l'îlle  du  Rhin ,  de  même  que  le  pont  conftruit  en 
cet  endroit ,  fur  ce  fleuve. 

C'eft  du  grand  HUNINGUE ,  dont  on  vient  de  parler: 
Le  petit  eft  un  village  du  canton  de  Bafle ,  fitué  à  l'em- 
bouchure de  la  Virs,  au-delà  du  Rhin,  par  rapport 
au  grand  HuNlNGUE. 

HUNNES  ou  Schutten,  rivière  des  Provinces- 
Unies  ,  dans  la  province  de  Groningue  Se  des  Omme- 
landes.  Elle  prend  fa  fource  au  pays  de  Drente,  paffe 
à  Weftroup ,  g.  à  Borger ,  g.  à  Drowe ,  g.  à  Bonner- 
veen,  d.  à  Groningue  ;  de-là  à  Billinghweer  ,Sefeperd 
dans  la  mer  d'Allemagne.  * Diclionaire  géographique 
des  Pays-bas. 

HUNNIWAR  ,  contrée  de  la  Scythie ,  en  Europe  , 
auprès  du  Danube ,  félon  Ortelius ,  Thefaur.  qui  cite 
Jornandès.  Cet  auteur  dit  que  les  fils  d'Attila  ayant  voulu 
attaquer  Valemir,  ce  prince,  quoique  pris  au  dépourvu, 
les  battit,  Se  que  les  fuyards  fe  réfugièrent  dans  la  partie 
que  les  bras  du  Danube  traverfent ,  Se  qu'ils  nomment 
en  leur  langue  Hunnivar. 

HUNNO-AVARES.  Peuples  de  Scythie  desquels  les 
Hongrois  font  immédiatement  venus ,  Se  fortis.  Ils  s'éta- 
blirent dans  la  Pannonie,  aujourd'hui  Hongrie,  après  le 
retour  des  Huns  ,  qui  avoient  fuivi  Attila,  Sefubjuguerent 
les  Huns ,  Se  fe  confondirent  avec  eux. 

HUNNORUM  Tractus  ,  nom  latin  du  Hunsruck 
ou  Hundsruck. 

HUNNUM,  ancienne  ville  de  la  grande  Bretagne,  félon 
le  livre  des  Notices  de  l'Empire,  fecl.  63.  Cambden  croit 
que  le  nom  moderne  eftSewenshalle,  auNorthumberland, 


4o8 


HUN 


HUN 


HUNS ,  (LES)  étoient  une  nation  Tartare  ,  que  ies 
Chinois  appelloient  Hiong-nou,  qui  veut  dire  malheureux 
esclaves,  d'où  s'eft  formé  par  corruption  le  mot Hunnl , 
chez  les  Latins ,  6c  Huns  chez  les  François. 

Ils  habitoierit  le  grand  pays  nommé  Ta-can,  qui  con- 
finoit  à  l'orient  au  Ouo-leang-he  ,  6c  à  ce  que  nous  ap- 
pelions aujourd'hui  le  pays  des  Tartares  Man-tchequs  : 
au  midi,  il  avoit  .pour  bornes  la  fameuiè  muraille  de  la 
Chine,  qui  s'étend  le  long  des  provinces  de  Pékin,  de 
Chanfi  6c  de  Chenfi  ;  en  Tartarie  le  pays  de  Huni  8c 
d'Ygour,  jusqu'au  fleuve Irftich,  qui  le  féparoit ,  fuivant 
les  apparences ,  à  l'occident ,  d'avec  le  pays  des  Ou-iiun. 
On  peut  lui  donner  pour  bornes,  vers  le  nord,  celles 
qui  terminent  les  empires  des  Kalkas  6c  des  Eleuths. 
Les  Chinois  n'ont  jamais  bien  connu  le  pays  de  Ta-tan  ; 
&  les  Barbares ,  qui  l'ont  habité ,  n'ayant  aucun  écrivain 
chez  eux  ,  on  n'a  jamais  pu  en  avoir  une  description 
exacte.  ,-.... 

Le  chef  des  Huns ,  qu'ils  appelloient  Tanjou,  c'«ft-à- 
dire ,  fis  du  ciel ,  faifoit  fa  réfidence  ordinaire  fur  un  des 
rameaux  du  mont  Altai  ou  Altan ,  (montagne  d'or,)  le- 
quel avoit  mille  li ,  d'orient  en  occident.  Cette  melîire 
Chinoife  a  varié  fuivant  les  différentes  dynafties.  Ainfi 
elle  eft  indéterminée.  Cependant  l'opinion  la  plus  com- 
mune eft  qu'il  en  faut  dix  pour  faire  une  lieue  de  France. 
Ce  prince  s'amufoit  à  y  faire  fabriquer  des  arcs  6c  des 
flèches. 

Les  Huns  étoient  d'une  figure  affreufe  ;  dès  l'enfance, 
on  leur  faifoit  des  incitions  fur  le  vifage,  afin  de  leur  faire 
connoître  le  fer  avant  le  lait.  Ils  avoient  le  corps  ra- 
maffé,  l'eftomac  large,  le  cou  court,  la  tête  greffe  ,  les 
cheveux  rares.  Ils  exerçoient  leurs  enfans  à  chaffer  6c  à 
faire  la  guerre  :  ils  les  mettaient  fur  des  moutons ,  qui 
leur  fervoient  de  chevaux,  les  faifoient  tirer  fur  les  oifeaux 
&  les  fouris  avec  de  petits  arcs  6c  de  petites  flèches. 
Lorsqu'ils  avoient  acquis  plus  de  force  ,  ils  les  envoyoient 
à  la  chaffe  aux  renards  6c  aux  lièvres ,  qui  leur  fervoient 
de  nourriture.  Si -tôt  qu'ils  étoient  en  état  de  manier  les 
armes,  ils  les  envoyoient  à  la  guerre  ,  qui  devenoit 
leur  unique  occupation.  C'étoit  d'ailleurs  le  feul  moyen 
d'acquérir  l'eftime  de  cette  nation  guerrière,  où  les  enfans 
entroient  en  fureur  au  récit  des  exploits  guerriers  de 
leurs  pères  ;  8c  les  pères  gémiflbient  de  douleur  lors- 
que la  vieilleffe  leur  avoit  ôté  le  pouvoir  de  fuivre  6c 
d'imiter  leurs  enfans  à  la  guerre.  On  oublioit  alors  leurs 
fervices  pafles  :  leur  caducité  les  rendoit  un  objet  de 
mépris. 

Des  racines  6c  de  la  chair  crue ,  feulement  mortifiée 
entre  la  felle  6c  le  dos  des  chevaux ,  faifoient  la  nour- 
riture de  ces  Barbares.  Ils  ne  fe  croyoient  point  en  fureté 
dans  une  maifon  ou  dans  un  bâtiment  folide  :  errans 
dans  les  plaines  6c  les  forêts,  ils  laiffoient  leurs  femmes 
6c  leurs  enfans  fous  des  tentes  pofées  fur  des  chariots, 
qu'ils  transportoient  à  leur  gré  ;  ils  n'avoient  enfin  au- 
cune demeure  fixe.  lis  fupportoient  la  faim ,  la  foif  6c 
les  rigueurs  des  faifons  avec  beaucoup  de  patience.  Ils 
n'étoient  habillés  que  de  peaux  ou  de  toile ,  qu'ils  lais- 
foient  pourrir  fur  leurs  corps.  Leurs  étendards  étoient  de 
peaux.  Ils  étoient  toujours  à  cheval  ,  dormoient  même 
pendant  la  nuft  fur  le  dos  de  leurs  chevaux.  Ils  combat- 
toient  fans  aucun  ordre  ,  6c  en  jettant  de  grands  cris; 
Leurs  chevaux  étoient  fi  légers  qu'on  les  voyoit  fondre 
fur  l'ennemi  6c  disparoitre  dans  le  même  infiant.  Celui 
qui  pouvoit  enlever  le  corps  de  fon  camarade  tué  dans 
un  combat ,  devenoit  fon  héritier  6c  s'emparoit  de  fon 
bien.  En  guerre  ils  cherchoient  à  faire  le  plus  d'esclaves 
qu'ils  pouvoient  ,  8c  s'en  fervoient  pour  garder  leurs 
troupeaux ,  6c  avoir  foin  de  leurs  beftiaux.  Leurs  armes 
confiftoient  dans  un  arc ,  des  flèches  6c  un  fabre  :  ils 
ne  fongeoient  qu'à  voler  ou  piller  leurs  voifins  ;  mais 
entr'eux  ils  étoient  d'une  fidélité  à  toute  épreuve.  Le 
nombre  de  leurs  femmes  n'étoit  point  fixé  ;  ils  en 
prenoient  autant  qu'ils  en  pouvoient  nourrir ,  fans  avoir 
égard  aux  degrés  d'alliance ,  ni  de  parenté. 
.  La  fertilité  de  la  Chine  attiroit  ces  Barbares  :  ils  fai- 
foient fans  ceffe  des  courses  dans  les  provinces  fepten- 
trionales  de  cet  empire  ,  dont  ils  étoient  voifins.  L'em- 
pereur, pour  les  arrêter ,  envoyoit  fur  la  frontière  de  (es 
états  des  armées  innombrables  ;  mais  les  Huns  qui  com- 
bactoient  à^  la  manière  des  Parthes ,  en  fuyant  6c  reve- 
nant tout- à- coup   fondre  fur  l'ennemi  ,    trouvoient  le 


moyen  de  les  fatiguer  ou  de  les  détruire,  6c  continuoien 
leurs  ravages  :  fi  les  Chinois  les  poursuivoient  de  Top 
près ,  ils  les  attiroient  dans  les  déferts ,  les  y  égaraient, 
6c  les  faifoient  périr  de  mifere.  Presque  tous  les  régnes 
des  empereurs  de  la  Chine  font  marqués  par  les  courses 
des  Huns ,  dans  les  provinces  feptentrionales  de  cet  em- 
pire. Ce  fut,  pour  les  arrêter,  que  ces  menarques  firent 
conftruire  la  fameufe  muraille  de  la  Chine  ,  vers  l'an 
210  avant  Ïefus-Chrift. 

La  Chine  ne  fut  pas  le  feul  pays  que  les  Huns  attaquè- 
rent :  ils  fe  répandirent  dans  la  Tartarie ,  fous  Esle-té 
leur  Tanjou  ;  fournirent  tous  les  peuples  qu'ils  rencon- 
trèrent ;  étendirent  leur  domination  depuis  les  provinces 
feptentrionales  de  la  Chine,  jusqu'au  milieu  de  la  Sibérie, 
&c  depuis  la  mer  orientale,  jusqu'à  la  rivière  d'Ii.  L'am- 
bition de  Esle-té  ne  fut  point  fatisfaite  d'un  fi  vafte  em- 
pire :  il  voulut  conquérir  la, Chine,  y  entra  avec  quatre 
cents  mille  hommes ,  y  fit  des  ravages  affreux  ;  mais  il 
en  fortit  à  force  de  préfens  6c  de  foumifiions.  L'entre- 
prife  de  ce  Tanjou  avertit  les  Chinois  de  ce  qu'ils  avoient 
à  craindre  :  ils  levèrent  des  troupes ,  fortifièrent  les  pla- 
ces frontières,  firent  des  courses  fur  les  terres  des  Huns  ; 
ceux-ci  armèrent  de  leur  côté  :  la  crainte  réciproque  fit 
confentir  les  deux  nations  à  la  paix  que  la  cupidité  des 
Huns  faifoit  rompre  fans  cefle  ;  ces  deux  nations  s'atta- 
quèrent réciproquement  pendant  plufieurs  fiécles  ,  6:  fe 
firent  beaucoup  de  mal.  Enfin  l'empire  des  Huns  s'affoi- 
blit  6c  donna  du  relâche  à  celui  des  Chinois.  Plufieurs 
nations  fecouerent  le  joug  des  premiers  :  deux  officiers 
d'entre  les  Huns  prétendirent  enfemble  à  la  qualité  de 
Tanjou,  chacun  faifoit  un  parti,  6c  l'empire  des  Huns  fe 
divifa.  Les  uns  s'établirent ,  l'an  4§  de  J.  C.  au  midi , 
les  autres  au  nord.  Ceux  du  midi  fe  mirent  d'abord  fous 
la  protection  des  Chinois ,  fe  déclarèrent  folemnellement 
leurs  vaffaux  ;  mais  ils  fe  rendirent  fuspects  à  l'empereur 
de  la  Chine  ,  qui  profita  de  quelques  divifions  furvenues 
entr'eux,  ôc  les  fournit  entièrement,  vers  l'an  216  de 
J.  C.  Mais  au  commencement  du  quatrième  fiécle ,  ils 
s'ennuyèrent  de  la  domination  des  Chinois  ,  prirent  les 
armes  ,  s'emparèrent  de  Lo-Yam,  capitale  de  l'empire, 
la  réduifirent  en  cendres ,  firent  l'empereur  prifonnier  , 
le  mirent  à  mort ,  6c  fournirent  une  partie  de  cet  em- 
pire ;  l'autre  refta  aux  Chinois  qui  proclamèrent  un 
nouvel  empereur.  Ainfi  l'empire  de  la  Chine  fut  partagé 
entre  les  Chinois  8c  les  Huns ,  jusqu'en  43 1 ,  que  les 
Tartares  Topa  fournirent  ces  derniers ,  dont  la  nation  &C 
le  nom  fe  font ,  par  la  fuite ,  confondus  avec  les  Chinois 
6c  les  Tartares.  Voilà  ce  que  devinrent  les  Hunsdumidii 
Suivons  ceux  du  nord. 

Peu  de  tems  après  s'être  féparés  de  ceux  du  midi ,  ils 
furent  défaits  par  les  Chinois ,  dans  une  bataille  donnée 
à  la  montagne  de  Kin-vi,  proche  l'Irflich,  l'an  91  dé 
J.  C.  Alors  plufieurs  hordes  des  Huns  du  nord  fe  répa- 
rèrent du  corps  de  la  nation  :  quelques-unes  fe  joigni- 
rent avec  les  Sien-pi  ,  6c  fe  confondirent  avec  eux  : 
plufieurs  autres  fe  disperferent  dans  la  Tartarie  ,  où  il* 
formèrent  de  petits  états.  Le  corps  de  la  nation  paffa  du 
côté  de  l'occident ,  s'établit  dans  le  pays  des  Baschkirs, 
qui  eft  creufé  par  le  Volga  ,  8c  auquel  on  a  donné  lé 
nom  de  grande  Hongrie.  De-là  ils  s'étendoient  vers  les 
pays  plus  méridionaux ,  dans  les  plaines  du  Kaptchaq  , 
jusqu'à  la  ville  de  Kaschgar.  Ces  peuples  étant  arrêtés 
par  les  Perses  du  côté  du  midi  ,  6c  du  fud-oueft ,  n'a- 
voient de  libre  que  l'occident  6c  le  nord  de  la  mer  Cas- 
pienne :  ils  pafferent  dans  le  Yen-tçai  ou  la  Sarmatie  Afia- 
tique ,  en  chafferent  les  Alains ,  Se  s'établirent  dans  ces 
plaines  qui  font  entre  le  Volga  6c  les  Palus  Méotides  , 
8c  s'étendirent  jusqu'au  Derbend.  Ils  traversèrent  les  Palus 
vers  l'an  376 ,  fournirent  d'abord  les  Alipfuriens  ,  les 
Alcidzuriens ,  les  Itamares,  les Tuncaffes ,  les  Boïsques* 
les  Oftrogoths,  épouvantèrent  lesWifigoths,  qui  prièrent 
l'empereur  Valens  de  les  laiffer  paffer  fur  les  terres  de 
l'empire,  ce  qu'il  leur  accorda.  Les  Huns  s'emparèrent 
du  pays  que  les  Wifigoths  abandonnoient  ,  s'établirent 
fur  le  bord  du  Danube,  ôc  fe  trouvèrent  maîtres  de  tout  ce 
qui  eft  depuis  ce  fleuve  jusqu'au  détroit  de  Derbend.  Ils 
ne  tardèrent  pas  à  faire  des  courfes  fur  les  terres  des  Ro- 
mains. La  palfion  de  ces  peuples  pour  le  pillage,  les  en- 
gageoit  à  prendre  la  défense  de  tous  les  rebelles  qui  la 
leur  demandoient  contre  l'empereur.  Ils  accouraient  à  la 
première  follicitation  ,   8t  ne  s'en  retournoient  jamais 

qu'ils 


HUN 


HfJQ 


qu'ils  ne  fuffent  chargés^de  dépouilles.  S'ils  faifoienj  la 
paix  avec  les  Romains  ,  ils  ne  tardoient  pas  à  la  rom- 
pre ;  le  defir  du  pillage  faifoit  leur  loi. 

Les  Huns  n'étoient  pas  tous  fournis  au  même  chef; 
il  y  en  avoir  qui  commandaient  à  ceux  qui  étoient  établis 
fur  le  Danube ,  d'autres  à  ceux  qui  étoient  reftés  dans 
la  Sarmatie  :  enfin  ceux  qui  étoient  dispersés  entre  ces 
deux  espaces  ,  avoient  aufîi  les  leurs.  Pendant  que  ceux 
qui  étoient  furies  bords  du  Danube,  faifoient  la  guerre  aux 
Romains,  les  autres  attaquoient  les  Tartares  leurs  voifins. 
Ainfi  les  Huns  faifoient  trembler  l'Orient  &C  l'Occident. 
Les  Romains  garantiffoient  leurs  pays  des  ravages  de  ces 
Barbares,  à  force  d'argent  ;  mais  Attila  parut.  Cet  homme 
fier,  avare  &  cruel ,  n'écouta  que  fa  paifion.  S'il  fit  la  paix 
avec  les  Romain^  ,  en  montant  fur  le  trône  ,  ce  ne  fut 
que  pour  foumettre  plufieurs  nations  du  nord.  Il  parut 
bientôt  dans  l'Illyrie,  à  la  tête  d'une  armée  formidable, 
paffa  dans  la  Mcefie ,  enfuite  dans  laPannonie,&  fit  par- 
tout des  ravages  affreux.  On  le  vit  presqu'aufîî-tôt  en 
Thrace  ,  où  il  renverfa  plufieurs  villes.  Théodofe  II, 
alors  empereur  d'Orient  ,  envoya  des  troupes  contre 
Attila  ;  mais  il  les  défit  &  les  ravages  continuèrent  ; 
enfin  Théodofe,  par  des  fommes  immenfes ,  qui  épuife- 
rent  fes  tréfors  &  ruinèrent  fes  peuples  ,  obtint  la  paix 
de  ce  Barbare. 

Attila  ne  ceffa  de  ravager  l'Orient ,  que  pour  tourner 
fes  armes  contre  l'Occident  :  il  entra  dans  les  Gaules , 
avec  une  armée  formidable ,  y  mit  tout  à  feu  &  à  fang. 
Il  venoit  de  fe  rendre  maître  d'Orléans  ,  lorsqu'Aëtius  , 
général  Romain,  fecouru  des  Wifîgoths  ,  vint  l'attaquer, 
le  battit  &  le  força  de  fe  retirer  dans  fon  pays.  Il  ras- 
fembla  une  nouvelle  armée  ,  paffa  en  Italie ,  qu'il  trouva 
dégarnie  de  troupes ,  &  qu'il  ravagea.  Il  vouloit  aller  à 
Rome  &  l'enfevelir  fous  fes  ruines  ;  mais  les  foldats  lui 
ayant  repréfenté  qu'AIaric  étoit  mort  peu  après  avoir 
faccagé  cette  ville  ,  il  s'arrêta  ,  écouta  les  propofitions 
de  paix ,  que  le  pape  Léon  vint  lui  faire  de  la  part  de 
l'empereur.  Il  s'en  retourna  dans  fon  pays  où  il  mourut. 
Après  fa  mort,  les  divifïons  affoiblirent  les  Huns ,  au  point 
qu'ils  ne  purent  retenir  dans  le  devoir  les  nations  qu'At- 
tila avoit  foumifes.  Ils  fe  disperferent  dans  les  plaines 
'  fîtuées  au  nord  de  la  Circaffie ,  du  Pont  -  Euxin  &  du 
Danube.  On  voit  dans  l'hiftoire  qu'une  nation  de  Huns 
ravagea  la  Thrace  ,  voulut  affiéger  Conftantinople  ,  & 
que  le  célèbre  Bélifaire  les  défit.  Enfin  il  vint  de  Tar- 
tarie  d'autres  Barbares ,  avec  lesquels  ils  furent  confon- 
dus ,  &  qui  firent  oublier  le  nom  de  Huns. 

Ce  peuple  du  nord  de  la  Chine ,  s'avance  jusque  dans 
la  Germanie ,  les  Gaules  &  l'Italie  ,  fait  trembler  le 
monde  entier  &£  disparoît.  *  Voye^  CHifloire  générale 
des  Huns ,  par  M.  de  Guines. 

HUNSINGO  ,  contrée  des  Provinces -Unies  des 
Pays-bas.  On  nomme  ainfi  le  quartier  feptentrional  de 
la  feigneurie  de  Groningue ,  qui  eft  près  de  la  mer  ; 
entre  la  rivière  de  Hunnes ,  &  l'embouchure  de  l'Embs. 
*  Dici.  géogr.  des  Pays-bas. 
HUNSRUCK.  Voyez  Hundsruck, 
HUNTE  (la)  rivière  dans  le  cercle  deWeftphalie.  Elle 
prend  fa  fource  dans  l'évêché  &  au  levant  d'Osnabruck, 
d'où  elle  prend  fon  cours  vers  le  nord ,  paffe  àHuntebourg 
qui  en  prend  le  nom  ;  elle  entre  enfuite  dans  le  lac  de 
Dummer,  au  fortir  duquel  elle  arrofe  Diepholt  ;  fon 
cours  change  après ,  vers  le  -nord-oueft  ;  paffe  à  Wildes- 
hufen  ,  à  Oldendourg ,  au-deffous  duquel  elle  fe  joint 
au  Wefer.  Jaillot ,  S  an  fon,  De  Ulfle. 

HUNTINGTON,  Venantodurum ,  ville  d'Angle- 
terre, dans  la  province  de  Huntingtonshire,  dont  elle 
eftlacapitale.  Cette  ville  eftfituéefur  l'Oufe,  à  cinquante 
milles  de  Londres,  &  eft  fort  agréable.  Elle  avoit  autrefois 
quinze  paroiffes ,  qui  font  réduites  à  quatre.  Elle  a  un 
pont  de  pierre  ,  qui  lui  fert  de  communication  avec 
Godmanchefter ,  qui  eft  de  l'autre  côté  de  la  rivière. 
Huntington  a  le  titre  de  Comté.  Il  y  a  marché  public 
&  une  bonne  école  ;  &c  elle  envoie  fes  députés  au 
parlement.  Quelques-uns  écrivent  Hundington.  *  Etat 
préf.  de  la  Gr.  Bret.  t.  i.  p.  74. 

HUNTINGTONSHIRE,  Huntingtoniœ  comitatus, 
province  d'Angleterre,  au  diocèfe  de  Lincoln.  Elle  a 
pour  bornes  au  couchant  le  comté  de  Norrhampton , 
au  levant  celui  de  Cambridge ,  &  au  midi  celui  de 
Bedfort.  Quelques-uns  la  nomment  par  dérifion  Willows- 


4O9 


hire  ,  parce  qu'elle  abonde  en  faules.  Elle  a  foixante- 
fept  milles  de  tour  ,  &  contient  environ  deux  cents 
quarante  mille  arpens  &  huit  mille  deux  cents  dix- 
fept  maifons.  C'étoit  autrefois  un  pays  couvert  de  bois, 
&  propre  pour  la  chaffe  ,  d'où  lui  vient  le  nom  de 
Huntingtonshire.  Aujourd'hui  il  eft  découvert,  maréca- 
geux au  nord-eft  ,  mais  abondant  en  pâturages  ,  aurefte. 
fort  agréable ,  diverlifié  par  des  collines ,  produilant 
beaucoup  de  bled  &  de  bétail.  Elle  eft  arroféa  par  plufieurs 
rivières  ,^  dont  l'Oufe  eft  la  principale  ;  fes  villes  Se  les 
bourgs  où  l'on  tient  marché,  font: 

Huntington,  capitale,         S.  Neots  , 
S.  Ives  ,  R.amfey, 

Kimbolton,  &  Yaxley. 

^HUNTWIEL,  village  de  Suiffe  ,  au  canton 
d'Appenzel:  c'eft  une  des  communautés  intérieures  &C 
réformées.  *  Etat.  &  Dél.  de  la  Suiffe,  t.  3  ,  p.  104. 

HUON ,  ville  de  la  Chine  ,  dans  le  Pekeli ,  au  dépar- 
tement de  Paoting ,  féconde  métropole  de  la  province. 
Elle  eft  plus  occidentale  que  Pékin,  de  2  d.  10',  par 
les  39  d.  35'  de  latitude.  *  Atlas  Sinenfis. 

HUPPY ,  village  de  France,  dans  le  diocèfe  d'Amiens  , 
doyenné  d'Oifemont.  L  eglife  de  ce  lieu  'qui  eft  fous  le 
titre  de  S.  Sulpice,  eft  belle  &  grande,  avec  une  croifée 
voûtée  ,  &  de  belles  vitres  peintes.  On  y  lit  au  milieu 
du  chœur,  fur  le  mur,  adroite:  Ambianenfis  episcopus 
anno  jalutis  1520,  die  vero  II  Oclobris  hoc  templum. 
dedicavit.  Cette  inscription  n'eft  pas  du  tems:  on  y  voit 
au-deffus  les  armes  de  la  maifon  de  Chepy,  avec  une 
couronne  de  marquis.  Il  y  a  au  fanétuaire  une  chaffe 
d'un  S.  Aquilin,  qu'on  dit  apportée  de  Rome.  Dans 
la  chapelle  du  feigneur ,  collatérale  au  choeur  ,  eft 
une  cheminée  pratiquée  dans  fépaiffeur  du  mur.  Le 
Dictionnaire  univerfel  de  la  France  met  deux  Huppy  au 
diocèfe  d'Amiens.  *  Notes  de  M.  Lebeuf,  chanoine 
d'Auxerre. 

HUQUAN,  ville  de  la  Chine,  dans  la  province  de 
Channfi,  au  département  de  Lieggan ,  quatrième  métro- 
pole de  la  province.  Elle  eft'  plus  occidentale  que 
Pékin  ,  de  3  d.  59',  par  les  37  d.8'  de  latitude.*  Atlas 
Sinenfis. 

HUQUANG:  prononcez  Houquouan,  province 
de  la  Chine  ,  dont  elle  eft  la  feptiéme ,  &  ne  le  cède  point 
aux  autres  en  étendue,  en  beauté  &  en  fertilité.  La 
plus  grande  partie  eft  unie,  entrecoupée  de  lacs  &C 
de  rivières.  Elle  prend  fon  nom  du  grand  lac  Hung- 
ting  ;  car  Hu  en  Chinois  veut  dire  lac  ;  &  Quang  veut 
dire  étendu. 

Le  grand  fleuve  Kiang  la  traverfe  par  le  milieu ,  8t\ 
la  divife  en  feptentrionale  &  en  méridionale.  Autrefois 
elle  appartenoit  aux  rois  de  Çu  ,  &  s'appelloit  King. 
Ces  rois  qui  étoient  très-puiffans ,  y  avoient  choifi  leur 
féjour.  Ils  s'étoient  rendus  redoutables  aux  empereurs 
mêmes ,  &  leur  étoient  égaux  ou  même  fupérieurs  en 
force.  On  la  nomme  en  Chinois  Jumichiti ,  c'eft- à-dire 
le  pays  des  poiffons  &  du  riz  :  on  dit  que  c'eft  le  gre- 
nier de  la  Chine ,  comme  la  Sicile  à  été  nommée  le 
grenier  de  l'Italie  parce  qu'elle  abonde  en  grains  &C 
en  fruits  :  on  dit  en  proverbe,  que  le  Kianfi  peut  donner 
le  déjeuné  à  la  Chine;  mais  que  le  Huquang  peut  lui 
donner  tous  les  repas ,  &r.  la  raffafier.  La  fertilité  y  eft 
en  effet  fi  grande ,  qu'on  ne  peut  rien  fouhaiter  de  plus  ; 
les  montagnes  font  chargées  de  forêts  ,  il  y  a  par-tout 
quantité  de  riz&  de  bled  ;  le  poiffon  y  eft  communau- 
delà  de  l'imagination.  Ainfi  il  n'eft  pas  fuprenant  qu'il 
fe  trouve  dans  cette  province  quinze  villes  métropoles, 
cent  huit  cités ,  avec  un  très-grand  nombre  de  bourgs  &t 
de  villages ,  fans  parler  des  villes  militaires  &  des  for- 
tereffes. 

Cette  province  eft  bornée  au  nord  par  le  Honan  ; 
confine  au  nord-oueft  au  Xenlî  ;  au  couchant ,  elle  a  le 
Suchuen;  au  midi,  le  Quanfi  ;  aufud-oueft,  leQueichu; 
au  fud-eft,  le  Quantung;  à  l'orient,  le  Kiangfi  &r  le  Kiang- 
nan.  Les  regiftres  de  la  Chine  portent  qu'il  y  a  dans 
cette  province  63 1686  familles,  faifant  4S  53  590  nommes; 
encore  n'y  comprend-on  pas  tous  ceux  qui  ne  s'écrivent 
point  fur  ces  rolles.  Elle  paye  pour  tribut  à  l'empereur 
2167  e)  59 iacs  de  riz  ;  17977  pièces  de  foie  travaillée ,  &c. 
Voici  une  table  des  places  de  cette  province ,  avec  leur 
ppfition. 

TomtlII.    Fff 


4io 


HUQ 


HUQ 


Noms. 

Longitude. 

Latitude 

Noms. 
VIII.   Ville 

Longitude. 

Latitud 

I.  Ville 

métropolitaine. 

métropolitaine. 

Changxa , 

5-                      « 

28. 

ïop 

Vuch'ang , 

3.                   i<5 

3i- 

0 

P- 

Siangt'an  , 

5-                    3 

28.  * 

30  p 

Vuchang , 

i.                     4<i 

3*- 

° 

P- 

Siangyn , 

5-                    5 

29. 

13  P 

Kiavû , 

3-                   51 

30. 

30 

P- 

Ninghiang, 

y.                  2.2 

29. 

np 

Pukî , 

3-                   42 

29. 

50 

P- 

Lieuyang, 

4.                  31 

29. 

3P 

Hienning, 

3-                     C 

C19. 

46 

P- 

Liling, 

4.                  4c 

28. 

i8p 

Çungyang, 

3-                   *S 

29.. 

45 

P- 

Ieyang, 

5-                   4C 

29. 

28. 

Fungching , 

4.                       IC 

29, 

39 

P- 

Sianghiang , 

5-                  iS 

32P 

Hinque  © , 

2.                              22 

30. 

20 

P- 

Xeu, 

4.                       2C 

28. 

38  P 

Taye, 

2.                              49 

30. 

45 

>■ 

Ganhoa , 

6.                  ic 

28. 

î8P 

Tungxan. 

3,                       10 

30. 

n 

»■ 

Chaling  ©. 

4.                  25 

28. 

Op 

II.  Ville. 

IX.  Ville. 

Hanyang, 

3-                   43 

30. 

10 

>. 

Paoking , 

6                    5 

ZI' 

43  P 

Hanchuen. 

4.                   11 

31- 

4 

3. 

Sinhoa, 
Chingpu, 

6.                    c 
6.                   3É 

28. 

27. 

23  p 
33  P 

III.  Ville. 

Vuchang  0, 
Sinning. 

7.                     c 
6.                  2S 

27. 
17. 

10  p 
op 

Siangyang , 

5-                  33 

32. 

28 

ï. 

Iching , 

5-                   44 
5-                  48 

32. 

30 

>. 

X.  Ville. 

Nanchang , 

y- 

9 

3. 

Çaoyang, 
Coching, 

5-                   H 

32. 

11 

). 

Hengcheu, 

5-                  '3 

*? 

48  P 

6.                    0 

3*> 

36 

>. 

Hengxan, 

4-                  5c 

28. 

,11 

Quanghoa , 
Kiun  ©. 

6.                    3 

32. 

58  [ 

. 

Liuyang  , 

t   '      % 

27. 

6.                   30 

33- 

*3  f 

. 

Changning  , 

17. 

20  p 

Gangin  , 

4-                   50 

27. 

45  P- 

IV.  Ville. 

Lin  g, 
Queiyang  ©  , 

4.                   56 
4-                   53 

2<Si 
26. 

52  p. 

27  p. 

Tegan, 

4.                    10 

31' 

*-«  C 

. 

Linuu  , 

4-                   50 

M- 

Ï4P- 

Iunmung , 

3-                   55 

31- 

40  f 

Lanxan. 

y*                  14 

2J. 

46  p. 

Hiaocan  , 

3-                  53 

31- 

22  p 

Ingching  , 

4*                   10 

ï»* 

38  F 

XL  Ville. 

Sui  0 , 

4»                  25 

32. 

5  F 

Ingxan. 

3-                  53 

32* 

10  p 

Changte , 
Taoy  ven , 

&                   8 
6i                  30 

29; 
29. 

38  p. 
30  p. 

V.  Ville. 

Luneyang  , 
Iuenlaang; 

5-                  fi 

29. 

32  p. 

5-                  Jo 

29. 

21  p. 

Hoangcheu , 

a.                  50 

î« 

13  P 

Lotien, 

2.                              2.^U 

41  p 

XII.  Ville. 

Maching , 

3-                               ÏOJI* 

38  p 

Hoangpi , 

3-                               26|3L 

30  p 

Xincheu, 

6.                 35 

1 

6  p. 

Hoangganj 

3'                   1031. 

26  p 

Luki, 

7.                 4° 

Si                             0 

52  p: 

Kixui , 

2.                   3031, 

10  p 

Xinki  j 

28. 

38  p. 

Ki  e, 

2.                  26  30. 

55  P 

Xopu, 

6.                  26 

28; 

45  P- 

Hoangmui , 

2.                    131, 

30  p 

Iûen  ®, 

8.                  29 

28. 

op. 

Hoangci. 

2V                    3 

30* 

55  P 

Kiuyang, 
Mayang. 

8.                  22 
&                  18 

2 

50  p. 
23  p. 

VI.  Ville. 

XIII.  Ville. 

Kingcheu , 

ï.                   48 

30* 

50  p 

Cunggan , 

ï-                   38 

30* 

43  P 

Juncheu , 

6*                                       Q 

2& 

42  p. 

Xeuxeu, 

5-                   30 

30. 

26  p 

Kiyang, 

5-                  43 

26. 

op. 

Kienli, 

ï-                   6 

30. 

20  p 

Tau©, 

5.                  jo 

26. 

5;P' 

Sungki , 

1-                   59 

30. 

40.p 

Tunggart , 

6.              ■   14 

2<J. 

35P- 

Chikiang , 

6.                    10 

30. 

Ï°P 

Ningyven, 

I-                 3o 

26. 

5P- 

Iling  ©, 

6»                   50 

31- 

12  p 

[ungning , 

6.                   18 

26. 

3!P- 

Changyang, 

6.                   jo 

3i- 

ojp 

Kianghoa, 

ï*                   48 

2Ï* 

41p. 

Itu , 

6.                   25 

30. 

50  P 

Iuengan  , 

6.  .                 26 

3*. 

35  P 

XIV.  Ville: 

Quei  0, 
Hingxan, 

7.                    12 
7.                     0 

3i- 

31' 

op 
22  p 

Chingtien , 

f;                    20 

j-ti 

35  P- 

Patung. 

7*                   30 

30. 

59  P 

SCingxan, 
Cienkiang, 

4.                    46 
T-                .    14 

3i- 
3i- 

3IiP- 
10  p; 

VII.  Ville. 

Mienyang  0 , 
tingling, 

4-                   56 
4.                   40 

30. 
30. 

40  p. 
55  P- 

Yocheu, 

4-                    4° 

30. 

7P 

Cingmuen®, 

U                     48 

31- 

30  p. 

Linfiang, 

4-                     17 

30. 

3  P 

rangyang. 

5.                    6 

ï«« 

18  P. 

Hoayung, 

r-            26 

29. 

55  P 

Pingkiang, 

4-                      20 

29. 

«5  P 

XV.  Ville. 

Fung  9, 

S-                     15 

30. 

6P 

Xemuen  , 

ï.                     56 

50. 

17  p 

Zhingyang  , 

5.                  52 

53« 

Op. 

Culi , 
Ganhiang. 

5.                   i7 

JO. 

35  P 

Fang, 

7.                  13 

52. 

i4P. 

5.                   46 

io. 

2  p 

Choxan  , 

7.                  30 

*»■ 

49  P- 

1 

Sangcin^ 

7.                     9 

3- 

40  Ip4 

HUR 


HUR 


41  ï 


Noms. 

Longitude 

Latitude 

Noms. 

Longitude 

Latitude 

j 

Choki , 

7- 

34 

32. 

28 

P- 

Queiyang, 
Queitung. 

4- 

6 

2-7- 

3i.P- 

Chingfi , 

6. 

45|33- 

40 

P- 

4, 

5 

26. 

29p. 

Paokang. 

6. 

16132. 

36 

P- 

Cités  militaires. 

1 

I.  Grande  Cité. 

Xie, 

8. 

0 

29. 

38'p. 

Chingchieu  ©, 

7> 

1428; 

0 

P- 

Iungxun, 

l 

V- 

29. 

3*|P- 

Hoeitung , 

7- 

46  27. 

40 

P- 

Paocing , 

8 

29. 

5P- 

Tungtao , 

7- 

16 

27- 

3° 

P- 

Nanguei , 

7- 

35 

30. 

io'p- 

Suining. 

7- 

0 

27. 

35 

P- 

Xiyung, 

Xangki, 

7. 

7- 

16 
10 

29. 
29. 

45  |P- 
5o:p 

II.  Grande  Cité. 

Lankiang  , 
Sanping , 

l 

3° 
27 

29. 
29. 

2o!p 
43  P- 

Chincheu, 

4. 

M 

26. 

30  p. 

Iunting, 

6. 

53 

30. 

20,p 

Iunghing, 

4- 

35 

26. 

40  p. 

Tienkia, 

7- 

39 

30. 

26  p 

Ychang, 

4- 

30 

26. 

10  p. 

Iungmui. 

6. 

3230. 

10  p 

Hingning  , 

4- 

20 

27. 

op. 

1 

1 

HUR,  vine  de  la  Chaldée.  Voyez  Ur. 

HURDASPALENSE  monasterium,  ancien  mo- 
naftere ,  dont  parle  le  prêtre  Euloge ,  dans  fes  Epîtres. 
Morales  ne  doute  point  que  ce  foit  aujourd'hui  Urdax  ; 
il  eft  fitué  en-deçà  des  Pyrénées ,  peu  loin  de  Bayonne. 
Baudrand,  édit.  1682  ,  dit  que  c'eft  Urdache  ,  au  pied 
des  Pyrénées ,  à  l'entrée  de  la  Navarre  ,  &C  à  une  lieue 
des  frontières  d'Espagne.  *  Ortel.  Thefaur. 

HUREPOIX ,  (le)  petite  contrée  de  France ,  dans 
le  gouvernement  de  l'Iile  de  France  ,  dont  on  ne  fait 
point  les  limites  ;  de-là  vient  que  les  géographes  varient 
extrêmement  fur  les  villes  qu'ils  y  mettent.  Robbe  n'y 
met  que 


Melun , 
Corbeil, 


La  Ferté-Alais, 
Fontaine-Bleau. 


Baudrand  dit  que  les  places  les  plus  remarquables  du 
Hurepoix  font , 

Montfort-l'Amauri ,       Mante  ,' 
Houdan ,  Dourdan  | 

ck  Espemon. 

De  l'Ifle  y  place, 

Corbeil,     _  Châtres, 

Mont-1'Heri,  La  Ferté-Alais, 

Chévreufe,  -  Palaifeau. 

ïl  donne  Melun  au  Gâtinois.  Piganiol  de  la  Force  dit  : 
pourquoi  Ce  fatiguer  inutilement  pour  tâcher  de  découvrir 
fi  une  ville  eft  du  Gâtinois  ou  du  Hurepoix ,  pourvu 
qu'on  foit  fur  qu'elle  eft  du  gouvernement  de  l'Ifle  de 
France  ? 

HUR1EL,  petite  ville  de  France,  dans  le  Bourbon- 
hois  ,  dincèfe  de  Bourges.  Il  y  a  châtellenie  royale , 
feffortiffante  au  bailliage  de  Montluçon  ;  elle  eft  fnuée 
fur  une  hauteur ,  à  deux  lieues  de  Montluçon.  Les  terres 
produiknt  des  feigles,  mais  peu  de  froment:  il  y  a 
quelques  vignes,  dont  le  vin  eft  d'une  très-petite  qualité. 
Il  y  a  auffi  quelques  pacages ,  des  chanvres  &  des  menus 
fruits  ;  ïl  s'y  tient  deux  marchés  par  femaine  ,  &  lîx  foires 
par  an,  affez  fréquentées. 

.  HURMON,  petite  ville  de  Perfe ,  à  85  d.  15'  de 
longitude,  &  à  32  d.  30'  de  latitude.  Elle  eft  petite; 
l'air  n'y  eft  pas  bon  ,  &.  les  chaleurs  y  font  exceffives. 
Son  territoireeft  abondant  en  dattes.  *  Tavemier,  Voyage 
de  Perfe  ,  /.  3  ,  c.  dern. 

HURONS,  (les)  peuple  fauvage  de  la  nouvelle 
France,  dont  le  pays  a  le  lac  Erié  au  fud  ,  le  lac  Huron 
à  l'oueft ,  h  le  lac  Ontario  à  l'eft  :  il  s'étendoit  depuis 
le  42e  d.  de  latitude  feptentrionale  jusqu'au 45e.  Cen'eft 
pas  la  plus  fertile  région  du  Canada ,  mais  fût-il  auffi 
peuplé  que  nos  meilleures  provinces ,  il  pourroit  produire 
abondamment  de  quoi  nourrir  fes  habitans.  L'air  v  eft 
.très-fain;  on  y  voit  des  prairies,  qui  porteroient  d'ÉXcel- 


lens  bleds  ;  &  les  forêts  font  remplies  de  cèdres  d'une 
grofleur  prodigieufe ,  &  d'une  hauteur  proportionnée. 
On  y^  trouve,  dit-on,  des  pierres  qui  fe  fondent  comme 
le  métal  ,  &£  ont  quelques  veines  d'argent  ;  quelques 
voyageurs  difentqu'ily  a  deux  animaux  allez  finguliers; 
l'un  eft  un  oifeau  ,  qui  miaule  comme  un  chat;  l'autre 
un  lièvre,  qui  chante  comme  un  oifeau,  &  dont  la 
chair  eft  fort  délicate. 

Ce  pays  eft  entièrement  défert  aujourd'hui.  Les  François 
voyant  les  fauvages,  fes  anciens  habitans,  avec  des. 
cheveux  coupés  fur  le  devant  de  la  tête,  hériffés  & 
peints  de  différentes  couleurs,  s'écrièrent,  quelles  hures! 
ôt  peu-à-peu  fe  font  accoutumés  à  les  appeiler  Hurons. 
Leur  véritable  nom  eft  Yendat.  Cette  nation  ,  dans  fa 
première  origine,  n'étoit  compofée  que  de  deux  bour- 
gades, au  moins  fi  Ton  en  croit  leurs  plus  anciennes 
traditions:  avec  le  tems  ces  deux  bourgades  fe  partagè- 
rent en  quatre  ,  ou  en  adoptèrent  deux  autres  ;  car  les 
anciens  ,  que  les  premiers  millionnaires  confulterent  fur 
ce  point ,  ne  s'accordoient  pas  entr'eux.  Les  différentes 
adoptions  que  ces  quatre  cantons  ou  tribus  firent  des 
peuples  voifins ,  rendirent  la  nation  extrêmement  nom- 
breufe ,  en  comparaifon  des  autres  ,  par  l'attention  qu'elle 
eut  de  fe  tenir  réunie;  car  quoique  les  tribus  adoptées 
gardaffent  toujours  leurs  noms  primitifs,  elles  prirent 
auffi  le  nom  des  deux  premières ,  &  parlèrent  la  même 
langue ,  à  quelque  différence  près.  Cette  uniformité  de 
langue  donne  lieu  de  croire  que  l'aflbciation  ou  l'adop- 
tion de  ces  tribus  n'avoit  fait  que  rappeller  à  leur  pre- 
mière origine  celles  qui  s'en  étoient  mois  écartées; 
car  il  eft  certain  que  les  Iroquois  ,  les  Eriés,  lesAnda- 
ftoués  ,  &  une  partie  des  peuples  méridionaux  du 
Canada ,  viennent  de  la  même  fouche  que  les  Hurons  ; 
leurs  langues  étant  évidemment  des  dialeftes  de  la 
Huronne. 

Elle  eft  gutturale ,  ftérile ,  comme  toutes  celles  des 
fauvages  du  Canada  ;  ils  n'ont  point  de  termes  pour 
exprimer  les  chofes  dont  ils  n'avoient  point  de  con- 
noiffance  ;  mais  dans  tout  le  refte  elle  eft  très-abondante, 
énergique  ,  variée ,  &  noble.  Un  miffionaire ,  qui  la 
poffédoit  parfaitement,  &C.  qui  en  avoit  compofé  une 
grammaire  &  un  diftionnaire,  difoit  qu'elle  étoit  beau-> 
coup  au-deffus  du  grec   &C  du  latin. 

Comme  chaque  nation  duCsnada,  chaque  tribu  ou 
famille,  Si  chaque  bourgade  poiie  le  nom  d'un  animal, 
apparemment  parce  que  tous  ces  Barbares  font  perfua- 
dés  que  les  hommes  viennent  des  animaux,  la  nation 
Huronne  s'appelle  la  nation,  les  uns  difent  Au  porc-épi; 
les  autres  du  chevreuil.  Sa  première  tribu  porte  le  nom 
de  Vours  ;  les  deux  autres,  qui  descendent  de  celle-là  5 
ont  pris  le  nom  du  loup  ck  de  la  tortue.  Ordinaire- 
ment dans  les  traités  ils.  lignent  en  traçant  la  figure  de 
leur  animal  ,  de  telle  manière  que  lï  c'eft  toute  la 
nation  qui  contracte ,  elle  met  la  marque  delà  nation; 
fi  ce  n'eft  qu'une  bourgade,  elle  met  celle  qui  eft  propre 
à  la  bourgade.^  Quant  aux  tribus,  comme  elles  font 
mêlées,  (ans  être  confondues,  il  eft  rare,  quoiqu'elles 
Tome  III,    Fffij 


4ii  HUR 

ayent  leurs  chefs  particuliers,  qu'elles  traitent  féparé- 
ment  des  autres. 

La  nation  Huronne ,  lorsqu'on  découvrit  le  Canada , 
pouvoit  compter  cinquante  mille  âmes;  &  la  guerre 
où  elle  étoit  embarquée  contre  les  Iroquois,  l'avoir, 
déjà  beaucoup  diminuée.  Cette  guerre  l'a  presqu'entié- 
rement  détruite ,  &  il  n'y  en  a  plus  aujourd'hui  que  deux 
bourgades  ;  l'une  au  détroit ,  d'environ  huit  cents  per- 
sonnes ;  &  l'autre  à  Lorette,  proche  Québec,  où  il  n'y 
en  a  pas  deux  cents.  Ces  foibtes  relies  d'un  peuple  qui 
a  long-tems  été  regardé  comme  le  maître  de  tous  les 
autres  ,  font  encore  quelque  figure  dans  le  pays.  Comme 
il  eft  toujours  eftimé  le  plus  induftrieux,  le  plus  éloquent 
&  le  plus  fage  de  tous  ,  &  que  lés  malheurs  ne  lui  ont 
point  fait  perdre  la  réputation  d:être  un  des  plus  braves, 
il  ne  fe  fait  guères  d'affaires  générales  ,  fans  fa  partici- 
pation; &  ordinairement  il  eft  l'âme  de  tous  les  con- 
feils.  D'ailleurs  il  eft  moins  errant  que  les  autres ,  & 
s'applique  plus  à  la  culture  des  terres  ;  ce  qui  fait  qu'il 
lbuffre  moins  de  la  difette.  On  lui  reproche  d'être  fourbe 
&  voleur.  ' 

C'eftle  premier  de  tout  le  Canada  à  qui  on  ait  annoncé 
l'Evangile  ,  &  on  l'a  fait  avec  beaucoup  de  fruit.  Les 
deux  bourgades ,  qui  fubfiftent  aujourd'hui ,  font  toutes 
chrétiennes  ;  &:  celle  de  Lorette  fe  diftingue  par  une 
ferveur  qui  la  rend  respeftable  à  toute  la  colonie.  Celle 
du  détroit  eft  presque  toute  compolée  des  Hurons  Tion- 
montatés  ,  qui  font  de  la  ptemiere  tribu,  &  elle  eft 
gouvernée  par  le  chef  héréditaire  de  la  nation,  lequel 
n'eft  jamais  le  fils  de  fon  prédéceffeur ,  mais  de  fa  plus 
proche  parente  ;  car  c'eft  par  les  mères  qu'on  régie  la 
fucceffion.  Si  toute  une  branche  de  mâles  venoit  à 
manquer,  la  plus  noble  matrone  choifiroit  un  fujetà  fon 
gré,  &  le  déclareroit  chef.  Si  le  chef  héréditaire  eft 
trop  jeune  pour  gouverner,  on  lui  donne  un  régent, 
qui  a  toute  l'autorité ,  mais  qui  ne  l'exerce  qu'au  nom 
du  chef  mineur  ,  lequel  ne  peut  être  chef  de  guerre , 
qu'il  n'ait  fervi  en  qualité  de  lîmjjle  foldat,  &  ne  fe 
foit  diftingue  par  quelque  action.  Je  dis  en  qualité  de 
fimple  foldat  ;  car  dans  un  parti  de  guerre  il  n'y  a  qu'un 
chef,  &  fon  lieutenant:  tous  les  autres  font  égaux. 

Les  femmes  ont  la  principale  autorité  dans  la  nation 
Huronne  :  elles  en  font  proprement  le  corps  :  tout  fe 
fait  en  leur  nom ,  &  les  chefs  ne  font ,  pour  ainfi  dire, 
que  leurs  vicaires.  Ce  font  toujours  elles  qui  délibetent 
les  premières  fur  tout  ce  qui  doit  être  propofé  dans  le 
confeil:  elles  donnent  enfuite  aux  chefs  le  réfultat  de  leur 
délibération  ;  &  ceux-ci  en  font  le  rapport  au  confeil 
général  ,  compofé  de  tous  les  anciens.  Rarement  cecon- 
îeil  prend  un  parti  contraire  à  ce  que  les  matrones  ont 
décidé  entr'elles. 

Les  Hurons  reconnoiffent  un  premier  esprit  ,  qu'ils 
nomment  Areskoui ,  &  les  Iroquois  Agreskoué  ;  car 
presque  tout  ce  que  je  viens  de  dire  des  Hurons  con- 
vient aux  Iroquois ,  qui  ont  la  même  origine.  Outre  ce 
premier  être  fouverain ,  ils  reconnoiffent  des  génies  fub- 
alternes ,  dont  chaque  Iroquois  en  a  un  pour  dieu  tutelaire. 

Lac  DES  Hurons:  on  le  trouve,  dans  quelques  Rela- 
tions, appelle  lac  Michigane ;  quelques-uns  lui  ont  donné 
le  nom  de  Condè ,  d'autres  celui  de  mer  douce;  mais 
ces  noms  ne  fubfiftent  plus.  Le  lac  Huron  a  presque  la 
figure  d'un  triangle ,  dont  les  pointes  font  au  fud ,  à  l'eft 
&  à  l'oueft.  Le  côté  du  nord  eft  le  plus  long;  &  il 
eft  bordé  d'un  allez  grand  nombre  d'ifles ,  dont  la  plus 
grande,  qui  eft  celle  de  Manitoualin,  a  quarante  lieues 
de  long  de  l'eft  à  l'oueft  ;  les  autres  font  peu  confîdé- 
rables.  Ce  lac  communique  au  fud  avec  le  lac  Erié , 
dans  lequel  il  fe  décharge.  Il  reçoit  à  l'oueft  les  eaux 
du  Michigan ,  &C  au  nord-oueft  celles  du  lac  fupérieur. 
Il  s'étend  du  fud  au  nord  depuis  les  43  d.  jusqu'aux 
45  d.  30' de  latitude  léptentrionale  ;  ôc  de  l'eft  à  l'oueft, 
entre  les  193  &  299  d.  de  longitude.  On  lui  donne 
otdinairement  trois  cents  cinquante  lieues  de  circuit  de 

E ointe  en  pointe.  Si  on  faifoit  le  tour  des  anfes  &  des 
aies,  il  faudrait  presque  doubler.  On  ne  trouve  plus 
aujourdhui  fur  les  bords  de  ce  lac  que  deux  villages , 
affez  peuplés  d'Outaoùais ,  l'un  dans  le  fond  de  la  baie 
du  Sanguinan  ,  &  l'autre  à  Michillimakinac.  Les  bords  du 
lac  Huron  ne  font  ni  fi  agréables  ni  fi  bien  brilës  que 
ceux  des  autres  lacs  ;    il  ne  reçoit  pas  même ,  à  beau- 


H  US 


coup  près ,  autant  de  rivières ,  fi  ce  n'eft  à  l'eft  ;  mais 
pour  peu  qu'on  pénétre  dans  les  terres ,  on  y  découvre 
de  très-beaux  pays  :  du  relie  ce  lac  eft  fort  profond  , 
fur-tout  vers  le  nord.  *  Notes  du  P.  Charlevoix ,  Hifl. 
de  la  nouvelle  France. 

HURST,  château  d'Angleterre,  au  comté  deHant, 
fur  une  presqu'ille  ,  qui  n'eft  féparée  de  l'ifle  de  Wight , 
que  par  un  canal  d'un  mille  de  largeur.  Ce  château  eft 
remarquable  pour  avoir  été  la  première  prifon  de  Char- 
les  I,  roi   d'Angleterre.  * Baudrand,  éd.  1705. 

HUS  ,  le  Pays  de  Hus  ,  ancien  pays  où  demeurait 
Job  (a).  On  eft  fort  partagé  fur  le  lieu  où  étoit  la  terre 
de  Hus  ,  parce  que.  l'Ecriture  fainte  parle  de  plufieurs 
hommes  de  ce  nom,  favoir  Hus  fils  de  Nachor  (b). 
Hus  ou  Us  ,  fils  d'Aram  (c)  ,  qui ,  à  ce  que  l'on  dit , 
peupla  la  ïrachonite  ;  &  Hus ,  fils  de  Difan,  de  la  race 
d'Eiàù  demeura  dans  i'Idumée.  Chacun  d'eux  peut  avoir 
donné  fon  nom  à  un  pays  différent.  Ceux  qui  font 
defcendre  Job  de  Nachor  ,  ou  d'Aram  ,  cherchent  la 
terre  de  Hus,  ailleurs  que  ceux  qui  croient  qu'il  descend 
d'Efaù.  Mais,  comme  dit  D.  Calmet,  il  faut  avouer  que 
fur-tout  cela  on  n'a  rien  de  certain.  Ainfi  fans  entrer 
dans  l'examen  de  toutes  les  raifons  que  l'on  apporte 
pour  ces  divers  fentimens  ,  nous  tenons ,  dit  ce  dofte 
Bénédiftin  ,  Comment,  fur  Job,  p.  2,  3  6c  4,  que  le 
vrai  pays  de  Hus  ,  où  demeuroit  Job  ,  étoit  dans  I'Idumée, 
à  l'orient  du  Jourdain  &  du  pays  de  Galaad  ,  aux  envi- 
rons de  la  ville  de  Bosra,  dans  une  province  qui  eft 
connue  des  anciens,  fous  le  nom  d'Aufitide.  Nous 
croyons ,  pourfuit-il,  que  c'eft  le  même  pays  que  Jérémie 
appelle  la  terre  de  Hus ,  &  qu'il  met  dans  I'Idumée. 
(d)  Gaude  &  lœtare,filia  Edom ,  que  habitas  in.  terra 
Hus.  *  (a)  Job,  c.  I  ,  v.  1.  (b)  Genèf.  c.  22  ,  v.  21. 
{c)Ibid.  c.  10, v.  23  ;  ôc  ParalA.  l,c.  i,v.i7.(d)  Thren. 
04,-v.  il. 

HUSATH  ouHusati,  lieu  d'Afie  ,  dans  la  Pales- 
tine. C'étoit  la  patrie  de  Sobochai,  l'un  des  braves  de 
l'armée  de  David. 

HUSINGO.  Voyez  Hunsingo. 

HUSNI  Keïfa  ou  Hasni  Keifa  ,  aujourd'hui  pai 
corruption  Hasan  Keif;  ville  d'Afie,  dans  la  Méfo- 
potamie,  fur  le  bord  du  Tigre,  entre  Amid  Se Mouffel, 
auprès  de  Merdin. 

HUSQUARR,  rivière  de  Suéde,  dans  l'Oflrogoth- 
land,  ou  Oflrogothie  ;  elle  forme  quatre  cataraftes  avant 
que  de  fe  jetter  dans  le"Vetter. 

HUSUM ,  ville  de  Danemarck  ,  dans  la  partie 
méridionale  de  Sleswig  ,  au  bailliage  de  Hufum ,  dont 
elle  eft  chef-lieu.  Elle  eft  fituée  environ  à  un  mille  8c 
demi  de  la  petite  rivière  de  l'Ov  :  les  géographes  du 
pays  lui  donnent  26  d.  40'  de  longitude  ,  fur  54  d.  40' 
de  latitude  ;  à  quatre  milles  de  Slesvig ,  à  cinq  de 
Flembourg,  à  fix  de  Tundern,  à  huit  d'Apenrade, 
à  dix  de  Ripen  ,  à  un  de  Friderichftadt,  à  deux  de 
Tonningen  ,  à  cinq  de  Rensbourg  ,  à  feize  de  Ham- 
bourg, à  dix-fept  ou  dix  huit  de  Lubeck.  Il  y  a  un 
port  ou  entrent  de  petites  barques.  Comme  le  terroir 
des  environs  eft  plein  de  bons  pâturages,  on  tient 
toutes  les  femaines  un  marché  pour  les  beftiaux;  &on 
remarque  ,  qu'en  tems  de  guerre  ,  il  s'y  eft  vendu  jusqu'à 
quatre  mille  chevaux  en  un  an.  On  y  trouve  une 
grande  quantité  d'huitres ,  que  l'on  pêche  dans  les  golfes 
du  couchant.  Cette  ville  n'eft  pas  ancienne.  L'hiftoire 
en  fait  mention  ,  pour  la  première  fois ,  à  l'occafion  du 
malheur  qu'elle  eut ,  en  141  o,  d'être  pillée  par  Magnus 
Munck ,  amiral  d'Eric ,  roi  de  Danemarck,  qui  fiit , 
dès  le  lendemain  , battu  &  tué  par  Adolphe,  comte  de 
Schauenbourg,  &  par  les  Frisons.  Quatre  ans  après, 
Hufum  fut  encore  faccagé  par  les  Frifons.  Ce  n'étoit 
alors  qu'un  village ,  ou  tout  au  plus  un  bourg ,  qui  rele- 
voit  de  la  paroiffe  de  Milfted.  Il  s'en  détacha  ,  en  1448, 
&  bâtit  pour  foi  une  chapelle ,  qui  devint  une  paroifle 
particulière.  Vers  l'an  1500,  ce  lieu  commença  de 
devenir  floriffant:  il  s'en  forma  une  ville  fi  riche  &  û 
puiffante ,  qu'en  1550,  on  commença  d'y  bâtir  une 
églife  qui  paffe  pour  une  des  plus  belles  de  ces  cantons. 
Entre  les  années  1 500  &  1 5 10 ,  les  habitans  d'Hufum 
fournirent  à  leur  prince  ,  devenu  roi  de  Danemarck, 
jusqu'à  quarante  navires  ,  fans  compter  les  moindres 
barques.  Cette  prospérité   fut  arrêtée  par  deux  incen- 


HUY 


HYA 


aies,  l'un  en  1540,  fk  l'autre  en  1S47.  Les  habitans 
furent  réduits  à  n'avoir  plus  d'autre  commerce  que  celui 
du  maltz  ,  c'eft-à-dire  d'une  orge  fechée  au  feu ,  pour 
faire  de  la  bière ,  dont  ils  envoyoient  tous  les  ans  une 
quantité  incroyable  àEmbden.  Mais  les  habitans  de  cette 
dernière  ville  s'étant  brouillés  avec  un  comte,  gendre 
d'Adolphe  ,  duc  de  Holftein  ,  ce  duc  crut  les  mortifier 
beaucoup  en  détendant  à  fes  fujets  de  Hufum  de  porter 
davantage  de  cet  orge  à  Embden.  Ceux-ci  apprirent  à 
le  préparer  eux-mêmes,  &  fe  parlèrent  de  celui  de 
Huliim  ,  qui  perdit  par-là  la  feule  refTource  qui  lui  reftoit. 
Le  fejour  que  les  troupes  impériales  y  firent,  en  1627, 
2.8  &  29,  épuifa  les  bourgeois;  ils  commençoient  à 
peine  à  fe  relever  de  ces  malheurs  ,  quand  l'inondation 
de  l'ifle  de  Nordftrand  &  des  autres  lieux  voifins  leur 
caufa  des  pertes  encore  plus  grandes,  en  1634.  L'année 
fui  vante,  arriva  l'invafion  des  Suédois ,  qui  dura  jusqu'à  la 
paix.  Cette  ville  fouffrit  encore  beaucoup  ,  en  1657,  j^ 
&  59  ,  6k  encore  durant  la  dernière  guerre  des  Suédois 
&  des  Danois.  Ces  derniers  s'en  font  emparés  fk  l'ont 
confervée  avec  tout  le  Sleswig.  La  grande  églife  eft 
defïervie  par  unfuperintendant ,  espèce  d'évêque  Luthé- 
rien ,  &  deux  pafteurs  de  la  même  communion.  La 
cidateile  a  été  bâtie  par  le  duc  Adolphe,  en  1582  ,  au  lieu 
où  étoit  autrefois  un  monaftere.  Il  y  a  une  belle  chapelle 
où  l'on  fait  le  fervice  divin  ,  félon  la  confeffion  d'Augs- 
bourg.  Il  y  a  auffi  à  Hufum  un  hôpital  qui  étoit  ci-devant 
un  couvent.  *  Hermanid.  Dan.  Descript.  p.  894,  &fcq. 

Le  bailliage  de  Hufum  n'a  que  trois  lieues  de  long , 
&  deux  de  large.  Il  eft  borné  au  couchant  par  l'ifle  de 
Nordftrand ,  64  par  la  rivière  de  Hever ,  au  nord  par 
le  bailliage  de  Flensbourg  ,  au  levant  par  celui  de 
Gottorp,  &  au  midi  par  le  petit  canton  de  Stapelholm  , 
&  par  Schv/arfted ,  Eyderfted  &  Lundenbourg;  c'eft 
un  pays,  en  partie, enfoncé  &r.  commode  pour  les  pâtu- 
rages ,  en  partie  auffi  ,  élevé  &  bon  pour  les  bleds.  Il 
y  a  quelques  bois  6c  des  bruyères.  11  comprend  fept 
paroifles  outre  quelques  biens  qui  appartiennent  à  la  nob- 
lefTe  du  pays. 

HUSUNETS  ,  petite  ville  du  royaume  de  Bohême, 
au  cercle  de  Pifeck  ,  fur  une  petite  rivière,  appellée 
Blanitr,  qui  va  fe  joindre  à  celle  d'Ottava.  C'eft  la 
patrie  de  Jean  Hus,  brûlé  à  Confiance  ,  en  141 5. 

HUSZ  ou  Huss ,  petite  ville  de  la  Moldavie ,  fur  la 
rive  droite  duPruth,  aux  confins  de  la  Beflarabie,  au 
nord  de  Felxin.  On  la  prend  pour  l'ancienne  Zudi- 
DAVA  ,  villedelaDacie.  *  Baudrand ,  éd.  1705. 

HUTERSFIELD,  bourg  d'Angleterre,  dans  la  pro- 
vince d'Yorck.  On  y  tient  marché  public.  *  Etatpréfent 
de  la  Gr.Brel.t.l. 

HUTVIL,  petite  ville  de  Suifle,  dans  le  canton 
de  Berne,  au  bailliage  de  Trachlèlwald,  proche  de 
Willifau.  Elle  appartenoit  aux  comtes  de  Kyburg.  Les 
Bernois  l'achetèrent  l'an  1410. 

HUUL  ,  fortereffe  de  la  Chine  ,  dans  la  province  de 
Queicheu  ,  au  département  de  Liping  ,feptiéme  métro- 
pole delà  province.  Elle  eft  plus  occidentale  que  Pékin, 
de  9  d.  5  ' ,  par  les  27  d.  Ç  '  de  latitude.  *  Atlas  Simnfîs. 

1.  HUY.  Voyez  Hui. 

2.  HUY,  petite  rivière  des  Pays-bas,  au  pays  de 
Liège,  ou  elle  traverfe  le  Condrofs,  paffeà  Havelang, 
g.  à  Claviere,  g.  àHoyoul,  g.  aux  Trois-Maifons ,  d.  à 
Marfon,  Se  fe  perd  dans  la  Meule  à  Huy. 

HUYRON,  abbaye  d'hommes,  ordre  de  S.  Benoît, 
congrégation  de  S.  Vanne  ,  en  Champagne,  diocèfe  de 
Châlons  ,  province  de  France.  Elle  eft  fituée  à  une 
lieue  de  Vitri-le-François,  fur  le  fommet  d'une  petite 
montagne  ,  qui  en  rend  la  vue  fort  agréable.  On  ignore 
ce  que  c'étoit  que  ce  monaftere  avant  Roger  III  du  nom , 
éyêque  de  Châlons,  en  1062.  Il  choifit  quelques  reli- 
gieux de  cet  ordre,  ausquels  il  confia  le  foin  paftoralde 
tous  les  habitans  des  villages  des  vallées  qui  environ- 
nent cette  montagne  ;  dédia  L'églife  de  ce  monaftere , 
fous  le  nom  de  S.  Martin  ,  évêque  de  Tours.  Ces  reli- 
gieux ,  voulant  fe  livrer  uniquement  à  la  vie  folitaire 
demandèrent  à  Godefroi  I,  l'an  1131  ,  un  abbé  qui 
les  débarraflat  du  foin  dont  Roger  III  les  avoit  charges. 
Ce  prélat  leur  donna  pour  abbé"  Evermarus  ,  le  chargea 
de  veiller  fur  les  paroiffiens  de  ces  lieux  &  voulut 
que  la  paroifle  fût  conftruite  tout  joignant  l'abbaye  ,  fk 


413 

fous  le  mê  me  toiquefon  églife,  de  laquelle  elle  dépen- 
doit,  fk  fut  deflervie  par  les  religieux  qui  auroient  toute 
jurisdiction',,  fans  être  obligés  de  fuivre  les  loix  prescrites 
aux  autres  paroifles  du  diocèfe.  Guy  à  la  Barbe  dit,, en 
la  chartre  de  la  fondation  de  cette  abbaye  ,  Guido  ad 
Barbam ,  Hugues ,  fon  frère ,  fk  Egelinde  leur  fœur  ,  lui 
donnèrent  tout  ce  qu'ils  polfédoient  en  quatre  villages , 
qui  formoient  la  vallée  d'Huyron ,  dont  ils  étoient 
feigneurs.  Ils  choifirent  leur  fépulture  en  l'églife  de  cette 
abbaye,  dans  laquelle  on  voit  une  tombe  de  pierre 
de  liais ,  près  du  grand  autel  qui  eft  le  feul  monument 
ancien  qui  y  foit  refté.  On  trouve  encore  ,  parmi  les 
anciens  Mémoires  de  l'abbaye  d'Huyron ,  l'épitaphe  de. 
Gui  à  la  Barbe ,  qui  fuit , 

Dicere  formido  de  te  nimis,  inclyte  Guido, 

Vel  quanti  generis ,  vel  quis  homo  fueris. 
Monflratin  cxemplum  tamenhoc  venerabile  templum^ 

Quœ  tua  nobilitas ,  qua  fuit  &  pielas. 
Hoc  tufundajli  ,  multisque  opibus  decorafii  , 

Unde  Deus  requiem  det  tibi  perpétuant. 
Qui  legit  hœc  dicat ,  in  puce   Guido  quiescat , 

Si  tibi  vita  quies  ,  quo  fine  nocle  dies. 

Entre  les  bienfaiteurs  de  cette  abbaye  on  reconnoit,  ij 
les  comtes  de  Champagne.  2.  Les  rois  de  France.  3.  Les 
comtes  de  Bar ,  les  feigneurs  d'Arziliers,  de  Saint-Che- 
ron,  de  Châtelroux ,  de  Ville-Mahieux ,  de  Grandpré  , 
de  Rams,  de  Dampierre  fk  autres,  fk  même  Henri 
d'Angleterre ,  plufieurs  desquels  choifirent  leur  fépulture 
en  ce  lieu  ;  mais  il  ne  refte  aucune  marque  de  leurs 
tombeaux.  Roger  III  du  nom  ,  évêque  de  Chà.ons , 
dont  nous  venons  de  parler,  donna  des  biens  confidé- 
rables  à  cette  abbaye ,  fk  lui  accorda  de  beaux  privi- 
lèges entr'autres,  le  droit  de  préfentation  à  plufiVurs 
cures  de  fon  diocèfe.  Les  papes  ont  accordé  des  privi- 
lèges diftingués  à  cette  abbaye,  fk  particulièrement 
Urbain  III,  par  une  Bulle  de  l'an  1184:  il  y  avoit  autre- 
fois un  grand  nombre  de  reliques  ;  mais  les  chàffes  fk 
reliquaires  ayant  été  rompus  pendant  les  guerres,  plufieurs 
de  ces  reliques  furent  confondues  avec  d'autres  offe- 
mens  de  morts  ;  il  en  refte  néanmoins  encore  quelques- 
unes.  En  1536,  cette  abbaye  fut  donnée  en  commende; 
ce  qui  dura  jusqu'en  1609,  qu'elle  fut  donnée  à  un  reli- 
gieux de  Montieramey ,  par  arrêt  du  grand-confeil  ;  & 
en  1665,  le  roi  la  donna  en  commende  à  l'abbé  du 
Metz ,  qui  y  mit  les  religieux  réformés  de  la  congréga- 
tion de  S.  Vanne.  *  Baugier  ,  Mémoires  hiftoriques 
de  la  Champagne,  t.r,  p.  149. 

HUISBOURG,  abbaye  d'hommes ,  ordre  de  faint 
Benoit  ,  en  Allemagne ,  dans  la  principauté  d'Halber- 
ftadt.  Elle  eft  riche,  fk  a  été  confervée. 

HUYS-te  Bretten  ou  Britten.  Voyez  Brit- 
tia  ,  fk  Armamentarium. 

HYADETjE;  c'eft  ainfi  que  Strabon  appelle  Iesifles 
qu'Antonin  nomme  S ia dœ  ,  fx  que  nous  connoiflbns  fous 
le  nom  deSept-IJles  en  Bretagne.' Voyez  Sept-Isles.  i. 

HYAEA,  ville  de  Grèce  ,  au  pays  des  Locres  Ozo- 
les ,  félon  Etienne.  Thucydide  en  tait  auffi  mention  ,1.7. 

HYAELA.  Voyez  Hiela. 

HYALjEI  ,  tka*<m,  peuple  ou  famille  de  Sicile.  Il 
en  eft  parlé  dans  la  cent-quarante-huitiéme  Épître  de 
Phalaris. 

HYAMAN.  Voyez  Yemew! 

HYAMIA,  ville  du  Peloponnèfe  dans  la  Meflenie,' 
félon  Etienne  le  Géographe. 

HYAMIUM ,  ville  Troyenne  ,  félon  le  même.  Je  ne 
fais  s'il  veut  dire  ville  de  la  Troade  ou  ville  bâtie  par 
les  Troyens  dans  un  autre  pays. 

HYAMPEUS  Vert  ex,  c'eft-à-dire  le  fommet 
d'Hyampé.  Hérodote,/.  8,  c.  39,  nomme  ainfi  une 
montagne  qu'Ortélius  ,  Thefaur.  juge  avoir  été  dans  la 
Phocide,  tk  peut-être  l'une  des  cimes  du  ParnafTe:  il 
paroït  par  le  témoignage  de  Plutarque  (  De  tarda  Dei 
yindicld.)  qu'elle  étoit  près  de  Delphes. 

HYAMPOLIS,  ville  de  Grèce  ,  dans  la  Phocide. 
Elle  étoit  fituée  dans  le  défilé  par  où  l'on  paflbit  de 
Theffalie  fk  delà  Locride  Epicnemidiennc  H.ans  la  Pho- 
cide. Stace  ,  Thebaïd.  1.  7,  V.345,  marque  fa  fituation 
fur  un  écueil  escarpé  : 


414 


HYB 


HYD 


&  Hyampolin  a  Cri 
Subnixam  fcopulo. 

Et  Paufanias  ,  Phocic.  35  ,  dit  :  le  chemin  quieftfurla 
montagne  à  la  droite  d'Elatée,  conduit  à  Abœ  &  à 
Hyampolis.  *  Herodct.  1.  8  ,  c.  zS. 

HYANTES  ,  ancien  peuple  de  Grèce ,  près  d'Alal- 
comene  ,  dans  la  Béotie ,  félon  Etienne  le  Géographe. 

Paufanias  ,l.g  ,c.  5 ,  rapporte,  que  les  Hyantes  ayant 
perdu  une  bataille  contre  Cadmus ,  qui  commandoit  des 
troupes  Phéniciennes ,  ils .  fe  fauverent  la  nuit  fuivante  ; 
mais  que  ce  général  touché  des  prières  qu'on  fit  en  leur 
faveur,  leur  permit  de  demeurer  pêle-mêle  avec  les 
Phéniciens,  &  qu'ils  formèrent  plusieurs  villages  dans  le 
territoire.de  Thèbes.       .  . 

HYANTIA,  ville  de  Grèce,  dans  la  Locride , félon 
Etienne  ,  dans  le  pays  des  Locres  Ozoles  ,  félon  Plu- 
tarque ,  Quœji.  Grœc. 

HYAS1S.  Voyez  OASIS. 

HYB  A ,  bourg  de  Grèce ,  dans  TAttique,  félon  Etienne, 
Lijle  de  TAttique,  p.  392.  Spon  dit  Hylàd».  Il  étoit 
de  la  tribu  Léontide;  ci  l'habitant  étoit  nommé  Hyba- 
des  ou  Hybadaus,  comme  il  paroit  par  deux  inscrip- 
tions rapportées  par  ce  voyageur.  Mais  félon  Etienne, 
Hybodtz  eft  le  nom  des  habitans. 

HYBANDA;  Pline,  l.z,c.  39,  parlant  des  lieux'que 
la  mer  ufurpe  ou  qu'elle  abandonne  ,  met  entre  les 
exemples  Hybanda,  autrefois  ifle  de  la  côte  d'Ionie, 
&  dit  que  de  fon  tems ,  elle  étoit  à  deux  cents  ftades 
de  la  mer  ;  ce  qui  revient  à  vingt-cinq  mille  pas ,  ou 
cinq  grands  milles  d'Allemagne. 

HYBELE ,  ville  au  voifinage  de  Carchedon ,  félon 
Etienne  qui  cite  Hécatée  ;  Ortélius  croit  qu'elle  étoit 
en  Arménie.  Ce  qui  l'a  trompé,  c'eft  que  dans  Etienne 
on  cite  l'Afie  d'Hécatée.  C'eft  une  faute  que  Berkelius 
a  bien  apperçue  ;  il  falloit  citer  la  Libye  de  cet  auteur. 
Les  copiftes  ont  aifément  changé  ai?J»  en  A«'a.  D'ail- 
leurs Carchedon  eft  Carthage  ,  &  Hybele  qui  en  étoit 
voifine ,  ne  pouvoit  être  dans  l'Arménie. 

HYBERIA ,  Voyez  Iberia. 

HYBLA,  ville  de  Sicile.  Il  y  en  avoit  trois  de  ce  nom, 
félon  Etienne  le  Géographe  qui  les  diftingue  par  les 
furnoms  de  grande  ,    moindre  Se  petite. 

1.  HYBLA  major,  ou  Hybla  la  grande  ,  ville 
de  Sicile  ,  allez  près  te  au  midi  du  mont  Etna.  Pau- 
fanias, EliacA.  1 ,  c.  13  ,  qui  n'a  connu  que  deux  villes 
d'Hybla  ,  dit  que  l'une  eft  furnommée  la  grande  ;  & 
Paruta  fournit  une  médaille,  où  il  eft  fait  mention  de 
ïbaae.  Cette  ville  formoit  un  triangle  avec  Catane  & 
Murgentium ,  dans  le  milieu  duquel  étoit  une  plaine 
nommée  Campus  Piorum.  Cette  Hybla  étoit  dans  les 
terres,  vers  l'endroit  où  eft  la  baronnie  nommée  la 
Motta  di  Santa-Anaflafia,  félon  De  l'Ifle.  Paufanias 
dit  qu'elle  étoit  dans  le  territoire  de  Catane,  &  entiè- 
rement dépeuplée.  Elle  ne  fubfifte  plus. 

2.  HIBLA  Minor  où  minima  ,  ou  Hybla  la 
MOINDRE  ,  c'eft-à-dire  la  plus  petite:  on  la  nommoit 
aufli  Heraa;  ville  de  Sicile,  dans  fa  partie  méridionale, 
dans  les  terres.  C'eft  de  celle-là  qu'il  eft  queftion  dans 
l'Itinéraire  d'Antonin  où  elle  eft  mife  fur  la  route  d'Agri- 
gente  à  Syracufe. 


Agrigentum.  v 

Calvifiana , 

XL. 

M.  P. 

Hyblam  , 

XXIV. 

M.  P. 

Acras , 

xvin. 

M.   P. 

Syracufa. 

XXIV. 

M.   P. 

Dans  un  autre  lieu  de  l'Itinéraire,  elle  eft  nommée 
Plagereo  five  Cymbcc  par  la  corruption  que  les  copiftes 
ont  faite  de  Plaga  Ws.-RES.Jive  HybLjE.  Cluviermet 
cette  Hybla  à  Ragufa:  en  comparant  les  deux  Siciles  de 
Del'Iue,  les  ruines  de  cette  ville  doivent  fe  trouver  entre 
la  Vittoiia  ik  Chiaramonte. 

3.  HYBLA  parva  ou  Hybla  la  petite,  ville 
maritime  de  Sicile  ,  fur  la  côte  orientale.  On  la  nom- 
moit auffi  Galeotis,&  plus  fouvent  Meg.ire  ;  de-là  vient 
que  le  golfe  au  midi  duquel  elle  étoit'lituée,  prenoit  le 
nom  de  Megarenjïs  Sinus  ;  on  le  nommoit  auiîi  Xipho- 
nius  à  caule  et  Xiphonia  ,  viile  dont  Augujla  a  pris  la 


place.  Quelques-uns  ont  cru  que  c'étoit  préfenteménit 
Mililli ;  mais  cette  baronnie  eft  plus  éloignée  delà  mer 
qu'Hybla  qui  étoit  fur  le  rivage:  fes  ruines  font  entre 
deux  ruiffeaux,  favoir  Cantaro  -  Fiume  ,  &  Fiume  Sdn- 
Cosmano. 

Une  de  ces  trois  Hybla  étoit  auffi  nommée  Tiella. 
Etienne  le  Géographe  le  dit  ;  mais  Une  détermine  point 
laquelle. 

4.  HYBLA  ,  ville  d'Italie  ,  félon  le  même. 

5.  HYBLA  ,  lieu  de  Grèce ,  dans  l'Attique ,  félon  Ser-j 
vius,  Eclog.  1  ,v.  55  ;  expliquant  ce  vers  de  Virgile  : 

Hyblais  apibus  jlorem  depajla  falicli. 

Il  fait  cette  remarque  :  Hybla ,  dit  il ,  ou  Hyblé ,  petite 
ville  de  Sicile,  préfentement  appellée  Megare;  ou  bien 
c'eft  un  lieu  de  l'Attique,  où  l'on  recueille  le  meilleur 
miel ,  locus  in  Atticà  ubi  optimum  mel  nascitur.  Le 
P.  De  la  Rue  dit  fur  ce  même  vers  ,  que  YHybla  de 
Virgile  eft  une  ville  de  Sicile ,  fituée  près  d'une  mon- 
tagne ,  &:  que  ce  lieu  étoit  remarquable ,  à  caufe  de 
l'excellent  miel  que  l'on  y  amaffoit. 

HYBRISTES,  rivière  d'Ane,  entre  le Caucafe  &  le 
peuple  Chalybes.  Eschyle  en  fait  mention  dans  une  de 
fes  Tragédies , in  Promakœo  'rÇc,ÇylÇ.  Ortélius  croît  que 
c'eft  moins  le  nom  d'une  rivière  ,  qu'une  épithete  don* 
née  à  l'Araxe. 

HYBRIAMES  ,  *?Çv*n( ,  peuples  vers  la  Thrace. 
Ils  étoient  fort  inquiétés  par  les  Scordiques  ,  félon  Stra- 
bon ,  l.j,p.  318.  Mais  Cafaubon  veut  qu'au  lieu  de 
Hybrianes ,  on  life  Agrianes. 

HYCCARA ,  ancienne  ville  de  Sicile.  Ce  nom  eft 
au  plurier ,  le  génitif  eft  HyccaroruM.  Elle  étoit 
petite  &  maritime,  fur  la  côte  feptentrionale ,  &fes  ruines 
font  aujourd'hui  nommés  Muro  DI  Carini.  Antonin^ 
Itiher.  la  met  entre  Parthenicum  Ô£  Palerme,  fur  la 
route  de  Lilybée  à  Tyndaride ,  à  huit  milles  de  la  pre- 
mière 8c  à  feize  de  la  féconde.  Etienne  le  Géographe 
la  nomme  Hyccaron,  Hyccarum,  ôccité  Philiftej 
il  dit  auffi  Hyccara  ,  que  Thucydide  ,1.6;  Diodore 
de  Sicile ,  /.  1 3 ,  c,  6,  fk  Plutarque  ,  in  Nicid ,  Alcibiade  j 
&c»  Ont  employé.  Quelques-uns  ont  voulu  diftinguer 
Hyccara  6c  Hyccarum  ,  comme  fi  c'étoient  deux  villes  dif- 
férentes. Synefius,  Epijl.  3,  dit  que  la  fameufe  Laïs ,  cour- 
tifane ,  étoit  une  esclave  a  Hyccara ,  qui  ayant  été  achetée» 
en  Sicile,  avoit  été  emmenée  &c  proftituée  en  Grèce. 
Plutarque,  in  Nicid,  dit  de  même,  qu'après  le  départ 

d' Alcibiade Nicias  fe  retira  à  Catane  fans  avoir  fait 

d'autre  exploit ,  que  de  ruiner  Hyccara ,  petit  bourg  des 
Barbares ,  d'où  Tondit  qu'étoit  la  courtifane  Laîs qui ,  fort 
jeune  encore  alors  ,  fut  vendue  parmi  les  autres  prifon- 
niers,  &  menée  dans  le  Péloponnèfe.  Il  dit  encore,  eo 
parlant  de  la  mort  d'Alcibiade  affaffiné  par  les  Bar- 
bares: Timandre , fa maïtreffe ,  ayant  remaffé  fon  corps, 
&  l'ayant  enveloppé  &  couvert  des  plus  belles  robes 
qu'elle  eût',  elle  lui  fit  des  funérailles  auffi  magnifi- 
ques que  l'état  de  fa  fortune  préfente  le  permettoit.  Plu- 
tarque ajoute  :  on  prétend  que  Laïs  cette  célèbre  cour- 
tifane ,  qu'on  appellôit  la  Corinthienne ,  étoit  fille  dé 
cette  Timandre;  mais  qu'elle  avoit  été  faite  esclave  dans 
Hyccara,  petite  ville  maritime  de  la  Sicile.  Corneille 
dit  que  cette  ville  étoit  le  fiége  d'un  évêché  du  tems  de 
S.  Grégoire  le  Grand.  Je  ne  fais  d'où  il  tient  cette  remar- 
que ;  mais  ce  fiége  ne  fe  trouve  point  dans  les  Notices 
que  je  connois.  *  Corn.  Dift. 

HYD  A,  lieu  d'Afie  dont  parle  Homère,  Iliad.  I.  2,' 
V.  864.  Strabon,  /.  13  ,/\6i6,  rapportant  ces  trois  vers 
de  l'Iliade:  Mefthles  &.  Antiphus,  fils  de  Pylœmenes ,  & 
les  deux  plus  vaillans  capitaines  que  le  marais  Gygée 
ait  portés ,  commandoient  les  Méoniens  qui  habitoient 
au  pied  du  mont  Tmolus  ;  Strabon ,  dis-je ,  pourfuit 
ainfi  :  quelques-uns  y  ajoutent  ce  quatrième  vers  :  dans 
les  villages  de  la  fertile  Hyda  fous,  les  roches  du  Tmolus, 
montagne  couverte  de  neige.  Cependant ,  comme  Fobferve 
le  Géographe,  il  n'y  a  point  d'Hyda  dans  la  Lydie. 
D'autres  difent  que  ce  fut  la  patrie  de  Tychius  dont 
Homère,  /.  7 ,  v.  %ri ,  dit:  il  étoit  habitant  d'Hyda. 
(Madame  Dacier  lit  la  ville  d'HYLÉ.)  Ils  ajoutent ,  con- 
tinue Strabon,  que  c'eft  un  lieu  couvert  de  forêts,  fouvent 
frappé  de  la  foudre  ,  &  y  placent  les  Arimes ,  fuiyant  ce 


HYD 


HYD 


que  dit  Homère  ,  lliad.  1. 2,  v.  783  :  Derrière  les  Arimes, 
où  l'on  dit  que  Typhœe  a  fon  lit ,  ils  ajoutent  vers  les 
chaînes  de  la  fertile  Hyda.  Strabon  pourfuit  ainfi  : 
quelques-uns  mettent  cette  fable  (  de  Typhœe  )  dans  la 
Cilicie,  d'autres  dans  la  Syrie;  quelques-uns  difent  que 
Hydâeftla  ville  de  Sardes,  d'autres  que  c'en  eft  la  cita- 
delle. Voyez  Hyde. 

HYDARA ,  place  forte  de  la  grande  Arménie ,  félon 
Strabon,  /.  12.,  p.  555.    C'étoit  une  des  foixante  &c 


4ïy 


le  pays  des  Pietés,  c'efi-à-dire  vers  l'EcofTe,  félon  Bede 
cité  par  Ortélius ,  Thcfaur. 

HYDIA.  Voyez  Hydra  ,  ville  de  Sicile. 
,  HYDISSUS  ,  ville  de  la  Carie ,  félon  Etienne  le 
Géographe.  Elle  eft  nommée  HYDISSA  par  Ptolomée  , 
/.  5  ,  c.  2  ,  &  défignée  dans  Pline ,  par  le  nom  de  Ces 
habitans  Hydissenses  ,/.  5,  c.  29.  Elle  étoit  dans  les 
terres. 

HYDRA ,  ifle  d'Afrique ,   au  voifinàge    de  Car- 


quinze  fortereffes  que  Mithridate  Eupator  avoit  faitéle-     thage,  félon  Etienne  le  Géographe.  Ptolomée  ,  /.  4,(7.3, 
ver.  nomme  Hydras  ,  une   ifle  de  cette  côte  ,  mais  beau- 

HYDARC/E,  ancien  peuple  des  Indes,  félon  Etienne  coup  plus  à  l'occident,  en  Numidie  ,  près  du  promon- 
le  Géographe.  Ils  tinrent  tête  à  Bacchus  dans  fa  conquête  toire  Tritum  :  ainfi  ce  ne  peut  être  la  même  ifle ,  fi 
desIndes,  comme  le  rapporte  Denys,  au  troifiéme  livre     Etienne  ne  s'eft  point  trompé. 

HYDRA,  ou  Hydr£  Promontorium,  cap 


des  Baffariques. 

1.  HYDASPE  :  les  Septante  nomment  ainfi  un 
fleuve  voiiin  du  Tigre  &;  de  l'Euphrate  ,  dans  le  pre- 
mier chapitre  du  livre  de  Judith.  S.  Jérôme  le  nomme 
lADASON.  *  Ortel.  Thef. 

2.  HYDASPE  ,  grande  rivière  des  Indes.  Strabon , 


de  l'Afie  mineure ,  dans  l'jEolide ,  à  l'entrée  du  golfe 
de  Phocée,  aux  confins  de  l'Ionie  ,  félon  Strabon,/.  13, 
p.  612 ,  &r_  Ptolomée.  Le  premier  dit  que  ce  cap  forme 
le  golfe  Elaïtique. 

3.  HYDRA  ,  marais  de  Grèce ,  dans  l'Etolie.  Strabon, 


1. 1 5  ,  dit  qu'Alexandre  coupa  des  fapins  &  des  cèdres  ,  /.  10 ,  p.  460 ,  dit  :  dans  le  voifïnage  de  Pleuron  &c  de 
dans  une  forêt ,.  fur  les  monts  Emodes ,  &  en  bâtit  une  l'Aracynte  étoit  Lyfnnachie  ,  ville  détruite  ,  au  bord  du 
flotte  fur  le  fleuve  Hydaspe.  Arrien  ,  /.  <j ,  c.  3  ,  dit  marais  nommé  préfentement  LYSYMACHIE  ,  Se  autre- 
que  l'Hydaspe   reçoit  le  Sinare  ,    &  qu'il  fe  perd   lui-     fois  Hydra. 

même  dans  l'Acefine  avec  lequel  il  va  tomber  dans  4.  HYDRA,  petite  ifle  de  Grèce  ,  dans  la  Theffalie  , 
l'Indus.  au  pays  des   Dolopes,  apparemment  dans  le  Penée, 

3.  HYDASPE,  rivière  d'Ethiopie ,  vis-à-vis  de  l'ifle    félon  Favorin  ,'  Lexic. 
de    Méroé  ,    félon  le  philofophe  Sextus.     In  Pyrrho~         5.  HYDRA.  Palœphate,  de  Incredibil.  c.  39,  voulant 
nids.  _  expliquer  hiftoriquement  ce  que  c'étoit  que  l'Hydre  dont 

Le  premier  de  ces  trois  Hydaspes,  doit  être  celui  Hercule  fut  vainqueur ,  parle  d'une  petite  ville  nommée 
dont  parle  Quinte-Curse ,  /.  5  ,  Se  qui  coule  aux  envi-  Hydra  défendue  par  Lernus ,  petit  roi  de  ce  tems-là ,  & 
rons  de  la  ville  de  Sufe.  Mais  dans  cet  auteur  ,  où  Or-  qu'Hercule  fubjugua.  Ortélius  ,  Tkefaur,  le  foupçonne 
télius   lifoit  Hydaspe  ,    les    éditions   modernes    lifent     d'avoir  entaiïé  fable  fur  fable. 

Choaspe.  C'eft  de  celui-là  que  Vaugelas  dit  que  fon  eau        HYDRACA ,  village  d'Afrique,  dans  la  Pentapole,* 
étoit  célèbre  ,  pour  être  exquife  &  délicieufe  à  boire,     félon  Synefîus  ,  Epiji.  67. 
Virgile,  Georg.  1.  4,  v.  211  ,   met  l'Hydaspe  dans  la        HYDRACjE,  ou 

Médie  :  .    HYDRACES  ,   ancien  peuple   des  Indes.  Strabon  î 

1. 1 5  ,  p.  686 ,  dit  qu'ils  furent  appelles  en  Perle ,  comme 
Necpopuli  Parthorum  aut  Medus  Hydaspes.  troupes  auxiliaires. 

HYDRALIS  ,  petite  rivière  de  Thrace  auprès  de 
Le  père  de  la  Rue  femble  croire  que  c'eft  le  même  Conftantinople.  Nicetas  dit  qu'elle  le  perd  dans  le  Bar- 
fleuve  que  quelques-ont  mis  dans  la  Médie;  d'autres  dans  byfe  ,  &  Pierre  Gylle  dit  qu'on  l'appelle  Belgrado, 
les  Indes ,  faute  de  bien  favoir  où  il  étoit  véritablement,  du  nom  d'un  lieu  où  elle  pane.  *  Ortel.  Thef. 
Il  explique  même  le  fabulofus  Hydaspes  d'Horace  ,  HYDRAMIA ,  ville  de  l'ifle  de  Crète  ,  félon  Etienne 
comme  fi  cette  épithete  vouloit  dire  que  c'eft  un  fleuve     le  Géographe. 

dont  on  ne  débite  que  des  fables.  Ce  n'eft  point  cela;  HYÛRAOTjE,  contrée  des  Indes,  félon Philoftrate  , 
le  P.  Catrou  dit  beaucoup   mieux  :  l'Hydaspe ,  (  dont     Apollon.  1. 2. 

parle  Virgile,)  étoit  un  fleuve  de  Perse,  pas  éloigné  HYDRAOTES  &  Hydraotis,  fleuve  des  Indes,' 
de  la  ville  de  Sufe ,  l'une  des  capitales  ;  il  ne  faut  pas  &  l'un  de  ceux  qui  fe  perdent  dans  l'Acefme.  Strabon 
confondre  ce  fleuve  Hydaspe  avec  un  autre  de  même  le  nomme  HYAROTIS  ,/.  i*  ,p.  693  ,  697  &C699;  Vau- 
norh  ,  qui  fut .  dans  les  Indes  ,  le  terme  des  conquêtes  gelas  de  même ,  quoique  l'édition  latine  de  Quinte-Curfe, 
d'Alexandre.  Quant  aux  vers  d'Horace  ,  t.  1 ,  ode  22  ,  ?..  9  ,  c.  1.,  que  j'ai ,  porte  Hydroatet.  Il  paroît  que  c'eft 
les  voici 


Slve  per  Syrtes  iter  afluofas , 
Sive  facturus  per  inhospitalem 
Caucafum  ,  vel  quee  loca  fabulofus 
Lambit  Hydaspes. 

Le  mot  fabulofus  ne  lignifie  pas  ici  un  fleuve  imaginaire, 
puisqu'il  y  avoit  plufieurs  Hydaspes  ,  mais  célèbre ,  re- 
nommé, fameux,  dont  on  a  beaucoup  parlé  dans  l'es  his- 
toires. Dacier  ne  s'y  eft  pas  trompe. 

HYDASPIENS,  peuple  des  Indes,  félon  Juftin,  /.  12. 


la  même  rivière  que  Y  Adris  de  Ptolomée,  /.  c. Arrien, 
l.  9,  c.  1 ,  14  ;  &  /.  5  ,  c.  4  ,  dit  :  l'Hydrahotes  tombe 
dans  l'Indus ,  au  pays  des  Cambiftholes  ;  il  reçoit  l'Hy- 
phafis,  chez  les  Aftrobes  ;  le  Sarange  chez  les  Meceiens  ;  le 
Neudre  chez  les  Attacenes  ,  &  fe  perd  dans  lAceflne  ; 
ainfi  il  ne  tombe  pas  immédiatement  dans  l'Indus. 

HYDRAS  ,  ifle  de  la  Méditerranée ,  fur  la  côte  d'Afri- 
que ,  dans  la  Numidie  ,  félon  Ptolomée  ,  /.  4 ,  c.  3. 

HYDRAX  ,  bourg  d'Afrique ,  dans  la  Pentapole ,  félon 
Ptolomée ,  /.  4,  c.  4.  C'ëft  le  village  nommé  Hydraca  par 
Synéfius. 

HYDRE  A,  ou  Huidrea,  petite  ifle  de  l'Archipel,  fur 


Au  lieu  ftHydaspii ,  quelques  critiques  lifent  Adaspii.  Si     la  côte  du  Péloponnefe,    auprès  de  Troëzène  ,   félon 
la  première  leçon  eft  bonne,   ce  peuple prenoit  fon  nom     Etienne  le  Géographe  ,  &  Paufanias,  in  Corinthiac, 
de  l'Hydaspe,   &  ce  nom  marque  fa  pofition  fur  les  bords         HYDRELA  ,  ville  de  Carie  '    ~ 


de  ce  fleuve 

HYDATA,  mot  grec  qui  répond  au  latin  AquA. 
i  HYDATA-THERMA,  ville  de  la  Mauritanie  Céfa- 
rienfe ,  félon  Ptolomée ,  /.  4 ,  c.  2  ;  il  la  place  dans  les 
terres ,  &  la  qualifie  de  colonie. 

HYDE,  ville  de  la  Lydie  ,  félon  Etienne  le  Géo- 
graphe ,  qui  dit  que  c'eft  où  demeuroit  Omphale,  reine 
des  Lydiens ,  &  fille  de  Jordain ,  comme  le  dit  Apol- 
lonius au  quatrième,  livre  de  l'Hiftoire  de  Carie  ;  mais, 
pourfuit  cet  auteur,  Léandre  furnommé  Nicanor ,  la 
nomme  Sardes.  Voyez  Hyda 


la  nomma  enfuite 
Nisa  ,  félon  Strabon,  /.  14.  Tite-Live  parle  du  terri- 
toire de  cette  ville  ,  &  dit,  /.  37  ,  qu'il  s'étendoit  vers  la 
Phrygie. 

HYDRjEUM.  Voyez  l'article  qui  fuit. 

HYDREUMA.  Pline  met  neuf  divers  lieux  de  ce 
nom  dans  l'Ethiopie ,  fous  l'Egypte  ,  au  rapport  d'Orté- 
lius  ;  mais  le  premier  eft  Hydrium  dans  les  manuscrits, 
comme  le  P.  Hardouin  en  avertit.  Ce  mot  fignifie  un 
lieu  où  l'on  prend  de  l'eau  ;  en  latin  locus  aquaùonis ,  le 
lieu  de  l'aiguade ,  ou  l'abbreuvoir.  J'en  trouve  dans  Pline, 
dont  voici  le  paffage.  A  Copto  Camelis  itttr  aquationum 


HYDESTINATUS ,  ifle  adjacente  à  celle  de  la  grande     ratione  manjîombus  dispojttis.  Prima  appellatur Hydrcw, 
Bretagne  ,  dont  elle  eft  féparée  par  un  petit  détroit,  yers    xxxil,  mill,  Secunda  in  monte  diei  itinen,  Terti.a  in 


HYE 


416 

altero  Hydrmmaxe  à  Copto  XCV.  mill.  ielr.de  in  monte; 
mox  ad  Hydreum  Jpollinis  ,  à  Copto  CLXXXir.  mill. 
rursùs  in  monte.  Mox  ad  novum  Hydreum  ,  à  Copto , 
CCXXXI1I.  miU.paJf.  Eft  &  aliud  Hydreum  vêtus,  Tro- 
gloditicum  nominatur  ubi  pmjîdium  excubat  diverjiculo 
duûm  millium  :  dijlal  à  novo  Hydreumate  IV.  mill.  paJJ. 
inde  Bérénice  oppidum,  &c.  C'eft-à-dire  :  «De  Coptos  on 
»  fait  le  chemin  fur  des  chameaux  ;  &  les  traites  font  plus 
»  ou  moins  grandes  ,  parce  qu'on  fe  régie  fur  la  commo- 
„  dite  d'avoir  de  l'eau.  Le  premier  lieu  où  l'on  fait 
»  halte  s'appelle  Hydreum  332  milles  de  Coptos  ;  le 
»  fécond  à  une  montagne,  à  une  journée  de  chemin  de- 
»là;  le  troifïéme  au  iecond  Hydreuma,  ou  à  la  féconde 
waiguade,  à  95  milles  de  Coptos,  enfuite  àune^mon- 
»  tagne  ;  puis  à  Hydreum  Jpollinis,  ou  Paiguade  d'Apol- 
»loh  ,  à  184  milles  de  Coptos  ;  de-là  à  une  montagne, 
»  puis  au  nouvel  Hydreum  ,  ou  à  la  nouvelle  aiguade , 
«à  233  milles  de  Coptos.  Il  y  a  une  autre  Hydreum 
»  furnommée  la  vieille  ou  Troglody  tique ,  où  eft  un 
»  corps  de  garde  à  deux  milles  de  la  route  ordinaire , 
»  Se  cette  Hydreum  eft  à  quatre  milles  de  la  nouvelle 
»  aiguade;  de-là  on  arrive  à  Bérénice,  ou  eft  un  port 
»de  la  mer  Rouge.  On  voit  par  ce  paffage,  quePline 
iefert  indifféremment  de  Hydreum  Se  Hydreuma ,  pour 
fîgnifier  ces  lieux  où  l'on  s'arrêtoit,  àcaufe  que  l'on  y 
trouvoit  de  l'eau,  tant  pour  les  hommesque  pour  les 
chameaux.  Pinet  rend  ce  mot  par  logis  d'eau. 

Cette  nouvelle  Hydreum  eft  nommée  par  Antonin 
CENON  YdREUMA;  &  il  appelle  YHydreumApolhms 
Amplement  Apoixonos. 

'  HYDRIA  ,  ifle  de  la  mer  Adriatique ,  félon  Pompo- 
nius  Mêla ,  /.  2  ,  c.  7,  n.  90  ,  qui  la  nomme  auprès  des 
Electrides.  . 

HYDRIACUS  ,  rivière  de  la  Carmame ,  félon  Vto- 
lomée,  1:6,  c.  8.  Quelques  exemplaires  portent  Cau- 
DRIACUS  ;  mais  Ammien  Marcellm  ,  /.  23  ,  c.  6  ,eft  pour 
le  premier. 

HYDRIAS ,  contrée  de  l'Afie  mineure ,  aux  environs 
du  fleuve  Marfyas ,  félon  Hérodote,  A  5  ,  c.  18,  qui  dit 
qu'il  en  vient  Se  tombe  dans  le  Méandre. 

HYDRUNTUM  ouHvdrus  ,  génitif  Hydruntis, 
ville  maritime  de  la  grande  Grèce  ,  d'où  l'on  paffoit  en 
Grèce:  les  Grecs  la  nommoient  'ïcTfà'si  Lucain,  /.  5, 
v.  357,  a  dit  de  même  : 

Et  cunctas  revocart  rates  ,  quas  avius.  Hydrus  ^ 
Antiquusque  Taras  fecretaquc  littora  Leuce ,  Sec. 

Il  faut  fous-entendre  recipiunt.  Ciceron,  I.16,  Epijl.  9 
ad  Tiron.  partant  de  la  ville  de  Caffiope  dit  :  nous 
avions  un  vent  fort  doux,  Se  le  plus  beau  tems  du 
monde  ;  nous  mîmes  cette  nuit  Se  le  jour  fuivant  à  gagner 
en  nous  jouant  l'Italie  où  nous  abordâmes  à  Hydrunte. 
Cette  ville  eft  nommée  Odronto,  dans  l'Itiné- 
raire de  Bourdeaux  à  Jérufalem.  Le  nom  moderne  eft 
Otrante. 

HYDRUS  MONS  ,  montagne  ou  cap  d'Italie ,  près 
de  la  ville  d'Otrante  ,  félon  Pomponius  Mêla  ,  /.  2, 
c.  4 ,  n.  4Ï. 

HYDRUSA  ,  ifle  de  Grèce,  fur  la  côte  de  l'Attique, 
devant  les  ./Exonies ,  félon  Strabon  ,  /.  9  ,^.398. 

I.HYDRUSSA:  Callimaque  nomme  ainfi  l'ifle 
d'Andros ,  au  rapport  d'Ortélius ,  Thefaur.  ou  plutôt 
au  rapport  du  même  Pline  ,  dont  il  ne  fait  que  redire 
les  paroles. 

2.  HYDRUSSA:  Pline,  A4,  c.  12,  dit  que  les 
Grecs  nommoient  ainfi  l'ifle  de  Ceos. 

3.  HYDRUSSA:  Ariftote  ,  au  rapport  du  même  Pline, 
nomme  ainfi  l'ifle  de   TlNE  ,  autrefois  Tenos. 

Ce  nom  ne  fignifie  que  l'abondance  des  eaux ,  dont 
ces  ifles  étoient  arrofées. 

1.  HYELA,  rivière  d'Ane,  dans  la  Bithynie.  Voyez 
Hyla. 

2.  HYELA  ,  ou  Hy^ELA  ,  ville  de  l'Arabie  heureufe , 
félon  Ptolomée  ,1.6,  en. 

3.  HYELA  ,  ville  de  la  grande  Grèce;  l'Œnotrie, 
félon  Hérodote,  Ai,  c.  167.  Ceux  des  Phocéens,  dit-il , 
qui  s' étoient  réfugiés  à  Rhegium ,  s'avancèrent  plus  loin , 
Se  poflederent  dans  l'Œnotrie  une  ville  que  l'on  nomme 


HYL 


préfentement  Hybla.  Baudrand  dit  après  Gabriel  Barri, 
que  c'e'ft  préfentement  Bonfatti  dans  la  Calabre  cité- 
rieure ,  près  de  la  mer  de  Toscane  ,  au  royaume'  de 
Naples. 

H  Y  ELLA,  ville  maritime  de  la  grande  Grèce, 
dans  la  Lucarne ,  félon  Strabon,  /.  6,  ^.252.  Voyez 

V  E  L  r  A. 

HYELIUM ,  ville  d'Ane  ;  dans  la  Phrygie  ,  fur  le 
Méandre  ,  félon  Nicetas  cité  par  Ortélius ,  Thefaur. 

HYETH,  ville  d'Angleterre,  dans  la  province  de 
Kent.  Elle  envoie  fes  députés  au  parlement ,  Se  a  droit 
de  temr marché  public*  Etat préfent  delaGr.Bret.  t.  1. 

1 .  HYETTOS  ,  village  de  la  Béotie  :  on  la  nommoit 
aufTi  Aspledon,  félon  Etienne  le  Géographe. 

2.  HYETTOS,  fontaine  Se  montagne  de  la  Carie. 

3.  HYETTOS  ,  auprès  de  Milet,  félon  le  Scholiafte 
de  Théocrite;  mais  il  écrit  ce  nom  par  un  fimple  T. 

HYETUSSA,  ifle  fur  la  côte  de  Carie  ,  félon  Pline , 
/.  5  ,  c.  21.   Ce  nom  fignifie  fujette  aux  pluies. 

HYGASSUS,  ville  "de  la  Carie,  félon  Etienne  le 
Géographe  ,  qui  nomme  auffi  Hygassius  Campus. 

HYGENNÉNSES ,  ancien  peuple  de  TAne  mineure , 
félon  Hérodote,  L  3 ,  c.  90,  qui  le  nomme  avec  les 
Myfiens,  les  Lydiens, les  Âlyzoniens,  &  les  Cabaliens. 

HYGR1S,  ville  de  la  Sarmatie  ,  en  Europe,  félon 
Ptolomée,  A3,  c.  ■;.  Villeneuve, l'un  de  fes  commen- 
tateurs, croit  que  c'eft  préfentement  Sabardi. 

HYI,  ancien  peuple  de  la  Sufiane,  félon  Pline,  A  6, 
c.  27 ,  qui  le  range  avec  les  peuples  au  deffus  d'Eli- 
maïde. 

HYIDREA.  Voyez  Hydrea. 

1.  HYLA  ,  rivière  de  la  Bithynie.  Voyez  HylAS. 

2.  HYLA,  ville  d'Afie  ,  dans  la  Carie.  Le  Schoe- 
nus  l'entouroit  de  fes  eaux,  félon  Pomponius  Mêla, 
A  1 ,  c.  16. 

3 .  HYLA  ,  lieu  de  l'ifle.  de  Cypre ,  félon  Lycophron  cité 
par  Ortélws. 

4.  HYLA,  ville  de  Grèce  ,  dans  la  Béotie.  Elledon- 
noitlenomaulac  deThèbes  ,  auprès  duquel  elle  étoit ,  & 
qu'on  nommoit  Hylica palus.  Elle  eft  entièrement  ruinée. 
W heler  foupçonne  qu  elle  étoit  dans  l'endroit  où  il  vit  une 
belle  fontaine  d'où  l'eau  couloit  dans  le  lac  de  Thèbes,  Se 
ou  il  vit  des  ruines. 

HYLABI,  ou  Hyla  m  1 ,  ville  de  la  Lycie ,  félon 
Etienne  qui  cite  Alexandre  le  Polyhiftor. 

HYLACTES,  Hystra  SéTyricHjE.  Avienus,  Ora. 
Marit.  v.  496 ,  6-  feq.  dît  qu'il  y  avoit  autrefois  trois 
villes  nommées  ainii  dans  l'Espagne  Tarragonoife.  Voici 
comme  il  en  parle. 

Fuere  propter  civitates  plurimm: 

Qiiippe  hic  Hylacles,  Hyflra ,  Sarna ,  &  nobiles 

Tyrichceftitere. 

Elles  ne  fubfiftoient  plus  de  fon  tems. 

HYLACTUNTI ,  ancien  peuple  d'Ethiopie,  félon  Phi- 
loftrate  ,1.6.  a 

HYL.EA.  Voyez  Hylea. 

HYLJEl,  peuple  de  laScychie,  félon  Pline,  l.4,c.  il.' 
Il  dit  que  l'Hypanis  coule  au  travers  des  Nomades  &  des 
Hyléens  ,  &  qu'il  fe  perd  en  partie  dans  le  B tiges  par  un 
canal  artificiel,  Se  dans  le  Coretus  ,  par  fon  ht  naturel. 
Hérodote  fait  mention  de  la  contrée  de  Hylée  ;  Se  l'auteur 
du  Périple  duPont-Euxin  ,  A  4,  c.  18  ,  la  met  au-delà  du 
Boryfthene  vers  l'orient.  Pline  parle  d'une  contrée  cou- 
verte de  forêts ,  qui  donnoit  le  nom  d'Hylœum  mare ,  à  la 
mer  qui  la  baignoit. 

HYLAMI.  Voyez  Hylabi. 

HYLAS,  rivière ,  fontaine  &  lac  d'Afie  ,  dans  la 
Bithynie.  La  rivière  eft  nommée  par  Pline,  A  5  ,c.  32. 
Solin ,  c.  42 ,  éd.  Salmaf.  parle  de  la  rivière  Se  du  lac  qui 
baignoient  la  ville  de  Prufiade;  Virgile,  Eclog.  6,  fait 
mention  de  la  fontaine. 

HYLATjE  ,  peuple  de  Syrie  ,  félon  Pline  ,  A  5  ,  c.  24. 

1.  H  Y  LE  ,  "tau  ,  ancienne  ville  d'Italie.  Voyez 
Velia  2.  , 

2.  H  YLE  ,  ville  de  Cypre ,  félon  Etienne  le  Géographe , 
Se  Stace  dans  le  feptiéme  livre  de  la  Thébaïde.  C'eft  la 
même  que  Y  Hyla  de  Lycophron. 

3.  rilLc., 


HYL 


3 .  HYLE ,  lieu  des  Locres  Ôzoles ,  félon  Etienne  le 
Géographe. 

HYLEÀ  ,  contrée  du  Pont ,  félon  le  même  ;  il  dit  : 
quelques-uns  lanommoient  Abica,''a£/o.  Hérodote  la 
nomme  'Thâià.  Par  le  Pont  d'Etienne  ,  il  ne  faut  pas 
entendre  le  pays  fitué  au  midi  de  la  mer  Noire ,  mais 
le  pont-Ëuxin  même.  Ainfi  cette  Hylea  ne  diffère  point 
du  pays  dont  les  habitans  é'toient  nommés  HylœLVoyez 
ce  mot. 

HYLIAS,  rivière  de  la  grande  Grèce.  Thucydide, 
/.  7  ,  la  fait  couler  dans  le  territoire  de  Thurium ,  Se 
Barri  dit  que  c'eft  préfentement  le  Trionto. 

HYLICA,  lac  ou  marais  de  Grèce  ,  dans  la  Phocide, 
à  l'orient  méridional  du  lac  Copaïs,  auquel  il  communi- 
que par  une  coupure.  Il  prenoit  ce  nom  d'une  ville  nom- 
mée Hyla.  Strabon  ,  /.  9 ,  p.  408  ,  parle  de  cette 
ville  ;  mais  ce  qu'il  dit  du  lac  ;  eft  gâté  par  des  lacunes. 
Wheler,  dans  fon  Voyage,  en  parle  ainfi, r.  2,1.  3  ,p.30i. 
Ce  lac  s'appelle  aujourdhui  t;is  e>vZm  hi^vn,  c'eft-à-dire 
le  lac  de  Thèbes.  Il  eft  plus  petit  que  celui  de  Copaïs , 
&  environé  de  montagnes.  Il  eft  féparé  de  Copaïs,  au 
nord  par  le  mont  Cocino ,  &  à  l'oueft  par  le  mont  Phœ- 
nicius ,  ou  Sphyngis ,  entre  lesquels  les  deux  lacs  de  Thè- 
bes»Se  de  Copaïs  fe  communiquoient  autrefois,  quoique 
je'n'aye  pu  trouver  d'apparence  qu'ils  le  faffent  àpréfent. 
Le  mont  Ptoos  eft  au  nord-eft  ;  le  mont  Hypatus  entre 
le  lac  Se  Thèbes ,  au  fud  Se  au  fud-eft ,  à  travers  duquel 
il  fe  fait  chemin  dans  la  mer,  au  nord  de  l'Euripe.  Mais 
je  ne  puis  dire  fi  c'eft  abfolument  fur  terre.  On  voit  de 
cette  montagne  comme  les  branches  d'un  arbre  ,  dont 
le  canal  qui  coule  à  l'eft  paroit  corrrme  la  tige  ou  le  tronc. 
Le  lac  ne  paroît  pas  plus  long  que  large ,  Se  il  a  plus  de 
deux  lieues  de  traverfe.  Il  étoit  alors  presque  tout  couvert 
d'oifeaux  fauvages ,  Se  on  dit  qu'il  n'eft  pas  moins  rempli 
de  poiffon ,  quoiqu'on  affure  qu'il  feche  tous  les  trente 
ou  trente  &  un  ans. 

HYLIESSA.  Voyez  Paros. 

HYLLA.  Voyez  l'article  qui  fuit. 

HYLLAICUS ,  port  du  Péloponnèfe.  Thucydide,  /.  3, 
en  fait  mention.  Ortélius ,  Thefaur.  dit  qu'il  ne  devoit  pas 
être  loin   de  Meffene.  Voyez  Hyllis. 

HYLLARIMA  ,  bourgade  de  la  Carie,  félon  Etienne 
le  Géographe.  C'étoit  la  patrie  du  phïlofophe  Hie- 
roclès. 

HYLLE,        ) 

HYLL1 ,         \  Voyez  Hyllis. 

HYLICUS,  ) 

1.  HYLLIS  ,  presqu'ifle  que  l'on  appelloit  auffi  le 
promontoire  de  Diomede ,  cap  de  la  Liburnie ,  fur  la 
mer  Adriatique.  Niger  dit  que  c'eft  préfentement  Cabo 
Cifta.  Etienne  le  Géographe  Se  Euftathe  difent  qu'il  y 
a  vis-à-vis  des  Hylléens  une  presqu'ifle  pareille  au  Pélo- 
ponnèfe, &  qui  renferme  quinze  grandes  villes.  Le  même 
Etienne  met  entre  les  Illyriens  un  peuple  qu'il  nomme 
i».~i,  Se  cite  le  quatrième  livre  des  Argonautiques 
d'Apollonius.  Il  fait  auffi  mention  d'une  ville  nommée 
Hylle  fur  la  même  garantie.  Ilajoûte  :au  deffusdu  peuple 
Hylli  font  les  Liburniens  Se  quelques  Iftriens  appelles 
Thraces.  Ortélius  conjefture  avec  beaucoup  de  raifon 
que  cette  presqu'ifle  n'eft  autre  que  Cljlrie.  Apollonius 
connoîtun  port  qu'il  nomme  Hillicus  Porcus  ,  mais  il 
l'approche  de  Corfou  ;  Thucydide  le  nomme  HyLlaï- 
cus  Portus. 

2.  HYLLIS  ,  village  du  Péloponnèfe ,  dans  l'Argie , 
félon  Etienne  le  Géographe.  ' 

3.  HYLLIS,  village  delaDoride,  félon  le  même. 

4.  HYLLIS ,  lieu  de  Grèce  ,  dans  la  dépendance  de 
Trcezene ,  félon  le  même. 

HYLLUALA,  ou  plutôt  Hyllu-Ala,  lieu  de  la 
Carie.  On  appella  ainfi  l'endroit  ou  Hyllus  étoit  mort  ;  on 
y  bâtit  une  chapelle  à  Apollon  ,  Se  le  Dieu  Se  le  peuple 
en  prirent  le  nom  de  Hyllu-Ala.  Le  mot  Ala ,  dans  la 
langue  des  Cariens ,  fignifioit  un  cheval ,  félon  Etienne  le 
Géographe.  Son  article  eft  fort  corrompu. 

HYLLUS  ,  rivière  de  l'Afie  mineure  ,  où  elle  tombe 
dans  l'Hermus ,  près  de  Philadelphie  ,  dans  la  Lydie  ,  aux 
confins  de  la  Phrygie.  Homère  ,  Iliad.  1.  20,  Y.  391  ,lui 
donne  le  furnom  de  poiffbnneufe  : 

7Wiif    V7!    'fxPvoiVVI, 


HYM         4ï7 

Strabon  ,  /.13  ,p.6l6,  dit  que  l'Hyllus  &  le  Pactole 
tombent  dans  l'Hermus  ,  Se  que  Ces  trois  fleuves  reçoi- 
vent quantité  de  rivières.  Cela  eft  conforme  à  ce  que 
dit  Pline  ,  /.  5  ,  c.  29  ,  que  l'Hermus  reçoit  divers  fleuves, 
entr'autres  le  Phryx ,  qui  donnant  fon  nom  à  lajiation  qu'il 
arrofe ,  la  fépare  de  la  Carie  :  l'Hyllus  Se  le  Cryos  char- 
gées déjà  des  ruiffeaux  de  la  Phrygie  ,  de  la  Myfie  Se 
de  la  Lydie.  Lé  Phryx  ici  eft  le  même  que  Phrygius  , 
c'eft-à-dire  le  fleuve  de  Phrygie  à  laquelle  il  donne  fon 
nom,  Se  Pline  le  diftingue  ici  de  I'Hyllus;  mais 
Strabon  ,  /.  1 3  ,  dit  bien  expreffément  que  l'Hyllus  Se  le 
Phrygius  font  deux  noms  d'une  même  rivière. 

HYLOEÏENS.  (les)  Voyez  Germanes. 

HYLOGONES,  (les)  c'eft-à-dire  nés  dans  les 
forêts  ;  chaffeurs  d'Ethiopie,  voifins  des  Hylophages. 
Diodore  de  Sicile ,  /.  3  ,  c.  15  ,  les  décrit  ainfi.  Ils  ne  font 
pas  en  grand  nombre ,  Se  leur  manière  de  vivre  eft 
finguliere  ;  leur  pays  ne  nourrit  aucuns  animaux  domefti- 
ques ,  Se  eft  très  mauvais  ;  il  a  peu  de  fources  :  la  peur 
qu'ils  ont  des  bêtes  féroces  ,  pendant  la  nuit ,  fait  qu'ils 
grimpent  fur  des  arbres  pour  y  dormir.  Le  matin  ils  vont 
armés  s'affembler  en  des  lieux  où  les  eaux  s'amaffent. 
Là ,  cachés  dans  les  feuillages ,  ils  font  aux  aguets  ;  &C 
lorsque  la  chaleur  du  jour  oblige  les  bœufs  fauvages , 
les  panthères  Se  autres  animaux  à  venir  s'abreuver,  les 
Hylogones  attendent  que  ces  animaux  altérés  .ayent  bu 
à  proportion  de  leur  foif  qui  eft  très  grande  ;  Se  quand 
ils  les  voient  bien  gonflés  Se  fe  remuant  à  peine ,  ils 
descendent  des  arbres  par  bandes;  Se  avec  des  bâtons 
durcis  au  feu  ,  avec  des  pierres  Se  des  flèches ,  ils  lés 
attaquent,  &  en  viennent  à  bout  fans  difficulté.  Ils  fe 
diftnbuent  par  troupes  pour  cette  chafïe  ,  Se  fe  régalent 
des  chairs.  Il  arrive  rarement  qu'ils  foient  tués  eux-mêmes; 
car  ils  prennent  fi  bien  leurs  mefures  ,  qu'ils  ne  man- 
quent jamais  les  bêtes  les  plus  puifîantes.  Si  le  gibier 
leur  manque  ,  ils  prennent  les  dépouilles  des  Charles 
précédentes ,  en  brûlent  le  poil ,  en  partagent  entr'eux 
la  peau,  Se  appaifent  ainfi  leur  faim.  Ils  exercent  les 
jeunes  garçons  à  tirer  jufte,  Se  ne  donnent  quelque  bon 
morceau  qu'à  ceux  qui  frappent  au  but  ,  Se  par-là  ils  en 
font  d'excellens  archers. 

HYLOPHAGES ,  ou  les  Mangeurs  de  Bois  ," 
ancien  peuple  de  l'Ethiopie  ,  félon  le  même  ;  ils  étoient 
voifins  des  Hylogones  &  des  Spermatophages ,  c'eft-à- 
dire  des  mangeurs  de  graines.  L'Hiftorien  cité,  /.  3  , 
c.  24 ,  dit  :  les  Hylophages  allant  chercher  à  manger  avec 
leurs  femmes  Se  leurs  enfans ,  montent  fur  des  arbres  ^ 
Se  en  broutent  les  branches  les  plus  tendres;  &  par  une 
légèreté  qui  eft  en  eux  un  effet  de  l'habitude  ,  ils  grim- 
pent tous  jusqu'à  la  cime  ,  avec  une  facilité  qui  paroît 
incroyable  ;  car  ils  fautent  comme  des  oifeaux  d'un  arbre 
à  l'autre,  Se  marchent  fans  risque  fut  des  branches  très- 
menues.  Comme  ils  font  très-minces  Se  très  légers  ,  fi 
le  pied  leur  manque,  ils  fe  tiennent  à  leurs  mains,  &C 
tombant  d'affez  haut ,  ils  ne  fe  font  presque  point  de 
mal.  Ils  broyent  aifément  avec  leurs  dents ,  Se  digè- 
rent fans  aucune  incommodité  les  branches  tendres  Se 
pleines  de  fuc.  Ils  font  toujours  nuds ,  fe  fervent  des 
femmes  fans  choix  Se  fans  diftinftion ,  Se  poffedent  en 
commun  les  enfans  qui  naiffent  de  ces  commerces.  Us 
fe  cantonnent  Se  fe  font  quelquefois  la  guerre  ;  leurs 
armes,  qui  confiftent  en  des  bâtons,  leurfervent  à  repouffer 
les  ennemis  Se  à  les  mettre  en  pièces  après  la  victoire. 
La  plupart  d'entr'eux  périffent  par  la  faim.  Il  leur  vient 
aux  yeux  une  maladie  nommée  glaucoma;  c'eft  lorsque 
par  trop  de  féchereffe  l'humeur  cryftalline  devient  de* 
la  couleur  d'un  verd  de  mer  ;  Se  cela  leur  ôte  l'ufage 
de  la  vue.  Agatarchide  fait  auffi  mention  de  ces  peuples. 

HYLUA.  Voyez  Ilua. 

HYLICUS,  ruiffeau  du  Péloponnèfe  ,  dans  l'Argie, 
entre  Hermione  Se  Trcezene.  On  le  nommoit  autrefois 
TABRIUS  Taue/oç,  félon  Paufanias,  in  Corinthiac.  Ce 
ruiffeau  eft  nommé  par  Athénée  Taurus  Se  HyOESSA 
ï \asaot. ,  comme  l'obferve  Ortélius  ,  Thefaur. 

HYMjEA.  Corneille  dit  que  les  anciens  appelloient 
ainfi  l'ifle  de  Pomégue  qui  eft  fur  les  côtes  de  la  Pro- 
vence. Il  fe  trompe.  Voyez  Hyp^EA. 

HYMANI,  peuple  de  la  Liburnie,  félon  Pline,  /.  3, 
c.  21.  Le  P.  Hardouin  commence  par  avouer  que  ce 
mot  fe  trouve  ainfi  dans  tous  les  exemplaires  ;  cepeaç 
Terne  III,    G  g  g 


41 8 


HYM 


HYP 


dant  il  foupçonne  qu'il  devroit y  avoir  IsMENt,&cite 
un  paffage  deScymnus  de  Chio ,  qui  met  ce  peuple  en  cet 
endroit. 

HYMESSUS.  Voyez  l'article  qui  fuit. 

HYMETTE,  (le  mont)  en  latin  Hymettus; 
Hérodote  dit  HYMESSUS,  montagne  de  Grèce,  dans 
l'Attique  ,  près  de  la  ville  d'Athènes ,  au  midi  oriental , 
fur  la  côte  du  golfe  Saronique.  Cette  montagne ,  qui  eft 
grande ,  eft  fort  célèbre  dans  les  ouvrages  des  anciens  , 
à  caufe  de  l'excellent  miel  que  l'on,  y  recueilloit.  Silius 
Italicus  ,  /.  z ,  v.  218  ,  dit  : 

Sparfa  fuper  flores  examina  tollii  Hymettos. 


Et  1.  14  ,  v.  zoo: 

Tum  quœ.  neclareis  vocat  ai  certamen  Hymettum , 
Audax  Hybla  f avis. 

Martial.  /.  7 ,  Epigr.  87 ,  dit  : 

Pafcat  &  Hybla  meas ,  pafcat  Himettos  apes. 

Horace  ,  /.  2  ,  Satyr.  v.  1 5  ,  fe  moque  d'un  homme  délicat 
qui  refuferoit  de  boire  du  vin  de  Falerne,  s'il  n'étoit 
adouci  avec  du  miel  d'Hymette  : 

Nifi  Hymettia  mella  Falerno 
Ne  hiberis  dilata. 

Mais  le  même  Poëte  ,  /.  2,  Od.  18  ,  dit  que  dans  famaifon 
on  ne  voit  point  des  colonnes  taillées  au  fond  de  l'Afrique 
porter  des  poutres  d'Hymette  : 

'  Non  crabes  Hymettiœ. , 

Prémuni  recifas  uldmâ  columnas 
Africâ. 

Le  vieux  commentateur ,  &  quantité  d'autres  qui  l'ont 
fuivi,  ont  cru  que  s'agiflant  ici  de  colonnes  de  marbre, 
ces  poutres  étoient  auffi  de  marbre  ,  comme  fi  c'étoit 
un  affortiment  fort  néceflaire.  Strabon ,  /.  9 ,  dit ,  à  la 
vérité ,  qu'auprès  d'Athènes  le  mont  Hymette  avoit  des 
carrières  d'un  très-beau  marbre  ;  fk  Pline,  /.  36  ,  c.  3  ;  &c 
/.  17,  c  1,  fait  mention  des  colonnes  de  marbre  tiré 
du  mont  Hymette.  Cependant  Meurfius  ,  Reliq.  Attic. 
c.io,  l'entend  de  poutres  de  bois  pris  dans  les  forêts 
dont  cette  montagne  étoit  couverte.  Dacier ,  in  Horat. 
l'entend  auffi  des  poutres  de  charpente  ;  &  l'interprète 
d'Horace ,  à  l'ufage  du  Dauphin  ,  penche  vers  le  même 
fentiment.  Spon  ,  qui  a  vifité  cette  montagne  ,  en  parle 
ainfi  dans  fon  Voyage,  t.  2,  p.  119:  le  mont  Hymette 
eft  à  une  petite  lieue  d'Athènes ,  &c  n'a  guères  moins  de 
fept  ou  huit  lieues  de  tour.  Le  deflus  n'eft  ni  habité  ni 
cultivé.  Le  couvent  de  Cyriani  eft  au  nord  de  la  mon- 
tagne. Les  Turcs  l'appellent  Cosbacki ,  à  caufe  d'une  tête 
de  mouton  qui  eft  à  une  fontaine.  Ce  couvent  eft  allez 
beau  pour  le  pays ,  où  les  Grecs  n'ofent  fe  montrer 
fuperbes  en  bâtimens.  On  y  fait  quantité  de  miel  qui 
eft  forteftimé  à  Conftantinople;  &  quand  on  y  en  porte 
d'autre,  pour  le  bien  vendre,  on  le  fait  pafler  pour  du 
miel  de  Cosbachi ,  qu'on  tient  pour  le  meilleur.  Il  eft  moins 
acre  que  le  miel  ordinaire.  Auffi  les  anciens  croyoient  que 
les  premières  abeilles  &C  le  premier  miel  tiroient  leur 
origine  du  mont  Hymette.  Il  eft  d'une  bonne  con- 
(iftance  &  d'une  belle  couleur  d'or,  &  porte  plus 
d'eau  qu'aucun  autre ,  quand  on  en  veut  faire  dn  forbet , 
ou  de  l'hydromel.  Les  Caloyers  s'étonnent  que  notre 
miel  de  Narbonne  foit  le  plus  eftimé  en  France,  la 
blancheur  étant,  félon  eux,  une  marque  que  le  miel 
n'eft  pas  aflez  cuit  &  perfectionné  par  la  nature ,  ou  par 
les  abeilles  qui  le  recueillent  des  fleurs.  Strabon  dit  que 
le  meilleur  miel  du  mont  Hymette  étoit  celui  qui  fe 
faifoit  proche  des  mines  d'argent  ,  qui  font  maintenant 
perdues.  On  l'appelloit ,  acapnijlon ,  parce  qu'il  étoit 
fait  fans  fumée.  Auffi  le  fait-onde  même  à  prefent,fans 
étouffer  les  abeilles,  quelquesvieillesqu'elles  foient,avec 
la  fumée  du  foufre ,  comme  cela  fe  pratique  en  quelques 
pays.  C'eft  pourquoi  elles  y  multiplient  beaucoup,  &c 
il  fe  fait  quantité  de  miel  ,  non  feulement  dans  ce 
couvent,  mais  dans  les  autres  du  mont  Penteli.  Leurs 


ruches  font  couvertes  de  cinq  ou  fix  pet' tes  planches  y 
où  les  abeilles  commencent  d'attacher  leurs  rayons  ,  avec 
un  petit  toit  de  paille  par-deflus.  Les  fleurs  odoriférantes 
qui  croiflent  au  mont  Hymette  ne  contribuent  pas  peu 
à  la  bonté  du  miel.  Ce  monaftère  ne  paye  pour  tous 
droits  qu'un  fequin  au  vayvode  : .  lorsqu'Athènes  fut 
prife  par  Mahomet  II,  l'abbé  de  ce  couvent  lui  vint 
préfenter  les  clefs  au  nom  de  la  ville  ;  &  ce  prince 
pour  en  témoigner  fa  joie  &  fa  reconnoiflance  ,  voulut 
qu'il  fut  franc  de  toute  forte  de  Carasch  &  impofitions. 
Le  fequin  ne  fe  donne  que  par  manière  d'hommage. 
Les  autres  monaftères  du  mont  Hymette,  font  Agios 
Joannis  à  Carias ,  Agios  Georgius  ô  Coutelas ,  Afteri , 
Agios  Joannis  ô  Kyneos  ,  &  Agios  Joannis  à  Theo- 
logos.  L'abbé  du  Carias  l'eft  ,  en  même  tems ,  de  XAfo- 
matos  au  pied  du  mont  S.  George.  Au  couchant  de 
la  montagne  ,  à  une  petite  lieue  d'Athènes  ,  il  y  a  un 
chetif  village  d'Albanois,appelléC<2ra/7z<z/Be/«;  au  midi, 
un  autre  qui  fe  nomme  Lambrita  ,  &  auparavant  Lam- 
pra  ;  d'où  ils  donnent  à  ce  côté  du  mont  Hymette  le 
nom  de  Lamprovouni  ,  &  au  refte  Telovouni.  Quel- 
ques Francs  nomment  cette  montagne  Momematto  ,  par 
corruption  ,  au  lieu  à'Hymetto. 

HYMMÂS  ,  quartier  d'Antioche ,  en  Syrie.  Jornan- 
dès  dit  que  Zénobie  y  fut  défaite.  Ortélius  ,  de  qui  eft 
cet  article,  ajoute  :  je  le  trouve  auffi  écrit  avec  une 
fïmple  M.  Marianus  Scotus  lit  T  huma  S,  Platine 
Thyme,  la  Chronique  d'Eufebe  Thym  nas,  oî 
VopiscusEMESSE.Enfuiteil  conjefture  que  c'eft  l'Imma 
de  Ptolomée.  De  Tillemont;  écrivain  exaft ,  dit  après 
Zofime  ,  que  Zénobie,  étoit  dans  Antioche  avec  de  gran- 
des forces  qu'elle  fit  avancer,  jufqu'à  un  lieu  nommé 
Immes  ,  peu  éloigné  de  la  ville  ,  félon  quelques-uns; 
car  d'autres  y  mettent  onze  grandes  lieues.  Ce  fut-là, 
pourfuit-il  ,que  fe  donna  la  bataille,  le  long  de  la  rivière 
d'Oronte. 

HYMOS ,  ifle  d'Afie,  aux  environs  de  celle  de  Rhodes, 
félon  Pline,  /.  5,  c.  31.  Le  P.  Hardouin  dit  que  ce 
nom  fe  trouve  ainfi  dans  les  manuscrits;  cependant  il 
foupçonne  qu'il  faut  lire  IRMOS  Eifuôt. 

HYNGHAM,ou  Hingham,  petite  ville, oubourg 
d'Angleterre,  dans  la  province  de  Norfolck.  On  y  tient 
marché  public. 

HYNIDOS ,  bourg  d'Afie  mineure ,  dans  la  Carie , 
félon  Pline,  /.  5  ,  c.  29.  Le  P.  Hardouin  foupçonne 
que  c'eft  peut-être  par  un  renverfement  de  lettres  l'Idu- 
MOS  "iPuuOf,  de  Ptolomée  ,  ou  bien  l'Eniandos 
'Hnc»fh(,  que  le  conci'e  Qiinifexte  donne  à  la  Lycie. 

HYNILON ,  fie<*e  épifco  >al  d'Afie  ,  fous  la  métropole 
Amida.  La  notice  dupa:narchat  d'Antioche  la  nomme 
Yniloi.  Amfi  Hjnilon  M  un  génitif  pluriel  dont  Hyniloi 
ou  Yniloi  eft  nominatif. 

HYOESSA.  Voyez  Hylicus. 

HYOPE,  t&iw»,  ville  d'Afie ,  au  pays  des  Maftiens , 
ou  Matiens  ,  Uauttvâv,  ou  m«t;«>«  v,  près  des  Gordiens. 
Hecatée  dit  que  les  hommes  étoient  vêtus  comme  les 
Paphlagoniens.  Cette  ville  ne  devoit  pas  être  fort  éloignée 
de  GORDIEUM .   *  Steph.  Byrant. 

HYOPS ,  ville  de  l'Iberie ,  dans  le  voifinage  du  fleuve 
Lefyrus. 

HYPACARIS  ,  i-nlg.av(,  OuHYPACIRIS  ,  iTiâxvpit, 
rivière  de  la  Scythie.  Hérodote,  I.4,  c.  47,  &  55  ,  la 
nomme  des  deux  manières,  &  n'en  parle  que  d'une 
manière  timide.  Pomponius  Mêla ,  /.  2  ,  c.  i,n.  Vf  ,  dit 
plus  hardiment  :  dans  le  golfe  Carcinite  eft  la  ville  de 
Carcine  ,  qu'arrofent  deux  fleuves  Gerros  &  Hypacaris, 
qui  fortant  de  deux  fources ,  &  venant  de  pays  différens, 
ont  une  embochure  commune.  Pline  nomme  mal  cette 


rivière  Hypanis. 

HYPACHiEI,  ancien  nom  que  portoient  les  Ciliciens, 
félon  Hérodote, /. 7,^.91 . 

HYPAEA  ,  ifle  de  la  mer  de  Marfeille:  c'eft  celle  des 
trois  qui  eft  la  plus  proche  de  cette  ville.  Quelques-uns 
ont  cru  que  c'étoit  PoMÉGUE.  Dalechamp  le  dit,  & 
Ortélius  après  lui.  Corneille,  qui ,  au  mot  HypÉE  ,  a  pro- 
fité des  lumières  de  De  Valois  fait  un  faux  article  fous  le 
mot  Hym^A.  L'ifle  nommée  Hypée  par  les  anciens ,  étoit 
une  des  Stmchades.  C'eft  la  plus  orientale  des  trois.  Mais 
ces  trois  ne  font  pas  les  ifles  d'Hieres,  comme  Corneille 


HYP 


HYP 


le  dit.  Il  y  a  bien  loin  des  unes  aux  autres.  Les  Stœchades, 
comme  nous  le  difons  en  fon  lieu,  {ontPomégue,  Raton- 
neau  &  Château  d'If.  Cette  dernière  eft  YHypœa  des 
anciens.  Elle  n'a  confervé  que  la  première  fyllabe  de  fon 
nom,  en  changeant  le  P.  en  F;  changement  commun 
dans  notre  langue  qui  a  fait  de  Caput  Chef  ;  de  Mespil- 
lum,  Nèfle  ;  de  Colpus,  Golfe  ,  &r.  Voyez  Stœcha- 
des; &  If  article  l'IsLE  d'If. 

HYPAELOCHI,  rvrà.ixoyoi,  peupla  d'entre  lesMolos- 
fes,  &  par  conféquent  dans  l'Epire.  Etienne  le  Géo- 
graphe cite  Rhianus  au  quatrième  livre  de  l'Hiftoire  de 
Theffalie. 

HYPAEPA ,  pluriel ,  génitif  orum.  Ville  de  la  Lydie , 
entre  le  Tmolus  &  le  Caîftre.Strabon,/.  13  ,  dit  :  Hypaspa 
eft  une  petite  ville  oùl'onpaffe  quand  on  vient  du  Tmolus 
au  Caïftre.  Ovide  dit,  dans  fes  Métamorphofes  , /.  1 1 , 
v.  1 50  ,  au  fujet  de  la  fable  de  Midas  : 

Nam  frcta  pros'piciens  latè  riget  arduus  alto 
Tmolus  in  adscenfu,  clivoque  extentus  utroque, 
Sardibus  hinc  ,  ïliinc  parvis  finitur  Hypapis. 

C'eft- à-dire,  que  le  mont  Tmolus  avoit  au  pied,  d'un 
côté  la  ville  de  Sardes,  &  de  l'autre  celle  d'Hypepes. 
Cette  épithéte  de  parvis ,  petite  ,  eft  répétée  dans  un 
autre  vers  d'Ovide ,  /.  6 ,  v.  10,  qui  eft  dans  la  Fable 
d'Arachné  : 

Lydas  tamen  illa  per  urbes 
Quafierat  fludio  nomen  memorabile  :  quamvis  , 
Orta  domo  parvâ ,  parvis  habitabat  Hypapis. 

Pline  /.  <;  ,  c.  29  ,  en  nomme  les  habitans  Hyp^EPENI. 

HYPAESIA,  contrée  du  Péloponnèlé,  dans  la  Tri- 
phylie.  S:rabon  ,  /.  3  ,  p.  347,  dit  que  des  Minyens  qui 
étoient  de  la  pofterité  des  Argonautes  ,  étant  chaffés  de 
Lemnos ,  allèrent  à  Lacédémone  ,  de-là  dans  laTriphy- 
lie  où  ils  s'établirent  auprès  de  la  fortereffe  d'Arène , 
dans  la  contrée  nommée  préfentement 'Hypœfie ,  &  qui. 
n:  con!";rve  plus  rien  des  fondations  des  Minyens.  Cafau- 
bon  doute  fi  elle  eft  différente  d'Hypana  que  Strabonmet 
auiïï   dans  la  Triphylie. 

LTfPAxVA,  ville  du  Péloponnèfe,  dans  la  Triphylie, 
felonSîrabon  ,  &  Etienne  le  Géographe.  Le  premier  dit, 
/.  S  ,  p.  344  :  vers  le  feptentrion  ,  il  y  avoit  allez  près  de 
Sylos  deux  villes  de  la  Triphylie,  favoir  Hypana, 
&  Ctypansa  :  on  prit  celle-ci  pour  former  la  ville 
d'Elide  lorsqu'on  la  bàtiffoit ,  8i  l'autre  eft  reftée  ;  dans 
le  voifinage  coulent  deux  ruiffeaux  ,  Dalion  ôc  Acheron, 
qui  tous   deux  tombent  dans  l'Alphée. 

HYPANIA,  ville  du  Péloponnèfe, dans l'Elide, félon 
Ptolomée,  /.  3  ,  c.  16.  Voyez  Epina. 

1.  HYPANIS  ,  fleuve  de  la  Scythie  ,  en  Europe. 
Hérodote,  £4,  e.52,  le  compte  pour  le  troifiéme  en 
ordre  après  le  Danube.  Il  vient,  dit-il,  de  IaScythie, 
&  fort  d'un  grand  lac  autour  duquel  paiffent  des  chevaux 
fauvages  qui  font  blancs.  Ce  lac  eft  bien  nommé  la  mère 
de  CHypanis.  Ce  fleuve  en  fortant  de-là  ,  eft  navigable, 
&  confervé  fes  eaux  douces  cinq  journées  de  chemin  ; 
mais  en  approchant  de  la  mer ,  à  la  diftance  de  quatre 
jours,  il  prend  une  extrême  amertume  d'un  ruiffeau  qu'il 
reçoit ,  &  dont  les  eaux  font  fi  ameres,  que,  quoiqu'il  foit 
petit ,  il  gâte  celles  de  l'Hypanis  qui  eft  très-grand. 
Pomponius  Mêla  redit  à-peu-pres  les  mêmes  chofes  en 
moins  de  mots.  Pline,  1.  4,  c.  12,  parle  bien  de  I'Hy- 
PANIS  ;  mais  ou  lui ,  ou  fes  copiftes  fe  font  trompés  en 
mettant  le  nom  à'Hypanis  au  lieu  de  V Hypacaris  ;  & 
en  copiant  Mêla ,  il  attribue  au  premier  ce  que  ce  géo- 
graphe a  dit  du  fécond.  Ptolomée,  /.  3  ,  c.  5  ,s'eft  auffi 
trompé  en  mettant  YHypanis  au-delà  du  Boryfthene , 
&  donnant  ce  nom  au  fleuve  qui  eft  le  Panticapes. 
Au  refte  YHypanis  bornoit  les  Callipides.  Son  nom 
moderne  eft  le  Bog.  Voyez  Hipanis. 

2.  HYPANIS.  Vibius  Sequefter  fournit  encore  un  autre 
Hypanis ,  qu'il  dit  être  dans  la  Scythie  ,  ôt  auquel  il 
attribue  ce  vers  de  Gallus: 

Uno  tellures   dividit  amneduas. 

Car,  ajoûte-t-il,  il  fépare  l'Ane  de  l'Europe.   Ortélius 


4*9 

Thefaur.  l'explique  du  Phafe,  &  dit  que  des  auteurs 
très-anciens  lui  ont  donné  ce  nom ,  &  ont  dit  qu'il  ter- 
minoit   l'Europe  &  l'Aiie. 

3.  HYPANIS:  le  même  Vibius  Sequefter  dit  :  I'Hy- 
PANIS  que  l'on  appelle  auffi  Hypparis;  il  faut  lire 
Hyparis.  Voyez  Hipparis. 

4.  HYPANIS  ,  fleuve  des  Indes.  Voyez  Hyphasis* 
HYPARCHUS.  Voyez  Hypobarus. 
HYPARNA ,  ville  d'Aile ,  dans  la  Lycie,  félon  Arrien, 

Alex.  1.  1. 

HYPASII,  ancien  peuple  des  Indes  entre  le. Cophes 
&  l'Hydaspe.  Strabon,/.  15,^.691  &  69S  ,  dit  :  entre 
ces  deux  fleuves  étoient  les  peuples  AJlacxni ,  Mafiani , 
NyJJai,  &  Hypasii.  Il  nomme  le  canton  de  ces  der- 
niers. Hypajiorum  terra. 

HYPAS1S.  Voyez  Hyphasis. 
_  1.  HYP  ATA,  (pluriel  génitif  orum,  ou  fingtdier  gé- 
nitif œ)  ville  de  Grèce  &  l'une  des  principales  de  la 
Theffalie ,  félon  Apulée ,  Afin.  Aur.  1.  1 ,  qui  y  met  la 
fcène  de  fon  âne  d'or.  Elle  avoit  autrefois  appartenu  aux: 
Etoliens.^Polybe,  Légat.  13,  dit  que  Lucius  Valeriuâ 
Flaccus  s'y  trouva  avec  les  députés  des  Etoliens  pour 
recevoir  leurs  foumiffions  ;  Tite-live ,  l.  36,  c.  16,  dit: 
les  Etoliens  ayant  convoqué  une  affemblée  à  Hypata, 
envoyèrent  des  députés  à  Antiochus.  II  nous  apprend^ 
c  14,  qu'elle  étoit  voifine  du  Sperchius.  De  Taumac» 
le  confiai  arriva  auprès  du  Sperchius  le  deuxième  jour, 
6k  de-là  il  ravagea  les  terres  des  Hypatéens.  Il  fait  con- 
noître  que  c'étoit  une  ville  de  conféquence,  puisque 
quatre-vingt  de  fes  citoyens ,  qui  étoient  exilés ,  font 
traités  d'hommes  illuftres  par  l'hiftorien  Romain. 
Etienne  le  Géographe  ,  /.  41 ,  c.  z6,  la  donne  aux 
^Emanes ,  peuple  de  la  Theffalie ,  fur  le  golfe  Maliaque  : 
il  eft  certain  qu'elle  étoit  au  pied  du  mont  (Eta,  parle 
témoignage  d'Héliodore  ,  ALthiopicA.  2. 

2.  HYPATA,  contrée  d'Ane,  fur  le  fleuve  Sangar, 
félon  Etienne  le  Géographe. 

HYPATIS,  petite  rivière  de  Sicile.  Silius  Italicus, 
/.  14,  v.  230,  dit: 


Hypatem,  &c. 


Et  pauperis  Alvei , 


Elle  étoit  près  de  la  Vagedrufa  qui  coule  entre  l'Achates 
6c  le  Gela ,  c'eft-à-dire ,  entre  Fiume  di  Dirillo ,  &  Fiumc 
di  Terra  nova. 

1.  HYPATUS ,  -rWrfl? ,  montagne  de  Grèce ,  dans  la 
Béotie,  au  territoire  deThèbes,  félon  Strabon  &  Paufa- 
nias  cités  par  Ortélius ,  Thefaur.  Mais  comme  ce  mot 
lignine  haut ,  élevé,  ce  peut  être  auffi-bien  une  épithéte 
qu'un  nom  propre.  Cependant  rien  n'empêche  qu'il  n'ait 
été  le  vrai  nom  d'une  montagne,  comme Hoghberg en 
Allemagne,  &  quantité  d'autres  en  diverfes  langues.  Les 
modernes  le  nomment  préfentement  la  montagne  de  Thi- 
bes  ,  ou  de  Thiva. 

2.  HYPATUS,  rivière  de  Phœnicie,  félon  quel-, 
ques  éditions  de  Pomponius  Mêla,  dans  lesquelles  on 
lit  :  Amnesque  inter  eas  eunt  Lycos ,  &  Hypatos ,  & 
Orontes.  Pinto  vouloit  qu'on  lût  Lycos  &  Labotas  & 
Orontes.  Voftius,  /.  1 ,  c.  1 2  ,  in  fine ,  lit  Lycos  ,  &  Paltot 
&  Orontes. 

HYPÉE.  Voyez  Hyp^A. 

HYPELjEUS  ,  ou  Hippeleus  ,  fontaine  d'Ëphèfe, 
près  du  port  facré  ,  félon  Athénée.  *  Orthel.  Thef. 

HYPER ASIA.  Etienne,  /.  8,  c.  11,  nomme  ainfi 
une  ville  dont  il  ne  marque  point  la  fituation.  C'eft 
peut-être  la  même  qu'HYPERESiA,  quoiqu'il femble  les 
diftinguer. 

HYPERBORÊE ,  adjeftif,  pris  de  la  langue  Gréque, 
en  laquelle  il  veut  dire  ûmplement  fous  Borée  ;  &  comme 
Borée,  eft  le  vent  de  nord ,  cet  adjeftif  ne  lignifie  que 
feptentrional.  Les  peuples  Hyperborées  font  les  nations  du 
nord;  les  montagnes  Hyperborées  font  des  montagnes 
feptentrionales.  Pline,  /.  4,  c.  12  ,  dit  :  derrière  les  monts 
Riphées  &  au-delà,  (des  lieux  où  fe  forme")  l'Aquilon 
il  y  a  un  peuple  heureux,  à  ce  que  l'on  dit;  on  le 
nomme  les  Hyperborées,  Se  il  vit  fort  long-tems.  Ces 
mots  derrière  les  monts  Riphées ,  doivent  s'entendre  d'une 
grande  diftance  ;  car  on  trouve  dans  Pomponius  Mêla  : 
les  Hyperborées  font  au-delà  de  l'Aquilon  &  des  monts 
Tome  Ht,    G  g  g  ij 


42o  HYP 

Riphées  ,  fous  le  pôle  même  ,  autour  duquel  tournent 
les  affres.  Lefoleil  ne  s'y  levé  pas  tous  les  jours ,  comme 
il  fait  à  notre  égard;  il  ne  fe  levé  qu'a  l'equmoxe  du 
printems,  &  fe  couche  à  celui  d'automne,  de  forte 
qu'il  y  a  fix  mois  de  jour  continuel,  6t  autant  de  nuit. 
Vil  gile ,  Géorgie.  1. 3 ,  v.  3  8 1 ,  dit  : 

Talis  Hyperboreo  feptemfubjecla  trioni , 
Gens  effrena  virâm  Riphœo  tunditur  Euro. 

Stace ,  Thebaïd.  1. 1 ,  v.  692  ,  dit  : 

Sedjam  temone  fupino  ; 
Languet  Hyperboreo.  glacialis  portltor  Urfœ. 

Claudien ,  in  Rufin ,  1. 2,  v.  240  ,  parlant  de  l'Iflande ,  dit  : 

Hyperboreo  damnatam  jldere  Thulen. 

Et  ailleurs  ,  en  parlant  de  Théodofe,  père  du  grand  Théo- 
dofe: 


HYP 


régit 


Hyporboreas  remis  audacibus  undas. 


Il  s'agiffoit  là  des  Ecoffois  repouffés.  Dans  ces  exemples, 
Je  mot  Hyperboreus  ne  veut  dire  que  feptentrional ,  fans 
être  fixé  proprement  à  aucun  lieu  ,  dont  ce  foit  le  nom 
particulier.  Les  monts  Hyperborées  font  diversement 
placés  par  les  anciens.  On  croit  affez  communément, 
que  c'eft  la  chaîne  de  montagnes  ,  appellée  Cameni- 
POÏAS.  Voyez  ce  mot.  Cependant  il  faut  avouer  que  le 
climat  où  eft  cette  chaine,  n'étoit  guères  connu  des  an- 
ciens. Strabonmême,  I.7,  parle  des  monts  Riphées, 
&  des  Hyperborées  comme  de  lieux  imaginaires  :  les 
peuples  Hyperboréens  fontfouvent  nommés  dans  les  livres 
des  anciens.  Ils  appelaient  ainfi  les  peuples  feptentrio- 
naux ,  &  plus  particulièrement  ceux  d'un  canton  de  la 
Sarmatîe.  Ptolomée  met  la fource du Rha  ou  duWolga, 
dans  les  monts  Hyperborées.  11  ne  connoiffoit  rien  au- 
delà  de  cette  fource  ,  qui  eft  encore  bien  loin  des 
monts  Cameni-Poïas.  Mais  dans  les  pays  que  les  anciens 
n'avoientpas  occafion  de  parcourir,  il  ne  faut  pas  exiger 
d'eux  une  grande  jufteffe. 

HYPERDEXIUM ,  contrée  de  l'ifle  de  Lesbos ,  félon 
Etienne  le  Géographe. 

HYPERE.  Voyez  Amorgos. 

HYPEREA  ou  Hyperia.  Plutarque,  in  Quaft.  Gmcis. 
dit  que  Calaurie  ,  ifle  du  golfe  Argotique  ,  prit  les  noms 
:P'ANTHEDONIA  &HYPEREA,  Twéf>««  ,  après  qa'An- 
thus  -  &  Hyperes  s'y  furent  établis.  Voyez  l'article  Ca- 

LAURIA   I. 

HYPERESIA  ,  ville  de  Grèce ,  dans  l'Achaïe.  Homère 
en  fait  mention  au  fécond  livre  de  l'Iliade ,  vers  573. 
Peut-être  eft-ce  la  même.  qu'HyperaJîa.  C'eft  Euftathe 
qui  la  met  dans  l'Achaïe. 

1 .  HYPERIA  ,  fontaine  de  Grèce ,  dans  la  Theffalie , 
près  de  la  ville  d'Hellas ,  en  grec  i-n'i^ia..  Strabon ,  /.  9, 
p.  431  Se  439  ,  dit  qu'elle  étoit  au  -milieu  de  la  ville 
de  Phères.  Léonicerus  expliquant  Pindare  ,  dit  que  cette 
Hypérie  ,  dont  parle  le  poète  ,  étoit  près  de  Phères  de 
Theffalie ,  &  s'appuie  de  l'autorité  de  Sophocle.  *  Pline, 
/.4,c.8. 

2.  HYPERIA.  Voyez  Hyperea. 

3.  HYPERIA,  ou  Hypereia,  (la Fontaine  d') 
félon  Homère  ,  Jliad.  A3.  Il  parle  de  la  même  fontaine 
de  Theffalie  ,  dont  il  eft  queftion  dans  l'article  premier  ; 
mais  Euftathe ,  à  l'occafion  de  ce  nom ,  nous  apprend 
qu'il  y  avoit  une  ville  d'Hyperie  en  Sicile,  &  Ortelius 
croit  que  c'eft  la  même  dont  parle  Plutarque,  deExilio, 
qui  dit  qu'elle  avoit  les  Cyclopes  pour  voifins. 

HYPERiS  ,  rivière  de  Perfe ,  au  milieu  du  golfe  Per- 
fique.  Elle  porte  des  bateaux  marchands,  félon  Pline, 
2.6,  c.23. 

HYPfeRNEIUM.  Voyez  Neii/m. 

HYPERNOTII.  Voyez  au  mot  PlLA  l'article  PiLA 
Terrée. 

HYPERTELEATUM ,  impnxUnv  ,  petit  canton 
ainfi  nommé  au  Péloponnèfe ,  dans  la  Laconie  ,  félon 
Paufanias,  /.  3  ,  c.  22.  Il  y  avoit  un  temple  '  d'Escu- 
lape. 


HYPHAEUS,  montagne  d'Italie  ,  dans  la  Campanïej 
félon  Plutarque ,  dans  la  Vie  de  SyJla. 

HYPHALI.  Voyez  Maritime. 

HYPHANTEIUM ,  lieu  de  Grèce ,  auprès  du  lac 
Copaide ,  à  foixante  ftades  de  Daulium  ;  &c  auprès  d'Or- 
chomene  ,  félon  Strabon  ,  l.Ç),p.  424. 

HYPHASIS  ,  ou  Hypasis  ,  ou  même  Hypanis:  ces 
trois  noms  ont  été  employés  pour  défigner  un  fleuve  des 
Indes.  Arrien,  /.  8  ,  l'appelle  ïp^/ç  ,  &  dit  qu'il  tombe 
dans  l'Indus ,  au  pays  des  Aftrobes;  Diodore  de  Sicile  , 
/.  17 ,  c .  93  ;  &C  Philoftrate,  Apollon.  Vit.  1.  3 ,  le  nomment 
aufliHYPH AS is; Pline,/.  6,-e.  17;  &c Quintecurfe , /. 9, 
c.  1,  difent  Hypasis.  Strabon,  l.  15.  Diodore,  l.i, 
£.37,  &c  Denis  le  Periegete.,  vers  114^;  Strabon  lui 
donne  l'épithéte  d'YsK-n,?,  dernier.  Cela  eft  expliqué  par 
ce  que  dit  Arrien,  Indic.  c.  4.  Alexandre,  dit  cet  hiftorien  , 
n'allapoint  au-delà  de  l'Hypanis.  Pline  dit  de  même  :  l'Hy- 
pafis  finie  terme  des  courtes  d'Alexandre  ;  il  paffa pourtant 
ce  fleuve,  &C  érigea  des  autels  de  l'autre  côté.  Ptolo- 
mée le  nomme  mal  Bibafis.  Il  dit  encore  plus  mal  qu'il 
reçoit  le  Zadrade  qui  garde  fon  nom  jusqu'à  fa  jonftion 
avec  l'Indus.  Philoftrate  fe  trompe  aufïï  lors  qu'il  dit , 
l.l.  &  3 ,  que  l'Hyphafis  a  fon  embouchure  dans  la 
mer.  Tous  les  anciens  conviennent  qu'il  fe  perd  dans 
l'Indus. 

HYPHETULA ,  ou  Sufetula.  Voyez  Sufetu- 
lensis. 

1.  HYPHORMUS,  Vp/*oî,  port  de  Grèce,  dans 
l'Achaïe ,  &  plus  particulièrement  dans  l'Attique ,  félon 
Ptolomée,/.  3  ,  c.  15. 

2.  HYPHORMUS,  port  d'Italie,  à  l'embouchure  de 
la  Sture  ,  dans  le  Latium ,  félon  Strabon ,  /.  5,  p.  232. 
C'étoit  une  petite  ifle,  qui,  parce  qu'elle  eft  petite,  ne 
parut  pas  mériter  un  nom  plus  particulier  que  celui-là, 
qui  fignifie  un  abri ,  un  lieu  où  les  barques  peuvent 
mouiller.  La  Sture  &  cette  ifle  font  ce  que.  Pline ,  /.  3  , 
c.  5 ,  appelle  Aflura  JLumen  &  infula.  Servius  expliquant 
ce  vers  de  l'Eneïde,  /.  7 ,  v.  801  : 


Qua  Satura  jactt  atra  palus  gelidusque  per  imas  ,' 
Quœrit  iter  valles ,  atque  in  mare  conditur  Ufens  ; 

dit  que,pour  lui,  il  l'entend  fimplement  d'un  marais  nommé 
Satura,  mais  que  d'autres  lifent  Afluria ,  &  que  fi  cette 
leçon  eft  véritable  ,  le  poète  a  mis  un  marais  pour  une 
rivière;  car,  ajoute  Servius,  affez  près  de Terracine eft 
le  bourg  de  Aft.iria ,  avec  une  rivière  de  même  nom. 
HYPf A  ,  ville. 

HYTU ,  Montes  ,  montagnes  ;   & 
HY PlUS,  rivière.  Voyez  Hippius. 
HYPNUS  ,  lieu  de  Grèce ,  dans  la  Theffalie  auprès 
de   Pelium  ,  félon  Ortelius ,  Thefaur.  qui  cite  Strabon. 

HYPOBARUS,  rivière  des  Indes.  Pline,/.  37,  c.  2, 
dit:  Ctefias  met  dans  les  Indes  un  fleuve  nommé  Hypo- 
BARUS,  nom  qui  fignifie  porter  toutes  fortes  de  biens; 
il  dit  qu'il  coule  du  nord  vers  l'Océan  oriental ,  le  long 
d'une  montagne  couverte  de  forêts  qui  portent  de 
l'ambre  ;que  ces  arbres  font  appelles  S iplachores,  nom 
qui  fignifie  une  douceur  délicieufe.  Comme  Photius  , 
Biblioth.  Cod.  73 ,  p.  149,  nous  a  confervé  le  paffage 
de  Ctefias,  nous  le  rapporterons  ici ,  parce  qu'il  y  a»  une 
différence  de  nom.  Il  y  a,  dit-il,  un  fleuve  qui  coule  le 
long  de  l'Inde ,  qui  n'eft  pas  fort  grand  à  la  vérité  ,  mais 
qui  a  deux  ftades  de  large.  Il  eft  appelle  Hyparchus, 
ÏOTiyy©-,  par  les  Indiens  ;  nom  qui  fignifie  portant  tous 
les  biens;  tous  les  ans,  durant  trente  jours,  il  porte  de 
l'ambre.  Il  y  a  fur  les  montagnes  des  arbres  qui  fortent 
de  l'eau  ;  car  les  montagnes  en  font  arrofées  ;  &  ces 
arbres ,  en  certaines  faifons  de  l'année ,  jettent  des  larmes 
comme  l'amandier  ,  le  pin  &  autres.  Cela  dure  pendant 
trente  jours,  fk  ces  larmes  tombant  dans  la  rivière, 
fe  joignent  en  malle.  Ces  arbres  font  nommés  ,  en  lan- 
gage indien,  Septachora,  mot  qui  fignifie  doux,  d'un 
goût  exquis  ;  &c.  Ainfi  voilà  deux  noms  pour  un ,  mais 
nous  n'en  favons  pas  mieux  pour  cela  où  il  faut  chercher 
cette  rivière. 

HYPOCHALCIS  ;  c'eft  un  des  anciens  noms  de 
l'ifle  d'Eubée ,  félon  Sophien.  Il  fe  trompe  ;  c'eft  la 
ville  de  Chalcis  çlle-même ,  comme  dit  Strabon ,  /.  10, 


HYP 


HYP 


p.  451  ;  car  comme  elle  étoit  à  une  montagne  de  même 
nom,  on  lafurnomma  Hypo chalcis ,  c'eft-à-dire  fous  le 
mont  Chalcis. 

HYPOCREMNUS.  Strabon  ,    /.  14,  p.  645 ,  dit , 

•jÇv  JV  ffl  ÉttTfân  ,hjjj  to   'rmnp'/jins,  c'eft-à-dire, 


42  ï 

Voilà  donc  une  ville  Hypia,  un  mont  Hypius,  & 
une  rivière  de  même  nom. 
HYPPORUM.  Voyez  HiPporum. 
HYPPUROS.  Voyez  Hippuros. 
-  HYPSA,  rivière  de  Sicile.  Pline,  /.  3  ,  c.S  ,  dil 


ntre  Erythrh .  &  le  précipice ,   &c.  .II  fe  fert  quelques  Reliâtes ,  Ma^ara  ,  Hypfa ,  Selinus  ville.  V  Hypfa  effec- 

1  ignés  auparavant  du  même  mot,  H  f  i-mp^ctcis  n  lâyS,  tivement  couloit  auprès  de  Selinonte  ,  (Selinus).  Une 

7o  Sra  'A*s£axJ)>Ms  ^  ffî  XaMt«N«»  fxiyoi  &  "T7nr.pt1y.tu  ancienne  médaille  porte  ce   mot  seainonton  ,  &  de 

wnm-m  àe\  sn'JW.  C'eft-à-dire , la  traverfe  de  l'ifthme  ''autre  côté  ce  mot  »A2,  comme  étant  la  rivière  qui 

depuis  Alexandrium  &  Chalcides  ,  jusqu'au  précipice,  appartenoit  à  la  ville.  Silinonteeft  présentement  détruite, 

il  y  a  cinquante  ftades.   Cafaubon  croit  qu'il  ne  s'agit  j,Je  'ieu -  ou  ,dle   ét01t'   s'appelle  terra  délie   Pulici. 

pas  ici  d'un  précipice  ,  mais  d'un  nom  proprement  nommé  "^il'*  prelentement  le  Belice. 

ainfi.  Quoi  qu'il  en  foit,  il  étoit  dansl'Ionie,  contrée  ,  2>  H*  PS  A.  Ptolomée,  /.  3  ,  c.4,  place  une  rivière 

de  l'Afie  mineure.  de  ce  nom  tres-difteremment ,  entre  Héraclée  &  Agri- 

HYPODROMUS  jEthiopIjE  ,  lieu  maritime  de  la  gente  ',  &.d  la  fa,t  f°mber  dans  la  mer,  au  midi  de 

Libye  intérieure ,  félon  Ptolomée.  c"te  derniere   ™'e.  Cette  nvicre  eft  préfentement  le 

HYPOGOTHI.   Ce  peuple  fe  trouve   nommé  dans  STÇ  '    ,  °r     " 

l'Hiftoire  mêlée ,  liv.  14.  f  o]yhe  >  L  9 

HYPONE1UM.  Voyez  Neium  la  descriDtioi 


HYPOPODIUM.  Voyez  Hippoditjm. 

HYPOTHEBAS,  -im  ©„'£«,  fub  Thebis.  Homère 
nomme  ainfi  un  lieu,  &  le  partage  a  été  diverfement 
entendu,  comme  l'obferve  Strabon,/.  9. /.41 2.  Ce  pas- 
fage  eft  dans  l'Iliade: 

oï  S'wb  ©«/Sa;  «^15»  iïâlifiim  ajohU^esvi- 

La  verfion  latjne  porte  : 

Quique  fub  Thebis  habitabant  bene  œdificatam  urbem. 

Sur  quoi  Strabon  obferve  que  quelques-uns  l'entendent 
d'une  bourgade  nommée  ainfi;  que  d'autres  l'entendent 
de  Pothies ,  &  qu'ils  allèguent  pour  raifon ,  que  Thèbes 
ayant  été  détruite  à  caufe  de  l'expédition  des  Epigones, 
les  Thébains  n'eurent  point  de  part  à  la  guerre  de  Troie. 
D'autres ,  continue  ce  géographe ,  veulent  que  les  Thé- 
bains  fe  trouvèrent  à  cette  guerre  ;  mais  qu'alors  ils 
demeuroient  dans  la  plaine,  au-deffous  de  Cadmée,  parce 
qu'ils  ne  pouvoient  la  rebâtir ,  après  qu'elle  avoit  été 
faccagée  ,  après  la  fortie  des  Epigones  ;  &  comme  Cad- 
mée eft  la  véritable  Thèbes  ,-on  appelloit  alors  les  éta- 
bliflemens  faits  au  bas  de  l'ancienne  ville,  Hypothebas, 
c'eft-à-dire  fous  Thèbes;  Se  c'eft  le  nom  qu'Homère 
donne  à  la  nouvelle  ville,  qui  étoit  au  pied  de  l'ancienne. 
Madame  Dacier  a  donné  dans  ce  dernier  fens ,  &  dit  : 
ceux  qui  habitoient  la  nouvelle  Thèbes,  qui  a  de  fi  belles 
murailles. 

HYPPASII.  Voyez  Hypasii. 

HYPPELEUS.  Voyez  HypeljEus. 
_  HYPPENjE.  Egefippe  nomme  ainfi  une  ville  dePhce- 
nicie  :  c'eft  une  faute.  C'eft  l'Hippone  de  Jofeph.  Voyez 
Hippos.  1. 

HYPPIS,  ville  de  l'Afie  mineure,  dans  l'Ionie, 
félon  Ortélius  qui  cite  Mêla.  Ce  mot  fe  trouve  en  effet 
dans  l'édition  d'Olivarius.  Mais  dans  les  éditions  moder- 
nes ,  au  lieu  cYUrbem  Hyppin  ,  ou  lit  Urbem  Hyppum. 
Elle  étoit  dans  une  des  ifles  ,  qui  en  prenoit  le  nom  d:Hi 


dont  l'embouchure  eft  au  midi  de  Girgenti. 
/.  9 ,  c.  21- ,  nommé  cette  rivière  Hypfas  ,  dans 
description  qu'il  fait  d'Agrigente. 
Le  P.  Hardouin  dit  que  l'Hyplà'de  Pline  eft  pré- 
fentement Fiume  di  Marfalla  ;  cela  ne  fe  peut.  Vibius 
Sequefter  dit ,  que  l'Hypfa  coule  auprès  d'Inycon,  ville 
de  Sicile.  Hypfa  fecundum  Jnycon  urbem  Sicanice  de- 
currit  gratam  Hercidi.  Il  eft  vrai  que  des  copiftes  igno- 
rans  ont  fort  défiguré  cet  article  en  changeant  deux 
wots  qu'ils  ne  connoirtbient  pas ,  Se  mettant  Irecon  pour 
Jnycon,  &  Hispaniœ.  pour  Sicanice;  mais  Cluvier  a 
heureufement  rétabli  ce  partage. 

L'HYPSA  »  .de  Ptolomée ,  de  l'aveu  de  tous  les  géo- 
graphes, eft  aujourd'hui  le  BELICI.Sapofition  s'accorde 
avec  celle  que  les  anciens  lui  ont  donnée. 

HYPSALTjE,  ancien  peuple  de  Thrace,  au  bord  de 
1  Hebre.  Etienne  le  Géographe  le  nomme  HypselitjE. 
Plin.  1.  4,  en, 

HYPSA  RN US,  rivière  de  la  Béotie,  félon  Lyco- 
phron  Se  Iface ,  fon  commentateur ,  cités  par  Ortélius  , 
Thefaur. 

HYPSELA  ,  ville  de  Cilicie ,  auprès  de  Perga.  C'eft 
ainfi  qu'Ûrtéhus  entend  ce  partage  de  Strabon  /.  14, 
p.  667.  E;t'  àm  Tiiç  Zrx.AaJT>if  °<ran  itTfànxrm,  çtiMoiç  , 
710X11;  SîiV'r4»A»)  as  70/ç  s'a  riÉp>îi5  ïmpToç.  C'eft-à-dire, 
félon  lui  :  de-là  vers  la  mer,  à  quarante  ftades,  eft  la 
ville  à'Hypfele  ,  que  l'on  voit  de  Perge.  L'interprète 
Latin  fe  contente  de  rendre  le  mot  Hypfele,  non  comme 
un  nom  propre  de  cette  ville ,  mais  comme  un  adjeftif 
qui  en  marque  la  fituation ,  fans  nous  en  apprendre  le 
nom.  Ce  mot  y  eft  rendu  par  celui  de  Celfus ,  qui  veut 
dire  haut ,  élevé.  Ortélius  croit  que  c'eft  le  nom  même 
de  la  ville;  &  Leunclave  en  '  eft  fi  perfuadé  , qu'il  dit 
que  le  nom  moderne  eft  Alascear. 

HYPSELE,  ville  d'Egypte,  au  couchant  du  Nil, 
dans  un  nôme  dont  elle  étoit  le  chef-lieu ,  &  qui  en. 
prenoit  lenom  à'Hypfelites  nomos.  Elle  étoit  épiscopale  ; 
&  Socrate  ,  Califte  8c  S.  Athanafe  font  mention  d'un 
évêque  ,  dont  le  titre  étoit  Hypfepolitanus.  Simler 
dans  ce  qu'il  a  fait  fur  l'Itinéraire  d'Antonin  ,  croit  que 
c'eft  YH/Jbpis  ou  Hiforis  de  cet  auteur.  Ptolomée,  1. 4, 
c.  5.  Ortel.  Thefaur. 

HYPSELIS ,  village  d'Egypte ,  félon  Etienne  le  Géo- 


Jnfulce. 

HYPPIUS  ou  HYPIUS  ,  rivière  d'Afie ,  dans  la  Bithy-  graphe.    C'eft  l'a  même  choïé"  qa  Hypfele,  ville. 

nie;  c'eft  celle  qui  fuit  immédiatement  après  le  Sangar,  HYPSELlTyE.  Voyez  Hypsalt.E. 

&  elle  baigne  la  ville  de  Prufe.  Pline ,  /.  5  ,  c.  31,  donne  HYPSICRYMNOS ,  ville  aux  environs  du  Caucafe. 

le  nom  de  Hypius  à  une  montagne ,  au  pied  de  laquelle  Eschyle  qui   en  fait  mention  dans  fon  Promethée ,   la 

étoit  la  ville   de    Prufe.   Avant  la  correction   du   père  peuple  d'Arabes. 

Hardouin  ,  on  lifoit  Hippus  mons  ,  ce  qui  étoit  une  faute.  HYPSIPILEA.  Voyez  Lemnos. 

Comme  il  y  avoit  plus  d'une  ville  de  Prufe ,   celle-ci  HYPSITANjE  (Aqu^e)   ancienne  ville   de  l'ifle  de 

fe  diftinguoit  par  ce  furnom  ,  Prufafub  Hypio  ,  ou  ad  Sardaigne,   dans  l'intérieur  de  l'ifle.   Voyez  Fordin- 

Hypium.  Dans  les  fouscriptions  des  actes  latins  du  con-  GIANO, 
cile  de  N' 


hcee,  ou  trouve  Hefyche  de  Prufe,  près  de 
l'Hyppius.  Le  fcholiafte  d'Apollonius,  Argonaut.  La, 
v>  797  >  expliquant  ce  vers  : 

Aux  bords  marécageux  du  profond  Hypius, 

fait  cette  remarque  :  on  dit  que  les  Bébryces  enlevèrent 
une  ville  au  pays   des   Mariandyniens ,   &  avancèrent 


HYPSIZORIUS  ,  montagne  de  la  Macédoine ,  auprès 
de  la  presqu'ifle  de  Pallene  ,  fur  la  côte ,  félon  Pline  , 
I.4,  c.  ro. 

1.  HYPSUS  ,  village  du  Péloponnefe  ,  dans  la  La- 
conie ,  aux  confins  du  territoire  de  Sparte.  Il  étoit 
confacré  à  Esculape  &c  à  Diane,  félon  Paufanias , 
1.3,0  24. 

2.  HYPSUS,  génitif  untis,  ancienne  ville  du  Pélo- 


jeurs  frontières  jusqu'à  l'Hypius,  6k  l'on  bâtit  dans  la  ponnèfe,  dans  l'Àrcad'te.  Paufanias  , /.  8 ,  c.  35,  dit  que 
Ihynie  une  ville,  près  du  fleuve,  laquelle  fut  nommée  de  fon  tems  on  en  voyoit  les  débris  fur  une  montagne 
Hypm.  Si_  cela  eft  ainfi ,  les  frontières  furent  reculées     qui  s  eleve  au-deffus  d'une  plaine.  Il  ajoute  que  \i  mon- 


au-delà  du  Sangaris  ,  jusqu'à  l'Hypii 


tagne  ôc  la  ville  portoient  le  même  nom  que  Thyrée , 


42  2  HYR 

autre  ville ,  étoit  dans  le  même  état  de  décadence  ;  que 
le  pays  d'entre  ces  deux  villes  étoit  coupé  de  montagnes, 
&  plein  de  bêtes  fauvages,  Se  qu'enfin  ces  deux  villes 
prenoient  chacune  (on  nom  de  Tyrée  <k  de  Hypsus, 
fils  de   Lycaon. 

3.  HYPSUS.  Leunclave  trouve  une  ville  de  ce  nom 
dans  la  Phrygie  ,  &  prétend  que  le  nom  moderne  que 
lui  donnent  les  Turcs  eft  Upfu.  Ortélius,  Thefaur.foup- 
çonne  que  c'eft  le  même  lieu  qa'Ipfus.  La  preuve  en 
eft  évidente.  Leunclave  cite  l'empereur  Léon  ,  ck  dit 
que  cette  ville  d'Hyplùs  étoit  foumiléà  celle  deSynade; 
&'dans  la  Notice  de  Léon  le  Sage,  on  trouve  (bus  la 
ville  de  Synade ,  métropole  ,  Ipfi,  dans  la  Phrygie  falu- 
taire.  Dans  la  Notice  d'Hieroclès,  cela  change  d'ordre. 
Eucarpie  tient  le  premier  rang  dans  cette  même  Phrygie. 
Synode  y  tient  le  dixième  ,  &  Hipfosle  douzième.  Ipfi 
&  H'ipfos  font  la  même  chofe  qulpfus,  à  l'égard  du 
nom  moderne.  Voyez  Allachars. 

HYRCANIE  ,  grand  pays  d'Afie  ,  au  midi  de  la  mer 
Caspienne,  dontune  partie  en  prennoitle  nom  de  MER 
D'HYRCANIE,  Hircanum  mare.  Elle  avoitla  Médie  au 


HYR 


couchant ,  la  parthie  au  midi  :  elle  étoit  féparée  de  cette 
dernière  par  le  mont  Coronus.- Ptolomée  l'étend  jusqu'à 
l'Oxus.  Il  lui  donne  deux  rivières,,  (avoir  l'Oxus  &  la 
Maxera.  Voici  la  description  qu'il  fait  de  ce  pays  mous 
y  joindrons  quelques  remarques.  Mais  nous  commence- 
rons par  avertir  que  les  anciens  avoient  une  fauffe  idée 
de  l'Hyrcanie  :  ils  prenoient  la  longueur  de  la  mer  Cas- 
pienne ,  d'occident  en  orient ,  au  lieu  qu'elle  eft  du  nord 
au  fud. 


L'Hyrcanie  de  Ptolomée  ,16,  c.  g. 


L'Hyrcanie  eft  bornée  au  fepten- 
trion  par  une  partie  de  la  mer 
d'Hyrcanie ,  qui  s'étend  depuis  l'ex- 
trémité de  la  Médie  ,  jusqu'à  l'em- 
bouchure de  l'Oxus. 
Les  villes  de  ce  côté  font, 


Longit. 
100  d.  o' 


Latit. 
43  d.  o. 


Saramane  , 

94"4<'- 

40-30'. 

L'embouchure  de  la  Maxera, 

97-2.0'. 

41-30'. 

Sa  fource , 

98-  0'. 

38-40'. 

Socanaa,  ville, 

97-30'. 

41-  0'. 

L'embouchure  de  l'Oxus. 

100-  0. 

43"  6'. 

Au  couchant  elle  confine  à  une  par- 
tie de  la  Médie  jusqu'au  montCo- 
ronus  :  de  ce  côté  eft  Saramance , 


39"  o'. 


Au  midi  elle  eft  bornée  par  la  Parthie,  le  long  du  Co- 
ronus ,  à  l'orient  par  la  Margiane ,  le  long  des  monta- 
gnes. Les  peuples  qui  habitent  l'Hyrcanie ,  le  long  de 
la  mer  ,  font  les  Maxera.  Se  les  Ajlabenl ,  &  fous 
les  Maxera  font  les  Chrindi,  après  lesquels  eûl'Arfi- 
tide  ,  qui  touche  au  Coronus.  Sous  les  Aftabeni  eft  la 
Syracene. 

Les  villes  qui  font  dans  les  terres  font, 


Longit. 

Latit. 

Barange  , 

99-  0'. 
98-30- 

41-.0'. 

Adrapfa, 

41-  30. 

Cafape, 

99-30. 

40-10. 

Abarbina , 

97-  0'. 

40-10'. 

Sorba  ou  Sarbaj 

98-  0'. 

40-30'. 

Sinaca , 

100-  0'. 

39-40'. 

Amarua  ,  ou  Amarufa, 

96-  0'. 

39-50'. 

Hyrcania,  métropole, 

98-30'- 

40-  0'. 

Salé  ,  ou  Sace , 

94-15'. 

39-30'. 

Asmura,  ou  Asmurna, 

67-30'. 

39-30'. 

Maufoca, 

99"  0'. 

39-30'. 

Outre  une  ifle  voifine  du 

rivage 

nommé  Chalca  ou  Talca , 

95-  o'. 

39-30'. 

Saramanni  t(k  nommé  S amarianc  par  Strabon  ,  &iSara- 
manna  par  Ammien  Marcellin.  Socanaa  eft  nommée 
Socunda  par  ce  dernier.  Asmurna  eft  l'Asmorna  du 
même  hiftorien.  Adrapfa  eft  dans  la  Baftriane ,  fi  l'on  en 
croit    Strabon.   Pline    étend   beaucoup  l'Hyrcanie ,   &C 


Médie.  Ifidore'de  Charax  ,  Manfiones  Parthie.  p.  J,edit. 
Oxon.  diftingue  l'Hyrcanie  de  l'Aftabenc.  Il  donne  à  la 
première  une  étendue  de  foixante  fchoenes  ,  &  onze 
villages ,  où  il  y  a  des  gîtes ,  &  à  la  féconde  foixante 
fchoenes ,  avec  douze  villages ,  où  font  des  gites  ;  &  de 
plus  AJ'aac,  ville  qui  a  été  la  première  refidence  d'Arface, 
&  où  l'on  garde  le  feu  perpétuel.  Fabricius  croit  que 
cette  Afaac  eft  l'Arfacie,  que  Ptolomie  place  dans  la 
Médie.  Il  y  a  plus  d'apparence  à  dire  avec  Holftenius 
in  Ortel.  adnoc.  p.  22  ,  que  cette  ville  eft  la  même  mé- 
tropole que  Ptolomée  nomme  Hyrcania.  Les  anciens 
ne  s'accordent  pas  fur  le  nom  de  cette  métropole  de 
l'Hyrcanie.  Strabon ,  Lu,  p.  508,  l'appelle  Tapé  Taw; 
Ptolomée,  /.  6,c. 9,  Hyrcania  rpy.iuîa..  Polybe,  /.  10, 
c.  28  ,  dit  :  la  plupart ,  tant  ceux  qui  s'étoient  fauves 
du  combat ,  que  ceux  qui  avoient  abandonné  le  pays 
d'alentour ,  s'étoient  retirés  dans  une  ville  nommée  Sy-  ■ 
ring-  car  ce  lieu  eft  plus  fort  &  plus  abondant  en 
toutes  fortes  de  commodités ,  peu  loin  de  Tombrace , 
&  c'eft  comme  la  capitale  de  l'Hyrcanie.  Il  avoit  dit, 
quelques  lignes  auparavant  ,  que  Tambrace  étoit  fort 
grande  &  mal  fortifiée  ,  quoique  ce  fût  la  refidence  du 
roi.  Ainfi  voilà  Tambrax ,  ou  Tambrace ,  autre  capitale 
de  l'Hyrcanie.  C'eft  apparemment  la  Talabroca  de  Stra- 
bon. Arrien  ,  /.  3  ,  c.  25,  parlant  d'Alexandre ,  dit  :  il  mena 
l'armée  à  Zeudracaria ,  la  plus  grande  ville  de  l'Hyr- 
canie ,  &C  où  étoit  la  refidence  des  rois.  A  examiner  les 
choies  on  voit  bienque  ces  différens  noms  n'appartien- 
nent pas  à  la  même  ville.  La  Zeudracarta  d' Arrien  eft 
la  Carta  de  Strabon ,  &  il  la  diftingue  de  Talabroca  &C 
de  Tape.  Voici  le  paffage.  L'Hyrcanie  ,  eft  grande, 
fertile,  &a  des  villes  remarquables,  entre  lesquelles 
font  Talabroca  Samariane ,  Tape ,  capitale.  On  ne  tire 
pas  du  terroir  ni  de  la  mer  d'Hyrcanie  tout  le  parti 
qu'on  en  pourrait  tirer  ;  car  la  mer  devient  inutile, 
faute  de  'navigation  :  il'  y  a  des  ifles  qui  pourraient  être 
habitées,  &  qui  ne  le  font  point.  On  dit  même  qu'il 
y  a  de  la  terre  mêlée  d'or.  C'eft  la  faute  des  premiers 
qui  y  ont  mené  des  colonies,  gens  Barbares,  comme 
Hyrcaniens,  Médes ,  Perfes;  &  les  Parthes  ,  outre  que 
le  vqifinage  étoit  plein  de  brigands  &  de  déferts.  Les  . 
Macédoniens  ne  la  pofféderenf  pas  long-tems;  d'ailleurs 
ils  étoient  uniquement  occupés  de  leurs  guerres.  Arifto- 
bule  dit  que  l'Hyrcanie  eft  couverte  de  forêts ,  &  que 
le  chêne  y  eft  commun  ;  mais  que  l'on  n'y  trouve  ni 
fapin  ,  ni  pin  ,  ni  ces  autres  arbres  dont  l'Inde  abonde. 

2.  HYRCANIE,  ville  capitale  de  l'Hyrcanie.  Voyez 
l'article  précèdent. 

3.  HYRCANIE  ,  pays  d'Afie  ,  au  midi  de  la  Baby- 
lonie,  &  par  confisquent  très -différent  de  l'Hyrcanie 
feptentrionale.  On  peut  appeller  celle-ci  Y Hyrcanie  méri- 
dionale. Comme  Xenophon  eft  le  feul  des  anciens  ,  qui 
nous  la  faffe  connoître ,  on  peut  auffi  la  nommer  YHyr- 
canie  de  Xenopohon.  On  l'a  blâmé  d'avoir  placé  l'Hyr- 
canie au  midi  de  la  Babylonie ,  parce  que  l'on  a  fup- 
pofé  qu'il  avoit  voulu  parler  de  l'Hyrcanie  connue  de 
tous  les  géographes  ;  mais  Freret  l'a  juftifié  dans  fes 
Obfervationç  fur_  la  Cyropedie.  Voici  fes' remarques. 
*  Mémoires  de  Littérature ,  t.  6  ,  p.  364. 

L'Hyrcanie  de  Xenophon. 

Xenophon,  Cyroped.  1.  4,  init.  après  avoir  décrit, 
dans  fon  livre  quatrième  ,  le  premier  combat  entre  les 
Médes  &  AfTyriens  ,  où  le  vieux  roi  d'Affyrie  fut  tué, 
parle  afTez  au  long  des  Hyrcaniens.  C'eft,  dit-il,  une 
nation  voifine  8c  tributaire  des  AfTyriens  :  leur  cava- 
lerie étoit  &c  eft  encore  fort  eftimée  ;  mais  comme  ils 
font  en  petit  nombre ,  ils  étoient  expofés  à  la  tyrannie 
des  AfTyriens  ,  qui  les  traitoient  avec  la  même  dureté 
que  les  Lacédémoniens  font  les  Ilotes ,  leurs  esclaves. 
Cette  description  ne  peut  convenir  aux  Hyrcaniens  de  la 
mer  Caspienne  ,  nation  nombreufe  &C  très-puiffante ,  fé- 
parée des  AfTyriens  par  la  Médie  entière ,  &c  habitant 
un  pays  montagneux  Se  impraticable  à  la  cavalerie  :  ce 
qui  fait  qu'Hérodote  ne  leur  donne  que  des  troupes  d'in- 
fanterie ,  dans  la  revue  de  l'armée  de  Xerxès.     ' 

Xenophon  ajoute  que  Cyrus  voulant  engager  les 
autres  nations  tributaires  des  AfTyriens  à  entrer  dans  fon 


femble  lui  donner  plufieurs  peuples .  qui  étoient  de  la     parti ,  accorda  de  grands  privilèges  à  ces  Hyrcaniens , 


HYR. 


HYS 


tk  les  naturalifà  Perfans  ;  en  forte ,  dit-il ,  qu  ils  ne  font 
pas  encore  diftingués  des  Perfes  tk  des  Médes,  &  peuvent 
remplir  comme  eux  les  premiers  emplois.  C'eft  ce  qu'on 
ne  peut  dire  des  Hyrcaniens  de  la  mer  Caspienne.  Héro- 
dote les  range  au  nombre  des  nations  tributaires,  &  les 
exclut  par  conféquent  des  charges  &  des  gouvenwmens 
réfervés  aux  Perfans  naturels ,  qui  étoient ,  félon  lui ,  les 
feuls  vraiment  libres. 

Ce  que  dit  Xénophon  des  privilèges  de  ces  Hyrca- 
niens ,  peut  faire  penfer  qu'ils  compofoient  cette  colonie 
d'Hyrcaniens  établis  par  les  Perfes  dans  la  Lydie ,  félon 
le  témoignage  de  Strabon ,  &  qui  étoient  entre  Thyatire 
&  Pergame.  Apparemment  que  Cyrus  les  établit  en  ce 
lieu ,  pour  contenir  les  Lydiens  nouvellement  affujettis, 
Aucun  de  ceux  qui  parlent  de  ces  Hyrcaniens ,  ne  fait 
mention  de  leurs  mœurs  Scythiqu.es  ;  &  ce  filencepeut 
confirmer  ma  conje&ure  ,  &  faire  croire  qu'ils  étoientune 
colonie  des  Hyrcaniens  de  la  Babylonie ,  &  non  pas  de 
ceux  de  la  mer  Caspienne. 

En  examinant  le  livre  Ve,  &  fuivant  le  détail  des 
campemens  de  Cyrus  dans  la  Babylonie,  on  trouve  que 
ces  Hyrcaniens  font  à  quatre  ou  cinq  journées  au  midi  de 
la  Babylonie ,  dans  le  milieu  du  pays  nommé  préfente- 
ment  Irac  ou  Irac-Arabi ,  pour  le  distinguer  d'une  grande 
province  du  royaume  de  Perfe ,  nommée  Irac-Adgemi 
ou  étrangère  ,  qui  comprend  une  partie  de  l'Hyrcanie 
voifine  de  la  mer  Caspienne  :  ces  deux  Irac  font  féparées 
parles  hautes  montagnes  du  Curdiftan  &C  du  Louveftan. 

De  l'aveu  de  tous  les  géographes ,  l'Hyrcanie  d'Héro- 
dote étant  comprife  aujourd'hui ,  au  moins  en  partie  , 
dans  \'  Irac-Adgemi  ou  étrangère ,  on  doit  penfer  qu'elle 
a  donné  fon  nom  à  cette  province ,  fans  aucun  chan- 
gement que  celui  de  la  terminaifon.  Je  crois  qu'il  en  eft 
arrivé  autant  à  ^Irac-Arabi ,  tk  qu'elle  a  pris  fon  nom 
•à  :s  Hyrcaniens  ,  dont  parle  Xénophon.  Je  l'avance  d'au- 
tant plus  hardiment ,  que  les  Arabes  nomment  ce  pays 
Iracain  ,  mot  qui  ne  diffère  pas  du  nom  ancien ,  Hyr- 
cania.  Xénophon  compare  la  dépendance  des  Hyrcaniens 
tributaires  des  Affyriens ,  avec  l'esclavage  des  Ilotes , 
fujets  des  Lacédémoniens.  Peut-être  pourroit-on  pouffer 
le  parallèle  plus  loin  .  tk  dire  que  les  Hyrcaniens  étoient , 
ainfi  que  les  Ilotes ,  un  refte  des  anciens  habitans  du  pays, 
exterminés  par  des  conquérans  étrangers ,  qui  a  voient 
réfervé  une  partie  des  peuples  conquis ,  pour  cultiver 
les  terres  &  en  faire  des  esclaves.  Les  Babyloniens  étoient 
des  Syriens  mêlés  de  quelques  Arabes  ,  qui  s'étoient  em- 
parés de  laChaldée,  après  en  avoir  chaffé  les  naturels, 
ainfi  que  Moïfe  l'infinue  dans  la  Genèfe. 

4.  HYRCANIE,  Hyrcanus  Campus;  contrée  dél'Afie 
mineure.  Tite-Live,  l.  ">,j,c.  38,  dit:  le  conful  croyant 
que  le  roi  étoit  aux  environs  de  Thyatire,  marcha  à 
grandes  journées,  &  arriva  le  cinquième  jour  3\iChamp 
Hyrcanien  ;  Strabon,  /.  13  ,  p.  629  ,  dit  :  la  campagne 
du  Caïftre  qui  fe  trouve  entre  le  Tmolus  &  l'intérieur 
du  pays  ,  touche  ,  vers  l'orient ,  à  la  campagne  nommée 
Cilbienne.  Cette  dernière  eft  grande,  très- propre  à 
être  habitée  ,  tk  a  un  terroir  fertile.  Suit  le  champ 
Hyrcanien ,  que  les  Perfes  ont  ainfi  nommé  ,  à  caule 
des  Hyrcaniens  que  Fre'ret,  dans  l'article  précèdent, 
dit  avoir  été  tirés  de  l'Hyrcanie  Babylonienne ,  & 
non  de  l'Hyrcanie  feptentrionale.  Etienne  le  Géographe 
dit  :  il  y  a  auffi  le  champ  Hyrcanien  dans  la  Lydie , 
comme  le  rapporte  Eratofthene.  Ces  Hyrcaniens  font 
nommés  Macedones  Hyrcani ,  dans  les  auteurs  Latins , 
pour  les  diftinguer  des  autres.  Pline  ,  /.  5  ,  c.  29  ,  les 
appelle  ainfi ,  quand  il  dit:  c'eft  à  Smyrne  que  s'affemble 
la  plus  grande  partie  de  l'Eolie ,  tk  outre  cela  les  Ma- 
cédoniens-Hyrcaniens ,  ck  les  Magnéfiens  du  mont  Si- 
pyle.  Tacite,  Annal,  2  ,  c.  74  ,  dit:  on  jugea  à  propos 
de  retrancher  les  tributs  que  payoient  les  Temniens  , 
les  Philadelphiens  ,  les  jEgeates ,  les"  Apollinidiens,  tk 
ceux  qu'on  appelle  Moflenes  ou  Macédoniens -Hyrca- 
niens. Les  anciens  géographes  gardent  tous  un  profond 
filence  fur  la  ville.  d'Hyrcanie  ,  qui  devoit  être  le 
chef- lieu  de  cette  contrée.  Il  faut  en  chercher  les 
preuves  dans  d'autres  monumens.Spon  ,  dans  fes  Voya- 
ges, fournit  une  médaille,  où  eft  reprefentée  une  tête 
de  femme,  garnie  de  tours, avec  ce  mot  tpkanh  Hyr- 
cane  ,  ck  fur  le  revers  tpkanqk.  Il  ne  faut  pas  ,  dit-il , 
entendre  par-la  les  peuples    de  l'Hyrcanie    voifine  de 


42  3 

Perfe  ,_  mais  lés  habitans  d'un  lieu  de  la  Lydie,  ainfi 
nommé,  à  qui  Stephanus  ne  donne  pas,  à  la  vérité, 
le  nom  de  ville  ,  mais  feulement  d'une  campagne.  La 
tête  couronnée  de  tours ,  nous  enfeigne  qu'il  y  a  eu  là 
une  ville  ,  ainfi  nommée  par  les  hiftoriens  du  bas 
Empire.  Califte  parle  de  Moftene  ville  ,  &  d'Hyrcanie 
ville,  au  même  endroit.  Elle  eft  nommée  Diahyreania  , 
par  Eufebe  dans  fa  Chronique.  *\)rtel.Thef. 

y  HYRCANIE,  ville  deThrace,  félon  Etienne  le 
Géographe. 

6.  HYRCANIE ,  village  de  la  Paleftine ,  félon  le 
même.  Il  prenoit  ce  nom  d'Hyrcan,  exarque  des  Juifs. 
Voyez  Hyrcanium. 

7.  HYRCANIE,  forêt  de  l'Arabie , félon  Servius, ex- 
pliquant ce  vers  de  Virgile ,  JEneid.  1.  4  : 

Hyrcanaqut  admorunt  ultra  Tigres. 

HYRCANIUM,  fortereffe  de  la  Paleftine,  vers  lés 
montagnes  d'Arabie,  félon  Jofeph ,  de  BdLo ,  1. 1  ,  c.  14. 
Il  y  avoit  un  fort  château ,  tk  une  bourgade.  Jofeph  le 
nomme  Hyrcanion  :  Etienne  le  Géographe ,  qui  ne  con- 
noît  que  la  bourgade ,  la  nomme  Hyrcania. 

HYRCANIUS  Campus.  Voyez  Hyrcanie4. 

HYRCANUM  Mare,  la  mer  d'Hyrcanie.  Les  an- 
ciens nommoient  ainfi  la  partie  de  la  mer  Caspienne  , 
qui  lavoit  les  côtes  d'Hyrcanie. 

HYRESEON,  lieu  de  Grèce,  fur  la  côte  de  Béotie, 
félon  Pline,  /. 36,  c.  16.  Le  P.  Hardouin  lit  Hyrieti- 
cum.  Il  l'explique  de  la  campagne  ,  qui  étoit  aux  envi- 
rons de  la  ville  d'Hyrie.  Sylburge  veut  qu'on  life  EiUfion 
&  cite  Homère. 

HYRGIS  ,  rivière  de  la  Scythie ,  &  l'une  de  celles 
qui  tombent  dans  le  Tanaïs ,  félon  Hérodote  ,/.  4 ,  c.  57. 
Mercator  veut  que  le  nom  moderne  foit  Scosna. 

1.  HYRIA,  petit  canton  de  Grèce,  dans  la  Béotie, 
près  d'Aulide.  Etienne  le  Géographe  dit  qu'il  y  avoit 
eu  auparavant  une  petite  ville  ;  qu'Héfiode  dit  qu'An- 
tiope  étoit  née  en  cet  endroit;  mais  qu'Euripide  vouloit 
que  ce  fût  en  Hyfia.  Hyria,  pourfuit-il,  eft  tout  joi- 
gnant TEuripe.  Voyez  Hyrie  i. 

2.  HYRIA,  lieu  d'Afie  dans  l'Ifaurie ,  auprès  de  Sé- 
leucie,  au  bord  du  Calycadnus ,  félon  Etiennele  Géo- 
graphe. 

3.  HYRIA  ,  dans  la  Japigie.  Elle  avoit  été  bâtie  par 
les  Cretois ,  félon  le  même.  C'eft  VUria  de  Pline.  Voyez 
Uria  ,  &  Hyrium. 

1.  HYRIE,  petite  ville  de  Grèce,  dans  la  Béotie, 
félon  Pline ,  /.  4  ,  c.  7.  C'eft  celle  dont  Etienne  le  géo- 
graphe parle  à  l'occafion  du  canton  d'Hyria.  Voyez 
Hyria  i. 

2.  HYRIE,  ancien  nom  dei'ifle  de  Zante,  félon  Pline, 

"  HYRIÉTICUM.  Voyez  Hyreseon. 

HYRINI.  Pline  nomme  ainfi  les  habitans  d'URiA. 
Voyez  Uria. 

HYRIS  ,  promontoire  d'Afie  ,  dans  la  Propontide  , 
aux  environs  de  Chalcédoine ,  félon  Etienne  le  Géo- 
graphe. 

HYRPJM  ,  ville  de  la  Pouille  Daunienne,  en  Italie, 
félon  Ptolomée,  I.t,  ,c.  i.  Voyez  Uria.  i.  Celfus  Ci- 
tadinus  prétend  jréanmoins ,  que  ce  font  deux  villes 
différentes.  SeloJlui  Hyrium  eft  aujourdhui  Rhode,tk 
Uria  eft  Oria  ;  cette  dernière  eft  dans  les  terres  ,  entre 
Brindes  &c  Tarente  ;  5c  l'autre  eft  dans  la  Pouille  Dau- 
nienne ,  vers  le  mont  Gargan. 

HYRMINE ,  ville  du  Péloponnèfe,  dans  l'Elide  :  Ho- 
mère, /.  5,v.  122,  la  nomme  dans  l'Iliade.  Pline,/.  4, 
c.  5,  n'en  parle  que  comme  d'un  lieu  dont  il  ne  reftoit 
plus  que  la  place.  Paufanias  /.  5  ,  c.  1  ,  en  fait  auffi  men- 
tion; mais  il  ne  dit  pas  qu'elle  fubfiftât  de  fon  tems. 
Etienne  dit  Hyrmène. 

HYRNETHlUM  ,  campagne  couverte  d'oliviers ,  au 
Péloponnèfe ,  dans  l'Argie  auprès  d'Epidaure  ,  félon 
Paufanias ,  /.  2 ,  c.  28. 

HYRTACUS  ou  Hyrtacinus  ,  ville  de  Crète, 
félon  Etienne  le  Géographe. 

HYSABY,  ancienne  ville  de  Suéde,  dans  la  Veftro- 
gothie,  dont  il  ne  refte  qu'une  églife.  On  voit  dans 
fon  cimetière  les  tombeaux  de  Skhotkonung ,  &  de  la 


424  HYS 

reine  fon  époufe ,  avec  des  bas-reliefs.  On  prétend  que 
c'eft  la  première  églife  cathédrale  de  "SVeflrogothie ,  & 
que  fon  fiége  épiscopal  a  été  transféré  à  Scara.  On  y 
voit  les  ruines  d'un  magnifique  monaftere  ,  qui  fe  nom- 
mo\t  Hufaiy  Cloficr,  &  à  quelque  diftance  de  celles  d'un 
château  des  anciens  évêques  d'Hyfaby.  Cette  ville  étoit 
à  un  mille  Suédois  de  Scara. 

HYSjEIS,  ifle  des» Ethiopiens,  félon  le  même. 

HYSBE,  ville  de  la  Lydie,  félon  le  même. 

HYSEANA ,  ville  de  l'Illyrie ,  félon  le  même. 

HYSIA.  Voyez  Hysi^l. 

i.  HYSLE,  pluriel  génitif  arum  ,  ville  de  (  Grèce  > 
dans  la  Béotie,  au  pied  du  mont  Cytheron.  Hérodote, 
1.6,  c.io8;&:/.  9,  ci  5  &Z5;  Thucydide,/.  3,^.187; 
Strabon ,  /.  9 ,  p.  404  ;'  Paufanias ,  /.  9  ,  c.  2. ,  &  Etienne 
le  géographe ,  en  font  mention.  Strabon  dit  :  quel- 
ques-uns veulent  que  Hyfies  foit  appellée  Hyna  ; 
elle  eft  fur  l'Afopus  ,  au  pied  du  Cytheron.  Etienne 
dit  Hyfia  au  fingulier.  Elle  étoit  ruinée  du  tems  de 
Paufanias.  :       .  . 

2.  HYSLE,  ville  duPéloponnefe,  dans  1  Argie.  Stra- 
bon ,  /.  9  ,  p.  404  ,  dit  que  fes  habitans  étoieat  nommés 
Hy 'fiâtes.  Thucydide ,  /.  ■) ,  p.  400;  &  Paufanias  ,  /.  2 , 
c.24  en  font  auffi  mention;  ce  dernier  ne  fait  men- 
tion que  de  fes  ruines.  Pline,  V.  4,  c.*5  ,  la  nomme 

3.'  HYSLE  ,  ville  d'Arcadie,  félon  Etienne  le  Géo- 
graphe ,  qui  cite  Pherecyde.  Mais  il  dit  Hyfia  ,  au  fin- 

^T  HYSLE,  ou  plutôt  Hyfia,  ville  capitale  des 
Parthes,  félon  Artemidore,  cité  par  Etienne  le  Geo- 
graphe. 

HYSOPIS.  Voyez  Hypsele. 

HYSPA,  pourHypsA. 

1.  HYSSUS,  port  furie  Pont-Euxin,  félon  Ptolo- 
mée,  /.  5  ,  c.  6  ,  qui  le  met  auprès  de  Trébizonde  , 
dans  le  Pont  Cappadocien,  entre  Cerafonte  &  Pharnacie. 


HYT 


Arrien  ,  Perlpl.  Pond  Euxini,  p.  6,  tilt.  Oxon.  dit: 
les  rivières  que  nous  avons  trouvées  en  notre  chemin , 
après  avoir  quitté  Trébizonde  ,  font  1 .  l'Hyfîus ,  dont 
le  port  ,  qui  eft  à  fon  embouchure  ,  porte  le  nom  : 
il  eft  à  cent  quatre- vingt  ftades  de  Trébizonde; 
2.  l'Ophis  qui  eft  à  quatre  -  vingt  ftades  au  plus  du  port 
d'Hyfius. 

2.  HYSSUS.  Dorothée^  cité  par  Ortélius  ,  Thef. 
nomme  ainfi  un  port  de  l'Océan  dans  l'Ethiopie  in- 
térieure ,  où  il  dit  que  l'apôtre  S.  Matthias  prêcha 
l'évangile. 

HYSTASP^E ,  nation  d'entre  lesPerfes ,  félon  Etienne 
le  Géographe.  Il  y  a  bien  de  l'apparence  que  c'eft  pour 
Hidaspa,  ceux  qui  habitoient  au  bord  de  l'Hydaspe. 
Cette  conjefture  eft  d'Ortelius. 

HYSTOAS,  ville  de  Crète,  félon  Germanicus,  in 
Aratum. 

HYSTRA.  Voyez  Hylactes. 
HYTANIS ,  rivière  de  la  Carmanie  ,  félon  Pline , 
1.6,  c.  23  ,  qui  dit  qu'elle  a  quelques  ports  ,  &  qu'elle 
eft  fertile  en  or.  Flumen  Carmaniœ  Huants  portuofum 
&  auro  fertile..  Martianus  Capella  ,1.6,  c.de  Indiâ  ,en 
parle  auffi  ,  fi  nous  en  croyons  le  P.  Hardouin  ;  &  même 
il  l'appelle  Hipanis.  Ce  père  fe  trompe.  MartianusCa- 
pella  ne  parle ,  dans  l'endroit  cité ,  que  de  l'Hypanis  des 
Indes ,  où  fe  borna  la  courfe  d'Alexandre  le  Grand.  Hy- 
panis  ibi  amnis  immodieus  qui  Alexandri  Magni  iter 
interclufit  :  ficut  in  ejus  ripa  locata  ttfiantur  ara. 
Cela  n'a  aucun  rapport  avec  L'Hytanis  de  Pline.  On 
doute  fi  cette  rivière  eft  différente  de  YAndanis  dp 
Ptolomée. 

HYTENNA,  ville  de  la  Lycie ,  félon  Etienne  le  Géo- 
graphe. . 

HYTMITjE,  peuple  voifin  de  la  Liburnie  ,  félonie 
même. 
HYTTENIA.  Voyez  Tetrapolïj. 


LE 


L  E   GRAND 


DICTIONNAIRE 

GÉOGRAPHIQUE, 

HISTORIQUE    ET    CRITIQUE. 


* 


JAB 


JAB 


ABADII  insULA  ,  c'eft-à-dire  l'isle 
de  l'Orge  :  le  grec  porte  id£a£in. 
Il  faut  féparer  ces  mots,  Jaba  Diu  ou 
Div;  alors  ce  mot  D IV,  qui,  dans  la 
langue  des  Indiens ,  fignifie  une  ijle , 
nous  fait  connoître  que  c'eft  l'isle  de 
JAVA,  qui  portoit  déjà  ce  nom  dutems 
de  Ptolomée  ,  &  cela  eft  très-remarquable.  Si  Gérard 
Mercator ,  &  quelques  autres  avoient  fait  un  peu  d'atten- 
tion à  cela,  ils  n'auroient  pas  dit  que  c'eft  la  nouvelle 
Cuinée,  qui  n'y  convient  en  aucune  façon. Il  croît  encore 
à  préfent  beaucoup  d'orge  dans  l'ifle  de  Java.  Voyez 
Java.  Ptolomée ,  /.  7,  c  2,  dit  :  Jabadii ,  c'eft-à-dire 
l'ifle  de  l'Orge  ;  cette  ifle  eft  ,  dit-on  ,  très-fertile  ,  & 
produit  beaucoup  d'or.  Sa  ville  métropole ,  fituée  dans 
fon  extrémité  occidentale  ,    eft  nommée   Argentea , 

"Apyvfïl. 

JABES  ,  ville  de  la  Paleftine  ,  dans  la  demi  -  tribu 
de  Manaffé  ,  au-delà  du  Jourdain.  L'Ecriture  lui  donne 
ordinairement  le  nom  as  Jabes  dcGalaad,  parce  qu'elle 
étoit  dans  le  pays  &C  au  pied  des  montagnes  de  Galaad. 
Eusèbe  ,  ad  vocem  Arisoth  ,  la  met  à  fix  milles  de 
Pella  vers  Geraia ,  &c  par  conféquent  elle  devoit  être  à 
l'orient  de  la  mer  de  Tibériade.  Procope  de  Gaza  ,  in 
Judic.  met  vingt  milles  de  Gaza  à  Jabes.  La  ville  de 
Jabes  de  Galaad  fut  faccagée  par  les  Israélites  ,  parce 
qu'elle  n'avoit  pas  voulu  joindre  fes  armes  aux  leurs , 
dans  la  guerre  contre  ceux  de  Benjamin  ,  à  l'occafion 
de  l'outrage  fait  à  la  femme  du  Lévite ,  dans  la  ville  de 
Gabaa,  Judic.  c.  zi ,  v.  8.  Quelques  années  après,  Naas, 
roi  des  Ammonites ,  ayant  aflîégé  Jabes  (a)  ,  les  habi- 
tans  le  prièrent  de  les  recevoir  à  compofition  ;  ce  prince 
leur  répondit,  qu'ils  n'avoient  point  d'autre  compofition 
à  attendre  que  de  fe  rendre  à  lui,  &  de  fe  laiffer  crever 
l'œil  droit.  Les  habitans  demandèrent  une  trêve  de 
fept  jours  ,  promettant  de  fe  rendre  à  telle  condition 
qu'il  voudroit ,  fi,  dans  ce  tems  ,  ï\ne  leur  venoit  point 
de  fecours.  Mais  Saùl  étant  informé  de  l'extrémité  où  la 
ville  étoit  réduite ,  y  accourut ,  tailla  en  pièces  l'armée 
de  Naas ,  &  délivra  ceux  de  Jabes.  Ceux-ci  conferve- 
rent  toujours  beaucoup  de  reconnoiffance  pour  la  maifon 
de  Saul  ;  &c  après  la  mort  de  ce  prince  ,  ils  enlevèrent 
fon  corps  (b)  ,  &C  ceux  de  fes  fils ,  que  les  Philiftins 
avoient  pendus  aux  murs  de  Bethfan ,  &  les  enfeveli- 


rent  honorablement  dans  un  bois,  qui  étoit  près  de  leur 
ville.  *(a)  Reg.  1.  1,  c.  11 ,  v.  1  &feq.    Q>)  Reg.  1. 1, 


?i ,  v.  11 ,  12,  &c. 
JAf- 


IABI-,  petit  royaume  d'Afrique,  en  Guinée,  fur  la 
côte  d'Or ,  derrière  le  fort  de  S.  George  de  la  Mine. 
Bosman  ,  dans  fa  Description  de  la  Guinée ,  en  parle 
ainfi,  2.  lut.  p.  24.  Le  pays  de  Jabi  commence  derrière 
notre  fort ,  &  s'étend  quelques  lieues  avant  du  côté  de 
la  terre  ferme  ;  on  n'en  voit  que  ceci  fur  la  côte.  Il  eft 
préfentement  d'une  petite  étendue ,  &  n'a  presque  point 
de  forces  ,  quoique  ce  foit  un  royaume ,  Se  même  le 
premier  que  l'on  rencontre  en  descendant  ;  mais  le  roi 
eft  un  fi  petit  feigneur  ,  que  j'aurois  peine  à  lui  donner 
à  crédit  pour  cent  florins  de  marchandife ,  dans  la  crainte 
de  n'en  pas  être  payé  ,  vu  la  pauvreté  où  il  eft  ;  il  eft 
vrai  que  lui  &  fes  fujets  ,  (fi  au  moins  on  leur  peut  don- 
ner ce  nom  ,  )  gagnent  allez  confidérablement  à  planter 
&  vendre  du  miliûo  &  d'autres  marchandifes  ;  ce  qui 
pourroit  les  enrichir  en  peu  de  tems  ;  mais  les  grands 
feigneurs  qui  demeurent  aux  environs  ,  &  fur-tout  ceux 
d'Adom  ,  leur  ôtent  quelquefois  tout  ce  qu'ils  ont  ,  Se 
les  tiennent  dans  une  espèce  d'esclavage ,  fans  qu'il  foit 
en  leur  pouvoir  de  s'y  oppofer  ,  n'ayant  pas  affez  de 
forces  pour  cela.  La  rivière  de  Chama  ou  Rio  de  S.  Joan, 
que  les  Nègres  appellent  BoJJ'umpra ,  à  caufe  qu'ils  la 
tiennent  pour  un  dieu  ,  (car  c'eft  ce  que  fignifie  le  mot 
de  bojfum  dans  leur  langue,)  a  fon  cours  à  côté  de  no- 
tre fort,  &C  coule  le  long  du  pays  de  Jabi  &  d'Adom, 
&  s'étend  même  au-delà  de  Juffèr  ;  &  fi  l'on  en  croit 
les  Nègres ,  elle  s'étend  plus  de  cent  lieues  du  côté  de 
la  terre  ferme  ;  mais  l'on  n'en  a  aucune  certitude.  Cette 
rivière  eft  paffablement  large  &  affez  belle  ;  elle  ne  cède 
guères  ni  en  grandeur ,  ni  en  beauté  à  celle  d'Ancobar  : 
elle  a  même  cet  avantage  fur  elle ,  qu'on  y  peut  entrer 
avec  des  chaloupes  ou  des  esquifs  chargés  ,  en  fortant  de 
la  mer,  pourvu  qu'on  ait  la  prudence  d'éviter  un  rocher, 
qui  eft  à  l'embouchure ,  Sî  que  ceux  qui  entendent  la  na- 
vigation appellent  Suiger  ,  c'eft-à-dire  proprement  Su-  ' 
ceur  ;  car  (ans  cela  on  eft  en  danger  de  fe  brifer  ou  d'ê- 
tre renverfé  ;  ce  qui  eft  arrivé  plus  d'une  fois  de  mon 
tems;  &  quelques  perfonnes  y  ont  péri  :  il  y  a  particu- 
lièrement à  craindre  lorsque  la  mer  eft  agitée.  Cette  ri- 
vière eft  d'un  très-grand  ufage  ;  car  outre  que  les  vais- 
feaux  s'y  peuvent  pourvoir  d'eau  douce  ,  ce  qu'ils  ont 
Tomt  III.    H  h  h 


42<5 


JAC 


JAC 


toujours  fait  ci-devant  ,  elle  leur  fournit  &  à  nous  auflî, 
dans  notre  fort  ,  de  très-bon  bois  à  brûler ,  non-feule- 
ment pour  la  cuifîne  ,  mais  aufft  pour  chauffer  les  fours 
où  l'on  fait  cuire  la  chaux  :  outre  quantité  d'autres  for- 
tes de  bois  propres  pour  les  petits  vaiffeaux ,  comme  des 
bâtons  de  pavillon ,  des  mâts  de  mifaine  ,  &  autres  piè- 
ces ;  de  forte  que  cette  rivière  nous  eft  plus  avantageufe, 
ou  au  moins  plus  commode  que  le  fort  même  ;  &  fans 
cela ,  je  ne  crois  pas  que  nous  y  puffions  tenir  long-tems 
garnifon  ;  car  outre  qu'il  n'y  a  point  ici  de  négoce  fort 
confidérable  ,  &  que  le  fort  .nous  feroit  plutôt  à  charge 
tm'à  profit ,  nous  fommes  incommodés  par  des  fripons 
de  Nègres  ,  entre  lesquels  ceux  d'Adom  ne  font  pas  les 
moindres.  J'ai  déjà  dit  que  leur  pays  s'étend  quelques 
lieues  le  long  de  la  rivière  ;  outre  cela  ils  poffédent  des 
ifles  dans  la  rivière  ,  où  il  y  a  de  très-beaux  villages  ; 
&  ce  qui  m'a  le  plus  furpris  ,  eft  l'étendue  du  pays  d'A- 
dom ;  car  il  s'étend  le  long  de  la  rivière  de  Chama ,  &C 
il  a  plus  de  feize  lieues  de-là  le  long  de  la  rivière  d'Ân- 
cobar  fur  la  côte  ,  &£  cependant  ce  pays  n'eft  pas  fort 
grand  ;  ce  qui  me  fait  croire  que  fa  fituation  eft ,  à-peu- 
près  femblable  à  une  équierre ,  c'eft-à-dire  ,  qu'il  s'é- 
tend d'abord  le  long  de  la  rivière  de  Chama ,  &  enfuite 
par  une  langue-  de  terre  jusqu'à  Rio-Cobre.  Mais  nous 
n'avons  aucun  intérêt  à  cela  ;  il  vaut  mieux  continuer 
&  dire  que  ce  pays  n'eft  pas  gouverné  par  un  roi ,  mais 
par  cinq  ou  fix  des  principaux  habitans  ,  dont  un  feul 
feroit  affez  puiffant  pour  conquérir  le  royaume  de. 
Jabi.  .  ..      . 

JABIS ,  ville ,  félon  Etienne  qui  cite  Jofeph.  C'eft  la 
même  que  Jabes. 

JABLI.  Voyez  Jebilée  &  Gabala. 

JABLONITZ  ,  ville  de  la  Morlaquie ,  dans  la  Croa- 
tie ,  fur  la  Welftricz ,  près  de  fa  jonftion  avec  le  Ri- 
fano  à  l'orient  de  Triefte.  Cluvier  croit  que  c'eft  l'an- 
cien lieu  nommé  Ad  Malum. 

JABLUNKA ,  bourg  de  Siléfie  ,  avec  un  beau  châ- 
teau, dans  la  principauté  de  Teschen  ,  vers  le  midi ,  au 
bord  oriental  de  la  rivière  d'Eisa  ,  encore  voifîne  de  fa 
fource  :  quatre  milles  au-deffus  de  Teschen.  *  Baudrand^ 
éd.  170^. 

JABNA.  Voyez  Jamna. 

JABOCH ,  i*g»x  (a) ,  torrent  de  la  Paleftine ,  ai^ 
delà  du  Jourdain.  Il  a  fa  fource  dans  les  montagnes  dé 
Galaad ,  &  tombe  dans  le  Jourdain  (b) ,  affez  près  de  la 
mer  de  Tibériade ,  au  midi  de  cette  mer.  C'eft  fur  le 
Jaboc  que  le  patriarche  Jacob  eut  fa  rencontre  avec  les 
anges  qui  luttèrent  contre  lui  (c).  Le  Jaboc  féparoit  les 
Ammonites  de  la  Gaulanite  ,  &  du  pays  d'Og ,  roi  de 
Bafan.  *  (a)  D.  Calma  Dift.  Q>)  Jofeph.  Ant.  1.  4. 
(c) iGenef.c.  32,  v.  1  &feq. 

JABRI ,  ville  de  l'Arabie  heureufe  ,  félon  Ptolomée , 
l.6,c7. 

1 .  JABRUDA  ,  ville  de  Syrie  ,  dans  le  canton  de 
Laodicée  ,  félon  le  même,  /.  5,  c.  15. 

1.  JABRUDA ,  ville  épiscopale  de  l'Arabie.  Gen- 
nadius  ,  fon  évêque ,  fouscrivit,  l'an  32.5,  au  premier 
concile  de  Nicée.  *  Harduin.  Colleft.  conc. 

JACATRA ,  ancienne  ville  d'Ane  ,  dans  l'ifle  de  la 
grande  Java.  Elle  étoit  capitale  d'un  royaume  de  même 
nom ,  voifin  du  royaume  de  Bantam  ,  lorsque  la  com- 
pagnie Hollandoife  des  Indes  orientales  s'y  établit.  Elle 
y  eut  d'abord  une  loge  qu'elle  fortifia  avec  le  tems,  pour 
mettre  cet  établiffement  à  couvert  de  toute  infulte ,  fur- 
tout  de  la  part  des  Anglois  qui  voyoient  cet  établiffe- 
ment  avec  jaloufie.  Ces  derniers  ayant  foulevé  les  Ja- 
vans  contre  les  Hollandois  ,  &  les  ayant  affiégés,  ceux- 
ci  eurent  la  confiance  de  foutenir  un  long  fiége.  Le  fe- 
cours  q*:i  arriva  enfuite,  les  mit  en  état  de  chaffer  les  An- 
glois de  l'ifle  &t  du  détroit  ;  après  quoi ,  ils  affiégerent 
Jacatra ,  qu'ils  prirent  &  détruifirent.  Ils  en  ont  fait  en- 
fuite  une  des  plus  belles  places  des  Indes ,  6c  la  capitale 
de  tous  les  pays  que  pofiede  la  compagnie  au-delà  du 
Cap  de  Bonne-Espérance.  C'eft  la  même  ville  que  nous 
appelions  aujourd'hui  Batavia.  Voyez  ce  mot.  Le 
royaume  de  Jacatra  s'appelle  préfentement  Terres  de  la 
compagnie  ,   tk  n'a  point  d'autre  fouverain  qu'elle. 

Le  nom  de  Jacatra  feroit  entièrement  aboli ,  fans 
un  petit  fort  fitué  à  quelque  diftance  de  la  ville  ,  dans 
la  plaine;  ce  n'eft  qu'une  fimple  redoute,  entourée  d'un 
folté  |fec  ,  où  l'on  met  trente  ou  quarante  foldats  tirés 


de  la  garnifon  de  Batavia  ,  &c  commandé .  par  un  en» 
feigne  &  deux  fergens.  Voyez  l'article  de  Java. 

JACCA  ,  ville  d'Espagne ,  au  royaume  d'Aragon,  au 
pied  des  montagnes  de  Jacca ,  qui  font  partie  des  Pyré- 
nées ,  &  fur  la  rivière  d'Aragon.  Elle  a  un  évêché  fuf; 
fragant  de  l'archevêché  de  Sarragoffe ,  &c  a  été  autrefois 
la  capitale  de  l'ancien  comté  d'Aragon.  Il  y  a  une  forte- 
reffe  bâtie  en  1592.  Cette  ville  eft  à  huit  lieues  de  Sar- 
ragoffe au  feptentrion  ,  6c  à  huit  au  nord-oueft  de 
Huesca  ,  vers  lesfrontieres.de  France.  *  Baudrand, 
édit.  1705. 

Cette  ville  eft  ancienne  ,  Se  a  conservé  fon  nom  fans 
aucun  changement.  Ptolomée,  /.  2,  c.  6,  la  met  au  pays 
des  Vascons  dans  les  terres. 

JACCETANI,  ancien  peuple  de  l'Espagne  Tarrago* 
noife  ,  félon  Ptolomée.  Voyez  Lacetani. - 

JACENA  ,  contrée  d'Afrique  ;  ce  mot  qu'Ortélius 
trouve  dans  Viftor  d'Utique ,  eft  corrompu  &  eftropié 
de  Byzacena. 

JACHING  ,  ville  de  la  Chine  ,  dans  le  Pekeli ,  au 
département  de  Pékin  ,- première  métropole  de  la  pro-» 
vince.  Elle  eft  plus  occidentale  que  Pékin  de  6'  par  les 
39  d.  de  latitude.  *  Atlas  Sinenfis. 

JACHURA  ou  Cachura,  félon  les  divers  exem- 
plaires de  Ptolomée ,  /.  5  ,  c.  1 3  ,  ville  de  la  grande  Ar- 
ménie. 

1.  JACIou  Giaci  ,  château  de  Sicile,  dans  la  vallée 
Demona  ,  fur  la  côte  de  la  mer  ,  fur  une  montagne  ; 
il  a  titre  as  duché ,  &  prend  fon  nom  de  la  petite  ri- 
vière de  Jaci.  *DeCIJley  Sicile. 

2.  JACI ,  petite  rivière  de  Sicile  ,  dans  le  Val-De- 
mona ,  affez  près  du  mont  Etna  ;  c'eft  la  même  que  les 
anciens  ont  nommée  AciS,  Voyez  ce  mot.  * Dt  l'IJÎe  , 
Sicile. 

3.  JACI  d'Aquila,  ville  maritime  de  Sicile,  fur  la 
côte  orientale ,  entre  le  golfe  de  Sainte-Tecle  &  Ponta- 
Sicca,  presque  à  moitié  chemin  deCatane  àTavormina. 
Entre  le  château  de  Jaci  Se  la  ville  de  Jaci  d'Aquila ,  eft 
une  chapelle  nommée  Jaci  S.  Antonio  ;  &  à  l'occident 
de  la  ville ,  en  allant  vers  l'Etna,  eft  un  village  nommé 
Jaci  Catina.  *  De  l'IJIe  ,  Sicile. 

4.  JACI ,  ville  d'Afie  ,  dans  la  grande  Tartarie  ,  8c 
capitale  de  la  province  de  Caraiam ,  félon  Marco  Paolo  , 
qui  dit  que  c'eft  une  ville  grande  ,  belle ,  8c  marchandée 

JACIACUM.  Voyez  Laviacum. 

JACO  ,  nom  moderne  d'Iolcos ,  ville  de  Theflalie. 
Ce  n'eft  plus  qu'un  village  fur  le  golfe  de  Volo  ,  près 
de  Démétriade.  *  Baudrand. 

JACOB  ,  fils  d'Ifaac  ;  fon  nom  a  été  donné  à  quel- 
que lieux  de  la  Paleftine. 

Fontaine  (la)  de  JACOB  ;  c'eft  la  même  chofe 
que  le  PUITS  DE  Jacob.  Voyez  ci-après  cet  article. 

Gué  (le)  DE  JACOB,. gué  de  la  Paleftine.  On  pré- 
tend que  le  gué  de  Jacob  eft  au-deffus  de  l'embouchure 
du  Jourdain ,  dans  la  mer  de  Tibériade ,  &  au-deffous- 
de  Cefarée  de  Philippe  ,  à  l'endroit  où  il  y  a  aujourd'hui 
un  pont.  Mais  il  n'y  a  nulle  apparence  que  Jacob  ait 
pafîé  le  Jourdain  en  cet  endroit.  Il  eft  bien  plus  vraifem- 
blable  qu'il  le  paffa  à  Betfan  ou  aux  environs ,  puisqu'il 
eft  certain  qu'à  fon  retour  de  la  Méfopotamie  il  paffa 
le  Jacob  à  Mahanaïm,  &  que  de-là  il  alla  àPhanuel  & 
à  Socoth ,  qui  font  près  de  Betfan ,  &  bien  éloignés  de 
ce  prétendu  gué  de  Jacob  :  or  il  paroît^ qu'il  avoit  paffé 
le  Jourdain  en  allant  à  Haran ,  au  même  lieu  où  il  le 
paffa  au  retour  ,  puisqu'il  dit  :  J'ai  paffé ^  ce  fleuve  du 
Jourdain,  n  ayant  que  mon  bâton,  &à  préfentjele  paffè 
avec  deux  groffes  troupes.  *  D.  Calmet ,  Diét. 

Puits  (le)  de  JACOB  (a),  puits  delà  Paleftine, 
près  de  la  ville  de  Sichem  ,  fur  lequel  Jefus-Chrift  parla 
à  la  Samaritaine  (b).  C'étoit  près  de-là  que  Jacob  avoit 
fa  demeure,  avant  que  fes  fils  euffent  mis  à  mort  les  ha- 
bitans de  Sichem.  Les  anciens  voyageurs  parlent  d'une 
églife  dédiée  à  S.  Jean- Baptifte  ,  bâtie  en  forme  de 
croix,  fur  la  fontaine  ou  le  puits  de  Jacob  (c).  Ce  puits 
étoit  dans  l'églife  &  devant  les  baluftres  de  l'autel.  On 
y  montrait  encore ,  dit-on ,  le  feau  dont  la  Samaritaine 
s'étoit  ferrie ,  &  les  malades  y  venoient  pour  y  boire , 
&  y  recevoir  la  fanté.  (a)  D.  Calmet,  Dift.  (b)  Saint 
Jean.  (c)  Reland,  Palaeft.  t.  2,  p.  1008  &  1009. 

JACOBjEA  insula.  Voyez  S.  James. 

JACOBIPOLIS.  Voyez  Jamestovn,  S  ant  Jago, 


JAE 


JAF 


JACOBSTAT,  petite  ville  du  royaume  de  Suéde , 
dans  la  Bothnie  orientale,  appellée  la  Cajank.  Elle  eft 
entre  la  vieille  Scia  nouvelle  Carleby.  *  Robert  de  Fau- 
gondy  ,  Atlas. 

JACQUEMONT,  petit  village  de  Savoye,  dans  la 
Tarentaife  ;  il  n'eft  remarquable  que  parce  que  c'étoit, 
dit-on  ,  autrefois  une  ville  nommée  Axima.  Voyez 
Axima  2. 

JACQUES-lez-Vitry ,  (Saint)  abbaye  de  filles, 
en  France  ,  de  l'ordre  de  Cïteaux  ,  filiation  de  Clair- 
vaux  dans  la  Champagne,  au  diocèfe  de  Châlons,  pro- 
che de  Vitry-le-François.  Elle  fut  fondée  par  Thibaud 
le  Grand,  comte  de  Champagne. 

JALQUEVILLE,  ancien  nom  de  Brouage.  Voyez 
ce  mot. 

JACTERENSIS,  fiége  épiscopal  d'Afrique  ,  dans  la 
Numidie  ,  félon  la  Notice  d'Afrique ,  qui  fait  mention 
de  Januarius  JaHerenJîs.  *  Harduin.  Colleft.  conc. 

JADA  ,  ruifiéau  d'Allemagne  ,  en  Weftphalie  ,  au 
comté  d'Oldenbourg,  près  du  château  de  Jada.  Après 
un  fort  petit  cours  ,  il  fe  jette  dans  un  golfe  formé  de 
les  eaux  &  de  celles  de  la  mer,  qui  a  inondé  beaucoup 
de  marais  en  cet  endroit.  Ce  golfe  qui  n'a  point  de  nom 
différent  de  la  rivière  ,  fe  reflerre  près  de  la  mer  ,  où  il 
fe  jette  par  une  embouchure  affez  étroite  ,  en  compa 
railon  de  l'étendue  du  pays  ir.ondé.   *  Jaillot ,' *  Atlas. 

JADASON.  Voyez  Hydaspe. 

JADER,  riv;erede  laDalmatie.  Vibius  Sequefter  dit 
qu'elle  coule  près  de  Salone,  &  lé  jette  dans  la  mer  Adria- 
tique. Cela  étant  ,  c'eft  la  même  que  l'on  appelle  pré- 
fentement  Fiume  diSalona.  *  Coronelli ,  Dalmat. 

JADERA ,  ville  Se  colonie  ,  dans  la  Liburnie  ,  félon 
Pline,  /.  3  ,  c.  21  ;  St  Ptolomée,  /.  2,  c.  17.  Le  pre- 
mier dit  qu'elle  étoit  à  cent  foixante  mille  pas  de  Pola. 
Pomponius  Mêla ,  /.  2 ,  c.  3  ,  en  fait  auffi  mention.  Elle 
eft  appellée  fur  une  médaille  de  Claudius  :  Col.  Clau- 
dia. ,  Augujla ,  Félix ,  Jadera  ;  Se  une  médaille  de  Do- 
mitien  porte:  Col.  Augujla  Jadera.  C'eft  aujourd'hui 
Zara.  Voyez  Zara. 

JADI  ou  Rhadi  ,  félon  les  divers  exemplaires  de 
Ptolomée ,  1.6  ,  c.  7 ,  village  de  l'Arabie  heureufe.  Or- 
télius  en  fait  une  ville  ;  le  mot  appellatif  K»'^»  fait  voir 
que  ce  n'étoit  qu'un  village. 

JADONI,  ancien  peuple  de  l'Espagne  Tarragonoife, 
félon  Pline,  /.  4,  c.  20.  11  étoit  dans  le  département  de 
Lugo ,  St  voifin  des  Arrotrebes. 

JADUA.  Voyez  Guttalus. 

JAECKSA.  Voyez  Jaksa. 

1.  JAEN  ,  félon  Vayrac  ,  Etat  préfent  de  l'Espagne  , 
■ville  d'Espagne,  dans  l'Andaloufie,  6c  capitale  d'un  pe- 
tit royaume  du  tems  des  Mores.  Elle  eft  fituée  au  pied 
d'une  montagne ,  à  une  lieue  du  Guadilbelon ,  Se  à  deux 
du  Guadalquivir  ,  dans  le  voifinage  d'une  vafte  campa- 
gne ,  que  les  Espagnols  appellent  Las  Navas  de  Tolofa  , 
où  le  roi  Alphonse  VIII  défit  une  armée  formidable  de 
Mores.  La  ville  eft  ceinte  de  bonnes  murailles  ,  &  dé- 
fendue par  quelques  remparts ,  des  tours  Se  un  château 
qui  la  commande.  Elle  eft  paffablement  grande ,  affez 
jolie  ,  ornée  d'une  place  publique,  fpacieufe  ,  bordée 
de  belles  maifons  :  on  y  voit  de  fomptueufes  églifes ,  de 
magnifiques  couvens  ,  Se  de  belles  fontaines,  entre  les- 
quelles il  y  en  a  une  au  bout  de  la  ville ,  dont  la  fource 
fort  d'un  rocher  avec  tant  d'abondance  qu'elle  forme 
un  ruiffeau.  Elle  eft  environnée  d'un  bel  ouvrage  de  ma- 
çonnerie ,  carré,  fermé  de  treillis,  &  peint  tout  à  l'en- 
tour.  C'eft  une  des  villes  de  toute  l'Andaloufie,  où  il  y 
a  le  plus  de  gens  de  qualité.  Elle  eft  honorée  d'un  fiége 
épiscopal,  Se  célèbre  dans  toute  l'Espagne,  pour  la  dé- 
votion qu'ont  les  Espagnols  pour  la  fainte  Véronique, 
qu'on  garde  dans  une  chaflè  magnifique  ,  placée  fur  le 
grand  autel ,  au-deffous  de  l'endroit  où  repofe  le  (aint  Sa- 
crement, laquelle  (e  ferme  à  fept  clefs  ,  qui  font  en  dé- 
pôt entre  les  mains  de  fept  perfonnes  différentes.  La  fa- 
criftie  où  l'on  fait  voir  cette  précieule  relique  ,  eft  une 
des  plus  belles  de  toute  l'Espagne.  La  euftode  ,  dont  on 
fe  fert  pour  porter  le  faint  Sacrement  le  jour  de  la  Fête- 
Dieu,  eft  d'argent,  d'une  grandeur  extraordinaire,  bien 
travaillée  ,  Se  ornée  de  quantité  de  petites  ftatues  ,  qui  en 
rehauffent  la  beauté  Se  le  prix.  Ferdinand  III  ,  roi  de 
Caftille  ,  conquit  cette  ville  fur  les  Mores,  l'an  1246  , 
6c  l'orna  de  l'évêché  qu'il  y  transfera  de  Baéça ,  deux 


4.17 

ans  après ,  fous  le  pontificat  d'Innocent  IV.  Le  ter* 
ritoir  où  elle  eft  fituée,  eft  fertile  en  bled,  en  vin  Se  en 
huile,  abondant  en. fruits  exquis  de  toute  espèce,  Sctrès^ 
riche  en  foie.  On  y  trouve  aufti  quantité  de  gibier,  de 
toutes  fortes  ,  Se  généralement  tout  ce  qu'on  peut  fou- 
haiter  pour  les  befoins  de  la  vie. 

L'évêché  deJaën  fut  établi,  du  tems  des  rois  Goths,  à 
Baéça,  comme  nous  avons  dit  ;  &  il  y  fubfifta  jusqu'à  Pin» 
vafion  des  Mores.  On  ne  fait  préciièment  ni  le  tems  de 
fon  érection ,  ni  le  nom  des  évêques ,  qui  occupèrent  le 
fiége  épiscopal  pendant  les  quatre  premiers  fiécles.  A  la 
vérité,  celui  qui  a  écrit  l'hiftoire  de  ce  diocèfe ,  en  rap- 
porte plufieurs  ,  mais  fans  beaucoup  de  preuves.  Nous 
en  connoiffons  un  ,  c'eft  S.  Pierre  Pascal ,  qui  fut  cou- 
ronné du  martyre  par  les  Mores  de  Grenade.  Don  Mar- 
tin Ximenez  en  a  donné  le  catalogue. 

Le  chapitre  eft  compofé  de  huit  dignitaires,  de  vingt- 
un  chanoines  ,  de  vingt-quatre  prébendiers  Se  deplufieurs 
chapelains.  Les  dignitaires  fons  le  doyen  ,  les  archidia- 
cres de  Jaën  ,  de  baéça  &  d'Ubeda ,  le  chantre  ,  l'éco- 
làtre  &  le  prieur.  Lorsque  quelque  dignitaire  meurt,  après 
avoir  fait  fon  teftament,  l'évêque  ne  recueille  de  fa  dé- 
pouille qu'un  certain  droit ,  qu'on  appelle  la  lucluofa, 
c'eft-à-dire  la  pleureufe  ,  ou  le  droit  de  deuil ,  lequel  fe 
réduit  à  choifir,  parmi  les  meubles  du  défunt,  celui  qui 
lui  convient  le  mieux  ;  mais  s'il  meurt  ab  intejlat.,  i'évéque 
fe  met  de  plein  droit  en  poffeffion  de  tout  ce  qu'il  faiffe, 
tant  meubles  qu'immeubles  ;  ce  qui  arrive  affez  fou- 
vent,  parce  que  le  dignitaire  ne  peut  tefter  que  par  une 
permiffion  expreffe  du  pape  ,  qu'il  n'accorde  pas  alte- 
rnent. 

Le  diocèfe  fe  divife  en  fept  archiprêtrés ,  qui  font, 

Jaën,  Baéça, 

Arjona ,  Ubeda, 

Anduxar,  Iznatorafe, 

6c  Sant-Eftevan  del  Puerto. 

Chaque  archiprêtre  a  fon  vicaire.  Il  s'étend  fur  quatre- 
vingt-quatre  paroiffes  ,  fur  deux  églifes  collégiales  qui 
font  Ubeda  Se  Baéça  ,  fur  trente-cinq  couvens  de  reli- 
gieux ,  Se  fur  vingt-cinq  de  religieufes ,  dont  huit  font 
fournis  à  l'évêque  ;  fur  foixante  &  dix-huit  hermitages, 
fur  quarante-huit  hôpitaux  ,  fans  compter  fept  bourgades 
qui  dépendent  de  l'ordre  de  Calatrava  ,  Se  prétendent 
être  exemptes  de  la  jurisdiclion  de  l'évêque,  quoiqu'il  y 
ait  un  droit  établi ,  en  vertu  du  concordat  ,  qui  fut  fait 
fous  l'empereur  Charles  V,  auquel  les  chevaliers  de  cet 
ordre  ne  veulent  pas  fe  conformer.  L'évêque  jouit  de 
20000  ducats  de  revenu. 

Le  royaume  de  JAEN,  petit  canton  de  l'Espagne, 
dans  l'Andaloufie  ;  c'eft  non-feulement  le  pius  petit  des 
royaumes ,  qui  obéiffent  à  Sa  majefté  Catholique  ;  mais 
même  c'eft  la  plus  petite  partie  de  celles  dont  la  mo- 
narchie Espagnole  eft  compofée  ;  &  quoiqu'il  foità  pré- 
fent compris  dans  le  gouvernement  de  l'Andaloufie ,  le 
roi  d'Espagne  ne  laide  pas  d'exprimer,  dans  fes  titres, 
celui  de  roi  de  Ja'èn  ,  en  particulier,  aufft-bien  que  celui 
de  roi  d'Aragon.  Il  n'y  a  que  cinq  villes  confîdérables  ; 


Jaën ,  capitale 
Baéça 


&c  Caflona. 


Ubeda, 
Caçorla , 


l.  JAÈN  DEBRACAMOROS,  ville  de  l'Amérique  mé- 
ridionale au  Pérou ,  aux  confins  de  l'audience  de  Quito , 
vers  l'audience  de  Lima,  au  midi  de  Loyola,  Se  de  Val- 
ladolid,  fur  la  rive  droite  de  la  rivière  des  Amazones, 
8c  à  l'endroit  où  cette  rivière  détourne  fon  cours  vers 
le  nord,  pour  le  prendre  vers  l'eft;  latitude  méridionale 
ï  d.  25'. 

Jaën  qui  étoit ,  il  n'y  pas  plus  d'un  fiécle ,  affez  confi- 
dérable,  n'eft  aujourd'hui ,  à  proprement  parler,  qu'un 
village  compofé  de  peu  d'habitans  ,  &  qui  a  la  trifte 
fingularité  d'être  fale  &  humide,  quoique  finie  fur  une 
montagne.  On  y  eft  infecté  d'une  espèce  de  tique,  qu'on 
ne  connoit  point  ailleurs.  *  Voyage  dans  l'Amérique  , 
par  M.  de  la  Condamine. 

JAFA  ,  Jaffa  ou  Japha  ,  ville  8c  port  de  mer  de 
la  Paleftine  ,  fur  la  mer  Méditerranée.  Les  anciens  l'ont 
connue  fous  le  nom  de  Joppé.  Voyez  ce  mot. 
Tome  III,    Hhhij 


JAF 


428 

Le  P.  Nau  parle  ainfi  de  cette  ville,  dans  Ion  Voyage 
de  la  Terre-fainte. 

Jafa  fe  nommoit  autrefois  Joppé;  les  Hébreux  l'appel- 
lent Jafo, ,  d'un  nom  qui  {îgniRe  •  foauté ,  parce  qu'en 
effet  c'étoit  une  fort  belle  ville.  Elle  n'a  plus  rien  de 
beau  que  fa  fituation  ;  elle  eft  fur  une  colline  affez  élevée 
&  affez  grande,  d'où  l'on  découvre  d'un  côté  la  mer, 
ck  de  l'autre  des  campagnes  vaftes  &  fertiles.  On  dit 
qu'anciennement  elle  s'étendoit  dans  la  plaine  jusqu'à  près 
d'une  demi-lieue ,  où  l'on  montre  fur  un  tertre  des  reftes 
d'une  maifon  ou  d'une  églife,  que  Tondit  être  le  lieu  où 
demeuroit  la  charitable  Tabitha ,  que  S.  Pierre  reffuscita; 
Godefroi  de  Bouillon,  voyant  l'utilité  de  fon  pou, en 
conferva  foigneufement  le  château,  &t  y  mit  garniton. 
•Elle  a  étéaffiégée  diverfes  fois  par  les  infidèles,  &  a 
foutenu  pour  le  moins  fix  fiéges ,  fans  pouvoir  être 
prife.  Elle  le  fut  enfin  par  Saladin  ,  qifi  la  ruina  ;  mais 
quelques  années  après ,  S.  Louis  la  fit  rétablir.  Comme 
on  exécutoit  les  ordres  qu'il  en  avoit  donnés,  les  infi- 
dèles furprirent  les  ouvriers ,  ck  les  tuèrent.  A  cette 
■nouvelle ,  le  faint  roi  vint  de  Saint-Jean  d'Acre ,  où  il 
étoit;  ck  voyant  les  corps  de  ces  pauvres  chrétiens  fans 
fépulture  ,  il  commanda  qu'on  les  mît  en  terre  ;  ck  il  eut 
le  courage  lui-même  de  donner  l'exemple,  ck  de  charger 
fur  fes  épaules  de  ces  cadavres  puans ,  ck  de  les  porter 
dans  la  foffe.  Il  n'y  a  pas  fort  long-tems  que  Jafa  étoit 
presque  fans  maifons  :  on  n'y  voyoit  que  le  petit  château , 
qui  eft  au  haut  de  la  colline ,  ck  un  autre  auprès  de  la 
-mer  ,  qui  ne  mérite  pas  ce  nom  ;  à  peine  y  trouvoit-on 
quelques  magafins  mal  faits.  Les  Arabes,  qui  les  habi- 
toient ,  demeuroient  fous  de  méchantes  hutes  de  boue. 
Aujourd'hui  tout  le  bas,  vers  le  port,  eft  bâti  de  bonnes 
maifons  de  pierres.  Le  trafic  s'y  eft  trouvé  bon  ,  Selon 
y  fait  un  grand  débit  du  favon  de  Jérufalem  ck  de  Rame: 
on  y  apporte  d'Egypte  quantité  de  riz  ;  ck  d'autres  fortes 
de  denrées  y  entrent,  ck  en  fortent ,  qui  apportent  au 
Baffa  de  Gaze  un  revenu  confîdérable.  Le  port  n'étoit 
pas  mauvais  autrefois.  On  avoit  élevé  un  mole,  pour  le 
garantir  de  vents  dangereux;  mais  tout  cela  eftabbatu, 
%c  les  ruines  de  la  ville  l'ont  gâté ,  de  forte  que  les  na- 
vires &  les  grandes  tartanes  n'y  peuvent  entrer  ;  mais 
la  rade  eft  affez  commode  ,  &  ils  y  mouillent.  Ce  port 
fait  particulièrement  penfer  à  Jonas  qui ,  par  une  (impli- 
cite furprenante  dans  un  prophète  ,  vint  s'embarquer  là 
:pour  s'enfuir  de  la  préfence  de  Dieu  ,  qui  le  preffoit 
d'aller  menacer  Ninive  de  fa  deftruftion.  Il  y  a  fur  le 
bord  de  ce  port,  à  l'occident  de  la  ville,  une  fource 
d'eau  douce.  Les  Chrétiens  Francs  &  les  Arméniens  y 
ont  des  logis  pour  y  recevoir  les  pèlerins  de  leur  nation. 
Il  n'y  a  point  d'autre  églife ,  qu'une  feule ,  qui  eft  ruinée 
ck  découverte  ,  à  quelques  pas  de  la  ville,  où  les  Grecs 
vont  faire  l'office  ;  elle  eft  dédiée  àS.  George.  Jafa 
étoit  un  évêché  du  tems  de  nos  rois  de  Jérufalem.  Paul 
Lucas  qui,  dans  fon  Voyage  de  l'Afie  mineure,  t .  1 , 
c.  39  ,  p.  291  ,  vit  Jaffa  au  mois  d'Avril  1707  ,  en  parle 
ainfi.  JAFFA  eft  le  port  de  mer  de  la  Paleftine  ,  ck  étoit 
autrefois  une  ville  fort  confîdérable.  On  l'appelloit  an- 
ciennement Joppé  ;  mais  il  y  apparence  que  ce  n'étoit 
que  les  étrangers  ,  &  que  les  Orientaux  l'ont  toujours 
nommée  Jajf'o  ou  Jaffa. ,  puisque  les  Arabes  ne  connois- 
fent  point  la  lettre  P,  ck  qu'il  eft  probable  que  les 
Juifs ,  qui  tenoient  ces  provinces ,  n'avoient  que  les 
mêmes  lettres.  Quoiqu'il  en  foit ,  Jaffa  eft  à  préfent  auffi 
ruinée  que  toutes  les  autres  anciennes  villes,  qui  font 
fous  la  domination  des  Turcs.  C'eft  le  tout  fi  elle  a 
quatre  cents  habitans;  ils  font  revendeurs,  &  ne  débitent 
que  les  provifions  néceffaires  aux  pèlerins  de  Jérufalem. 
Ils  ont  fait  au  dehors  une  espèce  de  terraffe ,  fur  laquelle 
ils  tiennent  toujours  plufieurs  petites  pièces  de  canon. 
Cela  empêche  l'approche  des  Arabes ,  qui  viennent 
quelquefois  ravager  le  pays.  Il  y  a  encore  deux  tours 
carrées,  que  l'Aga  prend  pour  fa  demeure.  Il  eft  mis  là 
-  par  le  grand-feigneur ,  pour  exiger  des  pèlerins  les  caffars , 
c'eft-à-dire  pour  chaque  pèlerin  quatorze  piaftres  Da- 
bouguel  ;  mais  auffi  pour  cette  fomme  il  fait  fournir  de 
voitures  jusqu'à  Jérufalem.  C'eft  auffi  une  vieille  opinion 
de  quelques  chrétiens ,  que  de  cette  ville  fortirent  un  jour 
la  Madelaine  ,  fainte  Marthe  &  Lazare  pour  fe  mettre 
en  mer  fur  un  bateau  fans  voile  ,  fans  rames  ck  fans 
gouvernail. 

JAF  AN  AP  AT  AN,  ville  de  l'Inde ,  clans  la  partie  fep- 


JAG 


tentrionale  de  rifle  de  Ceïlan,  ck  dans  une  contrée 
peuplée  par  les  Malabares.  Comme  les  Cliingulais ,  ou 
naturels  de  l'ifle,méprifent  extraordinairement  ces  étran- 
gers ,  ils  regardent  cette  partie  de  leur  ifle ,  comme  fi 
elle  n'en  étoit  pas.  Cette  ville  ,  qui  eft  grande  ,  a  été 
bâtie  ,  ck  fortifiée  par  les  Portugais  ,  lorsqu'ils  étoient 
maîtres  de  ce  pays ,  &  avant  que  les  Hollandois  les  en 
euffent  chaffés.  Elle  eft  fituée  au  nord  de  la  pointe  de 
Calmoni,à  l'entrée  d'un  bras  de  mer,  qui  avançant  dans 
les  terres ,  femble  vouloir  détacher  le  pays  de  Jafana- 
patan  du  corps  de  l'ifle ,  auquel  il  ne  tient  que  par  un 
ifthme.  Cette  place  eft  carrée ,  &  d'autant  plus  forte , 
qu'elle  eft  entourée  de  larges  fofles  Si  de  murailles  fort 
hautes.  Les  troupes  de  la  compagnie  la  prirent  par  ca- 
pitulation ,  le  21  Juin  1658.  Les  Portugais  poffédoient 
ce  pays ,  depuis  environ  quarante  ans.  *  Baldaus  Be- 
fchreibung  der  Infd,  Zeylon. 

Le  Royaume  de  JAFANAPATAN,  eft  unepres- 
qu'ifle ,  presque  détachée  de  l'ifle  de  Ceilan.  Il  eft  riche 
&  bien  peuplé  ;  il  a  environ  fix  milles  de  long,  fck  trois 
de  large  ;  &c  cette  langue  de  terre  eft  bien  garnie  de  vil- 
lages :  on  en  compte  environ  cent  cinquante-neuf ,  diftri- 
bués  fous  trente-quatre  églifes.  Ce  royaume  a  au  nord 
le  golfe  de  Bengale,  &  au  midi,  la  rivière  qui  forme 
un  golfe  ,  &c  fe  jette  dans  la  mer  par  deux  embouchures. 
Il  eft  divifé  en  quatre  provinces  ,  BELLIGAMME,  Ten- 
marache,  "Wademarache  ,  &  Patchiarapale. 
(Ribeyro,  Hift.  de  Ccylan  ,  p.  100,  écrit  ces  noms 
Belligampate  ,  qui  eft  à  la  pointe,  &  plus  au  nord; 
Teninarache  ,  Wademarache  ,  &  Pariarapali.)  Le  terrein 
eft  bas  presque  par-tout ,  ck  très-fertile.  Le  pays  eft  bien 
peuplé  ,  ck  planté  de  beaux  arbres. 

Outre  cette  presqu'ifle ,  qui  fait  partie  de  Ceïlan ,  il 
y  a  plufieurs  ifles,  qui,  quoiqu'elles  ne  foient  pas  de 
grande  étendue,  font  une  partie  confîdérable  de  ce 
royaume.  Ces  ifles  font, 

Ourature ,  Doua  Clara  , 

Caradive,  Dos  Bramines, 

Pangardive,  Das  Vaccas, 

ck  Paletiva. 

La  première  porte  aujourd'hui  le  nom  de  Leyden; 
la  féconde  celui  d'AMSTERDAM;  une  huitième,  à  la- 
quelle les  Portugais  n'avoient  point  donné  de  nom,  eft 
appellée  Delft  par  les  Hollandois.  L'ifle  das  Vaccas, 
ou  des  Vaches ,  s'appelle  auffi  das  Cabras  ;  celle  dé 
donna  Clara  a  reçu  ce  nom  d'une  dame  appellée 
ainfi  ,  qui  y  demeuroit. 

Le  nom  de  cette  ville  &  de  ce  royaume  s'écrit  diver- 
fement  Jafanapatan ,  Jaffanapaïnam  ,  Jafnapa- 

TAN  ,  &  JAFFENÉPATAN. 

JAFNE.  Voyez  JamnA. 

1.  JAGANAT,  ville  d'Afie,  dans  l'Iridûuftan ,  dans 
la  province  de  Soret,au  nord  de  cette  province.  C'eft, 
fans  doute,  la  même  queBaudrand,  Maty  ck  Corneille 
appellent  Janagar.  *  De  Uljle ,  Carte  des  Indes. 

2.  JAGANAT,  félon  Thevenot,  Voyage  des  Indes, 
c.  40  ;  c'eft  ainfi  que  les  Indiens  idolâtres  appellent  la 
province  d'Ouleffer,  que  nous  appelions  Bengale  ;  ck 
ils  lui  donnent  ce  nom  à  caufe  de  la  fàmeufe  pagode  de 
jAGANATquiyeft.  Cettepagode  eft, fans  doute,  la  même 
que  Tavernier  nomme  Jagrenate.   Voyez  ce  mot. 

JAGATH,  ancienne  ville  d'Afrique,  dans  laMauri- 
tanie-Tingitane  ,  félon  Ptolomée  ,  /.  4,  c.  1. 

JAGERNDORFF  ,  Carnovia,  ville  &  château  dans 
la  haute  Siléfie,  fur  la  rivière  d'Oppa,  dans  la  princi- 
pauté de  même  nom  ,  au  couchant  de  Ratibor ,  ck  au 
nord  de  Troppaw.  Avant  les  longues  guerres  civiles 
d'Allemagne  ,  cette  principauté  appartenoit  au  mar- 
grave de  Brandebourg,  qui  en  fut  dépouillé.  Ilneceffa 
point  de  conferver  fes  prétentions  jusqu'à  l'accord ,  par 
lequel  on  lui  donna ,  dans  la  baffe  Siléfie ,  le  cercle  de 
Schwibus  ,  qu'il  prir  pour  équivalent ,  moyennant  quoi , 
il  céda  Jagerndorff  à  l'empereur.  C'eft  le  prince  de  Lich- 
tenftein  quilepofféde  à  titre  de  Fief.  *  Hubner ,  Geogr. 

La  ville  de  Jagerndorfappartienraujourdhui  à  l'impé- 
ratrice-reine  de  Hongrie  ck  de  Bohême ,  par  les  traités 
de  paix, conclus  avec  le  roi  de  Prune,  comme  étant 
fituée  à  la  droite  de  l'Oppa,  qui  fait  la  féparation  de 
leurs  états. 


JAG 


JÂG 


Va  ,  clans  la  première  fyllabe  de  ce  nom ,  eft  un  a 
adouci ,  comme  difent  les  Allemands  («)  ck  fe  prononce 
comme  <2  ,  ou  comme  un  é  clair.  Il  eft  de  même  dans  l'ar- 
ticle qui  luit.  VI  dans  l'un  ck  dans  l'autre  eft  un /voyelle. 

JAGERSBURG,  maifonde  plaifancedu  roideDane- 
marck,  dans  l'ifle  deSeelande:  ce  nom  veut  à'utmaifon 
de  cha[]e.  Elleeft  à  quatre  lieues  de  Coppenhague.  *Hub- 
ner,  Géogr.  Baudrand,  édit.  1701;. 

JAGNIE VO ,  ville  de  Turquie ,  dans  la  Servie ,  dans 
une  plaine  entre  les  montagnes,  à  demi -journée  de 
chemin  de  Monte- Novo.  *  Baudrand,  édit.  1705. 

1.  JAGO ,  (S  ant-)  ou  S.  Jacques  ;  ifle  la  plus  grande 
entre  celles  du  Cap-verd.  Elle  eft  ainfi  appellée  du  nom 
de  S.  Jacques ,  dont  la  fête  fe  célèbre  le  premier  jour 
de  Mai  parce  que  cette  ifle  ,  ainfi  que  celle  de  Mayo , 
fut  découverte  ce  jour-là.  Sa  longueur  eft  d'environ 
quarante-cinq  lieues,  fa  largeur  de  dix,  ck  fon  circuit 
de  quatre-vingt-cinq  ;  elle  eft  entre  l'ifle  de  Fulgo  à 
l'oueft  ,  ck  celle  de  Mayo  à  l'eft ,  ck  éloignée  de  cinq 
lieues  de  cette  dernière.  Quoique  montagneufe ,  c'eft  la 
principale,  la  plus  fertile,  ck  la  mieux  peuplée  desiiles 
du  Cap-verd;  latitude,  feptentrionale,  15  d.  15'. 

L'ifle  de  Sant-Jago  eft  comme  la  Douane  Portugaife , 
pour  tous  les  vaifleaux  de  cette  nation  ,  qui  vont  com- 
mercer au  nord  de  Sierra-Léona  jusqu'en  Guinée.  Cet 
avantage  joint  à  la  commodité  de  fa  fituation  pour  le 
commerce  ,  a  peuplé  cette  ifle;  ck  la  cour  de  Portugal, 
pour  encourager  les  nouveaux  habitans,  leur  accorda  à 
perpétuité  la  propriété  des  terres ,  fans  la  moindre  espèce 
de  taxe. 

Le  port  le  plus  célèbre  s'appelle  Porto-praya  ;  il  eft 
fitué  à  la  pointe  fud-oueft  de  l'ifle:  il  offre  une  perspec- 
tive charmante.  A  deux  lieues  de  Praya,  oueft-nord- 
oueft ,  on  trouve  Kaliete  S.  Martin ,  petite  baie  où  on 
a  feize  ou  dix-huit  pieds  d'eau.  De  Kaliete  à  la  ville 
de  Sant-Jago  ou  Ribeyra-grande,  capitale  de  l'ifle,  on 
ne  compte  que  quatre  milles  par  terre.  Par  mer  ,  Cette 
ville  eft  à  une  lieue  du  rivage ,  au  nord-oueft  de  Kaliete. 
Rivera-Plata ,  au  nord  de  la  capitale ,  eft  une  longue 
baie  d'un  fond  très-net.  On  y  fait  de  l'eau  commodé- 
ment ,  parce  que  le  ruiffeau  coule  jusqu'au  bord  de  la 
mer ,  ck  on  y  trouve  toute  forte  de  rafraîchiftemens. 
Terrafal,  qu'on  rencontre  enfuite  ,  eft  un  port  eftimé; 
mais  il  ne  fournit  aucune  provifion.  La  baie  de  Porto-- 
faciendo  ,  qui  vient  après ,  eft  grande  avec  un  bon  fond , 
depuis  dix  jusqu'à  quatre  braffes ,  cette  partie  de  l'ifle 
confifte  en  pâturages.  Entre  cette  baie  ck  Bighude  ,  qui 
eft  la  pointe  la  plus  feptentrionale,  on  trouve  quelques 
autres  rades  ;  mais  la  côte  eft  dangereufe  ,  ck  parfemée 
de  rocs.  Quand  on  a  doublé  la  pointe  de  Bighude ,  la 
côte  tourne  au  fud  de  Porto-Jine-noma ,  qui  eft  une 
grande  baie.  La  baie  fui  vante  eft  celle  de  Porto-for- 
mofa ,  à  laquelle  il  ne  manque  rien  pour  la  beauté.  La 
baie  de  S.  Jago  eft  dans  le  milieu  de  la  partie  orientale 
de  l'ifle.  Au  fudquart-fud-eft  de  cette  baie,  on  rencontre, 
à  deux  ou  trois  milles ,  celle  de  Porto-madera  ,  dont 
la  profondeur  eft  depuis  neuf  jusqu'à  fix  braffes.  Vient 
enfuite  Porto-lobo ,  qui  eft  un  port  très-fûr  quand  on 
y  eft  entré;  mais  l'entrée  en  eft  étroite,  ck  bordée  par 
une  chaîne  de  rocs  ,  qui  la  rendent  dangereufe.  Au  midi 
de  Porto-lobo ,  eft  la  rade  de  San  Francisco ,  dont  le 
fond  eft  fort  mauvais ,  ck  l'on  n'y  trouve  pas  d'eau  fraîche. 
La  petite  baie  de  Portate ,  qui  eft  entre  la  précédente 
ck  Porto-praye  ,  eft  une  ftation  fort  commode  pour  les 
petits  bâti  mens  ck  les  chaloupes.  On  compte  dans  cette 
ifle  cinq  villes,  qui  font  Sant-Jago  ou  Ribeyra- 
ÉRANDe,  capitale;  S.  Domingo  ;  S.  Domingo- 
Abacace  ,  ck  Villa  de  Praya.  Voyez  chaque  ar- 
ticle féparément. 

L'ifle  de  Sant-Jago  ayant  beaucoup  d'eau  fraîche  ,ne 
peut  manquer  d'excellens  pâturages.  Il  y  a  des  bœufs , 
des  vaches  en  grand  nombre  ,  des  chevaux,  des  ânes, 
des  chèvres,  des  porcs,  ck  des  finges.  Elle  porte  en 
abondance  du  maïs,  du  bled  de  Guinée,  des  plantains, 
des  bananes ,  des  oranges ,  des  limons  ,  des  melons  d'eau. 
On  y  fait  peu  de  fucre.  La  vigne  n  y  croît  pas  mal  ; 
mais  il  y  en  a  peu.  Les  habitans  recueillent  allez  de  coton 
pour  fe  faire  des  habits,  ck  pour  en  envoyer  au  Brefil. 
C'eft  presque  à  cela  que  fe  réduit  leur  commerce  ;  ce 
qui  fait  que  la  plupart  vivent  miférables.  *  Dampierre, 


429 


Voyagé  autour  du  monde.  George  Roberts ,.  Voyage  aux 
ifles  du  Cap-verd. 

2.  JAGO  (SANT-).  Voyez  RibêYRA-GRANDE. 

3.  JAGO,  (Sant-)  ,  ville  de  l'ifle  Sant-Jago  ,  une  des 
ifles  du  Cap-verd ,  dans  fa  partie  orientale ,  entre  Porto- 
Madera,  au  midi  ckPorto-formofa  au  nord.  Elle  eft  au  mi- 
lieu d'une  baie  de  même  nom  ,  fur  un  terreinqui  s'élève 
entre  deux  vallées ,  l'une  au  fud,  &c  l'autre  au  nord  ,  toutes 
deux  bien  plantées  de  cocotiers  ,  &  de  palmiers.  La  ville 
n'eft  pas  grande  ;  il  y  a  une  paroiffe ,  dont  l'églife  eft  fort 
proprement  bâtie.  C'eft  le  canton  de  l'ifle  le  plus  fertile. 

*  Voyage  de  Roberts ,  aux  ifles  du  Cap-verd 

JAGODNA,  ville  de  Turquie,  dans  la  Servie,  en 
une  très-belle  plaine  ,  près  de  la  Morave ,  à  quarante 
mille  pas  du  Danube  au  midi,  en  allant  vers  Novibazar. 

*  Baudr.  édit.  1705. 

JAGOS,  (les)  peuple  d'Afrique.  Ils  font  errans  & 
voleurs  comme  les  Arabes.  Ils  fe  font  répandus  en  plu- 
fieurs  endroits  de  la  baffe  Ethiopie  ,  mais  principalement 
dans  le  royaume  d'Anzico.  Ils  adorent  le  foleil  &  la  lune» 
Ils  font  fi  féroces  ,  qu'ils  fe  mangent  les  uns  les  autres  , 
dès  qu'ils  font  morts.  Ils  ont  pour  armes  une  hache,  urt 
arc  ck  des  flèches.  *  Baudrand,  édit.  1705. 

JAGRA  ,  royaume  d'Afrique  ,  au  fud  de  la  rivière  de 
Gambra ,  borné  à  l'oueft  par  celui  de  Kaen  ,  ck  à  l'eft 
par  celui  d'Yamina.  L'ifle  des  éléphans,  fur  la  Gambra, 
appartient  à  ce  royaume.  Le  pays  de  Jagra  eft  célèbre 
par  le  naturel  laborieux  de  les  habitans ,  ck  riche  en  riz 
ck  en  bled.  Labat  l'appelle  Giarra.  *  Voyagede  Monre. 
Carte  de  la  Gambra,  par  Léach  ,1731. 
:.  JAGRENATE  ,  lieu  des  Indes ,  fitué  au  fud-oueft  de 
l'embouchure  du  Gange  fur  la  côte  ,  ck  célèbre  par  une 
grande  pagode ,  qu'on  y  a  bâtie  :  c'eft  où  le  grand  Bra- 
mine,  c'eft-à-dire  le  grand-prêtre  des  idolâtres,  fait  là 
réfidence.  Le  chœur  ,  ou  intérieur  de  cette  pagode  ,  eft 
fait  en  forme  de  croix.  La  grande  idole  qui  eft  fur  l'autel , 
a  deux  diamans ,  qui  tiennent  la  place  des  yeux ,  &  un 
autre  qui  étant  attaché  à  fon  cou ,  lui  descend  fur  l'efto* 
mac  ;  le  moindre  de  ces  diamans  eft  d'environ  quarante 
karats.  Cette  magnifique  idole ,  nommée  Kesora  ,  porte 
au  bras  des  btaflelets  ,  tantôt  de  perles ,  tantôt  de  rubis  ;  ck 
elle  eft  couverte  depuis  le  col  jusqu'en  bas  d'un  grand 
manteau  pendant  fur  l'autel  ;  ce  manteau  eft  de  brocard 
d'or  ou  d'argent,  félon  les  folemnités.  Au  commence- 
ment elle  n'avoit  ni  pieds  ni  mains,  ck  les  bramines 
content ,  à  ce  fujet ,  qu'après  qu'un  de  leurs  prophètes 
eut  été  enlevé  au  ciel ,  cette  perte  leur  Caufa  à  tous  une 
douleur  fi  fenfible,  que  Dieu,  pour  lesconfoler,  leur 
envoya  un  ange ,  avec  ordre  de  leur  faire  une  ftatue  qui 
eût  la  reffemblance  du  prophète ,  afin  qu'ils  en  euffent 
toujours  l'image  devant  les  yeux.  Tandis  que  l'ange  tra- 
vailloità  cette  idole  ,  l'impatience  les  prit;  en  forte  qu'ils 
la  lui  ôterent  pour  la  mettre  dans  la  pagode,  quoiqu'elle 
fût  encore  fans  pieds  ck  fans  mains.  Comme  ce  défaut 
la  rendoit  difforme,  ils  lui  firent  des  mainsde  certaines 
petites  perles ,  appellées/wA:.s  à  fonce.  Quant  aux  pieds, 
le  manteau  les  cache ,  ck  on  ne  voit  que  le  vifage  8c 
les  mains.  La  tête  tk  le  corps  font  faits  de  bois  de 
fandal.  Autour  du  dôme,  fous  lequel  a  été  mife  l'idole  ,; 
ck  qui  eft  fort  élevé  ,  ce  ne  font,  depuis  le  bas  jusqu'au 
haut  ,  que  des  niches  remplies  d'autres  idoles,  dont  la 
plupart  repréfentent  des  monfttes  hideux,  6k  qui  font 
de  pierres  de  différentes  couleurs.  De  chaque  côté  de  la 
pagode  il  y  en  a  une  autre  beaucoup  plus  petite ,  où 
les  pèlerins  font  faire  leurs  moindres  offrandes ,  ck  quel- 
ques-uns qui ,  dans  leurs  maladies ,  ou  dans  l'embarras 
de  leurs  affaires,  fe  font  voués  à  quelque  Dieu  ,  en  ap- 
portent la  reffemblance  dans  ce  lieu-là,  pour  recon-, 
noître  le  fecours  qu'ils  croient  en  avoir  reçu.  La  pagode 
de  Jagrenate  eft  la  plus  fréquentée  de  toutes  les  Indes, 
à  caufe  de  fa  fituation  fur  le  Gange ,  dont  les  idolâtres 
font  perfuadés  que  les  eaux  ont  une  vertu  particulière 
pour  les  purger  de  leurs  fouillures,  quand  ils  s'y  lavent. 
On  y  aborde  de  tous  les  côtes ,  ck  le  revenu  en  eft  (i 
considérable  par  les  grandes  aumônes  qui  s'y  font ,  qu'il 
peut  fuffire  à  nourrir  tous  les  jours  quinze  ou  vingt  mille 
pèlerins.  Les  fournies  qu'elles  produifent  ne  font 
pas  tant  à  la  discrétion  de  ceux  qui  les  font  ,  qu'à 
la  disposition  du  grandi- prêtre  ,  qui,  avant  de  don- 
ner permiffion  aux  pèlerins    de  fe  rafer,  de  fe  laver 


430  JAK 

dans  le  Gange ,  &  de  faire  les  autres  chofes  néceffaires 
pour  s'aquitter  de  leur  vœu  ,taxe  chacun  félon  fes  moyens, 
dont  il  s'eft  exactement  informé  &C  le  tout  eft  appli- 
qué à  la  nouriture  des  pauvres ,  ck  à  l'entretien  de  la 
pagode.  On  frotte  tous  les  jours  la  grande  idole  avec 
des  huiles  de  fenteur,  qui  la  rendent  toute  noire;  ck 
ce  dieu  a  fa  fceur  nommée  Sotora ,  à  fa  main  droite , 
ck  fon  frère  appelle  Balhadar,  à  fa  gauche.  Ils  font 
tous  deux  vêtus  ,  fck  debout.  Devant  cette  même  idole , 
en  tirant  un  peu  à  gauche ,  on  voit  fa  femme ,  qu'ils  ap- 
pellent la  Kemiu.  Cette  dernière  eft  toute  d'or  maffif , 
&  les  deux  autres  de  bois  de  fandal ,  comme  la  grande. 
Toutes  les  idoles  font  fur  une  espèce  d'autel ,  entouré 
de  grilles  ,  n'y  ayant  perfonne  quipuiffe  y  toucher,  que 
certains  Bramines  deftinés  à  cet  office.  Auprès  de  cette 
pagode  eft  le  tombeau  d'un  de  leurs  prophètes,  à  qui 
les  Indiens  rendent  de  grands  honneurs.  *  Tavernier , 
Voyage  des  Indes,  l.y,c.  il. 

La  description  de  cette  pagode  paroît  fuspecte;  ce 
qu'il  y  a  de  certain  ,  c'eft  qu'elle  eft  peu  connue  dans  les 
parties  méridionales  de  l'Inde  ;  ck  je  n'en  ai  jamais 
entendu  parler  qu'à  un  Indien ,  dit  le  père  Bouchet 
dans  une  de  fes  Lettres ,  au  lieu  qu'on  vante  fort  celle 
de  Cachi  ,   qui  eft  la  même  chofe   que  Benares. 

JAGUANA,  ville  de  l'Amérique,  dans  l'ifle  Hispa- 
niola.  Les  Espagnols  la  nomment  Santa  Maria  del 
Puerto.  Elle  eft  fituée,  du  côté  del'oueft,  à  cinquante 
ou  foixante  lieues  de  S.  Domingue ,  ck  à  une  lieue  de 
la  mer:  quoiqu'elle  ait  un  port  commode  ,  elle  n'a  que 
trois  rues ,  qui  contiennent  environ  cent  cinquante  mai- 
Ions  :  les  Anglois  la  furprirent ,  l'an  1 541 ,  ck  la  ruinèrent 
presque  entièrement.  *  De  Lait,  Ind.  occid.  /.  1 ,  c.  7. 

JAGUR ,  ou  Jadur  ,  ville  de  la  Paleftine  ,  dans  la 
tribu  de  Juda  ;  il  en  eft  parlé  au  Livre  Je  Jofué ,  c.  1 5 , 
y.  2 1 .  On  en  ignore  la  fituation  ;  on  fait  feulement  qu'elle 
étoit  au  midi  de  Juda. 

JAGUSA  ,  ruiffeau  de  l'empire  Ruflien ,  au  duché  de 
Moscou,  où  elle  arrofe  la  capitale,  &  fe  perd  dans  la 
Mosca.  De  l'ifle  la  nomme  YaOUSA. 
JAHAT,  ou  Jacasa.  Voyez  Jasa. 
JAïCK,  (le)  rivière  de  la  Tartarie,  à  l'extrémité 
orientale  du  royaume ,  qu'il  fépare  du  Turqueftan.  Ce 
font  les  Ruffiens  qui  la  nomment  ainfi  ;  car  fon  nom  eft 
Jaïgik.  Elle  a  fa  fource  dans  cette  partie  du  mont  Cau- 
çafe ,  que  les  Tartares  appellent  Arall-tag  ,  proche 
la  fource  du  Tobol.  Son  cours  eft  du  nord-nord-eft  au 
fud-fud-oueft  ;  ck  elle  fe  décharge,  après  un  cours  d'en- 
viron quatre-vingt  lieues  d'Allemagne  ,  dansla  mer  Cas- 
pienne, à  quarante-cinq  lieues  à  l'eft  de  l'embouchure 
de  la  rivière  de  "Wolga.  La  rivière  de  Jaïck  fait  à  préfent 
la  frontière  de  ce  côté  ,  entre  l'empire  de  Ruffie  &  les 
états  du  Contaisch ,  grand-kan  des  Calmoucks.  Ses  bords 
font  fort  abondans  en  pâturages,  mais  dépourvus  de 
bois,  fur-tout  vers  la  mer  Caspienne.  Elle  eft  d'une  abon- 
dance incroyable  en  toutes  fortes  d'excellens  poiffons  ; 
ckon  affure  qu'au  commencement  du  printems  ,  les  poif- 
fons viennent  en  fi  grande  quantité  de  la  mer  Caspienne, 
dont  les  eaux  font  extrêmement  falées,  chercher  l'eau 
douce  de  cette  rivière,  qu'ils  battent  quafi  le  courant  de 
l'eau,  ck  qu'on  en  peut  prendre  de  la  main  tant  qu'on 
veut.  C'eft  principalement  de  cette  grande  quantité  de 
poiffons,  qu'on  prend  dans  le  Jaïck  ck  dans  le  Wolga, 
qu'on  transporte  les  œufs  falés ,  par  toute  l'Europe ,  fous 
le  nom  de  caviar  ;  ce  qui  peut  affez  faire  juger  de  la 
quantité  qu'on  en  pêche  annuellement.  Au  mot  COSA- 
QUES,j'ai  parlé  amplement  de  ceux  qui  habitent  le  long 
de  cette  rivière.  *Hifi.  des  Tatars,  p.  46. 
JAï'CZA.  Voyez  Jaycza. 
JAIN VILLE.  Voyez  Janville. 
JAïR.  Voyez  Avoth-JAïR. 

JAïZI,  petite  province  du  pays  de  Maruennahar,  au 
nord-oueft  de  la  ville  de  Samarkant ,  vers  la  rive  méri- 
dionale de  la  rivière  Khefell.  *Hift.  généalogique  des 
Tatars,  p.  801. 

JAK.OTIN  ,  Baudrand,  édit.  i7o<[ ,  nomme  ainfi  un 
bourg  de  l'Ukraine ,  fur  la  rivière  de  Supoi  ;  De  l'ifle 
l'appelle  Lahotin. 

JAKSA,  ou  JACK.SIE  ,  ville  de  lagrande  Tartarie, 
dans  laDaurie,  félon  Baudrand,  éd.  1705  ;  il  la  met  à 
dix  lieues  de  la  ville  d' Amur ,  ci  à  quarante  d'Albafin , 


JAL 


ckcite  la  Carte  deWitfen.  De  l'ifle,  C  ne  delà  Tar- 
tarie, prétend  ,  au  contraire ,  queJAKSA  ck  Albafinfont 
une  même  ville  au  bord  de  l'Amour.  La  nouvelle  Carte 
de  tout  l'empire  de  la  grande  Ruffie  ,  publiée  à  Leyden, 
ne  fait  aucune  mention  de  Jakfa,  mais  bien  d'ALBAS- 
SINSKOI ,  ville  fituée  au  confluent  de  l'Albaflin  ck  de 
l'Amur.  On  y  remarque  que  cette  ville  des  Ruffesa  été 
ruinée  par  les  Chinois  ck  les  Mongales. 

JAKUTI,  (les)  peuple  payen  de  la  Sibérie.  Ils  habitent 
les  bords  de  la  Lena  ck  font,  à-peu-près,  faits  comme  les 
Tongoufes.  Ce  font  les  feuls  ,  d'entre  les  peuples  payens 
de  la  Sibérie ,  qui  fe  fervent  de  rennes  pour  leur  monture. 
On  prétend  qu'ils  ont  plus  d'esprit  ck  de  malice  que  les 
autres  peuples  de  ce  continent.  Ils  habitent  des  hutes  qu'ils 
transportent ,  pendant  l'hiver,  dans  les  forets  où  ils  vivent 
de  la  chaffe.  Dans  l'été  ils  s'établiffent  fur  le  bord  des 
rivières ,  où  ils  vivent  de  h  pêche.  Les  peaux  de  poiffon 
font  leur  habillement  d'été ,  &  celles  d'élans  ck  de  rennes 
font  celui  de  l'hiver.  L'arc  ck  la  flèche  ,  un  couteau,  une 
hache  ,  avec  une  marmite  au  plus  font  leurs  richeffes  : 
les  raclures  d'un  certain  bois  font  leurs  lits  de  plumes. 
Les  rennes,  dont  ils  fontufage  au  lieu  de  chevaux,  leur 
font  d'une  plus  grande  utilité  que  ne  le  feroient  ces  der- 
niers, parce  qu'elles  n'enfoncent  point  dans  les  neiges 
comme  feroient  les  chevaux.  *  Hiji.  généalogique  des 
Tatars,  p.  186,187. 

JAKUTSKOI ,  ville  de  l'emprie  Ruflien ,  en  Si- 
bérie ,  dans  la  Tartarie  ,  fur  la  rivière  de  Lena  ,au  pays 
des  Jakutes ,  qu'elle  tient  clans  le  respeft ,  &  dont  elle 
prend  fon  nom.  C'eft  de-là  qu'il  va ,  en  été ,  des  barques 
pour  fe  rendre  le  long  des  côtes  ,  &  par  les  ouvertures 
du  cap  à  Sabatzia,  à  Anadieskoi  ôk  à  Kamfatka,  pour 
y  prendre  du  narval  ck  de  l'huile  de  baleine.  Les  Tar- 
tares de  ces  quartiers-là  fe  fervent ,  pour  cela ,  de  petites 
barques  de  cuir  d'une  légèreté  extraordinaire. 

JALA  ,  Jaele  ,  ou  Yale  ,  petite  ville  de  l'ifle  de 
Ceïlan  ,  environ  à  vingt  lieues  à  l'orient  de  la  ville  de 
Mature  ;  elle  étoit  autrefois  bien  peuplée ,  6k  capitale 
d'un  royaume  particulier  ;  mais  à  préfent  elle  eft  dé- 
peuplée ck  négligée  par  les  Hollandois  ,  à  qui  elle  appar- 
tient. Elle  eft  nommée  Ajala  ,  fur  la  Carte  de  Ceïlan 
par  De  l'ifle. 

JALASAGAN,  ville  de  la  Tartarie.  Elle  eft  appellée 
par  les  Moguls  CHAMBALICK  ,  ou  la  bonne  ville  • 
Cham  voulant  dire  en  langue  des  Moguls ,  bon  fck  balck, 
une  ville.  Le  tradufteur  de  l'Hiftoire  des  Tatars ,  en 
parle  ainfi  dans  une  note  ,p.  133.  Cette  ville  doit  avoir 
été  quelque  part  dans  la  petite  Boucharie  ,  vers  les  con- 
fins de  la  grande  Boucharie  fck  des  états  du  Contaisch. 
Mais  je  ne  puis  pas  dire  précifément ,  fi  elle  fubfîfte  en- 
core fous  le  même  nom ,  quoi  qu'on  m'en  ait  voulu  affurer 
pofitivement ,  fck  que  même  c'eft  maintenant  un  des 
principaux  paffages  par  où  l'on  entre  de  ce  côté  dans  la 
grande  Boucharie. 

JALIGNY  ,  félon  Baudrand  ,  petite  ville  de  France  ,, 
dans  le  Bourbonnois  ,  fur  la  rivière  de  Besbre,  qui  fe 
jette  dans  la  Loire  ,  quatre  lieues  plus  bas  ,  à  Bourbon- 
Lancy. 

JALINES,  village  de  l'ifle  de  Cypre,furla  côte  fep- 
tentrionale  ;  c'étoit,à  ce  que  l'on  croit ,  la  ville  de  Ma- 
CARIA.  Voyez  ce  mot. 

JALOFES,  (les)  ou  Oualofs,  peuple  d'Afrique , 
dans  la  Nigritie.  Ils  habitent  depuis  l'embouchure  du 
Sénégal,  allant  au  fud,  jusqu'environ  fix  ou  fept  lieues 
du  Cap-Verd  ;  ce  qui  fait  du  nord  au  midi  une  étendue- 
de  quarante  lieues  de  côte  maritime ,  &  de  l'eft  àl'oueft 
cent   lieues  dans  les  terres.  *  Voyage  de  le  Maire. 

C'eft  un  pays  fertile,  fck  rempli  d'habitations  fort 
peuplées.  Les  Portugais ,  en  1487,  y  bâtirent  un  fort:  D. 
Pedro  Vaz  de  Cunna  ,  amiral, ,  qui  avoit  eu  ordre  de  bâtir 
ce  fort,  tua  indignement  Bernois ,  roi  des  Jalofes ,  avec 
qui  la  nation  Portugaife  étoit  alliée ,  fck  qui  même  les 
avoit  introduits  dans  fon  royaume.  *  Hijî.  génér.  des 
Voyages ,  t.  1 . 

1.  JALONICZ  ,  rivière  de  la  Valaquie.  Elle  prend  fa 
fource  aux  frontières  de  la  Tranfilvanie,à  l'orient  d'Ar 
gisch,  d'où  prenant  fon  cours  d'abord  vers  le  midi,  elle 
fe  replie  vers  le  levant ,  fck  fe  rend  dans  le  Danube  ,  un 
peu  au-deflus  du  lac  de  Carafou.  Cette  rivière  paffe  à 
Tergowitz ,  à  Jalonicz  fck  à  Flotz. 


JAM 


i.  JALONICZ  ,  bourgade  de  la  Valaquie  ,  fur  le  bord 
méridional  de  la  rivière  de  même  nom,  entre  Flotzau 
couchant ,  Si  Tergowitz  au  nord-oueft.  *  Robert  de  Vau- 
gondy ,  Atlas. 

JALYSUM,  ancienne  ville  de  l'ifle  de  Rhode.  C'étoit 
unedes  trois  villes  de  cette  ifleque  Strabon,  /.  14, p.  653, 
Si  Pline    appellent   Lindum  ,   Camïrum ,  Si  Jalyfum. 


JAM  431 

ides  Caribes;  la  belle  faifon  eft  en  Mai  &  Novembre, 
Les  vents  foufflent  conftamment  de  l'Eft  ,  fans  qu'il  y  ait 
aucune  variation.  On  les  appelle  Brie\es  :  ces  vents  fe 
lèvent  ordinairement  vers  les  neuf  heures  du  matin  ,  Si 
foufflent  plus  fraîchement ,  lorsque  le  foleil  eft  plus  haut 
que  les  montagnes ,  en  forte  que  les  artifans  ci  laboureurs 
peuvent  travailler  au  milieu  du  jonr.  Les  vents  d'amont 


Homère,  ILiad.  B.  v.  656  ,  les  nomme  toutes  trois  en  un     foufflent  ordinairement  jusqu'à  fix  ou  fept  heures  après 
même  vers.  midi.  (On  appelle  ainfi  les  vents  depuis  le  nord  à  l'eft  , 

&  depuis  l'eft  jusqu'au  fud  ;  )  Si  quand  ils  changent  à 
l'oueft,  que  les  habitans  de  l'ifle  appellent  la  terre  des 
Briéçes  ,  parce  qu'ils  foufflent  des  terres ,  Si  qu'ils  chas- 
fent  leurs  bateaux  Si  leurs  vaifleaux  de  leurs  havres.  Il  ' 
n'y  a  point  là  d'hyver  apparent  ;  il  y  a  feulement  un 
peu  plus  de  pluie  Si  de  tonnerre,  dans  les  mois  d'hiver, 
que  dans  les  autres  rems.  La  longueur  des  jours  Si  des 
nuits  n'y  changent  pas  beaucoup;  le  jour  y  eft  d'environ 
quatorze  heures.  Le  flot  ne  monte  que  d'un  pied.  Les 
courants  font  changeans  &C  incertains  ;  perfonne  n'en 
peut  donner  de  raifon.  La  Jamaïque  a  foufFert  un  furieux 
tremblement  de  terre, en  175 1,  qui  y  a  fait  de  grands 
ravages. 

Les  rivières  de  l'ifle  ne  font  pas  belles  d'elles-mêmes, 
ni  navigables  ;  Si  comme  l'ifle  eft  pleine  de  montagnes  , 
ces  rivières  y  ont  leur  fource,  Se  en  tombent  avec  tant 
de  rapidité  ,  qu'elles  caufent  fouvent  des  inondations  Se 
ravagent  tout  comme  des  torrens.  Il  y  en  a  plufieurs 
qui  tariffent  en  certains  tems ,  Si  en  d'autres  ont  plus 
d'eau  que  la  Tamife. 

L'ifle  n'a  que  trois  villes  qui  foient  de  quelque  confï- 
dération,  La  capitale  eft  Sant-Jazo  de  la  Vega.  Les 
deux  autres  font  Port-Royal  ,Si  Pa(jage.  Seviâe ,  MeÙMa 
Si  Orijlano  ,  qui  étoient  de  quelque  considération ,  du 
tems  des  Espagnols  ,  font  à  préfent  peu  de  chofe. 

Outre  ces  villes  qui  font  maritimes ,  il  y  a  divers  ports 
qui  ont  de  la  réputation;  le  vieux  havre  ou  Old-Har- 
bourg,   Port-Morant ,  Port-Negril,    Si  Port-Antonio» 


Ar.l'ot  IkAi/ûjoV  tê  t[^\  àyvv'iiTU  Kttfjulfoh 

Mais  Strabon ,  /.  14,  p.  655  ,  dit  que  ces  trois  villes  fe 
fondirent  dans  celle  de  Rhode.  Diodore  de  Sicile ,  /.  13, 
dit  que  cela  arriva  la  première  année  delaxcme  Olym- 
piade. 

JAM ,  ville  maritime  d'Afrique ,  fur  la  côte  de  l'Océan, 
dans  la  Nigritie ,  à  fept  ou  huit  lieues  de  la  rivière  de 
S.  Domingue.  Le  flux  Si  reflux  delà  mer  forme  un  petit 
ruifleau ,  qui  conduit  à  la  ville  de  Jam ,  où  beaucoup  de 
Portugais  font  quantité  de  cire  qu'ils  vendent  Si  trafi- 
quent par  terre  à  Gambie  Si  à  Cacheaux.  *  Voyage  de 
le  Maire, 

1 .  JAM  A ,  rivière  de  l'empire  Ruffien ,  en  Ingrie ,  à  la- 
quelle elle  fert  de  bornes  au  midi.  Au-deflous  de  la  ville 
demêmenom,  elle  fe  partage  en  deux  branches  qui  for- 
ment une  ifle  :  l'un  de  ces  bras  va  fe  perdre  dans  le  golfe 
de  Finlande  ,  aflez  près  de  Coporie,  Si  l'autre  a  fon  em- 
bouchure auprès  de  celle  de  la  rivière  de  Narva  *  De 
Vljle ,  Carte  de  Moscovie. 

x.  JAMA,  ou  JAMAGOROD  ,  ville  de  l'empire  Rus- 
fien ,  dans  l'Ingrie  ,  fur  la  rivière  de  Jama ,  à  l'orient 
d'été  de  Narva ,  à  environ  dix  werftes  de  cette  ville  , 
qui  reviennent  à  deux  milles  géographiques. 

JAMAÏQUE  ,  (la)  ifle  de  l'Amérique  feptentrionale , 
fous  la  domination  des  Anglois  qui  l'ont  enlevée  aux 
Espagnols.  Elle  eft  par  les  17  d.  40'  de  latitude,  pour 


fa  partie  méridionale,  Si  par  les  18  d.  45'  pourfapartie     II  y  a  plusieurs  autres  bonnes  baies  Si  havres, le  long 
r     .      .  • 1  _    T7ii_   ~/i  — -.  : J:  J„   !„ *.: : ._i~  J_      ,1„„  „&-. —  J_v:/i-      : r * /ici / 


feptentrionale.  Elle  eft  au  midi  de  la  partie  orientale  de 
la  grande  ifle  de  Cuba,  dont  elle  eft  féparée  par  urt 
détroit  d'environ  quinze  lieues  de  largeur:  un  autre  dé- 
troit d'environ  vingt  lieues,  la  fépare  de  l'ifle  de  S. Do- 
mingue, qui  eft  au  Levant.  Elle  eft  à  cent  feize  lieues , 
&  au  nord  de  Porto-Belo ,  Si  à  cent  quatorze  de  Car- 
ihagene.  Cette  ifle  à  vingt  lieues  de  large ,  du  nord  au 
fud  ;  cinquante  de  long ,  de  l'orient  à  l'occident  ;  Si  cent 
cinquante  de  circuit ,  félon  Herrera.  Sa  figure  tient  un 
peu  de  l'ovale;  c'eft  un  fommet  continu  de  hautes  mon- 
tagnes ,  courant  de  l'eft  à  l'oueft  ,  qui  s'étendent  l'une 
après  l'autre  ,  Si  qui  font  remplies  de  fources  fraîches, 
qui  fourniflent  l'ifle  d'une  grande  abondance  de  rivières  : 
la  plupart  du  terroir  eft  gras  &C  fertile  ;  c'eft  une  terre 
noirâtre  Si  mêlée  d'argile  ,  excepté  dans  la  partie  du 
fud-oueft  où  la  terre  eft  généralement  plus  rouge  ;  mais 
par-tout  elle  eft  fertile,  Si  propre  à  être  avantageufe- 
ment  cultivée.  Il  y  a  des  arbres  8i  des  plantes  qui  ne 
fe  dépouillent  jamais  de  leur  verdure.  Elle  eft  entremêlée 
de  bois  Si  de  montagnes  ,  de favanes  ou  de  plaines,  que 
l'on  fuppofe  avoir  été  des  champs  de  maïs  d'Inde  ou  de 
froment;  mais  lorsque  les  Espagnols  fe  rendirent  maîtres 
de  l'ifle  ,  ils  changèrent  ces  champs  en  pâturages  pour 
des  chevaux  ,  des  bœufs  ,  des  porcs ,  Si  autre  bétail  qu'ils 
avoient  amené  pour  peupler,  Si  qui  s'eft  tellement  mul- 
tiplié ,  que  l'on  voit  dans  les  bois  de  grands  troupeaux 
de  chevaux  Si  autres  animaux  ,  qui  font  devenus  fau- 
vages  :  ces  favanes  que  l'on  regarde  comme  les  terres 
les  plus  ftériles  de  l'ifle ,  Si  que  l'on  ne  laboure  point , 
produifent  une  fi  grande  quantité  d'herbes,  que  l'on  eft 
fouvent  obligé  d'y  mettre  le  feu.  *  Amérique  Angloifc , 
p.  1  Si  fuiv. 

L'air  eft  ferein  Si  clair,  Si  plus  tempéré  que  dans  les 
ifles  voifines  ;  la  chaleur  y  eft  médiocre  ,  Si  l'air  conti- 
nuellement rafraîchi  par  le  ventd'eft,  Si  par  des  grains 
&i  de  grandes  rofées  qui  tombent  la  nuit.  La  verdure 
perpétuelle  enrend  le  féjour  très  agréable ,  fur-tout  dans 
la  partie  méridionale.  L'eft  Si  l'oueft  font  un  peu  plus 
fujets  à  la  pluie  Si  aux  vents.  On  a  obfervéque  les  mon- 
tagnes qui  traverfent  l'ifle  d'une  extrémité  à  l'autre ,  font 
plus  froides  qu'aucune  autre  partie  ;  enforte  qu'il  y  a  quel- 
quefois de  petites  gelées  blanches  le  matin.  Le  beau  tems 
eft  moins  confiant  dans  cette  ifle,  que  dans  le  reûedes 


des  côtes  de  l'ifle,  qui  ne  font  pas  fi  fréquentés ,  comme 
le  Permis  S.  Michel,  la  baie  Mucari ,  la  pointe  Alliga- 
dor ,  la  pointe  Pedro,  h  baie Pallaie ,  la  baie  .Lpava/za, 
la  baie  Bltwfields ,  Si  la  baie  des  Cabaritas ,  qui  font 
au  fud,  Si  qui  font  des  havres  fort  commodes  pour  les 
navires.  On  trouve  au  nord  Porto-Maria,  Ora  Cabeja, 
Cold  Harbourg,  Rio  Novo  ,  Montega-bay  ,  Orange- 
bay ,  Si  beaucoup  d'autres  au  fud ,  Si  qui  ont  tous  leurs 
maifons. 

Il  y  a  auflî  une  place  appellée  Withy-Wood ,  au  fud, 
d'environ  quarante  ou  cinquante  maifons  ,  pour  la  com- 
modité des  vaifleaux  qui  fréquentent  cette  rade,  en. 
quantité. 

Cette  ifle  produit  du  fucre,  du  cacao,  de  l'indigo, 
du  coton  ,  du  tabac.  Les  écailles  des  tortues ,  que  l'on  y 
pêche,  font,  fort  eftimées  en  Angleterre,  ou  l'on  en 
fait  de  beaux  ouvrages.  Les  cuirs  ,  les  bois  pour  la  tein- 
ture ,  le  fel ,  le  gingembre  ,  le  piment ,  Si  autres  épice- 
ries ;  les  drogues ,  comme  le  gaïac ,  les  racines  de 
fquine  ,  la  falfepareille ,  la  cafte,  Sic.  entrent  dans  le 
commerce  des  habitans. 

Il  y  a  fur  les  montagnes  un  arbre  d'une  médiocre 
grandeur,  qu'on  appelle,  dans  le  pays  ,  lagetto.  Ses  feuilles 
reflemblent  à  celles  du  laurier  :  l'écorce  extérieure  eft, 
a-peu-près,  comme  celle  des  autres  arbres;  mais  l'écorce 
intérieure  ,  qui  paraît  d'abord  blanche  Si  allez  folide , 
eft  compofée  de  douze  ou  quatorze  couches  que  l'on 
fépare  aifément  en  autant  de  pièces  d'étoffe  ou  de  toile. 
La  première  forme  un  drap  aflez  épais  pour  faire  des 
habits  ;  les  autres  reflemblent  à  de  la  toile  ;  Si  on  en 
fait  des  chemifes.  Ces  couches,  dans  lespetites  branches, 
font  autant  de  dentelles  très-fines.  Toutes  ces  toiles  font 
aflez  fortes  pour  être  blanchies  Si  lavées ,  comme  les 
toiles  ordinaires  :  on  ne  voit  dans  la  Jamaïque  ni  lièvres 
ni  cerfs  ;  les  rivières  Si  la  mer  font  fort  poiflbnneufes. 
Il  y  a  quantité  de  poules  domeftiques,  de  poules  d'Inde, 
d'oies  Si  de  canards  ;  mais  il  y  a  un  nombre  incroyable 
d'oifeaux  fauvages ,  comme  canards,  farcelles ,  vignons  , 
oies,  coqs  d'Inde,  pigeons,  pluviers  ,  flamingos,  moi- 
neaux ,  bécanes,  perroquets ,  Sec.  Il  y  a  fort  peu  d'ani- 
maux malfailans  ou  de  plantes  venimeufes.  L'animal  le  plus 
fâcheux  de  tous  eft  l'alligador.  Il  eft  gourmand,  demeure 
dans  les  rivières  Si  les  étangs ,  où  il  tâche  de  furprendre 


JAM 


432 

les  bêtes  &  les  oifeaux  qui  viennent  boire.  Il  fe  tapit 
contre  le  rivage ,  &  on  le  prendroit  pour  une  pièce  de 
bois  fec.  Il  y  en  a  de  dix  pieds ,  de  quinze  &c  de  vingt 
de  longueur.  Il  a  quatre  pieds  qui  lui  fervent  à  marcher 
&  à  nager.  Il  fe  remue  promptement  &  avec  força; 
mais  il  iè  tourne  difficilement.  Son  dos  &  fes  côtés  fortt 
couverts  d'écaillés  impénétrables ,  &  on  peut  mal-aifé- 
ment  le  bleffer ,  fi  on  n'adreffe  pas  aux  yeux  ou  au  ventre  ; 
il  attaque  rarement  les  hommes ,  fe  multiplie  comme  les 
oifeaux  par  des  œufs  gros  comme  ceux  d'une  poule  d'Inde. 
Il  les  dépofe  dans  le  fable  près  de  l'eau  ,  &  le  foleil  les 
fait  éclore.  La  graiffe  de  l'alligador  eft  un  fouverain 
baume  contre  les  douleurs  internes  des  jointures  &t  des 
os.  Il  a  des  tefticules  de  musc,  &c  cette  odeur  forte  le 
fait  découvrir  &  fuir  par  les  moindres  bêtes. 

Les  jardins  y  font  garnis  des  herbes  &.  des  légumes  , 
que  l'on  a  en  Angleterre. 

Les  loix  de  l'iile  font  les  mêmes  que  celles  d'Angleterre. 
Chriftophe  Colomb,  découvrit  la  Jamaïque,  en  1494, 
&  lui  donna  le  nom  de  Sant-Jago  ;  mais  celui  deJamaïca, 
que  lui  donnoient  (es  habitans ,  a  bientôt  prévalu.  Le 
même  Colomb ,  à  fon  quatrième  voyage ,  en  1 503  , 
voulant  paffer  de  Fifle  de  Cuba  à  l'ifle  Espagnole ,  fut 
contraint  par  les  vents  de  relâcher  à  la  Jamaïque.  Il  entra, 
la  veille  de  la  S.  Jean,  dans  un  port,  quefes  gens  fe  hâ- 
tèrent trop  de  nommer  Porto-bueno,  car  ils  n'y  trou- 
vèrent ni  vivres,  ni  eau  douce,  ni  habitans;  ils  firent 
un  effort  pour  paffer  à  un  autre  de  la  côte  du  nord  , 
auquel  ils  donnèrent  le  nom  de  Santa-Gloria,  Stils  y 
ctoient  à  peine  entrés  ,  que  les  deux  navires  qui  reftoient 
à  Colomb,  ayant  de  l'eau  jusques  fur  le  tillac ,  il  n'eut 
point  d'autre  parti  à  prendre ,  que  de  les  faire  échouer. 
Il  les  fît  enfuite  amarrer  enfemble  avec  des  cables ,  Se 
conftruire  fur  les  deux  extrémités  de  chacun  des  espèces 
de  baraques  ,  en  attendant  du  fecours  qu'il  envoya  de- 
mander à  l'ifle  Espagnole.  Il  ne  fit  aucune  forte  d'établis- 
fement  dans  cette  ifle ,  quoiqu'il  y  ait  demeuré  environ 
quatorze  mois  ;  &  ce  ne  fût  qu'en  1 509 ,  qu'elle  com- 
mença à  être  peuplée  d'Espagnols,  à  l'occafion  que  je 
vais  dire.  ( 

Alphonfe  de  Ojeda  &  Diego  de  Nicuefla  ,  ayant  été 
chargés  de  mener  des  colonies  dans  la  Caftille  d'or ,  & 
dans  la  nouvelle  Andaloufie  ,  le  roi  Catholique  leur 
abandonna  la  Jamaïque  en  commun ,  pour  en  tirer  les 
vivres  dont  ils  auroient  befoin.  Chacun  d'eux  voulant 
avoir  feul  cette  ifle,  ils  fe  brouillèrent ,  &  D.  Diego 
Colomb,  fils  &c  fucceffeurde  Chriftophe,  &c  qui  gou- 
vernoit  alors  le  nouveau  monde  ,  les  mit  d'accord  ,  en 
s'en  emparant.  Il  y  envoya  Jean  Esquibel ,  avec  foixante- 
dix  hommes ,  pour  y  faire  un  établiffement  en  fon  nom , 
&  y  commander  fous  fes  ordres.  Esquibel  y  bâtit  une 
ville  dans  la  baie  de  S.  Anne  ,  qu'il  nomma  Seville: 
dans  la  fuite ,  François  de  Garay  ,  gouverneur  de  la  Ja- 
maïque ,  y  fonda  celles  de  Mélilla  Se  d'Orifta  ;  une 
quatrième  ville ,  dont  Hèrrera  n'a  pu  favoir,  ni  quand  , 
ni  par  qui  elle  fut  bâtie ,  eft  la  Véga ,  érigée  en  duché 
pour  le  petit-fils  de  Chriftophe  Colomb,  en  1590:  les 
Espagnols  abandonnèrent  Se  ville,  &  allèrent  vers  lefud, 
où  ils  bâtirent  Sant  Yago  ,  qui  devint  la  capitale  de  l'ifle. 
Je  trouve  dans  un  auteur  Anglois  cette  ville,  fous  le 
nom  de  Sant-  Yago  de  la  Fega  ;  &  il  fe  pourroit 
bien  faire  que  ce  '  fût  cette  ville ,  qui  s'appelloit  quel- 
quefois tout  fimplement  la  Vega  ,  û  auroit  été  le  titre 
des  Colombs.  Ce  titre  paroît  aufïi  avoir  été  changé  en 
celui  de  marquis  de  la  Jamaïque ,  que  portent  encore 
les  héritiers  de  cette  famille. 

En  1630,  Jakfon  commandant  une  escadre  Angloife, 
furprit  la  ville  de  Sant-Yago  ,  la  pilla  ;  &  les  habitans 
la  rachetèrent  de  l'incendie  ,  pour  mille  caftors.  Enfin , 
en  165  5,  l'amiral  Pen,  ayant  échoué  à  Sant-Domingo , 
qu'il  avoit  voulu  prendre,  tourna  vers  la  Jamaïque,  & 
ayant  été  joint  par  un  grand  nombre  deflibuftiers  Anglois 
&  François ,  il  fe  rendit  maître  de  toute  l'ifle ,  qui  eft 
aujourd'hui  une  des  plus  puiflantes  colonies ,  qu'ayent 
les  Anglois  en  Amérique.  Vers  l'an  70  du  dernier  fiécle, 
on  comptoit  dans  cette  ifle  plus  de  dix  mille  habitans , 
partagés  en  douze  paroifles. 

Familles.    Habitans. 
Dans  la  paroiffe  de  Port  Royal,      500  3  500. 

Sainte-Catherine,  658  6270. 

Saint-John,  83  996. 


JAM 


Familles. 

Habîtansi 

Saint-  Andrev, 

w 

iSî*. 

Saint-David , 

960. 

Saint-Thomas . 

59 

590. 

Saint-Clarendoa, 

Mî 

1430. 

Saint-George,     ï 
Sainte-Marie ,       | 

Sainte- Anne ,        ^ 

.    1000. 

Saint-James ,        | 

Sainte-Elïzabeth ,  ) 

17298. 

Le  nombre  en  eft  préfentement  beaucoup  plus  grand; 
il  s'eft  formé  de  nouvelles   paroifles ,    &  les  habitans 
fe  font  multipliés,  outre  que  le  fuccès  des  gens  établis 
y  en  attire  beaucoup  d'autres.    Il  y  a  vingt  ans  que  le 
nombre  des  Anglois  y  montoit  à  plus  de  foixante  mille 
âmes ,  avec  près  de  cent  mille  Nègres.  Comme  cette  ifle  eft 
très-importante,  pour  la  nation  Britannique ,  on  n'en  con- 
fie le  gouvernement  qu'âdes  feigneurs  du  premier  rang. 
JAMAÏQUE  ,  ville  d'Afrique,  fur  la  côte  de  Guinée, 
dans  l'ifle  de  Scherbro  ,  dont  elle  eft  la   capitale.  Les 
Anglois  y  établirent  un  comptoir,  en   1716.  *  Voyagn 
de  Smith.  Côte  de  Guinée  par  M.  Bellin. 
JAMAMA.  Voyez  Yamamak. 
JAMAN  ,  nom  moderne  d'une  partie  de  l'Arabie  heu-, 
reufe.  Voyez  Yemen. 

JAMATSIIRO ,  ou  Xamaxiro  ,  province  du  Ja- 
pon ,  &  une  de  celles  qui  compofent  la  Tenfe  ,  ou  le 
domaine  de  l'empereur.  Sa  ville  capitale  eft  Méaco, 
qui  eft  eh  même  tems  la  capitale  de  l'empire.  Cette 
province  s'étend  le  long  du  bord  occidental  du  lac  d'Oïtz. 
*  Hifl.  du  Japon. 

JAMATTO  ,  province  du  Japon,  dans  la  grande 
ifle  de  Niphon  ;  elle  eft  fituée  au  milieu  d'une  penin- 
fule  ,  qui  s'étend  à  l'orient  de  l'ifle  de  Xicoco.  Voyez 
l'article  Japon. 

i.JAMBA,  ville  de  la Babylonie ,  félon  Ptolomée^ 
/.  5  ,  c.  10.  Elle  étoit  du  côté  des  marais ,  vers  l'Arabie 
déferte. 

2.  JAMBA  ,  petit  royaume  de  l'Indouftan  ,  fur  le 
Gange ,  qui  le  traverfe  du  nord  au  fud.  Il  eft  borné  au 
nord  par  le  royaume  de  Siba  ,  à  l'orient  par  celui  de 
Gor  ;  au  midi  par  celui  de  Bacar  ,  &  au  couchant  par 
des  montagnes ,  qui  le  féparent  des  terres  de  Raja  De- 
camperga.  La  feule  ville  que  nous  y  connoiflïons ,  s'appelle 
aufli  Jamba.  Baudrand  y  met  les  terres  de  ce  Raja ,  où 
eft  la  ville  de  Calferi.  *  De  Cl/le,  Carte  des  Indes. 

JAMBAL.  Ortélius  dit ,  à  l'article  Rhenus  ces  mots  : 
unum  ojliorum  Rheni,  quo  nempe  per  Barbaros  fluat, 
Jambal  vocari  feribit  Servius  Honoratus.  C'eft-à-dire  : 
Servius  Honoratus  écrit  que  l'une  des  embouchures  du, 
Rhin ,  favoir  le  canal  par  lequel  il  coule  entre  les 
Barbares  ,  s'appelle  Jambal.  Ortélius  a  été  trompé  par 
un  exemplaire  vicieux  de  cet  auteur.  Ce  favant  com- 
mentateur expliquant  ces  mots  de  Virgile  ,  jEneid. 
1. 8,  v.  717  : 

PJienusquc  bicornis, 

dit  :  peralterum  qutz  interluit  Barbaros  ;  ubijam  Vahal 
dicitur,  &  facit  infulam  Batavorum.  C'eft  ainfique  l'édi- 
tion de  Bafle,  161 3  ,  porte  à  la  page  1317,  quoique  dans- 
la  table  on  life  Jambal.  On  voit  que  la  branche  du  Rhin 
que  nous  appelions  aujourd'hui  le  Wahal,  portoit  déjà 
ce  nom  dès  le  tems  de  Servius  Honoratus. 

JAMBIA  ,  village  de  TArabie  heureufe,  fur  le  golfe- 
Arabique  ,  félon  Ptolomée,  1.6,  cj.  Il  étoit  près  dit 
golfe  Élanite. 

1.  JAMBIS.  De  l'ifle  écrit  Jambi,  royaume  des  In- 
des, fur  la  côte  de  l'ifle  de  Sumatra,  vers  le  milieu  de 
cette  ifle  ,  entre  celui  d'Andragiri  &c  celui  de  Palinbanî 
nous  n'en  favons  par  les  bornes. 

2.  JAMBIS  ou  Jambi,  ville  du  royaume  de  même 
nom  ,  dans  l'ifle  de  Sumatra  ,  fur  une  rivière  qui  coulant 
d'abord  d'occident  en  orient ,  fe  tourne  vers  le  nord- 
eft,  &  forme  un  allez  beau  golfe.  La  rivière  &  le 
golfe  n'ayant  point  de  nom  particulier  qui  nous  foit 
connu,  nous  l'appelions  la  rivière  de  Jambi,  &  le  golfe 
de  Jambi. 

JAMBOL,  ville  de  la  Turquie  en  Europe,  dans  la 


JAM 


JAM 


Bulgarie  ,  au  pied  des  montagnes:  elle  eft  presque  ruinée, 
félon  Baudrand,  éd.  1705. 

1.  JAMBOLI  ,  ifle  dont  parle  Diodore  de  Sicile, 
/.  2,  c.  13  ,  qui  dit  qu'elle  fut  trouvée  par  un  certain 
Jambule  ou  Jambole,  après  quatre  mois  de  navigation, 
dans  la  mer  qui  eft  au  midi  de  l'Ethiopie.  Sur  la  descrip- 
tion qu'il  en  fait,  quelques-uns  ont  cru  que  c'étoit  l'ifle 
de  Madagascar.  On  peut  voir  dans  cet  auteur  une  rela- 
tion aflez  étendue  qu'il  en  fait. 

2.  JAMBOLI ,  (le)  contrée  de  la  Macédoine  d'au- 
jourd'hui, aux  confins  de  la  Romanie  ,  de  la  Bulgarie 
&  de  la  Macédoine  propre.  Elle  a  au  feptentrion  laBul- 
garie,  à  l'orient  la  Romaine  ,  &  l'Archipel,  qui  y  forme 
les  golfes  de  Contefla ,  d'Aiomama ,  &  celui  de  Sa!o- 
nique  ,  qui  le  borne  au  midi:  la  Macédoine  propre  l'en- 
ferme à  l'occident.  Les  principaux  lieux  font  le  long 
de  la  mer. 

La  Cavalla  ,  Bolina  ou  Hieriflbs , 

Contefla  ,  Cartel  Rampo , 

Les  ruines  d'Amboli,     Aiomama, 
&  Caflandra. 


43  3 


Dans  les  terres  font, 

Les  ruines  de  Philippes  . 
Marmara , 


Tricala, 
Cerès. 


JAMBOS  ,  ville  d'Afie,  près  de  Troie ,  félon  Hefyche 
cité  par  Ortélius  ,  Thefaur. 
JAMBY.  Voyez  Jambis. 
JAMEN.  Voyez  Yemen. 

JAMES.  Les  Anglois  appellent  ainfi  ceux  que  nous 
appelions  Jacques  ;  &  comme  ils  ont  eu  plufieurs  rois 
de  ce  nom  ,  ils  l'ont  donné  à  différens  lieux  ,  fouvent 
même  parce  que  ceux  qui  les  découvroient ,  s'appelloient 
ainfi. 

JAMES-BAY,  c'eft-à-dire  h  baie  de  Jacques,  baie 
de  l'Amérique  feptentrionale  ;  ou  plutôt  c'eft  la  partie 
occidentale  de  la  baie  de  Hudfon  ,  qui  s'avance  fort 
au  midi  vers  la  nouvelle  France.  Baudrand  croit  que  ce 
golfe  fut  ainfi  nommé  par  Thomas  James ,  Anglois ,  qui 
le  découvrit  en  163 1  ;  mais  il  ajoure  qu'il  eft  plus  fou- 
vent  confondu  fous  le  nom  de  la  baie  du  nord ,  comme 
on  l'appelle  préfentement,  tk.  il  y  a  plufieurs  ifles, 
entr'autres,  celles  de  Charletovn,  de  Damby,Roos  &C 
d'Oweftons ,  avec  quelques  ports  :  en  ce  cas  ce  feroit 
non  pas  la  partie  occidentale,  mais  la  méridionale  de 
la  baie  de  Hudfon.- 

JAMESBOROUGH  ,  c'eft-à-dire  le  bourg  de  Jacques, 
bourg  d'Irlande  dans  la  province  de  Leinfter  ,  au  comté 
de  "^eft-Méath ,  fur  le  Shannon ,  au-deflus  d'Atlone. 
C'eft  le  même  lieu  que  JamestOwn  2.  Corn.  Dift. 

JAMES-CAP  ,  c'eft-à-dire  Cap  de  Jacques,  le  cap  de 
l'Amérique  feptentrionale,  vis-à-vis  de  Plymouth,dans 
la  nouvelle  Angleterre.  On  l'a  aufli  nommé  le  Cap  des 
Etats ,  lorsque  ce  pays  s'appelloit  la  Nouvelle  Hollande. 
Les  Cartes  Angloifes  le  nomment  préfentement  Kaap 
Codd.  C'eft  une  pointe  déterre,  qui  forme  à  l'orient 
un  golfe  nommé  Barnjlabk  Baie.  Baudrand  re&lRé. 
JAMES-COUNTY.  Voyez  Jamestown  i. 
JAMESFORT,  fort  d'Afrique,  dans  une  petite  ifle 
au  milieu  de  la  rivière  de  Gambie,  à  quatorze  lieues 
de  fon  embouchure.  Ce  fort  bâti  par  les  Anglois  ,  fut 
pris  &  rafé  ,  en  1695  ,  par  le  comte  de  Gennes.  La 
compagnie  de  France  s'empara  du  commerce ,  de  cette 
rivière  jusqu'à  la  paix  de  Ris-wick,  qu'on  le  reftitua 
à  l'Angleterre.  *  Carte  de  la  Gambra  ,  par  le  capitaine 
Jean  Beach.  1732. 

JAMES-ISLEj  ou  l'ifle  de  Jacques,  grande  ifle  des 
terres  arftiques ,  ou  plutôt  vafte  pays  peu  connu ,  mais 
que  l'on  a  pris  d'abord  pour  une  feule  ifle.  Il  eft  borné 
au  nord  par  la  mer  Chriftiane  ;  à  l'orient  par  le  détroit 
de  Davis ,  au  fud-oueft  par  le  détroit  de  Hudfon ,  & 
à  l'occident  par  un  bras  de  mer ,  qui  joint  ce  dernier 
détroit  à  la  baie  de  Baffin.  On  le  croit  partagé  en  trois 
ifles.  Celle  du  nord-eft  eft  féparée  par  la  baie  de  Cum- 
berland,que  l'on  juge  communiquer  à  la  mer  Chriftiane, 
du  côte  du  nord.  L'ifle  du  fud-eft  eft,  dit-on ,  féparée 
par  un  détroit  qui  eft  une  communication  delà  baie  des 
Ours  ,   jusqu'à  la  baie  de  Cumberland  ;  mais  ce  ne  font 


qne  des  conjectures  peu  Aires.  Il  manque  des  relations 
bien  certaines  des  navigateurs  qui  ayent  palTé  entre  ces 
trois  ifles.  *  Robert   de  Vaugondy  ,  Atlas. 

Celle  qui  eft  à  l'occident  de  la  baie  des  Ours  &  de 
celle  de  Cumberland,  a  dans  fa  partie  feptentrionale 
le  Stepland;  à  l'extrémité  méridionale  eft  le  cap  de 
la  Roque  -  Marie,  ou  le  cap  Char'es:  fiir  la  côte  occi- 
dentale ,  eft  la  baie  de  Smith  ,  &  plus  haut  eft  le  cap 
Baffin.  L'intérieur  des  terres  eft  peu  connu. 

L'ifle  qui  eft  à  l'orient  de  la  baie  des  Ours ,  a  fur  fa 
côte  méridionale  la  baie  du  nord;  à  la  pointe  du  fud-eft 
font  les  ifles  de  R.éfolutions  ;  fur  la  côte  orientale  eft 
LUMLEZ  INLET,  c'eft- à-dire  le  golfe  de  Lumle^. 

L'ifle  qui  eft  au  nord-eft  de  la  baie  de  Cumberland, 
a  au  midi  le  cap  de  "Walfmgham  ,  à  l'orient  duquel  eft 
le  mont  Ralegh.  Plus  haut  eft  de  cap  de  Bedfort. 

JAMES-RIVER  ,  ( Baudrand  dit  James-Riviere,)  ri- 
vière de  l'Amérique  feptentrionale,  dans  la  Virginie: 
elle  arrofe  divers  cantons ,  dont  voici  les  noms,  à  com- 
mencer depuis  fa  fource,  jusqu'à  fon  embouchure.  *  Di- 
vers Mcm.  &  Cartes. 

Au  nord  de  cette  rivière  ,  Prince-George-Counry, 
Charles-Counry  ,  James-County ,  Yorck-County ,  ck.  Eli- 
zabeth-County. 

Au  Sud,  Henrico-County,  Surry-County  ,  Eylant- 
Wight-County,Nanfamond-County  ,  & Princefs'-Anna- 
County. 

Au  midi  de  James-County ,  la  rivière  devient  fort 
large.  Elle  en  reçoit  plufieurs  autres  dans  fon  cours;  là 
principale  eft  celle  de  Chicahamin.  L'embouchure  de  Ja- 
mes-River  eft  à  l'entrée  de  la  grande  baie  de  Chefàpeack. 
Son  entrée  eft  reflerrée  au  nord  ,  par  la  pointe  méridio- 
nale, d'une  ifle  longue tk  étroite,  ïituée  à  l'orient  d'Eli- 
zabeth-Coumy,  &  au  fud  par  des  fables  étendus  an 
nord  de  Princefs'-Anna  County.  Les  Américains  la  nom- 
ment Pouhatan.  Une  nouvelle  Carte  de  la  nouvelle 
France  la  nomme  Powhava;  8t  De  l'ifle  qui, dans  fa 
Carte  de  la  Louifiane  ,  la  nomme  rivière  de  James ,  lui 
donne  un  cours  très-long ,  depuis  les  montagnes  qui 
bornent  la  Virginie  au  nord-oueft ,  au  travers  des  terres 
marécageufes ,  qu'elle  arrofe  près  defoixante  &:  dixlieues, 
au-deflus  de  Henrico-County. 

JAMES-STAD ,  ou 

1.  JAMESTOWN:  quelques  François  l'appellent  Jac- 
ques ou  Jacques-ville-,  ville  de  l'Amérique  feptentrion  de, 
dans  la  Virginie  ,  fur  la  rivière  de  James  ou  de  Pova- 
tan  ,  dans  une  contrée  nommée  James-County  ou  Ja- 
mzs-Land.  Elle  pafle  pour  la  capitale,  non  feulement 
de  la  contrée  ,  mais  encore  de  toute  la  Virginie.  Elle  eft 
fur  une  presqu'ifle,  au  nord  de  la  rivière,  à  environ 
quarante  milles  au-deflus  de  fon  embouchure.  Cette  ville 
a  quelques  maifons  de  briques,  entr'autres,  des  hôtelleries 
&  des  auberges  ;  mais  le  nombre  de  ces  maifons  n'eft 
pas  grand,  &  il  ne  pafle  guère  foixante  &  dix;  encore 
font-elles  disperfées.  Cette  ville  a  été  fujette  à  plufieurs 
accidens ,  qui  l'ont  empêchée  de  le  former  ,  comme 
quantité  d'autres  de  l'Amérique. 

La  contrée  où  elle  eft  fituée ,  c'eft-à-dire  James- 
County,  contient  une  étendue  de  108362  acres  de  terre, 
diftribuées  en  cinq  paroiffes,  WallinGFORD  ,  WlL- 
MINGTON  ,  JaMES-TOwN,  MERCHANTSHUNDRED, 
qui  font  au  midi  de  la  rivière,  &  Bruton  de  l'autre 
côté. 

2.  JAMESTOUN,  Iamestowou  Jamesboroug, 
petite  ville  d'Irlande ,  dans  la  province  de  Leinfter. 
Baudrand  dit  qu'elle  eft  dans  le  comté  du  roi  :  il  fe 
trompe ,  elle  eft  dans  celui  de  "Weftmeath ,  fur  le  Sha- 
non,  à  fix  milles  au-deflus  d'Atlone. 

On  n'a  qu'à  jetter  un  coup  d'ceil  fur  la  Carte ,  &  on 
s'appercevra  que  Jameftovn  n'eft  point  dans  la  province 
de  Leinfter,  ni  dans  le  comté  du  roi.  Cette  ville  eft 
dans  la  province  'de  Connaught ,  au  comté  de  Létrim. 

JAMETS ,  petite  ville  de  France  ,  au  Barrois  Fran- 
çois ,  fur  les  frontières  de  Luxenbourg  &  du  Verdunois. 
Elle  a  été  autrefois  aflez  forte,  avec  un  château;  mais 
on  en  a  rafé  les  fortifications.  Elle  eft  à  deux  lieues  de 
Mont-Medi,  au  midi,  en  allant  vers  Dnmvitlers ,  &C 
à  un  peu  plus  de  Stenay ,   au  levant.  *  Baudrand,  éd. 


le  Verdunois.  Elle  faifoit  partie  du  patrimoine  des  com- 
Tomt  III.       I  i  i 


JAM 


434 

tes  d'Ardenne ,  &  appartenoit  à  Godefroi  le  Bofïu  , 
premier  mari  -de  la  célèbre  comtéfle  Mathilde.  Ce  fut 
lui  qui  ,  par  Ton  teftament ,  donna  en  pleine  propriété ,  à 
l'églife  de  Verdun  Jamets,  appellée  par  les  anciens  ,  en 
latin  Gtmmatïum.  *  Longuerue  ,  Descr.  de  la  France, 
Zpart.p.  203. 

Laurent  de  Liège,  dans  fa  Chronique,  rapporte  ce  fait 
en  ces  termes:  Dux  (Godefroi le  Bofiu  )  moriens  Gem- 
matium  prtcdium  fui  juris  Virdunenfi  ecclefia  contulh. 

Les  évêques  de  Verdun  donnèrent  en  nef,  Jamets  à 
des  chevaliers  ,  qui  fe  rendirent  fouverains.  Marguerite, 
héritière  de  ces  feigneurs,  donna  cette  fouveraineté  à 
fa  nièce  Marguerite  de  Mainonville  ,  par  laquelle  elle 
vint  à  la  maifon  de  la  Mark.  Elle  échut  en  partage  au 
cardinal  Erard  de  la  Mark,  évêque  de  Liège,  qui  la 
donna  à  Catherine  de  Crcu'i ,  femme  de  lbn  frère  Robert, 
feigneur  de  Sedan.  Cette  fouveraineté  demeura  dans  la 
mai  Ion  de  la  Mark,  jusqu'à  Guillaume-Robert  de  la  Mark , 
qui  avoit  par  fon  teftament,  fubftirué,_fon  coufin  le  duc 
de  Moritpenfier  pour  Jamets ,  àlà  foeur  Charlotte,  laquelle 
mourut  fans  enfans.  ( 

Le  duc  de  Montpenfier  vendit  cette  fouveraineté  a 
Henri ,  duc  de  Lorraine ,  qui  la  laiffa  à  ("es  filles  &  héri- 
tières. Le  duc  Charles  la  céda  à  Louis  XIII ,  par  le  traité 
de  1641  ,  confirmé  par  ceux  des  Pyrénées  &  de  Vin- 
cennes  ;  mais  le  feu  roi  Louis  XIV  donna  au  prince 
de  Condé  Jamets,  avec  les  mêmes  droits  que  Cler- 
mont  fk  Stenai  ;  ce  qui  fut  confirmé  au  traité  des  Py- 
rénées. ,. 

JAMEZ,  ville  d'Afrique  ,  au  royaume  de  Jereja,  dans 
le  pays  des  Flups ,  au  nord  de  la  rivière  de  Kafamanka , 
dont  "elle  eft  peu  éloignée.  Cette  ville  eft  une  espèce  de 
république,  fous  le  gouvernement  de  fes  anciens.  Les 
Poruuais ,  qui  s'y  font  établis ,  ont  des  maifons  fort 
agréables  ;  mais  ils  font  infeftés  par  les  Mosquites.  Cette 
ville  eft  l'endroit  de  tout  le  pays  qui  produit  le  plus  de 
cire;  il  s'y  tient  deux  fois  la  Semaine  un  marché  pour 
le  commerce.  Les  Portugais  qui  l'achètent  fans  prépara, 
tion,  la  purifient,  fk  la  font  transporter  à  Kachao. 
*  Voyage  de  Brue  en  Afrique.    ■ 

JAMFUENSIS.  Ortélius ,  Thefaur.  trouve  dans  Vifior 
d'Utique   un  fiége    épiscopal  de  ce  nom.  C'eft ,  fans 
doute ,  un  mot  corrompu  pour  Lamafiunjîs  ,    dont  la 
Conférence  de  Carthage  fait  mention. 
JAMI,  peuple  d'entre  les  Scythes. 
JAMIGIENSIS.  Ortélius ,  Thefaur.  en  fait  un   autre 
fiége  épiscopal  de  Numidie.  C'eft  encore  un  mot  cor- 
rompu. Il  faut  lire  Lamiggigenfis. 
JAMISSA.  Voyez  Thamesis. 
JAMMONA.  Voyez  Jamné. 

JAMNA ,  ville  ancienne  de  la  petite  ifle  Baléare , 
c'eft-à-dire  de  l'ifle  de  Minorque.  Ptolomée  la  nomme 
Jamna  ,  *Uiiva.  Pline,/,  3  ,  c.  5  ;Méla,  /.  2, c.  7  ,  écri- 
vent/iz/nno.  Elle  eft  nommée  Jammona ,  dans  une  Lettre 
de  S.  Sever,  évêque  de  cette  ifle  ,  rapportée  par  Baro- 
nius  ,  Annal.  1  ,  'J  ,  ad  ann.418.  On  croit  communé- 
ment que  c'eft  CitaJdla  ,  fur  la  côte  occidentale  de 
l'ifle.  Cela  s'accorde  avec  le  paffage  de  S.  Sever ,  que 
l'on  vient  de  citer.  In  hâc  itaque  infulâ  qua  omnium 
terrarum  parvitate  ,  ariditale  ,  asperitate  ,  pojlrema  eft , 
duo  parva  oppida  quibtts  à  Pœnis  indita  nomina  e 
reoiont ,  fundata  funt ,  Jammona  ad  occafum  ,  Migona 
ad  orientem  fpeclat.  C'eft-à-dire  :  dans  cette  ifle,  la  der- 
nière de  toutes  par  fa  petiteffe ,  fa  féchereffe  ,  fk  l'iné- 
galité de  fon  terrein  ;  on  a  fondé  deux  petites  villes , 
ausquelles  les  Carthaginois  ont  donné  des  noms  tirés 
de  leur  fituation  ,  Jammona  eft  du  côté  de  l'occident , 
&  Magona  du  côté  de  l'orient.  Je  lis,  avec  inditafunt  les 
mots  ï  regione ,  qui  fans  cela  n'ont  aucun  fens.  Les 
Phéniciens  appelloient  le  couchant  KÎ3>  Jamma  ,  comme 
le   remarque  très-bien  Bochart.  *Chanaan  1.  I,  c. 35, 


JAN 


AMNÊ, 
JAMNES, 


\  Voyez  l'article  fuivant. 


P.  704. 

J. 

JAMNI  . 

1.  J  AMNIA ,  Jemna a  ,  ou  Jabné  ,  ou  Jamné  ,  ou 
Jamni  ,  ou  Jamnes  ,  ancienne  ville  maritime,  dans  la 
Paleftine ,  entre  Azoth  &  Joppé.  Elle  a  un  allez  bon 
Port  de  mer.  Son  nom  ne  fe  trouve  pas  dans  le  texte 
hébreu  de  Jofué  ,  mais  feulement  dans  le  grec  ,  où  l'on 
met  Jamnai  après  Accaron  ,  dans  le  nombre  des  villes 


de  Juda.  Ofias ,  roi  de  Juda  ,  fils  d'Ama'ias,  la  prit  fur 
les  Philiftins  (a).  Jofeph ,  Ant.  1.  2 ,  c.  1  ,  dit  qu'elle 
fut  donnée  en  partage  à  la  tribu  de  Dan.  On  lit  dans 
les  Maccabées,  /.  2,  c.  12  ,  v.  9,  que  le  port  de  Jamnia 
étoit  à  deux  cents  quarante  ftades  de  Jérulalem.  Elle  eft 
marquée  comme  un  fiége  épiscopal ,  fous  la  métropole 
Céfarée  de  la  mer ,  dans  la  Notice  du  patriarchat  de  Jéru- 
falem,  fk  dans  celle  de  levêque  de  Catare.  *(a)/o/àe, 
c.  15  ,  v. 45.  (b)  Parai,  1.  2,  c.  26  ,  v.  6. 

2.  JAMNIA ,  bourg  de  la  Paleftine  ,  dans  la  haute 
Galilée ,  félon  Jofeph  ,  in  Vità  fuâ  &  de  Bello  ,1.2, 
c.  25  :  on  l'appelloit  auffi  Jamnith.  Le  P.  Roger, 
dans  fon  Voyage  de  la Terre-fainte ,  1.  1 ,  c.  132  ,  parle 
de  Jamni  ,  ville  de  la  tribu  de  Manaffé,  &  nommée 
Janin  par  les  Mores  fk  par  les  Arabes.  Ce  fut,  dit-il, 
en  ce  lieu  que  notre  Seigneur  allant  de  Galilée  en  Samarie, 
guérit  dix  lépreux, en  leur  difant:  Allez,  montrez-vous 
aux  prêtres.  11  n'y  a  plus  aucun  veftige,  qui  montre  pré- 
cifément  le  lieu  où  il  fit  ce  miracle.  Cette  ville  eft  fituée 
entre  deux  montagnes,  fur  le  chemin  qui  conduit  de 
Jérufalem  à  Damas  :  ce  n'eft  plus  qu'un  village  avec 
un  château  ou  une  petite  fortereffe,  commandée  par  un 
Soubachi  ,  dans  laquelle  on  entretient  quarante  ou  cin- 
quante foldats  couverts  ordinairement  de  chemifes  de 
mailles.  Il  n'y  a  ni  foffé  ,ni  autre  choie  qui  la  défende  : 
tous  les  Chrétiens  d'Europe  &  tous  les  Juifs  qui  paffent 
en  ce  lieu ,  font  obligés  d'y  payer  un  tribut. 

JAMNITH.  Voyez  l'article  précédent. 

JAMNO.  Voyez  Jamna. 

JAMPHORINA  Urbs,  ancienne  ville  de  Thrace, 
dans  la  Médique ,  dont  elle  étoit  la  capitale ,  félon  Tite- 
Live,  /.  26,  c.  25. 

JAMPOLI ,  ville  de  Grèce ,  dans  la  Livadie.  Voyez 
Hyampolis. 

JAMSORTENSIS,  fiége  épiscopal  d'Afrique,  en  Nu- 
midie. C'eft  une  faute;  il  faut  lire  Lamsortensis. 
*  Ortél.TheC. 

JAMVIRITANUS ,  de  même  ;  il  faut  lire  Lambiri- 

TANUS,  OU  LAMBIRITENSIS. 

JANAGAR,  ville  dans  l'Indouftan.  Voyez  Jaga- 

NAT.  I. 

JANCOMA,  ou  Jangoma,  contrée  d'Afie ,  dans 
les  états  du  roi  de  Pegu  ,  vers  les  frontières  des  royau- 
mes de  Siain  &  de  Tonquin,  le  long  du  Mécon.  Il  y  a 
une  ville  de  même  nom. 

Baudrand,  de  qui  nous  empruntons  cet  article,  l'a  pris 
lui-même  de  quelques  Cartes  défectueufes  ;  car  il  ne 
s'accorde  nullement  avec  les  bonnes  Cartes  fk  les  rela- 
tions fidèles.  Premièrement ,  il  y  a  toute  la  largeur  des 
royaumes  de  Laos  fk  de  Siam  ,  entre  le  Pegu  fk  le  Ton- 
quin. Ainfi  une  ville  ni  un  pays  du  Pegu  ne  fauroit  être 
à  la  frontière  du  Tonquin.  2.  La  rivière  de  Mécon  coule 
aux  royaumes  de  Meng,  de  Laos  &  de  Camboge,fk 
n'a  rien  de  commun  avec  les  états  du  roi  de  Pegu.  Pi- 
gafet  dans  fort  Voyage  autour  du  monde,  dit  qu'au-delà 
du  royaume  de  Siam ,  on  trouve  celui  de  Jangoma  fk 
de  Campaa  où  croît  la  rhubarbe  ;  mais  outre  qu'il  n'en 
parle  que  par  ouï-dire,  il  n'en  marque  ni  les  limites  ni  la 
capitale.  * Ramujîo  ,  délie  Navigationi  fk  Viaggi ,  vol.  1 , 
p.  369. 

JANDEURE  ,  Jamdunia  ,  abbaye  régulière  en 
France ,  de  l'ordre  de  Prémontré ,  dans  le  duché  de 
Bar,  au  diocèfe  de  Toul ,  (ùr  la  rivière  de  Sauls,  à  trois 
lieues  de  Bar-le-Duc,  vers  le  couchant  d'hyver.  *  Bau- 
drand, éd.  1705. 

JANGACAUNI,  ou  Angauçani  ,  ancien  peuple  de 
la  Mauritanie  Tingitane ,  félon  Ptolomée,  A4. 

JANEIRO,  (Rio)  rivière  de  l'Amérique  méridio- 
nale ,  au  Bréfîl.  Elle  eft  affez  grande ,  fi  l'on  confidere 
fa  largeur  ,  mais  fort  petite  ,  fi  l'on  regarde  l'étendue  de 
fon  cours,  qui  eft  du  nord  au  fud ,  à  l'orient  du  cap 
Frio.  L'entrée  de  cette  rivière  eft  défendue  par  le  fort 
Sainte-Croix  à  l'orient ,  fk  le  fort  Saint-Jean  à  l'occi- 
dent ;  plus  haut  &  au  nord  de  ce  dernier  ,  eft  le  fort 
Saint-Jago  ,  puis  la  ville  de  S.  Sebaftien  ,  capitale  de  la 
Capitainerie.  S.  Chriftophe  eft  au  nord  de  cette  ville, 
à  l'extrémité  de  l'inondation  que  fait  cette  rivière  en 
s'éJargiflant.  Jean  de  Léri  dans  fon  Voyage  du  Bréfil, 
C),p.  85  ,  édit.  de  1594,  dit  que  les  Bréfiliens  nom- 
ment cette  rivière  Ganabara,  &  que  les  Portugais  la 
nomment  Geneyre ,  parce  que  ,  (  comme  on  dit,  )  ils  la 


JAN 


JAN 


découvrirent  le  premier  jour  de  Janvier  qu'ils  nomment 
air.fi.  Comme  cet  auteur  ne  favoit  point  la  langue  des 
Pontigatois ,  c'eft  ainfi  qu'il  nomme  les  Portugais,  il 
a  pri.  le  nom  de  Janeiro ,  pour  celui  que  les  François 
lui  ont  donné  par  corruption.  Ce  mot  le  conduit  à  en 
faire  me  comparailon  avec  le  lac  de  Genève.  Selon  lui, 
Cette  rivière  eft  par  les  23  d.  au-delà  de  l'équateur;  elle 
a  environ  douze  lieues  de  long,  (ce  qui  doit  s'entendre 
du  lac  ou  de  l'inondation  qu'elle  forme ,  )  &  en  quelques 
endroits  lepr  ou  huit  de  large;  quoique  les  montagnes, 
qui  l'environnent  de  toutes  parts ,  ne  foient  pas  fi  hautes 
que  celles  qui  bornent  le  lac  de  Genève  ,  néanmoins  la 
terre  terme  qui  l'enferme  de  tous  côtés  ,  reflemble  allez, 
quant  à  la  fituation  ,  à  celle  qui  eft  autour  de  ce  lac. 
Comme  en  qui'tant  la  grande  mer  ,  il  faut  côtoyertrois 
petites  ifles  inhabitables  ,  contre  lesquelles  les  navires 
risquent  de  fe  brifer  ,  l'embouchure  en  eft  difficile  & 
dangereufe.  Après  cela,  il  faut  parler  un  détroit  d'un 
quart 'de  lieue  de  largeur  au  plus,  &  qui  eft  borné  du 
côté  gauche  en  entrant,  c'eft- à-dire  à  l'occident  d'une 
montagne  &  roche  pyramidale  d'une  hauteur  excefîîve, 
les  Ftançois  l'appellent  le  pot  de  beurre.  Un  peu  plus 
avant,  dans  la  rivière,  il  y  a  un  rocher  affez  plat,  qui 
peut  avoir  cent  ou  cent  vingt  pas  de  tour  ;  les  François 
le  non. nient  le  Ratier.  Une  lieue  plus  avant,  eft  une 
ifle  d'environ  demi- lieue  françoife  de  circuit,  fix  fois 
plus  longue  que  large,  entourée  de  petits  rochers  à  fleur 
d'eau ,  qui  empêchent  les  vaiffeaux  d'en  approcher  plus 
près  que  de  la  portée  du  canon  ;  ainfi  elle  eft  naturel- 
lement ttès-forte.  On  n'y  peut  abotder,  même  avec  de 
petites  barques ,  que  du  côté  du  port ,  qui  eft  à  l'oppo- 
îîte  de  l'avenue  de  la  mer.  Il  y  a  deux  montagnes  aux 
deux  bouts,  &  un  rocher  de  50  à  60  pieds  de  haut  au 
milieu.  C'eft  dans  cette  ifle  que  VHIegagnon  s'étoit  établi , 
l'an  1555  ,  avec  environ  quatre-vingt  François  ;  &  il 
nomma  cette  habitation  ColignI  ,  du  nom  de  Coligni , 
amiral  de  France  ,  fon  patron  &  bienfaiteur.  Léri  rap- 
porte un  trait  qui  ne  fait  pas  d"honneur  à  Thévet.  Ce 
cosmogtaphe ,  l'an  1558,  &  environ  deux  ans  après 
fon  retour  de  l'Amérique,  voulant  flatter  Henri  II,  qui 
régnoit  alors  en  France ,  drefTa  une  Carte  de  cette  rivière 
de  Ganabara  &du  fort  de  Coligni,  &c  mit  au  couchant 
en  terre_  ferme  une  ville  qu'il  nomma  Ville-Henri. 
Il  l'a  mile  encore  dans  fa  Cosmographie  ,  où  il  la  nomme 
Henri-ville.  Cependant  Léri  qui  ne  partit  du  Bréfil  qu'un 
an  &£  demi  après  Thévet,  afïure  qu'il  n'y  avoit  aucune 
forme  de  bâtiment,  encore  moins  ni  village  ni  ville  à 
l'endroit  où  Thévet  place  cette  ville  imaginaire.  Il  avoue 
néanmoins  qu'il  y  a  dans  ce  pays  une  montagne  ,  à 
laquelle  les  premiers  François  ,  qui  s'y  établirent,  don- 
nèrent le  nom  de  Mont-Henri.  Cette  dispute  entre 
Thévet  &  Léri  pouvoit  être  intéreflante  de  leur  tems; 
mais  les  Portugais,  qui  font  préfentement  les  maîtres  du 
Bréfil ,  ont  changé  tous  ces  noms  ,  qui  ne  fervent  plus 
qu'à  entendre  l'hiftoire  de  cette  colonie  qui  fubfifta  peu. 
Quatre  ou  cinq  lieues  plus  avant  que  le  fort  de  Coligni , 
il  y  a  une  autre  ifle  belle  &  fertile,  d'environ  fix  lieues 
détour;  &  les  François  la  nommèrent  la  grande  ifle  • 
il  y  avoit  plufieurs  villages  peuplés  de  naturels  du  pays  , 
avec  qui  les  François  étoient  amis.  Il  y  a  beaucoup 
d'autres  petites  ifles  inhabitables ,  où,  entre  autres  cho- 
fes,  on  trouve  des  huitres.  La  rivière,  dont  on  vient 
de  parler  jusqu'à  préfent  ,  eft  plutôt  un  golfe  qu'une  ri- 
vière ,  puisque  l'eau  y  eft  falée  ,  &  que  l'on  y  trouve  des 
poiflons  de  mer,  desrequiens ,  des  raies ,  des  marfouins , 
&  même   jusqu'à  des  baleine1;. 

Au  fond  de  ce  golfe,  que  Léri  appelle  allez  bien  un 
cul-de-jac  ,  font  deux  embouchures  de  rivières ,  qui  s'y 
perdent.  Ces  rivières  font  d'eau  douce  ,  &  Léri  qui  les 
a  remontées  environ  vingt  liei'es  dans  les  terres  ,  dit  que 
les  côtés  en  font  bordés  de  villages  habités  par  les  natu- 
rels du  pays. 

La  Ville  de  Rio  JANEïRO,  ville  de  l'Améri- 
que, au  Bréfil  ,  fur  le  golfe  nommé  Rio  Janeiro.  C'eft 
la  même  que  S.  Sebastien,  du  nom  de  Sebaftien, 
roi  de  Portugal;  mais  quelques  auteurs  la  nomment  du 
nom  de  la  rivière.  Le  P.  Jarric.  Hijl.  des  Indes  orient. 
1. 1 ,  c.  29 ,  dit  :  «  la  ville  que  les  Portugais  appellent  du 
»  Fleuve  Janvier ,  eft  313  cl.  de  hauteur  auftrale  ,  éloi- 
wgnée  de  la  baie  (c'eft-à-dire  de  S.  Salvador,)  ville  de 


431 


»la  baie  de  Tous  les  Saints;  quelques  quatre- vingt 
»  lieues  vers  le  lud.  Gn  l'a  ainfi  nommée  à  caufe  d'une 
«rivière  qui  coule  contre  icelle,  &  s'embouche  bientôt 
»  après  dans  la  mer  ,'que  les  habitans  appellent  G.ma- 
»bara.,  &c  nos  François  Genevre;  mais  les  Portugais 
»la  nomment  Janeiro  ,  qui  eftauffi  le  nom  qu'ils  don^ 
»  nent  au  premier  mois  de  l'an  ,que  nous  appelions  Jait- 

»vier En    cette  ville  du  fleuve  Janvier,   il  y  a 

»  un  collège  de  la  compagnie  (de  Jelùs)  fondé  par  le 
«roi  Sebaftien;  il  y  a  d'ordinaire  une  cinquantaine  de 
«religieux,  comprenant  ceux  qui  font  leur  deme.ireaux 
«réfidences  qui  en  dépendent.  .  .  .  Outre  les  occupas- 
sions qu'ils  ont  à  l'endroit  des  Portugais  ,  ils  s"em- 
«ploient  à  l'inftruft'on  de  deux  gros  bourgs  de  Bréfi- 
>> liens,  qu'il  y  a  toit  auprès  de  ladite  ville.»  L'an 
1585  ,  il  s  éleva  de  la  méhntelligence  entre  les  Portu- 
gais  de  cette  ville  ,  &C  les  Bréliliens^,  leurs  voilins ,  plus 
avancés  dans  l'intérieur  du  pays.  I  out  annonçoit  une 
rupture  ;  mais  quelques  Jéiùites  allèrent  trouver  ces 
Américains  ,  &  négocièrent  un  traité  de  paix.  Quatre 
ans  auparavant  ,  l'an  1 581  ,  le  commandant  de  la  ville 
étant  l'orti  avec  tout  fon  monde  pour  aller  mettre  à  la 
railbn  quelques  nations  voifines  qui  les  harce'oient,  la 
ville  étant  ainfi  dégarnie,  on  vit  paroicre  trois  vaifteauS 
François,  armés  en  guerre,  qui  vepoient  pour  le  re- 
mettre en  pofleffion  de  ce  que  les  Portugais  leuravoient 
enlevé.  Des  qu'ils  furent  près  de  l'embouchure  de  Rio 
Janeiro ,  ils  tirèrent  que'ques  coups  de  canon  ,  pour 
avertir  les  naturels  du  pays  de  leur  arrivée.  Perfonne  ne 
parodiant,  ils  allèrent  à  pleines  voiles  ver>  la  ville. 
L'allarme  y  fut  d'autant  plus  grande  qu'on  y  eut  une 
faufle  nouvelle  de  la  défaire  du  commandanr  &  de  fa 
troupe.  On  ne  laifla  point  de  faire  bonne  contenance. 
L'évêque  qui  commandoit  en  l'abiénee  du  gouverneur, 
les  femmes,  les  religieux,  fécondèrent  fi  bien  le  peu  de 
foldats  &  d'habitans ,  qui  étoit  demeuré  dans  la  ville  , 
que  la  flotte  y  fut  trompée.  Un  coup  de  canon  qu'oit 
lui  tira  des  murailles  ,  lui  fit  abaifTer  les  voiles;  &r.  de- 
mander la  paix:  elle  envoya  ,  pour  la  conclure  .  quelques 
tommes  à  qui  on  fe  garda  bien  de  laiffer  voir  la  foi- 
blefle  d'une  place  qui  étoit  hor-,  d'état  de  leur  réiîfter. 
C'eft  ainfi  que  les  François   manquerenr  leur  coup. 

La  Capitainerie  de  Rio  JANEïRO,  contrée 
de  l'Amérique  méridionale  au  Bréfil,  dont  elle  occupe 
la  côte,  depuis  Cabo  de  S.  Thomé,  jusqu'au  cap  qui 
eft  à  l'occident  de  la  baie  d'Ubatuba.  Outre  la  rivière 
ou  .golfe ,  que  nous  venons  de  décrire  ,  elle  contient  à 
l'orient  le  peuple  des  Guaitaiques  ;  ck  à  l'occident  les 
Vayanas.  En  fuivant  la  côte  d'occident  en  orient,  on 
trouve  la  baie  d'Ubatuba  ,  dans  laquelle  tombe  une  ri- 
vière; puis  un  golfe,  dont  la  côte  occidentale  court 
vers  le  nord,  jusqu'à  la  bourgade  de  Los  Reyes  qui 
eft  à  l'embouchure  d'une  rivière.  La  côte  courr  enùiite 
vers  le  levant,  jusqu'au  FORT  S.  Je  AN  ,  qui  eft  à  l'em- 
bouchure de  Rio  Janeiro.  Entre  Los  Reyes  &  ce  fort 
de  S.  Jean,  eft  la  bourgade  de  LA  CosChPTlON.  Ce 
gulfe  eft  borné  au  midi  par  une  ifle  ,  dont  la  longueur 
eft  d'occident  en  orient ,  qu'on  appelle  l'Islf.  grande. 
Depuis  l'entrée  de  Rio  Janeiro,  où  eft  le  fort  Sainte- 
Croix  ,  vis-à-vis  du  fort  S.  Jean  ,  une  longue  pointe 
s'avance  vers  l'eft ,  en  forme  d'une  presqu'ifle  longue 
&  étroite  nommée  le  Cap  Frio.  Au  nord  de  fa  pointe 
orientale  eft  la  ville  de  Sant-Salvador,  très  différente 
de  la  ville  de  même  nom  ,  qui  eft  à  la  baie  de  Tous  les 
Saints.  Le  Ion;;  de  la  côte,  qui  court  vers  le  nord-eft, 
on  ne  trouve  que  quelques  ides  dont  les  principales  font 
l'ifled'Ancora  &  l'ifle  de  Sainte-Anne.  Outre  les  rivières 
dont  nous  venons  de  parler  ,  la  grande  rivière  d'Aniembi, 
qui  fe  jette  dans  laParana  prend  ,  dit-on  ,  fa  fource  dans 
les  montagnes ,  qui  font  derrière  Sant-Salvador.  La  capi- 
tainerie de  Rio  Janeiro  eft  bornée  par  celles  de  Spiritu-  . 
Santo  ,  &  de  S-  Vincent. 

JANGACAUCANl,  peuple  de  la  Mauritanie  Tingt- 
tane  ,  fe'on  Ptolomée  ,  /.  4  ,  c.  1 . 

JANGCHING,  cité  de  la  Chine,  dans  la  province 
de  Channfi  .  au  département  de  Ce,  troifiéme  grande  cité 
delà  province.  Elle  eft  plus  occidentale  que  Pékin  de 
4  d.48'  par  les  36  d.  36' de  latitude.  *  Atlas  Sintnfis. 

JANGCO,  ville  de  la  Chine,   dans  la  province  de 
Channton  ,  au  département   d'Yencheu ,   féconde  mé« 
Tome  III,    I  i  i  ij 


JAN 


436 

tropole  de  la  province.  Elle  eft  de  46'  plus  occiden- 
dale  que  Pékin,  fous  les  36 d.  40'  de  latitude.  *  Atlas 
Sinenjis. 

JANGHO  ,  fortereffe  de  la  Chine,  dans  la  province 
de  Channfi ,  au  département  de  Gueiy  ven ,  première  for- 
tereffe. Elle  eft  plus  occidentale  que  Pékin  de  3  d.  52', 
par  les  40  d.  33'  de  latitude.  *  Atlas  Si wnjîs. 

JANGIARIK,  petite  province  du  pays  deCharasm, 
fur  les  frontières  de  la  grande  Bucharie,  au  pied  des 
montagnes  qui  feparent  ces  dem  états  vers  lé  nord  de 
la  rivière  d'Amn.  *  Hift.  généalogique  des  Tatars , 
p.  640. 

JANGISCHAR ,  petite  ville  du  pays  de  Charasm , 
vers  la  rive  droite  du  bras  méridional  de  l'Amn.  Elle  eft 
à  préfent  fort  peu  importante.  *  Hift.  généalogique  des 
Tatars,  p.  571. 

JANGOMA.  Voyez  Jancoma. 

JANC-UU,  ville  de  la  Chine,  dans  la  province  de 
Honan,  au  département  de  Caifung,  première  métro- 
pole de  la  province.  Elle  eft  plus  occidentale  que 
Pékin  ,  de  3  d.  16'  par  les  36  d.  6' de  latitude.  *  Atlas 
Sinerfîs. 

JANGXAN,  ville  de  la  Chine,  dans  la  province 
de  Quanton  ,.  au  département  de  Quangcheu ,  première 
métropole  de  la  province.  Elle  eft  plus  occidentale  que 
Pékin  ,  de  4  d.  15' ,  par  les  15  d.  de  latitude.  *  Atlas 
Sinenjis. 

JANICULA ,  ancien  nom  de  la  Toscane  ,  félon  Léan- 
dre  Alberti. 

JANICULENSIS  Pons,  pont  de  la  ville  de  Rome: 
on  le  nomme  préfentement  Ponte-Sijlo.  L'ancien  nom 
lui  fut  donné  ,  parce  qu'il  menoit  au  Jamcule.  Marliam 
&  quelques  autres  croient  qu'Antonin  l'avoit  fait  de 
marbre.  Il  fut  rompu  avec  le  tems  ,  &  demeura  en  cet 
état  jusqu'à  ce  que  le  pape  Sixte  IV  le  rebâtit  ;  de-là 
lui  vient  le  nom  moderne.  *  Descri^ione  di  Roma  an- 
tica ,  p.  128. 

JANICULE  ,  montagne  de -la  ville  de  Rome,  quoi- 
qu'elle ne  foit  pas  comprife  dans  le  nombre  des  fept , 
qui  ont  fait  donner  autrefois  à  cette  capitale  le  nom  de 
la  ville ,  aux  fept  montagnes ,  Urbs  fepdcollis.  Cette 
montagne  avoit  pris  Ion  nom  de  Janus  ,  qui  y  avoit 
tenu  autrefois  fa  cour,  vis-à-vis  du  capitole  qui  étoit 
alors  occupé  par  Saturne.  Ils  avoient  chacun  une  ville  ; 
&  quoique  ni  l'une  ni  l'autre  ne  fubfiftaffent  plus  peu 
après  la  guerre  de  Troie  ,  Virgile  n'a  pas  laifle  d'en  con- 
ferver  la  tradition  ,  qui  duroit  encore  de  fon  tems.  Evan- 
dre  ,  dit-il  dans  fon  Enéide  ,  /.  8,  v.  3  <;  5  ,  fit  remarquer 
à  Enée  les  ruines  de  ces  deux  villes.  Voyez.,  dit  ce  roi 
au  héros  Troyen,  ces  deux  villes  dont  les  murs  font 
renverfés.  Leurs  ruines  même  font  des  marques  du  régne 
de  deuxanciens  monarques  ;  celle-ci  fut  bâtie  par  Janus, 
&  celle-là  par  Saturne  ;  l'une  fut  nommée  Janicule ,  &C 
l'autre  fut  appellée  Sa 


JAN 


JANINEA ,  ville  de  l'Arabie  heureufe ,  fdon  le  faux 
Berofe  cité  par  Ortélius ,  Thefaur. 

JANIZl,  Tisbé,  ou  Thisbé,  village  de  Grèce, 
dans  la  Livadie  ,près  du  golfe  de  Lépanthe  &de  l'ifthme 
de  Corinthe.  Baudrand.  éd.  1705  ,  croit  que  c'étoit 
anciennement  la  Thisbé  de    Béotie.  Vovez  Thisbé. 

JANIZZA  ,  ville  de  la  Turquie  ,  en  Europe  ,  dans  la 
Macédoine  ,  à  huit  lieues  de  Caraveria,  (élon  Baudrand, 
éd.  1705.  Del'Ifle,  Carte  de  la  Grèce  ,  \anomme  Jéni^ar, 
clans  le  Comenohtan.  Elle  eft  nouvelle,  comme  fon  nom 
le  lignifie  allez. 

JANNA,  (la)  contrée  de  la  Turquie,  en  Europe, 
dans  la  Macédoine  ,  dont  elle  occupe  la  partie  méridio- 
nale; elle  prend  fon  nom  delà  ville  Janna  ou  Jannina, 
dont  nous  parlerons  ci-après.  Elle  eft  bornée  au  nord 
par  le  mont  Dragoniza;  à  l'orient  par  l'Archipel,  au 
midi  par  le  golfe  de  Zeiton ,  &C  une  ligne  tirée  du  fond 
de  ce  golfe  ,  jusqu'à  la  Carnia  ,  qui  eft  de  l'Albanie  ;  & 
ce  dernier  pays  termine  la  Janna  au  fud-oueft  St  àl'oueft. 
La  Janna  répond  à  la  Theffalie  des  anciens.  Ses  prin- 
cipales rivières  font  la  Selampria,  le  Penée  des  Grecs, 
l'Epidène ,  qui  eft  leur  Apidanus ,  &  l'Agriomela ,  qui 
eft  leur  Sperchius.  Les  principaux  lieux  de  cette  pro- 
vince font, 


Hac  duo  prtztereà  disjeclis  oppida 

Relliquias  veterumque  vides  monimenta  1 

Hanc  Janus pater ,  hanc  Saturnus condidit  urbem : 

Janiculum  huic  ,illifuerat  Saturnianomen. 

Cela  s'accorde  avec  ce  que  Tertullien  dit  dans  fon 
Apologétique  ,  que  Saturne  étoit  un  homme  venu  de 
Crète  en  Italie  ,  où  Janus  le  reçut.  Chacun  d'eux  bâtit 
une  ville  ,  &  l'appella  de  fon  nom.  Cette  oppofition  de 
deux  villes  donna  lieu  au  nom  d' Antipolis  ,  dont  Pline 
fe  fert  pour  marquer  le  Janicule.  Voyez  Antipolis  2. 
Cette  montagne  avoit  beaucoup  d'étendue ,  compre- 
noit  fous  elle  le  Vatican  ,  &  fe  terminoit  auprès  de  l'églife 
de  Santo-Spiritu  in  SaJJia ,  où  commençoit  le  Vatican. 
Numa  Pompilius  y  fut  enterré,  félon  Denys  d'Halicar- 
naffe  ,  /.  2  ,  in  fine  ;  &l  Pline ,  /.  13  ,  c.  13.  Tite-Live 
&  Selin  difent  que  ce  fut  au  pied  de  cette  montagne. 
Eusèbe  dans  fa  chronique  y  met  auffi  la  fépulture  du 
poète  Stace.  Viftor  place  au  Janicule  les  jardins  de 
Géta ,  que  le  Nardini  &c  le  Donati  croient  avoir  été 
près  de  la  porte  Septimienne.  On  pofoit  au  Janicule  un 
corps  de  garde,  au  tems  des  comices ,  &  on  y  montoit 
la  garde  pour  la  fureté  de  la  ville  &  de  la  rivière  qui 
coule  au  bas.  Voyez  Rome. 

JANINA,  ou  Joanina.  Voyez  Jannina. 


(  fur  la 


Selampria. 


La  Janna  ou  Jannina  ,  ' 
Tricala , 
Ternova , 
Lariffe ,  capitale  , 

Démétriade,  \ 

Volo ,  s  autour  du  golfe  de  Volo  , 

L'Armiro,       } 

Acladi, 
Achinau , 

Stallida , 
Zeiton , 

Farza , 
Jenizar , 
Bodinitza, 


le  long  du  golfe  de  Zeyton. 


dans  les  terres. 


JANNINA,  ou  Janna,  ville  de  la  Turquie,  en 
Europe  ,  dans  la  Janna.  Elle  eft  fituée  dans  une  ifle  que 
forme  la  Selampria ,  encore  voifine  de  fa  fource ,  à-peu- 
près  au  même  endroit  où  étoit  Caffiope ,  capitale  de  la 
Cafliopée.  Cette  ville  eft  plus  grande  que  celle  d'Arta, 
&  eft  habitée  par  de  riches  marchands  Grecs.  C'étoit 
autrefois  un  é  vêche  fuffragant  de  Naupa&e ,  comme  on  lit 
dans  la  Notice  d'Andronic  Paléologue  l'Ancien,  n.  53. 
Joanninorum  çitm  Naupacti  episcopatui  fubderetur  ho- 
nore metropolitano  konejlata  ejl  :  0  laaniav  sV/o-xow» 
tZaa.  Toû"  tia.v7tay.-nt  ,  îî/juhSm.  On  croit  que  ce  fut  ce 
même  empereur  qui  l'éleva  à  la  dignité  de  métropole. 
La  Notice  de  l'état  préfent  du  patriarchat  de  Conftanti- 
nople  met  pour  fuffragans  de  Jannina  Botrontus ,  ou  Bu- 
trinto,  Belle,  Chimara  &  Drynppolis.  On  y  remarque 
que  Joannina  étoit  autrefois  une  ville  de  l'jEtolie, 
nommée   CASSIOPE. 

Spon  ,  Voyage ,  t.  1 ,  p.  83  ,  nomme  autrement  les 
quatre  évêchés ,  que  cette  métropole  a  fous  elle ,  Ar- 
giro  Cajiro  ,  ville  de  médiocre  grandeur  ;  Delbeno  qui 
h'eft  qu'une  bicoque  ;  Butrinto  ,  fous  lequel  font  les 
villages  de  la  Chimère  ;  Glikeon  qui  prend,  fon  nom  d'une 
rivière  nommée  Glyki  ;  &  ce  dernier  diocèfe  s'étend 
depuis  Paramithia  jusqu'à  Parga ,  fortereffe  des  Vénitiens, 
au   bord  de  la  mer. 

JANO.  Voyez  Janoé  2. 

JANOBA  ,  ville  ancienne  de  la  Gaule ,  fur  le  Rhône, 
félon  Grégoire  de  Tours,  cité  par  Ortélius,  Thefaur. 

1.  JANOÉ,  lieu  de  la  Paleftine,  félon  Jofué ,  c.  16, 
v.  6.  C'étoit,  félon  D.  Calmet,  Dicl.  de  la  Bible, uns 
ville  de  la  tribu  d'Ephraïm ,  fur  la  frontière  de  la  demi- 
tribu  de  Manaffé.  Voyez  Janum. 

2.  JANOÉ:  Eusèbe  met  un  village  de  Jano,  dans 
la  Paleftine,  à  douze  milles  de  Sichem  ou  de  Naploufe, 
dans  l'Acrabatène. 

3.  JANOÉ  ou  Janua:  autre  ville  de  la  Paleftine, 
félon  le  même,  à  trois  milles  de  Légion,  vers  le  midi. 
Voyez  Janum. 


Jao 


JAP 


4.  JANOÉ  ,  ville  de  la  Paleftine ,  dans  la  tribu  de 
Nephtali;  il  en  eft  fait  mention  au  quatrième  Livre  des 
Rois  ,  c.  1 5 ,  v.  29.  Toutes  les  villes  qui  font  nommées 
en  cet  endroit,  étant  de  cette  tribu,  il  eft  très-vrai- 
femblable  qu'elle  en  étoit  auffi.  Eusèbe  dit  de  la  pre- 
mière Janoé ,  qu'il  nomme  Janon,  qu'elle  fut  prife  par 
îe  roi  -des  Aflyriens.  Le  P.  Bonfrérius  dans  fes  favantes 
Notes  fur  Eusèbe ,  aime  mieux  croire  que  Ce  fut  celle 
dont  il  s'agit  ici. 

JANOK.INSKO.  Corneille  dit  :  ville  de  la  Sibérie , 
fituée  fur  la  rivière  de  Jenska ,  le  long  de  laquelle  ha- 
bite un  grand  peuple.  Cette  rivière  eft  fort  commode 
pour  la  navigation.  La  nation  des  Oftiaques  s'étend  jus- 
ques-Ià  depuis  la  ville  de  Tobosko  ,  qui  eft  la  capitale  de 
la  Sibérie.  Il  cite  enfuite  Adam  Brand,  Voyage  de  la 
Moscovie  à  la  Chine.  La  rivière  nommée  ,  eft  Jenisea 
fur  les  Cartes  récentes.  De  l'Ifle  nomme  la  ville  Se  la 
rivière  du  même  nom  Jeniscea.  La  nouvelle  Carte  de 
l'empire  Ruffien  nomme  la  rivière  Jenifta  Se  la  ville 
Jenifeskoy  ;  la  Carte  d'Isbrands  Ides  écrit  de  même  lé- 
nifia pour  la  rivière ,  &  JENISESKOY  pour  la  ville.  Voyez 
Jeniscea. 

JANOVITZ ,  petite  ville  de  Bohême ,  félon  Zeyler, 
Bohem.  Topogr.  p.  37.  Elle  eft  au  cercle  de  Kaurs- 
chim  ou  Caurfim  ,  à  fix  milles  de  Prague ,  au  levant 
d'hyver  en  allant  vers  la  Moravie.  L'armée  impériale  y 
lut  entièrement  défaite  Se  taillée  en  pièces  ,  parle  géné- 
ral Léonard  Torftenfon, Suédois, en  1645.* Baudrand, 
éd.  1705. 

JANTRA  ,  (la)  rivière  de  la  Turquie  en  Europe ,  dans 
la  Bulgarie.  Elle  a  fa  fource  dans  la  montagne  de  Bal- 
kan ,  fur  la  frontière  de  la  Romanie  ,  d'où  coulant  vers 
le  nord ,  elle  arrofe  Ternovo ,  puis  reçoit  la  Roffita  , 
avec  laquelle  elle  va  fe  perdre  dans  le  Danube,  entre 
les  bourgades  Zifto  Se  Merlan ,  au-deffus  Se  au  cou- 
chant de  Rotzig.  Les  anciens  l'ont  connue  fous  le 
nom  de  Jatrus  ;  Se  Nicopolis  furnommée  ad  Hœ- 
mum  ,  étoit  près  de  fa  fource.  *  Robert  de  Vaugondy , 
Atlas. 

1.  JANUA.  Voyez  Janum. 

1.  JANUA,  pour  Genua.  Voyez  Gènes. 

JANVILLE  ,  petite  ville  de  France,  dans  la  haute 
Beaufle ,  dans  l'élection  d'Orléans  ,  au  couchant ,  Se  à 
une  lieue  du  bourg  de  Thoury ,  qui  eft  fur  la  route  d'Or- 
léans à  Etampes.  Selon  André  Duchesne,  Antiq.  des 
■villes  &  châteaux  de  France  ,  p.  191 ,  quelques  -  uns 
écrivent  GenviLLE,  d'autres  Yenville:  elle  reffortitau 
fîége  préfidial  d'Orléans.  Henri  IV ,  ayant  pris  Etam- 
pes, l'an  1589,  en  partit  le  famedi  10  Novembre,  Se 
arriva ,  devant  cette  petite  ville  ,  le  dimanche.  Le  com- 
mandant qui  y  étoit ,  fit  mine  de  la  vouloir  défendre  ; 
mais  ayant  vu  approcher  le  canon ,  il  la  rendit,  Se  fortit 
avec  fes  deux  cents  arquebufiers.  S.  M.  y  entra  le  len- 
demain ,  Se  en  partit  après  avoir  laiffé  garnifon  dans 
le  château,  qui  étoit  alors  affez  bon;  mais  on  l'alaiffé 
dépérir;  Se  on  en  voit  encore  de  grands  reftes  au  rapport 
de  Corneille. 

JANUM,  ancienne  ville  de  la  Paleftine  ,  dans  la  tribu 
de  Juda.  Eusèbe,  Onomafl.  p.  9},  parlant  de  cette 
■ville,  dit  qu'il  y  avoit  un  village  nommé  Janua ,  à 
trois  milles  de  Légion ,  vers  le  midi.  Ce  ne  peut  avoir 
été  le  même  lieu  ;  car  Légion  étoit  près  du  mont 
Thabor ,  Se  par  conséquent  bien  loin  de  la  tribu  de 
Juda.  L'Ecriture-fainte  ne  fait  aucune  mention  d'un 
lieu  nommé  ainfî  près  de  Légion  Se  du  Thabor.  *  Jofué, 
c.  15,  v.  53. 

JANUS  :  Athénée ,  /.  1 5  ,  appelle  ainfi  le  Tibre  ,  dans 
un  paflage ,  où  il  dit ,  que  l'on  appelle  Janus  la  rivière 
&  la  montagne  où  Janus  habitoit. 

JANUS-AUGUSTUS,  ancien  lieu  d'Espagne,  fur 
le  Guadalquivir,  à  foixante-trois  mille  pas  de  l'Océan , 
félon  une  ancienne  inscription ,  que  l'on  conferve  à  Cor- 
doue.  La  diftance  fait  juger  que  ce  lieu  ne  devoit  pas 
être  fort  éloigné  de  cette  ville.  *  Ortél.  Thef. 

JANUSSA  ,  ancien  nom  de  la  Tamife ,  rivière  d'An- 
gleterre. *  Corn.  Dift. 

JANXUATIS,  ancienne  ville  de  laLibye,  felonEtienne 
le  Géographei 

JAOCHEU  ,  ville  de  la  Chine ,  dans  la  province  de 
Kiangfi,  dont  elle  eft  la  féconde  métropole.  Elle  eft, 


437 

félon  l'Atlas  Chinois ,  plus  occidentale  que  Pékin  de 
31'  &  à  19  d.  40'  de  latitude.  Elle  eft  fituée  à  l'orient 
de  Poyang  ou  Pengly,  Se  au  nord  de  la  rivière  de  La- 
gan,  qui  fe  décharge  dans  ce  lac.  Cette  ville  ,  dit  le  P. 
Martini ,  eft  fur  le  bord  feptentrional  du  fleuve  Po,  Elle 
eft  belle  Se  fituée  dans  un  pays  de  plaines ,  arrofé  par 
quantité  de  ruiffeaux  Se  de  rivières  qui  le  rendent  très- 
fertile.  Il  y  a  fept  villes  dans  ce  département  : 

Jaocheu  Feuléang, 

Jûkan,  Tehing, 

Lopin,  Gangin^ 

Vannien. 

Cette  ville  a  été  la  réfidence  d'un  roi  de  la  famille  de 
Taiminga;  mais  ce  qui  la  rend  plus  célèbre,  c'eft  la 
fabrique  des  porcelaines  les  plus  belles  de  toute  la  Chine, 
qui  fe  font  aux  environs  de  Feuléang.  Quoiqu'on  ait 
ailleurs  la  terre ,  dont  on  les  fait ,  on  ne  peut  réuffir  à 
leur  donner  la  même  beauté  ;  mais  voici  ce  qui  furprend. 
Cette  terre  ne  fe  prend  pas  dans  le  territoire  où  elles 
fe  fabriquent  ;  on  l'apporte  de  Hoeicheu,  ville  de  la 
province  de  Kiangnan  ,  où  ,  malgré  l'abondance  de  cette 
terre ,  on  ne  fauroit  faire  de  porcelaine.  On  croit  que 
cela  vient  des  différentes  propriétés  des  eaux.  C'eft  donc 
le  territoire  de  cette  ville  qui  fournit  toute  la  vaiflèlle 
dont  fe  fervent  les  Chinois,  Se  même  les  payfans  &C 
la  populace.  On  en  fait  de  diverfes  couleurs ,  quoique 
toutes  foient  d'une  argile  très-fine,  Se  un  peu  transpa- 
rente. Les  Jaunes,  ornées  de  diverfes  figures  de  dragons 
font  pour  l'ufage  du  palais  impérial.  Voyez  les  Mémoires 
du  P.  le  Comte ,  Lett.  VI.  Celles  qui  font  pour  le  peuple  , 
font  ornées  de  rouge  ou  de  bleu ,  Se  les  Chinois  y  em- 
ploient de  la  guede,  qui  fe  trouve  en  abondance,  fur- 
tout  dans  les  provinces  du  midi ,  Se  dont  ils  fe  fervent 
auffi  pour  teindreleurs  habits.  C'eft  une  erreur  de  croire 
que  la  matière  de  la  porcelaine  fe  faffe  de  coquilles 
d'eeufs ,  ou  de  coquillages  de  mer  ,  Se  qu'on  la  laiffe  re- 
poser ç^nt  ans  avant  que  d'en  faire  ufage.  C'eft  une  terre 
qui  fe  tire  naturellement  auprès  d'une  ville  voifine  de 
Hoeicheu  ;  elle  n"eft  pas  graffe  comme  de  la  craie  ,  mais 
comme  un  fable  luifant,  qu'ils  broient  &  pétriifent ,  en 
le  mouillant.  Ils  réduifent  auffi  en  poudre  les  porcelaines 
caffées ,  Se  en  font  de  neuves  ;  mais  elles  ont  rarement 
l'éclat  &  la  beauté  des  premières.  Ce  qui  furprend,  c'eft 
qu'on  y  peut  faire  bouillir  le  manger,  Se  que  les  pièces 
caffées  peuvent  fe  rejoindre  d'une  telle  manière,  par  de 
petits  doux  de  cuivre  ,  ou  du  fil,  qu'elles  tiennent  encore 
la  liqueur.  L'art  de  les  recoudre  ainfi  ,  tait  vivre  Un  grand 
nombre  de  gens  qui  courent  les  provinces  de  la  Chine, 
&  n'ont  point  d'autre  profeffion,  ils  font  pour  cela  des 
trous,  presque  imperceptibles ,  avec  un  inftrument  dont  la 
pointe  eft  de  diamant. 

Cette  contrée  appartenoit  autrefois  aux  rois  d'U. 
La  famille  de  Cin  la  nomma  Poyang  ,  nom  que  le 
grand  lac  voifin  a  conferve.  Le  nom  qu'elle  porte  au- 
jourd'hui, lui  a  été  donné  par  la  famille  de  Sunga.  Elle 
eft  enfermée  au  nord  ,  Se  à  l'orient  par  des  mon- 
tagnes. 

5  "JAOLCHUS  ,  ville  de  Grèce  dont  il  eft  parlé  dans 
l'Iliade  d'Homère,  l.z.  C'eft  la  même  qu'IoLCOS  ,  an- 
cienne ville  deTheffalie.  Voyez  ce  mot. 

JAON  ,  rivière  du  Péloponnèfe  ,  dans  l'Arcadie ,  félon 
Denys  &   Calliinaque.  Voyez  DlAGON. 

JAONENSES  ,  liait  :  c'eft  ainfi  qu'Homère  a 
nommé  les  Athéniens,  au  rapport  de  Strabon ,  /.  9,  ^.392.. 
Voyez  Ias 

JAOPING,  ville  de  la  Chine,  dans  la  province  de 
Quanton,  au  département  de  Chaocheu  ,  cinquième 
métropole  delà  province.  Elle  eft  plus  occidentale  que 
Pékin  de  1  d.  36' ,  parles  14  d.  22'  de  latitude.  *  Atlas 
Sinenfis. 

JAOYANG,  ville  de  la  Chine,  dans  le  Pekeli,  au 
département  de  Chinting ,  quatrième  métropole  de  la 
province.  Elle  eft  plus  occidentale  que  Pékin  ,  de  1  d. 
13'    parles   38  d.  45'  de  latitude.  * Atlas  Sinenfis. 

JAPARA,ouJapare,  ville  des  Indes,  dans  la  grande 
ifle  de  Java,  fur  la  côte  feptentrionale ,  Se  fur  une  ri- 
vière de  même  nom  ,  à  cinq  lieues  Se  à  l'oueft  de  Caïaon, 
fur  une  pointe  qui  s'étend  trois  lieues  en  mer,  félonies 


43 8  JAP 

Voyages  de  la  Compagnie  Hollandoife,  t.i.p.  336. 
Voici' la  description  qu'en  fait  Gautier  Schouten ,  dans 
fon  Voyage  des  Indes,  t. 1,^.48. 

La  ville  de  Japare  eft  pafiablement  murée  ,  fur-tout 
du  côté  de  la  mer ,  &  les  maifons  font  bâties  de  pierre 
ck  de  chaux.  Elle  eft  arrofée  d'une  rivière  qui  .descend 
des  montagnes,  ck  va  fe  jetter  dans  la  mer,  fon  em- 
bouchure étant  un  très-bon  port,  capable  de  recevoir 
toutes  fortes  de  vaiffeaux.  Les  rues  ,  les  remparts ,  les 
places  publiques ,  les  chemins ,  les  maifons  de  cam- 
pagne ,  tout  eft  orné  de  beaux  arbres ,  de  jardinages  & 
de  fruits. 

Les  places  où  l'on  tient  le  marché  fourmillent  de 
peuples  de  toutes  les  nations- des  Indes  ,  Javanois,  Per- 
fans,  Arabes,  Gufarattes,  Chinois,  habitans  de  Coro- 
mandel  ck  d'Achin ,  Malais ,  Peguans ,  &c.  On  y  trouve 
presque  toutes  les  fortes  de  marcharidifes  qui  fe  trou- 
vent dans  l'Ane ,  ck  même  dans  tous  les  endroits  du 
monde.  Pour  les  rues,  il  y  ,'en  a  peu  de  belles,  parce 
que  les  maifons  font  fpacieufes  ck  toutes  ifolées  ,  fans 
aucun  alignement  les  unes  avec  les  autres,  &  à-peu- 
près  comme  un  labyrinthe. 

I!  ne  fait  pas  fur  pour  les  étrangers  de  s'engager  dans 
ces  détours.  La  jaloufie  des  Chinois ,  auffi-bien  que  des 
Javanois  ,  eft  trop  à  craindre.  En  effet  il  n'eft  pas  pos- 
fible  aux  femmes  de  fe  contenir,  lorsqu'elles  trouvent 
des  hommes  ,  ck  fur-tout  des  Chrétiens ,  auprès  de  leurs 
maifons  ou  derrière;  Se  elles  ne  manquent  jamais  d'en 
venir  jusqu'à  l'extravagance  ,  fi  l'on  retufe  de  fatisfaire 
leur  paffion.  Cependant  elles  font  fi  défagréables  &c  fi 
laides  ,  que  ceux  qui  ont  le  plus  de  penchant  à  la  débau- 
che ,  les  rebutent  fouvent. 

La  plupart  des  habitans  de  Japare  font  Mahométans , 
&  font  circoncire  leurs  enfans,  y  étant  induits  par  les 
religieux  ck  prêtres  Mores  qui  courent  les  Indes  ,  ck 
marquent  un  grand  zélé  pour  la  loi  de  Mahomet  :  il  y 
a  une  mosquée  où  les  Mores  ck  les  Javanois  Mahomé- 
tans font  les  exercices  de  leur  religion.  Cette  mosquée 
eft  au  milieu  d'une  belle  cour,  ck  enfermçe  d'urrg  mu- 
raille de  pierre. 

L'accès  d'un  lieu  fi  faint,  félon  le  fentiment  de' ces 
gens-là ,  ne  doit  pas,  être  permis  aux  Chrétiens  :  ils  n'ofe- 
roient  feulement  entrer  dans  la  cour  qui  l'environne,  Si 
quelqu'un  l'entreprend  ,  les  prêtres  Mores  le  pourfui- 
-vent,  foit  que  cefoit  un  Chrétien  ou  un  autre  incirconcis 
qui  ne  foit  pas  de  la  religion  des  Mores ,  &  ils  deman- 
dent qu'il  foit  brûlé  ,  ou  que  du  moins  on  lui  ôte  la 
■vie.  Ils  veulent  même  auffi  que  la  mosquée ,  qui  a  été 
profanée  foit  auffi  détruite  par  le  feu ,  à  moins  qu'elle 
ne'  foit  de  nouveau  purifiée  ck  confacrée  par  des  céré- 
monies extraordinaires,  par  des  prières  6k  des  dévotions 
publiques. 

C'eft  un  espace  carré  où  il  y  avoit  une  chaire  de  pré- 
dicateur ck  des  bancs  à  l'entour.  L'édifice  étoit  auffi  carré 
par  dehors,  s'élevant  â-peu-près  comme  une  tour  ou 
un.  clocher  ,  ck  ayant  d'espace  en  espace  quatre  ou  cinq 
plateformes  les  unes  au-deffus  des  autres. 

A  l'oueft  ck  à  cinq  lieues  de  Japare  eft  la  ville  dePati  ; 
&   de   Japare  à  Mataran ,  autrefois  ville  impériale  de 


JAP 


avancé  la  Japidie  jusqu'au  golfe  Flanatique.  Straboneft 
de  ceux-là,  comme  on  vient  de  voir.  Dion  Caflius , 
/.  49  ,  p.  41 1 ,  parlant  de  la  conquête  qu'Augufte  fit  de 
leur  pays,  dit:  il  porta  la  guerre  chez  les  Japydes:  il  n'eut 
pas  beaucoup  de  peine  à  foumettre  ceux  qui  étoient  en 
deçà  des  monts ,  peu  loin  de  la-mer  ;  mais  ceux  qui  habi- 
toient  dans  les  montagnes  ck  au-delà  ne  furent  domptés 
qu'après  d'extrêmes  travaux.  Cette  description  eft  prê- 
che, les  Japydes  ou  Japodes  s'étendoient  en-deçà  & 
au-delà  des  montagnes ,  &  jusqu'auprès  de  la  mer; mais 
ils  n'en  poffédoient  point  le  rivage ,  fi  nous  en  croyons 
cet  hiftorien. 

Strabon,  A4, p. 1.07,  314  «S- 3 1 5  ,  fait  connoîtreque 
cette  nation  étoit  originaire  en  partie  des  Gaules ,  ck  en 
partie  de  l'Illyrie  ;  que  la  côte  qu'elle  poflédoit  avoit  mille 
ftades  d'étendue;  qu'elle  vivoit  pauvrement  d'épeautre 
ck  de  millet ,  mais  qu'elle  étoit  très-belliqueufe ,  ck  qu'en- 
fin le  pays  qu'elle  habitoitfaifoit  partie  des  Alpes.  Comme 
ils  s'étoient  adonnés  au  brigandage,  Augufte  ,  lafledes 
plaintes  que  faifoient  leurs  voilins  ,  entreprit  de  les  ré- 
duire ,  ck  en  vint  à  bout.  En  affiégeant  MauUium  ,  l'une 
de  leurs  villes  ,  il  fut  lui-même  bleffé  ;  Se  ce  ne  fut  qu'à 
force  de  courage  qu'il  les  réduifit  à  demander  la  paix; 
&  comme  on  voulut  leur  impofer  de  trop  dures  con- 
ditions ,  plutôt  que  de  les  accepter  ,  ils  aimèrent  mieux 
fe  brûler  eux  ck  leur  ville.  Depuis  ce  tems-là  ils  de- 
meurèrent fournis  aux  Romains. 

Le  P.  Briet ,  Parall.  z.  part.  1.  1 ,  p.  267 ,  qui  fuit  le 
fentiment  de  Strabon,  ck  les  étend  jusqu'à  la  mer,  croit 
que  leur  pays  répond  à  la  Croatie ,  ck  à  une  partie  de 
l'Iftrie  ck  du  Vindismarck  ;  félon  lui ,  leurs  villes  étoient  : 

[Aulona ,  aujourd'hui  Albona. 

IFlanona ,  aujourdhui  Fianona. 
Terfatica ,  aujourdhui  Fiume. 
Senia ,  aujourd'hui  Segna. 
|  Lopfica  ,  aujourdhui  Lopfico. 
Au  bord  de  la  mer.  )  Theaulus,  rivière  qui ,  félon  Pline  , 
1     bornoitles  Japodes:  on  la  nomme 

Odria. 
I  Ortopola;  fes  ruines  s'appellent  Or* 
î      topo/a  la  Vàa. 
\Vegia,  aujourd'hui  Ve^a. 


Dans  les  terres. 


Mes. 


ÇMetulum ,  aujourdhui  Metling. 
\Velfera ,  aujourd'hui  Novigrad. 

[Abforus ,  aujourd'hui  Ckerfo. 
\AbJyrds,  aujourdhui  O^t 
)Curicla  , aujourdhui  Veglu 


\Abiyrtis,  aujourdhui  Ozero. 

1e: 

\Gijfa,  aujourdhui  Pago. 
|  S  cardon  a ,  au  j  ourdhui  S  carda  &  Mal' 
{     configlio. 

On  verra  aux  articles  particuliers  de  ces  villes ,  que 
le  P.  Briet  s'eft  étrangement  trompé  pour  les  noms  mo- 
dernes. 

JAPON  ,  (le)  grand  pays ,  dans  la  partie  la  plus  orien- 
tale d'Afie.  On  lui  donne  le  titre  à' empire;   ck   il  eft 
Java  ,  il  y  a  vingt-cinq  lieues.  Carta  Soura ,  aujourd'hui     compofé  de  plufiers  provinces ,  qui  ont  titre  de  royau- 
réfidence  de  l'empereur,  en  eft  moins  éloignée.  Le  pays     mes, ^  Sx.  font  fubdiyiïées  en  d'autres  provinces.  Ce  font 


de  Japare  eft  à  lui  ,  excepté  les  fortereffes  que  les  Hol- 
landois  ont  fur  cette  côte.  *  Voyages  de  la  Compagnie 
Hollandoife,  t.  I,  p.  337. 

•  JAPETIA:  quelques-uns  ont  donné  ce  nom  à  l'Eu- 
rope, comme  ayant  été  peuplée  par  la  poftérité  de 
Japhet. 

JAPHA.  Yoyez  Jafa. 

JAPIS:  vallée  de  Grèce,  dans  l' Afrique:  elle condui- 
foit  à  Mégare ,  félon  Etienne  le  Géographe. 

JAPODES,  (les)  félon  Strabon,  ou  Japydes  ,  félon 
Ptolomée,  ancien  peuple  de  l'Illyrie.  Strabon,  l.j ,  en 
parle  comme  d'une  nation  diftinfte  de  la  Liburnie ,  ck 
leur  donne  quatre  villes  ,  favoir ,  Metulum ,  Arupinum , 
Monedum  ck  Vendum.  Il  les  étend  depuis  les  monta- 
gnes jusqu'à  la  mer.  Il  met  leurs  principales  demeures 
au  mont  Albius,  le  dernier  des  Alpes.  Il  leur  donne 
mille  ftades  de  rivage  maritime.  Mais  les  anciens  ne 
s'accordent  pas  à  dire  que  les  Japodes  s'étendiffent  jus- 
gu'à  la  mer.  Pline,  /.  3  ,  c.  19.  dit:    quelques-uns  ont 


les  Européens  qui  l'appellent  Japon,  &  même  les 
Hollandois;  ck  quelques  autres  difent  Japan;  les  habi- 
tans lui  donnent  différens  noms ,  &c  le  défignent  par  dif- 
férens  caràâeres.  Le  nom  le  plus  ufité  ,  dans  leurs  écrits 
&C  dans  leurs  converfations ,  c'eft  NiPON,  (nous  ap- 
pelions en  Europe  Niphon  la  grande  ifle  ou  presqu'ifle, 
qui  en  fait  la  plus  confidérable  partie,')  que  l'on  pro- 
nonce quelquefois  d'une  manière  plus  élégante  &  parti- 
culière à  cette  nation  Nifon  ;  ci  que  les  habitans  de 
Nankin  &c  des  parties  méridionales  de  la  Chine  pronon- 
cent SYPPON.  Il  lignifié  le  fondement  du  foleil ;  car 
il  vient  de  Ni  qui  veut  dire  Feu  ,  &  dans  un  fens 
plus  fublime  le  foleil ,  Si  de  Pon  bafe,  ou  fondement 
d'une  chofe. 

Il  a  encore  d'autres  noms  &  épithétes  dont  on  fe 
fert  rarement  dans  la  converfation  ,  mais  qui  reviennent 
très-fouvent  dans  les  écrits;  par  exemple,  1.  Tenka, 
c'eft-à-dire  ^empire  qui  eft  fous  le  ciel,  comme  fi  c'étoit 
le  feul  qui  exiftât  fous  le  ciei;  de-là  vient  que  l'em- 


iAP 


JAP 


pereur  eft  appelle  TenkasuMA  ,  c'eft-à-dire  lemânnr* 
que  qui  eft  fous  le  ciel.  Autrefois  ce  nom  étoit  propre 
&  particulier  à  l'empire  du  Japon  ;  mais  depuis  que  le 
commerce  leur  a  fait  connoître  d'autres  pays  ,  ils  ont 
la  condescendance  de  les  honorer  auflî  de  cette  épithéte, 
particulièrement  ceux  dont  les  habitans  font  reçus  Se 
tolérés  chez  eux.  Ainfi  ils  appellent  l'empire  de  la  Chine 
To  SlN  Tenka  ,  Se  le?  Provinces-Unies  des  Pays-bas , 
qui  leur  font  connus  fous  le  nom  de  Hollande ,  Hol- 
lenda  Tenka  ;  2.  FlNO  MottO  qui  eft-à-peu-près  le 
même  que  Nipon,  Se  fignifie  la  racine  du  foleil ;  Fi 
c'eft  le  foleil,  Se  Motto  une  racine;  No  eftunepar- 
ticule  qui  fert  à  lier  ces  deux  mots.  3.  Awadsissima, 
c'eft  l'ancien  nom  de  ce  pays  ,  qui  veut  dire  l'ifle  de 
C  écume  terrefire.  A^rA  fignifie  l'écume,  Dsï  la  terre ,  Se 
SsiMA  une  ijle.  Ce  nom  eft  fondé  fur  une  tradition  fa- 
buleufe  qu'on  trouve  dans  leurs  hiftoires  ,  touchant  l'ori- 
gine Se  la  création  des  différentes  ifles  ,  qui  compofent 
ce  grand  empire  ,  que  les  habitans  regardoient  ancien- 
nement ,  lorsqu'ils  n'avoient  aucune  communication  avec 
les  autres  pays  ,  comme  la  feule  partie  du  monde  qui 
étoit  habitée.  Au  commencement  de  la  création  ,  difent- 
ils  ,  le  plus  éminent  des  fept  premiers  esprits  céleftes , 
remua  le  cahos  ou  la  mafie  confufe  de  la  terre  avec  un 
bâton;  Se  lorsqu'il  le  retira,  il  en  tomba  une  écume 
bourbeufe,  qui  fe  ramaflant,  forma  les  ifles  du  Japon , 
dont  une  qui  eft  de  la  quatrième  grandeur ,  conferve 
encore  le  nom  ,  étant  appellée  Awadsissima.  4.  SlN 
KOKF  ou  CaMINO  Kuni  ,  c'eft-à-dire  le  pays  ou  l'ha- 
bitation des  dieux;  car  Sin  Se  Cami  font  les  noms  des 
dieux  qui  étoient  particubérement  Se  originairement 
adorés  dans  le  Japon  ;  Se  Cokf  Se  Kuni  fignifient  l'un 
&  l'autre  un  pays.  5.  Akitsima,  ou,  feion  la  pro- 
nonciation ordinaire  ,  Akitsussima  eft  un  autre  nom, 
qui  étoit  anciennement  donné  à  ce  pays ,  &  on  le  trouve 
très-fouvent  dans  leurs  chroniques  &  dans  leurs  légendes. 
6.  Tontsio  ,  c'eft-à-dire  le  véritable  matin.  7.  Sio, 
c'eft-à-dire  tout ,  favoir  toutes  les  ifles ,  qui  font  fous  la 
domination  de  l'empereur  du  Japon.  8.  Jamatto  , 
qui  eft  auflî  le  nom  d'une  de  fes  provinces.  Ksempfer , 
dont  je  me  fers  pour  cet  article ,  rapporte  encore  quel- 
ques autres  noms,  comme  Assuwara  ,  Assijtjcara- 
K.OK.F,  Qua  ou  Va;  mais  il  ne  les  explique  point. 

Son  traducteur  Anglois  dit  :  il  ne  paraît  pas  vraifem- 
blable  que  les  anciens  ayent  connu  le  Japon;  du  moins 
ils  n'en  avoient  aucune  connoiflance  du  tems  de  Pto- 
lomée.  II  tâche  de  rendre  douteufe  l'opinion  de  De  l'ifle  , 
qui  croit  que  les  ifles  des  Satyres ,  de  cet  auteur ,  font  les 
mêmes  que  le  Japon  d'aujourd'hui.  De  l'ifle,  en  em- 
braflant  cette  opinion,  n'avoit  pas  fait  attention  que 
Ptolomée  place  les  Satyres  au-delà  de  la  ligne  équino- 
xiale.  Voyez  à  l'article  Satyrorum  Insulte.  Marco 
Paolo  ,  voyageur  célèbre  du  treizième  fîécle  ,  a  connu 
le  Japon  fous  le  nom  de  ZlPANGRl  ;  Se  quoiqu'il  avoue 
n'y  avoir  jamais  été ,  il  en  fait  une  description  fur  ce 
qu'il  en  avoit  appris  ,  étant  à  la  Chine.  Il  parle  même 
d'une  expédition  entreprife  par  un  Tartare ,  qui  s'étant 
rendu  maître  de  la  Chine,  voulut  encore  fubjuguer  l'ifle 
de  Zipangri.Or  les  Annales  des  Chinois  &  desJaponois, 
parlent  de  cette  expédition.  Le  P.  Couplet ,  dans  fes  Ta- 
bles chronologiques  de  la  monarchie  Chinoife,  la  place 
fous  le  régne  de  l'empereur  Xicu  ,  le  premier  fouve- 
rain  de  la  famille  d'Y ven ,  qui  eft  la  vingtième  des  em 
pereurs  de  la  Chine.  Il  acheva  la  conquête  de  l'empire  Chi- 
nois, l'an  de  l'ère  vulgaire  1281 ,  Se  il  eft  le  même  que 
Cublai,;à  la  cour  duquel  Marco  Paolo  demeura  plufieurs 
années.  La  connoiflance  que  l'on  avoit  du  Japon  fut  afiez 
inutile  ,  jusqu'à  ce  que  les  Portugais  le  découvrirent  de 
nouveau.  On  ne  convient  pas  del'époque,  qui  eft,  félon 
les  uns,  1535,  félon  d'autres  1542.,  Se  félon  d'autres 
1548;  il  y  en  a  même  qui  la  rapprochent  encore  plus 
de  notre  tems.  Diego  de  Couto ,  continuateur  des  Dé- 
cades de  Barros ,  nous  apprend ,  Decada  V.  da  Afia  , 
p.  183,  qu'en  1 542,  lorsque  Martin- Alphonfe  de  Soufa 
étoit  vice-roi  des  Indes  orientales  ,  trois  Portugais  , 
Antoine  da  Mota,  François-Zeimoto  ,  Se  Antoine-Pei-. 
xota  furent  jettes  par  une  tempête  fur  les  côtes  du 
Japon  ,  étant  à  bord  d'une  jonque  chargée  de  cuir  ,  qui 
alloit  de  Siam  à  la  Chine.  C'eft  ainfi  que  le  Japon  fut 
découvert  en  dernier  lieu  par  les  Portugais  ,  qui  y  plan- 
tèrent la  foi. 


439 

Le  P.  Martini ,  dans  l'Appendice  qui  eft  à  la  fin  de 
1  Atlas  Chinois ,  fournit  trois  autres  noms  que  les  Chi- 
nois emploient,  favoir  Gueique,  Voçu  Se  Gepuen. 
Le  premier  vient  de  ce  que  l'amiral  qui  fut  envoyé  frau> 
duleuiement  dans  le  Japon  ,  étoit  de  Guei  ,  famille  Chi- 
noile.  Voçu  n'eft  pas  le  nom  du  pays  ,  mais  un  terme 
injurieux  dont  on  le  fert  à  l'égard  des  Japonois  ,  pour 
marquer  que  ce  font  des  gens  qui  parlent  une  langue 
barbare  Se  étrangère.  Le  nom  de  Gepuen  fignifie  l'en- 
droit où  le  foleil  fe  levé  ;  ce  qui  marque  la  fituation  du 
Japon  ,  par  rapport  à  la  Chine.  Le  même  père  prétend 
que  le  nom  de  Zipangri ,  de  Marco-Paolo  eft  la  même 
choie  que  Gepuyengin,  en  y  ajoutant  une  R ,  à  la 
manière  des  Tartares  ;  félon  lui,  Ge  fignifie  le  foleil- 
HUEN  Congine  ,  Se  GlN  homme. 

L'empire  du  Japon  eft  fitué  entre  le  3  ie  &  le  42e  degré 
de  latitude  feptentrionale ,  félon  l'hiftorien  du  Japon. 
De  l'ifle  fait  pafler  le  30e  d.  de  latitude  fepientrionale  * 
par  le  milieu  de  l'ifle  de  Tanacxima.  Les  Jéfuires ,  dans 
une  Carte  corrigée  fur  leurs  oblèrvations  aflronomi'ques 
le  placent  entre  le  157e  d.  Se  le  175e  d.  30'  de  longi- 
tude. Il  s'étend  au  nord-eft  Se  à  l'eft-nord-eft  :  fa  largeur 
eft  irréguliere  ,  quoiqu'à  tout  prendre  ,  il  foit  afléz  étroit, 
en  comparaifon  de  fa  longueur,  qui ,  depuis  une  des  ex- 
trémités de  la  province  de  Figen,  jusqu'aux  côtes  orien- 
tales de^la  province  d'Ofiu  ,  eft  ceniée  avoir  deux  cents 
milles  d'Allemagne  en  droite  ligne  ,  fans  y  comprendre 
toutes  les  côtes  Se  les  ifles  plus  éloignées,  quoiqu'elles 
foient  fous  la  domination  de  l'empereur  du  Japon. 

On  peut  s  à  divers  égards  ,1e  comparer  aux  royaumes 
de  la  Grande-Bretagne  Se  de  l'Irlande,  étant  haché  c* 
coupé  de  la  même  manière  ,  mais  dans  un  plus  haut 
degré,  par  des  caps,  des  bras  de  mer,  des  anfes ,  de  gran- 
des baies  ,  qui  avancent  beaucoup  dans  les  terres",  Se 
forment  plufieurs  ifles  Se  péninfules ,  golfes  Se  havreSi 
Comme  le  roi  de  la  Grande-Bretagne  eft  fouverain  de 
trois  royaumes ,  l'Angleterre  ,  l'Ecofle  Se  l'Irlande  ,  de 
même  l'empereur  du  Japon  commande  à  trois  grandes 
ifles  féparées.  La  plus  grande  s'appelle  Nipon,  du  nom 
de  tout  l'empire.  (Je  fuis  ici  le  fentiment  de  l'auteur  cité. 
Je  remets  à  la  fuite  de  cet  article  à  examiner  ,  fi  c'eft 
une  ifle  ou  une  presqu'ifle.)  Elle  s'étenden  longueur,  de 
l'eft  à  l'oueft,  en  forme  de  mâchoire ,  dont  la  partie  re- 
courbée eft  tournée  au  nord.  Un  canal  étroit  ou  détroit 
plein  de  rochers  Se  d'ifles,  dont  les  unes  font  habitées, 
8e  les  autres  déferres ,  la  fépare  d'une  autre  ifle  qui  eft 
la  féconde  en  grandeur,  Se  qui,  par  rapport  à  fa  fitua- 
tion ,  étant  au  fud-oueft  de  Nipon ,  eft  appellée  Sai- 
KOKF,  c'eft-à-dire  le  pays  de  l'ouefl. 

Elle  eft  auflî  nommée  Kiusiu,  ou  le  pays  des  neuf- 
parce  qu'elle  eft  divifée  en  neuf  grandes  provinces.  Elle 
a  cent  quarante-huit  milles  d'Allemagne  de  circuit;  Se 
les  Japonnois  lui  donnent  cent  quarante  de  leurs  milles 
de  longueur,  Se  quarante  à  cinquante  de  largeur.  On  l'ap- 
pelle auflî  XlMO. 

La  troilîéme  ifle  eft  fituée  entre  la  première  Se  la 
féconde:  elle  eft  presque  carrée;  Se  comme  elle  eft  di- 
vifée en  quatre  provinces  ,  les  Japonnois  l'appellent 
SlKOKF  ,  c'eft-à-dire  le paysdes  quatre;  on  lui  donne 
auflî  le  nom  de  Xicoco.  Ces  trois  grandes  ifles  font 
entourées  d'un  nombre  presqu'innombrable  d'autres  ifles, 
dont  quelques-unes  font  petites ,  pleines  de  rochers  8c 
ftériles ,  Se  les  autres  aflez  grandes ,  riches  Se  fertiles , 
pour  être  gouvernées  par  de  petits  princes. 

Toutes  ces  ifles  Se  ces  terres ,  qui  compofent  le  puis- 
fant  empire  du  Japon  ,  ont  été  divilèesparSiufium  ,  mo- 
narque héréditaire  eccléfiaftique,  en  Gokisitzidos  , 
pour  ufer  du  terme  Japonnois ,  ceft-à-dire  en  fept  gran- 
des contrées,  l'an  de  Jelus-Chrift  590.  Ten  Mudivifa, 
l'an  6S 1  ,  ces  fept  principales  contrées  en  foixante-fix  pro- 
vinces Se  en  donna  le  gouvernement,  à  un  pareil  nom- 
bre de  feigneurs  de  fa  cour ,  qui  y  commandoient  comme 
princes,  Se  comme  fes  lieutenans  ;  Se  parce  que  deux 
autres  ifles,  Iki  Se  Tsussima  ,  qui  appartenoient  au- 
trefois au  royaume  de  Corée  ,  furent  conquifes ,  Se 
réuniesà  l'empireduJapon,  les  provinces  font  aujourd'hui 
au  nombre  de  quarante-huit.  Quoique  ces  deux  divilîons 
fubfiftent  encore,  il  eft  néanmoins  arrivé  dans  la  fuite 
que  les  foixante-huit  provinces  de  l'empire  ont  été 
démembrées  Se  fubdiviiëes  en  fix  cents  quatre  moindres 
parties  ou  diftriûs, 


JAP 


440 

Dans  les  premiers  5c  heureux  fiéclesde  la  monarchie 
Japonnoife ,  chaque  prince  vivoit  paifiblement  clans  !a  pro- 
vince dont  l'empereur  lui  avoit  commis  le  gouvernement  ; 
mais  les  calamités  qui  ont  fuivi  les  fréquentes  disputes 
&  diffenfions  qu'il  y  a  eu  entre  les  principales  branches 
de  la  famille  impériale,  touchant  la  fuccelîion  à  l'empire, 
ont ,  par  degrés ,  rempli  l'état  de  trouble  ,  de  contufion  Se 
de  carnage.  Les  princes  ou  gouverneurs  époufoient  des 
partis  différens;  &  la  voie  des  armes  ne  tut  pas  plutôt 
introduite  parmi  eux ,  comme  le  moyen  le  plus  efficace 
&  le  plur  fur  de  terminer  leurs  différends, que  chacun 
s'en  fervit  pour  fe  maintenir  dans  la  pofïelîion  des  pays 
dont  ils  ne  tenoient  le  gouvernement  que  de  la  pure 
libéralité  de  l'empereur.  Ceux  à  qui  il  n'en  avoit  point 
donné ,  eurent  foin  de  s'en  pourvoir  eux-mêmes.  Les 
princes  partagèrent  leurs  terres  héréditaires  entre  leurs 
enfans  ;  &  quoique  ceux-ci  ne  poffédafient  qu'une  por- 
tion du  bien  de  leur  père ,  ils  ne  voulurent ,  pas  leur 
céder  en  pompe  &  en  magnificence.  Les  empereurs  de 
la  famille  régnante,  qui  ont  eux-mêmes  ufurpé  la  cou- 
ronne, ne  regardent  pas  cette  grande  divifion  des  pro- 
vinces de  l'empire,  comme  préjudiciable  à  leur  autorité, 
mais  plutôt  comme  avantageulé ,  en  ce  qu'elle  fert  à 
leur  faire  mieux  connoitre  le  véritable  état  de  leurs  re- 
venus ;  aufli ,  bien  loin  de  les  remettre  fur  l'ancien  pied  , 
ils  les  démembrent  ck  les  fubdivifent  encore  de  plus 
en  plus ,  lélon  que  la  fantaifie  leur  en  prend  ,  ou  que 
leur  intérêt  le  demande  ,  &il  y  en  a  des  exemples  dont 
la  mémoire  eft  encore  récente.  Il  n'y  a  pas  long-tems 
que  la  province  de  TJikufen  fut  divifée  en  deux  gouver- 
nerons, Janagawa  ik  Kurume  ;  &  le  prince  de 
Tlïkungo  eut  ordre  de  la  cour  de  céder  une  partie  de 
fes  terres  au  prince  des  deux  ides,  Iki  ck  Tfuffima,  qui 
jusqu'alors  n'avoit  rien  poffédé  dans  le  continent  du 
Japon.  L'empire  du  Japon  eft  borné  par  des  côtes  plei- 
nes de  rochers  &  de  montagnes ,  ck  une  mer  orageufe , 
qui  n'ayant  que  très-peu  de  profondeur ,  ne  peut  rece- 
voir que  de  petits  bâtimens. 

Outre  les  ifles  ckles  provinces,  qu'on  a  déjà  marquées, 
il  y  a  quelques  autres  pays  plus  éloignés,  qui,  à  propre- 
ment parler  ,  n'appartiennent  pas  à  l'empire  du  Japon  ; 
mais  ils  reconnorfîent  l'empereur  pour  leurfouverain , 
ou  vivent  fous  fa  protection.    Ces  pays  font  : 

I.Les  ifles  de  Riuku  ,  ou  Lequios  ,  (entre  le  Japon 
6k  l'ifle  de  Formofe ,  &  qu'il  ne  faut  pas  confondre  avec 
les  ifles  de  Luqon  ou  les  Philippines.  De  l'ifle  écrit 
Leques  ;  )  les  habitans  fe  difent  iiijets  ,  non  pas  de  l'em- 
pereur de  Japon ,  mais  du  prince  de  Saxuma  ,  qui  eft 
une  province  de  l'ifle  de  Saïkokf,  au  fud-oueft  de  la- 
quelle elles  font  fltuées.  Voyez  Lequios. 

II.  TsiOSEN,  qui  eft  la  troifiéme,  ck  la  plus  baffe 
partie  de  la  Corée  ,  ck  eft  gouvernée  ,  au  nom  de  l'em- 
pereur ,  par  le  prince   d'iki   &  de  Tfuffima. 

III.  L'ifle  d'iESO ,  dont  le  gouvernement  a  été  donné 
par  l'empereur  au  prince  de  Matfumai ,  qui  a  fes  pro- 
pres états  dans  la  grande  province  d'Osju. 

Venons  maintenant  à  une  divifion  plus,  particulière  de 
ce  vafte  empire.  J'ai  déjà  dit  qu'il  fut  divifé  autrefois 
en  fept  grandes  contrées  ,  ck  qu'elles  furent  fubdivifées 
en  foixante-huit  provinces ,  qui  furent  encore  partagées 
en  fix  cents  quatre  diftrifts.  Il  faut  préfentement  par- 
courir ces  provinces  dans  le  détail ,  en  marquer  la  gran- 
deur, l'étendue,  la  fertilité,  le  produit  ck  les  revenus; 
&  on  fuivra  ce  qu'en  fournit  une  description  Japon- 
noife ,  publiée  au  Japon  fous  le  titre  de  SiirJ  Joflic. 

Mais  il  eft  jufte  de  dire  auparavant  quelque  chofe 
des  Gokinai  ou  Gokinai  Gok.  Kokf,  c'eft-à-dire 
des  cinq  provinces  des  revenus  impériaux ,  ainfi  appel- 
lées ,  parce  que  tout  le  revenu  de  ces  cinq  provinces 
eft  particulièrement  affecté  pour  l'entretien  de  la  cour 
impériale;  il  fe  monte  à  cent  quarante-huit  mans  ,  ck 
mille  deux  cents  kokfs  de  riz.  Au  Japon  tous  les  re- 
venus font  réduits  à  ces  deux  mefures  en  riz.  Un  man 
contient  dix  mille  kokfs  ,  ck  un  kokf  trois  mille  balles 
ou  fies  de  riz. 

Ces  cinq  provinces  impériales   font  : 

I.  JAMASIIRO,  autrement  Sansju.  C'eft  un  pays 
fort  étendu  fck  très-fertile:  fa  longueur  du  fud  au  nord 
eft  de  cent  milles  du  Japon  ,  &  il  contient  plufieurs  vil- 
les ,  &  autres  places  confidérables.  Cette  province  eft 
divifée  en  huit  diftrifts, 


JAP 


Otokuv.i , 

Kij, 

Sakanak, 

Kadono, 

™£> 

Tjuku£i. 

Okongi , 

Knft, 

II.  JAMATTO,  ou  \Vosju;  c'eft  auffi  un  fort  bon 
pays,  à-peu-près  de  la  même  grandeur  que  le  premier; 
il  s'étend  du  nord  au  fud.  11  y  avoit  autrefois  plufieurs 
villes  confidérables  ;  mais  elles  font  aujourd'hui  en  petit 
nombre.  Il  eft  divifé  en  quinze  diftrifts, 

Soono  Cami , 
Soonofimo , 

Figuri , 
Firoli  , 
Kat^u-Dftau , 

III.  KAWATSII,  ouKasiu  ;  c'eft  un  pays  paffable- 
ment  bon:  il  a  environ  deux  journées  de  longueur,  ck 
fe  divifé  en  quinze  diftricts, 


Kaifunge , 

Sikino  Simo , 

OkunoUmi, 

Sikino  Cami , 

Utçi 

Takaiidç , 

Jofimo  , 

Tooid^ , 

Uda, 

ck  Jammanobe. 

Niflori, 
Ijik^wa, 
Fukait{ , 

Tukajat^ , 

JFakaja, 

Kawat{ , 

Sibukaja , 

Sarara , 

Sick, 

Jaskabe  , 

Umbarada  , 

Tanbokf, 

Ookake , 

Katanno, 

ck  Tannan. 

IV.  IDSUMI,  ou  Sensju  ;  c'eft  un  fort  grand  pays, 
mais  qui  n'eft  pas  extrêmement  fertile.  Il  a  cent  milles 
du  Japon  de  longueur  du  fud  à  l'oueft.  Il  eft  borné  d'un 
côté  par  la  mer,  ck  de  l'autre  par  une  chaîne  de  mon- 
tagnes fort  hautes.  La  mer  lui  fournit  du  poiffon  en  abon- 
dance. Il  produit  du  bled  noir,  des  pois  ck  des  fèves, 
mais  peu ,  ck  qui  ne  font  pas  des  meilleurs.  Il  n'a  que 
trois  diftrifts , 


Ootori , 


IJfin 


ck  Fine. 


V.  SITZU ,  autrement  TJinokunï  ck  Slsju  :  cette  pro- 
vince a  deux  journées  ck  demie  de  tour.  C'eft  le  pays 
le  plus  avancé  vers  l'oueft ,  ck  fur  un  grand  golfe.  Les 
parties  méridionales  font  fort  chaudes  ;  mais  celles  du 
nord  font  plus  froides  &  plus  abondantes ,  en  ce  qu'ils 
appellent  Gokokfs ,  qui  font  les  cinq  espèces  principales 
de  pois  que  l'on  mange  dans  ce»  pays  :  on  y  trouve  aufli 
du  poiffon  ck  du  fel;  à  tout  prendre,  c'eft  un  fort  bon 
pays.  Il   eft  divifé  en  treize  diftriefs, 

SiijosoxxSymmios  ,  Kutat-,  Fingaffinai , 

Nifijnari ,  Simacami ,         Muko , 

Jatfan ,  Tcfûma ,  Awara , 

Simafimo,  Kawanobe,        Arima, 

Se  Nosji. 

Division  et  description  des  Gokisitzidos, 

ou  des  fept  grandes  contrées  du  Japon. 

Ces  Gokifit^idos  font , 


Tookaido  , 
Toofando , 


Fku  Rokkudo  ,     Sanjodo , 

Sanindo ,  Saïkaido  , 

èk  Nankaido. 


Entrons  maintenant  dans  le  détail  de  chacune  &  des 
provinces  qui  les  compofent  ;  nous  fuivrons  exactement 
le  plan  de  Ka;mpfer.  Il  faut  fe  rappeller  ce  qu'on  a  dit 
ci-deffus ,  favoir ,  que  ces  fept  contrées  avoient  été  di-« 
vifées  par  l'empereur  Tenmu  en  foixante-fix  provinces, 
y  compris  les  cinq  provinces  des  revenus  impériaux, 
dont  on  a  déjà  parlé,  ck  que  quelques  iiécles  après  on 
y  en  ajouta  deux  autres. 

I.  Le  TOOKAIDO  contient  quinze  de  ces  foixante- 
huit  provinces  , 

1.  Iga,  autrement  Ifyn,  qui  eft  bornée  au  midi  & 
au  levant  par  la  mer.  Au  nord,  elle  eft  féparce  des  pro- 
vinces voifines  par  une  longue  chaîne  de  montagnes. 
C'eft  un  pays  chaud,  mais  qui  n'eft  pas  autrement  fer- 
tile. On  y  trouve  quelques  plantes ,  quelques  arbres ,  ck 
des  bambous.  Il  eft  divifé  en  quatre  diftrifts. 


Aijc 


Namamda , 


A'J 


Nabari. 


1.  IJÎt, 


JAP 


JAP 


44t 


Quana  , 
Afaki, 

Taato , 

Ano  , 

mfikljjima, 

Itaka , 

Sujuka , 

Gojajuma  , 

Watakt 

l'M, 

Inabe  , 

Ino  , 

Aanki, 

Mye, 

Taki. 

^.SJîma,  ou  Sijzo,  eft  une  petite  province,  qu'on 
peut  traverfer  en  une  dem  -journée  :  le  pays  eft  fort  fté- 
rile  ;  mais  la  mer  voifine  le  fournit  abondamment  d'hui- 
tres,de  coquillages,  S*  autres  choies  femblablès.  Elle  n'a 
que  trois  diftrifts, 


Toojii , 


AU 


Kanncjïn 


l.IJîe,    autrement  Scsju ,   a  trois  journées   de  Ion-  10.   Sangami,  ou  Soojîu  ,   a  trois  journées  de  long: 

gueur ,  s'étendant  du  fud  au  nord.   La  mer  l'environne  c'eft  un  pays  plat  &  ftjnle,  qui  ni  fournit  presque  point 

presque  de  tous  côtés  ;  c'eft  un  pays  extrêmement  fertile,  d'autre   fubfiftance  q.edes  tonue;,  du"  poiffon  ,  &  des  ' 

entremêlé  de  plaines  &  de  collines,  qui  font  une  variété  écrevilTes_  de_  mer;  mais  on  ti,e  une  grande  quantité  de 

tres-agréable.  11  eft  divilé  ea  quinze  diftriûs  ,  bois  de  iés  forêts.  Il   eft  divifé  en  huit  diflnfts, 

Afikaranno-Cami ,       Jiiringi,  M' jura, 

Ajikaranno-Smiu,       Ajikoo-Tukangi  $     Jcjima. 
Oojimi,  .    Kamakura, 

il.  Myfafî  ou  Bufiu,  grande  province,  qui  a  cinq 
journées  &  demie  de  circuit.  C'eft  un  pays  plat,  fans 
bois  ni  montagnes ,  mais  très-fertile  .  abondant  en  riz  , 
en  gokokf,  en  fruits  de  jardin,  &c  en  plantes.  Il  eftdivifé 
en  vingt-ifn  diftrifts  , 

Naka , 

Kami , 

Adats, 

Tfltbubu, 

Jcbara , 

Toufima, 

Oofato. 

il.  Awa  ,  autrement  Foojîu ,  eft  un  affez  bon  pays, 
qui  a  des  montagnes,  des  collines, des  rivières  ex  des 
plaines,  qui  produifent  du  riz  &  du  blé.  11  eft  paflable- 
ment  peuplé;  îk  la  mer  voifine  lui  fournit  ab>n  animent 
du  poiflon  &  des  huitres ,  dont  les  coquille  font  em- 
ployées par  les  habitans  à  engraifîer  lei.rs  ter  es.  Cette 
province  n'a  qu'une  journée  &  demie  de  lo  gueur  du 
nord  au  fud,  &  eft  divifé»  en  quatre  diftnâs ,' 
Fekuri  ,  Awa ,  Afaima ,  Nakaba. 

13.  Kadfufa  ,  autrement  Koosju,  a  trois  jou-nées  de 
long,  dunordau  fud.  Le  pays  eft  affez  bon.  quoi  qu'il 
y  ait  piufieurs  hautes  montagnes  escarpées.  Uie  grande 
parrie  des  habitans  gagne  fa  vie  à  faire  des  truies  de 
chanvre,  qu'ils  travaillent  très- proprement.  Elle  eft 
divifée  en  onze  diftrifts  , 


4.  Owan,  autrement  Bijîu  ,  eft  une  province  Médi- 
terranée ,  entièrement  fepaée  de  la  mer,  &  une  des 
plus  fertiles  &  des  mieux  peuplées  de  tout  l'empire.  Elle 
a  trois  journées  de  long  ,  s'étend  du  nord  au  fud,  &cfe 
divife  en  neuf  diftriéls  , 


Kuraggi, 

Fiiki  , 

Tj'ukuki , 

Jokomi , 

Tarn  a, 

S  uttama, 

Tatjînbana  , 

Kodama , 

Katkura  , 

Tjibu-Sima 

huma  , 

Tabara , 

Tosma  ,  " 

Fajîj'awa  , 

Amabc, 
NakaJJîma , 
Kaquuri  , 


Jamaiia, 


Altfi, 
TJàta  , 
ToojlinoJJlma. 


Cette  province  fe  nomme  Voari.  Voyez  ce  mot. 

5.  Mikawa  ,  autrement  Mijîu  ,  eft  un  très-méchant 
pays,  ftérile  plein  de  rivières  baffes,  &  d'étangs,  où 
par  confequent  le  gokokf  ne  peut  pas  bien  venir.  Il  a 
une  journée  &  demie  de  longueur,  de  l'eft  à  l'oueft  ,  Se  eft 
divifé  en  huit  diftrifts, 


Awomi, 
Kamo , 


Nucada, 
Bâti, 


Fori , 
fana, 


Tfltarra , 
Akumi. 


6.  Tootomi ,  autrement  Jenjîju  ,  eft  un  pays  très-bon 
&  très  -  fertile  ,  &c  une  des  plus  belles  provinces  par 
l'agréable  variété  de  fes  collines ,  rivières ,  plaines  ,  villes, 
&  villages.  On  compte  que  fa  longueur  eft  de  deux  jour- 
nées &  demie  de  l'oueft  à  l'eft.  Elle  fe  divife  en  quatorze 
difirids, 


Sfuffu 

Amafa, 
hfuwara 
Umingar, 


Toiko 
Mooki 
Iffimi. 

Fanni 


Nagava  , 
Jammanobe, 
&.  Mujja. 


Fammana  , 

Nagajfimo  , 

Tojota , 

Fut7, 

Suti, 

Jamaka 

Fuufa  , 

Jammana  , 

Sanno, 

Aratama, 

Kikoo  , 

1-wata. 

Nangakami , 

Faifara, 

l^.Simoôfa,  autrement  Seosju,  efteenfée  avoirtrois 
journées  de  long,  du  nord  au  fud  ;  c'eft  un  pavs  mon- 
tagneux ,  peu  fertile,  mais  qui  abonle  en  volaille,  & 
en  beftiaux.  Il  eft  divifé  en   douze  diftriâs, 


7.  Surunga  ou.  Siusju,  fe  diftingue  auffi  par  la  variété 
de  fes  villes  ,  villages ,  collines ,  &  plaines  fertiles.  Elle  a 
auffi  la  même  longueur  que  Tootomi ,  &  s'étend  de  même 
du  couchant  au  levant.  Elle  eft  divifée  en  lèptdiftrifts, 

TJfa ,  Udo ,  Rofarra ,        Suringa. 

Mafiafu,         Ifabe,  Tufd , 

8.  Kai,  autrement  Kaifiu,  &  Ksjoohu,  eft  un  pays 
.plat ,  ci  abondant  en  riz  ,  en  pâturages ,  en  plantes ,  & 

en  arbres:  on  y  trouve  auffi  dubétail,  &  particulière- 
ment des  chevaux.  Il  a  deux  journées  de  longueur  du  nord 
au  fud,  &  eft  divifé  en  quatre 'diftruîb  , 

JamanaJJîro ,   Jaat{firo ,        Coma,         Tfur. 

9.  Idfu ,  autrement  Toosju  ,  eft  une  longue  presqu'ifle. 
Elle  produit  une  grande  quantité  de  fel  &  toute  forte 
de  poiffon ,  &  paffe  en  général  pour  un  affez  bon  pays. 
Il  y  a  beaucoup  de  montagnes ,  peu  de  plat  pays ,  &c 
quelques  champs  où  le  riz  croît.  Elle  n'a  que  trois  dis- 
trifts  fur  le  continent  de  Nipon, 

Tacalo,  Naca,  Camo. 

On  y  ajoute  deux  ifles  voifines: 

Oofimai  &  Firakafima» 


KaddoJIka , 

Sasjuma  , 

Unagaml , 

Tfibba, 
Ymba, 

Juuki, 

Kutori , 

Tooda  , 

Fannibu  , 

Sooma , 

Koofa, 

Okanda. 

i1).  Fitats  ,  ou  Sjoo  ,  eft  une  fort  grande  province. 
Un  auteur  Japonois,  fuivi  par  l'auteur  cité,  la  fait  pres- 
que carrée ,  &c  dit  qu'elle  a  trois  journées  de  longueur 
de  chaque  côté.  C'eft  un  pays  médiocrement  fertile, 
mais  qui  abonde  en  vers  à  foie,  &  en  foies  qu'on  y  tra- 
vaille ,  y  ayant  piufieurs  manufactures  d'étoffes  de  foie 
&  d'autres  choies  ;  car  les  habitans  ont  beaucoup  d'in- 
duftrie.  Ils  font  auffi  commerce  de  bétail.  Cette  pro-. 
vince  a  onze  diftnfts. 


Kuffi, 
Taka. 


Nijbari ,  Sjida, 

Makaije  ,  17 m  baraki 

Tfukkumba ,  Namïngaia ,        &  Iaicoko. 

Kawat^,  Naka, 


Ce  dernier  nom  veut  dire  pays  éloigné  ,  &  il  y  a  appa- 
rence qu'on  entend  par-là  quelqu'ifle  voifine,  à  l'extré- 
mité du  pays. 

Les  revenus  de  ces  quinze  provinces  de  la  première 
grande  contrée  appellée  Tooakaido ,  fe  montent  en  tout 
à  494  mankokfs. 

II.  TOOSANDO ,  c'eft-à-dire  la  contrée  orientale 
montagneufe,  comprend  huit  grandes  provinces. 

I.  Vomi,  pays  extrêmement  bon  ôi  fertile,  diverfifîé 
par  des  montagnes ,  des  collines ,  d  s  rivières ,  des  champs 
Tome  III.    Kkk 


JAP 


442 

fertiles  ,  qui  produifent  également  du  riz  &  du  bled , 
&  récompenl'ent  le  laboureur  de  mille  pour  un ,  expres- 
fion  Japonnoife  qui  fignifie  feulement  une  grande  fer- 
tilité. Cette  province  a  trois  journées  St  demie  de  cir- 
cuit,  &  eft  divifée  en  xm  diftri&s , 

Singa.  , 
Karimotto  , 
Jus, 
Cammoo  , 
Kanfaki , 

î.  Mino ,  ou  Diofu  ,  ne  cède  à  la  province  d'Oomi , 
ni  dans  l'agréable  variété  des  collines  &  des  plaines , 
ni  dans  la  fertilité  de  fon  terroir  :  elle  produit  en  abon- 
dance du  riz  ,  du  bled,  dukokokf,  &  toutes  les  autres 
néceffités  de  la  vie.  Elle  a  trois  journées  de  longueur 
du  nord  au  fud,  &  fe  divife  en  xvm  diftrifts, 


Inungami  , 

Imito  , 

Sakatta  , 

Takaffîma 

Jetl, 

Kooka , 

Le  haut  &  le  bas 

JooJii{umi 

Afai, 

Sijrakawa , 
Kurokawa, 
Juvafi,       ' 
Mijaki, 
Aït{ , 
Nama  , 
Oda, 
Asaka , 
Adat{,. 
Sibatta  , 
Karida  , 
Tooda  , 
Natorï  , 
Sinnobu , 
Kikkunda, 
Sibanne, 
Ajfonufa, 
Namingata , 


JAP 

Iwadewaga , 
Kawat^ , 
Fit^ungi , 
Takano , 
Waltarï , 
Jamadsukuri  , 
Oonato , 
Kami  , 
S  sida  , 
Kuriwara  , 
Je/an,       " 
Jeki , 
Mij'awa , 
Nagaooka  , 
Tojone , 
Monowara , 
Oosika , 
Gunki , 


Kaddona, 
Fajtkani  , 
Tsungaruy 
Uda, 
Ru, 
Motojes , 
Isbara  , 
Taidsi  , 
Sikamma  , 
lnaga  , 
Siwa , 
Ivasaki , 


Kadfinda 

Datte, 

Socka, 

Fei, 

Kifen. 


Mjntfu, 

Mujjijroid  , 

Guundsjo  , 

tuf  a, 

Kat.akata , 

Camo  , 

Awadjî, 

Atfumi, 

Cako , 

lkenda  , 

Kakumi , 

Tokki, 

Oono  ,  ' 

îamangala , 

Ienna, 

Mottos  , 

Muggi , 

Taki. 

3.  Fida,  autrement  Fisj'u,  eft  fort  au-deffous  des  deux 
précédentes  ,  tant  en  grandeur  qu'en  fertilité.  Sa  plus 
grande  étendue  du  nord  au  fud,  n'eft  guère,  que  de 
deux  journées  de  chemin.  Elle  eft  pleine  de  bois  ik.de 
forêrs  qui  fournirent  en  abondance  du  bois  à  brûler  ck' 
à  bâtir.  Elle  n'a  que  iv  diftrufts, 


8.  Dewa  ,  autrement  Usju ,  a  cinq  journées  de  lon- 
gueur; c'eft  un -fort  bon  pays,  abondant  en  pâturages, 
en  plantes  ck  en  arbres.  On  dit  que  leprintemsy  com- 
mence quinze  jours  plutôt  que  dans  les  autres  provinces: 
elle  faifoit  autrefois  partie  de  la  province  d'Onu;  mais 
c'eft  aujourd'hui  une  province  féparée,  Se  divilée  en  douze 
diftncls , 


Akindatauri  3 

Senboku  , 
Mogumi, 
Ja 


Akumi  , 

Ook-af> , 

Kawanobe, 

Firaka, 

Murajama  , 

Tangaira 

Oitama , 

Diwa  , 

O/arra ,         Mafijnda  ,        Ammano , 


Arakl. 


4.  Sinano ,  autrement  Sinsju ,  eft  un  pays  très-froid. 
Le  :el  <k  le  poiffon  y  font  fort  rares, à  caulè  qu'elle  eft 
trop  éloignée  de  la  mer  ;  &  il  n'y  a  presque  point  de 
bétail ,  parce  qu'il  n'y  a  que  peu  de  pâturages.  Il  eft 
d'ailleurs affez  fertile,  &  produit  une  grande  quantité  de 
meuriers  ,  de  foie,  ck  de  chanvre,  dont  il  y  a  plufieurs 
bonnes  manufactures.  On  dit  qu'il  a  cinq  journées  de 
longueur  du  nord  au  fud;  il  fe  divife  en  Xi  diftridts, 


Les  revenus  de  ces  huit  provinces  de  la  féconde  grande 
contrée  montent  à  563  mankokfs  ,  fuivant  les  an-^ 
ciens  comptes  ;  mais  ils  font  confidérablement  aug- 
mentés. 

III.  FOKU  ROKKUDO,  c'eft-à-dire  la  contrée  du 
nord  ,  contient  fept  provinces ,    . 

1.  Wackafa  ,  autrement  Siakusju  ,  qui  a  une  journée 
ck  demie  de  longueur  du  nord  au  fud.  Elle  eft  bornée 
au  nord  par  la  mer  qui  lui  fournit  abondamment  du 
poiffon,  des  écreviffes,  des  tortues  ,  &c.  Elle  a  quelques 
mines  de  fer  ,  èk  eft  divifée  en  trois  diftriûs , 


Midfut^ , 
Takaij , 
FanUftna, 
TJiJagatta , 


Sacku,  Atfun. 

In  a,  Sara, 

Ssuwa ,  Syna. 
Tsikumma , 


Oonibu 


Ooi, 


Micata. 


5.  Koodfuke,  autrement  Dsiosju,  a  quatre  journées 
de  longueur  d'orient  en  occident.  C'eft  un  pays  chaud , 
paffablement  bon  ,  qui  produit  une  grande  quantité  de 
meuriers  ck  de  vers  à  foie  ;  mais  leur  foie  n'eft  pas  de 
la  meilleure.  Il  eft  divifé  en  xiv  diftrifts, 


2.  Jetjijfen ,  autrement  Jeetsju  ;  fa  longueur  du  nord 
au  fud  eft  de  trois  journées  de  chemin.  Elle  eft  fort  mon- 
tagneufe  vers  le  fud  ;  mais  au  nord  c'eft  un  pays  plat  &C 
fertile  ,  abondant  en  pâturages ,  où  l'on  engraiffe  une 
grande  quantité  de  bétail.  11  produit  auffi  du  chanvre, 
des  meuriers ,  de  la  foie  ck  du  gokokf en  abondance. 
Il  eft  divifé  en  douze  diftriéts  , 


[/fui, 

Nitta , 

Tago , 

Aajfa, 
Ssikanne, 

Kattaoka  f 

Midorino , 

Soora  , 

Naba, 

Ssetta  , 

Gamma  , 

Jammada. 

S  ai, 

Kanva  , 

Tfuruga, 
Nibu , 
ImadatT , 
Afyba, 


Oono, 

Sakai, 
Kttroda  , 
Ikingami  . 


Takakida , 
Joosdida  , 
Sacagita  , 
Naandsjo. 


6.  Simoodjuke  ,  ou  Jasju,  a  trois  journées  Se  demie 
de  longueur  du  levant  au  couchant.  C'eft  un  affez  bon 
pays,  plutôt  plat  que  montagneux ,  où  il  y  a  beaucoup  de 
prés  &c  de  champs  ,  qui  produifent  abondamment  de 
l'herbe,  du  riz,  du  bled  &  du  gokokf.  Il  a  neuf 
diftrifts, 

Askara,  Tsuga,  Suwooja, 

Janada ,  Taka ,  Nafu , 

■djo,  .   Sawingawa,       Mukabe. 

7.  Mutsu,  ou  Oxu  eft  la  plus  grande  province  du 
Japon  ,  6c  a  feize  journées  de  longueur  du  fud  au  nord. 
C'eft  un  pays  extrêmement  bon  &  fertile,  &  où  il  ne 
manque  aucune  des  chofes  néceffaires  à  la  vie.  Toute 
cette  province  étoit  autrefois  fujette  à  un  feul  prince, 
avec  la  province  voiline  de  Dewa  ,  dont  on  parlera 
ci-deffous.  Elle  eft  divifée  en  uv,  ou,  félon  d'autres,  en 
lv  diftrifts, 


3.  Kaga,  autrement  Kasju,  ou  Canga  ,  a  deux  jour- 
nées &  demie  d'orient  en  occident  :  c'eft  un  pays  pas- 
fablement  bon ,  &  qui  produit  affez  de  gilokf  pour  la 
fubhfiance  deshabitans.il  y  auffi  quelques  manufactures 
d'étoffes  de  foye  ,  d'excellent  vinaigre,  du  facki ,  &C 
àufoja,  que  l'on  porte  dans  les  autres  provinces.  Elle 
a  quatre  diftrifts , 


Jenne , 


Nomi 


IJIkc 


Kans 


D'autres  y  en  ajoutent  un  cinquième  nommé  Ka- 

BOKU. 

4.  Nota ,  autrement  Seos/'u ,  eft  une  espèce  de  pénin- 
fule  presqu'entiérement  entourée  de  la  mer  qui  lui  fournit 
en  abondance  du  poiffon  &  des  écreviffes.  Il  y  a  plu- 
fieurs mines  de  fer;  mais  le  terroir  eft  peu  fertile ,  & 
le  gokokf  y  meurit  beaucoup  plus  tard  que  dans  les  au- 
tres provinces.  Cette  province  a  deux  journées  &  demie 
de  longueur  de  l'oueft  à  l'eft ,  êk  eft  divifée  en  quatre 
diftrifts, 


Bagui, 


Fukeefund, 


Ssus. 


JAP 


%.Jettsju,  autrement  Jaefsju,  a  trois  journées  de  cir^ 
cuit  :  le  pays  eft  affez  bon ,  &C  produit  fuffifamment  de 
gokokf  ;  on  y  fait  une  espèce  de  pots  de  terre  parti- 
culière: il  yaauffi  quelque  peu  de  bois  dont  on  fé  fert 
pour  faire  des  ponts.  Elle  eft  divifée  en  quatre  diftrifts, 


Toriami,         Imidsu . 


Mëbu ,         Nijkawa. 


6.  Jetjingo,  autrement  Jeesju  ,  eft  une  grande  pro- 
vince qui  a  fix  journées  de  circuit.  Elle  eft  montagneufe 
vers  le  fud  ,  mais  du  refte  allez  fertile ,  &t  produit  de 
la  foie  ,  du  chanvre  &c  du  gokokf  qui  eft  très-  bon. 
Elle  eft  divifée  en  (ept  diftrifts, 

Kabiki,  Kof,  Miffimd ,       Iwoodft, 

Cambara ,       Nutari,  &c  ïwafune. 

7.  Sadô,  ou  Sasju,  eft  une  ifle  de  trois  journées  & 
demie  de  circuit ,  fituée  au  nord  du  Japon  ,  vis-à-vis 
des  provinces  de  Jeetsju  &  de  Jetfingo.  Elle  eft  très- 
fertile  &  abondante  en  bled ,  en  riz ,  &£  en  gokokf  ; 
il  y  a  auffi  des  bois  &  de  bons  pâturages  ;  la  mer  la 
fournit  de  poiffon  &c  d'écreviiïes.  Elle  eft  divifée  en  trois 
diftrifts , 


Umo, 


Soota, 


Le  revenu- annuel  de  ces  fept  provinces  de  la  troifiéme 
grande  contrée,  monte  à  243  mankokfs. 

IV.  SANINDO  ,  c'eft-à-dire  la  contrée  montagneufe 
du  nord ,  ou  froide  ,  comprend  huit  provinces. 

1.  Tanba  ,  ou  Tansju  ,  a  deux  journées  de  long  ;  elle 
eft  pafiablement  bonne,  &  produit  beaucoup  de  riz  & 
plufieurs  fortes  de  pois  &  d'autres  légumes  ;  il  y  a  auffi 
du  bois  à  brûler.  Elle  eft  divifée  en  fix  diftrifts  , 


Kuwada , 

Amada  , 


Funaij , 
Fingam, 


TaU, 
Ikarunga. 


Togomi,  J agami  ,  Stidfu , 

Takagufo ,        Ketta ,  Konno. 


Oomi. 


JAP 


Uu> 

No'ui , 

Semant 

Taitenni ,' 

Jadfumo 

,   Kanto, 

Ninda  , 

Oofara, 

î.  Tango ,  autrement  Tansju  ,  à  une  journée  &:  demie 
de  largeur  du  nord  au  fud  ;  c'eft  auffi  un  pays  pafiable- 
ment bon,  où  l'on  peut  avoir  de  la  foie  &  du  chanvre 
à  fort  bon  marché,  la  mer  lé  fournit  abondamment  de 
poiffon,  d'écreviffes,  &c.  Cette  province  eft  divifée  en 
cinq  diftrifts  , 

Kaki,       Joki ,       Tango,       Katano,     Kurrtano. 

3.  Ta/ima,  autrement  Tansju,  à  deux  journées  de 
longueur  ,  d'orient  en  occident.  C'eft  un  pays  médio- 
cre ,  comme  les  deux  précédens.  Il  fe  divife  en  huit 
diftrifts, 

Afami,  Jabu,  ldfu,  Ketta, 

Kinnofaki,       Flangaka,     Sitçumi,       Mikummi. 

4.  Imaba ,  autrement  Insju ,  eft  à-peu-près  de  la 
même  longueur  &  de  la  même  fertilité  que  Tafima. 
Elle  eft  bornée  au  nord  par  la  mer,  &  au  fud  par  une 
chaîne  de  montagnes.  Il  y  a  plufieurs  manufactures  de 
foies  groffieres.  Elle  fe  divife  en  fept  diftrifts, 


443 

Aikfika , 
Ijis. 


7.  Iwami  ,  autrement  Stkisju  ,  a  deux  journées  de 
longueur  du  nord  au  fud.  C'efl  un  pays  médiocrement 
bon,  qui  produit  en  abondance  du  chanvre,  &C  quelque 
peu  de  fel.  Les  habitans  donnent  tous  les  ans  à  leur 
prince  le  double  de  ce  qu'on  donne  dans  les  autres  pro- 
vinces ;  elle  eft  divifée  en  cinq  diftrifts, 

Stikama,       Naka ,       Ooti,-     Mino,     Canoah. 

8.  Oki ,  autrement  Inju ,  eft  une  ifle  érigée  en  pro- 
vince, &c  fituée  dans  la  mer  de  Corée,  à  l'oppofite 
des  côtes  de  cette  péninfule  :  c'eft  un  pays  ftérile  qui 
ne  produit  que  peu  de  gokokf.  Cette  ifle  a  deux  jour- 
nées de  circuit ,   &C  fe  divife  en  cinq  diftrifts , 

Tout  le  revenu  annuel  de  ces  huit  provinces  de  la 
quatrième  grande  contrée  monte  à  cent  vingt-trois  man- 
kokfs. 

_  V.  SANJODO ,  c'eft-à-dire  contrée  montagneufe  mé- 
ridionale ou  chaude  ,  eft  compofée  de  huit  provinces. 

1.  Farima  ,  autrement  Bansju  ,  a  trois  journées  &t 
demie  de  circuit.  C'eft  un  pays  très-fertile ,  qui  produit 
en  abondance  tout  ce  qui  eft  néceffaire  à  la  vie:  il  y 
a  plufieurs  manufactures  d'étoffes  de  foie,  de  drap  ÔC 
de  papier.  Elle  eft  divifée  en  quatorze  diftrifts, 

Akas ,  Kata ,  Kamo  ,  Inami , 

Sikama ,  lwo  ,  Akato  ,  Saijo , 

Siti,  Kdnfaki,  Tàkay  Miqubo. 

Iffai ,  Itto. 

2.  Mimafaka ,  autrement  Sakusju  ,  a  trois  journées 
de  longueur  d'occident  en  orient.  Ce  pays  eft  médio- 
crement bon ,  &t  produit  une  quantité  de  fruits ,  de 
plantes  ,  de  vivres ,  6c  de  draps ,  fuffifante  pour  l'en- 
tretien des  habitans.  On  a  remarqué  comme  une  chofe 
finguliere,  que  cette  province  eft  moins  fujette  aux  vents 
que  les  autres  provinces  de  l'empire.  Elle  eft  divifée  en 
fept  diftrifts, 

Aida,  Kat^unda,   Tomani^i ,     Tomafiga.fi. 

Khumt ,  Koba ,  Mafuma, 

3.  Bidfen  ,  ou  Bisju  ,  a  trois  journées  de  circuit.  C'eft 
un  pays  paffablement  bon ,  qui  produit  beaucoup  de  foie  ; 
la  terre  y  eft  chaude;  &  on  remarque  que  les  fruits  de 
la  terre  y  meuriffent  plutôt  que  dans  les  autres  provin» 
ces.  Elle  eft  divifée  en  onze  diftrifts, 

Kofuma,  Waki ,  Iwanajz,        Ooku, 

Akofaka  ,  Kandat^,     Minne,^  Koas. 

■  TJitaka,  TJlngoJima,  Kamofima, 

4.  Bitsju ,  autrement  Fifin ,  a  une  journée  de  lon- 
gueur du  couchant  au  levant.  C'eft  un  fort  bon  pays  , 
qui  fournit  abondamment  toutes  les  chofes  nécefîaires 
à    la   vie.    La  gokokf  &t  le    chanvre   en  particulier  y 

/font   â  très-grand   marché.     Elle  eft  divifée  en  neuf 
diftrifts , 


5.  Focki,  autrement  Fakusju,  a  deux  journées  & 
demie  de  longueur  du  nord  au  fud.  Le  pays  eft  médio- 
crement bon,  cependant  il  produit  en  abondance  du 
gokokf,  du  chanvre  &  de  la  foie  ;  &c  il  y  a  plufieurs 
bonnes  manufaftures  d'étoffe  de  foie.  Cette  province  eft 
divifée  en  fix  diftrifts, 


Kawamur, 
Oomi , 


Kume  ,        Jawata , 
Fino. 


Aneri. 


Ut{,  Kaboja,    Kaijd, 

Afjanguti,    Odd,  Sitçuki. 


Simomit%_ , 

Teta ,         Fanga. 


(S.  ldfumo ,  autrement  Unsju ,  a  deux  journées  & 
demie  de  longueur  d'orient  en  occident.  Elle  eft  pres- 
que entièrement  entourée  de  la  mer  de  Corée,  en 
forme  de  péninfule.  C'eft  un  pays  extrêmement  fertile, 
qui  produit  une  grande  quantité  d'arbres  ,  d'herbes  &C 
de  plantes.  Il  y  a  auffi  quelques  manufaftures  d'étoffe 
de  foye  groffiere.  Elle  eft  divifée  en  dix  diftrifts , 


Ausquels  on  ajoute  les  ifles  de  Saborufina  Se  Jorifima. 

5.  Bingo ,  autrement  Fisju  ,  a  un  peu  plus  de  deux 
journées  de  longueur ,  du  nord  au  fud  ;  c'eft  un  affez 
bon  pays  où  il  croît  abondamment  du  riz  &C  du  gokokf; 
&  on  remarque  qu'ils  y  meuriffent  beaucoup  plutôt  qu'ail- 
leurs. Cette  province  eft  divifée  en  quatorze  diflrifts  , 

Abe  Futjiti,         Kamijfi,  Afuka, 

Numajlmi,  Bonit^,         Afijda,  Kooni , 

Mikami,  Camidami,  Mitfuki,  Jefj'o. 

Sirra,  Mijwara, 

6.  Aki,  autrement,  Gesju,a.  deux  journées  &  demie 
de  longueur,  du  nord  au  fud;  elle  eft  montagneufe  & 
ftérile.   On  fait  du  fel  fur  les  côtes.  Le  bled ,  le  riz ,  6e 

Tome  III.     K  k  k  ij 


444  JAP 

le  gokokf  n'y  viennent  que  difficilement  ;  mais  il  y  a 
beaucoup  de  bois  &  de  forêts  qui  produifent  des 
champignons  en  abondance.  Elle  eft  divifée  en  neuf 
diftrias, 

Numada ,         Takatta ,      Tojoda ,         Saâa ,  _  _ 
Cammo ,  Sabaku  ,      Aki ,  Takamija , 

&  Ikukufiima. 

Ce  dernier  nom  fe  donne  auffi  à  un  lieu  très-célébre 
dans  cette  province.    . 

7.  Suwo,  autrement  Seosju,  a  trois  journées  de  lon- 
gueur ,  de  l'occident  à  l'orient.  C'eft  un  pays  paffable- 
ment bon,  qui  abonde  principalement  en  plantes <k  en 
bons  pâturages.  Les  côtes  fourniffent  dupoi(Ion,des  écre- 
viffes ,  des  coquillages ,  &  des  chofes  femblables ,  en 
auffi  grande  quantité  qu'aucune  autre  province.  Elle  eft 
divifée  en  fix  diftrias, 

Oojùna ,  Kuka ,  Kumade ,  TJimo ,  Sawa  ,  Jooski. 

8.  Nagxta,  autrement  Tfosju,  ou  Nang.ua,  a  deux 
journées  &  demie  de  longueur ,  du  couchant  au  levant. 
C'eft  un  pays  paffablement  bon  ,  borné  au  fud  &  à 
l'oueft  par  la  mer ,  &  au  nord  par  une  chaîne  de  mon- 
tagnes. Il  produit  du  gokokf,  du  poiffon  ,  des  écrevifles, 
&:  les  autres  néceffités  de  la  vie  ,  au  double  de  ce  qu'il 
faut  pour  la  fubfiftance  des  habitans.  Elle  eft  divifée  en 
fix  diftrias, 

AJfa,     Tojora,  Mine,     Ooq ,     Amu,    Mijîjma. 

Le  revenu  annuel  de  ces  huit  provinces  de  la  cin- 
quième grande  contrée  monte  à  deux  cents  foixante  ck 
dix  mankoks. 

Toutes  les  contrées,  les  provinces  ck  les  diftrias, 
dont  on  a  parlé  jusqu'ici ,  appartiennent  à  la  grande  ifle 
àe,  Niphon.  Nous  allons  pafler  maintenant  à  la  féconde 
ifle,  qui  eft  la  plus  grande  après  celle-là,  &  que  les 
Japonois  appellent  Kiusju  ,  c'eft -à- dire,  le  pays  de 
l'oucjl  ;  &  Saikokf,  c'eft-à-dire  le  pays  des  neuf;  on 
la  nomme  auffi  Ximo.  Elle  contient  la  fixiéme  grande 
contrée. 

VI.  SA1KAIDO  ,  ç'eft-à-dire  la  contrée  des  côtes 
de  Couejl ,  eft  compofée  de  neuf  grandes  provirrces. 

1.  Tfikudfen,  autrement  Tfikujiu  ou  Çhicugerz ,  qui  a 
quatre  journées  de  longueur  du  fud  au  nord  :  c'eft  un  pays 
médiocrement  bon,  qui  produit  du_  bled  &:  du  riz.  Il  y 
a  plufieurs  manufactures  de  porcelaines  :  cette  province 
eft  divifée  en  vingt-cinq  diftrias , 

Sima,  Kama ,         Jaffljka,      Nojîma , 

Mikafa,  Monogatta,  Onka,         Mufiroda, 

Fànami ,  Sara ,  Naka ,         CaJJlja , 

Siaka,  Mufima,        ho,  -     Mufijro , 

Vuti,  Kurande ,       Nokojlma,  Sinot^, 

Kafakura,  Kamit^ka ,     Sakwa,       Kokuf, 
Tafai. 

a.  Tfikungo  ,  autrement  TJikusju  ,  a  cinq  journées  de 
longueur, du  nord  au  fud.  Le  pays  eft  paffablement  bon  , 
&  produit  en  très-grande  abondance  du  bled ,  du  riz  &  des 
pois.  Les  côtes  lui  donnent  du  poiffon ,  des  écrevifles 
&  des  coquillages.  On  y  fait  beaucoup  de  confitures 
que  l'on  porte  dans  les  auires  provinces.  Elle  eft  divifée 
en  dix  diftri£ts, 

Mijwara.;       Mij ,  Ikwa,  Mi, 

Mike ,  Kandjima,  Simodfima,  Jammakando. 

Jammafeta,  Takeno.  . 

3.  Budfen,  ou  Fosju,  a  quatre  journées  de  longueur, 
du  nord  au  fud.  Le  pays  eft  paffablement  bon  ,  &  il  eft 
diftingué  parles  excellentes  plantes  médicinales  qu'il  pro- 
duit :  il  y  a  dans  cette  province  un  grand  nombre  de 
manufaaures  d'étoffes  de  foie,  dont  le  prince  prend  une 
partie  en  payement  de  (es  revenus.  Elle  eft  divifée  en 
huit  diftrias , 


JAP 


4.  Bunga,  autrement  Toosju ,  a  trois  journées  de 
longueur,  &  eft  médiocrement  fertile.  Elle  produit  de 
la  foie,  du  drap,  du  chanvre,  du  gok  jkf ,  &  quel- 
ques plantes  médicinales  rares.  Elle  eft  divifée  en  huit 
diftrias , 

Fita,  Kees ,  Nawori ,       Oono, 

Amabe ,  Oakala  ,        Faijami,       Kunifaki. 

5.  Fidfen,  autrement  Fisju,z  trois  bonnes  journées 
de  longueur  du  nord  au  fud  ;  elle  eft  paffablement  fer- 
tile ,  &  produit  du  bled  ,  du  riz ,  beaucoup  de  poiffon 
&:  de  volaille.  Il  y  a  auffi  quelques  manufaaures  de  draps. 
Elle  eft  divifée  en  onze  diftrias , 


Kickij . 
Ooki,  ' 


Saaga,  Jalu,  Mine, 

Kanfoki,         Maatfura ,  KiJJîma. 
Kakjuraki ,      Takaku  , 


6.  Figo,  ou  Fingo,  autrement  Fisju,  a  environ  cinq 
journées  de  circuit.  C'eft  un  pays  affez  fertile ,  qui  pro- 
duit en  abondance  du  bois  à  brûler  &  à  bâtir,  auffi-bien 
que  du  bled ,  des  pois ,  ck  du  poiffon ,  des  écreviffes  , 
&  les  autres  néceffités  de  la  vie.  Elle  eft  divifée  en  qua- 
torze diftrias . 


Tamana  ,  TaXuma  , 

Jamaga ,  Kama, 

Jamamatto  ,  Aida  , 

Kikuti,       '  Mafiki, 

Afi,  Vd'o, 


Jaadjîto  , 
Koos , 
Aakufa , 
AJfua. 


:  j.Fiugo,  ou  Fiunga,  autrement  Nisju,  a  environ 
trois  journées  de  longueur.  C'eft  un  pays  maigre, mon- 
tagneux ,  &  qui  peut  à  peine  produire  affez  de  bled  ,  de' 
riz  &  de  fruits  pour  la  fubfiftance  de  fes  habitans.  Il  eft 
divifé  en   cinq  diftrias, 

Z/ski,     Koiju,     Naka,     Mijafaka,     Morocata, 

8.  Oofumi,  ou  Uxumi ,  autrement  Cusju ,  a  deux 
journées  de  longueur  de  l'eft  à  l'oueft.  Cette  province 
eft  petite  ,  mais  très-fertile ,  &  produit  abondamment  les' 
befoins  de  la  vie  ,  particulièrement  ceux  que  la  mer 
peut  fournir.  On  y  fait  une  grande  quantité  de  pa- 
pier ck  quelques  étoffes  de  foie.  Elle  eft  divifée  en  huit 
diftrifts, 


S  00, 

Sijra  , 
Kimodfuki  , 


Komadfii. 
K-Utnagge. 


9.  Sat7jima,  ou  Satsju,  eft  à-peu-près  de  la  même 
longueur  que  la  précédente  ;  elle  eft  médiocrement 
fertile  ck  produit  principalement  des  meuriers  ck  du 
chanvre  :  il  y  a  un  petit,  nombre  de  manufaaures  de 
draps  qui  font  fort  bons  :  elle  peut  fournir  de  chanvre 
les  autres  provinces.  On  la  divife  en  quatorze  diftrias, 


Idfum  , 

Takaki, 

Satçumat 

■Teki, 

Ifa, 


Ala ,  Fani, 

Kawanobe ,  Jamma , 

J.ene  ,  Okinokojtma  , 

Juumakiy  Kofskijima. 
Fire , 


Tanga-wa, 
Tfuiki, 


Sakku,  Mijako,       Nakat^, 

Kamit^ki,       Simotiki,     Ufa. 


Le  revenu  annuel  de  ces  neuf  provinces  delafixiéme 
grande  contrée   monte  à  344  mankokfs. 

Une  ifle  de  la  troifïéme  grandeur ,  fituée  entre  les 
deux  précédentes ,  &r.  nommée  par  les  Japonnois  Si-* 
KOKF,  c'eft-à-dire,  le  pays  det  quatre  (provinces), 
avec  1'ifle  voifine  AvADSl  , fituée  au  nord-eft  de  Sikokf, 
&  la  grande  province  Kjnokùni  ,  qui  avance  dans  le 
continent  de  Nipon  ,  forment  la  feptiéme  grande  con- 
trée que  les  Japonnois  appellent  Nankaido.  Cette  ifle 
eft  encore  nommée  Xicoco. 

VII.  NANKAIDO ,  c'eft- à-dire  la  contrée  des  côtes 
du  fud.  Elle  eft  compofée  des  fix  provinces  fuivantes: 

1.  Kijnokuni;  autrement  Kisju,  a  quatre  journées 
&  demie  de  longueur  du  nord  au  fud.  C'eft  un  pays 
plat  &  ftérile  ,  entouré  de  la  mer  de  tous  côtés ,  &c 
qui  ne  produit  ni  bled,  ni  riz,  ni  poisj  ni  autres  lé- 


IA? 

gumeâ.  Cette  province  eft  divifée  en  fept  diftrifts, 

Ito ,  Naka ,  Nagufa ,  Amabc. 

Arida ,        Fitaka ,  Muro, 

l.  Awadjl,  eft  une  ifle  qui  a  environ  une  journée 
de  longueur;  :  quoiqu'elle  foit  en  général  tort  fterile , 
elle  produit  néanmoins  une  quantité  de  draps,  de  poifîbn 
&  de  Tel ,  iuffifante  pour  fes  habitans.  Elle  n'a  que  deux 
diftrifts , 

Tfina  &   M'tjwara, 

ausquels  on  ajoute  deux  des  principales  ifles  voifines, 

Mujjima ,  &    Jzjima. 

3.  Awa,  autrement  Asju ,  a  deux  journées  de  che- 
min. C'eft  un  pays  médiocrement  bon  ,  un  peu  mon- 
tagneux, Se  qui  produit  abondamment  du  bétail,  delà 
volaille  ,  du  poiflon  ,  des  écreviiles  6c  des  coquillages. 
Il  ie  divife  en  neuf  diftricts, 


Akala, 


JAP  . 

&  Simoakatd. 


44  S 


Miojl , 

Nanijî , 

Itano  , 

Oim , 

Katsura  , 

Iwa, 

NafingaJÎ, 

Aaka, 

Mima. 

4.  Sanuki,  autrement  Sansju  ,  a  trois  journées  de 
longueur  de  l'orient  à  l'occident.  C'eft  un  pays  paliable- 
ment  fertile,  où  il  y  a  beaucoup  de  momagnes,  de 
rivières  ,  &  de  champs ,  qui  produifent  du  riz  ,  du  bled 
&  des  légumes.  La  mer  le  fournit  de  poifion  &  d'écre- 
viffes  :  cette  province  eft  remarquable  par  le  grand  nom- 
. 'bre  deperfonnes  célèbres  qui  y  font  nées.  Elle  eft  divi- 
fée en  onze  diftnfts  , 


Owujlfi,  Jamada , 

Samingawa  ,  Kanda , 

Miki ,  Ano  , 

Mino ,  Utari , 


Naka, 
Tado , 
Nako. 


if.  I/o ,  autrement  Josju ,  a  deux  journées  de  longueur. 
C'eft  un  pays  médiocrement  bon  ,  montagneux  en  q  el- 

ques   endroits,  plat  en  d'autres  ;    il  y    a    des  champs     ^:,tlu'','  y  eft  entré,  on  y 
qui  font  fabloneux  ;    d'autres    qui    produifent   du  ;riz , 
du  chanvre,  des  meuriers ,  de   l'herbe  &.  des  plantes: 
on  fait  quelque  peu  de  fel  fur  les  côtes.    Il  eft  divilé 
en  quatorze  diftn&s , 


On  ne  parle  pas  fort  avantageufement  de  la  fertilité 
de  ces  ides  ;  mais  on  dit  qu'il  y  a  piufieurs  chofes  curieules 
a  voir  ,  &  elles  font  fameufes  par  le  grand  nombre  des 
idoles  qu'on  y  adore. 

Le  revenu  annuel  de  ces  deux  ifles ,  monte  à  -5  mans 
&  <fooo  kokfs. 

Selon  le  compte  que  nous  venons  de  donner,  le  re- 
venu de  toutes  les  ifles  &  provinces  qui  appartiennent 
à  l'empire  du  Japon ,  monte  tous  les  ans  à  'la  fomme  de 
2328  mans  ,  &  6100  kokfs  ;  &  cependant  l'auteur  Ja- 
ponnois,  fur  les  Mémoires  duquel  Ka3mtfer  a  travaillé, 
ne  le  fait  monter  qu'à  22.57  mankokr's. 

Tout  l'empire  du  Japon  a  deux  chefs  ou  deux  empe- 
reurs, le  Duiro  ,  &  le  Kubo. 

Le  DaîRO  gouvernoit  autrefois  abfolument  par  droit 
de  fucceffion.  Les  peuples  le  reconnoiffoient  pour  leur 
fouverain  ;  &:  ils  étoient  perfuadés  que  c'étoit  refifter 
à  Dieu  même  ,  que  de  s'oppolér  aux  commandemens 
de  ce  prince.  Quand  un  roi  particulier  du  pays  avoit 
quelque  démêlé  avec  un  autre,  ce  fouverain  eonnoiffoit 
dejeurs  différends, avec  la  même  autorité  que  li  Dieu 
l'eût  envoyé  pour  les  gouverner  fouverainement.  Quand 
ce  prétendu  faint  marchoit,  il  ne  devoit  point  toucher 
à  terre;  il  falloit  empêcher  que  les  rayons  du  foleil,  ou 
de  quelq  l'autre  lumière  ne  le  toucha  ent;  c'eut  été  un 
crime  de  lui  couper  la  barbe  &  les  ongles  :  toutes  les 
fois  qu'il  mangeoit  ou  lui  préparoit  fes  repas  dans  un 
nouveau  fervice  de  cuifi.ie,  qui  ne  fervoit  qu'une  fois. 
Il  avoit  douze  femmes  qu'il  époufoit  toutes  avec  beau- 
coup de  folemnité:  ces  femmes  le  fuivoient  dans  leurs 
carroffes,  fur  lesquels  on  voyoit  leurs  armes  &  leurs  titres  : 
il  y  avoit  dans  Ion  château  deux  rangs  de  maifons ,  fix 
de  chaque  côté:  fur  chaque  porte  étoient  les  armes  &  les 
titres  de  celle  d'entre  les  femmes  qui  habitoit  ta  muifon; 
il  avoit  de  plus  un  ferrail  pour  fes  concubines.  La  même 
chofe  fe  pratique  encore  ;  on  aprête  tous  les  jours  un 
magnifique  louper  dans  chacune  de  ces  douze  maifons; 
l'on  y  prépare  une  mufique ,  fans  favoir  dans  laquelle  il 
plaira  au  prince  d'aller  louper  :  lorsqu'il  en  a  choifi  une 


rot  tout  ce  qui  a 


Ni;, 

Nooma , 

Jio, 

Suckli, 

Tfnke , 

Kiea, 

Kuwamira  , 

Otfumi  , 

Zfwa, 

Oot{, 

Kumc  y 

Vma. 

Kaja/aia,  . 

Fuke, 

6.  Tofa,  autrement  Tosju,  a  deux  journées  de  lon- 
gueur de  l'eft  à  l'oueft.  Ce  pays  eft  paffablement  bon , 
produisant  abondamment  des  légumes  ,  du  bois  ,  du  fruit 
&  piufieurs  autres  chofes  pour  les  befoins  de  la  vie. 
On  le  divife  en  huit  diftnfts , 


To[ a, 
Agawa 
Taka  , 


Oka  ,  KataJIma  , 

Fata ,  Kami. 

Nanaoka  , 


Le  revenu  annuel  de  ces  fix  provinces  de  la  feptiéme 
&  dernière  grande  contrée  du  Japon ,  monte  à  140 
mankokfs. 

Il  y  a  deux  ifles ,  dont  nous  n'avons  point  encore 
parlé  ,  qui  furent  conquifes  &  annexées  au  Japon  dans 
la  guerre  contre  les  habitans  de  la  Corée.  Elles  -l'ont 
appellées  Iki-TsussimÀ  ,  leurs  deux  noms  étant  joints 
enfemble,  &C  ont  à  prél'ent  un  pri.xe  particulier,  au  lieu 
que'lles  étoient  autrefois  fous  la  domination  du  prince  ou 
roi  de  Satzuma. 

1.  Ri,  autrement  Isju:  ]a  première  de  ces  deuxifles 
a  une  journée  de  longueur  &  deux  diftn&s,' 


Iki 


&  Ifijda. 


2.  Tfuffîma,  autrement  Taisju  ,  eft  un  peu  plus  grande 
que  celle  d'Iki,  ck  fe  divife  auiïï  en  deux  diftrifts, 


été  préparé  dans  les  autres ,  &  les  onze  dames  viennent 
avec  leur  fuite  &  leur  mufique  ,  pour  fervir  la  dame 
que  le  Dairo  a  choifie  ce  jour-là  :  ce  ne  font  alors  que 
jeux,  comédies,  &  divertiffemens.  Mais  ce  prince  ne 
jouit  plus  de  la  fouveraineté  que  les  généraux  de  la 
couronne  ont  ufurpée  :  on  lui  a  feulement  confervé  Ces 
immenfes  revenus,  &  on  lui  rend  les  respecta  &  les 
hommages  les  plus  capables  de  flatter  fa  vanité.  Le  Dairo 
eft  ce  que  Kampfer  appelle  ie  monarque  héréditaire 
eccléjiajiique  ,  parce  qu'il  eft  toujours  l'oracle  de  la  re- 
ligion. *  Caron ,  Relat.  du  Japon ,  dans  le  Recueil  des 
Voyages  du  nord  ,  t.],  p.  b'ô. 

Le  Kubo  ou  monarque  féculier  d'à  préfent  s'appelle 
Tfimajos.  Il  eft  le  quatrième  fuccelTeur  &  arriere-petit- 
fils  de  JejalTama,  premier  empereur  de  la  famille  au- 
jourd'hui régnante,  &  qui  ravit  la' couronne  à  l'héritier 
légitime  vers  le  commencement  du  feiziéme  fiécle.  Il 
a  un  pouvoir  illimité  &  abfolu  fur  tous  lès  fujets ,  de- 
puis ceux  de  la  plus  baffe  extraftion  ,  jusqu'aux  perfon- 
nes  du  plus  haut  rang.  Les  plus,  grands  princes  &  les 
feigneurs  de  l'empire  font  tellement  dans  fa  dépen- 
dance, qu'il  peut  les  disgracier,  les  exiler,  les  faire  mou- 
rir, &  les  dépouiller  de  leurs  états  &  de  leurs  terres 
quand  il  lui  plaît,  ou  lorsqu'il  juge  que  la  paix  &  le  bien 
de  l'état  le  demande,  ou  que  leurs  crimes  le  méritent. 
*  Hijl.  du  Japon,  t.  I  ,  p. 70. 

Il  y  a  certaines  provinces  qui  font  gouvernées  par  des 
princes  héréditaires,  appelles  DAiMio,qui  lignifie  «/m; 
d'un  nom  èminent,  c'eft-à-dire  les  princes  &  les  feigneurs 
du  premier  rang.  (Nos  hiftoriens  &  géogr.iphes  d'Europe 
les  appellent  royaumes.  )  Quelques-uns  de  ces  princes 
ont  trouvé  le  moyen  d'aggrandir  leurs  états  à  main  ar- 
mée ;  c'eft  ainfi  que  le  prince  de  Saxuma  s'eft  emparé 
de  deux  provinces  voifines ,  Oofumi  &  Fiugo  ,  &:  que 
le  prince  de  Cauga  eft  devenu  maître  de  la  province  de 
Noto  ;  &  de-là  vient  que  l'on  regarde  ces  deux  princes 
comme  les  plus  puiffans  de  l'empire. 

Les  feigneurs  des  diftricls  font  appelles  Siamiô ,  ou 


446 


JAP 


JAP 


lien  nommés,  c'etVà-dire  feigneurs ,  mais  d'un  rang  in- 
férieur à  celui  des  Daimios.  Ces  Siomios  font  dans  une 
fi  grande  dépendance  de  l'empereur  ,  qu'il  ne  leur  eft 
pas  permis  de  demeurer  plus  de  fix  mois  dans  leurs  biens 
héréditaires.  Il  faut  qu'ils  parlent  les  autres  fix  mois  dans 
la  ville  capitale  de  Jedo,  où  l'on  garde  leurs  femmes 
&  leurs  enfans  toute  l'année  comme  des  gagés  de  leur 
fidélité. 

Quelques-uns  de  ces  diftrifts  font  des  domaines  im- 
pénaux ,  ou  des  terres  de  la  couronne ,  (bit  parce  qu'ils 
ont  été  anciennement,  deftinés  pour  les  befoins  de  la 
couronne  ,  l'oit  que  dans  la  fuite ,  lorsque  l'occafion  s'en 
eft  préfentée ,  on  les  ait  ôtés  à  leurs  poffeffeurs  héré- 
ditaires, pour  les  punir  de  quelque  crime  qu'ils  avoient 
commis;  &  on  les  a  réunis  au  domaine  impérial;  car 
c'a  toujours  été  une  des  principales  maximes  politiques 
ces  empereurs  du  Japon,  de  fe  maintenir  dans  une  pai- 
fible  poffeffion  du  trône ,  en  affùbliffant  par  toutes 
fortes  de  voies  le  pouvoir  des  plus  grands  princes  de 
l'empire. 

Les  plus  grandes  terres  de  la  couronne  font  gouver- 
nées par  des  BUGIOS  ,  qui  y  font  la  fonction  de  lieute- 
nans,  &  les  moindres  terres  par  .  des  Oaiquans  ou 
Receveurs.  Tous  les  revenus  de  ces  terres  doivent  être 
portés  dans  les  coffres  de  l'empereur. 

Keempfer  croit  que  les  Japonnois  font  la  pofterité  d'une 
des  tamnles  qui  fe  disperlerent  immédiatement  après 
l'entreprife  de  la  tour  de  Babel.  Il  juge  qu'ils  avancè- 
rent vers  l'orient,  en  allez  peu  de  tems,  fans  s'arrêter 
avec  les  autres  familles  ;  6c  il  appuie  cette  conjeâure 
fur  ce  que  la  langue  ci'es  ides  du  Japon  eft  fans  mêiange 
de  mots  étrangers;  ce  qui  ne  pourroit  pas  être,  s'ils 
avoient  fejourné  quelque  tems  avec  les  Tartares  ou  les 
Chinois.  Il  n'y  a  que  quelques  fiécles  que  les  Japonnois 
ayant  découvert  par  hazard  l'ifle  de  G-ENKAISIMA,  la 
trouvèrent  peuplée  SOni ,  c'eft-à-dire  de  diables  noirs  ; 
ce  nom  de  diables  eft  fondé  fur  ce  que  les  Japonnois 
méprifent  tous  les  pays  étrangers  ,  &  les  appellent" Uma- 
K.OKF ,  c'eft-à-dire  pays  du  diable.  Kasmpfer  prouve 
que  c'étoient  des  Malâyes  dorigine.  Les  ifles  du  Japon 
peuvent  auflï  avoir  été  peuplées  par  des  naufrages.  La 
mer  orageufe  8c  les  écueils  dont  elles  font  environnées 
ont  fans  doute  brifé  beaucoup  de  navires  dont  les  équi- 
pages fauves  des  flots  fe  font  joints  aux  anciens  habi- 
tans.  Ce  qui  confirme  cette  idée ,  c'eft  que  la  décou- 
verte par  les  Portugais  s'en  eft  faite  à  l'occafion  d'un 
vaiffeau  de  cette  nation  ,  qui  fut  jette  par  une  tempête  fur 
les  côtes  de  ce  pays.  Ce  qui  fait  encore  connoîtreque 
tous  les  Japonnois  n'ont  pas  une  même  origine,  c'eft  la 
différence  qui  fe  trouve  entre  les  habitans  de  diverfes 
provinces;  car,  quoique  les  Japonnois  en  général ,  parti- 
culièrement le  commun  du  peuple  ,  foient  d'un  aspect; 
fort  laid  ,  étant  petits  ,  trapus ,  bazanés ,  ayant  les  jam- 
bes grottes  ,  le  nez  plat  &  les  fourcils  épais  ,  quoique 
leurs  yeux  ne  foient  pas  fi  enfoncés  que  ceux  des  Chi- 
nois ;  cependant  les  descendans  des  plus  anciennes  & 
plus  nobles  familles,  des  princes  &  des  grands  de  l'em- 
pire ,  ont  quelque  chofe  de  plus  majeftueux  dans  leur 
taille  8c  leur  contenance  ,  8c  reffemblent  beaucoup  aux 
Européens.  Les  habitans  des  provinces  de  Satzuma , 
Oofijmi  8c  Fiuga  font  de  moyenne  taille ,  forts ,  coura- 
geux ,  réfolus  ,  d'ailleurs  civils  &  polis.  On  remarque  la 
même  chofe  dans  les  habitans  de  quelques-unes  des  pro- 
vinces feptentrionales  de  l'ifle  de  Nipon  ,  excepté  ceux 
de  la  grande  province  d'Osju  qu'on  dit  être  plus  inhu- 
mains 8c  plus  cruels  que  les  autres.  Les  habitans  de  quel- 
ques provinces  de  Saikokf,  particulièrement  ceux  de 
Fifen  ,  font  petits ,  déliés ,  mais  bien  faits  ,  d'un  air 
agréable  &  extrêmement  polis.  Les  habitans  de  l'ifle  de 
Nipon,  fur-tout  ceux  des  provinces  orientales ,  fe  diftin- 
guent  des  autres  par  leurs  grottes  têtes  ,  leurs  nez  plats , 
leur  embonpoint  &  leur  corpulence.  Il  paraît  de  tout  ce 
que  l'on  vient  de  dire  que  les  Japonnois  en  général  font 
une  nation  primitive,  accrue  à  la  vérité  par  des  colonies, 
mais  qui  ne  doit  ni  fon  être  ni  fa  première  origine  aux 
Chinois  ;  que  bien  qu'ils  ayent  reçu  d'eux  plufieurs  arts 
&  feiences  utiles,  comme  les  Romains  en  reçurent 
des  Grecs ,  ils  n'ont  pourtant  jamais  été  fubjugués 
ou  conquis  ni  par  les  Chinois,  ni  par  aucune  nation 
voifine. 


Les  Japonnois  fe  vantent  de  vivre  fous  un  climat  heu- 
reux &  agréable.  Le  tems  y  eft  néanmoins  fort  incon- 
ftant  Se  fujet  à  de  frequens!chanaeinens  :  l'hyver,  l'ait  eft 
chargé  de  neige  ,  &  produit  de  grandes  gelées  ;  l'été ,  au 
contraire,  fur-tout  clans  les  jours  caniculaires,  eft  d'une 
chaleur  infupportable.  Il  pleut  fouvent  pendant  toute 
l'année ,  mais  d'une  manière  extraordinaire  aux  mois  de 
Juin  &  de  Juillet  qu'on  appelle  pour  cette  raifon  Sat- 
fuki,  ou  les  mois  de  l'eau.  Cependant  il  s'en  faut  bien 
que  la  faifon  des  pluies  n'ait  au  Japon  la  régularité 
qu'on  remarque  dans  les  contrées  plus  chaudes  des  In- 
des orientales.  Le  tonnerre  Se  les  éclairs  font  fort  fré- 
quens. 

La  mer  qui  environne  le  Japon  eft  fort  agitée  &:  ora- 
geufe ;  ce  qui  joint  au  grand  nombre  de  rochers ,  de 
bas-fonds  &  d'écueils ,  qu'il  y  a  au  deffus  &  au  deffous 
de  l'eau ,  en  rend  la  navigation  très-pénlleufe.  Il  y  a 
deux  tournans  remarquables  &  dangereux.  L'un  eft  ap- 
pelle Faisaki,  &  on  le  trouve  près  de  Simbara  au 
deffous  d'Amacufa.  Il  eft  dangereux  ,  principalement 
quand  la  marée  eft  batte;  car  lorsqu'elle  eft  haute,  il 
devient  au  niveau  de  la  furface  de  la  mer  ;  mais  auffi- 
tôt  qu'elle  commence  à  baiffer  ,  après  quelques  tour- 
noyemens  violens  ,  il  tombe  tout-à-coup  jusqu'à  la  pro- 
fondeur de  quinze  braffes  ,  comme  on  l'a  att'uré  à  l'au- 
teur que  je  ne  fais  ici  que  copier  ,  Se  il  engloutit  avec 
Une  extrême  force  les  vaiffeaux ,  barques  ,  Se  tout  ce 
qui  fe  trouve  à  portée.  L'autre  to.irnant  eft  proche  des 
côtes  de  la  province  de  Kijnokuni  ;  il  eft  appelle  Nar- 
ROTO  ,  &  à  caufe  du  voifinage  de  la  province  d'Ava 
Awano  NARROTO  ,  qui  veut  dire  le  bruijjemenl 
d'A-wa. ,  parce  qu'il  fe  jette  avec  un  bruit  éclatant  au- 
tour d'une  petite  îfle  de  rochers  ,  qui  tremble  continuelle- 
ment par  la  violence  du  mouvement.  Quoique  l'aspect: 
de  celui-ci  foit  formidable  ,  on  le  regarde  pourtant 
comme  Je  moins  dangereux,  parce  que  le  bruit  qu'il 
fait  é;ant  entendu  d'affez  loin ,  on  peut  aifément  l'éviter. 
Les  auteurs  Japonnois,  particulièrement  les  poètes,  font 
fouvent  allufion,  dans  leurs  écrits,  à  la  nature  rrtervelleufe 
8e  au  mouvement  de  ce  Narroto ,  6c  les  prêtres  font 
la- même  chufe  dans  leurs  fermons. 

On  voit  auffi  fréquemment  des  trombes  s'élever  dans 
les  mers  du  Japon  Se  s'approcher  des  côtes.  Les  Japon- 
nois s'imaginent  que  c'eft  une  espèce  de  dragons  d'eau, 
qui  ont  une  longue  queue,  6c  qui  s'élèvent  en  l'air 
d'un  mouvement  très-rapide  ;  6c  c'eft  la  raifon  pour  la- 
quelle ils  les  appellent  tatsmaki,  c'eft-à-dire  des  dra- 
gons jaillijfans. 

Le  terroir  du  Japon  eft,  en  général,  montagneux ,  pier- 
eux  6c  ftérile  ;  mais  l'induftrie  8c  les  foins  infatigables 
des  habitans  l'ont  rendu  aifez  fertile  pour  leur  fournir 
tout  le  nécetTàire.  D'ailleurs  la  mer  voifine  leur  donne 
du  poiffon  ,  d;s  écreviffes  ÔC  des  coquillages.  Les  ro- 
chers même  8c  les  lieux  incultes  produifent  des  plantes , 
des  fruits  &  des  racines  pour  la  fubfiftance  des  habi- 
tans :  l'indigence  de  leurs  ancêtres  leur  fit  trouver  le 
moyen  de  les  apprêter  6c  les  rendre  même  agréables  au 
goût.  Sion  ajoute  à  cela  que  les  Japonnois  ,  en  général, 
vivent  avec  beaucoup  de  frugalité ,  on  ne  fera  pas  furpris 
qu'un  empire  fi  vafte  8c  fi  peuplé  ait  en  telle  abondance 
tout  ce  qui  eft  néceffaire  à  la  vie. 

Il  y  a  un  grand  nombre  de  rivières ,  de  lacs  &  de 
fontaines.  Quelques  rivières  font  fi  grandes  8c  fi  rapides, 
foit  parce  quelles  tombent  des  hautes  montagnes  6c  des 
rochers  ,  ou  à  caufe  des  grandes  6c  fréquentes  pluies  , 
qu'il  y  a  du  danger  à  les  paffer  ;  il  s'en  trouve  de  fi  im- 
pétueufes  ,  qu'on  ne  fauroit  y  bâtir  des  ponts.  Les  plus 
célèbres  font  I'Ujingava  ,  I'Oomi  8e  I'Askagava. 

L'Ujingava  ,  c'eft  à-dire  la  rivière  d'Ujin ,  a  en- 
viron un  quart  de  lieue  de  largeur;  8c  comme  elle  n'a 
point  de  pont ,  il  faut  la  paffer  à  gué.  Elle  descend  des 
montagnes  avec  tant  de  rapidité,  que  lors  même  qu'elle 
eft  baffe ,  8c  que  l'eau  va  à  peine  jusqu'au  genou  ,  il 
faut  cinq  hommes  robuftes  8c  qui  en  connoiffent  bien 
le  lit  pour  y  faire  paffer  un  cheval;  ce  qui  joint  aux 
groffes  pierres  qui  font  au  fond,  en  rend  le  paffage éga-. 
lement  difficile  8e  dangereux.  De  peur  que  ceux  qui  fer- 
vent de  guides  pour  paffer  cette  rivière  ,  ne  négligent 
de  prendre  foin  des  perfonnes  qui  paffent ,  les  loix  du 
pays  les  rendent  responfables  de  leurs  vies. 


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La  rivière  d'Oomi  eft  célèbre  par  fon  origine  extra- 
ordinaire; car  les  hiftoires  du  Japon  rapportent  qu'elle 
faillit  tout  d'un  coup  une  nuit,  l'an  2.85  avant  l'ère 
vulgaire.  Elle  rire  ion  nom  de  la  province  où  eft  fa 
fource. 

La  rivière  d'AsKAGAVA  a  cela  de  remarquable  que 
la  profondeur  de  ton  lit  change  continuellement;  Si  par- 
là  elle  fournit  des  allufions  aux  auteurs  Japonnois ,  Se 
principalement  aux  poètes. 

Le  Japon  eft  fort  fujet  aux  tremblemens  de  terre  :  ils 
y  font  fi  fréquens  que  les  naturels  du  pays  s'en  allat- 
ment  auflî  peu  qu'on  fait  en  Europe ,  à  l'égard  des  éclairs 
Se  du  tonnerre.  Les  fecouffes  font  quelquefois  fi  violen- 
tes ,  &  durent  fi  long-tems  ,  que  des  villes  entières  en 
ont  été  détruites,  Se  plufieurs  milliers  d'habitans  enfe- 
velis  fous  les  ruines.  Cela  arriva  en  i'jSô,  comme  nous 
l'apprend  le  P.  Louis  Froès ,  qui  étoit  alors  au  Japon. 
Voici  ce  qu'il  dit  lui-même  dans  une  lettre  datée  de 
Simonofekï,  dans  la  province  de  Nagatta  ,  le  15  Octo- 
bre 1586,  &  inférée  dans  le  recueil  du  P.  Hay  de 
rtbus  Japonicis.  L'an  1 586 ,  il  arriva  un  tremblement 
de  terre  fi  terrible  qu'il  n'y  en  eut  jamais  de  femblable 
dans  le  Japon.  Les  fecouffes  ne  finirent  qu'après  qua- 
rante jours,  Se  s'étendirent  depuis  la  p.rovince  de  Sacaja 
jusqu'à  Miaco.  Il  renverià  foixante  maifons  dans  la  ville 
de  Sacaja.  Nagafama  qui  eft  une  petite  ville  d'environ 
mille  maifons  dans  le  royaume  d'Oomi ,  fut  à  moitié 
engloutie ,  Se  l'autre  moitié  confumée  d'un  feu  qui  fortit 
de  la  terre.  A  Miaco  plufieurs  maifons  furent  ruinées 
avec  un  fameux  temple  d'idoles.  Dans  la  province  de 
Facata ,  il  y  avoit  une  petite  ville  fort  fréquentée  par 
les  marchands ,  Se  appellée  aufïï  Nagafama  par  les  ha- 
bitans  ,  qui ,  après  avoir  fouffert  d'horribles  fecouffes 
l'espace  de  plufieurs  jours  ,  la  mer  s'enfla  tellement  que 
Fimpétuofité  de  fes  flots  jetta  les  maifons  par  terre, 
Se  les  entraîna  dans  la  mer  ;  engloutit  tous  les  habitans , 
ÔC  ne  laiffa  pas  la  moindre  trace  d'une  ville  fi  riche  ôe 
fi  marchande ,  hormis  l'endroit  où  étoit  le  château  ; 
encore  étoit— il  fous  l'eau  entièrement. 

Il  y  avoit  dans  le  royaume  de  Mino  une  forterefle 
fituée  fur  une  haute  montagne  ;  après  une  violente  fe- 
eouffe,  la  terre  s'étant  entr'ou verte  engloutit  la  mon- 
tagne Se  la  fortereffe  ,  Se  un  lac  parut  au  lieu  où  elle 
étoit.  La  même  chofe  arriva  dans  la  province  d'Ikeja. 
Il  y  eut  en  divers  endroits  du  Japon  des  goufres  Se  des 
ouvertures  de  terre  fi  larges  Se  fi  profondes  qu'un  mous- 
quet ne  portoit  pas  d'un  bout  à  l'autre ,  &  il  en  fortoit 
une  odeur  n  infe&ée  que  les  voyageurs  n'ofoient  paffer 
vers  ces  endroits-là.  Lorsque  ce  tremblement  commença, 
Quabacunduno  (appelle  enfuite  Taicofama)  étoit  à  Ta- 
comot  dans  le  château  d'ACHEC  ;  mais  la  peur  qu'il  eut 
le  fit  retourner  en  porte  à  Ofacca ,  où  il  fe  croyoit  plus 
en  fureté  :  fes  palais  foufrirent  de  furieufes  fecouffes  ; 
mais  ils  ne  furent  pas  néanmoins  renverfés.  Telle  eft 
la  relation  du  P.  Froès. 

Il  eft  arrivé  plufieurs  accidens  femblables  depuis  ce 
tems-là.En  1703  il  y  eut  au  Japon  un  tremblement  de 
terre  très-violent ,  qui  joint  à  un  furieux  incendie  qui 
arriva  en  même  tems ,  abima  presque  entièrement ,  Se 
réduifit  en  cendres  la  ville  d'Iedo  ;  Se  même  le  palais  de 
l'empereur  ;  ck  plus  de  200000  habitans  furent  enfevelis 
fous  les  ruines. 

On  remarque  comme  une  chofe  fin guliere,  que  quel- 
ques lieux  particuliers  du  Japon  ne  font  point  fujets  aux 
tremblemens  de  terre.  Les  Japonnois  raifonnent  diver- 
fement  fur  ce  phénomène.  Quelques-uns  l'attribuent  à  la 
fainteté  du  lieu  &  à  la  puiffante  protection  de  fon  génie 
ou  dieu  tutelaire.  D'autres  croient  que  c'eft  parce  que 
ces  endroits-là  portent  fmmédiatement  fur  le  centre  im- 
mobile de  la  terre.  Tous  conviennent  du  fait  ;  Se  les 
lieux  diftingués  par  cet  avantage  particulier,  font  lesifles 
deGOTHO,  la  petite  ifle  de  SlKlBUSIMA  où  les  Bonzes 
ont  un"temple  magnifique ,  &  un  des  premiers  qui  ayent 
été  bâtis  dans  le  pays.  La  grande  mo.itagne  de  Kojafan 
près  de  Miaco,  fameufe  parle  nombre  qu'il  y  a  decou- 
vens  ,  de  monafteres  &  de  moines. 

La  plus  grande  richeffe  du  terroir  du  Japon  confifte 
en  toutes  fortes  de  minéraux  Se  de  métaux  ,  particuliè- 
rement en  or  ,  en  argent ,  5c  en  cuivre.  Le  grand  nom- 
bre de  fources  chaudes  qu'on  y  trouve ,  6c  de  monta- 


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gnes  qui  jettent  de  la  fumée  ou  du  feu,  montre  com- 
bien il  doit  y  avoir  de  foufre ,  qui  eft  comme  le  fond 
des  minéraux  5c  des  métaux. 

Proche  de  Firando  où  les  Hollandois  avoient  leurs 
comptoirs  5c  leurs  magafins ,  avant  qu'on  les  transportât 
à  Nangafaki ,  il  y  a  une  petite  ifle  de  rochers  ,  une  de 
celles  qui ,  par  rapport  à  leur  nombre,  font  appellées  par 
les  Japonnois  Kiukiu  Sima,  c'eft-à-dire  les  Neuf- 
IJles.^  Quoique  très-petite  &c  entourée  de  la  mer ,  elle 
a  brûlé  5c  a  été  agitée  par  des  fecouffes,  durant  plufieurs 
fiécles.^  Il  y  a  une  autre  petite  ifle  vis-à-vis  de  Saxuma, 
appellée  parles  Japonnois  FuOGO  ,  nom  qu'ils  ont  em- 
prunté des  Espagnols,  5c  qu'elle  a  conlèrvé;  nos  Cartes 
la  nomment  Vulcanus  :  il  y  a  une  montagne  qui  jette 
du  feu,  5c  qui  en  a  jette  par  intervalles  durant  plufieurs 
fiécles.  On  voit  fur  le  fommet  d'une  montagne  qui  eft 
dans  la  province  de  Figo  (Fingo)  une  grande  ouverture 
qui  étoit  autrefois  la  bouche  d'un  volcan  ;  mais  les  flam- 
mes ont  ceffé  depuis  quelque  tems  apparemment  par 
Fépuifement  de  la  matière  combuftible.  Dans  la  même 
province  il  y  a  un  autre  endroit  nommé  Afo,  fameux 
par  un  temple  qu'on  appelle  Asa  NO  GONGEN  ,  ou 
le  temple  du  Dieu  jaloux  £Afo ,  Se  affez  près  de-là  , 
il  fort  presque  continuellement  des  flammes  du  fommet 
d'une  montagne  qui  font  plus  vifibles  la  nuit  que  le  jour. 
Il  y  a  un  autre  Vo'can  dans  la  province  de  Tfikufen 
proche  d'un  lieu  nommé  K.UJANOFSE.  C'étoit  autrefois 
une  mine  de  charbon ,  qui ,  par  la  négligence  des  mi- 
neurs, prit  feu  accidentellement,  Se  elle  a  continué  de 
brûler  depuis  ce  tems.  On  a  remarqué  qu'il  fort  quel- 
quefois une  fumée  noire  5c  puante  du  fommet  de  la  mon- 
tagne célèbre  de  Fesi  ,  dans  la  province  de  Suruga  ,  qui 
ne  cède  en  hauteur  qu'au  fe.il  pic  de  Ténérif.  Les  Hiftoires 
Japonnoifes  marquent  que  le  fommet  eft  toujours  couvert 
de  neige  ;  qu'il  iettoit  autrefois  de  flammes  ,  mais  qu'une 
ouverture  s'étant  faite  au  côté  de  la  montagne,  parla 
violence  du  feu,  les  flammes  cefferent  peu  après. Unsen 
eft  une  montagne  près  de  Simabara ,  qui  eft  grande  Se 
hideufe,  mais  pas  fort  haute.  Son  fommet  eft  toujours 
nud  ,  blanchâtre,  couleur  qui  lui  vient  du  foufre,  6c 
reffemble  au  caput  mortuum  des  chymiftes ,  ou  à  une 
maffe  brûlée.  Elle  ne  jette  pas  beaucoup  de  fumée  ; 
cependant  Kœmpfer  dit  avoir  vu  la  fumée  qui  en  fortoit, 
quoiqu'il  en  fût  éloigné  de  trois  lieues.  La  terre  eft 
chaude  5c  brûlante  en  plufieurs  endroits,  Se  d'ailleurs 
fi  lâche  Se  fi  fpongieuiè  qu'à  quelques  morceaux  près 
où  il  y  a  des  arbres,  on  n'y  fauroit  marcher  qu'en 
tremblant,  à  caulè  du  bruit  qu'on  entend  continuelle- 
ment fous  fes  pieds.  L'odeur  du  foufre  qu'elle  exhale  eft 
fi  forte  qu'à  plufieurs  milles  à  la  ronde  on  ne  voit  pas 
un  feul  oifeau  :  l'eau  de  pluie  qui  y  tombe  bouillonne , 
Se  alors  on  diroit  que  toute  la  montagne  bout.  I!  fort 
de  cette  montagne  Se  des  environs  plufieurs  fontaines, 
les  unes  froides,  les  autres  chaudes.  Il  y  a  ,  entr'autres, 
de  fameux  bains  chauds  qu'ils  regardent  comme  un  re- 
mède intallible  pour  les  maux  vénériens  ,  pourvu  que 
le  malade  s'y  baigne  pendant  plufieurs  jours,  Se  que 
chaque  jour  il  y  demeure  quelques  momens.  Mais  il 
faut  qu'il  commence  par  un  autre  bain  qui  n'eft  pas 
tout-à-fait  fi  chaud ,  appelle  Obamma  ,  à  quelques  lieues 
de  là  :  tant  qu'il  fait  ufage  des  bains ,  il  ne  doit  rien 
manger  que  de  chaud  ;  5c  en  fbrtant  du  bain ,  il  faut 
qu'il  fe  mette  au  lit ,  Se  fe  couvre  bien  pour  tâcher  de 
fuer.  A  quelque  diftance  de  ce  bain  chaud ,  il  y  a  un 
monaftere  de  la  fecfe  deTendai.  Le<  moines  ont  donné 
à  chaque  fontaine  des  environs ,  des  noms  particuliers 
pris  de  leur  qualité  ,  de  l'écume  qui  nage  fur  la  furface  , 
de  leur  fond  Se  du  bruit  qu'elles  font  en  fortant  de  la 
terre ,  Se  les  ont  deftinées  comme  autant  de  purgatoi- 
res pour  les  artifans  Se  les  ouvriers  dont  la  profeffion 
femble  avoir  quelque  rapport  aux  qualités  de  ces  eaux  ; 
par  exemple,  ils  placent  les  braffeurs  de  frère  8c  de 
fakci ,  fourbes  Se  trompeurs  ,  dans  le  fond  d'une  fon- 
taine bourbeufe;  les  cuifiniers  Se  les  pâtiffiers  dans  une 
autre  qui  eft  remarquable  par  fon  écume  blanche  ;  les 
gens  querelleurs  Se  les  chicaneurs"  dans  une  autre  qui 
fort  de  terre  avec  un  bruit  effroyable  ,  Se  ainfi  des 
autres  :  c'eft  ainfi  qu'ils  trompent  le  peuple  aveugle  Se 
fuperftitieux,  5c  en  tirent  de  groffes  fommes  d'argent. 
Dans  la  cruelle  perfécution  qui  s'éleva  au  Japon  coa- 


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tre  la  religion  Chrétienne ,  &  qui  eft  la  plus  fanglante 
dont  il  foit  parlé  dans  l'Hiftoire  ,  parmi  un  nombre  in- 
fini d'autres  tourmens  qu'on  faifoit  lbufTrir  aux  chrétiens 
pour  les  ramener  au  paganisme,  on  les  conduifoit  ici, 
&  on  fe  fervoit  d'eaux  chaudes  pour  les  tourmenter. 
De  tous  les  bains  chauds  du  Japon,  celui  qu'on  appelle 
Obamma  eft  un  des  plus  diftingués  &  des  plus  falutaires. 
Il  eft  éloigné  d'environ  trois  milles  de  la  montagne 
d'Ufen  vers  Foueft  ;  ik  on  afliire  qu'il  a  des  vertus  ex- 
traordinaires pour  guérir  plufieurs  maladies  inurnes  & 
externes ,  comme ,  entre  autres ,  le  mal  vénérien ,  en  s'y 
baignant  &  fuant;  mais  il  revient  fbuvent  ,  apparem- 
ment parce  qu'ils  ne  font  pas  allez  habiles  pour  traiter 
cette  maladie  ,  ou  qu'ils  n'entendent  pas  le  véritable 
ufage  des  bains  en  général.  La  province  de  Figo  a  plu- 
fieurs fontaines  chaudes  ,  &  il  croît  tout  à  l'entour  des 
arbres,  quiproduifent  lecamfre,  &  qui  font  d'unegros- 
feur  extraordinaire,  creux  &  pleins  d'eau.  Les  bains 
chauds  qui  ne  font  pas  éloignés  du  temple  Afano  Gon- 
gen  ,  dont  nous  avons  déjà  parlé ,  furpaùent  tous  les 
autres  par  leurs  vertus.  Il  y  a  auffi  plufieurs  fontaines 
chaudes  dans  la  province  de  Figen;  une,  par  exemple, 
dans  le  village  de  Takijo ,  &c  une  autre  dans  celui 
d'i/rijzno.  Elles  feroient  très- utiles  pour  la  guérifoh 
de  pkifieurs  maladies,  fi  les  naturels  du  paysfavoient en 
profiter.  Dans  toutes  les  contrées  de  l'Ane  où  l'auteur 
cité  a  voyagé ,  il  a  remarqué  que  les  naturels  du  pays 
ne  prennent  guères  les  bains  chauds  que  pendant  trois, 
ou  touf  au  plus  huit  jours;  &  comme  ils  s'en  trouvent 
bien,  ils  s'imaginent  dès-lors  qu'ils  font  entièrement 
guéris  ;  de  forte  que  s'il  arrive  une  rechute,  ils  en  rejet- 
tent toute  la  faute   fur  les  eaux. 

Le  foufre  vient  principalement  de  la  province  de 
Saxuma  :  on  le  tire  d'une  petite  ifle  voifine  ,  qui  en 
produit  une  fi  grande  quantité ,  qu'elle  eft  appellée  Iwo- 
gafima ,  ou  l'ijle  du  Soufre.  Il  y  a  un  peu  plus  d'un 
ïiécle  qu'on  s'eft  hazardé  d'y  aller.  On  la  regardoit  aupa- 
ravant comme  inacceffible  ;  &  l'épaifle  fumée  qu'on  en 
voyoit  fortir  continuellement ,  auflî-bien  que  les  {pe&res  , 
&  les  autres  apparitions  hideufes  que  le  peuple  s'imagi- 
noit  d'y  voir  ,  fur-tout  pendant  la  nuit ,  leur  faifoient 
croire  que  c'étoit  un  lieu  habité  par  des  diables  ,  jusqu'à 
ce  qu'unhomme  hardi  &  courageux  s'offrit  d'y  aller  pour 
en  examiner  l'état  &C  la  fituation  ;  &C  on  le  lui  permit. 
Il  choifit  cinquante  hommes  réfolus  pour  l'accompagner 
dans  cette  expédition;  &  quand  ils  furent  arrivés  dans 
l'ifle,  ils  n'y  trouvèrent  ni  enfer,  ni  diables,  mais  un 
grand  terrein  plat,  tellement  couvert  de  foufre  ,  que  de 
quelque  côté  qu'ils  marchaflent ,  une  épaiffe  fumée  for- 
toit  de  deflbus  leurs  pieds.  Depuis  ce  tems-là ,  cette  ifle 
rapporte  au  prince  de  Saxuma  environ  vingt  caillés  d'ar- 
gent par  an  du  foufre  qu'on  y  tire  de  la  terre ,  outre 
ce  que  lui  produifent  les  arbres  qui  croiffent  fur  le  rivage. 
Le  pays  de  Simabara  ,  particulièrement  aux  environs  des 
bains  chauds  dont  nous  avons  parlé ,  produit  auffi  d'ex- 
cellent foufre.  Il  y  a  encore  d'autres  foufrieres  dans 
l'empire. 

L'or  fe  trouve  dans  plufieurs  provinces  du  Japon  :  la 
plus  grande  quantité  fe  tire  de  fon  minéral  par  la  fonte. 
On  en  tire  auffi  en  lavant  le  fable.  Il  s'en  trouve  en- 
core un  peu  dans  le  cuivre.  L'empereur  s'attribue  un 
droit  abfolu  fur  toutes  les  mines  d'or  ,  &  même  fur 
toutes  les  autres  mines  de  l'empire,  puisqu'on  n'enfauroit 
ouvrir  aucune ,  ni  y  travailler  fans  fa  permiffion.  Il  fe 
rélèrve  les  deux  tiers  du  produit  de  celles  qui  font  ouver- 
tes ,  &:  laifle  l'autre  tiers  au  feigneur  de  la  province  où 
la  mine  eft  fituée.  Le  minéral  d'or  le  plus  riche ,  &  qui 
donne  l'or  le  plus  fin ,  fe  tire  de  Sado  ,  une  des  pro- 
vinces feptentrionales  de  lifle  de  Nipon.  Il  y  avoit  au- 
trefois des  veines  fi  riches  qu'un  catti  de  mine  produis 
foit  un  &c  quelquefois  deux  thails  d'or  ;  mais  on  a 
affuré  Kasmpfer,  que  depuis  quelque  tems  les  veines 
de  cet  endroit-là  ,  &  de  la  plupart  des  autres  mines ,  ne 
font  pas  feulement  en  plus  petit  nombre ,  mais  produi- 
fent beaucoup  moins  d'or  qu'autrefois  ;  &  on  dit  que 
cette  raifort  entr'autres  étoit  caufe  des  ordres  rigoureux 
qu'on  avoit  donné  depuis  peu  par  rapport  au  commerce 
que  les  habitans  ont  avec  les  Hollandois  &  les  Chinois. 
Il  y  a  beaucoup  de  fable  d'or  dans  cette  province;  mais 
le  prince  fe  l'approprie  ;  &:  bien  loin  d'en  faire  part  à 


l'empereur,  il  ne  lui  en  donne  feulement  pas  avis. 

Après  les  mines  d'or  de  Sado,  celles  de  Surunga 
ont  toujours  été  eftimées  les  plus  riches;  car  outre  que 
cette  province  a  conftarnment  produit  une  grande  quan- 
tité de  mines  d'or,  il  s'en  trouve  même. dans  le  cuivre 
qu'on  en  tire.  Parmi  les  mines  d'or  de  la  province  de 
SAXUMA,  il  y  en  a  une  fi  riche  que  fur  l'effai  qu'on  en 
fit,  il  fe  trouva  qu'un  catti  de  mine  produifoit  depuis 
quatre  jusqu'à  fix  thails  d'or  ;  rk  c'éft  la  raifon  pour- 
quoi l'empereur  a  défendu  très  -  expreffément  d'y  tra- 
vailler ,  de  peur  qu'un  fi  grand  tréfor  ne  fût  trop  tôt 
épuilé.  Une  montagne  fituée  dans  le  golfe  d'Ockus, 
dans  le  diftrict.  d'Omura  ,  qui  avoit  penché  d'un 
côté  pendant  fort  long-tems ,  tomba ,  il  y  a  quelque 
tems,  dans  la  mer  ;  &  on  trouva  dans  l'endroit  où  elle 
étoit  un  fable  d'or  fi  riche  que  la  moitié  étoit  d'or 
pur.  Il  étoit  à  une  profondeur  affez  grande ,  &  il  falloit 
fe  fervir  de  plongeurs  pour  le  tirer.  Mais  cette  riche 
moiffon  ne  dura  guères  ;  quelques  années  après  ,  dans 
une  grande  tempête  &  une  haute  marée  extraordinaire, 
la  mer  inonda  ce  morceau  de  terre,  &  en  même  tems 
ces  richefîes  furent  couvertes  de  bourbe  &  de  vafe  de  la 
hauteur  de  quelques  braffes.  Les  pauvres  gens  du  voifi- 
nage  travaillent  encore  à  laver  le  fable  des  environs  de 
cette  montagne  ,  &  ils  y  trouvent  de  l'or,  mais  en  fi 
petite  quantité  ,  qu'à  peine  y  peuvent-ils  gagner  leur 
vie.  Il  y  a  une  autre  mine  d'or  dans  la  province'  de 
Tfilcungo ,  près  d'un  village  appelle  TossiNO  ;  mais  elle 
eft  fi  pleine  d'eau ,  qu'on  ne  fauroit  plus  y  travailler.  Ce- 
pendant elle  eft  fituée  de  telle  manière  que  fi  on  cou- 
poit  le  rocher ,  &  que  l'on  fit  une  ouverture  au^deflous 
de  l'entrée  de  la  mine,  l'eau  pourroit  aifément  s'écouler; 
e'eft  auffi .  ce  que  l'on  entreprit  de  faire  ;  mais  lors- 
qu'on alloit  y  mettre  la  main ,  il  s'éleva  tout-à-coup 
une  fi  violente  tempête  accompagnée  de  tonnerre  & 
d'éclairs ,  que  les  ouvriers  furent  obligés  de  s'enfuir;  ce 
qui  a  fait  croife  à  la  populace  fuperftitieufe,  que  le 
dieu  tutelaire  de  ce  lieu  avoit  excité  cette  tempête  pour 
les  détourner  de  leur  entreprife.  On  n'y  a  pas  touché 
depuis  ce  tems-là.  Il  arriva  un  pareil  accident,  &  qui 
eut  le  même  effet ,  lorsqu'on  ouvrit  une  mine  d'or 
dans  l'ifle  d'Amakufa:  elle  fe  remplit  fi  fubitement  d'un 
torrent  d'eau  qui  fortit  de  la  montagne ,  Se  ruina  tous 
les  ouvrages ,  que  les  mineurs  eurent  à  peine  le  tems  de 
fe  fauver. 

-  Il  y  a  quelques  mines  d'argent  dans  la  province  de 
Bingo.  Il  y  en  a  encore  d'autres  plus  riches  à  un  lieu' 
nommé  Kattami  ,  dans  une  des  provinces  fepten- 
trionales. Il  s'en  trouve  auffi  en  d'autres  endroits.  Les 
deux  ifles  de  Gjnsima  fk  Kinsima,  c'eft-à-dire  les 
ijles  d'or  &  d'argent,  fituées  à  l'orient  du  Japon, mé- 
ritent bien  d'avoir  place  ici ,  fi  ce  que  leurs  noms  & 
leurs  carafteres  femblent  marquer ,  eft  véritable. 

Le  cuivre  eft  leplus  commun  de  tous  les  métaux  qu'on 
tire  du  Japon  ,  &  le  produit  des  mines  de  '  cuivre  enri- 
chit plufieurs  provinces  de  cet  empire.  Aujourd'hui  on 
le  tire  principalement  des  provinces  de  Suruga,  At- 
Jingo,  £*.  Kijnokuni.  Celui  de  Kijnokuni  eft  le  plus  fin 
&  le  plus  malléable.  Celui  d'Atfingo  eft  greffier  ;  &  il  en 
faut  mêler  foixante  &  dix  catti  avec  trente  catti  de 
celui  de  Kijnokuni ,  pour  le  rendre  malléable  &  propre 
à  être  travaillé.  Celui  de  Suruga  n'eft  pas  feulement  très- 
fin  &  fans  défaut ,  mais  encore  chargé  de  beaucoup  d'or 
que  les  Japonnois  féparent  &  rafinent  à  prefent  infini- 
ment mieux  qu'ils  ne  faifoient  autrefois;  ce  qui  chagrine 
extrêmement  les  affineurs  &  les  Bramines  de  la  côte  de 
Coromandel.  Il  y  a  auffi  quelques  mines  de  cuivre  dans 
la  province  àeSat^uma  ,  auxquelles  l'empereur  a  permis 
depuis  peu  de  travailler.  Tout  le  cuivre  eft  porté  à 
S ACCAl  une  des  cinq  villes  impériales  ,  où  on  le  rafine, 
&  on  en  fait  de  petits  cylindres  d'un  empan  &  demi 
de  long  &  de  la  grofïèur  d'un  doigt.  On  prend  autant 
de  ces  cylindres  qu'il  en  faut  pour  faire  un  pickel  ou 
12.5  livres  pefantr;  &  après  les  avoir  mis  dans  une  boëte 
de  bois  carrée,  on  les  vend  aux  Hollandois  à  raifon  de 
douze  ou  treize  maas  le  pickel.  C'eft  une  des  princi- 
pales marchandifes  que  les  Hollandois  achètent  au  Ja- 
pon ,  &:  ils  en  font  un  grand  commerce.  Il  y  a  encore 
une  espèce  de  cuivre  plus  groffier  que  l'on  fond  en  gâ- 
teaux ou  grandes  malles  plates,  &  arrondies  par-deflbus  ; 


JAP 


&  celui-ci  fe  vend  à  bien  meilleur  marché  que  l'autre, 
comme  étant  auffi  très-inférieur  en  beauté  &  en  bonté. 
L'airain  eft  très-rare  au  Japon  Jk  beaucoup  plus  cher 
que  le  cuivre  ,  parce  que  la  calamine  y  eft  portée  de  Ton- 
quin  en  gâteaux  plats,  &  qu'elle  s'y  vend  à  un  prix  fort  haut. 

La  province  de  Bungo  produit  quelque  peu  d'étain , 
qui  eft  fi  fin  &  fi  blanc ,  qu'il  vaut  presque  l'argent  :  on 
ne  fe  fert  pas  beaucoup  de  ce  métal  dans  le  pays. 

On  ne  trouve  du  fer  que  fur  les  confins  des  trois 
provinces  Mimaiàka  ,  Bitsju  &  Bifen  ;  mais  on  y  en 
trouve  une  très-grande  quantité.  Il  eft  affiné  fur  les  lieux, 
&  on  en  fait  des  barres  ou  cylindres  de  la  longueur  de 
deux  empans.  Les  marchands  Chinois  l'y  vont  acheter 
&.  le  transportent  dans  tout  l'empire.  Il  fe  vend  presque 
autant  que  le  cuivre  ;  les  outils  de  fer  étant  auffi  chers 
&  même  plus  que  ceux  de  cuivre  ou  d'airain.  Les  uften- 
files ,  les  crochets ,  &  les  crampons  dont  on  fe  fert 
pour  les  bâtimens  ou  les  navires ,  &  tous  les  autres 
inftrumens  qui  fe  font  de  fer  dans  les  autres  pays ,  font 
de  cuivre  ou  d'airain  dans  le  Japon.  Ils  ne  cuifent  pas  leurs 
viandes  dans  des  pots  d'airain  ;  ceux  dont  ils  fe  fervent , 
font  d'une  compofition  de  fer  ,  &  fort  minces.  Ceux  de 
cette  espèce  qui  font  les  plus  viuex ,  font  les  plus  efti- 
més  ;  &  ils  fe  vendent  chèrement ,  parce  qu'ils  font  faits 
d'une  manière  qu'on  ne  peut  imiter  à  prefènt. 

Le  fel  fe  tire  de  l'eau  de  mer ,  dans  plufieurs  provin- 
ces maritimes.  Voici  la  manière  dont  on  le  fait.  Ils  en- 
ferment un  certain  espace  de  terre  ,  &  le  rempliffent 
de  fable  fin  &  net:  enûute  ils  y  jettent  de  l'eau  de  mer 
&  le  laiffent  fécher.  Ils  réitèrent  la  même  choie  plufieurs 
fois,  jusqu'à  ce  que  le  fabie  foit  fuffifamment  imprégné 
de  fel.  Alors  ils  le  tirent  &c  le  mettent  dans  un  cuveau 
qui  a  des  trous  au  fond  ;  &  jettant  encore  deffus  de 
l'eau  de  la  mer ,  ils  la  laiffent  filtrer  au  travers  du  fable. 
On  la  fait  enfuite  bouillir  jusqu'à  une  bonne  confis- 
tance  ,  &  le  fel  qui  en  fort  eft  calciné  dans  des  pots  de 
terre ,  jusqu'à  ce  qu'il  devienne  blanc. 

On  tire  de  la  montagne  de  TsuGAAR  ,  des  agates 
de  différentes  espèces ,  quelques-unes  extraordinairement 
belles ,  d'une  couleur  bleuâtre ,  affez  femblables  au  fa- 
phir.  On  en  tire  auffi  des  cornalines  &  des  jaspes. 
Cette  montagne  eft  à  l'extrémité  feptentrionale  de  la 
province  d'Osju,  vis-à-vis  du  pays  de  Jedfo.  On  trouve 
des  perles  presque  par-tout  aux  environs  de  Saikokfdans 
des  huitres  &c  plufieurs  autres  coquillages  de  mer.  Les 
Japonnois  les  appellent  Kainotamma,  c'eft- à-dire  joyaux 
de  coquilles.  Autrefois  les  naturels  du  pays  n'en  fai- 
foient  guères  de  cas  ;  mais  les  Chinois  leur  en  ont  fait 
connoître  la  valeur ,  en  les  achetant  à  grand  prix  ;  car 
les  femmes  Chinoifes  aiment  beaucoup  a  porter  des  col- 
liers &  autres  ornemens  de  perles.  Les  perles  ,  les  plus 
greffes  &  les,  plus  belles  fe  trouvent  dans  une  espèce  de 
petite  huitre  appellée  akoja ,  qui  reffemble  à  la  nacre  de 
perle,  ayant  à-peu-près  la  même  figure.  Les  deux  co- 
quilles de  cette  huitre  font  fort  ferrées  ;  elle  eft  large 
d'environ  une  main ,  extrêmement  mince,  frêle,  unie 
&  luifante  en  dehors  ,  raboteufe  &C  inégale  en  dedans , 
d'une  couleur  blanchâtre  &  éclatante  comme  la  nacre. 
On  ne  trouve  de  ces  coquilles  de  perle  que  dans  les 
mers  qui  font  aux  environs  de  Satzuma,  (k  dans  le 
golfe  d'Omura.  Les  habitans  des  ifles  de  Riuku  achè- 
tent la  plus  grande  partie  de  celles  qu'on  trouve  aux 
environs  de  Satzuma ,  parce  qu'ils  trafiquent  dans  cette 
province;  mais  celles  qu'on  pêche  dans  le  golfe  d'Omura 
fe  vendent  principalement  aux  Chinois  &  aux  Tonqui- 
nois,  &  on  compte  qu'ils  en  achètent  pour  environ  3000 
thails  par  an.  Un  profit  fi  confidérable  donna  lieu  aux 
défenfes  expreffes  ,  que  les  princes  de  Satzuma  & 
d'Omura  firent,  il  n'y  a  pas  long-tems,  de  ne  plus  vendre 
de  ces  huitres  au  marché  ,  avec  les  autres  huitres ,  comme 
on  faifoit  auparavant. 

Dans  une  rivière  de  la  province  de  Jetfingo,  on 
trouve  du  naphte  d'une  couleur  rougeâtre,  que  les  Ja- 
ponnois appellent  tfutfono-abra  ,  c'eft-à-dire  terre 
rouge  :  on  le  tire  des  endroits  où  l'eau  eft  presque  dor- 
mante ,  &  on  s'en  fert  dans  les  lampes  au  lieu  d'huile. 

On  trouve  de  l'ambre  gris  fur  les  côtes  de  Satzuma 
&  fur  celles  des  ifles  de  Riuku.  Il  en  vient  une  plus 
grande  quantité  des  côtes  de  Khumano  ,  c'eft-à-dire  des 
côtes  méridionales  de  Kijnokuni  ,  d'Isje,  &  de  quel- 
ques provinces  voifines.  Il  fe  trouve  principalement  dans 


JAP  449 

les  inteftins  d'une  baleine  qu'on  prend  fouvént  furies 
côtes  du  Japon  ,  ck  que  les  naturels  du  pays  appellent 
fiakjîro  ,  c'eft-à-dire  le  poiflbn  à  cent  brafîes ,  à  caufe 
de  la  longueur  de  fes  inteftins  qu'ils  fuppofent  avoir  cent 
braffes.  Il  fe  trouve  ,  comme  on  vient  de  dire ,  dans 
les  inteftins  de  cette  baleine,  principalement  dans  les 
plus  bas ,  mêlé  avec  les  excrémens  qui  font  comme  dé 
la  chaux ,  &  presque  auffi  durs  qu'une  pierre  ;  &  c'eft 
de  la  dureté  de  ces  excrémens  qu'ils  conjeâurent  dans 
la  diffe&ion  s'ils  y^  trouveront  de  l'ambre  gris.  Les 
Japonnois  donnent  à  cette  précieufe  drogue  le  nom  de 
kujurano-fu,  c'eft-à-dire  excrément  de  baleine.  Lors- 
que l'ambre  gris  eft  détaché  du  fond  de  la  mer  par  les 
vagues  &f  etté  fur  les  côtes,  ou  avant  qu'il  ait  été 
avalé  par  les  baleines ,  ce  n'eft  qu'une  fubftance  dif- 
forme, plate,  gluante,  &  qui  aune  odeur  très-défa- 
gréable.  Ceux  qui  le  trouvent  air.fi  flottant  fur  la  fur- 
face  de  l'eau  ou  fur  les  côtes ,  le  prennent  par  petits 
morceaux  qu'ils  ferrent  &  preffent  en  forme  de  boule  j 
&  à  mefure  qu'il  durcit  ,  il  devient  plus  folide  &  plus 
pelant.  D'autres  les  mêlent  &  pétrifient  avec  de  la 
farine  de  codes  de  riz  ;  &  par-là  ils  n'en  augmentent  pas 
feulement  la  quantité,  mais  en  relèvent  la  couleur.  II 
eft  facile  de  connoître  l'ambre  gris  ainfi  falfifié;  car  fi 
vous  en  prenez  une  certaine  quantité  &c  que  vous  la 
brûliez,  il  reftera  un  charbon  d'une  gioffeur  propor- 
tionnée au  volume  du  corps  étranger  qu'on  y  aura 
mêlé  :  d'ailleurs  on  remarque  que  les  versfe  mettent  aifé- 
ment  dans  cette  espèce  de  faux  ambre  gris.  D'autres  le 
foph'ftiquent  en  y  mêlant  de  la  poudre  d'une  réfine  qui 
a  une  odeur  très-agréable;  mais  il  eft  facile  de  dé- 
couvrir auffi  cette  fourberie;  car  fi  on  en  biûle  un 
morceau  ,  le  mélange  de  la  réfine  paroîtra  évidemment 
par  la  couleur,  l'odeur  &  la  qualité  de  la  rumée.  Les 
Chinois  ont  une  autre  manière  d'en  faire  l'épreuve  ; 
ils  en  raclent  un  peu  fort  menu  &t  le  jerent  dans  de 
l'eau  de  thé  bouillante  :  s'il  eft  véritable,  il  fe  diffou- 
dra  &  fe  répandra  également  ,  ce  que  ne  fera  pas 
celui  qui  eft  Ibph  ftiqué.  Le  feul  ufage  que  les  Japr.n- 
nois  en  font ,  c'eft  de  le  mêler  avec  d'autres  corps  odo- 
ri'érans,  afin,  difent-ils  ,  de  fixer  leur  odeur  volatile. 
Dans  le  fond ,  ils  l'efhment  très-peu  ;  &  s'ils  ert 
connoiffent  aujourd'hui  la  valeur  ,  ils  ei  font  redeva- 
bles aux  Holiandois  &  aux  Chinois  qui  ont  voulu  en 
avoir  ,  à  quelque  prix  que  ce  fût.  Et  cependant  chacun 
a  la  liberté  de  l'amaffer  par-tout  où  il  en  trouve,  &  de 
le  vendre  comme  lui  appartenant  en  propre. 

On  trouve  dans  les  mers  du  Japon  quantité  de  plantes 
marines,  clés  arbriffeaux  ,  des  coraux,  des  pierres ,  des 
éponges  de  mer,  des  coralines ,  des  fvi,  des  aleoë  & 
d'autres  femblables  ,  auflï-bien  que  les  coquillages  de 
toutes  fortes  ,  qui  ne  cèlent  point  en  beauté  à  tout  ce 
qu'on  trouve  auprès  d'Amboine  ck  dans  les  if  es  Mo- 
luques.  Mais  les  Japonnois  en  font  fi  peu  de  ca%  qu'ils 
ne  fe  donnent  pas  la  peine  de  les  chercher  ;  &  fi  par 
hazard  ils  en  pèchent  avec  d'autres  chof  s,  ils  les  por- 
tent au  plus  proche  temple  ou  à  la  plus  proche  chapelle 
de  Jebis ,  qui  eft  le  Neptune  de  leur  pays. 

Il  y  a  des  minéraux  qu'on  n'a  point  encore  trouvés 
dans  le  Japon  ,  &  qu'on  y  porte  des  pays  étrangers. 
Il  n'y  a  absolument  point  d'antimoine,  ni  de  fel  ammo- 
niac ,  ck  les  naturels  du  pays  ne  connoiffent  ni  les 
qualités  ni  les  ufages  de  ces  deux  minéraux.  Le  vif-argent 
&  le  borax  y  (ont  portés  par  les  Chinois.  On  trouve  pour- 
tant deux  (bries  de  borax  qui  croifftnt  naturellement  dans 
le  Japon  ;  mais  ils  font  tellement  mêlés  avec  d'autres 
corps  hétérogènes  ,  que  les  habitans  ne  veulent  pas  fe 
donner  la  peine  de  les  amatTer.  Le  mercure  fublimé 
eft  très-recherché  par  quelques  particuliers  qui  l'achè- 
tent à  un  prix  exceffif;  ils  en  font  le  principal  ingré- 
dient d'une  eau  mercuriale  ,  qui  eft  fort  en  vogue  pour 
la  guérifon  des  ulcères ,  cancers  ck  autres  maladies  de 
la  peau.  Ils  donnent  le  cinnabre  naturel  intérieurement 
dans  plufieurs  maladies  ;  ils  emploient  l'artificiel  comme 
une  couleur.  L'un  ck  l'autre  y  font  portés  de  la  Chine; 
la  vente  ck  l'achat  de  cette  marchandile  eft  entre  les 
mains  de  quelques  marchands. 

Je  renvoie  à  l'auteur  même  ceux  qui  veulent  con- 
noître en  détail  ce  qui  regarde  les  plantes  ,  les  arbres, 
les  fleurs,  les  animaux  à  quatre  pieds,  les  oif"eaux,les 
reptiles ,  les  infeftes ,  les  poiffbns  &  les  coquillages  du 
Terni  III,    LU 


JAP 


4fo 

Japon.  Ils  peuvent  confulter  fon  Hiftoîre  du  Japon,  & 
fon  livre  intitulé  Amœnitates  exoticœ.  Mais  comme  il 
s  été  fouvent  parlé  du  GOKOKF,  dans  la  description 
des  provinces ,  il  eft  néceffaire  d'expliquer  ici  ce  que  c'eft. 
Ce  nom  veut  dire  les  cinq  fruits  de  la  terre. 

Le  GOKOKF  comprend  i.  le  kome  ou  le  riz.  Il 
en  croît  de  plufieurs  fortes  ;  la  meilleure  eft  infiniment 
préférable  au  bled  des  Indes.  Elle  eft  blanche  comme 
la  neige ,  &  fi  nourriflante ,  que  les  étrangers  qui  n'y  font 
pas  accoutumés  ,  n'en  fauroient  manger  qu'une  très-pe- 
tite quantité  à  la  fois.  Après  l'avoir  fait  bouillir  jusqu'à 
une  bonne  confiftance  ,  ils  en  mangent  au  lieu  de  pain 
dans  leurs  repas.  Ce  qui  refte  au-delà  de  leur  provifion 
annuelle ,  fert  à  faire  une  espèce  de  bière  forte ,  qu'ils 
appellent  Saeki;  mais  ils  n'en  font  qu'autant  qu'il  en 
faut  pour,  l'ufage  de  leurs  familles.  Il  n'eft  pas  permis  aux 
étrangers  d'emporter  plus  de  riz  ou  de  bière  que  ce  que 
le  magiftrat  ordonne.  2.  L'oOMtfGGl,  qui  veut  dire 
le  grand  bled,  eft  ce  que  nous  appelions  îorge.  Ils  en 
nourriffent  le  bétail  fit  les  chevaux  :  quelques-uns  fe  fer- 
vent de  la  farine  pour  apprêter  leurs  viandes ,  ou  bien 
en  font  des  gâteaux.  Il  vient  dans  le  Japon  une  espèce 
d'orge ,  dont  les  épis  font  de  couleur  de  pourpre ,  &C 
offrent  une  vue  fort  agréable  dans  les  champs  quand  ils 
font  mûrs.  3.  Le  KOOMUGGI ,  c'eft-à-dire.  lepetit  bled, 
eft  ce  que  nous  appelions  le  froment.  Il  fe  vend  à  vil 
prix,  &  je  ne  fâche  pas  qu'ils  s'en  fervent  à  autre  choie 
qu'à  faire  une  espèce  de  gâteaux  de  fa  farine.  4.  Le 
DAIDSU,  c'eft-à-dire  \es  fèves  daid,  font  une  espèce 
de  fèves  à-peu-près  de  la  groffeur  des  pois  de  Turquie , 
qui  croiflent  de  la  même  manière  que  les  lupins  ;  c'eft 
après  le  riz  l'aliment  le  plus  ordinaire  &t  qu'ils  eftiment 
le  plus.  Ils  font  de  la  farine  de  ces  fèves,  ce  qu'ils  ap- 
pellent midfu,  espèce  de  bouillie  avec  laquelle  ils  ap- 
prêtent leurs  viandes ,  comme  nous  faifons  avec  le  beurre. 
Il  en  font  leur  foeju,  qu'ils  mangent  à  leurs  repas  pour 
fe  mettre  en  appétit.  5.  L'adsuki  ou  sodsu,  c'eft- 
à-dire  les  fèves  SO.  Elles  croiflent  auflï  de  la  même  ma- 
nière que  les  lupins ,  font  blanches  &  reflemblent  aux 
lentilles  ou  au  cajan  des  Indes.  De  la  farine  cuite  avec 
du  fucre  on  fait  des  mansje  &  autres  gâteaux.  Outre 
ces  différentes  espèces  de  gokokf ,  on  comprend  encore 
fous  ce  nom  les  grains  nommés  Yawa  ou  le  bled  des 
Indes  ;  le  kibi  ou  le  millet  ;  le  tije  ou  le  bled  far- 
rafin  ,  &  en  général  toutes  fortes  de  bled  ck  de  légumes. 

Depuis  plus  d'un  fiécle  il  y  a  eu  dans  le  Japon  qua- 
tre religions  principales,  dont  voici  les  noms.  l.Sinto 
eft  l'ancienne  religion  ou  l'ancien  culte  des  idoles  des 
Japonnois.  2.  Budfo  eft  le  culte  des  idoles  étrangères 
qui  furent  apportées  au  Japon  du  royaume  de  Siam  ou 
de  la  Chine.  3.  Siuto  eft  la  doftrine  de  leurs  philofo- 
phes  &  de  leurs  moraliftes.  4.  Deivus  ou  Kirijlando , 
c'eft-à-dire  la  voie  de  Dieu  ou  de  Jefus-Chrift  ,  par 
où  il  faut  entendre  la  religion  chrétienne.  C'eft  par  le 
zélé  des  miflîonaires  Espagnols  &  Portugais ,  &  parti- 
culièrement des  Jéfuites ,  que  la  religion  chrétienne  fut 
connue  au  Japon ,  &£  qu'elle  y  fit  des  progrès  qui  fur- 
pafferent  leur  attente.  En  effet ,  depuis  la  première  arri- 
vée des  pères  de  la  compagnie,  dans  la  province  de 
Bungo  ,  vers  l'an  1 549  ,  fix  ans  après  la  découverte 
du  Japon,  jusques  à  l'an  1625  ,  ou  fort  près  de  1630, 
elle  fe  répandit  dans  la  plupart  des  provinces  de  l'em- 
pire; &  plufieurs  princes  6c  grands  feigneurs  la  profes- 
ferent  publiquement.  Le  progrès  qu'elle  avoit  fait  jus- 
qu'alors ,  donnoit  lieu  d'espérer  que  dans  peu  de  tems 
tout  l'empire  fe  feroit  converti  à  la  foi  du  Seigneur , 
fans  la  trifte  révolution  qui  détruifit  fans  reffource  de 
fi  belles  espérances.  Plufieurs,  tk  monauteur,  entr'autres , 
en  attribuent  la  faute  aux  vues  ambitieufes  des  miflîo- 
naires ils  exerciterent  contre  eux-mêmes  tk  leurs  pro- 
félytes  ,  la  plus  cruelle  perfécution  qu'on  ait  jamais  vue, 
&  qui  caufa  en  peu  d'années  l'extirpation  totale  de  la 
religion  qu'ils  prêchoient  &  de  tous  ceux  qu  l'avoient 
embraffée. 

Puffendorff,  Introduction  à  tHifloire ,  t.  I ,  p.  166, 
en  donne  une  autre  raifon  ;  il  dit ,  en  général,  que  les 
Hollandois  montrèrent  à  l'empereur  du  Japon  une  carte 
géographique ,  par  laquelle  ils  lui  faifoient  voir  jusqu'où 
le  roi  d'Espagne ,  alors  roi  de  Portugal ,  avoit  pouffé 
fes  conquêtes  d'un  côté  jusqu'à  Manille,  &  de  l'autre 
lisqu'à  Macao  par  où  ils  lui  faifoieut  comprendre  qu'il 


JAP 


lui  feroit  enfuite  très-facile  de  s'emparer  du  Japon.  H 
eft  certain  que  depuis  cette  affreufe  perfécution  les  Hol- 
landois font  les  feuls  Européens  que  l'on  fouffre  au  Ja» 
pon,  encore  n'y  font- ils  tolérés  que  parce  qu'ils  affurerçt 
qu'ils  ne  font  pas  de  la  religion  des  Portugais  ;  plufieurs 
écrivains  attribuent  cette  perfécution  à  un  certain  Caron , 
dont  on  trouve  Fhiftoire  dans  la  Méthode  géographique 
de  Robe  ,  t.  2  ,  p.  122  ,  &  dans  la  Relation  du  Japon 
inférée  au  troifiéme  tome  des  Voyages  de  Tavernier. 

Nous  avons  une  lettre  de  De  l'ifle  fur  la  queftion  : 
Si  le  Japon  eft  une  ijle.  Ce  géographe  dans  cette  lettre 
s'étoit  fondé  fur  les  Mémoires  des  Hollandois  qui  avoient 
été  en  ambaffade  au  Japon  ;  mais  ces  Mémoires  font 
aujourd'hui  fi  décriés ,  même  en  Hollande ,  qu'ils  n'ont 
plus  aucune  autorité:  auffiDe  l'ifle  changéa-t-il  bientôt 
de  fentiment.  Il  parle  dans  cette  lettre ,  comme  s'il  n'y 
avoit  en  Europe  aucune  carte  dreffée  par  les  Japon- 
nois. Cependant  il  s'en  trouve  préièntement.  Voici  ce 
que  dit  le  traducteur  Anglois  du  Livre  de  Ksempfer, 
dans  fon  discours  préliminaire.  La  queftion,  dit-il,  eft 
tout-à  fait  décidée  par  les  Cartes  du  Japon ,  que  les 
naturels  ont  dreffeés,  &  par  les  dernières  découvertes 
des  Ruffiens.  Les  Japonnois  repréfentent  toujours  leur 
empire ,  dans  les  Cartes ,  comme  un  compofé  d'une  in- 
finité d'ides  grandes  &C  petites,  dont  la  principale,  qu'ils 
appellent  Nipon,  eft  féparée  entièrement  d'une  con- 
trée feptentrionale  voifine  ,  qu'ils  nomment  JESOGA- 
SIMA,  ou  l'ifle  de  Jefo ,  &t  qui ,  félon  toute  apparence  , 
eft  la  même  où  aborda  le  père  Jérôme  des  Anges  en 
fortant  du  Japon ,  &  dont  il  fait  une  ifle  dans  fa  féconde 
description ,  contre  ce  qu'il  avoit  dit  dans  la  première. 
Quelques  cartes  placent  entre  le  Japon  &  Jefogafima 
une  autre  petite  ifle  appellée  Matfumay.  Plufieurs  de 
ces  Cartes  que  Kaempfèr  avoit  apportées  du  Japon, 
font  aujourdhui  entre  les  mains  du  chevalier  Hans  Sloane; 
&  une  autre  a  été  gravée  ,  il  y  a  quelques  années ,  par  le 
favant  Reland  qui  la  tira  de  la  colleftion  de  Benjamin 
Dutry.  J'avoue  que  pour  l'exactitude  &  la  précifion, 
ces  cartes  font  fort  au  -  deffous  de  celles  des  Européens  , 
parce  que  les  géographes  Orientaux  ne  font  pas  aflez 
verfés  dans  les  mathématiques  &  dans  l'aftronomie  ;  mais 
du  refte  on  ne  fauroit  fuppofer  que  les  Japonnois  connois- 
fant  fi  bien  la  longueur ,  la  largeur  &  les  divifions  d'Osju 
(c'eft  l'Ochio  de  De  l'ifle)  la  province  de  leur  empire 
la  plus  feptentrionale  St  une  des  plus  peuplées ,  ils  igno- 
rent fi  la  mer  en  lave  les  côtes ,  jusqu'où  elle  les  lave, 
&  fi  elle  confine  à  quelques  autres  terres.  Mais  de  plus, 
qu'il  y  ait  un  bras  de  mer  entre  les  côtes  les  plus 
feptentrionales  du  Japon  !k  un  continent  voifin,  c'eft 
un  fait  confirmé  par  les  découvertes  récentes  des  Rus- 
fiens. 

J'ai  déjà  dit  que  les  Hollandois  font  les,  feuls  Euro- 
péens qui  faffent  le  commerce  du  Japon  ;  je  réferve  à 
l'article  NANGASAKI  à  expliquer  en  quoi  confifte  ce 
commerce  ,  &c  comment  il  fe  fait. 

Quoique  le  Japon  ait  un  affez  grand  nombre  de  villes  , 
il  y  en  a  peu  dont  on  puiffe  donner  une  description , 
fi  ce  n'eft  des  deux  capitales  Meako  ,  ou  MlAKO  & 
Jedo,  ou  Yendo.  Chacune  des  provinces  dont  nous 
venons  de  parler  a  une  capitale  qui  eft  presque  toujours 
de  même  nom  que  la  province.  Celles  qui  font  les  plus 
connues,  font  celles  quife  trouvent  fur  la  route  deNan- 
gafaki  à  Yedo. 

JAPYDES.  Voyez  Japodes. 

JAPYDIA.  Voyez  Histria. 

JAPYGIA  ,  ancienne  contrée  d'Italie,  dans  la  grande 
Grèce.  Si  nous  en  croyons  Antoine  Galatasus ,  médecin  , 
(De  fitu  Japygiœ.  Bafileœ  1558,  i/z-12,  p.  20,  )  qui  a 
écrit  un  livre  exprès  de  la  fituation  de  la  Japygie  ,  ce 
pays  nommé  Japygie  par  Ariftote  &  par  Hérodote ,  eft 
nommé  Salentine  par  quelques-uns  ;  Peucétie  par 
d'autres  :  Messapie,  à  caufe  d'un  capitaine  nommé 
Mejfapus;  d'autres  l'ont  appelle  la  GRANDE  Grèce; 
d'autres  la  Pouille,  &c  d'autres  la  Calabre  :  car, 
dit-il ,  la  Calabre  d'aujourdhui  étoit  nommée  Brutia  par 
les  anciens  :  cela  s'accorde  en  partie  avec  ce  que  dit  Iface, 
commentateur  de  Lycophron,  qui  dit  :  la  Mesapy- 
GIE,  Murcrnûy»  ,  autrement  nommée  JAPYGIE,  enfuite 
Salatia  ,  2aAasTi'« ,  &  enfin  Calabre.  Strabon  ,1.6, 
parlant  de  cette  presqu'ifle  qui  eft  entre  Brindes  &  Ta- 
rente  ,   &  qu'il  diftingue  de  la  Pouille,   dit:  elle  eft 


JAR 


JAR 


nommée  par  les  Grecs  Mefapte,  Japygie,  Calabre  5t 
Salentine.  D'autres  y  mettent  de  la  différence,  à  ce 
qu'il  ajoute.  De  l'IAe,  dansla  Carte  de  l'ancienne  Italie, 
compte  pour  la  Japygie  les  deux  parties  de  la  Pouille  , 
favoir  la  Daunienne  &  la  Peucétienne,  &£  ne  paroît 
pas  y  mettre  les  Calabrois  &  les  Salentins ,  ou  l'an- 
cienne Calabre  &  la  Meffapie.  Cependant  cette  pres- 
qu'ifle,  que  Strabon  appelle  Japygie ,  ci  fa  pointe  la 
plus  avancée  au  midi,  s'appelloit  Japigia  Acra,  & 
Japigium  ,  ou  Salentinum  Promontorium.  C'eft 
aujourdhui  le  Cap  de  Santa  Maria  di  Leuca  , 
•nom  qu'il  prend  d'un  bourg  voifin.  Voyez  l'article  Apu- 
tlA.  *  Ortél.  Thef.  Pline  ,  1.  3.  c.  il. 

JAPYGIA  Acra  ,  & 

JAPYGIUM  Promontorium.  Voyez  l'article  pré- 
cèdent. 

1.  JAPYX,  rivière  d'Italie.  Le  paffage  de  Pline,  où 
il  en  eft  fait  mention  ,  a  été  défiguré  par  les  anciens  édi- 
teurs ,  qui  ont  lu  Pediculorum  Oppida  Rhudia  ,  Egna- 
tia ,  Barion,  ante  Japyx  à  Dedali  filio  à  quo  &  Ja- 
■pygia.  Amnes  Paclius ,  Aufidus  ,  &c.  Ainfi  Je  nom  de 
Japyx  qui  donnoit  le  nom  à  la  Japygie  ,  étoit  l'ancien 
nom  de  la  ville  de  Barri.  Mais  le  P.  Hardouin  lit  tout 
différemment  dans  les  manuscrits  ,  dont  les  meilleurs , 
félon  lui ,  portent  :  Pediculonum  Oppida,  Rudice  ,  Egna- 
tia  Barium.  Amnes  :  Japyx  à  Dœdali  filio  rege,  à  quo 
&   Japygia  :  Paclius  ,  Aufidus. 

2.  JAPYX ,  vent  qui  fervoit  à  paffer  d'Italie  en  Grèce. 
Horace  le  nomme  dans  l'ode  àdreffée  au  vaifTeau  fur  le- 
quel Virgile,  /;  1 ,  ode  3  ,  devoit  s'embarquer  pour  aller 
à  Athènes  : 

Ventorumque  régal  paier, 
Olfiriclis  aliis  preeter  Japyga. 

Dacier  bbferve  que  ce  même  vent  a  été  appelle  par  les 
Latins  Corus  ou  Caurus,  par  les  Grecs  Argestes, 
par  les  Italiens  Ponente-Matfi.ro  ,  &  que  c'eft  propre- 
ment l'oueft-nord-oueft  ,  qui  eft  oppofé  à  l'eft-fud-eft. 
Dacier  fe  trompe,  en  ce  qu'il  confond  le  Corus  &  le 
Caurus  très  différens,  félon  Vitruve.  Le  Maefiro  Po- 
nante, comme  parle  le  P.  Briet  ,  ne  fauroit  être  le 
Caurus  ,  qui  eft  le  Maefiro ,  ou  le  nord-oueft.  Le  Corus 
&  YArge/hs  font  à  peu  près  le  même  vent ,  &  répon- 
dent au  Circiusàt  Vitruve  ,  &  beaucoup  plus  îoiquarta 
di  Maefiro  verfo  Ponante  ,  qui  eft  notre  nord-ouefi  quart 
a  l'ouefi,  qu'à  notre  Maefiro  Ponante.  Voyez  la  figure 
que  nous  avons  mife  au  mot  Vent. 

JARAH  :  Arias  Montanus ,  dans  km  Apparatus  Bibli- 
cus ,  cité  par  Ortélius, croit  que  les  écrivains  facrés  com- 
prennent fous  cenoml'ARlE  ck  I'Arachosie,  provin- 
ces d'Ane. 

i.JARAMOTH,  félon  D.  Calmet ,  DiB.  ancienne 
ville  de  la  Paleftine ,  dans  la  tribu  d'IfTachar  :  elle  fut 
donnée ,  aux  Lévites  fils  de  Gerfon,  &aflignée  pour  ville 
de  refuge.  Comparez  ce  que  le  Livre  de  Jofué,c.  19, 
v.  10,  dit  de  Rameth  ,  ou  RaMOTH.  Parai.  1.  1, 
c.6,v.73. 

2.  JARAMOTH,  Jarmuth,  ouJerimoth,  ville 
de  la  Paleftine,  dans  la  tribu  de  Juda.  Jofué  tua  le  roi 
de  Jerimolh.  S.  Jérôme  met  Jarmuth  à  quatre  milles 
d'Eleutheropolis,  près  d'Efthaôl  ;  &C  en  parlant  dejER- 
MUS,  il  dit  que  Jarmucha  ,  apparemment  la  même 
que  Jarmuth  &  Jerimoth  ,  eft  à  dix  milles  d'Eleu- 
theropolis ,  en  allant  à  Jérufalem  ;  d'où  le  favant  D. 
Calmet  conclut  qu'il  faut  qu'il  y  ait  faute  dans  l'un  ou 
l'autre  paffage.  Voyez  Jarim. 

_  JARAVANA  ,  ville  d'Ane  ,  dans  la  Tartarie  Mosco- 
vite ,  au  pays  des  Daouri ,  à  la  fouree  de  la  rivière 
d'Uda ,  fur  la  route  de  Selinga  à  Nipchou  ,  aux  fron- 
tières du  royaume  de  Calka.  *  De  lljle ,  Carte  de  la 
Tartarie. 

JARCAN,  ville  &  royaume  de  la  grande  Tartarie, 
au  couchant  de  l'a  Chine,  félon  Baudrand,  éd.  1705. 
Elle  a  été  conquife  depuis  peu  par  le  roi  d'Elout. 

JARCHAN,  Yarkan.  Voyez  Irken. 

JARD  ,  (le)  Jardum  ,  abbaye  d'hommes  ,  de  l'ordre 
de  S.  Auguftin-,  en  France ,  au  diocèfe  de  Sens  ,  dans 
le  Hurepoix,  à  une  lieue  au  nord  de  Melun,  convertie 
de  prieuré  en  abbaye ,  l'an  11 94,  par  Michel  archevêque 
de  Sens. 


45 


1 .  JARD  AN  ,  tefS-at ,  village  des  Arabes  ,  félon  Jo- 
feph  ,  qui  en  fait  mention  dans  l'Hiftoire  de  la  guerre 
des  Juifs ,  /.  3  ,  c.  2.  Hegelippe  nomme  ce  même  lieu 
ARTHA,  au  rapport  d'O né[Ms,Thej'aur. 

2.  JARDAN.  Les  Hébreux  nomment  ainfi  le  Jour- 
dain. 

3.  JARDAN  ,  (le  cap)  cap  de  la  Morée  fur  la  côte 
occidentale  ,  où  il  fépare  le  golfe  de  l'Arcadia  du  golfe 
de  Zonchio  :  les  anciens  l'ont  connu  fous  le  nom  d'ICH- 
TYb ,  félon  Thevet.  Il  tire  fon  nom  d'un  certain  Jardan 
qui  yavoit  fon  tombeau  ,  StDe  l'ifle,  Grac.  Ant.  Tab. 
qui  omet  le  nom  Ichtys  ,  y  met  un  lieu  qu'il  appelle 
Jardani Sepulchrum. 

1.  JARDANUS,  rivière  du  Péloponnèfe,  dansl'Ar- 
cadie,  félon  Paufanias,  A  1  ,  c.  5.  C'eft  la  même  que 
YAcidas;  elle  couloit  auprès  de  la  ville  de  Phigalea 
félon  le  même  ,  c.  18.  On  croiroit  que  Paufanias  dit  que 
le  Jardan  eft  le  même  que  YAcidas ,  ce  qui  eft  faux. 
Il  eft  vrai  qu'on  lit  dans  cet  auteur  ,  qu'il  a  appris  d'un 
Ephéfien  que  le  Jardan  eft  l'ancien  nom  de  YAcidas  ; 
mais  il  ajoute  qu'il  n'en  a  aucune  preuve. 

2.  JARDANUS  ,  rivière  de  l'ifle  de  Crète  ,  voifme 
de  la  ville  de  Cydonie,  félon  le  même,  1.6,  c.  21. 

JARD  ES,  ancienne  forêt  de  la  Paleftine,  dans  la 
Judée  ,  félon  Jofeph  ,  de  Bell.  I.7,  c.  26.  Trois"  mille 
Juifs  qui  s'y  étoient  retirés  de  Jérufalem ,  comme  dans 
un  afyle ,  y  furent  maffacrés  par  les  Romains  ,  avec 
leur  capitaine  Judas  ,  fils  de  Jaïr. 

!.  JARDIN  de  la  Reine.  On  donne  ce  nom  à  plu- 
fieurs  petites  ifles  fort  agréables ,  qui  font  à  la  côte  mé-i 
ridionale  de  Cuba. 

2.  JARDIN  de  Panama.  Ce  font  des  petites  ifles 
proche  de  cette  ville  ou  les  plus  riches  habitans  jnt  leurs 
maifons  de  plaifance. 

JARDINET  ,  (le)  abbaye  du  pays  de  Liège,  au  dio- 
cèfe de  Namur,  fur  la  rivière  d'Heure,  à  deux  lieues 
de  Philippeville,  ordre  de  Cîteaux.  Elle  fut  fondée  pour 
des  filles  ,  qui  y  ont  demeuré  plus  de  cent  ans  ;  mais 
en  1430,  on  y  mit  des  hommes,  foyei  Valcourt. 
*  Baudrand  éd.  1705. 

JAREPHEL,  ancienne  ville  de  la  Paleftine  ,  dans 
la  tribu  de  Benjamin,  félon  le  Livre  de  Jofué,  c.  18 » 
v.  27. 

JARETTA  ,  (la)  rivière  de  Sicile,  dans  la  vallée 
de  Noto.  Ce  font  plufieurs  rivières  ,  favoir  la  Trahina, 
groflie  par  le  Cérame  qui  fe  joint  enfuite  avec  le  Dic- 
tai no  ,  qui  lui  porte  les  eaux  de  la  Gargalonga,  &  qui 
reçoit  plus  bas  la  Gabella.  Toutes  ces  rivières  réunies 
dans  un  même  lit ,  prennent  le  nom  de  la  Jarctta.  On 
la  paffe  dans  un  bac  nommé  le  bac  de  la  Jarata ,  en 
allant  de  Lentini  à  Catania,  &  elle  fe  perd  dans  le 
golfe  de  Catane.  Baudrand  donne  le  nom  de  laJaretta. 
à  la  Trahina  ,  qui  eft  la  Cyamojorus  des  anciens.  Leur 
Symcethus  eft  le  même  que  le  Diclaino  d'à  préfent. 
Ces  deux  rivières  après  leur  jonftion  ,  forment  ce  que 
nous  appelions  la  Jaretta.  Quelques-uns ,  comme  Bau- 
drand, écrivent  la  Jareta  ,  De  l'ifle  écrit  la  Jaretta. 

JAREZ,  (le)  petit  pays  de  France,  dans  le  Lyon- 
nois  ,  aux  confins  du  Forez  ,  entre  le  mont  Pila  à 
l'orient ,  &  la  Loire  à  l'occident  ,  au-deffous  de  Saint 
Etienne;  mais  il  feroit  difficile  d'en  bien  défigner  les 
bornes.  Il  n'y  a  aucune  place  de  confidération.  *  Bau- 
drand. éd.  1705. 

JARGANUM,  promontoire  d'Afie ,  dans  la  grande 
Phrygie  ,  félon  Ptolomée,  /.  f  ,  c .  2.  Ses  interprètes  le 
nomment  Cabo  de  Santa-Maria. 

JARGEAU,  ville  de  France,  dans  l'Orléanois.  Quel- 
ques-uns la  nomment  Gergeau,  &C  en  latin  Gargo~, 
gilum  ,  Jargogilum  ,  Gargoilum  ,  Jorgoilum  ,  Gar^O" 
Hum ,  Jargolium.  Elle  eft  fituée  fur  le  bord  méridional 
de  la  Loire,  à  quatre  lieues  d'Orléans.  Quelques-uns 
croient  que  cette  petite  ville  eft  Gergovia ,  dont  il  eft 
parlé  dans  les  Commentaires  de  Céfar.  Il  eft'  certain  que 
ce  lieu  eft  ancien,  &  connu  fous  le  nom  de  Gergojl- 
lum  dans  le  neuvième  fiécle ,  fous  le  règne  de  Charles 
le  Chauve,  &  dans  le  fiécle  fuivant,  fous  le  pontificat 
de  Léon  VI ,  par  les  lettres  desquels ,  on  voit  que  cette 
place  appartenoit  à  l'églife  d'Orléans.  Il  y  a  depuis 
îong-tems  un  pont  fur  la  Loire ,  qui  étoit  un  paffage 
important  durant  les  guerres  civiles.  L'évêque  d'Orléans 
en  eft  encore  feigneur  temporel.  Le  roi  C  lurles  VII 
Tome  III.    Lllij 


JÂR 


4*ï 

tint  {es  grands-jours  à  Jargeau  ,  au  mois  de  Mars  de  l'an 
1430;  Se  le  roi  Louis  XI  y  maria  fa  fille,  Jeanne  de 
France ,  avec  Pierre  de  Bourbon ,  comte  de  Baujeu , 
le  3  de  Novembre  1473.  L'églife  paroifliale  porte  le 
n»m  de  S. Etienne,  8c  la  collégiale  celui  de  S.  Vrain. 
Cette  ville  fut  prife  parles  Anglois,  lorsqu'ils  afliége- 
rent  Orléans  en  1428;  mais  elle  fut  reprife  le  12  de 
Juin  1429,  par  Jean  duc  d'Alençon.  *  Longuerue1 
Descr.  delà  France  ,part.  i,p.  109.  Falef.  Notit.  Gal- 
liarp.  221. 

i.  JARIM,  ville  des  Gabaonites,  félon  S.  Jérôme, 
de  Locis  hebr.  fur  quoi  le  P.  Bonfrerius  obferve  que  Ja- 
rim feul  ne  fignifie  pas  le  nom  particulier  d'une  ville , 
s'il  n'eft  joint  avec  Cariath ,  qui  veut  dire  cité  ou  ville: 
Cariathjarim  femble  fignifier  la  ville  d'Iarim  ;  car  Ca- 
riath fe  prend  pour  ville  ou  cité,  8c  les  Septante  difent 
tantôt  Cariathjarim  ,  &  tantôt  civitas  Jarim  ;  mais  ce 
n'eft  traduire  qu'une  partie  du  nom  pour  rendre  le  tout  ; 
il  faut  dire  Civitas  Sylvarum ,  la  ville  des  forêts.  Jarim 
n'eft  dont  pas  le  nom  propre  d'une  ville.  Elle  eft  qua- 
lifiée ville  des  Gabaonites ,  parce  qu'elle  étoit  fujette 
ou  alliée  de  ce  peuple ,  lorsque  Jofué  les  reçut  comme 
amis  du  peuple  de  Dieu. 

2.  JARIM  ,  montagne  de  la  Paleftine-,  à  l'extrémité 
feptentrionale  de  la  tribu  de  Juda.  Jofué,  c.  15,  v.10. 
Nous  venons  de  remarquer  que  ce -mot  fignifie  en 
hébreu  forêt.  Cette  montagne  en  étoit  fans  doute 
couverte. 

3.  JARIM,  rivière  d'Afrique.  De  l'Ifle  écrit  Farim. 
Voyez  S.  DoMINGUE  ,  rivière.  *  Davity  ,  Pays  des 
Nègres. 

JARIMOT.  Voyez  Jaramoth  2.  &  Jerimot. 
IARMOUTH ,  prononcez  Yermouth.  Voyez  Yar- 

MOUTH. 

JARMUTH,  Voyez  Jaramoth. 

JARNAC,  bourg  de  France  ,  dans  l'Angoumois  ,  fur 
la  Charante ,  presqu'au  milieu  entre  Angoulême  Se  Sain- 
tes, 8c  à  deux  lieues  de  Cognac.  Il  eft  remarquable  par 
la  victoire  que  Henri ,  duc  d'Anjou  ,  frère  de  Charles 
IX  ,  8c  depuis  roi  de  France  ,  fous  le  nom  de  Henri  III, 
y  remporta  fur  les  Calviniftes,  au  mois  de  Mars  de  l'an 
1569.  Le  prince  de  Condé  qui  les  commandoit  y  fut 
tué  par  Montesquiou;  &  l'amiral  de  Coligni  mis  en  fuite. 

JARNAGE ,  petite  ville  de  France  dans  la  haute 
Marche ,  au  nord  d'Aubuflbn ,  Se  au  nord-eft  de  Gueret, 
dans  l'élection  duquel  elle  eft  comprife.  Il  y  a  une 
iuftice  non  reiTortiflante ,  8c  il  s'y  tient  des  foires  de 
beftiaux. 

JAROMIR ,  félon  Zeyler. 

JAROMITZ  ,  félon  Baudrand,  ville  de  Bohême, 
entre  le  château  de  Schmirchitz  &  la  petite  ville  de 
Nachodt ,  fur  le  chemin  de  Prague  à  Breflau ,  entre  l'Elbe 
6c  l'Upawa ,  qui  joignent  enlëmble  leurs  eaux  au  des- 
fous de  la  ville,  en  approchant  du  comté  de  Glatz. 
Cette  ville  foufltit  beaucoup  durant  les  guerres  de  religion. 
L'an  1420,  le  26  Décembre  ,8c  l'année  fuivante,le  13 
de  Mai,  il  s'y  commit  de  grandes  cruautés. 

JARON  ,  ou  Jarron  ,  ville  de  Perfe ,  dans  le  Far- 
fiftan ,  fur  la  route  de  Schiras  à  Lars.  C'eft  peu  de  chofe , 
ocelle  reflemble  plus  à  un  village  qu'à  une  ville;  toutes 
les  maifons  en  font  de  terre,  &  féparées  les  unes  des 
autres.  Il  y  a  deux  ou  trois  petites  mosquées.  Comme 
elle  eft  remplie  de  palmiers  ,  elle  reflemble  de  loin  à 
un  bois.  Le  fruit  de  ces  palmiers  eft  le  principal  revenu 
des  habitans  ,  qui  n'ont  point  d'autre  négoce.  Elle  eft 
commandée  par  le  gouverneur  de  Schiras  ,  qui  y  entre- 
tient un  lieutenant.  La  montagne  au  fud-eft  de  Jaron  eft 
fort  élevée.  *  Le  Brun,  Voyage  de  Perfe,  p.  314. 

1.  JAROSLAW,  petite  ville  de  Pologne,  au  Palati- 
nat  de  Ruflie ,  fur  la  rivière  de  San ,  au  deflbus,  &C  au  nord 
dePrzemiflie,au-defliisSc  à  l'orient  de  Przeworsk.  Elle  eft 
belle  Se  marchande ,  8c  le  San  arrofe  fa  citadelle  fituée 
à  l'orient  de  la  ville.  On  y  tient  tous  les  ans ,  à  la  fête 
de  l'Afiomption  de  la  Vierge,  une  fameufe  foire,  où  il 
Vient  des  marchands  de  Perfe ,  de  Conftantinople ,  de 
Venife,  de  Moscovie,  d'Allemagne,  de  Hongrie,  8c 
autres  pays  voifins.  StarovoUki  dit  que,  de  fon  tems, 
on  yamenoit  plus  de  quarante  mille  bœufs  &  vingt  mille 
chevaux.  Les  Jéfuites  ont  un  collège  dans  la  ville,  8c 
une  réfidence  hors  la  ville.  Il  y  a  à  Jaroflaw  un  monas- 
tcre  de  religieufes ,  dont  le  bâtiment  eft  d'une  magni- 


JAS 


ficence  royale.  L'an  1625,  le  jour  de  S.  Bartelemi .,  du- 
rant la  nuit ,  le  feu  prit  en  quatre  endroits  dirTérens , 
8c  confirma  toute  la  ville  ,  qui  étoit  bâtie  de  bois  :  plus 
de  trois  cents  hommes  périrent  dans  les  flammes  ;  8c  la 
perte  des  marchandifes  que  la  flamme  détruifit ,  fut  efti- 
mée  dix  millions  de  florins.  Cette  ville  a  été  rétablie 
avec  le  tems.  Les  Suédoiss'en  rendirent  maîtres  en  1656. 
*  ^4ndr.  Cellar.Polon.  Descr. p.  325. 

2.  JAROSLAV  ,  ville  de  l'empire  Ruffien.  Voyez 
Jeroslaw. 

JAROUN,  ville  d'Afie,  dans  la  Tartarie,  au  pays 
de  Geté,  au  de-là  de  Seïram.  *  Hijl.  de  Timur-Bec. 
1.  2,  c.  14. 

JAROV ,  Girvium ,  félon  Baudrand.  Il  dit  que  c'eft 
une  ville  d'Angleterre,  8c  ajoute  qu'elle  n'eft  remarquable 
que  parce  que  le  Vénérable  Bede  y  prit  naiflance.  De 
Vallemont  dans  fesÉlémens  de  l'Hiftoirp,  t.  1,  p. 99, 
éd.  Parif.  dit  que  Bede  dit  le  Vénérable  ,  naquit  l'art 
673  ,  dans  le  petit  village  de  GlRVIC  ,  fur  la  Tine ,  dans 
la  Northumberland.  Voyez  ce  mot. 

JARSATH  ,  ty«8,  ville  de  la  Mauritanie  Céfarienfe, 
ftlon  Ptolorr.ée ,  /.  4,  c.  2.  Caftald  croit  que  c'eft  préfen- 
tement  Tedelez. 

JARSEY.  Voyez  Jersey. 

JARSO.  Voyez  Oeaso. 

JARZETHA,  'l£fa$x,  ville  de  la  Libye  intérieure, 
félon  Ptolomée ,  l.it,c.  6.  Elle  étoit  maritime,  fur  le 
bord  de  l'Océan  ,  au  nord  de  l'embouchure  du  fleuve 
Daradus. 

1.  JAS  ,  contrée  qui  faifoit  partie  de  PIHyrie ,  8c  que 
l'on  appelle  aufli  Ionica,  dit  Etienne  le  Géographe.  Les 
habitans  étoient  appelles  IatvE. 

2.  JAS ,  ancien  nom  de  l'Attique ,  félon  Strabon,  1.8  , 
p.  382.  Ortélius  fe  trompe  à  cette  occafion,  comme  fi 
Strabon  avoit  parlé  d'an  cantonde  l'Illyrie,  le  même  dont 
parle  Etienne ,  ce  qui  n'eft  pas. 

3.  JAS,  ville  de  la  Valaquie.  Voyez  Jassy. 
JASA.  Voyez  Jassa. 

JASjEA,  ancienne  ville  du  Péloponnèfe ,  dans  l'Ar- 
cadie.  C'eft  une  des  villes ,  dont  les  habitans  fe  lais- 
ferent  perfuader  d'abandonner  leur  patrie,  pour  aller 
peupler  la  nouvelle  ville  de  Mégalopolis.  *  Paufan. 
1.  8  ,  c.  27. 

JASAKKES  ,  ou  avec  la  terminaifon  Hollandoifedu 
pluriel  Jafakken ,  peuple  de  la  grande  Tartarie ,  en  Afie  , 
à  l'orient  de  la  rivière  de  Pifida,  dans  le  pays  de  Mongal, 
le  long  de  la  côte  de  l'Océan  feptentrional ,  félon  la  nou- 
velle Carte  de  Witfen. 

Cet  article  eft  de  Baudrand  :  quoique  la  Carte  citée  ait 
de  grandes  imperfections ,  que  les  nouvelles  découver- 
tes des  Ruffiens  ont  rectifiées,  peut-être  pourroit-on  la 
concilier  avec  les  Cartes  pofteriéures ,  qui  marquent  le 
long  de  l'océan  feptentrional  un  peuple  nommé  Tscha- 
laski ,  aufli  féroce  que  les  Tsuktschi ,  dont  il  eft  allié.  Ces 
peuples  font  peu  connus  ;  car  ils  font  ennemis  des  Rus- 
fiens  ,  qui  feuls  pourroient  nous  les  faire  connoître  ;  & 
lorsqu'on  en  fait  des  prifonniers ,  ils  fe  tuent  eux-mê- 
mes. La  rivière  de  Pifida  eft  apparemment  la  Piafida 
de  De  l'Ifle ,  8c  la  Pafina  des  nouvelles  Cartes.  Elle 
eft  beaucoup  plus  près  du  Jenifea  que  de  la  Lena ,  8t 
par  conféquent  bien  loin  des  Tsckalaski. 

JASENITZ,  petite  ville  d'Allemagne,  dans  la  haute 
Saxe  1,  en  Poméranie ,  au  duché  de  Stetin ,  fur  la  rive 
gauche  de  l'Oder  ,  aftez  près  de  fon  embouchure,  au- 
deflbus  de  la  ville  de  Stetin.  *  Zeyler ,  Carte  de  la 
Poméranie. 

JASER.   Voyez  Jazer. 

JASI.  Voyez  Jassii. 

JASIBLI,  rivière  de  Sicile,  dans  la  vallée  de  Noto  ^ 
félon  Baudrand  :  elle  pafle  à  Caflaro ,  8c  fe  jette  dans 
la  mer  Ionienne  entre  la  ville  de  Noto  8c  celle  de  Sy- 
racufe.  Il  croit  que  c'eft  l'ancienne  Cacyparis.  Voyez 
ce  mot.  • 

JASIENS,  (les)  Jafii.  Pline,  /.  36,  c.  5.  nomme 
ainfi  les  habitans  de  Jafus ,  ville  d'Afie  dans  la  Carie. 

JASIOLDA ,  rivière  de  Pologne ,  dans  le  Palatinat 
de  Brzescie.  C'eft  une  de  celles  qui  du  côté  du  nord 
forment  la  rivière  de  Przypietz.  *  Robert  deFaugondy^ 
Atlas. 

JASLITEN,  ou  Yaslite.  Corneille  dit  fur  l'auto- 
rité de  Davity  :  petit  pays  d'Afrique ,  dans  la  Numidie. 


JAS 


JAS 


Il  eft  proche  de  la  mer  Méditerranée  entre  Caphfa  &£ 
Tripoli,  342  d.  50'  de  longitude,  &t  à  28  de  latitude, 
&  comprend  trente  villages.  Ce  pays  produit  quantité 
de  dattes;  &  fes  habieans  font  riches,  parce  qu'étant 
voifins  de  la  mer  ,  ils  trafiquent  avec  les  Egyptiens  & 
ceux  de  Sicile.  On  croit  que  cette  contrée  eft  fujette 
au  bâcha  de  Tripoli ,  dans  le  pays  duquel  elle  eft  en- 
fermée. 

Cet  article  n'eft  rien  moins  qu'exaft ,  quoique  Da- 
vity,  Afrique,  p.  366  ,  cite  Gramay  pour  fon  garant. 
Premièrement  il  n'y  a  point  aujurd'hui  de  Numidïe ,  & 
celle  des  anciens  finiflbit  bien  loin  de-là.  En  fécond 
vlieu,  la  longitude  eft  raufte,  puisque  Caffa  &  Tripoli 
font  entre  le  28e  d.  &  le  31e.  La  latitude  ne  l'eft  pas 
moins  ;  car  ces  deux  villes  font  au  nord  da33ed. 
.  JASLOWIECZ ,  petite  ville  de  Pologne  >  au  Païa- 
tinat  de  Podolie,  fur  le  bord  oriental  d'une  rivière  qui 
tombe  dans  le  Niefter,  aux  confins  de  la  Moldavie.  *  De 
rijle ,  Carte  de  Pologne  ;  tk  Tavernier  ,  Voyage  de 
Perle  ,  /.  3. 

1.  JASON  ,  lieu  delà  Paleftine  ,  dont  il  eft  fait  men- 
tion au  Livre  de  Jofué,  c.  19,  v.  4,  dans  la  Verfiondes 
Septante.  La  Vulgate  lit  Afern.  L'Hébreu eftdifFéremment 
exprimé  dans  les  nouvelles  verrions.  Le  Clerc' lit  Hatfcm; 
Schmidius  Ercm  ;  la  verfion  qui  eft  jointe  aux  Notesde 
Vatable  lit  A\en ,  l'Espagnole  de  Caflîodore  de  Reina 
-Afem ,  l'Allemande  de  Luther  &  la  nouvelle  d'Angle- 
terre lilént  Aient.  Voyez  ASEM   &  AzEM  I. 

2.  JASON,  ville  de  la  Paleftine,  à  'deux  lieues  & 
demie  de  JafFa ,  vers  l'orient,  dans  la  tribu  de  Dan, 
proche  du  chemin  qui  conduit  de  JafFa  à  Jérufalem.  Ily 
avoit  anciennement   un  fort  château  ,  dont  il  ne  paroît 

Elus  que  les  fondemens.  Ce  lieu  n'eft  maintenant  ha- 
ité  que  par  vingt-cinq  familles  de  Mores,  qui  cultivent 
des  jardins.  Ces  jardins  font  arrofés  de  l'eau  d'un  beau 
puits  ,  qui  fe  tire  par  une  machine  que  font  jouer  des 
bœufs.  On  n'y  voit  qu'une  mosquée  ,  gardée  par  un  Der- 
viche ou  Santon  Turc.  *  Corn.  Dift.  Le  P.  Eufebc  Ro- 
ger, Voyage  de  la  Terre  fainte ,  /.  1  ,  c.  15. 

Cette  ville  eft  marquée  dans  la  Carte  de  la-  Terre 
promife ,  par  D.  Calmet ,  non  pas  dans  la  tribu  de  Dan , 
mais  dans  celle  d'Ephraïm,  au  midi  oriental,  &c  non 
pas  à  l'orient  de  Joppé. 

JASONIA.   Voyez  Jasonium  2. 

1.  JASONIUM,  lieu  voifin  de  Conftantinople.  Les 
Grecs  le  nomment  DlPLOClANA  ,  &  les  Turcs  BlSl- 
TAS,  félon  Pierre    Gille  cité  par  Ortélius,  Tkef. 

2.  JASONIUM,  grande  montagne  d'Afie,  au-defîus 
des  portes  Caspiennes  à  gauche  ,  félon  Strabon ,  /.  1 1  , 
p.  526.  Ptolomée  ,  /.  6  ,  c.  2 ,  la  met  entre  les  monts 
de  la  Médie.  Strabon  en  parle  à  l'occafion  d'une 
ancienne  tradition  ,  qu'il  rapporte  en  ces  termes. 
Il  y  en  a  ,  dit  -  il ,  qui  veulent  que  Medée  ,  qui 
pofleda  ces  contrées  avec  Jafon  ,  inventa  cette  forte 
d'habit ,  &  que  toutes  les  fois  qu'elle  fortoit  fans  le  roi , 
elle  fe  voiloit  le  vifage.  On  apporte  pour  preuve  que 
Jafon  a  été  dans  ce  pays ,  les  chapelles  confacrées  en  fon 
honneur  'lanvàx-Hpûi,  pour  lesquelles  les  Barbares  ont 
une  grande  vénération.  Il  y  a  auflî  une  haute  montagne 
au-deftus  des  portes  Caspiennes  ,  à  gauche  ,  que  l'on  ap- 
pelle Jafonium.  Ils  ajoutent  que  Medée  laifla  au  pays 
fon  nom  ,  &  la  manière  de  s'habiller  ;  que  fon  fils  Me- 
dus  lui  fuccéda,  &  donna  fon  nom  à  cette  province. 
Cela  Raccorde ,  pourfuit  Strabon  ,  avec  la  Jasonie  qui 
eft  en  Arménie  ,  avec  le  nom  du  pays,  &  plufieurs  au- 
tres  chofes  que  je  dirai  ailleurs. 

3.  JASONIUM  PromontoriUM  ,  promontoire 
d'Afie,  dans  la  Cappadoce,  fur  le  Pont-Euxin , félon  Pto- 
lomée,/. <j ,  c.  6,  qui  le  met  dans  le  Pont  Polémoniaque, 
entre  les  villes  de  Polemonium  &  Cyteorum.  Strabon  , 
/.  i2,/>.  548  ;  &  Arrien,  dans  fon  Périple  du  Pont-Euxin, 
p.  17 ,  eilt.  Oxon.  parlent  de  ce  cap.  Ce  dernier  compte 
de  Polemonium  jusques-là  cent  trente  ftades  ;  &  de-là 
à  l'ifle  des  Ciliciens  quinze  ftades  ;  de  cette  ifle  à  BOON  A , 
où  il  y  a  un  port ,  foixante  &  quinze  ftades  ,  Pi  de  ce 
port  à  Cotyora,  la  même  que  Cyteorum  de  Ptolomée, 
quatre-vingt-dix  ftades.  Je  ne  fais  pourquoi  Voffius  veut 
qu'on  life  Jafonium  au  lieu  d' Ajîneia ,  dans  le  paffage 
de  Scylax,  p.  33  ,  edit.  Oxon.  où  il  eft  dit,  dans  l'ar- 
ticle des  Chalybes,  que  Afineia  étoit  une  ville  Gréque. 
Perfonne,  dans  toute  l'antiquité  ,  n'a  dit  qu'il  y  eût  dans 


4n 


ces  quartiers  une  ville  nommée  Jafonium  ,  mais  bien  une 
rivière  St  un  cap,  qui  s'appelle  aujourd'hui  Beschick- 
TASCH  ,  fur  le  Bosphore  de  Thrace.  Voyez  ce  mot. 

4.  JASONIUM  Flumen  ,  rivière  qui  tombe  dans  le 
Pont-Euxin,  félon  Pline,  Il  y  a  bien  de  l'apparence  qu'elle 
étoit  auprès  du  promontoire  ,  &  que  l'un  donnoit  fon 
nom  a  l'autre  .-comme  on  trouve  que  dans  le  même  can- 
ton, à  peu-près,  il  y  avoit  un  fleuve  &  un  cap,  aus- 
quels  le  nom  A'HeracLum  étoit  commun. 

f.  JASONIUM,  ville  d'Afie,  dans  la  Margiane,  félon 
Ptolomée,  /.  6,  c.  10. 

JASONIUS.  Voyez  Taurus, 

JASPIS,  vilie  de  l'ancienne  Espagne  Tarragonoife  >  au 
pays  des  Contestani,  félon  Ptolomée,  l.i,  c.  6. 
Ortélius  dit  :  on  croit  que  c'eft  I'Aspis  d'Antonin.  Voyez 
Aspe  i.  &  Aspis  9. 

JASQUE ,  ou  Jasques  ,  ville  maritime  de  Perfe, 
dans  la  province  de  Tubéran ,  fur  un  cap  qui  refierre 
le  golfe  d'Ormus.  Thévenot ,  Suite  du  Voyage  du  Le~ 
vant ,  p.  374.  en  parloit  ainfï  à  la  mi-Decembre  de 
1665.  Nous  paffâmes  devant  le  cap  de  Jasques,  qui  étoit 
anciennement  nommé  Carpella.  Il  a  vingt-cinq  de- 
grés &  demi  d'élévation,  &  eft  éloigné  d'Ormus  de 
trente  lieues.  Depuis  ce  cap  la  terre  s^étend  vers  l'eft 
quart  au  fud-eft  jusques  au  fleuve  Indus.  Il  y  a  au  cap  de 
Jasques ,  à  demi- mille,  ou  à  un  mille  avant  enterre, 
une  méchante  petite  fortereffe  ,  avec  environ  qua- 
rante maifons ,  où  demeurent  des  gens  fort  pauvres ,  qui 
vivent  d'orge,  &  ne  boivent  que  de  l'eau  ;  encore  eft- 
elle  fort  làlmâtre,  (fommache  :  )  ils  ont  deux  barques  ou 
taranquins ,  lesquels  ils  chargent  de  bois ,  qu'ils  vont 
rendre  à  Mascate  (en  Arabie;)  ce  rriiférable  lieu  eft 
nommé  Jasques,  &  dépend  du  gouverneur  de  Comron 
(Gomron,  )  qui  y  envoie  telle  perfonne  qu'il  veut  pour 
commander. 

1.  JASSA,  ifle  de  la  mer  Adriatique,  fur  la  côte  de  la 
Liburnie.  Voyez  IsSA  2. 

2.  JASSA,  ou  Jasa,  ville  de  la  Paleftine,  dans  la 
tribu  de  Ruben  ,  au-delà  du  Jourdain  ,  auprès  de  laquelle 
le  roi  Sehon  fut  défait  par  Moyfe.  C'eft  apparemment 
la  même  que  Jefla  ,  limée  au  nord ,  fk  près  d'Ar  ,  ca- 
pitale des  Moabites.  Elle  fut  cédée  aux  Lévites.  *  Jofué, 
c.  13,  v.  i8;Num.  c.  21,  v.  23  ;Deut.c.  2,v.32;  Parai. 
1.  1  ,  c.  6  ,  v.  78. 

3.  JASSA,  ou  Jasa,  lieu  dont  il  eft  parlé  dans  la 
prophétie  d'Ifaïe  ,  c.  15,  v.4.  CLamabit  Hefebon  & 
Eleale ,  usque  Jafa  audita  ejl  vox  eorum  :  fuper  hoc  ex- 
pédia Moab  ululabunt  ,  anima  eorum  ululabit  Jibi  ; 
c'eft-à-dire  :  Héfebon  &  Eléale  jetteront  de  grand  cris; 
leur  voix  fe  fera  entendre  jusqu'à  Jafa  ;  les  plus  vaillans 
de  Moab  s'écrieront  de  douleur,  &  la  vie  leur  fera  à 
charge.  Il  s'agit ,  dans  ce  partage ,  de  deux  villes  des  Moa- 
bites. Jafla  étoit,  comme  on  vient  de  voir,  une  ville 
voifine  de  leur  capitale ,  ainfi  cette  Jafa  eft  la  même. 
Les  nouvelles  verrions  fur  l'hébreu  portent   Jahaz. 

JASSII ,  ancien  peuple  de  la  haute  Pannonie,  veri 
l'orient ,  félon  Ptolomée  ,  /.  2  ,  c.  1 5.  Pline ,  /.  3  ,  c.  25  , 
les  appelle  Jasi,  &  les  met  au  nombre  des  peuples, 
au  travers  desquels  coule  la  Drave. 

1.  JASSUS,  ville  de  la  petite  Arménie,  dans  laMé- 
litene ,  félon  Ptolomée  ,  /.  5  ,  c.  7. 

2.  JASSUS ,  ville  d'Afie ,  dans  la  Carie.  Polybe  ,  /.  16, 
n.  11  ,  dit  qu'elle  étoit  fituée  fur  la  côte  d'Afie,  dans  le 
golfe  qui  eft  terminé  d'un  côté  par  le  temple  de  Nep- 
tune, qui  eft  fur  le  territoire  des  Miléfiens,  Se  de  l'autre 
côté  par  la  ville  des  Myndiens.  Il  rapporte  que  ,  félon 
une  opinion  qui  s'étoit  répandue  ,  il  y  avoit  une  ftatue 
de  Vefta  fur  laquelle  il  ne  tomboit  jamais  ni  neige,  ni 
pluye,  quoiqu'elle  fût  à  découvert:  il  fe  moque  de  cette 
badinerie.  Pline ,  /.  9  ,  c.%,  parle  de  Jafïus  à  l'occafion 
d'un  jeune  garçon  ,  dont  un  dauphin  devint  fi  amou- 
reux, que  voyant  qu'il  s'éloignoit  du  rivage,  il  s'yjetta 
pour  le  fui vre,'&  mourut  fur  le  fable.  Alexandre  choifit 
enfuite  ce  même  garçon  ,  &  l'établit  à  Babylone  prêtre 
du  temple  de  Neptune ,  parce  qu'il  jugea  que  cet  amour 
étoit  une  marque  qu'il  étoit  très-agréable  à  ce  dieu. 
Solin  raconte  la  même  hiftoire;  mais  les  exemplaires 
qui  ont  le  moins  parle  par  les  mains  des  critiques,  changent 
bien  le  lieu  delà  fcène.  L'édition  des  Juntes,  c.  \J,p.  71, 
fol.verf.  porte:  apud  Affiim,  urbem  Babylonicé pucrum 
delphinus  adamavit,  &c,  La  même  faute  fe  trouve  dans 


4?4  vïAT 

l'édition  des  Aides  1 1 18  ;  celle  de  Pefaro ,  chez  Jérôme 
Soncin  ,  lit  :  apud  Jaj'um  urbem  B  aby  lonia  piurum  ,  &c  ; 
celle  de  Delrio  porte:  apud  Jajjum,  urbem Babylonia 
puerum  delphinus  adamavit.  Ce  dernier  obier  ;e  que 
dans  les  manuscrits  le  mot  urlem  ne  fe  trouve  pas ,  &c 
que  les  anciens  exemplaires  ponent  Babylonem,  &  non 
pas  Babylonia.  Saumaitè  avoit  lu  rapidement  cette  ob- 
servation ,  qui  eft  conçue  en  ces  termes  par  Delrio  : 
Lcgitur  vulgb  apud  Jajjum  urbem  (Mf.  deejt  hœc  vox) 
Babylonitz.  {Vet.  Lib.  Babylonem)  pueruin  delphinus 
adamavit  ,  &c.  là-deîïbs  il  s'emporte  contre  Delrio ,  à 
qui  il  donne  un  démenti  cruel.  Delrius  vir  bonus  as- 
Jcrit  manuscriptis  decjje  hoc  loto  vocem  Babylonem. 
Quam  vere  id  dffirmec ,  viderint  cateri  ,  nos  fœve  eum 
mentiri  fcimus.  Le  plailant  de  l'affaire  ,  c'eft  que  tout 
le  menfonge  eft  de  Saumaife  ;  Delrio  dit  pofitivement 
que  Babylonem  fe  trouve  dans  les  manuscrits ,  &  non 
pas  Babylonia.  Saumaife  étoit  en  colère  enfaifant  cette 
note  :  il  n'a  pas  vu  qu'il  n'eft  pas  permis  à  un  éditeur 
de  fourrer  des  paraphrafes  dans  le  texte ,  &  qu'il  ne^de- 
voit  pas  lui-même  y  mettre  Babylonem  nomine ,  en  dépit 
de  tous  les  manuscrits.  Il  n'eft  pas  vrai  que  le  nom^du 
jeune  garçon  qui  fut  aimé  du  dauphin,  <k  enfuite  prêtre 
de  Neptune,  fût  Babylo ,  ni  Babylon,  ni  Babylas. 
Athénée  ,  /.  1 3  ,  p ■  606  ,  dit  qu'il  s'appelloit  Denys.  Le 
paflage  de  Pline  eft  clair  ;  celui  de  Solin  ne  l'eft  pas  : 
pourquoi  Saumaife  veut-il  corriger  Pline  par  Solin  ?  Ce 
dernier  ne  fe trompe-t-il  jamais  furies  noms?  En  trans- 
crivant Piine ,  il  lui  eft  arrivé  de  prendre  une  ville  de 
la  Locride  pour  un  cheval.  Comparez  Pline ,  '/.  8 ,  c.  41 , 
&  Solin,  c.45,  édition  de  Saumaife,  qui  convient  lui- 
même  de  cette  bévue ,  &  avoue  qu'il  y  en  a  bien  d'au- 
tres ,  &  même  plus  grandes  ,  dans  cet  auteur. 

Pline  écritailleursJASUS  par  une  fimple  S  ,  &  nomme 
Sinus  Jajîus  le  golfe  où  elle  étoit  fituée.  La  Notice  de 
Hierocles ,  qui  la  met  entre  les  villes  épiscopales  de  la 
Carie  ,  la  nomme  r«©-,  Jafus ;  celle  de  Léon  le  Sage 
l'appelle  Jassi  au  génitif.  C'eft  préfentement  Askem- 
K.ALESI.  Voyez  ce  mot. 

JASSY ,  Jaffium  ,  ville  dans  la  Moldavie ,  fur  la 
petite  rivière  de  Scifa,  qui  fe  jette  peu  après  dans  le 
Pruth.  Cette  ville  qui  eft  le  féjour  ordinaire  d'un  hos- 
padar,  ouvaivode  ,  eft  au  nord-eft  de  Soczowa  ,  &  au 
fud-oueft  de  Laufane.  Sobieski ,  roi  de  Pologne,  s'en  ren- 
dit le  maître,  ainli  que  de  toute  la  province, en  1686; 
mais  voyant  l'impoflîbilité  de  fe  maintenir  dans  fa  nou- 
velle principauté  ,  il  retourna  dans  fes  états*.  *  Mémoires 
du  tems. 
JASTvE.  Voyez  Scythe. 

JASTUS,  rivière  de  laScythie,  en, deçà  de  l'Imaiis, 
félon  Ptolomée,  l.  6,  c.  14.  Elle  coule  entre  le  Jaxarte 
&  l'Oxus ,  bien  plus  près  de  la  première  que  de  la  fé- 
conde ,  &  a  fon  embouchure  dans  la  mer  Caspienne. 
La  nouvelle  Carte  de  cette  mer  ,  publiée  par  Ôttens  , 
la  nomme  Mara  ,  ouKivac  ,  des  noms  de  deux  villes 
de  la  Tartarie  qu'elle  baigne. 

1.  JASUS.  Voyez  Jassusî. 

2.  JASUS',  ancienne  petite  ville,  ou  bourg  du  Pé- 
loponnèfe  :  il  étoit  enclavé  dans  la  Laconie ,  quoiqu'il 
dépendît  des  Achéens  ,  félon  Paufanias ,  I.7 ,  c.  13. 

JATvE,  ancien  peuple  de  l'Illyrie  ,  félon  Eienne  le 
Géographe  ,  qui  nomme  Jas  le  pays  qu'il  habitoit  :  il 
dit  que  l'on  appelloit  auflï  Ionie  le  même  pays.  Il  fe 
trompe  ,  ou  du  moins  il  n'explique  pas  aflez  clairement 
fon  fentiment,  qu'il  a  pris  dans  Strabon.  Ce  dernier  par- 
lant de  l'Attique ,  dit  qu'anciennement  on  la  nommoit 
lonia  tx  las;  il  ajoute  que  quand  Homère  dit: 


JAV 


c'eft-à-dire  les  Béotiens  &  les  Jaons ,  il  entend  les  Athé- 
niens. Voyez  le  mot  Ionie. 

JATHR1PPA,  ville  de  l'Arabie,  auprès  d'Egres, fé- 
lon Etienne  le  géographe. 

JATI,  petite  rivière  de  Sicile,  dans  la  vallée  deMa- 
zare.  On  donne  le  nom  cFIati  ,  ou  Jato  ,  à  une  rivière 
formée  de  quatre  ruifleaux,  favoir  la  GlNESTA ,  la 
Cluse,  la  Bisalo  &  la  Canavera;  ces  trois  der- 
nières fe  joignent  enfemble  en  un  même  lit ,  au  midi 
de  la  montagne  fur  laquelle  font  les  ruines  d'iATO  , 
château  dont  vraifemblabkment  la  rivière  a  pris  le  nom. 


Elles  fe  mêlent  enfuite  avec  la  Ginefla.  C'eft  à  cette 
jonftion  qu'elles  prennent  le  nom  d'Iati.  Elle  reçoit  en-  < 
fuite  la  rivière  de  Ballefti ,  &  va  fe  perdre  dans  te  golfe 
de  Caftel-à-Mare.  Cette  même  rivière  tflati  a  aufli  le 
nom  de  Tayhuro  ,  qui  eft  celui  d'un  château  ruiné, 
fur  la  gauche.  A-peu-près,  à  diftance  égale  de  ce  châ- 
teau à  la  mer  ,  on  paffe  la  rivière  quand  on  va  de 
Mazare  à  Païenne  par  la  grande  route.  C'eft  le  Ba- 
thys  des  anciens  ;  &  le  château  Si  le  bourg  d'Iato  tien- 
nent la  place  de  l'ancienne  Jet^e-,  ou  Jetas.  Voyez 
ce  mot. 

JATII,  peuple  d'Afie,  félon  Pline,/.  6,  c.16.  Pto- 
lomée ,/.  6,  c.  i%  ,  les  nomme  Jatai  ,  ou  Jatii, félon 
les  divers  exemplaires ,  &  les  place  vers  le  nord  de  la 
Sogdiane. 

JATINA ,  petite  ville  de  la  grande  ifle  Baleare ,  félon 
Pline ,  I.t,  ,  c.  5  ,  ou  plutôt  félon  Ortélius  ,  qui  le  cite 
fur  un  exemplaire  vicieux.  Mais  Jatina  n'eft  rien  moins 
qu'un  nom  propre.  C'eft  une  faute  pour  Latina;  mot 
qui  fignifie  que  les  deux  villes  nommées  enfuite ,  l'a- 
voir Cinium  &  Cunici ,  jouifloient  des  mêmes  droits  que 
le  Latium.  Le  mot  Latina  eu  relatifs.  Oppida  qui  précède* 
JATINUM,  ancien  nom  propre  de  lavilledeMeaux, 
avant  qu'elle  eût  pris  le  nom  du  peuple  auquel  elle  ap- 
partenoit.  Ptolomée  ,  /.  %  ,  c.  8  ,  met  entre  les  peuples 
de  la  Gau'e  Lyonnoife  Melda:  ,qui  eft  la  nation, &/<z- 
tinum  qui  étoit  leur  ville.  Elle  a  été  enfuite  nommée 
civitas  Meldorum,  urbs  Meldi,  &c  urbs  Meldenfis.  Voyez 
Meaux. 

1.  JATRUS  ,  ifle  delaPropontide.  Il  en  eft  fait  men- 
tion dans.les  Conftitivions  de  l'empereur  Emanuel  Corn- 
néne,  félon  Ortélius,  Thij'aur. 

1.  JATRUS  ,  rivière  de  la  Myfie  en  Europe.  C'eft 
fur  le  bord  de  cette  rivière  qje  Jornandes ,  de  Reb.  Ge- 
tzcis ,  c.  18  ;  p.  637,  edit.  Grotii,  place  la  ville  de  Ni- 
copolis  ,  que  Trajan  fit  bâtir ,  après  avoir  vaincu  les 
Sarmates ,  &  qu'il  nomma  la  ville  de  la  Victoire.  C'eft 
ce  que  fignifie  le  nom  grec  de  Nicopolis.  Cette  rivière 
fe  nomme  aujourd'hui  la  Jantra.  Voyez  ce  mot. 
JATUR,  lcti-oùp,  ville  de  l'Inde  ,  en-deçà  du  Gange. 
JAVA:  (Pifle  de)  il  y  a  deux  ifles  de  ce  nom  dans 
la  mer  des  Indes.  On  les  diftingue  par  ces  noms  :  LA 
grande  Java  &  la  petite  Java. 

La  GRANDeJava  :  quelques-uns difent  Jave,ouLA 
GRANDE  jAVEparuneterminaifonfrançoife,  grande  ifle 
d'Afie  ,  dans  la  mer  des  Indes.  Elle  eft  fituée  à  l'eft  quart 
de  fud-eft ,  proche  de  l'ifle  de  Sumatra,  entre  le  123  e  d. 
&  le  134e  d.  de  longitude,  &  entre  le  6e  d.  de  latitude 
fud ,  pour  fa  partie  la  plus  feptentrionale  ,  &  8  d.  30' , 
pour  fa  partie  la  plus  méridionale.  Elle  a  au  nord-oueft 
l'ifle  de  Sumatra ,  dont  elle  eft  fépàrée  par  le  détroit  de 
la  Sonde,  au  nord  les  ifles  de  Banca  &  de  Bornéo,  au 
nord-eft  l'ifle  de  Madura  ;  à  l'orient  celle  de  Baly ,  ckau 
midi  la  mer  des  Indes ,  qui  la  fépare  de  la  terre  d'En- 
draght  ou  de  la  Concorde. 

Les  anciens  ont  connu  l'ifle  de  Java;rkce  qui  eft  re- 
marquable ,  elle  avoit  déjà  ce  nom  du  tems  de  Ptolo- 
mée. Il  parle  de  l'ifle  nommée  Jabadiu.  On  fait  que  TV 
confonne  &  le  B  des  Grecs  ont  été  équivalens  :  de-là 
vient  Jaba  ,  pour  Java.  Dru,  ou  Div,  fignifie  une  ville 
dans  la  langue  des  Indiens.  Diu  ,  ville  Indienne  des  Por- 
tugais ,  n'a  point  d'autre  origine  de  fon  nom  que  fa  fitua- 
tion  dans  une  ifle.  Les  Maldives  ne  font  ainfi  nommées 
que  parce  que  ce  font  des  ifles  oppofées  au  rWlabar. 
Ainfi  ce  que  les  Grecs  ont  pris  pour  le  génitif  d'un  nom 
n'étoit  qu'un  nom  indéclinable  ;  &  les  traducteurs  Latins 
ont  dit  Jabadii  infula  ,  par  un  pléonasme  ,  faute  de 
favoir  que  Div  fignifie  une  ifle.  De  même  nous  diforis 
le  Mom-Gibel ,  faute  de  favoir  que  Gibal  fignifie  la  même 
chofe  que  le  mot  françois  Mont. 

Cette  ifle  eft,  à  l'égard  des  Européens ,  au  pouvoir  des 
Hollandois  qui  y  ont  établi  le  centre  de  leur  commerce 
à  Batavia  ;  mars  ils  n'y  font  pas  les  uniques  fouverains. 
Elle  a  fes  rois  &  fes  peuples  qui  font  alliés  de  la  corn;- 
pagnie. 

Leminiftre  Valentyn  qui  a  donné  une  ample  descrip- 
tion de  Java ,  dans  (on  grand  Recueil  fur  les  Indes  ,  t.  4, 
compofé  en  hollandois  ,  obferve  que  l'on  ne  devrait 
pas  dire  Java  ni  Jacatra ,  mais  Djava  &  Djacati 
prononçant  à  la  manière  des  Arabes  &des  Malais  le  Dj 
comme  fi  c'étoit  une  feule  lettre  ôc  non  pas  comme  nou 


JAV 


JAV 


prononçons  Dr,  mais  l'ufage  eft  pour  Java  ;  Se  lui-même, 
apriis  cette  remarque ,  écrit  par-tout  ailleurs  Java. 

Java  tire  fon  nom  d'un  grain  nommé  Djava  Se  non 
pas  Java  ,  dont  le  goût  relïemble  à  celui  de  l'orge.  Ce 
grain  y  vient  parfaitement  bien  de  lui-même.  D'autres 
ont  '  cru  que  le  grain  même  prenoit  le  nom  de  l'ifle  ; 
mais  outre  que  la  première  opinion  eft  la  plus  approuvée 
des  Javans  mêmes  ,  Ptolomée  décide  la  queftion  Se  ex- 
plique le  nom  de  Jaba-Diu  par  l'ifle  de  l'orge. 

Il  femble  que  les  habitans  de  Bornéo  ayent  été  les 


premiers  qui  ayent  découvert  cette  ifle  au  léntiment  de 
l'auteur  cité.  Il  en  apporte  pour  preuve  que  dans  le  golfe 
de  Rembang,  au  levant  du  Japare  ,  les  habitans  de  Bor- 


néo ont  eu  un  hameau  qui  leur  appartenoit ,  où  ils  dé- 
barquoient ,  Se  demeuroient  tant  que  duroit  leur  trafic  : 
on  y  transportoit  de  tous  les  cantons  de  l'ifle  ce  grain 
qu'ils  troquoient  contre  des  habits.  Ce  hameau  prit  fon 
nom  de  ce  grain  Djaw-ana,  Se  fut  enfuite  nommé  Ja- 
■vana,  Djava  Se  Java.  Ce  lieu  qui  peut  avoir  donné  le 
nom  à  toute  l'ifle ,  eft  devenu  avec  le  tems  une  ville 
nommée  Jawana.  L'an  1697,  ^es  Javans  comptoient 
1621  ans  depuis  que  leur  ifle  a  été  peuplée  ;  mais  on  ne 
peut  faire  aucun  fond  fur  leur  calcul  dont  ils  n'ont  au- 
cune preuve. 

Ceux  qui  ont  parlé  de  l'ifle  de  Java ,  l'ont  fait  avec  tant 
de  confufion,  fans  en  excepter  même  le  miniftre  Valen- 
tyn  ,  que  je  fuis  obligé  d'abandonner  leurs  divifions  pour 
en  fuivre  une  plus  naturelle. 

On  peut  partager  cette  ifle  de  plufieurs  manières  : 
I.  Selon  les  côtes  ;  II.  félon  l'intérieur  du  pays. 

La  côte  du  nord  eft  fous  la  domination  de  la  compa- 
gnie Hollandoife ,  qui  y  a  établi  des  forts ,  Se  y  entre- 
tient des  garnifons  ,  pour  la  fureté  de  fon  commerce. 

La  côte  méridionale  eft  presque  entièrement  occupée 
par  le  Sourapati  Se  autres  princes  indomptés  ,  qui  font 
retirés ,  entre  une  longue  chaîne  de  montagnes  qui  court 
de  l'occident  à  l'orient ,  &  le  rivage  ,  qui  eft  bordé  de 
roches;  ce  qui  fait  qu'on  regarde  cette  côte  du  fud 
comme  très-dangereufe  aux  vaiffeaux  d'Europe  ;  Se  c'eft 
pour  cela  que  la  compagnie  défend  à  fes  vaiffeaux  de 
prendre  ce  chemin-là ,  de  peur  du  naufrage.  Un  capi- 
taine qui  y  contreviendroit ,  feroit  puni  par  une  fuspen- 
fion  d'emploi ,  ou  quelque  autre  châtiment. 

L'intérieur  du  pays  eft  fous  la  domination  d'un  empe- 
reur ,  que  l'on  appelle  communément  le  Madarm  ,  mot 
corrompu  de  celui  de  Mataram  ,  qui  eft  le  nom 
d'une  ville,  autrefois  capitale  de  l'empire  ,  &  préfente- 
ment  fi  déchue  de  fon  ancienne  fplendeur ,  qu'elle  tombe 
presque  en  *uine  ;  le  fiége  de  l'empire  ayant  été  trans- 
féré à  CARTASOERA ,  comme  l'écrivent  les  Hollandois  , 
bous  dirions  CARTASOURA.  Outre  le  Mataram,  il  y 
avoit  autrefois  plufieurs  rois  dans  l'ifle  ,  tous  indépendans 
les  uns  des  autres. 
On  y  comptoit  les  rois  de 

Bantam,  Japara, 

Jacatra,  Gressik,, 

tsieribon,  madion, 

Tagal,  Madjapat, 

&  quelques  autres. 

Mais  la  plupart  de  ces  royaumes  ont  été  envahis  par  le 
Mataram  qui  y  a  mis  des  princes ,  fes  créatures ,  lesquels 
y  vivent  fous  fa  domination.  Cet  empereur  n'eft  devenu 
fi  puiffant ,  que  par  le  fecours  des  Hollandois  ;  Se  il  a 
d'autant  plus  de  ménagement  à  garder  avec  la  com- 
pagnie ,  qu'il  a  fur  la  côte  méridionale  des  ennemis  très- 
puiffans. 

Il  faut  excepter  des  princes  fubordonnés  au  Ma- 
taram ,  le  Sourapati  Se  fes  alliés  ;  les  rois  de  Bantam  , 
&  de  Tfieribon.  Le  royaume  de  Jacatra  ne  fubfifte 
plus. 
_  Le  royaume  de  Bantam  contient  la  partie  la  plus  oc- 
cidentale de  l'ifle ,  jusqu'à  la  rivière  de  Tangerang  qui 
le  féparoit  autrefois  du  royaume  de  Jacatra,  Se  pré- 
fentement  des  terses  de  la  compagnie.  Il  n'y  a  point 
d'autres  villes  que  celles  de  Bantam,  qui  en  eft  la  ca- 
pitale. 

Depuis  le  premier  coin  fitué  vis-à-vis  de  l'ifle  du 
prince ,  laquelle  eft  aux  Hollandois  jusqu'à  la  pointe  la 
plus  feptentrionale  de  cette  côte,  le  pays  eft  garni  de  bour* 


4Î55 

gades  Se  bordé  de  montagnes  en  quelques  endroits? 
outre  une  autre  chaîne  de  montagnes  parallèles  à  ces 
cotes  ,  l'intérieur  du  royaume  confifte  en  des  plaines 
couvertes  de  riz,  à  la  referve  de  quelques  espaces  qui 
font  couverts  de  forêts.  Outre  le  pays  que  le  roi  de  Ban- 
tam pofféde  dans  l'ifle  de  Java  ,  il  eft  maître  d'une  partie 
de  l'ifle  de  Sumatra,  d'où  il  tire  quantité  de  poivre. 
Le  pays  Se  le  golfe  de  Lampons  ,  &c  quelques  ifles  qui  y 
font  fituées  lui  obéiffent.  Outre  cela,  ks «provinces  de 
Bandong  &  deSidammer,quifontau  midî  du  royaume 
de  Jacatra ,  font  foumifes  à  des  princes  de  fa  famille  qu'il 
y  place  ,  Se  fur  lesquels  il  domine  abfolument.  Ce  roi  eft 
indépendant  Se  ne  doit  ni  tribut  ni  foumiffions  à  l'em- 
pereur; il  eft  ami  de  la  compagnie  avec  laquelle  il  vit 
dans  une  parfaite  intelligence. 

Le  royaume  de  Jacatra  ne  fubfifte  plus ,  Se  le  titre  en 
eft  entièrement  éteint.  La  ville  de  Jacatra  a  fait  place  à 
celle  de  Batavia,  le  centre  de  la  domination  Hollandoife» 
dans  les  Indes  orientales  ;  Se  cet  état  s'appelle  préfente- 
ment  les  terres  de  la  compagnie  Elles  s'étendent  depuis  la 
rivière  de  Tangerang, jusqu'à  une  autre  rivière  que  les 
Hollandois  appellent  de  ScHEY  Rivier  ,  ou  rivière 
de  féparation ,  parce  qu'elle  les  fépare  du  royaume  de 
Tfieribon. 

La  rivière  de  Tangerang ,  la  plus  occidentale  de  toutes 
celles  de  ce  pays  de  la  compagnie  ,  a  fa  fource  au  midi, 
dans  les  montagnes  de  Salak;  Se  ferpentant  vers  le  nord  , 
elle  reçoit  divers  ruiffeaux,  ceux  de  Siberong,  de 
SlBOTANG  6c  de  Sandali  ,  qui  fe  joignent  dans  un 
même  lit,  avant  que  d'entrer  dans  le  fien.  Elle  eft  bordée 
de  quantité  d'habitations  à  l'orient ,  &  arrofe  la  forte- 
reffe  de  Sampoera  Se  celle  de  Tangerang  ,  dont 
elle  porte  le  nom.  Au-deffous  elle  forme  une  grande  ifle 
triangulaire  par  un  bras,  qui  avançant  vers  l'orient,  fe 
perd  dans  la  rivière  d'Ankée.  La  rivière  d'ANKÉE  a  fa 
fource  au  midi ,  affez  près  de  la  montagne  de  Pange- 
Rango  ;  puis  coulant  vers  le  nord,  elle  s'approche  de 
la  rivière  de  Tangerang,  reçoit  une  rivière  qui  coule 
à  l'orient  de  Sampoera  ,  puis  les  ruiffeaux  de  Silo,  de 
Sorpa,  Se  de  TsiI>OETAT,Se  enfin  la  rivière  de  Pas- 
SANGARANG  ,  Se  la  branche  de  la  rivière  de  Tangerang 
dont  j'ai  parlé.  Au  deffous  d'ANKÉE  ,  fonereffe  dont 
elle  porte  de  le  nom  ,  elle  fe  fépare  en  deux  branches  , 
dont  l'une  va  directement  à  la  mer ,  Se  l'autre  fe  char- 
geant en  paffant  d'une  petite  rivière  ,  porte  fes  eaux  vers 
l'orient ,  dans  les  foffés  de  Batavia. 

La  rivière  de  Batavia  prend  fa  fource  dans  la  mon- 
tagne de  Pangerango  ,  que  les  Hollandois  appellent  les 
Montagnes  bleues  ,  Se  fe  groffiîTant  de  quelques  ruis- 
feaux  fur  fa  route  ,  elle  paffe  au  fort  de  Tanjong  ,  fur- 
nommé  le  grand  Tanjong,  pour  le  diftinguer  d'un  autre 
nommé  Tanjong  PûERA,qui  eft  fur  une  autre  rivière. 
Elle  s'approche  du  fort  de  NoRTWYK;  &  vis-à-vis 
du  fort  deRyswyk,elle  fe  divife  en  deux  branches  avant 
que  de  tomber  dans  les  foffés  de  Batavia,  d'où  elle  (brt 
en  partie  par  le  port  même  de  cette  place  ,  Se  en  partie 
par  une  coupure  à  l'orient;  fe  groffiffant  enfmte  de 
plufieurs  ruiffeaux ,  elle  forme  diverfes  ifles  au  bord  de 
la  mer. 

La  rivière  de  Tsikais  a  fa  fource  dans  la  contrée  de 
Tikondang,  au  nord  des  montagnes  bleues;  Se  après 
avoir  long-tems  coulé  vers  le  nord,  elle  reçoit  la  pe- 
tite rivière  de  TsiARAP  ,  Se  forme  enfuite  trois  ifles 
à  fes  embouchures.  La  principale  eft  munie  d'un  fort 
nommé  Bacajjîe ,  nom  que  prend  auffi  la  rivière  en  cet 
endroit. 

La  province  de  Karavang  appartient  auffi  en  propre 
à  la  compagnie.  Elle  prend  ce  nom  d'une  rivière  qui  la 
traverfe,  Se  qui  a  fa  fource  dans  la  province  de  Paroka- 
MoETJANG ,  aux  confins  de  la  province  de  Priangan. 
Après  avoir  coulé  un  peu  vers  le  nord  ,  elle  fe  tourne 
vers  l'oueft  ;  Se  lorsqu'elle  eft  entrée  dans  le  pays  auquel 
elle  donne  fon  nom,  elle  reprend  fon  cours  vers  le  norc\ 
jusqu'à  Tanjong-Poera ,  où  elle  reçoit  une  autre  rivière  ; 
puis  elle  fe  rend  dans  la  mer  par  neuf  embouchures,  où 
elle  forme  diverfes  ifles.  C'eft  dans  cette  province ,  douze 
lieues  au-deffus  de  Tanjong-Poera ,  que  l'on  a  trouvé  des 
mines  d'or  ausquelles  on  travaille  avec  plus  d'espérance 
que  de  fuccès  jusqu'à  préfent. 

Le  royaume  de  TsiERiBON  commence  à  la  rivière 
de  Sçhey,  Il  eft  borné  au  midi  par  le  mont  Taimjg« 


4*  6 


JAV 


JAV 


nus  ,  ck  les  V ATT AS  ,  hautes  montagnes,  (Le  mot  Fat- 
tas  fignifie  dans  la  langue  Javane  limites,  homes.)  Il 
comprend  les  provinces  de  Tsieribon  propre,  de 
TsiASSEM,de  Pamanoekan  &  de  Gabbang. 

Les  provinces  de  Tfiaffem  ck  de  Pamanoekan  font 
arrofées  ,  chacune  par  une  rivière  de  même  nom.  La  pro- 
vince de  Tfieribon,  entr'autres  rivières ,  eft  arrofée  par 
le  grand  fleuve  d'iNDRAMAïA.  Il  a  fa  fource  dans  les 
montagnes  de  la  province  de  Priangan  ;  il  la  traverfe 
auffi-bien  que  celle  de  Sammadang ,  èk  après  avoir  long- 
tems  ferpenté  vers  le  nord-eft  jusqu'à  l'orient  du  fort  de 
Tfieribon ,  il  fe  recourbe  vers  le  nord ,  où  il  fe  jette 
dans  la  mer ,  par  deux  embouchures  :  ies  bords  de  ce 
fleuve  font  fort  peuplés  dans  l'étendue  de  cette  province. 
Le  fort  de  Tsjeribon  appartient  à  la  compagnie  ;  &  à 
peu  dediftance  du  fort  vers  le  feptentrion  ,  eft  un  lieu  où 
la  cour  fait  fa  réfidence. 

Ce  roi  ne  dépend  point  du  Mataram,  ck  vit  tranquil- 
lement ,  en  ménageant  l'amitié  de  la  compagnie.  La  pro- 
vince de  Gabbang  eft  arrofée  par  trois  rivières ,  Soengi- 
JAPOERE,  qui  la  fépare  du  Tsjeribon  propre,  la  petite 
rivière  Tiberus,  ck  la  rivière  deLASSARi. 

On  trouve  enfuite  le  pays  de  Tagal ,  où  font  de  yaftes 
campagnes  de  riz;  la  compagnie  y  a  un  fort  nommé  Ta- 
GAL,  au  couchant- d'une  rivière  qui  a  fa  fource  au  mont 
Tagal ,  &  pafle  à  Cartanagara.  Cette  montagne  de  Tagal 
a  un  volcan  qui  jette  quelquefois  des  cendres  en  fi  grande 
abondance  ,  qu'il  y  a  quelques  années  que  la  terre  en  étoit 
couverte  de  l'épaiffeur  d'un  pouce  à  Samarang  ,  forterefîe 
que  la  compagnie  a  fur  cette  côte ,  à  douze^lieues  de-là 
vers  l'orient.  Ce  n'eft  pas  le  feul  volcan  qu'il  y  ait  dans 
l'ifle  de  Java.  L'an  171 1,  la  montagne  bleue  commença 
de  jetter  des  flammes  &  de  la  fumée. 

A  l'orient  de  Samarang,  qui  j'ai  dit  être  un  fort  delà 
•compagnie ,  on  trouve  ,  en  fuivant  la  côte  ,  Torabaja , 
&  en  la  quittant  à  l'orient,  la  ville  de  Damack  où  la  com- 
pagnie a  fes  comptoirs  &  des  magafins ,  au  bord  occi- 
dental d'une  rivière ,  qui  en  fe  féparant  forme  deux  ifles , 
dans  l'use  desquelles  font  les  villes  de  Japara  &  de 
ïavana.  Cette  dernière  dont  j'ai  patlé  ,  donne  fon  nom 
au  bras  de  cette  rivière  qui  l'arrofe. 

La  première  place  importante  que  l'on  trouve  enfuite  , 
c'eft  la  forterefle  de  REMBANG  ,  qui  eft  à  lacompagnie, 
puis  la  rivière  de  LASSEM  ,  qui  vient  du  midi ,  ck  fe  dé- 
tache du  grand  fleuve  Samangi.  En  remontant  cette 
rivière, on  voit  à  l'orient  Se  à  quelque  diftance  la  ville 
de  Priprin  entourée  de  plaines  chargées  de  riz.ToEBAN 
&  ClDAJOE,  èk  quelques  temples,  font  les  feuls  lieux 
remarquables  de  la  côte  jusqu'à  l'embouchure  de  la  rivière 
Zandapoera.  Elle  eft  formée  de  la  rivière  de  Samangi 
&  de  quelques  autres. 

La  rivière  de  Samangi  a  fes  fources  près  des  monta- 
gnes de  Soedara-Soed.;ra  ,  é'eft-à-dire  des  deux  frères, 
au  fud-eft  de  Mataran.  Elle  pafle  à  Jatin-Tackan,  à 
Grompol;  elle  reçoit  une  autre  rivière ,  qui  vient  du 
KadOEVANG  ,  ck  traverfe  le  pays  de  Jagarag A ,  d'où 
elle  envoie  une  partie  de  fes  eaux  vers  Damack:  le  refte 
prenant  fa  courfe  vers  le  nord-eft  ,  le  long  des  limites 
de  Jaragaga,  fe  joint  à  la  rivière  d'AssiM,  qui  vient 
de  la  principauté  de  Madion  ,  dont  elle  arrofe  la  capi- 
tale ;  de-là  elle  pafle  aflez  près  de  Trietrepoe,  ck  par 
deux  coupures  de  traverfe  fe  décharge  d'une  partie  de  fes 
eaux  dans  la  rivière  qui  borde  le  royaume  de  Greffic 
au  nord. 

La  Principauté  de  Madion  étoit  une  fouverai- 
neté  autrefois  très-puiflante  ;  mais  fon  prince  ayant  été 
vaincu  par  le  Mataram  ,  eft  réduit  à  la  qualité  de  vaflal , 
avec  un  pouvoir  fort  borné  ;  cette  principauté  eft  entre 
les  provinces  de  Jagaraga  &  de  Cadiri. 

La  rivière  qui  coule  au  nord  du  royaume  de  Greffic 
afa fource  dans  la  principauté  de  Madion,  qu'elle  borne 
«lu  côté  de  la  province  de  Cadiri,  au  nord  de  laquelle 
elle  eft  groifie  par  un  bras  de  la  rivière  de  Cadiri  ;  ck 
coulant  vers  le  nord,  elle  communique  par  deux  cou- 
pures à  la  rivière  de  Zandapoera ,  ck  fe  perd  par  quatre 
embouchures  dans  le  détroit  qui  fépare  l'ifle  de  Java  de 
celle  de  Madura. 

Le  petit  Royaume  de  GresSic  a  fon  roi  particu- 
lier qui  eft  le  meilleur  ami  qu'ait  la  compagnie  dans  tout 
le  pays.  Il  prend  fon  nom  de  fa  capitale  fituée  fur  le 
détroit.  La  rivière  dont  nous  venons  de  marquer  le  cours 


l'enferme  au  couchant  ck  au  nord;  il  a  la  mer  à  l'orient, 
ck  au  midi  la  principauté  de  Soerabaja,  dont  il  eftfe- 
paré  par  des  montagnes. 

La  Principauté  de  Soerabaja  eft  bornée  à  l'oueft 
parla  même  rivière  ;  au  nord  par  le  royaume  de  Greffic, 
au  levant  par  la  mer ,  ck  au  midi  par  la  rivière  de 
Cadiri. 

Cette  rivière  de  Cadiri  a  fa  fource  auprès  de  Brind- 
jock  ;  enfuite  traverfant  de  belles  campagnes  fertiles  en 
riz,  elle  pafle  de  la  province  de  Brindjock.  dans  celle 
de  Cadiri ,  coule  allez  près  de  la  capitale  ck  deSinkal; 
ck  entre  Bagoëfan  &  Jalon,  qui  font  deux  villages,  elle 
fe  partage  en  deux  branches  ,  dont  l'occidentale  va  le 
long  de  la  principauté  de  Soerabaja  ck  du  Greffic,  qu'elle 
borne  comme  il  a  été  dit  :  l'autre  qui  eft  la  plus  con- 
fidérable,  va  le  long  du  royaume  de  Madjapait, 
qu'elle  fépare  de  la  principauté  de  Soerabaja.  A  l'orient 
feptentrional  de  la  ville  de  Madjapait  elle  fe  divife  en 
deux  branches ,  dont  l'une  qui  conferve  le  nom  de  Ca- 
diri va  former  plufieurs  ifles  par  fes  embouchures  ,  à 
l'orient  de  la  ville  de  Soerabaja;  l'autre  branche  prend 
le  nom  de  Toroufan,  fe  fubdivife  en  quatte  branches 
principales,  ck  forme' trois  ifles  aflez  grandes  ,  fans 
compter  quelques  petites ,  qui  font  à  fon  embouchure  : 
tout  le  terrein  que  cette  rivière  embrafïe  au-deflous  de 
Madjapait  eft  de  la  principauté  de  Soerabaja. 

Le  pays  de  DïAPAN  prend  ce  nom  de  fa  capitale.  Il 
n'eft  point  différent  du  royaume  de  Madjapait ,  &  avoit 
un  roi  particulier ,  abfolu  ck  fouverain  dans  fes  états  ; 
mais  ce  prince  s'étant  engagé  dans  les  guerres  civiles  de 
l'ifle  contre  le  parti  que  les  Hollandois  avoient  ptis  fous 
leur  proteftion,  lacompagnie  l'a  vaincu  &  a  remis  fon 
pays  au  Mataram  qui  le  fait  gouverner  par  une  de  fes 
créatures. 

A  l'orient  de  cet  état ,  au  bord  de  la  mer ,  on  trouve 
la  province  de  Paffaroswan ,  ainfi  nommée  d'une  ville 
de  même  nom ,  fur  la  petite  rivière  de  Gombong  ,  au 
bord  de  laquelle  la  compagnie  a  bâti  une  forterefle.  Cette 
province  eft  bornée  au  midi  par  de  hautes  montagnes 
nommées  Brame.  La  côte  orientale  de  l'ifle  eft  divifée 
en  deux  parties  très  inégales.  La  plus  petite  qui  eft  au  nord 
contient  le  royaume  de  Panaroekan;  l'autre  plus  grande 
qui  eft  au  midi,  comprend  la  province  de  Balamboang. 
Cette  dernière  province  eft  vis-à-vis  de  l'ifle  de  Baly, 
autrement  la  petite  Java.  Elle  eft  pleine  de  forêts  ck  de 
plaines  femées  de  riz.  11  y  auffi  de  hautes  montagnes 
qui  n'ont  point  d'autre  nom  fur  les  Cartes  que  celui  de- 
là province. 

Presque  toute  la  côte  méridionale  eft  bordée  de  mon- 
tagnes ,  du  côté  de  la  mer  ,  ck  au  fud  de  la  ville  de 
Mataram ,  il  s'en  détache  une  chaîne  ,  qui  s'avançant 
dans  l'ifle  ,  devient  parallèle  à  celles  du  rivage  de  la  mer  , 
&t  enferme  un  pays  presque  inacceflîble.  C'eft  entre  cette 
chaîne  ck  la  mer  que  fë  trouve  le  pays^  de  Kadoevang, 
qui  eft  fournis  au  Soefœhcenan ,  c'eft-à-dire  à  l'empe- 
reur ;  ck  les  provinces  de  Panaraga,  de  Koedaja, 
de  Poegar  ,  ck  autres  qui  obéiffent  au  Soerttpati,  fou- 
verain qui  ne  reconnoît  l'autorité  ni  de  l'empereur  ni 
de  la  compagnie  Hollandoife  ,  ck  fes  états  font  une  re- 
traite pour  les  mécontens. 

Outre  l'espèce  d'orge  dont  jai  parlé  ck  qui  a  fait  don- 
ner à  l'ifle  le  nom  qu'elle  porte  ,  elle  produit  beaucoup 
de  riz,  ck  en  fourniroit  bien  davantage,  fi  les  habitans 
moins  parefTeux  cultivoient  les  terres  avec  plus  de  foin. 
On  y  recueille  du  poivre  ,  du  gingembre  ,  des  oignons  , 
de  l'ail.  L'ifle  de  Java  abonde  en  fruits  ;  on  y  a  quantité 
d'excellentes  drogues,  d'épiceries,  dégommes,  de  co- 
cos, de  mangues,  de  citrons,  de  concombres,  de  ci- 
trouilles, de  bananes,  de  pommes  d'or,  &c. 

Le  gibier  n'y  manque  point,  &  on  y  a  abondamment  des 
bêtes  domeftiques  ck  fauvages ,  des  bœufs,  des  vaches, 
des  brebis ,  des  chèvres ,  ck  même  des  chevaux.  La  vo- 
laille ,  comme  les  poules ,  les  oies ,  les  canards ,  les  per- 
drix ,  les  paons,  les  pigeons ,  les  perroquets  y  multiplient 
à  fouhait. 

Les  lieux  inhabités  font  peuplés  de  tigres  ,  de  rhino- 
céros, de  cerfs.,  de  bufles,de  fangliers,de  fouines,  de 
chats  fauvages ,  de  civettes ,  de  ferpens ,  de  caméléons  ; 
ck  les  rivières  ont  des  crocodiles  très-dangereux  pour 
ceux  qui  s'y  baignent  ou  qui  fe  promènent  fur  le  rivage 
(ans  précaution. 


3  AU 


JAX 


La  religion  des  Javans  eft  la  Mahométane ,  que  leur 
a  portée  un  Arabe  dont  le  tombeau  eft  en  grande  véné- 
ration parmi  eux.  Les  Européans  y  profeffent  comme 
en  Hollande  la  religion  Réformée  ;  &  quoique  dans  leurs 
troupes  il  y  ait  desfoldats  Catholiques  Romains, ils  n'ont 
aucun  exercice  public  de  leur  religion. 

2.  La  petite  JAVA:  on  appelle  ainfi  l'ifle  de 
Bali  ,  fituée  à  l'orient  de  la  grande  ifle  de  Java.  Voyez 
Bali. 

JAVAN,  LES  FILS  DE  Javan  :  Javan  rut  qua- 
trième fils  de  Japhet,  &  père  des  Ioniens,  ou  des 
Grecs,  tant  de  ceux  qui  étoient  dans  la  Grèce  propre, 
que  de  ceux  qui  étoient  dans  les  ides  &C  dans  le  con- 
tinent de  l'Allé  mineure  ,  qui  s'appelloient  propre- 
ment Ioniens.  Mais  anciennement  les  peuples  de  Ma- 
cédoine, de  FAttique,  de  la  Béotie  portoient  le  nom 

d'IONIENS. 

JAVARIN,  ville  de  la  baffe  Hongrie  ;c'eft  la  même 
que  Rab  ,  8c  ce  dernier  nom  lui  eft  commun  avec  une* 
rivière  qui  la  baigne.  « 

JAVARIN.  Voyez  Navarin. 

JAV  ATE  S ,  ancien  peuple  de  la  Pannonie ,  félon  Pline , 
cité  par  Ortélius.  Je  crois  que  ce  géographe  s  eft  trompé 
pour  la  citation,  ou  qu'il  a  eu  quelque  exemplaire  diffé- 
rent de  ceux  que  nous  avons  ;  car  je  ne  trouve  ce  mot 
dans  aucune  des  éditions  que  j'ai. 

JAVE.  Voyez  Java. 

JAVEAU ,  ifle  nouvellement  faite  dans  une  rivière  par 
alluvion  ,  ou  par  un  amas  de  limon  ou  de  fable. 

JAUER  ,  ville  du  royaume  de  Bohême  ,  en  Silène , 
dans  la  principauté  de  même  nom,  dont  elle  eft  la  capi- 
tale. Charles  IV,  empereur  époulàAnne  ,  fille  de  Henri  II, 
duc  de  Jauer ,  lequel  après  la  mort  de  Bolcon  fon  frère , 
duc  de  Schweidnitz,  mort  fans  enfans,  hérita  de  cet  autre 
duché  ;  de  forte  que  ces  deux  états  furent  aquis,  l'an  1368, 
à  la  couronne  de  Bohême  par  le  décès  de  Henri  II.  La 
ville  de  Jauer  eft  à  quatre  milles  de  Schweidnitz,  au 
nord-ouefl ,  &  à  huit  de  Breflau  ,  au  couchant  dans  la 
baffe  Siléfie ,  dans  une  belle  plaine  ,  vis-à-vis  des  mon- 
tagnes de  Bohême.  Elle  eft  moins  grande  que  Schweid- 
nitz  ;  il  n'y  paffe  aucune  rivière  ,  mais  il  y  a  de  fortes 
murailles,  un  bon  air  &  une  belle églife  paroifllale ;  un 
monaftère  de  Bernardins  ,  avec  une  grande  citadelle  ou 
demeure  le  bailli  des  deux  principautés  de  Jauer  &  de 
Schweidnitz.  A  l'entrée  de  la  chancellerie,  il  y  avoit 
fur  une  potte  ces  deux  vers  qu'on  lit  auffi  à  Delft  en 
Hollande  : 

Hic  locus  odit ,  amat ,  punit ,  confervat ,  honorât , 
Nequitiam  ,  pacan  ,  crimina ,  Jura  ,  probos. 

La  maifon  de  ville  eft  affez  belle,  entourée  d'une  grande 
place  dont  les  maifonsfont  bâties  avec  des  galeries-  fous 
lesquelles  on  peut  aller  toujours  à  couvert  des  injures  du 
tems.  *  Zeyhr ,  Boh.  Topogr. 

JAUER,  (la  Principauté  de)  contrée  du 
royaume  de  Bohême ,  dans  la  baffe  Siléfie.  Elle  touche 
à  la  Bohême  au  midi  ,  &  à  la  haute  Luface  au  cou- 
chant ;  les  principautés  de  Sagan  &  de  Glogav?  font  au 
nord;  les  principautés  de  Lignitz  &  de  Schweidnitz  à 
l'orient.  La  rivière  de  Bober  qui  y  a  fa  fource  la  traverfe 
du  fud  au  nord.  Ses  principaux  lieux  font , 


4SI 


Jauer  capitale  ; 
Lemberg , 
Schonau  , 
Greiffenberg, 
Buntzel , 
Naumbourg, 


Lahn, 
Fridberg , 
Lubenthal , 
Schmideberg , 
Hirschberg  , 
Kupferberg. 


JAVAROW  ,  lieu,  de  plaïfance  des  rois  de  Pologne , 
dans  la  Ruifie  rouge,  au  couchant  de  Léopol. 

JAULA  ,  contrée  de  l'ifle  de  Ceilan  ,  dans  fa  partie 
orientale:  De  l'ifle  écrit  Jala,  ou  Yala.  L'I  doit  fe 
prononcer  comme  voyelle.  Voyez  Yala. 

JAUNE.  (La  Rivière)  Quelques-uns  appellent  ainfi 
en  françois  une  rivière  de  la  Chine,  dont  le  nom 
Hoang  fisjnifie  cette  couleur.  Voyez  Hoamho. 

JAUNSTEIN,  bourg  d'Allemagne  ,  dans  la  baffe 
Carinthie  ,  vers  les  confins  de  la  Carniole.  Il  y  a  un  châ- 
teau fur  une  montagne  affez  près  de  la  fource  d'une 


petite  rivière,  qui  courant  vers  le  nord,  fe  jette  dans 
la  Drave.  Ce  nom  a  la  même  origine  que  le  fuivant. 
Cluvier  croit  que  eft  la  Juenna ,  que  la  Table  de  Peu- 
tinger   place   dans  le  Norique. 

JAUNTHAL,  vallée  d'Allemagne,  dans  la  Carin- 
thie &  la  Carniole  au  midi  de  la  Drave.  On  tient  que  ce 
mot  ne  fignilîe  que  la  vallée  des  Japodes  ,  Japodum  vallis. 
Jérôme  Megiffer  auteur  Allemand ,  dans  fa  Chronique  de 
Carinthie  ,  feuillet  90 ,  dit  que  les  Japodes  font  les  Jaun- 
thalers  ;  que  les  Arupeni  ont  fondé  Auersperg,  à  peu 
de  diftance  de  Loybach  ;  les  Monetii ,  Mansperg  fitué 
vers  la  Carinthie;  les  Metulli,  la  ville  de  Troja,  vers 
le  comté  de  Cilly  ,  dans  la  vallée  de  Medling,  ou  Méd- 
nick ,  ou  Mednitz ,  &  qu'enfin  les  Vendi  ont  fondé  Win- 
dischgratz.  Comme  encore  à  préfent  la  vallée ,  en  allant 
de  Wmdischgratz  vers  Mansperg ,  eft*appellée  Jaunthal 
ou  lavaLlée  des  Japodes.  Il  s'accorde  en  cela  avec  Jean 
Meichior  Maderus ,  qui ,  dans  fon  petit  livre  intitulé 
Equeflria ,  qui  eft  un  Traité  du  manège ,  dit  que  les  Ja- 
podes, ou  Japyges  ,  font  auffi  nommés  Jaunthalers,  & 
font  les  habitans  de  la  Carniole.  11  ajoute  qu'ils  avoient 
quatre  villes  ,  Metulum  ,  Auruponum  d'où  viennent  ceux 
d'Auersperg  ;  Monetium  de-la  ceux  de  Mansperg,  & 
Vendum,  d'où  font  venus  ceux  de  Windischgratz. 
Troja  ou  Metelum  étoit  la  même  ville.  Voyez  Me- 
TULUM.  Voyez  auffi  Japodes.  *  Zeyler,  Styrias  To- 
pogr. p.  80. 

JAVOUX,  autrefois  ville  de  France,  &  préfente- 
ment  village,  dans  le  Gévaudan  dont  elle  étoit  la  capi- 
tale ,  félon  Corneille.  Il  croit  qu'elle  s'appelloit  ancien- 
nement Gabalus ,  Gabali  ,  Gabalum  ou  Anderitum  & 
Anderidum,&c  qu'elle  étoit  épiscopale. Baudrand parle 
auffi  de  cet  évêché  qui  a  été  transféré  à  Mende.  Voyez 
l'arncle  Anderidum.  Voyez  anffi  Gabali.  Quelques- 
uns  ont  écrit  autrefois  Javols  &c  Javouls.  Ce  lieu  eft 
dans  les  Sevennes ,   à  quatre  lieues  de  Mende. 

JA VRON  ,  Gabro  ou  Gabronium,  lieu  de  France, 
dans  le  pays  du  Maine  au  nord,  canton  autrefois  défert, 
plein  de  bois  &  d'hermitages ,  qui  s'étendoit  fur  les 
limites  de  la  Normandie,  entre  les  rivières  de  Mayenne 
&  de  Sarte,  où  plufieurs  faints  folitaires  fe  retirèrent 
aux  v,  vi  &  vu  fiécles.  Le  monaftère  de  S.  Conftan- 
tien  y  a  été  changé  en  un  prieuré  dépendant  de  l'ab- 
baye de  S.  Julien  de  l'ours.  *  Bailla ,  Topogr.  des 
Saints, p.  610. 

JAUSURDI ,  petite  ville  du  Cheraffan  ,  à  deux  jour- 
nées de  la  rivière  d'Amù ,  vers  les  87  d.  de  longitude. 
Elle  eft  à  préfent  foumife  aux  Usbecks  du  pays  de  Cha- 
rasm.  C'eft  une  ville  très-médiocre.  Hifl.  généalogique- 
des  Tatars,  p.  607. 

JAWER ,  Voyez  Jauer. 

JAXAMÀTjE,  peuple  ancien  de  la  Sarmatie,  vers 
l'embouchure  du  Tanaïs,  félon  Pomponius  Mêla,  tel  que 
l'avoit  dit  Ortélius.  C'eft  ainfi  qu'on  lit  dans  l'édition 
d'Olivarius,  c.  10,  p.  ^o  ,fol.  verfo.  Hermolaùs  Barbarus 
lifoit  Iaxamath£.  Pintianus  a  corrigé  JaxamaTvE. 
On  lifoit  autrefois  Proximi  Xamat£  ;  &  Gronovius 
affure  que  cette  leçon  eft  conforme  à  trois  manuscrits 
qu'il  a  vus.  Holftenius  ,  dans  Ces  Notes  marginales  fur 
Etienne  le  Géographe,  après  avoir  avoué,  que  les  ma- 
nuscrits portent  Xamatœ ,  croit  que  1'/  initial  d'e  ce 
mot  a  été  abforbé  par  l'z  final  de  mot  précèdent ,  qui 
eft  proximi ,  &  qu'il  faut  lire  proximi  Ixamata  ;  cette 
conjecture  a  paru  fi  raifonnable  à  Gronovius  ,  qu'il  l'a 
adoptée  dans  fon  édition.  Mais  Voffius  a  foutenu  que 
par  cette  même  raifon  il  falloit  lire  Examatx ,  parce 
que  les  meilleurs  manuscrits  portoient  Proximi  Xama- 
tee  ;  de-là  vient  qu'il  veut  qu'on  life  Proximi  Exama- 
tce.  Il  faut  convenir  que  XAMATiE  eft  une  faute  des 
copiftes.  Mais  il  n'eft  pas  fi  certain  lequel  des  trois  au- 
tres noms  eft  le  véritable.  Ptolomée ,  l.  5 ,  c.  9;  Etienne 
le  Géographe  ;  &  Ammien  Marcellin  ,  /.  22  ,  c.  8 , 
p.  314  ,  edit.  Valef.  appellent  ce  peuple  Jaxamatje. 
MM.  de  Valois  affurent  que  tous  les  manuscrits  &  l'édi- 
tion de  Rome  ont  IxOMAT>£.  Valerius  Flaccus  ,  dans 
fon  Poème  des  Argonautes  ,  /.  6,  y.  143  ,  dit  : 


Sua  fignafecuti 
: ,   Toriniqut  &  flavi  crine  Sat, 


Il  défigne  ainfi  h  manière  de  vivre  de  ces  trois  peuples,, 
Temt  III.    H  m  m 


JAY 


4T  8 

Les  Torins  vivoient  de  la  récolte  du  miel  qu'ils  avoien' 
en  abondance  ;  les  Satarques  fe  nourrifîoient  du  lait  de 
leurs  troupeaux,  8c  les  Exomates  fubfiftoient  de  la  chaffe  : 

Mellis  honos  Torinis  ;  ditantfua  mulclra.Satarch.cn  ; 
Exomatas  venatus  alit. 

Ils  avoient  d'excellens  chevaux  ,  avec  lesquels  ils  cou- 
roient  jusqu'à  Hypanis  ,  emportant  avec  eux  les  petits 
d'une  tigreflé ,  ou  d'une  lionne  dont  ils  évitoient  la  fu- 
rie en  traverfant  la  rivière  à  la  nage  : 

Nec  clarior  utils 
Arclos  tquis  :  abeunt  Hypanim  ,  fragilemque  pcr  un- 
dam, 
Tigridis  aut  fœvtz  profugi  cum  proie  Leœnœ , 
Mœjlaqm  fuspeclte  mater  Jlupet  aggere  ripa, 

Ptolomée  donne  trois  villes  aux  Jaxamates,  » 


JAZ 


Exopolis, 


Navarlus , 


tkTa 


Le  nom  $  Exopolis  ,  qui  étoit  la  principale  des  trois, 
femble  favorifer  ceux  qui  préfèrent  le  nom  d'Exomatœ 
pour  exprimer  cette  nation. 

JAXART./E,  ancien  peuple  de  la  Scythie,  en-deçà 
de  l'Imaiis  ;  c'eft,  dit  Ptolomée ',  /.  6  ,  c.  14,^ un  grand 
peuple  qui  habite  le  long  d'une  rivière  de  même  nom. 
Voyez  Jaxartes. 

JAXARTES,  rivière  d'Ane,  dans  laSogdiane,  félon 
Ptolomée,  /.  6,  c.  12,  parce  qu'elle  bornoit  ce  pays 
au  nord  ;  mais  on  auroit  pu  également  la  mettre  dans 
la  Scythie  qu'elle  bornoit  au  midi.  Strabon ,  /.  il,  par- 
lant de  la  Sogdiane  ,  dit  qu'elle  étoit  féparée  de  la  Bac- 
triane  par  l'Oxus ,  &  des  Nomades  par  le  Jaxarte.  Pline 
<lit  que  le  Jaxarte  étoit  nommé  SlLlS  par  les  Scythes. 
Il  ajoute  qu'Alexandre  &  fes  foldats  le  prirent  pour  le 
Tanaïs.  L'erreur  eft  grande ,  car  ils  en  étoient  bien  loin  ; 
mais  fi  elle  eft  excufable  dans  des  gens  de  guerre,  qui 
étoient  déforientés  ,  elle  n'eft  point  pardonnable  à 
Quinte  Curce,  qui  appelle  toujours  Tanaïs,  cette  rivière, 
/.  6  8c  7  ,  8c  ailleurs.  11  eft  vrai  qu'Arrien ,  /.  3 ,  in  fine, 
fait  la  même  faute  ;  mais  ce  dernier  diftingue  deux  Ta- 
naïs ;  Se  en  parlant  de  celui  dont  il  eft  ici  queftion ,  1  il 
dit  que  les  Barbares  l'appellent  Orxante  ;  qu'il  a  fa 
fource  dans  le  mont  Caucafe  ,  8c  fe  perd  dans  la  mer 
d'Hircanie.  C'eft  la  même  que  nous  appelions  la  mer 
Caspienne ,  8c  ces  marques  ne  conviennent  point  au  vrai 
Tanaïs ,  qui  eft  le  Don.  On  peut  voir  le  cours  de  cette 
rivière  au  mot  SlHUN  ,  qui  eft  le  nom  moderne  que  les 
hiftoriens  lui  donnent.1 

JAXT,  rivière  d'Allemagne,  dans  la  Souabe.  Elle 
prend  fa  fource  clans  la  prévôté  d'Elwangen  ,  qu'elle 
traverse  du  fud  au  nord  ,  arrofe  Efwangen  ;  après  quoi, 
inclinant  vers  le  nord-oueft,  elle  va  fe  rendre  dans  le 
Necker,  vis-à-vis  de  'Wimpfen. 

JAYCK.  Voyez  Jaïck,  rivière  d'Aile ,  dans  laTar- 
tarie. 

JAYCZA  ,  ville  de  la  Turquie  ,  en  Europe  ,  au 
royaume  de  Bosnie  ,  dont  elle  eft  la  capitale.  De  l'Ifle 
écrit  Jaïcza.  Elle  eft  peu  éloignée  des  confins  de  la 
Croatie ,  en  un  lieu  où  les  rivières  de  Plena  (Plina,) 
Boczuta  8c  Worwacz  fe  joignent  ,  &  vont  ensuite 
fe  perdre  dans  la  Save.  Jaycza  eft  au  midi  ,  &  à  cinq 
milles  communs  de  Hongrie  de  Gradisch  ,  au  nord  oc- 
cidental ,  8c  à  neuf  de  ces  mêmes  milles  de  Bagnaluch, 
qui  eft  la  réfidence  du  Beglierbey  de  Bosnie.  Baudrand 
ne  compte  que  cinq  milles  d'Allemagne  de  Jaycza  à  Ba- 
gnaluch. C'eft  une  erreur  ,  la  diftance  eft  au  moins  de 
onze  milles  communs  d'Allemagne.  11  ajoute  qu'elle  n'eft 
qu'à  huit  milles  de  la  Drave.  Il  fe  trompe  encore  de 
plus  de  la  moitié  ;  car,  à  entendre  des  milles  d'Allema- 
gne ,  il  y  en  a  au  moins  feizë  ou  dix-fept.  D'ailleurs  la 
Save  étant  entre  la  Drave  8c  Jaycza ,  il  étoit  plus  natu- 
rel de  compter  la  diftance  à  la  Save  ,  qui  eft  de  cinq 
petits  milles  d'Allemagne.  Selon  cet  auteur ,  elle  eft  fur 
une  montagne  escarpée  ,  avec  un  fort  château  ,  proche 
la  rivière  de  Varba. 

De  l'Ifle,  dont  j'ai  fulyi  la  Carte  de  la  Hongrie,  pu- 
bliée en  1703,  change  bien  la  fituation  de  cette  ville 
dans  fa  Carte  particulière  de  la  Hongrie,  publiée  en  1717. 


Jaïcza  y  eft  placé  bien  différemment.  On  voit  en  effet 
cette  place  fur  une  montagne  à  l'orient  de  la  rivière  de 
Pliva ,  qui  va  de-là  en  ferpentant ,  fe  groffir  des  eaux  de 
la  Verbanja  ,  rivière  qu'elle  reçoit  avant  que  de  pafief 
à  Bagnaluca  ou  Banjaluca.  Elles  coulent  ensemble 
fous  le  nom  de  Verbas ,  jusqu'à  la  Save  ,  dans  laquelle 
elles  fe  perdent  vis-à-vis  de  Swiniar.  Dans  la  première 
de  ces  Cartes,  Jaïcza  eft  entre  Gradisk  &  Bagnaluch; 
&  dans  la  dernière  Carte ,  c'eft  cette  dernière  ville  qui 
eft  entre  les  deux  autres  ;  &  Jaïcza  fe  trouve  à  près  de 
fix  lieues  communes  d'Allemagne  ,  au  midi  de  Banja- 
luca ,  &  à  douze  de  la  Save. 

.  JAYOS  ou  Jaos  ,  peuple  de  l'Amérique  méridionale. 
Voyez  Yaos. 

JAZABATjE  ,  ancien  nom  des  Sarmates,  félon  Epho- 
rus ,  cité  par  Etienne  le  Géographe  ,  les  mêmes  peut- 
être  que  les  Ixamates,  Jaxamates  ou  Exomates.  Voyei 
l'article  JaxaMATjE. 

1.  JAZER,  torrent  de  la  Paleftine  ,  près  des  monta- 
gne* de  Galaad.  Il  fe  décharge  dans  le  Jourdain. 

2.  JAZER,  ville  de  la  Paleftine  ,  au  pied  des  monta- 
gnes de  Galaad  ,  &  près  du  torrent  de  Jazer,  au-delà 
du  Jourdain  ;  elle  fut  donnée  à  la  tribu  de  Gad  ,  puis 
cédée  aux  Lévites.  On  la  nommoit  auffi  Jaser  8c  Je» 
zer.  *  Jofué,  c.  21 ,  v.  36  ;  Se  c.  13  ,  v.  25. 

JAZIS.  Voyez  Jazyges. 

JAZITHA,  ville  de  la  Libye  intérieure ,  félon  Pto- 
lomée ,  /.  4,  c.  6.  Quelques  exemplaires  portent  Jar- 
zitha  ,  d'autres  Jarzetha,  l'aftyi»  -mxic.  C'étoitune 
ville  maritime,  fur  l'Océan  Se  voifine  du  fleuve  Darate. 

JAZYGES  ,  peuple  de  la  Sarmatie ,  en  Europe  ,  au- 
delà  de  la  Germanie  à  l'orient.  Ptolomée ,  /.  3  ,  c.  <j  , 
dit;  la  Sarmatie  contient  de  grandes  nations.  Les  Ve- 
nédes  s'étendent  le  long  du  golfe  Vénédique  ;  au-deffiis 
de  la  Dacie  ,  font  les  Peucins  &  les  Baftarnes ,  &c  les 
Jazyges  font  le  long  des  Palus  Méotides.  Il  ne  faut  pas 
confondre  ces  Jazyges  avec  ceux  de  l'article  qui  fuit. 

JAZYGES  MetanastjE  ,  ancien  peuple  voifin  de 
la  Dacie.  Il  demeurait  entre  la  Theifle  Se  le  Danube. 
Le  furnom  de  Metanaftœ.  les  diftinguoit  des  autres  Jazy- 
ges ,  fitués  près  des  Palus  Méotides  ,  8c  qui  étoient  dans 
la  vraie  Sarmatie.  Pline,  /.  4,  c.  12,  parlant  de  ces 
Jazyges  ,  voifins  des  Daces ,  les  nomme  Sarmates.  Ja- 
zyges Sarmata,  Strabon,  l.j ,  p.  306 ,  dit  les  Jazy- 
ges Sarmates  ;  mais ,  comme  Cafaubon  l'a  fort  bien  re- 
marqué ,  il  parle  des  Jazyges ,  voifins  des  Palus  Méoti- 
des ;  ci  le. P.  Hardouin  qui  entend  par  les  Jazyges 
Sarmates  de  Strabon,  les  Jazyges  Sarmates  de  Pline, 
s'eft  trompé ,  (ans  doute.  Strabon  parle  auffi  des  Jazy- 
ges, furnommés  Basilii  ,  dont  nous  parlerons  après. 
Pour  ce  qui  eft  de  ceux  dont  il  eft  ici  queftion,  ils 
font  auffi  qualifiés  Sarmates  par  Tacite  ,  Annal.  I.  12  , 
qui  parle  de  ceux  qui  n'étoient  pas  éloignés  du  Da- 
nube ;  c'eft  auffi  de  cette  même  nation  que  parle  Mar- 
cien  d'Hiraclée  dans  fon  Périple,  edit.  Oxon.  p.  55. 

JAZYTGES,fumommésBASiLii ,  c'eft-à-dire  royaux f 
ancien  peuple  de  la  Sarmatie  ,  félon  Strabon  ,  /.  7 , 
p.  306  ,  qui  les  joint  aux  Jazyges  voifins  du  Pont-Euxin. 
Il  eft  vraifemblable  qu'ils  ne  diffèrent  point  des  Basi- 
LISC/EI,  peuple  de  la  Sarmatie  Afiatique ,  félon  Ptolo- 
mée ,  2.  5  ,  c.  9,  B«cnA/<™â<o<.  Pline,  l.  4  ,  c.  12,  les 
nomme  BaSILID*  ,  8c  dit  que  le  Gerrus  les  féparoit 
des  Nomades.  Appien  ,  Bell.  Mithridat.  les  appelle 
BanMiov  ^twft>fiârcu.  Pomponius  Mêla  ,  /.  2  ,  c.  1,  avoit 
dit  avant  Pline ,  que  les  Bafilides  Se  les  Nomades  font 
féparés  par  le  Gerrus. 

Baudrand  dit  que  les  rois  de  Pologne  ayant  défait  les 
Jazyges  ,  ils  fe  retirèrent  au-delà  du  mont  Crapax ,  en- 
tre la  Theifle  tk  le  Danube,  ck  ceux-là,  ajoûte-t-il, 
s'appelloient  Jazyges  Metanajles.  Corneille  nous  ap- 
prend que  Cromer  ,  /.  9  8c  10;  &C  Michovius  ,  /.  3 -y 
nous  apprend  que  les  Jazyges  furent  abolis  presqu'en- 
fièrement,  en  12(34,  Par  Boleflas,  furnommé  leChafley 
roi  de  Pologne;  8c  en  1282  ,  par  Lescus.  (Il  deyoit 
direLeszko,  furnommé  le  Noir,)  8c  que  .pluueurs  d'en» 
tr'eux  fe  retirèrent  dans  la  haute  Hongrie.  Il  avoit  puifé 
dans  de  mauvaifes  fources.  Baudrand  8c  lui  fe  trompent; 
car  dès  le  tems  de  Ptolomée ,  bien  des  fiécles  avant  que 
la  Pologne  eût  des  rois ,  les  Jazyges-Métanaftes  étoient 
auprès  de  la  Theifle  Ô£  du  Danube.  Ptolomée,  /.  3 , 


IBA 


1BE 


c.  7,  qui  fait  pour  eux  un  chapitre  exprès  ,  le  dit  bien 
formellement.  Voici  une  traduction  littérale  de  ce  cha- 
pitre. 

»  Les  Jazyges  Metanaftes  font  bornés  au  nord  par  la 
»  partie  de  la  Sarmatie ,  que  l'on  a  expliquée  en  parlant 
»  de  l'Europe. 

»  Au  midi  par  les  monts  Sarmates ,  jusqu'au  mont 
»  Krapack. 

»  Au  couchant  &  au  midi  par  la  partie  de  la  Ger- 
»  manie ,  qui  s'étend  depuis  les  monts  Sarmates  ,  jus^ 
»  qu'au  détour  du  Danube  ,  auprès  de  Carpis ,  &  de-là 
»par  une  partie  de  ce  fleuve,  jusqu'au  détour  de  la 
»  Théine  ,  qui  prend  fon  cours  vers  le  nord.  Ce  détour 
»  eft  par  les 

Longit.       Latin 
46  d.  61    44a.  15. 

»  A  l'orient  par  la  Dacie ,  le  long  de  la  Theiffe ,  qui  les 
»  borne   du  côté  du  levant  ,    jusqu'au   pied   du   mont 
»  Krapack ,  à  46  d.  de  longitude , 
48  d.  30'  de  latitude. 

Les  villes  des  Jazyges  Metanaftes  font  ; 

Longit. 


\ï$ 


Uscenum  , 

43- 

l1- 

48. 

Bormanum  , 

43- 

40. 

48. 

Alieta  ou  Abicla, 

43- 

20. 

48. 

Trifum, 

44. 

10. 

47- 

Candanum, 

44. 

0. 

47- 

Parca, 

43- 

30. 

47- 

Peffïum  , 

44. 

40. 

47- 

Parliscum. 

45- 

0. 

46. 

'  Vers  la  décadence  de  l'empire,  ce  pays  fut  occupé  par 
les  Vandales ,  &C  fut  enfuite  de  l'empire  que  les  Goths 
fe  formèrent  dans  ces  quartiers-là  ;  vers  l'an  350,  ils  en 
furent  chafles  par  les  Huns.  Tous  ces  changemens  ont 
précédé  l'éreftion  du  royaume  de  Pologne  ,  qui  n'a  été 
faite  qu'en  999. 

Les  Jazyges  ,  dont  parle  Ovide  ,  de  Ponta ,  1.  1, 
Epifi.  2,  v.  79  : 

Aut  quid Sauromam  faciant ,  quld  Jazyges  acres, 
Cultaque  Orejlece  Taurica  terra  Dea. 

Et  1.  4,  Eleg.j,v.  9  : 

Ipse  vides  onerata  ferox  ut  ducat  Iaçyx , 
Per  médias  IJiri  plaujlra  bubulcus  aquas. 

Et  Trifi.  1.  2,  Eleg.  1 ,  v.  191  : 

Jazyges  &  Colchi  metereaque  turba ,  Gettzqut 
Danubii  mediis  vix  prohibentur  aquis. 

Et  in  Ibim  ,  v.  372 

Pugnabunt  jaculis  dum  Thraces  Iagyges  arcu  ; 
Dum  tepidus  Ganges ,  frigidus  ljler  erit. 

Ces  Jazyges  ,  dis-je  ,  ne  font  pas  aflez  déterminés 
pour  décider  qui  font  ceux  dont  il  a  voulu  parler.  L'abbé 
de  Marolles  femble  croire  que  ce  peuple  s'étendoit  de- 
puis le  Danube ,  jusqu'aux  Palus  Méotides  ;  mais  il  n'y 
regardoit  pas  de  fort  près.  On  pourrait  croire  que  le 
premier  diftique  cité ,  regarde  les  Jazyges  voifins  de  la 
Cherfonnèfe  Taurique ,  &  que  le  fécond  fe  rapporte  à 
ceux  qui  étoient  bornés  par  le  Danube. 

IBAEI ,  KZ,oi ,  peuple  ancien  de  la  Celtique.  On  le 
nommoit  auffi  Ibeni ,  félon  Etienne  le  Géographe ,  le 
feul  qui  en  ait  parlé. 

1.  IBALIA  ,  montagne  de  la  Dalmatie,  vers  la  ville 
de  Scutari ,  &c  le  lac  de  même  nom.  On  la  nomme  pré- 
fentement  il  Monte  Negro  ,  félon  Baudrand , 
éd.  1682. 

2.  IBALIA.   Ortélius  cite  ce  vers  de  Coripus  : 

Arcefub  IbaViâ  Laértia  lamina  Jervans. 
mais  il  n'explique  point  en  quel  pays  étoit  cette  citadelle. 


IBAN,  ville  de  1  Arménie,  dans  la  province  de  Baas- 
pracan,  dont  elle  étoit  la  métropole,  félon  Curopalate 
&  Cedrene.  Léunclavius  croit  que  les  Turcs  l'aopellent 
¥an.  *  Oml.  Thef. 

1.  IBAR,  ville  de  la  Turquie,  en  Europe,  dans  la 
Servie  ,  fur  la  rivière  d'Ibar.  De  l'Ifle  écrit  Hibar  le 
nom  de  la^y-ille  &'  celui  de-  la  rivière.  Elle  eft  petite, 
fituée  au  midi  oriental  de  Novi-Bafar ,  à  la  diftance  de 
trois  lieues  communes  d'Allemagne. 

2.  IBAR,  (l')  ou  Hibar,  rivière  delà  Turquie, 
en  Europe  :  elle  a  deux  fources  dans  les  montagne;  qui 
féparent  l'Hertzegovine  d'avec  la  Servie.  Elles  joignent 
leurs  eaux  dans  un  lac  d'où  fortant  vers  l'orient  ,  &C 
circulant  ensuite  vers  le  nord  ,  cette  rivière  pafle  à  Ibar, 
g.  à  Vendeniz  ,  g.  à  Vivetarone  ,  d.  &  va  fe  perdre 
dans  la  Rasca ,  qui  vient  de  Novi-Bafar ,  avec  laquelle 
elle  va  fe  jetter  dans  la  Morave  ,  auprès  de  Jallichilar 
ou  Cruscowaz.  *  De  l'IJle ,  Carte  de  Hongrie. 

IBA YC AVAL,  (l')  rivière  d'Espagne, 'dans  la  Bis- 
caye. C'eft  la  même  que  leNERVIo  ,  félon  Baudrand, 
éd.  1705.  Elle  a  fa  fource  à  l'extrémité  méridionale  de 
la  Biscaye  ,  près  de  la  Puebla,  aux  confins  d'AUava  & 
de  la  vieille  Caftille  ,  auprès  de  la  Puebla.  De-là  fer- 
pentant  vers  le  nord-eft ,  elle  arrofe  MeiTana  ,  d.  Ho- 
rozzo  ,  g.  Reta,  d.  reçoit  un  autre  ruifleau,  d.  puis  un 
autre ,  d.  au-deffus  de  Bilbao ,  qu'elle  baigne  ;  après  quoi, 
elle  fe  jette  dans  la  mer  de  Basque  ,  formant  à  fon  em- 
bouchure un  port  nommé  Puerto  Galette.  *  Jaillot. 
Atlas. 

IBE,  ville  &  principauté  d'Espagne  ,  dont  parle  Tite- 
Live  ,  /.  28,  c.  21  ,  à  l'occafion  de  Corbis  &  Orfua, 
deux  princes,  coufins-germains,  qui  fe  la  disputèrent  par 
un  duel. 

IBEDA  ,  ou  félon  quelques  exemplaires  Ibida,  ville 
de  la  Scythie  ,  félon  Procope  ,  Atdific.  1*4 ,  c.  7.  Jus- 
tinien  en  fit  réparer  les  murailles  ,  &C  fit  bâtir  au-delà  un 
fort  nommé  Êgifie. 

1.  IBENI,  ancien  peuple  de.Lydie,  félon  Etienne  le 
Géographe ,  qui  les  nomme  auffi  Iaonit^e. 

2.  IBENI,  ancien  peuple  de  la  Gaule,  félon  le  même: 
on  les  appelloit  auffi  Ibaei. 

1.  IBER,  nom  latin  de  I'Ebre,  rivière  d'Espagne: 
on  difoit  plus  communément  Iberus. 

2.  IBER,  nom  latin ,  par  lequel  on  exprime  un  Es- 
pagnol, fur-tout  dans  les  vers  où  la  mefure  amené  ce 
mot ,  pour  la  commodité  de  la  poëfie. 

IBERA,  ancienne  ville  d'Espagne  ,  fur  I'Ebre ,  félon 
Tite-Live  ,  /.  23  ,  c.  28  ,  qui  en  parle  comme  d'une  ville 
très-riche,  lorsque  les  Romains  la  prirent.  On  n'en  con- 
nojt  plus  la  fituation.  Quelques-uns  ont  cru  que  c'étoit 
Dertofa  ;  mais  De  Marca ,  Hispan.  1.  2 ,  c.  8 ,  p.  1 17 , 
a  prouvé  que  cela  ne  peut  pas  être.  Avienus  ,  dans  fa 
Description  des  côtes  de  la  mer,  en  vers  latins,  parle 
auffi  de  cette  ville,  fi  nous  en  croyons  Ortélius;  mais 
je  ne  trouve  dans  Avienus ,  que  le  nom  d'HERBI  ;  Or* 
télius,  Ora  marit.  v.  244  &  fuiv.  lifoit  HlBERA. 

Quin  &  Herbi  Civitas 
Stetiffe  fertur  his  locis  priscâ  die  : 
Qtiee  prœliorum  abfumpta  tempejlatibus , 
Famam  atque  nomen  j'ola  liquit  Cespiti. 
Iberus  inde  manat  amnis ,  &  locos 
Fœcundat  undd. 

Antoine  Auguftin,  dans  fon  troifiéme  Dialogue ,  lit  fur 
une  ancienne  médaille  Mun.  Hubera  Setia,  par  laquelle 
on  entend  cette  ville. 

IBERCON  ,  baronnie  d'Irlande  ,  dans  la  province  de 
Leinfter.  C'eft  une  des  onze  qui  compofent  le  comté  de 
Kilkenay.  "Etat prèfent  de  l Irlande,  p.  41. 

1.  IBERIA  ,  nom  latin  de  l'Espagne  ;  elle  étoit 
ainfi  nommée  à  caufe  de  I'Ebre  ,  lber  ou  Iberus  ,  qui 
la  féparoit  en  deux  parties  ,  l'une  aux  Carthaginois  , 
&  l'autre  aux  Romains  ,  avant  que  ces  derniers  l'euf- 
fent  entièrement  conquife.  Voyez  l'article  Espa- 
gne. 

2.  IRÇRIA,  nom  latin  d'une  contrée  de  l'Afie,  en- 
tre la  mer  Noire  &  la  mer  Caspienne.  Ptolomée  en 
marque  ainfi  les  bornes.  Elle  étoit  terminée  au  nord 
par  une  partie  de  la  Sarmatie  ,  à  l'orient  par  l'Alba- 
nie, au  midi  par  la  grande  Arménie  ,    &  au  couchant 

Tome  III.    M  mm  ij 


460 


IBI 


ICA 


la  Colchide.  Voici  les  villes  &  les  bourgs  qu'il  y 


Nubium  ou  Lubiu 

72,  village, 

Sura , 

Aginna  , 

Artanijfa 

Vafceda, 

Meftleta , 

Varica, 

ZaliJ/a, 

&c  Armactica. 

L'Ibérie,  dont  nous  parlons  ici ,  eft  furnommée  Afla- 
ùqut ,  pour  la  diftinguer  de  l'Espagne  ,  qui_  eft  l'ibérie 
d'Europe.  Les  éciiteurs  de  Ptolomée  fe  font  étrangement 
égarés ,  quant  à  la  marge  du  chapitre  déjà  cité ,  ils  ont 
ajouté  cette  remarque  ridicule.  Ibiria  Eoa  quondam 
Pana  dicta ,  poftea  Spaniam  vocat  Plutarchus.  Ce  n'eft 
pas  que  Plutarque  ait  jamais  rien  dit  de  pareil.  Mais  un 
autre  Plutarque  ,  qui  s'appelle  le  Géographe,  parlanr  de 
Bacchus  ,  dit  qu'il  affembla  une  armée  de  Pans  &  de 
Satyres ,  &  qu'il  fubjugua  les  Indiens.  Il  ajoute  qu'ayant 
fournis  FIbérie,  il  laifla  Pan  pour  y  commander;  que 
celui-ci  lui  donna  fon  nom  ,  &  l'appella  Pania  ,  d'où 
eft  venu  enfuite  le  nom  de  Spania.  Il  eft  vifible  que 
Plutarque  parle  ici  de  l'Espagne  ou  Ibirie  Européenne  , 
&  non  point  de  l'ibérie  Ajiatïque.  Cette  dernière  eft 
préfentement  cornprife  dans  la  Géorgie. 

IBERICUM  MARE,  ou  Iberum  mare,  nom  latin 
de  la  mer  d'Espagne. 

IBERINGjE  ^Kmyyv ,  ville  de  l'Inde  ,  au-delà  du 
Gange  ,  félon  Ptolomée  ,  /.  7,  e.  2. 

IBERIUM ,  nom  latin  d'IvRY. 

1.  IBERUS  ,  nom  latin  de  I'Ebre.  Voyez  ce  mot. 

1.  IBERUS  ,  petite  rivière  d'Espagne  ,  dans  la  Béti- 
que.  On  l'appelle  Rio  TlNTO.  Voyez  ce  mot.  Florien 
del  Campo,  dit  de  Rio  Tinto ,  qu'on  le  nommoit  autre- 
fois Jberus;  &  c'eft  de  cette  petite  rivière  qu'Ortélius  en- 
tend ces  vers,  de  Feftus  Avienus  ,  Ora  mark. 

Iberus  inde  manat  amnis  &  locos ,' 
Fxcundat  undâ.   Plurimi  ab  ipso  ferunt 
Diclos  lberos  ;   non  ab  Mo  fiumine 
Quod  inquietos  Vascones  pralabitur.  ' 

Ce  fleuve  qui  coule  chez  les  Vascons  eft  I'Ebre.  N'en 
déplaife  à  Avienus  :  il  a  beau  dire  que  c'eft  l'opinion 
du  plus  grand  nombre  ,  que  les  Espagnols  prenoient 
leur  nom  Iberi  de  cette  petite  rivière  qui  coule  dans 
l'Andaloufie  :  il  ne  le  perfuadera  point  à  ceux  qui  font 
ufage  de  leur  raifon. 

3.  IBERUS  ,  petite  rivière  dans  l'ibérie  Afiatique. 
Pline,  1.6,  c.  10,  dit  qu'elle  lé  perd  dans  le  Cyrus. 

IBERUS.  Nonius  dit,  lur  l'autorité  de  Caton,  qu'une 
rivière  nommée  ainfi,  avoit  fa_fource  chez  les  Cannâ- 
tes ;  mais  ce  dernier  nom  eft  inconnu  d'ailleurs. 

IBETTES  ,  rivière  de  l'ifle  de  Samos ,  félon  Pline  , 
/.  5,  c.31. 

IBI ,  peuple  des  Indes.  Diodore  de  Sicile  ,  /.  17,  rap- 
porte une  ancienne  tradition  ,  félon  laquelle  ce  peuple 
tiroit  fon  origine  d'Hercule,  qui  l'avoit  laiffé  là  après 
la  vaine  tentative  qu'il  fit  pour  fe  rendre  maître  d'Aorne. 
Orolé,  /.  3,  c  19,  le  nomme  SlBI  ou  Sybi.  Juftin 
l'appelle  Asybi  ,  &  Quinte-Curce  Sobii  ,  felôn  Orté- 
lius ,  qui  croit  que  le  nom  lbi  eft  le  vrai  ,  &c  que  Y  s 
n'eft  entrée  dans  ce  mot  que  par  l'erreur  des  copiftes  , 
qui  l'ont  prife  du  mot  précédent  qu'elle  finifloit ,  pour 
la  mettre  au  commencement  du  mot  fuivant.  On  en  a 
quantité  d'exemples. 

IBIDINGES,  fiége  épiscopal  dans  l'Ifaurie,  dont  on 
trouve  que  Bajilius  étoit  évêque.  *  Harduin.  Colleft. 
conc. 

IBIONES  ou  Vibiones  ,  ancien  peuple  de  la  Sar- 
matie  ,  en  Europe  ;  félon  Ptolomée  ,  /.  3  ,  c.  5 ,  ils 
étoient  entre  les  Nasci  &C  les  Idm. 

IBIRTHA,  ville  de  l'Arabie  heureufe  ,  félon  Ptolo- 
mée, l.  6,  c.  7.  Elle  étoit  dans  les  terres, 

IBIS.  Voyez  Oasis. 

IBITTI.  Voyez  Vit*. 

IBIU ,  lieu  d'Egypte  ,  entre  Oxyrinchon  &  Hermu- 
polis  ,  à  trente  mille  pas  de  la  première  ,  &:  à  vingt- 
quatre  mille  de  la  féconde.  Ortélius  en  fait  Se  ville  ; 
ce  n'étoit  qu'une  manfion  ou  un  gîte,  comme  le  dit  beau- 
coup mieux  Surita.  Platon  ,  dans  un  de  fes  Dialogues  , 
fait  dire  à  Socrate  :  J'ai  ouï  dire  qu'auprès  de  Naucratis 


d'Egypte  ,  il  y  avoit  un  des  anciens  dieux  à  qui  étok 
confacré  l'oifeau  Ibis ,  &  que  ce  génie  s'appelloit  Theuih. 
Surita  croit  que  ce  paffage  regarde  Ylbiu  d'Antonin  ; 
mais  Platon  ne  parle  que  d'un  dieu  ,  &c  d'un  oifeau 
nommé  Ibis  ;  il  ne  dit  point  que  le  lieu  portât  ce  nom. 

IBLIODURUM,  ancien  lieu  de  la  GatUe  Belgique, 
félon  l'Itinéraire  d'Antonin ,  fur  la  route  de  Durocorto- 
rum,  qui  eft  Reims,  à  Divodurum .  qui  eft  Mtt{,  entre 
Fines  &  Divodurum ,.à  fix  milles  de  l'une,  &à  huit 
de  l'autre  ;  ainfi  ce  lieu  doit  être  à  huit  milles  de  Metz  en 
allant  à  Verdun.  On  croit  que  c'eft  CONFLANS  en  Jar- 
nifi.  Voyez  ce  mot. 

IBORA  ,  'iCd&,  ville  d'Afie,  dans  la  Cappadoce , 
félon  Porphyrogenete ,  cité  par  Ortélius ,  Thef.  On  lit 
dans  la  Notice  de  Hierocles,  entre  les  fept  villes  épisco- 
pales  de  la  province  d'Hélénopont ,  Ibyra,  'ISé^.. 

IBORG,  Iburg  ,  petite  ville  d'Allemagne  ,  au  cer- 
cle de  Weftphalie,  dans  l'évêché  d'Osnabrug  ,  à  trois 
lieues  de  la  capitale.  Les  évêques  d'Osnabrug  y  ont  fou- 
vent  fait  leur  réfidence  (a).  Cette  ville  fut  priie  (i>)  l'an 
1 553  j  Par  Philippe  Magnus ,  fils  de  Henri  le  Jeune  ,  duc 
de  Brunswig  ,  qui  y  fit  un  riche  butin.  (a)  Hubner , 
Geogr.  p.  503.  (b)  Zeyler ,  Veftph.  Topog.  p.  54. 
Chytmi  Saxon.  /.  18. 

1BOS  ,  petite  ville  de  France  ,  dans  la  Bigorre ,  à 
deux  lieues  au  couchant ,  de  la  ville  de  Tarbes. 

IBRAHIMLIC,  lieu  de  Perse,  à  vingt-fept  lieues 
de  Bagdat ,  vers  le  Curdiftan  :  il  eft  remarquable  par 
le  maufolée  d'un  Santon  mort  en  odeur  de  fainteté 
dans  l'opinion  des  Mahométans.  C'eft  pour  le  moins 
une  bourgade.  *  Hijl.  de  Timur-Bec,  1.  3,  c.  30. 

IBRICKAM  ,  baronnie  d'Irlande ,  dans  la  province  de 
Connaught.  C'eft  une  de  celles  qui  compofent  le  comté 
de  Thomond.   *  Etat préf.  de  la  Gr.  Bret.  t.  3. 

IBRIONES  ,  ancien  peuple  d'entre  les  Germains ,  fé- 
lon Jornandes.  Lichtena*-,  Fréculphe,  Paul  le  Diacre , 
liîènt  Briones  ,  Olibriones  &C  Labrones.  Ortélius ,  Thef. 
de  qui  j'emprunte  cet  article  ,  croit  que  ce  font  les 
Breones,  dont  parle  Caflîodore,  VariarA.  1,  ou, 
&  que  Fortunat ,  de  Fitd  D.  Martini ,  l.  4,  les  nomme 
Brei.  Velfer  les  met  entre  le  Lech  &  l'Inn. 

IBROS.  Baudrand  avoit  dit  dans  fon  Diiftionnaire 
latin  ,  qu  Iberia  ,  petite  ville  de  l'Espagne  Bétique  ,  eft 
préfentement  un  petit  village  de  l'Andaloufie  ,  diftant 
à  peine  d'une  lieue  de  Baéça  ,  &  qu'on  l'appelle  pré- 
fentement ïbros.  11  cite  pour  garant  Martin. Ximenès. 
On  lui  fait  dire  dans  le  Dictionnaire  françois ,  qui  porte 
fon  nom  ,  qu'Ibros ,  s'appelle  en  latin  Ibtrta  ,  &  qu'il 
eft  à  une  lieue  de  Barca ,  du  côté  du  nord.  Ce  font  ap- 
paremment deux  fautes  des  copiftes. 

IBS.  Voyez  Ybs  1  &  2. 

IBYLLA,  ville  de  la  Tartéfie,  où  fe  trouvent  des  mi- 
nes d'or  &c  d'argent ,  an  rapport  d'Etienne  le  Géogra- 
phe. On  doute  Vil  ne  faut  pas  lire  Ilipa. 

ICA  ,   rivière  de    l'Amérique  méridionale.    Voyez 

PUTUMAYO. 

ICAMPENSES,  ancien  peuple  de  la  Mauritanie,  fe» 
Ion  la  Table  de  Peutinger,  Segm.  1. 

ICANONA.  Voyez  Ticanona. 

ICANUM,  & 

ICANUS ,  rivière  de  Dyrrachium  ,  ainfi  appellée  à 
caufe  d'une  fortereflè  ou  d'un  château  de  même  nom  , 
félon  Vibius  Sequefter,  ^.52,  edit.  Hejfelii.  Quelques 
exemplaires  portent  Ij'amnus  Dirrachi  ;  d'autres  Icani- 
nus.  Les  manuscrits  nomment  auffi  différemment  le  châ- 
teau ldano  ,   Icano  &:  Ifano. 

ICAR,  montagne  de  la  Scythie  ,  en  Afie,  félon  Cal- 
lifte ,  qui  femble  la  nommer  auffi  le  MONT  d'or,  Mons 
aureus. 

1.  ICARIA  ,  'Ue/«,  félon  Ptolomée  ,  l.  3',  c.  iy, 
ICAROS,  félon  Solin,  Lu-,  p.  22,  edit.  Salmaf.  &C 
Etienne  qui  la  nomme  auffi  DoLlCHE ,  Aflài'x»  5  Ma- 
CRis,  MMej;,  &  Ichtioessa.  Pline,  L  4,  c.  12, 
dit  de  même  ;  &  Ortélius  y  ajoute  Apollodore  ;,  Hé- 
raclide  &  Athénée.  Cette  ifle  a  pris  fon  nom  d'Icare, 
félon  les  poètes. 

Icants  Icarias  nomine  fecit  aquas. 

Pauianias,  i*  BmâtU  ,  dit  qu'avant  la  chute  d'Icare 


IC 


ICC 


elle  éîoit  nommée  Pergame  :  fon  nom  moderne  eft  Mi- 
carie.  Il  eft  formé  Je  1  ancien  nom  ,  &de  la  prépolîtion 
hi,  qui  répond  à  notre  prépoficion  en. 

z.  ICARIA.  Voyez  Icarius. 

ICARIUM  ,  ifle  du  golfe  Perfique,  vis-à-vis  del'em- 
bouchure  de  l'Euphrate.  Strabon  ,  /.  16,  p.  766,  dit, 
qu'en  partant  de  Térédon ,  rx  côtoyant  le  continent  à 
main  droite  ,  on  voit  l'ille  d'Icarium,  où  étoit  un  tem- 
ple &  un  oracle  d'Apollon.  Arrien  ,  dans  FHiftoire 
d'Alexandre,  /.  7,  p.  487,  la  nomme  Icaros  ;  Pline, 
1.6,  c.  28,  l'appelle  Ichara;  5t  Ptoiomée,  1.6,  c.j, 
qui  la  met  fur  la  côte  de  l'Arabie  heureufe  ,  la  nomme 
Ichara  &  Icaros  ,  félon  les  divers  exemplaires.  Pris- 
cien  ,  dans  ia  Periégefe  ,  v.  607 ,  en  parle  ainfi  : 

Perfïcus  indc  jlnus  penctratur  ,    &  Icaron  offert 
Infula  que  fertur  niniiùm  placare  Dianam. 


4-6  I 


Denys  le  Periégete ,  v.  610,  dit  la  même  chofe  de  ce 
culte  rendu  à  Diane  dans  cette  ifle ,  qu'il  nomme  auffi 
'lzapés.  Le  géographe  de  Nubie,  6. pan.  2.  Clim.p.  56, 
l'appelle  Comar.  Quelques-uns  croient  que  c'eft  préfen- 
tement  fi  fie  de  Bahrain. 

ICARIUM  MARE.  Les  anciens  ont  appelle  ainfi 
cette  partie  de  l'Archipel ,  qui  eft  aux  environs  de  la  mer 
de  Nicaria. 

ICARÎUS  ,  montagne  de  Grèce  ,  dans  l'Attique ,  fé- 
lon Pline ,  /.  4,  c.  7  -,  &c  Solm ,  c.  7,  p.  23 ,  édit.  Sal~ 
maj.  6k  Strabon ,  qui  nomme  les  autres  montagnes ,  de 
même  que  Pline,  ne  fait  point  mention  de  celle-ci;  ce- 
pendant Ortélius  le  cite  comme  s'il  l'avoit  auffi  nom- 
mée. Cette  même  montagne  eft  nommée  Icaria ,  par 
Etienne  ;  ou  plutôt  il  appelle  ainfi  le  peuple  qui  l'habi- 
tait. Icaria,  dit-il,  eft  un  peuple  de  la  tribu  jEgéide, 
qui  tire  fon  nom  d'Icanus ,  père  d'Erigone.  Le  nom  na- 
tional eft  Icancn,  '\xoftiJs.  Spon,  dans  fa  lavante  Lifte 
de  l'Attique,  dit  de  même  :  Icaria,  de  la  tribu  Egéïde, 
étoit  une  petite  montagne  de  l'Attique  ,  parmi  les  peu- 
ples de  laquelle  avoit  été  premièrement  facrifiée  la  chè- 
vre ,  pour  avoir  ravagé  les  vignes  ;  &  ce  fut  auffi  chez 
eux  que  fut  inventée  la  comédie.  Il  renvoie  ensuite  à 
Athènes  ancienne  &.  moderne  ,  p.  278 ,  &  aux  marbres 
d'Oxford,  p.  20;. 

ICARTA  ,  ''zajni,  ville  de  l'Inde  ,  en -deçà  du 
Gange ,  félon  Ptoiomée  ,  /.  7 ,  c.  1  ;  il  la  met  au  pays 
des  Arvarni ,   dans   les  terres. 

1.  ICARUS  ,  fleuve  d'Alie  ,  dans  la  Scyrhie.  C'eft 
un  de  ceux  qui  groiTuTent  l'Oxus,  félon  Pline,  /.  6, 
c.  17..  Ptoiomée  ,  /.  6,  c.  11  ,  qui  nomme  fept  rivières 
qui  tombent  dans  l'Oxus ,  ne  far  point  mention  de  -1*1- 
carus  ;  d'où  le  P.  Hardoum  conclut  qu'il  l'a  oublié  ,  ou 
qu'il  Ta  déligné  fous  un  autre  nom. 

2.  ICARUS.  Voyez  Icarium. 

3.  ICARUS,  nom  lat.n  de  l'EYGUES  ,  rivière  de 
France  ,   dans  le  Dauphiné. 

ICARUSA ,  rivière  de  la  Sarmatie  ,  en  Afie  ,  au 
pays  des  Cercetes  ,  félon  Pline,  l.  6 ,  c.  5. 

ICATALjE,  peuple  d'Afie,  dans  la  Sarmatie,  félon 
Pline,  L  6,  c.  7,  qui  les  étend  jusqu'au  Caucafe. 

ICAUNÀ  ,  nom  latin  de  I'Yonne,  rivière  de  France. 
L'auteur  de  la  Vie  de  S.  Germain  ,  dit  en  parlant  de 
cette  rivière  : 


Cl: 


prim 


Icaun 


largila  vetujîas. 


Voyez  le  nom  françois. 

ICC1UM.  Voyez  IciUM. 

ICCIUS  Portus,  ou  Itius  Portus,  ancien  port 
de  la  Gaule,  fur  la  Manche.  On  varie  fur  l'orthographe 
de  ce  mot.  Céfar  ,  de  Bell.  Gai.'.  L  s;  ,  c.  5  ,  en  fait  men- 
tion, &  écrit  Itius  Portus.  Fulvius  Urfinus  attefte  que 
tous  les  anciens  manuscrits  portent  conftamment  ad  Por- 
tum  hium ,  &  que  toutes  les  médailles  d'argent  ont  le 
nom  Itius  ainfi  écrit.  Strabon,  /.  4,  écrit  de  même 
Itium  ,  °ln"v ,  &  le  met  chez  les  Morins ,  ajoutant  que 
Céfar  paffa  de-là  en  Angleterre.  Il  femble  que  le  tra- 
ducteur Grec  des  Commentaires  de  Céfar  n'ait  fu  la- 
quelle préférer  de  ces  deux  orthographes  ,  &  qu'il  ait 
voulu  les  réunir  eu  écrivant  'U-no-..  Céfar  pafla  deux 
fois  des  Gaules  en  Angleterre  ;  <k  il  eft  dit  au  premier 


pafiage,  /.  4,  c.  11 ,  qu'il  fe  rendit  chez  les  Morins,  &: 
que  c'étoit  l'endroit  où  le  trajet  eft  le  plus  court  pour 
arriver  en  Angleterre.  In  Morinos  proficiscitur ,  quod 
inde  erat  brevijjimus  in  Britanniam  transjeelus.  Il  y  a 
bien  de  l'apparence  qu'il  partit  du  même  port,  lorsqu'il 
parla  la  mer ,  pour  la  féconde  fois  ;  6c  le  port  y  eft  ex- 
preflement  nommé. 

Les  uns ,  comme  de  Thou  ,  Vigenere ,  Marlien ,  & 
quelques  autres  prétendent  que  c'étoit  le  port  où  l'on  a 
bâti  "depuis  ia  ville  de  Calais.  Cluvier,  JofephScaii- 
ger,  '  Sanfon  &  quantité  d'autres  prétendent  que  c'eft 
Boulogne.  Ce  dernier  s'eft  donné  la  peine  de  com- 
pofer  un  traité  où  il  foutient  cette  opinion  ;  mais  tous 
tes  ran'onemens  ne  prouvent  point  que  Boulogne  ait 
été  le  port  dont  il  eft  queftion  ;  ils  prouvent  feulement 
l'antiquité  de  cette  ville;  ce  queperfonne  ne  s'éroit  avifé 
de  coutelier. 

Le  P.  Malbrancq  Jéfuite,  dins  fon  Hiftoire  des  Mo- 
rins, veur  que  le  port  en  queftion  ait  été  un  lieu  que 
l'on  appelloit  Suhiu.  Outre  la  reflemblance  de  Portus 
Itius  avec  ce  nom,  il  trouve  que  la  mer  faifoit  alors  un 
golfe  dans  les  terres ,  depuis  la  pointe  du  village  de 
Sangate ,  au  couchant  de  Calais ,  jusqu'au  château  de 
Sithiu  ,  aujourd'hui  S.  Orner ,  où  l'on  a  trouvé  des  an- 
cres &  des  reftes  de  navire ,  &C  où  font  reftés  des  crocs 
de  fer  ausquels  on  attachoit  les  vaifïeaux.  Tout  ce  pays- 
là,  dit- il  ,  porte  encore  des  marques  de  fon  ancienne  inon- 
dation. Ce  fentiment  a  été  réfuté  par  Cluvier:  je  doute 
même  qu'il  eût  befoin  de  l'être. 

Co'nme  Céfar  parle  de  trois  ports ,  dont  l'un  étoit 
au-deffiis  &  l'autre  au-deflous  à' Itius  Portus  ,  qui  étoit  au 
milieu;  ceux  qui  font  pour  Boulogne,  veulent  que  le 
port  au-deftbus  ait  été  le  Portet  ;  ce  qui  n'eft  guè- 
res  vrailèmblable.  Il  y  a  plus  d'apparence  à  dire  avec 
Du-Cange  ,  DiJJertat.fur  la  Vice  S.  Louis,  que  Bou- 
logne étoit  le  premier  de  ces  ttois  ports  ;  que  le  troifiéme 
étoit  au  même  lieu  où  l'on  a  depuis  bâti  Calais,  &que 
c'eft  entre  Boulogne  &  Calais  qu'il  faut  cherches  ['Itius. 
Whijjand ,  Y/ijJ'an ,  ou  Whijjant ,  eft  fitué  à  quatre  lieues 
(près  de  cinq)  d'Artois,  au  nord  de  Boulogne, à  l'en- 
droit où  le  détroit  qu'on  nomme  le  Pas  de  Calais  eft 
le  plus  refterré  .  &  d'où  le  trajet  pour  paffer  en  Angle- 
terre eft  le  plus  court.  Son  nom  fignifie  originairement 
Sable  blanc,  Witsand  ;  les  Romains  n'ayant  point 
de  double  W ,  l'ont  omis  ,  &  avec  une  terminaifon  la- 
tine ,  en  ont  fait  Itius  ,  Iccius ,  ou  même  Itcius.  C'eft 
préfentement  un  bourg  affis  fur  le  rivage  de  la  mer, 
entre  Boulogne  &  Cafais  ,  compofé  d'environ  quatre- 
vingt  feux,  fans  compter  trois  ou  quatre  hameaux  qui 
en  dépendent.  Il  n'y  a  ni  porte  ,  ni  foffés  ,  ni  rien  qui 
ferme  ce  bourg,  ni  même  aucun  refte  de  vieilles  mu- 
railles qui  marquent  qu'il  ait  été  autrefois  fermé.  On 
trouve  une  chapelle  au  bout  du  bourg  du  côté  de  Bou- 
logne ;  mais  I'églife  paroiffiale  eft  au  hameau  de  Sombres, 
diftant  environ  de  deux  ou  trois  cents  pas  ;  entre  cette 
églife  &  le  bourg,  eft  ce  qu'on  appelle  la  Motte  du. 
Chàtel ,  qui  peut  avoir  en  longueur  quarante  toiles,  & 
dont  la  figure  eft  ovale.  Il  y  a  au  bout  du  bourg  quel- 
ques reftes  de  vieux  bâtimens  ,  que  l'on  dit  avoir  fervi 
de  magazin  pour  l'étape  des  laines  ,  qu'on  y  apportoit 
d'Angleterre  &  de  plulieurs  autres  endroits;  ce  qui  juftirie 
que  le  bourg  a  été  de  plus  grande  étendue.  En  effet 
FroiiTard  lui  donne  le  titre  de  grojfe  ville;  &r  les  hifto- 
riens  nous  font  allez  voir  qu'il  étoit  confidérable  par  fon 
port,  qui  étoit  le  lieu  où  l'on  s'embarquoit  ordinaire- 
ment pour  paffer  en  Angleterre,  quoiqu'aujourdhui  il 
n'en  refte  aucune  marque.  La  coutume  du  Boulenois  lui 
donne  auffi  la  titre  de  ville  ;  &ce  heu  a  encore  un  maire 
Se  des  échevins  ,  qui  ont  la  police  &  la  connoiffance 
des  crimes  qui  fe  commettent  dans  le  bourg  &  dans  la 
banlieue  ,'  ils  ont  auffi  l'adminiftration  de  l'hôpital.  Le 
comte  de  Boulogne  ,  de  qui  ce  lieu  dépendoit ,  y  avoit 
un  bailhf  ;  &  depuis  que  ce  comté  a  été  annexé  à  la 
couronne ,  on  a  établi  à  Whiffand  un  bailliage  royal 
polTedé  par  le  baillifde  Boulogne,  qui  y  va  rendre  la  jus- 
tice une  fois  par  femaine  ;  un  petit  ruifteau  ,  dont  la 
fource  eft  près  de  I'églife  de  Sombres  ,  pafle  dans  le 
bourg. 

Du-Cange ,  auteur  de  cette  description  ,  a  remarqué  fur 
les  lieux  que  ,  les  graads  chemins  que  l'on  nomme  ckaus- 
fées  du   Brumhaut,  abouuflenc  à  WhUîand,  auffi-biea 


là 


46z         ICE 


ICH 


qu'à  Boulogne.  Il  montre  enfuite  parle  témoignage  de 
plus  de  trente  auteurs  ,  qu'avant  que  les  Anglais  fe  fus- 
sent emparés  de  Calais ,  WhifTand  étoit  le  lieu  où  l'on 
s'embarquoit  ordinairement  pour  palier  à  Douvres,  & 
oùl'onabordoit  en  venant  d'Angleterre  en  France.  Quand 
Ptolomée  marque *.y.nt  a.y.p»v  ,1e  promontoire  d'Icium,  &c 
qu'il  le  difhngue  de  GtJJoriacum  ,  qui  eft  Boulogne  ;  il 
fait  allez  connoitre  que  ce  n'eft  point  l'endroit  où  eft  Ca- 
lais, puisqu'il  n'y  a  ni  pointe  ni  promontoire  auprès  de 
Calais  ;  mais  WhilTand  n'eft  pas  éloigné  de  deux  poin- 
tes ,  dont  la  plus  méridionale  s'appelle  le  Gri^ne^, 
&  la  plus  feptentrionale  le  Blancne^ ,  outre  une  pointe 
moins  remarquable  qui  eft  immédiatement  auprès  du 
Bourg. 

ICENI ,  ancien  peuple  de  rifle  de  la  Grande-Bretagne  : 
c'étoient,  à  proprement  parler,  ceux  qui  habitoient  les 
bords  de  l'Oufe  ,  que  d'autres  appellent  Iken  ,  Yken, 
&  YciN,  &  dans  ces  quartiers-là  on  trouve  des  lieux 
qui  conlérvent  encore  des  traces  de  l'ancien  ;  comme 
Ikento^p,  Ikenworth  ,  Icenild-Street,  &cc. 
&  la  petite  rivière  qui  tombe  dans  le  port  d'Oxford  s'ap- 
pelle lKE.*Gale  in  Anton. Itiner.  p.  109. 

Il  y  avoit  encore  d'autres  Iuni ,  dans  la  province  de 
Henton,  ou  Hampshire,  auprès  de 'la  rivière  d'iKEN, 
nommée  aujourdhui  ICHING.  Cambden  ,Britann.  donne 
aux  luni  le  pays  voifin  des  Trinobantes ,  qui  a  été  en- 
fuite  appelle  East-Anglie,  &  il  y  comprend  les  pays 
de  SUFFOLC  ,  NORTFOLC;  CAMBRIDGE,  &  HuN- 
TINGTONSHiRE.  Il  croit  que  ce  font  les  Ceni-Magni 
de  Céiàr.  Il  dérive  le  nomd'ICENl,  du  mot  Iken  ,  qui 
dans  la  langue  Bretonne  figmfieun  coin,  parce  que  leur 
pays  avance  dans  la  mer  en  forme  de  coin.  Il  donne 
ainfî  Fhiftoire  de  ce  peuple. 

Cette  nation  ,  dit  Tacite  ,  étoit  puifTante  ;  &  même 
après  s'être  mile  fous  la  proteftion  des  Romains ,  elle 
fut  inébranlable  jusqu'au  tems  de  Claudius.  Car  alors  le 
propréteur  Oftorius  voulant  établir  des  forts  le  long  des 
rivières ,  &  ôter  les  armes  aux  Bretons ,  ils  affemblerent 
des  troupes  pour  s'oppoler  à  leur  deffem;  mais  les  Ro- 
mains ayant  forcé  leurs  retranchemens  ,  les  vainquirent 
ck  en  firent  un  grand  carnage.  Cette  guerre  étant  as- 
foupie,  treize  an-;  après,  Pral'utage  ,  roi  des  Iceniens,  vou- 
lant prévenir  les  malheurs  de  fa  nation,  ou  par  d'au- 
tres interêis,  inftitua  l'empereur  Néron  pour  fon  héri- 
tier ,  croyant  que  cette  démarche  mettroit  fa  couronne 
&  fa  maifon  à  couvert  de  tout  événement  fâcheux.  Ce 
fut  le  contraire.  Cela  fervit  de  fignal  à  une  funefte 
guerre  ;  &C  l'avarice  de  Séneque ,  qui  entaffa  des  biens 
immenfes  par  les  ufures ,  acheva  de  mettre  le  comble 
àlamifere  des  Iceniens.  Durant  cette  guerre ,  Boodicie, 
femme  de  Prafiitage  ,fit  périr  quatre-vingt  mille  hommes, 
tant  des  Romains  que  de  leurs  alliés,  démolit  Camalo- 
dunum  &t  Veralamum  ,  mit  en  déroute  la  neuvième  lé- 
gion, &  força  Catus  Decianus  de  prendre  la  fuite;  elle 
fut  enfin  vaincue  en  un  combat  par  Paulinus  Suetonius  ; 
&  confervant  toujours  une  ame  invincible  ,  comme  dit 
Tacite  ,  elle  le  fit  mourir  par  le  poifon ,  comme  le  rap- 
porte Dion  Caffius.  Après  cela ,  les  anciens  auteurs  ne  di- 
fent  plus  rien  des  Iceni. 

Mais  lorsque  les  Saxons  eurent  affermi  leur  heptar- 
chie,  le  pays  des  Iceniens  devint  le  royaume  des  An- 
glois  orientaux,  qui  à  caufe  de  fa  fituation  à  l'orient,  fut 
appelle  East-Angle-Ryk  ,  &  eut  pour  premier  roi 
Ufta ,  dont  les  fucceffeurs  prirent  long-tems  le  nom 
à'irfkines.  Leur  race  s'éteignit  dans  la  perfonne  de 
S.  Edouard  ,  &  les  Danois  s'emparèrent  du  pay6 
qu'ils  ravagèrent  environ  cinquante  ans ,  jusqu'à  ce 
qu'EdouardTainé  l'ajouta  enfin  à  fon  royaume  des  Saxons 
occidentaux. 

Le  P.  Briet  ,  Parall.  2 ,  part.  I.  2  ,p.  182 ,  donne  aux 
Iceniens  les  villes  fuivantes  : 

Venta  Icenorum ,    Cafter. 

Durobriva  ,  Donnehan ,  ou  Dormecafter. 

Garianonum ,  Yarmouth 

Extenfio  ,  Eç  yj  ,  Ejton. 

Co  nbretonium  ,*Bretenham. 

Sitomagus ,  Thetfort. 

Villa-Faufiini .  Edmond-Buri. 

Camboritum,  Cambridge.    f> 


Me'atis  AZftu 
Maltraith. 


The  Vashes,  en  Breton 


Ce  peuple  eft  mal  nommé  Simeni,  dans  Ptolomée 
qui  n'y  connoît  qu'une  ville  nommée  Venta. 

ICESIA  ,  'Ijîsct'*  ,  ille  de  la  Méditerranée,  dans  la  mer 
de  Sicile,  félon  Ptolomée  ,  /.  3  ,  c.  4.  Fazel  la  nomme 
Panaria  ,  &.  Niger  Saline.  C'eft  une  des  Mes  de 
Lipari. 

ICHANA  ,  *IX«*,  petite  ville  de  SicUe.  Pline, 
A3  ,  c.  8  ,  la  défige  par  le  nom  de  (es  habuans  Icha- 
NENSES.  C'eft  Etiem.e  le  Géographe ,  qui  la  nomme 
Ichana. 

ICHAR,  ou  Ischar,  rivière  de  la  Turquie  en  Eu- 
rope ,  dans  la  Bulgarie.  Elle  a  ù  fource  dans  les  mon- 
tagnes d'Argentaro,  &.  fe  décharge  dans  le  Danube.  C'eft 
I'Ïsca.  Voyez  ce  mot. 

ICHARA.  Voyez  Icarium. 
lLHl;:GROUG,ouIcHBARAW,viliaged'Angleterre, 
au   comté  de  Norfolc;  Gale  écrit  Ichburrow,  Ôc  y 
trouve  l'IciANI  ,  de  l'Itinéraire  d'Antonin. 

ICHING,  ville  de  la  Chine,  dans  la  province  de 
Huquang  ,  au  département  de  Sia  igyang  troifîéme  mé- 
tropole de  la  province.  Elle  eft  plus  occidentale  que  Pé- 
kin, de  5  d.  44',  par  les  32  d.  30' de  latitude.  *  Atlas 
Sinenfis. 

ICHIUM,  ville  ancienne  d'Afrique ,  fur  le  Nil  ,àfoi- 
xanre  &  cinq  milles  du  Caire.  Les  Mahométans  la  dé- 
truifireut  lorsqu'ils  commencèrent  à  régner  en  Egypie  6c 
en  transportèrent  les  pierres  au-delà  du  Nil ,  dont  ils 
bâtirent  la  ville  de  MunSTAou'Munsia.  *Dapper,  Afri- 
que, p.  77. 

Dapper  dans  cet  article  cite  Léon ,  p.  S.  Je  trouve  que 
Léon  ,  A8,c.  52,  parlant  d'ICHMlN  ,  dit  que  c'eft  la 
ville  la  plus  ancienne  de  toute  l'Egypte  ;  qu'elle  fut  bâtit 
par  Ichminfils  de  Misraïm,  qui  descendoitde  Chus ,  fils 
de  Hen  ;  qu'elle  eft  fur  le  Nil ,  du  côté  où  ce  fleuve 
arrofe  l'Afie  à  trois  cents  mille  pas  du  Caire ,  à  l'orient. 
Il  feroit  étonnant  qu'une  ville  qui  auroit  fubfifté  dépuis 
Misraïm  jusqu'à  l'arrivée  des  Mahométans  en  Egypte, 
ne  fût  pas  connue  des  auteurs  Grecs  &  des  Latins.  Ce 
qu'il  dit  du  Nil ,  qui  arrofe  l'Afie  ne  doit  point  faire 
de  peine  ,  puisque  bien  des  auteurs  ont  appelle  AJle , 
Arabie ,  Indes  ,  le  pays  qui  eft  entre  le  Nil  Se  la  mer 
Rouge. 

ICHMIAZIN.Vo.yez  Ecsmiazin  ,  &au  mot  Eglife, 
l'article  Trois-Eglises. 

1.  ICHNiE,  ancienne  ville  de  Grèce,  dans  la  Ma- 
cédoine ,  dans  la  Bottiée.  Pline,  /.  4 ,  c.  10  ,  met  Ichnce  , 
fur  la  côte  de  la  mer,   près  del'Axius.  C'eft  la  même 

qu'ACHNjE. 

2.  ICHNjE,  bourgade  de  laTheffalie,  dans  la  Phtio- 
tide ,  au  nord-eft  de  Lamia.  Etienne  le  Géographe  en 
fait  mention ,  &  De  l'Ifle  la  met  très-bien  dans  fa  Carte 
de  l'ancienne  Grèce. 

3.  ICHNjE,  ville  d'Afïe,  dans  la  Méfopotamie  ;  elle 
étoit  dans  le  parti  des  Romains,  lorsque  Craflns  fut  dé- 
fait par  les  Parthes.  Appien  ,  in  Parthic.  la  nomme 
ICHNCE.  Plutarque  qui  a  écrit  la  même  hiftoire  avec  les 
mêmes  circonflances ,  dans  la  vie  de  CralTus ,  nomme 
cette  ville  IsCHNES,  félon  la  traduction  de  Dacier, 
t.  5  ,  p.  144.  Dion  Caffius  A  40,^.  126,  l'appelle 
Ichnia,  ck  dit  que  c'étoit  une  fortereife.  C'eft  la 
même  que  I'IchNjE  qu'Etienne  le  Géographe  met  vers 
l'orient. 

ICHNIA.  Voyez  Ichnx  3. 

ICHNUSA.  Voyez  Sardaigne. 

ICHTHYCESSA,  l'un  des  noms  de  l'ifle  de  NlCA- 
RIA.  Voyez  Icaria.  1. 

ICHTKYOPHAGI ,  c'eft-à-dire  mangeurs  de  pois- 
fons.  Les  anciens  onr  ainfi  nommé  des  nations,  qui  ha- 
bitant au  bord  de  la  mer ,  vivoient  principalement  de 
la  pêche,  lorsqu'ils  n'en  favoient  point  les  vrais  noms. 
Ptolomée  trouve  des  Ichthyophages  dans  la  Chine  ;  Aga- 
tarchide  en  met  vers  la  Carmanie  6k  la  Gédrofie  ;  Paufà- 
nias  en  décrit  fur  la  mer  Rouge,  6k  Pline  en  peuple 
plufieurs,  ifles  à  l'orient  de  l'Arabie  heureufe. 

ICHTHYS,  promontoire  du  Péloponnèlè,  félon  Pto- 
lomée ,  A  3  ,  c.  16.  On  croit  que  c'eft  préfentement  le 
cap  Jardan  ,  fur  la  côte  occidentale  de  la  Morée.  Voyez 
Jardan. 


ICO 


ÏCIANI.    Voyez  IciIBOROUG. 

1.  ICIODORUM,  Iciodrum,  Icciodorum  & 
Iciodorensis  Vicus  Arvernorum,  noms  latins  de 
la  ville  d'IssoiRE.  Voyez  ce  mot. 

2.  ICIODORUM ,  1 URONUM  ,  village  de  France, 
en  Touraine ,  aux  confins  du  Berri  fur  la  Creufe.  Son 
nom  moderne  eft   Iserre,  ou  Isetjre. 

ICIUM  Promontorium  ,  promontoire  de  la  Gaule 
Belgique,  félon  Ptolomée.  On  croit  que  c'eft  le  cap 
nommé  Blancness ,  ou  Blancne^.  Baudrand  dit  que  ce 
font  les  Anglois,qui  l'appellent  ainfi ,  &  que  les  Fran- 
çois le  nomment  Us  Motus  noires  ;  il  fe  trompe  ;  les 
navigateurs  François,  &  De  l'Ifle  l'appellent  Blancness  ; 
les  Mottes  noires  eft  le  nom  d 'un  endroit  voifin  fur  la 
côte,  au  nord  de  l'abbaye  de  l'Escale. 

i.  ICIUS  PORTUS.  Voyez  IcciUS. 

2.  ICIUS.  Voyez  Iccus. 

ICMîN ,  ou  plutôt  Ihmiw.  Voyez  l'article  Ichium. 
*  Dapper  Afrique  ,/>.  361. 

ICOLLO  ,  province  d'Afrique ,  au  royaume  d'An- 
gola. Elle  commence  au  nord-oueft  ck  à  l'oueft-nord- 
oueft  de  la  province  d'Uamba. 

ICONDRE,  petit  pays  d'Afrique  ,  dans  ifle  de  Ma- 
dagascar ;  il  eft  fort  montagneux  ck  fertile  en  fucre ,  en 
bons  plantages  ck  pâturages  ,  par  la  hauteur  de  22  d.  30'. 
11  eft  féparé  à  l'eft  ck  à  i'eft-nord-eft ,  du  pays  d'ito- 
mampo  par  de  hautes  montagnes.  Il  a  au  fud  la  terre 
de  Vattemanahon  ,  le  pays  des  Machicores  au  nord,  St 
au  nord-oueft  la  terre  de  Manamboule  ,  ck  au  nord  les 
mêmes  montagnes  qui  font  entre  l'Ionghaïvou  ck  Ito- 
mampo.  La  rivière  d'Ionghaïvou ,  c'eft-à-dire  la  rivière 
du.  milieu  y  a  fa  fource.  *  Flacourt ,  Hift.  de  Madagas- 
car, c.  5,/».  13. 

ICON II ,  ancien  peuple  de  la  Gaule  Narbonnoife , 
dans  le  voifinage  des  Cavares  ,  félon  Strabon  ,  /.  4 , 
■p.  185. 

ICÔNIUM  ,  ancienne  ville  de  la  Cappadoce ,  dans 
le  département  de  la  Lycaonie,  félon  Ptolomée  ,  /.  ■> , 
c.  6.  Strabon,  /.  12,  p.  568,  contemporain  d'Augufte 
h.  de  Tibère,  en  parle  comme  d'une  ville  petite  ,  mais 
tien  bâtie.  Comme  le  mot  Iconiumie rapporte  aflezau  mot 
£rec  Icon ,  tixèv  ,  qui  veut  dire  une  image ,  les  Grecs 
dérivoient  le  nom  de  cette  ville  d'une  image  de  Mé- 
tlufe  que  Persée  ,  difoient-ils ,  y  avoit  fuspendue  à  une 
colonne.  Etienne  le  Géographe  donne  une  autre  éty- 
mologie  plus  fabuleufe  encore  ,  mais  également  fondée 
iur  le  motlcon,  une  image.  Elle  s'aggrandit,  fans  doute, 
peu  après  ;  car  dans  les  Aftes  des  Apôtres,  c.  14,  v.  I, 
nous  liions  qu'il  y  avoit  une  grande  multitude  de  Juifs 
ck  de  Grecs.  Cela  s'accorde  avec  ce  que  dit  Pline,  /.  <;, 
c.  27,  que  c'étoit  de  (on  tems  une  ville  célèbre.  Elle  fut 
épiscopale  de  bonne  heure.  Hierocles  ck  les  autres  au- 
teurs des  Notices  épiscopales ,  la  nomment  métropole. 
Xénophon  ,  dans  la  Cyropcedie  ,  /.  1 ,  la  met  dans  la 
Phrygie  ,  à  l'exrrémité  ck  aux  confins  de  la  Lycaonie. 
Elie  a  été  la  conquête  des  Turcs  ck  la  capitafe  de  leur 
empire  ,  avant  qu'ils  eufient  pafle  en  Europe.  C'eft  pré- 
fentement  la  capitale  d'un  très-grand  gouvernement. 
Voyez  Cogni  qui  eft  le  nom  moderne. 

ICOSIUM,  ancienne  ville  de  la  Mauritanie  Céfa- 
riense  ,  félon  Ptolomée,  /.  4,  c.  2.  Pline,  /.  5,  c.  2, 
dit  que  Vespafien  donna  à  cette  ville  le  droit  de  ville 
latine.  Antonin,  Itiner.  la  met  entre  Cafœ,  Calventi  ck 
Rusguniœ,  colonie  à  XXXII.  M.  P.  de  la  première,  ck 
à  xv.  m.  P.  de  la  féconde.  Cet  auteur  la  traite  de  co- 
lonie auffi-bien  que  Martianus  Capella,  /.  6,  c.deA/ric. 
Elle  étoit  épiscopale,  ck  fon  évêque  Laurent  ,  député 
de  la  province  au  concile  de  Carthage,  tenu  l'an  419, 
y  eft  qualifié  Laurentius ,  Icofitanus  ,  Ugatu's  Maurita- 
nia  Cejarienjîs.  On  voit  auffi  dans  la  Notice  d'Afrique, 
Victor  Icojnanus ;  car  c'eft  ainfi  qu'il  faut  lire,  ck  non 
pas  Leofitanus ,  comme  portent  quelques  exemplaires 
vicieux.  Solin,  c.  25  ,  £.48,  ci.  Salmaf.  dérive  ce 
nom  du  nombre  de  fes  fondateurs.  Il  dit  que  comme 
Hercule  pailoit  par-là,  vingt  hommes  de  fa  fuite,  quil'a- 
voient  quitté,  choifirent  ce  lieu,  y  bâtirent  une  ville; 
ck  afin  de  ne  point  caufer  de  jaloùfie  en  lui  donnant  le 
nom  de  quelqu'un  d'entr'eux,  ils  convinrent  de  l'ap- 
peller  d'un  mot  ,  qui  lignifie  le  nombre  de  vingt. 
En  effet  e'/kow  ,  veut  dire  vingt.  Mais  l'étymologie  n'en 


IDA  453 

eft  pas  moins  fabuleufe  ,  &  le  P.  Hardouin  a  raifort 
de  s'en  moquer  ;  il  ajoute  que  c'eft  préfentement  AL- 
GER ou  quelqu'autre  lieu  voifin. 

ICTA.  Voyez  Vectis  &  Wight. 

ICTOMULUM  ck  Ictumulum.  Voyez  LaumeL- 
lum. 

ICTRORUM.  Le  P.  Hardouin  met  un  fiége  épisco- 
pal  de  ce  nom ,  dans  l'Afie  mineure.  Méthodius  en  a 
été  évêque  ;  mais  on  ne  fçait  dans  quel  lieu  de  l'Ane 
étoit  fitué  cet  évéché.  *  Harduin.  Colleft.  conc. 

ICULISMA ,  nom  latin  d'ANGOULÊME  ,  pour  In- 
culisma.   Voyez  Angoulême. 

ICUS  ,  ifte  de  l'Archipel  ,  ck  l'une  des  Cyclades , 
auprès  de  l'Euboée  ,  feion  Etienne  ,  vis-à-vis  de  la  Ma- 
gnéfie;  félon  Strabon,  /.  9,  p.  436.  Tite-Live,  /.  31, 
c.  145  ,  ck  Appien  en  font  auffi  mention.  Elle  eft  la  - 
plus  orientale  des  trois  ifles  qui  font  auprès  de  Sciatta , 
au  nord  de  Négrepont.  Phanodeme  la  nomme  IciUS, 
au  rapport  d'Etienne  le  Géographe. 

1.  IDA , 'montagne  d'Ane  ,  dans  la  Troade  ,  ck  la 
plus  haute  de  tout  l'Hellespont ,  au  rapport  de  Diodore 
de  Sicile.  Ce  n'eft  pas  une  feule  montagne  ,  mais  un 
amas,  une  chaîne  de  montagnes,  qui  s'étendoit  depuis 
Zéléia ,  qui  étoit  du  territoire  de  Cyzique  ,  jusqu'au 
promontoire  Leclum  ,  à  l'autre  extrémité  de  la  Troade. 
Ida  avoit  plufieurs  lommets  ;  de-là  vient  qu'Homère  , 
Ihad.  a.  v.  170,  M.  v.  19  &  153  ,  a.  v.  196,  e-  v.79, 
&  pajpm  ,  fe  fert  fouvent  de  cette  expreffion  ,  les  mon- 
tagnes d'Ida.  Virgile,  JEneid.  I.  3,  v.  5,  dit  de  même: 

Claffemque  fui  ipsd 
Antandro  &  Phrygiœ.  molimur  montibus  Idœ. 

Et  Strabon,  /.  13,  pojlinit.  qui  trouve  que  le  mont  Ida 
regardé  à  vol  d'oiieau  ,  a  la  figure  d'une  fcopolendre  , 
regarde  comme  autant  de  pieds  les  montagnes  contiguës 
qu'il  a  d'un  côté  &  de  l'autre. 

Chacune  des  parties  de  ces  montagnes,  outre  le  nom 
général  d'Ida  avoit  un  nom  particulier ,  comme  Garga~ 
ra ,  qui  ,  félon  Hefvche,  lignifie  un  des  fommets  de  l'I- 
da ,  fck  qui  étoit  voifin  de  la  ville  de  Gargara  &  de  celle 
d'Antandre,  fur  le  golfe  d'Adramytte.  Phalacrœ  en  étoit 
une  autre  partie,  félon  Etienne,  qui  ajoute  qaePhalacra. 
étoit  un  nom  commun  à  toutes  les  montagnes  élevées.  Le 
fcholiafte  de  Lycophron  dit  beaucoup  mieux  ,  que  le 
mont  Ida  s'avance  par  quatre  branches  vers  la  mer,  &C 
que  de  ces  quatre  promontoires  il  en  avoit  un,  nommé 
Phalacra.  La  principale  partie  du  mont  Ida  eft  comme 
au  milieu  de  ces  diverfes  branches  ,  ck  c'eft  le  mont  Ida 
proprement  dit. 

Le  mont  Ida ,  pris  dans  toute  fon  étendue  ,  eft  un  de 
ces  grands  réfervoirs  d'eau  que  la  nature  a  formé  ,  pour 
fournir  les  eaux  aux  rivières.  De  celles-là  quelques-unes 
tombent  dans  la  Propontide,  comme  l'jEfepe  &  le  Gra- 
nique  ;  d'autres  dans  l'Hellespont,  comme  les  deux  entre 
lesquelles  la  ville  d'Abydos  étoit  lituée ,  le  Ximoïs ,  le 
Xante ,  qui  fe  joint  avec  l'Andrius  ;  d'autres  enfin  vont 
fe  perdre  au  midi  ,  dans  le  golfe  d'Adramytte ,  comme 
le  Satnioeïs  &  le  Cilée.  Ainfi  Horace  ,  /.  3  ,  od.  20, 
verf.  ult.  a  eu  raifon  d'appeller  l'Ida  aquatique  ,  lors- 
qu'il dit  de  Ganymede  : 

Aquosà 
Raptus  ab  Ida. 

2.  IDA ,  montagne  de  Crète  ,  au  milieu  de  l'ifle. 
Virgile,  Ainceid.  I.  3  ,  v.  104,  l'appelle  mons  Idceus. 

Creta  Jovis  magnl  medio  jacet  insula  Ponto  , 
Mons  Idxus  ubi ,  &  gentis  cunabula  nojlm. 

Ces  derniers  mots  font  fondés  fur  une  ancienne  opinion, 
félon  laquelle  les  Cretois  du  mont  Ida  paflerent  en  Phry- 
gie ,  &£  donnèrent  le  nom  à' Ida ,  aux  montagnes  qu'ils 
y  trouvèrent.  Ce  devroit  être  tout  le  contraire;  &  il  eft 
à  croire  que  le  continent  a  été  peuplé  avant  les  ifles. 
Cet  Ida  de  Crète  eft  préfentement  nommé  Monte 
Giove.  Pomponius  Mêla,  /.  2,  c.  7,  dit  que  cette 
montagne  eft  plus  fameufe  que  les  autres  de  l'ifle,  à 
caufe  de  la  tradition  ,  félon  laquelle  Jupiter  y  étoit  né. 
Strabon ,  /.  iq  ,  parlant  de  la  même  montagne ,  dit  :  au. 


464 


IDA 


IDR 


milieu  de  l'ifle  qui  eft  très-large ,  il  y  a  le  mont  Ida  le 
plus  haut  de  tous  ceux  qui  font  dans  l'ifle ,  ck  qui  a  foi- 
xante  ftades  de  tour.  Il  eft  environné  de  villes  fameu- 
fes.  Nous  avons  vu,  dans  l'article  précédent ,  que  Dio- 
dore  de  Sicile  attribue  à  l'Ida  de  l'Ane  mineure,  l'in- 
vention du  fer.  Héfiode  l'attribue  à  l'Ida  de  Crète ,  au 
rapport  de  Pline,  /.  2,  c.  56. 

Le  nom  Ida  vient  du  grec  'Un,  qui  vient, lui-même, 
de  'MViV  ;  qui  lignifie  voir,  parce  que  de  deffus  ces  mon- 
tagnes ,  qui  font  fort  élevées ,  la  vue  s'étend  fort  loin. 

3 .  IDA,  baronnie  d'Irlande,  dans  la  province  de  Leins- 
ter.  C'eft  une  des  onze  qui  compofent  le  comté  de  Kil- 
kenny.  *  Etat  préfent  de  l'Irlande,  p.  41. 

IDACENS1S.  Voyez  Idassensis. 

IDACUS ,  en  françois  Idaque  ,  lieu  de  la  Cherson- 
nèfe  de  Thrace  ,  fur  l'Hellespont ,  félon  Thucydide , 
/.  8  ,  vers  la  fin,  qui  dit  que  les  Athéniens  voulant  don- 
ner un  combat  naval,  s'étendirent  le  long  de  la  Cher- 
fonnèfe  ,  depuis  Idacus  jusqu'aux  Arrhianej,  avec  qua- 
tre-vingt-fix  galères  ,  &  les  Peloponnéfiens  depuis  Aby- 
dos  jusqu'à  Dardanus. 

IDjEUS  Sinus  ,  le  golfe  d'Ida,  c'eft  le  même 
que  le  golfe  d'Adramytte. 

IDALIS  Tellus.  Lucain ,  Pharfal.  I.  3  ,  appelle 
ainfi  la  Troade. 

Myflaque  &  gelido  tellus  perfufa  Caico  , 
Idalis   &  nimiùm  glebis  exilis  Arisbe. 

Comme  le  Caïque  eft  dans  la  Myfie ,  ck  plus  particuliè- 
rement dans  l'j£olide,  quelques  auteurs,  ck  entr'autres, 
Ortélius ,  fe  font  foulevés  contre  ce  mot  Idalis  ,  ck  ont 
cru  qu'il  falloit  lire  JEolis  ;  ck  le  nouvel  éditeur  de  Lu- 
cain ne  condamne  pas  ce  fentiment,  quoiqu'il  n'ait  fait 
aucun  changement  dans  le  texte.  Idalis  veut  dire  le  pays 
du  mont  Ida. 

IDALIUM ,  ville  de  l'ifle  de  Cypre.  Elle  avpit  été 
consacrée  à  la  déeffe  Venus  ,  ck  ne  fubfiftoit  déjà  plus 
du  tems  de  Pline,  /.  5  ,  c.  31.  Virgile,  JEneïd.  I.  1, 
v.  684,  parle  aufïï  de  cette  ville  ,  &k  fait  dire  à  Venus, 

Hune  ego  fopitum  fomno  ,  fuper  alto.  Cythera  , 
Aut  fuper  Idalium  ,  facraiâ  fede  recondam. 

Il  y  avoït  une  ville  ck  un  bois  de  mêmenom,  confacrés 
à  la  même  divinité.  Les  grammairiens  ,  comme  le  re- 
marque Bochart,  Geogr.facr.  2.  part.  I.  1 ,  c.  3,/.  373, 
éd.  CJadom.  fe  font  divertis  à  trouver  une  étymologie 
hiftorique  de  ce  nom.  Ils  ont  fuppofé  qu'il  vient  d'un 
jnot  qui  fignifie  fai  vu,  ck  d'un  autre  qui  fignifie  le  fo- 
leil.  Si  on  les  en  croit,  un  oracle  ordonna  à  Chalcenor 
de  bâtir  une  ville  au  lieu  où  il  verroit  le  foleil  levant, 
&  qu'un  de  fes  compagnons  s' étant  écrié ,  J'ai  vu  le  fo- 
leil, conformément  à  ce  nom ,  on  bâtit  Se  on  nomma 
la  ville.  Bochart  trouve  cette  étymologie  défectueufe. 
La  féconde  fyllabe  devroit  être  longue  ,  fi  elle  avoit  cette 
origine,  &  elle  eft  brève.  Il  aime  mieux,  croire  que 
le  mot  Idalium  eft  Phénicien,  ck  vient  de  n?N"V  lidala 
ou  Dala  ;  il  y  avoit  une  ville  de  ce  nom  dans  la  tribu 
de  Zabulon.  Jofué,  c.  19,  v.  15  ;  S.  Jérôme  ,  in  Locis 
hebr.  écrit  Jadela,,  comme  fi  ce  mot  étoit  formé  de 
deux ,  T  jad  ck  TPii  ela ,  Jad-Ela  ,  de  mot  à  mot  le 
lieu  de  la  déeffe  ,  c'eft-à-dire  le  lieu  confacré  à  Venus. 
Cette  ville,  détruite  dès  le  tems  de  Pline ,  comment 
peut-elle  fubfifter  aujourd'hui  fous  le  nom  de  Bourg- 
Dalim ,  comme  le  veut  Lufignan  dans  fon  Hiftoire  de 
Cypre  ? 

1.  IDANHA-VELHA^eft-à-dire/^Aa/a  Vieille, 
ville  de  Portugal ,  fur  la  rivière  de  Ponsul ,  dans  la  pro- 
vince de  Beira  ,  à  l'orient  des  montagnes  qui  féparent 
cette  province  du  royaume  de  Léon.  Elle  avoit  autrefois 
un  évêché  ,  dont  le  fiége  a  été  transféré  à  Guarda.  On 
croit  que  c'eft  l'ancienne  Igadita.  Voyez  IgediTjE. 

2,  IDANHA  LA  Nueva,  c'eft-à-dire  Idanha  la 
neuve  ,  petite  ville  de  Portugal  ,  dans  la  province  de 
Beira ,  au  fud-oueft  de  la  Vieille ,  ck  à  deux  lieues  de 
diftance  ,  fur  une  côte  au  pied!  de  laquelle  coule  la 
même  rivière  qui  pane  à  la  vieille  ville. 

1.  IDARA,  ville  de  la  Céléfyrie  ,  félon  Ptolomée, 
/.  5,  c.  15.  Ses  interprètes  lifent  Gadara, 


2.  IDARA  ,  ville  de  l'Arabie  heureufe  ,  félon  le 
même.  D'autres  exemplaires  portent  Irala. 

1DASSENSIS ,  fiége  épiscopal  d'Afrique  dans  la  By- 
zacene.  LaNotice  d'Afrique  fournit  Adeodatus  Idaffenfïs ; 
ck  la  conférence  de  Carthage  ,  parle  de  Rogadanus. 
*  Harduin.  Colleft»  conc. 

IDEA,  petite  ville  d'Afie,  fur  le  mont  Sipyle.  Elle 
fut  abîmée  par  un  tremblement  de  terre  ;  ck  en  fa  place 
il  fe  forma  un  lac  que  l'on  nomma  SaloÉ,  félon  Pau- 
fanias,  /.  7.  Strabon  nomme  cette  ville  Id.ïa.  Voyez 
Salé. 

1 .  &  2.  IDENSIS  :  il  y  avoit  en  Afrique  dans  la  Mau- 
ritanie Céfarienfe  deux  villes  de  ce  nom  ,  &  toutes  deux 
épiscopales.  La  notice  d'Afrique  fournit  pour  évêques 
contemporains  Subitanus  Iden(is  ck  Idicianus  Idenfis. 
Il  ne  faut  pas  confondre  ces  deux  fiéges  avec  un  troi- 
fiéme  de  la  même  province  nommé  Itenfis  dont  l'évê- 
que  Lucius  eft  nommé  dans  la  même  province. 

IDEONITERRA,  contrée  du  peuple  Taurini ,  qui 
faifoit  partie  de  la  Ligurie.  Elle  étoit  voifine  du  pays 
nommé  Cottii  Terra ,  6k  par  conféquent  des  Alpes  Cot- 
tiennes.  *  Strabon ,  1. 4  ,  p.  204. 

IDESSA,  ville  aux  confins  de  l'Iberie  ck  de  la  Col- 
chide.  C'eft  la  même  que  la  ville  de  Phryxus.  Voyez 
Phrixium. 

1.  IDETES  ,  ancien  peuple  de  l'Iberie  ,  félon  Etienne 
le  Géographe,  Elïmts. 

2.  IDETES.  Voyez  Gletes. 

1.  IDICARA,  ville  de  la  Babylonie,  félon  Ptolo- 
mée ,  /.  5  ,  c.  20.  Elle  étoit  auprès  de  l'Euphrate. 

2.  IDICARA ,  ou  Adicara  ,  ville  de  l'Arabie  dé- 
ferte,  félon  Ptolomée,  /.  5  ,  c.  19. 

IDICRA ,  ancienne  ville  d'Afrique ,  dans  la  Numi- 
die  ,  entre  Mileum  &  Cuiculi ,  à  vingt-cinq  mille  pas  de 
l'une  &  de  l'autre ,  félon  l'Itinéraire  d'Antonin.  Simler, 
Bertius  ck  Ortélius  ont  cru  qu'elle  étoit  de  la  Maurita- 
nie Céfarienfe  ;  mais  c'eft  une  erreur.  Cuiculi  étoit  de  la 
Numidie ,  ck  ce  qui  décide  la  queftion  ,  c'eft  que  la  No- 
tice episcopale  d'Afrique  met  entre  les  évêques  de  la 
Numidie  Victor  Cuiculitanus  ck  Palladius  Idicrenfis .  Cela 
eu  fans  réplique.  On  trouve  de  même  dans  la  Conférence 
de  Carthage  Martianus  episcopus  Idicrenfis.  Saint  Op- 
tât ,  de  Schism.  Donat.  1.  2,  p.  42.  éd.  Dupin.  dit  for- 
mellement qa'Idicra  étoit  en  Numidie.  Quid  comme- 
morem  Tipafam  Cœfarienfes  Mauritanie^  civitatem ,  ad 
quam  deNumidiâUrbanus  Formenjis  &  Félix  Idicrenfis, 
duœfacu-lœ ,  incenfœ  livoribus  concurrerunt  ? 

IDII ,  ville  d'Afrique  ,  félon  l'auteur  de  la  vie  de  faiçit 
Fulgence ,  cité  par  Ortélius  ,  Thefaur. 

IDIS ,  ville  dont  Euphrates  étoit  évêque  au  concile 
de  Chalcedoine ,  félon  le  même.  *  Ortél.  Thef. 

IDIST  AVIS  US,  campagne  de  la  Germanie,  entre 
le  "Wefer  ck  les  Collines,  félon  Tacite,  Annal.  I.  2. 
(  IDITHYA ,  ville  d'Egypte  ,  où  Plutarque  ;  in  Ifidet 
écrit  quej'on  brûloit  autrefois  des  hommes  tous  vifs; 
Ortélius  croit  qu'il  faut  lire  ILITHYIA. 

IDOMENjÉ,villede  Grèce,  dar>s  la  Macédoine,  félon 
Thucydide  ,  /.  2  ,  ck  Etienne  le  Géographe.  Pline ,  /.  4  , 
c.  to,  en  nomme  les  habitans  Idomenenses.  Ptolo- 
mée, place  IdOMENE,  'iJbuîvn,  dans FEmathie,  con- 
trée de  la  Macédoine  ,  &  la  notice  de  Hierocles 
la  met  entre  les    villes  épiscopales  de  la  Macédoine 

IDOTHEjE  Spécula.  Voyez  Pharos. 

IDRA, bourg  de  Suéde,  dans  laDalécarlie,  à  l'orient 
du  Dala  occidental ,  près  de  l'endroit  où  il  reçoit  les 
eaux  du  lac  Famunn  ;  il  k  au  couchant  ck  au  midi  de 
hautes  montagnes.  Baudrand ,  éd.  1705  ,  dit  que  eft  une 
ville  fans  murailles ,  capitale  de  la  Ûalécarlie.  Cette  pro- 
vince n'a  point  de  villes ,  mais  quelques  fimples  bourgs 
ck  des  villages. 

IDRA ,  n'eft  point  capitale  de  la  Dalécarlie  ;  c'eft 
Fahlum.  Il  n'y  a  point  de  lac  appelle  Famunn.  On  a 
voulu  dire  le  lac  Rund,  ou  Roun. 

IDR^E ,  peuple  ancien  de  la  Sarmatie  ,  en  Europe , 
félon  Ptolomée,  /.  3,  c.  5.  Il  les  fait  voïtins  deslbions, 
ou  Ubions. 

IDRIA,  ville  d'Allemagne,  dans  le  Frioul,  au  comté 
de  Goritz,  dans  les  terres  de  l'empereur.  Voici  de  quelle 
manière  en  parle  Edouard  Brovn,  voyageur  Anglois ,  qui 
y  a  paffé.  La 


IDPv 


La  ville  d'Idrîa  eft  entourée  de  montagnes  de  tous 
tôtés.  Il  y  a  une  rivière  de  même  nom  ,  qui  en  pane 
tout  proche,  &  queLéandre  appelle,  fuperbifjîmo  fume 
d'Idriaj  quoi  qu'il  en  dife  ,  je  la  trouvai  fort  petite; 
il  eft  feulement  confiant  que  fi-tôt  qu'il  fait  la  moindre 
pluie  ,  elle  s'augmente  confidérablement ,  &C  qu'elle  a 
affez  d'eau  pour  emporter  les  fapins  ,  &toutes  fortes  d'au- 
tres bois  dont  on  a  befoin  pour  bâtir  les  mines,  & 
faire  le  feu  qui  y  aft  néceffairç.  Ce'qu'il  y  a  de  plus  beau 
à  voir  dans  cette  ville ,  ce  font  les  mines  de  vif-argent. 
Tous  les  pays  voifms,  auffi  bien  que  les  plus  éloignés, 
en  reçoivent  beaucoup  de  profit.  *  Edouard  Brown , 
Voyage  de  Vienne  ,  p.  186  ,  &  fuiv. 

L'entrée  de  cette  mine  n'eft  point  élevée,  elle  eft 
dans  la  ville  même ,  8c  c'eft  ce  qui  fait  que  les  habi- 
tans  feraient  fouvent  inondés,  s'ils  n'avoientpas  inventé 
des  machines  pour  fe  debarraffer  de  l'eau. 

Cette  mine  n'a  pas  plus  denoou  130  braffes  de  pro- 
fondeur. On  en  tire  de  deux  fortes  de  vit-argent.  La  pre- 
mière s'appelle  Jungfraw  ,  c'eft-à-dire  du  vif-argent 
vierge,  &  l'autre  du  fimple  vif-argent. 

On  appelle  vif-argent  virginal,  celui  qu'il  n'eft  point 
néceffaire  de  faire  paffer  par  le  feu ,  &C  que  l'eau  feule 
eft  capable  de  féparer  par  le  moyen  premièrement  d'un 
crible  ,  &c  enfuite  d'un  grand  auge ,  au  bout  duquel 
il  y  a  quelques  petits  trous  ;  de  forte  qu'il  y  a  en  quel- 
que manière  de  deux  fortes  de  mercure  virginal ,  l'un 
qui  fe  découvre  foi-même  fans  aucune  peine  ,  &C  l'autre 
qu'il  faut  un  peu  nettoyer  &  purifier,  quoiqu'il  n'y  faille 
par  tant  de  ttavail  que  fi  on  le  mettoit  dans  le  feu. 

'  Ils  appellent  vif  argent  Jîmpk  ,  celui  qu'on  ne  peut 
point  connoître  au  commencement,  fans  le  faire  paffer 
par  le  feu.  C'eft  celui  qu'ils  ont  la  peine  de  tirer  de  la  mine 
ou  du  cinabre  naturel  du  mercure.  Ce  qu'ils  tirent  de 
la  mine  eft  d'une  couleur  brune,  un  peu  rouge  ;  mais  le 
meilleur  eft  une  pierre  affez  dure ,  qu'ils  ne  mettent  pas 
auffi-tôt  dans  le  feu ,  mais  qu'ils  réduifent  premièrement 
en  poudre  ,  8c  qu'ils  font  enfuite  paffer  par  un  crible  , 
afin  que  s'il  y  a  par  hazard  quelque  peu  de  vif  argent 
virginal ,  il  puiffe  par  ce  moyen  fe  féparer  du  refte.  Mais 
ce  qui  ne  paffe  point  au  travers  du  crible  ,  il  le  faut  mettre 
dans  le  feu  dans  des  fournaifes  de  fer,  Se  le  féparer,  ou 
plutôt  le  purifier  de  cette  manière. 

Le  vif-argent  qu'on  tire  de  cette  mine  eft  le  plus  riche 
■de  tous  les  métaux  que  j'aie  jamais  vus;  car  il  y  a  ordi- 
nairement la  moitié  de  vif-argent ,  c'eft-à-dire  de  deux 
livres  une  ;  quelquefois  même ,  lorsqu'on  en  tire  un  mor- 
ceau qui  pelé  trois  livres,  on  en  trouve  encore  deux, 
après  qu'il  eft  raffiné. 

Je  descendis  dans  cette  mine  par  le  puits  de  fainte 
Agathe  &  remontai  par  celui  de  fainte  Barbe  ;  &  ce 
fut  par  des  échelles.  Je  montai  par  une  qui  avoit  qua- 
tre-vingt-neuf braffes  de  long.  Le  P.  Kirker  fait  une 
description  fi  épouvantable  de  cette  mine  dans  fon 
Mundus  Subterraneus ,  que  cela  eft  capable  de  faire  per- 
dre courage  à  ceux  qui  auroient  envie  d'y  descendre; 
ce  qui  me  fait  douter  s'il  a  jamais  entré  dans  quelqu'autre 
mine  que  ce  foit ,  dans  laquelle  il  fallut  descendre  par  des 
échelles. 

Dans  un  endroit  où  l'on  travailloit  à  purifier  le  vif- 
argent  par  le  moyen  du  feu ,  ie  vis  feize  mille  barres  de 
fer,  qu'on  avoir  achetées  un  ecu  la  pièce  dans  les  meil- 
leures forces  de  la  Carinthie.  On  fe  fert  auffi  djks  cette 


is  les  r 
dans, 
r  tout- 


mine  quelquefois  de  huit  cens  barres  de  fer  tôut-à-Ia- 
fois  pour  accommoder  le  vif-argent  dans  feize  fournai- 
fes; &  on  en  met  cinquante  dans  chaque  fournaife, 
vingt-cinq  de  chaque  côté ,  douze  deffus  Se  treize  au- 
deffous. 

Ils  emportèrent  pendant  que  j'étois  dans  ce  pays ,  c'eft- 
à-dire  le  douzième  de  Juin  1669  ,  quarante  îacs  de  vif- 
argent  dans  les  nays  étrangers.  Chaque fac  pefoit  trois 
cents  quinze  livres ,  qui  valent  quarante  mille  ducats  ;  Se 
quoiqu'on  ait  de  la  peine  à  porter  ces  fortes  demuchan- 
difes,  parce  qu'on  eft  obligé  de  les  mettre  fur  des  chevaux, 
deux  petits  barils  fur  chacun ,  cependant  on  en  envoie 
jusqu'à  Chremnitz  en  Hongrie, pour  s'en  fervir  dans  cette 
mine  d'or  ;  Se  on  en  porte  auffi  quelquefois  en  Suéde , 
auffi-bien  que  dans  tous  les  pays  les  plus  éloignés. 

Je  vis  dans  le  château  trois  mille  facs  de  vif-argent 
purifié  ;  &  il  y  en  avoit  encore  dans  une  autre  maifon  , 
autant  qu'ils  en  avoient  pu   purifier  pendant  deux  ans. 


IDU  461 

On  écrit  fur  un  regiftre  le  nom  de  tous  les  étrangerss 
qui  viennent  voirie  château  d'Idria,avec  le  pays  d'où  ils 
font  :  le  nombre  en  eft  fort  grand  ;  mais  il  y  a  fort  peu 
d  Anglois.  Cette  ville  paro'it  fort  agréable  aux  étrangers , 
parce  qu'étant  frontière  &  fituée  fur  les  confins  de  plu- 
sieurs royaumes,  on  y  parle  plufieurs  langues. Je  remar- 
quai que  les  officiers,  &  tout  ce  qu'il  y  a  de  gens  un 
peu-  au-deftus  du  commun ,  croient  que  ce  leur  eft  un 
grand  honneur  de  parler  Schlavon ,  Allemand ,  La- 
tin ,  Italien ,  Se  même  François ,  quoique  cette  langue 
n'y  foit  pas  fi  eftimée  ni  fi  recherchée  que  toutes  les 
autres. 

La  ville  d'Idria  n'eft  ni  du  comté  de  Goritz  ,  ni  dans 
le  Frioul.  Hubner  ,  &  nos  meilleures  Cartes  la  placent 
dans  la  haute  Carniole. 

IDRï  AS ,  ville  de  la  Carie  ;  Etienne  qui  la  nomme  ail- 
leurs Adrias,  dit  qu'on  lanommoit  anciennement  Chry- 
SAORIS.  Le  même  affure  encore  ailleurs  qu'HÉCA- 
TÉSIE  en  Carie  ,  étoit  appellée  Idrias.  En  fuppofane 
qu'il  n'y  a  rien  de  corrompu  dans  ces  paffages,  fi  on 
leur  joint  ce  que  dit  Paufanias,  /.  5  ,  c.  21 ,  que  la  villa 
Se  le  pays  de  Stratonicée  avoient  eu  le  nom  de  Chry 
faoris ,  il  en  réfultera  que  Idrias,  Hecatesie  ,  Stra- 
tonicée Se  Chrysaoris  font  des  fynonymes  6c 
fignifient   une  même  ville. 

IDRINUM  ,  en  latin  ou 

IDRO,  en  italien ,  petite  ville  d'Italie,  dans  l'état  de 
la  république  de  Vemfe ,  au  Breffan  ,  fur  le  lac  d'Idro  , 
8c  versles^ frontières  du  Tirol.  *Baudrand,  éd.  1705. 

Lac  d'IDRO  (le)  petit  lac  d'Italie ,  dans  le  terri- 
toire du  Breffan  ,  proche  d'Idro ,  qui  lui  donne  le  nom  , 
fur  la  frontière  du  Tirol ,  qui  le  borde  même  au  nord. 
Il  eft  traverfé  par  la  rivière  de  Chiefe ,  ck  n'a  que  qua- 
tre à  cinq  milles  d'étendue. 

IDRONE ,  baronnie  d'Irlande ,  dans  la  province  de 
Leinfter.  C'eft  une  des  cinq  qui  compofent  le  comté  de 
Caterlagh.  *  Etat  préfent  d' Irlande  ,  p.  36. 

IDSTEIN  ,  bourg  d'Allemagne,  dans  la  Vétéra- 
vie ,  dans  l'état  de  la  maifon  de  Naffau ,  dont  une  des 
branches  y  fait  fa  refidence  ,  8c  en  porte  le  nom. 

IDSU ,  province  du  Japon  ,  dans  la  partie  de  Too- 
kaido.  Voyez  l'article  du  Japon. 

IDSUMI,  province  du  Japon  ,'  dans  les  revenus  im- 
périaux. Voyez  l'article  du  Japon. 

IDSUMO,  province  du  Japon,  dans  la  contrée  de, 
Sanindo.  Voyez  l'article  du  Japon. 

IDUACAL.  Voyez  Aiduacal. 

1.  IUUBED A,  montagne  d'Espagne ,  félon  Strabon, 
/.  3  ,  p.  161  ;mais  ce  qu'il  en  dit  eft  très  obscur,  8c  n'eft 
guères  propre  à  déterminer  l'étendue  &  la  fituation  de 
cette  montagne.  Ptolomée  l'étend  du  nord  au  fud,  à  l'oo 
cident  Se  à  quelque  diftance  de  l'Ebre.  Cela  s'accorde 
avec  ce  que  dit  Mariana,  Hifi.  1. 1.  c.  3  ,  que  l'Idubeda 
empêche  l'Ebre  de  couler  vers  l'occident.  Un  peu  au- 
deffous  de  Moncaio  ,  ajoute  cet  hiftorien,  l'Arospeda 
fortantde  l'Idubeda  ,  a  d'abord  peu  de  hauteur;  mais  en- 
fuite  il  s'élève,  &e.  Je  ne  pourfuis  point  le  refte  de  la  des- 
cription ,  parce  qu'elle  regarde  l'Orospeda ,  dont  je  parle 
en  fon  lieu. 

Baudrand  donne  une  étendue  bien  différente  à  l'Idu- 
beda ,  puisqu'il  le  conduit  depuis  les  Pyrénées  jusqu'au 
Portugal,  au  travers  de  la  Biscaye,  de  l'Alaba,  de  la 
Caftille-Vieille ,  de  la  Caftille-Neuve  ,  du  royaume  de 
Léon ,  Se  enfin  de  celui  de  Portugal.  Selon  lui ,  il  prend 
divers  noms ,  félon  les  pays  où  il  eft  ;  &C  il  comprend 
los  montes  Segura  ,  los  montes  de  Alcoffua ,  los  montes 
eTOcca  , la  Sierra  la  Hi[  ,  la  Sierra  d't/rbion ,  laSierr* 
d'Atiença ,  &  Somojierra ,  la  Sierra  d'Avila  ,  los  mon- 
tes de  Toledo  ,  la  Sierra  de  Pico ,  la  Sierra  de  Tor- 
navaccas ,  Se  la  Sierra  de  Galta.  Baudrand  ne  fait  en 
cela  que  fuivre  le  fentiment  d'Olivarius  commentateur 
de  Pomponius  Mêla ,  qui  donne  à-peu-près  cette  fuite 
de  la  chaîne  qu'il  comprend  fous  le  nom  Sldubeda. , 
&C  qui ,  félon  lui ,  commence  aux  Pyrénées  ,  Se  finit  a» 
cap  de  Portugal  ,  nommé  monte  délia  Strella,  Mais 
ce  n'eft  point  là  l'Idubeda  de  Ptolomée ,  ni  celui  dç 
Strabon. 

2.  IDUBEDA,  rivière  d'Espagne,  dans  l'Edetanie  , 
félon  quelques  éditions  de  Pline  ,  /.  3  ,  <:.  3.  Celle  du  P. 
Hardouin  rétablit  UDUBA.  Pintianus  avoit  déjà  averti 
qu'où  lifoit  ainiî  dans  les  manuscrits.  Le  P.  Hardouin  dit 

Joint  III.     Nnn 


±66  IDU 

que  c'eft  MoRVEDRO  qui  paffe  àSegorbe.Tarapha,  cité 
par  Ortélius  ,  prend  ce  nom  pour  une  ville  qu'il  croit 
être  la  ville  d'Ubeda.  Pline  parle  d'une  rivière  ,  cknon 
à'une  v'ûle.Flumenl/Jubeda. 

IDUMANIA ,  rivière  d'Angleterre ,  Eifvuanix.  Pto- 
lomée  la  met  dans  fa  partie  orientale  ;  Ortélius  a  cru  que 
c'étoit  laSTONE;  mais  Cambden,  Britann.  croit  que 
c'eft  la  même  que  BLACKWATER. 

IDUMÉE  ,  pays  d'Ane,  aux  confins  de  la  Paleftine 
&  de  l'Arabie.  Elle  tire  Ion  nom  d'EDOM  ou  Efaii,  . 
qui  y  établit  fa  demeure.  Il  s'établit  d'abord  dans  les 
montagnes  de  Seïr,  dans  le  pays  des  Horréens ,  à  l'orient 
&  au  midi  de  la  mer  Morte  ;  ck  fes  descendans  dans  la 
fuite  fe  répandirent  dans  l'Arabie  pétrée ,  &£  le  pays  qui 
eft  au  midi  de  la  Paleftine  ,  entre  la  mer  Morte  Se  la 
Méditerranée.  Il  arriva  même  que  ,  durant  la  captivité 
de  Babylone ,  &c  dans  les  tems  où  la  Judée  étoit  presque 
abandonnée ,  ils  fe  jetterent  dans  les  terres  du  midi  de 
Juda,ck  s'avancèrent  jusqu'à  Hébron.  Aïnfi,en  parlant 
de  l'Idumée ,  il  faut  exactement  diftinguer  les  tems.  Du 
tems  de  Moife  &  de  Jofué,  ck  même  fous  les  rois  de 
Juda  ,  les  Iduméens  étoient  refferés  à  l'orient  ck  au  midi 
de  la  mer  Morte ,  dans  le  pays  de  Séïr  ,  tirant  vers  le 
golfe  Elanitique.  Dans  la  fuite  l'Idumée  s'étendit  plus 
au  midi  de  Juda.  La  ville  capitale  de  l'idiimée  orientale 
étoit  Bosra  ,  fituée  vers  Edraï  ,  &  la  capitale  de  l'Idumée 
méridionale  étoit  Para  ou  Jeftaël.  Nous  ne  fommes,  dit 
D.  Calmet,  ni  les  feuls,  ni  les  premiers  ,  qui  ayons 
diftingué  ces  deux  pays  d'Idumée  ,  l'un  oriental  K  l'autre 
méridional ,  par  rapport  à  la  Paleftine  ;  Strabon  ,  Brocard, 
ck  Bonfrere  ,  Andnchomius  ,  Torn;el ,  &  quelques  au- 
tres les  ont  de  même  fort  bien  diftingués.  Voyez  Seïr. 
*£).  Calma,  D\â. 

IDUMÉENS ,  peuples  descendus  d'Edom  ou  d'Efaii , 
filsd'Ifaac,  ck  frère  aîné  de  Jacob.  Les  Iduméens  eurent 
des  rois  affez  long-tems  avant  que  les  Juifs  en  euflent  (a). 
Ils  furent  premièrement  gouvernés  par  des  chefs  ou  prin- 
ces ,  ck  enfuite  par  des  rois.  Ils  demeurèrent  indépendans 
jusqu'au  tems  de  David,  qui  lesaflujettit,  &  qui  fit  voir 
le  parfait  accompliflement  de  la  prédiction  d'Ifaac,qui 
avoit  dit  que  Jacob  domineroit  Efaii  (b).  Les  Iduméens 
fupporterent  très-impatiemment  le  joug  des  rois  de  Juda; 
&  dès  la  fin  du  régne  de  Salomon,  Adad  ,Iduméen  , 
qui  avoit  été  porté  en  Egypte ,  étant  encore  enfant ,  re- 
vint dans  fon  pays  ,  ck  s'y  fit  reconnoître  pour  roi  (c). 
Mais  apparemment  il  ne  régna  que  dans  l'Idumée  orien- 
tale ;  car  les  autres  Iduméens  ,  qui  étoient  au  midi  de 
la  Judée,  demeurèrent  dans  l'obeïflance  des  rois  de  Juda, 
jusqu'au  régne  de  Joram  fils  de  Jofaphat,  contre  lequel 
ils  fe  révoltèrent  (d).  Joram  leur  fit  la  guerre  ;  mais  ilne 
put  lesaflujettir.  Amafias,fils  de  Joas  roi  de  Juda,  rem- 
porta auflî  fureux  quelques  avantages.  Il,  fe  rendit  maitre 
de  Pétra ,  leur  tua  dix  mille  hommes ,  &  en  fit  fauter 
autres  dix  mille  en  bas  du  rocher  fur  lequel  étoit  fituée 
la  ville  de  Petra  (e).Mais  ces  conquêtes  n'euren  t  point 
de  fuite  cortfiderable.  (a)  Gcnef.  c.  34,  v.  31.  Q>)Genef. 
027,  v.29,  30.  (c)i.Reg.c.  12, v.  22.(d)  z.Par.c.2.1. 
(e)  2.  Par.  c.  25. 

Ozias  ,  roi  de  Juda,  prit  fur  eux  la  ville  d'Elat ,  fur  la 
mer  Rouge,  (a).  Mais  Razin ,  roi  de  Syrie ,  la  reprit  fur 
Ozias ,  ck  en  chaffa  les  Juifs.  On  croit  qu'Aflaradon , 
roi  de  Syrie  ,  ravagea  leur  pays  (b).  Holofernes  les 
fubjugua ,  de  même  que  les  autres  peuples  d'autour  de 
la  Judée  (c\  Lorsque  Nabuchodonofor  affiégea  Jérufa- 
lem  ,  les  Iduméens  le  joignirent  à  lui,  ck  l'animèrent 
à  ruiner  cette  ville  de  fond  en  comble ,  ck  à  en  arra- 
cher jusqu'aux  fondemens.  (d)  Cette  cruauté  ne  demeura 
pas  long-tems  impunie.  Nabuchodonofor,  cinq  ans  après 
la  prife  de  Jérufalem  ,  abbatit  toutes  les  puiflances  voifi- 
nes  de  la  Judée ,  &  en  particulier  les  Iduméens  (e).  Judas 
Maccabée  les  attaqua  ck  les  battit  en  plus  d'une  rencon- 
tre (f)  ;  mais  Jean  Hircan  les  dompta  ,  ck  les  obligea  à 
recevoir  la  circoncifion  &  à  fefoumettre  aux  autres  ob- 
fervances  de  la  loi  des  Juifs  (s).  Ils  demeurèrent  aflu- 
jettis  aux  derniers  rois  de  la  Judée,  jusqu'à  la  ruine  de 
Jérufalem  par  les  Romains.  Ils  vinrent  mêmeau  fecours 
de  cette  ville  aflîégée  Qi)  ,  &  ils  y  entrèrent  pour  la  dé- 
fendre; mais  ils  n'y  demeurèrent  pas  jusqu'à  la  fin  :  ils 
enfortirent,  ck  s'en  retournèrent  dans  l'Idumée  chargés 
de  butin.  *  (')  4. Reg.  c.  14.  (b)  Ifaïe  ,021,  11,12, 
13  ;  ck  c.  14,  v.i.  H  Judith,  03  ,  14.  (d)  Pfalm.  136, 


JEC 


v.  7.  Thrcn.  IV ,  21 ,  22.  Abdias  V  ,  1 1.  Jerem.^M ,  6. 
LIX,  7.  Eicch.  XXV,  12.  (e)  Abdias,  v.  11.  Jtrcm. 
C.  57  ,  v.  7,  10,  20.  Jofeph  Antiq.  1.  10,  C.  II.  (f) 
I.  Macc.  c.  3  ,  4.  ck  2.  Macc.  c.  10  ,  16.  Jofeph.  Antiq. 
1.  II.OII.  (S)  Antiq.  lib.  13,  C  14.  (h)  Jofeph.  1.  4, 
de  Bello,  c.  6,  p.  877. 

IDUNUM ,  ville  du  Norique  ,  félon  Ptolomse-  La- 
zius  aflure  que  c'eft  préfentement  Udine.  Ortélius  dit 
que  les  Allemands  l'appellent  Weiden  ,  Weyden  en  Ba- 
vière. Aventin  l'explique  par  Idenaw  ,  près  de  Diet- 
maning  ,    à  deux  lieues  au  -  deffus   de    Burckhau- 

SEN. 

IDURENSIS,  fiége  episcopal  d'Afrique,  félon  Orté- 
lius ,  qui  cite  la  Contérence  de  Carthage.  Je  crois  qu'il 
a  voulu  dire  Idicrenfis. 

IDYMA,  'ifcfM  ,  ancienne  ville  d'Ane  ,  dans  la  Ca- 
rie, félon  Etienne.  Ptolomée  l'a  nommée  Idymus. 

ID YMUS ,  ville  de  la  Carie  ,  félon  P  olomée.  Etienne 
la  nomme  Idyma,Ô£  donne  le  nom  d'iDYMUS  aune 
rivière  voifine. 

IDYRUS  ,  ville  ck  rivière  d'Afie ,  dans  la  Pamphylie, 
félon  Etienne  qui  fuit  Hécatée. 


:  qui 
IDZU  ou  1DSU  , 


(Provinces  du  Japon. Voyez 


IDZUMOouIdsumo, 

JE-ABARIM  Ca)  ,  c'eft-à-dire  les  défilés  d'Abarim, 
ou  les  défilés  dis  Palans.  L'Ecriture  nomme  ainfi  un 
des  campemens  des  Israélites  ,  dans  te  pays  de  Moab , 
après  leur  lortie  d'Egypte.  Moyle  (b)  dit  que  le  lieu  eft 
à  l'orient  de  Moab.  C'eft  dans  le  même  pays  que  font 
les  monts  Abarim.  Jeremie  parle  d'un  lieu  nommé  Haï 
ou  Gaï  ,  qui  eft  le  même  que  JE  ou  Jaï  ,  dans  le  pays 
de  Moab.  L'Hébreu  exprime  ainfi  ce  nom  D>33J/n  "J/, 
6c  les  Septante  le  rendent  par  rà/  lu  ij  m&y.  *  0)  D. 
Calmet ,  DicL   (b)  Numer.  c.  2 1 ,  v.  1 1 . 

JEAN ,  (l'Isle  de  S.)  Voyez  Brava  i. 

JEBBA ,  ancienne  ville  de  la  Phcemcie ,  félon  Pline  , 
/.  5  ,  c.  19 ,  le  feul  qui  en  ait  parlé. 

JEBELLÉE  ou 

JEBILLÉE,  ville  maritime  delà  Paleftine ,  la  même 
que  l'Ecriture  appelle  GABALA.  Voyez  ce  mot.  Quel- 
ques Voyageurs  François  la  nomment  Jabli. 

JEBLAAM  ou  Jibleam,  (a)  ancienne  ville  de  la 
Paleftine ,  dans  la  demi  -  tribu  de  Manaflé  (b)  ,  qui 
demeuroit  au-deçà  du  Jourdain.  C'eft  apparemment  la 
même  que  BALAAM  ,  marquée  au  premier  livre  des  Pa- 
ralipomenes  ,  c.  6  ,  v.  70 ,  tk  qui  fut  cédée  aux  Lévites 
de  la  maifon  de  Caath.  On  ne  fait  pas  bien  la  fituation 
de  Jeblaam.  *  (a)  D.  Calmet ,  Dictionnaire.  (b)  Jofué , 
c.  17,  v.  11. 

JEBNAEL  ou 

1.  JEBNÉEL  ,  ville  de  la  Paleftine,  fur  les  frontières 
de  Nephtali ,  Jofué,  c.  19,  v.  33.  On  la  nommoit  auftî 
Jabnéel.  Eufebe,  Onomaft.  la  nomme  Jamnem.  Elle 
étoit  dans  la  tribu  de  Nephtali. 

2.  JEBNÉEL  ,  ville  de  la  Paleftine ,  dans  la  tribu  de 
Juda,  fur  les  confins  vers  la  mer,  Jofué,  c.  15,  v.  il. 
On  peut  croire  dit  S.  Jérôme,  de  Lacis ,  que  ces  con- 
fins ont  appartenu  enfuite  à  la  tribu  de  Dan ,  quoiqu'elle 
ne  lésait  jamais  pofledés ,  parce  que  les  Philiftins  étoient 
les  plus  forts. 

JEBOC.  Voyez  Jaboc. 

JEBUfi  (a)  ,  ancien  nom  de  la  ville  de  Jérufalem, 
avant  qfe  les  Israélites  l'euflent  conquife.  Elle  étoit  ainfi 
appellée ,  à  caufe  de  fon  fondateur  Jebus  ou  Jébufée ,  fils 
de  Chanaan  (b)  ck  père  des  Jébuféens.  Ce  peuple  étoit 
dans  la  ville  de  Jebus  ,  ck  aux  environs  dans  les  mon- 
tagnes. Il  étoit  fort  belliqueux,  Se  demeura  dans  Jérufa- 
lem (c)  jusqu'au  tems  de  David.  *(a)  Jofué,  c.  18, 
v.  28.  Judic.  c.  19  ,  v.  10. 1.  Parai,  c.  1 1  ,  v.  4.  (b)  Genef, 
c.  10  ,v.  16;  ck  Jofué,  c.  15  ,  v.  63.  (c)  2.  Reg.  c.  5, 
v.6,  &c.  | 

JECBAA ,  ancien  lieu  de  là  Paleftine.  Il  en  eft  parlé 
au  Livre  des  Juges ,  c.  8.  La  vulgate  litJEGBAA,  ck  quel- 
ques nouvelles  verfions  Jagbeha. 

JECHING ,  ville  de  la  Chine  ,  dans  la  province  de 
Channfi  ,  au  département  de  Pingyang  ,  féconde  mé- 
tropole de  la  province.  Elle  eft  plus  occidentale  que 
Pékin,  de  5  d.  40',  parles  36  d.33;  delatitude.  *  Atlas 
Sinenfis. 

1.  JECMAAM,  ville  de  la  Paleftine,  dans  la  tribu 


JED 


JED 


d'Ephraïm.  Elle  fut  enfuite  cédée  aux  Lévites  de  la  fa- 
mille deCaaih.  I.  Parai,  c.6,  v.  68. 

2.  JECMAAM  ,  autre  ville  de  la  Paleftine,  dans  la 
tribu  deJuda.  3  Reg.c.4, v.  12. 

JECNAM,  ou  Jecnaam.  Voyez  Jeconam. 

JECO.  Voyez  Jeso. 

JECONAM,  ville  de  la  Paleftine ,  dans  la  tribude 
Zabulon.  Elle  fut  donnée  aux  Lévites  de  la  famille  de 
Merari  (a). C'eft la mêmeque  Jech anam du  CarmelQ>)  : 
elle  eft  furnommée  du  Carmtl ,  à  caufe  du  voifinage  de 
cette  montagne.  *  (a)  Jof.  c. 21 ,  v.  34;  6c c.  19,  v.  11. 

(b)Jof.C.  I2,V>22. 

.  1.  JECTEHEL,  ou  Jecthel,  ville  de  la  Paleftine, 
dans  la  tribu  de  Juda  (a)  ;  peut-être  eft-elle  la  même 
que  Jécabséel  de  la  même  tribu  (b)  ,  mais  cette  der- 
niere,felonD.  Calmet,  .eft  plutôt  CabsÉel.  Jof.  c.  15, 
y.  21  ;  &£  2.  Reg.  c.  23  ,  v.  20.  *  (a)  Jof.  c.  15,  v.  39. 
(b)  2.  Esdras,  c.  11 ,  v.  25. 

2.  JECTEHEL ,  rocher  que  prit  Amafias ,  roi  de  Ju- 
da ,  fur  les  Iduméens  ,  &cdu  haut  duquel  il  précipita  dix 
mille  Iduméens  ,  qu'il  avoit  pris  dans  le  combat  (a). 
Eusèbe  croit  que  ce  rocher  n'eft  autre  que  la  ville  de 
Pétra,  capitale  de  l'Arabie  Pétrée.  Le  combat  où  les 
Iduméens  furent  défaits  ,  fe  donna  dans  la  vallée  des 
Salines,  que  l'on  place  entre Palmyre  &  Bozra.  Pline, 
/.  J,  c.  24,  dit,  que  les  folitudes  de  Palmyre  s'éten- 
dent jusqu'à  la  ville  de  Pétra.  Il  eft  donc  très-proba- 
ble qu'Amafias  pouffa  fa  conquête  jusqu'à  cette  ville  , 
&  qu'il  lui  donna  le  nom  de  Jeclail,  c'eft-à-dire  l'o- 
bèijfance  au  Seigueur  ,  pour  marquer  qu'il  tenoit  de  l'o- 
béiffance  qu'il  avoit  rendue  à  Dieu  ,  la  viftoire  qu'il 
avoit  remportée  furies  Iduméens.  (a)  4.  Reg.  c.  14, v.  7; 
&  2.  Parai,  c.  25,  v.  5,6,  &c. 

JEDALA,  ville  de  la  Paleftine  (a)  ,  dans  la  tribude 
Zabulon  (b).  Quelques-uns  la  nomment  Jetala;  mais 
l'hébreu  lit  Jadala,  les  Septante  Nalal,  &  le  Syriaque 
Aral.  *('_)  Jof.  c.  19,  v.  15.  (b)  D.  Calma,  Diét. 

JEDBOURG ,  ville  de  l'Ecoffe  méridionale  ,  dans  la 
province  de  Tiwiotdale  ,  fur  la  rivière  de  Tiviot  ou 
Ti  ve,dont  elle  eft  la  capitale.  *Etatj>rif  de  la  Gr.  Bref,  t.  2. 
IEDO ,  ville  d'Afie ,  dans  l'ifle  de  Niphon ,  dont 
elle  eft  la  capitale ,  auffi-bien  que  de  l'empire  du  Japon  ; 
c'eft  l'une  des  cinq  grandes  villes  de  commerce  ,  qui 
appartiennent  au  domaine  de  l'empereur,  ou  aux  terres  de 
la  couronne.  Elle  eft  comptée  comme  la  première  ck 
la  plus  confidérable  de  tout  l'empire  ,  à  caufe  de  la  mul- 
titude des  habitans,  qui  eft  presque  incroyable,  &C  du 
grand  nombre  de  princes  &C  de  feigneurs  qui  ,  avec 
leurs  familles  &C  une  grande  fuite  de  domeftiques ,  gros- 
fiffent  la  cour  impériale  ,  d'où  ils  ne  peuvent  s'ab- 
fenter  que  fîx  mois  ,  pour  veiller  au  gouvernement  de 
leurs  états  héréditaires.  Elle  eft  dans  la  province  deMu- 
fafi,  fous  le  35e  d.  32'  de  latitude  feptentrionale,  félon 
les  obfervations  de  Kœmpfer ,  Hifloire  du  Japon  ,  l.  5  , 
c.  12.  Jédo  eft  fïtuée  dans  une  grande  plaine  ,  au  bout 
d'une  baie  poiffonneufe  ,  abondante  en  cancres  &c  en 
coquillages.  Ce  golfe  a  Kamakura  &  la  province  d'Idfu 
à  la  droite ,  en  ibrtant  d'Iedo  pour  aller  en  mer ,  &  les 
deux  provinces  d'Awa  &  de  Kudfu  (Kadfufa)  à  la  gau- 
che ;  la  baie  eft  baffe  ,  fond  de  vafe  ou  d'argille  vafeufe, 
de  forte  que  les  navires  d'une  charge  un  peu  confidé- 
rable ,  ne  fauroient  aller  jusqu'à  la  ville  :  on  les  dé- 
charge à  une  lieue  ou  deux  au-deffous. 

Du  côté  de  la  mer,  Jédo  a  la  figure  d'un  croiffant  ;  &c 
les  Japonnois  prétendent  qu'elle  a  fept  lieues  de  long , 
cinq  de  large  ,  &  vingt  de  circonférence.  Elle  n'eft  point 
entourée  d'une  muraille ,  non  plus  que  les  autres  villes 
du  Japon  ;  mais  elle  eft  coupée  par  plufieurs  foffés  ou 
canaux ,  avec  de  hauts  remparts  élevés  des  deux  côtés , 
à  la  plate-forme  desquels  on  a  planté  des  rangées  d'ar- 
bres. Cela  a  été  fait ,  moins  pour  la  défense  de  la  ville, 
que  pour  arrêter  les  incendies  qui  n'y  arrivent  que  trop 
fouvent ,  &  qui  y  feroient  fans  cela  d'étranges  ravages. 
Néanmoins  du  côté  du  château ,  ces  remparts  font  fer- 
més avec  des  portes  capables  de  réfiftance.  Une  grande 
rivière  ,  qui  a  fa  fource  du  côté  du  couchant  de  la 
ville,  la  traverse  &c  fe  jette  dans  le  port  par  cinq  em- 
bouchures. Chacune  a  fon  nom  particulier  Sx.  un  ma- 
gnifique pont.  Le  plus  renommé  de  ces  ponts,  pour  fa 
grandeur  &  fa  ftrutture ,  eft  appelle  Niponbas  ,  ou  le 
pont  du  Japon.   Il  a  quarante-deux  bradés  de  longueur. 


4^7 

G'eft  de  ce  pont ,  comme  d'un  centre  commun  ,  que 
l'on  mefure  les  chemins  Sx.  la  diftance  des  lieux  de 
toute  l'étendue  de  l'empire.  Un  autre  pont  eft  nommé 
ledo  Baschi ,  c'eft-à-dire  le  pont  d'Iedo. 

Jédo  n'eft  point  bâtie  avec  la  régularité  que  l'on  re- 
marque dans  la  plupart  des  autres  villes  du  Japon,  fur- 
tout  à  Miaco.  Cela  vient  de  ce  qu'elle  n'eft  parvenue 
que  par  degrés  à  la  grandeur  qu'elle  a  aujourd'hui.  Avec 
tout  cela  ,  on  y  voit  plufieurs  quartiers  ,  dont  les  rues 
font  affez  régulières ,  ci  fe  coupent  à  angles  droits.  On 
doit  cette  régularité  aux  malheurs  caufés  par  le  feu, 
qui  réduifent  à  la  fois  des  centaines  de  maifons  en  cen- 
dres. Les  maifons  à  Jédo  font  petites  Sx  baffes,  Comme 
dans  tout  le  relie  de  l'empire ,  bâties  de  bois  de  iapin  , 
avec  un  léger  enduit  d'argile  ;  en  dedans  elles  font  ornées 
&  divifées  en  appartenons,  avec  des  paravents  de  papier  ; 
les  fenêtres  font  fermées  avec  des  jaloufies.  Les  planchers 
font  couverts  de  nates  fines  ,  Sx  les  toits  avec  des  bar- 
deaux ou  des  coupeaux  de  bois.  Enfin  le  tout  eft  cons- 
truit d'une  telle  manière  ,  qu'il  ne  faut  pas  s'étonner  fi 
le  feu  fait  de  grands  ravages  dans  le  pays.  On  tient 
toujours  deffus  ou  deffous  le  toît  de  chaque  maifon , 
une  cuve  pleine  d'eau ,  avec  une  paire  d'escouvillons  : 
on  peut  aller  aifément  à  cette  cuve  ,  même  par  le  de- 
hors de  la  maifon  ,  à  l'aide  des  échelles  :  avec  cette 
précaution  ils  éteignent  fouvent  le  feu  qui  fe  met  dans 
une  maifon  ;  mais  elle  ne  fuffit  pas ,  fans  doute ,  pour 
arrêter  les  incendies  qui  ont  déjà  fait  du  progrès  Sx. 
confumé  piulieurs  maifons  ,  à  quoi  ils  ne  favent  pas  de 
meilleur  remède  que  d'abbatre  les  maifons  voifines  que 
le  feu  n'a  pas  encore  touchées.  Pour  cet  efFer  des  com- 
pagnies entières  d'hommes  ,  nommés  pour  éteindre  le 
feu  ,  font  des  patrouilles  dans  les  rues ,  de  jour  Sx  de 
nuit.  Ils  ont  des  habits  de  cuir  brun,  pour  les  défendre. 
du  feu  ;  les  uns  portent  de  longues  piques ,  les  autres  des 
harpons  à  feu  fur  leurs  épaules. 

La  ville  eft  bien  fournie  de  temple,  Sx  de  monaftéres 
(fi  l'on  doit  donner  ce  nom  à  des  maifons  d'idolâtres,) 
&  d'autres  bâtimens  religieux,  qui  font  fitués  dans  les 
plus  beaux  endroits  de  la  ville.  Les  maifons  où  demeu- 
rent les  moines  particuliers  ,  ne  diffèrent  de  la  demeure 
des  laïcs  ,  qu'en  ce  qu'elles  (ont  fituées  fur  quelque  en- 
droit élevé  avec  un  petit  temple  ou  chapelle  tout  auprès, 
ou  bien  une  grande  falle  ou  chambre  ornée  de  quelques 
autels,  fur  lesquels  font  plufieurs  de  leurs  idoles.  Il  y  a 
outre  cela  plufieurs  temples  fuperbes ,  confacrés  à  Ami- 
da ,  Siaka  ,  Quanvon  ,  Sx  à  plufieurs  autres  de  leurs 
dieux  de  toutes  les  fecles  Sx  religions  établies  dans  le 
Japon.  Mais  comme  ils  ne  diffèrent  ni  en  figure  ni  en 
conftruftion  ,  de  ceux  qui  font  bâtis  pour  les  mêmes 
dieux  à  Miaco,  Sx  que  nous  en  parlons  dans  cet  arti- 
cle ,  il  feroit  inutile  de  le  répéter  ici. 

Il  y  a  à  Iédo  un  grand  nombre  de  fuperbes  palais , 
comme  on  peut  fe  l'imaginer  aifément ,  d'une  ville  qui 
eft  la  réfidence  d'un  puiffant  monarque ,  Sx  la  demeure 
de  tous  les  princes  Sx  des  grands  de  ce  puiffant  empire. 
Ils  font  féparés  Sx  diftingués  des  maifons  des  fimples 
particuliers,  par  de  grandes  cours  &  de  magnifiques  por- 
tes ,  ausquels  on  monte  par  des  escaliers  embellis  &:  ver- 
niffés  ,  qui  n'ont  que  peu  de  marches  :  les  palais  fout 
divifés  en  plufieurs  magnifiques  appartemens  de  plein 
pied ,  à  caufe  qu'ils  n'ont  qu'un  étage.  Ils  ne  font  point 
accompagnés  de  tours  comme  font  les  châteaux  &  les 
palais ,  où  les  princes  Sx  les  grands  de  l'empire  réfident 
dans  leurs  états  héréditaires. 

La  ville  d'Iedo  eft  un  féminaire  d'artiftes  ,  d'artifan* 
&C  de  marchands.  Cependant  tout  s'y  vend  plus  cher 
qu'en  aucun  autre  endroit  de  l'empire  ,  à  caufe  du  grand 
concours  de  peuple ,  de  moines  fainéans  Sx  de  courti- 
fans,  Sx  à  caufe  du  transport  difficile  des  provifions  de 
bouche  Sx  des  autres  commodités. 

Le  gouvernement  politique  de  cette  ville  eft  le 
même  que  celui  de  NANGASAKI  Sx  d'OsACCA.  Voyez 
ces  articles. Deux  gouverneurs  ont  le  commandement  de  la 
ville,  tour-à-tour,  pendant  l'espace  d'un  an.  Les  prin- 
cipaux officiers  fubalternes,  font  comme  les  magiftrats 
que  les  Hollandois  nommoient  bourgue-meftres.  Ils  ont 
le  droit  de  commandement  dans  leurs  différens  quar- 
tiers ,  Sx  les  Ottona  ont  l'inspe&ion  Sx  le  commande- 
ment fubordonné  d'une  feule  rue. 

Le  château  où  réfide  l'empereur,  eft  iitué  presqu'au  trû- 
TerntlJI.    Nnnij 


468 


JED 


JED 


lieu  de  la  ville.  II  eft  d'une  figure  irréguliére ,  tirant  fur 
la  ronde,  &  a  environ  cinq  lieues  du  Japon  de  circuit. 
Il  confifte  en  deux  enceintes  ou  châteaux  extérieurs.  Le 
troifiéme,  qui  eft  au  centre,  eft  proprement  le  lieu  de  la 
demeure  de  l'empereur  ;  il  eft  flanqué  de  deux  autres 
châteaux  bien  fortifiés ,  mais  plus  petits,  avec  de  grands 
jardins  derrière  le  palais  impérial.  J'appelle  ces  différen- 
tes divifions  des  châteaux  ,  à  caufe  qu'ils  font  chacun 
féparément  entourés  de  foliés  Se  de  murailles.  Le  pre- 
mier ou  le  plus  extérieur  occupe  un  grand  terrein  ;  il 
entoure  le  fécond  &  une  partie  du  palais  impérial ,  & 
il  eft  entouré  de  murailles  &C  de  foliés  avec  des  portes 
de  réfiftance  bien  gardées.  Il  contient  tant  de  rues ,  de 
fofles  &:  de  canaux  ,  qu'il  eft  difficile  à  un  Européen 
d'en  lever  le  plan. 

C'eft  dans  ce  château  extérieur  que  demeurent  les 
princesde  l'empire  avec  leurs  familles  :  ils  habitent  des 
palais  magnifiques  &  commodes,  bâtis  fur  des  rues  avec 
des  cours" fpacieufes  ,  Si  font  termes  par  de  bonnes  & 
grofles  portes.  Le  fécond  château  occupe  un  moindre 
terrein  :  il  fait  face  au  troifiéme  qui  eft  la  demeure  de 
l'empereur ,  &  eft  entouré  du  premier  ;  mais  il  eft  fé- 
paré  des  deux  autres  par  des  murs,  des  fofles ,  des  ponts- 
levis,  &  de  grofles  portes.  La  garde  de  ce  fécond  châ- 
teau eft  beaucoup  plus  nombreulë  que  celle  du  premier  : 
il. contient  les  lùperbes  palais  de  quelques-uns  des  plus 
puiflans  princes  de  l'empire  ,  des  confeillers  d'état  Ô£ 
des  premiers  officiers  de  la  couronne ,  &c  en  général  de 
toutes  les  perfonnes  ,  dont  la  fonfrion  eft  d  approcher 
le  plus  de  la  perfonne  de  l'empereur. 

Le  château  où  demeure  l'empereur  lui-même  ,  eft  fitué 
fur  un  terrein  un  peu  plus  haut  que  les  autres^ ,  fur  le 
haut  d'une  colline  applanie  exprès  ,  pour  y  bâtir  le  pa- 
lais de  l'empereur.  Il  eft  entouré  d'une  muraille  forte  & 
épaifle ,  de  pierres  de  taille  ,  flanquée  de  baflions  ,  à- 
peu-près  ,  à  la  manière  de  l'Europe.  On  a  élevé  un  rem- 
part de  terre1,  du  côté  intérieur  de  la  muraille  ,  &  au- 
deffus  on  a  mis  pour  ornement  6c  pour  défenfes  plu- 
fieurs  bâtimens  en  carré  long  ,  ,des  guérites  bâties  en 
forme  de  tours  qui  ont  plufieurs  étages.  Mais  les  bâti- 
imens  du  côté  où  demeure  l'empereur  ,  font  fur- tout 
d'une  folidité  extraordinaire  ,  tous  de  pierres  de^  taille , 
d'une  grandeur  énorme.  Elles  font  pofées  l'une  fur  l'au- 
tre ,  fans  être  aflurées  avec  du  mortier  ou  avec  des 
crampons  de  fer  ,  afin ,  dit-on  ,  qu'en  cas  de  tremble- 
ment de  terre  ,  ce  qui  arrive  fréquemment  dans  le  pays, 
les  pierres  cédant  au  choc,  la  muraille  n'en  reçoive  au- 
cun dommage.  Dans  l'intérieur  du  palais  il  s'élève  une 
tour  carrée ,  plus  haute  que  tous  les  autres  édifices.  Elle 
a  plufieurs  étages  ornés  de  toits ,  &  d'autres  embellifle- 
mens  curieux  ,  qui  de  loin  font  paroître  le  château  fu- 
perbe.  Le  grand  nombre  de  toits  recourbés ,  avec  des 
dragons  dorés  au  haut  &  aux)  angles ,  qui  couvrent  tous 
les  autres  bâtimens  renfermés  dans  le  château  ,  font  le 
même  effet.  Le  fécond  château  eft  fort  petit  ,  &  res- 
femble  davantage  à  une  citadelle ,  fans  aucun  ornement 
extérieur.  Il  n'a  qu'une  po<rte  &  un  feul  pafîage  pour  y 
aller  du  côté  du  palais  de  l'empereur ,  fur^  un  pont  long 
&fort  haut.  Le  troifiéme  château  eft  à  côté  du  fécond, 
&  approche  fort  de  fa  ftru&ure  :  ces  deux  derniers  font 
entourés  de  murs  hauts  &c  forts  ;  &  pour  une  plus  grande 
défense ,  ils  font  environnés  de  fofles  larges  &C  profonds, 
remplis  d'eau ,  qui  y  pafle  de  la  grande  rivière.  C'eft  dans 
ces  deux  châteaux  que  l'on  nourrit  &;  qu'on  élevé  les  en- 
fans  de  l'empereur ,  de  l'un  &c  de  l'autre  fexe  :  derrière 
les  appartenons  de  l'empereur,  il  y  a  encore  un  terrein 
élevé,  embelli  à  la  manière  du  pays  ,  par  des  jardins 
curieux  &  des  vergers  terminés  par  un  agréable  bos- 
quet qui  eft  au  haut  de  la  colline  ;  il  eft  compofé  de 
deux  espèces  particulières  de  planes  ,  dont  les  feuilles 
étoilées  mêlées  de  verd  ,  de  jaune  Se  de  rouge ,  flattent 
beaucoup  la  vue.  Ce  qu'on  dit  de  ces  arbres ,  eft  digne 
de  remarque  :  c'eft  qu'une  espèce  eft  dans  toute  fa  beauté 
au  printems ,  fk  l'autre  en  automne.  Le  palais  n'a  qu'un 
étage ,  &  ne  laifle  pas  d'être  allez  haut.  Il  occupe  un 
grand  terrein ,  &:  a  plufieurs  longues  galeries ,  de  gran- 
des chambres  que  l'on  peut  aggrandir  ou  diminuer  avec 
des  paravents.  Elles  font  dispofées  de  forte  qu'elles  re- 
çoivent toujours  autant  de  jour  qu'il  en  faut.  Les  princi- 
paux appartemens  ont  chacun  leur  nom  :  tels  font ,  par 
exemple,  l'anti-chambre  ,  où  toutes  les  perfonnes  que 


l'on  doit  admettre  à  l'audience ,  foit  de  l'empereur,  foit 
de  fes  premiers  miniftres  d'état  &:  les  confeillers  privés , 
s'aflemblent  pour  des  affaires  ;  la  falle  de  mille  nattes  , 
où  l'empereur  reçoit  l'hommage  &C  les  préfens  accoutu- 
més des  princes  de  l'empire ,  où  il  reçoit  auffi  les  am- 
bafladeurs  des  puiflances  étrangères  ;  diverses  l'allés  d'au- 
dience, les  appartemens  de  la  famille  impériale  &:  autres. 
La  ftruefure  de  tous  ces  divers  appartemens  ,  eft  d'une 
grande  beauté  ,  félon  le  goût  d'archite&ure  du  pays.  Les 
plafonds,  les  folives&des  piliers  font  de  cèdre,  de  cam- 
phre ou  de  bois  de  jéféri ,  dont  les  veines  forment  na- 
turellement d^s  fleurs  &£.  d'autre  figures  curieufes.  Dans 
plufieurs  appartemens  on  met  une  fimple  couche  de 
vernis  fort  mince,  en  d'autres  on  le  vernit  ou  bien  on 
le  ciiele  ;  les  bas-reliefs  font  des  oifeaux  ou  des  bran- 
ches que  l'on  dore  proprement.  Le  plancher  eft  cou- 
vert des  plus  belles  nattes  blanches ,  avec  un  bord  ou 
une  frange  d'or.  Ce  font  là  tous  les  ameublemens  que 
l'on  voit  dans  les  palais  de  l'empereur  &  des  princes  de 
l'empire.  On  dit  qu'il  y  a  un  appartement  caché  &  fou- 
terrein,  qui  ,  au  lieu  de  plafond,  a  un  grand  réfervoir 
d'eau  ;  que  c'eft-là  que  l'empereur  fe  retire  lorsqu'il 
tonne,  parce  qu'ils  croient  que  la  force  du  tonnerre  eft 
rompue  par  l'eau  ;  mais  Ksempfer  ne  donne  ceci  que 
comme  une  chofe  qu'il  a  feulement  ouï  dire.  Il  y  a  en- 
core deux  chambres  fortes,  où  l'on  tient  les  tréfors  de 
l'empereur  :  elles  font  aflurées  contre  le  feu  &C  les  vo- 
leurs ,  avec  de  fortes  portes  de  fer  &£  des  toits  de  cui- 
vre.  C'eft  dans  ce  château  que  réfidoient  les  fuccefleurs 
de  l'empereur  Jéjas ,  le  premier  de  cette  famille  qui  ré- 
gna fur  le  Japon. 

Les  palais  des  grands  ont  cela  de  fingulier,  qu'ils  ont 
plufieurs  portes  magnifiques ,  &  la  principale  eft  nomJ 
mée  la  porte  de  l'empereur.  La  coutume  eft,  que  quand 
les  grands  font  bâtir  un  palais  neuf ,  fi-tôt  qu'il  eft  en 
état  d'être  habité  ,  l'empereur  y  vient  prendre  un  régal 
que  le  propriétaire  lui  fait  préparer.  Après  qu'il  en  eft 
forti ,  on  condamne  par  respeft  la  porte  ,  afin  que  per- 
fonne n'y  puifle  jamais  pafler  après  lui. 

La  rivière  de  Tonkaw  pafle  par  Iédo ,  dont  elle  rem- 
plit les  canaux.  On  peut  juger  de  cette  ville,  parla  par* 
tie  que  vit  Kajmpfer  le  jour  de  fon  entrée  dans  cette 
capitale.  Nous  entrâmes  ,  dit-il ,  aux  fauxbourgs  d'Iédo, 
qui  ne  font  qu'une  continuation  du  fauxbourg  de  Siniga- 
va  ,  n'y  ayant  rien  qui  les  fépare  qu'un  petit  corps  de 
garde.  La  mer  en  cet  endroit  s'approche  fi  fort  de  la  col- 
line, qu'il  n'y  a  qu'un  rang  de  maifonnettes  bâties  entre 
la  colline  &  le  chemin ,  qui  régne  pendant  quelque  tems 
le  long  de  la  côte ,  &c  s'élargit  enfuite ,  formant  plufieurs 
rues  irréguliéres ,  d'une  longueur  confidérable.  Après  une 
demie-heure  de  marche ,  ces  rues  deviennent  plus  lar- 
ges, plus  uniformes,  belles  &  régulières.  Cela,  &  la 
grande  foule  de  monde  que  nous  vîmes  ,  nous  fit  com- 
prendre que  nous  étions  entrés  dans  la  ville.  A  l'entrée 
nous  traverlames  un  marché  au  poiflbn  ,  où  l'on  vend 
plufieurs  fortes  de  plantes  marines  ,  de  coquillages,  dé 
pétoncles  ,  des  écumes  de  mer  ck  du  poiflbn  :  on  mange 
au  Japon  de  tout  cela.  Nous  allâmes  par  la  grande  rue 
du  milieu,  qui  coupe  toute  la  ville  du  fud  au  nord,  un 
peu  irrégulièrement  :  nous  paflames  fur  plufieurs  ponts 
magnifiques  ,  bâtis  fur  de  petites  rivières  &  des  canaux 
pleins  de  vafe,  qui  couloient  à  notre  gauche  vers  le  châ- 
teau ,  &  à  notre  droite  du  côté  de  la  mer.  Nous  vîmes 
auffi  plufieurs  rues  qui  aboutiflent  à  la  grande.  La  prin- 
cipale qui  coupe  la  ville  par  le  milieu  vers  le  nord,  fai- 
fant  une  ligne  un  peu  courbe ,  &  qui  a  cinquante  pas  de 
largeur  ,  contient  une  foule  incroyable  de  monde.  Nous 
y  trouvâmes  fur  notre  chemin  plufieurs  trains  des  princes 
de  l'empire  &  des  grands  de  la  cour  ,  des  dames  ri-, 
chement  mifes  ,  portées  dans  des  chaiiës  ou  dans^  des 
palanquins  :  parmi  ces  fortes  de  perfonnes,  nous  vîmes 
une  compagnie  de  gens  à  pied  ,  nommés  pour  éteindre, 
le  feu.  Ils  étoient  environ  cent ,  &£  marchoient  dans  le 
même  ordre  militaire  que  les  nôtres  en  Europe.  Leur 
capitaine  marchoit  au  milieu. 

Aux  deux  côtés  des  rues,  il  y  a  une  grande  quantité 
de  bout  ques  bien  garnies  de  marchands,  d'artifans, 
de  vendeurs  de  drap,  de  foie  ;  de  droguiftes ,  de  ven- 
deurs d'idoles  ,  de  libraires,  d'émailleurs,  d'apothicaires 
&  d'autres.  Un  drap  noir  fuspendu  couvre  une  moitié 
je  la  boutique,  les  ouvriers  font  un  peu  avancés  du  côté 


JE  M 


de  la  rue ,  ck  l'on  voit  étalés  de  fort  beaux  échantillons 
ou  modèles  de  ce  que  l'on  vend  ck  fait  dans  les  bouti- 
ques. Après  avoir  fait  une  lieue  le  long  de  cette  grande 
rue  ,  ck  parte  près  de  cinquante  autres  ,  qui  la  coupent 
à  droite  Se  à  gauche  ,  nous  fîmes  un  détour  pour  aller 
à  notre  hôtellerie. 

JEDSO.  Voyez  Jeso. 

JEEDSU  ,  province  du  Japon  ,  dans  l'ifle  Niphon , 
fur  la  mer  de  Corée ,  &£  vis-à-vis  l'ifle  de  Sado ,  dont 
elle  eft  au  midi. 

JEGAS,  lieu  voifin  de  Syracufe,  dans  la  Sicile.  Thu- 
cydide ,  /.  7,  en  parle  à  l'occafion  de  Gilippe  ,  qui  s'en 
rendit  maître. 

JEGERNDORF.  Voyez  Iagerndorff. 

JEGUN,  bourg  de  France,  dans  le  haut  Armagnac, 
fur  une  petite  rivière  qui  peu  après  fe  jette  dans  l'Au- 
Joux  ,  avec  laquelle  elle  va  fe  perdre  à  Clarence  clans  la 
Bayze,  qui  coule  enfuite  à  Condom  5c  à  Nérac.  Il  eft  à 
trois  lieues.  d'Auch  ,  au  nord  occidental  de  cette  ville. 

JEHAN-ABAD  ,  ville  de  l'Indouftan  ,  la  même  que 
Dehli.  Quelques-uns  écrivent  Gehan-Abad.  Voyez 
Dehli. 

JEHIBUM,  lieu  du  département  du  commandant  de 
la  Paleûine.  La  féconde  cohorte  de  Gratien  y  avoit 
fes  quartiers  d'hyver  ,    félon   la    Notice  de   l'empire  , 

fiel.  21. 

JELEA,  elea  ou  Ihelea  ,  ville  maritime,  quel- 
que part  vers  l'ifle  de  Cythere  ,  félon  quelques  manus- 
crits de  Darès  le  Phrygien.  Ortélius  observe  que  les  im- 
primés portent  Helena. 

JELLEIA  ,  ville  imaginaire  ,  qui  n'a  d'autre  exiftence 
que  dans  la  corruption  d'un  partage  de  Strabon.  Voyez 
DlACUlSTA.  Marius  Niger,  qui  ne  favoit  pas  que  ce 
parTage  fut  corrompu,  n'a  pas  laifle  de  dire  de  bonne 
foi  ,  que  c'eft  prélèntement  Stradella. 

JELUNG,  forterefle  de  la  Chine,  dans  la  province 
de  Suchuen  ,  au  département  de  Jungning  ,  première 
forterefle  de  la  province.  Elle  eft  plus  occidentale  que 
Pékin  de  14  d.  15',  parles  26  d.  40'  de  latitude.  *  At- 
las Sinenjis. 

JEMARROW,  royaume  d'Afrique  ,  au  fud  de  la  ri- 
vière de  Gambra ,  borné  à  l'oueft  par  celui  à'Eropina , 
&  à  l'eft  par  celui  de  Tomarà.  Il  a  trente-deux  lieues 
d'étendue  le  long  de  la  rivière  ,  &  eft  gouverné  par 
un  empereur  Mandingo.  Les  principales  villes  font 
Bruko  &  Dubokunda.  *  Voyage  de  Moore.  Carte  de  la 
Gambra,  par  le  capitaine  Léach  ,  1731. 

JEMENA.  Voyez  Imma. 

1.  JEMINI.  Voyez  Imma. 

2.  JEMINI.  Schouten  appelle  ainfi  la  rivière  d'Afîe, 
qui  coule  dans  l'Indouftan  ,  qui  parte  àAgra,  &  fe  jette 
à  Halabas  dans  le  Gange.  C'eft  la  même  que  De  l'ifle 
appelle  Gemene.  D'autres  l'appellent  Geminy.  Voyez 
ce  mot.  C'eft  le  Jomanes  de  Pline.  Voyez  aufli  cet  ar- 
ticle. 

JEMM,  rivière  de  la  Tartarie.  LesRufles  l'appellent 
Jemba.  Elle  a  fa  fource  dans  cette  partie  du  mont  Cau- 
cafe,  que  les  Tartares  appellent  Vluk-Tag,  vers  les  50  d. 
de  latitude  ,  &  les  93  de  longitude.  Le  cours  de  cette 
rivière  eft ,  à-peu-près ,  oueft-fud-oueft  ;  Se  après  un 
cours  de  plus  de  cent  lieues  d'Allemagne  ,  elle  vient  fe 
décharger  dans  la  mer  Caspienne  par  fa  pointe  du  nord- 
eft,a47d.  50' de  latitude.  Cette  rivière  eft  abondante  en 
toutes  fortes  de  poiffons  excellens  :  elle  eft  extrême- 
ment rapide ,  mais  peu  profonde  ;  fes  eaux  font  fort  bel- 
les ,  &t  fes  bords  font  d'une  grande  fertilité  ;  mais  ils 
font  à  préfent  fort  mal  cultivés  ,  parce  que  les  Kal- 
moucks  qui  en  occupent  la  partie  orientale  vers  fa  fource, 
n'ont  pas  l'ufage  de  l'agriculture  ,  &c  que  les  Tartares 
de  la  Cafatschia-Orda  ,  qui  en  occupent  la  partie  occi- 
dentale ,  vers  fon  embouchure  dans  la  mer  Caspienne  , 
n'en  cultivent  précifément  qu'autant  qu'il  leur  en  faut 
pour  leur  fubfiftance.  Il  n'y  a  aucune  ville  ni  village 
fur  cette  rivière  ;  car  les  Rufies  ne  s'y  établirent  point 
à  caufe  de  fon  peu  de  profondeur ,  qui  n'eft  pas  de  cinq 
pieds  vers  fon  embouchure  ,  &  les  Tartares  de  la  Ca- 
fatschia-Orda ,  qui  y  font  déjà  établis  ,  habitent  fous 
des  tentes  aurtî-bien  que  les  Kalmoucks.  *  Hijl.  généalo- 
gique des  Tatars,  p.  730. 

JEMNAA  ,  ancien  lieu  de  la  côte  de  Paleftine  ,  fé- 
lon le  livre  de  Jofué,  dans  l'édition  grecque,  c.x,  v.  16  y 


IEN         469 

Caf  dans  la  latine,  ce  nom  Se  les  autres  qui  Raccompa- 
gnent ne  font  point  exprimés. 

JEMPTERLAND,  (le)  ou  Jempteland  ,  jemp- 
tia  ,  contrée  de  Suéde  ,  dans  fa  partie  feptentrionale. 
Elle  eft  bornée  au  nord-eft  par  la  Laponie  ;  à  l'orient 
par  PAngermauie  ;  au  midi  par  la  Médelpaçlie  ,  l'Hel- 
fîngie  Si  laDalécarlie  ;  au  couchant  par  les  hautes  mon- 
tagnes qui  féparent  la  Suéde  de  la  Norvège ,  à  laquelle 
elle  a  autrefois  appartenu.  Il  n'y  a  aucune  ville  ,  mais 
bien  quelques  bourgs  &  villages  ;  les  bourgs  font  : 


Undeshager,  Doere, 

Altzen ,  Berg  ,  ' 


Reflund . 
Kloflio.  ' 


Deux  rivières  allez  considérables  traverfent  ce  pays., 
Ylnd.d,  qui  forme  un  grand  lac  qui  a  plufîeurs  lieues 
d'étendue ,  &  YHan-.erdal ,  qui  coule  du  nord-oueft  au 
fud-eft.  Mais  je  crois  que  ces  deux  noms  SIndal  ck 
Hamerdal,  font  plutôt  ceux  des  vallées  que  ces  riviè- 
res arroient,  que  ceux  des  rivières  mêmes.  ZéûeT,Sue- 
cia  descr.  p.  46 ,  dit  que  ce  pays  eft  riche  en  bled. 
Cependant  il  nous  apprend  que  ci-devant  les  habitans 
de  la  Fin-marchie  Danoife  ,  avoient  tous  les  ans  deict 
foires  folemnelles ,  l'une  le  25  Novembre  ,  jour  de  fainte 
Catherine  ,  au  côté  méridional  de  Hamerdal  ;  &  l'au- 
tre le  dimanche  des  Rameaux  ,  au  côté  léptentrional  ; 
qu'ils  y  troquoient  contre  les  Suédois  des  pelleteries  de 
toute  espèce,  contre  de  Feau-de-vie ,  de  la  farine,  des 
draps ,  &  autres  chofes  néceflaires.  Olaiis  Magnus  dit 
que  ,  de  fon  tems  ,  le  pays  de  Jempferland  étoic  fournis 
à  l'archevêque  d'Upsal.  *  Hubner,  Giogr.p.  698. 

L'origine  de  ce  nom  eft  fondée  fur  un  trait  d'hiftoire, 
qui  mérite  bien  d'être  rapporté  ici.  Ce  pays ,  aurtî-bien 
que  la  Helfingie,  failbit  partie  de  la  Norvège,  lorsque  Ke- 
till  Iampte  ck  Thor-Helfing  ,  père  &  fils  ,  s'enfuirent 
de  ce  royaume,  pour  fe  fouftraire  à  la  tyrannie  de  Ha- 
rald  à  la  belle  Chevelure.  Si  on  en  croit  les  hiftoriens 
de  Norvège,  Kitill  Iampte  craignant  Oiffenus,  roi  de 
Suéde,  qui  avoit  envahi  le  pays  de  Drontheim  ,  s'é- 
tablit dans  le  pays  qui  porta  ensuite  fon  nom  ,  ck  qui , 
à  en  juger  par  la  manière  dont  il  eft  à  préfent  peuplé, 
ne  devoit  guères  l'être  en  ce  tems-là. 

IEMSSÉE  ,  bourg  de  Finlande,  dans  la  Tavaftie, 
au  bord  occidental  du  lac  de  Iende. 

JENA.  Vovez  Iene. 

JENCHANG,  ville  de  la  Chine,  dans  la  province 
de  Xenfi  ,  au  département  de  Jengan  ,  huitième  métro- 
pole de  la  province.  Elle  eft  plus  occidentale  que  Pékin 
de  7  d.  42',  par  les  37  d.  37'  de  latitude.  *  Atlas  Si- 
nenjis. 

JENCHING,  ville  de  la  Chine  ,  dans  la  province  de 
Honan,  au  département  de  Caitûng',  première  métro- 
pole de  la  province.  Elle  eft  plus  occidentale  que  Pékin 
de  3  d.  17',  par  les  34  d.  46'  de  latitude.  *  Atlas  Si- 
nenjis. 

JENÇIN,  ville  de  la  Chine,  dans  la  province  de  Ho- 
nan, au  département  de  Cairung  ,  première  métropole 
de  la  province.  Elle  eft  plus  occidentale  que  Pékin  ,  de 
3  d.  30',  par  les  36  d.  9'  de  latitude.   *  Atlas  Sinenjis. 

JENCING,  forterefle  de  la  Chine,  dans  la  province 
de  Suchuen  ,  au  département  de  Cienguei  ,  première 
forterefle  de  la  province.  Elle  eft  plus  occidentale  que 
Pékin  de  15  d.  45',  par  les  28  d.  43'  de  latitude.  *  At- 
las Sinenjis. 

IENCOPING.  Voyez  Ienkoping. 

IENDE ,  grand  lac  de  Finlande.  On  l'appelle  aufE 
Peinâe ;  &  c eft  fous  ce  dernier  nom,  qu'il  eft  inarqué 
dans  la  Carte  des  couronnes  du  Nord  ,  par  De  l'ifle. 
Il  eft  dans  la  Tavaftie ,  d'où  il  reçoit  plufîeurs  rivières 
ck  ruiffeaux  ,  outre  quelques  autres  de  la  province  de 
Savolax  ,  qui  viennent  s'y  perdre;  enfuite  il  fe  décharge 
dans  le  golfe  de  Finlande ,  par  la  rivière  de  Kimen,  au 
couchant  de  la  Carélie  Finoife. 

IENDO ,  la  même  qu'lEDO.  Voyez  ce  mot. 

JENDURE.  Voyez  Jandeure. 

1.  IENE,  ALfluarium ,  ancien  nom  d'un  golfe  de  la 
Grande-Bretagne.  On  croit  que  c'eft  prélèntement  le 
golfe  de  Kray.  *  Ortel.  Thef. 

2.  IENE,  ville  d'Allemagne,  dans  la  Thuringe,  fut- 
la  Sala,  dans  les  états  de  la  maifon  de  Saxe,  de  la  bran- 
che d'Eifenach,  Quelques-uns  ont  voulu  dériver  fon  nom 


470 


JEN 


JEN 


de  (es  vignobles  ,  6c  ont  prétendu  que  les  Juifs  l'ont 
ainfi  nommée,  parce  qu'en  Hébreu  J»  Iain ,  veut  dire 
du  vin  ;  mais  pour  ajouter  foi  à  cette  étymologie  ,  il 
faudroit  être  bien  afluré  qu'il  y  avoit  anciennement  des 
Juifs  Se  des  vignobles  en  cet  endroit.  Ce  qui  eft  plus 
certain  ,  c'eft  que  le  comté  de  Gleisberg  s'étendoit  à  l'en- 
tour  de  cette  ville,  6c  qu'elle  vint  à  Frédéric  le  Fort, 
par  un  mariage.  Laurent  Guillaume ,  dans  fa  Description 
de  la  ville  de  Zwikaw  ,  p.  33  ,  dit  que  la  féconde 
femme  de  Frédéric  le  Mordu ,  nommée  E/ifabeth,  com- 
teffe  d'Arnshaug  ,  6c  la  dernière  de  cette  famiile  ,  lui 
apporta  Marlsheim  ,  Iene  &  Eifenach.  *  Zeyler,Th.\.\- 
ringiae  Topogr.  p.  106. 

Cette  ville  d'iene,  fituée  à  trois  milles  deNaunbourg, 
eft  "paffablement  fortifiée,  &  a  un  pont  de  pierre  fur  la 
Sala ,  rivière  qui  a  fa  fource  dans  le  Fichtelberg  ,  &  fe 
jette  dans  l'Elbe.  Le  couvent  des  Dominicains  y  fut 
fondé  ,  l'an  1286,  &  doté  enfuite  par  la  libéralité  de 
plufieurs  particuliers,  mais  principalement  par  les  bien- 
faits d'Albrecht,  landgrave  du  Thuringe  ,  &  comte  Pa- 
latin de  Saxe  ,  comme  l'écrit  DreiTerus  ,  p.  331.  La 
ville  eft  aflèz  bien  bâtie  ;  mais  elle  tire  fon  principal  lus- 
tre de  fon  univerfité.  Jean  Frédéric ,  duc  de  Saxe  ,  fe 
donna  de  grands  mouvemens  auprès  de  Charles  V,  qui 
étoit  alors  à  Bruxelles ,  pour  en  obtenir  les  privilèges 
néceffaires  à  cette  univerfité  ;  mais_  il  n'en  put  voir 
l'exécution.  En  mourant  il  chargea  fon  fils  d'y  travail- 
ler; 6c  ce  prince  obtint  ces  privilèges,  l'an  1558,  de 
l'empereur  Ferdinand.  L'inftallation  folemnelle  s'en  fit 
le  2  de  Février.  Il  lui  fit  préfent  d'une  belle  bibliothè- 
que ,  y  plaça  des  profeffeurs  habiles  ,  fur-tout  pour  le 
droit.  Bertius  met  l'introduction  de  l'univerfité  au  25 
de  Janvier  1655.  Les  grands  hommes  qu'on  y  avoit  pla- 
cés y  attirèrent  bientôt  une  foule  d'étudians ,  outre  l'a- 
grément qu'ils  ytrouvoient,  en  y  vivant  à  très -bon 
marché.  Jufte-Lipse  avoit  enseigné  dans  cette  univer- 
fité ,  6c  il  y  prononça  l'oraifon  funèbre  du  duc  de  Saxe. 
Dès  le  tems  de  Bertius  elle  étoit  déchue  de  cette  grande 
célébrité.  Elle  ne  laiffe  pas  de  conferver  encore  un  rang 
honorable  entre  les  univerfités  d'Allemagne,  &  elle  a 
encore  à  préfent  des  profeffeurs  du  premier  ordre. 

La  ville  d'iene ,  ainfi  que  les  autres  biens ,  dépendans 
•de  la  branche  de  Saxe-Eifenach  ,  appartiennent  aujour- 
d'hui à  la  branche  de  Saxe-Weimar ,  par  l'extinction  de 
la  première,  en  1741. 

3.  IENE  ou  Ieno  ,  ville  de  la  haute  Hongrie,  vers 
les  confins  de  la  Tranfilvanie.  De  l'Ifle  la  nomme  Boros 
Ieno  ;  c'eft  une  fortereffe  fur  lé  Kerès  ,  rivière  qui  de- 
là coule  à  Giula.  Au-deffous  de  Boros-Jeno,  on  trouve 
un  village  nommé  le  petit  Jeno.  Ces  lieux  font  dans  le 
comté  d'Arad.  Baudrand  confond  Iene  avec  Desna, 
château  qu'il  appelle  Dene.  Ce  château  eft  dans  un  au- 
tre comté.  Maty  6c  Corneille  font  la  même  faute. 

JENÉEN  ,  gtande  &  vieille  ville  de  la  Paleftine,  aux 
confins  de  la  plaine  d'Esdraléon  ,  en  allant  de  Jérufa- 
lem  à  Nazareth.  Elle  a  un  vieux  château  Se  deux  mos- 
quées ;  6c  c'eft  le  lieu  de  la  réfidence  d'un  Emir  ,  qui 
levé  un  caphar  fur  tous  ceux  qui  font  cette  route.  On 
feroit  tenté  de  croire  que  c'eft  la  Naïm  de  l'écriture  ; 
mais  le  miniftre  Mawndrel  les  diftingue  dans  fon  Voyage 
d'Alep  à  Jérufalem  ,  pf  187  6c  193. 

JENGAN ,  ville  de  la  Chine  ,  clans  la  province  de 
Chenjl  ou  Xenji ,  dont  elle  eft  la  huitième  métropole. 
Elle  eft  de  8  d.  20'  plus  occidentale  que  Pékin  ,  & 
compte  37  d.  37'  de  latitude.  Cette  contrée  n'étoitpas 
anciennement  comprife  dans  l'empire  de  la  Chine.  Ce 
fut  l'empereur  XI ,  qui  s'en  rendit  maître ,  6c  qui  l'en- 
ferma dans  la  grande  muraille.  La  ville  eft  fituée  au  bord 
feptentrional  du  lac  Lieu  ,  dans  un  champ  agréable  6c 
fertile  ;  elle  'tire  un  grand  agrément  de  la  montagne 
qui  eft  enfermée  dans  fes  murs ,  8c  qui  eft  occupée  par 
divers  édifices  ,  tant  publics  que  particuliers.  Le  terri- 
toire de  Jengan  renferme  dix-neuf  villes, 

Jengan ,  Ychuen  ,  Cochuen ,  Kia  a  , 

Gansai,  Yenchuen,  Chung-pu,  Upao, 

Canciven,  Jenchang,  Ykiun  ,  Xinmo 

Ganting ,  Chingkien  ,  Suite  ®  ,  ck  Tuco. 

Paogan,  Feu®,  Miche, 

Il  coule  dans  les  montagnes  de  cette  liqueur  bitumi- 


neufe  qu'on  nomme  pétrole  ;  les  habitans  de  Jengan  s'en 
fervent  dans  leurs  lampes  ,  6c  pour  guérir  la  galle.  Le 
pays  fournit  quantité  de  pelleteries  précieufes  ,  entr'au^ 
très,  des  zibelines  ;  il  y  a  divers  marbres  en  quantité, 
&  on  y  trouve  particulièrement  la  fleur  meutan  ,  c'eft- 
à-dire  la  reine  des  fleurs  :  elle  reffemble  un  peu  à  nos  fo- 
ies ;  mais  fes  feuilles  font  plus  épanouies  ;  elle  a  moins 
d'odeur  ,&  plus  de  beauté  ;  elle  eft  fans  épines  :  fa  cou- 
leur eft  un  mélange  de  blanc  6c  de  pourpre  ;  il  y  en  a 
auiïi  de  rougçs  ik.de  jaunes  ;  elle  eft  portée  par  un  ar- 
bufte  qui  ne  reffemble  pas  mal  à  notre  fureau.  Dans 
toute  la  Chine  cette  fleur  eft  cultivée  dans  les  vergers 
des  grands  ,  avec  d'autant  plus  de  foin ,  qu'il  faut  la  garan- 
tir des  grandes  chaleurs  de  l'été.  Iln'yaà  Jengan  que  deux 
temples  confacrésaux  héros.  *  Martini ,  Atlas  Sinenfis. 

JENGAPOUR,  ville  de  l'Indouftan,  dans  les  états 
du  grand  Mogol ,  fur  la  rivière  de  Chaul ,  dans  une  pe- 
tite contrée,  â  laquelle  cette  ville  donne  fon  nom  ,  au 
nord-oueft  de  Dehli,  6c  au  fud-fud-eft  de  Lahor  ;  c'eft  là 
même  que  Baudrand  appelle  GENUPAR.  *  De  PIfle, 
Carte  des  Indes. 

JEN-JEN-CHON  ou  Jen-J^n-Chan,  montagne  de 
la  Tartarie ,  dans  le  pays  appelle  Ta-Ta  ,  à  trois  milles 
li  des  frontières  de  la  Chine.  Les  Chinois  y  défirent  les 
Huns,  vers  l'an  8  de  J.  C.  6c  gtaverent  fur  une  pierre 
de  cette  montagne?  une  inscription  ,  pour  marque  de  leur 
victoire.  *  Hijl.  générale  des  Huns\,  t.  1 1 ,  p.  72,  122. 

1.  JENISCEA,  Jenisia  ,  grande  rivière d'Afie, dans 
la  Tartarie  :  elle  a  fa  fource  en  divers  lacs ,  auprès  des 
montagnes ,  qui  font  au  midi  de  la  Sibérie  ;  enfuite  cou- 
lant vers  le  nord  occidental  ,  elle  traverfe  le  pays  des 
KirgifTes  ,  où  elle  reçoit  divers  ruiffeaux ,  emr'autres 
l'Upfa  ,  d.  leKaratan,  g.  Sida  ,  d.  Mana  ,  d.Bazaiga, 
d.  Lagotina,  d.  vis-à-vis  de  Grasnojar,  ville,  g.  laSpo- 
lofanka,  Velika  ,  Vitova  ,  6c  Kan  ,  d.  Hufim,  6c  Po- 
dienbolta  ,  g.  Elle  fe  groflit  enfuite  de  la  grande  rivière 
d'Angara,  qui  vient  du  lac  de  Baikal  ;  après  quoi  elle 
paffe  à  Jéniscéâ ,  ville  au  pays  des  Tartares  Tongufes , 
6c  qui  eft  nommée  par  des  voyageurs  Jéni^eshoi.  Les 
ruiffeaux  qu'elle  reçoit  au-deffous  de  cette  ville  ,  font 
Pitopa ,  Karofi ,  d.  Sin ,  g.  6c  vis-à-vis  elle  eft  accrue 
parla  Podkamena-Tonguska ,  grande  rivière  au-deffous 
de  laquelle  elle  reçoit  divers  ruiffeaux  ,  dont  nous  igno- 
rons les  noms,  excepté  le  Tugulan,  g. '6c  Mira  d.  Elle 
entre  enfuite  au  pays  des  Samoyedes ,  à  l'entrée  duquel 
elle  abforbe  les  eaux  de  la  rivière  Nisnaia-Tonguska , 
qui  coule  au  pays  des  Tongufes.  Au-deflbus  de  leur  jonc- 
tion, eft  fur  la  droite  le  monaftere  de  Troitskogo;  6c 
plus  bas,  de  l'autre  côté,  eft  Turuganskoi,  à  l'endroit  où 
la  rivière  de  Turugan  tombe  dans  le  Jéniscéâ  :  elle  re- 
çoit encore  les  eaux  des  ruiffeaux  fui  vans;  Schoriga,  d. 
Korefiga ,  g.  Gataka  ,  6c  Ubo  ,  d.  Presque  vis-à-vis  de 
cette  dernière  elle  reçoit  une  branche  de  la  Gufina, 
dont  une  autre  branche  la  joint  plus  bas  ,  après  avoir 
formé  une  ifle.  Sur  la  droite,  les  ruiflèaux  Dudina-Vei- 
gnaia ,  Dudina-Nisnaia,  6c  Ubonia ,  s'y  rendent ,  de  l'ex- 
trémité feptentrionale  delà  même  chaînede  montagnes, 
où  elle  a  pris  fa  fource ,  6c  qui  la  côtoie  à  l'orient  ;  puis  for- 
mant Pille  de  Gansko  à  fon  embouchure  ,  elle  fe  jette 
dans  la  mer  Glaciale,  au  midi  de  la  nouvelle  Zemble.  En- 
tre cette  rivière  6c  celles  de  Nisnaia-Tonguska  ,  6c  de 
Podkamena-Tongusca  font  des  montagnes  brûlantes  ou 
volcans. 

2.  JENISCEA ,  Jeniseskoi  ,  ou  Jeniseiskoi  ,  ville 
de  l'empire  Ruffien ,  dans  la  Tartarie ,  au  royaume 
de  Sibérie  ,  aux  confins  des  Oftiaques  6c  des  Tongufes. 
Elle  tire  fon  nom  de  la  rivière  qui  la  baigne ,  6c  qui  a 
plus  d'un  grand  quart  de  lieue  de  large  devant  la  ville. 
Vers  la  fin  du  fiécle  paffé ,  les  habitans  de  cette  ville 
équipèrent  un  vaiffeau ,  pour  aller  à  la  pêche  de  la  ba- 
leine; mais  il  n'en  eft  jamais  revenu ,  6c  même  ils  n'en 
ont  eu  aucune  nouvelle  ;  cependant  ceux  deFuGUNiA, 
ville  fituée  fur  la  même  rivière  en  descendant',  ne  lais- 
fent  pas  d'y  en  envoyer  tous  les  ans  ;  mais  ils  prennent 
mieux  leur  tems  ,  lorsque  le  vent  pouffe  la  glace  en 
mer  ,  6c  font  ainfi  cette  pêche  fans  péril.  La  ville  de 
Jéniscéâ  eft  affez  grande  ,  bien  fortifiée  6c  fort  peuplée; 
le  bled ,  la  viande  de  boucherie  6c  la  volaille  y  abondent. 
Sa  jurisdiction  s'étend  fur  un  grand  nombre  de  Tungufes 
payens ,  lesquels  habitent  le  long  de  la  rivière  6c  de 
quelques  autres  du  voifinage.  Ils  payent  à  l'empereur  de 


JEN 


JER 


Ruffie  Un  tri-but  de  toutes  fortes  de  pelleteries.  Le  froid 
y  eft  fi  violent ,  que  les  arbres  fruitiers  n'y  produifent 
aucun  fruit  :  il  n'y  croît  que  des  grofeilles  rouges  ck 
noires,  &  quelques  frailes.  *  Voyage  <i'lsbrand-Ides  ,in- 
féré  dans  les  Voyages  de.  le  Brun ,  p.  1 16. 

Le  Journal  Allemand  d'un  voyage  de  Laurent  Lange, 
à  la  Chine,  rapporte  une  circonstance  remarquable. 
c'eft  qu'aux  environs  de  cette  ville ,  ck  même  allez  loin  , 
en  allant  vers  Mangasca  ,  on  trouve  dans  la  terre  une 
espèce  d'os  fort  furprenante,  au  bord  de  la  rivière,  ck 
dans  d'autres  fonds  :  ces  os  reffemblent  à  de  i'yvoire  : 
les  naturels  du  pays  les  prennent  effectivement  pour  cela, 
&  on  croit  que  c'eft  le  Déluge  ,  qui  les  y  a  amenés  : 
d'autres  croient  que  ce  ne  font  ni  des  os,  ni  des  dents, 
mais  un  y  voire  foffile  qui  fe  produit  dans  la  terre  ;  d'au- 
tres affurent  qu'il  y  a  fous  terre  un  animal  exceffivement 
gros,  nommé  Maman,  qui  ne  peut  fupporter  le  jour 
ni  la  lumière  :  ils  ajoutent  qu'il  a  une  corne  qui  lui  fert 
à  écarter  devant  lui  la  terre,  dans  laquelle  il  vit;  que 
cette  corne  reffemble  à  une  dent  d'éléphant ,  ck  que  cet 
animal  eft  le  même  que  le  Béhémot,  décrit  au  livre  de 
Job,c.  40  ;  les  dents  de  fes  mâchoires  font  d'une  ma- 
tière, qui  extérieurement  reffembje  à  l'os;  mais  inté- 
rieurement elle  reffemble  à  un  métal,  ck  eft  dure  comme 
de  la  pierre  ;  l'inclination  que  le  Béhémot  a  de  fe  ca- 
cher, convient  à  l'animal  dont  on  parle,  en  ce  que  l'on 
ne  trouve  de  fes  os  que  dans  les  endroits  de  Sibérie  qui 
font  bas,  marécageux  ck  couverts  de  broffailles  :  il  ne 
peut  voir  la  lumière  fans  mourir.  Lange  ajoute  qu'on 
lui  a  dit  que  l'on  trouve  encore  à  préfent  des  os  de  cet 
animal,  comme  des  cornes*,  des  dents,. des  côtes,  où 
l'onvoit  encore  du  fang  tout  frais  ck  de  la  chair ,  &  que 
fi  on  s'en  vouloit  donner  la  peine,  onenpourroit  former 
un  fquelette  entier. 

Un  Allemand  qui  a  fermé  un  Etat  de  la  Sibérie,  im- 
primé à  Nuremberg ,  l'an  1720,  qu'il  a  recueilli  de  tous 
les  auteurs  qu'il  a  pu  trouver ,  dit,  c.  9  ,  p.  80 ,  qu'un  des 
côtés  de  la  rivière  Jeniza  ,  Jenisea  ,  Genessai  ou 
JELISSE  ,  eft  bordé  par  de  hautes  montagnes  ;  que  l'au- 
tre eft  une  large  plaine ,  qui  vers  le  printems,  eft  inon- 
dée par  ce  fleuve  qui ,  fe  déborde  comme  le  Nil ,  l'espace 
de  foixante-dix  milles,  ck  engraiffe  les  terres  qu'il  rend 
ttès  fertiles.  Tant  que  dure  cette  inondation  les  Ton- 
gufes  fe  retirent  de  l'autre  côté  fur  les  montagnes  :  après 
quoi ,  lorsque  le  fleuve  eft  rentré  dans  fon  lit  ,  ils  revien- 
nent dans  la  plaine  ,  avec  leurs  troupeaux.  Le  Jéniscéa 
ne  peut  être  navigué  fort  loin  ,  à  caufe  de  neuf  poroges  , 
ou  chutes  d'eau,  qui  étant  à  quelques  milles  dediftance 
les  unes  des  autres  ,  interrompent  la  navigation. 

I.  JENIZAR,  ville  de  Grèce,  dans  la  Macédoine, 
au  fond  du  golfe  de  Salonique  ,  entre  cette  ville  ck  ca- 
ravéria  ,  dans  le  Comenolitari,  peu  loin  des  ruines  de 
l'ancienne  Pella.  *  Robert  de  Vaugondy ,  Atlas. 

1.  JENIZAR  ,  petite  ville  de  Grèce  ,  dans  la 
Janna  ,  fur  une  petite  rivière  ,  qui  tombe  dans  le 
golfe  de  Volo  ,  entre  ce  golfe  ci  Lariffe.  C'eft  l'an- 
cienne PHER.E  de  Theffalie.  *  Robert  dt  Vaugondy  , 
Atlas. 
.  JENKOPING  ,  Jenekoeping  ou  Jonekoping, 
ville  de  Suéde,  dans  la  province  de  Smaland,  au  bord 
occidental  de  la  pointe  méridionale  du  lac  Vater  ou 
Vether  ;  Olaiis  Magnus  la  nomme  Janocopia  ck  dit 
que  les  rois  y  ont  tenu  des  affemblées  célèbres.  La 
ville  eft  ouverte  de  tous  côtés  ,  ck  n'a  ni  murs  ni 
foliés,  au  rapport  de  Zeyler,  Suec.  Desc.  p.  108;  mais 
la  citadelle  eft  enfermée  dans  un  rempart.  C'eft  dans 
cette  ville  que  mourut  fubitement  ,  l'an  1 503 .  Ste- 
non  Sture  adminiftrateur  du  royaume  de  Suéde.  L'an 
1612,  comme  Chriftian  IV,  roi  de  Danemarck  ,  ve- 
noit  attaquer  cette  ville  ,  les  Suédois  mirent  eux-mêmes 
le  feu  à  la  ville  ,  ck  défendirent  la  citadelle.  *  Meur- 
fius,  l.i. 

JENLING,  ville  de  la  Chine,  dans  la  province  de 
Honan  ,  au  département  de  Caifung,  première  métro- 
pole de  la  province.  Elle  eft  plus  occidentale  que  Pé- 
kin, de  1  d-.Ji' ,  par  les  35  d.  13'  de  latitude.  *  Atlas 
Sinenfis. 

JENO.  VoyezlENE3. 

JENPING  ,  ville  de  la  Chine,  dans  la  province  de 
Fokien  ,  dont  elle  eft  la  cinquième  métropole.  Elle  n'eft 
plus  orientale  que  Pékin,  que  de  57'  ou  les  26  d.  34' 


4/1 

de  latitude.  Cette  ville  eft  arrofée  par  la  rivière  Min  , 
ck^s'éleve  depuis  le  rivage  en  forme  d'amphithéâtre  jus- 
qu  au  haut  de  la  colline  ,  de  manière  ,  qu'en  navigeant 
fur  la  rivière ,  on  la  voit  presqu'entiérement.  Du  côté 
de  la  porte,  qui  eft  à  l'orient,  il  y  a  deux  rivières  qui 
fe  joignent ,  le  Min  &  le  Si  ,  &  forment  un  lac,  où 
abordent  des  barques  de  presque  toute  la  province.  La 
ville  n'eft  pas  fort  grande  ;  mais  elle  n'eft  pas  moins  jolie , 
ck  fes  murailles  s'élèvent  jusques  lur  les  montagnes ,  qui 
font  très-hautes  ck  presque  inacceffibles  du  côté  de  de- 
hors ;  c'eft  ce  qui  fait  palier  Jenping  pour  une  place  très- 
forte,  &  une  clef  de  la  province.  Elle  a  cela  de  particu- 
lier que  la  langue^  des  lettrés  y  eft  la  langue  ordinaire 
du  peuple  ;  ce  qu'on  attribue  à  une  colonie  qui  y  eft 
venue  de  Nanquin.  Une  autre  choie  qui  lui  eft  fingu- 
liere,  c'eft  qu'il  y  a  peu  de  maifons  qui  ne  foient  four- 
nies d'eau,  par  des  canaux  ,  qui  descendent  de  la  mon- 
tagne. Il  y  a  trois  temples  diftingués,  &  deux  ponts  de 
bateaux 'amarésenfemble, un  fur  chaque  rivière.  *  Atlas 
Sinenfis. 

Cina  fut  le  premier  qui  la  nomma  Jenping.  La  famille 
de  Tanga  la  nomma  KlENCHEU  ,  celle  de  Sunga 
Nankien  ;  ck  enfin  celle  de  Taiminga  lui  rendit  fon 
premier  nom  de  Jenping.  Son  territoire  comprend  fept 
villes; 

Jenping,  Cianglo,  Xa, 

Yenki,  Xunchang,  Junggan, 

ck  Tatien. 

JENSU,  ville  de  la  Chine  ,  dans  la  province  de  Ho* 
nan  ,  au  département  de  Honan ,  fixiéme  métropole 
de  la  province.  Elle  eft  plus  occidentale  que  Pékin  , 
de  4  d.  41',  par  les  35  d.  40'  de  latitude.  *  Atlas 
Sinenfis. 

JENTING,  cité  de  la  Chine,  .dans  la  province  de 
Suchuen ,  au  département  de  Tangchuen  ,  première 
grande  cité  de  la  province.  Elle  eft  de  11  d.  39'  plus 
occidentale  que  Pékin,   par  les  31   d.  n'  de  latitude. 

*  Atlas  Sinenfis. 

JENUPAR.  Voyez  Jengapour. 

JENXAN ,  ville  de  la  Chine ,  dans  le  Pékéli ,  au 
département  de  Hokien ,  troifiéme  métropole  de  la 
province.  Elle  eft  plus  orientale  que  Pékin  de  40' ,  par 
les  38  d.  25'  de  latitude.  *  Atlas  Sinenfis. 

JBNYSUS,  fmruroç,  ville  frontière  de  l'Arabie  & 
de  la  Syrie,  aux  confins  de  l'Egypte  ,  félon  Hérodote, 
/.  3  ,  c.j.  Il  dit  que  l'espace  qui  eft  entre  la  ville'  Je- 
nyfus,  le  mont  Cafius  &  le  lac  Sirbon  ,  n'eft  pas  petit , 
ck  qu'il  a  une  étendue  de  trois  journées  de  chemin. 

JEPHLETI  ou  Japhlet,  comme  lit  Ortélius;  ou 
plutôt  Jepheti,  comme  en  lit  dans  la  Vulgate,  an- 
cienne ville  de  la  Paleftine ,  aux  confins  des  tribus  de 
Benjamin  ck    d'Ephraïm.   *  Jofué ,  c.  16,  v.  3. 

JEPHTA  ,  ville  de  la  Paleftine,  dans  la  tribu  de  Juda. 

*  Jofué ,  c.  15  ,  v.43. 

IEPHTAEL  ,;  ville  de  la  Paleftine,  dans  la  tribu  de 
Zabulon.  *  Jofué,  c.  19  ,  v.  14. 

IERA ,  petite  ifle  déferte  de  l'Archipel ,  au  levant 
de  rifle  de  Namfio  ,  en  allant  vers  celle  de  Stampalie. 

IERABRICA ,  ancien  lieu  d'Espagne  ,  félon  Antonin, 
entre  Lisbonne  tk  Scalabis ,  à  XXX.  M.  P.  de  la  pre- 
mière, ck  à  XXXII.  M.  P.  de  la  féconde,  fur  la  route 
de  Lisbonne  à  Merida.  L'édition  de  Zurita  porte  HlE- 
RABRIGA;  l'exemplaire  du  Vatican  porte  Ierabrica, 
d'où  eft  venu  dans  quelques  manuscrits  Lerabrica:  il  y 
en  a  d'autres  où  17  eft  changé  en  G  ;  ce  qui  a  été  facile 
en  prononçant  mal  IV ,  qui  eft  voyelle ,  6k  dont  on  a 
fait  un/confonne.  Refendius  ,  Vafœus,  Morales,  & 
autres,  croient  que  c'eft  Alancuer.  Voyez  ce  mot. 
C'eft  peut-être  l'Arabrica  de  Ptolomée. 

JERAFITANUS,  fiége  épiscopal  d'Afrique  dans  la 
Mauritanie  Sitifenfe  ,  félon  la  Notice  d'Afrique,  qui 
fait  mention  de  Viftor  Jerafitanus.  *  Harduin ,  Collecf . 
conc. 

JERALA  ,  ville  de  la  Paleftine ,  dans  la  tribu  de  Za- 
bulon. Elle  eft  auffi  nommée  Jedala  :  il  a  été*  aifé  en 
lifant  l'Hébreu  de  confondre  le  D  ck  YR  ,  "\  ck-).  *  Jofué, 
c.I9,v.iV. 

JERAMÉEL,  canton  de  la  Paleftine,  dans  le  partage 
de  la  tribu  de  Juda  ,  vers  le  midi  de  cette  tribu.  Il  fut 


47i 


JER 


JER 


poffédé  parles  descendans  deJéraméel',  fîlsd'Hesron. 
David  dilbit  à  Achis,  qu'il  faifoit  des  courfesdansle  pays 
de  Jéraméel  pendant  qu'il  ravageoit  le  pays  des  Ama- 
lécites,  des  Geffurites  &  des  Geifites.  *  i.  Reg.  c.  27, 
v.  10;  &:  c.  30,  v.  29. 

JERBEY,  ou  Irebey  ,  autrefois  ville  ,  préfentement 
village  d'Angleterre,  au  comté  de  Cumberland ,  à  cinq 
lieues  de  la  ville  de  Carlille  vers  le  couchant.  C'eft  ap- 
paremment Irby  ,  bourg,  où  l'on  tient  marché.  *  Bau- 
drand,  éd.  1705. 

Cambden  croit  que  Jerbey  eft  VArbeia ,  dont  il  eft 
parlé  dans  le  livre  des  Notices  de  l'empire,  S  ici.  63. 

JERÉJA,  royaume  d'Afrique,  entre  les  rivières  de 
Gambie,  &  de  Kafamanka  du  nord  au  midi,  s'étend 
depuis  la  mer  jusqu'à  la  fource  de  cette  dernière;  ks 
fujets  font  compoiés  de  deux  nations  Nègres  ,  les  Ba- 
gnons  &  les  Flups.  La  capitale  porte  le  même  nom  de 
Jéréja;  elle  eft  habitée  en  partie  par  des  Portugais  ,  6c 
les  facteurs  des  comptoirs  Anglois  Se  François.  Le  pa- 
lais du  roi  eft  à  demi-lieue  de  la  ville  ;  c'eft  un  aflem- 
blage  de  cabanes  ,  qui  forment  un  petit  village.  Outre 
la  capitale  ,  il  y  a  dans  ce  royaume  la  ville  de  Vintain , 
fur  la  rivière  de  même  nom  ;  Paska  grand  village ,  qui 
eft  la  réfidence  d'un  alkade  ;  Se  Jamez  qui  eft  à  quatorze 
lieues  de  Paska.  *  Voyage  de  Brue  en  Afrique.  Voyage 
de  le  Maire. 

1.  JÉRIA ,  contrée  de  l'Inde.  S.  Jérôme,  Qucejl.  in 
Genef.  en  parle ,  Se  dit  qu'elle  étoit  près  du  fleuve 
Cophene.  Ortélius  croit  que  ce  nom ,  pris  de  Jofeph  , 
eft  corrompu,  Se  ajoute  que  dans  l'endroit  dont  il  eft 
queftion,  on  lit  dans  Jofeph  même,  Antiq,  1.  1  ,c.  1 , 
Syrije. 

2.  JÉRIA,  lieu  de  Thrace  hors  la  ville  de  Conftan- 
tinople ,  félon  l'Hiftoire  mêlée ,  /.  18 ,  qui  le  nomme  Hie- 
RIA,  /.  21. 

JÉRICHAU  ,  cercle  d'Allemagne,  dans  le  duché  de 
Magdebourg.  Il  s'étend  ,  dans  fa  partie  orientale ,  à  la 
droite  de  l'Elbe  ,  Se  prend  fon  nom  d'un  bourg  fitué  fur 
ce  fleuve  ,  où  il  y  avoit  anciennement  une  abbaye  de 
Tordre  de  Prémontré. 

JERICHO  (a),  ville  de  la  Paleftine,  dans  la  tribu  de 
Benjamin  (b)  ,  environ  à  fept  lieues  de  Jérufalem  ,  Se 
à  deux  du  Jourdain.  Moïfe  (c)  l'appelle  la  Ville  des 
PALMIERS  ,  à  caufe  qu'il  y_  avoit  grand  nombre  de  ces 
arbres  dans  la  plaine  de  Jéricho.  Jofeph  (<•)  dit  qu'il 
y  avoit  dans  le  territoire  de  cette  ville  beaucdfep  de 
palmiers,  Se  l'arbre  du  baume  qui  produifoit  cette  li- 
queur fi  précieufe  Se  fi  eftimée  des  anciens  ;  la  vallée  de 
Jéricho ,  étoit  arrofée  par  un  ruiffeau  ,  qui  étoit  autrefois 
falé  Se  amer  (e),  mais  qui  dans  la  fuite  fut  adouci  parle  pro- 
phète Elifée;  enforte  que  ces ^  eaux  rendirent  la  plaine  de 
Jéricho  (f)  ,  une  des  plus  agréables  Se  des  plus  fertiles  du 
pays.  Jéricho  fut  la  première  ville  du  pays  de  Chanaan, 
que  Jofué  prit  (s).  Il  y  envoya  d'abord  des  espions  qui 
furent  reçus  par  une  femme  nommée  Rahab ,  qui  les 
logea  chez  elle ,  Se  les  fauva  de  la  main  du  roi  de  la 
ville  ,  qui  avoit  envoyé  pour  les  faire  arrêter.  Elle  leur 
fit  promettre  qu'ils  la  conferveroient ,  elle  Se  toute  fa  fa- 
mille ,  lorsqu'ils  auroientpris  la  ville.  *  (a)  D.  Calmer, 
Dift.  (b)  Jofué,  c.  18,  v.  21.  O  Deut.  c.  34,  v.  3. 
(d)  Antiq. L4, c.<j.  (e)  4.  iîeg.  c.  2,  v.  19.  (()Jofephde 
BelLo ,   1. 5  ,  c.  4.   (6)  Jofué,  1 1 , 1 ,  2  ,  Se  fuiv. 

(a)  Jofué  reçut  ordre  du  Seigneur  d'affiéger  Jéricho , 
peu  de  jours  après  le  paffage  du  Jourdain,  Se  peut-être 
la  veille  ou  le  jour  de  la  première  Pâque  ,  que  les  Hé- 
breux célébrèrent  dans  la  terre  de  Chanaan.  La  manière 
dont  fe  devoit  faire  le  fiége  eft  tpute  extraordinaire. 
Dieu  leur  ordonna  de  faire  pendant  fept  jours,  Se  chaque 
jour  une  fois  le  tour  de  la  ville.  Les  gens  de  guerre  mar- 
choient  à  la  tête,  apparemment  hors  de  la  portée  des 
traits  des  ennemis.  Après  eux  fuivoient  les  prêtres  qui 
fonnoient  de  la  trompette;  puis  ceux  qui  portoient  le 
coffre  facré ,  qui  renfermoit  les  tables  de  la  loi  ;  Se  enfin 
tout  le  peuple  ,  dispofé  dans  le  même  ordre  qu'ils  gar- 
doient  dans  la  marche  du  défert.  On  obferva  cette  céré- 
monie jusqu'au  feptiéme  jour.  Ce  jour  -  là  on  tourna 
fept  fois  autour  de  la  ville  ;  &  à  la  feptiéme ,  au  bruit 
des  trompettes  Se  des  cris  de  tout  le  peuple,  les  murs 
tombèrent  d'eux-mêmes.  Le  premier  jour  étoit  un  di- 
manche, difent  les  rabbins,  &  le  feptiéme  un  jour 
de  Sabbat.  Tout'le  peuple  demeura  dans  un  profond 


filence,  pendant  les  fix  premiers  jours;  mais  lefeptiéme 
jour,  Jofué  leur  ayant  dit  de  crier,  ils  élevèrent  leurs 
voix  de  toute  part  ;  Seles  murs  étant  renverfés  ,  ils  entre- 
rent  tous  dans  la  ville  ,  chacun  par  l'endroit  qui  étoit  vis- 
à-vis  de  lui  :  or  le  Seigneur  avoit  ordonné  que  la  ville 
fût  dévouée  à  Tanathéme  ,  &  que  nul  ne  touchât  à  quoi 
que  ce  fut  de  ce  qu'on  y  trouveroit  Se  qu'on  n'y  épar- 
gnât ni  hommes  ni  bêtes  ;  que  la  feule  Rahab  Se  fa 
famille  feroient  exceptées  de  cette  loi  générale.  Tout  cela 
fut  exécuté.  On  mit  le  feu  à  la  ville  ;  Se  on  confacra 
au  Seigneur  tout  l'or ,  l'argent  Se  le  cuivre  qui  s'y  trou- 
vèrent. Alors  Jofué  fit  cette  imprécation  ,  Se  il  dit  :  Mau- 
dit foit  devant  le  Seigneur  l'homme  qui  relèvera  Se  re- 
bâtira Jéricho  :  que  fon  premier  né  meure ,  lorsqu'il  en 
jettera  les  fondemens  ;  Se  qu'il  perde  le  dernier  de  ies 
enfans ,  lorsqu'il  en  mettra  les  portes.  Cette  impréca- 
tion de  Jofué  ne  fut  pas  vaine  (b).  Hiel  de  Béthel,  en- 
viron cinq  cents  trente-fept  ans  après  ceci ,  entreprit  de 
rebâtir  Jéricho.  Il  perdit  Abiram  fon  fils  aine  ,  lorsqu'il 
en  jetta  les  fondemens;  Se  Ségub  le  dernier  de  les  (ils , 
lorsqu'il  en  pofa  les  portes.  Au  refte ,  on  ne  doit  pas  s'ima- 
giner que  jusqu'au  tems  de  Hiel  de  Béthel ,  il  n'y  ait  point 
eu  de  ville  de  Jéricho  dans  ce  canton.  Nous  y  voyons  une 
vilje  des  Palmiers  ,  apparemment  la  même  que  Jéricho, 
du  tems'.des  JugesO) ,  Se  fous  Eglon ,  rois  des  Moabites. 
Les  ambaffadeurs  de  David ,  qui  avoient  été  outragés 
par  les  Ammonites  (d) ,  demeurèrent  à  Jéricho  ,  jusqu'à 
ce.  que  leur  barbe  fût  revenue.  Il  y  avoit  donc  dès-lors 
une  ville  de  Jéricho  ;  mais  elle  n'étoit  pas  fur  les  fon- 
demens de  l'ancienne ,  elle  étoit  au  voifinage  de  cette 
première  Jéricho.  Jofeph  diftingue  (e)  aflez  ces  deux 
•villes  ,  lorsqu'il  dit  qu'encore  de  fon  tems  ,  on  voyoit 
près  l'ancienne  ,  détruite  autrefois  par  Jolùé,  la  fource 
d'une  fontaine  très-abondante  ,  qui  fuffifoit  pour  arro- 
fer  toute  la  plaine.  Mais  depuis  que  Hiel  de  Béthel  1 
réparé  l'ancienne  Jéricho  nul  ne  fe  fit  fcrupule  d'y 
aller  demeurer.  Hérode  avoit  fait  bâtir  à  Jéricho  un  fort 
beau  palais.  C'eft  là  qu'il  fit  noyer  le  grand-prêtre  Ari- 
ftobule,  fon  beau-frere ,  Se  où  il  mourut  lui-même. 
Notre  Sauveur  a  fait  quelques  miracles  à  Jéricho  ;  Se  c'eft 
où  il  s'invita  à  demeurer  chez  Zachée ,  dont  la  foi  eft 
fi  fort  louée  dans  l'Evangile.  *  (a)  Jofué,  c.6,  v.  1, 
&  fuiv.  (b)  3.  Reg,  C.16  ,  v.  34.  (c)  Judic.  c.2,v.  17. 
00  J.%c.r    -    '  - 

la  Terre-fainte . 

La  rofe  de  Jéricho  efi  louée  dans  l'Ecriture  (a) , 
dans  les  voyageurs;  quoiqu'il  y  ait  lieu  de  douter  que 
ce  que  l'Ecriture  appelle  rofe  de  Jéricho  (b),  foit  la 
même  chofe  que  les  modernes  entendent  fous  ce  nom. 
Quoi  qu'il  en  foit,  voici  ce  qui  eft  connu  fous  le  nom 
de  rofe  de  Jéricho.  C'eft  une  plante  qui,  a  la  forme  de 
fureau.  Sa  fleur  vient  en  bouquet ,  compofé  de  plufieurs 
petites  fleurs  aflez  femblables  à  celles  du  fureau.  D'abord 
elle  eft  rouge ,  elle  devient  enfuite  blanchâtre.  La  cam- 
pagne de  Jéricho  eft  toute  couverte  de  cette  espèce  d'ar- 
bufte.  Il  en  vient  auffi  dans  quelques  endroits  de  l'Ara- 
bie. La  fleur  eft  incorruptible  :  elle  fe  féche  ,  Se  fe  re- 
ferme ,  à-peu-près  ,  comme  la  fleur  de  fureau ,  avant 
qu'elle  s'ouvre  Se  s'épanouiffe.  On  lui  attribue  plufieurs 
vertus  fans  aucun  fondement.  Quand  on  la  laiffe  quel- 
que tems  dans  l'eau ,  elle  s'ouvre  Se  s'épanouit.  Dès  qu'on 
la  laiffe  quelque  tems  hors  de  l'eau ,  elle  fe  refferre , 
Se  cela  en  toutes  les  faifons  de  l'année.  *  (a)  Ecclefuiflic. 
c.  24  ,  v.  18.  00  Quafi plantatio  rofz  in  Jéricho. 

Quoique  Jofeph  dife  que  les  environs  de  Jéricho  res- 
fembloient  au  paradis  terreftre,  cependant  il  y  avoit 
quantité  deferpens;  Se  même  Suidas  dit  qu'on  s'enfer- 
voit  pour  la  thériaque.  Strabon ,  /.  16  ,  fait  mention  de 
deux  forts ,  THRAX  Se  Taurus  ,  fitués  à  l'entrée  de 
Jéricho,  Se  que  Pompée  détruifit.  Jofeph  parle  auffi  des 
forts  placés  autour  de  cette  vijle  :  celui  de  Dagon  , 
A«^»V,  étoit  de  ce  nombre.  0)  K.UPROS  étoit  auffi  une 
citadelle  bâtie  au-deffus  de  Jéricho  par  Herode  (b). 
Vespafien  (c)  détruifit  Jéricho  ,  Hadrien  la  rebâtit.  Bail- 
let  prétend  que  l'ancienne  ville  de  Jéricho ,  détruite  par 
Jofué  ,  étoit  dans  la  tribu  de  Juda,  Se  que  la  nouvelle 
Jéricho  étoit  de  la  tribu  de  Benjamin  (d).  Cette  ville 
fut  encore  relevée  fous  les  empereurs  Chrétiens  ;  Se 
Procope  dit  (e)  que  Juftinien  y  fit  réparer  l'hôpital  & 
l'églife  de  la  Mère  de  Dieu.  On  y  établit  même  un 
fiége  episcopal  ;  &  elle  eft  nommée  Regium  Yericho, 

dans 


10 ,  v.  4  , 5.   r)  Doubdan ,  Voyage  de 
: ,  c.  37.  Jofeph  de  Btllo,  1.  5 ,  c.  4. 
Jéricho  eft  louée  dans  l'Ecriture  (a) ,  & 


1ER 


1ER 


dans  la  Notice  du  patriarchat  de  Jérufalem;  mais  les 
guerres  de  Sarrazins  dans  la  Terre-fainte  ont  tout  dé- 
truit. Jéricho  (f)  n'eft  à  préfent  qu'un  amas  de  méchan- 
tes huttes  faites  de  cannes  &  de  boue  ,  où  demeurent 
des  Arabes  fi  gueux ,  qu'à  peine  ont  -  ils  de  quoi  couvrir 
leur  nudité.  Beaucoup  de  leurs  enfans  y  marchent  tout 
ïiuds.  Il  n'y  a  plus  ni  remparts ,  ni  murailles ,  on  y  voit 
tout  au  plus  quelques  reftes  de  fes  ruines.  Ce  qu'il  y  a 
de  plus  entier  eft  la  maifon  de  Zachée  ,  ou  plutôt  la 
maifon  qu'on  a  bâtie  en  la  place  où  étoit  la  fienne ,  pro- 
che des  anciennes  murailles  de  la  ville  Se  du  torrent  qui 
leur  fervoit  de  foffé.  C'eft  un  édifice  carré,  dont  l'étage 
d'en-haut  eft  presque  tout  abbatu  ;  celui  de  deflbus  , 
qui  eft  bien  voûté ,  fubfifte  ;  mais  il  ne  fert  plus  que 
d'étable.  *  (a)  Ant.  1.  1 3  ,  c.  1 5  ;  Se  de  Bello  ,  1.  1 ,  c.  2. 
(I>)^fe.l.i6;  &tdeBell.\.z,c.zo.(c)  Le P.Nau, Voyage 
delà  Terre-fainte.  (d)  Topogr.  des  Saints,  p.  243. 
C)  ^Edifie.  1.  5 ,  c.  9.  (f)  Le  P.  Nau,  Voyage  de  la 
Terre-fainte. 

JERICON  ,  ou  Jercon,  ou  plutôt  Jarkon,  ville 
de  la  Paleftine,  dans  la  tribu  de  Dan.  Me-arcon ,  ou 
plutôt  Me-jarcon,  fignifie  lés  eaux  dujarcon.  Ces  lieux 
étoient  aux  environs  de  Joppé.  *  Jofué ,  c.  19  ,  v.46. 

JERIMOTH ,  ville  de  la  Paleftine ,  dans  la  partie 
méridionale  de  la  tribu  de  Juda.  Voyez  JaraMOTH. 

JERIMUTH,  c'eft  la  même  choie  que  Jerimoth. 

JERjCÉEN  ,  ville  capitale  de  la  petite  Bucharie  ,  au- 
trement le  pays  de  Chaschgar.  Elle  -eft  fituée  à  42  d. 
40'  de  latitude  ,  au  nord  de  la  ville  de  Chaschgar ,  fur  le 
tord  d'une  petite  rivière,  dont  les  eaux  ne  parlent  pas  pour 
être  trop  faines.  Cette  ville  eft  affez  grande  &  affez  bien 
bâtie  à  la  manière  orientale ,  quoique  la  plupart  de  fes 
maifons  ne  foient  que  de  briques  cuites  au  ibleil.  Il  y 
a  un  château  en  cette  ville  où  le  Contaifch  vient,  de 
tems  en  tems,  loger  pour  quelques  mois  ,  lorsqu'il  juge 
fapréfence  néceffaire  de  ce  côté  ;  ce  qui  fait  que  quelques- 
uns  le  regardent ,  mais  mal-à-propos  ,  comme  la  réfi- 
dence  du  grand  Chan  des  Calmouks.  Comme  cette  ville 
eft  le  dépôt  de  tout  le  commerce,  qui  fe  fait  à  préfent  entre 
les  Indes  Se  le  nord  de  l'Afie,  entre  leTangutSe  la  Sibérie, 
&  entre  la  grande  Bucharie  Se, la  Chine,  elle  eft  riche, 
bien  peuplée.  Les  environs  de  Jerkéen  font  fort  fertiles , 
produifent  en  abondance  toutes  fortes  de  fruits  &  de 
légumes.  La  reljgion  Maho.métane  eft  dominante  dans 
cette  ville ,  comme  dans  toute  la  petite  Bucharie  ;  mais 
toutes  les  autres  y  fontlibres ,  parce  que  les  Calmouks  , 
qui  font  maîtres  de  ce  pays ,  fe  font  un  devoir  de  n'in- 
quiéter perfonne  pour  la  religion.  Le  Czar  Pierre  le  Grand, 
avoit  conçu  le  projet  d'établir  un  commerce  réglé  entre  fes 
états  6c  la  ville  de  Jerkéen  par  la  rivière  d'Irtis  ;  ce  qui 
auroit ,  fans  doute ,  été  fort  avantageux  à  la  Ruffie.*ffy?. 
généalogique  des  Tatars ,  p.  408. 

JERNÂ ,  rivière  d'Espagne,  près  du  promontoire 
Celtique  ,  félon  quelques  éditions  de  Mêla,  l.  3  ,  c.  1  , 
&  nommément  celle d'Olivarius.  L'édition  d'Aide, que 
les  nouvelles  ont  fuivie ,  dit  beaucoup  mieux  Laron  ,  le 
nom  de  cette  rivière. 

IERNIS  ,  nom  que  quelques-uns  ont  donné  à  l'Ir- 
lande. 

IERNUS  ,  ville  d'Irlande ,  dans  fa  partie  occidentale , 
félon  Ptolomée,  /.  2,  ci.  Voyez  l'article  Juerna. 

1.  IERON  :  c'étoit  anciennement  le  nom  d'un  lieu 
de  l'Afie  mineure,  enBithynie:  c'eft  aujourd'hui  un  fort 
de  l'Anatolie  ,  fur  le  détroit  de  Conftantinople ,  près  de 
Scutari.  *  Baudrand ,  éd.  1705. 

z.  IERON  ,  ville  de  la  Paleftine,  dans  la  tribu  de 
Nephtali ,  félon  Jofué,  c.  19,  v.  38. 

3*ERON  de  Romelie;  félon  Baudrand  bourg  de 
laïurquie,  en  Europe  ,  dans  la  Romélie,  près  de  la  ville 
de  Conftantinople. 

JEROSLAV  ,  ville  de  l'empire  Ruffien  :  quelques- 
uns  écrivent  Jarojlaw  ;  Se  d'autres  comme  De  l'Ifle  , 
Carte  de  Moscovie ,  Ieroflawle.  Cette  ville  eft  fituée  fur 
le  bord  méridional  du  Wolga  ,  dans  le  duché  auquel 
elle  donne  fon  nom  ,  Si  près  des  confins  du  duché  de 
Rofto-w  ,    à  environ   quarante   ■werftes  de  la  ville  de 


4?. 


Le  duché_  de  JerofW  eft  un  canton  de  l'empire  Ruf- 
fien,  traverfé  par  le  Volga.  Il  eft  borné  au  nord  parla 
province  de  Wojogda ,  à  l'orient  par  la  principauté  de 
Galicz,  Se  par  le  duché  de  Susdal;  au  midi  par  le  duché 


de  RoftoW,  Se  enfin  au  couchant  par  le  duché  de  Bélo- 
fero.  On  le  traverfe  du  fud  au  nord  lorsque  l'on  va  de 
Moscou  à  Wologda. 

JEROVILLA  ou  AnFiloca,  ville  de  Grèce ,  dans 
la  baffe  Albanie ,  à  l'orient  du  golfe  Se  de  la  ville  de 
l'Arta^fur  une  petite  rivière  qui  tombe  dans  ce  golfe. 
C'eft  Y Argos AmphiLochicum  des  Grecs.  Voyez  AïÎGOS 
3.  Se  Anfiloca. 

IERRE ,  (l')  petite  rivière  de  France ,  dans  la  Brie. 
Voyez  Yeres. 

1.  JERSEY,  ifle  fur  les  côtes  deErance,  quoique  fous 
la  domination  Angloife  ;  cette  nation  a  confervé  cette 
ifle ,  Se  quelques  autres  domaines  ,  pour  tout  refte  des 
poflèffions  qu'elle  avoit  autrefois  dans  ce  royaume.  Jer- 
fey eft  fituée  vers  la  côte  de  Normandie  ,  Se  dépen- 
doit  pour  le  fpirituel  de  l'évêché  de  Coutance.  Mais  les 
Anglois  y  ont  introduit  la  religion  Proteftante  ,  dont  ils 
font  profeffion  :  elle  a  précifément  fept  lieues  de  circuit, 
&  eft  à  dix  lieues  delà  côte  de  Bretagne,  Se  à  cinq  de 
celle  de  Normandie.  *  Mémoires  communiqués. 

Le  chef-lieu  s'appelle  Saint-Elie ,  au  fud  de  l'ifle ,  ou 
eft  un  port  abrié  par  une  chauffée  de  pierre ,  &  Joue* 
gant  eft  un  château  qui  bat  fur  le  port. 

On  compte  dans  l'ifle  douze  paroiffes  :  on  prétend  qu'il 
y  a  bien  trente-cinq  mille  habitans ,  Se  qu'ils  peuvent 
armer  au  befoin  dix  mille  hommes.  Le  rerroir  eft  très- 
fertile  ,  Se  le  cidre ,  qui  eft  la  boiffon  ordinaire ,  s'y  donne 
à  vil  prix.  Le  commerce  des  habitans  confifte  principa- 
lement à  introduire  du  tabac  en  France ,  d'un  manière 
frauduleufe,  Se  elle  en  tire  des  vins  Se  des  eaux-de-vie, 
qu'elle  fait  entrer  de  même  en  Angleterre;  &  comme,  en 
tems  de  guerre ,  ce  commerce  ne  peut  avoir  lieu  fur  les 
côtes  de  France  ,  les  habitans  de  Jerfey  s'adonnent  à 
faire  la  courfe  ;  ci  fe  cachant  derrière  les  roches  ou  les 
ides, ils  ne  manquent  point  de  furprendre  quelques-unes 
des  barques  françoifes  qui  reviennent  de  Bordeaux, 
chargées  de  vin  ou  d'eau-de-vie. 

Les  crapauds  fe  font  multipliés  à  l'infini  dans  cette 
ifle ,  &  y  font  très-incommodes  :  quelques  précautions 
que  l'on  prenne,  ils  entrent  toujours  dans  les  chambres; 
qui  font  au-rez-de-chauffée.  Ce  qu'il  y  a  d'étonnant ,  c'eft 
que  dans  l'ifle  de  Garnezei,  qui  eft  voifine,  on  n'en, 
voit  pas  un;  Se  fi  on  y  en  porte  de  Jerfey,  ils  y  meu- 
rent en  arrivant.  On  croiroit  aifément  que  ces  animaux 
doivent  caufer  de  la  corruption  dans  l'air  de  l'ifle, 
où  ils  font  fi  fréquens.  C'eft  cependant  tout  le  con- 
traire ,  Se  l'air  eft  beauconp  plus  fain  à  Jerfey  qu'à 
Garnefei. 

2.JERSEY.  (nouveau)  Voyez  Nouvelle  Yorckj 

JÊRSY,  Gersy  ,  ou  Jarcy,  abbaye  de  Bénédicti- 
nes ,  audiocèfe,  &  à  cinq  lieues  de  Paris,  fur  la  petite 
rivière  d'Yere.  Se  fondée  en  1269. 

JERVENLAND  ,  petit  canton  de  Livonie  ,  dans 
l'Eftonie,  au  nord  du  lac  "Wortzi.  On  le  nomme  en  la-, 
tin  Jervia,  Se  De  l'ifle  ne  le  nomme  point  autrement 
en  latin  que  Jervie.  Il  n'y  a  aucune  ville ,  mais  feule- 
ment le  château  de  Wittenftein,  le  bourg  d'Oberbalen 
Se  quelques  villages.  Ce  canton ,  comme  tout  le  refte  de 
la  Livonie',  appartient  à  l'empire  Ruffien. 

JERUSALEM  (a),  ville  d'Afie  ,  dans  la  Paleftine, 
dont  elle  étoit  la  capitale  fous  les  régnes  de  David  Se 
de  Salomon  ,  Se  le  fut  enfuite  du  royaume  de  Juda.  On 
la  nommoit  auparavant  Jebus  (b)  ,  ou  Salem  (c).  Quel- 
ques-uns l'expriment  par  Solyma ,  Jerofolyma;  les  Hé- 
breux par  Jerujchalaim  ou  Jerufchelem.  Ce  nom  peut 
lignifier  ou  la  vifion  de  paix ,  ou  la  pojfeffîon  ,  r héri- 
tage de  paix.  Jofué  la  donna  à  la  tribu  de  Benjamin  (d). 
Il  prit  Se  fit  mourir  le  roi  de  Jérufalem  dans  la  fameufe 
journée  de  Gabaon  (e)  ;  Se  il  y  a  toute  apparence  qu'il 
ne  laiffa  pas  cette  feule  ville  au  milieu  du  pays,  fans  la 
réduire  comme  il  avoit  fait  les  autres.  Il  faut  toutefois 
avouer  qu'il  n'eft  dit  en  aucun  endroit  qu'il  l'ait  prife. 
Il  paroit  même  par^  d'autres  paffages ,  qu'elle  demeura 
aux  Jébuféens ,  jusqu'au  tems  de  David  (f)  ;  Se  il  eft  dît 
expreffément  que  les  enfans  de  Benjamin  ne  chafferent 
point  les  Jébuféens  de  Jérufalem  (5).  D'un  autre  côté , 
cette  ville  p'aroît  avoir  été  dans  le  partage  de  la  tribu  de  Juda. 
Il  eft  dit  dans  Jofué,  c.  1 5  ,  v.  63  ,  que  les  enfans  de  Juda  ne 
purent  exterminer  les  Jébuféens  qui  habitoient  à  Jérufalem  ; 
Se  dans  le  livre  des  Juges  ,  c.  1  ,  v,  8  ,  on  lit  que  les  en- 
fans de  Juda  prirent  Se  brûlèrent  Jérufalem.  Eniîn  Da- 
Tome  III.    O  o  ô 


474 


JER 


JER 


vid,  qui  étoit  de  la  tribu  de  Juda,  n'eut  pas  plutôt  été 
reconnu  roi  de  tout  Israël ,  qu'il  marcha  contre  Jérufa- 
lem  (h) ,  &  la  réduifit  à  fon  obéiffance  ;  en  chaffa  les 
Jébuféens  ,  &  y  établit  le  fiége  de  fon  royaume.  Le  Pfal- 
mifte  (')  attribue  affez  clairement  Jérufalem  à  Juda, 
lorsqu'il  dit  que  le  Seigneur  n'a  pas  choifi  Ephraïm  , 
mais  la  tribu  de  Juda  ce  le  mont  de  Sion.  Pour  conci- 
lier ces  différens  textes ,  on  peut  dire  que  Jérufalem  étant 
fur  la  frontière  des  deux  tribus  ,  elle  eft  tantôt  attribuée 
à  l'une  &c  tantôt  à  l'autre  ;  que  Benjamin  y  avoit  plus 
de  droit  par  le  partage  que  Jofué  avoit  fait  du  pays  ;  &  Juda 
par  le  droit  de  conquête  qu'il  en  avoit  faite  jusqu'à  deux 
fois ,  premièrement  fous  les  juges  ,  &  enfuite  fous  Da- 
vid. Depuis  que  le  Seigneur  eut  déclaré  que  Jérufalem 
étoit  le  lieu  qu'il  avoit  choifi  pour  fa  demeure  &C  fon 
temple,  elle  fut  regardée  comme  la  métropole  de  toute 
la  nation ,  &  comme  étant  à  tous  les  Israélites  en  com- 
mun (k).  Elle  n'appartenoit  donc  proprement  ni  à 
Benjamin  ni  à  Juda,  *  (a)  D.  Calma,  Dict.  (b)  Jofué, 
c.  i8,v.l8.  (c)Genef.c.  14 ,  v.  18  ;  &  Hebr.  c.  7,  v.  1  ; 
&r.  Pfal.  75,  v.  3  ;  dans  l'Hébreu.  (d)  c.  18,  v.  28; 
(e)  c.  10,  v.  23  ,  40;  &  c.  12  ,  v.  10.  (f  )  2.  Reg. 
c.  5.  (8)  Judic.  c.  1  ,  v.  21.  (h)  r.Reg.  c.  <j  ,  v.  6,  7. 
(0  Pfal.  77,  v.  67.  (k)  Jofeph  ,  de  Bello,  /.  4,e.  6; 
&  /.  3  ,  c.  5. 

La  ville  de  Jérufalem  étoit  bâtie  fur  une  ou  deux  col- 
lines ,  &  elle  étoit  environnée  de  montagnes  :  Montes 
in  circuitu  ejus ,  Pfalm.  124  ,  v.  2,  ci  dans  un  terrein 
pierreux  &  affez  ftérile ,  à  la  longueur  de  foixante  fta- 
des ;  félon  Strabon,  /.  16  ,  le  terroir  &  les  environs  de 
Jérufalem  étoient  affez  arrofés ,  ayant  les  fonteines  de 
Géon  &  de  Siloé,  &  le  torrent  de  Cédron  ,  au  pied  de 
fes  murailles  ;  &  outre  cela  les  eaux  d'Ethan ,  que  Pi- 
late  avoit  conduites  dans  la  ville  ,  par  des  aqueducs , 
Jofeph ,  1.  2  ,  c.  1 5  ,  de  Bello.  L'ancienne  ville  de  Jéru- 
falem ou  Jébus  ,  que  David  prit  fur  les  Jébuféens ,  n'é- 
toit  pas  bien  grande.  Elle  étoit  affife  fur  une  montagne 
au  midi  du  temple.  La  montagne  oppofée^qui  étoit  au 
feptentrion ,  eft  celle  de  Sion ,  où  David  bâtit  une  nou- 
velle ville  ,  que  l'on  appella  la  cité  de  David,  dans  la- 
quelle étoient  le  palais  royal  &:  le  temple  du  Seigneur. 
Ce  temple  étoit  conftruit  fur  la  colline  de  Moria  ,  qui 
étoit  un  des  coteaux  du  mont  de  Sion.  Voyez  Ps.  47, 
v.  ^.Ifaïe,c.  14,  v.13  ;  &  2.  Reg.  c.  5,v.  7,9  ;  &t  1. Parai. 
c.  11,  v.  5;  ck^.Reg.  c.  8,  v.  1. 

Entre  ces  deux  montagnes  étoit  la  vallée  de  Mello , 
qui  féparoit  autrefois  l'ancienne  Jébus  de  la  cité  de 
David  ;  mais  elle  fut  ensuite  comblée  par  David  &  Sa- 
lomon, pour  joindre  les  deux  villes.  2.  Parai,  c.  S,v.  2. 
E[ech.  c.  40,  v.  2.  3.  Reg.  c.  9,v.  15,  24;  c.  n,v.27. 
Depuis  le  régne  de  Manaffé ,  il  eft  parlé  d'une  nouvelle 
ville  appellée  lu  féconde ,  qui  fut  fermée  de  murailles  par 
ce  prince,  t.. Parai,  c.  24 ,  v.  22 ,  c.  33  ,  v.  14  ;  &c  4.  Reg. 
c.  22,  v.  24.  Les  Maccabées  y  firent  encore  quelques 
augmentations  ,  &  aggrandirent  confidérablement  la 
ville  de  Jérufalem  du  côté  du  nord,  en  y  enfermant  une 
troifiéme  colline.  Jofeph  ,  de  Bello ,  1.  5  ,  c.  6 ,  parle 
encore  d'une  quatrième  colline ,  nommée  Beieta ,  qu'A- 
grippa avoit  jointe  à  la  ville ,  &  qu'il  avoit  commencé 
à  fermer  de  murailles.  Cette  nouvelle  ville  étoit  au 
nord  du  temple ,  le  long  du  torrent  de  Cédron.  Ainfi  la 
ville  de  Jérufalem  n'avoit  jamais  été  fi  grande  que  lors- 
qu'elle fut  attaquée  par  les  Romains.  Elle  avoit  alors 
trente-trois  ftades  de  tour  ,  qui  font  quatre  mille  cent 
vingt  cinq  pas,  ou  une  lieue  &?  presque  6c  demie,  à 
trois  mille  pas  la  lieue.  Ce  qui  fe  confirme  encore  par 
ce  que  dit  le  même  Jofeph ,  que  le  mur  de  circonvalla- 
tion,  que  Titus  fit  faire  autour  de  la  ville  ,  avoit  trente- 
neuf  ftades  ,  qui  font  quatre  mille  huit  cents  foixante  & 
quinze  pas  ,  ou  un  peu  plus  d'une  lieue  &£  demie.  .D'au- 
tres lui  donnent  une  bien  plus  grande  étendue.  Il  faut 
voir  Villalpand  pour  l'affirmative  ,  &  Reland  pour  la 
négative. 

Les  Jébuféens  en  étoient  les  maîtres  ,  tandis  que  les 
Israélites  étoient  fous  Moïfe ,  fous  Jofué  ,  fous  les  Ju- 
ges ,  &  jusqu'au  -commencement  du  régne  de  David. 
On  conjecture  que  Jofué  la  prit  fur  eux ,  comme  nous 
l'avons  déjà  remarqué.  Les  enfans  de  Juda  s'en  rendi- 
rent maîtres  après  la  mort  de  Jofué.  On  lit  au  Livre 
des  Juges  ,  c.  1,  v.  8  :  les  enfans  de  Juda  attaquant  Jé- 
rufalem,  la  prirent ,  firent  ■main-baffe  fur  les  habitans, 


&  mirent  le  feu  à  la  ville.  Mais  ou  ils  ne  purent  la  con- 
ferver  ou  ils  ne  prirent  .que  la  ville  baffe ,  la  citadelle 
étant  demeurée  au  pouvoir  des  Jébuféens  ;  6i  c'eft  la 
première  prife  de  cette  ville  qui  foit  bien  m  irquée  dans 
le  texte  (acre.  La  féconde  eft  celle  qui  fe  fit  au  com- 
mencement du  régne  de  David.  Ce  prince  ne  fe  vit  pas 
plutôt  affermi  fur  le  trône  d'Israël,  qu'il  marcha  contre 
Jérufalem  ,  2.  Reg.  c.  5,  v.  6.  La  ville  étoit  fi  forte,  qut 
les  Jébuféens  qui  l'occupoient,  fe  vantoient  de  la  défen- 
dre avec  des  aveugles  &  des  boiteux.  Mais  David  la 
força  ,  en  chaffa  les  Jébuféens,  &  la  choifit  pour  capi- 
tale de  fon  royaume.  Depuis  ce  tems  ,  Jérulàlem  fut  le 
théâtre  d'une  infinité  d'actions  importantes,  &c  l'hiffoire 
de  Jérufalem  devint  l'hiftoire  de  toute  la  nation  des 
Juifs. 

David  l'embellit  &  l'augmenta  confidérablement; 
mais  Salomon  y  fit  tant  de  beaux  ouvrages  ,  qu'il  la 
rendit  une  des  plus  belles  villes  de  l'Orient.  Sous  le  ré* 
gne  de  Roboam,  fils  Se  fucceffeur  de  Salomon  ,  elle  fut 
prife  &  pillée  par  Séfac ,  roi  d'Egypte.  Ce  prince  en- 
leva tous  les  trélbrs  du  temple  &  du  palais  royal. 

Hazaël ,  roi  de  Syrie ,  étant  venu  contre  Jérufalem  , 
Se  menaçant  de  la  prendre  ,  Joas  roi  de  Juda  ,  racheta 
la  ville  par  une  grande  fomme  d'argent ,  qu'il  envoya 
au  roi  de  Syrie ,  pour  l'engager  à  lever  le  fiége.  Il  épuifa 
pour  cela  les  tréfors  de  la  maifon  de  Dieu ,  &  ceux  du 
palais ,  pour  contenter  l'avidité  d'Hazaël ,  qui  ne  laiffa 
pas  d'envoyer  contre  lui  ,  l'année  fuivante  ,  une  armée 
qui  défit  celle  de  Juda  ,  prit  plufieurs  princes  ,  les  fit 
mourir  ,  &c  laiffa  Joas  lui-même  dans  d'extrêmes  lan- 
gueurs. *  4.  Reg.  c.  12,  v.  17.  2.  Parai,  c.  24,  v.  24,  2$. 

Quelque  tems  après ,  Joas  ,  roi  de  Juda ,  ayant  té- 
mérairement déclaré  la  guerre  à  Amafias ,  roi  d'Israël, 
ce  dernier  défit  l'armée  de  Juda,  prit  Joas  prifonnier, 
tx  étant  entré  dans  Jérufalem  ,  enleva  tous  les  tréfors 
qui  étoient,  tant  dans  le  temple  que  dans  le  palais  royal; 
fit  démolir  quatre  cents  coudées  des  murailles  de  la  ville, 
depuis  la  porte  d'Ephraïm  jusqu'à  la  porte  de  l'Angle, 
puis  s'en  retourna  à  Samarie.  * 4.  Reg.  c.  14,  v.  13  ;  & 
2.  Parai,  c.  25,  v.  23. 

Néchao ,  roi  d'Egypte ,  au  retour  de  fon  expédition 
de  Carchemife ,  fur  l'Euphrate ,  entra  dans  Jérufalem, 
prit  Joachaz ,  que  le  peuple  de  Juda  avoit  établi  fur  le 
trône  de  Jofias  ,  mit  en  fa  place  Eliakim  ou  Joakim  , 
&  emmena  Joachaz  en  Egypte  où  il  mourut,  4.  Reg. 
c.  23,  v.  30;  &c  2.  Parai,  c.  36,  v.  1,  2,  3.  On  ne-lit 
pas  dans  l'Ecriture  que  Néchao  ait  pillé  le  temple  ou  la 
ville  ;  mais  il  impofa  fur  tout  le  pays  une  taxe  de  cent 
talens  d'argent ,  &  de  dix  talens  d'or  que  Joachim  fat 
obligé  de  payer ,  en  impofant  fur  tout  le  peuple  une  taxe 
réelle  à  proportion  de  leurs  biens.  Il  paroît  par  Eqé- 
chiel,  c.  19,  v.  2,  que  Joachaz  avoit  attaqué  Néchao, 
ou  du  moins  qu'il  lui  avoit  fait  une  forte  réfiftance  , 
avant  que  de  fe  rendre  à  lui. 

Nabuchodonofor  étant  venu  dans  la  Judée  ,  la  qua- 
trième année  du  régne  de  Joakim  ,  roi  de  Juda,  affiégea 
Jérufalem  (a) ,  qui  étoit  alors  tributaire  des  rois  d'E- 
gypte ;  &  l'ayant  affujettie  à  la  domination  des  Chaldéens, 
il  y  laiffa  Joakim  qu'il  avoit  dé  ja  eu  deffein  de  mener  chargé 
de  chaînes  à  Babylone.  C'eft  ainfi  ,  dit  D.  Calmet ,  que 
l'on  concilie  les  différens  paffages  ,  où  il  eft  parlé  de 
cet  événement ,  &  dont  les  uns  portent  que  Joakim  fut 
mené  à  Babylone ,  &  d'autres  qu'il  régna  à  Jérufalem. 
Il  y  régna  dans  la  dépendance  de  Nabuchodonofor,  ainfi 
qu'il  y  régnoit  auparavant,  fous  le  bon  plaifir  des  rois, 
d'Egypte.  Au  bout  de  trois  ans ,  il  fe  laffa  de  cette  fou- 
mi  ffion,  &fe  foufeva  contre  Nabuchodonofor.  Le  roi 
de  Chaldée  ,  occupé  à  d'autres  affaires  ,  ne  putTfi  -  tôt 
réduire  Joakim  :  il  envoya  feulement  contre  lui  des 
troupes  de  Chaldéens  ,  de  Syriens ,  de  Moabites  & 
d'Ammonites  ,  qui  ravagèrent  la  Judée  ,  &c  amenèrent 
à  Babylone  trois  mille  vingt-trois  Juifs.  Ils  entrèrent 
dans  Jérufalem,  prirent  &  mirent  à  mort  ce  prince,  i&C 
jetterent  fon  corps  à  la  voirie.  Jéconias ,  fon  fils  ,  lui 
fuccéda  ;  mais  après  un  régne  de  trois  mois  &  dix 
jours,  Nabuchodonofor  vint  affiéger  Jérufalem,  &  obli- 
gea Jéconias  de  fe  rendre  (b)  ,  la  ville  fut  prife  par  les 
Chaldéens ,  &  les  tréfors  du  temple  ci  du  palais  royal 
enlevés  &  emportés  à  Babylone.  Enfin  Nabuchodono- 
for prit  Jérufalem  pour  la  quatrième  &  dernière  fois  ; 
il  fit  brûler  ôc  ruiner ,  tant  la  ville  que  le  temple ,  la  on- 


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JER 


ziéme  année  du  règne  de  Sédécias .  ck  emmena  les  princes 
ck  le  peuple  en  captivité.  Ainfi  Ion  peut  compter  avant 
la  captivité  de  Babylone  neuf  prifes  de  la  ville  de  Jéru- 
falem.  (a)  4-Reg.c.  25  ,  v.  i  ,  2,  &  feq.  Daniel,  c.  1  ; 
ck  Jer.  c.  25 ,  v.  i;&l.  Parai,  c.  36 ,  v.  6.  (b)  A,R.eg. 
c.  24 ,  v.  1  , 4. 

Après  la  captivité  de  Babylone,  la  ville  de  Jérufalem 
fut  rebâtie  tk  repeuplée  de  nouveau,  la  première  année 
du  régne  de  Cyrus  à  Babylone;  mais  on  ne  rebâtit  fes 
murs  &  fes  portes  ,  qu'après  le  retour  de  Néhémie ,  en- 
viron quatre- vingt-diux  ans  après.  Alexandre  le  Grand, 
entra  dans  Jérufalem,  après  la  prife  de  Tyr.  Après  la  mort 
de  ce  conquérant,  Jérufalem  demeura  en  la  puiffance  des 
rois  d'Egypte;  tk  Ptolomée,  fils  deLagus,  prit  Jérufa- 
lem par  artifice  ,  fi  l'on  s'en  rapporte  à  Ariftée ,  tk  à 
Jofeph  ,  Antiq.  1.  12,  ci,  &  emmena  captifs  dans 
l'Egypte  environ  cent  mille  hommes  qu'il  avoit  pris  dans 
la  Judée.  Le  même  Jofeph  ,  Contra  Appion,  1.  2,  dit 
que  Ptolomée  Evergetes ,  roi  d  Egypte  ,  vint  auffi  à  Jé- 
rufalem ,  tk  y  offrit  plufieurs  facrifices  d'aftions  de  grâ- 
ces. Enfin  Ptolomée  Phdopator,  après  la  viftoire  qu'il 
avoit  remportée  fur  Antiochusle  Grand  ,près  de  la  ville 
de  Raphia ,  vint  à  Jérufalem,  alla  au  temple,  tk  y  offrit 
des  facrifices  ;  mais  les  prêtres  l'empêchèrent  d'entrer 
dans  le  fanftuaire,  ce  qui  l'irrita  de  telle  forte,  qu'il  ré- 
folut  de  faire  périr  tous  les  Juifs,  qui  étoient  en  Egypte  : 
ce  qu'il  auroit  exécuté  ,  fi  Dieu  n'avoit  protégé  fon 
peuple  ,  d'une  manière  tou'e  miraculeufe  ,  qui  eft  rap- 
portée au  long  dans  le  troifiéme  Livre  des  Maccabées. 

Antiochus ,  le  Grand  ,  ayant  repris  la  Céiélyrie  tk  la 
Judée,  fur  le  roi  d'Egypte  ,  vint  à  Jérufalem  ,  où  il  fut 
fort  bien  reçu  par  les  Juifs,  qui  nourrirent  fon  armée, 
ck   fes  éléphans ,  tk   lui  donnèrent  du  fecours  pour  ré- 
duire la  garnifon  ,  que  Scopas  avoit  biffée  dans  la  cita- 
delle  de  Jérulalem  (a).  Pour  reconnoître  ces  bons  fer- 
vices,  Antiochus  n'oublia  rien  pour  rétablir  Jérufalem 
dans  fa  première  f plendeur ,  accorda  de  grands  privilèges 
aux  Juifs ,   tk  donna  de  grandes  fommes  pour  les  facrifi- 
ces du  temple.  Séleucus,  fils  tk  fucceffeur  d'Antiochus  le 
Grand,  ne  fut  pas  auffi  favorable  aux  Juifs,  que  l'avoit 
été  Antiochus.  11  envoya  Héliodore  au  temple  de  Jérufa- 
lem ,  pour  en  enlever  les  tréfors  (b)  ;  mais  il  fut  obligé 
de  s'en  retourner  fans  rien  faire  ,  après  avoir  été  fort 
maltraité  par  des  anges  qui  lui  apparurent  dans  le  temple 
même.  Antiochus  Epiphanes,  frère  tk  fucceffeur  de  Sé- 
leucus ,  vinr  à  Jérufalem  ,  &  y  fut  reçu  par  Jalon  ulùrpa- 
teur  de  la  fouverame  facrificature,   avec  de  très-grands 
honneurs  (c) ,  à  la  lumière  des  flambeaux  ,  &  au  bruit 
des  acclamations  pub.iques.  Pour  cette  fois,  il  n'y  fit  aucun 
mal;  mais  trois  ans  après,  ayant  apns  que  ceux  de  Jéru- 
falem avoient  témoigné  quelque  joie  à  la  faufle  nouvelle 
qui  vint  qu'il  étoit  mort  en  Egypte,   il  en  conçut  tant 
d'indignation  (d)  ,  qu'à  fon  retour,   il   affiégea  la  ville, 
la  pilla ,   enleva  tout  l'or  6k  les  vafes  les  plus  précieux 
du  temple  ,  &  y  fit   mourir  plus   de  quatre-  vingt  mille 
hommes.  Deux  ans  après  il  envoya  à  Jérufalem  un  nommé 
Apollonius  intendant  des  ttibuts ,  avec  des  ordres  fecrets 
de  piller  tk  de  brûler  la  ville.   Cet  homme  vint  d'a- 
bord  en  apparence,  avec  un  esprit  de  paix  ;  mais  tout  d'un 
coup  il  fe  jetta  fur  la  ville  ,  y  fit  un  grand  carnage  ,  prit 
des  dépouilles,    tk  mit  le  feu  à  la  ville  ;  ruina  la  plus 
grande  partie  des  maifons,  tk  ne  réferva  que  ce  qu'il  fit 
^nfermer  de  murailles  au  haut  de  la  cité  ,  près  le  temple 
^Bu  Seigneur,  où  il  fit  bâtir  une  citadelle,  &  où  il  laiffa 
une  forte  garnifon.   Alors  Jérufalem  fut  abandonnée  de 
fes  propres  citoyens ,  tk  livrée  aux  Gentils.  L'année  fui- 
vante ,  les  facrifices  furent  interrompus  dans  le  temple; 
la  ftatue  de  Jupiter  Olympien  fut  placée  fur  l'autel ,  tk 
on  vit  dans  la  maifon  de  Dieu  l'abomination  de  la  dé- 
folation(e).  Les  chofes  demeurèrent  en  cet  état,  pendant 
trois  ans.  Judas  Maccabée  ayant  batru  Nicanor  ,  Gorgias 
ck  Lyfias  ,  monta  à  Jérufalem  ,  y  nettoya  le  temple  (f), 
&  y  rétablit  les  facrifices.  *  (a)  Jofeph.  Antiq.  1.  12  ,c.  3. 
(b)  z.  Maccab.  c.3 .  (c)  lbid.  c.  4,  v. 2 1 ,  22.  (f)  2.  Maccab. 
c.5.  1. Maccab.  ci.  (e)  1. Maccab.  c.  1.  (f)  1. Maccab. 
c.4^ 

L'année  fuivante,  Antiochus  Eupatcr  fut  reçu  dans  Jé- 
rufalem par  Judas  Maccabée  ,  enfuite  d'une  paix  qui 
avoit  été  conclue  entr'eux.  Ce  prince  honora  le  temple 
ck  y  fit  des  préfens;  mais  avant  que  de  fortir  de  la  ville, 
il  fit  abbatre  le  mur  qui  étoit  entre  le  temple  tk  la  ci- 


47$ 

tadelle  ,  tk  qui  mettoit  à  couvert  le  lieu  faînt  contre  les 
entreprifes  des  Syriens.  Celte  citadelle,  qui  tenoit  tou- 
jours Jérufalem  dans  la  dépendance  des  rois  de  Syrie ,  fiib- 
fifta  pendant  vingt-fix  ans,  après  quoi  elle  fut  prife  ck 
ruinée  par  Simon  Maccabée.  *i.Maccab.c>6;  ck  z.  Mac- 
cab. c.  13. 

Antiochus  Sidétès  ,  outré  de  dépit  des  maux  que  lui 
avoit  faits  Simon  Maccabée,  fit  la  guerre  à  Jean-Hircan» 
fon  fils  ck  Ion  fucceffeur ,  6k  l'afliéga  dans  Jérufalem. 
Pendant  le  fiége,  la  fête  des  Tabernacles  étant  arrivée, 
Jean-Hircan  demanda  au  roi  une  trêve  de  fept  jours ,  pour 
pouvoir  célébrer  la  fête  dans  le  repos  que  requeroient  les 
cérémonies  de  fa  religion.  Antiochus  non-feulement  ac- 
corda ce  qu'on  lui  demandoit,  mais  envoya  encore  des 
viftimes  ck  des  aroma'.espour  les  facrifices  ;  ce  qui  toucha 
tellement  Jean-Hircan  ck  les  Juifs,  qu'ils  fe  rendirent  au 
roi ,  le  reçurent  dans  leur  ville  ,  ck  acceptèrent  les  con- 
ditions qu'il  leur  offrit ,  excepté  celle  de  recevoir  gar- 
nifon dans  Jérufalem.  Ils  aimèrent  mieux  donner  une 
groffe  fomme  ck  des  otages  au  roi  ;  Antiochus  s'en  con- 
tenta ck  fit  feulement  abbatre  le  parapet  qui  régnoit  au- 
deffus  des  murailles. 

La  ville  de  Jérulalem  jouit  d'une  affez  grande  paix  , 
jusqu'au  règne  d'Hircan  ck  d'Ariftobule  ,  fils  d'Alexan- 
dre, roi  des  Juifs.  Hircan,  comme  l'aîné,  avoit  été  re- 
connu pour  roi;  mais  comme  faftupidité  ek  fa  lenteur 
le  rendoient  peu  propre  à  régner,  Anftobule,  fon  frère, 
s'empara  du  royaume;  ck  trois  ans  après  qu'Hircanfut 
monté  fur  le  trône,  il  l'obligea^'en  descendre  ,  l'ayant 
vaincu  dans  une  bataille  près  de  Jéricho  ,  ckl'ayantforcé 
dans  le  temnle  (a).  Arétas,  roi  des  Arabes,  ayant  entre- 
pris de  rétablir  Hircan  dans  fes  états ,  tk  affiégeant  Aris- 
tobule  dans  Jérufalem ,  les  deux  frères  eurent  recours  à 
Pompée  qui  étoit  dans  l'Orient ,  .ck  lui  demandèrent  fa 
proteftion.  Pompée  entreprit  de  rétablir  Hircan,  à  l'ex- 
clufion  d'Ariftobule  :  il  attaqua  Jérufalem  ,  la  prit ,  entra 
dans  le  temple,  &  pénétra  jusques  dans  le  fanftuaire; 
mais  il  eut  la  modeftie  de  ne  toucher  à  rien  de  ce  qui 
étoit  dans  ce  faint  lieu.  Il  y  laiffa  de  très-grands  trefors, 
ck  admira  fur  tout  l'attachement  des  prêtres  à  leurs  cé- 
rémonies qu'ils  n'interrompirent  pas  même  au  milieu  des 
allarmes  du  fiége  ck  des  épéesdes  viftorieux  (b).  Le  jour 
qui  fuivit  la  prife  du  temple,  il  le  fit  purifier ,  tk  ordonna 
que  l'on  y  offrît  des  facrifices.  *(a)  Jofeph.  Ant.  1.  I4,c.  1. 
(»>)  lbid.  c.  8  ,  ck  de  Bcllo,  1. 1  ,  c.  5. 

Antigone,  fils  d'Ariftobule,  foutenu  du  fecours  des  Par- 
thes ,  attaqua,  quelques  années  après,  Jérufalem.  Herode 
ck  Phafaël  défèndoient  la  ville;  mais  en  étant  fortis 
tous  deux ,  pour  aller  traiter  avec  Pacore,  fils  du  roi  des 
Parthes,  ou  les  arrêta,  ck  on  les  chargea  de  chaînes. 
Herode  {Antiq.  1.  14,  c.  24;  ck  de  Bello,  I.  1 ,  eu,) 
fut  obligé  d'abandonner  la  ville ,  ck  de  fe  fauver.  Il  alla 
à  Rome,  où,  par  le  crédit  de  Marc-Antoine  ck  deCéfar, 
il  obtint  du  fénat  le  titre  de  roi.  Etant  de  retour  dans  la 
Paleftine,  ck  aidé  de  Sofius ,  qui  commandoit  l'armée 
Romaine ,  dans  la  Syrie  ,  il  affiégea  Antigone  dans  Jé- 
rufalem. Après  un  fiége  de  cinq  mois ,  Antigone  fe  ren- 
dit ,  ck  fe  vint  jetter  aux  genoux  de  Sofius  ,  qui  infulta 
encore  à  fon  malheur,  en l'appellant  Antigona  ,  comme 
pour  marquer  fa  lâcheté  ck  fa  foibleffe.  {Antiq.  1.  14, 
cuit.) 

Après  qu'Archelaiis ,  fils  ck  fucceffeur  du  grand  He- 
rode ,  eut  été  envoyé  en  exil ,  la  Judée  fut  réduite  en 
province,  fous  l'obéiffance  du  gouverneur  de  Syrie.  Les 
empereurs  entretinrenr  toujours  une  garnifon  dans  la  ci- 
tadelle Antonia  ,  jusqu'à  la  dernière  révolution,  qui 
commença  par  une  révolte  des  Juifs.  Us  affiégerent 
cette  fbrtereffe ,  forcèrent  èk  pafierent  au  fil  de  l'épée 
la  garnifon  Romaine  qui  y  étoit  ;  l'année  iuivante  ,  Tite 
affiégea  la  ville ,  l'emporta ,  la  brftla ,  ck  la  réduifit  en 
folitude. 

Les  favans  ne  conviennent  pas  du  plan  de  l'an- 
cienne Jérufalem  :  fi  l'on  s'en  rapporte  à  celui  de  Vil- 
lalpand,  elle  confiftoit  en  deux  grandes  enceintes  prin- 
cipales ,  qui  en  renfermoient  d'autres  moindres. 

La  grande  enceinte  méridionale,  qui  fkifoit,  à-peu- 
près  ,  la  moitié  de  toute  la  ville,  étoit  féparée  de  l'autre 
moitié  par  la  vallée  de  Tyropaon,  èk  par  une  longue 
muraille  qui  régnoit  le  long  de  cette  vallée  ,  depuis  le 
mont  Golgotha  jusqu'à  la  porte  des  Eaux;  cette  muraille 
étoit  percée  par  plufieurs  portes  de  communication.  Cette 
Tome  III.    O  o  o  ij 


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JER 


JES 


partie  renfermoit  la  montagne  de  Sion,  &  la  cité  de  Da- 
vid, qui  avoit  fes  murs  particuliers ,  &qui  étant  ifolée, 
occupoit  le  centre  de  la  partie  occidentale  de  cette  grande 
enceinte.  On  y  voyoit  au  nord  le  palais  d' Agrippa  & 
celui  de  Manaflé  ,  aux  deux  extrémités  de  la  vallée  de 
Tyropaon. 

La  grande  enceinte  feptentrionale  étoit  divifée  en  qua- 
tre parties  principales  :  celle  du  nord-oueft  étoit  occu- 
pée par  la  montagne  d'Acra ,  que  l'auteur  fuppofe  avoir 
été  la  ville  de  Salem  de  Melchifedech  ,  &:  fur  laquelle  on 
■voyoit  la  citadelle  d'Antiochus  ,  &  le  théâtre  ;  celle 
du  nord-eft  étoit  la  ville  neuve.  Entr'elle  &  la  vallée  de 
Tyropœon  étoit  le  temple ,  au  couchant  duquel  étoit  le 
prétoire  &  le  palais  de  Pilate;  au  nord  du  temple  étoit  la 
tour  ou  forterelîe  Antonio.,  qui  y  communiquoit  par 
un  pont:  au  nord  du  temple  étoit  une  autre  enceinte, 
au  milieu  de  laquelle  étoit  le  marché  au  bois ,  &  près 
du  temple  la  piscine  probatique  ,  &  le  marché  aux  bêtes. 
L'espace  compris  entre  la  vallée  de  Tyropœon,  la  mon- 
tagne d'Acra,  &  le  palais  de  Pilate,  étoitune  autre  partie 
de  la  ville,  à  laquelle  Villalpand  ne  donne  point  de  nom 
particulier. 

Le  plan  de  D.  Calmet  eft  plus  fimple.  Il  divife  Jéru- 
falem en  quatre  grandes  parties  qui  chacune  avoient  leur 
enceinte.  La  première,  qui  eft  au  midi,  eft  une  espèce 
d'ovale ,  dont  la  longueur  eft  du  fud-eft  au  nord-oueft. 
C'eft  félon  lui ,  Jebus  ou  l'ancienne  Jérufalem.  Au  nord 
&  au  nord-eft  de  cette  ville  eft  la  cité  de  David ,  qui 
renferme  le  temple  &  lejpalais  du  roi .  Au  couchant  de  l'une 
&  de  l'autre  il  place  la  féconde  ville  bâtie  fous  Manaffé  ; 
&  au  nord  de  la  cité  de  David,  la  nouvelle  ville,  bâtie 
depuis  les  Maccabées. 

La  description  du  temple  mériteroit  de  trouver  ici 
fe  place  ;  mais  cette  matière  eft  fi  vafte  qu'il  vaut  mieux 
ne  la  point  entamer  que  d'en  dire  peu  de  chofe.  D'ail- 
leurs les  favans  ne  s'accordent  pas  fur  fa  ftru&ure.  On 
peut  comparer  ce  qu'en  ont  dit  Villalpand ,  Lighfoot , 
le  P.  Lami ,  &  D.  Calmet ,  qui  ont  presque  épuifé  cette 
matière. 

Ce  temple  bâti  parSalomon,  dura  quatre  cents  vingt- 
quatre  ans  jusqu'à  la  prife  de  la  ville  par  Nabuchodo- 
for ,  qui  détruifit  l'une  &  l'autre  par  le  feu.  Après  la  cap- 
tivité de  Babylone  ,  le  temple  fut  rebâti  par  Zorobabel. 
Ce  dernier  temple  fut  profané  &  brûlé  en  partie  par  les 
Syriens  ,  &par  les  Gentils,  fous  Antiochus  Epiphane.  Ju- 
das Maccabée  le  rétablit  &  le  purifia. 

Hérode  rebâtit  le  temple  avec  une  très-grande  ma- 
gnificence ,  mais  moindre  que  celle  du  premier  temple. 
Il  n'y  avoit  que  quatre  ou  cinq  ans  qu'il  étoit  achevé, 
lorsque  Jefus-Chrift  vint  au  monde.  Il  en  prédit  la  naine 
entière  ,  qui  arriva  fous  Titus ,  l'an  de  l'ère  vulgaire 
Soixante  -  dix ,  environ  trente  -  huit  ans  après  la  pré- 
di&ion. 

L'empereur  Adrien  fit  bâtir  une  nouvelle  ville  de  Jé- 
Tufalem,près  des  ruines  de  l'ancienne  ,  &  la  nomma  de 
fonnom  jElia  CAPlTOLINA.Elle  reprit  fon  vrai  nom 
fous  Conftantin  ,  premier  empereur  Chrétien  ;  &  au 
concile  de  Nicée  ,  tenu  par  les  foins  &  l'autorité  de 
ce  monarque,  Pévêque  de  Jérufalem  obtint  le  premier 
rang  des  évêques  de  Paleftine,  après  celui  de  Céfarée, 
qui  étoit  métropolitain.  Je  remets  à  l'article  Patriar- 
CHAT,  ce  qu'il  y  a  dire  de  géographique  furie  fiége 
&  le  diocèfe  de  Jérufalem ,  &  fur  l'étendue  de  la 
jutisdiftion  de  fon  patriarche.  *  Bailla,  Topogr.  des 
-Saints. 

Lorsque  l'on  rebâtit  la  nouvelle  ville ,  le  Calvaire  fe 
'trouva  enfermé  dans  l'enceinte  &c  la  montagne  de  Sion  ; 
:1a  cité  de  David  en  étoit  éloignée  d'un  grand  quart  de 
lieue  ;  &C  par  conféqueht  les  ruines  du  temple  de  Salo- 
mon  en  étoient  à  une  diftance  plus  grande  encore.  Après 
que  la  fainte  Croix  eut  été  trouvée  ,  Conftantin  fit  bâtir 
-une  magnifique  bafiliquê  fur  le  Calvaire;  &C  l'on  en 
fit  la  dédicace  fous  le  nom  SAndfiàfis  ,  mot  grec  qui 
-veut  dire  rèfurreUion.  L'églife  qui  occupe  à  préfènt  le 
Calvaire ,  porte  le  nom  du  faint  Sépulcre.  Le  miniftre 
-Mawndrell,  Voyage  iTAlep  à  Jérufalem,  p.  114,  dit: 
l'églife  du  faint  Sépulcre  eft  fondée  fur  le  mont  Cal- 
vaire ,  petite  eminence  fur  le  mont  Moriah  qui  eft  plus 
-grand.  Ce  lieu  fervoit  autrefois  pour  l'exécution  des  cri- 
minels ;  &  à  caufe  de  cela ,  il  étoit  hors  de  la  ville, 
comme  un  lieu  exécrable  fk  fouillé;  mais  depuis  que 


l'on  en  a  fait  l'autel  fur  lequel  a  été  offert  le  précieux 
facrifice  propitiatoire  pour  les  péchés  du  genre  humain , 
il  a  été  purifié  ;  &  tous  les  Chrétiens  en  approchent 
avec  un  respect:  &£  une  dévotion  qui  l'a  fait  environner 
de  toute  la  ville,  de  forte  qu'il  eft  préfentement  au  mi- 
lieu de  Jérufalem,  fk  que  l'on  a  mis  une  partie confi- 
dérable  du  mont  de  Sion  pour  faire  place  au  Calvaire. 
A  deffein  de  rendre  cette  montagne  propre  à  y  bâtir  une 
églife  ,  les  premiers  fondateurs  furent  obligés  de  la  ré- 
duire à  un  rez-de-chauffée ,  en  applaniffant  plufieurs  par- 
ties du  rocher ,  &  en  en  élevant  d'autres.  Cependant  on 
a  pris  foin  de  ne  rien  changer  ou  diminuer  à  la  montagne, 
aux  endroits  où  l'on  a  cru  que  s'étoit  paffé  quelque  afte 
de  la  paffion  de  notre  Seigneur.  C'eft  pourquoi  on  a 
laide  en  ion  entier  l'endroit  du  Calvaire ,  où  l'on  dit 
que  Jefus-Chrift  fut  attaché  Se  élevé  fur  la  croix;  de 
forte  qu'il  eft  aujourd'hui  élevé  de  dix- huit  degrés  au» 
deffus  du  rez-de- chauffée  de  l'églife,  &  le  faim  Sépul- 
cre, qui  étoit  autrefois  une  voûte  taillée  dans  le  rocher 
fous  terre,  eft  préfentement  comme  un  grotte  fur  terre, 
le  rocher  ayant  été  coupé  tout  à  Pentour. 

La  ville  de  Jérufalem  fut  prife  &  brûlée,  l'an  614, 
par  les  Perfes ,  &  le  patriarche  Zacharie  emmené  pri- 
fbnier  avec  beaucoup  d'autres.  Elle  tomba,  Tan  636, 
fous  la  puiffance  des  Sarazins.  Tout  le  monde  fait  que 
le  but  des  Croifades  étoit  de  rendre  aux  Chrétiens  cette 
ville  &  le  pays  que  le  Sauveur  du  monde  a  arrofé  de  fes 
meurs  &  de  fon  fang  ;  on  en  étoit  venu  à  bout.  Les 
François  &  les  autres  Latins  y  fondèrent  un  nouveau 
royaume  ,  l'an  1099  ;  mais  il  ne  dura  que  quatre-vingt- 
huit  ans  fous  neuf  rois.  Les  fucceffeurs  de  Godefroi  de 
Bouillon  fe  brouillèrent  ;  Saladin,  Soudan  d'Egypte  &  de 
Syrie  ,  profitant  de  leurs  divifions ,  fondit  fur  eux ,  &  les 
diaffa,  l'an  1187,  de  Jérufalem  &  enfuite  de  la  Terre- 


i'il  tomba  fous  la  domination  des  Turcs 


1  a  1  an  1 5 1 7  . 
qui'  le  poffé- 


fainte.  Les  Sarazins  gardèrent  ce  paysjusqu'à  l'an  1 5 17  , 
qu'il  tomba  f 
dent  encore. 

1.  JERUSALEM  :  ce  nom  a  été  donné  à  une  abbaye 
de  France ,  favoir  l'abbaye  de  Rebais ,  en  Brie ,  au  dio- 
cèfe du  Meaux.  Voyez  Rebais. 

JESANA ,  ancienne  ville  de  la  Paleftine ,  dans  la  tribu 
d'Ephraïm ,  2. Parai,  c.  13  ,  v.  19.  D.  Calmet  foupçonne 
que  c'eft  peut-être  la  même  que  Senna.  Num.  c.  34, 


.  4.  Voyez  ce  mot. 
JE      ' 


1ESAN.  Voyez  Jiosan. 

IESD,  ville  de  Perfe.  Voyez  Yesd. 

1.  JESI,  ville  d'Italie,  dans  l'état  de  l'églife,  &dans 
la  Marche  d'Ancone ,  avec  un  évêché  qui  ne  relevé 
que  du  faint  fiége ,  fur  une  montagne  près  de  la  rivière 
d'Efino.  Elle  eft  fort  ancienne  ,  mais  petite,  à  fix milles 
des  frontières  du  duché  d'Urbin ,  &  à  douze  de  Sini- 
gaglia,  au  midi  ;  à  quinze  d'Ofimo  au  couchant  ;  &  à 
vingt-trois  d'Ancone.  Voyez jEsium.  *  Baudrand,  édit. 

2.  JESI ,  ville  du  Japon ,  dans  Pifle  de  Niphon  &  dans 
le  voifinage  de  Méaco ,  d'où  l'on  va  par  une  route  fort 
agréable  ,  toujours  entre  de  hautes  montagnes  qui  ont  de 
fort  belles  maifons  des  deux  côtés.  La  ville  eft  environ- 
née de  bons  remparts,  &  on  y  entre  par  une  fort  belle 
allée  d'arbres  ,  au  commencement  de  laquelle  eft  un  vil- 
lage arrofé  d'une  rivière  qui  a  deux  bras  ,  l'un  cou- 
vert d'un  petit  pont  de  bois  &  l'autre  d'un  plus  grand  , 
long  de  deux  cents  trente  pas.  * Corn-Diâ.  Ambaff.  ddh 
Holl.  au  Japon. 

JESIMA,  petite  ifle  d'Afie,  l'une  de  celles  du  Japon. 

JESIMON,  ancienne  ville  de  la  Paleftine.  D.  Calmet 
dit:  c'eft  apparemment  la  même  qu'HESMONA,  As% 
MONA  ,  ESEM  ,  EsEMON  &  ESEMONA  ,  ville  dans  Të 
délért  deMaon,  de  la  tribu  de  Siméon  ,  très-avant  dans 
la  partie  méridionale  de  la  Paleftine,  &  même  de  l'Ara- 
bie pétrée.  Voyez  au  premier  livre  de  Rois,c.  23  ,  v.24. 
Jofeph  dit  :  le  cléfert  de  Siméon,  au  lieu  du  défert  de 
Maon  ,  ou  étoit  Jéfimon. 

JESO,  ou  Jesogasima  ,  c'eft-à-dire  l'Isle  d* 
Jeso:  quelques-uns  écrivent  JeçO  ,  Jesso  ,  Jedso, 
Yezo,  Eso  ou  Yeco, grand  pays  d'Afie,  mal  , placé 
dans  toutes  les  anciennes  cartes;  celles  fur-tout  de  De 
l'Ifle  le  mettent  entre  les  200  d.  &c  les  230  d.  de  lon- 
gitude ,  au  lieu  qu'il  eft  au  nord  de  la  partie  feptentrio- 
nale de  Niphon,  foixante  degrés  au  moins  plus  à  l'oc- 
cident que  ne  le  met  Sanfon,  Le  nom  de  Jéfogajîma, 


JES 


JES 


que  lui  donnent  les  Japonnois ,  eft  une  preuve  qu'ils  le 
croient  une  ifle,  à  moins  qu'on  ne  veuille  dire  qu'il  en 
eft  de  leur  langue ,  comme  de  celle  des  Arabes ,  qui 
n'ayant  point  de  nom  pour  exprimer  une  presqu'ifle ,  fe 
fert  du  nom  à'ijle  improprement.  Kasmpfer ,  Hijîoire  du 
Japon ,  1. 1 ,  p.  56  ,  dit  que  le  Jéfo  eft  Fille  la  plus  fep- 
tentrionale  que  les  Japonnois  pofledent  hors  les  limites 
du  Japon.  Elle  fut  envahie  ci  conquife  par  Joritomo, 
le  premier  Cubo  ou  monarque  (éculier,  qui  en  commit 
le  foin  au  primce  de  Matfuinai,  ifle  voiline ,  apparte- 
nante à  la  grande  province  d'Ofiu.  Quelque  temsaprès, 
les  habitans ,  las  d'un  gouvernement  étranger ,  mafià- 
crerent  la  garnifon  ,  que  le  prince  de  Matfumai  y  avoit 
laiflee,  &  il  n'en  échappa  pas  un  feul  homme.  Auffi-tôt 
que  ce  prince  eut  appris  cet  afte  cThoftilité  ,  il  y  envoya 
une  bonne  armée  avec  trois  cents  chevaux  pour  en  de- 
mander fatisfa&ion ,  &,  en  cas  de  refus  ,  pour  fe  faire 
juftice  lui-même  :  le  prince  de  Jeflo  pour  prévenir  les 
fuires  fâcheufes  de  cette  affaire  envoya  une  ambaflade 
à  Matfumai  ;  &  afin  qu'on  ne  foupçonnât  pas  qu'il 
étoit  d'intelligence  avec  ces  gens-là  ,  il  lui  livra  vingt  des 
chefs  du  complot ,  qui  furent  exécutés  ;  &  leurs  têtes 
furent  expofëes  fur  les  côtes  de  Jeffo.  Cette  foumiffion 
lui  regagna  les  bonnes  grâces  de  fes  fupérieurs  ;  mais  les 
habitans  ayant  été  regardés  depuis  ce  tems  comme  des 
gens  féditieux  ,  on  tint  toujours  de  fortes  garnifons  fur 
les  côtes  méridionales  de  cette  ifle,  pour  les  contenir; 
&  le  prince  eft  obligé  d'envoyer  tous  les  ans  une  am- 
baflade à  Matfumai,  avec  despréfensde  la  valeur  d'un 
mangokf.  Cette  ifle  eft  à  41  d.  de  latitude  feptentrio- 
nale  au  nord-nord-eft  ,  juftement  vis-à-vis  de  la  grande 
province  d'Ofiu  ,  où  fes  deux  promontoires ,  Sugaar  &£ 
Taajafaki  s'avançant  fort  avant  dans  la  mer  ,  forment 
un  golfe  qui  lui  fait  face.  On  dit  qu'il  faut  un  jour  entier 
pour  paffer  à  cette  ifle  ;  &  on  ne  peut  pas  y  aller  en 
tout  tems  ,  à  caufe  des  courans  qui  font  très-rapides  , 
quoique  d'ailleurs  ce  paflage  ne  foit  que  de  quarante 
lieues  de  mer  Japonnoifes ,  &  qu'en  quelques  endroits 
les  côtes  du  Japon  ne  foient  éloignées  que  de  cinq  ou 
fix  milles  d'Allemagne.  On  prétend  qu'elle  eft  auffi  grande 
que  l'ifle  Kiufiu  ,  mais  fi  pleine  de  bois  &  de  forêts , 
qu'elle  ne  produit  rien  qui  puifle  être  d'ufage  aux  Japon- 
nois ,  excepté  quelques  peaux  6c  quelques  fourrures  :  auffi 
n'apportent-ils  autre  chofe  que  cela,  &  le  fameux  poiffbn 
carafaki ,  que  l'on  pêche  en  grande  abondance  autour 
de  l'ifle,  &  que  les  Japonnois  régardent  comme  un 
mets  exquis.  Pour  ce  qui  eft  de  la  figure  de  cette  ifle, 
pourfuit  Kœmpfer,  que  je  ne  fais  ici  que  copier,  je  n'en 
.  ai  pu  rien  favoir  de  pofitif ,  ni  par  le  rapport  que  m'en 
ont  fait  les  Japonnois  eux-mêmes,,  ni  par  leurs  cartes 
qui  font  très-différentes  les  unes  des  autres.  Quelques- 
unes  la  repréfentent  presque  ronde  ,  d'autres  lui  donnent 
une  figure  très-irréguliere  avec  des  promontoires,  des 
golfes,  des  baies ,  &  font  avancer  la  mer  fi  avant  dans 
les  terres ,  qu'on  diroit  qu'elle  eft  compofée  de  plufieurs 
différentes  ifles.  Je  m'imagine  que  le  pays  que  De  Vries 
découvrit  au  nord  du  Japon ,  étoit  une  partie  de  cette 
ifle.  J'ai  remarque  que  dans  quelques  Cartes  Japonnoi- 
nes ,  la  partie  du  fud-oueft ,  ou  la  plus  grande  partie  de 
l'ifle  ,  étoit  nommée  Matsuk.1  ;  mais  elle  étoit  fi  mal 
deffinée  que  j'aurois  bien  delà  peine  à  déterminer  fi  c'eft 
une  ifle  féparée,  ou  fi  elle  eft  jointe  au  refte.  Suivantla 
description  que  les  Japonnois  font  des  habitans,  ce  font 
des  gens  forts  Sr.  robuftes ,  mais  fauvages ,  qui  portent 
les  cheveux  longs  &  de  longues  barbes ,  &  font  fort  ex- 
perts à  tirer  de  l'arc,  auffi-bien  qu'à  la  pêche,  la  plupart 
ne  vivant  que  de  poiflbn.  Ils  les  repréfentent  auffi  comme 
des  gens  (aies  &  mal-propres  ;  mais  il  ne  faut  pas  les  en 
croire  légèrement  fur  cet  article  ;  car  ils  fe  piquent  eux- 
mêmes  d'une  fi  grande  propreté  ,  &  fe  lavent  fi  fouvent 
le  corps,  qu'ils  ont  trouvé  le  même  défaut  dans  les  Hol- 
landois.  On  dit  que  le  langage  de  Jedfo  tient  quelque 
chofe  de  celui  qu'on  parle  dans  la  Corée. 

^  Derrière  cette  ifle ,  vers  le  nord  ,  eft  le  continent 
d'OKUJESO  ,  comme  l'appellent  les  Japonnois ,  c'eft-à 
dire  du  haut  Jefo.  Les  géographes  conviennent  tous  qu'il 
y  a  là  un  .grand  pays.  Ce  que  l'auteur  cité  ajoute,  fe 
réduit  à  ceci,  qu'on  ne  fait  ce  que  c'eft  que  ce  grand  pays, 
ni  s'il  touche  à  laTattarie  ou  à  l'Amérique  ;  qu'étant  au 
Japon  il  a  .fait  de  vains  efforts  pour  s'en  inftruire.  Il  parle 
enfuite  de  quelques  tentatives  faites,  du  côté  de  la  Mos- 


477 


covie  ,  pour  découvrir  ce  pays;  mais  comme  elles  font 
toutes  avant  la  fin  du  fiécle  pane,  il  ne  faut  pas  s'étonner 
fi  l'auteur  met  au  nombre  des  chofes  ignorées,  ce  que 
l'on    croit  favoir  à  préfent. 

1.  Kaempfer  emploie  comme  Anonymes,  les  noms 
de  Jeso,  Jesogasima,Jesso  ScJedso.  2.  Ileftpré- 
fentement  certain  que  ce  pays  eft  une  ifle.  Le  P.  Jérôme 
des  Anges ,  qui  y  pafla  du  Japon  ,  en  parle  comme  d'une 
ifle,  dans  la  féconde  relation  ,  quoiqu'il  eût  dit  le  con- 
traire dans  fa  première;  ce  qui  doit  erre  regardé  comme 
la  réfonnation  d'une  erreur.  L'ifle  de  Jefo  eft  entre  les 
43  &  50  d.  de  latitude.  Voyez  Kamtschatka  & 
Oku-Jeso. 

JESOLO,  lieu  d'Italie ,  dans  la  Marche  Trévifane, 
dans  l'état  des  Vénitiens,  à  cinq  lieues  de  Véni'è.  Il  eft 
remarquable  par  les  ruines  de  l'ancienne  Equilium  , 
qui ,  félon  Baudrmd ,  éd.  1705  ,  étoit  une  ville  épisco- 
pale  qui  fut  détruite  par  les  Huns  ,  &  dont  le  fiége  rut 
transféré  à  Citta-Nuova.  Les  cartes  marquent  cette 
dernière  ville  comme  détruite.  Citta  Nuova  dïjlrutta. 
*Jaillot,  Atlas. 

JESPUS,  ville  ancienne  de  l'Espagne  Tarragonoife, 
félon  Ptolomée,  /.  2 ,  c.6  ,  qui  la  met  au  pays  des  Jaccé- 
tains.  Quelques  exemplaires  la  nomment  Jepus. 

JESRAB,  ancien  nom  de  ViEDINE,  ville  d'Arabie,  pa- 
trie de  Mahomet ,  félon  Poftel ,  dans  fon  Hiftoire  orien- 
tale citée  par  Ortélius. 

JESRAEL,  jElRAëL,  OU  JlZRAHéL,  ou  Jezra- 
Hel  ,  ou  EsDRAëL ,  ou  Stradele  (a) ,  ancienne  ville 
de  la  Paleftine  ,  fituée  dans  le  grand  champ ,  entre  Lé- 
gion au  couchant ,  &  Scytopolis  à  l'orient  (!>).  Elle  étoit 
à  la  tribu  d'Iflachar(c).  Achaby  avoit  un  palais ,  &  cette 
ville  eft  devenue  fameufe  par  la  vigne  de  Naboth, 
&  la  vengeance  que  Dieu  tira  d'Achab  à  Jesraël  (d). 
S.  Jérôme  dit  (e)  ,  que  Jesraël  étoit  allez  près  de  Maxi- 
mianopolis ,  &  qu'auprès  étoit  une  longue  vallée  ayant 
plus  de  dix  mille  pas  de  long.  Jofeph  appelle  la  ville  de 
Jesraël  Azare  ,  ou  Azares  ;  &  du  tems  de  Guillaume 
de  Tyr,  on  l'appelloit  le  Petit  Gerin.  *  (a)  D. 
Calma,  Dift.  (b)  Eufeb.  in  Locis.  (c)  Jofué,c.  i9, 
v.  18.  (d)  3.  Reg.  c.  il  ;  Ô£  4.  Reg.  c.  9  ,  v.  10  &  lëq. 
(e)  In  Ofêe ,  c.  I . 

_  JESRON.  Ortélius  met  ce  lieu  dans  la  Paleftine  ,  & 
cite  le  livre  de  Jofué  c.  XV  ,  où  fe  irouve  Hesron.  Les 
Septante  lifent  Aseron,  *Aciput.  Le  verfet  même  aver- 
tit que  c'eft  ASOR. 

JESSA  :  c'eft  la  même  chofe  que  Jasa  ou   Jassa. 

JESSALENIou  Jessalenses,  ancien  peuple  de  la 
Mauritanie,  félon  Ammien  Marcelhn.  C'eft  Ortélius  qui 
écrit  ce  nom  par  deux  SS  ;  car  les  éditions  de  Linde- 
brog  ,  /.  19,/».  434,  &  de  MM.  Valois,  /.  19  ,  c.  ^,p.  576, 
difent ,  JefaUnjium  gens  ,  le  peuple  des  Jefaliens  ,  ci  en 
parlent  comme  d'une  nation  fauvage,  qui  pourtant  s'étoit 
accommodée  avec  les  Romains. 

JESSEINS  ,  village  de  France  ,  en  Champagne  ,  fur 
l'Aube, deux  lieues au-deffous de Bar-fur-Aube. Êaudrand 
dit  que  c'étoit  anciennement  un  gros  bourg  de  la  Gaule 
Lyonnoiië. 

JESSELMERE,  ville  de  l'Indouftan,  dans  les  états  du 
Grand-Mogol ,  dans  une  province  de  même  nom.  Cette 
province  eft  bornée  à  l'orient  par  celled'Asmer  ,  aufud- 
eft  parla  rivière  de  Paddar;  au  fud-oueft  par  la  province 
de  Soret ,  au  couchant  par  des  montagnes  qui  la  féparent 
du  Sinde  ;  &  au  nord  par  le  pays  de  Buckor.  C'eft  au  nord 
de  la  province  qu'eft  fituée  la  capitale  dont  cette  contrée 
porte  le  nom.  Ce  pays  auquel  Baudrand  donne  le  nom 
de  royaume,  obéit  immédiatement  au  Grand-Mogol. 
*  De  flfle  ,  Carte  des  Indes. 

JESO  AT  ,  province  de  l'Indouftan ,  dans  les  états  du 
Grand-Mogol,  fur  la  rivière  de  Gader,  qui  vient  de  Paian, 
&  fe  perd  dans  le  Gange.  Elle  a  au  nord  le  royaume  de 
Necbal ,  où  eft  la  ville  de  Patan,  dont  on  vient  de  par- 
ler ;  à  l'orient  le  royaume  d'Aiëm  ou  d'Acham  ;  au  midi 
le  royaume  de  Bengale  propre,  &  de-Ià  le  paysdePatna 
achevé  de  l'enfermer  au  couchant.  GoRRECHEPOUR, 
ou  Rajapour  ,  eft  la  feule  ville  que  nous  y  connoif- 
fions.  Thévenot  ne  confidere  Jéfuat ,  que  comme  un 
limple  pays  compris  dans  la  province  de  Becar  :  il  met 
Rageapour  entre   les  bonnes  villes  de  la  province. 

JESUÉ,  ville  de  la  Paleftine,  dans  la  tribu  do  Juda. 
Esdr.  1.  1  ,  c.  1 1  ,  V.  z6. 


JEV 


478- 

JESUPOL  ,  petite  ville  de  la  petite  Pologne  ,  fur  la 
rive  gauche  de  la  rivière  de  Biftritz ,  qui  fe  jette  dam 
le-  Niefter.  Elle  eft  fortifiée  ,  &  a  une  citadelle.  Elle  eft 
tout  auprès  de  Halicz.  Starovolski  la  met  dans  la  Po- 
dolie.  C'eft  une  erreur,  car  elle  eft  dans  la  Pokucie.  *Anir. 
Cellar.  Polon.  Descr./>.  331;. 

IETjE,  ville  ancienne  de  la  Sicile,  félon  Etienne,  qui 
en  nomme  les  habitans  IeTjEI.  SUius  Italicus,  1.  14, 
v.  272,  dit: 

6-  celfus  Jetas. 

Pline,  /.  3  ,  c.  8  ,  en  nomme  les  habitans  Ietenses  ;  c'eft 
préfentementlATO.  Voyez  Iati. 

JETCHU,  province  du  Japon.  On  écrit  aufliJEETSJU; 
&  c'eft  fous  ce  nom  qu'elle  eft  décrite  dans  l'article  du 
Japon  ,   dans  la  troisième  contrée. 

JETEBA ,  ville  de  la  Paleftine  ,  dans  la  tribu  de  Juda. 
C'étoit  la  patrie  de  Melîalemeth,  mère  d'Ammon.  4.  Reg. 
C.21,  v.  10. 

JETHEBATHA  ,  campement  des  Israélites  dans  le 
défert  entre  Gadgad  &  Hebrona,  Num.  c.  33  ,  v.  34. 
D.  Calmet  conjecture  que  ce  peut  être  le  même  cam- 
pement que  les  Sépulcres  de  concupiscence.  Ie-taa- 
BATA ,  nrQnNf!  'V  fignifie  le  Tas  de  concupiscence , 
Acervus  concupiscentia. 

JETERUS,  rivière  de  la  Mœfie,  &  qui  a  fa  fource  au 
mont  Hœrnus ,  félon  Pline  :  c'eft  le  même  que  le  Jatrus 
de  Jornandes.  Voyez  ce  mot,  n°  2. 

JETHEBATHA.  Voyez  Jetebatha. 

JETHELA ,  ville  de  la  Paleftine ,  dans  la  tribu  de  Dan, 
Jofué ,  c.  19, v.  41. 

JETHER,  autre  ville  de  la  Paleftine,  dans  la  tribu  de 
Dan,  Jofué,  c.  15  ,  v.48.  Elle  fut  enluite  cédée  aux  Lé- 
vites de  la  famille  de  Caath,  c.21  ,  14.  Eusèbè  dit  que 
Jetker,  autrement  Jeth ira  ,  eft  fituée  dans  le  canton 
•nommé  Daroma,  vers  la  ville  de  Malatha,  à  vingt  milles 
d'Eleuthéropolis.  On  conjecture  que  c'eft  la  même  qu'E- 
THERouAthar. 

JETSENGEN,  province  du  Japon,  dans  la  troifiéme 
grande  contrée.  C'eft  la  même  que  JETSINGO. 

JETSINGO,  province  du  Japon.  Voyez  Japon. 

JETSISSEN,  autre  province  du  Japon.  Voyez 
Japon. 

JETSON ,  ville  de  la  Paleftine  ,  dans  la  tribu  de 
Ruben.  Elle  fut  cédée  aux  Lévites  de  la  tribu  de  Me- 
rari.  Jojué  ,  c.  21  ,  v.  36.  L'hébreu  au  lieu  de  Jet- 
SON  porte  Cademoth  dans  Jofué  &  dans  les  Para- 
lipoménes ,  /.  1  ,  c.  6  ,  v.  78 ,  79.  On  ne  trouve  point 
Jetson  dans  aucun  autre  dénombrement  des  villes  de 
Ruben. 

JETTA.  Voyez  Jota. 

JETTAN.  Eusèbe  ,  de  Nomin.  hebr.  dit,  qu'il  y  a  vn 
gros  lieu  nommé  Jettan ,  à  dix-huit  milles  d'Eleuthéropo- 
lis ,  dans  le  canton  nommé  Daroma. 

JEVER,  petite  ville  d'Allemagne,  en  "Weftphalie, 
au  pays  de  Jéverland  ,  &  plus  particulièrement  dansl'Os- 
tring.  Elle  a  une  citadelle  ,  &  eft  le  chef-lieu  d'un  petit 
pays ,  auquel  elle  donne  le  nom  de  Jéverland.  Elle  eft 
fituée  dans  un  terroir  aflezftérile,à  dix  mille  pas  d'Efens, 
à  quatre  milles  de  Witmund ,  &  à  trois  milles  d'Alle- 
magne d'Auric.  Elle  a  à  l'orient  la  rivière  du  Jade  ,  qui 
tombe  dans  le  "Wefer  ;  au  midi  le  comté  d'Oldenbourg  ; 
au  nord  les  deux  ifles  de  VANGEROGA  &  Spike- 
ROGA ,  &  la  mer  d'Allemagne  ;  au  couchant  les  fei- 
gneuries  d'Efens  &c  "Witmund.  *  Zeyler ,  "Weftph.  To- 
pogr.  p.  36. 

Le  JÉVERLAND  dont  on  vient  de  marquer  les  bornes, 
comprend  trois  petits  pays,  le  Wangerland  ,  l'Os- 
TRINGEN  &C  le  RUSTRINGEN,  &  s'étend  en  long  &  en 
large  l'espace  de  trois  milles ,  ou  font  plufieurs  châ- 
teaux ,  monafteres  ,  églifes  ,  &C  maifons  de  gentilhommes. 
On  y  compte  dix-huit  paroifles.  Les  habitans  de  ce  lieu 
avoïent  vécu  dans  l'indépendance,  jusqu'à  l'an  1359  , 
qu'ils  choifirent  pour  leur  feigneur  Edon  Wimécken, 
Papinga  ,  l'ancien  de  qui  descendirent  les  feigneurs  de 
Jéver  ou  Jévern.  Un  de  ceux-là  ,  Edon  Wimecken  le 
Jeune  ,  étant  mort  l'an  1 5 1 1 ,  &  fon  fils  Chriftophe 
en  15 13  ,  ce  dernier  eut  pour  fuccéder  fa  fœur,  qui 
mourut  l'an  1575  :  comme  elle  étoit  fille  d'une  comtefle 
d'Oldenbourg, elleavoitinftitué  fon  héritier  Jean  ,  comte 
d'Oldenbourg.   Le  comte  d'Hoftfrife  s'y  oppofa  ;  de-là 


IFR 


vint  un  procès  qui  fiit  porté  devant  l'empereur  Charles  V, 
à  Bruxelles,  desl'ani53i;  ce  prince  prononça  en  faveur 
du  comte  d'Oldenbourg,  à  qui  la  fuccefnon  fut  confirmée 
par  une  fentence  de  révilion  ,  l'an  1591.  Ainfi  ce  pays 
eft  devenu  une  annexe  du  comté  d'Oldenbourg.  Mais 
tomme  c'eft  un  fief  féminin,  voici  comment  il  eft  forti 
de  la  maifon  d'Oldenbourg.  Jean  XVI ,  comte  d'Ol- 
denbourg ,  à  qui  il  étoit  tombé  en  partage ,  mourut  l'an 
1603,  &.  ne  laifla  qu'un  fils  ,  nommé  Antoine  Gontier  , 
&  une  fille,  dommée  Madelaine,  qui  fut  mariée  à  Ro- 
dolphe ,  prince  d'Anhalt.  Antoine  Gontier,  n'ayantlai(Té 
qu'un  fils  naturel,  qui  ne  pouvoit  pas  fuccéder  à  ce  fief, 
le  Jéverland  paiîà  à  Jean  ,  prince  d'Anhalt-Zerbft ,  fils  de 
Madelaine  d'Oldenbourg,  dans  la  maifon  duquel  il  eft 
demeuré.*  Hubner,  Genealog.  Tabell. 

JESSEY,  bourg  de  France  ,  en  Bretagne  ,  à  fix  lieues 
de  Rennes,  du  côté  du  midi  occidental.  * Baudrand, 
éd.  I701). 

JEUGKI ,  forterefle  de  la  Chine ,  dans  la  province 
de  Queicheu,  au  département  de  Sunan,  troifiéme  mé- 
tropole de  la  province.  Elle  eft  plus  occidentale  que  Pékin 
de  10  d.  14',  par  les  18  d.  18'  de  latitude.  *  Atlas 
Sinenjis. 

JEUGUEI  ,  forterefle  de  la  Chine  ,  dans  la  province 
de  Channfi ,  au  département  de  Gueiyven ,  première 
forterelfe  de  la  province.  Elle  eft  plus  occidentale  que 
Pékin  de  4d.  53',  par  les  40  d.  25'  de  latitude.  *  Atlas 
Sinenjis. 

i.  JEYANG,  ville  de  la  Chine,  dans  la  province 
de  Kianfi  ,  au  département  de  Quangfin ,  troifiéme  mé- 
tropole de  la  province.  Elle  eft  de  io'  plus  orientale 
que  Pékin  ,  fous  les  28  d.  49'  de  latitude.  *  Atlas 
Sinenjis. 

2.  JEYANG,  ville  de  la  Chine,  dans  la  province 
de  Huquang,  au  départemint  de  Changxa,  huitième  mé- 
tropole de  la  province.  Elle  eft  plus  occidentale  que 
Pékin  de  5  d.  40' ,  par  les  29  d.  18'  de  latitude.  *  Atlas 
Sinenjis. 

JEZARjE  FONS ,  fontaine  de  la  Paleftine  ,  auprès 
de  laquelle  Jofeph  ,  Antiq.X.  8.  ad  finem,  dit  que  les 
chiens  léchoient  le  cadavre  d'Achab.  Elle  ne  devoit  pas 
être  éloignée  de  Samarie. 

JEZD.  Yoyez  Yezd. 

JEZER,  ou  Jazer,  ou  Jaser  ,  ville  de  la  Paleftine, 
dans  la  tribu  de  Gad  ,  laquelle  fut  cédée  aux  Lévites 
de  la  famille  de  Merari.  *  Jofué  ,  c.  13  ,  v.  28.  I.  Parai. 
c.6,v.8i  ;  biJofué ,c.  21  ,v.  37. 

1.  JEZRAEL,  ville  de  la  Paleftine,  dans  la  tribu  de 
Juda.  Jofué,  c.  15  ,  v.  56. 

2.  JEZRAEL,  ville  de  la  Paleftine,  dans  la  tribu  d'If- 
fachar  ;  elle  étoit  fituée  dans  le  Grand-Champ.  C'eft  la 
même  que  JESRAEL. 

IF,  (l'Isle  d')  ou  l'ifle  du  Château  d'If,  iflede 
France  en  Provence  ,  &£  la  plus  orientale  de  trois  ifles 
qui  font  devant  le  port  de  Marfeille  ;  les  deux  autres  font 
Ratonneau  &  Pomegue.  On  appelle  quelquefois  ces  trois 
ifles ,  les  Isles  de  Marseille.  Louis  II  les  donna, 
en  1424,  à  Jaques  deYfia  pour  récompenfe  de  fes  fer- 
vices.  En  1529,  François  I  fit  fortifier  la  première 
pour  la  fureté  du  port  de  Marfeille  ;  ce  n'étoit  aupara- 
vant qu'un  plan  d'ifs ,  desquels  elle  a  gardé  le  nom.  Les 
rochers  qui  l'environnent  fon  escarpés ,  &  élevés  d'en- 
viron cinquante  pieds  au-deffus  de  la  fuperfîcie  de  la  mer. 
On  y  a  pratiqué  de  bonnes  fortifications  qui  en  occu- 
pent entièrement  toutes  les  finuofités.  La  longueur  de 
ces  rochers  eft  de  cent  quarante  toifes ,  &  la  largeur  d'en- 
viron cinquante  ou  cinquante-cinq.  Il  y  a  dans  le  centre 
un  donjon  de  figure  carrée ,  avec  des  tours  aux  angles, 
qui  commandent  la  première  enceinte,  garnis  d'une  grofle 
artillerie.  Ce  fort  parte  pour  un  des  meilleurs  de  la  mer 
Méditerranée.  L'accès  en  eft  impraticable  ,  parce  que 
même  pendant  le  calme,  il  eft  battu  de  lames  d'aport, 
qui  en  rendent  les  approchés  inutiles.  Les  anciens  ont 
appelle  cette  ifleHYP^EA. 

IFFA  ,  baronnie  d'Irlande,  dans  la  province  de  Muns- 
ter. Elle  eft  une  des  quatorze  qui  compofent  le  comté  de 
Tipperari.  *  Etat  préfent  de  la  Gr.  Bret.  t.  3. 

IFRAN,  ou  Ufaran,  félon  Dapper,  ou  Ofin,  ou 
Ifren  ,  ou  Ufaran  ,  canton  d'Afrique ,  fur  la  côte  de 
l'Océan  au  fud-oueft  du  royaume  de  Maroc ,  &  plus  par- 
ticulièrement de  la  province  de  Dras ,  entre  les  rivière 


ICC 


ICL 


d'Albach  &  de  Balta,  au  pays  de  Ludaya  ou  desLudayes. 
Dapper,  Afrique ,  p.  206,  qui ,  comme  quantité  d'au- 
tres, étend  le  Biledulgerid  jusqu'à  l'Océan ,  les  y- met. 
Ce  font,  dit- il,  quatre  villes  qui  regardent  le  midi, 
fermées  de  murailles,  &  bâties  par  les  anciens  Numides, 
à  une  lieue  l'une  de  l'autre ,  fur  une  petite  rivière  qui 
ne  coule  qu'en  hyver.  On  trouve  entre  ces  places  voifi- 
nesplufieurs  villages,  &C  des  contrées  de  palmiers.  Onyob- 
ferve  quelque  police,  à  caufe  du  commerce  des  marchands 
Chrétiens  ,  qui  vont  au  port  de  Cargueffe  trafiquer  des 
draps  ,  des  toiles  ,  &  autres  marchandifes  ,  que  ces  gens- 
ci  portent  vendre  à  Gualata  &  à  Tombut ,  &  en  rappor- 
tent des  cuirs,  de  la  cire,  du  riz  &:  du  fucre.  Le  terroir 
produit  beaucoup  de  dattes  ,  &C  renferme  quelques  mines 
de  cuivre.  Ils  ont  un  juge  qui  connoît  des  affaires  civiles 
&  criminelles  ;  mais  quelque  crime  qu'on  ait  commis  , 
la  punition  la  plus  fevere  parmi  eux,  eft  le  banniffement; 
&  ils  ne  font  mourir  perfonne  ,  encore  qu'ils  foient  tous 
Mahométans.  *  D'Audifret ,  Geogf.  t.  x,  p.  303,  éd. 
Parif.m-4°. 

IFUNG ,  ville  de  la  Chine  ,  dans  la  province  de 
Honan ,  au  département  de  Caifung  ,  première  métropole 
de  la  province.  Elle  eft  plus  occidentale  que  Pékin 
de  2  d.  zi' ,  par  les  35  d.  56'  de  latitude.  *  Atlas 
Sinenjis. 

IGA  ,  province  du  Japon  ,  dans  l'ifle  Niphon.  Voyez 
Inga. 

IGEDITjE  ,  félon  Gruter ,  ancienne  ville  d'Espa- 
gne ,  dans  la  Lufitanie  ,  félon  quelques  anciennes  ins- 
criptions. D'autres,  comme  celle-ci ,  portent  Icced'ua  , 
par  un  C. 

P.  Popilius.'Avitus.  P.  F.  Indul. 
Gentia.  Pontifi.  Icedita. 
Nor.  Locum.  Sepul. 
accepi.  ante.  jed.  de£. 

MaGNjE.  CYBELES.  QUAM. 

Iratàm.  Morte. 
Sensi. 

Voyez'la  féconde  inscription  rapportée  à  l'article  d'AL- 
•CANTARA,  ou  au  lieu  à'Igœditani ,  Gruter,  p.  162, 
n.  3  ,  met  Icaditani.  On  voit  dans  une  autre  inscription, 
ïbld.  n.  1. 

C.  Julius.  Lacer.  H.  S.  F.  Et.  Dedicavit. 
Amico.  Curio.  Lacone.  Iceditano. 

Mais  celle-ci  que  l'on  dit  être  à  Alcantara ,  favorife  la 
lettre  G. 

Imp.  Ces.  Aug. 
Pont.  Max.  Trib. 
Pot.  xxi.  Cos.  xnr.  ' 

Pat.  Patr. 
Term.  Aug.  Inter. 
Lanc.  Opp.  Et. 

Igjedit. 

Cette  inscription  doit  avoir  été  une  borne,  qui  fé- 
-paroit  le  territoire  SIcadita.  ou  Igœdita  de  celui  des 
Lancicnfes ,  furnommés  Oppidani.  C'étoient  deux  pe- 
tites villes  voifines  ,  ou  municipes  de  la  Lufitanie , 
qui  contribuèrent  à  la  fabrique  du  pont  d'Alcantara  ; 
auffi  font  -  elles  nommées  les  premières  dans  l'inscrip- 
tion de  ce  pont.  On  croit  que  cette  Igœdita  eft  Idanha 
la  vieille. 

IGjEDITANI.  Voyez  l'article  précédent. 

IGALENSE  MonÀSTERIUM  ,  monaftere  d'Espa- 
gne ,  dont  parle  Euloge ,  cité  par  Ortélius. 

_  i.IGG,  petite  ville  d'Allemagne,  dans  la  baffe  Car- 
-niole  ,  fur  une  rivière  de  même  nom ,  à  deux  milles  &. 
demi  d'Allemagne ,  &c  au  midi  oriental  de  Laubach. 
*Jaillot,  Atlas. 

Lazius  cToit  que  c'eft  l'ancienne  ALmona  de  la  Pan- 
nonie. 

2.IGG,  petite  rivière  d'Allemagne  ,  dans  la  Carniole. 
iElle  a  fa  fource  aux  confins  de  Vindisch-Marck ,  d'où 
ferpentant  vers  l'occident,  &  enfuite  vers  le  nord, elle 
paffe  à  Igg;puis  circulant  vers  l'oueft,  elle  va  fe  perdre 


47P 

dans  la  rivière  de  Laubach  ,  au  midi  de  la  ville  de  ce 
nom.  *  Jaillot,  Atlas. 

IGILGI ,  fiége  épiscopal  d'Afrique  ,  dans  la  Maurita- 
nie Sitifenfe,  ielon  la  Notice  d'Afrique ,  qui  fournit  Do* 
mitiaaus  Igilgkanus.  *  Hardum.  Collecl.  conc. 

IGILGILI ,  ville  épiscopale  d'Afrique  dans  la  Numi- 
die.  La  Conférence  de  Carchage  fait  mention  SL/rbico- 
fus  Igailguiiiunfis.  C'eft  aujourd'hui  GlGERI.  Voyezce 
mot.  *  Harduin.  Colleft.  conc. 
IGILIUM.  Voyez  Iginium. 

IGILIONES  ,  ancien  peuple  de  la  Sarmatie  d'Europe^ 
félon  Ptolomée  ,  l.  3  ,  c.  f. 

IGINIUM;  c'eft  ainfi  qu'Hermolaiis  veut  qu'on  life 
le  nom  d'une  petite  ifle  de  la  mer  Tyrrhene  ,  que  d'au* 
très  exemplaires  nomment  Igïhum.  Pimianus  croit  qu'il 
faut  lire  ALgilium  ou  AlgiLïon  ;  il  eft  certain  que  c'eft 
la  même  ifle.  Voyez  tEgilium. 

IGIS  ;  bourg  de  Suiffe ,  dans  la  Caddée  &  dans  la 
Communauté  des  quatre  villages.  On  y  voit  un  beau 
&  magnifique  château  nommé  Marschling  ,  qui  ap- 
partient à  MM.  de  Salis.  Il  eft  bâti  dans  une  plaine 
agréable  &c  fertile,  &  environné  d'une  églife  &c  de 
beaux  vergers.  Ils  y  ont  un  cabinet  de  raretés  &;  une  bi- 
bliothèque. *  Délices  de  la.  Suiffe  ,  t.  3  ,  p.  614. 

IGLÂ  ,  rivière  dn  royaume  de  Bohême.  On  l'appelle 
aufli  Giglava.  Elle  a  fa  fource  dans  le  cercle  de  Bechin, 
affez  près  &  au  midi  du  village  de  SchelifF  ;  d'où  ferpen- 
tant vers  le  fud-eft,  elle  arrolê  la  ville  d'Iglaw,  à  l'entrée 
de  la  Moravie,  après  avoir  traverfé  la  pointe  du  cercle  de 
CzauW;  puis  fe  chargeant  de  divers  ruiffeaux,  elle  fe 
mêle  avec  la  rivière  d'Oflawa ,  &C  enfuite  à  celle  de 
Swarta ,  qui  coule  àBrinn,  avec  laquelle  elle  va  fe  perdre 
dans  laTeya,  au  pont  de  Muffow.  *fraugondy,  Atlas. 
IGLAV  ,  ou  Gihlawa,  ville  du  royaume  de  Bo- 
hême, dans  la  Moravie,  aux  confins  de  la  Bohême 
propre  ,  fur  la  rivière  d'Igla ,  entre  Polnà  &C  Teltsch. 
Elle  eft  environnée  de  montagnes  &C  de  bois.  On  y 
braffe  d'excellente  bière,  &  l'on  y  fait  de  bons  draps. 
L'an  1458,  cette  ville  fut  affez  hardie  pour  réfîfter  à 
George  ,  roi  de  Hongrie  ,  parce  qu'il  étoit  du  parti  des 
Huffites  ,  quoique  les  villes  de  firinn  &  d'Olmutz  fe 
fuffent  accordées  avec  lui.  Cela  fut  caufe  d'un  fiége  qu'elle 
foutint  durant  quatre  mois.  L'an  152a,  Louis ,  roi  de 
Hongrie  &  de  Bohême,  fit  venir  à  Olmutz  les  habitans 
d'Igkrw  ,  &C  leur  ayant  reproché  en  des  termes  très-vifs 
qu'ils  s'étoient  laiffés  féduire  par  Speratus,  &  avoient 
changé  de  religion  ,  il  les  menaça  de  faire  un  exemple 
des  principaux  d'entr'eux.  Speratus  lui-même  fut  enlevé  &C 
mis  en  prîfon.  Il  n'y  a  plus  que  l'exercice  de  la  religion 
Catholique  qui  y  foit  permis  ;  &:  les  Jefuites  y  ont  un 
collège  ,  pour  lequel  l'empereur  Ferdinand  II  donna  , 
l'an  1626,  quelques  maifons  &  des  revenus.  Cette  ville 
a  été  plufieurs  fois  prife  &c  reprife  durant  les  guerres  ci- 
viles de  Bohême  &C  d'Allemagne.  *  Ziyler ,  Morav.  To- 
pogr.  p.  99. 

IGLESIAS  ,  ville  du  royaume  &  de  l'ifle  de  Sardai- 
gne,  dans  la  partie  méridionale  de  l'ifle,  à  l'occident  &C 
au  fond  d'un  golfe,  auquel  elle  donna  le  nom  AsGolfo 
dUglefias,^.  vis-à-vis  duquel  l'ifle  de  Saint-Pierre  eft  fituée. 
Cette  ville  a  profité  de  la  chute  de  Sulci^  ancienne  ville 
de  ce  canton,  qui  a  été  ruinée ,  &  dont  le  fiége  épiscopal  a 
été  transféré  à  Iglelias ,  qui  eft  demeurée  ville  épiscopale 
depuis  ce  tems.  Le  P.  Coronelli ,  Ijolario  ,  part.  1  ,  fe 
trompe  au  fujet  de  cet  évêché,  lorsqu'il  dit  que  l'évêché  de 
Sulci  fut  fondé  dans  le  treizième  fiécle  :  il  eft  bien  plus 
ancien  ,  puisqu'Antiochus  ,  fon  évêque  ,  fouffrit  le  mar- 
tyre fous  l'empereur  Adrien  ,  &  que  l'on  trouve  Vitalis 
Sulcitanus  dans  la  Notice  des  évêques  qui  furent  obli- 
gés de  fe  rendre  à  Carthage  pour  rendre  compte  de 
leur  foi  ,  fous  le  régne  de  Hunneric.  Ce  fiége  fut  trans- 
porté à  Iglefias ,  l'an  1  ^04 ,  par  le  pape  Jules  II  ;  &  on 
étendit  ce  diocèle  à  l'ifle  de  Sant-Antioco.  Cet  évêché 
eft  fuffragantdeCagliari.  Baudrand  qui  dit  (dans  la  Lifte 
inférée  au  mot  Archevêché')  qu'il  lui  eft  uni  ,  s'eft  trompé 
en  prenant  Suellenfis  poat  Sulcitanus.  Ce  font  deux  liè- 
ges différens.  Le  premier  a  été  effectivement  uni  à  l'ar- 
chevêché de  Cagliari ,  le  20  Mars  1410,  par  le  pape  Mar- 
tinV;  mais  lefecondi'a/a'fa/zaijfubfifteàlglefias.  Léan- 
dre  ,  Sardina  ,  p.  22 ,  ÔC  quelques  autres  Italiens  la  nom- 
ment Filla  diChiefa. 


480 


ICO 


ICW 


lGLETJE,']y\H-Ta,  ancien  nom  des  Espagnols;  fé- 
lon Strabon  ,  /.  3  ,/?.  166  ,  ce  n'étoit  qu'un  peuple  parti- 
culier qui   ne  cultivoit  qu'un  canton  fort  borné. 

IGMANUS  ou  Sigmanus  ;  félon  les  divers  exem- 
plaires de  Ptolomée  ,  /.  2  ,  c.  7 ,  rivière  de  la  Gaule  Aqui- 
tanique.  Elle  doit  être  entre  l'Adour  Se  la  Garonne,  & 
avoir  fon  embouchure  dans  la  mer.  On  croit,  ou  plutôt 
on  conjecture  que  c'eft  Leyre  qui  fe  perd  dans  le  baffin 
d'Arcachon  ;  mais  comme  il  y  a  plufieurs  rivières  entre 
l'Adour  &  la  Garonne,  celle  de  Leyre  convient  moins 
qu'aucune  à  l'Igmanus  de  Ptolomée  ;  car  il  étoit  entre 
l'Adour  &£  le  promontoire  Curianum ,  que  l'on  prend 
pour  la  Tête  de  Buch.  Il  feroit  plus  naturel  de  croire 
qu'il  nomme  Sigmanus  le  Boucaut  de  Memifan ,  où  fe 
décharge  la  rivière  de  la  Molaffe  ou  d'Escourfe ,  celle 
de  Bielba  ou  de  Borne  ,  &c  plufieurs  autres ,  qui  à  leur 
embouchure  commune ,  font  une  rivière  considérable. 
Cela  convient  mieux  à  l'Igmanus  que  Leyre,  dont  l'em- 
bouchure eft  entre  la  Tête  de  Buch  &C  la  Garonne. 

IGNAMINA ,  petit  pays  d'Afrique ,  dans  la  Nigritie , 
aflez  avant  dans  les  terres  ,  au  midi  de  la  rivière  de 
Gambie,  félon  Baudrand.  C'eft,  fans  doute,  le  village 
de  Gniamia  ,  que  De  l'Ifle  met  entre1  la  rivière  de 
Gambie  &  le  fleuve  de  Sénégal. 

IGNE ,  ville  voifine  de  Priape ,  félon  Etienne  le  Géo- 
graphe. On  peut  mettre  hardiment  cet  article  au  rang 
de  ceux  où  le  pédant  Hermolaùs  a  fait  des  fiennes.  Où 
étoit  ce  Priape  ,  &  qu'étoit-ce  ?  Etoit-ce  la  ville,  ou 
l'ifle  ou  la  rivière  de  ce  nom  ?  Etoit-ce  dans  la  Carie , 
dans  l'Ionie ,  dans  l'Hellespont  ?  C'eft  de  quoi  ne  s'em- 
barraftoit  pas  le  fot  grammairien;  mais  c'étoit  aflez  pour 
lui  de  remarquer  que  A' Igné  fe  formoit  l'adjeâif  Igneus 
6î  Ignea.  La  belle  feience  !  Il  remarque  encore  qu'on 
en  formoit  Igneus ,  dont  en  retranchant  l'I ,  il  reftoit 
Gnetes.  Le  beau  fecret  !  Voyez  Gnes. 

IGNY ,  Igniacum  ,  bourg  &c  abbaye  de  France  en 
Champagne,  au  diocèfe,  &  à  cinq  lieues  au  fud-oueft 
de  Rheims ,  &c  a  deux  au  midi  de  Fismes.  L'abbaye  eft 
de  l'ordre  de  Cîteaux ,  filiation  de  Clairvaux  :  elle  a  été 
fondée  par  Rainauld  ,  archevêque  de  Rheims ,  l'an 
11 26;  il  la  choifit  pour  le  lieu  de  fa  fépulture,  aufli- 
bien  que  Samfon,  fon  fuccefleur.  Il  y  établit  des  moines 
qu'il  tira  de  l'ordre  de  Clairvaux.  Le  fameux  Guérie, 
disciple  de  S.  Bernard  ,  célèbre  par  les  ouvrages  de  piété 
qu'il  a  compofés,  en  a  été  la  quatrième  abbé  régulier , 
vers  l'an  1 1 50  ;  &C  il  y  eft  enterré.  D'autres  attribuent 
la  fondation  de  ce  monaftere  à  Henri  le  Large ,  comte 
de  Champagne  ,  en  1178  ;  mais  il  y  a  lieu  de  croire  que 
ce  prince  en  augmenta  feulement  la  fondation.  Tous 
les  anciens  lieux  réguliers  fubfiftent  encore  aujourd'hui. 
L'églife  &£  le  dortoir  ne  font  que  lambrifles.  Les  cloître, 
réfeftoire,  chapitre  &  noviciat  font  voûtés.  Les  abbés 
ont  été  éleftifs  jusqu'au  concordat.  Cette  abbaye  vaut 
à  l'abbé,  environ  dix  mille  livres  de  rente;  &  aux  re- 
ligieux (qui  font  au  nombre  de  dix)  fept  à  huit  mille 
livres.  Ils  font  de  l'ancienne  obfervance.  Le  P.  Sirmon 
cite  fouvent  la  bibliothèque  de  cette  abbaye.  Il  n'y  a 
d'ailleurs  rien  de  remarquable  que  la  fépulture  de  Gau- 
cher deNanteuil,  mort  en  11 26  ;  il  en  étoit  le  bienfai- 
teur. * Baugier,  Mém.  de  Champagne  ,  c.  z,p.  393. 

1.  IGORANDIS,  nom  latin  d'AiGURANDE,  dans  le 
Berri. 

2.  IGORANDIS,  nom  latin  d'iNGRANDE,  dans  le 
Poitou. 

3.  IGORANDIS  ,  nom  latin  d'iNGRANDE  dans 
l'Anjou. 

IGOURS,  (les)  Ç)  peuple  Tartare.  Ils  habitoient 
un  pays  fitué  entre  trois  chaînes  de  montagnes ,  &  à  l'oc- 
cident des  états  des  Mogols.  Comme  ce  pays  étoit  coupé 
par  une  infinité  de  rivières ,  les  Igours  étoient  partagés 
en  différentes  hordes  ,  chacune  dans  fon  canton.  Les 
hordes  alliées  poffédoient  un  grand  nombre  de  villes 
&  de  villages ,  &  n'étoient  ioumifes  à  aucun  fouve- 
rain  ;  mais  par  la  fuite  ils  furent  obligés  d'en  élire,  pour 
appaifer  leurs  diflentons.  Ils  relièrent  ainfi  enfermés  dans 
leurs  montagnes ,  pendant  plufieurs  fiécles.  A  la  fin,  les 
jaloufies,  les  disputes,  les  haines,  &c.  les  défunirent  :  une 
partie  alla  s'établir  fur  les  bords  de  l'Irtis  ,  &  fe  répan- 
dit de  côtés  St  d'autres. Les  uns  vivoient  de  leur  bétail, 
les  autres  cultivoient  la  terre,  vivoient  de  la  challè  &C 


du  commerce  des  peanx:  ils  eurent  fouvent  affaire  avec 
les  Huns  ik  les  Chinois.  Enfin  ils  fe  fournirent  à  Gen- 
ghiskan. 

Les  (b)  Igours  ont  été  de  tout  tems  célèbres  dans  la 
Tartarie  :  ils  ont  cultivé  les  feiences  &  les  arts.  C'eft 
d'eux  que  les  autres  Tartares  ont  pris  leurs  lettres  &r 
leur  alphabet  :  ils  éenvoient  à  la  manière  des  Chinois  du 
haut  en  bas,  Ils  font  de  la  même  religion  que  les  autres 
Tartares,  mais  d'une  fefte  différente.  Leurs  prêtres,  ou 
leurs  Lamas,  font  vœu  de  chafteté  &  ont  des  espèces  de 
couvent  où  ils  font  au  nombre  de  plus  de  cent.  Lors, 
qu'ils  font  leurs  prières,  ils  fe  tournent  du  côté  du  nord  , 
en  frappant  des  mains ,  mettant  enfuite  un  genou  en 
terre  &  la  main  fur  le  front.  Leurs  temples  s'étendent 
en  longueur,  de  l'orient  à  l'occident  ;  vers  le  nord  eft  une 
chambre  ou  chapelle,  qui  s'avance  en  dehors.  Lorsque  le 
temple  eft  quarré,  ils  placent  cette  chapelle  au  milieu,  vers 
le  nord.  Ils  y  ont  une  espèce  d'autel,  derrière  lequel  eft 
leur  principale  idole  ,  environnée  dé  plufieurs  autres  : 
ils  placent  fur  cet  autel  des  cierges  &C  des  offrandes.  Toutes 
les  portes  de  ces  temples  regardent  le  midi.  Les  Lamas 
fe  placent  fur  des  bancs  qui  font  en  face  du  chœur  :  ils 
ont  un  livre  à  la  main ,  &  leur  tête  eft  découverte  pen- 
dant tout  le  tems  qu'ils  font  au  temple.  Ils  gardent  un 
respectueux  filence.  Ils  ont  toujours  un  chapelet ,  &  ea 
prenant'chaque  grain ,  ils  difent  :  Ou-mam-haciavi  ;  c'eft- 
à-dire  :  Seigneur,  tu  le  connois.  Ils  ont  tous  la  tête  &  le 
menton  raies ,  portent  des  mitres  de  carton,  font  habillés 
d'une  tunique  jaune  ,  aflez  étroite,  qu'ils  ferrent  avec  une 
ceinture  ,  &  mettent  un.  manteau  là-deflus.  Autour  de 
leurs  temples ,  il  y  a  toujours  un  parvis  environné  d'une 
forte  muraille.  La  principale  porte  eft  fort  grande,  &  ils 
s'y  aflemblent  pour  converfer.  Au-deflus  de  cette  porte, 
ils  placent  une  grande  perche  qui  peut  être  vue  de  toute 
la  ville ,  &  qui  fait  connoître  que  c'eft-là  le  temple.  Ils 
ont  des  cloches  qui  font  aflez  grofles.Rubriquis  dit  qu'où» 
tre  ces  Lamas ,  qui  font  les  prêtres  de  la  religion  du 
pays,  c'eft-à-dire  de  Fo ,  il  y  avoit  beaucoup  de  Ma- 
hométans,  &  de  Chrétiens  Neftoriens  ;  .mais  ceux-ci, 
continue-t-il,  font  fi  ignorans,  qu'ils  n'entendent  pas  même 
la  langue  fyriaque ,  dans  laquelle  leurs  livres  forit  écrits  ; 
en  outre  ,  ils  font  y  vrognes ,  frippons  &  impudiques.  Ils 
ont  même  adopté  plufieurs  pratiques  du  Mahométisme  , 
telles  que  les  ablutions,  &  la  célébration  du  vendredi  au 
lieu  du  dimanche.  Leur  évêque  vient  à  peine  en  cin- 
quante ans  une  fois  dans  ce  pays.  Alors  il  donne  là 
prêtrife  à  tous  les  enfans  mâles ,  même  à  ceux  qui  font 
encore  dans  le  berceau.  Gette  conduite  des  Neftoriens 
faifoit  méprifer  le  Chriftianisme ,  la  vie  des  Mogols  & 
des  Lamas  étant  beaucoup  plus  régulière.  *  (a)  ffi/loire 
généalogique  des  Tatars,  p.  90,  &  fuiv.  (b)  Hi/l.  générale 
des   Huns.  p.  25   &:  28. 

IGSAC  ,  bourg  de  France  ,  dans  l'Albigeois  ,  à  fis 
lieues  d'Albi,  vers  "le  nord  du  côté  du  couchant ,  félon 
Baudrand  ,  édit.  1705. 

IGUALAD A,  ville.  d'Espagne,  dans  la  Catalogne. 
Voyez  Ygualada. 

IGUIDI.  De  l'Ifle  écrit  Défert  d'iGHiDi ,  canton 
d'Afrique ,  au  pays  des  Béréberes  ,•  entre  le  peuple  les 
Lemta  ou  Lemptunes ,  le  pays  de  Caour  &  le  défert 
de  Haïr.  Ces  pays  n'étant  point  fréquentés  par  les  Eu- 
ropéens ,  font  très  peu  connus. 

IGUVIUM,  ancienne  ville  d'Italie,  dans  l'Ombrie , 
en-deçà  de  l'Appennin.  La  Table  de  Peutinger  l'appelle 
Agubium.  Jules  Céfar ,  Bell.  Civil.  1.  1 ,  c.  1 2  ,  la  nomme 
Iguvium,  &c  fait  connoitre  que  c'étoit  un  ancien  lieu 
municipal.  Silius  Italicus  ,  /.  8  ,  v.  459  ,  dit  : 

'Narnia  &  infejlum  nebulis  humentïbus  olim 
Iguvium. 

Céfar,  /.  1,  c.13,  &  Pline,  /.  3,  c.  14,  en  nomment  les  ha- 
bitans  Iguvini.  C'eft  à  préfent  Eugubio  ou  plutôt  Gubio, 
dans  le  duché  d'Urbin.  Auguftin  Steuchus  ,  qui  étoit  de 
cette  ville  ,  a  fait  un  traité  particulier  fur  le  nom  de  cette 
ville.  Il  eft  dans  le  troifiéme  tome  de fes  Œuvres.  Voyez 
Gubio. 

IGWIRA;  c'eft  félon  Dapper  ,  Afrique,  p.  288,  un 
royaume  d'Afrique ,  au  nord  d'Atzyn  &  du  petit  Incarna , 
au  fud  du  grand  Incarna  &  au  couchant  de  Monpa.  Selon 

De 


JIL 


ÎLA 


De  l'Ifle ,  c'eft  Égitriâ ,  canton  au  midi  du  grand  Incaf- 
fan,  au  nord  de  Monpa,  au  couchant  de  Vafa,  Se  au  le- 
vant des  Adons.  Ce  pays  eft  de  la  Guinée  ,  dans  la 
Côte  d'or.  Si  nous  en  croyons  Dapper ,  on  dit  que  c'eft 
un  pays  dont  on  tire  beaucoup  d'or  ;  Se  tout  celui  que 
l'on  trouve  à  Albine  Se  à  Affine ,  &  vingt  lieues  par 
de-là  Cabo  das  tresPuntas,  tirant  vers  l'occident,  vient 
de  ce  royaume.  Les  Portugais  y  avoient  une  fortereffe  ; 
mais  depuis  que  les  Hollandois  furent  connus  fur  cette 
côte  ,  ils  en  attirèrent  à  eux  le  plus  grand  commerce; 
Se  les  Portugais  abandonnèrent  ce  pofte. 

IHOR,  royaume  des  Indes,  dans  la  presqu'ifle  de-là 
le  Gange  ;  il  eft  fitué  dans  le  continent  de  Malaca  , 
Se  forme  la  pointe  où  l'on  double  ce  cap.  Il  eft  fertile 
en  poivre  Se  autres  bonnes  denrées.  Sa  capitale  auffi 
appellée  Ihor ,  par  laquelle  parte  une  rivière  de  même 
nom  ,  eft  environ  à  cinquante  lieues  de  Malaca.  Les 
habitans  font  Mahométans  ,  ont  beaucoup  de  bra- 
voure &  une  extrême  paflïon  pour  le  commerce.  Ils 
fe  font  un  grand  plaiïir  d'aller  fur  mer.  Toutes  les 
ifles  voifines  étant,  en  quelque  manière,  des  colonies  de 
ce  petit  royaume ,  &  dépendantes  de  fon  gouvernement , 
ils  trafiquent  dans  leurs  propres  vaiffeaux  le  long  des  côtes, 
&  vont  en  divers  endroits  de  Sumatra,  Malaca  Se  autres  ■ 
lieux.  Leurs  vaiffeaux  font  petits ,  mais  fort  commodes  ; 
&  les  Hollandois  en  achètent  une  grande  quantité  à  un 
prix  modique,  Se  en  font  enfuite  de  fort  bons  vaiffeaux 
marchands;  mais  ils  les  ajuftent  auparavant,  félon  leur 
ufage,  Se  y  mettent  un  gouvernail  ,  dont  ceux  d'Ihorne 
fe  fervent  point ,  quoiqu'ils  entendent  très-bien  la  ma- 
rine à  leur  manière.  Ceux-ci  font  les  leurs  pointus  aux 
deux  bours,  quoiqu'ils  n'en  faffent  fervir  qu'un  pour  la 
proue;  &  au  lieu  d'un  gouvernail ,  ils  ont  à  chaque  côté 
delapouppe  une  espèce  de  rame  fort  large.  Ils  en  laiffent 
tomber  une  dans  l'eau  à  leur  gré,  félon  qu'il  faut  aller 
d'un  côté  ou  d'autre ,  &  laiffent  toujours  abbatue  celle 
qui  eft  oppofée  au  vent.  Ils  ont  des  barques  qu'ils  ap- 
pellent proës  ,  très  bien  travaillées  Se  d'une  grande  pro- 
preté. Les  Européens  lés  appellent  demi-lunes ,  par  ce 
qu'elles  s'élèvent  de  chaque  bout  au-deffus  de  l'eau ,  d'une 
telle  forte  qu'elles  reffemblent  beaucoup  à  une  demi-lune 
qui  a  les  cornes  en  haut.  Elles  vont  bien  à  la  voile  ;  Se 
ils  s'en  fervent  fouvent  dans  leurs  guerres.  *  Dampier , 
Supplément  i  ,part.  c.  i. 

Ce  royaume  eft  fort  petit,  Se  nommé  Jor  dans  quel- 
ques Relations  Hollandoifes,  Johor  dans  quelques  autres. 
Kaempfer  ,  dans  fon  Hiftoire  du  Japon  ,  t.  i  ,  p.  zo  , 
écrit  Jehoor  ;  Se  Gervaife ,  /».  315,  dans  fon  Hiftoire 
de  Siam ,  Jeor.  La  Relation  d'un  voyage  pour  la  compa- 
gnie d'oftroi  aux  Indes  orientales,  dit  que  le  roi  de  Jor 
tient  fa  cour  à  Batwfaber  ,  fituée  à  fix  lieues  en  remon- 
tant la  rivière.  Cette  rivière  y  eft  nommée  la  rivière  de 
Johor  qui  eft  par  les  deux  degrés  deux  tiers  de  latitude 
nord ,  c'eft-à-dire  2  d.  40'.  Le  nom  de  cette  ville  nom- 
mée Ihor  par  Dampier  eft  diverfement  écrit ,  Batu- 
fabar ,  Batwjaber ,  Se  Batufawcr.  Ce  petit  royaume  eft 
fort  diminué  ;  car  les  Portugais  y  ayant  bâti  Se  fortifié 
la  ville  de  Malaca ,  qui  a  enfuite  été  conquife  par  les 
Hollandois,  il  eft  fort  refferré  de  ce  côté-là:  d'ailleurs 
ce  petit  état  eft  divifé  en  plufieurs  royaumes  qui  font 
Quêta ,  Patani ,  Pera  Se  Paha  ;  de  forte  que  ce  qui  refte 
au  roi  d'Ihor  eft  très-peu  de  chofe.  Kaîmpfer  dit  que 
le  roi  de  Siam  ,  Petraatja ,  prenoit  le  titre  de  Protecteur 
lie  Cambodia ,  Jehoor  ,  Patany  Se  Queda.  Gervaife  qui 
a  vu  le  royaume  de  Siam  fous  le  régne  précédent ,  dit  : 
Jeor,  Jambi,  Queda  Se  Patani  qui  font  de  fort  petits 
royaumes,  payent  encore  chacun  tous  les  ans  au  roi  de 
Siam  une  fleur  d'or  qui  peut  valoir  cinquante  écus  ,  ou 
deux  cents  francs.  Quand  ils  manquent  à  lui  p-ver  ce  tri- 
but, ^  il  fe  met  en  état  de  fe  faire  rendre  juftice  &  de 
les  réduire  à  leur  devoir  ;  car  comme  ces  royaumes  n'ont 
pas  chacun  plus  de  cinquante  ou  foixante  lieues  de  pays, 
ils  font  trop  foibles  pouvoir  lui  réfifter.  *  Voyages  de  la 
Compagnie, x.%,  p.  253  ,  580  ;  &  t.  3  ,  p. 213. 

JILFRAY ,  ou  Gillefrée  ,  ville  d'Afrique  dans  le 
royaume  de  Barra  fur  la  rive  feptentrionale  de  la  Gam- 
bra  à  l'oppofite  de  l'ifle  de  James,  à  l'eft  à'Jlbreda. 
Les  Anglois  y  ont  un  comptoir.  Comme  il  y  a  beau- 
coup de  jardins ,  Jamesfort  en  tire  tes  légumes.  C'eft 
le  lieu  où  l'on  paye  les  droits  au  roi  de  Barra»  *  Voyage 


481 


de   Moore.    Carte   de  là  Gambrâ  j  par  Jean  Leach , 
1732. 

JIMGHINCOR,  fort  d'Afrique,  dans  la  Nigritie,  fur 
la  rive  gauche  de  la  Kafamanka  ,  à  dix-huit  lieues  de 
fon  embouchure.  Il  appartient  aux  Portugais  :  ce  n'eft,  à 
proprement  parler,  qu'un  magafin  environné  d'un  enclos 
de  terre,  garni  de  fascines.  Sa  principale  force  confifte 
dans  la  difficulté  de  l'accès  à  caufe  des  marais ,  Se  des 
arbres  au  milieu  desquels  il  eft  fitué.  *  Voyage  de  Brue 
en  Afrique. 

JIOSAN ,  ou  Jesan  ,  montagne  du  Japon,  dans  l'ifle 
de  Niphon  ,  affez  près  du  lac  d'Oitz  ,  qui  eft  dans  la 
province  d'Oomi ,  fur  la  gauche ,  en  allant  à  Jédo. 
Cette  montagne  fameufe  eft  haute  ,  mais  pourtant  char- 
mante, Se  fon  nom  fignifïe  beau  mont.  On  y  voit  un 
nombre  infini  de  grands  Se  beaux  arbres  qui  croiffent 
jusqu'au  fommet;  Se  Ion  affure  qu'elle  ne  contient  pas 
moins  de  trois  mille  temples  dans  fon  enceinte  ,  outre 
plufieurs  villages ,  &  par  conféquent  un  grand  nombre 
de  moines  ,  (payens)  &  de  payfans.  La  fituation  de  cette 
montagne ,  mais  encore  plus  la  fainteté  du  lieu  ,  en  firent 
un  fancluaire  Se  un  afyle  pour  les  habitans  de  Meaco, 
pendant  les  guerres  inteftines  qui  défolerent  toujours  cette 
ville.  Cependant  Nobunanga  ,  monarque  féculier  du  Ja- 
pon ,  Se  prédéceffeur  du  grand  empereur  Taico,  pouffé 
par  la  haine  univerfelle  qu'il  portoit  à  toutes  fortes  de 
prêtres  Se  de  moines ,  autant  que  pour  venger  quelques 
infultes  particulières  qu'il  avoit  effuyées  de  ceux  qui 
habitoient  cette  fameulè  montagne  ,  s'en  empara  à  la 
tête  d'une  nombreufe  armée,  détruifit  tous  les  temples 
Se  les  bâtimens  où  il  mit  le  feu,  fit  maffacrer  toute  cette 
vermine  de  prêtres,  comme  il  les  appelloit,  avec  tous 
les  autres  habitans. 

IK.EATHY,  baronnie  d'Irlande ,  dans  la  province  de 
Leinfter.  C'eft  une  des  huit  qui  compofent  le  comté  de 
Kildare.  * Etat  prifint  de  V Irlande,  p. 39. 

IKERIN ,  baronnie  d'Irlande ,  dans  la  province  de 
Connaught.  C'eft  une  des  quatorze  du  comté  de  Tip- 
pérari ,  Se  fituée  à  fon  nord-eft.  *  Etat  préfent  de  la  Gr. 
Bret.  t.  3. 

IKKERY  ,  royaume  d'Afie  ,  dans  la  presqu'ifle  d'eu- 
deçà  le  Gange.  Le  P.  de  la  Lane,  Jéfuhe,  le  nomme 
ainfi.  Les  principaux  états  que  j'y  connois  (dans  la  Mif- 
fion  de  Carnate)  font  les  royaumes  de  Carnate ,  de  Vi- 
fapour,  de  Bijanagaran,  d'Ikkery  &  de  Golconde.  Il  ne 
nous  apprend  d'ailleurs  aucune  particularité  de  ce 
royaume.  *  Lettres  édifiantes,  t.  10,  page  4. 

IKOVIRINIOUCKS,  peuple  de  l'Amérique  fepten- 
trionale, dans  la  baie  de  Hudfon.  Le  P.  Gabriel  Mareft, 
Jéfuite ,  en  parle  ainfi  :  outre  les  nations  qui  viennent  en 
traite  à  la  rivière  de  Sainte-Thérèfe  ,  il  y  en  a  encore 
d'autres  qui  font  plus  au  nord ,  dans  un  climat  encore 
plus  froid  que  celui-ci,  comme  les  Ikovirinioucks,  qui  font 
environ  cent  lieues  d'ici  ;  mais  ils  ont  guerre  avec  les 
Sauvages  du  pays ,  Se  n'ont  point  de  commerce  avec  le 
fort.  Plus  loin  on  trouve  les  Esquimaux  ,  Se  à  côté  des 
Ikovirinioucks  ,  une  autre  grande  nation  qui  leur  eft  al- 
liée ;  on  les  appelle  les  Alimouspigui.  C'eft  une  nation 
nombreufe  :  elle  a  des  villages,  Se  s'étend  jusques  der- 
rière les  Affimbo'éls ,  avec  qui  elle  eft  presque  toujours 
en  guerre. 

Jusqu'ici  les  Relations  n'ont  point  fourni  d'autres  Esqui- 
maux que  ceux  qui  font  dans  la  terre  de  Labrador,  à 
l'orient  de  la  baie  de  Hudson.  En  voilà  d'autres  à  l'oc- 
cident de  cette  baie. 

■1 .  ILA ,  lieu  de  la  Perse ,  fur  le  golfe  Perfique  ,  fé- 
lon Arrien  ,  in  Indicis,  p.  353.  Il  dit  qu'il  eft  vis-à-vis 
de  Tifle  Caycandrus  ,  Se  qu'il  y  a  un  port. 

2.  ILA ,  rivière  de  la  grande  Bretagne.  Ptolomée  en 
marque  l'embouchure  entre  Ripa  alta  ,  Se  le  promon- 
toire Veruvium  :  ce  doit  être  une  des  rivières  de  la  par- 
tie la  plus  feptentrionale  de  l'Ecoffe  à  l'orient;  Se  Camb- 
den  croit  que  c'eft  Vijle. 

3.  ILA,  ifle  d'Ecoffe,  entre  les  Hébrides.  Elle  eft 
fituée  au  midi  de  Jura,  8e  à  l'oueft  de  Cantire,  Se  a  en- 
viron vingt  milles  de  long ,  Se  feize  de  large ,  dans  fa 
plus  grande  largeur.  Elle  nourrit  beaucoup  de  bétail  Se 
de  bêtes  fauves.  Ses  lacs  Se  fes  rivières  abondent  en 
faumons,  en  truites  ,  en  anguilles  ,  Sec.  Il  y  a,  entr'au- 
tres,  unefource  médicinale,  où  les  infulaires  vont  pour 

Terne  III,    P  p  p 


482  IL A 

fe  euérir  de  plufieurs  fortes  de  maladies.  On  y  trouvé 
d'ailleurs  des  mines  de  plomb ,  &  une  grande  quantité 
de  pierre  à  chaux.  Cette  ifle  a  plufieurs  iouterreins.  11  y 
en  a  un  capable  de  contenir  deux  cents  perfonnes.  On  y 
compte  quatre  églifes  &  une  chapelle.  La  principa  e 
églife  eft  celle  de  S.  Colomban  ,  qui  donne  le  titre  de 
cornu  à  un  des  fils  de  la  maifon  d'Argyle;  mais  Camp- 
bel  de  Caddel  eft  proprement  le  feigneur  de  Me. 

C'eft  là  que  Magdonald ,  roi  des  ides ,  tenoit  autre- 
fois fa  cour  ;  &  l'on  voit  encore  les  ruines  de  fon  palaiSi 

ILACA.  Voyez  Ilak. 

ILAC1ACUM  pour  Laviacum.  Voyez  ce  mot. 

1.  ILAK  ,  pays  d'Afie  ,  dans  la  grande  Tartane,  au 
Turkeftan  ,  &  Contigu  à  la  province  de  Schasche.  Sa 
principale  ville,  nommée  Tonkat,ou  félon  quelques-uns 
Nobacht ,  eft  fituée  au  pied  d'une  montagne  appellee 
Shabaligk  ,  fur  une  rivière  qui  arrofe  fes  jardins.  Les 
habitans  du  pays  ont  bâti  un  mur  depuis  le  pied  de  leur 
montagne  jusqu'à  la  rivière  de  Schasche  ,  qui  eft  le  Si- 
llon, ponr  arrêter  les  courses  que  les  Turcs  plus  lepten- 
trionaux  queux  pourroient  faire  dans  ce  pays. 

Le  pays  d'ilak  a  une  rivière  qui  porte  fon  nom  ;  & 
il  comprend  tout  le  terroir  qui  s'étend  depuis  Tonkat 
jusqu'à  Schasche,  en  tirant  du  midi  au  feprentrion  ;  de 
forte  qu'il  eft  tout  entier  dans  le  fixiéme  climat ,  fous  la 
longitude  de  89  d.  10',  &  43  d.  10'  de  latitude  iepten- 
lrionale  ,  félon  la  fupputation  d'Âbulfeda.  Al  Bergendi 
écrit  que  le  pays  d'ilak  eft ,  félon  quelques-uns ,  des  dé- 
pendances de  la  ville  de  Bokharah  ,  &  félon  les  autres, 
de  celle  de  Schasche  ,  &  qu'il  eft  fitué  dans  le  cinquième 
climat.  *D'Htrbdot,  Bibliot.  orient. 

2.  ILAK,  ville  d'Afie,  dans  la  grande  Tartane,  & 
les  dépendances  de  celle  de  Nichabour  ,  une  des  quatre 
capitales  de  la  grande  province  de  Khoraflan ,  félon  Al 
Bergendi ,  qui  lui  donne  auffi  le  nom  d'iMi.  C'eft  peut- 
une  des  colonies  des  Turcs  ,  qui  ayant  paffé  le  Gihon, 
fe  font  établis  en  ces  quartiers  ,  comme  ils  ont  fait  plu- 
fieurs fois  dans  le  même  pays.    *  D'Herbclot,  Bibhot. 

3.  ILAK  ou  JALAK ,  ville  d'Afrique ,  dans  la  Nubie, 
entre  deux  bras  du  Nil.  Elle  eft  diftante  de  Galowah  de 
dix  journées  ;  &  l'on  en  compte  trente  jusqu'à  Marca- 
thah  ,  en  Ethiopie.  Cette  ville  a  un  prince  particulier  ; 
&  fes  habitans  font  leur  commerce  avec  l'Egypte  par  le 
Nil  qu'ils  descendent  jusqu'à  la  montagne  de  Genadel, 
où  eft  la  grande  cataracte  de  ce  fleuve  :  c'eft  en  ce  lieu 
qu'ils  font  obligés  de  décharger  leurs  marchandifes ,  &t 
de  les  faire  porter  par  terre  jusqu'à  Jffovana,  (Afluana,) 
qui  eft  l'ancienne  ville  de  Syéne ,  fituée  aufli  fur  le  Nil. 
Le  prince  d'ilak,  qui  étend  fajurisdiftiondans  toute  l'ifle 
que  le  Nil  enferme  dans  fes  deux  bras  ,  reconnoît  pour 
iouverain  le  roi  de  Nubie.  *  UHerielot ,  Bibl.  orient. 

ILAL  ,  château  d'Afie  ,  dans  le  Mazanderan  ,  province 
de  Perse.  C'eft  où  la  mère  de  Mohammed-Khovarem- 
Schah  fe  relira  avec  tous  les  tréfors  qu'elle  avoit  fauves 
de  la  déroute  de  fon  fils  ,  pourfuivi  par  Genghizkhan. 
Ce  château  fut  contraint  de  fe  rendre,  faute  d'eau,  aux 
Tartares  qui  l'aflïégeoient.  *  D'Hcrbclot,  Bibl.  or. 

ILALEM,  montagne  d'Afrique,  au  royaume  de  Ma- 
roc ,  dans  la  province  de  Sus.  Elle  commence  où  finit 
la  montagne  de  Henquife ,  s'étend  à  l'orient  jusqu'au  pays 
de  Gezule  ,  &  finit  au  midi  dans  les  plaines  de  Sus.  On 
la  nomme  auffi  Laalem  Gezule.  *  Dapptr,  Afrique, 
p.  135. 

ILAMBA ,  province  d'Afrique  ,  dans  la  hafle  Ethio- 
pie ,  au  royaume  d'Angola.  Dapper  dit  :  Ilamba  ou 
Elauma  ,  eft  une  fi  grande  province  ,  qu'on  dit  qu'elle 
a  plus  de  trois  cents  lieues  de  circuit  ,  &  près  de  cent 
lieues  d'étendue.  Elle  eft  fituée  aufud-oueft  de  Lovando 
S.  Paulo  ,  fur  les  bords  des  fleuves  Quansa  &  Bengo  , 
en  remontant  le  Bengo  jusqu'au  fud-eft  de  la  province 
d'Icollo  ;  &  le  Quansa  depuis  Maffingan  jusqu'à  Cam- 
bamba.  A  mefure  qu'on  s'éloigne  de  la  côte,  ces  deux 
fleuves  s'éloignent  aufli  l'un  de  l'autre  ;  ce  qui  fait  que 
de  trente  ou  quarante  lieues  qu'elle  a  près  du  rivage  de 
la  mer ,  elle  va  jufqu'à  cent  dans  les  extrémités  de  la 
province  ;  &c  comme  on  trouve,  presque  de  trois  en  trois 
lieues,  un  village  ,  il  s'y  eft  élevé  quarante-deux  fei  jneu- 
ries,  dont  chacune  a  fonSova,  qui  commande  au  village 
de  fon  reflbrt.  Le  nom  des  principales  font , 


IL  A 


Chonso  , 

Namboa, 

Qualomba, 

Bamba , 

Golungo, 

Macao , 

Combi  , 

Quitendelle, 

Ziombe, 

Quitalla , 

Cambacaite, 

Andalladongo 

Quianbatta, 


Nambaquiajamba,  Cabanga, 


Cangola, 
Quihaito , 
Chombe, 
Angolome, 
Gumbia , 
Caoulo , 
Cahango  , 
Cavanga-Pofe , 


Caouto , 
Candalla , 
Gougue , 
CahonJa, 
Cunangonga, 
Moflungoa-Pofe , 
Camanga , 
CalunM , 


Guenca-Atombe,   Bagolungo, 
Hiangonga,  Quibillaca-Pofe, 

Quilambe,  Nambua, 

Quapanga ,  ■  Callahanga 

&  Nimefolo. 


On  y  peut  joindre  Maffingan,  qui,  félon  quelques  au- 
tres, fait  une  province  à  part.  Il  y  a  encore  quelques 
fiefs  ;  mais  parce  qu'ils  font  peu  confidérables ,  &  qu'ils 
relèvent  des  précédens ,  on  ne  les  compte  pas.  Les  prin- 
cipaux Sovas  ont  grand  foin  de  conferver  ieurs  droits , 
&  les  limites  de  leurs  terres.  On  ne  trouve  dans  la  pro- 
vince d'Ilamba  ni  forêts  ni  citadelles  ,  pour  fermer  le 
partage  à  l'ennemi  ,  comme  dans  celle  d'Enfaca.  Il  n'y 
a  qu'une  ieule  fortereffe ,  &c  quelques  coteaux  couverts 
d'arbres  ;  mais  le  grand  nombre  des  habitans ,  &  leur 
adrefîe  à  tirer  de  l'arc  ,  les  défend  aflez  des  attaques  de 
leurs  voifins.  *Dapper,  Afrique,  p.  362. 
ILANA  pour  jElana. 

ILANJOUC  ,  rivière  de  la  Tartarie  ,  dans  le  Cap- 
chac ,  où  il  fe  décharge  dans  le  Tic.  *  Hifroire  de  Ti- 
mur-Bu,  L  3  ,  c.  10. 

ILANTZ  ,  ville  de  Suifle ,  dans  la  Ligue  grife  ,  & 
dans  la  communauté  à  laquelle  cette  ville  donne  fon  nom. 
C'eft  la  première  qui  fe  trouve  fur  le  Rhin.  Elle  eft  re- 
marquable parce  qu'elle  a  à  fon  tour  les  afîemblées  des 
trois  Ligues  du  pays.  Les  affemblées  de  la  jurisdiftion 
de  la  fofle,  s'y  tiennent  ordinairement,  6k  celles  de  la 
Ligue  grife  s'y  tiennent  fouvent.  On  voit  autour  d'Ilantz 
les  ruines  de  trois  châteaux.  *  Délices  de.  la  SuiJJe , 
p.  591. 

La  COMMUNAUTÉ  d'ILANTZ,  eft  la  quatrième  de 
la  Ligue  grife.  On  l'appelle  aufli  la  communauté  de  la. 
Fojfe  ,  à  caufe  d'une  plaine  ronde  &  creufe  qui  s'y 
trouve.  Elle  eft  compofée  de  trois  jurisdiftions ,  favoir 
de  La  Fojfe  ou  à' liant  {  ,  de  SchlovAs  &  de  Tenna. 

De  la  première  )urisdiction  dépendent  Vakndas  (Va- 
Lendaunum,~)  Cajl-is ,  tous  deux  au  bord  oriental  du  bas 
Rhin  ,  Stee/is  (Segaunam,)  vis-à-vis  de  Caftris;  de  l'au- 
tre côté  du  Rhin  ,  Falera,  &c.  Il  y  a  auffi  quantité  de 
châteaux  antiques  qui  font  en  ruine.  Il  y  a  près  de  Va- 
lendas  une  fontaine  d'eau  bitumineufe. 

ILARCURIS ,  ancienne  ville  de  l'Espagne  Tarrago- 
noife ,  au  pays  des  Carpétaniens ,  félon  Ptolomée ,  /.  x, 

Molet  croit  que  c'eft  aujourd'hui  Caros  de  Los  Infan- 
tes, village  de  la  nouvelle  Caftille. 

ILARIS ,  ville  de  la  Lycie ,  félon  Etienne  le  Géogra- 
phe. 

ILAS,  fleuve  d'Afie',  félon  Ifidore,  On  gin.  Ortélius 
foupçonne  que  c'eft  une  faute  d'écriture ,  ôt  qu'il  faut  lire 
Hylas. 

ILATIDES.  Voyez  Hilatides. 

ILATTIA,  ville  de  Crète,  félon  Etienne  le  Géogra- 
phe ,  qui  cite  le  treizième  livre  de  Polybe  ,  que  nous 
n'avons  plus. 

ILCE.  Voyez  Illici. 

ILCHESTER ,  ville  d'Angleterre  ,  en  Sommerfeth- 
shire.  Elle  eft  fituée  fur  l'Ill ,  dont  elle  tire  fon  nom  ,  qui 
veut  dire  la  fortereffe  de  L'Ill.  Elle  eft  ancienne  :  on  croit 
que  c'eft  l'Ischalis  *!««£»«*>  de  Ptolomée,  /.  2 ,  c.  3. 
Elle  tient  un  marché  public  Se  envoie  fes  députés  au 
parlement. 

ILDUM,  ancienne  ville  d'Espagne,  félon  Antonin, 
fur  la  route  de  Dertqfa,  (Tortofe)  à  Saguntum  (Mor- 
vedro.) 

Dertqfam  , 

Intlbili,  M.   P.  XXVII. 

Ildum,  M.  P.  XXIV. 

Sepelacim,  M.  P.  XXIV. 

Saguntum,  M.  P.  XXII. 


ILE 


Si  înler  trouve  dans  quelques  exemplaires  Idum  ,  Se  dans 
d'autres  Iduni.  On  croit  que  c'eft  préfentement  Salsa- 
della ,  village  dans  la  partie  feptentrionale  du  royaume 
de  Valence. 

ILE.  Voyez  Isle. 

ILEAGH,  baronnie  d'Irlande ,  dans  la  province  de 
Munftcr.  C'eft  une  des  quatorze  du  comté  deTippérari, 
au  levant  de  celle  d'Owny.  *Etatpréfent  de  la  Gr.  Bre- 
tagne, t.  3.  ■ 

ILEIGiVES  :  les  François  de  Saint-Domingue  appel- 
lent ainfi  des  habitans  des  Canaries ,  que  le  roi  d'Espa- 
gne, fit  palier,  vers  l'année  1665  ,  dans  cette  ville  pour 
la  repeupler,  Se  dont  il  fe  forma  une  bourgade,  auprès 
de  Saint-Domingue,  du  côté  du  nord-oueft.  Les  Espa- 
gnols les  nomment  Iflenos  ,  d'où  les  François  ont  par 
corruption  formé  le  nom  à'Ileignes. 

ILEBERNIS.  Voyez  Ilybirris. 

ILEGIUM,  ville  de  Grèce  ,  dans  la  Pelasgiotide , 
contrée  de  la  Macédoine,  félon  Ptolomée.  Voyez  Ile- 

THIA. 

1LE1.  Voyez  Eilei. 

ILEMIA.  Vovez  Eilenia. 

ILEOSCA.  Voyez  Osca. 

ILER.  Voyez  Iller. 

ILERCAONES,  ancien  peuple  de  l'Espagne  Tarra- 
gonoife  ,  vers  l'embouchure  de  l'Ebre  ,  félon  Ptolomée  , 
/.  2,  c.  6,  qui  met  chez  ce  peuple  le  promontoire  Tene- 
brlu.ni,  le,  port  Tenebrius  &  l'embouchure  de  l'Ebre.  Ce 
peuple  n'étoit  pas  confiné  au  bordde»la  mer,  il  s'avan- 
çoit  auffi  dans  les  terres  ;  Se  le  même  géographe  y  place 
pour  villes , 

Carthago  Vêtus  ,  Adeba , 

Biscargis,  Tiariulia ,' 

Theana  ,  Sigarra, 

Dertofa. 

Pline  ,  /.  3 ,  ç.  3  ,  nomme  ce  pays  Ilergaonum  Regio  , 
Se  y  fait  couler  l'Ebre.  Vlldum  Se  Ylntibili  d'Antonin, 
Itiner.  étoient ,  fans  doute  ,  dans  le  territoire  des  Iler- 
caons,  comme  le  remarque  Cellanus ,  Geogr.  ant.l.  2, 
c.  1.  Cefar ,  /.  1.  Civ.  Bell.  c.  60,  appelle  ce  peuple 
Illurgavonenfes ;  &  Tite-Live  ,  /.  2Z,  c.  21,  nomme  ce 
pays  Ilercaonenflum  Agrum.  Quelques  auteurs  qui  n'é- 
tendent ce  peuple  que  jusqu'à  l'Ebre  ,  en  retranchent 
Dertofa.  ,  qui  eft  en-deçà  ;  mais  c'eft  une  erreur  ;  car 
outre  l'autorité  de  Ptolomée  ,  on  a  d'anciennes  médail- 
les ,  où  Dertofa.  eft  nommée  comme  étant  aux  Iler- 
caons. 

Ce  peuple  occupoit  partie  de  la  côte  de  Catalogne , 
jusqu'à  celle  de  Valence. 

1.  ILERDA,  ancienne  ville  de  l'Espagne  Tarragon- 
noife  ,  au  pays  des  Ilergetes  ,  félon  Ptolomée,  L  2, 
c.  6.  Le  nom  moderne  eft  Lerida. 

2.  ILERDA,  rivière  d'Espagne,  félon  Vibius  Seques- 
ter  ,  qui  nomme  peut-être  ainfi  la  petite  rivière  ,  qui 
tombe  dans  la  Segre ,  au-deiïus  de  Lérida. 

ILERGAONUM  Regio.  Voyez  Ilercaones. 

ILERGETES,  ancien  peuple  de  l'Espagne  Tarragon- 
noife,  fur  la  Segre.  Ptolomée,  /.  2,  c.  6,  les  place  au- 
près des  Vascons  ,  Se  y  met  pour  villes  , 


1LH  483 

Grecs  à  la  ville  que  les  Espagnols  nommoient  Lérida, 
Ou  plutôt  Ilerda,  d'où  le  nom  moderne  s'eft  formé  par 
la  transposition  d'une  feule  lettre. 

Le  père  Briet  ,  Pars  orient.  Antiq  Hispan.  borne 
les^Ilergetes  par  les  Pyrénées  au  nord  ;  par  les  Jacetani 
à  l'orient ,  les  Ilercaons  au  midi  ;  par  l'Ebre  au  lùd- 
oueft  jusqu'auprès  de  La  Saragoffe  ;  Se  par  les  Vascons 
à  l'oueft  Se  au  nord  -  oueft.  Il  y  met  Iliturgis  que 
Ptolomée  n'y  met  pas. 

ILESIUM   pour  EiLESIUM.  Voyez  ce   mot. 

ILETHIA,  ville  de  Grèce,  dans  la  Theffahe ,  félon 
Pline,  l.  4,  e.  8.  Le  P.  Hardouin  écrit  Ilaia  ,  Se  ob- 
ferve  que  c'eft  la  même  que  Ptolomée  ,  A3,  c.  1 3  , 
appelle  'Ixntoy  ,  pour  'ihyâat,  llegium  au  lieu  à'Iltium. 
Elle  étoit  dans  la  Pelasgio:ide  ,  contrée  de  la  ThelTalie, 
Ortélius  ,  Tkefaur.  Se  Sylburgius  dans  fes  Notes  fur 
Paufanias  ,  avoient  remarqué  que  cette  ville,  nommée 
diversement  par  Pline  Se  Ptolomée  ,  étoit  la  même.    ■ 

ILEUSUGAGUEN  ou  Leusugaguln,  ville  d'A- 
frique ,  au  royaume  de  Maroc  ,  dans  la  province  de  Héa  , 
à  trois  lieues  de  Hadequis ,  vers  le  midi  :  elle  eft  forte 
Se  fituée  en  forme  de  citadelle ,  fur  une  haute  monta- 
gne dont  le  pied  eft  baigné  par  une  petite  rivière. 
Sanfon  ,  dans  la  Carte  de  Maroc  ,  nomme  ce'te  rivière 
Tefahna.  Elle  s'augmente  beaucoup  dans  lbn  cours. 
C'eft  la  même  qn'Esugaguen  de  Marmol  ,  quoique 
upper  ,    Afrique  , 


Ber%ufîa  , 

Osca, 

Celfa, 

Burtina  , 

Bergidum  , 

Gallica  Flavia, 

Erga, 

Orgia  ou  Orcia 

Succofa , 

Herda. 

Corneille   lemble  les  diftinguer.  *   D. 
P-  133 


Tite-Live  les  nomme  de  même  Ilergetes  ;  mais  une  ins- 
cription de  Gruter  ,  p.  5  1 9 ,  n.  9  ,  porte  Contra  Ilergetas. 
Ptolomée  ne  fait  aucune  mention  d'Oftogefa,  ville  de 
leur  pays,  dont  parle  Céfar  ,  Bell.  Civ.  I.  1  ,  c.  61  ,  ni 
tfAthanagia ,  qui ,  félon  Tite-Live  ,  /.  21  ,  c.  61  .  étoit 
la  capitale  de  leur  nation  ;  quelques-uns  ont  cru  que  c'étoir 
Tarraga,  d'autres  Manresa  ;  j'aime  mieux  croire  avec 
DeMarca,que  ce  nom  lignine  la  même  ville  que  Lérida, 
puisque  nul  auteur  ne  parle  de  la  deftruftion  d'Athana- 
gia  ,  Se  qu'il  n'eft  pas  vraisemblable  qu'une  capitale  qui 
auroit  été  détruite  par  un  fiége  ,  ou  pnr  quelqu'autre 
révolution  éclatante,  eût  échappé  aux  nîftoriens.  Il  y  a 
plus  d'apparence  que  ce  mot  eft  un  nom  donné  par  les 


ILHA  ,  mot  portugais ,  qui  lignifie  ijle ,  &  par  lequel 
commencent  les  noms  de  plufieurs  îiles  nommées  par 
les  Portugais.  Voyez  les  dïiFérens  articles  au  mot  Isle. 

ILHEÔS,  ville  maritime  de  l'Amérique  méridionale, 
au  Bréfil  ,  dans  la  Capitainie  ,  dont  elle  eft  la  capitale  , 
&  qui  porte  le  même  nom.  Selon  De  Laët,  Indes  occi- 
dent. L  1 5  ,  c.  21  ,  cette  ville  ,  dos  Ilke'os  ,  eft  à  trente 
lieues  de  Porto  Seguro ,  vers  le  nord-eft  &  à  la  même 
diftance  de  la  baie  de  Tous  les  Saints  ,  vers  le  fud  ,  à 
15  d.  &  40'  de  la  ligne.  Elle  tire  fon  nom  des  îfies  qui 
font  devant  la  baie  où  elle  eft  fituée.  Cette  colonie  eft 
d'environ  deux  cents  familles  de  Portugais  ;  il  y  a  une 
rivière  qui  la  baigne.  Quelques  relations  portent  que 
cette  ville  eft  fort  petite ,  &  n'a  que  cinquante  maifons 
^quelques  moulins  à  lucre.  Les  Jéluites  y  ont  une  maifon. 
Ils  enleignent  la  jeuneffe ,  Se  donnent  leurs  foins  à  l'ins- 
truction des  Sauvages.  Les  habitans  s'appliquent  princi- 
palement à  cultiver  les  campagnes  &  ont  des  barques 
dans  lesquelles  ils  transportent  leurs  fruits  à  Pernambouc 
&C  aux  autres  gouvernemens  voifins. 

A  iept  lieues  de  cette  ville  ,  au-dedans  du  pays  ,  eft 
un  lac  d'eau  douce  ,  qui  a  environ  trois  lieues  de  long 
&  autant  de  large  ,  &  plus  de  quinze  braffe*.  de  profon- 
deur ;  il  en  fort  une  rivière  ;  mais  l'embouchure  en  eft  fi 
étroite ,  qu'à  peine  les  petits  bateaux  y  peuvent  psffer. 
Ce  lac  eft  fort  poiiTonneux,  &  nourrit  fur-tout  des  ma- 
natis  ,  la  plupart  fi  gros,  qu'ils  pefent  jusqu'à  vingt-huit 
livres.  Il  y  a  auffi  des  crocodiles  ,  &  de  ces  grands 
poiiTons  que  les  Espagnols  appellent  tuberones. 

La  capitainerie  de  Rio  dos  ILHEOS ,  félon 
De  l'Ifle  ,  Carte  du  Bréfil,  contrée  de  l'Amérique) mé- 
ridionale ,  au  Bréfil.  Elle  eft  bornée  au  nord  par  la  pe- 
tite rivière  de  Sirintacin  qui  la  fépare  de  la  capitainerie 
de  la  baie,  &  au  midi  de  laquelle  demeurent  les  Vay- 
mores,  nation  Américaine.  Elle  a  au  levant  l'Océan,  Se 
au  midi  la  petite  rivière  de  Sant- Antoms ,  au  nord  de 
laquelle  font  les  Tucanuces  ,  autre  nation  d'Américains. 
Elle  a  au  couchant  les  Qidriguges  Se  les  Maribuces  ;  fes 
rivières  font  du  nord  au  fud,  rio  das  Contas  ,  rio  dos 
llhtos  ,  rio  grande,  &  divers  ruifieaux,  dont  les  noms 
font  ignorés.  N.  S.  da  Vittoria  ,  Sainte-Anne  &  Saint- 
George  font  trois  bourgades  fituées  auprès  de  la  ville 
capitale.  Nous  n'y  connoilfons  point  d'autres  habitations. 
De  Laët  dit  :  Antoine-Herrera  écrit  qu'en  un  quartier, 
proche  de  ce  gouvernement  ,  il  eft  venu  des  Sauvages 
chafles  de  leur  contrée  par  leurs  ennemis.  Ils  font  plus 
blancs  que  les  autres,  Stont  une  taille  de  géant;  nation 
errante  Se  vagabonde,  qui  n'ayant  aucune  maifon,  cou- 
che fur  la  terre  à  la  manière  des  bêtes  dans  les  forêts  Se 
dans  les  campagnes.  Leurs  arcs  font  roides ,  Se  ils  font 
beaucoup  de  meurrres  avec  leurs  longues  flèches ,  quand 
ils  furprennent  les  naturels  du  pays  ou  les  Portugais.  Ils 
ne  vont  jamais  par  troupes ,  mais  fépafés  :  il  eft  difficile 
Tome  III,     Ppp  ij 


4:84 


ILI 


ILI 


'de  fe  garantir  de  leurs  embûches ,  &  on  ne  les  rencontre 
qu'avec  grand  danger.  Proche  de  ce  même  gouverne- 
ment habitent  les  Aymures  ou  Guaymures  ,  les  plus 
cruels  Sauvages  de  tout  le  pays  :  ils  chaffent  les  hommes 
comme  nous  chaflbns  les  bêtes  fauvages  ,  &  les  dévo- 
rent quand  ils  les  ont  pris  :  ils  mangent  aufli  leurs  pro- 
pres enfans  ;  &  ouvrant  le  ventre  des  femmes  greffes , 
ils  en  tirent  le  fruit ,  qui  eft  pour  eux  un  mets  délicat. 
Ces  Barbares  avoient  détruit  presque  entièrement  la 
ville  dos  Ilhéos  ,  &T.  on  avoit  été  obligé  d'abandonner 
l'es  campagnes ,  quoique  fort  fertiles  ;  mais  enfin  on  les 
a  vaincus  en  plufieurs  combats. 

ILI,  mot  qui  fert  de  rerminaifon  à  plufieurs  noms  de 
provinces  dans  la  langue  Turque  ;  par  exemple,  les  Turcs 
appellent  Roum  Ili ,  c'eft- à-dire  pays  des  Romains,  ce 
que  les  Romains  ont  nommé  la  Tkrace  ,  &  nous  en 
avons  fait  le  mot  corrompu  de  Romelie ,  &  ils  fe  fer- 
vent fouvent  de  ce  nom  pour  fignifier  l'Europe,  comme 
de  celui  d'Anadolie,  qui  fignifie  proprement  la  Natolie, 
pour  défigner  l'Afie  en  général.  Ainfi  chez  eux,  Arnaud- 
lli  eft  l'Albanie  ;  Magiar-Ili ,  la  Hongrie  ;  Erdtr-lli , 
la  Tranfilvanie.  Ils  ont  aufli  une  façon  de  parler  pro- 
verbiale ,  dont  ils  fe  fervent  quand  on  leur  demande 
des  nouvelles  ,  &  ils  répondent  à  celui  qui  les  interroge 
Begler,  Sagler,  Hier  Amankr ,  c'eft-à-dire  :  lesfeigneurs 
Je  portent  bien  ,  &  les  provinces  font  en  paix.  Cela  veut 
dire  :  il  riy  a  rien  de  nouveau. 

ILIBERI ,  ancienne  ville  d'Espagne.  Voyez  Elibe- 
ris  3. 
ILICA.  Voyez  Elica. 

ILIENSES  ,  ancien  peuple  de  l'ifte  de  Sardaigne. 
Pline ,  /.  3  ,  c. 1,  les  met  entre  les  plus  fameufes  nations 
de  cette  ifle.  Pomponius  Mêla,  l.  z ,  c.  7,  dit  que  c'en 
étoit  la  plus  ancienne.  Paufànias,  /.  10  ,  c.  17,  dit  au 
contraire  ,  qu'après  le  fac  de  Troye  ,  une  partie  des 
Troyens  qui  fuivoientEnée ,  étant  emportés  en  Sardai- 
gne par  les  tempêtes  ,  fe  mêla  avec  les  Grecs  qui  s'y 
étoient  établis  auparavant.  Ce  font  les  mêmes  que  les 
Ilknses  de  Sardaigne ,  dont  parlent  Pline ,  Mêla  &  Tite- 
Live,  /.  40 ,  c.  19  ;  &c  /.  41 ,  c.  10,  &c  qui  lorsque  les 
Africains  vinrent  pour  détruire  les  Grecs ,  fe  réfugièrent 
dans  les  montagnes  de  l'ifle  ,  où  ils  gardèrent  ce  nom 
à'Ilienses  ,  jusqu'au  tems  de  Pâufanias ,  qui  les  nomme 
Troyens  Tpiïts  :  je  doute  s'il  faut  les  confondre  avec  les 
Jolaenses  de  Strabon  ,  comme  le  veut  Hermolaiis. 
Voyez  l'article  Jolaenses.  Voyez  aufli  Ilion  & 
Troye. 

ILING ,  ville  de  la  Chine  ,  dans  la  province  de  Hu- 
quang ,  au  département  de  Kingcheu ,  fixiéme  métro- 
pole de  la  province.  Elle  eft  plus  occidentale  que  Pé- 
kin, de  6  d.  50',  par  les  31  d.  il'  de  latitude.  *  Atlas 
Sinenlis. 

ILINGjE  ,  ancien  peuple  de  la  Germanie ,  félon  Pto- 
lomée  ,l.z,c.  il.  Peucer  croit  que  ce  font  les  Elyfiens 
de  Tacite.  Ortélius  trouve  que  la  ville  de  Lignits  ne 
diffère  pas  beaucoup  de  ce  nom  ,  fôit  par  le  fon  du  mot, 
foit  par  fa  fituation. 

1.  ILION  ,  ville  de  Grèce,  dans  la  Macédoine.  Tite- 
Live ,  /.  3 1 ,  c.  zj ,  en  parle  comme  d'une  petite  place 
qui  fut  prife  par  les  Romains  ,  qui  étoient  fous  les  or- 
dres de  L.  Ampuftius  ,  lieutenant  du  consul  P.  Sulpi- 
cius.  Il  ajoû  e  que  le  nom  de  ce  lieu  étoit  beaucoup  plus 
connu ,  à  caufe  d'une  autre  ville  d'Afie  ,  qu'à  caufe  de 
celle-ci. 

i.  ILION  ,  nom  de  l'ancienne  ville  de  Troye  ,  dans 
l'Afie  mineure.  Les  Grecs  ont  écrit  Ilion,  &  les  Latins 
Ilium.  Servius  prétend  que  Troja  étoit  le  nom  de  la 
contrée ,  &C  Ilium  le  nom  de  la  ville.  Cependant  ort  s'eft 
accoutumé  à  nommer  Troja ,  la  ville  même  ;  &  le  nom 
de  Troye  eft  plus  fouvent  employé  que  celui  d'Ilion  , 
pour  fignifier  l'ancienne  Troye.  Les  poètes  s'en  font  pour- 
tant fervis.  Virgile  dit  :  Ilium  in  Italiam  portans ,  au 
commencement  de  l'Enéide.  Horace  ,  qui  a  plus  de 
penchant  pour  les  terminaifons  grecques ,  dit,  /,  3,  od.  3  : 

Ilion ,  Ilion , 
Fatalis  inctjlusqut  judex 
Et  mulier  peregrina  vertiu 

Il  eft  là  queftion  de  l'ancienne  Troye,  démolie  par  l'ar- 
mée d'Agamemnon.  Voyez  fon  article  patticulier  au  mot 
Troye. 


3.  ILION  ou  Ilium,  ville  de  l'Afie  mineure,  diffé- 
rente de  la  précédente ,  puisqu'il  y  avoit  entre  deux  une 
différence  de  trente  ftades  ,  félon  Strabon,  /.  13,  c'eft- 
à-dire  de  trois  mille  fept  cents  cinquante  pas  ,  &  qu'el- 
les ont  fubfifté  fucceflivement.  Pour  ne  parler  ici  que 
de  cette  dernière  ville  ,  l'autre  étoit  détruite  depuis  long- 
tems ,  &  la  nouvelle  n'étoit  encore  qu'un  village ,  où 
étoit  un  temple  de  Minerve ,  lorsqu'Àlexandre ,  après 
le  paffage  du  Granique  ,  s'y  rendit  pour  facrifier  à  la 
déefîe.  La  Chronologie  met  environ  huit  cents  cinquante 
ans,  entre  la  deftruction  de  l'ancienne  Troye,  &  l'arri- 
vée d'Alexandre  dans  la  Troade.  Ce  prince  fit  de  riches 
préfens  à  ce  village,  lui  donna  le  titre  de  ville,  &  laifla 
des  ordres  pour  l'aggrandlt-;  fes  fuccefleurs  témoignè- 
rent de  la  dévotion  pour  ce  lieu.  Après  fa  mort  Lyii- 
machus  l'amplifia  &  l'environna  d'un  mur  de  quarante 
ftades.  Tite-Live,  /.  35  ,£.43,  parlant  du  roiAntiochus, 
dit  :  il  débarqua  ik  monta  à  Ilium  pour  facrifier  à  Mi- 
nerve ;  &  parlant  du  général  des  Romains ,  l.  37,  c.  9  , 
il  dit  :  de-ïà  il  monta  à  Ilium ,  &  ayant  fait  un  facri-  . 
fice  à  Minerve  ,  il  écouta  favorablement  les  ambaffa- 
deurs  d'Eléus  ,  de  Dardanus  &  de  Rhoëtéus  ,  qui  met- 
toient  leurs  villes,  fous  fa  protection.  Juftin ,  parlant  de 
la  même  guerre  d'Antiochus,  /.  31  ,  c.  8,  dit:  les  Ro- 
mains entrés  en  Afie  ,  étant  venus  à  Ilium ,  ce  ne  furent 
que  félicitations  mutuelles  entr'eux  &  les  habitans  d'/« 
lium.  Cette  ville  n'avôit  déjà  plus  rien  de  l'éclat  que 
lui  avoit  donné  Ij'fimachus.  Strabon,  /.  13',  p.  59.4., 
dit  exprefïément  que  quand  les  Romains  parlèrent  en 
Afie ,  la  nouvelle  Ilium  ,  qui  fubfiftôit  de  fon  tems , 
reffembloit  plus  à  un  village  qu'à  une  ville.  Il  ajoute 
que  Démétnus  le  Sceptien  ,  difoit  y  avoir  été ,  étant 
jeune,  vers  ce  même  tems  ,  &y  avoir  trouvé  les  maifons 
fi  délabrées  ,  qu'elles  n'àvoient  pas  même  des  toîts  de 
tuiles.  Hégéfianax  ,  cité  par  Strabon  ,  écrit  que  quand 
les  Gaulois  parlèrent  en  Afie ,  comme  ils  avoient  befoiti 
d'une  place  forte  ,  ils  allèrent  à  Ilium  ;  mais  qu'ils  l'a- 
bandonnèrent, parce,  qu'il  n'y  avoit  point  de  murailles. 
Elle  fut  pourtant  remife  en  un  meilleur  état  ;  &  elle 
étoit  fermée  de  nouveau  ,  puisque  Fimbria  fut  obligé  de 
l'aflïéger  ,  parce  que  les  habitans  refufoient  de  le  laifler 
entrer  :  il  la  prit  &  la  faccagea.  Sylla  qui  défit  Fimbria, 
consola  les  habitans,  et  leur  fit  du  bien.:  leurs  affaires 
allèrent  enfin  de  mieux  en  mieux  jusqu'à  ce  que  Jules- 
Céfar,  qui  feregardoit comme  un  des  descendans  d'Enée, 
s'affeclionna  entièrement  à  eux  ,  leur  donna  des  champs, 
laliberté,ck  l'exemption  des  travaux  publics.  Tite-Live, 
/.  38,  c.  39,  rapporte  que  par  le  traité  de  paix  entre 
le  roi  Antiochus  &  les  Romains,  on  avoit  cédé  Réthjee 
&  Gergithe  aux  habitans  d'IliUm.  Ce.  fut  Jules-  Céfar 
qui  mit  le  comble  aux  bienfaits  des  Romains  :  on  le 
foupeonna  même  ,  dit  Suétone  ,  d'avoir  voulu  quitter 
Rome  pour  s'y  établir,  &  y  transporter  les  richefiès  de 
l'empire.  Le  Fevre  &:  Dacier  affurent  que  l'on  eut  à 
Rome  la  même  frayeur  fous  l'empire  d'Augufte,  qui,  en 
qualité  d'héritier  de  Jules-Céfar ,  auroit  pu  exécuter  ce 
projet,  6i  que  ce  fut  pour  l'en  détourner  en  mots  cou- 
verts, qu'Horace  compofa  l'ode  3 ,  /.  3  : 

Juftum  &  tenaam  propojiti  virum,  &c. 

Cette  ville  fubfifta  encore'  fous  les  empereurs  ,  comme 
on  le  voit  par  les  témoignages  de  Tacite,  Annal.  1.  12, 
c.  55  ,  &  de  Pline  ,  /.  <Ç,  c.  30.  On  a  des  médailles 
frappées  au  nom  de  fes  habitans  ;  l'une  de  Marc-Aurele 
reprél'ente  Hector  fur  un  char  à  deux  chevaux,  avec  cette 
légende  AituN  Eiu\an  ;  d'autres  de  Commode  ,  & 
d'Antonin  fils  de  Sévère ,  fur  lesquelles  la  légende  eft  la 
même  ;  mais  le  char  eft  à  quatre  chevaux.  On  en  a 
encore  à  deux  chevaux ,  frappées  fous  Severe  ,  &  d'au- 
tres fous  Gordien. 

C'eft  de  cette  ville  d'Ilion  que  les  voyageurs  difent 
avoir  vu  les  ruines  ,  &  non  pas  de  l'ancienne  Troye  : 
ainfi  c'eft  badiner  que  d'y  chercher  les  débris  du  palais 
de  Priant ,  ôc  autres  antiquités  qui  ne  fauroient  être  en 
cet  endroit. 

;  ILIONENSES  ,  ancien  peuple  d'Italie.  Le  P.  Har- 
douln  veut  que  de  ce  nom  &  de  celui  qui  fuit,  favoir  La- 
vinii,  on  n'en  fafle  qu'un,  qui  fignifie  un  peuple  des- 
cendu des  Troyen*  ,  établis  à  Lav'uiium  ,  ville  fondée 


ILI 

par  Enée ,  &  appellée  du  nom  de  Lavinle.  Voyez  La- 

vinium.  *Pline,  1.  3,  c.  5. 

ILIOPOLIS  ,  ville  d'Egypte ,  fi  l'on  s'en  rapporte  à 
Hilduin  ,  qui,  dans  la  Vie  de  S.  Denys  l'Aréopagite,  dit 
que  ce  faint  s'y  rendit  pour  étudier  l'aftrologie.  Ortélius 
observe  qu'il  fout  lire  Héliopolis  ,  comme  écrit  S.Jé- 
rôme dans  la  Vie  de  ce  même  Denys,  &  l'Aréopagite 
lui-même  dans  fa  lettre  à  Polycarpe.  . 

ILIOTES.  Voyez  Ilotes. 

1.  ILIPA,  ancienne  ville  d'Espagne  ,  aux  confins  de 
la  Lufitanie ,  chez  les  Turdétains.  Ptolomée  la  nomme 
ILLIPULA.  C'eft  Tite-Live,  /.  35,  c.  1,  qui  la  nomme 
ILIPA ,  au  fujet  d'une  viftoire  que  P.  Scipion  y  rem- 
porta fur  les  Lufitaniens.  Il  ne  faut  pas  la  confondre 
avec  Ilipa ,  de  l'article  qui  fuit.  On  croit  que  c'eft  Za- 
laméa  de  la  Serena. 

2.  ILIPA ,  ancienne  ville  d'Espagne  ,  dans  la  Baëti- 
que,  félon  Strabon  ,  /.  3  ,  p.  141.  Ce  nom  lui  étoit 
commun  avec  d'autres  villes ,  &  eft  pris  de  la  langue  Pu- 
nique ,  comme  l'a  remarqué  Bochart  :  □$!)  Dv'f 
veut  dire  plaine  élevée.  ■  Pour  la  diftinguer  des  autres  , 
on  la  furnommoit  IliA.  Pline,  /.  3  ,  ci,  nous  l'ap- 
prend ;  mais  comme  quelques  manuscrits,  par  l'ignorance 
des  copiftes  ,  portoient  Ilipa  cognomine  Ma  Italica , 
Froben  croyant  le  mot  Ma  inutile ,  au  lieu  de  le  corri- 
ger ,  l'avoit  effacé  dans  fon  édition  ;  cela  a  fait  croire  à 
des  perfbnnes  mêmes  très-favantes ,  que  le  mot  Italica 
étoit  le  furnom  de  la  ville  Ilipa.  Bochart  a  bien  vu  que 
cela  ne  pouvoit  être  ,  &  qu'Ilipa  &  Italica  étoient  deux 
villes  très-différentes.  Le  P.  Hardouin  ,  p.  351,  n.  5 , 
'eft  venu  ensuite  ;  &c  trouvant  dans  une  inscription  de 
Gruter  Immunes  ,  IliEnses  ,  Iliponenses  ,  qui, 
dans  une  autre  inscription,  font  Amplement  nommés  Mu- 
NlCIPlUM  INLIPENSE,  fans  autre  furnom,  il  a  deviné 
jufie  &  rétabli  heureufemen't  le  paffage  de  Pline ,  en 
remettant  Ilia  ,  au  lieu  8111a  I/ipa,  cognomine  Ilia  ; 
Italica  pour  lois  c'eft  Ilia  ,  qui  eft  le  furnom  ,  &  non 
point  Italica  ,  qui  eft  une  ville  à  part.  Antonin  met 
Ilipa ,  fur  la  route  de  Gades  à  Cordoue ,  entre  Carula 
&  OJtippo,  à. dix- huit  mille  pà"s  de  la  première,  &  à 
quatorze  mille  pas  de  la  féconde.  Il  y  avoit  des  mines 
d'argent  auprès  de  cette  ville  ,  félon  Strabon  ,  /.  ,3  , 
c.  141.  Ptolomée  ,  /.  2 ,  c.  5 ,  la  nomme  Illipula 
magna'.  Cette  ville  a  été  épiscopale  1  car  Bafîlius, 
fon  évêque,  àfliftà ,  l'an  589  ';  au  troifiémè  concile  de 
Tolède.   ... 

1L1PLA  ou  Elepla,  ville  épiscopale  de  l'ancienne 
Espagne,  dans  la  Ba'éfique.  Il  n'en  eft  fait  aucune  men- 
tion dans  la  divifion  des  diocèfes ,  faite  fous  le  roi  Vam- 
ba  ;  mais  une  Notice  conservée  dans  le  Cartulaire  de 
l'églife  d'Oviedo,  met  fous  la  métropole  d'Hispalis ,  qui 
e'ftSéville,  ELEPLA,  comme  troifiémè  fiége  (iiffragant. 
Une  autre  Notice  trouvée  à  S.  Laurent  de  Séville  ,  & 
écrite  l'an  962 ,  met  au  fécond  rang  fous  la  même  ÉLl- 
PA  ,  qui  eft  le  même  fiége  :  je  ne  trouve  nulle  part  ail- 
leurs que  dans  le  livre  de  Baudrand  ,  le  nom  d'iLlPLA. 
Bailler ,  Topographie  des  faims  ,  p.  588  dit.:  Elepla, 
Illïpulis  &  Illipula;  NlEBLA  ,  ville  d'Espagne  ,  dans 
la  Bétique  ,  qui  donna  quelques  martyrs ,  durant  la  per- 
sécution desSarrafins  àCôrdoue.  Baudrand  dit  de  même, 
que  Niehla,  ville  de  l'AndalOufie  ,  eft  présentement  Ta 
même  qxx'Ilipla  ou  Elepla  ,  en  quoi  il  a  raifon  ; 
mais  il  croit  que  c'eft  aufli  Ilipa,  en  quoi  il  fe  trompe, 
s'il  l'entend  de  la  première  Ilipa  ;  car  c'eft  Ilipa  2  :  il 
eft  vrai  qu'il  n'en  connoît  qu'une  feule  ;  mais  cela  étant, 
il  ne  devoit  pas  dire  qulïipla  &C  Ilipa  étant  la  même 
ville  ,  l'une  étoit  Niebla,  &  l'autre  Zalamca  de  la:  Se- 
rena. Il  y  àeri  cela  une  contradi&ion  manifeft'e. 

ILIPULA.  Voyez  Illipula. 
,    ILISANITiE  ,    peuple  de  l'Arabie  heureufe  ,   félon 
Pline,  l.  6,  c.  28. 

1  1.  ILISSUS,  ville  de  Grèce,  dans  l'Attique  ,  feloii 
Etienne  le  Géographe  ;  c'eft  ce  que  Pline,  l.  4*,c.  7, 
appelle  tocus  ILISSOS ,  parce  qu'apparemment  Hrville 
d'Iliflus  n'y  fubfiftoit  plus,  &c  qu'on  n'en  voyoit  que  lès 
ruines. 

.2.  ILISSUS,  rivière  de  Grèce,  dans  l'Attique,  près 
d'Athènes.  Paufanias  ,  Attic.  c.  19  ,  dit  :  les  Athéniens 
ont  pour  rivières  l'IliiTus  &t  l'Eridan  qui  porte  le  même 
nom  que  celle  qui  eft  dans  la  Gaule  Cifalpine.  Il  ajoute 
peu  après  :    les  Athéniens  croient  que  l'iliffus  eft  coii- 


ILL 


48j 


facré  aux  Mufes  fk  aux  autres  divinités  ;  il  y  a  fur  fes 
bords  un  autel  consacré  aux  Mufes  Iliffiades.  Polyen  , 
l.  \ ,  c.  17,  parlant  de  cette  rivière ,  dit  :  auprès  de  l't 
lifius ,  où  fe  fait  la  luftration  dans  les  petits  myfteres. 
Stace  en  parle  aufti  dans  fa  Thébaïde,  l.  8,   circafin, 

Iliffbs  multâ  purgavit  lamina  fiammâ. 

3.  ILISSUS,  rivière  de  Grèce  au  Peloponnèfe.  Voyez 
ELISSUS  4.  qui  eft  la  même. 

4.  ILISSUS,  rivière  de  l'ifle  d'Imbros  ,  dans  l'Archi- 
pel ,  félon  Pline  ,  /.  4 ,  c.  12. 

ILISTRIENSIS  ,  fiege  épiscopal  d'Afrique ,  dans  la 
Lycaonie  ,  félon  des  Notices  grecques.  Martyrius ,  fon 
évêque,  fouscrivit ,  l'an  431,  au  premier  concile  d'E- 
phèlë.  *  Harduin.  Colleft.  conc. 

ILIUM.  Voyez  Ilion  &  Troye. 

ILKER  ,  (la  horde  d')  nation  Tartare  en  Afie, 
parmi  les  Mogols.  Il  en  eft  parlé  dans  l'hiftoire  de  Ti- 
mur-Bec  ,  7.  3  ,  c.  6. 

ILKUSCH  ,  Ilcujfum  &  Ilcuffia  ,  ville  royale  de 
Pologne  ,  fur  la  route  de  Cracovie  à  Varfovie  ,  à 
fix  lieues  de  la  première  ,  ou  félon  André  Cellarrus, 
Descr.  Polon.  p.  165  ,  à  cinq  milles.  Cette  ville ,  qui  eft 
fituée  dans  le  duché  de  Sévérie,  reconnoît  pour  le  fpi- 
rituel  la  jurisdiftion  de  l'évêque  de  Cracovie.  Il  y  a  des 
mines  d'argent  mêlé  avec  le  plomb.  Cette  ville  eft 
nommée  Olkus  par  Le  Laboureur  ,  Retour  de  la  Maré- 
chale deGuébriant,  p.  26,  qui  en  parle  ainfi  :  Oikus  eft 
renommé  pour  les  mines  d'argent  &  de  plomb  ,  qui 
font  en  grande  quantité  autour  de  "cette  ville  ,  qui  elle- 
même  eft  une  minière  avec  tout  fon  terroir  dans  l'éten- 
due de  plus  d'une  lieue.  Il  y  a  perpétuellement  plus  de 
cent  personnes  qui  y  travaillent ,  qui  fe  dévouent  libre- 
ment à  cette  peine  ,  laquelle  ,  de  toute  antiquité  ,  paffé 
pour  un  fupplice  plus  cruel  que  la  déportation  &  les  ga- 
lères parmi  les  autres  nations  ;  &  ils  fe  contentent  d'un 
richdale  parfemaine.  Ils  ont  pour  tout  habit  un  miférable 
pantalon  d'un  (impie  canevas ,  fi  bien  peint  de  la  couleur 
de  cette  terre  métallique  ,  qu'il  fembleroit  qu'ils  fortent 
d'une  teinture  jaune  ,  &:  vont  nuds  pieds  à  travers  des 
petites  pierres  ,  dans  les  faifons  les  plus  rudes.  Auprès1 
des  mines  font  les  fourneaux  pour  féparer  &  affiner  les 
métaux  ;  c'eft  ce  qui  a  fait  bâtir  &  croître  infenfible» 
ment  cette  ville  ,  dans  un  pays  ingrat ,  &  au  pied  de 
tant  de  montagnes  ftériles  &  mal-aifées.  Les  mines  ne 
font  point  absolument  du  droit  royal  en  Pologne  :  elles 
appartiennent  au  feigneur  fiir  la  terre  duquel  elles  fe 
rencontrent,  qui  en  tait  quelque  reconnoiflance  ;  &  cel- 
les qui  font  fur  les  terres  de  la  couronne,  comme  celles 
d'Olkus  ,  fe  partagent  entre  le  roi,  le  palatin  ck  l'évê- 
que. 

ILKZI-KUMaNI  ,  petite  province  du  pays  de  Cha- 
rasm,  vers  la  rive  méridionale  de  la  rivière  deKhefell, 
à  l'oueft  du  territoire  de  Chajuk.  *  Hifi.  généalogique 
des  Tatars  ,    p.  719. 

ILAN  ,  ancienne  ville  de  Perse.  Genghiskan  la  prit 
vers  l'an  12 19.  Il  y  trouva  la  mère  &  les  en  fans  de  Ma- 
hamet,  roi  de  Perse,  auquel  il  fajfoit  la  guerre,  &  les 
fit  mettre  à  mort.  Elle  étoit  fort  riche;  &  les  foldats  Mo- 
gols y  firent  un  grand  butin.  Quoiqu'il  n'y  eût  aucune  fon- 
taine ,  aucun  puits  ,  ni  même  dé  rivière  dans  fon  voifi- 
nage  ,  elle  ne  manquoit  jamais  d'eau,  parce  qu'il  y  pleu- 
voit  continuellement.'  Elle  n'exifte  plus,  &  l'on  n'eft 
pas  même  fur  de  fa  fituation.  Il  paroît  cependant  qu'elle 
étoit  vers  le  3  5 e  d.  de  latitude,  fur  les  confins  de  l'Ierak- 
Agemi ,  &  des  provinces  de  Mafanderan  &  de  Choras- 
fan.  *  Hift.  généalogique  des  Tatars ,  p.  305  &  306. 

1.  ILL  ,  (l')  rivière  de  France,  en  Alsace.  Elle  âfa 
fource  à  l'extrémité  du  Suntgau,  à  une  lieue  de  Ferrette. 
C'eft  une  rivière  confidérable,  qui  traverse  l'Alface  pres- 
que dans  toute  fa  longueur ,  &  qui  eft  navigable  dès 
Schleftad  ,  mais  non  pas  pour  de  grands  bateaux ,  parce 
qu'en  plufieurs  endroits  elle  eft  refierrée  par  des  ifles 
qu'elle  forme.  Les  débordemens  de  l'ill  font  ptesque 
aufti  nuifibles  que  ceux  du  Rhin.  Enfin  cette  rivière  fe 
joint  à  celle  de  Brusçh  à  Strasbourg  ;  &  ainfi  jointes 
ensemble,  elles  fe  jettent  dans  le  Rhin,  à  deux  lieues 
au-delîous  du  pont  de  cette  ville.  L'ill  arrofe  plufieurs 
villes,  &  reçoit  plufieurs  rivières  confidérables.  Ellepafie 
au  couchant  ôc  au  nord  d'Altkirch;  &:  au-defiôus  elle 


486 


1LL 


iLL 


fe  groflit  de  la  rivière  de  Larg  ;  à  Mulhaufen  il  fe  déta- 
che un  bras  qui  forme  une  longue  ifle,  <k  traverse  Ein- 
fisheim,  au-deffous  de  laquelle  ce  bras  fe  rejoint  à  !a 
rivière  déjà  accrue  par  la  Tur.  Entre  Einfisheim  Si 
Schleftadt ,  elle  reçoit  diverfes  petites  rivières  qui  vien- 
nent du  côté  de  Colmar.  Elle  n'arrive  à  Schleftad,  que 
partagée  par  une  longue  ifle ,  qui  s'étend  affez  loin  au- 
delTus  &  au-deffous  de  cette  ville.  Plus  loin  ,  elle  en 
forme  quantité  de  petites ,  puis  de  plus  grandes  au  pont 
de  Kogenev,  un  peu  au-deffus  d'Ernftein  ;  elle  envoie 
une  partie  de  fes  eaux  dans  la  rivière  de  Blind  ,  qui 
tombe  dans  le  Rhin  ,  en  approchant  de  Strasbourg  ; 
elle  reçoit  FAndlau  &  l'Ergers  ,  puis  la  Brusch  dans  la 
ville  même  de  S;rasbourg,  au-deffous  de  laquelle  elle 
forme  quelques  ifles  entr'elle  &  le  Rhin ,  où  elle  fe  perd- 
enfin  au-deffous  de  Wantzenau. 

2.  ILL,  rivière  duTirol,  au  comté  de  Pludents.  Elle 
prend  fa  fource  au  mont  Arula  ,  fur  les  frontières  des 
Grilbns  ,  d'où  coulant  au  nord-oueft,  elle  arrofe  Plu- 
dentz  près  de  l'endroit  où  elle  reçoit  le  ruiffeau  Alfens, 
va  enfuite  à  Feldkirck ,  au-deffous  de  laquelle  elle  entre 
dans  le  Rhin.  *  Jaïllot ,  Robert ,  Atlas. 

ILLE ,  petite  ville  de  France  ,  dans  le  Roufîîllon  ,  au 
bout  de  la  plaine,  à  quatre  lieues  de  Perpignan  ,  ck  à 
droite  de  la  Tet  ,  ayant  de  hautes  montagnes  vis-à-vis 
d'elle ,  à  la  gauche  de  cette  rivière.  Elle  eft  fort  jolie , 
bien  bâtie  &  habitée  par  beaucoup  d'honnêtes  gens.  Son 
églife  eft  belle  &  large  fans  piliers.  A  un  quart  de  lieue, 
en  allant  vers  le  confluent,  eft  un  couvent  de  Cordeliers 
fort  joli  ,  fur-tout  pour  le  jardin  ,  parce  que  les  deux 
canaux  tirés  de  la  Tet  ,  &  qui  arrofent  toute  la  plaine 
de  Rouffillon,  paffent  au  travers.  *Piganiolde  la  Force, 
Descr.  de  la  France ,  t.  6,  p.  449. 

ILLEC  ,  ville  d'Afrique  ,  au  royaume  de  Maroc, 
dans  la  province  de  Sus  ,  vers  la  côte  de  l'Océan  au 
pays  de  Schel,  félon  Mouette,  cité  par  Baudrand,  éd. 
1705. 

ILLERIS.  Voyez  Illybirris. 

ILLER  ,  (l1)  rivière*  d'Allemagne.  Elle  a  fa  fource 
dans  les  montagnes ,  qui  terminent  l'évêché  d'Augsbpurg 
au  midi ,  aux  frontières  du  Tirol  ,  d'où  coulant  vers  le 
nord,  &  recevant  les  eaux  d'un  grand  nombre  de  ruis- 
feaux  ,  elle  reçoit  aufli  celles  du  lac  appelle  Alb-Sée  , 
paffe  à  Kempten  ,  d'où  fe  tournant  au  nord-oueft  ,  & 
ensuite  vers  le  nord ,  elle  coule  à  l'abbaye  de  Buxheim, 
qui  eft  au  couchant  de  Memmingen  ;  puis  reprennant 
fon  cours  vers  le  nord-nord-oueft  ,  elle  fe  perd  dans  le 
Danube  au  midi  de  la  ville  d'Ulm  ,  après  avoir  tra- 
versé une  grande  partie  de  la  Suabe.  *  Jaillot  &  De  l'IJle, 
Atlas. 

ILLESCAS  ,  bourg  d'Espagne,  dans  la  Caftille  neuve, 
fur  la  route  de  Madrid  à  Tolède,  à  moitié  chemin. 

ILLIBERIS,  ancienne  ville  d'Espagne.  C'eft  la  même 
qu'ELlBERlS  3. 

ILLICI ,  félon  Pline  ,  /.  3  ,  c.  3,  ou  Illice  ,  félon 
Pomponius  Mêla  ,/■!,'  c.  6,  ou 

ILL1CIAS  ,  félon  Ptolomée,  /.  2,  c.  6 ,  ancienne 
ville  maritime  de  l'Espagne  Tarragonoife  fur  le  golfe  , 
nommé  à  caufe  d'elle  ,  par  les  anciens  ,  ILLICITANUS 
Sinus,  à  préfent  golfe  cTAlicante,  du  nom  d'une  autre 
ville  qui  y  eft  fituée  aufli.  Pline  la  qualifie  colonie  exempte. 
On  croit  que  la  ville  d'Elche  lui  a  fuccédé  :  il  faut  dire 
qu'elle  a  profité  de  fon  nom  &C  de  fes  ruines  ;  car  elle 
n'eft  point  fur  la  mer ,  comme  Illici  ,  mais  à  quelque 
diftance  :  comme  elle  eft  plus  éloignée  du  golfe  d'Ali- 
cant  que  d'un  autre  golfe  à  l'embouchure  de  la  Segura, 
je  ferais  dispofé  à  croire  que  ce  dernier  golfe  eft  plus 
propre  à  être  le  finus  IUicitanus  des  Latins  ,  que  le 
golfe  d'Alicante. 

ILLIERS  ,  bourg  de  France ,  dans  le  Perche ,  fur  le 
Loir  ,  près  de  fa  fource  ,  '  &  à  la  jonction  du  Tiron. 
*  Baudrand,    éd.  1705. 

ILL  IMBACH ,  Chartreufe  d'Allemagne  dans  la  Fran- 
conie  au  diocèfe  ,  &  à  cinq  lieues  de  "Wurtzbourg. 

ILLINOIS,  nation fauvage  de  l'Amérique  feptentrio- 
nale  ,  laquelle  a  donné  fon  nom  à  une  grande  rivière 
qui  fe  décharge  dans  le  Miciffipi ,  parce  qu'une  partie  de 
ces  fauvages  habitoit  fur  fes  bords.  Elle  eft  aujourd'hui 
toute  réunie  fur  la  rive  orientale  du  Miciffipi ,  quelques 
lieues  au-deffous  du  confluent  du  Miffouri  ,  avec  ce 
grand  fleuve.  Cette  nation,  autrefois  très-nombreufe ,  eft 


préfentement  réduite  à  deux  ou  trois  bourgades  ,  très- 
peu  peuplées.  On  prétend  qu'elle  eft  originaire  d'un  pays1 
affez  éloigné  vers  le  nord-oueft  ,  &c  qu'ils  y  étoient 
établis  fur  le  bord  de  la  mer.  Les  Tniamis  ont  la  même 
tradition  ,  Si  il  y  a  bien  de  l'apparence  que  Ces  deux 
peuples  n'en  faifoient  autrefois  qu'un  ;  leur  langue  qui 
eft  une  dialecte  Algonquine ,  étant  presque  la  même. 

Les  Illinois  ont  été  divifés  en  plufieurs  cantons  ou 
tribus  ,  qui  avoient  chacun  leurs  noms.  Aujourd'hui 
ils  font  mêlés  ,  &C  on  ne  diftingue  plus  que  les  Péorias, 
les  Caoquias,  les  Tamarouas  &  les  Kaskaskias  •  mais 
tout  cela  ensemble  ne  fait  pas  plus  dé  deux  à  trois  mille 

Les  Illinois  fe  vantent  d'être  des  hommes  parfaits  ; 
&  c'eft  ,  dit-on ,  ce  que  lignifie  leur  nom.  Ils  étoient 
cependant  très-peu  eftimés  des  autres  Sauvages  ,  avant 
que  d'avoir  embraffé  la  religion  Chrétienne.  Ils  étoient 
affez  doux  rk  affez  humains  ,  mais  traîtres  ,  légers  , 
fourbes ,  voleurs  ,  &  adonnés  à  la  plus  monftrueufe  im- 
pudicité.  Les  guerres  qu'ils  ont  eues  a  foutenir  contre 
les  Iroquois  &  les  Outagamis ,  les  ont  aguerris  ;  &  le  be- 
ibin  qu'ils  ont  eu  des  François,  les  a  attachés  à  nos  in- 
térêts, dont  ils  ne  fe  font  jamais  féparés.  On  en  a  pro- 
fité pour  leur  annoncer  l'évangile  qu'ils  ont  embraffé 
fmcérement ,  &  qui  les  a  bien  corrigés  de  leurs  vices. 

Le  P.  Marquette,  Jéfuite,  fit  alliance  avec  eux,  lors- 
qu'il découvrit  le  Miciflipi.  Depuis  ce  tems-là,  M.  de  la 
Salle,  s'en  eft  beaucoup  fervi  pour  fes  découvertes,  &c 
avoit  bâti  deux  forts  fur  leur  rivière  ,  où  ils  avoient  en- 
core leurs  principaux  établiffemens  ;  celui  que  nous  avons 
aujourd'hui  fur  le  Miciflipi  chez  les  Kaskaskias,  eft  un  des 
plus  peuplés  de  la  Louifiane ,  &  le  feul  où  l'on  feme  du 
froment. 

Ces  Sauvages  différoient  peu  des  autres  du  Canada, 
pour  leurs  ufages  &  pour  la  manière  de  faire  la  guerre  ; 
mais  ils  étoient  moins  errans  que  les  Algonquins ,  & 
ils  culrivoient  la  terre  comme  les  Hurons  ;  ils  font  en- 
core aujourd'hui  plus  fédentaires.  Leur  manière  de  brû- 
ler leurs  prifonniers  de  guerre,  eft  la  même  que  parmi 
les  peuples  occidentaux.  Ils  les  mettent  tout  nuds ,  & 
chacun  leur  fait  fouffrir  tout  ce  qu'il  peut  s'imaginer 
de  plus  cruel. 

'  Les  femmes  Illinoifes  ont  toujours  paru  fort  douces  i 
&  fort  raifonnables.  Au  commencement  de  l'établifle- 
ment  des  François  aux  Kaskaskias ,  quelques  unes  épou- 
ferënt  des  filles  de  ces  Sauvages ,  &  les  Sauvageffes  fe 
diftinguoient  dans  la  bourgade  Françoife  au-deffus  de 
toutes  les  autres  femmes  par  leur  modeftie ,  leur  pieté 
&  la  bonne  éducation'  qu'elles  donnoient  à  leurs  enfans. 

La  rivière  des  Illinois  prend  fa  fource  dans  le  pays 
des  Mascoutins ,  &  jusqu'à  fa  jonction  avec  le  Théakiki. 
Ce  n'eft  presque  qu'un  ruiffeau  que  l'on  paffe  à  gué,  & 
où  à  fon  confluent  même  ,  on  n'a  pas  ordinairement  de 
l'eau  jusqu'au  genoux.  Elle  a  cependant  alors  environ 
foixante  lieues  de  cours.  Le  Théakiki  en  a  au  même  en- 
droit plus  de  cent,  &  beaucoup  plus  de  largeur  &  de  pro- 
fondeur ;  ce  qui  lui  a  fait  perdre  fon  nom  ,  c'eft  qu'à 
quinze  lieues  au-deffous  de  la  jonftion  de  ces  deux  ri- 
vières qu'on  appelle  la  Fourche  ,  il  y  a  eu  long-tems 
une  bourgade  d'IUinois ,  en  un  endroit  nommé  le  Ro- 
cher, &  quinze  autres  lieues  plus  bas  une  autre ,  immé- 
diatement au-deffous  du  petit  lac  de  Plmitéoui,  lequel 
n'eft  qu'un  élargiffement  de  là  rivière.  Depuis  ia  Four- 
che jusques  là,  cette  rivière  devient  fort  large ,  &  de- 
puis Pimitéoui  jusqu'à  fon  embouchure  dans  le  Miciffipi, 
elle  ne  cède  à  aucune  rivière  de  France  &  d'Italie.  Par- 
tout elle  arrofe  le  plus  beau  &  le  plus  fertile  pays  du 
monde.  Les  forêts  y  font  coupées  par  de  vaftes  prairies 
qui  fourmillent  de  cerfs,  de  bœufs,  de  chevreuils,  &c. 
On  compte  foixante-dix  lieues  de  Pimitéoui  au  Miciffipi. 

La  rivière  des  Illinois  ,  dont  les  bords  abondent  en 
toutes  fortes  de  gibier,  reçoit  quantité  d'autres  rivières, 
dont  la  plus  confidérable  eft  à  douze  ou  treize  lieues  de  ' 
la  Fourche ,  &  fe  nomme  Piftiéoui.  Elle  vient  auffi  du 
beau  pays  des  Mascoutins;  &  à  fon  embouchure  il  y  a 
un  rapide  qu'on  a  nommé  la  Charbonnière ,  parce  qu'on 
a  trouvé  ,  à  cet  endroit  ,  beaucoup  de  charbon  de 
terre. 

C'eft  fans  aucune  raifon  que  quelques  relations  don- 
nent au  lac  Michigan  le  nom  de  lac  des  Illinois.  Voyez, 
MlCHIGAN. 


ÎLL 


i.  ILLÏPÙLÀ  ,  ancienne  ville  d'Espagne,  chez  le 
peuple  Turdctani ,  dans  les  terres,  félon  Ptolomée, 
2.  2,  c.  <;.  C'eft  là  même  cju'Ilipa  ,  dont  parle  Tite- 
Live.  Voyez  Ilipai. 

2.  ILLIPULA  Magna  ,  bu  la  grande  Illhpuli , 
félon  Ptolomée,  /.  2  ,  c.  5.  C'eft  la  même  qa'Illipa 
dont  parle  Strabon.  Voyez  Ilipa  2.  C'eft  auffi  la  même 
«ju'Elepla.    Voyez  Ilipla. 

Il  eft  certain  par  les  positions  que  donne  Ptolomée , 
que  la  plus  occidentale  de  ces  deux  Illipula  étoit  celle 
à  laquelle  il  ne  donné  point  dé  furnom  ;  6k  par  confis- 
quent, c' étoit  celle  qui  étoit  aux  frontières  de  la  Lufita- 
nie.  11  s'ensuit  que  c'eft  l'Illipa  de  Tite-Live.  L'autre 
à  laquelle  Ptolomée  donne  le  furnom  de  Grande ,  étant 
la  plus  orientale  ,  étoit  plus  près  de  Cordoue  ,  entre 
cette  dernière  ville  6k  Italica  ;  &  par  conféquent ,  c'eft 
la  même  qu' I/ipaglia  de  Pline  ,  voifine  d'Italica  ,  6k  la 
même  auffi  qu'Elepla  ,  dont  les  fidèles  furent  martyrifés 
à  Cordoue  durant  la  persécution  d'Abdérame.  C'eft 
auffi  l'Ilipa  d'Antonin  qui  étoit  entre  Séville  6k  Cor- 
doue. 

ILLISTRUS.  Voyez  Elistrus. 
,  1.  ILLITURGIS  ,  ancienne  ville  d'Espagne,  dans 
la  Tarragonoife  ,  en-deçà  de  l'Ebre ,  comme  on  en  peut 
juger  par,  ces  paroles  de  Tite-Live  :  le  fiége  d'IUiturgis 
étant  levé  ,  les  troupes  Cathaginoilés  allèrent  attaquer 
Incibili.  On  ne  doute  point  qvLÎncibilis  ne  foit  Vln- 
tibili  d'Antonin  ,  qui  en  marque  la  pofition  ,  6k  qui 
n'étoit  qu'à  vingt  -  fix  mille  pas  de  Dertofa.  Ainfi 
Ylllilurgis  de  l'hiftoire  Romaine  ne  devoit  pas  être  fort 
éloignée  de  ce  canton-là  ;  &  par  conséquent  ce  ne  peut 
être  Yllliturgis  cle  Pline  ,  qui  doit  fe  trouver  dans  l'An- 
daloufie  ,  bien  loin  d'Intibilis. 

D'un  autre  côté,  un  partage  de  Tite-Live  éloigne 
beaucoup  Illiturgis  du  canton  où  éloit  Ylntibiii  d'Anto- 
nin ;  car  il  dit  ,  /.  26,  c.  ij  ,  qU'Asdrubal  étoit  campé 
aux  Pierres  noires  dans  les  Aufétains ,  entre  les  villes 
Illiturgis  6k  MentiffU  :  or  les  Aufétains ,  de  Tite-Livè 
étaient  près  de  l'Ebre.  Il  le  dit  lui-même  :  inde  in 
Avsctanos  prope  Ibcrum  focios  6k  ipsos  Ftznorum  ,  ckc. 
Cette  Illiturgis  doit  donc  être  différente  d'iLUTURGIS 
dont  il  eft  queftibn  dans  l'article  fuivant. 

2;  ILLITURGIS  ,  ancienne  ville  d'Espagne ,  dans  la 
Bétique  ;  félon  Pline ,  il  la  nomme  auffi  Forum  Julium. 
Le  P.  Hardouin  attribue  à  celle-ci  ce  qui  eft  dit  dans 
Tite-Live  ,  &  dans  Appien ,  de  l'IUiturgis  détruite  par 
Scipion.  Il  fe  trompe.  Je  viens  de  faire  voir  qu'ils  ont 
parlé  d'une  autre  ville.  Ptolomée  fait  mention  de  cette 
dernière  ,  6k  la  nomme  ILURGIS  ;  mais  il  n'a  point 
connu  la  première  qui  fut  détruite  par  Scipion  ,  &  ne 
fe  releva  plus  ;  au  lieu  que  celle  de  la  Bétique  fub- 
fiftoit  de  fon  tems.  Cette  dernière  eft  préfentement  le 
lieu  d'Andujar  cl  Vcjo ,  fur  le  Guadalquivir ,  au-deffus 
de  Cordoue.   Voyez    ANDUJAR. 

ILLOCK  ,  petite  ville  de  la  baffe  Hongrie  ,  fur  le 
Danube  ,  à  deux  lieues  au-deffus  de  Petetwaradin. 

ILLURCIS,  ancienne  ville  d'Espagne.  On  l'appella 
enfuite  Graccuris.  Voyez  Graccuris. 

ILLURCO.  Voyez  Ilurgis.      . 

ILLURGAVONENSES.  Voyez  Ilercaones. 

ILLURGETES.  Vovez  Ilergetes. 

1.  ILLURGIA.  Vo'yez  IluRgis. 

2.  ILLURGIA  ,  ville  d'Espagne  ,  félon  Etienne  le 
Géographe  ,  qui  cite  Polybe  au  livre  xj  que  nous 
n'avons  plus.  Berkelius  dans  fes  Notes,  obferve qu' Ap- 
pien appelle  cette  même  ville  Ilurgia  ;  mais  c'eft  la 
même  qu' 'Jlilurgis  1  ;  6k  l'édition  latine  d'Appien  ,  chez 
Antoine  Gryphe,  à  Lyon  1588,  p.  921,  porte  lliuurga 
urbs. 

_  ILLYRIE ,  (  l'  )  contrée  de  l'Europe ,  en  latin  Illy- 
ricum ,  félon  Pline;  en  grec  lllyris ,  félon  Ptolomée, 
&  lllyria  félon  Etienne  le  Géographe  ;  le  premier  deces 
noms  ,  lllyricum  ,  eft  adje&if  ;  6k  on  fous-entend  le  mot 
Solum.  Herodien,  /.  6,  c.  7,  dit  lllyricum  6k  lllyrica 
provincia.  L'auteur  facré  cle  l'Epître  aux  Romains , 
Ci1},  v.  7 ,  dit  (itïKei'i»  Imu£ikb  ;  les  Latins  ont  auffi 
employé  lllyris  6k  lllyria.  Pomponius  Mêla  ,  /.  1 ,  c.  3, 
dit  lllyris;  6k  Properce,  /.  1  ,  Elcg.  7  : 

An  tibifum  gdida  vilior  lllyria  ? 


ILL  487 

Les  bornes  de  lïllyrie  font  marquées  bien  différem- 
ment par  les  anciens  géographes;  car  il  y  avoit  l'Illy- 
rie ,  nom  commun  à  plufieurs  pays ,  entre  lesquels  on 
comprenoit  la  Liburnie  &  la  Dalmatie  ;  6k  l'Illyrie  pro- 
pre, qui  faifpit  elle-même  partie  de  la  grande  Illyrie. 
Pomponius  Mêla  ,  /.  2,  c.  3  ,  dit  :  les  Taulentiens,  les 
Enchelies  ,  les  Ptœaciens;  enfuite  ceux  que  l'on  appelle 
proprement  les  Illyriens  ;  puis  les  Pyréens ,  les  Libur- 
niens  6k  l'Iftrie.  Pline,  /.  3  c.  23,  dit:  Labcattz ,  En- 
deroduni  ,  Safœi  ,  Grabcù  ,  propncqu:  dicli  Illyrii  , 
&  Taulantii  &  Pyrici.  Les  Illyriens  étoieit  donc  au 
milieu  de  ces  nations  ,  6k  c'étoit  les  Illyriens  propre- 
ment ainfi  nommés  ;  6k  ,  comme  l'explique  le  père 
Hardouin  ,  ils  étoient  entre  le  Narenta  &  le  Drin. 
Scylax  ,  Peripl.  étend  davantage  les  Illyriens  ,  mais 
fans  y  comprendre  les  Liburniens.  Après  les  Liburniens, 
dit-il ,  fuivent  les  Illyriens  qui  habitent  le  long  de  la 
mer  jufqu'à  la  Chaonie.  Mais  Pline  dit,  /.  3  ,  c.  26, 
la  longueur  de  l'Illyrie,  depuis  le  fleuve  Arfia  jusqu'au 
Drin  ,  eft  de  huit  cent  milles  ou  comme  portent  les  ma- 
nuscrits ioxxx  milles  ;  ainfi  elle  comprend  la  Liburnie 
6k  la  Dalmatie.  C'eft  auffi  le  fentiment  de  Ptolomée, 
qui  prend  les  bornes  de  l'Illyrie  depuis  le  mont  Scardus 
Êk  la  haute  Mcefie  au  levant,  jufqu'à  l'Iftrie  au  couchant; 
6k  quand  ce  vient  à  l'expofition  ,  il  comprend  comme 
parties  la  Liburnie  6k  la  Damaltie  ,  quoiqu'il  les  traite 
diftinftement.  Pomponius  Mêla  ,  /..  2,  c.  3  ,  dit  que 
l'Illyrie  finit  à  Tergefte  au  fond  du  golfe  Adriatique  ; 
mais  il  vaut  mieux  fuivre  le  fentiment  de  Pline  ,  quî 
laide  à  l'Italie  la  plus  grande  partie  de  l'Iftrie  jufqu'à 
la  rivière  d' Arfia. 

Outre  cette  divifîon ,  le  P.  Briet ,  en  fournit  quatre 
autres  ,  que  voici.  Premièrement  ,  il  prend  le  nom 
$  Illyrie  dans  un  certain  fens.  Elle  commence ,  dit-il ,  de- 
puis la  Gaule ,  6k  le  lac  de  Confiance  ,  &  de-là  jufqu'au 
Pont-Euxin ,  6k  depuis  la  mer  fupérieure  (ou  Adriatique) 
jufqu'au  Danube.  Dans  ces  bornes  fe  trouvent  enfermées 
l'Iftrie  &  la  Carniole  ,  &  depuis  le  mont  Hœmus  au 
haut  de  laThrace,  jufqu'aux  bouches  du  Danube.  Cette 
divifîon  eft  fondée  fur  l'autorité  de  Strabon.  Le  père 
Briet  confent  encore  qu'on  y  ajoute  la  Dacie ,  après  que 
Trajan  l'eut  réduite  en  province  Romaine  ;  Se  ainfi 
l'Illyrie  prife  en  ce  fens  ,  s'étendra  depuis  le  mont 
Haîinus ,  jufqu'au  mont  Carpathe  qui  bornoit  la  Sar- 
matie. 

En  fécond  lieu  ,  il  diminue  l'Illyrie  ,  &  détache  la 
Dacie  ck  la  Mcefie  ,  &  dit  que  cette  notion  fe  peut  tirer 
de  Ptolomée.  Nous  expoferons  ci-après  l'Illyrie  de  ce 
géographe. 

En  troifiéme  lieu ,  le  P.  Briet  en  fépare  non-feule- 
ment la  Norique ,  d'après  Sutéone,  mais  auffi  la  Rhétie, 
6k  la  Vindélicie  ,  de  manière  qu'elle  ne  contient  que 
l'Illyrie  &  les  Pannonies. 

Enfin,  le  même  père  dit  que  l'Illyrie,  dans  un  fens 
étroit ,  fe  prend  pour  le  pays  fitué  fur  la  mer  Adriati- 
que ,  &c  que  l'on  divife  en  Liburnie  ck  en  Dalmatie. 

Ptolomée,  /.  2,  c.  17,  la  borne  au  nord  par  les 
deux  Pannonies  ;  au  couchant  par  l'Istrie  ;  au  levant 
par  la  haute  Mcefie  ck  le  mont  Scardus  ;  au  midi  par 
la  Macédoine.  Il  femble  la  divifer  en  deux  parties  , 
la  Liburnie  ck  la  Dalmatie  ,  puisqu'il  ne  nomme  pas 
une  feule  v'ille  de  l'Illyrie  ,  qui  ne  foit  l'une  de  ces  deux 
contrées.  Il  en  détache  la  Norique  ,  les  Pannonies  , 
l'Iftrie  ,  la  Dacie  ,  la  haute  6k  la  baffe  Mcefie.  On  voit 
par  une  inscription  rapportée  an  Recueil  de  Gruter,  que 
du  tems  d'Augufte ,  on  féparoit  l'Illyrie  en  haute  6k 
baffe;  c'étoit,  je  crois,  par  rapport  aux  montagnes  6k 
au  cours  des  rivières.  Les  Japodes  ou  Lapides  qui 
en  occupoient  les  montagnes  ,  étoient  de  la  haute 
Illyrie. 

Strabon ,  /.  7 ,  dit  que  les  Illyriens  étoient  braves  , 
mais  qu'ils  étoient  fort  adonnés  au  brigandage.  Le 
grand  nombre  d'iflés  dont  leurs  côtés- font  bordées, les 
ïàvorifoient  ;  6k  ils  fe  fervoient  pour  leurs  pirateries,  de 
barques  très-legeres  ,  qui  dans  la  fuite  furent  appellées 
Liburniennes.  Mais  lorfque  les  empereurs  eurent  fub» 
jusmé  ce  pays ,  ce  furent  leurs  meilleures  Ilégions.  Les 
illyriens  étoient  yvrognes  ;  6k  quoique  leur  pays  foit 
fort  fertile  6k  bon  pour  les  vignes ,  ils  aimoient  mieux 
vivre  en  .corsaires  que  de  cultiver  la  terre.  Il  faifoient 


483 


1LL 


IL  M 


r,\ec  de  l'orge  une  forte  de  bière ,  qu'ils  nommoient 
Ljbnia;  &  c'eft  de-là  que  l'empereur  Valens  qui  étoit 
un  r.l.rien  ,  fut  nommé  Sabaiariuspzr  ibbriquet,  félon 
Âinmïen   Marcellin. 

Les  Romains  ne  les  fubjuguerent  pas  facilement. 
Ils  avoient  alors  pour  roi  Agro  ,  qui  étoit  maître 
cVEpidamne  6c  d'une  partie  de  l'Epire.  Coruncanus , 
général  Romain  ,  ayant  été  maflacré  ,  fut  caufe  d'une 
rude  guerre.  Mais  ce  roi  étant  mort,  la  reine  Teuta ,  fa 
femme,  s'accorda  avec  les  Romains.  L'ifle  de  Corfou&c 
3a  ville  d'Apollonie  devinrent  libres  ;  6c  Demetrius  de 
3a  trahifon  duquel  les  Romains  avoient  profité  ,  fut  d'a- 
bord comblé  de  biens  ,  puis  mis  à  mort  ,  parce  qu'il  fe 
révolta.  Du  tems  de  Perlée,  Gentius  ,  roi  des  Illyriens  , 
gagné  à  force  d'argent  ,  déclara  la  guerre  aux  Romains  ; 
mais  il  fût  vaincu  &C  fait  prifonnier  ,  Se  Scodra  fa  capi- 
tale dimolie  par  Anicius ,  propréteur  ,  qui  mena  en 
triomphe  ce  roi  &  fes  fils.  Du  tems  de  Jules-Céfar, 
les  Iilyriens  fe  révoltèrent  ,  bâtirent  les  Romains  en 
plufieurs  rencontres  ,  mirent  Gabinius  en  déroute,  ôc 
après  avoir  vaincu  Pompée ,  firent  leur  paix.  Mais  après 
la'  mort  de  Céfar,  ils  en  revinrent  aux  hoftilités  jufqu'à 
ce  qu'enfin  Augufte  les  fournit  entièrement ,  &  triom- 
pha d'eux  après  la  défaite  d'Antoine.  Je  renvioe  aux 
articles  particuliers  ce  qui  concerne  les  différens  peu- 
ples réunis  fous  le  nom  d'Illyriens. 

On  voit  par  la  Notice  des  provinces  Romaines ,  fous 
Augufte  ,  que  l'Illyrie  propre  étoit  partagée  en  deux; 
car  on  trouve  dans  la  portion  du  fénat  &  du  peuple 
l'Illyrie  &  une  partie  de  l'Epire  ;  cette  partie  étoit 
Couvernée  par  un  préteur.  On  trouve  dans  le  par- 
tage de  l'empereur  la  Dalmatie  &  une  partie  de  l'Illyrie  ; 
apparemment  celle  dont  il  avoit  fait  lui-même  la  con- 
quête. 

La  Notice  de  l'Empire  ,  fous  Hadrien,  met  dans 
l'Illyrie  dix-fept  provinces  , 


II.  Du  Norique , 

II.  Des  Pannonies , 

La  Valérie, 

La  Savie  , 

La  Dalmatie  , 

La  première  Mcefie, 

II.  De  laDacie, 


La  Macédoine, 
La  Theflalie, 
L'Achaïe , 
La  première  épire, 
La  îecoude.épire, 
La  Prévalitane , 
L'ifle  de  Crète. 


La  Notice  de  l'Empire ,  depuis  Conftantin  le  Grand 
jufqu'à  Arcadius  &  Honorîus ,  partage  l'Illyrie  en  trois 
diocèfes  ,  celui  de  Macédoine  ,  celui  de  la  Dacït , 
&  celui  de  l'Illyrie  propre.  Le  préfet  du  prétoire  d'Il- 
lyrie  avoit  fous  lui  les  deux  premiers.  Le  troifiéme 
étoit  fous  les  ordres  du  préfet  du  prétoire  d'Italie. 
Arcadius  dans  le  partage  qu'il  fit  de  l'empire  avec 
Honorius  ,  retint  tout  ce  qui  étoit  fournis  au  préfet  du 
prétoire  d'Illyrie  ;  &  Honorius  ne  garda  que  le  diocèfe 
d'Illyrie,   qui  comprenoit  feulement 


La  II.  Pannonie, 
La  Savie, 
La  Dalmatie  , 


La  I.  Pannonie , 

La  Norique  méditerranée, 

La  Norique  Rispense. 


La  connoiflance  de  l'Illyrie,  prife  dans  toute  cette 
étendue  ,  eft  néceflaire  pour  l'intelligence  de  l'Hiftoire 
cccléfiaftique  ;  autrement  on  feroit  embarrafle  à  con- 
cevoir quel  rapport  il  y  avoit  de  la  Theflalie  ,  de  l'A- 
chaïe,  &  de  l'ifle  de  Crète,  avec  l'Illyrie ,  fi  on  fe 
liguroit  un  petit  canton  tel  que  Ptolomée  le  repréfente 
dans  un  coin  du  golfe  Adriatique. 

Pour  les  affaires  de  l'églife,  chacun  de  ces  trois  dio- 
cèfes avoit  fon  métropolitain  ou  primat.  Celui  de  l'Il- 
lyrie propre  ou  occidentale  étoit  l'évêque  de  Sirmich. 
Au  concile  d'Aquilée  ,  tenu  l'an  381  ,  par  les  foins  de 
feint  Ambroife  ,  métropolitain  du  vicariat  d'Italie  , 
comme  archevêque  de  Milan  ,  on  voit  après  lui  , 
Anemius,  évêque  de  Sirmich.  Cetteville  étoit  la  capi- 
tale de  l'Illyrie  ,  tant  pour  le  civil  que  pour  les  affaires 
de  l'églife.  Juftinien  le  dit,  Novell.  11,  tk  fe  fert  du 
mot  Anciennement  ,  parce  que  cette  ville  avoit  été 
ruinée  par  Attila.  Son  autorité  de  métropole  fut  par- 
tagée entre  les  villes  de  Lauriac  ,  d'Achride  ôc  de 
Saione. 


Le  fécond  diocèfe  ,  ou  la  Dacie  ,  comprenoit  lès 
pays  iitués  entre  la  Macécoine  &  le  Danube ,  ck  avoit 
pour  métropole  Sardiqut.  Theodoret  ,  Hijl.  ecclef. 
I.  1 ,  c.  4  ,  parlant  du  ce  ncile  des  évêques  d'Orient 
6c  d'Occident  ,  tenu  en  cate  ville  ,  ajoute  :  Sardique 
eft  une  ville  de  l'Illyrie  ,  métropole  de  la  province  dé 
Dacie. 

Le  troifiéme  diocèfe  qui  portoit  le  nom  de  Macé- 
doine ,  ou  d'Illyrie  orientale  ,  comprenoit  toute  la 
Grèce  ,  6c  avoit  pour  métropolitain  l'évêque  de  Thef- 
falonique. 

Cette  divifion  ,  par  rapport  aux  deux  empires  ,  n'a- 
voit  rien  '  changé  dans  le  gouvernement  ecléfiaftique  ; 
£c  les  papes  avoient  confervé  la  jurisdiction  fuprême 
fur  toute  l'Illyrie.  Ils  confioient  le  dépôt  de  leur  autorité 
à  l'archevêque  de  ThelTalonique  ,  qui  l'exerçoit  jus- 
ques  dans  la  Morée.  fc.n  vain  Theodofe  le  Jeune  voulut 
donner  atteinte  à  ce  droit  par  une  Conftitution  contre 
l'autorité  du  Pape  en  Illyrie,  à  l'occafion  dePerigene, 
Corinthien  ,  iniialé  fur  le  fiége  de  Patras  ,  par  l'évêque 
de  Corinthe.  Les  Corinthiens  eux-mêmes  eurent  recours 
à  Rome  peu  de  tems  après  ,  pour  avoir  l'approbation 
d'un  évêque  qu'ils  avoient  élu  pour  remplir  leur  fiége-  En. 
vaint  fous  prétexte  des  anciens  canons,  les  évêques  ja- 
loux de  l'autorité  du  pape  ,  tâchèrent  de  transporter  au 
fiége  de  Conftantinople  les  droits  du  fiége  de  Rome^ 
comme  fi  la  primauté  de  l'églife  eut  dû  fubir  les  mêmes 
changemens  que  l'empire  :  l'é  .êque  Boniface  foutint 
la  primauté  de  fon  fiége ,  6c  coni'erva  à  Rufus  de  ThelTa- 
lonique l'exercice  d'une  autorité  dont  cette  églife  avoit 
joiii  fous  les  papes  Damafe  ,  Sirice  6c  Innocent.  Le 
pape  Sixte  la  conferva  de  même  ,  6c  donna  à  Anaftafe , 
évêque  de  Theflalonique  {Holjîen.  Concil.  t.  4,)  la 
même  autorité  que  les  papes  précédens  avoient  don- 
née à  fes  "prédécefïeurs.  Cependant  à  la  fin  les  Grecs 
ôterent  au  pape  la  jurisdiftion  de  cette  partie  de  l'Illy- 
rie, &  ce  fut  une  des  mauvaifes  fuites  du  fchisme. 
Voyez  les  articles  Dalmatie,  &  Liburnia. 

1.  ILLYRIS,  nom  latin  de  I'illyrie. 

2.  ILLYRIS,  ifle  d'Ane ,  fur  la  côte  de  Lycie,  fé- 
lon Etienne  le  Géographe. 

ILLYRISSUS  ,  rivière  del'Illyrie  ,  félon  Laonic , 
/.  10,  cité  par  Orteiius  ,   Thefaur. 

ILM.  rivière  d'Allemagne  dans  la  haute  Bav'ere  ;  elle 
prend  fa  fource  un  peu  au  nord  d'Atrenmunfter,  oafTe 
à  Pfafenhofen ,  &  fe  rend  dans  le  Danube  entre  Neuf- 
tad  ,  6c  Ingloftadt. 

ILMA-COUROUC  ,  bourg  d'Afie  ,  dans  le  Kou- 
heftan ,  près  de  Hamadan. 

ILMEN,  (Lac  d')  lac  de  l'empire  Ruffien  ,  dans 
le  duché  de  la  grande  Novogorod  ;  il  fe  forme  par 
la  rencontre  des  rivières  de  Lovât  ,  qui  y  entrent  au 
midi  oriental,  St  de  Salona,qui  y  entre  au  midi  occiden- 
tal. A  l'embouchure  du  Lovât  ,  eft  la  ville  de  Staraia. 
Rufla. ,  ou  la  veille  Rufià  ;  &  à  l'embouchure  de  la  Salona 
eft  Nova  RujTa  ,  ou  la  nouvelle  PuilTa.  A  la  fortie  &c  au 
nord  de  ce  lac,  eft  la  grande  Novogorod  ,  dont  le 
duché  porte  le  nom.  Ce  lac  a  près  de  foixante  wers- 
tes  ou  lieues  Ruflîennes  ,  dans  fa  longeur  du  fud  au  nord, 
£c  environ  quarante  dans  fa  largeur ,  qui  eft  allez  égale  , 
fi  ce  n'eft  vers  le  nord  où  il  fe  termine  comme  une  cor- 
nue à  diftiller.  Je  ne  trouve  point  dans  les  nouvelles 
cartes  ,  qu'il  y  ait  fur  fes  bords  une  ville  de  même 
nom  ,  comme  le  dit  Baudrand  ;  8c  Ifaac  Mafia , 
qu'il  cite  ,  ne  met  rien  de  pareil  dans  fa  carte.'  Ses 
eaux  en  fortant  du  lac  forment  la  rivière  de  Volchova, 
qui,  fe  groflîlTant  de  la  rivière  de  Mfta  ,  &  de  quelques 
autres ,  va  tomber  dans  le  lac  de  Ladoga. 

ILMENT  ,  (L')  rivière  d'Afie  ,  dans  la  Perfe  ,  aux  ' 
confins  de  l'indouftan  ,  elle  a  fa  fource  dans  le  lac  de 
Zare  ,  formé  par  la  rivière  de  Hindmend  ;  ou  plutôt 
c'eft  une  continuation  de  cette  rivière  ,  au-deflous  du 
lac  de  Zare  jufqu'à  la  mer.  Cette  rivière  prife  dans 
toute  fon  étendue  ,  a  fa  fource  au  pays  de  Candahar  , 
d'où ,  coulant  au  fud-oueft  dans  le  Sableftan  ,  elle  parta- 
ge fes  eaux  dans  le  Segeftan  en  plufieurs  coupures ,. 
après  avoir  arrofé  la  ville  de  Boft,  aux  frontières  de 
ces  deux  provinces  ;  enfuite  elle  fe  tourne  vers  le  fud- 
eft  ,  6c  entre  dans  le  lac  de  Zare  ,  qu'elle  forme;  de- 
là coulant  -vers  le  midi  ,  elle  traverfe  la  province  de 
Mekran , 


ILS 


Mekran  ,  où  elle  baigne  Arabia ,  lieu  fitué  à  f  orient  de 
fon  embouchure.  Le  nom  de  ce  lieu  a  beaucoup  de 
rapport  avec  l'ancien  nom  de  cette  rivière  ,  qui  eft 
Arabius.  Voyez  Arbis  2.  *  Robert  de  Vaugondy,  Atlas. 
ILM1STER  ,  bourg  d'Angleterre ,  dans  la  province 
de  Sommerset.  îl  a  droit  de  tenir  marché  public.  *  Etat 
prijent  de  la  Gr.  Bret.  t.   I. 

ÏLMITZ ,  village  d'Autriche  ,  aux  confins  de  Hon- 
grie ,  près  du  lac  nommé  Newfidler  -  Sée.  On  croit 
que  c'eft  Ulmi ,  ville  de  la  haute  Pannonie.  Voyez 
Ulmi. 

ILORCIS,  ancienne  ville  de  l'Espagne  Tarragonoife, 
fur  le  Tader  ,  aujourd'hui  la  Segura  ,  au  détour  de 
cette  rivière  ,  Pline  parlant  du  Tader ,  dit ,  /.  3  ,  c.  1  -, 
qu'à  Ilorcis ,  il  fe  détourne  du  bûcher  de  Scipion  ;  il 
nomme  enfuite  ,  /.  3  ,  c.  3  ,  les  peuples  Ilorcitani ,  qui 
étoient  les  habitans  de  cette  ville.  C'eft  préfentement 
Lorqui ,  village  d'Espagne  ,  fur  le  bord  feptentrional  de 
la  Segura ,  à  l'occident  de  Murcie  ,  capitale  du  royaume 
de  même  nom. 

ILOTjE  ,  Eilot.E  ,  HiloTjE.  Voyez  l'article  qui 
fuit. 

ILOTES,  ou  HlLOTES  :  (les)  on  nommoit  ainfi 
les  habitans  de  Helos,  ville  maritime  du  Péloponnèfe, 
dans  la  Laconie.  Cette  ville  ayant  été  fubjuguée  par 
les  Spartiates  ou  habitans  de  Lacédémone ,  feus  le  règne 
de  Licurgue,  6k  le  peuple  réduit  à  l'efclavage,  le  nom 
d'Ilotes  fut  donné  aux  efclaves,  comme  un  nom  général, 
quoiqu'ils  fuiient  de  quelque  autre  pays.  Ces  Ilotes 
étoient  braves  ;  6k  comme  on  les  occupa  au  plus  vils 
emplois  ,  on  appréhenda  qu'enfin  ils  ne  fe  révoltaffent. 
Pour  exercer  les  jeunes  gens  de  Lacédémone ,  à  faire 
le  coup  de  main  avec  l'ennemi ,  on  les  laiffoit  eiïayer 
leur  valeur  contre  les  pluscourageux  d'entre  ces  Ilotes, 
comme  Plutarque  le  raconte,  Fies  des  Homm.  M.  t.  1  , 
p.  274,  de  la  traduction  de  M.  Dacier,  Thucydide, 
/.  4,  dit  que  les  Lacédémoniens,  craignant  le  grand 
nombre  des  Ilotes,  firent  iémblant  de  vouloir  les  affran- 
chir pour  lever  une  armée  ,  6k  que  pour  cet  effet  ils 
publièrent  que  les  plus  vaillans  n'avoient  qu'à  fe  pré- 
senter, 6k  qu'on  les  affranchirait  ;  car  ils  jugeoient 
bien  que  les  plus  vaillans  leur  dévoient  être  les  plus 
fufpefts.  Il  y  en  eut  environ  deux  mille  de  choifis.  On 
les  couronna  :  on  les  mena  dans  tous  les  temples ,  & 
peu  de  tems  après,  ils  difparurent  ,  (ans  qu'on  ait  jamais 
fu  ce  qu'ils  étoient  devenus.  Selon  Plutarque  ,  ubi  fupr. 
Ariftote  écrit  que  les  Ephores  n'étoient  pas  plutôt  en 
charge,  qu'ils  déclaraient  la  guerre  aux  Ilotes ,  afin  qu'on 
pût  les  tuer  fans  crime.  Il  eft  certain  ,  ajoute  Plutarque, 
qu'on  leur  faiioit  toutes  fortes  de  mauvais  traitemens. 
Ainfi  il  ne  faut  pas  être  furpris  ,  fi  ces  pauvres  gens 
voyant  Sparte  affligée  par  un  tremblement  de  terre  , 
conspirèrent  contre  leurs  tyrans  ,  commirent  de  très- 
grands  maux  dans  la  Laconie  ,  6k  mirent  la  ville  dans 
le  plus  grand  danger  où  elle  ait  été.  On  les  avoit 
envoyés  à  la  campagne  où  ils  labouraient  les  terres , 
ck  en  rendoient  un  certain  revenu.  Ils  accoururent  de 
toutes  parts  ,  pour  achever  de  détruire  ceux  que  le 
tremblement  de  terre  avoit  épargnés  ;  mais  les  ayant 
trouvés -srmés  6k  en  bataille,  ils  fe  retirèrent  dans  les 
villes  voifmes  ,  6k  commencèrent  dès  ce  jour-là  à  leur 
faire  une  guerre  ouverte ,  ayant  attiré  dans  leur  li- 
gue plufieurs  de  leur  voifins  ,  6k  fe  fentant  fortifiés 
par  les  Mefféniens  ^  qui  étnient  en  guerre  avec  les 
Spartiates.  De-là  vint  le  fiége  d'Irhome  dont  je  parle 
ailleurs  ,  6k  qu'ils  foutinrent  contre  toutes  les  forces 
des  Spartiates.  Les  Ilotes ,  après  la  prife  de  cette  ville , 
furent  transportés  hors  du  Péloponèfe  ,  avec  détènfes 
d'y  jamais  rentrer.  Ainfi  ceux  qui  demeurèrent,  langui- 
rent dans  l'efclavage  ,  réduits  à  l'agriculture.  Tite-Live, 
l-  34,  c.  27,  parle  des  Ilotes  ,  au  tems  de  la  prife  de 
Lacédémone  par  les  Romains. 

D'Ablancourt  ,  dans  fa  Traduction  de  Thucydide , 
les  nomme  Hilotes.  Cornélius  Nepos ,  dans  la  Vie  de 
Paufamas  ,  dit  Hilotes.  Tite-Live  dit  Ilots  ;  Paufanias 
dit  Helotes  ;  c'eft  auffi  le  nom  le  plus  conforme  à 
leur  origine.  Voyez  Helos. 

ILS  ,  rivière  d'Allemagne  ,  au  couchant  de  la  Ba- 
vière ,  au  nord  du  Danube.  Elle  a  fa  fource  dans  un 
lac,  aux  |montagnes  qui  féparent  la  Bavière   de  la  Bo- 


ÏLZ  489 

hème  :  de-là  coulant  par  Spieglau,  vers  le  midi  ,  elle 
fe  charge  de  plufieurs  .  autres  rivières  au -defù:;  d'é 
Hauis  ,  puis,  joignant  les  terres»de  l'évêque  tic  Paffau  , 
qu'elle  borne  un  bon  efpace  de  chemin,  elle  rentré 
dans  la  Bavière  ,  fck  tombe  dans  le  Danube  à  Ilftadt, 
vis-à-vis   de  Paffau.  *  Jalliot ,  Atlas. 

Cette  rivière  d'Us  ,  au  rapport  de  Wagenfeil  j 
Geogr.^  Synopf.  p.  343  ,  produit  des  perles  ,  moir'.s 
belles  à  la  vérité  que  les  perles  d'Orient  ;  mais  il  y  en 
a  pourtant  qui  font  greffes  6k  très-rondes,  6k  qui  le 
vendent  jufqu'à   cent   florins  la  pièce. 

ILST,  ville  des  Provinces-Unies  ,  en  Frifé  ,  dans  le 
Weftergoo  ,  près  de  Sneeck  ,  à  deux  petites  lieues 
du  Zuyder-Zée  ,  ck  à  quatre  de  Leuwrde  ,  vers  le 
midi. 

ILSTADT;  ou  Ïles-Stadt,  ville  d'Allemagne, 
en  Bavière ,  au  confluent  du  Danube  6k  de  lïls  ,  vis- 
à-vis  de  Paffau.    Voyez  Passau. 

ILUA.  Voyez  vEthalia  ,  qui -eft  la  même. 
ILUATES  ,  ancien  peuple  d'Italie  ,  dans  la  Ligurié  , 
félon  Tite-Live,  /.  32,  c.  29  ;  6k  l.  31 ,  c.  10.  Orté- 
lius  demande  fi   ce  nom  ne  viendroit   point    de  celui 
à'Ilua  ?  Cellarius  dit  qu'on  ne  fait  où  les  placer. 

ILUCIA  ,   ancienne  ville   de   l'Espagne    citérieure  , 
chez  les  Orétains,  félon  Tite-Live,  /.  35  ,  c.  7  ,  qui 
dit  que  C.  Flaminius  la  prit.  . 
ILUMBERITANI.  Voyez  Lumberitani. 
1LUNUM  ,    ancienne  ville  de    l'Espagne  Tarrago- 
noife,  chez  les  Baftitains  ,   félon  Ptolomée,  l.  2,   c.  6i 
ILURATUM  ,  ville  de  la  Scythie  ,  dans  la  Cher- 
fonnèfe  Taurique  ,   du  côté  des  Palus  Méotides-,  félon 
Ptolomée  ,  /.  3  ,  d  6. 

ILURB1DA  ,  ville  de  l'Espagne  Tarragonoife  ,  chez 
les  Carpétaniens  ,   félon    Ptolomée. 
ILURCIS.  Voyez  Graccuris. 
ILURCO  ,  ou    Illurco  ,    ancienne  ville  «l'Espa- 
gne ,    félon   Pline,  /.  3  ,  c.  1.     Le  P.  Hardouin  traite 
de   fauffe  ck  de  nouvelle  ,  une  inscription  du  Recueil 
de  Gruter ,  p.  406 ,  dans  laquelle  on  lit  Ordinis  Illur* 
conenjis ,    ck  qui  a  été   trouvée  au  village   de   Pinos , 
dans  le  royaume  de  Grenade. 
ILURGIA  ,   ck 

ILURGIS  ,  ville  d'Espagne ,  dans  la  Béfique ,  félon 
Ptolomée.  C'eft  la  même  qxillluurgis ;  à  préfent  An- 
dujar-el-Vejo. 

T.  ILURO  ,  ou  Illuro  ,  ancienne  ville  de  l'Es- 
pagne Tarragonnoife  ,  félon  Pline.  Le  P.  Hardouin 
dit  que  c'eft  la  même  qui  eft  nommée  Dilurum  , 
AiAspaV  ,  pour  'A':\xj,ù,\  ,  par  Ptolomée.  Il  ajoute  que 
c'eft  ptéfentement  Pineda.  Mêla  ,  /.  2,  c.  6,  la  nomme 
Eluro  ,  dans  cet  ordre  ,  Blanda  ,  Eluro  ,  Batullo , 
Barcino.  Pline  dit  que  c'étoit  une  ville  de  citoyens 
Romains';  elle  étoit  à  quinze  mille  pas  de  Bjetullo. 
Nunez  ,  a  très-bien  remarqué  que  c'eft  préfentement 
Mataro ,  dont  l'enceinte  ck  le  nombre  des  habitans 
repondent  affez  bien  à  la  dignité  ;d'une  ancienne  ville, 
de  citoyens  Romains.  Cette  ville  fut  autrefois  détruite 
par  les  Mores  ,  comme  le  prouvent  d'anciens  monu- 
mens  que  l'on  y  conferve  ,  ck  fut  enfuite  rétablie  ck 
bâtie  au  même  lieu  ,  ck  non  pas  fur  un  autre  terrein 
comme  quelques  -  uns  l'ont  fauffenient  affuré.  On  y 
trouve  des  débris  d'anciennes  pierres  ,  avec  des  inscrip- 
tions ;  ck  on  en  a  tiré  quantité  de  médailles  d'or  6k 
d'argent  ,  aux  noms  de  Vefpafien  ck  de  Titus.  On 
peut  voir  le  refte  des  preuves  en  faveur  de  ce  dernier 
fentiment  ,  dans  le  livre  de  Marca  ,  Hifpan.  I.  2  , 
c.  15  ,  §.5.      ^ 

2.  ILURO  ,  nom  latin  d'OLERON.  Voyez  ce  mot. 
ILUZA  ,    ancienne  ville   d'Afie.   Elle  eft    marquée 
comme  ville  épifcopale  de  la  Phrygie  Carpatienne,  dans 
la  Notice  de  Hieroclès. 

1.  ILYBYRRIS  ,  rivière  de  la  Gaule  Narbonnoife, 
félon  Strabon,/.  4,p-  182,  qui  dit  :  du  mont  Pyréné 
coulent  les  rivières  Rufcino  èilljbyrris.  Ptolomée,  l.  2, 
c.  10,  nomme  cette  même  rivière Illeris  ;  Athénée  IU- 
birnis.   Son  nom   moderne  eft  le  Lee. 

2.  ILYBYRRIS  ,  ville  de  la  Gaule  Narbonnoife. 
Voyez  Eliberis  i. 

ÏLYRGIA  ,  la  même  qu'lLURGIA. 
ILZ ,  petite  ville  de  Pologne ,  au  Palatinat  du  San- 
Torne  III.     Q  q  q 


490 


IMA 


IMI 


domir  ,  avec  un  ancien  château  fur  une  hauteur.  Le 
commerce  de  cette  ville  qui  appartient  à  l'évêque  de 
Cracovie  ,  confifte  en  de  la  vaiflelle  de  terre  qui  fe 
répand  clans  tout  le  royaume.  *  Andr.  Ccllar.  Defcr. 
Polon.  p.  190. 

IMABA  ,  province  du  Japon  ,  dans  l'iue  de  Niphon, 
au  couchant  de  celle  de  Tafima.  On  la  divife  en 
îèpt  diflri&s  ,  où  l'on  voit  plufieurs  manufactures  de 
foie. 

IMACA  ,  rivière  de  l'Amérique  méridionale  dans  le 
Pérou ,  au  fud  de  la  rivière  des  Amazones ,  dans  la- 
quelle elle  fe  rend  au-deflbus  de  Jaen  ,  après  avoir 
reçu   celle  de  Chuchunga. 

IMACARENSES  ,  ancien  peuple  de  Sicile  ,  félon 
Pline  ,  /.  3  ,  c.  S  ;  Ciceron  ,  3 .  Vtrr.  c.  47 ,  fait 
mention  <£Agir  Imacarensis  ,  qui  eft  le  même.  L'édi- 
tion de  Pronovius  porte  Macharenjîs  ,  quoiqu'il  aver- 
tifie  qu'il  faut  dire  Imacharenfis.  Ptolomée,  /.  3,  c.  4, 
nomme  ce  lieu  Imachara  ;  'l^x^e?-  >  d'autres  exem- 
plaires portent  Hemichara  ,  Hf/»x*'p«.  Etienne  le  Géo- 
graphe la  norhme  ""ly.v.afoy  ;  ce  qui  s'accorde  avec  l'IIic-t 
carti  d'Antonin  ,  hiner.  à  feize  mille  pas  de  Palerme. 
Ce  lieu  s'appelle  prélèvement  Muro  Dicarini.  Voyez 
HlCCARA. 

IMAD  ,  rivière  d'Afie  ,  dans  l'Indouftan  ,  près  du 
Sinde  :  ce  nom  eft  écrit  Jamad  clans  l'Hiftoire  de 
Timur-Bec,  /.  4,  c.  10  j  &  on  y  dit  que  c'eft  une 
fuite  de  la  Dendara  ,  rivière  qui  vient  de  Cache- 
mire. 

IMADUCHI ,  peuple  d'Afie  ,  dans  la  Sarmatie , 
auprès  du  Caucafe  ,  félon  Plme  ,   /.  6,  c.  7. 

IMANHAL ,  bourg ,  &  rivière  de  l'ifle  de  Mada- 
gascar ,  dans  la  province  d'Anoffi.  La  rivière  qui 
defcend  du  haut  des  montagnes ,  fe  rend  dans  celle  de 
Farnsjjere.  *  Flacourt ,  Hift.  de  Madagascar. 

IMAUS  ,  longue  chaîne  de  montagnes,  qui  traverfe 
PAfie  ,  au  nord  de  ce  que  les  anciens  appelloient  pro- 
prement l'Inde;  ck  qui  envoie  une  de  fes  branches  au 
ïeptentrion  ,  vers  la  mer  Glaciale.  Cette  longue  chaîne 
avoit  quantité  de  noms  particuliers  ;  Pline  ,  /.  6 , 
c.  17  ,  nous  fournit  ceux  -  ci ,  d'occident  en  orient  , 
comme  des  montagnes  liées  l'une  à  l'autre ,  le  Cau- 
cafe, la  Paropamife  ,  l'Emode  oc  l'Imaiis.  Il  dit  que 
de  ces  montagnes,  l'Inde  s'abbaiffe  en  une  plaine  im- 
menfe  qni  reffemble  à  l'Egypte.  Il  explique  le  mot 
Imaiis  ,  par  couvert  de  neige  ,  Nipofium.  L'Imaiis  , 
féparoit  l'Inde  de  la  Scythie  ,  comme  elle  fépare  en- 
core aujourd'hui  l'Indouftan  de  la  Tartarie.  Une  bran- 
che qui  s'avance  dans  le  nord,  coupoit  la  Scythie  en  deux, 
favoir  la  Scythie  en  de  -  çà  de  l'Imaiis ,  ck  la  Scythie 
d'au-delà.  Ptolomée  qui  fait  deux  chapitres  de  ces 
deux  Scythies ,  les  borne  au  nord  par  une  terre  incon- 
nue :  c'eft  dire  en  même  teins  qu'on  ne  favo.it  point  juf- 
qu'où  alloit  cette  montagne.  Nous  favons  préiente- 
ment que  la  longue  chaîne  de  montagnes,  qui  borne  les 
Indes  au  nord  des  royaumes  de  Caboul  ck  de  Cache- 
mire, ck  qui  traverse  le  royaume  du  grand  Tibet,  ne 
court  du  fud  au  nord  ,  félon  la  ligne  méridienne  ,  comme 
Ptolomée,  1.6,  c.  14,  le  dit  de  l'Imaiis  ,  que  jusqu'au 
47e  d.  de  latitude  ;  après' quoi,  elle  fe  tourne  vers  l'orient, 
puis  vers  le  nord,  ck  enfin  vers  le  nord-nord-oueft ,  jus- 
qu'à l'embouchure  du  Jéniscéa ,  fleuve  de  la  Sibérie. 
Cette  chaîne  de  montagnes  a  quantité  de  noms  particu- 
liers que  lui  donnent  les  peuples  voifins.  Nous  rappor- 
tons dans  leurs  articles  particuliers  ceux  qui  nous  font 
connus.  Je  ne  m'arrête  pas  beaucoup  aux  noms  modernes, 
que  les  géographes  du  feiziéme  fiécle  ont  donnés  à  cette 
montagne.  Ils  ne  connoiffbient  guères  la  Tartarie;  Se  ce 
qn'Ortélius  en  a  recueilli ,  a  été  aflez  inutilement  copié 
par  Baudrand.  Voyez  l'article  CaF. 

Arrien,  inlndic.p.  314,  qui  fait  commencer  cette 
chaîne  dès  le  mont  Taurus  vers  la  Pamphylie  ,  la  Lycie 
ficela  Cilicie ,  ck  qui  l'amené  de-là  jusqu'aux  Indes ,  dit 
qu'elle  prend  divers  noms  en  divers  lieux  ,  favoir  Pa- 
ropamifus  ,  Emodus  ck  Emaon.  Il  ajoute  qu'elle  peut 
bien  avoir  encore  d'autres  noms  en  d'autres  endroits.  On 
voit  que  V Emaon  de  cet  auteur  eft  l'Imaiis  de  Pline  ck  de 
Ptolomée. 

Lorsque  l'Imaiis  fe  tourne  au  nord  ,  il  envoie  une 
branche  vers  l'orient  ;   6c  cette  branche  eft  ce  que  les 


anciens  ont  nommé  Damasi  Montes.  Voyez  ce  mot. 

Il  eft  furprenant  que  Corneille,  ayant  donné  fous  le 
titre  d' Imaiis ,  ce  que  Davity  dit  de  cette  montagne,  il 
en  farte  un  fécond  fous  le  titre  cV 'Imaiis ,  montagne  de 
la  Tartarie ,  qui  eft  la  même  ,  quoiqu'il  n'en  avertifle 
pas.  Mais  il  y  avoit  IM.CUS  Mons  en  Italie ,  dont  il 
ne  parle  pas. 

IMiEUS  où  Imeus  Mons,  lieu  particulier  d'Italie, 
entre  Corfimum  6k  Cirftnna  ,  ou  Cerfennia  ;  il  étoit  à 
cinq  milles  de  la  dernière  ,  félon  la  Table  de  Peutin- 
ger.  Cluvier  ,  liai.  ant.  I.  2,  p.  769,  croit  que  c'étoit 
une  bourgade  au  bord  oriental  du  lac  Fucin ,  en  allant 
vers  la  rivière  d'Aterne.  Elle  étoit  fur  une  montagne  ; 
les  habitans  nomment  préfentement  ce  lieu  ColleAr- 
MEO,  &  quelquefois  ARMELO. 

IMBARUS ,  montagne  d'Afie  ,  vers  l'Arménie  ma- 
jeure, félon  Strabon,  /.  11,  ^.531.  Pline,  /.  5,  c.  27, 
la  met  à  l'extrémité  de  la  Cilicie.  Strabon  ,  à  l'endroit 
cité ,  dit  que  c'eft  une  portion  du  mont  Taurus. 

IMBO ,  ville  de  l'Arabie  heureufe.   Voyez  Yambo. 

IMBRASIA.  Voyez  Samos. 
_  IMBRASUS  ,  rivière  de  l'ifle  de  Samos  ,  félon  Cal- 
limaque  ,  cité  par  Ortélius  ,   Thefaur. 

IMBRINIUM,  ancien  lieu  de  l'Italie,  au  pays ^ des 
Samnites  ,  félon  Tite-Live ,  /.  8.  Quelques  favans  l'ont 
confondu  mal  à-propos  avec  Simbruini  Colles  de  Ta- 
cite ;  erreur  où  Jiùle-Lipse  eft  tombé ,  ck  qn'Ortélius  ck 
Cellanus  ont  très-bien  remarquée.    Voyez  SlMBRUlNI. 

ÏMBRIPOLIS  :  quelques-uns  ont  nommé  ainfi  en  la- 
tin, la  ville  de  Ratisbonne.  C'eft  une  traduction  de 
Régensbourg,  qui  en  eft  le  nom  allemand. 

IMBR1TIA ,  lieu  d'Italie  ,  aux  environs  de  la  ville 
Locri.  Il  en  eft  fait  mention  dans  la  Vie  des  douze  frè- 
res martyrs  ,  écrite  par  Alphane  de  Salerne  ,  cité  par 
Ortélius. 

i.  IMBROS  ,  ifle  de  l'Archipel.  Favorin ,  dans  fon 
Lexique ,  y  met  une  rivière  de  même  nom  ;  ck  Etienne 
y  place  une  ville  appellée  de  même  ,  ck  dit  qu'elle  étoit 
consacrée  à  Ccrès  &C  à  Mercure.  C'eft  aujourd'hui  l'ifle 
de  Lembro.  Voyez  ce  mot. 

2.  IMBROS  ,  forterefle  au-deflus  de  la  ville  de  Cau- 
nus  ,  dans  le  pays  que  les  Rhodiens  avoient  dans  le 
continent,  félon  Strabon. 

IMERIENSIS  ,  fiége  épiscopal  d'Afie  ,  dans  la  Mé- 
fopotamie.  Il  en  eft  fait  mention  clans  le  concile  de 
Conftantinople.  C'eft  peut-être  le  même  fiége  qu'HÉ- 
merius  ,  de  la  province  d'Osrhoëne  ,  dans  la  Notice 
de  Léon  le  Sage. 

IMIFFETE  ,  rivière  d'Afrique  ,  au  royaume  de  Ma- 
roc :  elle  a  fon  embouchure  près  du  cap  de  Non.  *  Corn. 
DicL 

IMILICENSIS  ,  nom  latin  d'un  fiége  épiscopal  d'Ir- 
lande ,  dont  le  nom  moderne  eft  Emly.  C'eft  un  des 
cinq  fuffragans  que  l'on  a  lailTés  à  l'archevêché  de  Cas- 
hel.  Emly  eft  dans  la  province  de  Munfter  ,  au  comté 
de  Tipperary  ,  à  fept  milles  &  environ  à  l'oueft  de  la 
ville  de  Tipperary  ,  près  des  frontières  de  Limerick. 
Cette  ville  étoit  autrefois  confidérabJe  ,  mais  elle  eft  fort 
déchue.  , 

IMIRETTE ,  petit  royaume  d'Afie  ,  entre  Tes  monta- 
gnes qui  féparent  la  mer  Caspienne  &c  la  mer  Noire. 
Il  eft  enfermé  entre  le  mont  Caucafe,  la  Colchide,  la 
mer  Noire,  la  principauté  de  Guriel  ck  la  Géorgie.  Sa 
longueur  eft  de  fix  vingt  milles  ,  fa  largeur  de  foixante. 
Les  peuples  du  mont  Caucafe,  avec  qui  il  confine,  font 
les  Géorgiens  &C  les  Turcs  au  midi  ;  ck  au  feptentriou 
les  Eflî  ck  les  Caracioles  ,  que  les  Turcs  appellent  Ca- 
racherkes,  c'eft-à-dire  Circaffiens noirs  ,  pour  les  raifons 
que  j'ai  dites.  Ce  font  ces  Caracioles  ou  Circaflîens 
noirs  ,  que  les  Européens  ont  appelle  Huns  ,  ck  qui 
firent  tous  ces  ravages  en  Italie  tk  dans  les  Gaules ,  dont 
parlent  les  hiftoriens ,  &C  entr'autres ,  Cedrenus.  La  lan- 
gue qu'ils  parlent  eft  mêlée  de  Turc.  L'Imirette  eft  un 
pays  de  bois  ck  de  montagnes  ,  comme  la  Mingrélie  ; 
mais  il  y  a  de  plus  belles  vallées  ,  &C  de  plus  déficientes 
plaines.  On  y  trouve  plus  facilement  du  pain  ,  de  la 
viande,  &C  des  légumes.  Il  y  a  des  mines  de  fer.  L'ar- 
gent y  a  cours.  On  y  bat  monnoie.  On  y  trouve  des 
bourgs.  Quant  aux  mœurs  &C  aux  coutumes  ,  c'eft  auifiï 
la  même  chofe  qu'en  Mingrélie.  Le  roi  a  trois  bonnes 


IMI 


IMO 


fortereiïès,  une  appellée  Scan der ,  fîtuée  fur  le  bord  d'une 
vallée,  &  deux  fur  le  Caucafe,  nommée  Regia  &cScor- 
gia;  toutes  deux  bâties  en  des  lieux  que  la  nature  a  for- 
tifiés. Le  Phalé  paife  devant.  Le  prince  avoit ,  il  n'y  a 
pas  long-tems  ,  une  autre  forterefle  bien  plus  impor- 
tante, appellée  Cocatis  ,  du  même  nom  que  tout  le  pays 
d'alentour,  qui  eft  peut-être  celui  que  Ptolomée  appelle 
la  région  Cotatene..  Les  Turcs  en  font  à  préfent  les  maîtres. 
Le  royaume  d'Imirette  a  long-tems  tenu  fous  lui  les  Ab- 
cas ,  les  Mingreliens  &  les  peuples  de  Guriel  ,  après 
qu'ils  eurent  iecoué  le  joug  des  empereurs  de  Conftan- 
tinople,  premièrement,  &  puis  des  empereurs  deTrébi- 
fonde  ,  dont  l'hiftoire  remarque  qu'ils  le  faifoient  hon- 
neur du  titre  de  rois  du  fleuve  de  Phafe.  Ces  peuples 
fe  défunirent  le  iïécle  paffé  ;  &  depuis  leur  révolte ,  ils 
ont  toujours  fait  la  guerre  entr'eux.  Les  plus  proches  du 
Turc  ont  recherché  l'on  affiftance.  Il  les  a  d'abord  pro- 
tégés ,  &  enfin  il  les  a  tous  rendus  tributaires.  Le  tribut 
du  roi  d'Imirene  eft  de  quatre-vingt  enfans ,  filles  &  gar- 
çons ,  âgés  de  dix  à  vingt  ans.  Celui  du  prince  du  Gu- 
riel eft  de  quarante-ux  enfans  de  même  forte.  Celui  du 
prince  de  Mingrélie  eft  de  foixante  mille  braffes  de  toile 
de  lin  faite  dans  le  pays.  Les  Abcas  avoient  auffi  été 
mis  fous  le  tribut;  mais  ils  l'ont  payé  peu  de  fois  ,  & 
à  préfent  ils  ne  le  payent  point.  Le  roi  d'Imirette  ,  & 
le  prince  de  Guriel  envoient  eux-mêmes  leur  tribut  au 
Pacha  d'Akalzike.  Un  Chaoux  vient  prendre  celui  du 
prince  de  Mingrélie.  Lorsque  je  paftai  à  Akalzike ,  on 
difoit  que  les  Turcs  vouloient  fe  mettre  en  polfeffion  de 
ces  pays  ,  &  y  mettre  un  Pacha ,  ne  fâchant  point  d'au- 
tre moyen  de  remédier  aux  guerres  continuelles  qui  les 
détruifent.  Le  Turcs  ne  fe  font  pas  fouciés  auparavant 
d'en  prendre  pofleffion  ,  parce  qu'il  eft  comme  impoffible 
d'y  observer  le  Mahométisme  ,  par  la  raifon  que  ces 
pays  n'ont  rien  de  meilleur  que  le  vin  &c  le  cochon  , 
dont  la  loi  Mahométane  défend  l'ufage  ;  d'ailleurs  l'air 
y  eft  mauvais  ;  il  n'y  a  point,  ou  très-peu  de  pain  ;  le 
peuple  y  eft  épars  ,  de  façon  qu'en  quelque  lieu  qu'on 
pût  bâtir  des  fortereffes ,  chacune  ne  pourrait  contenir 
dans  le  devoir  que  fept  ou  huit  maifons.  C'eft  pourquoi 
ils  s'étoient  contentés  que  ces  provinces  leur  ferviflent 
d-e  pépinières  d'esclaves:  des  obftacles,  à-peu-près,  fem- 
blables  ,  empêchent  apparemment  les  Turcs  d'incorpo- 
rer à  leur  empire  les  vaftes  p!aines  de  Tartarie,  de  Scy- 
thie  &  les  pays  immenfes  du  mont  Caucafe.  Je  ne  dois 
pas  oublier  que  tous  ces  pays ,  qui  ne  payent  aujourd'hui 
tribut  qu'au  Turc  ,  le  payent  de  tems  en  temsà  la  Perse, 
félon  que  les  monarques  Perfans  favent  fe  faire  craindre, 
en  y  envoyant  des  armées.  Abas  le  Grand  tira  ce  tri- 
but exaftement,  &  même  fans  peine,  durant  tout  fon 
régne  ,  qui  parvint  jusqu'à  l'an  1617.  Et  ce  tribut  con- 
fiftoit  auffi  en  enfans  d'un  &  d'autre  fexe  ,  de  même  que 
la  Colchide  le  payoit  à  la  Perse ,  dans  les  premiers  âges 
du  monde  ;  chofe  fort  remarquable ,  que  dans  tous  les 
fiécles,  ces  régions  maritimes  de  la  mer  Noire  ayent 
produit  de  fibeau  fang  &  en  fi  grande  quantité.  *  Char- 
din, Voyages  ,  t.  1 ,  p.  150. 

La  Mingrélie  a  été  fous  la  domination  d'Imirette  ;  mais 
elle  s'en  eft  affranchie  par  une  révolte.  Du  tems  que 
l'auteur  cité  écrivoit,  c'étoit  le  huitième  prince  de  Min- 
grélie, depuis  la  féparation  de  ces  deux  états.  Ces  prin- 
ces s'appellent  tous  Dadian  ,  comme  qui  diroit  chef 
de.  lajuflice,  de  dad  ,  mot  Perfien  ,  qui  tignihe  j  uftice , 
d'où  la  première  race  des  rois  de  Perse  a  été  appellée 
Pich-Dadian,  c'eft-à-dire  la  première  juflice  ,  pour  nous 
marquer  que  ce  furent  les  premiers  hommes  que  les  peu- 
ples de  ce  grand  pays  établirent  pour  leur  adminiftrer 
la  juftice  ,  &  maintenir  chacun  en  la  jouiffance  de  fon 
bien.  Le  roi  d'Imirette  fe  donne  le  titre  de  Meppe  , 
c'eft-à-dire  roi,  en  Géorgien.  Le  Meppe  &  le  Dadian'fe 
difent  tous  deux  descendus  du  roi  &c  prophète  David. 
Les  anciens  rois  de  Géorgie  ,  s'en  difoient  descendus 
auffi ,  &  le  Kan  de  Géorgie ,  en  fes  titres  ,  fe  dit  de 
même  iffu  de  ce  grand  roi,  par  Salomon  fon  fils.  Le  roi 
d'Imirette ,  dans  les  lettres  qu'il  fait  expédier ,  fe  qualifie 
roi  des  rois. 

IMISIMIS  ,  ville  ancienne  d'Afrique  ,  au  royaume 
de  Maroc  ,  &  dans  la  province  particulière  de  Maroc. 
Elle  a  été  bâtie  par  les  Africains,  fur  la  pente  de  la  mon- 
tagne de  Guidimiva,  du  côté  qui  regarde  le  levant,  &C 
près  du  grand  chemin  qui  traverse  le  mont  Atlas ,  pour 


491 


aller  de  Maroc  dans  la  province  de  Jéfula.  Ce  chemin 
eft  perpétuellement  couvert  de  neiges  ,  6c  s'appelle ,  à 
caufe  de  cela ,  Barrix.  Du  côté  du  feptentrion  ,  il  y  a 
plus  d'onze  lieues  de  plaines  jusqu'à  la  ville  de  Maroc  ; 
il  y  croît  le  meilleur  bled  qui  (bit  dans  la  Barbarie,  auffi- 
bien  que  l'orge  &  le  millet  ;  le  tout  en  fi  grande  abon- 
dance ,  que  fi  le  pays  étoit  bien  cultivé ,  il  y  en  auroit 
pour  toute  la  province.  Avant  que  les  chérifs  priffent 
Maroc  ,  cette  viile  étoit  à  demi  dépeuplée  par  les  Ara- 
bes ,  quoiqu'elle  appartînt  à  Muley  Idris  ;  maintenant 
elle  eft  fort  peup.ée,  &  les  habitans  ont  été  bien  traités 
à  caufe  d'un  Mo.abite  appelle  Cidi  Canon ,  qui  en 
étoit.  *Marmol,  Afrique  ,  /.  3  ,  c.  38. 

IMITYI  ,  ancien  peuple  de  la  Sarmatie  Afiatique  , 
près  de  la  fource  d'un  fleuve  nommé  de  même  Imi- 
TYIS,  félon  Pline,  A  6  ,  c.  8. 

IMMA,  ville  de  la  Syrie,  félon  Ptolomée,  /.  5,  ci  5, 
qui  la  met  dans  la  Séleucide. 

IMMADRIS,  port  de  la  Gaule  Narbonnoife,  félon 
l'Itinéraire  d'Antonin,  c'eft-à-dire  félon  l'Itinéraire  mari- 
time ,  différent  du  grand  que  nous  citons  ordinaire- 
ment. On  y  voit  : 

A  portu  Alminis  Immadras,  Pofit.  M.  P.  XII. 

Ab  Immadris  MaJJiliam  Grxcorum.  Port.  M.  P.  xii; 

IMMEDIAT,  fiefs  immédiats  :  on  appelle  ainfî 
en  Allemagne  les  fiefs  que  la  nobleffe  ne  tient  que  de 
l'empereur  &.  de  l'empire.  La  noblefle  qui  poflede  de 
tels  fiefs ,  eft  nommée  NOBLESSE  immédiate,  parop- 
pofition  aux  fiefs  qui  relèvent  des  princes  &  états  par- 
ticuliers de  l'empire  ,  que  l'on  nomme  FIEFS  médiats; 
ce  qui  revient  au  mot  d'arriere-fefs. 

IMMERETI.  Voyez  Imirette. 

IMM1RENIENS,  ancien  peuple  d'Afie  ,  à  l'extré- 
mité de  l'Arabie ,  &  tributaire  de  la  Perse.  Théodore 
le  Lecteur,  dans  fes  Recueils  imprimés,  entre  les  au- 
teurs de  la  Bibliothèque  des  PP.  raconte  leur  convetfion. 
L'abbé  Fleuri ,  qui  cite  cet  auteur ,  la  rapporte  ainfî. 
Sous  l'empereur  Anaftafe  ,  les  Immiréniens ,  fujets  des 
Perses  ,  fe  convertirent  à  la  foi  :  ils  habitoient  à  l'extré- 
mité de  l'Arabie  ,  au  midi  ;  &  on  croit  que  c^>font  les 
mêmes  que  les  Homérites.  La  reine  de  Saba  les  avoit 
autrefois  rendu  Juifs  ;  depuis  ils  étoient  redevenus 
Payens  ;  &  alors  ils  fe  firent  Chrétiens,  tx  reçurent  un 
évêque. 

IMMITENSIS  ,  fiége  épiscopal  d'Afrique.  On  ne  fait 
dans  quelle  province.  La  Conférence  de  Carthage  fait 
mention  à'Honoratus  Immitenjis.  *  Harduin.  Colleft. 
conc. 

IMMOS,  campagne,  félon  Cédrene  ,  qui  dit  que  les 
Juifs  y  crucifièrent  un  enfant  Chrétien ,  qu'ils  avoient 
pris.  *Ortel.  Thefaur. 

IMOKILLY,  baronnie  d'Irlande  ,  dans  la  province 
de  Munfter.  C'eft  une  des  quinze  baronnies  qui  coms 
pofent  le  comté  de  Corck.  *  Etat  préfent  de  ?  Irlande, 
p.  48. 

IMOLA,  ville  d'Italie,  dans  l'état  de  l'églife,  dans 
la  Romagne,  fur  le  Santerno.  Cette  ville  eft  ancienne; 
6k  Ciceron,  /.  12  ,  Epijl.  5  ,  en  parle  dans  une  de  Ces 
Lettres.  Strabon,  /.  5 ,  p.  116,  l'appelle  popoc  Kop»'*/a„. 
Ptolomée  pipos  Kowh^/'h.  Le  poëte  Martial,  /.  i,Epigr.  4 
y  fit  quelque  féjour ,  comme  il  paroît  par  ces  vers  : 

Romam  vadt ,  liber.  Si  veneris  unde  requirct  , 

Almil'ie  dices  de  regione  via. 
Si  quibus  in  terris  ,  quâfimus  in  urbe ,  rogabic , 

Corneli,  referas  me,  licet,  ejfeforo. 

Prudence ,  dans  fon  hymne  fur  le  martyre  de  S.  Caffien* 
maître  d'école  ,  Perijlcphanon  9 ,  v.  1 ,  nous  apprend 
que  cette  ville  avoit  eu  pour  fondateur  Cornélius  Sulla: 

Sulla  forum  flatuit  Cornélius  ;   hoc  Itali  urbem  , 
Voûtant  ab  ipso  conditoris  nomine. 

Cette  ville  a  donné  la  naiflance  à  plufieurs  faints  ; 
outre  S.  Caffien  ,  qui  en  eft  le  patron ,  &  fous  l'invo- 
cation duquel  la  cathédrale  eft  dédiée  ,  S.  Pierre  Chry- 
fologue,  évêque  de  Ravenne  ,  y  naquit,  &  y  fut  élevé 
fous  la  discipline  de  S.  Corneille ,  évêque  d'Imola  :  il 
Tome  III.     Qqq  ij 


IMP 


ÏMP 


y  mourut  auffi  Fan  457  ;  Si  fon  corps  y  demeura ,  hors 
lui  bras  qui  fut  porté  à  Marseille.  *  Bailla ,  Topogr. 
<les  (àints  ,  p.  2.38. 

Vers  la  décadence  de  l'empire,  on  y  bâtit  une  cita- 
delle ,  nommée  Imola ,  nom  qui  eft  refté  à  la  ville.  Le 
diacre  Paul  Warnefrid ,  Langobard.  l.z,c.  18,  ledit 
exprelïèment,  &  la  met  entre  les  cinq  riches  villes  de 
l'Emilie.  jEmilia ,  dit-il ,  locuphtibiis  urbibus  dicora- 
iur ,  Placentiaj'cilicet,  Parmaque ,  regio  &  Bononia, 
Cnrneliique  foro  cujus cœ/lrumlM.OLA.S  appclla! ur.  Cette 
-ville  fut  ruinée'  par  Narsès  ,  mais  réparée  par  Ivon  II, 
roi  des  Lombards.  Ensuite  les  Bolonois  &  les  Manfrédi 
en  ont  été  les  maîtres  ,  comme  auffi  Galeaz  Sforce  , 
qui  la  donna  en  dot  à  Hierome  Riario  ,  (  mari  de  Ca- 
therine Sforce;  )  peu  après  elle  fut  prife  par  Céfar  Bor- 
gia ,  qui  la  fournit  au  faint  fiége  ,  qui  en  eft  demeuré  en 
poffeffion.  Cette  ville  eft  gardée  par  une  bonne  forte- 
reffe,  Si  fon  évêque  eft  fuffragant  de  B.avenne.  Imola 
eft  à  dix  milles  de  Faenza  ,  à  cinq  de  Caftellp  Bolo- 
gnèfe  ,  à  fept  du  château  Saint-  Pierre  ,  &  à  douze  de 
Boulogne.  *  Journal  d'un.  Voyage  de  France  ,  p.  773 
&S10. 

IMPERATORIA  urbs.  Voyez  Salacia. 

IMPERIALE,  ville  de  l'Amérique  méridionale,  au 
royaume  de  Chili,  à  quatre  lieues  de  la  mer  du  fud,  au 
bord  de  la  rivière  de  Cauten.  Le  P.  Douaglie,  Jéfuite, 
né  au  Chili ,  dans  la  Relation  hiftorique  ,  qu'il  a  faite  de 
fon  pays,  dit,  c.  16,  p.  183  ,  que  le  gouverneur  Pierre 
de  Valdivin,  s'étant  avancé,  l'an  1551  ,  dans  ces  quar- 
tiers ,  arriva  jusqu'à  l'agréable  rivière  de  Cauten  :  il  y 
trouva  beaucoup  de  peuplades  d'Indiens ,  Si  y  fonda  la 
ville  nommée  Impériale.  Ce  lieu  eft  un  des  plus  char- 
mans  de  tout  le  pays ,  à  trois  ou  quatre  lieues  de  la  mer, 
à  trente-neuf  de  la  Conception ,  à  cent  neuf  de  Sant- 
iago ,  à  cent  foixante  de  la  ville  de  Sirène  ,  fous  les 
.38  d.  de  latitude  fud.  Les  campagnes  aux  environs  dé 
cette  ville,  font  fertiles  en  bleds  &  tn  fruits  ;  mais  le 
raifin  noir  n'y  vient  pas  fi  bien  que  le  blanc.  Il  y  a 
abondance  de  pâturages  pour  les  troupeaux.  Ces  pâtura- 
ges ne  s'étendent  pas  continuellement  en  plaines  ;  mais 
'fouvent  ils  s'élèvent  en  des  coteaux  très-agréables,  qu'une 
abondant^  rofée  rend  très-féconds.  La  ville  eft  bâtie  fur 
une  roche  escarpée,  au  pied  de  laquelle  fe  joignent  deux 
rivières  navigables.  Il  manque  à  cette  ville  un  bon  port , 
à  caufe  de  quantité  de  bancs  de  fable  ,  dont  la  mer  eft 
remplie  en  cet  endroit. 

Le  gouverneur  trouva  en  ce  canton  quatre-vingt  mille 
habitans  Indiens,  ou  même  plus  ,  au  rapport  de  quel- 
ques auteurs  ;  tous  conviennent  que  ce  font  les  peuples 
les  plus  fociables  ,  &C  qu'ils  n'ont  pas  la  férocité  des 
Arauques.  Cette  ville  a  fon  évêque,  &t  de  riches  mines 
d'or  dans  fon  diftrift.  C'eft  la  quatrième  ville  qui  ait  été 
fondée  dans  le  royaume.  Après  la  mort  du  fondateur, 
Impériale  fut  affiégée  par  les  Indiens.  Le  P.  Douaglie  en 
rapporte  la  délivrance  miraculeufe  ,  c.  15  ,  p.  192..  Elle 
fut  pourtant  détruite  une  fois  ;  mais  on  l'a  relevée  :  fans 
ce  malheur ,  dit  l'auteur  cité  ,  ce  feroit  à  préfent  une 
grande  Si  riche  ville. 

Fréfier,  Voyages,  t.  1  ,  p.  94,  marque  que  l'évêque 
de  cette  ville ,  depuis  qu'elle  a  été  prife  par  les  Indiens, 
s'eft  retiré  à  la  Conception. 

IMPERIALES  :  on  appelle  en  Allemagne  villes  libres 
&  impériales  certaines  villes  ,  qui  ne  reconnoiffant  point 
de  fouverain  particulier  ,  font  immédiatement  foumifes 
à  l'empire  Si  à  fon  chûf ,  qui  eft  l'empereur.  Ces  villes, 
nommées  en  allemand  Rcicks  Jladte  ,  font  celles  qui , 
exemptes  de  la  jurisdiôion  du  fouverain  dans  les  états 
de  qui  elles  font  fituées  ,  ont  féance  Si  droit  de  fuffrage 
à  la  diète  de  l'empire  ,  comme  en  étant  des  états  im- 
médiats. Autrefois  les  villes  médiates  y  avoient  auffi  le 
même  droit ,  mais  elles  en  font  exclufes  ;  Se  c'eft  pour 
cela  que  Brème  Si  Hambourg  n'en  jouiffent  point. 

On  ne  convient  pas  de  l'origine  des  villes  impériales. 
Quelques-uns  prétendent  la  faire  remonter  jusqu'au  tems 
de  Charlemagne  ,  Si  que  ce  prince  fit  pofer  des  ftatues 
de  Roland  dans  toutes  les  villes  qu'il  déclara  impéria- 
les ;  mais  c'eft  une  fable  ridicule  ;  Si  on  ne  s'eft  avifé 
que  dans  le  onzième  fiécle  ,  de  donner  à  ces  ftatues  le 
nom  de  Roland.  Il  y  a  des  villes  qui  ont  de  ces  ftatues, 
Si  n'ont  jamais  été  immédiates  ;  Si  ces  figures  ne  repré- 
fontent  autre  chofe  que  la  haute  juftice,  pour  les  affaires 


criminelles  ;  c'eft  ce  que  lignifie  l'é'pee  que  porte  la  fta- 
tue  ,  Si  l'ufage  où  l'on  eft,  dans  plulieurs  villes,  de  ren- 
dre Si  d'exécuter  les  fentences  criminelles  auprès  de  ces 
ftatues.  *  Voyez  Gryphiander  de  "Weichbildis  Saxon. 
c.  1.  Knipschild  de  Jure  Civit.  Imp.  /.  1 ,  c.  iz,  n.  46. 
Conringius  de  Urb.  Germm.  §.  71.  Johan.  Frid.  Rhe- 
tius,  '6i.Jo.Henr.  Eggeling  de  Statuis  Rulandinis. 
1  II  eft  prouvé  que ,  dans  toute  la  grande  Germanie 
au-de-là  du  Rhin  ,  avant  Charlemagne  ,  il  n'y  avoit 
point  ce  que  les  Latins  appelloient  urbs  ,  c'eft-à-dire  , 
de  villes  fermées  de  murailles  ;  il  n'y  avoit  que  des 
villages,  des  bourgades,  Si  quelques  châteaux.  Ils  avoient 
bien  le  droit  de  cité,  Si  on  les  no mmoit  civitates  :  on 
y  faifoit  commerce.  Telles  étoient  Erfort ,  Magdebourg. 
&  Bardevic  ,  comme  il  paroît  par  les  capimlaires  de 
Charlemagne.  Le  concile  de  Vernon ,  tenu  i'an  755  , 
la  quatrième  année  de  Pépin,  Capit.  1.  1  ,  c.  17  , 
entr'autres  décrets  ,  ordonne  que  les  évêques  demeu- 
rent dans  des  cités ,  Si  non  à  la  campagne ,  ou  dans 
des  hameaux  ,  in  civitatibus  non  in  villulis  vel  agris. 
Ces  cités  étoient  ou  médiates,  c'eft-à-dire  ,  fituées  dans 
des  duchés  Si  dépendances  des  ducs  ;  ou  immédiates  5 
c'eft-à-dire ,  fuuées  dans  les  terres  qui  dépendoient 
immédiatement  du  fouverain;  Scelles  étoient  qualifiées 
villce  regiœ,  maifons  royales.  Les  bourgs  ou  lieux  for- 
tifiés furent  enfuite  conftruits ,  pour  la  défenfe  de  l'em- 
pire. Tels  étoient  Burgfcheydengen  ,  réfidence  des  rois 
de  Thuringe;  Sigebert  Si  Ehresberg  ,  fortereffe  des 
Saxons.  Henri  l'Oifelçur  acheva  d'établir  l'ufage  des 
villes.  Pour  réprimer  les  courses  que  les  Barbares  fai- 
foiént  dans  l'empire  ,  cet  empereur  établit  des  MAR- 
CHES, (voyez  ce  mot,)  Si  fortifia  des  villes  qui  puflent 
fervir  d'asyle,  en  cas  de  danger.  Il  ordonna  que  huit 
laboureurs  demeureroient  pour  cultiver  les  champs  ; 
que  le  neuvième  demeurerait  dans  la  ville  ,  Si  que  l'on 
y  garderait  le  tiers  des  biens  de  la  terre,  afin  q'uen 
cas  de  befoin  ,  les  villes  fuffent  pourvues  d'hommes  Si 
de  munitions  de  bouche.  Il  éleva  enfuite  plufieurs  villes 
pour  la  défense  de  l'empire.  Mifna  ,  ou  Meiffen  , 
Quedlinbourg  Si  Mersebourg font  les  principales.*  Wic- 
tikind  ,  Annal  ,  /.   1. 

Le  nombre  des  évêques  Si  des  ducs  augmentant  de 
jour  en  jour,  fit  multiplier  auffi  les  villes  ;  les  empereurs , 
qui  feuls  pouvoient  donner  les  droits  municipaux  à  une 
nouvelle  ville,  accordèrent  aux  évêques  Si  aux  ducs  les 
permiffions  d'en  bâtir.  C'eft  l'origine  de  la  diftinètion 
des  villes  en  médiates  Si  immédiates.  Dans  les  terres 
immédiates  ,  tels  qu'étoient  le  pays  du  Rhin  Si  le  pays 
Palatin,  les  villes  étoient  immédiates  Si  impériales,  au 
lieu  que  dans  les  duchés  elles  étoient  médiates.  Tant 
qu'il  n'y  eut  point  de  villes  fituées  ailleurs  que  dans  le 
pays  Palatin ,  toutes  les  villes  étoient  impériales  ;  mais 
lorsqu'il  y  eut  d'autres  villes  ,  on  vit  des  cités  Si  des 
bourgades,  dont  les  unes  furent  immédiates,  c'eft-à-dire 
exemptes  delà jurisdiêtion  des  ducs  Si  des  comtes,  Si 
que  l'on  appelloit  dominicatx  ;  Si  les  autres  étoient  mé- 
diates ,  fous  le  pouvoir  des  ducs  Si  des  comtes.  Mais  le 
pouvoir  des  ducs  Si  des  comtes  s'étant  accru  fous  les 
empereurs  Saxons  ,  il  n'y  eut  plus  d'autres  villes  immé- 
diates que  celles  qui  étoient  fituées  dans  les  terres  im- 
médiates ,  Si  qui  étoient  exemptes  de  la  jurisdiftionde 
ces  ducs  Si  de  ces  comtes. 

L'abus  que  plufieurs  ducs  Si  comtes  firent  de  leur  au- 
torité, dans  quelques  villes  puiffantes,  ayant  fouvent  caufé 
des  défordres  dans  l'empire ,  donnèrent  quelquefois  oc- 
cafion  aux  empereurs  de  fouftraire  ces  villes  à  la  juris- 
diction  de  ces  feigneurs.  Les  évêques  n'eurent  pas  d'a- 
bord la  fouveraineté  de  leurs  métropoles ,  qui  ne  recon- 
noiffoient  que  les  empereurs  Si  leurs  officiers  ;  mais  ces 
prélats  ayant  ensuite  obtenu  des  états  en  fouveraineté , 
voulurent  l'exercer  auffi  fur  leurs  métropoles  ;  de-là  tant 
de  querelles  entre  les  évêques  Si  les  villes  métropolitai- 
nes ,  Si  qui  ont  été  différemment  terminées  ;  les  unes , 
comme  Cologne  ,  Lubec ,  "Wormes  ,  Spire  ,  Augs- 
bourg  ,  ont  conservé  leur  liberté  ;  d'autres  ,  comme 
Munfter ,  Osnabrug ,  Trêves ,  ont  été  obligées  de  re- 
connoître  la  jurisdiétion  de  leurs  évêques  pour  le  tem- 
porel. 

Il  faut  ajouter  à  cela  les  ligues  auxquelles  ont  donné 
occafion  les  interrégnes  ,  les  troubles,  Si  la  méfintelli- 
gence  des  états  de  l'empire.  La  première  de  ces  ligues 


IMP  ^ 

eft  celle  du  R.hin.  Les  villes  du  Rhin  n'ayant  point  d'em- 
pereur qui  les  défendît,  s'afibcierent,  fe  choifirent  un 
capitaine  ,  fupprimerent  les  impôts  qu'on  avoit  mis  & 
augmentés  fur  le  Rhin  ,  engagèrent  les  princes  voifins  &T. 
les  comtes  à  entrer  dans  leur  lbciété  ,  &  établirent  dans 
leur  reffort  une  tranquilité  ,  dont  on  n'avoit  point  eu 
d'exemple  ;  Mayence  ,  Wormes  ,  Spire  ,  Francfort  , 
Bing  &  Oppenheim  commencèrent.  Leur  accord  s'é- 
tant  fait  en  1254,  plufieurs  autres  villes  ,  qui  n'étoient 
pas  toutes  impériales,  y  accédèrent  au  nombre  de  foi- 
xante.  En  vain  les  princes  trouvèrent  qu'il  ne  conve- 
noit  pas  à  des  marchands  d'avoir  la  lupériorité  doma- 
niale fur  la  noblefié ,  il  fallut  en  parler  par-là  ;  &  cette 
confédération  dura  au  moins  neuf  ans.  *Trizkem.  Chron. 
Hirsaug.  &  Sponh.  ad  ann.  I2$4- 

Uneautre  ligue  eft  la  Hanse  ieutonique,  dont  je  parle 
au  mot  Hanse. 

La  troifiéme  eft  la  confédération  de  Suabe.  Elle  fe 
forma  à  l'occafion  de  la  paix  ,  que  l'empereur  Frédé- 
ric III  conclut  à  Francfort  ,  l'an  i486.  Le  cercle  de 
Suabe  fe  ligua  pour  la  maintenir;  quelques  princes  & 
des  villes  voifines  fouscrivirent  à  cette  aifociation ,  qui 
dura  jusqu'à  Charles  V,  qui,  ne  s'accomrnodant  pas  de 
ces  aflbciations,  détruifit  celle-là,  la  Hanse  Teutonique  & 
quelques  autres.  *Gcrarda  Roo,  Ann.  Auftr.  /.  10, p.  504. 
Ces  ligues  furent- caufe  que  des  villes  fe  voyant  ap- 
puyées par  cette  alliance  ,  en  profitèrent  au  préjudice 
de  leurs  fouverains ,  de  l'autorité  desquels  elles  s'affran- 
chirent ,  &C  devinrent  indépendantes.  Quoiqu'avec  le 
tems  la  plupart  ayent  été  contraints  de  rentrer  dans  le 
devoir,  à  mefure  que  le  pouvoir  des  princes  croifloit. 
Il  s'en  trouve  néanmoins  qui  ont  tenu  tête  aux  princes 
qui  vouloient  les  réduire  ,  &  qui  ont  conservé  ,  mal- 
gré eux,  leur  liberté.  D'autres  ont  trouvé  le  moyen  de 
fe  maintenir  dans  lapoileffion  deplufieurs  grands  privilè- 
ges. Telles  font  les  villes  de  Brunswig ,  Roftqck,  'SVis- 
mar ,  Strahlsunde  ,  Osnabrug  &:  Herford. 

Une  autre'raifon  eft  l'extin&ion  des  familles  illuftres. 
Par  exemple,  la  Suabe  ayant  perdu  Conradin,  fondue, 
fut  dévolue  à  l'empire  ,  à  quoi  contribua  le  fatal  inter- 
régne. Les  villes  de  ce  duché  furent  foumifes  immédia- 
tement à  l'empire.  La  ville  môme  d'Uberlingen  ,  qui 
étoit  la  réfidence  des  ducs  ,  eut  le  même  fort.  Ce  du- 
ché tomba  dans  une  fi  grande  décadence  ,  que  même 
encore  aujourd'hui  la  maifon  d'Autriche  n'y  poffede  que 
quelques  comtés  &  feigneuries  à  titre  de  prince.  Il  en  eft 
de  même  de  la  ville  de  Buchorn ,  qui  après  la  mort  de 
fes  comtes  particuliers,  vint  aux  comtes  d'Altdorf  &  de 
Ravensbourg,  &  qui,  après  l'extinttion  de  cette  famille, 
fut  dévolue  à  l'empire.  C'eft  aufii  par-là  que  le  dernier 
comte  de  Kaufbeuren  ayant  été  tué  par  un  mari ,  dont 
il  débauchoit  la  femme  ,  cette  ville  devint  impériale. 

Il  eft  arrivé  que,  durant  les  guerres  civiles,  des  villes 
fe  font  attachées  au  parti  de  l'empereur,  qui,  pour  les 
en  récompenser,  les  a  honorées  des  privilèges  des  vil- 
les impériales  (a).  C'eft  par  cette  politique  que  Henri  IV" 
&  Henri  V,  Frédéric  I  fk  Frédéric  II  fe  rendirent  puis- 
fans.  Lubec  (b)  fut  redevable  de  fa  liberté  à  la  proscrip- 
tion de  Henri  le  Lion.  11  fe  trouva  aufii  des  villes,  qui 
étant  extrêmement  riches  ,  &  voyant  leurs  fouverains 
dans  d'extrêmes  befoins  ,  ou  portés  d'inclination  pour 
elles,  ont  racheté  leur  liberté.  C'eft  ce  qu'a  fait  la  ville 
de  Lindau ,  qui  s'eft  ainiï  dégagée  des  comtes  de  Bré- 
gents  (c).  Ulme  en  a  ufé  de  même  envers  l'abbaye  de 
Reichenaw  ,  à  laquelle  elle  a  payé  fa  liberté  ,  moyen- 
nant quoi  ,  Louis  de  Bavière  la  déclara  ville  impé- 
riale. Les  moines  ont  tâché  en  vain  de  fe  refiaifir  de 
leur  ancien  droit  ;  Charles  IV  &  Fridéric  III  ont  con- 
firmé (=!)  à  LHme  l'indépendance  qu'elle  avoit  ac- 
quife.  *(a)  Lehman.  1.  4  ,  c.  3  &  4;  &  Conrigius  de 
Urb.  German.  §.  119.  (b)  Chronic.  Schauenb.  apud 
Meibom.  t.  \,p.  501.  (c)  Ttnt^elius,  Vindic.  Lindav. 
p.  380.  (d)  Xeylet,  Chronic.  Suev.  p.  397;  thcKnips- 
child,  1.  3  ,  c.  <J4. 

Ces  villes  impériales  ont  été  Sujettes  à  diverses  révo- 
lutions. Il  y  a  eu  des  villes  qui  ,  quoique  impériales, 
ont  été  forcées  de  fe  foumettre  à  leurs  évêques  ;  d'au- 
tres ont  été  engagées  par  les  empereurs.  Ainfi  Louis  de 
Bavière  engagea  Ta  ville  d'Egre  ,  qui  étoit  impériale  ,  à 
Jean,  roi  de  Bohême,  pour  vingt  mille  marcs  d'ar- 
gent ;  Rhinfeld  6c  d'autres  villes ,   à  Otton  d' Autriche. 


IN  A 


49  3 


Henri  vil  engagea  Boppart  à  fon  frère  Baudouin,  cv 
que  de  Trêves.  La  plupart  des  villes  impériales  ont  ob- 
tenu le  privilège  de  ne  pouvoir  être  engagées.  *GodafJl± 
deRegno  Bohemiae  ,  1.  1,  c.  17.  Gérard  a  Roo,  Ann<, 
Auftr.  /..3,./,.  89. 

Plufieurs  i!e  ces  villes  s'étant  trouvées  plus  foibles  que 
les  princes  contre  lesquels  elles  étoient  en  guerre,  font 
reftées  fous  la  domination  des  vainqueurs  :  telles  font 
Alteubourg  ,  Chemnitz,  Zuickau  ,  autrefois  villes  im- 
périales ,  fk  fubjuguées  rîar  Frédéric  margrave  deMisniei 
Confiance  ayant  refufé  de  recevoir  Xinurim ,  a  été' 
rtiîfe  au  banc  de  l'empire  par  Charles-Quint ,  &:  forcée 
de  fe  foumettre. 

D'auiïes^  villes  impériales  ont  été  absolument  perdues 
pour  l'empire  ;  Bafle  ,  Berne ,  Zuric  ,  jadis  villes  im- 
périales ,  (ont  préfentement  du  corps  de  la  république 
des  Suifles  :  Metz ,  Toul  &  Verdun,  par  la  paix  de  Mu'ns^ 
ter  ;  &  Strasbourg  par  la  paix  deB-yswyck,  ont  été  cé- 
dées à  la  France. 

On  partage  préfentement  les  villes  impériales  d'Alle- 
magne en  deux  bancs ,  desquels  ont  peut  voir  le  détail 
au  mot  Allemagne.  Ceux  qui  veulent  voir  cette  ma- 
tière plus  amplement  traitée,  peuvent  consulter  la  vingt- 
unième  Bifîèrtation  de  Struwe  ;  Burchard  Gottheljîi 
Struv'ù;  Syntagma  juris  publici ,  1/1-4°  1  Jenae  171 1. 

IMPHES,  'Ifiçùs,  peuple  voifin  des  Perrhebes ,  fé- 
lon Etienne  le  Géographe  ,  qui  cite  Hecarée. 

IMUNCINA,  (V)  rivière  de  l'Amérique  méridio- 
nale ,  dant  le  Paraguay  ,  aux  confins  du  Bréfil.  Elle  fe 
jette  dans  le  fleuve  de  Parana,  &  vient  du  côté  du  fud. 
Des  Portugais  qui  la  remontèrent  pendant  huit  jours, 
ne  firent  que  des  demi-journées  de  chemin  ,  &  arrivè- 
rent vers  la  ville  de  Xeres  ;  De  rifle  ne  marque  point 
cette  rivière  dans  fa  Carte  du  Bréfil ,  mais  bien  fur  fa 
nouvelle  Carte  de  l'Amérique.' *  Lettres  édifiantes,  t.  12, 
P-  35- 

1MYRA  ,  ville  de  laPhœnicie ,  félon  Etienne  le  Géo- 
graphe. Voyez  SlMYRA. 

i.IN:  quelques-uns  nomment  ainfi  en  françois  FAlN^ 
rivière  de  la  Franche-Comté.  Voyez  Ain. 

2.  IN,  ville  delaChine,  dans  la  province  deKiangnan, 
au  département  de  Hoeichen,  quatrième  métropole  de  la 
province.  Elle  eft  de  16'  plus  orientale  que  Pékin,  par 
les  30  d.  30'  de  latitude.  *  Atlas  Sinenjts. 

1.  INA,  ancienne  ville  de  Sicile,  dans  fa  partie  mé- 
ridionale. Ptolomée,  /.  3  ,  c.  4,  la  nomme  entre  Elo- 
rus  &  Elcethium. 

2.  INA,  ancienne  ville  d'Afie  ,  dans  la  Céléfyrie, 
félon  le  même  ,  /.  5  ,  c:  1 5 ,  qui  la  met  à  l'orient  de  Da- 
mas &  au  nord  à'Abida. 

3.  INA.  Corneille,  qui  ne  connoît  que  cette  trbificme 
Ina ,  la  met  dans  l'Italie ,  &  dit  qu'on  la  nommoit  aufii 
IxiAS.  Voyez  ce  mot. 

INABA.  Baudrand  nomme  ainfi  un  royaume  du  Ja- 
pon. Ka:mpfer  l'appelle Imab a  ,  &  en  fait  la  quatrième 
province  de  la  grande  contrée  de  Sanindo.  On  la  nomme 
aufii  Insju. 

INACCESSIBLE,  furnom  d'une  montagne  de  Dau- 
phiné.  Voyez  Montagne  inaccessible. 

INACHIA  ,  l'un  des  anciens  noms  que  l'on  a  donnés 
à  la  Morée.  Il  vient  d'Inachus  ,  fondateur  du  royaume 
d'Argos  ,  le  plus  ancien  royaume  connu  de  la  vieille 
Grèce.  On  croit  que  cet  Inachus  étoit  contemporain  du 
patriarche  Ifaac,  &  Phénicien  de  nation.  Dans  l'anti- 
quité la  plus  reculée,  on  voit  que  les  Phéniciens  étoient 
habiles  dans  la  navigation  ,  &  qu'ils  étoient  allez  hardis 
pour  aller  par  mer  en  des  pays  éloignés.  Leur  nom  fe 
tire  de  l'hébreu  pjy,  &on  les  appella  pjy  >J3,  Bene- 
Anac,  c'eft-à-dire  les  fils  d'Anac  ,  comme  le  prouve 
amplement  le  favant  Bochart.  Il  n'eft  pas  étonnant  que 
ceux  qui  s'établirent  dans  le  Péloponnèlè ,  ayent  été  de 
ces  fils  d'Anac ,  ou  du  moins  commandés  par  quelqu'un 
de  cette  famille;  de  forte  que  les  premiers  colons  ayent 
été  appelles  >pjj?  Anachi  ,  dont  les  Grecs  auront  fait 
le  nom  d' 'Inachus;  de- là  vient  auffi  le  nom  /ft.«4  (, 
Anacles  ,  commun  aux  dieux  &  aux  rois,  parce  que  les 
premiers  rois  de  la  famille  d'Anac  furent  mis  au  nombre 
des  dieux,  &c  que  les  rois poftérieurs  fe  difoient  descen- 
dus d'eux. 

INACHIUM,  furnom  d'une  ville  d'ARGOS  ,  qui 
étoit  aufii  furnommée  DiPSlUM.  Voyez  Argos.  i. 


1NA 


494- 

INACHO  ,  rivière  de  Grèce,  dans  la  baffe  Albanie: 
elle  a  fa  fource  aux  montagnes  qui  bornent  l'Alradine 
au  nord  ;  &  coulant  par  Antiioca  ,  elle  fe  jette  dans  le 
golfe  de  PArta,  au  midi  de  la  partie  orientale  de  ce 
golfe.  Voyez  l'article  ÏNACHUS  2. 

INACHORIUM,  ancienne  ville  de  l'ifle  de  Crète, 
dans  la  partie  occidentale,  félon  Ptolomée,  A3,  c.  17. 

1.  INACHUS,  rivière  du  Péloponnèfe,  au  royaume 
d'Argos,  félon  Pomponius  Mêla,  A  2,  c.  3  ;  &  Pline, 
A4,  c.  5  ;  Se  Strabon  ,  l.  S  ,  p.,1"0.  Il  en  arrofeit  Ar- 
gos  la  capitale  ,■  comme  nous  l'avons  remarqué  dans  l'ar- 
ticle d'ARGOS  1.  Strabon  en  marque  ainfi  le  cours.  Cette 
rivière,  dit-il,  coule  dans  plulieurs  vallons,  &  a  fafource 
près  du  mont  Lurcius ,  qui  eft  voifin  de  Cynuria,  dans 
l'Arcadie.  C'eft  ce  que  lignifie  le  grec  de  Strabon,  que 
Xylander  a  mal  rendu  par  ces  mots.  In  Lyrico  apud 
Cynuriam  Arca.Ha  rrionum.  Il  falloit  dire  :  in  Lurcio 
apud  Cynurium  ,  monte  Arcadia..  Lyrcius  ou  Lurcius , 
eft  le  nom  de  la  montagne  ,  &  Cynuria  celui  d'un 
village  voifin.  On  croit  que  fon  nom  moderne  eft 
PiLANIZZA. 

Mais  Ortélius,  après  avoir  rapporté  le  fentiment  de 
ceux  qui  difent  que  c'eft  aujourd  hui  Planitza  ,  ajoute  : 
il  eft  furprenant  que  cette  rivière  ,  qui  n'eft  plus  depuis 
Iong-tems ,  ait  pourtant  un  nom  ;  car  enfin  les  anciens 
aflùrent  qu'elle  étoit  defièchée  de  leur'tems.  Lucien  dit 
dans  le  Dialogue  intitulé  Charon  ,  ou  le  Comterr.plateur, 
t.  1  ,  p.  190.  Les  villes  ont  leur  deftin  aufli-bien  que 
les  hommes  ,  6k,  ce  qui  eft  de  plus  étrange  ,  les  fleuves 
même ,  comme  celui  d'Inachus ,  dont  on  ne  voit  pas 
feulement  les  veftiges  dans  Argos.  ^Apollodore  ,  A  2, 
dit  queNeptume  le' mit  à  fec.  De  l'ifle  ,  qui  a  bien  fenti 
cette  difficulté  ,  a  accotdé  ,  dans  fes  deux  Cartes  de  la 
Grèce  ancienne  6k  de  la  moderne  ,  les  remarques  des 
anciens ,  avec  l'état  préfent  de  cette  rivière  ;  car  il  fait 
couler  à  Argos  deux  rivières  réunies,  dans  un  même  lit, 
au-deffiis  de  cette  ville  ;  l'une  qui  vient  du  nord  ,  auprès 
de  Cléone  ,  &  qui  coule  vers  le  midi  ;  ck  l'autre  qui 
vient  des  montagnes  ,  qui  font  à  l'occident  de  l'Argie 
vers  l'Arcadie,  ck  coule  vers  l'orient ,  où  elle  trouve 
l'autre  rivière  qui  vient  du  nord  ,  6k  à  laquelle  elle  fe 
joint  au-delfus  d'Argos.  C'eft  cette  rivière  qui  vient  du 
couchant,  que  les  anciens  ont  nommée  Inachus,  la  même 
qui  eft  deflechée  ,  félon  Lucien  ck  Apollodore  ,  cités 
ci-deffus.  Ainfion  ne  la  trouve  point  dans  la  Grèce  mo- 
derne de  De  l'ifle,  qui  n'y  marque  que  celle  qui  vient 
du  feptentrion  ;  ck  c'eft  celle  qu'il  nomme  Planizza. 

2.  INACHUS,  rivière  d'Epire,  dans  l'Amphilochie. 
Les  Argiens  du  Péloponnèle ,  s'étant  établis  en  cet  en- 
droit, y  bâtirent  une  nouvelle  ville  d'Argos  ,  &  donnè- 
rent le  nom  .d'Inachus  à  la  rivière  qui  l'arrofoit.  Voyez 
Inacho. 

3.  INACHUS,  rivière  de  Grèce  ,  dans  la  Béotie, 
auprès  de  la  ville  d'Eléone.  Plutarque ,  Qucejl.  Grcec.  dit 
qu'on  l'aprjella  ensuite  Scamandre. 

4.  INACHUS  ,  rivière  de  Theflalie  ,  félon  Vibius 
Sequefter,  de  Flumin.  Inachus  Thejfalia.  Ovide,  Meta- 
morphof.  1.  L,  met  auffi  une  rivière  de  ce  nom  ,  dans  la 
Theflalie.  C'eft  lorsqu'il  patle  de  la  malheureufe  Io  , 
deshonorée  par  Jupiter  ,  ck  fille  du  fleuve  Inachus. 

INAGUA  ,  ifle  d'Amérique  ,  au  nord  de  Saint-Do- 
mingue. Voyez  Ykagua. 

INALIjE.  Voyez  Sciathus. 

INALPINI,  nom  latin  que  l'on  donnoit  aux  peuples 
qui  demeuroient  entre  les  montagnes  des  Alpes. 

1NAPHA,  ancienne  ville  de  l'Arabie  heureufe,  dans 
les  terres  ,  félon  Ptolomée ,  /.  6  ,  c.  7. 

INARIA CIUM,  nom  d'une  des  bouches  du  Danube, 
félon  Ptolomée,  A3,  c.  10.  C'eft  la  même  que  d'autres 
auteurs  ont  appellée  NARACUSTOMA. 

INARIME  ,  nom  latin  de  l'ifle  d'IsCHiA  :  cette  ifle 
avoit  plufieurs  noms ,  ck  étoit  fituée  vis-à-vis  de  Cu- 
mes ,  dans  le  golfe.  Pline,  A3,  c.6,  dit:  elle  eft  pom- 
mée jEnaria,  parce  que  les  vaiffeaux  d'Enée  y  furent 
à  l'ancre  ;  Homère  l'appelle  Inarime  ,  &  les  Grecs 
Pithecusa.  Mais  Mêla,  c.  7,  diftingue  JEnaria,  de 
Pithecufa.  Tite-Live ,  A  8 ,  c.  22  ,  les  regarde  auffi  pour 
deux  ifles  différentes  ;  mais  Appien,  Civil.  I.  s,  p.  1 1  30, 
edit.  Toll.  parle  comme  Pline.  Libon,  dit-il,  aborda  à 
l'ifle  de*  Pithecufes,  qui  eft  préfenttment  JEnaria.  Stra- 
bon ,  A  5  ,  p.  148  ,  nomme  Pithecufes ,  ifle  qu'Augufte 


INC 


donna  aux  Napolitains ,  en  échange  de  celle  de  Caprée  ; 
&.  Suétone ,  c.  92  ,  in  Augttft.  dit  que  ce  fut  jEnaria. 
Joignez  à  cela  ,  félon  la  remarque  de  Cellarius ,  Geogr. 
an:.  La,  c.  10,  p.  951  ,  que  Strabon  ck  Ptolomée  qui 
nomment  Pithecujie  ,  ne  font  mention  ni  d'JEmaria  , 
ni  £  Inarime.  Au  contraire  l'Itinéraire  d'Antonin  ,  qui 
met  JEnaria  ,  entre  l'Italie  ck  la  Sicile,  à  45  ftades  de 
Cumes,  ne  connoît  point  Pithécufes. 

Il  n'eft  pas  vrai  ,  quoique  Pline  le  dife  ,  qu'Ho- 
mère ait  nommé  cette  ifle  Inarim.  Il  dit  feulement  au 
fécond  livre  de  l'Iliade ,  v.  290. 

Ei'y  Aet'fuis,  in  Arimis. 

Voyez  l'article  Arima  2.  Les  Latins  ont  t  ansporté  la 
fable  de  Tipnoée  ,  que  les  Grecs  avoient  placée  en 
Afie ,  ck  en  ont  gratifié  cette  ifle,  à  laque'.ie  ils  ont  fait 
un  nom  qui  refïemble  un  peu  à  celui  des  montagnes  de 
Syrie  oucieSilie.  Outre  les  vers  de  Virgile,  rapportés  au 
mot  ARIMA  ,  on  a  ce  même  nom  d'Inari  ne  dans  Ovide, 
qui  dit  au  quatorzième  livre  des  Métamorphofes,  v.  88  : 

Orbataque  prœfide  pinus , 
Inarimen  Prockytcnque  legit ,  JlerUique  locatas 
Colle  Pythtcufas ,    habitantum  nomine  dictas. 

Silius  Italicus  ,  1.8,  v.  541 ,  dit  : 

Non  Prochyte ,   non  ardente.n  fortiea  Tiphxa, 
Inarime. 

Les  vers  cités  d'Ovide ,  femblent  dire  que  l'ifle  de  Py- 
théeufes ,  étoit  ainfi  nommée  ,  parce  qu'elle  étoit  peu- 
plée de  linges,  nifatus  veut  dire  un  finge  dans  la  lan- 
gue gréque.  Pline  dit  qu'elle  ne  tire  point  fon  nom  de 
cet  animal  ,  mais  des  boutiques  où  l'on  faifoit  des  pots 
de  terre  à-garder  le  vin.  Piine  a  été  favamment  réfuté 
par  Saumaife.  Il  y  en  a,  dit -il ,  qui  écrivent,  enaria, 
qu'ils  dérivent  d'enarii  ;  mot,  qui  félon  lui,  fignifie  des 
finges  ;  car  enaris  veut  dire  fans  narines,  6k  le  finge 
n'eft  appelle  en  latin  Jlmius ,  qu'à  caule  qu'il  eft  camus, 
fin. us.  Enaris  fe  peut  dire  comme  ecaudis  ,  elinguis , 
qui  n'a  point  de  queue ,  qui  eft  fans  langue.  Le  nom 
d! 'JEnaria,  feroit  JEnearia  ,  s'il  étoit  dérivé  d'Enée; 
ckficeluidePithécufa  venoit  de&ï  $f  miuv  ,  de  ces  pots 
de  terre,  on  diroit  riiôxaia  plutôt  que  rii9»x3ara,  qui  eft 
pour  n(0i,>u)'W«.  Bochart  ,  qui  eft  du  même  fentiment 
que  Saumaife  ,  fe  fert  des  mêmes  preuves  pour  le  foute- 
nir ,  &  allègue  les  mêmes  difficultés ,  à  quoi  il  ajoute 
des  étymologies  tirées  de  l'hébreu  &  du  phénicien.  Je 
renvoie  à  fon  livre  ceux  qui  feront  curieux  de  les  lire. 
*Plini  Exercit.  in  Solin,  p.  68.  _ 

INCARUS  :  l'Itinéraire  maritime  d'Antonin  marque 
ce  lieu  comme  étant  de  la  Gaule  Narbonnoife  dans  cette 
pofition, 

A  Majjl'ia  Grœcorum  Incarum ,  polit.  M.  P.  XII. 

Ab  Inca-o  Dilim  ,  pofit.  M.  P.  VIII. 

A  Dili  FoJJ'as  Marianas  ,   port.  M.  P.  XX. 

On  voit  que  ce  n'étoit  pas  un  port  comme  Marseille , 
&  Fojfœ  Mariants ,  que  l'Itinéraire  appelle  ports  ,  port , 
mais  limplement  pojïtio  ,  un  lieu  où  l'on  pouvoit  met- 
tre pied  à  terre ,  &  mouiller  pour  prendre  des  rafraî- 
chiffemens ,  le  nom  ck  la  diftance  avertiffent  que  c'eft 
préfentement  le  port  de  Carri.  Le  même  Itinéraire  des 
éditions  des  Aides  &  des  Juntes  porte ,  in  Caro  .pour  in 
Cwum. 

INCASSAN ,  petite  contrée  d'Afrique  ,  dans  la  Gui- 
née ,  fur  la  Côte  d'or.  Il  faut  diftinguer  le  grand  rk  le 
petit  Incaflan. 

Le  grand  INCASSAN  ,  dans  l'intérieur  des  terres, 
a  le  petit  IncafTan  au  nord,  le  "Wanqui  au  levant,  l'Egvira 
au  midi ,  ck  Rio  Suero  de  Cofta  au  couchant.  Le  petit 
Incajfan  eft  au  feptentrion  du  grand.  L'un  ck  l'autre 
font  peu  connus  des  Européens. 

INCHADES.  Voyez  Westernes. 

INCHlQUIN  ,  baronnie  d'Irlande ,  dans  la  province 
de  Connaught.  C'eft  une  de  celles  qui  compofent  le  comté 
de  Thomond.  *Etat préfent  de  la  Gr.  Bret.  t.  3. 

INCIBILI ,  ancienne  ville  d'Espagne  ,  félon  Tite- 


IND 


IND 


Live  ,  /.  23  ,  la  même  ,  fans  cloute  ,  que  YIndibilt  de 
Frontin,  &  YInlibili  d'Antonin.  Voyez  Indibili. 

INCILIENSES.  Ortélius ,  trouvant  ce  mot  dans  la 
troifiéme  Oraifon  de  Ciceron  contre  Verres ,  doute  fi 
le  paflage  n'èft  point  corrompu  ;  il  remarque  qu'on  lit 
ailleurs  Icilienses ,  &  que  ce  nom  ne  fe  trouve  en  au- 
cun autre  endroit  ;  &  il  ajoute,  qu'à  la  marge,  defon 
manuscrit,  ilyavoit  Gelenfium,  au  lieu  SIn.cilien.fium. 
Il  avoit  foupçonné  ailleurs ,  que  le  nom  Icilienses  étoit 
une  faute  pour  Sicilienses. 

INCITARIA  ,  port  de  mer  d'Italie  ,  fur  la  côte  de 
Toscane ,  félon  l'Itinéraire  maritime  d'Antonin.  Mais  ce 
nom  eft  diversement  écrit.  L'édition  des  Juntes  met  : 

A  portu  Herculis  in  Citaria  portus,  M.  P.  IX. 
Ab  Incitarid  Domitianâ  ,  poiitio ,   M.  P.  III. 


Celle  de  Surita  lit  : 

A  porlu  Herculis  in  Cetarias  Dom.itia.nas,  pofitio, 

M.   p.   III. 
A  Dominants  Almina  fiuvius  ,  &c. 

Mais  cet  auteur  n'a  pas  vu  qu'il  brouilloit  tout ,  en  ôtant 
ce  pofte ,  puisque  la  diftance  de  trois  mille  pas  ne  fuffit 
point  pour  faire  le  tour  de  Monte-Argentaro  par  mer. 
De  l'Ifle ,  Région.  Ital.  mediar.  Tab.  a  très-bien  placé 
le  port  Incitaria  ,  dans  la  partie  occidentale  de  cette 
presqu'ifle. 

INCLICA.  Gesner  ,  de  Gruib.  qui  cite  Euftathe  , 
nomme  ainfi  un  pays  de  Pygmées ,  vis-à-vis  de  Thule. 
Il  eft  certain  que  les  peuples  des  pays  très-froids ,  dans 
le  nord,  font  courts  &  trapus ,  comme  on  le  peut  voir 
dans  les  Lapons  ,  &c  autres  peuples  de  ce  climat. 

INCULLSMA  ,  nom  latin  <YAngoulême. 

INCUNINGUM  ,  contrée  d'Angleterre  ,  dans  le 
Northumberlan-d ,  félon  Bede,  Hijl.  Ecclef.  1;  5',  c.  13  , 
cité  par  Ortélius. 

INGURSACES  ,  peuples  voifins  du  Danube,  félon 
Sidonius  ,  l.  8 ,  ad  Trigetium  ,  cité  par  Ortélius  , 
TheCaur. 

IND  A  ,  ville  de  l'Inde,  en-deçà  du  Gange,  *I«r» , 
félon  Ptolomée,  /.  7,  c.  1. 

INDABARA  ,  autre  ville  de  l'Inde,  en -deçà  du 
Gange ,  au  pays  des  Caspyréens ,  félon  le  même. 

1.  INDAL,  rivière  de  Suéde.  Elle  a  fa  fource  dans 
les  montagnes  de  la  Norwége  ,  aux  confins  de  ce 
royaume  ,  d'où  prenant  fon  cours  vers  le  fud-eft  ,  elle 
paffe  à  Undersager ,  dans  l'Iempterland,  &c  forme  dans 
cette  province  un  grand  lac  ,  d'où  elle  fort  par  deux 
bras  qui  fe  réuniffent  auprès  de  Reffund.  De-là  elle  en- 
tre dans  la  Médelpadie  ,  où  elle  s'élargit  beaucoup,  ar- 
rofe  Fors,  g.  Lydh  &  Indal ,  g.  &  iè  perd  dans  le  golfe 
de  Bothnie,  entre  Hafio  au  nord,  &£  Anas  au  fud.  *  Ro- 
bert de  Vaugondy ,  Atlas. 

1.  INDAL  ,  bourg  de  Suéde,  dans  la  Médelpadie, 
fur  la  rive  gaucTie  de  la  rivière,  nommée  auffi  Indal. 
?  Robert  de  Vaugondy  ,  Atlas. 

INDAPRAT^E  ,  peuple  de  l'Inde,  en-deçà  du  Gange, 
félon  Ptolomée,  /.  7,  c.  2.  Ils  étoient  voifins  des  Ami- 
naches  &  des  Ibéringes. 

INDARA  ,  ville  de  laSicanie  ,  félon  Etienne  le  Géo- 
graphe ,  qui  cite  Théopompe. 

1.  INDE  ou  Saint -CoRNELis  d'Inde.  Voyez 
Saint-Cornelis  d'Inde. 

2.  INDE  ;  (l')  ce  nom  a  été  donné  à  divers  pays 
très-difterens ,  tant  par  leur  polition  que  par  leur  éten- 
due. Il  eft  donc  néceffaire  de  bien  diftinguer  les  fignifi- 
cations  qu'il  a  eu ,  afin  de  ne  s'en  point  faire  une  iauffe 
idée., 

On  le  donna  d'abord  au  pays  fitué  aux  environs  du 
grand  fleuve  Indus  ,  en  Afie  ik  c'eft  la  feule  Inde  ;  pro- 
prement dite. 

On  y  ajouta  ensuite  la  presqu'ifle,  qui  eft  au  midi  de 
l'Indouflan,  &.  on  étendit  l'Inde  jusques  bien  au-delà 
du  Gange.  De-là  vint  la  divifion  de  Y  Inde  en- deçà  le 
Gange ,  &  ['Inde  au-delà.  Bornons-nous  d'abord  à  cette 
notion  de  l'Inde  ,  prife  aux  environs  de  l'Indus  <k  du 
Gange.  Nous  viendrons  ensuite  aux  autres  pays  ,  aux- 
quels on  a  donné  le  même  nom,  pour  quelque  reffem- 
blance  ,  ou  par  un  ufage  abufif ,  fondé  fur  quelque  erreur. 


49  ; 


De  l'Inde  proprement  dite. 


L'Inde  proprement  dite  a  été  divifée  par  les  anciens  en 
Inde  citérieure,  ou  en-deça  le  Gange  ;  India 

intrà  Gangan;  S?  ÏNDE  ULTÉRIEURE  ,  ou  AU-DELA 
DU  GANGE.  India  extra  Gangem. 

1.  L'Inde  en-deça  le  Gange  ,  Kenàj  r^yy* 
Infini ,  félon  Ptolomée ,  avoit  pour  bornes  au  couchant 
les  Paropamifades ,  l'Arachofie  &  la  Gédrofie  ;  au  nord, 
le  mont  Imaùs  ;  à  l'orient,  le  Gange  ;  ck  au  midi,  l'Océan. 
Ainfi  elle  renfermoit  toute  la  grande  presqu'ifle  ,  qui 
eft  en-deçà  du  Gange. 

Pline,  1.6  ,  c.  17  ,  au  contraire,  borne  l'Inde  à  l'oc- 
cident par  l'Indus.  Arrien  ,  /.  5,  c.  4,  a  fuivi  le  même 
fyftême ,  quand  il  a  dit  qu'Alexandre  paffant  le  fleuve 
Indus  ,  entra  dans  le  pays  des  Indiens.  Mais  il  ne  faut 
pas  prendre  les  paroles  de  ces  deux  auteurs  à  la  rigueur. 
Pline  lui-même  dit,  /.  6,  c.  20:  la  plupart  ne  fa  ter- 
minent pas  précisément  par  le  fleuve  Indus  à  l'occi- 
dent ;  mais  ils  y  ajoutent  quatre  fatrapies  ,  favoir  la 
Gédrofie  ,  l'Arachofie ,  l'Arie ,  &  le  Paropamife  ,  jus- 
qu'au fleuve  Cophes  ,  qui  eft  la  dernière  borne  ;  d'au- 
tres prétendent  que  tout  cela  appartient  aux  Arriens. 
La  plupart  attribuent  auffi  à  FÏnde  la  ville  de  Nife, 
le  mont  Merus  dédié  au  dieu  Bacchus  ,  &  le  peuple 
Afiacani.  Ce  que  Pline  dit  des  quatre  fatrapies,  donne 
une  trop  vafte  étendue  à  l'Inde.  Ce  qu'il  ajoute  de 
la  ville  de  Nife ,  du  mont  Merus ,  &  du  peuple  As- 
tacani ,  y  convient  mieux  ,  &  lui  eft  attribué  par  ceux 
qui  ont  écrit  l'hiftoire  d'Alexandre  ,  comme  le  remar- 
que  Cellarius  ,  Geogr.  ant.  1.   3  ,  c.  23  ,  p.  856. 

Denis  le  Periégete  ,  v.  1088  ,  dit  que  les  Scythes 
méridionaux  habitent  jufqu'au  fleuve  Indus.  Ce  font 
les  mêmes  Scythes  qu'Euftathe  appelle  Indofcythes , 
&  que  ^  plufieurs  favans  mettent  dans  l'Indofcythie  de 
Ptolomée.  Ils  étoient  feptentrionaux  ,  par  rapport  à 
l'Indus  ,  Se  méridionaux  ,  par  rapport  aux  autres  Scy- 
thes Je  réferve  ce  que  j'ai  à  dire  de  Y  Indus ,  du  Gange, 
&  des  rivières  qui  s'y  jettent  ,  aux  articles  particuliers 
de  ces  fleuves. 

Je  n'ai  garde  d'entrer  dans  un  long  détail  de  tous 
les  peuples  ,  &r.  de  toutes  les  villes  que  Ptolomée 
£k  les  autres  .géographes  anciens  mettent  dans  les 
deux  Indes  ;  ils  n'en  avoient  qu'une  idée  très-confufe  , 
&  les  cartes  dreffées  exactement  fur  les  pofitions  de 
Ptolomée  ,  nous  montrent  cette  partie  du  monde  très- 
différemment  de  fon  véritable  état.  Je  me  contenterai 
de  joindre  l'Abbrégé  que  Cellarius  nous  a  donné  de  ce 
que  les  anciens  ont  connu  dans  les  deux  Indes.  Dcf- 
cript.   Orbis  antiq.   p.  227. 

Aux  confins  des  Paropamifades  étoit  la  CapiJJene , 
contrée  ainfi  nommée  de  Capiffa  ,  ville  que  Cyrus 
ruina.  La  Bubacene  qu'Alexandre  fit  fubjuguer  par  Poly- 
percon  ,  n'étoit  pas  loin  de-là.  Ce  monarque  lui-même 
partant  de  la  Baftriane  vint  premièrement  à  Nicée , 
enfuite  au.  fleuve  Cophène  ;  au-delà  eft  le  mont  Meros, 
au  pied  duquel  étoit  la  ville  de  Nyfe  ,  bâtie  par 
Bacchus  ,  à  ce  que  l'on  croyoit  ,  &:  appellée  Dœdala. 
Le  Choaspe  ,  autre  fleuve  ,  tombe  dans  le  Cophène. 
Près  de-là  étoient  les  AJJ'accni ,  dont  la  capitale  étoit 
Majfaca  ,  Ma^aga  ,  ou  Mafoga.  Alexandre  en  avan- 
çant toujours  ,  prit  la  ville  d'Ora  ,  &  la  forterefle 
d'Aorna  ,  affiégée  autrefois  inutilement  par  Hercule,  au 
pied  de  laquelle  coule  le  fleuve  Indus.  Au  couchant 
d'hyver  ,  près  du  Cophène  ,  avant  fa  jonction  avec 
l'Indus,  étoit Ecbolimes  qu'Alexandre  prit  encore.  Vers 
les  fources  de  l'Indus  ,  étoit  la  Peucelaotide  ,  contrée 
qui  prenoit  fon  nom  de  Peucela  ,  ville  dont  Hephef- 
tion  fit  la  conquête.  Les  Aspiens  ,  les  Thyrèens  &  les  ■ 
Arsaces  étoient  des  peuples  voifins.  Entre  l'Indus  ck 
l'Hydaspe ,  étoit  la  ville  Taxile  ,  Se  au-delà  de  ce 
dernier  fleuve  ,  le  royaume  de  Porus  :  après  la  défaite 
de  ce  roi ,  Alexandre  bâtit  deux  villes  fur  l'Hydaspe , 
Nicée  &  Bucéphale  ;  la  première,  en  mémoire  de  fa 
viftoire,  &:  l'autre  de  fon  cheval.  Derrière  l'Hydaspe, 
étoient  l'Acéfine  &C  l'Hydraotes  ,  rivières.  On  trou- 
voit  enfuite  les  Gangarides  ck  les  Parrhafiens  ,  peuples , 
6c  le  royaume  de  Phégele  ,  fur  l'Hyphafe  ,  rivière  , 
où  fe  terminèrent  les  conquêtes  d'Alexandre  ,  de  ce 
côté-là  :  au  bord  de  ce  fleuve  étoient  les  autels  d'A- 


49<î 


IND 


IND 


Jexandre,  le  dernier  monument  de  fes  vi&oires.  En- 
deçà  vivoient  les  Oxydraques  ,  chez  qui  ce  prince 
courut  un  extrême  danger  ,  pour  avoir  témérairement 
fauté  fur  le  rempart  de  leur  ville.  Sangale  ,  ville ,  ap- 
partenoit  aux  Cathéens ,  Si  fut  rafée.  Le  peuple  Malli , 
étoit  puiffant,  &  s'étendoit  au  boftl  de  lïndus.  On 
trouvoit  le  long  de  ce  fleuve  diverfes  nations ,  dont 
on  fait  à  peine  les  noms  barbares.  Sur  le  bord  oriental 
de  l'Indus ,  au-deffus  des  ifles  qu'il  forme  à  fon  embou- 
chure ,  étoit  Alexandrie  ;  Si  dans  une  de  ces  illes ,  la 
ville  de  Patale.  Sur  la  côte  de  la  mer  en-deçà  de 
l'Indus  ,  étoient  les  Orites  Si  les  Arabitns  ,  nations 
Indiennes  ,  quoique  mêlées  avec  les  Gédrofiens  Si 
autres  peuples  qui  étoient  fous  la  domiuation  des  Perfes. 
Comme  les  Macédoniens  n'allèrent  point  le  long  des 
côtes  qui  font  au-delà  de  l'Indus  ,  les  anciens  auteurs 
n'en  ont  guère  parlé  :  j'ai  déjà  dit  ailleurs  que  c'eftàleurs 
conquêtes  que  les  Grecs  ont  été  redevables  de  la  connoif- 
fance  plus  particulière  qu'ils  eurent  de  ces  pays.  Arrien 
vante  deux  villes  marchandes  ,  Minnagcra  Si  Barygaxa. 
■  C'eft  en  vain  que  j'ajoûterois  ici  une  lifte  obfcure  de 
quantité  de  peuples  que  Ptolomée  place  dans  cette  par- 
tie de  l'Inde  en-deçà  du  Gange  ;  j'ai  eu  foin  de  les 
nommer  en  leur  rang. 

II.  L'INDE ,  AU-DELA  DU  Gange  ,  a  été  encore 
moins  connue  des  anciens.  Ptolomée  qui  en  a  le  plus 
écrit,  fait  affez  voir  que  l'on  n'en  favoit  que  peu  de 
chofes  de  fon  tems,  par.les  noms  qu'il  donne  aux  pays 
&  aux  habitans.  Il  met  au-delà  du  golfe  du  Gange, 
le  pays  d'argent  ,  enfuite  les  ANTHROPOPHAGES  , 
les  Padéens  ,  éc  les  Lestes  ,  ou  les  Voleurs. 
J'ai  remarqué  ailleurs,  que  ce  mot  Anthropophages  n'eft 
fouvent  qu'un  nom  donné  à  une  nation  peu  connue  , 
dont  on  ignore  le  véritable  nom.  Il  place  enfuite  la 
CHERSONÈSE  d'or  où  étoit  Tacola,  ville  marchande, 
Si  le  fleuve  Chryfoana.  C'eft  dans  ce..dernier  pays  que 
quelques  géographes  cherchent  le  pays  d'  O  P  H  I  R. 
Voyez  ce  mot.  Ptolomée  borne  l'Inde  au-delà  du 
Gange  par  ce  fleuve  à  l'occident ,  par  la  Scythe  Si 
la  Serique  au  feptentrion  ;  par  le  pays  des  Sines  au 
levant ,  Si  par  l'Océan  au  midi. 

DES    AUTRES  INDES. 

I.  De  l'Inde  en  AfrkJue. 

Voyez  l'article  Ethiopie  de  ce  Diftionnoire,  Scies 
obfervations  de  Freret  ,  fur  la  Cyropédie.  *  Mêm.  de 
F  Académie  des  belles-lettres  ,  t.  8,  p.  3  54. 

IL  Des  Indes  deXénophon,vers  la  Colchide. 

Xénophon ,  parlant  dans  fon  premier  livre  de  la  Cyro-  ■ 
pedie  ,  des  préparatifs  du  roi  d'Affyrie  ,  pour  faire  la 
guerre  aux  Médes  ,  dit  qu'il  follicita  les  rois  de  Lydie , 
de  Phrygie  ,  de  Paphlagonie ,  &  celui  des  Indes  ,  à 
joindre  leurs  armes  aux  tiennes  contre  Cyaxare  ,  roi 
des  Médes  ;  ce  dernier  appella  les  Perfes  à  fon  fecours, 
qui  lui  envoyèrent  .Cyrus  à  la  tête  d'une  armée  de 
trente  mille  hommes.  A  peine  Cyrus  fut-il  dans  la  Mé- 
die ,  qu'il  arriva  à  la  cour  de  Cyaxare  des  ambaffadeurs 
du  roi  des  Indiens ,  chargés  de  s'informer  du  fujet  de 
la  guerre ,  Si  d'offrir  le  fecours  du  roi ,  leur  maître ,  à 
celui  des  deux  partis  dont  la  caufe  feroit  la  plus  jufte. 
Cyrus,  au  nom  de  Cyaxare,  offre  de  s'en  rapporter  au 
roi  des  Indes  ,  Si  accepte  fa  médiation.  Pendant  que  ces 
ambaffadeurs  vont  à  la  cour  d'Affyrie  ,  s'acquitter  de 
leur  commiflion ,  Cyrus  marche  contre  le  roi  d'Armé- 
nie ,  Si  l'oblige  de  fe  foumettre  à  Cyaxare  ,  dont  il 
avoit  toujours  été  tributaire.  Il  l'engage  à  diftribuer  les 
terres  incultes  de  fes  états  aux  Chaldéens  ,  montagnards 
féroces  ,  que  la  ftérilité  de  leur  pays  obligcoit  de  faire 
des  courtes  fur  les  terres  de  leurs  voifins.  Là ,  Cyrus 
apprend  que  ces  Chaldéens  accoutumés  à  la  guerre  , 
dont  ils  s'étoient  fait  une  profeffion  ,  fervoient  fou- 
vent dans  les  troupes  du  roi  des  Indes  ,  prince  riche 
en  or ,  le  même  qui  avoit  envoyé  des  ambaffadeurs  en 
Médie.  Cyrus  inftruit  de  ce  détail ,  envoie  auffi  une 
ambatîade  à  ce  prince,  fous  prétexte  de  lui  emprunter 
de  l'argent ,  mais  au  fond ,  dans  le  deffein  de  lui  ap- 
prendre fes  nouveaux  fuccès,  &  peut-être  de  négocier 


une  alliance  avec  lui.  Il  propofe  aux  Arméniens  &  aux 
Chalybes  de  lui  donner  des  guides  Si  des  interprètes 
pour  accompagner  fes  ambaffadeurs  ,  &  leur  déclare 
que  fi  le  roi  des  Indes  refufe  fes  offres  ,  il  ne  gardera 
plus  de  mefures  avec  lui  ;  les  ambaffadeurs  de  Cyrus 
partent  avec  des  Arméniens  &  des  Chalybes  :  cepen- 
dant il  marche  contre  le  roi  d'AtTyrie  ;  &  à  la  fin  de 
la  campagne  ,  c'eft-à-dire  quatre  mois  au  plus  après 
leur  départ ,  les  ambaffadeurs  de  Cyrus  reviennent  avec 
ceux  du  roi  des  Indiens ,  qui  apportent  de  l'argent ,  Si 
le  traité  conclu.  Avant  que.  cette  nouvelle  éclate  ,  les 
ambaffadeurs  des  Indiens  vont  à  la  cour  de  Lydie  exa- 
miner les  préparatifs  de  Crcefus  ,  Si  reviennent,  avant 
l'ouverture  delà  campagne,  en  rendre  compte  à  Cyrus. 
On  avoit  connu  jusqu'à  ce  jour  deux  nations  que  les 
anciens  ont  nommées  Indiens.  Ceux  de  l'Inde  orientale 
proprement  dite  ,  qui  habitoient  entre  l'Indus  &  le 
Gange  ,  ci  les  peuples  de  l'Ethiopie  ,  nommés  quelque- 
fois Indiens,  comme  dans  Virgile  ,  en  parlant  du  Nil: 

Septcm  discurrit  in  ora  , 
Usque  coloratis  amnis  devexus  ah  Indis. 

Il  eft  clair  que  Xénophon  ne  parle  ni  des  uns  ni  des 
autres ,  &  qu'il  faut  chercher  les  Indiens  dans  le  voifi- 
nage  de  l'Arménie  Si  du  pays  des  Chaldéens  ou  Cha- 
lybes. i°  Parce  que  ces  dernier; ,  voifins  des  Armé- 
niens Si  des  Médes ,  fervoient  fouvent  dans  l'armée 
,  du  roi  des  Indiens.  x°  Parce  que  c'eft  chez  ces  peuples 
que  Cyrus  prend  des  guides  Si  des  interprètes  pour  aller 
dans  l'Inde.  30  Parce  que  quatre  mois  au  plus  fufEfent 
pour  aller  d'Arménie ,  dans  l'Inde  ,  y  négocier  un  traité, 
le  conclure  ,  Si  en  apporter  la  nouvelle  en  Médie  ; 
ce  qui  fuppofe  que  ces  pays  n'étoient  pas  fort  éloi- 
gnés. J'ai  vu  des  perfonnes  qui  croyoient  que  ces  am- 
baffadeurs de  Cyrus  avoient  été  dans  l'Inde  propre^ 
ment  dite  ,  par  le  nord  de  la  mer  Cafpienne  ,  en 
traversant  l'Ibérie  ,  -  le  pays  des  Sauromates ,  les  vaft.es 
plaines  arrofés  par  la  Rira  ,  les  Rhymnicus  ,  le  Daix 
&  les  Jaxartes  ,  &  qu'ils  étoient  entrés  dans  l'Inde , 
par  la  Sogdiane  &  les  montagnes  où  le  fleuve  Indus 
prend  fa  fource.  Mais  outre  que  ce  chemin  eft  trop 
long  ,  8i  que  ces  pays  qui  ne  font  pas  même  fort  pra- 
ticables aujourd'hui  ,  étoient  habités  alors  par  des 
nations  barbares ,  par  des  Scythes  féroces  ,  ennemis 
des  Médes  Se  des  Perfans  ,  Se  qui  euffent  refufé  le 
partage  à  leurs  ambaffadeurs  ,  quelle  apparence  qu'un 
prince  éloigné  de  la  Médie  Si  de  l'Affyrie  ,  de  plus 
de  huit  cens  lieues  ,  menace  ces  princes  de  leur  faire 
la  guerre  ,  s'ils  refufent  fa  médiation  ?  C'eft  à-peu-près 
comme  fi  le  roi  de  Perfe  offroit  la  fienne  aux  rois  de 
Suéde  Si  de  Danemarck  ,  Si  menaçoit  de  fe  déclarer 
contre  l'un  d'entr'eux.  Nous  ne  voyons  rien  dansl'Hiftoire 
de  Xénophon  ,  qui  lepuiffe  faire  Ibupçonner  d'une  telle 
façon  de  raifonner.  Il  faut  donc  fuppofer  que  ces  In- 
diens font  des  peuples  connus  fous  un  autre  nom  ;  & 
après  avoir  examiné  la  choie  avec  attention  ,  je  n'en 
vois  point,  dont  la  fituation  convienne  mieux  avec  les 
circonftances  du  récit  de  Xénophon  ,  que  les  habitans 
de  Colchos  ê>c  de  l'Ibérie. 

III.   INDES  dont  parle  Nepos. 

Pline,  ayant  avancé  que  la  terre  que  nous  habitons, 
eft  environnée  de  l'Océan  qui  coule  tout  à  l'entour  , 
allègue  en  preuve ,  /.  2  ,  c.  67 ,  l'autorité  de  Nepos 
qui ,  parlant  du  tour  du  monde  par  la  mer  du  nord ,  dit 
que  Q.  Metellus  Celer  ,  qui  avoit  été  conful  avec  L. 
Afranius ,  étant  alors  proconsul  des  Gaules  ,  le  roi  des 
Suéves,  lui  envoya  en  préfent  des  Indiens  qui,  ayant 
fait  voile  de  leur  pays  ,  pour  aller  commercer  ,  furent 
emportés  par  une  tempête  qui  les  jetta  fur  les  côtes  de 
Germanie. 

En  fuppofant  ce  fait  -véritable ,  il  eft  plaifant  de  voir 
la  torture  que  quelques  favans  ont  donnée  au  texte 
de  Pline  ,  pour  deviner  affez  inutilement  ,  comment 
ces  Indiens  ont  pu  être  jettes  fur  les  côtes  de  la  Ger- 
manie. Voflîus,  in  Melam.  qui  apparemment  ne  con- 
noiffoit  point  d'autres  Suéves  que  ceux  qui  habitoient 
dans  l'intérieur  du  pays  ,  change  ce  nom ,  Si  ,  au  lieu 
de  Sutvorum  rege  ,  veut  qu'on  life  à  rege  Batorum  ,  Si 
fuppofe 


ÎND 

fiippofe  gratuitement  que  Bxtorum  ,  doit  être  changé 
à  fon  tour  en  Balavorum.  Le  P.  Hardouin  ,  in  Flin. 
a  raifon  de  dire  que  ces  Indiens  ,  après  leur  na^ 
frage  fur  la  côte ,  avoient  pu  être  menés  par  terre  au  roi 
des  Suéves.  Outre  les  Suéves ,  voifins  des  Gaules ,  il  y 
avoit  d'autres  Suéves  fur  la  mer  Baltique  ;  mais  cela 
n'eft  bon  qu'à  montrer  l'inutilité  de  la  conjecture  de 
Voffius.  Il  n'en  eft  pas  moins  difficile  de  favoir  com- 
ment de  véritables  Indiens  ont  pu  échouer  fur  quel- 
que  côte  que  ce  foit  de  la  Germanie. 

D'Auditret,  raille  ceux  qui  les  font  paffer  par  le  détroit 
d'Anian.  Mais  comment  vinrent-ils  du  détroit  d'Anian  ? 
&  quand  ils  furent  dans  la  mer  Pacifique,  par  où  fetrouve- 
rent-ils  en-deçà  de  l'Amérique  ?  Fut-ce  par  le  détroit  de 
Magellan,  ou  par  le  midi  de  la  terre  du  Feu  ?  Il  faut  n'avoir 
jamais  vu  de  Carte,  pour  dire  dépareilles  fornettes. 

M.  Huet  leur  trace  deux  routes  différentes.  Us  pu- 
rent ,  dit  -  il ,  descendre  l'Oxus  ,  entrer  dans  la  mer 
Caspienne ,  remonter  le  Wolga ,  paffer  dans  le  Dvina 
qui  en  eft  proche  ,  6k  qui  va  tomber  dans  la  mer  Bal- 
tique. Avec  le  respect  dû  à  M.  Huet  ,  cette  route  qui 
a  été  praticable  au  feu  Czar  ,  ne  l'étoit  pas  pour  des 
Indiens  ;  elle  eft  impoflible.  Une  tempête  ne  pouvoit 
point  faire  faire  ce  chemin  à  un  vaiffeau  d'Indiens.  Ce 
qu'il  ajoute  eft  un  peu  plus  croyable  :  ou  bien ,  dit-il , 
ils  purent  venir  de  la  mer  feptentrionale  de  Tartarie , 
qui  eft  au-defîus  de  la  Chine  ,  traverfer  le  détroit  de 
Waigats ,  6k  venir  dans  la  mer  d'Allemagne.  Cette  fup- 
pofition  n'eft  qu'un  peu  plus  croyable  que  la  première  ; 
•car  enfin  ce  détroit  étant  impénétrable  à  nos  navigateurs 
d'Europe,  à  caufe  des  glaces  6k  du  froid  ,  croit-on  que 
les  Indiens  n'auroient  point  été  gelés  de  froid  ,  Se  leur 
vaiffeau  brile  contre  ces  affreux  écueils  de  glaces  ,  avec 
lesquels  les  Samoyedes  ont  de  la  peine  à  fe  familiarifer? 
Il  faut  donc  le  réfoudre  à  nier  le  fait,  ou  à  adopter  la 
penfée  que  M.  Huet,  Hijl.  du  Commerce  ,  p.  352,  pro- 
pofe  enfin  comme  la  fienne.  La  voici  dans  (es  propres 
termes. 

On  donnoit  le  nom  d'Indiens  aux  étrangers  venus 
de*  régions  éloignées  6k  inconnues.  Sur  une  pareille 
erreur  on  a  donné  à  l'Amérique  le  nom  d'Inde  occi- 
dentale. Comment  peut-on  conncître  le  pays  de  ces  gens, 
dont  on  n'entendoit  point  la  langue  ?  Il  me  paroît  affez 
vraifemblable  qu;  c'étoient  des  Norvégiens  ou  desScrit- 
finniens  occidentaux  ,  que  nous  appelions  aujourd'hui 
Lappons ,  qui ,  voifins  de  la  mer  ,  &  pêchans  dans  les 
petits  bateaux  dont  ils  ont  coutume  de  fe  fervir ,  furent 
îurpris  de  ces  vents  violents ,  à  quoi  leur-côte  eft  fujette, 
emportés  vers  le  midi  ,  6k  jettes  fur  la  côte  d'Allema- 
gne. Leui  couleur  balanée ,  la  groffiéreté  des  Allemands 
chez  qui  ils  abordèrent,  6k  l'extrême  ignorance,  où  l'on 
étoit  alors  de  la  géographie  ,  6k  particulièrement  de  celle 
du  nord  &  du  levant ,  purent  bien  les  faire  paffer  pour 
Indiens.  Ce  ne  fut  que  fous  les  auspices  d'Augufte  ,  que 
l'on  pouffa  la  navigation  vers  le  nord ,  jusqu'à  la  Cim- 
brique  Cherfonnèfe ,  qui  eft  le  Jutland.  L'on  fe  figuroit 
que  les  mers  ,  qui  s'approchoient  davantage  du  nord , 
n'étoient  point  navigables,  foit  pour  les  glaces;  foit  pour 
la  pefanteur  des  eaux  deftituées  de  chaleur.  On  peut  con- 
jecturer la  même  choit  de  ces  autres  prétendus  Indiens, 
qu'on  dit  qui  abordèrent  vers  la  côte  de  Lubec,  du  tems 
de  l'empereur  Frédéric  Barberouffe.  Il  eft  aile  de  com- 
prendre que  des  Lappons,  navigeant  fur  le  golfe  Botni- 
que,  pour  la  pêche  ou  pour  le  trafic  ,  furent  pouffes  par 
le  vent  dans  la  mer  Baltique ,  vers  la  côte  méridionale. 

DES    INDES. 

Dans  leur  état  présent. 

A  l'imitation  des  anciens  ,  nous  appelions  aujourd'hui 
du  nom  à' Indes  des  pays  auxquels  on  ne  le  donne  qu'im- 
»proprement.  Nous  divifons  les  Indes  en  orientales  6k 
occidentales. 

Les  Indes  orientales  comprennent  proprement 
le  vafte  pays  connu  fous  le  nom  d'iNDOUSTAN.  On  y 
ajoute  les  ifles  fituées  au  midi  des  côtes ,  qui  s'étendent 
depuis  la  Perse  jusqu'à  la  Chine.  On  peut  les  divifer  en 
quatre  grandes  parties  ,  favoir  j 

L'Indoustan, 


IND 


lier. 


4-97 

La  presquisle  en-deça  du  Gange, 
La  presqu'isle  au-delà  du  Gange, 
Les  isles  de  la  mer  des  Indes. 

Je  traite  de  Fïndoustan  ,   dans  un  article 


parc;.— - 


La  presqu'isle  en-deça  du  Gange,  eft  cette 
longue  terre  qui^  s'avance  vers  le  midi  ,  6k  finit  au  cap 
Comorin.  Sa  côte  occidentale  eft  nommée  côte  de  Ma- 
labar ,  6k  fa  côte  orientale  eft  appellée  côte  de  Coroman- 
del.  En  allant  du  nord-nord-oueft,  de  cette  presqu'ifle 
vers  le  fud-fud-eft  ,  on  trouve  le  pays  de  Concan,  les 
royaumes  de  Vifapour  6k  de  Canara  ,  les  états  du  Sa- 
morin  6k  de  Travancor  ;  de-là  en  retournant  vers  le 
nord  occidental,  on  côtoyé  le  royaume  de  Maduré,  le 
Marava,  les  royaumes  de  Tanjaour,  de  Gingi ,  deCar- 
r.ate  ,  de  Golconde,  de  Cicocicol,  6k  le  pays  deJa»re- 
nat.  Le  petit  royaume  de  Maiffour  eft  dans  l'intérfeur 
du  pays.  Le  Grand-Mogol  a  conquis  une  grande  partie 
de  cette  presqu'ifle  ;  6k  plufieurs  rois  n'y  font  en  quelque 
manière  que  les  fermiers.  Le  P.  Bouchet  ,  Lettres  édi- 
fiantes ,  t.  1 5 ,  p.  3 ,  &  fuiv.  nous  donne  une  idée  gé- 
nérale des  Indes ,  qui  s'écarte,  quant  -à  l'hiftoire  des  no- 
tions que  nous  en  avions  avant  lui.  Je  joindrai  ici  ce 
qu'ail  en  dit,  6k  j'y  ajouterai  quelques  remarques. 

Tous  les  géographes  conviennent  que  les  Indes  orien- 
tales font  divifées  en  deux  parties  ;  la  première  eft  en- 
deçà  du  Gange  ;  la  féconde  au-delà  du  même  fleuve,. 
Celle-là  fe  trouve  renfermée  entre  les  fleuves  de  l'In- 
dus 6k  du  Gange  ,  6k  entre  différentes  mers  qui  ert 
font  une  péninfule.  Elle  eft  bornée  du  côté  de  l'oueft: 
par  l'Indus  ,  6k  la  mer  occidentale  des  Indes  ;  du  côté 
de  l'orient  par  le  Gange  ,  6k  les  côtes  d'Orixa  6k  de 
Coromandel  ;  du  côté  du  fud  par  le  cap  de  Comorin 
6k  la  mer  méridionale  des  Indes  ;  6k  enfin  du  côté  du 
nord,  par  les  montagnes  d'Ima  ,  qui  font  une  fuite  du 
mont  Caucafe.  Les  anciens  géographes  ont  repréfenté 
cette  partie  de  l'Inde ,  fous  la  figure  d'une  lofange ,  dont 
les  côtés  étoient  égaux  6k  les  angles  inégaux.  Suivant 
cette  description,  qui  eft  affez  imparfaite,  les  côtés  égaux 
font  d'une  part  les  rivages  du  Gange  6k  de  l'Indus ,  jus- 
qu'à leur  embouchure,  &  les  côtes  de  la  mer  occiden- 
tale des  Indes,  depuis  l'embouchure  du  fleuve  Indus, 
jusqu'au  cap  de  Comorin  ;  6k  de  l'autre  part  les  côtes 
d'Orixa  ck  de  Coromandel  jusqu'au  même  cap.  Les 
deux  angles  du  fud  au  nord  font  le  cap  de  Comorin  6k 
la  fameufe  montagne  d'Ima  ;  les  deux  autres,  de  l'orient 
à  l'occident,  font  les  deux  embouchures  de  l'Indus  &C 
du  Gange.  Les  Indes  orientales,  telles  que  je  viens  de 
les  décrire,  font  partagées  naturellement  par  cette  chaîne 
des  montagnes  de  Gâte ,  qui  s'étendent  depuis  l'extré- 
mité de  la  mer,  méridionale  ,  jusqu'à  la  partie  la  plus 
feptentrionale.  Elles  commencent  au  cap  de  Comorin  , 
6k  fe  terminent  au  mont  Ima  ,  que  Ptolomée  appelle 
Imao.  Quelques  nouveaux  géographes  ont  changé  ce 
nom  :  il  eft  pourtant  certain  que  c'eft  ainfi  que  les  In- 
diens l'appellent,  6k  qu'il  n'eft  point  nommé  autrement 
dans  leurs  anciens  livres.  Us  difent  que  c'eft  fur  cette 
montagne  que  le  Gange  prend  fa  fource.  Comme  le 
fleuve  Indus  étoit  le  plus  connu  des  anciens  géographes, 
ils  ont  appelle  de  ce  nom  tous  les  peuples  qui  étoient 
au-delà  de  ce  fleuve,  jusqu'à  la  mer  orientale;  &  parce 
que  Delhi  a  été  long-tems  le  féjour  des  fouverains,  on 
l'a  regardé  comme  la  capitale  des  Indes.  Aujourd'hui  on 
donne  le  nom  d'indoujlan  à  ce  vafte  pays  ,  qui  eft  ren- 
fermé entre  l'Indus  6k  le  Gange.  Les  Indiens  préten- 
dent que  les  divers  royaumes ,  qui  étoient  compris  dans 
toute  l'étendue  de  ces  terres  ,  formoient  autrefois  un 
vafte  empire ,  dont  le  fouverain  avoit  fous  lui  plufieurs 
autres  princes  qui  lui  payoient  un  tribut  annuel.  Ils  re- 
gardoient  cet  empereur  comme  le  maître  du  monde  ; 
6k  dans  la  fuite  il  fut  nommé  empereur  de  Bisnagar.  De 
tous  ces  royaumes  ,  il  n'y  en  a  que  dix  ou  douze ,  dont 
les  noms  fe  foient  conservés  :  on  connoît  maintenant 
les  autres  fous  des  noms  très-différens  de  ceux  qu'ils 
portoient  autrefois.  Le  dernier  des  empereurs  de  Bisnagar 
mourut  l'an  1659.  C'eft  du  débris  de  fon  empire  que 
fe  font  formés  tant  de  divers  états ,  6k  fur-tout  celui  de 
Mogol.  Un  des  premiers  royaumes ,  qui  fe  fépara  de  l'an- 
cien empereur  des  Indes ,  fut  celui  de  Guzarate  ou  ds 
Cambaye ,  fitué  à  l'embouchure  de  l'Indus.  Il  fut  gou- 
Teme  III.     Rrr 


L 


49' 


IND 


IND 


vemé  quelque  tems  par  des  princes  particuliers  ,  dont 
l'autorité  étoit  abfolue  ;  mais  il  eft  entré  depuis  fous  la 
domination  du  Mogol.  Une  partie  confîdérable  ,  du 
royaume  de  Décan  ,  reconnoiffoit  encore  l'empereur 
de  Bisnagar,  lorsque  les  Portugais  arrivèrent  aux  Indes. 
Le  gouverneur  qui  commandoit  dans  ta  ville  de  Goa , 
lorsqu'elle  fut  prife  par  Albuquerque  ,  étoit  un  officier 
qui  avoit  fecoué  le  joug  des  anciens  rois  de  Bisnagar. 
C'eft  ce  qui  paroît  par  des  lames  de  cuivre  ,  trouvées  à 
Goa ,  qui  font  foi  qu'un  de  ces  empereurs  avoit  accordé 
certains  privilèges  à  quelques  temples  des  environs  de  la 
ville.  Pour  ce  qui  eft  des  rois  de  Malabar,  il  y  avoit 
encore  plus  long-tems  qu'ils  s'étoient  affranchis  de  la  do- 
mination des  empereurs  Indiens.  Ainfi  les  états  de  l'em- 
pereur de  Bisnagar  s'étendoient  encore  ,  il  n'y  a  pas 
deux  cents  ans  ,  depuis  Orixa  jusqu'au  cap  de  Como- 
rin.  Il  poffédoit  toutes  les  terres  qui  font  lur  la  cote  de 
Coromandel  ,  &  plufieurs  places  maritimes  fur  la  côte 
occidentale  des  Indes.  Les  Patanes ,  venus  du  nord  ,  le 
dépouillèrent  d'une  partie  de  fes  états  :  une  autre  par- 
tie lui  fut  enlevée  par  les  Mogols  ,  qui  avançaient  tou- 
jours vers  les  parties  méridionales.  Mais  voici  ce  qui 
contribua  plus  que  tout  le  refte  à  la  deftru&ion  de  cet 
empire.  Le  dernier  empereur  de  Bisnagar  avoit  confié 
le  commandement  de  fes  années  à  quatre  généraux^ qui 
faifoient  profeffion  du  Mahométisme  :  chacun  d'eux 
commandoit  un  corps  de  troupes  confîdérable  ,  dont 
ils  fe  fervirent  pour  envahir  les  états  de  ce  malheureux 
prince.  Le  plus  puiflant  de  ces  généraux  demeura  à 
Golconde  ,  &  y  fonda  le  royaume  de  ce  nom.  Le  fé- 
cond fixa  fa  demeure  a  Vifapour  ,  &  fe  fit  nommer  roi 
de  Décan.  Les  deux  autres  levèrent  pareillement  1  éten- 
dard de  la  révolte,  &  fe  rendirent  maîtres  de  deux  pla- 
ces importantes.  Depuis  ce  tems  ,  le  Mogol  a  tout  en- 
glouti. A  la  vérité,  les  princes  de  la  partie  méridionale 
n'ont  pas  encore  été  tout-à-fait  fubjugués  ;  mais^  le  Na- 
babe  les  inquiète  de  tems  en  tems  ,  6c  exige  d'eux  de 
groffes  fommes  qu'ils  font  forcés  de  lui  payer  ;  de  forte 
qu'à  proprement  parler ,  il  n'y  a  que  les  princes  de  Ma- 
labar ,  qui  ne  foient  pas  encore  tombés  fous  la  domina- 
tion Mogole. 

Parmi  plufieurs  chofes  importantes  qui  fe  trouvent 
dans  ce  détail,  il  eft  remarquable  que  les  Indiens  don- 
nent encore  au  mont  Imaiis  de  Ptolomée  le  nom  de 
mont  Ima.  Ce  qu'il  dit  des  Mogols  fera  pli*  clair,  fi 
on  y  ajoute  ce  que  nous  difons  d'eux  aux  articles  In- 
DOUSTAN  &  MOGOL.  La  longue  chaîne  des  monta- 
gnes de  Gâte,  a  du  moins  quatre  cents  lieues  en  droite 
Egne  ,  s'il  eft  vrai,  comme  le  dit  le  P.  du  Jarric,  Hijl. 
des  Indes  orientales  ,  1. 1 ,  c.  l ,  p.  30 ,  qu'il  y  ait  cette 
diftance  entre  le  cap  de  Comorin  Sde  mont  Imaiis.  Ces 
montagnes  de  Gâte  font  admirables  en  ce  qu'on  y  voit 
dans  le  même  tems  une  diverfité  de  faifons.  Il  eft  dif- 
ficile de  dire  pourquoi  &£  comment  il  fe  peut  faire  que 
fous  un  même  climat,  Se  au  même  degré  de  latitude  fep- 
tentrionale  ,  lorsqu'au  couchant  de  ces  montagnes,  il  fait 
un  rude  hyver  &  plein  d'orages  ,  dans  le  même  tems , 
on  jouiffe  à  l'orient  du  printems  &  de  l'été  ,  &  que  la 
mer  y  foit  calme.  C'eft  ce  que  nous  expliquons  plus  au 
long  au  mot  Gâte. 

C'eft  dans  cette  partie  des  Indes  ,  que  l'on  prétend 
que  l'apôtre  S.Thomas  a  porté  la  lumière  de  l'évangile. 
On  y  trouve  à  préfent  une  églife  Chrétienne  ,  foumife 
au  patriarche  Neftorien  de  Babylone ,  Se  dont  les  mem- 
bres fe  difent  Chrétiens  de  S.  Thomas.  Voyez  Cala- 

MINA  St  MELIAPOUR. 

La  presqu'isle  au-  bêla  dh  Gange  comprend 
les  royaumes  d'AvA,  de  Laos,  deCocHiNCHiNE,  de 
Siam  ,  &  la  presqu'ifle  deMALACA.  Voyez  ces  articles 
en  particulier. 

Les  isles  de  la  mer,  font  en  trop  grand  nombre 
pour  en  donner  ici  une  lifte  complette.  Il  y  en  a  d'af- 
fez  grandes ,  comme  celles  de  Ceilan,  de  Sumatra, 
de  Java,  de  Bornéo,  des  Célebes  :  plufieurs  autres 
font  remarquables  par  le  grand  nombre  ,  comme  les 
Maladives  ,  les  Moluques  ,  les  Philippines  ,  les 
nouvelles  Philippines  ,  Se  les  ifles  Marianes.  Lors- 
qu'il n'eft  queftion  que  de  commerce  ou  des  intérêts  des 
compagnies  établies  en  Europe  ,  pour  le  trafic  des  In- 
des ,  on  comprend  fous  le  nom  8 Indes  orientales , 
quoiqu'improprement ,  leToNQUiN,  la  Chine  &  le 


JAPON.  Mais,  à  parler  jufte  ,  ces  pays,  ni  les  Philippi- 
nes ,  ni  encore  moins  les  ifles  Mariannes ,  ne  font  point 
des  Indes  ,  mais  au-delà. 

Dans  une  fi  grande  étendue  de  pays  ,  où  les  produc- 
tions de  la  nature  &  les  mœurs  des  habitans  font  fi  dif- 
férentes ,  il  feroit  ridicule  d'entaflèr  ici  des  remarques 
furies  inclinations,  la  religion,  les  animaux,  les  plan- 
tes ,  les  minéraux  de  ce  pays.  Ce  qui  feroit  vrai ,  ne  le 
feroit  que  pour  des  contrées  particulières  ;  &  il  vaut 
mieux,  pour  plus  de  fureté,  diftribuer  ces  remarques  dans 
les  articles  particuliers  auxquels  elles  conviennent. 

Le  commerce  des  Indes  orientales  n'eft  pas  nouveau  ; 
fck  M.  Huet  a  très-bien  réfuté  Strabon ,  qui  a  avancé  que 
les  Indes  étoient  inconnues  à  Homère.  Ses  raifons  & 
ce  qu'il  ajoute  de  ce  commerce ,  tant  pour  les  teins  an- 
ciens ,  que  pour  le  moyen  âge ,  eft  traité  fi  méthodi- 
quement ,  &  dans  un  fi  grand  détail  dans  fon  Hiftoire 
du  commerce  Se  de  la  navigation,  c.  51  & fuiv.  que 
j'aime  mieux  renvoyer  le  lefteur  à  cet  ouvrage ,  qui  eft 
facile  à  trouver  ,  que  d'en  copier  ici  ce  qui  convient  à 
mon  fujet.  Je  ne  répéterai  pas  non  plus  le  détail  des 
voyages  que  les  Portugais  ont  faits  dans  ces  derniers 
fiécles ,  par  lesquels  ils  ont  trouvé  une  nouvelle  route 
pour  aller  aux  Indes.  Je  traiie  amplement  cette  matière 
dans  l'Hiftoire  de  la  géographie.  Barthelemi  Dias ,  fous 
le  régne  de  D.  Jùuan  II,  roi  de  Portugal,  étant  arrivé 
enfin  jusqu'au  fameux  cap  ,  dont  on  ignorait  la  fitua- 
tion  &  le  nom ,  y  fut  accueilli  d'une  fùrieufe  bourasque. 
Par  cette  raifon  il  l'appella  Cabo  Tofmentofo  ,  ou  le  Cap 
de  tempêtes.  Le  roi  de  Portugal ,  charmé  d'une  fi  belle 
découverte ,  ne  fe  rebuta  point  du  mauvais  état  des  vaif- 
feaux  que  Dias  en  ramena  avec  bien  de  la  peine.  Ce 
prince,  par  un  augure  heureux ,  nomma  ce  cap ,  Cap  de 
Bonne-Espérance  ,  persuadé  que  l'on  avoit  trouvé  la 
route  pour  aller  aux  Indes.  Il  ne  fe  trompa  point  ;  mais 
ce  ne  fut  qu'après  fa  mort,  &  fous  le  régne  d'Emanuel,  fon 
fuccefîeur,  que  la  nation  Portugaife  s'établit  aux  Indes  , 
où  elle  pénétra  6c  fit  des  conquêtes  très-rapides.  On  ne 
partait  alors  que  des  Indes  ,  qui  attiroient  toute  l'atten- 
tion de  l'Europe ,  par  la  nouveauté  des  marchandifes 
que  l'on  en  apportoit.  Ce  fut  fous  le  même  régne ,  que 
les  Portugais  découvrirent  le  Bréfil  :  on  ne  connoifloit 
pas  alors  affez  diftin&ement  le  rapport  qu'il  avoit  avec 
les  Indes,  dont  on  lui  donna  le  nom.  On  employa  feu- 
lement ,  pour  le  diftinguer  ,  le  furnom  $  occidentales  , 
parce  qu'on  prenoit  la  route  de  l'orient ,  en  allant  aux 
véritables  Indes  ,  Se  la  route  d'occident  pour  aller  au 
Bréfil.  De-là  vint  l'ufage  d'appeller  Indes  orientales,  ce 
qui  eft  à  l'orient  du  cap  de  Bonne-Espérance ,  &  Indes 
occidentales ,  ce  qui  eft  à  l'occident  de  ce  cap.  On  a 
ensuite  étendu  ce  dernier  nom  à  toute  l'Amérique  ;  &£ 
on  fe  fert,  dans  les  Relations,  du  nom  d'Indiens, pour  dire 
les  Américains. 

Le  père  du  Jarric  ,  déjà  cité  ,  fournit  une  nouvelle 
divifion  de  l'Inde  ,  favoir  I'Inde  basse  ,  qui  eft  la 
même  que  l'Indouftan  ;  Se  J'Inde  haute,  qui  eft  le 
refte  depuis  le  Gange  jusqu'à  Malaca  ou  à  la  Chine. 

Le  peuple  a  encore  une  divifion  ,  qui  n'eft  rien  moins 
que  géographique  ,  &  qui  ne  laiffe  pas  d'avoir  quelque 
ufage  dans  le  discours  ;  on  appelle  les  grandes  Indes , 
les  Indes  orientales  ;  Se  les  petites  Indes  ,  les  Indes  oc- 
cidentales. 

Il  y  a  dans  les  ifles  des  Indes  un  grand  oifeau  ap- 
pelle mendron  ou  koknos.  Cet  oifeau  porte  un  long 
bec  percé  de  cinquante  trous.  Il  en  a  cinquante  autres 
fur  le  dos  jusqu'à  la  queue.  Lorsqu'il  chante ,  ces  trous 
forment  différens  fons  :  on  dit  que  cet  oifeau  a  appris 
la  mufique  aux  anciens  ;  il  vit  mille  ans  &  eft  unique. 
Quand  il  fe  fent  près  de  fa  fin,  il  fait  un  bûcher  avec  des 
broflailles  Se  autres  chofes  combuftibles  ,  l'allume  à 
force  de  battre  des  «îles  au  foleil ,  Se  fe  brûle.  Ses  cen- 
dres produifent  bientôt  un  autre  koknos  ,  qui  finit  Se  fe 
perpétue  de  même.  Voici  la  traduction  de  quelques  vers» 
Perfiens,  qui  ont  rapport  à  cette  fable: 

Ainfi  que  le  koknos  ,  je  me  confume  avec  gémijfc- 
mens  fur  le  feu. 

O  cruelle  !  tes  rigueurs  me  font  fsupirer  continuelle- 
ment ;    &  je  brûle    dans  le  feu  ,    comme    le  koknos. 
Cet  oifeau  eft  fabuleux  Se  tient  beaucoup  du  phénix  des 
anciens.  *  Manuscrits  de  la  Bibl.  du  roi. 
Les  Indiens  font  bruns,  d'une  taille  médiocre,  Se  gé- 


IND 


IND 


héralement  maigres.  Ils  font  courageux  Se  ne  font  point 
de  quartier  à  leurs  ennemis.  Les  femmes  font  lubriques, 
6k  les  hommes  font  fourbes  &  fenfuels  :  ils  changent 
fouveni  d'opinion ,  6c  font  extrêmement  fournis  à  leurs 
princes.  Leur  principale  nourriture  eft  le  riz.  Les  fem- 
mes ont  autant  de  maris  qu'elles  veulent.  L'adultère  eft 
permis  parmi  les  idolâtres.  Ils  époufent  leurs  fœurs , 
leurs  tantes  6k  mêmes  leurs  filles.  C'eft  un  grand  crime 
chez  les  Indiens,  de  tuer  un  bœuf  6k  d'en  manger:  ceux 
qui  font  convaincus  de  ce  crime,  font  punis  de  mort. 
Ils  le  frottent  le  front ,  les  yeux  6k  le  vifage  avec  de  la 
fiente  de  cet  animal  :  ils  accueillent  les  étrangers ,  6k  leur 
donnent  gratis  tout  ce  qui  leur  eft  néceffaire  ,  même 
pour  leurs  -plaifirs. 

Les  Indiens  idolâtres  brûlent  les  cadavres.  Dans  le 
royaume  de  Siam ,  la  femme  fe  jette  dans  le  bûcher  de 
fon  mari ,  toute  habillée  6k  aufli  parée  que  le  jour  de  fes 
noces.  Les  Brachmanes  leur  inspirent  cette  folie ,  6k  leur 
font  entendre  qu'une  femme  qui  fe  brûle,  avec  le  corps 
de  fon  mari ,  va  droit  en  paradis. 

On  profelfe  ,  aux  Indes ,  toute  forte  de  religions.  Il 
y  a  des  Juifs,  des  Chrétiens,  des  Mages  ,  des  Maho- 
métans  ,  des  Idolâtres.  La  plupart  croient  à  la  métem- 
pfycofe.  Les  idolâtres  du  côté  de  Guzurate  ,  font  Pytha- 
goriciens &  Manichéens.  On  les  appelle  Baniani;  c'eft 
un  crime  énorme,  parmi  eux  ,  de  tuer  même  une  fourmi: 
ils  fe  parfument ,  ne  prennent  qu'une  femme ,  fe  per- 
rnettentl'ufure,  &  jeûnent  toujours.  Ils  mangent  le  foir 
un  morceau  de  fucre,  &  boivent  du  lait.  Ils  nourriffent 
foignïufement  des  fourmis  avec  du  fucre.  Il  y  a  d'autres 
idolâtres,  nommés  Abdouji ;  ils  fe  privent ,  pendant  quel- 
que tems  ,  de  tout  plaifir ,  6kfe  livrent  après  à  la  débau- 
che la  plus  effrénée.  D'autres  font  Pyrrhoniens  &  ne  re- 
connoiffent  aucun  culte. 

Les  habitans  du  Pégu  adorent ,  comme  les  Chrétiens, 
un  Dieu,  qu'ils  repréfententfous  les  figures  de  trois  per- 
fonnes  égales.  Ils  le  nomment  Sanrouïi ;  ce  qui  fignifie 
un  feul  Dieu  en  trois.  D'autres  enfin  adorent  une  idole 
appelles  Schekenat  :  lorsqu'ils  fe  marient ,  ils  mettent, 
durant  trois  jours  ,  leur  nouvelle  époufe  dans  le  temple 
de  cette  idole  :  fi  après  ce  tems ,  ils  la  trouvent  déflorée , 
ce  qui  arrive  presque  toujours,  c'eft  l'augure  le  plus  avan- 
tageux qu'ils  puiflentavoir;fi,au  contraire,  elle  eft  vierge, 
ce  qui  arrive  lorsqu'elle  eft  fort  laide,  c'eft  un  préfage 
du  plus  grand  malheur.  * Manuscrits  de  la  Bibliothèque 
du  roi. 

INDEA ,  grande  rivière  d'Afrique ,  dans  le  royaume 
d'Yamina.  Elle  vient  de  l'eft ,  6k  fe  rend  dans  la  mer,  au- 
deffus  de  la  Gambra,  vis-à-vis  de  Sanjalli.  Ses  bords  font 
garnis  de  grands  arbres.  Elle  a  près  de  fon  embouchure 
«in  village  de  même  nom.  *  Carte  de  la  Gambra ,  par 
Jean  Leach  ,  1731. 

INDIACUM  ou  Indiciacum  castrum  ,  nom 
latin  de  Saint-Flour ,  ville  épiscopale  de  France  ,  en 
Auvergne.    Voyez  S.  Flour. 

INDIBILIS ,  ancienne  ville  d'Espagne  ,  félon  Fron- 
tin  ,  cité  par  Ortélius  ,  Thefaur.  Ce  fut  là  que  Hannon 
fut  mis  en  fuite  par  Cn.  Scipion.  Antonin ,  Itiner.  met 
Intibili ,  entre  Dertofa  6k  lldum  ,  à  vingt-fept  mille  pas 
de  l'une,  6k  vingt-quatre  mille  de  l'autre.  Tite-Live, 
/.  23  ,  c.  49 ,  parle  d'une  ville  nommée  Incibilis ,  félon 
quelques  éditions  ;  d'autres  portent  Intibilis  ad  Intibili 
eppugnandum.  Cela  réfout  le  doute  d'Ortélius ,  qui  de- 
mande fi  Y  Intibili  d' Antonin  eft  le  même  que  1' 'Incibilis 
de  Tite-Live.  De  Marca,  Hispan.  1.  2,  c.  8,  p.  129, 
croit  que  c'eft  préfentement  le  bourg  de  San-Matthee, 
qui  eft  fur  la  route  de  Tortofe  à  Valence. 

INDICA ,  'IviT/xi! ,  ancienne  ville  d'Espagne  ,  près 
des  Pyrénées ,  félon  Etienne  le  Géographe ,  qui  dit  que 
le  peuple  Indigetes  prenoit  fon  nom  de  cette  ville  In- 
dica,  qui  étoit  la  capitale  de  la  nation.  Sur  quoi  De 
ftlarca,  Hispan.  1.  2,  c.  18,  p.  172,  observe  qu'Am- 
puries ,  Empor'm ,  a  toujours  été  la  place  la  plus  connue 
de  ce  canton;  6k  il  en  tire  cette  conjecture  qu'elle  n'eft 
point  différente  d'Ampuries  ,  6k  que  ce  dernier  nom  a 
fait  perdre  l'autre.  Cette  penfée  s'accorde  très-bien  avec 
le  témoignage  de  Strabon,  /.  3  ,  p.  160,  qui  parlant 
d'Emporiœ ,  dit  :  elle  eft  divifée  en  deux  villes  par  une 
muraille  tirée  autrefois  lorsque  quelques  Indigetes  de- 
meuraient tout  auprès.Quoiqu'ils  euffent  une  forme  par- 
ticulière de  gouvernement ,  cependant  ils  voulurent ,  pour 
leur  fureté ,  être  enfermés  avec  les  Grecs ,  dans  une 


4PS> 


i 


même  enceinte  de  murailles  ,  quoiqu'ils  en  fuiïent  inté- 
rieurement féparés  par  un  autre  mur;  Avec  le  tems  ,  ils 
ne  firent  plus  qu'une  ville  enfemble  ,  6k  il  fe  forma  un 
mélange  de  loix  grecques  &  barbares  ;  ce  qui  eftsrrivé 
encore  à  d'autres  villes.  Ainfi  ce  nom  étoit  celui  d'une 
partie  de  la  ville  d'Ampuries ,  avant  que  les  Marfeillois 
euflent  fait  prévaloir  ce  dernier. 

INDICmE.  Voyez  Indigetes. 

INDICIACUM.  Voyez  Indiacum, 

INDICOMORDANA ,  ville  d'Afie*  dans  la  Sog- 
dinae,  félon  Ptolomée ,  /.  6,  c.  12. 

INDIGENjE  :  on  appelloit  ainfi ,  chez  les  anciens 
Latins  ,  les  premiers  habitans  d'un  pays ,  que  l'on  croyoit 
n'être  point  venus  s'y  établir  d'un  autre  lieu.  Ce  mot 
s'exprime  en  grec  par  âvBtymi  quia  été  engendré  là. 
Le  nom  latin  eft  formé  d'Indu  ,  employé  anciennement 
pour  in ,  comme  on  le  voit  fouvent  dans  Lucrèce  ,  de 

feno  ,  au  lieu  duquel  on  dit  gigno  ,  mais  d'où  genus 
C  genitus  font  formés.  Les  anciens  payens  ayant  perdu 
les  traces  de  l'hiftoire  de  la  création ,  fe  firent  des  fables 
ridicules  6k  impies  ,  6k  fe  figurèrent  que  les  hommes 
avoient  été  engendrés  par  la  terre.  A  mefure  qu'ils  s'é- 
loignèrent de  leur  première  patrie ,  ils  oublièrent  peu- 
à-peu  leur  véritable  origine.  L'ignorance  de  quelques- 
uns  devint  fi  groffiere  ,  qu'ils  fe  crurent  une  production 
de  la  terre  qu'ils  habitoient.  Les  Allemands  ne  donnoient 
à  leur  dieu  Tuiscon ,  père  de  Mannus ,  l'un  6k  l'autre 
fondateurs  de  leur  nation ,  qu'une  origine  commune 
avec  les  arbres  de  leurs  forêts.  Les  Athéniens  qui  af- 
feftoient  de  fe  dire  'Atm%sévts  ,  ou  nés  d'eux-mêmes, 
ne  l'entendoient  pas  dans  un  fens  plus  raifonnable.  Mais 
en  écartant  toute  fiction  ,  le  mot  Indigenœ  fignifie  les 
naturels  d'un  pays ,  ceux  qui  y  font  nés,  pour  les  diftin- 
guer  de  ceux  qui  viennent  enfuite  s'y  établir.  C'eft  ainfi 
que  les  rlolmtots  étaient  Indigenz ,  par  rapport  aux  Hol- 
landois  qui  ont  commencé  la  colonie  au  Cap  de  Bonne- 
Efpérance  ;  &  la  poftérité  de  ces  mêmes  Hollandois 
eft  devenue  Indigenœ ,  par  rapport  aux  nouvelles  fa- 
milles qui  iront  l'augmenter.  Voyez  l'article  Abori- 
gènes. 

1.  INDIGETES  ,  a  été  dit  dans  un  fens  affez  fem- 
blable.  Il  vient  d'Indu  6k  d'ago  ,  6k  fignifie  ceux  qui 
demeurent  dans  un  pays,  ou  firnplementy«  habitans  : 
de-là  vient  que  les  payens  appelloient  de  ce  nom 
les  divinités  particulières  qu'on  adoroit  dans  une' contrée. 

2.  INDIGETES  :  l'ufage  ayant  rendu  ce  nom  com- 
mun, la  reffemblance  du  fon  fit  qu'on  le  dit  pour 
fignifier  un  peuple  particulier  d'Espagne  ,  dont  le  vrai 
nom  auroit  du  être  Indiceta  d'Indica  leur  capitale.  On 
nomma  auffi  ce  peuple  Endigeti.  Voyez  ce  mot  6k 
l'article  d'iNDlCA. 

INDOSCYTHE  ,  ancien  peuple  d'Afie ,  aux  confins 
de  la  Scythie  6k  de  l'Inde  ,  vers  le  confluent  du  Cophène 
6k  de  l'Indus.  Ce  font  les  Scythes  que  Denys  le  Perié- 
gete  appelle  méridionaux.  En  effet  ils  l'étoient  par  rap- 
port à  la  Scythie;  mais  ils  étoient  feptentrionaux  par 
rapport  aux  Indiens.  Ptolomée  y  met  les  villes  fuivantes , 
au  couchant  du  fleuve  : 


Artoarta , 
Nasbana  , 


6k  Codrana 


Andrapana , 
Banagara 


Sur  le  fleuve  même, 

Embolima  , 
Pentagramma , 
Afigramma , 
Tiauspa  , 
Arijlobathra , 
Axica , 


Paradabathra. 
Pisca , 
Pajiptda , 
Suficana , 
Bonis  , 
Colaca. 


Mais  c'eft  trop  étendre  l'Indoscythie ,  que  de  l'avancer 
jusqu'à  la  mer  des  Indes.  Il  y  comprend  encore  les  ifles 
6k  plufieurs  villes  autour  de  l'Indus  ,  6k  borne  l'Indoscy- 
thie par  le  pays  de  Larice ,  auprès  de  la  mer ,  à  l'orient. 

INDOUSTAN  ;  quelques  -  uns  écrivent  Indojlan  , 
d'autres  Hindouftan.  J'ai  dit  ailleurs  que  les  Orientaux 
ont  une  aspiration  très-forte  en  prononçant  ces  fortes 
de  mots  ,  6k  qu'un  Perfan  qui  partait  allez  françois  pour 
s'expliquer  en  cette  langue ,  ne  pouvoit  jamais  dire  les 
Indes ,  mais  les  Hindes.  Nous  avons  pris  ce  nom  d'In- 
Toms  III.    R  r  r  ij 


IND 


douftan  pour  dire  le  pays  des  Indes  ,  des  livres  des  Turcs 
&  des  Perians.*  VHtrbdot ,  Bibliothèque  orientale. 

Les  Géographes  Perians  le  divii'ent  en  deux  parties , 
le  Sind  ou  le  Send ,  qui  eft  aux  environs  du  fleuve  In  dus 
dont  le  nom  moderne  eft  le  Sind&c  le  Hindou  le  Hend  , 
qui  eft  aux  environs  du  Gange.  Voyez  les  articles 
Hend  &  î>END  ,  où  l'on  domine  les  bornes  fck  l'éten- 
due de  chacune  de  ces  parties. 

Tout  le  pays  de  Hend  fck  de  Send  pris  enfemble  ,  fe 
divilé  en  trois  parties. 

La  première  s'appelle  Guçerate  ou  Decan.  Elle  con- 
fine avec  les  p  ijrs  de  Gaznen ,  de  Multan  fck  de  Makhran , 
ôt  eft  la  plus  occidentale  des  trois. 

La  féconde  porte  le  nom  de  Manibar ,  que  nous 
appelions  le  M.iUbar.  Elle  eft  à  l'orient  &  au  midi  du 
Guznerate ,  fck  on  l'appelle  encore  Belad-al  Fuiful ,  c'eft- 
à-dire  le  pays  du  poivre  ,  parce  que  c  eft  là  qu'il  vient 
en  abondance.  L'arbre  qui  le  porte  s'attache  aux  autres , 
&  les  embraife  comme  le  lierre. 

La  troifiéme  pâme  fck  la  plus  orientale  s'appelle  Mabar 
ou  Mebar,  mot  qui  lignifie  en  arabe  lepa/fage  ,  à  calife 
que  l'on  pafle  de  cette  partie  des  Indes  à  la  Chine. 
Elle  eft  toute  entière  au-delà  du  golfe  de  Bengal  ,  fck  a 
pour  capitale  la  ville  de  Canacor  ou  Cancanor.  C'efl- 
là  que  l'empereur ,  ou  le  plus  grand  roi  des  Indes,  fait 
fon  féjour ,  îelon  l'auteur  du  Meflahet-al-ârdh  ,  qui  eft 
une  géographie  perfienne. 

Les  anciens  géographes  Orientaux  donnoient  le  nom 
de  Sin  en  atabe,  fck  de  Tschin  en  perfan,  aux  pays  de 
Pégu  ,  de  Siam,  du  Tonquin  &c  de  la  Cochinchine. 
Ainf3  ils  les  joignoient  à  la  Chine,  fck  non  pas  à  l'Indouftan. 

L'Indoustan  proprement  dit  eft  la  même 
chofe  que  l'empire  du  Grand-Mogol.  Voyez  ce  mot. 

On  peut  confidérer  dans  l'Indouftan  plufieurs  grands 
empires  ;  fck  cette  réflexion  eft  néceflaire  pour  l'intel- 
ligence de  l'hiftoire  des  Indes  ,  tant  dans  le  moyen  âge  , 
que  dans  ces  derniers  fiécie^.  Nouh-ben-Mansorou  Noé  , 
fils  de  Mansor  VII  ,  roi  ou  prince  de  la  dynaftie  des 
Samanides ,  fuccéda  à  fon  père  ,  l'an  3  58  de  l'hégire.  Ce 
fut  la  même  année  que  l'Emir  Alptghin  ,  gouverneur 
de  la  ville  fck  de  la  province  de  Gazna  ,  étant  mort  ; 
Sebekieghin  qui  avoit  été  esclave  de  cet  Emir  ,  fck  qui 
en  avoit  obtenu  la  liberté ,  fut  déclaré  l'héritier  de  tous 
fes  biens.  Il  avoit  paflé  par  toutes  les  grandes  charges 
de  la  milice;  &  il  trouva  le  moyen  de  fuccéder  à  fon 
maître ,  dans  la  dignité  de  gouverneur  de  la  ville  de 
Gazna.  Le  fultan  Nouh  fut  obligé  de  la  lui  confirmer. 
Sebekceghin  gagna  fi  bien  l'afL&ion  des  peuples  fck  de 
l'armée ,  qu'il  fe  rendit  en  peu  de  temps  abl'olu  clans 
les  états  du  Sultan.  L'an  367.  de  l'hégire,  il  entama  la 
conquête  de  l'Indouftan ,  fournit  plufieurs  rajas  ou  princes 
des  Indes ,  qu'il  contraignit  d'embraffer  le  Mabométisme. 
Les  yi&oires  qu'il  avoit  remportées  dans  les  Indes ,  lui 
acquirent  un  fi  grand  nom,  que  le  Sultan  Nouh  le 
laiifoit  agir  en  fouverain  dans  tous  fes  états  ,  &  le 
regarda  plutôt  comme  un  allié  néceflaire  ,  que  comme 
un  gouverneur  de  province.  Ce  fut  l'origine  de  la  dynas- 
tie des  Ga^nevidts.  Nouh  partagea  même  avec  Sebek- 
teghin  le  pays  de  Khoraflan  ;  &£  après  la  mort  de  ce 
dernier ,  Mahmoud  ,  fon  fils ,  refufa  de  reconnoître  Nouh 
pour  fouverain ,  fck  le  fit  même  dépofer.  Mahmoud  fit 
de  grandes  conquêtes  dans  l'Indouftan ,  dont  il  attaqua 
le  plus  plus  puiflant  roi ,  fck  le  détrôna.  Il  prit  le  titre 
de  Sultan,  fck  mourut  l'an  411  de  l'hégire,  après  un 
régne  de  trente-un  ans.  Il  s'étoit  rendu  maître  de  la 
Perse  fck  d'une  grande  partie  des  Indes,  où  il  trouva  des 
richeffes  immenses  ,  ce  pays  n'ayant  point  été  la  proie 
d'aucun  conquérant  depuis  bien  des  fiécles. 

La  dynaftie  des  Gaznevides  régna  fur  la  Perse  fck 
fur  une  partie  des  Indes,  environ  deux  cens  treize  ans, 
fck  fit  place  à  celle  des  Gaurides,  l'an  de  l'hégire  ^47. 
Schehab  Eddin-Ben-Sam  ,  frère  de  Gaïath-Eddin  ,  troi- 
fiéme Sultan  de  cette  dynaftie  ,  qui  l'affocia  à  l'empire, 
Se  auquel  il  fuccéda  ,  conquit,  du  vivant  même  de  ce 
frère  ,  l'an  571  de  l'hégire  ,  les  royaumes  de  Dehli  , 
de  Multan,  de  Souran ,  fck  plufievrs  de  l'Indouftan  , 
finies  tant  en-deçi  qu'au-delà  de  l'Indus ,  fck  s'avança 
même  jusqu'au  Gange.  Après  la  mort  deSchehabeddin, 
les  esclaves  qu'il  avoit  tirés  du  Turkeftan ,  fck  élevés 
aux  plus  grandes  charges  de  fon  état ,  s'emparèrent  de 
la  plupart  des  pays  de  fa  domination  ,  fck  particulièrement 
de  ceux  de  l'Indouftan. 


IND 


Cofhbeddin  Ibeky  fut  d*abord  le  plus  puiflant,  car 
il  étendit  fort  loin  fa  donrnation  ;  mais  Aramschàh, 
fon  fils  ,  ne  fe  trouvant  pas  capable  de  foutenir  !e  poids 
d'un  fi  grand  empire,  Iletmische  ,  furnommé  Scham- 
seddm ,  esclave  Turc  de  Ion  père  ,  en  prit  le  gouver- 
nement ,  fck  ensuite  s'en  rendit  le  traître ,  joignant  au 
royaume  de  Dehli  celui  de  Multan  ,  dont  il  dépofléda 
Naffer-Eddin-Cobah ,  qui  étoit  aufli  du  nombre  des 
esclaves  Turcs  du  Sultan  Schehab-Eddin. 

Iletmische  ou  Schamseddin  régna  vingt  fîx  ans,  & 
mourut  l'an  de  l'hégire  633  ,  de  Jefus-Chrift  1135  ;  fon 
fils  Firouz-Schah ,  furnommé  Rocneddin  ,  s'étan,  aban- 
donné à  la  débauche  ,  fut  dépolè  fck  enfermé  après  un 
régne  de  fept  mois.  On  mit  fur  le  trône  ià  feeur  Radiath- 
Eddin,  qui  avoit  ,de  grandes  qualités  :  elle  dompta 
les  rebelles  de  fes  états,  fck  mit  à  laraifon  ceux  d'entre 
fes  voifins  qui  vouloient  l'inquiéter.  Cependant  fa  févé- 
rité,  fck  un  mariage  mal  concerté  ,  lui  aliénèrent  les 
cœurs  ;  fck  l'an  637 ,  quelques  i'eigneurs  fe  failirent  d'elle 
fck  l'enfermerei  t.  Baramscha  fon  frère  qui  étoit  à  leur 
tête ,  régna  dans  le  Dehli  fck  fut  tué  au  bout  de  deux 
ans ,  dans  une  révolte  de  fes  fujets.  Je  pafle  cette  fuc- 
ceffion  pour  venir  à  Firôuze  ,  qui  ayant  fait  aflaflïner 
Ala-Eddin  fon  neveu ,  demeura  feul  en  pofleflion  du 
royaume  de  Dehli  jusqu'à  l'année  de  l'hégire  717,  6c 
de  Jefus-Chrift  1317. 

D'Herbelot ,  dans  fa  Bibliothèque  orientale ,  fournit 
les  faits  que  j'ai  raffemblés  dans  cet  article ,  fck  ajoute 
que  ni  Kondemir  ni  les  autres  hiftoriens  ne  portent  plus 
avant  cette  dynaftie  des  rois  de  Dehli;  ils  ne  rapportent 
point  non  plus  de  quelle  manière  elle  finit.  Mais  je 
trouve  dans  la  vie  de  Timui-Bec  ,  /.  4 ,  c.  19  6*  fuiv. 
que  cet  empereur  trouva  dans  le  royaume  de  Dehli  Sultan 
Mahmoud  Can  ,  petit-fils  de  Firouz-Cah  ,  empereur  des 
Indes,  apparemment  de  ce  Firouz  dont  nous  avons 
parlé  en  dernier  lieu  ,  fck  qui  fit  aflaflïner  fon  neveu  pour 
régner  feul.  L'époque  s'y  rapporte  allez  ;  carTimur-Bec,  • 
ou ,  pour  parler  comme  le  peuple ,  Tarrerlan  ,  vainquit  ce 
pnnee ,  l'an  1409  ,  fck  fournit  l'Indouftan  ,  depuis  l'Indus 
jusqu'au  Gange. 

De  tout  ceci  il  faut  conclure  que  les  Gizrevides  furent 
les  premiers  conquérans  des  Indes  ;  qu'ils  eurent  pour 
fucceffeurs  les  Gaurides  ,  qui  firent  place  aux  esclaves 
Turcs  ,  fck  que  la  poftérité  de  ceux-ci  portedoit  l'em- 
pire de  l'Indouftan ,  entre  V Indus  fck  le  Gange ,  lors- 
que les  Mogols,  fucceffeurs  deTamerlan,y  fonr  erent  le 
nouvel  empire  que  l'on  appelle  le  Mogol.  Cela  n'eft  point 
incompatible  avec  ce  que  nous  avons  dit  d'un  autre 
empire  de  l'Inde ,  établi  dans  la  partie  méridionale  de  la 
Lolange ,  ou ,  ce  qui  revient  au  même  ,  dans  la  pres- 
qu'ifle  dont  Bisnagar  étoit  la  capitale.  Voyez  ce  que 
j'en  dis,  après  le  P.  Bouchet  à  l'article  Indes  ,  dans 
leur  état  préfent.  Voyez  aufli  l'article  MoGOL. 

INDRE  ,  (T)  rivière  de  France  :  elle  a  fa  fource 
en  Berri ,  au  village  de  S.  Prier-la-Marche,  d'où  cou- 
lant vers  le  nord-oueft  ,  elle  coule  à  la  Chaftre  ,  reçoit 
plufieurs  ruifleaux ,  jusqu'à  Deols,  où  fe  recourbant  vers 
le  midi,  elle  baigne  Château- roux  ,  au  deflbus  duquel 
elle  ferpente  vers  le  fud-oueft  ,  puis  vers  l'ouift;  fck 
reprenantfon  cours  vers  le  nord-oueft ,  elle  pafle  auprès 
de  Chà  Mon  où  elle  commence  à  porter  bateau.  Elle 
entre  dans  laTouraine  où  elle  pafle  à  Loches,  fck  à 
l'abbaye  de  Cormeri;  ensuite  ferpentant  vers  le  cou- 
chant, elle  fe  jette  dans  la  Loire  deux  lieues  au-deflbus 
de  l'embouchure  du   Cher.  *  Vaugondy  ,  Atlas. 

INDROIS  angeriscus ,  autre  rivière  de  France,  en 
Touraine  :  elle  a  fa  fource  au  village  d'Ecueillé  ,  aux 
confins  du  Berri ,  d'où  circulant  vers  le  nord-oueft  ,  elle 
pafle  auprès  de  l'abbaye  de  Villeloin  ,  puis  entre  Beau- 
mont  fck  Montrefort;  fck  après  avoir  ferpente  jusqu'aux 
villages  de  S.  Quentin  fck  de  Chédigné  ,  elle  va  vers  le 
fud-oueft  (e  perdre  dans  l'Indre.  Cette  rivière  ne  fort 
point  de  l'éledtion  de  Loches  où  elle  a  fa  fource.  *  Vaw 
gondy ,  Atlas. 

1.  INDUS,  grande  rivière  d'Aile  ,  au  pays  qui  et» 
prend  le  nom  d'India  en  latin ,  fck  à'Inde  en  françois. 
Pilne.,  1.6,  c.  10,  dit  que  les  habitans  le  nommoient 
SlNDUS  ;  fck  c'eft  ce  dernier  nom  qui  eft  préfenrement 
employé  fur  les  Cartes  ,  où  le  nom  moderne  eft  écrit 
le  SlNDE.  lia,  dit  le  même  auteur,  fa  fource  dans 
une  des  montagnes  du  Caucafe  ,  nommée  Paropamifus  : 
fck  Ptolomée, /.  7,  c.  1,  nomme  Imaùs  la  montagne 


IND 


IND 


Sot 


où  ce  fleuve  à  fa  fource  ,  auffi  bien  que  les  autres  rivières 
qui  le  grofliffent.  Sa  fource  n'eft  pas  fort  éloignée  de 
celle  du  Gange,  &  leur  cours  eft  parallèle  durant  un 
espace  affez  long  ;  mais  ensuite  ils  s'écartent  l'un  de 
l'autre  :  le  Gange  prend  fon  cours  vers  le  midi  oriental , 
&  l'Indus  poursuit  le  fien  vers  le  midi  occidental.  Pline 
dit  qu'il  reçoit  dix-neuf  rivières  ,  dont  les  plus  célèbres 
font  l'Hydaspe ,  fleuve  qui  lui  apporte  les  eaux  de  quatre 
autres;  la  Cantabra  qui  eft  groffie  de  trois  autres  rivières , 
&  deux  fleuves  qui  font  navigables  par  eux-mêmes  ; 
l'Acéfine  &  l'Hypafis.  Le  nom  du  fleuve  Cantabra,  qui 
ne  fe  trouve  dans  aucun  autre  partage  ,  eft  un  peu  fus- 
pectà  Cellarius,  Ge.ogr.ant.  I.  3  ,  c.  33.  Strabon,  /.  15  , 
nomme  dans  cet  ordre  les  rivières  qu'Alexandre  traversa 
en  fon  expédition  des  Indes  ;  le  Cophès ,  l'Indus ,  l'Hy- 
daspe ,  l'Acéfine ,  l'Hyarotis ,  &  enfin  l'Hypanis.  On  peut 
voir  les  détails  de  ces  fleuves  dans  leurs  articles  parti- 
culiers. 

Il  y  a  plus  de  difficultés  fur  les  embouchures  de  ce 
fleuve.  Arrien ,  /.  5  i  c.  3 ,  n'en  compte  que  deux ,  &C 
le  nomme  ,  à  caufe  de  cela ,  &kofj.of.  Il  dit  qu'il  forme  par 
ces  deux  bras  une  ifle  allez  femblable  au  Delta  d'Egypte , 
&  que  cette  ifle  fe  nomme  Patala  &  Patalena. 
Pline  affure  que  ce  fleuve  n'a  nulle  part  plus  de 
cinquante  ftades  de  largeur  ,  ni  plus  de  quinze  pas  de 
profondeur ,  en  quoi  il  ne  s'accorde  point  avec  Ctéfias  , 
(Apud  Photium  ,  Cod.  73,  )  qui  dit  que  fa  moindre 
largeur  eft  de  quarante  ftades ,  &  fa  plus  grande  ,  de  deux 
cens,  qui  font  douze  mille  cinq  cens  pas.  Pline,  à 
l'endroit  cité ,  met  deux  ifles  à  l'embouchure  de  l'Indus  ; 
une  grande  nommée  Prasiana,  &  une  petite  nommée 
Fatale.  Le  nom  de  la  première  ifle  vient  des  Prafiens, 
peuple  qui  habitoit  au  bord  de  l'Inde.  La  reiïemblanee 
de  cette  ifle  avec  le  Delta ,  &  du  mot  Prafîane ,  avec 
le  mot  grec  n^wj  ,  qui  veut  dire  verd ,  a  donné  occa- 
fion  à  Virgile ,  Georg.  1.  4 ,  v.  290,  de  la  nommer  la 
verte.  Egypte. 

Quaque  pkaretratcs  vicinia  Perjidis  urget , 
Et  viridem  Algyptum  nigra  fxcundat  arena. 

Car  c'eft  le  fens  que  le  P.  Hardouin  donne  à  ces  vers 
fur  le  fens  defquels  les  favans  ne  s'accordent  point.  Il 
p;  étend  que  ces  vers  : 

Nam  qua  Pelltzi  gens  fortunata  Canopi , 
Accolit  effufo  Jlagnantem  Jlumine  Nïlum , 
Et  circùm  piais  vehitur  fua  rura  Phafelis: 

regardent  le  véritable  Delta  d'Egypte  arrofé  ,  parle  Nil , 
&  qu'il  faut  expliquer  du  Delta  Indien  ,  voifin  de  la 
Perse  les  vers  ruivans  que  voici. 


Quaque pharetrata  vicinia  Perfidis  urget, 
Et  viridem  JEgyptum  nigra  fxcundat  arena, 
Et  diversa  ruens  feptem  discurrit  in  ora 
Usque  coloratis  amnis  devexus  ab  Indis  ; 
Omnis  in  hac  cerlam  regio  jacitarte  falutem. 

Ce  fens  eft  clair ,  &  je  fuis  furpris  que  cette  expli- 
cation n'ait  pas  été  généralement  reçue.  La  raifon  eft 
que  divers  favans  avoient  entendu  le  tout  du  Nil ,  &C 
rendu  les  Indiens  de  ces  vers  par  les  Ethiopiens. 

On  pourroit  objefter  que  l'Indus  ne  peut  y  être  décrit , 
parce  qu'il  n'avoit  que  deux  embouchures  ,  félon  le 
partage  d'Arrien  que  nous  avons  déjà  cité;  mais  il  eft 
aifé  de  répondre  à  cela ,  qu'Arrien  ne  parle  que  de  grandes 
embouchures  par  lesquelles  le  fleuve  étoit  navigable. 
Ptolomée  lui  en  donne  fept,  dont  il  marque  les  noms 
que  voici ,  en  allant  d'occident  en  orient.  Sagapa  , 
Sinthum  ,  Abreum  , Cariphi  ,  Saparages  ,  Saba- 
LASSA  &ç  Lonibare.  Ainfi  voila  fept  embouchures 
bien  fpécifiées.  Il  me  paroît  que  la  féconde  étoit  la 
principale  ;  qu'elle  fubfifte  aujourd'hui  ,  &  que  fon  nom 
n'eft  autre  que  celui  du  fleuve  même,  nommé  Indus  &C 
Sindus.  aujourd'hui  le  Sinde.  Le  P.  Hardouin  dit 
que  vicinia  Perfidis  ne  doit  pas  s'entendre  ,  comme  fi 
la  Perse  étoit  voifine  de  ce  Delta  Indien.  Vicinia  Per- 
fidis,  fignifie  le  pays  voifin  de  la  Perse  &  de  l'Indus  , 
entre  l'une  &  l'autre.  Je  réferve  au  mot  Sinde  la 
géographie  de  ce  fleuve,  félon  fon  état  préfent. 

1. INDUS,  fleuve  de  la  Carie.  Voyez  Calbis. 


INDUSTRIA,  ancienne  ville,  ou  gros  bourg  d'Italie, 
félon  Pline,  /.  3  ,  c.  5  ,  &  16.  C'efl  aujourd'hui  Calai, 
Voyez  BODINXOMAGUM. 

INER-EYRA.  Voyez  InnerarA. 

INESSCHI ,  montagne  de  l'Ethiopie  intérieure  ,  félon 
Ptolomée,  /.  4,  in  fine.  Mais  d'autres  manuscrits  lifent 
MESCHE ,  Unrx» ,  au  lieu  de  "Ira^r/.. 

1.  INESSA  ,  ou,  félon  quelques ,  manuscrits  Inossa  , 
fontaine  de  l'ifle  de  Rhodes.  Vibius  Sequefter  p  ,  101, 
edit.  ffeffil.  dit  qu'lnefla ,  ville  de  Sicile,  vient  de-là. 

a.  INESSA  ,  ville  ancienne  de  Sicile.  Voyez  ^Etna  3. 

INFAN  1  ADO  ,  contrée  d'Espagne  ,  avec  titre  de 
duehL  Elle  eft  compofée  des  villes  d'ALCOZER  , 
SALMERON  &  Valdeolivas  ,  &  de  plufieurs  bour- 
gades qui  en  dépendent.  L'infantado  fut  ainfi  nommée  , 
parce  que  plufieurs  infans,  fils  de  rois ,  l'avoient  pofledé. 
Don  Alfonse  futnommé  le  Sage,  le  donna  à  dona 
Major  Guillin  de  Guzman ,  fa  maitrefle  ,  qui  le  laifla 
en  mourant  à  dona  Béatrix  de  Caftilie  ,  leur  fille  , 
&  femme  de  don  Alfonse  III ,  roi  de  Portugal ,  laquelle 
en  fit  don  à  dona  Blanche  de  Portugal ,  fa  fille ,  &  abbefle 
d'un  célèbre  monaftere  appelle  las  Huelgas  de  Burgos. 
Cette  abbefle  le  vendit  à  l'infant  don  Manuel;  mais 
n'en  ayant  pu  retirer  !e  payement ,  elle  le  revendit  à 
l'infant  don  Pedro  de  Caftilie ,  feigneur  de  los  Came- 
ros  ,  fils  du  roi  don  Sanche  IV ,  à  la  charge  que ,  fi 
dans  un  certain  temps  il  ne  lui  en  comptoit  pas  le  paye- 
ment, elle  pourroit  le  revendre  à  d'autres  *  Vayrac  , 
Etat  pref.  de  l'Espagne ,  f.  3  ,  p.  88. 

Cette  vente  fit  naître  entre  les  infans  don  Manuel  5c 
don  Pedro  un  grand  procès ,  qui ,  après  une  très-longue 
discuffion  qui  occupa  tous  les  jurisconsultes  d'Espagne  , 
fut  décidé  en  faveur  de  don  Manuel,  auquel  l'état  de 
l'infantado  demeura. 

Dona  Confiance,  fa  petite  fille,  le  porta  en  mariage 
à  don  Micer  Gomez  -  Garfia  d'Albornoz  ,  neveu  du 
fameux  cardinal  d'Albornoz,  qui  le  lailTa  en  mourant  à 
don  Jean  d'Albornoz ,  fon  fils  ,  lequel  étant  mort  fans 
enfans  mâles ,  dona  Marie ,  la  fille  ,  le  porta  en  mariage 
à  don  Henri  de  Villena ,  furnommé  f 'Aftrologue  ,  iflu 
de  la  maifon  royale  d'Aragon  ,  grand-maître  de  l'ordre 
militaire  de  Calatrava  ,  comte  de  Cangas  &  de  Tinco  ; 
mais  ce  feigneur  étant  mort  fans  enfam,  il  échut  à  don 
Alvare  de  Luna  ,  grand-maître  de  l'ordre  de  S.  Jacques  , 
&  connétable  de  Caftilie,  petit- fils  de  dona  Thérefe 
d'Albornoz  ,  fœur  de  Micer-Gcmez  ,  laquelle  avoit 
époufé  don  Jean  Martinez  de  Luna,  feigneur  de  Gotor 
&  Illueca,  qui  fut  père  de  don  Avare  de  Luna,  feigneur 
d'Alfaro  ,  Cornago  ck  Canette  ,  père  du  connétable  don 
Alvare. 

Don  Jean  de  Luna ,  comte  de  Saint-Eftevan  ,  fon 
fils,  le  pofîéda  ensuite  ;  cV  après  lui,  dona  Jeanne,  fa 
fille ,  le  porta  en  mariage  à  don  Diego  Lopez  Pacheco  , 
marquis  de  Viliena. 

Henri  IV,  furnommé  YImpuijJant  ,  retira  ,  en  1470,' 
cet  état  des  mains  de  dona  Jeanne  de  Luna,  &  de  don 
Diego  Lopez  Pacheco ,  &  leur  donna  en  échange  la 
ville  d'ALCARAZ  ;  Si  peu  de  temps  après,  il  fit  don  des 
villes  d'ALCOZER ,  Salmeron  &  Valdeolivas,  à 
don  Diego  Hurtado  de  Mendoza  ,  qui  furent  érigées  ,  le 
21  Juillet  1475,  en  duché,  fous  le  nom  d'Infantado, 
parles  rois  don  Ferdinand  S:  dona  Ifabelle  ,  pour  récom- 
penser les  fervices  de  Don  Diego-Hurtado. 

Dona  Ane  de  Mendoza  ,  fille  aînée  de  don  Ignigc» 
Lopez  de  Mendoza,  cinquième  duc  de  l'infantado  ,  mort 
en  1601  ,  fans  enfans  mâles,  devint  héritière  de  ce 
duché  &  des  autres  états  de  fa  maifon  ;  &  époufa 
don  Roderic  de  Mendoza  ,  fon  oncle  ;  mais  n'ayant  eu 
de  lui  que  des  filles ,  fes  états  partirent  à  la  maifon  de 
Sandoval ,  avec  dona  Louile  de  Mendoza,  fa  fille 
aînée,  laquelle  époufa  don  Diego  Gomez  de  Sandoval, 
grand  commandeur  de  Calatrava  ,  fils  puîné  du  cardinal- 
duc  de  Lerma.  De  ce  mariage  naquirent  don  Roderic 
Deas  de  Vivar-Hunado  de  Mendoza,  Sandoval  de  la 
Vega  &:  Luna,  feptiéme  duc  de  l'infantado, mort  fans 
enfans,  le  17  Janvier  1657,  &c.  dona  Catherine  de 
Mendoza  &  Sandoval  qui  devint  huitième  duchefle,  par 
fucceflïon  ,  après  la  mort  de  fon  frère  ,  fe  maria  avec 
don  Roderic  de  Silva ,  cinquième  prince  de  Melito  & 
d'Evoli ,  quatrième  duc  de  Paftrana.  Elle  mourut  en 
1686,  laiflant  pour  héritier  de  les  états  don  Grégoire- 
Marie  -  Dominique   de  Silva  -  Mendoza  .&  Sandoval, 


J02 


INF 


ING 


cinquième  duc  de  Paftrana ,  &C  neuvième  de  l'Infantado 
qui  vécut  jusqu'à  l'an  1693  ,  &c  laiffant  pour  héritiers  de 
fes  états  D.  Jean  de  Dieu  de  Silva-Mendoza  ,  &;  Sando- 
val ,  fon  fils. 

INFANTE  ,  (Rio  do)  rivière  d'Afrique  ,  dans  la  Ca- 
frerie,  au  pays  des  Sonquas,  au  midi  de  la  terre  de  Na- 
tal. La  Carte  dAt'rique  faite  par  le  P.  Coronelli,  corri- 
gée &  augmentée  par  M.  deTillemont,  donne  le  nom  de 
Rio  do  Infante ,  à  une  grande  rivière ,  qui  borne  le  pays 
de  Natal  au  fud-oueft ,  &  qu'on  fait  venir  du  Monomo- 
tapa.  Baudrand,  éd.  1682,  qui  parle  conformément  à 
cette  Carte,  fait  deux  articles,  favoir  :  1.  Infantis  ca- 
put ,  qu'il  explique  Cabo  do  Infante ,  &C  dit  que  c'eft  un 
promontoire  d'Afrique,  dans  la  partie  méridionale  de  la 
Cafrerie ,  &  au  levant  du  cap  de  Bonne-Espérance  ,  & 
qu'il  a  été  nommé  ainfi  de  l'infant  D.  Juan.  2.  Infan- 
tisfluvius  ,  qu'il  explique  d  Rio  do  Infante.  C'eft,  dit-il, 
la  plus  grande  rivière  d'Afrique.  Elle  a  fa  fource  au 
royaume  de  Monomotapa  ;  &  après  une  longue  course, 
elle  fe  décharge  dans  l'océan  Ethiopien.  Il  ajoute  :  cette 
rivière  a  été  ainfi  nommée  par  D.  Juan,  infant  de  Por- 
tugal, qui  le  premier  la  découvrit  l'an  1487. 

En  premier  lieu  ,  ni  dans  la  terre  de  Natal ,  ni  encore 
moins  au  midi  de  cette  terre  ,  il  n'y  a  aucune  rivière 
qui  vienne  du  Monomotapa.  Au  midi  de  la  rivière  de 
Laurent  Marquez,  qui  eft  à  près  de  cent  cinquante  lieues, 
au  nord  de  Rio-Infante,  il  n'y  a  aucune  rivière  qui  mé- 
rite le  nomde  grande,  fi  ce  n'eft  la  rivière  Sans-fin,  & 
la  rivière  Large  qui  fe  joignent  au  midi  de  la  terre  de 
Nata!  ,  &  forment  ce  qu'on  appelle  la  rivière  de  Saint- 
Ckrijlophe.  Elles  ne  viennent  point  du  nord,  comme  il 
faudroit  que  cela  fût ,  pour  venir  du  Monomotapa  ,  mais 
du  couchait  méridional.  Rio  do  Infante  n'eft  qu'un  ruis- 
feau  ,  dont  le  cours  eft  à  peine  de  vingt  lieues  marines. 
Le  cap,  do:it  parie  Baudrand,  n'eft  pas  auprès  de  la  ri- 
vière de  même  nom ,  mais  auprès  de  la  baie  de  Saint- 
Sebaftien.  * De  rifle  ,  Carte  du  Congo,  &  du  pays  des 
Cafres. 

INFERIOR  ;  ce  mot  dans  la  langue  latine ,  fignifie 
la  mêmechi)fe  que  bas,  oi  s'emploie  dans  les  divifions 
des  pays  qui  fe  dift.nguent  en  hauts  !k  en  bas  ;  &  cette 
diftincYion  fe  prend  ordinairement  ,  félon  le  cours  des 
rivières.  C'eft  ainfi  que  la  Pannonie  étoit  divifée  en 
haute  &c  en  baffe.  P 'annonia  fuperior  Se  Pannonia  infe- 
rior,  es  ainfi  des  autres  pays. 

INFERNATES.  Voyez  l'article  qui  fuit. 

INFERUM  mare.  Les  anciens  voyant  l'Italie  en- 
tourée de  la  mer,  excepté  du  côté  des  Alpes,  diftin- 
g.ierent  cette  mer  par  rapport  à  l'Italie ,  en  haute  &  baffe. 
Ils  appellerent  Inforum  mare  celle  qui  bat  les  côtes  oc- 
cidentales de  cette  presqu'ifle  ,  &  Superum  mare  par  op- 
pofition  à  celle  qui  en  lave  l'autre  côté.  La  mer  inférieure 
s'étendoit  depuis  la  mer  Liguftique  ,  c'eft-à-dire  depuis 
la  cô'e  de  Gènes  jusqu'à  la  Sicile.  C'eft  la  même  mer 
que  quelqv.es  Grecs  appelaient  Notion  ou  Méridionale 
&c  Tyrrhcne,  félon  Pline,  /.  3  ,  c.  5.  Cette  diftinâion 
en  a  produit  une  autre  que  les  anciens  Latins  ont  em- 
ployée pour  les  arbres  qui  croiffoient  fur  les  montagnes 
de  l'Apennin  ;  car  comme  cette  chaîne  de  montagnes 
partage  l'Italie  en  deux,  du  nord  au  fud,  &  qu'un  des 
côtés  de  l'Apennin  envoie  les  rivières  dans  là  mer  fu- 
péneure  ,  &  l'autre  les  fiennes  dans  la  mer  inférieure, 
&  qu'elle  porte  du  buis  à  bâtir  ,  ils  ont  diftingué  les 
arbres  qui  croiflent  du  côté  de  la  mer  Adriatique  ,  par 
le  nom  de  Sitpernas  ;  &c  ceuxv  qui  croiffent  du  côté  de 
la  merde  Tojcane,  par  le  nom  iïlnfornas.  Pline,  /.  16, 
c.  39,  dit  que  le  fapin  de  ce  dernier  côté,  étoit  préféré 
à  celui  de  l'autre  côté:  Romœ  Infornas  abies  fupernad 
prœfenur.  Vitruve  ,  -'.2,  c.  10,  emploie  la  même  ex- 
preffion  ,  &tdit  :  Infornates,  qua  ex  apricis  locis  appor- 
tante, mêlions  funt  quàm  quee  ab  opacis  de  Superna- 
tibus  advàiurtur. 

INFITENSIS ,  fiége  épiscopal  d'Afrique.  On  ne  fait 
dans  quelle  province.  La'  Conférence  de  Carthage  fait 
mention  de  Vi&or  Inftenfis.  * Harduin.  Collecl.  conc. 

INFLASTE  ou  Euphraste,  contrée  de  la  Sarma- 
tie,  vers  l'océan  feptentrional  où  abordent  les  Germains 
&  les  Daces ,  félon  Laonic  ,  l.  8,  cité  par  Ortélius, 
Thefaur.  Ce  dernier  ajoute  :  je  crois  qu'il  a  voulu  mar- 
quer par-là  S.  Nicolas  fur  la  mer  Blanche.  Leunclavius 
l'explique  par  le  Lyjland ,  qui  e':  la  Livonie  ,  &T.  croit 
qu'il  faut  lire  dans  cet  auteur  Eifiante.   Il  eft  certain 


que ,  par  les  Daces  nommés  dans  ce  paffage ,  il  faut  en- 
tendre les  habitans,  non  de  la  Dacie  ,  qui  eft  fur  le  Da- 
nube ,  mais  du  Danemarck ,  qui  a  été  nommé  par  abus 
Dacia. 

INFULO ,  ancienne  ville  de  Cilicie  ,  félon  S.  Epi- 
phane  :  c'étoit  la  patrie  de  George  ,  évêque  Arrien.  Or- 
télius, Tkejaur.  qui  me  fournit  ceci,  cite  encoreAmmien 
Marcellin ,  /.  22 ,  &  ajoute  que  Batonius ,  da  îs  le  qua- 
trième livre  de  fes  Annales,  lit  in  Fullio  en  deux  mots; 
je  ne  fais  fur  quelle  autorité  ,  dit  Ortélius.  Ce  favant, 
homme  a  été  trompé.  Ammien  Marcellin  ,  /.  22,  c.  11, 
parlant  de  George ,  faux  évêque  d'Alexandrie  ,  au  fujet 
des  troubles  qui  furent  excités  à  fon  occafion ,  dit  :  In 
Fullonio  natus ,  ut  forebatur ,  apud  Epipkaniam  Ci  licite. 
oppidum  ,  auclusquc  in  damna  complunum  ,  contra  utï- 
litatem  fuam  rtique  communis  episcopus  Alexandria  ejt 
ordinatus.  On  voit  par  ce  paffage  que ,  George  intrus 
fur  le  fiége  d'Alexandrie ,  par  les  Ariens  ,  étoit  né  in 
Fullonio  ,  dans  la  maifon  d'un  foulon  ,  auprès  d'Epi- 
phanie ,  qui  étoit  une  ville  de  Cilicie.  S.  ■  Epiphane  , 
Haref.  76  ,  contra  Anomceos  ,  parle  de  cet  évêque.  II 
n'eft  point  queftion  de  chercher  en  Cilicie  Infulo,  ni  in 
Fulio  ,  encore  moins  d'en  faire  une  ville.  L'abbé  Fleuri, 
Hijioire  eccléjliajlique ,  l.  13,  c.  3 1  ,  ne  s'y  eft  pas  trompé. 
11  dit  très-bien ,  George  qu'ils  avoient  ordonné  évêque 
d'Alexandrie,  étoit  de  Cappadoce ,  homme  de  baffe  nais- 
fafice ,  fils  d'un  foulon  ;  c'eft  ce  que  fignifie  in  Fullonio 
natus  d'Ammien  Marcellin.  A  l'égard  de  la  différence 
des  noms  de  Cilicie  èk  de  Cappadoce  ,  j'ai  marqué  ail- 
leurs ,  que  leurs  limites  n'ont  jamais  été  bien  débrouil- 
lées.. 

1.  ING,  ville  de  la  Chine,  dans  la  province  de  Kian- 
gnan  ,  au  département  de  Fungyang  ,  féconde  métro- 
pole de  la  province.  Elle  eft  de  1  d.  2'  plus  occiden- 
tale que  Pékin ,  fous  les  34  d.  5'  de  latitude.  *  Atlas  Si- 
nenjîs. 

2.  ING  ,  ville  de  la  Chine ,  dans  la  province  de 
Channfi,  au  département  de  Taitung,  troifiéme  métro- 
pole de  la  province.  Elle  eft  plus  occidentale  que  Pé- 
kin de  4  d.  7',  par  les  40  d.  de  latitude.  *  Atlas  Si- 
nenfis. 

INGA  ou  Iga  ,  province  du  Japon ,  dans  l'ifle  Ni- 
phon ,  fur  la  mer  du  Japon ,  au  midi  d'Ixo  ,  &  à  l'o- 
rient de  Jamatto  ,  avec  une  ville  de  même  nom.  C'eft 
une  péninfule. 

ING.<EVONES,  ancien  peuple  d'Allemagne,  vers  la 
mer  Baltique.  Tacite  ,  c.  2 ,  dit  dans  fa  Germanie  ,  en 
parlant  des  anciens  Germains  :  ils  ont  d'anciennes  poë- 
fîes  ,  le  feul  genre  d'hiftoires  &  d'annales  connu  parmi 
eux.  On  y  raconte  que  Tuiscon  ,  leur  dieu  ,  produit 
par  la  terre ,  ck  fon  fils  Mannus,  font  l'origine  &  les  fon- 
dateurs de  leur  nation.  Ils  donnent  à  Mannus  trois  fils , 
des  noms  desquels  ont  été  appeliés  trois  grands  peuples; 
les  Ingevons  ,  qui  habitent  le  plus  proche  de  l'Océan  ; 
les  Hermions  qui  font  au  milieu  des  terres  ;  &  les  Ifte- 
vons  qui  font  tous  les  autres.  Ce  paffage  de  Tacite  nous 
apprend  deux  chofes  ;  premièrement ,  que  les  Ingevons 
habitoient  vers  la  mer  ,  c'eft-à-dire  au  nord  de  l'Alle- 
magne ;  en  fécond  lieu  ,  que  les  noms  des  Ingevons , 
des  Hermions  &  des  Iftevons,  étoient  venus  des  héros, 
qui  avoient  été  les  premiers  chefs  des  familles,  qui,  en 
fe  multipliant ,   avoient  formé  ces  trois  peuples. 

A  l'égard  du  premier,  Pline,  /.  4,  c.  14  ,  y  eft  con- 
forme. Cet  excellent  géographe  divife  les  Germains  en 
cinq  grandes  nations ,  qu  il  ïubdivife  en  plufieuçs  peu- 
ples. Selon  lui  ,  les  Ingevons  comprenoient  fous  eux  les 
Cimbres ,  les  Teutons  &  les  divers  peuples  à  qui  le 
nom  de Cauchi  étoit  commun;  toutes  ces  nations  étoient 
voifines  de  la  mer.  Les  Ingevons  ne  comprenoient  pas 
feulement  la  terre  ferme  ;  mais  encore  ces  ifles  entre  les- 
quelles on  comptoit  alors  la  Scandinavie,  parce  qu'on 
n'en  connoiffoit  que  la  partie  méridionale.  jEihicus 
dans  fa  Cosmographie  eftropie  miférablement  ce  nom, 
&  dit  Ingeonici ,  au  lieu  à'Ingœvones. 

Pour  ce  qui  eft  du  fécond  ,.  Tacite  nous  fait  voir  l'inu- 
tilité des  tortures  que  divers  favans  fe  font  données 
pour  trouver  la  lignification  de  ces  noms.  Beatus  Rhe- 
nanus,  Rer.  Gernnin.  1.  3  ,  p.  217,  veut  qu'on  life  Vi- 
givonts  ,  &  le  dérive  de  Wik  &c  de  Wonen.  Le  pre- 
mier,  félon  lui,  fignifie  golfe ,  &  le  fécond  demeurer, 
parce  qu'ils  habitoient  près  du  golfe.  Villichius ,  Com- 
ment, in  Tacit.  German.  p.  425  ,  le  dérive  de  Wigaw. 


ING 


W 'og,  qui  veut  dire  fiot ,  ou  de  la  mef  ',  ou  d'une  ri- 
vière ,  6c  de  Woncn.  Goropius  ,  Etymolog.  Cimbric. 
p.  294 ,  aime  mieux  changer  ce  nom  en  Hinge^ewoner, 
parce  que  ,  félon  lui ,  Hinge  ou  Hengen  ,  fignifie  au- 
près ,  &  Hingere  auprès  de  la  mer.  Wontr  lignifie  les 
habitans.  André  Althamer  ,  Comment.  German.  p.  88 , 
a  poufté  le  badinage  jusqu'à  faire  faire  un  teftament  à 
Mannus ,  dont  voici  un  article.  Maximo  natu  Ingavo- 
nés  feu  potiùs  Vigevones.  Hoc  eft  littorales  infulares- 
que  populi  parento.  Il  ajoû.e  qu'Ingœvon  régnoit  en 
Allemagne  au  tems  de  Zamée  V,  roi  des  Babyloniens , 
&  du  tems  du  patriaache  Ifaac.  Il  croit  qxflngevon  eft 
la  même  chofe  que  ein  Inwoner  ;  mais  ce  mot ,  qui  ne 
fignifie  qu'habitant ,  inhabitator ,  ne  feroit  pas  plus  pro- 
pre aux  Allemands  ,  qu'à  quelque  autre  nation  que  ce 
foit.  Il  vaut  mieux  s'en  tenir  à  Tacite  ,  qui  dit  formelle- 
ment que  ces  noms  Ingœvones  ,  Hermiones ,  &C  Iftavo- 
nes,  viennent  de  trois  fils,  anciens  chefs  de  famille,  qui 
étoient  les  plus  fameux  dans  la  tradition  conservée  par 
les  poëfïes  des  Germains.  Voyez  Hermions. 

INGAUNI  Ligures,  peuple  particulier  de  la  Ligu- 
rie.  Strabon ,  l.  4 ,  p.  2.02 ,  dit  :  comme  quelques-uns 
des  Liguriens  font  Ingauni ,  &  d'autres  Intemelli ,  il 
étoit  raifonnable  d'appeller  leurs  colonies  maritimes: 
l'une  Albium  Jntemelium  ,  c'eft-à-dire  Intemelium  des 
Alpes  ;  l'autre  d'une  manière  plus  concife  ,  Albingau- 
num,  c'eft-à-dire  en  retranchant  la  fin  du  mot  Albium, 
pour  n'en  faire  qu'un  mot  avec  Ingaunum.  De  ce  nom 
on  a  fait  Albengue  ,  nom  moderne  de  cette  colonie. 
Nous  avons  remarqué  ailleurs  ,  que  les  anciens  difoient 
Alpium  &c  Albium  ,  en  parlant  des  Alpes. 

INGCHING ,  ville  de  la  Chine  ,  dans  la  province 
de  Huquang ,  au  département  de  Tegan ,  quatrième  mé- 
tropole de  la  province.  Elle  eft  plus  occidentale  que 
Pékin  ,  de  4d.  20',  par  les  3 1  d.  38'  de  latitude.  *  Atlas 
Sinenfis. 

INGELFINGEN ,  bourg  d'Allemagne ,  dans  la  Suabe, 
fur  la  rive  feptentrionale  du  Cocher  ,  entre  Hall  & 
Neuftat.  *Robert  de  Vaugoniy ,  Atlas. 

INGELHEIM,  ville  d'Allemagne,  au  Palatinat  du 
Rhin,  fur  la  rive  orientale  de  la  rivière  de  Sala,  qui  va 
au  nord  occidental  fe  perdre  dans  le  Rhin.  Cette  ville 
eft  dans  le  Nahegow,  &  presque  enclavée  dens  l'arche- 
vêché de  Mayence  ;  entre  cette  dernière  ville  à  l'orient, 
&  la  ville  de  Bing  ,  au  couchant,  à  deux  milles  de 
l'une  ôc  de  l'autre.  Les  habitans  croient  que  Charle- 
magne  y  naquit ,  aufli-bien  que  fon  fils  Louis  le  Dé- 
bonnaire. Voici  comment  en  parle  Munfter,  qui  étoit 
natif  de  ce  lieu.  Il  ne  le  traite  que  de  bourg,  Flœkên.  Il 
y  a ,  dit-il ,  un  château  ,  nommé  Ingelheimer  S  al ,  ou 
la  Sale  d'Ingelheim  ,  qui  appartenoit ,  il  y  a  huit  cents 
ans ,  à  l'empereur  Charlemagne  ;  &  il  y  faifoit  fa  réfi- 
dence  ordinaire  ,  lorsqu'il  étoit  dans  la  haute  Allema- 
gne. Il  y  a  beaucoup  d'auteurs  qui  écrivent  qu'il  y  étoit 
né  ;  mais  d'autres  veulent  qu'il  fût  né  à  Liège  ,  fur  la 
Meufe. 

Je  ne  puis  m'empêcher  d'interrompre  ici  ce  que  dit 
Munfter ,  pour  inférer  l'opinion  d'Aventin.  Cet  hifto- 
lien ,  /.  4,  p.  186,  dit  :  Charles  naquit,  l'an  du  falut  742  ; 
quelques-uns  ont  cru  que  c'étoit  {AngilemisJ)  à  Ingel- 
heim ,  peu  loin  de  Mayence  ;  mais  ils  fuivent  une  légère 
conjecture  ,  parce  qu'il  y  a  des  veftiges  d'un  prétoire, 
8c  qu'on  y  montre  le  lieu  où  il  fut  élevé ,  comme  fi  les 
auteurs  ne  convenoient  pas  que  Charles  étoit  déjà  em- 
pereur ,  lorsqu'il  bâtit  ce  palais.  On  en  trouve  qui  pen- 
îent  qu'il  étoit  né  en  Brabant ,  trompés  par  l'affinité  des 
noms  ;  car  les  annaliftcs  s'accordent  à  dire  que  les 
Carlomans  y  régnèrent  &  y  étoient  nés.  Mais  les  per- 
fonnes  les  mieux  inftruites  aflurent  qu'il  étoit  né  kCarls- 
bourg,  château  de  la  haute  Bavière ,  qui  en  a  pris  fon 
nom.  Reprenons  la  fuite  interrompue  d'Ingelheim. 

Le  même  empereur  indiqua  une  affemblée  générale 
de  l'empire  à  Ingelheim  ,  pour  y  juger  Taflillon  de  Ba- 
vière, contre  lequel  il  y  avoit  des  plaintes  très-graves. 
L'aflemblée  le  condamna  à  mort  ;  mais  Charlemagne 
adoucit  cette  peine  ,  Se  l'enferma  dans  un  monafte're  , 
où  il  fe  fanttifia.  C'eft  à  ce  jugement  qu'il  faut  rappor- 
ter le  concile  d'Ingelheim  ,  tenu  en  788  ,  Ingilenhei- 
menst  concilium.  Louis  le  Débonnaire ,  fils  de  Charle- 
magne ,  y  féjourna  auffi  ;  &  il  y  tint  une  diète  générale 
où  fe  trouvèrent  des  députés  de  Rome ,  du  Danemarck , 


ING  jo3 

&  de  quantité  d'autres  états.  L'an  840  ;  ce  monarque 
mourut  dans  l'Ifle  ou  fur  l'Av  ,  qui  eft  dans  le  Rhin  , 
vis-à-vis  d'Ingelheim*  L'an  948,  on  tint  dans  cette  ville 
un  concile,  ou  fe  trouvèrent  trente-quatre  évéques.  L'em- 
pereur Otton  le  Grand  y  affifta  ;  &  le  pape  y  en- 
voya pour  légat  l'évêque  Marin.  Ce  fut  à  Ingelheim  , 
que  l'empereur  Henri  III ,  époufa  Agnès ,  fille  de  Guil- 
laume, duc  d'Aquitaine  ;  &  l'an  1106  ,  Henri  IV  y 
fut  dépouillé  par  les  évêques  ,  des  ornemens  de  l'em- 
pire. L'empereur  ,  Fridéric  I ,  fit  rebâtir  le  palais  impé- 
rial d'Ingelheim  ,  qui  tomboit  en  ruine.  En  1360,  ou 
environ ,  Charles ,  roi  de  Bohême,  &  empereur,  en  mé- 
moire de  Charlemagne  ,  fit  renouveller  cette  fale ,  y 
fonda  une  collégiale  de  clercs  réguliers  ,  &  fournit  ce 
cloître  à  celui  de  Prague  en  Bohême.  Quoiqu'il  n'y  ait 
plus  de  chanoines  ,  la  dépendance  fubfifte  encore.  Tous 
les  anciens  bâtimens  font  tombés  ,  à  la  réferve  de  l'é- 
glife  de  la  Croix.  Les  murs  de  la  ville  fe  font  allez  bien 
conservés.  Je  me  fouviens ,  poursuit  Munfter ,  d'avoir 
encore  vu  cinq  ou  fix  colomnes  que  Charlemagne  avoit 
fait  venir  de  Ravenne  avec  d'autres  colomrres  qu'il  en- 
voya à  Aix-la-Ghapelle  ;  mais  Louis  ,  comte  Palatin  , 
les  a  fait  ensuite  transporter  à  Heidelberg ,  dans  le  châ- 
teau ,  où  elles  font  encore.  L'an  1460,  l'évêque  de 
Mayence,  foutenu  parles  comtes  deVeldentz  &de  Li- 
gnange  &C  leurs  alliés  ,  vinrent  afîiéger  le  château  d'In- 
gelheim ;  mais  Fridéric ,  comte  Palatin  du  Rhin ,  vint 
au  fecours  ,  &les  mit  en  fuite.  Cette  ville,  &c  celles 
d'pppenheim  &  de  Keyferslauten  ,  furent  engagées  à 
l'élefteur  Palatin.  Cette  ville  eft  ruinée ,  &c  n'a  plus-rien 
de  la  magnificence  qu'elle  de  voit  avoir,  lorsqu'elle  étoit 
le  féjour  des  empereurs.  Elle  eft  fur  une  hauteur ,  a  une 
vue  charmante ,  &  le  terrein  des  environs  eft  très-fer- 
tile. 

"Outre  les  événemens  remarquables  dont  nous  ve- 
nons de  parler,  cette  ville  a  été  la  patrie  de  Sebaftien 
Munfter,  auteur  d'une  géographie  univerfelle  intitulée 
Cofmographie ,  félon  l'ufage  de  ces  tems-là.  Elle  a  été 
traduite  en  françois  &  en  allemand.  Il  s'étoit  fait  Corde- 
lier  ;  mais  il  fe  fit  enfuite  Proteftant ,  &  enfeigna  à 
Bafle,  où  il  fe  fit  une  grande  réputation.  Il  travailla 
beaucoup  fur  le  texte  hébreu  de  l'Ecriture -fainte  ;  &C 
ces  deux  genres  d'érudition  ,  qu'il  pofTedoit  à  un  degré 
très-rare  dans  le  tems  où  il  vivoit ,  le  firent  nommer 
CEsdras  &c  le  Strabon  de  l'Allemague.  Il  mourut  de 
la  pefte,  à  Bafle,  le  23  Mai  1552  ;  il  étoit  né  à  Ingel- 
heim,  l'an  1489. 

INGENA  :  ancien  nom  de  la  ville  d'AvRANCHES. 
Voyez  cet  article.  Ortélius  rapporte  à  cette  ville  ce 
qu'on  lit  dans  une  ancienne  inscription  du  Recueil  de 
Goltzius,  Cohort.  I.  Ingenuorum. 

INGENIDAS ,  lieu  voifm  de  Conftantinople ,  félon 
Pierre  Gilles  ,  in  Bospor. 

INGENUE  Voyez  Ingena. 

INGERMANIE,  ou 

INGERMANLAND.  Voyez  ÎNGR1E. 

INDUNWM ,  apparemment  pour  SiNGiDUNUM, 
qui  étoit  dans  l'Illyrie. 

INGILINA.  Voyez  Angelina, 

INGININI  :  quelques  exemplaires  vicieux  de  Pline 
portent  ainfi  ,  au  lieu  de  Iguvini ,  qui  font  les  habitans 
d'Iguvium  ,  préfentement  Gubio.  *  Ortel.  Thef. 

INGINIUM  :  quelques-uns  ont  ainfi  lu  ce  nom 
dans  Silius  Italicus ,  /.  8  ,  v.  460  ;  l'édition  de  Cellarius 
rétablit  Iguvium ,  qui  eft  le  vrai  nom. 

INGOLSTAD ,  ville  d'Allemagne  ,  fur  la  rive  fep- 
tentrionale du  Danube  ,  à  trois  heures  de  chemin ,  au- 
deflbus  de  Neubourg.  C'eft  une  belle  ville  ;  &  on  rap- 
porte que  Maximilien  ,  électeur  de  Bavière  ,  dilbit  : 
que  Munich  me  nourriffe  ;  mais  je  veux  me  défendre 
à  Ingolftadt  :  il  regardoit  cette  ville  comme  la  plus 
forte  de  fon  pays.  Elle  eft  en  effet  très -bien  fortifiée. 
Quelques-uns  l'ont  appellée  en  latin  Aureatum.  Voyez 
ce  mot.  Munfter  Schopper  ,  Drefler,  &  autres  auteurs  , 
la  nomment  Engelftadt ,  Se  tirent  fon  origine  des  An- 
gles, ancien  peuple  qui  a  été  dans  la  Suabe.  Freher, 
Origin.  Palat.  part.  2  ,  c.  11,  rapporte  l'opinion  de 
quelques-uns  qui  croient  que  ces  Angles  vinrent  en  partie 
dans  l'intérieur  de  l'Allemagne  ;  qu'ils  pafferent  avec 
les  Lombards  &  les  Suéves  en  italie  ,  Si  biffèrent  des 
traces  de  leur  nom  Ingelheim  ,  Ingolfiad  ,  Engeliourg, 


jo4  INC 

■&  Engelrute.  Gretfer ,  dans  fon  Hiftoire  des  évêques 
d'Aich'ftat  ,  croit  aufli  qu'Engeltad  vient  des  Angles  , 
qu'il  prend  pour  des  Saxons  ,  &c  que  c'eft  en  partie  à 
caufe  d'eux  que  la  ville  eft  nommée  Anglopolis.  Il 
ajoute  qu'il  y  a  encore  à  Ingolftat  ,  un  lieu  nommé 
Ingelhoff,  que  l'on  regarde  comme  ayant  été  le  com- 
mencement de  la  ville.  Mais  il  déclare  qu'il  ne  vou- 
drait pas  contredire  ceux  qui  dérivent  ce  nom  des  véri- 
tables Anglois  ,  qui  vinrent  de  leur  pays  en  grand 
nombre  pour  prêcher  le  Chriftianifme  en  Allemagne. 
Il  trouve  auffi  vraifemblable  que  quelqu'un  d'eux  (bit 
vena  en  ce  lieu,  &  y  ait  commencé  la  ville  que  nous 
y  voyons  ,  puisqu'il  eft  sûr  qu'Aichftat,  ville  voiiine,  tire 
fon  origine  des  Anglois.  Il  ajoute  qu'lngolftat  fut  laiffée 
par  Charlemagne  ,  à  Taffillon  de  Bavière,  pour  ion  en- 
tretien. Bertius  croit  que  du  tems  de  Louis  IV,  Ingols- 
tat  n'étoit  encore  qu'un  village  dépendant  de  l'abbaye 
d'Altaych,  &  que  cet  empereur  en  fit  une  ville. ^Henzner, 
dans  fon  Voyage  cité  par  Zeyler,  raconte  que,  l'an  1312, 
on  l'aggrandit  de  moitié  ,  &que,  l'an  1410,  Louis,  duc 
de  Bavière  ,  en  acheva  les  murailles.  Le  duc  George 
le  Riche,  de  Landshut ,  y  avoit  un  beau  palais  ;  mais  ce 
fut  le  duc  Guillaume  ,  qui  en  fit  une  place  de  guerre , 
l'an  1537.  Les  environs  font  des  plaines  très-tértiles. 
L'églife  eft  grande  &  belle.  On  y  garde  une  ftatue 
d'or,  qui  repréfente  la  fainte  Vierge,  dont  l'habit  eft 
émaillé  de  blanc;  devant  elle,  eft  à  genoux  un  prince 
que  l'on  croit  être  un  roi  de  France ,  parce  que^  fon  ha- 
bit eft  émaillé  de  bleu,  avec  des  fleurs  de  lys  d'or.  Cet 
ouvrage  eft  très-riche  &  orné  de  pierreries  ;  de  forte 
qu'on  l'eftime  cent  mille  florins.  Ingolftat  eft  fur-tout 
remarquable  par  fon  univerfité  qui  a  les  mêmes  privilèges 
que  celle  de  Bologne  ,  &c  qui  a  eu  de  grands  hommes 
entre  fes  profeffeurs  ,  entr'autres  Robert  Bellarmin, 
Qbert  Gifânius  ,  Pierre  Appien  ,  tk  Jacques  Gretfer  ; 
le  premier  &  le  dernier  étoient  Jéfuites.  Munfter ,  Cos- 
mogr.  dit  qu'anciennement  toute  cette  univerfité  étoit 
partagée  en  quatre  nations,  favoir  de  Bavure,  du  Rhin, 
de  Franconie  &  de  Saxe.  Les  Jéfuites  y  furent  reçus 
en  1556.  Au  commencement  il  y  avoit  peu  de  profef- 
feurs ,  &  leurs  falaires  étoient  forts  petits  :  ils  demeu- 
raient enfemble ,  &  mangeoiènt  à  la  même  table.  Le 
pape  établit  pour  chancelier  perpétuel  de  l'univerfité  , 
l'évêque  d'Aichftat  ,  comme  diocéfain  ,  &  il  nomma 
pour  vice  -  chancelier ,  le  premier  profefleur  de  l'Ecri- 
ture-fainte.  _ 

1.  IN  GRANDE1,  Ignorandis,  petite  ville  de  Bretagne, 
au  bord  de  la  Loire,  aux  confins  de  l'Anjou,  dans  lequel 
elle  eft  mife  par  quelques-uns.  Elle  a  titre  de  baronnie. 
Commeelle  eft  furies  limites  de  l'Anjou  &delaBretagne, 
quelques-uns  ont  cru  que  le  nom  d'Ingrande  avoit  été 
fait  du  latin  ingrefus  Andium  ;  mais  Ménage  ,  {Hifi.  de 
Suabe,  p.  136,)  qui  étoit  très  -  verfé  dans  les  étymo- 
logies,  dit  qu'il  a  été  fait  du  latin  Igorandis,  de  même 
que  le  nom  S  Ingrande  de  Poitou.  Il  remarque  au 
même  endroit  ,  que  Valois  a  oublié  de  parler  dans 
fa  Notice  des  Gaules ,  de  la  ville  d'Ingrande  en  Anjou. 
Cette  ville  ne  renferme  qu'environ  cent  dix-fept  feux, 
&  relevé  du  roi  à  caufe  du  château  d'Angers.  On  re- 
marque au  milieu  d'Ingrande  une  groffe  pierre  ,  qui 
fait  la  féparation  de  l'Anjou  ôt  de  la  Bretagne. 

2.  INGRANDE,  ville  de  France  ,  dans  le  Poitou, 
fur  la  rive  droite  de  la  Vienne  ,  aux  confins  de  la 
Touraine.  Ce  lieu  eft  nommé  Igorandis,  dans  la  Vie 
de  S.  Léger  évêque  d'Autun  *  Valef.  Notit.  Gall. 

3.  INGRANDE  ,  bourg  de  France  ,  dans  le  Berry  , 
aux  confins  du  Poitou  ,  fur  la  rive  occidentale  de  la 
rivière  d'Anglin  ,  au  couchant  méridional  de  le  Blanc. 
Baudrand.la  donne  au  Poitou.  *  Jaillot  ,  Carte  du 
Poitou. 

INGRIE  ,  province  de  l'empire  Ruffien  ,  depuis 
que  Pierre  le  Grand  l'a  conquife  fur  la  Suéde.  Elle  «ft 
bornée  au  nord  par  le  fond  du  golfe  de  Finlande  ,  la 
rivière  de  Nerva  6c  le  lac  de  Ladoga  ;  au  levant  par 
une  ligne  imaginée ,  depuis  Laba  jusqu'à  la  rivière  de 
Luga,  qui  la  termine  en  partie  vers  le  midi  :  de  cette 
rivière  auprès  de  Maraneina  ,  on  imagine  une  autre 
ligne  qui  s'étend  jusqu'au  lac  Peipus.  L'Eftonie  achevé 
de  l'enfermer  au  couchant.  Ce  pays  eft  fertile  ;  les  eaux 
y  font  poiffonneufes  ,  &c  les  forêts  bien  fournies  de 
gibier,  On  y  fait  la  chafle  des  élans  qui  y  viennent  par 


ÏNH 


troupes  de  Finlande,  &  traverfent  la  Nerva  deux  fois  Pari  J 
au  printems  &t  en  automne.  On  y  comptoit  autrefois 
pluiieurs  villes  fortes ,  entr'autres , 

Notebourg  ou  Oresca,        Jamagorod, 
Ivanogorod,  Nyenschant^ 

Capurie. 

Mais  préfentement  Notebourg  a  été  détruite;  &  en 
fa  place  eft  une  fortereffe  nommée  Sleutelbourg.  La 
capitale  de  ce  pays  eft  S.  Petersbourg  ,  ville  bâtie  à 
l'embouchure  de  la  Narva  ,  depuis  le  commencement 
de  ce  fiécle.  *  Mémoires  particuliers. 

INGRIONES ,  ancien  peuple  de  la  grande  Germa- 
nie, félon  Ptolomée  ,  /.  2,  cil,  le  grec  ordinaire  porte 
lyyeloms  :  des  manuscrits  portent  'lyneicmi.  Ptolomée 
place  ce  peuple  entre  le  Rhin  &  les  monts  Abnobes, 
Spener  juge  qu'il  a  voulu  mettte  'lyyiwis  Ingaones  , 
&  le  reprend  de  les  avoir  placés  vers  le  mont  Abnobe  , 
comme  d'avoir  porté  les  Fennes  dans  le  milieu  de  la. 
Samartie.  Voyez  LNG.EVONES. 
INGTAK,  ou 

INGTE ,  ville  de ,  la  Chine  ,  dans  la  province  de 
Quanton ,  entre  cette  ville  &c  celle  de  Xaocheu  ;  elle 
eit  la fixiéme  ville  du  département  de  Xaocheu  ,  féconde 
métropole  de  la  province  de  Quanton.  Elle  eft  petite, 
&;  on  en  peut  faire  le  tour  en  un  quart  d'heure.  Safitua- 
tion  eft  fur  la  rivière  de  Tao,  mot  qui  veut  dire  un  pêcher , 
&  dont  on  a  donné  le  nom  à  cette  rivière  ,  parce  qu'elle 
eft  bordée  de  cette  espèce  d'arbres.  L'afFreufe  montagne 
de Zang-won-Hab  eft  fur  la  ville,  qui  eft  éloignée  de 
cent  vingt  lys  de  Sanxiu.  Les  murailles  en  font  hautes 
&  folides;  la  ville  a  de  belles  maifons  &  des  pagodes  : 
le  fauxbourg  eft  d'une  grandeur  paffable:  il  y  a  un  port, 
où  l'on  eft  à  l'abri  de  la  violence  de  la  rivière  qui  eft 
fort  rapide ,  &  c'eft  le  refuge  où  fe.  retirent  les  barques 
qui  craignent  d'être  maltraitées  par  le  mauvais  temps  : 
fur  le  port  même ,  il  y  a  à  droite  une  haute  tour  à  neuf 
étages.  L'Atlas  Chinois  fait  cette  ville  de  3  d.  46'  plus 
occidentale  que  Pékin,  &  lui  donne  24  d.  2'.  de  lati- 
tude. *Nieuhof,  Légat.  Batav./».  59.  Atlas  Sinenjîs. 

1.  INGXAN,  ville  de  la  Chine  ,  dans  la  province 
de  Kiangnan ,  au  département  de  Fungyang  ,  féconde 
métropole  de  la  province.  Elle  eft  de  1  d.  2'  plus  occi- 
dentale que  Pékin  ,  fous  les  34  d.  5' de  latitude.  *  Atlas 
Sinenjîs. 

z.  INGXAN  ,  ville  de  la  Chine ,  dans  la  province 
de  Huquang  ,  au  département  de  Tegan  ,  quatrième 
métropole  de  la  province.  Elle  eft  plus  occidentale  que 
Pékin  de  3  d.  53  ' ,  par  les  3  2  d.  10'  de  latitude.  *  Atlas 
Sinenjîs. 

INHAMBANE ,  royaume  de  la  baffe  Ethiopie ,  dans 
la  Cafrerie  ,  fur  la  côte  orientale ,  fous  la  ligne ,  qui  le 
divife  en  deux  parties  à-peu-près  égales  ,  fur  le  golfe  de 
Sophala.  Il  eft  borné  au  nord-eft  par  la  rivière  d'Inham- 
bane ,  qui  le  fépare  du  royaume  de  Sabia  :  la  mer  le  borne 
à  l'orient  &:  au  midi.  La  rivière  d'Aroé  ou  de  Manica , 
avec  une  ligne  tirée  de  cette  rivière  jusqu'à  la  fource 
de  la  rivière  d'Inhambane ,  le  termiaent  au  couchant. 
L'intérieur  du  pays  eft  peu  connu;  mais  fur  la  côte  on 
connoît  le  port  d'Inhambane ,  le  cap  des  Courans  ,  les 
rivières  à'Inhanga  &L  d'Inhapura,  qui  ont  très-peu  de 
cours,  &  celle  de  Ouro.  Dapper ,  Afrique,  p.  393, 
dit  que  la  ville  capitale  s'appelle  Tongue.  Elle  eft  dans 
les  terres,  au  midi  de  la  rivière  d'Inhambane.  Il  ajoute: 
la  chaleur  eft  exceffive  dans  ces  quartiers  ,  &  les  mar- 
chands Portugais  y  peuvent  à  peine  durer.  La  plupart 
des  habitans  font  encore  idolâtres  ,  &  les  Jéfuites  n'en 
ont  converti  que  fort  peu.  On  dit  pourtant  que,  l'an  1 660, 
Gonsalve  Silveira  baptifa  le  roi  &  toute  fa  famille.  *Dt 
l'IJle ,  Carte  du  Congo  &  de  la  Cafrerie. 

INHAMIOR ,  contrée  de  la  baffe  Ethiopie.  C'eft  , 
félon  Dapper ,  un  royaume  qui  relevé  du  Monomotapa. 
Il  eft  fitué  près  du  fleuve  Cuama.  La  principale  habita- 
tion, où  le  prince  demeure,  n'eft  qu'à  une  lieue  deSena, 
&  plusieurs  Portugais  y  font  leur  féjour.  Sena  eft  au  con- 
fluent de  la  Cuama  &  de  la  rivière  de  Suabo  ,  &  Inha- 
mior  eft  au  midi  occidental  de  Sena.  Ce  royaume  a  été 
détruit  par  le  Monomotapa. 
INHANGA  ,  rivière  d'Ethiopie.  Elle  coule  au 
royaume 


INN 


'royaume  d'Inhambane/ck  fe  perd  à  f  orient  méridional 
du  Cap  des  Courans.  *Dc  l'IJle ,  Cafrerie. 

INHANPURA ,  rivière  du  même  royaume  :  elle  eft 
petite  ,  quoique  phis  grande  que  la  précédente.  *  Ro- 
bert de  Faugondy,  Atlas. 

i.  INHAQUA,  petite  iïïe  d'Ethiopie  ,  far  la  côté 
orientale,  à  l'embouchure  de  la  rivière  de  Laurent-Mar- 
quez ,  au  midi  du  royaume  d'Inhambane.  *  Robert  de 
Faugondy,  Atlas. 

2.  INHAQUA  ,  petite  ville  d'Ethiopie ,  en  terre- 
ferme  ,  &  près  de  l'ifle  de  même  nom  ,  au  bord  de  là 
mer ,  entre  là  mer  ck  un  lac.  C'eft  où  commence  le  gou- 
vernement de  Mozambique.  *  Robert  de  Faugondy , 
Atlas. 

INJAMBI ,  rivière  de  l'Amérique  méridionale  ,  au 
Bréfil.  Elle  a.  (a  fource  dans  des  montagnes ,  qui  font  à 
l'orient  de  S.  Paul.  De  Laét ,  Ind.  occïd.  I.  i 5  ,  c.  17, 
dit  qu'elle  eft  allez  large  ,  Se  capable  de  porter  de  pe- 
tites barques  ;  qu'elle  eft  poifionneufe  ,  ci  fe  déborde 
quelquefois  dans  le  tems  des  pluies.  C'eft  apparemment 
la  même  rivière  qui  eft  nommée  Anemby ,  dans  le  Mé- 
moire du  P.  François  Burges,  Lett.  édif.  t.  12,  p.  53, 
'&  Aniembi  par  De  l'ifle  ,  Nouv.  Carte  de  l'Amérique. 
Elle  a  effectivement  fa  fource  dans  les  montagnes  voifi- 
nés  de  S.  Paul  ;  &,  coulant  vers  l'occident  feptentrional, 
elle  tombe  dans  la  Parana. 

INICERUM,  ancien  lieu  de  Pannonie.  Antonin, 
Ilïner.  le  met  fur  la  route  d'Hemonia  à  Slrmiurh ,  en 
palTant  par  Sïscia ,  &c  compte  ainfi  les  diftànces  depuis 
'cette  dernière  ville. 

Siscià, 

Fanants,    M.  P.  XXIII. 
Menneianis,    M.  P.  XXVI. 
Incero,  M.  P.  XXVIII. 

t'eft  ainfi  que  l'exemplaire  du  Vatican  donne  ce  nom  : 
les  éditions  modernes  ont  lnicerum.  Ortélius,  Thefaur. 
en  fait  une  ville.  Antonin  ne  dit  pas  que  c'en  fut  une. 

Lazius  &  Ortélius  croient  que  c'eft  aujourd'hui  CeR- 
KICH,  bourg  de  Hongrie.  Voyez  ce  mot,  n°  1. 
INICUM.  Voyez  Inycum. 

INIESTA  ,  Ecelejla ,  bourg  d'Espagne ,  dans  là  nou- 
velle Caftille ,  Se  non  pas  dans  la  vieille  ,  comme  le 
<3it  Corneille, -Dicl.  dans  la  Sierra,  entre  le  Xucar  ck 
le  Cabriel ,  mais  beaucoup  plus  près  de  la  première. 

INISHCORTHY,  ville  d'Irlande, ^  dans  la  province 
<3e  Leinfter,  au  comté  de  Vexford,  à  huit  milles  pres- 
qu'au  fud  de  Féarnes ,  fur  l'Urrin  ou  Slany  ,  Se  à  quinze 
milles  au  nord-eft  de  Rois.  Elle  envoie  deux  députés  au 
parlement.  *Etat  préfent  de  l'Irlande ,  p.  46. 
INISKILLING.  Voyez  Eniskilling. 
INIS-OWEN  ,  "petit  pays  d'Irlande  ,  avec  titre  de 
baronnie,  dans  la  province  d'Ulfter,  au  comté  de  Lon- 
donderri.  C'eft  une  petite  presqu'ifle  ,  fur  la  côte  fep- 
tentrionale  de  l'ifle.  Elle  eft  jointe  au  continent  de  l'ifle, 
par  un  petit  ifthme  ;  ck  c'eft  en  ce  lieu -là  qu'eft  la 
ville  de  Londonderri. 

INKIANG ,  fortereffe  de  la  Chine  ,  dans  la  province 
de  Queicheu,  au  département  de  Sunan,  troifiéme  mé- 
tropole de  la  province.  Elle  eft  plus  occidentale  que 
Pékin  ,  de  10  d.  9',  par  les  28  d.  5'  de  latitude.  *  Atlas 
Sïnenjis. 

INN,  rivière  d'Allemagne.  Les  anciens  l'ont  nommée 
Rmxis  &  (Enus.  Elle  a  fa  fource  en  Suiffe,  chez  les 
Grifons ,  au  pied  de  la  montagne  nommée  Septimer- 
lerg  ou  Monte  de  Sett.  Cette  montagne  produit  deux 
fources ,  qui  prennent  chacune  un  cours  bien  différent. 
L'une  eft  le  petit  Rhin  ;  l'autre,  appellée^ûa  diPila, 
fait  un  petit  lac  ,  au  fommet  de  la  montagne  ,  nommé 
Lagetto  di  Lungin  ;  Se,fe  précipitant  en  bas  de  la  mon- 
tagne ,  il  fait  le  petit  lac  de  Sils  ou  Silio ,  près  du  vil- 
lage de  Maloja  ,  Se  forme  la  rivière  de  l'Inn.  C'eft-là 
la  première  fource  de  cette  rivière.  Elle  coule  ensuite, 
en  ferpentant  vers  le  nord-eft,  dans  la  Ligue  de  la  Mai- 
fon-Dieu ,  où  elle  reçoit  plufieurs  ruiffeaux  ,  Se  donne 
le  nom  ,c1'Engadine  ,  à  la  vallée  où  elle  coule  ;  de-là 
vient  que  quelques-uns  la  nomment  Ingadine.  Elle 
entre  dans  le  Tirol  à  Furftermuntz  ;  Se  après  avoir  fer- 
penté  tantôt  vers  le  nord  ,  tantôt  vers  le  nord-nord-eft, 
elle  fe  tourne  vers  l'orient  depuis  Landeck  jusqu'à  1ns- 


INN      .     m: 

pruck  qu'elle' arrofe.  Cette  capitale  du  Tirol  en  prend 
fon  nom  ;  elle  paffe  à  Hall",  qui  n'en  eft  pas'loin  ;  puis, 
■prenant  fon  cours  vers  le  nord  -  eft  ,  elle  paffe  à  Kuff- 
ftein.  Là  elle  commence  à  couler  entre  la  Bavière  Se  le 
Tirol ,  auquel  elle  fert  de  borne,  quelque  espace  ;  après 
"quoi  ne  coulant  plus  que  pour  la  Bavière,  elle  y  baigne 
Rofenhaim  ,  Rot  Se  Wafferbourg  ;  elle  prend  alors  un 
cours  circulaire  ,  comme  pour  fa  joindre  à  la  rivière 
de  Sa'ltz  :  ensuite  elle  ferpente  vers  l'orient  feptentrio- 
nal ,  Se  enfin  vers  le  nord  ,  jusqu'à  ce  qu'elle  rencon- 
tre le  Danube ,  dans  lequel  elle  fe  perd  entre  Pâffau  Se 
Iwftat.  On  appelle  Innthal  ,  la  vallée  où  elle  coule. 

1.  INNA,  fontaine,  ou  ruiffeau  qui  fe  trouvait  entré 
deux  peuples  de  Thrace,  les  Madi  ck  les  Pceoms  ,  fé- 
lon Athénée ,  l.  2  ,  c.  2.  Dalechamp  traduit  mal  ce  nom 
^Ivva.,  par  Œna,  comme  le  remarque  Ortélius,  Thefaur. 

2.  INNA,  ancien  lieu  d'Afîe  ,  dans  la  Drangiane, 
félon  Ptolomée,  /.  6,  c.  19,  qui  laiffè  douter  fi  c'étoit 
'une  ville  où  un  village  ;  car  fà  lifte  comprend  lès  vil- 
lages Se  les  villes  fans  diftinftiort.  * Etat  préfent  de  là 
Gr.  Bretagne  ,  t.  2,  p.  261. 

INNEKEN.  Voyez  Lnniken. 

INNERARA  ,  ville  d'Ecoffe,  dans  la  province  d'Ar- 
gyle ,  dont  elle  eft  la  capitale  :  elle  eft  fitué  presqu'au 
bout  du  lac  Gilb  ,  qui  a  communication  avec  la  baie , 
qu'os  appelle  Logkfin.  Le  nom  de  cette  ville  eft  caufé 
que  quelques-uns  nomment  la  province  même  THE 
SHIRE  OF  INNERARA.  Baudrand  n'en  fait  qu'un  bourg-, 
ck  dit  qu'il  a  féance  au  parlement.   *A!lard,  Atlas. 

INNERKITHING  ,  port  de  mer  de  l'Ecoffe  méri- 
dionale ,^  dans  la  province  de  Fife  ,  dans  le  golfe  de 
Forth ,  à  l'orient  d'Abirdour.  Cette  petite  ville  envoyoit 
fes  députés  au  parlement  d'Ecofle  ,  avant  l'union  de  ce 
parlement,  avec  celui  d'Angleterre.  *  Etat  préfent  delà 
Gr.  Bretagne,  t.  2,  p.  250. 

INNERLOTH  ,  bourg  d'Ecofle ,  dans  la  province  de 
Lochabir.  Quelques-uns  écrivent  ce  nom  différemment  : 
comme  il  eft  fitué  au  bord  d'un  grand  lac ,  dont  il  prend 
le  nom  ,  les  uns  appellent  ce  lac  Loch  ,  ck  le  bourg 
Innerloch.  Quelques  autres  nomment  le  lac  Lothe  ,  Se 
le  bourg  Innetiothe.  L'Etat  préfent  de  la  Grande-Breta- 
gne dit,  en  parlant  de  la  province  de  Lochabir  :  fa 
ville  la  plus  confidérable  efl  celle  d'ÏNVERLOCHY,  qui 
a  été  autrefois  une  place  d'importance ,  tant  par  fa  force 
que  par  fon  commerce ,  jusqu'à  ce  qu'elle  fût  ruinée  par 
les  Danois  Se  les  Norvégiens.  Guillaume  III  la  fit 
fortifier  ,  &  il  y  a  bonne  garnifon.  *  ALlard ,  Atlas. 
Robert  de  Faugondy,  Atlas.  D ' Audifrzt ,  t.  I  ,  p.  218. 

INNERNAVERN  ,  bourg  de  l'Ecoffe  feptentrionale> 
dans  la  province  de  Strathnavern ,  fur  la  côte,  à  l'em- 
bouchure de  la  rivière  de  Navern ,  de  laquelle  elle  prend 
ce  nom. 

1.  INNEB.NESS  ,  province  d'Ecoffe,  dans  presque 
toute  fa  largeur.  L'Etat  prêtent  en  parle  ainfi  ,  p.  276. 
Innernefs ,  au  nord  de  Badenoch  ,  ck  à  l'oued  de  Mur- 
ray,  regarde  les  deux  mers ,  ck  s'appelle  ainfi  du  nom 
de  fa  capitale.  L'Atlas  d'Allard  étend  par-tout-là  la  pro- 
vince de  Murrai ,  Se  ne  connoît  point  d'autre  Innernefs 
que  la  ville  de  ce  nom  ,  fituée  à  l'embouchure  de  là 
rivière  de  Nefs  ,  qui  fort  du  lac  de  Nefs  ;  &  dont  elle 
tire  fon  nom.  D'ailleurs,  en  fuppofant  qu'Innemefs  foit 
une  province  détachée  de  Murrai ,  je  ne  vois  pas  com- 
ment elle  peut  regarderies  deux  mers.  De  l'ifle  nomme 
Inverness  la  ville  d'Innernefs ,  Se  il  n'eft  pas  le  feul 
qui  l'appelle  ainfi. 

2.  INNERNESS  ,  ville  d'Ecoffe ,  à  l'embouchure  de 
la  rivière  qui  fort  du  lac  de  Nefs.  Il  y  a  un  havre  pour 
de  petits  bàtimens.  Les  rois  d'Ecofle  y  ont  fait  autre- 
fois leur  rélidenceï  dans  le  château  qui  eft  bâti  far  une 
agréable  colline.  Il  eft  certain  que  Buchanan ,  qui  de- 
voit  bien  connoître  fon  propre  pays ,  dont  il  a  écrit  l'his- 
toire ,  appelle  cette  ville  Nessum  ad  cognomïnem  flu- 
vlum.  En  parlant  de  la  province  de  Murrai  ,  il  y  met 
deux  villes  confidérables  :  celle  -  ci  en  eft  une ,  l'autre 
eft  Elgin.  Au-delà  de  l'embouchure  du  Nefs  ,  dans  la 
mer  d'Allemagne ,  il  met  immédiatement  la  province  de 
Rofs,  Se  ne  dit  pas  un  mot  de  la  province  d'Innernefs 
ou  Invernefs  ,  que  je  crois  n'être  qi'une  contrée  qui 
comprend  les  environs  de  la  ville ,  de  la  rivière  Se  du 
lac  de  Nefs ,  bien  loin  de  regarder  les  deux  mers.  Mais 
voici  peut-être  ce  que  cet  auteur  a  voulu  dire;  peut-être 

Tomt  III,    SCC 


$o6 


INO 


INS 


voulu  parler  du  gouvernement  d'Innernefs ,  qui  eft 
fort  érendu.,.,-<k  qui  empiète  lur  plufieurs  provinces. 
D'Audifret,  dans  l'a  Géographie  hiftorique ,  t.i,p.^iy, 
dit  que  la  contrée  de  Badenoch  eft  incorporée  dans  ce 
gouvernement,  qui  outre  cela  comprend  auffi  la  province 
de  Lochabir  ,  &c  partie  de  ce  gouvernement.  C'eft  ap- 
paremment à  cet  égard,  que,  dans  l'Etat  préfent  delà 
Grande-Btetagne ,  Innermefs  eft  mife  au  rang  des  pro- 
vinces ,  quoique  ce  n'en  foit  pas  une.  D'Audirret  dit 
que  l'importance  de  la  fituation  d'Internefs  obligea 
Cromwel  d'y  faire  bâtir  une  citadelle  ,  pour  tenir  en 
bride  les  Ecoffois  feptentrionaux  ,  &:  s'aflurer  du  pqrt. 
Cette  ville  envoyoit  fes  députés  au  parlement  d'Ecofle. 

C'eft  près  d'Innernefs  ,  qu'eft  le  château  de  Culloden, 
fameux  par  la  bataille  donnée  ,  le  16  Avril  1746,  entre 
le  roi  d'Angleterre,  &  le  prince  Edouard,  prétendant 
à  ce  royaume  ;  ce  dernier  ,  après  des  prodiges  de  va- 
leur ,  fut  obligé  de  céder  au  nombre ,  &  penïa  périr. 

INNERSTE,  rivière  d'Allemagne,  dans  la  baffe 
Saxe.  Elle  prend  fa  fource  dans  le  duché  de  Brunswick, 
près  d'Ofterode,  d'où,  coulant  vers  le  nord,  elle  parle 
a  Wildeman.  Après  plufieurs  détours ,  vers  le  couchant 
&  le  nord ,  elle  fort  du  duché  de  Brunswick,  paffe  à 
Hildesheim  ,  &  va  fe  joindre  à  la  rivière  de  Leyne. 
Baudrand  a  tort  de  ne  faire  de  l'Innerfte  qu'un  ruiffeau, 
puisqu'elle  reçoit  une  douzaine  de  ruiffeaux  ou  rivières. 
*Sanson  ,  Jaillot. 

INNERURI  :  les  François  écrivent  Inner-Ouri, 
bourg  d'Ecofle  .,  dans  la  province  de  Buchan  ,  à  l'em- 
bouchure de  la  rivière  d'Uri  ou  Ouri  dans  le  Don.  Ce 
lieu  eft  fameux  par  la  victoire  que  Robert  Bruce  y  gagna 
contre  Jean  Cumin  &  fes  adhérens  ,  qui  tenoient  le 
royaume  en  fujétion  à  Edouard  I,  roi  d'Angleterre  ;  Se 
ce  qui  eft  remarquable  ,  c'eft  que  Robert  Bruce  étant 
malade  ,  fe  fît  porter  dans  une  litière  au  champ  des  ba- 
taille. *Etat  préfent  de  La  Gr.  Bretagne,   t.  2. ,  p.  173. 

INNICUS.  Voyez  Inycum. 

INNIKEN  ou  INNEK.EN,  petite  ville,  félon  quel- 
ques-uns ,  &C  félon  d'autres ,  bourg  d'Allemagne ,  dans 
le  ïirol ,  affez  près  de  la  fource  delà  Drave.  Quelques 
auteurs  l'appellent  en  latin  Âgunium ,  ancien  nom  qui 
a  été  connu  à  Pline  ,  a  Ptolomée  &  à  Antonin  ;  d'au- 
tres veulent  qa'Jgumum  foit  DoBLACH.  Elle  eft  aux 
frontières  de  la  Carinthie  ,  de  laquelle  elle  dépendoit 
autrefois,  puisque  d'anciens  ducs  de  Carinthie  y  ont  tenu 
leur  cour,  comme  le  rapporte  Mégiger  dans  fa  Chroni- 
que de  Carinthie  ;  mais  elle  eft  préientement  du  Tirol. 
*  ZevLer,  Provinc.  Auftriic.  Topog.  p.  151. 

INNTHAL  ou  Inthal  ,  c'eft-à-dire  la  va'lée  de 
I'Inn,  contrée  d'Allemagne  ,  dans  le  Tirol  ,  &t  l'une 
des  parties  confiilérables  de  cette  province,  le  long  de 
cette  rivière.  Inspruck  en  eft  la  capitale  ,  auffi- bien  que 
de  tout  le  comté. 

1NOPUS, "Uà-ms  ,  rivière  de  l'ifle  de  Delos.  Les 
anciens  ont  cru  que  ,  par  un  canal  caché ,  elle  fe  déta- 
choit  du  Nil.  Pline ,  /.'  j,  c.  103  ,  dit  feulement  que 
c'étoit  une  fontaine  qui  s'enfloit  &c  décroiffoit  comme 
le  Nil.  Le  P.  Hardouin  observe  qu'il  n'y  en  refte  pas  . 
le  moindre  vertige.  * Strabon  ,  1.  10,  p.  4^8. 

INOWLADiSLOW,  ville  de  Pologne,  dans  le Pa- 
latinat  auquel  elle  donne  fonnom,  au  bord  méridional 
delà  Viflule.  Quelques-uns  écrivent  InOwlogz  par 
abbrévianon.  C'eft  la  même  ville  que  Wladislaw,  où 
Hubner,  Géogr.  p.  715,  dit  qu'eft  un  château  où  réfide 
l'évêque  de  Cujavie.  André  Cellarius  ,  Aov.  Descr.  Po- 
Lon.  p.  141 ,  dit  de  même,  Wladislow,  principale  ville  de 
Cujavie.  La  cathédrale  eft  antique  ,  mais  riche  en  or- 
neniens  &  en  vafes  facrés.  Elle  eft  environnée  de  mai- 
fons  affeftées.  aux  chanoines  &  aux  écoles  ;  la  ville  & 
le  château  ,  placés  dans  un  marais  près  de  la  Viftule , 
font  bâtis  de  briques  ,  ck  le  bois  y  manque.  L'évêque 
qui  réfidoit  à  Cruswic,  transporta  en  cette  ville  fa  réfi- 
dence,  l'an  11 73.  Après  l'an  1159,  Suantopole,  duc 
de  Pomerelle  ,  détruifit  Inowladislow ,  qui  étoit  alors 
poffédée  par  Conrad,  duc  de  Mazovie  ;  &  s'étant  em- 
paré du  château  de  Nakel,  le  fortifa.  L'an  1328,  l'ar- 
mée de  l'ordre  Teutonique  paffa  la  Viftule ,  prit  cette 
place ,  la  brûla.  On  fauva  la  vie  aux  prêtres  ;  mais 
on  leur  défendit  de  bâtir  des  maifons  en  cet  endroit.  A 
quelque  tems  de-là,  l'évêque  ne  laiffa  pas  de  rebâtir, 
fous  la  fortereffe,  une  autre  cathédrale,  femblable  à  la 


première  ,  &  une  autre  églife,  fous  l'invocation  ce  faint 
Vital ,  martyr.  Il  bâtit  auffi  la  citadelle  de  la  ville,  de 
même  que  le  fort  de  Racianzi  ;  car  il  y  a  deux  fortè- 
reîfes  de  ce  nom  ,  l'une  en  Cujavie  ,  dont  il  s'agit  ici, 
&  l'autre  en  Mafovie.  Quelques-uns  ont  nommé  cette 
ville  Cujavie,  &  ont  ainfi  confondu  le  nom  du  pays 
Se  celui  de  fa  métropole.  * MicrtcL  Pomer.  /.  2,/>.  178. 

Le  palatinat  d'LNOWLADISLOW  eft  une 
contrée  de  Pologne,  ck  fait  partie  de  la  Cujavie.  Il  eft 
au.  nord  du  palatinat  de  Brzescie.  Il  n'a  point  d'autre 
lieu  remarquable  que  fa  capitale. 

INOVLOCZ.  Voyez  Inowladislow. 

INSANI  MONTES.  C'eft  ainfi  que  Tite-Live  & 
Florus  appellent  des  montagnes  de  l'ifle  de  Sardaigne, 
ck  que  Ptolomée  appelle  Mœnomena.  Ortélius  ,  fuivi 
par  Baudrand  ,  juge  que  ce  font  celles  qu'on  nomme 
Monte  dï  Canelle. 

INSANUS  LACUS.  Pline  ,  /.  31 ,  c.  2,  dit,  fur  les 
Mémoires  de  Juba ,  que  dans  la  Troglodytique,  il  y 
avoit  un  lac  ainfi  nommé ,  à  caufe  que  l'es  eaux  étoient 
malrâifantes.  Ce  mot  veut  dire  mal-fain. 

INSOCO,  contrée  d'Afrique,  dans  la  haute  Guinée, 
fur  la  Côte  d'Or  ,  dans  les  terres  ,  au  couchant  du 
royaume  du  grand  Akanis.  Ce  pays  eft  très-peu  connu 
de  fes  voifins ,  encore  moins  des  Européens. 

INSPRUCK,  ville  d'Allemagne,  au  comté  de  Ti- 
rol, dans  llnnthal,  fur  le  bord  de  flnn.  Selon  Bau- 
drand ,  elle  eft  à  quatre-vingt  milles  d'Allemagne  de 
Trente  vers  le  nord  ,  &c  à  trente  de  Saltzbourg  vers  le 
couchant.  C'étoit  autrefois  la  rélîdence  d'un  archiduc 
de  la  iv.aifon  d'Autriche  ;  mais  cette  btanche  s'étant 
éteinte,  en  1665,  cette  ville  6k  le  Tirol  entier  ont  ap- 
partenu à  Charles  VI  ,  dernier  empereur  de  la  maifon 
d'Autriche,  &  par  fucceifion,  à  Marie-Therèfe  d'Au- 
triche ,  aujourd'hui  impératrice.  Monconis,  qui  paffa  à 
Inspruck  ,  l'an  1664,  la  décrit  ainfi  ,  t.  3  ,  p.  373. 

Cette  ville  eft  lituée  au  milieu  du  vallon  :  la  rivière 
d'Inn  ba:gne  l'es  murs,  ou  plutôt  ceux  des  maifons  ;  car 
il  n'y  a  111  fortifications,  ni  murailles  que  les  maifons, 
qui  parodient  toutes  des  murailles  avec  des  fenêtres  , 
parce  qu'à  caui'e  des  vents  les  toits  en  font  couverts  par 
les  murailles  qu'on  haulfe  beaucoup  plus  ,  &  qui  les  ca- 
chent entièrement  ;  Inspruck  eft  très- petite  ,  les  rues 
étroites,  fck  outre  cela,  encore  rétrécies  par  plufieurs  ca- 
binets ,  qui  font  jettes  en  dehors  des  rrraifons.  Les  plus 
beaux  appartemens  de  toutes  les  maifons  font  au  troi- 
fiéme  étage.  L'églife  des  Récollets  a  un  affez  beau  por- 
tail ,  au-devant  duquel  il  y  a  un  porche  foutenu  de 
deux  colomnes  de  marbre  jaspé  ;  la  nef  eft  fermée  par 
quarre  colomnes  de  marbre  d'un  côté,  &  autant  de  l'au- 
tre ,  qui  fupportent  les  arcades.  Entré  chacune  de  ces 
colomnes,  il  y  a  quatre  ftatues  plus  grandes  que  nature, 
qui  font  de  bronze,  forr  bien  travaillées,  de  plufieurs 
archiducs  ,  rois  ck  empereurs ,  &  quelques  princes ,  en- 
tr'autres,  celles  de  Clovis ,  Godefroi  de  Bouillon  ,  Fer- 
dinand, roi  d'Arragon,  Philippe  le  Bon,  ck  Charles, 
comte  de  Charolois  ;  il  y  a  douze  de  ces  fta;ues  de  cha- 
que côté  ,  les  unes  armées,  les  autres  vêtues  à  la  royale, 
debout  fur  des  piedeftaux  ,  qui  font  tout  du  long  entre 
ces  colomnes,  fck  quatre  contre  la  clôture  qui  fépare  le 
chœur  de  la  nef,  qui  font  en  tout  vingt-huit,  lesquelles 
femblent  fervir  d'ornement  au  tombeau  de  Maximilien, 
qui  eft  au  milieu  de  la  nef:  il  eft  repréfenté  de  bronze, 
prnnt  à  genoux  fur  le  haut  d'un  monument  de  marbre, 
compofé  de  deux  ordres  de  panneaux  ou  carrés ,  huit' 
à  chacun  des  côtés,  ck  quatre  à  chaque  fond,  dans  les- 
quels font  en  bas-reliefs  de  marbre,  eu  petites  figures,  les 
plus  remarquables  attions  de  cet  empereur.  Sur  le  haut 
de  ce  monument,  il  y  a  encore  quatre  petites  vertus  de 
bronze.  L'églife  clés  Jéfuites  eft  fur  le  même  modèle 
que  celle  de  S.  Louis  à  Paris ,  mais  beaucoup  plus  pe- 
tite. Le  château  eft  fort  peu  de  chofe.  Le  devant  de 
l'hôtel  de  ville  n'a  rien  de  remarquable ,  qu'un  couvert 
de  bronze  doré ,  fait  en  écailles  ,  qui  eft  fur  un  balcon 
placé  fur  la  porte  ;  6k  il  eft  fi  bien  doré  ,  que  plufieurs 
croient  qu'il  eft  d'or  pur. 

INSTADT,  Œnijtadium,  petite  ville  d'Allemagne, 
fur  le  Danube ,  auprès  de  Paffau  ,  dont  elle  eft  féparée 
par  l'Inn  ,  à  fon  embouchure.  J'ai  remarqué  à  l'article 
d'iLSTADT,  qu'il  y  a  à  la  rencontre  de  l'Ill ,  qui  vient  du 
nord ,  de  l'Inn  qui  vient  du  raidi ,  ck  du  Danube  qui 


1NT 


INT 


vient  du  couchant,  &qui  le  charge  de  leurs  eaux,  trois 
villes  ,  favoir  Ilfladt  au  nord  du  Danube,  In/iade  à  l'o- 
rient de  YInn  ,  &  Paff'au  à  l'occident  de  cette  même 
rivière  :  ces  trois  villes  feroient  coiv.igues  l'une  à  l'au- 
tre ,  fi  elles  n'étoient  pas  féparées  ,  les  deux  dernières 
par  l'Inn  ,  &  la  première  par  le  Danube.  Voyez  Pas- 
sa W.  *  Mémoires  particuliers. 

INSUBRES ,  ancien  peuple  d'Italie  ,  dans  la  Gaule 
Cifalpine  ;  ce  nom  eft  diverlement  écrit  par  les  anciens. 
Pline,  /.  3  ,  c.  17,  les  nomme  lnsubres ,  &  dit  qu'ils 
fondèrent  Milan,  /.  3,  c.  1.  Ptolomée  ,  /.  22,  c.  6,  les 
nomme  "hauCpoi  ,  Infubri.  Tite-Live,  /.  30,  c.  18,  dit 
Insuper  eques  ,  pour  dire  un  cavalier  de  cette  nation , 
au  fingulier  ;  Injubres  Galli  ,  pour  nommer  la  nation. 
Etienne  le  Géographe  dit  Infobares,  pour  marquer  un 
peuple  qui  habitoit  fur  le  Pô.  Il  nomme  ailleurs  Inso- 
bri ,  un  peuple  d'Italie  ,  qui  eft  apparemment  le  même. 
Pclybe,  1.2,  c.  17,  dit  Ifombres ,  'l-ny&fis.  Strabon , 
/.  «f,  pojî  mit.  dit  qu'entre  les  Gaulois  ,  les  peuples 
Boii ,  lnsubres  &  Senones  étoient  les  plus  puiftans.  Ils 
étoient  voifins  des  Cenomani ,  félon  Polybe  ,  qui  en 
parle  auiïi  comme  d'une  narion  puiflante.  Milan  étoit 
leur  capitale.  Ils  n'occupoient  du  Milanez  ,  félon  le 
P.  Briet ,  que  les  villes  de  Milan  ,  de  Lodi,  de  Crème, 
de  Gherra  &  Ponte  -  San  -  Pietro.  Les  Orobiens,  les 
Lépontiens,  &c.  avoient  auffi  leur  part  du  pays  qui 
porte  aujourd'hui  le  nom  de  la  capitale  des  Infubriens. 

1.  INSULA ,  mot  latin,  qui  fignifie  unelsLE.  Voyez 
ce  mot. 

2.  INSULA.  Voyez  Isola,  ville  d'Italie. 

3.  INSULA,  au  fingulier,  & 

INSULTE,  au  pluriel,  nom  latin  de  Lille,  ville 
des  Fays-bas.  Voyez  Lille. 

INSULjE  ACUTjE.  Voyez  OxiA. 
INSULA  ADJE.  Voyez  au  mot  Isle,  l'article  Msle- 
Adam. 

INSULA  ARABUM.  Voyez  Gezirah. 
INSULA  Arpinas.  Voyez  Arpinas. 
INSULA  ATLANTIS.  Voyez  Atlantide. 
INSULA  BARBARA.    Voyez  I'Isle-Barbe  ,    au 
mot  Isle. 
INSULA  BOCARDI.  Voyez  l'Isle-Bouchard. 
INSULA  DEI.  Voyez  l'Isle-Dieu. 
INSULA  HISPANA.  Voyez  l'Lsle  Espagnole. 
_  INSULA  IGNITA  :  Aimoiï  de  Halberftadt  nomme 
ainfi   un  lieu  d'Egypte  ,  fameux  par  les  miracles  de  faint 
Macaire.     Califte   ik  l'Hiftoire  tripartite  .en  font  aufli 
mention ,  au  rapport  d'Ortéhus ,  Thej'aur. 
INSULA  JORDANIS.  Voyez  l'Isle-Jourdain. 
INSULA   PHASÏANORUM.    Voyez  l'Isle    des 
Faisans  ,  au  mot  Faisans. 

INSULA  SACRA,  à  l'embouchure  du  Tibre  ;  c'eft 
préfentement  Ilbla-grande. 

INSULA  SACRA.  Voyez  Holi-Iland. 
INSULA  SANCTA.  Voyez  Heilige  Land. 
INTA  ou  Asianta,  royaume  d'Afrique  ,  en  haute 
Guinée,  dans  la  Côte  d'Or,  aflez  loin  de  la  mer,  & 
dans  les  terres.  Il  eft  puilTant ,  riche  &C  fort  peuplé , 
fournit  beaucoup  d'or,  &  n'eft  guères  connu  des  Eu- 
ropéens, que  fur  la  relation  des  Nègres.  C'eft  à  quoi 
fe  réduit  ce  qu'en-  dit  Bosman,  dans  fa  fixieme  Lettre  , 
Relat.    de  Guinée  ,  p.  84. 

INTEMELIUM  Albium  ,  ville  maritime  d'Italie, 
dans  la  L'gurie,  félon  Piine,  /.  3  ,  c.  <j.  Antonin ,  dans 
fon  Itinérai4e  ,  met  ces  deux  mots  en  un  ,  &  dit  Al- 
binurr.e'uum  ;  &C  la  Table  de  Peutinger  porte  Albenti- 
millo  :  en  retranchant  la  première  iyliabe  on  en  a  fait 
Vintimiglia.  Voyez  Vintimille. 

1.  INTERAMNA  ,  ville  d'Italie  ,  en  Ombrie,  félon 
Pline,  /.  ,8  ,  c.  28  ;  &  Strabon,  /.  5  ,  p.  227.  Ce 
dernier  la  met  fur  la  route  d'Ocricuium  à  Rimini.  Elle 
étoit  à  l'orient  de  Narni ,  en  allant  à  Spolette.  Tacite, 
Jf{ft\  "7;  V  c'  **\  '  ^lC  :  on  donna  or<lre  qu'une  partie 
s'arrêtât  à  Narni  ,  &  l'autre  à  Interamna.  Il  en  nomme 
{Annal.  I.  1,  c.  70,)  les  habitans  Interamnates.  Ils 
soppoferent  au  defiein  que  l'on  avoit  de  partager  la 
rivière  du  Nar  ,  aujourd'hui  la  Nera ,  &  de  la  faire 
couler  dans  les  campagnes  par  des  coupures.  C'eft  à 
caulé  de  cette  rivière  que  ,  pour  diftinguer  cette  ville 
des  autres  de  même  nom,   Pline  nomme  fes  habitans 


J07 

Interamnates ,  furnommés  NaRTES.  Le  nom  moderne 
eft  Terni. 

Ce  nom  ,  comme  Varron  le  remarque  ,  fignifie  un 
lieu  enrermé  dans  une  ou  plufieurs  rivières.  Oppidum 
Interamna,  quod  inter  amnes  ejl  conjlitutum.  Cela  con- 
vient à  toutes  les  villes  de  ce  nom. 

2.  INTERAMNA,  ville  d'Italie  ,  au  pays  des  Vols- 
ques ,  auprès  du  confluent  des  fleuves  Liris  &c  Cafinus, 
félon  Strabon  ,  /.  5  ,  p.  227  &  237  ,  c'eft-à-dire  du  Ga- 
riglan  &  du  Sacco.  Ce  nom  moderne  a  beaucoup  de 
rapport  avec  le  furnom  que  Pline  donne  aux  Inter- 
mananes  ,  habitans  de  cette  ville  ;  Interamnates  Suc- 
cajîni  qui  &  Urinâtes  vocantur ;  &  il  y  a  bien  de  l'ap- 
parence que  ces  deux  furnoms  venoient  des  deux  riviè- 
res ,  au  confluent  delqueftes  ce  lieu  étoit  fitué.  Quoiqu'il 
foit  très-probable  que  c'étoit  le  lieu  nommé  aujourd'hui 
Ylfolcta  ;  Holftenius  aime  mieux  croire  que  c'eft  TORRE 
di  Termine. 

3.  INTERAMNA,  ville  d'Italie,  au  pays  des  Pra> 
gutiens  ou  Prsetutiens.  C'eft  préfentement  Teramo. 
Ptolomée  écrit  Interamnia.  * Ptolom.  1.  3  ,  c.  I. 

4.  INTERAMNA ,  ou 

1.  INTERAMNIS  ,  nom  latin  d'Entraigues ,  félon 
De  Thou.  Par  la  même  analogie  il  nomme  Balzac,  fieur 
d'Entraigues ,  Interamnas  Bal{acus. 

2.  INTERAMNIS,  nom  latin  d'Antrain  ,  ville  de 
France,  au  Donziois.  Voyez  Entrain.  Cette  ville  eft 
nommée  dans  l'Hiftoire  des  évêques  d'Auxerre  Intera- 
nis,  par  corruption.  Robert  d'Auxerre,  dans  fa  Chroni- 
que ,  la  nomme  de  même  Interannus  ,  quand  il  dit  que 
Peregrinus  vint  du  tems  de  Valérien  à  Auxerre  qu'il 
nomme  Autricum  ;  qu'y  ayant  élevé  une  petite  églife  , 
&  détruit  toute  la  fuperftition  payenne  ,  il  fe  rendit  à 
Entrain ,  Interranum  ,  où  tous  les  Gentils  couroient  en 
foule  ,  pour  célébrer  les  fêtes  de  Jupiter. 

3.  INTERAMNIS,  nom  latin  d'une  ville  &  d'une 
abbaye  de  Bretagne ,  nommées  Antrain.  Voyez  An- 
train  1.  Les  Annales  de  S.  Bertin,  en  font  meution, 
ad  ann.  863  ,  &  portent  que  le  roi  Charles  fe  rendit 
au  Mans  ,  &  de-là  s'avança  jusqu'à  un  monaftere,  quod 
Interamnis  dicitur  ,  où  Salomon ,  duc  de  Bretagne ,  ac- 
compagné de  tous  les  grands  de  fa  cour,  le  vint  trouver. 

INTERAMNIUM  Flavium  ,  ancienne  ville  d'Es- 
pagne. Antonin  ,  Itin.  la  met  fur  la  route  de  Brague  à 
Aftorga  ,  à  xxx.  M.  P.  de  la  dernière.  Ptolomée  en 
parle  auffi  ,  &C  met  Interamnium  Flavium  auprès  de  Ber, 
gidum ,  auffi-bien  qu'Antonin  qui  ne  met  entr'elles  que 
XX.  M.  P.  de  diftance.  Mais  Ptolomée  place  cette.  In- 
teramnium Flavium  près  d'un  autre  Interamnium ,  qu'il 
nomme  Amplement ,  &  qui  étoit  différente  de  la  pre- 
mière. Ses  interprètes  difentqu'  Interamnium ,  eft  pré- 
fentement PONFERRADA  ,  ck  Interamnium  Fla-iium 
Flente  Encelada. 

INTERANIESIA,  'h-nfatmna. ,  ancienne  ville  d'Es- 
pagne ,  dans  la  Lufitanie,  félon  Phleeon  ,  de  Longtevis, 
c.  1.  Ortélius  croit  que  ce  mot  eft  corrompu.  Le  père 
Hardouin  croit,  au  contraire  ,  qu'il  eft  bien,  &  que  cette 
ville  eft  la  même  dont  les  habitans  (ont  nommés  In- 
teranmenses  par  Pline  ,  /.  4  ,  c.  22.  Il  eft  vrai  que  les 
éditions  ordinaires  portent  Interausenses  ,  &  Ortélius 
n'a  pas  lu  autrement ,  mais  plufieurs  manuscrits  portent 
lnter ansejjes  ;  &  une  inscription  au  Recueil  de  Gruter, 
p.  162,  fait  connoître  qu'il  faut  lire  dans  Pline  Interan- 
nienses ,  comme  dans  l'inscription. 

INTERANNIENSES.  >  .,         ....       ,  ,, 

INTERAUSENSES.    J  Voyez  l  art,cle  Pre«dent. 

INTER BROMIUM,  lieu  d'Italie.  Antonin  le  met 
fur  la  terre  de  Rome  à  Hadria ,  &£  compte  ainfi  les 
diftances, 

Cerfinia, 

Corfinium,  XVII.  M.  P. 
Interbromium ,  XI.   M.   P. 
Theate  Maruunum  ,  XVII.  M.  P. 
Hadriam  ,  XIV.  M.  P. 

La  Table  de  Peutinger  le  nomme  lnterprîmum.  C'étoit 
un  village  dont  on  ne  fait  rien  autre  chofe. 

1.  INTERCATIA  ,  ancienne  ville  d'Espagne.  Pto- 
lomée la  met  chez  Jes  Vaccéens.  L'Epitome  du  48e livre 
Tome  III,     S  H  ij 


jo8  INT 

de  Tite-Live  raconte  comme  tous  les  peuples  de  la 
Celtibérie  fembloient  insulter  à  Claudius  Marcellus,  fon 
fucceffeur  L.  Lucullus  dompta  les  Vaccéens  &  les 
Cantabres,  nations  Espagnoles  ,  que  l'on  ne  connoif- 
foit  pas  auparavant.  Là,  poursuit-il,  P.  Cornélius  l'Afri- 
cain ,  Scipion  jEmilien ,  fils  de  Paulus  ,  petit  -  fils  par 
adoption  de  Scipion  l'Africain ,  n'étant  que  tribun  des 
foldats ,  tua  un  barbare  qui  défioit  les  Romains  au  com- 
bat ;  Se  il  courut  un  plus  grand  danger  à  l'attaque  d'In- 
tercatia,  car  il  fauta  le  premier  fur  la  muraille.  Aureiius 
Viftor ,  de  Vins  illujl.  parlant  de  Scipion  jEmilien,  dit 
qu'il  vainquit  en  combat  fingulier  un  guerrier  auprès  de 
la  ville  d'Intercatia.  On  voit  dans  le  Recueil  de  Gru- 
ter,  p.  324,  n.  10  ,  une  inscription  qui  porte  Modejlus, 
Inurcat.  Ex  G  enté  WaccxorumUxoriP'untiJJîmx.  C'eft 
la  même  qu'Antonin  met  fur  la  route  d'Aftorga  à  Sarra- 
eoce. 

Mûrit,, 

Brigacûm,  XL.  M.  P. 

Intercatiam  ,  XX.  M.  P. 

2.  INTERCATIA  ,  autre  ville  d'Espagne ,  au  pays 
des  Orniaqnes,  félon  Ptolomée  ,  /.  2  ,  c.  6.  Cet  auteur 
diftingue  cette  ville  de  celles  des  Vaccéens',  par  la  dif- 
férente pofition  qu'il  leur  donne, 


INY 


Orniacorum 
Intercatia , 
Vaccmorum 
Intercatia  , 


Longit.  Latit. 

1  d.  10'.         44  d.  I?'- 
10       15'.         43       16'. 


Pline  parle  deux  fois  des  Intercatiens  ;  l'une ,  /.  3  ,  c.  3, 
en  nommant  les  dix-huit  peuples  compris  fous  les  Vac- 
céens ;  l'autre ,  /.  37,  c.  I ,  à  l'occafion  d'un  cachet  où 
le  combat  fingulier  de  Scipion  étoit  gravé  ;  &C  par  con- 
féquent  c'eft  la  même  Intercatia.  Le  P.  Hardouin  la 
met  dans  l'Espagne  citérieure  ,  Ortelius  de  même.  Cela 
ne  doit  pas  s'entendre  de  l'Espagne  citérieure,  par  rap- 
port à  l'Ebre  ,  mais  par  rapport  à  une  autre  divifion 
qui  mettoit  fept  grands  départemens  ,  ou  rendez  -  vous 
juridiques ,  avec  tous  leurs  peuples ,  dans  l'Espagne  ci- 
térieure, quoique  plufieurs  fuffent  bien  au-delà  de  l'Ebre. 
Voyez  Pline  au  livre  III,  c.  3. 

INTERCISA  ,  ancien  lieu  de  la  baffe  Pannonie.  An- 
tonin  ,  Itiner.  la  met  à  moitié  chemin  ,  entre  Luffu- 
nium  &  Anamatia,  à  XII.  M.  P.  de  l'une  &  de  l'autre. 
La  Notice  de  l'Empire ,  fecl.  57,  y  met  en  garnifon  une 
brigade  de  cavalerie  Dalmate  ,  Cuneus  equitum  Dalma- 
tarum  Intercifœ.  On  vient  de  voir  qa'Intercifa  &  Luf- 
funium  étoient  à  XII.  M.  P.  de  diftance  l'une  de  l'au- 
tre. Cependant  la  Notice  met  immédiatement  après  une 
garnifon  différente  à  Luffbnium  ,  qui  eft  à  préfent  In- 
tercifa.  Cuneus  equitum  Conjlantianorum  LuJJonio  nunc 
Intercifa.  L'une  &  l'autre  garnifon  étoit  du  département 
de  la  Valérie  Ripense.  Simlerditque  c'eft  présentement 
Rachzicewi,  village  deStirie,  aux  confins  de  la  Hon- 
grie- 

INTERDOCO  ;  quelques-uns  le  nomment  Anter- 
DOCO  ,  bourg  d'Italie  ,  au  royaume  de  Naples  ,  dans 
l'Abruzze  ultérieure ,  dans  un  détour  que  forme  la  ri- 
vière de  Velino,  pour  fe  rendre  à  Rieti  au  levant ,  & 
à  quatorze  milles  de  cette  ville,  au  couchant  d'été  ,  &C 
à  dix  milles  &  demi  d'Aquila ,  félon  Collenutius  qui  a 
écrit  l'Hiftoire  de  Naples  :  c'eft  l'ancienne  Intero- 
cre a.  Voyez  ce  mot. 

INTER  DUOS  LUCOS,  c'eft-à-dire  entre  deux  bois, 
lieu  particulier  de  la  ville  de  Rome.  C'eft-là ,  dit  Tite- 
Live  ,  /.  1 ,  c.  8 ,  que  Romulus  ouvrit  un  afyle.  Denys 
d'Halicarnaffe  ,'  /.  2 ,  c.  1.5 ,  dit  :  il  fit  une  place  qui  re- 
tient aujourd'hui  le  nom  des  deux  chênaies  qu'elle  por- 
toit  autrefois  ,  parce  que  les  deux  extrémités ,  qui  joi- 
gnoient  les  deux  collines,  étoient  couvertes  d'un  bois  fort 
épais. 

INTERFRURINI  :  ancien  peuple  de  l'Illyrie ,  félon 
Appien  ,  in  Illyr. 

IN  TERIEUR  :  ce  nom  fe  donne  en  géographie  par 
oppofition  au  mot  extérieur.  Ainfi  nous  difons  l'inté- 
rieur du  pays ,  pour  lignifier  les  parties  qui  vont  en  s'é- 
loignant  de  la  mer  ou  des  frontières.  Dans  ce  fens  les 


anciens  ont  appelle  la  Libye  intérieure  .  cette  partie  de 
la  Nigritie  ,  qui  eft  vers  le  centre  de  '"Afrique.  Ils  ont 
appelle  de  même  mer  intérieure  la  Mé^'erranée  ,  qui 
s'enfonce  dans  les  terres  ;  &  mer  extérieure ,  l'Océan  qui 
lave  ,  pour  ainfi  dire  ,  les  dehors  du  contin.ut  que  nous 
habitons. 

INTEROCREA ,  ou 

INTEROCRiUM,  ancienne  ville  d'Italie.  Strabori, 
/.  5  ,  p.  228 ,  parlant  des  Sabins ,  dit  :  ils  ont  peu  de 
villes  :  encore  font-elles  fort  endommagées  par  les  guer- 
res continuelles;  Amiternum,  Reate,  Imerocrea  qui  en 
eft  proche,  &c.  Antonin  traçant  la  route  de  Rome  à 
Atri  met  ainfi, 

Reate, 

Cutdias,  XVIII.  M.  P. 
Interoaium  ,  VI.  M.  P. 
Falacrinum,  XVI.  M.  P. 

Cen'eft  que  l'édition  latine  deS'rabon,  qui  s'exprime 
fi  nettement  ;  car  le  grec  de  l'édition  d'Amfterdam  1707, 
de  laquelle  je  me  fers,  eft  très-imparfait  en  cet  endroit; 
&  je  n'y  trouve  point  ces  mots  que  cite  Cluvier,  ItaL 
Ant.  p.  687  ,  W(M  'hrifoy.fia.  ,  par  lesquels  Interocrea 
ne  feroit  mis  que  pour  un  village.  Il  eft  marqué  fur  la 
Table  de  Peutinger ,  comme  une  ville  importante.  Clu- 
vier donne  pour  noms  moiernes,  Interdoio  ,  Inter* 
doco  ,  Anterdoio  ,  Anteraoco  ,  Antredoio  &  Antre- 
doco. 

INTESTINUM  Mare  ;  quelques  auteurs  ont  ainfi 
nommé  en  latin  la  mer  Méditerranée. 

INTIBILI.  Voyez  Indibili. 

INTIMELIUM.  Voyez  Imtemelium. 

INT-SAND.  Voyez  Sablones. 

INTUERGI,  'i>1aEp>o/,  ancien  peuple  de  la  grande 
Germanie,  félon  Ptolomée,  /.  2  ,  c.  11.  Peucer  les  met 
dans  le  Palatinat,  aux  environs  de  Heidelberg. 

INUCENSIS.  Ortelius  nomme  ainfi  un  fiége  épisco- 
pal  d'Afrique,  &  cite  la  Conférence  de  Carthage.  Voyez 
Unuca. 

INVERLOTHE.  Vovez  Innerloth. 

INVERNES.  Voyez  Ïnnerness. 

INVERLOCHY,  ville  d'Ecoffe.  Voyez  Inner- 
loth. 

INUICASTRUM.  Voyez  l'article  Castrum  Inui,' 
au  mot  Castrum. 

INUS  ,  petit  étang  du  Péloponnèfe ,  dans  la  Laco- 
nie,  félon  Paufanias ,  /.  3  ,  c.  23 ,  qui  dit  qu'il  étoit  près 
d'Epidaure  ,  furnommée  Limera.  Son  nom  n'eft  autre 
chofe  que  le  génitif  d'iNO  ;  &  aux  fêtes  de  cette  maî- 
treffe  de  Jupiter  ,  on  y  faiibit  des  cérémonies  fuperfti- 
tieufes. 

1NUTRIUM,  ancienne  ville  de  la  Vindélicie  ,  félon 
Ptolomée,  /.  2,  c.  13.  Aventin  dans  fon  Hiftoire  de 
Bavière  ,  /.  r ,  p.  58 ,  croit  que  c'eft  préfentement  Mit- 
tenwald,  village  de  Bavière  ,  en -deçà  des  Alpes,  peu 
éloigné  de  la  fburce  de  l'Ifer.  Il  en  parle ,  /.  3  ,  p.  1 50, 
comme  d'une  place  qui  avoit  été  forte. 

INXUI ,  fortereffe  de  la  Chine ,  dans  la  province  de 
Queicheu ,  au  département  de  Chinyven  ,  quatrième 
métropole  de  la  province.  Elle  eft  plus  occidentale  que 
Pékin  de  9  d.  10',  par  les  27  d.  34'  de  latitude.  *  Atlas 
Sinenfis. 

INYCTUM  ;  c'eft  ainfi  qu'on  lifoit  dans  Etienne  le 
Géographe.  Cluvier ,  Sicil.  Ant.  1.  1  ,  in  fine ,  a  fait 
voir  qu'il  fallpit  lire  Inycum. 

INYCUM  ,  ancienne  ville  de  Sicile ,  fur  la  rivière 
d'Hypsa.  Vibius  Sèquefter ,  dans  fa  Lifte  des  rivières, 
dit  :  Hypsa  :  fecundum  Irecum  urbem  Hispanice  decur- 
rit  gratam  Herculi.  C'eft  un  effet  de  l'ignorance  des 
copiftes ,  qui  ont  barbouillé  cet  auteur  ,  rempli  de  mots 
qu'ils  n'entendoient  pas.  Il  n'y  a  eu  en  Espagne  ,  ni  ri- 
vière de  Hypsa,  ni  ville,  ni. bourg  d'Irecon.  Il  doit  y 
avoir  dans  cet  auteur  Hypsa  fecundum  Inycum  urbem 
Sicania  decurrit  g.  &  alors  tout:  eft  jufte.  D'anciens 
auteurs,  comme  Paufanias,  ont  dit  qu'Inicum  étoit  la 
réfidence  de  Cocale ,  roi  des  Sicaniens.  Dédale  ,  dit 
cet  auteur  ,  in  Achaïc.  ayant  été  condamné  parMinos, 
pour  une  malverfation  qui  méritoit  la  mort ,  &  s'étant 
échappé  de  la  prifon  avec  fon  fils  ,  fe  fauva  à  Inicum  , 


JOB 


"ville  des  Sicaniens  ,  chez  Cocale,  &  fut  le  fujet  d'une 
guerre  entre  Minos  ,  qui  l'envoya  réclamer  ,  &  le  roi 
qui  refufa  de  le  rendre.  C'eft  à  caufe  de  cela  que  l'ab- 
bréviateur  d'Etienne  dit  au  mot  Kâ(4i>u>s ,  Camicus ,  ville 
de  Sicile  ,  dans  laquelle  régna  Cocale,  hôte  de  Dédale. 
Mais  Charax  prétend  que  c'étoit  Inycum.  Charax  né 
veut  pas  dire  que  Camicus  &  Inicum  fuflent  une  même 
ville  ;  mais  il  difoit  que  Cocale  avoit  fait  fon  féjour  à 
Inicum  ,  au  lieu  que  d'autres  foutenoient  que  c'étoit  à 
Camicus.  Hérodote ,  /.  6  ;  dit  Innicum  au  neutre  ,  & 
Inyx  au  féminin.  Le  paflage  d'Etienne  &  un  autre 
d'Hefyche  nous  apprennent  que  le  vin  iïlnicum  étoit 
fort  vanté.  Cluvier  avoue  que  le  vin  de  Partanna  eft  en 
réputation  ;  mais  Partanna  eft  ,  félon  lui  ,  à  deux  mil- 
les de  l'Hypsa ,  aujourd'hui  le  Belici  ;  Se  Inicum  étoit 
au  bord  de  cette  rivière.  Par  conséquent  ce  ne  peut 
être  ni  la  Partanna  d'aujourd'hui ,  ni  la  Pintia  de  Pto- 
lomée,  qui  y  convient  encore  moins.  Mais  Inycum  était 
fur  le  Bélice ,  de  manière  pourtant  -que  les  environs  de 
Partanna  étoient  de  fon  territoire  ;  ce  qui  eft  très-facile 
à  croire. 

IN.YSSUS ,  ville  d'Egypte ,  près  du  mont  Cafius ,  fé- 
lon Etienne  le  Géographe ,  qui  cite  pour  garant  Héro- 
dote. Mais  cet  auteur ,  dit  Ienyfus  'tiwms  ,  en  plufieurs 
pafiages  du  troifiéme  livre. 

JO  ,  "lu  ,  c'eft- à-dire  la  lune ,  dit  Suidas ,  ville  fon- 
dée par  Inachus ,  roi  d'Argos.  Il  ne  dit  pas  où. 

JOACHIMS-THAL  ;  c'eft-à-dire  la  vallée  de  S.  Joa^ 
chim  ,  ville  &  vallée  du  royaume  de  Bohême ,  dans  le 
cercle  d'EUenbogen  ,  joignant  les  frontières  du  Voigt- 
land.  Au  commencement  du  feiziéme  fiécle  on  y  dé- 
couvrit de  riches  mines  d'argent;  &  l'an  15 19,  ort 
commença  d'y  frapper  des  écus  d'argent ,  du  poids  d'une 
once.  D'un  côté  on  y  voyoit  l'image  de  S.  Joachim, 
&  fur  le  revers  celle  du  comte  Etienne  de  Schlick ,  qui 
étoit  alors  feigneur  de  ce  lieu.  Comme  cette  monnoie 
fe  répandit  dans  toute  l'Allemagne ,  on  l'appella  Jochims- 
Thaler ,  c'eft-à-dire  écus  de  la  vallée  de  S.  Joachim,  & 
en  latin  Joachimici  nummi  :  par  abbréviation  on  a  dit 
lhaler  ;  &  ceux  qui  ont  été  frappés  ensuite  ,  félon  les 
loix  monétaires  de  l'empire  ,  ont  été  appelles  reichs- 
thaler,  écus  de  l'empire,  que  les  François  nomment 
par  corruption  Risdale.   * Mém.  comm. 

JOAL  ou Joalla,  (fort  de)  fort  fur  la  côte  occi- 
dentale d'Afrique  ,  au  midi  de  1  ifle  de  Goerée  ,  fur  la 
rivière  nommée  rio  de  la  Gracia,  qui  fépare  les  royau- 
mes de  Joalla  8c  de  Portudal.  Les  François  y  ont  un 
fort  bon  comptoir.  Le  chemin  du  fort  à  Rufisque  eft 
afl'ez  commode  par  terre  ,  à  travers  les  villages  qui  bor- 
dent la  côte.  Le  commerce  s'y  fait  en  esclaves  ,  cuirs , 
dents  d'éléphans  &  cire. 

JOANES.  (l'ifle  de)  Voyez  Marayo. 

JOANNINA.  Corneille  dit ,  ville  d'Epire ,  avec  un 
port  d'eau  douce  :  Chalcondyle  la  prend  pour  Cafliope, 
&  la  met  en  Etolie  ;  mais  peu  de  personnes  font  de  fon 
opinion.  Corneille  confond  bien  des  chofes  dans  ce  peu 
de  lignes.  Il  y  a  eu  trois  Caffiopes  très-remarquables; 
deux  étoient  des  ports  de  mer  ,  &  pas  une  des  deux 
n'eft  la  Janina ,  qui  eft  loin  de  la  mer.  Voyez  Cas- 
siopé  3.  &  Jannina. 

JOANNIPOLIS.  Voyez  Parastalaba. 

JOAR ,  ville  d'Afrique ,  dans  le  royaume  de  Burfali , 
à  deux  milles  au  nord  de  la  rivière  de  Gambra  ,  dont 
elle  eft  féparée  par  une  plaine  très-agréable  ,  de  la,  lar- 
geur d'un  mille  ,  &  de-là ,  par  une  crique  fort  étroite 
qui  a  la  même  étendue  jusqu'au  port  de  Kover.  La  ri- 
vière de  Gambra  n'a  pas  de  ville  où  le  commerce  foit 
plus  floriflant  qu'à  Joar.  Auffi  lesAnglois  n'y  ont-ils  pas 
de  meilleur  comptoir  ;  c'eft- là  que  les  marchands  Man- 
dingos  viennent  de  Galom  &  de  Tombut.  Labat  appelle 
cette  ville  Guiocher.  *  Voyage  de  Moore.  Carte  de  Jean- 
Léach,  1732. 

JOB  ,  fontaine  de  l'Idumée.  Ifidore,  cité  parOrtélius, 
dit  qu'elle  change  de  couleur  quatre  fois  l'an,  &  qu'elle 
eft  fucceffivement  bourbeufe,  de  couleur  de  fang,  verte 
&  limpide. 

JOBACCHI,  'IoCaV-yoi  ,  peuple  d'Afrique,  dans  la 
Marmarique,  félon  Ptoïomée.  Ils  étoient  .voifins  des 
Anagombres  &  des  Ruadites. 

JOBAB  :  Moïfe  nomme  ainfi  un  des  fils  de  Jeftan, 


JOD  y©9 

(Genef.  c.  io,  v.  29,)  tk  dit  pofitivëmenf.  qu'ils  habi- 
taient tous  entre  Méfia  &  Sephar  ,  montagne  orientale-, 
Bochart,  (Phaleg.  1.  2.,  c.  29,)  observe  que  Jcbabi, 
3tO>  en  arabe  lignifie  un  défert ,  tel  qu'eft  celui  de  là 
côte  du  golfe  Sachalite  ,  où  Ptoïomée  place  un  peuplé 
qu'il  nomme  Jobarita  ;  au  lieu  de  quoi  il  faut  lire  Jobar- 
b'uce.  Il  a  été  facile  à  des  copiftei  ignorans "de  mettre 
un  P  pour  un  B  c  le  même  Bochart  prend  Mcjja  pour 
Mufa  ou  Mu{a  -,  port  de  la  mer  Rouge  ,  où  Pline  ,  /.  6  j 
c.  23  ,  dit  que  les  marchands  alloient  acheter  de  l'en- 
cens &  des  parfums  d'Arabie; 

JOBANUS  :  le  livre  des  Limites  nommé  ainfi  une 
ancienne  bourgade  d'Italie  ,  dans  le  pays  des  Samnitesj 
félon  Ortéiius,   Thcfaur. 

JOBARITjE  ,  \u£,<tfn&  ,  ancien  peuple  de  l'Arabie 
heureufe  ,  félon  Ptoïomée ,  /.  6 ,  c.  y.  Voyez  l'article 
Jobab.  Ils  étoient  voifins  des  Sachalites. 

JOBULA ,  ancienne  ville  d'Ane,  dans  l'Albanie,  felori 
Ptoïomée,  /.  5  ,  c.  12. 

JOCAPATA.  Corneille  décrit,  fous  ce  nom, une  ville 
de  Paleftine  ;  &  cite  du  Verdier.  Il  devoit  écrire  Jo- 
tapaTa.  Voyez  ce  mot. 

JOCELIN  ou  Josselin,  petite  ville  de  France  ;  en 
Bretagne  ,  dans  l'évêché  de  S.  Malo ,  aux  confins  dé 
l'évêché  de  Vannes  j  fur  un  ruiffeau  qui  tombe  d'ans 
l'Ouft,  entre  la  Trinité,  Ploèrmel,  Maleftroit,  Loc- 
miné&t  la  Chéze.  Cette  ville-,  quoique  petite,  envoie 
{es  députés  aux  états  de  Bretagne.  *  Vaugondy ,  Atlas; 

1.  JOCUNDIACUM^  village  de  France,  en  Toû^ 
taine  ,  près  de  Tours.  Grégoire  de  Tours  dit,  dans  fori 
Hiftoire,  /.  5,  c.  14,  en  parlant  de  Merouée  &:  dé 
GuntchramneBofon  ,  qui  s'étoient  réfugiés  dans  l'églifé 
de  S.  Martin  de  Tours  ,  qu'étant  fottis  de  la  bafilique , 
ils  s'en  allèrent  à  la  maifon  de  Jocundiacum  ,  ad  Jocun- 
diacenfem  domum  ,  qui  étoit  près  de  la  ville  avec  des 
chiens  (k  deséperviers  pour  y  chafTer.  De  Valois,  Notit: 
Gall.  dit  que  le  nom  moderne  eft  Jouay  fur  le  Cher  j 
près  de  Tours. 

2.  JOCUNDIACUM  palatiùm,  ancienne  maifofi 
des  rois  de  France ,  dans  le  territoire  de  Limoges  ;  un 
auteur  contemporain  de  Louis  le  Débonnaire ,  dont  il  à 
écrit  les  Annales  ,  écrit  ce  nom  Andiacum  dans  un  pas- 
fage ,  ad  ann,  796  ,  mais  c'eft  en  l'eftropiant  ;  car ,  ad 
ann.8^1,  il  dit  Jocundiacum.  Il  dit  que  c'étoit  une 
des  quatre  maifons  royales,  où  Louis,  alors  roi  d'Aqui- 
taire  ,  alloit  palier  l'byver.  Ce  même  lieu  eft  nommé 
Jogundum  palatiùm,  dans  la  Vie  de  S.  Genoul.  Le  nom 
moderne  eft  Joac. 

JOCURA ,  félon  quelques  exemplaires  de  Ptoloméej 
/.  5,  c.  19;  les  manuscrits  portent  Jucara ,  'ln^â^.,  an- 
cienne ville  de  l'Arabie  déferte. 

JODO,  ville  du  Japon,  dans  l'ifle  de  Niphon,  fur 
la  route  d'Ofacca  à  Méaco.  Quoique  petite ,  elle  eft  cé- 
lèbre, eft  entourée  d'eau,  &  a  outre  cela  plufieurs  ca- 
naux qui  coupent  la  ville ,  &  qui  font  dérivés  de  la  ri- 
vière qui  l'entoure.  Les  fauxbôurgs  confiftent  en  une  rue 
longue ,  par  laquelle  on  arrive  à  un  magnifique  pont  de 
bois ,  nommé  Jodo  Obas.  Il  a  quatre  cents  pas  de  lon- 
gueur ,  &C  eft  fupporté  par  quarante  arches  ausquelles 
répond  un  pareil  nombre  de  baluftrades  ornées  au  haut 
avec  des  boules  de  cuivre  jaune.  Au  bout  du  pont  il  y 
a  une  porte  fimple  ,  bien  gardée,  par  où  l'on  entre  dans 
la  ville.  Elle  eft  agréable  &c  commodément  fituée  :  elle 
a  des  maifons  bien  bâties  ;  lé  peu  de  rues  qui  fe  coupent 
l'une  l'autre  font  à  angles  droits ,  &  vont  les  unes  à  l'eft 
&  les  autres  au  fud.  Il  y  a  un  grand  nombre  d'artifans 
&  d'ouvriers  à  Jodo.  Au  côté  occidental  de  la  ville  eft 
le  château ,  bâti  de  briques  au  milieu  de  la  rivière.  Il  à 
à  chaque  angle  des  tours  magnifiques ,  qui  ont  plufieurs 
étages  ,  de  même  qu'au  milieu  des  murs  ;  ce  qui  donne 
un  aspect  agréable  à  tout  le  bâtiment.  La  place  qui  eft 
devant  le  château  ,  eft  fermée  par  une  forte  muraille  de 
briques  ,  qui  va  jusques  dans  la  ville.  Ce  château  eft  la 
demeure  du  prince  Fondaifiono;  De  l'autre  côté  de  la 
ville  eft  un  pont  de  deux  cents  pas  de  long  ,  foutenu 
par  vingt  arches  ;  il  mené  à  un  autre  fauxbourg  ,  au  bout 
duquel  il  y  a  un  bon  corps-de-garde.  *  Kcempfer,  Hift. 
du  Japon  ,  /.  <j ,  t.  2 ,  p.  192. 

JODOGAWA ,  rivière  du  Japon ,  dans  l'ifle  de  Ni- 
phon ;  elle  a  fon  embouchure  dans  le  golfe  d'Ofacca , 


JOI 


510 

Se  coule  à  Jodo  ,  dont  elle  porte  le  nom  ;  le  fien  ne 
fignific  autre  chofe  que  rivière  d'Iodo.  Allez  près  de  cette 
rivière  eft  Udfd,  gros  village  ou  petite  ville  ouverte, 
célèbre  dans  tout  le  Japon,  parce  qu'elle  produit  le  meil- 
leur thé ,  qui ,  à  caufe  de  fa  bonté ,  eft  envoyé  à  Iédo, 
pour  l'ufage  propre  de  l'empereur. 

JOESW'OE,  (prononcez  lOUSWOU,)  ville  de  la 
Chine,  &  la  huitième  du  département  de  Pékin,  furie 
bord  du  canal  nommé  ChaoUang  ,  à  cent  quatre-vingt 
lis  de  Tiencin.  Elle  a  une  demi  -  heure  de  circuit , 
eft  fortifiée  &  bien  peuplée  ;  il  y  a  un  bureau  où  les  bar- 
ques payent  en  paffant  &  en  repartant.  C'eft  ce  qu'en 
dit  Niewhove  ,  dans  fa  Relation  de  Pambaffade  des 
Hollandois  à  la  Chine,  p.  138.  Le  P.  Martini  n'en  dit 
rien  dans  fon  Atlas  Chinois. 

JOGANA  ,  ancienne  ville  de  l'ifle  de  Taprobane, 
félon  Ptolomée,  /.  7,  c.  4.  Elle  étoit  vers  le  nord  de 
Pille. 

JOHANINORUM  Episcopus.  C'eft  le  titre  latin 
que  donnent  certains  aift.es  Se  raonumens  hiftonques  à 
Févêque  de  la  Janlna. 

JOHANSBERG  ou  plutôt  Johansburg  ,  ville  de  Po- 
logne, dans  la  Sudavie,  canton  de  la  Pruffe  ducale,  fur 
la  rivière  de  Pysch ,  allez  près  du  lac  de  Spirding.  Cette 
ville  ,  qui  a  une  affez  bonne  citadelle  ,  eft  nommée 
Pysch ,  par  les  Polonois ,  du  nom  de  la  rivière  qui  l'ar- 
rofe.  *Ant.  Cellarius,  Nov.  Descr.  Polon.  p.  552. 

JÔIGNI,  ville  de  France,  en  Champagne,  au  dio- 
cèfedeSens ,  à  fept  lieues  de  Sens,  &  àfix  d  Auxerre  , 
fur  le  rivage  droit  de  la  rivière  d'Ionne.  Quelques  mo- 
dernes ,  zélés  pour  remonter  ,  le  plus  haut  qu'ils  peu- 
vent, l'antiquité  de  cette  ville,  ont  effayé  d'en  faire  ve- 
nir l'étymologie  des  Ioniens  ,  peuples  de  PAfie  mineure, 
qui  auroient  donné  leur  nom  à  la  rivière  &  à  la  ville  ; 
enforte  qu'elle  auroit  d'abord  été  appellée  lonium ,  &c 
que  ce  ne  feroit  que  par  corruption  qu'elle  auroit  été 
dite  par  la  fuite  Joviniacum.  Il  fufEt,pour  détruire  ces  rê- 
veries, de  faire  attention  que  jamais  le  nom  de  la  rivière 
d'Ionne  n'a  étélonœ  ou  lunia  ;  mais  Icauna  ou  Icaune  ; 
les  auteurs  du  cinquième  fiécle  lui  donnent  ce  nom;  & 
on  trouve  encore  à  Auxerre  une  inscription  du  fécond 
ou  troifieme  fiécle  ,  où  cette  rivière  déifiée  eft  dite  au 
daûfDeœ  Icaunï.  La  plus  haute  antiquité  dont  on  puifTe 
flatter  la  ville  de  Joigny ,  eft  de  la  croire  dans  le  lieu 
où  ,  à -peu -près  ,  étoit  placé  le  Bandritum  des  ta- 
bles Théodofiennes,  dites  dePtuùnger.  Si  ce  Bandri- 
tum n'étoit  pas  une  ville  ,  c'étoit  au  moins  un  château 
peu  éloigné  du  rivage  de  Pionne  ,  dans  le  voifinage  de 
Saint-Aubin ,  &  peut-être  celui  dont  il  refte  des  vefliges 
dans  les  bois  de  ce  côté-là.  Les  favans  croient  que  le 
nom  de  Joviniacum  donné  à  cette  ancienne  feigneurie, 
vient  de  Jovin ,  préfet  de  la  milice  Romaine  dans  les 
Gaules ,  fous  les  enfans  de  l'empereur  Conftantin.  Ce 
nom  eft  employé  par  la  Chronique  de  S.  Pierre-le-Vif, 
de  Sens ,  lorsqu'elle  parle  du  château  que  Rainard,  comte 
de  Sens,  y  fit  bâtir,  vers  la  fin  du  dixième  fiécle,  fur  un 
fond,  qui  appartenoit  à  l'abbaye  de  Notre-Dame  de  Sens, 
Spicil.  t.  a,  p.  757.  Tous  les  anciens  auteurs  &  les  titres 
exacts  fe  fervent  du  même  terme.  En  1075  '  une  partie 
des  reliques  de  S.  Thibaud,  apportées  d'Italie  par  Ar- 
nou ,  abbé  de  fainte  Colombe  de  Sens  ,  y  refta  une 
nuit.  L'hiftorien  ,  contemporain  à  cette  tranllation,  mar- 
que que  ce  Joviniacum  eft  fitué  en  Bourgogne  ;  &  le 
P.  Mabillon,  Sac.  Bened.  VI,  part.  2,  p.  178,  dit  que 
c'eft  Joigny,  ad  Icaunum  fluvium.  Geoffroy  d'Auxerre, 
disciple  de  S.  Bernard  ,  rapporte  dans  la  Vie  de  ce 
faint ,  /.  2 ,  c.  7 ,  que  ce  faint  abbé  y  guérit  une  femme 
aveugle.  Il  l'appelle  auffi  Cajlrum  Joviniacum.  Geoffroy, 
qui  en  étoit  comte  ,  vêts  l'an  1060  ou  1070,  donna  à 
Girard,  prieur  de  la  Charité-fur-Ldire  ,  la  chapelle  di 
S.  George ,  pour  y  établir  un  monaftere  qui  eft  aujou- 
d'hui  le  prieuré  de  Notre-Dame.  Le  Di5tionnaire  uni- 
versel de  la  France  observe  qu'il  y  a  trois  paroiffes  dans 
cette  ville ,  fans  les  nommer,  &  ajoute  que  la  principale 
églife  eft  affez  belle.  Ces  trois  paroiffes  font  S.  André, 
S.  Jean  &c  S.  Thibauld.  La  féconde  eft  celle  où  l'on  re- 
marque une  voûte  bien  ouvragée  ;  c'eft  la  paroiffe  du 
château.  La  fituation  de  Joigni  ,  ajoûte-t-il ,  eft  fur  la 
descente  d'un  coteau,  qui  la  rend  d'affiette  naturellement 
forte  ,  à  quoi  l'art  a  beaucoup  contribué ,  puisqu'elle  eft 


JOI 


fermée  de  murailles  épaiffes ,  que  défendent  de  greffes 
tours  rondes ,  très-bien  bâties  ;  l'auteur  de  cette  remar- 
que n'a ,  fans  doute ,  entendu  ici  parler  que  des  tours 
qui  font  aux  portes.  Il  y  a  à  Joigny  un  beau  château 
qui  n'a  point  été  achevé ,  &  un  pont  de  pierre  refait 
depuis  quelques  années  ;  au  bout  méridional  de  ce  pont, 
elt  l'ancien  hôpital  bâti  par  les  comtes.  11  y  en  a  un  au- 
tre nouveau  clans  la  ville  ,  ck  les  religieufes  de  la  con- 
grégation de  N.  D.  Hors  la  ville,  fur  la  route  de  Sens, 
eft  un  couvent  de  Capucins  ,  au  bas  de  la  côte  S.  Jac- 
ques, dont  les  vins  lont  eftimés  ;  on  peut  voirie  même 
Dictionnaire  touchant  le  territoire  de  Joigny.  Le  comte 
Jean  affranchit,  en  1300,  tous  les  habitans,  moyennant 
de  grofles  fommes.  Il  y  a  à  l'orient ,  hors  les  murs  de 
Joigny,  un  canton  qu'on  nomme  Joigni-la-Vil/e  ;  c'eft 
ce  qui  a  fait  croire  à  quelques-uns  que  la  ville  de  Joigni 
avoit  d  abord  été  en  ce  lieu.  Cette  erreur  vient  de  ce 
que  l'on  n'a  pas  fait  reflexion  que  c'eft  par  oppofition 
à  Joigni-le- Château,  que  les  habitans  de  ce  canton  fe 
difoient  Joigni-la-Ville ,  comme  on  dit  Mailly-le-Châ- 
teau,&  Mailly-la-Ville  ;  Joui-le-Château,ck  Joui  la-Villç  : 
ville  en  cette  occafion  fignifioit  feulement  villa,  ck  non 
pas  urbs'xn  oppidum.  Albér-ic  ,  moine  des  Trois-Fontai- 
nes  ,  dit  dans  fa  Chronique,  à  l'année  1055,  qu'en  ce 
tems-dà  le  comte  de  Braine-fur-Aube,  étoit  Èngelbert, 
qui  époufa  la  comteffe  de  Joigni ,  comitiffam  Jcviniaci, 
laquelle  avoit  une  fille  unique  ;  que,  par  l'adrefie d'En- 
gelotrt  ,  la  demoiiellc;  fut  mariée  à  un  brave  cavalier 
nommé  Etienne  des  Vaux,  auprès  de  l'abbaye  de  S.  Ur- 
bain ;  qu'Etienne  ,  après  la  mort  de  la  comteffe  ,  fut 
comte  de  Joigni ,  (k  fut  le  premier  qui  bâtit  le  château 
de  Joinville;  {Cajlrum  de  Jove-VdU  ,  &  qu'enfin  cet 
Etienne  eut  un  fils  nommé  Gavfrid  ou  Geoffroi  ,  qui 
fut  comte  de  Joigni ,  &  fécond  feigneur  de  Joinville. 
Ainfi  ces  deux  titits  furent  unis  ,  appattenant  à  la  même 
personne.  Cet  auteur,  au  efte,  fie  dit  point,  comme  De 
Longuerue  ,  Description  de  la  France  ,  part.  1 ,  p.  34  , 
qui  le  cite  ,  qu'Etienne  avoit  de  grandes  terres  en  Cham- 
pagne ,  ni  que  le  nom  latin  de  Joinville  fo'itJoignivilla, 
&  ait  été  donné  à  ce  château ,  à  caufe  qu'il  a  été  bâti 
par  un  comte  de  Joigni.  Le  moine  Albéfic  dit  bien 
formellement ,  qu'un  comte  de  Joigni  bâtit  le  premier 
château  de  Joinville,  qu'il  nomme  Cajlrum  de  Jovevilla. 
*  Notes  de  Le  Beuf,  chanoine  d'Auxerre.  Leibniti, 
Acceff.  Hift.  t.i,p.  92. 

Ce  comté  &  cette  feigneurie  demeurèrent  ainfi  dans 
la  même  maifon,  jusqu'à  l'an  1 110.  Geoffroi ,  comte  de 
Joigni  &  feigneut  de  Joinville  ,  laiffa  deux  fils  qui  fé- 
parerent  ces  biens.  Reinant  eut  le  comté  de  Joigni  ;  & 
Roger  fut  feigneur  de  Joinville. 

Le  comté  de  Joigni  étant  venu  à  la  maifon  de  Sainte- 
Maure  ,  Charles  de  Sainte-Maure,  comte  de  Joigni  & 
marquis  de  Nesle ,  étant  mort  fans  poftérité,  l'an  1 576, 
il  eut  pour  héritier  fon  coufin  germain  Jean  de  Laval, 
fils  deLouifede  Sainte-Maure,  tante  de  ce  marquis.  Jean 
de  Laval  eut  pour  héritier  fon  fils  Gui  de  Laval  ,  qui 
étant  mort  fans  en  tans ,  l'an  1590,  eut  pour  héritier 
fon  coufin  germain  René  de  Laval-aux-Epaules  ,  qui 
fut  marquis  de  Nèfle  ;  mais  la  terre  de  Joigni  fut  acquife 
par  le  cardinal  Pierre  de  Gondi  ,  frère  du  maréchal  de 
Retz  ,  duquel  descendoit  la-ducheffe  douairière  de  Les- 
diguieres ,  comteffe  de  Joigni ,  morte  en  1716  ;  c'eft  le 
duc  de  Villeroi ,  qui  en  a  hérité. 

JOINVILLE  ,  ville  de  France, en  Champagne,  dans 
le  Vallage  ,  contrée  ainfi  nommée  à  caufe  des  vallées 
dont  elle  eft  remplie ,  Se  dont  elle  eft  le  chef-  lieu  , 
fur  la  Marne,  à  fix  lieues  de  S.  Dizier  en  remontant, 
au  pied  d'une  haute  montagne ,  fur  l'angle  de  laquelle 
eft  un  gtand  ck  magnifique  château  ,  où  les  ducs  de 
Guife,  princes  de  Joinville  ,  de  la  maifon  de  Lorraine  , 
venoient  affez  fouvent  dans  la  belle  faifon.  Ce  fut  dans 
ce  château,  (fi  nous  en  croyons  Belleforêt  &  du  Chêne,) 
qu'en  l'année  15.87,  fut  conclue  cette  fameufe  Ligue,  qui 
fit  tant  de  bruit  dans  la  fuite. 

Cette  ville  eft ,  dit-on ,  auffi  ancienne  que  le  dieu  Ja- 
nus  ;  ce  qui  lui  a  fait  donner,  par  quelques-uns,  le  nom 
de  Jani-  Villa  ,  d'autres  ont  cru  qu'elle  étoit  redevable 
de  fa  fondation  àjunon,  ck,  à  caufe  de  cela,  l'ont  nom- 
mée Junonis  Villa  ou  Junopolis.  Enfin  d'autres  mar- 
quent le  tems  qu'elle  a  été  bâtie ,  dans  un  iiécle  bien  plus 


JOK 


JON 


proche  de  celui  où  nous  vivons  ,  &  attribuent  fa  fon- 
dation à  Etienne  de  Broyés,  feigneur  Champenois,  qui 
vivoit  dans  l'onzième  fiécie,  &c  qui  avoit  fait  bâtir,  (à 
ce  qu'ils  afTurent,  )  ce  château  en  l'année  iooo.  Ils  di- 
feiu  que  l'avantage  de  fa  fituation  artira  des  habitans  au 
pied  de  la  montagne ,  où  il  fe  forma  un  bourg  ,  que  l'on 
dit  avoir  été  fermé-  de  murailles  par  les  ordres  du  roi , 
Louis  le  Gros  ;  &  que  dans  la  fuite  ce  bourg  eft  devenu 
une  ville  d'une  affez  raifonnable  étendue  :  c'a  étélefen- 
timent  du  cardinal  de  Lorraine.  Ce  prince,  qui  avoit 
pris  naiffance  en  ce  château,  l'a  nommé  Joannis-Villa, 
comme  il  fe  voit  dans  les  Bulles  ÔC  Chartres  ,  qu'il  a  ob- 
tenues en  faveur  de  Joinville  ;  mais ,  fans  vouloir  com- 
battre le  iéntimentd'un  fi  grand  homme,  il  femble  que 
l'opinion  la  mieux  fondée  eft  celle  de  ceux  qui  en  don- 
nent l'établiffement  à  Jovin ,  colonel  général  de  la  ca- 
valerie &  de  l'infanterie  Romaine  ,  fk  lieutenant  de  Va- 
lentinien,  empereur  d'Occident ,  (dont  nous  avons  parlé 
dans  la  Description  de  la  ville  de  Reims,)  qui  fit  bâtir 
en  cet  endroit,  l'an  369,  une  tour  ou  forterefle  à  la- 
quelle il  donna  fon  nom  ,  &  de  laquelle  on  voit  en- 
core aujourd'hui  les  ruines  ;  ce  qui  a  fait  que  plufieurs 
auteurs  lui  ont  donné  le  nom  de  Jovini-Villa.  Et  quoi- 
que les  habitans  du  pays  croient,  par  tradition  ,  que  l'é- 
glife  de  Notre -Dame  de  Joinville  a  été  autrefois  con- 
sacrée à  Jupiter,  &  qu'ils  appellent  à  caufe  de  cela,  cette 
ville  Jovis- Villa ,  il  y  a  néanmoins  apparence  que  l'on 
a  confondu  ces  deux  noms  de  Jovin  &L  de  Jupiter,  qui 
a  au  génitif  Jovis  ,  ik  que  cette  églife  avoit  été  vérita- 
blement consacrée  à  l'honneur  de  Jovin  même  ,  que 
S.  Keiny  qualifie  faint  dans  fon  teftament,  &  dont  on 
voit  la  ftatue  &  celle  de  fa  femme  au  grand  portail, 
avec  les  omemens  impériaux  ,  dont  il  fut  honoré  ,  fui- 
vant  le  fentiment  de  plufieurs  auteurs.  Quoi  qu'il  en  foit, 
Joinville  fut  une  ancienne  baronnie  ,  érigée  par  Eufta- 
che  de  Boulogne ,  qui  époufa  Ida ,  fceur  de  Godefroy  de 
Boulogne. 

Je  ne  fuivrai  point  les  longs  détails  de  Baugier  ,  je 
patte  tout  d'un  coup  à  GeofFroi  II.  J'ai  dit  ,  dans  l'ar- 
ticle précédent  ,  qu'il  eut  deux  fils  ,  Reinaut  qui  fut 
comte  de  Joigni  ;  &  Roger  qui  fut  feigneur  de  Join- 
ville ,  après  la  mort  de  GeofFroi  II,  arrivée  en  1100, 
Roger  mourut  en  1 130  ;  GeofFroi  III ,  fon  fils ,  fénécha! 
de  Champagne,  fut  père  de  Géofroi  IV,auffi  fenéchal  de 
Champagne  ;  fes  autres  fucceffeurs  furent  Simon  ,  & 
enfuite  Jean  ,  connu  fous  le  nom  de  fire  de  Joinville, 
de  qui  nous  ayons  une  hiftoire  de  S.  Louis  ;  il  vivoit 
en  1206,  &c  mourut  l'an  13 18;  fon  fils  Anceau  de 
Joinville  &  de  Rinel ,  fenéchal  de  Champagne,  époufa 
en  fécondes  noces  Marguerite  de  Vaudemont.  De  ce 
mariage  vint  Henri ,  fire  de  Joinville ,  comte  de  Vau- 
demont &  fenéchal  de  Champagne  ,  qui  ne  laiffa  que 
deux  filles.  L'aînée  ,  nommée  Marguerite  ,  époufa  Ferri 
de  Lorraine ,  feigneur  de  Guife  ,  fils  puîné  de  Charles , 
duc  de  Lorraine.  Ferri  fut  tué  à  la  bataille  d'Azin court, 
&  laiffa  un  fils,  Antoine,  comte  de  Vaudemont  ,  & 
fire  de  Joinville,  qui  fut  père  de  Ferri  II:  ce  dernier 
eut  pour  fils  René  ,  qui  fut  duc  de  Lorraine  par  fa  mère. 
Le  duc  René  eut  entr' autres  enfans  Claude  ,  duc  de 
Guife,  qui  fut  père  de  François  ,  auffi  duc  de  Guife, 
pour  lequel  Henri  II,  roi  de  France,  érigea  la  feigneu- 
xie  de  Joinville  en  principauté  ,  par  lettres  vérifiées  au 
parlement,  le  9  Mai  1551.  François  laiffa  cette  princi- 
pauté à  fon  fils  Henri,  tué  à  Blois  l'an  1588.  Claude 
de  Lorraine  ,  troifiéme  fils  de  Henri ,  eut  cette  terre  en 
partage  ;  &  ayant  été  contraint  de  la  vendre  ,  pour 
payer  fes  dettes  ,  elle  fut  achetée  par  le  cardinal  de 
Joyeufe ,  qui  la  donna  en  dot  à  fa  nièce  Henriette-Ca- 
therine ,  lorsqu'elle  époufa  Charles ,  duc  de  Guife,  frère 
aîné  de  Claude ,  prince  de  Joinville  ,  qui  porta  le  titre 
de  Cheuvreufe  ,  après  la  vente  de  fa  principauté.  Mais 
Joinville  étant  un  propre  de  la  ducheffe  de  Guife ,  eft 
retourné  à  mademoifelle  de  Montpenfier,  fa  petite-fille, 
après  la  mort  de  la  demoifelle  de  Guife  ,  arrivée  l'an 
ï688.  Cette  princeffe  de  Montpenfier,  ayant  donné, 
par  teftament,  tous  les  biens  qui  lui  reftoient,  à  Phi- 
lippe ,  fils  de  France  ,  duc  d'Orléans  ,  la  principauté 
de  Joinville  eft  préfentement  poffedée  par  le  duc  d'Or- 
léans. 

JOKAITZ,  ville  du  Japon,  dans  l'ifle  de  Niphon  , 
fur  la  route  de  Miaco  à  Fammamatz  ,  à  deux  lieues  de 


SIX 

Tfitfuki ,  Se  à  trois  de  Quano.  Elle  renferme  environ 
mille  maifons.  Elle  a  plufieurs  bonnes  hôtelleries  ;  car 
les  habitans  font  obligés  de  gagner  leur  vie  ,  en  partie 
parle  moyen  des  allans  &  des  venans  ,  &  en  partie 
par  ce  qu'ils  tirent  de  la  mer  voifine  ,  qui  baigne  les 
côtes  méridionales  ,  &  fur  laquelle  la  ville  eft"  fituée. 
Elle  leur  fournit  du  poiffon,  des  cancres,  des  herbes  ma- 
rines &  des  chofes  femblables.  *  Kœmpfer ,  Hiftoire  du 
Japon  ,  /.  5  ,  t.  2  ,  pi  206. 

JOKULS-AA  ,  rivière  d'Iflande,  dans  fa  partie  fep- 
tentrionale.  Elle  coule  dans  le  quartier  de  Reikiahverfi , 
&  fe  jette  dans  le  golfe  d'Oxar,  felonThéodoreThor- 
lac  ,  Iflandois.  * Baudrani,  éd.  1705. 

JOL  ,  ancienne^  ville  de  la  Mauritanie.  On  la  nom- 
moii  auffi  CÉSARÉE  ;  &  c'eft  la  huitième  ville  de  ce 
nom  dans  ce  Dictionnaire. 

ÎOLAENSES.  Strabon  ,  parlant  des  incommodités 
de  l'ifle  de  Sardaigne  ,  dit  qu'elle  étoit  fouveftt  ravagée 
par  les  montagnards  appelles  Diagebres  ,  nommés 
anciennement  Jola^nses.  On  raconte  ,  dit  ce  géogra- 
phe ,  /.  5  ,  p.  225 ,  qu'Iolaùs  y  amena  quelques  fils  d'Her- 
cule ,  qui  habitèrent  avec  les  Barbares ,  qui  cultivoient 
l'ifle.  Ils  fe  retirèrent,  fans  doute,  dans  les  montagnes, 
après  la  conquête  de  l'ifle  par  les  Carthaginois  ,  Se 
fubfifterent  encore  fous  les  Romains  ,  qui  enlevèrent 
l'ifle  à  ces  Africains.  Strabon  remarque  que  cet  Iolaùs , 
ck  ceux  qui  le  fuivoient ,  étoient  Tyrrhéniens. 

IOLAI  LUCUS  ou  le  bois  d'Iolaùs  ,  bois  de  Gerce, 
dans  la  Béotie,  près  de  Thèbes,  félon  Arrien.  Alexan- 
dre y  vint  camper  venant  d'Oncheftos. 

JOLCITIS  :  l'interprète  d'Apollonius  nomme  ainfi 
l'Eftiotide. 

IOLCOS,  ancienne  ville  de  Grèce,  dans  la  Magnéfie, 
félon  Pline,  /.  4  ,  c.  9.  S'rabon,  /.  9,  p.  436,  dit 
qu'elle  étoit  à  fept  ftades,  c'eft-à-dire  environ  un  quart 
de  lieue  de  Démétriade.  Il  ajoute  qu'il  y  avoit  déjà 
long-tems  qu'elle  avoit  é:é  démolie.  Pline,  l.j  ,  c.  57, 
observe  que  ce  fut  à  Iolcos  qu'Acafte  inventa  les  jeux 
funèbres.  Elle  étoit  maritime;  &  Tite-Live,  /.  44  , 
c.  13  ,  parle  d'une  flotie  qui  y  aborda.  Homère  la 
nomme  Idolcus ,  dans  le  fécond  livre  de  l'Iliade. 

IOLCUS,  ville  de  Grèce-,  dans  la  Moloffide,  félon 
Athénée,  L  il.  Ortélius  n'ofe  aflurer  que  ce  foit  là 
même  que  ï'Iolckos  de  Magnéfie. 

JOLUM  ,  montagne  de  Macédoine  ,  dans  la  Perrhé- 
bie  ,   lelon  Etienne  le  Géographe. 

JOLYSÎTjE  ,  ancien  peuple  de  l'A  abie  heureufe  , 
félon  Ptolomée,  /.  6  ,  c.  7:  ils  étoient  au  nord  des  Ca- 
tanites. 

JOMANES,  rivière  des  Indes.  Pline,  1.6,  c.  19, 
dit  :  la  rivière  de  Jomanes  traverfant  le  pays  des  Pali- 
bothres  ,  coule  entre  les  villes  de  Méthore  &  de  Clifo- 
bore,  &  va  fè  perdre  dans  le  Gange.  Le  P.  Hardouin 
doute  fi  ce  n'eft  pas  la  même  rivière  qu' Arrien  ,  in  Jn- 
dic.  nomme  Omalis,  d/Mxiç  pour  '\Jumic 

JOMMITENSIS  pour  Jomnitensis.  Voyez  Parti- 
ticle  qui  fuit. 

JOMNIUM ,  ancienne  ville  de  la  Mauritanie  Céfa- 
riense,  félon  Ptolomée,  /.  4 ,  c.  2.  Elle  eft  nommée. 
LoMINIO  ,  &  traitée  de  municipe  dans  la  Carte  de  Peu- 
tinger  ,  Segment  1.  Antonin  ,  Itiner.  la  met  entre  Ru- 
fticurrum,  colonie,  &Rupiis, municipe,  àxvm.  m. p. 
de  la  première  ,  &  à  XXXVIII.  M.  P.  de  la  dernière. 
Elle  fut  épiscopale;  &  Honorât,  fon  évêque,  affifla  à 
la  Conférence  de  Carthage  :  Honorants ,  Jommitenjîs 
episcopus.  Dupin  aime  mieux  Jonniunjîs.  Il  imtjomm- 
tenjîs.  La  Notice  épiscopale  d'Afrique  ne  fait  aucune 
mention  de  ce  fiége. 

On  croit  que  Jomnium  eft  aujourd'hui  Caffen,  village 
du  royaume  d'Alger. 

1.  ION  ,  rivière  de  Grèce  ,  où  elle  feperd  dans  le 
Pénée  ,  félon  Strabon ,  /.  7,  P.  327.  C'étoir  au  bord 
de  cette  rivière  que  la  ville  d'OxiNIA  étoit  fituée. 

2.  ION  ,  montagne  de  l'Ethiopie  intérieure,  félon 
Ptolomée ,  /.  4 ,  c.  9. 

JONACA  ,  ville  de  la  Perse  proprement  dite ,  félon 
le  même  ,  /.  6  ,  c.  4. 

JONjE  Portus  ,  c'eft-à-dire  le  Port  deJonds.  S.Jé- 
rôme parle  de  ce  port  dans  une  Lettre  à  la  vierge  Eufto- 
chium  ,  Epifl.  37.  Ortélius  croit  que  c'eft  le  port  de 
Joppé  ,  où  Jonas  s'embarqua  pour  aller  à  Tharfis. 


JI2 


ION 


ION 


JONAN ,  lieu  de  la  Paleftine ,  félon  Of  téliu's  ,  qui 
dit  que  S.  Jérôme  écrjt  J.ETHAM.  Il  cite  le  quinzième  cha- 
pitre de  Jofué  ,  où  Jonam  ni  Jetham  ne  le  trouvent , 
ni  dans  l'ancienne  verfion  latine,  ni  dans  l'hébreu.  Ce 
dernier  porte  JlTHNAM;  la  vulgate  Jethnan.  Les  Sep- 
tante au  lieu  de  ces  trois  villes,  &  Cèdes,  fi-  A/or,  & 
Jethnan,  portent  ng\  Ka'JV  ng)  ' kaovwtùv -,  lyMiunàv- 
Ortélius  a ,  fans  doute  ,  féparé  ce  nom  'A<rep ,  Afor  des 
fyllabes  fuivantes  lonain ,  &  en  a  fait  les  noms  de  deux 
villes  différentes.  La  différence  qui  fe  trouve  entre  le 
texte  hébreu  &  les  anciennes  verrions  ,  la  grecque  & 
la  latine,  fur  les  vingt-neuf  villes  de  la  tribu  de  Juda, 
met  dans  la  Chorographie  de  cette  tribu  des  obscuri- 
tés dont  ileft  très-difficile  de  fortir. 

JONCELS  ;  S.  Pierre  de  Juncella  ,  abbaye  d'hom- 
mes ,  en  France ,  de  l'ordre  de  S.  Benoît ,  dans  le  bas 
Languedoc  ,  au  diocèfe  de  Béziers  vers  Lodeve. 

IONCOPING  :  ç'eft  la  même  ville  que  Iencoping. 

IOND  A ,  ancien  bourg  d'Afie ,  près  d'Ephèfe  ,  félon 
Diodore  de  Sicile,  /.  14. 

JONDO  ,  ville  du  Japon.  Voyez  Iodo. 

1.  JONE.  Etienne  le  Géographe  donne  ce  nom  à 
la. ville  d'ANTlOCHE  de  Syrie  ,  fur  l'Oronte. 

2.  JONE  :  le  même  auteur  donne  auffi  ce  nom  à 
Gaza,  ville  de  Paleftine. 

3.  JONE  ou  Iona  ,  petite  Me  du  royaume  d'Ecofle, 
au  fud-oueft  de  l'ifle  deMull.  Elleadeux  milles  de  long 
&  un  de  large.  Elle  produit  tout  ce  que  ce  climat  eft 
capable  de  produire.  S.  Colomban  y  établit  deux  mo- 
nafteres ,  l'un  d'hommes  &  l'autre  de  femmes  ,  qui  ont 
fubfifté  jusqu'à  ce  qu'on  appellât  en  Angleterre^  la  ré- 
formation. C'étoit  le  lieu  de  la  réfidence  des  éyêques 
des  ifles.  On  y  voit  encore  des  ruines  du  lieu  oùétoient 
inhumés  les  rois  d'Ecofle,  ckles  chefs  des  ifles  occiden- 
tales ,  dont  il  n'eft  refté  que  trois  inscriptions  lifibles. 
Celle  du  milieu  eft  en  ces  termes  :  Tumulus  REGUM 
ScOTI^E.  L'inscription  qui  eft  à  la  droite,  marque  que 
c'étoit  le  tombeau  des  rois  d'Irlande  ;  &  celle  qui  eft 
à  la  gauche  ;  porte  que  c'étoit  le  tombeau  des  rois  de 
Norvège.  On  compte  quarante  rois  d'Ecofle  ,  quatre 
d'Irlande  &  autant  de  Norvège,  enterrés  dans  ce  lieu; 
11  y  a  aufli  le  tombeau  de  Macdonald  d'IIa  ;  &  du  côté 
du  couchant,  ceux  des  deux  anciennes  tribus  des  Macdo- 
nalds  &  du  chef  des  Macléans.  *Etat  préfent  de  la  Gt\ 
Bret.  t.  2 ,  p.  290. 

L'églife  de  fainte  Marie  ,  dans  cette  ifle  ,  eft  bâtie  en 
forme  de  croix  :  le  choeur  a  dix -huit  verges  en  lon- 
gueur ,  &c  le  dôme  eft  de  vingt-un  pieds  en  carré.  Il  y 
a  deux  chapelles  à  chaque  côté  du  chœur ,  dont  l'entrée 
a  de  gros  piliers  en  bas-reliefs.  Le  clocher  eft  grand ,  les 
portes  &L  les  fenêtres  artiftement  travaillées  ;  l'autel  eft 
de  très-beau  marbre.  Au  midi  de  cette  églife,  il  y  en  a 
une  autre  qu'on  appelle  S.  Ouran ,  du  nom  d'un  faint 
qui  y  eft ,  dit-on  ,  enterré. 

L'hiftoire  dit  que  cette  ifle  étoit  un  féminaire  d'ec- 
cléfiaftiques ,  &  que  fon  églife  étoit  comme  la  métro- 
pole de  tous  les  états  des  Ecoflois  &  des  Piftes  ;  6c 
quoique  l'abbé  ne  fût  que  (impie  prêtre  ,  cependant  tout 
le  clergé  de  la  province  &  même  les  évêques  étoient 
Tous  fa  jurisdi&ion  ,  comme  le  vénérable  Bede  le  re- 
marque. 

1.  IONES  ,  ancien  peuple  qui  demeuroit  en  Egypte  j 
àu-deflbus  de  Bubafte ,  près  de  la  mer ,  félon  Héro- 
dote ,  /.  2 ,  ci  54.  Ces  Ioniens  étoient  un  détachement 
des  Ioniens  Afiatiques ,  comme  cet  auteur  le  raconte  ;  Se 
Psammitichus  leur  donna  des  terres  pour  les  récompen» 
fer  du  fecours  qu'ils  lui  avoient  donné  contre  fes  enne- 
mis. Voyez  Ionie. 

2.  IONES.  Voyez  Jaonenses  &  Ias. 
IONGHAIVOU  ,  rivière  de  l'ifle  de  Madagascar. 

Son  nom  lignifie  rivière  du  milieu,  parce  qu'elle  coule 
entre  celles  d'Itomampo  &  de  Mangharac.  Elle  descend 
des  montagnes  du  pays  d'Icondre  ,  traverse  le  pays  de 
Man.amboule  <k  la  province  des  Anachimouflïf,  courant 
droit  au  nord-quart-nord-oueft  ,  étant  à  l'oueft  à  une 
journée  de  celle  d'Itomampo;  Après  avoir  couru  ainfî , 
environ  quatre  à  cinq  journées ,  elle  fe  détourne  &  court 
à  l'eft  une  journée,  pour  fe  joindre  à  la  rivière  de  Man- 
gharac ,  &  une  lieue  au-deflbus  :  elles  fe  joignent  à  Ito- 
mampo  5>  &  forment  la  rivière  de  Mananghare  ,  qui 
Court  à  l'eft-fud-eft ,  environ  fix  bonnes  journées,  pour 


fe  rendre  à  la  mer,  fe  divifant  en  fept  bouches.  ^Fia- 
court,  Hift.  de  Madagascar  ,    1.  part.  c.  5,  p.  ijL 

IONICA  ,  contrée  d'Italie  ,  fe+on  Solin ,  c.  2 ,  idtt. 
Salmaj.  Il  dit  que  la  contrée  nommée  lonica  ,  prit  de 
nom  d'Ione,  fille  de  Naulochus,  laquelle  voloit  fur  les 
grands  chemins  ,  &  qui  fut  tuée  par  Hercule.  Martiâ- 
nus  Capella  copie  Solin.  Saumaife,  in  Solin.  p.  58 ,  qui  ne 
trouve  point  d'autre  auteur  qui  ait  ainfi  nommé  cette 
contrée,  doute  s'il  ne  faudroit  pas  hre  Chronica  de 
la  ville  de  CHONE. 

IONIDjE  ,  'Ico»/^,  munreipe  de  Grèce,  dans  I'At- 
tique  ,  dans  la  tribu  jEgéïde  ,  félon  Etienne  le  Géo- 
graphe. 

1.  IONIDES  :  Denys  d'Afrique,  y.  <j 3 3,  $35,  ou  le 
Periégete ,  nomme  ainfi  les  ifles  de  l'Ane  mineure  , 
près  de  l'Ionie.  Il  nomme,  entr'autres ,  Samos  ,  Caunus 
&  Chio. 

2.  IONIDES  ,  peuples  qui  habitoient  en  Europe , 
félon  Hérodote ,  /.  7  ,  cité  par  Ortélius  ;  mais  au  fep- 
tiéme  livre,  c.  94,  qu'il  marque,  je  trouve  que  les  Io- 
niens ,  *lufis ,  avoient  demeuré  dans  le  Péloponnèfe 
appelle  enfuite  Achaïe ,  &  qu'avant  l'arrivée  de  Danaiïs 
&  de  Xuthus ,  dans  le  Péloponnèfe ,  ils  étoient  nom- 
més Peslasges  jEgi  aléens  ;  ce  dernier  fumom  ligni- 
fie qu'ils  habitoient  le  rivage  de  la  mer;  Hérodote  ajoute 
qu'ils  furent  nommés  Ioniens ,  d'Ion  ,  fils  de  Xuthus. 
Voyez  Ionie  1. 

1.  IONIE  ,  partie  du  Péloponnèfe  ,  où  les  Ioniens 
s'étoient  établis  fous  le  nom  de  Pelasges  ALgialèens , 
comme  il  ■  eft  dit  dans  l'article  précédent  :  ce  que  dit 
Hérodote,  que  le  Péloponnèfe  avoit  été  enfuite  nommé 
Achaïe,  eft  expliqué  par  ce  paflage  de  Denys  d'Halicar- 
nafle ,  l.  1,  c.  17:  plufieurs  provinces  de  la  Grèce  firent 
la  même  chofe ,  (c'eft-à-dire ,  changèrent  de  nom,)  &£ 
celle  entr'autres  qui  s'appelle  aujourd'hui  le  Péloponnèfe  .* 
c'eft  ainfi  que  l'Achaïe  donna  fon  nom  à  toute  la  penin- 
fule  qui  renferme  l'Arcadie ,  l'Ionie  &  quantité  d'autres 
peuples  qui  l'habitent.  Ainfi  l'Ionie  étoit  une  partie  de 
la  presqu'ifle  ,  que  nous  appelions  préfentement  la  Mo~ 
rée.  Le  même  Denys  ,  parlant  des  Ioniens  Afiatiques, 
/.  4,  c.  25,  dit  :  les  Ioniens  ,  qui  de  l'Europe  étoient 
venus  habiter  les  parties  maritimes  de  la  Carie  ,  &  les 
Doriens  ,  qui  y  avoient  conftruit  des  villes  ,  fuivirent 
l'exemple  d'Amphyction  ;  &  ils  bâtirent  des  temples  à  ' 
frais  communs  :  les  Ioniens  en  élevèrent  un  à  Ephèfe  , 
en  l'honneur  de  Diane  ;  &c  les  Doriens  en  consacre^ 
rent  un  autre  à  Apollon ,  dans  Triopion. 

2.  IONIE  proprement  dite  ,  contrée  maritime 
de  l'Afie  mineure  ,  fur  la  côte  occidentale.  On  ne  con- 
vient pas  de  fes  bornes.  Cependant  Strabon  ,  /.  14  ; 
Lin.  lui  afligne  douze  villes.  jElien ,  Variar.  Hijl.  1. 8^ 
c.  J  ,  qui  lui  en  attribue  autant ,  les  nomme  ainfi  : 


Milet, 

Lébéde , 

Ephèfe, 
Erythrès , 

Théon, 
Colophone, 

Clazomenes  7 

Myus, 

Priéne , 

Phocée. 

Ces  dix  étoient  en  terre  ferme  :  les  deux  autres  étoient 
chacune  dans  une  ifle  de  même  nom  * 


Samos 


& 


Chi. 


Ainfi  Milet  au  midi ,  &  Phocée  au  nord ,  étoient  les 
dernières  villes  de  l'Ionie  ,  félon  j£lien.  Pline ,  /.  <j  j 
c.  29,  ledit  aufli,  &met  Phocée  dans  l'Ionie  ,  &As- 
canius  Portus  dans  l'^Eolide  ,  qui  terminoit  au  nord 
l'Ionie.  Il  dit  ailleurs  ,  mais  dans  le  même  chapitre  j, 
que  Milet  étoit  à  l'autre  extrémité.  Hérodote ,  l.  1  j 
c.  142 ,  partage  ainfi  les  villes  des  Ioniens  :  Milet  eft 
la  première  au  midi ,  enfuite  font  Myus  &c  Priène  ;  ces 
villes  font  dans  la  Carie  ,  &  ont  un  même  langage.  Cel- 
les-ci font  dans  la  Lydie  ,  Ephèfe  ,  Colophon ,  Lébé- 
dus,  Théos,  Clazomene  &  Phocée;  ces  villes  ont  Une 
même  langue  entr'elles.  Les  trois  autres  villes  font  Ioni- 
ques ,  deux  dans  les  ifles  de  Samos  &  de  Chio  ;  &  h 
troifiéme,  qui  eft  Erythrès,  eft  en  terre  ferme.  Voilà 
les  villes  bien  comptées. 

De    ces  détails    nous  devons  conclure   que  l'Ionie 

n'étoit  pas   l'ancien  nom  du  pays  ,   qu'occupèrent  les 

Ioniens , 


JON 


JOR 


Ioniens ,  venus  de  Grèce  ;  mais  que  l'on  donna  leur 
nom  aux  parties  de  la  Carie  ck  de  la  Lydie  où  ils  s'é- 
tablirent ,  ck  qu'Hérodote ,  dans  le  paftage  cité,  appelle 
de  leur  véritable  nom. 

Ptolomée  raccourcit  l'Ionie  du  côté  du  nord,  ck  en 
retranche  la  rivière  d'Hermus  ck  Phocée,  pour  les  don- 
ner à  PvEolide.  Il  l'accourcit  aufli  au  midi ,  ck  en  ôte 
Pyrrha,  Milet  &  Héraclée,  qu'il  place  dans  la  Carie. 
Ainli  il  tiorne  l'Ionie  au  nord  par  l'Hermus ,  ck  au  midi 
par  ie  Méandre.  Mais  ces  limites  ne  conviennent  point 
avec  celles  que  marquent  les  auteurs  cités  ci-deflus.  Stra- 
ion  nous  apprend  l'origine  ck  les  migrations  des  Ioniens, 
dans  un  paliage  que  j'ai  rapporté  fort  au  long  .à  l'article 
Achaie.  Cette  province  reçut  les  lumières  de  l'évan- 
gile ,  dès  le  tems  des  apôtres.  Elle  eut  des  villes  épisco- 
pales,  entre  lesquelles  Ephèfe  femble  avoir  tenu  le  pre- 
mier rang.  Cependant  elle  ne  fit  point  une  province 
particulière  ;  ck  dans  les  Notices  ,  les  évêchés  de  l'Ionie 
font  partagés  entre  diverses  provinces.  La  province 
d'Alie  ,  proprement  dite  ,  renfermoit 


m 


;>myrne, 
Ephèfe, 
Théon, 
Phocée , 


Erythrés  , 
Priène , 
Colophon, 
Clazomenes, 


La  Notice  de  l'empereur,  Léon  le  Sage,  où  les  rangs 
des  fiéges  font  réglés ,  donne  le  premier  entre  ceux  de 
l'Afie  à  l'évêque  de  Smyrne.  La  Carie  comprenoit  les 
évêchés  d'Héraclée  ck  de  Milet  ;  &  les  deux  fiéges  de 
Samos  ck  de  Chio  étoient  d'une  province  particulière  , 
que  l'on  appella  h  province  des-ijles  Cyclades  ,  félon 
la  Notice  de  Hieroclès. 

Ortélius,  Th.faur.  d  t  que  l'Ionie  étoit  nommée  auffi 
Panionia.  Il  ie  trompe  :  cela  n'eft  vrai  que  d'un  petit 
c?nton  particulier.  Voyez  Panionia. 

lONU  EcCLESIA,  nom  latin  deS.YoN,  village  de 
Fiance,  dans  le  diocèfe  de  Paris.  Voyez  au  mot  Saint, 
l'article  S.  Yon. 

IONIUM  MARE,  c'eft-à-dire  la  mer  Ionienne.  Voyez 
Mer. 

IONKERAD  ou  Iongkerad.  Voyez  Eggri- 
gium. 

JONOCH,  la  même  que  Janoé. 

i.  JONOPOLIS  ,  ancienne  ville  d'Ane  ,  dans  la 
Paphiagonie.  Il  en  eft  parlé  dans  les  Authentiques  & 
dans  Conftantin  Porphyrogenète ,  félon  Ortélius.  Cette 
ville  a  été  épiscopale.  Dlogenes ,  fon  évêque ,  fouscrivit, 
l'an  431,  au  premier  concile  d'Ephèfe  ;  ck  Petronius, 
l'an  325  ,  au  premier  concile  de  Nicée.  *  Harduin. 
Colleft.  conc.    . 

a.  JONOPOLIS  ,  ancienne  ville  d'Ane,  dans  laGa- 
latie,  félon  Ptolomée  ,  /.  5  ,  c.  4  ;  ck  Arrien  Peripl.  Pont. 
Eux.  Elle  s'appelloit  Aboni  Teichos,  'AGwv*  T«x°ff , 
c'eft-à-dire  le  mur  £Abonus.  Lucien  ,  Pseudomant. 
rapporte  dans  un  de  fes  ouvrages  ,  qu'un  certain  im- 
pofteur  ,  nommé  Alexandre  ,  demanda  à  l'empereur 
que  cette  ville  quittât  fon  nom  ,   pour  prendre  celui  de 


Je  doute  que  ces  deux  villes  foient  différentes  l'une 
de  l'autre. 

JONPOUR ,  petite  ville  des  Indes  ,  dans  les  états  du 
Mogol ,  au  pays  de  Raja  Rotas  ,  fur  la  rive  droite  du 
Gouel ,  au-deffus  de  Soumelpour.  *  Tavernier ,  Voyage 
des  Indes,  1.  2.   Robert  de  Vaugondy ,  Atlas. 

JONQUERE  ,  Juncaria  ,  ville  d'Espagne  en  Cata- 
logne ,  dans  l'Ampourdan  ,  au  pied  des  monts  Pyré- 
nées ,  fur  la  frontière  du  Rouffillon ,  à  trois  lieues  de  la 
côte ,  &  à  cinq  au  midi  de  Perpignan  ,  en  allant  vers 
Figuere  ck  Gironne.  Voyez  l'article  Juncaria. 

JONQUIERES,  petite  ville  de  France,  en  Provence, 
dans  l'archevêché  d'Arles,  au  midi  de  l'Etang  de  Berre, 
à  cinq  lieues  d'Aix  ck  de  Marfeille. 

JONSAC  ou  Jonzag  ,  bourgade  de  France  ,  en 
Saintonge ,  auprès  de  la  Sevigne  ,  qui  tombe  clans  la 
Charente.  Corneille  en  fait  une  ville.  *  Robert  de  Fau- 
gondy,  Atlas. 

JONTII ,  ancien  peuple  de  l'Afrique  propre  ,  félon 
Prolomée  ,  /.  4,  c.  3. 

JONXAN  ,  ville  de  la  Chine  ,  dans  la  province  de 
Kianfi,  au  département  de  Quangfin,  troifiéme  métro- 


pole de  la  province.  Elle  eft  de  3'  plus  orientale  que 
Pékin ,  fous  les  18  d.  zo'  de  latitude.    *  Atlas  Sinenfis. 

JOPILIA  Villa,  village  fur  la  Meule  ,  près  de 
Liège.  Il  en  eft  parlé  dans  la  Vie  de  S.  Lambert.  C'eft 
préientement  Jupille,  au  bord  oriental  de  la  Meufe, 
au-deffous  de  Liège.  *  Ortel.  Thef.  Pépin  y  mourut, 
l'an  714. 

JOPiS  ,  contrée  du  Péloponnèfe  ,  dans  la  Lacenie, 
félon  Etienne  ie  Géographe,  qui  cite  Hérodien.  Orté- 
lius croit  que  cet  Hérodien  doit  être  différent  de  celui 
qui  a  écrit  la  Vie  de  quelques  empereurs. 

1.  JOPOLIS,  'k^A*  ,  ville  d'Alie,  dans  la  Syrie, 
fur  le  mont  Sylpius ,  ck  près  de  l'Oionte  ,  félon  Cé- 
drene.  Euftathe  la  nomme  Iupolis,  *Uzz).k  ,  ck  la  :e 
près  d'Antioche. 

2.  JOPOLIS,  ville  d'Afie,  quelque  part  verslaGa- 
latie,  fi  l'on  en  croit  Métaphrafte,  dans  la  Vie  defaint 
Théodore,  abbé. 

JOPPÉ  ,  félon  D.Calmet,  Dift.  viile  ck  port  de 
mer  de  laPaleftine  ,  fur  la  Méditerranée  :  elle  eft  nom- 
mée Jaffa  ou  Japha  ,  dans  les  auteurs  du  moyen~5ge  , 
&  dans  les  modernes.  C'écoit  le  feul  port  que  le  Hé- 
breux poffédafient  fur  la  Méditerranée.  Le-,  profanes 
croient  qu'elle  tire  fon  nom  de  Joppé,  fille  d'Eolus  (3), 
&  femme  de  Céphée  ,  qui  en  eft  le  fondateur.  On  y 
voyoit  encore,  du  tems  de  S.Jérôme  (b)  ,  des  marques 
de  la  chaîne  à  laquelle  Andromède  avoir  été  attac  ée, 
lorjqu'on  fexpo.a  au  monftre  marin  pour  être  clé.  ie. 
Il  y  a  quelque  apparence  que  la  fable  d  Andromede-a 
été  forgée  fur  l'aventure  de  Jonas  ,  flui  s'étant  embar- 
que à  Joppé,  fut  jette  dans  la  mer,  fk  englouti  par. un 
monftre  marin.  Voyez  JoNAb.  Joppé  étoit  fitué  dans 
une  belle  plaine  ,  entre  Jaihma  au  midi ,  ck  Célarée  de 
Paleftine  au  nord,  &  Rama  ou  Ramula,  à  l.'orienr.  Le 
port  de  Joppé  n'eft  nullement  bon  ,  à  caul'e  de-  -  tiers 
qui  s'avancent  dans  la  mer  (c).  Il  eft  fouvent  fait  men- 
tion de  Joppé,  tant  dans  les  livres  de  l'ancien  Te-'a- 
ment  écrits  en  hébreu ,  que  dans  les  livres  des  MaGca- 
bées  ,  ck  dans  le  nouveau  Teftament.  labitha  ,  que 
S.  Pierre  reffuscita,  demeuroit  à  Joppé  (<*).  Le  .même 
apôtre  étoit  à  Joppé  (e)  ,  lorsque  iJieu  lui  fit  voir  un 
linge  plein  de  reptiles  ,  pour  lui  marquer  qu'il  ne  de- 
voit  plus  faire  de  diftinctron  entre  le  Juif  ck  le  Gentil , 
lorsqu'il  trouvoit  des  gens  dispofés  à  recevoir  la  parole 
de  la  vérité.  *  (a)  Supkan.  in  Joppe.  (b)  Hieronym.  in. 
cap.  I  Joncs  &  in  Epitaphio  Paula,  Jojeph.  de  Bello , 
/.  3  ,  c.  15.  C)  Jofepk.  de  Bell.  /.  3  ,  c.  15.  (")  A3. 
c.  9  ,  v.  36,  37  ck  leq.  (e)  Ibid.  c.  10,  v.  5  Se  leq. 

JOR.   Voyez  Ihor. 

JORC.   Voyez  Yorck. 

JORDANE,  (la)  rivière  de  France,  en  Auvergne; 
elle  palfe  à  Aurillac  ,  &£  tombe  dans  la  Cere. 

JORDANIS  ,  nom  latin  du  Jourdain.  Voyez  ce 
mot. 

JORDANIVlCUS,  village  de  laPaleftine;  c'eft  où 
commençoit  le  pays  de  Samarie,  félon  Egeiipe,  /.  3  , 
c.  6. 

JORDEA  ,  ancienne  contrée  de  l'Inde ,  fi  nous  nous 
fions  à  une  lettre  d'Ariftote  àAlexandre  ;  mais  Ortélius, 
Thefaur.  juge  qu'elle  eft  (ùppolèe. 

JORDI1,  peuple  ancien  de  la  Scythie ,  en -deçà  de 
l'Imaùs ,  (elon  Ptolomée,  /.  6  ,  c.  14. 

1.  JORGIANE  ,  rivière  d'Afie,  dans  la  Perse.  Elle 
donne  fon  nom  à  une  ville  qu'elle  arrofe ,  dans  la  pro- 
vince de  Mazanderan  ,  frontière  de  Ghilan  ,  ck  fe  dé- 
charge dans  la  mer  Caspienne ,  à  89  d.  de  longitude  ,  ck 
à  38  de  latitude  ,  félon  les  géographes  Arabes.  *  Hljî. 
de  Timur-Bec  ,  1.  3  ,  c.  18. 

2.  JORGIANE,  ville  d'Afie  ,  dans  la  Coraffane,  fur 
la  rivière  de  même  nom.  Les  Arabes  lui  donnent  90  d. 
de  longitude,  6k  37  de  latitude. 

La  rivière  ck  la  ville,  qu'on  appelle  Jorgiane  ,  font 
appellées  par  nos  géographes  modernes,emr'jutres,D'A  :  1- 
ville ,  Corcan  ;  Otter  les  nomme  Corcan.  Le  premier 
donne  à  la  ville  37  d.  de  latitude  ,  ck  73  d.  de  longi- 
tude. 

JORGSBERG  ,  Georgii  Mons ,  abbaye  d'hommes  , 
ordre  de  S.  Benoît ,  dans  le  Tirol ,  à  la  gauche  de  la  ri- 
vière d'Inn. 

JORI ,  peuple  ancien  de  Grèce ,  dans  la  Macédoine. 
Leur  ville  s'appelloit  JORUM,  félon  Ptolomée,  l.^,c.  13, 
Tome  III.    T 1 t 


JOS 


S 14 

Cette  ville,  appellée /craro  ,  eft,  fans  cloiite,lamïtne 
dont  parle  le  P.  Hardouin  ,  ôi  qu'il  dit  avoir  tté  épis- 
copale.  Florentins,  fbn  évêque ,  affilia,  Fan  451,  au 
fécond  concile  de  Chalcédoine.  *  Harduin.  Colleft. 
conc. 

JOS  ,  ifle  de  la  mer  Egée  ,  près  de  l'ifle  de  Théra, 
félon  Strabon  ,  l.  10,  p.  484.  Pline,  /.  4,  c.  13  ,  dit 
qu'elle  eft  à  vingt-quatre  mille  pas  de  Naxie  ;  qu'elle  eft 
célèbre ,  parce  qu  Homère  y  eft  enterré  ;  qu'elle  a  vingt- 
cinq  mille  pas  de  long,  &c  qu'on  la  nommoit  autrefois 
PHŒNICE.  Scylax,  p.  21  ,  dit  de  même  qu'Homère  y 
repofoit.  Etienne  le  Géographe  la  met  au  nombre  des 
Cyclades.  Ceft  prélentementNlO. 

1.  JOSAPHAT,  abbaye  de  France ,  ordre  de  S.  Be- 
noît, dans  un  village  ,  aune  lieue  de  Chartres,  fondée 
l'an  11 20,  parGodefroy,  évêque  de  Chartres.  Elle  eft 
dédiée  à  la  fainte  Vierge.  *  Baudrand,  édit.  1705- 

2.  JOSAPHAT,  (LA  vallée  de)  vallée  de  la  Pa- 
leftine ,  félon  quelques-uns  ;  tk.  félon  d'antres ,  ce  n'eft 
qu'une  expreffion  métaphorique.  D.  Calmet  en  parle 
ainfi  :  Joël,  c.  3  ,  v.  2  &  12 ,  dit  que  le  Seigneur  as- 
femblera  toutes  les  nations  dans  la  vallée  de  Jofaphat , 
tk  qu'il  entrera  en  jugement  avec  elles  dans  cet  endroit. 
Abenezra  croit  que  cette  vallée  eft  celle  où  le  roi  Jo- 
faphat remporta  une  fi  grande  viftoire,  &  avec  tant  de 
facilité ,  fur  les  Moabites ,  les  Ammonites  &:  les  Méo- 
niens  de  l'Arabie  Pétrée,  2.  Par.  xx,  1,2,  3  &  fiiiv. 
Cette  vallée  étoit  vers  la  mer  Morte  ,  &c  au-delà  du 
défert  deThécué  ;  tk  depuis  cet  événement,  elle  porta 
le  nom  de  Vallée  de  bénédiction,  i.Par.  xx,  26. 
D'autres  (a)  croient  que  la  vallée  de  Jofaphat  eft  entre 
les  murs  de  Jérufalem  &  le  mont  des  Oliviers,  &  qu'elle 
eft  arrofée  par  le  torrent  de  Cédron.  S.  Cyriile  d'Ale- 
xandrie (b)  ,  fans  s'expliquer  davantage ,  dit  que  cette 
vallée  n'eft  éloignée  que  de  quelques  ftades  de  Jérufa- 
lem. Enfin  il  y  en  a  qui  foutiennent  que  les  anciens  Hé- 
breux n'ayant  connu  aucun  lieu  diftinft,  fous  le  nom  de 
vallée  de  Jofaphat ,  Joël  a  voulu  fous  ce  nom  marquer 
en  général ,  le  lieu  où  le  Seigneur  doit  exercer  fon  ju- 
gement contre  les  nations  ;  &  celui  où  il  doit  paroître 
au  jugement  dernier,  avec  tout  l'éclat  de  fa  majefté.  Jo- 
faphat ,  en  hébreu  (c)  ,  lignifie  le  jugement  de  Dieu, 
Voyez  les  Commentateurs  fur  Joël ,  iij  ,2.  Il  y  a  aflez 
d'apparence  que  dans  Joël ,  la  vallée  de  Jofaphat  ou  du 
Jugement  de  Dieu  ,  eft  fymbolique ,  aufli-bien  que  dans 
le  même  prophète ,  &  au  même  chapitre  la  Vallée  du 
Carnage  ,  fallis  Conéifionis ,  Joël  iij  ,  14.  Ceft  fur  cet 
endroit  que  les  Juifs  &  plufieurs  Chrétiens  ont  cru  que 
le  dernier  jugement  fe  feroit  dans  la  vallée  de  Jofaphat. 
*(j*)Beda,  de  Locis.  Brocard,  Monach.  Salignac.  Adri- 
chome.  Le  V.Nau,  &c.  (b)  In  Joël,  c.  3.  (c)  Hieron. 
in  Joël  ,  c.  3.  Remig.  Hairn.  Lyran.  Vatab.  Tirin. 

Cependant  tous  les  fvoyageurs  de  la  Terre-fainte  y 
vifitent  la  vallée  de  Jofaphat.  Thévenot,  Voyage  du  Le- 
vant, c.  37  ,  p.  370,  met  cette  vallée  de  Jofaphat  entre 
Jérufalem  &  le  mont  des  Oliviers  :  félon  lui ,  elle  eft 
longue  d'environ  une  lieue  ;  mais  elle  n'eft  pas  fort 
large  ,  &  elle  lërt  comme  de  forte  à  la  ville  de  Jéru- 
falem. Doubdan,  Voyage  delà  Terre-fainte,  c.  24  , 
p.  246,  en  fait  une  description  aflez  ample.  Suivant  cet 
auteur,  elle  eft  appellée  Vallée  de  Concijlon,  à  caufe  que 
les  méchans  y  feront  féparés  de  la  compagnie  des  bons. 
Mais  ce  nom  fignifie  proprement  Vallée  du  Carnage. 

Elle  eft  encore  appellée  vallée  du  roi ,  dans  l'Ecriture, 
(2.  Reg.  c.  18,)  au  fujet  d'Absalon  ,  qui  y  fit  faire  un 
monument  ;  car  il  mourut  bien  loin  de-là  ;  &  vallée  de 
Cedronf  (4.  Reg.  c.  23,)  à  caule  du  torrent  qui  y  parte  ; 
tk  VALLÉE  DE  SlLOÉ  par  Jofeph ,  de  Bell.  1.  6,  c.  13; 
6-1.  7,  c.  16. 

La  queftion  n'eft  pas  de  favoir  s'il  y  a  une  vallée 
nommée  Jofaphat-;  le  fait  eft  confiant  :  elle  confifte  à 
être  bien  iiir  que  c'eft  de  celle-là  que  le  prophète  Joël  a 
parlé.  Il  y  a  plus  d'apparence  que  ce  prophète  a  nommé 
ainfi  d'une  manière  prophétique  un  lieu  où  Dieu  jugera 
les  nations ,  &  qUe  des  personnes  fimples,  cherchant  un 
lieu  auquel  elles  puflent  appliquer  ce  nom,  l'ont  donné 
après  coup  à  une  vallée  que  le  Sauveur  du  monde  a 
traversée  en  portant  fa  croix. 

JOS  AS,  (le)  petit  canton  de  l'ifle  de  France,  entre 
la  Seine  &  la  Beauce  :  il  eft  difficile  d'en  marquer  à 
prélent  les  bornes.    On  ne  fe  fert  plus  de  ce  nom  que 


JOT 


dan;  les  affaires  eccléfiaftiques ,  &  pour  défigner  la  partie 
du  diocèlè  de  Paris  ,  qui  s'étend  au  midi  jusqu'au  dio- 
cèfe  de  Chartres,  c'eft-a-dire  à  cinq  ou  fix  lieues  loin 
de  Paris.  *  Baudrand,  ecit.  1705. 

JCJSEDUM.  Voyez  Metiosedum.      1 

JOSEPH ,  (fort  de  faint)  fort  fur  la  côte  occidentale 
d'Afrique  ,  à  trois  cent  lieues  dans  la  rivière  du  Séné- 
gal. En  1713,  M.  de  Richebourg,  gouverneur  de  Co- 
rée ,  forma  ce  nouvel  établiflement  François",  qui  eft: 
bien  fortifié.  Il  a  dans  fa  dépendance  le  petit  fort  de 
S.  Pierre  ,  fur  la  rivière  de  Falemé  ,  dans  le  royaume  de 
Galam ,  porte  important ,  parce  qu'il  commande  l'entrée 
du  royaume  de  Bambuck  ,  qui  eft  riche  en  mines  d'or. 

JOSINIANA.  Voyez  Dionysiana. 

JOSIJUA,  ville  du  Japon,  fur  la  route  de  Méaco  à 
Famainatz,  à  trois  lieues  d'Akalaka.  On  la  nomme  auflî 
Jostsijua.  On  entre  dans  les  fauxbourgs  par  un  pont 
de  trois  cents  cinquante  pas  de  long.  C'eft  la  même;qrii 
eft  nommée  JosiNDA ,  dans  l'ambaflade  des  Hollandois 
au  Japon. 

La  ville  de  Jofijda  eft  bâtie  fur  une  éminence  ;  elle  a 
des  portes  ,  &c  des  corps-de-garde ,  avec  une  petite  gar- 
nifon ,  plutôt  pour  la  parade  que  pour  la  défense  ;  on  y 
compte  mille  maifons,  ou, pour  parier  plus  proprement, 
mille  hutes  habitées  par  de  pauvres  gens  ,  &  bâties  aux 
deux  côtés  d'une  rue  qui  coupe  la  ville  en  longueur,  &c 
de  quelques  autres  petites  rues  qui  y  aboutiffent.  Il  y  a 
deux  fauxbourgs  :  on  trouve  l'un  en  entrant ,  &  l'autre 
en  fortant  de  la  ville.  On  compte  au  premier  cent  mai- 
fons ,  &  à  l'autre  deux  cents  cinquante  :  elles  font  bâ- 
ties aux  deux  côtés  du  grand  chemin  ;  ce  qui  fait  une 
grande  heure  de  mardie ,  depuis  le  commencement  du 
premier  fauxbourg ,  jusqu'au  bout  de  celui  que  l'on  trouve 
après  avoir  traversé  la  ville.  Le  château  eft  au  côté  fep- 
tentrional  de  la  ville  :  c'eft  un  bâtiment  carré  à  l'ordi- 
naire ,  trois  de  fes  côtés  font  fermés  par  des  murailles  &C 
des  fofles,  ck  le  quatrième  par  la  rivière  qui  coule  au- 
près. Les  murailles  font  hautes  ,  blanches  &  propres  , 
d'ailleurs  fans  corps-de-garde  ,  ni  aucune  autre  fléfënse, 
le  château  n'ayant  été  bâti  que  pour  loger  les  princes  de 
l'empire  pendant  les  voyages  qu'ils  font  à  la  cour.  On 
fait  &  l'on  vend  dans  cette  ville  beaucoup  d'ouvrages 
d'acier.  Je  remarquai  que  les  payfans  y  avoient  apporté 
au  marché  ,  quantité  de  bois ,  de  feuilles  ,  de  foin  ,  de 
poix  &  d'autres  produftions  na:urelles  du  pays  ;  appa- 
remment c'étoit  le  jour  du  marché.  Pour  aller  de-là  à 
Array,  qui  en  eft  à  près  de  cinq  lieues  ,  nous  traver- 
fâmes  des  villages  peu  confidérables  ,  fi  l'on  excepte 
feulement  Sijroiàka  ,  qui  contient  environ  deux  cents 
maifons  bâties  fur  le  rivage  de  la  mer.  Nous  com- 
mençâmes à  découvrir  en  cet  endroit  le  fommet  de 
la  haute  montagne  de  Foofi  ou  Fufino-Jama  ,  qui  n'a 
peut-être  pas  fa  pareille  pour  la  beauté.  *K<empfer,  Hift. 
du  Jap.  /.  5,  t.  2,  p.  210. 

JOSSE  AUX  BOIS.  (Saint-)  Voyez  Dompmar- 

TIN. 

JOSSELIN.  Voyez  Jocelin. 

IOTA ,  ville  de  la  Paleftine,  dans  la  tribu  de  Juda, 
félon  te  livre  de  Jofué,  c.  15  ,  v.  54.  Le  P.  Bonfrérius 
croit  que  c'eft  la  même  qu'ASAN  ,  dont  il  eft  parlé  dans 
le  même  livre  ,  c.  19,  v.  17  ;  &  au  premier  livre  des 
Paralipomènes ,  c.  6 ,  '  v.  59.  D.  Calmet  trouve  plus 
d'apparence  que  c'eft  la  même  que  Jeta  &  Jethnam 
de  Jofué.  Il  ajoute  qu'Eusèbe  met  Jethnam  à  huit  milles 
d'Hébron,  vers  l'orient.  *  Jofué ,  c.  il,  v.  5;  c*  c.  15, 
v.  23. 

JOTABIS  ,  ifle  de  la  mer  Rouge  ,  à  mille  ftades  de  la 
ville  d'Aila,  félon  Procope,  Perjic.  1.  I. 

JOTjE  ou  ASIOT.E,  félon  les  divers  exemplaires  de 
Ptolomée,  1.6,  c.  14,  peuple  de  la  Scythie  ,  en-deçà 
de  l'Imaùs. 

JOTAPATE  ,  ville  de  la  Paleftine,  dans  la  Galilée, 
félon  D.  Calmet,  Dict.  Elle' eft  célèbre  par  lefiége  que 
Jofeph ,  l'hiftorien  des  Juifs ,  y  foutint  contre  Vespa- 
fien  ,  alors  général  de  l'armée  Romaine ,  &  depuis  em- 
pereur. Jofeph,  in  Vitifud,  dit  qu'elle  étoit  à  quarante 
ftades  de  Gabara  ,  peut-être  de  Gadara.  Cette  place,  la 
plus  forte  de  la  Galilée,  étoit  fur  une  montagne,  ckfur 
des  rochers  inacceffibles  de  tous  côtés  ,  hors  la  partie 
feptentrionale,  par  où  l'on  y  pouvoit  monter.  Elle  fut 
prife  &  ruinée,  l'an  67  de  l'ère  vulgaire.  Plufieurs  croient 


JOU 


JOU 


que  c'eft  la  même  que  Geth-Epher  ,  patrie  du  pro- 
phète Jonas  ;  ce  qui  n'eft  nullement  certain.  On  trouve 
dans  un  concile  de  Jérufalem ,  tenu  l'an  536,  la  fous- 
cription  d'un  évêque  de  Jotabe  ,  dans  la  Paleftine  ; 
mais  on  n'ofe  aflurer  que  ce  fiége  foit  le  même  lieu  que 
la  ville  de  Jotapate. 

JOTAPE  ,  ville  de  Cilicie,  dans  la  Sélentide,  félon 
Ptolomée,  /.  5  ,  c.  8.  Cette  ville  étoit  épiscopale,  fous 
Séleucie.  Ammonius ,  fon  évêque ,  fouscrivit  au  fécond 
concile  de  Chalcédoine,  tenu  l'an  451  ;  &  Marinianus, 
l'an  448  ,  au  fécond  concile  de  Chalcédoine.  Aujourd'hui 
cette  ville  eft  appellée  Castel-Lombardo.  Voyez  ce 
mot. 
JOTHE.  Voyez  Iota. 

JOTIEN ,  ville  de  la  Chine  ,  dans  le  Pékéli ,  au  dé- 
partement de  Pékin,  première  métropole  de  la  province. 
Elle  eft  plus  orientale  que  Pékin  de  43' ,  par  les  39  d. 
47'  de  latitude.  *  Atlas  Sinenfis. 

JOTRUM ,  nom  latin  de  JoUARÉ.  Voyez  l'article 
qui  fuit. 

JOUARE ,  bourg  de  France  ,  dans  la  Brie  inférieure, 
avec  une  fameufe  abbaye  de  Bénédictines,  en  latin  Jo- 
irum  :  il  eft  fitué  fur  une  colline,  dont  le  pied  eft  arrofé 
de  la  rivière  du  petit  Morin  ,  à  une  demi  -  lieue  de  la 
Marne,  &  de  la  Ferté-fous-Jouare,  à  trois  de  Colomiers, 
à  quatre  de  Meaux  &:  de  Faremontier ,  &  à  quatorze  de 
Paris.  Son  églife  paroiffiale  eft  auffi  collégiale,  &defler- 
vie  par  douze  chanoines  ,  dont  le  curé  a  la  première 
place.  Ces  douze  chanoines  font  à  la  préléntation  de 
î'abbefle,  &  les  chapelains  femainiers  de  l'églife  de  l'ab- 
baye ,  à  laquelle  appartient  la  feigneurie  de  Jouare.  On 
dit  que  cette  abbaye  a  été  autrefois  à  Sainte-Agathe  de 
Crespi ,  qui  eft  à  préfent  un  prieuré  &c  cure.  L'églife  des 
religieufes  eft  longue  &  étroite  ,  &£  l'autel  orné  de  plu- 
lieurs  colomnes  de  marbre.  Dans  un  cimetière  ,  qui  eft 
proche ,  il  y  a  une  petite  chapelle  bafle  ,  en  forme  de 
grotte  ou  de  caverne  ,  que  les  anciens  Chrétiens  appel- 
loient  crypte ,  comme  qui  diroit  cache  ou  cachette.  C'eft 
où  ils  s'aflembloient  en  fecret  ,  pour  entendre  prêcher 
l'évangile.  On  tient  que  plufieurs  Chrétiens  y  ont  fouf- 
fert  le  martyre ,  &ony  voit  encore  quelques-uns  de  leurs 
tombeaux.  La  commune  tradition  porte  que  les  payens 
ont  adoré  autrefois ,  en  ce  lieu-là ,  une  ftatue  de  Jupiter; 
ce  qui  a  fait  appeller  ce  bourg  en  latin,  Jovis  Antrum.  ou 
Jovis  Ara,  d'où  eft  venu  le  nom  de  Jouare.  Le  com- 
merce, qu'on  y  fait,  confifte  en  grains,  &  il  y  a  plufieurs 
étangs  dans  fon  voifinage.  *  Mémoires  drejjés  fur  les 
lieux ,  en  1706. 

Baudrand  n'en  fait  qu'un  village. 
JOUG-DIEU,  abbaye  de  Bénédictins ,  en  France, 
dans  le  Beaujolois ,  au  diocèfe  de  Lyon ,  près  de  Ville- 
Franche.  Elle  a  été  fondée  ,  l'an  1132,  par  Guichard 
de  Beaujeu  ,  &  tranférée  à  Ville  -  Franche  ,  en  1681  ; 
tems  auquel  ces  moines  furent  fécularifés ,  &  réunis  à  la 
collégiale. 

JOVIACUM,   ancienne  ville  du  Norique.  Antonin, 
Itiner.  la  met  entre  Ovilabis  6c  Jovavis  ,  à  trente-deux 
mille  pas  de  la  première ,  &c  à  vingt-huit  mille  de  la  fé- 
conde. Lazius  conjecture  que  c'eft  Saltzbourg. 
JOVIS.  Voyez  Jupiter. 

JOVISURA,  ville  du  Norique.  Antonin  la  met  en- 
tre Turum  &£  ad  Caftra ,  à  foixante-quatre  mille  pas  de 
la  première ,  &  à  quarante-deux  mille  de  la  féconde. 

JOURA ,  fia)  ifle  de  l'Archipel  :  elle  eft  petite  & 
déferte.  C'eft  la  Giaros  des  anciens.  On  l'appelle  auffi 
Gioura. 

1.  JOURDAIN,  (le)  fleuveds  la  Paleftine.  LesLatins 
le  nomment  Jordanis,  félon  Pline  ,  /.  f ,  c.  15  ;  les  Grecs 
'loffans  ,  Jordanes  ;  Paufanias ,  in  Eliacis  ,  l'appelle 
'ItfJkvos ,  ce  qui  eft  conforme  à  l'hébreu  Jarden  ,  JTV. 
Ce  fleuve  eft  très-célébre  dans  les  Livres  facrés.  On 
prétend  qu'il  tire  fon  nom  de  l'hébreu  Jor ,  IX»  >  qui 
figmûe  un  ruijfeau;  hiDan,  p,  qui  eft  une  petite  ville, 
près  la  fource  de  ce  fleuve  ,  ou  ,  félon  d'autres  ,  qu'il 
tire  fon  origine  de  deux  ruifleaux  ,  dont  l'un  s'appelle 
Jor,  &  l'autre  Dan. 

l°  Il  n'eft  pas  vrai  que  le  Jourdain  foit  formé  de  deux 
ruifleaux ,  ni  qu'il  y  en  ait  un  qui  s'appelle  Dan ,  quoi- 
que la  plupart  des  cartes  géographiques  le  marquent  ainfi. 
L'origine  viable  du  Jourdain  eft  un  petit  ruifleau ,  qui  a 


fa  fource  dans  le  mont  Liban ,  &  fur  lequel  eft  fituéé 
la  petite  ville  de  Dan  ,  quatre  lieues  plus  haut  que  Cé- 
farée de  Philippes ,  où  commence  proprement  le  Jour- 
dain, (fi  nous  en  croyons  D.  Calmet,  Dicl.  )  L'autre 
fource  du  Jourdain,  qui  eft  la  plus  confidérable ,  quoique 
la  moins  apparente,  eft  le  lac  dePhialâ,  environ  à  qua- 
tre lieues  au  midi  de  Céfarée  de  Philippes.  Ce  lac  a 
une  communication  par  deflous  terre  avec  le  Jourdain  , 
&  lui  fournit  allez  d'eaux,  à  Céfarée,  pour  paflér  déjà  pour 
un  fleuve.  Voyez  Jofeph  ,  de  la  Guerre  des  Juifs  ,1.1, 
c.  13;  &1.  3,  c.  18. 

2°  Le  nom  de  Dan  eft  certainement  beaucoup  plus 
nouveau  que  celui  du  Jourdain.  Nous  favons  qu'une  co- 
lonie de  la  tribu  de  Dan,  (Judic.  xvm.  1,  2,  3-19,) 
s'étant  emparée  de  la  ville  de  Laïs ,  lui  donna  le  nom 
de  Dan ,  à  caufe  du  chef  de  fa  tribu.  Cela  n'arriva  qu'au- 
près la  mort  de  Jofué  ;  &  pendant  l'anarchie  ,  qui  fui- 
vit  la  mort  des  anciens  d'Israël ,  qui  avoient  vu  les  mer- 
veilles du  Seigneur  :  or  avant  ce  tems ,  le  Jourdain  étoit 
fort  connu  ,  &  on  ne  voit  pas  qu'il  ait  jamais  porté  un 
autre  nom.  On  pourroit  peut-être  ,  avec  plus  de  raifon, 
dériver  le  nom  de  Jarden,  de  l'hébreu  Jarad,  descen- 
dre ,  à  caufe  de  la  chute  &du  cours  rapide  de  ce  fleuve. 

Jusqu'ici  nous  avons  principalement  employé  l'article 
de  D.  Calmet  ;  nous  l'interromprons  ici  pour  rapporter 
une  étymologie  qui  nous  paroît  plus  vraisemblable  ;  c'eft 
celle  que  fournit  le  P.  Hardouin  ,  dans  fon  nouveau 
Traité  fur  la  fituation  du  paradis  terreftre  ,  Traités  géo- 
graph.  6-  hift.  t.  1 ,  p.  46.  Le  nom  du  fleuve  du  Jour- 
dain eft  dérivé  de  py~"lX>  Jor-Eden  ,  c'eft- à -dire 
fleuve  de  délits  ;  car  il  feroit  ridicule,  dit  ce  père,  dé 
vouloir  le  dériver  de  p~^K>  ,  puisque  ce  mot  Dannt 
commença  à  être  enufage,dans  cette  contrée,  que  du  tems 
de  Jofué,  c.  19,  v.  47  ;  &  des  Juges,  c.  8,  v.  29,  au 
lieu  que  celui  Ce  Jourdain  eft  infiniment  plus  ancien;  & 
que  de  plus ,  ce  fleuve  ne  tire  fa  naiflance  que  de  la  feule 
fource  de  Panéas ,  &  non  de  deux  ,  •  comme  les  auteurs 
de  cette  étymologie  l'avoient  fauflement  deviné. 

Pline ,  /.  3  ,  c.  25  ,  décrit  ainfi  les  commencemens 
du  Jourdain  :  la  rivière  du  Jourdain  fort  de  la  fontaine 
Panéas ,  qui  a  donné  fon  nom  à  la  ville  de  Céfarée. 
Cette  rivière  eft  très-agréable  ,  &c  autant  que  la  fitua- 
tion des  lieux  voifins  le  lui  permet  :  elle  forme  mille 
détours ,  comme  pour  fe  prêter  aux  befoins  des  habi- 
tans  ,  &c  femble  ne  fe  rendre  qu'à  regret  dans  le  lac  As- 
phaltite...  Ainfi  donc  elle  fe  répand  dans  la  première  val- 
lée qu'elle  rencontre,  &C  y  forme  un  lac,  que  plufieurs 
nomment  le  lac  de  Généfareth  ,  autour  duquel  fe  voient 
plufieurs  belles  villes. 

Le  P.  Hardouin  ,  Traité  du  Paradis  terreftre,  />.  8, 
fe  moque  des  deux  opinions ,  qu'il  appelle  des  faujjetés  : 
la  première  de  cette  fontaine  Panéas  fortoit,par  des  con- 
.  duits  fouterreins ,  d'un  lac  beaucoup  plus  éloigné,  nommé 
Phiala  ;  &C  l'autre  ,  en  voulant  que  ce  fleuve  tirât  fa 
naiflance  de  deux  fources  imaginaires  ,  dont  ils  appellent 
l'une  Jor  &c  l'autre  Dan.  Reprenons  la  fuite  de  l'article 
de  D.  Calmet. 

Le  Jourdain  depuis  fa  fource ,  que  nous  prenons  à  Cé- 
farée de  Philippes  ,  coule  dans  l'espace  d'environ  cin- 
quante lieues,  jusqu'à  fon  embouchure  dans  la  mer  Morte, 
autrement  appellée  le  lac  Asphaltite  ,  où  il  fe  perd.  II 
forme  dans  fon  cours  le  lac  Séméchon  ,  à  cinq  ou  fis 
lieues  de  fa  fource.  De-là  il  entre  dans  le  lac  de  Tibé- 
riade,  &  pafle  tout  au  travers.  Il  fe  déborde  vers  le  tems 
de  la  moiffon  des  orges  (a)  ,  ou  de  la  fête  de  Pâque.  Les 
bords  du  Jourdain  font  couverts  de  joncs ,  de  rofeaux  , 
de  cannes  ,  de  faules  &  d'autres  arbres  ,  qui  font  que, 
pendant  l'été ,  on  a  aflez  de  peine  de  voir  l'eau  de  ce 
fleuve  (b).  On  dit  qu'il  y  a,  pour  ainfi  dire ,  deux  lits 
du  Jourdain  diftingués  l'un  de  l'autre  ;  le  premier  eft  ce- 
lui où  ce  fleuve  coule  lorsqu'il  eft  dans  fon  état  naturel; 
le  fécond  eft  celui  qu'il  remplit  lorsqu'il  fe  déborde. 
*C)  Jofué,  c.  3,  v.ij.Eccli.  c.  24,  v.  29.  (b)Pïetro 
délia  Valle.  Maundrell. 

Les  voyageurs  remarquent  que  les  lions  fe  retirent,' 
pendant  l'été  ,  dans  les  rofeaux ,  qui  croiflent  le  long  de 
ce  fleuve  ,  &  qu'ils  font  obligés  d'en  fortir  lorsque  ce 
fleuve  commence  à  s'enfler.  C'eft  à  quoi  le  prophète 
Jérémie  fait  allufion,  lorsqu'il  compare  les  ennemis  qui 
viennent  attaquer  Jçrufalem  (a)  ou  Babylone  (b),  à  de«  ' 
Terne  III,    Ttt  ij 


JOU 


ji6 

lions  qui  font  chattes  de  leurs  forts  par  l'inondation  du 
Jourdain.  Zacharie,;.  H,  v.  3,  nous  repréfente  les 
princes  de  Juda,  affligés  de  fe  voir  éloignes  deJeruia- 
lem  ,  comme  des  lions  qui  rugiflent ,  en  voyant  l'orgueil 
ou  la  hauteur  du  Jourdain  ravagée.  Maundrell ,  dans  ion 
Voyage  ,  dit  que  la  largeur  du  Jourdain ,  à  l'endroit  de 
Jéricho  ,  au  tems  qu'il  le  vit  ,  étoit  d'environ  foixante 
pieds ,  &  fa  rapidité  telle  ,  qu'un  homme  n'auroit  pu 
le  paffer  à  la  nage.  *  (*)  Jerem.  c.  24,  v.  19.  Q>)Jerem. 

Le  long  du  Jourdain  il  y  a  aux  deux  côtés  une  grande 
plaine,  qui  s'étend  depuis  le  lac  deTibériade,  jusqu'à  la 
mer  Morte.  Jofeph ,  1.  5  ,  de  Bello  ,  c.  4 ,  dit  que  cette 
plaine  eft  longue  de  douze  cents  ftades ,  large  de  fi* 
vingt.  Il  ajoute  que  cette  plaine  eft  extrêmement  aride 
pendant  l'été,  &C  que  l'air  en  eilmal-fain,  à  caufe  de  l'ex- 
cefïive  chaleur.  Il  n'y  a  proprement  que  les  bords  du 
Jourdain  qui  foient  arrofés  ;  tout  le  refte  eft  défert  (a). 
On  fait  par  l'Ecriture  les  miracles  qui  fe  firent  dans  le 
Jourdain,  lorsque  ce  fleuve  fe  partagea  pour  biffer  un 
partage  libre  aux  Hébreux  ,  fous  la  conduite  de  Jo(ué, 
c.  3,"r.  13  &fiq-  lorsqu'Elie  &  Elifée  le  parlèrent  en 
marchant  fur  Ces  eaux  (»>)  ;  lorsqu'Elifée  fit  nager  le  fer 
de  la  coignée,  qui  étoit  tombé  dans  ce  fleuve  (*)  :  lors- 
que le  Sauveur  du  monde  fut  baptifé  dans  le  même 
fleuve  (<')  ,  que  le  ciel  s'ouvrit ,  &  le  S.  Esprit  descen- 
dit fur  lui.  *  (3)  Jofeph.  1.  3  ,  de  Bello,  c.  18.  0>)  4-  K'g- 
c.  1 1 ,  v.  8  &  14.  (c)  4-  feg-  c  6,  v.  é ,  7.   (d)  Matth. 

'  Cette  dernière  circonftance  du  baptême  de  Jefus-Chrift, 
dans  le  Jourdain  ,  a  donné  aux  Chrétiens  une  grande  vé- 
nération pour  ce  fleuve,  félon  Fleuri  ,  Hift.  ecclef.t.  9, 
à  l'année  337.  Lorsque  Conftantin  le  Grand  ,  fe  fentant 
près  de  fa  fin  ,  demanda  la  grâce  du  baptême  aux  évê- 
ques ,  il  leur  dit ,  pour  excufer  le  délai  qu'il  avoit  ap- 
porté jusqu'alors  :  j'avois  eu  deflein  de  le  recevoir  dans 
le  fleuve  du  Jourdain  ,  où  le  Sauveur  l'a  reçu  lui-même 
pour  nous  montrer  l'exemple  ;  mais  Dieu  qui  connoît 
ce  qui  nous  eft  le  plus  utile ,  veut  me  faire  ici  cette  fa-  • 
veur.  L'hiftorien  cité  ajoute  :  ç'étoit  une  dévotion  ordi- 
naire ,  en  ces  premiers  tems  ,  de  fè  faire  baptiler  dans  le 
Jourdain,  ou  du  moins  de  s'y  baigner  comme  font  en- 
core les  pèlerins. 

Le  petit  Jourdain  ,  n'eft  autre  que  le  Jourdain 
quand  il  eft  plus  près  de  fa  fource  ,  &£  avant  qu'il  foit 
groffi  par  les  eaux  des  fontaines  &  des  ruiffeaux  qui  s'y 
déchargent.  Reland,  Palïft.  t.  1,0.273.  Jofeph,  de 
Bello,  1.  4,  c.  J ,  initio,  p.  863,  dit  que  les  marais  du 
lac  Séméchon  s'étendent  jusqu'à  la  délicieufe  campagne 
de  Daphné ,  dont  les  fontaines  nourriffent  le  petit  Jour- 
dain ,  &L  le  conduifent  dans  le  grand  Jourdain  ,  au-des- 
fous  du  temple  du  Bœuf  d'or  ou  du  Veau  d'or.  D.  Cal- 
met  croit  qu'au  lieu  de  Daphné  il  faudroit  lire  Dan  ,  &  , 
que  Dan  doit  être  placée  beaucoup  plus  près  du  lac  de 
Séméchon  ,  qu'on  ne  la  met  ordinairement. 

2.  JOURDAIN,  rivière  de  l'Amérique  feptentrionale, 
dans  la  Caroline.  De  rifle  place  fon  embouchure  par 
les  33  d.  nord  ,  &c  la  fait  venir  du  nord,  prennant  un 
peu  du  nord-oueft.  C'eft  à  l'entrée  de  cette  rivière 
qu'eft  le  cap  de  Sainte-Hélène.  Les  Sauvages  nommoient 
cette  rivière  Chico ,  &  Chicora  le  pays  qu'elle  arrofe. 
Elle  fut  découverte,  en  1520,  par  Vasques  de  Aillon. 

JOURK.END.  Corneille  dit  que  c'eft  une  ville  où  le 
roi  de  Kachequer  fait  fa  réfidence.  Elle  eft  un  peu  plus 
vers  le  feptentrion  que  Kachequer  ,  dont  elle  eft  éloi- 
gnée de  dix  journées. 

Quoique  Corneille  ne  dife  pas  en  quelle  partie  du 
monde  eft  cette  ville,  &C  que  les  noms  de  Jourkend  &C 
de  Kachequer  foient  dé^uiles  ,  on  ne  laiffe  pas  de  voir 
qu'il  a  voulu  parler  à'Irken ,  Yapkan  ou  Jerkien ,  capi- 


1PE 


1.  JOUX ,  village  &  abbaye ,  qui  fe  trouve  à  l'orient 
de  ce  lac. 

3.  JOUX,  petite  ville  de  France,  dans  la  Franche- 
Comté  ,  au  bailliage  de  Pontarlier ,  à  une  neue ,  &  au 
midi  oriental  de  la  ville  <le  ce  nom ,  fur  une  montagne, 
à  l'orient  de  la  rivière  du  Doux. 

JOU  Y,  Joïacum ,  abbaye  d'hommes,  en  France,  de 
l'ordre  de  Cîteaux  ,  filiation  de  Pontigny,  dans  la  Brie, 
à  deux  lieues  au  nord  de  Provins,  fondée  l'an  1124. 

JOUYEM,  village  dAfie,  en  Perse,  près  deSchiraz. 
*Hift.  de  Timur-Bec,  t.  3,   c.  25. 

JOXAN ,  ville  de  la  Chine  ,  dans  la  province  de 
Kianfi ,  au  département  de  Quangfing,  troiliéme  métro- 
pole de  la  province.  Elle  eft  de  55'  plus',  orientale  que 
Pékin ,  fous  les  28  d.  40'  de  latitude.  *  Atlas  Sinenfis. 

JOXIDES,  peuple  d'Afie  ,  dans  la  Cane.  Plutarque 
parle  d'eux  dans  la  Vie  de  Théfée. 

JOYE ,  (la)  abbaye  de  filles ,  en  France  ,  de  l'ordre 
de  Cîteaux ,  filiation  de  l'Aumône  dans  la  Bretagne ,  au 
diocèfe  de  Vannes ,  au  nord  d'Hennebon  ,  proche  le 
Blavet.  Elle  fut  fondée  ,  l'an  1250 ,  par  Blanche  de  Na- 
varre, femme  de  Jean  I,  duc  de  Bretagne.  *Piganioldt 
la  Force  ,  Descr.  de  la  France  ,  t.  4,  p.  297. 

JOYENVAL  ,  abbaye  de  France  ,  au  diocèfe  de 
Chartres ,  ordre  de  Prémontré ,  à  deux  lieues  de  Saint- 
Germain-en-Laye.  Elle  fut  fondée  vers  l'an  1221  ,  par 
Barthelemi,  fèigneur  de  Roye,  chambellan  de  France  ; 
l'églife  en  fut  dédié  l'an  1224.  Philippe- Augufte,  &  quel- 
ques autres  rois,  font  les  principaux  bienfaiteur  de  cette 
abbaye.  Elle  fut  réunie  à  l'évêché  de  (Snartres,  l'an  1698, 
en  confédération  du  démembrement  qui  fut  fait  de  ce 
diocèfe  pour  compofer  celui  de  Blois.  *Piganiol  de  lu 
Force,  t.  5  ,  p.  166. 

JOYEUSE,  petite  ville  de  France,  dans  le  bas  Vi- 
varais ,  fur  la  rivière  de  Beaune  ,  qui  fe  jette  peu  après 
dans  FArdéche ,  au  pied  des  Sevennes  ,  aux  confins  du 
Gevaudan  &  du  bas  Languedoc.  Elle  n'avoit  que  titre 
de  vicomte,  6k  fut  érigée  en  duché-pairie  par  Henri  III, 
en  faveur  d'Anne  ,  vicomte  de  Joyeufe ,  chambellan  or- 
dinaire du  roi ,  par  lettres  patentes  du  mois  d'Août  1581, 
regiftrées  au  parlement,  le  7  Septembre  de  la  même  an- 
née. Par  ces  lettres  patentes ,  le  roi  Henri  III  ordonna 
que  le  duc  de  Joyeufe  auroit  féance  immédiatement 
après  les  princes  du  fang ,  &  avant  tous  les  autres  ducs 
&  pairs.  Cette  pairie  eft  demeurée  éteinte  par  la  mort 
de  François- Jofeph  de  Lorraine ,  duc  d'Alençon  ,  de 
Guife  &  de  Joyeufe  ,  arrivée  le  16  Mars  1675. 

Depuis  la  mort  du  prince  Charles  de  Lorraine,  Joyeufe 
appartient  au  prince  de  Soubife. 
JOYOSA.  Voyez  Villa-Juyosa. 
IPA  ,  ancienne  ville  de  la  Paleftine  ,  félon  Jofeph  , 
Antiq.  1.  8  ,  c.  3  ,  édït.  Galen. 
.      IPAGRUM.  Voyez  Pargum. 

TPANA,  'ItoV«,  ville  des  Carthaginois.  Etienne  la 
met  auprès  de  Carthage ,  &  cite  Polybe.  Mais  cet  hifto- 
rien  dit  Ulppana ,  &  la  met  dans  la  Sicile  ,  néanmoins 
fous  la  domination  Carthaginoife.  Voyez  Hippana. 

IPASTURGI,  ancienne  ville  d'Espagne,  dans  la  Bé- 
tique.  Pline ,  /.  3  ,  c.  \,  observe  qu'elle  étoit  furnom- 
mée  Triomphale. 

IPEPA  ,  ville  de  la  Turquie  ,  en  Afîe  ,  dans  la  Na- 
tolie  ,  fur  le  Sarabat ,  à  quelques  lieues  au  -  deffus  de 
Smirne.  C'eft  l'ancienne  Hypepa  de  Lydie. 

IPER  ou  Yper,  petite  rivière  des  Pays- bas ,  de  la- 
quelle la  ville  d'Ipres  a  pris  fon  nom.  Ce  n'eft  propre- 
ment qu'un  gros  ruifleau  ,  qui  tarit  pendant  les  grandes 
chaleurs ,  &  qui  eft  considérable  en  hyver  par  les  égouts 
des  eaux  des  environs  d'Ipres ,  qui  tombent  dedans,  & 
partent  au  travers  de  la  ville.  Elles  coulent  delà  dans  un 
canal ,  qu'on  a  creufé  jusqu'à  la  mer ,  &  qui  eft  entretenu 
t'aie  de  la  petite  Boucharie,  au  nord  deCachgar.  Voyez     pendant  l'été,  des  eaux  de  deux  étangs  qu'on  a  faits  au- 


ÏRKEN. 

JOUVILLIERS,  Jon villare^  abbaye  régulière,  en 
France ,  de  l'ordre  de  Prémontré,  dans  le  duché  de  Bar  , 
au  diocèfe  de  Toul  ,  près  de  la  rivière  de  Sault,  aune 
lieue  au  fud-eft  de  Stainville ,  fondée  ,  l'an  1178,  par 
Geoffroy  ,   fèigneur  du  lieu. 

1.  JOUX,  (i.t  lac  de)  lac  de  France  ,    dans  la 
Franche-Comte,  au  b*;lu  o.  a  Pontarlier,  aux  confins 
>  de  laiuilfe,  donc  il  et.,  a.    par  le  mont  Jura, 


deflus  d'Ipres ,  au  bas  des  villages  de  Zellebeques  &  de 
Dinbus.  Ces  deux  étangs  lui  fourniflent  au  befoin  la 
nourriture  que  la  féchererte  de  fon  ruifleau  lui  refufe  en 
ce  tems-là  ;  &  entretiennent  le  Saz  de  Bourlingue ,  qui 
eft  à  cinq  quarts  de  lieues  de  la  ville,  &  qui  fait  monter  & 
descendre  les  bâtimens  de  la  hauteur  de  vingt  à  vingt- 
cinq  pieds.  Il  eft  d'une  grande  utilité  pour  les  habitans, 
qui  par  fon  moyen  ont  la  communication  libre  &  facile 
avec  Bruges  ,  Fumes ,  Bergues ,  Bourbourg  ,   Dun- 


IPS 


IRA 


kerque  ,    Oftende  &  Nieuport  ,    où   il    fe    décharge 
dans  l'océan.  *  Corn.  Dictionnaire.  Mémoire  manuscrit. 

IPEREN.  Voyez  Ypres. 

IPERLÉE  ,  rivière  de  Flandres.  Elle  commence  à 
Ipres ,  à  Dixmude,  d.  à  Nieuport,  où  elle  fe  rend  dans 
la  mer  d'Allemagne.  C'eft  la  même  qu'IPER.  *  Diction- 
naire géographique  des  Pays- bas. 

IPHISTIADjE,  tribu  d'Athéniens,  félon  Héfyche, 
cité  par  Ortélius. 

1PNÉA,  ou 
■     IPNOS  ,  ville  des  Locres  Ozoliens,    félon  Etienne 
le  Géographe.  Elle  étoit  nommée  Ipnea ,  par  quelques- 
uns  ,  félon  le  même. 

IPNUS  &  Ipnisia  ,  petit  canton  de  l'ifle  deSamos, 
félon  le  même. 

IPORCENSE  Municipium.  Morales  trouvant  ce 
nom  dans  une  ancienne  inscription  ,  croit  que  c'étoitune 
ville  de  la  Bsturie  ,  au  pays  des  Turdules ,  &c  que  fon 
nom  moderne  eft  Constantia.  *  Ortel.  Thef. 

IPORUS.  Voyez  Hipparis. 

IPPA  ,  ville  de  la  Mauritanie  Céfariense,  félon  Pto- 
lomée  ,  l.  4 ,  c.  2. 

IPPARIS.  Voyez  Hipparis. 
•    IPPASINI ,  nation  de  l'Illyrie ,  félon  Appien  ,   cité 
par  Ortéhus. 

IPPOLEUM,  '-TT-r.^tt,  promontoire  de  la  Scythie, 
en  Europe.  Hérodote  dit  qu'il  y  avoit  un  temple  de 
Cérès  ,  &  qu'il  eft  entre  le  fleuve  Hypanis  Se  le  Bo- 
ryfthéne.  Il  eft  nommé  Hippolai  Promontorium , 
'lw-  Aaw  par  Dion  de  Prufe  ,  in  Orat.  Boryjlh.  1.  4, 
c.  53.  L'édition  d'Hérodote,  par  Gronovius,  porte  Hip- 

PoL£ON. 

IPRES ,  ville  des  Pays-bas.   Voyez  Ypres. 

1.  IPS,  (l)  rivière  d'Allemagne,  en  Autriche,  dans 
le  quartier  du  haut  W  lennerwald,  qu'elle  arrofe,  du  midi 
au  ieptentrion.  Elle  a  fa  lburce  ,  aux  confins  du  quar- 
tier de  Traun  ,  au  pied  d'une  montagne  ,  au  midi  de 
laquelle  l'Ens  fe  recourbe  vers  le  couchant  ;  de-là  l'ips 
reçoit  à  Waidhoven  le  ruiiïeau  de  Vorchpach  ,  ensuite 
l'Urepach  &  le  Grasnich  ;  &  un  troifiéme  ruifleau  qui 
vient  d'Ampftetten ,  &  enfin  fe  jette  à  Ips  dans  le  Da- 
nube. "  P'augondy ,  Atlas. 

2.  IPS  ,  bourg  d'Allemagne  ,  dans  l'Autriche  ,  au 
quartier  du  haut  \^iennerwald ,  à  la  rencontre  de  la  ri- 
vière d'Ips  &C  du  Danube.  *  Vaugondy ,  Atlas. 

Quelques-uns  écrivent  lis  par  un  b.  Baudrand  eft  de 
ce  nombre. 

IPSA.  Voyez  Ipsus. 

IPSALA ,  ville  de  la  Turquie ,  en  Europe  ,  dans  la 
Romanie  ,  fur  la  rivière  de  Lanfle  ,  vers  les  montagnes, 
à  vingt-neuf  milles  de  Trajanopolis  ,  &£  à  quatorze  d'A- 
pri ,  avec  un  archevêché  grec,lèlon  Baudrand,  éd.  1705. 
Voyez  Cypsella. 

1PSICURI,  ancien  peuple  de  la  Ligurie,  félon  Etienne, 
qui  dit  qu'on  les  appelloit  aufli  Arbafanes  'AfCxcayoï.  Il 
écrit  ailleurs  ce  nom  a.m(iArbaxanes,  '/vpi3a^o/,parunf. 
Ortel.  Thefaur. 

IPSUS ,  ancien  lieu  de  Phrygie ,  félon  Appien  ,  in 
Syriacis.  Plutarque  {Hommes  illujlres  ,  t.  4 ,  p.  5  ,  édi- 
tion de  Dacitr,~)  dit"  :  à  la  bataille  qui  fut  donnée  dans 
les  plaines  d'Ipsus ,  &  où  tous  les  rois  de  la  terre  com- 
battirent ,'  &c.  Le  concile  de  Chalcédoine  fait  mention 
d'un  fiége  épiscopal ,  nommé  Ipsa  en  Phrygie.  La  No- 
tice de  Léon  le  Sage,  nomme  ce  même  liège  Ipfl ,  6c 
celle  de|Hieroclès  l'appelle  Hipsus.  Voyez  Hypsus  3. 

IPSWICH,  ville  d'Angleterre,  autrelois  très-impor- 
tante, dans  la  province  deSuffolck,  dont  elle  eft  la  ca- 
pitale. Elle  eft  fituée  (ùr  la  rivière  de  Stoure,  à  cinquante- 
cinq  mille  de  Londres  ,  ôc  à  environ  vingt  de  la  mer. 
Camden  ,  Britann.  parlant  de  cette  ville  ,  dit  qu'on 
l'appelloit  autiefois  Gippewich  ;  nous  l'avons  vue,  dit- 
il  ,  que  ce  n'étoit  qu'une  villette ,  {urbecula;  )  c'eft  pré- 
fentement  l'endroit  le  plus  riant  du  comté.  Elle  a  un 
port  commode  ,  abonde  en  marchandées  ,  &  eft  rem- 
plie d'une  grande  multitude  d'habuans  ,  avec  quatorze 
églifes,  &  de  belles  maiions.  Elle  a  marché  public,  8c 
envoie  (es  députés  au  parlement.  Le  cardinal  Wolfey, 
étoit  né  à  Ipswich  ;  il  y  fonda  un  collège  du  tems 
de  Henri  VIII  ;  il  releva  cette  ville,  qui,  après  avoir 
été  détruite  par  les  Danois  ,  en  99 1  ,   réparée  avec 


S*7 

le  tems  par  les  Normands  ,   étoit  retombée  en  déca- 
dence. 

Ipswich  n'eft  pas  fur  la  rivière  de  Stoure  ,  qui  coule 
beaucoup  plus  au  midi  ,  mais  fur  celle  d'Orwal.  *  Bau- 
drand ,  Jaillot ,  Robert  de  Va.  igondy ,  Atlas. 

IQUIARI  ,  rivière  de  l'Amérique  méridionale.  Le 
P.  Fritz  ,  dans  fon  Journal  ,  l'appelle  rivière  d'or,  & 
prétend  que  les  habitans  faifoient  commerce  d'or  avec 
les  Indiens  des  bords  de  la  rivière  des  Amazones  ;  ce 
qui  prouve  que  cetre  rivière  eft  le  bras  de  l'Yupura,  à 
l'embouchure  duquel  fe  trouve  Paraguari  ,  qu'on  appelle 
village  d'or  *  Relation  du  cours  des  Amazones  ,  par 
De  la  Condamine. 

IQU1ZEUQUI  ,  petite  ifle  du  Japon  ,  voifine  de 
Firando.  Elle  eft  mal  placée  par  Beliin ,  fur  la  côte  mé- 
ridionale de  1  ifle  de  Ximo. 

IRAC.  II  y  a  en  Perse  deux  pays  de  ce  nom,  &  qu'il 
eft  important  de  ne  pas  confondre.  Pour  les  diftingutr 
on  leur  ajoute  les  noms  d'Arabi  &  Agemi  ;  mais  lors- 
qu'on dit  ce  nom  d'Irac  ,  fans  cette  diitinftion  ,  c'eft 
ordinairement  la  dernière  que  l'on  entend,  qui  eft  l'i- 
raque ,  proprement  dite  ;  alors  on  écrit  l'iraque.  C'eft 
lulagede  nos  bons  écrivains,  tels  queM.Huet,  éveque 
d'Avranches  &:  autres.  Quelques-uns,  comme  Oléanus 
•écrivent  Erac  pour  toutes  les  deux.  Corneille  en  donne 
deux  articles  ,  l'un  au  mot  Hierach ,  &c  l'autre  au  mot 
Yerach.  M.  Huet  rapporte  l'origine  du  nom  de  l'iraque  au 
pays  d'Erec  ,  Se  nous  a  ons  marqué  fon  fentiment  dans 
cet  article.  Mais  il  taut  remarquer  ici  que  ce  prélat  ne 
parle  que  de  l'iraque  Babylonienne ,  &  non  pas  de  l'i- 
raque Persane.  Nous  diftinguerons  donc  ici  deux  La- 
ques. 

1.  IRAC-ARABI  :  I'Iraque  Eabylclien-e  eft 
Uraque  proprement  dite.  Ce  pays  qui  eft  arrofé  par  le 
I  igre  &  l'Euphraîe  ,  avant  &  après  leur  jondion ,  eft 
borné  au  nord  par  le  Curdiftan  ,  à  l'orient  par  le  Lau- 
reftan  Se  le  Chufiftan  :  au  (ud-eft  par  le  golfe  Perfi- 
que  ;  au  midi  par  l'ifle  de  Chœder ,  qui  avec  le  Diar- 
bek  achevé  de  l'enfermer  au  couchant.  Son  nom  à'Irac- 
Arabi  vient  de  ce  que  l'Arab'-e  déîerte  s'étend  ju;ques- 
là  ;  &  les  Arabes  lui  ont  donné  ce  nom  pour  !a  dif- 
tinguer  de  l'autre  Iraque.  Dans  les  extraits  de  Chryib- 
coccas  ,  publiés  par  Ismaël  Bouilland  ,  &  inférés  dans 
la  Collection  des  petits  géographes,  à  Oxford,  t.  3,  p.  4, 
on  ne  donne  que  deux  villes  à  l'iraque,  Kufa  St  Wafit, 
que  l'on  marque  amfi: 


Kupha , 
Wafit, 


69.  d. 
7»- 


3i.d. 


Ulug-Beig,^.  133  ,  &  Nafflr-Eddin ,  p.  101,  éd.  Oxon. 
y  mettent  trois  villes  de  plus  dans  cet  ordre  , 


Sarman-Rai , 

79.  d. 

30'. 

34.  d. 

Kufah, 

79- 

30. 

31- 

Madain , 

II: 

0. 

33. 

Bagdal , 

0. 

33- 

Wajett 

81. 

30. 

32. 

On  voit  que  ces  deux  géographes  ne  s'accordent  pas 
avec  le  premier,  pour  la  pofition  de  ces  villes;  &C  de 
plus  ils  comptent  encore  à  part  le  pays  de  Basra  ou 
Bafjora  ,  qui  contient  trois  lieux  ,  et  eft  rangé  dans 
l'iraque  par  d'habiles  géographes.  Ces  trois  lieux  font, 


\asrah  , 

84.  d. 

0'. 

30.  d. 

ibolla , 

84. 

0. 

30. 

ibbadan , 

84. 

20. 

23. 

Le  géographe  de  Nubie ,  p.  1 20 ,  nomme  cette  Iraque 
Dominium  Araq.  Il  y  met  Hiracadefia  ,  Kufa  ,  Sura  , 
Càttar ,  Nahr  ,  Almalec  ,  c'eft-à-dire  le  fleuve  royal  ; 
Rutharia,  Wafet ,  Batayeh,  Fam- Altfolh,  Madar, 
Manbeg,  Bayan ,  Solaimaman ,  Obolla.  ,  Basra,  Aba- 
dàn  &£.  Giargiarai. 

Selon  Robert  de  Vaugondy ,  Atlas,  Tecrit,  ville 
fituée  fur  leTigre,  dans  la  Méfopotamie  ,  eft  à  l'entrée 
de  l'iraque  ,  en  venant  de  Mofui.  Il  observe  que  Kura 
eft  une  ville  ruinée. 

2.  L'IRAC- AGEMI ,  ou  I'Iraque  Persienne  ,  eft 


ji8  IRA 

ainfi  nommée  par  oppofition  à  l'Iraque  Arabique  ,  fé- 
lon d'Herbelot ,  Bibliothèque  orientale.  De  même  que 
les  Hébreux  difoient  pour  toute  diftinaion  ,  les  Juifs  & 
les  nations  ,  &  que  les  Grecs  difoient  les  Grecs  &  les 
Barbares,  de  même  les  Arabes  difent  dans  l'orient  Arab 
u  Agem  ,  les  Arabes  &  les  Perfans ,  par  oppofition.  Ils 
appellent  Moulouc  Agent ,  les  anciens  rois  de  Perse.  Re- 
land,  dans  Ta  Carte  de  Perse  ,  fait  toucher  les  deux  Ira- 
ques ,  l'une  à  l'autre.  Mais  comme  cette  Carte  n  etoit 
qu'une  ébauche  fort  éloignée  de  l'exa&itude^  où  ce  fa- 
vant  homme  auroit  pu  la  laiffer  ,  s'il  eût  vécu  davan- 
tage ,  fon  fentiment  ne  doit  faire  aucun  préjugé  contre 
De  l'Ifle  ,  qui  met  le  Laureftan  entre  deux.  Ce  dernier 
géographe  borne  l'Irac  Agemi ,  par  le  Ghilan  &C  le  Ta- 
briftan,  au  nord  parle  pays  d'Heri  ou  d'Hérat  ;  &  le 
Sableftan  au  levant ,  par  le  Farfitan  au  midi,  par  le  Lau- 
reftan &  les  Turcomans  au  couchant.  Il  met  dans  ce 
pays, 

Sultanie, 
,  Ebher, 
A*  nord,  ^  Casbinj 

Chowar. 


IRA 


Longit. 

Latit.  Clim. 

Kommt 

83.  d.     40'. 

34- à.    45'.     4 

Rai, 

86.        10. 

35-        35-      4 

Chowar, 

87.         10. 

3Ï         4°-      4 

Au  midi 


Ispahan  , 
Irabad, 
Yesd, 
Gulpaigan. 


(  Le  mont  Ehvend  , 
]   Hamadan , 
Au  couchant,     l  Saua, 
I   Kom, 
{  Kachan. 


Au  levant. 


Le  mont  Joilak,  Perjam, 
Et  le  défert  plein  de  fel. 


Le  tradufteur  François  de  l'Hiftoire  de  Timur-Bec  croit 
qu'Irac  eft  l'ancienne  Hircanie  de  Quinte-Curse.  Il  au- 
roit moins  risqué  à  dire  que  c'étoit  le  pays^  des  Parthes  ; 
&  quoique  je  fois  persuadé  qu'Ispaham  n'eft  pas  lHe- 
catompyle  de  cet  auteur,  je  fais  voir  ailleurs  quel'Hir- 
canie  des  anciens  ,  &  de  Quinte-Curse  ,  comme  des 
autres ,  étoit  au  nord  du  pays  d'Heri  ou  d'Herat.  La  par- 
tie orientale  de  l'Irac  -  Agemi ,  avec  une  partie  de  ce 
pays  d'Heri ,  répondent  à  l'ancien  royaume  des  Parthes. 
Peut-être  y  faudroit-il  ajouter  une  partie  de  laCoraflane. 
La  partie  occidentale  de  l'Iraque  étoit  autrefois  de  la 
Médie,  auflî-bien  que  lafeptentrionale.  Le  territoire  de 
Kom  pourroit  bien  être  la  Comifene  des  anciens. 

L'IRAK-AGEMI ,  eft  appellée  Jébal  par  Naffir-Ed- 
■din,  p.  103,  ed.Oxon.  &  par  Ulug-Beig ,  p.  137,  éd. 
Oxon.  ci  comme  ils  s'accordent  ensemble ,  tant  fur  le 
nombre  ,  que  fur  l'ordre  des  villes  ,  &  leur  pofition,  il 
fuffira  de  mettre  ici  ce  qu'en  fournit  le  premier  de  ces 
deux  géographes.  Les  villes  de  la  contrée  deJebalfont: 


Schahroçur, 
Halwan , 
Kermafin , 
Dainawarmah- 

Alkufah, 
S  ohraward-mah- 

Albakarah , 
Nehawand-mah- 

Albasrah , 
Zanjan , 
Soltaniah, 
Abhar, 
Hamadan  , 
Karag, 
Sawah , 
Kaswin  ,' 
Abah, 
Jarbadkan  J 
Semiram  , 
Esfahan,  (Ispa- 

tiam,) 
Çaschan , 


Longit. 

Latit 

Clim 

81.  d. 

20'. 

34.  d. 

30'. 

3' 

81. 

H: 

34- 

0. 

4- 

83. 

0. 

34- 

30. 

4- 

83. 

0. 

3Ï- 

0. 

4- 

83. 

10. 

36. 

0. 

4- 

!*■ 

45- 

34- 

20. 

4- 

83. 

40. 

36. 

30. 

4- 

84. 

î- 

36. 

20. 

4- 

84. 

30. 

36. 

4ï- 

4- 

83. 

0. 

3Ï- 

10. 

4- 

84. 

45- 

H- 

0. 

4- 

8<. 

0. 

36. 

0. 

4- 

!'• 

0. 

37- 

0. 

4- 

8J- 

10. 

34- 

40. 

4- 

§*• 

2.5. 

14. 

0. 

4- 

s?. 

40. 

30. 

M- 

3- 

86. 

40. 

3  V 

%f. 

2. 

86, 

0. 

34- 

0. 

4- 

Je  crois  qu'il  vaut  mieux  s'en  tenir  à  ce]  détail ,  en  y 
changeant  toutefois  ce  que  le  tems  y  a  rendu  différent  J 
car  il  eft  certain  que  depuis  le  milieu  du  quinzième  fié- 
cle  il  s'eft  formé  de  nouveaux  établiffemens  ,  comme 
les  grands  fauxbourgs  d'Ispahan  ,  &c  quelques  -  uns  des, 
anciens  lieux  font  fort  déchus  de  l'état  où  ils  étoient  alors. 
Les  troubles ,  dont  la  Perse  eft  agitée ,  n'étant  pas  en- 
core terminés ,  il  n'eft  pas  ailé  de  deviner  à  qui  demeu- 
reront les  deux  Iraques.  Cependant  l'Irac- Arabi  eft  pres- 
que entièrement  conquife,  depuis  longues  années ,  par 
les  empereurs  Turcs.  Pour  l'Irac-Agemi  ,  elle  eft  pré- 
fentement  la  proie  de  l'ufurpateur  Eschreff,  fucceifeur 
de  Meriweis  ,  qui  a  jette  toute  la  Perse  dans  l'horrible 
confufion  où  elle  eft.  Mais  les  efforts  du  prince Thamas, 
fils  du  dernier  roi  de  Perse ,  pourroient  bien  avoir  quel- 
ques fuccès ,  ck  le  rétablir  iùr  un  trône  ,  qui  étoit  à  fes 
ancêtres. 

Quoique  l'Irac-  Agemi  ne  foit  pas  la  Perse  propre, 
elle  eft  comme  le  centre  de  l'empire  Persan  d'aujour- 
d'hui ,  puisque  c'eft  dans  cette  contrée  qu'eft  la  capitale 
de  toute  la  nation ,  ck  la  réfidence  ordinaire  de  la  cour  ; 
je  veux  dire  Ispahan. 

IRAGHTICONER ,  baronnie  d'Irlande ,  dans  la  pro- 
vince de  Munfter.  C'eft  une  des  huit  baronnies  ,  &  la 
plus  feptentrionale  du  comté  de  Kerry.  *Etat  préfentdc 
l'Irlande ,  p.  50. 

IRAN  :  ce  mot  eft  pris  dans  deux  lignifications  diffé- 
rentes ;  l'une  eft  très-étendue ,  &  l'autre  fe  borne  à  une 
province  particulière.  Ce  que  nous  appelions  le  royaume 
de  Perse,  c'eft-à-dire  tout  le  pays  compris  entre  l'Eu-  - 
phrate ,  le  Tigre  ,  le  Gihon  ck  l'Inclus ,  fleuves  fi  re- 
nommés ,  ck  les  deux  mers  Caspienne  ck  Indienne  ;  ce 
pays  ,  dis-je,  où  font  les  provinces  de  Fais,  ou  Perse 
proprement  dite,  l'Iraâk- Agemi ,  ou  l'ancienne Parthe, 
le  Schirvan  ck  l'Adherbigian  ,  qui  font  la  Médie ,  le 
Khoraflan,qui  comprend  la  Bacîrienne  ck  l'Hircanie,  &c. 
toutes  ces  provinces  jointes  ensemble  ,  portent  le  nom 
général  d'Iran  ,  de  même  que  ce  qui  s'étend  au-delà  du 
Gihon,  en  tirant  vers  l'orient  feptentrional  ck  le  nord, 
porte  celui  de  Turin  ou  Tourân.  *  D'Herbelot ,  Bibl. 
orient. 

IRAN  v  TOURAN ,  le  pays  des  Persans  &  celui  des 
Turcs,  la  Perse  &L  la  Turquie  orientale.  C'eft  ainfi  que 
les  hiftoriens Orientaux  parlent ,  quand  ils  veulent  ligni- 
fier tout  ce  qui  eft  compris  dans  la  haute  Afie ,  à  la  ré- 
lèrve  des  Indes  ck  de  la  Chine. 

Ils  ne  laiffent  pas  néanmoins  d'entendre  quelquefois," 
par  cette  façon  de  parler ,  toutes  les  nations  de  la  terre, 
comme  font  les  Arabes,  quand  ils  difent  Arab  v  Agem, 
Arabes  (k  Persans ,  ou ,  fi  vous  voulez  ,  Arabes  ck  Bar- 
bares. 

Quoique  le  grand  fleuve  ,  nommé  par  les  Arabes  & 
par  les  Persans  Gihon  ck  Amou  ,  &C  par  les  Grecs  &C 
les  Latins  Baclrus  &  Oxus  ,  fervit  de  borne  &  de  fé~ 
paration  entre  ces  deux  grands  pays  ou  empires  de  l'Iran 
ck  du  Turan ,  l'on  trouve  cependant  que  Kischtasb,  fils 
de  Lohorasb  ,  cinquième  roi  de  Perse  ,  de  la  racedes 
Kaïanides ,  fit  bâtir  un  mur  ou  rempart  long  de  fix  vingt 
parafanges ,  qui  font  deux  cents  quarante  lieues  françoi- 
(es ,  pour  fervir  de  barrière  à  ces  deux  états. 

L'auteur  du  Lebtarikh  dit  que  ce  mur  commençoit 
dans  le  Khoraflan  ,  à  la  ville  de  Beidha  en  Perse  ;  ck 
finiffoit  à  celle  de  Samarcand ,  qui  eft  aujourd'hui  la 
ville  capitale  des  Uzbecks,  dans  le  Zagathai. 

IRAN  ,  félon  Robert  de  Vaugondy  ,  Atlas ,  province 
particulière  d'Afie,  entre  l'Arras  ck  le  Kur.  Elle  eft  bor- 
née au  nord  par  le  Carduel ,  au  nord-eft  par  le  Schir- 
van, au  fud-eft  par  l'Adirbeitzan ,  &  au  couchant  par 
kt  Turcomans.  Ses  principaux  lieux  font  : 


E  RI  VAN, 

Nachschivan, 

Julfa, 


Eczmiazin. 
Berde , 
Bilagan. 


Ce  n'eft  là  que  l'Iran  de  Perse,  car  auparavant  elle 


IRE 


IRI 


s'étendoit  beaucoup  plus  au  couchant.  Oléarius,  Voyage, 
t.  i  ,  1.  4,  p.  |6i  ,  dit  que  ceux  du  pays  l'appellent 
le  plus  fouvent  Karasbag  ,  &c  la  fubdivife  en  plufieurs 
autres  petites  provinces  ,  favoir  : 


Kappan, 

Aghtava, 

TzULFA  , 

Aberan, 

SCABUS , 

SCORGEL, 

SlSIAN  , 

Saschat, 

Keschtas , 

Intze, 

Sarsebil, 

Thabak-Melex, 

Ervan  ou  Irvan, 

Thumanis  , 

Kergbulag, 

Alget, 

&  TZILDER. 

y  met  pour  principales 

villes  , 

Berde, 

Ordebad, 

Bilagan , 

Baiefied , 

Schemkur, 

Maku  , 

Kentze , 

Magasburt , 

Berkuschat , 

Tiffis, 

Nachschivan , 

Tzilder. 

On  voit  par  ce  détail  qu'il  y  ajoute  tout  le  Cjarduel , 
6i  une  partie  confidérable  de  la  Géorgie.  Corneille  met 
dans  la  province  d'Iran  ,  pour  principales  villes ,  celles 
d'Erivan ,  Cars  ,  Naciivan ,  Zulfa  &  Van  ,  fur  un  lac 
de  même  nom  ,  fur  quoi  il  cite  Tavernier.  Ce  voyageur 
ne  dit  point  que  Cars  &  Van  foient  dans  la  province 
d'Iran^  mais  parlant  de  l'Arménie ,  où  il  met  ces'  vil- 
les ,  il  dit  par  occafion  :  en  particulier  la  partie  (de 
l'Arménie,)  qui  eft  fituée  entre  l'Araz  &  le  Kur  ,  eft 
appellée  Iran ,  dans  le  pays  ,  &t  plus  fouvent  Carabag , 
qui  eft  un  des  plus  beaux  &i  des  plus  riches  endroits  de 
la  Perse. 

IRANIME  ,  ancienne  ville  d'Italie ,  vers  la  côte  du 
Frioul.  Pline,  /.  3,  c.  19,  dit  qu'elle  ne  fubfiftoit  déjà 
plus  de  fon  tems. 

IRANZO,  abbaye  d'hommes  ,  ordre  de  Cîteaux ,  de 
la  congrégation  d'Àrragon  ,  au  royaume  de  Navarre, 
dans  le  diocèfe  de  Pampelune. 

IRATH,  ville  de  la  Mauritanie  Céfarienne ,  dans  les 
terres  ,  félon  Ptolomée  ?  /.  4  ,  c.  z. 

IRBIL  ,  ville  de  laMéfopotamie.  Cette  ville  eft  mo- 
derne :  elle  eft  fur  un  terrein  uni,  à  deux  journées  de  Mo- 
ful.  Elle  a  un  château  iùr  une  colline  élevée.  Il  y  a  plu- 
fieurs canaux  fouterreins  qui  conduifent  de  l'eau  à  la 
grande  mosquée  &  au  palais  royal.  *  Manuscrits  de  la 
Bibl.  du  roi. 

IRCAOUON ,  nation  d'Afie  ,  en  Géorgie  ,  près  de 
Taous  ,  forterefle ,  où  elle  s'étoit  réfugiée  à  l'approche 
deTimur-Bec.  * Hijl.  deTimur-Bec,  1.  3  ,  c.  58. 

IRCTA ,  E/'fKTB  ,  lieu  maritime  de  la  Sicile  ,  entre 
Palerme  &C  Eryx  ,  félon  Polybe  ,  /.  1. 

1.  IRE,  ville  de  l'ifle  de  Lesbos ,  félon  Euftathe  , 
qui  expliquant  ce  vers  d'Homère,  Iliad.  1.  9, 

KofS'ujj.û kw ,  fyoïmv  ti  vy\  'lp»v. 

c'eft-à-dire  Cardamyle ,  Enope  &  Ire  ,  dit  qu'il  y  avoit 
trois  villes  de  ce  nom  ,  ci  qu'une  étoit  dans  l'ifle  de 
Lesbos. 

z.  IRE  ,  ville  dont  parle  Homère  dans  le  paffage 
qu'on  vient  de  citer.  Etienne  le  Géographe  &  Euftathe 
croient  qu'elle  étoit  dans  la  MelTénie ,  au  Péloponnèfe. 
Paufanias,  /.  4,  parlant  de  cette  même  ville,  dit  que 
de  fon  tems  on  l'appelloit  Abias  ,  &  qu'elle  étoit  une 
des  fept  villes  qu'Agamemnon  promet  dans  l'Iliade,  qu'il 
donnera  à  Achille.  Strabon,  /.  8 ,  eft  d'un  fentiment  dif- 
férent ;  car  il  dit  qu'on  lui  avoit  montré  la  ville  d'Ire, 
près  d'une  montagne  ,  fituée  dans  le  chemin  qui  con- 
duit de  Megalopolis,  ville  d'Arcadie  ,  à  Andanie.  II 
ajoute  que  d'autres  croient  qu'Hira  étoit  la  même  que 
la  ville  nommée  de  fon  tems  MeJJola.  Mais  Euftathe  , 
ai  Mai.  1.  9,  v.  150,  dit  qu'Ire  étoit  le  nom  d'une 
ville  &  d'une  montagne  de  Meflenie. 

3.  IRE  :  la  troifïéme  ville  de  ce  nom  appartenait  aux 
Malhens,  félon  le  même  Euftathe  ,  ibid, 

IRECOS.  Voyez  Inycum. 


S*9 

IREGUE  ,  petite  rivière  dEspagne ,  félon  Baudrand, 
éd.  1705  ,  elle  a  fa  fource  dans  les  montagnes  de  la  vieille 
Caftille  ,  vers  la  Merindade  de  Soria  ,  d'où  elle  court 
dans  la  province  de  Rivogia  ,  &  fe  jette  dans  i'Ebre, 
au-deffous  de  Logrogno  ,  près  du  village  de  la  Fuente 
de  Madrés. 

IRELAND  ,  ifle  de  l'Amérique,  dans  la  mer  du 
nord,  l'une  des  Bermudes  :   elie  eft  petite. 

IRENjEUM,  lieu  delaBi'hynie,  vis-à-vis  de  Sos- 
thène.  Métaphrafîe,  dans  la  Vie  de  S. Marcel,  ditau'on 
le  nomma  enfuite  AcœmetUM  ,  'hmpnui  ,  c'eft-à- 
dire  de  ceux  qui  ne  dorment  point.  Dans  le  Code  iï  eft 
parlé  du  monaftere  Aucumetense  ,  au  rapport  d'Qrté- 
lius  ,  Tkefaur.  Evagre ,  Hijl.  ecclef.  1.  5  ,  c.  14,  nomme 
ce  même  monaftere,  le  monaftere  des  Acemytes,  en 
parlant  deJcan ,  qui  y  ayant  vécu  en  folitaire,  fut  en-  ' 
iuite  élevé  fur  le  liège  de  Jémlaiem. 

IRENE.  Etienne  le  Géographe  dit  oue  l'ifle  de  Ca- 
laurie  fut  nommée  Irène,  à  cau'.e  d'une  femme  appellée 
ainfi.  Pline  ,  /.  4,  c.  il,  qui  écrit  ce  nom  Irine,  dis- 
tingue cette  ifle  de  celle  de  Calaurie ,  quoiqu'il  la  mette 
dans  le  golfe  Argolique. 

ù  IRENOPOLIS,  ancienne  ville  d'Afie  ,  dans  la 
Cilicie ,  félon  Ptolomée  , ,  L  5,  c.B ,  qui  la  donne  comme 
la  feule  ville  de  la  Lacanitide.  Elle  eft  placée  dans  la  fé- 
conde Cilicie  ,  entre  les  villes  épiscopales,  dans  la  No- 
tice de  Heroclès. 

z.  IRENOPOLIS.  Cedrene,  cité  par  Ortélius ,  TA*/, 
dit  que  l'on  donna  ce  nom  à  Berrhoée ,  ville  de  Syrie  , 
aprè;  que  l'impératrice  Irène  l'eut  fait  réparer. 

(  IRENSIS  ,  fiége  épiscopal  d'Afrique  ,  dans  la  Byza- 
cène  ,  félon  la  Conférence  de  Carthage  où  il  eft  fait 
mention  de  Saturus  Irensis.  *  Harduin.  Colleft.  conc. 

IRESIA,  E/fWa,  &  Agelastos, 'Aj^aî-ôf.  Sui- 
das nomme  alnii  deux  roches  près  de  la  ville  d'Eleu- 
fine. 

IRESLE  ou  EiresIjE,  ancienne  ville  de  Grèce,  dans 
la  Theffalie.  Tite-Live,  /.  31,  c.  13,  dit  qu'elle  fut  ra- 
vagée par  Philippe. 

IR-HAMMELACH  ,  ancienne  ville  de  la  Paleftine , 
dans  la  tribu  de  Juda ,  au  défert ,  rTOH  *VJr  Quelques- 
uns  croient  ,  que  la  mer  Morte  en  a  pris  le  nom  de 
n^anD'-  *Reland,  Palïft.  p.  868. 

IR-HATTEMARIM  ,  onanm»  »  c'eft-à-dire  la 
ville  des  Palmes.  C'eft  un  des  noms  de  la  ville  de  Jéri- 
cho. 

1.  IRIA,  rivière  d'Italie,  où  elle  arrofoit  la  ville  de 
Dertona,  félon  Ortélius,  qui  cite  Jornandès  ,  de  Reb. 
Getic.  p.  3  3  ,  éd.  Bonav.  Vulcanii ,  &  Paul  Diacre.  Je 
trouve  dans  le  premier  Majoranus.  .  .  Dénonce  juxtà 
jîuvium  Ira  cognomento  occiditur.  George  Merula,  dans 
fa  Description  du  Montferrat  ,  dit  que  le  nom  moderne 
eft  la  Scrivia. 

z.  IRIA,  ancienne  ville  d'Italie,  félon  Pline,  /.  3, 
c.  5.  Ptolomée,  /.  3  ,  c.  1 ,  l'appelle  Eip* ,  &  la  place 
chez  le  peuple  Taurini.  Antonin  met  Iria  entre  Camillo- 
magum  &:  Dertona,  à  feize  mille  pas  de  la  première, 
&  à  dix  mille  pas  de  la  féconde.  Elle  étoit  fur  la  voie  Clo- 
dienne.  C'eft  préfentement  Vogera ,  dans  la  Lombar- 
die. 

IRI-AFLAVIA  ,  ville  ancienne  d'Espagne ,  chez  le 
peuple  Capori ,  félon  Ptolomée  ,  /.  z ,  c.  6.  Mariana  , 
Hijl.  Hisp.  1.  4 ,  ci,  parlant  de  la  tranflation  du  corps 
de  l'apôtre  S.  Jacques  ,  en  Espagne  ,  dit  :  fon  corps , 
enlevé  par  fes  disciples,  étant  mis  fur  un  vaiffeau,  s'ar- 
rêta à  Iria-Flavia  ,  à  l'extrémité  de  la  Galice.  Ce  lieu 
s'appelle  aujourd'hui  Padron.  Il  y  en  a  d'autres  qui 
croient  que  c'eft  Santa-Maria  de  FlNlSTERRE.  Clu- 
'fius  &  Morales  parlent  comme  Mariana.  Cette  ville  a 
été  épiscopale  ,  &  le  fiége  a  été  transporté  à  Com- 
poftelle.  Andréas  Irienfis  fouscrivit,  l'an  57Ï  ,  au  troi- 
fiéme  concile  de  Brague  ;  &  Dominicus ,  l'an  589,  au 
troifiéme  de  Tolède.  *  Harduin.  Colleft.  conc. 

IRIMETTE  (le  royaume  d')  étoit  une  province 
de  Géorgie.  Il  confine  du  côté  du  nord  aux  Circafles 
noirs ,  du  côté  de  l'orient  à  la  Géorgie  Persane  ,  vers 
le  midi  à  l'Arménie  ,  &  vers  l'occident  à  la  Mingrélie 
&  au  Guriel.  Ses  princes  font  une  branche  iffue  de  la  fa- 
mille des  rois  de  Géorgie.  Le  dernier,  nommé  Bagrat, 
fut  détrôné  par  fa  mère,  qui  la  donna  à  Vakhtang,  qu'elle 


IRK 


les  chaffa 


5  20 

époufa;  mais  Vomeki,  prince  de  Mingrél! 

tous  deux,  ck  s'empara  de  leurs  états.   *  Hijl.  générale 

'des  Huns ,  t.  1 ,  p.  439- 

IR1NE.  Voyez  Irène.  . 

ÏRINUS  SINUS  ,  golfe  de  la  mer  ces  Indes,  félon 
Arrien,  p.  22,  e^'«-  Oxon.  Il  dit  dans  fon  Périple  de 
la  mer  Erythrée  :  après  le  Sinthe ,  (ou  l'Inclus,)  il  y  a 
un  autre  golfe  vers  le  nord  ;  on  le  nomme  Irin.  Il  n'eft 
pas  ailé  de  le  voir  ;  il  eft  grand  d'un  côté ,  ck  petit  de 

1.  IRIS  ,  rivière  d'Afie  ,  dans  la  Cappadoce  ,  félon 
Ptolomée ,  /.  <j ,  c.  6.  Voyez  CASALMACH  ,  qui  en  eft 
le  nom  moderne. 

2.  IRIS.  Diodore  de  Sicile  ,/.'>,  nomme  amu  une 
partie  de  Me  Britannique  ,  dont  les  habitans  vivoient 
de  chair  humaine.  Ortélms  croit  qu'il  a  voulu  parler  de 
l'Irlande.      , 

IRIVAN.  Voyez  Erivan. 

IRKEN  ,  Jerkéen  ou  Yarkan  ,  ville  de  la  Tarta- 
ne ,  dans  la  petite  Bucharie  ,  dont  elle  eft  la  capitale. 
Elle  eft  limée  à  42  d.  40'  de  latitude ,  au  nord  de  la  ville 
de  Caschgar  ,  fur  les  bords  d'une  petite  rivière  ,  dont 
les  eaux  paffent  pour  n'être  pas  trop  faines.  Cette  ville 
eft  grande  ,  âkaffez  bien  bâtie  ,  à  la  manière  des  Orien- 
taux ,  quoique  la  plupart  de  ces  maifons  foient  bâties  de 
briques  cuites  au  foleil.  Il  y  a  un  château  où  le  Contaisch 
vient  de  tems  en  tems  loger  pour  quelques  mois ,  lors- 
que les  affaires  demandent  fa  préfence  de  ce  côté-la  ;  ce 
qui  l'ait  que  quelques-uns  la  croient  être  la  réfidence  or- 
dinaire du  grand  Chan  des  Calmoucks.  *  Hifi.  des  Tar- 
tans, p.  408. 

Comme  cette  ville  eft  le  dépôt  de  tout  le  commerce 
qui  fe  fait  à  préfent  entre  les  Indes  ck  le  nord^  de  l'A- 
lie  ,  de  même  que  de  celui  qui  fe  fait  d'un  côté  entre 
leTangut  ck  la  Sibérie  ,  ck  de  l'autre  entre  la  grande  Bu- 
charie ck  la  Chine ,  il  eft  hors  de  doute  qu'elle  doit  être 
riche  ck  bien  peuplée  ,  fur-tout  fi  on  fe  repréfente  que 
ce  n'eft  que  par  l'entremife  des  Buchares ,  fes  habitans, 
que  ces  différens  pays  ont  communication  ensemble,  &C 
que  par  cette  raifon  ,  tout  le  profit  du  commerce  doit 
refter  entre  leurs  mains.  Les  environs  de  cette  ville  font 
fertiles  ,  ck  produifent  en  abondance  toutes  fortes  de 
fruits  &  de  légumes. 

Le  Mahométisme  eft  la  religion  dominante  dans  Jer- 
kéen ,  de  même  que  dans  toutes  les  autres  villes  &  vil- 
lages de  la  petite  Bucharie  ;  néanmoins  toutes  fortes  de 
reïigionsy  jouiffent  d'une  entière  liberté,  parce  que  les 
Calmoucks  ,  qui  font  les  maîtres  de  ce  pays,  fe  font 
une  affaire  de  conscience  de  fouffrir  qu'on  inquiète  per- 
fonne  chex  eux  par  rapport  à  fa  religion. 

Si  le  feu  empereur  de  Ruflîe  eut  encore  vécu  quelque 
tems ,  on  alloit  travailler  inceflamment  à  l'établiffement 
d'un  commerce  réglé  entre  fes  états  ck  la  ville  de  Jer- 
khéen  ,  par  la  rivière  d'Irtis  ;  ce  qui  auroit  pu  avoir  des 
fuites  très-avantageufes  pour  les  Ruffieas. 

IRKUTSKOI  ;  c'eft  ainfi  que  ce  nom  fe  trouve  écrit 
dans  les  nouvelles  Cartes  de  laTartarie  ;  ck  cependant 
on  lit  Jekutskoi ,  dans  le  Voyage  de  la  Chine,  inféré 
dans  celui  de  Corneille  le  Brun  en  Moscovie  ck  aux  In- 
des, v.  m.  A  cela  près,  voici  ce  qu'on  nous  y  en  ap- 

Jek'utskoi,  (ville  de  laTartarie,  dans  la  Sibérie,  chez 
les  Kumi-Tongufi,)  eft  fituée  fur  la  rivière  d'Angara  , 
qui  a  fa  fource  dans  le  lac  de  Baikal ,  environ  à  huit 
lieues  de-là.  Cette  ville  ,  qui  eft  bâtie  depuis  peu  d'an- 
nées ,  tft  flanquée  de  bonnes  tours.  Les  fauxbourgs  en 
font  fort  grands ,  ck  le  bled  ,  le  fel ,  la  chair  ck  le  poif- 
fon  y  font  à  grand  marché  ,  puisqu'on  n'y  donne  que 
fept  fols  de  cent  livres  de  faigle  ,  poids  d'Allemagne.  Le 
pa'ys  en  eft  très-fertile  ,  ck  abonde  en  grains  jusqu'à  Wer- 


1RL 


golenskoi  qui  n'en  eft  qu'à  quelques  lieues.  Les  Ruffiens 
y  occupent  quelques  centaines  de  villages  ,  ck  y  culti- 
vent la  terre  avec  foin. 

On  voit  à  l'eft  ,  vis-à-vis  de  cette  ville  ,  une  caverne 
brûlante  qui  a  pouffé  des  flammes ,  avec  affez  de  vio- 
lence ,  depuis  quelques  années  ;  mais  à  préfent  il  n'en 
fort  plus  qu'un  peu  de  fumée.  Le  feu  fortoit  par  une 
grande  fente  ,  où  l'on  trouve  encore  de  la  chaleur  en 
v  enfonçant  un  grand  bâton.  Il  y  a  auffi  un  beau  mo- 
3    ni  .!.'  j .» :n~      1  i» j :.. 


de  JAKUT ,  d'où  elle  tire  fon  nom  ,  fe  décharge  dans 
l'Angara.  On  reffent  de  grands  tremblemens  de  terre 
en  ces  quartiers-là,  en  automne  ;  mais  il  ne  font  point 
de  mal. 

Cet  auteur  eft  repris  par  Laurent  Lange  ,  voyageur 
plus  récent,  d'avoir  nommé  cette  ville  Jeku'^koi.  Ce 
voyageur  la  nomme  Irkutskoi ,  ck  dit  que  ce  nom  vient 
de  la  rivière  Irkut ,  qui  y  tombe  dans  l'Angara.  Il  ajoute 
que  la  caverne  brûlante  ne  fe  voit  plus. 

IRLANDE  ,  l'une  des  ifles  Britanniques ,  ck  la  plus 
grande  après  celle  de  la  Grande-Bretagne ,  au  couchant 
de  laquelle  elle  eft  fituée.  Sa  partie  la  plus  ièptentrionale 
eft  par  les  5  5  d.  10'  de  latitude  ;  ck  fa  partie  méridio- 
nale par  les  5 1  d.  2.0'  ;  fa  longitude  eft  depuis  7  d.  10', 
jusqu'à  12  d.  5',  félonies  observations  employées  par 
De  rifle.  Mais  l'auteur  de  cet  article  rétrécit  davan- 
tage. 

La  plupart  des  aute.urs  Latins  appellent  l'Irlande  Hl- 
BERNIA  :  Orphée  ,  Ariftote ,  Strabon  ck  d'autres  la 
nomment  Jerna  ;  Mêla  ,  Juvenal  ck  Solin  ,  Juverna  ; 
Ptolomée  Ivernia ,  ck  quelquefois  Britannia  minor  : 
Martianus  Capella  la  nomme  Joyepnia  ck  Ferma;  d'au- 
tres l'appellent  Bernia ,  ck  Plutarque  lui  donne  le  nom 
d'Ogygia.  Les  Bardes  ou  les  poètes  Irlandois  l'appelloient 
anciennement  Tivolas ,  Totdanan  ck  Banno.  Dans  les 
derniers* fiécles  elle  portoit  le  nom  de  Scotia  ou  Scolia 
m'iAor,  pour  la  diftinguer  de  l'autre  Ecoffe.  Les  naturels 
du  pays  l'appellent  Eryn  ck  quelquefois  Gwydhill ;  les 
Gallois  Yverdon  ck  Ywerdhoi  ,  ck  le  peuple  qui  l'ha- 
bite Gwydhelon  ;  les  Allemands  Irlande,  ck  les  Italiens 
Jrlanda.  Il  y  a  grande  apparence  que  le  nom  Frwçois 
Irlande  eft  venu  d'Erinland  ,  qui  fignilîe  en  irlandois 
une  terre  occidentale  ou  un  paysfuui  à.  l'oueft.  Bochart 
veut  qu'elle  (bit  appellée  Hibernia  ,  du  mot  phénicien 
Ibernce  ,  qui  .fignifie  T habitation  la  plus  éloignée  ,  parce 
que  les  anciens  ne  connoifloient  point  d'autre  pays  à 
l'oueft  au-delà  de  l'Irlande,  *  Etat  préfent  de  l'Irlande, 
p.  1. 

C'eft  une  ifle  fujette  à  la  couronne  de  la  Grande-Bre- 
tagne ,  ck  que  l'océan  enveloppe  de  toutes  parts.  Elle 
eft  bornée  à  l'eft  par  une  mer  dangereufe  ,  qu'on  appelle 
la  MER  d'Irlande  ou  le  canal  de  S.  George  ,  qui  la 
fépare  de  l'Angleterre  ck  du  pays  de  Galles,  auffi- bien 
que  de  l'Ecoffe  ou  delaBretagne  feptentrionale  au  nord- 
eft  ;  elle  eft  bornée  à  l'oueft  par  le  vafle  océan  Atlan- 
tique ,  qui  la  fépare  du  continent  de  l'Amérique  ,  au 
nord  par  l'océan  feptentrional  ,  ou  la  mer  Deucalédo- 
nienne ,  ou  Calédonienne  ,  ck  au  iùd  ck  fud-oueft  par 
l'océan  Virgivien. 

Quoique  l'Irlande  foit  une  ifle  environnée  de  tous  càj 
tés  par  la  mer ,  elle  n'eft  pas  fort  éloignée  de  quelques 
endroits  delà  Grande-Bretagne;  par  exemple,  il  n'y  a 
qu'un  trajet  de  quarante-cinq  milles  de Holy-Héad,  fituée 
fur  rifle  d'Anglefey,  dans  le  pays  de  Galles  à  Dublin  ; 
ck  ce  partage  eft  plus  court  que  celui  des  parties  orien- 
tales d'Wexford  a  Saint  David.  Elle  eft  encore  plus  près 
de  l'Ecoffe ,  puisqu'à  traverser  du  cap  Red  -  Boy  ,  dans 
le  comté  d'Antrin  à  Cantire ,  qui  eft  de  la  partie  méri- 
dionale de  ce  pays  ,  il  n'y  a  qu'environ  quinze  milles  ; 
mais  de  la  partie  orientale  du  comté  de  Do-wn  à  Saint- 
Beés-Head,  ou  la  Tête  de  S.  Bée,  dans  la  province  de 
Cumberland ,  il  y  a  quatre-vingt-quatre  milles.  Située  au 
nord-oueft  ck  fud-eft  de  la  France  ,  elle  en  eft  à  deux 
cents  vingt  milles  ;  au  nord  ck  fud,  à  l'égard  de  l'Espa- 
gne, elle  en  eft  à  quatre  cents  quarante  milles,  ck  exac- 
tement à  l'oueft  de  la  nouvelle  France ,  la  partie  de  l'A- 
mérique la  plus  voifine  ;  elle  en  eft  à  environ  quatorze 
cents  quarante  milles. 

Elle  eft  entre  le  5e  d.  58' ,  ck  le  10e  d.  45'  de  long 
tude  ,  à  compter  depuis  Londres  ;  mais  à  compter  1" 
puis  l'ifle  deTénériffe  ,  elle  eft  entre  le  8e  &  le  12e  . 


5  '  de  longitude ,  comme  la  plus  grande  partie  de  G 

gne  ,  ck  entre  le  3 1 e  d.  ; 

de  latitude  feptentrionale  ,  comme  le  pays  de  Galles 


ice  ck  des  Afturies  en  Espagne  ,  ck  entre  le  31e  d. 


% 


la  plus  grande  partie  de  l'Angleterre.  (L'auteur  fe  trompe 
vifiblement  en  cet  endroit  ,  puisque  fi  l'Irlande  avoit 
cette  latitude,  elle  feroit  vis-à-vis  de  l'Afrique  Se  du 
royaume  de  Maroc.)  On  voit  ainfi  qu'elle  eft  entière- 
ment fous  le  9e  ck  le  10e  climats ,  ck  un  peu  fous  le  8e  ; 
naftere  Tcôté  de'cëtVvUJe",  à  l'endroit  où  là"nvîere    de  forte  que  le  plus  long  jour ,  dans  les  endroits  les  plus 

men« 


IRL 


IRL 


méridionaux  ,  eft  de  feize  heures  &  environ  vingt-cinq 
minutes  ,  &  que  dans  les  endroits  les  plus  feptentrio- 
naux  ,  il  eft  de  dix-fept  heures  &C  douze  minutes.  Elle 
eft  dans  une  des  zones  tempérées  vers  fes  parties  fepten- 
trionales ,   à  environ  5  d.  du  milieu. 

.  Elle  eft  presque  aum  longue  que  large ,  d'une  figure 
oblongue  ,  qui  approche  de  celle  d'un  œuf,  auquel  plu- 
fieurs écrivains  l'ont  comparée  ;  mais  fi  l'on  observe 
les  tours  &  retours  de  fes  côtes,  on  ne  peut  rien  voir 
d'une  forme  plus  irréguliere.  C'eft  une  ifle  du  troifiéme 
rang  grande,  à-peu-près  comme  la  moitié  de  l'Angleterre  ; 
fa  longueur  depuis  Fair-Head  ,  la  pointe  feptentrionale 
d'Antrim  jusqu'à  Miffen-Head,  la, pointe  méridionale 
de  Cork  eft  d'environ  deux  cents  quatre-vingt-cinq  mil- 
les ;  fa  largeur  dans  l'endroit  le  plus  étendu ,  depuis  les 
parties  orientales  de  D.own ,  jusqu'aux  parties  occiden- 
tales dé  May  ,  eft  d'environ  cent  foixante  milles  ,  à 
compter  depuis  l'eft  d'Wexford  ,  dans  la  province  de 
Leinfter  jusqu'à  l'oueft  de  Kerry  :  dans  celle  de  Muns- 
ter ,  il  y  a  cent  cinquante-deux  milles  ;  mais  à  la  pren- 
dre au  milieu  ,  depuis  l'eft  de  Dublin  jusqu'à  l'oueft  de 
Galloway  ,  il  y  a  centquarante-fix  milles  :  à  compter  les 
tours  &  les  détours  -,  elle  a  en  tout  environ  quatorze 
cents  milles  de  circuit. 

L'Irlande,  fi  nous  en  croyons  fes  écrivains,  étoit  con- 
nue dans  les  lems  les  plus  reculés.  Ils  nous  difent  qu'elle 
fut  habitée  avant  le  déluge,  par  Ccefaria ,  qui  étoitniéce 
de  Noé  ;  qu'environ  trois  cents  ans  après  le  déluge, 
Bartholanus,  Scythe  de  nation,  s'y  rendit  ,  &  qu'il  li- 
vra plufieurs  batailles  fameufes  à  des  géans  ;  que  bien 
des  années  après,  Néméthius,  autre  Scythe,  y  paffa, 
&c  qu'il  en  fut  bientôt  charte  par  les  géans  ;  qu'enfuite 
Delà  ,  avec  quelques  Grecs,  occupa  cette  ifle  ;  que, 
bientôt  après ,  c'eft-à-dire  vers  le  tems  que  les  Israéli- 
tes fortirent  d'Egypte  ,  Gaothel  accompagné  de  fâ 
femme  Scota,  fille  de  Pharaon,  roi  d'Egypte,  y  aborda, 
&  qu'il  l'appella  Scotia,  du  nom  de  fon  époufe  ;  qu'en- 
fin peu  de  fiécles  après  ,  Hiberus  &C  Hermion  ,  fils  de 
Miléiius  ,  roi  d'Espagne,  établirent,  avec  la  permiffion 
de  Gurguntius ,  roi  des  Bretons,  des  colonies  en  Irlande, 
que  la  pefte  avoit  ravagée  ;  mais  ce  font  que  de  pures 
fables  inventées  par  les  Irlandois.  Il  eft  certain  que  ceux- 
ci  ,  qui  tiroient  leur  origine  des  Bretons ,  furent  les  pre- 
miers  habitans  de  cette  ifle ,  (uivant  les  auteurs  les  plus 
dignes  de  foi  ;  car  il  eft  aifé  de  s'y  rendre  de  la  Bre-' 
tagne  ,  comme  de  la  terre  la  plus  voifine.  Auffi  les  plus 
anciens  écrivains  l'appellent -ils  une  ifle  Bretonne;  & 
Tacite ,  dans  la  Vie  d'Agricola  ,  chapitre  24 ,  nous  en 
parle  en  ce  termes  :  Solum  celumque  &  ingénia  cultus- 
cue  hominum  haud  mulcàm  à  Britannia  différant.  C'eft- 
a-dire  :  «  le  terroir ,  le  climat ,  le  naturel  fk  les  ajufte- 
»  mens  des  hommes  ne  diffèrent  pas  beaucoup  de  ce 
»  qu'on  voit  en  Bretagne.  »  C'étoit  un  peuple  groffier 
&  barbare  ,  dont  les  aftions  ne  font  guères  connues,  &c 
qui  n'ayant  pas  été  conquis  par  les  Romains,  n'en  avoit 
pu  recevoir  ni  les  fciences  ni  la  politeffe.  Vers  la  déca- 
dence de  l'empire  Romain,  ils  s'appelloient  Ecqflois  ;  mais 
on  ne  fait  pas  bien  pour  quelle  raifon.  Quoi  qu'il  en  foit,  ils 
fubjuguerent  les  ifles  occidentales  ou  Hébrides,  les  Piftes 
qui  étoient  dans  leur  voifinage  ,  &c  les  Calédoniens  :  ils 
donnèrent  le  nom  SEcoffe  aux  parties  feptentrionales 
dn  continent  Britannique.  Peu  de  tems  après  ils  ne  vou- 
lurent plus  s'appeller  EcoJJois,  &  reprirent  leur  ancien 
nom  ^Irlandois.  Ils  vivoient  d'ailleurs  fous  le  gouver- 
nement de  divers  petits  princes. 

Il  y  eut,  en  différentes  occafions,  des  Danois,  des  Sué- 
dois &C  des  Normands  qui  fe  mêlèrent  avec  eux  ;  mais 
on  n'y  voit  aujourd'hui  que  des  Anglois  &C  des  Irlan- 
dois. Ceux-ci ,  en  général  ,  font  bien  faits ,  robuftes  , 
belliqueux  ,  fpirituels  ,  hospitaliers  ,  mais  vindicatifs. 
Leur  fidélité  pour  leur  prince  légitime  eft  inviolable  ; 
on  en  a  vu  un  grand  nombre ,  à  la  fin  du  fiécle  dernier, 
quitter  leur  patrie ,  méprifer  les  avantages  que  le  prince 
d'Orange  leur  propofoit ,  pour  fuivre  la  fortune  de  leur 
loi  détrôné,  &;  l'accompagner  en  France,  où  ils  ont 
•fervi  avec  diftinttion  :  il  y  en  refte  encore  une  brigade 
d'infanterie,  fk  un  régiment  de  cavalerie,  qui  fervent  le 
roi  avec  le  même  zèle  qu'ils  feroient  leur  prince  natu- 
rel. La  nobleffe  aime  la  mufique  &t  la  chafle.  Les  fem- 
mes y  font  grandes ,  bien  faites  &  très-fécondes  :  elles 
.ont  des  enfans,  affez  ordinairement,  jusqu'à  cinquante  ans. 


fit 

Leur  langue  naturelle  étoit  anciennement  la  Bretonne^ 
ou  du  moins  une  diale&e  de  cette  langue  ;  mais  elle 
s'en  eft  fort  éloignée  depuis  ,  à  caufe  du  mélange  des 
étrangers  ,  dont  elle  a  retenu  divers  mots ,  quoique ,  fi 
nous  en  croyons  un  favant ,  qui  en  a  écrit  en  dernier 
lieu  ,  elle  foit  compofée  en  gros  du  Breton ,  &  du  vieux 
Cantabrien  ou  Espagnol ,  tel  que  le  parloient  les  natu- 
rels de  l'Espagne  Tarragonoife  ,  avant  que  les  Romains, 
ou  même  les  Goths,  les  Wandales  St  lesSarrazins  con- 
nurent ce  royaume  ;  d'ailleurs  les  noms  des  lacs,  des 
rivières ,  des  ifles  ,  des  montagnes  ,  des  bourgs ,  &c. 
font  encore  presque  tous  Bretons.  La  lettre  0  ,  toute 
feule,  commence  d'ordinaire  les  noms  des  principaux 
d'entr'eux  ,  comme  O-Neal,  O-Rorck  ,  &c.  ou  bien 
MAC,  qui  veut  dire  fils,  comme  mac-decan,  mac-xan~ 
non^  mac-carty ,  &c.  Mais  lorsqu'on  les  baptife,  on  y 
ajoute  un  nom  profane  ,  tiré  de  quelque  événement, 
quoiqu'on  ne  leur  donne  jamais  le  nom  du  père  ,  ni  d'au- 
cune autre  personne  de  la  famille  ,  qui  font  alors  en 
vie  ,  dans  la  crainte  que  cela  ne  hâtât  leur  mort.  Du 
refte  ,  lorsque  le  père  eft  décédé ,  le  fils  prend  d'ordi- 
naire fon  nom. 

^  Us  vivent  d'herbes  &  de  racines,  de  laitage,  de  gruau 
d'avoine,  qu'ils  aiment  beaucoup  mêlé  avec  du  beurre, 
du  bouillon  du  bœuf;  &£  ils  mangent  fouvent  la  viande 
fans  pain  ,  en  forte  qu'ils  gardent  le  bled  pour  leurs  che- 
vaux. Lorsque  les  vivres  font  chers  ,  ils  ne  dédaignent 
pas  de  manger  de  la  chair  toute  crue  ,  après  en  avoir 
exprimé  le  fang;  rk  là-deffus  ils  boivent  de  grands  traits 
d  eau-de-vie  ou  d'usquebaugk.  Ils  portent  de  petites  ves- 
tes de  laine ,  des  culotes  à  pli  de  leurs  cuiffes ,  &c  par- 
deffus  une  manteline  ou  couverture  à  long  poil ,  avec 
de  grandes  franges  autour.  Ils  vont  presque  toujours 
tête  nue  ,  &  regardent  une  longue  chevelure  ,  comme 
un  de  leurs  plus  beaux  ornemens.  Les  femmes  n'eftiment 
pas  moins  leurs  cheveux  ,  fur-tout  lorsqu'ils  font  rou- 
geâtres  ou  de  couleur  d'or. 

L'air  y  eft,  en  général,  doux  Se  tempéré;  enforte  qu'en 
été  il  n'eft  pas  fi  chaud,  ni  en  hyver  fi  froid  qu'en  An- 
gleterre ;  mais  il  n'eft  pas  non  plus  fi  pur  ni  fi  ferein. 
L'humidité  y  eft  fi  extraordinaire,  qu'on  y  eft  fort  fujec 
à  ladiarrhée,  à  la  dyfTenterie  &r  aux  rhumes.  Les  étran- 
gers fur-tout  n'évitent  guères  de  tomber  dans  ces  mala- 
dies ,  dont  les  Irlandois  fe  guériffent  en  buvant  de  l'ua- 
quebâugh. 

Le  terroir  y  eft  très-fertile ,  quoique  plus  propre  na- 
turellement pour  les  pâturages  que  pour  le  grain  :  l'herbe 
y  eft  fi  longue  &c  fi  bonne  en  quelques  endroits,  que  le 
gros  bétail  fe  creveroit  à  force  d'en  manger  ,  fi  l'on  n'a- 
voit  foin  de  l'en  retirer  de  tems  en  tems.  Il  y  a  même 
des  quartiets  ,  comme  dans  la  province  d'Armagh  ,  ou 
l'on  s'entendroit  fort  mal  à  cultiver  la  terre,  fi  l'on  s'a- 
vifoit  d'y  mettre  du  fumier,  puisque  bien  loin  d'en  aug- 
menter la  fertilité ,  il  ne  ferviroit  qu'à  la  diminuer.  Ort 
y  trouve  d'ailleurs  de  varies  marécages ,  qui  rendent  l'air 
mal-fain  ,  des  lacs  &  de  grandes  forêts  ,  quoique  de- 
puis quelques  années  on  y  ait  defféché  plufieurs  de  cet 
marais,  Se  abbatu  quantité  de  bois. 

Mais  ce  qu'il  y  a  de  merveilleux  dans  ce  pays  ,  eft 
qu'il  ne  produit  aucune  bête  venimeule ,  &  que  même 
elles  n'y  fauroient  vivre.  Ce  n'eft  pas  tout  ;  le  bois  de 
fes  forêts  n'admet  ni  vers  ni  araignées  ,  du  moins  (î 
l'on  en  croit  un  poète ,  qui  fait  parler  l'Irlande  en  ces 
termes  : 

Illa  ego  fum  Gratis  gla.da.lh  Hibernià  diclat 
Cui  Deus  &  melior  rerum  nastentium  origo 
Jus  commune  dédit  cum  Creta,  altr'ut  Tonantis , 
Angues  ne  nojiris  diffuitdant  Jibila  mortis. 

C'eft-à-dire  :  «  Je  fuis  cette  ifle  ,  que  les  Grecs  ont 
»  nommée  l'Hibernie  glaciale ,  à  qui  Dieu ,  par  un  effet 
»  de  fa  bienveillance ,  a  donné  le  même  droit  qu'à  l'ifle 
»  de  Crète  ,  nourrice  de  Jupiter ,  puisqu'on  ne  voit  chez 
»  moi  aucun  ferpent  qui  menace  mes  habitans  de  la  mort. 

S'il  n'y  a  point  de  bêtes  venimeufes  en  Irlande ,  il  y 
a  quantité  d'animaux  voraces  ,  entr'autres ,  des  loups  , 
dont  l'Angleterre  St  l'Ecofle  font  délivrées  depuis  bien 
des  fiécles.. 

Tome  III.    V  u  u 


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IRL 


Elle  nourrit  quantité  de  troupeaux  de  brebis ,  qu'on 
y  tond  deux  fois  l'année.  On  y  voit  de  très-bons  che- 
vaux ;  les  bêtes  à  corne  y  font  la  principale  richefle  du 
pays.  Il  y  a  tant  d'abeilles,  qu'elles  font  leurs  eflains  , 
non-feulement  dans  des  ruches  ,  mais  dans  les  creux 
des  arbres  &  dans  les  trous  de  la  terre.  On  n'y  manque 
pas  non  plus  de  renards  ,  de  lièvres ,  de  lapins  &c  de 
toutes  fortes  de  gibier  ;  il  y  a  des  oileaux  fauvages  & 
domeftiques  ,  de  toutes  les  fortes ,  Sx.  quantité  de  poif- 
fon,  fur-tout  de  faumons  &  de  harengs. 

Les  principales  denrées  du  pays  confident  en  cuirs, 
en  fuif,  fain-doux,  quantiié  de  beurre  Se  de  fromage  ; 
en  fel ,  bois ,  miel ,  cire  ,  fourrures ,  chanvre ,  toiles , 
douves  ,  laines  ,  dont  on  fait  du  drap  ,  de  la  frife  & 
de  ces  groffes  couvertures  ou  mantelines  à  long  poil, 
qu'on  vend  dans  les  pays  étrangers.  En  un  mot ,  tout  ce 
qui  peut  être  utile  ou  agréable ,  y  eft  en  abondance  & 
à  grand  marché.  Il  femble  même  que,  dans  ces  derniers 
teins  ,  les  naturels  du  pays  ayent  aquis  de  l'induftrie  , 
&  que  par  leur  grande  fréquentation  avec  les  Anglois , 
ils  foient  plus  civilifés  qu'ils  ne  l'étoient  autrefois  ;  de 
forte  qu'avec  le  tems  ,  cette  ifle  pourroit  devenir  auffi . 
floriflante  qu'aucun  autre  pays  qu'il  y  ait  en  Europe. 
L'on  observe  que  les  animaux  n'y  font  pas  fi  gros  qu'en 
Angleterre. 

Il  y  a  par  tout  des  fources  &  des  fontaines. 
Depuis foixante années  ou  environ,  l'on  a  découvert, 
afîèz  près  de  Dublin  ,  des  eaux  minérales  &  purgatives , 
qu'on  peut  comparer  à  celles  de  Spa.  On  y  trouve  en 
divers  endroits  quantité  d'autres  fources ,  que  les  Irlan- 
dois  appellent  des  puits  facrés  ,  &  dont  les  eaux  ,  à  ce 
qu'ils  prétendent  ,  fervent  à  guérir  de  diverses  maladies , 
quoiqu'elles  ne  diffèrent  point  de  l'eau  commune  ,  ni 
pour  le  goût ,  ni  pour  l'odeur ,  ni  pour  toute  autre  qua- 
lité fenfible. 

Une  petite  ifle,  fituée  fur  un  lac,  nommée  Louch- 
DlRG ,  a  été  fameufe  pendant  quelques  fiécles ,  à  l'oc- 
cafion  du  purgatoire  de  S.  Patrice.  Voyez  au  mot  Pur- 
gatoire ,  l'idée  que  l'on  en  avoit ,  Se  ce  qu'on  y  a 
trouvé,  lorsqu'on  y  a  fait  une'exafte  recherche. 

Il  y  a  un  lac  ,  qu'on  appelle  Lough-NeaugH,  au- 
quel on  attribue  la;  propriété  de  changer  le  bois  en 
pierre.  Quelques-uns  même  ont  prétendu  qu'il  le  con- 
vertiffoit  en  fer,  quoique  cela  ne  foit  pas  vrai. 

En  Irlande  ,  auffi-  bien  qu'en  divers  endroits  de  la 
Grande-Bretagne  ,  on  trouve  fouvent  des  arbres  entiers, 
foit  coudriers  ou  autres ,  dans  les  fondrières  &  dans  les 
marais  fablonneux.  On  y  voit  même  quelquefois  quantité 
de  noifettes,  qui  n'en  ont  que  la  figure,  &  qui  font  réduites 
en  limon.  On  n'y  avoit  découvert  aucune  mine  avant 
que  les  Anglois  s'y  fuffent  établis ,  fous  le  régne  d'Elifa-- 
beth  :  quelques-uns  ont  avancé  qu'on  y  trouvoit  des 
mines  d'or  ;  mais  cela  ne  s'eft  pas  vérifié  jusques  ici  ; 
pour  les  mines  de  fer ,  il  y  en  a  de  trois  fortes  :  la  pre- 
mière ,  qu'on  peut  appeller  marécageufe  ,  fe  trouve  dans 
les  endroits  bas ,  &c  près  de  la  furtace  de  la  terre  ;  le  fer 
en  eft  aigre  ,  jaunâtre  &  d'une  fubftance  un  peu  argil- 
leufe  ,  qu'il  faut  mêler  avec  quelqu'autre.  La  féconde  eft 
la  mine  de  roche  ,  d'une  fubftance  dure  &  pierreufe  , 
comme  le  roc  d'où  on  la  tire ,  &  d'une  couleur  fombre 
ou  de  rouille  :  on  n'a  pas  grande  peine  à  la  tirer  ;  mais 
elle  n'eft  pas  fi  abondante  que  la  marécageufe  ,  &  ne 
donne  qu'un  fer  très-caffant.  La  troifiéme  eft  la  mine 
blanche  ,  ou  des  épingles ,  dont  la  fubftance  tient  le  mi- 
lieu entre  celle  des  deux  autres  :  on  la  tire  en  maffe , 
&  le  fer  qui  en  revient  n'eft  pas  fi  caffant  que  celui  de 
la  mine  de  roche  ;  Si  il  eft  fouvent  auffi  bon  que  le  fer 
d'Espagne.  11  y  a  d'ailleurs  quelques  mines  d'argent  &£ 
de  plomb  ,  mais  qui  ne  font  pas  aujourd'hui  d'un  grand 
revenu. 

En  divers  endroits  de  l'Irlande  ,  on  trouve  des  car- 
rières de  marbre  :  il  y  en  a  de  rouge  ,  rayé  de  blanc 
&  d'autres  couleurs,  qu'on  y  appelle  de  porphyre,  de 
noir  mêlé  de  blanc  avec  beaucoup  de  régularité,  &  d'au- 
tre qui  eft  d'une  feule  couleur.  Les  deux  premières  fortes 
ne  s'y  trouvent  qu'en  petite  quantité,  fur  tout  la  féconde  ; 
nuis  la  troifieme  y  eft  fort  commune ,  fur-tout  aux  en- 
virons de  Kilkenny,  dont  les  rues  en  font  pavées.  Lors- 
que ce  dernier  marbre  eft  tiré  de  la  carrière  ,  il  paroit 
grifàtre  ;  mais  après  qu'il  eft  poli ,  il  devient  d'une  cou- 
leur bleuâtre ,  qui  tourne  un  peu  vers  le  noir. 


L'Irlande  eft  divifée  en  quatre  provinces ,   qui  font 

à-peu-près  dans  cette  dispofition  : 

La  province  d'ULSTER  ou  L'ULTONIE. 

La  province  de  Connaught    La  prorince  de  Leins-, 
ou  la  Connacie.  ter  ou  Lagenie. 

La  province  de  Munster  ou  la  Mommonie. 

On  peut  voir  aux  mots  CoNNAUGHT,  Leinster, 
Munster  Se  Ulster,  ce  qui  eft  particulier  à  ces  pro- 
vinces, &:  leurs  fubdivifions. 

Les  principaux  lacs  d'Irlande  font  Lough-Erne  ,Lough- 
Neagh,  Lougk-Ree,  Lough-Dergh,  Lough-Cerrib,  Lough- 
Conn,  Lough-Care,  Lough-Cilly ,  Lough-Allyn  &£ 
Lough-Hannel. 

Les  plus  confidérables  baies  font  la  hait  de  Gai- 
Iway,  qui  eft  fortvafte  &  fûre,  capablede  recevoir  une 
grande  flotte  ,  &  qui  eft  défendue  à  l'oueft  par  les  ifles 
d'Arran  ;  elle  eft  fituée  entre  les  comtés  de  Gallw ay  &t 
de  Thomond  ;  la  baie  de  Dingle ,  dans  le  comté  de 
Kerry,  qui  eft  vafte  ck  fpacieufe  ;  la  baie  de  Bantry  , 
dans  le  comté  de  Corck,  qui  eft  pleine  de  petites  ifles  ; 
la  baie  de  Donnegal ,  fituée  entre  les  comtés  de  Don- 
negal  ,  de  Slego  &c  de  Letrim ,  à  l'entrée  du  Lough- 
Erne  ;  celle  Londonderry,  qui  eft  un  espèce  de  lac ,  en- 
tre les  comtés  de  Donnegal  &  de  Londonderry,  &  qui, 
à  caufe  de  cela  même  ,  porte  le  nom  de  Lough-Foyle  ; 
la  baie  de  Carrick  Fergus ,  fituée  entre  les  comtés  d'An- 
trim  &  de  Down  ;  celle.'*/*  Carlingjbrt  ,  qui  eft  entre 
les  comtés  de  Down  ôc  de  Louth  ;  celle  de  Dublin  , 
qui  eft  dans  le  comté  de  Dublin  ;  celle  d'Wexfort ,  qui 
eft  dans  le  comté  de  même  nom  ;  celle  de  Kingsale  , 
qui  eft  dans  le  comté  de  Cork.  Il  y  en  a  plufieurs  au- 
tres moins  dignes  d'être  remarquées. 

On  voit  quelques  promontoires  ou  caps  en  Irlande, 
qui  méritent  d'être  fpécifiés.  Tels  font  celui  qu'on  ap- 
pelle Fair-head  ,  c'eft-à-dire  belle  tête ,  qui  eft  dans  le 
comté  d'Antrim  ,  la  pointe  la  plus  Septentrionale  du 
royaume ,  &  à  dix-fept  milles  ou  environ  de  l'Ecofle  ; 
la  pointe  de  Saint- Jean  ,  dans  le  comté  de  Devn ,  à 
huit  milles  ou  environ  au  fud  de  Dov/n  ;  la  vieille  tête, 
dans  le  comté  de  Cork,  à  fept  milles  ou  environ  au  fud 
de  Kingsale;  Miffen- Head ,  qui  eft  la  pointe  la  plus 
méridionale  du  même  comté  ;  Lean ,  dans  le  comté  de 
Thomond  &  à  l'embouchure  du  Shannon  ;  le  cap  ds 
S.  Jean ,  dans  le  comté  de  Donnegal ,  à  près  de  treize 
milles  oueft  de  la  ville,  qui  porte  le  même  nom;  le 
cap  du  Nord ,  qui  eft  dans  les  parties  feptentrionales  du 
même  comté  ;  &  Dog-Head  ou  la  tête  du  chien  ,  qui 
eft  dans  les  parties  occidentales  de  Galhpay. 

Les  havres  de  ce  royaume  font  en  grand  nombre  & 
fort  commodes.  Peut-être  même  n'y  a-t-il  aucun  pays  au 
monde  ,  où  l'en  en  trouve  de  fi  bons  à  tous  égards.  Les 
plus  remarquables  font  celui  de  Waterford,  qui  eft  à  l'em- 
bouchure de  la  Shure  ;  celui  de  Cork  ,  qui  eft  à  l'em- 
bouchure de  la  Lée  ;  celui  de  Youghall,  qui  eft  à  l'em- 
bouchure de  la  rivière  Black-water  ;  mais  celui  de  King-* 
fale ,  depuis  le  nouveau  fort  qu'on  y  a  bâti  fous  le  ré- 
gne de  Charles  II ,  &  fur-tout  fous  la  direction  de  Ro- 
ger ,  comte  d'Orrery  ,  femble  l'emporter  fur  tous  les 
autres. 

Quoiqu'il  n'y  ait  pas  beaucoup  de  grandes  rivières 
dans  ce  royaume  ,  on  y  en  voit  quelques-unes,  qui  font 
fort  avantageufes  au  pays.  La  plus  confidérable  de  tou- 
tes eft  le  Shannon  ou  Shennon.  Les  autres  font  la  Swift, 
c'eft-à-dire  rapide,  X  Awiduff  owBlackwater ,  la  Baie- 
fui,  la  Shurewoody,  la  Borrow,  la  Liffe  ,  la  Boy  ne  ,  la 
Lée,  &c.  dont  le  fameux  Spencer  a  parlé,  &  à  chacune 
desquelles  il  donne  l'épithétequi  lui  convient,  dans  fon 
poëme  intitulé,  la  Reine  des  Fées ,  lorfqu'il  s'agit  du  ma-. 
riage  de  la  Thamife  avec  le  Medway. 

Les  montagnes  les  plus  remarquables  font  Knock-Pd* 
trick  ou  celle  de  S.  Patrice  ,  dans  le  comté  de  Limérick 
à  l'oueft ,  du  fommet  de  laquelle  on  voit  la  mer ,  auflî- 
bien  que  l'endroit  où  le  Shannon  s'y  dégorge  ;  celle  de 
SliewBleemy,  dans  le  comté  de  la  Reine,  qui  eft  d'une 
hauteur  prodigieufe ,  d'où  fortent  les  rivières  Shure, 
Nuer  &  Barrow.  Celles  d'Evagh  &c  de  Mourne  forment 
une  chaîne   allez  près  de  la  Hier  ,  dans  le  comté  de 


IRL 


IRL 


Do'wn  ;  Se  celles  de  Sliew  Gallen  féparent  en  deux ,  le 
comté  de  Tyrone.  Celles  de  Ciruw  font  dans  le  comté 
de  Roscommon  ,  Se  celles  de  Gualtry  dans  le  comté 
deTippérary,  près  des  comtés  de  Limérick  &  de  Cork. 

Quoique  le  plus  grand  nombre  des  Irlandois  foit  dé 
la  religion  Catholique  ,  les  rois  de  la  Grande-Bretagne 
ont  pris  toutes  les  mefures  pour  l'y  éteindre  entière- 
ment. L'une  a  été  de  n'admettre  aux  évêchés,  que  l'on 
a  conservés,  que  des  miniftres  Proteftans  ,  &  d'en  rem- 
plir tous  les  bénéfices.  L'autre  a  été  d'y  envoyer  de 
nombreufes  colonies  de  réfugiés  de  France  ,  pour  rem- 
placer la  multitude  d'Irlandois  qui  en  étoient  fortis,  pour 
la  caufe  du  roi  Jacques  II. 

Le  gouvernement  eccléfiaftique  d'Irlande  eft  donc 
fous  quatre  archevêques  Proteftans,  qui  font, 

Armagh  ,  primat  de  toute  l'Irlande  ; 
Dublin,  qui  prend  le  titre  de  primat  d'Irlande^ 
Cashel  Se  Tuam. 

On  a  vu,  dans  la  Lifte  des  archevêchés,  quels  fufFragans 
ils  avoient  ;  mais  les  Proteftans  ont  diminué  le  nom- 
bre de  ces  évêchés  ;  Se  l'Irlande  n'a  que  dix-neuf  évê- 
ques: 

(LONDONDERRY  , 
JCONNOR, 

Sous  l'archevêque  d'ARMAGH^  cloghe" ' 

|KlLMORE  , 
\DUNDALKo 

(KlLKENNYs 

Sous  l'archevêque  de  Dublin,  ^Kildare, 
(Fearns. 

(Vaterford.; 

(LlMERICK, 
Cork, 
Ardfeard  j, 
\Emly. 

/Gallway, 

jAthlone, 

Sous  l'archevêque  de  Tuam  ,    /  Killala, 

]  CLOMFORTi 
VKILLALOV. 

L'églife  Proteftante  d'Irlande  eft,  à  peu  de  chofe  près, 
la  même  pour  le  dogme  Se  pour  la  discipline ,  que  l'An- 
glicane. 

Ce  royaume  a  fon  parlement  particulier  ,  compofé 
des  feigneurs  &  des  députés  des  comtés  Se  des  villes. 
Le  vice-roi ,  que  le  roi  d'Angleterre  y  envoie ,  &  qu'on 
appelle  en  Angleterre  le  lord  lieutenant  d'Irlande ,  a 
une  telle  autorité ,  qu'il  peut  faire  la  guerre  Se  la  paix  ; 
diftribuer  toutes  les  charges  Se  tous  les  emplois  ,  à  la 
réferve  d'un  petit  nombre  ;  pardonner  toutes  fortes  de  cri- 
mes, excepté  ceux  de  léfe-majeftéj  Se  faire  des  chevaliers  : 
il  convoque  Se  diflbut  le  parlement ,  fuivànt  le  bon  plai- 
fir  du  roi.  En  un  mot ,  il  n'y  a  point  de  vice-roi  en  Eu- 
rope ,  qui  approche  tant  que  celui-  ci  de  la  majefté  royale, 
foit  qu'on  ait  égard  à  fa  jurisdiftion  ,  à  fon  pouvoir  ,  à 
fon  train  ou  à  fes  revenus.  Il  a  pour  fon  conseil  le  lord 
chancelier  Se  le  tréforier  du  royaume  ,  avec  quelques 
comtes ,  évêques  ,  barons  &£  juges ,  qui  font  membres 
du  confeil  privé  ,  formé  à-peu-près  fur  le  plan  de  celui 
d'Angleterre. 

Lorsqu'on  l'inftalle  dans  fa  charge  ,  on  lit  d'abord  en 
public  les  lettres  patentes ,  qu'il  a  obtenues  du  roi  ;  en- 
fuite  il  prête  ferment  entre  les  mains  du  chancelier , 
félon  un  formulaire  prescrit  ;  on  lui  délivre  l'épée 
royale,  qu'on  doit  porter  devant  lui  ;  enfin  on  le  place 
dans  un  fauteuil  de  parade  ,  où  fe  tiennent  autour  de 
lui  le  chancelier  du  royaume  ,  les  membres  du  conseil 
privé,  les  feigneurs  Se  pairs  du  royaume,  avec  un  roi 
ou  fergent  d'armes ,  Se  autres  officiers. 

Dans  les  provinces  éloignées,  il  y  avoit  autrefois  des 
gouverneurs  fubalternes  pour  adminiftrer  la  juftice;  tels 
étoient  un  principal  commiflaire  dans  la  province  de 
Connaught ,  Se  un  préfident  dans  celle  de  Munfter ,  qui 
ayoient  pour  affefleurs  certains  gentilshommes  &  juris- 


;.  m. 

coiifultes  dirigés  par  le  vice-roi.  A  l'égard  des  différenr 
tes  conditions  ou  degrés  de  npbleue,  il  y  a ,  de  même 
qu'en  Angleterre,  des  ducs  ,  des  marquis,  des  comtes, 
des  vicomtes,  des  barons,  des  chevaliers  &  des  écuyers. 
On  y  voit  aufïi  les  mêmes  cours  de  juftice  qu'en  An- 
gleterre ;  la  chancellerie ,  le  banc  du  roi ,  la  cour  des 
plaidoyers  communs ,  Se  celle  de  l'échiquier.  On  y  a 
de  même  quatre  termes  dans  l'année  ,  pendant  lesquels 
on  adminiftre  la  juftice  dans  toutes  ces  cours.  îl  y  a 
d'ailleurs  des  juges  nommés  pour  tenir  les  affiles ,  d'au- 
tres établis  en  certains  cas,  par  un  ordre  judiciaire  , 
écrit  en  latin  ,  qui  commence  par  les  mots ,  Nifipriù~st 
Se  qui,  à  caufe  de  cela  même,  en  porte  le  nom  ;  d'autres 
délégués  pour  décider  les  affaites  criminelles  ,  par  une 
commiffion  fpéciale  ,  qu'on  appelle ,  en  termes  de  droit , 
d'oye/-  &  terminer,  c'eft-à-dire  d'ouïr  &  terminer,  Se 
des  juges  de  paix  dans  chaque  comté.  A  l'égard  du 
droit  couiumier,  il  eft  en  Irlande  le  même  qu  en  An- 
gleterre. 

La  force  de  ce  royaume  confifte  ,  en  partie,  dans  fa 
fituation ,  puisqu'il  eft  environné  d'une  mer  difficile  Se 
dangereufë  ;  Se  en  partie ,  dans  les  divers  châteaux  que 
les  Anglois  y  ont  bâtis,  depuis  qu'ils  en  ont  fait  la  con- 
quête. 

Les  armes  de  ce  royaume  font  d'azur  à  la  harpe  d'or» 
que  le  roi  Jacques  I  fit  joindre  à  l'écu  de  la  Grande- 
Bretagne  ,  pour  faire  voir  qu'il  étoit  monarqHe  absolu 
de  l'Irlande ,  Se  que  l'on  a  toujours  retenues  depuis  fur 
tes  monnoies  d'or  Se  d'argent.  D'ailleurs,  il  n'y  a  qu'un 
roi  d'armes  ,  qu'on  appelle  Ulfzer,  Se  qu'un  poursuivant, 
qui  porte  le  nom  A'Athlone. 

Il  y  eut  d'abord  en  Irlande ,  auffi  -  bien  que  dans  la 
plupart  des  autres  pays,  tant  de  petits  princes  ,  qui  fo 
donnoient  le  titre  de  rois  ,  qu'il  feroit  difficile,  ou  plutôt 
impoffible ,  d'en  rendre  un  compte  exact..  Cependant 
quelques  bons  auteurs  ont  pris  la  peine  de  nous  donner 
uiv  catalogue  de  ces  rois,  depuis  Légeirus,  fils  de  Néals 
qui  fut  tué  en  463  ,  jusqu'à  Henri  II ,  qui  fournit  cette 
ifle  à  la  couronne  d'Angleterre  ,  vers  l'an  1171.  Mais 
ce  qu'ils  nous  en  difent ,  eft  fi  confus  Se  fi  mêlé  de  fa- 
bles,  que,  fans  m'y  arrêter  un  moment,  je  parferai  aux 
révolutions  furvenues  dans  cet  état ,  par  l'invafion  des 
étrangers. 

Les  avantages  qu'Egfrid ,  foi  de  Northumberland ,  y 
remporta  en  693  ,  ne  méritent  pas  d'être  mis  en  ligne 
de  compte  ,  quoiqu'il  y  employa  le  fer  Se  le  feu  ,  Se 
qu'il  y  ruina  bien  des  places.  Mais  quelques-uns  des  mo- 
narques Anglois -Saxons  fe  rendirent  maîtres  de  Dublin 
Se  de  divers  autres  lieux  conlidérables.  Le  roi  dEgdar 
fut  du  nombre  de  ces  vainqueurs  ;  témoin  la  charte 
qu'il  publia  à  Glocefter,  en  966  ,  Se  qu'on  nomma  la 
loi  d'Oswald,  archevêque  d'Yorck,  qui  en  avoit  donné 
le  plan  ,  par  laquelle  il  dépoflédoit  tous  lés  prêtres  ma- 
riés, Se  introduifoit  des  rrioines  à  leur  place.  D'un  au-1 
tre  côté  ,  les  Anglois ,  attaqués  vigoureufement  chez 
eux  par  les  Danois  ,  furent  obligés  d'abandonner  leur 
conquête  ,  Se  d'aller  défendre  leur  propre  pays  ;  de 
forte  que  l'Irlande  recouvra  bientôt  fa  liberté  ,  Se  fe 
vit  de  nouveau  fous  des  princes  de  fa  nation. 

Les  Danois  ,  les  Suédois  Se  les  Normands  réunis 
fous  le  nom  des  Norvégiens  ,  l'envahirent  ensuite.  En 
l'aneée  795  ,  ils  ravagèrent  fes  côtes  Se  fur-tout  l'ifle  de 
Récréam.  Trois  années  après  ,  les  Normands  haraife- 
rent  Ulftef  Se  les  ides  Hébrides  ou  occidentales  ;  d'ail- 
leurs ils  ruinèrent  Roscommon  &  le  pays  vbifin,  en  807. 
Vers  l'an  812. ,  les  Ecoflbis  les  battirent  une  ou  deux 
fois  en  Irlande. 

En  83*;  ,  Turgéfius  y  aborda  avec  unë^  grande  flotte 
Se  une  puiflante  armée  ,  qui  le  mit  en  état  de  ruiner 
presque  toute  la  province  de  Connaught,  une  partie  de 
Leinfter  Se  de  Méath.  Environ  trois  années  après ,  ces 
infidèles  fubjuguerent  une  partie  d'Ulfter ,  où  ils  exer- 
cèrent mille  cruautés  contre  les  Chrétiens.  Ce  fut  ce' 
Turgéfius  qui  bâtit  toutes  ces  forterefles  rondes ,  qu'on 
appelle  communément  Danes  Rachs ,  Se  qu'on  voit  en 
divers  endroits  de  l'Irlande.  En  845,  ces  Norvégiens  pil- 
lèrent Se  brûlèrent  Clonmacnors ,  Clonford,  Loghram 
Se  Tirdaglafs  ;  triais  Turgéfius ,  à  ce  que  rapporte  Hi- 
raldus  Cambrenfis,  devint  amoureux  de  la  fille  de  Mé- 
lachlin,  roi  de  Méath,  qui  eut  l'adrefle  de  le  furpren- 
dre  par  quelque  flratagême  ,  Se  de  le  faire  périr  avec 
Terne  III,    Vuu  ij 


524  ÏRL 

tous  ceux  qui  l'accompagnoient.  Ceci  donna  occafion 
aux  Irlandois  de  le  délivrer  de  presque  tout  le  refte  de 
ces  Barbares,  &  de  fe  mettre,  pour  quelque  tems,  à  l'abri 
de  leurs  insultes. 

Quelque  tems  après  là  mort  de  Turgefius  ,  c'eft-à- 
dire  en  863  ,  Amlavus  ou  Amakus,  fe  rendit  en  Irlande, 
avec  de  fi  grandes  forces  ,  qu'il  y  eut  une  cruelle  guerre, 
plusieurs  armées  de  fuite ,  entre  les  Norvégiens  Se  les 
naturels  du  pays.  Les  uns  Se  les  autres  y  éprouvèrent 
divers  fuccès  ,  Se  les  ducs  de  Dublin  y  acquirent  beau- 
coup de  réputation. 

En  1014  ,  Brian  Borô  engagea  la  plupart  des  petits 
rois  d'Irlande  à  joindre  toutes  leurs  forces  avec  les 
tiennes ,  pour  châfler  les  Danois  ,  leurs  ennemis  com- 
muns. Sitrkus,  defon  côté,  fit  toutes  les  alliances  pof- 
fibles  ,  Se  tous  les  préparatifs  néceffaires  pour  foutenir 
leurs  attaques.  Enfin,  le  23  d'Avril,  il  y  eut  une  fanglante 
bataille ,  qui  fe  donna  à  Coutarf ,  près  de  Dublin.  Les 
auteurs  varient  à  l'égard  du  fuccès  ;  mais  ils  conviennent 
tous ,  que  Boro  y  fut  bleffé  mortellement  ;  que  fon  fils 
Murchard  Se  fon  petit-fils  Ardeval  y  perdirent  la  vie , 
avec  quantité  de  personnes  de  diftinétion  ,  outre  fept 
mille  foldpts,  Se  même,  félon  quelques-uns,  onze  mille. 
Quoiqu'il  en  foit,  les  Danois  y  fouffrirent  beaucoup  Se 
fe  retirèrent  à  Dublin  avec  les  débris  de  leur  armée. 
Bientôt  après ,  Mélachlin,  roi  de.Méath,  qui,  par  un 
principe  d'inimitié  contre  Brian  ,  s'étoit  joint  à  Sitricus, 
fut  proclamé  roi  d'Irlande  par  la  populace. 

Il  y  eut  une  infinité  de  querelles  Se  de  combats  entre 
les  Irlandois  Se  ces  peuples  feptentrionaux ,  durant  plus 
d'un  fiécle  entier,  quoique  l'animofité  ne  parût  pas  fi 
féroce,  depuis  que  les  derniers  eurent  embraflé  le  Chris- 
tianisme. 

Il  arriva  dans  la  fuite,  que  Dermont ,  roi  de  Leinfter, 
forcé  à  s'enfuir  en  Angleterre  ,  pour  avoir  enlevé  la 
femme  d'O-Rork,  roi  deBréane  ou  du  comté  deCavan, 
pafTa  de-là  en  Aquitaine,  où  étoit  alors  Henri  II,  au- 
quel il  offrit  de  fe  foumettre  lui  Se  fon  royaume,  pourvu 
qu'il  l'aidât  à  le  recouvrer.  Henri  y  donna  les  mains , 
Se  y  envoya  quelques  troupes.  Richard  Strongbow,  comte 
de  Strigul  ou  de  Pembroke  ,  Se  Fitz  -  Stevens  ,  Se  les 
Fitz-Geralds  aidèrent  à  l'exécution  de  ce  projet.  Quoi- 
qu'ils n'euffent,  pour  ainfî  dire,  qu'une  poignée  de  monde, 
ils  furent  bientôt  maîtres  d'Wexford  ,  de  Dublin  Se 
d'Vaterfort.  Strongbow  ,  qui  avoit  conquis  cette  der- 
nière place ,  Se  qui  époufa  la  fille  de  Dermont ,  auroit 
bien  voulu  devenir  roi  d'Irlande  ,  fi  Henri  II  ne  s'y 
étoit  oppofé  ,  Se  ne  l'eut  réduit  à  fe  contenter  de  la 
province  de  Leinfter.  En  1172,  le  clergé  du  royaume, 
affemblé  à  Cashel ,  reconnut  ce  monarque  pour  roi  lé- 
gitime de  tout  le  pays  ;  8e  le  pape  le  confirma  dans  la 
fuite.  Cela  n'empêcha  pas  que  Roderick  Connor  ,  roi 
de  Connaught ,  ne  s'arrogeât  le  même  titre ,  Se  qu'il  ne 
donnât  beaucoup  de  peine  à  Henri  ,  jusqu'à  ce  qu'il  fe 
fût  fournis.  De  retour  en  Angletetre,  Henri  affembla 
un  parlement  à  Windsor,  où  il  fitpaffer  un  afte,  par  le- 
quel il  permettoit  à  Roderick  ,  d'être  roi  de  Connaught, 
à  condition  qu'il  lui  feroit  toujours  fidèle  ;  qu'il  le  fer- 
■viroit  en  qualité  de  fon  vaflal ,  qui  lui  rendoit  hommage, 
lui  payeroit  tribut ,  Sec.  Malgré  cet  accord ,  Roderick 
fe  révolta  de  nouveau  ;  mais  Jean  Courcy  le  défit,  Si 
conquit  une  grande  partie  d'Ulfter  pour  les  Anglois. 

Dans  un  parlement  tenu  à  Oxford,  vers  l'année  1177, 
Henri  déclara  fon  fils  Jean  ,  roi  d'Irlande ,  où  il  fe  ren- 
dit lui-même,  en  1 185.  Les  Irlandois,  maltraités  par 
les  gens  de  fa  fuite,  fe  révoltèrent  ;  mais  bientôt  après 
on  les  obligea  de  rentrer  dans  leur  devoir  :  la  royauté 
de  Jean  ,  comte  de  Morton  ,  ne  fut  pas  de  longue  du- 
rée :  fon  frère  aîné  ,  Richard  I  ,  en  voulut  jouir ,  dès 
qu'il  eut  obtenu  la  couronne  d'Angleterre.  Ses  fuccef- 
feurs  en  uferent  de  même  ;  &  ils  y  envoyoient  des 
lorcls  jufticiers ,  pour  gouverner  ce  royaume  à  leur  place, 
à  moins  qu'ils  n'y  allaffent  eux-mêmes  en  personne, 
comme  fit  le  roi  Jean,  après  être  parvenu  au  trône  d'An- 
gleterre. Sous  Edouard  I  ,  lorsque  ce  prince  étoit  en 
guerre  avec  les  Ecoffois  ,  un  certain  Doneval  -  Oneva'I 
prit  les  armes  ;  Se  non  content  de  s'appeller  roi  d'Ulfier, 
il  fe  donna  le  titre  de  fucceffeur  légitime  à  la  couronne, 
d'Irlande  ;  mais  il  fut  bientôt  mis  à  la  raifon. 

Pendant  que  Richard  II  étoit  en  Irlande  avec  une  ar- 
ruée,  pour  y  régler  toutes  chofes  fur  le  pied  de  la  mo- 


ÏRL 


narchie  d'Angleterre,  Henri,  duc  de  Lancaftxe  ,  s'em- 
para de  celle-ci,  Se  Richard  ne  revint  de  fon  expédition 
que  pour  fe  voir  détrôner.  Henri  IV  envoya  fon  fils 
Thomas  ,  ensuite  duc  de  Clarence ,  en  Irlande ,  avec  le 
titre  de  lord-lieutenant.  Les  guerres  que  Henri  V  eut  à 
foutenir  en  France ,  Se  les  conquêtes  qu'il  y  fit ,  l'em- 
pêchèrent de  longer  aux  affaires  d'Irlande  ;  Se  la  guerre 
civile ,  qui  furvint  entre  fon  fucceffeur  Se  la  maifon 
d'Yorck,  n'en  détourna  pas  moins  l'attention  des  Anglois. 

Edouard  IV,  affermi  furie  trône  d'Angleterre,  nomma 
fon  frère  George  ,  duc  de  Clarence  ,  lord  lieutenant 
d'Irlande,  pour  toute  fa  vie.  Celui-ci  choifit  Thomas, 
comte  de  Desmond  ,  pour  fon  lord  député.  Mais  dans 
un  parlement  tenu  en  1467,  Jean  Tiptoft ,  comte  de 
Worcefter,  alors  député ,  y  accula  Desmond  Se  le  comte 
de  Kildare ,  Se  Edouard  Plunket ,  du  crime  de  léfe-ma,- 
jefté ,  pour  avoir  entretenu  correspondance  avec  les  en- 
nemis du  roi.  Desmond  fut  condamné  à  perdre  la  tête  J 
Kildare  obtint  fa  grâce  ,  Se  fut  même ,  dans  la  fuite  , 
lord  député  du  duc  de  Clarence  ,  aurfi-bien  que  lord 
lieutenant ,  Jean  de  la  Pôle ,  comte  de  Lincoln ,  fous  le 
régne  de  Richard  III. 

Henri  VII  le  confirma  dans  cet  emploi  ,  dont  il  jouif- 
foit  lorsque  Lambert  Semnel  fe  fit  couronner  à  Dublin, 
Se  qu'il  paria  tn  Angleterre ,  où  fon  armée  fut  mife  en 
déroute  Se  lui-même  fait  prifonnier.  A  cette  nouvelle 
les  Irlandois  mirent  bas  les  armes  ;  &C  le  comte  de  Kil- 
dare fe  rendit  à  Londres ,  avec  les  principaux  feigneurs 
du  royaume  ,  pour  folliciter  leur  pardon  auprès  du  roi, 
qui  fe  lailTa  fléchir  à  leurs  inftances. 

L'an  1491  fut  nommé  la  funejle  année  en  Irlande  9 
à  caufe  des  pluies  continuelles  qu'il  y  eut  durant  tout 
l'été  &  l'automne  ;  ce  qui  produifit  une  grande  difette 
de  grains  partout  le  royaume.  L'arrivée  de  Perkin-War- 
beek,  autre  prétendant  à  la  couronne,  y  caufà  de  nouvel- 
les agitations  l'année  fuivante.  Le  roi ,  qui  foupçonna  le 
Comte  de  Kildare  de  les  favorifer ,  lui  ôta  fon  emploi  de 
lord-député  ,  Se  mit  bientôt  après  à  fa  place  ,  le  che- 
valier Edouard  Poyning.  En  1494,  celui-ci  fut  un  des 
principaux  auteurs  de  cet  afte  mémorable,  qu'on  nomma 
pour  cet  effet  la  loi  de  Poyning,  par  lequel  tous  les  fta- 
tuts  reçus  en  Angleterre  ,  dévoient  être  admis  en  Ir- 
lande; On  y  réfolut  *  -vers  le  même  tems  }  qu'on  n'y 
affembleroit  à  l'avenir  aucun  parlement  ,  qu'après  en 
avoir  déduit  les  raifons  adreflees  au  roi  Se  à  fon  con- 
feil ,  fous  le  grand  fceau  du  royaume  ,  &  en  avoir  ob- 
tenu la  permiflion  de  fa  majefté  ,  fous  le  grand  fceau 
d'Angleterre ,  Se  qu'aucun  de  leurs  ailes  ne  feroit  va» 
lable  qu'avec  la  même  approbation. 

Le  comte  de  Kildare,  quoique  déclaré  traître,  fe  tir3 
non-feulement  d'affaires;  mais  en  1496,  il  devint  lord- 
lieutenant.  Il  y  eut  ensuite  une  grande  mortalité  parmi 
le  bétail ,  Se  la  pefte  affligea  le  royaume.  Les  malheurs 
de  l'Irlande  ne  le  bornèrent  pas  là ,  puisque  lés  Clanric- 
kards  Se  les  Thomonds  fe  liguèrent  contre  les  Anglois  j 
mais  le  vice-roi  leur  livra  bataille  ,  les  mit  en  déroute  , 
Se  leur  tua  deux  mille  hommes. 

Le  vice-roi ,  comte  de  Kildare  ,  mourut  vers  la  fin 
du  régne  de  Henri  VII ,  Se  eut ,  pour  fucceffeur  à  fes  ti- 
tres Se  à  fon  emploi,  fon  fils  Gérard.  Celui-ci  rem- 
porta des  viftoires  fignalées  fur  les  Irlandois  rebelles  ; 
mais  aceufé ,  par  fes  ennemis,  auprès  de  Henri  VIII, 
de  plùfieurs  crimes  Se  de  malversations  ;  quoiqu'il  fe  jus- 
tifiât pleinement ,  il  perdit  fon  pofte  ,  Se  le  comte  de 
Surrey  fut  envoyé  à  fa  place  avec  une  armée.  O-Néal 
n'en  eut  pas  plutôt  avis,  qu'il  fongea  de  bonne  heure  à 
faire  fa  paix,  quoiqu'il  eût  quatre  mille  chevaux  Se  douze 
mille  hommes  d'infanterie.  D'ailleurs  le  comte  de  Sur- 
rey battit  les  troupes  des  Oberns  :  il  affembla  un  par- 
lement ;  Se  après  divers  autres  exploits,  il  demanda  fon 
rappel  fur  ce  qu'on  ne  lui  fourniffoit  point  d'argent  pour 
fubvenir  aux  befoins  de  fon  armée.  Pierre  Butler,  comte 
d'Ormond  ,  fut  choifi  lord-député  à  fa  place  ;  il  jouit 
environ  trois  années  de  ce  pofte  ;  mais  des  commiffai- 
res  envoyés  de  Londres ,  n'eurent  pas  plutôt  vuidé  le 
différend  qu'il  y  avoit  entre  lui  Se  le  comte  de  Kil- 
dare ,  que  le  dernier  obtint  de  nouveau  la  vice-royauté, 
en  1524. 

Cependant  le  cardinal  "Wolfey,  qui  étoit  fon  ennemi 
mortel ,  le  fit  rappeller  en  Angleterre  ,  où  l'on  inftruifit 
fon  procès ,  Se  où  il  fut  condamné  ;  mais  h  roi  lui  par- 


ïrl 


ÎK.E 


donna,  6k,  au  bout  de  quelques  années, ïe  rétablit  dans 
'tous  fes  honneurs  Si  dans  la  charge  de  lord-député.  En 
.1534  ,  il  eut  ordre  de  paffer  en  Angleterre  ,  où  il  ne 
fut  pas  plutôt  arrivé  qu'on  le  mit  à  la  tour.  Un  de  Tes 
fils  ,  qui  gouvernoit  à  fa  place  6k  qui  avoit  à  peine  at- 
teint l'âge  de  vingt  6k  un  ans ,  excité  par  les  rufes ,  les 
mensonges  6k  les  intrigues  de  fes  ennemis ,  prit  les  ar- 
mes ,  6k  caufa  une  guerre  civile ,  qui,  après  bien  des  re- 
vers ,  abboutit  à  la  ruine  de  toute  fa  famille.  Il  n'y  eut 
qu'un  jeune  garçon  de  treize  ans,  qui  en  fut  garanti ,  par 
les  foins  de  fa  nourrice  ,  Se  dont  la  poftérité  s'eft  con- 
fervée  jusqu'à  ce  jour. .. 

Le  duc  de  Richemond ,  fils  naturel  de  Henri  Vïlî , 
&  lord-lieutenant  d'Irlande,  mourut  en  1536  ;  fon  dé- 
puté ,  qUi  étoit  le  lord  Grey,  effuya  de  terribles  embar- 
ras, à  l'occafion  des  révoltes  d'O-Néal  6k  d'O-Connel; 
fck  enfin,  en  1541 ,  il  fut  condamné  pour  crime  de  léfe- 
majefié,  6k  eut  la  tête  tranchée.  A  l'exemple  de  ce  qui 
fe  paffoit  en  Angleterre ,  on  avoit  déjà  fupprimé  divers 
monafteres  en  Irlande.  Dans  un  parlement  tenu  à  Du- 
blin, l'an  33  du  régne  de  Henri  VIII  ,  fous  l'adminis- 
tration du  lord-député  Saint-Léger  ,  ce  monarque  y  fut 
déclaré  roi  d'Irlande  ,  6k  cette  ifle  traitée  de  royaume  ; 
au  lieu  qu'auparavant  les  rois  d'Angleterre  ne  fe  di- 
foient  que  les  feigneurs  de  ce  pays. 

Les  Irlandois  ne  purent  vivre  en  paix  fous  le  régne 
d'Edouard  VI.  Ils  étcient  toujours  en  guerre  avec  les 
Anglois ,  ou  éntr'eux-mêmes.  Les  changemens  que  ce 
prince  y  voulut  introduire  en  matière  de  religion ,  n» 
contribuèrent  pas  peu  à  y  exciter  des  troubles.  Après 
fon  régne  ,  qui  fut  court,  fa  fceur  Marie,  qui  luifuccéda, 
.  voulut  remettre  les  chofes  fur  l'ancien  pied.  Malgré  fes 
efforts,  les  Proteftans  Anglois  y  trouvèrent  un  afyle 
plus  affuré  que  dans  leur  patrie.  ■ 

La  reine  Elizabeth .  ne  manqua  pas  d'introduire  de 
nouveau  la  réformation  dans  ce  royaume  ;  mais  cela 
joint  à  d'autres  motifs  ,  y  caufa  plus  de  révoltes  qu'il 
n'y  en  avoit  eu  fous  fes  prédéceffeurs.  En  i<;63,Shane 
O-Néal,  qui  s'étoit  déjà  foulevé  une  autre  fois ,  6k  qui 
avoit  obtenu  fa  grâce,  reprit  les  armes,  brûla  l'églife  cathé- 
drale d'Armagh ,  6k  mit  le  fiége  devant  Dundalk ,  qu'il  . 
fut  contraint  d'abandonner.  Deux  années,  après  le  cheva- 
lier Henri  Sydley ,  lord-député ,  le  battit  à  plate  cou- 
ture ;  de  forte  que  réduit  à  s'enfuir  parmi  les  Ecoffois , 
qu'il  avoit  harcelés  en  d'autres  occafions ,  il  fut  affaffmé. 
On  tint  enfuite  un  parlement,  qui  flétrit  fa  mémoire, 
&  dégrada  toute  fa  famille. 

On  jouit  d'une  espèce  de  tranquillité  jusqu'à  l'année 
1579  ,  que  le  comte  de  Desmond  invita  les  Espagnols 
de  venir  à  fon  fecours.  Ceux-ci  fe  rendirent  d'abord 
maîtres  de  diverses  places  ;  mais  enfin  ils  furent  chaffés 
du  royaume  ;  &  le  comte  fe  trouva  réduit  à  une  fi  grande 
extrémité  ,  qu'il  ne  pensa  plus  qu'à  enlever  du  bétail  à 
la  fourdine.  Le  gouverneur  de  Caftle-Mauge ,  à  qui  l'on 
en  fit  des  plaintes ,  envoya  un  parti  à  fes  trouffes ,  qui 
découvrit  le  bois  où  il  fe  tenoit  caché  ,  Se  qui  en  oc* 
cupa  les  avenues.  Dès  qu'il  fut  nuit,  l'Irlandois  nommé 
Kelly,  qui  commandoit  ce  parti,  s'achemina  vers  une 
lumière  qu'il  y  apperçut  ,  entra  dans  la  cabane  où  elle 
étoit,  6k  donna  deux  coups  d'épée  à  un  vieillard,  qui 
fe  chauffoit  auprès  du  feu,  quoiqu'il  lui  criât:  Sauve-moi  ; 
je  fuis  le  comte  dt  Desmond.  Cela  ne  fervit  qu'à  hâter 
fa  mort  ;  6k  c'eft  ainfi  que  fe  termina  cette  révolte , 
dont  un  autre  des  chefs,  nommé  Baltinglafs ,  fe  retira 
en  Espagne  où  il  mourut  bientôt  après. 

Au  bout  de  quelques  années  les  Burcks  y  excitèrent 
de  nouveaux  troubles  ;  mais  ce  né  fut  rien  en  compa- 
raison de  la  guerre  qu'y  alluma  Hugue-O-Néal ,  comte 
de  Tyrone,  en  1595.  Dès  que  fes  affaires  alloient  mal, 
il  follicitoit  fon  pardon ,  6k  il  l'obtint  plus  d'une  fois.  Il 
battit  les  Anglois  près  de  la  rivière  Black- Water  ;  mais  il 
ne  put  fe  rendre  maître  du  fort.  En  1 597,^  obligea  le  comte 
d'EfTex  de  traiter  avec  lui  :  en  1601,  il  eut  le  fecret  d'en- 
gager les  Espagnols  à  palier  en  Irlande  ,  où  ils  prirent 
;  Kingsale  ,  6k^  y  mirent  garnifon.  Cette  cruelle  guerre 
dura  huit  années  ,  jusqu'à  ce  que  Kingsale  fut  repris , 
en  1603  ,  6k  que  les  Espagnols  furent  obligés  d'aban- 
,  donner  le  royaume.  Là-deffus ,  le  comte  de  Tyrone  fe 
fournit  ;  6k  il  alla  en  Angletene ,  avec  le  lord-lieute- 
nant ,  qui  le  préfenta  à  Jacques  I. 
Ce  prince  lui  pardonna,  6k  consentit  à  un  aile  d'am- 


niftie  ,  en  faveur  de  tous  les  Irlandois  rebelles  ,  qu'il  tira 
des  bois,  des  marécages  6k  des  montagnes  où  ils  s'é- 
toient  réfugiés  ,  avec  ordre  de  payer  tous  les  ans ,  ans 
maîtres  des  fonds  ,  une  certaine  rente  fixe , .  au  lieu  des 
taxesiarbitraires  auxquelles  ils  étoient  affujettis.  Ce  nou- 
veau règlement,  qui  les.  encouragea  à  reparer  leurs  mai- 
Ions  6k  à  cultiver  les  terres  ,  fervit  à  bien  augmenter 
les  revenus  du  public  6k  des  particuliers.  Le  royaume 
tut  alors  divifé  en  comtés  ;  6k  il  y  eut  des  jnges  am- 
bulans  établis  pour  y  adminiftrer  la  juftice  en  certaines 
faifons  de  l'année.  Les  Irlandois  fenfibles  aux  avantages 
qui  leur  revendent  des  loix  d'Angleterre ,  envoyèrent 
leurs  enfans  à  l'école  ,  pour  y  apprendre  l'anglois  ,  6k 
vécurent  en  paix  dans  leurs  différentes  habitations.  D'un 
autre  côté,  les  Ecoffois  fe  multiplièrent  au  nord;  6k  ert 
1612,  quelques  corps  de  métiers  de  la  ville  de  Londres, 
envoyèrent  une  colonie  à  Derry,  fous  le  gouvernement 
6k  la  dire&ion  du  colonel  Dockvara ,  vieux  officier 
Anglois,   d'une  grande  expérience. 

Tout  continua  fur  un  pied  affez  tranquille  en  Irlande, 
jusqu'à  l'année  1641  ,  lorsque,  par  une  conspiration  gé- 
nérale des  anciens  naturels  du  pays  ,  tous  ks  Anglois 
dévoient  être  maffacrés  à  la  même  heure.  Le  13  d'Oc- 
tobre, jour  marqué  pour  l'exécution ,  ils  a  voient  réfolu 
de  furprendre  le  château  de  Dublin ,  avec  tous  les  au- 
tres torts  6k  les  tnagafins  du  royaume.  Cette  capitale  en 
fut  avertie,  la  veille  de  ce  jour  .fatal ,  par  Oven  O-Con- 
nelly,  d'origine  d'Irlandoife  ,  mais  qui  étoit  devenu  Pro- 
teftant.  Cependant  on  ne  put  généralement  prévenir  le 
maflacre;  ckplufieurs  milliers  d'Anglois  furent  immolés. 
Les  Irlandois  fe  rendirent  maîtres  de  toute  la  province 
dUlfter,  à  la  réferve  de  Derry ,  de  Colerain  6k  d'In- 
mskilling,  qui  tinrent  bon,  6k  qu'ils  n'oferent  attaquer 
dans  les  formes,  de  peur  de  s'attirer  à  dos  les  Ecoffois, 
habitués  en  grand  nombre  dans  ces  quartiers-là.  La  guerre 
civile  ,  qui  affligea  l'Angleterre  bientôt  après ,  ne  per- 
mit pas  de  travailler  à  éteindre  celle  qui  étoit  allumée  en 
Irlande  ,  où  elle  continua  avec  plus  ou  moins  de  force  , 
jusqu'à  ce  que  le  parlement  d'Angleterre  ayant  détruit  le 
monarque  6k  la  monarchie ,  6k  ufurpé  l'autorité  fouve- 
raine  ,  y  envoya  UHe  puiffante  armée  ,  en  1649',  fous 
les  ordres  du  lieutenant-général  Cronnrel. 

Il  mit  le  fiége  devant  Drogheda ,  qu'il  emporta  d'af- 
faut ,  6k  où  il  paffa  tout  au  fil  de  l'épée.  Il  ne  trouva 
presque  plus  rien  qui  lui  réfiftàt  ;  6k  tout  le  royaume  fat 
de  nouveau  fournis  à  l'obéiffance  des  Anglois,  en  moins 
d'un  an K  foit  par  lui-même,  foit  par  Ireton  6k  LucLW 
qui  lui  fuccéderent.  On  compta  pour  un  afte  de  clé- 
mence de  ce  qu'on  n'égorgeoit  pas  tous  les  habitans  , 
6k  de  ce  que  l'on  fe  contentoit  de  donner  une  partie 
de  leurs  terres  aux  Anglois ,  foldats  6k  autres,  qui  avoient 
fervi  dans  cette  expédition. 

.  Lorsque  Charles  II  fut  rétabli  fur  le  trône  de  (es  an- 
cêtres ,  il  témoigna  quelques  faveurs  aux  Irlandois  ,  6k 
érigea  une  cour  de  juftice  pour  remédier  aux  griefs  de 
ceux  qui  fe  croyoient  léfés.  Il  y  en  eut  quelques-uns  de 
ceux  qui  étoient  demeurés  fidèles  au  gouvernement 
royal ,  qui  obtinrent  la  reftitution  de  leurs  biens  ;  mais 
l'afte  parlementaire,  qui  fervit  à  régler  toutes  chofes  en 
Irlande  ,  les  dépouilla  presque  tous  de  leur  ancien  pa- 
trimoine ,  6k  confirma  dans  la  poffeffion  de  leur  ter- 
res les  officiers  6k  les  foldats  de  Cromvel.  Malgré 
tout  cela  ,  ils  furent  tranquilles  durant  l'espace  de  quinze 
ans. 

Le  régne  de  Jacques  II  releva  d'abord  les  espérances 
des  Irlandois.  Il  leur  accorda  le  libre  exercice  de  la 
religion  Catholique  ,  6k  nomma  pour  leur  vice-roi  Tyr- 
connel  ,  qui  travailla  à  reftituer  à  (es  compatriotes  las 
biens  dont  ils  avoient  é:é  dépouillés.  Mais  la  révolu- 
tion de  1688  remit  les  chofes  dans  un  état  pire  que 
le  premier.  Le  roi  Jacques  II ,  étant  paffé  de  France  en 
Irlande,  au  commencement  de  1689,  les  trouva  fidèles 
6k  prêts  à  foutenir  fa  caufe  ;  mais  Iniskilling  6k  London- 
decri  ne  purent  êtte  réduites  la  même  année  ;  6k  les 
Anglois, qui  foutinrent  un  long  fiége  dans  cette  dernière, 
eurent  le  tems  d'être  foutenus  par  le  roi  Guillaume  lit, 
à  qui  leur  nation  s'étoit  donnée.  Le  duc  deSchomberg, 
qui  aborda  bientôt  après  au  nord  de  l'ille  ,  avec  les 
troupes  de  ce  prince,  prit  Carricfergus,  s'affermit  à  Dun- 
dalk, pendant  que  les  milices  d'Inniskilling  défirent  un 
corps  d'Irlandois ,  près  de  Sligo  ,    6x  qus  le  colonel 


tiê 


ÏRÔ 


iPvP 


"Woofley  en  battk  un  autre,  près  de  Cavan:  Ia-prife  île 
Charlemont,  par  Schomberg  ,  en  1690,  &  la  bataille  de 
la  Boyne ,  que  le  roi  Guillaume  gagna  après  l'on  arrivée 
en  Irlande,  affoiblirent  extrêmement  le  parti  du  roi.  Elle 
fut  fuivie  de  la  reddition  de  Drogheda  fk  de  toutes  les 
autres  places  du  royaume,  fi  on  en  excepte  Arhlone, 
Gals-way  fk  Limérich ,  qui  fe  rendirent  au  prince ,  l'an 
169 1  :  tous  les  autres  forts  fk  châteaux,  que  les  Irlan- 
dois  tenoient  encore ,  forent  compris  dans  la  capitula- 
tion de  cette  dernière  place. 

Depuis  le  régne  de  Jacques  II,  la  religion  Catholique 
n'a  pu  fe  relever  dans  ce  royaume  :  quantité  d'Irlandois 
Catholiques  fortirent  après  lui.  Les  "terres  furent  remplies 
de  familles  Françoifes ,  forties  de  France  à  caufe  de  la 
religion  Proteftantë.  Vers  la  fin  du  régne  de  Guillaume  III, 
on  fit  un  acte  en  vertu  duquel  les  biens  des  Catholiques 
doivent  être  partagés  également  entre  les  enfahs,  à  moins 
qu'il  n'y  en  ait  un  qui  (bit  Proteftant.  En  ce  cas ,  c'eft 
celui-là  qui  hérite  feul.  L'effet  de  cette  disppfnion  eft 
d'affoiblir  les  familles  ;  de  forte  qu'après  un  demi-fiécle 
il  ne  peut  y  avoir  aucun  qui  foit  riche  ,  Se  en  état  de 
rien  entreprendre. 

IR-NACHASCH  ,  ville  de  la  Paleftine ,  dans  latribu 
de  Juda ,  1.  Paralip.  c.  4 ,  v.  12. 

iROIS.  Baudrand  dit  que  fur  les  côtes  de  France  ,  fk 
dans  les  colonies  Angloifes  fk  Françoifes  de  l'Amérique, 
du  appelle  ainfi  les  IRLANDOIS.  Ce  nom  m'étoit  in- 
connu, quoique  né  fur  les  côtes  de  France  ,  j'aie  vu 
des  navigateurs  toute  ma  vie. 

IROQUOIS  ,  nation  de  l'Amérique  feptentnonale , 
entre  la  nouvelle  France  oc  la  nouvelle  Yorck  ;  elle  a 
cette  dernière  province  à  l'orient,,  la  Penhlvanie  fk  le 
Mariland  au  midi ,  le  lac  Erié  à  l'occident  ,  fk  le  lac 
Champlain  au  nord.  Tout  le  pays  qu'elle  poffede  eft  ren- 
fermé entre  les4 1 e  &  44e  degrés  quelques  minutes  de  lati- 
tude feptentrionale.  Cette  nation  eft  divilée  en  cinq  can- 
tons ,  favoir,  à'Agnies,  A'Onneyout  ,  à'Onnontagué , 
de  Goyogouin  &c  Tsonnanthouans.  Agnie  eft  le  plus 
feptentrional  &  le  plus  proche  de  la  nouvelle  Yorck^  les 
quatre  autres  fe  fuivent  dans  l'ordre  où  ils  viennent  d'être 
nommés,  en  allant  toujours  à  l'occident.  Ce  pays,  autre- 
fois très-peuplé  ,  l'eft  aujourd'hui  fort  peu.  C'eft  un  des 
plus  fertiles  fk  des  plus  beaux  du  Canada.  Dans  le  can- 
ton d  Agnies ,  une  jolie  rivière  ferpente  agréablement 
l'espace  de  fept  à  huit  lieues  ,  entre  deux  belles,  prairies. 
Celui  d'Onnontagué  ,  qui  eft  le  centre  du  pays ,  à  un 
fort  beau  lac  ,  appelle  Ganncntala  ,  aux  environs  du- 
quel il  y  â  des  fontaines  falées ,  dont  les  bords  font  tou- 
jours couverts  d'un  très-bon  fel.  Deux  lieues  plus  loin, 
à  l'occident,  oh  trouve  une  fource  ,  dont  l'eau  eft  blan- 
che ,  d'une  odeur  forte,  qui,  étant  mile  au  feu,  fe  réduit 
en  un  fel  auffi  rhordicant  que  la  pierre  cauftique  :  les 
terres  font  presque  par-tout  fort  bonne  ;  le  canton  d'On- 
neyout ,  fitué  entre  ceuxd'Agnies  fk  Onnontagué  ,  n'eft 
inférieur  ni  à  l'un  ni  à  l'autre.  Lé  canton  de  Goyo- 
gouin l'emporte  fur  tous,  par  la  bonté  du  terroir,  oc  la 
douceur  du  climat.  Enfin  le  canton  de  Tsonnanthouan 
pourroit  lui  feul  fournir  à  la  fubfiftance  des  quatre  au- 
tres ;  on  y  a  découvert  une  terre  de  laquelle  ,  après 
qu'on  l'a  bien  lavée,  on  tire  un  foufre  très:pur  ;  6k  dans 
le  même  endroit  eft  une  fontaine  dont  l'eau  bouillie 
fe  convertit  auffi  en  foufre  :  on  dit  qu'elle  s'enflamme 
d'elle-même,  quand  on  l'agite  avec  violence  :  plus  loin, 
en  approchant  du  pays  des  anciens  Eriez,  on  voit  une 
eau  dormante ,  épaiffe  fk  huileufe ,  qui  prend  feu  pres- 
quvauffi  ailement  que  l'eau-de-vie.  Les  derniers  des  can- 
tons s'étendent  le  long  de  la  côte  méridionale  du  lac 
Ontorio ,  ce  rien  n'eft  plus  agréable  que  cette  côte. 

Dans  toute  l'étendue  de  ces  cantons  on  peut  cultiver 
avec  fuccès  tous  nos  arbres  fruitiers.  Plufieurs  y  vien- 
nent d'eux-mêmes  fans  culture  ;  fk  il  s'y  en  trouve  que 
nous  ne  connoilTons  pas.  Les  forêts  y  font  remplies  de 
Châtaigniers  ck  de  deux  fortes  de  noyers  ;  les  uns  portent 
un  fruit  fort  doux  ;  celui  des  autres  eft  très-amer.  Mais 
on  en  tire  une  bonne  huile,  par  le  moyen  du  moulin,  du 
fou  &cde  l'eau,  de  la  même  manière  que  nous  en  tirons  du 
tournefol.  On  y  voit  des  cerifes  fans  noyau ,  fort  bon- 
nes à  manger.  On  y  voit  un  arbre  dont  la  fleur  refîem- 
ble  à  celle  de  nos  lys  blancs  ;  le  fruit  a  la  grofTeur 
&  couleur  d'un  abricot,  le  goût  fk  Fodeur  d'un  citron. 
11  y  a^auffi  un  citronnet  fauyage,  qui  n'eft  qu'une  plante  ; 


fon  'fruit  gtos  Comme  une  orange  cl*  la  Chine  ,  eft  très- 
agréable  5c  ra'raîchif'fant.  Il  fort  du  milieu  de  deux  feuil- 
les qui  ont  ia  figure  d'un  cône  ;  la  racine  de  cette  plante 
eft  un  poi.on.  On  y  voit  des  pommes  de  la  figure  d'un 
œuf  d'oie  ,  dont  la  graine  eft  une  espèce  de  fève  ;  ce 
fruit  a  le  goût  fk  l'odeur  très-agréable  ;  il  croît  fur  un 
arbre  nain ,  qui  demande  une  terre  grade  fk  mouillée; 
Les  Iroquôis  l'ont  tiré  du  pays  d'Erié.  Us  ont  auffi  une 
plante  que  nous  avons  nommée  plante  univerfeUe ,  dont 
les  feuilles  broyées  referment  toutes  fortes  de  plaies. 
Ces  feuilles  font  de  la  largueur  de  la  main  ,  fk  ont  la 
figure  d'un  lys  ;  la  racine  a'  l'odeur  du  laurier.  Enfin  ce 
pays  produit  plufieurs  racines  propres  à  la  teinture,  oC 
dont  quelques-unes  font  des  couleurs  très-vives. 

On  n'y  voit  point  de  caftors  ;  mais  on  y  voit  deux 
espèces  de  tigres,  dont  les  uns  ont  le  poil  petit  gris, fk 
lés  autres  rougeâtre.  Tous  ont  la  queue  fort  longue  fk  le 
poil  très-fin  ;  la  plus  fine  pelleterie  de  ce  pays  eft  l'écu- 
reuil noir.  Cet  animal  eft  gros  comme  un  chat  de  trois 
ans  ,  très-vif  fk  fort  aifé  à  apprivoifer.  Outre  les  fer- 
pens  à  fornettes ,  qu'on  trouve  chez  les  Iroquôis,  comme 
dans  plufieurs  autres  endroits  du  Canada,  il  y  a  un  fer- 
pent  noir  qui  monte  fur  les  arbres ,  fk  qui  n'eft  point 
venimeux.  Il  a,  dit-on,  un  ennemi  mortel,  qui  ne  pa- 
roît  pas  digne  de  lui  ,  fk  qui  cependant  lui  fait  une 
cruelle  guerre  ;  c'eft  un  oifeau^  fort  petit,  qui  fond  fur 
lui  quand  il  l'apperçoit,  fk  d'un  coup  de  bec  le  tue.  Les 
aspics  font  là  beaucoup  plus  grands  que  les  nôtres.  En- 
fin on  trouve  dans  ce  pays  des  diamans  dont  quelques- 
uns  font  de  prix.  Les  Iroquôis  ont  été  long  -  tems  fé- 
dentaires  fk  presque  uniquement  occupés  de  la  culture 
des  terres.  Un  dépit  les  ayant  mis  aux  prifes  avec  les 
Algonquins  leurs  alliés ,  ils  fe  font  aguerris  fk  font  de- 
venus la  terreur  de  toutes  les  autres  nations  ,  en  ont 
entièrement  détruit  plufieurs  fk  ont  réduit  presqu'à  rien 
les  Algonquins  fk  les  Hurons.  Ces  fuccès  les  ont  rendus 
très-fiers  ;  fk  notre  alliance  avec  leurs  ennemis ,  jointe 
au  voifinage  des  Anglois ,  leur  a  donné  l'occafion  de 
nous  faire  une  guerre  cruelle ,  qui  a  beaucoup  retardé 
le  progrès  de  la  colonie  Françoilé  du  Canada.  Les  Iro- 
quôis font  naturellement  féroces  fk  cruels  ,  mais  leurs 
mœurs  étoient  affez  pures  avant  leurs  commerce  fk  leurs 
guerres  avec  les  Occidentaux.  On  ne  doute  point  qu'ils 
ne  foient  originairement  Hurons,  leur  langue  étant  une 
dialecte  affez  peu  différente  de  la  langue  Huronne.  Cette 
dialefte  eft  à -peu -près  la  même  dans  les  cinq  can- 
tons ;  ce  qu'il  y  a  de  particulier  daus  leur  gouvernement^ 
c'eft  que  l'autorité  réfide  toute  entière  dans  les  mères 
de  famille*.  On  dit  cependant  que,  dans  le  canton  d'On-* 
neyout,  les  hommes  fk  les  femmes  gouvernent  alter- 
nativement. 

La  politique  des  Iroquôis  ,  depuis  qu'ils  fe  font  vus 
entre  deux  nations  ennemies  fk  puiffantes,a  été  d'obli- 
ger les  uns  fk  les  autres  à  les  ménager  ;  fk  ils  ont  tou- 
jours tenu  tellement  la  balance  égale  entre  les  deux , 
qu'aucune  n'a  prévalu  fur  l'autre  ;  persuadés  que  celle  qui 
prévaudroit,  les  opprimeroit  d'abord.  Ils  ont  fouvent 
perfécuté  les  miffionaires ,  en  haine  du  Chriftianisme* 
*  Voyez  le  Saut  de  S.  Louis. 

IROS,  ancienne  ville  de  Grèce,  dans  la  Theffalie, 
félon  Etienne  le  Géographe ,  qui  cite  pour  garant 
vers  de  Lycophron  : 

'i&m  iy\  7fayjra$    y&)  nsffeuCixiy. 

.  Ortélius  infère  de  ce  paffage  qu'il  y  avoit  trois  ville 
à'Iros,  l'une  en  Theffalie,  l'autre  dans  IaTrachinie,  8 
la  troifiéme  dans  la  Perrhébie.  Mais  ni  Etienne  ni  Ly 
cophron  ne  le  difént  pas. 

IRPIANENSIS.  Voyez  Irpinianensis. 

IRPIEN  ,  rivière  de  Pologne  ,  dans  le  Palatinat  dé 
Kiovie  ,  au  couchant  du  Nieper.  Elle  coule  à  Biale- 
grudk  ,  fk  fe  rend  dans  le  Nieper,  un  peu  au-deffus  dS 
la  Dçzna.  *  Dlugofs.  Robert  de  Vaugondy  ,  Atlas. 

IRPINI.  Voyez  HlRPINI. 

IRPINIANENSIS  ,  ancien  fiege  épiscopal  d'Afrique. 
On  trouve  dans  la  Conférence  de  Carthage ,  p.  170 , 
édit.  Dupin ,'  Barbarus  episcopus  pkbïs  Hhrpïnianen- 
Jîs  ;  fk  la  Notice  épiscopale  d'Afrique,  n.  53,  nomme 
entre  les  évêques  de  la  Byzacène  Félix  Irpinianenjis ; 
c'étoit  le  même  liège» 


IRT 


ISA 


IRPINUM.  Voyez  Hirpinum. 

IRRHESIA,  ifle  de  l'Archipel ,  dans  le  golfe  Ther- 
méen,  félon  Pline,  /.  4,  c.  12. 

IR-SCHEMESCH ,  ancienne  ville  de  la  Paleftine, 
dans  la  tribu  de  Dan.  Il  en  eft  parlé  dans  le  livre  de  Jo- 
fué,  c.-io,  v.  41. 

IRSINGEN  ,  Urfinum  ,  abbaye  d'Allemagne  ,  dans 
la  Suabe ,  auprès  de  Kauf  beuren ,  ville  impériale.  Son 
abbé  eft  prince  immédiat  de  l'empire.  *Hubner,  Géogr. 

IRSON,  ville  de  Perse,  félon  Ta vernier,  Voyage  de 
Perse,  1.  3  ,  c.  dern.  qui  lui  donne  80  d.  3^'  de  longi- 
tude &  36  d.  50'  de  latitude.  Il  ajoute  que  l'air  de  cette 
ville  eft  très-bon,  &  qu'il  y  a  des  vivres  en  abondance. 
1.  IRTICH  ,  Irtis  ou  Irtisch  ,  rivière  d'Afie  , 
dans  la  Tartarie  ;  elle  a  deux  fources  vers  les  47  d.  de 
latitude,  au  nord  du  royaume  d'Eluth,  félon  De  rifle, 
ou  au  nord  des  confins  des  deux  Bucharies  ,  félon  le 
traducteur  de  l'Hiftoire  des  Tatars.  La  fource  qui  eft 
au  nord,  forme  une  rivière  qui  court  au  nord-oueft, 
appellée  Chor-Irtis  ;  &c  celle  qui  eft  au  fud,  en  forme  une 
autre  qui  court  au  nord-ouéft  ,  appellée  Cliar-Irris.  Cha- 
cune de  ces  deux  rivières  a  fa  fource  d'un  lac  ;  &C  après 
avoir  arrofé  une  allez  grande  étendue  de  pays,  en  cou- 
rant féparément  ,  elles  viennent  fe  joindre  vers  les 
47  d.  30'  de  latitude  ,  &  ne  forment  plus  qu'une  rivière 
appellée  Irtis  ,  laquelle  continue  toujours  de  courir  au 
nord-oueft  ,  à  cinquante  lieues  environ  de  l'endroit  où 
fes  deux  fources  fe  joignent  enfemble  :  elle  forme  le 
lac  àeSayJJan  ,  qui  peut  avoir  vingt-cinq  lieues  dans  fa 
plus  grande  longueur,  &  dixlieues  dans  fa  plus  grande  lar- 
geur. Au  fortir  de  ce  lac,  la  rivière  d'Irtis  ,  qui  n'étoit 
jusques-Ià  qu'une  rivière  médiocre ,  commence  à  deve- 
nir confidérable  ,  &  court  encore  au  nord-oueft,  vers 
les  50  d.  de  latitude  :  elle  fe  jette  à  travers  cette  bran- 
che du  mont  Caucafe  ,  appellée  parles  Tartares,  fur  la 
rive  gauche,  Ulug-Tag ,  &c  fur  fa  rive  droite,  Tugra  Tu- 
bujlic  ;  &  après  avoir  été  groflîe  ,  en  parcourant  une 
fort  vafte  étendue  de  pays  ,  par  les  eaux  d'un  t^rand 
nombre  de  rivières  qui  s'y  jettent ,  tant  de  la  droite 
que  de  la  gauche  ,  elle  pafle  devant  la  ville  de  Tobols- 
koi,  capitale  de  la  Sibérie,  à  58  d.  de  latitude.  En  cet 
endroit  elle  a  déjà  un  bon  quart  de  lieue  de  largeur  ;  &C 
fe  tournant  enfuite  au  nord  ,  elle  va  s'unir  au  nord-nord- 
eft,  à  60  d.  40'  de  latitude,  au  fleuve  d'Oby,  au-def- 
fous  de  la  ville  de  SamarofF ,  après  avoir  fait  en  tout 
plus  de  quatre  cents  lieues  de  chemin. 

Les  bords  de  cette  rivière ,  depuis  fes  fources  jusques 
vers  Tobolskoi,  font  fort  fertiles,  quoiqu'ils  foient  peu 
cultivés ,  parce  que  les  Calmoucks ,  qui  en  font  les  maî- 
tres jusques  vers  les  55  d.  de  latitude,  où  la  rivière  d'Om 
vient  s'y  jetter  de  l'eft  ,  ne  cultivent  point  les  terres , 
&  ne  vivent  que  de  leur  bétail  ;  mais  depuis  Tobolskoi 
jusqu'à  l'on  embouchure  dans  l'Oby ,  fes  bords  ne  peu- 
vent plus  produire  grand'  chofe ,  à  caufe  du  grand  froid 
qu'il  fait  de  ce  côté.  Pierre  le  Grand ,  empereur  de  Rus- 
fie ,  confidérant  que  cette  rivière  lui  pouvoit  être  d'une 
grande  utilité  pour  établir  un  commerce  utile  entre  (es 
états  &  les  autres  pays  de  l'Orient,  fit  faire,  l'an  1715  , 
des  établiffemens  de  diftance  en  diftance  le  long  de 
cette  rivière,  en  remontant  vers  le  lac  Saiffan  ,  dont 
le  plus  avancé  fut  appelle  UsKAMÊEN  ;  il  eft  à  vingt- 
cinq  lieues  de  ce  lac  ,  au  fud  du  pied  de  la  branche 
feptentrionale  du  Caucafe,  appelle  par  les  Tartares  Tu- 
gra Tubujlus. 

Voici  les  noms  des  autres  forts  qui  font  tous  bâtis 
fur  la  rive  orientale  de  l'Irtis.  En  descendant  la  rivière 
d'Uskaméen  ,  on  trouve  au  nord  du  pied  desdites  mon- 
tagnes Ubinska,  environ  à  vingt  lieues  de  ce  fort;  puis 
à  vingt  autres  lieues  de  la  Sem-Palat  ,  c'eft-à-dire  en 
Ruffien/ê/ir  maifons  de  briques ,  à  caufe  qu'on  y  trouve 
effectivement  fept  maifons  de  briques  le  long  du  bord 
delà  rivière  qui  eft  fort  élevé  en  cet  endroit,  fans  pou- 
voir juger  par  aucune  marque,  qu'il  y  en  eût  jamais  eu 
d'autres  aux  environs ,  ni  à  cinquante  lieues  à  la  ronde  ; 
à  trente  lieues  de  Sem-Palat  on  trouve  Dolonika  ,  ck 
à  quarante  lieues  de-là  Jamischa  ;  auprès  de  ce  fort  il  y 
I  a  un  lac  falé ,  d'environ  trois  vérités  de  diamètre  ,  d'où 
1  l'on  tire  le  plus  beau  fel  du  monde  ,  que  le  foleil  fait 
coaguler   au  plus  fort  de  Fêté  ,  fur  la  furface  de  l'eau, 


527 


comme  une  croûte  de  deux  bons  pouces  d'épaiiTeur, 
En  cet  endroit,  les  Ruffiens  trouvèrent  beaucoup  de  résis- 
tance de  la  part  des  Calmoucks  qui  tirant  en  grande 
partie  leur  fel  de  ce  lac,  ne  vouloientpas  permettre  que 
les  Ruffiens  s'en  rendiffent  maîtres  par  l'élévation  de  ce 
fort  :  pour  cet  effet  leContaischy  ayant  envoyé  un  corps 
de  quinze  mille  hommes,  les  Rufles  furent  obligés,  la 
première  fois  ,  de  s'en  retourner  fans  y  pouvoir  réuffir; 
mais  ce  prince  s'étant  trouvé  peu  après  dans  la  néces- 
fité  de  rapellerce  corps  pour  s'en  fervir  contre  les  Mon- 
gales  &  les  Chinois  ,  les  Ruffiens  profitèrent  de  cetre 
occafion  ,  fk  vinrent  à  bout  de  leur  defïein  ;  Se  ils  ont 
même  bâti  depuis  une  ville  en  cet  endroit. 

A  vingt-cinq  lieues  de  Jamischa  ,  on  trouve  Sckele* 
Jin.ka,&  à  trente  lieues  de-là,  Omskoy,  près  de  l'en- 
droit où  la  rivière  d'Om  ,  venant  de  l'eft  ,  fe  décharger 
dans  l'Irtis ,  fait  la  frontière  de  ce  côté  ,  entre  les  états 
du  Contaisch  &  la  Sibérie  ;  enforre  que  toutes  les  pla- 
ces, qui  font  prélèntement  fur  les  bords  de  cette  rivière 
appartiennent  àlaRuffie,  quoique  les  Calmoucks  foient 
en  poffeffion  de  tout  le  pays  qu'elle  arrolé .  depuis  fes 
fources  jusqu'à  l'embouchure  de  la  rivière  d'Om. 

Les  eaux  de  la  rivière  d'Irtis  font  fort  blanches  &£ 
légères.  Elle  eft  d'une  abondance  merveilleufe  en  tou'es 
fortes  de  bons  poiffons.  Sur-tout  les  efturgeons  &  les 
faumons  de  cette  rivière  font  délicieux,  cVont  tant  de 
graifte  ,  que  les  habitans  du  pays  font  accoutumés  de  la 
ramalîer  &  de  la  garder  pour  les  ufages  de  la  cuifine, 
comme  nous  faifons  de  la  graifle  de  nos  viandes.  *Hifi. 
généalogique  des  Tatars,  p.  93. 

2.  IRIICH  ou  Artich,  ville  d'Afie,  dans  la  Tar- 
tane, au  Mogoliftan.  Le  traducteur  de  Timur-Bec  lui 
donne  130  d.  de  longitude,  &c  %6  d.  40'  de  latitude. 

1.  IRUS.   Voyez  lROS. 

2.  IRUS,  montagne  de  l'Inde,  au-delà  de  Crocales  i 
&  vis-à-vis  d'une  ille,  félon  Arrien,  in  Indicis. 

1.  IRWIN,  rivière  de  FEcofTe  méridionale  dans  la 
province  de  Cuningham ,  à  laquelle  elle  fert  de  bornes  , 
du  côté  du  midi.  Elle  coule  d'orient  en  occident,  arrofe 
la  capitale  de  cette  province  ,  Si  donne  fon  nom  à  cette 
ville. 

2.  IRWIN ,  ville  d'Ecofle  ,  dans  la  province  de  Cu- 
ningham  ,  fur  la  rive  feptentriona!e  de  la  rivière  de  même 
nom,  &  allez  près  de  fon  embouchure  dans  le  golfe  de 
Clyd.  Elle  eft  la  capitale  de  cette  province  ,  &  a  un 
pont  de  pierre.  Elle  eft  bien  fituée  pour  le  commerce, 
&  fon  port  eft  bon  pour  des  barques.  A  deux  milles 
d'Irvin  ,  il  y  avoit  autrefois  un  monaftere  magnifique  , 
nommé  Kilwinning. 

i.  IS  ,  ancien  nom  d'une  rivière  &  d'une  ville  de 
Perse.  Hérodote  ,  /.  1 ,  c.  179,  en  parle  ainfi  :  à  la  dis- 
tance de  huit  journées  de  chemin  de  Babylone ,  il  y  a 
une  ville  nommée  h;  &  au. même  endroit  coule  une 
rivière  de  même  nom,  qui  n'eft  pas  fort  grande  ,  &  fé 
jette  dans  l'Euphrate.  Cette  rivière  d'Is  ,  jette  avec  fes 
eaux  des  malles  de  bitume,  &  c'eft  de-là  qu'on  a  pris 
le  bitume  employé  dan  les  murs  de  Babylone.  Etienne 
le  Géographe  dit  auffi  que  c'étpit  une  ville  &  une  ri- 
vière de  même  nom. 

2.  IS.  Voyez  Isis  &  Thamise. 

3.  IS-Jur-  fille  ,  bourg  de  France,  en  Bourgogne, 
fur  la  rivière  de  l'Ougne  ,  vulgairement  YIgnon,  près  la 
la  Tille  ,  à  quatre  lieues  de  Dijon  ,  à  huit  de  Langres, 
avec  mairie  qui  a  la  police  &(  grenier  à  fel.  Elle  a  plu» 
fleurs  églifes  ,  un  hôpital  &  un  couvent  de  Capucins. 
On  y  tient  marché  deux  fois  la  femaine  ,  &  quatre 
foires  par  année.  Le  principal  trafic  des  habitans  eft  en 
draperies  &  en  chapeaux.  Il  y  a  même  plufieurs  tein- 
turiers ;  &  la  rivière  de  1  ille  lui  eft  d'une  grande  com- 
modité pour  les  manufactures  :  fon  territoire  produit 
des  vins  &  des  bleds.  On  trouve  dans  fon  territoire  des 
carrières  de  pierres  blanches  qui  ne  craignent  point  la  ge- 
lée. *Corn.  Dict.  Mém.  dreflés  en  1704. 

ISA,  ville  ,  félon  le  Lexique  de  Phavorin.  Il  ne  dit 
point  en  quel  pays. 

ISAAC  ,  rivière  de  France  ,  en  Bretagne  ,  au  diocèfe 
de  Nantes.  Elle  prend  fa  fource  un  peu  au  couchant  de 
l'abbaye  de  Nelleray  ,  Si  va  fe  rendre  dans  la  Vilaine, 
au-defîous  de  Rieux.  *  Robert  de  Vaugondy,  Atlas.    , 

1.  ISABELLE,  (le    FORT)  petite  fortereffe  des 


J2§ 


ISA 


ISA 


Pays-bas  ,  dans  la  Flandre  Hollandoife ,  à  demi  -  l'eue 
de  l'Eclufe ,  &  à  une  lieue  de  la  mer.  Ce  nom  lui  vient 
de  l'infante  Ifabelle ,  gouvernante  des  Pays-bas. 

2.  ISABELLE,  (le  fort)  fortereflè  des  Pays-bas, 
près  de  Bois-le-Duc. 

3.  ISABELLE  ;  c'eft  la  première  ville  que  les  Euro- 
péens ayent  bâtie  dans  l'Amérique  ,  &  qui  ne  fubfifte 
plus.  Ce  fut  en  1493 ,  que  Chriftophe  Colomb  en  jetta 
les  fondemens  presqu'à  l'entrée  d'une  rivière ,  qui  a  peu 
de  cours  à  deux  lieues  à  l'eft  de  Monte  -Chrifto  ,  par  les 
20  d.  de  latitude  nord  ,  &  fur  la  côte  feptentrionale  de 
l'ille  Espagnole.  L'embouchure  de  la  rivière  a  environ 
cent  pas  de  large ,  &  forme  un  affez  joli  port.  Ce  qui 
a  fait  abandonner  cette  ville ,  à  laquelle  Colomb  avoit 
donné  le  nom  de  la  reine  de  Caftille ,  c'eft  que  l'air  n'y 
étoit  pas  bon ,  6c  que  les  terres  des  environs  ne  font 
propres  à  rien. 

ISABOS.   Voyez  Isamus. 

ISACA  ,  rivière  de  l'ille  d'Albion ,  au  pays  des  Durrt- 
niens  ,  dans  la  partie  méridionale  de  l'ille  ,  félon  Ptolo- 
mée,  l.z,  c.  3.  On  croit  que  c'eft  aujourd'hui  l'Ex  ; 
éc  Cambden  ,  Brïtann.  juge  qu'il  faut  lire  Isca  ,  &  non 
point  Ifaca.  Ptolomée  nomme  ISCA  la  ville  du  même 
pays  fur  cette  rivière.  Ortéhus  ,  Tkefaur.  croit  que  la 
ville  &  la  rivière  portoient  le  même  nom,  ou  d'IsCA, 
ou  d'ISACA ,  &  le  fonde  fur  ce  qu'il  eft  ordinaire  de 
trouver  des  villes  nommées  comme  la  rivière  qui  les 
arrofe.  Voyez  l'article  d'IscA. 

ISADAGAS,  ville  ancienne  d'Afrique  ,  en  Barbarie, 
au  royaume  de  Maroc ,  dans  la  province  d'Escure.  On 
lui  donne  auflî  le  nom  de  Tagodass.  Elle  a  été  bâ- 
tie par  les  Africains  ,   fur  la  cime  d'une  haute  monta- 
tne,  qui  eft  environnée  de  quatre  autres,  entre  lesquelles 
£  les  rivières  qui  paffent  près  d'Ifadagaz  ,  il  y  a  beau- 
coup d'arbres  qui  rapportent   toute  forte  de  bons  fruits 
comme  en  Europe.    Sur   ces  arbres  rampent  de  grands 
feps,  qui  portent  des  raifins  noirs,   dont  les  grains  font 
nommés  des  œufs  de  poule  ,    à  caufe  de  leur  groffeur. 
La  ville  n'eft  forte  ni  par  art  ni  par  nature  ,   &  contient 
environ  mille  habitans  ,  là  plupart  marchands   &  arti- 
sans ,   parmi  lesquels  il  fe  trouve  quelques   Juifs  ,   qui 
ont  liberté  de  conscience.  On  y  voit  beaucoup  de  no- 
bleffe  qui  vivoit  en  liberté,  fur  le  déclin  de  l'empire  des 
Benimérinis  ;  mais  elle  a  obéi  depuis  au  Chérif.  [Lors- 
qu'il s'en  rendit  le  maître ,  elle  étoit  gouvernée  par  un 
Africain  d'une  des  branches  de  la  tribu  de  Muçamoda, 
fans  qu'il  pût  rien  entreprendre  ,    s'il  n'avoit  l'avis  des 
principaux  qui   compofoient   une  espèce  de  fénat.    De 
puiffantes  faftions  s'étoient  élevées  ;   mais  il  agit  avec 
tant  d'adreffe  ,  que  s'étant  défait  des  chefs  du  parti  con- 
traire ,  il  fe  racommoda  avec  les  autres;  de  forte  qu'on 
lui  obéiffûit  volontairement.  Il  y  a  dans  Ifadagaz  des  ju- 
ges &  des  Alfaquis ,  qui  ont  l'intendance  du  fpirituel  & 
du  temporel.  Les  habitans  font  francs  &£  honnêtes ,  & 
fe  plaifent  à  loger  les  étrangers  ,  leur  faifant  toute  forte 
de  bons  traitemens  ,  fans  rien  demander.  Ils  font  cela, 
difent-ils  ,   pour  l'amour  de  Dieu  ,    &c  pour   fuivre  les 
coutumes  de  leurs  ancêtres.   Us  imitent  ceux  de  Maroc 
&  de  Fez  dans  leurs  habits  ck  dans  leur  façon  de  vi- 
vre. Les  femmes  font  belles  ordinairement ,    &c  aiment 
fort  à  être  parées.  Elles  portent  force  joyaux  d'or  &  d'ar- 
gent aux  bras  &  aux  oreilles ,  au  cou  &  au  fein.    Les 
hommes  n'y  font  pas  jaloux  à  proportion  des  autres  de 
ces  montagnes  ,   d'où  fourdent  plufieurs  fontaines ,   qui 
font  moudre  des  moulins  en  bas  ,  &  arrofent  les  jardins 
&  les  terres  qui  font  devant  la  ville  une  plaine  de  trois 
lieues ,  où  l'on  recueille  beaucoup  d'orge  ,  de  froment 
&  de  légumes.    On  voit  de  grands  troupeaux  de  menu 
bétail ,  qui  errent  par  ces  montagnes  ;  enforte  qu'il  y  a 
des  habitans  qui  en  ont  plus  de  trente  ou  quarante  mille 
pièces ,  tant  les  pâturages  y  font  abondans.  D'autres  re- 
cueillent par  an  vingt  ou  trente  mille  mefures  de  bled. 
Le  lait  &  le  beurre  "y  font  à  fi  grand  marché,  qu'on  n'y 
profite  que  de  la  laine  &  du  cuir.   Un  gros  mouton  ne 
s'y  vend  <jue  deux  réaies ,  qui  font  quinze  fols  de  notre 
monnoie.   Il  y  a  partout  le  pays  un  grand  nombre  d'o- 
liviers ,  qui  fourniflent  de  l'huile  en  abondance.    Il  y  a 
auflî  quantité  de  ruches  dont  on  tire  beaucoup  de  miel 
&  de  cire  ,  qu'on  porte  vendre  aux  villes  voilînes.    Ce 
eiiel  eft  fort  eftimé.  Outre  fa  blancheur ,   quand  on  le 


garde  un  an,  il  devient  dur  comme  un  pain  de  lucre;  La 
plupart  des  habitans  font  un  grand  commerce  avec  ceux 
de  Numidie  &  de  Gétulie,  qui  font  de  l'autre  côté  du 
mont  Atlas.  Us  vont  auffi  trafiquer  aux  villes  de  Fez,  de 
Méquinès  St  de  Maroc ,  d'où  ils  rapportent  des  étoffes 
de  laine  ,  de  lin ,  de  foie  ,  avec  des  ouvrages  d'argent, 
ik  autres  chofes .,  qu'ils  vendent  à  leurs  voifins  ck  aux 
Bérébéres  de  la  contrée.  *  Marmot ,  Afrique  ,  I.  .3  , 
c.  62. 

IS ADENI ,  nation  entre  les  Huns ,  félon  Procope , 
Perfic.  l.i. 

1SAFAY,  ville  &  principauté  du  Japon ,  dans  l'ifle  d» 
Ximo  ,  affez  près  d'Omura.  Voyez  FlGEN. 

ISAFLENSIUM  Gens  ,  ancien  peuple  d'Afrique  , 
dans  la  Mauritanie;  Firmus  fe  réfugia  chez  cette  nation, 
ck  l'entraîna  dans  fon  malheur  ;  car  elle  fut  vaincue  ck 
fort  maltraitée  après  la  vi&oire.  *  Ammien  Marcellin, 
I.29,  c.  5. 

ISAGÔ  ,  royaume  d'Afrique,  dans  la  Guinée  ,  au 
couchant  du  royaume  de  Bénin ,  avec  lequel  il  relevé. 
Les  habitans  de  ce  pays  ayant  voulu  fubjuguer  ceux  de 
Bénin,  furent  battus ,  &T.  fi  afrbiblis,  qu'ils  furent  réduits 
à  obéir  à  ceux  qu'ils  fe  propofoient  de  foumettre.  *  De 
la  Croix ,  Relat.  de  l'Afrique  ,  t.  3. 

ISAGURUS,  'Uày*a<: ,  ville  de  l'Inde  en-deçà  du 
Garige,  félon  Ptolomée,  l.  7,  c.  1. 

ISALA ,  nom  latin  de  1*Issel.  Voyez  ce  mot. 

ISALvECUS ,  'W*«uxàç ,  ancienne  ville  de  la  Lulî- 
tanie  ,  félon  Ptolomée,  /.  2,  c.  $. 

ISAMNIUM  ,  félon  Ptolomée,  /.  2  ,  e.  2,  promon- 
toire de  l'ifle  d'Irlande.  Cambden  ,  Britan.  croit  que 
c'eft  le  même  cap  que  S.  Johnst- point.  Voyez  ce 
mot. 

1.  ISAMUS  ,  rivière  de  l'Inde,  félon  Strabon,  /.  11, 
p.  516. 

2.  ISAMUS  ,  colline  de  l'Afie  mineure ,  quelque 
part  entre  le  mont  Argée  et  Nicomédie  ,  félon  Cé- 
dréne  ckZonare.  Curopalate  la  nomme  LsABOS.  *Ortel. 
Thef. 

1.  ISANA,  village  de  la  Paleftine  ,  félon  Jofeph,' 
Antiq.  1.  14,  c.  27,  qui  dit  que  Pappus  y  étoit  campé. 

2.  ISANA  ,  ville  de  la  Paleftine.  Jofeph  ,  Antiq. 
1.  8 ,  c.  5  ,  dit  que  le  roi  de  Juda  l'enleva  au  roi  d'Is- 
raël. Elle  eft  appellée  JESCHANA  dans  les  Paralipomè- 
nes  ,  /.  2,  c,  13,  v.  19. 

ISANAVATIA  ,  ancien  lieu  de  la  Grande-Bretagne. 
Antonin ,  Itiner.  nomme  cet  endroit  différemment  en- 
deux  voyages.  Dans  celui  de  Londres  à  Lindum  ,  il 
compte  ainfi  ; 


Vtrolamium,  M.  P.  XXI.  S.  Albans, 

Durocobrivium,  M.  P.  XII.  Hertford, 

Magiovinium,  M.  P.  XII.  Dunftable  , 

Laciodorum,  M.  P.  XVI.  Stony-Stratford , 

Jfannavatia,  M.  P.  XII.  Weedon , 

Tripontium,  M.  P.  XII.  Dowbridge, 

Vennonim,  M.  P.  IX.  Çleybrook. 

Cette  route  eft  ainfi  renverfce  dans  la  route  d'Yorck  à 
Londres  : 

Vennonim,  Çleybrook , 

Bannavantum,    M.  P.  XVIII.  Weedon , 

Magiovinium ,     M.  P.  XXVIII.  Dunftable, 

Durocobrivium,  M.  P.  XII.  Hertford, 

Ferolamurrt,         M.  P.  XII.  Verulam , 

Londinium ,  M.  P.  XXI.  Londres. 

Ce  même  lieu  femble  encore  nommé  Bennavenna 
&  Bennavenea,  dans  la  route  qui  a  pour  titre  à  Vallo 
adportum  Ritupas.  A  l'égard  de  Bennavenna,  voyez 
ce  que  j'en  dis  à  fon  article  particulier.  Pour  ce  qui  eft 
de  Bannavantum  ,  les  géographes  croient  que  c'eft  la 
même  chofe  que  Ifanavatia ,  &  ces  deux  routes  en  font 
la  preuve.  Il  eft  vrai  que  dans  l'une  la  diftance  de  Ven- 
nonis  à  Ifannavatia  eft  de  XXI.  M.  P.  mais  c'eft  en  fe 
détournant  &C  partant  par  Tripontium  ,  au  lieu  qu'en  droi- 
ture on  gagne  iij.  M.  P.  &il  n'y  a  plus  que  XVIII.  M.  p. 
La  diftance  de  Mieioyiniiim  à  Ifavannaiia  par  Laclo~ 
durum , 


ISA 


ISB 


'durum  ,  eft  la  même  que  celle  de  B 'annavantum  à  Ma- 
eiovinium,  favoir  XXVIII.  M.  P. 
ISANGRINI.  Voyez  Bloetini. 
ISANUS.  Voyez  Icanus. 

ISAPIS  ,  rivière  d'Italie ,  dans  la  Flaminie ,  auprès  de 
Rimini,  félon  Strabon,  l.j,p.zij.  C'eft  apparemment 
le  Sapis  de  Ptolomée. 

ISAR ,  rivière  de  la  Gaule  Narbonnoife ,  félon  Pto- 
lomée, /.  2,  c.  10. 

i.  ISARA  ,  nom  latin  de  l'OlSE.  On  la  diftingue  de 
la  fuivante  par  le  furnom  de  Bclgica ,  parce  qu'elle  coule 
dans  l'ancienne  Belgique. 

2.  ISARA  ,  nom  latin  de  I'Isere  :  on  la  furnomme 
Alpina ,  parce  qu'elle  vient  des  Alpes  ,  &  fe  perd  dans 
le  Rhône. 

ISARA  Y  ACA.  Les  Arabes  nomment  ainfi  une 
grande  plage  d'Ane ,  du  côté  de  l'Europe.  On  la  nomme 
autrement  le  détroit  d'Alexandre.  *H'ifi.  de  Timur-Bec, 
1.  î,  c.  <fo. 

ISARCI,  ancien  peuple  d'Italie,  dans  les  Alpes,  & 
l'un  de  ceux  qu  Augufte  fournit  à  l'empire  Romain  ,  fé- 
lon Pline  ,  /.  3 ,  c.  20.  Le  P.  Hardouin  dit  que  c'eft 
préfentement  Val  de  Sarra  ou  de  Sargha,  près 
de  la  vallée  de  Camonica ,  &c  cite  Fhiftorien  Bouche , 
l.j,c.ï,p.  ioo. 

ISARI,  ancien  peuple  des  Indes ,  près  des  monts  Emo- 
des ,  félon  Pline ,  /.  6  ,  c.  17. 

ISATICrLE  ,  'ltrxTi%aj  ,  ancien  peuple  de  la  Carma- 
nie  déferte  ,  félon  Ptolomée ,  /.  6 ,  c.  6. 

ISAURIA  ,  contrée  d'Afie  ,  aux  confins  de  la  Pam- 
phylie  &  de  la  Gilicie.  C'eft  un  pays  de  montagnes,  fitué, 
pour  la  plus  grande  partie,  dans  le  montTaurus.  Quel- 
ques-uns en  étendent  une  lifiere  jusqu'à  la  mer.  Zofime, 
L  y ,  a  2f  ,  dit  :  le  peuple  des  Ifauriens ,  qui  eft  fitué  au- 
deffiis  de  la  Pamphylie  &  de  la  Cilicie  ,  demeure  tou- 
jours entre  les  montagnes-escarpées  &  inacceffibles  du 
mont  Taurus.  Ptolomée}*^  5 ,  c.4,  qui  parle  de  l'Ifau- 
rie,  ne  dit  rien  de  ce  qu'elle  poffédoit  tùr  le  rivage  de  la 
mer.  Mais  Pline ,  /.  <j  ,  c.  27,  dit  :  tout  le  monde  joint 
immédiatement  la  Pamphylie  à  la  Cilicie  ,  fans  avoir 
égard  à  la  nation  Ifaurique.  Ses  villes  dans  les  terres , 
font  Ilàure,  Clibanus  ,  Lalafis.  Elle  s'avance  jusqu'à  la 
mer  près  d'Anemurium ,  dont  nous  avons  parlé.  Il  ne 
dit  pas  qu'Anemurium  fût  de  l'Ifaurie  ,  mais  qu'auprès 
de  cette  ville  l'Ifaurie  touchoit  à  la  mer  :  il  ne  nomme 
ni  ville  ni  bourg  maritime  de  l'Ifaurie  ;  ce  qui  fait  voir 
que  ce  n'étoit  qu'un  terrein  fort  petit  &  moins  remar- 
quable que  le  refte  de  cette  contrée.  On  ne  peut  tirer 
beaucoup  de  lumières  de  ce  que  Strabon  dit  que  Servi- 
lius  furnomme  Clfaurique  ,  détruifit  plufieurs  fortereffes 
des  pirates,  qui  étoient  auprès  de  la  mer  ;  car  il  ne  dé- 
cide point  fi  elles  étoient  dans  l'Ifaurie  propre  ,  ou  fur 
les  côtes  voifines  dans  la  Pamphylie  ,  la  Lycie ,  la  Ci- 
licie, &c.  Florus  ,  l.  3,  c.  6;  8c  Eutrope ,  l.  6,  c.  3  , 
entre  les  villes  que  Servilius  renversa,  nomment  Phafe- 
lide ,  Olympe  6c  Carycus.  On  fait  d'ailleurs,  à  n'en  point 
douter,  que  les  deux  premières  étoient  des  places  mariti- 
mes de  la  Lycie  ;  &  le  P.  Norris  ,  Cenotaph.  Pi  fan. 
p.  216,  l'a  prouvé  de  la  troifiéme.  Quelques-uns  don- 
nent Phafélide  à  la  Pamphylie ,  comme  nous  le  difons 
ailleurs  ;  mais  personne  ne  l'a  placée  dans  l'Ifaurie. 
Cette  contrée  tiroit  fon  nom  à'Ifaura  oxxlfaurus,  fa  ca- 
pitale. Strabon,  /.  il, p.  568 ,  regarde  l'Ifaurie  comme 
une  partie  de  la  Lycaonie,  8c  la  met  dans  le  montTau- 
rus ,  où  elle  étoit  effectivement ,  comme  on  a  déjà  vu. 
Il  dit  que  l'Ifaurie  avoit  deux  villages  de  même  nom 
qu'elle  ,  c:eft-à-dire  nommés  l'un  &  l'autre  IsAURA  au 
pluriel  ;  que  l'ancien  étoit  furnomméEuERCE.  Ces  deux 
villages,  dit- il,  en  avoient  fous  eux  plufieurs  autres, 
tous  peuplés  de  brigands  qui  donnèrent  bien  de  la  peine 
aux  Romains.  A  côté  de  l'Ifaurie  eft  Derbe,  réfidence 
d'Antipater  Derbéen  ,  laquelle  eft  contiguë  à  la  Cappa- 
doce.  li  pofTédoit  auflî  Laranda.  De  mon  tems  Amyn- 
tas  a  poffédé  Ifaures  8c  Derbe  ,  après  qu'il  eut  furpris 
&c  tué  Antipater  le  Derbéen.  Il  reçut  auffi  Ifaurus  des 
Romains.  Il  en  fit  une  ville  royale ,  après  avoir  ren- 
verfé  l'ancienne  Ifaures.  Il  commença  même  une  nou- 
velle enceinte  de  murailles  ;  mais  il  ne  put  l'achever , 
-ayant  péri  dans  une  entreprife  qu'il  fit  contre  les  Ho- 
monadiens.  Ptolomée  ne  met  que  trois  villes  dans  l'Ifau- 
ïie.    Il  les  nomme  Sayatra  ,  Aufira  ôc  Ifaura.   Cal'au- 


U9 

bon,  in  Sttab.  croit  que  les  deux  dernières  font  les  vil- 
lages dont  parle  Strabon  ,  qui  dit  qu'ils  portoient  le 
.même  nom.  En  effet,  ce  font  les  mêmes  lettres,  &  il 
n'y  a  qu'un  renversement  à  faire  en  forme  d'anagramme. 
Sous  les  empereurs  Grecs  ,  l'Ifaurie  s'accrut  aux  dé- 
pens des  provinces  voifines.  Dans  la  Notice  de  Hiero- 
clés  on  y  compte  vingt-trois  villes  : 


Seleude,  métropole, 

Celesdere , 

Anemuriu.nl , 

Titiopolis , 

Lamus, 

Antioche, 

Juliofebafle  . 

Cijlri, 

Selinus , 

Jotape , 

Diocéfarée, 


Olbe, 

ClaudiopoliS) 
Hierapolis  , 
Dalifande  , 
Germanicopolis  } 
Irenopolis, 
Philadelphie, 
Moloï  Darajfus; 
Zeede , 
Neapolis  , 
Laufadus. 


Outre  ces  villes  qui  étoient  épiscopales  fous  la  métro-" 
pôle  deSéleucie  ,  il  y  avoit  d'autres  fiéges  indépendans 
dans  l'Ifaurie.  La  Notice  de  Léon  le  Sage  y  met  ceux 
de  Léontopolis  &  de  Cotiada.  Quant  aux  villes  que 
nous  venons  de  nommer  auparavant  ,  voici  comment 
elle  les  nomme  ,  outre  qu'elle  en  met  vingt  neuf  toutes 
épiscopales  : 


Séleucie,  métropole 
Cilendres, 
Anemorium  , 
Titiopolis  , 
Lamus  , 
Antioche  , 
Eliofebafie. 
Sejlra, 
Selenuntes  , 
Jojlape , 
JJiocèfarée  3 
Olya, 
Hierapolis  , 
Neapolis 


Dalifandus  , 
Claudiopolis  , 
Irenopolis  , 
Germ  anicopolis  j 
Zenopolis  , 
Séide  , 

PhUadelpHa; 
Adrafus  , 
Meloè, 

Dometiopolis  ,' 
Naufadeœ , 
CLimata  Cajforun, 
Banaborum, 
Bolhqfi. 
Cofîradis. 


ISAUROPOLIS  ,  félon  lesHiftoires  eccléfiaftiques; 
ISAURA,  orum,  au  neutre,  félon  le  plus  grand  nombre 
des  anciens  Grecs  8c  Romains,  ville  ci'Afie  dans  l'Ifau- 
rie. Etienne  le  Géographe  en  parle  comme  d'une  ville 
qui  avoit  été  grande  ,  bien  tonifiée ,  remplie  d'hommes 
courageux ,  &c  floriffante.  Elle  tut  deux  fois  détruite  , 
premièrement  fous  Perdiccas  ;  les  alîiégés  au  délèspoir, 
fe  brûlèrent  eux  &  leur  ville ,  plutôt  que  de  fe  rendre 
au  vainqueur,  au  rapport  de  Dioclore  de  Siciie,  /.  18, 
c.  22.  L'autre  fois  ce  tût  par  Servilius.  On  en  peut  voir 
les  détails  dans  Strabon,  Florus  &  autres  écrivains.  Cette 
ville  ne  put  fe  relever  de  ce  dernier  malheur.  On  la  re- 
bâtit à  la  vérité  ;  mais  elle  n'eut  jamais  fon  premier 
éclat.  Pline  la  nomme  fimplement  :  il  eft  vrai  qu'il  la 
nomme  en  premier  lieu,  mais  Ptolomée  ne  lui  donne 
que  le  troifiéme.  Cellarius  ctoit  que  les  deux  villages 
de  Strabon ,  diftingués  par  les  furnoms  d' ancienne  Se  de 
nouvelle  Ifaure ,  étoient  voifins  &  contingus  ;  de  forte 
que  tous  les  autres  écrivains  n'en  ont  fait  qu'une  feule 
ville.  Il  eft  remarquable  que  l'Ifaurie  ,  à  laquelle  cette 
ville  avoit  donné  le  nom  ,  ayant  aquis,  vers  le  déclin  de 
l'empire,  une  fi  grande  étendue,  cette  ville  ne  s'y  trouve 
pas  néanmoins  dans  aucune  des  deux  Notices.  Cepen- 
dant elle  fubfiftoit;  &  jEtius,  évêque  d'Ifauropolis ,  as- 
fifta  au  concile  de  Chalcédoine  ;  Se  Iluaire ,  autre  évê- 
que de  ce  même  fiége,  fut  au  premier  concile  deCons- 
tantinople  ;  mais  elle  étoit  alors  de  la  province  de  Ly- 
caonie. C'eft  auffi  dans  cette  province  que  la  place  Hie- 
roclès ,  dans  la  Notice  déjà  citée.  Son  nom  moderne 
eft  Sauba.  *Corneil.  Chalced. 

ISAURUS ,  rivière  d'Italie.  Voyez  Pisaurtjs. 

ISBOS,  ancienne  ville  d'Italie,  dans  l'Ifaurie  ,  félon 
Etienne  le  Géographe. 

ISBURUS  ,    rivière  de  Sicile  ,  dans  fa  partie  méri* 

dionale,  félon  Ptolomée,  L  3,  c.  4,  qui  la  fait  couler 

entre  Heraclée  &C  Pintia.  Cluvier,  Ital.  ant.  1.  i,p.  229, 

croit  que  c'eft  la  même  rivière  qu'on  appelle  aujourd'hui 

Tome  III,     Xxx 


ÎSC 


s  30 

Fiume  di  Caka  Bdlotta.  Fazel  l'explique  de  Mayhafoli, 
&  Léandre  dit  que  c'eft  Garbe  ;  mais  il  l'appelle  mal-à- 
propos  IBRUCUS.  *  Orul.  Thefaur. 

ISC,  village  des  Pays-bas,  dans  le  Brabant,  près  de 
Bruxelles.  Il  n'eft  remarquable  que  parce  qu'il  eft  la  pa- 
trie de  Jufte-Lipse  ,  qui  y  naquit  le  18  Oftobre  de  l'an 
1547  ;  il  devint  très-fameux  par  fon  favoir;  &  mourut 
le  23  Mars  1606.  *  Corn.  Di£t. 

1.  ISCA,  ville  ancienne  de  Me.  d'Albion ,  au  pays 
desDi-mniens,  félon  Ptolomée  ,  /.  2,  c.  3.  C'eft  préfen- 

'tement  Excester,  fur  la  rivière  d'Ex.  Voyez  ces  arti- 
cles. Dans  l'Itinéraire  d'Antonin,  elle  eft  nommée  Isca 

•Dumniorum  ,  dont  quelques  copiftes  ignorans  ont  fait 
Icadum  &  Scadum  N unniorum. 

2.  ISCA,  rivière  de  la  Turquie,  en  Europe,  dans  la 
Bulgarie.  Elle  a  fa  fource  au  pied  du  mont  Rhodope , 
■près  des  ruines  de  l'ancienne  Sardique  ;  ensuite,  coulant 
à  l'orient  de  Sophie,  dont  elle  traverse  la  plaine  ,  elle 
pafie  à  Urazza;  &  continuant  de  ferpenter  vers  le  nord- 
nord-eft ,  elle  arrive  enfin  dans  le  Danube ,  entre  Ro- 
hovà  &  Silauna.  Corneille  en  fait  plufieurs  rivières  fous 
les  noms  d'IscH  &  Ischar.  Les  anciens  ont  appelle 
cette  rivière  (Escus. 

,.  3.  ISCA  Leg.  II.  AugusTI  ,  ancienne  ville  de  la 
Grande-Bretagne  ,  félon  l'Itinéraire  d'Antonin.  C'eft 
préfentement  Carléon.  Les  Bretons  l'appellent  Catr- 
Leon-Ar-Usk  ,  c'eft-à-dire  la  ville  de  la  Légion ,  fur  la 
rivière  à'Usk  ou  d'Isca.  On  y  a  trouvé  des  briques  avec 
ces  lettres  Leg.  II.  Aug.  La  féconde  légion  eut  fi  long- 
tems  fes  quartiers  en  cet  endroit ,  à  Londres  &  à  Ru- 
tupœ ,  qu'on  lui  donna  le  nom  de  féconde  Britannique , 
felon  la  remarque  de  Gale  ,  in  Anton.  Idner.  p.  125. 
Les  copifles,  au  lieu  de  ces  mots  abbrégés  Isca  Leg.  II. 
Aug.  avoient  forgé  le  nom  monftrueu.x  à!Iscelegua.  Il  a 
eu  la  gloire  de  retrouver  le  véritable  ;  mais  il  diftingue 
Isca  de  Legio  II,  Augujla ,  &  cite  pour  garant  Ptolo- 
mée qui  les  diftingue  aulli.  Cambden  &  Gale  n'en  font 
qu'un  ,  fondés  fur  l'Itinéraire  d'Antonin.     ,     . 

ISCADIA,  la  même  qu'EiscADiA.  C'était  une  ville 
de  la  Lufitanie. 

ISCELEGUA  Augusti  ;  c'eft  ainfi  que  ce  nom 
étoit  défiguré  dans  l'Itinéraire  d'Antonin.  Simler  le  cor- 
lige  ainli:  IsCal  Leg."  IL  Augusta.  Voyez  Isca  3. 

ISCHALIS,  ancienne  ville  de  Tille  d'Albion,  au  pays 
des  Belges.  Lbuyd  croit  que  c'eft  préfentement  ILCHES- 
TER.  Voyez  ce  mot.  *Ptol.  1.  2,  c.  3. 

ÏSCHARIOTH  ou  Iscarioth.  Ifidore  croit  que 
c'eft  le  nom  d'un  pays,  d'où  Judas,  le  traître,  avoit  ap- 
porté le  furnom  à'Iscariote. 

ISCHEBOLI ,  ville  de  Turquie ,  dans  là  Romanie , 
au  pied  du  mont  Coftegnaf,  Si  fur  les  frontières  de  la 
Bulgarie.  C'eft  la  même  qu'EsCHlBABA.  Voyez  auflï 
SCOPELUS  2.  *Baud.  éd.  1705. 

ISCHEL ,  bourgade  d'Allemagne  ,  dans  la  haute  Au- 
triche ,  fur  la  rivière  de  Traum  ,  un  peu  au  -  deffus  de 
fon  embouchure,  dans  le  lac  nomméTraumfée.  On  ne 
fait  fi  c'eft  là  ou  à  Lèonpach ,  village  voifin ,  qu'il  faut 
chercher  l'ancienne  Tutatio.  *  Baud.  éd.  1705. 

ISCHER,  petite  rivière  de  France,  en  Alsace,  entre 
le  cours  de  l'Ill  &  celui  du  Rhin.  Elle  a  fa  fource  au  vil- 
lage d'Artzenheim,  d'où  coulant  vers  le  nord,  dans  un 
lit  presque  parallèle  à  celui  du  Rhin ,  elle  paffe  au  levant 
du  bourg  de  Maikelsheim  ,  &  étant  arrivée  à  celui  de 
Rheinen,  elle  fe  mêle  aux  eaux  du  Rhin.  *HenriSengre, 
Carte  de  la  baffe  Alsace. 

ISCHERE,  ville  de  la  Libye  intérieure,  félon  Pto- 
lomée, /.  4,  c.  6. 

ISCHIA  ,  ifle  du  royaume  de  Naples  ,  fur  la  côte  de 
la  terre  de  Labour ,  dont  elle  fait  partie ,  &  de  laquelle 
elle  n'eft  éloignée  que  par  un  trajet  de  mer  de  deux  mil- 
les, vers  le  Cap  de  Misène.  Elle  a  fille  de  Vento-tiene 
ou  Bentitienne,  au  couchant  ;  celle  di  Capri  au  fud-eft; 
celles  de  Procida  &  Vivaro  au  levant  ;  la  terre  ferme 
où  font  les  ruines  de  Cumes  au  nord  ,  &  l'Afrique  au 
midi.  Elle  eft  à  vingt  milles  de  diftance  de  Tille  dePar- 
thenope  ou  Vento-  t'iene,  de  Santo  Stephano,  d'Alla-Botte 
&  deSan-Martino  ;  à  dix-huit  de  celle  de  Capri  ;  à  trois 
du  Cap  de  Socciario  de  Procida  ,  à  un  peu  moins  de 
deux  milles  de  Vivaro  ;  à  fix  de  Torre  ddfumo,  qui  eft 
en  terre  ferme ,  &  à  dix  de  Cumes.  Les  anciens  l'ont 
connue  fous  les  noms  d'vENARiA  ôc  d'iNARiME.  Voyez 


ÏSG 


ees  mots.  Son  circuit  eft  dix-huit  mille"  fept  cents  cin- 
quante pas,  en  prenant  au-dehors  des  golfes  &  des  baies; 
car  en  faifant  le  tour  de  l'ifle ,  fans  entrer  dans  les  baies 
&  dans  les  golfes ,  on  ne  trôuveroit  guères  plus  de  feize 
mille  cinq  cents  pas.  Dans  cette  petite  étendue  on  ne; 
lailïe  pas  de  trouver  beaucoup  de  caps  ,  d'agréables 
vallées ,  de  montagnes  délicieufes  ,  de  belles  fontaines  , 
des  rivières  &t  de  jolis  jardins.  Elle  abonde  en  fruits 
délicats,  &  produits  des  vins  exquis,  tels  que  les  vins 
de  Sarlingo  ,  le  vin  grec,  le  vin  latin  &  le  Coda-Ca- 
vallo ,  &.  autres  que  l'on  vante  extrêmement.  Elle  a  des 
mines  d'or,  déjà  connues  du  tems  de  Strabon.  *  Coro- 
izelli  ,  Ilblar.  t .. 1 ,  p.  1 17. 

L'ifle  fe  divife  en  quatre  parties  ;  la  première  com- 
mence a  la  vdle,  au  levant  de  l'ifle,  &  s'étend  jusqu'au 
bourg  Bafano  &  à  Campagnano  ;  c'eft  un  terrein  tout 
riant  >  orné  de  jardins,  de  vignes  &c  de  châtaigniers. Là 
mer  eft  bordée  de  roches  très  -  hautes  ,  de  montagnes 
inacceflibles  qui  défendent  l'ifle  comme  un  retranche- 
ment naturel.  Vers  le  nord. &:  le  nord-eftde  l'ifle,  les 
campagnes  (ont  de  la  même  beauté  que  la  côte  orientale, 
jusqu'à  l'églife  de  fainte  Reftitute  ,  où  l'on  conserve  les 
reliques  de  cette  lainte  :  à  côté  de  Villa  di  Pontano 
on  voit  les  horribles  cavernes  ,  nommées  le  Cremate 
ou  les  brûlées  ,  desquelles  ,  en  1301  ,  il  fortit  des  torrens 
«e  flamme  fultureul'e ,  qui,  dans  l'espace  de  trois  milles  , 
ruinèrent  le  pays  fans  remède.  Les  fréquens  tremblemens 
de  terre ,  dont  ce  territoire  eft  agité  ,  ont  donné  lieu 
aux  poètes  de  dire  queTyphœe  le  Titan,  foudroyé 
par  Jupiter,  eft  renversé  fous  cet  endroit  ,  &  que  fes 
fécouflés  caufent  celles  de  la  terre.  Il  y  a  un  canton  de 
Pifle  auquel^  on  a  donné  le  nom  de  Negro-Ponte ,  peut- 
être  à  caufe  de  quelque  colonie  Grecque  venue'  de- là; 
L'air  y  eft  li  tempéré ,  que  le  primeras  y  femble  conti- 
nuel ;  le  murmure  des  ruïffeaux  ,  dont  ce  lieu  eft  arrofé, 
en  augmente  les  délices.  Tout  ce  qui  eft  depuis  Sainte- 
Reftitute  jusqu'à  San  Pietro-PaSmello,  eft  abondamment 
pourvu  d'eaux  excellentes ,  pour  les  bains  &  la  guérifon 
de  diverses  maladies.  Cette  belle  partie  de  l'ifle  le  ter- 
mine à  Monte-Vico.  Il  y  a  là  une  groffe  pierre  d'où  il 
fort  continuellement,  par  une  fente,  un  petit  vent  frais; 
On  trouve  ensuite  le  promontoire  délia  Cornacchiaj 
d'où  l'on  voit  les  écueils  des  Formichelle ,  que  l'on  ap- 
pelle par  corruption  Foranicole  ;  on  arrive  ensuite  au 
cap  Ca/q/b,,  qui  fert  de  guide  aux  mariniers.  A  l'oppo- 
fite  eft  Monte-FALCONARlA.  ,  ainfi  nommé  à  caufe  de 
la  multitude  de  faucons  qui  y  nichent  ,  de  même  que 
dans  une  autre  montagne  ,  appellée  Marond.  Entre 
celle-ci  &  celle  délia  Guardia  s'avance  le  promontoire 
dell'  Imperatore.  C'eft  fur  la  montagne  délia  Guardia, 
qu'il  y  a  jour  &  nuit  des  fentinelles  poftés  pour  dé- 
couvrir fur  la  mer,  &  n'être  point  furprispar  les  corfai- 
res.  Au  milieu  de  l'ifle  eft  une  très-haute  montagne,  en 
pain  de  fucre  ,  nommée  Epomco.  Il  y  a  dans  l'ifle  des 
mines  d'or  &r  de  fer,  &du  fable  de  calamité  :  on  y  voit 
divers  couvens,  comme  des  Franciscains,  des  Domini- 
cains &  des  Auguftins.  Les  familles  les  plus  illuftres  font 
lesAlbani,  Affanti ,  Boneni ,  Coffa  ,  Galiicano,  Me*. 
luffi,  Monti,  fkc. 

ISCHO.  Voyez  Isca  2. 

ISCHOPOLIS,  ville  d'Afie,  enCappadoce,  dans  le 
Pont,  félon  Strabon,  /.  12,  p.  548;  &  Ptolomée,  /.  5, 
c.  6.  Les  interprètes  de  ce  dernier  difent  que  c'eft  pré» 
lentement  Tripoli  ,  fur  la  mer  Noire. 

1.  ISCIA.  Vcyez  Ischia. 

2.  ISCIA,  ville  d'Italie,  capitale  de  l'ifle  de  même 
nom.  C'eft  un  fiége  épiscopal.  La  forterefle  eft  fur  un 
rocher  ifolé  de  tous  côtés ,  excepté  par  un  pont  qui 
communique  à  l'ifle,  &  eft  défendue  par  des  foldats  Ita- 
liens, qui  presque  tous  y  font  établis.  Alphonse,  fils  de 
Ferdinand  ,  roi  de  Naples  ,  étant  privé  de  la  couronne, 
fe  réfugia  en  ce  lieu,  l'an  1493  '■>  u  mit  tous  fes  foins  à 
rendre  certe  fortereffe  imprenable ,  par  les  foffés  ,  les 
murailles.,  les  boulevards  &C  autres  ouvtages  qu'il  y  fit 
faire. 

L'évêque  d'Ischia  eft  fuffragant  de  l'archevêché  de 
Naples,  lélon  Aubert  le  Mire  ,  &  eft  nommé  Ifolanus, 
ou  Isclanus ,  ou  Ai narius ,  dans  les  Notices  épiscopales, 
/.  4  ,  ex,  p.  163.  Le  même  auteur  nomme  l'ifle  Iscla 
ou  Ischia. 

Outre  Ainaria  &  Inarima  ,  les  anciens  donnoien^ 


ISË 


ISË 


"encore  à  cette  ifle  le  nom  iHArima  Pythecufœ ,  comme 
"«qui  diroit  Yifle  desjînges.  On  croit  qu'elle  a  eu  autrefois 
vh  volcan.  Strabon  y  place  le  itiont  Ëpapaus,  que  Pline 
croit  avoir  disparu  dans  un  tremblement  de  terre.  Outre 
les  bains  chauds ,  il  y  a  des  étuves  qui  attirent  dans  cette 
ville  un  grand  nombre  de  malades  pendant  l'été.  *  D. 
Mattheo  Egltio  ,  Lettre  à  M.  Langkt  du  Fresnoy. 

ISCINA,  ancienne  ville  de  l'A  tri  que  propre,  félon 
Ptolomée  ,  /.  4,  c.  3.  Antonin  la  met  à  XXXlll.  M.  p. 
de  Macomades.  L'exemplaire  du  Vatican  porte  : 


S"3ï 


Macom 

adibus  Sirtis , 

Iscina 

M. 

P. 

XXXIÎI. 

Trama 

nciolo  j 

M 

P. 

XXXI. 

Zuritâ  avoue  que  trois  autres  manuscrits  portent  Iscina, 
M.  P.  XXXIV  ,  .&  que  celui  de  Naples  porte  Iftina 
M.  P»  XXXIV  ;  cependant  il  retranche  mal-à-propos 
Ja  lettre  /,  &  ne  met  que  XXX  milles  de  Macomades 
à  ce  lieu-là.  Les  éditions  des  Juntes  15 19,  &  des  Aides 
15 18,  s'accordent  avec  le  manuscrit  du  Vatican. 

ISCONIENSES.  Voyez  Hisconienses. 

ISDICjEA  ,  s.iaS'ix.aitt. ,  fort  de  la  Thrace  j  l'un  de 
ceux  que  Juftinien  fit  élever  ,  félon  Procope  ,  ^Edifie. 
1,4,  c.  11. 

1SEGHEM.  Voyez  IsENGHIENi 

ISEL.  Voyez  Issel. 

ISELMONDE.  Voyez  Isselmonde. 

ISELSTEIN  ,  petite  ville  des  Pays-bas  ,  fur  l'Iffel. 
On  écrit  auffi  ïjfeljtein  ;  &t  cette  orthographe  eft  la  plus 
ufitée  par  les  écrivains  Flamands.  Anciennement  On  à 
écrit  Ijjeljiein ,  IlUJhin ,  &  en  latin  barbare  Iffejfiadium. 
Elle  prend  ion  nom  de  la  rivière  qui  l'arrofe^  On  ignore 
le  tems  de  fa  fondation  ;  mais  les  Chroniques  nationales 
en  font  mention  dès  le  treizième  fiécle ,  l'an  1250.  Gis- 
bert  d'Amftel  époufant  Bertrande ,  héritière  d'ifelftein , 
acquit  cette  leigrieurie  :  Guidine  d'Amftel  la  porta  dans 
la  maifon  d'Egmont  ;  &  Anne  d'Egmont  la  porta  en  dot 
à  Guillaume  1 ,  prince  d'Orange.  Le  domaine  territorial 
de  cette  ville  a  caufé  de  longues  disputes  entre  les  com- 
tes de  Hollande  &C  les  évêques  d'Utrecht.  Ifelftein  n'a 
commencé  à  avoir  des  murs  &c  des  portes  qu'en  1390; 
&  ce  futArent,  feigneur  d'Egmont  &  d'ifelftein  qui 
commença  à  les  élever.  Son  territoire  eft  dans  un  lieu  fer- 
tile tk  commode  ,  entre  le'Léck  &  l'Iffel.  Il  y  à  Une 
belle  églife  ,  bâtie  vers  l'an  1307  ou  1308  ,  &t  dédiée 
l'an  1309,  fous  l'invocation  de  S.  Nicolas.  L'an  1390, 
Arnold  d'ifelftein  &c  d'Egmont  ,  le  même  qui  en  com- 
mença les  murs  &  les  portes ,  fit  un  monaftere  de  cha- 
noines réguliers  de  S.  Auguftin.  L'an  1417,  Jean  d'Eg- 
mont étant  poursuivi  pour  trahifon  commife  envers  le 
comte ,  fe  réfugia  chez  fon  frère  Guillaume  d'ifelftein. 
Le  comte  Guillaume  de  Hollande  alla  aufli-tôt  afliége|| 
la  ville  ;  mais  les  amis  des  deux  frères,  s'étant  entremis 
pour  intercéder  auprès  du  comte  de  Hollande ,  on  con- 
vint qu'on  lui  livrerait  Ifelftein ,  &T.  qu'il  payerait  à  Guil- 
laume une  penfion  de  deux  mille  écus ,  &  une  autre  à 
la  mère.  Après  la  mort  du  comte,  ceux  d'Egmont  vou- 
lurent rentrer  dans  Ifelftein,  &  ils  s'en  reffaifirent  en  ef- 
fet ;  mais  ceux  d'Utrecht  raferent  les  murs  ,  la  citadelle 
&  la  tour  de  fond  en  comble,  &  brûlèrent  la  ville ,  n'y 
laiffant  que  l'églife  ck  le  monaftere.  L'an  1466,  ceux  de 
Gueldres  brûlèrent  Ifelftein ,  que  l'on  avoit  rebâti  ;  & 
la  ville  demeura  dans  ce  pitoyable  état  jusqu'au  tems  de 
Frédéric  d'ifelftein,  qui  obtint  de  Charles,  duc  de  Bour- 
gogne ,  lapermiflion  d'y  faire  une  enceinte  de  murailles. 
Elle  eft  fituée  à  une  lieue  &  demie  d'Utrecht  ,  &  étoit 
du  domaine  du  feu  roi  Guillaume  UL  *  Mémoires  com- 
muniqués. 

ISENACUM.  Voyez  Eisenach. 
1.  ISENBOURG,  gros  bourg  d'Allemagne,  dans  la 
Wétérayie,  au  comté  d'Ifenbourg,fur  la  rivière  deSeyn, 
,  à  trois  lieues  de  Coblents,  avec  un  beau  château.  C'eft 
le  chef-lieu  du  comté. 

Le  comté  d'ISENBOURG  ,  petit  canton  d'Alle- 
magne dans  la  Wétéravie.  On  le  divife  en  haut  &  en 
bas;  celui-ci  eft  le  véritable  comté  d'Ifenbourg ,  Si  con- 
fine avec  les  comtés  de  Wied'&c  de  Sayn  ,  &  le  bail- 
liage de  Monthabor  ,  qui  dépend  de  l'archevêché  de 
Trêves  :  l'étendue  en  eft  petite;  le  domaine  en  eft  par- 
tagé entre  l'électeur  de  Trêves ,   qui  réunit  à  fon  do~ 


maihe,;lan  1664,  après  la  mort  d'Erneft ,  qui  ne  Iaiffà 
point  d'enfans  ,  les  fiefs  qui  relevoient  de  ion  églife  ; 
malgré  Finveftiture  fimUltânée ,  qu'en  avoient  obtenue 
les  comtes  de  Wied  ;  &  le  prince  de  Chimay,  dont  le 
père  avoit  hérité  des  biens  allodiaux.  Ifenbourg  eft  un 
gros  bourg  avec  un  bon  château  :  le  haut  comté  d'Ifen- 
bourg eft  entre  les  comtés  de  Nidde  , .  de  Solms  &€  de 
Hanau  ;  c'eft  proprement  le  comté  de  Budingen  :  il  ren- 
ferme plufieurs  bourgs ,  dont  les  plus  remarquables  font 
ceux  de  Budingen,  fur  la  rivière  de  Semé,  orné  d'uri 
beau  château,  d'Offenbach  &  de  Rennebourg.  *D'Au- 
difret ,  Geogr.  t.  2,  p.  -282. 

Les  comtes  d'Ifenbourg  font  d'une  des  meilleures  mai- 
fons  de  Wétéravie  :  Henri  étoit  comte  d'Ifenbourg,  dès 
le  douzième  fiécle  ;  il  eut  trois  fils ,  Cerlac ,  Louis  & 
Everard  :  ces  deux  derniers  ont  fait  les  branches  de  Bu< 
dingen  &  du  bas  Ifenbourg  ;  celle-ci  a  duré  jusqu'à  Er- 
neft ,  gouverneur  des  comtés  d'Artois  &:  de  Namur,  tk 
chevalier  de  la  toifon  d'or,  qui  mourut,  l'an  1664,  fani 
avoir  eu  d'enfans  de  Charlotte  d'Arenberg,  ni  d' Anne- 
Marie  de  Hohen-Zollern  :  la  branche  de  Budingen,  dont 
Louis  fut  le  chef,  eft  fous-divifée  en  celle  d'Offenbach 
&  de  Budingen. 

_  2.  ISENBOURG,  bourg  d'Allemagne,  dans  la  Thu- 
ringe,  au  comté  dèStolberg.  *  D' Audifrct }  Geogr.  t.  z3 
^.2951 

ISENDICK.  Voyez  Ysendyck. 

ISENGHIEN  ,  bourg  des  Pays -bas,  avec  titre  de 
principauté.  Quelques-uns  écrivent  Ifeghem ':  il  eft  dans 
la  Flandre^  Autrichienne  ,  à  une  grande  lieu  de  Rouffe- 
laër  ,  &  à  deux  de  Courtrai  ;  fur  la  petite  rivière  da 
Màndere.  *  Dictionnaire  des  Pays-bas. 

ISENHEIM,  bourg  de  France,  en  haute  Alface',  en- 
tre Rôufaçh  &  la  petite  ville  de  Senheim ,  que  les  Fran- 
çois nomment  Serney  :  il  eft  le  chef-lieu  d'une  des  ter- 
res de  l'ancien  domaine  de  la  maifon  d'Autriche ,  dont 
le  roi  fit  don  au  cardinal  de  Mazarin ,  après  le  traité  des 
Pyrénées ,  et  qui  ont  paffé  à  la  maifon  de  la  Meilleraye, 
Se  ensuite  à  celle  de  Duras ,  en  la  personne  de  made- 
moifelle  de  Duras,  encore  pupille,  l'année  1739.  Il  y  3 
dans  ce  bourg  une  commenderie  ou  couvent  de  religieux 
ou  chanoines  réguliers  de  l'ordre*de  S.Antoine  de  Vien- 
nois ,  dont  l'égliiè  eft  remarquable  ,  entr'autres  chofes  , 
par  les  feukures  &  les  peintures  du  fameux  Albert  Du- 
rer. L'électeur  de  Bavière,  grand-pere  de  celui  d'aujour- 
d'hui ,  offrit  une  fomme  très-confidérable ,  qui  ne  tenta 
point  MM.  de  S.  Antoine  de  fe  défaire  d'un  tréfor 
auflï  précieux  que  le  font  les  tableaux  de  leur  maîtfé-au- 
tel.  *  Notes  de  M.  de  Corberen. 

1.  ISEO  ,  bourg  d'Italie  ,  au  pays  des  Vénitiens,  au 
Breffan,  fur  le  bord  méridional  d'un  lac  auquel  il  donne 
fon  nom.  Il  y  a  une  églife  collégiale  ,  félon  Leandre, 
Descrit.  di  auto.  Vltalia ,  p.  403  ,  fol.  verso. 

2.  ISEO,  (le  lac  d')  lac  d'Italie ,  dans  l'état  de  Vé- 
ilife  ,  entre  le  Bteffan  &  le  Bergamasquè.  Il  peut  avoir 
treize  ou  quatorze  milles  d'Italie  dans  fa  longueur;  mais 
il  n'eft  pas  large  à  proportion.  Au  riofd  de  ce  fac ,  tft. 
Lover,  dans  le  Bergamasquè  ;  &  au  midi  eft  Ifeo ,  dans 
le  Breffan.  Ce  lac  eft  formé  des  eaux  de  l'Oglio ,  qui 
en  fort  au  fud-oueft.  Léandre ,  ibid.  dit  que  c'eft  le  Se- 
binus  Lacus  de  Pline,  /.  3  ,  c.  19,  en  quoi  il  a  raifon. 
Pline  dit  que  le  lac  Sébinus  reçoit  l'Oglio,  Oilium  Se- 

ISEPUS ,  ancien  peuple  de  la  Scythie ,  félon  Etienne 
qui  cite  Hecatée. 

1.  ISER.  (T)  Baudrand  le  nomme  l'Iferre  ,  rivière. 
d'Allemagne,  dans  la  Bavière  ;  elle  a  plufieurs  fources, 
qui  toutes  ibnt  aux  confins  du  Tirol  &  de  la  Bavière. 
L'une  eft  le  ruïffeau  de  Pùès,  qui,  ié  grofliffant  de  quel- 
ques autres ,  fe  joint  ensuite  au  ruiffeau  d'Aben,  puis  re- 
çoit la  décharge  du  Valkenfée  ou  lac  de  Valken  ;  en- 
fuitej coulant  vers  le  nord,  il  te  rend  au  village  deSchof- 
larn ,  après  s'être  groffi  de  la  rivière  de  Loyfa.  L'Ifer 
commence  alors  à  devenir  une  rivière  importante ,  &, 
coulant  vers  le  nord  oriental  ,  baigne  la  ville  de  Mu- 
nich ;  reçoit  les  eaux  du  Molàch  ,  qui  coule  à  Freilingen, 
que  l'Ifer  laiffe  à  fa  gauche  ;  puis  à  Mosbourg  la  rivière 
d'Amber  paffe  à  Landshutt,  ville  ,  &  va  enfin  fe  perdre! 
dans  le  Danube  ,  entre  Straubing  &  Paffau. 

2.  ISER  ou  Yser,  petite  rivière  des  Pays-bas.  Elle1 
a  fa  fourçe  au-deffus  du  village  de  Lsrdrezel'e  ,   paffe  à 

Tomt  III,    X  x  x  i; 


ÏSI 


53 2     . 

Segers,  g.àWilder,  g.  à  Haringen  ;  g.  à  l'abbaye  de 
Rolebrug ,  d.  à  Stavelo  ,  d.  à  Eversham ,  d.  &  tombe 
ensuite  dans  l'Iperlée,  qui  coule  à  Ypres. 

ISERAN  ,  montagne  de  Savoye  ,  aux  confins  de  la 
Savoye  Se  du  Piémont.  C'eft  où  l'Hère  a  fa  fource. 

ISERE  ,  fiviefe  de  Savoye  &c  de  France  :  elle  a  fa 
fource  aux  confins  du  Piémont,  dans  la  Savoye,  aviez 
près  des  fources  de  i'Arc  ;  &,  coulant  vers  le  couchant 
&  ensuite  vers  le  nord-oueft  ,  elle  arrive  à  Saint-Mau- 
rice ,  d'où ,  fe  repliant  vers  le  fud-oueft  ,  elle  pafle  a 
Saint-Esme  &  à  Montiers  en  Tarentaife.  Les  monta- 
gnes,  quelle  y  trouve,  la  renvoient  vers  le  nord,  à  Con- 
flans  ,  où  elle  reçoit  les  rivières  de  Flon  ,  d'Arli ,  du 
Doron  ,  &  autres  déjà  raffemblées  dans  un  même  lit  : 
elle  retourne  ensuite  au  fud-oueft  ,  fe  groflît  des  eaux 
de  l'Arc,  arrive  à  Montmélian,  où  elle  commence  à 
porter  de  petits  bateaux  ,  entre  en  Dauphiné ,  pafle  au 
tort  de  Barraux,  arrive  ensuite  à  Grenoble,  y  reçoit  le 
Drac ,  devient  navigable  pour  de  grands  bateaux  ;  & 
à  quinze  lieues  au-deflous  de  cette  ville  ,  elle  fe  jette 
dans  le  Rhône,  à  une  lieue  &  demie  au-deffus  de  Va- 
lenlé.  Papyre  Maffon  s'eft  trompé  quand  il  a  dit  que  le 
Guyer  fe  jettoit  dans  l'ifere  ;  il  devoit  dire  dans  le 
Rhône. 

1SERNÎA  ,  Mfernia  ,  ville  d'Italie ,  au  royaume  de 
Naples,  dans  le  comté  de  Moliffe,  avec  un  évêché  fuf- 
fragant  de  l'archevêché  de  Capoue  :  elle  eft  fituée  au 
pied  du  mont  Apennin  ,  à  environ  quatre  milles  des 
confins  de  1»  province  de  Labour ,  et  autant  de  là  ri- 
vière du  Volturne  ,  entre  Sulmone  au  feptentrion  ,  &C 
Télefe  au  midi ,  &  à  dix  milles  de  Venafre  au  levant 
d'été.  C'eft  lapatrie  du faint  pape  Pierre  Céleftin.  *Baudr. 
éd.  1705. 

1SERNLOHN,  petite  ville  de  Weftphahe ,  au  comte 
de  la  Marck,  fur  la  rivière  de  Baren,  environ  à  fept 
lieues  de  Ham.  C'eft  le  chef-lieu  d'un  des  quinze  bail- 
liages, dont  le  comté  de  Ham  eft  compofé.  La  rivière 
de  Baren  tombe  dans  la  Roer ,  au  midi  de  Swiert ,  &C 
n'airofe  aucun  autre  lieu  remarquable  que  la  petite  ville 
d'I  ernlohn.  Sanson  &  Baudrand  écrivent  Iferlohn. 
fZeyler,  "Weftph.  Topogr./».  69. 

lSMZAR,  petite  vijje  du  Khoraflan  :  on  la  nomme 
h  jardin  de  H  trot.  Son  territoire  produit  les  meilleures 
poires  du  monde ,  des  jujubes  (ans  noyaux ,  &£  une  espèce 
de  raiiln  fi  délicat ,  que  il  l'on  en  laiffe  tomber  un  grain, 
il  fe  met  en  pièces.  L'on  appelle  le  raifm  Sidhïbe.  *Ma- 
nuscrits  de  la  Bibl,  du  roi. 

ISGIPERA  ,  fortereffe  de  Thrace ,  l'une  de  celles  que 
Juftinien  fit  bâtir,  félon  Procope,  jEdific.  1.  4,  c.  11. 

ISIACORUM  Portus,  port  de  mer  du  Pont-Euxin. 
Arrien ,   Peripl.  edtt.  Oxon.  le  met  à  douze  cents  pas 
d'une  des  bouches  du  Danube,  qu'il  nomme  PJllum,  6c 
ajoute  que  l'intervalle  qui  eft  entre  ces  deux  lieux  eft  { 
défert,   6t  même  fans  aucun  nom. 

IS\M  ;  il  femble  par  un  fragment  du  Livre  trente-fept 
deDiodore  de  Sicile  ,  qu'il  y  avoit  une  ville  de  ce  nom 
au  pays  des  Brutiens.  *  Ortel.  Thef. 

ISICHI ,  ancien  peuple  d'Afie,  vers  la  grande  Armé- 
nie, félon  Tacite  ,  Annal.  \.  13;  quelques  exemplaires 
portent  InSECHI. 

IS1DIS  :  ce  mot  eft  le  génitif  Slfis  ,  nom  d'un  déeffe 
famejfe  chez  les  payens ,  qui  lui  avoient  consacré  divers 
lieux.  Ainfi  il  n'eft  pas  étonnant  de  trouver  dans  l'an- 
cienne géographie  des  noms  de  ports,  de  villes,  d'isles, 
&c.  qui  commencent  par  ce  mot  IJidis.  J'en  vais  mar- 
quer les  principaux. 

ISiDIS  Bacca.  Voyez  Sosthenium. 
blDIS  Fons  ,  ou  la  Fontaine  d'Isis.  Antigonus, 
Mirabil.  la  met  quelque  part  vers  l'Ethiopie. 

1.  ISIDIS  Insula,  ou  l'Isle  d'Isis  ,  ifle  du  golfe 
Arabique,  félon  Ptolomée,  /.  4,  c.  8,  qui  la  met  affez 
près  de  l'ifle  de  Diodore.  Âgatharchide,  de  Mari  rubro, 
p.  58  ,  edit.  Oxon.  place  en  cet  endroit  trois  ides  voifi- 
nes  ,  favoir,  la  piemiere  confacrée  à  Ifis  ;  l'autre  nom- 
mée Succaba,  &  la  troifiéme  Salydo.  Il  ajoute  :  elles 
font  toutes  défertes,  couvertes  d'oliviers,  non  pas  tels 
que  les  nôtres  ,  mais  tels  que  le  terroir  les  peut  nour- 
rir. 

2.  ISIDIS  Insula,  ou  plutôt  Isidi  sacra  Insula. 
Pline  ,  /.  10,  c.  33  ,  dit  qu'en  Egypte,  fur  le  Nil ,  auprès 
de  Coptos,  il  y  avoit  une  ifle  consacrée  à  la  déeffe  Bis. 


ISI 


Cette  ifle  du  Nil  n'avoit  rien  de  commun  avec  l'ifle  de 
la  mer  Rouge. 

ISIDIS  Oppidum  ,  c'eft-à-dire  le  Bourg  d'Isis» 
lieu  d'Egypte,  dans  le  Delta,  félon  Pline,  /.  5,  c.  10.  Il 
le  nomme  entre  Athribis  &  Bujiris.  C'eft  peut-être  \'I~ 
feion  d'Etienne  le  Géographe  ;  mais  ce  ne  làuroir  être 
l'Ifiu  d'Antonin,  lieu  fitué  dans  les  terres,  bien  au-delà 
de  Memphis. 

ISIDIS  Portus, ou  le  Port  d'Isis,  port  de  laTro- 
glodytique  ,  fur  la  côte  occidentale  de  la  mer  Rouge. 
Pline,  L  6,  c.  19,  dit  que  de  ce  port ,  au  bourg  des  Adu- 
lites  ,  il  y  a  dix  journées  pour  une  barque,  qui  va  à  la 
rame.  Ce  port  n'eft  pas  l'ifle  d'Ifis  de  Ptolomée,  comme 
Yillanovanus  l'a  cru  ;  car  Pline  nomme  peu  après  l'ifle 
de  Diodore  oc  autres  ifles  défertes  ,  fous  lesquelles  étoit 
comprife  celle  d'Ifis  ,  comme  il  paroît  par  le  paffage 
d'Agatharchide  ,  cité  ci-deffus. 

ISIDIS  Regio,  ou  le  Pays  d'Isis  ,  contrée  de  l'E- 
thiopie ,  fous  l'Egypte.  On  y  recueille  de  l'encens ,  au 
rapport  de  Strabon  ,  cité  par  Ortélius ,  Tkefaur. 

ISIDIS  Templum  ,  ou  le  Temple  d'Isis  ,  lieu  par- 
ticulier, fitué  fur  une  montagne  d'Ethiopie,  fur  la  côte  du 
golfe  Arabique,  félon  Strabon,  /.  16,  p.  770,  qui  dit  que 
Séfoftris  l'avoit  fondé. 

La  déeife  Ifis  étoit  la  même  que  Cérès, 

IS1GNI ,  gros  bourg  de  France ,  dans  la  baffe  Nor- 
mandie ,  au  diocèfe  de  Bayeux  ,  à  fix  lieues  de  la  ville 
de  ce  nom,  au  couchant,  à  l'embouchure  del'Aure,  dans 
l'Océan.  Ce  bourg  eft  un  petit  port  de  mer,  avec  fiége 
de  l'amirauté ,  &  eft  fort  connu  dans  cette  province,  à 
caufe  de  fes  falines  ck  des  grandes  falaifons  de  beurre, 
qu'on  y  fait  &  qu'on  y  charge  fur  des  barques  pour  Rouen 
&  Paris  ,  où  il  eft  fort  eftimé  auffi-bien  que  le  cidre  de 
fon  terri. oire.  *  Corneille,  Dictionnaire.  Mémoires  dreffes 
fur  les  lieux.  > 

ISIGUS.  Voyez  EsiGUS. 

ISIMON,  pour  Iesimoth.  Voyez  Beth-Simoth.' 

ISIN.  Corneille  dit  que  c'eft  une  rivière  d'Allemagne, 
dans  la  Bavière ,  or.  qu'elle  entre  dans  celle  d'Inn ,  pro- 
che  d'QEtingen. 

1.  ISINDl,  ville  épiscopalede  la  féconde  Pamphylie,' 
félon  trois  Notices  grecques.  Marcellinus  ,  fon  évêque, 
fouscrivit  au  concile  tenu  à  Rome',  l'an  503.  *Harduin, 
Colleft.  conc. 

i.  ISINDl,  ville  épiscopale  d'Allé ,  dans  la  Pamphy- 
lie ,  félon  la  Notice  de  Léon  le  Sage  ;  ce  même  lieu  eft 
nommé  Sinda  au  pluriel,  dans  la  Notice  de  Hieroclès. 
Voyez  Side. 

IS1NDUS  ou  Isinda,  ville  d'Afie,  dans  l'Iode,  fé- 
lon Etienne  le  Géographe. 

ISINISCA ,  ancien  lieu  de  la  Vindélicie.  Antonin  , 
Itiner.  le  met  entre  (Enipons  &  Ambré ,  à  vingt  mille 
jjas  de  la  première ,  or.  à  trente  -  deux  milles  de  la  fé- 
conde. Cellarius  parlant  de  Ylfargus ,  rivière  qui  reçoit 
les  eaux  de  l'Amber  ,  ajoute  :  ceux  qui  en  habitent  les 
bords,  font  les  Ifarci ,  dont  parle  Pline,  /.  3,  c.  10, 
dans  l'inscription  des  Alpes  ,  au  fujet  des  viftoires  d'Au- 
gufte.  On  ne  fait  s'ils  étoient  fur  la  droite  ou  fur  la  gau- 
che de  la  rivière.  Il  femble,  poursuit  ce  favant  homme, 
que  c'eft  YIJinisca  ou  Ifunisca  d'Antonin  &c  de  la  Ta- 
ble de  Peutinger.  Antonin  dispofe  ainfi  fa  route  de  Lau-, 
riacum,  (Lorch,)  à  Brigantia,  Bregentz. 

Jovavo,  (Jovavium  ou  Juvavia ,) 

Bidaium,  M.  P.  XXXIII. 

Pontem  AZni ,  M.  P.  XVIII. 

IJiniscam,  M.  P.  XX. 

Ambram,  M.  P.  XXXII. 

Auguftam  Vinielicum,  M.  P.  xxxyil. 

Si  l'on  partage  bien,  ces  diftances  le  long  du  chemin 
public ,  Ifinisca ,  félon  Cluvier  ,  fe  trouvera  à-peu-prés 
à  l'endroit  où  eft  Munich.  Il  femble  même  que  Mu- 
nich ne  foit  elle-même  autre  chofe  que  cette  ville,  nom- 
mée IJarisca  ,  autrefois  capitale  des  Ifarciens.  Si  cela 
eft  ,  il  faut  ramener  Ifinisca  fur  la  rive  gauche.  Velser 
au  contraire  fait  un  autre  arrangement;  &c  comme  il 
explique  le  pont  de  l'Inn  Mnipons ,  par  (Etingen,  en 
Baviere  ,  il  nomme  Ifinisca  ia  rivière  qui  tombe  dans 
l'Inn,  du  côté  du  couchant,  au-deffous  d'CEtingen,  &C 
place  fur  fes  bords  ,   entre  l'Inn  or.  l'Ifargus ,  une  ville 


ISL 


ÏSL 


fiarnommée  I/înisca.    Cela  s'accorde  affez  Lien  avec  la 
Table  de  Peutinger,  dont  voici  le  calcul. 


Jfunisca , 

Ad  Enurn, 

XX. 

Bidaio , 

XIIT. 

Artobrige  , 

XVI. 

Ivavo , 

XVI. 

Cellarius  laifle  au  lefteur  à  juger  des  raifons  de  ces 
deux  grands  hommes  ,  en  quoi  je  dois  l'imiter. 

1SJO,  royaume  du  Japon,  dans  l'ifle  Niphon.  Voyez 
Ixo. 

INSIODORUM,  ou  Iciodorum  Arvernorum, 
ou  Issiodorum  ,  ou  même  IxiDORUM,  noms  latins 
d'IssoiRE,   ville  de  France  ,  en  Auvergne. 

ISIODORUM,  ou  Iciodorum  TuRONUM,Ifeure, 
bourg  de  France,  enTouraine  ,  fur  la  rivière  de  Creufe, 
vers  les  confins  du  Berri.  S.Euftoche,  évêque  de  Tours, 
y  établit  une  paroi  fie. 
i.  ISIS.  Voyez  Isidis. 

2.  ISIS ,  rivière  d'Afie  ,  dans  là  Colchide.  Arrien , 
Pcripl.  Pond  Eux.  p.  7  cdit.  Oxon.  dit  qu'elle  eft  na- 
vigable ,  &  la  met  entre  l'embouchure  de  l'Acinafis  & 
telle  du  Mogre  ,  à  quatre-vingt-dix  flades  de  l'une  Si  de 
l'autre  rivière.  Scylax  de  Caryande,  p.  ^l'edit.  Oxon. 
met  auffi  cette  rivière  dans  la  Colchide. 

ISITHEA ,  lieu  dont  il  eft  parlé  dans  les  Oracles  des 
Sibylles ,  fol.  104.  Ortélius  ,  Tlufaiir.  doute  fi  ce  n'eft 
pas,  la  même  choie  qu'IJIdis  Oppidum  ,  dont  Pline  a 
parlé  ,  Si  qui  étoit  dans  le  Delta  d'Egypte. 

ISIUM  ouIsiON,  ville  de  la  haute  Egypte,  félon 
Etienne  le  Géographe.  Antonin,  Itincr.  la  nomme  Isiu, 
&  la  met  entre  Mithu  Biffieracon,  à  vingt-quatre  mille 
pas  de  l'une ,  6c  à  virjgt  mille  de  l'autre. 

1SLA.  La  Vie  de  S.  Ludger  nomme  ainfî  une  rivière 
de  l'ancienne  Frife ,  avec  quelques  autres  ,  favoir  Ar- 
napa ,  Lada.  Si  Rura.  Ortélius  foupçonne  que  ce  font 
aujourd'hui  l'IsSEL,  Horndiep  ,  Iada  &  la  ROER. 

ISLANDE ,  fl')  grande  ifle  de  l'Europe,  que  l'on  croit 
être  la  Thulé  des  anciens ,  qui  la  regardoient  comme 
la  dernière  borne  de  la  terre  habitable  ,  quoiqu'il  y  ait 
des  favans  qui  mettent  ailleurs  cette  Thulé.  Voyez  ce 
que  nous  en  difons  dans  fon  article  particulier.  Voici  ce 
que  nous  en  apprend  la  Peyrere  dans  fa  Relation.  L'Is- 
lande eft  une  ifle  de  l'Océan  Deucalédonien  ,  à  13  d. 
30'  de  longitude ,  Si  à  6j  d.  44'  de  latitude.  Cette  fitua- 
tion  eft  prife  fur  l'évêche  feptentrional  de  l'ifle,  nommé 
Hole,  qu'Arngrimus  Jonas  rapporte  dans  fa  Crimogee 
Iflandique  ,  où  d  dit  qu'il  la  tient  de  l'évêque  même  de 
Hole ,  Gundebrand  de  Thorlac ,  fon  compatriote  Si  in- 
time ami  ,  auditeur  de  Tycho-Brahé  8i  grand  aftrolo- 
fue.  Les  limites  de  l'Iiîande  font  ;  au  levant ,  la  mer 
lyperborée;  au  midi,  l'océan  Deucalédonien  ;  le  cou- 
chant regarde  le  Groenland ,  vers  le  cap  Ferwel  ;  &c  le 
nord  eft  expofé  à  la  mer  Glacée  du  même  Groenland. 
La  longitude  &  la  latitude  de  cette  ifle  ne  font  pas  affez 
déterminées  par  cet  auteur.  Duval  fait  paffer  par  le  mi- 
lieu de  l'Iflande  le  premier  méridien  ;  mais  De  l'ifle  met 
la  plus  grande  partie  de  cette  ifle  au  couchant  du  pre- 
mier méridien  ,  &  n'en  laiffe  qu'une  petite  partie  au 
levant  ;  cela  eft  ainfi  fur  la  Mappemonde  qu'il  a  publiée 
en  dernier  lieu  ;  dans  fon  Hémisphère  feptentrional  il 
avoit  fuivi  l'opinion  de  Duwal. 

L'extrémité  boréale  de  l'ifle  eft  fous  le  cercle  polaire; 
&  fa  partie  méridionale  commence  au  64e  d.  de  latitude. 
Duwal  au  contraire  étend  cette  ifle  depuis  64  d.  45'  de 
latitude,  jusqu'à  68  d.  15';  &  pour  la  longitude,  il  lui 
donne  fix  ou  fept  degrés  de  chaque  côté  du  premier  mé- 
ridien. Ce  dernier  auteur  en  a  fait  une  Carte  particu- 
lière qui  eft  devant  la  Relation  de  la  Payrene.  Les  Atlas 
d'Ortélius  Si  Mercator  lui  en  avoient  fourni  l'ébauche. 
On  croit  que  l'Iflande  eft  deux  fois  plus  grande  que  la 
Sicile.  On  connoîtra  auffi  parla  fphere ,  &  l'élévation 
que  j'ai  rapportée  de  cette  ifle ,  que  ce  que  l'on  en  dit 
eft  véritable  ;  qu'au  folftice  d'été  ,  Si  tant  que  le  foleil 
eft  dans  les  fignes  des  gémeaux  Si  de  l'écreviffe ,  c'eft- 
à-dire  deux  mois  durant ,  le  foleil  ne  fe  couche  pas  tout 
entier  fous  l'horizon  de  l'Iflande  feptentrionale  ;  que  l'on 
en  voit  toujours  quelque  peu  ,  Si  la  moitié  aux  jours 
les  plus  longs ,  depuis  les  dix  heures  du  foir  jusqu'à  deux 


SU 

heures  du  matin ,  qu'il  fe  levé  tout  à  fait  ;  d'où  il  s'en- 
luit  qu'au  folftice  d'hiver ,  Si  tant  que  le  foleil  eft  dans 
les  fignes  du  fagittaire  &  du  capricorne,  c'eft-à-dire  deux 
mon  durant ,  le  foleil  ne  fe  levé  pas  tout  entier  fur  le 
rnêmè  horizon,  &  qu'il  n'en  paraît  que  la  moitié  -,  aux 
jours  les  plus  courts,  depuis  les  dix  heures  du  matin  jus-» 
qu'à  deux  heures  après  midi ,  qu'il  fe  couche  tout  à  tait. 
Cette  ifle  eft  nommée Ijlande,  à  caufe  de  la  blancheur 
de  fes  glaces.  On  dit  qu'elle  a  été  fertile  autrefois  ;  qu'elle 
a  porté  de  beaux  bleds  ,  Se  qu'elle  a  été  couverte  de 
grands  bois ,  dont  les  Iflandois  bâtiffoient  de  grands  na- 
vires, &t  dont  il  fe  trouve  encore  aujourd'hui  de  gran- 
des fie  profondes  racines  aux  mêmes  lieux  où  étoienC 
jadis  leurs  forêts,  mais  brûlées  &  noires  comme  del'é- 
béne.  L'Iflande  eft  maintenant  fi  fténle,  que  le  bled  n'y 
fauroir  naître  ;  Si  il  n'y  croît  pas  un  arbre  ,  quel,  qu'il 
foit ,  que  du  petit  bouleau  :  fi  bien  que  l'on  y  mourroit 
de  faim  Se  de  froid,  fi  l'on  n'y  apportoit  des  farines  des 
provinces  voifines ,  Si  fi  les  glaces ,  qui  fe  détachent  aii 
mois  de  Mai  des  terres  ,  qui  iônt  encore  plus  proches  du 
pôle ,  ne  leur  portoient  une  fi  grande  quantité  de  bois, 
qu'ils  en  ont,  luffifamment  pour  fe  chauffer ,  &  pour  fe 
faire  des  maifons  ,  à  la  mode  des  autres  peuples  au  nofd. 
Ils  fe  fervent ,  outre  cela  ,  pour  l'un  Si  pour  l'autre  ,  d'os 
de  baleine  Si  d'autres  grands  poiffons  ,  comme  auffi  de 
deux  fortes  de  tourbes  pour  fe  chauffer  ;  l'une  faite  de 
gazons ,  qui  eft  le  capes  bltuminofus  ;  Si  l'autre  ,  que 
l'on  tire  de  terre ,  comme  d'une  carrière  ,  que  Arngri- 
mus  Jonas  appelle  glebam  foffileri  ,  que  l'on  fait  cuire 
au  foleil,  &  qui  brûle ,  quand  elle  eft  féche ,  comme  le 
gazon.  L'une  Si  l'autre  espèce  de  tourbe  témoigne  afïez 
le  vice  de  la  terre  ,  qui  la  rend  incapable  de  porter  ni 
bled  ni  arbre.  Ces  glaces,  qui  abordent  en  Mande  des 
terres  plus  feptentrionales  ,  font  quelquefois  chargées 
d'arbres  prodigieufement  grands  ;  Si  les  Annales  Iflandi- 
ques  font  mention  d'un,  entr'autres  ,  qui  avoit  foixante- 
trois  coudées  de  longueur ,  Si  fept  de  groffeur. 

Lorsque  ces  glaces ,  détachées  du  nord ,  font  jointes 
à  celles  de  l'Iflande  ,  les  habitans  de  l'ifle  courent  à  la 
quête  du  bois ,  Si  à  la  chaffe  de  quantité  de  bêtes ,  qui, 
s'étant  trop  engagées  dans  la  mer  Glacée ,  voguent  def- 
fus ,  Si  abordent  où  les  glaces  les  portent ,  comme  des 
renards  roux  Se  blancs ,  des  loups  cerviers  ;  des  ours 
blancs  &  noirs  ,  Si  des  licornes.  La  grande  Siprécieufe 
corne,  que  le  roi  de  Dânemarck  garde  à  Frédéricsbourg, 
qui  eft  fon  Fontainebleau,  eft  (à  ce  que  l'on  m'a  dit,) 
d'une  licorne  prife  fur  les  glaces  d'Iflande.  Elle  eft  plus 
longue  Si  plus  groffe,  que  celle  de  Saint-Denis.  Le  comte 
d'Ulfeld  ,  grand-maître  de  Dânemarck,  en  a  une  en- 
tière Se  petite  ,  de  deux  pieds  de  long,  prife  fur  les  mê- 
mes glaces.  Il  m'a  dit ,  que  l'orsqu'on  la  lui  donna  ,  il 
y  avoit  encore  à  la  racine  ,  de  la  chair  Si  du  poil  de  la 
bête. 

L'Iflande  eft  fnontagneufe  Si  pierreufe.  Les  pâturages  ' 
y  font  fi  excellens  ,  qu'il  en  faut  chaffer  le  bétail ,  de 
peur  qu'il  ne  Grève.  L'herbe  y  fent  fi  bon ,  que  les  étran- 
gers la  recueillent  Si  la  font  lécher,  pour  la  mettre  parmi 
leur  linge.  On  dit  néanmoins  que  la  chair  de  bœuf  n'y 
eft  pas  bonne  ,  Si  que  leur  mouton  feht  le  bouc.  Les 
Iflandois  y  font  accoutumés.  Ils  durciffent  Si  conservent 
leurs  viandes,  en  les  expofant  au  vent  Si  au  foleil  ;  ce 
qui  les  rend  &  de  meilleur  goût  Si  de  meilleure  garde, 
que  fi  on  les  avoit  falées.  Ils  font  quantité  de  beurre , 
qu'ils  ferrent  dans  des  vaiffeaux  ;  Si  au  défaut  de  vaif- 
lëaux,  ils  l'amoncelent  dans  leurs  maifons,  comme  des 
piles  de  chaux.  Leur  breuvage  ordinaire  eft  de  lait  ,  Se 
de  petit-lait,  qu'ils  boivent  pur,  ou  mêlé  avec  de  Feau. 
L'ifle  porte  de  bons  chevaux  ,  que  l'on  nourrit  en  hy ver, 
de  poiffons  fecs ,  aufli-bien  que  les  boeufs  Si  les  moutons, 
quand  le  foin  leur  a  manqué.  Les  hommes  même  en 
font  de  la  farine  Si  du  pain,  quand  les  rigueurs  d'un  long 
hyver  empêchent  l'abord  de  leur  ifle  aux  étrangers  qui 
ont  commerce  avec  eux. 

Il  y  a  dans  l'Iïlande  quantité  de  fontaines  froides,  dont 
les  eaux  font  claires  Si  agréables  à  boire  ;  d'autres,  qui 
font  faines  Si  nourriffantes  comme  de  la  bière,  quantité 
de  fources  chaudes  Si  falutaires  pour  les  bains  ;  d,e  grands 
étangs  poiffonneux  ;  de  belles  rivières  navigables  ;  des 
ports  &  des  promontoires. 

Blefkenius  raconte  qu'il  y  a  dans  la  partie  occiden- 
tale de  l'Iflande  un  lac  qui  fume  toujours ,   &  qui  eft 


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néanmoins  fi  froid  ,  qu'il  pétrifie  tout  ce  que  l'on  y  jette. 
Si  l'on  y  fiche  un  bâton,  il  devient  fer  à  l'endroit  par  où  il 
eft  fiché  dans  la  terre  ;  ce  qui  touche  l'eau,  fe  pétrifie  ;  & 
ce  qui  eft  au-deilus  de  l'eau,  demeure  bois.  Blêfkenius 
dit  l'avoir  éprouvé  deux  fois;  il  ajoure  qu'ayant  mis  au 
feu  ,  ce  qui  lui  lembloit  fer  j  ce  fer  brûla  comme  du  char- 
bon. Il  dit  auili ,  qu'au  milieu  de  l'Iflande  ,  il  y  a  un  au- 
tre lac,  qui  exhale  une  vapeur  fi  dangereufe,  qu'elle  tue 
les  oifeaux  ,  qui  volent  par-deflus.  Ce  lac  eft  comme 
l'Averne  des  Grecs,  dont  Virgile  parle  au  /.  6  de  l'Enéide  : 

Quem  fuptr  haud  ulla  poterant  impuni  volantes, 
Ttndtrt  iterpennisy  talisfefe  halitus  atris 
Faucibns  effiindens ,  fupera  ad  convexa  ferebat, 
Unde  locum.  Graii  dixerunt  nomine  Aornon. 

Blêfkenius  ajoute,  à  ce  qu'a  dit  Arngrimus  des  fontai- 
nes chaudes  de  l'Iflande  ,  qu'il  y  en  a  de  fi  chaudes  en 
quelques  endroits ,  que  qui  les  touche  s'y  brûle.  Quand 
cetie  eau  fe  refroidit  ,  elle  laiffe  du  foufre  au-defius  de 
fa  fuperficie.  On  voit  fur  ces  eaux  des  plongeons  rou- 
ges que  l'on  perd  de  vue ,  fi-tôt  que  l'on  s'en  approche, 
&  qui  remontent  fur  l'eau,  pour  peu  que  l'on  s'en  éloi- 
gne. Le  même  dit  encore  ,  qu'en  un  endroit  de  l'ifle, 
que  l'on  appelle  Turloskhaven  ,  il  y  a  deux  fontaines , 
l'une  froide  &  l'autre  chaude  ,  que  l'on  fait  venir  par 
divers  canaux  dans  un  même  baffin  ;  &  que  les  eaux 
de  ces  deux  fontaines,  mêlées  ensemble,  consolent  un 
bain  très-excellent.  Aftez  près  de-là ,  dit-il ,  il  y  a  une 
autre  fontaine ,  dont  l'eau  a  le  goût  du  bled ,  &  a  cette 
vertu  de  guérir  les  maux  vénériens  ,  que  Blêfkenius  af- 
fure  être  fort  ordinaires  dans  cette  ifle. 

Il  n'y  a  dans  toute  l'Iflande  aucune  minière  de  quel- 
que métal  ou  minéral  que  ce  {bit ,  fi  ce  n'eft  de  foufre 
qui  eft  très-commun  dans  toute  l'ifle  ,  mais  que  l'on 
tire  en  plus  grande  abondance  d'une  montagne  nommée 
Hecla  ,  qui  eft  l'Etna  de  l'Iflande  ;  car  elle  jette  des 
flammes  qui  caufent  de  grands^  embrafemens  aux  envi- 
rons. Cette  montagne  eft  du  côté  de  la  partie  orientale, 
déclinant  à  la  méridionale  &C  affez  proche  de  la  mer. 
Blêfkenius  dit  que  ce  mont  ne  jette  pas  feulement  des 
flammes  ,  mais  des  torrens  d'eau  qui  brûlent  comme  de 
l'eau-de-vie.  Il  jette  quelquefois  aufli  des  cendres  noires, 
&  une  quantité  prodigieufe  de  pierres-ponces.  La  tem- 
pête qui  agite  ce  mont,  ceffe  au  vent. d'oueft ,  qui  eft 
le  zéphyre  des  anciens.  Tant  que  ce  vent  fouffle ,  ceux 
qui  connoiflent  ce  mont  ,  &£  qui  en  favent  les  chemins 
-fûrs ,  montent  hardiment  à  fon  plus  haut  fommet ,  &c  à 
l'endroit  par  où  il  vomit  des  flammes  ,  où  ils  jettent  de 
grofies  pierres  que  le  mont  rejette  comme  une  mine  fait 
voler  les  éclats  d'un  mur  qu'elle  emporte.  Il  eft  très- 
•  dangereux  d'en  approcher  à  ceux  qui  n'en  connoiflent 
pas  les  avenues  ,  parce  que  la  terre  qui  brûle  au-deflbus 
venant  à  fondre ,  a  bien  fouvent  englouti  des  hommes 
vivans  dans  ces  fournaifes  ardentes. 

Les  habitans  de  l'ifle  croieiy  qu'une  partie  des  damnés 
eft  jettée  dans  les  feux  du  mont  Hécla,  pour  y  brûler, 
&  que  l'autre  eft  condamnée  à  geler  éternellement  dans 
les  glaces  qui  font  auprès  de  leur  ifle. 

Blêfkenius  dit  qu'étant  en  Iflande ,  fur  la  fin  du  mois 
de  Novembre,  on  vit  à  minuit  grand  feu  fur  la  mer,  aux 
environs  du  mont  Hécla  ,  6k  que  ce  feu  éclaira  toute 
l'ifle  ;  ce  qui  étonna  tous  les  habitans.  Les  plus  expéri- 
mentés affuroient  que  cette  lueur  venoit  du  mont  Hé- 
cla. Une  heure  après,  l'ifle  trembla  ;  &  ce  tremblement 
fut  fuivi  d'un  éclat  de  tonnerre  épouvantable.  On  fut, 
peu  de  jours  après  que  la  mer  s'étoit  tarie  à  l'endroit 
où  le  feu  avoit  paru ,  &  qu'elle  s'étoit  retirée  à  deux 
lieues  de-là. 

Les  Iflandois  n'ont  point  d'argent  monnoyé.  On  leur 
apporte  de  la  farine  ,  de  la  bière  ,  du  vin  ,  de  l'eau-de- 
vie ,  du  fer ,  du  drap  &  du  linge.  Ils  donnent  en  échange 
des  poiflons  fecs ,  du  beurre  ,  du  fuif ,  des  draps  gref- 
fiers ,  du  foufre  ,  des  peaux  de  renards ,  d'ours  &;  de 
loups cerviers.  Blêfkenius  dit  que  les  Allemands, qui  tra- 
fiquent en  Iflande  ,  dreffent  des  tentes  près  des  havres 
où  ils  ont  abordé,  Se  y  étalent  leurs  marchandifes,  qui 
font  des  manteaux,  des  fouliers,  des  miroirs,  des  cou- 
teaux 6t  quantité  de  bagatelles  qu'ils  échangent  avec  ce 


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que  les  Iflandois  leur  apportent.  Les  filles,  qui  font  fort 
belles  dans  cette  ifle  ,  mais  fort  mal  vêtues  ,  vont  voir 
ces  Allemands ,  &  offrent  à  ceux  qui  n'ont  pas  de  fem- 
mes de  coucher  avec  eux,  pour  du  pain  ,  du  biscuit  Se 
quelqu'autre  chofe  de  peu  de  valeur.  Les  pères  même  , 
dit-on,  préfentent  leurs  filles  aux  étrangers  ;  &c  fi  leurs 
filles  deviennent  greffes ,  elles  font  plus  confidérées  par 
les  Iflandois  que  les  autres  :  il  y  a  même  de  la  prefle  à 
les  avoir. 

L'ancienne  Iflande  étoit  divifée  en  quatre  provinces ,' 
félon  les  quatre  parties  du  monde.  Chaque  province  étoit 
divifée  en  trois  bailliages  ,  que  les  Iflandois  appellent 
Repes  :  excepté  la  province  feptentrionale ,  qui,  commeS- 
la  plus  grande  &£  la  plus  importante  en  avoit  quatre. 
Chaque  bailliage  étoit  fubdivifé  en  fix ,  fept  ou  huit,  ou 
dix  judieatures  ,  félon  fon  étendue.  Chaque  province 
affembloit  fes  bailliages  une  fois  l'année ,  &  la  convoca- 
tion fe  faifoit  par  de  petites  croix  de  bois  que  le  gou- 
verneur de  la  province  envoyoit  à  fes  baillifs ,  que  les 
baillifs  diftribuoient  à  leurs  juges  ,  ÔC  que  les  juges  fai-- 
foient-  courir  par  les  familles  de  ceux  .qui  fe  dévoient 
trouver  à  ces  aflemblées.  Le  chef  de  la  juftice,  qui  pré- 
fidoit  aux  quatre  provinces ,  &  qui  étoit  comme  le  fou- 
verain  de  l'Iflande ,  fon  nomophylax  ,  ou  It  conserva-* 
leur  de  fes  loix ,  affembloit  auffi,  en  certains  tems,  lés 
états-généraflx  de  l'ifle.  La  convocation  s'en  faifoit  par 
quatre  haches  de  bois  ,  que  ce  chef  envoyoit  aux  gou-< 
verneurs  des  quatre  provinces. 

Il  y  avoit  dans  chaque  bailliage  trois  temples  princi- 
paux ,  pour  la  juftice  ,  &  le  culte  de  leurs  dieux  ;  c'eH 
pourquoi  la  charge  de  baillif  s'appelloit  Godorp,  qui 
fïgnifie  divine.  Le  principal  foin  des  baillifs  étoit  de  pour- 
voir à  la  néceffité  des  pauvres ,  qui  eft  très-grande  dans, 
ce  pays  ;  d'empêcher  que  les  pauvres  d'une  repe  ou  bail» 
liage  ne  couruflent  à  l'autre  ,  &C  d'arrêter  la  licence  des\ 
mendians  volontaires  ,  contre  lesquels  les.  loix  étoient 
très-rigoureufes  ;  car  on  permettait  de  les  tuer  ou  de  les 
châtrer  ,  de  peur  qu'ils  ne  multipliaffent ,  &  ne  fiflent 
d'autres  coquins  comme  eux.  Il  étoit  même  défendu,  fur 
peine  de  l'exil ,  à  un  homme  pauvre,  de  fe  marier  avec 
une  femme  pauvre  comme  lui.  On  défendoit ,  fous  la 
même  peine,  à  celui  qui  n'avoit  de  quoi  vivre  que  pour 
lui  feul,  de  prendre  une  femme  qui  n'eût  pas  de  quo^ 
s'entretenir  elle-même. 

Ce  gouvernement  ariftocratique  &  cet  ordre  de  jus- 
tice durèrent,  parmi  les  Iflandois ,  jusqu'à  l'an  1163,  1ue 
les  rois  de  Norvège  fe  rendant  maîtres  de  l'ifle ,  la  ren- 
dirent tributaire  par  la  mauvaife  intelligence  des  Iflandois^. 
Les  rois  de  Danemarck,  ayant  ensuite  réduit  le  royaume 
de  Norvège  en  province,  donnèrent  des  vice-rois  à  ces 
peuples,  qui  n'ont  retenu,  depuis  ce  tems,  qu'une  ombre 
légère  de  leur  ancienne  forme  d'état.  La  demeure  de  ces 
vice-rois  eft  à  la  partie  méridionale  de  l'Iflande,  dans  un 
château  nommé  Besestadt.  Ils  ne  font  pourtant  obli- 
gés à  réfider  actuellement  dans  l'ifle ,  qu'en  cas  de  né-; 
ceflité  ;  &  ils  n'y  vont  qu'une  fois  l'année ,  pour  en  re* 
cevoir  les  tributs  qui  confident  en  ces  mêmes  chofes, 
que  les  Iflandois  échangent  avec  les  étrangers  ,  &  dont 
le  roi  de  Danemarck  pourvoit  une  bonne  partie  de  fes 
navires ,  foit  pour  nourrir ,  foit  pour  habiller  fes  mate- 
lots. Le  dernier  vice-roi  d'iflande  étoit  M.  Prosmont, 
amiral  de  la  dernière  flotte  Danoilé,  que  les  Suédois  àéi 
firent  fur  cette  mer.  Il  fe  battit  vaillamment ,  &  mourut 
fur  fon  bord,  l'épée  à  la  main  ,  ayant  refufé  le  quartier 
que  les  ennemis  de  fon  roi  vouloient  lui  donner. 

Arngrim  Jonas  ne  fait  l'Iflande  Chrétienne  qu'en 
l'an  1000.  Les  Iflandois  payens  adoroient  ,  entr'au- 
tres  dieux  ,  Thor  &c  Odin.  Thor  étoit  comme  le  Ju- 
piter ,  Odin  comme  le  Mercure  des  anciens  Grecs 
&  Latins.  Ils  nomment  encore  leur  jeudi  ,  Thorsdag, 
&£  le  mercredi  ,  Odensdag  :  les  autels  consacrés  à 
ces  dieux  ,  étoient  revêtus  de  fer  ;  un  feu  perpétuel 
yjbrûloit;  il  y  avoit  fur  cet  autel  un  vafe  d'airain, 
dans  lequel  on  versoit  le  fang  des  facrifices  ,  &  dont  on 
arrofoit  les  afliftans.  Au  côté  de  ce  vafe ,  il  y  avoit  un 
anneau  d'argent ,  du  poids  de  vingt  onces ,  qu'ils  frot- 
toient  du  fang  de  la  viftime  ,  &  qu'ils  empoignoient 
quand  ils  vouloient  faire  quelque  ferment  folemnel.  Leurs 
Annales  portent  qu'ils  ont  facrifié  des  hommes  à  leurs 
idoles.  Ils  les  écraibient  fur  des  rochers ,  ou  les  jettoiertt 
dans  des  puits  profonds,  creujes'ôc  deftinés  pour  cela,  à 


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l'entrée  de  leurs  temples.  Comme  les  Iflandois  payens 
avoient  bâti  deux  principaux  temples  à  l'honneur  de  leurs 
faux  dieux  ,  au  nord  &c  au  midi  de  leur  isle  :  de  même 
les  Islandois  Chrétiens  ont  établi  les  deux  feuls  évêchés 
qu'ils  ont  aux  mêmes  endroits  de  l'isle.  Ces  deux  évê- 
chés font  Hole ,  au  nord  ;  &i  Schalkold  au  midi.  Ils  font 
Luthériens  de  la  Confeffion  d'Augsbourg ,  de  même  que 
tout  le  Danemarck. 

Les  loix  des  Islandois  font  mêlées  de  tant  d'autres 
loix ,  de  Norvège  &c  de  Danemarck  ,  qu'étant  forcés 
d'observer  celles-ci  ,  &  voulant  garder  les  premières , 
ils  s'engagent  dans  mille  chicanes  fur  l'explication  &  fur 
l'accord  de  leur  droit  avec  celui  de  Danemarck. 

Les  Islandois  d'à-préfent  habitent  leur  isle  ,  comme 
leurs  pères  l'habitoient ,  dans  des  maifons  disperfées  çà 
&  là  ,  de  peur  du  feu ,  parce  qu'elles  font  bâties  de  bois. 
Leurs  fenêtres  font  d'ordinaire  des  trous  fur  les  toits,  à 
caufe  que  leurs  maifons  font  fort  baffes,  ÔC  qu'il  y  en  a 
même  plufieurs  d'enfoncées  dans  la  terre  ,  afin  de  fe 
mieux  garantir  du  vent  Se  du  froid.  Leurs  toits ,  ainfi 
que  ceux  de  Suéde,  font  couverts  d'écorces  de  bouleau, 
comblés  de  gazons. 

Les  Islandois  vivent  au-delà  de  cent  ans ,  fans  fe  fer- 
vir  ni  de  médecins  ni  de  médecines. 

Il  n'y  a  dans  toute  l'Islande  que  deux  villages  aux  deux 
évêchés  de  Hole  fit  de  Schalholt ,  dont  le  plus  grand , 
qui  eft  celui  de  Hole ,  ne  confifte  qu'en  fort  peu  de  mai- 
fons contigues  ;  6c  comme  il  n'y  a  ni  villes  ,  ni  villages 
dans  l'Islande  ,  il  n'y  a  point  aufïi  de  grands  chemins  ; 
ce  qui  oblige  ceux  qui  voyagent  dans  cette  isle  à  fe  fer- 
vir  de  boulloles ,  pour  aller  d'un  lieu  à  l'autre  ,  &  à 
planter  des  bailles  aux  endroits  où  il  y  a  des  goufres  de 
neiges.  Les  hlandois  n'habitent  d'ordinaire  que  fur  les 
rivages  de  la  mer,  ou  près  des  rivières,  à  caufe  de  la  pê- 
che et  des  pâturages  :  ainfi  le  milieu  de  l'isle  eft  comme 
déiérr.  Il  y  a  un  collège  à  Hole ,  où  les  enfans  étudient 
jusqu'à  la  rhéronque,  &  viennent  ensuite  à  Coppenha- 
gue  taire  leurs  cours  de  philofophie  &  de  théologie.  Ils 
ont  une  imprimerie,  où  depuis  peu  l'on  a  imprimé  l'ancien 
teftament  en  Islandois.  Le  nouveau  n'eft  pas  achevé, 
faute  de  papier. 

L'évêché  de  Hole  a  été  pourvu  de  grands  évêques, 
dont  le  caraiogue  fe  trouve  dans  la  Crimogée  d'Arngrim 
Jonas. 

Le»  Islandois  font  tous  joueurs  d'échecs  ;  &  il  n'eft: 
point  de  fi  chétif  payfan  en  Islande ,  qui  n'ait  chez  lui 
ion  jeu  d'échecs  faits  de  fa  main  ,  &:  d'os  de  poiffon , 
taillé  à  la  pointe  de  (on  couteau.  La  différence  qu'il  y  a 
de  leurs  pièces  aux  nôtres  ,  c'eft  que  nos  fous  font  des 
évêques  parmi  eux,  &  qu'ils  tiennent  que  les  eccléliafti- 
ques  doivent  être  près  de  la  personne  des  rois.  Leurs 
rois  font  de  petits  capitaines ,  que  les  étudians  Islandois 
appellent  centuriones.  Ils  font  représentés  l'épée  au  côté, 
les  joues  enflées  ,  &  fonnant  du  cor  qu'ils  tiennent  des 
deux  mains. 

La  langue  IJlandolfc  eft  une  dialefte  de  l'ancienne 
langue  Runique  ;  &  le  dofteur  "SVormius  affuroit  que 
l'Islandois  eft  le  plus  pur  Runique  que  nous  ayons.  Les 
caractères  Islandois,  dont  Blefkenius  adonné  un  alpha- 
beth  dans  fa  Relation,  font  Runiques  ;  &  il  dit  que  parmi 
ces  carafteres ,  il  y  en  a  de  hiéroglyphiques  qui  ligni- 
fient des  mots  entiers.  On  dispute  beaucoup  fur  le  tems 
auquel  l'Islande  a  été  habitée.  On  peut  voir  les  divers 
fentimens  rapportés  dans  la  relation  de  l'Islande,  écrite 
par  la  Peyrere,  &t  inférée  au  premier  volume  des  Voya- 
ges au  nord. 

ISLE ,  (Y  s  ne  fe  prononce  point.)  Les  Grecs  I'appel- 
loient  Nno-os  ,  les  Latins  Insula,  les  Italiens  Ifola,  les 
Espagnols  Ijla  ,  les  François  IJle,  les  Allemands  Insul, 
les  Hollandois  Eyland ,  les  Anglois  IJland  ou  IJle,  les 
Rufliens  Ofirof,  les  Suédois  Holm  ,  les  Arabes  Ge^irah , 
les  Hébreux  »K ,  les  Indiens  Div,  ouDive ,  ou  Pulo,  &c. 
Selon  le  Di&ionnaire  de  l'académie  Françoife,  Yijîe  eft 
un  espace  de  terre  ,  entouré  d'eau  de  tous  côtés. 

Les  isles  différent  ,  ou  par  leur  fituation  ,  ou  par  leur 
grandeur.  A  l'égard  de];ur  fituation  ,  il  y  en  a  dans  l'O- 
céan ,  il  y  en  a  dans  lés* fleuves  &  les  rivières  ;  dans  les 
lacs  &  les  étangs. 

Pour  ce  qui  eft  de  leur  grandeur  ,  elles  diffèrent  ex- 
trêmement les  unes  des  autres.  Quelques  isles  font  affez 


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grandes  pour  contenir  plufieurs  royaumes  ,.  comme  la 
Grande-Bretagne  ,  Ceylan-,  Sumatra  ,  Java  &  plufieurs 
autres  \  quelques-unes  n'en  contiennent  qu'un  lèul,  comme 
l'Irlande!,  la  Sicile  ,  la  Sardaigne  ,  &c.  D'autres  ne  con- 
tiennent qu'une  yille ,  avec  un  territoire  médiocre , 
comme  quantité  d'isles  de  l'Archipel,  de  laDalmaie,  &c 
d'autres  n'ont  qu'un  petit  nombre  d'habitations  disper- 
fées. D'autres  enfin  font  fans  habitant  ;  plufieurs  ne  con- 
fiftent  qu'en  une  roche  ,  &.  on  les  appelle  écaeils  ;  ou 
bien  laftérilité  de  leur  terroir  a  dégoûté  les  habitaris  qui 
auroient  voulu  y  demeurer  ;  ou  bien  c'eft  quelquefois 
la  fituation  trop  baffe  de  leur  terrein  que  la  mer  couvre 
dans  les  grandes  marées. 

Il  y  a  des  isles  qui  paroiuent  avoir  été  telles ,  depuis 
la  .création  du  monde  ,  ou  du  moins  depuis  le  déluge. 
Il  y  en  a  d'autres  qui  ont  commencé  à  paroître  dans  la 
mer  ;  d'autres  qui  ont  été  détachées  du  continent ,  foit 
par  des  tremblemens  de  terre  ,  foit  par  des  orages ,  &£ 
les  grands  efforts  de  la  mer ,  foit  enfin  par  l'induftrie  & 
le  travail  des  hommes. 

On  eft  préfentement  affuré  que  le  continent  que  nous 
habitons  ,  &  où  fe  trouvent  l'Europe ,  l'Afie  &  l'Afri- 
que ,  eft  une  grande  isle  que  la  mer  environne  de  tou- 
tes parts.  On  pourra  dire  ,  fans  doute,  la  même  chofe 
de  celui  qu'on  appelle  le  nouveau  monde  ,  lorsque  l'on 
aura  pénétré  au  nord,  &  à  l'oueft  de  la  baie  de  Hud- 
fon  :  jusques-là  on  ignore  quelles  font  les  limites  fepten- 
trionales  de  ce  continent.  L'Ecriture  fainte  emploie  fou- 
vent  le  nom  à'ijles ,  pour  lignifier  des  parties  du  conti- 
nent de  l'Europe.  Voyez  l'article  Europe.  Les  Arabes,' 
faute  d'avoir  un  mot  particulier  pour  exprimer  une  prës- 
qu'isle ,  donnent  le  nom  d'i/Ze  à  toutes  les  péninfules. 

Les  terres  Arctiques  ,  que  l'on  croyoit  être  un  pays 
continu  ,  font  vraifembîablement  de  grandes  isles  ,  dont 
on  ne  fait  pas  encore  affez  ni  le  nombre  ni  l'étendue.  La 
Californie  que  l'on  prenoit  au  contraire  pour  une  isle,  eft 
une  partie  du  continent. 

Ce  que  l'on  avoit  cru  être  le  commencement  d'un  grand 
continent,  au  midi  de  l'Amérique  ,  s'eft  trouvé  n'être 
qu'une  isle  affez  vafte ,  environnée  d'un  bon  nombre  de 
petites. 

On   compte  ordinairement  dix  isles  de  la  prerrme 


La  Bretagne» 

L'Ifiande", 

La  nouvelle  Zemble, 

Madagascar, 

Niphon, 

Manille  ou  Luçon, 
Bornéo, 
Sumatra , 

Terre  Neuve, 
La  Terre  de  feu, 


(  en  Europe; 
}  en  Afrique; 

en  Aile, 


v-  en  Amérique.' 
On  en  compte  dix  autres  de  moyenne  grandeur ,  &■>. 


La  Sardaigne,     ~\ 
La  Sicile,  > 

Candie,  ) 

L'Irlande  ,J 

Java, 
Céïlan , 
Mindanao,' 
Celebes, 

Cuba, 
Saint-Domingue , 


dlt^eM^-Eu^ 


)  dans  l'Océan, 


en  Afie, 


en  Amérique. 


Il  y  a  dix  autres  ifles  auxquelles  on  peut  donner  le  fur- 
nom  de  moindres ,  parce  qu'elles  ne  font  pas  fi  grandis 
que  les  précédentes. 

L'ifle  de  Séland,  en  Danemarckg 


n% 


ISL 


ÏSL 


La  Corse; 
Négrepont , 

Majorque, 
Cypre, 

Gilolo, 
Amboine  , 
Timor, 


/  dans  la  mer  Mé-J 
r      diterranée,      ) 


en  Europe» 


en  Afiè„ 


La  Jamaïque,  en  Amérique,  dans  la  mer  du  nord. 

L'ifle  Ifabelle  ,  l'une  des  ifles  de  Salomon,  dans  la  mer 
du  fud. 

Le  nombre  des  petites  ifles  eft  presque  infini  ;  on  peut 
dire  qu'elles  font  innombrables  ,  avec  d'autant  plus  de 
vérité,  que  l'on  eft  encore  bien  éloigné  de  connoître  tou- 
tes les  mers.  Il  y  refte  à  découvrir  beaucoup  de  côtes, 
dont  nous  ignorons  les  détails,  pour  ne  point  parler  de 
celles  qui  nous  font  inconnues.  On  peut  faire  trois  claf- 
fes  de  ces  petites  ifles.  La  première  fera  de  celles  qui, 
quoique  feules  ,  ci  indépendamment  des  autres,  rielâif- 
tfent  pas  d'avoir  de  la  célébrité  :  telles  font , 

Dans  la  mer  Baltique , 


Aland  , 
Oiél , 
Gotland , 


Bornholm  ! 
Falfter, 


Laland, 
StFune,  &c 


Dans  la  Méditerranée, 

Rhode ,  Minorque  -,  Corfou , 

Malthe,  Chios,     .  Cerigo. 

Iviça ,  Céphalonie , 

&  un  grand  nombre  d'autres. 

Dans  l'Océan  Atlantique ,  entre  l'Afrique  &leBréfil, 

Sainte-Heléne ,   l'Ascenfion,        &  Saint-Thorné. 

Près  du  détroit  de  Gibraltar  > 

Madère. 
En  Afrique ,  à  l'entrée  de  la  mer  RougeJ 

Zocotora. 

La  féconde  claffe  comprend  les  ifles  que  l'on  connoît 
fous  un  nom  général  qui  eft  commun  à  toutes  celles 
d'un  certain  espace  de  la  mer ,  quoique  la  plupart  ayent 
chacune  un  nom  particulier.  Les  principales  font , 

Les  Wefternes ,  au  couchant  de  l'Ecoffe. 
Les  Orcades ,  au  nord  de  l'Ecoffe. 
Les  ifles  de  Schetland ,  au  nord-eft  des  Orcades. 
Les  Açores,  dans  la  mer  du  nord. 

Les  Canaries,  7    dans  la  mer  Atlantique. 

Les  ifles  du  Cap-verd ,       3 

Les  ifles  de  l'Archipel ,  dans  la  Méditerranée. 
Les'Lucayes,  ou  de  Bahama,?   dafls  h  mef  du  nord> 
Les  Antilles ,  j 

Les  Maldives,  ) 

Les  Moluques,  l 

Les  Philippines  ,  Idans  la  mer  des  Indes,  & 

Le  Japon  ,  [dans  l'Océan  oriental. 

Les  nouvelles  Philippines,  \ 

Les  ifles  Mariannes,  ) 

Les  ifles  de  Salomon ,  dans  la  mer  du  fud ,  &c. 

La  troifiéme  claffe  comprend  les  isles  des  fleuves  & 
des  rivières,  comme  celles  du  Nil,  du  Niger,  de  Gam- 
bie, &C  autres  en  Afrique  ;  de  l'Indus ,  du  Gange,  &  au- 
tres en  Afie  ;  du  fleuve  de  Saint-Laurent, du  Miffiflîpi,de 
l'Quénoque  ,  de  l'Amazone  ,  &  autres  de  l'Amérique  ; 


&  enfin  celles  de  nos  rivières  d'Europe  ,  dans  le  Pô  ,  le 
Danube,  le  Rhône,  la  Seine ,  &c.  Les  lacs  d'Irlande 
ont  quantité  d'isles.  Le  lac  de  Dambée  ,  en  Ethiopie, 
en  a  aufli  plufieurs  ;  &  il  en  eft  ainii  d'une  multitude 
d'autres.  , 

11  y  a  des  isles  artificielles  ;  &  presque  toutes  les  pla- 
ces fortes,  dont  les  foffés  font  remplis  des  eaux  d'une 
rivière  ,  font  de  véritables  isles.  Amfterdam,  Ô£  la  plu- 
part des  villes  de  Hollande ,  ne  font  pas  feulement  des 
isles  ;  mais  chaque  ville  eft  compofée  d'un  certain  nom- 
bre d'isles  plus  ou  moins  grand  ,  félon  fqn  étendue.  La 
feule  viile  de  Venife  n'eft  autre  chofe  qu'une  fourmilliere 
d'isles  jointes  ensemble  par  des  ponts. 

J'ai  dit  qu'il  y  a  des  isles  peu  anciennes  :  l'expérience 
le  prouve  ;  &t  on  convient  qu'il  peut  s'en  former  de  nou- 
velles ,  de  plus  d'une  manière. 

On  ne  peut  pas  douter  qu'il  n'y  ait  des  isles  flottantes.' 
Les  anciens  l'ont  dit  de  Delos ,  de  Thérafie ,  des  Cala- 
mines, des  isles  du  lac  de  Cutilie ,  &c  de  quantité  d'au- 
tres. Quelques-uns  fe  croient  en  droit  de  traiter  ce  fait 
comme  une  fable  ,  fous  prétexte  que  la  plupart  de  ces 
isles  font  fixées  préfentement.  Il  eft  pourtant  ailé  de  con- 
cevoir qu'une  portion  de  terre  fpongieufe ,  légère  &  ful- 
fureufe  lurnage  de  foi- même  ;  qu'étant  foutenue  fur 
l'eau  ,  &c  y  ayant  quelque  diftance  entre  cette  maffe  &C 
le  fond  du  baffin  où  "elle  nage  ,  la  moindre  impreffion 
lui  donne  le  mouvement  ;  mais  le  fond  du  baflin  n'eft 
pas  égal  :  fi  cette  maffe  vient  à  toucher  une  hauteur, 
elle  s'y  fixe  avec  le  tems  ;  les  parties  de  l'une  s'enga- 
gent avec  celles  de  l'autre,  &  il  s'y  fait  une  liaifon  fo- 
lide.  Voyez  l'article  ds  S.  OM£R.  Boxthius,  auteur  qui 
a  écrit  touchant  l'Ecoffe  ,  dit  que  dans  le  lac  de  Lou- 
mond ,  il  y  a  une  isle  qui  nage ,  &  va  comme  le  vent 
la  mené ,  quoiqu'on  y  puifie  faire  paître  du  bétail. 

i.  L'ISLE  D'AARON,  isle  de  l'Océan  occidental,' 
au  couchant  de  l'Irlande,  fur  la  côte  de  Connaught,  en- 
tre la  baie  de  Galloway  &  le  àhannon.  Il  y  en  a  deux 
qui  portent  le  même  nom  ,  favoir,  la  petite  &  là  grande. 
Leur  lituation  avec  celle  de  S.  Grégoire  ,  qui  eft  entre 
deux,  eft  fud-eft  &  nord-oueft. 

X.  L'ISLE  D'AARON.  Voyez  S.  Malo. 
L'ISLE  D'ABRICK  ,  petite  isle  de  la  mer  Baltique,' 
dans  le  golfe  de  Livonie,  au  midi  d'Arensbourg,  capitale 
de  l'isle  d'Ofel. 

L'ISLE-D'ABY-JAAN,  petite  isle  de  Suéde,  au  golfe 
de  Bothnie,  fur  la  côte  occidentale,  par  les  6od.  47'  de 
latitude ,  près  de  l'embouchure  de  la  rivière  dABY,  Se 
du  bourg  d'ABY. 

L'ISLE-ACHER,  petite  isle  d'Irlande,  dans  le  lit  de 
la  rivière  de  Shannon ,  à  l'embouchure  de  la  rivière  de 
Clare. 

L'ISLE- ADAM ,  bourg  de  l'isle  de  France ,  avec  titre 
de  baronnie  &  châlelleme.  Il  eft  fitué  fur  la  rivière 
d'Oyfe,  vers  les  confins  du  Beauvoifis,  une  lieue au.-def- 
fous  de  Beaumont,  &C  à  fept  ou  huit  de  Paris.  On  y  voit 
lin  château  fort  agréable,  appartenant  au  prince  de  Conty. 
Sa  fituation  en  fait  la  principale  beauté  ;  il  eft  bâti  au 
pied  d'un  coteau  ,  fur  deux  isles  que  forme  la  rivière 
d'Oyfe.  Ce  bourg  a  été  fondé  par  Adam  furnommé 
Del'IJle,  feigneur  de  Villiers,  village  fitué  à  une  lieue 
de  l'Isle-Adam.  C'eft  decet  Adam  De  l'isle  qu'étoit  des- 
cendu Philippe  de  Villiers  de  l'Isle-Adam,  grand-maître 
de  Rhodes.  Il  n'y  a  qu'une  paroifle  à  l'Isle-Adam  ,  dont 
l'églife,  qui  eft  affez  belle,  fut  bâtie  en  is6z,  par  le  con- 
nétable de  Montmorency.  Cette  paroifle  eft  deffervie 
par  une  communauté  de  prêtres,  établie  par  Armand  de 
Bourbon,  prince  de  Conty  ;  ces  prêtres  font  tirés  des 
millionnaires  de  S.  Jofeph  de  Lyon,  desquels  ils  dépen- 
dant. On  voit  encore  dans  le  bourg  de  l'Isle-Adam  un 
prieuré  de  l'ordre  de  S.  Benoît.  *  Mémoires  dreffis  fur 
les  lieux  ,  en  1704. 

L'ISLE  D'ADAM  ,   petite  ifle  d'Ecoffe  ,  l'une  des 
"Werfternes.  Elle  eft  fituée  a  l'orient  de  celle  de  Lewis. 
LES  ISLES  D'ADDOU.  Voyez  Addou. 
L'ISLE  DE  L'ADMIRAL.  Voyez  Admiraels  Ey- 

IANDT  &  AM1RANTE. 

L'ISLE  D'AGAMESKE  ou  I'Isle  aux  ^ours 
BLANCS  ,  petite  ifle  de  la  nouvellee  France ,  à  l'extré- 
mité méridionale  de  la  baie  de  Hudson. 

L'ISLE  D'AGOT,  petite  ifle  de  France,  en  Bretagne, 

fur; 


ISL 


ÎSL 


ïûr  la  côte  de  Saint-Malo,  au  couchant  de  la  rade  de  ce 
port. 

L'ISLE  D'AINET,  petite  ifle  de  France,  fur  la  côte 
d'Aunis  ,  entre  l'ifle  d'Aix  &£  le  continent. 

L'ISLE  D'AIX  ,  petite  ifle  de  France  ,  fur  la  côte  du 
pays  d'Aunis  ,  entre  cette  province  &C  l'ifle  d'Oleron, 
au  nord  de  l'embouchure  de  la  Charente. 

L'iSLE  D'ALBENGUE  ,  petite  ifle  de  la  mer  Mé- 
diterranée. Voyez  Albengue  2. 

ISLAS  D'ACATRACES  ,  Mes  de  la  mer  du  fud,  à 
l'embouchure  de  la  petite  rivière  de  Maffia ,  au  fud-efl: 
d'Acapulco. 

L'ISLE  D'ALCMAER,  petite  ifle  des  Indes,  fur  la 
côte  feptentrionale  de  l'ifle  de  Java ,  dans  la  baie  de  Ba- 
tavia, au  nord  oriental  de  cette  ville,  &presqu'au  nord- 
eft  de  l'ifle  d'Enkhuylén. 

L'ISLE  D'ALVON ,  petite  ifle  de  Suéde  ,  au  golfe 
de  Bothnie ,  fur  fon  rivage  occidental ,  près  du  bourg 
de  Sundswal. 

L'ISLE  D'AMAX,  ifle  duDanemarck.  Voyez  Amag. 

L'ISLE  D'AMIVAN,  ou 

L'ISLE  D'AMJUAN.  Voyez  Anjouan. 

L'ISLE  D'AMONT  :  on  appelle  ainfi  la  plus  grande 
des  deux  ifles  de  S.  Marcou,  fur  la  côte  de  Normandie, 
au  Cotantin. 

L'ISLE  D'AMSTERDAM ,  petite  ifle  des  Indes,  au 
nord  de  Java ,  à  l'entrée  du  golfe  de  Batavia ,  auprès  de 
celle  de  Middelbourg.  Il  y  en  a  cinq  autres  de  même 
nom.  Voyez  au  mot  Amsterdam. 

^ L'ISLE  D'ANICAM,  petite  ifle  de  la  Chine,  fut  la 
côte  de  la  province  de  Quanton. 

L'ISLE  D'ANTICOSTI.  Voyez  Anticosti. 

1.  L'ISLE  D'ARAN,  ifle  d'Irlande,  fur  la  côte  occi- 
dentale de  la  province  d'Ulfter  :  elle  eft  accompagnée 
d'écueils  nommés  EJlocs  d'Aran  :  elle  efl;  différente  de 
celle  qtri  fuit. 

2.  L'ISLE  D'ARAN,  d'ARRAN,  d'ARREN,  oud'A- 
REN,  ifle  d'Ecofle.  Voyez  Arran.  i. 

L'ISLE  D'ARBOUZE  ,  ifle  de  France ,  fur  la  côte 
de  Bretagne  ,  à  l'occident  du  port  de  Saint  -  Malo  ,  à 
côté  du  lit  de  l'embouchure  de  la  rivière  qui  arrofe  cette 
ville. 

LES  ISLES  DE  L'ARCHIPEL.  Voyez-en  la  lifte  au 
mot  Archipel.  Il,  feroit  inutile  de  la  répéter  dans 
celle-ci. 

1.  L'ISLE  DES  ARECIFES,  c'eft-à-dire  I'Isle  des 
Rochers,  petite  ifle  de  l'Océan  oriental,  l'une  des  Ifles 
Mariannes. 

2.  L'ISLE  DES  ARECIFES  ou  Aracifes,  ifle  de 
la  mer  du  fud ,  l'une  des  ifles  de  Salomon. 

L'ISLE  D'AREN.  Voyez  Aran  2. 

L'ISLA  DAS  ARENAS,  c'eft-à-dire  V Ifle  des  Sables, 
ifle  de  l'Amérique,  dans  le  golfe  du  Mexique,  aunord- 
oueft  du  cap  Deconofîdo  &  de  la  presqu'ifle  de  Jucatan  ; 
les  Anglois  ont  fort  défiguré  ce  mot ,  &  appellent  cette 
ifle  Desats  ou  Desarcusses. 

L'ISLE  D'ARIMOA.  Voyez  Arimoa. 

L'ISLE  D  ARROÉ.  Voyez  Arroé. 

L'ISLE  D'ARS ,  ifle  de  France ,  fur  la  côte  de  Breta- 
gne ,  à  l'entrée  de  la  rivière  de  Vannes. 

L'ISLE  D'ARTUS,  ifle  d'Angleterre,  l'une  des  Sor- 
lingues. 

L'ISLE  DE  L'ASCENSION  :  il  y  en  a  deux.  Voyez 
Ascension. 

L'ISLE  D'ASINARA,  ifle  auprès  de  la  Sardaigne. 
Voyez  Asinara. 

1.  LISLE  DE  L'ASSOMPTION  ,  la  même  ifle 
qu  Anticosti.  Voyez  ce  mot. 

2.  LISLE  DE  L'ASSOMPTION,  l'une  des  ifles  Ma- 
riannes. Voyez  Assomption  4. 

L'ISLE  D'ATOQUE,  petite  ifle  de  l'Amérique, dans 
la  mer  du  Sud,  dans  la  baie  de  Panama  :  elle  n'eft  pas 
habitée. 

L'ISLE  D'AVAL  ;  on  appelle  ainfi  la  plus  petite  des 
deux  ifles  de  Saint- Marcou,  fur  la  côte  de  Normandie, 
près  du  Cotantin. 

L'ISLE  D'AUDUC,  petite  ifle  d'Irlande,  à  l'entrée 
de  la  baie  de  Gallowai,  près  de  l'ifle  de  Maës,  &  au  fuct- 
eft. 

L'ISLE  D'AVES.  Voyez  diverses  isles  de  ce  nom, 
au  mot  Aves, 


n? 


ISLE  D'AUMONT,dans  la  Champagne  ^diocèfe  de 
Troyes.  Ce  lieu  eft  à  deux  lieues  de  la  ville  épiscopale: 
c'étoit  un  marquifat  que  le  maréchal  d  Aumont ,  lorsqu'il 
pafla  en  Italie,  avoit  acheté  de  Charles  de  Gonzague,  duc 
de  Mantoue.  Louis  XIV  l'érigea  en  duché -parie,  fous 
le  nom  d 'Aumont ,  en  faveur  de  ce  feigneur,  l'an  1565-. 
On  y  voit  les  ruines  d'un  ancien  château ,  qui  peut  être 
du  tems  des  Romains.  Il  y  a  au  même  diocèfe  de  Troyes 
Flfle-fous-Ramene,  &  l'ifle  de  Chantemerle.  Desguerrois 
ne  s'étend  que  fur  celle  qui  eft  à  deux  lieues  de  Troyes, - 
au  rhidi,  qu'il  dit  avoir  fervi  de  retraite  à  beaucoup  de 
faints  ,  qui  y  ont  vécu,  ou  qui  y  font  morts.  Philippe, 
évcque  de  Troyes ,  au  commencement  du  douzième  fié- 
cle  ,  donna  à  S.  Robert  de  Molême  l'églife  d'Ifles,  &C 
dota  le  prieuré ,  pour  y  mettre  des  moines ,  auxquels  il 
donna  des  droits  fur  les  églifes  paroiffiales  de  S.  Thi- 
baud  &  d'Ifles  ,  l'an  11 04.  Plus  de  cinq  cents  ans  aupa- 
ravant c'étoit  un  monaftere,  du  titre  de  Notre-Dame  ;  il 
y  avoit  eu,  dans  les  fiécles  fuivans,  une  autre  églife  du 
titre  de  S.  Urjîon,  laquelle  ne  fubfifte  plus  :  ce  faint  avoit 
fait  fa  demeure  en  ce  lieu,  dès  le  fixiéme  fiécle  ;  faint 
Maurele,  le  vénérable  Aventin,  &  S.  Fale  qui  lui  fuc- 
céda  au  gouvernement  de  ce  lieu.  Il  pourroitfe  faire' que 
ce  qu'on  prend  pour  un  refte  d'antiquité  Romaine,  leroit 
un  refte  de  cet  ancien  monaftere.  *  Notes  de  U  Beuf, 
chanoine  d'Auxerre. 

LISLE  DE  BACALAO, petite  ifle  de  l'Amérique,  fur 
la  côte  orientale  de  Terre-neuve,  entre  la  baie  de  la  Tri- 
nité &  la  baie  de  la  Conception. 

LES  ISLES  DE  B  A  CALAOS.  Voyez  Bacalaos. 

L'ISLE  DE  BACCHUS,  ifle  de  l'Amérique,  dans  la 
Nouvel'e  Angleterre,  dans  la  rivière  deCHOUACOUET. 
Voyez  cet  article. 

L'ISLE  DE  BAGUENAUT,  fflede  France, en  Breta- 
gne, au  nord  de  l'embouchure  de  la  Loire. 

L'ISLE  DE  BALANEC,-ifle  de  France  en  Bretagne, 
entre  l'ifle  d'Oueflant  &  celle  de  Molène,  vers  l'Orient 
méridional. 

L  ISLE  DE  BALICOTTON,  ifle  d'Irlande,  fur  la  côte- 
méridionale,  au  levant  de  l'entrée  de  la  rivière  de  Léo,  que 
l'on  remonte  pour  aller  à  Corck. 

L'ISLE  DE  BALTA,  petite  ifle,  ou  écueil ,  entre  les 
ifles  de  Schetland,  à  l'orient  de  l'ifle  d'UNST. 

LISLE  DE^BALTRUM,  petite  ifle  de  la  mer  d'Alle- 
magne, fur  la  côte  d'Ooftfrife,  entre  le  Dolaërt  &£.  leWé- 
fer.  ■ 

L'ISLE  DE  BALY.  Voyez  Bal  t.  1. 

L'ISLE  DE  BANC,  ifle  de  Suéde,  dans  la  mer  Balti- 
que, fur  la  côte  de  Smaland,  vis-à-vis  de  Wefterwyck. 

L'ISLE  DE  BANCA,  ifle  de  la  mer  des  Indes.  Voyez 
Banca. 

L'ISLE  DE  BANEC,  petite  ifle  de  France,  fur  la  côte 
de  Bretagne,  entre  l'ifle  d'Oueflant  &  l'ifle  de  Balanec. 

L'ISLE  DE  BARACO,  petite  ifle  de  France,  en  Bre- 
tagne, dans  la  Loire ,  vis-à-vis  du  village  de  S.  Etienne, 
au-defïous  de  Nantes. 

L'ISLE-BARBE,  petite  ifle  de  France,  dans  le  milieu 
de  la  rivière  de  Sône,  au  diocèfe  de  Lyon,  avec  une  an- 
cienne abbaye,  qui  eft  vraisemblablement  le  plus  ancien 
monaftere  de  ce  diocèfe.  Cette  abbaye  eft  réunie  au  cha- 
pitre de  S.  Jean  de  Lyon.  *  {Hifi.  de  l'ordre  de  S.  Benoît, 
1.  1,  c.  4,n.  22.) 

L'ISLE  DE  BARNEWELD.  Voyez,  au  mot  5arne« 
Veldt,  deux  ifles  de  ce  nom. 

L'ISLE  DE  BAROU  ou  B  arro,  ifle  au  nord  de  l'E- 
cofle,  au  couchant  des  Orcades,&  au  nord  de  l'ifle  de 
Skie. 

L'ISLE  DE  BARRA,  ifle  de  l'Ecoffe,  entre  les  Vefter- 
nes,au  midi  de  South- NVift,  dont  elle  eft  féparée  par  un 
détroit.  Voyez  BARRA  2. 

L'ISLE  DE  BARREY,  petite  ifle  d'Angleterre  ,  dans 
la  province  de  Glamorgan,  au  pays  de  Galles,  à  l'embou- 
chure de  la  Severne. 

LISLE-EN-BARROIS,  abbaye  d  hommes  ordre  de 
Citeaux,dans  le  duché  de  Bar.  Sa  manse  abbatiale  a  été 
unie  à  l'églife  primatiale  de  Nancy. 

L'ISLE  DE  BAS,  ifle  de  France, en  Bretagne.  Voyez 
Bas. 

L'ISLE  DE  LA  BARTHELASSE  ,  ifle  de  France  ,' 
dans  le  Rhône }  à  une  lieue  au-defliis  d'Avignon,  vis-à- 
TyneW.     Yyy 


ISL 


J3« 

vis  de  Ville-neuve-lès-Avignon  :  elle  eft  remarquable  par 
tan  grand  nombre  de  jolies  maifons  de  campagne ,  &  par 
fa  grande  fertilité.  Elle  a  environ  trois  heués  de  circuit. 

L'ISLE  DE  BASILAN,  petite  ifle  de,  l'Océan  oriental, 
au  fud-oueft  de  Mindanao. 

LES  ISLES  DE  BAYONNE.  Voyez  au  mot 
Bayonne. 

L'ISLE  DE  BEKIA,  en  Amérique.  Voyez  Bekia. 

L'ISLE  DE  BELAO,  ifle  de 1  Océan  oriental,  près  de 
l'ifle  de  Burro. 

L'ISLE-BELLE,  petite  ifle  de  France ,  au  milieu  de  la 
Seine,  dans  le  Vexin  ,  au-deffous  des  ponts  de  Meu- 
lan  ;  elle  a  plus  de  demi-lieue  de  long ,  Se  s'étend 
jusqu'au-delà  du  village  de  Mézi  ;  elle  contient  un 
beau  château'  &  de  vaftes  jardins.  L'abbé  Bignon, 
homme  encore  plus  illuftre  par  fon  favoir.  ,  que  par  fa 
naiffance,  en  a  fait  un  féjour  délicieux.  Ce  lieu  char- 
mant a  été  fouvent  célébré  dans  les  Ouvrages  !des 
beaux  esprits  de  France  ,  &c  a  été  quelquefois  nommé 
Ville  de  Delos. 

L'ISLE  DE  BENARON,  ifle  de  France,  en  Bretagne, 
auprès  de  l'ifle  d'Ars ,  à  l'entrée  de  la  rivière  de  Vannes. 
Elle  eft  très-petite. 

L'ISLE  DE  BENIGUET,  ifle  de  France, en  Bretagne, 
"au  couchant  du  port  le  Conquet. 

L'ISLE  DE  BENIS,  petite  ifle  d'Irlande,  au  comté  de 
Gallo\cay,au  midi  de  celle  deMolin,  entre  cette  ifle  & 
la  terre  ferme. 

L'ISLE  DE  BERE ,  petite  ifle  d'Irlande ,  au  même 
comté  ,  au  nord-oueft  de  l'ifle  de  Molin,  à  l'entrée  delà 
baie  de  Gallovay. 

'  i.  L'ISLE  DE  BERNERE,  petite  ifle  d'Ecoffe ,  l'une 
des  Wefternes,  proche  la  baie  de  Carlway,  au  couchant 
de  Lewis. 

'  2.  L'ISLE  DE  BERNERE,  autre  ifle  des  Wefternes  : 
c'eft  une  des  quatre  qui  font  au  midi  de  celle  de  Barra. 

L'ISLE  DE  BERVIL,  petite  ifle  de  Bretagne,  dans  l'é- 
vêché  de  S.  Paul,  au  nord-eft  de  l'entrée  du  havre  d'A- 
brevache  ou  d'Aberache. 

LES  ISLES  DE  BEVELAND  ,  dans  les  Provinces- 
Unies.  Voyez  Beveland.  Ce  font  à  préfent  deux  ifles 
détachées  1  une  de  l'autre. 

L'ISLE  DE  BEYERLAND,dans  les  Provinces-Unies. 
Voyez  Beyerland. 

L'ISLE  DE  BICCARA  ,  fur  la  côte  occidentale  de 
l'Italie,  tout  joignant  l'ifle  de  Procida.  Elle  a  un  mille  de 
tour ,  eft  affez  bien  cultivée ,  &.  abonde  en  phaifans  &:  en 
lapins. 

L'ISLE  DE  BIDIMA,  ou  I'Isle  de  Saavedra,  ifle 
d'Afie,  dans  l'Océan  oriental.  Voyez  BlDlMA. 

LISLE  BINAR,  petite  ifle  de  France  ,  en  Bretagne, 
au  levant  d'été  de  Saint-Malo ,  à  l'embouchure  de  la  pe- 
tite rivière  de  S.  Coulon. 

L'ISLE  DE  BIORCK,  ifle  de  Suéde.  VoyezBiortKA. 

L'ISLE  DE  BISSAO,  ifle  d'Afrique ,  au  pays  des  Nè- 
gres. Voyez  BlSSAO. 

L'ISLE  DE  BISENTINE,  petite  ifle  d'Italie,  dans  l'é- 
tat de  1  eglife,  au  duché  de  Caftro,  dans  le  lac  de  Bolsène, 
près  du  château  de  Bizenzo  ,  duquel  elle  prend  fon  nom. 

L'ISLE  DE  BYTTE,  petite  ifle  du  Danemarck ,  dans 
la  mer  Baltique  :  elle  eft  à  l'orient  de  la  pointe  méridio- 
nale de  1  ifle  de  Falfter. 

i.  I4JSLE  BLANCHE,  ifle  de  l'Amérique  méridio- 
nale, dans  la  mer  du  nord,  &  l'une  des  ifles  de  Sottovento, 
ou  fous  le  vent ,  vers  la  côte  de  Venezuela,  à  huit  lieues 
de  la  Marguerite ,  &C  à  quarante  de  la  Grenade.  Elle  eft 
déferte.  11  y  a  au  couchant,  &:  près  de  cette  ifle,  fept  au- 
tres petites  ifles,  que  l'on  appelle  les  sept  JOURS. 

2.  L'ISLE  BLANCHE,  petite  ifle  de  France,  en  Bre- 
tagne, dans  le  diocèfe  de  S.  Brieu,  au.nord  de  l'abbaye 
de  Bonport. 

3.  L'ISLE  BLANCHE,  isle  de  l'Amérique  méridio- 
nale. Voyez  Blanca. 

4.  L'ISLE  BLANCHE,  l'une  des  isles  du  Cap-verd. 
<>.  LISLE  BLANCHE  ,  petite  isle  de  la  mer  des  In* 

des ,  près  du  détroit  de  Bantam  ,  à  douze  lieues  de  dis- 
tance de  fa  baffe  pointe. 

L'ISLE  DE  BLANECK  ;  c'eft  la  même  que  l'isle 
de  Balanec. 

LES  ISLES  BLASQUES  ,  isles  d'Irlande  ,  fur  la  côte 


ISL 


occidentale  du  comté  de  Keri  ,  dans  la  province  de 
Muniler  ,  au  couchant  de  la  ville  de  Dingle  ,  &  à  l'en- 
trée de  la  baie  de  même  nom  ;  il  y  en  a  quatre  &c  quel- 
ques écueils. 

L'ISLE  DE  BLINSUND,  petite  isle  fur  la  côte  mé- 
ridionale de  Norwége ,  dans  le  gouvernement  d'Agger- 
huys ,  entre  les  isles  de  Flécher  &  de  Mardoe. 

L'ISLE  DE  BLOUY,  petite  isle  d'Irlande ,  au  comté 
de  Galloway,  à  l'entrée  de  la  baie  de  Beterbuy. 

L'ISLE  DE  BOAVISTA,  l'une  des  isles  de  Salomon,' 
dans  la  mer  du  f"ud.  Voyez  l'article  Boavista. 

L'ISLE  DE  BOCHE  ,  fur  la  côte  occidentale  d'Ir- 
lande, dans  la  province  de  Connaaght.  Elle  a  l'isle  de 
Clere  au  nord,  &C  celle  de  Horshe  au  midi. 

L'ISLE- AUX-B  ŒUFS,  isle  de  l'Amérique ,  au  golfe 
du  Mexique,  dans  la  baie  de  Campèche,  à  l'embouchure 
du  lac  de  Trift.  Elle  eft  féparée  de  l'isle  de  même  nom 
par  un  canal.  Cette  iSle  a  fept  lieues  de  long  &  trois 
ou  quatre  de  large.  Sa  longueur  s'étend  de  l'eft  à  l'oueft. 
La  partie  orientale  regarde  l'isle  de  Trift  :  c'eft  un  ter- 
rein  bas  ck  inondé  ,  qui  ne  produit  auprès  de  la  me* 
que  des  mangles  blancs  &  noirs.  Le  côté  du  nord  donne 
fur  la  haute  mer ,  &  s'étend  tout  droit  de  l'eft  à  l'oueft. 
La  partie  la  plus  avancée  de  l'eft  vers  Trift,  eft  un  pays 
bas  &  couvert  de  mangles ,  durant  l'espace  d'environ 
trois  lieues  ;  &  l'on  trouve  au  bout  une  petite  crique 
falée  ,  qui  eft  affez  profonde  ,  en  haute  marée  ,  pour 
porter  des  bateaux.  *  Dampisr  Voyages  à  la  baie  de 
Campèche,  p.  141. 

Depuis  cette  crique  jusqu'à  la  partie  occidentale  ,  il 
y  a  quatre  lieues  ;  la  baie  eft  par-tout  fablonneufe  ,  &c 
fermée  fur  le  derrière  d'un  petit  banc  de  fable,  couvert 
de  buiffons  épais  &  piquans  ,  comme  l'aubépine  ,  qui, 
portent  un  fruit  à  coquille,  dur  &  blanchâtre,  auflï  gros 
qu'une  prune  fauvage ,  &  à-peu-près  de  la  figure  d'une 
calebafîe.  Cette  partie  occidentale  eft  lavée  par  k  rivière 
de  S.  Pierre  &c  de  S.  Paul ,  6c  couverte  de  mangles  rou- 
ges. A  trois  lieues  au-deffus  de  l'embouchure  de  cette 
rivière  ,  il  y  a  une  petite  branche  qui  coule  vers  l'eft, 
fépare  l'isle  des  Bœufs  du  continent  au  fud ,  &  fait  en- 
fuite  un  grand  lac  d'eau  douce ,  qui  porte  ce  même  nom. 
Il  fe  jette  après  dans  un  lac  falé ,  qu'on  nomme  le  lac 
des  Guerriers;  &C  celui-ci  fe  décharge  à  fon  tour  dans 
Laguna  Termina,  à  deux  lieues,  de  la  pointe  fud-eft  de 
l'isle. 

Le  milieu  de  cette  isle  eft  une  favane,  bordée  d'ar- 
bres, dont  la  plupart  font  des  mangles  noirs,  blancs  ou 
rouges,  avec  quelques  arbres  de  bois  de  campèche.  La 
partie  méridionale  entre  lesfavanes  &  les  mangtes  ,  eft 
très-fertile  ;  &  il  y  a  en  quelques  endroits  des  rangées 
de  collines  ,  qui  font  plus  hautes  que  les  favanes.  Ces 
prairies  produifent  quantité  d'herbes  longues ,  &  les  colli- 
nes portent  de  très-beaux  arbres  de  différentes  fortes  , 
&C  d'une  hauteur  confidérable. 

Les  fruits  de  cette  isle  font  les  penguins  rouges  &  jau- 
nes, les  guavers ,  fapadillos,  limons,  oranges,  &c  Ces 
dernières  n'y  ont  été  plantées  que  depuis  peu  par  une  co- 
lonie d'Indiens ,  qui  s'y  établirent ,  après  avoir  fecoué 
la  domination  des  Espagnols.  Les  Anglois^qui  y  trou- 
voient  des  bœufs  en  quantité  ,  y  alloient  chaffer  :  un 
Espagnol,  propriétaire  de  l'isle,  s'étoit  accommodé  avec 
eux  ,  pour  leur  en  fournir  ;  mais  le  gouvernement  ayant 
defapprouvé  ce  commerce ,  l'isle  demeura  à  la  discrétion 
des  Anglois  qui  l'ont  fort  dégarnie  de  bêtes  à  cornes ,  à 
force  d'en  tuer. 

1.  L'ISLE  DU  BOIS,  dans  l'Océan  Atlantique  :  c'eft 
la  même  que  l'isle  de  Madère. 

2.  L'ISLE  AU  BOIS,  petite  isle  de  France,  en  Breta- 
gne ,  à  l'orient  des  isles  de  Brehat ,  &  de  la  rivière  de 

L'ISLE  DE  BOLSOON,  petite  isle  de  Suéde,  dans 
le  golfe  de  Bothnie,  fur  la  côte  de  Helfingie ,  près  de  la 
pointe  de  Hudwicksvald. 

L'ISLE  DE  BOMMEL  ou  Bommel  HooFT,islede 
Norwége,  au  gouvernement  de  Bergen,  fur  la  côte  occi- 
dentale, à  l'entrée  du  Liet  de  Bergen'. 

L'ISLE  DE  BON  AIR.  Voyez  Buenos  Ayres. 

L'ISLE  DE  BON-AIRE.  Vovez  Bon-air  2. 

LES  ISLES  BONAVENTURE  ,  dans  l'Amérique 
feptentrionale.  Elles  font  dans  le  détroit  d'Hudson ,  au- 


ISL 


ISL 


près  des  côtes  du  nord,  à  63  d.  6'  par  eftime,43  d.  de 
variation  nord-oueft,  à  55  ou  56  lieues  de  l'isle  de  Sa- 
lisbury  ou  Salsbre.  On  les  trouve  à  l'entrée  d'un  grand 
enfoncement  dont  on  ne  voit  pas  le  bout.  Elles  portent 
le  nom  d'un  Canadien,  capitaine  de  frégate  légère.  *  La 
Pothcrie,  Hift.  de  l'Amer.  fept./>.  187. 

L'ISLE  DE  BONA  VISTA.    Voyez  Bonavista. 

L'ISLE  DE  BONNE-ESPERANCE,  isle  de  la  mer 
du  fud  :   les  Hollandois  l'appellent    t  Eyland   van 

GOEDE   HOOP. 

L'ISLE  DE  BONNE-FORTUNE.  Voyez  Bonne- 
Fortune  1,  &î. 

^  L'ISLE  DE  LA  BONNE-JUSTICE,  petite  isle  de 
l'Amérique  méridionale,  dans  le  port  de  S.  Julien.  Voyez 
Port  S.  Julien. 

L'ISLE  DE  BORDO,  l'une  des  isles  deFero  au  nord 
de  l'Ecoffe.  Voyez  Fero. 

L'ISLE  DU  BORGNE,  petite  isle  de  l'Amérique  fep- 
tentrionale,  dans  le  Canada,  fur  la  rivière  des  Ontaouach, 
qui  fe  jette  dans  la  rivière  des  Iroquois  ,  &c  aa  pays  des 
Algonquins. 

L'ISLE  DE  BORIN,  isle  d'Irlande,  dans  la  baie  de 
Galloway,  au  midi  de  cette  ville. 

L'ISLE  DE  BORNÉO.  Voyez  Bornéo. 

L'ISLE  DE  BORNHOLM.  Voyez  Bornholm. 

L'ISLE  DE  BOSA,  petite  isle  d  Italie,  fur  la  côte 
occidentale  de  l'isle  de  Sardaigne,dans  le  port  de  la  ville 
de  Bofa. 

L'ISLE  DE  BOSCH.  Voyez  I'Isle  de  Boche. 

LES  ISLES  DE  BOTTON,  ouPulo  Botton,ou 
Bouto  :  ce  font  plufieurs  isles  de  la  mer  des  Indes , 
fur  la  côte  occidentale  de  la  presqu'isle  de  Malaca ,  de- 
vant la  ville  de  Queda.  Matelief ,  Voyages  de  la  com- 
pagnie Holland.  aux  Indes  orient,  t.  3  ,  p.  301,  en  parle 
ainfi  :  Pulo  Boton  contient  plufieurs  isles,  &;  particuliè- 
rement deux  grandes  ;  le  canal  qui  les  fépare  s'étend  fud 
&  nord.  L'isle  qui  eft  à  l'eft  de  ce  canal,  a  Une  baie  de 
fable,  qui  forme  un  grand  enfoncement ,  qui  eft  pourtant 
plus  grand  au  bout  feptentrional  de  la  baie  qu'au  bout  méri- 
dional. Outre  cela  ,  il  y  a  un  haut  cap  que  forment  des 
rochers  ;  de  forte  que  dans  la  baie  on  eft  à  l'abri  des 
vents  de  nord  &  de  nord-eft,  qui  foufflent  continuelle- 
ment dans  ces  parages  ,  &  des  courans  qui  font  fi  extraor- 
dinaires &C  fi  variables  entre  ces  isles  ,  qu'on  ne  peut 
compter  fur  rien  à  cet  égard. 

De  plus ,  il  n'y  a  dans  cette  baie  qu'une  espèce  de  ras 
de  marée  ;  &c  lorsque  ,  par  un  vent  frais  ou  forcé  du 
nord ,  on  vient  de  dehors  ,  on  fe  trouve  pris  de  calme 
dès  qu'on  approche  du  cap  des  Rochers ,  qui  y  eft  ;  ce 
qui  eft  cauté  par  la  grande  hauteur  de  ces  rochers  ;  & 
l'on  dérive ,  malgré  qu'on  enait ,  du  côté  où  le  ras  de 
marée  vous  porte ,  fans  pouvoir  gouverner. 

Mais  lorsqu'on  paffe  plus  avant  dans  l'enfoncement 
de  la  baie ,  on  y  trouve  un  vent  de  terre ,  qui  vient  d'une 
vallée ,  fi  bien  que  ceux  qui  fe  font  avantageufement 
poftés  vers  les  terres ,  y  font  toujours  au  lof. 

L'ISLE-BOUCHART,  petite  ifle  Se  ville  de  France, 
enTouraine  ,  aux  frontières  de  Poitou  ,  dans  la  rivière 
de  Vienne  ,  d'où  vient  le  nom  de  la  ville.  Elle  a  deux 
ponts  de  bois  ,  &c  eft  à  fept  lieues  de  Tours ,  en  allant 
à  Mirebeau.  Elle  eft  unie  au  duché  de  Richelieu  :  ce 
lieu  eft  la  patrie  du  fameux  André  Du-Chene  ,  hiftorio- 
graphe  de  France. 

L'ISLE-BOUIN,  isle  de  France  ,  fur  la  côte  du  bas 
Poitou,  dont  elle  ri'eft  féparée  que  par  un  canal  près  de 
Beauvoir  &  du  port  de  la  Roche.  Sa  partie  feptentrio- 
nale  eft  censée  de  la  Bretagne  &  du  pays  de  Retz.  Elle 
repréfente  un  triangle ,  dont  la  bafe  eft  du  côté  de  terre 
ferme.  Elle  n'a  que  deux  lieues  de  long  avec  un  bourg 
de  même  nom.  Elle  eft  entourée  d'un  fond  de  vafe ,  au 
nord  &  au  couchant. 

La  jurisdiftion  s'y  exerçoit  autrefois  par  indivis  entre 
la  Bretagne  &c  le  Poitou  ;  mais  cette  isle  ayant  paffé  de 
la  maifon  de  Clérambaut  à  celle  de  Pontchartrain  ,  le 
chancelier  de  ce  nom  fit  ordonner  par  édit  du  26  Sep- 
tembre 171 4,  qu'elle  feroit  de  la  jurisdiftion  de  Poitou. 
Les  habitans  n'y  payent  point  de  taille. 

L'ISLE  DE  BOURBON.  Voyez  Mascaregne. 

L'ISLE  DE  BOURHIC,  petit  écueil  fur  la  côte  mé- 
ridionale de  Belle-Isle,  fur  les  côtes  de  Bretagne. 

L'ISLE  DE  BOUTO.  Voyez  I'Isle  de  BoTTON. 

L'ISLE  DE  BOUTON.  Voyez  Bouton. 


>39 

ISLES  BOUTONNES,  dans  l'Amérique feptentrio- 
nale  ,  à  l'entrée  du  détroit  d'Hudson  ,  dont  elles  for- 
ment l'embouchure  du  côté  du  midi.  Elles  font  à  l'op- 
pofite  de  l'isle  deRéfolution,  qui  forme  l'autre  côté  de 
l'embouchure  du  détroit.  On  les  peut  voir  de  treize  à 
quarorze  lieues.  Elles  paroiflent  beaucoup  plus  hautes 
que  celle  de  la  Réfolution  ,  &  on  les  voit  au  nombre 
de  huit.  Elles  font  à  deux  lieues  de  la  terre  ferme ,  en- 
tre laquelle  &  ces  isles  il  y  a  un  bon  partage  dont  le 
cap  s'appelle  le  cap  Fleuri.  Les  courans  portent  au  nord.  ■ 
*La  P.othene,  Hift.  de  l'Amer,  fept. 

L'ISLE  DE  BRADESEY,  isle  d'Angleterre,  dans  la 
mer  d'Irlande,  à  la  pointe  deCaernarvan  au  midi. 

L'ISLE  DE  BRAN,  petite  isle  d'Irlande,  dans  la  ri- 
vière du  Shannon,  au-deffus  de  la  baie  de  Clare 

L'ISLE  DE  BRANKSEY,  petite  isle  d'Angleterre  , 
dans  le  comté  de  Dorset ,  à  l'entrée  du  havre  de  la  Pôle 

L'ISLE  DE  BRASNON,  isle  de  Suéde,  dans  le  golfe* 
de  Bothnie,  à  l'embouchure  de  Niurund  qui  coule  en 
Suéde  ,  dans  la  province  de  Médelpadie. 

L'ISLE  DE  BRAVA.  Voyez  Brava. 

L'ISLE  DE  BRAZZA.  Voyez  Brazza. 

L'ISLE  E>E  BREDE  ,  petite  isle  de  France,  en  Bre- 
tagne ,  à  l'entrée  de  la  rivière  de  Vannes ,  à  l'orient  de 
l'IsIe-aux-Moines. 

LES  ISLES  DE  BREHAT,  isles  de  France,  en  Bre- 
tagne. Quelques-uns  écrivent  Brehac.  C'eft  une  allez 
grande  isle  accompagnée  de  plufieurs  petites ,  à  l'embou- 
chure de  la  rivière  de  Trieu ,  à  l'extrémité  occidentale 
de  l'évêché  de  S.  Brieu. 

L'ISLE  DE  BRESAM,  petite  isle  d'Angleterre,  près 
du  cap  de  Cornouailles. 

(  L'ISLE  DE  BRESSA  ,  l'une  des  isles  de  Schetland  , 
à  l'orient  de  celle  de  Mainland,  &  presque  vis-à-vis  de 
la  baie  de  Laxford.  Elle  eft  fort  petite. 

L'ISLE  DE  BREU,  petite  isle  de  France,  en  Breta- 
gne,  a  l'entrée  du  havre  d'Abbrevrak,  fur  la  gauche,  en 
entrant  ,  dans  l'évêché  de  S.  Paul. 

L'ISLE  DE  BRION,  petite  isle  de  l'Amérique,  dans 
le  golfe  de  S.  Laurent ,  au  nord  de  l'isle  de  S.  Jean 

L'ISLE  BRULANTE  :  Dampier  ,  Suite  du  Voyage: 
de  la  nouvelle  Hollande,  en  marque  plufieurs  de  ce  nom. 
Ce  font  des  isles  qui  ont  des  volcans.  Il  en  décrit  ainfi 
une  près  de  la  nouvelle  Guinée.  Cette  isle  vomit  du  feu 
&  de  la  fumée  toute  la  nuit,  d'une  manière  furprenante  ; 
à  chaque  fecouffe  nous  entendions  un  bruit  terrible  , 
comme  celui  du  tonnerre  ,  Scnous  voyions  enfuite  paroî- 
tre  la  flamme  qui  étoit  épouvantable  ;  les  intervalles 
entre  les  fecoufles  étoient  à-peu-près ,  d'une  demi  -  mi- 
nute ,  les  unes  plus  ,  les  autres  moins.  Les  fecouiïès  n'é- 
toient  pas  toutes  de  la  même  force.  Il  y  en  avoit  de 
foibles  en  comparaifon  des  plus  violentes  ,  quoique  les 
premières  jettaffent  quantité  de  feu  ;  mais  les  dernières 
caufoient  un  mugiflement  horrible  ,  &c  poufîoient  une 
groffe  flamme  de  la  hauteur  de  trente  verges.  On  voyoit 
alors  une  grande  traînée  de  feu  ,  qui  couroit  jusqu'au 
pied  de  l'isle  ,  &  même  jusqu'au  rivage.  Ce  volcan,  fé- 
lon lui,  eft  à  <;   d.  33'  de  latitude  méridionale. 

Le  nom  d'IJle  Brûlante  eft  commun  à  toutes  celles 
qui  ont  de,s  volcans  ,  &  le  voyageur  cité  en  a  vu  plu- 
fieurs dans  ces  mers. 

L'ISLE  BRÛLÉE ,  petite  isle  de  France ,  en  Breta- 
gne ,  dans  l'évêché  de  Tréguier  ,  fur  la  côte,  au  nord 
de  l'isle  de  Molene. 

L'ISLE  DE  BUA.  Voyez  BU  A. 

L'ISLE  DE  BUADE  ,  isle  de  l'Amérique  ,  dans  la 
Nouvelle  France  &  dans  le  lac  de  Frontenac  ,  à  l'en- 
droit où  le  fleuve  de  S.  Laurent  en  fort,  du  côte  orien- 
tal de   ce  lac ,  &  près  du  fort  de  Frontenac. 

L'ISLE  D'UN  BUISSON  ,  petite  isle  de  l'Améri- 
que ,  dans  la  baie  de  Campèche  ,  peu  loin  de  Trift. 
Elle  n'a  pas  plus  de  quarante  pas  de  long  ,  &  cinq  ou 
fix  de  large.  Il  n'y  a  qu'un  feul  petit  arbre  tortu,  qui  lui 
a  fait  donner  ce  nom.  On  diroit,  à  la  voir,  que  ce  n'eft 
qu'un  monceau  de  coquillages  ,  dont  l'isle  eft  presque 
couverte,  fur-tout  d'écaillés  d'huîtres.  Elle  eft  éloignée 
de  près  d'un  mille  du  rivage  ;  &  il  y  a  vis-à-vis  une 
petite  crique  qui  s'étend  un  mille  plus  loin  ,  &£  qui  fe 
forme  ensuite  en  un  grand  bras  de  mer.  C'eft  par  cette 
crique  qu'on  porte  le  bois  de  Campèche  dans  les  vaif- 
feaux  qui  font  à  l'ancre  devant  la  petite  isle.  *  Dampier  y 
Voyages  à  la  baie  de  Campèche,  p.  irj. 

T9mtI.II.    Yyy  ij 


j  40  ISL 

L'ISLE  DE  BURRA.  Voyez  Burra; 

L'ISLE  DE  BURRO.  Voyez  Burro. 

L'ISLE  DE  BURSEY,  isle  d'Angleterre  ,  au  comté 
de  Dorset,  dans  le  havre  de  la  Pôle,  au  midi  occiden- 
tal de  l'isle  de  Branksey. 

L'ISLE  DE  BUS.  Voyez  Bus. 

L'ISLE  DE  BUSI ,  écueil  près  de  l'isle  de  Liffa,  en 
Dalmatie ,  dans  le  golfe  de  Venife. 

L'ISLE  DE  BUZAR ,  petite  isle  de  France,  en  Bre- 
tagne ,  fur  la  Loire ,  un  peu  au-deffous  de  Nantes  ,  vis- 
à-vis  de  S.  Pierre  de  Bouguenay. 

LES  ISLES  DE  CABINCOS  ,  petites  isles  de  la  mer 
des  Indes,  allez  près  de  l'isle  Bouton,  vers  les  Moluques. 

L'ISLE  DE  CABONNE  ,  petite  isle  de  la  mer  des 
Indes,  au-delà  de  l'isle  Célèbes,  à  huit  ou  neuf  lieues 
au  nord-eft  de  Bouton. 

L'ISLE  DE  CACAN,  petite  isle  de  Dalmatie,  dans 
la  mer  Adriatique,  dans  le  golfe  de  Sébénico ,  près  des 
isles  Coronata  &  Zuri. 

_  L'ISLE  DE  CACKIAN  ,  isle  de  la  Chine ,  à  une 
lieue  &  demie  de  Macao. 

L'ISLE  DE  CANO  ou  CAGNO.  Voyez  Cayno. 

L'ISLE  DE  CAÏMAN  ,  isle  de  l'Amérique  fepten- 
trionale,  dans  la  mer  du  nord,  vers  le  midi  de  l'isle  de 
Cuba ,  dont  elle  eft  à  près  de  quarante  lieues. 

De  l'Ifle  diftingue  trois  isles  de  ce  nom ,  au  midi  de 
l'isle  de  Cuba  ,  &  au  couchant  du  canal  qui  fépare  Cuba 
de  la  Jamaïque;  favoir,  le  grand  Cayman,  vers  le  96e  d. 
40'  de  longitude  ;  &t  le  petit  Cayman ,  qui  confïfte  en 
deux  autres  isles ,  au  levant  l'une  de  l'autre  ,  6ç  toutes 
deux  à  l'orient  feptentrional  du  grand.  Le  petit  Cay- 
man eft,  à-peu-près ,  à  trente-trois  lieues  communes  de 
France  de  l'isle  de  Cuba  ,  &  le  grand  en  eft  à  environ 
cinquante-cinq. 

L'ISLE  DE  CALAJBRE,  petite  isle  de  France,  fur 
la  côte  de  Bretagne,  au  midi  oriental  de  l'isle  des  Saints. 

L'ISLE  DE  CALAMINA.  Voyez  Calamo. 

L'ISLE  DE  CALAMO.  Voyez  Calamo  a. 

L'ISLE  DE  CALAMOTA  ;  c'eft  l'une  des  petites 
ïsles  qui  font  autour  de  Ragufe. 

L'ISLE  DE  CALDY  ,  petite  isle  d'Angleterre  ,  au 
pays  de  Galles ,  dans  la  province  de  Penbrock ,  fur  la 
côte  occidentale  de  l'Anse. 

L'ISLE  DE  CALLAO.  Voyez  Callao. 

L'ISLE  DE  CALOYER  ou  du  Caloyer.  Voyez 
Caloyer. 

L'ISLE  DE  CALOT,  isle  de  France,  en  Bretagne,  à 
l'orient  de  l'embouchure  de  la  rivière  de  S.  Paul  de  Léon: 
elle  eft  presque  toute  en  longueur ,  &  borde  le  lit  de  la 
rivière. 

L'ISLE  DE  CALSOE  ,  l'une  des  isles  de  Fero  ,  au 
nord  de  celle  d'Oftroë  ,  &  au  couchant  de  celles  de 
Cunse  &  de  Bordo. 

L'ISLE  DE  CAMEU ,  petite  isle  de  l'Océan  fepten- 
trional ,  dans  la  Laponie  Danoife ,  entre  Nord-Kyn  & 
Slettenefs. 

LES  ISLES  CANARIES.  Voyez  ce  mot. 

L'ISLE  DE  CANDIE.  Voyez  Candie. 

L'ISLE  DE  CANO  :  c'eft  la  même  que  Cayno. 
Voyez  ce  mot. 

L'ISLE  DU  CAP-BRETON.  Voyez  au  mot  Cap. 

LES  ISLES  DU  CAP-VERD ,  isles  de  l'océan  At- 
lantique ,  fur  la  côte  occidentale  de  l'Afrique ,  au  cou- 
chant du  cap ,  dont  elles  portent  le  nom ,  &  dont  elles 
font  éloignées  de  cent  lieues.  Pour  la  longitude,  elles  font 
entre  le  352e  d.  &  le  355e  ;  &  pour  la  latitude,  depuis 
le  14e  d.  30',  &t  le  19e  d.  félon  la  Carte  de  la  Barbarie, 
Nigritie  &  Guinée  par  De  l'Ifle.  Elles  font  très-diffé- 
rentes pour  la  grandeur  :  celle  de  Sant-Jago  eft  la  plus 
grande  ;  elle  a  à  l'orient  l'isle  de  May,  qui  eft  beaucoup 
plus  petite  ;  &C  au  couchant  de  fa  partie  méridionale  eft 
l'isle  de  Fogo  ,  &  un  peu  plus  loin  l'isle  de  Brava.  Au 
nord  oriental  de  l'isle  de  May,  eft  Bonavijia,  plus  grande 
que  cette  dernière ,  &C  au  nord  occidental  de  Bonavifta 
eft  l'isle  de  Sel;  à  l'occident  de  celle-ci  ,  eft  l'isle  de 
S.  Nicolas  ,  après  laquelle  on  trouve  de  fuite  S.  Vin- 
cent ,  fainte  Lucie ,  Si  S.  Antoine,  la  plus  occidentale  de 
toutes.  Au  midi  de  S.  Vincent,  il  y  en  a  deux  autres  pe- 
tites ,  YIsle-Ronde  &c  Vlsle-Chaon.  Cela  fait  le  nombre 
de  douze  :  fi  on  y  ajoute  quelques  écueils,  on  fera  mon- 
ter ce  nombre  jusqu'à  vingt.  Les  anciens  les  ont  con- 
nues, Ô£  quelques  géographes  croient  qu'on  les  a  nom- 


ISL 


mées  Hespèrides  ':  il  eft  bien  plus  vraifemblable  que  ce  font 
les  Gorgades  de  Pline.  On  en  avoit  perdu  la  connoiffance 
avec  le  tems ,  &C  ce  font  les  Portugais  qui  les  ont  re- 
trouvées. L'an  1463,  Antoine  Noli,  Génois  de  nation, 
au  (ervice  du  roi  de  Portugal  ,  les  découvrit  au  profit 
de  cette  couronne  qui  les  a  conservées.  L'air  y  eft  gé- 
néralement chaud  &  peu  fain  en  quelques  -  unes.  Les 
Portugais  y  ont  un  vice-roi  qui  fait  ton  lejour  dans  celle 
de  Sant-Jago  :  elles  font  peuplées  d'Européens,  ou  de 
familles  originaires  d'Europe,  qui  y  profeffent  la  religion 
Catholique  comme  en  Portugal  ;  ils  y  ont  aufli  quelques 
Nègres.  Je  parle  de  la  plupart  de  ces  isles  dans  des  ar- 
ticles iéparés. 

L'ISLE-CAPEL,  petite  isle  d'Irlande,  dans  la  province 
de  Munfter ,  à  l'entrée  du  havre  de  Dungarvan. 

L'ISLE  DE  CAPRÉES.  Voyez  Caprees. 

L'ISLE  DE  CAPRI  :  c'eft  la  même. 

L'ISLE  DE  CARAQUET,  petite  isle  de  l'Améri- 
que feptentrionale ,  dans  le  golfe  de  S.  Laurent ,  au  midi 
de  l'entrée  de  la  Baie  des  Chaleurs,  près  de  l'isle  de  Mis- 
cou. 

L'ISLE  DE  CARLOON,  isle  de  Suéde,  dans  le 
golfe  de  Bothnie,  fur  la  côte  orientale,  auprès  d'Ulaborg. 

ISLES  DU  CASTOR.  Ce  font  de  petites  isles  bien 
boifées ,  &c  dont  le  terrein  paroît  fort  bon ,  fituées  dans 
la  Nouvelle  France,  affez  près  de  la  côte  orientale  du  lac 
Michigan  ,  environ  à  quinze  lieues  de  fa  décharge  dans 
le  lac  Heuron.  Elles  doivent ,  félon  toutes  les  apparen- 
ces ,  leur  nom  aux  Amilloués  appelles  la  nation  du 
CaJlor,èiqai  y  ont  long-tems  réfidé.  Cette  nation  réduite 
aujourd'hui  à  très-peu  de  chofe,  eft  errante  ,  &des  Ou- 
taouais  fe  font  logés  dans  une  des  isles  du  Caftor.  *  Jour- 
nal du  P.  Charlevoix. 

L'ISLE  DE  CATAON ,  félon  Hagenaer ,  Voyages 
de  la  compagnie  des  Indes  orientales  Hollandoife ,  t.  5  , 
p.  308.  Pulo-Canton,  félon  De  l'Ifle,  petite  isle  de 
l'Océan  oriental ,  fur  la  côte  de  la  Cochinchine  ,  affez 
près  du  continent.  Hagensr  observe  qu'elle  eft  pofée 
dans  les  Cartes  par  les  1 5  d.  40',  &  que,  félon  fon  eftime, 
elle  doit  être  par  les  15  d.  14'. 

L'ISLE  DE  CAULI ,  écueil  fur  la  côte  orientale  de 
Sardaigne  ,  dans  la  partie  feptentrionale  du  golfe  de  Ca- 
gliari. 

L'ISLE  DE  CÉFALONIE.  Voyez  CÉFALONIE. 

L'ISLE  DE  CERAM.  Voyez  Ceram. 

L'ISLE  DE  CERF,  isle  de  France,  en  Bretagne,  fur 
la  côte  de  l'évêché  de  Tréguier  :  c'eft  la  plus  méridio» 
nale  &  la  plus  occidentale  des  fept  isles. 

L'ISLE  DE  CERIGO.  Voyez  Cerigo. 

L'ISLE  DE  CERIGOTO.  Voyez  Cerigoto. 

L'JSLE  DES  CERFS,  isle  de  la  Grande-Bretagne,  fur 
la  côte  de  Normandie  ,  entre  l'isle  de  Grénezey  &c  le 
Cotantin. 

L'ISLE  DE  CES  AMBRE,  isle  de  France,  fur  la  côte 
de  Bretagne,  à  l'embouchure  de  la  rivière  de  S.Malo. 

L'ISLE  DES  CHALOUPES,  isle  des  Indes ,  à  l'en- 
trée du  golfe  de  la  Sonde  ,  du  côté  du  midi  :  elle  eft 
nommée  de  Gallapas  dans  quelques  Cartes. 

LES  ISLES  DE  CHAMETLI.  Voyez  Chametli. 

L'ISLE  DE  CHAMPION,  isle  de  France,  dans  la 
Seine ,  près  de  Mante.  Elle  eft  bordée  des  deux  côtés 
par  la  rivière ,  &  ornée,  par  les  foins  de  la  ville ,  d'un 
plan  d'ormes ,  qui  forme  une  avenue  d'une  beauté  fin- 
guliere. 

L'ISLE-CHARLES.  Voyez  l'Isle  des  Chiens,  r. 

L'ISLE  DE  CHARLESTOAVN ,  isle  de  l'Amérique 
feptentrionale,  dans  le  fond  méridional  de  la  baie  de 
Hudson. 

L'ISLE  DU  CHATELIER  ou  Catelier  ,  petite 
isle  de  France  ,  en  Bretagne  ,  à  l'orient  de  la  ville  de 
Cancale. 

L'ISLE  DE  CHEPELIO  ou  de  Chepillo.  Voyez 
Chepillo. 

L'ISLE  DES  CHEVAUX,  isle  d'Afrique,  fur  la  côte 
de  Guinée ,  affez  près  de  Rio  de  Gabon. 

1.  L'ISLE  DES  CHIENS,  appellée  par  lesAnglois, 
Ylsle-Charles,  isle  d'Afrique  ,  au  royaume  de  Barra,  fur 
la  rivière  de  Gambra ,  à  fix  lieues  de  la  mer.  Les  Anglois 
y  avoient  autrefois  un  fort  qu'ils  ont  laiflé  tomber  en 
ruine.  *  Voyage  d:  Moore.  Carte  de  la  Garnira  ,  par 
JeanLéach,  1731. 

a.  L'ISLE  DES  CHIENS,  fur  la  côte  feptentrionale 


ISL 


ISL 


du  golfe  Mexique ,  à  dix  lieues  à  l'oueft  de  S.  Marc 
d'Apalache.  Elle  a  dix  à  douze  lieues  de  long  ,  &  il  y 
a  un  paffage  pour  les  grandes  chaloupes  entr'elle  &C  le 
continent.  *  Journal  d'un  Voyage  en  Amérique  ,  par  le 
P.  Charlevoix. 

L'ISLE  DE  CHILOE.  Voyez  Chiloé. 

LES  ISLES  DE  CHOZÉ ,  isles  de  France ,  fur  la 
côte  de  Normandie,  au  couchant  feptentrional  deGran- 
ville.  Ce  font,  je  pense,  les  mêmes  isles  que  Taflîn, 
dans  fa  Description  des  côtes  de  France,  appelle  écueils 
de  Sauffée.  Il  en  fait  deux  isles.  Le  Neptune  François  en 
fait-  plus  de  vingt,  dont  la  plupart  ont  leurs  noms  par- 
ticuliers, fans  compter  quelques  pointes  de  roches,  qui 
font  entre  ces  isles  &  le  continent. 

L'ISLE  DE  CHUCHE ,  petite  isle  de  la  mer  du  Sud  ; 
elle  eft  petite  ,  baffe  ,  ronde ,  pleine  de  bois  ,  déferte , 
&  à  quatre  lieues  de  Pacheque,  du  côté  du  fud-fud-oueft. 
* Dampier ,  Voyages,  t.  i  ,  p.  226. 

L'ISLE  DE  CÏAMPELLO.   Voyez  Champello. 

L'ISLE  DE  CIGLIA,  petite  isle,  fur  la  côte  orien- 
tale de  Fisle  de  Corse ,  à  l'entrée  &  au  nord  de  Porto- 
Vecchio. 

L'ISLE  CLARE ,  isle  d'Irlande ,  fur  la  côte  occiden- 
tale, dans  la  province  de  Connaught ,  à  l'entrée  du  golfe 
de  Burishol  ou  Breffel ,  au  nom  de  Fisle  Boche. 

L'ISLE  DE  CLOMK.ILL,  petite  isle,  entre  les  Wes- 
ternes ,  au  couchant  de  Mul ,  &  au  nord  de  Jura. 

L'ISLE  DE  COB  ,  petite  isle  d'Angleterre ,  au  comté 
de  Dorchefter ,  à  l'entrée  de  la  baie  de  Culliton. 

L'ISLE  DE  COCAGNE ,  petite  isle  de  l'Amérique 
feptentrionale,  dans  le  golfe  de  S.  Laurent  &  la  Gaspéfie. 

On  dit  d'un  canton  où  l'on  vit  à  bon  marché,  &  dans 
l'abondance  de  tout  ce  qui  fert  à  la  bonne  chère  :  Ceji 
un  pays  de  Cocagne.  Il  lé  peut  faire  que  ceux  qui  fe  font 
intéreffés  aux  premiers  établiffemens  du  Canada,  ayent 
extrêmement  vanté  ce  pays,  pour  y  attirer  des  colons  & 
des  artifans  ,  &  qu'exagérant  la  facilité  qu'il  y  avoir  d'y 
vivre  presque  pour  rien  ,  ils  ayent  afluré  qu'on  y  trou- 
voit  tout  à  foifon  ,  même  dans  Fisle  de  Cocagne ,  qui 
s'eft  qu'un  fort  petit  morceau  de  terre  ,  &  que  cela  ait 
paffé  en  proverbe.- 

L'ISLE  DE  COCH1NA ,  petite  isle  fur  la  côte  de 
Sardaigne  ,  au  nord-oueft ,  &  au  nord  de  Caftel-Arra- 
gonèfe. 

1.  L'ISLE  DES  COCOS  ,  isle  de  la  mer  du  fud,  au 
nord  de  Fisle  des  traîtres ,  vers  les  196  d.  de  longitude, 
&le  16e  d.  de  latitude  méridionale.  Elle  eft  au  fud-oueft 
des  isles  de  Salomon  ,  &  non  pas  à  Feft  de  celles  de 
Salomon,  comme  le  dit  Baudrand. 

2.  L'ISLE  DES  COCOS ,  autre  isle  de  la  mer  du 
fud ,  à  l'orient  du  golfe  de  Panama ,  par  les  289  d.  de 
longitude ,   &  par  les  5  d.  de  latitude  feptentrionale. 

3.  LES  ISLES  DES  COCOS,  isles  de  la  mer  des 
Indes ,  entre  Fisle  de  Java ,  la  nouvelle  Hollande  &£  les 
Maldives,  par  les  113  d.  de  longitude,  &  les  16  &£  17  d. 
de  latitude  méridionale. 

L'ISLE-COKET,  petite  isle  d'Angleterre ,  fur  la  côte 
orientale,  dans  la  province  de  Northumberland ,  au  midi 
de  FIsle-Farne  ,  &  au  nord  de  l'embouchure  de  la  Tine. 

L'ISLE  DE  COLINET,  petite  isle  de  France,  en 
Bretagne,  ou  plutôt  roche  toujours  découverte ,  dans  la 
baie  de  Douarnenez  au  midi,  6c  à  l'entrée  du  port  de 
Poldavid. 

L'ISLE  DE  COLLOUSA  ou  Colonsay,  l'une  des 
Wefternes,  au  couchant  de  Fisle  de  Jura  ;  elle  a  cinq  ou 
fix  milles  d'étendue  ,  &  n'eft  pas  fi  fertile  que  Fisle  d'O- 
ronsay ,  dont  elle  n'eft  féparée  que  par  un  petit  détroit. 
Suivant  la  tradition  de  fes  habitans  ,  les  Pygmées  y  ont 
autrefois  demeuré. 

L'ISLE  DE  COLONI,  entre  les  isles  deSchetland  , 
au  couchant  de  la  partie  méridionale  de  la  grande  isle 
de  Mainland  ;  elle  eft  petite. 

L'ISLE  DE  COLSTER,  entre  les  isles  de  Fero,  au 
midi  de  celle  de  Wage. 

L'ISLE  DE  COMORE,  isle  de  la  mer  des  Indes,  en- 
tre la  partie  feptentrionale  de  Madagascar  &C  le  conti- 
nent. Voyez  Comore  2. 

LES  ISLES  DE  COPLAND,  en  Irlande,  au  nord  de 
la  côte  orientale  de  cette  isle ,  &  au  midi  de  l'embou- 
chure de  la  rivière  de  Logan. 

L'ISLE  DE  COQUET.  Voyez  ci-deffus  FIsle-Co- 
KET, 


J4I 

LES  ISLES  DES  CORAILS,  isles  delà  msr  Pacifi- 
que, à  l'orient  des  Nouvelles  Philippines  ;  elles  font  au 
nombre  de  trois,  dans  l'onzième  d.  2'  de  latitude  mé- 
ridionale; la  longitude  eft  par  le  182e  d. 

L'ISLE  DE  CORBEAU.  Voyez  FIsle  deCorvo. 

L'ISLE  DE  CORFOU.  Voyez  Corfou. 

L'ISLE  DE  CORSE.  Voyez  Corse. 

L'ISLE  DE  CORVO,  l'une  des  Açores  :  c'eft  la 
plus  feptentrionale  de  toutes  :  elle  eft  au  nord  de  Flfle- 
Flores  :  le  40e  d.  de  latitude  feptentrionale  les  fépare  : 
elle  n'a  que  deux  ou  trois  lieues  de  tour.  Ces  deux  isles 
font  fous  un  même  gouverneur.  J'ai  remarqué  au  mot 
Açores  ce  qui  lui  eft  commun  avec  les  autres  isles 
compnfes  fous  ce  nom.  Elle  n'a  que  quelques  villages, 
avec  un  port  &  un  château  vers  Fisle  de  Flortk      " 

UISLE  DE  COSAKI  ou  FIsle  de  Cosique,  pe- 
tite isle  du  Japon  ,  au  midi  de  celle  de  Kabafina  au 
fud-oueft  de  Fisle  d'Amakufa. 

L'ISLE  DE  CORTELAZZA,  petite  isle  fur  la  côte 
orientale  de  Sardaigne  ,  à  l'orient  de  la  ville  de  Cagliari, 
au  fud-oueft  de  Fisle  de  Serpentara. 

ISLE  DES  COUDRES,  isle  du  fleuve  S.  Laurent, 
dans  la  Nouvelle  France,  affez  près  de  la  rive  feptentrio- 
nale, à  quinze  lieues  au-deffous  de  Québec.  Lorsqu'elle 
fut  découverte  par  Jacques  Cartier  ,  elle  étoit  beaucoup 
plus  petite  ;  mais,  en  1663,  un  tremblement  de  terre  dé- 
tacha une  montagne  du  continent ,  &  la  jetta  dans  Fisle 
qu'elle  a  augmentée  de  près  de  moitié.  Il  parut,  en  même 
tems ,  à  la  place  où  avoit  été  la  montagne ,  un  gouffre 
qui  fubfifte  toujours  ,  &  qui  rend  le  paffage  fort  dange- 
reux. *Le  P.  Charlevoix  ,  Voyage  en  Amérique. 

L'ISLE-COURONNÉE  ,  en  italien,  Ifola  Coronaui 
isle  du  golfe  de  Venife ,  fur  la  côte  de  Dalmatie ,  vis-à- 
vis  de  Sébénico.  Elle  eft  ainfi  nommée  à  caufe  d'un  grand 
nombre  d'isles  &  d'écueils  qui  la  bordent  au  fud-oueft. 

L'ISLE  DE  CRAC  ,  petite  isle  de  France,  fur  la  côte 
de  Bretagne ,  dans  l'évêché  de  Vannes ,  au  couchant  de 
l'embouchure  de  la  rivière  de  Crac. 

VISLE  DE  CRAGUENET,  petite  isle  de  France,  fur 
la  côte  de  Bretagne,  dans  l'évêché  de  Quimper,  au  fud- 
oueft  de  l'embouchure  du  pont  d'Avène. 

L'ISLE  DE  CRAKATAU,  l'une  des  isles  du  détroit 
de  la  Sonde. 

L'ISLE  DE  CRESIC ,  petite  isle  de  France,  en  Bre- 
tagne ,  dans  la  rivière  de  Vannes  ,  à  l'occident  de  l'Ifle- 
aux-Moines. 

L'ISLE  DE  CRO ,  petite  isle  de  France  ,  en  Breta- 
gne ,  à  l'entrée  du  havre  d'Abbrevrak,  fur  la  droite, 
dans  l'évêché  de  S.  Paul. 

L'ISLE  DE  CUBA.  Voyez  Cuba. 

L'ISLE  DE  CUCHE.  Voyez  FIsle  de  Chuche. 

L'ISLE  DE  CUNOÉ,  l'une  des  isles  de  Féro  ,  en- 
tre les  isles  de  Bordo  ,   &  de  Calfoë. 

L'ISLE  DE  CURAÇAO.  Voyez  Curaçao. 

L'ISLE  DE  CURZOLA.  Voyez  Curzola. 

L'ISLE  D AGNA  ,  petite  isle  de  la  Dalmatie,  dans  le 
golfe  de  Venife.  Elle  eft  entre  Fisle  Coronata  &  celle 
de  Suth. 

L'ISLE-AUX-DAIMS,  isle  d'Irlande,  dans  la  baie 
de  Galloway,  au  midi. 

L'ISLE-DARU  ;  c'eft  un  amas  de  petites  isies,  dans 
la  mer  des  Indes  ,  dans  le  détroit ,  &  fur  la  côte  de  Ma» 
laça,  à  l'embouchure  de  la  rivière  de  Solongor. 

L'ISLE-DAUPHINE.  Voyez  Madagascar. 

L'ISLE  DE  DERNERICK,  petite  isle  d'Irlande  , 
dans  le  Shannon ,  au-deffus  de  la  baie  de  Clare. 

L'ISLE  DEDERIG,  isle  d'Irlande,  fur  la  côte  occi- 
dentale ,  à  l'extrémité  de  la  province  de  Connaught, 
près  de  la  province  d'Ulfter ,  &  à  l'entrée  de  la  baie 
de  Dungal. 

1.  L'ISLE  DÉSERTE,  petite  isle  d'Afrique,  dans 
l'océan  Atlantique,  vers  Fisle  de  Madère,  d'où  elle  n'eft 
éloignée  que  de  fept  lieues. 

2.  L'ISLE  DÉSRTE  ,  isle  de  la  mer  du  fud,  proche 
de  Fisle  de  Sainte-Croix,  vers  la  terre  Auftrale ,  avec  le 
port  de  la  Gracieufe. 

On  a  trouvé  ensuite  que  cette  isle  étoit  habitée.  Le 
port  de  la  Gracieufe  eft  dans  Fisle  de  Sainte-Croix. 

Il  y  a  un  fi  grand  nombre  d'isles  défertes,  qu'il  feroit 
impoffible  d'en  tracer  ici  une  lifte.  Voyez  l'article  DÉ- 
SERTE. 

L'ISLE  LA  DfiSIRADE.  Voyez  Désirai^ 


542  ISL 

i.  L'ISLE  DE  DIEGO  RODRIGUE  ou  Diego 
Roiz  ,  par  abbréviation  ,  en  latin  Didaci  Roderici  in- 
jula  ;  elle  gît  par  les  19  d.  45'  de  latitude  méridio- 
nale :  il  y  a  flux  &  reflux.  Elle  eft  environnée  d'une 
chaîne  de  rochers.  Du  côté  de  l'eft  ,  il  y  a  un  petit 
banc  étroit,  qui  court  en  mer,  à  l'eft.  Du  côté  de  l'oueft, 
ily  a  un  autre  banc  long  &  étroit  qui  court  en  mer  une  lieue 
&  demie  à  l'oueft  ;  &  au  milieu  de  ce  banc  gît  une  pe- 
tite ille  ;  du  côté  du  nord  un  banc  de  roches  qui  s'é- 
tend jusqu'au  rivage  ,  &C  y  court  tout  le  long  ,  &  em- 
pêche les  vaifleaux  d'en  approcher.  Au  côté  feptentrio- 
nal,  par  le  travers  du  milieu  de  Pisle ,  on  trouve  une  ou- 
verture dans  ce  banc  par  où  un  vaifleau  peut  paner,  ou 
qui  n'eft  guères  plus  large.  Au-delà  du  banc,  proche  de 
l'ouvertu*,  il  y  a  un  bon  mouillage  fur  vingt-cinq,  quinze 
&  douze  braffes. 

Ce  que  je  viens  de  dire  de  cette  isle,  eft  pris  du  Voyage 
de  Wolphert  Hermansen  ,  inféré  au  premier  tome  des 
Voyages  de  la  Compagnie.  Cependant  il  y  a  erreur. 
Cette  isle  eft  Amplement  l'Isle-Rodrigue  ,  la  même  où 
François  Léguât  &C  fes  compagnons  ont  demeuré  ,  & 
dont  il  a  eu  tout  le  tems  de  faire  la  description.  L'isle 
de  Diego  Rodrigue  eft  bien  loin  de-là,  comme  nous  le 
verrons  dans  l'article  fuivant.  Celui  qui  a  fait  la  table 
du  volume  déjà  cité  ,  dit  que  l'Isle-Maurice  eft  la  même  ;  _ 
c'eft  une  erreur.  Il  y  a  environ  trois  degrés  de  différence, 
pour  la  longitude.  Baudrand,qui  la  nomme  en  latin  Di- 
daci Roii  insula;  en  françois,  Diego  Roiti  ou  Digarois, 
la  confond  auffi  avec  Ylsle-Rodrigue. 

2.  L'ISLE  DE  DIEGO  RODRIGUE  ,  isle  de  la 
mer  des  Indes  ,  fous  le  premier  degré  de  latitude  fud  , 
à  l'orient  ,  &:  à  quatre  degrés  &  demi  des  Maldives , 
c'eft-à-dire  par  le  91e  degré  de  longitude. 

Ces  deux  isles ,  dont  on  parle  ici ,  &  qui  font  en  ef- 
fet, comme  on  le  remarque  ,  bien  différentes,  ont  reçu 
le  nom  de  Diego  Ruys,  par  la  plupart  des  auteurs  :  quel- 
ques-uns ,  comme  on  l'observe ,  les  ont  confondues  ;  on 
peut  mettre  du  nombre  l'auteur  de  YHifioire  générale 
des  Voyages  ,  qui  même  donne  à  cette  première  98  d. 
30'  de  longitude  ;  ce  qui  n'eft  vrai  pour  aucune  :  il  l'ap- 
pelle aufli  Rah,   c'eft  encore  une  faute. 

L'ISLE-DIÈU  ,  ou  l'Isle  d'Yeu  ,  isle  de  France , 
fur  la  côte  de  Poitou  ,  au  midi  occidental  de  l'isle  de 
Noirmoutier.  Elle  eft  à  près  de  neuf  mille  toifes  du  con- 
tinent. Il  y  a  un  bourg ,  &  une  anse  dans  la  côte  fep- 
tentrionale  qui  fert  de  port  à  l'isle  ,  &  qui  eft  accom- 
pagnée de  quelques  maifons.  •  Elle  a  quatre  mille  cinq 
cents  toifes  de  longueur. 

LES  ISLES  DE  DIGUE  ;  ce  font  trois  petites  isles 
de  l'Amérique  feptentrionale  ,   à  l'oueft  du  cap  de  Di- 
gue, au  62e  d.  45'  de  latitude.  Chacune  a  environ  une 
lieue  ou  deux  de  tour,  &  la  première  n'eft  qu'à  une  lieue 
du  cap. 
L'ISLE  DE  DIOU  ,  ou 
L'ISLE  DE  DIU.  Voyez  Diu  1. 
L'ISLE  DE  LA  DIVE  ,  petite  isle  de  France,  fur 
la  côte  de  Poitou,  dansl'évêché  de  Luçon,  au  midi  de 
S.  Michel-en-1'Herme. 

L'ISLE  DE  LA  DOMINIQUE.  Voyez  Domini- 
que. 
L'ISLE  DE  DONA  CLARA,  petite  isle. 
L'ISLE-DONZE  ,  rivière  d'Espagne,  dans  la  Galice, 
à  l'embouchure  de  la  rivière  de  Ponte- Vedre. 

L'ISLE  DE  DORAN ,  isle  de  France ,  fur  la  côte 
de  Bretagne ,  au  nord  de  S.  Mandé  ,  &  à  l'orient  de  la 
pointe  du  Sillon. 

L'ISLE  D'ORÉE,  isle  de  l'Amérique ,  dans  le  golfe 
de  Darien. 

L'ISLE  DUMET,  ou  DU  Mait  ,  isle  de  France ,  fur 
la  côte  de  Bretagne ,  à  l'entrée  du  golfe  où  eft  l'embou- 
chure de  la  Vilaine,  à  une  bonne  lieue  au  nord-oueft 
de  la  pointe  de  Piriac. 

L'ISLE  D'EBIHENS,  isle  de  France ,  en  Bretagne, 
à  l'embouchure  de  la  rivière  de  Plancaët,  au  couchant 
du  port  de  S.  Malo. 

L'ISLE  DES  ÉCREVISSES,  isle  de  la  mer  des  Indes, 
par  les  90  d.  de  longitude.  Les  Portugais  la  nomment 
Baffe  de  Chagas. 
L'ISLE  D?ÉDA.  Voyez  l'Isle  de  Heth. 
L'ISLE  D'ÉDAM,  isle  de  la  mer  des  Indes,  au  nord 
"de  la  rade  de  Batavia,  fit  plus  particulièrement  au  nord  de 
l'isle  d'Alcmaër. 


ISL 


L'ISLE  D'EDDI ,  rivière  d'Irlande,  dans  la  ba'e  de 
Galloway,  à  l'embouchure  de  la  rivière  de  Quilcol- 
quin. 

ISLE  DE  L'ÉLÉPHANT,  isle  de  l'Indouftan,  fur  la 
côte  de  Malabar ,  à  trois  lieues  de  l'isle  de  Bombam. 
Elle  eft  ainfi  appellée ,  à  caufe  d'une  figure  d'éléphant , 
que  l'on  y  voit  taillée  en  pierre  ,  &c  grande  comme  le 
naturel.  Elle  eft  placée  au  milieu  d'une  campagne  ,  où 
tous  ceux  qui  entrent  dans  l'isle  ,  par  le  côté  où  elle  eft, 
ne  manquent  pas  de  la  voir.  Il  y  a  aufli  dans  le  même 
endroit  un  cheval  de  pierre ,  repréfenté  fi  naturellement, 
qu'à  une  certaine  diftance,  on  s'imagine  que  c'eft  plu- 
tôt un  animal  vivant  qu'une  fimple  repréfentation.  Ces 
figures  n'ont  pas  tant  été  faites  pour  montrer  l'adreffe  èk 
l'habileté  de  l'ouvrier,  que  pour  être  l'objet  du  culte  des 
payens  qui  en  approcheroient. 

Il  y  a  encore  dans  cette  isle  une  pagode  célèbre,  dont 
les  hiftoriens  &  voyageurs  Portugais  ont  dit  beaucoup 
de  chofes  curieufes.  On  appelle  pagode  un  temple  payen, 
ou  un  lieu  deftmé  au  culte  des  idoles  ;  ce  nom  tire  fon 
origine  du  mot  Persan  pouc,  qui  lignifie  une  idole,  &  de 
gheda  un  temple  ;  &  de  ces  deux  mots  pout,  gheda,  on  a 
formé  celui  de  pagode. 

La  pagode  de  1  isle  de  l'Éléphant  eft  fur  le  penchant 
d'une  haute  montagne  ,  où  elle  eft  taillée  dans  le  roc 
même,  qui  eft  très-dur.  Elle  a  environ  cent  vingt  pieds 
en  carré,  &c  quatre-vingt  en  hauteur.  Entre  plufieurs  au- 
tres pièces  qui  y  font  jointes  ,  il  y  a  féize  piliers  de 
pierre,  éloignés  de  feize  pieds  l'un  de  l'autre,  qui  ont 
chacun  trois  pieds  de  diamètre  ;  ils  font  taillés  avec  beau- 
coup d'adrefie  ,  &  femblent  être  deftinés  à  foutenir  cet 
édifice  maflîf ,  dont  la  voûte  n'eft  qu'un  grand  rocher. 
Aux  deux  côtés  de  la  pagode  ,  il  y  a  quarante  ou  cin- 
quante figures  d'hommes  ,  qui  ont  chacun  douze  ou 
quinze  pieds  de  haut ,  &c  font  dans  une  exafte  fymmétrie 
les  unes  avec  les  autres.  Quelques-unes  de  ces  figures  gi- 
gantesques ont  fix  bras  ;  d'autres  ont  trois  têtes  ;  d'autres 
font  fi  monftrueufes ,  qu'elles  ont  des  doigts  aufli  grands 
que  la  jambe  d'un  homme.  Il  y  en  a  qui  portent  fur  leurs 
têtes  des  couronnes  très -bien  travaillées  ;  on  en  voit 
aufli  qui  ont  des  feeptres  dans  leurs  mains  ;  quelques- 
unes  ont  au-deflus  de  leurs  têtes  plufieurs  autres  petites 
figures  ,  qui  font  en  pofture  dévote ,  ou  s'appuient'  fur 
des  femmes  ou  fur  la  tête  d'une  vache ,  qui  eft  un  ani- 
mal fort  respefté  dans  les  Indes  ;  on  en  voit  qui  pren- 
nent une  jolie  fille  par  le  menton ,  &  d'autres  qui  dé- 
chirent en  pièces  des  petits  enfans.  Cette  variété  de  figu- 
res agréables  &  monftrueufes ,  peut  être  regardée  comme 
de  différents  objets  du  culte  des  idolâtres,  parmi  lesquel- 
les ils  choififlbient  celles  qui  leur  plaifoient  le  plus ,  fé- 
lon les  tems  ck  les  occafions.  Les  figures  de  ces  géans 
que  les  payens  révéroient  comme  des  demi-dieux ,  font 
des  repréfentations  des  premiers  hommes,  qui ,  fuivant 
les  Chroniques  des  Indiens  ,  étoient  tous  géants  ,  mais 
dont  la  taille  a  diminué  par  degré ,  &  s'eft  enfin  réduite 
à  l'état  où  elle  eft  maintenant  par  la  corruption  des 
mœurs ,  qui  a  caufé  une  diminution  universelle  dans  la 
nature  humaine. 

L'ISLE  D'EKHOLM,  petite  isle  deRuffie,  fur  la 
côte  feptentrionale  de  l'Eftonie  ,  dans  la  Vittie  ,  par' 
le  44e  d.  de  longitude. 

L'ISLE  D'ELBE.  Voyez  Elbe  i. 

L'ISLE  ENCHANTÉE,  l'une  des  isles  Gallapes,  dans 
la  mer  du  fud.  Le  capitaine  Gawley,  qui  lui  a  donné  ce 
nom ,  dit  qu'après  l'avoir  confidérée  fous  différens  points 
de  la  bouflble ,  elle  avoit  toujours  de  nouveaux  aspefts, 
&  que  fous  un  point  elle  paroiffoit  comme  une  for- 
tification ruinée ,  fous  un  autre  ,  comme  une  grande 
ville,  &c. 

Il  dit  des  isles  Gallapes ,  que  les  Espagnols  les  appellent 
Gallafagos  ou  ijles  enchantées. 

L'ISLE  ENCUBIERTA.  Voyez  Encubierta. 

L'ISLE  D'ENEFUEIN  ,  petite  isle  de  France ,  en 
Bretagne  ,  fur  la  côte  du  fud-eft  de  l'isle  d'Oueffant, 
dont  elle  eft  une  an  iexe. 

L'ISLE  D'ENESCRON  ;  c'eft  la  même  isle. 

L'ISLE  D'ENESKELÉE  ou  Enesqtjelec  ,  petite 
isle  de  Bretagne  ,  à  l'entrée  de  la  rivière  de  Tréguier,  au 
midi  de  la  rivière  d'Er ,  qui  eft  à  l'autre  bord  de  cette 
rivière. 

L'ISLE  D'ENESTERHUL ,  petite  isle  à  la  pointe 
feptentrionale  d'Irlande ,  au  nord  de  Londonderry. 


ISL 


,  L'ISLE  D'ÉNESVER,  petite  isle  de  Bretagne ,  à  éc- 
rient de  l'Isle  de  Bas. 

L'ISLE  D'ENGANO  :  c'eft,  felûn  Baudrand,  la'plus 
méridionale  des  Isles  des  Larrons  ou  Isles  Marianes. 
Voyez  Cuan.    . 

L'ISLE  D'ENISKERRY,  petite  isle  de  l'Océan  oc- 
cidental ,  fur  la  côte  d'Irlande  ,  au  comté  de  Clare,  en- 
tre la  baie  de  Galloway  &  le  Shannon. 

L'ISLE  D'ENISNIC ,  isle  d'Irlande  ,  au  comté  de 
Gallovay,  à  l'entrée  de  la  baie  de  Péterbuy. 

L'ISLE  D'ENISPERE  ,  isle  d'Irlande,  au  comté  de 
Galloway,  dans  la  baie  de  Concachin,  entre  l'isle  Gor- 
mene  &  le  continent. 

(  L'ISLE  D'ENKHUYSEN,  isle  de  la  mer  des  Indes, 
à  la  rade  de  Batavia ,  au  nord  de  l'isle  de  Java,  vers  le 
fud-oueft  de  l'isle  d'Alcmar  ,  &  au  nord-oueft  de  l'isle 
de  Leyden.  Elle  eft  entourée  d'écueils  de  roche. 

L'ISLE  D'ER  ou  d'Erc  ,  isle  de  France  ,  en  Breta- 
gne,  à  l'embouchure  de  la  rivière  de  Tréguier ,  fur  la 
droite,  en  entrant. 

L'ISLE  ESPAGNOLE.   Voyez  S.  Domingue. 

L'ISLE  D'ESSO,  isle  du  golfe  de  Venife  ,  dans  la 
Dalmatie ,  au  nord  de  l'isle  ûroffa ,  entre  cette  isle  Se 
celle  d'Ugliano.    . 

L'ISLE  D'EST  AT  A.  Voye'z  Estata. 

i.  L'ISLE  DES  EST  ATS,  isle  au  midi  de  l'Améri- 
que méridionale,  à  l'orient  de  la  terre  de  Feu,  dont  elle 
eft  féparée  par  le  détroit  de  le  Maire. 

2.  L'ISLE  "DES  EST  ATS  ,  petite  isle  d'Allé  ,  au 
nord ,  entre  la  terre  d'Ieflo  &  la  terre  de  la  compagnie, 
au  détroit  de  Vries. 

L'ISLE  D'ESTON,  isle  d'Angleterre,  en  Devonshire, 
devant  l'entrée  du  havre  de  Plymouth. 

L'ISLE  D'ESPRO  ,  ou  plutôt  d'EsTO,  isle  de  la 
Dalmatie  ,  au  couchant  de  l'isle  Mélada. 

L'ISLE   D'EVISSE.  Vovez  Iviça. 

L'ISLE  D'EURILAND,' bourg  &  isle  deNorwége, 
au  nord  de  l'entrée  du  golfe  de  Drontheim. 

'L'ISLE  DES  FAISANS.  Voyez  Faisans. 

L'ISLE  DE  FAITZINCHIMA.  Voyez  Faitzin- 
Chima. 

L'ISLE  DE  FALCON ARA.?  ,,        ÇFalconara. 

L'ISLE  DE  FALSTER,     5  Voye2  IFalster. 

L'ISLE  DE  FALUGA,, petite  isle  fur  la  côte  occi- 
dentale de  Sardaigne,  près  du  cap  délia  Cacca.  C'eft  la 
même  que  Féluga. 

L'ISLE  DE  FANOE,  petite  isle  de  Danemarck,  fur 
la  côte  occidentale  du  Jutland ,  au  couchant  feptentrio- 
nal  du  port  de  Rypen. 

L'ISLE  DE  FANU.  Voyez  Fanu. 

L'ISLE  DE  FARE.  Voyez  Pharus. 

L'ISLE  DE  FARNASIA.  Voyez  FarnASIA; 

L'ISLE  DE  FARNE.  Voyez  Farne. 

LES  ISLES  DE  FARO  ou  Fero.  Voyez  Fero. 

L'ISLE  DE  FAREWEL.    Voyez  Farwel. 

L'ISLE  DE  FAVAGNANA,  Favigliana  ouFa- 
vognana.  Voyez  Favagnana. 

L'ISLE  DE  FAYEREL,  la  même  que  l'isle  de  Faire. 

L'ISLE  DE  FEMEREN.  Voyez  Femeren. 

i.  LES  ISLES  DESJEMMES,  isles  de  l'Amérique 
feptentrionale ,  ou  plutôt  des  terres  Ar&iques  :  les  An- 
glois  difent  Womans  IJles  ;  ce  qui  eft  la  même  chofe. 
Elles  font  à  l'extrémité  feptentrionale  du  détroit  de  Da- 
vis,  fur  la  côte  occidentale  du  Groenland. 

2.  L'ISLE  DES  FEMMES  ,  isle  de  la  mer  Médi- 
terranée ,  fur  la  côte  feptentrionale  de  Sicile  ,  dans  le 
Val  de  Mazare,  à  l'orient  de  Capr»  del  Ursa ,  Si  au  cou- 
chant de  Capo  di  Gallo  :  les  Italiens  difent  Ifola  dcl/e 
Ftmine.  11  y  a  une 'tour  :  elle  n'eft  qu'à  mille  pas  delà 
côte  ,  &  à  fept  milles  de  Palerme. 

UISLE  DE  FENNO,  petite  isle  de  Danemarck,  au 
midi  de  l'isle  de  Zélande  ,  au  nord  de  l'isle  de  La- 
land ,  à  l'entrée  du  Guldborg.Sond  ,  ou  du  paffage  qui 
eft  entre  l'isle  de  Guldborg  &  l'isle  de  Faliler. 

L'ISLE  DE  FEO  ,  autre  isle  de  Danemarck,  au  cou- 
chant de  l'isle  de  Fenno  ,  au  nord  de  l'isle  de  Falfter. 

L'ISLE  DE  FER  ou  Ferro  ,  isle  d'Afrique,  l'une 
des  Canaries,  la  plus  occidentale  de  toutes.  Comme  les' 
premiers  géographes  ne  connoiffoient  point  de  terres  à 
l'occident  de  ces  isles ,  ceux  qui  commencèrent  à  faire 


ISL  J4J 

;'  ,"  !-  la  ligne  méridienne;  -comptèrent  leurs  longitu- 
des depuis  le  méridien  de  ces  isles.  Ils  s'étoient  figuré 
qu  elles  étoient  toutes  rangées  fur  une  ligne  du  nord  au 
fud  ;  les  modernes  y  ayant  navigué  ,  remarquèrent  ce 
défaut ,  qui  conliftoit  en  ce  que  le  méridien  des  Cana- 
ries n  étoit  pas  un  feul  &  unique  méridien,  chaque  par- 
tie de  chaque  isle  ayanr  fon  méridien  particulier.  On 
voulut  alorc  en  fixer  un;  &  il  eft  fâcheux  qu'on  nefoit 
pas  généralement  convenu  de  prendre  le  même.  Les 
Cartes  Hollandoifes ,  pour  la  plupart ,  mettent  le  leur  an 
Pic  deTénénf,  l'une  des  Canaries  ;  le  P.  Riccioli  met 
le  lien  a  1  isle  dt  PJma  ;  les  géographes  François  pla- 
cent le  leur  à  1  extrémité  occidentale  de  l'isle  de  Fer. 
On  remédie  à  cette  diverfité,  par  une  conciliation  des  di- 
vers méridiens.  Je  l'ai  mife  dans  l'article  Méridien. 
L  isle  de  Fer'  n'eft  guères  remarquable  que  par  ce  feul 
endroit.  Les  Espagnols ,  à  qui  elle  appartient ,  la  nom- 
ment LA  IsLA  DE  Hierro.  Son  circuit  eft  d'envirott 
vingt- deux  lieues  ;  fa  longueur  de  fept ,  Se  fa  largeur  de 
lîx,  &  a  un  bourg  de  même  nom,  S:  peu  d'habitans.Elle  eft 
à  dix-huit  lieues  de  celle  de  Ténérif,  ck  à  deux  à  l'oueft 
cle  Palnia,  à  27  d.  40'  de  latitude.  Elle  appartient  au  comte 
de  Somera.  On  n'y  a  jamais  vu  d'autre  vignoble  que 
celui  qui  fut  planté  par  un  Anglois  nommé  Jean  HllL 
Il  y  a  un  allez  grand  nombre  de  beftiaux  qui  fourniflent 
du  lait  Se  du  fromage  aux  habitans.  En  1692  ,  cette  isle 
elïuya  un  volcan  pendant  fix  femaines  ,  qui  fut  accom- 
pagné de  plufieurs  tremblemens  déterre.  On  avoit  débité 
au  fujet  de  cette  isle  une  circonftance  finguliere ,  dont 
Baudrand  a  defabufé  le  public.  On  difoit  qu'il  y  avoit 
un  arbre  merveilleux ,  des  feuilles  duquel  il  .diftilloit  tant 
d'eau  la  nuit ,  que  cela  fuffifoit  pour  pourvoir  l'isle  d'eau 
fort  abondamment  ;  mais  m'en  étant  informé  à  des  na- 
turels Canariens  ,  ils  ont  tous  dit  qu'ils  n'en  avoient  point 
ouï  parler  ;  &  Baudrand  en  ayant  écrit  ensuite  aux  Ca- 
naries même  ,  diverses  perfonnes  ont  confulté  les  plus 
habiles  du  pays,  qui  n'en  ont  jamais  ouï  parler ,  non  plus 
que  quelques  habitans  de  cette  isle,  qui  tous  affurent  qu'il 
n'eft  rien  du  tout  de  cet  arbre  &  de  cette  eau  cm:on  dit 
qu'il  diftille. 

L'ISLE  DE  FERNAND-PAO,  petite  isle  d'Afrique, 
fur  la  côte  de  Guinée  ,  dans  le  golfe  de  S.  Thomas. 
Les  François  la  nomment  quelquefois  Yifle  de  Fernand 
du  Port.  Elle  a  le  nom  d'un  Portugais  qui  la  découvrit, 
en  1472.  Elle  eft  toute  environnée  de  rochers,  Sciln'y 
a  aucun  lieu  confidérable. 

L'ISLE  DE  FETLAR,  l'une  des  isles  de  Schetland* 
ail  midi  &  à  l'orient  de  l'isle  dYcll. 

L'ISLE  DE  FEU.  Voyez  les  articles  Foego. 

L'ISLE  DE  FIELWER,  petite  isle  de  la  côte  occi- 
dentale de  Norvège,  à  l'entrée  du  golfe  de  Drontheim, 
au  nord-oueft  d'Euriland. 

L'ISLE  DE  FIGO ,  petite  isle  entre  la  Corse  &  la 
Sardaigne.  Voyez  FlGO. 

L'ISLE  DE  FLACKE.  Voyez  Over-Flackée. 

L'ISLE  DE  FLADA,  l'une  des  Vefternes ,  entre 
celle  de  Skye  &  celle  de  Lewis.  Elle  n'a  que  deux  mil- 
les de  tour  ;  mais  elle  eft  remarquable  par  la  grande  pê- 
che qui  s'y  fait,  &  par  les  greffes  baleines  qui  pourfui- 
vent  les  poiffons  fur  fes  côtes.  Les  pluviers  viennent  de 
Skye  dans  cette  isle  ,  en  grand  nombre  ,  au  commence- 
ment de  Septembre  ,  &  s'en  retournent  en  Avril  ;  on 
y  trouve  auifi  quantité  d'oifeauX  de  mer ,  qu'on  appelle 
coulternebs.  Autour  de  cette  isle  il  y  a  plufieurs  rochers, 
qu'on  appelle  la  table  ronde,  k\m  mille  de  circonfé- 
rence :  on  n'y  peut  monter  que  par  un  feul  endroit,  un  à 
un  ;  de  forte  qu'on  en  peut  fane  une  fortereffe  impre- 
nable :  il  y  a  au  Commet  une  fource  d'eau  douce.  Voyez 
Fladde,  c'eft  la  même  isle. 

L'ISLE  DE  FLANÉNA  ,  isle ,  ou  plutôt  ce  font 
plufieurs  écueils  au  couchant  de  l'isle  de  Lewis,  la  plus 
feprentrionale  des  Wefternes. 

L'ISLE  DE  FLECHER  :  c'eft  la  même  que  l'isle 
de  Fleckeren. 

L'ISLE  DES  FLEURS.  Vovez  Flores  2. 

L'ISLE  DE  FLIE.  Voyez  Vlie. 

L'ISLE  DEFLORES.  Voyez  les  articles  Flores. 

L'ISLE  DE  FLOTTA, petite  isle  entre  les  Orcades, 
au  nord  cle  fEcoflé,  au  couchant  de  Burra  ;  elle  a  cinq 
milles  de  long',  ôt  trois' Si  demi  de  large.  Elle  eft  envi-. 


'544  ïSk 

'ronnée  de  rochers  ,  &.  abonde  fur-tout  en  oifeaux  de 
terre. 

L'ISLE  DE  FORA.  Voyez  Fore  2. 

L'ISLE   DE  FORMOSA.   Voyez  FORMOSA  3. 

L'ISLE  DE  FQRTAVENTURE.  Voyez  Forte- 
VeNtura.  ,    ,  ,     T   , 

L'ISLE  DE  FOUGERAY,isle  de  la  mer  des  Indes, 
au  fud-fud-oueft  ,  &  environ  à  foixante  lieues  de  l'isle 
de  Java.  Elle  fut  découverte ,  l'an  1720,  par  Jean-Bap- 
tifte  Garnier  de  Fougerai,  chevalier  de  l'ordre  de  Chrift, 
capitaine  du  vaiffeau  le  Triton  de  S.  Malo,  lorsquil  re- 
venoit  de  la  Chine.  J'en  parle  plus  particulièrement  a 
l'article  de  la  Mer  des  Indes.  .  • 

L'ISLE  DE  FOUIN,  rivière  d'Irlande,  dans  le  Shan- 
non  ,  au-deffous  de  Limerik. 

L'ISLE  DE  FOULNESS,  isle  d'Angleterre,  au  comte 
d'Eifex  ,  à  l'embouchure  de  la  rivière  de  Chrouche. 

1.  L'ISLE  DE  FRANCE,  province  du  royaume  de 
même  nom.  Comme  ce  n'eft  pas  une  véritable  isle,  nous 
renvoyons  cet  article,  après  la  lifte  des  îsles. 

ïÀ'ISLE  DE  FRANCE.  Les  Hollandois  1  avoient 
;nommée  \'IsU-  Maurice  ;  &  c'eft  le  nom  qu'elle  a  dans 
'toutes  les  Cartes,  même  dans  celle  de  De  l'Ifle.  Mais , 
en  1721  ,  le  chevalier  de  Fougeray  la  trouvant  àlabien- 
féance  de  la  compagnie  Françoife  des  Indes  orientales, 
en  prit  poffeffion ,  y  dreffa  un  poteau  fur  lequel  étoit  éle- 
vée une  perche  de  quarante  pieds,  avec  un  pavillon  blanc. 
11  y  ajouta  cette  inscription  latine  : 

Vivat  Ludovicus  XV.  Rex  Galliaruîh  et  Na- 
varre. 
In  jEternum  vivat. 
Hanc  îpse   insulam  suis  ditionibus  voluit 

ADJUNGI ,    ILLAMQUE    JURE    VINDICATAM  ,    IN 

POSTERUM,  insulam  Francicam  NUNCUPARI. 

ÏN     GRATIAM     HONOREMQUE    TANTI     PRINCIPIS  , 

istud  vexillum  niveum  extul1t  j'oannes- 
Baptista  Garnier  de  Fougeray,  Dux  navis 
dictée,  le  Triton  ;  ex  urbe  San-Maclovio 
Orihndus  ,  in  minori  Britannia  ;  cum  ipse 
huc  appulerit  die  23.Septembris  anno  1721. 
unde  3a  novembris,  eôdem  anno,  in  gal- 

LIAM  NAVIGATURUS  ,  DEO  FAVENTE,  ANCHO- 
RAS    SOLVIT. 

A  une  portée  de  canon  de-là  il  planta  une  croix ,  fur  un 
côté  de  laquelle  il  y  avoit  fur  les  deux  bras  Garnier  de 
Fougeray,  &  fur  le  montant  de  S.  Malo  C.  le  Triton  ,  & 
les  armes  de  France  ;  de  l'autre  côté  fur  les  deux  bras  : 

Lilidfixa  crucis  capiti  mirarc  facratœ 

Ne  fiupeas  :  jubet  hic  Galliajlare  crucem. 


ISL 


&  fur  le  montant  anno  172 1.    Voyez  l'Isle  Mau- 

L'ISLE  DES  FRANÇOIS  ou  Isola  delli  Fran- 
CESI ,  petite  isle  d'Italie  ,  près  de  la  côte  méridionale 
de  Sardaigne  ,  au  couchant  de  l'isle  de  S.  Antioco ,  au 
golfe  de  Palma. 

L'ISLE  DE  FUERA,  isle  voifine  de  l'isle  de  Jean- 
Fernando  ,  dans  la  mer  du  fud. 

L'ISLE  DE  FULE  ou  Fulo  ,  l'une  des  isles  de 
Scbetland ,  la  plus  occidentale  de  toutes. 

L'ISLE  DE  FULOÈ,  l'une  des  isles  de  Fero,  au  nord 
de  l'isle  de  Suinoé,  8*  à  l'orient  de  celle  de  Vidro. 

L'ISLE  DE  FYREGGE,  isle  de  Suéde,  fur  la  côte 
occidentale  du  golfe  de  Bothnie  ,  dans  la  province  de 
Bothnie ,  à  l'embouchure  de  la  rivière  de  Tefta. 

L'ISLE  DE  GAASHOLM  ,  petite  isle  de  Suéde ,  fur 
la  côte  occidentale  de  Bothnie ,  dans  l'Uplande,  à  l'em- 
bouchure de  la  rivière  de  Dala. 

L'ISLE  DE  LA  GALERA  ,  petite  isle  de  la  mer  du 
fud,  à  l'entrée  de  la  baie  de  Panama,  ou  plutôt  de  la 
baie  de  S.  Michel,  qui  eft  au  levant  de  celle  de  Panama: 
cette  isle  eft  entre  les  isles  des  Perles  &  la  pointe  de 
Garachina,  dont  elle  eft  à  cinq  lieues  eft-fud-eft  &  oueft- 
nord-oueft.  Elle  eft  baffe ,  plate  &  ftérile. 

L'ISLE  DE  LA  GALITE,  petite  isle  d'Afrique,  fur 
les  côtes  de  Barbarie.  Voyez  Galite. 

LES  ISLES  DE  GALLAPAGOS.  Voyez  Gallapa- 
eos. 


L'ISLE  DE  GALLINARA.   Voyez  l'isle  cI'Alben- 

GUE. 

L'ISLE  DE  GALLO,  petite  isle  de  l'Amérique,  dans 
la  mer  du  fud,  à  trois  degrés  de  latitude  feptentrionale : 
elle  n'eft  pas  habitée  ,  &  gît  dans  une  grande  baie,  à 
environ  trois  lieues  de  l'embouchure  de  la  rivière  de  To- 
maco ,  &C  à  quatre  lieues  &  demie  d'un  petit  village  des 
Indiens ,  qui  porte  le  nom  de  la  rivière  :  cette  isle  eft 
pallablement  élevée.  Il  y  a  de  fort  bon  bois  de  char- 
pente ;  auffi  eft-elle  fouvent  vifitée  par  les  barques  qui 
viennent  de  Guyaquil  Si  d'ailleurs  ;  car  c'eft  de  Galle» 
qu'on  tire  la  plupart  du  bois  de  charpente  qu'on  trans- 
porte de  Guyaquil  à  Lima.  Au  nord-eft  de  l'isle,  ily-a 
une  fontaine  dont  l'eau  eft  bonne.  Il  y  a  là  même  une 
jolie  petite  baie  fablonneufe,  où  l'on  peut  fûrement  faire 
descente  ;  la  rade  eft  contre  cette  baie  ;  on  y  peut  mouil- 
ler fûrement  à  fix  ou  fept  braffes  d'eau  tout  autour  de 
l'isle.  Cependant  le  canal  par  où  l'on  y  va,  n'a  pas  moins 
de  quatre  brades  de  profondeur.  Il  faut  entrer  quand  la 
marée  monte,  &C  fortir  quand  elle  descend,  mais  tou- 
jours la  fonde  à  la  main. 

L'ISLE  DU  GAMEY,  petite  isle  de  France,  fur  la 
Dordogne,  au-deflus  du  bec  d'Ambez,  &£  presque  vis- 
à-vis  de  Nasque. 

L'ISLE  DE  GANISMA,  petite  isle  de  l'Océanorien- 
tal,  fur  la  côte  de  Camboge ,  à  une  portée  de  mousquet 
de  cette  isle  :  on  a  trois  braffes  &  demie,  ou  même  qua- 
tre braffes  &  demie  d'un  fond  de  bonne  tenue.  Elle  eft 
à  l'entrée  de  la  rivière  de  Camboge  :  on  la  nomme  auflt 
l'isle  des  EcreviJJes. 

L'ISLE  DE  GARO,  petite  isle  de  Bretagne,  dans 
l'évêché  de  S.  Paul ,  à  l'entrée  de  Porsal ,  au  levant  de 
l'isle  de  Trévors ,  &  au  midi  de  celle  de  Jariec. 

L'ISLE  DE  GASPIS,  petite  isle  de  France,  dans  la 
même  province,  &  dans  le  même  évêché  ,  dans  l'anse 
de  Trémenac. 

L'ISLE  DE  GATO,isle  de  France,  en  Bretagne,  dans 
l'évêché  de  Tréguier ,  au  nord-nord-eft  de  l'isle  de  Mo- 
lène,  à  l'orient  de  l'Isle-Brûlée,  &  au  couchant  de  l'isle- 
grande. 

L'ISLE  DE  GATS  :  c'eft  la  même  isle  qui  eft  ainli 
nommée  fur  quelques  Cartes. 

L'ISLE  DE  GEGA ,  (  les  Anglois  prononcent  Gi- 
GAY,  &  l'auteur  de  YEtac  préfent  de  la  Grande-Breta- 
gne ,  qui  écrit  comme  l'on  prononce,  dit  Gigay^)  au  cou- 
chant de  Kintyre,  à  fix  milles  de  long  ,  &£  un  mille  &C 
demi  de  large.   Il  y  a  une  églife ,  où  font  inhumés  les 
Macs-Neils ,   propriétaires  de  l'isle.    Il  y  a  une  fburce 
d'eau  médicinale.  Cette  isle  eft  entre  Cantyr,presqu'isle 
de  l'Ecoffe  &  l'isle  d'Ila.  C'eft  une  des  Wefternes. 
L'ISLE  DES  GERBES.  Voyez  Gerbes. 
L'ISLE  DE  GIANUTI.  Voyez  Gianuti. 
L'ISLE  DE  GIDDEROÉ ,  isle  de  Suéde ,  dans  la 
province  de  Halland ,  à  l'entrée  du  port  de  Varberg. 
L'ISLE  DE  GIGLIO.  Voyez  Giglio. 
ISLE  DE  GLENAN ,  isle  de  France  ,  en  Bretagne,' 
vis-à-vis  de  la  rivière  deQuimpercorentin.  C'eft  un  amas 
de  petites  isles  6c  d'écueils.  La  plus  confidérable  eft  celle 
du  Lout ,  qui  eft  au  milieu.  Celles  de  Guiriden,  de  Pen- 
fert  &  de  Brinlivic ,  font  à  l'orient  ;   le  Prinemou  ,  le 
Menlione  &  le  Menbrein  font   au  midi  ;   l'isle  Guine- 
vet  &  quantité  d'écueils  font  au  couchant  ;   l'isle  Dro- 
nec ,  S.  Nicolas ,  &c  autres  isles ,  font  au  nord. 

L'ISLE  DE  GODEC  ,  petite  isle  de  France,  en  Bre- 
tagne ,  à  l'entrée  de  la  rivière  de  Vannes ,  au  midi  de 
l'isle  d'Ars. 

L'ISLE  DE  GOÉRÉE.  Voyez  Goérée  i  &  j.  ' 
L'ISLE  GORGONNE  ,  isle  de  la  mer  du  fud  ,  au 
Popayan  ,  fous  le  3  e  d.  de  latitude  feptentrionale  ,  à 
38  lieues,  nort-quart  au  nord-eft,  &£  fud-quart  au  iud- 
oueft,  du  cap  Corrientes.  Elle  eft  à  cinq  lieues  du  conti- 
nent ,  à  l'embouchure  de  la  rivière  Gorgone.  Il  croît 
fur  fes  bords  quantité  d'arbres  bons  pour  faire  des  mâts 
ou  des  vergues  ;  ôt  au  fud-eft  il  y  a  un  excellent  port, 
&  une  très-bonne  aiguade.  Il  faut  mouiller  près  du  ri- 
vage ,  &  y  amarrer  le  vaiffeau  avec  un  cable.  Mais  ce  dé- 
tail regarde  la  rivière  &  non  pas  l'isle  ,  que  Dampier , 
Voyages  ,  t.  I  ,  p.  185,  qui  la  nomme  Gorgonia  ^décrit 
ainfi.  Gorgonia  eft  une  isle  qui  n'eft  pas  habitée,  à  3  de- 
grés de  latitude  feptentrionale.  Elle  eft  paflàblement  éle- 


isL 


ISL 


'•fié  ,  &  Fort  remarquable  à  caufe  des  deux  collines  ou 
hauteurs  &  pentes  faites  en  Celles,  qui  font  au  ibmmet. 
Elle  a  environ  deux  lieues  de  long  tk  une  de  large,  & 
eft  â  environ  quatre  lieues  de  la  terre  ferme.  A  l'occident  - 
il  y  a  une  autre  petite  i'sle.  Le  pays  près  du  lieu  ,  où 
l'on  mouille,  eft  bas.  Il  y  a  une  petite  baie  fablonneufe 
&  bonne  à  faire  descente.  La  terre  eft  noire  6c  profonde 
dans  ce  bas  ;  mais  dedans  le  haut  c'eft  une  espèce  de 
glaife  rouge.  Cette  isleeft  très-bienpourvue  de  diverses 
iortes  d'arbres,  qui  font,  toute  l'année,  verds  &  fleuris. 
File  eft  fort  bien  ârrofée  de  petits  ruiffeaux  qui  fortent 
des  hauteurs.  Il  y  a  grande  quantité  de  petits  finges  noirs, 
quelques  lapins  des  Indes ,  ik  peu  de  couleuvres.  Je  n'y 
eonnois  pas  d'autres  animaux  terreftres.  On  dit  qu'il  y 
pleut  tous  les  jours  de  l'année,  les  uns  plus,  les  autres 
moins  ;  mais  c'eft  ce  que  je  puis  nier.  Quoi  qu'il  en  foit, 
la  côte  eft  extrêmement  humide  ,  ck  il  y  pleut  beaucoup 
fout  le  long  de  l'année.  Il  n'y  a  que  peu  de  beaux  jours,  fek 
très-peu  de  différence  dans  les  faifons  de  l'année  entre 
l'humide  Se  le  fec.  Tout  ce  que  j'ai  remarqué,  c'eft  que,  du- 
rant la  faifon  féche,  les  pluies  t'ont  moins  fréquentes,ck  plus 
modérées  que  durant  la  faifon  pluvieufe,  où  l'eau  tombe 
comme  f\  on  la  jettoit  par  un  crible.  Il  y  a  beaucoup  d'eau, 
ck  l'on  ne  peut  ancrer  autour  de  l'isle ,  qu'à  ce  feul  en- 
droit, vers  l'occident.  La  marée  hauffe  6c  baiffefept  à 
huit  pieds.  On  y  trouve,  quand  l'eau  eft  bafle ,  quantité 
de  moules  ôc  autres  coquillages.  C'eft  en  ce  tems-là  que 
les  finges  viennent  les  prendre  fur  le  rivage ,  &  favent 
fort  bien  les  ouvrir  avec  leurs  pâtes. 

Il  y  a  auffi  beaucoup  d'huitres ,  où  il  y  a  des  perles  de- 
dans. Elles  croiffent  fur  les  rochers  à  quatre,  cinq  oufix 
braffes  d'eau ,  attachées  par  de  petites  racines  comme 
les  moules.  Elles  font' d'ordinaire  plus  plates  ck  plus 
menues  que  les  autres  ,  mais  fort  femblables  à  cela  près. 
Ce  poifion  n'eft  ni  de  fort  bon  goût  ni. fort  fain.  Il 
fent  beaucoup  le  cuivre  quand  on  le  mange  crud ,  ck 
vaut  beaucoup  mieux  cuit.  Les  Indiens  ,  qui  les 
âmaflent  pour  les  Espagnols ,  eh  pendent  la  chair  ck  la 
féchent  avant  que  de  la  manger.  La  perle  fe  trouve  à  la 
fête  de  l'huitre  entre  la  chair  ck  l'écailie.  Il  y  en  a  qui 
ont  vingt  à  trente  petites  perles  ;  d'autres  n'en  ont  point 
du  tout ,  ck  d'autres  en  ont  une  ou  deux  affez  groffes. 
Le  dedans  de  la  coquille  eft  plus  brillant  que  la  perle 
même  ;  c'eft  le  feyl  endroit  de  la  mer  du  Sud ,  où  j'en 
aie  vu. 

L'ISLE  DE  GORGONILLA ,  petite  isle  de  la  mer 
dufud,  furies  côtes  duPopayan,  au  couchant  du  cap 
Manglares,  ou  pointe  des  Mangles.  Il  y  a  une  rivière  où 
l'on  peut  faire  de  l'eau  ck  mouiller  dans  un  fond  net. 

L'ISLE  DE  GORMENE,  isle  d'Irlande ,  au  comté 
de  Gallovav,  au  nord  de  l'isle  d'Aaron. 
L'ISLE  DE  GORTOBAND.  Voyez  Gothland. 
LES  ISLES-GOTHO  ,  isles  du  Japon  ,  à  l'orient  de 
celle  de  Bongo.  Elles  font  habitées  par  des  laboureurs  ; 
on  les  trouve  devant  le  port  de  Nangafaki.  Tandis  que 
presque  toutes  les  parties  du  Japon  font  fujettes  au  trem- 
blement j  on  remarque  que  ces  isles  n'y  font  point  ex- 
pofées. 

L'ISLE  DE  GOUDEU  ,  isle  de  Norvège ,  dans  la 
préfecture  de  Sudmer,  au  midi  occidental  des  isles  de 
Romsdal. 

L'ISLE  DE  GRAAGHT,  rivière  d'Irlande,  dans  le 
Shannon ,  au-deflus  de  la  baie  de  Clare,  au-deflbus  du 
village  d'Obryen. 

L'ISLE  DE  GRACE,  petit  pays  de  France,  au  duché 
de  Normandie  ,  entre  les  rivières  de  Seine  ck  d'Eure , 
depuis  Verdun  Se  Pacy,  jusqu'auprès  du  Pont-de-I'Ar- 
che ,  où  l'Eure  fe  jette  dans  la  Seine. 
L'ISLE-GRACIEUSE.  Voyez  Gracieuse. 
L'ISLE  DU  GRAND  VILLAGE  ,  petite  isle  de 
France,  en  Bretagne,  au  midi  de  Belle- Isle,  ck  du  vil- 
lage de  Borinor. 

i.  L'ISLE- GRANDE,  isle  de  la  mer  Méditerranée, 
à  l'embouchure  du  Tibre,  dans  l'État  de  l'églife,  entre 
les  villes  d'Qftie  ck  de  Porto.  On  la  nomme  Isola 
Grande,  pour  la  diftinguer  d'une  isle  voifine  qui  eft  plus 
petite.  On  l'appelle  auffi  Vlsle  desPantam,  à, caufe  des 
marais  qui  font  iur  la  côte.  Elle  n'a  pas  plusde  deux  mil- 
les d'étendue ,  entre  la  tour  de  S.  Michel  ck  celle  de  Fiu- 
tnentinn. 

2.  L'ISLE- GRANDE  ou  I'Isle  de  S.  Sauveur, 


■ 


isle  de  France,  en  Bretagne,  dans  l'é'vêcnê  dsTréguier, 
entre  l'isle  de  Gato  ck  le  continent. 

L'ISLh-GPvEANE  ,  isle  d'Angleterre  ,  au  confluent 
des  rivières  de  Medvay  Se  de  làTamife.  Il  y  a  au  nord- 
eft  de  l'isle  un  village  nommé  S.  Jacques. 
L'ISLE  DE  GRENADE.  Voyez  Grenade. 
L'ISLE  DE  GRINNE,  petite  isle  d'Irlande,  dans 
li  province  d'Ulfter  ,  fuir  la  côte  orientale  ,  près  de 
Strangford. 

^  L'ISLE  DE  GRIP,  isle  de  Norvège ,  fur  la  côte  oc- 
cidentale, au  gouvernement  de  Drontheim  ,  à  l'entrée 
du  golfe  où  cette  ville  eft  fituée.  On  appelle  Gripsond 
le  paffage  qui  eft  au  levant  de  cette  isle. 

L'ISLE  DE  GRISS  ,  petite  isle  d'Irlande ,  dans  le 
Shannon  ,  vis-à-vis  du  château  de  Bon-Ratty. 

L'ISLE  DE  GUDEGUEJOT,  petite  isle  de  France, 
eh  Bretagne ,   au  nord  de  S.  Pol  de  Léon,  près  du  con- 
tinent, au  midi  de  l'isle  de  fias,  auprès  de  l'isle  de  Leda-     • 
net. 

L'ISLE  DE  GUIET,  petite  isle  de  France,  fur  la  côte 
de  Bretagne  ,  dans  l'évêché  de  S.  Pol  de  Léon  ,  au  nord 
de  l'isle  de  S.  Laurent ,  près  du  continent. 

L'ISLE  DE  GUILLANGO,  petite  isle  de  France,  en 
Bretagne,  entre  celles  de  Brehat.  C'eft  une  des  plus  mé- 
ridionales. 

L'ISLE  DE  GUILLAUME  SCHOUTEN.  Voyez 
l'isle  de  Sghouten. 

L'ISLE  DE  GUIRIDEN ,  isle  de  France,  en  Breta- 
gne ,  l'une  des  isles  de  Glérian. 

L'ISLE  DE  GULL,  petite  isle  d'Angleterre  ,  au 
comté  de  Cornduailles  ,  au  levant  de  la  pointe  du  Lé- 
zard. 

LES  ISLES  DE  HAEKLUIT,  isles  des  terres  Arc- 
tiques, dans  la  baie  de  Baffin  ,  6c  plus  particulièrement 
dans  la  baie  de  Thomas  Smith ,  à  l'entrée  d'une  troi- 
fiémebaie,  dont  le  fond  n'eft  guères  connu. 
L'ISLE  DE  HAGOT.  Voyez  l'Isle  d'àgot. 
LES  ISLES  DE  HALES,  isles  des  terres  Auftrales; 
au  midi  ck  fur  la  côte  orientale  du  nouveau  Groenland, 
vers  la  pointe  de  "Warvich-Forland, 

L'ISLE  DE  HAMPEHOAO,  isle  de  la  Chine  ;  les 
Portugais  y  avoient  leur  établiftèment  avant  qu'ils  euf- 
fent  obtenu  la  permiffion  de  s'établir  à  Macao ,  qui  en 
eft  à  peu  de  diftance. 

L'ISLE  DE  HARLÉE  ,  isle  fur  la  côte  occidentale 
de  Norvège,  au  nord  de  la  grande  isle  qui  eft  devant 
le  port  de  Bergen.  L'isle  de  Harlée  eft  fort  longue. 

L'ISLE  DE  HARLEM,  isle  de  la  merdes  Indes,  au 
nord  de  l'isle  de  Java,  au  nord  oriental  de  la  rade  de  Ba- 
tavia. Elle  eft  toute  entourée  d'écueils  Se  de  roches. 

L'ISLE  DE  HARLEY,  isle  d'Angleterre,  à  l'orient 
de  Shepay  ,  à  l'embouchure  de  la  Tamùè. 

DISLE  DE.HASELIN,  isle  de  Danemarck,  au  nord 
de  l'isle  de  Zélande  ,  devant  l'entrée  du  golfe  de  Ros- 
child. 

L'ISLE  DE  HASOO  ,  isle  de  Finlande  ,  fur  la  côte 
Occidentale  du  golfe  de  Bothnie,  devant  le  port  deVafa. 
L'ISLE  DE  HEDIC,  isle  de  France,  eh  Bretagne, 
à  l'orient  de  Belle-Isle  ,  au  midi  de  S.  Gildas.  Elle  eft 
entourée  d'écueils,  fur-tout  du  côfé  de  l'isle  d'Houat, 
qui  eft  au  nord-  oueft. 

.  L'ISLE  DE^  HERMS ,  isle  de  l'Océan  ,  dans  la  Man- 
che, fur  les  côtes  de  France,  à  l'orient  de  l'isle  de  Grc- 
nefey.  Elle  a  près  de  demi-lieue  de  longueur  ;  mais  elle 

n'eft  guères  peuplée.  

L'ISLE-HERPIN],  petite  isle  de  France,  en  Bretagne, 
au  nord-nord-eft  de  i'isle  des  Landes ,  qui  eft  à  l'extré- 
mité du  Groin  de  Cancale. 

L'ISLE  DE  HERTZHOLM  ,  petite  isle  du  Dane-, 
marck ,  fur  la  côte  orientale  du  Jutland ,  au  midi  de  la 
pointe  de  Schagen. 

L'ISLE  DÉ  HESNES,  isle  de  Norvège,  fur  la  côte 
méridionale,  auprès  d'une  bourgade  de  même  nom,  au 
futl-oueft  de  l'isle  de  Mardoé. 

L'ISLE  DE  HESSEN  ,  isle  de  Norvège,  dans  le  gou- 
vernement de  Bergen,  fur  la  côte  occidentale,  à  l'orient 
feptentrional  du  nord  Hoeck.  On  l'appelle  auffi  ['Isa  de 
Flowack. 

L'ISLE  DE  HETH  :    le  Neptune  François  nomme 
àinfi  l'une  des  Orcades  ,   entre  tes  isles  de   Sand  ,  de 
Strooms  ck  de  Siaping  ;  l'auteur  de  VEtàt prifem  de  U 
Tome  III.    Z  z  z 


5  46 


ISL 


ÎSL 


'Grande-Bretagne ,  qui  nomme  ôc  range  ces  isles  autre- 
ment ,  met  Shapinsha  au  nord  de  Pomona  ,  Stronza  au 
nord-eft  de  Shapinsha ,  6c  Edaaunord-oueft  de  Stronza. 
II  dit  qu'Eda  a  vingt  milles  de  long ,  ÔC  cinq  de  large  en 
quelques  endroits  ;  que  cette  isle  abonde  en  gibier  ôc  en 
poiiî'on,  plus  qu'en  bleds  &  en  pâturages  ;  qu'il  s'y  fait  de 
ton  fel  Ôc  qu'elle  fournit  de  chauffage  l'isle  deSanda. 

LES  ISLES  D'HIÈRES.  Voyez  au  mot  HiÈres  l'ar- 
ticle des  Isles  d'HiÈRES. 

L'ISLE  DE  HIGUINET,  isle  de  France,  fur  la  côte 
de  Bretagne  ,  entre  les  roches  de  Porsal  ôc  le  havre 
d'Abbrevrak. 

LES  ISLES'  DE  HILBRE,  isles  d'Angleterre,  à  l'em- 
bouchure de  la  Dée,  rivière  qui  coule  à  Clîefter.  Elles 
font  trois,  ôc  on  les  laiiïe  à  gauche  en  remontant  la  ri- 
vière. 

L'ISLE  DEHISINGE,  isle  de  Suéde,  à  l'embouchure 
de  la  rivière  de  Gothelba ,  qu'elle  fépare  en  deux  bran- 
ches, aux  frontières  de  la  Norv/ége,  auprès  de  Gothe- 
boure. 

L'ISLE  DE  HITTEROÉ,  isle  de  la  Norvège,  fur 
la  côte  occidentale  de  la  province  de  Stavanger ,  par  le 
"58°  d.  de  latitude. 

L'ISLE  DE  HOLY-HEAD  ,  isle  qui  s'avance  en 
forme  de  cap  ,  au  couchant  de  l'isle  d'Anglefey. 

L'ISLE-HOLY-ILAND.  Voyez  Heiligeland  6c 
Holy. 

L'ISLE  DE  HONSEY,  isle  d'Angleterre  ,  au  comté 
d'Effex,  fur  la  côte,  au  midi  de  Hârwich  <ôc  de  l'embou- 
chure de  laStoure. 

1.  L'ISLE  DE  HOORN,  petite  isle  de  la  mer  du 
Sud,  vers  le  1 5e  d.  de  latitude  fud  ,  à  l'orienr  du  port  de 
la  Vera-Cruz',  qui  eft  de  la  terre  Auftrale  du  S.  Esprit  , 
ôc  au  couchant  de  l'isle  de  Cocos,  Jaques  le  Maire  la 
découvrit  en  i6t6. 

2.  L'ISLE  DE  HOORN,  isle  de  la  mer  des  Indes, 
au  nord  de  l'isle  de  Java ,  entre  les  isles  de  Roîerdam 
ôc  d'Enckuyfen,  au  feptentrion  de  la  rade  de  Batavia. 

L'ISLE  DE  HORSH  ,  isle  d'Irlande  ,  fur  la'  côte  oc- 
cidentale, au  midi  de  l'Isle-Boche,  ôc  au  nord  oriental 
de  Dogg-Heat. 

L'ISLE  DE  HOSPIC ,  isle  de  France ,  en  Bretagne, 
près  de  la  côte  ,  au  midi  oriental  des  isles  de  Bréhat ,  ôc 
auprès  de  l'isle  de  Quemènes. 

L'ISLE  DE  HOUSU ,  entre  tes  isles  de  Schetland, 
à  l'oueft  de  l'isle  de  Mainland. 

L'ISLE  DE  HOY,  entre  les  isles  Orcades,  au  midi 
de  Pomona.  Elle  a  douze  milles  en  longueur,  ôc  fe  di- 
Vife  en  deux  parties  ;  l'une  s'appelle  proprement  Hoy, 
8c  l'autre  Wayes  ;  cette  isle  eft  montagneufe  ;  mais  la 
partie  nommé  Waîs,  eft  fertile  ôc  bien  habitée.  Entre 
les  havres  ,  celui  qu'on  appelle  North-hope  eft  un  des 
meilleurs  havres  de  l'Europe  ,  ôc  très-commode  pour 
la  pêche.  *  Etat  préjïnt  de  la  Grande-Bretagne ,  t.  2  j 
p.  300. 

La  partie  nommée  proprement  Hoy,  a  les  plus  hautes 
montagnes  ôc  les  plus  profondes  vallées  qu'il  y  ait  dans 
les  Orcades.  Elles  font  frémir  d'horreur  tous  les  étran- 
gers qui  y  paffent.  Il  y  a  fur  ces  montagnes  beaucoup 
de  brebis  fauvages  ,.>que  l'on  n'attrape  qu'avec  bien  de  la 
peine. 

Sur  un  cap,  nommé  Rora-head,  on  trouve  un  oifeau 
Fort  fingulier  ,  qu'on  eppelle  lyer  ;  il  eft  d'environ  de 
la  grandeur  d'un  canard  ,  mais  presque  tout  rond  de 
graille.'  G'eft  un  manger  fort  délicat  ,  avec  du  vinaigre 
ôc  du  poivre.  Au  fommet  d'une  montagne  de  cette  isle, 
on  trouve  une  fource  d'eau  douce,  claire  ôc  excellente  à 
boire.  Elle  eft  fi  légère ,  que  quelque  quantité  qu'on  en 
boive,  on  ne  s'en  trouve  point  chargé.  Au  folftice  d'été 
ïl  fait  clair  toute  la  nuit  au  fommet  de  ces  montagnes. 
Dans  une  vallée  qui  eft  entre  deux  montagnes  ,  il  y  a 
une  pierre  que  les  habitans  appellent'  dwarfy-Jlone.  Elle 
a  36  pieds  de  long,  8  pieds  de  large  ,  ôc  9  d'épaiffeur. 
Elle  eft  creule  ;  &  en  la  creufant ,  on  a  ménagé  un  trou 
.  carré  de  deux  pieds  de  hauteur,  pour  y  entrer  ;  ôc  tout 
auprès  il  y  a  une  pierre  delà  même  grandeur,  pour  fer- 
vir  de  porte.  Dans  la  cavité  on  trouve  un  lit  taillé 
dans  la  pierre ,  avec  un  oreiller.  Il  peut  y  coucher  deux 
hommes ,  tout  de  leur. long.  Au  milieu  il  y  a  un  foyer  ôc 
un  trou  en  haut  pour  faire  fortir  la  fumée.  On  croit  que 
c'a  été  la  cellule  d'un  hermite.  Elle  eft  environnée  d'une 


bruyère  ,  ôc  il  n'y  a  point  de  maifon  dans  le  voifinage 
qui  n'en  foit  éloignée  d'un  mille. 

Enfin  cette  isle  a  plufieurs  lacs  remplis  de  poiffon, 
ôc  principalement  détruites.  Il  y  a  une  églife  au  nord , 
quelques  maifons  de  noblefle  ,  ôc  plufieurs  métairies. 

LES  ISLES  DE  HUDEN  ,  isles  de  Suéde  ,  fur  là 
côte  occidentale  du  golfe  de  Bothnie  ,  aux  confins  de 
l'Angermanie  ôc  de  la  Bothnie  -,  à  l'embouchure  de  la 
rivière  d'Angera. 

L'ISLE  D'HUESNE.  Voyez  Huesne. 

L'ISLE  DE  HUNA ,  petite  isle  ou  écueil  entre  les 
isles  de  Schetland ,  au  nord  de  Baltha ,  ôc  à  l'orient  de 
l'isle  d'Unft. 

L'ISLE  DE  HYNG  ;  c'eft  la  même  que  I'Isle  de 
Hisingen. 

LES  ISLES  DU  JAPON.  Voyez  l'article  Japon. 

L'ISLE  DE  JAVA.  Voyez  Java. 

L'ISLE  JAUNE  ,  écueil  entre  les  isles  de  Breat,  Cm 
la  côte  de  Bretagne. 

L'ISLE  DE  JAUX,  isle  de  France,  à  l'entrée  de  la 
Gironde  ,  fur  la  droite,  en  remontant  la  rivière  ,  vis-à- 
vis  de  TEspare. 

^  L'ISLE  D'IBIDON,  isle  de  France,  en  Bretagne,  à 
l'entrée  de  la  rivière  de  Vannes ,  au  midi  de  l'isle  d'Ars. 

ISLES  DE  JEAN-FERNANDÈS  ,  isles  de  la  mer 
du  Sud  fur  la  côte  ,  ôc  vis-à-vis  du  Chili.  Elles  font  au 
nombre  de  deux  ;  celle  qui  eft  plus  près  de  la  côte  du 
Chili,  s'appelle  l'isle  de  Terre,  de  Tierra  ;  &C  la  plus  éloi- 
gnée s'appelle  l'isle  de  Dehors,  deAfuera.  La  diftance 
de  l'une  à  l'autre  eft  d'environ  trente-quatre  lieues.  Celle 
dont  on  parle,  ici  d'après  Dampier  ,  eft  l'isle  de  Terre. 
Elle  eft,  dit-il ,  c.  5  ,  p.  200,  fous  le  33e  d.  40'  de  lati- 
tude méridionale,  fort  haute  vers  le  nord,  ce  baffe  du 
côté  du  fud ,  avec  une  petite  isle ,  dans  le  voifinage,  où 
l'on  mouille  à  quatorze  braffes  d'eau.  Cet  endroit  eft 
propre  pour  rafraîchir  ;  mais  le  vent  du  fud  donne  droit 
dans  cette  rade,  ôc  la  rend  quelquefois  dangereufe.  Il  faut 
tâcher  de  gagner  le  véritable  port  de  cette  isle  qui  eft 
une  baie  ronde ,  longue  d'un  demi-mille ,  ôc  enclavée 
dans  les  terres  à  l'eft-fud-eft  ,  jusqu'au  nord-quart  au 
nord-oueft.  On  y  trouve  quantité  de  poiffon  ;  fur-tout 
d'écreviffes ,  &c  trois  fources  de  bonne  eau.  Dampier, 
Voyages ,  c.  I ,  p.  90 ,  ne  s'accorde  pas  fur  la  latitude 
de  cette  isle.  Il  dit  qu'elle  eft  à  34  d.  15'  de  latitude, 
à  environ  cent  vingt  lieues  de  la  terre  ferme.  Elle  a  à- 
peu-près  douze  lieues  de  circuit ,  6c  eft  pleine  de  hau- 
tes montagnes  ôc  de  petites  vallées  agréables.  Les  côtes 
des  montagnes  ,  font  en  partie  des  pâturages  ou  pacages, 
ôc  en  partie  pleins  de  bois.  On  n'appelle  pas  pacages  Its 
lieux  que  l'art  6c  le  travail  ont  nettoyés  de  bois ,  mais 
ceux  qu'on  trouve  fans  bois  dans  les  lieux  inhabités  de 
l'Amérique.  Telle  eft  l'isle  de  Jean-Fernandès ,  ou  autre 
pays  originairement  fans  bois. 

L'herbe  qui  croît  dans  ces  pâturages  de  Jean-Fernandès, 
h'eft  ni  longue  ,  ni  ferme,  comme  elle  eft  d'ordinaire 
dans  ceux  des  Indes  occidentales  ;  mais  c'eft  une  espèce 
d'herbe  épaiffe,  qui  fleurit  durant  presque  toute  l'année. 
Les  bois  (ont  compofés  de  diverfes  fortes  d'arbres.  Il  y 
en  a  de  gros  6c  bons  pour  bâtir ,  mais  il  n'y  en  a  point 
de  propres  à  faire  des  mâts.  Les  arbres  à  chou  de  cette 
isle  font  petits  ,  6c  portent  néanmoins  une  bonne  tête 
ôc  du  fruit  de  fort  bon  goût. 

Les  pâturages  font  fournis  de  grands  troupeaux  de  chè- 
vres. 

Les  premières  qu'il  y  eut  dans  l'isle,  y  furent  mifes 
par  Jean-Fernandès ,  qui  en  fit  le  premier  la  découverte 
en  allant  de  Lima  à  Baldivia.  Il  découvrit  auffi  une  au- 
tre isleà-peu-près  de  la  même  grandeur ,  &c  à  vingt  lieues 
de  celle-ci  du  côté  de  l'occident  :  on  la  nomme  l'isle 
de  Fuera.  Fernandès  étant  de  retour  à  Lima,  aprè*s  la 
découverte  de  fon  isle ,  demanda  qu'on  la  lui  affurât  par 
une  patente  ^  réfolu  de  s'y  établir  ;  6c  ce  fut  à  fon  fé- 
cond voyage  qu'il  y  mit  trois  ou  quatre  chèvres,  qui  ont 
fi  bien  multiplié  ,  qu'elle  ont  peuplé  toute  l'isle.  Mais  il 
ne  put  jamais  obtenir  la  patente  qu'il  demandoit  ;  de-là 
vient  que  l'isle  eft  encore  fans  habitans  ,  quoiqu'elle 
puiffe  inconteftablement  faire  fubfifter  quatre  ou  cinq 
cents  familles  des  feules  denrées  qu'elle  pourroit  pro- 
duire. Je  ne  dis  rien  de  trop  ;  car  les  pacages  pourraient^ 
à  l'heure  qu'il  eft ,  nourrir  mille  pièces  de  bétail ,  fans 
compter  les  chèvres,  Les  vice -rois  du  Pérou,  6c  les 


ÏSL 


préfidens  du  ÇhïTi  ordonnèrent,  il  y  a  quelques  années, 
de  jetter  des  chiens  dans  l'isle  ,  pour  détruire  ces  chè- 
vres ,  parce  que  les  corfaires  en  profitoient ,  ck  que  c'é- 
toit  une  partie  de  leur  fubfiftance  ;  niais  le  projet  n'a  pas 
réuffi,  du  moins  il  n'a  pas  eu  tout  le  fuccès  qu'on  avoit 
espéré.  Voyage  dans  l  Amérique, en  i-j 41,  par  -O.Jorge- 
Juan  ,  &  D.  Antonio  de  Ulloa.  Il  y  a  de  l'apparence 
que  fi  la  terre  étoit  cultivée  ,  elle  produiroit  du  grain , 
ck  même  du  froment ,  de  bons  pois ,  des  yames  ck  des 
Hâtâtes  ;  car  dans  les  vallées,  tk  à  côté  des  montagnes, 
le  terroir  eft  noir  ck  fertile.  La  mer  n'y  eft  pas  moins 
fertile  que  la  terre.  Il  y  a  autour  de  cette  isle,  une  pro- 
digieufe  quantité  de  veaux  marins.  Les  lions  marins  y 
font  par  greffes  troupes ,  les  poiffons  auffi ,  6k  fur-tout  les 
fnappers  ;  les  tâtonneurs  y  font  en  fi  grande  abondance , 
que  deux  pêcheurs  à  la  ligne  en  prendront,  en  deux  heures 
de  tems ,.  pour  régaler  cent  hommes. 

L'isle  de  Jean  Fernandès .,  n'a  que  deux  baies  où  les 
vaiffeaux  puiffent  ancrer.  Elles  font  du  côté  d'orient  ; 
ck  il  y  a  dans  l'une  ck  dans  l'autre  un  petit  ruiffeau  de 
Donne  eau  douce.  On  pourroit  les  fortifier  avec  peu  de 
dépense  ;  enforte  que  cinquante  hommes  dans  chacune, 
pourrolent  empêcher  mille  d'en  approcher.  On  ne  peut 
entrer  dans  ces  baies ,  du  côté  de  l'occident  ,  qu'avec 
beaucoup  de  peine,  ck  en  traverfant  des  montagnes  où 
trois  hommes  peuvent  empêcher  de  monter  tout  ce  qui 
fe  préfente.  C'eft  une  vérité  confirmée  par  l'expérience 
de  cinq  Anglois  que  le  capitaine  Davidy  laiffa,  ck  qui, 
par  l'avantage  du  lieu ,  firent  tête  à  un  corps  d'Espagnols, 
qui  ne  put  les  y  forcer. 

ISLE  DE  JEAN  MAYEN  ,  isle  de  l'Océan  fepten- 
trional ,  au  nord  des  isles  de  Féro ,  au  levant  du  Groen- 
land., vers  Je  71e  d.  latitude,  &  le  13e  d.  de  longitude. 
Elle  fut  découverte  ,  en  1614,  par  Jansz  Mayen  :  elle 
s'étend  eu  long  l'espace  de  dix  lieues.  Il  y  a  une  haute 
inontagne  que  l'on  voit  de  loin. 

L'ISLE  DE  JEAN  DE  NOVA,  isle  d'Afrique,  dans 
la  mer  des  Cafres  ,  entre  le  pays  de  Mofambique  & 
î'isle  de  Madagascar  :  elle  porte  le  nom  d'un  Portugais, 
qui  la  découvrit  en  1502. 

L'ISLE  DE  JENDIZMO  ,  isle  de  Finlande  ,  fur  la 
côte  orientale  du  golfe  de  Bothnie  ,  à  l'entrée  du  port 
de  Carleby. 

L'ISLE  DE  JERSEY.  Voyez  Jersey. 
L'ISLE  DE  JESUS  ,  isle  de  la  nouvelle  France,  vis- 
â-vis  le  Confluent  de  la  grande  rivière  des  Outaouais,  avec 
le  fleuve  S.  Laurent ,  lequel  en  cet  endroit  fe  fépare  en 
trois  bras ,  ck  forme  parallèlement  les  isles  de  Montréal 
&  de  Jefus.  Celle-ci  porta  d'abord  le  nom  de  Mont- 
magni ,  lequel  a  été  le  fécond  gouverneur  de  la  Nouvelle 
France.  Le  canal,  qui  fépare  ces  deux  isles ,  s'appelle  la 
rivière  des  prairies  ;  ck  celui  qui  fépare  l'isle  de  Jefus  du 
Continent,  eft  femé  d'un  nombre  d'isles  fi  prodigieux, 
qu'on  y  voit  presqu'autant  de  terre  que  d'eau.  Les  Ca- 
nadiens nomment  cet  endroit  les  Mdle-hles.  Quelques 
anciens  Mémoires  donnent  à  ce  canal  le  nom  de  rivière 
de  S.  Jean.  L'isle  de  Jefus  a  huit  lieues  de  long  ,  fur  un 
peu  plus  de  deux  lieues  dans  fa  plus  grande  largeur.  Elle 
appartenoit  autrefois  aux  JéfuiteS  ,  qui  lui  ont  donné  le 
nom  qu'elle  porte.  Aujourd'hui  elle  eft  au  féminaire 
de  Québec  ;  fon  milieu  eft  par  les  44  d.  de  latitude  fep- 
tentrionale. 

L'ISLE  DE  JETTESHOLMAN ,  isle  de  Suéde,  dans 
le  golfe  de  Bothnie  ,  fur  la  côte  de  la  Helfingie,  devant 
le  bourg  de  Jettendal. 

L'ISLE  D'INCHKEITH,  isle  d'Ecoffe ,  dans  le  golfe 
de  Forth,  à  quelques  milles  au  nord  d'E*dimbourg.  Elle 
à  un  mille  ck  demi  de  long ,  ck  environ  un  demi  mille 
de  large.  Le  terroir  de  cette  isle  eft  gras ,  ck  produit  de 
très-bonne  herbe.  Il  y  croît  auffi  quantité  de  fimples. 
Eile  a  quatre  fources  d'eau  douce  ,  et  autant  de  havres  , 
l'un  à  l'eft,  l'autre  à  l'oueft  ,  &  les  deux  autres  au  nord 
&  au  fud.  Le  milieu  de  l'isle  eft  la  partie  la  plus  élevée 
OU  la  reine  Marie  fit  faite  une  forterefle.  On  trouve  dans 
cette  isle  une  carrière  qui  exhale  une  vapeur  fulfureufe 
quand  on  l'entame  ;  mais  la  pierre  en  eft  fort  bonne 
pour  bâtir.  Les  côtes  font  remplies  de  poiffons  ;  ck  les 
huitres  y  font  en  abondance  tout  fhyver.  Elle  s'appelle 
închkkith ,  du  nom  de  la  noble  famille  de  Keith  ,  dont 
le  fondateur  fut  fait  feigneur  de  cette  isje ,  avec  le  titre 


ÎSL  j4^ 

de  baron  de  Keiih  &  grand-maréchal  d'Ec&JJe  ,  par  Mal-, 
com  III,  en  1010  ,  pour  s'être  fignalé  contre  les  Da- 
nois ,  à  la  bataille  de  Bar  en  Ahgus.  Cette  isle  fut  en- 
fuite  réunie  à  la  couronne,  ck  donnée  par  Robert  II,  ait 
lord  Jean-Lyon  de  Glames  ,  chef  de  cette  famille,  avec 
la  baronnie  de  King-horn  ,  lorsqu'il  époufa  la  princèffe, 
fille  de  Robert,  *  Etat  prefent  de  la.  Gr.  Bretagne,  t.  2, 

'  L'ISLE  D'INCH-GARVY,  autre  isle  d'Ecoffe,  dans 
le  même  golfe  ,  vis-à-vis  de  Quensferry,  entre  deux 
promontoires.  Elle  étoit  autrefois  fortifiée  ;  ck  les  ca- 
nons de  fes  forts^  portoient  aux  deux  côtés  de  la  ri- 
vière,  de  forte  qu'aucun  navire  ne  pouvoir  palier  fans 
permiffion. 

L'ISLE  D'IORD-SAND  ,  petite  isle  de  la  mer  d'Al- 
lemagne ,  fuir  la  côte  occidentale  du  Slesv/ig ,  entre  l'isle 
de  Sylt  ck  le  continent. 

1.  L'ISLE-JOURDAIN,  ville  de  France  ,  dans  le 
Poitou ,  elle  occupe  une  isle  dans  le  lit  de  là  rivière  dé 
Vienne,  qui  l'entoure  de  tous  côtés. 

2.  L'ISLE-JOURDAIN  ,  ville  de  France ,.  dans  la 
Gascogne  Tôuloufaine ,  avec  titre  de  comté.  L'abbé  dé 
Longuerue  ,  Descript.  de  la.  France ,  1 .  part.  p.  1 97,  en 
parle  ainfi  :  le  comté  de  l'isle  -  Jourdain  ,  qui  eft  à 
l'orient  de  l' Armagnac ,  eft  une  leigneurie  fort  ancienne  : 
on  nomme  ainfi  cette  ville ,  parce  qu'elle  eft  fituée  dans 
une  isle  que  forme  la  petite  rivière  de  Save  :  on  y  ajoute 
le  nom  de  Jourdain ,  parce  qu'il  étoit  quafi  héréditaire 
à  fes  feigneurs  ;  leurs  terres  s'étendoient  jusqu'auprès  dé 
la  ville  de  Touloufe  ;  ck  ce  qu'ils  poffédoient  à  l'occi- 
dent de  la  Garonne ,  dans  le  diocèfe  de  Touloufe ,  re- 
levoit  des  comtes  de  cette  ville.  Les  feigneurs  de  l'isle- 
Jourdain  ,  ne  prétendirent  reconnoître  au-deffus  d'eux 
que  le  foi  de  France ,  depuis  Philippe-  Augufte,  qui  avoit 
conquis  une  partie  de  la  Guyenne. 

Philippe  de  Vallois  érigea  la  feigheurie  de  l'Isle-Jour- 
dain  en  comté ,  en  faveur  de  Bertrand ,  à  qui  elle  ap- 
partenoit, êk  qu'il  avoit  créé  fon  lieutenant-général  en 
tous  les  pays  de  Languedoc.  Ce  comte  ,  qui  fut  tue 
au  fiége  de  Bergerac  ,  l'an  1345  ,  descendait  en  ligne 
directe  d'Aton-Raymond  ,  qui  vivoit  dans  l'onzième 
fiécle  ,  ck  ayant  époufé  une  fille  de  Guillaume  Taille- 
fer  ,  comte  de  Touloufe  ,  avoit  été  le  premier  feigneur 
de  l'isle. 

Le  dernier  comte  de  l'isle- Jourdain  ,  ck  qui  s-'appelloit 
Jourdain  comme  fés  prédécefléurs  ,  mourut  fans  enfans, 
l'an  1410,  après  avoir  vendu  tous  fes  biens  à  Jean  ,  duc 
de  Bourbon  ,  qui  les  revendit  à  Bernard ,  comte  d'Ar- 
magnac ,  par  où  le  comté  de  l'isle- Jourdain  fut  annexé 
à  celui  d'Armagnac,  quoique  les  deux  comtés  ayent  leurs 
bornes  diftinguées. 

On  voit  par  d'anciens  monumens ,  que  cette  ville  de 
l'isle  s'appelloit  CASTELLUM  Ictium  ;  elle  appartenoit 
à  la  Gascogne  Tôuloufaine ,  comme  elle  eft  encore  au- 
jourd'hui du  reffort  du  parlement  de  Touloufe,  dont  les 
comtes  ont  été  reconnus  parles  feigneurs  de  cette  partie 
de  la  Gascogne  ;  ck  quoique  les  Anglois  fe  foient  fait 
céder  par  le  traité  de  Bretigny  la  fouveraineté  de  ces 
co'mtés  ck  de  ces  feigneuries  ,  néanmoins  ils  ne  purent 
y  établir  paifiblement  leur  domination  ;  ck  Charles  V, 
après  la  mort  du  roi  Jean,  fon  père,  remit  en  ce  pays 
toutes  chofes  au  même  état  où  elles  étoient  aupara- 
vant. 

L'ISLE  DE  JULGUEDEC  ,  petit  écueil  de  France, 
fur  la  côte  de  Bretagne,  allez  près  du  continent,  au  midi 
occidentale  des  Sept-Isles. 

L'ISLE  DE  JUIST,  isle  de  la  mer  d'Allemagne,  fur 
la  côte  de  la  Frife  orientale ,  à  l'orient  de  l'isle  de  Bor- 
cum  ,  ck  à  l'entrée  du  Dcllaërt. 

L'ISLE  DE  KANNEY ,  petite  isle  d'Ecoffe ,  l'une 
des  Wefternes,  au  midi  de  l'isle  de  Skie,  ck  au  couchant 
de  l'isle  de  Rum.  Elle  eft  nommée  Canney  dans  l'il*-» 
iat  préfent  de  la  Grande-Bretagne ,  t.  2  ,  p.  291.  Elle  a 
deux  milles  de  long  ck  urr'  de  large.  Elle  eft  fertile  en, 
bled  ck  en  pâturages ,  ck  fes  côtes  abondent  en  morue. 
Du  côté  du  nord  elle  a  un  rocher  où  l'on  croit  qu'il  y 
a  un  aimant ,  parce  que  quand  des  vaiffeaux  en  appro- 
chent, on  remarque  un  grand  changement  dans  l'aiguille 
de  la  bouffole.  Un  des  Mac-Donalds  eft  le  feignevir  de 
cette  isle,' 

Tome  III.    Zzz  ij 


54-3  ISL 

L'ISLE  DE  KASKO,  petite  isle  de  Finlande,  fur  la 
côte  orientale  du  golfe  de  Bothnie,  vis-à-vis  du  port  de 
Chriftine-Stadt.    .  .     . 

L'ISLE  DE  KEA  ,  petite  îsle  d  Irlande ,  dans  le  Shan- 
non  vis-à-vis  du  château  de  Bonratti ,  6k  à  l'embou- 
chu  e  ce  la  rivière  de_mêmê  nom. 

L'ISLE  DE  KEMtLQC  ,  isle  de  la  Laponie  Mos- 
covite ,  dans  la  mer  Blanche,  à  l'embouchure  de  la  ri- 
vière-Fraîche, ou  Versche-Rivier ,  au  levant  de  la  ville 
de  Kéretti. 

L'ISLE  DE  KÉRIC  ,  isle  d'Irlande  ,  dans  la  rivière 
du  Shannon  ,  à  l'embouchure  de  la  rivière  de  Salin,  vis- 
à-vis  du  château  de  Kéric. 

L'ISLE  DE  KIMITO,  isle  de  la  Finlande  méridio- 
nale ,  au  midi  du  port  de  "Wirmo  ,  au  levant  des  isles 
d'Aland  ,  près  de  la  terre-ferme.  '      . 

L'ISLE  DE  KOL  ,  l'une  des  \Vefternes  ;  l'Etat  de 
la  Grande-Bretagne ,  t.  2,  p.  187,  la  nomme  Coll. 
Elle  eft  au  nord-oueû  de  l'isle  de  Mull  :  elle  a  huit  ou 
dix  milles  de  long  ,  6k  eft  très-fertile.  Elle  a  des  riviè- 
res qui  abondent  en  faumon  ,  ck  un  lac  qui  fournit  une 
grande  quantité  de  truites.  On  pêche  fur  fes  côtes  de 
plus  groffe  morue  qu'autour  des  autres  isles  du  conti- 
nent. Le  propriétaire  de  cette  isle  eft  de  la  famille  de 
Mackléan. 

LES  ISLES  DE  KONUGZOYER ,  petites  isles  de 
la  Laponie  Danoife  ,  fur  la  côte  feptentrionale,  aunord- 
oueft  de  Wardhus.  .     .  ,       , 

LES  ISLES  DE  KUMBRA,  isles  dEcoffe,  dans  la 
mer  d'Irlande  ,  fur  la  côte  de  la  province  de  Cuningham, 
à  l'orient  de  l'isle  d'Arren. 

L'ISLE  DE  CUYPER  ou  Kuypérs  Jïland,  pe- 
tite isle  d'Afie  ,  au  nord  de  l'isle  de  Java ,  au  midi  de 
l'isle  d'Unruft ,  £<  au  fud-oueft  de  l'isle  de  Purmerend. 

L'ISLE  DE  KYN,  petite  isle  du  golfe  de  Livonie ,  à 
l'embouchure  de  la  rivière  de  Pernau. 

L'ISLE  DE  LAD  ARA,  petite  isle  de  la  Dalmatie, 
près  d'Ugliano. 

L'ISLE  DE  LALAND ,  isle  de  Danemarck.  Voyez 
Laland.  ,„  ,     ,       ,    , 

L'ISLE  DE  LAMBAY,  petite  isle  d'Irlande  ,  fur  la 
côte  orientale ,  au  nord-eft  de  Dublin ,  6k  vis-à-vis  de 
Mallehid. 
'  L'ISLE  DE  LAN  ,  isle  de  France,  fur  la  côte  de 
Bretagne  ,  au  levant  de  l'isle  d'Oueflant,  dont  elle  eft 
une  annexe. 

L'ISLE  DE  LANDES  ,  petite  isle  de  France ,  en 
Bretagne,  près  du  Groin  de  Cancale,  entre  l'isle  Herpin 
£i  la  terre  ferme. 

L'ISLE  DE  LANGELAND.  Voyez  Langeland. 

L'ISLE  DE  LANGEROOGH ,  isle  de  la  mer  d'Al- 
lemagne ,  fur  la  côte  d'Ooftffiié  ,  au  nord  de  l'isle  de 
Baltrum. 

L'ISLE  DE  LARECA  ,  isle  du  golfe  Perfique  ,  à 
cinq  lieues  de  Gamron,  au  fud-fud-eft.  On  dit  auffi  La- 

L'ISLE  DE  LARRON ,  isle  de  France  ,.  en  Breta- 
gne, au  Morbian,  à  l'entrée  de  la  rivière  de  Vannes, 
au  couchant  de  l'Isle-Longue. 

L'ISLE  DES  LARRONS.   Voyez  Mariannes. 

L'ISLE  DE  LAVEN,  isle  de  France ,  en  Bretagne, 
à  l'entrée  de  la  rivière  de  Tréguier  ,  au  fud-oueft  de 
l'isle  d'Ere. 

L'ISLE  DE  LAURET,  isle  de  France  ,  fur  la  côte 
de  Bretagne  ,  à  l'orient  de  l'isle  de  Bréhat. 

L'ISLE  DE  LEDA.NET,  petite  isle  de  Bretagne,  au 
nord  de  S.  Paul  de  Léon,  au  midi  de  l'isle  de  Bas,  ck  au 
couchant  de  Rescou. 

L'ISLE  DE  LESMOIR,  isle  d'Ecoffe,  l'une  des  "Wes- 
ternes  ,  à  l'orient  de  l'isle  de  Mull,  dans  le  golfe  qui  fé- 
pare  les  provinces  de  Lorn  6k  de  Lochaber. 

L'ISLE  DE  LEHMANKURKU  ,  isle  de  Finlande , 
fur  la  côte  orientale  du  golfe  de  Bothnie ,  au  nord-eft 
des  isles  d'Aland. 

L'ISLE  DE  LEQUEO.  Voyez  Lequeo. 

LES  ISLES  DE  LERINS.  Voyez  Lerins. 

L'ISLE  DE  LERO.  Voyez  Lero. 

L'ISLE  DE  LESBOS.  Voyez  Lesbos  6k  Metelin. 

L'ISLE  DE  LESINA.  Voyez  Lésina. 

L'ISLE  DE  LESOU.  Voyez  Lesou. 


ISL 


L'ISLE  DELEU,  isle  délia  Méditerranée,  dans  le 
détroit,  entre  la  Sardaigne  ck  la  Corse. 

L'ISLE  DU  LEVANT,  isle  de  France,  fur  la  côte 
d;  Provence,  la  plus  orientale  des  isles  d'Hieres.  Voyez 

HlERES. 

L'ISLE  DE  LEURS,  isle  de  France,  fur  la  côte  de 
Bretagne ,  au  midi  de  l'isle  d'Ars. 

L'ISLE  DE  LEWIS,  isle  d'Ecoffe,  entre  lesV/efter- 
nes,  dont  elle  eft  la  plus  grande,  au  nord-oueftde  l'isle 
de  Skie.  On  la  divife  en  deux  parties  ;  l'une  feptentrio- 
nale ,  qu'on  appelle  proprement  Lewis  ;  ck  l'autre  mé- 
ridionale ,  qui  porte  le  nom  de  Harries  ;  elle  eft  fertile 
en  grains  ,  ck  fur-tout  en  feigle  ,  orge  ck  avoine.  Le 
chanvre  ck  le  lin  y  viennent  auffi  fort  bien.  Le  bétail 
y  eft  petit ,  mais  la  viande  en  eft  excellente.  Les  che- 
vaux y  font  plus  petits  que  dans  le  continent  ;  mais  on 
peut  les  employer  utilement  aux  ufages  domeftiques ,  6k 
ils  coûtent  peu  à  entretenir.  Cette  isle  nourrit  auffi  quan- 
tité de  bêtes  fauves.  Ses  baies  ck  fes  havres  fourniffent 
du  poifïon  en  abondance.  Celle  de  Oarlvay,  entr'autresy 
eft  beaucoup  fréquentée  par  les  baleines.  Le  corail  & 
les  coquilles  à  perles  fe  trouvent  auffi  dans  cette  isle. 
Les  lacs  y  abondent  en  truites  ck  anguilles  ,  ck  les  ri- 
vières en  faumons.  Sur  les  côtes  il  y  a  plufieurs  fouter- 
reins  fréquentés  par  les  loutres  ,  les  chiens  ck  les  oifeaux 
de  mer.  On  trouve  auffi  fur  les  côtes  plufieurs  places 
fortes  par  leur  fituation  ck  par  l'art.  Au  village  de  Clas- 
fernis ,  il  y  a  trente-neuf  pierres  élevées  fur  terre  ,  cha- 
que pierre  ayant  fix  ou  fept  pieds  de  hauteur  ck  deux 
pieds  de  largeur  :  elles  font  comme  une  avenue  large  de 
huit  pieds  ,  ck  la  diftance  entre  chaque  pierre  eft  de  fit 
pieds  ;  au  bout,  du  côté  du  midi ,  on  voit  un  cercle  de 
douze  pierres  ,  de  la  mêriie  hauteur,  que  les  autres  ck  de 
la  même  diftance,  avec  une  autre  pierre  au  centre,  à 
treize  pieds  de  hauteur,  en  forme  de  gouvernail.  Hors  de 
ce  cercle  il  y  a  quatre  pierres  érigées  comme  les  autres, 
l'une  au  nord,  1  autre  au  midi,  ck  les  deux  autres  à  l'o» 
rient  6k  à  l'occident.  Les  habitans  difent  que  c'étoit  un 
temple  payen  ,  6k  que  le  chef  des  Druides  fe  tenant  au- 
près de  la  pierre  du  centre  ,  inftruifoit  fes  auditeurs. 
*ElatpréJent  de  la  Gr.  Bretagne,  t.  2 ,  p.  282. 

1.  L'ISLE  DE  LEYDEN,  petite  isle  d'Afie,  au  nord 
de  Java ,  au  fud-oueft  de  l'isle  d'Enckhuyfen ,  devant  la 
rade  de  Batavia. 

1.  L'ISLE  DE  LEYDEN  ,  isle  au  nord  de  la  côte 
occidentale  de  l'isle  de  Ceylan ,  entre  Jafhapatan  6k  l'isle 
de  Deft.  On  la  nomme  auffi  l'isle  d'Ourature. 

L'ISLE-LIBRUSIA  ,  petite  isle  de  l'isle  de  Corse,  au 
midi  du  village  d'Eliffa  6k  des  rochers  Munike  ,  qui  bor- 
dent cette  côte  méridionale  au  couchant. 
L'ISLE  DE  LICOSA.  Voyez  Licosa. 
L'ISLE-AUX-LIEVRES  ,    petite  isle   du   Canada  , 
dans  la  rivière  de  S.  Laurent ,  au-defïbus  de  Québec , 
entre  l'isle- Verte  ek  l'Isle-aux-Coudres. 
L'ISLE  DE  LIMA.  Voyez  Callao  1.  6k  3. 
L'ISLE  DE  LINGA,  petite  isle  de  l'Océan  oriental, 
fur  la  côte  de  l'eft  du  royaume  de  Johor  (ou  Ihot.)  Lé 
roi  de  Johor ,    à  qui  elle   appartient ,    y  entretient  un 
gouverneur.    Il  y  croît  beaucoup  de  fagu  ,    mais  point 
de  riz  ;   6k  il  y  a  environ  trois  cents  habitans.  *Voyagt 
de  Van-der-Hagen,   dans  les  Voyages  de  la  compagnie 
Hollandoife ,  t.  3  ,  p.  1 00. 

L'ISLE  DU  LION  D'OR,  isle  de  l'Océan  orieatal, 
auprès  de  l'isle  Formofe,  dont  elle  n'eftqu'à  trois  lieues. 
Les  Indiens  la  nomment  Tugin  ,  6k  les  Hollandois  lui 
donnent  le  nom  d'un  de  leurs  vaiflèaux ,  qui  y  aborda 
pour  y  prendre  des  rafraîchiffemens ,  6k  dont  le  com- 
mis ,  le  maître  6k  quelques  autres  furent  maffacrés  par 
les  habitans. 

LES  ISLES  DE  LIQUESOS.  Hagenaar,  dans  fon 
Voyage  aux  Indes  orientales  ,  les  met  au  nombre  de 
treize;  ce  font  les  isles  de  Lèquios.  Voyez  Lequios. 

L'ISLE  DE  LITIRI ,  petite  isle  de  France,  en  Bre- 
tagne ,  à  l'orient  de  l'isle  de  Quemenes. 

L'ISLE  DE  LOBOS,  petite  isle  de  l'Amérique  méri- 
dionale, fur  la  côte  du  Bréfil ,  à  vingt  lieues  de  l'embou- 
chure de  la  rivière  de  la  Plata  ,  vers  le  cap  de  Sainte- 
Marie. 

LES  ISLES  DE  LOBOS,  dans  la  mer  du  Sud.  II  y 
en  a  plus  d'une;  favoir, 


ISL 


L'ISLE  DE  LOBOS  DE  LA  MER  eft  à  6  d.  24' 
de  latitude  méridionale  ,  à  cinq  lieues  de  la  terre  ferme 
du  Pérou.  Cette  isle  eft  compofëe  de  deux  petites  isles , 
d'environ  un  mille  de  circuit  chacune  :  elles  font  affez 
hautes  ck  féparées  par  un  petit  canal  qui  n'elt  bon  que 
pour  des  barques  ;  du  côté  du  nord,  &  affez  près- de  la 
terre,  il  y  a  divers  rochers.  A  l'occident,  du  côté  le 
plus  oriental  de  l'isle,  il  y  a  une  petite  baie  à  couvert  des 
vents,  ck  bonne  pour  caréner  les  vaiffeaux.  Lerefte  de 
k  côte,  tant  à  l'entour  qu'entre  les  deux  isles ,  n'eft  que 
rochers  à  petites  pentes.  Le  dedans  de  l'isle  eft  en  partie 
pierreux  &  en  partie  fablonneux  ;  le  terroir  fténle ,  fans 
eau  douce  ,  fans  arbres  ,  foit  grands ,  foit  petits ,  fans 
herbes  ck  fans  animaux  terreftres  ;  car  les  veaux  ck  les 
lions  marins  y  viennent  à  terre.  Mais  il  y  a  quantité 
d'oifeaux  ,  comme  des  boubies ,  ck  principalement  des 
pinguins.  La  rade  eft  bonne  entre  l'isle  la  plus  orientale 
&  les  rochers,  y  ayant  dix,  douze  à  quatorze  braffes 
d'eau.  Comme  le  vent  eft  ordinairement  fud  ck  fud-fud- 
eft ,  l'isle  la  plus  orientale  qui  eft  à  l'eft  ck  à  l'oueft , 
met  cette  rade  à  couvert.   * Dampier,  Voyages,  /.  1  , 

P'  L'ISLE  DE  LOBOS  DE  LA  TERRE  n'eft  pas 
éloignée  du  Lobos  de  la  mer ,  ck  eft  plus  proche  du 
continent. 

Le  nom  de  lobos  ne  veut  pas  dire  des  loups ,  comme 
Baudrand  le  traduit ,  puisque  le  loup  eft  un  animal  in- 
connu dans  ces  isles.  Lobos  ou  lovos  eft  le  nom  que  les 
Espagnols  donnent  aux  veaux  marins,  qui  font  en  quan- 
tité dans  ces  isles,  qui  n'ont  rien  de  remarquable  d'ail- 
leurs que  d'être  remplies  d'animaux  de  cette  espèce. 

L'ISLE  DE  LOGODEC  ,  petite  isle  de  France ,  en 
Bretagne  ,  au  nord-oueft  de  l'isle  d'Ars ,  au  midi  du  vil- 
lage d'Aradon. 

L'ISLE  DE  LONDEY,  petite  isle  de  la  côte  occiden- 
tale d'Angleterre ,   dans  le  canal  de  Briftol. 

1.  L'ISLE-LONGUE ,  isle  de  l'Amérique  feptentrio- 
nale,  fur  la  côte  de  la  Nouvelle  Yorck  ;  elle  eft  aux 
Anglois,  auffi-bien  que  la  terre  ferme,  au  midi  delà- 
quelle  elle  eft  fituée.  Il  y  a  deux  bourgades  ,  favoir, 
Bedfort  au  couchant ,  êk  Southampton  au  levant  :  elle 
s'étend  de  l'oueft  à  l'eft ,  environ  cent  milles  anglois , 
&  en  plufieurs  endroits  huit,  douze  fk  quatorze  milles 
en  large.  Elle  eft  habitée  d'un  bout  à  l'autre  ;  fon  -ter- 
roir eft  bon  ck  produit  des  grains  ,  des  herbes  ck  des 
légumes  ,  ck  a  des  arbres  fruitiers.  On  y  voit  ,  au 
mois  de  Mai,  les  bois  &  les' champs  auffi  ornés  de  rofes 
&  de  diverses  autres  fleurs  ,  qu'ils  égalent  s'ils  ne  fur- 
paffent  pas  plufieurs  nrdins  d'Angleterre. 

2.  LISLE-LONGUE,  petite  isle  de  l'Amérique  fep- 
tentrionale  ,  dans  l'Acadie  ,  fur  la  côte  orientale  de  la 
Baie-Françoife. 

3.  L'ISLE-LONGUE,  petite  isle  de  France,  en  Bre- 
tagne ,  dans  la  rade  ck  au  midi  de  la  ville  de  Breft. 

L'ISLE- LOPPEN,  isle  de  la  Laponie  Danoife,  dans 
le  gouvernement  de  Wardhus,  à  l'entrée  du  Suyerfund, 
à  l'orient  méridional  de  l'isle  de  Suroy.  Il  y  a.  au  fud- 
oueft  une  isle  plus  petite ,  nommée  Loppen-Ca'f. 

L'ISLE  DE  LORVOS,  petite  isle  de  France,  en  Bre- 
tagne, devant  Argenton,  dansl'évêché  de  Saint-Pol, en- 
tre Aberilduc  ck  Porsal. 

L'ISLE  DE  LOSINEM,  oetite  islede  Suéde,  fur  la 
côte  occidentale  du  golfe  de«othnie ,  à  l'orient  du  port 
de  Nora  ,  dans  l'Angermanie. 

L'ISLE-LOU,  isle  d'Angleterre,  fur  la  côte  méridio- 
nale de  Cournouailles,  au  couchant  du  port  dePlimouth. 

L'ISLE  DU  LOUC,  isle  de  France,  fur  la  côte  de 
Bretagne  ;  c'eft  l'une  des  isles  de  Glénan. 

L'ISLE  DE  LUCON.  Voyez  Luçon. 

L'ISLE  DE  LUfrGON,  petite  isle  de  Suéde ,  dans 
le  golfe  de  Bothnie  ,  à  l'embouchure  de  la  rivière  d'An- 
german ,  dans  l'Angermanie. 

L'ISLE  DU  LYS.  Voyez  Giglio. 

LES  ISLES  DE  MACANA.  Rechteren  ,  dans  fon 
Voyage  aux  isles  orientales ,  nomme  ainfi  quelques  isles, 
dont  il  ne  marque  point  la  pofition.  Elles  doivent  être 
à  l'orient  de  la  Chine. 

L'ISLE  DE  MACAO  ou  de  Macau.  Voyez  Ma- 

CAO. 

L'ISLE  DE  MACAU,  isle  de  France,  en  Guienne, 
dans  la  Gironde,  au  midi  du  Bec-d'Ambez. 


VISLE  DE  MADAGASCAR.  Voyez  Madagas- 
car. 
L'ISLE-MADAME,  isle  de  France  ,  en  Saintoingej' 

à  l'entrée  de  la  Charente  ,  près  du  Bec  de  la  Roche. 

1.  L'ISLE  DE  LA  MAGDELAINE,  isle  de  là  mer 
du  fud ,  entre  les  Marquifes  de  Mendoce  :  elle  eft  au  le- 
vant méridional  de  la  Dominique. 

2.  ISLES  DE  LA  MAGDELAINE  ,  autrement  ap- 
pelléés  Isles-Brion.  Ce  font  des  isles  du  golfe  de  S.  Lau- 
rens,  dans  la  Nouvelle  France,  au  nord  de  l'isle  de  Saint- 
Jean.  La  plus  grande  eft  proprement  l'isle  de  la  Magde- 
ldine.  Elle  eft  affez  grande ,  fck  on  affure  que  les  terres 
y  font  bonnes.  On  pêche  par-tout  là  beaucoup  de  mo- 
rue,  de  loups  marins  ,  de  vaches  marines  &  de  mar- 
fouins. 

L'ISLE  DE  MADERE.  Voyez  Madère. 

L'ISLE-MADON ,  isle  de  France ,  en  Bretagne ,  au 
nord  de  l'Isle-Melon,  au  nord-nord-oueft  d" Aberilduc. 

L'ISLE  DE  MAES,  isle  fur  la  côte  occidentale  d'Ir- 
lande, au  midi  de  la  pointe  qui  forme  la  baie  de  Peter-, 
buy,  au  comté  de  Galloway. 

L'ISLE  DE  MAGELLAN.  Voyez  Fuego. 

1.  L'ISLE  DE  MAINLAND,  isle  d'Ecoffe,  l'une 
des  isles  de  Schetland.  Voyez  Mainland.  i. 

2.  L'ISLE  DE  MAINLAND  ,  isle  d'Ecoffe,  entré 
les  Orcades.  Voyez  Pomona  2. 

L'ISLE  DU  MAIT.  Voyez  I'Isle-Dumet. 

LES  ISLES  MALOUiNES,  isles  de  l'Océan,  à  l'o& 
rient  du  détroit  de  Gibraltar,  entre  les  isles  Sebaldes  Û 
les  isles  d'Anicon. 

L'ISLE  DE  MAN,  rsle  de  la  mer  d'Irlande.  Voyez 
Mai*. 

L'ISLE-MAN,  petite  isle  des  Indes,  au  golfe  de  Ben- 
gale. C'eft  la  même  que  Pulo-Maon. 

L'ISLE  DE  MANDOÉ,  isle  de  Danemarck,  fur  la 
côte  occidentale  du  SlelVig ,  à  l'entrée  du  port  de  Ry- 
pen. 

L'ISLE  DE  MANGERA  ,  isle  de  la  mer  du  fud, 
dans  la  Nouvelle  Espagne  ,  au  golfe  d'Amapalla  :  elle 
eft  ronde  ,  d'environ  deux  lieues  de  circuit ,  ck  paroît 
comme  un  grand  bois  :  elle  eft  toute  entourée  de  ro- 
chers ,  ck  n'a  qu'une  petite  baie  fablonneufe  du  côté 
dunord-eft.  La  terre  en  eft  noire,  peu  profonde  ck  mê- 
lée de  pierres  ,  produifant  néanmoins  de  fort  gros  ar- 
bres propres  à  la  charpente.  Au  milieu  de  l'isle  il  y  a 
une  ville  d'Indiens  &  une  jolie  églife  Espagnole.  Les  In- 
diens ont  autour  de  la  ville  des  plantations  de  mais 
ck  quelques  plantains.  lis  ont  quelques  coqs  Se  quelques 
poules  ,  fans. autre  forte  de  volaille  ;  ils  n'ont  auffi  au- 
cune autre  bête  à  quatre  pieds  que  des  chiens  ck  des 
chats.  On  vient  de  la  ville  à  la  baie,  par  un  petit  che- 
min escarpé  ck  pierreux.  Il  y  a  toujours  dans  cette  baie 
dîx  ou  douze  canots  fur  le  fec ,  &  que  l'on  ne  met  à  l'eau 
que  quand  on  en  a  befoin.    *  Dampier ,  Voyages,  m, 

^L'LVlE  DES  MANGHISI,  presqu'isle,  fur  la  côte 
orientale  de  Sicile,  entre  Augufta  au  feptentrion,  ck  Si- 
racufe  au  midi.  Elle  eft  liée  à  la  Sicile  par  un  ifthme 
fort  étroit  au  midi ,  duquel  eft  un  ancrage  affez  bon  , 
qui  forme  le  port  de  Targia. 

L'ISLE  DE  MANIPE,  isle  entre  les  Moluques,  près 
de  l'isle  de  Burro  ;  on  paffe  entre  ces  deux  isles,  pour 
aller  d'Amboine  à  Ternate. 

L'ISLE  MANITOUALLM,  isle  de  la  Nouvelle  France, 
dans  le  lac  Huron  ,  par  les  44  d.  de  latitude  nord.  Sa 
longueur  de  l'orient  à  l'occident  eft  d'environ  quarante 
lieues  ;  mais  elle  a  peu  de  largeur.  Elle  n'eft  éloignés- 
de  la  côte  feptentrionale  du  lie  Huron  ,  que  de  quel- 
ques lieues.  Ses  côtes  font  fort  poiilonrieufes ,  fon  ter- 
rein  eft  affez  bon  en  quelques  endroits,  ck  on  y  voyoit 
'  autrefois  une  grande  quantité  d'orignaux  ck  d'autres  bê- 
tes fauves  ;  mais  le  nombre  en  eft  fort  diminué  depuis 
que  les  Sauvages  y  ont  fait  la  chaffe. 

L'ISLE  D£  MANO  ,  petite  isle  du  golfe  de  Livo- 
nie ,  à  l'entrée  de  la  rivière  de  Pernau. 

L'ISLE  DE  MANSFELD  ,  petite  isle  de  la  terre 
Arctique,  dans  la  baie  de  Hudson,  près  du  détroit.  Les 
François  lui  ont  donné  le  nom  de  Pkdyptaux. 

L'ISLE  DE  MARAGNAN.  Vovez  Maragnan. 

LES  ISLES  DES  MARCHANDS ,  isles  des  terres 
Ar£tiques?  dans  le  détroit  de  Davis,  fur  la  côtedeLon- 


'Vo 


1SL 


ISL 


aies,  qui  eft  du  Groenland,  près  de  l'embouchure  delà  lieues  de  circuit.,  &'que  le  havre  y  eft  Fort  bon  ,  tant 

rivière  de  Fisce.  parce  qu'il  a  du  moins  cent  brades  d'eau  à  l'entrée,  que 

L'ISLE  DE  LA  MARGUERITE.  Voyez  Margtje-  parce  qu'il  peut  contenir  plus  de  cinquante  grands  navi- 

RÎTE.  .       .  .  res ,  qui  s'y  trouvent  à  couvert  de  tous  les  vents.   Elle 

LES  ISLES  MÀRIANNES. 'Voyez  MARIANNE.  a  des  montagnes  que  leurs  pointes  élevées  font  paroître 

L'ISLE   DE  MARDOÉ,  isle  de  Norvège  ,  dans  k  de  fort  loin-,  Se  qui  font  très-agréables ,  étant  revêtues 

mer  de  Danemarck,,   au  gouvernement  d'Aggerhus ,    à  d'un  vert  perpétuel ,  quoiqu'à  la  réferve  de  quelques  pal- 

l'entrée  du  port  de  Mardoé.  mites  &  cocos ,  qui  portent  un  peu  de  fruit ,  tous  les 

LES  ISLÈS-MARIE ,  islés  de  la  mer  du  fud ,  fituëes  autres  arbres  foient  fauvages.    Il  y  en  a  dans  les  vallées 

à  il  d.  40'  de  latitude.    Ce  font  trois  isles  inhabitées,  qui  ont  uneécorce  verte,  Scie  bois  en-dedans  auffi  noir 

éloignées  du  cap  San-Lucar,  en  Californie,  de  quarante  que  de  la  poix.  Il  eft  pris  par  quelques-uns  pour  la  véritable 

liejes  à  l'oueft-fud-oueft ,  &C  de  vingt  du  cap  Corrïente,  ébène.   On  y  trouve  d'autres  arbres  ,   dont  le  bois  eft 

du  même  côté  que  le  cap  San-Lucar.  Elles  ont  environ  d'un  rouge  haut  en  couleur,  ou  jaune  comme  de  la  cire, 

quatorze  lieues  d'étendue  nord-oueft  &£  fud-oueft.  Fort  Le  poiffon  ,  tant  de  mer  que  de  rivière,  y  eft  en  telle 

près  de  ces  isles  font  deux  ou  trois  petits  rochers  éle-  abondance  ,  que  d'un  feul  coup  de  filet  on  y  pêche  de 

vés.  La  plus  occidentale  eft  la  plus  grande  des  trois ,  &  quoi  en  faler  deux  ou  trois  tonneaux.    Il  y  en  a  d'une 

elles  font  toutes  .paflablement  hautes.  Le  terroir  eftpier-  espèce  ,  qui  eft  presque  femblable  à  la  brènfte  ;  mais  ce 

reux  &  aride.    La  plus  grande  partie  de  la  contrée  eft  poiffon  eft  fi  venimeux,  qu'il  caufe  à  ceux  qui  en  man- 

couverte  d'arbriffeaux ,  &C  de  broffailles  fi  épaiffes,  qu'on  gent  une  très-grande  douleur  pendant  plufieurs  jours.  Il 

a  de  la  peine  à  traverser.  Il  y  a ,  en  quelques  endroits,  y  a  des  tortues  de  mer  &  de  terre^  en  quantité.  Les  der- 

quantité  de  cèdres  grands  &  élevés.  Tout  le  long  de  la  nieres  n'ont  pas  fi  bon  goût  que  celles  de  mer  ,   dont 

côte  ,  le  terroir  eft  fablonneux.  Il  y  croît  une  plante  pi-  quelques-unes  ont  plus  de  trois  cents  œufs  dans  le  corps, 

quante  &  verte  ,   dont  les  feuilles  font  fort  femblables  auffi  gros  que  ceux  de  poule.  Leurs  écailles  ou  coquilles 

à  celles  du  Pengouin ,  &  les  racines  aux  racines ^de  l'herbe  font  fi  grandes ,  que  dix  ou  douze  hommes  fe  pourraient 

qu'on  nomme  Jhnper  viva.  On  tient  que  les  Indiens  de  mettre  dedans.  Quand  elles  font  vivantes ,  elles  en  por- 

Californie  en  lùbliftent  la  plupart ,  en  les  failant  cuire  tent  jusqu'à  quatre  fur  le  dos  ,    &;  marchent   avec  la 

au  four.  On  y  voit  grand  nombre  de  lapins  des  Indes,  même  facilité  ,  que  fi  elles  n'étoient  chargées  d'aucun 
&  quantité  de  pigeons  &  de  tourterelles  d'une  grandeur  poids.  On  trouve  encore  dans  la  mer,  au-deffous  de 
Oui  n'ëft  pas  commune.  La  mer  y  abonde  auffi  en  poif-  l'isle  ,  des  haies  d'une  groffe  extraordinaire  ;  enforte 
fons ,  en  tortues  &  en  veaux  marins.  On  a  observé  ,  à  qu'une  feule  fuffit  pour  deux  repas  à  tout  l'équipage  d'un 
l'égard  des  veaux  marins,  que'1'on  n'en  voit,  fi  ce  n'eft  vaiffeau.  Il  y  a  auffi  des  vaches  &  des  veaux  marins 
fort  rarement,  que  dans  les  lieux  où  il  y  a  beaucoup  de  dont  la  chair  a  le  goût  du  veau,  &  qui  font  longs  de  dix, 
poiffon.  On  mouille  à  l'eft  de  l'isle  qui  eft  au  milieu  des  douze  &  quatorze  pieds  ,  &  gros  à  proportion.  Quant 
deux  autres ,  à  huit  braffes  d'eau ,  fur  un  fonds  bon  &  aux  oifeaux  ,  on  y  en  trouve  grand  nombre  de  toutes 
fablonneux.  *  Dampier ,  Voyage,  t.  1,  p.  351.  fortes  qui  fë  laiffent  presque  prendre  avec  la  main,  pi- 

L'iSLE-MARTEAU,  petite  isle  de  France  ,  en  Sain-     geons,  tourterelles ,  hérons,  perroquets  gris ,  entremêlés 


tonge,  à  une  lieue  de  Saintes  ;  elle  après  de  deux  lieues 
de  circuit,  &  eft  formée  par  les  rivières  de  Seugue  &C 
de  Charente.  Il  y  a  deux  hameaux. 

LES  ISLES  DE  MARTIN  VAÈS,  isles  de  l'Océan, 
entre  l'isle  de  l'Ascenfion,  qui  eft  fur  la  côte  du  Bréfilj 
&  l'isle  de  Sainte-Hélène.  Baudrand  la  donne  à  l'Afri- 


d'autres  couleurs  ,  &;  fur-tout  certains  oifeaux  auffi  gr< 
qu'un  cygne ,  qui  n'ont  ni  ailes  ni  queue.  Ils  ont  feule- 
ment trois  ou  quatre  plumes  noires  qui  leur  couvrent 
les  côtés  ,  &  par  derrière  quatre  ou  cinq  petites  plumes 
entortillées  &  un  peu  relevées  par-deffus  les  autres. 
Leur  pied  eft  large  &  épais  :  leur  yeux  font  gros  &c  vi^ 


que  ,  &  fe  trompe  ;  les  deux  isles  de  Martin  Vaës,  font  lains,  ainfique  leur  bec  ;  ci  ils  ont  une  groffe  tête  cou-* 

féparées  par  le  20e  d.  de  latitude  méridionale  ,  vers  les  verte  de  peaux ,  qui  femblent  être  des  morceaux  de  drap; 

358  d.  de  longitude.  De  l'Ifle  écrit  Martin  Vaz.  On  leur. trouve  ordinairement   une   pierre  dans  l'efto- 

_  L'ISLE  DE  MARTIN  WINYARD,  isle  de  l'Ame-  mac ,  auffi  groffe  que  le  poing.    Leur  chair  eft  fi  dure  , 

rique  feptentrionale  ,    au  midi  de  la  Nouvelle  Angle*  qu'il  n'y  a  aucune  chaleur  qui  la  puiffe    cuire.    On  n2 

terre  ,  à  l'orient  de  l'Isle-Longue.  voit  point  d'animaux  à  quatre  pieds  dans  toute  l'isle ,  qui 

L'ISLE  DE  LA  MARTINIERE,  isle  de  France,  en  eft  fort  propre  pour  tous  les  autres  rafraîchi ffemens  ,  Se 

Bretagne  ,  dans  la  Loire,  au-deffous  de  Nantes,  vis-à-  pour  y  faire  de  l'eau.   Il  y  a  quantité  de  chauves  -fouris 

vis  du  village  nommé  auffi  LA  MARTINIERE.    Il  y  a  qui  ont  la  tête  comme  un  finge,   &  qui  font  plus  groffes 

plufieurs  jillages  de  ce  nom  eti^  France,  qu'un  pigeon.  Elles  pendent  &  s'attachent  aux  branches 


L'ISLE  DE  MARUPTINGE,  petite  isle  deSuéde, 
dans  la  province  de  Halland  ,  près  de  Valkenberg. 
L'ISLE  DE  MASCAREGNE.   Voyez  Mascarei- 

GNE. 


des  arbres ,  &  font  beaucoup  de  mal  aux  oifeaux.  Cette 
isle  n'eft  point  habitée.  L'air  en  eft  fort  fain  ;  &  une 
rivière  qui  l'arrofe,  prend  fa  fource  des  montagnes.  Le 
pays  eft  plein  de  coteaux  ,  au  bord  de  la  mer  ;  &  '. 


L'ISLE  DE  MASCAR1N  -,  petite  isle  de  la  mer  du  trouve  au  milieu  de  belles  plaines.    Cette  isle  eft  nom- 
Sud,  entre  les  isles  Galapes,  oi  la  plus  méridionale  de  mée  auffi  l'Isle  de  France.  *  Corn.  Diéï. 
toutes.                                                               •  2.  L'ISLE-MAURICE,  isle  de  la  mer  Glaciale  ,  au 

L'ISLE  DES  MATELOTS,  petite  isle  d'Afie,  dans  nord  de  la  Moscovie.  Les  Hollandois  lui  ont  donné  ce 

l'Océan  oriental ,   &  dans  l'Archipel  de  S.  Lazare,  vers  nom ,  lorsqu'ils  cherchoient  dans  cette  mer  un  paftage 

les  isles  Mariannes.  pour  aller  au  Japon. 

L'ISLE  DE  LA  MATOTE  ,  isle  de  France  ,  fur  la  L'ISLE  DE  MAY,  islI^d'Ecoffe  ,  à  l'embouchure  du 

côte  de  Gascogne ,  dans  le  baffin  d'Arcaffon ,  à  l'entrée.  Forth  ,    à  fept  milles  des  côtes  de  la  province  de  Fife* 

La  paffe,  qui  eft  au  midi  de  l'isle,  eft  plus  profonde  que  C'eft  la  plus  confidérable  des  isles  qui  font  dans  ce  golfe, 
celle  qui  eft  au  levant. 


L'ISLE-MAURICE,  isle  de  l'Afrique.  Les  Hol- 
landois l'ont  nommée  ainfi  ,  du  nom  du  prince  d'O- 
range, qui  étoit  amiral  des  Provinces-Unies ,  quand  ils 
arrivèrent,  le  18  de  Septembre  1598,  dans  la  féconde 
navigation  qu'ils  firent  aux  Indes  orientales ,  fous  l'ami- 


Ellê  a  un  mille  en  longueur ,  du  nord  au  fud  ,  &  un 
quart  de  mille  en  largeur.  Cette  isle  ne  produit  point 
de  bled  ,  mais  feulement  du  pâturage.  Il  y  a  une  fource 
d'eau  douce  ,  {k  un  petit  lac.  Ses  rochers  au  couchant  la 
rendent  inacceffible  ,  ce  qu'elle  n'eft  pas  à  l'orient  ,  011 
elle  eft  unie  ,  &  .où  elle  a  quatre  ports  pour  les  bateaux, 


rai  Jacob-Comélis  Van-Nek.    Les  Portugais  l'appellent  &;  un  bon  havre  pour  mettre  les  vaiffeaux  à  couvert  du 

llha  do  Cerno;  &  quelques-uns  veulent  croire,  fans  rai-  vent  d'oueft.    Cette  isle  abonde  en    poiffon   &  gibier, 

ion,  que  ce  foit  l'isle  de  Carne,  dont  Pline  fait  mention.  C'eft  ici  proprement  qu'on  trouve  le  kittawax,   oifeau 

Cela  eft  caufe  qu'ils  la  placent  à  18  d.  30'  de  latitude  de  la  groffeur  d'un  pigeon,   qui,  au  mois  de  Juillet,  eft 

.méridionale ,  ou  Cançhe  prétend  qu'eft  fituée  l'isle  ap-  préféré  à  la  perdrix.    Le  ftouf  eft   plus  petit  qu'un  ca- 

pellée  Sainu-ApolLonie  ;  mais  ce  fentiment  ne  fauroit  fe  nard  ,  mais  fes  œufs  font  plus  gros  que  ceux  d'une  oie  ; 

foutenir,  puisque  l'on  fait  que  fa  véritable  fituation  eft  ck  étant  bouillis  durs  ,    fe  mangent  avec  du  vinaigre  & 

fous  le  vingt  &  unième  degré  de  latitude  méridionale,  du  perfil  ,   &  ont  fort  bon  goût.   *  Etat  préfint  de  la. 

près  de   l'isle   de    Mascarenhas.     Mandeslo  ,    dans  (on  Grande-Bretagne ,  t.  2 ,  p.  308. 
.Voyage  des  Indes ,  /.  3 ,  dit  qu'elle  a  environ  quinze        II  y  a  un  fanal  pour  les  vaiffeaux  qui  paffent  près  de. 


ÏÔLj 


la.  C'eft  uns  tour  de  quarante  pieds  de  hauteur ,  où  l'on 
Tait  du  feu  chaque  nuit  ;  ckpour  l'entretenir,  chaque  na- 
vire paye  deux  fols  par  tonneau,  Celui  qui  a  bâti  cetié 
tour ,  eut  le  malheur  d'être  noyé  comme  il  s'en  retour- 
noit  chez  lui  dans  la  province  de  tife ,  ayant  été  fur- 
pris  par  une  tempête  >  que  des  forciers  cauferent  par  le 
Secours  du  prince  de  l'air,  félon  leur  confeffion  ,  lors- 
qu'ils vinrent  au  lieu  du  fupplice.    - 

Ce  qu'il  y  a  encore  de  remarquable  dans  cette  isle, 
c'eft  qu'elle  étoit  autrefois  dédiée  à  S.  Adrien,  &  qu'il  y 
avoit  un  couvent  ck  une  chapelle.  Les  femmes  fiérilesy 
alloient  en  pèlerinage  ;  ck  on  étoit  fi  persuadé  qu'elles 
y  obtenoient  la  fécondité  par  l'intercemon  dufaint,  que 
.Wod  de  Largo,  fameux  capitaine  de  mer,  o'btint  plu- 
sieurs terres  en  fief  du  roi  Jacques  IV,  pour  être  prêt  en 
tout  tems  à  le  transporter  dans  cette  isle  avec  la  reine, 
'pour  vifiter  l'églife  de  S.  Adrien. 

i.  L'ISLE  DE  MAY.  Voyez  Mayo  ;  c'eft  l'une  des 
Isles  du  Cap-Verd. 

L'ISLE  DE  MELEDE,  isle  du  golfe  de  Venife,  fur 
la  côte  de  Dalmatie ,  au  nord-oueft  de  Ragufe. 
.  LTSLE  DE  MELHAM,  isle  de  France,  en  Bretagne, 
l'une  des  Sept-Isles. 

L'ISLE  DE  MENANE  ,  petite  isle  de  l'Amérique 
Septentrionale,  dans  l'Acàdie  ,  fur  la  côte  occidentale 
de  la  baie  Françoife,  vis-à-vis  de  l'Isle-Longue. 
.  L'ISLE  DE  MENDU ,  isle  de  France,  en  Bretagne. 
C'eft  un  écueil  près  de  la  pointe  la  plus  feptentrionale 
de  l'isle  d'Ouetïant. 

.  L'ISLE  DE  MENOSOU  ,  petite  isle  de  France ,  en 
Bretagne  ,  près  du  havre  d'Abrevrack  ,  ck  de  l'isle  de 
Bervil. 

i.  L'ISLE  DE  MIDDELBOURG,isied'Afie,  dansle 
"détroit  qui  fépare  l'isle  de  Leyden  d'avec  l'isle  de 
Delft ,  au  couchant  de  Jafnapatan ,  royaume  de  l'isle  de 
Ceylan. 

i,  L'ISLE  DE  MIDDËLBOURG,  isle  d'Afie,  au  nord 
de  l'isle  de  Java,  au  couchant  de  l'isle  d'Amfterdam,  au 
nord  de  la  pointe  qui  eft  auprès  de  l'embouchure  de  la 
rivière  de  Tangerang. 

3.  L'ISLE  DE  MlDDÈLBOUR'G ,  petite  isle  de  la 
mer  du  Sud  ,  auprès  des  isles  d'Amfterdam  ck  de  Roter- 
dam  ,  vers  le  21e  d.  de  latitude  méridionale  ,  au  midi 
des  ides  de  Salomon. 

L'ISLE  DE  MILHAU,  MilîAU  ou  Milio,  petite 
isle  de  France,  eh  Bretagne,  près  du  continent,  au  nord 
du  port  de  Lanion. 

L'ISLE  DE  MINDANAO.  Voyez  Mindanao. 

L'ISLE  DE  MINDORA.  Voyez  Mindora. 

L'ISLE  M1NONG  ,  isle  de  l'Amérique  leptehtrîbnàlej 
dans  la  Nouvelle  France ,  ck  dans  le  Lac-Supérieur. 

L'ISLE-MISCOU.  Voyez  Miscou. 

L'ISLE  DE  MISSILIMAKINAC.  Voyez  Missilî- 

MÀICINAC. 

LES  ISLES  DU  MOINE ,  petites  isles  de  la  Nor- 
vège ,  au  gouvernement  d'Aggerhus  ,  au  midi  ck  à  l'en- 
trée du  golfe  d'Anslo. 

L'ISLE  DU  MOINE,  isle  de  France,  enBrltagne * 
l'une  des  Sept-Isles. 

L'ISLE-  AUX  MOINES  ,  isle  dé  France,  en  Breta- 
gne ,  dans  le  Morbian ,  à  l'orient  de  l'isle  d'Ars  :  elle 
eft  longue  ck  habitée. 

L'ISLE-MOLENE,  isle  de  France,  en  Bretagne,  en- 
tre le  Conquet  &  les  isles  d'Oueffant.  Elle  eft  habitée  , 
&  accompagnée  fur-tout  àl'eft  ck  au  fud-eft  d'un  grand 
banc  qui  s'érend'  jusqu'à  l'isle  de  Trielen. 

L'ISLE  DE  MOLIN,  isle  fur  la  côte  occidentale 
d'Irlande ,  au  comté  de  Galloway ,  au  midi  de  la  baie 
de  Concachin  ,    ck  à  l'occident  de  l'isle- Gormène. 

LES  ISLES  MOLUQUES.  Voyez  Moluques. 

L'ISLE-MONICHE  ,  isle  de  la  côte  occidentale  d'Ir- 
lande,, au  midi  de  la  baie  de  Peterbuy,  entre  l'isle  de 
Maës  &  l'isle  de  Finiche. 

L'ISLE  DE  MONTRÉAL,  isle  de  l'Amérique  fepten- 
trionale ,  dans  la  Nouvelle  France ,  au  confluent  de  la  ri- 
vière des  Outaouacs  &  de  celle  des  Iroquois.  Voyez 
Mont-Réal. 

L'ISLE  DU  MONTRÉAL ,  autre  isle  du  Canada , 
dans  le  Lac-Supérieur ,  à  l'embouchure  de  la  petite  ri- 
vière de  Batchianon,  au  pays  des  Outaouacs. 

L'ISLE  DE  MORGOL,  petite  isle  accompagnée  ck 


quelques  écueils  ,  fur  la  côte  de  France  ,   en  Bretagne , 
entre  les  isles  de  Quemènes,  de  Litri  &  de  Beniguet. 

L'ISLE  DE  MORVIL  ,  petite  isle  de  France ,  en 
Bretagne,  entre  l'isle  du  Grand  S.  Sauveur  &  la  terre 
ferme. 

L'ISLE  DE  MOSGRET,  petite  isle  d'Irlande  ,  aiî 
comté  de  Galloway ,  à  l'entrée  de  la  baie  de  Conca- 
chin. 

L'ISLE  DE  MOTTON,  isle  d'Irlande,  danslabaie 
de  Galloway,  à  l'entrée  de  la  rivière  de  Galloway.       ' 

L'ISLE  DES  MOUCHES.  De  l'Ifle,  &  autres  géo- 
graphes François ,  appellent  ainfi  l'isle  que  les  Hollan- 
dois  nomment  FLiegcn  Eyland.  Elle  eft  dans  la  mer  du 
fud,  à  l'occident  méridional  de  l'isle  d'Eau,  vers  le  224e  'd. 
de  longitude  ,  6k  par  les  15  d.  20'  de  latitude  méridio- 
nale. 

LTSLE  DE  MOUS  Aspérité  isle  de  l'Océan  fepten- 
trional,  entre  les  isles  de  Schetland,  à  l'orient  de  l'isle 
de  Mainland. 

^L'ISLE-AUX-MOUTONS  ,  isle  de  France  ,  fur  la 
côte  de  Bretagne ,  entre  les  isles  de  Glénan  &  la  terre 
ferme. 

LTSLE  DE  MUCK,  petite  isle  d'Ecofle,  entre  les 
Wefternes  ,  à  l'orient  de  l'isle  de  Rum.  Elle  a  quatre 
milles  de  tour,  ck  eft  environnée  de  rochers.  Elle  eft 
fertile  en  bleds  &  en  pâturages,  Se  fe  diftingue  par  la 
beauté  de  ks  faucons.    *  Etat  préfint  de  la  Gr.  Bret. 

'  LTSLE9  DU  MULL.  Voyez  Mull. 

L'ISLE  DE  MULSOÉ,  l'une  des  isles  de  Féro,  au 
levant  de  celle  de  Strono.   Elle  eft  longue  ck  étroite. 

LTSLE  DE  MUM.  Voyez  Mum. 

L'ISLE  DE  NAOS  ou  Ilha  das  Naos,  isle  de  la 
mer  des  Indes,  tout  auprès  de  Malacca.  Elle  n'eft  pas 
plus  grande  que  deux  fois  le  dam  dvAmfterdam.  Voyez 
Malacca. 

L'ISLE  DE  NAROHO ,  isle  du  golfe  de  Finlande, 
au  nord-oueft  du  port  de  Revel,  dans  l'Eftcnie.' 

LTSLE  DE  NASSAU,  isle  de  la  mer  des  Indes,  au 
couchant  de  l'isle  de  Sumatra,  à  3  d.  20'  de  latitude  mé- 
ridionale. Elle  eft  affez  grande  ,  mais  déferte  &  pleine 
de  grands  arbres.  Environ  à  un  mille  de  cette  isle  ,  il  y 
en  a  une  autre  petite  pleine  de  Cacaotiers. 

L'ISLE  DE  NAXIE.  Voyez  Naxos. 

L'ISLE  DE  NAZARETH,  petite  isle  de  la  mer  dès 
Indes  ,'à  l'orient  de  la  baie  d'Antongil,  qui  eft  de  l'isle 
de  Madagascar,  par  le  80e  d.  de  longitude,  ck  le  16e  d. 
40'  de  latitude  méridionale. 

L'ISLE  DE  NEGREPONT.  Voyez Negrepont. 

L'ISLE  DE  NEMSON  ,  isle  de  Suéde,  dans  le  golfe 
de  Bothnie  ,  à  l'embouchure  de  la  rivière  d'Angerman, 
qui  fépare  l'Angermanie  d'avec  la  Médelpadie. 

L'ISLE  DE  NERA  ou  Pulo  Nera  ,  isle  de  la  mer 
des  Indes ,  entre  les  isles  de  Banda  parmi  les  Moluques  ; 
quoique  petite  ,  elle  eft  importante  à  caufe  des  épiceries 
qu'elle  produit.  Elle  eft  entre  les  isles  de  Banda ,  de 
Gumanapi  ck  de  Ceram. 

L'ISLE  DE  NERFWO,  petite  isle  du  golfe  de  Fin- 
lande, au  couchant  de  l'embouchure  de  laNieva,  à  l'o- 
rient de  l'isle  de  Hoghland ,  &  au  nord-nord-eft  de  Ru- 
tensari. 

L'ISLE  DE  NERMOUSTIER.  Voyez  NOirmous- 

TIER. 

L'ISLE  DE  NERNOT,  islë  de  France  ,  en  Breta* 
gne,  au  nord-eft  ,  &  affez  près  de  l'isle  des  Saints. 

LES  ISLES  DE  NICOBAR.  Voyez  Nicqbar. 

L'ISLE  DE  NIEVES.  Voyez  Nieves. 

LTSLE  DE  NIVEAU  ,  petite  isle  de  France  ,  en 
Bretagne,  fur  la  côte  méridionale  de  la  baie  de  Douar- 
nez. 

L'ISLE  DE  NOIRMOUSTIER.  Voyez  Noirmous- 

TIER. 

LTSLE  DE  NONAN ,  isle  de  France ,  fur  la  côte  de 
Bretagne  ,  au  couchant  des  Roches  de  Penmarck. 

LTSLE  DE  NORDERNY,  isle  de  la  mer  d'Alle- 
magne ,  dans  la  Frife  orientale ,  entre  l'isle  de  Baltrum 
&  celle  de  Juift. 

L'ISLE  DE  NORD  -  STRAND.  Voyez  Norû- 
Strand. 

L'ISLE  DE  NOTINGHAM ,  dans  l'Amérique  fep- 
tentrionale ,   à  l'extrémité  intérieure  du  détroit  d'Kud- 


ÏSL 


m 

son ,  environ  à  douze  ou  treize  heues  au  nord  <iu  cap 
fie  Diegues.  Cette  isle  eft  à  trois  lieues  à  l'oueft-nord- 
oueft  de  l'isle  de  Salisbury.  La  mer  y  baiffe  fept  heures, 
&  en  monte  (îx.  Les  couràn's  paroiflent  fud-eft  ,  nord- 
oueft.  *  La  Pothèrie,  Hift.  de  l'Amer,  fept.  p.  73. 

L'ISLE  DE  NOTRE-DAME,  rivière  de  France,  en 
Bretagne  ,  dans  la  rivière  de  Saint-Malo  ,  au-deffus  de 
cette  ville. 

ISLES  NOUVELLES.  On  a  donné  ce  nom  a  des 
fines  fituées  par  les  51^51  degrés  de  latitude  méridio- 
nale, environ  50  ou  55  lieues  au  nord-nord-eft  du  dé- 
troit de  le  Maire  ,  fk  dont  on  n'a  commencé  à  avoir  des 
connoïffances  certaines  que  depuis  1700,  1707  &  1708. 
Les  vaiffeaux  de  la  compagnie  des  Indes ,  le  Maurepas 
&  le  S.  Louis  ,  partant  des  isles  des  états  ,  rangèrent  la 
partie  méridionale  de  ces  terres  ;  le  S.  Louis  y  mouilla 
même  du  côté  de  l'eft,  Sx.  fit  de  l'eau  à  unpetit  étang 
qui  n'étoit  pas  éloigné  de  la  mer  ;  cette  eau  étoit  un  peu 
touffe  &  fade  ,  mais  bonne  pour  la  mer.  En  1711 ,  le 
vaifleau  le  S.  Jean-Baptifie ,  commandé  par  le  capitaine 
Doublet  du  Havre  ,  le's  côtoya  de  plus  près  ;  car  cher- 
chant à  paffer  dans  un  allez  grand  enfoncement ,  qu'il 
voyoit  dans  le  milieu  ,  il  trouva  plulieurs  petites  isles 
baffes  presqu'à  fleur  d'eau  ,  qui  l'obligèrent  à  revirer  de 
bord.  On  a  depuis  reconnu  que  c'étoit  les  mêmes  isles 
que  M.Eoùquet  de  Saint-Malo  avoit  appellées  isksd'Am- 
can  ,  du  nom  de  fon  armateur.  La  partie  _feptentrionale 
de  ces  terres  a  été  découverte,  le  16  de  Juillet  1708 ,  par 
le  capitaine  Pore  de  S.  Malo,  commandant  le^  vaifleau 
C  AJJbmption ,  dont  il  donna  le  nom  à  cette  côte.  Il  la 
parcourut  deux  fois  ,  &  trouva  qu'elle  pouvoit  avoir 
cinquante  lieues  eft-fud-eft  ,  Sx.  ouett-nord-oueft.  Il  y  a 
tout  lieu  de  croire  que  ce  font  les  mêmes  que  le  cheva- 
lier Richard  Hawkins  découvrit,  en  1693  ,  étant  à  l'eft 
de  la  côte  délérte ,  ou  des  Patagons  ,  par  les  50  degrés 
de  latitude  méridionale.  Il  fut  jette  par  une  tempête  fur 
une  terre  i.iconnue  ,  Sx.  courut  le  long  de  ces  côtes ,  en- 
viron foixante  lieues.  ,    .  A 

Quelques-uns  ont  cru  que  ces  terres  etoient  les  mêmes 
que  les  Isles-Sebaldes ,  &  que  les  trois,  qui  portent  ce 
nom  dans  les  Cartes ,  n'avoient  été  ainfi  marquées,  que 
faute  d'une  connoiflance  plus  parfaite  ;  mais  le  vaifleau 
t  Incarnation  de  S.  Malo  ,  les  a  reconnues  ,  en  171 1, 
par  un  beau  tems ,  à  la  fortie  de  Rio-Janéiro.  Ce  font 
eijtfiivement  trois  petites  isles  ,  d'environ  demi-lieue 
de'long,  rangées  en  triangle.  Ce  vaifleau  n'en  parla 
qu'à  trois  lieues,  Sx  n'eut  aucune  connoiflance  d'autres 
terres ,  quoique  le  tems  fût  fort  ferein  ;  ce  qui  prouve 
qu'elles  font  féparées  des  Lies-Nouvelles ,  au  moins  de 
fept  à  huit  lieues.  M.  de  Beauchêne,  en  1701,  relâcha  aux 
mêmes  Isles-Sebaldes  ,  fans  avoir  aucune  connoiflance 
des  Isles-Nouvelles ,  dont  la  partie  occidentale  eft  entiè- 
rement inconnue.  *  Notes  duP.Charlevoix. 

L'ISLE  D'ODENSHOLM  ,  petite  isle  de  l'Eftonie, 
à  l'entrée  du  golfe  de  Finlande. 

ISLE-AUX-CEUFS ,  une  des  fept  isles ,  qu'on  trouve 
fur  la  droite  ,  en  remontant  le  fleuve  S.  Laurent ,  envi- 
ron à  vingt  lieues  de  l'embouchure  de  ce  fleuve.  Cette 
isle  eft  célèbre  par  le  naufrage  d'une  bonne  partie  de  la 
flotte  Angloife,  qui  alloit  faire  le  fiége  de  Québec.  *HiJi. 
de  la  Nouvelle  France ,  du  P.  Charlevoix. 

1.  ISLEA-UX-OISEAUX.  Voyez  Aves. 

2.  ISLE-AUX-OISEAUX.  Ce  font  plufieurs  peti- 
tes isles,  découvertes  par  Jacques  Cartier,  dans  le  golfe 
S.  Laurent.  Il  leur  donna  ce  nom ,  parce  qu'elles  font 
toujours  couvertes  d'un  fi  prodigieux  nombre  d'oifeaux, 
que  la  terre  eft  couverte  de  leurs  œufs  Sx  de  leur  fiente, 
Sx  que  d'un  coup  defufil,  l'air  en  eft  rempli.  *  Journal 
du  P.  Charlevoix. 

L'ISLE  D'OLERON.  Voyez  Oleron. 

LiSLE  D'OMBA ,  isle  de  l'Océan  oriental  ,  à  cinq 
ou  fix  lieues  au  plus  dunord-eft  de  l'isle  de  Timor,  l'une 
des  Moluques  ,  à  8  d.  10'  de  latitude.  Elle  a  environ 
treize  à  quatorze  lieues  de  long ,  &  cinq  ou  fix  de  large. 
*  Dampier^  Voyages  ,  t.  2,  p.  136. 

L'ISLE  D'ONRUST.  Voyez  Onrust. 

1.  L'ISLE  D'OR.  Voyez  Kinsima. 

a.  L'ISLE  D'OR  ,  isle  de  l'Amérique.  C'efl:  la  plus 
orientale  des  trois  qui  occupent  l'ouverture  du  "havre  de 
Darien  ,  à  l'entrée  de  la  rivière  de  Darien.  Il  y  a  un 
teau  canal  bien  profond  entre  cette  isle  5c  la  haute  mer, 


ÏSL 


On  n'y  voit  que  des  rochers  escarpés  tout  à  l'entoiïrï 
ce  qui  lui  fert  de  fortification  naturelle  ;  Sx  il  n'y  à 
qu'un  feul  endroit  par  où  Ton  y  puiffe  aborder,  qui  eft 
une  petite  baie  fablonneufe  au  fud ,  vers  le  havre ,  d'où 
le  terrein  s'élève  infenfiblement.  Elle  eft  d'une  hauteur 
médiocre ,  ck  couverte  de  petits  arbres  ou  buifîbns.  Le 
terroir  oppofé  de  l'ifthme  au  fud-eft  ,  paroît  très-fertile', 
de  couleur  noirâtre ,  mêlé  de  fable ,  ik  affez  uni ,  l'es- 
pace  de  quatre  ou  cinq  milles  jusqu'à  ce  qu'on  vienne 
au  pied  des  montagnes.  *Vafer •■,  Voyages  ,  p.  44. 

L'Lle  d'Or  eft  dans  le  pays  des  Sambres ,  ou  au  voi- 
finage.  Les  Ecoflbis  y  avoient  commencé  un  établiffe- 
ment,  en  1699;  ma's  ''s  furent  bientôt  obligés  de  l'a- 
bandonner. *  Notes  du  P.  Charlevoix. 

L'ISLE-ORAGEUSE,  isle  de  la  mer  Auftrale  ,  vers 
la  Nouvelle  Guinée  ,  à  fept  ou  huit  lieues  à  l'eft  de  celle, 
de  Matthias.  Elle  eft  baffe,  unie  Sx  chargée  de  bois,  dont 
les  arbres  paroiflent  hauts  ,  gros ,  verdoyans ,  èk  fort 
près  les  uns  des  autres.  Elle  peut  avoir  deux  ou  trois 
lieues  de  long.  Vers  fa  pointe  fud-oueft,  ôc  à  un  mille 
ou  environ ,  il  y  en  a  une  autre  petite  ,  baffe ,  pleine 
de  forêts  ,  ck  d'un  mille  à  peu-près  de  circuit.  Entre 
ces  deux  isles  ,  il  y  a  une  chaîne  de  rochers  ,  qui  les 
joint  ensemble.  Dampier,  qui  y  effuya  de  rudes-tourbil- 
lons,  donna  à  la  plus  grande  le  nom  d'Isle-Orageufe.' 
*  Dampier ,  Voyages ,  t.  4 ,  p.  77. 

1.  L'ISLE  D'ORANGE  :  les  Hollandois  qui  voya- 
geoient  avec  Dampier ,  nommèrent  ainfi  la  plus  grande 
&  la  plus  occidentale  des  cinq  isles  fans  nom  ,  qui  fe 
trouvent  marquées  fur  les  Carres  entre  l'isle  de  For- 
mula ck  l'isle  de  Luçon.  Isles  de  Bashée  eft  le  nom  gé- 
néral qu'il  donne  à  ces  isles. 

2.  L'ISLE  D'ORANGE,  isle  de  la  mer  feptentrio- 
nale,  à  l'extrémité  de  la  Nouvelle  Zemble ,  près  du  cap 
glacé  ,  par  les  77  d.  de  latitude. 

L'ISLE  D"ORLÉANS ,  isle  de  l'Amérique  fepientrio- 
nale  ,  dans  la  Nouvelle  France  ,  ck  dans  le  fleuve  S.  Lau- 
rent, à  cent  dix  ou  douze  lieues  de  la  mer.  Elle  partage 
le  fleuve  en  deux  canaux  affez  inégaux  ;  ck  il  n'y  a  que 
celui  du  fud,  lequel  a  environ  une  demi-lieue  de  large; 
qui  foit  navigable  pour  les  navires.  Celui  du  nord  eft 
plus  étroit ,  ck  il  n'y  peut  paffer  que  des  chaloupes  , 
encore  faut-il  que  la  marée  foit  haute.  L'isle  d'Orléans 
a  fix  ou  fept  lieues  de  long  ,  ck  environ  deux  lieues  de 
largeur  moyenne.  En  1676,  elle  fut  érigée  en  comté  fous 
le  nom  de  comté  de  S.  Laurent ,  en  faveur  de  François 
de  Berthelos,  fecrétaire  général  de  l'artillerie,  qui  l'a- 
voit  acquife  de  François  de  Laval ,  premier  évêque  de 
Québec  ;  ck  elle  a  été  depuis  vendue  au  fieur  Gaillard, 
confeiller  au  confeil  fupérieur  de  la  nouvelle  France  , 
dont  la  famille  en  eft  encore  en  poffeflion.  Lorsque  Jac- 
ques Cartier  découvrit  cette  isle,  en  1535  ,  il  la  trouva 
couverte  de  bois,  ck  remplie  de  vignes  fauvages  ,  Sx  il 
la  nomma  l'isle  de  Bacchus.  Des  Normands  s'y  étant 
établis  depuis,  amenèrent  les  vignes,  coupèrent  la  plu- 
part des  afbres,  y  feraerent  du  bled_,  y  plantèrent  des 
pommiers ,  ck  lui  donnèrent  le  nom  à  Isle  d'Orléans.  Les 
terres  y»  font  fort  bonnes  ,  ck  on  y  compte  aujourd'hui 
fix  paroifies  bien  peuplées.  L'isle  d'Orléans  s'avance 
jusqu'à  une  lieue  de  Québec,  dont  elle  ferme  le  port, 
ck  le  défend'  des  vents  de  la  partie  de  l'eft.  *  Notes  du 
P.  Charlevoix. 

L'ISLE  D'ORMSO,  petite  isle  de  la  mer  Baltique, 
dans  le  Moonfund  ou  détroit,  entre  l'isle  de  Dagho  Se 
l'Eftonie  ,  par  le  travers  de  Hapfal. 

L'ISLE  D'ORONSA  ou  Oronsay,  petite  isle  d'E- 
coffe  entre  les  Wefternes.  L'Etat  préfent  de  la  Grande- 
Bretagne  ,  t.  2  ,  p.  289  ,  porte  Oroirfay  ck  Colonfay , 
deux  isles  au  couchant  de  Jura  ,  Sx  qui  ne  font  féparées 
l'une  de  l'autre  que  par  un  petit  détroit.  Elles  font  à- 
peu-près  de  même  étendue  ,  favoir  cinq  ou  fix  milles 
de  circonférence  :  la  première  eft  fertile  en  bleds  &  en 
pâturages.  Il  y  a  une  églife  ck  une  chapelle ,  ck  il  y  avoit 
autrefois  un  couvent. 

L'ISLE  D'OUESSANT.  Voyez  Ouessant. 

1.  L'ISLE-AUX-OURS  ,  en  Flamand  Seeren  We- 
land ,  petite  isle  de  l'Océan  léptentrional ,  entre  le  Spitz- 
berg  &  le  cap  de  Nord,  qui  eft  de  la  Norvège.  Elle  eft 
déferte  &  inhabitée. 

2.  L'ISLE  AUX-OURS,ou  Beeren  ouHogs.  Ce 
font  cinq  petites  isles  fur  la  côte  occidentale  d'Irlande , 

dans 


ISL 


ISL 


dans  la  province  de  Munfter ,  au  comté  de  Kéry,  de- 
vant le  port  d'Ardart. 

L'ISLE-AUX-OURS  BLANCS  ,  ïsle  de  l'Amérique, 
au  fond  de  la  baie  de  Hudson.  C'eft  la  même  que  l'isle 
Agameske. 

L'ISLE  D'OVERFLAKÉE.  Voyez  Overflakée. 

L'ISLE  DE  L'OYE  ,  petite  ifle  de  France,  au  pays 
d'Aunis,  au  nord  de  l'isle  de  Ré,  dont  elle  n'eft  iepa- 
rée  que  par  un  canal  fort  étroit. 

L'ISLE  DE  PACHEÇA,  isle  de  la  mer  du  Sud,  en- 
tre les  Isles-Royales  ou  des  Perles.  C'eft  la  plus  fepten- 
trionale  de  toutes  ;  elle  eft  petite ,  &  gît  à  onze  ou  douze 
lieues  de  Panama.  Je  crois  qu'elle  eft  nommée  Pa- 
CHEira,  dans  les  Supplémens  au  Voyage  de  Wood- 
Rogers. 

LES  ISLES  DE  PALAOS  ou  les  Nouvelles  Phi- 
lippines. Voyez  Nouvelles  Philippines. 

i.  L'ISLE  DE  PALMA,  isle  de  l'océan  Atlantique, 
l'une  des  Canaries  :  c'eft  celle  du  milieu  ;  elle  eft  re- 
marquable à  caufe  que  quelques  géographes  l'ont  choifïe 
pour  compter  de-là  leur  premier  méridien.  Voyez  au 
mot  Méridien.  Voyez  auffi  Palme. 

2.  L'ISLE  DE  PALMA.  Voyez  au  mot  Sant,  l'ar- 
ticle Sant-Antioco. 

L'ISLE  DE  PANAY,  l'une  des  Philippines.  Voyez 
Panay. 

L'ISLE  DE  PANTALARÉE.  Voyez  Pantalarée. 

L'ISLE  DE  PAPA  ,  l'une  des  isles  de  Schetland , 
entre  l'isle  de  Mainlandl,  à  l'orient  de  celle  de  Fulo. 
Elle  eft  nommée  Papa  &  Papastour,  dans  les  Car- 
tes du  Neptune  François. 

L'ISLE  DE  PAPA-STRONZA ,  petite  isle  entre  les 
Orcades  ,  au  nord  de  Stronza.  Elle  eft  fertile  &c  bien 
peuplée. 

L'ISLE  DE  PAPA-WESTRA  ,  petite  isle  entre  les 
Orcades  ,  au  nord  deWeftra.  Elle  a  trois  milles  en  lon- 
gueur, ck  un  mille  &  demi  de  largeur.  Elle  a  un  bon 
havre  ck  eft  affez  bien  peuplée. 

ISLE  DU  PARADIS  ,  dans  l'Amérique  feptentrio- 
nale,  à  l'entrée  de  lac  du  Xaragès ,  d'où  fort  le  Para- 
guay,  entre  les  15e  &  16e  degrés  de  latitude  auftrale. 
Elle  a  environ  dix-huit  lieues  de  long  ;  mais  elle  n'en  a 
que  trois  dans  fa  plus  grande  largeur.  On  y  trouve  un 
très-joli  port,  qui  a  été  nommé  le  Porc  des  Rois.  Quoi- 
que cette  ifle  foit  fous  la  zone  torride  ,  on  y  respire 
itoute  l'année  un  air  pur  ck  tempéré  ;  ce  qui  vient  des 
vents  qui  y  foufflent  régulièrement  à  certaines  heures , 
&  des  ruifleaux  dont  elle  eft  arrofée.  La  terre  y  produit 
fans  culture  des  fruits,  qui  ont  toute  la  douceur  de  ceux 
d'Espagne.  On  n'y  remarque  presque  point ,  dit-on,  de 
différence  de  faifon  ,  ck  on  y  peut  femer  ck  recueillir 
toute  l'année.  Les  Orejones  qui  l'habitent,  fe  fentent  de 
la  douceur  du  climat;  ils  font  du  vin  avec  du  miel:  la 
chafle  ck  la  pêche  y  font  fi  abondantes  ,  qu'on  dirait 
que  lé  gibier  ck  le  poiflbn  viennent  s'y  préfenter  d'eux- 
mêmes.  Ce  font  tous  ces  avantages  qui  lui  ont  fait  don- 
ner le  nom  qu'elle  porte.  *  Hifi.  du  Paraguay ,  par  U 
P.  Charlevoix. 

L'ISLE  DU  PARISIEN  ,  petite  isle  de  l'Amérique 
feptentrionale  ,  fur  la  côte  méridionale  du  Lac  -  Supé- 
rieur. 

,  L'ISLE  DU  PATRIARCHE ,  petite  isle  de  la  Mé- 
diterranée ,  fur  la  côte  d'Afrique  ,  &  plus  particulière- 
ment ,  fur  la  côte  de  Derne ,  au  royaume  de  Tripoli , 
auprès  du  port  nommé  de  même  Patriarcha.  De 
l'isle  l'omet  fur  fa  Carte,  quoiqu'il  y  marque  le  port  de 
même  nom  ;  mais  il  met  plus  à  l'orient  Fisle  de  Bomba 
par  le  travers  du  port  de  Trabuch.  Berthelot,  dans  fa 
Carte  de  la  Méditerranée  ,  ne  met  ni  l'isle  ni  le  port  du 
Patriarchat  ,  mais  bien  l'isle  de  Bomba,  accompagnée 
de  quatre  petits  écueils  au  midi  ;  mais  ces  deux  derniers 
géographes  la  placent  un  peu  diverfement. 

L^ISLE  DE  PAXAROS ,  isle  de  la  mer  du  Sud ,  fur 
la  côte  occidentale  de  la  Californie,  près  du  cap  de  S.  Au- 
guftin ,  par  le  30e  d.  de  latitude  feptentrionale. 

L'ISLE  DE  LA  PAZ  ou  de  la  Paix  ,  isle  de  la 
mer  Vermeille,  fur  la  côte  orientale  de  Californie,  au- 
près du  port  de  la  Paix. 

L'ISLE  DE  PEDRA ,  isle  des  Indes ,  dans  le  port 
de  Malaca ,  au  nord-oueft.  On  en  tire  de  la  pierre  pour 


m 

les  édifices  de  là  ville  ;  de-là  vient  îe  nom  que  les  Por- 
tugais lui  ont  donné  d'iLHA  DE  Pedra. 

1 .  L'ISLE-PELÉE,  petite  ifle  de  France,  fur  la  côte  de 
Normandie ,  au  Cotantin  ,  au  nord-eft  de  l'embouchure 
de  la  Divete ,  à  la  rade  de  Cherbourg. 

2.  L'ISLE-PELÉE,  petite  isle  delà  nouvelle  France, 
dans  le  fleuve  Miffiffipi,  au-deffus  immédiatement  du  lac  de 
Bon-fecours,  qui  a  une  lieue  de  large  ck  fix  de  long  , 
trois  lieues  au-deffous  de  la  rivière  dé  Sainte-Croix.  On 
l'appelle  Îlsk-Pdée,  parce  qu'elle  n'a  point  du  tout 
d'arbres  ;  mais  on  prétend  que  les  rerres  y  font  fort 
bonnes.  Les  François  qui  viennent  du  Canada ,  pour  tra- 
fiquer des  pelleteries  avec  les  Sauvages  des  environs  du 
Miffiffipi ,  y  établiffent  leurs  magafins  ,  &  y  paffentl'hy- 
ver,  parce  que  la  chaffe  eft  fort  abondante  dans  les  prai- 
ries, |qui  bordent  en  cet  endroit  le  fleuve  des  deux  cô- 
tés. *  Notes  du  P.  Charlevoix. 

L'ISLE  DE  PENIBIHAN,  petite  isle  de  France,  en 
Bretagne ,  au  fud-fud-eft  de  l'Isle-Brani  ,  dans  le  Mor- 
bian  ;  elle  eft  fort  petite  en  comparaifon  de  l'Isle-aux- 
.  Moines ,  au  midi  de  laquelle  elle  eft  fituée. 

L'ISLE  DE  PENTARE  ,  petite  isle  des  Indes ,  en- 
tre  les  ^Moluques  ,  environ  à  fept  lieues  de  l'oueft  de 
l'isle  d'Omba.  Elle  eft  affez  grande  ;  du  côté  du  fep- 
tentrion  il  y  a  une  grande  ville ,  qui  n'eft  pas  éloignée 
de  la  mer.  Entre  les  isles  d'Omba  ck  de  Pentare  ,  ck  an 
milieu  du  canal ,  il  y  a  une  petite  isle  baffe  êk  fablon- 
neufe,  avec  des  bancs  de  chaque  côté  ;  mais  près  de 
Pentare  il  y  a  un  bon  canal ,  entre  ce  banc  ck  ceux  des 
environs  de  la  petite  isle.  *Dampier,  Voyages,  t.  i. 
p.  136. 

ISLE-PERCÉE,  isle  de  l'Amérique  feptentrionale  s 
dans  le  golfe  de  S.  Laurent,  entre  la  pointe  la  plus  mé- 
ridionale de  l'isle  d'Anticofti  ek  la  baie  de  Gaspé  à  l'em- 
bouchure de  la  rivière.  Cette  isle  eft  une  grande  roche 
qui  peut  avoir  cinquante  à  foixante  braffes  de  hauteur  à 
pied  droit  des  deux  côtés,  &  trois  ou  quatre  braffes  de 
largeur.^De  baffe  mer  on  y  va  de  terre  ferme  à  pied  fec 
tout  à  l'entour.  Sa  longueur  peut  être  de  trois  cents  cin= 
quante  à  quatre  cents  pas.  Elle  a  été  bien  plus  longue 
autrefois ,  puisqu'elle  alloit  jusqu'à  l'isle  de  Bonaventure-; 
mais  la  mer  l'a  mangée  par  le  pied  ,  ce  qui  l'a  fait  tom- 
ber. On  a  vu  qu'il  n'y  avoit  qu'un  trou  en  forme  d'ar- 
cade ,  par  où  une  chaloupe  paffoit  à  la  voile  ;  &  c'eft 
ce  qui  lui  avoit  fait  donner  le  nom  d'Is/t-Pereà.  Il  s'eft 
depuis  d'autres  trous  femblables  ,  6c  il  y  a  apparence 
qu'il  s'en  fera  tant  que  ces  trois  trous  arToibliffant  ion 
fondement ,  feront  caufe  à  la  fin  de  fa  chute  entière  , 
après  quoi,  les  navires  n'y  pourront  plus  demeurer.  Tous 
ceux  qui  viennent  faire  leur  pêche  ,  mouillent  l'ancre  à 
l'abri  de  cette  isle  à  la  longueur  d'un  ou  de  deux  cables. 
Ils  y  trouvent  trois  ou  quatre  braffes  d'eau  ,  ck  en  s'é- 
loignant  il  y  a  plus  de  profondeur.  A  la  longueur  de  qua- 
tre à  cinq  cables  de  cette  isle  ,  il  y  a  trois  roches  qui 
couvrent  de  pleine  mer  ;  ck  la  plus  au  large  eft  à  deux 
ou  trois  longueurs  de  cable  de  la  terre  :  ces  rochers-là 
rompent  encore  la  mer ,  ce  qui  fait  qu'elle  n'eft  pas  fi 
rude.  La  pêche  de  la  morue  y  eft  très-abondante  ,  & 
on  y  prend  grand  nombre  de  maqueraux  ck  de  harengs. 
*  Denis ,  Descr.  de  l'Amer,  feptent.  t.  1  ,  c.  9. 

LES  ISLES  DE  PERICON  ;  ce  font  trois  petites 
isles  ftériles  ck  pleines  de  rochers  ,  dans  la  mer  du  Sud, 
auprès  de  Panama  dans  la  baie. 

LES  ISLES  DES  PERLES,  dans  le  golfe  de  Panama; 
on  les  nomme  aufli  les  Isles-Royales.  Voyez  fous 
ce  nom. 

L'ISLE  DES  PESCHEURS.    Voyez  l'Isle  des 

PlSCADORES. 

LÈS  ISLES  DE  PESIGUIER  ,  isles  de  Portugal , 
fur  la  côte  d'Alentejo,  au  nord  de  Villa-Nova  de  Mil- 
fontes.  Elles  font  nommées  Ilhas  de  Pesqueira,  dans  la 
grande  Carte  de  Jaillot ,  6k  font  au  midi  de  Sines.  De 
l'Ifle  les  appelle  Isles  de  Preigueira. 

LÈS  ISLES  DE  PESQUEIRA.  Voyez  l'article  pré- 
cédent. 

L'ISLE-PHELYPEAUX ,  nommée  VIsk-Mansfdd 
par  lesAnglois  ;  elle  eft  dans  l'Amérique  feptentrionale, 
à  l'oueft  du  Cap  de  Diegues.  C'eft  proprement  la  pre- 
mière terre  que  l'on  trouve  dans  la  baie  de  Hudson,  pour 
faire  la  véritable  route  du  fort  Nelson  ,  favoir,  en  pre-. 
Tome  'M,    A  a  a  a 


ÏSL 


rant  au  bout  du  nord,  au  62e  d.  56',  à  vingt-neuf  lieues 
du  cap  de  Diegues  ,  fanant  l'oueft  quart  fud-oueft. 
*  La  Potherie  ,  Hiftoire  de  l'Amérique  feptentrionale , 
p.  26. 

LES  ISLES  DES  PHILIPPINES.  Voyez  Philippi- 

NELÉS  ISLES  DES  NOUVELLES  PHILIPPINES. 
Voyez  l'article  Palaos. 

L'ISLE-PIANA  ,  petite  isle  de  la  mer  Méditerranée, 
au  midi  de  la  Sardaigne  ,  au  levant  de  l'isle  de  S.  Pierre, 
Se  au  couchant  de  l'isle  des  François. 

L'ISLE  DE  PIANO  ,  petite  isle  de  la  mer  Méditer- 
ranée ,  au  nord  de  la  côte  occidentale  de  la  Sardaigne, 
au  couchant  du  golfe  d'Arragonèfe  ,  entre  l'isle  d'Her- 
cule &c  les  Salines,  qui  l'ont  dans  la  grande  Isle  de  Sar- 
daigne. 

L'ISLE  DE  PICO,  isle  de  l'Océan  occidental,  & 
l'une  des  Açores  ,  proche  de  celles  de  Fayal  8c  de  Saint- 
George.  Voyez  Pico. 

L'ISLE  DES  PINS  ,  isle  de  l'Amérique  feptentrio- 
nale, au  midi  de  la  partie  occidentale  de  Cuba  ,  dont 
elle  eft  féparée  par  un  canal  de  trois  ou  quatre  lieues 
de  largeur,  par  le  295e  d.  de  longitude  ,  qui  la  coupe  en 
deux  parties  inégales,  dont  la  plus  grande  eft  à  l'orient. 

Le  Cap-Corrientes  dans  Cuba  eft  à  cinq  ou  fix  lieues, 
à  l'oueft  de  l'isle  des  Pins  ,  entre  laquelle  eft  Cuba  :  il 
y  en  a  plulîeurs  autres  fort  petites ,  couvertes  de  forêts, 
&  dispersées  d'un  côté  Se  d'autre  ;  mais  on  y  trouve 
des  canaux  entre  deux  ,  par  où  les  vaiffeaux  peuvent 
paffer,  &  l'ancrage  eft  bon  auprès  de  chacune.  Les  pe- 
tits bâtimens  de  la  Jamaïque  panent  quelquefois  entre 
l'isle  de  Cuba  8e  l'isle  des  Pins ,  lorsqu'ils  vont  contre 
le  vent ,  parce  que  la  mer  y  eft  toujours  calme.  Cette  isle 
,  des  Pins  a  onze  ou  douze  lieues  de  longueur ,  Se  trois  ou 
quatre  de  largeur.  Son  oueft  eft  un  pays  bas  8c  rempli 
de  mangles.  Il  y  a  un  lac  de-  trois  ou  quatre  milles  an- 
gîois  de  large  ,  qui  s'étend  du  côté  de  l'eft  ,  avec  une 
petite  crique  de  deux  ou  trois  pieds  d'eau,  qui  fe  jette  dans 
la  mer.  Ce  lac  a  fi  peu  de  profondeur  ,  fur-tout  auprès 
de  l'isle  ,  qu'on  n'y  fauroit  conduire  un  canot  à  vingt  ou 
trente  pas  du  rivage.  Le  fud  de  l'isle  eft  bas  ,  plat  8c 
pierreux.  Les  rochers  font  escarpés  &  perpendiculaires 
du  côté  de  la  mer.  Ainfï  l'on  ne  peut  mouiller  de  ce 
côté-là  ;  mais  il  y  a  un  fort  bon  ancrage  à  l'oueft  fur  un 
fond  de  fable.  Le  corps  de  l'isle  eft  un  pays  élevé  ;  &c 
l'on  y  voit  plufieurs  petites  collines  tout  autour  d'une 
haute  montagne  qui  eft  au  milieu.  Il  croît-là  plufieurs 
arbres  de  différentes  espèces  ,  dont  la  plupart  font  in- 
connus en  Europe.  Les  mangles  rouges  viennent  dans 
le  pays  bas  Se  marécageux  auprès  de  la  mer  ;  mais  les 
collines  font  presque  toutes  couvertes  de  pins  ,  &  il  y 
en  a  même  des  forêts  entières  ,  où  ils  font  d'une  hau- 
teur confidérable  ,  fort  droits  8c  allez  gros  pour  fervir 
de  grands  mâts  fur  les  petits  bâtimens.  On  trouve  à 
l'oueft  une  rivière  d'eau  douce  affez  large  ;  mais  on  n'en 
peut  approcher  du  côté  de  la  mer  ,  à  caufe  des  mangles 
reuges  qui  font  fi  près  les  uns  des  autres  fur  fes  bords  , 
qu'on  n'y  fauroit  pénétrer.  Les  animaux  de  terre  font 
les  daims  ,  les  taureaux  8c  les  cochons.  Il  y  a  allez  de 
fruit  dans  les  bois  pour  ces  derniers ,  Se  les  autres  paif- 
fent  dans  de  petites  favanes.  On  voit  encote  là  une 
fotte  de  lapins  des  Indes ,  &C  on  trouve  en  quelques  en- 
droits des  tortues  de  terre  en  abondance,  &  deux  fortes 
de  cancres  de  terre ,  des  blancs  Se  des  noirs.  Les  uns  Se 
les  autres  font  des  trous  dans  la  terre  comme  les  lapins. 
Ils  s'y  tiennent  enfermés  pendant  le  jour ,  8e  ils  en  for- 
tent  la  nuit  pour  chercher  à  paître.  Ils  vivent  de  ver- 
dure, d'herbages  ou  de  fruits  qu'ils  trouvent  fous  les  ar- 
bres. Ils  dévorent  même  avidement  le  fruit  qu'on  ap- 
pelle mançanilk ,  fans  qu'ils  en  reçoivent  aucun  mal , 
quoiqu'il  n'y  ait  ni  oifeaux  ni  bêtes ,  qui  en  veuil- 
lent goûter.  Auffi  ces  cancres  qui  (e  nourriffent  de 
mançanilk  ,  font- ils  venimeux  ,  tant  pour  les  hom- 
mes que  pour  les  bêtes  à  quatre  pieds  ,  qui  en  man- 
gent. Les  autres  cancres  font  fort  bons  8c  fains.  Il  y  en 
a  parmi  les  blancs,  qui  font  auffi  gros  que  les  deux  poings 
mis  ensemble.  Ils  ont  la  figure  des  écreviffes  de  mer, 
Se  deux  bras  avec  lesquels  ils  pincent  fi  fortement,  qu'on 
ne  peut  les  obliger  à  lâcher  prife ,  quand  même  on  les 
niettroit  en  pièces  ,  à  moins  qu'on  ne  leur  rompe  un  des 


ISL 


bras.  Si  par  hazard  ils  vous  attrapent  les  doigts  ,  le  plus 
court  eft  de  mettre  d'abord  la  main  toute  piate  contre 
terre  avec  le  cancre ,  &c  auffi-tôt  il  quitte  les  doigts  5c 
prend  la  fuite.  Ces  cancres  blancs  font  leurs  trous  dans 
les  endroits  fales  8c  marécageux  auprès  de  la  mer  ;  de 
forte  que  la  marée  y  entte  6c  les  lave.  Les  noirs  font 
beaucoup  plus  propres.  lis  aiment  un  terrein  fecce  fablon- 
neux,  8c  c'eft  où  ils  bâtiffent  leurs  nids.  Ils  font  d'ordi- 
naire gras  8c  pleins  d'œufs.  On  trouve  encore  quantité 
d'alligadors  8c  de  crocodiles ,  qui  rodent  autour  de  cette 
isle.  On  tient  que  ce  font  les  plus  hardis  d'entre  tous 
ceux  des  Indes  occidentales.  Les  Espagnols  de  Cuba  o;it 
dans  l'isle  des  Pins  des  troupeaux  de  cochons,  &C quel- 
ques Indiens  ou  Mulâtres  pour  les  garder.  11  y  a  de  plus 
des  chaffeurs  qui  gagnent  leur  vie  à  tuer  des  cochons  fau- 
vages  8c  des  bœufs.  *Dampier,  Supplément  des  Voyages, 
x.part.  ci. 

LES  ISLES  DE  PISCADORES  ou  les  Isles  des 
PÊCHEURS:  ce  font,  dit  Dampier ,  plufieurs  grandes 
isles  défertes ,  fituées  près  de  Tisle  de  Formofa ,  entre 
cette  isle  8c  la  Chine  ,  à  2.3  d.  ou  environ  de  latitude 
feptentrionale  ,  8c  presqu'à  la  même  élévation  que  le 
tropique  du  cancer.  Les  Isles-Piscadores  font  d'une  rai- 
fonnable  hauteur  ,  8c  ont  beaucoup  de  l'air  des  dunes 
de  Dorfetshire  &c  de  Wiltshire  en  Angleterre.  Elles  pro- 
duifent  de  greffe  herbe  courte,  8c  quelques  arbres.  Elles 
font  paffablement  arrofées ,  8c  nourriffent  quantité  de 
chèvres  8c  quelques  gros  bétail.  Il  y  a  beaucoup  de  hau- 
teurs fur  lesquelles  on  voit  d'anciennes  fortifications  ; 
mais  elles  ne  fervent  de  rien  à  préfent ,  quel  qu'en  ait 
été  autrefois  l'ufage.  Entre  les  deux  isles  les  plus  orien- 
tales ,  il  y  a  un  bon  havre  qui  n'eft  jamais  fans  vaiffeaux. 
A  l'occident  de  la  plus  orientale ,  il  y  a  une  grande  ville 
ôc  un  fort  qui  commande  ce  havre.  Les  maifons  en  font' 
baffes  ,  mais  bien  bâties ,  8c  la  place  fait  une  belle  per- 
fpective.  Il  y  a  une  garnifon  de  trois  ou  quatre  cents  ! 
Tartares,qui,  après  trois  ans  de  féjour,  font  envoyés  dans 
une  autre  place.  A  l'occident  du  havre  de  cette  isle  , 
tout  proche  de  la  mer ,  il  y  a  une  petite  ville  de  Chi- 
nois ;  8c  la  plupart  des  autres  isles  ont  des  habitans  Chi- 
nois ,  les  unes  plus ,  les  autres  moins. 

^L'ISLEDE  PITOMARA,  petite  ifie  d'Italie,  fur  la 
côte  orientale  de  l'ifle  de  Corfe,  entre  le  golfe  d'Arfano, 
ÔC  celui  de  Porto-Vecchio. 

UISLE  DE  LA  PLATÀ ,  îfle  de  la  mer  du  fud,  fur 
la  côte  du  Pérou,  près  de  Puerto-  Vejo,  fous  le  Ier  d.  io' 
de  latitude  méridionale.  Dans  le  parage  fous  le  vent  de 
cette  ifle ,  le  fond  eft  très-net ,  Se  il  n'y  a  pas  le  moin- 
dre danger  autour  de  l'ifle  :  elle  a  quelques  petites  ro- 
ches au  fud.  Lorsque  vous  la  découvrez,  elle  paroit  haute 
8c  ronde  ;  8c  à  mefure  qu'on  s'en  approche  ,  on  diroit 
qu'elle  forme  deux  ifles  ,  quoiqu'il  n'y  en  ait  qu'une  : 
elle  eft  à  quatre  lieues  au  fud-fud-oueft  du  cap  de  S.  Lo- 
renzo,  à  dix -huit  lieues  de  la  pointe  Sainte-Hélène,  nord 
8c  fud  ;  8c  Salango  en  eft  à  fix  lieues  nord-nord-oueft. 
*Ros;ers  ,  Supplément,  p.  30. 

L  ISLE-PLEINE ,  petite  ifle  de  l'Amérique  feptentrio- 
nale ,  dans  un  lac ,  à  la  fource  d'une  rivière  qui  fe  perd 
dans  un  autre  lac ,  vers  les  fources  du  Miflîffipi ,  au  pays 
des  Sious  de  l'oueft  8c  des  Tintons. 

L'ISLE -PLÈS,  ifle  de  l'Amérique  feptentrionale,  au 
fond  de  la  baie  de  Hudson,  entre  le  Cap  Henriette-Ma- 
rie Se  l'ifle  Agameske. 

L'ISLE  DU  PLESSIS-MARAIL,  petite  ifle  de  France, 
dans  la  Loire ,  au-deffous  de  Nantes ,  entre  le  banc  dg 
PainbeufScBelle-Ifle. 

LES  ISLES  DU  POINT  DU  JOUR  ,  petites  ifles 
de  l'Amérique  feptentrionale ,  dans  la  baie  de  Hudson,  ' 
au  midi  de  l'ifle  de  Phelypeaux. 

L'ISLE  DE  POLLO  ou  Pullo  ,  ifle  fur  la  côte  • 
orientale  de  Sardaigne ,  près  du  cap  de  Saroch,  à  l'en- 
trée du  golfe  de  Cagliari. 

L'ISLE  DE  POLVEREN ,  ifie  de  la  mer  des  Indes, 
au  détroit  de  Malaca,  à  peu  de  diftance  des  ifles  de  LAS 
Jarras  ,  qui  font  devant  le  port  de  Fera. 

LES  ISLES  DE  PONTIQUE  ,  deux  petites  ifles 
de  l'Amérique  feptentrionale  ,  dans  la  mer  du  Sud ,  à 
une  lieue  à  l'oueft  du  Cap-Corrientes ,  dans  la  province 
de  Xalîsco ,  au  Mexique  ;  elles  font  ftériles. 

L'ISLE  DE  PORTO  RICCO.VoyezPoRToRicco, 


ÏSL 


riSLE  DE  PORTO  SANTO,  Lie  deTocéàn  Atlan- 
tique ,  près  de  l'ifle  de  Madère.  Voyez  l'article  Porto- 

L'ISLE  DE  PORT-ROYAL,  petite  ifle  de  l'Améri- 
que ieptentrionale ,  dans  la  baie  de  Campèche,  à  l'oueft 
du  havre  de  Port-Royal,  &  qui  fait  un  coté  de  l'embou- 
chure, de  même  que  le  continent  fait  l'autre.  La -partie 
orientale  de  cette  ifle  eft  iablomieufe  ;  il  n'y  a  presque 
point  de  bois  ;  mais  on  y  trouve  une  espèce  de  bardane 
q.ii  porte  de  petits  boutons  de  la  groffeur  d'un  pois  gris, 
qui  l'ont  fort  incommodes  pour  ceux  qui  marchent  nuds 
pieds" ,  comme  il  arrive  fouvent  à  ceux  qui  demeurent 
dans  la  baie.  Il  y  a  quelques  buiffons  de  bois  de  burton; 
&  un  peu  plus  avant,  vers  l'oueft  ,  de  grands  fapadillos , 
dont  le  fruit  eft  long  St  fort  agréable  :  le  refle  de  l'ifle 
eft  plus  garni  d'arbres  ,  fur-tout  au  nord  où  le  pays  eft 
couvert  des  mangles  blancs  jusqu'au  rivage;  à  l'oueft  de 
cette  ifle  eft  l'ifle  deTrift.  Une  crique  falée  les  fépare  ; 
mais  elle  eft  fi  étroite  ,  qu'à  peine  un  canot  y  peut-il 
p$er.  *,Dampier:,  Supplément,  t.  3,^.74. 

LES  ISLES  DE  PORTUS,  isles  de  la  côte  fepten- 
wîbnale  d'Irlande,  à  l'entrée  de  la  rivière  de  Band,  qui 
forme  le  port  de  Colraine. 

LES  ISLES  DE  POTERIEU,  isles  de  France,  fur 
la  cote  de  Bretagne  ,  au  diocèfe  de  S.  Brieu ,.  à  la  rade 
de  Bigm.  Le  Neptune  nomme  une  pointe  de  ce  canton 
la  points  de  Ponerieu,  près  de  S.  Qu'ai ,  village  dont  il 
donne  le  nom  à  quelques  isles  voilines.  *TaJJîn,  Côtes 
de  France. 

LIS  LE  DE  LA  POTHERIE  ,  isle  de  l'Amérique 
feptentrionale ,  à  l'embouchure  du  détroit  de  Hudson, 
à  trois  lieues  de  l'isle  de  laRéfolution,  èk  dans  l'eft  de 
l'isle  de  la  Sale.  Elle  a  environ  quatre  lieues  de  tour  : 
les  bords  de  cette  isle  font  à  pic,  &c  d'une  élévation  pro- 
digieufe,  ainfi  que  toutes  celles  de  ce  détroit.  *  La  Po- 
therie,  Hift.  de  l'Amérique  feptentrionale,  p.  60. 

L'ISLE-AUX-POURCEAUX,  petite  isle  de  la  mer 
des  Indes,  auprès  de  la  grande  isle  de  Java,  à  trois  lieues 
de  B.mtam. 

L'ISLE  DES  POUTÉOUATEMIS  :  ce  font  plu- 
fieurs ifles  de  différentes  grandeurs  ,  fituées  à  l'entrée 
de  la  baie  des  Puants,  c'eft-à-dire  à  la  décharge  de  cette 
baie,  dans  le  lac  Michigen.  Il  y  a  une  de  ces  ifles, qui 
paroît  avoir  au  moins  quinze  lieues  de  circuit  ;  toutes 
ïbnt  bien  brifées,  excepté  celle  où  il  y  a  actuellement 
'encore  un  village  des  Poutéouateims ,  6c  qui  n'eft  ni  la 
plus  grande,  ni  celle  dont  le  terrein  paroît  le  plus  fer- 
tile. Ces  Sauvages  ,  qui  ont  donné  leur  nom  à  ces  ifles , 
ont  encore  deux  autres  villages  affez  loin  de-là  ;  l'un  fur 
la  rivière  S.  Joléph,  qui  a  là  décharge  dans  le  lac  Mi- 
chigen, à  l'a  côte  orientale  de  ce  lac  ;  &  l'autre  dans 
le  détroit  du  lac  Lvié  ik  du  lac  Huron.  *  Notes  du 
P.  Charievoix. 

L'ISLE  DE  PRATA,  petite  isle  de  l'Océan  orienta^ 
fur  la.côte  de  la  Chine,  environ  à  2.0  d.  40'  de  latitude 
feptentrionale  :  elle  eft  baffe  ,  toute  environnée  de  ro- 
chers ,  entre  Manila  Se  Quangtung  ou  Canton.  *  Dam- 
pier ,  Voyages  ,  t.  2 ,  p.  81. 

L'ISLE  DE  PRESTEGRUNDE  ,  petite  isle  de 
Suéde,  fur  la  côte  de  Helfingie  ,  pat  le  travers  du  port 
de  Soderham  ,  au  golfe  de  Bothnie. 

1.  L'ISLE  DU  PRINCE  ,  petite  isle  d'Aile,  au  dé- 
troit de  la  Sonde,  près  de  la  côte  occidentale  de  l'isle 
de  Java  :  les  Hollandois  en  font  les  maîtres. 

2.  L'ISLE  DU  PRINCE  ;  les  Portugais  difentlLHA 
DO  Principe  ,  isle  d'Afrique  ,  dans  le  golfe  de  Gui- 
née ,  à  la  hauteur  du  cap  S.  Jean ,  entre  l'isle  deFernand- 
Po  &  l'isle  de  Saint-Thomas.  Il  y  a  un  village  vers  la 
pointe  du  nord  :  elle  eft  aux  Portugais ,  qui  y  entretien- 
nent une  petite  garnifon  ;  le  port  eft  au  feptentrîorl ,  où 
j'ai  dit  qu'étoit  le  village  ;  il  y  a  outre  cela  quelques  ha- 
meaux, &  l'isle  eft  cultivée. 

L'iSLE  DE  PRINCENTA  ou  Pulo  Languivi, 
isle  de  la  mer  Orientale ,  près  de  l'isle  Bouton. 

L'ISLE  DE  LA  PROVIDENCE  ,  isle  de  l'Améri- 
que, dans  la  mer  du  nord  ;  c'eft  la  même  que  l'ISLE  DE 
Sainte-Catherine. 

LÏSLE  DE  PUGNIARAN.  Voyez  Pugniaran. 

L'ISLE  DE  PULO-BAOY,  BOSTOC-CON- 
DOR ,  &c.  Voyez  au  mot  Pulo  :  le  nom  de  Pulo 
fignifie  une  ifle  ;  ainfi ,  pour  parler  françois  ,  on  devroit 


' 'JiJ  ■  )  )  } 

dire  l'ifle  d'e  Baoy,  Bo^toc  &  CONDOR;  &C.  mais 
comme;  fuiàge  établi  dans  les  Relations  des  voyageurs, 
nous  a  accoutumés  à  voir  Pulo-Vay,  &  non  pas  Vijfe 
de  y'ny  ;  pulo  Coffin  ,  ce  non  Yijls  de  Cofftn  fk  ainlî 
des  petites  ifles  qui  l'ont  autour  dé  l'ifle  de  Sumatra  &C 
de  la  presqu'ifle  de  Malaca ,  nous  fuivons  cet  ufage ,  ÔC 
renvoyons  ces  ifles  au  mot  Pulo. 

L'ISLE  DE  PURMEREND,  petite  ifle  au  nord  de 
Java,  au  nord  occidental  de  la  rade  de  Batavia,  au  midi 
d  Onruft  Kerkhoif ,  ik  au  levant  de  Fille  d'Onruft. 

L'ISLEDE  QUELPAERTS,  ifle  de  l'Orient  orien- 
tal ,  au  midi  de  la  Corée,  à  l'orient  de  l'embouchure  de 
la  Jaune,  qui  coule  dans  la  Chine.  On  nomme  auffi 
cette  ifle  Fungjia.  Il  y  a  au  milieu  un  lieu  nommé 
ElTTCHEO'J  ,  &c  De  l'ifle  n'en  marque  point  d'autre  ; 
mais  Baudrand  dit  qu'elle  a  quinze  lieues  de  circuit,  8c 
qu'elle  a  pour  place  principale  Moggan  ou  M0CK.0, 
où  demeure  le  gouverneur  ,  fk  cite  Henri  Hamel.  Il 
ajoute  qu'on  y  remarque  encore  la  petite  ville  de  Ta- 
cliàjn.. 

L'ifle  de  Quelpaërts,  autrement  appellée  Fungma,  ifle 
de  la  mer  de  C  orée  ,  au  midi  de  cette  péninsule  ,  &C 
placée  par  les  Hollandois  qui  y  firent  naufrage, en  1653, 
parles  33  d.  32'  de  latitude  nord;  &  par  Beliin  dans  fa 
Carte  de  la  Corée,  qui  fe  trouvé  dans  l'Hiftoire  du  Ja- 
pon du  P.  Charievoix,  entre  les  153  rkles  1 54  d.  de  longi- 
tude. Les  mêmes  Hollandois,  qui  y  ont  demeure  Quelque 
tems,  prétendent  qu'elle  eft  éloignée  de  la  côte  méridio- 
nale de  la  Corée  de  douze  ou  treize  lieues;  quefes  ha- 
biratis  l'appellent  Sckefur ,  &  qu'elie  a  quinze  lieues  de. 
circuit  :  ils  nomment  Moggan  ou  Mocko,  la  ville  capi- 
tale ,  féjour  du  gouverneur  que  le  roi  de  Corée  y  entre- 
tient. *  Notes  du  P.  Charievoix. 

LES  ISLES  DE  QUEMADAS,  ou,  en  françois, /« 
Ïfies-B  ratées  ,  ifles  des  Indes  ,  fur  la  côte  de  Malabar  , 
au  royaume  de  Vifapour,  au  nord  de  Goa,  entre  Val- 
depaian  &£  le  fort  de  Vingrela  ,  qui  font  aux  Hollan- 
dois. 

UÏSLE  DE  QUEMENÈS  ,  ifle  de  France  ,  fur  la 
côte  de  Bretagne ,  entre  l'ifle  de  Moiene  &c  celie  de  Be- 
niguet  ,  au  levant  de  l'ifle  de  irielen,  &£  au  couchant 
de  l'ifle  de  Litiri. 

.  L'ISLE  DE  QUIBO  ;  on  la  nomme  auffi  Visle  de 
Caboya ,  félon  Dampier.  Les  Cartes  dreffées  pour  le 
fuppiément  de  NVood  Rogers  ,  portent  Coyba  ;  elle 
eft  dans  la  mer  du  fud  ,  fur  la  côte  de  la  Veragua  :  le 
Supplément  cité  ,  nomme  les  ifles  de  Coyba  plufieurs 
ifles  voifines  ,  entre  lesquelles  font  l'ifle  de  QuiBO  ou 
Coyba,  fk  celle  de  QuiCARO.  Voici  comme  il  les  dé- 
crit :  la  plus  grande  des  ifles  de  Coyba  ou  Quibo , 
fituées  fous  le  7e  d.  30'  de  latitude  feptentrionale  ,  eft 
baffe  ,  &  peut  avoir  fept  lieues  de  long  ,  &  quatre  de 
large.  Il  y  a  quantiié  de  gros  arbres  de  plufieurs  fortes, 
&  de  très-bonne  eau  à  fon  nord-eft  ;  on  y  trouve  auffi, 
de  même  qu'à  l'eft  ,   des  bêtes  fauves  ,  des  linges  noirs 

6  des  guanos  verds  qui  font  tous  un  bon  manger.  A  la 
hauteur  de  la  pointe  du  fud-eft  ,  il  y  a  un  bas-fond ,  qui 
s'étend  une  demi-lieue  en  mer ,  &  dont  une  partie  fe 
découvre  au-deffus  de  l'eau ,  vers  la  fin  de  l'Ebe.  Il  n'y 
a  point  d'autre  danger,  de  forte  qu'un  vaifiéau  peut  s'ap- 
procher à  un  quart  de  mille  du  rivage,  &  mouiller  à  fixi 
fept,  huit,  dix  ou  douze  braffes  d'eau,  dans  un  fond  de  fa- 
ble pur.  Cette  ifle  eft  à  dix  lieues  ou  environ  du  conti- 
nent ;  l'air  y  eft  tempéré  ;  il  y  a  quantité  de  gros  bé- 
tail, de  volaille  ,  d'excellentes  huitres ,  dont  quelques- 
unes  renferment  des  perles ,  des  tortues  vertes  ,  qui  né 
font  pas  li  bonnes  que  celles  de  la  mer  du  nord ,  &  du 
bois  de  charpente.  Voici  ce  qu'en  dit  Dampier ,  Voya- 
ges ,  t.  1  ,  p.  223.  L'ifle  de  Quibo  ou  de  Caboya  eft  à 

7  d.  14'  de  latitude  feptentrionale,  d'environ  fix  ou  fept 
lieues  de  long ,  &  trois  ou  quatre  de  large  :  les  terres 
font  baffes  ,  à  la  réferve  de  celles  qui  font  au  bout ,  du 
côté  du  nord-eft.  Il  y  a  quantité  de  plufieurs  fortes  de 
grands  arbres  fleuris  ,  &  de  bonne  eau  à  l'eft  ,  ik  au 
nord-eft  de  l'ifle.  Il  y  a  quelques  bêtes  fauves ,  &  force 
gros  finges  noirs ,  dont  la  chair  eft  bonne  &  laine.  Il  y 
a  auffi  quelques  guanos  &c  ferpens  _:  je  ne  lâche  pas  qu'il 
y  ait  d'autre  forte  d'animaux.  Au  fud-eft  de  la  pointe  de 
fille,  il  y  a  un  fond  bas  qui  s'étend  demi-lieue  en  mer; 
ci  à  une  lieue,  au  nord  de  ce  fond  bas,  du  côté  de  l'eft  , 
il  y  a  un  rocher  à  environ  un  mille  de  la  côte  ,  qui,  fur 

Tome  III.    A  a  a  a  ij 


$$6  1SL 

•la  fin  de  la  marée  paroît  au-deffus  de  l'eau.  A  ces  deux 
endroits  près, il  n'y  aucun  danger  de  ce  côté-là.  Les  vaif- 
feaux peuvent  aller  à  un  quart  de  mille  de  la  côte  ,  & 
mouiller  à  fix,  huit ,  dix  ou  douze  braffes  d'eau ,  &T.  fur 
un  Table  bon  &  clair. 

Il  y  a  plufieurs  autres  Mes ,  les  unes  au  fud-oueft ,  les 
autres  au  nord  &  nord-eft  de  celle-ci  ,  comme  Fine  de 
QuicaRO,  qui  eft  une  allez  grande  ifle,  &c  au  fud-oueft 
de  Quibo.  Au  nord  de  la  même  ifle,  il  y  a  une  petite 
ifle,  nommée  ANCHERIA,  où  il  y  a  quantité  d'arbres 
de  Palme-Marie  ;  cet  arbre  eft  grand  û  droit-  :  il  a  la 
tête  petite  ;  mais  il  eft  fort  diffèrent  du  palmier ,  non- 
obftant  la  reflemblance  des  noms  ;'  il  eft  fort  eftimé 
pour  faire  des  mâts ,  parce  qu'il  eft  fort  &  de  bonne  lon- 
gueur. Les  veines  de  ce  bois  ne  vont  pas  droit  tout  le 
long  de  l'arbre ,  comme  aux  autres  arbres  ;  mais  elles 
circulent  tout  autour.  Ces  arbres  croiffent  en  plufieurs 
lieux  des  Indes  occidentales  ;  &  les  Anglois ,  aufli-bien 
que  les  Espagnols  ,  s'en  fervent  beaucoup  aux  ufages 
qu'on  vient  de  dire.  Les  ifles  Canales  &  de  Cantarras 
font  de  petites  ifles  au  nord-eft  de  Rancheria  ;  elles  font 
toutes  féparées  par  des  canaux  ,  <k  on  peut  ancrer  tout 
autour.  Elles  ne  font  pas  moins  riches  que  Quibo,  en  ar- 
bres &  en  eau  ;  à  les  voir  fur  la  route  ,  il  femble  qu'el- 
les fanent  partie  de  la  terre  ferme.  Quibo  eft  la  plus 
grande  &  la  plus  remarquable  ;  car  quoique  les  autres 
ayent  des  noms ,  on  ne  s'en  fert  néanmoins  presque  ja- 
mais ,  que  pour  les  diftinguer ,  ces  ifles  &c  les  autres  de 
cette  espèce  étant  toutes  comprifes  fous  le  nom  général 
d' Isles  de  Quibo. 

L'ISLE  DE  QUICARO.  Voyez  l'article  précédent. 
LISLE  DE  RABENEC,  petite  isle  de  France,  fur 
la  côte  de  Bretagne  ,  au  voifinage  de  Lanion,  &  au  midi 
de  l'isle  de  Gato. 

L'ISLE  DE  RADENES  ,  petite  isle  de  France  ,  en 
Bretagne  ,  l'une  des  isles  de  Bréat  ,  entre  le  Beniguet 
&  l'isle  de  Guillango. 

L'ISLE  DE  RAFFIO,  isle  du  golfe  de  Bothnie,  fur 
la  côte  orientale  ,  au  couchant  de  Biorneborg. 

L'ISLE  DE  RAGHLING  ,  petite  isle ,  fur  la  côte 
feptentrionale  d'Irlande,  auprès  de  Faireforland. 

L'ISLE  DE  RAIGLENBORN,  petite  isle,au  nord- 
oueft  d'Irlande,  près  du  capTelling,  à  l'entrée  du  golfe 
de  Dunghal. 

L'ISLE  DE  RAMSEY,  petite  isle  d'Angleterre,  dans 
la  mer  d'Irlande,  au  midi  du  cap  de  S.  David. 

L'ISLE  DERAMSFIORD,  petite  isle  de  Norvège, 
au  gouvernemunt  de  Drontheim  :  on  la  laiffe  à  gauche, 
lorsque  l'on  entre  dans  le  port  de  la  capitale  de  cette 
province. 

L'ISLE  DE  RANCHERIA.  Voyez  l'article  de 
Quibo. 

L'ISL  DE  RASAY,  ifle  d'Ecoffe,  l'une  desVefter- 
nes ,  au  nord  de  fille  de  Skie  :  fa  longueur  eft  d'environ 
cinq  milles  ;  il  y  a  beaucoup  de  bois ,  &  elle  eft  plus 
propre  au  pâturage  qu'à  produire  du  bled.  Du  côté  d'o- 
rient une  fource  fort  d'un  rocher ,  dont  l'eau  fe  pétrifie 
en  fort  belle  pierre  à  chaux  ,  qu'elle  produit  en  abon- 
dance. Il  y  a  auffi  une  carrière  de  très-bonne  pierre  de 
taille  ;  &  au  couchant  il  y  a  quantité  de  fouterreins,  où 
logent  ceux  qui  vont  l'été  dans  cette  ifle ,  foit  pour  la 
pêche ,  foit  pour  engraifler  le  bétail.  On  y  trouve  auffi 
des  forts.  Le  feigneur  de  cette  ifle  eft  un  cadet  de  la  fa- 
mille de  Maccléod  ,  qui  eft  respeûé  comme  un  prince 
par  fes  habitans. 

L'ISLE  DE  RÉ.  Voyez  RÉ. 

L'ISLE  DE  REPARO  ,  petite  isle  de  l'Amérique 
méridionale  ,  fur  la  côte  du  Bréfil ,  vers  le  19e  degré  de 
latitude  méridionale  ,  au  midi,  occidental  de  l'isle  de 
Sainte-Catherine. 

L'ISLE  DES  REQUIENS  ,  isle  de  la  mer  du  Sud. 
De  l'Ifle  la  marque  fur  la  route  de  le  Maire,  &C  fur  celle 
de  Magellan ,  qui  s'y  coupent  ;  &  il  la  nomme  I'Isle 
des  Tiburons  ou  des  Chiens.  Elle  eft  vers  le 
1 5  e  d.  de  latitude  méridionale  ,  &  par  les  137  d.  de  lon- 

8' L'ISLE  DE  RESOLUTION,  dans  l'Amérique  fep- 
tentrionale :  elle  eft  au  61e  d.  33'  à  34'  de  variation 
nord-oueft  :  elle  forme  l'embouchure  du  détroit  de  la 
baie  de  Hudson  avec  les  ifles  Boutonnes  ,  qui  font  au 
61e  d.  io'.  Elles  font  nord  &c  fud  ,  diftantes  les  unes  des 


ISL 


autres  ,  d'environ  14  a  15  lieues.  L'Ifle  de  Réfolution 
peut  avoir  huit  lieues  de  longueur,  eft  &  oueft.  Quand 
on  eft  du  côté  de  l'oueft,  elle  paroît  avoir  la  figure  d'un 
croiflant  :  elle  eft  éloignée  de  ia  terre  ferme  du  nord,- 
d'environ  fix  à  fept  lieues.  Il  y  a  deux  petites  ifles  à 
deux  lieues  de  diftance  du  côté  du  bout  de  l'eft.  Les  cô- 
tes de  cette  ifle,  ainfi  que  celles  de  tout  le  détroit,  font 
à  pic  ,  &c  d'une  élévation  prodigieufe.  *  La  Potherie, 
Hift.  de  l'Amérique  feptent.  p.  59. 

L'ISLE  DE  RHODES.  Voyez  Rhodes. 

L'ISLE  DE  RIA-LEXA.  Voyez  Ria-Lexa. 

L'ISLE  DE  RIG,  petite  isle  du  golfe  de  Terranubva, 
fur  la  côte  orientale  de  l'isle  de  Sardaigne.  On  trouve 
cet  écueil  à  gauche  en  entrant. 

L'ISLE  DE  RIOUSIC.  Voyez  Riousic. 

L'ISLE-ROBIN  ,  petite  isle  voifine  de  la  pointe  la 
plus  feptentrionale  d'Irlande  ,  au  fud-oueft  de  I'Isle  d'E- 
nefterhul ,  près  de  la  côte. 

LES  ISLES  DE  ROCA  ,  ou,  félon  De  l'Ifle  ,  les 
Roques,  isles  d'Amérique,  fur  la  côte  de  Venezuela, 
par  les  travers  du  golfe  Trift.  Dampier,  Voyages,  t.  1, 
p.  71  ,  &  fuiv.  dit  :  les  isles  de  Roca  font  une  partie 
des  petites  isles,  qui  ne  font  pas  habitées,  fituées  à  en- 
viron 1 1  d.  40'  de  latitude  ,  à  quinze  ou  feize  lieues  de 
la  terre  ferme ,  à  environ  vingt  lieues  de  la  Tortue,  du 
côté  du  nord-oueft-quart-d'oueft  ,  &  à  environ  fix  ou 
fept  de  l'occident  d'Orchilla,  autre  isle  fituéeà  la  même 
diftance  de  la  terre  ferme.  Les  isles  de  Roca  ont  envi- 
ron cinq  lieues  d'étendue,  &  trois  de  large.  La  partie 
la  plus  feptentrionale  de  ces  isles  eft  la  plus  remarqua- 
ble,  à  caufe  d'une  haute  montagne  blanche,  pleine  de 
rochers ,  du  côté  de  l'occident ,  &  qu'on  peut  voir  de 
fort  loin.  Près  de  la  mer,  au  midi  de  cette  haute  mon- 
tagne ,  il  y  a  de  l'eau  douce  qui  vient  des  rochers ,  mais 
qui  coule  avec  tant  de  lenteur  ,  qu'on  n'en  fauroit  amaf- 
fèr  plus  de  quarante  galons,  (ou  cent  foixante  pintes, 
melùrede  Paris,)  en  vingt- quatre  heures.  Mais  cette  eau 
a  fi  fort  le  goût  du  cuivre  ,  ou,  pour  mieux  dire,  de  l'a- 
lun ,  &  choque  fi  fort  le  palais  ,  qu'on  la  trouve  très- 
défagréable  en  la  buvant.  Mais  après  en  avoir  bu  deux 
ou  trois  jours ,  on  ne  trouve  plus  de  goût  à  l'autre  eau. 
Le  milieu  de  l'isle  eft  un  terroir  bas  &  uni ,  tout  couvert 
d'herbe  longue ,  où  il  y  a  quantité  d'oifeaux  gris,  de  la 
grofleur  d'un  merle.  La  partie  orientale  de  l'isle  eft  cou- 
verte de  mangles  noirs.  Le  terroir  de  cette  partie  orien- 
tale eft  d'un  fable  léger,  que  la  mer  inonde  quelquefois 
quand  elle  monte.  La  rade  des  vaiffeaux  eft  au  midi  où 
plus  près  du  milieu  de  l'isle. 

Les  autres  isles  de  Roca  font  baffes.  La  première 
qu'on  trouve  du  côté  du  midi  eft  petite,  baffe  &  unie, 
fans  arbres ,  &  ne  produit  que  de  l'herbe.  Au  midi  de 
cette  isle  il  y  a  un  vivier ,  dont  l'eau  a  un  petit  goût  de 
fel.  Les  aventuriers  s'en  fervent  quelquefois  faute  de  meil- 
leure. Il  y  "a  auffi  près  de  cette  isle  une  rade  où  l'on 
peut  commodément  mouiller.  A  environ  une  lieue  de 
cette  isle  ,  il  y  en  a  deux  autres  qui  ne  font  pas  éloi- 
gnées de  deux  cents  verges  l'une  de  l'autre.  Il  y  a  un 
profond  canal  par  où  paflent  les  vaiffeaux.  L'une  &  l'au- 
tre de  ces  deux  isles  font  toutes  pleines  de  mangles  rou- 
ges, qui,  contre  l'ordinaire  des  autres,  viennent  mieux 
dans  un  terroir  inondé  comme  celui  de  ces  deux  isles.  II 
n'y  a  de  terre  féche  que  la  pointe  orientale  du  côté  de 
la  partie -la  plus  occidentale  ;  mais  il  n'y  a  ni  arbres  ni 
buiffons.  Les  autres  isles  font  baffes ,  &  ont  des  man- 
gles rouges  &  autres  arbres.  Les  vaiffeaux  y  peuvent 
auffi  mouiller.  Entre  ces  isles,  en  dedans ,  on  peut  mouil- 
ler en  divers  lieux  ;  mais  non  pas  en  dehors,  fi  ce  n'eft 
du  côté  de  l'oueft ,  ou  du  fud-oueft  ;  car  du  côté  de  l'eft 
(k  du  nord-eft  un  vent  alite  (buffle  ,  &  groffit  la  mer; 
&  du  côté  du  fud  il  n'y  a  pas  moins  de  feptante  ,  qua- 
tre-vingt ou  cent  braffes  d'eau  fort  près  de  terre. 

L'ISLE-RODE  ,  petite  isle  de  l'Amérique  feptentrio- 
nale, fur  la  côte  de  la  Nouvelle  Angleterre,  au  nord- 
oueft  de  l'isle  de  Martin  Wingard. 

L'ISLE-RODRIGUE  ,  isle  de  la  mer  des  Indes,  à 
l'orient  de  l'Isle-Maurice  ,  &  par  le  xoe  d.  de  latitude 
méridionale.  On  a  tâché  de  la  peupler.  Voyez  l'Isle 
DE  DlEGO-RoDRIGUE. 

L'ISLE  DES  ROIS,  fur  la  côte  occidentale  de  la  mer 
Magellanique  ,  au  fud  du  Cap- Blanc,  dans  une  anse  que 
terminent  le  Cap-Blanc  &c  le  port  Defiré.  On  l'appelle 


ISL 


ISL 


auffi  l'hit  grande.  *Hifto;re  du  Paraguai  du  P.  'Chatte- 

L'ISLE  DE  ROKOL  ,  isle  de  là  mer  du  nord ,  au 
couchant  de  l'isle  de  S.  Kildas.  Sa  côte  occidentale  eft 
car  les  5  d.  de  longitude  ;  &  elle  s'étend  du  nord  au 
iud,  depuis  les  57  d.  55',  presqu'au58e  d.  de  latitude. 

L'ISLE  DE  KOLLES,  petite  isle  d'Afrique,  pro- 
che de  la  pointe  du  fud-oueft  de  S.  Tho:nas ,  dans  le 
grand  golfe  de  Guinée  .  on  y  trouve  beaucoup  d'oran- 
ges :  on  y  a  lépt ,  fix ,  cinq  ck  quatre  braflés  fck  demie  ' 
de  profondeur  ,  fond  de  roches ,  ck  mauvais  mouillage. 
*  Voyages  de  la  Compagnie  Hollandoise,  t.  5 ,  p.  20. 

L'ISlE  DE  ROM,  isle  de  Danemarck,  auSlefwig, 
au  nord  de  l'isle  deSylt,  &  au  midi  de  l'isle  de  Manoé. 
Il  n'y  a  qu'une  habitation  nommée  S.  Clément. 

LES  ISLES  DE  ROMSDAL  ,  isles  de  la  côte  oc- 
cidentale de  Norvège,  à  l'entrée  de  la  rivière  de  même 
nom ,  où  elles  font  rangées  iud-oueft  &  nord-eft ,  ck 
font  une  même  ligne  avec  les  roches  de  Romsdal ,  qui 
font  au  nord-eft. 

L'ISLE  DE  RONA,  petite  isle  d'Ecoffe,  entre  les 
'Weflernes,  au  nord  de  la  partie  orientale  de  l'isle  de  Skie. 

L'ISLE  DE  RON.  Voyez  au  mot  Pulo,  l'article 
Pulo-Ron. 

L'ISLE  DE  RONSA ,  isle  d'Ecoffe  ,  entre  les  Or- 
cades,  au  midi  de  l'isle  de  Weftra  ;  elle  a  huit  milles 
en  longueur  ,  &fu  en  largueur  :  elle  a  beaucoup  de 
montagnes  ck  de  caps  ;  mais  fes  côtes  font  fertiles  &c 
lien  peuplées  :  il  y  a  beaucoup  de  gibier  ,  de  lapins  ck 
de  pohTon.  Ce  nom  eft  écrit  RouSA  dans  l'Etat  prê- 
tent de  la  Grande-Bretagne  ,  t.  2,  p.  302. 

1.  L'ISLE  DE  ROQUEPIRE  ou  Roquepir,  pe- 
tite isle  de  la  mer  des  Indes,  au  nord  de  l'isle  de  Diego- 
Rodrigue  ou  Ruiz  ,  latitude  méridional  10e  d.  30'. 

La  profondeur  de  l'eau  empêche  d'en  faire  un  lieu  de 
rafraichiffement,  ne  pouvant  pas  y  jetter  l'ancre.  Cette 
isle  feroit  un  grand  iecours  pour  les  vaiffeaux.  Les  co- 
cotiers ,  ck  quantité  d'autres  arbres  couvrent  la  campa- 
gne jusqu'au  bord  du  rivage.  Les  oifeaux  de  toute  espèce 
y  font  en  fi  grand  nombre,  qu'ils  viennent  fur  les  vaif- 
leaux qui  côtoyent  l'isle.  On  y  trouve  de  l'eau  vive  abon- 
damment. 

2.  L'ISLE  DE  ROQUEPIRE,  petite  isle  de  la  même 
jmer,  par  les  5  cl.  30'  de  latitude  méridionale,  au  fud-eff 
des  Sept- Frères. 

L'ISLE  DE  ROSENBOURG,  petite  isle  des  Pays- 
bas,  à  l'embouchure  de  la  Meufe,  entre  l'isle  de  Voorn, 
au  midi ,  èk  le  continent  de  Hollande. 
•  L'ISLE  DE  ROSSA,  petite  isle  fur  la  côte  fepten- 
trionale  de  Sarda'gne ,  près  du  cap  de  Sainte-Lucie. 

1.  L'ISLE  DE  ROTTERDAM  ,  petite  isle  de  la 
mer  du  Sud,  par  le  19e  d.  de  latitude  méridionale,  au 
nord-oueft  de  l'isle  d'Amfterdam. 

2.  L'ISLE  DE  ROTTERDAM,  petite  isle  d'Afie  , 
au  nord  de  l'isle  de  Java ,  à  l'orient  de  l'isle  de  Schie- 
dam  :  elle  eft  accompagnée  de  deux  bancs  de  fable  au 
levant,  &  d'un  banc  de  fable  ck  de  roches  au  midi. 

L'ISLE  DE  ROTTUM  ,  petite  isle  de  la  mer  d'Al- 
lemagne ,  dans  la  feigneurie  de  Groningue ,  entre  Bosch 
au  couchant ,  ck  Borcum  au  levant. 

L'ISLE-ROUGE  ;  c'eft  la  même  que  l'Isle-Roffa, 
au  nord  de  Sardaigne. 

L'ISLE  DE  ROVANES  ,  petite  isle  d'Ecoffe,  en- 
tre les  Wefternes ,  à  la  pointe  du  nord-oueft  de  l'isle 
de  Lewis. 

1.  L'ISLE-ROYALE,  isle  de  la  côte  méridionale  de 
Norwége  ,  entre  Sundfiord  ck  Langefund. 

2.  L'L>LE-ROYALE,islede  l'Amérique feptentrionale, 
dans  la  Nouvelle  France,  autrefois  appellée  isle  du  Cap- 
Breton,  ck  quelquefois  Isle  des  Bretons  :  ces  noms  ve- 
ndent de  ce  que  les  Bretons  y  abordèrent  les  premiers, 
fck  appelèrent  Cap-Breton  ,  le  cap  de  cette  isle  qui 
avance  le  plus  au  nord.  Elle  forme,  avec  l'isle  de  Terre- 
neuve  ,  dont  elle  n'eft  guères  éloignée  que  de  quinze  à 
feize  lieues ,  l'entrée  du  golfe  de  S.  Laurent  ,  laquelle 
eft  inégalement  partagée  en  deux  par  la  petite  isle  de 
S.  Paul,  qui  n'eft  guères  qu'à  deux  lieues  du  Cap-Bre- 
ton :  elle  eft  féparée  de  l'Acadie  par  un  canal  ou  dé- 
troit de  quatre  à  cinq  lieues  de  long  ,  ck  d'environ  une 
lieue  de  large,  qu'on  appelle  lepajfage  de  Cameaux  ou 
de  Fronsac. 


L'ïsîe-Royàiê  a  la  figure  d'un  fer  à  cheval  écrâféj  ck 
1  lui  donne  environ  quatre-vingt  lieues  cle  çirèuit,  Une 
ire  le  tour  des  anses  ik  des  baies  :  elle  eft  comme  di- 


viite  en  deux  1 


ar  des  lacs  ck  des  eau- 


de  la  mer ,  qui  la  coupent  dans  toute  fa  longueur  de  l'eft 
aloueft.  Ces  lacs  font  navigables  par-tout ,  ckfortpoif- 
fonneux  :  on  leur  a  donné  le  nom  de  Labrador  :  ils 
communiquent  avec  la  mer  par  deux  embouchures  fur 
la  côte  de  l'eft,  auprès  du  Port-Dauphin. 

Le  terrein  de  cette  isle  n'eft  pas  également  fertile  par- 
tout ;  mais  dans  les  endroits  où  il  l'eft  ,  le  bled  y  vient 
très-bien  ,  ck  presque  toute  l'isle  eft  couverte  de  bois. 
On  y  trouve  des  chênes  d'une  grandeur  ck  d'une  grof- 
feur  prodigieufe ,  des  pins  propres  pour  la  mâture  ,  ck 
autre  bois  de  charpente.  Les  plus  communs  font  les  chê- 
nes ,  les  frênes ,  l'érable  ,  le  plane  ck  le  tremble.  Il  y 
a  plufieurs  mines  d'un  excellent  charbon  de  terre  :  il  y 
en  a  auffi  de  plâtre  ;  mais  la  pêche  de  la  morue ,  qu'on 
fait  iùr  fes  côtes  ,  eft  le  principal  objet  de  fon  commerce. 
On  y  voyoit  autrefois  quantité  d'élans  ,  de  catibous ,  de 
caftors  ck  d'autres  bêtes  fauves  ;  mais  elles  y  font  au- 
jourd'hui fort  rares.  On  y  trouve  affez  de  «ibier ,  &  fur- 
tout  de  perdrix  ,  qui  ,  pour  le  plumage  &  la  groffeur, 
approchent  du  faifan  ,  dont  elles  ont  même  le  goût  ; 
des  outardes ,  des  canards  ck  des  farcelles. 

La  capitale  de  l'isle  eft  Louisbourg  ,  nommée  aupa- 
ravant le  havre  à  l'Angloïs.  Le  gouverneur,  le  commif-' 
fane-ordonnateur ,  le  conseil  &  l'état-major  y  font  leur 
réfidence.  Son  port  eft  grand  Si  fort  bon  ,  ck  on  a  fait 
plufieurs  batteries  pour  fa  défense.  La  ville  eft  bâtie  fur 
une  langue  de  terre ,  qui  forme  l'entrée  du  port ,  ck  qui 
eft  très-bien  fortifiée.  Les  François  ont  un  fécond  éta- 
bliffement  au  Port-Dauphin  ,  ci-devant  appelle  Sainte- 
Anne.  Ce  port  eft  fort  bon,  très-aifé  à  fortifier;  ck  les 
terres  en  font  les  meilleures  de  l'isle.  Ils  en  ont  un  troi- 
fiéme ,  mais  moins  confidérable  ,  à  S.  Pierre  ,  autrement 
nommé  ïtPort-Touloufe,  le  plus  près  de  l'Acadie.  L'Isle- 
Royale  a  encore  plufieurs  autres  ports  ck  havres,  qui 
ont  leur  commodité ,  ck  tous  font  à  la  pointe  orientale 
qui  regardera  France.  On  en  compte  jusqu'à  neuf  dans 
un  circuit  d'environ  dix-huit  lieues,  à  commencer  de  la 
baie  de  Gabary,  qui  regarde  le  midi ,  jusqu'au  Port-Dau- 
phin, dont  l'entrée  eft  ouverte  au  nord-eft.  Depuis  ce 
port  jusqu'au  Cap  de  nord ,  la  côte  eft  escarpée  ck  fe- 
mée  de  rochers  :  du  Cap-nord  ,  en  retournant  près  de 
trente  lieues  ,  jusqu'au  paffage  de  Fronsac  ,  la  côte  n'eft 
qu'une  chaîne  de  montagnes  hautes  ck  escarpées  ,  qui 
regardent  le  golfe  ,  ck  qui  couvrent  l'isle  des  mauvais 
vents  du  nord  ck  du  nord-oueft.  Du  partage  de  Fronsac 
revenant  à  la  baie  de  Gabary ,  à  peine  trouve-t-on  quel- 
ques mouillages  pour  de  petits  bâtimens  entre  des  ro- 
chers qui  s'étendent  plus  d'une  lieue  au  large  ;  enforte 
qu'à  l'exception  de  la  partie  la  plus  orientale  de  l'isle , 
où  font  tous  fes  ports  ,  il  feroit  comme  impoffible  d'y 
faire  aucune  descente. 

On  reconnoît  la  baie  de  Gabary  de  plus  de  douze 
lieues  à  la  mer,  par  le  cap  de  Laurcmbec  :  fon  entrée  a 
plus  d'une  lieue  de  large  ,  entre  plufieurs  petites  isles  fort 
faines  ,  qui  s'avancent  plus  d'une  lieue  ck  demie  à  la 
mer.  La  baie  entre  plus  de  cinq  lieues  dans  les  terres. 
Le  mouillage  y  eft  bon.  Louisbourg  n'en  eft  pas  à  plus 
d'une  bonne  lieue  ;  fon  port  a  plus  de  quatre  lieues  de 
tour,  ck  a  par-tout  fix  ou  fept  braffes  d'eau.  Le  mouil- 
lage y  eft  très-bon,  ck  on  y  peut  échouer  les  vaiffeaux 
fur  les  vafes  :  fon  entrée  n'a  pas  plus  de  deux  cents  toi- 
les de  large  entre  deux  petites  isles.  Deux  lieues  plus 
loin  eft  le  Havre  à  la  Baleine  ,  dont  l'entrée  eft  difficile, 
à  caufe  de  plufieurs  rochers  que  la  mer  couvre  ,  ck  qui 
ne  paroiffent  que  quand  elle  eft  agitée  :  il  n'y  peut  en- 
trer que  des  vaiffeaux  de  trois  cents  tonneaux,  qui  d'ail- 
leurs y  font  en  fureté.  De-là  à  la  baie  de  Panadouc.  il 
n'y  a  pas  deux  lieues  ;  fon  entrée  a  une  lieue  de  large , 
ck  la  baie  en  a  deux  de  profondeur.  La  baie  de  Mirai 
n'en  eft  féparée  que  par  une  langue  de  terre  fort  étroite: 
fon  entrée  a  près  de  deux  lieues  de  large  ;  elle  en  a 
huit  de  profondeur  ;  mais  elle  va  toujours  en  rétrécif- 
fant  ;  elle  reçoit  quelques  ruiffeaux  ,  ck  même  de  peti- 
tes rivières  :  les  plus  grands  vaifleaux  y  peuvent  avancer 
jusqu'à  fix  lieues ,  ck  s'y  mettre  à  l'abri.  A  une  lieue  ck 
demie  au  large  de  cette  baie  il  y  a  une  petite  ifle,  qu'on 
appelle  la  petite  isle  du  Cap-Breton ,  ck  trois  ou  quatre 


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iflets  ,  à  l'abri  desquels  les  pêcheurs  venoient  autrefois 
mouiller.  Une  lieue  plus  loin  au  large ,  il  y  a  de  gros  ro- 
chers ,  que  la  mer  ne  couvre  jamais  :  ils  paroiffent  de 
trois  lieues  :  le  plus  gros  ck  le  plus  haut  s'appelle  la 
Foriilon. 

A  demi- lieue  au  large  de  la  pointe  du  nord  de  la  baie 
de  Mirai  on  trouve  ïljle-platt,  dont  les  grands  vaiffeaux 
peuvent  approcher  à  la  portée  du  canon  :  elle  eft  jufte- 
ment  par  les  46  d.  En  remontant  de -là  environ  trois 
lieues,  vers  le  nord-oueft,  le  long  de  l'ifle,  on  rencon- 
tre l'Indiane  ;  c'eft  un  bon  havre ,  mais  il  n'y  peut  en- 
trer que  de  petits  vaiffeaux.  On  compte  deux  lieues  de- 
là à  la  baie  des  Espagnols.  Tous  ceux  qui  ont  vu  cette 
baie  affurent  qu'on  ne  peut  voir  un  plus  beau  lieu  ;  fou 
entrée  n'a  qu'un  mille  de  large  ;  mais  elle  s'élargit  peu- 
à-peu  en  dedans  ;  ck  au  bout  d'une  lieue,  elle  fe  partage 
en  deux  bras ,  qui  entrent  ptus  de  trois  lieues  dans  les 
terres  ,  ck  forment  de  très-bons  ports.  Il  n'y  a  pas  plus 
de  deux  lieues  dè-là  à  Labrador,  qui  n'eft  ni  un  havre, 
ni  un  port ,  ni  une  baie  ,  mais  proprement  un  golfe , 
qui  partageroit  toute  l'isle  en  deux  parties  égales ,  fans 
un  espace  de  terre  d'environ  huit  cents  pas  de  large, 
qui  rejoint  ces  deux  parties  vers  le  couchant.  Ce  golfe 
a  plus  de  vingt  lieues  de  long,  fur  une  &  deux  de  large: 
il  y  a  dans  ion  milieu  un  lac  de  cinq  lieues  de  large  ; 
fur  huit  de  long.  Lorsqu'il  eft  pleine  mer ,  dans  le  fond 
de  ce  goife  ,  la  marée  eft  toute  baffe  dans  la  baie  de 
S.  Pierre  ,  qui  eft  fur  la  grande  mer,  dans  l'endroit  où 
fe  trouve  une  terre,  qui  empêche  que  les  deux  mers  ne 
fe  joignent. 

De  Labrador  au  Port-Dauphin ,  il  n'y  a  pas  plus  d'une 
lieue  :  ce  port  eft  un  des  plus  beaux  de  l'Amérique  : 
on  mouille  hors  de  fon  entrée  en  toute  fureté  entre  les 
ides  du  Cibou.  Quand  on  veut  y  entrer,  on  trouve  une 
langue  de  terre,  qui  le  ferme  presqu'entiérement ,  &  qui 
ne  laiffe  que  le  paffage  d'un  vaiffeau.  Ce  havre  ainfi 
fermé  a  près  de  deux  lieues  de  circuit  en  oval  ;  les 
vaiffeaux 'y  font  en  toute  affurance  ;  à  peine  y  fentent- 
ils  les  vents  ,  à  caufe  de  la  hauteur  des  terres  ck  des 
montagnes.  Il  y  a  tant  d'eau  par-tout ,  que  les  navires 
y  peuvent  approcher  la  terre  de  toutes  parts,  jusqu'à  y 
être  amarrés.  Comme  tous  ces  ports,  havres  Se  baies  font 
un  circuit  autour  de  la  partie  orientale  de  l'ifle,  ils  doi- 
vent néceffairement  fe  rapprocher  à  mefure  qu'ils  s'avan- 
cent vers  fon  centre  ;  ainfi  en  tirant  un  chemin  par  terre 
de  l'extrémité  du  bras  gauche  de  la  baie  des  Espagnols , 
ck  faifant  quelques  lieues  vers  le  midi,  on  rencontreroit 
le  fond  de  la  baie  de  Mirai  ;  de-lz  on  communiqueroit 
avec  celle  de  Panadouc.  Par  le  moyen  d'un  autre  che- 
min ,  tiré  de  l'extrémité  du  bras  droit  de  la  même  baie, 
on  fe  rendrait  à  Louisbourg ,  &  à  la  baie  de  Gabary  , 
en  faifant  cinq  ou  fix  lieues  au  fud-oueft ,  ck  on  tom- 
berait même  dans  le  lac  de  Labrador ,  en  faifant  au  plus 
deux  lieues  à  l'oueft-nord-oueft  ;  ce  qui  ferait  une  grande 
commodité  pour  les  habitans ,  ck  un  moyen  aifé  de  fe- 
courir  tous  ces  poftes  par  terre  ,  en  cas  d'attaque. 

L'Ifle-Royale  produifant  les  mêmes  arbres  que  le  Ca- 
nada, on  peut  juger  que  le  terrein  y  eft  propte  aux  mê- 
mes productions  ;  ck  les  effais  qu'on  y  a  faits,  y  ont  réuffi  : 
les  montagnes  même  ,  dont  les  pentes  font  fort  dou- 
ces, y  font  fertiles  jusqu'au  fommet.  Il  y  a  des  prairies 
naturelles  dans  toutes  les  baies.  Le  climat  eft  le  même 
qu'à  Québec  ;  ck  à  mefure  qu'on  y  coupe  les  bois  ,  il 
s'adoucit.  Les  terres  ont  toutes  leurs  pentes  vers  le  midi, 
ck  toutes  à  couvert  des  vents  du  nord  &  du  nord-oueft  ; 
ck  elles  font  expofées  au  foleil ,  depuis  fon  lever  jusqu'à 
fon  couchant.  Le  fieur  Denys ,  dans  fa  Description  de 
l'Amérique  feptentrionale  ,  dit  qu'au  fond  du  havre  de 
Sainte-Anne,  ou  du  Port-Dauphin,  il  y  a  une  haute  mon- 
tagne de  pierre  plus  dure  que  le  marbre,  ck  blanche  comme 
du  lait.  Enfin  on  peut  faire  autour  de  cette  ifle  ,  ck  des 
ifles  voifines  ,  une  pêche  très-abondante  de  loups  ma- 
rins, &  de  vaches  marines.  *  Notes  du  P.  Charlevoix. 

LES  ISLES  ROYALES,  ou  les  Isles  de  la  Perle, 
ou  les  Isles  de  Perles  ,  ifles  de  l'Amérique ,  dans 
la  mer  du  fud ,  ck  dans  là  baie  de  Panama  ;  ce  font, 
dit  Dampier  ,  Voyages,  t.  1,  p.  188,  plufieurs  ifles  bal- 
les ck  pleines  de  bois  ,  ck  fitnées  au  nord-nord-oueft 
quart  de  nord,  ck  au  fud-eft  quart  de  fud.  Elles  font  à 
environ  fept  lieues  de  la  terre  ferme  :  elles  ont  quatorze 
lieues  de  longueur  ,    éloignées  de   Panama  d'environ 


douze.  Je  ne  fais  pourquoi  on  les  appelle  Ifles-Royàles. 
Elles  font  quelquefois  ,  ck  presque  toujours  ,  nommées 
dans  les  Cartes  les  IJlcs  de  la  Perle.  Je  ne  faurois  m'ima- 
giner  pourquoi  on  leur  donne  ce  nom  ;  car  je  n'y  ai  ja- 
mais vu  d'huitres  où  l'on  trouvât  des  perles ,  non  pas 
même  des  coquilles  de  ces  huitres-là  :  pour  les  autres, 
j'y  en  ai  fbuvent  mangé.  L'ifle  la  plus  feptentrionale  de 
toutes ,  fe  nomme  Pacheca  ou  Pacheque,  C'eft  une  pe- 
tite ifle  ,  éloignée  de  Panama  d'onze  du  douze  lieues. 
La  plus  méridionale  s'appelle  YiJIe  de  S.  Paul.  Je  ne  con- 
nois  que  ces  deux-là,  qui  ayent  des  noms  particuliers, 
quoique  j'en  connoiffe  plufieurs  qui  les  furpafient  en  éten- 
due. Il  y  a  dans  les  unes  des  plantins  ck  des  bananes 
qu'on  y  cultive  ,  ck  dans  d'autres  des  champs  de  ris. 
MM.  de  Panama,  auxquels  elles  appartiennent ,  y  tien- 
nent des  Nègres  ,  pour  cultiver  les  plantations,  ou  pour 
en  défricher  de  nouvelles.  La  plupart  de  ces  ifles,  & 
fur-tout  les  plus  grandes,  font  entièrement  incultes';  ce- 
pendant le  terroir  en  eft  bon  ck  gras,  &  plein  de  grands 
arbres.  C'eft  dans  ces  ifles  incultes  que  fe  réfugient  plu- 
fieurs Nègres  déièrteurs,  qu'on  appelle  Marons.  Ils  font 
tout  le  jour  cachés  dans  les  bois;  ck  là  nuit  ils  fortent, 
ck  vont  piller  les  plantations.  Entre  ces  ifles  ck  la  terre 
ferme,  il  y  a  un  canal  de  fept  à  huit  lieues  de  large, rai- 
fonnablement  profond ,  ck  où  l'on  peut  ancrer  par-tout. 
Les  ifles  font  affez  proches  les  unes  des  autres  ;  cepen- 
dant il  y  a  dans  les  espaces  qui  les  féparent  plufieurs  ca- 
naux ferrés  £k  profonds,  dans  la  plupart  desquels  il  n'y 
a  que  des  bateaux  qui  puiffent  paflef.  Du  côte  du  fud-eft, 
à-  environ  une  lieue  de  l'ifle  Saint-Paul  ,  il  y  a  un  bort 
endroit  à  caréner  ;  ck  on  y  va  par  uh  bon  êk  profond 
canal  ;  qui  eft  du  côté  du  nord.  Le  flux  y  monte"  per- 
pendiculairement jusqu'à  près  de  dix  pieds. 

L'ISLE  DE  ROYELLAN  ,  ifle  de  France ,  en  Bre- 
tagne, fur  la  côte,  au  midi  de  l'embouchure  de  la  ri- 
vière d'Etel. 
L'ISLE  DERUGEN.  Voyez  Rugen. 
L'ISLE  DE  RUNEN,  petite  islé  de  France,  en  Bre- 
tagne,  près  du  port  de  Cancale. 

"L'ISLE  DE  RUSCO ,  petite  ifle  d'Angleterre,  l'une 
des  Sorlmgues ,  à  trois  lieues  de  Lands  -  End.  Ce  n'eft 
qu'une  montagne  entre  des  rochers. 

L'ISLE  DE  RUSE  ,  petite  ifle  de  Suéde ,  dans  le 
golfe  de  Bothnie,  aux  confins  de  la  Helfingie  ck  de  là 
Geftricie ,  à  l'embouchure  de  la  Tynnéa,  qui  fépare  ces1 
.  deux  provinces. 

L'ISLE  DE  RUYGH ,  petite  ifle  de  la  mer  Balti- 
que, dans  la  Poméranie  Suédoife,  au  nord  de  l'ifle  d'U-  - 
fedon. 

UISLE  DE  SABA.  Voyez  Saba. 
L'ISLE  DE  SABLE,  ifle  de  l'Amérique  feptentrionale, 
à  quinze  lieues  de  l'ifle  du  Cap-Breton  ,  en  tirant  vers  le 
midi ,  ck  dans  le  milieu  de  la  baie  de  Camfeaux.  Cette 
ifle  étoit  autrefois  remplie  de  vaches  ;  mais  les  Anglois 
détruifirent  tout,  pendant  le  féjour  qu'ils  y  firent.  Il  y  ai 
dans  le  milieu  un  étang  d'eau  douce  ,  ck  quelque  peu 
d'herbes  qui  pouffent  au  travers  du  fable.  Sa  longueur 
nord  ck  iud  peut  être  de  vingt-cinq  lieues  ;  mais  elle 
n'a  qu'une  portée  de  canon  de.  largeur.  Elle  eft  dange- 
reufe  à  caule  des  battures  qu'elle  a  du  côté  de  la  mer , 
qui  mettent  trois  ou  quatre  lieues  hors  ,  parce  qu'elles 
font  toutes  plates  ck  allèchent  de  baffe  mer  plus  d'une 
lieue.  Il  n'y  a  plus  dans  cette  ifle  que  l'étang  ,  le  fable 
ck  quelque  peu  d'herbe ,  n'y  étant  refté  aucune  vache  , 
les  Anglois  les  ayant  toutes  tuées  ,  pour  en  avoir  les 
peaux.  *  Denis ,  Description  de  l'Amérique  feptentrio- 
nale ,  t.  1  ,  c  S. 

L'ifle  de  Sable  eft  une  petite  ifle  de  l'Amérique  fep- 
tentrionale, au  fud  de  l'Ifle-Royale  ,  tirant  vers  le  fud- 
oueft  par  les  44  d.  12'  d'élévation  du  pôle  :  elle  eft 
fort  étroite  ck  en  arc.  On  trouve  dans  fon  milieu  un 
lac  d'environ  cinq  lieues  de  circuit  ,  ck  celui  de  l'ifle 
eft  de  dix.  Ses  deux  extrémités  font  des  écueils  ,  des 
bancs  de  làbles  ;  l'une  court  nord-eft  quart-eft  ,  ck  l'au- 
tre fud-eft  &  nord-oueft.  Elle  eft  nord  ck  fud  à  trente- 
cinq  lieues  de  Camfeaux  ,  qui  eft  la  pointe  orientale  de 
l'Acadie  ,  ck  elle  a  des  montagnes  de  fable,  qui  la  font 
découvrir  de  fept  à  huit  lieues.  Du  refte,  à  peine  pro- 
duit-elle quelques  herbes  ck  quelques  broffailles,  ck  elle 
n'a  point  de  pott.  On  prétend,  qu'en  1518,  le  baron 
de  Lery  y  voulut  faire  un  éi:ablifïemeiit.    En  15985  Ie 


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marquis  de  la  Roche  y  débarqua  quarante  hommes,  en 
allant  à  l'Acadie  ,  &  ne  put  les  reprendre  à  fon  retour  : 
iept  ans  après, Henri  IV  les  envoya  chercher,  &  on  n'y  en 
trouva  plus  que  douze,  les  autres  ayant  péri  de  mifere; 
ils  y  avoient  lubrifié  d'abord  avec  quelques  bœufs  & 
quelques  moutons,  que  les  Espagnols,  qui  avoient  fait 
naufrage  fur  l'ifle ,  y  avoient  laines ,  &  qui  s'y  étoient 
multipliés.  Les  débris  du  navire  leur  avoient  fervi  à  fe 
loger ,  Se  la  pêche  les  avoit  auffi  foutenus  pendant  quel- 
que tems.  *Notcs  du  P.  Charlevoix. 

L'ISLE  DE  SACRIFICIO  ,  petite  ifle  de  la  mer  du 
Sud ,  fur  la  côte  de  l'Amérique  :  c'eft  une  petite  ifle 
verte,  d'environ  demi-mille  de  longueur.  Elle  eft  fituée  à 
environ  demi-mille  de  la  terre  ferme ,  &c  à  une  lieue  à 
l'oueft  de  Guatulco.  Il  femble  qu'il  y  a  une  belle  baie 
à  l'oueft  de  l'ifle  ,  mais  elle  eft  pleine  de  rochers  :  la 
rade  eft  entre  l'ifle  &  la  terre  ferme ,  où  il  y  a  cinq  ou 
flx  braffes  d'eau.  La  marée  y  eft  affez  forte ,  &£  la  mer 
hauffe  &  baiffe  cinq  ou  fix  pieds.  *  Dampier,  Voyages, 

'  UISLe'dE  S.  AMBROISE,  ifle  de  la  mer  du  Sud, 
au  couchant  feptentrional  de  Copiapo  ,  &  au  midi  de 
l'ifle  de  S.  Félix. 

L'ISLE  DE  S.  ANTIOCHE.  Voyez  S.  Antioche. 

L'iSLE  DE  S.  ANTOINE  ou  Sa nt- Antonio, 
ifle  d'Afrique,  une  de  celles  du  Cap-Verd.  C'eft  la 
plus  feptentrionale ,  &  la  plus  occidentale ,  à  fix  lieues 
de  S,  Vincent,  latitude  nord,  17  d.  19',  &£  8  d.  2/  de 
longitude  ,  oueft  du  Cap-Verd. 

Cette  ifle  n'a  que  deux  ports  qui  puiffent  recevoir  les" 
vaiflèaux  à  l'ancre.  Le  meilleur,  appelle  Terrafal ,  eft  à 
l'oueft  de  l'ifle.  La  féconde  s'appelle  Praya-Simonc,  du 
côté  du  fud-eft.  L'ancrage  y  eft  commode  dans  les  tems 
favorables.  Les  vallées  font  très-fertiles  par  la  quantité 
de  ruiffeaux  ,  dont  l'ifle  eft  arrofée.  Elles  produifent  le 
maïs,  les  bananes,  les  plantains,  les  patates,  les  melons 
deau,  les  limons  &  du  vin  en  abondance.  Il  y  croît 
beaucoup  d'indigo  ;  le  coton  y  vient  auffi. 

La  ville  capitale,  appellée  auffi  S.  Antoine,  eft  vers 
le  milieu  de  l'ifle  entre  des  montagnes  ;  ce  qui  en  rend 
l'accès  fort  difficile.  Elle  contient  environ  cinq  cents 
habitans  capables  de  porter  les  armes  ,  outre  un  grand 
nombre  d'esclaves  Négrés.  Il  y  aune  paroiffe  ik  un  cou- 
vent deCordeliers  :  cette  ifle  appartient  au  marquis  Das 
Minhas,  qui,  tous  les  ans,  y  envoie  un  vaiffeau  pour  por- 
ter en  Portugal  les  revenus  de  fon  domaine.  *  Roberts , 
p.  4^0.  Froger,  p.  54.  Carte  des  ifles  du  Cap-Verd, 
par  N.Bellin,  1746. 

L'ISLE  DE  S.  AUBIN ,  petite  ifle  de  la  Manche , 
au  midi  de  l'ifle  de  Jerfey.  Il  y  a  un  fort  qui  porte  le  nom 
du  même  faint. 

L'ISLE  DE  S.  BARNABE,  ifle  de  l'Amérique, dans 
la  mer  du  Sud ,  l'une  des  ifles  Galapes  ou  Gallapagos. 

L'ISLE  DE  S.  BARTHELEMI,  ifle  de  l'Amérique, 
entre  les  Antilles,  près  de  l'Anguille  qui  eft  auxAnglois. 
L'ifle  de  S.  Barthelemi  eft  aux  François. 

L'ISLE  DE  S.  BORONDON  ,  ifle  fabuleufe,  que 
quelques-uns  placent  au  couchant  des  Canaries. 

L'ISLE  DE  S.  BRANDON  ,  ifle  de  la  mer  des  In- 
des ;  à  l'orient  de  l'ifle  de  Nazareth,  au  nord-oueft  de 
l'ifle  de  Rodrigue,  vers  le  16e  d.  40'  de  latitude  méri- 
dionale. 

L'ISLE  DE  S.  CLEMENT,  petite  ifle  de  la  mer  du 
Sud,  au  midi  oriental  de  l'ifle  de  Sainte-Catherine,  près 
du  port  de  la  Converfion  ,  fur  la  côte  occidentale  de 
Californie. 

L'ISLE  DE  S.  CRESPIN,  ifle  de  la  mer  du  Sud,  en- 
tre les  Marquifes  de  Mendoce.  Elle  eft  au  10e  d.  de  la- 
titude méridionale  ,  par  les  147  d.  30/  de  longitude. 
C  eft  la  plus  méridionale  des  quatre. 

I.  L'ISLE  DE  S.  CHRISTOPHE,  ifle  de  la  mer 
du  Sud  ,  Se  la  plus  méridionale  des  ifles  de  Salomon. 

1.  L'ISLE  DE  S.  CHRISTOPHE  ,  ifle  de  l'Amé- 
rique, entre  les  Antilles.  Voyez  au  mot  Saint,  l'article 
S.  Christophe. 

LES  ISLES  DE  S.  CYPRIEN,  ifles  de  l'Océan,  fur 
la  côte  feptentrionale  d'Espagne,  dans  la  Galice,  à  l'o- 
rient du  cap  de  même  nom ,  &c  au  nord  du  Cap-Bour- 
cel,  entre  Ribadeo  2>t  Vivero. 

L'ISLE  DE  S.  DOMINGUE.  Voyez  au  mot  Saint, 
l'article  de  Saint-Domingue. 


.  L'ISLE  DE  S.  EUSTACHE  ,  petite  ifle  de  l'Amé- 
rique. Voyez  au  mot  Saint,,  l'article  S.  Eustache. 

L1SLE  DE  S.  FELIX  ,  ifle  de  la  mer  du  Sud ,  fur 
la  côte  de  l'Amérique ,  au  nord  de  l'ifle  de  S.  Ambrone, 
vis-à-vis  de  la  féparation  du  Chili  &  du  Pérou. 

ISLES  DE  S.  GAERIEL,  dans  l'Amérique  méridio- 
nale ,  dans  Rio  de  la  Plata,  au-deffiis  de  Buenos-Ayres, 
&  vis-à-vis  de  l'embouchure  de  l'Uruguay  dans  ce  grand 
fleuve.  Elles  font  affez  bien  boilées,  &  on  y  trouve  un 
affez  bon  port  ,  &  plufieurs  mouillages  ;  mais  elles  ne 
font  point  peuplées. 

1.  L'ISLE  DE  S.  GEORGE,  petite  ifle  de  la  mer 
du  Sud  ,  entre  les  ifles  de  Salomon  ,  au  midi  de  i'Ifle- 
Ifabelle. 

2.  L'ISLE  DE  S.  GEORGE,  ifle  d'Afrique,  auprès 
de  Mofambique.  Voyez  Mosambioue. 

L'ISLE  DE  S.  GRÉGOIRE  ,  ifle  de  l'Océan  occi- 
dental ,  fur  la  côte  d'Irlande  ,  entre  la  grande  ifle  d'Aa- 
ron  &  la  petite  ,  à  l'entrée  du  golfe  de  Galloway.  Le 
pafiage,  qui  eft  entre  cette  ifle  ck  la  grande  ifle,  eft  nommé 
Passe  de  S.  Grégoire. 

L'ISLE  DE  S.  HELIER,  petite  ifle  de  la  Manche,  au 
midi  de  l'ifle  de  Jersey.  Il  y  a  un  fort  qui  porte  le  nom 
du  même  faint. 

L'ISLE  DE  S.  HONORAT.  Voyez  Lerins. 

1.  L'ISLE  DE  S.  JACQUES,  petite  ifle  d'Afrique  ; 
près  de  l'ifle  de  Mosambiqoe.  Voyez  ce  mot. 
'     x.  L'ISLE  DE  S.  JACQUES.  Voyez  Jago. 

1.  L'ISLE  DE  S.  JEAN.  Voyez  Saint-Jean. 
,  2.  L'ISLE  DE  S.  JEAN ,  ifle  de  l'Amérique  fepten- 
trionale, dans  le  golfe  de  S.  Laurent ,  au  nord  de  l'A- 
cadie. Cette  ifle  eft  fur  la  route  de  l'ifle- Percée.  On 
en  paffe  à  la  vue  ,  félon  la  rencontre  des  vents.  Il  ne 
faut  cependant  pas  en  approcher  de  près  ;  car  toute  la 
côte  du  côté  de  la  baie  n'eft  que  fable  ,  avec  des  bat- 
tures  à  plus  d'une  lieue  au  large.  Cette  ifle  a  bien  vingt- 
cinq  ou  trente  lieues  de  longueur,  fur  une  lieue  de  lar- 
geur au  milieu.  Elle  eft  à-peu-près  de  la  figure  d'un 
croiffant ,  &  pointue  des  deux  bouts.  Le  côté  qui  re- 
garde la  terre  ferme ,  eft  bordé  de  rochers  ,  &  forma 
deux  anses,  où  deux  ruiffeaux  viennent  fe  décharger  dans 
la  mer.  Des  barques  y  peuvent  entrer ,  y  ayant  dedans 
des  espèces  de  petits  havres.  De  ce  côté-là  les  bois  y 
font  très- beaux  ,  &  ce  qu'il  y  a  de  terre  y  paroît  bon. 
Du  côté  qui  regarde  la  grande  baie,  il  y  a  auffi  deux  ha- 
vres ,  d'où  fortent  deux  petits  ruiffeaux  ;  mais  les  en- 
trées font  fort  plates,  quoiqu'il  y  ait  affez  d'eau  dedans. 
L'on  y  a  entré  autrefois  avec  des  vaiffeaux  affez  grands, 
mais  il  falloit  tout  décharger  en  rade,  porter  tout  à  terre, 
&  ne  laiffer  de  left  que  pour  foutenir  les  vaiffeaux  ;  en- 
fuite  on  les  couchoit  fur  le  côté,  comme  pour  leur  don- 
ner carène ,  &  on  les  remorquoit  dedans  avec  des  cha- 
loupes. On  n'y  peut  plus  entrer  à  préfent ,  les  entrées 
étant  bouchées  Se  le  risque  trop  grand  ;  ce  qui  les  obli- 
geoit  d'aller  là ,  étoit  l'abondance  du  poiffon  qui  eft  à 
cette  côte.  La  marée  entre  bien  avant  dans  certains  en- 
droits de  cette  isle;  ce  qui  fait  de  grandes  prairies  &  plu- 
fleurs  étangs.  En  tous  ces  lieux-ïà  le  gibier  y  abonde  , 
il  s'y  trouve  force  pâturages.  Il  y  a  des  cariboux  qui 
font  une  espèce  d'orignaux.  Ils  n'ont  pas  le  bois  fl  puif- 
fant ,  le  poil  en  eft  plus  fourni  &  plus  long  ,  ck  font 
presque  tout  blancs.  Lé  goût  en  eft  excellent ,  la  chair 
en  eft  plus  blanche  que  celle  de  l'origuac  ;  mais  il  y  en 
a  peu,  les  Sauvages  les  trouvent  trop  bons  pour  les  laif- 
fer croître.  Cet  animal  a  la  cervelle  partagée  en  deux 
par  une  toile ,  qui  forme  comme  deux  cervelles.  *Denist 
Descr.  de  l'Amer,  fept.  /.  1 ,  c.  8. 

L'ISLE  DE  S.  JUST,  isle  des  Pays-bas ,  dans  la  pro- 
vince de  Zélande  ,  à  l'orient  méridional  de  l'isle  de  Val- 
cheren  ,  devant  le  canal  de  Middelbourg. 

L'ISLE  DE  S.LAURENT.  Voyez  Madagascar: 

L'ISLE  DE  S.  MANDÉ ,  isle  de  France  ,  fur  la  côte 
de  Bretagne,  au  couchant  des  isles  de  Bréàt. 

LES  ÏSLES  DE  S.  MARCOU ,  isles  de  France  ,  en 
Normandie,  fur  la  côte  orientale  du  Cotantin.  Il  yen  a 
deux ,  dont  la  plus  occidentale  eft  nommée  YIslc  d'A- 
mont ;  Se  la  plus  proche  du  continent  s'appelle  l'Isa 
d'Aval:  Cette  dernière  eft  fort  petite. 

L'ISLE  DE  S.MARTIN,  isle  de  l'Amérique,  en- 
tre les  Antilles  ,  &C  l'une  des  islés  fous  le  vent,  au  fud- 
oueft  de  l'isle  de  S.  Barthelemi.  Elle  eft  partagée  entre 


j<5q 


ISL 


ISL 


les  Françoise*  lesHollandois,  félonie  P.  Labat,  Voya- 
ges aux  isles  de  L'Amérique,  t.fr,  p.  293.  De  l'Ifle  y 
met  les  François  feulement. 

L'ISLE  DE  S.  MATHIEU  ,  isle  d'Afrique  ,  par  le 
Soe  d.  de  longitude ,  &  par  le  ie  d.  de  latitude  méridio- 
nale. Elle  eft  déferte  &  inhabitée. 

1.  L'ISLE  DE  S.  MICHEL ,  petite  isle  de  l'Amérique 
feptentrionale  ,  dans  la  partie  occidentale  du  Lac-Supé- 
rieur ,  au  Canada. 

2.  L'ISLE  DE  S.  MICHEL.  Voyez  au  mot  Mont, 
l'article  le  Mont  S.  Michel. 

L'ISLE  DE  S.  MICHEL  DU  VERDELET,  petite 
isle  de  France  ,  en  Bretagne  ,  dansl'évêché  de  S.Brieu., 
près  du  bourg  de  Pleneuf. 

L'ISLE  DE  S.  NICOLAS  ,  isle  de  France  ,  en  Bre- 
tagne ,  dans  la  Loire ,  au-deffous  de  l'Isle-Martiniere , 
vis-à-vis  de  Buzay. 

L'ISLE  DE  S.  PAUL ,  isle  de  la  mer  du  Sud,  vers  le 
261e  d.  de  longitude,  &  fous  le  15e  d.  de  latitude  méri- 
dionale. 

L'isle  de  S.  Paul  eft  une  petite  isle  de  l'Amérique 
feptentrionale ,  à  l'entrée  du  golfe  S.  Laurent,  dans  la 
Nouvelle  France  :  ce  n'eft  guères  qu'un  rocher  fort 
élevé  ,  entre  lequel  &  l'Isle-Royale  ,  il  y  a  un  paffage 
d'environ  deux  lieues,  pour  entrer  dans  ce  golfe.  *  Notes 
du  P.  Charlevoix. 

L'ISLE  DE  S.  PHILIPPE  ,  isle  des  Pays-bas ,  dans 
la  province  de  Zélande  ,  au  nord  de  l'isle  de  Tolen  ; 
au  fud-oueft  de  l'isle  de  Duyveland,  &c  au  midi  d'O- 
verflakée.  ,    „   , 

1.  L'ISLE  DE  S.  PIERRE,  isle  de  la  mer  du  Sud. 
Magellan  la  découvrit  en  1510  ;  &  quatre-vingt-dix  ans 
après,  Fernand  de  Quiros  en  découvrit  plufieurs  autres , 
qui  font  rangées  fur  une  espèce  de  ligne  de  l'oueft-nord- 
■oueft  à  l'eft-fud-eft. 

2.  L'ISLE  DE  S.  PIERRE,  isle  de  la  mer  du  Sud, 
l'une  des  Marquifes  de  Mendoce  ,  au  midi  de  la  Domi- 
nique   &  au  couchant  feptentrional  de  S.  Crespin. 

3.  L'ISLE  DE  S.  PIERRE  ou  S.  Pedro,  isle  delà 
-mer  Méditerranée ,  au  midi  de  la  Sardaigne ,  devant  le 
golfe  d'Igléfias.  Du  côté  de  la  grande  isle,  au  nord-eft, 
il  y  a  des  havres  où  l'ancrage  eft  bon. 

Les  isles  de  S.  Pierre  font  trois  petites  isles  de  l'A- 
mérique feptentrionale  ,  affez  près  de  la  côte  méridio- 
nale de  Terre-neuve  :  la  plus  occidentale  des  trois  ,  & 
qu'on  nomme  communément  ÏIsle-Maguelon  ,  eft  affez 
unie;  mais  elle  ne  paroît  guères  mieux  brifée  que  les deux 
autres ,  qui  font  plus  petites ,  &  ne  font  guères  que  des 
rochers  fort  élevés  ,  couverts  d'un  peu  de  moufle.  Ces 
trois  isles  font  fur  une  même  ligne  nord  &  fud  ;  du  côté 
de  l'isle  de  Terre-neuve  on  y  voit  quelques  terres  la- 
bourables ,  &r.  un  affez  bon  port ,  où  les  François  ont 
eu1  des  habitations.  On  affure  qu'on  a  trouvé  dans  ces 
isles  des  carrières  de  porphyre.  *  Notes  du  P.  Charle- 


LES  ISLES  S.  QUAY,  isles  de  France  ,  en  Breta- 
gne, près  d'un  village  de  même  nom,  dans  le  golfe  de 
S.  Brieu.  La  principale  fe  nomme  V Isle- Arbouse. 

L'ISLE  DE  S.  RIOU ,  petite  isle  de  France,  en  Bre- 
tagne ,  près  de  Plempol ,  au  midi  des  isles  de  Bréat. 

L'ISLE  DE  S.  SAUVEUR  ou  l'Isle  du  grand 
S.  Sauveur  ,  isle  de  France  ,  en  Bretagne  ,  dans  un 
enfoncement  où  font  plufieurs  autres  isles,  favoir,  l'isle» 
Blanche,  l'isle  de  Morvil ,  l'isle  de  Rabenec ,  l'Isle-Brû- 
lée  &  autres  qui  entourent  celle-ci  qui  eft  la  plus  grande, 
èc  fur  laquelle  il  y  a  le  château  de  Lan. 

L'ISLE  DE  S.  SEBASTIEN ,  petite  isle  de  l'Améri- 
que, fur  la  côte  méridionale  du  Brélil,  entre  l'isle  Grande 
&  Los-Santos ,  presque  fous  le  tropique.  Entre  l'isle  Se 
la  terre  ferme,  il  y  a  une  grande  rade  qui  eft  à  l'abri  dé 
tous  les  vents  ,  parce  qu'elle  eft  clofe  &  renfermée  par 
l'isle.  Elle  eft  remplie  d'arbres  fauvages.  *  Voyages  de 
la  comp.  Holl.  t.  2 ,  p.  g. 

L'ISLE  DE  S.  VINCENT.  Voyez  S.  Vincent. 

L'ISLE-SAINTE.  Voyez  Heiligeland. 

L'ISLE  DE  SAINTE -AGNÈS,  isle  d'Angleterre, 
entre  les  Sorlingues.  Voyez  SoRLINGUES. 

L'ISLE  DE  SAINTE-ALOUSIE.  Voyez  au  mot 
Sainte,  l'article  Sainte-Lucie  2. 

L'ISLE-SAINTE-ANNE,  isle  de  la  mer  du  Sud,  fur 
la  côte  occidentale  de  la  Californie ,  au  midi  du  cap  de 
S.  Auguftin. 


ï.  L'ISLE  DE  SAINTE-CATHERINE,  petite  isle 
de  l'Amérique,  fur  la  côte  duBréfil ,  au  nord  oriental  de 
l'isle  de  Reparo. 

2.  L'ISLE  DE  SAINTE-CATHERINE,  iste  delà 
mer  du  "Sud  ,  fur  la  côte  occidentale  de  la  Californie  , 
près  du  port  de  la  Converfion. 

1.  L'ISLE  DE  SAINTE-CLAIRE  ,  isle  de  l'Océan, 
en  Espagne ,  au  port  de  S.  Sebaftien. 

2.  L'ISLE  DE  SAINTE-CLAIRE,  isle  de  l'Océan, 
fur  la  côte  du  Bréfil  :  elle  eft  déferte  ,  &  il  n'y  a  que 
des  palmiers  &  peu  d'autres  arbres.  Elle  n'a  pas  plus 
d'une  lieue  de  tour  ,  &  n'eft  qu'à  une  lieue  de  la  terre 
ferme  ;  les  Portugais  en  font  les  maîtres. 

3.  L'ISLE  DE  SAINTE-CLAIRE  ,  petite  isle  de  la 
Nouvelle-France  ,  dans  le  détroit  du  lac  Erié  &  du  lac 
Huron ,  à  l'entrée  d'un  petit  lac  qui  porte  le  même  nom. 
Les  environs  font  fort  poiffonneux  ;  les  terres  y  font 
bonnes ,  &  elle  a  de  fort  beaux  pâturages. 

1.  L'ISLE  DE  SAINTE-CROIX,  isle  de  la  mer  du 
Sud ,  entre  les  isles  de  Salomon  fk  la  terre  Auftrale  du 
Saint-Esprit  ;  elle  s'étend  depuis  le  197e  degré  &c  quel- 
ques minutes  ,  jusqu'au-delà  du  200e ,  &  eft  fous  l'on- 
zième degré  de  latitude  méridionale  ;  au  fud-oueft  eft  le 
port  de  la  Gracieufe. 

2.  L'ISLE  DE  SAINTE-  CROIX  ,  une  des  petites 
Antilles  ,  &  la  plus  voifine  de  Paftovic.  Quelques-uns 
prétendent  qu'elle  eft  la  première  des  isles  de  Sottovento. 
Sa  longueur  eft  de  près  de  dix-huit  lieues ,  &  fa  largeur  de 
trois  ou  quatre.  Elle  eft  par-tout  habitable  Se  affez  unie, 
ce  qui  n'eft  pas  commun  aux  autres  isles  :  elle  eft  auffi  re- 
nommée pour  la  beauté  de  fes  bois  propres  à  la  teinture 
&  à  la  charpente  ;  mais  l'air  y  eft  mauvais  &  les  eaux 
mal-faines.  Les  Anglois  &  les  Hollandois  la  partagèrent 
d'abord  entr'eux.  Ils  s'y  brouillèrent  bientôt ,  &T.  les 
Hollandois  furent  contraints  de  céder  la  place.  Les  An- 
glois en  firent  chaffés,  à  leur  tour  ,  par  les  Espagnols  , 
fur  lesquels  les  François  la  conquirent,  en  iô'jO:  ils  s'y 
maintinrent  malgré  les  efforts  que  l'Espagne  fit ,  à  diver- 
fes  reprifes,  pour  les  en  chafler  ;  mais  les  habitans  y  étant 
presque  toujours  malades ,  le  roi  Louis  XIV  commanda, 
en  1695,  au  chevalier  des  Augiers ,  capitaine  de  vaif- 
feaux  ,  de  transporter  tonte  cette  colonie  au  Cap-Fran- 
çois de  S.  Domingue  6c  au  Port-de-Paix.  Le  comte  de 
Boiffy-Raimé,  qui  étoit  gouverneurde  Sainte -Croix, 
fut  déclaré  commandant  du  Câp-Frànçois  ,  en  confer- 
vant  le  titre  du  gouverneur  de  Sainte-Croix ,  qui  a  paffé 
à  tous  fes  fucceffeurs.  *  Le  P.  de  Charlevoix ,  Hift.  de 
S. Domingue,  l.  10. 

L'ISLE  DE  SAINTE-HELENE,  isle  de  l'Océan,  en- 
tre le  Bréfil  &  la  Cafrerie.  Voyez  Sainte-Helene.  i. 

1.  L'ISLE  DE  SAINTE-LUCIE,  dans  l'Amérique. 
Les  Espagnols  la  nomment  Santa-Lucia,  en  prononçant 
Vu  comme  ou,  ci  les  François  en  ont  fait  Sainte-Aloujie. 
Voyez  au  mot  Sainte,  l'article  Sainte-Lucie  2. 

2.  L'ISLE  DE  SAINTE -LUCIE  ,  isle  d'Afrique,' 
l'une  des  isles  du  Cap-verd.  Voyez  Sainte-Lucie  4. 

L'ISLE  DE  SAINTE  -  MARGUERITE  ,  isle  de 
France,  en  Provence,  dans  la  Méditerranée.  Voyez 
Lerins. 

L'ISLE  DE  SAINTE-MARIE ,  petite  isle  de  la  mer 
du  Sud ,  fur  la  côte  du  Chili ,  au  midi  du  port  de  là 
Conception. 

Il  y  a  plufieurs  isles  que  l'on  nomme  les  Saints  & 
les  Saintes.  Voyez  fous  ces  noms  leurs  articles  dans 
le  corps  de  cet  ouvrage. 

LES  ISLES  DE  SAISY,  petites  isles  de  France ,  fur 
la  côte  méridionale  de  l'isle  de  Groais ,  près  de  la  pointe 

L'ISLE  DO  SALE.  Voyez  l'Isle  du  Sel. 

L'ISLE-LA-SALE,  isle  de  l'Amérique  feptentrionale,' 
à  l'embouchure  du  détroit  de  Hudson.  Cette  isle  peut 
avoir  environ  trois  lieues  de  tour ,  &  forme  une  em- 
bouchure pour  entrer  dans  le  détroit.  Elle  eft  éloignée 
de  trois  lieues  de  l'isle  de  la.Réfolution.  Les  côtes  de 
cette  isle ,  ainfi  que  celles  de  tout  le  dé'roit  font  à  pic  , 
&  d'une  élévation  prodigieufe.  *  La  Potherie ,  Hift.  de 
l'Amer,  feptent.  t>.  60. 

L'ISLE  DE  SALGREN ,  petite  isle  de  France ,  era 
Bretagne ,  fur  la  côte  orientale  de  la  baie  du  Douarnenez, 
près  de  la  pointe  de  Salgren. 

L'ISLE  DE  SALISBURY,  nommée  par  quelques 
voya-r 


ISL 


ISt 


;[6î 


voyageurs  François  l'isle  -Salsbrê ,  eft  dans  l'embou- 
chure intérieure  du  détroit  de  Hudson  ,  &  à  trois  lieues 
à  l'eft-fud-eft  de  fisle  de  Notingham.  .La  mer  y  eft  baffe, 
fept  heures,  &  en  monte  fix.  Les  çourans  paroiflent  fud- 
eft-nord-oueft.  *  La  Pothcrie ,  Hift.  de  l'Amérique  fep- 
tentrionaie  ,  p.  70. 

LES  ISLES-SALTES,  isles  de  la  mer  d'Irlande ,  fur 
la  côte  du  comté  d'Wexford  ,  entre  le  cap  Carnarot  & 
l'entrée  d'Vaterford. 

LES  ISLES-SALURE,  isles  de  l'Océan  ,  fur  la  côte 
occidentale  d'Espagne ,  à  l'embouchure  de  Rio-Roxo , 
dans  la  Galice. 

L'ISLE  DE  SANDA,  isle  d'Ecoffe ,  l'une  des  Orca- 
des ,  au  nord  de  Stronza.  Elle  a  douze  milles  de  long     nées,  depuis 
&  huit  de  large.  Cette  isle  abonde  en  bétail  &  en  poil-     couvert   au  5 
fon  ;  mais  le  chauffage  y  vient  d'ailleurs.    H  y  a   deux, 
bons  havres.  *  Etat  préfent  de  la  Gr.  Beetagne  t  t.  2, 
p.  302. 

L'ISLE  DE  SÀNGUINARA ,  petite  isle  de  la  mer 
Méditerranée,  fur  la  côte  orientale  de  laSardaigne,  en- 
tre le  cap  de  Sam-Pedro  &  le  cap  Carbonera. 

L'ISLE  DE  SANTE ,  isle  de  la  mer  du  Sud  ,  entre 
les  Isles-Galapes  ;  elle  eft  au  fud-eft  de  l'tsle-au-DiableJ 
<k  à  l'oueft-nord-oueft  de  l'Isle-Mascarin. 

L'ISLE  DE  S,  ARC,  petite  isle  de  France,  fur  la  côté 
de  Normandie  ,,  à  deux  petites  lieues  de  l'isle  de  Gar- 
nelèy,  en  allant' vers  celle  de  jersey.  Elle  n'a  qu'un  vil- 
lage ,  &  appartient  aux  Anglois, 


:ôtè  ,  à  l'entrée  'du  golfe  Bukenfio 
a  deux  villages  à  lès  deux  extréb 
nord,  &  Grot-Varder ,  au  midi, 


lie  efl  longue 

fa  voir  No  tu , 

l'isle  nomme 

cette  isle  Schutenes. 

L'ISLE  DE  SCHUT,  isle  de  Hongrie,  dans  le  Da- 
nube qui  la  partage  encore  en  plusieurs  autres  isles.  Voyez 
les  articles  Schit. 

LES  ISLES-SEBALDËS,  isles  deîOcéan,  au  midi 
de  la  terre  Magellanique,  allez  près  du  détroit  de  Ma- 
gellan ,  à  l'orient  d'une  terre  que  l'on  n'a  pas  achevé 
de  découvrir.  Sebald  de  Weert,  Hollandois,'  qui  les  dé- 
couvrit erlh'JÇjO,  y  effuya  une  tempête  ,  ikon  crut  quel- 
les  étoient  feules ,  &  ce  n'eir  que  dans  ces  dernières  an- 
commencement  de  ce  fiécle,  qu'on  a  dé- 
:  d.  d'autres  isles  ,  que  Fréfïer  appelle 
Nouvelles-lsles  ;  &  De  rifle ,  Isles-Malouints ,  parce 
qu'elles  ont  été  trouvées  par  des  navigateurs  de  S.  Malo. 
Elles  accompagnent  une  isle  beaucoup  plus  grande  ,  de 
laquelle  on  n'a  pas  encore  parcouru  les  côtes.  Fréfier, 
Voyages,  t.  2,  p.  512,  dit:  ces  isles  font,  fans  doute, 
les  mêmes  que  celles  que  le  chevalier  Richard  Hawkins 
découvrit  en  1 593  ,  étant  à  l'eft  de  la  côte  déferte  ,  par  ■ 
les  50  d.  Il  tut  jette  par  la  tempête  fur  une  côte  incon- 
nue. Il  courut  le  long  de  cette  isle  ,  environ  Toisante 
lieues ,  &  vit  des  feux ,  qui  lui  firent  juger  qu'elle  étoit 
habitée.  Jusqu'ici ,  poursuit  cet  auteur ,  on  a  appelle  ces 
terres  les  Isles-Sebaldes  ,  parce  qu'on  croyoit  que  les 
trois  qui  portent  ce  nom  dans  les  Cartes  f  étoient  ainfi 


LES  ISLES-SAUVAGES,   dans  l'Amérique  fepten-     marquées  à  volonté,  faute  d'une  connoiffance  plus  par- 


trionale,  à  la  côte  du  nord  du  détroit  de  Hudson.  Elles 
font  à  une  ou  deux  lieues  de  la  terre  ferme  ,  qui  forme 
eh  cet  endroit  un  grand  enfoncement  ,  dont  l'embou- 
chure peut  avoir  quatre  à  cinq  lieues.  *  La  Potherie, 
Hift.  de  l'Amer,  fept.  p.  187. 

L'ISLE  DE  SCALINE,  petite  isle  d'Angleterre,  au 
pays  de  Galles  ,  dans  la  mer  d'Irlande  ,  à  l'entrée  du 
havre  de  Miltort. 

L'ISLE  DE  SCALPA  ,  petite  isle  d'Ecoffe ,  entre  les 
iY/efternes  ,  au  nord  de  Skie  ;  elle  a  cinq  milles  de  cir- 
cuit, ik  eft  fertile  en  bois,  en  bleds  &c  en  pâturages. 

L'ISLE  DE  SCATRIX ,  isle  d'Irlande ,  dans  le'Sh 
non, 
Den 

L'ISLE  DE  SCEPPEY.  Voyez  l'isle  de  Scheppey. 

LES  ISLES  DE  SCHAEPS,  isles,  ou  plutôt  écueils, 
iau  nord  de  la  côte  orientale  d'Irlande ,  près  de  l'isle  de 
Raghhng. 

LLsLE  DE  SCHELLING,  isle  de  la  mer  ^Allema- 
gne, au  nord  du  Zuider-Zée,  entre  l'isle  de  Vlieiand, 
&  l'isle  cfAmeland.  Il  n'y  a  qu'un  village  ik  quelques 
hameaux. 

LISLE  DE  SCHANI  ,  isle  de  l'Ecoffe  ,  l'une  des 
,Wefternes ,  au  midi  de  Flada. 


faite  ;  mais  le  vaiffeau  l'Incarnation,  commande  par  le 
fieur  Brignon  de  S.  Malo  ,  les  a  reconnues  de  près,  par  un 
beau  tems,  en  1711,  à  la  fortie  de  Rio- Janeiro.  Ce  font 
effectivement  trois  petites  isles,  d'environ  demi-lieue  de 
long,  rangées  en  triangle,  Stféparées  des  Isles-Nouvelles, 
au  moins  de  fept  à  huit  lieues. 

L'ISLE  DE  SÉGLE,  petite  isle  de  France,  en  Bre- 
tagne, fur  la  côte,  au  midi  de  l'entrée  du  havre  d'Abe- 
rilduc  ,  à  l'orient  du  village  de  S.Sebaftien,  Se  au  cou- 
chant des  isles  d'Oueffant. 

I.  L'ISLE  DE  SEL,  en  portugais  Ilha  do  Salé  ;  le 
traducteur  de  Dampier  la  nomme  Isle  de  Salé  ;  par  un 
ent  de  la  pointe  d'Alvaron ,  au  nord  de  l'isle-  mélange  de  François  &  de  Portugais  ;  isle  d'Afrique  en- 
tre les  isles  du  Cap-verd.  Elle  eft  de  16  d.  33'  de  lon- 
gitude plus  occidentale  que  la  pointe  du  Lézard,  en  An- 
gleterre. Elle  s'étend  du  nord  auiud,  huit  ou  neuf  lieues; 
la  largeur,  eft  d'une  lieue  &  demie,  ou  de  deux  lieues  tout 
au  plus.  Elle  tire  fon  nom  de  la  grande  quantité  de  fel, 
qui  s'y  forme  naturellement  ;  ck  toute  l'isle  eft  pleine  de 
grands  marais  falans  ;  le  terroir  y  eft  fort  ftérile ,  &  ne 
nourrit  que  quelques  miférables  chèvres  fort  maigres  & 
quelques  oifeaux  fauvages  ,  entr'autres  des  flamingcis.  Le 
roi  de  Portugal ,  à  qui  elle  appartient ,  comme  tous  les 
autres  du  Cap-Verd  ,  n'y  entretient  que  quelques  habi- 


L'ISLE  DE  SCHEPPEY,  isle -fur  la  côte  orientale  tans  noirs  comme  des  Nègres,  qui  ont  pourtant  l'ambi- 

d'Angleiterre  ,  au  midi  de  l'entrée  de  la  Tamife ,  à  l'o-  tion  de  vouloir  être  appelles  blancs.   Les  falines  ont  à- 

rient  de  l'IsIe-Harly.   Cette  isle  ,   dont  les  Anglois  écri-  peu-près  deux  milles  de  longueur.  *  Dampier,  Voyages, 

vent  le  nom  Sheppey,  eft  ainfi  appellée  du  mot  sliccp ,  t.  1  ,  p.  77.  Cowley,  Voyages,  c.  1. 
qui  lignifie  brebis  ;  &  elle  en  nourrit  beaucoup.  C'eft  la         Cette,  isle  n'a  ni  rocs  ni  bancs  de  fable  ,  qui  en  ren- 

Toliapis  dés  anciens.  QuÉENBOROUG,   c'eft-à-dire  dent  l'approche    difficile.    Cependant  l'ancrage  n'y  efl; 
le  bourg  de  la  reine ,  en  eft  le  chef-lieu  ,   6c  a  le  privi- 
lège d'envoyer  deux  députés  au  parlement. 

LES  ISLES  DE   SCHETLAND.    Voyez  Schet- 

XAND. 

L'ISLE  DE  SCHIEDAM ,  isle  d'Aiïé*  au  nord  de 
Java,  à  l'orient  de  la  pointe  feptentrionale  de  Java,  <k 
au  couchant  de  l'isle  de  Roterdam. 


;iffic 
pas  commode  dans  le  tems  des  pluies.  La  meilleure  rade 
eft  celle  qui  eft  devant  la  petite  ville  de  Palmera,  au  cou- 
chant de  l'isle.  Au  midi  de  Palmera,  il  y  a  un  autre  baie, 
appellée  Rabadijzink ,  dont  le  fond  n'eft  pas  trop  bon. 
2.  L'ISLE  DE  SEL,  isle  de  la  merdes  Jndes  ,  dans  le 
'détroit  de  la  Sonde,  latitude  6  d.  6'  ;  c'eft  la  plus  haute  & 
la  plus  ronde  de  toutes  les  isles  qui  font  à  l'entrée  des 


L'ISLE  DE  SCHIERMONIGOOG,  isle  de  la  mer  détroits  de  la  Sonde.  Sadiftance  jusqu'à  lapins  prochaine 

d'Allemagne,  au  nord  de  Dokum  .  entre  l'isle  d'Ame-  partie  de  l'isle  de  Sumatra,  n'tftque  de  quatorze  lieues, 

land  &  risle-Bosch;  1.  LES  SEPT  ISLES,  isles  de  France,  en  Bretagne, 

L'ISLE  DE  SCHOUTEN,  isle  de  la  mer  du  Sud,  fur  lacôtedel'évêché  de  Tréguier.  Voyez Sept-Isles.  i. 

au  nord  de  la  nouvelle  Guinée  ,  à  un  degré  de  latitude  2.  LES  SEPT-ÎSLES  ,  isles  de  l'Amérique  feptentrio-' 

méridionale.    Elle  eft  ainfi  appellée  du  nom  d'un  navi-  nale ,  au  Canada  ,  dans  la  rivière  de  S.  Laurent,  à  l'oueft- 

gateur  Hollandois ,  qui  la  découvrit  eu  1616.  Prononcez  nord-oueft  d'Anticofti. 

Scaute.  l  LES  SEPT-FRERES,  isles  de  la  mer  des  Indes, 

LES  QUINZE  ISLES  DESCHOUTEN,petitesisles  au  nord-oueft  de  l'isle  de  Banca,  &  à  l'orient  de  l'isle 
de  la  même  mer  ,  à  l'orient  de  la  Nouvelle  Bretagne  ,  à 


Leur 


l'eft-nord-oueft  des  vingt  isles  d'Ohon; 
a  la  même  origine. 

L'ISLE  DESCHOWEN,  isles  des  Provinces-Unies, 
dans  la  province  de  Zélande.  Voyez  ScHOVtN. 

L'ISLE  DE  SCHVRITENES  ,  isle  de  Norvège,  fur 


de  Sumatra. 

2.  LES  SEPT-FRERES  ou  Sept-Irmaos,  petites 
isles  de  la  mer  des  Indes,  vers  le"  86e  d.  de  longitude,  Se 
vers  lé  3e  ou  le  4e  d.  de  latitude  méridionale. 

LES  SEPT-SCEURS  font  fept  autres  isles  de  la  même 
mer ,  fituées  au  couchant  de  ces  dernières. 

Terne  111.      B  b  b  b 


Sôt 


ÏSL 


ISL 


L'ISLE  DE  SERMOY,  petite  isle  de  la  côte  occi- 
'dentale  d'Irlande ,  à  l'entrée  de  la  baie  de  Kilmare,  dans 
la  province  de  Munlîer. 

L'ISLE  DE  SERPENTERA  ,  ifle  de  la  Méditerra- 
née ,  fur  la  côre  orientale  de  Sardaigne ,  au  fud-fud-eft 
du  cap  de  Carbonera. 

LES  ISLES  DE  SERRANA,  ou  les  Isles  des  Per- 
les ;  ce  font  trois  ifles  de  la  mer  du  nord.  Voyez  Ser- 
Rana. 

L'ISLE  DE  SEVENBERGÈ ,  îfle  de  la  mer  Balti- 
que ,  aux  confins  de  la  Curlande  &  de  la  Samogitie , 
à  l'embouchure  de  là  rivière  d'Upiffa. 

L'ISLE  DE  SHEPPEY.  Voyez  l'Isle  de  Schep- 

PEY. 

L'ISLE  DE  SHERKE  ,  ifle  de  l'Océan,  à  la  pointe 
méridionale  d'Irlande  ,  près  du  cap  Clare. 
L'ISLE  DE  SIAPINS.  Voyez  l'IsledeShapinska\ 
LES  ISLES  DE  SIBBLE.    Dampier  appelle  ainfi  à 
fa  manière  les  Isles  SebaldES.  Voyez  leur  article. 

L'ISLE  DE  SILIE ,  petite  ifle  d'Angleterre ,  au  ca- 
nal de  Briftol,  à  l'entrée  de  la  Severne,  près  de  l'ifle 
de  Barrey. 

L'ISLE  DE  SILMARSUND,  petite  ifle  du  golfe  de 
Bothnie ,  fur  la  côte  de  Finlande  ,  au  nord-oueft  du  port 
de  Chnftine-Stadt ,  au  midi  des  ifles  Querken. 

LES  ISLES  DE  SIZARGA,  ifle  de  la  côte  fepten- 
trionale  d'Espagne,  vis-à-vis  dû  village  de  Malpies,  en- 
tre la  Corogne  &  la  pointe  de  Couarmes.  Il  y  en  a 
deux  ;  la  plus  occidentale  eft  la  plus  grande. 
j  L'ISLE  DE  SKAGEN  ,  petite  ifle  de  Suéde,  dans 
l'Angermanie  ,  fur  la  côte  occidentale  du  golfe  de  Both- 
nie ,  vis-à-vis  de  Grunsund. 

L'ISLE  DE  SKARFUER ,  petite  ifle  de  la  côte  oc- 
cidentale du  golfe  de  Bothnie  ,  fur  la  côte  de  la  Caïa- 
nie  ,  au  fud-fud-oueft  du  port  de  Chriftine-Stadt. 

L'ISLE  DE  SKAROA  ,  ifle  d'Ecoffe,  l'une  desWes- 
ternes ,  au  nord  de  la  pointe  orientale  de  Jura. 

L'ISLE  DE  SKIE,  ifle  d'Ecoffe,  une  des  Weftèrnes 
au  nord  de  celle  de  Mull.  Elle  a  quinze  à  feize  lieues 
d'étendue  du  nord-oueft  au  fud-eft.  Il  y  a  fept  montagnes 
&  plufieurs  lacs  fort  poiffonneux  ;  elle  eft  fertile  en 
grains.  Le  fils  du  Prétendant  y  débarqua  en  174^. 

L'ISLE  DE  SMULLEN,  petite  ifle  fur  la  côte  occi- 
dentale de  Norvège ,  au  nord  de  Ramsfiord. 

L'ISLE  DU  SOLEIL  ,  petite  isle  de  l'Amérique  mé- 
ridionale ,  dans  là  mer  du  nord ,  à  l'embouchure  de  la 
rivière  des  Amazones,  à  quatorze  lieues  au-deffous  de 
Pava.  Elle  en  a  dix  de  circuit. 

L'ISLE  DE  SOLOR.   Voyez  Solor. 

LES  ISLES  DE  SOMMER.  Voyez  Bermudes. 

L'ISLE  DE  SORGHOLM  ,  ifle  du  golfe  deLivonie, 
au  couchant  de  l'embouchure  de  la  rivière  de  Pernau, 
au  nord  oriental  de  l'ifle  de  Mano. 

L'ISLE  DE  SOUFRE.  Voyez  Ivogasima. 

L'ISLE  DE  SOULISKER,  ifle  d'Ecoffe  ,  l'une  des 
'Wefternes  ,  à  quelques  milles  de  Rona  ;  c'eft  un  rocher 
dans  la  mer  ,  qui  eft  plein  d'oifeaux  de  mer ,  &  fur-tout 
de  ces  oies  qu'on  appelle  folan  -  goofe  ;  ce  qu'il  y  a  dé 
plus  remarquable  ,  c'eft  l'oifeau  qu'on  appelle  colk ,  qui 
s'y  trouve.  Il  eft  plus  petit  qu'une  oie  ;  fes  plumes  font 
de  différentes  couleurs.  Il  a  fur  la  tête  une  touffe,  comme 
celle  d'un  paon  ,  &  fa  queue  eft  plus  longue  que  celle 
d'un  coq.  *  Etat  préfent  de  la  Grande-Bretagne  ,  t.  2, 
p.  202.  « 

L'ISLE-SOURIS  ,  petite  ifle  de  France,  en  Bretagne, 
au  levant  de  la  grande  ifle  de  Bréhat. 

L'ISLE  DE  SOUTH  RONALSA  ou  la  Ronalsa 
DU  Sud,  pour  la  diftinguer  d'une  autre  ifle  de  Ronalsa 
qui  eft'plus  au  nord  ;  ifle  d'Ecoffe  ,  entre  les  Orcades. 
Elle  eft  au  midi  de  l'ifle  de  Pomona ,  a  fix  milles  de 
long  &  cinq  de  large ,  &C  eft  fertile  en  bleds  &  en  pâ- 
turages ;  &  il  y  a  deux  paroiffes.  Vers  le  nord,  elle  a  un 
bon  havre  ;  mais  au  midi,  on  trouve  les  Pentland-Skre- 
ries  qui  font  des  rochers  dangereux.  *  Etat  prifmt  de  la. 
Grande-Bretagne,  t.   2,  p.  301. 

L'ISLE  DE  SOUTHOLM,  isle  de  Danemarck,  dans 
le  détroit  du  Sond,  entre  l'isle  d'Amack  ,  qui  ^l  voi- 
ftne  de  Coppenha^ue,  &  Malmut  qui  eft  dans  la  Schoone. 
_  L'ISLE  DE  SPIK.EROOGH  ,  petite  isle  de  la  mer 
d'Allemagne ,  dans  la  Frife  orientale  ,  à  l'embouchure 
duWefer,  au  levant  de  Laugeroogh,  &au  CÛUchant  de 
!w  angeroogh. 


L'ISLE  DE  SPRO  ,  petite  isle  du  Danemarck  ,  au 
couchant  de  l'isle  de  Séland ,  au  levant  de  l'isle  de  f-  une, 
ÔC  au  nord  de  Langeland. 

L'ISLE  DE  STOKFUND  ,  isle  de  Norvège  ,  fur 
la  côte  occidentale  de  Norwége,  au  nord  de  l'Euriland, 
&  au  fud-oueft  des  isles  de  Nomendal. 

L'ISLE  DE  STRENSKAREN,  isle  de  Suéde,  fur 
la  côte  occidentale  du  golfe  de  Bothnie  ,  à  l'embou- 
chure de  la  rivière  de  Jevera. 

L'ISLE  DE  STROMO,  isle  entre  les  isles  de  Féro, 
dont  elle  eft  la  plus  grande.  Elle  eft  au  nord  de  l'isle  de 
Sandoé ,  &  au  fud-oueft  de  l'isle  d'Oftroé. 

L'ISLE  DE  STREONES  ou  de  STronza  ,  isle 
d'Ecoffe.  Vovez  Stronza. 

L'ISLE-SUBUI,f  petite  isle  de  Suéde,  fur  la  côte  de 
la  Gothie ,  à  l'entrée  du  port  de  Wefterwic. 

L'ISLE-SUDEROÉ  ,  l'une  des  isles  de  Féro  ,  &:  la 
plus  grande  de  celles  qui  font  au  midi  ;  elle  eft  fort  ha- 
chée ,  &  pleine  de  golfes  ,  &  gît  au  midi  de  l'isle  de 
Sandoé.  Le  milieu  de  cette  isle  eft  par  les  11  d.  45' 
de  longitude ,  &  par  les  6 1  d.  30'  de  latitude. 
.  L'ISLE  DE  SUNTE ,  en  Anglois ,  The  Sunte  Ifland, 
ifle  d'Angleterre  ,  dans  la  rivière  de  l'Humbre.  Il  y  a 
des  personnes  fort  âgées ,  qui  fe  fouviênnent  d'avoir  vii 
fortir  de  la  mer  l'ifle  dont  il  s'agit  ici.  Ce  n'étoit  d'a- 
bord qu'une  grande  étendue  de  iàble ,  qui  ne  paroiffoit 
que  lorsque  la  marée  étoit  baffe.  Enfin  l'an  1666,  il  fe 
forma  une  ifle  qui  fut  en  état  de  réfifter  à  la  violence 
dés  flots.  Le  colonel  Gilby ,  à  qui  le  roi  la  donna ,  eut 
foin  de  la  faire  environner  de  digues  ;  &  elle  produifit 
en  peu  de  tems  de  bons  pâturages  pour  les  beftiaux.  On 
a  fait  de  grandes  dépensés  pour  conserver  cette  ifle  ;  car 
outre  les  digues  on  y  a  creufé  des  canaux  profonds  par 
où  l'ean  de  la  mer  entre  &  fort.  *  Mémoires  lit  ter.  delà, 
Grande-Bretagne,  t.  2,  p. 400. 

Cette  ifle  a  neuf  milles  de  circuit.  _  Elle  éft  fituée  à 
deux  milles  de  la  province  d'Yorck  ,  &  à  quatre  milles 
du  comté  de  Lincoln.  Le  terroir  en  eft  gras  &  fertile , 
&  produit  de  bonne  herbe ,  du  bled  &  du  foin.  On  y 
voit  de  grands  troupeaux  de  gros  moutons,  dont  la  laine 
eft  plus  fine  que  celle  des  moutons  du  pays  voifin.  On 
y  voit  auflï  beaucoup  de  gibier  ,'  &  une  infinité  de  la- 
pins :  leurs  peaux  paflént  pour  les  plus  belles  d'Angle- 
terre. 

Il  n'y  a  que  trois  familles  dans  cette  ifle  ;  mats  les 
habitans  ne  font  jamais  trop  folitaires  ;  car  ils  y  voient 
un  grand  nombre  d'ouvriers  &  de  laboureurs  ,  qui  y 
vont  continuellement.  M.  Gilby  eft  le  propriétaire  de 
cette  ifle  :  il  en  tire  un  revenu  annuel  de  plus  de  huit 
cents  livres  fterling.  Si  elle  étoit  érigée  en  paroiffe ,  la 
dîme  des  agneaux ,  de  la  laine  ,  des  lapins ,  &c.  feroit 
un  affez  bon  bénéfice.  Elle  n'a  été  unie  à  aucune  pa- 
roiffe. 

L'ISLE  DE  SWEDERO  ,  isle  de  Suéde,  fur  la  côte 
occidentale,  dans  la  province  de  Halland  ,  auprès  de 
Torékoua. 

L'ISLE  DE  SVINOÉ  ,  isle  entre  les  isles  de  Féro, 
au  nord-eft  ;  au  levant  de  Widro  &  de  Bordo ,  &  au 
midi  de  Fuloé. 

L'ISLE  DE  SYLO,  petite  isle  de  Danemarck,  dans 
le  détroit  de  Belt ,  au  couchant  de  l'isle  de  Wédéro. 

L'ISLE  DE  SYLT ,  isle  de  la  côte  d'Allemagne , 
fur  la  côte  duSlefVig,  au  midi  de  l'isle  de  Rom,  au 
nord  de  l'isle  û'Amron ,  &  au  couchant  d'Iorfand.  L'an- 
crage eft  au  nord  de  la  côte  orientale  de  cette  isle.  Voyez 
Sylt. 

L'ISLE  DE  TABAGO,   isle  de  l'Amérique,   dans 
la  mer  du  nord,  entre  les  Antilles.  Voyez  Tabaco  2; 
L'ISLE  DE  TABOGA ,  petite  isle  de  la  mer  du  Sud, 
affez  près  de  Panama.  Voyez  Taboga. 

L'ISLE  DE  TABOGILLA  oudeTABOGiLCA.petite 
ifle  de  la  mer  du  Sud,  au  nord-oueft  de  Taboga  ,  dont 
elle  eft  féparée  par  un  petit  canal.  On  peut  paifer  entre 
deux ,  en  cas  de  befoin  ;  ,mais  on  doit  l'éviter ,  s'il  eft 
poffible  ,  parce  qu'il  y  a  des  bancs  àl'entour,  qui  font 
même  fouvent  à  -fée  ;  &  (i  vous  trouvez  que  le  courant 
vous  y  entraîne,  foit  qu'il  faffe  calme  ou  non,  il  faut 
laiffer  tomber  l'ancre.  *  Supplément  du  Voyage  deJFoo-  I 
des  Rogers,  p.  18. 

Dampier  ajoute  :  il  y  a  une  autre  petite  ifle  pleine-     Il 
de  bois,  à  environ  un  mille,  au  nord-oueft  de  Taboga,     I 


l'SL.  . 


&  un  bon  canal  qui  les  fépare  ;  je  n'ai  jamais  fu  que 
cette  ifle  ait  eu  de  nom.  C'eft,  fans  cloute,  la  même  que 
le  Supplément  cité  ci-devaiit  appelle  O coque.  .      . 

L'ISLE  DE  TALAO  ,  isle  d'Afie  ,  dans  l'Océarï 
oriental  ,  au  midi  de  l'isle  de  Mindanao  ,  au  levant 
de  l'Isle-Sanguin  ,  ck  au  nord-nord-oueft  de  l'isle  de  Gi- 
lolo. 

L'ISLE  DE  TANGOLA ,  petite  ifle  de  la  mer  du 
Sud ,  fur  la  côte  de  Guaxaca  ,  dans  la  Nouvelle  Espa- 
gne ,  à  une  lieue  ou  environ  de  Guatulco.  Elle  eft  haute, 
&;  l'ancrage  y  eft  bon.  Cette  ifle  eft  paffablement  pour- 
vue de  bois  ck  d'eau  ,  ck  eft  environ  à  une  lieue  de  la 
terre.  Les  terres  qui  font  vis-à-vis  de  l'ifle,  font  affez  hau- 
tes près  de  la  mer.  C'eft  un  pays  plat,  à  pâturages;  mais 
deux  ou  trois  lieues  plus  avant ,  il  eft  plus  exhaufle  ck 
'  plein  de  bois. 

L'ISLE  DE  TARIFFA  ,  isle  d'Espagne ,  à  l'entrée 
du  détroit  de  Gibraltar.  Voyez  Tariffe. 

L'ISLE  DE  TASCON  ,  petite  isle  de  France ,  en 
Bretagne ,  dans  le  Morbian ,  au  diocèfe  de  Vannes ,  à 
l'embouchure  de  la  rivière  de  Noyalo. 

L'ISLE  DE  TATIHOU,  isle  de  France,  en  Nor- 
mandie ,  aux  nord-oueft  des  isles  de  Saint-Marcou,  près 
de  la  côte  ,  Se  du  port  de  la  Hougue. 

L'ISLE  DE  TAVEC  ou  Tavée  ,  isle  de  France, 
fur  la  côte  de  Bretagne ,  à  l'entrée  du  port  de  Penoue  , 
félon  les  Côtes  de  France  parTaflîn,  &  la  Bretagne  de 
MM.  Sahson.  Le  Neptune  François  n'en  parle  point. 

L'ISLE  DE  TÉNÉR1FE.  Voyez  Ténérife  ;  c'eft 
«ne  des  Canaries. 

L'ISLE  DU  TERRAY,  isle  de  France,  en  Gasco- 
gne, fur  la  gauche,  en  entrant  dans  la  baie  d'Arcafïbn. 

L'ISLE  DE  TERRE-NEUVE.  Voyez  Terre- 
Neuve. 

L'ISLE  DE  TERTHALTENS  ,  petite  isle  de  l'O- 
céan ,  près  du  cap  de  Home  ,  fur  la  côte  orientale  de 
la  terre  de  Feu.  *  Voyages  de  la  Compagnie  Helian- 
doife,   t.  5,  p.  34. 

L'ISLE  DE  TEUHIEC,  petite  isle  de  France,  en 
Bretagne,  au  levant  de  l'ifthme  qui  joint  la. presqu'isle 
de  Quiberon  au  continent. 

L'ISLE  DE  TEXLE,  petite  ifle  des  Pays-bas,  dans 
la  mer  du  nord.  Elle  eft  très-rameufe  à  caule  de  fa  fitua- 
tion  Se  de  fa  rade.  Comme  elle  eft  à  l'embouchure  du 
Zuider-Zée,  à  dix-huit  lieues  d'Amfterdam,  c'eft  laque 
les  vaiffeaux  chargés  pour  Amfterdam  ,  attendent  le  vent 
ou  la  marée  pour  entrer  dans  cette  petite  mer,  au  fond 
de  laquelle  Amfterdam  eft  fituée  ,  &  lés  vaiflëaui  qui 
partent  de  ce  fameux  port,  attendent  au  Texel ,  que  les 
vents  leur  permettent  de  partir,  foit  pour  les  Indes,  (bit 
pour  les  autres  pays  auxquels  ils  font  deftinés.  Voyez-en 
une  description  plus  étendue  au  mot  Texel. 

L'ISLE  DE  THANTE,  ifle  de  la  côte  orientale 
d'Angleterre,  dans  la  province  de  Kent,  au  midi  de 
l'entrée  de  la  Tamife.  Elle  a  titre  de  comté ,  Se  Stonar 
en  eft  le  port  de  mer  Se  le  chef-lieu.  C'eft-là  que  les 
Saxons  prirent  terre,  lorsqu'ils  s'établirent  dans  ce  pays. 
Elle  a  environ  huit  milles  de  longueur  Se  fix  ou  fept  mil- 
les de  largeur. 

L'ISLE  DE  THORNAY,-  isle  de  la  côte  méridio- 
nale d'Angleterre ,  dans  la  province  de  Suffex  ,  à  l'o- 
rient de  l'isle  de  Haling,  Se  au  couchant  de  l'entrée  du 
port  de  Chichefter. 

L'ISLE  DE  TIMOR  ,  l'une  des  Moluques.  Voyez 
Timor. 

L'ISLE  DE  TIRE-JY,  isle  d'Ecoffe ,  entre  les  Ves- 
ternes.  Voyez  Tire-Jy. 

L'ISLE  DE  TITAN,  la  même  que  l'Isle  de  Le- 
vait ,  la  plus  orientale  des  isles  d'Hières.  Voyez  Hiè- 

RES. 

LES  ISLÈS  DE  TITELIS,  petites  isles  d'Amérique, 
au  fond  de  la  baie  de  Hudson  ,  au  nord  de  l'isle  de 
Charleftown. 

L'ISLE  DE  TOBASCO ,  ifle  de  l'Amérique  ,  dans 
Ja  baie  de  Campèche ,  où  elle  eft  formée  par  la  branche 
orientale  de  là  rivière  de  Saint-Pierre  &  de  Saint- Paul, 
qui  va  le  perdre  dans  la  rivière  de  Tobasco.  Elle  a'douze 
lieues  de  long  ,  Se  quatre  de  large  au  feptentrion  ;  du 
moins  on  compte  quatre  lieues  depuis  la  rivière  de  Saint- 
Pierre  Se  de  Saint-Paul ,  jusqu'à  l'embouchure  de  celle 


.  ...ISL".  s6i 

(je  Tobasco  ;   &  le  rivage  s'étend  à  l'eft  ck   à  l'oueft. 
"  Dampur  ,  .Voyages  ;  t.  3  ,  p.  161. 
,  L'ISLE  DE  TOLARÉ  ou  Tavolaro  ]  isle  de  la 
mer  Méditerranée,  fur  la  côte  orientale  de  Saidaigne, 
au  midi  de  l'entrée  du  golfe  de  Terra-Nova. 

L'ISLE-TGLBER ,  petite  isle  de  France  ,  en  Bre- 
tagne, dans  l'évêché  de  Saint-Brieu,  à  l'extrémité  du  Sil- 
lon ,  5e  au  nord-oueft  de  Saint-Mandé. 

L'ISLE  DE  TOLEN  ou  Ter-Tolen,  isle  desPro- 
vmces-Unies;  dans  la  province  de  Zélande.  Voyez  To- 

LEN. 

L'ISLE  DE  TOME,  isle  de  France,  fur  la.  côte  de 
Bretagne,  dans  l'évêché  de  Tréguier  ,  au  couchant,  & 
a  une   petite,  lieue  Se  demie  de  Saint- Gueltas. 

L'ISLE  DES  TONNELIERS  :   c'eft 
l'Isle  de  Kuyper. 

L'ISLE  -TORO  ,  écueil  au  mjdi  de  la  Sardaigne  , 
voifin  d  une  petite  isle  nommée  la  Vacca ,  c'eft-à-dire 
le  taureau  ck  la  vache.  Voyez  au  mot  Taureau 

L'ISLE  DE  LA  TORTUE.  Voyez  Tctue' 

LES  ISLES  DE  T.OUSQUET;  dans  "l'Amérique 
leptentnonale,  dans  le  golfe  de  Saint-Laurent,  entre  l'isle 
de  Miscou  Se  la  baie  des  Chaleurs.  Ces  isles  font  au 
nombre  de  deux  ,  l'une  grande  Se  l'autre  petite.  Ce  ne 
font,  a  proprement  parler,  que  des  platins  ou  bancs  de 
fable,  dont  une  partie  afféche  de  batte  mer.  A  la  grande 
isle  il  y  a  cependant  deux  endroits  où  les  navires  pê- 
cheurs peuvent  mouiller.  Il  faut  entrer  par  la  baie  des 
Chaleurs  pour  y  aller  ;  Se  l'on  trouve  deux  canaux,  dont 
1  un  va  à  un  bout  de  l'isle,  ck  l'autre  à  l'autre.  Lesvais- 
feaux  y  mouillent  affourchés  fur  des  cables.  Cette  grand 
isle  a  quatre  à  cinq  lieues  de  tour.  Elle  a  deuv  <Zar,A, 


la  même  que 


de  tour.  Elle  a  deux  grandes 


leurs  échafauds  :  ils 


,  is  ont  de  la  grave  ck  des  vigneaux  pour 
faire  fecher  leur  poiflon.  La  pêche  y  eft  très-bonne  ; 
le  hareng  fur-  tout  6k  le  maquereau  y  donnent  à  foi- 
fon.  Il  s'en  prend  quantité  aux  échafauds,  quoiaue  la  plu- 
part de  la  côte  ne  foit  que  fable  Sk  petits  cailloux  que 
la  mer  roule  au  bord ,  ck  qui  forme  ce  qu'on  appelle  la. 
grave  propre  à  fécher  le  poijfon  ;  en  quelques  endroits 
le  tout  eft  roches.  Pour  les  bois ,  la  plus  grande  partie 
font  des  fapins  ;  ck  dans  le  milieu  de  l'isle  il  fe  trouve  de 
beaux  arbres.  *  Denis ,  Description  de  l'Amérique  fep- 
tèntrionale  ,'  t.  ï  ,  c.  s. 

La  petite  isle  Tousquet  n'eft  pas  fi  grande  pour  l'éten- 
due de  la  terre  Se  le  bois  ;  mais  pour  le  refte  ,  c'eft 
presque  la  même  chofe.  La  chafle  eft  bonne  dans  tou- 
tes ces  isles  qui  font  environnées  d'anses  ck  de  prairies, 
où  le  gibier  trouve  force  pâture.  Les  côtes  font  bordées 
de  rofiers,  pois  ck  framboifes  fauvaees. 

LISLE  DES  TRAITRES,  isles  de  la  mer  du  Sud, 
au  levant  de  la  terre  Auftrale  du  Saint-Esprit  ,  entre 
l'isle  de  Bonne-Esperance  ck  les  Vingt-Isles.  Elle  eft  ha- 
bitée  par  une  nation  qu'un  roi  gouverne. 

LES  ISLES  DU  TRÉPIED,  isles  de  la  mer  du  Sud, 
par  le  183e  d.  de  longitude,  ck  par  les  19  d.  de  latitude  - 
méridionale  ;  elles  font  au  nombre  de  trois ,  placées  en 
triangle,   comme  les  trois  jambes  d'un  trépied. 

L'ISLE  DE  TRÉVORS  ,  isle  de  France  ,  en  Breta- 
gne ,  à  l'occident  de  l'isle  de  Garo ,  ck  au  fud-eft  des 
roches  de  Portsal ,  près  du  port  de  même  nom. 

L'ISLE  DE  TRIELEN  ,  isle  de  France ,  fur  la  côte 
de  Bretagne  ,  entre  l'Isle-Molène  ck  l'isle  de  Beniguet, 
au  couchant  de  l'Isle-Quemenès. 

L'ISLE  DE  LA  TRINITÉ.  Voyez  Trinité. 

L'ISLE  DE  TRISTAN  ,  petite  isle  de  France  ,  en 
Bretagne  ,  dans  la  baie  de  Douarnenez ,  au  midi ,  à 
l'entrée  du  port  de  Poldavid. 

i.L'ISLE-TRISTE  ,  isle  de  la  mer  des  Indes.  ,  fé- 
lon l'observation  de  Dampier,  Voyages,  t.  1 ,  p.  150; 
elle  eft  à  4d.  de  latitude  méridionale,  à  environ  quatorze 
ou  quinze  lieues  de  l'occident  de  l'isle  de  Sumatra.  Elle  n'a 
pas  un  mille  de  circuit  ,  ck  eft  fi  baffe  que  le  flux  la 
couvre  entièrement.  Le  terroir  eft  fablonneux  ck  plein 
de  cocotiers.  Les  noix  font  petites  ,  Se  cependant  d'afïez 
bon  goût ,  pleines  ck  très-pefantes  pour  leur  groflèur. 

i.  L'ISLE-TRISTE  ou  l'Isle-Trist,  isle  de  l'A- 
mérique, dans  la  baie  de  Campèche,  à  l'oueft  de  l'isle 
de  Port-Royal.  Voyez  Trist. 

L'ISLE  DE  TROMO  ,     petite  isle  de  Norvège , 
tome  III,    Bbbbij 


y  64 


ÎSL 


ÏSL 


i  gouvernement  d'Aggerhus ,  au  nord  de  l'isle  de  Mar- 
doé. 

L'ISLE  DE  TUDY,  isle  de  France  ,  en  Bretagne  , 
au  diccèfe  de  Quimper,  &  au  nord  oriental  du  viliage 
de  Tudv,  à  l'embouchure  de  la  rivière  du  Pont-Labbé. 

L'ISLE -TUGIN,  petite  isle  d'Afie  ,  dans  l'Océan 
oriental ,  à  trois  lieues  de  l'Isle-Formofe.  Les  Hollan- 
dois  là  nomment  Y  Isle  du  Lion  d'Or ,  à  caufe  que  l'é- 
quipage d'un  de  leurs  vaiffeaux  ,  ainfi  nommé  ,  y  fut 
maffacié  par  les  infulaires. 

LES  J.SLES-TURBES,  appelléès  par  lesAnglois Is/e*     Verd.  '•■•.,_ 

Virus,  font  des  isles  de  l'Amérique  féptentrionale,  dans         L'ISLE  DE  VEUVRE;  Taffin  ,   dans  fes  Cartes  des 
le  détroit  de  Hud  on.  Elle  Ce  trouvent  à  l'eft  du  cap  de     côtes  de  France,  nomme  ainfi  une  isle  de  Bretagne,  à 
Diegues,  à  dix-fept  lieues  en  dedans ,   &  au  61e  d.  55',     l'embouchure  de  la  Charente.    Le  Neptune  François  la 
&  40  d.  8'  de  variation  nord-oueft.  * La  Pêcherie,  Hift.     nomme  \' Isle- Madame. 
de  l'AmfT.  fept.  p.  73.  LES  ISLES  D'ULIASSER  ,  petites  isles  voifines  de 

LTSLE-TURRIF,   isle  d'Ecofte  ,   Tune  des  "Wefter-     l'isle  d'Amboine  ,    entre  les  Moluques.    Chacune  a  un 
nés,  au  nord-nord  eft  d'Ila  ,  au  couchant  de  Mull ,   &c     nom  particulier,  favoir, 
au  lud-oueft  deKol;  c'eft  la  même  que  l'isle  de  Tire-jyi 


ï.  L'ISLE-VERTE  ,  petite  isle  de  l'Océan  oriental 
aux  Philippines  ,  félon  Baudrand. 

x.  L'ISLE-VERTE  ,  petite  isle  de  France,  en  Breta- 
gne ,  au  levant  de  la  grande  isle  de  Bréhat ,  au  midi  de 
Saint-Mandé. 

3.  L'ISLE-VERTE,  petite  isle  de  l'Amérique,  dan6 
le  fleuve  S.  Laurent,  &  aflez  proche  de  la  côte  du  Sud, 
avec  unboii  mouillage  ;_  elle  eft  vis-à-vis  de  Tadotfffac. 
*  Notes  du  P.  Charlevoix. 

LES  ISLES-VERTES.   Voyez  les  Isles  du  Cap- 


Hatua,  Tuahàj 
Ihemaho  &  Neuselao. 


dans  l'Etat  préfent  de  la  Grande  Bretagne, 

L'ISLE  DE  TUSELET,  petite  isle  de  France,  en 
Bretagne,  au  fud-oueft  de  l'isle  de  S.  Mandé. 

L'ISLE  DE  T  U  LOVERA  ,  isle  de  France  ,  en  Bre- 
tagne ,  dans  là  rivière  de  S.  Paul  de  Léon ,  au  fud-eft  dé 
la  pointe  de  Pempoul. 

L'ISLE  DE  TYLO ,  petite  isle,  fur  la  côte  occident 
îale  clé  Suéde  -4  au  couchant  de  la  ville  de  Holmftad, 

qui  eft  de  la  province  de  Halland  ,   &  au  nord  de  l'isle     dre  (ous  le  fort  d'Amboine  ,  avec  toutes 
de  Swlde  b;  .  .  lorsqu'ils  (ont  ma.idés  par  le  gouverne 


Les  Noirs  de  ces  quatre  isles  portent  le  nom  de  Chrè- 
tiens  ,  &  mangent  pourtant  de  la  chair  de  leurs  enne- 
mis ,  quand  ils  les  peuvent  prendre.  Ils  font  lous  la  dé- 
pendance de  la  compagnie  Hollandoife  ,  &  obligés, 
comme  tous_  (es  autres  vaftaux,  de  venir  lérvir  64  (e'ren- 
caracores, 
Les  habitans 


L'ISLE- A-VACHE  ^  petite  isle  de  l'Amérique,  dans  de  ces  isles  font  clivifes  tn  OLifîvas   &   Olilimas.   Ce 

la  mer  du  Nord  ,  &  fur  la  côte  méridionale  de  l'isle  de  font  des  noms  de  factions-,  comme  ont  été  autrefois  en 

S.  Domingue,  du  co  é  du  couchant.  Il  y  a  quelques  ha-  I'alie  lesGuelphes  &  les  Gibelins  ,    cV  comme  à  préfent 

bitations  de  français.   Voyez  au  mot  Vache.  en  Angleterre  les  Wighs  &  lesToris.   Les  Olilimas  font 

L'ISLE  DE  VACQUES  ,   petite  isle  au  Monomo-  Mahométans^  les  Qlifivas  font  Chrétiens',  Mdhométans 

tapaj  par  le  travers  du  cap  de  Sainte-Marie  ,  qui  efl  par  ék  Idolâirfes. 

les  16  d.  de  latitude.  La  Relarion  du  Voyage  de  G.  Spil-  I.  A  Hatua,  il  y  a  quatre  races  d'Olilimas  qui  peu- 

berg  aux  Indes  orientales,  observe  avec  raifon,  quelle  Vent  mettre  fur  pied  neuf  cent  cinquante  hommes,  tous 

n'eft  point  inarquée  fur  les  Cartes;                                   ,  Mahométans.  Il  y  a  quatre  races  d'Olifivas-,  deux  Chré- 

L'ISLE  DE  VADER-SMITH,  isle  d'Afie ,  au  nord  tiennes  &  deux  Idolâtres  qui  peuvent   mettre  fur  pied 

de  l'isle  de  Java  ,  au  nord-eft  de  Batavia  ,  au  midi  orien-  cinq  cents  hommes, 

taie  de  l'isle  de  Lpydeti.  x.  A  Tuaha  i  il  y  a'  deux  races  d'Olifivas,    qui  font 

L'ISLE  DE  VALABREGUE,  isle  de  France,  fur  deux  cents  vingt  hommes ,  tous  Idolâtres. 

le  Rhône  ,  à  trois  lieues  au-deffous  d'Avignon;   il  y  a  3-  A  Ihemaho,  il  y  a  quatre  races  d'Olilimas,  qui  font 


elle 


a  environ  trots  lieues 


un  village  appelle  de  même  ; 
de  circuit. 

L'ISLE  DE  VALLOT ,  isle  d'Angleterre  ,    dans  là 
province  d'Eflex,  au  couchant  de  Foulnefs. 

L'ISLE  DE  VARELLA.  Voyez  au  mot  PULO,  l'ar- 
ticle Pllo-Verella. 

L'ISLE  DE  VAY, 
Pulo-Vay 


quatorze  cents  hommes  ;  tous  Mahomé'ans  ,  tk  trois 
races  d'Olifivas  ;  qui  font  deux  cents  quatre-vingt  hom- 
mes ,  tous  Idolâtres. , 

4.  A  Neufelaho,  il  y  a  quatre  races  d'Olifivas,  qui  font 
fix  cents  hommes,  tous  Idolâires. 

C'eft  ce  qu'en  ditMatelief,  dans  fon  Voyage  imprimé, 
Voyez  au  mot  Pulo  ,  l'article    entre  ceux  delà  compagnie  Hollandoife,  t.  3,  p.  319, 

&ftq- 

L'ISLE -UBÎ,  isle  des  Indes,  à  quarante  lieues  à  l'oueft  L'ISLE   DE  VLIELAND  j  oii  Amplement  Vue  i 

de  Pulo-Condor,   précifément  à  l'entrée   de  la  baie  de  (prononcez  Flie,)  isle  des  Provinces-Unies,   dans  la 

Siam ,   à  une  pointe  de  terre  j    du  côté  du  fud-oueft  mer  du  Nord ,  à  l'embouchure  du  Zuider-Zée  ,  entre 

qui  forme  la  baie,   c'eft- à -dire  la  pointe   de   Cam-  l'isle  de  Texel  &  celle  de  Schelling. 

bodia.  Elle  a  environ  fept  ou  huit  lieues  de  circuit  ,  &  LES  ISLES  D'ULFFON,  isles  de  Suéde,  fur  la  côte 

le  pays  en  eft  plus  élevé  que  de  toutes  les  autres  isles  de  occidentale  du  golfe  de  Bothnie,  dans  la  province  d'An- 


Pulo- Condor.  Vis-à-vis  de  la  partie  méridionale  de 
cette  isle  ,  il  y  en  a  une  autre  petite  s  éloignée  de  la 
grande,  de  la  longueur  d'un  cable.  L'isle  d'Ubi  eft  pleine 
de  bois  ,  &  a  de  bonnes  eaux  au  feptentrion  où  l'on 
peut  mouiller  -,  mais  le  meilleur  ancrage  eft  du  côté  de 
d'orient ,   vis-à-vis   d'une  petite  baie  ,    après  quoi  vous 


fud-oueft  de  l'embouchure  de  la 


rivière 


germame  . 
de  Bygdo. 

L'ISLE  DE  VOORN  ,  isle  des  Provinces-Unies,  fur 
la  rive  gauche  de  laMeufe.  Voyez  VOORN. 

L'ISLE  DE  VOREN,  petite  isle  de  la  mer  d'Alle- 
fuf  la  côte  occidentale  du  duché  de  Sleswig, 


avez  la  grande  isle  à  votre  midi.  * Dampier,  Voyages ,  au  fud-eft  de  l'isle  de  Sylt  ;  c'eft  la  même  que  l'Isle  de 

1. 1,  p.  75.  Fora. 

L'ISLE  DE  VENISE,  ville  du  Comtat-Vénaiflin ,  à  L'ISLE  D'URCK,  petite  isle  des  Provinces-Unies, 

trois  lieues  &  demie  d'Avignon,  6*  à  trois  lieues  de  la  dans  le  Zuider-Zée,  à  trois  lieues  des  côtes  de  Frife. 

fatneule  fontaine   de  Vauclufe  ,    confidérable   pour  la  L'ISLE  D'US  EDO  M,  isle  de  la  mer  Baltique ,  dans 

beauté  de  fes   dehors  arroiés  par  fept  branches  de  cette  .  la  Poméranie,  à  l'embouchure  des  rivières  de  la  Pêne 

fontaine,   qui  forment  autant  de  petites  rivières   de  la  ci  de  l'Oder. 


largeur  de  trente  à  trente-cinq  pieds,  dans  lesquelles  on 
pêche  une  fi  grande  quantité  de  truites,  d'anguilles,  & 
iur-tout  d'écreviffes  ,  qu'on  en  fournit  à  vingt  lieues  à 
la  ronde. 

LES  ISLES  DU  VENT,  &  les  Isles  sous  lèvent. 
Voyez  Antilles. 

L'ISLE  DE  VERON ,  petit  quartier  de  France  ,  en    Brûlante  ,  qu 
Touraine  ,   entre    Chinon  &  Cande ,  &  la  rivière  de     ont  des  volcans. 
Loire  qui  y  reçoit  celle  de  Vienne  :    il  n'y  a  aucune        L'ISLE  DE  "WAGE  ,    l'une  des  isles  de  Féro  ,  au 
place  remarquable.  couchant  de  l'isle  de  Stromo. 


L'ISLE  DE  VULCAIN  ou  l'Isle  des  Volcans, 
isle  de  la  mer  des  Indes ,  vers  la  côte  de  la  Nouvelle 
Guinée.  Les  Hollandois  ,  qui  l'ont  découverte  ,  l'ont 
nommée  Montagne  brûlante,  en  leur  langue  BRANDEN- 
DEBERG  ,  parce  qu'il  y  a  quatre  montagnes  qui  jettent 
fouvent  des  flammes.  J'ai  remarqué  à  l'article  l'Isle* 
y  a  dans  cette  mer  plulieurs  isles  qui 


ISL 


ISM 


L'ISLE  DE  Y/ALNEY,  (  Allard  écrit^ALNEY,) 
jsle  d'Angleterre,  dans  la  mer  d'Irlande,  à  l'entrée  de 
la  baie  de  Lancaftre.  Elle  eft  longue  Se  s'étend  le  long 
de  la  pointe  qui  enferme  cette  baie  au  nord-oueil. 

L'ISLE  DE  WANGEROOGFL  petite  isle  de  la  mer 
du  nord,  fur  la  côte  d'Ooftfrife,  à  l'embouchure  de  la 
rivière  de  Jade ,  auprès  de  l'isle  de  Spikeroogh. 

L'ISLE  DE  WEDDY,  petite  isle  fur  la  côte  d'Ir- 
lande ,  au  fud-oueft ,  dans  la  baie  de  Bantry ,  devant 
le  port  de  Bantry. 

L'ISLE  DE  WÉDÉRO  ,  isle  de  la  mer  de  Dane- 
mark, au  nord  du  grand  Belt,  entre  les  isles  de  Sam- 
foé  &  de  Syro. 
LES  ISLES  WESTERNES.  Voyez  V/esternes. 
L'ISLEDE  V/EYRO,  petite  isle  du  Danemarck,  au 
nord  de  l'isle  de  Laland ,  &  au  couchant  de  celle  de. 
Féo. 

L'ISLE  DE  WIDRO,  l'une  des  isles  de  Féro.  Elle 
eft  fituée  au  nord  Sf.  à  l'eft  de  l'Isle-Bordo,  de  laquelle 
un  canal  fait  en  équière  la  fépare. 

L'ISLE  DE  WIERINGEN  ou  Vieringen,  petite 
isle  des  Provinces-Unies ,  dans  le  Zuider-Zée ,  au  nord 
de  Médenblick. 

L'ISLE  DE  VIGHT.  Voyez  Wight. 
.  L'ISLE  DE  V/OLFSUND  ,  petite  isle  de  Norvège, 
au  gouvernement  d'Aggerhus  ,  au  nord-oueft  du  port  Se 
de  l'isle  de  Fleckeren. 

L'ISLE  DE  V/OLLIN,  petite  isle  de  la  mer  Balti- 
que ,   dans  la  Poméranie  ,  à  l'embouchure  de  l'Oder. 

L'ISLE  DE  WROUWENEERG  ,  petite  isle  de. 
Suéde ,  dans  la  mer  Baltique  ,  près  de  la  côte  de  Sma- 
îand,  &  du  port  de  Wefterwyck. 

L'ISLE  DE  VIST  :  il  y  a  deux  isles  de  ce  nom  en- 
tre les  V/efternes.  On  les  diftingue  par  leur  fuuation. 
La  plus  feptentrionale  s'appelle  North-Wijl ,  Si  la  plus 
méridionale  Southwifl.  Elles  font  toutes  deux  au  midi 
de  l'isle  de  Lewis. 

North-Wiflh  ,  qui  en  eft  la  plus  proche  ,  a  environ 
neuf  milles  de  long  du  nord  au  fud  ,  &  trente  milles  de 
circonférence.  Ses  montagnes  à  l'orient  font  bonnes 
pour  le  pâturage,  &  fa  partie  occidentale  pour  le  bled. 
Elle  a  plufieurs  lacs  remplis  de  truites  &  d'anguilles  j 
&  même  de  poiffons  de  mer,  qui  y  font  portés  par  les 
grandes  marées.  Ces  lacs  ont  plufieurs  petites  isles ,  qui 
abondent  en  oifeaux  de  terre  Se  de  mer.  Entre  les  baies 
de  cette  isle ,  celle  de  Maddy  eft  la  plus  confidérable  , 
où  l'on  a  chargé  de  harengs  dans  une  faifon  jusqu'à  qua- 
tre cents  vaifieaux.  Dans  cette  baie  il  y  a  une  petite 
isle ,  où  le  roi  Charles  Ier  établit  un  magafin  pour  la  pê- 
che. Elle  produit  aufli  de  fort  grofles  huitres.  *  Etat  pré- 
fent  de  la  Gr.  Bretagne,  t.  i,  p.  x8}. 

South-Wijl  a  vingt  milles  de  long ,  Se  quatre  de  large. 
Elle  produit  à-peu-près  les  mêmes  chofes  que  North- 
Wift.  Il  y  a  un  lac  de  la  longueur  de  trois  mides ,  où 
la  mer  s'eft  ouvert  un  paflage,  quelques  efforls  que  les 
habitans  ayent  faits  pour  l'empêcher.  Ce  lac  eft  remar- 
quablepar  une  forte  de  poiflon,  lequel  reflemble  tout- 
à-fait  à  un  faumon,  hormis  que  fon  dos  eft  noir  Se  le 
ventre  blanc.  Les  habitans  de  ces  deux  isles  font  géné- 
îalement  bien  faits,  robuftes  Se  civils  aux  étrangers.  Il 
y  en  a  plufieurs  qui  vivent  jusqu'à  un  grand  âge.  Ils  par- 
lent Irlandois,  &  font  presque  tous  Catholiques  Romains. 
L'ISLE  D'YELL,  isle  entre  celles  de  Schetland,  au 
nord-eft  de  Mainland.  Elle  a  dix-huit  milles  de  long  ùe 
neuf  de  large.  Il  y  a  trois  églilès  &  diverses  chapelles. 

L'ISLE  DE  ZÉBU ,  l'une  des  Philippines.  Voyez 
Zebu. 

Je  né  donne  pas  cette  lifte  comme  un  catalogue  com- 
plet de  toutes  les  principales  isles  de  l'univers.  Ce  n'eft 
qu'une  ébauche  à  laquelle  il  faut  joindre  quantité  de  dé- 
tails qui  fe  trouvent  répandus  dans  un  grand  nombre 
d'articles,  Se  que  je  n'ai  pas  voulu  répéter  inutilement. 
On  peut  consulter  les  articles  de  1' 'Archipel  ,  des  isles 
Açores,  des  isles  Antilles,  des  Canaries,  des  isles  des 
Larrons  ou  isles  Mariannes  ,  des  isles  du  Japon ,  des 
Philippines  ,  des  Moluques ,  des  isles  de  Salomon  ,  & 
beaucoup  d'autres  inférés  dans  leur  lieu.  Ces  noms  col- 
lectifs renferment  de  grands  détails  auxquels  nous  ren- 
voyons. 

L'ISLE  DE  FRANCE  ,  contrée  &  province  de 
France ,  où  eft  Paris  capitale  du  royaume.  Ce  n'eft  pas 


Sa) 


une  isle  proprement  dite.  C'eft  un  diftricl  qui  a  plus  ou 
moins  d'étendue  ,    félon  les  divers  fens  dans  lesquels  il 
fe  prend.  Voyez  au.,  mot  France  ,  l'article  l'Isle  de 
France, 
ISLEBE.  Voyez  Eisslebèn. 

ISLET  ou  Islot  :  on  nomme  ainfi  les  isles  qui  font 
très-petites.  La  plupart  n'ont  point  de  nom. 

L'ISLET-AUX-ANGLOIS  ,   petite  isle  d'Afrique,  - 
en  Nigntie,  dans  la  rivière  de  Gambie,  à  douze  lieues 
au-deflus  de  fon  embouchure  dans  l'Océan;  LesAnglois 
y  ont  élevé  un  fort  en   forme  de  fer  à  cheval  pour  la 
iûreté  de  leur  commerce.  *Baudrand,  éclit  ijo<j. 

ISM  ou  LsEN  ,  ancien  bourg  d'Allemagne  ,  en  Ba- 
vière ,  entre  Freifingen  &  V,  afferbours  ,  fur  un  rui.^eaa 
de  même  nom  que  ce  bourg.  On  le"  nomme  en  latin, 
Isinisca  ou  Ysenisco.  U  y  a  une  collégiale  Se  une 
prévôté.  *  Zeyler,  Bavar.  Topogr.  p.  77, 

ISMAALI,"  ville  de  la  Befîarabie  fur  la  gauche  de  la 
branche  la  plus  feptentrionale  du  Danube  ,  à  douze 
lieues  au  couchant  de  Kilia.  Elle  eft  afîez  grande  Se 
peuplée  de  Valaques  ou  Moldaves. 

ISMAÉDA  :  Ortélius  lit  ainfi  dans  Etienne  le  Géo- 
graphe. L'édition  de  Bertius  porte  Ismaéla,  lcy.  '>,•/_  -, 
C'étoit  une  petite  contrée  de  l'Arabie.  Il  eft  clair  que 
ce  nom  vient  d'IsMAEL,  fils  d'Abraham  &  d'Agar. 

ISMAELITES  :  on  appelle  ainfi  dans  les  h'iftoires, 
tant  anciennes  que  modernes  ,  les  Arabes  qui  font  la 
poftérité  d'Ismaël  (a).  Sara  époufe  d'Abraham  ,  voyant 
que  Dieu  ne  lui  avoit  point  donné  d'enfans  (b),  pria 
ion  mari  de  prendre  Agar  fa  fervante,  afin  qu'au  moins 
par  fon  moyen  elle  put  avoir  des  enfans.  C'étoit  une 
manière  d'adoption  ,  dont  on  voit  encore  des  exemples 
dans  la  conduite  de  Rachel  &  de  Lia,  qui  donnèrent 
aufli  leurs  Cervantes  pour  femmes  à  Jacob  leur  mari 
afin  qu'elles  leur  donnaient  des  enfans  (c).  Agar  avant 
donc  conçu ,  commença  à  méprifer  Sara ,  fa  maîtrefîë. 
Celle-ci  s'en  plaignit  à  Abraham  ,  &  Abraham  lui  dit 
quelle  pouvoir  traiter  fa  fervante  comme  elle  jugeroit 
a  propos.  Sara  l'ayant  donc  maltraitée ,  Agar  s'enfuit 
Lange  du  feigneur  lui  apparut  dans  le  défert ,  &  lui  dit" 
retournez  à  votre  maîtreflë  ,  Se  humiliez-vous  fous  fa 
main  ;  vous  avez  conçu,  &  vous  enfanterez  un  fils  que 
vous  nommerez  Ismael,  c'eft- à-dire  :  le  Seigneur  a  écou- 
te1 ;  parce  que  le  Seigneur  vous  a  exaucée  dans  votre 
àffl.ction;  Ce  fera  un  homme  fier  Se  farouche  ,  dont  la 
main  fera  élevée  contre  tous,  Se  contre  qui  tout  le  monde 
aura  la  main  levée.  Il  dreflera  fes  tentes  vis-à-vis  fes 
frères ,  Se  il  occupera  le  pays  voifin  du  leur.  Agar  revint 
donc  à  la  maifon  d'Abraham,  &  elle  enfanta  un  fils, qui 
fut  appelle  Ismael. 

Quatorze  ans  après,  le  Seigneur  ayant  vifité  Sata,  Se 
Ifaac  étant  né  à  Abraham,  Ismaël,  qui  jusqu'alors  s'é» 
toit  regardé  comme  l'unique  héritier  d'Abraham ,  fe  vit 
déchu  de  fes  espérances.  Un  jour  Ifaac  étant  âgé  d'en- 
viron cinq  ou  lix  ans  ,  Ismaël  le  jouoit  avec  lui  d'une 
manière  qui  déplut  à  Sara  ;  &  elle  dit  à  Abraham  : 
chaflez  cette  fervante  avec  fon  fils  ;  car  Ismaël  ne  fera 
point  héritier  avec  mon  fils  Ifaac.  Abraham  trouva  cela 
dur  ;  mais  le  Seigneur  lui  ayant  dit  d'écouter  Sara,  il 
renvoya  Agar  avec  fon  fils,  en  leur  donnant  quelques  pro- 
vifions  pour  leur  voyage.  Agar  étant  partie  avec  fon 
fils  ,  alloit  errant  dans  le  défert  de  Bersabée;  &  l'eau 
qui  étoit  dans  le  vaiffeau,  qu'elle  portoit,  ayant  manqué, 
elle  mit  fon  fils  fous  un  arbre ,  &  s'éloigna  de  lui  à  la 
longueur  d'un  trait  d'arc  ,  difant  .'  je  ne  verrai  point 
mourir  mon  enfant.  Alors  Agar  ouit  une  voix  du  ciel 
qui  lui  dit  :  ne  craignez  point ,  le  Seigneur  a  écouté  là 
voix  de  l'enfant  du  lieu  où  il  eft.  Levez-vous,  prenez- 
le  ;  car  je  le  rendrai  père  d'un  grand  peuple.  Elle  fe 
leva,,  &  Dieu  lui  ayant  fait  voir  un  puits  ,  elle  en  tira 
de  l'eau  ,  ^  en  donna  à  fon  fils  ,  &  le  mena  plus  avant 
dans  le  défert  de  Pharan  ,  où  il  demeura.  Il  devint  ha- 
bile à  tirer  de  l'arc  ;  &  fa  mère  lui  fit  époufer  une  femme 
Egyptienne ,  dont  il  eut  douze  fils  (d)  ; 


Nahajoth  , 
Cédar, 
Abdéel  i 
Mahsam  , 
Masma  , 
Duma, 


Mafia, 

Hadad  ou  Hadar, 

Thema, 

Jethur, 

Naphis  Se 

Cedmai 


ÎSM 


$66 

II  eut  auffi  une  fille  nommée  Mahékth  ou  Safimath, 
Genef.  xxxvj ,  3  ,  qui  époufa  Elau ,  Genei.  xxvnj ,  9. 
Nous  avons  parlé  de  chacun  des  fils  d'Ismaël,  (ous  leurs 
articles.  '*  (»)  D.  Calma ,  Dift.  (b)  Genef.  xw),  l,  2, 
3,  ckc.  (c)  Genef.  xxx,  3  <k  9.   (*)  Genef.  xxv,  13,14. 

Des  douze  fils  d'Ismaël  font  forties  les  douze  tribus 
des  Arabes ,  qui  fubliftent  encore  aujourd'hui.  S.  Jé- 
rôme (a)  dit  que  de  fon  tems  les  Arabes  nommoient  les 
•cantons  de  l'Arabie  des  noms  des  diverses  tribus  qui  les 
habitoient.  Les  hiftoriens  profanes  donnent  aux  chefs 
des  tribus  des  Arabes  le  nom  de  Phylarques  ,  .&  j" 
Arabes  leur  donnent  le  nom  de  Scheich- Elkebir  (».). 
Les  descendans  d'Ismaël  habitèrent  le  pays  qui  eft  de- 
puis Hévila  jusqu'à  Sur.  Hévila  eft  vers  la  jonction  de 
rEuphrate  ck  du  Tigre  ;  ck  Sur  eft  du  côté  de  l'ifthme, 
qui  fépâre  l'Egypte  de  l'Arabie.  On  connoît  dans  l'his- 
toire les  descendans  d'Ismaël ,  fous  le  nom  général  àA- 
rabes  ck  d'Ismaélites.  On  connoit  en  particulier  les  Na^ 
bathéens,  les  Cédaréniens ,  les  Agarémens,  &c.  De- 
puis le  feptiéme  fiécle  ,  ils  ont  presque  tous  embraffé 
la  religion  de  Mahomet  ;  &C  nous  les  appelions  Turcs 
ou  Mufulmans.  Vovez  aux  mots  Bédouins  ,  Sara- 
2ins,  ckc.  *(a)  Êietonym.  Quéeft.  hebr.  m  Genel. 
(>>)  Voyez  Thevenot,  1.  il,  c.  32.,  part.  I. 

ISMANING,  bourg  d'Allemagne,  en  Bavière,  fur 
la  rive  droite  de  l'Ifer ,  à  deux  milles  &  un  quart  au- 
deffous  de  Munich ,  ck  à  trois  milles  ck  demi  au-deffus 
de  Freifingen.  Il  eft  dans  cet  évêché.  *  Zeyler  ,  Bavar; 
Topogr.  .         .       .       ,  • 

1.  1SMARA,  ville  d'Afie  ,  dans  la  petite  Arménie, 
auprès  de  l'Euphrate,  félon  Ptolomée  ;  mais  les  manus- 
crits portent  Sismara.. 

2.  ISMARA  ,  ancienne  ville  de  Thrace.  Virgile  t 
'jEnéid.  1.  10,  v.  351,  dit: 

Et  trts  quoi  lias  pater  &  pairia  lsmarà  mhtït: 

Sur  quoi  Servius  observe  que  cette  ville  prenoit  ce  norri 
du  mont  Ismarus.  Le  mot  Ismara  eft  ici  au  féminin  ;  il 
eft  neutre  dans  ces  vers  de  Virgile,  Georg.  1.  z ,  y.  37  : 

Juvat  Ismara  Baccho 
Conserere. 

Mais  on  y  parle  de  la  montagne ,  ck  non  pas  de  la  ville. 
Etienne  le  Géographe  nomme  cette  même  ville  Isma- 
ROS  ,  &.  dit  qu'elle  appartenoit  aux  Ciconiens.  Voyez 
le  pafTage  de  l'Odyflee  ,  rapporté  à  l'article  Ciconum 
Flumen. 

1.  ISMARUS  ou  Ismara  ,  au  pluriel,  montagne  de 
Thrace ,  félon  Virgile  ck  Servius  ,  cités  dans  l'article 
précédent.  La  Description  de  l'univers,  écrite  par  Scym- 
nus  de  Chio  ,  &  citée  mal-à-propos  fous  le  nom  de 
Marcïen  d'Heraclée,  porte  (vers6j<j,  p.  39.  Edit.Oxon.) 
que  les  Ciconiens  qui  demeuroiënt  alors  dans  l'Ismarus 
avoient  autrefois  habité  à  Maronée.  Il  paroît  cependant 
que  les  Ciconiens  occupoient  déjà  cette  montagne  dès 
le  tems  d'Homère.  Hefyche  a ,  fans  doute  ,  été  trompé 
par  cette  description  lue  trop  négligemment ,  lorsqu'il  a 
afftiré  que  Maronée  ck  Ismarus  étoient  une  même  ville. 
Pline,  I.4,  c.  11  ,  les  diftingue  très-bien  ;  ck  après  avoir 
nommé  Ismaros  ,  ck  quelques  autres  villes  ,  il  dit  que 
Maronée  étoit  nommée  auparavant  Ortagurea.  La  ville, 
ou  peut-  être,  la  montagne  ,  prit  fon  nom  à'Ismarus,  fils 
de  Mars  ck  de  Thraffa ,  félon  le  grand  Etymologique. 

2..  ISMARUS,  ville  de  Thrace.  Voyez  Ismara  2. 

1SMENE  ,  village  de  Béotie,  félon  Etienne  le  Géo- 
graphe, jElien,  VarlarA.  12,  c.  57,  nomme  ISMENUS 
une  ville  voifine  de  la  fontaine  Dircé. 

ISMENIUS.  Voyez  Ismenus  2. 

ISMENIUS  Collis  ;  colline  de  Grèce,  dans  la  Béo- 
tie, félon  Paufanias,  /.  9,  c.  10,  qui  dit  qu'elle  étoit 
consacrée  à  Apollon  qui  en  prenoit  le  furnom  à'Ismé- 

ISMENIUS-Fluvius.  Le  même  auteur  nomme  ainfi 
le  fleuve  Ismenus.  Voyez  Ismenus. 

ISMENIUS-Lucus,  bois  de  laBéotie,près  de  la  fource 
de  l'ISMENUS.  Voyez  cet  article. 

ISMENUS  ,  rivière  de  Grèce  ,  dans  la  Béotie  ,  où 
elle  coule  auprès  de  l'ancienne  Thèbes.  Plutarque  le 
Géographe,  deFluviis,  p.  3,  edic.  Qxon.  dit  qu'on  l'ap- 


ÏSN 


pelloit  autrefois  le  pied  de  Cadmus ,  Ks'<!)«  CT*V ,  &  là-  ' 
deflus  il  raconte,  à  fon  ordinaire  ,  une  petite  hiftoriette 
que  voici.  Cadmus  ayant  tué  à  coups  de  flèches  le  dra- 
gon, qui  gardoit  la  fontaine,  craignant  que  l'eau  n'en  fût 
empoifonnée  ,  il  parcourut  le  pays  pour  en  chercher  une 
autre, dont  il  pût  boire  fans  danger.  Etant  arrivé  à  l'an- 
tre Corycéën,  par  lé  fecours  de  Pallas,  il  enfonça  le  pied 
droit  dans  le  limon  ;  ck  quand  il  l'en  eut  retiré ,  il  en 
fourdit  une  rivière  ;  &  après  qu'il  eut  facrifié ,  on  l'ap- 
pella  le  pied  de  Cadmus.  (  Il  n'y  a  pas  grand  miracle  en 
cela  ;  le  pied  du  cheval  de  Charlemagne  fit  fourdre  de 
même  une  fontaine  à  Aix-la-Chapelle.)  Plutarque  conti- 
nue ainfi  :  peu  déferas  après  cela,  Ismenus ,  fils  d'Am- 
phion  ck  deNiobé  ,  étant  blefïé  par  une  des  flèches  d'A- 
pollon ,  ck  fouffrant  une  douleur  violente,  fe  précipita 
.dans  cette  rivière,  qui  en  prit  le  nom.  Paufanias  en  donne 
une  autre  origine.  Vous  voyez,  dit-il,  la  fource  qui  eft 
consacrée  au  dieu  Mars,  qui  en  avoit  confié  la  tjârde  au 
dragon.  Tout  auprès  eft  le  tombeau  de  Caanthe,  qui 
palle  pour  avoir  été  frère  de  Mélie ,  ck  fils  de  l'Océan. 
On  piélendque  fon  père  l'envoya  chercher  fa  fceur  Mé- 
lie, qui  avoit  été  enlevée:  il  apprit  qu'elle  étoit  au  pou- 
voir d'Apollon  ;  mais  n'ayant  pu  l'en  tirer,  il  mit  le  feu 
au  bois  d'Ismène ,  &  les  Thébains  affurent  que  ce  fut 
cette  action  qu'Apollon  punit  en  le  perçant  de  flèches. 
Il  a  donc  fon  tombeau  en  cet  endroit.  Pour  ce  qui  eft 
de  Mélie ,  Apollon,  fon  raviffeur,  en  eut  deux  fils ,  Te- 
ner  ck  Ismenius.  Il  donna  à  celui-ci  le  don  de  devi- 
ner ,^ck  la  rivière  prit  le  nom  à' Ismenius;  quoiqu'elle 
en  eût  un  autre  auparavant  ;  car  avant  qu'Isménius  fils 
d'Apollon  ,  fût  né  ,  la  rivière  s'appelloit  Ladon.  Orté- 
lius  croit  que  la  même  rivière  eft  nommée  Knopus  , 
KfaW ,  par  Strabon  ck  par  Nicandre.  La  fontaine  de 
Dircé  fe  jettoit  dans  l'Ismenus.  Cette  rivière  eft  une  de 
celles  qui,  coulant  vers  le  nord  de  Thèbes ,  entrent  dans 
le  lac  nommé  autrefois  Halica  ,  dans  là  Livadie,  ck  fe 
perdent  par  une  embouchure  commune  dans TEuripe, 
au  nord-oueft  de  Négrepont.  Baudrand  dit  que  le  nom 
moderne  eft  Ismeno.  ..    . 

ISMID,  Ischmit  ouIschmeT  :  quelques  moder- 
nes écrivent  aipfi  différemment  le  nom  que  porte  au- 
jourd'hui la  ville  de  Nicomédie  ,  en  Bithynie.  Paul 
Lucas  écrit  Schemit.  Voyez  NicomÉDIE.    . 

ISMUC,  petite  ville  d'Afrique,  à  vingt  mille  pas  de 
Zama.  Son  territoire  ne  peut  fouffrir  rien  d'empoifon- 
né.   C'eft  du  moins  ce  que  dit  Vitruve,   /.  8,  c.  3. 

ISNY ,  Isne  ou  Eisne  ,  ville  impériale  d'Allema- 
gne, enSuabe,  dans  J.'Algow;  elle  touche  au  petit  pays 
de  Buchenberg,  qui  appartient  à  l'abbé  de  Ketîipt  ;  elle 
eft  fituée  fur  le  ruifîèau  nommé  de  même  Isna ,  félon 
Zeyler,  Suev.  Topogr.  p.  43  ;  De  l'Ifle  n'y  en  marque 
point.  L'an  1106  ,  le  comte  Mangold  de  Véringen,  y 
fonda  une  abbaye  qui  prit  le  nom  d'Isna  du  ruiffeau. 
Après  fa  mort  les  gentilshommes  de  Walbourg  en  furent 
feigneurs.  Il  eft  certain  que  la  première  fondation  étoit 
encore  plus  ancienne,  èk  les  lettres  impériales  qui  la  con- 
firment font  de  l'an  1096  ;  mais  l'établiffement  s'en  fit,; 
l'an  que  nous  avons  dit.  La  ville  d'Isne  fut  brûlée , 
l'an  1 284 ,  ck  ensuite  rebâtie  ;  ck  l'abbaye  fut  comptée 
quelque  tems  entre  les  étatsde  l'empire ,  jusqu'à  ce  qu'eri 
1591,  le  15  Septembre,  les  feigneurs  de  Walbourg  re- 
connurent devant  la  chambre  de  Spire  ,  qu'elle  étoit 
exemte  dé  toutes  charges  ;  ils  en  furent  ensuite  les  pa- 
trons. Cependant,  l'an  1 641,  Jean,  abbé  d'Isrie,  fé 
trouva  à  la  diète  de  l'empire.  L'an  1350,  un  cràpaut  oii 
autre  bête  venimeufe  s'étant  gliffë  dans  la  marmite,  era- 
poifonna  fi  bien  les  viandes  qui  y  bouifloient,  que  l'abbé 
Henri  II ,  ck  tous  les  moines  en  moururent.  Dans  la 
cave  du  monaftere  on  a  trouvé  un  marbre  fur  lequel  il 
eft  fait  mention  des  empereurs  Septime  ,  Severe  tk  Au- 
rele-Antonin;  ck  il  y  eft  dit  qu'ils  ont  fait  raccommoder 
les  chemins  ck  les  ponts  de  ce  pays ,  depuis  Kempten 
jusqu'à  Isne  ;  car  la  route  de  l'Italie  au  Rin  pafloit  par 
Isne.  L'abbaye  donna  lieu  à  la  ville  de  s'aggrandir  avec  le 
tems,  après  que  l'ancienne  ville,  qui  étoit  un  peu  plus  loin 
vers  le  couchant  ck  plus  près  de  l'Arg,  entêté  détruite. 
On  a  voulu  dériver  fon  nom  de  la  déeffe  Ifïs,  qui  y  avoit, 
dit-on ,  un  temple.  Elle  a  dans  fes  armes  un  fer  à  che- 
val, ck  les  Allemands  appellent  eifen,  le  fer;  èk  Zeyler 
dit  que  ce  lieu  a  été  appelle  Ifenaw ,  &  ajoute  comme 
une  autre  raifon  ,  qu'il  y  a  eu  en  ce  même  endroit  des 


ÎSN 


ISP 


forges  où  l'on  travailloit  le  fer  ;  mais  il  en' revient  avec 
jraiien  à  la  première  origine  qui  eft  le  nom  du  raifieau 
Isna ,  dont  la  ville  a  tiré  le  fien.  Son  territoire  ne  pro- 
duit ni  vin  ni  bled  ,  mais  feulement  des  avoines  ,  des 
navets,  des  fèves,  du  lin  6k  des  jardinages.  On  tire  les 
,vins  du  lac  de  Confiance,  du  Rhin  6k  du  Necker ,  les 
grains  d'Ulme  ,  de  Memmingen  ,  de  "Waldsée  6k  de 
Leutkirch  ;  la  rivière  de  l'Arg  &  les  lacs  voifins  four- 
niffent  quantité  de  poillon.  Le  commerce  des  toiles  étoit 
autrefois  fi  floriftant ,  qu'on  y  en  fabriquoit  pour  cent 
cinquante  mille  florins.  L'an  1630,  une  compagnie  d'in- 
fanterie d'Impériaux  étant  venue  à  Isne  ,  6k  en  étant 
partie  pour  Kempten  allez  mécontente  ,  le  feu  y  prit  la 
nuit  fuivante  ,  6k  consuma  près  de  quatre  cents  maifons, 
la  pareille ,  les  écoles ,  la  maifon  de  ville  ,  l'abbaye  6k 
Elle  s'eft  rétabf 


5°7 

çhe  dans  le  lac  voifin,  de  toute  espèce ,  &  on  le  donne 
à  bon  marché.  •  .  . 

ISNIGIMIT  eft  ,  felcn  Baudrànd ,  le  nom  moderne 
de  Nicoraédie.  Voyez  NicomÉdie. 

ISOLA ,  ce  mot  en  italien  lignifie  une  ÎJle  ;  c'eft,  ou- 
tre cela  ,  le  nom  propre  de  divers  lieux. 

1.  ISOLA  ,  petite  ville  d'Italie,  du  royaume  de  Na- 
ples ,  dans  la  Calabre  ultérieure ,  avec  un  évêché  fuffra- 
gant  de  l'archevêché  de  fainte  Séverine.  On  l'a  ceinte 
de  murailles,  après  qu'elle  a  été  deux  fois  façcagée  par 
les  Turcs.  Elle  a  peu  d'habitans ,  &  eft  à  quatre  milles 
de  la  côte  orientale  de  cette  province  ck  du  golfe  de 
Caftelli,  à  fix  du  cap  de  Pufiuto,  ck  à  dix-huit  de  fainte 
Séverine  au  midi.  * Baudrànd,  éd.  1705. 

2.  ISOLA,  bourg  d'Italie,  au  royaume  de  Naples, 
fur  une  petite  ifle  du  Gari- 


autres  édifices  publics.    Elle  s'eft  rétablie  ;    6k  quoique  dans  la   terre  de  Labour 

petite ,  elle  fe  maintient  dans  la  qualité  de  ville  impériale,  gtan  ;    à    une   lieue    de  Sora  ,    6k  à  quatre  d'Aquind» 

qu'elle  acquit  fous  Charles  IV.-  ^Baudrànd,  éd.  1705. 

ISNIC,  ÏSNIQ  ou  ISNICH  ,  ville  de  la  Turquie,   en  3.  ISOLA,  bourg  d'Italie,  en  Iftrie,  fur  la  côte  du 

'Afie,   dans  la  Natolie,    où  elle  occupe  la  place  de  l'an-  golfe  de  Triefte,  à  cinq  milles  de  Capo  d'Iftria,  aucou- 

cienne  Nicée.  Tavermer,  Voyage  de  Perse,  t.  1  ,  c.  1,  chant.    Il  eft  aux  Vénitiens  ,   &  s'appelle  en  latin  Alie- 

en  parle  ainfi.  Une  partie  de  la  ville  eft  bâtie  fur  la  pente  tum  ou  Halieti  Cajlrum ,   6k  Cajlrum  Aquilce.  *  Baudr. 
d'une  colline,   6k  l'autre  dans  une  plaine  qui  va  jusqu'à 


la  mer,  qui  fait  clans  cet  endroit  un  cul-de-lac,  que  l'on 
appelle  le  golfe  d'Isnich.  Il  y  a  au  port  deux  moles  de 
grandes  pierres  de  taille,  &  trois  grands  clos  fermés  de 
murailles,  qui  font  comme  autant  d'arfenaux,  dans  lts- 
quels,  fous  de  longues  galeries ,  on  voit  quantité  de  bois 
dégrofïi  pour  bâtir  des  mailbns  ck  des  galères.  La  chaiTe 
étant  belle  aux  environs  de  la  ville,  &  fon  terroir  por- 
tant toutes  fortes  d'excellens  fruits  ck  de  très-bon  vin , 
Sultan  Amtirat  fit  bâtir  un  ferrail  au  lieu  le  plus  emi- 
nent ,  d'où  l'on  découvre  à  la  fois  la  mer  ck  la  campa- 
gne. Les  Juifs  occupent  la  plus  grande  partie  delà  ville, 
&  les  bleds  avec  le  bois  à  bâtir  font  leur  principal  né- 
goce. Quand  le  vent  eft  favorable,  on  peut  aller  par 
nier  de  Conftantinople  à  Isnich,  en  fept  ou  huit  heures, 
&L  le  trajet  n'eft  pas  dangereux.  Voici  ce  qu'en  dit 
Paul  Lucas  dans  fon  Voyage  de  l'Afie  mineure  ,  t.  1  , 

p.6<j:  je  fuis   persuade   que  fon   nom  eft  bien  moins     ruifïeau  qui  tombe  dans  la  Noguera  Pallavefa.   Elle  eft 
changé  que  fa  figure  ;   c'eft  quelque  chofe  de  pitoyable    au  fud-eft  ck  à  une  heure  de  chemin  d'Orcau.   LesRc 
que  de  voir  les  ruines  de  cette  ville  ,■■■•■■■' 
ifituée  fur  le  bord  d'un  lac,  qui  a  plus  d 


éd.   170^. 

4.  ISOLA  della  Scala,  gros  bourg  d'Italie,  dans 
l'état  des  Vénitiens,  au  Véronois,  à  dix-fept  milles  de 
Vérone.  Il  eft  riche  ck  peuplé  comme  une  ville  .  6k  il 
s'y  fait  un  très-grand  commerce  de  foie.  *  Corn,  D-ift.  - 

5.  ISOLA  Grande  ,  ifle  d'Italie  ,  entre  les  deux 
bouches  du  Tibre,  entre  la  ville  de  Porto  ck  celle  d'Oftie. 

6.  ISOLA,  rivière  d'Allemagne,  dans  l'évêché  de 
Bnxen.  Elle  y  prend  fa  fource  au  nord  ,  fur  les  confins 
de  l'archevêché  de  Saltzbourg,  pafTe  àWindisch-Matray, 
ck  fe  rend  dans  la  Drave  à  Lientz.  *  Robert  de  Vau.- 
gondy,  Atlas. 

ISOMANTUS,  rivière  de  Grèce,  dans  la  Béotie. 
Voyez  Hoplias. 

ISOMBRI.  Voyez  Insubres. 
.   ISONA  ,  petite  ville  de  Catalogne ,  da"ns  la  viguerie 
de  Lérida  ,  près  des  montagnes ,'  ck  de  la  fource  d'un, 


mains  1  appelloient  jEfona  ,  comme  il.paroît  par  cette 
inscription  : 

Fulvio.  Filio.  F.  Restituti, 
Filio.   CatuljE.  P.  jEsonensi. 

Le  P  fignifie  Patria.  On  y  trouve  quantité  de  pierres 
avec  des  inscriptions.  Elle  a  été  auflî  appellée  Jejfonia, 
ck  ensuite  Ifauna;   ck  l'hiftoire  du  dixième  fiécle  porte 


:lébre;  Elle  eft 
irante  milles 
de  tour  ;  fon  territoire  s'étend  dans  une  plaine  entourée 
ide  montagnes  ;  elle  a  encore  deux  enceintes  de  murailles, 
qui  font  munies  de  tours  très-fortes ,  faites  de  briques 
cuites ,  mais  la  plûpatt  ruinées  ;  il  y  en  a  quelques-unes 
carrées  ,  diftinguées  même  par  la  matière  dont  elles 
ont  été  bâties  ;  celles-ci  font  de  pierre  de  taille  ,  ck  des 
plus  greffes.  La  ville  a  en  tout  environ  fix  milles  de  cir- 
cuit ;  l'églife  des  Grecs  a  été  des  plus  fuperbes,  on  y  voit  que  les  Sarafins  la  faccagerent  l'an  964.  *  Marca  ,  His- 
encore  de  beaux  ouvrages  à  la  mofaïque  ;   ck  ce  fut  là  ,     panica,  l^  a,  p.  117. 


ISONDiE,  ancien  peuple  de  la  Sarma'ie  d'Afie,  fé- 
lon Ptolomée,  /.  5 ,  c.  9.  Ils  éioient  vers  la  mer  Cas- 
pienne. 

ISONOÉ  ,  'I<n>Voiïj  ancienne  ville  d'Afïyrie  ,  félon 
Ptolomée,  /.  6,  c.  1.  Les  manuscrits  portent  Ifons  , 
klecr» 

ISONTIUS  ,  nom  d'un  lieu  aux  confins  de  l'Italie. 
La  Chronique  de  Caflïodore  porte  qu'Odoacre  y  fut 
mis  en  fuite  par  Théodoric.  Ortélius  croit  qu'il  s'agit  de 
la  rivière  nommée  Natifon  par  les  anciens  ,  6k  que 
l'on  appelle  préfentement  Lifontio.  Le  nom  eft  Liçonzo. 

ISORIA ,  bourg  d'Epire ,  dans  le  territoire  d'Eurée, 
félon  Sozomene,  Hift.  ecel.  1.  7,  c.  2.6. 

ISOU,  ville  des  Indes',  dans  Fille  d'Amboine  ,  dont 
plupart  eft  falutaire.  Il  y  a  auprès  un  elle  eft  la  capitale  ,  félon  Corneille ,  Dicl.  Un  Voyage 
des  Hollandois  nomme  Itou,  ou  Iton  ,  Hitou,  ou  Hit- 
tou ,  une  petite  ville  maritime  de  la  même  ifle. 

ISPA ,  ville  de  la  petite  Arménie ,  félon  Ptolomée  , 
l.  5,  c.  7 ,  qui  la  met  vers  les  montagnes, 

ISPAHAN  ,  ville  de  Perse ,  dont  elle  eft  la  capitale. 
Les  Arabes  la  nomment  Esfàhan  :  Naffir  -  Eddin  la 
nomme  ainfi  6k  la  met  à  86  d.  40'  de  longitude  ,  6k  à 
31  d.  i1;'  de  latitude,  dans  le  troifiéme  ciimat.  Ulug- 
Beig  l'appelle  de  même  6k  lui  donne  la  même  pofition. 
Les  observations   nouvelles  confirment   la    latitude  dis 


difent  les  habitans  du  lieu  ,  que  fe  tint  le  fameux  concile 
de  Nicée,  où  l'empereur  Conftantin  affilia  en  personne. 
L'on  y  montre  encore  les  reftes  du  lieu  où  s'en  faifoient 
les  affeniblées  ;  ils  compofent  une  espèce  de  demi-lune 
ruinée ,  qui  a  des  bancs  les  uns  fur  les  autres ,  bâties  de 
pierres,  6k  des  plus  belles  ;  mais  tout  tombe  en  ruine. 
Outre  cette  églife  qui  étoit  la  première  de  la  ville ,  les 
Arméniens»  en  ont  auprès  une  petite  où  ils. font  le  fer- 
vice  :  les  autres  qui  étoient  aufïi  magnifiques  ,  ont  tou- 
tes été  changées  en  mosquées  ou  abbatues  parla  longueur 
du  tems  6k  la  barbarie  des  guerres.  Nicée  eft  parfemée 
d'un  prodigieux  nombre  de  colomnes  de  pierre  granité 
ck  de  marbre  d'une  belle  grandeur.  Isnich  eft  très-bien 
fournie  de  fontaines.  Elles  font  toutes  bâties  de  mar- 
bre, 6k  l'eau  de 

aqueduc  magnifique ,  qui  conduit  l'eau  d'une  des  mon- 
tagnes voifines.  Il  y  en  avoit  autrefois  plufieurs  autres, 
mais  ils  font  à  préfent  démolis  ;  6k  l'on  ne  voit  plus 
hors  de  la  ville  que  de  trilles  reftes  de  ces  beaux  édifi- 
ces qui  en  faifoient  autrefois  l'ornement.  Les  murailles 
de  la  ville  font  presque  toutes  raccommodées  de  piédes- 
taux de  marbre  6k  de  pierre  granité  :  on  en  a  arrangé 
tous  les  morceaux  les  uns  fur  les  autres ,  6k  dans  l'espace 
de  trois  cents  pas  :  l'auteur  cité  y  en  compta  cent  quatre- 
vingt-deux.    Ces  murailles  ont  trois  cents   foixante  6k 


dix  tours  ,  c'eft-à-dire  plus  qu'il  n'y  a  de  maifons  dans  pahan  ;  6k  pour  la  longitude,  elles  font  cette  ville  de  50  c!. 
la  ville  ;  car  il  n'y  en  a  pas  plus  de  trois  cents.  Ce  pays  30'  plus  orientale  que  l'obfervatoire  de  Paris.  Cha  dm, 
eft  abondant  particulièrement  en  bon  poilïon.  11  s'en  pê-    qui  a  employé  tout  fon  huitième  volume  à  la  décrire,  la 


y  6  8 


ISP 


ISP 


nomme  en  Persan  Scphaon.  Plufieurs  font  monter  le 
nombre  de  lès  liabitans  à  onze  cents  mille  âmes.  Ceux 
qui  y  en  mettent  le  moins  affurent  qu'il  y  en  a  fix 
cents  mille.  Le  nombre  des  édifices  eft,  prodigieux  ;  on 
en  compte  vingt-neuf  mille  quatre  cents  foixante-neuf , 
clans  l'enceinte  ;  &  huit  mille  fept  cent  quatre-vingt  au 
dehors,  tout  compris  ,  les  palais  ,  les  mosquées  ,  les 
bains ,  les  bazars  ,  les  caravanferais  &  les  boutiques  ; 
car  les  boutiques,  fur-tout  les  grandes  &:  bien  fournies, 
font  au  cœur  de  la  ville  ,  féparées  des  maifons  où  l'on 
demeure.  On  y  trouve  toujours  une  telle  foule  dans  les 
bazars,  que  les  gens,  qui  vont  à  cheval,  font  marcher  de- 
vant eux  des  valets  de  pied ,  pour  fe  faire  faire  paffage. 
Il  eft  vrai  qu'on  va  tort  à  l'ailé  dans  les  autres  endroits 
de  la  ville.  Cependant  fi  l'on  fait  réflexion  que  les  fem- 
mes en  Perse ,  hors  celles  des  pauvres  gens ,  font  reclu- 
fes,  &  ne  fortent  que  pour  affaires  ,  on  trouvera  que 
cette  ville  doit  être  effectivement  des  plus  peuplées.  La 
eonftruction  d'Ispahan  eft  fort  irréguliere.  De  quelque 
côté  qu'on  la  regarde  ,  elle  paroît  comme  un  bois  où 
l'on  ne  peut  discerner  que  quelques  dômes  avec  des  tou- 
relles fort  hautes  ,  qui  fervent  de  clochers  aux  Maho- 
métans. 

Eile  eft  bâtie  le  long  du  fleuve  de  Zendefoud,  fur  le- 
quel il  y  a  trois  beaux  ponts,  que  nous  décrirons  ci-après; 
l'un  qui  répond  au  milieu  de  la  ville  ,  &  les  deux  au- 
tres aux  deux  bouts.  Quoique  l'eau  en  foit  fort  légère  & 
fort  douce  ,  on  ne  fe  donne  pas  la  peine,  à  Ispahan,  d'en 
aller  chercher,  parce  que  chacun  boit  l'eau  de  fon  puits 
yui  eft  également  douce  &  légère. 
*  Les  murs  de  la  ville  d'Ispahan  ont  environ  vingt  mille 
pas  de  tour.  Ils  font  de  terre,  allez  mal  entretenus,  Se 
tellement  couverts  par  les  maifons  Se  les  jardins  qui 
y  touchent  au -dedans  Se  au -dehors  ,  qu'il  faut  ,  en 
plufieurs  endroits,  les  chercher  pour  les  appercevoir.  Il 
en  eft  de  même  dans  les  autres  villes  du  royaume  ;  Se  c'eft 
ce  qui  a  trompé  quelques  voyageurs ,  qui  ont  rapporté 
que  les  villes  de  Perse  n'ont  point  de  murailles  ;  Ispahan 
a  de  plus  un  château  &  un  foffé.  La.  beauté  de  cette 
ville  contifte  particulièrement  dans  un  grand  nombre  de 
palais  magnifiques,  de  maifons  gaies  &  riantes,  de  ca- 
ravanferais fpaqeux ,  de  fort  beaux  bazars  ,  de  canaux 
&  de  rues ,  dont  les  côtés  font  couverts  de  hauts  pla- 
tanes ;  mais  les  autres  rues  font,  généralement  parlant , 
étroites  ,  tortues  ,  &c  entrecoupées  par  des  bazars  ou 
marchés  couverts.  Ce  qui  fait  qu'en  touttems  on  peut  tra- 
verfer  Ispahan  à  pied  fec  Se  à  couvert.  Les  rues  ne  font 
point  pavées,  non  plus  que  dans  les  autres  villes  de  Perse; 
mais  comme  l'air  y  eft  fec ,  Se  que  chacun  arrofe  devant 
fa  porte,  matin  &  foir  ,  il  n'y  a  ni  tant  de  crotte  ni  tant 
de  pouffiere  qu'en  nos  pays  ;■  mais  il  y  a  d'autres  incom- 
modités affez  confidérables.  Les  rues  étant  voûtées ,  à 
caulè  des  canaux  fouterréinS  ,  qui  parlent  par  tous  les  en- 
droits de  la  ville  ,  il  y  arrive  quelquefois  des  écroule- 
mens ,  où  les  gens  qui  vont  à  cheval,  courent  risque  de 
fe  rompre  le  cou.  Il  y  a  dans  les  rues  des  puits  à  fleur 
de  terre ,  où  l'on  court  le  même  risque.  Les  égouts  des 
maifons  font  tous  dans  les  rues ,  dans  de  grands  trous  où 
l'on  jette  toutes  les  ordures  du  logis ,  Se  qui  quelquefois 
fervent  de  lieux  communs.  Cependant  les  rues  n'en  font 
point  empuanties,  foit  à  caufe  de  la  fécherefTede  l'air, 
foit  parce  que  ces  égouts.  font  nettoyés ,  tous  les  jours  , 
par  les  payfans  qui  apportent  les  fruits  &  les  autres  den- 
rées à  la  ville,  &  qui,  au  retour,  chargent  leurs  bêtes  de 
ces  ordures  ,  pour  fumer  leurs  jardins. 

La  ville  d'Ispahan  eft  divifée  en  deux  quartiers  ,  l'un 
nommé  Joubaré-Neamet-Olahi ,  qui  regarde  l'orient;  Se 
l'autre  nommé  Deredechu-Heyderi ,  qui  regarde  l'occi- 
dent. Elle  a  huit  portes,  quatre  à  l'orient  Se  au  midi; 
celle  de  H 'aJjcn-Abad;  celle  de  Joubarè ,  qu'on  nomme 
auffi  la  porte  cYAbas  ;  celle  de  Kerron  ;  celle  de  Séi- 
dahmidwn;  Se  quatre  font  face  à  l'occident  Se  au  fepten- 
trion  ;  la  porte  Impériale  ou  Derva^e-Deuht ,  comme 
ils  parlent  ;  la  porte  de  Lombon  ;  la  porte  de  Tockchi , 
Se  la  porte  de  Deredechte  ;  il  y  a  encore  fix  faufTes  por- 
tes, dont  la  plupart  n'ont  point  de  nom.  Ces  deux  quar- 
tiers, entre  lesquels  la  ville  eft  divifée,  font  proprement 
deux  factions  qui  engagent  avec  elles  les  fauxbourgs  Se 
Je  territoire  de  la  ville.  Le  quartier  de  Joubarè  renferme 
tout  ce  qu'il  y  a  du  côté  oriental  de  la  porte  de  Tockchi. 


Le  quartier  de  Deredechu  renferme  le  refte.  On  dit  que 
le,  noms  de  Heydcr  Se  de  h'eamct-Olahi  ,  que  portent 
les  deux  moitiés  d'Ispahan  ,  font  les  noms  des  deux  prin- 
ces, qui  mirent  autrefois  le  peuple  Perfan  en  deux  par- 
tis. D'autres  difent  que  deux  villages  voifins  étoient  en- 
nemis Se  partagés,  parce  que  l'un  tenoit  pour  une  feéte , 
&  l'autre  pour  une  autre  ,  Se  que  s'étant  aggrandis  Se 
joints  ,  il  s'en  eft  formé  la  ville  d'Ispahan,  où  cette  an- 
cienne animofité  fubfifte  fi  bien ,  que  les  deux  partis  en 
viennent  fouvent  à  de  vrais  combats.  Venons  mainte- 
nant à  la  Description  de  Chardins  que  nous  abbrégeons. 
J'entrerai,  dit-il,  t.  8,  p.  14,  dans  la  description  de 
la  ville ,  par  les  quatre  portes  qui  fDiit  face  à  l'orient , 
en  rapportant  ce  qu'il  y  a  de  plus  remarquable  entre  ces 
portes  Se  la  grande  place  royale  ;  Se  je  commencerai 
par  la  porte  de  Halfen-Abad,  en  tournant  premièrement 
de  l'occident  à  l'orient,  Se  puis  de  l'occident  au  fepten- 
trion. 

.  A  vingt  pas  de  cette  porte ,  on  trouve  deux  rues  qui 
aboutiffent  à  un  grand  collège.  L'une  eft  appellée  la  rué 
du  Mouchi-el-Memalec  ,  c'eft-à-dire  du  fecréeaire  d'é- 
tat ;  parce  qu'un  côté  entier  de  cette  rue  a  été  bâti  par 
Alir^a-Re^i,  qui  avoit  cette  dignité.  Il  y  a  fait  conftruire 
un  bazar,  un  caravanferai,  une  mosquée  ,  un  bain  Se  une 
aiaifon  à  cafFé.  Son  hôtel  eft  affez  petit ,  mais  fort  pro- 
pre Se  orné  d.e  peintures  Se  d'inscriptions.  De-là  on  en- 
tre dans  une  de  ces,  grandes  rues  couvertes ,  qu'on  ap- 
pelle ba^ar,  qui  mène  droit  à  la  place  royale,  en  allant 
d'occident  en  orient.  A  moitié  chemin,  fur  la  gauche, 
eft  un  large  palais  qu'on  nomme  le  palais  de  Saroutaki , 
premier  miniflre  de  deux  rois  de  Perse  ,  Sephi  I  Se 
Abas  IL  C'eft  le  logement  des  daroga  ou  gouverneurs 
de  la  ville.  Joignant  ce  palais  ,  il  y  à  une  petite  mos- 
quée ;  Se  de  l'autre  côté  de  la  rue,  un  peu  plus  haut , 
eft  le  tombeau  de  Cha- Ahmed ,  un  des  douze  fils  d'I- 
man-Mouza-Cazem,  qui  eft  un  des  douze  premiers  Ca- 
lifes qui  pouvoient  fuccéder  légitimement  à  Mahomet, 
félon  les  Perfans.  Au  de-là  de  ce  tombeau,  on.  trouve 
un  grand  collège  qui  a  quarante  chambres.  On  l'appelle 
le  collège  des  ânes,  terme  de  mépris ,  par  lequel  on  defi- 
gne  les  Arabes,  qui,  comme  les  Grecs,  après  avoir  été 
les  maîtres  des  feiences  ,  font  devenus  très  -  ignorans. 
Vers  la  place  royale  ,  on  trouve  fur  la  gauche  un  des 
fceaux  caravanferais  d'Ispahan.  C'eft  un  grand  bâtiment 
carré  à  double  étage.  On  y  entre  par  un  portique ,  affez 
long  ,  fous  lequel  il  y  a  des  boutiques  d'un  Se  d'autre- 
côté.  Chaque  face  a  vingt-quatre  logemens  en  bas  ,  Se 
autant  en  haut  ,  au  milieu  desquels  il  y  en  a  un  plus 
grand  que  les  autres ,  bâti  fous  un  haut  portique  fembla- 
ble  à  celui  où  eft  l'entrée,  lequel  eft  fait  en  demi-dôme, 
plat  fur  le  devant  Se  orné  de  mofaïque.  Les  chambres 
d'en-bas  font  le  long  d'une  galerie  ou  parapet ,  haut  de 
terre  d'environ  cinq  pieds  ,  Se  large  de  quinze  à  feize. 
Les  Perfans  appellent  ces  galeries,  ou  rebords  de  pierre, 
qui  régnent  autour  des  caravanferais ,  Maatab  ,  c'eft-à- 
dire  place  à  la  lune ,  parce  que  c'eft  où  on  couche  en- 
viron huit  mois  de  l'année,  pour  être  plus  fraîchement; 
Se  on  s'y  met  à  l'ombre  durant  le  jour.  Chaque  cham- 
bre a  de  plus  une  place  fur  le  devant ,  de  la  largeur  de 
la  chambre  même  ,  profonde  de  la  moitié,  Se  couverte 
d'une  arcade.  Les  chambres  d'en-haut  ont  chacune  une 
antichambre  Si  un  balcon  ;  Se  c'eft  d'ordinaire  ,  où  les 
marchands  logent  avec  leurs  femmes ,  le  bas  étage  leur 
fervant  communément  de  boutique  ou  de  magafin  :  fur 
le  derrière  du  caravanferai,  il  y  a  encore  de  grands  ma- 
gafins.  Au  milieu  de  la  cour  ,  qui  eft  fort  bien  pavée, 
il  y  a  un  grand  baflin  d'eau  ,  avec  un  jet ,  Se  des  puits 
aux  coins.  C'eft-là  à-peu-près  la  ftrufture  Se  la  forme 
de  tous  les  grands  caravanferais  d'Ispahan,  qui  font  bâ- 
tis de  pierre  ou  de  brique.  Celui  dont  je  viens  de  faire 
la  description ,  rend  feize  mille  livres  par  an  au  proprié- 
taire. On  nomme  ce  caravanferai  Mac-Soud-Affar , 
c'eft-à-dire  le  caravanferai ,  de  Mac-Soud  l'Huillur, 
parce  qu'il  a  été  bâti  du  tems  d'Abbas  le  Grand  ,  par 
un  épicier  qui  avoit  fait  fa  boutique  vis-à-vis  ,  laquelle 
fublifte  encore.  Proche  de  ce  caravanferai ,  il  en  a  un 
autre  appelle  d'abord  caravanferai  des  gens  de  Nachchi- 
van,  qui  eft  une  ville  d'Arménie,  Se  depuis  le  caravan- 
ferai des  vendeurs  de  riz,  parce  qu'on  y  en  vendoit  en 
gros.  A  préfent ,  c'eft  un  magafin  de  coton. 

Prenant 


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ISP 


Prenant  de-là  à  gauche ,  on  arrivé  aux  rues  qui  font 
derrière  la  grande  mosquée  ,  &  l'on  trouve  en  chemin 
le  palais  de  Mir\achifi ,  chef  des  aftrologues  ;  celui  du 
Na^ir  à  prélènt  en  charge  ;  celui  du  chef  des  cuifines  , 
c'eft  ainfi  qu'ils  appellent  le  premier  maître  d  hôtel  du 
roi  ;  &  celui  de  Mahamed-Alybec  ,  qui  étoit  grand- 
maître  d'hôtel  fous  les  rois  Abas  I  ,  Sephi  I  & 
Abas  II  ;  ce  qu'on  remarque  comme  un  bonheur  ex- 
traordinaire ,  parce  que.  la  fortune  eft  plus  changeante 
en  Perse  que  dans  un  autre  pays.  Après  on  entre  dans 
une  grande  place ,  appellée  embargoulemon  ,  c'eft-à-dire 
le  magafin  des  esclaves ,  parce  que  c'ell  le  magafin  des 
denrées,  qu'on  débite  aux  ouvriers  )k  officiers  du  roi, 
qui  ont  penfion  &:  bouche  à  la  cour.  Plus  loin  eft  une 
grande  place  qu'on  appelle  le  marché  de  Lelebec  ,  du 
nom  d'un  feigneur  qui,  ayant  été  long-tems  marchand , 
devint  fùrintendant  des  bâtimens. 

Leferrail  eft  à  gauche.  Quand  on  a  fait  mille  pas  le 
long  de  lés  murs,  on  parvient  à  la  porte  qui  eft  la  plus 
fréquentée  de  touies  celles  de  ce  palais,  qu'on  appelle 
la  porte  des  cuifines ,  parce  qu'elles  font  de  l'autre  côté, 
un  peu  plus  bas. 

Joignant  cette  porte,  il  y  a  un  bain  fort  grand  &fort 
beau  ,-  qu'on  appelle  le  bain-royal.  Le  grand  Abas  le  fit 
bâtir ,  &c  ordonna  que  le  public  s'en  ferviroit  certains 
jours  de  la  femaine.  Vis-à-vis  eft  le  Gebbé  Khané  ou 
maifon  d^s  armes.  Le  roi  de  Perse  entretient  un  grand 
grand  nombre  de  maîtres  de  toute  forte  de  métiers. 
Chaque  mé.ier  a  fon  attelier  paiticulier,  dont  les  ou- 
vriers dépendent  ,  &  où  ils  ont  chacun  leur  boutique , 
à  moins  que  par  faveur  on  n'obtienne  la  permiflîon  de 
travailler  ailleurs.  Ces  lieux  s'appellent  kwkane,en  Per- 
faiij  c'cft-à-dire  maijon  d'ouvrage,  ck.  chacune  a  fon  nom 
particulier  pris  du  métier  qu'on  y  exerce  ;  par  exemple, 
la  mailon  dont  je  parle ,  eft  appelle  mai/on  des  armes  , 
parce  que  les  armuriers,  gagés  du  roi,  y  ont  leurs  bouti- 
que'. Chacune  de  ces  mailons  d'ouvrage  eft  fous  la  di- 
rection d'un  intendant,  qu'on  appelle  chef  du  métier ,  qui 
s'y  tait  ;  d'un  fyndic,  qui  eft  le  plus  ancien  ouvrier  de 
la  mailon  ;  d'un  intendant ,  qu'on  appelle  mochref  ou 
écrivain,  parce  qu'il  rient  compte  des  ouvriers  &c  des 
ouvrages,  donnant  les  matières  par  compte,  &  les  re- 
cevant de  même ,  &  d'un  huiffier. 

Le  roi  a  trente-deux  maijons  d'ouvrages  ou  atteliers, 
en  "chacun  desquels  il  y  a  bien  cent  cinquante  artifans, 
tous  encouragés  par  des  gages  &  des  récompenses  consi- 
dérables, &4  qui,  dans  la  maladie  &  la  vieilleffe,  trouvent 
dans  la  générofité  du  monarque  des  reflonrces  contre 
l'indigence.  Autrefois  il  y  avoit  plus  d'attehers.  On  are- 
■  tranché,  entr'autres,  les  teinturiers  ik  les  ouvriers  en  foie. 
On  donne  la  toile  à  teindre  &  à  peindre  à  la  ville,  & 
l'on  en  paye  la  façon.  On  donne  de  même  la  foie  &  le 
fil  trait  pour  routes  (ortes  d'étoffes  de  brocard  &  de 
tapis  ;  6t  l'on  en  paye  aufti  la  façon  à  un  taux  toujours 
égal.  On  fait  faire  les  tapis  à  la  campagne  par  des  ou- 
vriers qui  ont  des  terres  du  roi ,  dont  ils  payent  la  rente 
delafaçon  des  'apis.  Un  officier,  qu'on  appelle Erbad- 
tahvil ,  comme  qui  ànoitjcigneur  de  la  mije  ou  de  l'em- 
plette ,  efi  directeur-général  de  toutes  ces  maifons  d'ou- 
vrage, &  des  intendans  de  ce  qui  fe  fait  pour  le  roi  en 
'  ville  &  à  la  campagne;  &t  le  Na^ir,  qui  eft  le  chef  fu- 
prême  de  tous  les  biens  du  roi  ,  en  eft  le  furintendant. 
,jl  en  fan  la  revue  une- fois  l'année,  &  tait  ensuite  dref- 
fer  l'expédition  pour  le  payement  des  ouvriers.  On  ne 
peut  due  au  vrai  la  dépense  de  ces  trente-deux  maifons  ; 
ce  que  j'en  ai  pu  trouver  de  plus  fur ,  eft  que  cela  va  à 
cinq  millions.  Quoiqu'il  en  foit ,  cettedépense  eft  tout- 
à-fait  digne  d'un  grand  monarque. 

Les  harlogers  Européens  n'ont  point  d'attelier  parti- 
culier :  ils  font  du  corps  des  armuriers  ;  mais  comme 
ils  font  un  bon  nombre  ,  on  en  a  mis  une  partie  dans 
une  place  qui  eft  joignant  le  derrière  du  palais  royal , 
nommée  t. harkaons  ,  c'eft-à-dire  quatre  bafflns. 

A  cent  pas  de-là  on  entre  dans  la  place  royale,  ou 
maev  dan-chat ,  comme  les  Perlans  l'appellent.  C'eft  une 
des  plus  belles  places  du  monde. 

Le  corps  de  la  place  eft  un  carré  long  de  quatre  cents 
quarante  pas  ,  fur  cent  foixante  de  large  ,  enfermé  par 
Hrï  canal  bâti  de  brique  ,  enduite  d'un  plâtre  qu'ils  ap- 
pellent ahaefia,  ou  chaux  noire ,  qui  eft  plus  dure  que 
la  pierre,  Ce  canal  eft  large  de  fix  pieds ,  avec  des  re- 


J6p 

bords  de  pierre  noire  reluifante,  élevés'  d'un  pied  fur  h 
rez-de-chauflée,  &  fi  large  que  quatre  hommes  de  front 
s  y  peuvent  aiféjrient  promener.  Entre  ce  canal  &  les 
mailons,  dont  la  place  eft  environnée,  il  y  a  un  espac? 
de  vingt  pas  de  largeur,  garni  d'arbres  Se  terminé  par 
un  rebord  de  pierre  de  la  hauteur  du  canal ,  ma,  s  pas  fi 
large,  qui  marque  le  p.ed  des  maifons.  Le  tour  de  la  place 
en  contient  deux  cents,  toutes  au  niveau,  &  de  même 
Structure;  enlorte  qu'il  n'y  a  rien  de  plus  régulier.  Cha- 
que mailon  qui  a  de  face  feize  pieds  de  roi,  eft  double. 
Le  bas  contient  deux  boutiques  ,  dont  l'une  ouvre  fur 
la  place  en  dedans ,  &  .l'autre  fur  le  bazar  qui  régne  tous 
autour  de  cette  place  en  dehors  ,.  &  qui  eft  un  des  plus; 
larges  d'Ispahan.  Le  haut  contient  quatre  petites  cham- 
bres,  deux  fur  lapiace,  <k  deux  fur  le  derrière.  Celles 
cle  la  place  ont  chacune  un  peut  balcon  ,  dont  le  ba- 
luftre  eft  de  briques  à  jour ,.  enduit  de  plâtre  ,  le  tout 
peint  de  rouge  6c  de  vert ,  &.  fort  agréable  à  la  vue» 
Ces  mailons  font'  couvertes  en  terraffes  ,  au  niveau  de 
la  couverture  du  bazar.  Durant  l'été ,  on  prend  le  frais 
iiir  ces  terraflés  ,  enacun  devant  fa  maifon. 

Ce  tour  de  mailon  de  la  place  eft  entre-coupé  par  de 
grands  édifices ,  qui  font  le  portail  du  palais  royal  ,  & 
la  porte  du  ferrail  à  l'occident  ;  la  mosquée  du  Cèdre 
vis-à-vis  ,.  &  un  pavillon  de  machines ,  qu'on  appelle 
Lhorlorgtne  ;  la  mosquée  royale  au  bout  méridional,  &} 
le  marché  impérial  à  l'autre  bout.  Cette  place  a  douze 
entrées  principales  ,  &  plufieurs  petites.  Le  centre  en  eft 
marque  par  un  grand  mât ,  haut  de  quelques  lix-vinur. 
■pieds,  qui  fert  à  tirer  à  la  tafte ,  comme  cela  fe  fait  or- 
dinairement dans  les  lolemmtes.  Aux  bouts  de  la  place, 
à  trente-cinq  pas  du  canal  ,  il  y  a  deux  profits  colomnes 
de  marbre,  tie  huit  pieds  de  hauteur ,  diftantes  de  quinze 
pas,  qui  fervent  de  parle  pour  l'exercice  du  mail  à  che- 
val. 

La  mosquée  royale  &  le  marché  impérial ,  qui  mar- 
quent les  bouts  de  la  place ,  tonnent  une  grande  demi- 
lune  ,  ayant  au-devant  un  baftin  d'eau  de  foixante  fk 
dix  pas  de  tour  ,  &:  de  dix  pieds  de  profondeur ,  fait  à 
angles,  dont  les  rebords  font  oe  porphyre.  Il  y  a  autour 
de  ces  magnifiques  édifices  des  échaïaudages  de  perches 
minces  qui  montent  jusqu'au  haut,  &r.  qui  font  faits  pour 
porter  de  petites  lampes  de  terre  ,  dont  on  fait  les  illu- 
minations dans  les  réjouiifances  publiques.  Les  maifons 
de  la  place  en  font  toutes  couvertes  fur  le  devant ,  de- 
puis le  premier  étage  jusqu'à  la  terraffe.  Il  y  en  a  bien 
fix- vingt  à  chaque  arcade. 

Le  long  du  portail  du  palais,  à  cent  dix  pas  de  cha- 
que côté ,  régne  une  baluftrade  de  bois  peint ,  qui  en- 
ferme cent  dix  pièces  de  canon  de  fonte  verte,  la  plu- 
part étant  de  petites  pièces  de  campagne  ,  excepté  les 
deux  pièces  les  plus  proches  du  portail ,  qui  font  de  fort 
gros  mortiers.  Les  Perlans  les  appellent  des  chameaux. 
Ces  pièces  font  toutes  marquées  aux  armes  d'Espagne; 
&  ce  font  des  dépouilles  de  la  forterefTe  d'Ormus  ,  où, 
les  Perlans  trouvèrent  tant  d'artillerie  ,  qu'ils  en  ont 
transporté  dans  toutes  les  parties  de  leur  empire.  Au 
coin  de  la  .porte  du  ferrail  ,  il  y  a  deux  baies  de  co- 
lomnes ,  faites  de  marbre ,  d'ouvrage  excellent  &  fort 
antique ,  qui  font  des  pièces  tirées  des  ruines  de  Perié- 
polis  ;  cV  au  côté  du  marché  impérial  ,  il  y  a  tout  en- 
haut  deux  grandes  galeries  couvertes  ,  qu'on  appelle 
nakare-khone  ,  c'eft-a-dire  maijon  des  infirumens  de  mu.~ 
fique ,  où,  vers  la  brune  &c  à  minuit ,  on.fait  retentir  de 
longues  trompettes  &  de  grofles  tymbales  qui  ont  trois 
fois  plus  de  diamètre  que  les  nôtres. 

Cette  grande  place  fe  vuide  dans  les  fêtes  Si  dans  les  fo- 
lemnités,  comme  aux  audiences  des  ambaffadeurs  ;  mais 
en  d'autres  tems  elle  eft  pleine  de  chncaillers  ,  de  frip- 
piers,  de  revendeurs  ,  de  petits  artifans,  en  un  mot,' 
d'une  infinité  de  petites  boutiques.  Ces  marchands  éta- 
lent à  terre  ,  fe  couvrant  d"un  parafol  de  natte  ou  de 
laine  ,  qui  pirouette  à  leur  gré  fur  un  haut  pivot.  Ils 
n'emportent  jamais  leurs  marchandilès  ,  ils  les  enfer- 
ment la  nuit  dans  des  coffres  qu'ils  attachent  l'un  à  l'au- 
tre ;  ou  bien  ils  en  font  des  ballots  légèrement  attachés 
ensemble  par  une  grolTe  corde  ,  &  lardent  tomber  del- 
fus  leur  petit  pavillon,  &cs'en  vont  lïns  laifîer personne 
à  la  garde.  Cependant  il  n'en  arrive  jarri  ils  d'accident,  par 
la  févere  juftice  qu'on  fait  des  voleurs  en  ce  pays.  Les 
gardes  du  chevalier  du  guet. y  partent  de  tems  en  tems, 
Jomt  III.    Cccç 


ISP 


î7° 

durant  la  nuit  ;  Se  comme  leur  maître  eft  caution  de  tout 
ce  qui  fe  perd  la  nuit,  c'eft  proprement  à  eux  d'en  ré- 
pondre,  parce  que  c'eft  à  eux  qu'il  s  en  prend.  Le  loir 
on  voit  dans  cette  place  des  charlatans  ,  des  marion- 
nettes des  joueurs  de  gobelets  ,  des  conteurs  de  Ro- 
mans, en  vers  6c  en  proie,  des  prédicateurs  même  ,^  6e 
enfin  des  tentes  pleines  de  femmes  débauchées  ,  ou  1  on 
va  en  choifir  à  ("on  gré.  Cette  place  rend  par  jour  en- 
viron cent  francs  ,  qu'on  levé  lur  tous  ceux  qui  y  éta- 
lent, quoiqu'il  y  ait  des  boutiques  qui  ne  donnent  quun 

n"  dit 
la 


ISP 


que  du  tems  d'Abas  le  Grand  &c  de  fon  fucceffeur 
place  donnoit  de  rente  cinquante  écus  par  jour.  Enfin 
ce  marché  eft  le  plus  universel  que  j'aie  vu. 

Voilà  l'aspeft  du  dedans  de  la  place.  Il  faut  prefente- 
ment  décrire  les  grands  édifices  qui  font  bâtis  dellus,  Se 
qui  en  font  le  plus  bel  ornement  ;  favoir  la  mosquée 
royale  &C  la  mosquée  du  grand  pontife  ;  le  pavillon  de 
l'horloge,  6c  le  marché  impérial  ;  pour  le  pavillon  qui 
eft  fur  le  grand  portail  du  palais  royal ,  il  entrera  dans 
la  description  de  ce  palais.  -  ;, 

La  mosquée  royale  eft  fituée  au  midi,  ayant  au-devant 
un  parvis  en  polygone.  La  face  de  l'édifice  eft  pentagone* 

6e  vous  y  voyez  des  deux  côtés  un  baluftre  depierre  po-     fermons  le  jour  de  culte  public    comme  les  jours  du  re 
lie  ,  à  hauteur  d'appui  ,  qui  s'étend  jusques  vis-à-vis  de     pos  ,  qui  eft  le  vendredi  6c  les  fêtes  ;  6c  c  eft  ordinaire 
l'entrée.  Les  deux  premières  faces  font  ouvertes  en  ar 
"     bazars  ;  Se  elles  font  traver- 


en  deux  parties  inégales,  l'une  de  quarante  pas,  l'autre 
de  feize ,  par  un  mur  de  dix  pieds  de  haut ,  qui  cepen- 
dant ne  paraît  pas  plus  haut  qu'un  baluftre,  à  cau(e  de 
la  hauteur  du  portique.  Il  y  a  au  milieu  de  ce  mur  une 
large  porte  qui  mené  dans  l'intérieur  du  portique.  La 
paitie  antérieure  ,  qui  a  quarante-quatre  pas  de  profon- 
deur, comme  je  l'ai  dit  ,  6c  qui  eft  élevée  de  deux  mar- 
ches au-deflus  de  l'autre  ,  eft  revêtue  de  marbre  aux 
côtés  ;  le  fond  du  portique  eft  marqué  par  un  entableJ 
ment  de  jaspe  ,  en  forme  de  porte  ,  incrufté  dans  le 
mur  ,  de  dix  pieds  de  haut ,  &  de  trois  de  large.  Cela 
s'appelle  le  mahrab  ,  Se  c'eft  une  espèce  de  lubé  ;  il  fert 
aux  Mahométans  à  marquer  où  il  faut  tourner  le  vilàge 
6c  les  regards  ,  pour  être  juftement  dans  le  cercle  verti- 
cal de  la  Mecque  ,  vers  laquelle ,  félon  la  doctrine  des 
Mahométans,  il  faut  être  tourné  en  faifant  fa  prière.  Contre 
le  piiaftre  gauche  du  portique  ,  il  y  a  une  chaire  de  por- 
phyre ,  élevée  de  quatorze  marches  ,  faite  en  manière 
de  trône,  dont  la  quatorzième  marche  eft  plus  large  que 
la  treizième ,  parce  qu'elle  fert  de  fiége  :  c'eft  où  l'on 
prêche  en  hyver ,  ou  dans  les  mauvais  tems  ;  car  il  y 
a  une  autre  chaire  à  l'entrée  du  portique  ,  où  l'on  prê- 
che quand  le  tems  le  permet.    On  y  fait  des  prônes  ou 


cade  ,  qui  donnent  fous  1< 

fées  d'une  chaîne  ,«  pour  empêcher  les  chevaux  d  y  pal- 
fer  ;  les  deux  autres  au-deffus  font  de  grandes  boutiques 
d'apothicaires  6c  de  médecins  ;  car  à  préfent  en  Orient, 
comme  autrefois  en  Grèce  ,  la  plupart  des  médecins 
font  aufli  apothicaires  6c  droguiftes.  Les  étages  fupe- 
rieurs ,  qui  font  à  quelques  vingt  pieds  du  bas ,  ont  des 
galènes  quireffemblent  à  des  balcons.  La  face  intérieure, 
qui  forme  le  portail,  eft  en  demi-lune,  enfoncé  de  treize 
pieds  environ  ,  fort  élevée  ,  &c  toute  revêtue  de  jaspe 
du  rez-de-chauffée  à  dix  pieds  en- haut,  avec  des  per- 
rons de  même  ouvrage  :  l'ornement  en  eft  merveilleux 
ôc  inconnu  dans  notre  architecture  Européenne;  ce  font 
des  niches  de  mille  figures  ,  où  l'or  &c  l'azur  fe  trouvent 
en  abondance  ,  avec  de  la  parquetene  faite  de  carreaux 
d'émail ,  6c  une  frife  plate  autour  ,  de  même  manière  , 
qui  porte  des  paffages  de  l'Alcoran,  en  lettres  propor- 
tionnées à  la  hauteur  de  l'édifice.  Ce  portail  eft  orne 
d'une  galerie  comme  celle  des  côtés  ;  les  linteaux  font 
de  jaspe:  la  porte  eft  à-peu-près  de  douze  pieds  de  large, 
fermée  de  deux  batans ,  revêtus  de  lames  d'argent  mas- 
fif,  cizelé  6c  doré.  Joignant  le  portail,  en  dedans,  il 
y  a  deux  hautes  aiguilles  ou  tourelles,  avec  des  galeries 
couvertes  au-deffus  des  chapiteaux  ,  le  tout  de  même 
ouvrage  que  le  contour  du  portail. 

En  entrant  par  ce  beau  portail ,  on  détourne  tant  foit 
peu  vers  l'occident ,  6c  ayant  fait  quinze  pas ,  on  trouve 
au  milieu  un  beau  baflïn  de  jaspe  ,  à  godrons  ,  de  fix 
pieds  de  diamètre  ,  foutenu  fur  un  piedeftal  de  même 
matière  ,  de  huit  pieds  de  haut  avec  des  marches.  C'eft 
pour  donner  à  boire  aux  paffans  ;  car  dans  les  pays  où 
l'on  eft  fouvent  altéré  ,  6c  où  l'on  ne  boit  que  de  l'eau, 
c'eft  une  des  charités  les  plus  ordinaires ,  que  de  don- 
ner à  boire  aux  paffans  ;  6c  c'eft  pour  cela  que  dans 
toutes  les  bonnes  villes ,  on  trouve  de  grandes  urnes  de 
terre  pleines  d'eau  ,  à  divers  coins  de  rue  ;  mais  aufli  il 
y  a  des  hommes  gagés,  qu'on  appelle  facab  on  porteurs 
d'eau,  qui  vont  dans  les  rues,  fur-tout  en  été,  un  gros 
outre  plein  d'eau  fur  le  dos  ,  6c  une  taffe  à  la  main , 
préfentans  à  boire  à  tous  les  paffans. 

En  tirant  de  ce  baflin  vers  le  corps  de  la  mosquée, 
par  une  allée  découverte  ,  qui  va  en  élargiflant ,  6c  qui 
eft  fotmée  de  quatre  grands  portiques  de  chaque  côté 
'  en  arcades  ,  on  entre  dans  une  fpacieufe  cour  ,  qui  a  au 
milieu  un  baffm  à  bords  de  jaspe  ,  de  vingt-fix  pas  en 
carré ,  Se  qui  eft  terminée  par  cinq  grands  portiques  en 
arcades,  couverts  chacun  d'un  comble  rond,  fupporté 
par  de  gros  pilaftres  ,  le  portique  du  milieu  étant  de 
vingt-fix  pas  de  large ,  ceux  des  côtés  de  quinze  pas  cha- 
cun, 6c  les  deux  autres  de  dix.  Le  portique  du  milieu  eft 
profond  de  foixante  pas  ;  fon  dôme  ,  furmonté  d'un 
croiffant  doré ,  eft  un  des  beaux  morceaux  de  l'architec- 
ture moderne  des  Perfans  ;  il  eft  fi  haut,  qu'on  le  voit  de 
quatre  grandes  lieues ,  en  venant  de  Cachan.  Ce  vafte 
portique,  qui  eft  comme  le  chœur  du  temple,  eftféparé 


pos ,  qui  i 

ment  après  la  prière  de  midi ,  dans  les  grandes  mosquées. 
Mahomet  6c  lès  premiers  fucceffeurs  faifoient  réguliè- 
rement ces  prônes  ,  Se  c'étoit  leur  droit  de  régale  in- 
communicable ,  parce  qu'ils  s'arrogeoient  les  deux  glai- 
ves ,  le  fpirituel  6c  le  temporel.  Cette  pratique  s'abolit 
peu-à-peu.  Les  princes  régnans  ne  font  pas  prédicateurs  ; 
cette  fonction  eft  propre  aux  gens  d'églife  ,  comme  cela 
fe  pratique  aujourd'hui  dans  tous  les  états  Mahométans. 
Au-deflus  du  mahrah  ou  jubé,  il  y  a  une  armoire  faite 
dans  le  mur  ,  de  trois  pieds  de  haut ,  Se  de  deux  de 
large  ,  de  bois  d'aloës ,  ornée  de  lames  d'or ,  6c  garnie 
d'or  maffif  jusqu'aux  pentures,  fermée  d'un  cadenatd'or: 
c'eft  où  l'on  garde  deux  reliques  fort  préoieufes  au  peu- 
ple Perfan  ;  l'Alcoran  écrit  de  la  main  d'Iman  -  Béza  , 
il  y  a  plus  de  mille  ans,  6c  la  chemife  d'Iman-Haffein, 
teinte  du  fang  des  bleffures  dont  il  mourut.  On  ne  mon- 
tre jamais  cette  relique ,  6c  on  ne  la  doit  tirer  dehors  „ 
qu'en  cas  d'invafion,  telle  que  le  royaume  foit  en  dan- 
ger ;  car  les  Perfans  affurent  que  mettant  cette  chemife 
au  bout  d'une  pique  ,  Se  la  faifant  voir  à  l'ennemi ,  cela 
feul  le  met  en  déroute. 

Les  côtes  de  la  cour  confiftent  chacun  en  neuf  porti- 
ques ,  celui  du  milieu  plus  large  Se  plus  haut  que  les  au- 
tres ;  Se  joignant  cette  cour,  il  y  en  a  une  autre  de  foi- 
xante Se  quatorze  pas  de  long  ,  6c  de  trente  de  large , 
qui  a  aufli  un  grand  baflin  de  marbre  au  milieu,  6c  eft 
entourée  de  beaux  6c  profonds  portiques ,  élevés  de  terre 
de  trois  pieds  Se  demi.  Les  cours -Se  tout  le  fond  de  la 
mosquée  font  degrandes  Scmaflîves  pierres,  Se  tout  l'ou- 
vrage eft  revêtu  de  briques  verniffées  d'un  émail  beau 
Se  vif  d'ouvrage  mofaïque ,  qui  contiennent  des  paffages 
de  l'Alcoran ,  presqu'en  tous  les  endroits. 

L'autre  mosquée  qui  donne  fur  la  place,  Se  qu'on  ap- 
pelle mosquée  du  grand-pontife  ou  Fathé-Alla  ,  comme 
qui  diroit  l'ouverture  du  ciel ,  n'eft  pas  (i  grande  à  beau- 
coup près.  L'entrée  en  eft  pourtant  large  de  vingt  pas, 
&c  profonde  de  quinze ,  faite  en  demi-lune ,  compofée 
de  portiques,  dont  les  deux  premiers  touchent  le  bazar,.» 
qui  régne  autour  de  la  place.  Le  bas  de  l'édifice  ,  à  la 
hauteur  de  fept  à  huit  pieds  ,  eft  revêtu  de  table  de 
jaspe,  dedans  6c  dehors  ;  le  haut  l'eft  de  briques  émail- 
lées  ,  comme  la  grande  mosquée  :  ce  haut  confifte  en 
galeries,  balcons  6e  niches  de  mille  figures.  On  entre 
dans  l'églife  par  un  perron  de  douze  marches ,  6c  par 
une  galerie  voûtée,  qui  conduit  au  corps  de  l'édifice, 
lequel  eft  couvert  d'un  gros  dôme.  A  l'entour  font  des 
cours ,  avec  des  badins  6c  cks  urnes  d'eau  pour  les  puri- 
fications. La  chaire  en  eft  portative.  Le  mahrah,  qu'on 
peut  appeller  en  quelque  forte  l'autel  Mahométan  ,  eft 
de  jaspe ,  fupporté  par  des  pilaftres  d'émail  verd  ,  d'or- 
dre Ionique.  Du  refte  cette  mosquée  eft  fombre  Se  peu 
fréquentée.  Il  y  a  un  palais  qui  y  joint»,  lequel  apparte- 
noit  au  grand  pontife  du  tems  d'Abas  I  6c  de  Sefi  I. 

Le  pavillon  de  l'horloge  eft  un  bâtiment  jette  hors 
d'eeuvre ,  qui  fut  fait  pour  la  récréation  d'Abas^  II ,  à  fon 
avènement  à  la  couronne  ;  c'eft  un  vrai  jeu  d'enfant  qui 


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n'a  rien  vu  ,  comme  font  les,  rois  de  Perse  à  leul*  ave- 
hément  à  la  couronne.  Les  Perfans  regardent  cette  pièce 
avec  bien  plus  d'admiration  que  nous  ne  regardons  l'hor- 
loge de  Strasbourg  ou  d'Anvers  ,  &  comme  un  chef- 
d'œuvre  de  forces  mouvantes  ,  quoique  ce  foit  un  mé- 
chant carillon  ,  &c  que  les  figures  foient  des  plus  gtof- 
fiéres. 

Le  marché  impérial,  fitué  au  nord  de  la  place ,  en  fait 
la  plus  grande  &  plus  belle  entrée.  J'ai  dit  qu'il  a  la 
forme  d'une  demi-lune  enfoncée.  Le  portail  eft  un  grand 
demi-dôme,  fait  de  carreaux  de  porcelaine,  peints  de  mo- 
resques de  diverses  couleurs  ,  où  aboutiffent  deux  grands 
parapets,  qui  régnent  tout  autour  de  l'édifice,  élevés  de 
trois  à  quatre  pieds  fur  le  rez-de-chauffée  ,  &  profonds 
de  quinze  à  feize,  lesquels  font  revêtus  de  tables  de  jaspe 
&  de  porphyre,  à  quelques  coudées  de  haut ,  auffi-bien 
que  le  mur  de  l'édifice.  Ces  parapets  fervent  pour  l'éta- 
lage des  jouailliers  Sr.  des  orfèvres.  Le  portail  eft  peint  ; 
on  y  a  repréfenté  une  bataille  donnée  par  Abas  le  Grand 
contre  les  Usbecs  ;  il  y  a  au-dcffus  &  au-defTous  des  re- 
préfentations  d'Européens ,  qui  font  à  table ,  le  verre  à 
la  main ,  hommes  ck  femmes ,  en  pofture  de  débauchés  ; 
&  tout  cela  fort  mal  peint,  félon  le  peu  de  capacité  des 
Perfans  dans  cet  art.  Au  haut  eft  une  groffe  horloge  de 
trois  pieds  en  carré,  laquelle  eft  à-préfent  démontée  , 
foit  faute  d'horloger,  foit  parce  que  toute  forte  de  fonnerie 
eft  abominable  aux  Perfans ,  à  qui  la  religion  interdit  le 
fon  des  cloches^:  il  y  en  a  pourtant  une  greffe,  élevée 
au  haut  du  portail ,  &  qui  en  fait  la  cime  ;  mais  elle  ne 
fonne  jamais.  Le  bord  a  un  lifton  de  lettres  moulées , 
contenant  ces  mots  :  Sancia  Maria,  ora  pro  nobis  mu- 
lieribus  ;  ce  qui  donne  lieu  de  croire  que  cette  cloche 
étoit  à  quelque  couvent  de  religieufes  de  la  ville  d'Or- 
mus ,  d'où  elle  a  été  apportée. 

Les  Perfans  appellent  ce  marché  Kayferie,  du  mot  de 
'Kayfer ,  qui  chez  eux  fignifie  Cêfar.  Il  mené  dans  le  plus, 
grand  &  le  plus  fomptueux  bazar  d'Ispahan  ,  &C  où  l'on 
vend  les  plus  riches  étoffes.  Ce  bazar  eft  couvert  en 
voûte.  Le  milieu  ,  qui  eft  un  grand  rond ,  couvert  d'un 
dôme  de  moresque  fort  élevé ,  de  même  que  la  voûte 
du  bazar ,  donne  entrée  du  côté  droit  à  la  maifon  de  la 
monnoie  ,  &  de  l'autre  à  un  magnifique  caravanserai , 
appelle  le  caravanferai  royal,  parce  qu'il  eft  du  domaine 
du  roi.  Ces  deux  édifices  ont  de  grands  portails,  de  même 
fïru&ure  que  le  portail  impérial.  Celui  de  la  monnoie 
ieft  peint  d'une  repréfentation  d'Aly  ,  fucceffeur  de  Ma- 
homet ,  qui  délivre  une  belle  personne  des  mains  d'un 
lion.  On  reconnoît  ce  héros  des  Mahométans ,  tant  à 
fon  fabre  à  deux  pointes ,  qu'au  voile  verd  qui  lui  couvre 
le  vifage.  Les  Perfans  couvrent  ainfi  le  vifage  d'Aly; 
mais  ils  couvrent  d'un  voile  blanc  celui  de  tous  leurs 
prophètes  &  de  leurs  faints  ,  pour  dire  que  le  vifage 
des  faints  eft  incomparable ,  Sr.  qu'on  n'en  peut  repré- 
fenter  les  traits  merveilleux.  Un  peu  plus  loin ,  on  fe 
trouve  entouré  de  cinq  ou  fix  caravanferais  ,  les  plus 
grands  &-les  plus  riches  de  la  ville. 

Dans  les  bazars  qui  environnent  la  place,  on  vend 
de  toutes  fortes  de  denrées  ,  comme  on  fait  fur  la  place. 
Abas  le  Grand  ,  fondateur  de  cette  place  royale  ,  avoit 
ordonné  les  ehofes  de  telle  manière  pour  la  commodité 
du  commerce  ,  qu'on  pût  trouver  dans  la  place  même  les 
ehofes  les  plus  communes ,  &c  les  plus  rares  dans  les  ba- 
zars qui  font  à  l'entour ,  &  que  les  ouvriers  fuffent  pla- 
cés entte  le  marché  &C  les  bazars. 

Ensuite  ,  en  prenant  à  gauche  vers  le  palais  royal ,  on 
trouve  deux  très-grands  caravanserais  ,  qu'on  appelle  la 
cuifine ,  parce  que  l'un  contient  les  cuifines  du  roi  ;  l'au- 
tre la  boucherie.  En  tirant  à  droite,  au  fortir  de  la  mos- 
quée ,  on  trouve  le  beau  caravanserai  de  Macsoud-Ajfar, 
dont  j'ai  parlé. 

Proche  de  ce  caravanserai ,  il  y  en  a  un  autre  qu'on 
appelle  des  vendeurs  de  ri^ ,  où  les  étrangers  de  Babylone 
ont  accoutumé  de  fe  loger  ;  &  de-là  on  paffe  les  galeries 
de  différens  ouvriers ,  dont  la  dernière  finit  à  la  mosquée 
du  cèdre.  On  voit  à  côté  de  cette  mosquée  les  entrées  de 
deux  grands  caravanserais  nommés  de  Gulpegon  ,  ville  de 
la  Parthide.  Joignant  la  mosquée,  eft  le  portail  du  palais 
de  Mahamed-Megdy ,  premier  miniftre,  &  du  Cheic-El- 
Islarn  fon  frère.  Le  même  portail  fert  pour  les  deux  pa- 
lais ;  &  plus  ayant ,  il  y  a  un  grand  collège ,  qui  porte  le 


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même  noir!  ■•pie  la  Mosquée .  ayant  été  bâti  en  même  tems$ 
&  par  le  même  fondateur. .., 

On  laiffe  à  côté  du  collège  un,paffage  fous  terre,  qui 
mené  vers  la  fortereffe  par  de  petites  rues  fales  ,  dans 
lesquelles  il  y  a  cinq  ou  fix  caravanferais  ,  qui  ,  comme 
les  maifons  d'alentour ,  ne  font  habitées  que  par  des  fem- 
mes débauchées.  Puis  on  entre  dans  le  canton  des  mar- 
chands de  ibuliers  fans  talon.  Les  fouliers  des  hommes  fk 
des  femmes  font  tous  femblables  en^Perse.  Au  bout,  on 
trouve  les  entrées  d'un  bain  Se  d'un  caravanferai ,  qui 
font  fur  le  derrière  ;  car  les  galeries  ne  fout  interrompues 
d'aucun  édifice.  Après ,  il  y  a  une  galerie  de  revendeurs  3 
ùc  ensuite  un  portail  qui  mené  à  trois  caravanserais  l'un 
contre  l'autre ,  qui  porte  le  nom  d'Aly-Conlikan  Ç'eiï 
où  fe  tiennent  les  plus  riches  Indiens  ,  qui  font  les  ban- 
quiers &  le  changeurs  de  la  Perfe.  De-là  on  paffe  le  quar- 
tier des  faifeurs  de  dentelles ,  &  de  boutons  d'or  St  d'ar- 
gent ,  lequel  finit  à  une  des  grandes  avenues  de  la  place 
royale  ;  celle  par  où  l'on  va  au  quartier  où  eft  le  bureau 
de  la.  compagnie  Hollandoife  ,  &£  l'hospice  des  capucins* 
Le  palais  du  fameux  Iman-Coulican  en  eft  proche  ;  il 
étoit  le  généraliffime  des  arméesde  Perfe,  fous  Abas  le 
Grand,  &  le.  principal  inftrument  de  Ces  conquêtes.  • 

•  Ces  galeries  aboutiffent  à  un  collège  qu'on  appelle  de. 
Abdalla.  A  quelque  diftancede  là  ,  eft  l'entrée  d'un  beau 
caravanserai  conftruit  aux  dépens  de  Sefi-Mirza  ,  fils 
aîné  d'Abas  le  Grand  ,  celui  que  ce  prince  fit  mourir.  Il 
y  en  a  un  autre  tout  proche  qui  mené  au  bazar ,  où  l'on 
imprime  d'or  &  d'argent,  ou  de  couleurs,  les  étoffes  de 
foie ,  de  même  que  la  toile.  Un  peu  plus  loin,  on  trou- 
ve le  caravanserai  Geddé,  du  nom  de  la  mère  de  Sefi  I. 
qui  le  fit  bâtir  :  il  y  a  à  ces  côtés  quatre»,  autres  cara- 
vanserais plus  petits ,  qui  portent  le  même  nom.  On  les 
appelle  aufli  tous  cinq  Londra-Frouch ,  c'eft-à-dire  ven- 
deurs de  Londres  ,  parce  que  ce  font  les  magazins  des 
principaux  marchands  de  drap  ,  qu'on  appelle  Londres  ,. 
à  caufe  quec'eftdes  Anglois  que-les  Persans  ont  eu  le  pre- 
mier drap  ,  &  qu'ils  continuent  de  le  tirer. 

hepalais  royal  n'a  guères  moins  d'une  lieue  &r.  demie 
de  tour.  Le  grand  portail  donne  fur  la  place  royale.  Ou 
l'appelle  Aly-Capi ,  c'eft-à-dire  la  porte  haute  ,  ou  lz 
porte  facrèe  ,  &  non  pas  la  porte  d'Aly ,  comme  quelques- 
uns  penfent,  trompés  par  la  conformité  du  mot.  Elle  eli 
toute  de  porphyre  &  fort  exhauffée. 

Le  feuil  eft  auffi  de  porphyre  de  couleur  verte  ,  haut 
de  cinq  à  fix  pouces  ,  fait  en  demi-rond.  Les  Persans  le, 
révèrent  comme  facré  ;  &  qui  marcheroit  deflus  ,(èroit 
puni  :  il  faut  enjamber  par-defîus.  Toute  la  porte  même 
eft  lactée  ;  les  gens  qui  ont  reçu  quelque  grâce  du  roi , 
vont  la  baifer  en  pompe  &  en  cérémonie  ,  en  mettant 
pied  à  terre;  &  fe  tenant  debout  contre,  ils  prient  Dieu 
à  haute  voix, pour  la  prospérité  du  prince.  Le  roi,  par 
respeft,  ne  le  paffe  jamais  à  cheval.  Au-devant,  à  cinq  ou 
fix  pas  du  portail  ,  font  deux  grandes  fales;  en  l'une  le 
préfident  du  divan  adminiftre  la  juftice  &  expédie  les  re- 
quêtes préfentées  au  roi  ;  &  dans  l'autre  le  grand-maître 
d'hôtel,  qu'on  appelle  ,  en  Perse,  chef  des  maîtres  de  la 
Porte  ,  tient  fon  bureau  public.  A  côté  il  y  a  deux  autres 
fales  plus  petites,  qu'on  appelle  fales  des  gardes,  parce 
qu'elles  ont  été  faites  pour  un  corps  de  gardes  :  vis-à-vis 
des  jardins ,  à  main  gauche  ,  efl  le  pavillon  qu'on  appelle 
talaar  tavileh ,  c'eft-à-dire  le  faim  de  l'écurie  ,  qui  eft 
bâti  au  milieu  d'un  jardin  ,  dont  les  allées  font  couver- 
tes de  .platanes.  Dans  celle  du  milieu  qui  fait  face  au  fa- 
lon,  il  y  a  de  chaque  côté  neuf  mangeoires  de  chevaux, 
ausquelles,  les  jours  de  folemnités ,  comme  à  des  audien- 
ces d'ambaffadeur ,  on  attache  avec  des  chaînes  d'or  au- 
tant de  chevaux  des  plus  beaux  de  l'écurie  du  roi ,  cou- 
verts &c  harnachés  de  pierreries  ;  &  l'on  met  auprès 
tous  les  uftenfiles.  d'écurie,  qui  font  aufïï  d'or  fin  ,  jus- 
qu'aux doux  &  aux  marteaux.  C'eft  par  cette  allée  qu'on 
fait  paffer  les  ambaffadeurs  pour  aller  à  l'audience  ,  6c 
les  autres  étrangers  de  qualité  ,  afin  qu'ils  voient  cette 
pompe  merveilïeufe.  Ce  falon  de  l'écurie  a  cent  quatre 
pas  de  face  ,  vingt-fix  de  profondeur  ,  &  vingt-cinq 
pieds  de  hauteur  :  il  eft  couvert  d'un  plafond  de  mofaï- 
que  ,  affis  fur  des  colomnes  de  bois  peint  &  doré  ;  Se 
il  eft  feparé  en  trois  fales ,  dont  celle  du  milieu  eft  élevée 
de  neuf  pieds  dû>«z-de-chauffée ,  &  celles  des  côté1;,  de 
trois  feulement  :  les  féparations  font  faites  de  chaffts  dé 
Tome  III.    Cccc  ij 


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cryftal  de  Venife  de  toutes  couleurs  ;  Se  le  falon  entier 
eft  garni  de  courtines  tout  à  l'entour  ,  doublées  des  plus 
fines  indiennes.  Un  grand  baflin  de  marbre,  avec  des  jets 
d'eau  à  l'entour  &  au  centre,  ocupe  le  milieu  de  la  grande 
fale.  C'eft  celle  où  le  fuccefleur  d'Abas  II  a  été  cou- 
ronné. 

Par  l'allée  où  conduit  le  portail ,  on  parvient  à  un 
grand  perron ,  au  haut  duquel  on  trouve  de  grands  corps 
de  logis  de  tous  côtés  ,  qui  font  de  ces  magafins  du  rçi 
ou  galeries ,  qu'on  appelle  karkhone ,  c'eft-à-dire  mai- 
fon d'ouvrage ,  parce  qu'on  y  travaille  pour  le  roi  &  fâ 
maifon.  Celui  qui  eft  à  droite ,  renferme  la  bibliothèque. 
La  fale  de  la  bibliothèque  eft  bien  petite  pour  un  tel 
ufage:  car  elle  n'a  que  vingt-deux  pas  de  long,  fur  douze 
de  large.  Les  murs  de  bas  en  haut  font  percés  de  niches 
de  quinze  à  feize  pouces  de  profondeur ,  qui  fervent  d'ais. 
Les  livres  y  font  couchés  à  plat ,  les  uns  fur  les  autres  en 
pile  ,  félon  leur  grandeur  ,  fans  aucune  diftin&ion  des 
matières  qu'ils  traitent.  Les  noms  des  auteurs  font  écrits 
pour  la  plupart  fur  la  tranche  du  livre.  De  grands  rideaux 
doubles,  attachés  au  plafond ,  couvrent  toutes  ces  niches; 
enforte  qu'on  ne  voit  pas  un  livre ,  en  entrant  dans  la 
fale  ;  ceux  de  cette  bibliothèque  royal,  font  Perfans, 
Arabes  ,  Turquesques  Se  Cophtes. 

Auprès  de  cette  bibliothèque  ,  eft  le  magafin  qu'on 
appelle  la  grande  garde-robe,  parce  qu'on  y  renferme  ces 
habits  ou  calaat ,  comme  on  les  appelle ,  que  le  roi  donne 
pour  faire  honneur.  Elle  confifte  en  plufieurs  grandes  fa- 
les  ,  les  unes  où  l'on  fait  les  habits  ,  les  autres  où  on  les 
garde  ;  le  roi  donne  tous  les  ans  plus  de  huit  mille  ca- 
laat ,  &  on  affure  que  la  dépense  en  va  à  plus  d'un  mil- 
lion d'écus.  Tout  proche  eft  le  magafin  de  coffres ,  Se 
celui  qu'on  appelle  la.  petite  garde-robe  où  l'on  ne  tra- 
vaille que  pour  la  personne  du  roi.  Ensuite  on  trouvé 
les  magafins  du  café  Se  des  pipes  ;  celui  des  flambeaux , 
qu'on  appelle  la  maifon  du  fuif ,  parce  que  la  plus  com- 
mune lumière  dont  les  Persans  fe  fervent ,  eft  faite  avec 
des  lampes  nourries  de  fuif  rafiné  ,  lequel  eft  blanc  8c 
ferme  comme  la  cire-vierge  ;  fuit  le  magazin  du  vin.  Je 
ferai  la  description  de  celui-ci ,  pouf  donner  une  idée  de 
tous  les  autres.  C'eft  une  manière  de  falon ,  haut  de  fîx 
à  fept  toifes,  élevé  de  deux  pieds  fur  le  rez-de- chauffée  , 
eonftruit  au  milieu  d'un  jardin  ,  dont  l'entrée  eft  étroite 
&  cachée  par  un  petit  mur  bâti  au-  devant.  Quand  on  y 
eft  entré ,  on  trouve  à  la  gauche  du  falon  des  offices  ou 
magafins  ,  &  à  droite  une  grande  fale.  Le  falon  qui  eft 
couvert  en  voûte  ,  a  la  forme  d'un  carré  long  ou  d'une 
croix  gréque  ,  au  moyen  de  deux  portiques  ou  arcades 
profondes  de  feize  pieds  qui  font  aux  côtés.  Le  milieu  de 
la  fale  eft  orné  d'un  grand  baflin  d'eau ,  à  bords  de  por- 
phyre. Les  murailles  font  revêtues  de  tables  de  jaspe  tout 
à  l'entour ,  à  huit  pieds  de  hauteur  ;  Se  au-deflus  jusqu'au 
centre  de  la  voûte  ,  on  ne  voit  de  toutes  parts  que  ni- 
ches de  mille  fortes  de  figures  ,  qui  font  remplies  de  va- 
fes  de  toutes  les  façons  Se  de  toutes  les  matières ,  comme 
de  cryftal,  de  cornaline,  d'agathe,  d'onyces  ,  de  jaspe, 
d'ambre  ,  de  corail  ,  de  porcelaine  ,  de  pierres  fines  , 
d'or,  d'argent  ,  d'émail,  &c.  Les  offices  ou  magafins , 
qu'il  y  a  à  côté  de  cette  magnifique  fale  ,  font  remplies 
de  caifles  de  vin  ,  hautes  de  quatre  pieds  Se  larges  de 
deux. 

Proche  de  ces  magafins  ,  eft  le  plus  grand  &  le  plus 
fomptueux  corps  de  logis  de  tout  le  palais  royal.  On 
l'appelle  tchehel-feton ,  c'eft-à-dire  les  quarautes  piliers , 
quoiqu'il  ne  foit  fupporté  que  fur  dix-huit  ;  mais  c'eft  la 
phrafe  Persane  de  mettre  le  nombre  de  quarante  pour  un 
grand  nombte  :  ce  corps  de  logis ,  qui  eft  bâti  au  milieu 
d'un  jardin  comme  les  autres ,  eft  un  pavillon  qui  confifte 
en  une  fale  élevée  de  cinq  pieds  fur  le  jardin ,  large  de 
cinquante-deux  pas  de  face  &  de  huit  de  profondeur ,  à 
trois  étages  hauts  de  deux  pieds  l'un  fur  l'autre  ,  dont  le 
plafond  fait  d'ouvrage  mofaïque  ,  eft  porté  fur  dix-huit 
piliers  ou  colonnes  de  trente  pieds  de  haut ,  tournées  &£ 
dorées.  Il  confifte  de  plus  en  deux  chambres  qui  font  à 
côté  ,  &  grandes  à  proportion  ;  Se  en  une  autre  fale  au 
dos  de  la  grande  ,  de  trente  pas  de  face  Se  de  quinze  de 
profondeur  ,  lambriflee  de  même  que  la  grande  ,  avec 
de  petits  cabinets  aux  coins.  Les  murs  font  revêtus  de 
marbre  blanc,  peint  &  doré  jusqu'à  moitié  de  la  hauteur; 
&  le  refte  eft  fait  de  chaffis  de  cryftal  de  toutes  couleurs. 


ISP 


Au  milieu  du  falon ,  il  y  a  trois  baffins  de  marbre  blanc  , 
l'un  fur  l'autre ,  qui  vont  en  diminuant  ;  le  trône  du  roi 
eft  fur  un  quatrième  eftrade',  longue  de  douze  pas,  Se 
large  de  huit,  il  y  a  quatie  cheminées  dans  le  falon  ,  deux 
à  droite  Se  deux  à  gauche  ,  au-deflus  defquelles  il  a  y  de 
grandes  peintures  qui  tiennent  tous  les  côtés ,  dont  l'une 
repréfenfe  une  bataille  d'Abas  le  Grand  contre  les  Us- 
becs  ,  Se  les  trois  autres  dès  fêtes  royales.  Les  autres  en- 
droits font  peints  ou  garnis  de  figures  ,  dont  la  plupart 
font  lascives  ou  de  moresque  d'or  Se  d'azur  appliqués  fort 
épais.  Au  haut  du  faion ,  tout  à  l'entour  font  attachés  des 
rideaux  de  fin  coutil ,  doublés  de  brocard  d'or  à  fleurs. 
On  ne  fauroit  voir- de  plus  pompeufe  audience  que  celle 
que  le  roi  de  Perse  donne  dans  ce  falon.  Le  trône  du 
roi ,  qui  eft  comme  un  petit  lit  de  repos  ,  eft  garni  de 
quatre  gros  couffins  brodés  de  perles  Se  de  pierreries.  De 
petits  eunuques  blancs  ,  font  un  demi -cercle  autour  de 
lui ,  Se  quatre  ou  cinq  autres  plus  grands  font  derrière  , 
tenant  les  armes  ,  toùt-à-fait  riches  Se  brillantes.  Les 
plus  grands  feigneurs  de  l'état  ',  l'ont  furies  côtés  de  l'ef- 
trade  ou  eft  le  trône.  L^s  feigneurs  inférieurs  font  fur  la 
féconde  eftrade.  La  jeune  nob'e'fe  ,  &  tous  ceux  qui 
n'ont  pas  droit  de  féance  ,  for.t  debout  au  bas  placitrt 
avec  la  mulique  ,  Se  les  officiers  fervans  font  debout  dans 
le  jardin  ,  à  quelques  pas  du  placitre,  fous  les  yeux  du  roi. 
Dans  le  même  enclos  ,  où  eft  ce  fuperbe  falon  ,  il  y 
en  a  deux  autres  ,  l'un  compofé  de  cinq  étages  oftogo- 
nes ,  ouverts  l'un  fur  l'autre  en  perspe&iye ,  ou  en  étré- 
ciflant,  chacun  foutenu  fur  quatre  piliers  tournés  Se  do- 
rés ,  oc  orné  d'un  baflin  au  milieu.  L'autre  falon  eft  fait 
en  carré  avec  plufieurs  chambres  Se  cabinets  à  côté. 
.  Il  y  a  encore  deux  autres  grands  appartemens  pareils 
dans  le  palais  ,  qui  font  chacun  dans  un  jardin  féparé  : 
l'un  eft  presque  fait  comme  les  précédens  ;  l'autre  eft  à 
deux  étages ,  dont  le  premier  eft  divifé  en  fales  ;  Se  le 
fécond  en  chambres ,  galeries ,  cabinets  Se  balcons  ,  avec  • 
des  baffins  Se  des  jets  d'eau  dans  toutes  les  chambres. 
Ce  font  les  appartemens  où  le  roi  tient  fes  affemblées. 
Les  murs  dont  les  jardins  font  enfermés  ,  font  faits  de 
terre  la  plupart ,  de  la  hauteur  accoutumée  de  dix  à 
douze  pieds,  couverts  du  haut  en  bas  de  petites  lampes 
incruftées  pour  les  illuminations ,  Se  furmontés  d'un  cor- 
ridor dont  le  roi  feul  a  l'ufage  j  Se  par  lequel  il  va  par- 
tout fans  être  apperçu. 

Le  refte  du  palais  royal  contient  dès  magafins ,  des 
galeries  d'ouvrage ,  &  le  quartier  des  femmes  ,  que  nous 
appelions  lejerrail,  Se  que  les  Pérfans  appellent  haram, 
ou  lieu  facre  ■ 

Ceferrail  a  près  a  une  lieue  de  tour.  Il  eft  enfermé  de 
murs  fi  hauts ,  qu'il  n'y  a  aucun  monaftere  en  Europe ,  qui 
en  ait  de  femblables.  Il  y  a  trois  grandes  avenues  ,  une 
dans  la  place  royale ,  une  autre  vis-à-vis  le  petit  arsenal  ; 
la  troifiéme  qui  eft  la  principale  qu'on  appelle  la  porte 
des  Cuifines  ;  Se  il  y  en  a  une  autre  à  demï-lieué  de-là  par 
laquelle  il  n'y  a  que  le  roi  feul  qui  puifle  pafTer.  La  pre-> 
miere  avenue  eft  fermée  d'un  haut  portail,  contre  lequel 
il  y  a  trois  grandes  fales ,  chacune  avec  deux  cabinets  , 
qui  font  des  manières  de  corps-de-garde.  Les  officiers 
de  l'état  Se  ceux  qui  ont  affaire  au  roi,  peuvent  entrer 
dans  les  deux  premières  fales  ;  mais  les  feuls  eunuques 
entrent  dans  la  troifiéme.  Le  portail  eft  caché  dans  un 
détour ,  à  côté  d'une  grande  Se  haute  tour  ;  de  manière 
qu'on  ne  le  fauroit  voir  qu'en  mettant  le  pied  defius.  Il  • 
eft  large  Se  haut ,  fait  en  voûte  ,  revêtu  à  dix  pieds  de 
terre  de  tables  de  marbre  peint  Se  doré,  avec  un  perron 
tout  autour,  fur  lequel  les  eunuques  de  garde  fe  tiennent 
affis ,  pour  recevoir  les  meffages  des  eunuques  de  dehors, 
Se  les  porter  au  dedans  ;  car  les  eunuques  ne  vont  pas 
tous  indifféremment  dans  l'intérieur  du  ferrail.  Les  jeu- 
nes y  vont  rarement  ;  Si  s'ils  font  blancs  ,  ils  n'y  vont 
point  du  tout,  à  moins  que  d'être  mandés  expreflement 
par  le  roi.  Ces  eunuques  qui  fervent  dans  le  ferrail  ,  ont 
leurs  logemens  fur  les  dehors  ,  Se  loin  des  femmes. 
Quand  on  a  paffé  le  portail ,  on  découvre  des  jardins  à 
perte  de  vue  ,  couverts  d'arbres  de  haute  futaie  ;  Se 
quand  on  a  fait  environ  fix-vingt  pas  de  chemin  ,  on 
trouve  quatre  grands  corps  de  logis  qui  ne  font  point  en- 
tourés de  murs  ,  parce  qu'ils  font  à  cent  cinquante  pas 
de  diftance  l'un  de  l'autre.  L'un  s'appelle  mehéemancané , 
c'eft-à-dire  le  palais  des  hôtes ,  parce  que  c'eft  où  on 


SP 


reçoit,  ck  où  on  loge  les  hôtefTes ,  comme  les  femmes 
de  qualiiéqui  rendent  vifite ,  les  princeffes  du  fang  royal, 
qui  font  mariées ,  ck  les  femmes  ck  filles  qu'on  fait  voir 
au  roi  pour  leur  beauté.  Un  autre  s'appelle  amarath-jer- 
dons ,  comme  qui  diroit  le  paradis  ,  le  troifieme  divan- 
kainé,  la  fale  des  miroirs,  parce  que  le  falon  de  ce  troi- 
fieme corps  de  logis  efttout  revêtu  de  miroirs  ,  &  même 
la  voûte.  Le  quatrième  fe  nomme  amarath-derid-cka, 
la  mer  royale ,  parce  qu'il  eft  bâti  au  devant  d'un  étang  de 
vingt  pieds  de  diamètre.  Les  Persans  appellent  mer  royale 
les  étangs  ck  les  baffins  d'eau  qui  font  d'une  grandeur 
extraordinaire ,  comme  eft  celui-ci  qu'on  voit  couvert  de 
toutes  fortes  d'oifeaux  de  rivière,  ck  au  milieu  duquel  on 
voit  un  parterre  verd  d'environ  trente  pieds  de  diame^ 
tre ,  à  fix  pouces  feulement  au-deffus  de  l'eau  ,  entouré 
d'un  baluftre  doré.  Les  bords  de  l'étang  ,  à  la  largeur  de 
quatre  toifes  tout  à  l'entour  ,  font  couverts  de  grands 
carreaux  de  marbre.  On  y  voit  un  petit  bateau  attaché  , 
qui  eft  garni  d'écarlate  en  dedans ,  pour  fe  promener,  Se 
aller  au  parterre.  Les  quatre  rois ,  qui  ont  régné  avant  le 
dernier,  ont  fait  bâtir  chacun  de  ces  palais.,  ou  corps 
de  logis.  Ils  font  à  deux  étages  ,  le  bas  confiftant  en  fa- 
lons  ,  avec  des  chambres  &  des  cabinets  à  l'entour  ,  6k 
le  haut  en  chambres  qui  font  plus  petites,  en  cabinets, 
galeries  &  niches  de  cent  fortes  de  figures  &  de  gran- 
deurs ,  avec  de  petits  degrés  dans  les  murs.  Ce  font  de 
vrais  labyrinthes  que  ces  fortes  d'édifices.  Ces  palais  font 
peints ,  dorés  ck  azurés  par-tout ,  excepté  où  les  plafonds 
font  de  rapport ,  &  ou  la  boiferie  eft  de  fenteur.  On  voit 
dans  l'un  de  ces  palais  un  falon  à  trois  étages  ,  foutenu 
fur  des  colomnes  de  bois  doré  ,  qu'on  pourroit  appeller 
une  grotte  ;  car  l'eau  y  eft  par  tout ,  coulant  autour  des 
étages  dans  un  canal  étroit ,  qui  la  fait  tomber  en  forme 
de  nappe  ou  cafeade  ,  de  manière  qu'en  quelque  endroit 
du  falon  que  l'on  fe  trouve  ,  on  voit  l'eau  tout  autour 
de  foi.  Au-delà  de  ces  grands  corps  de  logis ,  on  trouve 
en  face  un  long  édifice  qui  contient  un  grand  apparte- 
ment ,  au  milieu  de  trente  autres  plus  petits  ,  tous  fur 
une  ligne  &  à  double  étage,  confiftant  chacun  en  deux 
chambres ,  Se  un  cabinet ,  avec  un  perron  fur  le  devant 
de  dix  pieds  de  profondeur  ,  ck  de  quatre  de  hauteur. 
Ces  logis  font  doubles ,  ouverts  derrière  &  devant ,  fur 
des  jardins ,  l'un  expofé  au  nord ,  l'autre  au  midi  pour 
les  différentes  faifqns  de  l'année. 

Le  palais  royal  a  cinq  principales  entrées.  La  première 
eft  celle  qu'on  appelle  h  porte  haute,  ou  glorieufe  ,  au- 
deffus  de  laquelle  eft  le  magnifique  pavillon  ,  qui  eft  fi 
élevé  ,  qu'en  regardant  de-là  dans  la  place  ,  les  gens  qui 
paffent ,  ne  paroiffent  pas  grands  de  deux  pieds.  Ce  beau 
pavillon  eft  ioutenu  fur  trois  rangs  de  hautes  colomnes , 
ck  orné  au  milieu  d'un  baffin  de  jaspe ,  à  trois  jets  d'eau. 
Des  bœufs  y  font  monter  l'eau  par  trois  machines  qui 
font  élevées  l'une  fur  l'autre  par  étages.  La  féconde  en- 
trée du  palais  royal  eft  celle  qui  mené  à  la  porte  du  fer- 
rail.  La  troifieme  eft  au  nord,  appellée  la  porte  des  qua- 
tre bafjins.  La  quatrième  eft  à  l'occident  vers  la  porte 
de  la  ville  ,  qu'on  appelle  impériale.  La  cinquième  eft 
vis-à-vis  le  petit  arfenal  ,  qu'on  appelle  la  porte  de  la 
cuijine  ,  parce  que  les  cuifines  du  roi  en  fon  proches. 

Lé  ba\ar ,  ou  marché  impérial ,  eft  fermé  la  nuit ,  le 
jour  du  vendredi  &  les  grandes  fêtes ,  comme  tous  les 
autres  grands  bazars  de  la  ville.  Affej  près  de-là  eft  l'hô- 
pital qu'on  appelle  darelchafa ,  l'habitation  de  la  fanté , 
qui  ne  reffemble  en  rien  à  nos  hôpitaux  ,  car  c'eft  un 
cloître,  autour  d'un  jardin,  compofé  de  petites  cham 
très  baffes  à  deux  étages,  affez  jolies  ,au  nombre  d'envi- 
ron quatre-vingt  en  tout.  Cet  hôpital  eft  fort  pauvrement 
fondé.  Abas  le  Grand  le  fit  bâtir,  ck  un  caravanserai  tout 
à  la  fois  ,  dont  le  revenu  devoit  fervir  à  l'entretien  des 
officiers  de  l'hôpital. 

En  avançant  plus  loin  ,  on  entre  dans  un  ba^ar  fort 
large  ck  fort  haut ,  qui  eft  le  plus  long  de  toute  la  ville  ; 
cat  il  a  bien  fix  cens  pas  géométriques.  Il  eft  tenu  par 
des  ouvriers  de  plufieurs  efpeces. 

A  quelques  deux  cens  pas  ,  en  tirant  vers  la  porte 
qu'on  appelle  impériale,  on  trouve  une  grande  place 
carrée  ,  laquelle  eft  au  devant  du  palais  du  cèdre  mokou- 
fat  ,  qui  eft  le  pontife  général ,  ou  te  furintendant  de 
tous  les  biens  d'eglife  dans  tout  le  royaume  ,  lesquelles 
ne  font  pas  de  fondation  royale.  Ce  palais  eft  le  plus 
vafte  de  tout  Ifpahan  3  contenant  des  cours  très-  fpacieu- 


*73 


fes ,  de  grands  jardins ,  des  fales  de  quatre-vingt  pieds  de 
face ,  &  beaucoup  d'offices  :  c'eft  un  bâtiment  moderne. 

En  rentrant  dans, ce  long  baqar ,  on  trouve  au  milieu 
un  grand  carrefour  :  il  eft  couvert  d'un  haut  dôme ,  donc 
le  centre  eft  un  haut  foupirail  pour  donner  du  jour.  Tous 
les  bazars  font  éclairés  ainfi  par  des  foupiraux  aux  voûtes. 
Cç  carrefour  mené  ,  en  prenant  à  droite,  dans  une  place 
qui  eft  auffi  grande  que  la  place  royale  à  Paris,  mais  qui 
n'a  rien  de  beau  d'ailleurs.  On  l'appelle  maidonneu  , 
c'eft-à-dire  la  place  nouvelle  ;  Abas  II  l'avoit  fait  faire 
pour  y  retirer  tous  les  marchands  de   h  place  royale. 

Au  fortir  de  cette  place ,  en  tirant  vers  le-palais  royal, 
l'on  paffe  entre  deux  grands  corps  de  logis'  qui  ont  de 
beaux  jardins  derrière ,  dont  l'un  s'appelle  Amanii  Maka- 
med  Mehdy  ,  qui  eft  le  nom  de  celui  qui  étoit  premier 
miniftre  à  la  mort  d'Abas  II  ;  l'autre  Amarat-Cha-. 
Tahmas ,  qui  étoit  roi  de  Perle  avant  Abas  le  Grand,  fou 
fils.  Amarat  fignifie  proprement  maifon  de plaifance ,  St 
c'eft  ce  que  les  Italiens  appellent  villa.  Ces  maifons  font 
préfentement  changées  en  deux  ateliers  ou  galeries  pour 
les  manufactures  du  roi.  On  y  voit  dans  un  appartement 
féparé  les  moulins  d'un  diamantaire  Européen  ,  qu'A- 
bas  II  avoit  fait  venir  à  l'inftigation  des  jouailliers  Ar- 
méniens ,  pour  tailler  un  diamant,  du  plus  de  deux  cens 
mille  écus  ;  car  quoique  les  Orientaux  ayent  les  mines  des 
diamans  dans  leur  pays ,  ils  n'ont  pas  l'art  de  les  tailler 
au  degré  que  nous  l'avons  ;  leurs  diamantaires  tiennent 
leurs  pierres  à  la  main  fur  la  roue  ,  comme  les  pierres 
tendres  ;  ce  qui  rend  leur  ouvrage  fort  défectueux  Se 
imparfait  :  auffi  tout  ce  qui  eft  taillé  en  Orient ,  eft  taillé 
de  nouveau  chez  nous ,  lorfqu'il  y  arrive. 

En  avançant  vers  le  palais  royal  ,  on  paffe  fous  un 
grand  portique  qui  tient  toute  la  rue ,  ck  qui  eft  couvert 
d'un  pavillon ,  lequel  on  appelle  la  maijon  de  cry/lal  , 
parce  que  tous  les  chaffis  font  faits  de  grands  carreaux  de 
cryftal  de  roche  ,  parfaitement  beaux  :  ensuite  on  tra- 
verse la  place  des  Quatre-Baffms  ,  qui  eft  une  grande 
place  carrée ,  entourée  d'arbres  ,  où  il  y  avoit  autrefois 
quatre  baffins  d'eau  ,  qui  font  à  préfent  comblés.  On 
laiffe  à  droite  la  porte  du  palais  royal ,  qu'on  appelle  la. 
porte  des  quatres  baffins,  qui  eft  celle  qui  mené  à  ce 
grand  falon  nommé  les  quarante  colonnes  ,  ck  à  gauche 
un  édifice  imparfait,  qu'on  appelle  l'atelier  de  la  minière  , 
parce  qu'il  avoit  été  commencé  par  les  ordres  d?  Maha- 
med-Bec,  premier  miniftre  d'Abas  ,  homme  d'un  esprit 
vafte  Se  ingénieux  ,  qui  s'étoit  mis  en  tête  de  tirer  de 
l'or  &  de  l'argent  des  minéraux  de  Perfe  ,  où  il  y  a  en 
effet  de  l'or  Se  de  l'atgent  ;  mais  la  dépenfe  qu'il  faut 
faire  pour  les  tirer,  excède  le  profir.  La  mort  de  ce  mi- 
niftre ,  arrivée  peu  après  ,  fut  caufe  qu'on  laiffa  là  l'édi- 
fice Se  le  deffein.  A  quelques  pas  au-delà  ,  on  voit  un 
grand  palais  ,  où  loge  préfentement  Manoutcher-Can. 
gouverneur  du  pays  des  Lours ,  qui  eft  une  grande  pro- 
vince frontière  de  la  Parthide. 

Voilà  tout  le  côté  gauche  de  la  place  royale  ;  venons 
à  la  droite ,  en  commençant  par  l'hôpital.  On  entre 
d'abord  dans  un  beau  Se  riche  bazar  ,  qui  porte  le  nom 
de  Lulebec ,  celui  qui  l'a  fondé,  lequel  étoit  grand  furinten- 
dant du  tems  d'Abas  I.  Il  y  a  fur  le  côté  de  ce  bazar  deux 
caravanserais  auffi  grands  qu'aucun  autre  rapporté  ci-def- 
fus  ;  l'un  s'appelle  le  caravanferai  du  roi ,  parce  qu'il  eft  de 
fondation  royale ,  de  même  qu'un  bain  qui  eft  tout  joi- 
gnant. On  y  vend  de  la  porcelaine  de  Kirman  Se  de  Me- 
tehed,  deux  grandes  villes  de  Perse  ,  où  l'on  fait  de  la 
porcelaine  fi  fine  ,  qu'elle  peut  paffer  pour  être  du  Japon 
Se  de  la  Chine  ;  car  la  matière  en  eft  d'émail  dedans 
comme  dehors;  auffi  les  Hollandois,  à  ce  qu'on  affure  , 
la  mêlent  Se  la  font  paffer  avec  de  la  porcelaine  de  la 
Chine,  qu'ils  débitent  en  Europe.  L'autre  caravanserai 
eft  furnommé  de  Luebec  ,  comme  le  bazar;  &  il  eft 
rempli  d'Indiens,  ck  des  riches  marchandifes  des  Indes: 
le  bazar  en  eft  auffi  rempli.  On  n'y  voit  que  brocards 
&  qu'habits  de  brocard  fck  de  broderie.  Le  ba2ar  abou- 
tit à  la  maifon  de  la  compagnie  Angloife  ,  qui  eft  un 
grand  ck  fpacieux  palais  ,  ayant  trois  corps  de  logis , 
avec  un  beau  jardin  ck  de  beaux  baffins  d'eau  ;  mais  tout 
cela  tombe  en  ruine  ,  la  compagnie  n'ayant  plus  à  pré- 
fent, à  beaucoup  près  ,  ni  le  même  négoce  ,  ni  le  même 
inonde  à  Ispahan  ,  que  lorsque  ce  palais  lui  fut  donné; 
ce  beau  logis  ne  fert  plus  à  la  compagnie  que  de  mii- 
fon  de  campagne  ,  où  quelques  fafteurs  viennent  paffer 


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ouatre  ou  cinq  mois  de  Tannée  tout  au  plus  ;  Se  puis  ils 
s'en  retournent  à  Gamron  ,  fur  le  golfe  Perfique,  à  un 
mois  de  chemin  d'Ispahan  ,  où  eft  leur  négoce. 

Traversant  le  caravanserai  de  Lelebec  on  entre  dans 
un  bazar  où  il  y  a  un  caravanserai  auffi  grand  que  les 
précédens.  L'un  &  l'autre  eft  furnommé  des  vendeurs 
de  grenades  ,  parce  que  durant  neuf  mois  de  l'année , 
on  y  en  apporte  de  divers  endroits  de  la  Perse  une  pro- 
digieufe  quantité.  On  conferve  ce  fruit  dans  du  coton , 
&  on  le  transporte  dans  des  cailles  de  quatre  pieds  de 
haut,  &  de  deux  pieds  de  large  ;  c'eft  un  des  plus  ex- 
cellens  fruits  du  pays  :  nous  ne  le  connoiffons  presque 
point  en  Europe  ,  les  grenades  que  nous  avons  n'appro- 
chant point  de  celles  de  Perse  ,  ,foit  pour  la  grofleur , 
foit  pour  la  beauté  &  la  bonté  ;  au  bout  de  ce  bazar  , 
en  tirant  à  gauche  ,  vers  la  place  qu'on  appelle  la  tour 
de  cornes,  on  patte  le  collège  de  Geddé,  ainfi  nommé 
d'une  femme  du  roi  Séfi  ,  laquelle  le  fonda  ;  puis  on 
fe  trouve  dans  un  long  bazar ,  appelle  le  ba^ar  de  Sa- 
routaki,  qui  eft  ce  premier  miniftre  eunuque,  dont  on 
a  parlé.  Il  y  a  en  ce  bazar  un  bain  d'un  côté  ,  &C  un  ca- 
ravanferai  de  l'autre  ,  qui  portent  le  même  nom ,  parce 
que  ce  miniftre  les  fit  tous  deux  conftruire.  On  trouve 
à  la  fortie  de  ce  bazar  la  petite  écurie  du  roi  ,  appellée 
javile  khaffé,  écurie  particulière,  pour  la  diftinguer  de 
la  grande  ,  qui  eft  dans  l'eneeinte  du  palaisroyal. 

C'eft-là  ce  qu'il  y  a  de  remarquable  du  côté  de  la  porte 
de  Hafjen-Abad,  en  tirant  de  l'occident  vers  l'orient  ; 
il  faut  voir  de  fuite  ce  qui  mérite  d'être  remarqué  de  ce 
même  côté ,  en  tirant  de  l'occident  au  feptentrion.  On 
y  trouve  d'abord  les  palais  de  Mir^a-  Echref,  fameux 
médecin  ;  quand  on  les  a  paffés ,  on  fe  trouve  au  dé- 
tour de  deux  longues  rues,  dont  celle  qui  tire  à  gauche, 
mené  au  château  d'Ispahan  ,  qu'on  appelle  le  château 
de  la  bénédiction  ;  &C  celle  qui  tire  a  droite  ,  aboutit  3 
après  un  long  chemin  ,  à  la  place  royale.  Parlant  outre, 
on  trouve  deux  autres  palais,  dont  l'un  appartient  sDi- 
knt-Chi-Can,  grand-feigneur ,  qui  a  fait  bâtir  une  belle 
mosquée  tout  contre  ;    Si  l'autre  appartient  au  roi. 

Sur  la  main  gauche  de  ce  palais,  il  y  a  un  autre  grand 
chemin  en  ligne  collatérale,  par  des  rues  aflez  belles,  qui 
font  entre-coupées  de  bazars.  On  y  pafle  le  caravanfe- 
rai ,  furnommé  du  général  des  Courtches ,  qui  eft  le  plus 
ancien  corps  de  milice  de  Perse. 

Ces  deux  chemins  fe  rencontrent  à  la  place  royale  ; 
&  en  continuant  fa  route,  on  entre  dans  une  belle  rue 
qu'on  appelle  la  rue  de  Gueda-Alibec  ,  qui  étoit  pré- 
vôt de  la  chambre  des  comptes  :  fon  palais  eft  au  mi- 
lieu ;  &  tout  joignant  eft  celui  d'un  gouverneur  de  pro- 
vince, nommé  Rujlan-Kan ,  avec  un  bain  Se  une  mos- 
quée qui  en  dépendent.  De-là  on  pafle  un  bazar  ,  qui 
aboutit  à  une  grande  maifon  ,  bâtie  par  un  riche  mar- 
chand des  Indes ,  nommé  Mir^a-Moain  ,  joignant  la- 
quelle il  y.  a  une  mosquée  :  aflez  près  de-là  eft  un  car- 
refour ,  d'où,  tournant  à  l'orient,  on  rencontre  d'abord 
la  fameufe  maifon  de  \*Dou{e-Tomans.C  hd\l  une  cour- 
tifane  qui  avoit  beaucoup  d'esprit  &  de  beauté  ,  &  qui 
avoit  mis  ce  prix  à  fes  faveurs.  Douze  tomans  valent 
environ  cinquante  piftoles.  A  cent  cinquante  pas  de 
cette  maifon  eft  le  palais  de  Soliman-Can  ;  &  tout  joi- 
gnant eft  celui  de  la  compagnie  Hollandoife  ,  qui  eft  un 
beau  logis,  avec  un  grand  jardin  orné  de  pavillons,  de 
baffins  d'eau  courante.  Le  portail  en  eft  grand  &t  élevé, 
furmonté  des  armes  &  de  la  devife  de  la  compagnie. 

En  paffant  derrière  ces  palais ,  on  trouve  un  collège 
qu'on  appelle  Mcdre^é-Sephivie  ,  c'eft-à-dire  collège  de 
pureté.  Il  eft  pourtant  à  l'entrée  du  plus  infâme  quartier 
d'Ispahan ,  confiftant  en  trois  rues  &  fept  grands  cara- 
vanièrais  nommés  les  caravanferais  des  découvertes  :  on 
appelle  ainfi  les  femmes  proftituées.  Tout  ce  quartier 
eft  rempli  des  plus  communes.  On  compte  douze  mille 
femmes  publiques  à  Ispahan ,  qui  font  couchées  fur  l'é- 
tat ,  en  cette  qualité  ,  fans  y  comprendre  celles  qui  ne 
font  pas  profefîion  ouverte  de  cet  infâme  commerce.  Au 
fortir  de  ce  canton ,  on  pafle  fous  une  grande  voûte  qui 
porte  la  belle  mosquée  de  Phataha.Ua  ,  qu'on  appelle 
auffi  la  mosquée  du  cèdre  ou  grand-pontife  ,  parce  que 
le  grand-pontife  ,  du  tems  de  Séphi  I ,  vint  demeurer 
dans  un  palais  tmi  eft  rout  joignant.  C'eft  un  des  plus 
grands  de  la  ville,  il  rautpréfentement  retourner  au  carre- 
four de,  Mir{a-Moain,  pour  voir  ce  qui  eft  à  l'occident. 


On  trouve  d'abord  le  bazar  de  Toktikan  ,  fils  d'un 
grand-prévôt  d'Ispahan,  du  tems  d'Abas  le  Grand.  Au 
bout  de  ce  bazar  on  rencontre  plufier.rs  grandes  mai- 
fons  ,  entr'autres,  celle  de  Mir7ta-Maaf}oum  ,  fils  du  pre- 
mier miniftre  du  tems  d'Abas  II,  celle  d'un  grand  mar- 
chand de  Turquie  ,  nommé  Ghelebi-Stamboli  ou  le  gen- 
tilhomme de  Confiantinople  ;  celle  du  Zindor- Bachi  , 
qui  eft  intendant  fur  tous  les  équipages  des  chevaux;  5c 
celle  des  Lours, qui  eft  le  nom  d'un  peuple  qui  habite  à 
l'occident  de  la  Parthdie.  Entre  ces  maifons  on  remarque 
le  caravanièrai  d'Emir-Bec  ,  qui  eft  proche  du  château. 
On  laifîe  à  gauche,  en  avançant  plus  loin,  un  vieux  cime- 
.  tiere  ,  à  un  coin  duquel  on  voit  un  gros  orme  ,  fous 
lequel  on  afl'ure  qu'eft  la  fépulture  de  Seljouge ,  un  an- 
cien roi  de  Perse.  Les  Perfans  difent  que  dieu  conserve 
cet  arbre ,  depuis  tant  de  fiécles  ,  pour  orner  ou  mar- 
quer la  fépulture  de  ce  bon  roi.  Plus  loin  on  pafle  de- 
vant les  palais  d'Ismaël-Bec,  &  devant  celui  de  \'Afa- 
Bachi ,  c'eft-à-dire  le  chef  des  esclaves  du  roi  ,  qui  ne 
font  pas  encore  mariés.  On  donne  ce  titre  aux  jeunes 
gens,  ou  qui  font  donnés  au  roi ,  en  qualité  d'esclaves, 
ou  qui  font  enfans  de  ces  fortes  de  gens ,  lesquels  font 
couchés  fur  l'état,  &t  tirent  la  paye  dès  leur  bas  âge. 
Plus  avant  on  trouve  le  bazar  du  grand-maître  de  l'ar- 
tillerie, contigu  à  un  autre  qui  porte  le  nom  de  Maha- 
met-Emin;  &  à  trente  pas  de-là  eft  la  maifon  des  Ca- 
pucins ,  aflez  fpacieufe  ,  avec  un  grand  jardin  qui  donne 
fur  un  cimetière,  qu'on  nomme  Cheik-Sulton  Mahamed, 
du  nom  d'un  feigneur  qui  y  eft  enterré  fous  un  tombeau 
de  pierre.  Cette  maiibn  des  Capucins  n'eft  pas  une 
maifon  du  roi  comme  celle  des  Auguftins ,  ou  celle  des 
Carmes  ;  elle  eft  aux  Capucins  en  propre ,  ayant  été  bâ- 
tie &C  le  fonds  acheté  de  leurs  deniers.  Ils  vinrent  en 
Perse  au  commencement  du  régne  de  Séphi. I,  &C  ils  y 
furent  reçus  à  la  recommandation  du  roi  de  France.  Le 
cardinal  de  Richelieu,  fon  premier  miniftre,  accorda  au 
fameux  père  Jofeph,  Capucin,  fon  ami,  cette  recomman- 
dation en  faveur  de  fon  ordre  ;  qui  fit  les  frais  de  l'éta- 
bliflement. 

De  la  maifon  des  Capucins  ,  tirant  au  midi ,  on  ne 
trouve  que  de  petits  bazars  ,  beaucoup  de  maifons  bour- 
geoifes,  des  tuileries  qui  aboutiflent  au  foffé  du  château 
du  côté  des  champs  ;  mais  du  côté  du  nord .,  on  trouve 
un  collège  qui  porte  le  nom  d'un  grand  eunuque  du  fer- 
rail,  nommé  Aga-Kafour ,  qui  le  fit  bâtir.  Cet  eunuque 
étoit  tréforier  du  ferrail ,  &  par  conféquent  gardien  des 
pierreries  &  de  tout  le  tréfor  royal. 

Ce  que  l'on  trouvé  de  remarquable  au-delà  de  ce  col- 
lège, eft  le  palais  de  Yu7-Bachi ,  ou  capitaine  de  cent 
gardes  ,  qu'on  nomme  Agellou  ,  c'eft-à-dire  monta- 
gnards,  pour  donner  à  entendre  qu'ils  font  fiers  &  in- 
trépides ;  le  palais  de  MirTa-ReTi ,  intendant  d'Ispahan  ; 
celui  à*  Aga-Cherif-EJli-Fachi,  qui  aboutit  à  un  bazar,  où. 
eft  un  hôpital  ruiné.  Puis  on  rencontre  deux  grandes  ga- 
leries vis-à-vis  desquelles  eft  une  maifon  que  les  Euro- 
péens appellent  Yévéché,  parce  qu'elle  a  appartenu  à  un 
évêque  de  Babylone ,  fufrïagant  de  Tévêché  d'Ispahan. 
C'étoit  un  Carme  François  ,  nommé  le  P.  Bernard  , 
qui,  n'ayant  pu  trouver  de  quoi  occuper  un  évêque,  re-* 
tourna  en  France  ,  laiffant  la  maifon  en  bon  état ,  l'é- 

f'ife  ,  la  bibliothèque  ,  les  ornemens  &  l'argenterie, 
tant  à  Paris ,  il  vejidit  tout  cela  à  un  orfèvre. 
Ce  que  nous  venons  de  décrire  depuis  la  maifon  de  la 
Douze-Tomans ,  eft  dans  le  quartier ,  qu'on  nomme  de 
kerron  ou  des  four ds.  Celui  qui  en  eft  le  plus  proche, 
porte  le  nom  d'Ahmed-Abad  ;  &c  il  s'appelloit  autrefois 
Bague-Toout,  c'eft-à-dire  jardin  des  meures,  parce  que 
c'étoient  plufieurs  jardins  de  meuriers.  On  trouve  en  ce 
quartier  la  rue  de  Paet-Cbenar,  les  bains  de  Cojè-Sef- 
Eldin  &  de  Mirrœ-Rou-ffalla  ,  une  petite  mosquée  cou- 
verte en  terraffe  :  un  petit  collège ,  nommé  Turbet-Ne- 
lour-El-Moulk,  ternie  qui  fignifie  le  tombeau  de  l'intelli- 
gence de  l'empire.  On  appelloit  ainfi  le  grand-vifir  de  ce 
roi  Haffen,  le  fondateur  de  la'partiè  d'Ispahan,  qui  porte 
fon  nom ,  lequel  eft  enterré  dans  ce  collège.  Il  eft  tra- 
verfé  par  un  grand  canal  d'eau  ;  on  voit  tout  proche 
l'hôtel  d'un  feigneur  nommé  Hakim- Mahamed ,  avec 
un  bazar,  un  bain  &  un  caravanièrai  de  même  nom.  On 
y  voit  auffi  une  belle  mosquée  neuve. 

On  entre  de-là  au  quartier  de  Yesd  ,  comme  ils  le 
furnomment ,  où  ce  que  l'on  voit  de  plus  remarquable , 


ISP 


efl  le  palais  du  gendre  de  Calife  Sulton  ,  grand-vizir  ;  ie 
logis  de  Hakim-Abd-'Halla ,  célèbre  médecin  ;  la  mos- 
quée de  Houloucan  ;  le  cimetière  d'Iman-Zade-Ismaél, 
où  il  y  a  un  grand  &  vieux  platane,  tout  hériffé  de  doux, 
où  les  derviches  qui  font  des  mendians  de  profeffion  , 
viennent  faire  leurs  dévotions  ,  6k  prendre  les  guenilles 
par  vœu.  De  ce  quartier  on  entre  dans  la  rue  de  Meh- 
vadion  ,  où  on  voit  la  maifon  de  Janikan ,  général  des 
Courtches ,  qui  étoit  le  chef  de  la  conjuration  contre  le 
grand-vizir  Saroutaki.  Proche  de  cette  rue  eft  le  palais 
de  Taimurascan,  dernier  roi  de  Géorgie.  De-là,  tirant 
vers  la  place  royale ,  on  trouve  Je  palais  de  Mechel-Dar- 
Bachi  ou  chef  des  porte-flambeaux  ,  qui  eft  une  charge 
confidérable.  Il  y  a  un  bain  6k  un  caravanferai  joignant, 
qui  porte  le  même  nom.  Abas  II  logea  dans  ce  palais 
un  ambafladeur  de  la  compagnie  Hollandoife ,  nommé 
Jean  Cuneus ,  qui  vint  en  Perse  l'an  1651.  Plus  avant 
on  trouve  le  palais  de  Mir{a-S  aihid-N aini ,  qui  eft  des 
plus  fpacieux  6k  des  plus  beaux  de  la  ville  ;  le  bain  du 
Cheic-el-IJlam ,  6k  un  peu  au-defîbus  le  palais  de  Coja- 
Maharram  ,  eunuque  ,  qui  étoit  mehter  ou  chambellan  du 
roi  Séfi,  6k  de  plus  fon  grand  favori.  Le  palais  eft  beau 
6k  bien  entretenu ,  fitué  à  la  droite  d'une  grande  &  belle 
mosquée,  qui  porte  le  nom  àeMacfoud-Bec ,  6k  qui  eft 
fondée  fur  les  ruines  d'une  autre  mosquée  fort  ancienne, 
où  il  y  avoit  un  tombeau  révéré  à  caufe  d'une  vieille 
tradition,  quoiqu'on  ne  puiffe  dire  pour  qui  il  avoit  été 
fait.  On  conserve  ce  tombeau  dans  la  mosquée  nou- 
velle ,  proche  de  laquelle  il  y  a  un  cloître  pour  recevoir 
ces  fortes  de  gens  que  les  Mahométans  appellent  dervi- 
ches .-ils  prétendent  quitter  le  monde  par  principe  de 
dévotion  ,  6k  profeîîer  une  pauvreté  &  une  mendicité 
volontairs.  Proche  le  palais  de  Coja-Maharram ,  il  y  a 
un  collège  6k  un  caravanferai  qui  porte  auffi  fon  nom ,' 
parce  qu'il  les  a  fait  bâtir,  6k  que  le  caravanferai  a  été 
Conftruit ,  afin  que  du  louage  des  chambres  on  entretînt 
les  écoliers  de  ce  collège.  Comme  la  propriété  eft  'fort 
mal  aflurée  en  Orient  ,  fur-tout  pour  les  gens  de  cour, 
à  qui  le  fouverain  ôte  la  vie  6k  les  biens  à  fon  gré,  6k 
fouvent  fur  le  plus  léger  fujet,  on  prend  cette  voie-là 
pour  faire  des  fondations  plus  affurées,  c'eft- à-dire  qu'on 
bâtit  des  bains,  des  bazars,  des  caravanferais ,  dont  on 
arfefte  par  contrat  le  revenu  à  l'entretien  de  la  mosquée 
ou  du  collège  qu'on  a  fondé  ,  ce  qui  n'eft  pas  de  fort 
longue  durée  ;  parce  que  lorsque  le  caravanlérai  ou  le 
bazar  deviennent  fi  vieux  qu'on  n'y  veut  plus  habiter,  6k 
que  par  conféquent  il  ne  rend  plus  de  profit,  la  mosquée 
n'eft  plus  entretenue ,  ou  le  collège  fe  déferte,  &  l'on 
en  va  chercher  quelqu' autre  de  plus  nouvelle  fondation. 
Continuant  de  tirer  vers  la  place  royale ,  on  trouve  tout 
proche  un  caravanferai ,  nommé  père-compagnon ,  6k  le 
palais  de  Sephy-Mir^a ,  au-devant  duquel  eft  une  place 
carrée. 

Je  décrirai  préfentement  le  quartier  de  Darbetic ,  qui 
eft  vers  le  bout  de  la  ville  ,  &  un  des  plus  peuplés  6k 
des  plus  connus.  On  le  nomme  auffi  Maidon-Emir,  ou 
place  du  prince  ,  parce  qu'il  y  a  au  milieu  une  grande 
place  qui  porte  ce  nom.  On  y  entre  pa'r  une  rue  nom- 
mée Gukhende ,  6k  d'abord  on  y  trouve  une  haute  & 
ancienne  tour  ,  appellée  la  tour  de  vinaigre ,  proche  de 
laquelle  eft  le  palais  tfAtembec,  qui  étoit  grand-prévôt 
d'Ispahan  ,  homme  célèbre  pour  fa  grande  application 
à  maintenir  la  tranquilité  de  la  ville  ,  6k  à  en  chaffer 
lesgens  inutiles  &  les  vagabonds.  On  rencontre  au-delà 
la  mosquée  de  Mirça-Ismacl,  avec  un  bain  6k  un  cime- 
tière du  même  nom  ,  puis  deux  autres  bains  ,  nommés 
l'un  le  bain  de  la  princejfe  ,  l'autre  le  bain  du  prévôt. 
Ce  dernier  eft  contigu  à  un  grand  tombeau  ,  fous  lequel 
eft  enterrée  une  fille  du  roi  Haffen  ,  nommée  Bibi-Beg- 
Nogon.  On  trouve  ensuite  le  collège  nommé  Japlurié , 
qui,  bien  que  fort  ancien,  eft  toujours  fort  beau  ;  les  prin- 
cipaux endroits  étant  revêtus  ,  les  uns  de  marbre ,  les 
autres  de  tuiles  vernifées  :  le  palais  de  Haflen-k-Cui- 
Jïnier,  ainfi  dit ,  pour  avoir  été  bâti  par  un  homme  qui 
n'étoit  quecuifinier  au  commencement  de  fa  fortune;  6k 
la  mosquée  paroiffiale  ,  qu'on  appelle  la  mosquée  de 
Darbetik ,  du  nom  du  quartier.  Il  y  a  tout  proche  un 
bain  6k  un  collège,  qu'on  nomme Mcdreçe-Gueghe^c'eû- 
à-dire  collège  de  la  fleur  longue  d'une  aulne.  On  va  de 
ce  collège  en  descendant  par  la  rue  neuve  aux  glacières, 


.:         :        ,     W  h  S. 

qui  portent  ie  nom  ^ Ahmed- Abad,  jJarce  qu'elles  font 
joignant  le  quartier  ainfi.nommé. 

.  De-là,  revenant  fur  i'es  pas,  erl  tirant  du  feptentrion 
à  l'occident ,  on  paffe  par-devant  la  maifon  des  Carmes. 
C>ft  un  grand  hôtel  appartenant  au  roi ,  &  il  ieur  a  été 
donné  pour  y  habiter  en  qualité  d'hôtes  du  roi ,  qui  eft 
le  nom  qu'on  donne  en  Perse  à  tous  les  étrangers  de 
considération.  C'étoit  le  palais  d'un  grand-maître  de  l'ar- 
tillerie qu'Abas  le  Grand  détruifit  avec  toute  fa  famille, 
au  commencement  du  fiécle  paflé. 

On  trouve  proche  de  cette  maifon  un  grand  palais  bieri 
doré  au  dedans  par-tout  &  bien  entretenu ,  où  logeoit 
Mir^a-Chefi,  célèbre  hiftoriographe  ;  &  de-là,  en  retour- 
nant au  quartier  de  Derbétic,  on  trouve  une  belle  mai- 
fon 6k  un  collège  qui  porte  le  nom  de  Miqa-Can,  qui 
étoit  un  gouverneur  ae  province  du  tems  d'Abas  le 
Grand ,  lequel  pour  des  vexations  extraordinaires  fut  at- 
taché vif  au  mât  qui  eft  au  milieu  de  la  place  royale,  où 
on  le  perça  de  coups  de  flèches  ,  fon  corps  y  ayant  été 
laine  jusqu'à  ce  que  le  loleil  l'eût  tout- à-fait  dëfleché  : 
allant  plus  loin  ,  on  'descend  dans  un  fond  qu'on  ap- 
pelle la  vallée  de  Mad-Soud-Bec ,  qui  aboutit  à  la  rus 
de  Sulton-Zinguen  ,  où  il  y  a  un  cimetière  de  même 
nom,  à  l'entrée  duquel  on  voit  deux  tours  de  pierre. 

Il  y  a  quatre  autres  rues  allez  grandes  proche  de  celles- 
là  ;  la  rue  des  diftillateurs  ;  la  rue  des  chaudroniers  ;  la 
rue  du  fel,  6k  celle  des  deux  frères.  Il  y  a  divers  bains 
dans  toutes  ces  rues  ,  dont  les  principaux  font  le  bain 
blanc  6k  le  bain  du  paradis  ,  6k  au-delà  on  trouve  le  pa- 
lais du  chef  des  architectes,  le  bazar  de  l'oie,  6k  divers 
bains ,  dont  le  plus  fameux  eft  celui  de  Coje-Alem,  mot 
qui  lignifie  le  vieux  Javant ,  à  caufe  de  fon  fondateur  qui 
paffe  parmi'  les  gens  doétes  du  pays  pour  le  plus  lavant 
homme  de  fon  frécle.  Deux  caravanlerais  6k  deux  col- 
lèges font  proches,  l'un  nommé  Guech-Comon ,  l'autre 
Macfoud  AJJar  ,  6k  un  bain  qu'on  appelle  le  bain  de. 
jeudi ,  parce  qtie  ce  jour-là,  qui  eft  la  veille  du  jour  du 
repos  chez  les  Mahométans  ,  on  y  trouve  toujours  un 
grand  concours  de  monde  qui  fe  prépare  par  la  purifi- 
cation à  la  célébration  de  la  fête. 

Il  y  a  près  de  ce  quartier  une  autre  vallée ,  qui  porte 
le  nom  de  Leutfer ,  laquelle  eft.  de  grande  réputation  , 
parce  que  c'eft  une  grande  poullailene  6k  un  grand  p.^s- 
fage.  Au  bas  de  cette  vallée ,  on  voit  entr'aufres  édifi- 
ces remarquables,  deux  hautes  6k  vieilles  tours  ,  à  quoi 
personne  ne  manque  de  prendre  garde  ;  car  on  diroit 
toujours  qu'elles  vont  tomber  fur  la  tête  ,  étant  incli- 
nées de  fix  ou  fept  degrés  fur  l'horizon.  De-là  on  entre 
en  la  rue  des  Arabes.  Elle  aboutit  à  la  vieille  Kaiferie 
ou  le  vieux  marché  impérial ,  6k  à  un  vieux  6k  haut  pa- 
villon-où  on  jouoit  des  ir.ftrumens  au  foir  6k  à  minuit, 
avant  qu'Abas  le  Grand  eût  fait  bâtir  la  place  royale. 
Ce  quartier  a  divers  collèges  6k  divers  caravanferais  , 
dont  le  principal  eft  celui  du  peuple  d'Ardeïïon.  Il  y  a 
encore  une  rue  nommée  la  rue  des  Juifs  ,  où  eft  leur 
principale  fynagogue  ;  outre  celle-ci ,  ils  en  ont  encore 
deux  autres  ;  mais  qui  ne  lbnt  proprement  que  de  peti- 
tes chapelles.  Au-delà  de  cette  rue,  on  trouve  un  cime- 
tière que  le  peuple  d'Ispahan  vénère  fort,  à  caufe  de  la  fé- 
puhure  tVLmaél-Kemeljqm  eft  un  de  leurs  faints  les  plus 
révérés.  Quelques  pas  au-delà  on  trouve  un  autre  tom- 
beau célèbre  d'un  nommé  Dioutat-Byaboni ,  un  héros 
du  Mahométisme,  dans  le  quatrième  fiécle  de  leur  épo- 
que ,  qui ,  par  zélé  ,  couroit  fur  les  Sunnys  ,  qui  font  les 
ennemis  de  la  fefte  des  Perfans  ,  6k  les  tuoit  fans  quar- 
tier, avec  une  maffue,  qui  eft  proche  le  tombeau  àdemi- 
enterré;  c'eft  une  véritable  poutre  que  nul  homme  ne 
pourroit  feulement  foulever.  Proche  de  ce  tombeau ,  on 
voit  une  tour  renommée  6k  fort  haute ,  appellée  la  tour 
du  chamelier. 

Je  décrirai  à  préfent  le  quartier  de  Sud-  Ahmedion , 
dont  j'ai  dit  que  la  porte  regarde  le  levant ,  avec  celles 
de  Haffen-Abad  6k  de  Kherron.  Le  premier  édifice  qu'on 
y  remarque  eft  la  tour  de  Coja-Akm ,  qui  porte  le  nom 
de  Gulbar,  c'eft-à-dire  chargé  de  fleurs ,  à  caufe  de  fa 
beauté.  C'eft  une  tour  ancienne  6k  recommandable  pour 
fon  architecture,  qui  paroît  meilleure  que  la  gothique. 
Enfuite  on  trouve  la  mosquée  du  quartier  ,  laquelle  en 
porte  le  nom  ;  elle  eft  célèbre  dans  le  pays ,  bâtie  de- 
puis fept  ou  huit  cents  ans,  La  tour  de  la  mosquée  s'ap« 


S7Ô 


ISP 


ISP 


•pelle  la  tour  à  fond  de  liton  ,  parce  qu'elle  eft  cou- 
Verte  de  faux  or  en  plufieurs  endroits.  Dans  ce  quartier 
il  y  a  rrois  autres  petites  mosquées,  dont  l'une  renferme 
le.  tombeau  de  Seid-Àhme'd  Zemchi  ,  l'autre  celui  de 
Emin-Yeddy-ffaffen  ,  grand-vizir  du  fameux  Sulton- 
Melek-Cha  ,  roi  de  Perse  ,  &  l'autre  celui  du  preux  Ba- 
bylonien. Le  mot  de  preux  en  perfan  ,  eft  divone  ;  ik 
en  turc ,  dtly  :  mets  fynonymes  ,  qui  fignifient  égale- 
ment fou  &  brave.  Les  principales  rues  du  quartier  font 
la  rue  dEmin-Yeddy-HaJ/én  ,  la  rue  de  Harom-Vtlaied, 
la  rue  de  Gulbar  ,  la  rue  de  Nackchion  &  la  rue  de  Tak- 
ga  ;  &  les  principaux  bains  font  le  bain  des  Safraniers, 
&  les  bain  des  Tailleurs  de  pierre.  La  rue  de  Takga 
mené  à  une  place  qui  porte  le  même  nom  de  Takga  ou 
Tflkuga ,  c'eft-à-dire  lieu  de  thrône ,  qui  eft  un  endroit 
des  plus  fameux  de  la  ville.  Il  y  a  une  infinité  de  caba- 
rets à  caffé  &c  à  kokenaer  >  qui  eft  une  infufion  de  pa- 
vot, dont  l'on  boit  pour  s'échauffer  &  fe  récréer  ,  & 
qui  enyvre  de  même  que  le  vin.  Il  y  a  toujours  là  une 
prodigieufe  affluence  de  monde  à  boire  ,  ou  bien  qui  va 
en  dévotion  au  fépulcre  de  Haram  -  V elaïed  ,  qui  eft 
proche  de-là,  &  qui  eft  un  des  pèlerinages  des  Perfans, 
où  l'on  prétend  qu'il  fe  fait  des  miracles.  C'eft  un  grand 
maulolée ,  fort  bien  bâti  ,  feion  l'architecture  Perfane. 
II  fert  de  mosquée  ,  ayant  des  tourelles  à  côté  ,  comme 
les  grandes  mosquées.  Hafam-  Velaïed  lignifie  corps faint  ^ 
ou,  comme  d'autres  l'interprètent,  te  faint  du  pays.  Il 
n'a  point  de  nom  particulier,  parce  qu'on  ne  fait  point 
qui  éroit  précifément  ce  prétendu  faint.  Les  Turcs,  qui, 
au  jugement  des  Perfans ,  font  des  Mahométans  héréti- 
ques, les  Juifs  &  les  Chrétiens,  de  quelque  leite  qu'ils 
foient,  difent  tous  qu'il  étoit  de  leur  religion.  Les  Ar- 
méniens ont  une  autre  tradition  touchant,  ce»  lieu  ;  c'eft 
que  les  Mahométans  ,  lorsqu'ils  envahirent  h  Perse ,  y 
jetterénf  dans  un  puits-'toutes  les  reliques  des  églifes  Chré- 
tiennes de  cette  ville  ;  ce  qui  l'ayant  rendu  vénérable 
aux  Chrétiens  reftés  dans  le  pays  ,  ils  mirent  des  pierres 
deffus  pour  fervir  d'enlèigne.  .  Les  Mahométans,  à  leur 
exemple,  fe  mirent  à  révérer  cet  endroit,  &  enfin  ils  y 
Làtirent  des  maufolées.  C'eft  ce  que  la  commune  tradi- 
tion rapporte  de  ce  fépulcre.  Tout  auprès^  il  y  a  deux 
puits  remarquables  ;  le  premier,  à  caufe  qu'il  fert  de  fé- 
pulture  à  un  brave  nommé  Hâtent  ,  qui  étoit  un  des 
plus  forts  hommes  de  fon  tems.  L'autre  puits  eft  grand 
&  fort  beau.  On  l'appelle  le  puits  de  Heyder-Indi,  du 
nom  de  celui  qui  l'a  fait  faire  ,  lequel  étoit  un  grand 
matchand  des  Indes,  qui,  dans  une  dangereufe  tempête, 
fit  vœu  au  faint  d'Haram-Velaïed ,  que  s'il  enéchappoit, 
il  bâtiroit  un  puits  large  &  profond  ,  proche  de  fa  mos- 
quée ,  où  un  homme  leroit  entretenu  pour  donner  à 
boire  aux  pafïans  ;  &  à  côté  une  eftrade  de  pierre  , 
haute,  entourée  de  baluftres  ,  pour  la  commodité  de 
ceux  qui  viennent  là  ,  foit  par  dévotion  ,'fpit  par  di- 
vertilTementi 

En  tirant  de  Tatkga  vers  la  place  royale ,  par  une 
grande  rue ,  qui  s'appelle  la  rue  du  thrône,  on  trouve  le 
palais  du  petit  prince.  C'étoit  le  grand-pontife  du  tems 
d'Abas  II ,  &.  le  ftere  de  Kalife-Sulton  ,  premier  minis- 
tre. On  rencontre  encore  le  palais  de  Gelandar-Bachi, 
qui  eft  le  grand  écuyer.  C'eft  un  des  plus  beaux  &  des 
fpacieux  palais  de  la  ville.  Après  on  paiTe  les  rues  de 
Fereidon- Médecin ,  &  de  Mchtcr-Dichtfmour,  ainfi  nom- 
mées parce  que  ces  feigneurs  y  avoient  des  hôtels.  On 
laide  à  gauche  celui  du  Mouftophy-El-Memalek ,  qui  eft 
le  premier  fecrétaire  d'état,  &  le  caravanferai  des  peu- 
ples de  Dergz^in  ;  &  enfùite  on  trouve  des  écuries  roya- 
les ,  qu'on  appelle  les  écuries  du  maître  des  tems,  parce 
que  le  roi  les  a  léguées  au  douzième  &  dernier  Iman, 
ou  vrai  Calife  ,  (becefleurde  Mahamed,  nommé  Maha- 
med-Mehdy,  que  les  Perfans  appellent  maître  des  tems, 
pour  dire  qu'il  n'eft  pas  mort ,  &  n'a  pas  cédé  au  tems 
comme  les  autres  hommes.  Ils  croient  en  effet  qu'il  n'eft 
pas  mort  ;  mais  qu'on  le  garde  dans  quelque  endroit  in- 
connu, d'où  il  reviendra  un  jour  faire  la  guerre  aux  en- 
nemis de  la  loi  ;  &  pour  cet  effet  on  tient  toujouts  là, 
nuit  &  jour  de  beaux  chevaux  fellés  &  richement  har- 
nachés ,  dont  il  y  en  a  toujours  deux  de  bridés ,  afin  que 
le  Calife  monte  deffws  au  moment  qu'il  paroîtra.  Après 
on  pafle  la  rue  de  Mir-Ismaël ,  où  il  y  a  un  hôtel  ,  un 
caravanferai  de  ce  nom,  &  un  bazar,  au  bout,  qui  joint 


le  bazar  du  Mhordar-Kochon ,  le  garde  des  fceaux  de  la 
guerre  ,  lequel  bazar  le  rend  au  caravanferai  nommé 
Bcgum  ou  de  la  reine  ,  parce  qu'il  a  été  fondé  par  la 
mère  de  Sephy  I.  On  voit  tout  proche  un  autre  cara- 
vanferai &  un  bain ,  qui  portent  tous  deux  le  nom  de 
Payder. 

Quand  on  a  pafle  ce  quartier,  on  entre  dans  celui  de 
Nin.aourde,  un  des  plus  fameux  &  des  plus  peuplés  d'Is- 
pahan.  Ce  qu'd  y  a  de  remarquable  eft  "la  rue  Chouma- 
lou;  la  mosquée  de  Zoulfogar,  qui  eft  le  nom  du  fabre 
d'Aly  ;  un  bain  &  un  hôtel,  qui  portent  le  nom  de  Rajjé- 
trache ,  c'eft  à-dire  Le  barbier  du  corps ,  qui  eft  celui  qui 
fait  le  poil  au  roi  ,  ce  qui  eft  Ain  office  confidérable  ;  le  ■ 
logis  de  Cheib-Mir{t ,  vizir  du  pays  de  Karaolous  ;  la 
rue  neuve,  où  eft  une  manière  de  couvent  pour  les  der- 
viches de  la  fefte  de  Souphis.  On  l'appelle  le  repofoir 
des  derviches  Soufis  ;  le  bain  lavandier  ;  la  rue  des  Juifs, 
ou  on  montre  une  de  leurs  fynagogues  ;  le  bazar  d'A- 
ramené  &  le  caravanferai  d,Abas  :  c'eft  le  prince  pre- 
mier du  nom,  qui  le  fit  conftruire ,  &  c'eft  un  des  beaux 
caravanferais  de  la  ville.  Au  milieu  de  ce  quartier  de  Ni- 
maourde,  il  y  a  une  allez  grande  vallée  qui  en  porte  le 
nom,  au-delà  de  laquelle  on  trouve  le  caravanferai  de 
Y  Eléphant  ;  la  rue  de  Moutabon ,  où  eft  la  mosquée. 
dite  de  la  Violence  ;  le  palais  ck  le  collège  de  Mir^a- 
Ca^y,  qui  étoit  Cheic-el-IJiam  ;  le  palais  d'Ibrahim-Sul- 
ton ,  grand-panetier  ;  &  après  on  vient  à  la  mosquée 
de  Hakim-Daoud,  qui  eft  une  des  plus  belles  Sa.  des 
plus  fpacieufes  d'Ispahan  ,  occupant  près  de  quatre  ar- 
pens  de  terre ,  &  ayant  coûté  plus  de  cent  cinquante 
mille  écus.  C'eft  auffi  la  dernière  grande  mosquée  qui 
ait  été  bâiie  dans  cette  ville.  Le  fonds  étoit  auparavant 
un  grand  cimetière. 

De  cette  mosquée  on  entre  dans  la  rue  de  Baba- 
Hajfeiri,  &  ensuite  daus  celle  de  Baba-Remalou,  où  il 
y  a  de  fort  belles  maifons,  qu'on  peut  appeller  des  pa- 
lais, comme  celle  de  Hakim-Mafjenat  ;  celle  deM'rja- 
Gelal ,  gendre  d'Abas  le  Grand.;  fk  trois  autres ,  qui 
portent  chacune  le  nom  de  Mahamed-Baguer,  qui  font 
trois  grands  hommes  de  lettres,  chacun  dans  leur  feience, 
tous  trois  appelles  Mahamed-Baguer.  Le  premier,  fur- 
nommé  le  Coraffonien  ,  étoit  le  principal  du  collège 
d'Abdala ,  le  plus  grand  &  le  plus  riche  collège  d'Ispa- 
han. Ce  Mahamed-Baguer  paiïbir  pour  le  plus  favant 
homme  de  fon  fiécle  ,  fur-tout  pour  la  théologie,  Se 
être  digne  de  la  qualité  de  Mouchtehed  ou  Vicaire  d'I- 
man.  Le  fécond  Mahamed  -  Baguer  étoit  furnommé 
Ye^dy,  du  lieu  de  fa  naiflance  :  c'étoit  un  autre  favant 
qu'on  eftimoit  le  plus  habile  mathématicien  du  royaume. 
Le  troifiéme  fut  furnommé  l'AJîrologue  ,  &  étoit  le  chef 
des  aftrologues  du  roi.  Le  palais  de  ce  dernier  Mahamed- 
Baguer  joint  le  jardin  de  Baba-  Haflein.  Proche  de-là, 
il  y  en  a  un  autre  nommé  Megbar'e,  à  caufe  du  tom- 
beau de  Sulton-Melekçha  ,  qui  eft  au  milieu  dans  une 
chapelle  couverte  d'un  beau  dôme.  De  cet  endroit  à  la 
place  royale  ,  il  n'y  a  que  peu  de  chemin  ,  &c  rien  de 
confidérable. 

De  la  porte  de  Lombon  à  cette  place  ,  on  trouve  à 
confidérer  ;  premièrement ,  l'édifice  joignant  la  porte  , 
qui  eft  le  palais  d'Ougour-Libec,  Divan  Bequi  ou  prési- 
dent du  tribunal  civil  &  criminel;  le  bain  des  Juifs;  & 
l'hôtel  qu'on  appelle  le  grand  chenil ,  parce  que  c'eft 
pour^  loger  les  chiens  du  roi.  .Enfuite  on  fe  trouve  aux 
entrées  de  .plufieurs  rues  ,  dont  les  principales  font  la 
rue  des  Potiers  ,  la  rue  des  Poivriers  ,  celle  des  Pape- 
tiers, celle  des  Gardes-Sceaux  de  la  guerre,  &  celle  des 
Fermiers  &  du  Bandeau-Royal  delà  loi,  ainfi  nommée 
du  premier  médecin  du  Sultan  Méleccha,  qui  y  fit  bâtir 
un  palais  ,  ayant  été  élevé  à  une  haute  fortune  par 
faveur  de  fon  maître  ,  fur  qui  il  avoit  fait  une  cure  mer 
veilleufe. 

Quand  on  a  paffé  cette  mosquée  ,  on  entre  dans  la 
rue  dite  Baba-Rafem,  à  caufe  du  tombeau  d'un  faint 
de  ce  nom  ,  qui  y  eft  conftruit.  On  entre  de  cette  rue 
dans  une  autre  appellée  la  rue  de  Moumen  -R-a^y,  où 
on  voit  au  bout  une  grande  mosquée,  nommée  la  mos- 
quée verte.  C'eft  le  dernier  édifice  confidérable  de  cette 
moitié  de  ville,  qui  porte  le  nom  de  Joubaré. 

Dans  le  quartier  deDeredéchte ,  il  y  a  une  vieille  tour 
qu'on  appelle  la  tour  des  cornes.  Elle  eft  limée  au  milieu 

d'une 


IS? 


d'une  place  ,  entourée  de  boutiques  hautes  de  trejs 
!  pieds  de  terre.  La  groffeur  de  la  tour  n'ëft  que  de  vingt 
pieds  ,  à  prendre  la  mefure  au-deilus  du  picdeftal,  &  là 
hauteur  d'environ  louante.  Le  corps  eft  conftruit  de  tui- 
les de  mortier  ;  &  elle  eft  revêtue  par-tout  de  haut  en 
bas  de  crânes  de  bêtes  fauves  avec  leurs  cornes.  Il  y  à 
une  galerie,  aux  trois  quarts  de  la  tour,  qui  fait  comme 
un  chapiteau ,  &c  où  ces  cornes  font  comme  une  balus- 
tre.  Là  proche,  eft  un  tombeau,  haut  ce  trois  pieds, 
revêtu  de  pierre  ,  appelle  le  tombeau  de  la  gabelle  , 
parce  qu'il  couvre  la  fofle  d'un  cheval  fameux  qu'avoit 
Abas  le  Grand  ,  &  qu'à  caufe  de  fon  extrême  vîteffe  , 
on  appelloit  la  gabelle. 

Tirant  de- là  vers  la  vieille  place  d'Ispahan,  on  trouve 
le  palais  6k  le  bain  de.  Miria-Sedre-Gehoon  ,  qui  étoit 
Moujtophy-El-Memelek,  c'eft-à-chre  le fecrétaire  de  l'em- 
pire. Sedre-Gehoon,  qui  étoit  fon  nom,  lignifie  le  pon- 
tife de  l'univers.  On  trouve  ensuite  le  palais  du  Mecher- 
dar-Bachi ,  c'eft- à-dire  le  chef  des  porte-flambeaux, avec 
la  mosquée  èk  le  bazar,  qui  portent  fon  nom  ;  le  palais 
de  Vely-yart-chi-Bachi  ,  le  chef  des  crieurs  publics  ,  qui 
eft  une  charge  importante  en  Perse  ;  le  caravanlerai  du 
peuple  de  Derge^in ,  qui  eft  une  ville  6k  un  pays  fur  les 
confins  de  la  Géorgie  ;  le  palais  de  Mirça- Koudchek  , 
ou  du  petit  prince  ,  qui  eft  le  pontife  des  biens  légués 
par  les  rois,  avec  un  bain  6k  un  marché  ,  qui  portent 
fon  nom  ;  le  bain  du  grand  écuyer  ,  6k  le  palais  é'A- 
bas-Couli-Bec-Moordar  ou  garde  desfceaux.  Ce  palais 
fait  le  coin  d'un  carrefour  ,  où  l'on  trouve  deux  rues 
en  face,  l'une  appellée  la  rue  de  Zulfegar,  qui  eft  le  nom 
du  fabre  d'Aly,  ck  l'autre  la  rue  du  médecin  Fereïdon. 
Les  autrts  ruts  principales  de  ce  quartier  font,  la  rue  du 
grand  chambclan  Dechtcour ,  celle  de  Nufchion  ,  celle 
de  Mir^a-Fij/uh ,  en  chacune  desquelles  il  y  a  un  bain 
de  même  nom,  &  puis  la  rue  des  Bonnetiers,  où  on 
vifite  le  cloître  ou  1  hospice  de  Neamed-Alla  ,  qui  eft 
au  milieu  d'un  jardin,  dont  les  murs  font  de  briques, 
potées  à  jour  ;  enforte  que  de  dehors  on  peut  voir  alte- 
rnent ce  qui  fe  pafie  au  dedans. 

Proche  de  cet  hospice,  il  y  a  le  caravanferai  deMirça- 
Ismaél-Kaveichy,  ou  caffetier  du  roi  ;  celui  de  Mir^a- 
Koudchec,  le  pontife,  6k  quatre  autres.  Dès  qu'on  les  a 
paftés ,  on  fe  trouve  à  un  lieu  célèbre  ,  dit  le  pied  du 
platane  brûlé.  C'eft  un  vieux  tronc  d'arbre  ,  joignant 
lequel  il  y  a  encore  une  hôtellerie  de  derviches,  à-peu- 
près  comme  la  précédente.  On  remarque  tout  proche 
un  grand  palais  qui  porte  le  nom  de  Mir-Ismaél,  un  can- 
ton qui  porte  celui  de  jardins  des  pêches  &  des  p avis  , 
parce  que  ce  u'étoit  qu'un  fort  grand  jardin  rempli  de 
ces  fortes  de  fruits ,  vers  le  commencement  du  fiécle 
paffé,  lorsque  la  vitle  étoit  moins  peuplée.  Une  partie 
de  ce  jardin  eft  devenue  une  place ,  fur  un  des  bords  de 
laquelle  eft  le  bain  Lavandier,  6k  fur  un  autre  la  mos- 
quée d'Iman-Couli-Can.  Plus  outre, on  paffe  la  vallée  des 
Faifeurs  de  chagrin,  la  mosquée  de  Mol/a-Zamon ,  la  rue 
ëAly-Sulton,  chefs  des  héraults  ou  crieurs  publics;  celle 
de  Molla-Hajfen-Chater ,  ou  valet  de  pied  du  roi,  & 
celle  des  Chebba^e  ou  coureurs  de  nuit  ;  ce  qui  revient 
à  notre  terme  de  filou. 

Continuant  de  parcourir  le  quartier  de  Deredcchte, 
on  entre  dans  la  rue  Bagraïon  ,  tirant  vers  Takga  6k 
Harom-Valaied.  On  trouve  ensuite  le  carrefour  dit  gui- 
bar  ou  gu/bahar,  c'eft- à-dire  fleur  du  printems.  Ce  quar- 
tier-là a  de  remarquable  le  palais  de  Califê-Sulton,  gen- 
dre d'Abas  le  Grand  ,  6c  premier  miniftre  d'état  ,  6c 
le  caravanferai  joignant,  qui  porte  le  même  nom,  auffi- 
bien  qu'un  bazar,  auffi  joignant,  6k  un  cabaret  de  co- 
quenar,  qui  eft  une  décocYiori  de  pavot,  dont  on  a  déjà 
parlé.  On  apperçoit  de-là  la  vieille  place  d'Ispahan  ,  6k 
l'on  y  arrive  en  paffant  par-devant  le  bain  dit  le  bain 
du  thrône ,  6k  par- devant  un  vieux  palais,  qui  eft  fort 
grand  &C  fort  ancien  ,  appelle  la  mai/on  des  chiens, 
parce  qu'il  appartenoit  à  un  grand  veneur  :  il  eft  tout 
de  brique  ,  bâti  à  l'Européenne  ,  en  ce  qu'il  y  a  de  grof- 
fes  tours  aux  quatre  coins.  Abas  le  Grand  y  logea  plu- 
sieurs années ,  jusqu'à  ce  que  fon  palais  fut  bâti.  Proche 
de  cette  maifon  des  chiens  on  voit  le  caravanferai  d'Aly 
l'Epicier,  6c  celui  des  Kaulys  ;  nom  qui,  dans  l'ufagé, 
veut  dire  tout  homme  exécrable,  6k  particulièrement  un 
inceflueux.  On  les  appelle  auffi  Korbetis  ik  Koboalis  ; 
ternies  qui,  dans  leur  étymologie,  lignifient  le  crime  con- 
tre nature. 


Le  long  de  la  vieille  place,  on  voit  plufieurs  cabarets 
de  pavot  ;  une  vieille  tour  qui  porte  le  nom  de  Cojjt- 
Alem,  qui  étoit  joignant  le  palais  royal  d'Ispahan,  lequel 
eft  tout-à-fait  ruiné.  On  rencontre  après  la  vieille  mai- 
fon des  inftrumens  de  rriufique ,  où  l'on  fonnoit  autre- 
fois au  coucher  du  Ibleil  &  à  minuit  ,  comme  j'ai  dit 
que  l'on  fait  à  prêtent  dans  la  place  royale  ;  Un  bain  &t 
un  caravanferai,  qu'on  appelle  des  potiers  de  terre  ;  un 
collège  qui  porte  le  nom  du  roi  Talimas  ;  la  galerie  des 
Faifeurs  de  marroquin  ;  puis  la  vieille  Kaïferie  ou  le  vieux 
marché  impérial,  qui  étoit  le  bel  abord  6k  le  riche  en- 
droit de  ia  ville ,  avant  qu'Abas  le  Grand  eût  bâti  fa 
nouvelle  Ispahan.  On  a  conftruit  dans  cet  endroit  de 
grandes  étables  pour  les  mulets  du  roi ,  &  il  y  en  a 
toujours  fix-vingt  à  cent  cinquante.  Au-delà  on  trouve 
un  bain,  un  caravanlèrai  &  une  mosquée  qui  portent 
le  nom  de  Kemar^erin  ;  6k  les  rues  fui  vantes,  favoir  la 
rue  des  deux  frères ,  qui  eft  une  des  plus  infâmes  de  la 
ville  ,  n'étant  habitée  que  par  des  femmes  publiques  ; 
la  rue  de  lAolla-Moumen ,  où  eft  la  mosquée  de  Molla- 
Negmé  ;  la  valle  des  Souliers  de  toile  ,  ainlî  dite,  de  ce 
qu'il  y  demeure  nombre  de  ces  cordonniers  qui  font  des 
fouliers  à  femelle  de  toile ,  dont  le  payfans  fe  fervent  : 
la  femelle,  qui  eft  faite  de  vieilles  guenilles,  dure  trois 
fois  plus  de  teins  qu'aucune  femelle  de  cuir.  Cette  rue 
aboutit  à  la  maifon  de  VAthas  ,  qui  eft  le  chevalier  du 
guet ,  à  qui  appartient  la  garde  &C  le  gouvernement  de 
la  ville  durant  la  nuit  :  de-là  tirant  aux  portes  de  To- 
kehi  6c  de  Deredechte ,  on  paffe  les  rues  fuivantes  ;  celle 
de  Hakim-Ckafai,  c'eft-à-dire  du  médecin  donne- fanté  ; 
celle  des  Confituriers,  où  eft  le  caravanferai,  qui  porte 
le  nom  des  Ardejloniens ,  peuple  de  la  Parthide  ;  celle 
des  Herboriftes  6i  ceile  de  Mahmoud-Cha,  qui  eft  la 
dernière. 

Ce  quartier  eft  ce  qu'on  appelle  la  Vieille  ville: 
il  n'y  a  rien  de  beau  ni  de  fort  remarquable.  Les  mai- 
fons en  font  petites ,  balles  ,  entaflees  l'une  jfur  l'autre  , 
n'y  ayant  point  de  jardins  ,  comme  aux  autres  quartiers 
de  la  ville  ;  les  ruelles  l'ombres  6c  petites ,  l'air  étouffé, 
le  peuple  pauvre  6k  de  la  plus  balle  condition.  C'eft 
auffi  un  vrai  labyrinthe  où  on  a  be.oin  de  guides.  Les 
villes  de  la  province  de  laParthide,  qui  ont  été  bâties  du 
tems  de  cette  vieille  ville  d'Ispahan,  font  toutes  de  même 
manière  ;  c'eft  parce  que  durant  quatre  à  cinq  cents  ans 
le  pays  étoit  ravagé  continuellement  par  divers  ennemis; 
ce  qui  réduilbit  le  peuple  à  fuir  dans  les  fortereiTes  à 
chaque  allarme  ,  en  abandonnant  leurs  maifons.  Celles 
de  ce  quartier  fe  rebâtiflènt  peu-à-peu  ,  grandes  &  fpa- 
cieufes ,  comme  aux  autres  quartiers  de  la  ville,  6k  avec 
le  tems  il  n'y  aura  plus  de  traces  de  cette  vieille  ville. 

Revenant  de  ces  portes  vers  les  autres  quartiers  de  la 
ville,  on  trouve  d'abord  la  FORTERESSE,  que  les  Perfans 
appellent  Cala-Teberrouk  ,  le  château  de  la  Bénédiction, 
laquelle  joint  les  murs  de  la  ville  à  la  partie  feptentrio- 
nale.  Cette  fortereffe  eft  de  figure  carrée  irréguliere, 
d'environ  mille  pas  de  diamètre  ,  toute  bâtie  de  terre 
enduite  de  plâtre  au  dehors.  Le  mur  en  eft  fort  haut, 
à  crenaux ,  muni  d'un  grand  parapet ,  flanqué  de  tours 
rondes  par  espaces ,  épais  de  douze  à  quatorze  pieds , 
avec  un  foffé  tout  à  Fentour  ,  bordé  d'un  rempart  de 
plus  de  trente  pieds  d'épaiffeur,  de  bonne  défense,  ôc 
d'un  avant-mur  ,  beaucoup  plus  bas  que  l'autre.  Cette 
fortereffe  a  auffi  une  courtine  ;  mais  tout  cela  eft  fi  an- 
tique,  d'une  architecture  &c  d'une  fortification  fi  diiîe- 
rente  de  celle  dont  on  fe  fert  dans  nos  pays  ,  que  ce 
château  nous  paroît  bien  plus  une  prifon  qu'une  forte- 
refle.  Il  renferme  à-peu-près  trois  cents  foixante- dix 
maifons,  avec  la  place  d'armes,  une  mosquée,  un  bain, 
le  logement  du  vizir  6c  le  donjon,  qui  en  eft  la  prin- 
cipale pièce.  Les  maifons  font  habitées  par  des  foldats 
Perfans,  qui  ont  de  paye  depuis  trois  cents  jusqu'à  cinq 
cents  francs  :  il  y  en  a  mille  d'entretenus ,  dont  la  moi- 
tié doit  toujours  être  en  garnifon.  La  place  d'armes  eft 
allez  grande  :  on  y  compte  au-delfus  de  quarante  pièce? 
d'artillerie  de  bonne  fonte,  conquifes  fur  les  Turcs  6c 
les  Espagnols ,  dans  le  Sein  Periique.  Le  logement  du 
Vizir  ou  gouverneur  de  la  place  ,  qui  eft  toujours  le 
gouverneur  de  la  province  ,  eft  grand;  mais  on  l'entre- 
tient mal  depuis  que  le  Vizir  n'eft  plus  obligé  à  la  réfî- 
dence.  Ce  fut  Sephi  1,  qui  le  dispensa  de  cette  obi  na- 
tion ;  il  y  ayoit  auparavant  habité  de  tout  tems,  depuis 
TomtUI.     Dddd 


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la  conftruftîon  de  la  place,  fans  ofer  en  découcher  ;  ce 
qui  fe  fàïfoît ,  non  pas  tant  pour  la  garde  de  la  place 
même,  que  pour  celle  du  trélbr  royal,  qui  eft  au  don- 
ion  de  ce  château,  qu'on  appelle,  à  caufe  de  cela, 
Narin-Khoné  ou  magafm  à  garder,  comme  ils  parlent. 
On  n'entre  que  très-rarement  ,  St  par  grande  faveur, 
dans  ce  donjon  ,  parce  que  les  clefs  en  font  en  différen- 
tes mains.  Le  grand-maître  en  aune,  dont fon  V îzir  eft 
le  gardien  :  le  Vizir  de  la  ville  en  a  une  autre  ,  ck  le 
gouverneur  du  petit  arfenal  une  autre.  Chacun  y  appofe 
fon  fceau,  de  plus  ;  ce  qui  fait  que  fans  eux  trois  ensem- 
ble il  n'y  a  pas  moyen  de  voir  ce  lieu. 
Je  décrirai  préfentement  ce  qu'il  y  "  ' 


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fîtes  tentes,  dont  on  environne  la  fofle  lorsqu'on  en- 
terre des  femmes.  Les  facrifties ,  où  l'on  garde  les  livres, 
les  lampes  ,  les  tapis  ck  les  autres  meubles  de  la  mos- 
quée, font  du  côté  du  couchant,  dans  une  fale  à  dôme, 
qu'on  appelle  la  voûte  fuspendue  ;  &  proche  de-là  eft 
une  chapelle  fouterreine,  où  l'on  s'affemble  pour  faire 
la  prière  publique  durant  l'hyver.  La  chaire  du  prédica- 
teur ck  l'oratoire  ,  font  fous  le  grand  dôme. 

Le  quartier  de  Hoffenie,  où  cette  grande  mosquée  eft 
bâtie  ,  eft  ainfi  nommé  d'une  céiébre  famille  qui  fe  dit 


de  remarquable 
en  venant  de  "la  porte  de  Dereaechte ,  au-dedans  de  la 
ville.  Le  premier  édifice  eft  le  bazar  ,  qu'on  appelle  des 
Arabes  ,  accompagné  d'un  grand  collège  qui  porte  le 
même  nom.  Il  y  à  ensuite  un  autre  bazar,  avec  un  ca- 
ravanferai  qui  porte  le  nom  de  Bouanotion  ,  ou  1  on 
vend  les  plus  beaux  fruits  fecs  du  pays ,  ck  les  meilleures 
eaux  de  fruits ,  comme  des  jus  de  citron  ck  de  grenade. 
On  ne  trouve  rien'  de  confidérable  en-deqa  ,  jusqu'au 
quartier  de  Heujjenie,  qui  eft  l'un  des  plus  fameux  cl  Is- 
pahan.  C'eft-là  qu'eft  la  vieille  mosquée,  qui  étoit  comme 
la  cathédrale ,  avant  qu'Abas  le  Grand,  eût  fait  conftruire 
la  mosquée  royale.  On  l'appelle  la  vieille  mosquée  de  la  tort  large  cour  de  fi 
congrégation  ,  qui  eft  le  terme  dont  les  Mahométans  " 
appellent  la  principale  mosquée  d'une  ville.  C'eft  laplus 
grande  de  la  Perse,  &  où  il  paroît  plus  de  majefte.  Le 
terrein  qu'elle  occupe  eft  de  plus  de  quatre  arpens.  Elle 
eft  de  figure  carrée  ,  confiftant  en  un  grand  dôme  ,  en 
deux  autres  plus  petits  à  fes  côtés  ,  qui  regardent  le  midi 
&  le  feptentnon  ,  ck  en  quatre  dômes  encore  plus  pe- 
tits ,  dans  les  quatre  coins.  Ces  dômes  font  bas  ck  plats, 
en  manière  de  four  ,  tous  foutenus  fur  quarante  pilas- 
tres :  l'ouvrage  eft  revêtu  dedans  &  dehors  de  carre  aux 
d'émail ,  peints  de  moresques  vifs  ck  luifans ,  excepté  le 
bas ,  à  huit  pieds  de  hauteur  ,  qui  eft  revêtu  de  belles 
tables  de  porphyre  onde  ck  marbré  ,  qui  font  celles 
qu'Abas  le  Grand  vouloit  faire  enlever  pour  fervir  à  la 
mosquée  royale.  ' 

Le  diamètre  du  grand  dôme  eft  de  plus  de  cent  pieds. 
Au-devant  de  ce  dôme  qui  fait  comme  le  chœur  du 
temple ,  il  y  a  une  fott  fpacieufe  cour  entourée  de  cloî- 
tres ,  dont  le  devant  eft  en  arcades  foutenues  par  de 
gros  pilaftres  de  même  ouvrage  que  les  dômes.  Des  gens 
d'éghfe ,  des  profeffeurs  ck  des  étudians  en  théologie 
logent  fous  ces  arcades ,  qui  font  fermées  de  chaffis  fur 
le  devant.  Cette  mosquée  a  deux  tourelles  ou  aiguilles, 
hautes  £k  menues,  de  brique,  d'émail,  &  fept  portes  prin- 
cipales ,  que  les  Perfans  difent  être  pareillemenr  l'ouvrage 
de  fept  rois,  chacune  ayant  fon  nom  en  particulier,  ck 
les  fauffes  portes  de  même  ;  il  y  a  un  baffin  d'eau,  carré> 
au  milieu  de  la  cour,  lequel  eft  fort  grand  ,Jk  dans  le- 
quel on  a  bâti  un  jubé  ou  placitre  de  bois ,  à  trois  pieds 

de  l'eau,  où  vingt  perfonnes  peuvent  tenir  ;   ck  c'eft  où 

l'on  va  faire  fes  prières ,  après  s'être  purifié.  Il  y  a  en- 
core un  autre  baffin  fort  grand  fous  un  des  dômes ,  & 

quelques  petits  fur  les  côtés  de  l'édifice  ,   &C  particuliè- 
rement proche  le   Gajfel-Khone ,  c'eft-à-dire  le  lieu  où 

l'on  adminijlre  aux  morts  la  purification  légale.   Il  y  en 

autrefois  bien  davantage  ;    mais  comme  on  a  reconnu 

que  tant  de  canaux  fouterreins  minoient  l'édifice,  on  les 

a  bouchés ,  &  comblé  les  baffins.  Les  deux  principales 

portes  de  la  mosquée  font  élevées  de  quatre  marches , 

ck  tiennent  à  des  allées  allez  étroites ,  qui  introduifent 

dans  la  mosquée.  Celle  qu'on  appelle  des  libraires,  eft 

bordée  de  chambres ,  où  l'on  garde  les  pièces  des  con- 
vois funèbres.    L'une  s'appelle  ta  mai/on  des  cercueils, 

parce  qu'on  y  garde  quantité  de  cercueils  pour  les  pa- 

roiffiens  décédés  ;  car  il  faut  obferver  qu'en  Perse,  comme 

dans  le  refte  de  l'Orient  ,  on  n'enterre  point  les  corps 

enfermés  dans   des  bières  ;  mais  on  les  porte  en  terre 

dans  une  bière  commune ,  que  la  mosquée  fournit.   On 

y  met  le  corps  au  moment  qu'on  veut  l'emporter;    ck 

quand  le  convoi  eft  arrivé  à  la  fofle  ,  on  tire  le  corps 

de  la  bière  ',    &c  on  l'enterre  enveloppé   dans   le  drap 

mortuaire.  Une  autre  chambre  contient  les  enfeignes  & 

étendards  des  Imans,  qu'on  porte  aux  convois  funèbres; 
une    autre   le  Siparé  où   Alcoran  en   trente  volumes, 

qu'on  y  fait,  porter  par  trente  écoliers  ou  étudians  ;  une 
autre  le  Tckar-Chadour  ou  quatre  voiles ,  qui  font  de  pe» 


originaire  de  Hoffein,  fils  d'Aly,  ck  petit-fils  de  Maha- 
med ,  laquelle  y  demeure  de  tems  immémorial.  Les  pa- 
lais qu'elle  y  a  fait  conftruire  font  le  plus  bel  endroit 
du  quartier.  Il  y  en  a  quatre  aux  coins  d'une  grande 
place,  dont  celui  qui  eft  au  coin  feptentrional ,  eft  à  la 
vérité  défert  ck  presque  tout  ruiné  ,  mais  les  trois  autres 
font  beaux  ck  bien  entretenus.  Le  plus  grand  ck  le  prin- 
cipal eft  poflèdé  par  Senger-Mir^a-P 'adchare^ ,  ou  iff'u 
dufang  royal;  ce  qui  s'entend,  parce  que  ce  lèigneur  fe 
dit  descendu  de  Hoiiein,  qui,  en  qualité  d'Iman,  étoit  roi 
légitime  de  tout  le  monde ,  félon  la  créance  des  Perfans. 
Une  petite  place  carrée  fe  préfente  devant  le  palais, 
dont  le  portail  élevé  de  fept  marches ,  qui  eft  un  des 
plus  grands  ck  des  plus  appareils  de  la  ville,  mené  aune 
arrée,  où  il  y  a  un  grand  baf- 
fin d'eau  ck  un  tombeau  de  pierre,  haut  de  quatre  pieds 
fur  une  bafe  de  dix-huit  pouces.  C'eft  le  fépulcre  d'un 
des  hommes  éminens  de  cette  ancienne  famille ,  qu'on 
appelloit  le  roi  des  rois ,  prince  des  Hofjenites ,  &  qui  en 
étoit  le  chef,  du  tems  d  Abas  le  Grand. 

Les  autres  lieux  confidérables  de  ce  quartier ,  font  la 
mosquée  Sengerié,  où  l'on  voit  une  inscription  en  lettres 
d'or  au  nom  du  roi  Ismaël  le  Grand  ;  ce  qui  fait  croire 
qu'il  a  fondé  cet  édifice  ,  auffi-bien  que  le  logis  des  Au- 
guftins,  qui  font  une  million  de  Portugal.  C'eft  un  grand 
palais  royal ,  où  il  y  a  beaucoup  de  jardins,  avec  des  baf- 
fins de  marbre  ck  des  logemens dorés  ck  azurés.  Laplus 
grande  partie  de  ce  palais  eft  inhabitée,  à  caufe  qu'il  n'y 
a  plus  que  trois  ou  quatre  religieux  ,  avec  fept  ou  huit 
domeftiques.  Ils  étoient  en  beaucoup  plus  grand  nombre, 
lorsqu'ils  vinrent  s'établir  à  Ispahan. 

En  fortant  du  quartier  de  Hoffenie ,  on  rencontre  la 
maifon  de  Miija-Jafer,  juge  ou  lieutenant -civil.  De 
cette  maifon ,  on  paffe  devant  le  collège  nommé  Baùl, 
ck  devant  le  logis  qu'on  nomme  du  Kelunter,  parce  qu'un 
Keranter,  qu'on  nomme  chez  nous  prévôt  des  marchands, 
l'a  fait  bâtir.  Après  on  trouve  la  mosquée  à'Aga-Mur- 
Joula ,  où  l'on  montre  au  fond  du  chœur  ou  au  mahrab, 
comme  parlent  les  Mahométans ,  c'eft-à-dite  l'endroit 
où  il  faut  tourner  fes  regards  en  faifant  fes  prières ,  deux 
grandes  pierres  de  marbre  polies  ,  dont  l'une  eft  blan- 
che 6k  l'autre  juspée  ,  fur  lesquelles  on  prétend  que  les 
marques  des  pieds  d'Aly  fon  empreintes ,  ckque  l'endroit 
a  l'odeur  de  l'ambre. 

Cette  mosquée  d' Aga-Nur-Joula,  qui  étoit  un  pauvre 
tifferand  Perfan  ,  que  la  mifereavoit  réduit  à  fuir  aux  In- 
des ,  où  il  avoit  fait  une  grande  fortuue  :  cette  mosquée, 
dis-je ,  eft  belle  ck  fomptueufe ,  ayant  deux  portes,  l'une 
qui  mené  au  palais  de  Mir^a-Taki,  intendant  desCourt- 
ches  ,  qui  font  l'ancien  corps  de  milice  de  Perse ,  & 
l'autre  à  la  rue  d'Ismaël-Beck ,  qui  étoit  fecrétaire  d'é- 
tat. Il  y  a  un  palais  au  milieu,  qui  porte  le  même  nom  ; 
ck  au  bout  le  bain  de  Kelanajat  ,  qui  étoit  le  bouffon 
d'Âbas  le  Grand,  fameux  pour  fon  esprit  &  parfes  re- 
parties. De-là  on  va  à  la  rue  des  Charretiers,  qui  aboutit 
au  bain  de  Molla-Chams ,  ck  au  bain  de  Jugi.  On  entre 
enfuite  dans  une  rue  qu'on  appelle  la  rue  des  Juifs  de 
Deredechte ,  où  l'on  montre  le  logis  d'un  fameux  luteur, 
qu'Abas  II  fii  éventrer ,  parce  qu'il  s'étoit  mis  à  enfoncer 
les  maifons  la  nuit.  Les  autres  rues  pricipales  de  ce  quar- 
tier, font  la  rue  des  Tailleurs  d'anneaux  d'albâtre,  qui 
font  ces  anneaux  qu'on  met  au  pouce  pour  bander  l'arc 
avec  plus  de  force  ;  la  rue  du  bain  du  Vi^ir  ;  la  rue  Cha- 
malou ,  où  il  y  a  un  tombeau  d'un  faint,  dont  on  ignore 
le  nom  ;  la  rue  du  Chem^é-Zeminé-Alerti ,  qui  eft  le  nom 
du  plus  riche  habitant  du  quartier.  On  y  trouve  une  mos- 
quée ck  le  logis  duMouphty,  qui  eft  le  pontife  de  la  loi 
Mahométane.  C'eft  chez  les  Turcs  le  premier  officier  de 
la  juftice  civile  ;  mais  chez  les  Perfans  il  n'a  guères  de 
rang ,  ck  encore  moins  d'autorité.  On  voit  encore,  dans 
cette  rue,  la  maifon  du  Chevalier  du  guet,  avec  fa  prifon 


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à  l'entrée  ;  car  ce  magiftrat  en  Perse  a  le  gouvernement 
de  la  ville  durant  la  nuit,  6k  juge  de  tout  ce  qui  arrive 
durant  ce  teins.  Quand  on  eft  forti  de  cette  rue,  on  en- 
tre, en  prenant  à  gauche,  dans  la  rue  â'Aga-Chamaklou, 
où  l'on  trouve  un  grand  collège,  dont  le  portail  eft  orné 
de  deux  hautes  tourelles ,  6k  un  palais  fort  beau  6k  des 
plus  grands  de  la  ville,  qui  porte  le  nom  de  Zamoon- 
Brahy.  On  dit  que  dans  cette  rue  logent  les  plus  belles 
courtifanes. 

Il  ne  me  refte  plus  qu'à  parcourir  deux  cantons  du 
quartier  de  Deredechte  ,  pour  en  avoir  achevé  la  descrip- 
tion. Le  premier  eft  fur  le  chemin  qui  mené  de  la  porte 
de  Deredechte  à  celle  d'Abas ,  qui  eft  à  l'autre  partie  de 
la  ville  dite  Joubarè ,  6k  le  fécond  eft  le  canton  nommé 
Casré-Boulagui.  Les  rues  principales  du  premier  canton, 
font  la  rue  Choura  ,  où  il  y  a  un  bain  qui  en  porte  le 
nom  ;  la  rue  des  quarante  filles  :  la  rue  éternelle  ;  la 
rue  des  verriers;  celle  de  Cheic-Bakedy-Makamed,  qui 
a  compofé  ce  fameux  Abbrégé  de  la  théologie  pratique 
&  cérémomelle  ,  qu'on  nomme  la  Somme  d'Abas,  le- 
quel y  avoir  fon  palais.  Il  y  a  deux  bains  dans  cette 
ïue  ,  dont  le  plus  grand  s'appelle  le  bain  de  Clieik  ;  après 
on  voit  la  rue  d'Aga-Cliir-Aly ,  où  il  y  a  un  bain,  une 
mosquée  6k  un  collège ,  qui  porte  ce  même  nom  ,  &c 
un  autre  collège  qu'on  appelle  le  collège  du  Firjr  des 
biens  légués,  qui  font  les  biens  d'églife  ,  &  deux  beaux 
caravanlerafs  ,  l'un  des  faifeurs  de  tapis  ,  6k  l'autre  dit 
Malation.  Au-delà  de  ces  rues  ,  l'on  en  traverse  une 
autre  fort  longue  ,  nommée  la  queue  de  la  poêle ,  qui 
aboutit  à  un  grand  jardin  ,  qu'on  appelle  le  jardin  du 
Vi^ir.  Au-delà  eft  la  rue  neuve  où  il  y  a  un  beau  pa- 
lais bâti  par  un  très-riche  jouaillier,  qu'on  appelle  Agi- 
phatah,  vendeur  de  perles.  Il  n'y  a  pas  moins  de  magni- 
ficence ,  d'ordre  6k  de  domeftiques  clans  cette  maifon , 
que  chez  un  officier  de  l'état.  De-là  à  la  porte  d'Abas, 
on  pafie  par  diverses  autres  rues  ,  où  l'on  trouve  par- 
tout des  bains  ck  des  caravanferais  ,  comme  dans  tout  le 
refte  de  la  ville,  6k  deux  palais  dont  le  plus  remarqua- 
ble eft  celui  SAga-Zamon  ,  Vizir  de  Ghilan. 

Le  canton  de  Casré-Boulagui ,  eft  ainfi  nommé  d'un 
palais  de  ce  nom ,  qui  eft  un  grand  édifice  ,  où  le  roi 
met  fouvent  loger  des  ambaffadeurs.  Il  y  a  tout  proche 
un  autre  palais  fameux  ,  qui  porte  le  nom  de  Mir\_a~ 
Haflîb-Mouchtehed,  c'eft-à-dire  lieutenant  de  l'Iman  ou 
fuccefjeur  de  Mahamed.  Ce  que  l'on  voit  encore  de  con- 
fidérable  dans  ce  quartier  ,  eft  la  rue  des  Tailleurs  de 
pierre,  qui  eft  longue  6k  bien  bâtie,  la  mosquée d'Iman 
Zadé-  Zeinel-  Abediu,  qui  eft  un  des  douze  premiers 
Imans,  laquelle  a  un  grand  jardin  dans  fon  enclos,  où 
il  y  a  du  couvert ,  comme  dans  le  milieu  d'un  bois ,  6k 
de  grands  baffins  d'eau ,  6k  enfin  le  cimetière  Chamalou. 
G'eft  le  plus  grand  qu'il  y  ait  dans  la  ville ,  ck  il  eft  fort 
ancien. 

Les  dehors  d'Ispahan  &  (es  annexes  font  confidéra- 
bles.  Il  y  a  un  cours  où  la  grande  allée  eft  longue  de 
trois  mille  deux  cents  pas,  6k  large  de  cent  dix  :  au  mi- 
lieu coule  un  canal  d'un  bout  à  l'autre ,  dont  les  rebords 
font  faits  de  pierre  de  taille  ,  élevés  de  neuf  pouces,  6k 
ïî  larges  que  deux  hommes  à  cheval  peuvent  fe  prome- 
ner deffus  de  chaque  côté.  Ce  canal  eft  diftingué  dans 
fa  longueur  par  des  baffins  bordés  de  même  ,  les  uns 
carrés  ,  les  autres  o&ogones  fucceffivement.  Les  aîles 
de  cette  allée  (ont  de  vaftes  jardins  ,  dont  chacun  a  deux 
pavillons,  l'un  fort  grand,  fitué  au  milieu  du  jardin,  con- 
fiftant  en  une  fale  ouverte  de  tous  côtés,  des  chambres 
ck  des  cabinets  aux  angles  ;  l'autre  élevé  fur  le  portail 
du  jardin  ouvert  au  devant  6k  aux  côtés ,  afin  de  voir 
plus  aifément  ceux  qui  vont  6k  viennent  dans  l'allée.  Les 
rues  qui  la  traverfent  en  plufieurs  endroits ,  font  de  lar- 
ges canaux  d'eau,  accompagnés  de  hauts  platanes  à  dou- 
ble rang ,  l'un  près  des  maifons ,  l'autre  fur  le  bord  du 
canal.  Elle  eft  auffi  coupée  par  une  rivière  ,  fur  laquelle 
elle  eft  continuée  par  un  pont.  Elle  aboutit  à  une  mai- 
fon de  plaifance  du  roi,  que  l'on  appelle  mille  arpens , 
à  caufe  de  fon  étendue  ;  le  pont  de  cette  allée  eft  un 
chef-d'œuvre  dans  ce  genre. 

Cette  grande  allée  a  deux  portails  ;  l'un  mené  au  faux- 
bourg  à' Abas-Abad ,  l'autre  au  palais  du  roi.  La  colonie 
d'Abas ,  ou  Abas-Abad  ,  eft  à  la  droite  de  la  grande 
allée,  ck  le  fauxbourg  de  Cadjouc  à  la  gauche. 

Le  FAUXBOURG  DE  Cadjouc  commence  à  la  porte 


de  Haffein-Abad  ;  on  y  trouve  d'abord  les  ruines  du 
palais  du  roi  jriatTein ,  parmi  lesquelles  il  n'y.  a  rien  d'en- 
tier ;  un  collège  qui  porte  fon  nçm  ,  &  où  Ton  voit  fon 
tombeau  ,  qui  eft  entier  ck  bien  entretenu  ;  une  mos- 
quée ;  un  bain  ;  un  hôpifal  de  derviches,  qu'on  dit  tous 
de  la  fondation  du  roi  Hafléin  ;  ck  un  bazar ,  qui  porte 
auffi  le  même"  nom.  Au-delà  de  ce  bazar  on  trouve  la 
rue  la  plus  longue  6k  la  plus  large  qui  foit  à  Ispahan  : 
fa  largeur  eft  de  trente  pas  ,  6k  fa  longueur  d'un  quart 
de  lieue.  Elle  mené  à  un  endroit  fameux ,  nommé  Ba- 
yarouc ,  où  font  plufieurs  grands  hôtels  avec  dé  beaux 
jardins  fur  la  gauche.  On  observe  particulièrement  dans 
cette  grande  rue  ck  à  l'entour ,  le  collège  de  Cheic-You- 
Jouf-Benna,  le  bazar,  le  bain  ck  le  caravanferai  <SAy 
temour*Bec;  un  jardin  fpacieux  ,  qui  porte  le  nom  de 
Mourad  ;  deux  grands  cimetières  ,  un  palais  appelle 
Kaylouc,  un  hermitage  fondé  par  Mircajfembec-Bec , 
gouverneur  d'Ispahan  ,  avec  un  bain  tout  joignant;  plus 
loin  eft  le  canton  de  Cha^eïd  ,  ainfi  nommé  d'un  fils 
de  l'Iman  Haflein  ,  en  l'honneur  duquel  il  y  a  un  hermi- 
tage fondé  6k  entretenu  dans  ce  canton. 

Le  fauxbourg  de  Cadjouc  fe  divife  en  grand  ck  petit: 
le  petit  eft  le  premier  en  fortant  de  la  porte.  Les  plus 
considérables  édifices  qu'oh  trouve,  en  y  entrant,  font  le 
palais  de  Cazi-Moheze  :  le  Cazi  eft  le  juge  civil;  &  ce- 
lui-ci v'ivoit  du  tems  d'Abas  le  Grand ,  ck  étoit  fameux 
pour  fon  intégnté  ;  le  palais  d'Aly-Bec ,  fils  d'Aly-Mer- 
Dom-Kan ,  qui  livra  au  roi  des  Indes  la  fortetefle  de 
Candahar,  dont  il  étoit  gouverneur.  C'eft  un  grand  pa- 
lais, dont  la  partie,  qui  eft  pour  les  hommes,  confifte  en 
deux  grands^  corps  de  logis  ,  un  au  midi  ,  l'autre  au 
nord ,  féparéj  par  un  jardin  qui  eft  entre  deux. 

Joignant  le  palais  de  Mirza-Rezi ,  il  y  a  une  mosquée 
qu'il  a  fait  bâtir  ,  6k  qui  porte  fon  nom  :  elle  eft  grande 
6k  belle ,  contenant  plufieurs  Iogemens  à  doubles  éta- 
ges ,  qui  fervent  à  des  gens  d'églife  ,  6k  à  des  gens  de 
lettres.  On  y  voit  un  grand  baffin  dans  la  cour ,  au-de- 
vant du  chœur  de  la  mosquée  ,  qui  eft  l'endroit  où  Tort 
fait  d'ordinaire  la  prière  publique.  Le  portail  eft  grand 
6k  beau  ,  fermé  d'une  chaîne  ,  comme  plufieurs  autres 
mosquées  ;  la  chaîne  pend  à  cinq  pieds  du  bas ,  6k  eft 
foulevée  par  le  milieu  avec  une  autre  chaîne  pendue  aii 
fommet  du  portail.  On  met  ainfi  des  chaînes  aux  portes 
des  mosquées  ,  de  peur  que  par  méprife  il  n'y  entre 
quelque  bête  de  charge.  A  quelques  pas  de-là  ,  il  y  a  une 
grande  rue  des  plus  droites  de  la  ville  ,  qui  eft  termi- 
née aux  deux  bouts  par  deux  grands  carrefours ,  couverts' 
chacun  d'Un  dôme  foutenu  fur  de  gros  pilaftres  de  bri- 
que ;  l'un  s'appelle  le  carrefour  du  bois  ;  l'autre  le  car- 
refour d'Effendiar-Bec.  A  la  gauche  de  cette  rue  eft  un 
canton  qu'on  appelle  Saleh-Abad  ,  qui  contient  entre 
les  rues  de  traverse  cinq  ou  fix  rues  principales  ,  les- 
quelles aboutiffent  à  la  rivière.  Ce  qu'il  y  a  de  plus 
confidérable  dans  ce  quartier  ,  c'eft  le  palais  de  Kayi- 
Can  ,  6k  trois  grands  caravanserais ,  où  logéoient  tous 
les  Coraffoniens  ,  qui  font  ceux  qu'on  appelloit  autrefois 
Bactriens.  La  dévotion  ,  plutôt  que  les  affaires  du 
monde,  les  ameneà  Ispahan  ,  où  ils  viennent  à  centaines 
une  fois  l'année  ,  fous  la  conduite  cfun  chef,  pour  aller 
en  pèlerinage  à  Kerbela ,  place  d'Arabie ,  où  Aly  eft  en- 
terré. 

Le  refte  du  quartier  de  Cadjouc  s'étend  au  côté  gau- 
che de  la  grande  allée  ci-deffus  décrite.  Les  rues  en  (ont 
traverfées  par  de  larges  canaux  ,  bordés  de  grands  ar- 
bres d'un  6k  d'autre  côté  ,  comme  dans  les  villes  de 
Hollande.  On  n'y  voit  guère  que  des  grands  hôtels,  avec 
des  jardins  très-fpacieux  ,entr'autres,  le  palais  du  Vakà~ 
Neuvis  ,  ou  l'écrivain  des  chofes  cafuelles,  qui  eft  un  (è- 
crétaire  d'état  ;  celui  des  muficiens  Indiens.  Abas  II,  à 
la  prife  de  Candahar  fur  le  grand  Mogol  ,  en  amena 
un  grand  nombre  ,  qu'il  loga  dans  ce  palais.  On  voit 
tout  proche  celui  de  Mir^ajaher  ,  controlleur  du  Nazi r  , 
ou  grand  furintendant  :  c'eft  un  officier  qui  fert  de  fécond 
auNazir  ,  6k  qui  eft  établi  pour  veiller  fur  fa  conduite, 
de  peur  qu'il  ne  faffe  tort  au  roi ,  ou  qu'il  n'opprime  fes 
ferviteurs  6k  fes  ouvriers.  Il  y  a  encore  dans  ce  quartier 
le  palais  de  Mirkechi-Bec ,  qui  étoit  furintendant  de  tou- 
tes les  maifons  royales  ;  le  palais  d'Aly-Coulican,  qui 
eft  mort  généraliffime  des  armées  du  roi»  Ce  palais  n'a 
pas  été  achevé  ;  ce  feroit  le  plus  grand  de  Perse  ,  ex- 
cepté celui  du  roi.  Ce  p-.iais  eft  au  bout  de  la  nrt  des 
tome  III.     Dd,dd  ij 


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Chartiers,  qui  font  fous  ramaiTés  en  cet  endroit.  Il  y  à 
un  bain  dans  cette  rue,  qu'on  appelle  le  bain  du  poru- 
■pavillon  ;  c'eft  qu'il  a  été  conftruit  par  un  homme  qui 
gagna  un  fort  grand  bien  à  louer  de  petites  tentes  aux 
revendeurs  dans  les  places  de  la  ville  ;  il  n'en  prenoit 
que  deux  liards  de  louage  par  jour  ,  &  y  gagna  plus 
d'un  million.  • 

C'eft-là  ce  qu'il  y  a  de  plus  remarquable  dans  le  quar- 
tier appelle  le  petit  Cadjouc  :  celui  qu'on  appelle  le  grand 
Cadjouc  eft  au-delà  ,  &  s'étend  jusqu'à  la  Campagne. 
On  y  voit  le  palais  d'un  général  des  mousquetaires  ,  du 
tems  d'Abas  le  Grand.  Il  eut  la  tête  tranchée  ;  ks  biens 
furent  confisqués.  On  logea  lesCapucins  dans  ce  palais, 
à  leur  arrivée  à  Ispahan ,  le  roi  les  traitant  en  ambafla- 
deurs  de  France.  Il  eft  joignant  le  bazar,  qu'on  nomme 
de  Moujlophy,  qui  aboutit  à  une  mosquée  de  même 
nom  ,  derrière  laquelle  il  y  a  des  moulins  à  eau.  Il  n'y 
a  point  de  moulins  à  vent  à  Ispahan ,  ni  en^  aucun  en- 
droit de  Perse  ;  les  moulins  font  à  eau  ou  à  bras  ,  ou 
tirés  par  des  animaux.  Proche  ces  moulins  eft  leKdfal- 
Khoné  ou  le  lavoir  mortuaire ,  auquel  une  moitié  de  la 
ville  va  laver  les  corps  morts  du  commun  peuple,  avant 
que  de  les  enfevelir.  On  voit  encore  dans  ce  quartier, 
le  palais  de  Cheic-Baahdin-Mahamed-Gcbed-Amely , 
c'eft-à-dire  l'Ancien,  la  Gloire  de  la  religion ,  Mahamed 
l'Entafleur  de  montagnes,  qui  eft  ce  fameux  dofteurPer- 
ian ,  lequel  compofa  l'Abbrégé  du  droit  civil  &  du  droit 
canon,  en  vingt  livres,  qu'on  appelle  la  Somme  d'Abas, 
parce  que  ce  fut  par  ordre  d'Abas  le  Grand ,  qu'il  le  com- 
pofa. On  lui  a  donné  ce  furnom  pompeux ,  pour  mar- 
quer l'excellence  de  Ces  ouvrages  fur  la  théologie  prati- 
que ,  parmi  lesquels  on  eftimë  finguliérement  cette 
Somme.  Ce  palais  eft  le  dernier  édifice  de  ce  fauxbourg. 
Il  n'y  a  que  des  campagnes  au-delà  ;  jusqu'au  village  de 
Cheherejloon  d'un  côté  ,  &  au  bocage  de  Mahamed- 
Aly-Bec  de  l'autre ,  que  les  Européens  appellent  ïijle , 
parce  que  la  rivière  y  fait  en  ferpentant  plufieurs  petites 
isles ,  où  l'on  va  fe  divertir  à  la  pêche  &£  à  la  chafle. 

Le  FAUXBOURG  D'ABAS-ABAD,  OU  la  colonie  d'A- 
bas, commence  à  la  porte  impériale.  On  l'appelle  aufli 
le  quartier  des  gens  de  Tauris ,  parce  qu'il  a  été  pre- 
mièrement peuplé  d'une  colonie  que  ce  grand  prince 
amena  de  Tauris.  C'eft  le  plus  grand  fauxbourg ,  s'éten- 
dant  depuis  le  pont  d'Ispahan  jusqu'au  pont  de  Mare- 
non,  qui  en  eft  à  une  grande  demi-lieue ,  à  l'occident  : 
c'eft  auffi  le  plus  bel  endroit  de  la  ville  ;  car  comme  il 
eft  bâti  de  nouveau  ,  les  édifices  en  font  magnifiques , 
ck  les  rues  larges  &  droites  ;  au  lieu  que  celles  de  la 
ville  font  la  plupart  tortues.  Les  principales  rues  de  ce 
fauxbourg  ont  au  milieu  des  canaux  larges  &  profonds 
d'un  bout  à  l'autre ,  &  un  double  rang  d'arbres  ,  l'un 
contre  les  maifons ,  l'autre  fur  le  bord  du  canal.  Il  n'y 
a  point  aufli  d'endroit  dans  la  ville  ,  où  il  demeure  tant 
de  gens  riches  &  de  qualité. 

La  première  rue  qu'on  rencontre ,  en  entrant  dans  ce 
fauxbourg  par  la  porte  impériale  ,  eft  longue  d'environ 
douze  cents  pas  en  droite  ligne  ,  aboutiiïant  à  la  ri- 
vière. Les  plus  grandes  maifons  font ,  le  palais  de  Màha- 
med-Taher,  un  des  aftrologues  du  roi  ;  le  palais  de  Sa- 
routaki,  ce  premier  miniftre  eunuque  dont  on  a  déjà 
parlé ,  avec  un  bain  &  un  bazar  qui  portent  fon  nom  ; 
6c  par-de-là  on  arrive  à  une  rue  de  traverse,  qu'on  ap- 
pelle le  canal  royal,  à  càufe  de  la  largeur  &C  profondeur 
du  canal  qui  coule  au  milieu.  On  le  paiTe  fur  deux  petits 
ponts,  &c  l'on  trouve  au-delà  une  mosquée  qui  porte  le 
nom  de  Melec-Bec  le  Taurifien,  qui  en  eft  le  fondateur  ; 
le  palais  de  Mohamed-Moumen-Baagbon-Bachi ,  qui  eft 
l'office ,  qu'on  appelle  en  Turquie  Bojlangibachi ,  c'eft-^ 
à-dire  capitaine  des  gardes  des  jardins  du  roi ,  par  où 
l'on  entend  tout  le  palais  ;  le  palais  de  Chelcbi-  Stam- 
boli ,  comme  qui  diroit  le  gentilhomme  Conflantinopoli- 
tain,  qui  eft  un  gros  marchand  qui  négocie  en  ce  pays, 
lequel  a  fait  bâtir,  joignant  fon  hôtel,  un  bain,  un  bazar 
Sx.  une  mosquée ,  qui  portent  fon  nom. 

Joignant  ce  palais,  il  y  a  un  bel  édifice ,  qu'on  appelle 
la  ma  jon  du  fils  de  Açys-  Alla,  qui  étoitun  grand  jouail- 
.Ker.  Il  y  a  à  cet  édifice ,  de  même  qu'à  plufieurs  autres 
de  ce  fauxbourg,  des  tours  à  vent ,  faites  pour  rafraîchir 
le  logis  durant  l'été.  Les  Perfans  les  appellent  Bad-guir, 
c'cft-à-dire  preneurs  de  vent.  Ce  font  des  tuyaux  qui  for- 
tent  hors  dutoît,  comme  les  tuyaux  de  cheminées,  mais 


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beaucoup  plus  hauts  &c  plus  gros  :  ils  font  carrés  d'or'dï- 
naire,  conduifant  l'air  dans  la  chambre,  au-defîus  du 
toit  de  laquelle  ils  s'élèvent;  &  fi  peu  qu'il  y  ait  d'air, 
un  lieu  en  eft  tout  rafraîchi.  Ces  tuyaux  font  fermés 
l'hyver.  ...... 

Ce  palais  eft  près  de  la  grande  place  du  fauxbourg, 
où  fe  tient  le  marché.  C'eft  une  place  ronde  ,  couverte 
d'un  feul  dôme ,  qui  tient  aux  quatre  rues  qui  y  abou- 
tiifent.  On  voit,  à  l'un  des  côtés  de  cette  place,  un  haut 
pavillon  carré  ,  au  fommet  duquel  on  joue  des  inftru- 
mens  au  coucher  du  foleil,  &  à  minuit ,  comme  dans  là 
place  royale  ;  ce  qui  eft  le  privilège  des  grandes  villes 
feulement.  Abas  I  le  donna  à  ce  fauxbourg,  pour  y  atti- 
rer plus  d'habitans.  Près  de  la  place  eft  un  cimetière 
nommé  Cha-Chamion,  où  l'on  voit  une  chapelle  bâtie 
fur  le  tombeau  d'un  faint  ,  dont  le  nom  eft  inconnu. 
Plus  loin  on  trouve  le  collège  qui  porte  le  nom  de  la 
mère  du  roi ,  à  caufe  que  la  mère  d'Abas  II  en  eft  la 
fondatrice.  C'eft  le  plus  grand  collège  de  ce  faubourg  : 
il  fert  aufli  de  mosquée ,  la  chapelle  qui  eft  à  côté  étant 
fort  grande.  On  trouve  ensuite  le  palais  d'un  feigneur 
aveugle,  qu'on  nomme  le_^7.s  de  Daoudcan  ,  à  qui  le 
roi  Sephi  1  envoya  arracher  les  yeux  et  à  tous  Ces  en- 
fans  mâles.  Puis  l'on  trouve  la  mosquée  de  Lombon ,  le 
palais  de  Mir-MaJJoum,  où  l'on  voit  des  portes  de  talc 
tout  d'une  pièce  ,  hautes  de  dix  pieds  ■&  larges,  de  fix. 
Ce  Mir-Mafloum  étoit  le  Douadar  ou  le  garde-écritoire 
du  grandV'izir  Califé-Sulton  ;  cet  office  eft  comme  celui 
de  premier  fecrétaire  dans  notre  pays.  Vers  le  bout  de 
la  rue ,  il  y  a  deux  bains  proches  l'un  de  l'autre ,  &  le 
palais  du  Melec-El-Toujar ,  c'eft-à-dire  le  roi  des  mar- 
chands ,  dont  l'office  eft  pareil  à  celui  des  consuls  dans 
les  villes  où  il  y  en  a  d'établis.  Comme  on  ne  connoît 
point  d'autre  grandeur  en  Orient ,  que  celle  qui  naît  de 
la  puiflance  des  emplois  ou  de  celle  des  richefles ,  on 
donne  le  nom  de  palais  à  toutes  les  grandes  maifons  , 
de  quelque  qualité  que  foieht  les  gens  à  qui  elles  appar- 
tiennent. 

Les  autres  principales  rues  du  fauxbourg  d'Abas-Abad, 
font  la  rue  duPied-de-FOrmeau,  qui  aboutit  au  cimetière 
dit  Setti-Fatmé  ;  la  rue  des  Briquiers ,  où  fe  voit  le  pa- 
lais d'Ogour-Loubec,  premier  préfident  du  divan,  à  qui 
Abas  II  ôta  la  vue  par  la  faftion  de  Mahamëd-Bec,  fon 
grand  Vizir  ;  le  palais  de  Negef-Coulibec.  On  trouve  en- 
core dans  cette  rue  le  palais  de  Mir^a-Can-bec ,  grand 
marchand  ,  qu'Abas  I  employok  fouvent  en  des  affaires 
fecrettes  ,  dans  les  pays  étrangers  où  il  alloit  pour  fon 
commerce  ;  le  palais  d'un  autre  négociant  en  pierreries, 
nommé  Kémalbec  ;  ci  enfin  la  rue  de  Buguer-Divonê 
ou  le  Fou,  où  il  y  a  un  grand  hôtel  &  une  mosquée  de 
même  nom.  Divoné  veut  dire  aufli  le  téméraire  ,  l'in- 
trépide. Il  y  a  encore  dans  cette  rue  un  fort  grand  Da- 
lais  ,  divifé  en  plufieurs  corps  de  logis  &  plufieurs  jar- 
dins où  Abas  I  relégua,  l'an  vingtième  du  fiéclepafle, 
grand  nombre  d'eunuques  inutiles  à  fon  fervice ,  &  qui 
aecabloient  le  ferrail. 

Le  fauxbourg  de  Chems-Abad  s'étend  aufli  le 
long  de  la  rivière.  Ce  nom  fignifie  le  Jéjour  du  foleil  ; 
il  contient  fix  cents  onze  maifons ,  &  eft  fitué  à  la  gau- 
che d'Abas-Abad.  On  le  divife  en  vieux  &  nouveau,  il 
ne  demeure  presque  pas  un  homme  de  diftinétion  dans  lé 
premier  canton,  parce  qu'il  eft  trop  éloigné  du  commerce 
du  monde  &  du  palais  royal.  L'autre  eft  un  nouveau 
quartier,  bâti  au  fiécle  précédent  ;  les  rues  en  font  ornées 
d'arbres  &  de  canaux  :  on  n'y  voit  cependant  rien  de 
remarquable  que  deux  cimetières,  &  la  maifon  de  plai- 
fance  d'Ogourli-Bec,  premier  préfident  de  juftice,  fouS 
le  régne  d'Abas  II.  Les  jardins  en  font  larges  &  fpa- 
cieux. 

Le  fauxbourg  de  Cheic-Sabana  cctamence  ,: 
pour  ainfi  dire  ,  au  cœur  de  la  ville  ,  étant  fitué  à  la 
gauche  du  faubourg  de  Cadjouc ,  tirant  à  l'orient  :  il 
a  pris  fon  nom  de  Cheic-Jdufouf-Benna,  c'eft-à-dire 
l'ancien  Jofeph  Maçon  ,  qui  y  eft  enterré  dans  un  beau 
fépulcre.  C'étoit  le  fameux  architefte  qui  conduifit  lebâ- 
timent  de  la  vieille  mosquée  d'Ispahan.  Abas  le  Grand 
mit  dans  ce  fauxbourg  les  Chrétiens,  qu'il  transporta  de 
la  haute  Arménie  &c  de  la  Médie.  Ils  y  habitèrent  du- 
rant quelques  foixante  ans ,  au  bout  desquels  Abas  II  les 
envoya  loger  tous  au  bourg  de  Julfa ,  au-delà  de  la  ri- 
vière d'Ispahan ,  avec  les  autres  Chrétiens  ,  parce  que 


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les  Mahoméans  alloient  nuit  &  jour  s'enyvrer  chez 
eux,  d'où  naifToient  de  continuels  défordres.  Ce  faux- 
bourg  de  Cheic-Sabana  contient  deux  cents  fept  maifons, 
deux  mosquées ,  trois  caravanfbrais ,  deux  bazars  &  deux 
collèges  ,  l'un  nommé  la  gloire  du. pays ,  l'autte  Maha- 
med-Saleh-Bec ,  chacun  ayant  un  bain  tout  joignant  qui 
en  dépend.  Au  bout  du  fauxbourg  eft  un  cimetière  des 
Juifs,  fur  le  bord  de  l'eau  ,  proche  d'un  moulin  nommé 
les  quatre  meules  ,  parce  qu'une  roue  y  fait  aller  quatre 
meules.  Parmi  les  grands  édifices  de  ce  fauxbourg ,  on 
remarque  le  maufolée  du  fameux  Saroutakl ,  ce  grand  vi- 
zir qui  étoit  eunuque  ;  le  palais  d'un  vieillard  célèbre 
pour  fa  fcience  ,  fa  fageffe  Se  ion  intégrité  ,  nommé 
Mir^a-  Achref ,  Vizir  de  Mahamed  -  Mehdy ,  qui  étoit 
grand  Vizir  à  la  mort  d'Abas  II  ;  &  un  autre  palais  où 
le  roi  avoit  logé  l'ambaffade  de  Holftein  ,  l'an  1637, 
dont  Oléarius ,  qui  en  étoit  le  fecrétaire ,  a  fait  la  rela- 
tion. 

Près  de  ce  fauxbourg  eft  le  pont  de  Babarouc,  qui  eft 
très-beau.  Ce  pont  a  cent  foixante-fix  pas  de  long,  Se 
vingt-quatre  de  large  avec  des  chauffées  au  bout  ,  en 
talut  ,  de  vingt-cinq  pas,  flanquées  de  murs  de  pierre, 
&  terminées  par  deux  gros  piliers  de  marbre  brut.  Le 
pont  eft  bâti  fur  un  fondement  de  grandes  pierres  de 
taille  ,  lequel  eft  une  fois  plus  large  que  le  pont ,  Se  fi  haut 
que.-durant  tout  l'été  l'eau  ne  fauroit  monter  au-deffus 
pour  couler  fous  les  arches ,  mais  paffe  par  de  grands  fou- 
pitaux  faits  à  ce  fondement,  d'où  elle  tombe  en  cascade 
dans  fon  lit  accoutumé.  Les  arches  font  percées  eu 
long  d'un  bout  à  l'autre  du  pont  ,  à  fix  pieds  au-deflùs 
du  fondement  ;  &  entre  les  arches  il  y  a  des  pierres  de 
£x  pieds  de  haut,  de  manière  qu'on  peut  traverferle  pont 
par-deffous ,  même  quand  l'eau  coule  à  fix  pieds  de  hau- 
teur fur  le  fondement.  Le  deffus  du  pont  n'eft  pas  moins 
beau.  Les  parapets ,  qui  font  hauts  de  douze  pieds ,  font 
bâtis  en  arcades ,  Se  percés  d'un  bout  à  l'autre  dans  leur 
longueur  ,  par  une  ouverture  allez  large  ,  pour  qu'un 
homme  s'y  puiffe  promener  fort  à  l'ailé.  Ces  murs  font 
revêtus  de  carreaux  d'émail  dedans  &  dehors.  Le  deffus 
eft  en  terraffe  munie  d'un  double  i  parapet  façonné  en 
jaloufies  ,  Se  fi  large  aufli  que  trois  hommes  s'y  peuvent 
promener  fort  aifément.  Aux  bouts  du  pont  il  y  a  quatre 
beaux  pavillons  ;  Se  au  milieu  il  y  en  a  deux  plus  grands , 
qui  forment  une  place  hexagone  ,  couverte  d'un  riche 
plafond  ,  le  deffus  étant  fait  en  terraffe  ,  par  laquelle  on 
va  d'un  côté  du  pont  à  l'autre. 

Le  nom  de  Barabouc ,  qu'on  donne  à  ce  pont ,  eft  le 
nem  d'un  des  plus  fameux  cimetières  d'Ispahan,  &  ce  nom 
vient  d'un  ancien  derviche  réputé  faint ,  qui  eft  enterré 
dans  un  beau  maufolée  de  marbre,  élevé  dans  ce  cime- 
tière. Ce  maufolée  eft  couvert  d'un  dôme  qu'on  a  revêtu 
dedans  6e  dehors  de  carreaux  d'émail  ;  on  l'appelle  Ba- 
barouctldin,  c'eft-à-dire  père  ,  angle  de  la  loi.  Abas  I 
fit  bâtir  ce  tombeau,  pour  plaire  au  peuple  d'Ispahan,  qui 
a  toujours  été  fort  affectionné  pour  ce  faint.  11  paroît  de 
fort  loin  ,  comme  un  grand  cône  ,  quand  on  vient  de 
Schiraz  à  Ispahan.  Tirant  de-là  à  gauche  vers  le  bourg 
de  Cheher-EJloon  ,  on  trouve  le  cimetière  des  Gentils 
Indiens  ,  fi  l'on  peut  appeller  ainfi  la  place  où  ils  brû- 
lent les  morts  ,  laquelle  eft  toujours  lùr  le  bord  de  l'eau, 
afin  de  pouvoir  plus  aifément  les  laver  ,  félon  que  leur 
religion  le  prescrit ,  &  afin  que  le  vent  en  jette  les  cen- 
dres à  l'eau.  En  revenant  fur  (es  pas,  on  rencontre  deux 
maifons  royales ,  qu'on  nomme  le  palais  des  esclaves  du 
roi ,  6c  le  palais  des  vignes  ,  avec  des  caravan ferais, 
des  bains ,  un  bazar  6c  une  mosquée  qui  en  dépendent. 
On  affure  que  tous  ces  édifices  furent  conftruits  dans  huit 
jours,  aux  frais  6e  par  les  foins  d'Ejfendiar-Bec ,  favori 
d'Abas  le  Grand,  &  un  de  fes  plus  braves  généraux. 
Son  prince,  prenant  garde  qu'il  ne  faifoit  point  bâtir  d'é- 
difice public^  comme  les  autres  feigneurs,  pour  l'orne- 
ment de  la  ville  capitale  ,  il  lui  en  dit  un  mot,  fur  quoi 
le  favori  ayant  affemblé  autant  de  maçons  Se  de  jardi- 
niers qu'il  put  ,  en  leur  donnant  double  falaire,  il  leur 
fit  faire  ce  quartier,  où  il  traita  le  roi  huit  jours  après 
lui  avoir  parlé.  Au-delà  font  des  campagnes ,  qui  por- 
tent le  nom  de  Hafjen-Abad  &  des  esclaves  du  roi. 

On  voit  à  la  droite  du  cimetière  de  Babarouc  ,  une 
maifon  de  plaifance,  appellée  le  jardin  de  Goucheron  ; 
elle  a  été  bâtie  par  un  premier  miniftre.  C'eft  un  des 
plus  beaux  jardins  6c  des  mieux   entretenus  du  pays. 


S§r 


Affez  prés  de-là ,  font  quelques  hermîtages  fondés.  L'u 
eft  une  manière  d'hôpital  pour  les  derviches.  Ils  font  au- 
delà  des  rauxbourgs  6c  de  la  rivière  ;  tirant  de-là  aux 
montagnes  qui  n'en  font  qu'à  demi -lieue,  on  palTe  par- 
devant  k  mil  des  Chaters  ,  c'eft-à-dire  la  tour  des  va- 
lus de  pied  ,  parce  que  les  Chaters  qui  aspirent  à  entrer 
au  iervice  du  roi  doivent,  pour  chef-d'œuvre  ,  aller  de 
la  porte  du  palais  prendre  douze  flèches  à  cette  tour  , 
l'une  après  l'autre ,  entre  deux  foleils.  On  compte  une 
lieue  6e  demie  du  palais  à  la  tour.  A  la  gauche  de  cette 
tour,  eft  un  grand  (epulcre,  fous  un  haut  dôme  rond, 
nommé  Gombeçe-Lala  ,  c'eft-à-dire  le  dôme  élevé.  Là  on 
apperçoit  de  loin  le  cimetière  des  Guebres,  que  les  Per- 
les appellent  Dakme-  Guebron.  Il  y  a  divers  bâtimens 
confidérables  au-dehors  d'Ispahan  de  ce  côté  ,  entr'au- 
tres  la  belle  maifon  royale  qu'Abas  II  fit  bâtir,  6c  qu'on 
appelle  le  petit  mille  arpens,  à  caufe  de  fa  reffemblance 
à  cette  autre  maifon  de  plaifance  qui  eft  au  bout  de  la  lon- 
gue allée.  Il  y  a  ensuite  le  tombeau  d'Allaverdi  -  Bec , 
favori  d'Abas  II ,  où  eft  une  fondation  deftinée  à  don- 
ner à  dîner  tous  les  jours  à  cent  pauvres  paffans.  La 
dépense  Ce  tire  du  revenu  des  bains  ,  moulins  Se  mar- 
chés qui  font  proches  du  maufolée.  Après  on  trouve  le 
tombeau  de  Mahamed- Aly-B ce,  Nazir,  ou  furintendant 
général  de  la  maifon  du  roi.  Ce  tombeau  joint  la  mos- 
quée 6c  le  bazar  qu'il  avoit  fait  bâtir  ;  Se  il  eft  fitué 
comme  l'-autre  tombeau  ,  au  milieu  d'un  grand  jardin 
avec  des  logemens  à  l'entour  pour  les  derviches.  Oiî 
entre  de-là  dans  le  canton  de  Takte-  Poulad ,  comme 
qui  diroit  le  thrône  £  airain  ou  d'acier ,  à  caufe  d'un  cé- 
lèbre capitaine  quefes  exploits  fitent  nommer  Bras  d'a- 
cier ,  qui  y  faifoit  fa  demeure.  Ce  canton  finit  à  l'endroit 
qu'on  appelle  Mo/elle,  6c  auffi  Corban-Gaé;  la  place  du 
Jacrifice  ,  parce  que  c'eft  où  l'on  immole  un  chameau 
tous  les  ans,  en  mémoire  du  facrifice  d'Abraham.  On 
voit  fur  les  côtés  deux  grandes  maiibns  ,  qui  font  rem- 
plies de  peuple ,  durant  ce  facrifice ,  Se  une  chaire  de 
bois  aurfevant  de  chacune  ,  haute  de  huit  pieds ,  où  l'on 
prêche  à  certains  jours  de  fête.  Il  paffe  là  un  petir 
fleuve  qu'on  appelle  Veau  de  deux  cents  à  cinquante 
patee  qu'on  tient  cette  eau  plus  légère  que  celle  de  la 
rivière  Se  celle  des  puits,  à  la  proportion  d'un  fur  cinq. 
Au-delà  eft  la  plaine  de  Ha^arderré ,  comme  qui  diroit 
mille  fentes.  Cette  plaine  ,  félon  la  Légende  fabuleufe  , 
eft  le  théâtre  des  événemens  héroïques  des  premiers 
tems,  qui  font  la  matière  des  Romans  Perfans. 

Les  deux  autres  fauxbourgs  qui  fuivent  ,  favoir 
Scades-Abas  6c  Julfa ,  l'ont  de  l'autre  côté  de  la  ri- 
vière ,  bâtis  fur  fes  bords ,  6c  tiennent  à  la  ville  par  des 
ponts. 

Le  fauxbourg  de  Scadet-Abas  ,  c'eft-à-dire  h 
féjour  de  la  félicité,  étoit  auparavant  le  bourg  des  Gue- 
bres. On  les  en  a  ôtés ,  pour  faire  de  ce  bourg  un  lieu 
de  plaifance  ;  car  outre  les  bazars  ,  les  bains  néceffaires, 
6e  une  mosquée ,  on  n'y  voit  que  des  palais  de  grands 
feigneurs.  Celui  du  roi  eft  d'une  merveilleufe  grandeur; 
il  a  avec  les  jardins  plus  d'une  lieue  de  tour:  la  rivière 
le  traverse  ,  le  quartier  des  hommes  eft  d'un  côté  de 
l'eau  ,  Se  celui  des  femmes  de  l'autre  ;  un  pont  ds  bois 
en  fait  la  communication. 

Je  parle  du  FAUXBOURG  DE  JuLFA  au  mot  Julfa, 
parce  qu'il  eft  une  colonie  transportée  de  la  ville  de  ce 
nom,  dans  le  voifinage  d'Ispahan.  Voyez  JuLFA  z. 

Le  FAUXBOURG  D^KherroK  comprend  deux  mos- 
quées ,  un  hermitage  tout  joignant ,  qu'on  appelle  le 
Bon-homme  Loup,  deux  caravanferais,  deux  cimetières 
Se  vingt-huit  maiibns,  parmi  lesquelles  on  voit  des  pape- 
teries bâties  fur  un  gros  ruiffeau  ,  qu'on  appelle  pierrz. 
chaude.  Le  nom  de  Kherron  lignifie  fourds.  Les  Légen- 
des Perfanes  racontent,  à  ce  fujet ,  une  fable  qu'on  peut 
voir  dans  l'auteur  même. 

Le  FAUXBOURG  du  SEYD  -  AHMEDION  ,  c'eft-à- 
dire  S  Ahmed  le  Noble,  eft  de  cent  cinquante-huit  mai- 
fons, entre  lesquelles  il  y  a  quatre  bazars  Se  deux  mos- 
quées ?  dont  l'une  eft  grande  Se  belle,  6e  entourée  de 
jardins  ,  avec  deux  grands  logis  pour  les  paffans ,  6c  un 
beau  puits  fouterrein,  où  l'on  descend  pour  prendre  le 
frais  ;  au-delà  on  trouve  un  cimetière  fort  fpacieux. 

Le  FAUXBOURG  DE  ToKCHI  ,  contient  quatre- 
vingt  maifons  6c  quatre  bazars.  On  apperçoit  au-delà, 
à  quelques  cinq  cents  pas  ,  une  maifon  du'  roi ,  qu'oa 


jB: 


ISP 


ÏS? 


appelle  /*  jardin  des  oifcaux  de  proie ,  par oe  que  l'on 
y  en  entretient  un  grand  nombre.  A  côté  eft  un  hermi- 
tage  qui  porte  le  nom  de  Hagi-Mir^a-Can ,  qui  l'avoit 
fondé  pour  les  gens  retirés  du  monde  ;  car  de  ces  her- 
mitages  de  Perse ,  les  uns  font  faits  pour  la  retraite  du 
fondateur  même  ,  d'autres  font  deftinés  au  public.  On 
voit  à  l'entour  plufieurs  caravanferais ,  &  un  entr' autres, 
qui  n'eft  pas  achevé,  &  qui  devoit  fervir  pour  les  pèle- 
rins qui  vont  d'Ispahan  à  Metchcd ,  en  attendant  la  ca- 
ravane. De  ce  fauxbourg  on  entre  dms  un  gros  can- 
ton qu'on  appelle  la  contrée  de  Fulfutchi  ,  Se  auffi  la 
Jource  de  Niliguer,  à  caufe  d'un  petit  fleuve  ainfi  nom- 
mé ,  fur  les  bords  duquel  ce  canton  eft  bâti.  11  eft  gros 
de  cent  cinquante  mailons ,  parmi  lesquelles  on  voit  deux 
mosquées ,  quatre  bazars  &  un  grand  logis  appartenant 
à  ce  Hagi-Hadayet ,  colonel  fameux ,  pour  le  bon  or- 
dre qu'il  apporta,  l'an  1669,  fur  toute  la  milice  ,  dans  le 
tems  d'une  fi  grande  cherté  ,  qu'on  pouvoit  l'appeller 
une  famine. 

Le  fauxbourg  de  Deredechte  ne  contient 
que  quatre-vingt-cinq  mailons,  deux  bazars  &C  deux  mos- 
quées. Il  eft  terminé  par  un  grand  cimetière ,  qui  porte 
le  nom  de  Cheic-Majjaoud ,  un  faint  des  Mahométans  , 
lequel  y  eft  enterré  tous  un  grand  maufolée,  qui  a  deux 
tours  faites  comme  des  clochers.  Il  y  a  tout  proche  un 
autre  tombeau  dans  un  grand  jardin  entouré  de  hautes 
murailles,  avec  de  petits  corps  de  logis  en  trois  endroits, 
&  une  cave  fouterreine ,  qu  on  appelle  la.  fofte  des  priè- 
res ,  où  les  dames  de  qualité  Mahométanes  vont  pleurer 
&  gémir  en  particulier  ,  fans  être  vues  des  paflans.  Tout 
proche  encore  ,  il  y  a  un  autre  tombeau  de  marbre  dans 
un  lieu  féparé  &  clos  de  murs  ,  qu'on  appelle  le  tom- 
beau d'Aphe'fe  ,  un  de  leurs  anciens  auteurs  ,  des  plus 
doues  &  célèbres,  fur-tout  pour  la  poëfie. 

On  montre  particulièrement,  dans  ce  fauxbourg,  la 
maifon  de  Kel-Anayet ,  comme  d'un  perfonnage  fa- 
meux. C'étoit  le  bouffon  d'Abas  le  Grand.  Proche  delà 
porte  d'Abas ,  qui  eft  au  bout  de  ce  fauxbourg,  on  trouve 
Une  autre  porte  nommée  Derva-{e-Deulet  ,  c'eft-à-dire 
la  porte  impériale  ou  la  porte  de  la  grandeur  &  des  ri- 
cheffes  :  c'eft  la  même  porte  par  où  1  on  va  à  cette  belle 
allée  d'Ispahan  dont  on  a  parlé.  A  la  gauche  eft  le  pa- 
lais d' 'Ahmed '  Bec-Yusbachi  ou  capitaine  dés  eunuques 
blancs ,  &  un  grand  portail ,  qui  fak  une  des  entrées 
du  ferrail  du  roi,  par  une  longue  allée  d'arbres,  qui  abou- 
tit à  un  des  jardins  du  palais ,  qu'on  appelle  le  jardin 
des  amandiers.  On  y  voit  toujours  une  garde  d'eunu- 
ques blancs  ,  qui  font  mousquetaires  Si  la  garde  du 
corps  :  ils  ont  là  leur  quartier ,  Si  dans  les  logis  à  l'en- 
tour du  jardin  des  amandiers.  Il  n'y  a  que  le  roi  feul  qui 
puiffe  pafier  par  cet  endroit  à  cheval  :  tout  le  monde 
y  va  à  pied  ,  j'entends  ceux  qui  ont  à  faire  au  ferrail. 
Ces  eunuques  blancs  font  la  principale  garde  du  roi  hors 
du  feirail  ;  mais  ils  n'entrent  point  dedans.  Il  n'y  entre 
que  des  eunuques  noirs  ,  &  encore  des  plus  laids  pour 
ne  pas  faire  naître  de  mauvais  defirs  dans  le  cœur  des 
femmes  qui  y  font  renfermées. 

La  ville  d'Ispahan  eft  la  plus  grande  de  tout 
l'Orient  ;  il  y  a  des  habitans  de  toutes  religion ,  Chré- 
tiens, Juifs,  Mahométans,  Gentils,  adorateurs  du  feu  ; 
&  l'on  y  voit  des  négocians  de  toute  la  terre.  Les  Mé- 
moires de  Chardin  ,  p.  248  ,  portent  qu'il  y  a  dans  l'en- 
ceinte de  fes  murailles, 

161  mosquées,  1802  caravanferais, 

48  collèges ,  273  bains , 

12  cimetières. 

Sur  quoi  il  faut  remarquer  qu'en  Perse  les  cimetières  font 
pour  la  plupart  hors  de  la  ville. 

On  respire  à  kpahan  un  air  fain  &  fort  fec  :  le  froid 
&le  chaud  y  font  rudes  dans  leurs  faifons  ;  mais  le  pre- 
mier n'y  dure  pas  plus  de  trois  mois.  Il  y  neige  &  pleut 
rarement  ;  un  vent  d'occident  y  régne  presque  tout 
l'été  :  il  eft  fi  froid  ,  pendant  la  nuit.,  qu'on  prend  fou- 
vent  la  robe  fourrée  ;  dès  la  fin  de  Février  les  jardins  Si 
lès  arbres  font  couverts  de  fleurs.  Ce  qu'il  y  a  de  fur- 
prenant  dans  une  ville  fi  grande  &  fi  peuplée,  c'eft  que, 
quoiqu'éloignée  de  la  mer,  &,  pour  ainfi  dire,  fans  ri- 
vières ,  l'abondance  y  régne  toujours. 

Je  me  fuis  conformé  ,  dans  cet  article,  à  l'orthographe 


la  plus  reçue  pour  le  mot  Ispahan,  quoique  l'ufage  dei 
Orientaux  foit  pour  Hispahan,  dans  la  prononciation , 
par  la  raifon  que  j'ai  dite  à  l'article  Inde.  Cette  ville 
eft  ancienne  ;  mais  ce  ne  peut  être  I'Hegatompolis 
des  hiftoriens  Grecs.  Il  y  a  bien  plus  d'apparence  qu'elle 
a  lùccédé  à  FAspadana  de  Ptolomée  ,  1.6,  c.  4,  qui 
la  met  dans  l'intérieur  de  la  Perfide.  Elle  eft  nommée, 
fans  doute,  Aspachan  par  Cédrene  ;  Se  Aspada  par 
l'Anonyme  de  Ravenne  ,  l:  2,  c.  2.  Niger  s'abufe  étran- 
gement, quand  il  met  Ispahan  à  là  place  à'Ecbatane, 
qui  eft  Amadan.  J'ai  déjà  averti  que  les  géographes 
Naffir-Eddin  &  Ulug-Beig  la  nomment  Esfahan. 

Les  géographes  Perfieus  ,  dit  D'Herbelot,  Biblioth. 
orient,  écrivent^  qu'il  y  a  un  autre  Ispahan,  appelle  Je- 
houdiah ,  c'eft-à-dire  le  Juif,  pour  le  diftmguer  de  ce- 
lui-ci. L'un  Si  l'autre  ,  dit-il ,  font  dans  la'même  pro- 
vince. Abulfarage  cité  par  Chardin  ,  p.  252,  &  qui  éroit 
d'Ispahan ,  explique  la  chofe  beaucoup  mieux  dans  fon 
Hiftoire  des  Arabes.  Il  dit  qu'autrefois  Ispahan  fe.divi- 
foit  en  VIEILLE  Si  NOUVELLE  ville.  La  vieille  nom- 
mée Hay,  dont  Alexandre  le  Grand  étoit  le  fondateur^ 
la  nouvelle  appellée  Elye  Houdié,  comme  qui  diroit 
la  Judée ,  parce  qu'elle  avoit  été  fondée  par  les  Juifs  que 
Nabuchodonofor  emmena  captifs  en  Perse.  Les  Juifs,  dit 
cet  auteur  Arabe,  étoient  la  plupart  des  artilans  ,  qui, 
ayant  trouvé  l'air,  l'eau  Si  le  terroir  de  cette  ville  fort 
femblables  à  ce  qu'ils  laiffoient  dans  la  Judée  ,  s'y  arrê- 
tèrent &  bâtirent  une  ville  qu'ils  appelèrent  du  nom 
de  leur  pays.  La  plus  commune  opinion,  félon  Char- 
din ,  eft  qu'Ispahan  s'eft  formé  de  deux  villages ,  qui,  eri 
croiffant  ^  fe  joignirent ,  fit  devinrent  enfin  une  grande 
ville. 

La  plupart  des^  hiftoriens  de  Perse  attribuent  la  fon- 
dation d'Ispahan  à  Houschenck  ou  à  Tahmurath  ,  rois 
de  Perse  de  la  première  dynaftie,  nommée  des  Pischda- 
diens.  *  D'Herbelot,  Biblitth.  orient. 

Feridoun  donna  cette  vilie  en  appanage  à  Gao  le  For- 
geron, qui  en  étoit  natif,  pour  récompense  de  Ce  qu'il 
avoit  délivré  la  Perse  de  la  tyrannie  de  Zohak.  Cette 
ville  ayant  perdu  fon  titre  de  capitale  de  Perse ,  par  la 
tranflation  du  fiége  de  l'empire  ,  que  les  Khosroës 
firent  en  la  ville  de  Sufe ,  puis  à  Iftekhar ,  qui  eft  l'an- 
cienne Perfépolis  ,  tk  dé-là  à  Madain  fiir  le  Tigre,  où 
étoit  l'ancienne  Ctefiphon  ,  le  recouvra  par  la  fuite  des 
tems  ,  fous  le  régne  des  Selgiucides  ;  car  Gelaleddin- 
Malek-Schah  quitta  le  Khorallan  Si  l'Yraque-Arabique, 
où  fes  prédécelfeurs  avoient  fait  leur  féjour ,  pour  y  fixer 
fa  demeure.  Elle  fut  cependant  encore  obligée  ,  depuis 
la  décadence  de  la  dynaftie  des  Selgiucides ,  de  céder  cet 
honneur  à  la  ville  de  Schiraz  ,  où  étoit  encore  le  fiége 
royal  des  Modhaffériens ,  Sultans  de  la  Perse ,  du  terni 
de  Tamerlan. 

Ces  rois  de  Petse  font  nommés  Sultans  de  Carisme, 
dans  l'Hiftoire  de  Genghiscan,  p.  189,  & pajjim.  L'an 
1392,  les  troupes  de  Timuf-Bec  ayant  pris  Ispahan  ,  Si 
les  habitans  ayant  réglé  qu'ils  payeroient  une  capitation 
pour  racheter  leurs  vies ,  les  commiffaires  étoient  déjà 
diftribués  dans  les  quartiers  pour  là  recevoir  ,  lorsque 
de  jeunes  étourdis  commencèrent  une  émeute  :  les 
bourgeois  prirent  les  armes  contre  la  garnifon  ,  tuèrent 
quelques  Tartares,  Si  mirent  Timurdans  une  fi  violente 
cole,  qu'il  ordonna  que  l'on  en  fit  un  maffacre  général.1 
Le  château  de  la  ville  étoit  nommé  Tabarruk.  Schi- 
raz étoit  alors  la  capitale.  Cet  honneur  fut  ensuite  trans- 
porté à  la  ville  de  Casbin  ,  jusqu'au  régne  d'Abas  le 
Grand ,  qui  choifit  Ispahan  pour  la  capitale  de  fon  em- 
pire ;  il  fit  des  frais  immenses  pour  l'embellir,  jusqu'à 
percer  une  montagne  pour  amener  une  rivière  dans  le 
Zenderoud.  Il  lui  ajouta  plufieurs  fauxbourgs,  entr'autres, 
celui  de  Julfa  ou  Zulfa,  Si  celui  qui  porte  fon  nom  à'A- 
bas-Abad,  que  l'auteur  de  l'Hiftoire  de  la  dernière  révo- 
lution de  Perse  nomme  mal  Abufabad. 

Cette  ville  a  beaucoup  foufFert  durant  le  dernier  fiége 
de  1722,  par  la  famine  beaucoup  plus  que  par  la  guerre. 
Des  Arméniens  de  Zulfa  ont  écrit  qu'il  étoit  mort  à  Is- 
pahan ,  durant  le  fiége ,  un  million  quarante  mille  per- 
fonnes  ;  ce  qui  n'eft  vraifemblable  qu'en  ajoutant  aux 
habitans  un  grand  concours  de  peuple  du  voifinage  ^ 
effrayé  par  les  Agwans ,  peuples  venus  du  Candahar,  qui 
ont  cauié  l'étrange  révolution  que  nom  marquons  à  l'ar- 
ticle PERSE.  *  Voyez  l'Hiftoire  généalogique  des  Tcf 


ISS 


ISS 


tors,   page  770.    Les  Relations  cTGléarius   &   Tavsrr 
nier. 

ISPALIS.  Voyez  Hispalis. 

ISPALUCA.  Voyez  Aspaluca. 

ÎSPANIA.  Voyez  Espagne. 

ISPELLUM.  Voyez  Hispellum. 

ISPERUTH,  rivière  dePerse,  dans  le  Kilan ,  félon 
Davity,  A  fit,  qui  appelle  ainfi  la  rivière  de  Kifilofan , 
déjà  groffie  d'une  autre  rivière. 

ISPINUM ,  ancienne  ville  de  l'Espagne  Tarragonoife, 
dans  la  Carpétanie,  félon  Ptolomée ,  l.  2,  c.  6.  Molet, 
l'un  de  (es  interprètes,  croit  que  c'eft  Spinario,  vil- 
lage de  la  Nouvelle  Caftille  :  d'autres  croient  que  c'eft 
Yepes  dans  le  même  royaume ,  à  fix  lieues  de  Tolède, 
en  allant  vers  Cuença.  *  Baudrand,  éd.  1681. 

ISPOLUM.  Voyez  Hispalis. 

ISPORIS.  Voyez  (EsporiS. 

KQUI-ISSER.  Wheler  écrit  ainfi  à  l'Angloife  le 
nom  moderne  de  Laodicée.  Voyez  ce  mot. 

ISRAËL.  Le  patriarche  Jacob  ayant  lutté  toute  la 
nuit  contre  un  ange,  en  reçut  de  lui  le  nom  d'IsRAEL, 
d'où  fa  poftérité  a  été  nommée  les  Israélites  ou  lepeu- 
ple  d'Israël,  fans  diftin&ion  de  tribus.  Avant  la  mort 
de  Salomon  ,  les  enfans  d'Israël  ôc  les  Juifs  font  un 
même  peuple  ;  mais  après  le  fchisme  de  Jéroboam ,  la 
nation  fe  trouve 'partagée  en  deux  peuples  ,  qui  ont  cha- 
cun un  royaume;  le  premier,  compofé  de  deux  tribus., 
prend  le  nom  de  la  principale  ,  6c  s'appelle  le  royaume 
de  Juda.  L'autre  eft  appelle  le  royaume  d'Israël  ;  les 
rois  de  Juda  conservèrent  Jérufalem  où  étoit  le  temple , 
&  les  dix  autres  tribus ,  dont  les  rois  s'établirent  à  Sa- 
marie  ,  donnèrent  dans  l'idolâtrie  6c  dans  le  culte  des 
Veaux  d'or.  Voyez  l'article  Judée. 

1.  1SSA  ,  ancienne  ville  de  l'ifle  deLesbos.  Etienne 
le  Géographe  dit  qu'on  la  nommoit  premièrement  Hl- 
3WERA,  ci  ensuite  Pelasgia  &  Essa.  Entre  les  an- 
ciens géographes,  qui  nous  reftent,  peu  font  mention  de 
cette  ville  ,  mais  bien  d'ANTISSA,  dont  le  nom  fait  voir 
qu'elle  étoit  bâtie  à  l'oppofite  d'Ifla.  Pline,  parlant  des 
villes  de  l'ifle  de  Lesbos,qui  ne  fublifioient  plus,  nomme 
Agamede  &  Hiera.  Berkélius  veut  qu'on  lil'e  Himera,  au 
lieu  A'Hura.  A  l'égard  du  nom  Pelasgia  ,  il  avoit  été 
commun  à  cette  ville  &  à  l'ifle. 

2.  ISSA ,  ifle  de  l'Illyrie  ,  dans  le  golfe  Adriatique, 
avec  une  ville  de  même  nom,  fur  la  côte  de  Dalmatie. 
Strabon,  /.  7,  en  parle  comme  d'une  ifle  très- célèbre. 
PomponiusMéla,  /.  2,  c.j ,  en  fait  auffi  mention.  Pline, 
/.  3  ,  c.  22 ,  parlant  du  département  de  Salone  ,  y  met 
le  peuple  J.SS.EI  -,  qui  étoient  les  habitans  de  cette  iflt. 
Il  dit,  cap.  ult.  Kla  eft  peuplée  de  citoyens  Romains; 
oc  il  la  diftingue  très-bien  de  Lissa,  ifle  que  quelques- 
uns  ont  mal-à-propos  confondue  avec  elle.  Antonin  les 
diftingue  auffi.  Tite-Live  ,  l.  43,  c.  9,  parle  d'Ifla. 

3.  ISSA  ,  ville  dans  l'ifle  de  même  nom ,  fur  la  côte 
de  Dalmatie.  Hirtius  ,  de  Bell.  Alex.  c.  47,  en  parle 
comme  d'une  des  principales  villes  de  ce  canton ,  6c 
dit  qu'elle  étoit  fort  attachée  au  parti  d'O&ave. 

Pline,  /.  3,  c.  ult.  dit  formellement  :  Contra  Iadcr  eft 
Liffa  ;  l'ifle  de  Liffa  eft  vis-à-vis  de  Zara,  Cette  Lifta 
eft  préfentement  nommée  Ifola  Grofta.  Il  dit  au  con- 
traire, Ifta  civium  Romanorum  &  cum  oppido  Pkaria. 
Ifla  appartient  à  des  citoyens  Romains  ,  oc  Pharia  qui 
a  un  bourg.  Il  nomme  ces  deux  ifles  Ifta  6c  Pharia 
comme  voifines.  Ptolomée ,/.  2 ,  c.  17,  nomme  comme 
voifines  Ifta  ,  Tragurium  ,  Pharia,  6cc.  Scylax  ,  p.  24  , 
tdit.  Oxon.  pour  marquer  la  pofition  de  quelques  peu- 
ples d'Illyrie  ,  dit  qu'ils  étoient  près  de  Pharos  &  d'Ifla. 
Pharia  ou  Pharos  eft  préfentement  la  Liefina  ;  & 
la  véritable  Ifta,  qui  en  eft  voifine  ,  eft  préfentement 
l'ifle  de  Lifta.  De  l'ifle  range  fort  bien  ces  deux  ifles 
dans  fa  Carte  latine,  6c  dans  fa  Carte  françoife.  Il  les 
nomme  par  leurs  vrais  noms  dans  la  dernière;  mais  dans 
la  Carte  latine  de  l'ancienne  Italie  ,  il  prend  l'une  pour 
l'autre  ,  6c  met  Ifj'a  vis-à-vis  de  Zara ,  6c  Lifta  devant 
Pharus.  Ce  devoit  être  tout  le  contraire  ,  Se  c'eft  peut- 
être  une  faute  de  fes  graveurs. 

4.  ISSA,  ifle  d'Italie.  Denys  d'Haï  icarnafle ,  Antiq. 
Rom.  l.i,  c.  6,  la  décrit  ainfi.  A  quatre-vingt  ftades 
de  Riéti  ,  en  marchant  par  la  voie  Jurie  ,  proche  du 
mont  Coiete,  eft  Cursule  qu'on  a  ruinée  depuis  quel- 


583 


que  îîins  :  on  y  montre  une  ifle  nommée  ijja,  environ- 
née d'un  marais,  qui  formé  des  eaux  bourbeuiés  qu'y  je:te 
la  mer ,  iervoit  de  rempart  à  ceux  qui  l'habitoient.  Pro- 
che cette  ifle ,  dans  l'endroit  le  plus  reculé  du  marais 
eft  Maruvium  éloigné  de  quarante  ftades  du  lieu  ,  qu'on 
appelle  les  Sept-Eaux. 

TvISSAir,H4R.'  lune  des  douze  triblls  du  Peuple  de 
Dieu.  Elle  etoit  venue  d'Iffachar,  cinquième  fils  de  Ja- 
cob. Il  eut  quatre  fils,  favoir  Thola,  Phua,  Jobab  Se 
Semrom.  Cette  tribu  eut  fon  partage  dans  un  des  meil- 
leurs endroits  de  la  terre  de  Chanaan  ,  le  long  du  grand 
Champ  ou  de  la  Vallée  de  Jesraël ,  ayant  ?u  midi  la  de- 
mi-tnbu  de  Manafle,  au  feptentrion  celle  de  Zabulon  à 
1  occident  la  Méditerranée ,  6c  à  l'orient  le  Jourdain  & 
1  extrémité  de  la  mer  de  Tibériade.  Le  livre  de  Jofué 
décrit  ainfi  cette  tribu  _c.i 9,  v.  17.  Le  quatrième  partage 
échu  par  fort  fut  celui  de  la  tribu  d'Iffachar  diftribuee 
en  les  iamilles  ;  &  il  comprenoit  Jesraél  ,  Cafaloth 
Sunem,  hapharaim,  Séon,  Anaharat ,  Céfion  Abes' 
Rameth,  Engannim  ,  Enhadda,  Bethphesès;  &'f»  fron' 
tiere  venoit  jusqu'à  Tabor ,  Séhéfima,  &  Bethfamès  &c 
le  terminoit  au  Jourdain;  &c  tout  fon  pays  comprenoit 
feze  vifles  avec  leurs  villages.  C'eft-là  l'héritage  des  en- 
fans  d  Iffachar  diftnbués  par  leurs  familles ,  avec  leurs 
villes  6c  leurs  villages. 

ISSJEA  ,  nom  latin  des  habitans  d'IsSA. 

ISSAN.  Corneille ,  Dicl.  dit ,  fur  l'autorité  de  Da- 
vity,  que  c'eft  le  nom  moderne  del'lfonoë  de  Ptolomée 
qui  etoit  une  ville  d'Affyrie. 

ISSATIS.  Pline,  /.  6,  c.iU  dit  de  deux  villes  des 
Parthes  que  1  on  avoit  autrefois  élevées  pour  s'oppofer 
aux  Medes,  que  1  une  s'appelloit  Calliope;  &c  l'autre  qui 
etoit  fur  un  autre  rocher,  s'appelloit/^,,  mais  qu?e'1Ie 
ne  fubnfloit  plus.  Cette  deftination  fait  voir  qu'elles 
etoient  aux  frontières  des  Parthes  &c  des  Médes. 

1.  ISSEDON,  ancienne  ville  de  la  Scythie,'  au-delà 
del'Imaùs,  félon  Ptolomée  ,  l.  6 ,  c.  15.  Etienne  le 
Géographe  la  nomme  Eftcdon  ,  E<mii<r*V.  C'eft  ,  dit 
Ortélius  ,  ce  pays  qui  fournit  la  rhubarbe  à  toute  la 
terre.  Selon  les  tables  de  Ptolomée  ,  elle  devoit  être 
quelque  part  dans  le  pa/s  que  nous  appelions  le  royaume 
de Kalka.  On  l'appelloit du  furnom  de Scythique,  s,u«(i,,; 
pour  la  diftinguer  d'une  autre  ville  de  même  nom. 

2.  iSiEDON,  ancienne  ville  de  la  Sérique  ;  on  la 
furnommoit  Iftedon  la  Sérique ,  s»ax»x ,  pour  la  diftin- 
guer de  l'autre  à  l'eft-nord-eft  de  laquelle  elle  étoit  fituée, 
quoiqu'à  peu  de  diftance  l'une  de  l'autre. 

Ces  deux  villes  étoient  très-différentes  des  EffédonSj 
desquels  il  eft  parlé  au  mot  Essedones. 

ISSEL.  Voyez  Yssel.  1  ;  6c  Yssel  2. 

ISSELBOURG.  Voyez  Ysselbourg. 

ISSELMONDE.  Voyez  Ysselmonde. 

ISSELSTEIN.  Voyez  Yselstein. 

ISSENSES,  habitans  d'Ifla.  Voyez  IssA. 

ISSI ,  aficien  peuple  de  la  Scythie  ,  au-delà  du  Ta- 
naïs ,  félon  Pline ,  L  6 ,  c.  7. 

ISSI  ou  Yssï,  village  de  France,  dans  l'ifle  de  France, 
près  de  Paris.  On  dit  qu'il  doit  fon  nom  à  la  déefie  Ifis  , 
qui  y  avoit  un  temple  du  tems  des  payens.  Il  eft  remar- 
quable par  les  belles  maifons  de  campagne,  qui  y  font. 
Celle  du  prince  de  Conty  a  été  bâtie ,  en  premier  lieu  , 
par  Bazin  de  la  Baziniere ,  tréforier  de  l'Espagne  ,  6c 
un  des  plus  riches  hommes  de  fon  tems.  Elle  paiTa  en- 
fuite  à  M.  Talon,  avocat  général ,  6c  enfin  au  prince  de 
Conty,  qui  y  fit  faire  des  embellifiemens  fi  confidéra- 
bles  ,  qu'on  la  doit  regarder  comme  une  des  plus  bel- 
les maifons  qui  foient  aux  environs  de  Paris.  Les  de- 
dans font  enrichis  de  meubles  précieux ,  6c  le  jardin  eft 
riant  6c  d'un  beau  deflein  ;  mais  il  eft  étroit  6c  même 
un  peu  ferré.  La  paroiiTe  n'a  rien  de  remarquable  que 
la  fépulture  des  Vaudetars.  L'abbaye  (des  Bénédicti- 
nes) eft  petite;  6c  l'on  voit  dans  fon  églife  les  tom- 
beaux du  premier  préfident  de  Novion  ,  6c  d'un  bon 
évêque  Irlandois  ,  qui  mourut  en  1702.  Le  jardin  du 
féminaire  (de  S.  Sulpice)  eft  fpacieux  6c  en  bon  air: 
on  y  remarque  une  chapelle  qui  a  été  bâtie  fur  le  mo- 
dèle de  celle  qui  eft  à  Lorette.  On  peut  encore  y  voir 
la  belle  maifon  de  Vanholles.  * Piganiol  de  la  Force, 
Descr.  de  la  France  ,  t.  1,  p.  249. 

ISSI-L'EVÊQUE ,  bourg  de  France,  en  Bourgogne, 


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ISS 


ISS 


au  diocèfe  d'Autun.  Il  a  titre  de  baronnie ,  &eft  du  bail- 
liage d'Autun.  ■'      ■ 

ISSICUS  Sinus  ,  nom  latin  du  go/fi  deLajatfp,  en 
Afie,  dans  la  mer  Méditerranée.  Il  prenoit  ce  nom  d'Is- 
sus. Voyez  Issus. 

ISSIGNAUX,  ouIssigeau,ou  Issengeaux,  petite 
ville  de  France  ,  au  bas  Languedoc  ,  dans  le  Vélay,  à 
une  lieue  de  la  Loire,   &  à  quatre  du  Puy. 

ISSIGNI,  bourg  de  France,  en  balle  Normandie, 
au  diocèfe  deBayeux.  C'eft  le  même  qu'LsiGNI.  Voyez 
ce  mot. 

ISSIGHEUL,  lacd'Afie,  dans  laTartarie,  au  pays 
de  Géré  ,  auprès  de  Berket,  à  ioo  d.  de  longitude,  & 
à  45  d.  de  latitude.  * Hi/l.  de  Tinmr-Bec,  1.  3,  c.9. 

ISSINA ,  le  même  qu'EssiNA.  Voyez  ce  mot. 

ISSI-KOL  ,  (le  lac,)  eft  près  du  fleuve  11  i ,  vers  Har- 
cas  ,  qui  eft  aujourd'hui  la  réfidence  du  Kan  des  K.al- 
mouks.  D'Herbelot,  par  une  transpofition  de  mots,  le 
nomme  Silencei.  *  Hifi.  générale,  des  Huns  ,  par  de  Gui- 
gnes, /.  i,p.  65;  t.  5,/.  6. 

ISSINI ,  petit  royaume  de  Guinée  ,  connu  autrefois 
fous  le  nom  â'Asbini.  Il  eft  borné  au  nord  par  les  Kom- 
pas,  qui  forment  une  espèce  de  république  ;  à  l'eft,par 
le  royaume  de  Ghiomray,  ou  le  cap  d'Apollonia  ,  & 
par  celui  d'Edona  ;  au  fud,  il  a  la  mer,  &  à  l'oueft  la 
côte  d'Yvoire,  habitée  par  les  Quaquas,  qu'on  a  mal- 
à-propos  traités  d'Antropophages.  Son  étendue,  le  long 
du  rivage,  n'a  tout  au  plus  que  douze  lieues  ;  fa  largeur 
du  fud  au  nord  n'en  a  que  deux  ou  trois.  Son  climat , 
quoique  près  de  la  ligne,  n'eft  ni  fi  chaud  ,  ni  fi  mal- 
sain qu'on  fe  le  figure  en  Europe.  Pendant  la  plus  grande 
partie  de  l'année,  l'air  y  eft  agréable  &  ferem.  Sa  mau- 
vaife  réputation  vient  des  Anglois  &desHollandois,qm 
avoient  intérêt  à  en  éloigner  les  François.  Il  eft  vrai 
que  ,  depuis  le  mois  du  Mai  jusqu'au  mois  d'Août ,  on 
y  voit  des  brouillards  fi  épais,  qu'il  eft  dangereux  de  for- 
tir  avant  que  le  foleil  les  ait  diffipés  ;  mais  ils  ne  font 
pas  plus  mal-fains  que  ceux  de  plufieurs  endroits  de 
l'Europe,  en  automne.  Il  y  a  peu  de  régions  au  monde, 
qui  préfentent  une  auflî  belle  perspe&ive.  La  côte  en 
eft  fi  baffe,  qu'à  peine  la  diftingueroit-on  d'une  lieue,  fi 
les  arbres  qui  la  bordent  ne  fe  faifoient  appercevoir  de 
trois  lieues.  Elle  eft  arrofée  par  une  des  plus  belles  ri- 
vières de  l'Afrique  ,  qui  pourroit  être  navigable  dans  une 
grande  étendue  ,  fi  l'embouchure  en  étoit  plus  com- 
mode ;  mais  elle  eft  fermée  par  un  vafte  banc  de  fable, 
qui  en  permet  à  peine  l'entrée  aux  canots  des  Nègres  , 
lorsque  la  mer  eft  calme.  Ce  royaume  a  douze  ou  treize 
villages  au  long  des  côtes ,  ou  dans  les  ifles  formées  par 
la  rivière.  Sa  capitale  eft  Ajjoko ,  fituée  dans  une  ifle  de 
même  nom  ,  à  quatre  ou  cinq  milles  de  la  mer.  Elle 
contient  deux  cents  maifons ,  &  mille  ou  douze  cents 
habitans.  Les  habitans  naturels  du  pays  font  les  Veteres, 
dont  le  nom  fignifie  pécheurs  de  rivières.  Les  Iffinois  fe 
font  établis  fur  la  côte  de  la  mer ,  après  avoir  quitté 
leur  pays  qu'on  nomme  encore  le  grand  Ijjini ,  à  dix 
lieues  de- là,  &  qui  eft  demeuré  défert.  La  rivière  ne 
porte  leur  nom  qu'à  fon  embouchure  chez  les  Veteres, 
qui  demeurent  plus  haut.  Elle  porte  encore  fon  ancien 
nom  SAsbini,  qui  étoit  celui  du  pays.  *  Hijloire  des 
Voyages ,  par  /'abbé  Prévôt ,  t.  3  ,  /.  8 ,  c.  % . 

ISSOIRE ,  Ixiodorum ,  petite  ville  de  France  ,  dans 
la  baffe  Auvergne  ,  fur  la  petite  rivière  de  Couze  ,  qui 
fe  jette  un  peu  au-  deffous  dans  l'Allier.  Elle  eft  ancienne  ; 
&  Grégoire  de  Tours,  qui  en  fait  mention  ,  n'en  parle 
que  comme  d'un  village,  (vicvs.)  11  dit  que  S.  Auftre- 
moine  ,  apôtre  des  Auvergnats  ,  y  avoit  été  enterré. 
Cette  ville  ,  par  le  partage  fait  entre  les  comtes  &  les 
dauphins  d'Auvergne ,  demeura  aux  dauphins  ;  mais  ils 
n'en  jouirent  pas  paifiblement  ;  car  comme  elle  eft  fituée 
dans  un  pays  gras  &  fertile,  les  comtes  la -voulurent 
reprendre  ;  &  enfin  les  rois  ayant  conquis  l'Auvergne , 
ils  ont  réuni  à  leur  domaine  Moire  ,  dont  les  ducs  d'Au- 
vergne ,  qui  étoient  de  la  maifon  de  Bourbon  ,  ont  joui. 
L'églife  de  l'abbaye  des  Bénédictins  de  cette  ville  a  été 
dédiée  à  S.  Auftremoine.  Ce  monaftere  eft  fort  ancien; 
car  il  y  avoit  une  école  pour  les  fciences  où  fut  inftruit 
&  élevé  dans  le  feptieme  fiécle  S.  Prix,  évoque  d'Au- 
vergne, comme  le  marque  l'auteur  de  fa  vie.  L'abbé  eft 
feigr.eur  de  la  ville ,   &c  la  juftice  lui  appartient.  Cette 


ville  a  foutenu  deux  fiéges,  l'un  en  1577,  &C  l'autre 
en  1590.  Le  cardinal  Antoine  Boyer  en  étoit  originaire, 
&  en  a  fait  conftruire  l'hôtel  de  ville  &  l'horloge.  Le 
fameux  cardinal  du  Prat ,  chancelier  de  France ,  &  fils 
d'une  fceur  du  cardinal  Boyer  ,  étoit  auffi  originaire 
d'Iffoire.  *  Longucrue ,  Descr.  de  la  France  ,  part.  1 , 
p.  135.  Pigamol  de  la  Force,  Descr.  de  la  France,  t.  5, 
p.  346. 

1.  ISSOLE,  ([')  petite  rivière  de  France  ,  en  Pro- 
vence ,  où  elle  fe  jette  dans  leVerdon,  près  de  la  Mure. 
Elle  eft  fort  abondante  en  truites. 

2.  ISSOLE,  (f)  petite  rivière  de  France,  en  Pro- 
vence ,  où  elle  le  jette  dans  l'Argens. 

1SSORIUM,  quartier  de  la  ville  de  Sparte,  au  pays 
de  Lacédémone.  Il  y  avoit  un  temple  de  Diane,  &  ce 
lieu  étoit  fort  d'affiette,  &  difficile  à  forcer,  félon  Plutar- 
que,  dans  la  Vie  d'Agéfilas.  Etienne  le  Géographe  dit 
que  c'étoit  une  montagne.  Héfyche ,  m  voce  '\aaaôa.t 
6c  Polyen  ,  /.  2  ,  Stratagem.  en  font  mention. 

I.  ISSOUDUN,  Exoldunum,  IJJoldunum  ou  Exi- 
lidanum  ,  ville  de  France  ,  dans  le  Berry,  diocèfe  de 
Bourges,  parlement  de  Paris,  intendance  de  Bourges, 
chef-lieu  d'une  élection  ;  elle  a  treize  à  quatorze  mille 
habitans.  Il  y  a  de  plus  un  grenier  à  fel ,  un  bailliage 
royal,  régi  par  la  coutifme  de  Berry,  avec  une  prévôté 
royale ,  reffortiffame  au  bailliage.  C'eft  la  féconde  ville 
du  Berry.  Elle  eft  fituée  en  pays  plat  &  découvert ,  à 
fept  lieues  de  Bourges  ,  fur  la  petite  rivière  de  Théols, 
dans  une  belle  &  agréable  plaine  ,  avec  un  château  , 
quatre  paroiffes ,  S.  Cyr  ,  S.  Jean,  S.  Denys  &  S.  Pa- 
terne ;  quatre  fauxbourgs,  celui  appelle  de  Rome,  celui 
de  S.  Jean,  celui  de  Filiale,  tk  celui  de  S.  Paterne  ; 
deux  collégiales  fondées  l'an  1000  ;  S.  Cyr  &  S.  Denys  ; 
une  abbaye  de  Bénédictins  non  réformés,  fous  le  titre 
de  Notre-Dame  d'ijjaudun  ;  des  couvens  de  Corde- 
liers  ,  de  Capucins,  de  Minimes,  d'Uriùlines  ,  de  filles 
de  la  Vifitation  &  deux  hôpitaux,  l'un  pour  les  incura- 
bles, l'autre  pour  les  maladies  paflageres  ,  dont  Raoul, 
le  dernier  des  anciens  feigneurs  d'Iiioudun  ,  eft  un  des 
principaux  bienfaiteurs.  *  Mémoires  envoyés. 

Les  habitans  d'Iffoudun  font  un  grand  commerce  de 
bois  ;  ils  ont  des  manufactures  de  draps  ,  de  ferges  &C 
de  gros  chapeaux.  Il  y  a  dans  cette  ville  huit  foires 
par  an  ,  lavoir  à  la  mi-carême  ,  au  premier  Mai ,  à  la 
S.  Jean-  Baptifte  ,  à  la  Magdeleine  ,  le  8  Septembre  , 
à  la  S.  Denys,  à  la  fainte  Catherine  Se  à  la  S.  Paul;  on 
y  tient  auffi  marché  tous  les  famedis. 

L'hiftoire  de  cette  ville  eft  particulièrement  recom- 
mandable  par  l'attachement  qu'elle  a  toujours  fait  paroî- 
tre  pour  le  fervice  des  rois  de  France  ,  qui  lui  ont  ac- 
cordé plufieurs  beaux  privilèges  &  franchifes  de  toutes 
fervitudes ,  même  avant  ceux  que  lui  donna,  l'an  1423, 
le  roi  Charles  VII.  Tous  ces  privilèges  ont  été  mainte- 
nus &  confirmés  par  tous  les  rois  fuivans ,  même  par  fà 
majefté  actuellement  régnante.  Ils  confiftent  en  l'exemp- 
tion de  ban,  arriere-ban,  tailles,  uftenfiles,  dont  on 
prétend  qu'elle  fut  la  feule  exempte  pendant  la  dernière 
guerre,  fourrages,  logemens  de  gens  de  guerre,  &  francs- 
fiefs  ,  fans  parler  des  octrois  &  autres  droits  que  les  rois 
lui  ont  encore  accordés.  Une  des  principales  actions  de 
vigueur,  que  cette  ville  a  faitparoître  pour  le  fervice  du 
roi  ,  fut  l'année  1589  le  14  Juillet,  durant  les  guerres 
civiles.  M.  de  la  Chafire,  qui  commandoit  dans  la  pro- 
vince pour  le  parti  de  la  Ligue,  ayant  tenté  inutilement 
de  fe  rendre  maître  d'Iffoudun  par  la  force  ,  pratiqua 
quelque  intelligence  dans  la  ville ,  par  le  moyen  de  quel- 
ques nouveaux  venus,  à  la  faveur  desquels  il  y  fit  entrer 
des  troupes ,  y  établit  une  forte  garnifon ,  &  fit  conduire 
prifonniers  à  Bourges  ,  ceux  qu'il  crut  plus  affectionnés 
aux  intérêts  du  roi  ;  de  ce  nombre  étoient  les  fieurs  Pré- 
vôt ,  Thoreau  ,  Joulin  &  Deleftang  fils.  Non  content 
de  cette  expédition  ,  &  craignant  que  les  fidèles  fervi- 
teurs  de  roi ,  qui  reftoient  en  grand  nombre ,  ne  donnas- 
fent  lieu  à  des  mouvemens ,  il  drefla  ur\  rolle  de  plufieurs 
personnes,  dont  il  demanda  l'exil  aux  habitans;.  ce  qu'ils 
lui  accordèrent  :  en  conféquence  de  quoi ,  furent  chaffés 
de  la  ville  ,  Claude  Dorsanne,  lieutenant -général  de  la 
ville  ;  FrançoisArrhuis,  procureur  du  roi  ;  Guillaume  De- 
leftang, père  ;  François  Roi;  Claude  Artrus  ;  Mathurin 
Chapus,  ôc  Claude  Foucheret,  qui  voulurent  avoir,  avant 

que 


ISS 


ÎST 


|ûe  de  fortir,  le  confentement  du  roi  qui  étoit  à  Tours  ; 
&  l'ayant  obtenu  ,  les  prifonniers  fe  retirèrent  à  Argéri- 
ton-la-Châtre  ;  <k  ceux  qui  étoient  détenus  à  Bourges, 
furent  délivrés  par  rançon  ,  &c  exilés  comme  les  au- 
tres. 

Nonobstant  les  foins  du  fieur  de  la  Châtré,  il  demeura 
toujours  dans  la  ville  quelques  ferviteurs  du  roi  cachés 
à  ceux  de  la  ligue  ,  &  entr'autres,  Jacques-Bernard  fieur 
de  Maraudé,  pour  lors  échevin,  qui  ne  pouvant fouffrir 
cette  nouvelle  tyrannie,  complota  avec  ceux  qui  tenoient 
le  parti  du  roi,  de  s'en  délivrer,  Se  donna  avis  de  leur 
réfolution  au  procureur  du  roi ,  Se  à  Guillaume  Deles- 
tangqui  étoient  à  Argenton  ,  &  du  jour  pris^pour  l'exé- 
cution de  leur  deffein,  au  14  Juillet  1589.  lin  effet,  au 
jour  deftiné  ,  fur  les  trois  heures  du  matin  ,  les  royaux 
s'emparèrent  des  principales  avenues  ,  allèrent  droit  au 
logis  du  roi ,  où  étoit  le  nommé  Marfion  ,  qili  cdmman- 
doitdans  la  place  ;  celui-ci,  averti  de  l'entreprilé,  voulut 
fe  mettre  en  défense;  Se.  pour  cela,  s'étant  atmé  d'une 
hallebarde  ,  en  porta  un  coup  à  Bernard  ,  dont  il  le 
bleiTa  ;  aufli-tôr  un  des  royaux  lui  tira  un  coup  de  pis- 
tolet,  dont  il  le  renversa. -Il  fut  tiré  quelques  coups  de 
part  &  d'autre  ,  mais  le  capitaine  du  château  étant  mort, 
le  rèfte  de  la  garnifon  fit  peu  de  réfiftance. 

En  même  tems  le  corps-de-garde  mis  à  la  porte  du 
château,  donna  entrée  au  procureur  du  roi  Arrhuis  ,  & 
à  Guillaume  Deleftang  ,  qui  étoient  venus  toute  la  nuit 
avec  les  amis ,  qu'ils  avoient  pu  raflembler  ;  ils  s'avan- 
cèrent du  côté  de  la  place  publique ,  où  les  ligueurs  Se 
le  refte  de  la  garnifon  s'étoient  aifemblés  ;  on  s'escar- 
moucha  de  part  &  d'autre,  affez  long-tems,  &  avec  allez 
de  vigueur  ;  mais  enfin  ies  royaux  eurent  l'avantage , 
&  chafferent  à  leur  tour  les  ligueurs  de  la  ville,  qui,  par 
ce  moyen ,  fut   remife  à  l'obéiffance  du  roi. 

C'eft  en  mémoire  d'une  fi  célèbre  aftion,  que, tous  les 
ans,  au  14  Juillef ,  les  habitans  font  une  ré|ouiflànce  publi- 
que ,  qui  commence  par  un  Te  D^um ,  chanté  dans  l'é- 
glife  collégiale  du  S.  Cyr,  ensuite  .duquel  fe  fait  un  feu 
de  joie  dans  une  place  hors  d'Ifloudun ,  où  le  corps  de 
ville ,  en  habit  de  cérémonie ,  &  tous  les  corps  de  la 
juftice  affilient. 

Sous  la  minorité  de  Louis  XIV,  cette  ville  fit  encore 
paraître  fon  zélé  pour  le  fervice  de  Ci  majefté.  L'année 
165 1,  n'ayant  pas  voulu  le  rendre  à  ceux  qui  tenoient  le 
parti  oppofé  ,  elle  fut  presqu'entiérement  ruinée  par 
l'incendie  de  plus  de  douze  cents  maifons  ,  dans  les- 
quelles plufieurs  personnes  périrent  avec  leurs  biens  ;  & 
ce  qui  eft  de  plus  remarquable  ,  c'eft  que  dans  le  tems 
que  les  flammes  caufoieit  le  plus  de  ravage,  les  ennemis 
ayant  fait  une  attaque ,  Se  fe  préièntant  devant  les  mu- 
railles, le;  habitans  ceffereht  de  iccourir  leurs  maifons , 
pour  défendre  leurs  murs,  &  repoulfer  les  ennemis  qui 
ne  leur  cauferent  d'autre  mal  que  celui  de  l'incendie. 
Louis  XIV,  qui  paffa  quelques  jours  après  dans  leur  ville, 
en  vit  encore  les  maifons  fumantes  ;  Si.  le  comte  de 
S.  Agnan,  qui  en  avoit  pour  lors  le  gouvernement,  ren- 
dit un  compte  exact  à  fa  majefté  de  tout  ce  que  leur  zèle 
leur  avoit  fait  faire  pour  elle  :  ce  grand  monarque  s'en 
eft  toujours  reffouvenu,  &  leur  a  donné,  en  toutes  occa- 
£ons,  des  marques  honorables  de  fa  bienveillance.  Il  leur 
avoit  accotdé,  outre  les  exempdons  dont  on  a  parlé,  le 
droit  d'élire  un  maire  tous  les  ans  ,  auquel  fa  majefté 
accordoit  en  même  tems  l'honnenr  d'être  annobli  ; 
mais  les  bourgeois  ont  laiffé  cette  faveur  fans  exécution, 
ayant  remarqué  que  ce  privilège  pourrait  ,  d'un  autre 
côté ,    nuire  à  leur  commerce. 

Issoudun  a  eu  des  leigneUrs  particuliers  dès  Je  dou- 
zième fiécle.  Ils  étoient  cadets  de  l'illuftre  maifon  des 
princes  de  Deols  &  vafiaux  des  comtes  de  Poitiers.  Elle 
a  été  fort  long  -  tems  fous  la  domination  des  Anglois  , 
lorsqu'ils  fe  tendirent  maîtres  d'une  partie  du  royaume. 
Philippe-Augufte  la  reprit  fur  eux  ,  Se  la  confisqua  fur 
le  feigneur  utile ,  qui  étoit  de  la  maifon  de  Chauvigny, 
&  la  réunit  au  domaine  de  la  couronne.  Néanmoins  la 
Thaumaffiere  veut  qu'elle  n'ait  point  été  confisquée, 
mais  acquife  par  ce  prince  des  héritiers  de  Mahaud  d'Is- 
foudun,  vers  l'an  nioou  liai. 

2.  ISSOUDUN,  bourg  de  France,  dans  la  Marche, 
au  diocèfe  de  Limoges ,  élection  de  Gueret. 
ISSURT1LLE.  Voyez  Is-sur-Tille. 


0 

v  8  r 

,  ISSUS,  ancienne  ville  d'Afie  %  dans  la  Oiiicie:  Elïê 
eft  remarquable  à  caufe  de  la  vicloire  qu'Alexandre  y 
remporta.  Les  Grecs  l'ont  nommée,  comme  les  Latins, 
'Utrôç.  Xénophon  pourtant  l'appelle  'Wi ,  au  pluriel; 
Vc  là ,  dit  -  il ,  Retraite  des  dix  mille ,  1.  1  ;  (c'eft- à-; 
dire  depuis  la  rivière  du  Pyrame,)  on  fit  quinze  lieues, en 
deux  jours  de  marche,  pour  venir  à  Iffi,  qui  eft  une  grands 
Se  riche  ville  fur  la  côte  ,   Se  la  dernière  de  la  Cilicie. 


Strabc 


donne   une   idée  bien  différents  : 


après  Mgs,  dit-il  ,  eft  Mus,  petite  ville,  avec  un  port 
Se  la  rivière  Pinarus.  Ce  fut-là  qu'Alexandre  combattit 
cohrre  Darius ,  Se  c'eft  de  cette  ville  que  le  golfe  prend 
fon  nom.  Pomponius  Mêla,  /.  1,  c.  13,  dit,  avec  le  ftyle 
fleuri  qui  lui  eft  familier  :  dans  J 'enfoncement  eft  un 
heu  qui  fut  autrefois  le  fpectareur  Se  le  témoin  de  la 
défaite  des  Perles  ,  par  l'armée  d'Alexandre ,  &  de  la 
fuite  de  Darius.  Ce  heu,.qui  n'eft  à  préferit  d'aucune  ré- 
putation ,  étoit  autrefois  célèbre  à  caufe  de  la  grande 
ville  d'Ifîus.  Cette  décadence  concilie  la  prétendue  con- 
tradiction de  Xénophon  Se  de  Strabon.  Diodore  de  Si- 
cile, /.  17,  dit  a:lfi  quedu  tems  d'Alexandre  cette  ville 
étoit  conlîdéralJe  ;  car,  félon  lui ,  Alexandre  fe  rendit 
maître  diffus ,  ville  farneufe ,  où  la  frayeur  s'étoit  ré- 
pandue. Il  dit  encore  que  Darius  étant  rentré  dans  la 
Cikcie,  prit  cette  ville,  Si:  égorgea  fans  quartier  les  Ma- 
cédoniens qu'on  y  avoit  iailTés  ,  ce  qu'Arrien  remarqué 
auffi.  Etienne  le  Géographe  fe  trompe,  en  parlant  d'Iflus; 
car  il  dit  qu'après  la  victoire  des  Macédoniens ,  elle  fut 
nommée  Nicopolis.  Strabon  &  Ptolomée  en  font  des 
villes  très-différentes.  Le  nom  moderne  eft  AÏazzo  ou 
LA  Jasso  ;  Se  le  golfe  en  prend  encore  le  nom  de  golft 
de  I'Aïazzo. 

ISSY-L'EVÊQUE.  Voyez  Issi-l'Evêqué. 

ISTACHAR;  c'eft  félon  Baudrand ,  edit.  1705 ,  un 
village  de  Perse,  dans  la  province  de  Fars,  à  mille  pas 
de  la  rivière  de  Bendemir.  Il  ajoute  que  c'étoit  autre- 
fois une  des  plus  grandes  villes  de  tout  ce  royaume,  Se 
même  fouvent  le  féjour  de  fes  rois  ,  Se  enfin  qu'il  eft 
près  de_  la  ville  de  Schiraz  ,  qui  s'eft  accrue  de  l'es  rui- 
nes. DWerbelot ,  Biblioth.  orient,  qui  la  nomme  Es- 
TEKHAR  SelSTEKHAR,  croit  que  c'eft  l'ancienne  Per- 
SÉPOLIS  ,  capitale  de  la  Perse  proprement  dite,  fous 
les  rois  des  trois  premières  races  ;  car,  dit-il,  ceux  de 
la  quatrième,  qui  font  les  Cosroës  ,  avoient  établi  leur 
fiége  royal  dans  celle  de  Madain.  Il  ajoute  :  elle  eft  fituée 
à  88  d.  30'  de  longitude,  Se  à  30  de  latitude  ,  félon  le 
calcul  des  Tables  Arabiques. 

L'auteur  du  Lebtarik  écrit  que  Kischtasb ,  fils  de  Lo- 
horasb ,  cinquième  roi  de  la  race  des  Caïanides,  y  établis 
fa  demeure  qu'il  y  fit  bâtir  plufieurs  de  ces  temples  ; 
dédiés  au  feu ,  que  les  Grecs  appellent  Pyrœa  Se  Py- 
rateria  ;  les  Perfans  Atesch  -  Khané  Se  At:sch-Gheda  , 
&  que  fort  près  de  cette  ville,  dans  la  montagne  qui  la 
joint ,  il  fit  tailler  dans  le  roc  des  fépulcres  pour  lui  Se 
fes  fucceffeurs  :  l'on  en  voit  encore  aujourd'hui  les  rui- 
nes, avec  des  refles  de  figures  &  descolomnes,  lesquel- 
les ,  quoiqu 'effacées  par  la  longueur  du  tems  ,  marquent 
aflez  que  ces  anciens  rois  avoient  choifi  leur  fépulture 
en  ce  lieu. 

Il  ne  faut  pas  confondre  ces  monumens  avec  un  fit- 
petbe  palais ,  que  la  reine  Homal ,  fille  de  Bahamam,  fit 
bâtir  au  milieu  de  la  ville  d'Eftekhar  :  on  le  nomme  au- 
jourd'hui ,  en  langue  Perfienne,  Gihil  ou  Tckilminar,  les 
quarante  Phares  ou  Colomnès.  Les  Mufulmans  en  firent 
autrefois  une  mosquée  ;  mais  la  ville  s'étant  entière- 
ment ruinée  ,  on  s'eft  fervi  de  fes  décombremens  pour 
bâtir  celle  de  Schiraz  ,  qui  n'en  eft  éloignée  que  de  douze 
parafanges,  &  qui  a  pris  la  place  de  la  capitale  de  la  pro- 
vince ,  proprement  dite  Fars  ou  Perse. 

Ce  que  le  même  auteur  écrit  de  la  grandeur  ancienne 
de  cette  ville  ,  paroît  fabuleux  ;  car  il  lui  donne  douze 
parafanges  de  long  &  dix  de  large ,  de  forte  que  la  ville 
de  Schiraz  y  aurait  été  comprife  ;  mais  il  eft  certain 
que  tous  les  hiftoriens  de  Perse  en  parlent  comme  de 
la  plus  ancienne  &  la  plus  magnifique  ville  de  toute 
l'Afie. 

Ils  écrivent  que  ce  fut  Giamschid ,  qui  en  fut  le  pre- 
mier fondateur ,  Se  que  quelques-uns  font  remonter  fon 
ancienneté  jusqu'à  Houschenk ,  Se  même  jusqu'à  Caïu- 
inarath,   premier  fondateur  de  la  monarchie  de  Perse, 
Tome  III.    E  e  e  e 


58«5  ÏSÎ 

ïl  èft  vrai  cependant  qu'elle  a  tiré  fon principal  luftre 
de  la  féconde  dynafte  des  rois  ,  qui  abandonnèrent  le 
féjour  de  la  ville  de  Balkhe  en  Khoralïan,  pour  demeu- 

reOnEpîîtbapûter  ici ,  que  le  fuperbe  palais  de  la  ville 
d'Eftekhar ,  que  la  reine  Homai  fit  bat.r ,  pourrait  bien 
être  un  de  ces  ouvrages  tant  vantes  de  Semirarms ,  la- 
quelle n'eft  pas  inconnue  aux  Orientaux  puisqu  ils  ton 
mention  de  deux  Sém.ramis  dans  leurs  H.ftoires  dont 
la  féconde  qui  pourrait  avoir  ete  la  même  que  notre 
Homai,  n'eft  pas  entièrement  ignorée  des  Grecs. 

Je  finis  ce  titre,  en  difant  que  la  tradition  fabuleux  clés 
Perfans  porte  que  cette  ville  a  été  bâtie  par  les  Vax, 
c'eft-à-dire  les  Fées  du  tems  que  le  monarque  Gian- 
Ben-Gian  gôuvernoit  le  monde,  long-tems  avant  le  lie- 
cle  d'Adam  ;  ce  qui  n'eft  attribue  a  aucune  autre  ville 
d'Afie  qu'à  Eftelchar  &c  à  Baalbeck.      _  ,      v  „ 

Cette  ville  eft  la  même  dont  il  eft  fait  mention  a  1  ar- 
ticle d'ESTARKE.  ,  ... 

ISTECHIA ,  petite  ville  de  la  Moree  ,  au  pays  des 
Mainotes,  près  du  golfe  de  Coron  ,  a  deux  lieues  de 
Chialifa  ,  du  côté  du  midi.  Quelques  auteurs  y  placent 
l'ancienne  Leuctra  ouLectrum.  *B**d.eAu.  170 >  • 

ISTI-DURA ,  ville  de  Tartane.  Abulgafikan  en  fait 
mention  dans  fon  Hiftoire  généalogique  des  Tatars  , 
p.  305.  Elle  étoit,  félon  les  apparences  dit  fon  traduc- 
teur ,  vers  le  nord  du  Gilan  ,  proche  les  bords  de  la  mer 

CaiSTÉON,  ville  del'ifle  de  Cythere,  félon  le  Scho- 
liaftedeThucvd.de,  cité  par  Ortélius,  Thejaur  Ce  der- 
nier croît  plutôt  qu'elle  étoit  fur  la  côte  du  Peloponnefe, 
dans  la  Laconie,  mais  dépendante  ae  litle. 

1.  ISTER,  nom  que  les  anciens  donnoient  au  bas 
Danube.  Voyez  Danube. 

a  ISTER  rrtiefe  de  l'Iftrie  ,  félon  les  anciens  :  quan- 
tité'd'auteurs  o*t  prétendu  que  l'Iftrie  prenoit  fon  nom 
de  cette  rivière  qui  y  couloit  ;  que  cet  Ifter  avo.t  (on 
embouchure  àl'oppofite  de  celle  du  Po,  &  que  la  rencon- 
tre de  ces  deux  rivières  rendoit  douce  1  eau  de  la  mer 
en  cet  endroit.  Paul  Diacre,  dans  fonH.fto.re  des  Lom- 
bards, L  X,  fait  mention  de  cette  rivière,  &  dit  quelle 
avo.t  été  plus  grande  qu'elle  n'eto.t  de  fon  tems  Des 
auteurs  ont  été  jusqu'à  en  chercher  le  nom  moderne  & 
à  afturerque  c'eft  le  QuiÉTO  ,  &  le  même  que  le  A  au- 
portus  de  Pline,  /.  f,  c.  18.  Mais  cet  auteur  traite 
cette  rivière  de  pure  imagination,  plenque  dixere  falsà^ 
&  reprend  Népos  de  l'avoir  dit  comme  les  autres,  quoi- 
qu'il demeurât  au  bord  du  Pô  ,  &  fut  a  portée  de  favoir 
la  fauffeté  d'une  opinion  qu'il  &m>it.  -         ; 

7.  ISTER,  rivière  de  Theffalie,  félon  Lycophron , 
ou  plutôt  félon  Cantons  fur  cet  auteur.     Ortel.  Ihei 
ISTHiEVONES  ,  ancien  peuple  de  la  Germanie ,  & 


IST 


Tricocci  , 
Nemetes  , 
Vangiones , 

CjERESI  , 

Segni, 


CoNDRUSi; 
PjEMANI  , 

Eburones  , 
Aduatici, 
Menapii, 


au-delà  du  Rhin  les  pays  qui,  du  tems  de  Céfar,  étoient 
connus  fous  le  nom  de 


Marcomanni, 
Harudes  , 
Sedusii, 
Ubii, 

SlCAMBRI, 

Marsi  , 


Tubantes  , 
dulgibini, 
Amsivarii, 
Chamavi, 
Bructeri , 
Frisii  ,  ckc. 


Le  P.  Hardouin  ,  in  Plin.  prétend  que  ces  Iftsevorrs  de 
Pline  n'étoient  que  les  peuples  le  long  du  Rhin  ,  depuis 
fes  embouchures  jusqu'à  Cologne,  avec  la  Fnfe  occiden- 
tale. Il  ne  change  rien  au  texte,  &  lit  :  quorum  pars  Cim- 
bri  Mediterranei.  Il  ajoute  que  les  Cimbres,  don t  il  s'a- 
git ici,  avoient  le  pays  où  font  à  préfent  le  comté  de  la 
Marck ,  le  duché  de  Berg  &  la  partie  du  pays  de  Clèves, 
au-delà  le  Rhin  ;  mais  il  ne  dit  point  quel  autre  auteur 
ancien  a  mis  des  Cimbres  dans  ce  pays ,  ni  comment  il 
trouve  dans  Pline  que  ces  Cimbres  avoient  toute  cette 
étendue^ 

Le  P.  Briet ,  dans  fes  Parallèles  ,  diftribue  ainfi  les 
îfthsevons. 


DULGIBINI 


(Partie  de  la  Hollande. ,  de 
\  YOveryffel,  &  la  Frife 
(,     orientale. 

rUne  grande  partie  de  l'évl- 
\     chéàeMun/ler,Olden- 
'  )     iourg,  Lingen,  Hoye  Se 
C     Minden. 


(Partie  à'Over-Yffe^Beint- 
AngRIVARIW     heim,  partie  de  l'évêché 
\     de  Paderborn. 


l'une  des  cinq  grandes  nations  qui  etoient 


fous-divifées 
d'auïreTpeu'pfes.  Pline,  /.  4»  *  **i  dit,dAauns  les  édi" 
lions   ordinaires  :   proximi   auiem  Rhpno  Ifthaïvones , 
quorum  pars  Cimbri  Mediterranei  :  Herm.ones -.quorum 
Suevi,Hermunduri,Chatli,Cherusci.  C  eft-a-dire  :  les 
plus  proches  du  Rhin  font  les  Ifthasvons ,  fous  lesquels 
font  compris  les  Cimbres,  qui  font  dans  le  milieu  des 
terres  ;    les  Hermions  à  qui  appartiennent  les  Sueves  , 
les  Herraundures,  les  Chattes  ,  les  Çherusques.  Les  fa- 
vans  les  mieux  inftruits  de  l'ancien  état  de  1  Allemagne, 
leconnoiffent  que  ces  mots  quorum  pars  Cimbri  Medi- 
terranei ,  font  corrompus.  Cluvier,  German.  Antiq.  pré- 
tend qu'au  lieu  de  Cimbri ,  il  faut  lire  Sicambn •   &  fa 
conie&ure  eft  trouvée  fi   bonne  par  le  docte  Spener, 
Notit.  German.  Ant.  1.  4,  c.  1  ,  qu'il  1  approuve  haute- 
ment. Ils  détachent  du  mot  Cimbri  ouSicambn,  le  mot 
Mediterranei,  qu'Us  joignent  au  nom  Hermiones  ,  &  h- 
fent  quorum  pars  Sicambri.  Mediterranei  Hermiones  quo- 
rum Suevi,  &c.  En  ce  cas,  cette  épithete  qui  embarrafle, 
étant  jointe  aux  Cimbres,  n'embarraffe  plus,  quand  elle 
appartient  aux  Hermions.   Spener  croît  que  ces  Itths- 
vons  occupo.ent  la  partie  occidentale  de  la  Germanie, 
Il  pàroît  par  une  citation  de  Strabon,  /-  1 ,  que  Pytheas 
nommoit  ce  même  peuple  oV.'««,  Ostjei  ;  Etienne  le 
Géographe, qui  cite  le  même  Pythéas ,  le  nomme  Jlrto«o 
OstiONES  ,  ck  ajoute  que  cette  nation  habitoit  vers 
l'Océan  occidental.    Spener  croit  qu'ils  étoient  léparés 
par  le  Rhin.  H  met  en-deçà  de  ce  fleuve  les  peuples, 


Les  Maevons 
ou  Ifthsevons 
compre- 
noient  fous 
eux  les  peu- 
ples. 


C  Partie  à'Utrecht  8c  deGueb 
l    dre' 

(Parties  de  l'évêché  de 
1  MunJler,d'Osnabrug,  de 
'S  Ravensperg  &  de  Lem- 
C    gow. 

Parties  des  évêchés  de 
Munjler,  Paderborn  & 
quelques  comtés  entre 
ces  deux  évêchés. 

(Parties  de  l'évêché  de  Pa- 
\  derborn  &c  du  duché  de 
(     Weftphalie. 


(Usi-    jRechlinghufen&t  partie  de 
j  PETES-  \     la  Marck. 

Trvr  (Partie  des  duchés  de  Berg 
'-   ter.    \     &  àemjlpkalk,  &  du 


Marsaci. 


Chassuarii 


Chamavi. 


Marsi. 


TERI-  )     comté  délabre*. 


Bruc- 
teri. 


Sedusii. 


Partie  du  duché  de  Bergi 
de  l'archevêché  de  Très 
ves  Se  de  Wétéravie. 

(Une  grande  partie  delà  Wé- 
)  téravie,  de  la  Hefle,  Sis* 
\    fembourg&àeFuldc. 

f  Partie  des  terres  de  Moyen- 
<  ce,  de  Wurt^bourg,  de 
C     Wtrthtim  &  d'Hohenlo, 


IST 


IST 


Voici  un  fentîmént  que  Spener  propofe,  {"ans  en  défigncr 
l'auteur  que  par  ces  mots  :  un  certain  favant  ,  eruditijji- 
tnus  aliquis  vit  ,  transporte  les  Iftasvons  à  l'orient  de  la 
Germanie ,  &c  croit  que  ce  nom  leur  a  été  donné  au  lieu 
à'EJîevones.  Est  fignifie  l'Orient,  &C  Wonen  habiter .  En 
ce  cas  Pline  les  auroit  déplacés.  L'auteur  de  la  nouvelle 
conjecture  borne  les  Hermions  à  l'Elbe ,  &  met  les  Iftœ- 
vons  dans  tout  le  pays  d'au-delà.  On  voit  bien  que  ce 
qui  le  détermine  à  ce  parti ,  c'eft  pour  placer  au-deçà  du 
Rhin  une  partie  des  Hermions  ,  &c  tirer  de-là  l'origine 
du  nom  de  Germains  donné  à  toutes  les  nations  Teuto- 
nes.  Nous  faifons  voir  ailleurs  qa'Hermiones ,  Hermanni , 
Germani,  Se  autres  noms  ,  ne  font  que  des  dialectes  d'un 
même  mot.  Voyez  au  mot  Germanie.  Spener  ajoute  , 
comme  pour  confirmer  la  conjecture  ,  qu'il  le  peut  faire 
qu'y  ayant  eu  anciennement  cinq  clafles  des  peuples  Ger- 
mains ,  deux  claffes  ,  lavoir  les  Peucins  Se  les  Vanda- 
les ,  étant  déchues  de  leur  ancien  éclat,  il  ne  fut  plus 
queftion  que  de  trois  claffes  ,  fous  lesquelles  on  diftri- 
buoit  ainfi  toute  la  Germanie  du  tems  de  Tacite  i  de 
Mor.  German.  c.  2.  Selon  ce  plan  ,  les  Ingevons  occu- 
poient  la  Germanie  feptentrionale  ,  les  Hermions  l'oc- 
cidentale, l'Elbe  féparant  ces  deux  peuples,  &  les  Iftae* 
vons  occupoient  la  Germanie  orientale  ;  de  manière 
qu'ils  comprenoient  fous  eux  les  Wandales  Se  les  Peucins. 
Spener  en  rapportant  ce  fentiment ,  letrouveingénieux  Se 
bien  imaginé  ;  mais  il  avoue  que  l'autorité  des  anciens  , 
dont  il  n'ofe  s'écarter,  ne  permet  pas  de  s'en  accommoder. 
D'Audifret ,  Géogr.  t.  3  ,  p.  4,  met  les  IftEvons  entre 
le  Rhin  &  le  Wefer.  Baudrand  dans  fon  édition  latine  de 
1681,  avoit  dit  de  même  qu'ils  étoient  bornés  par  ces 
deux  rivières  ;  Maty  y  a  ajouté  qu'ils  poffédoient  une 
partie  de  la  Suabe  ,  une  partie  de  la  Franconie,  tout  ce 
qu'on  trouve  à  la  droite  du  Rhin  ,  des  cercles  du  haut 
&  du  bas  Rhin  ,  de  celui  de  "Weftphalie  ,  des  Pays-bas , 
&  d'une  petite  partie  de  la  Saxe.  L'éditeur  François  de 
Baudrand  lui  a  prêté  ces  mots  :  ils  occupoient  ce  qu'on 
appelle  aujourd'hui  la  Souabe  ,  &.  une  partie  de  la  Fran- 
conie ,  &c.  Cet  &c.  fignifie  beaucoup  trop  dans  une  ex- 
plication de  cette  nature.  La  Suabe  de  cet  éditeur  ,  &  la 
Saxe  de  Maty  font ,  je  crois,  de  trop  ,  dans  cette  descrip- 
tion des  Iftasvons. 

;,  Il  eft  plaifant  que  les  modernes  prononcent  fi  préci- 
fément  fur  des  partages  que  l'antiquité  nous,  a  laiffés  d'une 
manière  fi  obfcure.  Quelques  géographes  de  ces  der- 
niers tems  font  la  diftribution  de  ces  peuples  avec  au- 
tant d'affurance  que  s'ils  avoient  vu  des  monumens  au- 
thentiques qui  en  marquaient  les  bornes  avec  évidence. 
D'un  côté, les  uns  fixent  leurs  divifions  avec  des  détails 
où  tout  femble  rangé  avec  netteté  ;  mais  ces  divifions  ne 
s'accordent  point  ;  premier  inconvénient.  Il  vient  après 
cela  des  favans  qui  dérangent  toutes  ces  idées ,  Se  cela 
fe  termine  par  convenir  que  l'on  ne  fait  fi  ce  même  peu- 
ple étoit  à  l'orient  ou  au  couchant  de  la  Germanie.  Je  ne 
laiffe  pas  de  rapporter  les  fentimens  différens.  Il  y  a  des 
lecteurs  qui  font  bien-aifes  qu'on  les  en  inftruife.  Mais  . 
je  dois  avertir  que  ce  ne  font  que  des  conjectures.  Ce 
qu'il  y  a  de  fur  ,  touchant  les  Iftzvons  ,  c'eft  que  dans  un 
tems  ou  la  Germanie  étoit  divifée  en  cinq  claffes  ,  les 
Ifbsvons  en  étoient  une  ,  Sx  que  dans  un  autre  tems  la 
Germanie  étant  comprife  en  trois  parties ,  une  des  trois 
s'appelloient  les  Ifiavons.  Mais  où  étoient-ils  ?  Les  an- 
ciens ne  l'ont  pas  affez  déterminé  pour  en  rien  dire  de 
bien  pofitit  ;  encore  moins  nous  apprennent-ils  quels 
peuples  ont  été  compris  fous  ce  nom. 

ISTARBA  ,  ville d'Afie,  dans  le  Korcan.  Chryfococca, 
p.  5  ,  edit.  Oxon.  lui  donne  79  ,  d.  de  longitude ,  Se 
37  d.  5'  de  l'atitude. 

ISTHME,  Isthmus,  langue  de  terre,  entre  deux 
mers  ou  deux  golfes ,  laquelle  joint  une  presqu'ifle  au 
continent ,  de  la  même  manière  que  le  cou  joint  la  tête 
au  tronc  du  corps.  Les  plus  confidérables  entre  les  iftli- 
mes ,  font. 

L'ISTHME  DE  CORINTHE ,  qui  joint  la  Morée 
au  refte  de  la  Grèce  ,  &  eft  fitué  entre  le  golfe  de  Le- 
pante  &  le  golfe  d'Engia. 

L'ISTHME  D'ERISSO  ,  qui  joint  le  mont  Athos  au 
refte  de  la  Macédoine. 

L'ISTHME  DE  MALACA  ,  qui  joint  la  prefqu'Ifle 
de  ce  nom  au  royaume  de  Siafn ,  entre  le  détroit  de  Ma- 
laca  Se  le  golfe  de  Siam, 


;     5%7 

L'ISTHME  DE  PANAMA',  qui  joint  l'Amérique 
feptentrionale,  avec  l'Amérique  méridionale ,  Seeftfuué 
entre  la  mer  du  Nord  Se  la  mer  du  Sud, 

LISTHME  DE  ROMAN1E ,  qui  joint  la  presqu'Islé 
de  Roman'e,  au  refte  de  cette-province  ,  &  eft  entre  le 
golfe  de  Magariffe  Se  la  mer  de  Marmora. 

L'ISTHME  DE  SUEZ ,  qui  joint  l'Afrique  avec  l'A- 
fie ,  entre  la  Méditerranée  Se  la  riier  Rouge. 

L'ISTHME  DE  ZACALA  ,  qui  joint  la  Tartarie 
Crimée  ,  ou  Chersonnefe  Taurique  ,  avec  la  Tartarie 
Précopite  ;  entre  la  mer  Noire  Se  les  Palus  Méotides- 

ISTL-EOTIS  :  c'eft  le  même  pays  que  FEftiotique. 

ISTIGIAS,  petite  ville  d'Afie,  dans  la  grande  Tarta- 
rie ,  dans  la  Transoxr.ne.  Bsudrand  ,  éd.  1705  ,  dit  :  quel- 
ques auteurs  la  prennent  pour  l'ancienne  Chariaspa ,  Za- 
riaspa ,  Se  Baclra  capitale  de  la  Bactriane  que  d'autres 
mettent  à  Balch.  J'ai  déjà  fait  voir  que  Charispa  ,  ou 
Zarispa  ,  car  c'eft  ainfi  qu'on  lit  dans  Ptolomée ,  ne 
fauroit  être  la  même  ville  que  la  Zariaspa  ou  Bactres  de 
Pline  ,  parce  que  Charispa  ou  Zarispa  étoit  au-delà  de 
l'Oxus ,  Se  Zariaspa  ou  Bactra  étoit  au-deçà  de  ce  fleuve  : 
ce  ne  fauroit  être ,  Balk ,  par  la  même  railbri. 

ISTIMON  ,  lieu  de  la  Paleftine  ,  félon  Ortélius  qui 
cite  Jofué,  c.  21.  v.  14.  Jetrouve  dans  la  Vulgate.'Eftemo. 
D.  Calmet  dit  Isthemo,  ville  de  la  tribu  deJuda,  Se 
cite  Jofué ,  c.  1 5  ,  v.  50.  Il  ajoute  ;  elle  eft  appellée  au- 
trement Esthamo  ,  ou  Esthémo  ;  Eusèbe  Se  S.  Jé- 
rôme difent  qu'elle  étoit  dans  le  canton  d'Eleuthéro- 
polis. 

ISTO  ,  montagne  dont  parle  Thucydide ,  /.  3  ,  6"  4. 
Ortélius  croit  qu'elle  eft  dans  l'isle  de  Corfbu.  Les  habi- 
tans  de  cette  montagne  font  nommés  Istones  par 
Polyen. 

ISTOB  ,  ou  Is-Tob  ,  ou  Isch-Tob  ;  ce  mot  fe  trouve 
au^  fécond  Livre  des  Rois  où  il  eft  dit  ,  c.  10 ,  v.  6  , 
qu'entr'autres  troupes  auxiliaires  des  Ammonites  ,  il  y 
avoit  dix  mille  hommes  à'Ifiob.  Une  note  de  Vatablë 
l'explique  ainfi  :  c'eft  le  pays  que  l'on  appelle  Tob  ,  & 
d'où  l'on  fit  venir  Jephté.  D.  Calmet  dit  qu'Iftob  figni- 
fie un  habitant  de  Tob  ,  ou  bon-homme  ,  ou  maître  du 
pays  des  Tubieniens  :  ce  pays  ,  ajoûte-t-il ,  étoit  à  l'ex- 
trémité feptentrionale  des  montagnes  de  Galaad  ,  vers  le 
mont  Liban.  Jepthé ,  (  Judic.  c.  10,  v.  3  ,  )  fe  retira 
dans  le  pays  de  Tob  ,  à  ce  canton  eft  appelle  Tubinàane 
les  Macchabées,  /.  1 ,  c.  f ,  v.  13. 

ISTONIA  ,  rivière  de  l'isle  de  Candie.  Elle  a  fon 
embouchure  à  dix  milles  de  Spina-Longa.  Son  eau  eft 
bonne  ;  mais  en  été  elle  eft  dangereufe  à  caufe  que  fes 
bords  font  revêtus  d'une  plante  boifeufe  ,  que  les  Grecs 
appellent  Rododaplmé  &c  que  les  Italiens  nomment  Leari- 
dro.  Cette  plante  la  rend  mal-fainè  :  on  a  vu  des  gens 
mourir  pour  avoir  mangé  du  pain  cuit  avec  ce  bois  ,  ou 
de  la  chair  que  l'on  avoit  fait  rôtir  avec  une  broche  faite 
de  ce  même  bois. 

1.  ISTONIUM,  ancienne  ville  de  l'Espagne  Tarra- 
gonoife  ,  dans  la  Celtibérie,  félon  Ptolomée,  /.  2,  c.  6. 
Voyez  Histo. 

2.  ISTONIUM,  en  Italie.  Voyez  HistoniuM. 

ISTRES  ,  bourg  de  France  ,  en  Provence  ,  au  cou- 
chant de  l'étang  de  Berre  ,  à  l'endroit  où  il  reçoit  la 
Crapone,  à  Une  lieue  6c  demie  de  Martigues ,  en  allant 
vers  Salon  ,  dans  une  grande  plaine.  Baudrand ,  éd.  170  5, 
dit  que  c'eft  VAJlromela.  des  anciens.  Cela  ne  fe' 
peut ,  car  Ajlromela.  n'étoit  ni  urte  ville  ni  un  bourg ,' 
mais  un  étang  ,  comme  on  peut  voir  au  mot  Astro- 

MELA. 

ISTRI ,  peuple  d'Italie  ,  en  Iftrie. 

ISTRIA ,  nom  latin  Se  italien  de  FIsîrie.  Voyez  ce 
mot. 

CAPO-D'ISTRIA  ,  ville  d'Italie  ,  dans  l'état  des  Vé^ 
nitiens,  &  dans  la  province  d'Iftrie,  fur  une  petite  ifle, 
nommée  jEGIDApar  les  anciens.  Voyez  jEgida.  Cette 
ifle  a  environ  trois  milles  de  tour ,  &r  eft  félon  le  Père 
Coronelli  à  36  d.  36'  de  longitude,  &  à  45  d»  31' 
de  latitude  feptentrionale.  Après  avoir  été  quelque  tems 
abandonnée ,  elle  commença  d'être  habitée  de  nouveau 
environ  dix-huit  ans  avant  l'ère  vulgaire,  vers  l'an  44; 
le  peuple  ayant  embrafle  le  Chriftianifme  ,  bâtit  Féglife 
qui  eft  aujourd'hui  la  cathédrale  ;  on  croit  qu'il  ne  fit 
que  consacrer  avec  quelques  changemens  un  temple  dé- 
dié à  Cybelej  c*r  à  la  grande  porte  vers  le  midi,  01a 
Tome  III.    E  e  e  e  ij 


IST 


voit  qu'on  y  a  employé  les  pierres  du  tombeau"  d'un 
grand- prêtre  de  cette  deeffe.  L«s  colomnes  font  polees 
fur  deux  lions  arec  une  tête  de  vache  ,  &  on  y  lit  ces 
paroles  L.  Publicius  SYntroptjs  Archigallus  V. 
F.  S1BI  M.  H.  H.  N.  S.  ce  qui  fignifie  Lucius  Publi- 
cius Syntropus  Archigallus  vivens  fecitsibi 
hoc  monumentum  h.eredibus  non  suis.  l'an 
2,10  ,  les  habitans  de  l'ifle  voulant  fe  faciliter  le  trajet 
au  continent  qui  étoit  à  quinze  cents  vingt  pas  de  dis- 
tance ,  longèrent  à  former  la  chauffée  que  l'on  y  voit  ; 
mais  dans  le  même  tems  ,  ils  travaillèrent  à  fe  mettre  à 
couvert  des  incurfïcns  des  Barbares  ,  qui  comrnençoient 
à  fourrager  les  provinces  de  l'empire.  Pour  cet  effet,  ils 
éleverei.t  fur  un  autre  petit  écueil  qui  eft  dans  cette 
chauffée  un  fort,  nommé  Caflel-Leone.Ceue  ifle  eut  le 
fort  des  provinces  voifines ,  lorfque  les  Huns ,  les  Goths 
&  les  Vandales  s'y  jetterent  ;  mais  Juftinl.  l'ayant  réta- 
blie ,  elle  quitta  le  nom  à'Aïgida  &  celui  de  Copra ,  ou 
Copraria  qu'elle  avoit  eu  ensuite,  &  prit  celui  de  Jujii- 
nopolis  qu'elle  garde  encore  dans  les  aftes  écrits  en 
latin;  mais  lorsque  les  Vénitiens  furent  les  maîtres,  ils 
la  nommèrent  Capo  d'Iftria  ,  parce  qu'elle  eft  devenue 
la  capitale  de  l'Iftrie.  Quoiqu'elle  fût  ibumife  à  la  juris- 
di&ion  du  patriarche  d'Aquilée ,  elle  ne  laiffoit  pas  de 
fe  gouverner  par  fes  propres  loix  ,  &  étoit  en  état  de 
fenir  tête  à  fes  voifins  :  cependant  le  doge  Pietro  -  Can- 
diano  II  l'affiégea  en  931,  &  la  fournit  à  la  république. 
Il  paroît  qu'elle  en  fecoua  encore  le  joug  ;  car  elle  fe 
fournit  volontairement  aux  Vénitiens  le  5  Février  1 178 , 
en  vertu  de  quoi  on  lui  conferva  beaucoup  de  privilèges. 
Les  Génois  la  prirent  en  ^80,  &  la  facagerent  encore 
à  une  autre  reprife  ,  parce  qu'elle  n'étoit  pas  encore  en- 
tièrement fermée  de  murailles  ;  mais  on  y  pourvut ,  & 
le  fénat  les  fit  achever  l'an  1478.  L'Evêché  de  Capo 
d'Iftria  fut  fondé  ,  félon  quelques-uns ,  par  Jean  I  ,  à  la 
follicitation  de  l'empereur  Juftin.  Mais  il  eft  plus  vrai- 
femblable  que  ce  ne  fut  qu'en  756  ,  du  tems  de  Galla 
cinquième  doge  de  Venife.  Il  fut  confirmé  ensuite  par 
Honorius;  rk  l'an  1221  ,  on  y  établit  le  chapitre  de 
douze  chanoines ,  qui  eft  préfentement  de  treize  ,  entre 
lesquels  font  trois  dignitaires ,  le  doyen ,  l'archidiacre  & 
Técolâtre.  La  cathédrale  eft  d'une  ancienne  architecture , 
&  a  trois  nefs  foutenues  fur  dix-huit  colonnes  de  très- 
beau  marbre  ,  &  eft  confacrée  fous  l'invocation  de  là 
fainte  Vierge  ,  fous  le  titre  de  fainte- Marie-Majeure. 
L'an  1490,  elle  fut  aggrandie  ,  &  la  façade  revêtue  de 
marbre  blanc.  Elle  eft  ornée  de  belles  chapelles  ;  en- 
tr'autres  reliques ,  on  y  vénère  celles  du  pape  S.  Alexan- 
dre &  du  bienheureux  Nazaire ,  protefteur  de  la  ville. 
Elles  avoient  été  enlevées  par  les  Génois ,  &  tranfpor- 
tées  à  Gènes;  mais  en  1421  on  les  rendit.  L'églife  des 
Servites  eft  d'une  grande  beauté.  Celle  des  Dominicains 
fut  rebâtie ,  après  avoir  été  ravagée  &  détruite  par  les 
Génois.  C'eft  un  des  trois  monafteres  fondés  par  S.  Do- 
minique. L'inquifition  a  fon  tribunal  chez  les  Francis- 
cains. Je  paffe  les  autres  églifes  de  fainte  Anne  ,  de  faint 
Grégoire  &  de  fainte  Claire  ;  l'hôpital  de  S.  Baffo  pour 
les  hommes,  celui  de  S.  Marc  pour  les  femmes,  &  au- 
tres édifices  publics.  La  maifort  de  ville  eft  un  vieux  bâ- 
timent que  l'on  croit  avoir  été  autrefois  un  temple  de  la 
déefle  Pallas.  On'  allure  que  la  figure  qui  repréfente  la 
Juftice ,  &  qui  eft  pofée  entre  deux  tours ,  dans  la  faça- 
de ,  étoit  la  ftatue  de  Pallas ,  &  c'eft  ce  qu'on  a  voulu 
exprimer  par  ce  vers  qu'on  y  lit  en  lettres  Gothiques: 

Patladis  Aclsm  fuit  hoc  memorabile  Saxum. 

Le  gouvernement  confifte  en  un  podeftat  &  un  capi- 
taine qui  y  font  envoyés  de  Venife  ,  ausquels  deux  no- 
bles Vénitiens  font  adjoints  en  qualité  de  conseillers. 
Cette  petite  isle  jouit  d'un  air  falubre  &  tempéré  ;  la 
mer  lui  fournit  du  poiffon  en  abondance  ,  et  la  terre 
ferme  d'alentour  eft  toute  couverte  d'oliviers  ou  de  vi- 
gnes qui  produifent  tous  les  ans  jufqu'à  28000.  ornes 
d'excellent  vin.  On  compte  cinquante-cinq  villages  dans 
fon  territoire.  Mais  le  principal  revenu  de  la  ville  confifte 
dans  fesfalines.  II  y  a,  au  levant  &  au  midi,  près  de  trois 
mille  marais  falans  qui  donnent  chaque  année  plus  de 
fept  mille  muids  de  fel  ;  &  après  que  la  république  en  a 
pris  ce  dont  elle  a  befoin  ,  elle  permet  de  vendre  le 
refte.  *  Coronelli ,  Ifolario ,  t.  1  ,p.  339, 


IST 


ÏSTRIANA,  kMe»»'w,  n»A«-,  ville  de  l'Arabie  heû- 
reufe,  feion  Ptolomée ,  /.  6 ,  e.  7 ,  qui  la  met  au  pays  du 
peuple  The/ni. 

ISTRIANORUM  Portus  ,  le  même  qu'IsTROPO- 

LIS. 

ISTRIANUS  ,  "ffle'a*o-,  ancien  nom  d'une  rivière  de 
la  Cherfonnefe  Taurique  ,  félon  Ptolomée ,  /.  3  ,  c.  6.  Ses 
interprètes  doutent  fi  ce  n'eft  point  préfentement  Cala- 
M1TA. 

ISTRICI,  peuple  de  Sarmatie,  en  Europe.  Ils  étoient 
voifins  du  peuple  Axiaca ,  dont  ils  étoient  féparés  par  le 
fleuve  Tyras ,  félon  Pomponius  Mêla  ,  /.  2 ,  c.  2 ,  n.  50. 

ISTRICUS  VlCUS,  lieu  d'Italie.  Tite-Live  fait  men- 
tion de  ce  lieu ,  à  l'occafion  d'un  prodige  qu'il  raconte  , 
1.  24,  c.  10. 

ISTRIE,  (1')  contrée  d'Italie,  dans  l'état  des  Vé- 
nitiens ,  au  couchant  du  golfe  de  Venife.  C'eft  une  pres- 
qu'isle  renfermée  entre  deux  grands  golfes  de  la  mer 
Adriatique,  le  golfe  de  Triefte,  &  le  golfe  de  Quarner. 
Les  montagnes  de  la  Vena  ,  qui  font  partie  des  Alpes, 
la  féparent  de  la  Carniole  &  de  la  Morlaquie.  Les  Alle- 
mands l'appellent  Hsjlcneich  :  tout  ce  pays  eft  fort  mal- 
fain  ;  de-là  vient  qu'il  eft  affez  mal  peuplé  en  quelques 
endroits,  &  prefque  défert  en  d'autres. 

L'Iftrie  eft  partagée  entre  les  Vénitiens  &  la  maifon 
d'Autriche  ,  qui  en  polîéde  quelque  chofe  ai  n  >rd,  la 
principauté  &  le  port  de  Triefte;  rjaudrand  lui  donne  la 
partie  orientale  de  ce  pays  ,  où  font  Pédena  ,  Pifin  , 
Cofliac  &  quelques  autres  lieux;  il  eft  vrai  qu'ils  font  à 
la  maifon  d'Autriche,  maison  ne  le1,  compte  pas  dans 
l'Iftrie.  L'Iftrie  Vénitienne  a,  lé  long  de- la  côte,  encom-; 
mençant  au  nord, 


Muglià,   . 

Parënzo , 

Capq  d'Istria, 

Orfera, 

Ifola, 

ROVIGNO 

Pirano  * 

Pola, 

Umago, 

Albona , 

Citta  Nuova, 

Fianona. 

Capo  d'Iftria  ck  Triefte  ,  font  en  meilleur  air,  &  mieMx 
peuplées  que  les  autres.  Magin,  de  qui  j'ai  tiré  la  plus 
grande  partie  de  cet  article  ,  fuppofe  que  l'Iftrie  répond 
à  la  Japidie  des  anciens;  cela  n'eft  vrai  que  d'une  partie 
de  l'Iftrie  &  de  la  Japidie. 

ISTRIUM,  ville  de  la  Méfopotamie,  félon  Ortélius, 
Tkefaur.  qui  cite  Nicétas. 

ISTRO.  Voyez  Istros. 

ISTRONA.  Voyez  Istros  2. 

ISTROPOLLS  ,  félon  Pline,  I.4,  c.  11  ,  ancienne 
ville  fur  la  mer  Noire,  à  l'embouchure  du  Danube.  C'é- 
toit  une  peuplade  de  Miléfiens.  L'auteur  du  Périple  im- 
parfait du  Pont-Euxin,  Oxon ,  éd.  p.  12;  Ptolomée  &£ 
Etienne  le  Géographe,  la  nomment  Ijiros  Le  premier  dit 
comme  Pline  ,  qu'elle  étoit  l'ouvrage  des  Miléfiens .  qui 
l'éleverent  lorfque  l'armée  des  Scythes  barbares  paffa  en 
Afie  en  pourfuivant  les  habitans  du  Bofphore  Cimme- 
rien;  il  compte  de  cette  ville  à  Thomi  trois  cents  fta- 
des  ;  ou  quarante  milles.  Ptolomée  la  met  dans  la  baffe 
Myfie.  Hérodote ,  /.  2  ,  c.  33  ;  &  Juftin  ,  /.  9 ,  c.  2  ,  en 
nomment  les  habitans  Istriani.  Antonin  la  nomme 
IJler,  &  la  met  à  trente-fix  milles  de  Tomi  ;  ce  qui  re- 
vient beaucoup  mieux  que  les  quarante  milles  du  Péri- 
ple cité  ,  aux  trois  cents  ftades  que  ce  même  Périple 
compte  pour  la  diftance  de. ces  deux  villes;  car  trois  cents 
ftades  doivent  faire  375:00  pas.  Arrien  dans  fon  Péri- 
ple du  Pont-Euxin  ,  p.  21  ,  fait  bien  mention  d'un  port 
qu'il  appelle  Istrianorum  Portus  ;  mais  il  étoit  dif-> 
férent  d'Iftropolis.  Le  Périple  imparfait,  déjà  cité,  parle 
aufn  de  l'un  &  de  l'autre ,  &  les  diftingue.  Ce  port  étoit 
plus  avant  vers  la  rivière  de  Tyras  &  le  nord. 

1.  ISTROS.  Voyez  Istropolis. 

2.  ISTROS,  ville  de  Crète,  félon  Etienne  le  Géogra- 
phe. Il  dit  qu'Artémidore  la  nomme  Istrona. 

3.  ISTROS,  ville  d'Afie  ,  dans  le  Pont.  Eusèbe  la 
nomme  HiSTRUS. 

4.  ISTROS ,  ville  de  la  Japygie  ,  félon  Etienne  le 
Géographe.  Le  Grec  cite  Ephorus,comme  en  ayant  parlé, 
&le  Latin  cite  Hecatée. 

5.  ISTROS  ,  isle  d'Afie  ,  avec  une  ville  de  même 
nom  ;  auprès  de  Triopium. 


ITA 


ISTRUNS  ,  lieu  de  la  Méfopotamie  de  Syrie.  L'Au- 
teur du  Livre  des  Merveilles  dit  qu'il  y  naît  de  petits 
ïèrpens  qui  ne  font  point  de  mal  aux  gens  du  lieu ,  mais 
qui  tourmentent  fort  les  étrangers. 

ISTUS  ,  isle  d'Afrique.  Etienne  le  Géographe  dit 
qu'elle  a  la  figure  d'un  vaiffeau  ;  que  les  Africains  la 
nomment  Udonoe  ,  Se  les  Phéniciens  CELLARHAR- 
\SATH. 

USUBRIGANTUM.  Voyez  Isurium. 
ISUELI ,  ancien  peuple  de  l'Ethiopie  ,  félon  Pline  , 
1.6,  c.  30. 

ISURA  ,  isle  voifine  de  l'Arabie  heureufe ,  fur  la  côte 
orientale,  félon  Pline  ,  1.6 ,  c.  z8. 

ISURIUM,  ville  de  l'isle  d'Albion,  au  pays  des  Bri- 
gantes,  félon  Ptolomée,  /.  z.  c.  3.  On  ne  doute  point 
que  ce  ne  foit  la  même  que  VIfubrigantum  d'Antonin  , 
Itiner  ,  mot  corrompu  d'IsuRiUM  BfUGANTUM.  Il  le 
met  entre  Eboracum,  Yorck  Se  Cataraclonium  Cattarick, 
à  dix-fept  mille  pas  de  la  première  ,  Se  à  vingt -quatre 
mille  pas  delafeconde.C'eftpréfentementALDBROUGH; 
ce  nom  fe  trouve  auffi  écrit  Ald-Burrough, 

1.  ISUS,  ville  de  Grèce,  dans  laBéotie,  près  d'An- 
tédon,  félon  Strabon ,  /.  9  ,  p.  405.  Elle  ne  fubfîftoit 
déjà  plus  defontems:  ce  n'étoit  qu'un  lieu  qui conservoit 
les  traces  d'une  ancienne  ville.  VoyezNlSA. 

z.  ISUS ,  nom  d'une  rivière  ,  à  ce  que  dit  le  Lexique 
de  Phavorin ,  qui  ne  marque  point  en  quel  pays. 

ISUVIUM  :  c'eft  la  même  qu'lGUViUM.  Voyez  ce 
mot. 
ISUUM.  Voyez  Usui. 

LSYROS,  nom  de  lieu  ,  félon  Pollux.  On  ne  fait  en 
quel  pays. 

ITA ,  bourg  d'Efpagne  ,  dans  la  Nouvelle  Caftille  , 
Voyez  Hita. 

ITABURIUS ,  ou  Itaburim  :  c'eft  le  nom  que  16- 
feph  ,  de  Bello ,  /.  4 ,  c.  z,  donne  au  mont  Thabor. 

ITADOU,  isle  d'Alîe,  dans  la  mer  des  Indes  ,  entre 
les  Maldives,  au  fud  de  l'isle  de  Maie,  félon  Davity. 
*Com.  Dift. 

ITALA ,  bourg  de  Sicile,  le  même  qu'ATALA.  Voyez 
ce  mot. 

1.  ITALICA  ,  ancienne  ville  d'Efpagne,  dans  la  Bé- 
tique ,  aujourd'hui  dans  l'Andaloufie.  Cette  ville  connue 
des  anciens  géographes ,  eft  devenue  très-fameufe  par  les 
grands  hommes  dont  elle  a  été  la  patrie  :  trois  ont  été 
empereurs  de  Rome  ,  Trajan ,  Adrien  ,  fon  coufin  Se  fon 
fucceffeur  ,  &  Theodofe  le  Vieux ,  félon  Eutrope ,  /.  8  , 
c.  z.  &  3.  L'autre  eft  moins  célèbre  par  les  honneurs  de 
fon  confulat  ,  qui  tombe  à  l'année  68  de  l'ère  vul- 
gaire ,  que  par  fon  poëme  fur  la  féconde  guerre  Punique. 
On  a  douté  quelque  tems  du  nom  moderne  de  cette  ville. 
Alphonse  Ciacconus  dit  dans  l'Explication  de  la  colonne 
Trajane,  qu'Italica  n'etoit  pas  loin  du  bourg  d'ALCALA 
DEL  Rio.  Mais  Morales  dit  que  c'eft  Sevilla  la 
Veja  ;  Maty  croit  que  ces  deux  noms  ne  lignifient 
qu'un  même  lieu.  Le  P.  Briet  ,  Paraît,  z.  part.  /.  4, 
p.  z59;Baudrand,  éd.  i68z;  le  P.  Hardouin,  Se  quantité 
d'autres  favans  .  s'accordent  à  dire  que  ce  dernier  nom  eft 
celui  que  porte  la  ville  d'Italica.  Appien  ,  Bell.  Hifp. 
nous  en  apprend  l'origine ,  lorfqu'il  dit  que  Scipion  laiffa 
les  invalides  qu'il  avoit  dans  fon  armée  ,  en  une  ville  qui 
en  prit  le  nom  d'ItalicarCe  n'étoit  d'abord  qu'un  bourg , 
Se  elle  n'en:  qualifiée  que  municipe  fur  les  médailles  fra- 
pées  fous  l'empire  d'Àugufte.  Elle  devint  ensuite  colo- 
nie, comme  on  peut  voir  dans  un  pafTage  où  Aulu-Gelle 
dit  que  l'empereur  Adrien  s'étonnoit  qu'ayant  les  droits 
municipaux  ,  elle  follicitât  les  droits  de  colonie.  J'é- 
claircis  ce  pafTage  au  mot  Municipe.  Baudrand  dit  que 
Sevilla-la-Veja  a  beaucoup  de  marques  d'avoir  été  une 
grande  ville;  qu'elle  eft  à  peine  éloignée  de  quatre  milles 
de  Seville  ;  que  c'eft  un  petit  village  fitué  fur  le  Gua- 
dalquivir;  qu'il  demeura  inculte  juiqu'à  l'an  1595  ;  que 
le  village  de  Santiponce  étant  abandonné  par  fes  habi- 
tans  ,  ils  vinrent  s'établir  en  ce  lieu.  Ajoutez ,  pourfuit- 
il  ,  que  la  campagne  des  environs  eft  appellée  Los 
Campos  deTalca.  Les  Notices  d'Efpagne  donnent  à 
la  ville  d'Italica  le  premier  rang  après  le  fiége  de  Spalis , 
qui  eft  aujourd'hui  Séville.  Voyez  au  mot  Ilipa  z.  une 
erreur  où  l'on  étoit  tombé  au  fujet  de  cette  ville ,  dont 
on  a  cru  fauffement  qu'Italica  étoit  un  fur  nom.  Bau- 
drand y  a  donné  avec  plufieurs  autres  auteurs  célèbres. 


Il  A  c%y 

i.  ITALICA  3  ancienne  ville  de  l'iflë  d'Euboée  , 
félon  Antigbnus  ,  Mirabil.  Elle  étoit  voifine  de  Chal- 
cide. 

3.  ITALICA  :  Strabon  ,  l.  S  \  dit  qu'on  a  appelle  aiiffi 
la  ville  de  Çorfinium:  Vellèïus  Paterculus,  l.  z,  là 
nomme  Italicum. 

i.  ITALICUM.  Voyez  l'article  précèdent. 

z.  ITALICUM ,  lieu  particulier  de  la  Sicile  ,  félon 
Etienne  le  Géographe. 

1TALICUS  CLiVUS  ,  montagne  entre  les  Alpes 
Cottiennes ,  félon  Ammien  Marcellin  ,  / 1 5. 

ITALIE ,  grand  pays  de  l'Europe ,  entre  les  Alpes  & 
la  mer  ,  où  il  s'éiend  en  forme  de  prefqu'isle.  Outre 
cela  ,  on  comprend  encore  fous  ce  nom  plufieurs  isles  , 
dont  quelques-unes  font  affez  grandes,  comme  la  Sicile, 
la  Savdaigne  ,  Se  la  Corfe  ;  quelques  autres  plus  petites; 
l'isle  d'ËIve  Se  autres  de  la  mer  de  Tofcane  ;  les  isles 
de  Lipari  au  nord  de  la  Sicile  ;  les  isles  de  Tremiti,  Sr. 
autres,  au  couchant  Se  au  nord  du  golfe  de  Venife.  Bien 
que  ces  isles  appartiennent  à  l'Italie  ',  je  les  renvoie  à 
leurs  articles  particuliers  ,  Se  ne  traite  en  celui-ci  que  de 
ce  qui  eft  en  terre  ferme;  Se  c'eft  ce  que  j'appelle  l'Italie 
proprement  dite. 

Pline,  /.  3  ,  c.  y,  &  Solin  ,  c.  z  ,  p.  14  éd.  Salmajl 
la  comparent  pour  la  figure  à  une  feuille  de  chêne  beau- 
coup plus  longue  que  large.  D'autres ,  comme  Euftathe, 
l'ont  comparée  à  une  feuille  de  lierre.  Mais  c'eft  en  n'y 
confidérant  que  ce  qui  eft  au-delà  de  l'Arne  Se  du  Ru- 
bicon  ;  bornes  dont  je  parlerai  ci-après.  Magin  la  com- 
pare à  une  jambe  d'homme.  Mais  il  y  a  plus  de  jufteffe 
à  la  comparer  à  une  botte  ,  dont  la  genouillère  com- 
prend la  république  de  Gènes,  le  Piémont,  le  Milanez, 
la  république  de  Venife,  les  états  de  Mantoue  ,  de  Fer- 
rare,  de  Parme  Se  de  Modene  ;  la  Marche  d'Ancone 
Se  l'Abruze  ultérieure  font  le  gras  de  jambe  ;  la  Capita- 
nate  ,  l'éperon  ;  la  terre  d'Otrante  ,  le  talon  ;  la  Bafili- 
cate  &t  la  Calabre  forment  la  plante  du  pied;  la  ville  de 
Naples  avec  les  isles  de  Procita  Se  d'ifchia  en  eft  la 
boucle  ;  le  duché  de  Tolcane  Se  l'état  de  l'églife  repré- 
fentent  le  devant  de  la  jambe.  Cette  botte  eft  dans  l'atti" 
tude  d'une  jambe  retirée  en  arrière.  Les  anciennes  cartes 
de  nos  géographes  modernes  lui  courbent  trop  le  jarret, 
Se  ne  la  font  pas  affez    droite  ni  affez  unie. 

La  longueur  de  l'Italie  ,  félon  Pline  ,  /.  3  ,  c.  5  ;  Se  /.  4, 
c.  Z3  ,  eft  depuis  Aofte  ,  à  l'extrémité  des  Alpes,  en 
paffant  par  Rome  Se  Capoue  juiqu'à  Regio ,  un  million 
Se  vingt  mille  pas  ,  c'eft-à-dire ,  mille  Se  vingt  de  ces 
milles  Romains  qui  étoient  en  ufage  de  fon  tems.  Solin 
Se  Martianus  Capslla  qui  le  copient  fouvent,  l'ont  auffi 
copié  en  cela.  Pui'àlius  dans  fon  Itinéraire,  /.  z,  y,  n 
&  2i  ,  retranche  vingt  de  ces  milles  : 

Millia  per  longum  decies  ceniena  tiruntur 
A  Ligurum  terris  ad  fréta.  Sicania. 

Je  dirois  que  c'a  été  pour  la  mefure  de  fon  vers  qu'il  a 
fait  ce  retranchement ,  fi  Strabon  n'avoit  pas  auffi  omis 
ces  vingt  milles,  piur  faire  un  compte  rond. 

Quant  à  la  largeur  de  l'Italie,  il  faut  diftinguer;  car 
elle  n'eft  pas  égale  par-tout.  Pline  ,  /.  3  ,  c.  19  ,  dit  que 
fa  plus  grande  largeur  ,  à  la  prendre  à  Vadi  ,  Turin  , 
Côme ,  Vérone ,  Vicenze  ,  Oderzo  ,  Aqu;!ée,  Triefte  , 
Se  Pola,  jufqua  l'Arza,eft  de  dcciii  milles.  Cluvier, 
ltal.  Antiq.  I.  1  ,  a  très-bien  averti  que  les  exemplaires 
varient  furie  chiffre  ;  les  uns  portent  DCCXIII  ;  d'autres 
D€CXLII ,  Se  quelques-uns  DCCXLV.  Ceft  à  ce  dernier 
nombre  que  le  P.  Hardouin  s'eft  détermin.:.  En  fuivant 
les  fommets  des  Alpes  qui  bornent  l'Italie  dans  la  plus 
grande  largeur,  on  trouvera  DCCC  milles ,  dit  Cluvier, 
qui  à  une  grande  érudition  ,  joignoit  l'avantage  d'avoir 
vu  Se  parcouru  l'Italie.  Le  même  Pline,  A3,  c.  5  dit,  fa, 
largeur  eft  différente.  Si  on  la  prend  entre  les  deux  me'.s 
(  l'avoir  la  mer  Adriatique  )  Se  les  rivières  le  Var  Se 
l'Arfia  ,  elle  eft  de  ccccx  ,  milles.  Vers  le  milieu  , 
c'eft-à-dire,  vers  la  ville  de  Rome,  depuis  l'embouchure 
du  Tibre ,  elle  eft  de  cxxxvi.  Il  y  a  ,  dit-il ,  un  peu 
moins  de  Caftrum  Novum  ,  fur  la  mer  Adriatique  ,  à  Al- 
fium  qui  eft  fur  la  mer  de  Tofcane.  C'eft  apparemment 
de-là  que  Rutilius  dit  que  fa  largeur  eft  de  cent  trenta 
mille  pas. 


ÏTÀ 


jpo 


Qua  ia'men  eft  juncli  maris  auguftiffima  lillus  , 
Triginta  &  centum  millia  fola  patet. 

Clavier,  fuppofant  que  les  milles  "des  anciens  étoient  les 
milles  d'aujourd'hui  ,  dont  foixante  font  un  degré ,  & 
font  par  conséquent  d'un  cinquième  plus  grands  que 
ceux  des  anciens ,  s'eft  donné  bien  de  la  peine  pour  ra- 
jufter  les  prétendues  fautes  de  calcul  qu'il  trouvoit  dans 
Pline  ;  mais  De  l'Isle  a  très  -  bien  prouvé  que  le  cal- 
cul de  Pline  eftjufte.^ 

L'Italie  n'a  pas  toujours  eu  tes  mêmes  bornes.  Aupa- 
ravant que  les  Romains  euffent  pouffé  leurs  conquêtes 
jufqu'aux  Alpes ,  on  nommoit  Gaule  Cifalpine  tout  Ce 
qui  eft  entre  ces  montagnes ,  l'Ame  &  l'jes  :  il  y  a  même 
apparence  que  le  mot  Italie ,  ne  fignifioit  d'abord  qu'un 
canton  particulier  vers  le  centre  de  la  presqu'ifle.  Quel- 
ques-uns le  dérivent  d'un  certain  Italus,  perfonnage  fabu- 
leux. Le  docr.e  Bochart  croit  en  avoir  trouvé  la  véritable 
origine,  &  le  fait  venir  de  la  langue  Phcenicienne  ;  fé- 
lon lui,  c'étoit,  en  premier  lieu,  le  nom  de  cette  extrémité 
qui  eft  entre  les  golfes  de  Squillaci  &  de  Sainte  -  Euphe- 
mie  ,  &  de  là  vers  la  Sicile.  Je  ne  rapporterai  point  ici 
l'érudition  grammaticale  qu'il  prodigue  fur  la  poix  que 
l'on  recueilloit  dans  cette  contrée  ,  Se  dé  laquelle  il  dé- 
rive le  nom  d' 'Italie.  On  peut  voir  ces  remarques  dans 
ib'n  livre.  Elles  m'ont  paru  plus  fubtiles  que  folides. 

Ce  que  j'ai  dit  du  mot  Italie ,  fe  petit  dire  de  la  plu- 
part des  autres  noms  qu'on  a  donnés  à  ce  pays.  Les  plus 
considérables  font  rapportés  par  Servius  ,  qui  expliquant 
ce  vers  de  Virgile  : 

Stepiàs  &  n&mtn  pofuit  Saturnià  ttttus. 

qui  lignifie  que  l'Italie  a  fouvent  changé  de  nom ,  ajouté 
qu'elle  a  été  appellée  Hefvérie  ,  Aufonie  ,  Saturnie  , 
V"italie.  Le  Scholiafte  de  Lycophron  parlant  d'Enée  , 
«fît  :  il  vint  de  Macédoine  en  Italie  qu'on  appelloit  au- 
paravant Argeffa  ,  ensuite  Saturnià;  ensuite  à  caufe  d'un 
certain  Auforte  ,  Aufonie  ;  &  après  ,  du  nom  d'Italus 
Italie.  Ce  nom  &  Argeffa  eft  fuTpeft  à  Cluvier  ,  Ital. 
Ant.  1. 1  ,  e.  I  ;  &  il  s  étonne  qu'liaac  foit  le  feul  qui  l'ait 
trouvé.  Macrobe  ,  Saturnal.  I.  i  ,  c.  7,  fait  mention 
d'un  ceftain  Camefe  qui  régna  conjointement  avec  Ja- 
nus  ,  &  dit  que  leur  puiffance  étoit  fi  partagée  ,  que  le 
pays  en  prit  le  nom  de  Cameftne  ,  &  la  ville  celui  de  Ja- 
niculum.  D  ajoute  que  Janus  refta  feul  fouverain  ; 
qu'ayant  reçu  Saturne  qui  abordoit  avec  une  flotte  ,  &t 
ayant  appris  de  lui  l'art  de  cultiver  la  terre ,  il  l'en  ré- 
compenfa  en  l'affociant  à  la  fouveraineté.  Voilà  en  même 
tems  l'origine  du  nom  de  Saturnie.  On  voit  affez  ,  que 
ni  Janus  ni  Saturne  ne  régnèrent  fur  l'Italie  entière  , 
telle  que  nous  la  connoiffons  ,  mais  fur  une  partie  aux 
environs  du  Tibre.  On  peut  voir ,  dans  le  premier  livre 
des  Antiquités  de  Denis  d'Halicarnaffe,  ce  qui  a  pu  don- 
ner lieu  à  la  créance  du  peuple  qui  établiffoit  le  régne  de 
Saturne  en  Italie.  On  dérive  le  nom  de  Latium  que 
porta  la  contrée ,  qui  lui  fervit ,  dit-on  ,  de  retraite  ,  du 
verbe  lateo  ,  fe  cacher.  Denis  d'Halicarnaffe  rapporte 
l'arrivée  de  divers  peuples  en  Italie  ,  fur-tout  des  Grecs. 
Cette  nation  avoit  envoyé  quantité  de  colonies  dans 
l'Afie mineure;  &  les  villes  qu'elle  y  forma,  envoyèrent 
à  leur  tour  des  colonies  en  Italie,  &  même  jufques  dans 


ÏTÀ 


les  Gaules.  Mais  pour  me  borner  ici  à  ce  qui  regarde 
l'Italie  ,  les  Grecs  rirent  tant  de  defeentes  &  d'étabiifle- 
mens  dans  ce  pays ,  que  la  partie  méridionale  en  prit  le 
nom  de  grandi  Gréa  Et  Pline  fe  fert  de  ce  nom  ,  pour 
faire  voir  l'avantage  de  l'Italie  fur  la  Grèce  ,  puisqu'une 
portion  de  l'Italie  avoit  paru  affez  confidérable  pour  être 
appellée  la  grande  Grèce  ,  au  préjudice  de  la  Grèce  pro- 
prement dite. 

Les  noms  <¥  Aufonie,  de  Tkyrrénie  &  àfÈnotrie  r!e 
lignifient  originairement  que  des  contrées  particulières  ; 
comme  je  l'explique  à  chacun  de  ces  articles.  Le  nom 
d'HESPERlE  lui  fut  donné  par  les  Grecs ,  à  caufe  de  fa 
Situation  occidentale  à  leur  ég3rd ,  &  eft  tiré  du  nom 
qu'ils  donnoient  à  l'étoile  du  foir.  Les  Latins  donnèrent 
auffi  le  nom  SHefpérie  à  l'Efpagne  ,  pour  la  même  rai- 
fon. 

Ce  pays  changea  fouvent  d'état  &  de  divifions.  Notis 
raffemblerôns  feulement  lés  plus  importantes  dont  les 
hiftoriens  de  Rome  ayent  fait  mention. 

La  première  divifion  regarde  les  anciennes  nations  qui 
peuplèrent  l'Italie  ;  il  y  en  avoit  de  deux  fortes  :  les  unes 
fe  difoient  hv  ' y^an ,  Indigena  ,  mots  qui  fignifient  les 
naturels  d'un  pays ,  ceux  dont  on  ignore  le  premier  éta- 
bliffement.  Les  autres  étoient  des  étrangers  ,  qui,  attirés 
par  la  bonté  de  la  terre,  de  l'air  &  des  eaux,  vinrent 
s'établir  en  Italie.  Le  peuple  Umbri  paffoit  pour  le  plus 
ancien,  de  tous.  Les  Sicu/es  étoient  auffi  d'entre  ces  arii 
ciennes  nations.  Les  Œnotriens  qui  fe  qualifioient  Abo- 
rigènes ;  les  chafferent  de  la  Sabine  Se  du  Latium  ;  &  en- 
fuite  les  Aufones  ,  ou  les  Sabins  les  ayant  pouffes  au  bas 
dé  l'Italie  ,  les  forcèrent  de  paffer  dans'  l'ifle  à  laquelle 
ils  donnèrent  leur  nom  qui  eft  reconnoiflâble  en  celui 
de  Sicile.  Les  Euganéens  étoient  auffi  d'anciens  habitans 
de  l'Italie,  mais  leur  pays  fut  envahi  ,  partie  par  les  Ve- 
netes,  partie  parles  Carnés.  Les  autres  étoient  appelles 
Opici ,  Osci ,  Aufones  Sr.  Sabini  ;  ck  ce  furent  leurs  des- 
cendans  qui  occupèrent  presque  tout  le  midi  de  l'Italie. 
*Florusi  1.  1,  c-  13  ;  &  Plin.  1.  13  ,  c.  14. 

Lès  étrangers  étoient  ou  Afiatiques  ,  ou  Arcadiens, 
ou  Celtes.  Les  Etrusques  étoient  venus  d'Afie  ,  &  plus 
particulièrement  de  la  Lydie  ,  comme  nous  l'enfeignent 
tous  lès  anciens  qui  en  ont  parlé,  excepté  le  feul  De- 
nis d'Halicarnaffe.  Quelques-uns  ont  cru ,  &  le  P.  Briet 
eft  de  ce  nombre ,  que  les  Vénetes  vinrent  de  la  Troade 
&  de  la  Paphlagonie,  fous  la  conduite  cFAntenor.  Qu'An- 
tenor  ait  amené  des  hommes  de  ce  pays  ,  à  la  bonne 
heure  ;  mais  je  fuis  perfuadé  que  les  Vénetes  venoient 
des  Gaules  ;  mais  pourfuivons.  De  Grèce  &  d'Arcadie 
vinrent  les  Pelasges  ,  les  Œnotriens  ,  les  Japyges ,  ou 
Peucétiens ,  ou  Apuliens.  Les  Rhetes  étoient  un  déta- 
chement des  Etrusques,  qui ,  chaffés  de  leur  territoire, 
fe  retirèrent  dans  les  Alpes.  Les  Œnotriens  ,  qui  fe  nom- 
mèrent ensuite  Aborigènes ,  eurent  pour  descendans  les 
Latins,  dont  les  Rutules  faifoient  partie.  Les  Volsques 
fortoient  peut-être  auffi  des  Œnotriens  ;  ou,  pour  mieux; 
dire  on  ne  fait  d'où  ils  étoient  venus.  Mais  il  vaut  mieux 
renvoyer  ces  détails  à  leurs  articles  particuliers.  Voici 
une  table  qui  montre  d'un  coup  d'œil  ces  anciens  peu- 
ples, leur  origine  &  leurs  rapports.  On  y  trouve  les  Vé-> 
netes  au  nombre  des  Afiatiques  ;  mais  il  faut  entendre 
par  ces  Vénetes,  non  le  peuple  nommé  ainfi,  mais  les 
anciens  habitans  du  pays  que  les  Vénetes ,  peuple  venu 
des  Gaules,  fournit  ensuite,  Stappella  de  fon  nom. 


PREMIERE    DIVISION    DE    L'ITALIE. 


TABLE  DES  PREMIERS  PEUPLES  DE  L'ITALIE. 

*  ffilllToo^} Les  Vénetes  conduits  par  Anteno, 

'Asiatiques.) 


Les  plus  anciens' 


Etrangers. 


(DelaLYDiEJ^ETRUS- 


Grecs  ,  ou{ 


Les  Œnotriens,  qui  s'ap 
pellerent  Aborigènes. 


Les  Etrusques  propres ,  entre  le 

Tibre  &  l'Ame. 
Les  Rhetes  vers  les  Alpes. 

Les  Latins  ,   dont  les  Rutules 
faifoient  partie, 

peut-être  les  VOLSQUES,  dont 
on  ignore  l'origine. 


F 


ITA 


ÏTÀ 


S9i 


îiabitans  de  l'I- 
talie étoient  ou 


Celtes. 


.   Les  Peucetiens  ,  nommés \ Les  Dauniens. 
Japyges    par  les  Grecs,    &<Les  Peucetiens. 
Apuliens  par  les  Latins.        'Les  Mess apiens, 

\Les  PelASGUES  ,  qui  fe  joignirent  aux  (Enotriens  &  sus  5'abins» 

(Les  Liguriens,  peuple  Celtique  répandu  jusqu'au  Rhône. 
Les  Carnes  ,  peuple  Celtique  ,  qui  vainquit  les  Euganéens, 

(  fLesLlBIQUES,leslNSUBRIE\S. 

.  .        I  Au-delà  du  Pô. <Les  L^eves,  les  Orobiens. 
Les  Gaulois]  (Les  Genomans. 

ouGalates.  î 


■Les  Lingons,  lesSENONOis. 


Italiens  naturels. 


fies  OMBRIENS  ,  le  plus  ancien  peuple  d'Italie. 
Les  SlCULES  ,  chaffés  par  les  Aufones ,  &  pouffes  dans  la  Sicile. 
Les  Euganéens  ,  envahis  par  les  Vénères  &  les  Carnes. 

(Les.  PlCENTES  ,    dont   faifoient  partie  lés 
Picentins  ,  peuple  transplanté  de  la  mer 
Adriatique  à  la  mer  de  Toscane. 
Les  Frentani, 
Les  Marrucins, 
Les  Pelignes, 
Les  Vestins, 
Les  Marses, 
Les  jEques  ou  jEquicolas 


T      „  r    Les  SABTNS, 

Les„°PICÎENS'iqui  s'appellerent 
ou  Osques  ,  oa{\vVvgif  & 


Aufones. 


(leurs  descendant 


(Les  Hirpins. 

Les  Samnites,]    LesLucA-f    T 
d'où  fortoiènt     JNIENS,  d'où)    .r"" 
éto.ent  venus  <.TIENS< 
l  Lès  Campaniens. 


SECONDE    DIVISION    DE    L' ITALIE. 

On  peut  commodément  divifer  l'ancienne  Italie  ,  en  celle-là  ;  la  Grande  Grèce  qui  eft  au  midi  des  deux 
quatre  grandes  parties.  La  Gaule  Cisalpine  ,  qui  eft  premières,  &  les  isles.  En  voici  une  table  qui  eft  du 
ail  nord;  l'IxALlE  proprement  dite,  qui  eft  au  midi  de    P.  Briet. 

GaULE  (TrANSPADANE  au-delà  du  Pô ,  capitale  Milan. 

CiSAL-  |  CiSPADÀNE  au-deçà  du  Pô  ,  capitale  Bologne. 

PINE,    |LaLiGURlE,  capitale  Gènes. 

qui  fe     |  VÉNETIE  ,  capitale  Padoùe. 

divife  en  ^Partie  de  la  Rhétie  ,  capitale  Trente. 


f  Dans  fa  partie 

Septentrionale. 


L'ancienne 
Italie  com- 
çrenoit 


Dans  le  Conti- 
nent, 


Dans  fa  partie 

Méridionale. 


Là  Toscane  partagée  en  douze  peuples  6c  autant  de  villes.' 
L'OMBRIE;  villes,  Spoltte  ,  Rimini. 
La  Sabine;  villes,  Cures  ,  JUeti. 
vLe  Latium  ;  Rome ,  capitale  de  l'univers. 

Le  Samnium  où  étoient  divers  peuples  t  les  Piceni,  les  Samni- 
tes ,  les  Marses ,  &c. 
La  CAMPANIE,  ville  Capoue. 

!'  Daunienne  ;  ville,  Si* 
ponte. 
Peucètienne  ;  ville  t 
Canujie. 

(Les.  Calabrois;  ville; 

MeS-J     Brindes. 
>    !-v  JLesSALENîiNS;  ville, 

t     Tarente. 


La  Gran- 

deGréce, 


S 

La 

ISAPIE 


L'CEnotrie, 


Î'LesLucANiENS;  villes, 
Pa/le,  Sybaris. 
Les  Brutiens  ;  villes  j 
Rhegio  t  Hipponium. 


'  Les  grandes 
ifles. 


Autour  du  con- 
finent. 


)La 

(La 


La  Sicile. 
Corse. 

SaRDAIGNËS 


f  d'ELBE  , 
jde  PONTIÀ, 
Jd'ISCHIA, 

Lespatités  iflesi  de  Caprées  ,r 
de  Tremiti, 
de  Lipari, 
de  Favagnanaj 
l&  de  Malte. 


1TA 


ITA 


Jp2 

L'ifle  de  Malte  eft  préfentement  cenfée  de  l'Airique,  leur  terminaifon  latine  ;  c'eft  proprement  un  tableau  de 

&  non  de  l'Italie.  l'Italie ,  telle  qu'elle  étoit  durant  la  république  Romaine  , 

Voici  cette  même  divifîon  mife  dans  un, plus  grand  &  avant  Augufte.^  Il  faut  bien  observer    que   les   mots 

jour  ,  &  dans  un  détail  plus  inftruftit  par  le  même  géo-  au-âeqà  &c  au-delà,  doivent  s'entendre  par  rapport  à  1* 

graphe.  Mais  nous  raillerons  les  noms  des  peuples  avec  ville  dé  Rome. 


TROISIEME    DIVISION    DE    L'  ITALIE. 

Divifion   de   L'ITALIE    SEPTENTRIONALE. 

fLa  Venetie(Istri;  Polo. ,  Pola. 

<  où  étoient  les<CARNi;  Aquileïa  ,  Aquilée. 

(peuples  (Veneti  ;  Patavïum ,  Padoue. 

YPartie  des  Rheî  es  ,  Tridentum ,  Trente; 

fCiENOMANi;  Crémone  &c  Mantoué. 
EUGANEI  ;    Tusculanum  ,  Tuscuiano. 
InSUBRES;  Mediolanum ,  Milan. 
OROBIl;  Bergomon  ,  Bergame. 
La  Gaulé  au-  Lepontii;  Oscela,  Domo  d'Oscella. 
La    Gaule  delà  du  Pô.        \  Salassi  ;  Augujla  Prœtoria. ,  Aofte. 
Transalpine  ILibicii;  Vtrcàlœ,  Verceil. 

à  la  LjEVI  ;  Ticinum  ,  Pavie. 

ITaURINI,  Augujla  Taurinorum,  Turin* 
{.Segusini;  Segufio,  Suze. 


par  rapport 
Gaule  propre  ; 
ClSALPÏNE,par 
rapport  aux  Ro- 
mains. 


La  Gaule 

d'en-deçàlePô 


ANAM    ni  ;  Placentia  ,  Plaifance. 
Bon;  Mutina,  Modene. 
Lingones;  Forum  Cornelii ,  Imola. 
Senones;  Ravenna,  Ravenne. 


t     t    ,-,7         JCAPILLATI;  Genua,  Gènes. 
I    La  LIGURIHMontani;  Dertona,  Tortone, 


(Au-delà  de  l'Arne  Apuani  Pisa,  Pife. 

La  Toscane]  ri  Volateran 

*u  I'Etrurie  \  Au-deçà  de  l'Ar-U  Vetulonii. 

J  ne  douze  peuples.)  3  Russelanij 

^  *4  Tarquinii, 

(Villumbri  qui  étoient  au-delà  de  l'Apennin  ;  leur  ville  Ariminium  ,  Rimini. 
LOmbrie.    -sOlumbri,  qui  étoient  en-deçà  de  l'Apennin;  leur  ville  Spoktium,  Spoktte. 


<y    CjERETANIj 

6  Veïentes, 

7  Volsinii, 

8  Falisci, 


9  Clusini, 
io  Aretini, 

11  CORTONENSES^ 

12  Perusini. 


=•{ 


Au-deçà  du  Velino  ,  Cures. 
Au-delà  de  cette  rivière;  Reate, 


Rieti. 


Latini;  Rome. 

Rutili  ;  Ardea ,  Ardea. 

aEQUlCOLl  ;  Algidum,  qui  ne  fubfifte  plus; 

Hernici;  Anagnia,  Anagni. 

Volsci;  Antium,  ville  ruinée. 

Aurunci;  Caïeta,  Caïete. 


Divifim   de  L'ITALIE    MERIDIONALE 


(Le  PiCENUM  proprement  dit  ;  Ancona,  Ancone. 
Picentes) 
nommés  auffi)  ( Ager  PALMENSIS;  Asculum  P, 

Pitini.         (_LePicenumajoûté.<AGER  Pr.etutius;  Ca~ 
(Ager  Hadrianus;  1 

Le  SAMNIUM.^  Vestini;  Amiternum,  ville  ruinée. 
Marrucini;  Teatea ,  GMéti: 
Fretani;  Ortona,  Ortona. 
Peligni;  Corjznium,  ville  ruinée. 
Marsi;  Marrubium,  Mornea  ou  Marno. 
Les  Samnites  propres;  Beneventumj  Bérievent; 
JHirpini,  Abellinum;  Avellino. 

i,ri»<Tiiv.r  ÇCampani;  Capua,  Capoue. 

La  campanie.  |Picentin;  .  /aUr;um  /SalernS( 


Ascoli. 
Novum,  FlaviSio. 
Adria,  Atri. 


1TA 


ITÀ 


La  grande. 
Grèce, 


La  POUIIXE 


(LaPouiLLE  proprement  CD AUNIENNE;  Slpontum,  Siponto.;. 
]  dite  (_Peucetienne  ;  Canufium  ,  Canofa, 


S91 


iLaMESSAPIE. 


CCALABRi;  Brundufium,  Brindes. 
^Salentini;  Tarentum.»  Tarente. 


L'Œnotrie. 


1  En-deçà  de  l'Appennin,) 
où  étoient  les  Vosivo-sPaJlum  ou  Pqfidonium  ,  ville  ruinée; 
NIATES.,  ) 

Au-delà  de  l'Appennin,} 

où  étoient  les  Sybari-^Sybaris,  ville  ruinée. 

TES,  ) 

/Hipponienses  ;  ifc/yo/z/wî,  aujourd'hui  Monte= 
(En-deçà  de  l'Appennin  J     Leone. 

(Rhegini;   Rkegium ,  Reggio. 

.      1  11   ,    i,a  •     ÇCrotoniat^e;  Crotona,  Cortona. 

Au-delà  de  l'APPennin,|LocRI.  LocH' Gieiazz0[ 


J'ai  dit  que  cette  divifîon  eft  vicieufe  ;  &  cela  faute 
aux  yeux,  dès  qu'on  l'examine  fur  une  carte  bien  faite, 
comme  l'Italie  ancienne  de  De  l'Ifle  ;  car  alors  on  voit 
que  le  Picenum  ,  qui  eft ,  félon  le  P.  Briet,  de  l'Italie  mé- 
ridionale ,  eft  pourtant  au  nord  des  peuples  Hernici  , 
Volfci ,  &c.  qui  font  de  la  feptentrionale.  Mais  fans  tou- 
cher à  fa  diftribution  ,  il  n'y  a  qu'à  changer  les  noms , 
&  appeller  Italie  occidentale  ce  qu'il  nomme  feptentrio- 
nale ;  fk  orientale  ce  qui  eft  félon  lui ,  l'Italie  méridio- 
nale. Alors  tout  fe  trouve  jufte.  Il  eft  vrai  que  Flftrie  , 
qui  eft  préfentement  de  l'Italie,  fe  trouvera  aufli  orien- 
tale que  le  Picenum  ;  mais  il  n'eft  point  queftion  d'elle 
dans  l'ancienne  Italie  dont  il  s'agit  ici ,  puisqu'elle  ne  fut 
cbnquife  par  les  Romains  que  long-temps  après.  Je  ne 
m'arrêterai  guères  ici  à  la  Gaule  Ci/alpine ,  ni  à  la  grande 
Grèce,  qu'on  peut  voir  aux  mots  Gaule  &  Grèce.  Je  ne 
parlerai  point  non  plus  des  autres  peuples  que  je  traite  à 
leurs  articles  particuliers  ,  aufli  -  bien  que  Y  Apennin  & 
les  Alpes.  Je  paffe  aux  autres  divifions  de  l'Italie  ,  né- 
ceffaires  pour  l'intelligence  de  l'hiftoire. 

Nous  commencerons  par  la  divifîon  d'Augufte,  que 
Pline  a  fuivie.  Cet  empereur  partagea  l'Italie  en  onze 
régions  ou  provinces. 

QUATRIÈME  DIVISION  DE  L'ITALIE 

SOUS    AUGUSTE. 

La  I.  comprenoit  le  Latium  ancien  &  le  nouveau,  avec 
toute  la  Campanie  ,  où  étoient  Rome  &  Capoue  , 
comme  capitales.  Cela  repond  à  la  Campagne  de  Rome 
&  à  la  plus  grande  partie  de  la  terre  de  Labour. 

La  II.  partie  comprenoit  les  Picentins ,  tranfportés  du 
Picenum  dans  une  partie  de  la  Campanie,  &  les  Hir- 
pins  ,  parens  des  Samnites.  Cela  répond  à  une  partie  de 
la  principauté  citérieure  où  eft  Salerne  ,  &  à  toute  la 
principauté  ultérieure. 
_  La  III.  comprenoit  les  Apuliens ,  Dauniens ,  Peuce- 
liens  &  Meffapiens  ;  les  Salenlins,  &  les  Calabrois  ;  les 
Lucaniens ,  &c  les  Brutiens.  Tout  cela  fait  une  partie  de 
la  principauté  citérieure  :  une  partie  de  la  Capitanate  * 
les  terres  d'Otrante  &  de  Barri ,  la  Bafilicate ,  la  haute  ck 
baffe  Calabre. 

La  IV.  comprenoit  les  peuples  Frentani,  Màrrucini , 
Peligni ,  Marji ,  Vefiini ,  Samnites  &  Sabini  ,  qui  oc- 
cupoient  une  grande  partie  de  l'Abbruzze  ultérieure  , 
toute  la  citérieure  ,  une  partie  la  Capitanate  ,  le  comté 
de  Moliffe  ,  quelque  peu  de  la  terre  de  Labour  ,  une 
partie  du  duché  de  Spolete  &  la  Sabine. 

La  V.  comprenoit  le  Picenum  ou  étoit  le  peuple  Pi- 
cent  es,  duquel  a  voient  été  tirés  les  Picentins  dont  on  a 
parlé  ci-deffus.  Ils  s'étendoient  depuis  la  rivière  d'jEfis , 
aujourd'hui  l'Itiefi  ,  jufqu'à  la  rivière  Mairinus  ,  au- 
jourd'hui la Piomba :  cela  fait  la  plus  grande  partie  delà 
Marche  d'Ancone  &une  partie  de  l'Abbruzze  ultérieure. 

La  VI.  comprenoit  l'ancienne  Ombrie,  qui  répond  à 
une  partie  de  la  Marche  d'Ancone ,  à  une  partie  de  la 
Romagne  Florentine  ,  au  duché  d'Urbin  ,  à  une  partie 
*lu  territoire  de  Perufe ,  au  comté  de  Citta-Caftellana , 
&  à  la  plus  grande  partie  du  duché  de  Spolette. 


La  VII.  comprenoit  YEtrurie  où  étoient  les  Toscans  &£ 
les  Etrusques.Leur  pays  eft  à  préfent  l'état  du  grand  duc 
de  Tofcane  ,  l'état  de  la  republique  de  Luques ,  partie  de 
la  Carfagnane,  quelque  peu  de  l'état  de  Gènes,  l'état  de 
Maffa  &ç  de  Carrera  ,  le  duché  de  Caftro ,  le  patrimoine 
de  S.  Pierre  ,  le  comté  de  Ronciglione ,  partie  du  terri- 
toire de  Perufe  &  tout  celui  d'Orviette. 

La  VIII.  comprenoit  la  Gaule  Cifpadane ,  c'eft-à-dire 
la  Gaule  en-deçà  du  Pô  ,  où  font  préfentement  les  états 
des  ducs  de  Parme  &  de  Modene,  partie  du  Mantouan, 
le  duché  de  la  Mirandole ,  &c  ;  le  Bolognèfe  ;  partie  du 
Ferrarois  ;  une  bonne  partie  de  la  Romagne  ,  &  la  meil- 
leure partie  de  la  Romagne  Florentine.  ■ 

La  IX.  comprenoit  la  Ligurie  ;  c'eft  aujourd'hui  la 
côte  de  Gènes  ;  une  partie  du  Piémont  ;  le  marquifat  de 
Saluces;  le  comté  de  Nice  ;  la  plus  grande  partie  du  Mont- 
ferrat  ;  la  partie  du  duché  de  Milan  qui  eft  au-delà  du  Pô. 

La  X.  comprenoit  la  Vénétie  où  étoient  les  peuples 
Ventti  ,  Garni  ,  IJlri ,  Japydes.  C'eft  préfentement  toute 
l'Iftrie  (&c  peut-être  y  faut-il  joindre  partie  de  la  Croa- 
tie &  de  la  Carniole  ;  )  le  Frioul ,  le  Bellunefe,  le  Cado- 
rin  ,  une  partie  du  Trentin  ,  le  Vicentin ,  la  Marche 
Trévifane  ,  une  partie  du  Véronois,  le  Dogat,  la  Polé- 
fine  de  Rovigo  ,  &  la  plus  grande  partie  du  Ferrarois. 

La  XI.  enfin  comprenoit  la  Gaule  Tranfpadane ,  c'eû- 
à-dire  d'au-delà  le  Pô  ;  ce  qui  renferme  maintenant  une 
partie  du  Véronois ,  la  plus  grande  partie  du  Manrouan, 
le  Breflan  ,  le  Cremoneze ,  une  partie  du  Trentin  ;  le 
Bergafnafque  ,  la  Valteline  ;  le  Cremasque  ,  tout  le  du- 
ché de  Milan  en-deçà  du  Pô  ;  les  fujets  des  Suiffes  en 
Italie  ;  la  feigneurie  de  Verceil ,  quelque  peu  du  Mont- 
ferrat ,  partie  du  Piémont  :  le  Val  d'Àofte  &  quelques 
lifieres  du  Dauphiné. 

On  voit  que  le  P.  Briet  étend  l'Italie  fous  Augufte,  jus- 
qu'à la  Liburnie  ,  &  y  comprend  les  Japydes  en  leur  en- 
tier ;  mais  il  eft  de  bonne  composition  là-deffus ,  &  il 
avertit  que  fi  on  veut  terminer  l'Italie  au  fleuve  Arfia,  il 
n'y  apportera  aucun  obftacle. 

Cinquième  division  de  l'Italie 

SOUS     TIBERE. 

Strabon  qui  vit  la  fin  d'Augufte  &  prefque  tcut  le 
règne  de  Tibère ,  ne  fait  que  huit  parts  de  l'Italiei 

La  Vénétie,  Le  Picenum, 

La  Toscane,  La  Campanie, 

La  Ligurie,  '  La  Pouille. 

Rome  ou  le  Ldtium ,  La  Lucanie. 

Il  femble  qu'il  en  retranche  une  grande  partie  de  la 
Gaule  Cifalpine.  Les  Samnites  font  Ou  omis  ,  ou  rangés 
fous  le  Picenum. 

SIXIÈME  DIVISION  DE   L'ITALIE 

SOUS    TRAJAN. 

L'empereur  Trajan  fit  une  nouvelle  divifion  despro- 
Ta/ne  11!.     Ffff 


594- 


ITA 


ITA 


vinces  de  l'Empire.  Il  partagea  l'Italie  en  deux  efpeces 
de  diocéfes.  La  première  contenoit  les  provinces  lubur- 
bicaires  depuis  le  Picenum  que  les  anciennes*  Notices 
appellent  Picenum  J'uburbicarium  ,  julqu'à  la  Sicile  qui 
devint  elle-même  fuburbicaire ,  ou  ,  comme  parle  Sextùs 
Rufus  ,  fuburbana.  Cùm  jam  Sicilia  juburbana  effet 
populi  Romani  Provincia.  J'explique  au  motSuBURBI- 
CARIUS  en  quel  fens  ce  mot  fe  prenoit.  La  féconde 
partie  comprenoit  les  provinces  au-delà  &  au-deçà  du 
Pô ,  avec  les  provinces  adjacentes  qui  s'étendent  depuis 
les  Alpes  jusqu'aux  montagnes  de  l'Apennin  ,  favoir  la 
Ligurie,  ['./Emilie,  les  Alpes  Cottiennes  ,  les  deux  Rhé- 
ties,  la  Vénétie  &  l'iftne.  Nous  ne  mettrons  point  ici 
la  table  des  provinces,  telles  qu'elles  furent  réglées  alors , 
au  nombre  de  dix-lépt,  parce  que  c'eft  presque  la  même 
que  celle  de  Conftantin ,  dont  je  parlerai  ci-après. 

SEPTIÈME  DIVISION   DE  L'ITALIE 
SELON    PTOLOMÉE. 

Ptolomée  ,  contemporain  de  Trajan,  divife  l'Italie  en- 
tre quarante-cinq  peuples  qui  font ,  félon  lui  , 


V.      Le    Samnium 
fous 
dent, 


préfi-C3?™' 
r  I  Sulmo,  Se 


ville  détruite; 
rmoneta. 


Maflîlienfes  , 

Vediontii, 

Suûrii , 

Nerufii, 
\  Segufiani , 

Caturiges, 

Lepontini , 

Centrones  , 

Becuni  , 
ÎO  Salaflï, 

Infubres , 

Libiei, 

Cenomani, 

Veneti, 
15  Carni, 

Iftri , 

Galli-Boii, 

Incola;  Gallia;  Togatee, 

Semnones, 
20  Taurini, 

Ligures , 

Thusci, 

Umbri , 


HUITIÈME   DIVISION  DE   L'ITALIE 

SOUS    CONSTANTIN. 

L'empereur  Conftantin  ayant  fait  quelques  change- 
mens  dans  la  répartition  des  provinces  de  l'Empire  ,  le 
divifa  en  trois  diocéfes  ou  parties  ,  dont  la  principale 
étoit  l'Italie.  Il  la  fournit  à  deux  vicaires  ,  dont  l'un 
avoit  la  qualité  de  vicaire  de  Rome ,  (k  l'autre  celle  de 
vicaire  d'Italie.  Du  refte  il  n'y  changea  rien.  Voici  com- 
ment les  Notices  repréfentent  l'Italie. 

DIX    PROVINCES 

Sous  le  vicaire  de  Rome, 


Sabini , 
25  Latini, 

jEquiculi , 

Marfi, 

Praetutii , 
•     Piceni , 
30  Veftini, 

Marrucini, 

Peligni , 

Caraceni, 

Samnites, 
35   Ferentani, 

Campani, 

Picentini  j 

Hirpini, 

Lucani, 
40  Brutii, 

Incolas  magna;  Gracia;, 

Salentini , 

Calabri, 

Apuli  Peucetii, 
45  Apuli  Daunii. 


I.        Le  Latium  ck  CRoma,  Rome, 
la  CAMPAmE,-<Capua ,  Capoue. 
fous  un  conful.    (Neapolis ,  Naples. 


(Florentia ,  Florence, 
ÎI.       La     TOSCANEI  Sena,  Sienne. 
&  I'Ombrie  ,1  Pifœ,  Pile, 
fous  un  conlul.  ]  Spoktum ,  Spolete. 

{Narnia,  Narni. 


ai. 


'  Anco 


Ancone. 


Le  Picenum  \  Asculum    Ascoli. 

fuburblca.re        ^  'f 

fous  un  conful.  lAnxlm^m     0smo„ 


IV.     La  Valérie 


fous 
dent. 


préfi 


j  détruit 
\Tibur,  Tivoli. 
^Tuiculum,  Frascati. 


}  Amiternum, 


VI.  LaPouiLLE  &crSiponium,  Siponto. 
la  Calabre     )Canufium  ,  Canofa. 
fous  un  correc-)  Brundujium ,  Brmdes. 
teur.  '  Taremum  ,  Tarento. 

VII.  LaLucANiE  &r,.  „         .. 
les    Brutiens)^™-'  T°rre  dl 


fous  un  correc-)  ni£- 
fP„r  {Rntgi 


Confenza. 
1 ,  Reggio. 


VIII. 


La  Sicile  fous \Syracufte,   Syracufe. 
un  préfident.      '^Mejjana ,  Meffine. 


IX, 


LàSARDAIGNET 
fous  un  préfi-j 
dent.  *- 


Calaris  ,  Cagliari. 
Olbia,  détruite. 


X.       La  CORSE  fous  \ Mariana  Colonia,  ~)    ,,      .      , 
un  préfident.        (Aleria  Colonia ,      J  imites. 

VIL   PROVINCES 

Sous  le  vicaire  de  l'Italie. 

t        t     -ir-     ■    ,,.  r     Patavium,  Padoue. 
Ii       La  Venetie  tk(  .     ■  ■  ■     '»      ,. 

■     ns™«fo»sun  te'T^eftï6' 
conful.  ^J^  p'ola< 

II.  L'EMILIE  fous  (Placentia,   Plaifance. 

un  conful.  \Mutina,  Modene. 

III.  LaFLAMINIE&C,,,  t, 

le  Picenum  \^enna,  Ravenne. 
Annonaire  fous}  f  O72072/f ,.'  Bologne, 
un  conful;  {StnogaUia,  Senigaglia. 

IV.  La    Ligurie  ,  f 

(Quelques-uns  y 

ajoû'ent  laTos-J  Mediolanum,  Milan,  alors  capi- 

CANE  &  1  Om-|     taie  de  la  Ligurie. 

BRIE  Annonai-  \Cremona,  Crémone. 

res)  fous  un  con- 1 

fui.  (. 

V.  LesALPEsCoT-  (Segufio,  Sufe. 

tiennes     fous < Comum  ,  Côme. 
un  préfident.       (  Tridentum ,  Trente,' 

VI.  La  première      (Curia,  Coire. 
Rhétie      fous  <  Verona ,   Vérone. 

un  préfident.       {Brigantium ,  Bregentz.' 


pré-}  AuZuPa  Vl 
(__     bourg. 


"indelicorum  ,    Augs- 


VII.    LafecondeRHÉ 

TIE  foUS 

fident. 


Les  latins  appelloient  Annona  les  provisions  de  grains; 
que  l'on  faifoit  à  Rome  ,  &  ailleurs  ,  pour  les  befoins 
journaliers  de  la  multitude  presque  innombrable  de  fes 
habitans.  La  qualité  de  préfet  de  l'annone  étoit  une 
charge  très-importante.  Les  provinces ,  qui  étoient  très- 
fertiles  en  grains,  en  fournifloient  à  la  capitale  :  cela  eft 
certain  du  Picenum.  On  le  diftinguoit  en  deux  parties; 
celle  qui  étoit  fous  le  vicaire  de  Rome ,  étoit  nommée 
fuburbicaire  ;  celle  qui  étoit  fous  le  vicaire  d'Italie  ,  étoit 
appellée  annonaire  ,  à  caufe  de  la  deftination  de  {es 
grains.  t 

II  faut  auffi  remarquer  que  ce  vicariat  d'Italie  afFecla 
plus  particulièrement  aux  pays  qui  en  dépendoient  ,  le 
nom  d'Italie,  qu'on  leur  donna  par  oppofition  aux  autres 
provinces  qui  étoient  du  vicariat  delà  ville;  ce  que  ligni- 
fie leur  nom  de  fuburbicaires.  Ainfi  il  eft  aifé  d'enten- 
dre ce  que  veut  dire  le  concile  de  Sardique ,  dans  fa  Lettre 
à  l'églife  d'Alexandrie  ,  confervée  dans  les  Œuvres  de 
faint  Athanafe.  On  y  lit  que  ce  concile  fut  affemblé  de 
Rome,  d'Italie,  de  la  Campanie,  de  la  Calabre  ,  de  la 


ÎTÀ 


1TA 


Pouille.  Et  faint  Athanafe  lui-même,  dans  fa  Lettre  aux 
folitaires ,  y  ajoute  les  Brutiens.  Rome  eft  nommée  là 
pour  une  province  entière  ,  dont  les  évêques  avoient 
affifté  à  ce  concile,  auffi- bien  que  les  députés  du  faint 
iîége.  Et  {'Italie  pour  tout  le  vicariat  d'Italie  ,  duquel 
étoient  Protais  de  Milan  ,  Severe  de  Ravenne ,  Lucille  de 
Vérone;  &  l'Italie  y  eft  très  bien  diftingaée  de  la  Cam- 
panie,  &  des  autres  provinces  fuburbicaires  ,  qui  n'é- 
toient  pas  du  vicariat  d'Italie.  C'eft  auffi  dans  ce  fens 
qu'il  faut  entendre  ce  nom  à' Italie ,  dont  fe  fert  Symma- 
que  dans  la  cent  vingt-unième  Lettre  du  feptiéme  Livre. 
C'eft  auffi  ce  qui  a  déterminé  à  donner  long-rems  après 
le  nom  du  royaume  d'Italie  à  cette  partie  feulement. 
J'ai  marqué  fous  les  titres  Exarchat  ,  Lombardie 
&  Naples  ,  de  quelle  manière,  après  la  chute  de  l'Em- 
pire d'Occident ,  celui  d'Orient,  trop  foible  pour  réfifter 
à  des  ennemis  qui  l'accabloient  de  toutes  parts  ,  perdit 
ce  qu'il  avoit  encore  confervé  de  l'Italie  ,  où  il  fe  forma 
quantité  de  republiques  ,  &  de  petites  fouverainetés  par- 
ticulières. 

NEUVIÈME  DIVISION  DE  L'ITALIE 
SELON    PAUL-DIACRE. 

Paul  Varnefrid  ,hiftorien  ,  qui  écrit  fous  la  domination 
des  Lombards ,  partage  l'Italie  entière  en  dix-huit  pro- 
vinces ,  qu'il  nomme 


S9S 


I. 

LaVENETiE  avec  Yljîrie  &  le  FrlouL 

IL 

La  Ligurie. 

III. 

La  RhÉtie  première. 

IV. 

La  Rhétie  féconde. 

V. 

Les  Alpes  Cottiennes  , 

VI. 

Là  Toscane  avec  YAurélie  &  partie  de  VOm- 

brie. 

VII. 

La  Campanie. 

VIII. 

La  Lucanie  avec  la  Brune. 

IX. 

Les  Alpes  Apennines. 

X. 

L'jEmilie. 

XL 

La  Flaminie. 

XII. 

Le  PlCENUM. 

XIII. 

La  Valérie,  avec  la  Nurjle  &c  le  pays  des 

Marses.                 • 

XIV. 

Le  Samnium. 

XV. 

La  Pouille,  avec  la  Calabre  tk  la  Salendnt. 

XVI. 

La  Sicile. 

XVII. 

La  Corse. 

XVIII 

.  La  Sardaigne. 

Il  y  a  encore  d'autres  divifîons  de  l'Italie  ,  qui  ne  font 
plus  à  préfent  d'aucun  ufage  que  pour  l'hiftoire.  Telle 
eft  celle  de  l'empereur  Juftinien  ,  employée  dans  le 
Code  ,  recueillie  par  Volaterran  &c  par  le  P.  Briet. 

DIXIÈME  DIVISION  DE    L'ITALIE, 
SELON    LE    CODE. 

î.  La  Marche  Trévisane  ou  la  Vénétie* 

IL  LIstrie  avec  le  Frioul. 

III.  La  Lombardie  ou  Gaule  au-delà  du  Pô. 

IV.  La  Ligurie. 

V.  La  Romandiole  ou  la  Gaule  d'en-deçàle  Pô» 

VI.  Le  DUCHÉ  DE  Spolete,  qui  eft  l'Ornbrie. 
VIL  L'Abbruzze,  qui  eft  le  Samnium. 

VIII.  La  Campagne  de  Rome  ,  qui  eft  le  Latium. 

IX.  La  terre  de  Labour  ,  qui  eft  la  Campanie 

propre. 

X.  La  Calabre  ,  qui  eft  la  Lucanie. 

XI.  La  Pouille. 

XII.  La  terre  d'Otrante  ,  qui  eft  le  pays  des  Sa- 

lentins. 

ONZIÈME  DIVISION  DE  L'ITALIE, 
SELON   FLAVIUS   BLONDUS. 

Flavius  Blondus  diftinuge  dix -huit  provinces  ,  qu'il 
nomme  ainfi  en  latin. 

I.  Liguria. 

II.  Etruria. 


III.  LATINA ,  ou  la  Campagne  vers  la  mer. 

IV.  Umbria  ,  qui  eft  le  duché  de  Spolette. 

V.  Picenum,  qui  eft  la  Marche  d'Ancone, 

VI.  Romandiola,  autrefois  la  Flaminie. 
VIL  jEmilia. 

VIII.  Gallia  Cisalpîna  ,  ou  la  Lombardie, 

IX.  Venetia. 

X.  Itali  a  Transpad  ana,  où  eft  la  marche  Tré= 

vifane ,  ou  d'Aquilée ,  ou  du  Frioul. 

XI.  Istria. 

XII.  Samnium. 

XIII.  Terra  Laboris,  qui  eft  l'ancienne  Campanie, 

XIV.  Lucania. 

XV.  Apulia. 

XVI.  Salentini  ,  ou  la  terre  d'Otrante. 

XVII.  Calabria. 

XVIII.  Brutii. 

Léandre  Alberti ,  religieux  Dominicain  ,  qui  a  écrit 
une  ample  &C  riche  defcnption  de  toute  l'Italie ,  la  divife 
en  dix-neuf  provinces  ,  dont  il  explique  ainfi  les  noms 
latins. 

DOUZIÈME  DIVISION  DE  L'ITALIE, 

SELON   LÉANDRE. 

I.  LlGURIA ,  la  côte  de  Gènes. 

II.  Etruria,   la  Toscane. 

III.  Umbria,  le  duché  de  Spolete. 

IV.  LATIUM ,  U  campagne  de  Rome. 

V.  Campania  Félix  ,  la  terre  de  Labour. 

VI.  Lucania  ,  la  Bafilicate. 

VII.  Brutii  ,  la  bajje  Calabre. 

VIII.  Magna  Grxcia,  la  haute  Calabre. 

IX.  Salentini,   la  terre  d'Otrante. 

X.  Apulia  Peucétia,   la  terre  de  Barri. 

XI.  Apulia  Dauni  a  ,  les  plaints  de  la.  Pouille. 

XII.  Samnotes,  l'Abbru^e. 

XIII.  PlCENUM  ,   la  Marche  d'Ancone. 

XIV.  FLAMINIA,  la  Romandiole. 

XV.  jEmiLIA,   la  Lombardie  d'en-deçà  le  PS. 

XVI.  Gallia  TRANSPADANA,  la  Lomiardic d'au- 

delà  le  Pô. 

XVII.  Venetia  ,  la  Marche  Trévifane. 

XVIII.  Forum-Julii,  Patria;  c'eft  le  Frioul. 

XIX.  Istria. 

Ceux  qui  ont-examiné  attentivement  les  rapports  que  le 
P.  Briet  met  entre  les  anciens  ck  les  nouveaux  noms  que 
portent  les  provinces  d'Italie  dans  les  hiftoriens  ,  tels  que 
ces  rapports  font  marqués  dans  la  troifiéme  divifion  , 
n'ont  pas  befoin  d'être  avertis  qu'il  ne  faut  pas  prendre  à 
la  rigueur  les  explications  de  Léandre.  On  fe  tromperait 
fort ,  fi  l'on  croyoit  que  le  Picenum  ,  par  exemple,  étoit 
renfermé  dans  les  mêmes  bornes  que  la  Marche  d'Ancone 
d'aujourd'hui.  Si  la  grande  Grèce  n'avoit  contenu  que  la 
haute  Calabre ,  elle  n'auroit  pas  mérité  le  nom  de  grande, 
puisqu'elle  auroit  été  bien  plus  petite  que  la  Grèce  propre; 
au  lieu  qu'elle  étoit  véritablement  plus  grande,  comme 
De  rifle  l'a  prouvé  invinciblement  dans  fa  Juftirication 
de  la  mefure  des  anciens.  *  Mémoires  de  l'académie 
royale  des  fchr.ces  ,  année  1714. 

A  toutes  ces  divifions  j'ajouterai  celle  de  MM.  Sanfon, 
qui  repréfente  l'Italie  telle  qu'elle  étoit  avant  la  révolution 
d'Etpagne.  Elle  eft  précieufe,  en  ce  qu'elle  peut  fervir 
pour  entendre  tous  les  hiftoriens  du  dernier  fiécle  ,  qui 
ne  l'ont  pas  connue  autrement.  Mais  comme  les  der- 
nières guerres  ,  &  les  traités  qui  les  ont  terminées  ,  y 
ont  apporté  des  changemens  allez  confidérables  ,  je 
marquerai  pat  des  aftérisques  les  provinces  ou  états  dont 
la  difpofition  n'eft  plus  la  même  ,  &  j'y  joindrai  les  re- 
marques néceflaires  pour  expliquer  ces  changemens^ 
Avec  ces  remarques,  cette  table  fera  plus  utile  que  fi  je 
l'avois  rajeunie ,  comme  il  étoit  très-facile  de  le  faire  ; 
car  elle  montrera  l'Italie  telle  qu'elle  éroît  &  telle  qu'elle 
eft  préfentement. 

J'efpere  que  l'on  me  pardonnera  d'avoir  rétabli  l'or- 
thographe de  quelques  noms  qui  étoient  écrits  d'une  ma- 
nière éloignée  de  l'ufage  préfent.  Peut-être  auffi  trou- 
vera-t-on  que  j'ai  ule  trop  fobrement  de  cette  per- 
miflion, 

Tome  III.     Ffffij 


J9<S 


ITA 


ÏTA 


Vivifions  géographiques  des  principaux  états 
nui  combofent  L'ITALIE. 

DIVISION    GÉNÉRALE. 

(■Les  états  de        {L'Eglise. 

/LeR.  deNAPLES*. 
Les  états  du  roi) Le  R.  de  Sicile*. 

CATHOLIQUE,  )LeR.deSARDAIGNE*. 

*-Le  duché  de  Milan*» 
Les  états  de   la: 


Les  états  du  duc  ("Savoie 

DE   SAVOYE,  % 


Les  états  du 
grand  duc  de 


Piémont. 
Toscane*. 


Les  états  de   la  Ç  Gènes. 
république  de        (L'ifle  de  Corse, 


Les  états  du  duc  C  Mantoue*. 
DeMantoue,  {Montferrat* 


L'Italie  , 

comprend^  Les  états  du  duc  ^Modene. 
™>  Modene,  ?.Regge. 


L'Orvié- 
tan. 


Orviétô. 

Aquapendente.' 
~nano. 


Dans  les 
terres. 


(Perugia. 
Le  Peru-  jFratta. 
SIN.  (Câftiglione. 


îCampignano. 


C  Parme*. 
jPlailana 


Les  états  du  duc 
de  Parme, 


Les  états  duduccM(T 
de  Massa,  ^Ma"a■ 


Les  états  du  ducç 

DE  LA  MlRANDOLE,  i 


Mirandole; 


'£  Trente. 


Les  états  de  la:t 

RÉPUBLIQUE  HJS.        ^LWCque. 

Les  états 

VÊQUE  DE 

Les  états  des       W°™°: 

riNCESDE     teeîr 


DIVISIONS  PARTICULIERES 


fRofna. 
Oftia. 
Terracina." 
Sezza. 
Veroli. 
Frofinone.' 
Alatri. 
Subiaco. 
iSegni. 
S  Velletri. 

Paleftrina. 

Tivoli. 

Frascati. 

Caftel-Gandolfe,' 

Albano. 

Ardea. 

Aftura. 

^Anagni, 


(La  campa- 
gne deRo 
me; 


L'é- 
tat 

DE  L'É- 
GLISE 

com- 
prend 

LES 
PRO- 
VIN- 
CES. 


[SUR  LA 
MER  DE 

Tosc 

|NE. 


fSpoleto. 

Terni. 

Narni. 

Rieti. 

Norcia. 

Serra  vale. 

Nocera. 
L'Ombrie.  \  Affifio. 
j  Fuligno. 

Todi. 
!  Amélia. 
j  Mte  Falco.' 

t,Otricoli. 

La  terre   Sa-fCitta-CaftillanaV 
bine,  ^Vicoura. 

(Magliano. 

'Àncona. 

Loreto. 

Macerata. 

Fermo. 

Recanati. 

Osmo. 

Jefi. 

S.  Severino.1 

Camenno. 
La  Marche]  Tolentino. 
d'Ancone. 


Le  patri- 
moine de 
VS.  Pierre. 


jViterbo. 

Civita-Vecchia; 

Porto. 

Bracciano. 

Sutri. 
{  Orto. 

Mte.  Fiascons; 

Bolfena. 

Corneto. 

Nepi. 
I^S.  Sera. 


Vers  le 
golfe  de  { 
Vénifc. 


Le  duché 
d'Urbin. 


fRavenna.' 

I  Rimini. 

Cervia. 

I  Imola. 
LAROMA-  l^ënza; 
GNE.  \lorh.- 

1  Bertinoro,' 
Cefena. 

J  Sarfina. 

I  Longiano. 

{S.  Saviona, 


fBologna. 
|G.  Franco. 


ITÀ 


LeBolognese, 


Crevalcore. 
Bentivoglio, 
Budrio. 
j  Pianora. 

IMonzone. 
CaftiglioneDel- 
le-Gatti. 
ICafio. 

Ferrara. 
Comachio; 
Mefola. 
Ariano. 
Francolino.' 
{  Mezzogoro. 
Pompofa. 
Migliarmo. 
Belriguardo. 
Buondeno. 


f  Caflro. 
Le  duché  deCaf-3  Farnefè. 
tro,  )  Marta. 

C  Borghetto. 


ITÀ 


Le  Ferrarefé. 


Le.  comté  de 

Ronciglione . 


•>  Ronciglii 


fNapoli. 

Capua. 

Sorrento. 

Pozzuolo. 

Gaeta. 

Sefla. 

(La  terre  de 

Calvi. 
Nola. 

Labour, 

Vico. 

Aversa. 

Tiano. 

Fundi. 
Venafro. 

Sur  la  mer 

Mte  Caffin 

de  Tosca- 

ft'qumo. 
^Cuma. 

ne, 

fSalerno. 

lAmalfi. 

LA  PRINCIPAU-  JPolicaftro.' 

Le 

TÉ     ciTERiEU-'Nocera. 

royau- 

RE,                      ^jMinuri. 
JAcerno. 

me  de 

Naples 
a 

[Marfico. 
VCangiano. 

Dans  les    J 

La  PRiNcipau-C  Bonevento. 
TÉ    ULTÉRiEU-^Conza. 

, 

L                               ■' 

RE  ,                       J  Volturara. 

( 

Avellino. 

Entre  la       I 
merdeTos-4 
cane  &  le 
golfe  de 
Tarente, 


NSjSif^LL«AB" 


j  Confenza. 
iL'Amantéa." 

(<LA  Calabre     jBiffignano. 
CITÉRIEURE,    -\Strongoli. 
JCaffano. 
/Roflano. 
(Paula. 

fRefio- 
iS.  Severina,' 
jSquillace. 
'Taverna. 

Tropéa. 

Cantazaro. 

Girace. 

fCirenza. 
Melfi. 
.{Turfi. 

Ferrandina, 
|  Potenza. 
\Stigliano. 


La  Calabre 

ULTÉRIEURE, 


ÇlaI 


rOtrs.,^. 

\E^!e   !es    [';  .      Tarante^ 

1  golfes  de     )  La  terre  d'Otran-  iBrindift. 
I  farente  &ve.  jLeccie. 

[deVemfe,  <GallipoIL 

JCaftro. 

|  Matera. 
\Motola. 

Bari.^ 
Tranl. 
\  Barletta.' 
(La  terre    de  .'Bitetto. 


.S97 


(■ 


Tl^e 


Naples 


-  golfe 
|de  Venife , 


Bari.  Conversano» 

yMinorbino. 
f  Gravina. 
^-Aquaviva. 

fManfredonia. 

|MteS.Angeloi 
La    capitana-,1  Lesma. 
te,  I  Termine. 

1  Ascoli. 

|  Monopoli. 

(.Andria. 

Le  comtat  de  (Molife. 


Molise, 


L'ABRUZE   CI- 
TÉRIEURE, 


.  Bojano. 
(Trivento. 

fCiviradiChieti, 
JLanciano. 
SOrtona  à  Mare.' 
(Solmona. 


ÎAquila. 
CivitadiPenna; 
tampon. 

aus-    CSur   la   ( 

quel-  I  côte   DE^Orbitello». 


leson^TosCA-  ) 
peut    |ne,  V. 

ajoû-  | Dans  l'ifle  ;Por 
ter      (d'Elbe,     c  ne*. 


Longo- 


(Vallée  de  Ma- 


fPalermo: 

Monréale. 
Mazara. 
Girgenti. 
Trapano    del 

Monte. 
Trapano  del 

Valle. 
Caftro  Nuovo.' 
Solanto. 
■C.  à  Mare. 


|&        ça*. 

avile  en       La   VALEÉE  DEjPatta. 

Demona,  SMilazzo. 


trois  VAL- 
LÉES ,  fa- 
voir, 


/Cefaledi; 

waormina; 


Entre  le 


(Siracufa. 
iNoto. 
La  vallée  de)  Vomira* 

NOTO,  ^AuçjUlta. 

I  Calatagirone; 

/Alicata. 

(Terra-Nuova. 

/Lipara. 


royaume  de  fps  isle*    DEJFemWa. 


Naples     &  , . 

l'ifle  de  Si-  Ces  îfles  de 

cile  font 


Lipari  ,  lavoir/  Didimo. 
J°  '  Strongoli, 

Ericuia. 
Uftica. 


59z 


ITA 


Lifte  de 

Sardaigne, 

dont 


fCagliari. 
Villa  d'Igléfia. 
Oriftagni. 
Les  places  les  I  Algeri. 
plus  considé-^  Bofa-Citta. 
RABLES,  font     iSaffari. 

C.  Aragonèfe. 
Toralba. 
(Ute  Réale. 


{Sarda. 
C.  Ranone. 
TerrarNuova; 
Carignano. 
C.  Defen. 
Lode. 
Tortolin. 
C.  de  Chiara, 
Servi. 

S.  Michiele. 
Saroco. 
Peringiano. 
Salori. 
Trancaca. 
Porticovolo. 
Gavino. 
C.  Doria. 
Oscari. 
Orani. 


que  de 
Venife 
a  plu- 
fïeurs 
provin- 


Lej  places  les 
moins  consi-i 

DÉRABLES,  font 


(Milano. 


fLl  MlLANESE.   {{j*^ 

I  Legnano. 
^Bignasco. 


Le  duché 
de  Milan 
comprend 


Le  Lodesan. 


CLodi. 
iCadogno. 


(Cremona. 
Le  Crémone-]  Picighitone. 
SE.  jCafal-Magiore, 

(Soncino. 


Le  Pavesan. 


Pavia. 

Voghera. 
Bobbio. 


LEToRTONESE.{Tortona. 

(Alexandria    de 
À     la  Paglia. 
(  Feliciano. 


L'Alexan- 
drin. 


publi-  {qui  tou- 


La  LAUMELI-  ÇLaumello. 
NE.  (Mortara. 

"««"«'te 

f  Ugonia. 
L'UGOGNESE.    <  Domo  d'Ofulai 
^Devedro. 

ALE  COMESAN.    {g^dona. 

-Venetia. 

(  Torcello. 

(LE  DOGADO.     'Caorla. 

IChiozza. 

<Maeftre. 


/"Treviggio.' 
^  Ceneda. 

Barzano. 

C.  Franco. 

Citta-NuoYa. 


chent  à   la 
mer,  font 


ITA 


Le  Frioul, 


L'Isïris. 


'/Eriuli. 
iUdina. 

lPalma  la  Nuova. 
JConcordia. 

ISolambergo. 
Tolmezo. 
Gemona. 
Marano. 

f  Capo  dlftria.    j 
Citta-Nuova; 
Parenzo. 
Pola. 
Colonne. 


A  l'Orient 
du  lac  de 
Garde,  font 


Celles    qui 
ne  touchent 


Albona. 
Umago. 
Pirano. 
tMaglia. 


fLE  Càdorin.    {PievediCadore; 

Le  BELLUNESE.{Bellune. 

Le  Feltrin.     {Feltre. 

rPadoua. 
Le  PADOUAN.  )Montagnanai 
Joalda. 
(Citadella. 

Le  Polesin  beÇ^S0- 
Rovigo.  ■)Adna; 

ILoredo. 

(Vicenza. 
LeVïC»NTIN.  ^Montechio. 
(Lonigo. 

(Verona. 


LE    VERONESE.^eSCmera- 

liermione. 


JPeschie 
'ISermio: 
(.Garda. 


{  Le  Bressan* 


A  l'Occi- 
dent du  lac 
de  Garde , 
font 


rBrescia. 

ISato. 

{idra. 

/Orci. 

Mféo» 


Le  Cremasc.    {Crema: 


Le  Berga- 
masc. 


fLi  Piémont. 


ÏLe  Pié- 


La  Marche 
La  ré- 1  Dont  celles  Trevisane, 
I 


LesÉ- 

TATS 


,Bergamo. 
I  Martinengo." 
jRomano. 
JSovéro. 
lOlmo. 

(Turin. 

Suze. 

Aft. 

Yvrée. 

Foffan. 

Mondovî. 

Ceve. 

Tende. 

Coni. 

Spigno. 

Chierasco. 

Saviliano. 

Luferne. 

Angrogne. 

Quiers. 

Verue. 

Aveillana. 

Novaleze. 

Chivaflb. 
(Crefentino, 


LeVercelle 

SE, 


CVerceil. 
JBiela. 


ITA 


DU 
DUC 
DE  SA- 
VOYE  , 

fe  divi- 
jfent'  en 


Le  val  d'Aos- CAofio.' 
te.  ^Bard. 

/Sauces. 
Le  Marqui-     jCarmagnoIe." 

SAT    DE    SALU-NCental. 
CES.  /Démonte. 

S.  Damian, 

fNice. 

I  Ville-Franche. 
Le  COMTÉ  de! Barcelonette, 
Nice.  jS.  Efteve. 

S.  Salvador. 
iUtelle. 

Le   comté  DErBeuil. 
Bueil.  i  Gillette. 

Sur  la  côte  de  Gè-c  Oneglia. 
nés.  I  Maro. 


ITA 


Dans  le  Mont- 

FERRAT. 


Livorno.* 
Albe. 


La  ré- 
publi- 
que de 
Gènes    ! 
eft 

compo- 
rte de 


Y   LaSavoïe. 


La  Sa 

VOYE      qui 

Acomprend 


(Chamberi. 
lMontmelian. 
<Yenne. 
/Pont-Beauvoi= 
1    fin. 


LeGenevox,^™^ 

LeChablaxs.^-- 

rCIufe. 
Le   FAUSSIGNlJBonneville. 

\U  Chaftellet. 

La  TARANTAI- .  Monftiers. 
SE.  i  S.  Morice. 

rS.  Jean  de  Mo- 
La  MorienneJ     riennè. 

.(.La  Chambrs. 


(Fiorénza. 
iPiftoia. 

Wall'ombrofa. 

Borgo  di  S.  Se- 
I     pulchro, 
\  t 


Ï99 

Sur    la   côte   de  fPontiemoli. 
Gènes.  (Pietra-Santa. 

Dans  l'ifle  d'El-CP.  Ferrato    & 
°e-  \     CosmopolU 


(Gènes. 
Savona. 
Noli. 
Albengue; 

IVintimiglia; 
Zucarello. 
Feltri. 
Gavi. 
DE  GÈNES.]  . 

I  (Ripallo. 

ISeftri. 

jCôte  du  Levant Aarzam. 


'  Vene 
.'agna. 


(Sur  la  côte . 


L'ISLE    DE 

Corse 


rBaftia. 
j  Calvi. 

^Adiazzo; 
/Bonifacio. 
^S,  tiorenzo; 


Les 

états 
des 

ducs  de 
Man- 
toue, 


\Dans  les  terres,  jC°rte-. 
v  ^Monani. 

(Mantoua. 

ILE   duché    DEJOftiglia. 
Mantoue.          \  Borgoforte; 
CCànello. 

TOUE.  )  (Cafal. 

/Le   duché   DclAqui". 
/Montferrat.  )Nizza  délia  Pa- 
V.  C     glia. 


a  diverses 
branches  de 
la   maifon 
de  Man- 
toue, 


(Bozolo. 
Guastalla. 


Castiglione, 

SOLFARA. 

(NoVELLARA. 


{Bozolo. 

{Guaftalla. 

ÇCaftiglione 
(.     délie  Stivere; 

{Solfarin. 

{Novellara, 


Les    états    du 

grand  duc  de 
Toscane  ,  com- 
prennent 


Le  Florentine 


Le  Pisan. 


Le  Sienois. 


Arrezzo. 

Cortona. 

M.  Pulciano. 

Serravalle. 

Barberino. 

Dicomano. 

^Camalduli, 

Pifa. 
Livorno. 
Volterra. 
Colle. 

IOrciano. 
Vada. 
Leftignano. 
S,  Miniato. 


fSi( 


Modena. 
(Le    DUCHÉ     DE    9W\ 


Les  états  du  duc 
de  modène, 


IMODÈNE. 


Les  états  du  duc 
de  Parme. 


Safluolo. 

/  Carfagna. 
j  Frignano. 

/Le  duché  deJ^0: 

[regg-    .fer 

IParma. 
Borgo  S.  Dohi- 
Borgo  di  Val  de 
I  Parme.  ^    Taro. 

Bardi. 


I  Mufla. 
Gro 


/  Roflena. 
l^Fornovo. 


ofletto. 
Pitigliano. 
Suana. 
Chiufi. 

Pienza. 
■M"  Alcino, 


(Piacenza. 
Le  duché    de  Je.  S.  GioVarii, 
^Plaisance.       )PteNura. 
\  Nibiano. 


(Le  duché    de 
Les  états  du  duc  ]Massa. 
de  Massa, 


/La  principau- 
té deCarrare. 


MalL. 


!  Carrara» 


6oo 


ITA 


ITA 


LES  ÉTATS  DU  DUC  fLE   DUCHÉ    DE  f 

DE      LA     MIRAN--CLA  MiRAN-      < Mirandola. 

DOLE,  (DOLE,  C 

L'ÉTAT      DU     DUC  r  LE    DUCHÉ    DEfSab: 

DE  SABIONETTE  ,  lSABlONNETTE,i3aD10neta' 

(Luca, 


'  f  Trente." 

L'ÉTAT  DE   L'ÉVÊQUE  DE  TRENTE  ,  -i  Bolfano. 

(Revereïdo. 


Monaco.     {Monaco. 


Etats  des  prin- 
ces de 


PlOMBlNO.  % 


Piombino. 


La  république  de  Luques, 


<  Borgo  à  Mozzano. 
(Municiano. 


I  Porto-Longcîae.' 
MASSERAN.  {Mafferan. 


Je  finirai  cet  article  par  quelques  remarques  générales , 
renvoyant  aux  articles  particuliers  les  détails  qui  les 
concernent.  L'air  eft  généralement  fain  &  pur  dans  l'I- 
talie ;  Se  on  peut  en  regarder  la  plus  grande  partie , 
comme  un  jardin ,  où  l'on  trouve  ce  qui  eft  néceffaire 
pour  la  vie ,  Se  tout  ce  qui  peut  la  rendre  délicieufe.  Vous 
ne  voyez  presque  qu'une  alternative  de  plaines  ou  de 
collines,  toujours  cultivées,  ou  couvertes  de  bois  ,  de 
forêts  ,  de  vallées  &  de  prairies  émaillées  de  mille  fleurs. 
Les  beftiaux,  les  bêtes  fauves,  le  gibier  ;  rien  n'y  man- 
que ;  bleds ,  vins ,  huiles ,  lins ,  chanvres ,  laines ,  her- 
bages ,  légumes  ,  fruits  ;  tout  y  eft  exquis.  Quoique 
toutes  les  contrées  de  l'Italie  produifent  affez  de  fro- 
ment ,  la  Pouille  ,  la  côte  de  Tofcane ,  la  Romagne  , 
la  Lombardie  ,  Se  la  Marche  Trévifane  en  recueillent 
bien  au-delà  de  leurs  befoins ,  Se  en  peuvent  fournir  à 
leurs  voifins.  On  y  fait  des  vins  de  plufieurs  fortes.  Il  y 
en  a  qui  ont  de  la  force  comme  les  Chiarelli  ,  les  vins 
Grecs  ,  le  Lacryma  Se  autres  vins  du  royaume  de  Na- 
ples ,  les  mufcats  de  Monte-Fiascone  Se  autres  lieux. 
On  peut  appeller  bons  vins  ceux  de  la  rivière  de  Gènes  , 
de  Montferrat ,  du  Frioul ,  du  Vicentein  ,  Se  du  Bolo- 
gnêfe  ;  les  environs  du  Lac  de  Garde  ,  le  milieu  du 
royaume  de  Naples  ,  qui  s'étend  depuis  Gaëte  jufqu'à 
Reggio  dans  la  Calabre  ,  font  des  lieux  d'une  beauté 
extrême  :  il  y  règne  un  éternel  printems  ;  on  y  voit  une 
lî  grande  quantité  de  citrons  ,  de  Jimons  ,  Se  d'oranges , 
que  l'Italie  en  abonde  toute  l'année:  la  rivière  de  Gènes, 
la  Tofcane  ,  la  Pouille  ,  la  terre  d'Otrante  ,  font  char- 
gées d'oliviers.  Le  miel  ,  la  cire ,  le  fucre  ,  le  fafran , 
&  les  aromates  de  plufieurs  fortes  fe  trouvent  au 
royaume  de  Naples,  où  Ton  recueille  auffi  de  la  manne. 
La  Calabre  fournit  de  la  foie  ,  auffi  -  bien  que  la  Tof- 
cane ,  la  Lombardie  ,  la  Marche  Trévifane ,  le  Bolo- 
gnèfe  Se  autres  lieux  voifins.  L'Italie  ne  manque  point 
de  bois  à  brûler  ,  ni  de  bois  à  bâtir  des  maifons  ,  des 
navires  ,  des  galères  ,  Sec.  Il  s'y  trouve  des  carrières 
d'où  l'on  tire  des  pierres ,  des  marbres  ;  il  y  en  a  d'albâ- 
tre dans  le  terrjjoire  de  Volterra  Se  dans  le  Breffan  ;  de 
marbres  blancs ,  dans  la  Lunigiane  ;  de  pierres  de  taille , 
à  Tivoli.  Toutes  les  montagnes  de  l'Italie  ont  des  pier- 
res fines  Se  même  précieufes ,  comme  de  agathes  ,  cal- 
cédoines ,  des  fardoines  ,  des  cornalines  ,  des  cryftaux. 
Ses  mers  ont  du  corail.  Les  Alpes  ,  l'Apennin  Se  autres 
montagnes  ont  des  mines.  La  Calabre  en  a  d'or  Se  d'ar- 
gent ,  de  même  que  la  Tofcane.  Celles  de  fer  fe  trouvent 
dans  le  Breffan  ,  le  Bellunèfe  ,  le  Cadorin  Se  autres 
lieux  de  l'état  de  Venife  ;  dans  le  Montferrat ,  l'état  de 
Gènes ,  dans  l'ifle  d'Elbe  &  ailleurs.  On  tire  du  vif-ar- 
gent dans  le  Frioul.  Le  pays  de  Volterra  abonde  en  vi- 
triol ,  alun  Se  autres  minéraux.  On  en  trouve  auffi  dans 
l'état  de  l'églife,  Se  au  royaume  de  Naples. 

L'Italie  eft  arrofée  d'un  grand  nombre  de  rivières.  Les 
principales  font  le  Pô  qui  en  reçoit  un  très -grand  nom- 
bre ,  l'Adige,  l'Adda  ,  le  Téfm  ,  l'Ame  ,  le  Tibre ,  la 
Trebia ,  le  Taro  ,  le  Reno  ,  le  Gariglian  ,  le  Volturne, 
le  Silaro  ,  l'Oftante  ,  Sec.  Le  nombre  des  ruiffeaux ,  qui 
la  baignent  ,eftimmenfe.  Les  eaux  minérales  Se  les  bains 
y  font  très-communs  ,  fur-tout  au  royaume  de  Naples. 
Entre  fes  lacs  on  en  compte  quinze  ou  feize  princi- 
paux, 


De  Corne, 
D'Iféo, 
Lugano , 
De  Garda, 
De  Perugia 
Vulfin , 
Bracsiano , 


De  Bolfena. 


Fucin , 

De  Fundi, 

DeCaftel-Gandolfe, 

De  Celano, 

D'Andore  , 

De  Varun  , 

De  Lefina, 


Il  n'y  a  gèures  Se  pays  au  monde  où  il  y  ait  tant  de 
villes  magnifiques  Se  bien  bâties.  Les  principales  ont 
une  épithéte  qui  marque  leur  qualité  la  plus  remarquable. 
On  dit,  par  une  efpece  de  proverbe  : 

Rome-la-Sainte,  Ravenne-l'Ancienne , 

Naples-la-Noble,  Padoue-la-Dofte , 

Florence-la-Belle  ,  Bologne-la-Graffe  , 

Venife-la-Riche ,  Livourne-la-Marchaade  J 

Gènes-la-Superbe ,         Vérone-la-Charmante  , 
Milan-la-Grande  ,  Luques-la- Jolie , 

Se  Cafal-la-Forte. 
L'Italie  fut  éclairée  de  bonne  heure  des  lumières  de 
l'évangile  que  les  Apôtres  S.  Pierre  rk  S.  Paul  y  portè- 
rent. L'un  rk  l'autre  y  fcellerent  de  leur  fang  leur  con- 
feflïon  ;  S.  Pierre  y  fonda  le  premier  fiége  de  l'églife  en 
dignité  Se  autorité.  L'Italie  tire  à  préfent  de  la  religion 
dont  elle  pofléde  la  capitale  ,  le  même  luftre  qu'elle  re- 
cevoit  de  l'Empire  ,  lorfque  fes  empereurs  voyoient  le 
monde  entier  fournis  à  leurs  loix.  La  religion  Catholi- 
que ,  Apoftolique  rk  Romaine  eft  la  feule  religion  chré- 
tienne qu'il  foit  permis  d'exercer  en  Italie  ;  Se  l'inquifi- 
tion  veille,  pour  que  les  fentimens  des  Proteftansn'y  ayent 
point  entrée.  Quoiqu'on  leur  permette  d'/  voyager  Se 
d'y  faire  quelque  féjour,  foit  pour  leur  pla.fir  ,  foit  pour 
leurs  affaires,  elle  leur  interdit  l'exercice  de  leur  religion, 
l'entrée  de  leurs  livres ,  Se  leur  défend  de  dogmatifer. 
Elle  fouffre  néanmoins  les  Juifs ,  perfuadée  qu'il  ne  leur 
eft  pas  fi  aifé  qu'aux  Proteftans  de  faire  des  profélytes. 
Rien  n'eft  plus  fuperbe  ni  plus  riche  que  les  églifes  Se 
les  monafteres.  Les  évêchés  y  font  en  grand  nombre.  On 
en  peut  voir  la  lifte  au  mot  Archevêché. 

La  langue  Italienne  eft  une  de  celles  qui  fe  font  for- 
mées de  la  latine.  Cette  dernière  langue  qui  avoit  été 
d'abord  particulière  aux  habitans  du  Latium ,  s'étendit 
avec  leurs  conquêtes ,  Se  devint  la  langue  de  tout  l'uni- 
vers. Mais  elle  éprouva  les  mêmes  viciffitudes  que  l'Em- 
pire. Après  s'être  répandue  chez  toutes  les  nations  fou- 
mifes  à  la  puiffance  Romaine  ,  elle  fut  corrompue  par  le 
mélange  des  langues  que  parloient  les  peuples  Barbares 
qui  inondèrent  l'Italie  en  divers  tems.  De  ce  mélange  il 
fe  forma  une  nouvelle  langue  ,  qui  ayant  été  cultivée 
par  des  hommes  pleins  d'efprit  ,  eft  devenue  une  des 
plus  belles  de  l'Europe.  Elle  a  beaucoup  de  douceur ,  de 
délicateffe  Se  d'énergie,  Se  eft  très-propre  pour  le  chant. 
L'Italien  le  plus  pur  eft  le  Tofcan  ;  mais  cela  ne  doit 
s'entendre  que  du  ftyle  ,  du  choix  ,  Se  de  l'arangement 
des  expreffions  ;  car  la  prononciation  Tofcane  n'eft  pas 
fi  belle  que  la  prononciation  que  l'on  a  à  Rome  ;  aufll 
dit-on  proverbialement ,  que  la  langue  Tofcane  eft  char- 
mante dans  une  bouche  Romaine. 

Le  climat  de  l'Italie  contribue  extrêmement  au  carac- 
tère d'efprit  de  fes  habitans  :  ils  font,  à  parler  en  géné- 
ral ,  polis ,  prudents  ,  fpirituels ,  fobres  ;  leur  efprit  eft 
naturellement  tourné  à  la  politique ,  Se  les  cours  d'Italie 
font  une  excellente  école  pour  les  négociateurs.  Ils  ont 
communément  affez  de  difpofition  à  ce  que  nous  appel- 
Ions  bel-e(prit  ;  Se  quoiqu'on  ait  reproché  à  quelques- 
uns  qu'ils  tombent  dans  un  excès  vicieux  par  le  raffine- 
ment ,  il  y  en  a  eu  beaucoup  qui  fe  font  garantis  de  ce 
défaut.  L'ancienne  Italie  a  produit  de  grands  hommes  qui 
ont  été  Se  font  encore  les  plus  parfaits  modèles  du  genre 
d'écrire  qu'ils  avoient  choifis  ;  Tite-Live  ,  pour  l'hif- 
toire;  Ciceron,  pourl'élequence;  Virgile,  pour  le  poëme 
épique;  Horace,  pour  le  lyrique  Se  la  fatyre  ;  Ovide, 
Tibulle  Se  Properce  ,  pour  l'élégie  ,  Se  quelques  autres 
font  des  modèles  qu'on  n'a  point  encore  égalés. 

C'eft  à  l'Italie  que  nous  devons  la  renaiffance  des 
lettres  en  Europe  où  plufieurs  fiécles  de  Barbarie  les 
avoient  fait  presque  entièrement  oublier.  Quelques  Grecs 

qui 


ITÀ 


ITE 


60  l 


qui  s'y  réfugièrent  après  la  perte  de  Conftantinopîe ,  y 
portèrent  avec  eux  le  goût  de  l'antiquité  que  les  Italiens 
reprirent  avec  vigueur;  &  c'eft  de-là  qu'il  s 'eft  répandu 
dans  les  pays  feptentrionaux.  Les  Italiens  font  très-capa- 
bles des  fciences  les  plus  abftraites ,  quand  ils  font  tant 
que  de  s'y  appliquer.  Cafîini  a  pouffé  l'aftronomie  auffi 
loin  qu'il  étoit  poffible  ;  l'architecture  &  les  arts  qui  y 
ont  un  grand  rapport ,  comme  la  peinture  ,  la  ftatuaire , 
lafculpture,  &c.  nous  font  venues  d'Italie  ;  &  les  Ita- 
liens qui  embraffent  l'art  militaire  ,  deviennent  affez  fou- 
vent  de  grands  capitaines  ,  dignes  d'être  comptés  avec 
les  héros  de  l'ancienne  Rome.  La  poëfie  &  la  mufique 
y  font  cultivées  avec  fuccès. 

Mais  on  impute  à  cette  nation  plufieurs  défauts;  il  n'y 
a  point  de  peuple  qui  n'ait  les  liens.  On  accufe  les  Ita- 
liens d'être  foupçonneux ,  vindicatifs ,  diflimulés,  fur-tout 
dans  leur  haine,  afin  de  mieux  affurer  leur  vengeance.  Ils 
pardonnent  rarement,  &  ne  font  point  difficulté  d'abu- 
fer  des  chofes  facrées  pour  arriver  à  leurs  fins ,  &  trom- 
per leurs  ennemis.  Ils  font  fort  jaloux  de  leurs  femmes, 
qui  font  bien  faites,  vives,  fpirituelles  ;  &T.  ils  leur  don- 
nent peu  de  liberté. 

ITALIOTjE  ;  on  appelloit  ainfi  les  étrangers  qui 
etoient  venus  s'établir  en  Italie  ,  comme  les  Grecs ,  qui 
s'y  formèrent  une  nouvelle  Grèce  ;  &  par  ce  nom  on 
les  diftinguoit  des  Italiens  originaires  du  pays  même. 
C'eft  ce  que  dit  un  hiftorien  de  Tarente.  C'eft  ainfi  , 
pourfuit-il ,  que  les  Siciliota  Se  les  Phthiotœ.  étoient  dif- 
férens  des  Sicules  &  des  Phthiens.  *  Ortel.  Thef.  Joan. 
Juvenis ,  in  Hift.  Tarent. 

ITALIUM,  'ImAftï,  lieu  particulier  d'Italie.  Diodore 
de  Sicile ,  /.  2.0  ,  dit  que  les  Samnites  y  perdirent  une 
bataille  conire  les  Romains. 

ITAMARI  ;  Jornandes ,  de  Reb.  Gaie.  c.  13  ,  nomme 
ainfi  une  des  nations  qui  furent  vaincues  par  les  Huns.  Il 
nomme  de  fuite  les  Alip{ures  ,  les  Alcid^ures ,  les  Ita- 
mares ,  les  Tuner ft'es,  les  Boifees.  C'étoient  des  Scythes 
voifins  des  Alains. 

ITAMUS,  port  de  l'Arabie  heureufe  ,  félon  Ptolo- 
mée  ,  /.  6  ,  c.  7.  Il  étoit  fur  la  côte  orientale  ,  dans  le 
golfe  Perfique ,  au  pays  des  Léeanites. 

ITANCESTER,  ou  Ithancester  ,  ancienne  ville 
d'Angleterre,  au  comté  d'Eflex.  Cafnbden, Britann.  qui 
en  fan  mention  ,  croit  que  ç 'avoit  été  la  ville  d'Othona, 
où  les  Notices  de  l'Empire ,  Jid.  si  ,  mettent  un  com- 
mandant &  une  garnifon  ,  Prapofuus  numeri  Forten- 
Jlun.  Othona.  Cette  Othona  étoit  du  dépattement  du 
comte  qui  commandoit  le  rivage  Saxon  dans  la  Bre- 
tagne. Baudrand  dit  T.anchefter ,  Itancheftria  ,  Othonia, 
ad  AnJ'ani  .  village  d'Angleere  ,  au  comté  d'Effex,  fur 
un  petit  golfe ,  à  demi-lieue  de  Maldon,  à  l'orient:  c'é- 
toit  anciennement  une  petite  ville  des  Trinobantes. 
Othonia  &  ad  An / 'am  ne  fe  trouvent  point  enfemble  dans 
les  anciens  ,  comme  s'ils  fignifioient  un  même  lieu.  La 
Noticede  l'Empire,  qui  nomme  Othona,  ne  dit  rien  des 
Trinobantes  ;  &  Ptolomée  ,  /.  1 ,  c.  3  ,  qui  nomme  ce 
peuple,  ne  dit  rien  d'Othona. 

ITANI  ,  ancien  peuple  d'Efpagne  ,  félon  quelques 
éditions  de  Pline ,  /.  3  ,  c.  3  ,  dans  lesquelles  on  lit  Au- 
Jetani,  lia  ni ,  Lacetani ,  comme  trois  peuples  différens. 
Le  P.  Hardouin  efface  le  nom  d'Itani ,  &  croit  qu'il  eft 
venu  de  la  répétition  des  dernières  fyllabes  du  nom  pré- 
cèdent. Ce  nom  ne  fe  trouve  point  ailleurs. 

ITANUM  promontorium  ,  cap.  de  l'ifle  de 
Crète.  Le  P.  Hardouin  dit  que  c'eft  le  cap  oriental  de 
Candie,  où  la  côte  commence  à  tourner  vers  le  midi, 
&  que  les  mariniers  appellent  Çapo-Zacro.  Il  eft  certain 
que  ce  promontoire  avoit  auffi  une  petite  ville  nommée 
Itanus  ,  dont  Ptolomée  fait  mention  ;  mais  cette  ville 
ne  fauroit  être  Paleo-Castro  ,  près  de  Candie  ;  car 
Candie  Se  Paleo-Caftro  font  vers  le  milieu  de  la  côte 
feptentrionale  de  l'ifle ,  au  lieu  que  le  promontoite  Ita- 
num  &  la  ville  Itanus  doivent  être  au  levant  de  cette 
même  côte.  Cette  ville  Itanus  eft  nommée  comme  fiége 
d'un  évêché  dans  la  Notice  de  Hieroclès. 
ITANUS.  Voyez  l'article  précèdent. 
ITAPARE ,  cap  de  l'ifle  de  Madagafcar  ,  avec  une 
grande  anfe  de  ce  même  nom ,  ainfi  appellée  d'une  ri- 
vière ,  qui  entre  là  dans  la  mer.  Cette  anse  eft  bonne 
pour  des  navires  6c  des  barques  qui  y  mouillent  com- 


modément ;  mais  l'entrée  en  eft  dangereufe  à  caùfe  des 
roches  qui  font  fous  l'eau.  Il  y  a  un  iflet  que  l'on 
nomme  Sainte-Claire  ,  à  l'abri  duquel  on  lé  met.  La  ri- 
vière qui  eft  à  la  hauteur  de  2<j  d.  à  l'extrémité  de 
l'anse  ,  vient  des  montagnes  prochaines  ;  ck  une*cha- 
loupe  y  peut  entrer.  L'anse  d'Itapare  fe  nomme  auffi 
l'ANSE  DE  Loucar.  *  Flacourt,  Hift.  de  Madagascar, 
c  2 ,  p.  7. 

ITAPUA,  ou  Istapua,  petit  port  de  l'Amérique 
méridionale  fur  le  Parara  ,  à  foixante  feues  de  l'Affom- 
ption  du  Paraguai.  Ce  port  eft  formé  par  un  marais  qui 
fe  déchargé  dans  le  Parana.  *  Hift.  du  Paraguai. 

ITAPUAMA  ,  petite  contrée  de  PAmériqi.e  méridio- 
nale ,  au  Bréfil  ,  dans  la  capitainerie  de  Seregippe. 
*  Baudrand,  éd.  1705. 

ELARGIS,  Scaliger  a  fait  voir  que  ce  mot  qui  fe 
lifoit  ainfi  dans  Ovide  ,  doit  fe  lire  Iturgis.  Voyez  Vl- 
SURGIS.  *  OrteÇ.  Thefaur. 

1.  ITATA,  rivière  de  l'Amérique  méridionale  ,  au 
Chili.  Elle  a  fon  embouchure  fous  le  36  d.  de  latitude, 
ou  environ.  De  l'ifle  écrit  Ytata.  Voyez  Ytata. 

2.  ITATA  ,  montagne  d'Afrique  ,  en  Barbarie  :  elle 
eft  confidérable  ,  vers  le  royaume  de  Maroc  ,  &  fait 
partie  du  mont  Atlas ,  félon  G.  Mouette  cité  par  Bau- 
drand ,  édit.  1705. 

ITATINES  ,  peuple  de  l'Amérique  méridionale  dans 
la  province  de  Paraguai  ,  mais  qui  n'eft  point  réuni, 
les  uns  étant  établis  à  l'occident ,  &  les  autres  au  nord- 
eft  du  Paraguai ,  affez  près  de  l'ancienne  ville  de  Xérès. 
Ces  Indiens  ont  été  tantôt  alliés ,  &  tantôt  ennemis  des 
Efpagnols.  Aujourd'hui  cette  nation  eft  confondue  avec 
les  habitans  du  Parana.  On  eftimoit  beaucoup  certaines 
boules  que  les  Itatines  faifoient  d'une  gomme  qui  dé- 
couloif  d'un  arbre  qu'on  ne  nomme  point.  Ce  qui  les 
rendoit  précieui'es  ,  c'eft  qu'étant  grillées  ,  elles  étoient 
un  remède  fouverain  contre  la  dyffenterie.  *  Hift.  du 
Paraguai. 

ITCHMAS-ALAGHEUL  ,  plaine  d'Afie  ,  dans  la 
Tartane  .  au  pays  de  Gété  ,  près  du  fleuve  Irtifch.  Il  y 
a  dans  cette  plaine  un  lac  falé.  *  Hift.  de  Timur-Bec  3 

'  IfCHNA  -BOUTCHNA  ,  bourg  d'Afie  ,  dans  la 
Tartarie  ,  au  Turqueftan  ;  les  géographes  Orientaux  lui 
donnent  107   d.  de  longiiucle  ,   &c  47  d.  de  latitude. 

ÎTEA  ;  Etienne  nomme  ainfi  un  peuple  de  l'Acaman- 
tide  ,  dans  la  grande  Phrygie.  Ortélius  ajoute  :  il  femble 
que  ce  (bit  le  village  de  Soguta  ;  car  ,  dit-il ,  cet  auteur 
met  le  village  de  Soguta  auprès  de  la  Myfie  qui  confi- 
noità  là  Phrygie,  à  deux  cents  quarante ftades  du  Pont- 
Èuxin  ,  &  dit  qu'il  abondoit  en  toutes  fortes  de  biens  : 
c'eft  de-là,  pourfuit-il,  que  la  famille  des  Ottomans  tire 
fon  origine  ;  &£  on  peut  l'appeller  le  village  hea.  Ce 
n'eft  qu'une  conjecture  de  Laonic. 

ITEMESTI,  nation  paifible  qui  habitoit  près  de  la 
mer  ,  vêts  l'embouchure  de  la  Wiftule  ,  félon  Jornan- 
des ,  de  Reb.  Getic.  c.  ç\  Il  dit  que  le  pays  où  font  les 
trois  bouches  de  la  Wiftule  ,  étoit  occupé  par  les  Vi- 
dioariens ,  gens  ramafîés  de  diverfes  nations  ;  qu'après 
eux,  le  long  du  rivage  de  la  mer ,  h.ibiroient  les  Itemef- 
tes  ,  peuple  pacifique  ,  qui  avoit  au  midi  les  Aaazzires  , 
peuple  courageux  ,  qui  ne  connoiffoit  pas  l'agriculture, 
&  qui  tiroit  fa  nourriture  de  its  beftiaux  &  de  là  chaffe. 

Les  noms  de  ces  peuples  ont  difparu  depuis  long- 
tems. 

ITENSÎS  ,  fiége  épifcopal ,  dans1  a  Mauritanie  Céfa- 
rienfe  ,  félon  la  Notice  épil'copale  d'Afrique.  Ortélius 
doute  fi  ce  fiége  ne  feroit  pas  le  même  que  le  fiége 
nommé  ailleurs  Idérifts.  Il  n'auroit  pas  fait  cette  quef- 
tion  ,  s'il  avoit  vu  la  Notice  que  je  viens  de  citer.  Il  y 
auroit  vu  qu'outre  le  fiége  Itenfis ,  il  y  en  avoit  deux 
autres  nommés  également  Idenjîs.  La  preuve  en  eft 
claire  ;  car  cette  Notice  nomme  les  prélats  qui  occu- 
poient  ces  trois  fiéges ,  favoir , 

N.  {,  Lucius  Itenfis. 

14,  Subitanus   Idenjîs. 
&  16,  Felicianus  Idenfts. 

Tous  trois  étoient  de  la  même  Mauritanie. 
1TESUI  :  on  trouve  ce  nom  comme  étant  celui  d'urç 
Terne  III,    Gggg 


60  2 


ITH 


peuple  de  l'ancienne  Gaule  ,  dans  les  anciennes  édi- 
tions de  Pline,  L  4,  c.  18.  Dalechamp  vouloit  qu  on 
lût  Atfsui  ,  &  le  P.  Hardouin  dit  avoit  trouve  Atejui 
généralement  dans  tous  les  manufcrits.  Mais,  ajcûte-il, 
comme  je  ne  trouve  nulle  part  ailleurs  ni  Atefui  ni 
Itefui ,  je  ne  les  approuve  ni  l'un  ni  l'autre.  Il  voudroit 
chan°er  ce  mot  en  celui  d'Item. 
ITHABIRIUS.  Voyez  Thabor.  .    ,  , 

ITHAQUE  ,  ifle  de  Grèce  ,  fameufe  pour  avoir  ete 
la  patrie  d'Ulyffe.  Elle  étoit  voifine  de  Dulichium.  Pto- 
lomée  dit  qu'il  y  avoit  une  ville  de  même  nom  ,  &C 
Scylax  dit  qu'il  y  avoit  une  ville  &  un  port.  Homère 
dans  fon  Odyffée,  /.  1  ,  V.  81  ,  nous  apprend  que  la 
ville  étoit  au  pied  d'une  montagne  nommée  Neïus 
mons  ;  le  mont  Neritus  étoit  auffi  fameux  dans  la  même 
ifle.  Le  même  poëte  dit  :  j'habite  la  fameufe  ifle  d'Itha- 
que dans  laquelle  eft  le  mont  Nérite  ombragé  d'arbres. 
Euftathe  expliquant  ce  paffage  dit  que  Neïus  tk  Nentus 
font  deux  noms  de  la  même  montagne  ;  mais ,  comme  le 
dit  Cellarius  ,  il  vaut  mieux  les  diftinguer.  Strabon , 
/.  10  ,  laiffe  la  cfcofe  douteufe.  Il  eft  ,  dit-il ,  incertain  fi , 
par  le  nom  de  Nérite,  il  n'entend  pas  le  mont  Nems  ,  ou 
quelqu'autre  montagne  ou  lieu.  Mêla  ,  /.  2  ,  c.  7 ,  croît 
que  Nentus  eft  une  ifle  différente  de  celle  dltnaque. 
Dans  la  mer  Ionienne ,  dit-il ,  font  Proté ,  Hyna  ,  Cé- 
phalonie,  Neritos,  Safné,  Zacynthos  ,  Dulichium  ;  & 
entre  les  ifles  qui  ont  quelque  réputation ,  on  peut  com- 
pter Ithaque  connue  à  caufe  d'Ulyffe.  Il  femble  que 
Virgile,  Alneid.  I.  3 ,  p.  271  ,  l'ait  autonfe  a  faire  de 
Neritus  une  ifle  à  part  dans  ce  vers. 

Dullchiumque  Sameque  ,  &  Neritos  ardtiafaxis. 

Mais  comme  Mêla  diftingue  Same  de  Céphalonie  , 
quoique  Homère  n'en  faffe  qu'une  ifle  ,  &  Hyria  de 
Zacynthe,  quoique,  félon  Pline  ,  ce  foit  la  même  ifle, 
il  fe  peut  bien  qu'il  fe  foit  trompé.  Le  confentement  de 
tous  les  autres  auteurs  doit  l'emporter  fur  fon  autorité. 
Servius  expliquant  ce  vers  de  Virgile  ,  dit  que  Neritos 
eft  une  montagne  d'Ithaque  ;  &  Strabon  expliquant  le 
139e  vers  du  2  e  livre  de  l'Iliade  dit  :  il  eft  manffefte  que 
c'eft  une  montagne  dont  parle  Homère  ,  par  l'épithéte 
qu'il  y  joint  ;  &  d'ailleurs  il  l'appelle  ailleurs  bienex- 
preffément  une  montagne.  Pline ,  /.  4,  c.  12 ,  dit  :  à  xv 
M.  p.  de  Céphalonie  eft  Ithaque  où  eft  le  mont  Nen- 
tus :  elle  a  xxv  mille  pas  de  circuit  ;  vis-à-vis  de  cette 
ifle  vers  la  mer  font  Afteris  &  Proté.  On  voit  que 
cette  Proté  eft  la  même  qui  eft  nommée  dans  le  paffage 
de  Mêla  cité  ci-deffus.  A  l'égard  du  circuit ,  il  ne  s'ac- 
corde nullement  avec  Strabon  qui  ne  le  fait  que  de  LXXX 
ftades ,  c'eft-à-dire  de  dix  milles.  Les  modernes  ne  con- 
viennent pas  du  nom  moderne  de  cette  ifle.  Voici 
quelques  fentimens  qu'Ortélius  a  recueillis  :  Sophien  &c 
d'autres  la  nomment  Valle  di  Compare  ;  Porcacci 
Fappelle  THEACHI.  Leunclavedit  que  les  Turcs ,1a  nom- 
ment PhiACHi.  Denis  d'Alexandrie  dit  Néricie. 
Baudrand  rapporte  ces  fentimens  autrement  :  félon  lui, 
ce  font  les  Italiens  qui  la  nomment  Val  di  Compare , 
au  rapport  de  Sophien  ;  les  Grecs  Thiachi  ;Jk  les  Turcs 
Phiachi  ,  au  rapport  de  Leunclave.  Il  ajoute  :  d'autres 
croient  que  c'eft  Iataco  ,  petite  ifle  déferre,  qui  a  en- 
viron huit  milles  de  circuit.  Spon  qui  a  vifité  ces  ifles  , 
parlant  de  celle  de  Thiaki ,  dit  que  c'eft  Dulichium  ,  & 
qu'Ithaque  eft  un  autre  écueil  éloigné  de  fept  ou  huit 
milles  de-là  ,  appelle  encore  Jathaco  ,  qui  eft  bien 
plus  petit  que  Thiaki.  Voyez  l'article  Dulichium  ,  où  ce 
paffage  eft  rapporté.  De  l'Ifle  ,  dans  {es  Cartes  de  la 
Grèce  ancienne  &  de  la  moderne  ,  s'eft  conformé  à  la 
penfée  de  Spon  ,  &C  met  Téaki  entre  Ithaque  (  Jotaco  ) 
&  Céphalonie.  Cela  eft  très-conforme  à  la  faine  géo- 
graphie ,  comme  je  le  prouve  au  mot  Theachi. 

1THACESLE ,  petites  ifles  d'Italie  ,  félon  Pline , 
/.  3  ,  c.  7  ,  qui  les  place  à  l'oppofite  de  Vibo.  Solin  & 
Marcien  d'Heraclée  en  ont  auffi  fait  mention.  Ce  font 
préfentement  trois  écueils  nommés  Toricella  ,  Praca  , 
&  Brace  ;  au  rapport  de  Barri ,  ces  écueils  font  auprès 
de  Mome-Léone  ,  dans  la  Calabre  ultérieure. 

ITHAGURI.  Voyez  Ethaguri. 

ITHAGURUS  ,  ouIsagurus  ,  ville  de  l'Inde  ,  en- 
deçà  du  Gange ,  félon  Ptolomée. 


ÏTO 

ITHAR. ,  ville  de  l'Arabie  heureufe  ;  félon  Ptolomée, 
/.  6 ,  c.  7  ;  il  la  donne  au  peuple  Themi. 

ITHOME,  ville  du  Peloponnèfe,  dans  la  Meffénie. 
Strabon,  A  8,  npen  fait  qu'une  fortereffe,  qui  fervoit  de 
citadelle  à  la  ville  de  Meffene,  comme  l'Acrocorinthe 
à  la  ville  de  Corinthe.  D'autres  en  font  une  ville  fepa- 
rée  &  indépendante-  ,  &  la  décrivent  fur  ce  pied-là. 
Pline  dit  :  au  dedans  font  Meffene ,  Ithome  ,  GÊchalie. 
Elle  étoit  fituée  fur  une  montagne  ;  car  Paufanias  rap- 
porte que  les  habitans  de  l'intérieur  de  la  Meffénie ,  fe 
trouvant  les  plus  foibles  dans  la  guerre  de  Lacédémone, 
abandonnèrent  les  autres  petites  villes,  &  fe  réfugiè- 
rent fur  le  mont  Ithome  ,  fur  lequel  il  y  avoit  une  très- 
petite  ville  dont  ils  aggrandirent  l'enceinte  ,  &  en  firent 
une  place  capable  de  les  défendre  tous.  Avec  le  rems ,  on 
bâtit  Meffene  au  pied  de  la  montagne  ,  &  on  la  joi- 
gnit enfin  à  Ithome  par  un  mur.  Jupiter  y  avoit  un  culte 
particulier,  qui  lui  fît  donner  le  nom  de  Z'.vs  l^up.^at  , 
Jupiter  Ithomate;  &  la  fête  que  l'on  célébroit ,  à  fon 
honneur  ,  s'appelloit  Eo§]ii  Idaiiaia.  ,  la  fête  Ithomée. 
*Cellar.  Géogr.  ant.  . 

ITHON,  ville  ancienne  de  Grèce,  dans  la  Theffalie, 
félon  Héfyche.  Ortélius  croit  que  c'eft  une  faute,  St 
qu'il  faut  lire  Iton.  Voyez  Itona  5. 

ITI  Arx  :  Léandre  guidé  par  Annius  dans  (es  Com- 
mentaires fur  Caton  ,  croit  que  cet  ancien  a  nommé 
ainfi  Falere ,  ville  des  Falisques. 

ITINA,fiege  épiscopal  d'Afrique.  Voyez UtîNENSIS. 

ITIUS  Portus.  Voyez  Icius  Portus. 

ÏTOMAMPO  ,  petite  contrée  d'Afrique ,  dans  l'ifle 
de  Madagascar.  Elle  prend  le  nom  d'une  rivière  qui  des- 
cend des  montagnes  d'Aviboule,  où  eft  fa  fource,  dans 
la  même  montagne  d'où  fort  la  Sandravinangha.  Elle 
court  au.nord-oueft,  traversant  le  pays  auquel  elle  donne 
fon  nom.  Le  pays  qu'elle  arrofe ,  eft  une  vallée  bordée 
de  hautes  montagnes  ,  laquelle  a  bien  Quatre  lieues  de 
large  ,  &  eft  très-fertile  en  riz  ,  ignames  ,  cannes  de 
fucre ,  légumes  ck  beftiaux.  Les  habitans  en  avoient  été 
ruinés  par  les  guerres ,  lorsque  Flacourt ,  Hifi.  de  l'ijle 
de  Madagascar  ;  t.  5,  p.  12,  en  parloit.  De-là  cette  ri- 
vière va  fe  rendre  en  une  contrée  nommée  Houdra , 
au-deffus  du  pays  Ivonrhon. 

ITON ,  petite  rivière  de  France  ,  dans  la  haute  Nor- 
mandie. Elle  a  fa  fource  dans  le  Perche ,  un  peu  au-def- 
fous  de  Bonmoulins.  Une  lieue  au-deffous ,  elle  fe  grof- 
fit  du  petit  ruiffeau  qui  fort  de  l'abbaie  de  la  Trape.  En- 
fuite  étant  entrée  dans  le  diocèfe  d'Evreux  qu'elle  tra- 
verse, elle  arrofe  Breteuil,  Condé,DamvilIe  ck  Evreux, 
où  elle  reçoit  laConche  :  après  quoi,  coulant  par  Nor- 
manville ,  elle  tombe  dans  la  rivière  d'Eure  à  Aquigni , 
entre  Heudreville  Se  Louviers.  *Corn.  Di£t.  Mémoires 
dreffesfur  les  lieux. 

1.  ITONA,  ville  de  l'Epire  ,  félon  Etienne  le  Géo- 
graphe. 

2.  ITONA ,  ville  d'Italie ,  félon  le  même. 

3.  ITONA  ,  ville  d'Afie  ,  dans  la  Lydie  ,  félon  le 
même. 

4.  ITONA ,  ville  de  la  Béot'ie  ,  félon  le  même;  fur 
quoi  Berkélius  observe  que  cette  ville  pourrait  bien 
n'être  fondée  que  fur  le  furnom  d'Itonia  ,  donné  à  Mi- 
nerve, dont  le  temple  étoit  à  Coronée,  au  rapport  de 
Polybe,  /.  4;  de  Strabon,  l.y,  dePlutarque,  in  Amat., 
narrât.  &  du  Scholiafte  d'Apollonius ,  ad  lit.  1. 

5.  ITONA  ,  ville  de  Theffalie  ,  félon  le  même 
Etienne,  qui  ajoute  :  quelques-uns  la  nomment  Sitorze, 
parce  qu'elle  abonde  en  froment.  Euftathe  dit  de  même 
fur  le  fécond  livre  de  l'Iliade ,  que  quelques-uns  l'appel- 
Ioient  Sitona  ;  &;  il  paraît  par  le  témoignage  de  Berké- 
lius ,  que  Minerve  prenoit  également  le  nom  d'Itonia. 
&  de  Sitonia.  C'eft  pourquoi  le  favant  Valois  n'avoit 
pas  raifon  ,  lorsque  trouvant  dans  les  extraits  de  Polybe 
2/7»m'«ç  A^wâ? ,  que  portent  les  manuscrits  ,  il  a  jugé 
qu'il  falloit  corriger  ce  mot,  -tk  mettre  'IW«?  A0m-5?, 
ce  qui  n'étoit  pas  néceffaire  :  au  refte  l'Itone  de  Béotie 
&  celle  de  Theffalie  ,  quoique  diftinguées  par  Etienne , 
ont  bien  l'air  d'être  la  même  ville. 

ITORUM  Urbs  ,  *h<*es,v ,  ancienne  ville  d'Italie , 
fur  la  route  d'Otricoli  à  Rimini ,  près  des  montagnes  , 
fur  la  gauche ,  félon  Strabon.  L'édition  de  Cafaubon , 
/.  5  ,  p.  127  ,  port*  'h»fft. 


ÏTU 


ITU 


ÏTRI  ou  ItRO  ,  Itrum  ,  petite  ville  d'Italie  ,  au 
royaume  de  Naples,  dans  la  province  de  Labour,  entre 
des  montagnes,  presqu'au  milieu  entre  Fondi  au' cou- 
chant ,  &  Mole  de  Gayette  au  levant  ,  &  à  quelques 
milles  de  la  côte  de  la  mer.  Baudrand  ,  qui  déclare  y 
avoit  paffé ,  ajoute  :  on  voit  près  de  cette  ville  ,  les 
ruines  de  l'ancienne  Mammurœ. 

ITTATA  ,  ifle  de  la  mer  du  fud,  fur  les  côtes  de  l'A- 
mérique, affez  près  de  Guatulco ,  au  Mexique  ,  à  fept 
lieues  plus  au  fud,  &  à  trois  du  cap  Bamba.  * Rogers , 
.Voyages,  Supplément,  p.  5. 

ITTER,  bourg  d'Allemagne,  dans  le  landgraviat  de 
Heffe-Caffel.  Il  tire  fon  nom  d'une  petite  rivière  qui  fe 
jette  dans  l'Eder.  Il  a  eu  autrefois  fes  feigneurs  particu- 
lier, &  conserve  encore  le  titre  de  fieigneurie.  Il  vint  à 
la  maifon  de  Heffe,  vers  l'an  1361  ,  du  tems  du  land- 
grave Henri,  parce  que  le  dernier,  teigneuf  d'Itter,  qui 
avoit  affaffiné  un  de  fes  coufins ,  fut  vaincu  par  ce  land- 
grave, affilié  de  l'évêque  de  Mayence,  &C  enfermé  dans 
le  monaftere  de  Haina.  L'agriculture  n'y  eft  pas  fort 
avantageufe  ,  à  caufe  que  les  montagnes  en  font  cou- 
vertes de  bois.  Mais  la  petite  rivière  de  l'Itter  y  eft  fort 
poiffonneufe.  Le  château ,  qui  appartenoit  ci-devant  aux 
feigneurs ,  eft  bâti  fur  une  roche.  Ce  lieu  eft  à  deux  ou 
trois  lieues  de  Waldeck.  *  Zeyler,  Haffias  Topogr.  p.  ï6. 

ITTILLENATIUM  ,  lieu  particulier  d'Italie  ,  dans 
la  Campanie.  Hygin  en  fait  mention  dans  le  Livre  des 
Limites. 

ITTTNGEN,  ancienne  abbaye  de  chanoines  réguliers, 
&  Chartr'eufe,  depuis  1461.  Elle  eft  fituée  à  la  droite 
de  la  rivière  de  Thur ,  entre  Frawenfeld  &  Dieffenho- 
fen  ,  dans  le  Thourgau. 

ITU ,  ville  de  la  Chine  ,  dans  la  province  de  Hu- 
quang,  au  département  deKingcheu,  fixiéme  métropole 
de  la  province.  Elle  eft  plus  occidentale  que  Pékin,  de 
6  d.  2.5',   par  les  30  d.  50'  de  latitude.  *  Atlas  Sinenfiis. 

ITUCCI ,  ancienne  ville  d'Espagne  ,  félon  Pline  , 
/.  3  ,  c.  1 ,  qui  dit  qu'on  la  nommoit  auffi  Virtus  Julio.. 
Appien ,  in  Ibericis  ,  la  nomme  Ituca ,  'Itv'xh. 

ITUNA ,  golfe  de  l'ifle  d'Albion  ,  félon  Ptolomée. 
Ortélius  doute  fi  ce  n'eft  pas  Solwey  ;  mais  Cambden 
marque  que  les  anciens  ont  nommé  Ituna  ,  la  rivière 
d'Eden  ;  &  Itunœ  jEJiuarium.  le  golfe  de  Solwey ,  où 
elle  entre  dans  la  mer. 

ITURÉE  ,  (F)  pays  d'au-delà  du  Jourdain.  Il  étoit 
habité  par  une  tribu  descendue  de  Jetur ,  un  des  descen- 
dansd'lsmaël,  Genefi.  c.  2. 5,  v.  15.  Les  tribus  de  Ruben  & 
deGad,&  la  demi-tribu  de  Manaffé  s'établirent  auprès.  Les 
Ituréens  lé  rendirent  fameux  par  leur  habileté  à  tirer  une 
flèche  ;  &  Ciceron,  dans  fa  féconde  Philippique, en  parle 
comme  des  plus  barbares  de  tous  les  hommes  ,  &  fe 
plaint  qu'Antoine  les  eût  introdits  dans  la  place  ,  &  en 
eût  invefti  le  fénat.  Sanson ,  Index  Geogr.  dit  :  FIturée 
étoit  un  pays  au-delà  du  Jourdain  ,  entre  Samarie  & 
l'Arabie.  Les  Ituréens  étoient  un  peuple  mêlé  avec  les 
tribus  de  Dan  Se  de  Ruben ,  de-la  vient  qu'au  premier 
livre  des  Paralipomenes  ,  c.  5  ,  v.  19  &  2.0,  on  lit  qu'ils 
donnèrent  du  fecouts  aux  enfans  de  Gad ,  &  à  ceux  de 
Ruben,  contre  les  Agaréniens,c'eft-à-dire  confie  les  Ara- 
bes. Du  moins  c'eft  ainfi  que  Sanson  entend  ce  pafTage, 
que  d'auttes  expliquent  très-diffétemment.  S.  Luc ,  c,  3, 
v.  1,  nous  apprend  que  Philippe,  frère  d'Hérode  ,  étoit 
tétrarque  de  FIturée  &  de  la  Trachonitide.  Ce  font  les 
deux  feuls  paffages  de  l'Ecriture  fainte  ,  où  il  foit  fait 
mention  de  FIturée  &  des  Ituréens.  S.  Jérôme  ,  après 
Eusèbe  ,  avoit  dit  que  la  Trachonitide  étoit  le  pays 
fitué  attenant  le  défert  qui  confine  à  Bosra  ,  en  Arabie. 
Le  P.Bortfrérius  fournit  les  remarques  fuivantes  fur  ces  pays. 

On  ne  fauroit  dire  bien  iurement  en  quel  lieu  étoit 
FIturée  &  la  Trachonitide  ,  ni  fi  ces  deux  noms  mar- 
quent deux  pays  diftinfts  l'un  de  l'autre  ?  ni  s'ils  étoient 
dans  les  bornes  qui  renfermoient  les  Israélites.  Il  y  a  des 
auteurs  qui  ne  diftinguent  point  ces  pays  ;  de  ce  nom- 
bre eft  Ortélius ,  Thefaur.  qui  croit  que  FIturée  &  la 
Trachonitide  étoit  la  même  que  la  Pétée.  Eusèbe  ,  aux 
mots  Iturea  &c  Trachonitis,e&  du  même  fentiment.  Ce- 
pendant il  vaut  mieux  diftinguer  FIturée  de  la  Tracho- 
nitide ,  &  ces  deux  dé  la  Pérée.  Qu'elles  fufTent  diffé- 
rentes de  la  Pérée,  cela  fe  prouve  par  le  témoignage  de 
Jofeph,  Bell.  Jud.  1.  3  ,  c.  2,  qui  étend  toute  la  Pérée 
depuis  Pella  jusqu'au  pays  des  Moabites ,  qui  étoit  tout 


•     6o3 

ce  que  les  Israélites  poffédoient  au-delà  du  Jourdain  :  or 
il  n'y  a  personne  qui  étende  FIturée  &  la  Trachonitide 
jusqu'aux  Moabites.  Ajoutons  que  toute  FltUrée  fk  la 
1  rachonitide  étoient  hors  des  limites  des  Israélites.  Jo- 
feph, Antiq.Jud.  1.  1,  c.7,  nous  apprend  que  les  Tra- 
chomtes  étoient  étrangers ,  lorsqu'il  dit  que  les  habitans 
de  la  1  rachonitide  descendoient  de  Hus  ou  Ufes  ,  fils 
dAram.  Il  dit,  /.  15.  c.  1 3  ,  que  les  Trachonites  étoient 
un  peuple  accoutumé  au  brigandage ,  qui  n'avoit  ni  ville 
ni  terres  labourées  ,  mais  qui  demeurait  dans  des  caver- 
nes ,  à  la  manière  des  bêtes  ;  c'eft  ce  que  personne  ne 
dira  des  Israélites.  L'Iturée  n'étoit  pas  non  plus  de  leurs 
limites ,  comme  on  le  conclut  du  paffage  des  Paralipo- 
menes rapporté  ci-deffus.  Le  voici  en  iarin:  Filii  Ruben. 
&  Gad  &  dimidiœ  tribus  Manajje  ,  viri  bellatores ,  ficuta. 
portantes  &  gladios ,  &  tendentes  arcum  .  eraditique  ad 
prœlia ,  quadraginta  quatuor  milita  &  feptingenti  fexa- 
ginta ,  procedentes  adpugnam  dimicaverunt  contra  Aga- 
renos  :  Itura  verà  &  Naphis  &  Nodah  prabuerunt  eis 
auxilium.  Toute  la  difficulté  du  paffage  confifte  dans 
une  équivoque,  qui  fe  trouvera  également  dans  la  tra- 
duction que  voici.  Les  enfans  de  Ruben  ,  de  Gad  &  de 
la  demi-tribu  de  Manaffé  ,.  tous  gens  de  guerre  ,  por- 
tant le  bouclier  &  Fépée  ,  tirant  de  l'arc,  &  dreffés  au 
combat  ,  au  nombre  de  quarante-quatre  mille  fept  cents 
foixante  ,  s'avancèrent  en  ordre  de  bataille,  &  firent  la. 
guerre  aux  Agaréens.  Les  Ituréens ,  ceux  de  Naphis  & 
de  Nodah  leur  donnèrent  du  fecours.  Ce  mot  eis  en  la- 
tin ,  ou  de  leur  en  françois  ,  eft  équivoque  ;  il  femble 
laiffer  incertain  ,  fi  c'eft  aux  enfans  d'Israël ,  ou  aux 
Agaréens  ,  que  les  Ituréens  donnèrent  du  fecours.  San- 
fon  l'entend  des  premiers  ;  mais  de  Saci ,  le  P.  Bonfré- 
nus,  le  Clerc  K  Se  quantité  d'autres  tavans,  l'entendent 
des  Agaréens,  à  qui  ces  Itutéens  étoient  joints  ;  &  cela 
eft  non-feulement  plus  conforme  à  ce  qui  fuit  ce  palla»e 
mais  même  à  leur  origine  ;  car  ils  descendoient  d'Ismaël^ 
auffi-bien  que  les  Agaréens ,  &  il  étoit  naturel  qu'ils  les 
affiftaffent  contre  les  Israélites.  Mais  ce  qui  prouve  in- 
vinciblement que  les  Ituréens  n'étoient  pas  compris  dans 
le  peuple  d'Israël  ,  c'eft  qu'au  rapport  de  Jofeph  ,  Antiq. 
Jud.  1.  13  ,  c.  19,  Ariftobule  ,  roi  des  Juifs,  porta  la 
guerre  chez  les  Ituréens ,  &  les  força  de  recevoir  la  cir- 
concifion  ,  &  les  autres  cérémonies  Judaïques. 

L'Iturée  &c  la  Trachonitide  étoient  deux  pays  diffé- 
rens  l'un  de  l'autre  ,  au  jugement  du  P.  Bonfrérius. 
S.Luc  les  diftingue  affez,  en  difant  que  Philippe  étoit 
tétrarque  de  FIturée  &  de.  la  Trachonitide.  Outre  cela  $ 
Strabon,  /.  16,  les  diftingue  auffi,  en  difant  que  le  nom 
de  Trachonitide  venoit  de  celui  des  montagnes  où  ces 
peuples  habitoient ,  à  Trachonibus  montibus  quos  inha- 
bitant :  il  place  ces  montagnes  au-delà  de  Damas ,  6c 
des  extrémités  du  Liban  &  de  FAnti-Liban  ;  &  ensuite 
parlant  des  Ituréens,  il  ajoute  :  le  pays  des  montagnes 
eft  occupé  par  les  Ituréens  &  les  Arabes.  Adrichome 
diftingue  auffi  ces  pays  ;  mais  il  fe  trompe  en  ce  qu'il 
met  les  Ituréens  en-deçà  du  Jourdain ,  au  lieu  que  l'un 
&  l'autre  peuple  femble  avoir  demeuré  dans  les  monta- 
gnes au-delà  de  Damas. 

1TURGIS.  Voyez  Visurgis. 

ITURICENSES ,  ancien  peuple  de  l'Espagne  Tarra- 
gonoife,  félon  Pline,  l.$,  c.3:  l'édition  de Dalechamp 
porte  Iturisenses  ;  oi  Ottélius  foupçonne  que  ce  nom 
vient  tilturijja.  Mais  le  P.  Hardouin  le  change  en  Lur- 
fenses.  Sa  raifon  eft  que, dans  la  fuite  de  noms  que  Pline 
fournit  dans  cet  endroit,  il  fuit  l'ordre  alphabétique  pour 
la  première  lettre.  Or  voici  ces  noms  dans  l'ancienne 
édition:  Arcobricenfes  ,  Andologenfies  ,  Arocclitani, 
Bursaonenses  ,  Calaguritani  qui  Eibularenses  cognomi- 
nantur,  Complutenses ,  Carenses  ,  Cincenses ,  Cortonen' 
fies,  Dammanitani ,  Larnenses ,  Iturifenses,  Ispalensest 
Ilumberitani  ,  Lacetani  ,  f^ibienses  ,  Pempelonenses  * 
Segienses.  On  voit  bien  que  ces  trois  noms  qui  com- 
mencent par  /,  viennent  trop  tard  après  Larnenses.  Les 
manuscrits  de  la  bibliothèque  du  roi  portent  Larnen- 
Jes,  Lursenses,  Lumberitani  ,  &  ne  font  aucune  men- 
tion delspalenses.  Le  P.  Hardouin  a  raifon  de  dire  qu'il 
ne  fait  d'où  il  eft  venu.  Cependant  Hermolaùs  dérivoir. 
ce  nom  d'Iluron ,  ville  dont  Pline  a  parlé  auparavant , 
tk  dont  il  ne  s'agiffoit  plus  dans  ce  paffage  ;  &  Dale- 
champ le  faifoit  venir  d'Iturifa,  ville  des^Vascons.  Ces 
étymologies  deviennent  inutiles  par  la  reftitution  du 
Temt  III.    Gggg  ij 


604 


ITZ 


JUB 


P.  Hardouin.  Le  mot  de  Fibienses,  qui  dérange  auffi  l'or- 
dre alphabétique ,  eft  changé  par  ce  père  en  LUbienses. 

ITURISSA  ,  ancienne  ville  d'Espagne  ,  au  pays  des 
Vascons  ,  félon  Ptolomée,  /.  i,  c.  6.  Pomponius  la 
nomme  auffi ,  /.  3  ,  c.  I ,  n.  76.  Antonin ,  Itiner.  qui  la 
nomme  Jurifja  ou  Turiffa ,  félon  les  divers  exemplaires, 
la  met  à  vingt-deux  mille  pas  de  Pampelune,  &c  à  dix- 
huit  mille  pas  de  la  haute  Pyrénée.  Il  faut  pourtant  re- 
marquer que  je  ne  fais  que  fuivre  le  gros  des  géogra- 
phes, qui  croient  que  la  Turiffa  d'Antonin  eft  llturiffa 
de  Mêla  &  de  Ptolomée  ;  mais  je  dois  avertir  que 
Marca,  Hispanic.  1.  6 ,  c.  13 ,  n.  1 1  ,  les  diftingue.  Il 
prétend  que  la  Turiffa.  d' Antonin  eft  préfentement  le 
village  de  Subiri ,  entre  Purgucte  &  Pampelune ,  &  que 
Burguete  répond  au  fummum  Pyrenaum  de  cet  auteur  ; 
mais  il  ajoute  que  l'Ituriffa  de  Pomponius  Mêla  eft  pré- 
fentement Tolofa  dans  la  Guipufcoa. 

1.  ITYCA,  ville  de  la  Lybie ,  félon  Etienne  le  Géo- 
graphe ,  qui  dit  que  c'étoit  une  colonie  des  Tyriens. 
Ortélius  a  raifon  de  foupçonner  que  cet  auteur  a  voulu 
parler  d'Utique,  ville  d'Afrique. 

2.  ITYCA  ,  ville  d'Espagne  ,  félon  Appien.  C'eft  la 
même  qu'lTUCCI.  Voyez  ce  mot. 

ITYS  ,  lieu  particulier  de  la  Phocide  ;  il  étoit  célèbre 
par  la  fable  d'Itys  ,  félon  Ortélius  ,  Thefaur.  qui  cite  le 
fécond  livre  de  Thucydide.  Mais  dans  la  traduction  de 
d'Ablancourt  on  ne  trouve  rien  de  pareil.  Voici  com- 
ment il  tourne  ce  partage,  t.  1  ,  p.  140,  édit.  d'Amfler- 
dam  1713.  Ce  Terès  n'a  rien  de  commun  avec  Terée, 
qui  époufa  Progné,  fille  de  Pandion,  &  qui  demeuroit 
dans  la  Phocide,  en  une  contrée  nommée  Daulie,  ha- 
bitée alors  par  les  Thraces,  où  fe  pafla  l'aventure  d'Itys  ; 
&  de  -  là  les  poètes  appellent  le  roffignol  Daulien.  Il 
n'y  a  point  dans  ce  partage  de  pays  nommé  Itys. 

ITZEHOA  ,  ville  d'Allemagne,  au  duché  de  Holftein, 
fur  la  rive  feptentrionale  de  la  rivière  de  Stoër ,  à  un 
petit  mille  de  Krempe ,  à  deux  de  Gluckftadt ,  à  fix 
de  Rensbourg ,  à  fept  de  Hambourg  ,  à  huit  de  Kiel,  à 
neuf  de  Hufum  &  de  Gottorp  ,  &  à  onze  de  Lubec. 
Cette  ville  eft  ancienne  ;  &  dans  le  terns  que  les  Da- 
nois &  les  Vandales ,  encore  payens ,  failbient  par-tout 
d'affreux  ravages  ,  cette  place  lervoit  d'afyle  aux  Chré- 
tiens du  Holftein  ,  qui  s'y  refugioient.  Ce  fut  Charlema- 
gne qui  la  fit  bâtir  par  Égbert,  comte  de  Saxe  ,  contre 
Godfried,  roi  de  Danemarck ,  en  809,  afin  d'arrêter  les 
incurfions  des  Danois  ;  car  auparavant  Charlemagne 
n'avoit  qu'une  ou  deux  fortereffes  fur  l'Elbe.  Ceci  eft 
autorifé  par  ce  paffage  de  Réginon.  Impcrator  càm  ei 
mu/ta  de  ja&atione  &  fuperbiâ  régis  Danorum  nuncia- 
rentur,  jlatuit  trans  Albim  civitatem  adificare ,  Franco- 
rumque  in  edponere  pmfidium,  cumque  ad  hoc  perGal- 
liam  ajque  Germamam  homines  congregaffet  armis  ac 
cœteris  ad  ufum  neceffariis  rébus  infiruclos  ,  ad  locum 
deflinatum  per  Frifiam  ducerejufjit.  Impcrator,  pojlquàm 
locus  civitatis  conffituendœ  fuerat  explorants ,  Egeber- 
tum  comitem  huic  ntgotio  exequendo  prœficiens ,  Albiam 
trajiceie  &  locum  juffit  occupare.  Efl  autem  locus  fuper 
ripam  Sturia  fluminis ,  vocabulo  EfteHeldt,  (d'autres  li- 
fent  Ef/efeld,)  occupatus  efl.  Itaque  ab  Egeberto  &  comi- 
tibus  Saxonibus  ,  &  circà  idus  Martii  muniri  cœptus 
anno  809.  *  Danckwerth  Schleswich  und  Holftein  newe 
Landsbefchreibung,  p.  186. 

C'eft  de  ce  nom  d'EsSEFELDE  que  s'eft  formé  le 
nom  d'EsSEHO  ,  ou  Eszeho  &  enfin  Itzeho.  On 
voit  par  un  diplôme  de  Louis  le  Débonnaire ,  en  faveur 
de  l'églife  de  Hambourg,  que  les  gens  que  Charlemagne 
y  fit  venir  de  France  &  d'Allemagne ,  étoient  des  habi- 
tans  même  du  Holftein,  qu'il  rappella  de  l'exil  auquel  il 
les  avoit  condamnés,  à  caufe  de  leurs  mutineries  ,  & 
qu'il  laiffa,  pendant  fept  ans,  disperfés,  afin  de  les  forti- 
fier dans  la  religion  Chrétienne,  après  quoi  il  les  ren- 
voya dans  leur  pays  pour  peupler  fa  nouvelle  ville.  Hel- 
mold,  parlant  des  ravages  que  fit  Godescalc,  dit  qu'il 
ne  laifla  rien  d'entier  dans  le  Holftein ,  le  Stormar  & 
la  Ditmarse  ,  que  les  fortereffes  d'Etzeho  &  Bokelde- 
borg.  Dans  la  fuite,  la  ville  de  Hambourg  ayant  été  ra- 
fée  ,  Adolphe  II  &  Adolphe  III ,  comtes  de  Holftein  , 
établirent  leur  réfidence  à  Itzeho.  Adolphe  IV  y  établit, 
en  1133,  le  droit  de  Lubec,  qu'on  y  observe  encore.  Cette 
ville  tient  le  troifiéme  rang  entre  les  villes  du  Holftein. 
Le  comte  Gérard  ,  fils  d'Adolphe  IV,  fonda  une  abbaye 


de  Bénédictins  à  Itzeho  ,  dans  laquelle  lui  &  fa  pofté- 
rite  choiiirent  leur  fépulture.  Il  y  avoit  auffi  un  monaftere 
de  filles  nobles,  les  Luthériens  l'ont  conservé,  mais  fans 
les  vœux  ni  autres  pratiques  de  la  vie  monaftique  ,  &C 
ce  n'eft  qu'une  retraite  pour  des  filles  de  qualité.  Cette 
ville  eft  affez  bien  bâtie ,  fur-tout  la  ville  neuve  qui  eft 
entièrement  entourée  de  la  rivière  ;  elle  eft  au  roi  dé 
Daneiîiarck ,  &  eft  gouvernée  par  deux  bourguemeftres, 
félon  l'ufage  du  Holftein.  Il  y  a  deux  églifes  ;  la  prin-> 
cipaleeft  dans  la  vieille  ville  ,  auprès  de  l'abbaye  ;  l'au- 
tre ,  qui  eft  petite  ,  eft  dans  la  ville  neuve.  De  l'églife 
de  la  ville  relèvent  deux  villages  Suy  &  Schlot- 
FELDE. 

ITZ1RALLUM.  Voyez  Izyralla. 

JTZU  ou  Jdzu,  province  du  Japon  ,  dans  l'ifle  de 
Nipon  ;  c'eft  une  presqu'ifle  qui  avance  dans  la  mer 
du  Japon ,  6c  borne  à  l'orient  le  golfe  de  Jédo  ;  c'eft 
auffi  une  des  provinces  du  Quanto  ,  l'ancien  domaine 
de  la  famille  des  Cubo-Samas  ,  qui  régnoit  encore  à  la 
fin  du  dernier  fiécle.  Vers  l'an  1607,  on  y  découvrit  des 
mines  d'or  &.  d'argent.  *  Le  P.  de  Ckarlevoix ,  Hift.  du 
Japon. 

1.  JU,  ville  de  la  Chine,  dans  la  province  de  Ho- 
nan  ,  au  département  de  Caifung  ,  première  métropole. 
Sa  latitude  eft  de  35  d.  14'  ;  &  elle  eft  de  3  d.  55'  plus 
occidentale  que  Pékin  ,  félon  l'Atlas  Chinois.  *  Martini , 
Atlas  Sinenjis. 

l.  JU,  petite  rivière  delà  Chine  ,  dans  la  province 
de  Honan.  C'eft  un  des  ruiffeaux  qui  arrolènt  le  terri- 
toire de  la  capitale  ;  elle  fe  perd  dans  la  rivière  Jaune. 
*  Atlas  Sinenjis. 

3.  JU,  grande  cité  de  la  Chine  ,  dans  la  même  pro- 
vince ,  différente  de  l'autre  ville  de  même  nom.  La  la- 
titude de  celle-ci  eft  de  3^  d.  5',  &  elle  de  4  d.  57' 
plus  occidentale  que  Pékin.  Quoiqu'elle  n'ait  pas  la  di- 
gnité de  métropole,  elle  eft  pourtant  très-recommanda- 
ble  par  la  bonté  de  fon  terroir ,  &  a  cinq  villes  fous  fon 
département,  lavoir, 


Ju, 
Luxan , 


&  Yyang. 


Kia, 

Paofung 


Elle  eft  fituée  à  l'orient  de  la  rivière  de  Sienul ,  qui  fé 
perd  dans  la  rivière  de  Ju  ,  au  midi  occidental  de  la 
ville.  La  famille  de  Tanga  la  nomma  LiNJU;  &  la  fa- 
mille de  Taiming  la  déclara  libre  ,  &c  la  nomma  Ju. 

4.  JU,  rivière  de  la  Chine,  dans  la  province  de  Ho- 
nan. Elle  a  fa  fource  dans  le  lac  de  Quangching,  au  cou- 
chant de  la  ville  de  Ju ,  au  midi  de  laquelle  elle  paffe  ; 
elle  y  reçoit  la  rivière  de  Sienul ,  g.  paflè  auprès  de 
Kia  ,  g.  reçoit  la  rivière  de  Xeléang  &  le  ruiffeau  d'In  ; 
après  quoi,  fe  courbant  vers  le  midi ,  elle  trouve  en  che- 
min la  Chaya,  vis-à-vis  de  Xançai  ;  paffe  auprès  de  luning, 
d.  fe  recourbe  vers  l'orient  ;  reçoit  le  ruiffeau  de  Tung  ; 
fe  détourne  vers  le  midi ,  au-delà  deXangchin  ;  fe  mêle 
près  de  Quang  ,  avec  la  rivière  d'Hoai  ,  vis-à-vis  du 
ruiffeau  Palu  qui  s'y  vient  joindre  auffi.  C'eft-là  que  la 
rivière  de  Ju  perd  fon  nom.    *  Atlas  Sinenjis. 

JUALE  ,  Jouale  ou  Joale  ,  village  d'Afrique. 
Voyez  Joal. 

JUAMI ,  royaume  du  Japon ,  félon  Cardin  cité  par 
Baudrand.  C'eft  la  même  chofe  que  Iwami  ou  Se- 
K1SJU ,  feptiéme  province  de  la  grande  contrée  de  Sa- 
nindo.  Voyez  Iwami. 

JUANA  ;  c'eft  le  nom  que  Chriftophe  Colomb  donna 
d'abord  à  l'ifle  de  Cuba  ,  à  fon  premier  voyage  ,  avant 
que  de  favoir  fi  c'étoit  une  ifle  ;  dans  la  fuite  on  l'ap- 
pella  Fernandine  ;  mais  ces  deux  noms  n'ont  pas  fait 
fortune.  *  Notes  du  P.  Charlevoix. 

JUANNI.  Voyez  Anjouan  ,  qui  eft  le  nom  de  cette 
ifle. 

JUANOGOROD.  Voyez  Ivanogorod. 

JUBALENA  NaTIO,  ancien  peuple  d'Afrique  ,  où 
il  habiroit  un  pays  d'un  accès  difficile ,  à  caufe  des  mon- 
tagnes,  félon  Àmmien  Marcellin,  /.  19,  c.  5. 

JUBALCIANENSIS,  fiége  épiscopal  d'Afrique  dans 
la  Bizacène.  On  trouve  dans  la  Notice  d'Afrique  ,  Eu- 
sèbe  Jubalcianenjis ;  &  entre  les  PP.  de  Ja  Conférence 
de  Carthage ,  Géta  Jubaltianenjis.  Ce  même  Géta  as- 
fifta  au  concile  de  Carthage,  l'an  403 ,  comme  on  lit 


JUB 


IUC 


au  canon  90,  du  Recueil  des  canons  de  l'églife  d'Afrique. 
.  JUBAYE,  ville  maritime  de  Syrie.  C'eft  l'ancienne 
Byelos.   Voyez  ce  mot. 

JUBECLliJiENSiS,  liège  épiscopal  d'Afrique  dans 
la  Byzacène.  Rejlitutus  ,  fon  évêque,  fouscrivit  à  la  lettre 
adrefiee  à  l'empereur  Conftantin.  *  Harduin.  Colleft. 
Conc. 

JUBEL-HADRA,  montagne  d'Afrique  ,  au  royaume 
de  Maroc,  dans  la  province  de  Duquela ,  félon  Mar- 
mol ,  Afrique  ,  t.  2,  p.  116  ,  1.  3  ,  c.  68.  On  l'appelle 
communément  la  montagne  verte:  elle  a  le  fleuve  d'Qm- 
mirabi  au  levant ,  &  au  couchant  le  mont  d'Escure  qui 
divife  ces  deux  provinces ,  avec  une  partie  de  celle  de 
Tedla.  Il  y  a  par-tout  de  grandes  forets ,  pins,  cèdres  Se 
jujubiers  ,  où  demeurent  plulïeurs  hermites  qui  ne  vi- 
vent que  d'herbes  &£  de  fruits  fauvages ,  &  s'éloignent, 
d'ordinaire,  de  dix  ou  douze  lieues  des  endroits  habités. 
Cette  montagne  étoit  fort  peuplée  du  tems  des  Almo- 
hades;  mais  les  Benimerinis  en  ruinèrent  toutes  les  habi- 
tations. Il  y  a  encore  plufieurs  vieux  bâtimens  de  refte 
&  plufieurs  hermitages,  avec  des  lieux  relevés  en  autel, 
à  la  façon  des  Mahcmétans  ,  où  couchoient  les  her- 
mites; les  Arabes  &  les  Béréberes  de  la  contrée  y  vont 
en  pèlerinage.  La  multitude  des  fources  qui  fortent  des 
rochers,  forme  au  pied  un  grand  lac  ,  où  il  y  a  force 
anguilles,  truites,  barbeaux,  &  de  grands  poiflons  blancs 
nommés  bogues,  qui  font  de  fort  bon  goût.  C'eft  une 
choie  admirable  de  voir  la  multitude  &L  de  la  diverfité 
d'oifeaux  qui  font  fur  cette  montagne  ,  &  la  quantité 
de  gibier  &  de  venaifon  ;  de  forte  qu'il  n'y  a  point  de 
plus  beaux  lieux  pour  la  chaffe  dans  toute  TAfrique.  Quand 
les  Portugais  furent  maîtres  de  Safîe  Se  d'Azamor,  Aben- 
Haddu  étoit  maître  de  cette  montagne,  &  demeuroit 
dans  ces  bois  comme  un  hermite  ;  de  forte  qu'à  la  faveur 
de  quelques  Arabes  de  Charquie  ,  qui  le  fuivoient ,  & 
de  fon  frère  Mulei- Ferez  ,  il  prit  le  titre  de  roi  ,  &c 
eut  plufieurs  démêlés  avec  Buchentuf,  roi  de  Maroc, 
&avec  les  Chérifs  ;  mais  ils  furent  contraints  à  la  fin, 
fon  frère  &  lui  ,  de  reconnoître  le  Chérif  Amed  pour 
fouverain.  Il  y  a  autour  du  lac  beaucoup  de  bruyères , 
où  l'on  voit  de  grandes  bandes  de  grives  ;  &  les  tour- 
terelles y  (ont  auffi  groffes  que  des  ramiers.  Comme  on 
n'y  chaffe  pas  beaucoup  ,  tout  y  eft  plein  de  gibier  ;  les 
fangliers,  les  cerfs  ,  les  chevreuils,  les  daims  ,  les  vaches 
fauvages ,  les  gazelles ,  les  perdrix  ,  les  oies  fauvages , 
les  hérons ,  &c.  fe  trouvent  en  abondance  dans  cette 
montagne. 

JUBELDA ,  montagne  d'Efpagne  ,  ainfi  nommée  de 
Jubelda  ,  fils  d'Iberus ,  félon  le  faux  Bérofe  cité  par 
Ortélius. 

JUBERI.  Voyez  Viberi.  , 

JUBERNI.  Voyez  Uterni. 

JUBERUS  MONS  ,  nom  latin  du  Mont-la-Fourche, 
dans  les  Alpes. 

JUBLEINS  ou  JuBLAiNS,au  Maine,  &,  pour  mieux 
encore,  l'écrire  Jublent,  eft  un  bourg  du  diocèlè  du  Mans, 
qui  a  été  autrefois  une  ville.  C'étoit  au  moins  un  des 
châteaux  des  peuples  appelles  Diablentes ,  comme  il  eft 
prouvé  par  une  Diflertation  expreffe  deLebeuf,  inférée 
dans  fon  Recueil  de  l'an  1739  ,  &  dont  il  a  tiré  les 
preuves  de  la  pofition  de  tous  les  lieux  que  les  Ailes  des 
évêques  du  Mans ,  fk  les  Vies  de  ces  îaints  marquent 
être  fitués  in  condita  Diablentis  ,  ou  Diablentica  in 
parochiâ  ,  ou  vicaria  Diablentica ,  viro  Diablentico  , 
jufqu'aux  rivières  &  ruiffeaux  qui  font  dits  voifins  de  cette 
petite  capitale  des  Diablentes.  Les  reftes  dans  deux  édifices 
Romains ,  les  médailles  des  empereurs  ,  les  acqueducs , 
&  autres  vertiges  d'antiquité  ,  dépofent  en  faveur  de 
cette  ancienne  ville.  Dès  les  premiers  tems  de  l'établif- 
fement  du  Chriftianifme  dans  le  Maine ,  les  évêques  du 
Mans  s'appliquèrent  à  y  détruire  l'idolâtrie  &  à  y  planter 
la  foi  ;  de  forte  que  cette  petite  cité  ,  qui  a  confervé 
le  nom  de  fes  peuples  ,  étoit  comme  le  fécond  fiége 
des  évêques  du  Maine  ,  &  que  fouvent ,  en  parlant  de 
l'églife  de  ce  lieu,  ils  l'appellerent/à/zSa  ecclejîa  Dia- 
blentica. Ce  lieu  eft  fitué  à  neuf  ou  dix  lieues  du  Mans , 
fur  la  route  de  Mayenne.  L'églife  eft  titre  de  S.  Gervais  , 
ancien  patron  de  la  cathédrale  du  Mans.  Dès  le  dou- 
zième fiécle  on  avoit  perdu  de  vue  l'étymologie  de 
Jublent  ;  &  dans  les  titres  latins  on  fe  contentoit  de  le 
mettre  en  françois ,  comme  il  vient  d'être  écrit.  Hilde- 


bert,  évêque  du  Mans,  donna  alors  cette  églife  au  eHa~ 
pitre  de  la  cathédrale  ,  avec  plufieurs  autres;  elle  eft  une 
de  celles ,  (  &  non  pas  la  feule,  comme  on  l'a  mis  par 
erreur,)  que  le  même  chapitre  confère  de  plein  droit. 
Le  rapport  du  clergé  du  Mans  avec  la  bourgade  Dia- 
blenuque,  dite  Jublent  car  corruption,  a  fait  donner  le 
nom  de  rue  des  Jablcins  à  l'une  de  celles  de  la  ville  du 
Mans,  qui  conduifent  à  la  route  de  Jubleins  ;  h.  le  peuple 
a  altéré  ce  nom  ,  jufqu'à  dire  aujourd'hui  la  rue  des 
Chapelains,  quoiqu'il  foit  nommé  Diablenticus  dans 
les  titres.  La  chaire  au  Diable  paiiè  pour  être  une  anti- 
quité de  Jubleins,  aufli-bien  que  la  fontaine  des  Cuves. 
Les  payfans  de  ce  lieu  font  les  plus  laborieux  de  tout  le 
Marne  ,  &  peut-être  les  plus  robuftes.  L'étymologie  de 
Jubleins,  qu'on  tire  de  Juin  Balnea,  eft  fauffe  &  trouvée 
après  coup  :  il  y  a  proche  le  bourg  de  Jubleins  une 
t^ès-ancienne  Chapelle  ,  dite  A^.  D.  de  Douce  qui 
paroît  dériver  de  Dourcé  Si  de  Durigiacum  latin.  On 
croit  qu'il  y  avoit-là  une  communauté.  *  Extrait  de  la. 
Dijfertation  de  Lebeuf,  &  d'un  nouveau  Mémoire  qui 
lui  a  été  envoyé  par  M.  de  Mongon  ,  chanoine  du 
Mans. 

JUCADAM  ,  ancien  lieu  de  la  Paleftine  ,  félon 
Jofué,  c.  1*5,  v.  <j6.  D.  Calmet ,  Dicl.  dit  que  c'eft 
une  vilie  de  la  tribu  de  Juda. 

JUCAO  ,  ville  de  la  Chine,  dans  la  province  de 
Kiagnan,  au  département  de  Yangcheu,  feptiéme  métro- 
pole de  la  province.  Elle  eft  de  3  d.  36  '  plus  orien- 
tale que  Pékin,  fous  les  3  3  d.  i%'  de  latitude.  *  Atlas 
Sinenlïs. 

JUCARA  Voyez  Jocura. 

1.  JUCATAN.  C'eft  ainfi  que  quelques  géographes 
écrivent  fans  aucun  fondement ,  ce  qu'on  appelle  Yuca- 
TAN.  Voyez  ce  mot. 

1.  JUCATAN.  Quelques-uns  difent  Yucatan,  grande 
province  de  l'Amérique ,  dans  la  nouvelle  Efpagne.  Ce 
nom  fe  donne  à  deux  étendues  de  pays  bien  différentes 
l'une  de  l'autre. 

Il  fignifie,  en  premier  lieu,  tout  le  pays,  qui  fe  divife 
en  tiois  patties ,  favoir  le  Jucatan propre ,  le  Guatimala. 
&  YAcafamil,  qui  eft  lifle  de  Santa-Cruz.  C'eft  dans 
cette  lignification  étendue,  que  Thomas  Gage,  Relation 
des  Indis^  occidentales ,  2.  part,  page  3 1 ,  en  parle  ainfi 
Le  troifiéme  royaume  qui  dépend  de  la  Mexicane,  ou 
de  la  partie  feptentrionale  de  l'Amérique ,  eft  le  Juca- 
tan ,  qui  fut  découvert  par  Ferdinand  de  Cordouë ,  en 
15 17.  On  l'appelle  Jucatan ,  non  pas  à  caufe  de  Joétan, 
fils  de  Heber ,  comme  quelques-uns  fe  font  imaginés  , 
qui  croient  qu'il  partit  d'Orient  ,  où  l'Ecriture  fainte 
établit  fa  demeure,  (  Genef.  c.  12,  )  pour  venir  habi- 
ter en  ce  pays ,  mais  de  Jucatan  ,  qui ,  dans  la  langue 
Indienne,  lignifie,  Que  dites-vous  ?  parce  que  la  première 
fois  que  les  Efpagnols  y  abordèrent  ,  &c  demandèrent 
aux  Indiens  le  nom  du  pays  ,  ils  leur  répondirent  Ju- 
catan ,  qui  fignifie,  Que  dites-vous  ?  ce  qui  fit  que  les 
Espagnols  le  nommèrent  Jucatan  ,  St  qu'ils  l'ont  tou- 
jours ainfi  appelle  depuis. 

Ce  pays  eft  fait  en  forme  de  péninsule  ,  &  a  pour  le 
moins  trois  cens  lieues  de  tour.  Il  eft  fitué  vis-à-vis  de 
l'ide  de  Cuba  ,  &  eft  divife  en  trois  parties. 

La  première  eft  le  Jucatan  proprement  dit,  dont  les 
villes  les  plus  confidérables  font  Campèche ,  Vaillado- 
lid,  Merida  ,  Simancas ,  &  une  autre  qu'ils  appellent 
le  Caire  ,  pour  fa  grandeur  &  fa  beauté.  Les  Espagnols 
regardent  ce  pays  comme  un  pays  pauvre  ,  parce  qu'il 
n'y  a  point  de  mines  d'argent  ,  &  que  l'on  n'y  recueille 
point  d'indigo  ni  de  cochenille.  Les  principales  mar- 
chandifes  qui  s'y  trouvent ,  font  du  miel ,  de  la  cire  , 
des  cuirs  ;  du  fucre  ,  quelques  drogues  pour  les  apothi- 
caires ,  de  la  cafte  ,  de  la  falsepareille  ,  &  grande  quan- 
tité de  maïs.  Il  y  a  aufiî  quantité  de  bois  propre  à  bâtir 
des  navires  ,  dont  les  Espagnols  font  des  vaiffeaux  j 
qui  leur  fervent  fort  bien  à  faire  le  voyage  d'Espagne , 
oi  à  en  retourner.  En  1632  ,  les  habitans  de  ce  pays 
furent  fur  le  point  de  fe  rebeller  contre  leur  gouverneur, 
parce  qu'il  les  obligeoit  de  lui  apporter  leurs  cocs 
d'Inde  &  leurs  volailles  ,  leur  miel  &  leur  cire  ,  qu'il 
leur  payoit  au  prix  qu'il  vouloit  ,  &  ensuite  les  reven- 
doit  bien  cher  ,  s'enrichiffant  ainfi  à  leurs  dépens.  Ne 
pouvant  plus  fouffrir  ce  traitement  ,  qui  les  réduiloit  à 
l'extrémité,  ils  prirent  le  parti  de  la  révolte  ,  6c  réfo- 


6o6 


JUG 


JUD 


lurent  de  s'enfuir  dans  les  bois  &  fur  les  montagnes.  Ils 
l'exécutèrent  ,  &  y  demeurèrent  quelque  tems  ,  juf- 
qu'à  ce  que  les  religieux  de  S.  François  ,  qui  ont  un 
-grand  pouvoir  fur  eux  ,  les  perfuaderent  &  les  engagè- 
rent à  retourner  dans  leurs  mai fons  ;  &c  le  gouverneur, 
de  peur  de  caufer  un  foulevement  général  dans  le  pays, 
non-feulement  leur  accorda  une  amniftie  générale  , 
mais  leur  promit  aufli  de  les  traiter  plus  doucement  à 
l'avenir. 

Wafer ,  dans  fon  Voyage  ,  p.  221  ,  dit  que  le  Yucatan 
a  évêché ,  gouvernement  &  capitainerie  générale  ;  que 
Merida  en  eft  la  capitale.  Cette  province  ,  dit-il  ,  eft 
moins  connue  par  ce  nom  que  par  celui  de  Campèche  ; 
port  dangereux ,  à  la  vérité  ,  &  fi  rempli  de  bancs  &c 
d'écueils ,  qu'on  eft  obligé  de  mouiller  à  quatre  lieues 
avant  en  mer ,  mais  fameux  par  fon  bois  ,  qui  eft  né- 
ceffaire  aux  belles  teintures.  Le  Yucatan  eft  des  pltts 
abondans  en  cire ,  coton  ,  paftel ,  &  autres  mafchandi- 
fes  ,  dont  on  fait  trafic  par  toute  l'Amérique. 

Coréal ,  dans  fon  Voyage  aux  Indes  orientales ,  t.  i , 
p.  69  &  Juiv.  traite  cette  matière  avec  plus  Retendue. 
Voici  ce  qu'il  nous  en  apprend.  Approchant?  du  conti- 
nent ,  à  foixante-fix  lieues  de  la  pointe  de  S.  Antoine  , 
qui  eft  au  côté  occidental  de  l'ifle  de  Cuba  ,  on  vient  à 
la  pointe  de  Jucatan  ,  qui  s'avance  en  mer,  comme 
tine  presqu'ifle.  Il  explique  ainfï  l'origine  de  ce  noiru 
TeSetan  ,  en  langue  Indienne  ,  fignifie ,  Je  ne  t'entends 
pas  ;  &  c'eft  la  réponfe  qu'on  donna  aux  Espagnols , 
lorsqu'ils  abordèrent  au  Havre  de  S.Antoine,  pour  cher- 
cher de  nouvelles  terres  ;  car  fe  trouvant  là  ,  ils  rirent 
fîgne  aux  habitans  pour  leur  demander  le  nom  du  pays 
où  ils  fe  trouvoient  ;  à  quoi  les  Indiens  repondirent  , 
O  TeSetan  ,  ce  qui  veut  dire  ,  Nous  ne  vous  entendons 
pas.  Les  Efpagnols  prirent  cela  pour  le  nom  de  cette 
côte.  Depuis  ils  en  ont  fait ,  par  corruption  ,  Jucatan  , 
lien  que  la  pointe  de  cette  côte  foit  appel  lée  Eccampi 
par  les  Indiens.  Cette  pointe  de  Jucatan  gît  à  21  d. 
de  hauteur.  Elle  eft  de  grande  étendue  ;  &  plus  elle 
avance  en  mer ,  plus  elle  eft  large.  Sa  moindre  largeur 
eft  de  quatre-vingt-cinq  à  quatre-vingt-dix  de  nos  lieues; 
elle  eft  éloignée  de  Xicalanco  à-peu-près  d'autant.  Il  y 
a  des  cartes  étrangères  qui  repréfentent  mal-à-propos 
cette  pointe  de  Jucatan  plus  étroite  ;  mais  il  eft  fur 
qu'elle  a  de  l'eft  à  l'oueft  deux  cens  lieues  de  longueur. 
Elle  fut  découverte  ,  en  15 17  ,  par  Hernandes  de 
Cordoua  ,  mais  feulement  en  partie.  Hernandes  étant 
parti  de  Sân-Jago  de  Cuba,  pour  chercher  de  nouvelles 
terres ,  ou  pour  prendre  des  travailleurs  pour  les  mines , 
&  venant  à  l'ifle  de  Guanaxos  ,  ou  Caganaxa,  près  du 
cap  des  Honduras ,  y  trouva  un  peuple  bénin ,  doux  &c 
fimple  ,  n'ayant  point  d'armes ,  ôc  paroiflant  ennemi  de 
la  guerre.  Ces  gens  n'avoient  d'autres  occupations  que 
la  pêche.  Hernandes  pouffa  plus  loin ,  &  arriva  à  une 
pointe  inconnue  ,  où  il  trouva  des  chaudières  à  fel ,  Si 
de  petites  tours  de  pierre ,  avec  des  degrés  ;  des  cha- 
pelles couvertes  de  bois  &t  de  chaume  ,  où  il  y  avoit 
des  idoles  de  femmes.  Les  habitans  de  cette  pointe 
tétoient  vêtus  richement  ,  &  portoient  des  mantelines 
très-fines  de  coton  blanc  &c  de  coton  de  couleur  ,  des 
joyaux  d'or  &  d'argent ,  &  des  pendans  de  pierreries. 
Les  femmes  y  étoient  couvertes  depuis  le  milieu  du 
corps  jufqu'aux  talons,  ainfi  que  fur  la  tête  &  fur  le  fein , 
des  mêmes  étoffes  de  coton.  De-là  les  Espagnols  paf- 
ferent  à  une  autre  pointe  ,  qu'ils  nommèrent  pointe  de 
Cotoche  ,  parce  qu'y  ayant  rencontré  quelques  pêcheurs, 
qui  de  crainte  fe  mirent  à  crier ,  en  fuyant  du  côté  de  la 
terre  ,  Cotoche ,  Cotoche  ,  c'eft-à-dire  à  la  mdifon  ,  à  la 
mai/on  ,  ils  crurent  que  les  pêcheurs  leur  difoient  le  nom 
du  pays.  Depuis  cela  cette  pointe  a  retenu  le  nom  de 
Cotoche.  Us  y  trouvèrent  au  bord  de  la  mer  une  grande 
&  belle  ville  ,  où  ils  furent  parfaitement  bien  reçus 
des  habitans.  Us  y  virent  de  beaux  édifices ,  avec  de 
hautes  tours  ,  des  temples  aflez  magnifiques  ,  des  rues 
pavées  ,  &  beaucoup  de  commerce.  Les  maifons  y 
étoient  bien  bâties  de  pierres  &  de  chaux  ,  mais  Ample- 
ment couvertes  de  chaume.  Les  chambres  étoient  hautes 
de  dix  ou  douze  degrés. 

L'auteur  cité  n'a  pas  une  idée  avantageufe  de  la  con- 
verfion  de  ces  peuples  :  félon  lui  ,  les  Indiens  de  ce 
pays  fervent  leurs  idoles  tant  qu'ils  peuvent  :  ils  leur 
J'acrifîoient  autrefois  des  victimes  humaines»  Tous  ceux 


qui  font  fous  la  domination  Espagnole,  exercent  encore 
leur  idolâtrie  le  plus  fecrettement  qu'ils  peuvent.  Ils  ont 
bien ,  pour  la  plus  grande  partie,  le  nom  de  Chrétiens,  & 
la  réputation  de  l'être  ;  mais  auffï-tôt  que  les  eccléfiafti- 
ques ,  qu'on  leur  envoie,  font  éloignés  ,  ils  fe  moquent 
du  baptême  ck  des  inftrucf.  ions.  La  haine  qu'ils  ont  pour 
nous  ,^  à  caufe  des  injuftices  &  des  cruautés  qu'on  a 
exercées  contre  eux  ,  contribue  beaucoup  à  l'averfion 
qu'ils  ont  pour  notre  religion  ;  cependant  la  crainte 
d'être  châtiés  ,  &  pris  pour  esclaves  ,  les  rend  exafts 
à  l'extérieur  ,  &  ils  affeétent  de  jeûner ,  d'aller  à  con- 
feffe  ,  &  de  porter  les  ânnates  autant  que  le  meilleur 
Chrétien  d'Efpagne  ;  mais  avec  tout  cela ,  les  châtimens 
ont  incomparablement  été  plus  efficaces  que  les  fer- 
mons ni  les  cathéchifmes  :  cependant  ils  ne  manquent 
ni  de  bon  fens  ni  de  pénétration.  On  affure  que  les  ido- 
lâtres de  Jucatan  &  de  Cotoche  pratiquent  la  circonci- 
fion  ,  fans  qu'on  puiffe  favoir  d'où  peut  venir  cette  cou- 
tume. Ces  Indiens  m'ont  toujours  paru  aflez  droits  dans 
le  négoce.  Ils  ont  quantité  d'abeilles  ,  de  miel  &  de 
cire,  dont  ils  ignoroient,  dit-on,  l'ufage  avant  la  ve- 
nue des  Espagnols.  Il  ne  femble  pas  que  cette  terre  ait 
des  mines  d'or  ou  d'argent  ;  &  quoique  le  pays  foit 
rude  &  pierreux  ,  il  ne  laifle  pas  d'être  fertile  en  maïs. 
On  a  fort  détruit  les  habitans  de  ce  canton.  Le  pays 
eft  presque  défert  :  il  s'en  eft  fauve  grand  nombre  dans 
les  bois  ck  clans  les  lieux  non  conquis  ,  où  ils  fe  font 
joints  aux  autres  Indiens.  Le  refte  vit  dans  l'esclavage 
èk  dans  l'oppreffion. 

Je  parle  des  deux  autres  parties  du  Jucatan  dans  les" 
articles  de  Guatimala  &  de  Santa-Cruz. 

1.  JUCHING  ,  ville  de  la  Chine,  dans  la  province 
deHonan,  au  département  de  Queite  ,  féconde  métro- 
pole de  la  province.  Elle  eft  plus  occidentale  que  Pé- 
kin de  1  d.  20',  par  les  3  5  d.  20'  de  latitude.  *  Atlas 
Sinenjïs. 

2.  JUCHING,  ville  de  la  Chine  ,  dans  la  province 
de  Channton,  au  département  deCinan,  première  mé- 
tropole de  la  province.   Elle  eft  plus  orientale  que  Pékin   " 
de  io',  par  les  37  d.  19'  de  latitude.  *  Atlas  Sinenjïs. 

JUCU  ,  ville  de  la  Chine  ,  dans  la  province  dé 
Channfi ,  au  département  de  Taiyven ,  première  métro- 
pole de  la  province.  Elle  eft  plus  occidentale  que  Pékirt 
de  4  d.  20',  par  les  38  d.  25'  de  latitude.  *  Atlas  Si- 
nenjïs. 

JUCUNDIANENSIS  ,  fiege  épiscopal  d'Afrique- 
dans  la  Numidie.  La  Notice  épiscopale  ne  le  nommé 
pas.  Mais  on  trouve  dans  la  Conférence  de  Cartilage, 
p.  79,  édit.  Dupin.  Secundinus  Jucundianenjis  ;  ck  lé 
même  évêque  eft  nommé  ailleurs  ,  Secundus  Jocundia- 
nenfa,  du  nom  d'une  bourgade  de  Numidie ,  cujusdam 
villa  Numidiœ.  • 

JUD  ou  Judi  ,  ville  de  la  Paleftine  ,  dans  la  tribu 
de  Dan.   *Jofué,  c.  29,  v.  45. 

I.  JUDA  :  c'eft  originairement  le  nom  d'un  des  douze 
patriarches,  fils  de  Jacob  ck  de  Lia  ;  mais  dans  là  fuite 
ce  nom  lignifia  la  tribu  de  Juda,  c'eft-à-dire  la  poftérité 
de  ce  patriarche ,  dont  voici  quel  fut  le  pays. 

Le  lot  de  la  tribu  de  Juda  occupoit  toute  la  partie  mé^ 
ridionale  de  la  Paleftine ,  ck  les  tribus  de  Siméon  ck  de 
Dan  occupèrent  plusieurs  villes ,  qui  d'abord  avoient  été 
attribuées  à  Juda.  Cette  tribu  étoit  fi  nombreufe,  qu'au 
fortir  de  l'Egypte  ,  elle  étoit  compofée  de  foixante-  & 
quatorze  mille  fix  cents  hommes  capables  de  porter  les 
armes,  Numer.  c.  1,  v.  26,  27.  La  royauté  paifa  de  la 
tribu  de  Benjamin,  d'où  étoient  Saul  ck  Isbofeth,  dans 
celle  de  Juda,  qui  étoit  la  tribu  de  David  ck  de  Ces  fuc- 
cefleurs  rois ,  jusqu'à  la  captivité  de  Babylone  ;  ck  de- 
puis le  retour  de  la  captivité,  quoique  cette  tribu  ne  ré-  ' 
gnât  pas  ,  elle  occupa  toujours  néanmoins  la  première 
place.  Elle  donnoit  le  fceptre  à  ceux  qui  régnoient.  Elle 
réuniffbit  en  quelque  forte  toute  la  nation  des  Hébreuss 
en  elle-même  ;  &  on  ne  les  connoiffbit  que  fous  le  nom 
de  Judai ,  les  Juifs ,  descendans  de  Juda. 

Quand  Juda  eft  oppofé  à  Israël ,  il  défigne  le  royaume 
de  Juda. ,  c'eft-à-dire  la  partie  qui  demeura  fidèle  à  Da- 
vid &c  à  fes  fucceffèurs  ;  au  lieu  qu'Israël  fignifie  les  dix 
tribus  rebelles,  qui  commencèrent  par  leur  divifion  le 
royaume  de  Samarie.  Une  des  principales  prérogatives 
de  la  tribu  de  Juda ,  eft  d'avoir  conservé  le  dépôt  de  la 
vraie  religion ,  Ôc  l'exercice  public  du  facerçloçe  ôc  des. 


JUD 


JUD 


i  cérémonies  de  la  loi  da«s  le  temple  de  Jérufaîem  ,  pen- 
dant que  les  dix  tribus  s'abandonnoient  au  culte  des  veaux 
d'or  Se  à  l'idolâtrie. 

2.  JUDA,  royaume  d'Afrique,  dans  la  Guinée,  en- 
viron à  foixante  lieues  à  l'eft,  d'Akim ,  Se  féparé  de  la 
côte  d'or,  par  la  rivière  de  Volta.  Les  François  ,Se  les 
Angloisyont  un  comptoir  voifin  l'un  de  l'autre,  dans  des 
marais,  où  l'air  eft  très- mal-fain ,  à  trois  mille  de  !a  côte. 
La  capitale,  appellée  Saùi, _&c  que  les  François  appel- 
lent Xavier,'  eft  à  quatre  milles  au  nord  des  comptoirs. 
Le  pays  eft  bon ,  abondant  en  bled  d'Inde ,  patates,  igna- 
mes Se  autres  fruits  dont  on  fait,  tous  les  ans,  deux  mois- 
fons.  Ce  royaume  fut  conquis  Se  ravagé  par  le  roi  de 
Dahomay,  en  1727.  * Hijt.  des  Voyages,  t.  3.  Robert 
de  Vaugondy,  Atlas. 

JUDÉE,  pays  d'Afie,  fur  les  bords  de  la  Méditer- 
ranée ,  entre  cette  mer  au  couchant ,  la  Syrie  au  nord  , 
les  montagnes  qui  font  au-delà  du  Jourdain  à  l'orient, 
Se  l'Arabie  au  midi. 

On  l'a  appellée  anciennement  pays  de  Chanaan ,  du 
nom  de  Chanaan ,  fils  de  Cham  ,  dont  les  descendans 
l'occupèrent  en  premier  lieu.  On  lui  donna  ensuite  le 
nom  de  Paleftine,  à  caufe  des  Philiftins,  que  les  Grecs 
Se  les  Romains  appelloient  Pale/lins.  Comme  ces  peu- 
ples demeuroient  le  long  des  côtes  ,  ils  furent  connus 
les  premiers ,  Se  le  refte  du  pays  a  porté  leur  nom.  On 
l'a  auffi  appellée  Judée  ,  de  la  plus  considérable  de  fes 
tribus.  On  lui  adonné  le  nom  de  terre promife ,  par  rap- 
port aux  promeffes  que  Dieu  fit  plufieurs  fois  aux  patriar- 
ches de  la  donner  à  leur  poftérité  ;  de  terre  d'Israël,  à 
caufe  que  les  enfans  de  Jacob  ou  d'Israël  s'y  établirent; 
Se  de  la  Terre- j. ai  m  e ,  parce  qu'elle  a  étéfan&ifiée  par  la 
prélence  Se  les  myfteres  de  Jefus-Chrift. 

La  Judée  étoit  une  partie  de  la  gtande  Syrie;  de -là 
vient  que  Ptolomée  ,  après  avoir  traité  de  la  Syrie  , 
/.  J,  c.  1 5, emploie  le  chapitre  fuivant  à  traiter  de  la  Syrie- 
Palejline,  qui  s'appelle  auffi  Judée.  Sa  longueur  fe  prend 
depuis  la  Syrie  Antiochienne  jusqu'à  l'Egypte  &  l'Ara- 
bie; fa  largeur  depuis  la  mer  Méditerranée,  ou  la  grande 
mer  jusqu'à  la  Celéfyrie  &  l'Arabie  Pétrée.  Le  Jourdain, 
qui  prend  fa  fource  au  mont  Liban  ,  la  traverse  ;  les  val- 
lées où  il  coule  le  portent  dans  le  lac  de  Généfareth , 
qui,  dans  l'ancien  Teftament,  s'appelle  mer  deCeneroth; 
oc  dans  le  nouveau,  mer  de  Tibériade.  Au  fortir  de  ce  lac 
fon  canal  eft  large  &  tranquile  ;  il  arrofe  presque  toutes 
les  tribus,  &  va  fe  perdre  dans  le  lac  Asphalride,  nommé 
autrement  mer  Morte.  Outre  le  Jourdain,  on  compte  d'au- 
tres rivières  dans  la  Judée  ;  le  Jarmac  au  pays  des  Ger- 
féens  :  il  prend  fa  fource  aux  montagnes  de  Galaad  ;  le 
Kirmion  ptès  de  Damas,  nommé  autrement  Amach  ou 
Abana.  On  y  ajoute  le  Pharphar  qui  descend  du  mont 
Hermon  ;  le  Ci/on  qui  coule  dans  les  tribus  d'Iflachar  Se 
de  Zabulon  ;  l'Arnon  qui  vient  de  la  montagne  du  même 
nom,  Se  qui  fe  jette  dans  la  mer  Morte  ,  Se  le  Jaboc  qui 
fe  jette  dans  le  Jourdain  ;  mais  tous  ces  fleuves ,  ex- 
cepté le  dernier  ,  ne  font ,  à  proprement  parler ,  que  des 
torrens  ou  des  ruifleaux.  *  Le  P.  Lami.  Introd.  à  l'Ecrit. 
fainte,  c.  3. 

Ce  pays  a  plufieurs  montagnes.  Les  plus  célèbres  font 
le  Liban ,  Se  l' Anti-Liban  au  ieptentrion  ;  les  montagnes 
de  Galaad,  d'Hermon  ,  d'Arnon  Se  celles  desMoabites 
à  l'orient  ;  les  montagnes  du  défert  au  midi  ;  le  Carmel; 
les  montagnes  d'Ephraïm  Se  des  Philiftins,  au  couchant. 
Il  y  en  a  quelques  autres  au  milieu  de  la  Judée,  comme 
le  Tabor,  Garizim ,  Hébal ,  Sion  ,  Moria,  Hébron, 
or,  ce  que  l'Evangile  appelle  montana  Judœa. 

Les  Philiftins  étoient  étrangers  dans  le  pays  de  Cha- 
iiaan,  Se  étoient  venus  de  Capthor.  Voyez  ce  mot. 
Les  Phéniciens  étoient  un  refte  des  anciens  Chananéens, 
dont  Jofué  avoit  détruit  &  chafle  la  plus  grande  partie. 
Ces  deux  peuples,  les  Philiftins  au  midi  Se  les  Phéni- 
ciens au  nord,  occupoient  presque  toutes  les  côtes  de  la 
Méditerranée.  Les  Juifs  étoient  donc  refferrés  par  ces 
peuples  ;  ils  avoient  le  Liban  Se  la  Syrie  au  nord ,  l'A- 
rabie-Péttée  Srl'Idumée  méridionale  au  midi.  Les  mon- 
tagnes de  Galaad ,  l'Idumée  orientale ,  l'Arabie  déferte, 
les  Ammonites  Se  lesMoabites  à  l'orient,  les  Philiftins, 
les  Phéniciens  Se  la  Méditerranée  au  couchant.  *  D.  Cal- 
met ,  Dift. 

La  Judée ,  avant  l'arrivée  des  Hébreux ,  étoit  gouver- 
née par  des  rois  Chananéens ,  qui  exerçoient  une  puis- 


,  :6oy 

fance  abfcîue  enacun  dans  fa  ville.  Jofué  fait  "la  conquête 
de  ce  pays,  Se  le  gouverne  comme  lieutenant  de  Dieu. 
A  Jofué  fuccèdent  les  anciens ,  pendant  environ  quinze 
années.  Les  Israélites  tombent  dans  une  espèce  d'anar- 
chie de  fept  ou  huit  ans.  Ils  font  ensuite  gouvernés  par 
des  juges,  pendant  trois  cents  dix-fept  ans,  Se  enfin  par 
des  rois,  depuis  Saiil  jusqu'à  la  captivité  deBabylone, 
pendant^  cinq  cents  fept  années.  Après  le  retour  de  la 
captivité ,  les  Juifs  reçoivent  la  loi  des  rois  de  Perse  , 
puis  d'Alexandre  le  Grand  ;  ils  obéiffent  ensuite  aux 
rois  d'Egypte  ,  puis  à  ceux  de  Syrie  ,  gardant  toujours 
dans  le  gouvernement  particulier  beaucoup  de  déférence 
pour  le  grand-prêtre  &  les  chefs  de  la  famille  de  David. 
Les  Juifs,  fous  la  conduite  de  Judas-Maccabée,  prennent 
les  armes  pour  la  défense  de  leur  religion,  Se  recouvrent 
leur  ancienne  liberté.  Enfin  Hérode  le  Grand  eft  déclaré 
roi  de  la  Judée,  par  le  fénat  de  Rome  ;  à  fa  mert,  fes 
trois  fils  partagent  entr'eux  fon  royaume  ,  Se  gou\  ernent 
fous  le  titre  de  tétrarques.  Ils  font  exilés  les"  uns  après 
les  autres  ,  Se  la  Judée  eft  enfin  réduite  en  province' par 
les  Romains.  La  durée  du  tems  des  juges,  depuis  la  mort 
de  Jofué,  jusqu'au  commencement  du  régne  de  Saiil i 
eft  de  trois  cents  trente-neuf  ans.  Voici  l'ordre  chrono- 
logique des  juges  Se  des  fervitudes  qui  ont  été  dans  le 
pays ,  durant  cet  intervale. 

Ordre  chronologique  des  juges. 

monde.. 

2570.  Mort  de  Jofué. 

2585.  Gouvernement  des  anciens  ,  pendant  énvirori 
quinze  ans. 

2592.  Anarchie  d'environ  fept  ans,  jusqu'en  1592. 

C'eft  à  ce  tems  qu'on  rapporte  l'hiftoire  deMi- 
cha ,  la  conquête  de  la  ville  de  Laïs  ,  par  une 
partie  de  la  tribu  de  Dan ,  Se  la  guerre  des  onze 
tribus  contre  Benjamin. 

1S91.  Première  fervitude  fous  Chufan-Rafathaïm ,  roi 
de  Méfopotamie  ;  elle  commença  en  2591  Se 
dura  huit  ans  ,  jusqu'en  2509. 

2599.  Othoniel  délivra  Israël  ,  la  quarantième  année 
après  la  paix  donnée  au  pays  par  Jofué. 

2662*  Paix  d'environ  foixante-deux  ans  ,  depuis  la  dé- 
livrance procurée  par  Orthoniel ,  en  2599  jus- 
qu'en 2662  qu'arriva  la  féconde  fervitude  fous 
Eglon  ,  roi  des  Moabites.  Elle  dura  dix-huit  ans. 

2679.  Aod  délivre  Israël. 

Après  lui ,  Samgar  gouverna,  Se  le  pays  fut  en 
paix  jusqu'à  la  quatre-vingtième  année,  depuis  la 
première  délivrance  procurée  par  Othoniel. 

2699.  Troifiéme  fervitude  fous  les  Chananéens  ,  qui 
dura  vingt  ans  ,  depuis  2699  jusqu'en  2719. 

2719.  Débora  Se  Barac  délivrent  les  Israélites.  Depuis 
la  délivrance  procurée  par  Aod  ,  jusqu'à  la  fin 
du  gouvernement  de  Débora  Se  de  Barac  ,  il  y 
a  quarante  ans.  , 

2752.  Quatrième  fervitude  fous  les  Madianites,  qui  dura 
fept  ans,  depuis  2752  jusqu'en  2759. 

2759.  Gédéon  remet  les  Israélites  en  liberté.  Depuis  la 
délivrance  procurée  par  Barac  Se  Débora ,  jus- 
qu'à celle  que  procura  Gédéon ,  il  y  a  quarante 
ans. 

2768.  Abimélech  ,  fils  naturel  de  Gédéon  ,  eft  reconnu 
pour  roi  par  ceux  de  Sichem.  II  fait  mourir  foi- 
xante Se  dix  de  fes  frères  :  il  régne  trois  ans, 
depuis  2768  jusqu'en  2771. 

2771.  Il  mourut  au  fiége  de  Thèbes,  en  Paleftine. 

2772.  Thola gouverne  après  Abimélech,  pendant  vingts- 
trois  ans,  depuis  2772  jusqu'en  2795. 

2795.  Jaïrfuccédeà  Thola,  Se  gouverne  pendant  vingt- 
deux  ans,  depuis  2795  jusqu'en  2816. 

2799.  Cinquième  fervitude  fous  les  Philiftins ,  qui  dura 
dix-huit  ans,  depuis  2799  jusqu'en  2817. 

2817.  Mort  de  Jaïr. 

A817.  Jephté  eft  choifi  chef  des  Israélites  de  de-là  le 
Jourdain  ;  il  défait  les  Ammonites  ,  qui  les  op- 
primoient.  Jephté  gouverne  fix  ans,  depuis  2817 
jusqu'en  2823. 

2823.  Mort  de  Jephté. 

2S30.  Abéfan  gouverne  fept  ans  ,  depuis  2823  jusqu'en 
2830. 


6o8 


JUD 


JUD 


1840.  Ahialon  fuçcede  à  Abéfan  ;  il  gouverne  depuis 

2830  jusqu'en  2840. 
1848.  Abdon  juge  Israël  pendant  huit  ans  ;  depuis  2840 

jusqu'en  2848. 
2848.  Sixième  fervitude  fous  les  Philiftins  ,    qui  dura 

quarante  ans  ;  depuis  2848  jusqu'en  2888. 


1848.    Héli ,  grand-prêtre  de  la  race  d'Ithamar ,  gou-     ne  lait  quelle  année. 


Nadab ,  ûh  ah  ,  mort  en  3055» 
Bafa,  vingt-deux  ans ,  depuis  3052  jusqu'en  3074. 
£la,  deux  ans,  mort  en  3075. 
Zamri  ,  fept  jours. 

Amri,  onze  ans,  depuis  3075  jusqu'en  3086.    lient 
pour  compétiteur  Thebni,  qui  fuccomba  et  mourut,  on 


vernâ  pendant  quarante  ans  ,  tout  le  tems  de  la 
fervitude,  fous  les  Philiftins. 
2849»  NaifTance  de  Samson. 

2887.  Mort  de  Samson ,  qui  fut  juge  d'Israël  pendant  la 
judicature  du  grand-prêtre  Héli. 

2888.  Mort  de  Héli  ,   &  commencement  de  Samuel, 
qui  lui  fuccéda. 

1909.  Election  &£  onttion  de  Saiil  ,   premier  roi  des 
Hébreux. 

Lifte  chronologique  des  rois  des  Hébreux. 


Saul  ,  premier  roi  des  Israélites  ,  régna  depuis  l'an 
du  monde  2909,  jusqu'en  2949,  pendant  quarante  ans 
entiers. 

Isboseth,  fon  fils  ,  lui  fuccéda,  &  régna  fur  une 
partie  d'Israël ,  pendant  fix  ou  fept  ans  ,  depuis  2949 
jusqu'en  2956. 

David  avoit  été  facré  roi  par  Samuel,  1  an  du  monde     quante-trois 
2934;  mais  il  ne  jouit  de  la  royauté  qu'à  la  mort   de 
Saiil,   en  2949  ,  &  ne  fut  reconnu  foi  de  tout  Israël, 
qu'après  la  mort   d'Isbofeth  ,    en  2956  ;    il  mourut  en 
2990 ,  âgé  de  ibixante-dix  ans. 

Salomon,  fon  fils,  lui  fuccéda.  Il  reçut  1'onchon 
royale,  dès  l'an  2989.  Il  régna  feul  après  la  mort  de  Da- 
vid, en  2990.  Il  mourut  en  3029,  après  quarante  ans 
de  régne.  ,     ■  .       . 

Après  fa  mort,  le  royaume  fut  partage  ,  et  les  dix  tri- 
tus  ayant  choifi  Jéroboam  pour  leur  roi ,  Roboam ,  fils 
de  Salomon ,  ne  régna  que  fur  les  tribus  de  Juda  et  de 
Benjamin. 

Rois  de  Juda. 


Achab,  vingt-un  ans,  depuis  l'an  3086,  jusqu'en  3107. 

Ochojias,  deux  ans,  depuis  3106  jusqu'en  3108.  Il 
fut  afTocié  au  royaume  ,  dès  l'an  3 106. 

Joram,  fils  d'Achab ,  lui  fuccéda  en  3108.  Il  régna 
douze  ans,  mort  en  3120. 

Jéku  ufurpe  le  royaume,  en  3120,  régne  vingt-huit 
ans,  &  meurt  en  3148. 

Joackas  règne  dix  fept  ans,  depuis  3 148  jusqu'en  3  i6f.' 

Joas  régne  quatorze  ans  ,  depuis  3165  jusqu'en  3179. 

Jéroboam  II  régne  quarante  -  un  ans  ,  depuis  3179 
jusqu'en  3120. 

Zacharie  ,  douze  ans,  depuis  3220  jusqu'en  3232. 

Seltum  régne  un  mois  ;  il  eft  tué  en  3233. 

Manahem  ,  d'X  ans  ,  depuis  3233  jusquën  3243. 

Phactia,  deux  ans,  depuis  3243  jusqu'en  3245. 

Phacée,  vmg.  ansj  depuis  3245  jusqu'en  3265. 

Ojée,  dix-huit  ans,  depuis  3165  jusqu'en  3283. 

fin  du  royaume  d'Israël,  qui  a  duré  deux  cents  cin- 


ROBOAM  ,  fils  &£  fucceffeur  de  Salomon,  régna  dix- 
fept  ans  ,  depuis  l'an  3029  jusqu'en  3046. 

Abia,  trois  ans,  depuis  3046  jusqu'en  3049. 
ASA,  quarante  &  un  ans,  depuis  3049  jusqu'en  3090. 
Josaphat,  vingt  cinq  ans,  depuis  3090  jusqu'en  3 1 1 5. 
JORAM,  cinq  ans,  depuis  3115  jusqu'en  3119. 


Apre-  le  retour  de  la  captivité  ,  arrivé  en  3468 ,  les 
Juifs  vécurent  fous  ladomina.ion  des  Perses,  pendant  cent 
quatre  ans,  jusqu'au  régne  d'Alexandre  le  Grand  ,  qui 
vint  à  Jérulalem,  l'an  du  monde  3671.  Après  fa  mort, 
arrivée  en  3081  ,  la  Judée  obéit  d'aboid  aux  rois  d'E- 
gypte ,  puis  aux  rois  de  Syrie ,  jusqu  à  ce  qu'enfin  An- 
tiochus-Êpiphanès  ayant  torcé  les  Juifs  de  prendre  les 
armes  pour  la  défense  de  leur  religion ,  l'an  du  monde 
3836,  les  Maccabées  recouvrcre.it  peu-à-peu  leur  an- 
cienne liberté  ,  et  vécurent  dans  l'indépendance,  depuis 
le  gouvernement  de  Jean- Hircan  ,  en  l'an  du  monde 
3874,  jusqu  à  ce  que  la  Judée  fût  réduite  en  province 
par  les  Romains. 

Lifte  des  Maccabées  ou  des  princes  Asmonéens ,  qui  ont 
gouverné  la  république  des  Juifs  ,  en  qualité  de  princes 
&  de  grand-prétres  ,  Jusqu'au  régne  d'Hérode  Le  Grand. 


OCHOSIAS,  un  an,  depuis  3 119  jusquen  3120 
Athalie,  fa  mère  ,  régna  fix  ; 


:ans,  depuis  3120  jus- 
qu'en 3126. 

Joas  eft  mis  fur  le  throne  par  le  grand-pretre  Joiada, 
en  3126.  Il  régna  pendant  quarante  ans,-  jusqu'en  3165 

Amasias  ,  trente-neuf  ans 

Ozias  ,  autrement  nommé  Avarias,  régna  pendant 
vingt-fept  ans,  jusqu'en  3221.  Alors  ayant  entrepris  d'of- 
frir l'encens  dans  le  temple  ,  il  fut  frappé  de  lèpre ,  & 
obligé  de  quitter  le  gouvernement  ;  il  vécut  encore 
vingt-cinq  ans,  &  mourut  en  3246. 


Mattathias,  père  de  Judas  Maccabée,  mourut  en  3838, 
au  commencement  de  la  perfécution  d'Antiochus-Epi- 
phanès. 

Judas  Maccabée  gouverna  cinq  ans  ,  depuis  l'an  3838 
jusqu'à  fa  mort  arrivée  en  3843. 

Jonathas  Maccabée  gouverna  dix-fept  ans,  depuis  384J 
depuis  3165  jusqu'en     jusq/en  3860. 

Simon  Maccabée  gouverna  neuf  ans,  depuis  3860  jus- 
qu'en 3869. 

Jean  Hircan  gouverna  vingt-neuf  ans ,  depuis  3869 
jusqu'en  3898.  Il  fe  mit  en  parfaite  liberté,  après lamort 
d'Anriochus  Sidétès ,  roi  de  Syrie ,  en  3874. 

Ari (lobule  prend  le  titre  de  roi,  et  régne  un  an,  mort 


Joathan,  fon  fils ,  prit  le  gouvernement,  dès  l'an  du  en  389^ 

monde  3  221 .  Il  régna  feul ,  en  3246 ,  &  mourut  en  3  262.  _    Alexandre  Jannée  régne  vingt-fept  ans ,  depuis  3899 

Achaz  fuccéda  à  Joathan,  l'an  du  monde  3262.  Il  jusqu'en  3926. 
régna  feize  ans  jusqu'en  3278.  Salome  ou  Alexandra,  femme  d'Alexandre  Jannée  , 

ElÉCHIAS  ,  vingt- huit  ans,  depuis  3378  jusqu'en  gouverna  neuf  ans ,   pendant  que  Hircan,  fon  fils  aîné, 


exercent  la  charge  de  grand-prètre.  Elle  mourut  en  393  5. 

Htrcan,  roi  6c  grand-prêtre  des  Juifs,  commença  à 
régner  après  lamort  de  là  mère,  en  3935;  mais  il  ne 
régna  paifiblement  que  trois  mois. 

Anjïobule ,  frère  d'Hircan  ,  s'empara  du  royaume  8c 
de  la  grande  facrificature,  dont  il  jouit  trois  ans  &  trois 


3306. 

ManASSÉ  ,  cinquante-cinq  ans ,  depuis  l'an  du  monde 
3306  jusqu'en  3361. 

Amon,  deux  ans,  depuis  3361  jusquen  3363. 
Josias,  vingt-neuf  ans ,  depuis  3363  jusqu'en  3397. 
Joachas  ,  trois  mois. 

ELIACIM  ou  JOAKIM,   onze  ans,  depuis  l'an  3397     mois  ,  jusqu'en  l'an  3940.  Alors  Pompée  prit  Jérufalem, 

jusqu'en  3405.  &  rendit  la  grande  iàcriticature  à  Hircan,  avec  la  qualité 

JoACHIN  ou  JÉCHONIAS  ,   régne  trois  mois  &  dix     de  roi,  mais  fans  lui  accorder  l'ulage  du  diadème.  Aris- 

jours  dans  l'année  3405.  tobuîe  fut  pris  dans  Jérufalem,    et  conduit  à  Rome  par 

Mattathias  ou  Sedécias  ,  régne  onze  ans,  depuis  -34c")  Pompée, 
jusqu'en  3416.  La  dernière  année  de  fon  régne,  Jérufa-  Hircan  ne  jouit  pas  paifiblement  des  honneurs  &  des 
lem  fut  pnfe,  le  temple  brûlé,  et  Juda  emmené  captif  dignités  que  Pompée  lui  avoit  rendus.  Antigone,fon  ne- 
veu, fils  d'Ariftobule,  fit  venir  les  Parthes  à  Jérufalem, 
s'empara  de  h  royauté  &  de  la  grande  facrificature,  en 
l'an  du  monde  3964.  Hircan  fut  pris  ;  on  lui  coupa  les 
oreilles  ,  pou  'e  rendre  incapable  d'exercer  a  l'avenir  les 
fondions  du  facerdoce  ,    &  on  le  mena  à  Babylone , 

d'où 


au-delà  de  l'Euphrate. 

Rois  d'Israël. 
Jéroboam  régna  vingt-deux  ans,  depuis  3030  jusqu'en 
3051. 


JUD 


JUD 


'd'où  il  ne  revint  qu'en  3968.  Il  fut  mis  à  mort  par  Hé- 
rode,  en  3974)  quarante-huit  ans  après  la  mort  de  fon 
père  Alexandre  Jannée ,  Se  trente-neuf  ans  après  celle 
de  fa  mère  Salomé  ou  Alexandra. 

Antigone ,  fon  neveu ,  qui  s'ëtoit  emparé  de  la  royauté 
8c  de  la  grande  facrificature ,  n'en  jouit  qu'environ  deux 
ans  Se  fept  mois.  Il  fut  pris  dans  Jérufalem  par  Sofius , 
en  3967,  8c  ensuite  décapité  la  même  année  à  Antic- 
che ,  par  l'ordre  de  Marc-Antoine. 

Hérode  le  Grand,  fils  d'Antipater  ,  Se  Iduméen  d'ori- 
gine ,  fut  déclaré  roi  des  Juifs,  par  le  fénat  Romain , 
l'an  du  monde  3964.  Il  mourut  après  trente-fix  ou  trente- 
fept  ans  de  régne,  étant  âgé  de  foixante  Se  dix  ans ,  l'an 
du  monde  4001 ,  Se  l'an  premier  de  Jefus-Chrift  ,  trois 
ans  avant  l'ère  vulgaire. 

Partage  de  la  Judée  après  Hérode. 

Ses  états  furent  partagés  entre  fes  trois  fils ,  Archelaùs, 
Hérode-Antipas  Se  Philippe. 

Hérode-Antipas  eut  la  Galilée  8c  la  Pérée.  Il  fut  rélé- 
gué à  Lyon,  1  an  43  de  J.  C.  39  de  l'ère  vulgaire.  De- 
là il  fut  envoyé  en  exil  en  Espagne ,  où  il  mourut.  Il 
régna  quarante- deux  ans,  depuis  l'an  du  monde  400 1 , 
jusqu'en  4041,  de  J.  C.  41,  de  l'-ére  vulvaire  39.  L'em- 
pereur Caïus  donna  fa  tétrarchie  à  Agrippa  I  ,  dont  on 
parlera  ci-après. 

Philippe  eut  pour  partage  la  Batanée ,  fa  Trachonite 
&  l'Auranite.  Il  mourut  l'an  37  de  J.  C.  33,  de  1ère  vul- 
gaire. Sa  tétrarchie  fut  alors  réduite  en  province. 

Archelaùs  polTéda  le  royaume  de  Judée  ,  fous  le  titre 
ffethnarchie  ,  depuis  l'an  du  monde  4001  ,  qui  eft  la 
première  année  deJ.  C.  Se  trois  ans  avant  l'ère  vulgaire. 
Il  fut  rélégué  à  Vienne  dans  les  Gaules,  l'an  9  de  J.C. 
de  l'ère  vulgaire  6. 

Alors  la  Judée  fut  réduite  en  province  ,  Se  foumife  à 
des  gouverneurs  jusqu'à  l'an  de  J.  C.  40,  qui  eft  l'an  37 
de  l'ère  vulgaire.  Ces  gouverneurs  font  quelquefois  nom- 
més prafes ,  préfident  ;  procuràtor ,  intendant ,  prœtor, 
commandant.  Ils  étoient  fournis  aux  empereurs,  Se  même 
aux  gouverneurs  de  Syrie,  dont  la  Judée  faifoit  partie. 

Lijii  chronologique  des  gouverneurs  Romains, 

_  Le  premier  gouverneur  envoyé  en  Judée,  après  le  ban- 
hiflêment  d'Archelaùs,  fut  Coponius,  chevalier  P^omain, 
t|ui  la  gouverna  jusqu'à  l'an  10  de  l'ère  vulgaire.  Dans 
le  même  tems ,  P.  Sulp'icius  Quirinius  étoit  gouverneur 
de  Syrie.  C'eft  ce  Quirinius,  dont  parle  S.  Luc,  v.  2. 

Marcus  Ambibucus  ou  Ambivius,  fuccéda  à  Coponius 
vers  l'an  10  de  l'éré  vulgaire.  Il  gouverna  peut-être  trois 
ans  jusques  vers  l'an  1 3  de  l'ère  vulgaire  ;  car  le  teln^dé 
fon  gouvernement  n'eft  pas  exprimé  dans  Jofeph. 

Annius  Rufus  fuccéda,  vers  l'an  1 3  de  l'ère  vulgaire, 
&  gouverna  un  an  du  deux. 

Valerius  Gratus  fuccéda  à  Rufus,  Se  gouverna  depuis 
l'an  15  ou  16  de  l'ère  vulgaire,  pendant  onze  ans. 

Ponce  Pilate  fuccéda  à  Gratus ,  vers  l'an  27  de  l'ère 
Vulgaire,  Se  gouverna  la  Judée  jusqu'à  la  fin  de  l'an  36. 

Marcel  fut  envoyé  en  fa  place  par  Vitellius ,  gouver- 
neur de  Syrie; 

L'année  fuivantè  ,  37  de  l'ère  vulgaire  ,  Se  la  pre- 
mière année  de  Caïus  Caligula  ,  la  Judée  retourna  à  fon 
ancien  état,  Se  fut  donnée,  fous  le  titre  de  reyaume,  à 
AGRIPPA.  Mais  après  fa  mort  arrivée  l'an  44  de  l'ère 
vulgaire ,  la  Judée  fut  de  nouveau  réduite  en  province  ; 
&  l'empereur  Claude  y  envoya  Cuspius  Fadus,  en  qua- 
lité de  gouverneur  ou  d'intendant.  Il  la  gouverna  envi- 
ron deux  ans  jusques  vers  l'an  46  de  l'ère  vulgaire. 

Tibère  Alexandre  ,  fils  d'Alexandre  ,  alabarque  des 
Juifs  d'Alexandrie,  &  neveu  dePhilon,  abandonna  fa 
religion  ,  Se  fut  fait  gouverneur  de  Judée ,  l'an  46  de 
l'ère  vulgaire.  Il  gouverna  environ  deux  ans. 

VentidiusCumanus  lui  fuccéda,  &  gouverna  la  Judée 
jusqu'en  52  de  l'ère  vulgaire. 

Félix  ,  affranchi  de  l'empereur  Claude  ,  fut  envoyé 
dans  la  Judée,  qu'il  gouverna  jusqu'à  l'an  60. 

Portius  Fejlus  fut  envoyé  en  fa  place  la  même  année, 
&C  mourut  en  Judée ,  l'an  62  de  l'ère  vulgaire. 

Albin  lui  fuccéda,  &  arriva  en  Judée,  où  il  commanda 
deux  ans. 


fcb$ 


GeJJîusFlorus  fuccéda,  fur  la  fin  de  l'an  04,  ou  au  com- 
mencement de  65  de  l'ère  vulgaire,  Se  fut  le  dernier 
gouverneur  particulier  qu'ait  eu  la  Judée.  Il  y  alluma  la 
guerre  par  là  mauvailè  conduite.  On  ne  fait  ce  qu'il  de- 
vint depuis  l'an  66  de  l'ère  vulgaire.  La  ville  de  Jérufa- 
lem fut  prife  Se  ruinée,  l'an  70.  La  révolte  des  Juifs 
commença  l'an  66. 

L'Ecriture  nous  parle  de  la  Judée  ou  de  la  terre  de 
Chanaan  ,  comme  d'un  pays  excellent  Se  abondant  en 
toutes  les  chofes  néceffaires  à  la  vie.  On  ne  peut  rien 
ajouter  à  la  peinture  qu'elle  nous  en  fait.  Elle  la  décrit 
comme  une  terre  la  plus  belle  Se  la  plus  fertile  qui  foit 
au  monde ,  un  pays  où  coulent  des  ruifTeaux  de  lait  Se 
de  miel.  Exod.  c.  3,  v.  2.  E^échiel,  c.  20,  v.  6.  Nu- 
mer,  c.  13,  v.  28.  Deuler.  c.  8,  v.  7.  Ifaïe ,  c.  36,  v.  17. 
"  Jofeph,  Antiq.  1.  15,  c.  5  ;  &  1.  8,  c.  2,  de  Bello; 
1.  3,  C  2,  18,  26  ;  6-  contra  Appion.  1.  1  ,  en  parle  à- 
peu-près  de  même,  auffi-bien  que  Tacite,  Hifl.  1.  ■>  , 
c.  6.  Quelques  voyageurs  modernes  ,  voyant  ce  pays 
mal  cultivé  ,  fous  la  tyrannie  des  Turcs ,  ont  donné  , 
fans  y  penser,  occafion  aux  incrédules  de  nier  que  cette 
terre  promife  pofTédât  les  avantages  gue  les  auteurs  fa- 
crés  ont  vantés.  Les  impies  ont  faiiîe  avec  joie  ce  pré- 
texte pour  décrier  la  véracité  de  l'Ecriture  ,  comme  fi 
elle  étoit  démentie  par  le  témoignage  de  ces  voyageurs. 
C'eft  une  des  impiétés  qui  hâtèrent  la  perte  du  fameux 
Servet,  éditeur  de  Ptolomée  ,  fous  le  nom  de  Villano- 
vanus.  Cependant  il  n'eft  pas  vrai  que  cette  terre  foit  à 
préfent  ftérile  ,  ni  que  les  voyageurs  qui  l'ont  vue  ,  en 
parlent  tous  ainfi.  Ils  avouent  qu'il  y  a  des  endroits  ari- 
des Se  pierreux ,  Se  qu'en  général  le  pays  eft  aujourd'hui 
allez  ftérile.  Mais  cela  ne  vient  pas  d'une  qualité  natu- 
relle du  terroir,  mais  du  manque  d'habitans,  qui  font  en. 
trop  petit  nombre  Se  trop  miférables ,  pour  faire  valoir 
ce  pays.  *  D.  Calm'et ,  Dift. 

De  la  Judée  dans  l'état  préfent. 

Aujourd'hui  la  Terre-fainte  eft  divifée  en  autant  de 
parties  qu'il  y  a  dé  gouvernemens.  Le  nombre  n'en 
iàuroit  être  fixé  ;  car  le  Turc  partage  quelquefois  un 
gouvernement  en  deux  ,  &  quelquefois  il  en  unit  deux 
en  un.  Voici  ceux  qui  étoient  lorfque  le  P.  Nau  voya- 
gea dans  ce  pays-là. 

Du  CÔré  du  midi  eft  le  pays  de  Gaçc  ,  &  au-defîus 
celui  de  Khalil ,  c'eft-à-dire  de  l'ami  de  Dieu  ,  Abra- 
ham. Les  Mahométans  donnent  ce  nom  illuftre  à  ce 
patriarche  ,  Se  fou  vent  ils  le  nomment  fimp'ement 
Y  ami  ,  fous -entendant  le  nom  de  Dieu.  Nous  avons 
ensuite  le  pays  à'Elkolds.  c'eft-à-dire  du  Jan&uaire  ,  ou 
de  la  ville  Sainte  qui  eft  Jtrulalem.  Suit  celui  de  Na- 
plos  (  Naploufe  )  qu'on  appelloit  autrefois  le  pays  de 
Samarie.  On  marque  après  celui  de  Harué ,  celui  de 
Iourct-Kajre-Kanna  ,  celui  de  Saphet  ;  Se  en  dépen- 
dant vers  la  mer ,  ceiui  de  Séyde  ,  de  Tyr,  Se  de  Saint- 
J han-d 'Acre.  Entrons  préfemement  dans  le  détail  de 
ces  pays. 

Le  pays  de  Ga£c  eft  commandé  par  un  Baffa  hérédi- 
taire ,  qui  eut ,  en  1675  ,  labachélie  de  Jérufalem,  Se  le 
gouvernement  de  Naploufe ,  avec  ordre  de  conduire  les 
Pèlerins  à  la  Mecque  ,  &  de  les  garantir  des  infultes 
des  Arabes.  Ce  pays  a  pour  bornes  à  fon  occident  ti- 
rant vers  l'Egypte  la  mer  Méditerranée  jufqu'au  Khan 
lounas  ,  c'eft-à-dire  le  Kan  de  Jonas ,  qui  eft  comme 
une  hôtellerie  publique,  fur  le  grand  chemin  ,  par  où 
l'on  va  par  terre  au  Caire  ,  à  une  petite  journée  de 
Gaze.  Ouadi-Effcrar  ,  c'eft-à-dire  la  vallée  des  myjleres  , 
Se  le  château  Gebrin  en  font  loin ,  environ  de  (èpt  ou 
huit  lieues,  &  ils  le  bornent  du  côté  de  l'orient.  Il  eft 
terminé,  du  côté  du  (èptenrrion ,  par  le  château  de  Ras 
Elayn  qui  eft  à  la  fource  d'une  petite  rivière  nommée 
Elaougé  ,  comme  qui  diroit  rivière  tortue  ,  &  par  la 
ville  Se  les  dépendances  de  Rame.  A  fon  midi  il  a  les 
déferts  d'Arabie  par  où  l'on  va  au  mont  Sinaï.  Tout  ce 
pays  n'a  de  villes  que  GaZe  &  Rame,  qui  ne  pafleroient 
en  France  que  pour  de  gros  bourgs.  On  n'y  voit  prelque 
point  de  montagnes.  II  s'étend  en  de  vaftes  Se  fertiles 
plaines  dans  lelquelles  il  renferme  environ  trois  cents 
villages  ,  8c  toute  la  tribu  de  Siméon  Si  celle  de  Dut, 

Lk  Pays  d'EntAHiLL,  ou  d'HEBRON,  qui  eft  des 
dépendances  de  là  bachélie  de  Jérufalem  ,  n'a  guères 
Tome III,    Hhhh 


6ïo 


JUD 


JUD 


que  quinze  ou  feize  villages  ;  mais  Hébron  eft  une 
ville  confidérable.  Ce  pays  qui  eft  la  plus  grande  partie 
de  la  tribu  de  Juda ,  eft  borné  à  l'occident  &  féparé 
de  la  bachélie  de  Gaze  par  VOuali- EJferar  dont  j'ai 
parlé.  Il  a  à  fon  orient  la  mer  Morte  qu'on  nomme  le 
lac  de  Loih,  B  ahham-Louih ;aumidi,  le  défert  du  mont 
Sinaï  &  au  feptentrion,  la  fontaine  fcellée  de  Salomon  , 
&  les  grands  rélérvoirs  où  les  eaux  fé  déchargent  à  deux 
lieues  de  Jérufalem. 

Le  Pays  d'ElkoDS  ou  de  Jérufalem  ,  qui  tient  une 
partie  de  la  tribu  de  Juda  ,  6c  toute  celle  dé  Benjamin  , 
a  le  Jourdain  à  fon  orient,  à  huit  ou  neuf  lieues  de  la 
fainte  ville;  6c  il  finit,  vers  l'occident,  à  cinq  lieues  d'elle, 
à  Ouadi  Ali  ,  c'eft-à-dire  ,  la  vallée  d'Ali ,  qui  eft  le 
commencement  des  montagnes  de  Judée.  Le  village 
d'Elbiré  le  termine  à  trois  ou  quatre  lieues  de  Jérufalem, 
du  côté  du  feptentrion  ,  6c  au  midi  les  rélérvoirs  d'eau 
de  la  fontaine  fcellée  de  Salomon.  On  y  compte  envi- 
ron deux  cents  villages ,  dont  cent  font  ruinés  ci  déferts. 
Jérufalem  eft  l'unique  ville  qui  y  foit. 

Le  Pays  DE  NAPLOUSE  ,  qui  eft  celui  de  Samarie , 
6c  de  la  tribu  d'Ephraïm  ,  renferme  à- peu-près  une  cen- 
taine de  villages  avec  la  ville  qui  lui  donne  fon  nom. 
Il  s'étend  du  midi  au  feptentrion  ,  depuis  Elbiré  jufqu'à 
un  grand  village  nommé  Arrabé.  Le  Jourdain  qu'on 
nomme  aujourd'hui  Scheriah ,  c'eft-à-dire  loi ,  le  borne 
du  côté  d'orient ,  &  le  village  de  Kakoun  du  côté  d'oc- 
cident ,  à  trois  lieues  de  la  mèr.  Tout  ce  pays  étoit ,  en 
1675  1  ^e  la  bachélie  de  Jérufalem  ,  parce  qu'il  eft  af- 
fecté à  YEmir  Hage ,  c'eft-à-dire  au  feigneur  qui  efeorte 
la  caravane  des  pèlerins  de  la  Mecque  ;  &  c'étoit  alors 
le  Baffa  de  Jérufalem  qui  avoir  cette  charge. 

Le  Pays  de  Kareté  ,  que  l'on  trouve  enfuite  ,  eft 
un  pays  où  les  princes  Arabes  de  la  maifon  deTerbayé 
commandent.  Il  a  à  fon  orient  une  petite  rivière  nom- 
mée du  Jourdain  ,  où  elle  fe  décharge ,  d'environ  deux 
lieues.  Il  eft  borné,  du  côté  de  l'occident,  par  la  mer  Mé- 
diterranée ,  6c  fe  termine  au  sabor,  du  côté  du  fepten- 
trion. On  y  compte  près  de  cinquante  villages.  11  y  a 
vers  la  rivière  que  j'ai  marquée  ,  fin  château  nommé 
ELbeyfan  ,  bâti  fur  les  ruines  d'une  ville  qui  avoit  ce 
nom  ,  &C  qui  ,  à  juger  des  reftes  qu'on  voit  ,  étoit 
beaucoup  plus  grande  que  Jérufalem.  Cette  ville  eft  ,  à 
ce  que  je  crois  ,  Bethfan.  Le  nom  mêle  perfuade autant 
que  la  fituation  du  lieu;  car  les  Arabes  nomment  Beyt , 
ce  que  les  Hébreux  appelloient  Beth  ;  de  forte  qu'El- 
beyian  6c  le  Bethfan  eft  la  même  chofe.  De  ce  châ- 
teau jufqu'au  Jourdain  ,  on  voit  s'étendre  une  belle  val- 
lée nommée  Seyfeban ,  où  l'on  feme  du  riz  ,  du  tabac 
6c  de  toutes  fortes  de  grains.  Les  Arabes  y  viennent 
hyverner.  On  dit  qu'autrefois  il  y  eut  un  grand  combat 
entre  Mahomet  6c  les  Chrétiens  dont  il  eût  été  tout- à-fait 
-vaincu  ,  fi  le  vaillant  Ali  que  les  Mahométans  appellent 
YEpée  du  prophète  ,  Seif-Elnabi  ,  ne  fut  venu  à  fon  fe- 
cours.  On  feme  là  en  abondance  une  herbe  nommée 
nih ,  dont  la  graine  fert  à  faire  une  teinture  bleue ,  6c 
eft  transportée  en  Egypte  pour  cet  ufage.  Ce  pays  oc- 
cupe cette  moitié  de  la  tribu  de  Manaffé  qui  étoit  en- 
deça  du  Jourdain  ,  6c  toute  celle  d'Iffachar ,  où  eft  cette 
grande  6c  fameufe  plaine  d'Esdrelon  ,  ou  Maggedo  , 
qu'on  appelle  aujourd'hui  Marge-ebn-Hamer  ,  c'eft-à- 
dire  le  pré  du  fils  d'Aamer. 

Le  Pays  de  Nazareth  commence  là.  On  le 
nomme  louret-Cafré-Kanna  ,  c'eft-à-dire  le  creux  du 
'défert  de  Cana  ,  parce  que  celui  qui  gouvernoit  autrefois 
ce  diftricl:,  faifoit  fa  demeure  à  Cana  de  Galilée.  La  mer 
de  Tibériade  borde  ce  pays  à  l'orient  ,  6r  la  plaine  de 
S.  Jean  d'Acre  à  l'occident.  Il  a  au  feptentrion  le  pays 
de  Saphet ,  renferme  la  plus  grande  partie  de  la  tribu 
de  Zabulon ,  6c  contient  à-peu-près  vingt  ou  vingt-cinq 
villages. 

Le  PAYS  DE  Sapheth  ,  où  l'on  monte  ensuite,  oc- 
cupe la  tribu  de  Nephthali ,  6c  une  bonne  partie  des 
villes  de  la  Décapole.  On  voit  à  fa  defeente  une  vafte 
&  longue  campagne  ,  vers  la  fin  de  laquelle  eft  Céfarée 
de  Philippe ,  6t  c'eft  ce  qui  fe  nommoit  autrefois  la  Tra- 
chonitide.  Le  Jourdain  fe  forme  là  de  deux  fources  , 
qui  unifient  leurs  eaux  ;  6c  ,  coulant  par  cette  campagne  , 
il  va  fe  jetter  dans  un  fond  où  il  forme  le  lac  Samacho- 
nite  ,  autrement  dit  les  eaux  de  Méron  ,  6c  qu'on  ap- 
pelle aujourd'hui  Houlci-Panias ,  à  caufe  de  Céfarée 


de   Philippe   qui  a  repris  fon  ancien  nom   de  Panéas. 
Voyez  l'article  Jourdain. 

Enfin  le  pays  de  la  Terre-fainre,  qui  eft  au-deffus  du 
Jourdain  ,  6c  qu'on  ne  vifite  guères  ,  parce  qu'il  eft  dan- 
gereux de  voyager  parmi  les  Arabes ,  eft  divifé  en  trois 
parties.  La  plus  méridionale  ,  qui  occupe  la  tribu  de 
Ruben  6c  le  pays  des  Moabites  ,  s'appelle  le  pays  de 
Salth  ,  du  nom  d'un  grand  village  ,  où  il  y  a  un  châ- 
teau 6c  quantité  de  Chrétiens  du  rit  Grec.  Les  Arabes 
qui  l'habitent ,  font  nommés  Beni-Aubayd  ,  c'eft-à-dire 
enfans  dAubayd  :  leur  chef  prend  le  pays  à  ferme  du 
Baffa  de  Damas.  Celui  où  étoit  la  tribu  de  Gad,  eft 
peuplé  d'autres  Arabes  appelles  Beni-Kenani  ,  6c  leur 
chef  en  paye  une  rente  au  même  Baffa.  Il  eft  presque 
coupé  au  milieu  ,  par  une  petite  rivière  nommée  Sche- 
riatk-Mandour  ,  qui  va  fe  jetter  dans  le  Jourdain ,  à  en- 
viron trois  lieues  de  fa  fource.  Cette  fource  eft  appa- 
remment ce  petit  étang  qui  eft  marqué  dans  les  cartes, 
par  le  nom  de  mer  de  Ja^er.  Il  n'y  a  pourtant  point  là 
d'étang  ;  mais  on  y  voit  un  grand  nombre  de  petites 
fources  qui  percent  la  terre  ,  6c  qui  font  toutes  d'eau 
chaude.  Il  y  en  a  une  fi  bouillante  ,  qu'on  n'y  fauroit 
tenir  la  main.  Elle  part  d'un  bain  nommé  Hummet-El- 
Schtik  ,  c'eft-à-dire  le  bain  chaud  du  vieillard  ou  dit 
feigneur  du  lieu  ,  ou  du  faine  ;  car  tous  les  gens  con- 
sidérables ,  ou  par  leur  naillance  ;  ou  par  leur  autorité, 
ou  par  l'opinion  de  faintëté  ,  prennent  ce  nom  de 
Scheik  qui  figrufie  vieillard;  6c  ils  le  prennent,  quand; 
ils  ne  feroient  encore  qu'enfans  ,  parce  qu'ils  doivent 
avoir  dans  leur  bas  âge  la  fageffe  que  les  autres  hom- 
mes n'ont  qu'en  un  âge  plus  avancé.  Les  auteurs  an- 
ciens qui  ont  écrit  des  Croifades ,  n'entendant  pas  affez 
la  lignification  de  ce  nom  Arabe  Scheik  ,  ont  appelfé 
vieillardde  la  montagne ,  ce  prince  fameux  des  Affailins 
dont  ils  font  mention.  Ils  auroient  dû  l'appeller  le  fei- 
gneur qui  gouvernoit  la  montagne  ;  car  c'eft  ce  que  veut 
aire  Scheik-El-labal.  Au  lieu  où  nos  géographes  pla- 
cent la  terre  de  Hom  ,  il  y  a  un  grand  château  aban- 
donné ,  qu'on  appelle  Kalaat-Nembroud,  ou  le  château, 
de  Nemrod.  Enfin  le  pays  où  étoit  autrefois  une  moitié 
de  la  tribu  de  Manaffé  ,  6c  le  royaume  de  Bazan ,  eft 
habité  encore  par  des  Arabes  nommés  Gouayr. 

Dans  cet  article  où  j'ai  emprunté  .  beaucoup  de 
chofes  du  docte  livre  de  la  Paleftine  dé  Reland  ,  je  ne 
me  fuis  pas  étendu  fur  chaque  tribu  ,  parce  que  j'en 
parle  affez  à  leurs  articles  particuliers.  Je  n'ai,  pas  non 
plus  raconté  les  différens  maîtres  qu'a  eus  la  Judée  de- 
puis les  Romains  ,  parce  que  je  reprends  cette  matière 
aux  titres  Jérusalem  6c  Terre-Sainte.  On  peut  y 
joindre  celui  de  Chanaan. 

_  JUDENBOURG ,  Judenburgum  félon  Zeyler  ,  Sti- 
ria;  Topogr.  p.  71  ,  ville  d'Allemagne  ,  dans  la  haute 
Stirie ,  dont  elle  eft  la  capitale  ;  elle  eft  fituée  fur  la  mer , 
vis-à-vis  Seckau  ,  à  quatorze  milles  de  Gratz  ,  favoir,  fîx 
de  Judenbourg  à  Leuben  ,  6c  de-là  huit  à  Gratz.  On 
va  de  l'une  à  l'autre  de  ces  deux  premières  villes  ,  par 
la  rivière  de  la  Muer.  Mais  quand,  en  allant  de  Juden- 
bourg à  Gratz ,  on  prend  la  route  des  montagnes ,  il  n'y 
a  en  tout  que  huit  milles.  La  ville  eft  belle  ,  bien  bâtie, 
6c  a  trois  côtés  fur  une  hauteur  commode.  Vers  le  47e  d. 
10'  dé  latitude.  Elle  a  ,  entr'autres ,  huit  rues  ;  deux 
principales  qui  coupent  la  ville  de  deux  côtés ,  6c  par 
le  travers  desquelles  coulent ,  le  long  de  la  place ,  deux 
ruiffeaux.  Cette  place  eft  belle ,  grande  ,  large  &  lon- 
gue; 6c  l'on  y  tient  deux  foires  par  an,  favoir,  à  l'Af- 
cenfion  6c  à  la  fête  de  fainte  Urfule.  La  ville  a  cinq 
portes ,  outre  une  petite.  Il  y  a  un  beau  château  nommé 
le  Bourg  ,  die  Burg ,  où  les  fouverains  venoient  paffer 
quelque  tems.  Près  de-là  eft  le  couvent  des  Francifeains, 
auquel  il  y  a  communication  du  château  ,  afin  qu'on 
puiffe  fe  rendre  dans  l'églife  par  une  galerie  faite  exprès. 
Les  Jéfuites  poffédent  le  couvent  des  Dominicains  & 
quelques  belles  maifons  voifines  ,  dont  ils  ont  fait  un 
[be;'u  collège.  Il  y  a  de  belles  maifons  qui  appartiennent  à 
des  gentilshommes  du  pays  ,  entr'autres,  celle  des  fei- 
gneurs  de  Zahen  ,  nommée  Zahenbourgjprès  des  murs 
de  la  ville  ,  6c  vis-à-vis  eft  un  palais  magnifique.  L'é- 
glife de  S.  Martin,  où  autrefois  les  Luthériens  ont  eu 
l'exercice  de  leur  religion,  eft  redevenue  une  églife  ca- 
tholique. La  paroiffe  eft  un  grand  6c  beaubânment,  où 
plufieurs  feigneurs  ont  leurs  tombeaux  ornés  d'épitaphs*.- 


JUÊ 


JUE 


611 


II  y  a  auffi  dans  là  ville  un  hôpital  nommé  du  S.  Es- 
prit; &  au-deffous  de  la  ville,  près  de  la  Muer, un  mo- 
naftere  de  filles  de  fainte  Claire.  L'hôtel  de  ville  mérite 
d'être  vu.  Le  magiftrat  a  cela  de  fi.ngulier,  qu'il  ne  juge 
point  à  mort  ;  pour  les  caufes  criminelles,  ons'adrefieà 
Gratz.  Les  exécutions  ne  fe  font  pas  en  pleine  rue  de- 
vant la  maifon  de  ville,  comme  dans  d'autres  villes,  mais 
dans  la  maifon  de  ville  même  fur  un  large  perron,  où  le  cri- 
minel eft  conduit,  &c  fubit  la  peine  portée  par  la  fentence. 
Le  gouvernement  delà  ville  confifte  en  un  bourg-meftre, 
un  juge  &  le  conseil.  Il  y  a  quatre  fontaine  dans  la  ville. 
Il  y  a  un  fauxbourg  du  côté  du  bourg  de  "Weiffenkirken, 
par  où  l'on  pafTe  quand  oh  prend  le  plus  court  chemin 
de  Gratz.  Le  fauxbourg  s'étend  le  long  de  la  mer,  qu'on 
y  paffe  fur  un  pont,  au-delà  duquel  eft  une  églife  tk  un 
autre  petit  fauxbourg.  Le  territoire  de  Judenbourg  s'étend 
jusqu'à  Knitelfeld  ;  c'eft  un  agréable  canton  ,  où  il  y  a 
1  beaucoup  de  beaux  châteaux  &  de  bons  villages.  La- 
2ius,  R.  R.  /.  1 2,  fccl.  6,  c.  4,  croit  que  Judenbourg  eft  an- 
cien. 

i.  JUDIA.  Voyez  Juthia,  capitale  du  royaume  de 
Siam. 

î.  JUDIA.  (Basses  de  la)  Voyez  Basses. 

JUDICELLO,  (le)  petite  rivière  de  Sicile,  dans  le 
Val  de  Demona,  félon  Baudrand  ,  &  dans  le  Val  de 
Noto,  félon  De  l'Ifle  ,  Carte  de  la  Sicile.  Elle  a  fa 
fource  auprès  de  la  Motta  di  Sanfta-Anaftafia ,  d'où,  fer- 
pentant  vers  le  levant ,  elle  coupe  en  deux  la  ville  de 
Catane ,  ck  le  perd  dans  la  mer.  C'eft  VAmenanus  des 
anciens. 

JUDOIGNE,  en  flamand  Geldenaken,  petite  ville 
des  Pays-bas ,  dans  le  Brabant ,  au  quartier  deLouvain, 
fur  la  petite  rivière  de  Gère  ,  avec  un  vieux  château  ck 
une  mairie  ;  elle  eft  à  deux  lieues  deTillemont,  à  qua- 
tre deGemblours,  ck  à  cinq  de  Louvain. 

JUÉE  (la)  ou  Mai  -:e-la-Juelle  ,  ville  de  France. 
Voyez  l'article  de  Laval. 

.  JUEKIANG,  ou,  félon  l'Atlas  Chinois  du  P.  Martini, 
JtJENCHlANG,  ville  de  la  Chine,  dans  la  province  de 
Iunnan,  dont  elle  eft  la  feptiéme  dans  l'ordre  des  villes 
militaires.  Elle  eft  à  13  d.  ^4'  de  latitude ,  &  de  1 5  d. 
33'  plus  occidentale  que  Pékin  ;  elle  étoit  anciennement 
de  la  Chine.  Sous  la  famille  de  Sunga,  elle  fut  envahie 
&  détachée  de  cet  .empire  par  Nungchica.  La  famille 
d'Iuen  la  reprit ,  &  la  nomma  Juenkiang  ;  mais  parce 
qu'elle  éto>t  voifme  du  Tonkin  ck  du  royaume  de  Laos, 
elle  a  une  forterefle  nommée  Lopit  ;  elle  a  beaucoup 
de  foie ,  d'ébene  ,  de  palmiers  ,  d'arec  ,  que  les  habi- 
tans,  auflî-bien  que  le  refte  des  Indiens,  mâchent  avec 
la  feuille  de  bétel.  Les  paons  y  lbnt  fort  communs.  Du 
côté  du  levant  d'été  ,  eft  le  mont  LtUKiA.  Le  mont 
YoTAI ,  qui  eft  à  l'orient ,  eft  très-grand  ck  é'eve  virigt- 
cinq  pointes  ou  fommets  ;  il  eft  (i  beau  qu'on  lui  a  donné 
le  nom  de  tour  prkieufe. 

IVELINE,  (la  forêt  d')  forêt  de  France.  De  l'Ifle 
la  nomme  le  bois  des  Ivdmes  Elle  eft  dans  l'Ifle  de 
France,  entre Chevreufe,  Rochefort,  i.Arno.il  ckEper' 
non;  elle  s'étendoit  autrefois  davantage;  6:  l'on  y  com- 
prenoit  le  bois  de  Rambouillet, qui  en  faifoit  partie;  fé- 
lon Hadrien  de  Valois,  oh  la  nommoit  en  latin  Aqui- 
lina  Silva  ,  Silva  Evclina  ou  Eulina  ,  dans  les  anciens 
titres.  Baudrand  dit  qu'elle  eft  presque  toute  défrichée  ; 
il  feroit  plus  naturel  dire,  ce  mefemble,  que  d'une  feule 
forêt ,  on  a  éclairci  divers  endroits;  de  manière  que  plu- 
lieurs  parties  détachées  ont  préfentement  des  noms  par- 
ticuliers, comme  le  bois  des  Ivelines,  qui  conserve  l'an- 
cien nom,  le  bois  de  Rochefort,  h.  forêt  de  Dourdans  , 
le  bois  de  Bâtonneau  ,  le  bois  de  Rambouillet  ,  les  Tailles 
d'Epernon,  ck  la  forêt  de  S.  Léger.  Il  y  a  lieu  de  croire 
que  tout  cela  ensemble  faifoit  une  forêt  continue,  lors- 
que la  France  étoit  moins  peuplée  qu'elle  n'eft  présen- 
tement ;  fk  cette  forêt  étoit  nommée  AQUILlNA 
Silva. 

IVELMOUTH,  petit  golfe  d'Angleterre,  à  l'embou- 
chure de  la  rivière  d'IvEL  ,  en  Sommerfetshire.  Voyez 
Vexala. 

JUEN  ,  ville  de  la  Chine  ,  dans  la  province  de  Hu- 
quang,  au  département  de  Xincheu,  douzième  métro- 
pole de  la  province.  Elle  eft  de  8  d.  29'  plus  occiden- 
tale que  Pékin  ,  fous  les  18  d.  de  latitude.  *  Atlas  Si- 
lunfis. 


'  JUF.NCHEU  ,  ville  de  la  Chine,,  dans  la  province  de 
Kianfi,  dont  elle  eft  la  onzième  métropole  ;  elle  eft  à 
28  d.  25'  de  latitude  ,  ck  de  3  d.  12'  pius  occidentale 
que  Pékin.  Son  département,  qui  eft  fertile  ck  agréable, 
renferme  quatre  villes,  favoir, 


Juencheu, 
Fueny, 


Pinghiang  , 


La  famille  de  Han  la  nomma  Ychuen  ;  la  famille  de 
Tanga  lui  donna  le  nom  qu'elle  porte  aujourd'hui.  Elle 
a  des  mines  d'alun  ck  de  vitriol,  ck  quatre  temples  dé- 
diés aux  héros.  Le  mont  Niang  eft  au  midi  de  la  ville  : 
ce  nom  veut  dire  vifible  ,  ck  eft  fondé  fur  ce  qu'étant 
hériflé  de  roches  escarpées ,  ck  entouré  de  précipices  ,  ' 
il  eft  inacceflible.  On  n'y  fauroit  monter ,  ck  il  faut  fe 
contenter  de  le  voir.  Il  a  trois  cents  ftades  de  tour  ,  ce 
qui  fait  un  peu  plus  de  douze  lieues.  Il  en  fort  une  fon- 
taine, dont  l'eau  eft  (i  froide  toute  l'année  ,  qu'il  n'eft 
pas  poffible  d'en  boire  ,  à  moins  qu'on  ne  l'expofe  quel- 
que tems  au  foleil,  pour  la  dégourdir.  *  Atlas  Sinenjîs. 
Il  parbît  par  la  Carte  du  P.  Martini ,   que  cette  ville 


tire  fon  nom  d'une  rivière  nommée  Jui 


ù 


fourcë  dans  les  montagnes  de  Kir.ki ,  aux  confins  de  la 
province  de  Huquang,  ck  qui,  (erpentant  vers  l'orient, 
va  fe  perdre  dans  la  rivière  de  Kiam. 

IVENGAN  ,  ville  de  là  Chine ,  dans  la  province  de 
Huquang,  au  département  de  Kingcheu,  fîxiéme  mé- 
tropole de  la  province.  Elle  eftplus"occidentale  que  Pé- 
kin de  6  d.  26',  parles  31  d.  35'  de  latitude.  *  Atlas 
Sinenjîs. 

1.  JUENKIANG  ,  ville  de  la  Chine.  Voyez  JuÉ- 
K1ANG. 

_  2.  JUENKIANG,  ville  de  la  Chine  ,  dans  la  pro- 
vince de.Huquang,  au  département  de  Changte,  onzième 
métropole  de  la  province.  Elle  eft  plus  occidentale  que 
Pékin  de  5  d.  50',  par  les  29  d.  21'  de  latitude.  *  Atlas 
Sinenjîs. 

IVENKIO ,  ville  de  la  Chine  ,  dans  la  province  de 
Channu,  au  département  de  Pirigyang,  féconde  métro- 
pole de  la  province.  Elle  eft  plus  occidentale  que  Pékin, 
de  5  d.  32',  par  les   36  d.  9'   de  latitude.   *  Atlas  Si- 


Jiïki 


lUENNA,  ancien  lieu  du  Norique,  félon  laTablede 
Peutinger  ,  Segm.  3,  à  vingt-trois  mille  pas  de  Vmu  um 
ou  Virunum ,  ck  à  vingt  mille  pas  de  Colacion.  Cluvier 
croie  que  c  eft  Ja.UNSTEIN  en  Carinthie. 

JUENUU  ,  ville  de  la  Chine,  dans  la  province  de 
Hohan  ,  au  département  de  Caifung ,  première  métro- 
pole de  la  province.  Elle  eft  plus  occidentale  que  Pékin 
de  3  d.  30' ,  par  les  35  d.  58'  de  latitude.  *  Atlas  Si- 
nenfis. 

iWERCK,  baronnie  d'Irlande,  dans  la  province  de 
Leinfter.  C'eft  une  des  onze  qui  compofent  le  comté  de 
Kilkenny.  *  Etat  préfent  de  l'Irlande  ,  p.  41. 

JUERNA  ;  c'eft  ainfi  que  Pomponius  Mêla,  /.  9,  c.  6, 
appelle  l'iRLANDE. 

IVERNAUX  ,  abbaye  de  l'ordre  de  S.  Auguftin,  au, 
diocèle  ,  ck  à  fix  lieues  de  Paris ,  fur  la  petite  rivière  de 
Rouillon,  à  une  lieue  de  Brie- Comte-Robert.  Elle  fut 
fondée  vers  l'an  1164,   ck  rétablie  en  1684. 

JUERNE  ;  on  lifoit  dans  Etienne  le  Géographe  ,' 
'I*Épi/n  noMshi  t«  îmsjiy  i<ji  riptlMiKÛ.  C'eft  un  gali- 
mathias  horrible.  Où  a-t-on  jamais  entendu  parler  d'une 
rivière  nommée  Pretanicus  ?  Berkélius  a  bien  vu  qu'il 
falloit  lire  vi  T«fiwaiù,  dans  l'Océan.  En  effet  Juerne 
fe  trouvera  alors  une  ville  de  l'océan  Britanique ,  fans 
doute  dans  l'Irlande ,  qu'Etienne  nomme  Juernea ,  ijls 
Britannique.  Il  y  a  dans  cet  auteur  trois  articles  de  luite  . 
favoir  : 

Juernia  ,  ifle  Britannique  ,  la  plus  petite  des  deux  ; 
le  nom  national  eft  Juerniates;  Juerne,  ville  de  l'o- 
céan Britannique;  Juernia,  ille,  le  nom  national  eft 
Jucrni. 

Il  n'y  a  point  de  difficulté  au  premier  ;  c'eft  cons- 
tamment l'Irlande  ,  qui  eft  moindre  que  la  grande  Bre- 
tagne ,  où  font  l'Angleterre  &  l'Ecofle.  Le  troifiéme 
n'eft  qu'une  addition  faite  par  un  grammairien  qui  aurai 
trouvé  quelque  part  le  mot  Juerni ,  pour  défîgner  le* 
habitans  de  l'ifle  ,  &  aura  voulu  ajouter  cette  remarque 
Tenu  III.    Hhhh  ïj 


6 12 


JUG 


ÎL'H 


Le  fécond    miné  les  Avares  ck  les  Huns ,  a  poffédé  la  Dacie  ,  le* 


<  celle  d'Etienne     qui  les  nomme  ^™^*™-     Pannomes  &  Ie  Notic  qu'ils  occupoient ,   &  qui  a  < 
egarde  une  vile  de  cette^e^ ^  j*»**™^     counue  dans  tout  le  monde  par  les  grands  expions  quVll 


Ptolomée ,  qui  met  — 

lande  ,  qu'il  nomme  auffi  Juerma.  L  édition  de  Bertius 
porte  'Uui<  -,  ck  avertit  que  le  manuscrit  Palatin  a 
"Itpus;  celui'de  la  bibliothèque  Seguier  a  'luipie ,  qui 
eft  beaucoup  mieux.  Demême  l'édition  de  Bertiusnomme 
un  peu  plus  haut  un  peuple  Uttrni;  ottepnoi.  cka,oute 
comme  une  variante  Juernl,  'I«ïpv«?  c'eft  ce  dernier 
qu'il  falloit  mettre  dans  la  véritable  leçon ,  ck  ne  don- 
ner Uurni  que  comme  variante.  Le  manuscrit  de  la 
bibliothèque  Seguier  porte  Juernu ,  Ixipi,,.  Cette  Ju- 
yerné  d'Etienne  eft  la  même  que  hJuerms  de  Ptolomée, 
1.1.,  ci,  dont  les  interprètes  difent,  après  Cambden  , 
que  c'eft  préfentement  Dunkercn ,  en  Irlande. 
IVETOT.  Voyez  Yvetot.  „,.,-, 
JUFICUM  ou  Juphicum.  Ptolomée  ,  l.j,  c.  i  , 
de  l'édition  de  Bertius,  met  cette  ville  dans  lOmbrie. 
On  n'en  trouve  aucune  trace  dans  le  manuscrit  de  Se- 
guier. Cependant  Ortélius ,  Thejaur.  dit  que  quelquun 
trouve  Sajjb  Ferrato  au  même  endroit.    Voyez  Tufi- 

CUJUFITENSIS  ,   fiége  épiscopal  d'Afrique  ,   dans  la 
Mauritanie  Sitifense.  La  Conférence  de  Cartilage,  /».  263 


a  faits.  On  voit  que  cet  ambaffadeur  adopte  l'erreur  d'O- 
léarius.  Voici  ce  qu'il  ajoute  à  ce  fujet  :  la  preuve  qu'on 
en  a,  eft  que  l'on  dit  qu'ils  ont  le  même  langage ,  dont 
i'aurois  bien  voulu  faire  l'expérience  étant  à  Moscou , 
ii  j'euiïe  pu  trouver  quelqu'un  de  ce  pays ,  dont  je  me 
fuis  louvent  mis  en  peine.  Je  n'en  ai  rien  appris  que  par 
un  Allemand,  qui  ayant  été  exilé  en  Sibérie,  a  été  quel- 
quefois obligé  d'aller  jusqu'en  Jugorie  ,  &  qui  m'a  d't 
que  ces  peuples  avoient  un  langage  différent  de  ceux  de 
Sibérie ,  ck  que  les  Tartares  n'entendent  point ,  ck  qu'ils 
ont  le  virage  plus  beau  qu'eux ,  n'ayant  point  la  tête  fî 
grofie  ,  ni  le  vifage  fi  ferré. 

De  l'ïile  met  dans  la  partie  feptentrionale  du  Jugora 
le  pays  de  Téesca ,  où  font  les  rivières  de  Tiqa ,  Go- 
Itzbint^a ,  Golœbeïca ,  Otma,  Oimitia ,  Pei^a,  PeifeçA, 
Voloinga  ck  VIndega  ,  qui  étant  formée  de  deux  ruis- 
feaux  Bêla  ck  Barjagune,  coule  à  Gorodiile  ;  ces  riviè- 
res tombent  dans  le  golfe  deTéesca,  ou  TéescaïaGouba; 
au  midi  occidental  eft  le  pays  de  Mezzen ,  où  coule  une 
rivière  de  même  nom,  "qui  pafle  à  Vuie ,  à  Slobotka ,  à 
Lampazenkaya  ck  à   Mezzen  ;   près  de  cette  ville  elle 

,     f       reçoit  la  rivière  de  Piezza,  déjà  groflîe  par  la  Piezkoya  qui 

fournit ,  Victor  episcopus  plebis  Jujitenfis  ;  &  1  on  cloute     yient  de  Vaasgorta.   A  l'eft-fud-eft  de  cette  dernière  ville 
fi  ce  n'eft  pas  le  même  fiége  ,  dont  étoit  eveque  Victor     eftGolotina  ;    ck  vers  les  confins  du  Petzora  eftVosgora. 

affez  près  de  la  rivière  de  Zerka.  Vers  le  milieu  du  pays 
eft  la  contrée  de  Vaconitza  ou  Vaconitza-Voloft,  peu» 


An- 


Jerafitanus,  nommé  dans  la  Notice  d'Afrique. 

JUGA.  Voyez  Jugum. 

JUGANTES  ;  on  trouve  ce  nom  dans  i  apte 
nal.  1.  12  ,  c.  40,  comme  fi  c'étoit  le  nom  dun  peuple 
de  la  Grande-Bretagne.  Il  parle  d'un  certain  Venufius , 
qui  étoit  ex  civitauJugantum.  Ce  paffage,  qui  eft  um- 
fert  peu  à  défigner  où  étoit  ce  peuple 


que 


Cambden 
n'a  rien  trouvé 


qui  a  cherché  ce  que  ce  pouvoit 
qui  le  fixât.  En  un  endroit  .1  doute  s  il  ne  faut  pas  lire 
Brizantum  ,  au  lieu  dejugantum;  ailleurs  il  femble  m- 
finuer  que  ce  pourroient  bien  être  les  Cantiens  ,  quoh 
appelloit  communément  Y-Gaint. 
JUGARIA.  Voyez  Jtjncari* 


plée  de  quelques  bourgades.  Au  midi  vers  la  fource  de 
la  Pinéga ,  qui  va  fe  perdre  dans  la  Dwina ,  font  les  mon- 
tagnes de  Jugorie  ;  ck  fur  les  confins  de  Ziranie  eft  la 
ville  de  Tidera.  La  nouvelle  Carte  de  tout  l'empire  de 
la  grande  Ruffie  ne  nomme  point  le  pays  de  Jugorie  ; 
mais  elle  met  Mezzen  ck  Golotina  au  pays  des  Samoye- 
des.  Le  Brun ,  dans  fon  Voyage  de  Moscovie  ,  />.  1 3  , 
parlant  des  Samoyedes  dit  :  il  y  a  une  autre  nation  vers 
les  côtes  de  la  mer,  qu'on  nomme  Ja'ècogerie  ou  Joégra; 
ceux  -  ci  reflemblent  en  toutes  chofes  aux  Samoyedes  , 
s'habillent  de  même  ,  ck  habitent  dans  les  déferts.  Ils 


JUGARIE.  Oléarius,  dans  le  dénombrement  des  pro-  mangent  comme  les  chiens,  les  boyaux  ck  autres  inteftL. 
vinces  de  Moscovie,  /.  3  ,  nomme  une  des  provinces  Je  tQutes  fortes  de  bê(es  fans  les  cuire  ?  &  tous  ces  peu. 
de  cet  état  Jugorie,  ck  ajoute  :    le  baron  dHerbeltein       ks  om  des  hngaeg  différentes. 

dit  que  la  province  de  Jugarie  eft  celle  dont  tes  Mon-         JUGUM  ;  ce  mot  a  été  en  ufage  parmi  les  Latins  , 
grois  font  fortis  pour  occuper  le  pays   qu  ils  poliedent  flgnmer  le  fommet  d'une  montagne.  Virgile  nomme 

aujourd'hui.  Corneille  copie  cet  article  :  ils  le  trompent      ■        c    hti     la  montagne  du  Cynthe  qui  étoit  dans 
tous  les  trois.  La  province  de  Jugora  ,  ou  Jugorie ,  eft     fo{jp  /p  r)plnç  . 
toute  au  nord  de  la  Moscovie.  Voyez  Jugora,  ck  1  an- 
cienne Hongrie  Afiatique  étoit  près  des  fources  de  1  Ir- 
tisch.  Voyez  Hongrie.  . 

JUGATUM,  en  françois  JuGATE,  lieu  d  Ane,  quel- 
que part  aux  environs  d'Edelïe.  Sozomene , H  fi.  école- 

fiall  1.  6,  c.  34,  p.  379,  dt  la  traduit,  de  M.  Goivhn, 

dit  •'  Le  folitaire  Paul  étoit  natif  du  bourg  de  Telmi- 

fon.  Il  forma  plufieurs  congrégations  de  moines ,  fckune, 

entr'autres,  dans  un  lieu  nommé  Jugate ,  qui  eft  la  plus 

nombreufe  &  la  plus  célèbre,  où  il  mourut  &  fut  en-     ^ 

terré  ,  après  avoir  vécu  fort  long-tems  dans  une  grande     ville  d'Espagne,  au  royaume  de  Léon  fur  le  Duero,  à 


Fille  de  Delo 

Qualis  in  Eurota  ripis  ,  aut  perjuga  Cynthi 
Exercée  Diana  Choros. 

JUGUM  CERETANORUM  ,  ancienne  ville  dé 
l'Espagne  citérieure.  Baudrand ,  éd.  1682,  qui  dit  que 
c'eft  préfentement  Puycerda  ,  ne  marque  point  que 
l'ancien  auteur  a  dit  que  c'étoit  une  ville. 

JUGUM  SILLARUM  ;  le  même  auteur  dit  que  le 
nom  moderne  a  été  Otero  de  Sillas  ;  quec'eft  une 


fainteté. 

JUGON,  JuGO  ,  petite  ville  de  France,  en  Breta- 
gne ,  dans  l'évêché  de  S.  Brieu ,  fur  la  petite  rivière 
d'Arquenon ,  à  fept  lieues  de  S.  Bneu ,  au  levant ,  en 
allant  vers  Rennes ,   ck  feulement  à  cinq  de  la  mer. 

1UGORA,  Jugorie;  quelques-uns  difent  Juga- 


quinze  mille  pas  au-deffous  de  Valladolid  ,  ck  que  cette 
ville  eft  la  même  que  Tordefillas ,  Tunis  Silana.  Il  cite 
Vadingue  pour  fon  auteur.  * Baudr.  éd.  1682. 

JUGURENSIS,  fiége  épiscopal  d'Afrique,  félon  Or- 
télius ,  qui  le  met  dans  la  Numidie  ;  mais  la  Notice 
d'Afrique,  n.  82,  publiée  par  Shelftrate  porte  Donatus 


RIE,  ck  d'autres  JuHORSQUI.  Le  baron  d'Herbeftein  a     Luguàtnjis'. 

c'étoit  l'ancienne  Hongrie;  ceft  une  erreur,         JUGURUK-BASCH ,   petite  province  du  pays  des 


cru  que  -     -  T  ... 

comme  je  le  prouve  au  mot  Hongrie.  Le  pays  de  Ju- 
gora   ou  Jugorie  ,   eft  partagé  en  deux  parties  inégales 

par  le  cercle  polaire  ,  ck  la  plus  étendue  eft  eivdeçà.   Il 

eft  borné  au  nord  par  la  mer  ;  au  nord- eft,  ck  a  1  eft  par 

le  Petzora  ;    au  midi  par  la  Permie,  ck  la  Ziranie  ;  au 

fud-oueft  par  la  Dvina ,   ck  au  nord-oueft  par  hue  de 

Candeno'és.  Le  baron  de  Mayerberg  parle  ainfi  de  cette 

province  dans  la  Relation  de  fon  voyage  en  Moscovie, 

p.  161:  la  province  de  Jugoria,  ou  Jugra  ,  ou  Juhra, 

eft  un  pays  de  peu  d'étendue,  joint  à  la  Sibérie  ,  dont     ^in'ce    g"[ie  eft  de  1  d'.  38'  plus  occidentale  que  Pékin 
les  habitans  ,  qui  font  Tartares ,  ck  qui  mènent  une  vie     fous  ]es        d_  g/  de  latitude.  *  Atlas  Sinenfis. 
miférable  ck  fauvage ,   reconnoiflent  la  domination  des         JUHANG  ,  ville  de  la  Chine ,  dans  la  province  de 
Moscovites  depuis  le  tems  de  l'ancien  Jean  Bafilide,  par     Q,ékiang  ,  au  département  de  Hangcheu ,  première  mé- 
un  tribut  de  peaux  précieufes.    On  dit  que  c  eft  de-la     tr0  ole  de  la  province.  Elle  eft  plus  orientale  que  Pékin 
qu'eft  fortie  cette  nation ,  qui  ayant  entièrement  exter- 


Kalmouks,  fituée  vers  les  43  d.  de  latitude  au  nord,  de 
la  rivière  de  Khefell,  fur  les  con6ns  du  pays  du  Cha- 
rasm  ck  de  la  grande  Bucharie.  Cette  province  eft  à  pré- 
fent  comme  une  espèce  de  barrière  entre  les  Kalmouks, 
fujets  du  Contaisch ,  ck  les  Tatars  du  pays  de  Charasm , 
parce  qu'elle  n'eft  habitée  ni  par  les  uns ,  m  par  les  au- 
tres.   *  Hifi.  généalogique  des  Tatars,  p.  79 1. 

JUGXAN,  ville  de  la  Chine  de  Kiangnan  ,  'au  dé- 
partement de  Lucheu ,  neuvième  mérropole  de  la  pro- 


ÏUÏ 


J  0  I 


làeid.  ^o1,  par  les3od.  3  5' de  latitude.  *  Atlas  Sinenfis. 
JUHONES  ,  peuple  imaginaire  que  l'on  a  forgé  fur 
ce  paffage  de  Tacite,  Annal.  1.  13,  c.  57,  mal  entendu. 
Sed  bdlum  Hermunduris  prospcrum  ,  Citas  exiiiofum 
fuit.  Quia  viclores  diversam  aeicm  Muni  ac  Mtrcurïo 
Jacr  avère.  Quo  voto  viri ,  equi ,  cuncla  vicia  ,  occidioni 
dantur.  Et  mina  quidem  hofiiles  in  ipsos  vertebantur. 
Sed  civitds  Juhonum ,  focia  nobis ,  malo  improvifo  af- 
fiicîa  efi.  Nam  ignés ,  terra  editi  villas  ,  arva  ,  vicos 
' paffan  corripiebant  ,  ferebanturque  in  ipsà  conditce  nU- 
per  colonial  mœnia  :  neque  extingui  pocerant  ,  non  fi 
imbres  caderent  ,  non  fi  fiuvialibus  aquis  aut  quo  alio 
humore  niterentur  ;  donc  inopia  remedii  &  ira  cladis 
agrefles  quidam  eminùs  [axa  jacere  ,  dein  rejidentibus 
fiammis  propiùs  fi'ggrejfi ,  ictu  fujiium  ,  aliisque  verbe- 
ribus  ut  feras  abjlerrebant.  Pojlremb  tegmina  corpori  di- 
repta  injiciunt ,  quanto  magis  profana  &  ufu  polluta , 
tantb  magis  opprej/ura  ignés.  C'eft-à-dire  :  Les  Hermun- 
durcs  furent  heureux  dans  cette  guerre,  &  les  Cattes  s'en 
trouvèrent  mal  ;  car  les  vainqueurs  voherent  C  armée  en- 
nemie à  Mars  &  à  Mercure.  Par  ce  vce.u  on  faitmain- 
bajfc  fur  les  hommes ,  fur  les  chevaux  ,  &Jur  tout  ce  qui 
efi  au  vaincu.  Ces  menaces,  ennemies  tournèrent  à  leur 
perte  ;  mais  l'état  des  Juhons  ,  notre  allié,  fut  affligé 
d'une  calamité  imprévue  ;  car  des  feux  qui  Jortoient  de 
terre  s 'atta  choient  çà  &  là  aux  métairies ,  aux  campa- 
gnes ,  aux  villages  &  gagnoient  jusqu'aux  murs  de  la 
colonie  bâtie  depuis  peu.  Il  ne  s'éteignoient  ni  par  une  forte 
pluie  ,  ni  par  l'eau  de  la  rivière ,  ni  par  quelque  liqueur 
que  ce  fût.  Cela  dura  jusqu'à  ce  que  des payfans  ne  trou- 
vant point  de  remède  à  cet  embrafement  ,  &  défesperés 
de  voir  les  ravages  qu'il  faifoit ,  s'aviferent  d'y jetter  des 
pierres  d'affe^loin.  Ayant  remarqué  que  la  flamme  s'a- 
baijfoit,  ils  s'approchèrent ,  &  commencèrent  à  battre  le 
feu  avec  des  bâtons  ,  &  à  le  chaffer  devant  eux  à  grands 
coups  ,  comme  on  chajj  croit  des  animaux.  Enfin  ils  jet- 
èrent deffus  leurs  habits,  qui  l'éteignoient  d'autant  plus 
qu'ils  étoient  plus  mal-propres. 

Ces  mots  civitas  Juhonum  ont  donné  lieu  à  bien  des 
differtations  ;  fuivant  celles  qui  ont  prévalu,  on  doit  lire 
dans  Tacite  Ubionum  civitas  ;  ainfi  plus  de  Juhones. 

JUHORSKi;  Voyez  Jugora. 
•  JUi,  le  mont  Jui  ;  c'eft  le  même  que  montJoùi 
dans  l'article  de  Barcelone. 

IVIA  ,  ancien  nom  d'une  rivière  d'Espagne ,  félon 
Pomponius  Mêla,  /.  3  ,  c.  1.  Les  exemplaires  varient 
beaucoup  fur  ce  nom.  Voulus  qui  lit/v/*z,  dit  que  c'eft 
la  rivière  de  Juvia  qui  coule  auprès  de  Ferol,  ou  Fer- 
tol  dans  la  Galice. 

IVIÇA ,  ifle  de  la  mer  Méditerranée ,  connue  des  an- 
ciens ibus  le  nom  d'EBUSUS.  Elle  efi:  fuuée  entre  le 
royaume  de  Valence  en  Espagne  &.  l'ifle  de  Majorque  , 
à  diftanceà-peu-près  égale,  c'eft-à-dire,  à  environ  quinze 
lieues.  Le  milieu  de  l'ifle  eft  à  39  d.  de  latitude  ,  &  fa 
partie  occidentale  eft  fous  le  même  méridien  que  Tar- 
ragone.  Dès  le  tems  de  Pomponius  Mêla ,  /.  z,  c.  7,  in 
fine,  elle  avoit  une  ville  de  même  nom  qu'elle.  Il  n'y  a, 
dit-il,  que  le  bled  qu'elle  ne  produit  pas  abondamment; 
elle  eft  plus  fertile  en  d'autres  choies.  Elle  n'a  aucun  ani- 
mal nuifible;  &  fi  on  y  en  porte,  elle  ne  les  fonfFre 
point  ;  il  n'en  eft  pas  de  même  de  l'ifle  Colubraria,  dont 
elle  nie  fait  fouvenir;  car  comme  cette  dernière  eft  rem- 
plie de  diverses  fortes  de  lerpens  qui  la  rendent  inhabi- 
table ,  cependant  ceux  qui  y  descendent  font  à  couvert 
de  tout  danger ,  dans  une  enceinte  qu'ils  forment  avec 
de  là  terre  de  l'ifle  d'Iviça  ,  parce  que  ces  ferpens  fi 
âpres  à  s'élancer  fur  ceux  qu'ils  rencontrent  ,  prennent 
la  fuite  à  la  vue  de  cette  terre ,  qu'ils  craignent  comme 
un  poifon  ,  dont  ils  n'ofent  approcher.  C'eft  ce  que  Mélâ 
nous  apprend  de  cette  ifle  d'Iviça.  Ces  mots,  elle  efi  plus 
fertile  en  d'autres  chofes  ,  peuvent  être  expliqués  par  ce 
paffage  de  Diodore.  Elle  eft  affez  fertile  ;  elle  a  un  petit 
canton  propre  au  vignoble ,  &  a  des  oliviers  fauvages, 
qui  produifent  des  olives.  Ajoûtons-y  le  témoignage  de 
Pline,  qui  dit  que  les  figues  de  cette  ifle  font  très-grofies 
&  excellentes.  On  les  faifoit  bouillir  tk  lécher,  &  on 
les  envoyoit  à  Rome  dans  des  caifles.  Leur  fuc  qui  eft 
comme  du  lait,  quand  elles  commencent  à  nieunr,  devient 
comme  du  miel  en  cuifant.  On  leslaiffe  vieillir  à  l'arbre  ; 
il  en  dégoutte  une  espèce  de  gomme ,  &  elles  fe  féchent. 
Les  figues  féches  étoient  nommées  caunie,  de  la  ville  de 


*3 


Caunus,  en  Carie, d'où  l'on  en  apportoit.  C'eft  afïëz  lu- 
fage,  dans  toutes  les  langues,  de  donner  aux  fruits  le  nom 
des  lieux  qui  les  produifent  ;  c'eft  ainfi  que  nous  appel- 
ions des  bagnoles  certaines  prunes,  &  des  calvilles  cer- 
taines pommes,  parce  que  ces  prunes  fe  trouvent  aux 
environs  de  Brignoles,  ville  de  Provence  ;  &  ces  pom- 
mes au  village  de  Calville ,  au  pays  de  Caux.  C'eft  par 
rapport  à  ce  nom  de  Caunx,  que  Stace,/.  l,Silva6, 
dit  dans  fes  Saturnales  ï 

Et  quas  pmcoquit  Ebofea  caunds  t 
faut  d'avoir  fu  que  caunte  étoient  des  figues  féches ,  quel- 
ques-uns ont  lu  canna  ,  &  ont  cru  que  l'ifle  d'Iviça  pro- 
d'iifoit  autrefois  des  cannes  de  fucre.  Louis  Niignès, 
(Nonnius)  a  été  de  ce  nombre.  Cela  donne  occafion  au 
dofte  Bochart,  Chanaan  ,  1.  1,  c.  35,  de  trouver  une 
étymologie  Phénicienne  du  nom  de  cette  ifle.  Il  le  dé- 
rive d'nCn>  ,  lebufo  ou  Ibufo  ;  &  ce  mot  fignifie  fé- 
chées,  en  fous-entendant  des  figues.  Silius  Italicus,  l.  ?. 
V.  361,  dit: 

Jamque  Ebufus  Phœnijfa  movet ,  jamque  Artabrus  arma, 
d'où  l'on  conclut  que  la  ville  de  cette  ifle  avoit  été  bâ- 
tie par  les  Phéniciens.  Mêla ,  comme  a  vu ,  dit  que  l'ifle 
&:  la  ville  portoient  le  même  nom.  Diodore  dit  :  il  y 
a  une  ville  nommée  Erefus ,  colonie  des  Carthaginois  i 
accompagnée  d'un  port  commode.  Les  murs  en  font 
affez  grands  ,  fk  il  y  a  beaucoup  de  maifons  bien  bâties» 
Elle  eft  habitée  par  un  ramas  de  Barbares.  La  plupart 
font  des  Phéniciens ,  dont  la  colonie  y  fut  conduite  cent 
quatre-vingt  ans  après  la  fondation  de  Carthage.  Cette 
époque  tombe  vers  le  régne  de  Romulus  ou  de  Numa, 
tout  au  plus  tard.  Quelques-uns  ont  voulu  changer  dans 
Diodore  le  nom  à'Erefus  en  Ebufus.  Mais  Bochart  , 
ibid.  s'y  oppofe  par  cette  raifon.  11  ne  doute  point  que 
l'ifle  &ç  la  ville  n'euffent  un  nom  Phénicien.  Ce  nom  , 
poursçit-il ,  répondit  apparemment  à  celui  de  Pityufa, 
qui  lui  étoit  commun  avec  l'ifle  Colubraria  ;  £<;  comme 
elle  étoit  la  plus  grande  des  deux ,  elle  eft  nommée  Pi~ 
tyufa  par  excellence ,  par  Tite-Live  ,  Plutarque  ,  Dios- 
coride,  &  autres.  Ce  nom  lui  fut  donné  S™  ot-ti/bi^ 
à  càufe  des  pins  :  or  les  Hébreux  comprennent  les  pins 
comme  une  espèce  du  genre  d'arbres ,  qu'ils  nommoient 
Hit,  ere^s  ainfi  ce  nom  répond  au  grecPityiifa,  &n'eft 
pas  une  taute  qu'il  faille  corriger  dans  l'hiftorien  Grec, 
qui  a  parlé  fort  jufte.  Allez  d'auteurs  ont  parlé  des  pins 
de  cette  ifle  ,  comme  je  le  marque  au  mot  de  PlTYUSA. 
L'archevêque  de  Tarragone  ,  qui  eft  feigneur  d'Iviça  , 
tire  un  bon  parti  des  falines.  L'ifle  eft  plus  longue  que 
large  ,  &c  eft  entourée  d'écueils.  Ceux  qui  font  vers  là 
partie  orientale,  font  Ifolette-Negre,  de  Los-Aborcado's, 
de  la  Esponia  ,  de  Los  -  Ratones ,  de  Los-  Poros  ,  de 
VEscollo-Negro ,  de  Bixate,  de  Los-Dados,  El-Escollo- 
Dorado,  de  B ota-Fuego ,  de  Los-Comejos  ,  del  Cabo~ 
Librel,  de  la  Punta  dell'  Arabi,  del  Tago-Mago ,  Las 
dos  Hormigas,  de  Balancet,  Ja  Muranda  &  les  quatre 
écueils  nommés  Las  Bladas.  Les  autres  s'appellent  la 
Comjera ,  la  Borchla  del  Espartar ,  la  Barquilla  ,  Las 
Dos  del  Vadra,  Se  les  deux  du  cap  Falcon.  Cette  ifle 
faifoit  partie  du  royaume  deMajorque,  qui  étant  devenu 
une  annexe  de  celui  d'Aragon ,  fait  prélèvement  partie 
de  la  monarchie  Espagnole.  *Coronelli,  Ifolario,  p.  506. 

JUICH1NG  ,  ville  de  la  Chine ,  dans  la  province  de- 
Channfi ,  au  département  de  Pingyang  ,  féconde  mé- 
tropole de  la  province.  Elle  eft  plus  occidentale  que 
Pékin  de  7  d.  11',  par  les  36  d.  4'  de  latitude.  *  Atlas 
Sinenfis. 

JUIFS  ,  ancien  peuple  ,  descendus  des  patriarches 
Abraham ,  Ifac  &  Jacob  ;  les  douze  fils  de  ce  dernier 
furent  les  tiges  des  douze  tribus ,  dont  ce  peuple  étoit 
compofé.  J'ai  donné  ailleurs  les  principaux  événemens 
de  cette  nation  ,  aux  articles  Judée  &  Jérusalem. 
Tant  que  ce  peuple  fut  ridele  à  Dieu ,  qui  le  gouverJ 
noit  avec  une  tendreffe  paternelle ,  il  en  reçut,  en  toute 
occafion,  des  marques  d'une  protection  vifible  &t  mira- 
culeufe  ;  mais  lorsque,  fe  partageant  en  plusieurs  royau- 
mes ,  il  abandonna  le  culte  établi  à  Jérufalem,  Secourut 
après  des  dieux  étrangers  ,  Dieu  le  livra  aux  nations 
dont  il  avoit  imité  les  égaremens.  Le  nom  de  Juifs , 
(Judœi,)  ne  fut  guères  en  ufage  qu'après  la  captivité  de 
Babylone.   Les  étrangers  voyant  que  la  tribu  de  Juda 


14 


JUI 


JUK 


étoit  presque  la  feule  qui  fit  quelque  figure  dans  le  pays, 
appelèrent  toute  la  nation  du  nom  de  cette  tribu.  Ils 
s'étoient  fi  bien  rétablis  depuis  le  retour  de  la  captivité 
jusqu'au  tems  de  notre  Seigneur  Jefus  -  Chrift  ,  qu'ils 
étoient  devenus  l'un  des  plus  puifians  peuples  de  l'O- 
rient ;  mais  les  prophéties  ,  dont  ils  ëtoient  les  déposi- 
taires ,  ayant  été  accomplies  à  la  mort  du  Meffie ,  qu'ils 
méconnurent,  &  qu'ils  condamnèrent  eux-mêmes  à  un 
fupplice  ignominieux  ,  Dieu  permit  qu'ils  outrageaflent 
les  Romains  leurs  maîtres  ;  leurs  fréquentes  révoltes  at- 
tirèrent les  armes  des  Romains  ,  qui  mirent  à  feu  Se  à 
fang  cette  malheureufe  nation  ,  dont  il  fe  fit ,  à  diverses 
reprises, de  fanglantes  boucheries.  Leur  temple  &  leculte 
qu'ils  rendoient  à  Dieu,  n'étant  qu'une  figure  de  l'églife 
Chrétienne ,  périrent  avec  la  ville  de  Jerufalem.  Il  y 
a  quelque  chofe  de  fingulier  dans  ce  peuple  ;  au  lieu  que 
toutes  les  autres  nations  ,  qui,  après  avoir  paru  quelque 
tems  avec  éclat,  ont  été  vaincues  c^faccagées  comme 
les  Juifs  ,  ont  enfin  disparu ,  fans  qu'il  en  refte  que  le 
nom  ;  les  Juifs  au  contraire  fubfiftent  &  font  un  peuple 
à  part ,  qui ,  fans  avoir  ni  pays,  ni  prêtres ,  ni  magiftrals 
en  propre,  vit  dispersé  chez  les  autres  peuples  Chré- 
tiens ou  Mahométans,  qui  veulent  bien  en  fouffrir  quel- 
ques-uns, moyennant  qu'ils  observent  les  loix  nationa- 
les. Ils  ont  d'anciennes  loix  qu'ils  pratiquent  fcrupuleu- 
fement ,  comme  Pabftinence  des  animaux  défendus  ^par 
la  loi  de  Moïfe,  la  circoncifion  &  autres  ufages  de  l'an- 
cienne loi  ;  &  c'eft:  ce  qui  les  fépare  des  autres  hom- 
mes ,  auxquels  ils  ne  s'allient  jamais.  C'eft  une  des  rai- 
fons  qui  fait  que  leur  nation  ne  fe  confond  point  avec 
celles  au  milieu  de  qui  elle  vit.  D'un  autre  côté ,  privés 
du  fruit  de  leurs  facrifices  ,  qu'il  neleur  eft  plus  permis 
d'offrir ,  n'ayant  plus  de  temple  ni  d'autel ,  &,  ce  qui  eft 
de  plus  déplorable  ,  privés  des  avantages  de  la  venue 
du  Meffie  ,  qu'ils  s'obftinent  à  ne  pas  vouloir  reconnoî- 
tre,  ils  n'ont  plus  qu'une  ombre  de  religion.  Rigides 
observateurs  des  minuties  ,  _  ils  en  rejettent  l'eflemiel  ; 
cknous  voyons  dans  leur  opiniâtreté,  raccomplifîement 
du  fouhait  impie  que  leurs  aveugles  ancêtres  firent  au- 
trefois ,  lorsqu'ils  demandoient  la  mort  de  notre  Sau- 
veur ,  Qitefon  fang  fait  fur  nous  &  fur  nos  enfans. 

JUILLY-LE-CHATEL  ,  baronnie  dans  le  d.ocèfe  de 
Langres,  bailliage  de  Troies,  du  grenier  à  fel  &  recette 
de  Bar-fur-Seine.  Ce  lieu  eft  fitué  fur  la  pente  d'une 
petite  colline  aboutiffante  à  un  vallon  fort  étroit,  au 
couchant  de  Bar.  IlypafTe  un  petit  ruiffeau  appelle  Sar- 
de. Les  fiefs  de  la  Rocatelle  &  de  Vaulot  en  dépendent^ 
Il  y  a  un  prieuré  de  l'ordre  de  S.  Benoît  ;  il  tut  fondé 
au  commencement  du  douzième  fiécle,  par  Bilon,  comte 
de  Bar-fur-Seine,  gendre  de  Guillaume  II,  comte  d'Au- 
xerre ;  une  feeur  de  S.Bernard  en  fut  la  première  abbeffe  ; 
ce  monaftere  étoit  fournis  à  celui  de  Molême.  On  en 
tira  dès-lors  quelques  religieufes  ;  pour  former  la  nou- 
velle abbaye  de  Crifenon ,  au  diocèfe  d'Auxerre ,  où  l'on 
devoit  observer  la  même  régie  qu'à  Juitly.  *  Notes  de  le 
Beuf,  chanoine  d'Auxerre. 

JUILLY,  bourg  de  l'Ifle  de  France  ,  à  trois  lieues  de 
Meaux  ,  dans  l'évêché  duquel  il  eft  fitué  ,  au  doyenné 
deDammartin,  &  archidiaconé  de  France ,  à  la  fource 
d'un  des  petits  ruiffeaux ,  qui ,  s'étant  joints,  forment  la 
petite  rivière  qui  paffe  à  Claye  ,  &  fe  décharge  dans  la 
Marne.  Ce  qu'on  en  fait  de  plus  ancien,  eft  que,  vers 
l'an  1182,  un  feigneur,  nommé  Foucaud  de  S.  Denys, 
bâtit  une  églife  en  ce  lieu ,  pour  le  repos  de  l'ame  de 
Guillaume  îon  fils  ;  il  y  mit  des  chanoines  réguliers  , 
qu'il  tira  de  l'abbaye  de  Chaage.  Quelque  tems  après , 
cette  églife  fut  érigée  en  abbaye ,  à  la  prière  du  fonda- 
teur, à  condition  que  l'on  y  fuivroit  en  tout  les  ufages 
de  S.  Viftor  de  Paris,  &c  que  fi,  dans  la  fuite,  cette  mai- 
fon  venoit  à  manquer  d'abbé  ,  elle  retourneroit  fous  la 
dépendance  du  monaftere  de  Chaage.  L'atle  fut  autorifé, 
en  1184  ,  par  Simon  ,  évêque  de  Meaux  ,  dans  l'églife 
cathédrale.  L'hiftorien  de  l'églife  de  Meaux  ajoute  que 
cette  abbaye  n'a  pas  jette  un  grand  éclat ,  &  qu'elle  ne 
tient  pas  une  grande  place  dans  fhiftoire  ;  la  luite^  même 
de  fes  abbés  n'a  pas  été  fidèlement  recueillie  ;  à  peine 
en  connoît-on  huit  ou  neuf,  avant  qu'elle  ait  été  poffédée 
en  commende.  On  remarque  feulement  comme  le  trait 
presque  unique  qui  la  tire  de  l'obscurité  ,  que  le  cœur  de 
Henri  d'Albrer,  roi  de  Navarre,  mort  le  29  Mai  1 5  5  5 ,  y 
eft  enterré;  deux  ans  après  que  Louis  XIII,  par  arrêt 


dû  30  Mai  1635,  eut  ordonné  la  réforme  des  chanoines 
réguliers  de  fon  royaume  ,  le  cardinal  de  la  Rochefou- 
caud  unit  celui-ci  à  la  congrégation  de  fainte  Geneviève, 
&  défendit,  l'année  fuivame,  d'y  introduire  d'autres  reli- 
gieux que  ceux  qu'il  y  enverrait  lui-même  ;  cependant 
les  PP.  de  l'Oratoire  de  Paris  prenoient  des  mefures 
pour  l'incorporer  à  leur  congrégation  ,  à  la  faveur  du  ti- 
tulaire qui  étoit  un  d'entr'eux  ;  ck  ils  y  réuflirent,  ayant 
obtenu  des  lettres- patentes  en  1639.  M.  Séguier,  alors  évê- 
que de  Meaux,  y  consentit  fous  plufieurs  conditions  rap- 
portées dans  l'Hiftoire  de  Meaux.  M. Lambert, théologal  de 
Meaux,  leur  légua  ,  il  y  a  quelques  années  ,  cent  livres 
de  rente  lur  le  collège  de  Fortet  ,  à  condition  qu'ils 
iraient  catechiler  dans  les  villages.  Ces  PP.  y  entre- 
tiennent un  collège  très-floriflant ,  où  enseignent  les pro- 
fefieurs  du  ptcinier  ordre.  Entre  les  dépendances  de 
Juilly,  écou  le  prieuré  d'Orrhies  ,  au  diocèfe  de  Meaux, 
uni  ,  en  1716  ,  à  1  églife  paroiffiale  de  Claye,  pour  la 
iùbfiftance  du  vicaire  ,  depuis  lequel  tems  , .  ce  vicaire 
eft  tenu  u'alier,  tous  les  ans,  dans  l'abbaye  de  Juilly,  pen- 
dant l'octave  de  f  AfTomption  ,  &  y  préfentèr  un  cierga 
de  demi-livre.  L'éghle  paroiffiale  de  ce  lieu  eft  fous  le 
titre  de  S.  Eiienne,  &  à  la  préfentarion  du  général  de 
l'oratoire,  comme  reprélentant  l'abbé  de  Juilly.  Le  non» 
latin  dans  le  titre,  de  fan  1184,  eft  Jutiacum,  *  Notes 
de  le  Beuf ,  enanoine  d'Auxerre; 

JUINE,  (la)  rivière  de  France,  au  Gâtinois.  Tout  le 
monde  convient  que  c'eft  lamêmeque  la  rivière  d'Effone^ 
qui  fe  jette  dans  la  Seine  a  CorbeU.  Coulon  ,  Rivières 
de  France ,  pan.  1.  p.  91,  dit  que  e'eft  la  même  qu'on 
nomme  la  rivière  d'Efiampes ,  qui,  ayant  fa  fource  dans, 
la  Beauffe  vient  à  Eltampes  ,  couverte  ,  dit-il ,  d'une  fi 
prodigieufe  quantité  d'écrevifjes  ,  que  tant  plus  on  en  pê- 
che plus  il  en  croît.  Son  eau  eft  fi  froide  quelle  gelé  & 
engourdit  les  pieds  des  chevaux,  qu'on  y  abbreuve.  Chargée 
du  Louet  qui  lui  vient  de  S.  Mors,  {S.  Mars,)  elle 
descend  à  ydleroi  &  à  Effone  ,  &  fe  joint  avec  la  Seint 
à  Corbeil. 

Il  eft  certain  que  Cette  rivière  qui  pafle  à  Villeroi,  à 
Effone  &  à  Corbeil,  j'appelle  la  Juine.  On  la  nomme 
aufli  la  rivière  d'Ejjone.  Mais  cette  rivière  eft  formée  de 
deux  autres  ,  l'une  qui  vient  de  la  Ferté-Alais ,  &  l'autre 
d  Eftampes  ;  Se  la  difficulté  eft  de  lavoir  quelle  de  ces 
deux  rivières  eft  la  Juine.  La  raifon  voudrait  que  ce  fut 
celle  qui  vient  de  la  Ferté-Alais.  Elle  eft  formée  de  deux 
ruifleaux ,  qui  tous  deux  prennent  leur  fource  dans  la  fo- 
rêt d'Orléans ,  lavoir  l'Œuf  qui  coule  à  Pithiviers,  &  la 
Rimarde  dans  laquelle  il  tombe.  Ensuite  coulant  dans  un 
même  lit,  elle  pafle  à  Briares,  g.  à  Soiiy-Malherbes  ,  à 
Méfié  g.  &  à  la  Ferté-Alais ,  après  quoi  elle  fe  mêle 
avec  la  rivière  qui  vient  d'Eftampes.  C'eft  cette  rivière 
de  la  Ferté-Alais,  que  De  l'Ifle  ,  Carte  des  environs 
de  Paris,  appelle  la  Juine;  il  nomme  l'autre  la  riviert 
d'Efiampes  ;  &c  lorsqu'elles  font  jointes,  il  les  appelle 
rivière  d'Ejjone. 

Maty  du  de  la  Juine,  qu'elle  reçoit  l'Yone  ou  la  ri- 
vière d'Eftampes.  Ce'te  rivière  ne  s'appelle  point  l'Yone, 
mais  la  Juine.  On  vient  de  voir  que  Coulon  appelle  la 
Juine  la  rivière  où  tombe  le  Louet  ;  c'eft  la  rivière  d'Es- 
tampes qui  reçoit  ce  ruiffeau.  Il  vient  de  Challou-la- 
Reine  ,  pafle  à  Challou  S.  Mars  ,  ci  tombe  à  Eftampes, 
après  avoir  formé  une  iile  aflez  longue.  On  s'accorde 
à  dire  qu'Eftampes  eft  fur  la  Juine  ;  la  rivière  d'Eftam- 
pes &  la  Juine  font  donc  la  même  rivière.  De  l'Ifle  ap- 
pelle la  Juine  la  rivière  qui  vient  de  la  Ferté  -  Alais. 
Baudrand  place  auffi  cette  ville  fur  la  Juine  ;  &  il  fuffit 
de  voir  fur  la  carte  le  cours  de  ces  deux  rivières,  avant 
leur  jonftion,  pour  juger  que  la  véritable  Juine  eft  celle 
qui  vient  de  la  Ferté-Alais  ;  elle  eft  plus  droite  &  vient 
de  bien  plus  loin.  On  a,  fans  doute  ,  donné  le  nom  de 
Juine  à  ces  deux  rivières  ,  comme  on  a  donné  le  nom 
commun  de  R/iinaux  différentes  fources  qui,  en  s'unif- 
fant ,  forment  ce  fleuve. 

IVINGO,  bourg  d'Angleterre,  dans  leBuckingham- 
shire.  On  y  tient  marché  public.  *  Etat  préfent  de  la 
Gr.  Bret.  t.  1. 

JUKAGRI,  peuple  de  la  Sibérie,  fitué  vers  les  bords 
de  la  mer  Glaciale  ;  à  l'eft  de  l'embouchure  de  la  Lena  ; 
ils  reflemblent  un  peu  aux  Samoïdes  ,  fans,  cependant, 
être  ni  fi  laids  ni  fi  ftupides  qu'eux.  Ils  habitent  des  hu-« 
tes,  qu'ils  transportent,  pendant  l'hiver,  dans  des  forêts, 


JUL 


JUL 


&  l'été  fur  le  bord  des  rivières.  Enfin  ils  vivent  comme 
les  Jakufi  ,  ck  ont  les  mêmes  mœurs  ck  les  mêmes  ufa- 
ges  qu'eux ,  fi  ce  n'eft  qu'au  lieu  de  rennes ,  ils  le  fer- 
vent de  chevaux.  *  Hifloire  généalogique  des  Tatars , 
p.  180,   187. 

Ce  peuple,  félon  De  l'Ifle ,  Cane  de  laTartarie,  eft 
nommé  Zuc^ari ,  ôk  habite  les  bords  de  la  rivière  d'U- 
rack ,  dont  l'embouchure  eft  voifine  de  la  Chine  de  Mon- 
tagne ,  nommée  le  Noos.   Maty  DicL  dit  Gukagir. 

JUKAN  ,  ville  de  la  Chine,  dans  la  province  de 
Kianfi ,  au  département  de  Jaocheu ,  deuxième  métro- 
pole de  la  province.  Elle  eft  de  30'  plus  occidentale 
que  Pékin,  fous  les  19  d.  26'  de  latitude.  * Atlas  Si- 
nenjis. 

JULA,  Ib'a«,  ville  de  l'Arabie  heureufe,  félon  Pto- 
lomée,  /.  6. 

JULFA.  Voyez  Zulfa. 

JULIA.  Il  y  avoit  dans  la  Paleftine  deux  villes  de  ce 
nom.  Voyez  Julias. 

JULIA.  Jules-Céfar  ayant  détruit  la  liberté  Romaine, 
ck  ufurpé  l'autorité  des  consuls  ck  du  fénat ,  on  vit  un 
grand  nombre  de  villes,  joindre  fon  nom  à  celui  qu'elles 
avoient  déjà  ,  foit  parce  qu'il  y  envoya  des  colonies  pour  . 
les  repeupler,  foit  parce  qu'elles  avoient  reçu  d'autres 
marques  de  fa  bienveillance.  Plufieurs  ne  furent  nom- 
mées ainfi  que  fous  Augufte  ,  qui  étant  fils  adoptif  de 
Jules-Céfar ,  fut  charmé  de  donner  à  plufieurs  villes  le 
hom  d'un  prince  qui  lui  avoit  frayé  le  chemin  à  l'empire. 

JULIA-AUGUSTA,  colonie  Romaine.  Hygin,  dans 
fon  Livre  des  Limites,  nous'donne  un  plan  de  cette  co- 
lonie. Elle  étoit  entre  les  villes  Hafta  &k  Opulentia ,  ck 
féparée  de  la  première,  par  le  ûeuveAxinum.  Elle  éteit, 
fans  doute  ,  en  Italie  ;  mais  il  n'eft  pas  aifé  de  dire  en 
quel  canton. 

JULIA-AUGUSTA  VINDELICORUM.  Voyez  Au- 

GUSTA  VINDELICORUM. 

JULIA- AUGUSTA-BARBA.  Voyez  Barba,  i. 
JULIA-AUGUSTA  TAURINORUM.  Voyez  Au- 

GUSTA  TAURINORUM. 

JULIA-CESAREA.  Voyez  CésarÉe  8. 
JULIA-CALAG.  Voyez  Calaguris. 
JULIA-CAMPESTRIS ,  ancienne  ville  d'Afrique, 
pans  la  Mauritanie  Tingitane ,  dans  les  terres  ,  à  qua- 
rante mille  pas  de  Lixus,  félon  Pline,  /.  5 ,  c.  1.  C'é- 
toit  une  colonie  fondée  par  Augufte  ;  fon  nom  étoit 
Babba;  &  Julia  Campejlris  fut  le  nom  qu'on  lui  ajouta 
lorsqu'on  la  repeupla. 

JULIA-CLARITAS.  Voyez  Claritas  Julia. 
,  JULIA-CLAUSTRA ,  lieu  d'Italie,  dans  les  Alpes 
Juliennes ,  par  lequel  on  pafle  de  chez  le  peuple  Carni , 
dans  le  Norique.  C'eft  Pacatus  qui  en  fait  mention  ;  ck 
quelques  modernes  croient  que  c'eft  la  Chiufa  ,  bourg 
du  Fridul  ,  aux  confins  de  l'Allemagne  ck  de  la  haute 
Carinthie,  dans  l'état  deVenife.  *  Baudrand,éd.  1682. 
JULIA  -  CONCORDIA  ,  ancienne  ville  d'Espagne, 
flans  la  Bétique.  Voyez  Nertobrica. 

1.  JULIA  -  CONSTANTIA  ,  ancienne  ville  de  la 
Mauritanie  Tingitane. Son  nom  étoit  Zilis.  Augufte,  qui 
y  établit  une  colonie,lui  ajouta  le  nom  de  Julia- Conjlan- 
tia.  *  Plin.  1.  5 ,  c;  1. 

1.  JULIA-CONSTANTIA  ,  ancienne  colonie  d'Es- 
pagne ,  dans  la  Bétique,  à  l'oppofite  de  Séville  ;  avant 
la  colonie  qui  fit  donner  au  lieu  ce  nouveau  nom  ,  fous 
Augufte,.  on  le  nômmoit  Offet.  *  Pline,  1.  3 ,  c.  1. 

JULIA-CONTRIBUTA  ,  ancienne  ville  d'Espagne, 
dans  la  Bétique ,  félon  Pline  ;  Antonin  la  met  fur  la 
route  d'Italica  à  Mérida ,  à  quarante-quatre  mille  pas  de 
la  dernière  ;  Perceïana  entre  deux,  étoit  à  vingt-quatre 
mille  pas  de  Mérida.  Quelques-uns  difent  que  c'eft  au- 
jourd'hui Fuente  de  Cantos ,  bourg  de  l'Andaloufie. 
Voyez  ce  mot. 

JULIA-CRYSOPOLIS  ,  ancien  lieu  d'Italie ,  fur  la 
voie  Claudienne  ,  à  quinze  milles  de  Rome  ,  félon  les 
Actes  du  martyre  de  S.  Domnin.  *  Ortel.  Thefaur. 

JULIA -FAMA,  colonie  Romaine,  en  Espagne. 
Pline  ,  l.j  ,  c.  1 ,  dit  que  ce  nom  avoit  été  donné  à 
un  lieu  déjà  nommé  Séria.  C'eft  préfentement  Féria, 
dans  l'Eftremadure ,  à  neuf  lieues  de  Badajoz. 

JULIA-FELICITAS,  ancien  nom  de  Lisbonne.  Voyez 
Lisbonne. 
JULIA-FELIX.  Voyez  Beroot. 


<5ijt 


1.  JULIA- FIDENTIA  ,  la  même  que  Fidentia, 
Voyez  ce  mot. 

2.  JULIA-FIDENTIA  ,  ancienne  ville  d'Espagne , 
dans  la  Bétique,  entre  le  fleuve  Baîtis  tk  l'Océan,  fé- 
lon Pline  ,  /.  3 ,  c.  1. 

JULIA-GADITANA-AUGUSTA.   Voyez  Gades. 

JULIA-GuRMANICIA.  Voyez  Germanicia. 

JULIA  JOS.E.  Voyez  César  ée  S. 

JULIA-JOZA.  Voyez  Julia-Traducta.  i. 

JULIA-LIBERALITAS  ;  Pline ,  /.  4  ,  c.  22,  dit  que 
ce  tut  le  furnom  donné  à  la  ville  d'Ebora  en  Lufitanie. 
C'eft  préfentement  Evora. 

.  JULIA-LIBYCA ,  ancienne  ville  de  l'Espasne  Tar- 
ragonnoilé,  dans  la  Cerrétame,  félon  Ptolomée  ,  /.  2, 
c.  6.  C'eft  préfentement  Livia,  petit  lieu  de  la  Cerdai- 
gne. 

JULIA-MIRTYLIS ,  félon  Ptolomée  ou  Mirtylis  Am- 
plement ,  félon  Mêla,  l.x,c.  5 ,  ck  Pline,  /.  4,  c.  22, 
ancienne  ville  de  Lufitanie.  C'eft'  préfentement  Mertola. 
en  Portugal. 

JULIA-NASICA,  la  même  que  Calagurris,  félon 
Baudrand,  éd.  1682. 

JULIA-NOVA.   Voyez  Giulia-Nova. 

JULIA-P1ETAS ,  furnom  que  l'on  donna  à  la  ville 
de  Pola  en  Iftrie.  Voyez  Pola. 

JULIA-RESTITUTA  ,  ancienne  ville  d'Eîpagne, 
dans  la  Bétique.  Pline,  l.  3  ,  c.  1 ,  nous  apprend  que 
l'on  donna  ce  nom  à  la  ville  de  Segeda.  Voyez  Se- 
GEDA2. 

JULIA-RAMULEA.  Vovez  Hispal/s. 

JULIA-SCARABANTIA',  ancienne  ville  du  Nori- 
que, félon  Pline,  /.  3  ,  c.  24.  Anto.'ïin  la  met  à  trente- 
quatre  mille  pas  de  Sabaria  ;  on  croit  que  c'eft  préfen- 
tement Scapring  ;  d'autres  difent  que  c'eft  Sapron ,  que 
l'on  nomme  aufli  (Edenbourg. 

JULIA-SEG1SAMA  ,  coionie  Romaine,  établie  en 
Espagne,  fous  l'empire  de  Claudius.  Ptolomée,  /.  2, 
c.  6,  la  romme  Segifama,  Julia.  Pline  en  nomme  les 
habitans  Segifames  Julienses.  Le  P.  Hardouin  ayant  exa- 
miné la  pofition  de  Ptolomée,  croit  qu'elle  occupoit  la 
place  où  eft  préfentement  Sierra  d'Occa  ,  allez  près  de 
l'Ebre,  aux  confins  de  la  vieille  Caftille.    , 

JULlA-SENA  ,  ancienne  ville  d'Italie,  dans  l'Etrurie. 
Voyez  Sienne. 

JULIA  COLONIA-SUTRIUM.  Voyez  Sutrium. 

i.  JULIA-TRADUCTA,  ancienne  ville  d'Espagne* 
dans  la  Bétique.  Les  anciens  géographes  la  placent  fur 
la  côte,  à  l'occident  de  Carteïa.  L'Itinéraire  d'Antonin 
n'en  fait  aucune  mention  ,  ck  Pline  la  met  fur  la  côte 
d'Afrique,  pour  éclaircir  cette  contrariété  apparente. 
(Voyez  l'art.  fuiv.)Strabon,  /.  3  ,p.  140,  appelle  cette 
ville  Julia  Joça  ;  mais  Bochart ,  lib.  3  ,  c.  24 ,  a  re- 
marqué que  ce  dernier  mot  fignihe  la  même  chofe  dans 
la  langue  Phénicienne  que  celui  de  traduSa  en  latin, 
c'eft-à-dire  tranfportée.  Ptolomée ,  /.  2,  c.  4,  la  nomme 
TpcWtw]* ,  &  la  met  chez  les  Baftu'es.  On  a  trouvé  en 
Espagne  deux  médailles  de  Julia-Traducta  ,  qui  font 
croire  que  Julia-Traducla  étoit  fituée  dans  le  même 
lieu  où  l'on  voit  aujourd'hui  Tarifa.  *  Mémoires  lit- 
téraires de  la  Gr.  Bretagne  ,  t.  1  ,  p.    HO. 

2.  JULIA-TRADUCTA  ,  ou  Colonia-Julia- 
Traducta  ,  ancienne  ville  de  la  Mauritanie  ,  ck  la 
même  que  Tingis.  Une  médaille  de  l'empereur  Claude, 
rapportée  dans  le  Tréfor  de  Goltzius ,  page  240,  6k 
par  Mezzobarba  ,  p.  45  ,  porte  cette  infeription  :  Colo- 
nia-Julia-Traducla.  Les  autres  géographes  ne  la  con- 
noiflent  que  fous  le  nom  de  Tiyh:™  ito^rfuj  ;  c'eft- 
à-dire  Tingis  de  Mauritanie.  Pline  ,  l.  5  J  fect.  I  ,'•  lui 
donne  cependant  les  deux  noms ,  en  ces  termes  :  Tingi 
à  Claudio  Cœfare  ,  cùm  cnloniam  factret  ,  appdlatum 
Traduiïa  Julia;  c'eft  ce  partage  de  Pline  qui  a  embarrafle 
tant  d'habiles  géographes  ,  &  qui  a  été  un  écueil  où  ils 
ont  échoué.  Quoique  tous  les  manuferits  difent  que  ce 
fut  l'empereur  Claude  qui  tranfporta  cette  colonie , 
Voffius,  lib.  1  ,  Obferv.  in  Melam,q.  168,  a  foutenu 
qu'il  falloit  lire  à  C.  J.  Cœfare,  au  lieu  de  à  Claudio  , 
par  la  raifon  que  Strabon  ,  qui  étoit  mort  fous  le  règne 
de  Tibère ,  ck  par  cor.féquent  long-tems  avant  celui  de 
Claude  ,  avoit  fait  mention  de  Julia- Jo/îa.  Le  P.  Norris, 
in  Cenotapk.  Pifan.  p.  91  ,  ne  fait  quel  parti  prendre 
par  rapport  à  ce  paflage  de  Pline,  Saumaiiè  ,  in  Soiin, 


6i6 


JUL 


JUL 


p.  188  ,  accufe  Pline  d'erreur ,  ou  tout  au  moins  d'obf- 
curité,  lorsqu'il  met  Julia-Traducla  dans  la  Mauritanie, 
où  il  nie  qu'il  y  ait  jamais  eu  une  ville  de  ce  nom  ; 
&  Patin  ,  in  Sucton.  p.  1 1 5  ,  s'étant  imaginé  d'y  trou- 
ver des  médailles  qui  donnoient  le  nom  de  Julia-Tra- 
ducla à  la  ville  de  Tingis ,  dès  le  tems  d'Augufte ,  n'a 
point  balancé  à  foupçonner  une  erreur  dans  le  paffage 
de  Pline.  Mais  le  P.  Hardouin ,  Nummi  illujlrati ,  loco 
citato ,-  prétend  qu'aucun  de  ces  auteurs  n'a  b  en  pris 
le  fens  de  Pline  ,  &  qu'ils  font  tombés  eux-mêmes 
dans  l'erreur  qu'ils  attribuent  à  ce  géographe.  Il  con- 
vient que  le  nom  de  Julia-Traducla  fut  donné  à  une 
ville  de  la  Bétique  ,  fituée  fur  la  côte  oppolée  à  celle 
d'Afrique,  lorfque ,  fous  le  règne  d'Augufte,  les  Tingi- 
tains  &C  les  Zélitains  y  furent  transportés  ,  ainfi  que  l'a 
remarqué  Strabon  ;  mais  il  dit  que  ce  fut  fous  l'empe- 
reur Claude  que  ces  mêmes  Tingitains  furent  de  nou- 
veau transportés  de  la  Bétique  dans  leur  ancienne  de- 
meure ;  qu'ils  devinrent  ainfi  une  colonie ,  &  que  con- 
servant le  nom  de  leur  première  ville  ,  appellée  Tingis, 
ils  portèrent  encore  celui  de  Colonia-Julia-Traducla  , 
différent  de  Julia-Traducla  de  la  Bétique,  par  la  nou- 
velle prérogative  du  nom  de  colonie  qui  n'avoir  pas 
été  donnée  à  celle-ci.  Le  P.  Hardouin  dit,  en  premier 
lieu,  que  le  filencede  Pline,  qui  ne  fait  aucune  mention 
de  Julia-Traducla  dans  la  Bétique  ,  eft  une  des  preuves 
du  fentiment  qu'il  avance  ,  en  ce  que  ce  géographe  dont 
on  cohnoît  l'exactitude  fcrupuleule  à  décrire  les  villes 
dont  il  avoit  eu  le  gouvernement ,  n'ayant  point  parlé 
de  celle-ci,  c'eft  une  marque  qu'elle  ne  fubfiftoit  plus, 
depuis  que  fes  habitans  avoient  été  transportés  en  Afri- 
que ;  &  il  ajoute  que  fi  Strabon  ,  Ptolomée  &  Marcian 
d'Heraclée  ont  connu  Julia-Traducla ,  ou  Julia- Jo^a  , 
qui  eft  la  même  chofe  ,  c'eft  que  l'ufage  de  ces  géogra- 
phes étoit  de  rapporter  également  les  noms  des  villes 
qui  avoient  exifté  ,  quoique  détruites ,  &  ceux  des  villes 
qui  fubfiftoient  actuellement  ,  &  dont  ils  trouvoient 
que  les  anciens  auteurs  avoient  parlé.  Le  même  au- 
teur rapporte  une  féconde  preuve  de  fon  fentiment  : 
elle  eft  tirée  des  paroles  même  de  Pline ,  qui  dit  que 
l'empereur  Claude  faifant  l'établiflement  de  cette  eo- 
lonie  ,  [  cum  coloniam  faceret  ]  donna  à  Tingis  le 
nom  de  Julia-Traducla  ;  ce  qui  fait  voir  clairement 
que  cet  empereur  transporta  dans  la  Mauritanie  les  ha- 
bitans de  Julia-Traducla  de  la  Bétique,  pour  en  faire 
une  colonie  ,  &  qu'il  donna  à  Tingis  le  nom  of  le 
droit  de  colonie  que  n'avoit  pas  eu  la  Julia-Traducla 
de  la  Bétique. 

Le  nom  de  Julia ,  que  porta  cette  colonie  ,  n'a  pas 
dû  faire  croire  qu'elle  ait  été  un  étabîiflement  de  Ju- 
les-Cefar,  puisque  ce  mrnom  a  été  donné  ,  même  dans 
la  Bétique ,  à  plufieurs  villes  ,  dont  on  ne  peut  pas  dire 
que  Jules-Cefar  ait  été  le  fondateur  ,  ni  qu'il  y  ait  fait 
aucun  étabîiflement.  Telles  font  Julia-Fidenti ,  Forum- 
Julium  ;  la  ville  d'Oflet  furnommée  Julia-Conjlantia, 
&  Séria  ,  dite  Fama-  Julia  ;  Rejlituta- Julia  ,  Contribu- 
ta- Julia  ,  Concordia- Julia  ;  Ûrgia  ,  furnommée  Caf- 
irum-Julium  ,  &c.  On  trouve  en  Portugal  la  ville  mu- 
nicipale Olifipo  ,  appellée  Felicilas-Julia  ;  celle  d'E- 
bora  ,  Liberalitas-Julia ,  &c.  Et  quoique ,  félon  le 
même  Pline ,  il  y  eût  neuf  colonies  dans  la  Bétique ,  & 
cinq  dans  la  Lufitanie,  aucune  des  villes,  qui  viennent 
d'être  nommées  ,  ne  font  cependant  de  ce  nombre.  Il 
eft  bon  de  remarquer  que  l'on  ne  trouve  le  nom  de 
colonie  fur  aucune  des  médailles  pour  la  ville  de  Julia- 
Traducla  de  la  Bétique  ,  avant  le  régne  de  l'empereur 
Claude  ,  foit  que  ces  médailles  foient  frappées  du  tems 
d'Augufte ,  foit  qu'elles  foient  du  tems  de  fes  enfans  ;  au 
lieu  que  ce  titre  fe  trouve  marqué  fur  celle  de  l'empe- 
reur Claude  ,  rapportée  au  commencement  de  cet  ar- 
ticle ;  de  forte  qu'il  y  auroit  de  rinjuftice  à  aceuferdo- 
rénavant  le  pafîage  de  Pline  en  queftion  d'oblcurité  ou 
d'erreur ,  &  de  demander  des  preuves  plus  claires  du 
droit  de  colonie  donné  à  Tingis,  auflï-bien  que  du  fur- 
nom  de  Traducla. 

JULIA-VALERIA.  Voyez  Valeria. 
JULIA-UND A. Virgile  ànGeorg.  //,  v.  163  1- 

Julia  qua  Porno  longe  fonas  unda  refufo, 

C'eft  la  même  chofe  que  Portus-Julius.  Voyez  cet  ar- 
ticle au  mot  Portus. 


1.  JULIA  CUM  ,  nom  latin  de  Julien. 

2.  JULIACUM  ,  nom  latin  de  Juilli.  Voyez  ce 
mot. 

1.  JULIADE  ,  en  latin  Julias  ;  ou  Livias  ;  car, 
comme  le  remarque  D.  Calmet,  Diclionnaire.de  la  bible  , 
Joleph  donne  ordinairement  le  nom  de  Julie  à  l'impé- 
ratrice Livie  ,  femme  d'Augufte.  On  connoît  deux  villes 
de  Juliade  dans  la  Judée. 

2.  JULIADE  ,  ville  de  la  Paleftine ,  à  l'embouchure 
du  Jourdain  ,  dans  le  lac  de  Tibériad'e.  Cette  ville  eft; 
la  même  que  Bethzaïde  ,  &  on  ne  la  nomme  pas  autre- 
ment dans  l'Evangile.  D.  Calmet  croit  qu'elle  étoit  au- 
delà  du  Jourdain  ,  dans  la  Gaulanite.  Voyez  BETii- 
Zaïda  1.  Plin.  1.  5 ,  c.  14  &  15  ;  Jofeph  de  Bello  , 
1..2,c.  8;  &lib.  i,c.ï: 

3.  JULIADE  ,  autre  ville  de  la  Paleftine  ,  à  l'em- 
bouchure du  Jourdain,  dans, la  mer  Morte.  Elle  fut  bâ- 
tie au  même  lieu  où  étoit  auparavant  Betharan  ,  ou 
Betharamptha.  Elle  fut  augmentée  &  nommée  Juliade 
par  Hérode  ,  furnommé  Philippe.*  D.  Calmet  ,  Dic- 
tionnaire. JoJ'eph  -,  Antiq.  1.  18  ,  c.  3  ,  dt  Bello;  1.  2  , 

JULLE  ALPES  ,  les  Alpes  Juliennes.  Voyez  ALPES. 

JULiANI,  ancien  peuple  delà  Carrétanie,  enEfpagne. 
Ce  font  les  habitans  de  Julia-Libyca  ,  aujourd'hui  Li- 
via,  dans  la  Cerdaigne. 

JULIAN1S  ,  ancienne  ville  épiscopale  d'Afrique,  dans- 
la  Byzacène  .  félon  la  Notice  épiscopale  d'Afrique. 

JULIANI,  ou  Sancti  Julii  IisSULa,  ifle  d'Italie, 
où  commandoit  Ménulphé*,  qui  fut  tué  par  Agilulfe  , 
félon  Paul  Varnehid  ,  /.  4.  Vignier  dans  fa  Bibliothè- 
que hiftoriale  ,  dit  que  cette  ifle  étoit  dans  le  Lac-ma- 
jeur. Mais  Paul  le  Diacre  ne  dit  point  où  étoit  cette 
ifle.  Il  dit  feulement  que  Ménulphé  y  commandoit  : 
His  diebus  Agilulfus  rex  occidit  Minulfum  ducem  de 
injulâ  Sancli-Juliani  eà  qubd  Jefuperiori  Umpore  Frari- 
corum  ducibus  tradidiff'ec.  D'autres  exemplaires  portent 
Menulfum  au  lieu  de  Minulfum  &  Sancli- Julii ,  au  lieu 
de  Sancli-Juliani.  On  ne  fait  guères  où  étoit  cette  ifle'; 
car  celle  du  Lac-majeur  que  Vignier  avoit  en  vue,  né 
s'appelle  pas  Juliana ,  mais  Vilaliana-Jnfula. 

JULIAS.  Voyez  Juliade  i  &  2. 

JULIENSE  Castrum  ;  c'eft  aujourd'hui  Clità  di 
Friuli. 

1.  JULIENSES  ,  ancien  peuple  ,  d'entre  lès  Carnes. 
C'étoit  les  habitans  de  la  ville  de  Friuli  ,  d«ns  le  Frioul, 
qui  en  prend  le  nom.  Plin.l.  3  ,  c.  19. 

2.  JULIENSES,  ancien  peuple  de  l'Afie  mineure, 
vers  la  grande  Phrygie  ,  félon  Pline  cité  par  Ortélius, 
Thefaur. 

Voyez  les  articles  Atigi  ,  Aretini  ,  Romari  , 

TEARI  ,  FOROJULIENSES. 

JULIENSIS  Vicus.  Grégoire  de  Tours  fait  fouvenr. 
mention  d'un  village  de  ce  nom  ,  dan^  la  Gaule.  Orté- 
lius croit  que  ce  lieu  étoit  dans  l'Aquitaine. 

JULIERS  ,  ville  d'Allemagne  ,  dans  lé  cercle  de 
V/eftphalie  j  dans  un  petit  pays  qui  porte  le  titre  de 
duché  de  Juliers.  Les  Allemands  écrivent  Julich  ;  Zey- 
1er  écrit  Guelch.  Elle  eft  fituée  à  la  portée  d'une  pierre 
de  la  rivière  de  Roer.  La  reflemblance  de  fon  nom 
avec  celui  de  Jules-Cefar  a  fait  croire  à  quelques-uns 
qu'il  en  avoit  été  le  fondateur  :  d'autres  en  font  honneur 
à  Agrippine  ,  femme  de  Claudius  ,  &  mère  de  Néron. 
Il  eft  certain  qu'elle  eft  ancienne.  Elle  eft  nommée  Ju-' 
liacum  dans  l'Itinéraire  d'Antonin  :  il  la  met  à  douze 
mille  pas  de  Coriovallum  ,  à  huit  mille  pas  de  Tiberia- 
cum  ,  &  à  dix-huit  mille  pas  de  Cologne.  Elle  étoit  au 
pays  des  Ripuaires.  Ammien  Marcellin  en  fait  auffi  men- 
tion ,  /.  17  ,  c.  2  ,  comme  d'une  ville  entre  Cologne  & 
Reims.  Le  Livre  des  Merveilles  de  S.  Bernard  ,  c.  12, 
dit  :  venimus  Juliacum  quod  à  Julio  Ccefare  cajlrum. 
cedificatum  &  ejus  nomine  ejl  injîgnitum.  C'étoit  alors 
une  forterefle  ,  &  elle  avoit  fon  avoué.  Elle  a  une 
grande  &  bonne  citadelle  ,  dont  les  murs  épais  font 
bâtis  fur  pilotis ,  &  par  conféquent  peu  'propres  à  être 
minés ,  félon  le  rapport  de  Zeyler.  Cette  place  ne  laifla 
pas  d'être  prife  ,  en  1610,  par  le  prince  Maurice  de 
Naflau  ,  au  nom  des  héritiers  qui  en  difputoient  la  fuc- 
ceflion  ;  en  1622  ,  par  les  Espagnols  commandés  par 
Henri ,  comte  de  fierg.  Ils  la  gardèrent  jusqu'à  la  paiy 
des  Pyrénées ,  par  laquelle  ils  s'en  défifterent  en  faveur 

du 


JUL 


JUL 


du  duc  de  Neubourg  ,  &  depuis  ce  tems-Ià  les  élec- 
teurs Palatins  en  ont  joui.  Elle  eft  à  quatre  miiies  d'Al- 
lemagne d'Aix-la-Chapelle,  tbt  presqu'au  milieu  entre 
Cologne  &  Maftrecht.  *  (  a  )  Zeylcr.  Weftphal.  To- 
pogr.  p.  28.  (b)  Vdef.  Notit.  Galliar.  (c)  Baudrand, 
cdit.  1705. 

Le  duché  de  JULIERS ,  petit  pays  d'Allemagne , 
dans  la  Veftphalie ,  avec  titre  de  duché  ,  félon  d'Audi- 
fret,  Geogr.  t.  3  ,  p.  248.  Il  eft  borné  par  la  Gueldre, 
au  feptentrion  ,  par  l'archevêché  de  Cologne  à  l'orient  ; 
par  le  pays  d'Eiffel  &  le  duché  de  Luxembourg  au  midi, 
&  par  le  pays  d'Outre- Meufe  à  l'occident.  Ce  n'étoit  au- 
trefois qu'une  feigneurie  pofTédée  par  une  maifon  fort 
ancienne.  Gérard  II,  comte  de  Juliers,  laiffa  deux  fils; 
Guillaume  IÎI  qui  eut  en  partage  le  comté  de  Juliers , 
&  Adolphe  qui  eut  celui  de  Berg.  Gérard  III  ,  fils  de 
Guillaume,  fut  aïeul  de  Guillaume  IV,  à  qui  l'empe- 
reur, Louis  de  Bavière,  donna  le  titre  de  marquis,  l'an 
1339,  &  qui  ensuite  fut  créé  duc  de  Juliers,  par  l'em- 
pereur Charles  IV,  l'an  ij'jô.  Guillaume  V,  fon  fils, 
étant  mort  fans  enfans,  l'an  1402,  laiffa  fes  états  à  fon 
frère  Renaud,  dont  la  fille  unique  époufa  Jean  d'Egmont. 
Adolphe,  de  la  branche  de  Berg ,  lui  fuccéda,  maigre  les 
prétentions  d'Arnould  d'Egmont  ,  dont  le  petit -fils, 
nomméCharles ,  céda  fes  droits,  l'an  1467,  à  Guillaume, 
comte  de  Ravensberg ,  frère  d'Adolphe  ,  duc  de  Berg  , 
&  père  de  Gérard  qui  eut  de  Dorothée  de  Brunsvic , 
Guillaume  VI.  Marie  ,  fa  fille  unique ,  porta  les  duchés 
de  Juliers  et  de  Berg  dans  la  maifon  de  la  Marck,  par 
fon  mariage  avec  Jean  III ,  dit  le  Pacifique ,  duc  de  Cle- 
ves. 

Les  principaux  lieux  de  ce  duché  font  : 

Juliers  capitale, 

Duren  ,  \  villes. 

Aix-la-Chapelle. 


S.  Corneille, 
Burscheid. 


abbayes. 


JULIN  ,  ancienne  ville  de  la  Vandâlie  ,  dans  l'ifie 
que  forment  la  Suine  &  le  Divenow,  qui  portent  les 
eaux  de  l'Oder  dans  la  mer,  c'eft-à-dire  dans  Fille  de 
Vollin  qui  eft  de  la  Poméranie.  Albert  Krantz  (a)  en 
parle  ainii  :  la  ville  de  Julin  étoit  autrefois  très-belle  ; 
c'eft  préléntement  à  peine  une  miférable  bourgade.  On 
dit  qu'elle  reçut  ce  nom  de  Jules-  Céfar  ,  fon  fonda- 
teur ,  de  même  que  Volgaft  étoit  nommée  autrefois 
Julia-Augujla  ;  que  Dtmyn  vient  de  ces  mots  latins 
domina  mundi  &  Tribu^esir,  de  ceux-ci  tributum  Cz- 
Jaris,  &£  qu'enfin  Robel  vient  du  mot  rébellion.  Mais  ce 
fage  hiftorien  ne  rapporte  ces  étymologies  que  pour  les 
réduire  à  leur  jufte  valeur.  Ce  font,  dit-il,  des  conso- 
nances qui  fe  lont  trouvées  par  hazard  entre  les  langues 
latine  &  wandalique,  comme  il  s'en  trouve  dans  toutes 
les  autres.  Certainement,  poursuit-il,  Jules -Céfar  ne 
peut  lui  avoir  donné  ce  nom  ;  car  après  avoir  paffé  deux 
fois  le  Rhin  ,  &  mis  le  pied  dans  l'Allemagne  ,  il  fit 
d'abord  repaffer  fes  troupes  dans  les  Gaules  fur  les  ponts 
qu'il  avoit  fait  dreffer  ;  c'eft  ce  qu'il  rapporte  lui-même 
dans  fes  Commentaires.  Après  lui  les  généraux  des  ar- 
mées Romaines  ne  pafferent  jamais  au-delà  de  l'Elbe 
qu'Augufte  donna  pour  borne  à  l'empire.  Si  pourtant  on 
veut,  à  toute  force,  que  ces  noms  ayent  une  origine  la- 
tine ,  il  faudra  (uppoferque  des  feigneurs  entre  les  Van- 
dales ,  voulant  voyager ,  vinrent  en-deçà  de  l'Elbe ,  & 
fervirent  quelque  tems  en  Allemagne ,  fous  Drufus  ou 
fous  Germanicus  ,  ou  fous  quelques  autres  capitaines  ; 
qu'ensuite  étant  retournés  dans  leur  patrie ,  pleins  d'ad- 
miration pour  ce  qu'ils  avoient  vu  ,  ils  donnèrent  des 
noms  latins  à  leurs  fortereffes.  Strabon ,  Corneille ,  Ta- 
cite &£  les  écrivains  de  l'Hiftoire  d'Augufte ,  font  men- 
tion de  plufieurs  princes  étrangers  ,  qui  vinrent  voir  les 
Romains.  Quoi  qu'il  en  foit  ,  du  tems  des  Vandales  , 
Julin  étoit  une  ville  très-marchande  ;  &  le  commerce  y 
étoit  fi  floriffant,  qu'à  la  réferve  de  Conftantinople,qui 
étoit  alors  la  principale  ville  du  monde,  il  eût  été  diffi- 
cile d'en  trouver  une  qui  fût  égale  à  Julin.  On  y  voyoit 
des  Ruffiens  ,  des  Danois ,  des  Sembes ,  des  Saxons. 
Chaque  nation  y  avoit  fes  rues  &  fes  places  publiques. 
Pas  un  peuple  n'en  étoit  exclus  ,   finon  ceux  qui  au- 


.617 

roient  pu  parler  de  Chnftiamsme.  C'étoit  une  condi- 
tion que  l'on  impofoit  à  ceux  qui  y  venoient,  foit  par 
terre  ,  foit  par  mer ,  de  ne  pas  dire  un  feul  mot ,  tou- 
chant la  religion  Chrétienne.  Cette  ville  étoit  fituée  du 
coté  de  la  Suine  \  comme  il  paroît  par  ce  paffage  de  cet 
hiftorien,  p.  121  :  Pons  illic  amni  Zuintz  fuperpofuus , 
oppidum  conjungit  adversœ  ripa.  C'étoit  la  plus  impor- 
tante place  des  Vandales  ,  qui,  à  la  faveur  de  leur  ma- 
rine ,  mfeftoient  les  côtes  de  la  mer  Baltique  de  leurs 
pirateries.  Tous  les  bandits  &  les  fcélérats  qui  s'enfuyoient 
duDanemarck,  pour  éviter  le  châtiment  de  quelques 
crimes,  venoient  y  chercher  un  afyle  qu'on  ne  leur  re- 
fufoit  pas.  Ce  fut  pourquoi  les  rois  de  Danemarck  firent 
fouvent  tous  leurs  efforts  pour  la  détruire.  La  Poméra- 
nie ayant  enfin  fes  ducs  ,  ils  travaillèrent  à  la  conver- 
fion  de  cette  ville  Q>).  Boleflas  II  réuffit  à  celle  des 
deux  frères  Vratiflas  &  Ratibor,  princes  de  la  Poméra- 
nie citérieure  ;  Othon  VIII ,  évêque  de  Bamberg ,  qui 
poiîédoit  parfaitement  la  langue  des  Hénetes ,  fut  ap- 
pelle pour  annoncer  l'évangile  aux  Poméraniens.  Il  eut 
le  bonheur  de  convertir  "\V ratifias  &  fes  fils  Cafimir  & 
Bogiflas  ,  à  qui  il  conféra  le  baptême.  Ce  fut  par  fon 
conseil  que  Vratiflas  établit  un  évêché  à  Julin.  Comme 
on  parloit  alors,  avec  beaucoup  d'admiration,  des  prodi- 
ges que  Dieu  opéroit  par  S.  Adelbert ,  évêque  de  Pra- 
gue ,  martyrifé  près  de  Fischaufen ,  en  Prufle ,  par  les 
Barbares ,  à  qui  il  étoit  allé  prêcher  la  foi ,  on  bâtit  le 
premier  temple  à  Julin ,  fous  l'invocation  de  ce  faint. 
Albert  en  fut  le  premier  évêque,  &  mourut  l'an  11 58, 
Le  chapitre  lui  donna  pour  fucceffeur  Conrad ,  fous  le- 
quel Waldemar,  roi  de  Danemarck,  fit  perpétuellement 
la  guerre  aux  Vandales  ,  fans  parier  de  Henri  le  Lion  , 
qui  attaqua  la  Poméranie ,  du  côté  de  la  terre.  Durant 
ces  guerres,  les  habitans  de  Julm  ayant  pris  la  fuite,  les 
Danois  fe  rendirent  maîtres  de  la  ville  ,  &  la  brûlèrent. 
Elle  avoit  effuyé,  de  tems  en  tems, de  fâcheux  délàftres; 
mais  elle  s'étoit  toujours  rétablie  ;  elle  ne  put  jamais  fe 
relever  de  ce  coup  ;  &  ce  qui  acheva  de  l'obscurcir,  ce 
fut  la  tranflation  du  fiége  épiscopal  à  Cammin  ,  l'an 
I188;  (voyez  cet  article,)  &  la  fondation  de  quelques 
nouvelles  villes  (c)  que  les  Saxons  bâtirent  fur  cette  côte, 
furtout  la  ville  deLubec,  qui,  s'étant  beaucoup  accrue  en 
peu  de  tems,  obsurcit  les  anciennes  villes  delà  Van- 
dalie.  *  (a)  Vandal.  /.  2,  c.  33,^.  44.  Q>)  Chitrœi,  Saxon. 
/.  I ,  p.  9.  (c)  Krançii ,  Vandal.  p.  124. 

1.  JULIOBONA,  'l^liUra  >  ancienne  ville  de  la 
Gaule  Lyonnoife ,  dans  le  pays  des  Caletes  ,  félon  Pto- 
lomée ,  /.  2  ,  c.  8.  Antonin  en  fait  mention  en  plufieurs 
routes  différentes.  Dans  celle  de  Carocotinum  à  Augus- 
tobona  ,  c'eft-à-dire  du  Crotoy,  port  de  mer  à  Troyes, 
en  Champagne ,  en  paffant  par  Rouen  &  par  Paris ,  il 
compte  dix  mille  pas  de  Carocotinum  à  Juliobona. 

Carocotino  , 

Juliobonam ,  X.        M.  P. 

Lotum ,  vi.      m.  P. 

Latomagum,  XIII.  M.   P. 

Rothomagum  ,  IX.      M.  P. 

En  fuppofant  que  Carocotinum  eft  le  Crotoy,  comme  le 
pense  Hadrien  de  Valois ,  il  y  auroit  de  ce  port  de  mer 
à  Juliobona  dix  mille  pas,  &  de  Juliobona  àRouen  virïgt- 
fept  ;  ce  ne  fauroit  ëutDicppe  ;  car  il  y  a  au  moins  onze 
lieues  de  diftance  du  Crotoy  à  Dieppe  ;  ce  qui  eft  bien 
différent  de  dix  mille  pas  :  de  Dieppe  à  Rouen ,  il  y  a 
douze  petites  lieues ,  &  l'Itinéraire  ne  marque  que  vingt- 
huit  mille  pas  ;  autre  preuve  que  Juliobona  ne  fauroit 
être  Dieppe.  Les  diftances  conviennent  encore  moins 
a  la  ville  de  Honfieur,  qui  eft  trop  loin  de  Carocotinum, 
pour  les  dix  mille  pas  d'Antonin.  Sigebertdans  faChro-' 
nique ,  dit  :  Juliabona  in  Caletenfi  pago  regione  inter 
Sequanam  &  mare  Jîia  ,  juxtà  Sequanam  ejl  /edes  fe" 
gia.  C'eft-à-dire  :  Juliobona  dans  le  pays  de  C^ux, 
fituée  entre  la  Seine  &  la  mer  ,  ejl  une  demeure  toyaU 
auprès  de  la  Seine.  Il  a  pris  Juliobona  pour  1  IJl:bonnet 
&  il  n'eft  pas  le  feul  qui  foit  tombé  dans  cette  erreur* 
Orderic  Vital,  l.  5,  dit  :  il  y  a  un  village  qui  appartient 
au  roi ,  auprès  de  la  Seine ,  où  étoit  une  ancienne  ville, 
nommée  Caleius,  de  laquelle  le  pays  voifin  avoit  pris  'e 
nom  de  CaUgius  Pagus.  Jules-Céfar  l'affiégea  &  la  dé- 
truifit.  Mais  ayant  ensuite  confideré  l'avantage  du  lieu, 
Tome  111.     Iiii 


6i8 


JCJL 


JOL 


il  y  mit  uire  garni fon  ,  &  l'appella  de  fon  nom  Julio- 
bona,  C'eft  elie  que  les  Barbares  appellent  préfentement 
Yljlebonnc.  Le  même  auteur,  /.  12,  dit  que  Jules-Céfar 
afliégea  la  ville  de  CaLetus;  que  l'ayant  prife,  il  la  détruilit, 
mais  qu  afin  que-  la  province  ne  fût  pas  entièrement  fans 
garnifon  ,  il  fortifia  une  place  qu'il  nomma  Juliobona  , 
&  que  le  patois  barbare  en  a  fait  Yljlebonne  par  corrup- 
tion. Hadrien  de  Valois  a  raifort  de  dire  que  cette  ville 
CaUtus  a  été  inconnue  aux  anciens ,  &  qu'elle  n'a  ja- 
mais exifté  ,  ni  là  ni  ailleurs.  Le  nom  de  Caletenjis  pa- 
gus  ,  donné  au  pays  ,  ne  vient  pas  d'une  ville  nommée 
CaUtus,  mais  du  peuple  même  nommé  Cahttz  ,  ou  Ca- 
lais. La  refTemblance  de  nom  a  trompé  ces  deux  auteurs 
&  plufieurs  autres,  (avoir  Turnebe,  Papire,  Maflon,  &c. 
Il  eft  certain  que  Dieppe  n'eft  pas  une  ville  aviez  an- 
cienne ,  pour  avoir  été  du  tems  de  Jules-Céfar,  quoique 
c'ait  été  un  port  de  mer  depuis  long-tems.  Nous  avons 
auprès  de  cette  ville  un  ancien  lieu ,  nommé  la  cité  de 
Limes  ,  qui  donneroit  lieu  à  mes  conjectures ,  fi  les  dis- 
tances d'Antonin  y  convenoient  ;  mais  elles  ne  s'y  ac- 
cordent pas. 

2.  On  cherche  une  autre  JULIOBONA  qui  doit  avoir 
été  une  ville  épiscopale.  Dans  le  concile  de  Châlons  , 
fous  Clovis  le  Jeune  ,  on  trouve  entre  les  prélats  qui 
fouscrivirent,  Betton  ,  évêque  de  Juliobona,  Betto  epis- 
copus  ecclefa  de  Juliobona.  On  voit  afTez  que  cette  Ju- 
liobona ne  fauroit  être  celle  du  pays  de  Caux ,  puisque 
ce  pays  n'a  jamais  eu  d'évêque  particulier ,  &  a  toujours 
été  du  diocèlè  de  Rouen,  comme  il  en  eft  encore  au- 
jourd'hui. Il  y  a  trois  fentimens  pour  expliquer  cette  dif- 
ficulté, i.  Le  (avant  P.  Sirmond  dit  bien,  à  la  vérité,  que 
ce  n'a  jamais  été  un  évêçhé  fixe,  mais  que  cependant 
on  avoit  donné  ce  lieu  à  l'évêque  Betton  ,  de  même  que 
l'on  donna  à  Auftrapius  &(  à  Munderic,  évêques  ^  des 
lieux  qui  n'étoient  pas  des  évêchés  ;  mais  ces  évêques 
étoient  défignés  fucceffeurs ,  l'un  au  diocèfe  de  Langres, 
l'autre  à  celui  de  Poitiers.  Ce  n'étoient  pas  des  diocè- 
fès ,  mais  des  réfidences  qu'on  leur  affignoit  m  atten- 
dant que  les  fiéges  ausquels  ils  étoient  défîmes,  niffent 
vacans.  Mais  ici  il  n'eft  point  queftion  de  cela  ;  l'évê- 
que Betton  ne  fuccéda  point  au  diocèfe  de  Rouen  ,  & 
il  n'y  a  jamais  eu  à  Rouen  d'archevêque  de  ce  nom. 
a.  Hadrien  de  Valois  juge  que  ce  peut  bien  être  la  ville 
deTroyes  qui  étoit  alors,  &  eft  encore  épiscopale.  Oc- 
tavius,  dit-il,  ayant  été  adopté  par  Jules-Céfar  ,  prit  le 
nom  de  Jules ,  &  reçut  ensuite  le  furnom  $  Augufte  :  il 
fe  peut  faire  que  la  ville  deTroyes  ait  été  auffi-bien  ap- 
pellée  Juliobona ,  qu' 'Augujlobona  ;  nom  que  quelques 
anciens  lui  ont  donné  ;  &  il  fe  rencontre  afTez  jufte  que 
dans  le  concile  de  Châlons  il  n'eft  fait  aucune  mention 
d'un  évêque  de  ce  diocèfe ,  fous  le  nom  de  tcdejia  Tri- 
cajfma.  Cela  fait  croire  qu'il  pourrait  bien  être  défigné 
par  le  nom  de  Juliobona.  3.  Le  troifiéme  fentiment  eft 
fondé  fur  ce  qu'à  ce  concile  il  ne  paraît  point  non  plus 
d'évêque  d'Angers  ,  fous  le  nom  iïecclejîtz  Andegaven- 
Jïs.  On  fait  qu'Angers  a  été  nommé  par  les  anciens  Ju- 
liomagus  ;  peut- être  a-t-on  mis  Juliobona  pour  Julio- 
magus  ,  &  que  Betton  étoit  évêque  d'Angers  ,  &  non 
pas  de  Troyes.  Quoi  qu'il  en  foit,  il  fe  tint,  l'an  1080, 
un  concile  à  Juliobona ,  en  préfence  de  Guillaume  le 
Conquérant.  . 

J'ajouterai  un  quatrième  fentiment,  qui  feroit  bien  le 
plus  vraifemblable  ,  fi  je  trouvois  dans  quelque  ancien, 
que  Bayeux ,  ville  épiscopale  ,  a  été  autrefois  nommée 
Juliobona  BiducaJJium  ;  mais  c'eft  D'Audifret,  Geogr. 
hiffi.  t.  2,  p-  193  ,  qui  'e  ait ,  &  j'ignore  fur  quelle  au- 
torité il  s'appuie  ;  &  fuppofé  que  Bayeux  ait  été  ainfi 
nommé  autrefois  „  il  eft  furprenant  que  ce  nom  ait 
échappé  à  Ortélius  ,  à  Hadrien  de  Valois  ,  &;  à  tant 
d'autres  géographes.  _  .,;,„, 

3.  JULIOBONA  ,  ancienne  ville  de  la  haute  Panno- 
nie,'  fur  le  Danube,  félon  Ptolomée,  l.l,  c.  15.  On 
croit  que  c'eft  préfentement  la  ville  de  Vienne. 

JULIOBRICA,  ancienne  colonie  d'Espagne,  félon 
Pline.  Il  dit  que  l'Ebre  a  fa  fource  dans  la  Cantabrie, 
afTez  près  de  la  ville  de  Juliobrica.  C'eft  préfentement 
Fiante  d'Ivero,  le  nom  moderne  veut  dire  la  foutce  de 
l'Ebre.  Morales,  fol.  67,  fournit  une  inscription  dans 
laquelle  on  lit  Juliobrigensi  EX  GENTE  Canta- 
BBORUM. 

JULIOBRIGA  ,   ville  de  l'Espagne  Tarragonoife , 


dans  la  Cantabrie,  fur  la  côte  de  TOcéan.  Quoique  les 
anciens  n'ayent  point  marqué  d'autre  Juliobriga  ou  Ju- 
liobrica ,  dans  la  Cantabrie ,  que  celle  dont  on  vient  de 
parler ,  Baudrand  cite  Grégoire  de  Argaiz  ,  qui  dit  que 
c'eft  préfentement  El-Puerco  de  SANTONA  ,  dans  la 
Biscaye  ,  &  qu'il  eft  ainfl  nommé,  à  caufe  de  S.  Ana- 
nie  ,  qui  y  fut  martyrifé ,  d'où  eft  venu  le  nom  de  San- 
tonna. 

JULIODUNUM,  nom  latin  de  Loudun  ;  les  an- 
ciens n'en  ont  point  ufé.  a 

JULIOGORDUS.  Voyez  Juliopoeis. 

JULIOLA,  ancienne  ville  de  l'ifle  de  Sardaigne,  fé- 
lon Ptolomée,  /.  3  ,  c.  3  ;  elle  étoit  dans  fa  partie  fep- 
tentrionale.  Cluvier  a  cru  que  c'étoit  Cajlro-Doria,  mais 
François  de  Vico  juge  que  ce  doit  être  Fignola  ;  &: 
Baudrand,  éd.  1681,  juge  que  ce  dernier  fentiment  eft 
le  plus  vraifemblable. 

1.  JULIOMAGUS, nom  latin  d'ANGERS.  Dans  la 
fuite  cette  ville  quitta  fon  nom,  pour  prendre  celui  du 
peuple,  dont  elle  étoit  la  capitale,  6c  qu'elle  conserve. 

2.  JULIOMAGUS,  ancienne  ville  de  la  Germanie, 
entre  Ténédone  &:  Brigobanne  ,  à  quatorze  mille  pas 
de  l'une ,  &  à  onze  mide  pas  de  l'autre ,  félon  la  Ta- 
ble de  Peutinger.  Beatus  Rhenanus  croit  que  c'eft  Pful- 
lendorff,  dans  la  Suabe.  Cluvier  croit  que  c'eft  Dutlin- 

1.  JULIOPOLIS  ,  ancienne  ville  de  l'Afie  mineure. 
On  l'appelloit  auparavant  Gordiu-Come ,  félon  Pline  , 
/.  5,  c.  31.  Elle  étoit  près  de  Dadaftane  &c  du  mont 
Olympe.  Strabon,  /.  ta,  p.  574,  nous  apprend  le  fens 
du  nom  de  Gordiu-Come,  &  dit  qu'un  nommé  Cléon ± 
chef  de  voleurs ,  fit  une  ville  du  village  Cordus  ou  Gor- 
dius  ,  &l  la  nomma  Juliopolis.  Tite-Tive,  /.  38,  c.  13, 
nomme  ce  YieuGordiutichos ;  le  nom  eft  grec  Top^iu  ■myf.z , 
&  fignifi'e  le  mur  de  Gordius  ;  il  compte  trois  jours  do 
marche  de  Gordiutichos  à  Tabœ ,  ville  aux  confins  de  la 
Pifidie.  Cette  ville  fut  épiscopale.  Dans  le  concile  Qui- 
nifexte ,  il  eft  fait  mention  de  l'évêque  Ifidore  :  Jfidorus 
episcopus  Gprdojervorum  civitatis ,  Bithynorum  provin- 
cial. Ptolomée  ,  /.«5  ,  c.  2 ,  nomme  une  ville  de  l'Afie 
Juliagordus  ou  Juliogordus.  Ce  nom  marque  afTez  que 
ce  doit  être  la  Juliopolis,  ou  Gordiu-Come  ;  ce  qui  fait 
la  difficulté  ,  c'eft  qu'il  la  met  dans  la  Lydie  ou  la  Méo- 
nie  :  or  Gordiu-Come  étoit  dans  la  Bithynie  ;  Se  le 
même  Ptolomée ,  ibid.  c.  1 ,  place  en  Bithynie  une  autre 
Juliopolis  ,  &  c'eft  cette  dernière  qui  étoit  fur  la  route 
marquée  par  Antonin,  de  Conftantinople  à  Antioche  par 
Nicée ,  Dadaftane,  Juliopolis,  Ancyre,  &c.  Juliogor- 
dus étoit  bien  loin  de  cette  route ,  près  du  mont  Sipile. 
Antonin,  au  refte,  compte  vingt-fix  mille  pas  entre  Da- 
daftane &  cette  Juliopolis.  Ortélius  diftingue  deux  vil- 
les, favoir  la  Juliopolis  de  Ptolomée,  dont  Pline  nom- 
me les  habitans  JuliopoliTjE  ;  Juliopolis  GoRDiu- 
Come  ;  je  crois  que  c'eft  la  même  ,  mais  qu'elle  eft 
très-différente  de  Juliogordus  ou  Juliagordus. 

2.  JULIOPOLIS,  ville  d'Afie,  dans  la  petite  Armé- 
nie, dans  la  préfecture  deRhavene,  près  de  l'Euphrate, 
félon  Ptolomée ,  /.  5  ,  c.  7. 

3.  JULIOPOLIS,  ancienne  ville  d'Egypte  ,  fur  le 
Nil ,  à  deux  mille  pas  d'Alexandrie  ,  félon  Pline,  /.  6^ 
c.  13.  Hermolaiis  Barbarus  &  Ortélius,  ont  cru  qu'il  fal- 
loit  lire  Heliopolis  ;  mais  outre  que  les  manuscrits  por- 
tent Juliopolis  ,  félon  le  témoignage  du  P.  Hardouin  , 
d'Alexandrie,  il  y  avoit  plus  de  fix  cents  mille  pas  à  Hé- 
liopolis ,  au  lieu  qu'à  Juliopolis  il  n'y  en  avoit  que  deux 
mille.  D'ailleurs  M.  M.  ne  fignifient  que  cela,  &  non 
pas  un  millier  de  milles. 

JULIS  ,  ville  de  l'ifle  de  Céa.  Ptolomée ,  /.  3,  c.  if  ; 
Suidas  &£  Valere  Maxime  en  font  mention.  Ce  dernier, 
/.  2  ,  c.  6,  n.  8  ,  rapporte  la  mort  courageuie  d'une 
femme  de  cette  ville.  Voyez  l'article  Caressus.  Cette 
ville  étoit  la  patrie  de  Bachiljde  ,  fameux  poëte  Grec , 
&  neveu  de  Simonide ,  qui  étoit  de  la  même  ifle  ,  & 
apparemment  de  la  même  ville.  *  Le  Fevre,,  Vie  des  poè- 
tes Grecs. 

JUL1UM-CARNICUM  ,  ancienne  ville  du  peuple 
Carni,  dans  les  Alpes  Juliennes  ;  Ptolomée  ,  /.  3  ,  c.  1, 
la  nomme  colonie.  L'Itinéraire  d'Antonin  la  met  à  foi- 
xante  milles  d'Aquilée  ;  le  lieu  qui  étoit  à  moitié  chemin 
s'appelloit  ad  Tricefimum  ;  quelques-uns  croient  que 
c'eft  un  village  du  Frioul,  nommé  Zuglio  par  les  Italieas., 


JUM 


s- m 


■6 


&  Zoël  par  les  Allemands ,  à  quatre  milles  de  Pon- 
teba  ;  mais  il  n'y  a  là  aucun  veflige  de  grand  chemin. 
Lazius  a  cru  que  c'étoit  Ponteba  ,  bourg  fitué  fur  un  ruis- 
seau de  même  nom  ,  &  il  y  a  plus  d'apparence.  Voyez 

PONTEBA. 

JULIUM  praesidium  ;  c'eft  le  même  lieu  quëSca- 
labis  ,  aujourd'hui  Saniaren  en  Portugal. 

JULIUS-Portus.  Voyez  Portus-Julius, 

JULIUS-Vicus.   Voyez  au  mot  Vicus. 

JVLLY.  Voyez  Juilli. 
.  JUMIEGE,  bourg  de  France  ,  en  Normandie  ,  au 
pays  de  Caux,  fur  la  rivière  de  Seine  ,  cinq  lieues  au- 
deftous  de  Rouen,  à  trois  de  Saint-Georges",  de  Saint- 
Vandrille  &  de  Caudebec  ,  &  cinq  quarts  de  lieues  au- 
defious  de  Duclair  ,  en  latin  Gemmeticum.  Ce  bourg, 
dont  la  paroifie  eft  dédiée  à  Saint- Valentin  ,  eft  connu 
principalement  par  une  abbaye  royale ,  qu'en  latin  on 
appelle  fanclus  Parus  Gemmeticenfs.  Cette  abbaye  que 
poflédentles  Bénédiftins  de  la  congrégation  de  S.Maur, 
fut  fondée,  vers  l'an  650,  par  S.  Philibert ,  fon  premier 
abbé,  fous  le  régne  de  Clovis  II,  qui  en  a  été  le  princi- 
pal bienfaiteur  ,  avec  fainte  Batilde,  fa  femme.  L'églife, 
qui  porte  le  titre  de  S.  Pierre ,  eft  grande  &  très-foli- 
dement  bâtie  ,  avec  feize  piliers  de  chaque  côté  dans  fa 
longueur,  &  des  chapelles  autour  du  chœur  ,  dans  le- 
quel on  voit  un  très-grand,  candélabre  de  cuivre,  à  neuf 
branches ,  un  aigle  &  fix  grands  pupitres  du  même  mé- 
tal ,  très-bien  ouvragés.  Cette  vafte  églife  eft  couverte 
de  plomb,  auffi-bien  que  la  groffe  tour  carrée,  ouverte 
en  lanterne,  fur  le  milieu  du  chœur.  Les  deux  gros  clo- 
chers de  pierres,  bâtis  à  l'antique,  d'un  même  deftéin,  & 
à  trois  étages,  s'élèvent  beaucoup  au- deftùs  du  grand 
portail,  contre  lequel  eft  adoflèe  l'orgue,  &  ils  fe  ter- 
minent en  hautes  pyramides  couvertes  d'ardoife.  Entre 
les  cloches ,  de  cette  abbaye,  il  y  en  a  une  du  poids  de 
fept  milliers.  On  conserve  dans  le  tréfor  de  cette  églife 
plufieurs  reliques  très-précieufes  &  anciennes  ,  &,  en- 
tr'aufres,  celles  de  S.  Philibert,  renfermées  dans  une  très- 
belle  châiTe  d'argent ,  représentant  une  églife  des  mieux 
ornées  d'architeâure  &  de  fculpture.  On  y  voit  encore 
diverses  figures  d'argent ,  &  deux  chefs  auffi  d'argent , 
dans  l'un  desquels  eft  la  tête  de  S.  Valentin,  évêque  & 
martyr  ,  &  dans  l'autre  une  partie  de  celle  de  S.  Léger, 
évêque  d'Autun,  &  de  S.  Aicadre  ,■  fécond  abbé  de  Ju- 
miege.  Le  cloître,  à  côté  de  l'églife,  eft  grand  &  très- 
beau.  Les  bâtimens  des  religieux  tiennent  beaucoup  de 
l'antiquité.  On  en  a  commencé  un  nouveau  de  trois 
cents  dix  pieds  de  longueur  fur  une  même  ligne.  La  bi- 
bliothèque eft  grande  &  très-bien  fournie  de  livres  &£ 
de  manuscrits  ,  dont  quelques-uns  lont  fort  rares.  La 
mai'on  abbatiale  eft  "bâtie  de  neuf,  &  à  la  moderne.  Le 
ierreinque  l'abbaye  de  Jumiege  occupe, eft  fort  étendu, 
&  lts  jardins  font  très-fpacicux.  Le  voilinage  d'un  bois  , 
les  prairies  &  la  rivière  en  rendent  le  féjour  agréable. 
Elle  a  droit  de  pêche  &  poftede  plufieurs  baronnies.  On 
lit  dans  le  cloître  les  inscriptions  fuivantes  :  Les  deux 
aînés  ûc  Clovis  II,  &  de  fainte  Batilde,  s' étant  révoltés 
contr' elle, pendant  un  voyage  d'outre-mer  de  Clovis,vain- 
cus  &  pris  dans  le  combat,  au  il  revint  fur  fes  pas  pour 
leur  livrer,  furent  condamnes  à  avoir  les  nerfs  des  bras 
coupés.  Ahiji  énervés  à  Paris  .  mis  &  abandonnés  fur 
la  Seine ,  dans  un  bateau  fans  bateliers  ni  avirons  ,  ils 
abordèrent  au  port  de  Jumiege  ,  accompagnés  d'un  feul 
ferviteur.  S.  Philibert  les  y  alla  prendre,  &  les  reçut  re- 
ligieux en  ce  rnonajiere  où  ils  font  inhumés. 

S.  A:cadre  ,  choifi  par  S.  Philibert ,  pour  lui  fuccéder 
au  gouvernement  de  ce  rnonajiere,  &  fécond  abbé,  vers  l'an 
670,  ayant  demandé  à  Dieu  le  neceJJ aire  pour  lafubji- 
fiance  de  neuf  cents  religieux  qu'il  y  avoit ,  fut  averti 
par  un  ange  ,  que  quatre  cents  cinquante  iroient  en  trois 
jours  au  ciel  •  6-  l'ange  entrant  de  nuit  dans  le  dortoir 
les  déjigna  d'une  baguette.  Le  faint  fait  rapport  en  cha- 
pitre, de  cette  révélation. 

Fers  le  milieu  du  neuvième  ficelé ,  les  Danois  étant 
entrés  dans  la  Neuftrie  par  la  rivière  de  Seine,  avec  une 
pwfjante  flotte  ,  que  le  fameux  &  redoutable  Hafiing 
coiumandoit,fous  les  ordres  du  prince  Bier ,  furnomme 
Côte  de  Fer,  abordèrent  à  Jumiege,  après  avoir faccagé 
une  grande  étendue  de  pays  ,  y  mettant  tout  à  feu  &  à 
fang ,  &  mafacrant  plufieurs  religieux ,  tandis  que  Us 


tC) 


autres  fe  dérobent  par  la  fuite  à  leur  fureur ,  &  ce  qu'ils 
ont  de  plus  précieux ,  vont  chercher  un  a/y  le  dans  le  Cjm- 
bréfîs  ,  au  prieuré  d'Aspre ,  dépendant  de  ce  rnonajiere. 

Guillaume  Longue-Epée  ,  duc  de  Normandie ,  chas-- 
fant  dans  la  forêt  de  Jumiege ,  y  trouva  deux  moines 
qui  lui  racontèrent  comme  leur  monaflere  avoit  été  ruiné, 
&  lui  préfenterent  du  pain  d'orge  &  de  l'eau,  qu'il  re- 
fufa  avec  mépris;  &  continuant  fa  chaffe,  il  rencontra 
un  fanglier  qu'il  blefla.  Le  fangiier  fe  j elta.  fur  lui  &  le 
renversa..  Le  duc  revenu  à  foi  ,  retourna  aux  re'i°ieux  , 
reçut  leur  préfent,  promit  de  rebâtir  leur  monaflere.  Il  le 
fit  &  y  mit,  vers  l'an  904,  dou7j  moines  avec  Martin; 
leur  abbé,  quefafœur,  comtefje  de  Poitiers,  avoit  tirés  de 

5  aint-Cyprien. 

Taffillon  ,  duc  de  Bavière  &  Teudon,  fon  fils ,  font 
enterrés  dans  cette  abbaye,  qui  fut  réformée,  l'an  1616, 
par  les  Bénédi&ins  de  la  congrégation  de  S.  Maur.  Elle 
a  produit  plufieurs  hommes  îlluftres;   S.   Hugues,  abbé 

6  archevêque  de  Rouen;  S.  Eucher,  évêque  d'Orléans; 
Robert,  évêque  de  Londres  &  de  Cantorbery  ;  Fréculfe, 
évêque  deLifieux;  Jacques  d'Ambroife,  évêque  de  Cler- 
mont  ;  tk  Hélifacar,  abbé  &  chancelier  de  Louis  le  Dé- 
bonnaire. *  Mémoires  dreffés  fur  Us  lieux,  en  1704. 

JUN,  canal  royal  de  la  Chine,  où  il  traverse  toute 
la  province  de  Xanton  ,  qu'il  partage,  &  à  laquelle  il 
eft  d'autant  plus  avantageux,  que  les  vaifleaux  n'ont  point 
d'autre  partage  pour  porter  les  marchandées  à  Pékin  ;  il 
commence  à  Socien  ,  d'où  il  eft  tiré  depuis  la  rivière 
Jaune,  jusqu'à  celle  de  Guey.  Il  a  été  creufé  à  grands 
frais  ;  &c  comme  en  certains  endroits  il  n'y  auroit  pas 
allez  d'eau  pour  de  grandes  barques  bien  chargées  ,  il  y 
a  plus  de  fix  cents  éclufes  ,  faites  de  grandes  pierres  de 
taille,  fort  folides ,  qui  y  font  ménagées  pour  élever 
ouabaifler  l'eau,  à  proportion  que  l'on  en  a  be  bin.  Un 
peu  avant  que  l'on  foit  à  moitié  chemin  de  Chining,  il 
y  a  le  lac  de  Cang,  qui  fournit  autant  d'eau  que  l'on  en 
veut  ;  mais  comme  le  réfervoir  du  lac  eft  plus  bas  que 
le  terreinparoù  l'on  parte,  &  qu'il  s'écouleroit  bientôt 
entièrement,  il  y  a  huit  éclufes  l'une  auprès  de  l'autre 
pour  en  foutenir  les  eaux.  Ces  éclufes  s'appellent  en 
Chinois  Tungfea.  *Niewhof,  Ambaflad.  des  Hollandois 
à  la  Chine,  p.  m. 

JUNA  ,  ancienne  ville  de  l'Albanie  ,  au-delà  du  Cy- 
fus,  félon  Ptolomée,  /.  5 ,  c.  12. 

JUNCARIA  ,  ancienne  ville  de  l'Espagne  Tarrago- 
noife,  félon  Ptolomée ,  qui  la  met  au  pays  des  Indigé- 
tes.  Quoique  dans  ce  même  pays  il  y  ait  aujourd'hui 
un  lieu  nommé  Jonquere ,  qui  mérite  moins  le  nom  de 
ville  que  celui  dé  village ,  il  ne  faut  pas  croire  que  ce 
foit  le  même  lieu.  Antonin  marque  l'ancienne  Junca- 
ria  ,  immédiatement  après  le  porte  nommé  Summum 
Pyrenceum  ;  il  ne  laifte  pas  d'y  mettre  une  diftance  de 
feize  mille  pas  entre  deux  ,  Se  cette  dirtance  tombe  pré- 
ciiément  à  Figueras.  Voyez  ce  mot. 

JUNCAR1US  CAMPUS  ,  campagne  au  midi  de  la- 
quelle étoit  fituée  l'ancienne  ville  Juncaria  ,  au  lieu  que 
la  Jonquere  d'aujourd'hui  en  eft  au  nord.  Strabon  ,  A3, 
dit  :  les  habitans  d'Ampurias  avoient,  dans  l'intérieur 
du  pays,- des  terres,  dont  quelques-unes  éroient  fertiles; 
d'autres  ne  produifoient  que  du  jonc,  &  qu'on  l'appel- 
loit  le  champ  du  jonc,  Juncarium  Campum.  Cette  cam- 
pagne garde  encore  fon  ancien  nom  ,  &  c'eft  la  vallée 
de  Jonquere.  Mais  la  ville  a  perdu  le  fien  Si  s'appelle 
Figueras.  L'une  &  l'autre  le  tiroient  du  jonc. 

1.  JUNCENSIS  ,  fiége  épiscopal  d'Afrique,  dans  la 
Byzacene  ,  félon  la  Notice  d'Afrique,  qui  nomme  fon 
évêque  Tertullus  Juncenfis.  Il  s'eft  tenu  un  fameux  con- 
cile en  cette  ville,  l'an  524,  dont  Ferrand  rapporte  un 
canon  dans  fon  Abbrégé  des  canons.  Il  eft  parlé  de 
Juncense  Littus  dans  la  Vie  de  S.  Fulgence. 

2.  JUNCENSIS,  autre  fiégé  épiscopal  d'Afrique,  dans 
la  Mauritanie  Céfariense.  Nous  ne  leconnoirtons  guères 
que  par  la  Notice  d'Afrique  ,'  qui  nomme  en  premier 
lieu  Glorinus  Juncenfis.  La  Conférence  de  Carthage 
fait  aurfi  mention  de  Ralentinianus  Juncenfis. 

JUNCHEU  ,  petite  forterefle  de  la  Chine  ,  dans 
le  Pélcéli.  Elle  eft  plus  occidentale  que  Pékin  de  26', 
par  les  40  d.  s  6'  de  latitude.   *  Allas  Sinentis, 

JUNCHING ,  fortererte  de  la  Chine ,  dans  la  pro- 
vince de  Quanton  ,  au  département  de  Taching ,  pig- 
Tome  III.    Iiiiij 


ë2b  J[TN 

trière  fortereffe  de  la  province.  Elleeft  plus  occidentale 
que  Pékin  de  5  d.  49',  par  les  23  d.  45'  de  latitude. 
*  Atlas  Sinenfis. 

IUNG  ,  cité  de  la  Chine  -,  dans  la  province  de  Su- 
chuen  ,  au  département  de  Kiating,  trpifiéme  grande 
cité  de  la  province.  Elle  eft  de  12  d.  26'  plus  occiden- 
tale que  Pékin  ,  fous  les  29  d.  47'  de  latitude.  *  Atlas 
Sinenfis. 

JUNGAN,  ville  de  la  Chine,  dans  la  province  de 
Quangfi,  au  département  de  Pinglo ,  quatrième  métro- 
pole de  la  province.  Elle  eft  plus  occidentale  que  Pékin, 
de  7  d.  20',,  par  les  25  d.  8'  de  latitude.  *  Atlas  Sinenfis. 
JUNGARIUS  ,  'Ityîtfios  ;  c'eft  le  même  que  Jun- 
cabius  Campus. 

JUNGCE,  ville  de  là  Chine,  dans  la  province  de 
Honan  ,  au  département  de  Caifung  ,  première  métro- 
pole de  la  province.  Elleeft  plus  occidentale  que  Pékin, 
de  3  d.  54',  par  les  36  d.  de  latitude.  *  Atlas  Sinenfis. 
1.  JUNGCHANG,  ville  de  la  Chine,  dans  la  pro- 
vince de  Junnan  ,  dont  elle  eft  la  huitième  métropole. 
Elle  eft  de  17  d.  42'  plus  occidentale  que  Pékin.  Sa  la- 
titude eft  de  24  d.  58'.  Elle  a  été  la  capitale  du  puiffant 
royaume  de  Gailao  ,  &:  on  la  nommoit  alors  Puguei. 
Hiaou,  empereur  de  la  famille  de  Han,  en  jetta  les  fon- 
demens.  Comme  elle  étoit  le  cher-lieu  d'un  territoire 
arrofé  par  la  rivière  de  Lançang,  on.  lui  donna  le  nom 
de  cette  rivière  ;  mais  ensuite  elle  fe  détacha  de  la 
Chine,  &  fe  donna  au  royaume  àsjungchang;  on  l'ap- 
pella  de  ce  nom.  *  Allas  Sinenfis. 

Un  auteur  Chinois  parle  ainii  des  habitans.  Ils  ont 
pris  les  différentes  moeurs  des  étrangers.  Les  uns  cou- 
vrent leurs  dents  d'une  feuille  d'or;  &  on  les  appelle 
Kinchi ,  c'eft-à-dire  les  gens  aux  dents  d'or.  Les  autres 
aiment  à  les  avoir  très-noires  ou  de  quelqu'autre  cou- 
leur, &;  fe  lèr\ent  pour  cela  de  drogues.  Quelques-uns 
fe  font  deflîner  des  figures  fur  le  vilage  en  piquant  légè- 
rement la  peau  avec  des  aiguilles  ,  &  partant  deiïus 
quelque  couleur  qui  s'imprime  ;  coutume  qui  leur  eft 
commune  avec  quelques  Indiens.  Ils  vont  à  cheval  fans 
felle  ;  ils  mettent  feulement  un  tapis.  Ils  ont  en  abon-  , 
dance  de  l'or,  delà  cire,  du  mie',  du  marbre,  de  l'am- 
bre, de  la  foie,  du  lin.  La  ville  eft  grande  &  bien  peu- 
plée ;  elle  a  appartenu  au  grand  royaume  de  Kinchi  ; 
elle  eft  préfentement  à  la  Chine.  Elle  a  quatre  villes 
dans  fon  département,, Se  trois  fortererefles  qui  lui  fer- 
vent de  barrière. 


JUN 


Les  villes  font  ; 
Jungchang , 
Laye, 
Lukiang , 
Jungping. 


Les  fortereffes  font  î 
Fungkii 
Xitien, 


Lukiang. 


Le  P.  Martini  eft  persuadé  que  cette  ville  eft  la  même 
qu'Unchiang,  dont  parle  Marco-Paolo  le  Vénitien.  L'af- 
finité de  nom ,  les  mœurs  du  peuple  ,  la  fituation  du 
pays,  tout  y  convient.  D'ailleurs  les  Chinois  n'ont  au- 
cun caractère  pour  exprimer  la  fyllabe  un  ,  &  ils  écri- 
vent toujours  iun.  *  Atlas  Sinenfis. 

2.  JUNGCHANG,  ville  de  la  Chine,  dans  la  pro- 
vince de  Suchuen  ,  au  département  de  Chungking ,  cin- 
quième métropole  de  la  province.  Elle  eft  plus  occiden- 
tale que  Pékin  de  11  d.  33',  par  les  29  d.  46'  de  latitude. 
*  Atlas  Sinenfis. 

3.  JUNGCHANG,  fortereffe  de  la  Chine  ,  dans  la 
province  de  Xenfi.  Elle  eft  plus  occidentale  que  Pékin 
de  13  d.  56',  par  les  38  d.  5'  de  latitude.  *  Atlas  Si- 
nenfis. 

JUNGCHEU,  ville  de  la  Chine,  dans  la  province 
de  Huquang,  dont  elle  eft  la  treizième  métropole.  Elle 
eft  fituée  entre  de  belles  montagnes  couvertes  de  ver- 
dure, dans  le  voifinage  de  la  rivière  de  Siang,  &  eft 
la  plus  méridionale  des  villes  de  toute  la  province.  Un 
roi  de  la  famille  de  Taiminga  y  a  fait  fa  réfidence ,  &  on 
en  voit  encore  te  palais  qui  eft  très-beau.  Il  y  a  auflï  une 
colline  remplie  d'arbres  tk  d'édifices  ,  &  quatre  temples 
consacrés  à  des  hommes  illuftres.  Ce  département  con- 
tient fept  villes  ,  favoir  ; 


Tari,  Ningyverï^ 

Tunggan ,  Jungning , 

&  Kianghoa. 

Cette  contrée  étoit  autrefois  du  royaume  de  Cu.  La 
famine  de  Hana  la  nomma  Linling.  Elle  fut  ensuite  aux 
rois  d'U,  &  fut  appellée  Iungyang.  La  famille  deTanga 
lui  a  donné  le  nom  qu'elle  porte  aujourd'hui.  Outre  la 
rivière  de  Siang,  qui  y  paffe  au  nord,  elle  a  le  ruiffeau 
de  Siao  qui  y  coule  &;  fe  perd  dans  cette  rivière.  *  Atlas 
Sin.nfis. 

J'ungcheu,  eft  de  6  d.  plus  occidentale  que  Pékin, 
&£  comp  e  26  d.  42'  de  latitude. 

1.  JdNGCHING,  ville  de  la  Chine,  dans  la  pro- 
vince de  Honan  ,  au  département  de  Queite ,  féconde 
métropole  de  la  province.  Elle  eft  plus  occidentale  que 
Pekm  de  46',  parles  31  d.  12'  de  latitude.  *  Atlas  Si- 
nenfis.   ■ 

2.  JUNGCHING,  ville  delà  Chine,  dans  le  Pékéli, 
au  département  de  Paoting,  deuxième  métropole  de  la 
province.  Elle  eft  plus  occidentale  que  Pékin  de  58', 
par  les  39  d.  36'  de  latitude.  *  Atlas  Sinenfis. 

JUNGCHUEN  ,  ville  de  la  Chine  ,  dans  la  province 
de  Suchuen  ,  au  département  de  Chungking  ,  cinquième 
métropole  de  la  province.  Elle  eft  plus  occidentale  que 
Pekm  de  11  d.  16',  par  les  30  d.  de  latitude.  *  Atlas  Si- 


lui 


Jungeheu, 


Kiyang, 


UNGCHUNG,  ville  de  la  Chine,  dans  la  province 
deFukien,  au  département  de.Civencheu,  féconde  mé- 
tropole de  la  province.  Elle  eft  plus  orientale  que  Pékin 
de  1  d.  29',  par  les  25  d.  14'  de  latitude.  *  Atlas  Si- 
nenfis. 

JUNGCING,  ville  delà  Chine,  dans  le  Pékéli ,  au 
département  de  Pékin  j  première  métropole  de  la  pro- 
vince. Elle  eft  plus  orientale  que  Pékin  àe  9',  par  les 
39  d.  22'  de  latitude.  *  Atlas  Sinenfis. 

JUNGCUN  ,  ville  de  la  Chine  ,  dans  la  prevroce  de 
Queicheu  ,  au  département  deLïping,  feptiéme  métro- 
pole de  la  province.  Elle  eft  de  8  d.  50'  plus  occiden- 
tale que  Pékin,  par  les  26  d.  3  5  '  de  latitude.  *  Atlas  Si* 
nenfis. 

1.  JUNGFO,  ville  de  la  Chine,  dans  la  province 
de  Quangfi,  au  département  deQueilin,  première  mé- 
tropole de  la  province.  Elle  eft  plus  occidentale  que  Pé- 
kin de  7  d.  48',   par  les  25  d.  43/.   *  Atlas  Sinenfis. 

2.  JUNGFO  ,  ville  de  la  Chine,  dans  la  province 
de  Fokien  ,  au  département  de  Focheu,  première  mé- 
tropole de  la  province.  Elle  eft  plus  orientale  que  Pékin 
de  2  d.  4',  par  les  25  d.  45'  de  latitude.  *  Atlas  Si- 
nenfis. 

JUNGFUNG,  ville  de  la  Chine,  dans  la  province 
de  Kianfi  ,  au  département  de  Kiégan,  neuvième  mé- 
tropole de  la  province.  Elle  eft  de  2  d.  5'  plus  occi- 
dentale que  Pékin,  fous  les  27  d.  46'  de  latitude.  *  Atlas, 
Sinenfis. 

1.  JUNGGAN,  ville  de  la  Chine  ,  dans  la  province 
de  Fokien,  au  département  de  Jenping,  cinquième  mé- 
tropole de  la  province.  Elle  eft  plus  orientale  que  Pékia 
de  13',  par  les  25  d.  56'  de  latitude.    * Atlas  Sinenfis. 

2.  JUNGGAN  ,  ville  de  la  Chine,  dans  la  province 
de  Quanton  ,  au  département  de  Hoeicheu ,  quatrième 
métropole  de  la  province.  Elle  eft  plus  occidei.tale  que 
Pékin  de  3  d.  6',  par  les  23  d.  4'  de  latitude.  *  Atlas 
Sinenfis. 

JUNGHING,  cité  delà  Chine,  dans  la  province  de 
Huquang,  au  département  de Chincheu,  féconde  grande 
cité  de  la  province.  Elle  eft  plus  occidentale  que  Pékin 
de  4  d.  35',  par  les  26  d.  4'  de  latitude.  *  Atlas  Si~ 
nenfis. 

JUNGKANG ,  ville  de  la  Chine  ,  dans  la  province, 
de  Quangfi  ,  au  département  de  Taiping  ,  huitième  mé- 
tropole de  la  province.  Elle  eft  plus  occidentale  que  Pé- 
kin de  12  d.  5',  parles  23  d.  42'  de  latitude.  *  Atlas 
Sinenfis. 

JUNGKIANG,  ville  de  la  Chine,  dans  la  province 
de  Chekiang ,  au  département  de  Kinhoa ,  cinquième- 
métropole  de  la  province.  Elle  eft  plus  orientale  que 
Pékin  de  2d.  39',  par  les  28  d.  45'  de  latitude.  *  Atlas 
Sinenfis. 

JUNGKING  ,  ville  de  la  Chine ,  dans  la  province- 


JON 


ÎUN 


621 


âe  Suchuen1,  au  département  d'Yacheu,  fixiéme  grande    de  Huquang,  au  département  de  Juncheu ,  treizième 


cité  de  la  province.  Elle  eft  de  14  d.  32'  plus  occiden 
taie  que  Pékin,  fous  les  30  d.  31'  de  latitude.  *  Atlas 
Sinenjis.  , 

*JUNGLI  ,  ville  de  la  Chine ,  dans  la  province  de 
Queicheu,  au  couchant  de  la  ville  de  Sintien.  Elle  a  fous 
elle  deux  fortereffes ,  favoir  P'mgfa  IkTaping.  Lesmon- 
rds  voifins ,  à  force  de  fréquenter  les  Chinois  ,  en 


tropole  de  la  province.  Elle  eftplus  occidentale  que  Pé- 
kin de  6  d.  18',  par  les  26  d.  3'  de  latitude.  *  Atlas 
Sinenjis. 

9.  JUNGNING,  cité  militaire  de  la  Chine,  dans  le 
Pékéli.  Elle  eft  plus  occidentale  que  Pékin  de  6',  par 
les  40  d.  24'  de  latitude.  *  Atlas  Sinznjis. 

o.  JUNGNING,  ville  de  la  Chine,  dans  la  pro- 


bnt  pris  un  peu  des  mœurs.  Ils  vont  cependant  toujours     vince    de    Channa  ,    au    département  de    Faencheu  , 
armés  ,  &  aiment  la  guerre.  Il  y  a  à  Jungli  un  très-beau     cinquième  métropole  de  la  province.    Elle  efl  plus  oc- 
cidentale que  Pékin  de  6  d.  30',  par  les  38  d.  30'  de 
latitude.  *  Atlas  Sinenjis. 

1.  JUNGPING,  ville  delà  Chine,  dans  le  Pékéli»' 
dont  elle  eft  la  huitième  métropole.  Elle  eft  de  1  d.  34' 
plus  orientale  que  Pékin  ,  &  fous  les  40  d.  de  latitudel 
Son  territoire  eft  tout  relevé  de  montagnes  &  de  colli- 
nes ;  mais  comme  elle  confine  au  golfe  de  Cang  ,  il 
n'y  manque  rien  de  tout  ce  qui  eft  néceffaire  à  la  vie  ; 
le  poiffori  y  abonde  ;  &c  on  y  trouve  la  fameufe  racine 
dit  ginseng  ,  à  laquelle  on  attribue  tant  de  vertus  ,  &Ç 
pour  laquelle  on  donne  le  triple  du  poids  en  argent.  On 
y  a  auffi  des  mines  d'étain  ,  &  on  y  fait  du  papier.  Ce 
canton  a  autrefois  été  de  la  province  de  Kicheu.  La  fa- 
mille de  Cin  la  nomma  Leaoji.  Les  rois  de  Guey  appel- 


pont  de  pierre.  *  Atlas  Sinenjis. 

JUNGMUEN,  forterefle  de  la  Chine,  dans  la  pro- 
vince de  Chékiang ,  au  département  de  Chinxan  ,  pre- 
mière forterefle  de  la  province.  Elle  eft  plus  orientale 
que  Pékin  de  4  d.  io',  par  les  26  d.  de  latitude.  *  Atlas 
Sinenjis. 

JUNGMUI,  cité  militaire  de  la  Chine  ,  dans  la  pro- 
vince de  Huquang  ,  au  département  de  Xi  ,  première 
cité  militaire  de  la  province.  Elle  eft  plus  occidentale 
que  Pékin  de  6  d.  32',  par  les  30  d.  io'  de  latitude. 
*  Atlas  Sinenjis. 

1.  JUNGNING,  ville  de  la  Chine,  daris  la  province 
d'Iunnan ,  dont  elle  eft  la  onzième  métropole.  Elle  eft 
de  15  d.  48'  plus  occidentale  que  Pékin,  fous  les  27  d. 

33'  de  latitude.  C'eftla  ville  la  plus feptentrionale  de  la     lerent  la  y'iWeLulung ,  &  la  famille  de  Tanga  Pingch'uu* 
province ,  aux  confins  du  royaume  de  Si/an.  Elle  a  fous     Ce  département  contient  fix  villes  ,  favoir; 
elle  quatre  fortereffes ,  favoir  j 

Jungping ,  Changli , 

Jungning ,  Ketien,  Ciengan,  Lo, 

Laçuho,  Hianglo^  Vuning,,  Loting, 

Valu; 

Il  y  a  dans  la  ville  deux  fameufes  pagodes.  Elle  eft  avan« 
Il  y  a  dans  ce  canton  quantité  d'excellentes  vaches.  Les  tageufement  fituée  pour  défendre  l'empire,  étant  entou- 
Chinois  les  appellent  ly  ;  ils  en  emploient  la  queue  à  or- 
ner leurs  étendards  Ô£  leurs  casques;  &C  du  poil,  ils  font 


:  de  rivières  ck  de  montagnes  ,  auprès  de  la  ville  ci  le 
mont  Jang,  qui  eft  haut,  ci  d'où  il  fort  plufieurs  tor- 
des tapis  &  des  habits  excellens  contre  la  pluie.  Ce  can-     rens.  *  Atlas  Sinenjis. 
ton  s'appelloit  autrefois  Talang.  C'eft  la  famille  de  Ju'en,  2.  JUNGPING  ,  petite  forterefle  de  la  Chine  ,  dans 

qui  lui  a  donné  le  nom  qu'il  porte.  Auprès  eft  la  mon-  lé  Pékéli, au  département  de  Vuning.  Elle  eft  plusorien- 
tagne  deCANMO,  riue  ck  ifolé,  &  toute  de  pierre,  dans  taie  que  Pékin  de  I  d.  35',  par  les  39  d.  48'  de  latitude. 
une  grande   plaine.    A  l'orient  de  Jungning  eft   le  lac     *  Atlas  Sinenjis.     . 

Lucu,  affez  grand,  &  dans  lequel  il  y  a  trois  ifles  en-  JUNGSlN,  ville  de  la  Chine,  dans  la  province  de 
tiérement  égales.  Chacune  a  une  colline  de  cent  per-  Kianfi  ,  au  département  de  Kiégan ,  neuvième  métro- 
ches  de  haut.   * Atlas  Sinenfis.  pôle  de  la  province.  Elle  eft  de  3  d.  31'  plus  occidentale 

2.  JUNGNING,  ville  de  la  Chine,  dans  la  province     que  Pékin  ,  fous  les  27  d.  25'  de  latitude.  *  Atlas  Si- 
ée Queicheu,  où  elle  tient  le  fécond  rang  entre  les  cités,     nenjis. 


Elle   eft  de   12  d.  20'    plus  occidentale   que  Pékin  , 
!•)  d.  2'   de  latitude.  Ce  fut  la  famille  de  Juen,  qui  la 
fonda.  Son  département  contient  deux  autres  places  ,  fa- 
Yoir; 

Muyo      &î        Tingipg. 

Elle  a  un  affez  grand  territoire  ,  mais  rempli  de  mon- 
tagnes,  peuplées  de  cinq  diverses  nations  qui  fe  fervent 
de  l'arc  ,  de  la  flèche,  &  de  petites  épées  très-pointues. 
Entr'autres  particularités,   ce  ne  font  point  les   parens     Sinenjis_ 


.  JUNGTING,  ville  de  la  Chine,  dans  la  province, 
de  Fokien ,  au  département  de  Tingcheu  ,  fixiéme  mé- 
tropole de  la  province.  Elle  eft  plus  occidentale  que  Pé- 
kin de  1  d.  par  les  24  d.  31'  de  latitude.  *  Atlas  Si- 
nenjîs. 

_  2.  JUNGTING,  forterefle  de  la  Chine,  dans  la  pro- 
vince de  Fokien  ,  au  département  dePumuen,  première 
forterefle  de  la  province.  Elle  eft  plus  occidentale  que 
Pékin  de  1  d.  18',  parles  24  d.  33'  de  latitude.  *  Atlas 


qui  font  les  mariages  ;  mais  les  parties  intéreffées  elles 
mêmes  conviennent  ensemble  de  leurs  faits;  *  Atlas 
Sinenjis. 

3.  JUNGNING  ,  forterefle  de  la  Chine,  dans  la 
province  de  Queicheu;  elle  eft  de  12  d.  42'  plus  oc- 
cidentale que  Pékin,  à  27  d.  33'  de  latitude.  *  Atlas 
Sinenjis. 

4.  JUNGNING,  forterefle  de  la  Chine,  danslapro 


JUNGXAN,  ville  de  la  Chine,  dans  la  province  de 
Suchuen,  au  département  de  Xunking,  troifieme  mé- 
tropole de  la  province.  Elle  eft  plus  occidentale  que  Pé- 
kin de  10  d.  25',  par  les  31  d.  20'  de  latitude.  *  Atlas 
Sinenjis. 

„.  JUNGXEU,  ville  de  la  Chine,'  dans  la  province  de 
Xenfi ,  au  département  de  Sigan  ,  première  métropole 
de  la  province.  Elle  eft  plus  occidentale   que  Pékin  de 


vince  de  Suchuen.    Elle  eft  plus  occidentale  que  Pékin     8  d.  34',  parles  36  d.  36'  de  latitude.  *  Atlas  Sinenjis. 

JUNGXUN,  cité  militaire  de  la  Chine,  dans  la  pro- 
vince de  Huquang ,  au  département  de  Xi ,  première 
ville  militaire.  Elle  eft  plus  occidentale  que  Pékin  de 
7  d.  52',  par  les  29  d.  32'  de  latitude.  *  Atlas  Sinenjis. 
JUNGYANG,  ville  de  la  Chine,  dans  la  province 
de  Honan  ,  au  département  de  Caifung  ,  première  mé- 
tropole de  la  province.  Elle  eft  plus  occidentale  que  Pé- 
'  de  latitude.    *  Atlas 


de  14  d.  50',  par  les  28  d.  21'  de  latitude.  *  Atlas  Si 
nenjis. 

<j.  JUNGNING,  ville  de  la  Chine ,  dans  la  province 
de  Kianfi  ,  au  département  de  Kiégan  ,  neuvième  mé- 
tropole de  la  province.  Elle  eft  de  3  d.  35'  plus  occi- 
dentale que  Pékin,  fous  les  27  d.  12'  de  latitude.  *  Atlas 
Sinenjii 

de' 
tropo 


6.  JUNGNING,  ville  de  la  Chine  ,  dans  la  provine  kin  de  3  d.  43',  parles  35  d.  52'' 
Qùangfi,  au  département  de  Queilin,  première  mé-  Sinenjis. 

>pole  de  la  province.  Elle  eft  plus  occidentale  que  Pé-  JUNHO ,  ville  de  la'  Chine  ,   dans  la  province  de 

kin  de  7  d.  39',  par  les  25  d.  36'  de  knitude.    *  Atlas  Chékiang,  au  département  de  Chucheu ,  feptiéme  mé- 

Sinenjis.  tropole  de  la  province.  Elle  eft  plus  orientale  que  Pékin" 

7.  JUNGNING,  ville  de  la  Chine,  dans  la  province  de  2  d.  30',  par  les  27  d.  40'  de  latitude.   *  Atlas  Si- 
de  Honan  ,  au  département  de  Honan  ,  fixiéme  métro-  nenjis. 

pôle  de  la  province.  Elle  eft  plus  occidentale  que  Pékin  JUNING  ,   ville  de  la  Chine  ,    dans  la  province  de 

de  6  à.  par  les  35  d.  17'  de  latitude.  *  Atlas  Sinenjis.  Honan,  dont  elle  eft  la  huitième  métropole,  à  2d.  56' 

8.  JUNGNING,  ville  de  la  Chine,  dansla  province  plus  à  l'occident  que  Pékin,  ckà  33  d.  53'  de  latitude* 


6n  JUN 

Elle  eft  fituée  à  l'orient  du  lac  de  Si,  qui  fe  dégorge  dans 
la  rivière  de  Ju.  Cette  ville  a  quatorze  villes  dans  Ion 
département,  favoir: 

Juning,  Loxan, 

Xangçai, 

Sip'mg, 

Sinçay, 

•Siup'ing, 

Chinyangj 

Sinyang , 

:Au  nord  de  la  ville  eft  le  mont  Tiengchung ,  auquel  ils 
attribuent  la  propriété  d'être  au  centre  de  l'univers. 
*  Atlas  Simnjîs. 

■  JUNMUNG,  ville  de  la  Chine  ,  dans  la  province  de 
Huquang,  au  département  de  Tegan  ,  quatrième  métro- 
po'e  delà  province.  Elle  eft  plus  occidentale  que  Pékin 
de  3  d.  55',  par  les  3 1  d.  40'  de  latitude.    *  Atlas  Si- 


Jim 


coup  de  chofes  qui  ont  paru  fabuleufes,  Se  qui  pour- 
tant font  très-vraies.  Le  P.  Martini ,  qui  le  juftifie  à  cet 
égard  ,  trouve  feulement  que  ce  qu'il  en  raconte  n'étant 
pas  affez  fuivi  ,  ni  dans  un  ordre  allez  clair ,  n'a  pas 
été  bien  entendu  en  Europe.  Voici  une  table  géograpm- 
que  des  places  de  cette  province  avec  leurs  pofitions. 
Le  ©,  fignifie  plus  oriental  que  Pékin ,  d'où  fe  prennent 
les  longitudes  Se  le  P ,  plus  occidental  que  cette  même 
ville. 


injîs. 

JUN 


lUNNA  ,  nom  latin  de  la  Juine,  rivière  de  France. 
JUNNAN  ,  province  de  la  China  ,  la  dernière  de 
toutes  en  rang  ,■  Se  la  plus  occidentale.  Elle  mérite 
néanmoins  d'être  comptée  entre  les  meilleures  provinces 
de  l'empire.  De  rifle  écrit  ,  félon  la  prononciation  , 
Younnan.  Elle  eft  bornée  au  nord  par  la  province  de 
Sukuen  ,  ou  Soutchouen  ;  à  l'orient,  par  la  province  de 
Queicheu  ;  au  midi ,  par  le  Tonquin  Se  le  royaume  de 
Laos  ;  au  couchant  ,  par  les  états  du  roi  d'Ava  Se  du 
royaume  de  Laffa  ou  de  Boutan  :  c'eft  ce  dernier  que  les 
Chinois  nomment  Sifan.  *  Atlas  Simnjis. 

C'eft  la  plus  riche  de  toutes  les  provinces ,  Se  où  les 
vivres  font  à  meilleur  marché  :  on  tire  du  fable  beaucoup 
d'or  ;  Se  les  Chinois  affurent  que  fi  l'on  ouvroit  les  mi- 
nes, on  en  tireroit  de  grandes  richeffes.  De-là  vient  la 
façon  de  parler  proverbiale  ,  lorsque  l'on  voit  à  la  Chine 
un  mauvais  ménager  qui  jette  fon  bien  par  les  fenêtres, 
on  lui  demande  fi  fon  père  eft  receveur  du  domaine 
dans  la  province  d'iunnan.  Cette  province  a  auffi  de 
l'ambre,  mais  un  pei  plus  rougeâtre  que  celui  de  Prufle  : 
on  n'y  en  trouve  point  de  jaune.  Elle  nourrit  d'excel- 
lens  chevaux  Se  des  éléphans.  Les  rubis  ,  les  faphirs ,  les 
yeux  de  chats,  &  autres  pierres  précieufes  ,  fe  rencon- 
trent dans  cette  province;  le  mufe,  la  foie  ,  le  beijoin, 
6e  autres  marchandées  que  l'on  tire  du  Pegu ,  de  Laor 
Se  de  Quangnan. 

Cette  province  a  douze  grandes  villes  du  premier 
rang  ,  huit  autres  villes  militaires ,  plus  de  quatre-vingt- 
quatre  cités  ,  fans  compter  diverfesfortereffes.  Elle  a  été 
autrefois  plus  grande ,  Se  on  en  a  démembré  quelques 
parties  pour  les  joindre  au  Tonquin.  On  y  compte 
13x958  familles,  Se  1433110  âmes.  Elle  renferme  di- 
verfes  nations  fur  le  nombre  desquelles  on  ne  s'accorde 
point ,  parce  qu'elle  n'eft  pas  entièrement  foumife.  Il  y 
a  quelques  feigneurs  particuliers  qui  font  de  petits  fouve- 
rains  ,  Se  abfolus  chez  eux  ;  ce  qui  ne  fe  trouve  point 
ailleurs  dans  toute  la  Chine.  Ils  reconnoiffent  l'empe- 
reur de  la  Chine;  mais  cela  ne  les  empêche  pas  d'être 
maîtres  de  leurs  fujets  ,  Se  leur  gouvernement  eft  hé- 
réditaire. Le  tribut  que  cette  province  paye  en  riz,con- 
iifte  en  1400^68  facs  de  riz  ,  Se  celui  du  fel  eft  de 
56965 ,  poids  de  fel  ,  fans  parler  de  quantité  de  tributs 
que  payent  les  marchandées  Se  les  terres. 
•  Comme  la  province  d'iunnan  eft  plus  proche  des  In- 
des que  les  autres  provinces  de  l'empire  ,  elle  participe 
auffi  davantage  aux  moeurs  des  Indiens.  Les  femmes  y 
font  moins  renfermées  qu'ailleurs.  Plufieurs  n'y  enterrent 
point  les  morts ,  félon  l'ufage  des  Indiens  ;  ils  les  bru- 
lent  fur  un  bûcher.  Mais  ils  ne  brûlent  point  avec  eux 
des  perfonnes  vivantes;  ils  tiennent  pour  barbare  cette 
coutume  des  Indiens. 

Les  habitans  de  cette  province  font  plus  robuftes  Se 
plus  courageux  que  les  autres  Chinois  :  ils  prennent  , 
moins  l'épouvante  dans  le  combat  ,  dans  lequel  ils  fe 
fervent  d'élëphans.  Ils  font  doux,  complaifans,  humains. 
Le  premier  prince  Chinois  qui  ait  conquis  cette  province 
fut  l'empereur  Xi ,  tige  de  la  famille  de  Cin.  Comme 
peu  après  ils  fe  révoltèrent  ,  Hiaou  ,  chef  de  la  famille 
de  Han,  les  remit  à  la  raifon.  Les  Tartares  de  la  famille 
de  Juen  y  envoyèrent  de  colonies.  Marco  Paolb  le  Vé- 
nitien ,  qui  a  eu  connoiffance  de  ce  pays  ,  en  a  dit  beau- 


Noms. 

Long 

tude. 

Lati 

ude. 

I.  Ville  métropolitaine. 

Degr. 

Min. 

Degr. 

Min. 

Junnan  , 

H 

25. 

25 

0.  p. 

Fumin, 

H 

38. 

25 

3.  p. 

Yleang, 

H 

20. 

25 

30.  p. 

Caoming  0, 

H 

46. 

2, 

10-  p. 

Cynning  0j 

H 

12. 

24 

52.  p. 

i^ueicheoa , 

•4 

20. 

2*   . 

10.  p. 

Chingcung, 

14 

10. 

M 

20.  p. 

Gannmgo, 

H 

41. 

24 

45.  p. 

Loçu, 

H 

46. 

24 

50.  p. 

Lotung  , 

l4 

57- 

24 

38.  P. 

Queuyang, 

H 

30. 

24 

àampao  , 

!4 

40. 

H 

25.  P. 

Ymuen. 

14 

50. 

24 

35-  P- 

II.  Ville  mêtropol. 

Tali, 

16 

56. 

25 

27-  p. 

Chao  0 , 

16 

40. 

M 

46.  p. 

lunnan  , 

16 

12. 

M 

32.  p. 

f  engch'uen  0 , 

16 

55- 

2? 

34-  p- 

Lanckiung , 

16 

56. 

26 

0.  p. 

Pinchuen. 

ï7 

10. 

M 

43:  P. 

III.  Ville  mêtropol. 

Lingan  , 

14 

19. 

24 

6.  p. 

Kienxui  0, 

r4 

II. 

23 

50.  p. 

Xepmg  ®, 

'4 

H 

0.  p. 

(Jmi  e> , 

'3 

57 

24 

2.  p. 

Ning  0, 

'4 

0 

24 

10.  p. 

Sinp'ing, 

H 

25. 

23 

42.  p. 

Tunghai , 

H 

10 

M 

I4.  ;p. 

Hofi, 

H 

29 

24 

10.  p. 

Siego  , 

H 

43 

H 

15;    p. 

Mungçu. 

13 

56 

23 

35-  P- 

Forterejfes, 

1 

Naleu , 

'4 

25 

23 

19. 'p. 

Kiaoha, 

H 

16 

23 

36.  p. 

Vanglung, 

14 

,■ 

23 

34.  P. 
18.  p. 

Hiyung, 

14 

14 

^3 

Kichu, 

iS 

6 

23 

33-  P- 

Sut'o , 

14 

40 

23 

33-  P- 

Çoneng, 

14 

49 

13 

15.  p. 

Locung, 

'4 

3o 

23 

28.  p. 

Gannan. 

13 

50. 

23 

21.  p. 

IV.  Ville  mêtropol. 

Çuhiung, 

iî 

24. 

M 

56-  p. 

Quangtung, 

*î 

19. 

24 

43-  p. 

Tingyuen, 

'5 

5'- 

25 

23-  p. 

Tingpien , 

16 

9- 

2* 

18. 1  p. 

Okia, 

15 

17- 

24 

24.  p. 

Nangan  0, 

', 

12. 

24. 

55-  P- 

Chinnan. 

'5 

36. 

24 

4°':>, 

V.  Ville  mêtropol. 

1 

Chingkiahg, 

14 

A- 

24 

29. 'p. 

Kiangchuen, 

13 

53- 

24 

22.    p. 

Yangrju     , 

H 

5- 

24 

45.    p. 

Vnhing"|, 
Lunan, 

M 

i7- 

24 

34.    p. 

13 

49. 

24 

31. .P- 

JUN 

JUN 

62  * 

Noms.              1  Longi 

ude. 

Lat 

tude. 

Noms. 

Longitude. 

Latitude. 

VI.  Ville  métropol.     Degr. 

Min 

Degr 

Min. 

Degr. 

Min. 

Degr. 

Min. 

Munghoa , 

ï6 

38 

2-5 

23.  P 

Kiucin , 

'7 

24. 

27 

1. 

p, 

Linglung. 

s7 

10. 

15 

24.  p 

Linfi. 

17 

T-9- 

27 

%}• 

P- 

VII.  Fille  métropol. 

VII.  Ville  militaire. 

Kingtung. 

16 

30. 

24 

52.  P 

Juenkiang. 

H 

33- 

23 

54- 

P- 

VIII.    Ville  métropol. 

Forterejfe. 

Quangnan , 

J3 

2-ï- 

M 

O.  p 

Lopie, 

lî 

20. 

13 

53- 

p= 

Fu  ©. 

12 

59^ 

*3 

48.  p 

VIII.   Fille  militaire. 

IX.   Ville  métropol. 

Iungchang, 

ll 

42- 

24 

58. 

P- 

Quangfï, 

'3 

35- 

24 

»4-P 

Laye  0  , 

l8 

38. 

15 

29. 

p. 

Sucung  0 , 

13 

40. 

H 

o.p 

Lukiang, 

17 

ï6. 

M 

49. 

P« 

Miîe  '■=> , 

M 

46. 

14 

12.  p 

lungping, 

17 

16. 

25 

10. 

P- 

Vimao  e. 

'3 

2Ï- 

23 

29-'P 

Fungki , 

17 

27. 

2î 

10. 

P- 

Xitien. 

x7 

46. 

24 

37. 

p. 

X.  Ville  métropol. 

Fortereffe. 

Chinyuen. 

16 

26. 

14 

37:  P 

1 

Lukiang. 

18 

15. 

2Î 

21. 

P- 

Forterefe. 

1 

Grandes  cites. 

Loco. 

rï 

•56. 

24 

37'P 

Pexing  ©, 

16 

8. 

26 

44- 
5- 

P- 
P- 

XI.  Ville  métropol. 

Sinhoa. 

H 

55- 

24 

[ungning, 

lï 

48. 

2-7 

33-P 

Forterejfes'. 

Lacuho , 

If 

34- 

27 

39- p 

Ketien , 

l6 

5- 

2-7 

41. p 

Chelo, 

16 

16. 

24 

18. 

p. 

Hianglo, 

l6 

?1: 

27 

53-P 

Langçang. 

16 

19. 

27 

3- 

P- 

Valu. 

l6 

27 

49- P 

Cité. 

XII.  Ville  métropol. 

Langkiu  0. 

iî 

Sî- 

27 

»8.P. 

Xunning. 

17 

18. 

24 

46.  p 

Forterefles. 

Villes  militaires. 

Tengcheng , 

1? 

30. 

2Î 

4Ï 

?• 

I.  Ville  militaire. 

Cheli, 

Mopang. 

16 
18 

59- 

21. 

22 
22 

42.  p. 
51.  p. 

FCiocing , 

!? 

48. 

M 

35- P 

Yeço, 

13 

28. 

2-9 

19.  p 

Cités. 

^hanye  0 ,' 

13 

58. 

M 

15. p 

Loleang  a( 

13 

51- 

i? 

6.P 

Mengyang  0, 
Mengking  ©. 

*7 

S?- 

23 

6. 

p. 

Mailing  ©  , 

13 

50. 

25 

44- P 

l7 

39- 

2Î 

ï7 

p. 

Lohiung  ©. 

13 

56. 

14 

57-.P 

Forterejfes. 

II.  Ville  militaire. 

Menglien , 

3 

M- 

23 

16 

P- 

Yaogan  s 

15 

50. 

26 

3-P 

Mengli, 

î- 

24 

3 

P- 

Yao  0, 

M 

3ï- 

M 

'« 

Mengting  ©5 

18 

«t 

24 

29. 

p. 

Tayao. 

16 

0. 

26 

Mengtien, 

18 

22 

8. 

P- 

Mengco , 

19 

6. 

22 

0 

P. 

III.    Ville  militaire. 

Mengchang, 

16 

ï°- 

23 

32- 

P- 

Cioking, 

16 

40. 

26 

28.  p 

Mien, 
Pape , 

a 

19. 

30. 

23 

22 

3- 

0. 

P- 
P- 

Kiench'uen  ©  , 

16 

59- 

26 

48.  p 

Santihiung, 

18 

0. 

12 

8. 

P- 

Xen  0. 

16 

35- 

26 

Sochung , 

18 

16. 

21 

58. 

P- 

Mungyang , 

:i 

4- 

23 

«7- 

P- 

IV.    Ville  militaire. 

Mitien , 

41. 

23 

l7- 

P- 

Laochua, 

16 

58. 

22 

3- 

P- 

Vutmg, 

H 

59- 

M 

27.  P 

Canyai , 

18 

38. 

24 

3i- 

E- 

Hokio  0, 

15 

3. 

2ï 

16.  p 

Nantien. 

18 

43- 

25 

8. 

P- 

Yuenmeu , 

'4 

6. 

25 

J2.  p 

Lokiuen  9. 

46. 

2Ï 

39-  P 

Cités. 

V.  Ville  militaire. 

Lungchuen  © ," 

18 

28. 

24 

16. 

P- 

Queiyueti  ©, 

16 

ïf. 

24 

20. 

P- 

Cintien. 

13 

51. 

26 

4.  p 

Vantien  0  , 

18 

36. 

24 

3i- 

P- 

Chingc'an  ©, 

17 

19. 

24 

!7- 

P- 

VI.  Ville  militaire. 

Tahen. 

16 

S6. 

24 

a8. 

P- 

Likiang , 

16 

si 

26 

54-  P 

Forterejfes. 

Paoxan  0  3 

16 

45- 

27 

9.  p 

Nieuki , 

16 

3- 

24 

17- 

P 

Lan  e 

<7 

2.6. 

l7 

i6.)f 

Mangxi. 

18 

ÎO, 

23 

$»< 

p.! 

JUN 


624 

2.  JUNNAN,  ville  de  la  Chine,  dans  la  province  de 
même  nom  ,  dont  elle  eft  la  première  métropole.  On 
peut  voir  dans  l'article  précédent  fa  pofitton  ,  &  les 
noms  des  villes  qu'elle  a  fous  elle.  Il  n'étoit  point  (ait 
mention  de  ce  canton  avant  les  rois  de  Çû ,  qui  en  po(- 
fédoient  la  partie  feptentrionale.  On  l'appelloit  le 
royaume  de  Tien  ,  d'un  lac  qu'il  renfermoit  Les  mé- 
moires les  plus  anciens  où  il  foit  parlé  de  cette  ville  , 
font  ceux  de  la  famille  de  Han.  Ce  n'étoit  alors  qu'une 
cité  nommée  Jechéu  ;  mais  on  changea  ensuite  ce  nom 
en  celui  dé  Junnan  ,  à  foccafion  de  quelques  nues  où 
l'on  remarquoit  une  grande  variété  de  couleurs,  qui  fu- 
rent obfervées  par  Hioau  ,  empereur  ,  qui  étoit  alors 
dans  ce  pays.  Cyn  la  nomma  Nincheu  ;  &  la  famille  de 
Tanga,  l'appella  Nauning.  A  caufe  de  l'étendue  defon 
territoire,  on  le  partagea  en  fix  départemens  ,  où  l'on 
établit  autant  d'officiers  pour  recevoir  les  tributs.  La  fa- 
jnille  de  Juen  ayant  vaincu  tous  ces  officiers  ,  nomma 
cette  ville  Clmngking  ;  mais  la  famille  de  Taiming  lui 
rendit  l'ancien  nom  de  Junnan.  Le  territoire  de  la  ville 
eft  agréable  &  fertile  ;  il  y  a  de  belles  montagnes  (k 
d'excellentes  eaux  :  on  voit  çà  &  là  des  collines  &  des 
plaines.  Le  pays  jouit  d'un  air  très-temperé.  Les  habi- 
tans  ont  beaucoup  d'esprit  &  le  corps  robufte.  La  ville 
peut  être  comparée  aux  plus  belles  &  aux  plus  grandes 
de  toute .  l'Afie.  Le  commerce  y  fleurit  ;  les  édifices  y 
font  magnifiques  ,  &  les  temples  d'une  grandeur  ik  d'une 
beauté  lurprenante.  Il  y  a  un  grand  nombre  de  rues.  La 
fituation  en  eft  délicieufe  ,  au  bord  (eptentnonal  du 
grand  lac  de  Tien ,  qui  baigne  les  murs  de  la  ville ,  du 
côté  de  l'occident.  Des  canaux  ,  tirés  de- là  jusques  dans 
la  ville  ,  y  donnent  entrée  aux  bateaux.  Il  y  a  dans  1  en- 
ceinte des  murs  une  montagne  nommée  Uhoa ,  qui 
mérite  d'être  vue  pour  les  temples ,  les  édifices  publics 
&  particuliers  ,  &  les  bosquets  dont  elle  eft  couverte. 
*  Atlas  Sinenfis. 

Outre  les  palais  des  gouverneurs  ,  il  y  en  a  un  ou  le 
gouverneur  général  nommé  le  Moquuung  fait  fa  de- 
meure.   Ce  titre  répond  à  la  qualité   du   duc  en  Eu- 

II  y  avoit  autrefois  dans  ce  canton  différentes  nations 
dont  les  noms  font  presque  ignores  à  préfent  ;  elles 
avoient  chacune  quelque  fingularité  dans  leurs  mœurs, 
&  beaucoup  d'attachement  pour  la  doûrine  idolâtre  de 
Fé.  Les  armes  &C  l'agriculture  étoient  leurs  principaux 
emplois.  Ils  n'époufoient  point  de  fille ,  qu'un  autre  n'en 
jouît  fecrettement  avant  l'époux  ;  quelques-uns  étoient 
bafanés  comme  les  Indiens,  d'autres  étoient  blancs.  En 
montant  à  cheval  ,  ils  n'ont  qu'un  tapis  pour  toute  felle. 
Ce  canton  a  des  chevaux  admirables  ;  quelques-uns  néan- 
moins font  petits  ,  mais  forts  &  pleins  de  feu.  On  ne 
fait  nulle  part  ailleurs  de  plus  beaux  tapis.  Le  lapis  la- 
7uli  &  le  beau  verd  s'y  tirent  de  la  terre.  Entr'autres 
temples  confacrés  aux  hommes  illuftres ,  il  y  en  a  deux 
qui  furpafTent  les  autres  en  magnificence. 

Au  couchant  du  lac  &  de  la  ville  eft  la  montagne  de 
Kingki ,  qui  eft  fort  grande  ,  &  vient  jufqu'au  lac.  Le 
mont  Xang,  vers  le  nord  de  la  ville,  a  une  fource  d'eau 
très-froide ,  qui  foulage  les  paralytiques. 

3.  JUNNAN  ,  autre  ville  de  la  Chine,  dans  la  pro- 
vince de  même  nom ,  dans  le  département  de  Tali ,  fé- 
conde métropole.  Pour  mieux  fentir  la  différence  de 
cette  ville  avec  la  première  métropole  ,  je  joindrai  ici 
leurs  politions,  *  Atlas  Sinenfis. 

Longit.  Latit. 

Iunnan ,  métrop.         I4d-       25'-        25cl-        o'. 
Iunnan,  16  d.       12.'.         25  d.       32'. 

JUNOGIMA  ,  petite  ifle  du  Japon  ,  qui  n'eft 
marquée  dans  aucune  Carte  de  cet  empire  ,  mais  qui 
doit  être  fur  une  des  côtes  de  l'ifle  de  Ximo.  Sur  la 
fin  du  XVIe  fiécle  ,  elle  devint  fameufe  par  la  retraite 
d'un  grand  nombre  d'illuflres  confeffeurs  ,  qui  avoient 
été  profcrits  par  l'empereur  Tayco-Sama  ,  en  haine  de 
la  religion  Chrétienne.  Elle  appartenoit  alors  au  grand 
amiral  du  Japon  ,  Auguftin  Tsucamidono ,  qui  y  entre- 
tenoit  à  l'es  frais  ces  illuftres  bannis  ;  mais  quelques  an- 
nées après,  Tayco-Sama  qui  craignoit  ces  braves  gens  , 
dont  quelques-uns  étoient  des  plus  grands  feigneurs  de 
l'empire  ,  6c  fur-tout  Jufte-Ucondono  ,  qui  avoit  été 


JUN 


généraliffime  de  fes  armées  ,  &  qui  pafloit  pour  le 
plus  grand  homme  de  guerre  de  l'empire  ,  réunit  à 
ton  domaine  l'ifle  de  Junogima ,  ôr.  donna  en  échange 
au  grand  amiral,  dont  il  avoit  befoin ,  presque  tout  le 
royaume  de  Fingo  ,  avec  le  titre  de  roi.  *  Le  père 
Charkvoix ,  Hift.  du  Japon  ,  /.  7. 

JUNON  ,  déefle  du  paganisme  ;  les  Grecs  là  nom- 
moient  H£#.  Son  nom  fut  donné  à  beaucoup  d'endroits 
qui  lui  étoient  confacrés.  Les  principaux  étoient: 

I.  &C  2.  JUNONIA  Insula,  nom  latin  d'une  ifle 
entre  les  Canaries  ;  c'eft  préfentement  l'ifle  de  Gonur. 
Pline,  /.  6,  c.  31  ,  dit  qu'il  y  en  avoit  deux  de  ce 
nom  ;  l'une  plus  grande ,  où  étoit  une  chapelle  bâtie 
entièrement  de  pierres  ;  l'autre  plus  petite  &c  voifine , 
mais  qui  ne  fubfifte  plus  ;  la  mer  l'a  ,  fans  doute  , 
fubmergée.  Cette  dernière  eft  peut-être  celle  que  Pto- 
lomée  appelle  Aprojïtos  ,  c'eft -à -dire  inacceffible. 
Les  Espagnols  l'appellent  la  non  Trovada  &.  la  Incdn- 
tada. 

3.  JUNONIS  ÏNSULA,  ifle  d'Espagne,  fur  l'Océan. 
On  la  nommoit  auffi  l'ifle  de  Vénus  Aphrodyjias  , 
Plin,  1.  4,  c.  22. 

4.  JUNONIA  ,  furnom  de  là  ville  de  Carthage ,  qui 
étoit  fous  la  proteftion  particulière  de  cette    déefle. 

5.  JUNONIA  ,  ou  Colonia-Junonia-Falifca.  Voyez 
Falisques. 

JUNONIS  Ara  &c  Templum  ,  c'eft-à-dire  Pau\ 
tel  &  le  temple  de  Junon ,  lieu  d'Espagne  ,  hors  du  dé- 
troit de  Gibraltar ,  félon  Pomponius  Mêla ,  /.  3  ,  c.  X. 
Ce  lieu  étoit  fans  doute  voifin  du  promontoire  de  Junon  j 
dont  parle  Pline. 

JUNONIS  ArgivjE  Templum  ,  temple  bâti  par 
Jafon  en  l'honneur  de  Junon  d'Argos,  dans  le  Picen- 
tin  ,  entre  Surrentum  &  le  fleuve  Silarus  ,  félon  Pline  , 
/.  3,  es;.  Mais  Diodore  fait  comprendre  que  ce  fur- 
nom  de  la  déefle  Junon  fe  doit  prendre  du  navire 
Argo ,  &  non  pas  de  la  ville  d'Argos  ;  ainfi  il  faudrcir. 
dans  Pline  Argots  ,  ik  non  pas  Argivce.  Ce  lieu  s'ap- 
pelle préfentement  Gifoni ,  &  il  y  a  encore  à  préfent  le 
temple  ;  mais  on  l'a  confacré  au  vrai  Dieu  ,  fous  l'invo- 
cation de  la  fainte  Vierge  ,  au  rapport  de  Holftenius. 

JUNONIS  LacinijE  Templum.  Voyez  Laci- 
niwm. 

JUNONIS  Lucus  ,  le  bois  de  Junon  :  il  étoit  dans 
l'ifle  de  Samos ,   félon  Caton  ,  de  Re  ruflicâ,  1.  3. 

JUNONIS  Murus.  Voyez  Her^um. 

JUNONIS  Portus  ,  port  de  l'ifle  de  Samos ,  félon 
Athénée  cité  par  Ortélius. 

JUNONIS  Prata  ,  lieu  particulier  dont  parle  Euri- 
pide dans  fes  Phéniciennes. 

1.  JUNONIS  PromontoriUM  ,  ou  le  promontoire 
de  Junon  ,  félon  Pline  ,  /.  1  j  c.  I.  C'eft  aujourd'hui  le 
cap  de  Trafalgar.  C'eft  la  Naos  HeraS  de  Ptolomée. 

2.  JUNONIS  Promontorium  ,  pomontoire  de 
Grèce.  On  le  nommoit  auffi  Acr^ea  ,  félon  Tite-Live  , 
l.  32  ,  c.  23.  Il  étoit  vis-à-vis  de  Sicyone  ',  dans  le 
Péloponnèfe.  C'eft,  félon  la  conjafture  d'Ortélius  ,  la 
même  chofe  que  le  temple  de  Junon ,  Junonis  fantlm  de 
Ptolomée  ,  /.  3  ,  c.  16  ,  qui  le  met  fur  le  territoire  des 
Corinthiens. 

JUNONIS  Sacrum  ,  ou  Fanum  ,  ou  Templum; 
Ptolomée  ,  /.  4,  c.  3  ,  le  nomme  ,  en  parlant  de  l'ifle  de 
Malthe.  Quelques-uns  croienr  qu'il  a  voulu  parler  d'une 
ifle  particulière  ,  &  que  c'eft  l'ifle  de  Gozo;  mais  il  fuffit 
de  voir  fon  livre  pour  connoître  qu'il  ne  parle  que  d'un 
lieu  de  l'ifle  de  Malthe  ;  car  il  dit  : 

L'ifle  de  Malthe  dans  laquelle  fe  trouve, 

Longit.  Latit. 

Malthe  ville.                     38 d.    45'.  34 d.    40'. 

Et  la  Cherfonnèfe.            38        40.  34  d.     45. 

Et  le  temple  de  Junon.     39          o.  34d.    40. 

Et  le  temple  d'Hercule.     38        45.  34d.      6.[ 

Il  eft  clair  que  ce  font  des  endroits  de  cette  ifle.  Mal- 
the eft  ce  qu'on  appelle  la  cité  vieille  ;  la  Cherfont:efe 
eft  la  presqu'llle  qu'on  appelle  la  pointe  du  Frioul ,  le 
temple  de  Junon  étoit  iur  cette  langue  qui  fépare  la 
calle  de  Marfa-Scala  de  la  calle  de  S.  Thomas.  Le 
temple  d'Hercule  étoit  au  midi  de  l'ifle ,  vers  la  poinie 
de  l'Eperon,  Ckeron ,  dans  ù.  quatrième  V'errine ,  met 


IVÔ 


JÔV 


.ce  temple  dé  Jimon  dans  l'iïle  de  Màîthé  ,  &  Vàlére 
Maxime  ,  de  Rc/igione  en  fait  auffi  mention. 

JUNONIUM  Castrum  ,  lieu  particulier  de  la 
Thrace.  Demofthene  en  parle  dans  la  première  Olyn- 
thyenne.  Toureil  rend  ce  nom  par  HÉRÉE  ,  &  dit  dans 
,une  Remarque,  t.  $,p.  69  :  Hérée,  fortereffe  de  Thrace , 
bâtie  par  les  Samiens  qui  l'appellerent  Hérée  ,  du  nom 
de  Jurion  leur  divinité  favorite ,  nommée  en  grec  É&. 
Hera. 

JUNOPOLIS  ,  ville  d'Afie  ,  dans  la  Paphlagonie. 
Elle  étoit  épiscopale  ,  félon  la  Notice  de  Léon  le  Sage 
ck  celle  de  Hieroclès.  Son  évoque  affifta  au  concile  de 
Nicée. 

JUNPING.  Voyez  Jungping. 
.  3UNQUERA,  abbaye  crhommes ,  ordre  de  Cîteaux, 
de  la  congrégation  de  Caftille  en  Espagne,  dans  ia  Galice, 
au  diocèië  d'Orense. 

JUNQUERE.  Voyez  Jonquere  &  Juncaria. 
,  JUNSALAM  ,  port  de  mer  d'Afie,  au  royaume  de 
Siam;  quelques-uns  écrivent  Junçalam  ;  d'autres  Jonfa- 
lam. ,  entr'a'utres  ,  Gervaife  ,  Hifl.  nat.  &  polit,  du 
royaume  de  Siam  ,  p.  I  <, ,  qui  en  parle  ainfi  :  le  port  de 
Jonfalam  eft  un  des  meilleurs  parmi  ceux  qui  ont  befoin 
que  l'art  perfectionne  la  nature.  Il  eft  à  l'occident  de  la 
péninfule  de  Malaca,  environ  au  8e  d.  entre  la  terre- 
ferme  ck  une  ifle  qui  porte  fon  nom  ,  ck  qui  n'en  eft 
éloignée  que  de  deux  lieues.  Le  feul  défaut  de  ce  port , 
c'eft  qu'il  n'a  pas  affez  de  profondeur  pour  porter  de 
jgrands  bâtimens  ;  mais  une  fort  belle  racle ,  qui  en  eft 
proche,  y  peut  fuppléer  aa'antageufement.  C'eft  un  afyle 
pour  tous  les  vaiffeaux  qui  vont  à  la  côte  de  Coroman- 
del ,  quand,  par  malheur,  ils  s'y  trouvent  furpris  de  l'ou- 
ragan ,  lequel  arrive  ordinairement  aux  mois  de  Juillet 
&  d'Août.  Ce  port  &  Celui  de  Mygri,  ou  Myrgui  ,  font 
les  feuls ,  non-feulement  dans  toute  cette  côte  de  Coro- 
mandel  ,  mais  encore  dans  tout  le  royaume  de  Siam  , 
où  l'on  puiffe  être  en  fureté  pendant  ce  fâcheux  tems  ; 
car  il  n'y  a  par-tout  ailleurs  que  des  rades  foraines  £k 
expoféés  à  tous  les  vents.  Le  port  de  Jonfalam  eft  d'une 
grande  conféquence  pour  le  commerce  de  Bengale  ,  de 
Pégu ,  &  de  plufieurs  autres  royaumes  voifins. 

JUNTING  ,  cité  militaire  de  la  Chine  dans  la  pro- 
vince de  Huquang  ,  au  département  de  Xi ,  première 
cité  militaire  de  la  province.  Elle  eft  plus  occidentale 
que  Pékin  de  6  d.  53' ,  par  les  30  d.  20'  de  latitude. 
* Atlas  Sinenjis. 

JUNXUS  ,  rivière  de  la  Mauritanie  Tingitane  ,  fé- 
lon Pomponius  Mêla  ,  /.  3  ,  c.  10  ,  qui  place  la  ville 
de  Lixus  tout  auprès.  C'eft  ainfi  qu'Ortélius  lifoit  dans 
cet  auteur.  Voffius  réforme  ces  noms,  ck  appelle  Lixus 
la  rivière  ,  ck  Linx  la  ville.  Il  obferve  que  cette  ville  eft 
nommée  par  Artémidore  huyjçà  ,  ck  que  d'autres  l'ap- 
pellent Linx  &  Lixa.  C'eft  la  rivière  qui  paflbit  auprès 
de  Lixa  ,  à  laquelle  Larache  a  fuccedé. 

JUN  YANG  ,  ville  de  la  Chiné ,  dans  la  province  de 
Suchuen  ,  au  département  de  Queicheu,  fixiéme  métro- 
pole de  la  province.  Elle  eft  plus  occidentale  que  Pékin 
de  9  d.  par  les  30  d.  52'  de  latitude.  *  Atlas  Sintnfs: 

IVOGASIMA,  c'eft-à-dire  ifle  defoufre ,  ifle  du  Ja- 
pon ,  dans  la  province  de  Saxuma.  On  l'a  crue  long- 
tems  inacceûible  à  caufe  d'une  fumée  épaiffe  ck  noire 
qui  en  fort  continuellement  ,  ck  dans  laquelle  l'imagina- 
tion frappée  des  peuple»  d'alentour  fe  figurait  des  monf- 
tres  horribles  ;  de  forte  qu'ils  ne  doutaient  point  qu'elle 
ne  fût  habitée  par  des  diables.  Enfin  un  particulier  fut 
affez  hardi  pour  aller  la  reconnoître  :  il  trouva  un  ter- 
rein  plat ,  &c  tellement  couvert  de  foufre ,  que  de  quel- 
que côté  qu'il  marchât  ,  une  fumée  épaiffe  fortoit  de 
deffous  fes  pieds.  Depuis  ce  tems-là  elle  rapporte  au 
prince  de  Saxuma  environ  vingt  caiffes  d'argent ,  outre 
ce  que  lui  pioduifent  les  arbres  qui  croiffent  fur  fes  ri- 
vages. *  Notes  du  P.  Charlevoix. 

1.  IVOIRE  (  rifle  d'  )  ifle  d'Afrique ,  formée  par 
deux  bras  de  la  rivière  de  Sénégal.  Le  grand  canal  du 
côté  du  nord  ,  conferve  le  nom  de  fénégal ,  ck  celui 
du  côté  du  fud ,  prend  le  nom  de  rivière  à' Ivoire.  Un 
autre  bras  du  Sénégal  fépare  cette  ifle  ,  du  côté  de 
l'oueft  ,  de  l'ifle  de  Bilbas.  L'iile  d'Ivoire  qu'on  appelle 
auffi  l'ijle  du  Morfil ,  a  quarante-quatre  lieues  de  lon- 
gueur ,  fur  cinq  de  large.  On  lui  donne  le  nom  d' 'Ivoire  , 
à  caufe  de  la  grande  quantité  de  dents  d'éléphans  que  les 


François  y  achètent.  Le  terroir  eft  riche  ,  &  bien  cul- 
tive; on  y  voit  des  troupeaux  de  quarante,  à  cinquante 
éléphans ,  qui  quelquefois  font  de  grands  ravages  dans 
les^  plantations.  Les  Nègres  creufent  de  grandes  foffes 
qu'ils  couvrent  de  branches  pour  les  prendre.  Quand  un 
éléphant  y  eft  tombé  ,  ils  le  tuent  à  coups  de  flèches, 
*   Voyage  du  fieur  Brue  fur  le  Sénégal 

z.  IVOIRE ,  (  côte  d'  )  Voyez  Côte  des  Dents, 
.  ÎVOLLUM  ,  i'«Wor , .  ville  ancienne  de  la  baffe 
Pannonie.  Lazius  croit  que  le  nom  moderne  eft  Vy- 
LACH  ,  qui  eft  en  Hongrie ,  fur  le  Danube.  *  Ptolomêt 
1.  2,  c  ié. 

•  IVOY  ,  ville  de  France ,  au  pays  de  Luxembourg  \ 
aux  frontières  de  Champagne.  Les  Allemands  l'appellent 
Ipfch,  nom  qui  vient  du  nom  latin  Epufus  ou Epoifus, 
marqué  dans  l'Itinéraire  d'Antonin  ck  dans  la  Notice  de 
l'Empire  ,  ou  l'on  voit  à  la  fection  65 ,  que  cette  place 
étoit  alors  confidérable  ,  puisqu'elle  étoit  la  réfidence 
d'un  officier  militaire  ou  préfet  des  troupes  ,  Lcetorum 
Aclorum.  Elle  étoit  auffi  bien  connue  fous  les  François 
Mérovingiens  ;  ck  Grégoire  de  Tours  ,  au  huitième 
livre  de  (onHiftoire ,  nomme  IvoyEpoJlum  Cafirum  ;  Se 
il  rapporte  qu'un  diacre  nommé  VulfLaic  ,  Lombard 
de  nation,  bâtit,  à  huit  milles  de  ce  lieu-là,  un  monaf- 
tère  &  une  églife  dédiée  à  S.  Martin.  L'églife  &  le 
monaftère  ont  été  ruinés,  il  y  a  long-tems  ;  mais  il  y 
a  une  églife  collégiale  ck  un  chapitre  de  chanoines  fé- 
euhers  dans  la  ville.  Sigebert7,  dans  fa  Chronique,  ap^ 
pelle  ce  même  lieu  Evojïum  ,  ck  dit  qu'on  le  choiftt 
pour  l'entrevue  de  l'empereur  S.  Henri,  ck  de  Robert, 
roi  de  France.  Anselme  de  Gemblours  écrit  Yvofium; 
ck  avant  l'an  1100,  le  nom  ftlvoy  étoit  en  ufage,  puis- 
qu'on le  trouve  dans  l'Hiftoire  de  Lambert  d'Aschaffen- 
bourg  :  Villa  Trois  in  confinio  fta  regni  Francorum  & 
Teutonorum  ,  fituée  aux  confins  du  royaume  des  Fran- 
çois ck  des  Teutons  ou  Allemands.  Les  comtes  de  Chiny 
s 'étant  fort  accrus ,  fe  rendirent  maîtres  d'Ivoy  ,  ck  par 
eux  il  vint  aux  ducs  de  Luxembourg  ,  ck  ensuite  aux 
maifons  de  Bourgogne  ck  d'Autriche.  Cette  place  fut 
prife  l'an  i^i,  par  Henri  II,  roi  de  France;  ck  en  la 
rendant,  cinq  ans  après  le  traité  de  Cateau,  Cambrefis, 
il  obtint  qu'elle  feroit  démantelée  fans  pouvoir  être  rér 
tablie.  Nonobftant  cet  article,  ce  porte  fut  encore  fortifié 
dans  la  fuite;  mais  il  fut  attaqué,  l'an  1637,  par  le  ma- 
réchal de  Châtillon  qui  le  prit,  ruina  les  murailles  ck 
une  partie  de  la  ville  qui  n'eftplus  qu'un  village.  Louis  XIV 
donna  Ivoy,  avec  fes  dépendances ,  au  comte  de  Sois- 
fons,  de  la  maifon  de  Savoye  ,  ck  changea  le  nom  à'i- 
voy en  Carignan ,  qui  eft  le  nom  d'une  ville  de  Piémont, 
dont  étoit  lêigneur  le  prince  Thomas  de  Savoye ,  père 
de  ce  comte.  *  De  Longuerue,  Descr.  de  la  France, 
part.  2  ,  p.  118. 

JUPILLE  ou  plutôt  Jopil,  village  du  pays  de  Liège, 
fur  la  rive  droite  de  la  Meufe  ,  à  une  lieue  au-deffous  de 
la  ville  de  Liège.  On  y  peut  quelquefois  paffer  la  rivière 
à  gué,  pendant  l'été.  Ce  lieu  eft  nommé  Jopilia  dans 
la  Vie  de  S.  Lambert.  Pépin  mourut  dans  ce  village  j 
l'an  714. 

JUPITER,  fauffe  divinité,  à  laquelle  les  payens  don- 
noient  le  titre  de  maître  des  dieux  &  des  hommes.  Sur 
ce  préjugé  iln'eft  pas  étonnant  qu'il  y  ait  eu  beaucoup  de 
lieux  qui  lui  étoient  confacrés.  Telles  étaient  les  villes 
nommées  DlOSOPOLIS  par  les  Grecs. 
,  Jovis  FANUM,  Ai'ifipov,  ancien  lieu  d'Afie  ,  dans 
la  Lydie,  affez  près  de  Philadelphie,  félon,  Ptolomée^ 
/.  5  ,  c.  2.  Ortélius  en  fait  une  ville. 

Jovis  FONS,  ou  la  fontaine  de  Jupiter.  Voyez  Fons. 

Jovis  Ammonis  FONS  ,  la  fontaine  de  Jupiter  Am- 
rnon.  Je  parle  de  cette  fontaine  dans  l'article  d'AM- 
mon  4. 

Jovis  ditis  templum,  temple  de  l'Allé  ,  auprès 
de  Synope,  ville  de  la  Paphlagonie,  félon  Tacite,  /.  .4 
Eiflor. 

Jovis  INDIGETlS  LU CUS  ,  bois  d'Italie,  dans  le 
Latium,  auprès  de  la  ville  d'Ardée ,  félon  Pline,  /.  3, 
c.  <f.  Ce  Jupiter  eft  nommé  dans  une  inscription  con- 
fervée  parDenys  d'Hahcarnaffe,  Antiq.  Rom.  1.  1,  c.  56. 
Après  avoir  raconté  la  mort  d'Enée,  il  ajoute  :  le  len- 
demain on  ne  trouva  nulle  part  le  corps  d'Enée  ;  les 
uns  crurent  qu'il  avoit  été  enlevé  chez  les  dieux  ;  d'au- 
tres, qu'après  fa  mort,  on  l'avoit  jette  dans  le  fleuve 
Tome  III,    K-kkk 


6i6 


JUR 


1VR 


Numicius  ,  qui  n'étoit  pas  éloigné  du  champ  de  bataille. 
Les  Latins  lui  élevèrent  un  petit  temple ,  fur  lequel  ils 
mirent  cette  inscription  :  Au  Jupiter  père  de  la  patrie, 
qui  tient  fous  fa  puijfance  les  eaux  de  la  rivière  Numt- 
cius. Quelques-uns ,  pourrait  cet  hiftorien  ,  ont  dit  que 
ce  même  temple  fut  bâti  par  Enée  à  l'honneur  d'An- 
chilé  ,  qui  étoit  mort  un  an  avant  cette  guerre  :  le  tom- 
beau n'eft  pas  grand  ;  il  eft  entouré  d'arbres  dispolés 
d'une  manière  qui  fait  plaifir  à  voir.  Ce  font  apparem- 
ment ces  arbres  que  Pline  appelle  le  bois  de  Jupiter. 

i.  Jovis  MONS  ou  la  montagne  de  Jupiter,  montagne 
de  l'Afrique  propre,  félon  P  olomée,  /.  3  ,  c.  3.  Elle 
n'étoit  pas  fort  éloignée  du  Bagrada-. 

2.  Jovis  MONS,  montagne  de  la  Phénicie  ,  félon  la 
Notice  de  l'Empire  ,  fecl.  13.  C'eft  peut-être  la  monta- 
gne de  Jupiter  [ùrnommé  Cajzus. 

3.  Jovis  MONS  ,  montagne  de  l'Espagne  Tarrago- 
noife.  C'eft  préfentement  Mont  Joui.  Il  eft  près  de  Bar- 
celone. *Méla,  1.  2,  c.  6,n.  28. 

4.  Jovis  MONS  ,  autre  montagne  d'Espagne,  près 
d'Ampurias  ,   félon  Valerius. 

Jovis  PROMONTORIUM  ,  promontoire  de  l'ifle  de 
Taprobane  ;  c'eft  le  cap  le  plus  occidental  de  l'ifle  de 
Ceylan. 

Jovis  sàlïnarum.  Voyez  Sàlïnarum. 

Jovis  servatoris  portus ,  port  de  Grèce,  au 
Péloponnèfe,  dans  le  golfe  Argotique,  félon  Ptolomée, 

/.•3,    C.  16»    A*vf  Zftilîpr    KipL  . 

■  Jovis  Sthenii  Ara,  l'autel  de  Jupiter Sthenijs.  Oh 
le  nomma  ensuite  la  pierre  de  Théfée.  11  étoit  au  Pélo- 
ponnèfe, près  de  Trœlène,  félon  Paufanias,  /.  2,  c.  32. 
Jovis  templum,  heu  particulier  de  Grèce  ,  dans 
la  Macédoine  ,  auprès  de  l'embouchure  du  fleuve  Ba- 
phyre  .  félon  Tite-Live  ,  /.  44. 

Jovis  VlCELlM  TEMPLUM.  Il.étoit  en  Italie, dans 
le  territoire  de  Cofla,  félon  le  même  hiftorien  ,  /.  24. 

Jovis  'villa,  lieu  particulier  de  l'ifle  de  Caprée,  fé- 
lon Suétone,  inTiberio. 

Jovis  Urii  FANUM.    Arrien  le  décrit  en  Afie ,  fur 
le  Bosphore  de  Thrace.   Les  Grecs  lui  ont  conservé  fon 
ancien  nom  de  Ieron ,  au  rapport  de  Pierre  Gilles.  C'eft 
peut-être  le  même  heu  que  CHRYSOPOLIS. 
JUPOLIS.  Voyez  Iopolis. 

I.  JURA,  haute  montagne  dont  parle  Céfar  de  Bello 
Call.  1.  1 ,  c.  2.  Strabon  la  nomme  Jurajfus ,  les  Alle- 
mands der  Jurten.  Quelques  géographes  lui  donnent  le 
nom  de  Montagne  S.  Claude.  Elle  eft  fort  élevée, 
&  eft  bornée  à  l'orient  par  ce  coude  que  fait  l'Aar,  lors- 
qu'il fe  jette  dans  le  Rhin  à  Coblentz  ;  tire  au  fud-cueft 
jusques  vers  Nantira  ,  &  de-là  directement  au  fud ,  jus- 
qu'à S.  Genis  d'Hoft.  Au  fud  elle  eft  bornée  par  l'Aar, 
les  lacs  de  Bienne  &  de  Neufchâtel  ;  la  Venoge  ,  partie 
du  lac  de  Genève  &  le  Rhône  ,  depuis  fa  fortie  de  ce 
lac  jusqu'à  l'embouchure  du  Rhin  ,  comprife  entre  les 
embouchures  de  l'Aar ,  lui  fert  de  bornes  au  feptentrion. 
Ses  limites,  du  côté  du  nord-oueft  &  de  l'oueft,  font  la 
Brife  ,  qui ,  depuis  fon  embouchure  à  Lauffon  ,  la  fé- 
pare  de  Laumont  ;  une  ligne  tirée  de  Lauffon  à  Fran- 
chemont,  de-là  le  Doux,  le  Lizon.  Son  étendue  de 
Coblentz  aux  montagnes  de  Malabronde ,  dans  le  Nan- 
tua,  pendant  laquelle  le  Jura  tire  toujours  au  nord-oueft, 
peut  être  de  foixante-dix  lieues  communes  de  France  ; 
&  de  Nantua,  où  le  Jura  fe  tourne  directement  Contre 
le  fud  à  S.  Genis  d'Hofte ,  de  quinze  lieues  ;  en  tout 
quatre-vingt-cinq  lieues. 

Le  Jura  traverse  la  Suifle  entre  Bafle  fk  Soleure,  d'où, 
paffant  par  une  partie  des  états  du  prince  de  Porentruy, 
il  fépare  les  comtes  de  Neufchâtel  &  de  Vallengin  ;  le 
pays  de  Vaud  ,  le  territoire  de  Genève  &  le  bailliage  de 
Gex,de  la  Franche-Comté  ;  traverse  ensuite  le  Valromey, 
&  va  enfin  fe  perdre  dans  le  Bugey  ,  vis-à-vis  de  S.  Ge- 
nis d'Hofte  ,  qu'il  laifle  au  midi ,  à  ce  grand  coude  que 
fait  le  Rhône  dans  1  evêché  de  Belley.  Quelques  géogra- 
phes ne  terminent  le  Jura,  qu'à  quelques  lieues  de  Lyon. 
Cette  montagne  prend  divers  noms ,  félon  les  divers 
lieux  par  où  elle  paffe.  On  l'appelle  Bolt\berg  entre 
Bruck  ou  Brugg  ;  le  Frichtal ,  près  de  la  rivière  d'Aar. 
(C'eft  cette  partie  du  Jura,  que  Tacite  appelle  Vocetius 
mons.)  On  l'appelle  Scharffmatt  entre  Arraw  &  Oltin- 
gen  ;  Howenftein  ,  vis-à-vis  du  BuchusgO'W  ;  Wafferfall, 
vis-à-vis  de  Falckenftein;  Pierre-port,  entre  le  Munfter- 


taî  &c  le  lac  de  Bierine  ;  Freyberg  ,  ou  le  Franche-montd' 
gne  ,  près  de  Francmont.  Les  principa'es  rivières  qui 
prennent  leur  fource  dans  le  Jura,  font  la  Brilè,  le  Doux, 
la  Teille  ou  l'Oibe,  la  Venoge  ,  le  Lizon,  l'Albarine, 
le  Séron  &.  la  Vsiîeronnë.  *  Supplément  au  manuscrit 
de  la  Bibliothèque  ue  M.  de  Corberon,  premier  préfident 
au  conseil Jbuverain  d'AIJace. 

2.  JURA,  (l'iOe  de)  rlle  d'Ecoffe ,  l'une  des  Weftef- 
nés  ,  au  midi  de  l'ifle  de  Mull  &L  au  nord  de  celle  d'IIa. 
Elle  a  vingi-quatre  milles  en  longueur^  &  fix  ou  fépt  en 
largeur.  Elle  parle  pour  un  pays  des  plus  fains  de  toute 
l'Ecolîe  ,  &.  à  peine  trouve-t-on  ailleurs  des  hommes 
qui  vivent  plus  long-tems  que  ceux  qui  l'habitent.  Elle 
abonde  en  pâturages  ,  en  beftiaux  &.  eh  bêtes  fauves  ; 
&  on  y  pèche  de  très -bon  «union.  Il  y  a  une  églife  , 
qui  j'appelle  Killearn,  &:  plufieurs  fources  d'eau  minérale. 
*Etat  prèj'tnt  de  la  Gr.  Bretagne  ,  t.  a. ,  p.  285. 

IVKÉAGH  ,  baronnie  d'Irlande  ,  dans  la  province  de 
Munfler.  C'eft  une  des  huit  qui  compofent  le  comté  de 
Kerry.  *Etat  préjent  de  l'Irlande  ,  p.  50. 

IVRÈE  ,  Eporedia  ,  ville  «l'Italie  ,  en  Piémont,  ca- 
pitale du  Canavez,  que  l'on  appelloit  autrefois  le  mar~ 
quLjat  d'Ivrée.  Elle  eft  fur  la  Doire  ou  Doria  ,  que 
l'on  y  pafie  fur  un  beau  pont  de  pierre  ,  &  eft  le  liège 
d'un  évêché  fuffragant  de  l'archevêché  de  Turin.  Elle 
eft  entre  deux  collines  ,  bien  forte,  avec  un  ancien  châ- 
teau &  une  bonne  forîerefle.  Cette  ville  eft  très- an- 
cienne ;  &£  Velleïus  Paterculus  ,  /.  1,  c.  16,  raconte 
que  fous  le  confulat  de  Marius  ck  de  Valerius  Flaccus, 
les  Romains  y  envoyèrent  un*. colonie.  Pline  ,  /.  3  , 
c.  17,  parle  des  habitans  d'Eporedia,  comme  de  gens 
habiles  à  dreffer  des  chevaux  pour  le  manège.  Cela  s'ac- 
corde avec  l'opinion  que  l'on  a  des  anciennes  ruines, 
que  l'on  trouve  à  Bolenc  ,  heu  fitué  à  un  mille  d'Ivrée; 
on  croit  que  ce  font  les  débris  d'un  édifice  qui  iervoit 
d'écuries  aux  Romains.  Strabon,  l.  4,  p.  201) ,  dit  que 
les  Salaffiens  ayant  été  vaincus  par  Céfar,  on  les  mena 
à  Ivrée  ,  &  on  les  y  vendit  à  l'encan.  Brutus  parle  de 
cette  ville  dans  fes  Lettres  à  CiCeron.  Antonm  en  fait 
mention  dans  l'Itinéraire.  Avec  le  tems  on  changea  le 
nom  £  Eporedia  en  celui  d'EBOREÏA  ,  dont  Annoin,  ou 
fon  continuateur  des  Annales  de  France  ,  fe  font  fervis. 
D'autres  chroniqueurs  ont  dit  IPOREGIA  ,  Iporienfis  ci- 
vitas ,  Ivoreïa  ;  &  ce  nom  a  été  tant  de  fois  changé 
qu'on  eft  parvenu  à  dire  Ivrée,  qui  eft  le  nom  moderne. 
Elle  eft  plus  remarquable  par  fon  ancienneté  que  par  fa 
beauté  ;  elle  n'eft  pas  auffi  peuplée  qu'autrefois  ,  &  elle 
n'a  pas  plus  de  fix  milles  âmes.  La  Doria  qui  l'arrolè  y 
eft  très  rapide.  On  la  paffe  fur  un  pont  fait,  l'an  600, 
par  Agiluf,  roi  des  Lombards ,  &  qui  n'a  qu'une  feule 
arche  ;  on  affure  que  les  deux  bords  de  la  rivière  Soient 
autrefois  ornés  demailons,  &  qu'il  y  avoit  plufieurs  pa- 
lais que  les  guerres  civiles  des  habitans  ont  ruinés. 
*Baudr.  éd.  1705. 

Le  marquifat  d'Ivrée  eft  fouvent  nommé  dans  leshis- 
ftoires.  Il  commença  fous  l'empire  de  Charlemagne.  De 
même  que  les  Romains  avoient  placé  là  une  colonie, 
pour  fervir  de  barrière  à  l'Italie  ;  cet  empereur ,  après 
avoir  défait  Didier ,  roi  de  Lombardje  ,  &c  conquis  Ces 
états ,  établit  deux  marquifats ,  (avoir ,  celui  de  Suze  & 
celui  d'Ivrée ,  pour  tenir  en  bride  les  peuples  qu'il  avoit 
fournis  au-delà  des  Alpes.  Asprand  fut  le  premier  mars 
quis  d'Ivrée;  &  on  croitque  fe* descendans  lui  iùccéde- 
rent  jusqu'au  dernier  nommé  Ardoin  ,  marquis ,  que  les 
princes  Italiens  choifirent  unanimement  pour  roi  d'Italie, 
à  l'aflemblée  de  Pavie.  Après  fa  mort,  arrivée  l'an  101&, 
fes  fils  n'ayant  point  aflez  de  force ,  pour  fe  maintenir 
contre  Henri  de  Bavière  &  Arnulphe,  évêque  de  Milan, 
partifans  de  Henri,  ne  purent  conserver  l'héritage  de  leur 
père.  La  ville  d'Ivrée  &  tout  fon  marquifat,  qui  con> 
prenoit  la  plupart  des  vallées  voifines  ,  Sa  une  grande 
partie  de  la  province  Cifalpine  ,  furent  réduits  à  fubir 
la  domination  des  empereurs  d'Allemagne ,  jusqu'à  l'art 
1248;  car  alors  l'empereur  Frédéric  II  en  gratifia  Tho- 
mas de  Savoie,  comte  de  Morienne,  en  reconnoiflance 
de  fes  fervices.  Cette  donation  fut  confirmée,  quatre  ans 
après,  par  Guillaume  ,  comte  de  Hollande  ,  élu  roi  des 
Romains  ;  &  pourannuller  le  droit  que  l'églife  prétendoit 
y  avoir,  le  pape  Innocent  IV  ratifia  par  un  bref  ce  que  les 
empereurs  avoient  fait  à  cet  égard.  Ce  transport,  en  fa- 
veur de  la  maifon  de  Saveye  ,  fut  foixante  ans  fans  effet, 


ÏVR 


JUS 


par  les  obftafcles  qu'y  mirent  les  marquis  dé  Montrerra*. 
Enfin  ces  marquis ,  les  Milan'ois  &c  autres  ,  harcelant 
fans  celle  les  habitans  d'ivrée  ;  ces  derniers ,  laffés  des 
infultes  qu'on  leur  faifoit  au  dehors,  &  des  troubles  qui 
les  agitoient  au-dedans,  par  la  méfintelligence  des  par- 
tis ,  dépouillèrent  l'esprit  de  faction  ,  Ô£  fe  donnèrent 
à  Amédée  le  Grand  ,  comte  de  Savoye,  fils  de  ce  comte 
Thomas  ,  dont  on  a  parlé,  &  à  Philippe  de  Savoye, 
prince  d'Achaïe  ,  oncle  paternel  d'Amedée.  Ces  deux 
princes  avoient  été  créés  par  Henri  VII  ,  vicaires  de 
l'empire  en  Italie  ;  ils  fe  préfenterent  avec  une  armée 
au;;  portes  de  la  ville,  qui  leur  transporta  le  domaine,  à 
certaines  conditions,  par  l'entreinife  de  l'évêque  Albert 
Gonzague  ,  du  confentement  des  comtes  de  Valsperg 
&  de  S.  Martin  ,  qui  étoient  les  chefs  de  faction.  La 
mai  fon  de  Savoye  eft  toujours  demeurée  en  polTeffion 
d'ivrée,  malgré  les  oppositions  des.  marquis  de  Mont-. 
ferrât,  &C  nonobftant  les  guerres  qui  font  furvenues  .entre 
les  maifons  de  Bourbon  &  d'Autriche ,  dont  cette  ville 
a  fouvent  fouffert. 

JUREN'ÇON,  village  de  France,  dans  le  Béarn,  à 
un  quart  de  lieue  au  midi  de  Pau.  Nous  n'en  failons  men- 
tion qu'à  caufe  de  l'exellent  vin  qu'on  y  fait.  Nolhn  appelle 
ce  lieu  Jurançon  ,  c'eft  une  faute. 

JURGANO.  Voyez  Frateria. 

IVRI.  Vofez  IVRY. 

JURIA,  "iveia. ,  nom  d'un  chemin  Romain  en  Italie , 
dans  le  Latium.  Denys  d'Halicarnafle  ,  Antlq.  Rom. 
i.  i ,  p.  il,  dit  :  à  quatre-vingt  flades  de  Riéti  ,  en 
marchant  par  la  Foie  Jurie  ,  proche  du  mont  Corcte , 
eft  Cursule ,  qu'on  a  ruinée  depuis  quelque  tems.  Syl- 
Lurge  met  la  Voie  Salarienne  à  la  place.  Le  P.  le  Jay, 
dans  une  note,  dit  qu'il  faut  peut-être  lire  Julie,  de. la 
Porte  Julie ,  qui  donnoit  fon  nom  au  chemin  auquel  elle 
conduifoit.  Fabricius  fait  mention  de  cette  porte,  dans 
fa  Description  de  Rome.  Mais  cette  conjecture  eft  inu- 
tile ;  car  la  Voie  Jurie  n'alloit  pas  jusqu'à  Rome,  comme 
je  le  ferai  voir  ;  ce  n'étoit  pas  même  une  voie  mili- 
taire ,  &  par  conféquent  ce  ne  peut  être  la  Voie  Sala- 
rienne,  qui  en  étoit  une.  Cette  dernière  partoit  de  Rome 
au  nord h  paffoit  par  Fidènes,  Eretum,  Riéti,  Cutilies, 
Intérocréa,  village,  Phalacrine,  &c;  elle  lailtoit  à  gau- 
che la  Voie  Jurie,  chemin  de  traverse,  qui  partoit  de  la 
Voie  Salarienne,  paiToit  à  Cursule  &  à  Norcie.  Il  n'eft  pas 
étonnant  que  ce  chemin  n'ait  pas  été  fort  célèbre  ;  mais 
il  fe  détachoit  de  la  Voie  Salarienne  à  Riéti  ou  même 
au-delà  ;  ainfi  il  n'approchoit  pas  plus  près  de  Rome , 
&  n'avoit  rien  de  commun  avec  la  Porte  Julie. 
|  JUROUX,  village  d'Ane  ,  dans  la  Perse,  dans  la 
prairie  de  Fesa,  qui  eft  entre  Yezd  &  Abrecouh.  Il 
eft  remarquable  à  caufe  d'une  bataille  qui  s'y  donna  en- 
tre Chah-Manfour  (k  Chah-Yahaya,  fon  frère.  *  Hijl. 
de  Timur-Bec,  1.  3  ,  c.  23  ,  p.  176. 

JURUMEA  ,  petite  rivière  d'Espagne,  dans  le  Gui- 
puseba,,  où  elle  arrofe  S.  Sebaftien.    Voyez  Urumea. 

i.  IVRY,  bourg  de  France,  en  Normandie,  fur  la 
rivière  d'Eure ,  entre  Anet  &  Pacy ,  à  quatre  lieues  de 
Dreux,  vers  le  nord,  '&  à  quinze  lieues  de  Paris ,  au 
pied  d'une  colline ,  fur  laquelle  il  y  avoit  autrefois  un 
château  bien  fort  par  fa  fituation  ,  mais  entièrement  ruiné 
à  préfent.  Il  y  a  une  abbaye  de  l'ordre  de  S.  Benoît, 
fous  l'invocation  de  Notre-Dame.  Elle  fut  fondée,  en 
1077,  par  Roger  *  feigneur  d'Ivry,  &  réformée  en  1669, 
par  les  Bénédictins  de  la  congrégation  de  S.Maur.  C'eft 
dans  la  plaine  de  cet  Ivry  quefe  donna  la  bataille  de  1590, 
entre  le  roi  Henri  le  Grand  ,  &  les  rebelles  connus 
fous  le  nom  de  Ligueurs.  C'eft  de  cette  victoire  que 
Malherbe  fait  parler  ce  monarque  dans  cette  fiance  ; 

N'ai-je  pas  le  cœur  auffi  haut , 
Et  pour  ofer  tout  ce  qu'il  faut , 
Un  auffi  grand  defir  de  gloire , 
Que  j'avois, lorsque  je  couvri 
D'exploits  d'éternelle  mémoire 
Les  plaines  d'Arqués  &c  d'Ivri  ?  ' 

î.  IVRY,  village  de  l'Ifle  de  France ,  en  latin  Ivria- 


U  J  U  2  7 

'etnri ,  feiofi  queîqi'ies-iins,  Ibriacitm  pour  Ikeriacnm,  à 
une  petite  lieue  de  Paris,  à  la  gauche  de  la  rivière  de 
Seine. C'eft  le  lieu  de  la  retraite  de  S.Fraimbaud  ou  S.Fram- 
bour.  *  Bailla,  Topogr.  des  Saints.    . 

3.  IVRY-SUR-SEINE,  château  de  l'Ifle  de  France  >, 
au-deffus  de  Pans.  11  a  été  bâti  pour  Claude  Bosc  du 
Bois ,  conseiller  d'état  ,  ancien  prévôt  des  marchands , 
&£ -procureur- général  de  la  cour  des  aides.  L'avenue 
commence  au  grand  chemin  de  Paris  ,  &, après  avoir  fait 
un  coude ,  fe  termine  devant  la  porte  du  château.  La 
porte  eft  haute  ,  mais  fîmple  6k  fans  ornement.  La  cour 
eft  fermée  d'un  côté  par  le  château  ,  &  des  autres'  côtés 
par  des  grilles  de  fer,  qui  la  féparent  du  parterre  Se  du 
jardin.  Le  château  eft  à  main  droite,  ls  parterre  à  gau- 
che ,  &c  le  jardin  en  face  de  l'entrée.  Le  château  n'eft 
qu'un  corps  de  logis  catré,  &  afîèz  Amplement  décoré  ; 
mais  les  appartenons  font  commodes  &  les  vues  char- 
mantes. Elles  donnent  du  côté  de  Paris  &  du  côté  dé 
la  rivière  ,  &  font  une  très-belle  perspective.  Le  par- 
terre eft  agréable,  orné  d'un  baffin  à  jet  d'eau;  &  d'une 
terraffe  en  forme  de  demi-lune,  rk  paliffadé  de  tous  cô- 
tés de  charmilles.  Le  jardin  offre  d'abord  une  longue 
&  très-belle  allée  de  marroniers,  palifladée,de  charmil- 
les des  deux  côtés  ;  les  potagers  font  du  côté  de  la  ri- 
vière; &  de  l'autre  font  plufieurs  allées,  parmi  lesquel- 
les on  remarque  celle  des  orangers  ,  au  milieu  de  laquelle 
il  y  a  un  baffin  qui  reçoit  les  eaux  des  cascades.  Ces 
cascades  font  au  haut  du  jardin  ;  elles  font  petites,  mais 
fort  longues,  &  fortent  d'un  jet  d'eau  qui  eft  au-defliis, 
&  auprès  duquel  cri  voit  deux  boulingrins,  &  une  fta- 
tue  du  roi  Louis  le  Grand  ,  femblable  à  celle  qui  eft 
à  l'hôtel  de  ville  de  Paris.  La  terraffe ,  où  eft  cette  fla- 
tue,efi  belle  pour  les  vues  &  le  coup  d'œil  ;  &  au  bout, 
il  y  a  un  petit  pavillon  carré  ,  qui  eft  un  agréable  ré- 
duit. * Piganiol de  la  Force,  Déscr.  de  la  France,  /.  2, 
p.  243. 

1.  JUS,'"Iof,  lieu  du  Peloponnèfe ,  dans  la  Schiriti- 
que,  félon  Xénophon,  Hift.  Grec.  /.  6 ,  p.  607. 

2.  JUS.  Voyez  Ios. 

.  JUSSEY,  ville  ancienne  de  France ,  dans  la  Franche- 
Comté,  aux  confins  de  la  Champagne  6k  delà  Lorraine 
fur  le  bord  d'un  marais  fi  tué  fur  la  rivière  de  Manse. 
Elle  eft  à  huit  ou  neuflieues  de  Langres,  &  à  pareille 
diftance  de  Véfoul ,  &  presque  toute  ruinée;  erisprte 
qu'il  n'y  refte  plus  qu'un  rang  de  maifons  ,  qui  en  font 
par  le  bas  le  circuit  du  côté' du  marais.  Les  ruines  de 
cette  place,  fe  voient  parmi  des  rochers  escarpés,  qui 
en  font  le  haut,  d'où  coule  un  petit  ruifîeau  ,  venant 
d'une  fource  qui  tombe  par  des  augets  de  pierre  &  de 
bois  ,  au  pied  de  l'églifè  paroifliale.  Il  n'y  eft  reflé 
qu'un  couvent  de  Capucins ,  de  plufieurs  autres  qu'on  y 
a  vus  autrefois  ;  ce  couvent  eft  parmi  des  rochers  Se 
des  brbfîailles  ,  dans  un  endroit  fi  élevé ,  qu'on  a  de 
la  peine  à  le  discerner  quand  on  eft  au  bas  de  la  ville  % 
avec  des  lunetes  d'approche.  II  y  a  un  baillif  haut-jufti- 
cier,  refïortiiTant  par  appel  à  Véfoul  pour  le  civil,  St 
au  parlement  de  Befançon  pour  le  criminel.  *Corn.  Dict. 
Mém,  dreffés  fur  les  lieux,  en  1706. 

JUSSY»,  eft  un  bourg  de  l'ancien  domaine  de  l'églifè 
d'Auxerre  ;  le  vicomte  Rainard  l'ôta  à  l'évêque  Geran, 
au  commencement  du  dixième  fiécle  ;  mais  Betton,  fon 
fucceffeur,  le  recouvra  à  prix  d'argent,  auffi -bien  que 
Gy  qui  y  eft  contigu,  vers  l'an  915.  On  ne  fait  depuis 
quel  tems  ce  n'eft  plus  une  terre  d'églife.  Elle  eft  parta- 
gée entre  plufieurs  feigneurs.  On  lit  dans  l'Hiftoire  des 
guerres  des  Calviniftes,  ati  pays  Auxerrois ,  fous  Char- 
les IX ,  que  les  habitans  de  JuiTy  ne  srétoient  pas  con- 
tentés de  leur  fermer  les  portes,  &  qu'ils  tirèrent  même 
fur  eux;  mais  ils  forent  bientôt  forcés  par  les  reiftres; 
Je  bourg  fut  mis  au  pillage,  tout  y  fut  réduit  en  cend-es, 
excepté  l'églifè  de  Notre-Dame  ;  il  y  eut  bien  cinq  à 
fix  mille  muids  de  vin  perdus  ou  emmenés,  A.m<-  le  tenft 
de  ce  ravage.  Le  nom  latin  de  ce  Jnffy.  même  dans  les 
hiftoriens  du  dixième  fiécle  ,  eft  Juffiacum.  *  ATotes  db 
le  Reuf ,  chanoine  d'Auxerre. 

JUST.  Voyez  S-  Just,  au  mot  Saint. 

JUSTEMONT,  Juftus  wons,  abbaye  régulière  de 
l'ordre  de  Prémontré,  au  diocèl'e,  &  à  quatre  lieues  de 
Mets,  dans  le  Luxembourg. 

JUSTINI  MONTES  ;  Dioscoride  nomme  ainf:  de* 
Tome  III.     Kkkkii 


6ll 


JUS 


JUT 


montagnes  d'Italie.  Ortélius  conjefture  qu'il  faut  lire 
VtOim. 

JUSTINGEN,  bourg  d'Allemagne  ,  en  Suabe  & 
chef- lieu  d'une  ieigneune  de  même  nom.  Ce  petit  pays, 
qui  s'étend  en  longueur,  eft  borné  au  fud-eft  par  le  Da- 
nube au-deffus  d'Ulm.  Il  y  a  le  grand  Juftingen,  qui  eft 
le  bourg;  &  afiéz  près  eft  le  petit ,  qui  n'eft  qu'un  vil- 
lage. Il  a  le  territoire  de  Blauberen  au  nord,  &  la  ba- 
Tonnie  de  Steifling  au  midi  occidental.  Le  monaftere 
d'Urspring  eft  dans  cette  feigneune,  qui  appartient  aux 
barons  de  Friedberg.  *  Robert  de  Vaugondy  ,  Atlas. 
Hubner ,   Géogr. 

i.  JUSTINÏANA.  L'empereur  Juftinien  airnoit  beau- 
coup à  bâtir  de  nouvelles  villes,  à  orner  &  réparer  les 
anciennes,  &t  à  conftruire  des  fortereffes.  Procope  nous 
a  laifle  fix  Livres  ,  fous  le  titre  des  Edifices  de  Juftinien. 
Il  n'eft  pas  étonnant  après  cela,  que  le  nom  de  Jujiiniana 
ait  été  commun  à  plufieurs  villes.  Il  y  en  a  eu  qui  l'ont 
pris  &  l'ont  peu  gardé ,  comme  i.  &  2.  Adrumete  &C 
Carthage.  D'autres  l'ont  gardé  plus  long-tems,  fk 
font  connues  dans  l'hiftoire,  fous  ce  nom. 

2.  JUSTINÏANA  prima  ,  ville  de  la  Bulgarie. 
Voyez  Archride. 

3.  JUSTINÏANA  sectjndA,  ancienne  ville  de  l'ifle 
de  Cypre ,  félon  Califte  ,  cité  par  Ortélius  ,  Thefiaur. 
Cypre  eft  nommée  Jujiiniana  j'ecunda  par  Curopalate, 
de  Officiai.  Confiant. 

4.  JUSTINÏANA  tertia  ;  c'eft  la  même  ville  que 
Chalcédoine.  Voyez  ce  nom. 

^  JUSTINÏANA  nova,  ville  de  Bithynie.  Il  en  eft 
parlé  au  cinquième  concile  de  Conftantinople.  *  Ortel. 
Thef. 

6.  JUSTINÏANA  nova  Camulensium.^  Il  en  eft 
auffi  parlé  dans  ce  concile.  Ortélius  croit  qu'elle  étoit 
en  Capadoce,  &  il  a  raifon.  Voyez  Camulianum. 

7.  JUSTINÏANA  nova  secunda  ,  ancienne  ville 
d'Egypte.  Le  même  concile  en  fait  auffi  mention. 

8.  JUSTINÏANA  nova  ouDarasci  civitas.  Le 
concile ,  déjà  cité  ,  parle  auffi  de  cette  ville.  Ortélius 
avoue  qu'il  ne  fait  où  elle  étoit.  Seroit-ce  Dara  en  Perse  ? 
On  voit  dans  Procope,  que  Juftinien  y  avoit  fait  beau- 
coup de  dépense  pour  en  réparer  les  murs ,  y  conduire 
un  aqueduc  ,  &  autres  embelliffemehs. 

Cette  ville  étoit  épiscopale,  félon  une  Notice  grecque, 
rapportée  par  le  P.  Hardouin,  qui  la  place  dans  l'Ilau- 
rie,  &  nomme  Stephanus  un  de  fes  évêques. 

9.  JUSTINÏANA  nova.  Voyez  Cypsela*  i. 

10.  JUSTINÏANA  nova  ou  Secunda.  Voyez  Ul- 
pianum. 

n  1.  JUSTINIANOPOLIS,  ancienne  ville  de  TArmé- 
nie  ,  félon  le  cinquième  concile  de  Conftantinople. 
Voyez  Bazanis. 

2.  JUSTINIANOPOLIS ,  ville  épiscopale  de  la  Pi- 
fidie,  félon  la  Notice  de  Hieroclès. 

3.  JUSTINIANOPOLIS  ,  ville  épiscopale  d'Egypte, 
dans  la  féconds  Thébaïde.  La  Notice  de  Léon  le  Sage 
porte  Conto  feu  Jufiiniapolis.  Le  premier  eft  apparem- 
ment pour  Coptos.  Le p  changé  en  n ,  &  1'.$  finale omife, 
à  caufe  de  l\squi  fuit,  font  des  fautes  très- ordinaires  aux 
copiftes. 

4.  JUSTINIANOPOLIS,  ville  épiscopale  d'Ane, 
dans  la  Phénicie  du  Liban,  félon  la  Notice  de  Léon  le 
Sage.  Elle  y  eft  nommée  Evarius  iïve  Jujiinianopolis. 
Voyez  Barcusena. 

5.  JUSTINIANOPOLIS ,  ville  épiscopale ,  félon  la 
même  Notice  ;  elle  étoit  métropole  de  la  Galatie.  On 
la  nommoit  auffi  Pisinus. 

6.  JUSTINIANOPOLIS  ,  autre  ville  épiscopale  de 
la  Galatie.  La  même  Notice  de  Léon  le  Sage  ,  après 
avoir  nommé  Amplement  Pifinunte  la  métropole ,  dans 
la  lifte  générale  des  évêchés ,  nomme  au  feptiéme  rang 
Spar.ia  ou 

7.  JUSTINIANOPOLIS.  Voyez  Anazarbe.  Voyez 
auffi  Mosteni  &  Sina. 

Les  villes  fuivantes  prennent  leur  nom  de  l'empereur 
Juftin. 

1.  JUSTINOPOLIS.  Voyez  ,£gtda  &  Istria. 

2.  JUSTINOPOLIS  ,  ancienne  ville  de  la  Dardanie 
Européenne.  Procope  parlant  de  Juftinien,  Aldific.  1.  4 , 
ci:  il  y  avoit  en  Dardanie  une  ville  nommée  Ulpiane, 


dont  il  a  réparé  presque  toutes  les  murailles,  qui  tom- 
boient  en  ruine  ;  &  après  l'avoir  embellie  ,  il  l'a  nom- 
mée fieconde  Juftinienne.  Il  a  fondé  une  autre  ville  voi- 
fine ,  qu'il  a  riommée  Jufiinopole,  du  nom  de  l'empereur 
fon  oncle.   , 

3.  JUSTINOPOLIS,  ville  d'Afie,  dans  la  Bithynie, 
félon  Onélius  ,  qui  dit  que  c'eft  le  même  lieu  que  le 
JUSTINIANOPOLITANUM  territorium  de  ZlNIS  ,  dont  il 
eft  fait  mention  dans  le  cinquième  concile  de  Connanti- 
nople. 

4.  JUSTINOPOLIS,  ancienne  ville  d'Afie,  dans  la 
première  Cappadoce ,  dont  il  eft  parlé  dans  le  concile 
de  Chalcédoine. 

5.  JUSTINOPOLIS.  Voyez  Edesse.  i. 

6.  JUSTINOPOLIS.  Voyez  Anazarbe. 
JUTiE  ,  nom  latin  des  habitans  du  Jutland.    Ce  mot 

•  n'a  point  été  employé  par  les  anciens;  &  Ptolomée,  /.  2, 
c.  1 1 ,  n'appelle  point  autrement  que  Cimbrcs  les  peuples 
qui ,  de  fon  tems  ,  habitoient  le  nord  de  la  presqu'ifle 
qui  en  a  pris  le  nom  de  Cimbrique.  Entr'eux  &  les  Sa- 
xons, il  met  les  peuples  fuivans  dans  cet  ordre: 


Siculones  , 
Sabalingii 
Cobandi , 


Chali, 

Phundufti, 

CharudesQ 


Le  mot  Juta  ,  en  recompenfe,  a  été  connu  des  auteurs 
du  moyen-âge.  Bede ,  /.  I ,  c.  1 5  ,  dit  :  Angli  de  illâ 
patrid  qua  Anglia  dicitur  ,  &  ab  eo  tempore  usque  ma* 
nere  dcjerta  inter  provincias  Jutarum  &  Saxonum  per- 
hibetur.  On  voit  que  le  peuple  Angli ,  en  paffant  dans 
la  Bretagne  qui  porte  aujourd'hui  fon  nom ,  avoit  laifle 
fon  ancienne  patrie  presque  déferte  ;  mais  le  peuple 
Juta  fubfiftoit  encore  en  Allemagne,  quoiqu'il  eût  aufft 
fait  partir  des  colonies  pour  l'Angleterre.  Voici  com- 
ment en  parle  la  Chronique  Saxone  publiée  en  Saxon. 
&  en  Latin  par  Gibfon.  Après  avoir  dit,  ad  Ann.p  449, 
qu'Hengefte  &  Horfa  furent  appelles  par  Vortigerne  roi 
des  Bretons  ,  elle  ajoute  qu'ils  expoferent  à  leurs  com- 
patriotes la  bonté  du  pays ,  &  la  lâcheté  des  Bretons  , 
&  les  invitèrent  à  venir  avec  eux.  Ceux-ci  leur  envoyé* 
rent  du  fecours  ;  &  il  en  vint  de  trois  provinces  de 
Germanie,  (avoir,  des  anciens  Saxons,  des  Angles,  & 
des  Jutes.  Elle  marque  pofitivement  que  des  Jutes  ,  qui 
vinrent  alors  ,  font  fortis  les  Cantuariens  &  les  Veftua- 
riens  ,  c'eft-à-dire  les  peuples  de  Cantorberi  &  de 
l'ifle  de  Wight.  Ensuite  elle  poursuit  ainfi  :  hœc  eft  ea 
gens  qua  nunc  incolil  Veclam  (l'ifle  de  Wight)  qua- 
que  gens  apud  occidentales  Saxonas  adhuc  vocatur  Ju- 
tarum progenies ....  ab  Anglis  quorum  patria  ab  eo 
ufique  tempore  manjït  defierta  inter  Jutas ,  &  Saxonas  , 
origincm  duxerunt  Angli  orientales  ,  Mtditerranei  , 
Mercii  ,  <S-  omnes  Northymbri. 

C'eft  donc  une  néceffité  ,  quand  on  parle  des  Jutes , 
de  diftinguer  les  peuples  ainfi  nommés  ,  qui  demeurèrent 
en  Allemagne  :  ce  font  les  habitans  du  Jutland.  Il  faut 
auffi  diftinguer  ceux  qui  pafferent  en  Angleterre  ,  &  s'é- 
tablirent au  pays  de  Kent  ôt  dans  l'ifle  de  'Wight. 

JUTHIA,  ou  Judia  :  félon  Kaempfer,  ffift.  du  Ja- 
pon ,  ville  capitale  du  royaume  de  Siam.  Gervaife , 
Hift.  nat.  de  polit,  du  royaume  de  Siam ,  p.  41  ,  dit 
de  ce  royaume  :  la  capitale  eft  appellée  par  les  Siamois 
Meuengfijouthia  ,  &  par  les  étrangers  Juthia  ou  Odiaa, 
qui  font  les  noms  que  les  Chinois  lui  ont  donnés  ;  les 
étrangers  l'appellent  Siam ,  du  nom  du  royaume  auquel 
même  ils  l'ont  donné ,  car  ce  n'eft  pas  plus  le  nom  du 
royaume  que  celui  de  la  ville.  Voyez  au  motSlAM.  De 
la  Loubere  ,  Defcription  du  R.  de  Siam ,  t.  1  ,  p.  17  , 
parle  ainfi  de  ce  nom. 

Quant  à  la  ville  de  Siam,  les  Siamois  l'appellent,  Si-yb* 
thiyà  ,  l'ô  de  la  fillabe  yb  étant  encore  plus  fermé  qift 
notre  diphtongue  au.  Quelquefois  auffi  ils  l'appellent 
Crungthé-papra-Mahà-N acon.  Mais  ,  pourfuit  -  il  ,  la 
plupart  de  ces  mots  font  difficiles  à  entendre  ,  parce 
qu'ils  font  pris  de  la  langue  Balie ,  qui  eft  la  langue  fa- 
vante  des  Siamois  ,  6k  qu'ils  n'entendent  pas  toujours 

bien  eux-mêmes DeSi-yâ-tki-yà,  nom  Siamois  de 

la  ville  de  Siam  ,  les  étrangers  ont  fait  Judia  &  Odiaa , 
par  où  il  paroit  que  Vincent  le  Blanc  &  quelques  au- 


JUV 


IZA 


très  auteurs  distinguent  mal-à-propos  Odiaa  de  Siam, 
Voyez  Siam.  (  la  ville  de  ) 

JUTLAND,  (le)  pays  de  Danemarck,  au  nord  de 
l'Allemagne ,  &c  plus  particulièrement  au  nord  du  Holf- 
tein  dont  il  eft  feparé  par  la  rivière  de  l'Eyder ,  &  par 
la  petite  rivière  le  Pefon  ,  qui  tombe  dans  la  mer  Bal- 
tique ,  au  golfe  de  Kiel. 

On  le  divife  en  deux  parties ,  par  une  ligne  qui  va  en 
ferpentant  depuis  Ripen  jusqu'à  Colding.  Ces  deux  villes 
&  tout  ce  qui  eft  au  nord  de  cette  ligne  ,  s'appelle  le 
Nord-Jutland ,  ou  le  Jutland propre  :  ce  qui  eft  au  midi 
jusqu'à  l'Eyder  s'appelle  le  Jud-Jutland  ou  le  duché  de 
Sleswig.Le  Nord-Jutland  appartient  entièrement  au  roi 
de  Danemarck.  Le  Sud-JutLand  ou  le  Sleswig  appar- 
tient à  ce  monarque  6c  au  duc  de  Holftein,  Voyez 
Sleswig. 

,  Le  Jutland  proprement  dit  ,  ou  le  Nord-Jut- 
land ,  ou  le  Jutland  feptentrional  ,  eft  borné  par  la 
mer  au  couchant ,  au  nord  &c  au  levant.  Il  a  au  midi  le 
Sleswig ,  comme  nous  avons  dit. 

Il  eft  divifé  en  quatre  diocèfes.  Celui  d'Albourg  oc- 
cupe toute  la  partie  feptentrionale.  Celui  SArhus  oc- 
cupe la  partie  orientale  ;  celui  de  Rypen,  la  partie  mé- 
ridionale ;  6c  celui  de  Vibourg  ,  eft  entre  celui  d'Al- 
bourg  &c  celui  de  Ripen.  Voyez  les  articles  particuliers 
de  ces  diocèfes. 

JUTUNG1.  Suidas  nomme  ainfî  un  peuple  qui  pafla 
le  Danube.  S.  Ambroife ,  dans  une  de  {es  Lettres ,  fait 
mention  des  Juthungi  ;  &  il  paroît  par  le  témoignage 
d'Ammien  Marcellin  ,  /.  17  ,  que  c'étoit  un  peuple  de 
la  Germanie  ,  qui  habitoit  un  pays  contigu  à  l'Italie. 
Ortélius  croit  qu'ils  font  nommés  Vithungl  par  Eume- 
nius,  &  Vithungi  par  Sidonius  ,  in  Panegyric.  &  Vir- 
tungi  par  Pollion  ,  in  Aurelio.  Spangeberg  les  place 
dans  le  comté  du  Tirol.  *  Ortel.  Thef. 

JUTUNÏORUM.  Voyez  Forum  Diuguntorum. 
.  1.  JUTURNA,  fontaine  &C  petit  lac  d'Italie  ,  dans 
le  Latium.  Les  anciens  fuppofoient  que  Jaturna  ,  feeur 
de  Turnus ,  avoit  été  changée  en  Nayade ,  après  avoir 
fatisfait  la  paffion  de  Jupiter.  Sa  fontaine  &  fon  lac  font 
au  pied  du  mont  Albano  ,  &  les  Romains  en  vantoient 
la  falubrité.  On  appelloit  ci-devant  le  lac  Lago  di  Ju- 
turna  ,  dit  Cluvier ,  liai.  ant.  Quelques-uns  l'ont  en- 
suite nommé  Lago  di  Turno.  Mais  il  y  a  quelque  tems 
que  l'eau  s'en  eft  écoulée  par  des  conduits  fouterreins. 
Le  cardinal Setra  qui  avoit  là  une  maifon  de  campagne, 
a  fait  deflecher  le  lac,  afin  de  rendre  l'air  plus  fain.  C'eft , 
dit  Baudrand  ,  éd.  1682  ,  ce  que  l'on  voit  dans  les  inf- 
criptions  d'Urbain  VIII ,  placées  à  Cartel  -  Gandolphe. 
*  Ovid.  Faft.  1.2. ,  v.  585;  Virgil.  JEndd.l.  12,  v.  139 
&  140. 

_  2.  JUTURNA  ,  ancien  nom  de  la  fontaine  de  la 
ville  de  Rome.  Elle  eft  près  de  l'églife  de  Santa-Maria 
Libératrice.  *  Baudrand  ,  éd.  1682. 

JUVANENSES  ,  félon  Ortélius ,  ancien  peuple  dont 
il  fait  mention  dans  une  infeription  rapportée  par  Gol- 
tzius.  On  voit  dans  une  inscription  trouvée  à  Burchau- 
fen ,  St  alléguée  par  Aventin ,  Juvavenifium.  C'eft  appa- 
remment la  même  chofe  que  le  Juvenfe  Cajlrum  de  la 
Notice  de  l'Empire  ,1a  Juvavia  &c  le  Jovavium  de  l'Iti- 
néraire d'Antonin  ,  Ylvavi  de  la  Table  de  Peutinger. 
Comme  on  a  trouvé  à  Saltzbourg  quelques-unes  des  ins- 
criptions où  ce  lieu  eft  nommé  ,  quelques  favans  ont  cru 
que  cette  ville  étoit  l'ancienne  Juvavia.  *  Gruter.  Inscr, 
P-  S7"m  n-  ->-,ftâ-  ?8- 

JUVANTIUM  ,  ou  ,  félon  d'autres  exemplaires   de 

Pline  ,  /.  3  ,  c.  13  ,  Vibatinum  Flumen.  Le  P.  Har- 

douin  lit  dans  d'autres  ,  Batipum  Flumen  qu'il  préfère  ; 

ancien  nom  du  Tordino,  rivière  d'Italie. 

JUVENSE  Castrum.  Voyez  Juvanenses. 

JUVERNA.  Voyez  Juerna  &  Juerné. 

JUVIGNI ,  ou  Juvegny  ,  abbaye  de  filles  ,  ordre 

de  S.  Benoît ,  fituée  dans  le  pays  de  Luxembourg ,  près 

de  Stenay,  à  huit  lieues  de  Verdun.  Richilde,  femme  de 

Charles  le  Chauve  ,  la  fonda  en  874,  en  l'honneur  de 

fainte  Scholaftique ,  &  y  mit  une  partie  des  reliques  de 

cette  fainte  ,   qu'on  y  voit  encore  aujourd'hui.  Par  la 

fuite  des  tems ,  cette  maifon  s'eft  vue  réduite  à  trois  ou 

uatre  religieufes,  qui,  prenant  la  qualité  de  chanoinedes, 

voient  peine  de  fubfifter.   Madame   Scholaftique-Ga- 

brielle  de  Livron  y  mit  la  réforme  en  1629,  tk  reçut 


629 


1 


plus  de  trente  religieufes  :  elle  toléra  l'ufage  de  îai 
mais  elle  fonda  fa  réforme  fur  une  grande  retraite  ,  ban- 
nit de  l'office  les  orgues ,  les  inftrumens  &C  la  mufique  , 
&  ne  voulut  pas  qu'on  exigeât  de  dots.  *  Extrait  du 
premier  voyage  littêr.  de  D.  Martenne. 

IVAMI ,  province  du  Japon  dans  l'ifle  de  Niphon,  au 
midi  d'Idsumo.  Elle  a  deux  journées  de  longueur  du 
nord  au  fud  ,  &c  eft  divifée  en  cinq  diftrifts. 

JUXE ,  cité  de  la  Chine  dans  la  province  de  Channfi, 
au  département  de  Leao,  féconde  grande  cité  de  la  pro- 
vince. Elle  eft  plus  occidentale  que  Pékin  de  4  d.  21' , 
par  les  37  d.  54'  de  latitude..  *  Atlas  Sinenjîs. 

_  JUYAO,  ville  delà  Chine  dans  la  province  de  Ché- 
kiang,  au  département  de  Xaohing  ,  huitième  métropole 
de  la  province.  Elle  eft  de  30  d.  4'  plus  orientale  que 
Pékin,  fous  les  29  d.  50'  de  latitude.  *  Atlas  Sinenjis. 

IWANOGOROD,  fortereffe  de  l'empire  Ruflien, 
dans  l'Ingrie  ,  fur  la  rivière  de  Narva.  Comme  cette  ri- 
vière terminoit  les  états  de  Livonie  &  de  l'Ingrie,  que 
le  Czar  Iwan  Bafilowitz  avoit  conquilé  ,  il  fit  bâtir  cette 
fortereffe  à  l'oppofite  de  Narva  ;  de-là  vient  qu'on  l'ap- 
pelle auffi  la  Narva  Rufflenne.  Toutes  les  deux  places 
font  également  de  la  Ruffie  ;  &  la  Suéde  ,  qui  les  avoit 
aquifes ,  les  a  perdues  avec  l'Ingrie  &  la  Livonie.  Voyez 
Narva.*  Rob.  de  Vaugondy ,  Atlas. 

IWAN-QSERO ,  grand  lac  de  l'empire  Ruflien  ,  à 
la  fource  du  Don,  au  duché  de  Rézan.  Il  a  au  midi  la 
forêt  cVOkiniiçilies  ,  ou  d'Epiphanovlies.  Il  reçoit  les 
eaux  du  lac  nommé  Polotga-Oçero ,  qui  eft  au  fud-oueft  ; 
&  au  nord-eft ,  on  a  coupé  un  canal  de  communication, 
pour  paffer  de  ce  lac  dans  la  rivière  d'Uppa  ,  qui  tombe 
dans  POcca.  A  l'orient  de  l'Ivan-Ofero  eft  la  fortie  par 
laquelle  le  Don  s'écoule  vers  Voronecz ,  où  étoient  les 
chantiers  de  Pierre  le  Grand.  Voyez  VORONECZ. 
*  Rob.  de  Vaugondy,  Atlas. 

.  IWARAGASIMA ,  petite  ifle  du  Japon ,  de  la  baie 
de  Nangazaki ,  où  les  Hollandois  qui  arrivent  des  Indes, 
font  obligés  de  régaler  les  Japonois  envoyés  pal  le 
gouverneur ,  ou  le  magiflrat,  pour  les  reconnoître. 

IXAR,   petite   ville  d'Espagne  ,  dans  l'Aragon  ,  fur 
la  rivière  de  Martin.  C'eft  la  même  que  Hijar. 
IXIA  ,  félon  Strabon ,  ou 

IXLE  ,  félon  Etienne  le  Géographe,  petite  contrée  de 
l'ifle  de  Rhodes  ,  ainfî  nommée  du  port  Ixus. 

IXIAS  ,  ancienne  ville  d'Italie  ,  dans  l'Océnotrie  , 
félon  Etienne  le  Géographe.  Gabriel  Barry  croit  que 
c'eft  préfentement  Carolei. 

IXIBATjE  ,  ancienne  nation  voifine  du  Pont-Euxin 
&  de  l'Inde  ,  félon  le  même  Etienne.  Il  me  feinble  que 
cette  Inde  doit  s'entendre  de  la  Colchide  ,  à  laquelle  on 
a  donné  ce  nom  ,  comme  on  a  vu  au  mot  Inde. 

IXIRUS  ,  rivière  ,  félon  Phavorin ,  dans  fon  Lexi- 
que. Il  ne  dit  point  quel  pays  elle  baigne. 

IXO  ou  ISJO ,  royaume  du  Japon  ,  dans  l'ifle  Ni- 
phon ,  qui  a  le  royaume  d'Omi  à  l'occident ,  celui  de 
Vqari  à  l'orient ,  &  celui  d'Inga  au  midi.  Ce  royaume 
eft  célèbre  dans  l'ancienne  religion  du  pays  ,  parce  que 
l'on  prétend  que  le  dernier  des  fept  esprits  céleftes ,  qui 
eompofent  la  première  dynaftie  des  fouverains.  du  Japon, 
y  a  fait  quelque  tems  fa  réfidence  ,  &C  que  fon  fils  Tenlio- 
Dai-Dfin  ,  le  chef  de  la  féconde  dynaftie  ,  y  a  un 
temple ,  qui  eft  le  plus  ancien  de  l'empire  ,  &  le  terme 
d'un  fameux  pèlerinage,  *  Notes  du  P.  Charlevoix. 
IXOMATjE.  Voyez  Exomat^e. 
IXUS.  Voyez  IxiAS. 

LYWORTH,  bourg  d'Angleterre  ,  dans  la  province 
de  Suffolck.  Il  n'a  rien  de  remarquable  que  fon  marché 
public. 

IYO,  le  royaume  d'iYO,  félon  Baudrand,  édit.  170^, 
qui  dit  que  c'eft  une  province  du  Japon  ,  dans  la  pro- 
vince occidentale  de  l'ifle  de  Chicocli  ,  vers  celle  de 
Ximo ,  avec  une  ville  de  ce  nom  ;  fur  quoi  il  cite 
Chardin.  C'eft  la  petite  province  d'IJO  ,  qui  eft  la  cin- 
'  quiéme  dans  la  province  de  Nankaïdo  ,  feptiéme  grande 
contrée.  Il  feroit  bien  difficile  de  reconnoître  dans  cet 
article  un  des  quatre  royaumes  ,  qui  eompofent  l'ifle  de 
Xicoco.  Voyez  Xicoco. 

IZALA  ,  montagne  d'Afie,  quelque  part  vers  la  Per- 
fide, félon  Amnien  Marcellin,  /.  18. 

IZAME  ,  petite  province  d'Afrique  ,  dans  l'ifle  de 
Madagafcar ,  au  couchant  de  la  vallée  d'Amboule.  C'eft 


IZL 


©30 

où  fe  forge  le  meilleur  fer,  &c  où  fe  fait  le  mènachil , 
ou  huile  clé  Séfalrie  ,  en  plus  grande  quantité.  Les  habi- 
tans  font  les  plus  hardis  &  les  plus  vaillans  de  cette 
ifle  &  font  environ  huit  cents  hommes.  *  Flacourt , 
Hift!  de  Madagascar  ,  c.  3  ,p.  10. 

IZARUS.  pour  Jesraël.  y    .   .. 

IZATHA  ,  ville  de  la  Mauritanie  Cefanenfe  ,  félon 
Ptolomée,  A  4,  c.  2.. 

IZELOS  ,  ou  EiSELOS ,  EÏÇii>iw  ,  fortereffe  de  Sicile, 
félon  Etienne  le  Géographe. 

ISGI ,  ancien  peuple  de  l'Inde  ,  félon  Plme  ,  /.  6  , 
c.  17.  Ils  étoient  vers  les  monts  Emodes. 

IZJIZUM  ,  lieu  d'Egypte  ,  félon  l'Itinéraire  d'Anto- 
nin.  D'autres  exemplaires  portent  T^ïti^um.  Ce  heu  étoit 
fort  avant  au-delà  de  Syenne. 

IZYRALLA ,  Izyrallum  ,  ou  Tirallum  ,  félon 
les  divers  exemplaires  de  l'Itinéraire  d'Antomn  ,  lieu 
de  Thrace.  Ortélius  croit  que  ces  noms  font  corompus  , 
&  qu'il  faut  lire  TuRULLU M. 

IZIRIANENS!S,  fiége  épifcopal  d  Afrique  ,  dans  la 
Numidie.  Dans  la  Conférence  de  Carthage  ,  on  voitFs- 
lix  episcopus  pkbis  I^rianmfis.  . 

IZLI,  ou  Zezil,  ville  d'Afrique,  en  Barbarie,  au 
royaume  de  Tremecen.  Marmol ,  Afrique  ,1.  5,  c.  5,  t.  2, 
p.  323  ,  en  fait  cette  defcription.  Ceftune  place  fermée 
de  murailles  ,  dans  une  plaine  qui  eft  entre  le  defert 
d'Angad  &  le  territoire  de  Tremecen.  Les  hiftonens  af- 
ifurent  qu'elle  a  été  bâtie  par  les  anciens  Africains ,  pour 
fervir  de  frontière  à  ce  royaume.  Elle  étoit  tort  peuplée 
fous  le  règne  des  Abdel  vêtes  ,  qui  tenoient  une  bonne 
garnifon  contre  les  Arabes  du  défert;  mais  elle  _  fut  rui- 
née par  Jofeph  ,  prince  de  la  race  des  Benimennis ,  & 
fut  long-tems  dépeuplée ,  jusqu'à  ce  que  certains  Mora- 
bites  s'y  vinrent  habituer;  car  les  rois  de  Tremecen  , 
&  les  Arabes  même  ,  traitent  fort  bien  cette  ville  ,  6c 
ne  lui  font  rien  payer,  à  la  confidération  de  ces  nou- 
veaux habitans  ;  mais  on  ne  laiffe  pas  d  y  vivre  mifera- 
blement,  à  caufe  de  la  ftérilité  de  la  contrée;  &  les 
maifons  n'y  font  bâties  que  de  terre  ,   couvertes  de 


IZQ 


paille ,  on  de  branches  d'arbres.  On  voit  fourdre  près 
de  la  ville  une  belle  fontaine  ,  qui  fert  à  arrofer  les  ter- 
res d'alentour  ;  &t  fans  cela  on  n'y  recueilleroit  aucun 
fruit ,  à  caufe  de  l'exceffive  chaleur.  Quelques-uns  di- 
fent  que  cette  ville  a  été  bâtie  par  les  Romains ,  &  il  le 
paroît  à  lés  mut  s ,  qui  font  de  pierres  de  taille  ,  fort 
hauts  ,  fk  mieui:  faits  que  ceux  des  habitans  du  pays. 
On  la  nommoit  autrefois  Giva  ;  ck  Ptolomée  la  met  à 
14  d.  30'  de  longitude  &  à  32  d.  30'  de  latitude. 

IZQUINÏENANGO  ,  ville  de  l'Amérique  ,  dans  la 
nouvelle  Espagne  ,  dans  la  province  de  Chiapa ,  pres- 
qu'au  bout  de  la  vallée  de  Capanabaftla  ,  &  à  deux 
lieues  des  Cuchumatlanes.  C'eft  une  des  plus  jolies  villes 
d'Indiens  ,  qui  foient  dans  toute  la  province  ;  elle  eft 
très-riche  ,  tant  à  caufe  de  la  quantité  de  coton  qui  s'y 
recueille  ,  que  particulièrement  par  fà  fituation  ;  car 
comme  elle  eft  fur  le  chemin  de  Guatimala  ,  tous  les 
marchands  du  pays  ,  qui  trafiquent  avec  leurs  mulets 
de  ce  côté-là  ,  panent  par  cette  ville ,  où  ils  vendent 
des  marchandées  ,  Sî  en  achètent  d'autres  ,  &  ainû 
l'enrichiilent  par  l'argent  qu'ils  y  apportent  avec  les 
marchandifes  des  pays  les  plus  éloignés.  Il  y  a  une 
grande  quantité  de  fruits  ,  &  patticuliérement  de  celui 
que  les  Espagnols  appellent^inài  ou  ananas  ,  parce  qu'il 
relTemble  à  la  pomme  de  pin.  Elle  eft  bâtie  fur  le  bord 
de  cette  grande  rivière  qui  pafTe  à  Chiapa  des  Indiens  % 
&  qui  tire  fa  fource  proche  des  montagnes  Cuchu- 
matlanes ,  St  néanmoins  elle  eft  fort  large  &  profondé 
devant  cette  ville  ;  en  forte  qu'on  ne  la  peut  paiîer 
qu'en  bateau  ;  &  parce  que  ce  chemin  eft  fort  fréquenté , 
particulièrement  par  ceux  qui  conduifent  des  troupeaux 
de  mulets ,  chaque  troupeau  étant  d'ordinaire  de  cin- 
quante ou  de  foixante ,  ce  paflage  ,  qui  eft  occupé  jour 
&  nuit ,  donne  un  revenu  coniidérable  tous  les  ans  à 
la  ville  ,  parce  que  les  Indiens  ,  outre  le  bac  ou  bateau 
qui  fert  au  paffage ,  en  ont  auflî  plulleurs  autres  petits 
pour  monter  &  defeendre  fur  la  rivière,  *  Gage }  Voya™ 
ges  ,  2.  parc,  c.  io8i 


LE    GRAND 


DICTIONNAIRE 

GÉOGRAPHIQUE, 


HISTORIQUE    ET    CRITIQUE. 


K. 


Cette  lettre  que  nous  avons  avons  empruntée  des  Grecs ,  eft  très-farniliere  aux  étrangers ,  fur-tout  aux  peuples 
qui  parlent  allemand ,  ou  dont  la  langue  eft  une  dialecte  de  l'allemand.  Ils  l'emploient  plus  volontiers  que  leC, 
dans  les  noms  propres  de  l'Afie ,  de  l'Afrique  &  de  l'Amérique  ;  au  lieu  qu'en  françois  nous  préferons  le  C ,  qui 
a  le  même  fon  que  leK,  devant  les  lettres  A,  O  &  U  ,  à  moins  qu'il  n'ait  fous  lui  une  cédille  Ç  ;  car  alors  il  eft 
équivalent  à  l's  fortement  prononcée.  Les  mots  dont  la  première  fyllabe  eft  Ka ,  ou  Ko ,  ou  Ku ,  qui  ne  fe  trou- 
veront point  lous  le  K ,  doivent  être  cherchés  fous  la  lettre  C, 


KAB 


AA  ;  palais  dans  l'Ethiopie  ,  auprès  de 
Gohdar,  en  Abiflinie.  Il  y  a  un  magnifi- 
que baffin  d'eau ,  qui  fert  aux  cérémonies 
de  l'Epiphanie,  félon  le  rite  des  Abilîins. 
*Poncei,  Voyage  inféré  dans  les  Lettres  édi- 
fiantes ,  t.  4,  p.  98. 
KABALLAH,  (le  territoire  de)  eft  fitué  à  l'oueft  de 
Schamachie,  dans  une  plaine  agréable,  entre  des  mon- 
tagnes ;  il  y  a  pkifieurs  villages  ,  tant  grands  que  petits. 
Au  nord  il  eft  borné  par  de  hautes  montagnes,  qui  font 
toujours  couvertes  de  neiges.  Les  terres  font  très-fertiles 
fen  bled  &  en  fruits  ;  il  y  a  fur-tout  beaucoup  de  châ- 
taignes, de  figues  &  de  grenades,  dont  une  espèce,  en- 
tr'autres,  eft  fort  petite  &  fort  douce.  Les  pâturages  y 
font  auffi  fort  beaux  &  bons.  Les  habitans  font  Maho- 
métans  ;  ils  ont  un  langage  mêlé  du  Turc  6c  du  Tar- 
tare.  Ils  étoient  autrefois  fournis  à  la  Perse;  mais  depuis 
1713,11s  le  font  au  Turc  :  le  Khan  de  Schamachie  yen- 
Voie  toujours  un  Naïb  qui  gouverne  ce  territoire ,  en 
reçoit  les  revenus  &  les  envoie  à  Schamachie.  Le  Daud- 
beg  &c  le  Sirrehei  ont  mafiacré  Une  parrie  des  habitans, 
emmené  l'autre  en  captivité  ,  ruiné  les  villages.  Ce  pays 
fourniffoit  autrefois  beaucoup  de  foie  à  Schamachie  ; 
nais  à  préfent  tout  eft  ruiné.  *  Description  des  peuples 
occidentaux  de  la  mer  Caspienne,  faite  fur  les  lieux  ,  par 
M.  Garber,  officier  au  fervice  de  la  Poulie. 
KABANIA.  Voyez  Katania. 
KABASHIR,_(l'ifle  de)  ifle  d'Afrique,  dans  le 
royaume  de  Fonia ,  fur  la  rivière  de  Gambra ,  vis-à-vis 
de  Jameifoi  t ,  du  côté  du  fud.  Elle  n'eft  féparée  de  la 
terre  que  par  une  espèce  de  torrent.  On  y  trouve  quan- 
<ité  d'excellente  pierre,  qui  fert  aujourd'hui  aux  befdins 


KAC 


de  Jamesfort.  *  Carte  de  la  Garnira ,  par  Jean  Léach^ 

J732- 

KABATA ,  rivière  &  village  d'Afrique  ,  au  royaume 
de  Kumbo,  au  midi  de  la  rivière  de  Gambra,  qui  re- 
çoit celle  dont  nous  parlons  ici.  Les  Anglois  ont  un 
comptoir  à  Kabata  ,  qui  n'eft  remarquable  que  parce 
qu'il  fournit  des  provifions  à  la  garnifon  de  Jamesfort. 
Il  y  a  toujours  une  grande  abondance  de  chèvres  ,  de 
volaille  &  de  beftiaux.  *  Voyage  de  Moore.  Carte  de  la. 
Gambra,  par  le  capitaine  Jean  Léach  ,  1732. 

KABILAK,  ou,  félon  De  l'Ifle,KoBiLAK,  petite  ville 
de  Pologne  ,  fur  une  petite  rivière  qui  tombe  dans  le 
Don,  !k  qui  reçoit  le  Worklo,  rivière  qui  paffe  à  Pul- 
tawa.   *  Andr.  Cellar.  Descript.  Polon.  p.  393. 

KABIOSA,  Ka&aM  A*»<JW<t ,  furnom  deLaodicée, 
ville 'de  Syrie,  chef-lieu  de  laLaodicène,  félon  Ptolo- 
mée.  Quelques  critiques  ignorans  ont  cru  faire  merveil- 
les ,  en  mettant  Scabiofa.  pour  Sabiofa  ou  Cabiofa. 

KABLI ,  petite  rivière  de  Tarrarie,  dans  le  Turkeftan. 
Le  Rabli  &  le  Kam^i ,  ou  Cabli  tk  Cam^i. ,  font  deux: 
petites  rivières ,  qui,  venant  du  nord-nord-eft  ,  fe  dé-^ 
chargent  dans  la  rivière  de  Sirr  ou  Sirth  ,  vers  les  45  d." 
de  latitude ,  au  pied  des  montagnes  qui  féparent  à  pré- 
fent le  pays  du  Turkeftan  des  états  du  Contaisch,  grand 
Cham  des  Calmoucks.    *HiJloire  des  Tatares ,   3.  part. 

P"kACHAN.  Voyez  Cachan. 

KACHEO,  Cascheu,  Cacheu,  Cacheau  ou 
Cacho  ,  ville  d  Afrique ,  dans  la  Nigritie  ,  au  bord 
méridional  de  la  rivière  de  S.  Domingue  ,  que  Baudrand 
prend  mal  à-propos  pour  une  des  embouchures  du  Niger, 
environ  à  fix  lieues  de  fon  embouchure  en  remontant  (a). 


3* 


KAC 


KAI 


Elle  eft  occupée  par  les  Portugais  qui  y  ont  trois  forts, 
dont  le  principal  peut  bien  avoir  dix  ou  douze  pièces 
de  canon ,  &  les  deux  autres  deux  ou  trois  ;  un  capi- 
taine major  en  a  le  gouvernement,  qui  dépend  du  gou- 
verneur des  ifles  du  Cap-Verd.  On  lui  envoie  tous  les 
ans  trente  ou  quarante  Portugais,  qui  en  font  ordinaire- 
ment bannis ,  pour  remplacer  ceux  qui  meurent ,  faute 
de  bonne  nourriture  ,  par  néceffité ,  ou  pour  s'abandon- 
ner trop  aux  femmes  ;  c'eft  pour  eux  une  espèce  d'exil 
qui  ne  laide  pas  de  leur  être  quelquefois  fupportable. 
Il  peut  y  avoir  dans  la  ville  deux  ou  trois  cents  habi- 
tans  ;  la  plupart  font  mulâtres ,  les  autres  ont  leurs  fem- 
mes ou  des  concubines.  Il  y  a  dans  la  ville  un  receveur 
ides  droits  du  roi  ,  pour  les  bâtimens  qui  y  viennent  né- 
gocier ,  qui  payent  dix  pour  cent  d'entrée  &  de  (ortie , 
avec  un  écrivain ,  qui  tient  lieu  de  notaire  &  de  gref- 
fier. C'eft  le  gouverneur  qui  rend  la  juftice.  Il  y  a  une 
églife  paroiffiale  ,  un  curé,  un  vifitador ,  (qui  eft  comme 
un  grand-vicaire  en  France,)  qui  font  toujours  mis  dé 
la  part  de  l'évêque  de  S.  Jacques-.  Il  y  a  suffi  un  cou- 
vent de  Capucins  ,  où  ils  ne  font  guères  que  trois  ou 
quatre  religieux.  Les  habitans  de  la  ville  ont  de  petits 
bâtimens ,  &  des  barques  avec  quoi  ils  négocient  fur  les 
rivières  de  Noue,  (Nougne,)  Pougues,  (Pogne,)ck. 
Serre-Lionne,  &dans  les  ifles  de  Bezagots,  (Bifagos ,) 
où  ils  font  grand  commerce  de  cire, 'd'esclaves,  &  quel- 
que peu  d'ivoire.  (a)  Relations  de  la  fuite  du  Voyait  de 
le  Maire,  p.  200. 

KASCHEGUER,  ancienne  capitale  d'un  royaume 
de  même  nom  ;  elle  ne  diffère  de  CASCHGAR  ,  que 
par  l'orthographe. 

KASCHEMIR.  Voyez  CACHEMIRE. 

KACHETI,  Kaket  ou  Caket  (le)  étoit  autrefois 
une  province  de  la  Géorgie  (a).  Ce  pays  eft  borné  au 
nord  par  les  Circaffes  noirs  ;  à  l'orient ,  par  le  Caucafe 
ÔC  le  Dagueftan  ;  au  midi,  par  le  Carduel  ou  Gurgiftan  ; 
&  au  couchant,  par  le  pays  d'Yrimette.  Giorgi  V  le  fé- 
para  de  la  Géorgie  ,  &  en  fit  un  royaume  en  faveur  de 
fon  fécond  fils  Davit,  dont  la  poftérité  a  toujours  joui 
jusqu'à  l'an  1713  que  Schachmavas  ÎI  s'étant  déclaré 
Chrétien  ,  fut  chafle  de  fes  états  par  Schah-Séphi ,  roi 
de.  Perse  ;  ce  prince  dethrôné  fe  retira  en  Ruffie  ,  6c 
donna  à  de  L'îfle  une  Table  généalogique  des  rois  de 
Géorgie  ,  que  M.  de  Guignes  a  inférée  dans  fon  ouvrage. 
(a)  Voyez  l'Hifleire  générale  des  Huns  ,  p.  433,  &fuiv. 

La  (b)  Géorgie  &  toutes  fes  provinces  embraflerent  le 
Chriftianisme  fous  Miran ,  qui  régnoit  du  tems  de  Dio- 
ctétien ,  &  entra  par  la  fuite  dans  le  fchisme  Grec  ;  mais 
dans  le  quinzième  fiécle ,  les  Perfans  ayant  rendu  les 
royaumes  de  Karduel  &  de  Kacheti  tributaires ,  forcè- 
rent les  princes  de  ces  deux  états  à  embrafler  le  Maho- 
métisme  :  ils  portèrent  même  une  loi  que  personne  ne 
pourroit  être  Kan  de  Kacheti  &C  de  Karduel ,  qu'il  ne 
fût  Mahométan.  On  laiffa  la  liberté  de  religion  au  peu- 
ple ;  mais  le  Chriftianisme  s'y  eft  peu-à-peu  oublié , 
fur-tout  à  Kacheti  ;  fk  l'on  y  trouve  aujourd'hui  fort 
peu  de  Chrétiens.  On  voit  encore,  à  la  vérité,  quel- 
ques cloîtres  Chrétiens  à  Kacheti ,  dont  la  plupart  font 
abandonnés ,  &  les  autres  ne  font  habités  que  par  de  mi- 
férables  religieux,  qui  à  peine  favent  lire.  On  trouve  plus 
de  Chrétiens  &  de  cloîtres  à  Karduel  ;  mais  le  nombre 
en  diminue  tous  les  jours,  depuis  que  les  Turcs  en  font 
les  maîtres  ,  parce  qu'ils  font  esclaves  ceux  qui  demeu- 
rent attachés  au  Chriftianisme.  Le  Kacheti  ne  confifte 
plus  qu'en  villages ,  dont  le  principal ,  qui  eft  comme 
la  capitale ,  parte  que  le  Chan  y  fait  fa  réfidence ,  s'ap- 
pelle Kara-Agatsch.  Les  habitans  de  ce  pays  parlent  la 
langue  Géorgienne  ;  ils  en  ont  encore  une  autre  qui  eft 
un  mélange  de  Turc  &  de  Tartare  ;  ils  font  aflez  bien 
pourvus  d'armes.  Le  pays  eft  presque  tout  formé  deplai- 
.  nés  très- fertiles,  où  l'on  engraiffe  facilement  lesbeftiaux. 
Les  Turcs  firent  une  invafion  dans  la  Géorgie,  en  1724, 
avec  une  armée  confidérable.  Mahomet-Couli  Can,  fou- 
verain  de  Kacheti ,  fut  obligé  de  fe  foumettre  ;  on  lui 
ôta  Karduel ,  qu'il  pofledoit  avec  Kacheti  ;  on  ne  lui 
laiffa  que  le  fécond  ,  &  l'on  établit  un  Bâcha  à  Teflis, 
duquel  Mahomet  dépend.  Ce  pays  ne  paye  aucun  tribut 
au  Turc  ;  mais  Mahomet  eft  obligé  de  faire  de  grands 
préfens  au  Bâcha  de  Teflis.  (b)  Description  des  peuples 
occidentaux  de  la  mer  Caspienne,  faite  fur  les  lieux  ,  par 
M.  Garber,  officier  au  fervice  de  la  Ruffie.  C'eft  l'Ibérie 
des  anciens, 


KACHSCHAGA.  Voyez  Kokschaca. 

KACKERLACKES  ;  I'e  de  la  première  fyllabe  eft 
muet  &  ne  fe  prononce  point.  Les  Hollandois  nom- 
ment ainfi  les  habitans  des  ifles  fituées  au  fud  -  eft  de 
Ternate.  Corneille  le  Brun,  Voyage  dcMosc.  &  des  In- 
des, p.  354,  ajoûteque  ces  gens  voient  beaucoup  mieux 
la  nuit  que  le  jour ,  &  ne  fauroient  foufïrir  là  lumière  du 
foleil  \  ce  qui  fait  qu'ils  tiennent  toujours  les  yeux  à  demi- 
fermés  ,  &  qu'ils  ne  paroiffent  pas  pendant  le  jour. 

KACONGO.  Voyez  Caconc-o. 

KADELBOURG,  village  de  Suiffe,  au  comté  de 
Bade.  Il  appartient  au  chapitre  des  chanoines  de  Zur- 
zach.  *  Etat  &  délices  de  la  Suiffe,  t.  3  ,  p.  143. 

KADESCH.  Voyez  Cades. 

KADSUSA ,  province  du  Japon  ,  dans  le  pays  à'0~ 
chio  ,  entre  celles  d'Ava  au  midi ,  &  Simoofa  au  nord. 
Elle  a  trois  journées  de  long  du  nord  au  fud,  &  eft  di- 
vifée  en  onze  diftri&s.  Le  pays  eft  extrêmement  mon- 
tagneux. 

KADÙMIN.  Voyez  Çadumin. 

KAEN,  royaume  d'Afrique,  au  fud  de  la  rivière  de- 
Gambra ,  à  l'eft  de  celui  de  Fonia  ,  dont  il  eft  féparé 
par  la  rivière  de  Vintam  ou  Bintam.  On  donne  à  ce 
royaume  vingt-trois  lieues  d'étendue  le  long  de  la  Gam- 
bra ;  les  lieux  les  plus  confïdérables  font  Tankrowal  &î 
Tendebar.  Cet  état  eft  gouverné  par  un  empereur  & 
un  roi,  tous  deux  Mandingos.   * Carte  de  la  Gambra, 


:  Voyez» 


KjENOPOLIS.  Voyez  C&NÛPOI.ÎS. 

KAjEI-TE-FOU,  ville  de  la  Chine,  dans  la  pro- 
vince de  Honan.  Le  P.  GozaniJéfuite,  {Lettres  élif.  1. 1, 
p.  2 ,  )  qui  nous  en  apprend  le  nom ,  n'a  point  marqué 
fa  pofition  plus  précifément.  Je  ne  la  trouve  point  dans 
les  liftes  de  l'Atlas  Chinois. 

KAFFA  ou  Kefet.  Voyez  Caffà. 

KAFFUNGEN  ,   ou  Cappung  ,    en  latin  Confu- 

S'a,  monaftere  &  petite  ville  d'Allemagne  ,  au  pays  de 
effe ,  dans  le  diocèfe  de  Paderborn ,  près  de  Caflel. 
Sainte  Cunegonde ,  impératrice,  femme  de  l'empereur 
S.  Henri ,  y  fit  bâtir  un  monaftere  célèbre  de  religieu- 
fes ,  fous  le  titre  de  la  Sainte-Croix ,  vers  l'an  1018, 
pour  acquitter  un  vœu  qu'elle  âvoit  fait  durant  la  mala- 
die qui  l'avoit  retenue  en  ce  lieu  ;  elle  s'y  retira  après 
la  mort  de  S.  Henri  ,  s'y  fit  religieufe,  &  y  mourut  en 
1040;  mais  fon  corps  fut  porté  à  Bamberg,  &  mis  au- 
près de  l'empereur,  fon  mari.  * Bailla ,  Topogr.  des 
Saints. 

KAFRE-CHIRIN ,  ville  de  Perse.  Tavernier  qui  la 
met  à  71  d.  50'  de  longitude ,  &  à  34  d.  40'  de  latitude, 
dit  dans  fon  Voyage  de  Perse,  /.  3  ,  c.  dernier;  Ce  ft^ert 
qu'une  petite  ville,  mais  qui  a  été  autrefois  fort  grande. 
Elle  fut  bâtie  par  un  roi  de  Perse,  appelle  Nouchireuon- 
Aadel,  furnommé  le  Jujlc.  C'eft  fur  les  faits  &  les  dits 
de  ce  roi ,  qu'eft  fondée  la  morale  des  Perfiens. 

KAHT ,  ville  de  la  Tartarie ,  datis  le  pays  de  Cha- 
rasme,  à  41  d.  45'  de  latitude  ,  fur  la  rive  feptentrionale 
de  la  rivière  de  Khéfell ,  vers  les  frontières  de  la  grande 
Bucharie.  Elle  eft  presque  ruinée.  *  Hijl.  généalogique 
des  Tatars ,  p.  738. 

1.  KAI ,  rivière  de  la  Tartarie,  où  elle  traverse  le 
pays  d'ALSOG  ,  qui  eft  la  Sogdiane  des  anciens.  *Abul- 
féda  ,  Corasm.  Descr.  p.  33  ,  edit.  Oxon. 

2.  KAI ,  ville  de  la  Chine  ,  dans  le  Pékéli ,  au  dé- 
partement de  Taming ,  feptiéme  métropole  de  cette  pro- 
vince ;  elle  eft  d'un  d.  56'  plus  occidentale  que  Pékin, 
fous  les  36  d.  20'  de  latitude.  *  Atlas  Sinenfis. 

3.  KAI,  province  du  Japon,  dans  la  grande  ifle  Ni- 
phon  ;  elle  eft  au  nord  de  Surunga ,  &  à  l'occident  du 
Muiâfi,  dont  la  capitale  eft  Jédo.  C'eft  de  cette  province 
que  les  Japonois  tirent  leurs  meilleurs  chevaux.  *Note$ 
du  P.  Charlevoix. 

KAIEN,  ville  de  Perse,  à  83  d.  20'  de  longitude, 
&  à  36  d.  22'  de  latitude,  .félon  Tavernier,  Voyage  de 
Perse,  l.  3.  c.  dernier.  Cette  ville  jouit  d'un  très-bon 
air;  il  y  a  d'excellens  fruits,  &  elle  eft  en  réputation 
de  nourrir  les  pli  s  beaux  esprits  de  la  Perse. 

KAIGOROD  ,  ville  de  Ruffie,  fur  IaKama,  dans  la 
Permie,  aux  confins  de  la  Zyranie.  On  la  nomme  auffi 
Heigorodeck  ;  c'eft,  dit  Isbrand  Ides,  c.  17,  une 
forterefle  paflablement  grande  ;  vers  l'an  1692,  elle  fut 
incendiée  &  pillée  par  des  bandits.  Corneille  parle  ainft 


KAI 


KAK 


He  cette  même  ville  ',  fur  la  garantie  d'Adarrï^Branrz  l 
auteur  d'un  Voyage  deMoscovie  à  la  Chine.  (Ce  voyage 
eft  inféré  dans  celui  de  le  Brun  ,  p.  loi.)  Il  nomme  cette 
ville  Kaïgerod.  Elle  eft  ,  dit- il,  fituée  fur  la  rivière  de 
Kama,  &  pourvue  d'une  forte  garnifon  ;  on  veille  avec 
foin  à  la  confervation  de  cette  place ,  à  caufe  que  les  Zy- 
rianes  qui  l'habitent  ,  font  gens  à  qui  on  ne  peut  fe  fier 
entièrement  :  d'ailleurs  elle  eft  fouvent  attaquée  par  des 
voleurs  ,  qui  ont  la  témérité  de  tout  entreprendre.  Ce 
peuple  a  fa  langue  propre ,  toute  différente  de  celle  des 
Rufîîens,  quoique  les  uns  &t  les  autres  profeffent  la  même 
religion. 

KAIMACHITES  ,  (les)  peuple  d'Afie  ,  dans  la 
grande  Tartarie,  fort  étendus  le  long  de  Ghamma,  au 
Septentrion  des  pays  de  Thibet  &C  de  Tangut  ,  félon 
Baudrand,  éd.  1705,  qui  ajoute:  on  n'en  parle  point 
dans  tous  les  Itinéraires  récens  ,  &  dans  les  relations 
les  plus  exaftes  que  l'on  puiffe  recouvrer  de  ces  pays  ; 
c'eft  infinuer  que  ce  peuple  n'a  pas  beaucoup  de  réalité, 
ou  du  moins  qu'il  ne  fubfifte  plus  en  ce  lieu-là  ,  ni  fous 
ce  nom. 

Edrifi  ,  géographe  de  Nubie ,  fait  un  royaume  du  pays 
des  Kaïmachites ,  &c  dit  qu'il  y  a  feize  villes.  On  ne  fait 
guère  aujourd'hui  où  placer  le  royaume  &i  les  villes. 

KAIRAVAN.  Voyez  CaïRavan. 
.  KAIRIOVACOU ,  petite  ifte  de  l'Amérique ,  &  la 
plus  belle  des  Grenadines  ,  c'eft-à-dire  de  ces  petites 
ïfles  qui  font  au  nord  de  la  Grenade  ,  l'une  des  An- 
tilles de  l'Ame;rique.  Elle  a  environ  huit  ou  neuf  lieues 
de  circuit,  tk  une  très-belle  baie  en  demi-rond  du  côté 
du  nord.  Au  feptentrion  de  cette  baie ,  il  y  a  un  gros 
rocher  qui  couvre  un  des  plus  beaux  havres ,  qu'on  puiffe 
trouver  dans  toutes  les  ifles.  Le  P.  du  Tertre  qui  s'eft  ar- 
rêté long-tems  à  celle-ci  ,  &.  qui  a  examiné  attentive- 
ment tout  ce  qu'elle  a  de  particulier  ,  dit  qu'allez  pro- 
che de  fon  havre,  il  y  a  un  étang  d'eau  faumcxhe,  c'eft- 
à-dire,  à  moitié  (alée,  qui  doit  être  de  quelque  fontaine 
d'eau  douce ,  qui  fe  vient  perdre  dans  l'eau  falée ,  qui  eft 
au  bord  de  la  mer.  La  couleur  de  cette  eau  eft  rouge 
comme  du  fang  ;  les  crabes  qui  en  fortent  font  colorés  : 
le  fond  ne  laiffe  pas  d'être  de  fable  blanc  ,  mais  couvert 
de  limon  rouge;  ce  qui  donne  lieu  de  croire  que  cette 
eau  pafte  au  travers  d'une  mine  d'ochre.  Le  fel  de  cette 
îfle  eft  noir,  &  elle  a  toutes  les  apparences  d'une  terre 
très-fertile:  on  y  voit  dugibier  de  toutes  fortes ,  &  en 
abondance,  fur-tout  un  efpece  de  phaifans,  qui  y  font  des 
cris  confus,  plus  forts  &  plus  importuns  que  ceux  de  plu- 
fieurs  poules  qui  viennent  de  pondre. 

1.  KAIROAN,  ou  Kaïravan  ,  ou  Grenne,  ville 
d'Afrique.  Elle  répond  à  l'ancienne  Cyrène  de  la  Penta- 
pole.  Voyez  Caïravan  &  Cyrene. 

2.  KAIROAN,  Kaïraoan,  ou  Caïroan,  Caï- 
KAOAN,  &  par  corruption  Carvan,  ville  d'Afrique,  dans 
un  gouvernement  de  même  nom,  au  royaume  de  Tunis, 
&  par  conséquent  bien  loin  de  la  première  ,  5c  beau- 
coup plus  au  couchant  ,  y  ayant  un  grand  golfe  entre 
deux.  Cette  dernière  a  été  autrefois  la  capitale  d'un  petit 
royaume.  Marmol  en  parle  ainfi,  /.  6,  c.  34  :  c'eft  une 
grande  ville ,  nommée  proprement  en  Arabe  Caïra- 
VEN.  Elle  doit  fa  naiflance  à  Occuba,  général  de  l'ar- 
mée d'Odman,  fucceffeur  de  Mahomet,  &  troifiéme  Ca- 
life, environ  l'an  651.  Elle  eft  dans  une  plaine,  &  les 
hiftoriens  Arabes  affurent  que  c'eft  la  plus  belle  ville  & 
la  meilleure  qui  fe  foit  bâtie  en  toute  l'Afrique.  Elle  ne 
fut  fondée  que  pour  fervir  de  retraite  à  leur  armée,  & 
renfermer  les  richeffes  &  les  tréfors  qu'ils  rerriportoient 
de  toute  la  Barbarie,  &c  de  toute  la  Numidie  ,  après  le 
fac  de  Carthage.  Tout  le  pays  d'alentour  n'eft  qu'un  dé- 
fert  fi  fablonneux,  qu'il  n'y  croît  ni  bled  ni  fruit;  &C  on 
les  y  apporte  par  charroi  des  villes  de  la  côte ,  dont  la 
plus  éloignée  n'eft  qu'à  quatorze  lieues.  Il  y  a  une  mon- 
tagne à  quatre  lieues  de  la  place ,  qui  étoit  fort  habitée 
du  tems  des  Romains;  &  l'on  y  voit  encore,  en  divers 
endroits  des  ruines  de  fuperbes  bâtimens  :  maintenant  ce 
font  des  forêts  de  Carrobiers,  &  des  fontaines  par-tout  : 
au  lieu  que  clans  la  place  que  nous  décrivons,  on  n'y 
rencontre  ni  fource ,  ni  puits ,  ni  rivière ,  mais  feulement 
de  grandes  citernes,  où  l'on  recueille  l'eau  de  la  pluie. 
Au  refte ,  il  y  en  a  de  fi  grandes  hors  de  la  ville ,  qu'elles 
fervent  pour  abbreuver  le  gros  &t  le  menu  bétail  ;  ik  l'on 
y  aborde  de  tous  côtés  en  fi  grande  foule .  que  fouvent 


^3  3 

il  n  y  a  pas  d'eau  jusqu'au  mois  de  Juillet  ;  car  les  Ara- 
bes de  Numidie  viennent  en  été  paître  leurs  troupeaux 
aux  campagnes  d'alentour  ;  ce  qui  redouble  la  dilefte  de 
bled  &  d'eau  ;  mais  ils  apportent  tant  de  chair  Se  de 
dattes  de  foixante  ou  foixante  &  dix  lieues  loin  ,  que  cela 
fupplée  à  rout.  On  accouroit  autrefois  en  cette  unïver- 
fitéde  tous  les  côtés  de  l'Afrique,  comme  les  François 
font  à  Paris,  &  les  Espagnols  à  Salamanque  ;  &  leurs  an- 
ciens écrivains ,  &  leurs  vieux  dofteurs  ,  fe  vantent  d'a- 
voir étudié-là.  Mais  elle  a  été  tourmentée  &  ruinée  par 
les  Arabes ,  ce  qui  joint  au  défaut  de  vivres ,  qui  s'y  ren- 
contre dans  les  mauvaifes  années,  l'a  empêchée  long-tems 
de  fe  rétablir.  Ceux  qui  y  demeurent  à  préferît,  font  dé 
pauvres  gens  ,  qui  apprêtent  fort  délicatement  les  peaux 
d'agneaux,  dont  les  feigneurs,  &  les  principaux  d'entre 
les  Arabes  portent  des  camifoles.  Sous  le  règne  du  père  de 
Muley-Halcen ,  elle  étoit  fi  chargée  d'impôts ,  quequand 
Barberoufle  fe  rendit  maître  de  Tunis ,  elle  reçut  volon- 
tairement une  garnifon  de  Turcs.  Depuis ,  quand  l'em- 
pereur chaffa  Barberoufle  de  Tunis ,  elle  élut  pour  roi  le 
principal  Alfaqui  de  la  grande  mofquée ,  pour  ne  point 
retomber  fous  la  puifîance  de  ces  princes.  Celui-ci ,  à  la 
faveur  du  peuple  ,  &  de  quelques  Arabes  ,  fe  faifît  de 
pluneurs  lieux  de  la  contrée  ,  &  prit  le  titre  de  roi  de 
Carvan.  Il  régnoit  encore ,  lorsque  l'armée  de  l'empe- 
reur s'empara  de  la  villed'Afrique ,  &  entretenoit  alliance 
avec  le  roi  de  Tunis,  ayant  marié  l'une  de  fes  filles  à 
l'un  de  fes  fils.  Pour  cela  donc  ,  &  pour  chaffer  Dragut 
de  la  ville  d'Afrique  ,  il  fournit  quelques  vivres  aux  Chré- 
tiens ,  &  quelques  troupes  ,  pour  allurer  la  campagne  , 
fans  vouloir  fecourir  Dragut ,  quand  il  vint  pour  faire 
lever  le  fiége  ;  ce  qui  fut  caufe  que  Dragut  conjura  con- 
tre lui  ,  avec  quelques  Alfàquis,  &  quelques  habitans  de 
la  ville  ;  &  y  étant  entré  de  nuit  à  l'improvifte,  il  le  tua 
&  fe  rendit  maître  de  la  place  ,  qui  eft  encore  aujour- 
d'hui au  pouvoir  des  Turcs.  Elle  a  une  autre  ville  qui  y 
eft  attachée ,  ou  plutôt  un  grand  fauxbourg  bâti  par  Sab- 
dela,  dernier  roi  de  la  maifon  d'Agleb,  à  caufe  du  grand 
concours  du  peuple  qui  y  arrivoit  de  toute  part ,  depuis 
fes  conquêtes  d'Italie;  de  forte  que  l'ancienne  ville  n'é- 
toit  pas  fufhTante  pour  les  loger  ;  ce  qui  fait  que  les  Arabes 
nomment  cette  place  les  deux  villes.  Voilà  toutes  les 
places  de  la  province  ,  qui  font  au-dedans  du  pays. 

KAIS,  ifle  de  l'Arabie  heureufe,  éloignée  du  rivage 
de  la  mer  de  quatre  lieues  :  il  y  a  une  pêcherie  de  per- 
les. *  Mff.  de  la  Biblioth.  du  roi. 

KAISERBERG  ,   orthographe  vicieufe  pour  Kay- 

SERSBERG, 

KAISERSHEIM ,  Cœfarea  ,  abbaye  'd'hommes  ,  or- 
dre de  Cîteaux  ,  dans  la  Bavière ,  au  duché  de  Neu- 
bourg,  dans  le  diocèfe  d'Augsbourg,  fondée,  l'an  1132 
à  une  lieue  au  nord  de  Donavert,  L'abbé  a  féance  au 
banc  des  prélats  du  Rhin. 

KAJUTSIU,  ou  Caoyeu,  ville  de  la  Chine,  dans- 
la  province  de  Kiangnan,  au  département  de  Yangcheu, 
feptiéme  métropole  de  cette  province ,  à  l'entréedu  lac 
de  Piexe.  Elle  eft  de  z  d.  il'  plus  Orientale  que  Pé- 
kin,  à  33  d.  33' ,  de  latitude.  Elle  eft  fituée  à  côté  du 
canal  royal  ,  fort  peuplée ,  &  a  des  fauxbourgs  embel- 
lis de  très-magnifiques  bâtimens.  Son  territoire  a  desha- 
tans  &  des  édifices,  du  côté  de  l'orient,  en  fi  grand  nom- 
bre, qu'on  le  prendroitpour  une  grande  ville  :  vers  l'oc- 
cident, on  ne  voit  presque  que  des  eaux,  des  rofeaux,  Se 
des  joncs,  que  l'on  donne  à  ferme  au  profit  du  public» 
On  s'en  fert  au  lieu  de  bois  &  de  tourbes ,  &  il  eft  rare 
que  l'on  voie  des  arbres  dans  ce  quartier.  C'étoit  au 
pied  des  murailles  de  Kajutfiu ,  que  tous  les  vaifleaux 
qui  vendent  de  Nanking,  par  la  grande  rivière  de  Nan- 
king  ,  étoient  autrefois  contraints  d'arrêter  durant  les 
tempêtes  ;  mais  ces  retardemens  nuifant  au  commerce,  il 
fut  jugé  à  propos,  pour  éviter  les  périls  du  lac,  de  per- 
cer à  l'on  côté  oriental ,  un  canal,  long  de  quatre  lieues , 
qui  fut  garni  de  pierres  de  taille  blanches ,  carrées  &  très- 
grofles.  *  Atlas  Sinenfis.  Ambaffade  des  Hollandois  à  la 
Chine ,  c.  37. 

KAKEGAVA,  ou  Kakinga,  ville  du  Japon  ,  fur 
la  route  de  Fammamatz  à  Iédo,  à  deux  lieues  de  Fu- 
kuroy.  Ksempfer ,  Hift.  du  Japon ,  /.  5  ,  c.  1 1  ,  p.  i\  z , 
en  parle  ainfi  :  cette  ville  a  des  portes  &  des  corps 
de  garde  avec  un  fauxbourg  à  chaque  bout.  Le  château 
eft  au  côté  feptentrional ,  fk  confifte  en  un  grand  bâti- 
Tomtlll,    LUI 


634 


KAL 


KAL 


ment  quarré  ,  entouré  d'une  muraille  toute  unie  fans 
corps-de-garde ,  ni  aucune  autre  défenfe.  Au  milieu  du 
château ,  eft  une  magnifique  tour  blanche ,  haute  de  plu- 
sieurs étages  avec  les  ornemens  ordinaires.  L'an  1691, 
une  partie  des  maiibns  fut  réduite  en  cendres ,  par  un 
accident.  Cette  ville  eft  affez  proche  de  la  mer ,  ck 
dans  la  province  de  Tootomi ,  au  fud-oueft  de  celle  de 
Surunga. 

KAKHRA,  château  d'Ane  ,  au  pays  de  Roum  ,  fut 
la  frontière  de  Syrie.  *  Hift.  de  Thimur-Bec,  t.  3. 
KAKINGA,  Voyez  Kakegava. 
KAKOUCHAS  ,  (les)  peuples  de  l'Amérique ,  dans 
la  Nouvelle  France.  Ils  ont  leur  habitation  vers  la  côte 
feptentrionale  du  grand  fleuve  de  S.  Laurent ,  à  l'en- 
droit où  ce  fleuve  groffit  des  eaux  du  Saguenay.  *Baudr. 
édition  1705. 

Ce  peuple  ne  fe  trouve  plus  fur  les  cartes  modernes. 
Il  étoit  aux  environs  de  TadouiTac  ,  au-deffous  de  Ké- 
bec,  dans  le  Saguenay. 
KALA.  Voyez  Cala  ck  Chellés. 
KALAAR,  ville  d'Ane,  dans  la  Perfe.  Tavernier, 
Voyage  de  Perfe ,  t.  3  ,  c.  dern.  lui  donne  76  d.  zf  de 
longitude,  ck  37  d.  2.5'  de  latitude.  C'eftune  des  plus 
coniidérables  du  pays  de  Ghilan ,  fck  on  y  fait  une  grande 
quantité  de  foie. 

KALA  ,  KuLUSTAHAN ,  montagne  de  Perfe ,  a  de- 
mi-lieue de  la  ville  de  Baku.  On  voit  au  pied  de  cette 
montagne  les  reftes  de  la  muraille ,  ck  des  tours  d'une 
ancienne  fonereffe.  Il  y  en  a  de  rondes,  encore  affez 
entières ,  ck  quelques  fondemens  féparés  de  la  muraille, 
fur  le  penchant  de  la  montagne  à  droite  ,  entre  de  gros- 
fes  pierres  qui  paroiffent  au-deffus  de  la  terre ,  en  def- 
cendant.  Il  y  en  avoit  de  femblables  à  gauche,  vers  le  haut, 
proche  de  la  tour ,  ck  une  plus  groffe  que  toutes  les  au- 
tres fur  le  fommet  de  la  montagne.  Cette  montagne  eft 
efcarpée.  Au  fommet ,  eft  une  voûte  fouterreine ,  où  l'on 
defcend  fept  à  huit  pas  au  fud  ,  par  une  grande  arcade 
de  groffes  pierres  polies  ck  bien  jointes  ;  mais  elle  eft 
enfoncée  ck  remplie  de  décombres.  Il  y  a  une  autre  ar- 
cade entière,  vis-à-vis  de  celles-ci,  au  nord-eft,  dont  l'ou- 
verture fait  horreur,  en  jettant  la  vue  en  bas  ,  à  caufe 
de  fa  profondeur ,  entre  les  montagnes  qui  l'environnent  ; 
auffi  n'y  a-t-il  point  de  murailles  de  ce  côté-là ,  dont 
on  n'a  pu  approcher.  Ces  deux  arcades  ,  qui  fervent 
d'entrée  à  cette  voûte  ,  font  à  quarante  -  quatre  pas  de 
diftance  l'une  de  l'autre.  Lorsqu'on  eft  descendu  dans 
cette  voûte ,  on  trouve  à  droite  un  paffage  affez  court 
ck  affez  étroit ,  avec  une  espèce  de  fenêtre ,  qui  donne 
contre  le  rocher  de  la  montagne.  On  paffe  à  gauche  de 
l'autre  côté  qui  eft  à  l'oueft  ,  par-deffus  une  arcade  en 
forme  de  porte ,  mais  fi  baffe  qu'on  eft  obligé  de  fe  cour- 
ber pour  entrer  dans  un  petit  appartement  ,  duquel  on 
paffe  dans  un  autre  femblable  par  une  petite  allée  ,  ck 
de-làdans  un  troifiéme,  lesquels  font  très-bien  voûtés. 
La  muraille  fur  laquelle  ces  voûtes  font  pofées  ,  a  cinq 
pieds  d'épaiffeur  à  l'entrée  ,  ck  huit  en  avançant;  ck  ces 
appartemens  où  ces  voûtes  font  féparées  les  unes  des  au- 
tres ,  par  de  petits  paffages.  L'auteur,  cité  à  la  fin  de  cet 
article  n'ofa  y  entrer  à  caufe  de  l'obscurité ,  outre  que 
le  chemin  de  la  dernière  voûte  étoit  rempli  de  pierres 
ck  de  décombres  ;  &  il  conclut  néanmoins ,  qu'il  falloit 
que  la  plus  grande  partie  de  ces  voûtes  traversaffent  la 
montagne  à  l'oueft  ck  au  nord-oueft ,  où  eft  fa  longueur. 
J'observai  auffi ,  dit-il,  que  les  pierres  des  voûtes  des  paf- 
fages, qui  font  plates ,  étoient  de  la  largeur  de  ces  paf- 
fages ,  pofées  par  les  deux  bouts  fur  les  murailles ,  ck  que 
toutes  les  pierres  y  étoient  bien  jointes  ,  ck  bien  cimen- 
tées ,  quoiqu'elles  ne  le  foient  pas  fi  proprement  que 
celles  de  bâtimens  des  anciens,  ck  fur- tout  des  Romains 
qui  ont  excellé  en  cela.  *Le  Brun ,  Voyages  de  Mos- 
covie,  de  Perfe,  ckc.  c.  31,/'.  154. 

Au  fortir  de  ces  voûtes  fouterreines ,  l'auteur  mefura 
la  largeur  de  la  montagne  par  en-haut,  ck  trouva  qu'elle 
avoit  environ  cinquante  pas,  à  l'endroit  le  moins  large , 
ck  quatre-vingt  au  nord-oueft  :  on  trouve,  vers  le  milieu 
de  cette  montagne,  un  grand  puits ,  dont  on  n'ofe  appro- 
cher ,  les  bords  en  étant  dangereux.  Les  tours  dont  eft 
flanquée  la  muraille  du  bâtiment  qu'on  voit  fur  la  mon- 
tagne, font  à  foixante-dix  ou  quatre-vingt  pas  de  diftance 
les  unes  des  autres ,  à  l'endroit  où  elles  font  le  plus  pro- 
ches ;  cette  muraille  descend  beaucoup  plus  bas  autour 


de  la  montagne  à  l'eft ,  où  elle  a  peut-être  bieri  un  de- 
mi-mille de  long.  On  dit  que  c'étoit  une  fortereffe  dé- 
molie par  Tamerlan. 

KALASSUI,  rivière  d'Ane,  dans  la  Tartane,  On  la 
nomme  préfentement  Orthon.  Elle  a  fa  fource  dans  le 
pays  des  Mongales  vers  les  45  d.  40'  de  latitude,  ck  court 
du  fud-fud-eft  au  nord-nord-oueft.  Elle  vient  enfuite  fe 
jetter  dans  la  Selinga  ,  à  50  à.  de  latitude.  C'eft  fur  fes 
bords  que  le  Kam  des  Kalcka-Mongales  fait  ordinaire- 
ment fon  féjour.  C'eft  encore  aux  environs  de  cette  ri- 
vière, que  le  Kutuchta,  ou  grand-prêtre  des  Mongales  de 
l'oueft ,  fe  tient  à  préfent.  Il  étoit  autrefois  accoutumé 
de  camper  vers  Nerzinskoi  ,  ck  au  bord  de  la  rivière 
d'Amù  ;  mais  depuis  que  les  Ruffes  fe  font  établis  en 
ces  quartiers  ,  il  ne  paffe  plus  en  deçà  de  Selingiskoi. 
C'eft  aux  environs  de  la  rivière  d'Orthon ,  ck  même  vers 
la  Selinga,  du  côté  de  Selingiskoi  qu'on  trouve  abon- 
dament  la  rhubarbe  ;  ck  tout  ce  que  la  Ruffie  en  fournit 
aux  pays  étrangers ,  vient  des  environs  de  cette  ville. 
Comme  cette  racine  eft  fort  eftimée  en  Europe  ,  le  tré- 
for  de  la  Sibérie  n'a  pas  manqué  de  s'emparer  de  ce 
commerce ,  qui  pourrait  être  fort  avantageux  à  la  Ruffie, 
s'il  étoit  fidèlement  adminiftré  ;  car ,  dit  l'auteur  cité  , 
je  ne  fâche  pas  qu'il  en  vienne  préfentement  d'ailleurs 
que  de  la  Ruffie.  S'il  en  eft  autrefois  venu  de  la  Chine  , 
c'étoit  de  la  rhubarbe  qui  y  avoit  été  portée  du  pays  des 
Mongales  ;  d'autant  que  les  caravanes  de  la  Sibérie  ont 
fait,  dans  les  tems  paflés,  quelque  négoce  de  cette  racine 
à  Pékin.  Mais  à  préfent  que  les  Européens  la  tirent  di- 
rectement de  Ruffie  ,  on  ne  trouve  plus  à  la  débiter 
à  la  Chine.  La  rhubarbe  croît  en  fi  grande  abondance 
dans  le  territoire  de  Selingiskoi,  que  le  tréfor  de  Sibérie  en 
vend  jusqu'à  15000  livres  à  la  fois.  *Hift.desTatars,  p.  181» 

A  l'égard  de  la  rhubarbe ,  voyez  l'article  Rha. 

KALCHREIN ,  Cdla  B.  M.  adClivuma  Calcarium; 
abbaye  des  filles  de  l'ordre  des  Bernardines ,  dans  le  bas 
Thourgaw,  en  Suiffe  ,  entre  Steineck  &c  Herderen.  Elle 
fut  fondée  environ  l'an  1214,  par  un  baron  de  Hohen- 
Klingen.  L'an  ifzi,  cette  abbaye  fut  entièrement  con- 
sumée par  le  feu  ,  avec  tous  fes  titres  :  fa  perte  fut  fi 
grande,  qu'elle  demeura  quarante  ans  déferte.  A  la  fin 
on  la  rebâtit  ;  ck  maintenant  il  y  a  vingt  religieufes  avec 
une  abbeffe,  fous  l'inspection  de  Vetteingen.*.Eta£  & 
Délices  delà  Suijfe,   t.  3  ,  p.  171. 

KALCKBERG ,  fortereffe  d'Allemagne.  Voyez  Lu- 

NEBOURG. 

KALEBERG  ,  Mons-  Calvus  ;  on  l'appelle  auffi  le 
Mont  de  Sainte-Croix ,  à  caufe  d'un  monaftere  de  ce 
nom, qui  y  eft  fitué.  Montagne  de  Pologne,  au  Palati- 
nat  de  Sandomir ,  au  couchant  de  la  Viftule.  C'eft  le  mont 
le  plus  haut  de  tout  le  royaume,  ck  il  n'y  a  point  d'ar- 
bres, d'où  lui  vient  fon  nom  de  Kaleberg.  Le  monas- 
tère de  Sainte-Croix  eft  une  abbaye  de  Bénédictins,  oit 
l'on  garde  une  portion  de  la  vraie  Croix,  qui  l'a  rendu 
fameux  par  plufieurs  miracles.  *Andr.  Cellar.  Descript. 
Polon.  p.  191. 

KALENBERG.  Voyez  Calenberg. 

KALENHAUSEN,  ou  Calbenhenhausen  ,  ou 
Kalenhusen.  Voyez  Calone.  i. 

KALEWAKO,  rivière  des  Indes,  dans  le  royaume" 
de  Vifapour.  Elle  prend  fa  fource  dans  la  province  de 
Balaguate.  Elle  prend  d'abord  fon  cours  du  nord  au  fud, 
puis  vers  le  couchant,  ck  fe  rend  dans  la  mer  à  Dabul* 
qu'elle  arrofe.  *  Voyages  de  Mandeflo.  Robert  de  Vau- 
ogndy,  Atlas. 

KALIN ,  ville  de  Perfe.  Selon  Tavernier  ,  Voyage  de. 
Perfe,  1.  3,  c.  dern,  elle  étoit  à  87  d.  5'  de  longitude, 
ck  à  31)  d.  15'  de  latitude.  Son  territoire  eft  fertile  en 
bled  :  il  y  croît  de  très-beaux  fruits  ,  ck  on  y  nourrit  aufli 
beaucoup  de  bétail. 

KALINBOURG ,  ville  de  Danemarck ,  dans  l'ifle  de 
Séhnde.Hermamdès,(DaMœDefcript.p.6<)4,)  l'appelle 
Kalundborg,  ouCallunlurg ;  en  latin  Calumburgum,  Cette 
place  eft  fituée  au  fond  d'un  golfe ,  dont  l'ouverture  eft 
à  l'entrée  feptentrionale  du  grand  Belt.  Il  y  avoit  autre- 
fois une  citadelle.  Ce  lieu  s'appelloit  autrefois  Hervig; 
ck  des  pêcheurs  y  avoient  leurs  cabanes  ,  lorsque  Esber 
Snare  ,  frère  d'Abfalon,  evêque  de  Rofchil,  en  fit  une 
ville,  l'an  1158  ,  ou  1171  ck  y  ajouta  une  citadelle  , 
une  églife  ,  ck  divers  édifices.  Le  golfe  y  forme  un  ha- 
vre naturel ,  où  les  vaiffeaux  font,  en  fureté.  Saxon  le 


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Grammairien  la  nomme  Kallunda,  ck  Meurnus  Kallim- 
(Itburgum  ;  (De  l'Ifle  dit  Kallundborg.~)  Ce  flît-là  que  ter- 
minales jours  Chriftienne  II,  l'an  1559-  Ceft.  le  chef  d'un 
bailliage  confidérable,  &  quelques-uns  en  font  un  comté. 
KALIS,  petite  ville  de  l'Allemagne ,  dans  la  nouvelle 
Marche  de  Brandebourg  ,  fur  un  petit  lac  formé  par  la 
rivière  deTrage,  peu  loin  de  Furftenau,  ck  des  frontières  de 
Pologne,  à  trois  milles  d'Arnswalde,  Se  vis-à-vis  deFride- 
land,  ville  de  la  Pomerelle.  *Ztyler,  Brand.  Topogr.^.  36. 

1.  KALISCH,  province  de  la  baffe  Pologne  ,  avec 
titre  de  Palatinat.  Baudrand  ,  édit.  1705  ,  écrit ,  Kaliss, 
Sr.De  l'Ifle  Kalïsh.  Elle  eft  fur  la  rivière  de  Warte,  en- 
tre le  Palatinat  de  Pofnanie  ,  au  couchant  ;  de  Siradie 
au  midi  ;  de  Sendomir  au  fud-eft  ;  de  Lencicza  ck  de 
Cujavie ,  à  l'orient  ck  au  nord-eft.  Sa  principale  ville  eft 
Gnesne.  Les  autres  lieux  remarquables  l'ont  Kalifch,  dont 
elle  porte  le  nom ,  Freybach  ck  Nackel. 

2.  KALISCH,  ville  de  la  grande  Pologne,  dans  la 
province  de  même  nom,  entre  des  marais ,  &  fur  leruis- 
feau  de  Profna,  qui  le  rend  un  peu  après  dans  laVarte. 
Elle  fut  prife  ck  maltraitée  par  les  Suédois ,  durant  les 
guerres  du  fiécle  paffé.  Il  y  a  un  magnifique  collège  de 
Jéfuites,  fondé  parSranillas  Carneowski ,  archevêque  de 
Gnesne.  Elle  eft  à  cinq  milles  d'Allemagne  de  Siradie, 
au  feptentrion  ;  autant  des  frontières  de  Siléfie,  ck  à  douze 
de  Breflau.  *  Bandrand ,  édit.  1705. 

KALKA-LARGAR,  contrée  de  la  Tartarie,  près  de 
la  grande  muraille  de  la  Chine ,  arrofée  par  la  petite  ri- 
vière Aypeyha-Mouren.  Il  eft  habité  par  des  Mogols. 
*  Hifi.  ginér.  des  Huns,  par  M.  de  Guignes  ,  /.  4,  p.  239. 
KALKAS,  branche  des  Mogols ,  qui  ont  été  maîtres  de 
la  Chine ,  en  ont  été  chaffés ,  &  habitent  actuellement 
Ja  Tartarie.  Vers  l'an  1170  ,  les  Chinois  chafferent  entié- 
Tement  les  Mogols  de  la  Chine,  ck  rentrèrent  fous  la 
domination  d'un  prince  de  leur  nation.  Les  Tartares 
retournèrent  en  Tartarie,  où  ils  prirent  le  nom  de  Kal- 
kas, à  caufe  de  la  rivière  de  Kalkipira.  Ces  Kalkas  ha- 
Litent  depuis  la  Jenifen  jusques  vers  le  134e  d.  de  longi- 
tude. On  ne  trouve  point  la  fuite  de  leurs  princes.  Peu 
après  leur  retour  dans  la  Tartarie ,  toutes  les  hordes  fe 
dispersèrent ,  6k  chaque  chef  devint  comme  fouverain 
dans  fa  horde.  Les  Chinois  les  attaquèrent,  Si  les  pour- 
fuivirent  affez  avant  dans  le  nord.  Les  Kalkas,  à  la  fin, 
fe  fournirent  à  trois  princes  ;  (ce  fut  vers  l'an  1688.)  Ces 
chefs  prirent  le  titre  de  Kans.  Un  d'eux  fut  pris  &  tué 
par  les  Eleuthes  ;  le  fécond  fe  fauva  ,  avec  la  plupart 
de  fes  fujers  dans  les  forêts  qui  font  au  nord  du  Toula; 
le  troifiéme  campa  fur  les  bords  de  Kerlon  ,  afin  d'être 
toujours  p'êt  de  fe  fauver  dans  le  pays  des  Mantcheous , 
en  cas  que  les  Eleuthes  le  vmffent  attaquer.  Par  la  fuite , 
ces  deux  princes  fe  fournirent  à  l'empereur  de  la  Chine, 
qui  leur  affigna  des  terres. 

Le  pays  que  lesKaikas  habitent  à  préfent,  eft  borné 
à  l'eft  par  la  Tartarie  orientale  ;  au  fud ,  par  la  grande 
muraille  de  la  Chine  ;  à  l'oueft,  par  le  pays  des  Eleuthes 
ou  Kalmoi.ks.  11  y  a  plus  de  de,  x  cents  lieues  ,  de  l'eft 
à  l'oueft ,  c'eft-à-dire  ,  depuis  le  mont  Altài  jusqu'à  la 
province  deSolon,  ck  du  nord  au  fud  depuis  le  50e  d.  de  la- 
titude, jusqu'à  l'extrémité  méridionale  du  défert  de  Cha- 
mo.  C'eft  dans  cette  partie  que  fe  font  formés  tous  ces 
grands  empires ,  dont  il  eft  parlé  dans  l'Hiftoire  de  la 
Tartarie.  On  y  trouve  les  rivières  de  Kalkapira,  de 
Kerlon  ,  de  Toula  ,  deToui ,  de  Selinga,  d'Altai  ou  de 
Sibà,  de  Dfan  où  Tsan-Mouren,  d'Ergoué  &  autres.  Le 
Kan  des  Kalkas  réfide  fur  la  rivière  d'Orkhon  ,  dans  un 
lieu  nommé  Urga  ou  Hargas ,  à  deux  journées  de  Se- 
linghinskoi ,  vers  le  fud  eft.  Plufieurs  petits  Khans  qui 
habitent  vers  les  fources  de  la  rivière  de  Jénifea  ,  & 
près  des  déferts  de  Goby,  lui  payent  tribut.  Il  s'eft  fou- 
rnis à  1  empereur  de  la  Chine  ,  pour  pouvoir  en  être 
appuyé  contre  les  Kalmouks.  Mais  cette  foumiffion  n'eft 
que  précaire  ;  il  ne  lui  paye  aucun  tribut ,  &  lui  fait  feule- 
ment des  préfens. 

Le  nom  de  Kalkas ,  paroît  être  réfervé  aux  descen- 
dans  des  Mogols  de  la  Chine  ,  qui  fé  retirèrent  vers 
les  rivières  de  Selinga ,  d'Otkhon  ,  de  Toula  &  de  Her- 
bon,  où  ils  fondèrent  un  empire  ,  fous  le  nom  de  Kal- 
kas. Leur  langage  eft  le  Mogol.  Les  carafteres  qui  font 
fur  les  anciens  monumens,  font  les  mêmes  que  ceux 
d'aujourd'hui  :  ils  diffèrent  de  ceux  des  Mantcheous.  Ils 
font  d'une  taille  médiocre,  mais  robufte  ;  ont  la  face 


large  ck  plate ,  le  teint  bafané ,  le  nez  plat  ,  les  yeux 
noirs  ,  les  cheveux  noirs  ck  àuflî  forts  que  le  crin  :  ils 
fe  les  coupent  ordinairement  àffez  près  de  la  tête ,  6k 
n'en  laiffent  croître  qu'une  touffe  au  fommet  de  la  tête. 
Ils  ont  peu  de  barbe.  Ils  font  greffiers ,  mais  d'un  affez 
bon  naturel.  Ils  font  fales  dans  leurs  tentes  ck  leurs  ha- 
bits. Ils  font  fort  habiles  à  dompter  les  chevaux ,  ck  à 
tirer  de  l'arc.  Ils  font  fi  pareffeux  qu'ils  aiment  mieux 
manger  de  l'herbe ,  que  de  cultiver  la  terre.  lis  n'efti- 
ment  les  chofes  qu'autant  qu'elles  font  utiles ,  ck  n'ont 
aucun  égard  à  la  beauté.  Ils  font  d'un  caraâere  extrême- 
ment gai.  Ils  s'occupent  principalement  à  la  chaffe ,  ck 
à  la  pêche.  Leur  habit  ordinaire  eft  compofé  de  peaux 
de  mouton  ,  d'agneau  dont  ils  tournent  la  laine  du  côté 
du  corps;  Leurs  armes  font  la  pique  ,  l'arc  ck  le  fabre. 
Leurs  troupeaux  font  compofés  de  chevaux ,  de  chameaux, 
de  vaches,  ck  ce  moutons.  Leur  religion  eft  celle  de  Fo 
qu'ils  appellent  Tuchekï  :  ils  croient  à  la  transmigation 
des  âmes  ;  rendent  une  obéiffance  aveugle  aux  Lamas  , 
qui  paffent  pour  favans  ,  lorsqu'il  favent  lire  leurs  livres ,' 
qui  font  écrits  en  langue  du  Tibet.  Ces  Lamas  font  fort 
ignorans,  leur  libertinage  eft  exceffif;  ils  ne  s'occupent 
qu'à  courir  les  tentes  ,  où  ils  répètent  certaines  prières , 
pour  lesquelles  ils  fe  font  payer  ,  ou  à  quelques  pratiques. 
de  médecine  ,  dans  lesquelles  ils  fe  prétendent  fort  ha- 
biles. Ils  n'ont  point  de  facrifices,  ni  l'ufage  des  offran- 
des :  le  peuple  fe  met  fouvent  à  genoux  devant  eux,  pour 
recevoir  l'abfolution  ;  ils  prétendent  auffi  avoir  le  pou- 
voir de  faire  tomber  la  grêle  ck  la  pluie.  On  croit  que 
ces  Lamas  n'ont  paffé  en  Tartarie  que  fous  le  règne  de 
Kublai-Khan  ;  mais  il  eft  certain  qu'il  y  en  avoit  au- 
paravant. Quelques-uns  penfent  qu'ils  font  desreftes  des 
Chrétiens,  qui  étoient  en  Tartarie,  fous  le  règne  du  même 
prince  ;  ck  ils  fe  fondent  fur  ce  que  les  Lamas  emploient 
l'eau  bénite,  chantent  dans  le  fervice  divin  ,  prient  pour 
les  morts  ,  portent  la  mitre  comme  nos  evêques ,  ck  ont 
d'autres  cérémonies  &  coutumes  qui  reffemblent  à  celles 
des  Chrétiens.  Cette  conjecture  eft  du  P.Gerbillon.  Ces  La« 
mas  ont  à  leur  tête  unKoutouktou  ouFo  vivant,  qui  réfide 
à  Koukou-Hotun,  ck  qui  eft  envoyé  par  le  grand  Lama  i 
mais  celui  des  Kalkas  n'eft  point  fournis  au  grand  Lama  ;  iï 
s'eft  fouftrait  peu-à-peu  de  (on  autorité.  On  le  regarde  com- 
me un  dieu ,  ck  il  a  fous  lui  plufieurs  autres  Koutouktous. 
Le  peuple  eft  perfuadé  qu'il  vieillit  à  mefure  que  la  lune 
décline  ,  ck  que  fa  jeuneffe  recommence  avec  la  nou- 
velle lune.  Dans  les  grands  jours  de  fête  ,  il  paroît  au 
fon  des  inftrumens,  fous  un  magnifique  dais  de  velours 
de  la_ Chine,  ouvert  par-devant.  Il  eft  affis  fur  un  grand 
couffin  de  velours  ,  les  jambes  croifées,  avec  une  figure 
de  Fo  à  chaque  côté.  Les  autres  Lamas  de  diftinftion 
font  au-deffous  de  lui  fur  des  couffins  moins  élevés  , 
lifent  fans  articuler.  Après  que  le  peuple  s'eft  profterné 
devant  cette  affemblée  ,  les  Lamas  apportent  des  encen- 
foirs  avec  des  herbes  odoriférantes  ;  on  encenfe  d'a- 
bord Fo ,  ensuite  le  Koutouktou  ck  le  peuple.  On  ap- 
porte, après  cela,  plufieurs  vafes  de  porcelaine  ,  remplis 
de  liqueurs,  ck  de  confitures.  On  en  place  fept  devant 
chaque  image  de  la  divinité,  autant  devant  le  Koutouk- 
tou ,  qui  en  goûte  un  peu,  ck  fait  diftribuer  le  refle  aux 
chefs  des  hordes.  Ce  Koutouktou  n'a  pas  de  demeure 
fixe  ;  comme  ie  Dalai-Lama  ou  Grand-Lama.  Pendant 
l'été ,  il  campoit  quelquefois  aux  environs  de  Nerchins- 
koi  ;  mais  depuis  que  les  Ruffes  fe  font  emparés  de  ce' 
canton  ,  il  ne  paffe  plus  au-delà  de  Selinghinskoi.  On  le 
voit  ordinairement  fur  les  rivières  d'Orkhon  ,  deSelinga, 
ck  d'Urga,  où  il  eft  toujours  environné  d'un  grand  nom- 
bre de  Lamas ,  ck  de  Mogols  armés.  Le  peuple  fe  pré- 
fente  fur  fa  route,  pour  recevoir  fa  bénédiftion. 

Tel  eft  l'état  aftuel  de  ces  anciens  maîtres  de  la  Chine 
ck  de  toute  l'Afie.  Ces  peuples,  après  avoir  eu  parmi  eux 
les  plus  grands  hommes  dans  les  feiences ,  dans  le  gou- 
vernement ck  dans  la  guerre  ;  après  avoir  adopté  les 
loix  d'un  peuple  anffi  policé  que  la  Chine  ,  ont  tout  laiffé 
en  paffant  la  grande  muraille  ;  ck  ils  font  rentrés  dans  là 
Tartarie,  auffi  greffiers  qu'ils  en  étoient  fortis.  Ils  ont  enfin 
repris  leurs  tentes  ck  leurs  troupeaux;  c'eft  ce  qui  eft  ar- 
rivé à  toutes  les  nations  Tartares  ,  qui  ont  conquis  la 
Chine,  ck  en  ont  été  chaffées.  * H'ifl.  générale  desHuns% 
par  M.  de  Guignes  ,  /.  4,  p.  234  &fuiv. 

KALKULÀN  ,  grand  lac  de  la  Tartarie  Moscovite, 
d'où  fort  finis. 

TomtUI,    LUI  ij 


6},6 


KAM 


KAM 


KALLUNDA,  ou 
KALLUNDBORG,  ou 

KALLUNDEBURGUM.  Voyez  Kalînbourg. 
KALM1NTZ,  ouKalmuntz  ,  village  d'Allemagne, 
'en  Autriche ,  aux  confins  de  la  Moravie  ,  près  des  four- 
ces  de  laTaye  ,  à  dix  lieues  au-deffus  de  Naïm.  On  croit 
que  c'étoit  la  Celemantia  de  Ptolomée. 
KALMUCS.  Voyez  Calmoucks. 
KALNICK,  ville  de  Pologne,  au  Palatinat  de  Bracklav, 
fur  la  rive  occidentale  du  Sup ,  ruiffeau  qui  tombe  dans 
la  rivière  de  Boh.  Elle  eft  à  l'orient ,  8e  à  îix  milles  d'Al- 
lemagne de  Bracklaw  ,  Se  eft  bien  fortifiée.  Elle  eft  di- 
vifée  en  trois  parties  ,  qui  ont  chacune  leurs  murailles  ; 
ce  qui  la  rendoit  autrefois  confidérable.  L'an  1674,  elle 
fe  rendit  au  roi  de  Pologne,  après  avoir  perfifté  dans  la 
rébellion  pendant  vingt-fept  ans.  *Andr.Cellar. Descript. 
Polon.  p.  370. 
KALNE.  Voyez  Calné  Se  Calanna. 
KALO  ,  forterefle  de  la  haute  Hongrie ,  dans  le  comté 
"de  même  nom  ,  félon  Baudrand ,  qui  y  met  un  ruiffeau 
de  mêmenom.  Il  dit  qu'on  la  nomme  auffi  Nagh-Kalo  , 
Se  qu'elle  eft  à  trois  milles  de  Debrecin  ,  Se  à  quatre  de 
de  Tokai.  Il  paroît  avoir  confulté  la  carte  de  Hongrie 
par  De  Vitt.  On  y  voit  un  bras  de  la  Theiffe  qui  s'en  fé- 
pare  entre  Samos  Se  Tokai ,  Se  forme  des  inondations 
où  font  quelques  ifles.  Dans  l'une  eft  K.ALO,  ou  Kallg, 
qui  doit  être  le  Kalo ,  ou  Nogh-Kalo  de  Baudrand  ;  Se 
à  l'orient  de  ce  bras  de  la  Theiffe  ,  eft  une  bourgade 
nommée  Kisch-Kallo.  Dans  cette  carte,  ces  deux 
lieux  font  du  comté  de  Zabolc.  Corneille  parlant  du 
comté  de  Kalo  le  nomme  Bihorienfis  Comitatus  ,  comme 
fi  Kalo  avoit  quelque  chofe  de  commun  avec  le  comté 
de  Bihor,  qui  eft  borné  au  nord  par  les  comtés  de  Krafna 
&  de  Zabolc.  Kalo  eft  marqué  par  De  l'Ifle  ,  dans  le 
comté  de  Zatmar  ,  aux  confins  de  celui  de  Zabolc.  Le 
ruiffeau  de  Kalo  de  Baudrand  ,  8e  le  bras  de  la  Theiffe 
de  De  Vin ,  disparoiffent  dans  la  Hongrie  de  De  l'Ifle , 
publiée  en  1717. 

KALOS-LIMEN.  Voyez  Calos. 
KALTERBORNE  ,   abbaye  d'hommes  ,  ordre  de 
S.  Benoît  ,  en  Allemagne,  dans  la  baffe  Saxe,  au  dio- 
cèfe  d'Hildesbeim. 

KALT-VÉHÉBRUNNEN,  fontaine  de  Suiffe  ,  à 
une  lieue  Se  demie  deLucerne,  au-deffus  de  la  vallée  d'Ei- 
genthal,  en  montant  au  Mont-Pilate.  On  lui  attribue  la 
vertu  de  guérir  la  fièvre  tierce.  On  n'a,  pour  cela,  qu'à  en 
boire  tant  qu'on  en  peut  avaler.  *Etat  &  Délices  de  la 
Suiffe,  t.  2,  p.  394. 
KALVE.  Voyez  Calb. 
KALVORDE.  Voyez  Calvorde. 
KAM,  en  Suiffe.  Voyez  Cham  3. 
KAMA  ,  (la)  grande  rivière  de  l'empire  Ruflîen. 
Elle  a  fa  fource  au  pays  des  Czérémiffes ,  dans  les  ma- 
rais qui  font  au  midi  des  vaftes  forêts  des  Ziranni  ;  de- 
là, ferpentant  vers  le  nord-eft,le  long  de  cette  forêt,  elle 
baigne  une  lifiere  de  la  province  de  Viatka ,  puis  une 
partie  du  pays  des  Ziranni  ,  à  l'extrémité  orientale  du- 
quel elle  reçoit  le  ruiffeau  de  Chasim  Se  celui  de  Nat- 
CIMPERIS;  unis  dans  un  même  lit,  baigne  la  ville  de 
Kaigorod,  g.  circulant  vers  l'eft  &  le  fud-eft,  elle  coupe 
la  province  de  Permie ,  où  elle  reçoit  la  Vifchora ,  g. 
l'Ufolska,  qui  paffe  à  Solkamskaïa,  g.  l'Oreol,  auprès 
de  la  ville  de  même  nom.,  d.  le  Jaïva,  ruiffeau,  g.  ce- 
lui de  Sloutca,  d.  laSufov/a,  g.  un  autre  ruiffeau  àRib- 
naïa  Sloboda ,  d.  un  autre  à  Sérapoulé ,  d.  la  Viatka  à 
Laifof;  après  quoi,  elle  fe  tourne  vers  le  couchant ,  Se 
va  fe  perdre  dans  le  Volga ,  au  royaume  de  Cafan. 
Adam  Brandt ,  dans  fon  Voyage  de  Moscou  à  la  Chine, 
dit  qu'elle  eft  plus  large  que  le  Vefer,  Se  coule  avec 
beaucoup  de  rapidité.  Olearius  dit  que  fes  eaux  font 
noires;  qu'à  fon  embouchure  on  voit  deux  ifles,  dont  la 
plus  grande  eft  nommée  Zokol;  Se  en  terre  ferme,  eft 
un  beau  village  nommé  Pagantçina.  Corneille  le  Brun, 
dans  fon  Voyage  de  Mofcovie ,  c.  1 5  ,  p.  83  ,  dit  :  la  ri- 
vière de  Kama  tombe  à  gauche  dans  le  Volga,  à  foi- 
rante verftes  de  Cafan.  Elle  eft  fort  large,  Se  vient  du 
nord-eft  avec  un  cours  fi  impétueux ,  qu'il  fert  feul  à  faire 
aller  les  barques  pendant  plufieurs  lieues.  On  dit  que  l'eau 
en,„  br;,,n,e',  ma,s  'e  re  1Vl  Pas  trouvée  ainfi.  Il  eft  vrai 
quelle  eft  fi  douce,  que  celle  du  Volga  en  devient  beau- 
coup meilleure. 


.  KAMAKURA ,  ifle  du  Japon.  Ce  mot  veut  dire  côté, 
Elle  eft  fur  la  côte  méridionale  de  Niphon,  à  une  lieue 
de  la  côte  de  Jédo ,  entre  l'embouchure  de  la  rivière 
de  Bansju  Se  celle  de  Fudfifava.  Vis-à-vis  du  village  de 
Kawanda  ,  on  voit  près  de  la  côte  un  rocher  en  forme 
de  pyramide  ;  à  une  lieue  plus  loin  des  côtes,  direftement 
au  fud-eft,  eft  la  fameufe  ifle  de  Kamakura ,  qui  paroît 
ronde,  petite  ,  d'une  lieue  de  tour  au  plus  ,  pleine  de 
bois  de  haute-futaie ,  Se  plate.  Les  côtes  en  font  extrê- 
mement hautes ,  de  forte  qu'on  les  peut  voir  de  loin  ; 
elles  font  escarpées  Se  pleines  de  rochers ,  Se  il  n'y  a 
aucun  lieu  pour  y  monter  tout  au  tour  de  Fille  :  les  ba- 
teaux qui  y  portent  des  prifonniers ,  ou  des  provifions , 
doivent  être  élevés  ou  descendus  par  des  grues  Se  autres 
machines.  Le  P.  Craffet ,  dans  fon  Hiftoire  de  l'églife 
du  Japon,  t. 1  ,  p.  31,  décrit  ainfi  cette  ifle,  fans  h  nom- 
mer :  les  rois,  (c'eft-à-dire  lès  grands,)  qui  ont  fait 
quelque  faute  confidérable  ,  ne  font  jamais  punis  de  mort; 
mais  font  envoyés  en  exil  dans  une  ifle  qui  a  une  lieue 
de  circuit,  Se  qui  eft  toute  environnée  de  corps- de  gar- 
des. Comme  l'ifle  ne  produit  rien  ,  on  leur  envoie  tous 
les  mois  ce  qui  eft  néceffaire  pour  leur  fubfiftance ,  qui 
fe  réduit  à  un  peu  de  riz  ;  Se  quelques  racines.  Ils 
logent  dans  de  petites  hutes  fort  baffes ,  Se  font  expofés 
à  toutes  les  rigueurs  des faifons,  fans  qu'on  ait  compafiïon 
d'eux.  Ils  font  obligés,  outre  cela ,  de  travailler  à  ramaffer 
de  la  foie  \  Se  à  en  préparer  une  quantité ,  félon  la  tâche  qui 
leur  eft  preferite.  *  Kœmpfer  Hift.  du  Japon,/.  5,  p.  224. 

KAMAN  ,  ville  de  l'indouftan ,  dans  la  presqu'ifle  , 
d'en-deçà  le  Gange ,  au  royaume  de  Carnate  ,  fur  la  route 
deTripi'ti  à  Gandicote, à  dix-huit  lieues  de  la  première, 
&  à  trente-fept  ou  trente-huit  de  la  féconde  ;  à  dix-huit 
de  Chandegri.  *  Robert  de  Vaugondy  j  Atlas. 

KAMARAN.  Voyez  Camarana. 

KAMENTS,  ville  d'Allemagne,  dans  la  baffe  Si- 
léfie,  au  duché  de  Monfteberg ,  près  de  la  rive  Septen- 
trionale de  la  Neiff ,  au  levant  de  la  ville  de  Varte. 
* Zeyler.  Atlas   de  Jaillot, 

1.  KAMIENIECK,  bourgade  de  Pologne ,  dans  la 
Mazovie,  fur  la  rivière  méridionale  du  Boug.  *  Robert 
de  Vaugondy,  Atlas. 

2.  KAMIENIECK,  autre  bourgade  de  Pologne,  en  Li- 
thuanie ,  au  nord  oriental  de  Brzescie.  *Roberl  de  Vau- 
gondy, Atlas. 

KAM1N ,  petite  ville  de  Pologne  i  au  Palatinat  de 
Kalish,  fur  le  bord  feptentrional  de  la  Varte  ,  entre 
Gnesne  Se  Lencicza.  *Rob.  de  Vaugondy,   Atlas. 

KAMINIEK,  forterefle  de  Pologne,  dans  la  Podo* 
lie  ,  fur  une  montagne,  au  pied  de  laquelle  paffe  la  pe- 
tite rivière  de  Smotrzicz,  qui  tombe  dans  le  Nieller, 
aux  confins  de  la  Moldavie.  Quelques-uns  croient  que 
c'eft  la  Clepidava  des  anciens.  Elle  a  un  evêchéfuf- 
fragant  de  Lemberg.  Elle  eft  petite,  mais  très-forte ,  étant 
fur  un  rocher  escarpé.  On  n'y  peut  aller  que  par  un  petit 
chemin  fur  un  rocher  coupé  par  deux  ponts-levis  défen- 
dus par  le  vieux  château  Se  par  le  château  neuf.  Les  Turcs 
la  prirent  en  1672;  Se  comme  il  comptoient  de  la  gar- 
der, ils  y  firent  des  fortifications  d'un  travail  prodigieux; 
mais  ils  la  rendirent  à  la  Pologne  par  la  paix  de  Car- 
lowitz.  Sa  latitude  eft  au  49e  d.  Se  fa  longitude  au  45e. 
Baudrand  Se  Maty  nomment  la  métropole  Lembourg 
au  lieu  de  Lemberg.  Corneille,  qui  n'aime  pas  à  ci- 
ter Baudrand,  cite  Maty  ;  Se  trouvant  dans  d'Audifret  , 
que  cette  métropole  eft  nommée  Leopol,  il  apporte  ces 
deux  fentimens,  fans  avertir  que  Lemberg  Se  Léopol  font 
deux  noms  d'une  même  ville. 

KAMINKE  ,  petite  rivière  de  Moscovie,  qui  fe  jette 
dans  celle  de  Pinse ,  auprès  de  la  ville  de  Pinse. 

KAMINO-KUNI  ;  c'eft  un  des  noms  que  les  Japon- 
nois  donnent  au  Japon ,  8e  il  fignifie  le  pays  ou  ^habi- 
tation des  dieux.  *  Notes  du  P.  Charlevoix. 

KAMISA,villede  la  petite  Arménie,  félon  Strabon,/.J. 

KAMISINKA.  Voyez  Kamuschinka. 

KAMMA-JAMMA,  ville  du  Japon  ,  entre  Mia  & 
Minakutz,  fur  la  route  du  golfe  de  Quano  ou  Kwano 
à  Méaco.  Kœmpfer ,  Hift.  du  Japon ,  t.  2  ,  p.  2^2,  dit  : 
elle  eft  grande  Se  belle,  bâtie  fur  deux  collines  féparées 
par  un  petit  vallon.  Le  château  eft  à  la  droite ,  Se  fes 
murs  Se  fes  foffés  font  contigus  aux  rues  de  la  ville  ;  elles 
font  irrégulieres  à  caufe  de  l'inégalité  du  terrein  :  la  ville  • 
eft  entourée  de  bonnes  murailles ,  avec  des  portes  for- 


KÀM 


feAîvî 


fixées  ,  6k  contient  environ  deux  mille  maifbns,  fans 
compter  celles  des  deux  fauxbourgs.  Elle  eft  nommée 
Cammi-Ammi ,  dans  la  carte  qui  montre  la  route  d'O- 
faca  à  Iédo  ,  pour  la  relation  de  l'ambafTade  des  Hollan- 
dois  au  Japon. 

KAMMER5TOCK,  montagne  de  Suiffe  ,  au  canton 
de  Glaris ,  proche  de  la  vallée  de  Linthal.  Il  y  a  beau- 
coup de  chamois  ,  Singuliers  en  ce  qu'ils  n'ont  aucune 
boule  dans  le  ventre  ,  comme  ont  ordinairement  les  au- 
tres. * Etal  &  DU.  de.  laSuijfc,  t.  2.,  p.  478. 

KAMPS ,  petite  rivière  d'Allemagne.  Elle  a  fa  fourcè 
aux  frontière';  de  la  Bohême,  d'où,  coulant  au  levant 
par  la  haute  Autriche,  elle  le  rend  dans  le  Danube  ,  près 
de  Crembs.  *  Baudrand,  éd;t.  1705. 

KAMSKY,  ou  K.AN,  rivière  de  la  grande  Tartarie, 
en  Sibérie  ;  elle  fe  jette  dans  le  Séniscei  :  il  y  a  fur  l'es 
bords  des  Tartares  payens ,  qui  demeurent  dans  des  hures 
d'écorce  de  bouleau,  6k  vivent  de  poiffon  &  de  ve- 
haifon  ,  qu'ils  mangent  cruds  ou  cuits,  avec  des  racines 
de  lys  jaunes. 

j  KAMTZCÔATKÂ,  grande  presqu'Ifle,  au  nord-eft  de 
l'Afie  ,  entre  un  golfe  de  même  nom  6k  la  mer  du  Ja- 
pon ,  à  l'extrémité  orientale  de  l'empire  Ruffien  6k  de 
notre  continent.  On  a  douté,  jusqu'au  commencement  cie 
ce  fiécle ,  fi  l'Afie  étoit  contiguë  par  le  nord-eft  à  l'A- 
mérique feptentrionale.  On  a  même  cherché  des  rap- 
ports entre  les  ufages  des  Américains  6k  ceux  des  Tar- 
tares ,  pour  en  conclure  une  communication  entre  ces 
peuples.  On  droit  de-là  deux  conféquence  ;  l'une  ,  que 
l'Amérique- avoit  été  peuplée  par  des  Asiatiques ,  qui  y 
avoient  pafîé  fans  le  fecours  de  la  navigation  ;  6k  l'au- 
tre ,  qu'il  n'étoit  point  poffible  à  des  vailieaux  d'aller  par 
la  mer  Glaciale  dans  la  mer  Orientale.  Mais  depuis  la 
découverte  du  pays  de  Kamtchatka,  on  fait,  à  n'en  plus 
douter,  que  l'Amérique  n'eft  point  contiguë  au  nord-eft 
de  l'Afie  ;  car  les  bàtimens  Ruffes  côtoyant  la  terre- 
ferme  pafient  à  préiënt  le  cap  Suotei-Nos  ou  le  promon- 
toire-Saint, 6k  viennent  négocier  avec  les  Kamtzchadales, 
fur  la  côte  de  la  mer  Orientale ,  vers  les  50  d.  de  lati- 
tude ;  mais  il  faut,  pour  cet  effet,  qu'ils  paffent  entre  la 
terre-ferme ,  6k  une  grande  ifle  qui  eft'  au  nord-eft  da 
cap  Suetoi-Nos.  Il  y  a  fi  peu  de  tems  qu'on  a  découvert 
le  pays  de  Kamtzchatka,  &  il  eft  fi  éloigné  des  autres  états 
delà  Rufiie,  qu'on  n'en  a  point  encore  de  connoiffance 
bien  précife  ;  cependant,  voici  à  quoi  fe  réduit  ce  qu'on 
en  a  pu  apprendre  de  certain  après  une  recherche  exafte. 
*  Hijl.  des  Tatars ,  p.  108  6k  fuiv. 

Le  pays  de  Kamtzchatka  ,  qui  eft  fitué  entre  les  150 
&C  \-j^  d.  de  longitude,  eft  une  grande  langue  de  terre, 
qui  s'étend  à-peu-près  du  nord  au  fud ,  depuis  le  cap  Sue- 
toi-Nos, qui  eft  fitué  à  6l  d.  de  latitude,  jusques  vers  le 
nord  du  Japon  ,  &  les  39  d.  de  latitude  ;  enforte  qu'elle 
a  plus  de  300  lieues  d'Allemagne  en  longueur  ;  mais  fa 
largeur  eft  fort  inégale  ;  car  en  quelques  endroits  elle  a 
plus  de  100  lieues  en  largeur;  6k  en  d'autres ,  elle  n'en 
a  pas  plus  de  30  à  50.  Elle  eft  habitée  par  divers  peu- 
ples, dont  ceux  qui  occupent  la  pointe  du  fud ,  font  fort 
différens  des  autres  peuples  de  ce  continent ,  tant  en  leur 
manière  de  vivre,  qu'en  leur  habillement  ;  6k  comme 
ils  reffemblent  d'ailleurs,  en  quelque  manière,  aux Japon- 
nois ,  on  croit  que  ce  font  des  colonies  du  Japon ,  qui 
n'eft  féparé  de  la  pointe  du  fud  de  ce  pays,  que  par  un 
détroit  de  quinze  à  vingt  lieues,  tout  parfemé  de  peti- 
tes ifles.  Les  Kamtzchadales ,  qui  occupent  la  plus  grande 
partie  de  ce  pays  vers  le  milieu,  payent  contribution  aux 
Ruffes  en  pelleteries,  &  fur-tout  en  peaux  de  caftors  d'une 
grandeur  extraordinaire.  Depuis  le  commencement  de 
ce  fiécle-,  les  Rufles  y  ont  établi   des   colonies  qui  ont 
déjà  commencé  à  y  bâtir  plufieurs  bourgs  6k  villages,  6k 
fe  louent  de  la  bonté  du  terroir  de  ce  pays  :  une  chaîne 
de  fort  hautes  montagnes  venant  de  la  mer  Glaciale,  tra- 
•verfe  tout  ce  pays  en  droite  ligne  du  nord  au  fud ;  6k  l'on 
prétend  qu'il  y  a  des  mines  fort  riches,  6k  des  eaux  mi- 
nérales excellentes  dans  la  partie  méridionale.  Les  habi- 
tans  de  la  grande  ifle  qui  eft  à  l'eft  du  cap  Suetoi-Nos, 
payent  contribution  aux  Rufies  en  pelleteries  ;  mais  ceux 
d'une  autre  grande  ifle  qui  eft  à  l'eft  de  ce  pays  ,  vers  les 
5^0  d.  de  latitude,  6k  dont  on  ignore  jusqu'ici  la  vraie 
étendue  à  l'eft,  n'en  payent  point  encore. 

Le  pays  de  Kamtzchatka  eft  féparé  du  refte  de  la  Si- 
bérie, par  un  grand  bras  de  mer  Orientale  ,  qui  s'étend 


637 


directement  du  fud  au  nord  ,  depuis  la  côte  feptentrio- 
nale de  la  Corée  ,  jusques  vers  les  58  d.  de  latitude,  ne 
taillant  de  ce  côté  jusqu'à  la  mer  Glaciale  ,  qu'une  éten- 
due de  pays  d'environ  s;  d.  de  largeur  ,  par  où  le  pays 
de  Kamtzchatka  eft  contigu  à  la  Sibérie.  Précifément 
dans  la  pointe  du  nord-eft  de  l'Afie ,  6k  vers  le  cap  Sue^ 
toi-nos,  habitent  deux  peuples  alliés ,  appelles  les  T^uk- 
î^cki&alesTichalaïki;  6k  au  fud  d'eux,  fur  les  bordsde 
la  mer  Orientale,  un  autre  appelle  les  Olutorski,  qui  font 
les  peuples  les  plus  féroces  de  tout  le  nord  de  l'Afie;  ils 
ne  veulent  abfolument  point  avoir  de  commerce  avec 
les  Rufles ,  dont  ils  tuent  inhumainement  autant  qu'ils 
en  peuvent  attraper  ;  6k  lorsque  quelques-uns  d'eux  tom- 
bent entre  les  mains  des  Rufies  ,  'ils  fe  tuent  eux-mêmes: 
pour  cette  raifon,  les  Rufles  ont  été  obligés  jusqu'ici  de 
iùivre  les  bords  du  golfe  de  Kamtzchatka,  pour  entrer 
en  ce  pays,  afin  d'éviter  la  rencontre  des  partis  de  ces 
peuples  ;  mais  depuis  quelques  années ,  ils  ont  commencé 
d'y  aller  par  eau,  en  pâffant  de  la  rivière  d'Ochota  vers 
les  54  d.  de  latitude,  à  fa  pointe  la  plus  proche  du  pays 
de  Kamtzchatka  ;  ce  qui  leur  épargne  beaucoup  de  che- 
min. Le  feu  empereur  de  la  Ruffie,  envoya,  cinq  ou  fix 
années  avant  fa  mort,  un  officier  de  marine,  du  côté  de 
cette  rivière ,  pour  examiner  s'il  n'y  avoit  pas  aux  en- 
virons de-là  du  bois ,  qui  fut  propre  pour  la  conftruc- 
tion  des  grands  vaifieaux  ;  6k  il  revint  avec  un  rapport  affez 
favorable  ;  mais  divers  incidens  qui  furvinrent  depuis  4 
empêchèrent  ce  grand  monarque  de  pouffer  plus  loin  ce 
deffein. 

Les  Kamtzchadales  font  beaucoup  plus  civilifés 
6k  mieux  faits  que  leurs  voifms  du  nord  ;  auilï  font-ils 
mieux  nourris  6k  mieux  couverts  qu'eux  :  ils  arment  la 
pointe  de  leurs  javelots  6k  de  leurs  flèches  d'un  cryftal 
fort  tranchant,  au  lieu  d'acier  ;  ce  qui  fait  desbleffures 
fort  difficiles  à  guérir.  Les  Curilski,  qui  habitent  la 
pointe  la  plus  méridionale  ,  femblent  être  une  colonie  de 
Japonnois.*  Biji.  des  Tartares  ,p.  ^06. 
,  L'éditeur  Anglois  de  l'Hiftoire  du  Japon,  de  Ksmp- 
fer,  a  raifon  de  dire  ,  dans  fon  discours  préliminaire, 
p.  17:  ce  pays  femble  être  le  même  que  les  Japonnois 
appellent  OkuJeso,  ou Jeso  la  supérieure  ,  (nous 
dirions  en  françois  le  haut  Iéço,~)  dont  ils  ne  favent  pres- 
que rien  ,  excepté  que  c'eft  un  pays.  Il  parle  ensuite  des 
peuples  de  ce  canton  ,  félon  les  Mémoires  fur  lesquels 
nous  venons  de  les  détailler.  Il  vient  aux  KurL'ski  ,  6k 
ajoute  :  ce  qu'il  y  a  de  certain,  c'eft  que,  félon  les  Hiftoires 
Japonnoifes,  ces  peuples  dépendent  de  l'empereur  du  Ja- 
pon ,  fous  l'autorité  duquel  ils  font  gouvernés  par  un 
prince ,  qui  fait  fa  réfidence  à  Matfumai ,  6k  qui ,  comme 
les  autres  princes  du  Japon  ,  vient  tous  les  ans  à  Iédo  ren- 
dre hommage  à  l'empereur. 

Le  détroit  de  Kamptzchatka,  bras  de  mer  , 
au  midi  du  pays  de  même  nom,  qu'il  féparé  de  rifle  de 
Niphon.  Les  nouvelles  découvertes  tracées  dans  la  carte 
l'Empire  Puiffien,  publiée  à  Leyde,  en  dernier  lieu,  nous 
apprennent  que  ce  détroit,  afléz  large  à  fa  partie  occi- 
dentale, eft  refferré  à  l'orient,  &  entre-coupé  d'un  grand 
nombre  d'ifles  habitées  par  des  colonies  de  Japonnois.  Les 
canaux  qui  Séparent  ces  ifles ,  ne  font  point  encore  na- 
vigables aux  vaiffeaux  des  Européens  ;  6k  c'eft  pour  cela 
que  ne  pouvant  en  faire  le  tour ,  ils  ont  douté  fi  Niphon 
étoit  une  ifle  ,  ou  une  presqu'ifle.  Ces  découvertes  lèvent 
le  doute.  L'ifle  de  Matfumai  eft  dans  ce  détroit. 

Le  golfe  de  Kamtzchatka,  grand  golfe  d'Afie,  en- 
tre la  Tartarie  Moscovite  ,  le  pays  de  Kamtzchatka ,  le 
Japon,  la  Corée,  6k  la  Tartarie  Chinoife.  Il  s'étend  du 
fud-fud-eft  au  nord-nord-oueft  ,  depuis  le  35e d.  jusqu'au 
58e  d.  de  latitude.  Ce  golfe  n'eft  connu  que  depuis  peu 
d'années.  Le  fleuve  A  mur  y  tombe  dans  là  partie  méri- 
dionale ;  le  fleuve  Penschinka  tombe  dans  l'enfonce- 
ment feptentrional  ;  quantité  de  petites  rivières  s'y  ren- 
dent ,  tant  à  l'orient  qu'à  l'occident.  Il  y  a  deux  ifles  vers 
le 5 Ie  d.  de  latitude,  la  plus  grande  au  couchant,  6k  la 
moindre  au  levant.  Il  n'y  a  que  deux  paffages  pour  en- 
trer dans  ce  golfe ,  l'un  entre  la  Corée  6k  les  ifles  du 
Japon,  l'autre  entre  ces  mêmes  ifles  6k  le  pays  de  Kamtz- 
chatka ;  de-là  vient  qu'on  a  été  fi  long-tems  enEurope  à 
en  avoir,  connoiffance.  *  Carte  nouvelle  de  tout  l'Empire 
de  la  grande  Ruffie. 

Dans  ce  qui  eft  cité  de  l'Hiftoire  des  Tartares ,  j'ai 
réformé  les  chiffres  des  degrés  de  longitude  6k  de  lati- 


<538  KAM 

tude  fur  la  carte  que  je  crois  plus  exacte  que  les  notes  ,J 
pour  la  vraie  étendue ,  tant  du  pays  que  du  golfe  de  Kamtz- 
chatka. 

Selon  la  carte  des  nouvelles  découvertes  au  nord  de 
•la  mer  du  fud  ,  fournie  fur  les  mémoires  de  de  l'Ifle ,  le 
Kamtzchaïka  s'étend  depuis  le  51e  d.  de  latitude  jus- 
qu'au 6 1 e,  &  depuis  le  171e  d.  de  longitude  jusqu'au  1 80e. 
KAMUSCHINKA  ,  Kamuschinca  ,  Kami- 
SIMCA  ou  Kamishinka  ,  petite  rivière  de  l'empire 
Ruffieft,  au  royaume  d'Aftrakan  ,  entre  le  Don  &  le 
Wolga.  Elle  fe  jette  dans  ce  dernier  fleuve  ,  au  midi 
d'une  montagne  ,  &  vis-à-vis  d'une  ville  nommée 
comme  elle.  De  l'Ifle  fournit  la  montagne.  Cette  ri- 
vière &  cette  ville  font  devenue;  fameufespar  le  deffein 
qu'eut  Pierre  le  Grand  d'y  taire  une  communication  en- 
tre les  deux  fleuves.  Voici  comme  en  parle  le  capitaine 
Perri ,  ingénieur  Anglois ,  qui  y  fut  employé  ,  dans  fon 
Etat  préfent  de  la  grande  Ruffie  ,  p.  2.  Il  s'agiffoit  de 
procurer  une  communication  entre  la  mer  Caspienne 
&  la  mer  Noire;  de  forte  que  des  vaifTeaux,  tant  de 
guerre  que  marchands ,  puffent  pafïer  de  l'une  dans  l'au- 
tre, par  le  moyen  du  Wolga  &  du  Don.  Ces  ^  deux 
grandes  rivières  font  éloignées  l'une  de  l'autre  d'envi- 
ron 140  milles  de  Moscovie  ;  mais  cette  diffance  eft 
fort  diminuée  par  deux  petites  rivières,  dont  l'une  ap- 
pellée  Lavla ,  fe  jette  dans  le  Don  ;  &  l'autre  qu'on 
nomme  Kamuschinka  ,  fe  perd  dans  le  Wolga.  Dans 
ces  deux  dernières  rivières  il  falloit  faire  des  éclufes 
pour  les  rendre  navigables ,  &  ouvrir  un  canal 'à  travers 
les  terres  ,  dans  l'endroit  où  ces  deux  rivières  s'appro- 
chent le  plus  ;  ce  qui  n'eft  qu'un  efpace  d'environ  qua- 
tre milles  de  Ruffie.  Cet  ouvrage  conduit  à  fa  perfec- 
tion ,  feroit  extrêmement  avantageux  au  pays  du  Czar , 
principalement  en  cas  de  guerre  avec  les  Turcs  ,  les 
Tartares  de  la  Crimée  ,  la  Perfe  ,  ou  quelqu'un  des 
pays  voifins  de  la  mer  Caspienne.  Cet  ouvrage  avoit 
été  cpmmencé  par  Breckell ,  Allemand  de  nation  ,  qui 
étoit  colonel  dans  l'armée  du  Czar  ,  &  avoit  la  répu- 
tation d'être  fort  bon  ingénieur  ;  mais  il  avoit  fans  douté 
fort  peu  de  connoiffance  de  ce  dont  il  s'étoit  chargé  ; 
car  il  traça  le  canal  d'une  manière  étrange  à  ne  pouvoir 
pas  fe  juftifier  ;  &  la  première  éclufe  qu'il  fit,  étoit 
comme  en  l'air.,  c'eft-à-dite  qu'il  laiffa  un  espace  vuide 
fous  les  fondemens  par  où  l'eau  prit  fon  cours  dès  qu'on 
eut  fermé  les  portes  de  Féclufe.  Cela  fit  qu'arrivant  à 
Moscow  l'hyver  fuivant ,  il  demanda  un  paffe-port  pour 
un  de  fes  domeftiques  ,  &  fe  fervit  lui-même  de  ce 
paffeport ,  pour  échapper  &  fortir  du  pays.  Il  fe  plaignit 
que  le  prince  Gallitzin  eût  traversé  les  travaux ,  parce 
qu'il  avoit  intérêt  que  ces  ouvrages  ne  fe  fiffent  point. 
Le  capitaine  Perri  donna  un  autre  plan  pour  exécuter 
la  communication.  On  y  travailla  trois  ans  ;  mais  fur 
la  fin  de  1701  ,  après  la  bataille  de  Narva  ,  le  Czar  fit 
discontinuer  l'ouvrage.  Corneille  le  Brun  ,  qui  y  paffa  le 
14  de  Mai  1703  ,  dit  dans  fon  Voyage  de  Moscovie, 
de  Perse  ,  &tc.  p.  87  :  on  trouve  à  gauche  au-deffous 
de  la  ville  la  rivière  de  Kamuschinka  qui  coule  vers 
l'oueft.  On  dit  qu'elle  a  fa  fource  dans  le  canal  d'Iloba 
qui  tombe  dans  le  Don.  (  On  la  trompé.  \JIloba  ou 
ïlava ,  ou  ,  comme  écrit  le  capitaine  Perri ,  Lavla  ,  a  fa 
fource  différente  de  celle  de  cette  rivière.  )  Les  Cofaques 
qui  habitent  les  rivages  du  Don  fe  rendoient  ,  à  ce 
qu'on  prétend  ,  en  bateau  ,  de  cette  rivière  dans  le 
Wolga  ,  6t  commettoient  de  grands  défordres  en  ce 
quartier-là  ,  quoiqu'on  y  envoyât  fouvent  des  gens  de 
guerre  pour  les  réprimer  ;  mais  ce'a  n'étant  pas  fuffifant, 
on  a  fait  bâtir  cette  ville  pour  les  tenir  en  bride.  On  y- 
travailloit  auffi  à  un  fort  ceint  d'une  muraille  de  terre 
de  l'autre  côté  de  la  Kamuschinka.  Mais  cet  ouvrage 
n'avançoit  guères ,  les  travailleurs  n'y  pouvant  fubfifter 
à  caufe  du  mauvais  air.  Sans  cela,  poursuit  le  voyageur, 
le  Czar  y  auroit  frit  creufer  un  canal  pour  aller  dans  la 
mer  Noire.  J'allai  voir  cet  ouvrage  ;  ck  on  médit  qu'on 
avoit  eu  deffein  de  bâtir  la  ville  à. l'endroit  ou  ce  fort 
avoit  été  commencé  ;  mais  qu'on  ne  Favoit  pas  fait  , 
parce  que  Fair  y  étoit  trop  mal-fain.  On  avoit  auffi  ré- 
folu  d'y  faire  une  digue  ,  d'une  montagne  à  l'autre,  pour 
arrêter  le  cours  de  la  Kamuschinka  ,  &  l'empêcher  de 
tomber  dans  le  Wolga  ;  mais  il  fallut  abandonner  cet 
ouvrage  ,  les  portes  des  éclufes  ne  pouvant  réfifter  à  la 
violence  des  eaux  qui  tombent  des  montagnes ,  de  tems 


KAN 


en  terris ,  outre  que  le  terrein  qui  eft  fous  la  fuperficie  de  la 
terre  eft  fi  pierreux ,  &  même  fi  rempli  de  roches  vives  eh 
plufieurs  endroits  ,  qu'on  ne  peut  y  pénétrer  :  tout  cela  , 
dit-il,  a  obligé  l'entrepreneur  à  fe  déiîfter  de  fon  entre- 
prife,  pour  prévenir  le  chagrin  qu'il  en  auroit  pu  recevoir. 

On  vient  de  voir  ce  que  l'entrepreneur  dit  lui-même 
des  motifs  qui  firent  discontinuer  cet  ouvrage.  Ce  qu'il 
dit  des  Cofaques  qui  pafloient  en  bateau  du  Don  dans 
le  Wolga,  n'eft  point  exact.  Struys  dit  beaucoup  mieux, 
que  cette  ville  empêche  que  les  Cofaques  n'entrent  dans 
le  Wolga  auffi  ailément  qu'ils  failoient  auparavant  , 
puisqu'ils  ne  laiffent  pas  d'y  entrer  en  transportant  leurs 
barques  fur  des  machines  à  quatre  roues  ;  après  quoi ,  ils 
trouvent  moyen  de  croifer  autour  des  iflès  qui  font  le 
long  de  ce  fleuve. 

.  KANAS A V A ,  ville  du  Japon  dans  la  grande  ifle  dé 
Niphon  ,  &  capitale  du  royaume  de  Canga ,  &  non  pas 
Caga  ,  comme  le  ditReland.  Voyez  Canga.  *  Bellin, 
Carte  du  Japon. 

KANCHEU  ,  ville  de  la  Chine.  On  prononce  Cant- 
CHEOU  ;  quelques-uns  écrivent  auffi  de  même. 

KANDAL.  Voyez  Kendal. 

KANDEL  ,  rivière  de  Suiffe  au  canton  de  Berne. 
Les  auteurs  varient  un  peu  fur  le  lieu  où  eft  fa  fource. 
Wagner  la  met  dans  la  montagne  d'ENGSTLlNGEN  ; 
&  Stumpf  dit  dans  le  mont  Rav>n  ,  aux  frontières  du 
Vallais.  Scheuchzer  dans  fes  Cartes  de  la  Suiffe ,  ne 
nomme  ni  l'une  ni  l'autre  montagne.  Voici  comment 
il  trace  le  cours  de  la  Kandel.  Elle  a  deux  fources  , 
l'une  au  nord  occidental  du  mont  Geishorn  ,  & 
l'autre  au  midi  oriental  de  cette  même  montagne.  Ces 
deux  fources  fe  réunifient  un  peu  au  ■  deffus  de  Kan- 
DF.LSTEG  ,  village  au-deffous  duquel  la  rivière  reçoit 
un  ruiffeau  ;  puis ,  ferpentant  vers  le  nord ,  elle  fe  tourne 
vers  le  nord-oueft  pour  recevoir  la  rivière  d'ENG- 
STLEN  ,  au  nord  dû  château  de  Frutingen.  Elles  vont  en- 
femble  à  Wimmitz  fitué  à  l'occident  de  Spiez ,  où  la 
Kandel  fe  mêle  avec  la  SlMMEN;  puis  elles  vont  tom- 
ber enfemble  dans  le  lac  de  Thun.  *  Etat  &  Délices 
de  la  Suiffe  ,  t.  2,  p.  228; 

KANGCO  ,  fortereffe  de  la  Chine ,  dans  la  province 
de  Queicheu  :  elle  eft  de  11  d.  50'  plus  occidentale  que 
Pékin  ,  fous  les  25  d.  y'  de  latin  de.  *  Atlas  Sinenfts. 
.  KANHASUM,  tour  de  Perfe ,  au  couchant  d'été  ,  &c 
à  une  lieue  de  Tauris.  Elle  eft  au  milieu  d'un  champ  , 
&  fon  diamètre  eft  d'environ  cinquante  pas.  Cette  tour, 
quoiqu'à  demi-ruinée ,  eft  encore  fort  haute;  &  il  fem- 
ble  qu'elle  ait  été  le  donjon  de  quelque  château.  Il  refte 
encore  à  l'entour  de  hautes  murailles ,  qui ,  pour  n'être 
que  de  gazon ,  ne  laiffent  pas  de  paroître  fort  anciennes. 
On  ne  peut  dire  certainement  par  qui  cet  ouvrage  a  été 
fait ,  mais  plufieurs  lettres  Arabes,  qui  font  fur  la  porte  , 
donnent  lieu  de  croire  que  c'eft  des  Mahométans.  L'an 
165 1 ,  il  y  eut  à  Tauris  &  aux  environs  un  grand  trem- 
blement de  terre  ,  dont  plufieurs  maifons  furent  renver- 
fées  ;  &  cette  tour  fe  fendant  du  haut  en  bas  ,  il  en 
tomba  une  partie  qui  en  remplit  le  dedans.  *  Tavernier, 
voyage  de  Perfe,  /.  1  ,  c.  4,  vers  la  fin. 

KANJOKU  ,  ancien  palais  du  Japon  :  voici  ce  qu'en 
difent  les  Faftes  du  Japon ,  rapportés  par  Kaempfer ,  &  par 
le  père  Charlevoix ,  fous  le  règne  de  Kookin  VIII,  Dairi , 
qui  régnoit  216 ans  avant J.  C.  «Vers ce  tems-là  régnoit 
»  à  la  Chine  SinofiWan  ,  prince  auffi  fameux  par  fes  profu- 
»  fions  &  par  fa  magnificence  ,  que  redouté  de  fes  fujets 
»  pour  fa  cruauté  &  fa  tyrannie.  If  monta  fur  le  trône  de  la 
»  Chine ,  Fan  246  ;  il  envoya  300  jeunes  hommes  avec  au- 
>>  tant  de  jeunes  filles  au  Japon ,  fous  la  conduite  d'un  de  fes 
.«méJecir.s,  qui  le  lui  avoit  confeillé ,  fous  prétexte  de  lui 
»  aller  chercher  des  plantes  qui  ne  fe  trouvoient  que  dans 
»  une  feule  de  ces  ifles ,  &  dont  il  prétendoit  ,  difoit-il , 
»  compofer  un  remède  univerfel  pour  empêcher  l'em- 
»  pereur  de  mourir.  Cette  troupe  étant  arrivée  au  Ja- 
»  pon ,  s'y  établit  ;  le  médecin  fe  fit  roi ,  &  bâtit  un 
»  palais  qui  fut  appelle  Kanjohu,  c'eft-à-dire  grande 
»  mai/on  femblable  aux  deux.  Les  planchers  en  étoiént 
»  couverts  d'or  &  d'argent  ;  &  tout  le  palais  étoit  d'une 
»  grandeur  &c  d'une  magnificence  ,  qui  ontpaffé  enpro- 
»  verbe.  *  Notes  du  P.  Charlevoix. 

KANIOW  ,  Raniovia  ,  ville  de  Pologne  ,  en 
Ukraine ,  au  Palatinat  de  Kiowie ,  au  bord  occidental  du 
Boryfthène  ,  au-deffous  de  l'embouchure  du  Roff , 


KAP 


KAR 


rivière  qui ,  venant  du  couchant  ,  &  panant  à  Riala- 
cerkiew  &  à  Korfum -,  tombe  dans  ce  fleuve ,  à  dix- 
fept  où  dix-huit  milles  d'Allemagne  ,  au  defïbus  de 
Kicwie.  *  Andr.  Cellar.  Defcr.  Polon.  p.  390.  Robert 
de  Vaugondy,  Atlas. 

KANISCA  ,  Canifia ,  ville  d'Afrique  dans  le  royaume 
deWoolli,  à  trente  milles  au  nord  de  la  Gambra.  C'eft 
la  réfidence  ordinaire  du  roi.  Voyez  Canise.  *  Cane 
de  la  Gambra,  par  Jean  Leach ,  1732. 

KANTOR  ,  royaume  d'Afrique  au  fud  de  la  rivière 
de  Gambra ,  à  l'eft  de  celui  de  Tomanï.  On  ne  connoit 
de  ce  royaume  que  vingt  lieues  d'étendue  le  long  de  la 
rivière  ,  Moore  ayant  terminé  là  fon  voyage.  On  y 
connoît  la  ville  de  Kolar  qui  eft  fix  milles  au-deffous  de 
Fatatenda.  *  Voyage  de  Moore.  Carte  de  la  Gambra  par 
le  capitaine  Jean  Leach,  1731. 

KAOCHEU ,  ville  de  la  Chine  ,  dans  la  province 
de  Quanton  ,  dont  elle  eft  la  feptiéme  métropole.  Elle 
eft  de  5  d.  40'  plus  occidentale  que  Pékin.  Sa  latitude 
eft  de  22  d.  33'.  La  famille  de  Haha  lui  avoit  donné 
le  nom  de  Caoking.  Le  roi  Léang  lui  donna  celui  qu'elle 
porte  maintenant.  Son  territoire  eft  entouré  de  la  mer 
ou  de  montagnes  ,  &  comprend  fix  villes ,  favoir  , 

Kaocheuj  Hoa,  © 

Tienpe  ,  Vuchuen  , 

Siny ,  Xeching. 

Ce  canton  nourrit  quantité  de  paons ,  Se  des  vautours 
admirables  pour  la  chaffe  :  on  y  a  des  carrières  de  mar- 
bre que  les  Chinois  fcient  par  feuilles  dont  ils  font  des 
tables.  Ces  marbres  font  veinés  &  bigarés ,  de  manière 
qu'on  y  trouve  des  représentations  naturelles  de  mon- 
tagnes ,  d'eaux ,  de  payfages.  La  mer  voifine  produit 
des  perles  ;  &r  l'ufage  de  les  pêcher  eft  fort  ancien  en- 
tre cette  ville  &  Tille  d'Haïnan.  Il  y  a  auffi  une  forte 
de  poiiïon  qui  a  quatre  yeux  &  fix  pieds  ,  &  a  la  figure 
du  foie^  On  dit  qu'il  jette  des  perles  ;  il  fe  peut  qu'il  les 
ait  avalées  avec  les  huitres.  Il  y  a  des  écreviffes  qui , 
quand  on  les  tire  de  l'eau ,  ck  qu'elles  fentent  l'air ,  fe 
pétrifient  ,  &  reffemblent  à  la  pierre  la  plus  dure.  Le 
Lien,  rivière  qui  baigne  la  ville  ,  y  fait  remonter  les 
vaifTeaux  par  le  moyen  du  flux  ;  ce  qui  lui  procure  bien 
des  commodités  ck  des  reffources.  Au  levant  de  la 
ville,  le  mont  Fem  eft  fi  haut ,  que  dans  le  tems  du  dé- 
luge des  Chinois ,  fa  cime  fut  toujours  exempte  de  l'inon- 
dation; ce  qui  fauva  quelques  hommes.  *  Atlas  Sinenjîs. 

KAOLI ,  (  le  pays  de)  eft  encore  appelle  Kao-Kinli. 
C'eft  une  contrée  particulière  de  la  Corée.  Il  eft  fitué  à 
l'orient  du  Léatong  ,  dont  il  eft  éloigné  de  mille  li  ; 
au  midi,  ii  confine  au  Tchaofien  ck  au  pays  de  Goeinme  ; 
à  l'orient ,  il  eft  borné  par  celui  de  Vou-Tcou  ,  ck  au 
nord  par  celui  de  Fouyu.  Il  peut  avoir  environ  deux 
mille  li  d'étendue;  &  il  eft  couvert  de  montagnes  où  il 
y  a  des  vallées  très-profondes  ,  dans  lesquelles  les  peu- 
ples demeurent.  C'étoit  un  royaume  très- puiffant.  Les 
princes  étoient  originaires  de  celui  de  Fouyn.  Les 
hiftoriens  donnent  une  origine  fabuleufe  aux  rois  de  ce 
pays.  Quoi  qu'il  en  foit  leur  poftérité  y  ré^na  environ 
neuf  cents  ans ,  au  bout  desquels  elle  fut  déthrônée  par 
une  autre  dynaftie  qui  y  «égna  plus  de  quatre  cents  ans. 
Cette  féconde  fut  depoffédée  par  une  troifiéme  qui  eut 
fouvent  affaire  aux  Japonnois  ,  contre  lesquels  les  Chi- 
nois leur  prêtèrent  du  fecours.  Nos  voyageurs  font  en- 
core mention  d'un  roi  deKaoli,en  1720.  *Voye \l His- 
toire générale  des  Huns  ,   parM.  de  Guignes,  t.  1,  p.  132. 

KAPEL  ,  montagne  d  Allemagne,  dans  la  Carniole, 
fur  la  route  de  Laybach  à  Villac ,  entre  cette  dernière 
ville  ckNewbourg ,  félon  Zeyler,  Carniœ  Topogr.  p.  118. 

KAPFENBERG,  petit  bourg  d'Allemagne ,  dans  la 
Styrie ,  avec  un  beau  château  fur  une  montagne  ,  à  un 
demi-mille  de  la  ville  de  Brugg-ander-Muer.  Lazius  y 
cherche  des  traces  de  l'ancienne  Capcdunum  des  Scor- 
disques.  *  Zeyler,  Stiriae  ,  p.  82. 

KAPILI-DER-VEND ,  montagne  de  Bulgarie,  qui 
eft  fort  rude  ck  fort  fâcheufe. 

KAPOS ,  rivière  de  la  baffe  Hongrie.  Elle  a  h  fource 
au  comté  de  Tolna  ,  au  midi  du  village  de  Giuta  ;  ck 
ferpentant  vers  l'orient ,  elle  arrofé  Kapofwnr ,  forte- 
reffe à  laquelle  elle  donne  fort  nom  ;  auprès  de  Dombo, 
village ,  elle  reçoit  un  ruifteau  qui  vient  du  midi  ;  elle 


polie  à  Dobrakos ,  autre  fortereffe  ,  &  fe  joint  avec  le 
Kopan  ;  fck  alors  ces  deux  rivières  prennent  le  nom  de 
Sarvitça;  ck  c'eft  fous  ce  nom  qu'elles  arrivent  au  Da- 
nube ,  dans  le  comté  de  Batha.   *  De  l'IJle ,  Hongrie. 

KAPOSWAR.  Voyez  l'article  précédent.  Elle  eft  à 
douze  lieues  ck  au  couchant  de  Tolna. 

KAPPELBERG.  Voyez  l'article  qui  fuit. 

KAPPL  ouCappel,  gros  bourg  d'Allemagne,  dans 
la  Carinthie.  Il  y  en  a  deux  de  ce  nom  ;  ck  op.  le1;  dis- 
tingue par  les  mots  over,  haut;  under,  bas.  Ober-Kappl 
eft  fur  le  ruiffeau  Dumpach  ;  &  Under-KappL  eft  fin- 
la  rivière  de  Lépin ,  ck  près  de  Kappdberg.  *  Zeyler  j 
Stir.  Topogr.  p.  100. 

KAPPUT,  maifon  deplaifance  du  roi  de  Prune,  dans 
la  moyenne  Marche  de  Brandebourg  ,  ck  dans  une  ifle 
formée  par  la  Sprée  Ôk  le  Havel  ,  à  une  lieue  de  Pots- 
dam.  *  Relation  des  cours  de  Pruffé  &  Hanover     1702; 

KAPSTE1N  ou  Kapestein.  Lazius,  {R.  R.  I.  i> 
c.  S ,  Je8.  3  ,  )  doute  fi  ce  n'eft  pas  le  nom  moderne  dé 
Capedunum.  C'eft  un  village  de  Stirie. 

KAPUL ,  ifle  de  la  mer  des  Indes  ,  entre  les  Phi- 
lippines, au  midi  de  l'ifle  de  Manille.   Voyez  Capul. 

KARA.  Voyez  Cara. 

KARACHE ,  (l'ifle  de)  ifle  d'Afrique  fur  la  côte  dé 
Nigritie,  une  de  celles  de  Biiagos  entre  l'ifle  de  Waran- 
gue,  &  celle  de  Kafegut.  Eile  eft  environnée  de  bancs 
de  fable ,  ck  de  bofles ,  excepté  du  côté  du  fud.  Voyez 
Bisagos. 

KARADABO-MONOU  ,  pays  d'Afrique  ,  dans  la 
haute  Guinée,  à  l'eft  de  Bulm-Monou,  &  au  nord  de 
Quoja.  Les  habitans  font  toujours  en  guerre  avec  ceux 
de  Hondo ,  quoique  les  uns  Se  les  autres  dépendent  du 
roi   de  Quoja.  *  Côte  de  Guinée, par  BdYm. 

KARAHISAR,  ville  détruite  de  la  Natolie  ;  elle  eft, 
félon  Paul  Lucas  ,  l'ancienne  ville  capitale  de  la  Cappa- 
doce  ;  c'étoit  une  grande  ville  afîez  belle  ;  l'on  voit 
par-tout  des  ruines  de  temples ,  de  palais ,  où  les  co- 
lomnes,  les  piedeftaux,  les  corniches ,  les  pièces  de  mar- 
bre avoient  été  prodigués  ;  à  fa  fortie  on  trouve  une 
belle  fortereffe,  bâtie  fur  la  pointe  d'un  rocher  escarpé, 
qui  étoit  peut-être,  dit-il  ,  autrefois  la  citadelle  de  cette 
ville.  *Paul  Lucas,  Voyage  de  l'Afie  mineure,  t.  1. 

KARAKATAI.  Voyez  Caractay. 

KARAKATOFF,  ou  Karackatoi"W,  où  Krac- 
KATOUW,  pointe  de  l'ifle  de  Java,  àa  nord  de  fa  côte  oc- 
cidei;tale,felon  Corneille  le  Brun,  Voyages, p.  il1)  ck  336". 

KARAPONAR  ,  petite  ville  d'Afie  ,  dans  la  Cara- 
manie ,  province  de  la  Perse. 

KARASERA  ,  grande  ville  d'Afië ,  dont  oh  ne  voit 
plus  que  les  ruines  dans  la  Méfopotamie  ,  fur  la  routé 
d'Ourfa  à  Mofful ,  félon  Tavernier ,  Voyage  de  Perse  , 
1.  2,  c.  4,  qui  en  parle  ainfi  :  nous  arrivâmes  au  gîte  ». 
Karafera ,  qui  a  été  autrefois  une  grande  ville  ,  èk  fans 
doute  habitée  par  des  Chrétiens  ,  comme  on  peut  juger 
par  fept  ou  huit  églilés  qu'on  y  voit  encore  à  moitié 
rompues ,  ck  dont  les  clochers  ne  font  pas  gâtés.  Elles 
font  affez  éloignées  les  unes  des  autres  ;  &  au  nord  d'une 
de  ces  églifes  il  y  a  une  belle  galerie  ,  au  bout  de  la- 
quelle'on  trouve  une  petite  porte  par  où  on  descend 
un  escalier  d'environ  cent  marches ,  dont  chacune  a  dix 
pouces  de  haut.  Venant  fous  cette  églife ,  on  en  trouve 
une  autre  plus  grande  ck  plus  haute  de  voûte  ,  Iaque:;^ 
eft  foutenue  par  plufieurs  piliers.  Le  bâtiment  eft  fait 
avec  tant  d'art,  qu'on  y  voit  plus  clair  que  dans  celle  dé 
deffus  ;  mais  depuis  quelque  tems  la  terre  a  bouché  plu- 
fieurs fenêtres.  Le  grand  autel  eft  dans  la  roche  ;  ck  ait 
côté  droit,  On  y  voit  une  chambre  qui  reçoit  le  jour  de  plu- 
fieurs petites  fenêtres  pratiquées  dans  le  roc.  Sur  la  porte 
dé  l'églife  d'en-haut ,  on  voit  une  grande  pierre  de  taille, 
où  il  y  a  plufieurs  lettres  qu'on  ne  peut  pas  connoîtie; 
Au  nord  de  la  même  églife ,  il  y  a  deux  grandes  citer- 
nes fous  terre  ,  chacune  d'environ  quatre  cents  cinquante 
pas  de  long ,  avec  deux  grandes  arcades ,  foutenues  de 
plufieurs  piliers  i  tous  les  ans  on  les  emplit  d'une  eau 
qui  descend  de  la  montagne  prochaine  ,  &  fait  une  pe- 
tite rivière.  A  un  quart  de  lieue  decette  églife  on  descend 
huit  à  neuf  cents  pas  parmi  des  rochers  ,  ck  on  y  trouve 
de  côré  ck  d'autre  de  petites  chambres  creulées  dans  lé 
roc.  Sur  chaque  porte  il  y  a  une  croix,  ck  dans  chaque 
chambre,  comme  une  table,  un  banc  8f  une  petite  place 
un  peu  creulée,  de  la  longueur  d'un  homme,  avec  (irië 


640 


KAK 


KÀS 


forme  de  chevet  au  bout,  comme  une  manière  de  lit , 
le  tout  taillé  dans  le  roc.  Au  fond  de  ces  roches  on 
trouve  une  grande  fale ,  au  bout  de  laquelle  eft  entaillé 
un  banc  pour  s'afTeoir.  Ce  qui  fert  de  plancher  d'en- 
haut,  eft  tout  uni,  &:  non  pas  en  voûte  ;  &  au  milieu  il 
y  a  un  trou  qui  perce  jusqu'au-defius  de  la  montagne  : 
comme  il  ne  donne  point  de  clarté ,  il  y  a  apparence 
qu'il  n'a  été  fait  que  pour  biffer  fortir  la  fumée ,  s'ils  y 
faifoient  la  cuifine,  ou  bien  pour  attirer  la  fraîcheur, 
comme  j'ai  vu  en  plusieurs  villages  le  long  du  golfe  Per- 
fique.  Sur  la  porte  de  cette  dernière  grotte  ,  on  voit  en- 
taillée dans  la  roche  la  figure  d'un  feu  ,  où  font  repré- 
fentées  plufieurs  personnes  au  milieu  des  flammes.  Au- 
deflus  de  la  plus  haute  de  ces  montagnes ,  il  y  a  un  mé- 
chant village ,  dont  on  peut  tirer  des  vivres.  Mais  avant 
que  la  caravane  arrive,  quelques  marchands  vont  s'in- 
former des  pâtres ,  s'il  n'y  a  point  de  voleurs  dans  les 
grottes,  où  ils  fe  viennent  fouvent  cacher.  L'an  1638, 
Sultan  Amurat  allant  affiéger  Bagdat ,  paifa  par  ce  même 
lieu  ,  tant  pour  voir  ces  ruines  ,  que  pour  faire  rafer  un 
fort  qui  étoit  à  deux  lieues  de  Karafera ,  &  qui  fervoit 
de  retraite  aux  voleurs  du  pays.  11  fit  nettoyer  en  même 
tems  quatre  journées  de  chemin  ,  qui  étoit  très- incom- 
mode, à  caufe  d'une  prodigieufe  quantité  de  pierres,  qu'il 
fît  ôter  &  accumuler  par  monceaux  d'espace  en  espace; 
ce  qui  fervoit  à  montrer  le  grand  chemin.  Il  fit  bâtir  auffi 
un  pont  pour  paner  la  rivière  ;  &  le  paflage  du  Grand- 
Seigneur  dans  ces  quartiers-là,  fut  avantageux  aux  voya- 
geurs. 

KARASUT.  Voyez  Garasou. 

KARCHIN ,  contrée  du  Petchéli  ;  e'eft,  fans  contre- 
dit, la  meilleure  de  toutes  celles  qu'habitent  les  Mogols. 
Les  princes ,  qui  le  gouvernent  à  préfent ,  étant  Chinois 
d'origine  ,  ils  y  ont  attiré  un  grand  nombre  de  leurs  com- 
patriotes qui  y  ont  bâti  plufieurs  bourgades.  La  terre  y 
eft  fi  fertile,  qu'outre  leur  fubfiftance,  ils  trouvent  encore 
de  quoi  faire  le  commerce  avec  leurs  voifins.  Il  y  a  de 
vaftes  forêts  d'un  très-beau  bois ,  que  l'on  transporte  à 
Pékin,  pour  la  conftruâion  des  édifices.  Le  trifaïeul  du 
prince  qui  y  régne  à  préfent,  s'enrichit  tellen-.en"  par  ce 
commerce,  qu'il  fe  trouva  en  état  de  rendre  de  fi  grands 
iêrvices  au  prince  qui  régnoit  alors  ,  que  celui-ci  lui 
donna  fa  fille  en  mariage  ,  &,  à  fa  mort,  le  défigna  pour 
fon  fuccefleur.  Pour  s'affermir  dans  fa  principauté ,  il  fe 
joignit  aux  Mantcheous,  lorsqu'ils  firent  la  conquête  de  la 
Chine.  Il  obtint,  pour  récompense  demies  fervices ,  le 
titre  de  Ting-vam,  que  l'on  prend  aujourd'hui  pour  régulo, 
qui  eft  le  plus  haut  degré  d'honneur  qu'un  prince  puifle  ob- 
tenir de  l'empereur  de  la  Chine.  Le  pays  de  Karchin 
n'a  pas  du  nord  au  fud  plus  de  quarante-deux  lieues  de 
France  ;  mais  il  s'étend  beaucoup  plus  de  l'eft  à  l'oueft. 
La  feule  ville  de  ce  pays  ,  qui  mérite  quelque  attention  , 
eft  celle  de  Chahan-Subarchan-Hotun  ,  c'eft-à-dire  la 
Ville  de  la  Pyramide  ,  à  caufe  d'une  pyramide  à  plu- 
fieurs étages,  qui  fe  voit  dans  ce  lieu.  C'eft  dans  ce  can- 
ton que  l'empereur  de  la  Chine  a  plufieurs  belles  mai- 
fons  de  campagne  ,  où  il  s'exerce  fouvent  à  la  chafle,  & 
où  il  pafle  ordinairement  les  chaleurs  de^  l'été  ,  qui  font 
en  cet  endroit  plus  fupportables  qu'à  Pékin.  *  Hifloire 
générale  des  Huns,  par  M.  de  Guignes,  t.  4,  p.  235. 

KARCKH,ou  CARCKH,  lieu  d'Afie.  C'eft  le  faux- 
bourg,  ou  même  la  partie  occidentale  de  la  ville  de 
Bagdat.  Almanfor  ,  fécond  Khalife  de  la  race  des  Abaf- 
fides ,  qui  avoit  fait  bâtir  cette  ville  ,  fît  transporter  en 
ce  fauxbourg  le  marché  qui  fe  tenoit  autour  de  fon 
palais  impérial ,  afin  d'éloigner  de  lui  le  bruit  de  la  po- 
pulace. Il  y  avoit  un  pont  fur  le  Tigre  pour  paffer  de 
l'un  de  ces  lieux  à  l'autre.  Le  nom  de  Rarckh  devint  cé- 
lèbre ,  depuis  ce  tems-là  ,  à  caufe  de  ce  marché ,  &  fut 
une  partie  fort  confidérable  de  la  ville  de  Bagdat.  Il  y 
eut  même  quelques  Khalifes  qui  y  firent  leur  féjour. 
*  D'Herbelot,  Bibliot.  orient. 

KARDUEL  ,  (le  royaume  de  )  étoit  une  province 
de  la  Géorgie.  Il  eft  borné  au  nord  par  le  royaume  de 
Kaket  ;  au  midi ,  par  la  province  de  Kendgia  Su  l'Armé- 
nie ;  au  levant ,  par  le  Dagueftan  &  le  behirouan  ;  &c 
au  couchant  par  la  partie  de  la  Géorgie  ,  qui  eft  foumife 
au  Turc.  Les  rois  de  Karduel  ont  autrefois  pofledé  toute 
la  Géorgie  ,  &  font  regardés  comme  fouverains  de 
toute  cette  contrée.  *  Hifloire  générale  des  Huns  ,  t.  I  , 
P-  439- 


KARG.  Voyez  Carg. 

1.  KARGAPOL,  ville  de  l'empire  Ruflîen,  dans  la 
province  de  même  nom ,  par  les  62  d.  &  3  ou  4'  de 
latitude  ,  à  l'orient,  &  à  1  6  milles  d'Allemagne  du  lac 
d'Onega,  fur  le  bord  occidental  de  la  rivière  d'Onega  , 
encore  voifinede  fa  fource.  *  De  l'IJle,  Moscovie,  1706. 

2.  KARGAPOL  ,  province  de  l'empire  Ruffien  , 
dans  fa  partie  feptentrionale.  Elle  eft  bornée  au  nord 
par  la  province  de  Cargapolskdia  ,  Korela  ,  ou  Caré- 
lie  de  Kargapol ,  &  par  celle  d'Onega  ;  à  l'orient,  par 
celles  de  Vaga  &  d'Oftioug  ;  au  midi,  par  celles  de  Yc- 
logda .  &  d'Ob-Oneskaïa-Pecina ,  c'eft-à-dire  du  quar- 
tier d'au-deçà  de  l'Onega ,  &  au  couchant ,  par  le  grand 
lac  d'Onega.  Kargapol  eft  l'unique  ville  que  nous  y 
connoiffions.  Ce  pays  eft  couvert  de  forêts,  &  coupé  de 
rivières.  Outre  l'Onega  qui  y  prend  fa  fource  &  va  fe 
perdre  dans  la  mer  Blanche  ,  &  la  Vaga ,  qui  en  coupe 
une  lifiere  au  fud-eft ,  il  y  a  la  Saala  ,  la  Pudoa  ,  la 
Nikijfîma  ,  ÏAndama  ,  6c  une  autre  que  mes  cartes  ne 
nomment  point ,  outre  une  fîxiéme  qui  traverfe  le  lac 
nommé  C^outçko-Oçcro.  Ces  fîx  coulent  vers  le  cou- 
chant &  portent  leurs  eaux  dans  le  grand  lac  d'Onega. 
*-De  l'IJle,  Moscovie,  1706. 

KARHAIS  ,  Carhaïs  ou  KERAHES  ,  Caretum  , 
petite  ville  de  France ,  en  baffe  Bretagne  ,  dans  l'évê- 
ché  de  Quimper ,  fur  la  rivière  d'Auen  ,  à  feize  lieues 
de  Breft,  &  autant  de  Tréguier;  à  fept  de  Hennebon, 
&  à  onze  de  Quimper.  Elle  étoit  autrefois  plus  grande; 
&  félon  l'apparence,  elle  étoit  connue  fous  le  nom  de 
Kris.  Le  gibier  des  environs  de  Carhaïs  eft  excellent , 
&  les  perdrix  fur-tout  font  fort  vantées  par  ceux  qui  ai- 
ment la  chair  délicate.  *  Baudrand,  &c  Piganiol  de  la 
Force,  Defcr.  delà  France,  t.  5  ,  p.  138. 

KARIKIZIT  ,  petite  province  du  pays  de  Charasme, 
fituée  à  l'occident  de  la  ville  d'Urgens,  entre  le  pays  de 
Pischa  &  celui  d'Ogurza,  qui  eft  fort  dépeuplé  ,  depuis 
que  la  rivière  d'Amu  ne  parte  plustlevant  la  ville  d'Ur- 
gens. *  Hijl.  généalogique  des  Tatars  ,  p.  "546. 

KARKOUH  ,  ville  de  Perse.  Tavernier,  Voyage  de 
Perse,  1.  3  ,  c.  dtrn.  lui  donne,  félon  les  géographes  du 
pays,  74  d.  45'  de  longitude  ,  ÔC  32  d.  i<j'  de  lati- 
tude. Il  ajoute  :  cette  ville  eft  un  lieu  de  paffage  pouf 
tous  les  pèlerins  qui  vont  à  la  Mecque,  &  qui  viennent 
des  hautes  contrées  de  la  Perse. 

Cette  ville  n'eft  point  différente  de  Carcoub  ou  Car- 
cub. 

KARN-TAUR ,  Taurus  Carnicus ,  hautes  montagnes 
d'Allemagne  ,  dans  la  Carniole. 

KARN-WALD  ,  forêt.  Voyez  Kern-wald. 

KAROPNISE,  montagne  de  la  Turquie  en  Europe; 
dans  la  Macédoine  ,  dans  la  province  de  Jamboli ,  aux 
frontières  de  la  Romanie,  félon  Baudrand  ,  éd.  170?, 
qui  dit  que  c'eft  l'Orbelius  Mons  des  anciens  ;  que 
d'autres  l'appellent  le  mont  Gliuboren  ,  &  qu'elle  fe 
rejoint  au  mont  Argentaro  fur  les  confins  de  la  Bulgarie. 

KARROU  ou  Carou  ,  pays  d'Afrique  ,  dans  la 
Nigritie ,  au  royaume  de  Folgia  ,  proche  les  rivières  de 
Rio-Junk  &  Arveredo.  Les  habitans  de  ce  pays ,  nom- 
més Karrous  ,  font  des  peuples  très-belliqueux.  *  Voyez 
Daptr  p.  252  271  ,  fk  fuiv.  Petis  de  la  Croix  t.  3  ; 
Corn.  Dift.  •    * 

KARS,  ville  d'Afie..  Voyez  Cars.  i. 

KARSTAD  ,  ville  de  Franconie  ,  fur  le  Meyn  ,  à 
l'évêque  de  "NVurtzbourg.  C'eft  la  même  que  Carlfladt. 
Voyez  Carlstadt  4. 

KARSTEIN ,  montagne.  Voyez  Carso. 

KASAMANK  A  ,  rivière  d'Afrique,  dans  le  royaume 
de  Jéréja  ,  où  elle  prend  fa  fource  vers  l'extrémité 
orientale  ,  &  va  porter  fes  eaux  dans  la  mer  entre  la 
rivière  de  Gambie  ,  Se  celle  de  San-Domingo ,  au  nord 
du  cap  Rouge.  Cette  rivière  eft  affez  large  &  affez  pro- 
fonde pour  recevoir  de  gros  vaiffeaux  ;  mais  la  barre 
eft  fi  dangereufe  qu'il  n'y  peut  entrer  que  des  canots  , 
des  chaloupes ,  &  d'autres  petits  bâtimens  qui  n'y  font 
pas  même  exempts  de  dangers.  *  De  l'IJle,  Carte  d'Afrique 
Voyage  de  Brué 

KASAN  (  le  royaume  de  )  eft ,  de  même  que  celui  de 
Crimée ,  un  démembremenr  de  l'empire  du  Captchak. 
Il  a  été  formé  à-peu-près  dans  le  même  tems,  c'eft-à- 
dire,  vers  fan  1488.  Ce  royaume  eft  fîtué  fur  les  bords 
du  Volga  ;  il  a  été  continuellement  agité  par  les  guer- 


KAS 


KAU 


64.Ï 


res  civiles ,  6k  en  guerre  avec  les  Ruffes.  Les  peuples 
de  Kafan  ont  presque  toujours  été  unis  avec  ceux  de 
Crimée  contre  la  Ruffie.  On  trouve  fouvent  des  princes 
de  Crimée  dans  les  Khans  du  Kafan.  Enfin  les  peuples 
du  Ka/an,  mécônterts  d'un  de  leurs  Kans  envoyèrent  à 
Moscou  demander  du  fecours  au  Czar.  Jwan  Wali- 
lewitz,  qui  occupoit  alors  le  trône  de  Ruffie  envoya  un 
officier ,  à  la  tête  de  quelques  foldats  dans  le  Kasan  , 
qui  amena  le  Kan  à  Moscou.  Les  Kafans  fe  fournirent 
alors  au  Czar  £k  lui  prêtèrent  ferment  de  fidélité  :  mais 
ils  fe  révoltèrent  peu  de  tems  après  6k  établirent  pour 
leur  Kan  Edikerai  ,  fils  du  roi  d'Aftrakhan.  Le  Czar 
marcha  auffi-tot  contre  eux  ,  affiéga  Kafan  ,  la  prit 
d'affaut  l'an  1551.  Edikerai  obtint  ensuite  fa  grâce  , 
vint  à  Moscou  ,  où  il  fut  baptifé  6k  nommé  Simon. 
*H'iftoire  générale  des  Huns ,  par  M.  de  Guignes  ,  /.  I , 
p.  295. 

KASBIN.  Voyez  Casbin. 

KASEGUT,  (l'ifle  de)  ifle  d'Afrique,  fur  la  côte  de 
Nigritie  ,  une  des  plus  grandes  &  des  plus  fertiles  des 
Bifagos  au  fud-oueft  de  BhTao  ,  dont  elle  eft  éloignée 
de  douze  lieues.  Elle  eft  renfermée  dans  un  cercle  de 
bancs  de  fable ,  6k  de  baffes,  excepté  aux  deux  pointes 
du  nord-eft  ,  6k  du  fud-oueft  où  les  vaiffeaux  peuvent 
mouiller  en  fureté.  Les  habitans  de  Kafegut  font  les  plus 
civils  de  tous  ces  infulaires ,  6k  doivent  cet  avantage  au 
commerce.  La  longueur  de  l'ifle  furpaffe  trois  fois  fa 
largeur.  Son  terroir  eft  riche  6k  bien  cultivé.  Il  produit 
en  abondance  des  lataniers,  des  palmiers  6k  des  oran- 
gers, du  maïs ,  du  riz,  des  pois  6k  d'autres  espèces  de 
légumes.  *  Côte.  d'Afrique ,  corrigée  fur  les  manuscrits  du 
dépôt  des  Cartes  de  la  Marine. 

KASEMIECH  ,  rivière  de  Syrie,  qui  a  fa  fourcedans 
l'Anti-Liban  ;  6k  après,  avoir  reçu  la  rivière  de  Litani  ou 
Létane  ,  elle  fe  jette  dans  la  mer,  à  une  lieue  de  Tyr,  6k 
à  fept  de  Leyde.  Monconys  nomme  cette  rivière  Cas- 
mie. 

KASI-ARMEN  ,  ville  de  la  petite  Tartarie ,  dans  le 
pays  desTartaresdeDobruce,  fur  le  Niéper  qui  le  jette 
deux  lieues  plus  bas  dans  la  mer  Noire.  Les  Ruffiens  la 
prirent  en  1695.  *  Baudrand,  édit.  1705. 

KASIMIERS ,  petite  ville  de  la  haute  Pologne,  fur 
la  Wiftule.  Voyez  Casimir. 

KASIRUN.  Voyez  Cazerom. 

1.  KASKASKIAS  ,  natibn  Illinoife  ,  établie  fur  le 
bord  oriental  du  Miffiffipi ,  dans  la  Louifiane. 

2;  KASKASKIAS ,  petite  rivière  dans  la  Louifiane  , 
dans  l'Amérique  feptentrionale  ,  mais  très-profonde,  6k 
qui  monte  jusqu'à  vingt-cinq  pieds  de  haut,  dans  le  tems 
des  inondations.  Elle  fe  décharge  dans  le  Miffiffipi,  vers 
les  34  d.  39'  de  latitude  nord,  6k  reçoit  fon  nom  des 
Sauvages  qui  font  établis  fur  fes  bords.  *  Notes  du  per'e 
Charlevoix. 

KASKUR,  petite  ville  de  la  Tartarie  Moscovite; 
elle  eft  fermée  d'une  muraille  de  bois ,  flanquée  de  tours  ; 
elle  a  quelques  églifes  de  même  matière,  &  eft  à  cent 
vingt  werftes  de  Samara. 

KASNABAC,  (l'ifle  de)  ifle  d'Afrique,  fur  la  côte 
de  Nigritie,  une  de  celle  de  Bifagos.  Elle  eft  à  la  tête 
des  bancs ,  6k  des  baffes  qui  environnent  cette  chaîne 
d'ifles.  Elle  eft  fertile  6k  peuplée.  L'eau  fraîche  y  eft  en 
abondance.  Voyez  Bisagos* 

KASRICHIRIN,  ville  de  Perse,  tombée  en  ruine, 
à  82  d.  de  longitude,  &  à  35  d.  de  lattiude.  Elle  a  été 
bâtie  pour  Chirin ,  maîtreffe  de  Khosver ,  ancien  ioi  de 
Perse ,  de  la  quatrième  dynaftie.  C'eft  de-là  que  cette 
ville  a  pris  fon  nom.  L'on  y  voit  encore  les  vertiges 
d'anciens  6k  beaux  édifices.  *  Manuscrits  de  la  Bibl.  du 
roi. 

1.  KASSAN  ou  Kasson,  royaume  d'Afrique  ,  fur 
les  bords  du  Sénégal ,  à  l'eft  ,  6k  au  nord-eft  de  celui  de 
Galam ,  entre  les  Cataradt.es  de  Felu  Se  de  Govina.  Le 
roi  qui  porte  le  titre  de  Segadora,  fait  faréfidence  ordi- 
naire à  Gumel.  Il  eft  puiffant ,  &  autant  respe&é  de  fes 
voifins  que  de  fes  fujets.  Les  Mandingues  de  Tombuto 
ck  deBambuk  font  fes  tributaires.  Les  habitans  de  Kas- 
ian  étoient  Foulis  d'origine  ;  leur  roi  pofledoit  ancien- 
nement le  royaume  de  Galam.  Dans  celui ,  dont  nous 
parlons  ici,  il  y  a  des  mines  d'or,  d'argent  6k  de  cuivre 
en  grand  nombre. 

a.  KASSAN  ou  Kasson  ,   (l'ifle  de)  ifle.  ou  pénin- 


fiile  d'Afrique  ,  au  royaume  de  même  tioin ,  au  nord  du 
Sénégal,  cSc  formée  par  deux  rivières ,  favoir  par  la  ri- 
vière Noire  &  la  rivière  Blanche.  Cette  ifle  a  environ, 
fbixante  lieues  de  longueur ,  fur  fix  dans  fa  plus  grande 
largeur.  Le  terroir  en  eft  fertile  ,  6k  bien  culrivé  ;  elle 
eft  très-peuplée ,  6k  fon  commerce  d'une  grande  éten- 
due.  *  Second  voyage  de  Brue ,  fur  le  Sénégal. 

3.  KASSAN  ou  Kasson,  grand  lac  d'Afrique,  aià 
nord  de  la  rivière  du  Sénégal.  C'eft  clans  ce  lac  que  fe 
rendent  deux  bras  du  Sénégal ,  auxquels  on  a  donné  les 
noms  de  rivière  Blanche ,  6k  de  rivière  Noire  •  le  pre- 
mier au  nord  ,  l'autre  au  midi.  Du  côté  de  foueft  du 
lac  on  en  voit  fortir  la  rivière  de  Gumel ,  qui  fe  rend 
dans  le  Sénégal  à  Kahaydé.    - 

KASSRE  -  EL  -  LEHOUS ,  ville  de  Perse.  On  la 
nomme  auffi  Kengavar.  Elle  eft  fituée ,  félon  Tavernier, 
Voyage  de  Perse  ,  1.  3  ,  c.  dern.  à  76  d.  20'  de  longi- 
tude, &à  33  d..  35'  de  latitude.  Le  pays  eft  bon  ,  6k 
porte  d'excellents  fruits. 

KATANIA,  châ.eau  de  la  Tartarie ,  dans  la  Daurie, 
dont  il  eft  la  première  fortereffe,  entre  le  grand  lac  Baï- 
kal  6k  le  bourg  d'Jlinskoi,  félon  Isbrandldes,  Voyage^ 
c.  24  6k  25.  Ce  lieu  eft  nommé  Kabania  ,  fur  la  nou- 
velle Carte  de  ikmpire  Ruffien. 

KATARACGUîf  ou  Catarocouy  ;  c'eft  le  nom 
que  les  Américains  donnent  au  lieu  où  eft  bâti  le  fort 
Frontenac.  Voyez  Catarocoy. 

KATHAY  ou  Kithay.   Voyez  Cathay. 

KATIF,  (le)  ville  de  l'Arabie  heurcui'e.  danslapro- 
vincedeBahrain,  373  d.  5  5  '  de  longitude  ,  ck  à  22  d. 
35/  au  deuxième  climat,  félon  Abulféda  qui  en  parlé 
ainfi  dans  fa  Description  générale  de  l'Arabie,  «.39: 
cette  ville  eft  da  côté  de  Ahsa ,  fur  la  côte  du  golfe 
Perfique  ;  il  y  a  des  lieux  aux  environs  où  fes  habi- 
tans pèchent  des  perles  ;  fon  éloignement  de  Ahsa  eft 
d'environ  deux  ftations;  ck  elle  eft  à  l'orient  de  cette 
ville  ,  tirant  un  peu  vers  le  nord.  Ses  palmiers  font  plus 
petits  que  ceux  de  Ahsa.  Nous  avons  appris  de  quelques 
habitans  de  Katif,  que  la  ville  a  des  murailles,  un  toffé 
6k  quatre  portes  ,  que  dans  les  hautes  marées  la  mec 
vient  jusqu'au  pied  des  murs  ,  ck  que  dans  les  baffes 
une  partie  de  la  terre  aux  environs  refte  à  découvert. 
Katif  a  un  canal  ou  un  petit  golfe  ,  par  lequel  les  plus 
gros  navires;;  entrent  chargés  ck  s'approchent  de  la  ville 
avec  la  marée.  On  compte  fix  journées  de  chemin  de 
Katif  àBosrah,  quatre  de  Katif  à  Kademah,  ck  il  faut 
un  mois  entier  pour  aller  de  Katif  à  Oman.  Katif  eft 
fembiable  à  Sélamiya  pour  la  grandeur ,  Ôk  celle-ci  eft 
plus  grande  que  Ahfa. 

1.  KATWYCK,  village  des  Provinces-Unies,  dans 
la  Hollande,  au  bord  de  la  mer,  dans  les  Dunes,  à 
deux  lieues  au-deffous  de  Leyden,  à  l'endroit  où  le  bras 
mitoyen  du  Rhin  entrait  autrefois  dans  l'Océan.  A  pré- 
fent  cette  embouchure  eft  fermée  par  les  fables  ,  dans 
lesquels  fe  perdent  les  eaux  du  Rhin  affoibli  par  le 
grand  nombre  de  canaux  qui  y  aboutiffent.  C'eft  auprès 
deKatwyck  qu'étoit  la  fortereffe,  dont  nous  avons  parlé 
à  l'article  Huys  the  Britten. 

2.  KATWYCK-OP-RHIN  ,  beau  village  de  Hol- 
lande, fur  le  canal  mitoyen  du  Rhin,  entre  Leyden  êk 
la  mer ,  à  une  lieue  6k  demie* de  cette  ville. 

KATZ ,  village  de  Suiffe  ,  au  pays  des  Grifons  ,  dans 
la  jurisdiftion  de  Thufis.  Il  y  avoit  autrefois  un  couvent 
de  religieuiès  nobles.  Les  revenus  en  ont  été  diftribués 
aux  églifes  6k  écoles  proteftantes  de  la  Ligue  grife.  *Etac 
&  Délices  de  la  Suiffe,  t.  4,  p.  25. 

KATZBACH,  rivière  d'Allemagne,  dans  la  baffe  Si- 
léfie.  Elle  prend  fa  fource  dans  la  principauté  de  Jawer; 
6k,  prenant  d'abord  fon  cours  vers  le  nord,  elle  coule 
à  Schonaw  6k  à  Newkirck  ;  elle  entre  ensuite  dans  la 
principauté  de  Lignitz,  en  fe  détournant  vers  le  levanr, 
arrofe  Goldberg,  Lignitz,  6k  va  fe  rendre  dans  l'Oder, 
entre  les  principautés  de  Breflaw  6k  de  Wolav.  *  Bau- 
drand ,   Atlas  de  Jaillot. 

■  KAVARNA  ,  port  de  la  Turquie ,  dans  la  Bulgarie  , 
fur  la  mer  Noire,  au  nord-eft  de  Varna.  C'eft  l'ancienne 
Cullatia,  quoique  Baudrand  dife  que  c'eft  aujourd'hui 
Calica. 

KAUFFBEUREN,  ville  libre  impériale  d'Allema- 
gne, dans  la  Suabe,  dans  la  vallée  de  Verdach,  fur  la 
rive  gauche  de  la  rivière  de  Verdach ,  qui  fe  jette  dans 
Tome  III.     M  mm  m 


«42  KAY 

le  Lech  à  Augsbourg.  Elle  doit  fon  origine  à  Gui  Glads, 
'baron  de  ville ,  qui  vint  de  France ,  avec  1  empereur 
Lothaire  I,  ck  qui  la  bâtit  en  841.  Les  barons,  lès  fuc- 
ceffeurs  ,  pofféderent  la  ville  ck  le  château,  qui  étoit  où 
eft  l'églife  de  S.  Blaife  ,  l'espace  de  deux  cents  ans.  Le 
baron  Otton  abufant  de  la  femme  d'un  bourgeois  ,  le 
mari  l'aflaffma  ;  ce  feigneur  laiffa  une  fœur,  qui,  conjoin- 
tement avec  un  autre  frère  ,  chanoine  d' Augsbourg, 
fonda  le  monaftere  de  Meyerhoff;  ck  ce  fut  d'eux,  à  ce 
qu'on  dit,  que  les  KAUFFBEUROIS  achetèrent  leur  li- 
berté ,  moyennant  cinquante  mille  guides.  On  prétend 
que  le  nom  de  ce  lieu,  qui  fignifie  hameau  ou  village 
acheté,  vient  de-là.  Divers  empereurs  ,  lavoir  Rodol- 
phe I,  Adolphe  ,  Louis  IV,  Winceflas,  Sigismond, 
Frédéric  IV,  ck  Maximilien  I,  ont  accordé  de  beaux 
privilèges  à  cette  ville  ;  la  religion  Catholique  y  eft  la 
dominante  ;  cependant  les  Luthériens  y  ont  exercice 
public.  Les  hypothèques  doivent  être  enregiftrées  à  là 
chancellerie ,  fous  peine  de  nullité.  Cette  ville  a  (ou- 
tenu  plufieurs  fiéges  dans  le  quatorzième  fiécle.  Les 
Suédois  la  prirent  &  reprirent  durant  les  guerres  civi- 
les en  1633  ck  1634.  L'an  1315,  le  jour  de  fainte  Mar- 
guerite, la  ville  ck  le  monaftere  de  fainte  Claire  furent 
réduits  en  cendres  ;  ck  il  ne  refta  que  fept  maifons. 
*  Zeyler ,  Suev.  Topogr.  p.  45. 

KAUFFSTEIN.  Voyez  Kufftein. 
KAUSTEVEN,  petit  pays  d'Angleterre,  dans  la  par- 
tie feptentrionale  du  comté  de  Lincoln ,  félon  Baudrand, 

KAUTUMBUL ,  rocher  de  la  mer  Rouge  ;  il  eft  fort 
élevé  dans  la  mer,  à  une  demi-lieue  de  la  terre  ferme 
d'Arabie ,  félon  la  relation  du  médecin  Poncet.  * Lettres 
édifiantes,  t.  4,  p.  171. 

KAWATSY ,  Kavadsi  ou  Cavacci  ,  une  des 
cinq  provinces  du  Japon  ,  dans  la  grande  ifle  Niphon, 
qui  compofent  la  Tense ,  ou  le  domaine  de  l'empereur. 
Voyez  Cavacci.  *  Notes  du  P.  Charlevoix. 

KAXUMO.  Voyez  Axum.  - 

KAYL,  bourgade  d'Allemagne,  dans  1  Eiffel,  au 
comté  de  Manderscheid ,  félon  Hubner  ,  Geogr.  p.  470. 

1.  KAYSERSBERG  ou  Kaysersperg.  La  langue 
allemande  ,  comme  nous  en  avertirions  ailleurs ,  met  fi 
peu  de  différence  entre  le  B  &  le  P,  kD  ck  le  T,  &c. 
qu'elle  les  emploie  fouvent  l'un  pour  l'autre.  Ce  nom 
CjESARIS    MONS 


KED 


l'autre.  Elle  étoit  autrefois  libre  &  impériale;  mais  l'erri» 
pereur  la  donna  par  engagement  à  l'électeur  Palatin, 
en  1402.  On  croit  qu'elle  eft  ancienne  ;  que  les  Romains 
y  avoient  une  fortereffe  qui  fut  détruite  par  Attila ,  ré- 
tablie par  Charlemagne ,  &  renouvellée  &  augmentée 
par  Frédéric.  On  y  voit  un  affez  grand  palais  impérial. 
Cette  ville  eft  un  paflage  de  Metz  ck  de  Lorraine  au 
Palatinat.  *  Corneille  ,  Dictionnaire.  Zeyler ,  Palatin. 
Topogr.  p.  31. 

•KAYSERSTUHL  ,  (prononcez  Kaifirfthoul)  ville 
de  Suiffe  ,  au  comté  de  Bade.  Elle  eft  fituée  fur  lin  co- 
teau élevé  au  bord  du  Rhin  ,  du  côté  de  la  Suiffe,  avec 
un  pont  fur  ce  fleuve  ck  un  château  au  bout  du  pont , 
du  côté  de  1"  Allemagne.  On  croit  qu'anciennement  les 
R.omains  àvoient-là  une  bonne  fortereffe ,  qu'ils  avoient 
bâtie  pour  défendre  le  paffage  du  Rhin  aux  Allemands, 
&c  que  Kayièrftuhl  eft  le  forum  Tiberii  des  anciennes 
Notices.  A  l'endroit  le  plus  élevé  de  la  ville  ,  près  de 
l'entrée  ;  on  voit  une  tour  antique ,  qui  eft  entièrement 
ïembtable  à  celle  de  Soleurre ,  en  figure ,  en  groffeur  5c 
'en  hauteur.  L'an  1530,  les  habitans  de  Kayferftuhl  em- 
bradèrent  la  communion  de  Genève.  Cette  ville  appar- 
tient aux  évêques  de  Confiance,  depuis  l'an  1294, 
qu'un  évêque  nommé  Henri  de  Klingeberg  ,  l'acheta  des 
feigneurs  de  Regensbourg.  Elle  eft  un  paffage  fort  im- 
portant à  caufe  de  ion  pont  fur  le  Rhin ,  qui  eft  le  der- 
nier qui  le  voie  fur  ce  fleuve ,  ?.  la  réferve  de  celui  de 
Bafle.  *  Etat  &  Délices  de  la  SuiJJe,  t.  3  ,  p.  134. 

KAYSERSWAG  ,  étang  d'Allemagne  ,  auprès  de 
Kayferslautern,  En  1479,  on  y  pécha  un  brochet,  fous 
l'ouïe  duquel  on  trouva  une  petite  pièce  de  cuivre ,  fur 
laquelle  on  lilbit  en  grec  ces  paroles  :  Je  fuis  le  premier 
poifjon  qui  ait  été  mis  en  cet  étang ,  de  la  main  de  Fré- 
déric Il ,  empereur,  le  5  Octobre  iz^o.  On  fait  d'ailleurs 
que  ce  prince  aimoit  la  langue  grecque.  Ce  brochet  avoit 
vécu  deux  cents  quatre-vingt- dix-ièpt  ans  dans  cet  étang; 
il  avoit  dix-neuf  pieds  de  long,  6k  lut  mangé  à  la  cour 
de  Heidelberg.  *  Wagenscil ,  Synops.  Geogr.  p.  387. 

KAYSERWERD  ,  petite  ville  d'Allemagne ,  dans  le 
bas  diocèfe  de  Cologne  ,  entre  Cologne  ck  Rhein- 
bergen ,  dans  un  lieu  qui  étoit  autrefois  une  ifle  entou- 
rée par  le  Rhin,  qui  a  pris  un  autre  cours.  Les  Romains 
y  ont  eu  gàrnifon,  à  ce  que  l'on  croit.  Les  empereurs 
Henri  III  ck  Henri  IV  ,  y  ont  fait  leur  réfidence.  Elle 
étoit  très-forte  en  170a,  lorsqu'elle  foutint  un  fiége  de 


veut  dire  montagne  de  l'empereur ,   v-œ.*--"-*'-    '•-.-, 

ville  de  France,  en  Alsace.  La  plupart  des  François  coijjv  deux  mois.    Le  marquis  de  Blainville  1a  défendit  pouf 


om  ck  écrivent  Kaiferberg.  Cette  ville  eff 
petite  6k  fort  pauvre ,  mais  agréable  &  fituée  dans  la 
contrée  d'Alsace  ,  la  plus  fertile  en  vins;  Elle  eft  à  deux 
lieues  de  Rappolftein,  à  dix  de  Baffe ,.  ck  fut  entourée 
de  murailles  ,  par  ordre  de  l'empereur  Frédéric  II.  Elle 
fut  pillée  par  les  troupes  du  duc  de  Lorraine ,  l'an  1652, 
ckfouffrit  beaucoup  pendant  la  guerre  de  1674  ck  1675  j 
ce  qui  a  été  caufe  qu'elle  n'a  pu  encore  fe  rétablir.  On 
y  compte  environ  cent  cinquante  maifons,  deux  cents 
familles  ck  onze  cents  habitans.    C'eft  une  des  fix  villes 


l'électeur  de  Cologne  contre  l'armée  des  alliés  ,  com- 
mandée par  le  prince  de  Naffau-Sarbruck  ;  ck  les  forti- 
fications eu  furent  rafées.  *  Corn.  Dict. 

KAZERON  ,  ville  de  Perse.  Tavernier  lui  donne 
88  d.  30'  de  longitude  ck  28  d.  30'  de  latitude.  Voyez 
Cazerom.  C'eft  la  même  ville. 

KAZIM1ERS.  Voyez  Casimir.      . 

KÉAD1NG  ;  un  malheureux  copifte  de  Corneille 
ayant  mal  formé  une  R,  Corneille  l'a  prife  pour  unK, 
ck  en  a  fait  un  bourg  de  Kéading  en  Angleterre.  Mais 


de  la  préfecture  de  Haguenau.  Elle  a  été  fondée,  dans  le     ce  qu'il  en  dit ,  ne  convient  qu'a  RÉADING  ,  non  pas 
treizième  fiécle ,  par  Wulfelin  ,   préfet  d'Alsace  ,   pour     bourg  )  mais  ville  capitale  de  Berkshire.    Voyez  Rea- 


l'empereur  Frédéric  II,  comme  nous  l'apprenons  du  moine 
Richer  ,  au  fixiéme  chapitre  du  quatrième  livre  de  là 
Chronique  de  Sennone.  *  Piganiol  de  la  Force,  Descr. 
de  la  France,  t.  6,  p.  434. 

2.  KAYSERSBERG  ouKAYSERSPERG,bourg  d'Al- 
lemagne ,  dans  la  Styrie  ,  fur  la  rivière  de  Saltel ,  au 
comté  de  Cilley ,  à  l'orient  ck  à  fix  lieues  de  la  ville  de 
Cilley.  * Longuerue,  Description  de  la  France,  t.. part, 
p.  240. 

KAYSERSHEIM  ouKeisheim,  abbaye  d'Allema- 
gne, au  duché  de  Newbourg.  L'abbé,  qui  prétend  être 
état  immédiat  de  l'Empire  ,  a  eu  fur  ce  fujet  de  grandes 
disputes  avec  la  maifon  de  Newbourg.  *Hubner,  Géogr. 

P'  KAYSERLAUTERN  ,  ville  d'Allemagne  ,  dans  le 
bas  Palatinat.  Ce  nom  devroit  être  en  latin  Cœjarea 
ad  Lutram,  c'eft-à-dire  fur  laLauter,  parce  qu'en  effet 
elle  eft  fituée  fur  cette  rivière  qui  fe  perd  dans  laNahe. 
Baudrand  eftropie  cruellement  ce  nom  ,  ck  en  fait  Ca- 
SELOUTRE  ,  nom  barbare  qu'il  préfère  au  véritable  , 
dont  les  bons  auteurs  ne  font  point  de  difficulté  de  fe 
ièrvir.  La  ville  eft  fituée  dans  un  fond  couvert  d'un 
côté  par  un  grand  marais,  ck  par  des  bois  fort  épais,  de 


KÉAN,port  d'Afie,daris  là  Cochinchine.  LesPP.Jé- 
fijites  y  établirent  au  commencement  du  fiécle  paffé  une 
miffion,  ck  y  fondèrent  une  églife  que  les  perfe'cutions 
rendirent  très-fioriflante.  *  Voyage  du  P.  Alexandre  de 
Rhodes  ,  p.  1 666. 

KEANLOCH,  bourg  de  l'Ecoffe  feptentrionale,  dans 
la  province  de  B raid- Albin,  félon  d'Audifret,  Géogr. 
hijt.  t.  1,  p.  214. 

KÉBACH,  abbaye  de  religieufes  Bénédictines,  dans 
la  haute  Bavière ,  au  midi  du  Danube  ,  ck  au  couchant 
de  Pfaffenhofen. 

KÉ-CIO.  Voyez  Checo. 

KECH.  Voyez  Sebz,. 

KECHICH-DAGHI  ;  c'eft  le  nom  que  les  Orientaux 
donnent  au  mont  Olympe,  dans  la  Bithynie  ,  en  Na- 
tohe.  *HiJl.  de  Timur-Bcc,  1.  5,  c.  51. 

KÉCHMICH.  Voyez  Kismich. 

KECOU,  ville  du  royaume  de  Tonquin,  au  bord 
d'une  rivière,  à  environ  vingt  lieues  de  Chéco ,  capi- 
tale de  ce  royaume.  *  Tavernier,  Descr.  du  Tonquin. 

KEDAI,  bourgade  du  Tonquin  ,  félon  le  P.  Alexan- 
dre de  Rhodes,  Voyages,  p.  156. 


KEI 


KEM 


KEDGE-HAVAS,  village  de  Perse,  dahs  le  Fars. 
*  Hiji.  de  Timur-Bec ,  I.  .3  ,  c.  24. 

KEFTÉEN ,  gros  village  de  Syrie ,  à  fix  lieues  & 
demie  d'Alep,  en  allant  vers  Tripoli.  Il  donne  le  nom 
à  des  plaines  qui  s'étendent  à  perte  de  vue,  vers  le  midi. 
Elles  (ont  presque  par-tout  très-fertiles  Si  bien  cultivées. 
En  y  entrant,  on  découvre  tout-à-la-fois  vingt-quatre  vil- 
lages. Vers  l'occident,  l'on  voit,  pendant  plufieurs  milles, 
une  haute  chaîne  ou  fuite  de  montagnes  ,  qui  ne  font 
Voir  que  de  grands  rochers  tout  nuds ,  fans  la  moindre 
apparence  de  terre ,  ni  d'aucune  production  utile.  Oh 
diroit,en  les  regardant,  que  la  nature  a  tiré,  pour  favorifer 
le  laboureur,  toutes  les  pierres  de  la  plaine,  &  qu'elle  les 
a  entafiées  iur  cette  montagne.  Le  village  de  Keftéen 
eft  grand,  bien  pourvu  de  toutes  chofes,  &  fitué  à  l'oc- 
cident de  la  plaine.  Les  champs  d'alentour  abondent  en 
grains ,  avec  lesquels  les  habitans  nourriflent  une  fi  grande 
quantité  de  pigeons  ,  que  l'on  y  trouve  plus  de  colom- 
biers que  de  maiions.  Ils  affurerent Maundrell ,  {Voyage. 
d'Alep  à  Jèrnfalem  ,  p.  3  &  4,  )  qu'on  trouve  encore 
dans  les  montagnes  &  dans  les  roches  voifines  ,  les  rui- 
nes de  plufieurs  églifes  &  de  plufieurs  .monafteres. 

KEGWORTh,  bourg  d'Angleterre,  dans  ia  province 
de  Leiccfter.  On  y  tient  marché  public.  *  Etat  préfent 
de  la  Gr.  Bretagne',  t.  1. 

KEHKER ,  rivière  d'Afie  ,  dans  l'Indouftan.  L'his- 
torien de.  Timur-Bec,  A4,  c.  16,  dit  :  le  10  de  Ru- 
biuléve,  (ou  le  7  Décembre,)  l'Emir  Solyman-Chah 
partit  avec  tout  Pâtirait ,  qui  étoit  devant  Mounec,  (châ- 
teau;) &  il  fe  transporta  auprès  de  la  ville  de  Samané, 
où  il  demeura  une  nuit.  Le  11  de  Rubiulével,  (ie8  Dé- 
cembre,) il  arriva  au  bord  de  la  rivière  de  Kehker;  & 
Timur  qui  étoit  parti  de  Touhené  ,  (village,)  en  dili- 
gence ,  pour  aller  contre  les  Gétes ,  joignit  Solyman- 
Chah,  au  bord  du  Kehker,  près  de  Samané.  Une  noie 
avertit  que  Samané  ell  une  ville  près  de  Dehli.  Le  Keh- 
ker me  paraît  devoir  être  un  des  ruiffeaux  qui  tombent 
dans  ie  i_  c-mene  ,  qui  paiïe  à  Dehli  &  à  Agra. 

KEHUE  ,  ville  de  la  Cochinchine.  Le  P.  Alexandre 
de  Rhodes ,  Voyages,  p.  16,  dit  en  parlant  de  ce 
royaume  :  la  ville  où  le  roi  fait  fon  féjour,  s'appelle  Ke- 
huè ;  fa  cour  y  eft  fort  belle,  &  le  nombre  des  feigneurs 
fort  grand.  Ils  font  fuperbes  en  habits  ;  mais  leurs  bâti- 
mens  ne  font  pas  magnifiques,  parce  qu'ils  ne  bâtiffent  que 
de  bois.  Ils  font  pourtant  fort  commodes  &  affez  beaux  à 
caufe  des  colomnes  fort  bien  travaillées  qui  les  foutien- 
hent.   Le  nombre  du  peuple  y  eft  fort  grand. 

KEIDER-PEIJAMBER ,  montagne  de  Perse,  s'é- 
tend du  nord  au  fud  ,  vers  le  Curdiftan  ;  c'eft  une  bran- 
che du  mont  Taurus.  Les  Perfans  difent  qu'il  y  a  un 
tombeau  d'un  de  leurs  prophètes,  qui  a  donné  le  nom  à 
cette  montagne  ,  au  pied  de  laquelle  il  y  a  une  très-belle 
vallée  pari'emée  d'un  grand  nombre  de  villages,  fuivant 
Oléarius. 

KEIOUE-BAGH,  ville  d'Afie  ,  au  Mogoliftan.  his- 
toire de  Timur-Bec,  1.  5  ,  c.  4. 

KEIS,  ifle  du  golfe  Petfique,  auprès  d'Ormus.  Voyez 

KlSMlCH. 

KEISERBERG.  Voyez   Kayserberg. 

KEISERLAUTEN.  Voyez  Kagserlautern. 

KE1SERPERG.  Voyez  Kaysersperg. 

KEISERWERT.  Voyez  Kayserswert. 

KEISERSTOUL,  ou  Ceisers-stuel,  petite  ville 
deSuifle  ,  dans  le  comté  de  Bade:  elle  eft  fur  un  coteau, 
au  bord  du  Rhin  ,  avec  un  pont  fur  ce  fleuve  :  on  croit 
que  c'eft  l'ancien  Forum  Tiberii,  c'eft-à-dire,  le  Tribunal 
de  Céfar,  parce  que  Tibere-Céfary  avoit  rendu  la  juflice, 
félon  Cluvier,  /.  2  de  fa  Germanie.  Les  Romains  l'a- 
voient  fortifiée  pour  défendre  le  paffage  du  Rhin  aux  Al- 
lemands :  elle  eft  entre  Egliffav  &  Zùrzach  ;  elle  ap- 
partient à  l'évêque  de  Confiance  ;  mais  les  cantons ,  fei- 
gneurs de  Bade ,  en  font  fou.verains,  &  le  bailli  de  Bade 
a  la  connoifTance  des  caufes  criminelles.  Ses  habitans 
font  Proteftans. 
KEiÇHEIM.  Voyez  Kaysersheim. 

KEITH,iflede  Itcofle  méridionale,  dans  la  rivière 


«4. 


de  Forth.  Elle  eft  vis- 


port 


de  Lith  ,  &  fertile 


en  bons  pâturages  pour  les  chevaux  ;  ce  qui  fut  caufe  , 
félon  quelques-uns ,  que  les  François  l'appellerent  l'ifle 
des  chevaux ,  lorsqu'ils  la  prirent  fur  les  Anglois  du  tems 
de  Henri  VIII.    . 


KELADGI ,  tribu  Tart'are.  II  en  eft  fait  mention  dans 
i'hiftoire  de  Timur-Bec,  /.  3  ,  c.  z%. 

KELAPINE,  ville  d'Afie,  au  Mogoliftan.  *  ffift.  de 
Timur-Bec  ,  I.  5  ,  c.  4. 

KELAT  ,  ville  de  Perse,  au  fud  de  Mazendran  ,  en- 
tre Macad  &  Tous,  félon  le  même  auteur,  l.  2,  c.  36. 

KELATIENS,  nation  robufte  &c  nombreufe,  entré 
les  Ouganis.  Voyez  Ouganis. 

KELBINS ,  peuple  de  Syrie.  Ils  vivent  dans  la  cam- 
pagne voifine  des  Drufes ,  à  deux  ou  trois  lieues.  Quoi- 
qu'ils ne  foient  ni  Chrétiens  ni  Turcs ,  ils  montrent  plus 
de  penchant  pour  les  vérités  chrétiennes  que  pour  le 
Mahométisme.  *  Corn.  Dift. 

KELHAIM  ,  ville  d'Allemagne  ,  dans  la  baffe  Ba- 
vière ;  dans  une  ifle  au  confluent  de  la  rivière  d'Altmul 
avec  le  Danube  ,à  la  gauche  de  ce  fleuve. 

'  KELKERAN  ,  lieu  de  la  Perse ,  à  un  quart  de  lieue 
d'Ardebil.  Zeyd-Zeybrail  ,  père  de  Cha-Sefi  ,  y  a  urt 
tombeau ,  qui  eft  un  fameux  pèlerinage  pour  les  Maho- 
métans.  Ce  lieu  eft  fort  orné  ,  très-riche ,  ci  fort  fré- 
quenté ,  félon  Sttuys ,  voyageur  Hollandois ,  troijiéme 
Voyage,  c.  27  &f  28. 

KELL,  (le  fort  de)  fortereffe  d'Allemagne ,  fur 
la  rive  droite  du  Rhin  ,  à  la  tête  du  pont  de  Strasbourg. 
Les  François  l'avoient  bâtie  fur  les  deffeins  du  maréchal 
de  Vauban ,  pour  affurer  la  conquête  de  Strasbourg.  Ils 
la  cédèrent  à  l'empire  par  la  paix  de  Rysvyc ,  la  repri- 
rent ,  en  1  703  ,  &  par  le  traité  de  Bade ,  il  a  été  réglé  que 
ce  fort  demeureroit  à  l'empire  ,  que  le  pont  &  le  Rhin, 
feraient  communs  entre  les  Impériaux  &  les  François  ; 
qu'on  ne  ferait  aucun  fort  dans  les  ifles ,  qu'on  démolirait 
au  contraire  ceux  qu'on  y  avoit  faits  ;  ce  qui  a  été  exé- 
cuté. Voyez  Strasbourg.  *  Mém.  du  tems. 

KELLEN  ,  village.  Voyez  Colonia  Trajana. 
_  KELLER-AMPT,  feigneurie  en  Suiffe.  Elle  appar- 
tient à  la  ville  de  Bremgarten  ,  &  comprend  les  villages 
de  Jonen  ,  à' JE  le  &  de  Lunghojen.  Elle  y  a  la  baffe  juris- 
diftion  ;  mais  la  haute  juftice,  &la  connoiffance  desaf- 
faires  criminelles  ,  appartient  à  Zuric,  depuis  l'an  142c.. 

*  Etat  &  dét.  de  la  Suiffe  ,  t.  3  ,  p.   148. 

t.  KELLES  ,  ou  Kelis  ,  ville  d'Irlande,  dans  la  pro- 
vince de  Leinfter ,  au  comté  d'Eft-Meath  ,  fur  la  petite  ri- 
vière de  Blackwater,  qui  fe  perd  dans  la  Boyne  ,  près  de 
Navan.  C'eft  une  des  principales  entre  les  onze  baronni  -s 
de  ce  comté  ;  elle  envoie  les  députés  au  parlement,  &c 
donne  le  titre  de  vicomte  au  comte  de  Cholmondeley, 
en  Angleterre.  Voyez  Laberus.  *  Etat  préfent  de  Tir- 
lande,  p.  38. 

2.  KELÉL  ,  baronnie  d'Iilande  ,  dans  la  province  de 
Leinster,  au  comté  de  Kilkenny  ,  avec  une  ville  demême 
nom  ,  à  fix  milles  à  l'eft  de  Callen,  fur  une  petite  rivière 
quife  rend  dans  laNure.  * *Etat  préfent  de  l'Irlande,^.  41. 

KELLINGSTON  ,  bourg  d'Angleterre,  dans  la  pro- 
vince de  Cornouailles  ;  il  a  droit  de  tenir  marché  public. 

*  Etat  préfent  de  la  Gr.  Bret.  t.  1. 

KELMART,  ou 

KELMUNTZ,  petite  place  d'Allemagne,  en  Suabe, 
fur  la  rivière  d'Iler,  à  trois  milles  d'Allemagne,  au-des- 
fous  de  Memmingue ,  en  descendant  vers  Ulme ,  à  cinq 
de  cette  dernière,  &  à  neuf  d'Augsbourg.  Voyez  CêLIUs 
MONS.  I.  *  Baudrand ,  éd.  1705. 

KEMAC,  fortereffe  d  Afie,  au  pays  de  Roum  ,  aux 
confins  de  la  Natolie  &  du  Courdiftan  ,  à  fept  lieues  de 
la  ville  d'Arzendgian.  L'hiftorien  de  Timur-Bec,  /.  5, 
•  c.  43  ,  dit  :  le  château  deKemac  eft  un  des  plus  célèbres 
de  l'Afie.  Il  eft  fitué  fur  un  rocher  haut  &  efearpé ,  &  il 
eft  entouré  d'un  détroit  en  forme  de  labyrinthe.  Il  y  a 
au  pied  des  murs  ,  des  jardins  ,  &  des  parterres  de  fleurs  , 
fur  le  bord  de  l'Euphrate  ;  &  jamais  aucun  prince  ne  l'a 
conquife  par  force.  Plufieurs  poètes  l'ont  comparée  au 
patadis  terreftie  ,  à  caufe  que  tous  les  ans  auprintems^ 
pendant  trois  jours  confécutits ,  il  tombe  de  l'air  de  pe- 
tits oifeaux ,  gros  comme  des  moineaux  nouvellement 
emplumés  ;  les  habitans  les  ramaffent ,  les  falent  tk  les 
Conferventdans  des  vafes.  Si  on  ne  les  prend  pendant  ces 
trois  jours  ,  leurs  ailes  deviennent  grandes  &  ils  s'envo- 
lent. Les  généraux  de  Timur-Bec  ne  laifferent  pas  de  l'en 
rendre  maître. 

KEMACH.  Voyez  Chemach  &  Camachus. 

KEM ARAT,  ville  d'Afie,  aux  confins  des  royaumes 
de  Laos  5c  deSiam.  C'étoit  autrefois  la  capitale  d'unpe-; 
Tome  III,    Mmmm  ij 


644 


KEN 


KEN 


it  royaume,  qui  fait  préfentement  partie  de  l'état d'A va, 
aviez  près  delà  lburce  du  Menam,  qui  couleàSiam.*2?iî 
Fille,  Carte  des  Indes. 

KEMMERUUF  ,  ou  Guergon  ,  ville  de  l'Inde ,  au- 
delà  du  Gange ,  dans  les  états  du  roi  d'Ava  ,  au  nord- 
oueftdu  lac  de  Chianiai,dans  le  royaume  particulier ÏÏA- 
fem  ou  Acham,  dont  elle  eft  la  capitale,  aux  confins  du 
rovaume  de  Boutan.  *  De  l'IJle,  carte  des  Indes. 

KEMNITZ.  Voyez  Chemnitz: 

REMOI,  (les)  peuple  fauvage  d'Aile  ;  ils  occupent 
la  partie  orientale  delà Cochinchine,  &  font  léparés  du 
refte  de  ce  royaume  par  une  chaîne  de  montagnes.  Ils  ont 
au  couchant  le  royaume  de  Camboge  ,  &  au  midi  celui 
de  Ciampa.  *  De  L'IJle  ,  Carte  des  Indes. 

KEMPELAND,  pour  Kempenland. 

i.  KEMPEN,  petite  ville  d'Allemagne,  dans  l'élefto- 
rat,  &  au  territoire  de  Cologne.  Il  y  a  une  abbaye  ,  elle 
eft  remarquable  par  la  vi&oire  qui  y  tut  remportée  par 
le  comte  de  Guebriant ,  le  17  Janvier  1641  ;  il  fit  pn- 
fonniers  les  généraux  Lamboi  &c  Merci  ;  ce  qui  lui  valut 
le  bâton  de  maréchal.  C'eft  la  patrie  de  1  homas  ,  à 
Kempis,  auteur  duTraité  de  l'imitation  de  Jeius-Chnft, 

2.  KEMPEN,  ou 

KEMPENLAND.  Voyez  Campine. 

KEMPS  :  village  dans  le  SuntgaV.  Je  ne  le  cite  que 
parce  que  la  plupart  des  géographes  croient  que  c'eft  le 
Cambate  des  anciens. 

KEMPTEN,  ville  d'Allemagne  ,  enSuabe,  dans  1  AI- 
gow,  fur  filer  ;  &  quoique  petite,  elle  eft  libre  &  impé- 
riale. Son  nom  latin  eft  Campidona  tkCampodunum.  Elle 
dépendoit  autrefois  de  l'abbé;  mais  elleracheta  (a  liberté, 
en  i5i<;.Ilyavoitfurune  hauteur  le  château SHilarmunt 
ou  Hillermont ,  que  l'on  appella  ensuite Burghalden  ,  qui 
eft  emiérement  ruiné.  Ce  château  eft  remarquable  pour 
avoir  été  la  réfidence  la  plus  ordinaire  des  anciens  ducs 
de  Suabe.  *  Baudrand ,  reftifié  fur  divers  mémoires. 

Cette  ville  eft  Luthérienne  ,  quoi  qu'elle  doive  fon 
principal  éclat  à  une  abbaye  de  l'ordre  de  S.  Benoît , 
dont  l'abbé  eft  prince  de  l'empire  ,  &  à  droit  de  féance 
&;  de  fuffrage  dans  les  diètes.  Tous  les  moines  font  de 
qualité ,  &  élifent  leur  abbé.  Il  eft  exempt  de  la  juris- 
di&ion  de  l'ordinaire  ,  &  ne  relevé  que  du  pape  immé- 
diatement pour  le  fpirituel ,  en  vertu  d'un  privilège  d'A- 
drien I,  où  Campidona  eft  qualifiée  une J. coude  Rome, 
Il  n'y  a  aucune  place  de  conséquence  ;  cependant  ce  petit 
état  ne  làiffe  pas  de  contenir  foixante  &  douze  paroiffes, 
beaucoup  de  fiefs,  &  quelques  châteaux.  Il  eft  entre  l'é- 
vêché  d'Augsbourg,  la  baronniede  Mindelheim,  &  les 
comtés  de  \Valbourg  &  Koenigsek.  Cette  abbaye  doit 
fa  fondation  à  Hildegarde  ,  fille  de  Hildebrand,  duc  de 
Suabe, laquelle  lui  donna  de  grands  biens,  félon  d'Au- 
difret  ;  mais  le  monaftere  qu'elle  fonda ,  ne  fubfifteplus, 
félon  les  notices  qui  accompagnent  le  plan  que  Mérian  en 
a  gravé.  On  y  lit  ces  mots,  S.  Hilgard  FurJllichCloJler 
Jo  ieti  abgebrochen.  En  effet  cette  ville  ayant  été  prife  par 
les  Suédois ,  en  1631 ,  ils  pillèrent,  faccagerent  &  détrui- 
firent  le  monaftere ,  n'y  laiffant  rien  d'entier  que  quel- 
ques murailles  ;  le  3  de  Janvier  de  l'année  fuivante ,  les 
Impériaux  eutent  leur  tour,  &  faccagerent  la  ville  ,  pil- 
lant ,  tuant,  fans  égard  pour  l'âge  ni  pour  le  fexe  :  ils 
n'épargnèrent  pas  même  la  chancellerie ,  où  étoient  gardés 
les  privilèges  de  la  ville.  Ils  brûlèrent  tout  le  fauxbourg. 
L'abbave  a  été  rétablie  depuis  ce  tems-là. 

KEN  ,  rivière  d'Angleterre ,  dans  le  "SVeftmorland. 
Elle  fe  forme  de  cinq  ou  fix  ruifteaux  qui  coulent  déjà 
dans  un  même  lit ,  au-deflbus  de  Kendale ,  d'où,  ferpen- 
tant  vers  le  midi  occidental ,  elle  lé  jette  dans  un  golfe 
de  la  province  de  Lancaftre.  La  vallée  où  elle  coule,  prend 
le  nom  de  Kendale  ou  vallée  de  Ken  ,  dont  la  principale 
ville  s'appelle  de  même. 

KENCHESTER,  village  d'Angleterre ,  dans  le  Hert- 
fortshire,  à  trois  milles  au  couchant  de  Hertford ,  fur  la 
Wie.  Il  eft  remarquable  par  les  ruines  qu'on  y  voit  de 
l'ancienne  Ariconium. 

KENDAL,  ou  Kandale  ,  ville  d'Angleterre  ,  en 
Veftmorland.  C'eft  le  Concangium  des  Latins ,  à  ce  qu'on 
croit.  C'eft  la  meilleure  place  de  la  province.  Elle  eft  fi- 
tuée  fur  le  Ken  ,  dans  une  valée,  à  laquelle  proprement 
appartient  le  nom  de  Kendale  ,  que  prend  cette  ville. 
Elle  eft  bâtie  en  forme  de  croix  ;  deux  grandes  rues  fe 
traversant  l'une  l'autre ,  outre  lesquelles  il  y  a  de  petites 


rues:  elle  eft  riche  &  bien  peuplée,  fait  un  grand  commerce 
o.t  draps,  de  droguets,  de  ferges,  de  coton,  de  bas,  & 
de  chapeaux.  Sur  la  rivière  il  y  a  deux  ponts  de  pierre  ÔC 
un  de  bois.  A  quelque  ciiftance  de  ce  dernier,  on  voit  en- 
core les  ruines  d'un  château  ,  où  Catherine  Parre,  fixiéme 
femme  du  roi  Henri  V III ,  prit  naiflance.  L'égliie  de  Ken- 
dale eft  grande  ;  outre  celle-là,  il  y  a  deux  annexes.  Près 
du  cimetière  eft  une  école  publique  ,  d'où  l'on  envoie 
de  tems  en  tems  un  certain  nombre  d'écoliers ,  au  col- 
lège de  la  reine,  à  Oxford.  * Etat prefent  de  la  Gr.  Bret. 
t.  1,  p.   121. 

KENN  ,  rivière  d'Ecofle  ,  dans  la  province  de  Gal- 
Iowai  :  elle  a  (a  fource  aux  frontières  de  Nithesdale, au- 
deffus  de  celle  d'Orr ,  coule  au  midi ,  &  forme  un  lac  de 
quatre  ou  cinq. milles  de  long  ,  qu'on  nomme  Kennmoot ; 
&,  f'ortant  de  ce  lac  ,  elle  fe  jette  un  mille  plus  bas  dans 
la  Dée. 

KENNAOUG,  ville  de  l'Indouftan  ,  au  paysdeHend, 
au  lecond  climat,  à  1 15  d.  de  longitude,  rk  à  26  de  la'i- 
tude,  félon  D'Herbelot,  BibUoihequt  orientale.  On  y  voit 
un  grand  concours  de  marchands  qui  viennent  y  trafi- 
quer. Il  y  a  une  mine  d'or  fort  abondante  dans  le  terri- 
toire  de  cette  ville. 

KENN.4SSERIM,  ville  de  Syrie  ,  peu  é:oignée  d'A- 
lep,  372  d.  de  longitude,  &  à  35  d.vjo'  de  latitude.  Cos- 
rcës  ,  roi  de  Perse  ,  la  prit  fur  l'empereur  Phocas  ;  &c 
les  Kalifes  de  Damas  &  de  Bagdat  s'en  empa/erent  en- 
fuite.  Ahmed-Ben-Touloun,  qui  avoit  conquis  l'Egypte, 
envahit  ai  ffi  une  partie  de  la  Syrie,  &  prit  Kennaferim. 
*  D'Herbelot  ,  Bibl.  orient. 

KENNEMERLAND  ;  ce  pays  a  eu  diverses  bornes 
en  divers  tems.  Les  Kennemarsesont  fuccédé  aux  Mar- 
satiens  ,  tk  ils  fe  font  diftmgués  par  beaucoup  de  guerres 
foutenues  avec  vigueur.  Harlem  étoit  la  capitale  de  l'an- 
cien Kennemerland  ,  mais  elle  en  a  été  détachée  dans  la 
fuite  ;  &  ce  pays  commence  préfentement  au-delà  de  cette 
ville ,  &  comprend  une  partie  confidérable  de  la  Hol- 
lande feptentrionale.  Alktnaër  &  Beverwyck  en  font 
les  principaux  lieux.  Le  catalogue  des  biens  de  l'églife 
d'Utrecht,  Stockius  &  Btka  nomment  Kinnemaria,  une 
partie  du  territoire  des  anciens  Marlàiiens;  qui  eft  le  long 
de  l'Océan  ,  entte  le  Rhin  &  le  Kinnem  ,  ruiffeau  qui 
donne  le  nom  à  ce  pays-là,  &c  le  (èpare  de  la  "WeftîHfe. 
Nous  ferons  voir  au  mot  Kinherlt,  qu'il  ne  faut  pas  le 
confondre  avec  Kinnem  &  Kinnemaria:  Le  Kinnem  , 
pour  le  dire  ici,  eft  un  ruiffeau,  qui,  fortant  du  lac  de  Scher- 
mer  que  l'on  a  defféché ,  &  dont  on  a  fait  un  polder  , 
pafle  au  nord  d'Alckmaër,  &  fe  jette  dans  l'Océan,  à  Pet- 
tem.  Voilà  donc  la  véritable  borne  du  Kennemerland  de 
ce  côté-là.  Dans  les  Annales  de  Rheginon ,  ad  an.  884, 
on  lit  Danemarca ,  dans  un  paffage  où  il  n'eft  nullement 
queftion  du  Danemarck.  Scriverius  foupçonne  qu'il  faut 
lire  Kinnemaria ,.  ou  Kinnemarca.  Cependant  ce  chan- 
gement n'eft  point  néceffaire  :  car  les  Danois ,  bien  des 
années  auparavant  ayant  fait  leur  première  irruption  dans 
ce  pays  ,  avoient  donné  occafion  de  le  nommer  Da- 
nemarck, ou  pays  des  Danois.  C'eft  la  penfée  d'Alting  , 
Notit.  German.  infer.  part.  2 ,  p.  107.  Charles  le  Simple 
donna  àThierri  I,  l'an  913  ,  le  Kennemerland,  malgré 
les  habitans  qui  haïffoient  la  nobleffe  ;  mais  lorsqu'ils 
furent  une  fois  fournis  ,  ils  rendirent  des  grands  fervi- 
ces  dans  les  guerres.  Voyez  les  articles  Kinhem  &: 
Kinnem. 

KENNETH,  (le)  rivière  d'Angleterre  :  elle  a  fa 
fource  en  Wiltshire  ,  au  couchant  méridional  de  Marbo- 
roug ,  qu'elle  arrofë  :  de-là,  coulant  vers  l'orient,  elle  en- 
tre en  Barkshire,"&  y  baigne  Hungerdford,  Newbury  ôc 
Réading  ,  où  elle  fe  jette  dans  la  Tamife.  *  Wischer  , 
Enaland. 

KENOQUE,  (  le  fort  DE  la  )  fort  des  Pays-bas,' 
dans  la  Flandre  Teutonne,  entre  Ypres  &Furnes,  à  deux 
lieues  &  demie  de  Dixmude.,  proche  de  l'embouchure  de 
l'Yfer  dans  l'Yper. 

KENRY,  baronnie  d'Irlande  ,  dans  la  province  de 
Munfter.  Elle  eft  une  des  neuf  qui  compofent  le  comté 
de  Limerick,  &iîtuée  au  fud-oueft\leLimerick.  *  Etat 
préjent  de  f  Irlande. 

1.  KENT,  autrefois  royaume  particulier  de  la  grande 
Bretagne  ,  durant  l'heptarchie ,  c'eft-à-dire ,  dans  le  tems 
que  l'Angleterre  étoit  partagée  en  fept  royaumes ,  dont 
chacun  avoit  fon  fouverain  particulier,  Son  premier  mor 


KEN 


KER 


narque  futHengift  ,  qui  commença  de  régner,  Fan 457  ; 
félon  d'autres-,  deux  ans  plutôt;  mais  ce  royaume  fut  con- 
quis ,  auffi-bien  que  les  autres ,  par  Ecbert,  roi  des  Saxons 
occidentaux,  qui  les  réunit ,  Se  décruifitainfi  l'heptarchie. 
Depuis  ce  tems-là  Kent  n'eft  plus  qu'une  province  d'An- 
gleterre. 

2.  KENT  ,  royaume  ,  L.  Cantiœ  regnum  ,  ancien 
royaume  d'Angleterre ,  fut  fondé  par  les  Saxons  :  Hen- 
gift  en  fut  le  premier  roi,  l'an  455  ,  &  Baldred  le  der- 
nier, l'an  805  ;  il  étoit  borné  au  midi  par  la  mer,  8e  à 
l'orient  :  il  avoit  la  Tamife  au  nord,  Se  le  royaume  de 
Suffex  à  i'o;cident  :  il  avoit  lbixante  milles  Anglois  de 
long ,  &  trente  dans  fa  plus  grande  largeur.  Ses  principa- 
les villes  étoient  Dorobern,  nommée  eniiiite  Centorbéri , 
qui  en  étoit  la  capitale  ;  Douvres  Se  Rochefter  :  il  y  en 
avoit  quelques  autres  moins  confidérables  par  leur  firua- 
tion  &  la  commodité  de  leurs  ports,  comme  Sandvr'ich, 
Déale,  Folckfton  Se  Reculver. 

3.  KENT  ,  province  maritime  d'Angleterre ,  à  l'orient 
ckà  l'entrée  de  la  Manche,  dans  les  diocèfesde  Cantor- 
béri  Se  de  Rochefter  :  elle  a  cent  foixante  milles  de  cir- 
cuit, Se  contient  environ  douze  cents  quarante-huit  mille 
arpens  ,  ci  trente-neuf  mille  deux  cents  quarante-deux 
maifons.  Suivant  la  différence  defon  terroir,  on  la  divife 
en  trois  parties ,  fa  voir; 

Les  dunes,  où  l'on  a  fantéfans  richeffes  ; 

Les  endroits  marécageux,  où  l'on  a  richeffes 
fans  famé. 

Et  les  PARTIES  MEDITERRANEES  ,  où  l'on  a  fantè 
&  richeffes. 

Une  partie  de  cette  province  eft  pleine  de  bois  ;  une 
autre  abonde  en  bleds ,  Se  une  autre  en  pâturages.  Son 
terroir,  dans  un  endroit  produit  beaucoup  de  froment; 
dans  un  autre,  de  l'orge,  Se  ailleurs  d'excellentes  cerifes 
&  des  pommes  de  reinette  d'un  goût  exquis.  Ses  rivières 
font,  outre  la  Tamife,  qui  la  fépare  d'Effex,  le  Médwai,  la 
Stoure  ,  &c.  Le  f,umon  du  Médwai  eft  très-bon ,  &  les 
truites  deFordwich,  prèsdeCantorberi,  font  d'une  grar.- 
deur  extraordinaire.  Ce  fut  dans  cette  province  que  les 
Saxons  s'établirent  d'abord,  Se  qu'ils  embrafferent  le 
Chriftianisme ,  parla  prédication  de  S.  Auguftin,  moine 
de  l'ordre  de  S.  Benoît ,  Se  l'apôtre  de  l'Angleterre, 

Quand  les  Normands  conquirent  ce  royaume,  Guil- 
laume furnommé  le  Conquérant ,  confirma  les  anciens 
privilèges  des  habitans  de  Kent.  Les  trois  principaux  de 
leurs  droits  font,  i°  Que  les  hoirs  mâles  partagent  éga- 
lement les  biens  de  terre.  2.0  Que  tout  héritier,  à  l'âge 
de  quinze  ans,  peut  vendre  Se  aliéner.  3°  Que  nonobs- 
tant la  conviction  du  père  atteint  de  quelque  crime  ca- 
pital ,  le  fils  ne  laiffe  pas  d'hériter  de  les  biens  ;  de-là 
vient  le  proverbe  :  The  Father  to  the  Bough  /  and  tht 
fin  tothePlough;  c'eft-à-dire  :  le  père  au  gibet,  &  le  fils 
à  la  charrue.  Ce  (ont  ces  privilèges  que  l'on  appelle  G  A- 
.VELKIND. 

Ses  villes  Se  bourgs  ou  l'on  tient  marché  font  : 

Cantorbéri,  capitale. 

*Rochefter,  Feversham, 

*Maidftone,  Folkftone, 
*Dover  ou  Douvres,     Goodhurft, 

•Sandwich,  Gravefend, 

*Romney,  Lenham, 

*Queenboroug^  Lid, 

*Hyeth ,  Sevenoke, 

Appledore^  Tenterden, 

Asford,  Mallig, 

Bromley,  Milton, 

Cranbrooki  Tunbridgey 

Cray ,  Veftram , 

Darsford ,-  Wolwich, 

Eltham,  Wrotham^ 
&  Wye. 

C'eft  dans  cette  province  que  fe  trouvent  les  princi- 
paux d'entre  les  cinq  ports  qui  ont  de  grands  privilèges , 
Se  dont  les  députés  au  parlement  font  appelles  barons 
des  cinq  ports.  Ces  ports  font  préfentement  au  nombre  de 
huit ,  dont  quatre  font  de  cette  province ,  favoir  : 


64; 


Douvres , 
Sandwich , 


Romney  ou  Romeney. 
Hyeth. 


Les  quatre  autres  font  dans  la  province  de  Suffex,  fa\ 

Haftings,  Rye, 

Winchelsea,  Séaford. 

Kent  donne  le  titre  de  duché  à  Henry  de  Grey.  Les 
îfles  de  Thanei  Se  de  Shepei  font  de  cette  province.  *  Etat 
préf.ntde  la  Gr.  Bret. ,  t.  I ,  p.  75. 

KENTÉ  ,  petite  ille  de  l'Amérique  feptentrionale  , 
dans  la  Nouvelle  France,  fur  la  côte  feptentrionfre  du  lac 
de  Frontenac.  Il  y  a  une  habitation  Françoife.  *Bj.udr* 
édit.  1705. 

KENTRO,  montagne  do  l'ifle  de  Candie  relie  eft  toute 
pelée  ;  il  en  fort  plufieurs  fources. 

KENTZINGUE,  petite  ville  d'Allemagne:  dans  le 
Bnsgaw,  lur  l'Elz,  peu  loin  du  Rhin.  Eiïe  appartient 
à  l'empereur,  &  à  une  églife  ,  où  font  les  tombeaux  de 
beaucoup  de  gentilshommes.  Éiie  louiîrit  beaucoup  du- 
rant la  longue  guerre  d'Allemagne;  &  le  maréchal  de 
Villars  en  fit  rafer  les  murailles,  en  1703.  On  y  paffe 
l'EIzentreEndin^en  Se  Ettenheim.  *Ziy!er,  Allât.  Too. 
p.  27.  Corn.  D.ft. 

KEPPEL ,  ancien  château  Se  feigneurie  dans  le;  Pro- 
vinces-Unies,  au  comté  de  Zutpllën,  fur  le  vieux  IiTel, 
aune  graide  lieue  au-deffus  de  Doë  :  bourg. 

KERAH,  ville  de  Perse,  à  86  d.  40'  de  longitude, 
5e  à  34  d.  15'  de  latitude,  félon  1  avernier  ,  Voyage  de 
Perse  ,  1.  3  ,  c.  dern.  C'eft  une  ville  dans  un  bon  pays  ; 
Seelle  fe  contente  de  ce  qu'il  produit,  fans,  avoir  aucun 
commerce  en  dehors. 

^  KERAMÉE  ,  Keramaîa  ,  lieu  de  la  Grèce  ,  dans 
l' Afrique  ;  il  eft  ainiî  nommé  ,  parce  qu'on  y  fait  des  tui- 
les d'une  terre  graffe  q  l'on  tire  des  champs  qui  font  plan- 
tés d'oliviers.  Spon ,  Voyages  ,  t.  2 ,  p.  1 1 1  ,  dit  qu'on 
le  nommoit  autrefois  Céramique  par  la  même  rai. on  ; 
comme  ce  fauxbourg  étoit  auffi  appelle  académie,  parce 
qu'un  particulier  avoit  donné  ce  qu'il  y  pofladoit,  pour  en 
faire  une  école.  Voyez  Académie.  Ce  favant  voya- 
geur marque  le  fentiment  des  autres,  qui  placent  ailleurs 
le  Céramique,  Se  répond  amplement  aux  objecïions  que 
l'on  peut  voir  dans  le  livre  même.  Ce  lieu  de  Keramaîa 
eft  du  côté  dEieulïs.  A  l'égard  du  Céramique,  il  yen  avoit 
deux;  l'un  &tta  (juxuot  ■,<  îe  Céramique  intérieur  ;  & 
!  -:  u  .'->  -  "Cm  le  Céramique  extérieur.  Le  premier 
étoit  dans  la  ville  ,  &  failbit  un  quartier  d'Athènes;  c'é- 
toitune  promenade  agréable ,  Se  le  rendez-vous  des  cour- 
tifanes  ;  l'autre  étoit  un  fauxbourg  où  l'on  failbit  des  tui- 
les ,  Se  où  Platon  enfeignoit  la  philofophie.  Ceft  à  ce 
dernier  que  Spon  applique  ce  qu'il  dit  de  Keramaîa. 

KERAS.  Voyez  Ceras. 

KERATA.  Voyez  Cerata,  Se  KeraTopyrgo. 

KERATEIA  ,  iieu  de  Grèce  ,  dans  l'Attique  ,  à  une 
heure  Se  demie  au-delà,  6k  au  (ùd  d'une  églife  ruinée, 
entourée  d'oliviers,  ckà  quatre  ik  demie  du  village  de 
Marcopoli.  On  nomme  ainfi  ce  lieu,  à  caufe  des  arbres 
qui  portent  des  gonfles  cornues,  Se  qui  croiffent  d'eux- 
mêmes.  C  étoit  une  ville  ancienne  ck  grande ,  qui  s'étoit 
confervée  jusqu'à  ce  qu'elle  fût  détruite  par  les  corsaires, 
il  y  acnquante  ou  lbixante  ans  ,  c'eft  à-dire,  vers  le 
commencement  du  fiécle  paffé.  Les  habitans  avoient  leurs 
epitropi  ou  archontes  jusqu'alors,  qui  portoient  de  hauts 
chapeaux  couronnez  comme  les  Athéniens.  "Wheler  doute 
fi  ce  lieu  Kerateia  n'eft  pas  Anaphylifta.  Voyez  Ana- 
PLYSTUS.  *  Wheler,  Voyages,  t.  i,p.  260. 

KERATOPYRGO,  tour  de  Grèce,  fur  le  chemin 
d'Eleufine  à  Mégare.  Elle  eft  ruinée  ;  mais  elle  fert  par 
fon  nom  à  faire  connoître  que  la  montagne ,  fur  laquelle 
elle  ei\Cnuée,e(ï  h  Cerata,  ou  Kerata  des  anciens.  Voyez 
Ceras  Se  Cerata.  *  Spon  ,  Voyages ,  t.  2,  p.  167. 

1.  KERBAL  ,  bourg  de  Perse  ,  entre  Ispahan  Se  Abre- 
couch.  *  Hfc.  de  Timur-Bec  ,  1.  3,  c.  23. 

2.  KERBAL,  ville  d'Alie,  en  Perse,  au  Couheftan, 
entre  Yezd  Se  Ispahan.  *  Hiftoire  de  Timur-Bec  ,  I.   3 
c.  68. 

KERBELA  ,  campagne  d'Afie,  dans  la  Perse  ,  fur 
l'Euphrate.  C'eft  où  l'Iman  Huffein,  fils  d'Ali,  Se  petit- 
fils  de  Mahomet,  fut  tué  en  combattant  contre  les  trou- 
pes d'Iézid  ,  fils  de  Moavie ,  qui  lui  disputoit  le  Kalifat, 
Elle  eft,  félon  le  traducteur  de  l'Hiftoire  de  Timur-Bec, 
/.  3  ,  c.  38  ;  à  77  d.  de  longitude,  Se  à  31  d.  30'  de  lati- 
tude. D'Herbelot,  Bibliothèque  orientale,  dit  qu'elle  eft 


KEH 


'646  KEK 

proche  de  Coufah,  ckàl'occident  de  la  ville  de  Cas-Ben-  de  ce  concile,  ne  nomment  pas  le  lieu  d'une  manière 

Hobeïrab.  Uniterme.    Quelques-uns   dilent   Kirdinige ;   d*autres 

KERCKGHEUL ,  lac  d'Afie  ,  au  pays  de  Captchac  ,  Kirding,  d'autres  Kerling.  Vigorn  dit  que  celieu.de- 

c'eft-à-d!re,  au  royaume  d'Aftracan,  ou  pays  de  Nagaia,  voit   être   dans   le   royaume  d'Eftanglie.  Spelman  fait 

entre  le  Voïga  &  leJai'c.  Il  eft  formé  &  traversé  par  une  cette  objection  :  je  ne  trouve,  dit-il,  aucun  lieu  dans 

rivière  gui  feioienant  avec  quelques  autres,  prendfon  cours  toute  l'hftanglie,  aucune  maifon  qui  ait  porté  un  de 

vers  l'occident ,  &  va  tomber  dansje  Wplgaauprès  de  ïr  ' 


ville  de  Samara  ,  qu'elle  arrofe.  *  De  Fi/le,  Tartane. 

KERDESTAN  ,  bourg  de  Perse ,  au  Coureftan  ,  vers 
les  frontières  du  Fars.  *  Èijl.  de  Timur-Bec  ;  1.  3  ,  0  24. 

KERÈS,  (le)  rivière  de  Hongrie  :  elle  a  la  fource 
dans  la  Tranfilvanie ,  au  comté  de  Zarand ,  dans  les  mon- 
tagne :  delà  elle  coule  quelque  rems  vers  le  midi  ;  circule 
autour  de  Keresbanja,  bourgade  qu'elle  arrofe  ;  fe  replie 
vers  le  nord  ;  entre  en  Hongrie  vers  le  couchant  ;  paffe 
au  midi  d'Almagi,  fortereffe  ;  reçoit  quelques  ruiffeaux, 
prend  le  nom  de  Eeir-Kerès ,  forme  une  ifle  ,  où  eft  Re- 


noms. Mais  dans  la  lifte  des  villages  du  territoire  de 
Cantorbéri  ,  on  trouve  Kirding,  ik  je  crois  que  c'eft 
la  même  chofe  que  Kadagt ,  réfidence  des  barons  de 
North.  Pour  moi  ,  ajoute  Gibson,  je  croirois  que  c'eft 
Kyrtlington,  en  Oxfordshire  ;  car  ,  en  premier  lieu  , 
poursuit-il,  je  m'embarraffe  peu  d'une  r  changée  en  m; 
des  copiftes  négligens  ont  pu  aifément  s'y  tromper.  Se- 
condemept  on  voit  que  l'évêque  Sidement  ,  mort  au 
concile,  fut  enterré  à  Abbandune  ou  Abbington.  On 
ne  chercha  fans  doute  qu'à  lui  donner  la  fépulture  dans 
quelque  abbaye  célèbre  la  plus  voifine  ;  or  s'il  (ùi  mort 


jfieno ,  fortereffe  au  Comté  d'Arad ,  fe^ecourbe  vers  le  dans  FEftanglie  ,  pourquoi  ne  l'eut-on  pas  mis  à  Medcs- 

nord-oueft ,  fe  groffit  de  quelques  fources ,  paiïe  à  Giula ,  hamjlide ,  aujourd'hui  Peterburrow^ ,  fans  le  porter  à  Ab- 

entre  au  comté  de  Tarental ,  où  elle  reçoit  une  autre  ri-  bington  ?  Quel  rapport  avoit. un  évêque  de  Devon  avec 

viere  appellée  Fekete-Kerès ,  qui  vient  du  levant ,  &  des  ce  monaftere  qui  eft  en  Berckshire  ?  Voyage  pour  voyage, 

frontières  de  Tranfilvanie  ,  &  dans  laquelle  eft  entré  le  ne  vaioit-il  pas  mieux  le  rapporter  à  fa  cathédrale ,  où  il 

Kellefer.  Le  Kerès  blanc  ,  chargé  de  ces  deux  rivières  ,  avoit  fouhaité  de  repofer  ?  Cependant  le  roi  &  S.  Duns- 

pourfuit  fa  route  au  nord-oueft ,  reçoit  le  Sebès-Kerès ,  tart  le  firent  enterrer  à  Abbington.  Gypson  en   conclut 

&  enfin  le  Berecziow ,  ck  fe  perd  enfin  dans  la  Teiffe ,  au  que  Kyndingtune  _de  la  Chronique  Saxone  ,  Kirding  , 

comté  de  Czongratz.  *  De  l'IJle ,  Hongrie  particulière.  félon  Hoveden  ,  Kerling,  félon  Bede  ,   étoit   en  Ox- 

Parcet  article  on  voit  qu'il  y  a  plus  dune  rivière  nom-  fordshire  ,  ci  que  ce  lieu  s'appelle  préfentement  K.YRT- 

méeKerès,  qui  toutes aboutiffentnéanmoins  aune  même  LINGTON. 

rîviere.  Le  plus  méridional  eft  le  Feir  Kerès,  qu'on  appelle  KERLON ,  rivière  d'Afie  ,  dans  la  Tartane:  elle  a 
le.Keri.sWd/2e,  auprès  de  Giula.  Ilyaenfuitele  Fekett  Ke-  fa  fource  à  Kudak,  réfidence  du  Kutukta  -  Lama ,  au 
Tes  ou  le  Kerès  noir;  &  enfin  le  plus  feptentrional  eft  royaume  de  Kalka ,  d'où  circulant  vers  le  midi  ck  l'o- 
ie Sebès  Kerès  ,  qui  paffe  au  nord  du  grand  Varadin.  rient, elle  paffe  à  Par,  ck  va  couler  le  long  du  Xamo 
KERETZEN ,  village  de  Suiffe  ,  au  bord  du  lac  de  ou  défert  fablonneux  qui  borde  la  Chine  ;  ensuite  elle  re- 
"Wahleftatt,  au  canton  de  Glaris.  Il  y  a  auprès  de  ce  çoit  une  autre  rivière  qui  vient  de  Calcahan  ou  Thula  ; 
village  une  'montagne  qui  eft  percée  à  jour  dans  fon  fom-  puis  entrant  dans  la  Daourie  ,  elle  fe  perd  dans  un  lac 
met ,  tellement  que  ceux  qui  font  dans  un  certain  endroit  d'où  fort  l'Argus  qui  va  groflir  le  fleuve  Amur.  *  De 
du  lac,  peuvent  voir  le  ciel  à  travers  cette  ouverture,  ^7^«_,_Tartane. 


Etat  &  dél.  de  la  Suiffe ,  t.  % ,  p.  467 


KERHEROUD, bourg  de  Perse, dans  le  Couheftan, 
à  84  d.  io'  de  longitude,  &  à  35  d.  de  latitude.  *  Hijl. 
de  Timur-Bec,  \.  3,  c.  22. 

KERI-KERD  ,  château  d'Afie  ,  dans  le  Coureftan ,  à 
quatre  lieux  de  Toftar.  *  Hifi.  de  Timur-Bec,  c.  13. 

KÉRIMAIA,  ville  d'Afie  ,  dans  l'ifle  de  Bornéo  , 
félon  Corneille,  qui  ajoute  ,  fur  la  foi  de  Davity,  qu'elle 
eft  fituée  en  la  contrée  du  fud-oueft ,  dans  un  marais  ,  fk 
que  l'on  y  compte  deux  ou  trois  mille  maifons. 

Je  crois  que  ces  auteuts  ont  pris  pour  une  ville  une 
ifle  nommée  diverfement  Cherimata  ,  Kerimata  ou  Cri- 

mata'ia  ,  fituée  en  effet  au  fud-oueft  de  la  grande  ifle  de  fouverains  particuliers  ,  &c  vers  la  fin  du  fiécle  paffé,  ce- 
Bornéo  ,  dans  le  détroit  qui  la  fépare  de  l'ifle  de  Banca.  lui  qui  commandoit  dans  cette  province,  avoit  la  préro- 
KERKA ,  (la)  rivière  de  Dalmatie  :  elle  arrofe  gative  de  Vali.  Ce  titre  s'eft  conservé  long-tems  à 
Scardone  &  Sebenico,  puis  fe  rend  dans  le  golfe  de  Ve-  ceux  qui  étant  les  légitimes  héritiers  &  descendans  des 
nise, près  du  fortS. Nicolas ,  à  trente-huit  milles  de  Zara  princes  fubjugués  par  la  Perse,  obtenoient.le  gouverne-1 
vers 'le  levant.  *  Bauârand,  éd.  1705.  ment  des  états  dont  leurs  ancêtres  avoient  été  les  pro- 

C'eft  le  Litiumjlumen  de  l'Illyrie ,  ci  dont  parle  Pline ,     priétaires.  Cependant  le  P.  Sanson  miflionnaire ,  Etat 

prêf.  du  royaume  de  Perje ,  p.  43  ,  dit  que  depuis  peu  ler 
roi  de  Perfe  avoit  réduit  le  Valide  Kerman  comme  les 
autres  Begueler-Beguis  (  on  dit  en  Turquie  Beglerbeis.  ) 
Je  ne  fais  ,   dit-il  ,  fi  c'eft  parce  que  leur  race  a  man- 


KERMAGUEN  ;  Corneille  dit  que  c'eft  une  ville 
d'Allemagne  à  quelques  milles  de  Cologne  *  &  qu'elle 
appartient  au  duc  de  Neubourg,  à  caufe  de  Juliers  ,  fur 
quoi  il  cite  les  plans  &£  mémoires  géographiques  de 
1698.  C'eft  fans  doute  une  faute  de  fon  copifte  qui  a 
voulu  indiquer  RemaGEN  fur  le  Rhin  f  au  pays  de  Ju- 
liers-au-deffus  de  Bonne. 

1.  KERMAN  ,  province  de  Perse  dans  fa  partie  mé- 
ridionale. Elle  repond  à  la  Carmanie  des  anciens. 
Quoique  nous  en  ayons  déja^  dit  quelque  choie  à  l'arti- 
cle Carmanie,  nous  y  ajouterons  ici  quelques  détails 
que  nous  n'y  avons  pas  touchés.  Le  Kerman  a  eu  (es 


l.  3,  c.  11. 

KERLBURG,  bourgade  de  Hongrie,  fur  le  Danube, 
à  quelques  lieues  au-deffous  de  Presbourg ,  vers  le  midi. 


On  y  cherche  la  Jerulata  des  anciens.  *  Baud.  éd.  1705. 
La  Martiniere  auroit  dû  reprendre  Baudrand,  qui  fait 
deux  articles  de  KERLBOURC  ,  &  de  Charlebourg. 
Cependant ,  c'eft  la  même  chofe  :  les  uns  le  mettent  en 
Autriche  ,  les  autres  dans  la  Hongrie  ;  c'eft  ce  qui  a  oc- 
cafionné  l'erreur.  Cluvier  croit  que  c'eft  la  Gerulata  ,  & 


ou  fi  c'eft  qu'ils  ont  voulu  remuer.  On  peut  voir 
dans  la  Bibliothèque  de  D'Herbelot  bien  des  détails  ae 
l'hiftoire  de  cette  province.  Mais  il  ne  fait  point  men- 
tion de  Kerman  ,  qui ,  félon  quelques-uns  ,  Si  entr'au- 
tres  Tavernier ,  en  doit  être  la  capitale.  Selon  D'Her- 


îon  pas  Jerulata  d'Antonin  :  or  la  Gerulata  d'Antonin  ,  belot  la  capitale  du  Kerman  étoit    autrefois  Causchir  , 

eft  la  même  ville  que  Ptolomée  appelle  Chertobalus.  qui  a  été  aufli  nommée  Berd  Ardschir ,  à  caufe  de  fon 

KERLING,  lieu  d'Angleterre  où  s'eft  tenu  un  con-  fondateur  qui  fut  Ardschir-Babegan, premier  joi  de  Perse 

cile.  La  chronique  Saxone,  publiée  en  Latin  &  en  Saxon ,  de  la  dynaftie  des  Saffanides.  Le  mot  Berd,  fignirie  en  la 

par  Gipson  ,  ad  ann.  077 ,  porte  que  l'on  tint  cette  an-  langue  de  ce  pays-là,  ville  ou  château.  On  l'appellp  ■*• 
"    Pâques,  à KyntlintUNE  un  grand  concije 


née  après , 

&c  que  l'évêque  Sidement  y  mourut  de  mort  fubite.  Elle 
ajoute  :  il  étoit  évêque  de  Devon ,  &  avoit  fouhaité 
d'être  enterré  à  Cridiantune ,  dans  fa  cathédrale  ;  mais 
le  roi  Edouard  ck  l'archevêque  Dunftan  ordonnèrent 
que  fon  corps  feroit  porté  au  monaftere  de  fainte  Marie , 
à  Abbandune-,  ce  qui  fut  exécuté,  &c.  CRIDIANTUNE 
eft  aujourd'hui  Kyrton',  où  étoit  alors  le  fiége  de  l'é- 
vêque de  Devon.  Abbandune  eft  Abbington  ,  en 
Berckshire.  On  ne   convient  pas  demême  du  lieu  où 


château..  On 
jourd'hui  par  abréviation  Berdafchir  ;  mais  elle  n'en 
eft  plus  la  Capitale  ;  car  Girefi  ou  Sirefi  &  Sirgian  font 
beaucoup  plus  confidérables  aujourd'hui.  Zerend ,  Sar- 
mafehir  &£  Bam  font  aufli  mifes  au  nombre  des  bonnes 
villes  de  cette  province  ,  quoique  quelques-uns  don- 
nent Zerend  au  Ségeftan.  Le  même  auteur  borne  ainlï 
le  Kerman  ;  à  l'orient,  il  confine  au  Mecran  &  au  Ségef- 
tan ;  au  couchant,  au  Fars  ;  le  grand  défert  de  Naubzn- 
digian  le  fépare  du  Khoraffan  vers  le  nord  ;  la  mer 
&   le  golfe  de  Perse  le  terminent  au  midi.    Quelques 


étoit  Kyntlingtum,  Les   auteurs   même  qui  ont  parlé     géographes, 


orientaux,  rangent  le  Kerman  ck 


KEBL 


KSS 


le  Suran  entre  les  provinces  des  Indes.  Cela  dépend  des 
tems  &  des  conquêtes  qui  en  ont  été  faites  en  divers 
fiécles.  On  rencontre ,  dit  le  même  auteur ,  beaucoup  de 
cantons  dans  le  Kerman  qui  font  entièrement  déferts,  à 
caufe  qu'il  ne  s'y  trouve  point  d'eau  ;  car  il  n'y  a  dans 
tout  le  pays  aucune  rivière  confidérable  qui  l'arrofe. 
Tavernier,  Voyage  de  Perfe,  1.  i  ,  c.  8,  loue  extrême- 
ment la  laine  de  Kerman.  La  meilleure  ,  dit-il,  fe  prend 
dans  les  montagnes  voifmes  de  la  ville  qui  porte  le 
même  nom  que  la  province.  Les  moutons  de  ces  quar- 
tiers-là ont  cela  de  particulier,  que  lorsqu'ils  ont  mangé 
de  l'herbe  nouvelle,  depuis  Janvier  jusqu'en  Mai ,  la  toi- 
fon  entière  s'enlève  comme  d'elle-même  ,  &  IaifTe  la 
bête  auffi  nue  &  avec  la  peau  auffi  unie  que  celle  d'un 
cochon  de  lait  qu'on  a  pelé  dans  l'eau  chaude  ;  de 
forte  qu'on  n'a  pas  befoin  de  les  tondre  ,  comme  on 
fait  en  France.  Ayant  ainfi  lavé  la  laine  de  ces  mou- 
tons ,  ils  la  battent  ;  ck  le  gros  s'en,  allant  ,  il  ne  de- 
meure que  le  fin  de  la  toifon.  Si  on  en  veut  faire  amas 
pour  les  transporter  ailleurs ,  avant  que  de  les  emballer , 
on  jette  de  l'eau  falée  deffus  ;  ce  qui  empêche  que  les 
vers  ne  s'y  mettent  &r_  qu'elles  ne  le  corrompent.  On  ne 
teint  point  ces  laines  :  elles  font  presque  toutes  natu- 
rellement d'un  brun-clair  ,  ou  d'un  gris-cendré ,  &  il 
s'en  trouve  fort  peu  de  blanches  :  auffi  font-elles  beau- 
coup pius  chères  que  les  autres.  C'eft  dans  le  Kerman 
que  presque  tous  les  Gaures  fe  font  retirés  ;  &  ce  font 
eux  qui  ont  tout  le  négoce  de  ces  laines  ,  &  qui  les 
travaillent.  Ils  en  font  des  ceintures  dont  on  fe  fert 
dans  la  Perse ,  &  quelques  petites  pièces  de  ferge,  qui 
font  presque  auffi  douces  &  auffi   luftrées  que  la  foie. 

2.  KERMAN  ou  KlRMAN.  Tavernier,  Voyage  de 
Perse ,  1.  i  ,  c.  8  ,  appelle  ainfi  la  capitale  d'une  pro- 
vince de  même  nom.  C'eft  ,  dit-il  ,  une  grande  villace 
qui  a  été  ruinée  à  plusieurs  reprifes  ,  &  où  on  ne  voit 
rien  de  beau  qu'une  maifon  &  un  jardin  où  les  der- 
niers Kans  ont  fait  de  la  dépense  pour  rendre  le  lieu 
agréable.  On  fait  en  cette  ville  une  forte  de  vaiffelle 
de  terre  qui  approche  fort  de  la  porcelaine ,  &  qui  pa- 
roît  auffi  belle  &  auffi  fine.  Voilà  ce  qu'en  dit  ce  voya- 
geur. Comme  cette  ville  de  Kerman  eft  inconnue  aux 
géographes  Orientaux ,  il  faut  croire  que  c'eft  quelqu'une 
des  villes  dont  il  a  été  parlé  ci  -  deffus.  Il  lui  donne 
8i  d.  15'  de  longitude ,  &  29  d.  50'  de  latitude.  Cette 
latitude  eft  la  même  que  celle  de  Berdafckir  ou  Bar- 
dashir  ,  félon  Ulug-Beig  &C  Naffir-Eddin. 

KERMANSCHAON  ,  ville  de  Perse,  dans  le  Cur- 
diftan.  Elle  a  un  gouverneur. 

KERMASIN ,  ville  d'Afie  ,  en  Perse,  d'ans  l'Iraque- 
Adgemi ,  au  midi  de  Hamadan.  Naffir-Eddin  &.  Ulug- 
Beig  lui  donnent  83  d.  de  longitude  &  34  d.  30'  de 
latitude. 

C'eft  la  même  ville  que  KiRMDNCHA.  Voyez  ce 
mot. 

1.  KERMEN  ,  ville  de  Turquie  dans  la  Romanie, 
près  d'Andrinople.  Voyez  GermiA. 

2.  KERMEN ,  dans  la  Tartane.  Voyez  KasiKAR- 

MEN. 

IM-KER.MEN ,  cap  de  la  petite  Tartarie ,  dans  la 
presqu'ifle  de  Crim  ,  fur  la  côte  occidentale  ,  à  l'en- 
droit où  elle  s'avance  au  midi ,  dans  la  mer  Noire  ,  à 
près  de  cent  milles  dtCaffa  ,  félon  Baudrand  ,  éd.  1705; 
Les  anciens  nommo'ent  ce  cap  le  front  du  bélier,  eh 
grec,   Kp;e~ /w  t6)tîv  ,  Crin  Metopon. 

KERMENT,  ville  de  Hongrie,  fur  le  Raab,  au  con- 
fluent de  la  Bincka  ,  à  deux  milles  d'Allemagne  des 
confins  de  la  Stirie  ,  &  autant  de  S.  Godart.  Les  Turcs  y 
perdirent  une  bataille  en   1664. 

KERMAN  ,  canton  d'Afie  ,  dans  la  Natolie.  Voyez 
Germian. 

KERMINIICH  ,  petite  ville  de  la  Trânfoxane,  en- 
tre Samarcand  &  Bokhara.  Elle  a  beaucoup  de  villages 
dans  fa  dépendance.  *   Manujcrit   de   la  Bibl.  du  roi. 

KERMUA  ,  ifle  de  l'océan  Ethiopique,  affez  près  de 
celle  de  Raneg  ,  &  à  trente  milles  de  la  côte  de  Zan- 
guebar.  Ses  habitans  font  noirs  ,  &  on  les  appelle  Bo~ 
mim  ,  félon  d'Herbelot,  Biblioth.  orient. 

KERNRIED  ,  village  de  SuifTe  ,  dans  l'étendue  du 
bailliage  de  Fraubunnen ,  au  canton  de  Berne.  L'auteur 
de  l'Etat  &c  Délices  de  la  SuifTe  dit  que,  l'an  1605  , 
près  de  ce  village,  deux  petits  bergers  trouvèrent  un  pot 


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plein  de  vieilles  pièces  d'argent  de  monnoie  Romaine 
au  nombre  de  1500.  Il  y  en  avoit  de  Galba,  de  Tite, 
de  Domitien ,  d'Adrien ,  de  tous  les  empereurs  fuivans 
jusqu'à  Dioclétiën,  &.  de  quelques  impératrices,  des 
deux  Fauftines ,  mère  &  fille  ,  de  Lucile ,  de  Plautile  , 
de  Julie  Sohéme,  de  Julie  Mammée ,  &c.  Les  Bernois, 
comme  fouverains ,  s'en  faifirent  ,  &  en  ornèrent  leur 
bibliothèque  publique.  *Etat  &  Délices  de  la  Suife, 
t.  2,  p.   169. 

KERN  w  ALD  ,  chaîne  de  montagnes  chargées  de 
forêts,  dans  le  canton  d'Underwald  ,  en  SuifTe.  *  Etat 
&  Dél.  de  la  Suiffe  ,  t.  2  ,  p.  447. 

KEROSCA  ,  bourg  de  la  baffe  Hongrie,  près  dû 
Danube.  Quelques-uns  difent  Kurusca,  d'autres  CÉ- 
ROSIGKA  Voyez  Cucci. 

KEROUDGEH  ,  petite  ville  du  Khoraffan  :  elle 
eft  fur  le  fommet  d'une  montagne.  On  en  tire  du  fer 
&  du  plomb.  Le  pays  abonde  en  pommes  ,  poires  , 
abricots,  pêches,  &c.  Il  y  a  dans  cette  ville  une  fource 
d'eau  chaude  fur  laquelle  le  Sultan  Hujfein-B  ûkarah  à 
fait  conftruire  un  fupetbe  édifice.  L  on  y  vient  pour  fon 
plaifir  &  pour  fa  fanté.  *  Manufcrit  de  la  Bibl.  du  roi. 
,  KEROUKH  ,  ville  &  canton  d'Afie  dans  le  Kho- 
raffan, à  97  d.  de  longitude,  &  à  3  5  &  demi  de  latitude. 
Le  canton  eft  une  vallée  entre  des  montagnes  :  il  a 
vingt  lieues  en  long  &  en  large  ,  &  eft  couvert  d'ar- 
bres. Il  eft  rempli  de  vignes  &  de  jardins.  L'air  y  eft 
bon.  Il  y  a  beaucoup  de  terres  eniemencées  dont  la 
récolte  eft  en  abondante.  *  Manujcrit  de  la  Bibl.  du. 
roi. 

KERPEN,  petite  ville  d'Allemgane  ,  chef-lieu  d'une 
feigneurie  particulière  dans  la  dépendance  de  l'électoral 
de  Cologne,  enclavée  dans  le  duché  de  Juliers,  fur  la 
rivière  d'Erift.  Kerpen ,  Sleiden  &  Muidrag  en  font  les 
principaux  lieux.  *  Sanson,  Atlas. 

KERRI,  Kerrienjîs  comitatus ,  comté  d'Irlande,  dans 
la  province  de  Munfter.  Il  porte  le  titre  de  comté  Pala- 
tin, &  a  Limérick  &  Corckà  l'eft  ,  l'océan  Atlantique 
à  l'oueft  ;  le  Shannon  le  fépare  du  comté  deTho-nond 
au  nord  ,  &  il  a  au  fud  Desmond  St  une  partie  de  TO- 
céan.  Il  a  foixante  milles  de  long  Se  quarante  -  fept  de 
large.  C'eft  un  pays  de  montagnes,  couvert  de  forêts  , 
quoiqu'il  y  ait  des  champs  labourables  en  divers  endroits, 
&  qui  portent  de  bon  bled.  On  divife  ce  comté  en  huic 
baronniês  qui  font  : 


Iraghticoner, 
Clanmoris, 
Corkaguinie, 
Trughenackmy, 


Magunihie",. 
Glanaroghty, 
Dunkeron 
&  Ivréagh. 


D  y  a  une  ville  qui  a  droit  de  tenir  marché ,  &  trois 
qui  envoient  leurs  députés  au  parlement.  Ardfuzrt,  fiége 
épiscopal ,  Trally,  Dingle  &  Cajllemain  font  les  princi- 
paux lieux  de  ce  comté.  *  Etat  préfent  d'Irlande  ,-p.  50. 

KERSCH ,  ville  maritime  des  Cofàques ,  fur  la  mer 
Noire ,  auprès  du  Don.  *  D'Herbelot,  Bibl.  orient. 

Cette  ville  eft  fur  le  détroit  de  Daman  ,  qui  joint  la 
mer  Noire  aux Palus-Méotides  ;  fon  porr  eft  excellent; 
mais  comme  il  eft  entre  les  mains  des  Tartares ,  &  que 
ces  peuples  n'ont  pas  de  marine ,  &  ignorent  absolu- 
ment la  navigation  il  leur  eft  entièrement  inutile.  Elle 
eft  fort  marchande  ;  on  y  compte  vingt-deux  mosquées, 
&  deux  églifes  grecques.  Les  maifons  y  font  de  pierre, 
6c  le  toit  eft  bâti  en  plate-forme. 

KERSIMIE ,  rivière  de  Ruffie  ;  elle  fe  jette  dans  le 
Volga. 

KERTSERS,  ad  Carceres ,  village  de  Suiffe,  au 
bailliage  de  Morat  ,  à  l'exemple  de  laquelle  il  em- 
brailà  la  communion  de  Genève.  L'églife  de  ce  village 
fut  donnée,  en  962  ,  à  l'abbaye  de  Payerne,  par  la  reine 
Berthe,  époufe  de  Rodolphe  II ,  roi  de  Bourgogne,  fon- 
datrice de  cette  abbaye.   *  Etat  &  Délices  de  la  SuiJJé , 

!  kERWAK,  ville  de  Perse,  à87d.  32'  de  longitude, 
fk  à  34  d.  15  de  latitude,  félon  Tavernier, ^  Voyage  de- 
Perse  ,  1.  3  ,  c .  dernier.  Il  ajoute  que  le  territoire  eft 
abondant  en  fruits. 

KÉSANG,  fort  dans  I'iûe  Formofe  ,  poffédé  d'abord 
par  les  Espagnols  ,  &pris  ensuite  fur  eux  par  les  Hollan- 
dois.  *  Notes  du  P.  Charlevoix* 


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KES 


KES 


KESAT,  bourgade  du  Tonquin  ,  au  bord  occidental 
de  la  rivière  de  Chale  ,  aux  confins  du  royaume  de  Bao. 
La  religion  Chrétienne  y  étoit  floriffante  ;  il  n'y  avoit 
plus  que  fix  familles  idolâtres  ,  &  il  s'y  trouvoit  plus  de 
deux  mille  Chrétiens  fous  la  direftion  des  millionnaires 
Jéfuites  &  des  Dominicains  qui  y  avoient  leurs  églifes. 
Ce  lieu  avoit  été  regardé  comme  un  afyle,  d'où  les  mis- 
fionnaires  partoient  plufieurs  fois,  durant  le  cours  de  l'an- 
née ,  pour  fe  répandre  dans  les  diverses  provinces  du 
royaume.  Kefat  étoit  même  refté  tranquille  durant  les 
persécutions  qui  fe  font  élevées  au  Tonquin  ;  mais  en 
172 1,  la  cour  y  envoya  des  officiers  qui  faccagerent  la 
bourgade  ,  emprifonnerent  les  Chrétiens  ,  démolirent 
les  églifes  &  diffiperent  cette  églife  naiflante.  On  en 
trouvera  les  détails  au  dix-huitiéme  volume  des  lettres 
édifiantes. 

KESCH ,  ville  de  Tartarie  ,  dans  la  province  de 
même  nom.  Ce  n'étoit  d'abord  qu'un  village ,  nommé 
Khouadgé-Ilgar,  dans  lequel  naquit  le  fameux  Tamerlan. 
Lorsque  ce  prince  eut  fournis  toute  la  Tartarie  ,  il  fit  de 
ce  village  une  ville  célèbre ,  l'entoura  de  murailles  ,  y 
fit  conftruire  un  palais  magnifique  ;  &  avant  d'en  jetter 
les  premiers  fondemens,  il  confulta  les  aftronomes.  Il  y 
établit  les  plus  habiles  gens  dans  les  fciences  &  les  arts, 
la  nomma  le  dôme  de  lafeience  &  de  la  vertu.  Il  y  pas- 
foit  tous  les  étés.  Elle  étoit  fi  agréablement  fituée,  qu'on 
l'appelloit  la  ville  verte  ,  à  caufe  de  la  fraîcheur  de  fes 
jardins.  *Hijl.  générale  des  Huns,  par  M.  de  Guignes,  t.  5, 
p.ï&iz.  _,    . 

KESCHING ,  village  d'Allemagne  ,  en  Bavière,  près 
d'Ingolftad  &c  du  Danube.  On  croit  que  c'eft  la  C.ESA- 
REA  BoioRUM,  de  la  Table  de  Peutinger. 

KESILLRABAT,  petite  province  fituée  vers  les  bords 
de  la  rivière  de  Khefell  ou  Kefill,  au  nord-oueft  de  la 
petite  ville  de  Tuk.  Ce  petit  pays  eft  très-peuplé,  &  pro- 
duit en  abondance  toutes  fortes  de  bons  fruits.  *Hifioire. 
généalogique  des  Tatars,   p.  57g. 

KESKER,  contrée  de  Perse  ,  au  bord  méridional  de 
la  mer  Caspienne  ,  entre  le  Ghilan  &  le  Mafanderan* 
C'eft  un  gouvernement  particulier ,  qui  a  un  Calanter  ou 
lieutenant  du  roi.  Oléarius,  /.  6  ,  t.  z,  p. 10  &  11  ,  le 
regarde  comme  faifant  partie  du  Ghilan.  Il  dit  que  la  ri- 
vière de  DlNATSAR  fépare  le  pays  de  Kesker  de  ce- 
lui d'Aftare.  Reland ,  Carte  de  la  Perse ,  ne  connoît 
point  cette  rivière  non  plus  que  la  nouvelle  Carte  de 
la  mer  Caspienne ,  publiée  à  Amfterdam  chez  Ortens. 
L'un  &  l'autre  donnent  le  nom  de  Kesker  à  une  ville 
qu'ils  placent  au  fond  d'un  golfe,  au  levant  de  l'embou- 
chure de  la  rivière  de  Kifilozan.  Mais  Oléarius  nous  aver- 
tit que  le  vrai  nom  de  cette  ville  eftKuRAB  ;  qu'elle  eft 
à  deux  lieues  de  la  mer ,  &t  toute  cachée  dans  fes  ar- 
bres. Il  ajoute  :  ceux  qui  l'appellent  Kesker,  lui  donnent 
le  nom  de  la  province,  en  laquelle  elle  eft  fituée  ;  c'eft  le 
lieu  de  la  naiffance  de  Schach-Sephi. 

KESMARK ,  ville  Si  fortereffe  de  Hongrie,  au  comté 
de  Scepus,  fur  la  rivière  de  Paprad,  au  nord  occiden- 
tal &  à  deux  milles  de  Leutschow,  en  allant  vers  le  mont 
Krapac  &:  la  Pologne.  Quelques  -  uns  nomment  cette 
ville  en  latin  Cafareo-Forum ,  comme  fi  fon  nom  figni- 
fioit  le  MARCHÉ  impérial  ,  au  lieu  qu'en  allemand 
c'eft  Kesmarck,  c'eft-à-dire  le  marché  au  fro- 
mage; ainfi  ilseuffent  mieux  fait  de  la  nommer  Tyro- 
polium.  LesHongroisdifentKESMARCK,  StlesEscla- 
vons  KESMAREK.  Ceux  qui  en  font  une  ancienne  ville, 
dérivent  ce  nom  de  Quads-Marck  ,  comme  s'il  figni- 
fioit  frontière  des  Quades  ;  mais  ils  n'en  apportent  au- 
cune preuve  ancienne.  Cette  ville  s'eft  formée  de 
trois  villages  voifins ,  dont  l'un  portoit  le  nom  de  Saint- 
Pierre  &  de  Saint-Paul,  l'autre  de  Saint- Michel  ;  le 
troifiéme,  qui  étoit  le  plus  grand,  s'appelloit  Kesmarck. 
Ces  trois  villages  s'unirent,  6c  il  s'en  forma  un  bourg, 
puis  une  ville  à  laquelle  on  ajouta  une  citadelle.  Les 
noms  des  deux  villages  font  voir  que  Je  Chriftiamsme 
y  étoit  déjà  reçu  quand  la  ville  fut  bâtie.  Elle  devint 
flonflante  fous  les  régnes  de  Bêla  IV,  &  d'Etienne  V, 
qui  ratifièrent  fes  anciens  privilèges ,  &t  lui  en  accordè- 
rent de  nouveaux,  Si  fut  honorée  du  titre  de  ville  royale. 
Elle  jouit  de  fa  liberté  jusqu'au  régne  de  Jean  Zapoly, 
qui  prétendit  à  la  couronne  de  Hongrie.  Mais  ce  roi 
avant  été  chaffé  par  Ferdinand  I,  fon  concurrent,  cette 
ville,  que  Jean  avoit  fortifiée,  fe  fournit  comme  les  au- 


tres ;  5>c  l'an  1 5 18  ,  Louis  Pekry  y  vint  commander  dé 
fa  part.  Jean ,  qui  s'étoit  réfugié  en  Pologne ,  fe  voyant 
appuyé  par  Sultan  Soliman  ,  rentra  en  Hongrie ,  reprit 
pofTeflion  de  Kesmarck ,  &  des  droits  que  les  habitans 
payoient  au  roi.  Il  en  gratifia  Jérôme  Lasky ,  dont  il 
avoit  reçu  de  grands  fervices.  A  la  paix  de  Hongrie,  les 
Lasky  gardèrent  cette  place  jusqu'à  l'an  1571 ,  qu'ils  l'en- 
gagèrent à  Jean  Ruber  ,  qui  commandoit  en  Hongrie , 
pour  l'empereur  Maximilien.  Ruber  fit  en  cela  un  mau- 
vais marché  ;  car  en  1 577,  le  château  fut  brûlé  ;  il  fit  de 
folles  dépenses  pour  le  rebâtir  ;  &  la  même  année,  il  l'en- 
gagea àStaniflasTurzon,  pour  douze  mille  florins.  Il  le 
dégagea  en  1579,  &c  l'engagea  de  nouveau  à  Sébaftien 
Tékéli ,  pour  quarante-fept  mille  florins.  La  réparation 
qu'il  avoit  faite  ,  fe  montoit  à  plus  de  quarante  -  deux 
mille.  Tékéli  fit  changer  l'hypothèque  en  propriété  hé- 
réditaire. Les  Tékélis  n'oublièrent  rien  pour  abolir  les 
franchifes  de  Ketsmack.  Ferdinaxid  III  s'y  oppofa,  & 
foutint  la  ville.  Enfin  Eméri  Tékéli  s'étant  mis  à  la  tête 
des  mécontens ,  fous  le  régne  de  Léopold  ;  &  fa  levée 
de  bouclier  n'ayant  pas  eu  tout  le  fuccès  qu'il' en  avoit 
attendu,  fes  biens  furent  confisqués.  La  ville  de  Kes- 
mark  fut  rétablie  dans  fes  privilèges  ,  &  voulut  même 
s'approprier  le  château  ;  ce  qu'elle  obtint  moyennant  une 
fomme  qu'elle  paya  au  comte  Ferdinand  Ruber.  La  ville 
eft  petite,  ceinte  d'un  mur  flanqué  de  tours;  mais  elle 
eft  commandée  par  quelques  hauteurs.  L'églife  a  le  titre 
de  Sainte-Croix.  *  Belius ,  Hungar.  antiq.  &  nov.  Pro- 
dro.  p.  91  &feq. 

Le  château  eft  enfermé  d'un  double  mur  ,  orné  de 
cinq  groffes  tours.  La  cour  en  eft  grande  ;  la  chapelle 
eft  enrichie  de  marbre.  Tout  y  étoit  magnifique  jusqu'aux 
écuries  ;  mais  les  habitans  ayant  acheté  le  château , 
en  1701,  y  ont  fait  de  grands  dégâts,  &  n'y  ont  pres- 
que rien  laiffé  de  fon  ancienne  fplendeur. 

KESROAN,  chaîne  de  montagnes  d'Afié,  &  partie 
du  mont  Liban  ;  les  Européens  l'appellent  Castre- 
VENT;  Les  Arabes  la  nomment  Galad-KhariÏah 
ou  le  Liban  extérieur  ;  c'eft  en  effet  le  dehors  d'une, 
partie  du  Liban  ,  tournée  vers  la  mer  Méditerranée. 
C'eft  une  des  plus  belles  contrées  &  des  plus  étendues 
de  tout  le  mont  Liban.  Elle  eft  bornée  à  l'orient,  par  le 
pays  deBalbec;  au  nord,  par  la  région  de  Gèbail;  du 
côté  du  midi,  par  le  pays  des  Drufes;  &  au  couchant, 
par  la  mer  de  Syrie,  dont  presque  toutes  les  côtes  font 
au  pied  des  montagnes.  Le  Nhar-Khelb ,  ou  le  fleuve 
du  Chien,  divife  toute  cette  région  en  deux  parties.  La 
première,  qui  regarde  le  feptentrion ,  eft  nommée  Kes- 
ROAN-Gazir  ,  &  tous  fes  habitans  font  Maronites. 
L'autre  partie ,  oppofée  au  midi ,  eft  appellée  KESROAN-' 
Bkkfaja  ;  elle  eft  habitée  par  des  Maronites  &  par  des 
Grecs  Melchites.  Au  refte  rien  n'égale  la  fécondité  des 
terres  du  Kesroan  ;  meuriers  pour  la  foie,  vignobles  dont 
le  vin  eft  excellent,  oliviers  gros  comme  des  chênes,' 
prairies ,  pâturages ,  bleds  &  fruits  de  toute  espèce  ;  ce 
font  les  richefles  de  cet  agréable  pays ,  qui  abonde  d'ail- 
leurs en  gros  &  menu  bétail ,  en  gibier  &  en  bêtes  fau- 
ves. Les  meuriers  &  les  oliviers  font  presque  par-tout 
plantés  à  la  ligne  dans  les  vallons ,  &  forment  des  al- 
lées agréables ,  qui  font  bordées  par  de  petits  canaux  ; 
l'eau  y  vient  des  fontaines  &  des  torrens  ,  dont  le  pays 
efttout  rempli,  laquelle  on  détourne  pour  cet  ufage.  Les 
vignes  font  auffi  plantées  dans  un  certain  ordre  qui  fait 
plaifir  à  la  vue.  On  les  tient  fort  élevées  ,  &  presqu'en 
façon  de  treilles,  par  le  moyen  des  longues  perches  qui 
les  foutiennent ,  Se  par  d'autres  que  l'on  met  en  travers, 
fur  lesquelles  les  farmens  s'étendent  &  d'où  pend  le  rai- 
fin,  qui  acquiert  par  ce  moyen  une  parfaite  maturité  ; 
il  y  a  aufïi  un  intervalle  confidérable  d'un  fep  ou  pied  de 
vigne  à  l'autre  ;  ce  qui  ne  contribue  pas  peu  à  leur  {&• 
condité  &  à  la  groffeur  du  raifin  qui  eft  extraordinaire. 
Il  y  a  dans  le  Kesroan  un  plus  grand  nombre  de  bourgs 
&  de  gros  villages  ,  que  dans  les  autres  régions  du  Li^ 
ban;  &  plufieurs  de  ces  villages  font  fur  des  hauteurs  admi- 
rablement bien  fituées,  avec  des  vues  toutes  charmantes, 
principalement  ceux  du  côté  du  couchant,  qui  regardent 
la  mer.  Telle  eft  ,  entre  les  autres ,  la  fîtuation  d'Au- 
GUST A ,  fur  les  confins  du  Kesroan  rk  du  pays  des  Drufes, 
à  trois  lieues  de  la  mer.  C'eft  la  demeure  du  prince  qui 
eft  le  chef  de  la  nation  Maronite ,  &  qui  eft  auffi  lecom- 
du  pays ,  fous  l'autorité  de  l'Emir  des  Drufes, 
Va 


■ 


KET 


EHA 


Un  fil  beau  pays,  fitué  dans  un  climat  que  je  crois  le  plus 
doux  Si  le  plus  tempéré  de  toute  la  Syrie ,  femble  con- 
tribuer en  quelque  manière  à  la  douceur  de  l'esprit ,  aux 
tonnes  inclinations  Se  au>:  mœurs  toutes  louables  de  les 
habitans.  Il  eft  "rare,  en  effet,  de  trouver  d'auffi  bonnes 
gens  dans  les  montagnes ,  qui  inspirent  pour  l'ordinaire 
des  manières  rudes  Se  fauvages,  que  le  font  les  Maroni- 
tes du  mont  Liban  ,  mais  fur-tout  ceux  qui  peuplent  le 
pays  dont  nous  parlons;  pays  dont  les  vices  en  général 
&  la  mauvaife  foi  Se  fur-tout  le  larcin,  font  tellement 
bannis,  qu'on  n'en  entend  jamais  parler. On  n'y  parle  point 
auffi  de  procès  ,  ni  de  grandes  conteflations  fur  des  ma- 
tières d'intérêt,  6c  encore  moins  de  punir  quelqu'un  de 
peine  affliftive,  parce  que  les  délits  ,  qui  méritent  cette 
peine,  ne  s'y  commettent  jamais.  *  La  Roque,  Voyage 
de  Syrie  Se  du  mont  Liban  ,  t.  i ,  p.  219,  edit.  Parif. 
p.  177,  éd.  d'Amft. 

KESSEL ,  gros  village  des  Pays-bas ,  dans  la  haute 
Gueldre ,  avec  un  beau  château,  chef-lieu  d'un  pays  au- 
quel il  donne  fon  nom,  Se. à  l'extrémité  méridionale  du- 
quel il  eft  fitué  ,  aux  confins  du  comté  de  Horn  ,  au 
bord  occidental  de  la  Meufe  ,  entre  Ruremonde  8e  Venlo, 
La  terre  ce  Kessel  ou  le  pays  de  Kessel, 
canton  des  Pays-bas,  dans  la  haute  Gueldre,  entre  le 
Péeland,  au  couchant,  &  ia  Meufe  à  l'orient ,  le  pays  de 
Cuyk  au  nord,  Se  le  comté  de  Horn  au  midi.  Le  -pays 
de  Keflei  a  été  cédé  au  roi  de  Pruffe,  par  le  traité  d'U- 
trecht.  Il  faiibit  auparavant  partie  de  la  Gueldre  Espa- 
gnole. 

KESSEL-ÎSSAR  ,  château  de  Bulgarie,  qui  défend  le 
défilé.,  nommé  DervaitCapi ,  qui  dure  fix  bonnes  lieues; 
c'eft  la  porte  Trajane  des  anciens. 

KESTEVEN,  petite  province  d'Angleterre  ,  une  des 
trois  parties  du  comté  de  Lincoln,  au  midi  de  la  rivière 
de  Witham,  confine  au  midi  avec  la  province  de  Lei- 
cefter  ;  les  Saxons  la  nommoient  Céojlefne-Wald.  L'air 
y  eft  bon,  le  terroir  eft  fec,  mais  fertile. 

KÉTAC,  contrée  d'Afie,  à  l'extrémité  fëptentrionalë 
du  Tonkin  ,  entre  la  rivière  de  Chalé  Se  la  province  de 
Quanfi,  qui  eft  de  la  Chine.  *  Robert  de  Vaugondy,  Atlas. 
KÉTAY",  autre  canton,  au  fud-oueft  du  Kétac ,  aux 
deux  côtés  de  la  rivière  de  Lancan  Se  aux  confins  du  pe- 
tit Laos  ,  entre  ce  pays  Se  le  lac  de  Quadac.  *  Robert  de 
Vaugondy,  Atlas. 

KËTCHITÈouKesicton,  contrée  de  la  Taftarie, 
proche  la  grande  muraille  de  la  Chine.  Elle  eft  divifée  en 
deux  barrières.  Ses  principales  habitations  font  fur  une 
petite  rivière ,  qui  va  le  rendre  au  fud-eft  dans  le  Sira- 
Mouran.  '' Hijl.  générale  des  Huns,  t.  4,  p.  138. 

KÉTÉ  ,  bourg  de  l'Indouftan,  à  fix  milles  de  Man- 
doula,  ville  voilîne  de  la  rivière  de  Jaoun  ,  Se  à  douze 
milles  de  Géannuma.  Le  Jaoun  paffe  à  Firouz-Abad, 
qui  n'eft  qu'à  trois  lieues  de  Dehli.  *  Hijl.  de  Timur~ 
Bec,  1.  4,  G.  21.        . 

KÉTIEN ,  ville  de  la  Chine  ,  dans  la  province  de 
Junnan  ,  au  département  de  Jungning ,  onzième  métro- 
pole de  cette  province.  Elle  eft  de  16  d.  5'  plus  occi- 
dentale que  Pékin ,  fous  les  17  d.  41  '  de  latitude.  *  Atlas 
Sincnfù. 

KÉTIR,  ville  de  la  Natolie,  à  62  d.  de  longitude, 
8e  à  43  de  latitude ,  peu  loin  de  la  mer  Noire  ,  entré 
Prufe  Se  Sinope.  *  Hijl.  de  Timur-Bec ,  1.  5  ,  c.  50. 

KÉTOY,  ville  d'Aiîe,  auTonquin,  entre  une  rivière 
8c  des  montagnes,  environ  à  vingt-cinq  lieues  de  Ciampa, 
8e  à  trente  de  Checou.  C'eft,  fans  doute  ,  la  même  chofe 
que  la  Kehoi  de  De  rifle,  qui  n'en  fait  qu'une  bour- 
'gade ,  à  l'orient  du  lac  de  Cuadac ,  que  traversé  la  ri- 
vière de  Lancan.  *  Tavernier,  Descr.  du  Tonquin. 

KETTERING,  bourg  d'Angleterre,  dans  la  province 
de  Warvick.  On  y  tient  marché  public.  *  Etat  prèfent 
de  laGr.  Bretagne,  t.  I. 

KÉTUER ,  montagne  d'Afie  ,  dans  la  province  de 
Bédakchan  ,  à  115  d.  de  longitude,  Se  à 36  de  latitude. 
Elle  étoit  peuplée  d'idolâtres  ,  qui  avoient  un  roi  parti- 
culier ,  lorsque  Timur  en  entreprit  la  conquête.  Us 
avoient  mis  les  Mahométans  ,  leurs  voifins  ,  à  contri- 
bution. Il  eut  des  peines  incroyables  à  y  arriver  ;  Se  leurs 
montagnes  étoient  couvertes  de  neiges ,  quoique  ce  fût 
au  mois  de  Juin.  Ils  avoient  une  citadelle,  au  pied  de 
laquelle  paffe  une  groffe  rivière.  On  peut  voir  les  dé- 
tails de  cette  conquête  dans  l'Hiftoire  de  Timur-Bec, 


ëM 


1.4,  c.  3.  Ce  peuple  ,  dit  l'hiftorieri  ,  a  une  langue 
particulière  qui  n'eft  ni  Perfienne ,  ni  Turque,  ni  In- 
dienne ;  Se  fi  ce  n'étoit  les  habitans  des  lieux  circon- 
voifins  qui  s'y  trouvent  par  hazard ,  Se  qui ,  ayant  appris 
leur  jargon ,  leur  fervent  d'interprètes  ,  perfonne  ne 
pourroit  les  entendre. 

KETVIN ,  prévôté  de  chanoines  réguliers  ,  dans  la 
baffe  Autriche ,  près  de  Krems. 

KEU  ,  ville  de  la  Chine  ,  dans  la  province  de  Xan- 
TUNG  ou  Channton,  au  département  deTungchang, 
troifiéme  métropole  de  cette  province.  Elle  eft  de  1  d. 
34^  plus  occidentale  que  Pékin  ,  fous  les  36  d.  54'  de 
latitude. 

KEVACHIR  ou  Verdèchis.  ,  ville  de  Perse ,  à 
80  d.  30'  de  longitude,  Se  à  28  d.  15'  de  latitude,  fé- 
lon Tavernier  ,  Voyage  de  Perse,  l.  3  ,  c.  dernier. 

KEW,  bourg  de  Hongrie  ,  fur  le  Danube  ,  au-deffus 
de  Futack.  Voyez  Onochrnium. 

KEXHOLM  ;  on  l'appelle  auffi  Carelogorod^ 
ville  de  l'empire  Ruffien  ,  dans  la  Carélie  ,  au  bord  oc- 
cidental du  lac  Ladoga.  Elle  étoit  ci-devant  à  la  Suéde, 
8e  étoit  le  chef-lieu  d'une  partie  de  la  Carélie  Suédoife  , 
que  l'on  diftinguoit  en  Carélie  Finoife ,  Se  Carélie  de 
Kexholm  ,  comme  nous  le  difons  au  mot  CarIlie. 
Voyez  cet  article. 

KEYHOOKA,  grande  ville  de  l'Amérique,  dans  la 
Nouvelle  Espagne  ,  au  midi  de  la  baie  de  Campèche. 
C'eft  une  grande  ville  de  commerce ,  Se  bien  riche , 
fituée  à  quatre  lieues  de  la  rivière  de  Guafickwalp ,  (ou 
GuAZACOALCO,)  à  fon  oueft.  Elle  eft  habitée  de  quelques 
Espagnols  en  petit  nombre ,  Se  d'un  grand  nombre  de 
Mulâtres ,  la  plupart  voituriers  ;  ils  ont  quantité  de  mu- 
les ,  avee  lesquelles  ils  vifitent  fouvent  la  côte ,  où  croît 
le  cacao ,  pour  en  "acheter ,  Se  ils  parcourent  ainfi  tout 
le  pays  qui  eft  entre  Villa  de  Mofe  Se  la  Verà-Cruz, 
*  Dampier ,  Voyages,  t.  3,  part,  a,  p.  183. 

KEYSERSBERG.  Voyez  Kaysersberg. 

KEYSERSLAUTERN.  Voyez  KayserslautERn. 

KEYSERSTUL.  Voyez  Kaysersthul. 

KEYSERV/ERT.  Voyez  Kayserwerd. 

KHABERAN,  canton  d'Afie,  dans  le  Khorafîàn.  Il 
eft  bien  peuplé ,  Se  a  donné  naiffance  à  plufieurs  per- 
fonnes  illuftres.  *  Manuscr.  de  la  Bibl.  du  roi. 

KHACOUNI,  montagne  de  la  Barbarie  d'Ethiopie. 
Voyez  BAREARIA  2.  Elle  a  fept  croupes  qui  s'avancent 
fur  la  mer ,  Se  une  autre  vers  la  terre ,  Se  s'étend  jus- 
qu'à une  province  fort  peuplée ,  que  l'on  appelle  Ha- 
VI  AT.  *  D 'Herbe-lot ,  Biblioth.  orientale. 

KHAÏBAR ,  ville  de  l'Arabie  heureufe.  Elle  eft ,  fé- 
lon Abulféda  ,  à  76  d.  30'  de  lon'gitude  ,  Se  à  24  d.  20'; 
de  latitude.  Le  même  auteur  en  parle  ainfi  dans  fa  Des- 
cription de  l'Arabie,  article  10,  p.  309  ,  de  la  Traduc- 
tion de  De  laRoque.  Khaïbar  abonde  en  palmiers,  Se  c'eft 
la  terre  des  enfans  d'Anzab.  Khaïbar,  dans  la  langue  des 
Juifs ,  fignifie  un  château.  Son  éloignement  de  Médine 
eft  d'environ  fix  ftations  entre  le  feptentrion  Se  l'orient. 
Khaïbar,  félon  Edriffi  ,  eft  une  petite  vijle  femblable  à 
un  grand  château ,  abondante  en  fruits  Se  en  palmiers  : 
au  commencement  du  Mahométisme  ,  ce  n'étoit  qu'une 
maifon  entre  Karida  Se  Ennadit ,  Se  c'étoit  la  demeure 
des  enfans  de  Koraïtab  Se  de  Nodaïr  ;  c'eft -là  auftj 
qu'a  habité  Sarhoul ,  fils  d'Adiya.  Il  y  a  quatre  ftations 
de  Khaïbar  à  la  Mecque.  Le  traducteur  François  observe 
furl'étymoîogie  de  Khaïbar,  qu'on  prétend  que  ce  nom, 
fignifie  plutôt  ligue  Se  confédération,  à  caufe  que  c'eft 
en  ce  lieu  que  les  Juifs  réunis  contre  les  premiers  Muful-. 
mans,  livrèrent  bataille  à  Mahomet. 

KHAIRABAD.  Voyez  Khourehfars. 

KHALED  ,  ifle  d'Aiîe,  au  bas  de  l'Euphrate.  Ma- 
LEK  eft  une  autre  ifle  voifine.  *  Hifî.  de  Timur-Bec , 
1.  5,  c.  38.. 

KHALfAT ,  petit  pays  de  l'Arabie  heureufe.  Il  eft 
renfermé  entre  les  villes  de  Merbath  Se  de  Scharmah, 
dans  la  province  d'Hadramut.  On  y  voit  une  montagne 
qu'on  nomme  Giabal-Alcamar ,  c'eft-à-dire  montagne 
de  la  lune  ,  à  caufe  de  fon  fommet  qui  a  quelque  res- 
femblance  avec  le  croiffant  ;  au  pied  de  cette  montagne 
eft  un  vallon  auquel  elle  a  donné  le  nom  de  Gab-  Al- 
CAMAR.  *D,Herbelot,  Bibliot.  orient. 

KHANBALEKy  ou 

KHANBALIKj  ou 

Tome  II J,    N  n  n  n 


6*ro 


KHA 


KHE 


KHANBLIG  nom  de  la  ville  que  nos  hiftoriens  &  rendirent  maîtses  ;,  fous  le  régne  d'Oktaikan ,  fils  de 
nos  géographes  ont  appellée  Cambalu  ,  &  qu'ils  ont  Ginghiskan *  D'Herbelot ,  Biblioth.  orient, 
placée  dans  la  grande  Tartarie  ,  au  feptentnon  de  la  KHARTAN,  îfle  dans  le  golfe  de  la  mer  dYemen, 
Chine  Mais  fuivant  les  géographes  &  les  hiftoriens  ou  de  l'Arabie  heureufe.  Ses  habitans  ont  une  langue  par- 
Orientaux  il  eft  confiant  que  c'eft  une  ville  de  la  Chine,  ticuliere,  qui  n'eft  point  entendue  des  autres  Arabes,  & 
Ebn-Sâïd  '  dans  Abulféda  ,  lui  donne  130  d.  de  longi-  font  trafic  d'ambre  gris ,  que  la  mer  jette  quelquefois  fur 
tude  &  \  S  à.  iï'  de  latitude  feptentrionale  ,  &  la  place  le  rivage  de  leur  îfle.  *D'Herbelot ,  Biblioth.  orient, 
dans 'le  quatrième  climat  ;  Se  les  Tables  intitulées  Al-  KHARAF,  canton  de  Nichabour,  dans  leKhoafian, 
haraïr,  ne  lui  donnent  que  1 14 d.  de  longitude,  & 49  d.  393  d. de  longitude,  Sc35d.de  latitude.  Selameh,  Sind- 
de  latitude  feptentrionale ,  &la  reculent  jusqu'au  fixiéme  gian  &  Zerken  font  des  bourgs  de  ce  canton.  Le  pays 
climat.  Mais  la  fupputation  d'Ebn-Sâïd  eft  plus  con-  abonde  en  raifins ,  melons,  grenades  ikfoie.  *Manuscr. 
forme  à  la  vérité ,  fi  l'on  fait  attention  au  chemin  que  de  la  Bibl.  du  roi. 

rirent  les  ambafladeurs  de  Schahrokh  Se  d'Ulug-Beig  ,         KHAZAR.  Voyez  Khosar.  _ 

fon  fils,  pour  arriver  à  cette  capitale  de  la  Chine  fep-         KHESELL,(le)  ouKhesill,  grande  rivière  d  Ane, 

tentrionale.  Néanmoins  Ebn-Sâïd ,  &  l'auteur  des  Tables  dans  la  Tartane,  au  pays  des  Usbecs  ;]  c'eft  la  même 

Alharaïr ,   conviennent  en  ce  qu'ils  écrivent  que  Khan-  que  la  fameufe  DARIA ,    rivière  dont  on  a  fait  tant  de 

balig  eft  fituée  dans  le  Khathaï  ,  c'eft-à-dire  ,  dans  la  bruit  depuis  le  commencement  de  ce  fiécle.  Mais  ce  mot 

Chine,  bien  avant  dans  l'orient.  Ebn-Sâïd  ajoute  qu'elle  Daria  eft  un  nom  général,  qui  fignifie  Amplement  ri- 

étoit  fort  célèbre  de  fon  tems  ,   par  les  relations  des  viere  ;  amfi  ce  n'eft  pas  le  nom  propre  de  celle-ci  ;  c'eft 


marchands  qui  y  alloient ,  &  qui  en  apportoient  des 
marchandifès  ;  qu'il  y  avoit  des  mines  d'argent  dans  fon 
voifinage ,  &  qu'à  fon  midi ,  fon  terroir  étoit  borné  par 
les  monts  de  Belhar  ,  ainfi  appelles  du  nom.  d'un  puis- 
fant  roi  des  Indes,  voifin  de  la  Chine.  Al-Bergendi, 
dans  fa  Géographie  intitulée  Reffala  meffahar  ardh, 
écrit  que  la  ville  de  Khanbalig  eft  fituée  a  l'extrémité 
du  Turqueftan ,  &  que  ce  que  l'on  difoit  de  fa  grandeur 
&  de  fa  puiflance ,  paroifîoit  incroyable.  Il  faut  remar- 
quer que  cet  auteur  prend  ici  le  Turqueftan  pour  tout  le 
vafte  pays,  qui  s'étend  depuis  la  mer  Caspienne  jusqu'à 
la  mer  Orientale  ,    qui  borne  la  grande  Tartarie  St  la 

Chi.  


le  Kesell  ou  Kesill  ,  qu'on  doit  l'appeller. 

Elle  a  fa  fource  dans  les  montagnes  qui  féparent  les 
états  du  Contaich,  grand  Kan  des  Kalmoucks  de  la 
grande Boucharie,  vers  les  43  d.  de  latitude,  &  les  96 d. 
30'  de  longitude.  Son  cours  tend  à-peu-près  de  l'orient 
a  l'occident  ;  &C  après  avoir  traversé  tout  le  pays  de 
Charaffin ,  &  parcouru  environ  cent  cinquante  lieues 
d'Allemagne  de  pays,  elle  vient  fe  dégorger  dans  la  mer 
Caspienne,  à  40  d.  30'  de  latitude,  à  ^5  lieues  d'Allema- 
gne ,  au  nord  de  l'embouchure  méridionale  de  la  ri- 
vière d'Amù.  Les  bords  du  Khefell  font  extrêmement 
fertiles  par-tout  où  ils  font  cultivés  ;  mais  la  plus  grande 


La  première  conquête  que  Ginghiz-kan  fit,  après     partie  en  eft  négligée  par  les  Tartares ,  habitans  des  pro- 


s'être  rendu  maître  abfolu  dans  la  grande  Tartarie ,  fut 
celle  de  Khanbalig  ,  qu'il  prit  par  fes  lieutenans  fur  Al- 
tankhan ,  qui  étoit  alors  empereur  de  la  Chine  ;  &  il  la 
laifTa  à  l'adminiftration  d'un  gouverneur ,  pendant  qu'il 
vint  en  personne  jusqu'en-deçà  du  Gihpn ,  où  il  fit  d'au- 
tres conquêtes.  A  fon  retour  dans  fes  états  ,  ayant  appris, 


vinces  qu'elle  arrofe  :  ils  ne  daignent  même  pas  profi- 
ter des  excellens  pâturages  ,  que  les  bords  de  cette  ri- 
vière leur  offrent,  quoique  meilleurs  que  ceux  qu'on 
trouve  du  côté  de  la  rivière  d'Amù.  On  ne  trouve  de  ' 
ce  côté ,  fur-tout  le  Khefell ,  que  de  petites  villes  ;  en- 
core font-elles  à  moitié  défertes  ,  parce  que  les  Tartares 


pendant  cette  expédition ,  que  les  Khathaïens  ou  les  Chi-  Usbecks  de  la  grande  Boucharie ,    &C  du  pays  de  Cha- 

nois  avoient  fecoué  le  joug,  il  fe  préparait  pour  y  re-  rafs'm ,  cherchent  également  les  frontières  des  Perfans  , 

tourner  en  personne,  lorsqu'il  mourut.  Mais  Oktaî  Khan,  où  ils  trouvent  mieux  à  exercer  leurs  talens ,  que  vers 

fon  fuccefleur  ,  ayant  exécuté  fon  projet ,  ne  contraignit  les  frontières  des  Kalmoucks  &  des  Cara  -  Kalpakks. 

pas  feulement  les  peuples,  qui  s'étoient  révoltésà  fe  fou-  C'eft  dans  la  rivière  de  Khefdl,   de  l'autre  côté  de  la 

mettre  une  autre  fois,  il  étendit  encore  fes  conquêtes  petite  ville  de  Tuk,  que  le  bras  feptentrional  de  la 

dans  le  grand  empire  de  la  Chine  ,  plus  loin  que  n'avoit  rivière  d'Amù  s'eft  venu  décharger ,  il  y  a  environ  qua- 

fait  Ginghizkhan  ;  &  depuis  ce  temsKhanbalig  ,  &  tout  tre-vingt  ans,  après  avoir  quitté  fon  ancien  canal,  qui 

ce  qui  en  dépendoit,  demeura  long-tems  fous  la  domi-  paflbit  devatit  la  ville  d'Urgens.  Mais,  depuis  quelques 

nation  des  empereurs   Ginghiz-kaniens.  *  D'Herbdot ,  années ,  les  Tartares  du  pays  de  Charafs'm ,  ont  encore 

Biblioth.  orient.  détourné  le  cours  de  la  rivière   de  Khefell  ;    enforte 

Voyez  CAMBALU  &  PÉKIN,  qui  font  les  noms  d'une  qu'elle  ne  fe  décharge  plus  dans  la  mer  Caspienne;  ce 


même  ville, 

KHANKOU ,  ville  de  la  Chine.  Elle  efttrès-confidé- 
rable  par  le  concours  des  marchands  ,  que  le  négoce  y 
attire  de  tous  côtés  ;  c'eft  la  dernière  &  la  plus  éloignée 
du  côté  du  levant,  où  ils  abordent  ;  elle  eft  fituée  au  fud- 
eft  de  la  ville  de  Sangiouch,  &t  n'eft  éloignée  de  la  mer, 
que  d'une  demi- journée:  Il  n'y  a  pas  d'autre  eau  que 
celle  des  puits;  &  quoiqu'il  n'y  ait  point  de  jardinage, 
elle  ne  laiffe  pas  d'être  fort  peuplée  ,  à  caufe  du  com- 
merce qui  s'y  fait.  Edrifli ,  cité  par  d'Herbelot ,  parle 
auffi  de  Khancou  en  ces  termes  :  c'eft ,  dit-il ,  un  très- 
grand  port  de  la  Chine  ,  éloigné  de  quatre  journées  de 
navigation  ,  &  de  vingt  journées  de  chemin  pa£  terre 


qui  arriva  ainfi.  Pierre  le  Grand ,  ayant  extrêmement  à 
cœur  de  rendre  fes  états  florifans  ,  par  le  moyen  du 
commerce  ,  portoit  fans  celle  fes  pensées  fur  tout  ce 
qui  pouvoit  faciliter  ce  deffein  :  &  ayant  compris  que 
la  communication  de  la  Sibérie,  avec  les  états  méri- 
dionaux de  l'Afie ,  y  contribueroit  infiniment ,  il  jugea 
que  cette  communication  fe  pourrait  établir  le  plus 
commodément  par  le  moyen  de  la  rivière,  de  Sirth  , 
laquelle  arrofe  le  pays  de  Turqueftan ,  prefumant  avec 
vraifemblance ,  que  cette  rivière  fe  déchargerait  dans  la 
mer  Caspienne.  Pour  cet  effet,  il  fit  accompagner,  à  plu- 
fieurs  reprifes  ,  les  Cofaques  du  Jaïck ,  qui  font  accou- 
tumés de  courir  le  long  des  côtes  de  cette  mer,  par 


de  Loukin,"  ville  des  Indes  la  plus  prochaine.    Elle  eft  des  gens  entendus  dans  la  marine,  pour  examiner  en 

éloignée  de  Giankou  ou  Giankova  ,  autre  ville  des  In-  quel  endroit  la  rivière  de  Sirth  pouvoit  y  avoir  fon  eVn- 

des ,  de  huit  journées.   Al-Bergendi  en  parle  autrement  bouchure  ;  ces  gens  ne  trouvant  aucune  rivière  confi- 

que  les  deux  auteurs  précédens.  Il  dit  en  deux  endroits,  dérable  qui  fe  déchargeât  dans  la  mer  Caspienne ,  en- 

de  fa  Géographie  ,  que  c'eft  le  nom  d'une  province  delà  tre  la  rivière  de  Jemba  &  l'Amù,  que  la  feule  rivière 

Chine  ,  que  les  habitans  lui  donnoient,  mais  qui  néan-  de  Khefell,  crurent  que  ce  devoit  être  la  rivière  qu'ils 

moins  étoit  plus  connue  de  fon  tems ,  fous  celui  de  Kha-  cherchoient  ;  &t  ce  qui  acheva  de  les  tromper ,  fut  que 
tha.  *  D'Herbelot ,  Bibliot.  orient 


KHAOUS,  petite  ville  d'Afie  ,  dans  la  Tartarie,  au- 
defl'ous  de  Samarcande  ;  elle  eft  éloignée  de  fept  para- 
fanges  de  la  ville  ae  Zamin,  &  de  neuf  de  celle  de  Khosch- 
kat,  fituée  fur  la  rivière  de  Schasch.  *D'Herbelot,B'ib\. 
orient. 

KHARADIN,  petite  ville  de  la  grande  Arménie.  Elle 
étoit  autrefois  très-grande  &  très-peuplée, 
de  la  Bibl.  du  roi, 


les  Cofaques  les  affuroient  que  cette  rivière  portoit  le 
nom  de  Daria ,  qu'ils  favoient  être  pareillement  celui 
de  la  rivière  qu'ils  cherchoient ,  fans  favoir  que  ce  fût 
un  nom  général.  C'eft  pourquoi  ils  firent  leur  rapport, 
en  conformité  de  ce  qu'ils  avoient  remarqué.  Là-def- 
fus  l'empereur  de  Ruflie,  prit,  vers  l'année  1719,  la 
réfolution  d'y  envoyer,  par  la  voie  d'Aftracan,  un  cer- 
Manuscrits  tain  brigadier,  Beckowit^,  avec  deux  mille  cinq  cents 
hommes ,   pour  s'emparer  de  l'embouchure  de  cette  ri- 


KHARAGIA-BENOU-JAKSIN,   ville  du  Kathay,     viere.  Cet  officier,  Circafle  d'extradtion  &  qui  poffé 
fituée  fur  la  rivière  de  Caramoran.  LesMogols  s'en     doit  la  langue  tartare,  paroùToit  plus  propre  à  réuffir 


KHE 


KHO 


qu'un  autre.  Cependant  les  Tartares  ayant  pris  de  l'om- 
brage de  ce  qu'on  étoit  venu  diverfes  fois  reconnoîtrè 
la  rivière  de Xhefell,&L  ayant  remarqué  d'un  autre  côté, 
par  Jes  ouvertures  qu'ils  étoient,  de  tems  en  tems,  obligés 
de  faire  à  cette  rivière ,  pour  abbreuver  leurs  terres , 
qu'il  feroit  facile  de  la  faire  tomber  dans  le  lac  d'Arall , 
par  le  moyen  de  certaines  terres  baffes ,  qui  fe  trou- 
voient  de  ce  côté ,  ils  réfolurent  d'entreprendre  cet  ou- 
vrage ;  &  pour  cet  effet,  ils  faignerent  la  rivière  en  tant 
d'endroits,  qu'ils  vinrent  enfin  à  bout  de  la  conduire, 
par  trois  bras  différens  ,  dans  le  lac  d'Arall  ;  ce  qui  ayant 
extrêmement  affoibli  le  véritable  lit  de  la  rivière ,  ils 
achevèrent  facilement  de  la  boucher  tout-à-fait;  enforte 
que  Beckowiti  étant  arrivé  quelque  tems  après  avec  fes 
bâtimens  à  l'embouchure  de  la  rivière  de  Khefell,  la 
trouva  tout-à-fait  à  fec.  Cependant  pour  obéir  à  fes 
ordres  ,  ils  ne  laiffa  pas  de  faire,  mettre  pied  à  terre  à 
fes  troupes,,  &  de  commencer  à  bârir  quelques  forts  aux 
environs,  le  mieux  que  le  terrein,  extrêmement  fablon- 
neux ,  le  voulut  permettre;  mais  à  peine  les  avoit-il 
mis  en  état  de  pouvoir  faire  quelque  réfiftance ,  que  les 
Tartares  Chivinski ,.  qui  font  les  mêmes  que  les  Us- 
becks  du  pays  de  Charafs'm  le  vinrent  attaquer  avec 
une  nombréufè  cavalerie  :  Beckowiti  fe  défendit  avec 
tant  de  réfolution  ,  que  défesperant  à  la  fin  de  venir,  à 
bout  de  lui  par  la  force,  ils  eurent  recours  à  la  fraude. 
Pour  cet  effet  le  Chan  des  Tartares  ,  qui  commandoit 
en  perfonne,  lui  fit  dire  en  fecret  qu'il  étoit  dans  fon 
cœur  véritable  ami  des  Ruffes ,  8*  qu'il  ne  fouhaitoit 
rien  davantage  que  de  les  voir  établis  en  fon  yoifinagë , 
mais  qu'il  étoit  obligé  de  s'qppofer  en  cette  occafion  à 
eux,  à  caufe  des  autres  princes; Tartares,  fes  parens  & 
fes  voifins  ;  qu'on  avoit  réfolu  de  faire  encore  un  der- 
nier effort  contre  lui  le  lendemain ,  &  qu'en  cas  qu'on 
ne  réufsît  pas  mieux ,  on  tâcheroit  d'en  venir  à  un  ac- 
commodement. Comme  ce  même  Chan  avoit  fait  faire 
peu  de  tems  auparavant  des  proteftations  femblables  à 
la  cour  de  Ruffie ,  par  un  envoyé ,  Beckowiti  fe  laiffa 
perfuader  qu'il  pourroit  bien  y  avoir  quelque  chofe  de 
vrai  à  tout  cela ,  &  qu'il  falloit  voir  ce  qui  en  arrive- 
roit.  Cependant  les  Tartares  ne  manquèrent  pas ,  con- 
formément à  l'avis  donné ,  d'en  venir  aux  mains  avec 
lui  le  lendemain  ;  ce  qui  alla  même  fi  loin ,  que  ,  con- 
tre leur  ordinaire ,  un  grand  nombre  d'entr'eux  mit 
pied  à  terre  en  cette  occafirtn ,  pour  pouvoir  faire  de 
plus  grands  efforts  ;  mais  ayant  été  repouffés  à  la  fin 
avec  beaucoup  de  perte ,  le  Chan  lui  envoya  deux  de 
fes  Murfes  ,  pour  s'informer  pourquoi  il  étoit  venu  fe 
jetter  à  main  armée  dans  fes  états,  &  ce  qu'il  fouhai- 
toit :  Beckowiti  demanda  qu'on  fermât  les  ouvertures 
faites  à  la  rivière ,  &  qu'on  la  débouchât  entièrement , 
pour  qu'elle  pût  reprendre  fon  cours  ordinaire.  Les  Tar- 
tares lui  repréfenterent  là-deffus-qu'ils  pourroient  bien, 
à  la  vérité ,  déboucher  la  rivière ,  mais  que  l'eau  fe 
jettoit  toute  dans  les  trois  bras  fusdits ,  qui  la  portoient 
dans  le  lac  d'Arall ,  &  cela,  avec  une  fi  grande  rapidi- 
té, qu'il  leur  étoit  abfolument  impoffible  de  les  boucher; 
fur  quoi  Bekowiti  prit  le  parti  de  leur  propofer  qu'ils 
«uffent  à  lui  donner  un  certain  nombre  d'otages,  & 
qu'il  iroit  le  faire  avec  fes  troupes.  Comme  c'étoit-là 
juftement  ce  que  les  Tartares  fouliâitoient,  ils  ne  man- 
quèrent pas  de  lui  accorder  tout  ce  qu'il  demandoit , 
après  cependant  avoir  fait  toutes  les  façons  qu'ils  cru- 
rent néceffaires  pour  le  faire  mieux  donner  dans  le  pan- 
neau. En  exécution  de  cette  convention  ,  Beckowiti 
fe  mit  en  marche  avec  fes  troupe»  pour  aller  déboucher 
la  rivière ,  après  avoir  laiffé  quelque  monde  à  la  garde 
de  fes  forts.  Mais  les  otages  qu'on  lui  avoit  donnés,  &c 
qui  lui  fervoient  en  même  tems  de  guides  ,  le  menè- 
rent par  des  endroits  tout-à-fait  déferts,  où  il  n'y  avoit 
que  quelques  mauvaifes  mares  d'eau  croupiffante  ;  en- 
core ne  pouvoient-elles  pas  fuffire  pour  tout  le  monde; 
enforte  qu'après  cinq  jours  de  marche,  Beckowiti  & 
fes  troupes  manquèrent  abfolument  d'eau.  Alors  leurs 
conducteurs  leur  propoferent,  comme  d'eux-mêmes, 
de  fe  partager  en  différens  corps  ,  &  de  marcher  par  di- 
verses routes ,  afin  de  trouver  plus  aifément  autant 
d'eau  qu'il  leur  en  falloit.  Beckowiti  fe  voyant  engagé  fi 
avant ,  fut  obligé  de  confentir  à  cette  propofition  ,  quoi- 
qu'il ne  laiffâtpas  d'entrevoir  ce  qui  en  pourroit  arriver. 
Les  Ruffes  s  étant  féoarés  en  différens  corps ,  les  Tar- 


M 


tares  les  vinrent  envelopper  les  uns  après  les  autres ,  fi? 
rent  mourir  Beckowiti  avec  la  plus  grande. partie  de  fes 
gens,  &.  mirent  le  refte  à  l'esclavage  ;  ceux  qui  étoient 
reliés  à  la  garde  des  lorts  ne  manquèrent  pas  de  fe  rem- 
barquer au  plus,  vite,  &  de  retourner  à  Aftracan.  On 
avoit  publié  que  le  fable  de  la  nviere.de  Sirjh  étoit 
très-riche  en  or  ,  la  cour  de  Ruffie  en  avoit  été  défa- 
bufée  avant  le  public;  mais  elle  n'ayoit  pas. jugé  à  pro- 
pos de  faire  connoître  la  fauffeté  de  ces  brutis,  dont 
elle  étoit  bien-aife  de  tirer  parti.  Quoi  qu'il  en  foit,  c'eft 
par  cetie  aventure  que  la  rivière  de  Khefcfl  n'a  plus 
aucune  communication  avec  la  mer  Caspienne,  &  qu'elle 
porte  toutes  fes  eaux ,  &  une  grande  partie  de  celles 
de  la  rivière  d'Amù ,  dans  le  lac  d'Arall.  *  Hijl.  des 
Tatars,  p.  694.. .  ; 

KHI ,  ville  de  la  Chine ,  dans  la  province  de  Pékbj' 
au  département  de  Paoting  ,  deuxième  métropole  de 
cette  province  ;  elle,  eft  de  1  d.  plus  occidentale  que 
Peking,  fous  les  38  d.  f.7'  de  latitude. 

KHIVAK,  ville  d'Afie,  au  midi  du  Gihon,  dan* 
le  royaume  de  Carezem  ,  qui  eft  la  Çhorasmie  de  Pto- 
lomée,  &  le  Khouarezm  des  Orientaux.  *  Hijl,  de 
Timur-Bec  ,  1.   5  ,  c.  33. 

KHOCH1NG ,  ville  de  la  Chine ,  dans  la  province 
de  Pékin,  au  département  de  Chinting,  quatrième  mé- 
tropole de  cette  province;  elle  eft  de  2  d  48'  plus  oc- 
cidentale que  Pékin ,  fous  les  3  8  d.  1 5  '  de  latitude.  *  At- 
las Sinenjis. 

,  KHODAISER,  bourg  d'Afie,  dans  le  Khoraffan,' 
dans  le  territoire  de  Samarcande.  Il  eft  de  la  dépen- 
dance d'Oroufchnah ,.  fort  connu  &  fort  peuplé.  C'eft  là 
même  chofe  que  Çhodaisàr.  Voyez  ce  mor.  *  D'Hère 
bélçt,  Bibl.  orierit.  ,. 

KHOGEND,.  ou  Khogenda,  ville  d'fiAe,  dans 
la  Tranfoxane  ,  des  dépendances  de  Farganah ,  fituée 
fur  le  Sihun ,  le  Jaxartes  des  anciens  ,  qui  porte  auffi  le 
nom  de  fleuve  de  Khogend.  Quelques  géographes  lui 
donnent  90  d.  3  5.'.  de Jongitude  ,  &  41  d.  15'  de  lati- 
tude feptentrionale ,  &  d  autres  40  d.  50'  de  latitude. 
Suivant  Abulféda ,  le  géographe  Àmed-Al-Khateb  met 
fept  journées  de  diftance  de  K-hogend  à  Samarkande  j 
&  quatre  de  la  même  ville  à  Schajch.  Suivant  l'auteur 
du  livre  de  Géographie ,'  intitulé  Al-Lebab  ,  c'eft  une 
grande  ville  environnée  de  beaucoup  de  jardinages ,  qui 
portent  des  fruits  trés-exquis.  Al-Bergèndi  en  parle  de 
la  même  manière  dans  fon  cinquième  Climat.  Cette 
ville  eft  la  même  que  COGENDÈ.  Voyez  ce  mot.' 
*  D'Herbelot,  Biblioth.  orient. 

KHOLGIÀN  ,  pluriel  de  Klialig  ,'  qui  fignifie  un 
golfe  de  la  mer.  Les  géographes  Arabes  comptent  trois 
Kkolgian  ,  ou  golfes  principaux  dans  notre  continent , 
favoir  Bahr-Fars  ou  le  golfe  Perfique;  Bahr-al-Roum  , 
ou  la  Méditerranée  ;  &  Bahr-Khoiar  ,  qui  eft  la  mer 
Caspienne.  D'Herbelot  ajoute  :  il  eft  certain  que  la  mer 
Caspienne  n'eft  pas  un  golfe  ;  &  il  a  raifon  ;  mais  je 
m'étonnerois  fort  que  les  Arabes  euffent  oublié  Bahr- 
Colfum  ou  Kholium,  qui  eft  le  golfe  Arabique.  *  D'Her- 
belot ,  Biblioth.  orient. 

KHORASSAN,  (le)  ou  le  Corasan,  ou  la' 
Corassane,  pays  d'Afie,  à  l'ex:rémité  de  la  Perfe, 
au  nord-eft.  D'Herbelot,  qui  avoit  lu  les  géographes, 
Orientaux,  en  parle  ainfi.  Khoraffan  eft,  dit- il,  le 
nom  d'une  province,  ou  plutôt  d'un  pays  de  très-grande 
étendue.  Voici  la  description  que  le  géographe  Per- 
fien  en  a  donnée. 

Touchant  l'origine  du  nom ,  il  remarque  que  le  mot 
de  Khor  ou  Khour  fignifie  le  foleil  ;  &  Afjan  ,  Lieu, 
habité:  c'eft  pourquoi,  par  le  mot  de  Khoraffan,  ont 
entend  une  grande  étendue  de  pays  bien  peuplé  du 
côté  du  foleil,  c'eft-à-dire  du  foleil  levant  ;  auffi  les  Per- 
fans  de  l'Iraque  Perfique  difent  que  le  Khoraffan  s'é- 
tend depuis  Rheï ,  ville  de  la  Perfe  montagneufe ,  qui 
s'appelle  auffi  Erak-Agem  (Irac-Agémi)  ou  Iraque 
Ptrjïque,  jufqu'à  Mathla-Afitab,  jufqu  au  lever  du  foleil. 
Mais  voici  de  quelle  manière  il  le  décrit  plus  particu- 
lièrement. 

Le  Khoraffan  eft  borné  par  lin  défert  vers  le  cou- 
chant, du  côté  duGiorgian  &  du  Gébal ,  ou  de  l'Iraque 
Perfique:  vers  le  midi,  il  a  un  autre  défert,  entre  la 
Perfe  proprement  dite,  &  le  pays  de  Comas;  le  Se-» 
geftan  6c  les  Indes  vers  le  levant,  &  le  Mauharalna- 
TomiHI.     Nnnn  ij 


KHO 


6f2 

har,  avec  une  partie  du  Turqueftan ,  vers  le  feptentrîon. 
A  l'égard  de  ce  défert  qui  eft  au  midi ,  &  dont  on 
vient  de  parler,  le  même  auteur  le  décrit  ainfi.  Il  a  une 
partie  des  confins  delà  Perfe  au  couchant,  une  autre 
partie  &  le  Kerman  au  midi  ;  au  levant,  une  partie  du 
Mekran  &  une  partie  du  Ségeftan  ,  &  au  feptentrîon 
le  Khoraffan,  &c  une  partie  du  Ségeftan.  En  allant  du 
Khoraffan  en  Perfe ,  du  côté  du  midi ,  la  première  ville 
que  l'on  rencontre,  après  avoir  paffé  le  défert,  eft  celle 
d'Yezd.  En  allant  vers  Ispahan  on  arrive  à  celle  d'Ar- 
deftan  ;  vers  le  Kerman ,  à  une  petite  ville  appellée  Ha- 
béidh;  &  vers  le  pays  de  Comas,  les  villes  de  Semnan 
&  de  Damagan. 

Dans  cette  grande  étendue  le  Khoraffan  a  quatre  vil- 
les royales ,  où  les  rois  qui  y  ont  régné  ont  fait  leur  ré- 
sidence, à  favoir  les  villes  de  Balkh,  de  Mérou ,  de 
Nichabour  &  de  Hérat.  Le  roi  des  Usbecks ,  ou  Tar- 
tares ,  fait  fa  demeure  ordinaire  dans  celle  de  Hérat. 

Les  anciens  rois  de  Perfe  ont  eu  le  Khoraffan  fous 
leur  puiffance.  Cependant  l'auteur  du  Leb-Tankh  re- 
marque que,  du  tems  de  Narfj - Bed - Gudarz ,  il  étoit 
occupé  par  Moviad  •&  par  Ramin.  Après  la  conquête 
de  la  Perfe,  les  Arabes  s'en  rendirent  les  maitres ,  tous 
ie  Khalife  Othman.  Les  Tabériens,  les  Samamens,  Mah- 
moud Sebeckteghin ,  (es  fucceffeurs,  &  les  Bouides ,  y 
régnèrent  les  uns  après  les  autres.  Les  Selgiucides  chal- 
ferent  les  derniers.  Les  Khouaresmiens  vinrent  après , 
&  enfuite  les  Gaurides.  Mais  les  Khouaresmiens  y  étant 
rentrés,  en  furent  dépouillés  par  Ginghiz-khan ,  qui  le 
laiffa  à  fes  fucceffeurs ,  lesquels  y  demeurèrent  jufqu'à 
Tamerlan,  (Timur-Beg,)  qui  le  conquit  fur  eux,  &. 
le  laiffa  à  fes  enfans.  Ceux-ci  s'y  maintinrent ,  jusqu  à 
ce  qu'ils  furent  contraints  de  le  céder  aux  Usbecks ,  les- 
quels y  régnent  encore  aujourd'hui ,  nonobftant  les  ru- 
des guerres  qu'ils  ont  eues  à  foutenir  contre  les  rois  de 
Perfe,  de  la  race  qui  régne  préfentement.  Voici  une 
Table  géographique  des  villes  du  Khoraffan  ,  ou  Kho- 
rafan ,  félon  Naffir  Eddin  ,  avec  leurs  longitudes  & 
latitudes ,  félon  le  climat. 


KHO 


Noms  des   villes 

Longitude. 

Latitude. 

Climat. 

du  Khoraffan. 

Degr. 

Min. 

Degr. 

Min, 

Baftam, 

¥ 

30 

3<S 

10 

4 

Biyar, 

89 

50 

35 

45 

4 

Forawah, 

90 

0 

39 

0 

5 

Mazinan , 

90 

30 

36 

0 

4 

Sabwar , 

91 

0 

36 

0 

4 

Esfarayin , 

91 

5 

36 

55 

4 

Maisabur, 

(Nichabour,) 
Tus, 

92 

30 

3<î 

21 

4 

9* 

30 

37 

0 

4 

Tarshiz , 

92 

0 

3Ï 

0 

4 

Tabs-Cili , 

92 

O 

33 

0 

3 

Tun , 

91 

30 

34 

30 

4 

Kaïn , 

93 

20 

33 

40 

4 

Tabs-Mafina  , 

94 

«S 

33 

M 

3 

Zauzan, 

93 

30 

35 

20 

4 

Fushâng , 

94 

M 

34 

5° 

4 

Harah  ou  Hé- 

rat, 

94 

10 

34 

30 

4 

Badagis, 
Sarachas , 

94 

30 

35 

20 

4 

94 

30 

3f 

0 

4 

Maru-Alrud , 

94 

0 

36 

30 

4 

Maru  Shah- 

jan  ,  ou  MÉ- 

ROU, 

S 

0 

37 

4° 

4 

Muzjanan  , 

0 

">% 

30 

4 

Farayab , 

99 

0 

36 

45 

4 

Ashrurkan, 

100 

0 

3? 

45 

4 

Balck , 

IOI 

0 

36 

41 

4 

Bamiyan , 

102 

0 

34 

35 

4 

Sémencan , 

102 

0 

36 

0 

4 

|Kobadyan, 

102 

2 

37 

45 

4 

|  Welwaleg . 

I102 

20 

36 

55 

4 

1.  KHORREM,  petit  pays  d'Afie,  dans  le  voifinage 
de  la  ville  d'Ardebil.  *  D'Herbeiot,  Bibl.  orient. 


2.  KHORREM  ,  ville  de  l'ifle  de  Sérandib  ,  qui  eft 
Ceïlan,  au  pied  de  la  haute  montagne,  où  Adam  eft  en- 
terré ,  fuivant  la  tradition  des  Mufulmans ,  &:  où  quel- 
ques-uns croient  qu'étoit  le  paradis  terreltre.  Elle  eft 
nommée  de  ce  mot  arabe ,  qui  fignifie  joyeux ,  à  eaufe 
que  c'étoit  un  lieu  de  joie  &  de  plaifir.  *  D  Herbelot  y 
Bibl.  orient. 

KHOSARS  (les)  étôient  une  branche  de  Turcs.  Les 
Chinois  les  appelloient  Turcs-Kofa ,  &  les  Grecs,  Turcs 
orientaux;  ils  s'établirent  dans  la  Cherfonnèfe  Taurique, 
ou  ce  que  nous  appelions  la  Tartarie  Crimée  ;  étendirent 
leur  domination  jusque  dans  les  pays  feptentrionaux  de 
la  Ruflîe.  Ils  firent  un  traité  avec  l'empereur  Héraclius, 
contre  Cosroës ,  roi  de  Perse,  &  ravagèrent  l'Adher- 
bidjiane.  Pour  cimenter  cette  alliance  ,  Héraclius  pro- 
mit fa  fille  Eudocie  en  mariage ,  au  chef  de  ces  Barba- 
res i  mais  ce  chef  étant  mort,  le  mariage  n'eut  point 
lieu.  Juftinien  II,  ayant  été  dépouillé  de  l'empire,  par 
Tibère  Ablîmare  ,  fe  retugia  auprès  du  Kan  des  Kho- 
fars  ,  qui  lui  donna  en  mariage  fa  fceur  Théodora;  mais 
s'étant  ensuite  laifTé  corrompre  par  les  préfens,  que  lui 
offrit  Abfïmare  ,  il  forma  le  projet  de  faire  périr  Jufti- 
nien. Celui-ci  en  ayant  été  averti  par  fa  femme  Théo- 
dora, >e  fauva  chez  les  Bulgares.  Sous  Léon  flfaurien, 
les  Kh<  l'ars  ravagèrent  la  Médie  &c  l'Arménie  ,  &  bat- 
tirent ceux  qui  voulurent  s'oppofer  à  leur  paffage.  Ils  eu- 
rent fou  vent  affaire  avec  les  Arabes  ,  qui  ne  remportè- 
rent aucun  avantage  fur  eux.  Enfin  ces  Khofars ,  après 
avoir  long  -  teins  habité  les  pays  fitués  au  nord  de  la 
Géorgie ,  &  s'y  être  maintenus ,  malgré  les  efforts  des 
Arabes,  fe  diviferent,  &  formèrent  en  quelque  façon  de 
nouvelles  nations.  Telle  eft  celle  des  Cabars ,  qui  fe  re- 
tira chez  les  Turcs,  proprement  dits  ,  &  fixa  fa  demeure 
dans  le  pays  que  les  Patzinaces  ont  occupé  depuis.  Ils  y 
furent  fuivis  par  les  Néces,_  les  Madgiares,  les  Curtu- 
germas,  IesTarians,  les  Génach,  les  Carcs  &  les  Ca- 
fés ,  toutes  races  Khofares ,  qui  fe  joignirent  à  d'autres 
Turcs  ,  &  leur  firent  prendre  leur  langue.  *  Hifcoire  gé- 
nérale des  Huns ,  par  M.  de  Guignés ,  t.r,  p.  507. 

KHOSCHKET,  ville  d'Afie,  dans  le  Mauaralnahar. 
Elle  eft  fituée  fur  la  rivière  de  Schafch  ,  à  neuf  parafan- 
ges  de  la  ville  de  Khaous ,  félon  Abulféda.  *  D'Herbe* 
lot,  Bibl.  orient. 

KHOSCHOUFGAN ,  gros  bourg  d'Afie,  dans  le 
Mauaralnahar.  II  eft  fituë  en  la  vallée  de  Sogd  :  on  l'a 
appelle  auffi  Ras-Alk.HANTARAH,  nom  qui  fignifie  la 
tête  du  pont.  *  D'Herbel.  Bibl.  orient. 

KHOTAN  ou  Khoten,  pays  d'Afie,  au  Turques- 
tan  ,  au-delà  de  Bourkend  ,  &  en-deçà  ou  plus  bas  que 
Cafchgar.  Sa  capitale  ,  qui  eft  fort  peuplée ,  eft  auffi 
nommée  Khotan.  La  longitude  de  cette  ville  ,  fuivant 
les  tables  Perfiennes ,  eft  de  107 d.  &  la  latitude  de  42  d. 
fuivant  l'auteur  du  Canoun  ;  fa  longitude  &  de  100  d. 
feulement  &  40',  &  fa  latitude  de  43  d.  30'. 

Ce  pays  eft  à  l'extrémité  du  Turqueftan,  &  arrofé 
de  plufieurs  rivières,  dans  le  cinquième  climat.  Alber- 
gendi  place  auffi  le  Khotan  dans  le  Turqueftan  ,  en  fon 
cinquième  climat  ,  6c  en  fait  un  pays  très-peuplé ,  Se 
coupé  de  plufieurs  rivières.  Abulféda,  en  marquant  que 
le  Khotan  eft  à  l'extrémité  du  Turqueftan ,  infinue  que 
c'eft  la  partie  feptentrionaie  de  la  Chine ,  appellée  au- 
trement Khataï.  Ce  peut  être  aufîï ,  pourfuit  D'Herbe- 
lot,  la  partie  de  la  Tartarie,  qui  borne  la  Chine  du  côté 
du  feptentrîon.  Ainfi  Tchin  v.  Khotan,  que  l'on 
trouve  joints  enfemble  en  quelques  auteurs ,  fignifie  Chi- 
ne méridionale ,  6"  feptentrionaie  ,  ou  la  Chine  &  la 
Tartarie.  H  y  a  pourtant  lieu  de  croire  que  le  Khotan 
eft  dans  la  Chine,  parce  qu'il  s'y  trouve  une  province 
appellée  Khara-Khotan ,  ou  le  Khotan  noir,  qui  pour- 
rait être  la  Tartarie  ,  ainfi  nommée ,  à  caufe  qu'elle  eft 
couverte  de  bois ,  comme  le  pays  de  Carabogdan, 
la  Moldavie  noire,  ou  à  caufe  de  la  barbarie  de  fes  peu- 
ples. On  trouve  auffi  fouvent  le  mot  de  Khata.  Ainfi  il 
femble  que  Khata  V.  Khotan  ,  fignifie  la  même 
chofe,  à  favoir  la  Tartarie,  de  même  que  Tchin, 
V.  Matchin  ,  fignifie  la  Chine  en  général.  Quoi  qu'il 
en  foit ,  le  pays  de  Kotan  V.  Hhatha  ,  eft  celui  d'où 
vient  le  mufe.  *  D'Herbelot.  Bibl.  orient. 

KHOTLAN ,  ou  Khotol  ,  ou  Khotolan,  pays 
d'Afie,  dans  la  Tartarie.  Il  eft  fitué  au-delà  de  Balkh, 
en  approchant  du  Turqueftan.  On  le  nomme  auffi  Kho- 


KHO 


ÎCHÛ 


6 


ÎAN.  Il  eft  entre  les  rivières  de  Vaiii-ischab  &  de 
HARRAT ,  qui  le  féparent  d'avec  celui  de  Badakfchan , 
dans  le  quatrième  climat.  Tout  ce  pays  eft  partagé  en 
deux  grandes  contrées ,  favoir  Khotol  &c  VAkhsh  , 
qui  ne  font  qu'une  nation  fous  un  même  gouvernement, 
Bc  chaque  contrée  a  fa  ville  principale,  qui  porte  fon 
même  nom.  Le  Khotolan  a  eu  fes  rois  particuliers;  & 
en  général,  il  eft  fort  fertile ,  arrofé  de  plufîeurs  rivières, 
couvert  de  bois  Se  d'arbres  fruitiers;  6c  l'on  trouve 
même  de  l'or  mêlé  avec  le  fable  dans  les  torrens  qui  des- 
cendent dans  fes  valons.  Les  Turcomans ,  avant  que  de 
paffer  le  Gihon ,  s'établirent  dans  le  Khotoian  ,  où  il  y 
a  deux  villes  nommées  Halaouerd  Se  Laqukenq  , 
outre  Khotol  qui  en  eft  la  capitale. 

KHOVAGEH-ILGAR  ,  petite  ville  de  la  Tranfo- 
xane,  dans  la  contrée  de  Schascb.  Elle  eft  remarquable 
pour  avoir  été  le  lieu  de  la  naiffance  de  Tamerlan  ou 
Timur-Bec,  que  l'on  explique  Timur  'e  Boiteux.  Quel- 
ques-uns difent  qu'il  étoit  fils  d'un  fimple  berger,  &  qu'il 
s'éleva  à  la  fouveraineté  par  fa  valeur  &  par  fa  bonne 
conduite.  S'étant  mis  à  la  tête  de  quelques  troupes 
ramaffées  à  la  hâte,  dans  le  quatorzième  fiécîe,  il  fe 
lendit  redoutable  à  tous  les  princes  Orientaux ,  Si  fuc- 
céda  au  Chan  des  Tartares  ,  dont  quelques-uns  préten- 
dent qu'il  étoit  parent.  Il  remporta  de  grands  avantages 
dans  la  Perfe,  fit  la  guerre  à  fes  voifins,  dompta  les 
Parthes,  força  la  grande  muraille  de  la  Chine,  fubjuguà 
plufîeurs  provinces  des  Indes ,  8c  répandit  la  terreur 
par-tout,  avec  une  a-mée  de  huit  cents  mille  comba- 
tans.  Son  bonheur  donna  de  la  jaioufie  à  Bajazet,  em- 
pereur des  Turcs,  qui  fur  le  grand  bruit  de  fes  conquê- 
tes, le  traitoit  de  voleui  s£  de  revolié.  Tamerlan  le 
fut,  8c  réfolut  de  punii  e  prince  Turc  d?r  discours  in- 
jurieux, qu'il  tenoit  de  lui:  11  lui  donna  bataillé  près 
de  la  ville  d'Angarie  en  Galatie ,  l'an  1399,  félon  les 
uns,  Se  1402,  félon  les  autres;  8e  l'ayant  vaincu,  il 
le  fit  enfermer  dans  une  cage  de  fer  ,  contre  les  bar- 
reaux de  laquelle  Bajazet  fe  cafta  la  tête  de  désespoir. 
Tamerlan  mourut  deux  ou  trois  ans  après  cette  écla- 
tante victoire ,  tk  fes  conquêtes  furent  partagées  en 
fes  fils  *  D'Hcrbdot,  Bibl.  orient.  Corn.  Dift- 

KHOUAKEND  ,  ville  d'Afie ,  dans  le  Mauaralna- 
har  ,  dans  la  dépendance  de  ceiie  de  Farganah  ,  fui- 
■vantAl-Bergendi,  dans  fon  cinquième  climat.  Abùlfédà 
la  met  auffi  fous  la  même  dépendance  .  dans  la  contrée 
fupérieure  de  Nefïa ,  &  lui  donne  après  les  Tables  Per- 
fiennes  90  d.  50'  de  longitude,  &  42  d.  de  latitude.  Il 
ne  faut  pas  la  confondre  avec  Khogend.  *  D'Hcrbdot, 
Biblioth.  orient. 

KHOUBOUCHAR  ou  Khotjdgian,  un  des  meil- 
leurs bourgs  duKhoraffan,  de  là  cépendance  de  Nicha- 
bour.  L'eau  8c  l'air  y  lont  bons,  ainfi  que  les  bleds  Se  le 
fruit.  *  Manuscr.  de  la  Bibl.  du  roi. 

KHOVAREZEM .,  ou  Khovarezm,  pays  d'Afie, 
fitué  en  partie  ert-deçà  du  Gihon,  ou  de  l'Oxus,  du 
côté  du  Khoraffan ,  &  en  partie  lu-delà ,  du  côté  de 
Mauaralnahar  ou  de  la  Transoxane:  il  a  à  l'occident  ÔC 
au  feptentrion  le  Turqueftan ,  félon  ce  qu'écrit  Alber- 
gendi ,  à  l'orient  la  Tranfoxane,  Se  au  midi  le  Kho- 
roffan.  Il  y  a  dans  ce  pays ,  jufqi'à  l'embouchure  du 
fleuve  Oxus ,  cinq  ou  fix  journées  de  chemin  ,  fans  qu'on 
trouve  aucune  ville  dans  tout  cet  espace.  Ce  pays  eft  ex- 
trêmement froid  ;  &  fa  capitale ,  qie  plufîeurs  appellent 
Khouare^jn ,  eft  nommée  Korgang  ou  Giorgianiah  par 
les  Arabes.  Le  même  Albergendi  -apporte  que  fes  ha- 
bitans  ont  une  fi  grande  difpofiticn  pour  la  mufique, 
que  les  enfans  crient  ÔC  pleurent  er  fredonnant.  Ils  ont 
l'efprit  plus  fin  que  ceux  de  Samanande ,  ÔC  s'adonnent 
fort  à  la  poëfie.  Il  y  a  d'autres  aitéurs  qui  étendent  le 
Khouare^m ,  jufqu'à  l'embouchure  de  l'Oxus  ,  fur  le  ri- 
vage de  la  mer  Caspienne.  Ce  piys  qui  eft  tout  envi- 
ronné de  déferts,  a  fouvent  chaigé  de  maîtres;  ôc  il 
fait  aujourd'hui  partie  des  états  dts  Usbecks ,  qui  l'ont 
ôté  à  la  poftérité  de  Tamerlan.  Sts  lieux  les  plus  remar- 
quables après  Korgang',  font  Kah,  Zamakhsckar,  He- 
fhrash,  Daran  &  Fcrben.  Il  y  1  une  rivière  appellée 
auffi  Khouareim ,  qui  fe  déchargedans  le  Gihon.  Quel- 
ques-uns veulent  que  ce  foit  ur  lac  fitué  au-delà  du 
Khouarezm,  dans  lequel  le  Gihcn  fe  jette,  après  avoir 
roulé  fes  eaux  par  un  défert  qui  s'étend  depuis  ce  pays 
jusqu'au  lac.  *D'Herbelot ,  Bhl.  orient. 

Ce  pays ,  qui  tient  lieu  de  h  Chorasmie  des  anciens  , 


$3 


eft  diverfement  appelle  par  les  Européens  Khouarezm 
Cansme,  Carass'm  ÔC  Care^em.  L'auteur  de  l'hiftoir.. 
des  fatars ,  p.  i  ,  dit  Charass'm  ,  ôc  en  parle  ainfi 
dans  une  note.  Le  pays  de  Charass'm ,  dans  l'état  où  il 
eit  prefentement,  confine,  au  nord  au  pays  de  Turqueftan 
ôc  aux  états  du  Contaifch,  grand  Kan  des  Calmoucks, 
à  l'orient  à  la  grande  Boucharie  ou  le  pays  de  Mauren- 
ner,  (  Mauaralnahar,)  au  midi  à  la  Perfe,  ôten  parti- 
culieraux  provinces  d'Aftarabat  &  de  Chorofan,  dont 
il  eft  féparé  par  la  rivière  d'Amù ,  fi  fameufe  dans  l'his- 
toire de  l'antiquité ,  fous  le  nom  de  la  rivière  d'Oxus  , 
Se  par  les  déferts  fablonneux  d'une  grande  étendue ,  à 
l'occident,  à  la  mer  de  Wazanderan ,  autrement  la  mer 
Caspienne.  Il  peut  avoir  quatre-vingt  milles  d'Allema- 
gne en  longueur,  &  autant,  à-peu- près,  en  largeur  ;  & 
comme  il  eft  fitué  entre  le  38e  &  le  43e  d.  de  latitude,  il 
eft  extrêmement  fertile  ,  par-tout  où  il  peut  être  arrofé. 
Ce  pays  eft  d'ordinaire  partagé  entre  divers  petits  prin- 
ces Tartares,  d'une  même  maifon,  dont  il  n'y  a  pour- 
tant qu'un  feul,  qui  porte  le  titre  de  Kan,  avec  une  es- 
pèce de  fupériorité  fur  les  autres  ,  telle  qu'il  a  l'esprit 
de  la  faire  valoir  ;  ôc  ce  Khan  fait  fa  réfidence  dans  la 
ville  d'Urgens,  ou  aux  environs  de-Ià,  vers  les  fron- 
tières de  Perse.  On  appelle  communément  Tartares  de 
CLva,  les  Tartares  de  Charass'm,  à  caufe  que  l'on  ap- 
pelle Chiva  le  camp  de  leurKhan  ,  qui  campe  pour  l'or- 
dinaire, pendant  l'été,  fur  les  bords  de  la  rivière  d'A- 
mù. Ce  Khan  eft  fouverain  en  fes  états  ,  ôc  ne  dépend, 
en  aucune  manière,  de  celui  de  la  grande  Boucharie.  Ce- 
pendant les  Perfans  ,  confondant  les  Tartares  de  ces  deux 
pays ,  les  appellent  d'un  nom  commun  Tartares  Usbecks. 

Ce  pays  eft  prefentement  habité  par  trois  fortes  de 
peuples,  favoîr, 

Les  S  art  es,  les  Turkmans  ou  Turcomans,&les  Usbecks: 

Les  Sartes  font  les  anciens  habitans  du  pays. 

Les  Turkmans  y  vinrent  s'établir  long-tems  avant  les 
Tartares ,  après  s'être  féparés  des  Ranklis ,  parmi  les- 
quels ils  habitoient  auparavant  dans   le  Turkeftan. 

Les  Usbeks  font  les  Tartares  qui  y  vinrent  avec  Scha- 
bacht  Sultan ,  &  les  autres  descendans  de  Scheybani- 
Chan  ,  fils  de  Zutzi-Chan.  Les  Sartes  ôc  les  Turkmans 
s'entretiennent  de  leur  bétail  5c  de  l'agriculture  ;  mais 
les  Ubecks  vivent,  pour  la  plupart,  de  rapines  ;  ôc  comme 
ils  font  un  même  peuple  avec  les  Usbecks  de  la  grande 
Boucharie  ,  ils  ont  auffi  le  même  extérieur ,  le  même 
culte,  les  mêmes  inclinations,  Ôc  les  mêmes  coutumes 
que  ces  derniers ,  excepté  qu'ils  font  plus  greffiers  6c  plus 
inquiets.  Ils  habitent  en  hyver  dans  les  villes  6c  les  vil- 
lages qui  font  vers  le  milieu  du  pays ,  Se  en  été  ils  vont 
camper  pour  ^  la  plus  grande  partie  aux  environs  de  la 
rivière  d'Amù  ,  ôc  dans  les  autres  endroits,  où  ils  peu- 
vent trouver  de  bons  pâturages  pour  leur  bétail,  en  at- 
tendant quelque  occafion  favorable  de  brigander.  Les 
Usbecks  de  ce  pays  font  inceffamment  des  courses  fur 
les  frontières  de  Perse  ;  ôc  il  n'y  a  ni  paix,  ni  trêve  qui 
les  en  puiffe  empêcher  ,  puisque  les  esclaves  6c  autres 
effets  de  prix ,  qu'ils  emportent  en  ces  occafions  ,  font 
toute  leur  richefie.  Lorsque  les  forces  de  cet  état  ne  font 
point  partagées ,  il  peut  facilement  armer  quarante  à  cin- 
quante mille  hommes  d'affez  bonne  cavalerie. 

Voici  une  table  géographique  des  villes  de  ce  pays,' 
félon  Naffir-Eddin,  qui  le  nomme  Chowarcçm  ,  dansl'é-, 
dition  d'Oxford, 


Noms  des  villes  du 

Longitude. 

Latitude. 

Clim. 

Khouarezm. 

Degr.   Min. 

Degr.  Min. 

Balur, 

108            0 

37              0 

4 

Nucorgang', 
Corcang',  capit. 
Hazaraff, 
Cath. 

93  45 

94  30 
7$            0 

95  0 

42            35 
42             17 
41               0 
41             36 

ï 
5 
5 
5 

KHOUNSAR ,  ville  de  Perse  ,  dans  l'Irakagémi ,  à 
vingt-huit  lieues  au  nord-oueft  d'Ispahan ,  dans  une  vafte 
plaine  environnée  de  jardins.  On  y  recueille  aux  en- 
virons une  manne  fort  eftimée.  *  ÛAnville ,  Carte  de 
Perse  175 1. 

KHOUREH,  ville  de  Perse,  félon  D'Herbelot,  Bi- 
blioth, orient.    Il  dit  qu'elle  donne  fon  nom  à  la  pro- 


KIA 


6S4- 

vince  de  Ho-Khuriftan  ,   &  qu'elle  a  été  bâtie  par  Da- 
"b  ,  fils  de  Bahaman ,  ancien  roi  de  Perse. 

KHOUREHFARS  ,  ville  de  Perse,  bâtie  par  Ardes- 


KlA 


KIACU,  forterefle  de  la  Chine,  dans  la  province  de 
Quanton.  Elle  eft  d'un  degré  29'  plus  occidentale  que 
Pékin,  fous  les  23  d.  n'  de  latitude.  *  Atlas  Sinenfis. 
chi'r-Babeghan,  laquelle  a  été  rebâtie  par  Adrïad-Aldou-        KIAHING ,  ville  de  la  Chine     dans  la  province  de 
lât,  Sultan  de  la  dynaftie  des  Dilémites ,  &c  nommée     Chekiang,  dont  elle  eft  la  féconde  métropole.  Elle  eft 
auffi  Khaïfab AD.  *D'Herbelot,  Bibl.  orient  !  ' 


KHOUREHSCHAPOUR,  ville  d'Ane,  bâtie ,  ou 
plutôt  rebâtie  par  Sapor ,  roi  de  Perse.  C'eft  la  même 
que  la  ville  de  Suse.  Voyez  ce  mot.  *  D'Herbelot , 
Biblioth.  orient. 

KHOUSISTAN.  Voyez  Chusistan. 

KHOUS ,  ville  qui  a  donné  ("on  nom  à  la  province  de 
Khouzistan.  Elle  a  été  auffi  appelles  Firouz-Abad. 
Voyez  fous  ce  nom. 

KHOUZISTAN.  Voyez  Chusistan. 


dans  un  lieu  agréable  ,  environnée  d'un  terroir  fertile  & 
coupé  de  lacs  &  de  canaux  que  l'art  y  a  diftribués.  On  y 
nourrit  des  vers  à  foie  en  fi  grande  quantité ,  qu'au  prin- 
tems  il  n'y  a  point  de  maifon  où  il  n'y  en  ait.  La  ville  eft 
entourée  d'eau  douce,  brillante  par  la  grandeur  Se  la  beauté 
de  fes  édifices ,  floriflante  pas  fes  richefTes ,  entre-coupée 
de  canaux  que  l'on  patTe  fur  des  ponts ,  ck  dont  les  quais 
font  revêtus  de  pierres  de  taille  ;  de  forte  que  dans  les 
rues  les  barques  ck  les  gens  à  pied  vont  d'un  lieu  à  l'autre 
avec  une  égale  commodité.    Ce  qu'il  y  a  de  fingulier , 


KHOZAR  ou  Kh  ASAR ,  pays  d'Aile ,  dans  l'empire  t  eft  que  les  places  publiques  ont  tout  a  1  entour  des  por- 

Ruffien.  Il  eft  fitué  au  feptentr.on  de  la  mer  Caspienne,  tiques    fous  lesquels  on  peut  aller  a  couvert  quelque  tems 

s'étend  depuis  le  Wolga,  en  tirant  vers  le  levant ,  *&  a  qu  il  Me.    On  voit  beaucoup  d  arcs  de  triomphe  ,  tant 

pris  fon  nom  d'une  ville  bâtie  par  Khozar  ,   feptiéme  dans  la  ville  que  dehors.  Il  y  en  a  jusqu  a  quinze  qui  font 

fils  de  Japriet.  Albergendi ,  en  décrivant  le  pays  de  Kho-  Jutant  de  malles  bâties  de  marbre,  au  couchant  de  la  ville, 

zar,  en  fait  BelengiAR  ,    la  ville  principale  ,  &  il  y  fur  le  quai  d  un  canal  ou  patient  les  barques;  on  y  trouve 

place  encore  celles  de  Siahkoueh  &  de  Saraï.    Le  pays  attfti  un  pont  a  plufieurs  arcades,  qui  a  fo.xante  &  dix  pas, 

de  Capchakeft  voifin  de  celui  de  Khozar,  &  même  ils  mefure  de  ta  Crime.  Ce  lieu  eft  encore  remarquable  par  un 

font  confondus  fouvent  l'un  avec  l'autre.   Nouschirvan ,  bâtiment  à  neut  étage,.  A  I  égard  des  ponts,  le  P.  Martini 

de  Perse  ,  pour  empêcher  les  courses  des   habitans  dit  en  avoir  compte  jusqu  a  quarante ,  qui  ont  plufieurs 

,.».  Am„  „,,,*     „„«;♦  hit  hSnr  „nf.  muraille  aui  les  arcades,  ck  il  aiome  que  le  nombre  des  petits  efhnnom- 


de  ces  deux  pays ,  avoit  fait  bâtir  une 
tenoit  renfermés  au-delà  du  mont  Caucafe.  Les  Khoza- 
riens  ont  eu  leurs  rois  particuliers ,  ck  l'on  trouve  dans 
l'Hiftoire  d'Ebn-Batrick ,  que  l'empereur  Hérachus  ob- 
tint de  celui  qui  régnoit  fur  eux ,  de  fon  tems,  un  grand 
fecours  contre  les  Perfans,  ck  que  pour  cela  il  luiavoit 
promis  un  thrône ,  c'eft-à-dire  une  place  honorable  dans 
les  afiemblées  de  fon  palais  impérial.  Il  étoit  permis  aux 
Khozariens,  félon  Edriffi,  d'embrafler  telle  religion  que 
chacun  vouloit.  Abdalmalek  ,  cinquième  Calife  de  la 


petil 
brable.  Il  y  a  fix  villes  dans  ce  territoire,  favoir. 


Kiahing, 
Kiaxen , 
Haiyen  , 


Pinghu, 
Çungte  , 
Tunghiang; 


Cetteville  a  été  jadis  appèllée  SitVCHtv.* Atlas Sinenfis: 
1.  KIAI,  ville  de  la  Chine,  dans  la  province  de  Xenfi , 
teméntdeCungch'ang,  cinquième  métropole  de 


maifon  des  Ommiades,  les  ayant  attaqués  dans  l'Armé-     cette  province.  Elle  eft  de  11  d.  16'  plus  occidentale  que 
nie,  les  fit  brûler  dans  leurs  églifes ,  &  les  défit  ensuite     Pékin    fous  les 34 d.  5 5  'de  latitude.  *  Atlas  Sinenfis. 
aux  Portes-deFer.    Ceux  quk  relièrent  après  la  bataille,         1.  KIAI,  ville  de  la  Chine,  dans  la  province  de  Chanfî; 
fe  firent  Mufulmans.  *  D'Herbelot ,  Bibl.  orient.  au  département  de  Pingyang,  deuxième  métropole  de  cette 

KHUMANO  Le  P.  Charlevoix ,  dans  fon  Hiftoire  province.  Elle  eft  de  7  d.  5  '  plus  occidentale  que  Pé- 
du  Japon  ,  parle  d'une  province  appèllée  Khumano  ,  kin  fous  les  36  d.  2.0'  de  latitude.  *  Atlas  Sinenfis. 
où  il  dit  que  l'idolâtrie  a  commencé  dans  cet  empire  ;  KIAIHIEU  ,  ville  de  a  Chine ,  dans  la  province  de 
mais  il  n'en  marque  point  la  fituation;  ck  elle  ne  fe  trouve  Chauvi,  au  département  de  Fuencheu ,  cinquième  métro- 
dans  aucune  Carte  de  ces  ifles  ,  pas  même  dans  celle  qui  pôle  de  cette  province.  Elle  eft  de  5  d.  45  '  plus  occidentale 
eft  à  la  tête  de  fon  livre.  *  Notes  du  P.  Charlevoix.  que  Pékin,fousles  38  d.  de  latitude.    Atlas  Sinenfis. 

1.  Kl ,  ville  de  la  Chine,  au  Pékéli ,  au  département  KIAKIANG  ,  ville  de  la  Chine ,  dans  la  province  de 
de  Xuntien  ,  première  métropole  de  cette  province.  Elle  Kianfi ,  au  département  de  Linkiang,  huitième  métropole 
eft  de  36'  plus  orientale  que  la  capitale,  fous  le40e  d.  3'  de  la  province.  Elle  eft  de  ad.  30'  plus  occidentale  que 
de  latitude.   *  Atlas  Sinenfis.  Pe£n' (°us  leTS  l8  d-  \    ^  lat,'tude-   Ath  Sïm?fis- 

1.  Kl ,  ville  de  la  Chine ,  au  Pékéli ,  au  département  KIAM  ou  Jamçe;  [le)  quelques-uns  écrivent  Kiang," 
de  Chinting,  quatrième  métropole  de  cette  province.  nviere  de  laChine.  On  traduit  ordinairement  ce  nom  It 
Elle  eft  d'un  degré  26'  plus  occidentale  que  Pékin,  fous  les  fik  de  la  mer  ;  mais  le  P.  le  Comte,  Mémoire  fur  V  état  pré- 
3  8  d.  <!  '  de  latitude.  *  Atlas  Sinenfis.  fa1  ds  la  chl™->  r- I  >  P-  *°°  >  croit  qu  on  fe  trompe  ;  car 

3.  Kl,  ville  de  la  Chine,  dans  la  provincede  Chanfi,  la  lettre  dont  fe  fervent  tes  Chinois  pour  écrire  Tarn, 
au  département  de  Taiy  ven,  première  métropole  de  cette  eft  différente  de  celle  qui  fjgmfie :  la  mer ,  quoique  le  fon 
province.  Elle  eft  de  4  d.  39'  plus  occidentale  que  Pé-  &  l'accent  en  foient  femblables.  Parmi  plufieurs  fignifica- 
kin,  fous  les  38  d.  23'  de  latitude.  * Atlas  Sinenfis.  Hons  que  cette  lettre  peut  avoir,  celle  qu'on  luidonnoit 

4.  Kl ,  ville  de  la  Chine ,  dans  la  province  de  Hu-  autrefois  fait  affez  à  notre  fuiet.  Sous  le  régne  de  l'empe- 
quang  au  département  de  Hoangcheu ,  cinquième  mé-  reur  Yon ,  elle  fignifbit  une  province  de  la  Chine,  que  ce 
tropole  de  cette  province.  Elle  eft  de  i  d.  26'  plus  oc-  fleuve  borne  au  (ud  ;  il  eft  probable  qu  on  donna  au  fleuve 
cidentale  que  Pékin  >  fous  les  30  d.  55'  de  latitude,  ce  même  nom,  parce  que  ce  prince  y  détourna  les  eaux 
*  Atlas  Sinenfis.  qui  inondoient  alors  tout  le  pays.    Ce  fleuve  prend  fa 

5.  Kl,  ville  delà  Chine,  dans  la  province  de  Honan,  fource  dans  la  provincede  Junnan,  traverse  celle  de  Sout- 
au  département  de  Caifung ,  première  métropole  de  cette  chuen,  (Suchuen)  daHouquam,  (Huquan)  de  Nankin  ;  & 
province.  Elle  eft  de  2  d.  33'  plus  occidentale  que  Pé-  après  avoir  arroié  qtatre  royaumes  dans  1  étendue  dequa- 
kin,  fous  les  3  5  d.  36'  de  latitude.  *  Atlas  Sinenfis. 

6.  Kl ,  ville  de  la  Chine,  dans  la  province  de  Honan, 
au  département  de  Gueihoei ,  quatrième  métropole  de 
cette  province.  Elle  eft  de  3  d.  17'  plus  occidentale  que 
Pékin,  fous  les  36  d.  38'  de  latitude.  *  Atlas  Sinenfis. 

1.  KlA,  ville  de  la  Chine,  dans  la  province  de  Ho- 
nan ,  au  département  de  Ju  ,  grande  cité  de  cette  pro- 
vince. Elle  eft  de  4  d.  25  '  plus  occidentale  que  Pékin  , 
fous  les  34  d.  50'  de  latitude.  *  Atlas  Sinenfis. 

2.  KlA,  ville  de  la  Chine,  dans  la  province  de  Xenfi , 
au  département  de  Iengan ,  huitième  métropole  de  cette     bilité  qu 
province.  Elle  eft  de  7  d.  25'  plus  occidentale  que  Pé- 
kin ,  fous  le  29e  d.  de  latitude.  *  Atlas  Sinenfis. 

KIACIANG  ,  ville  de  la  Chine  ,  dans  la  province  de 
Xantung ,  au  département  d'Yencheu  ,  féconde  métro- 
pole de  cette  province.  Elle  eft  de  40'  plus  occidentale 
que  Pékin ,  fous  les  36  d.  14'  de  latitude.  *  Atlas  Sinenfis. 


tre  cents  lieues ,  11  ~ft  jette  dans  la  mer  orientale ,  vis-à- 
vis  de  l'ille  deTçounmin,  formée  à  fon  embouchure  par 
les  fables  qu'il  y  charte!  Les  Chinois  ont  un  proverbe  qui 
dit  :  la  mer  n'a  pointde  bornes ,  &  le  Kiam  n'a  point  de 
fond.  En  effet,en  quelqies  endroits,ils  n'en  trouvent  point; 
en  d'autres  ils  prétenlent  qu'il  y  a  deux  ck  trois  cents 
brafTes  d'eau.  Je  fuis  néanmoins  persuadé  ,  dit  le  P.  le 
Comte,  que  leurs  pilotes,  qui  ne  portent  que  cinquante  bu 
foixante  brafTes  de  co-de  tout  au  plus,  n'ont  jamais  eu  la 
curiofité  de  fonder  jusqi'à  trois  cents  brafTes;  ckTimpoMi- 
"  "  y  a  de  trou'er  te  fond  avec  leurs  fondes  ordi- 
naires, fuffit,à  mon  avs,  pour  les  porter  à  de  femblables 
exagérations.  J'ai  fou/ent  navigé  fur  ce  fleuve,  &  j'ar 
même  pris  avec  foin  ft\n  cours  ck  fa  largeur,  depuis  Nan- 
kin jusqu'à  l'embouchure  c'une  autre  rivière,  dans  laquelle 
on  entre  pour  fui vre  le  chemin  de  Canton,  tl  a  devant  Nan- 
kin, à  plas  de  trente  lieues  ie  la  mer,  une  petite  demi-lieue 


KIA 


KIA 


de  large  ;  le  paffage  en  eft  dangereux,  ck  devient  chaque 
jour  plus  fameux  par  les  naufrages.  Dans  Ion  cours,  qui 
eft  très-rapide,  il  forme  un  grand  nombre  d'ifles,  toutes 
très-utiles'à  la  province  par  la  multitude  des  joncs  de  dix 
à  douze  pieds  de  haut,  qu'elles  produifent  6k  qui  fervent 
au  chauffage  de  toutes  les  villes  d'alentour,  car  à  peine  a- 
t-on  allez  de  bois  pour  les  bâtimens  ck  pour  les  vaifleaux. 
Elles  font  d'un  grand  revenu,  6k  l'empereur  en  retire  des 
droits  confidérables.  La  rivière  que  les  torrens  des  monta- 
gnes enflent  quelquefois  extraordinairement,  devient  fi 
rapide  que  fouvent  elle  emporte  ces  illes  ou  les  diminue 
de  la  moitié  ;  par  la  même  raifon  elle  en  forme  ailleurs 
de  nouvelles  ;  &  l'on  efl  tout  furpris  de  les  voir  ainfi  chan- 
ger de  place  en  peu  de  tems,  comme  fi  en  plongeant  elles 
avoient  parle  fous  l'eau  d'un  lieu  à  un  autre.  Cela  n'ar- 
rive pas  toujours  ;  mais  toutes  les  années  il  s'y  trouve  un 
changement  fi  confidérable,  que  pour  ne  s'y  pas  tromper, 
les  Mandarins  les  font  mefurer  de  trois  en  trois  ans,  pour 
en  augmenter  ou  en  diminuer  les  droits ,  félon  l'état  où 
elles  fe  trouvent. 

Le  Kiam  a  plufieurs  fources  dans  la  province  d'Iunnan  : 
la  plus  méridionale  eft  au  fud  de  la  capitale  de  cette  pro- 
vince. Serpentant  vers  le  nord,  il  reçoit  diverses  rivières, 
entr'autres  Kinxa  ,  qui  vient  du  royaume  de  Boutan. 
Mais  il  a  encore  une  autre  fource  confidérable  au  nord 
de  la  province  de  Soutcheou,  6k  qui,  coulant  vers  le  midi 
oriental ,  fe  partage  en  diverses  branches ,  6k  forme  d'af- 
fez  grandes  ifles  ,  après  quoi  fes  branches  fe  réunifient 
pour  tomber  ensemble  dans  la  rivière,  qui  vient  de  Iun- 
nan.  Ce  n'eft  plus  alors  que  le  Kiam  ,  qui  pafle  au  nord 
de  Sioutcheou,  prend  fa  route  vers  l'orient  6k  fe  groflît  de 
plufieurs  autres  rivières,  ferpentant  toujours,  tantôt  vers  le 
nord,  &  tantôt  vers  le  midi  ;  mais  avançant  toujours  vers 
le  levant,  il  arrofe  Queitcheou,  entre  dans  la  province  de 
Houquan,  rafe  la  partie  feptentrionale  du  lac  formé  par 

rencontre  de  plufieurs  rivières,  baigne  Iotcheou,  Ha- 


6fS 


nyan ,  Voutchan  6k  Hoantcheou  ,  coupe  une  lifiere  du 

,  reçoit  la  rivière  de  Can ,  qui  baigne  cette  pro- 

,ii  ce,  pafie  ensuite  dans  celle  de  Kiangnan,  dont  il  ar- 


E 


rofe  la  capitale,  qui  eft  Nanquin,  6k  fe  jette  dans  l'Océan. 
*£>e  ÛIflc  ,  Carte  de  la  Chine. 

KIAMSI.  VoyezKiAFSi. 

KIANENDE,  ville  forte  de  la  Turquie  Afiatique,  dans 
laNatolie,  au  golfe  de  Nicée,  félon  Fhiftorien  de  Ti- 
mur-Bec,  l.  K,  c.  51. 

1.  KIANG ,  ville  de  la  Chine  ,  dans  la  province  de 
Channfi,  au  département  de  Pingyang,  féconde  métropole 
de  cette  province.  Elle  eft  de  6d.  18'  plus  occidentale  que 
Pékin ,  fous  les  3 6  d.  50'  de  latitude.  * Atlas  Sinenfis. 

2.  KIANG,  ville  de  la  Chine,  dans  la  même  province 
&  la  même  métropole.  Elle  eft  de  6  d.  10'  plus  occidentale 
que  Pékin,  fous  les  36  d.  55  '  de  latitude.  *  Atlas  Sinenfis. 

3.  KIANG,  ville  de  la  Chine,  dans  la  province  de 
Quangfi ,  au  département  de  Taiping ,  huitième  métro- 
pole de  cette  province.  Elle  eft  de  12  d.  26'  plus  occi- 
dentale que  Pékin,  fous  les  23  d.  13'  de  latitude.  *  Atlas 
Sinenfis. 

K1ANGAN  ,  place  de  la  Chine  ,  dans  la  province  de 
Suchuen,  fous  la  la  cinquième  cité.  Elle  eft  de  11  d.  20' 
plus  occidentale  que  Pékin,  fous  les  29  d.  4'  de  latitude. 
*  Atlas  Sinenjïs. 
KIANCHAN.  Voyez  Kiangxan. 
KIANGCHUEN,  ville  de  la  Chine,  dans  la  province 
de  Iunnan,au  département  deChingkiang,  cinquième  mé- 
tropole de  cette  province.  Elle  eft  de  13  a.  53'  plus  occi- 
dentale que  Pékin,  fous  les  24  d.  22'  de  latitude.  *  Atlas 
Sinenjïs. 

KIANGCING,  ville  de  la  Chine,  dans  la  province  de 
Suchuen,  au  département  de  Changking ,  cinquième  mé- 
tropole de  cette  province.l  Elle  eft  de  10  d.  40' pins  oc- 
cidentale que  Pékin,  fous  les  30  d.  19'  de  latitude.  *  At- 
las Sinenfis. 

KIANGHOA ,  ville  de  la  Chine,  dans  la  province  de 
Huquang,  au  département  de  Jungcheu,  treizième  mé- 
tropole de  cette  province.  Elle  eft  de  5  d.  48'  plus  occi- 
dentale que  Pékin,  fous  les  25  d.  41'  de  latitude.  *  Atlas 
Sinenfis. 

KIANGIN.  Voyez  Kiangyn. 
KIANGNAN ,  province  maritime  de  la  Chine.  Elle 
tenoit  autrefois  le  premier  rang  lorsque  les  empereurs  y 
avoient  leur  réfidence .,  dans  la  capitale ,  qui  eft  Kiang- 


ning ,  &  que  l'on  a  appellée  Nanquin  ou  Nankin  ,  nom 
que  l'on  donne  auffi  à  la  province.  Le  Pékéli  où  eft 
Pékin,  étant  devenu  le  féjour  des  empereurs,  a  pris  le 
premier  rang  ,  6k  Kiangnan  n'a  plus  que  le  neuvième. 
C'eft-là  que  les  familles  d'U ,  de  Cin ,  de  Sung  ,  de  Ci , 
de  Léang ,  de  Chin ,  &  celle  de  Tanga  qui  a  régné,  du 
côté  du  midi ,  firent  long-tems  leur  féjour.  La  famille 
de  Taiminga  y  régna  auffi  quelque  tems,  avant  qu'elle  fe 
transportât  à  Pékin ,  pour  être  plus  à  portée  de  s'oppo- 
fer  aux  entreprifes  des  Tartares.  Cela  n'avoit  pis  empê- 
ché que  l'on  n'eût  confervé  dans  la  ville  de  Kiangning  , 
le  palais  de  l'empereur  avec  tous  les  Mandarins ,  comme 
à  Pékin;  mais  dans  la  dernière  révolution  arrivée  par 
l'irruption  des  Tartares,  vers  l'an  1630,  ces  peuples 
acharnés  contre  la  famille  de  Taiminga  qui  les  avoit 
autrefois  chafles  de  la  Chine  ,  détruifirent  les  fépul- 
cres  des  empereurs  qui  étoient  magnifiques.  Ils  firent 
d'affreux  dégâts  dans  la  capitale ,  renversèrent  le  palais 
de  fond  en  comble  ,  changèrent  le  nom  de  la  capitale 
qui  étoit  Ingtien  en  celui  de  Kiangning  :  ils  donnè- 
rent celui  de  Kiangnan  à  la  province  que  l'on  appelloit 
auparavant  Nankin  ,  la  privèrent  du  titre  de  royale  , 
fck  y  fupprimerent  tous  les  officiers  qui  fe  trouvent  dans 
une  cour. 

Cette  province  eft  grande  ,  fertile ,  6k  jouit  d'un  grand 
commerce  ;  elle  renferme  les  plus  fameufes  villes  de 
tout  l'empire.  On  y  voit  une  foule  de  marchands  ,  6k 
un  abord  continuel  dé  denrées  ,  qu'il  faut  avoir  vu  , 
pour  le  croire  auffi  grand  qu'il  eft.  Cela  devient  plus 
probable  ,  quand  on  fait  réflexion  que  tout  le  pays  eft 
entre-coupé  de  rivières  6k  de  canaux  ,  6k  que  des  flottes 
entières  peuvent  s'y  rendre  de  toutes  les  côtes  orientales 
de  l'Afie.  Le  fleuve  Kiam  dont  nous  parlons  ailleurs,  la 
coupe  en  deux  parties ,  6k  s'y  jette  dans  la  mer. 

Cette  province  a  peu  de  montagnes  ,  fi  ce  n'eft  vers 
le  midi.  Elle  a  de  la  foie  6k  du  coton  en  telle  abon- 
dance ,  que  dans  la  cité  de  Xanghai ,  6k  dans  les  bourgs 
qui  en  dépendent,  il  y  a ,  dit-on ,  deux  cens  mille  tifle- 
rands  occupés  à  faire  des  toiles  de  coton.  Les  femmes  y 
excellent  fur-tout  ;  fck  les  hommes  s'occupent  à  cultiver 
la  campagne.  Il  y  a  même  des  ménages,  où,  tandis  que 
la  femme  travaille  à  la  toile  ,  les  hommes  ont  foin  des 
enfans  ck  de  la  maifon.  Tout  ce  qui  fe  fait  dans  le 
Kiangnan  eft  plus  eftimé  que  ce  qui  fe  fait  ailleurs  ,  6k  la 
marque  que  l'on  y  attache  en  augmente  le  prix. 

Le  Kiangnan  eft  borné  à  l'eft  6k  au  fud-eft  par  la 
mer ,  au  fud  par  le  Chékian ,  au  fud-oueft  par  le  Huq- 
quang  ,  au  nord-oueft  par  le  Honan  ,  6k  au  nord  par  le 
Chanton. 

On  le  divife  en  quatorze  métropoles ,  qui  ont  chacune 
leur  département ,  6k  fous  lesquelles  on  range  cent  dix 
cités  ,  6k  d'autres  moindres  lieux  fans  nombre.  On  y 
compte  près  de  deux  millions  de  familles  :  6k  près  de 
dix  millions  d'hommes.  Le  tribut  du  riz  eft  de  plus  de 
cinq  millions  neuf  cens  quatre-vingt-quinze  mille  trente- 
quatre  facs  :  elle  paye  en  foie  filée  fix  mille  huit  cens 
foixante-trois  livres  ;  vingt-huit  mille  quatre  cens  cin- 
quante-deux pièces  d'étoffes  de  foie  de  toutes  fortes  : 
deux  mille  foixante  6k  dix-fept  pièces  de  toile  de  chan- 
vre :  le  tribut  du  coton  eft  en  argent  ;  cinq  millions 
huit  cents  quatre  mille  deux  cens  dix-fept  bottes  de  paille 
ou  de  foin  pour  les  écuries  de  l'empereur;  fept  millions 
cinquante-un  mille  poids  de  fel.  Tout  ce  tribut  fait  une 
fomme  fi  grande ,  qu'on  allure  que  cette  province  feule 
met  tous  les  ans  dans  les  coffres  de  l'empereur  ,  tout 
compté ,  près  de  trente-deux  millions  de  ducats.  Outre 
les  tributs  que  l'on  vient  de  fpécifier,  il  y  a  encore  cinq 
bureaux  ,  où  tout  ce  qui  entre  dans  Nankin  ,  6k  ce  qui 
en  fort  paye  un  certain  droit. 

Les  habitans  de  cette  province  font  fort  polis  ,  6k 
ont  l'esprit  propre  à  l'étude  Se  aux  arts. 

Avant  la  dernière  perfécution,  qui,  après  la  mort  de 
l'empereur  Kam-hi ,  a  fait  cefler  dans  les  provinces  de 
tout  l'empire  l'exercice  de  la  religion  Chrétienne,  il  n'y 
avoit  presque  point  de  canton  où  les  PP.  Jélùites  euf- 
fenf  plus  de  Chrétiens  que  dans  le  Kiangnan.  On  y  voyoit 
quantité  d'églifes  dédiées  au  vrai  Dieu  :  il  y  en  avoit 
deux  dans  la  capitale. 

Voici  les  noms  6k  les  pofitions  des  villes  de  cette 
province  ,  telles  qu'elles  font  déterminées  dans  l'Atlas 
Chinois  du  pete  Martini. 


f;6 


KIA 


KIÀ 


Noms. 

Longitude. 

Latitude. 

Noms. 

Longitude. 

Latitude. 

I.  Fille  métropolitaine. 

Degr.     Min. 

Degr. 

Min. 

Degr. 

Min.  Degr. 

Min. 

Kiangning  ou  Nankin, 

I                       2.6 

3* 

-  4°i0, 

Cingho  ï 

2 

2 

34 

30  0. 

Kiuyung , 

2.  ■                      0 

3* 

3*;°- 

Gantung , 

2 

46 

34 

36  0. 

Lieyang, 

*               M 

32 

20, 0. 

Taoyuen  , 

1 

30 

34 

40  0. 

Liexui , 

1               54 

3* 

120. 

Moyang , 

2 

10 

34 

40  0. 

Caoxun , 
Kiangpu , 

i               30 

1               14 

3* 

3* 

480' 

Haio  ©, 
Canyu , 

2 
i 

3i 
15 

3S 
35 

13  0. 

30  0. 

Loho. 

1               45 

3* 

50  0. 

P'i  ©, 
Sociuen , 

0 

46 
6 

35 

34 

6  0. 
55  0. 

IL  Fille. 

Ciuning. 

0 

48 

34 

50  0. 

Fungyang, 

0               30 

33 

-480. 

IX.  Fille,        i 

Linhoai , 

3                     10 

34 

7o. 

Hoaiyuen , 

3                         2 

34 

00. 

Lucheuj 

0 

8 

33 

4P- 

Tingyuen  , 

0               29 

33 

310. 

Xuching, 

0 

30 

3* 

35P- 
58  p. 

Vho, 

0              43 

34 

100. 

Lukiang , 

0 

2 

3i 

Hung, 

I                        O 

34 

170. 

Vuquei  ©}" 

0 

28 

3i 

40. 

Heu  e, 

3                     31 

33 

32  p. 

Cao ,          1 

0 

12 

3* 

32p- 

Hokieu , 

I                          0 

33 

27  p. 

Logan  ©, 

0 

57 

3* 

3|p. 

Mungching, 

3               35 

34 

12  p. 

Jugxan  , 

1 

3f 

3* 

8P. 

Su  &, 

34 

30. 

Hoxan. 

1 

8 

3* 

58  p. 

Hiutai , 

1               38 

34 

00. 

Tienchang, 

1                52 

33 

S5°- 

X.  Filli; 

So  s, 

3                        O 

34 

36- 

Lingpi, 

3                     24 

34 

450. 

Ganking, 

0 

20 

3» 

20  p. 

Ing  ©, 

I                            2 

34 

5P- 

Tungching ,' 

0 

0 

3i 

40- 

Taiho  , 

I                         40 

34 

23P- 

Cienxam, . 

1 

4 

3* 

44P- 

Hao  ®, 

l                        28 

34 

34  P- 

Taihu, 

1 

26 

3i 

36p. 

Ingxan. 

I                         40 

34 

3P- 

Sofung,   - 

1 

17 

31 

3P- 

Vanglaang. 

i 

0 

3i 

15  p. 

III.  Fille. 

XL   Fille. 

Sucheu , 

5              30 

3* 

520; 

Quenxaii , 
Chahgxo , 

î               57 

31 

0  0. 

Ta'iping, 

1 

10 

31' 

20  0. 

3               5* 

3* 

130. 

Vuhu, 

0 

57 

3* 

16,0. 

Ukiang, 

3               30 

3i 

34  ô. 

Fachangi 

0 

59 

3* 

70. 

Kiating , 

4               *5 

3i 

340. 

Taiçang  ©> 

4               J5 

3* 

13  0. 

XII.  Fille. 

Gungling. 

S              24 

31 

200. 

Ninque, 

I 

0 

31 

406. 

IV.  Fille. 

»•  . 

Ningque, 

I 

13 

31 

9'o. 

iKing, 

0 

li 

31 

20 '0. 

Sungkiang , 

4               30 

3i 

10  0. 

Taipmg  , 

0 

30 

45'o- 

Xanghai, 

4               49 

3i 

3o'°' 

;Cingte, 

0 

58 

30 

49 ,°- 

Cingpu. 

4                10 

3i 

180. 

1  INanling. 

0 

40 

3i 

54  0. 

V.  Fille. 

XIII.  Fille. 

Changcheu , 

2               çô 

3i 

45  0. 

Chicheu, 

0 

153* 

360. 

Vufie, 

3                5 

32 

30  0. 

Cingyang, 

0 

4031 

30  0. 

JCiangyn , 

3               1632 

390. 

(Tungling, 

0 

30  3* 

45  0. 

Gnihing , 

1              3831 

170. 

Xetai, 

0 

4031 

30. 

Cingkiang. 

3                 0 

3* 

Ï4  0. 

Kiente, 

0 

*5  3° 

42  p. 

v  ' 

Tunglieu. 

0 

3*3* 

8P. 

VI.  Fille. 

1 

XIV.  Fille. 

Chingkiang, 
Tanyang , 

i               28 
2               32 

3* 
3* 

49  0. 
40  0. 

iHoeicheù, 

0 

553o 

i8'o. 

Kiutan. 

i               26 

3* 

300. 

'Hieuning, 

0 

4030 

150. 

Vuyuen , 

0 

41  29 

30  0. 

VII.  Fille. 

Kimuen  , 

0 

16  30 

100. 

In, 

0 

16  30 

3o|o. 

Yangcheu, 

2               15 

33 

60. 

Cieki. 

I 

19.30 

160. 

Ychin, 

1                 3 

31 

jôio. 

Taihing , 

*               38 

33 

5J0. 

I.  Grande  cité. 

Caoyeu  ©à 

2                22 

33 

33  °- 

! 

Hinghoa  , 

2               49 

II 

Vo. 

Quangte  © , 

ï 

5031 

1    320. 

Paoyng , 

2                14 

Kienping. 

I 

s63i 

100. 

Tai  ©, 

1               45 

33 

20  0. 

Iucao , 

3                36 

33 

12  0. 

IL  Grande  cité. 

Tung, 

3                38 

31 

580. 

Haimuen , 

4                 ic 

3* 

.      480. 

Hocheu  © , 

I 

0 

3* 

500. 

Quache  ,   grande  for- 

Hanxan. 

0 

41J32 

400. 

terefle. 

2                       ZÇ 

32 

53  0. 

III.  Grande  cité. 

VIII.   Fille. 

Chucheu  ©  , 
Civenciao  , 

I 
I 

26I33 
u  33 

310. 
1510. 

Hoaigan  , 

12 

34 

170. 

Laigan, 

I 

39 

33 

20 '0. 
IV 

KIA 


Noms. 

Long 

tude. 

Latitude. 

IV.   Grandi  cité. 

Degr. 

Min. 

Degr. 

Min, 

Siucheu, 

0 

3 

35 

0. 

Siao, 
Tangxan; 
Fung, 
Poi. 

o 

0 

o 
o 

*3 

30 

35 
H 

34 
35 
35 
35 

51  :P. 

61 P. 

20 'p. 

-26  p. 

KIANGNING ,  ville  de  la  Chine  ,  dans  la  province 
de  Kiangnan  dont  elle  eft  la  première  métropole.  On 
la  nomme  plus  ordinairement  Nankin.  Voyez  ce  mot. 

KIANGPU  ,  ville  de  la  Chine  ,  dans  la  province  de 
Kiangnan ,  au  département  de  Kiangning  ,  première 
métropole  de  cette  province  :  elle  eft  d'un  degré  14'  plus 
orientale  que  Pékin  ,   fous  les  32  d.  48'    de  latitude. 

*  Atlas  Sincnjîs. 

KIANGSI.  Voyez  KiansI. 

KIANGXAN  ,  ville  de  la  Chine,  dans  la  province 
de  Chékiang  ,  au  département  de  Kiuchen  ,  hxiéme 
métropole  de  cette  province.  Elle  eft  d'un  degré  19' 
plus  orientale  que  Pékin,  fous  les  28   d.  23'  de  latitude. 

*  Atlas  Sincnjîs. 

KIANGYÊU  ,  ville  de  la  Chine  ,  dans  la  province 
de  Suchuen  ,  au  département  de  Lunggari  ,  feptiéme 
métropole  de  cette  province  :  elle  eft  de  12  d.  10' 
plus  occidentale  que  Pékin  ,  fous  les  32  d.  20'  de  la- 
titude.  *  Atlas  Sincnjîs. 

KIANGYN  ,  ville  de  la  Chine  ,  dans  la  province 
de  Kiangnan  ,  au  département  de  Changcheu  ,  cin- 
quième métropole  de  cette  province.  Elle  eft  de  3  d, 
16'  plus  orientale  que  Pékin,  fous  les  32  d.  39'  de 
latitude.  *  Atlas  Sincnjîs. 

K1AN-MEN ,  village  de  la  Chine  ,  entre  Quanton  & 
Chaokin.  Ce  village  eft  fameux  pour  fa  longueur  :  il  a 
plus  de  cinq  lieues  de  long.  On  y  compte  plus  de  deux 
cents  tours  carrées ,  qu'on  remplit  de  foldats,  en  tems  de 
guerre,  pour  la  défenié  des  habitans.  *  Lettres  édifiantes , 
t.  3  ,  p.  139. 

KIANSI ,  ou  KlAMSl,  ou  Kiangsi  ,  province  de 
la  Chine  ,  où  elle  tient  le  huitième  rang.  Elle  tient  à 
celle  de  Huquang  au  nord  &  au  cou,chant  ;  à  celle  de 
Kiangnang,au  nord-eft;  à  celle  de  Chekiang,'à  l'orient; 
à  celle  de  r/okien,  au  fud-eft  ,  &c  à  celle  de  QuantUng, 
ou  Canton  ,  au  midi.  Elle  n'eft  guères  plus  petite  que 
celle  de  Huquang  ,  quoique  celle-ci  pafle  pour  le  gre- 
nier de  toute  la  haute  Afie.  Long-tems  avant  que  cette 
province  fût  foumife  à  l'empire  ,  une  grande  partie 
appartenoit  aux  rois  de  Çu,  &c  l'autre  à  ceux  d'U.  Elle 
eft  feparée  du  Fokien  &  du  Quantung  par  une  grande 
chaîne  de  montagnes  ,  qui,  fe  recourbant  vers  le  nord, 
la  fépare  encore  du  Huquang.  Les  peuples,  qui  habitent  ces 
montagnes,  font  grofliers,  fauvages,  (k  prétendent  ne  pas 
dépendre  de  l'empiré  de  la  Chine  :  ils  fortent  quelque- 
fois de  leurs  cavernes  pour  aller  marauder;  mais  ils  ne 
s'écartent  pas  ,  &C  ne  peuvent  entreprendre  rien  de 
grand ,  étant  reflerrés  par  des  forts  &C  des  châteaux  qui 
les  tiennent  en  bride.  On  a  tâché  en  vain  de  les  fou- 
mettre  ,  parce  que  leurs  montagnes  font  inacceffibles  à 
tout  autre  qu'à  eux  ,  quoiqu'on  y  trouve  de  fort  belles 
vallées ,  &  une  campagne  bien  cultivée.  Cette  province 
eft  très-peuplée,  &  produit  abondamment  tout  ce  qui 
eft  neceflaire  à  la  vie.  Elle  eft  arrolèe  presque  par-tout 
par  des  ruifleaux  ,  des  rivières  &  des  lacs.  Les  mon- 
tagnes lui  fervent  de  boulevard,  &  ont  des  mines  d'or, 
d'argent ,  d'étain  ,  de  plomb  &C  de  fer.  Le  nombre  des 
habitans  eft  fi  grand,  que  par  toute  la  Chine  on  les  ap- 
pelle \esfouris,  à  caufe  de  leur  multiplication.  Le  pays 
ne  fuffifant  pas  à  cette  multitude  ,  ils  lé  répandent  de 
tous  côtés  dans  la  haute  Afie  ,  où  ils  font  tailleurs ,  de- 
vineurs,  forciers  même,  en  cas  de  befoin.  Naturellement 
fordides  dans  leur  économie  ,  ils  n'ont  rien  dans  leurs 
demeures  de  la  magnificence  que  l'on  voit  ailleurs.  Su- 
perftitieux,  ils  obfervent  les  jeûnes  des  idolâtres  ,  & 
s'abftiennent  des  viandes  défendues  par  la  doftrine  de 
la  Métempfycofe  qu'ils  fuivent.  Du  refte  ils  ont  l'es- 
prit fubtil  ;  &  à  chaque  promotion  des  lettrés,  il  y  en  a 
toujours  quelqu'un  de  cette  province.  Ils  s'avancent  dans 


KIA  6;7 

fcs  charges  de  Mandarins  ,  &r.  parviennent  aux  pre- 
mières dignités. 

Il  y  a,  dit-on  ,  dans  cette  province  1363629  famil- 
les ,  &  6549800  horrimes;  Elle  paye  à  l'empereur 
1616600  facsderiz;  8230  livres  de  foie  crue  ;  11516 
paquets  de  foie  filée  ,  tans  parler  des  douanes  &  dés 
droits  qui  fe  lèvent  en  divers  bureaux. 

Elle-  eft  divifée  en  treize  métropoles  ,  qui  ont  cha- 
cune d'autres  villes  fous  elles',  &  commandent  à  foixante- 
fept  cités.  Ses  lacs  &  fes  rivières  font  navigables.  Là 
rivière  de  Can  la  partage  en  deux,  du  fud  au  nord.  Mais 
ce  qui  la  rend  plus  confidérable,  c'eft  qu'il  n'y  a  que 
dans  le  Kianfi  &  dans  un  feul  bourg  où  1  on  faffe  la 
meilleure  &  la  plus  belle  porcelaine  ,  dont  ce  bourg 
fournit  toute  l'Afie.  Voye^  le  P.  le  Comte,  lettre  6  ,  t.  1, 
Ses  rivières  ont  diverfes  fortes  de  poiflbns ,  entrautres 
des  faumons  ,  des  truites  ,  &C  des  efturgeons.  L'auteur 
de  l'Atlas  Chinois  dit  en  avoir  acheté  un  qui  pefoit  cent 
foixante  livres,  pour  (ix  réaies  d  Espagne,  oc  une  truite 
qui  pefoit  dix  livres,  pour  trois  fols. 

Voici  une  table  géographique  qui  contient  les  noms 
&c  les  positions  des  villes  de  cette  province ,  telle  qu'elle 
fe  trouve  dans  l'Atlas  Chinois. 


Noms. 

Longitude. 

Latitude. 

I.  Ville. 

Degr. 

Min. 

Degr. 

Min. 

Nanchang, 

j 

36 

45 

3 

13  E 

37  r 

Fungching, 

î 

Cinhien, 

I 

6 

29 

5  I 

. 

Fungfin , 

2 

5 

29 

*5  E 

: 

Cinggan, 

2 

16 

29 

ii  I 

. 

Ning  0, 

2 

59 

29 

Il   £ 

, 

Vuning. 

2 

20129 

43  [ 

. 

IL  Ville. 

Iaocheu  , 

0 

3i 

29 

40  f 

. 

Jukan, 

0 

3° 

29 

26 

. 

Loping, 

0 

8 

29 

33  I 

. 

Fe'uleang , 

0 

7 

29 

44  f 

. 

Tehing, 

0 

10 

2-9 

20  ; 

Gangin  i 

0 

•  28 

29 

O   t 

Vannien. 

a 

22 

29 

N-i 

III.    Ville. 

Quangfin  , 

0 

21 

28 

36  c 

, 

Ioxan , 

0 

55 

28 

4°  c 

Ieyang  , 

0 

io 

28 

49  c 

. 

Queiki , 

0 

*9 

28 

41  p 

Ionxan, 

0 

3 

28 

iO  c 

• 

Iungfung, 

0 

35 

28 

25  c 

Hinggan. 

0 

6 

28 

40  c 

IV.    Ville. 

Nankang, 

i 

13 

39 

2  P 

Tuchang, 

0 

54 

30 

5  P 

Kienchang, 

z 

0 

29 

50  p 

Gany. 

1 

48 

29 

41  p 

V.  Ville. 

Kieukiang , 

1 

34 

30 

25  p 

Tégan , 

ï 

50 

30 

2  p 

Xuichang, 

1 

*s 

30 

20  p 

Hukeu , 

1 

8 

30 

26  p 

Pengçe. 

0 

.54 

30 

43  P 

VI.    Ville. 

Kienchang , 

0 

43 

28 

Up 

Sinching, 

0 

20 

27 

55ÎP 

Nanfung , 

0 

49| 

n 

41|p 

Quanchang  , 

1 

9 

27 

H? 

Luki, 

1 

iol 

27 

43 IP  1 

Tome  III. 

Oooo 

'65  8 


KIA 


KIB 


Noms; 


Vucheu, 

Cunggin, 

Kinki, 

Yohang, 

Logan , 

Tunghiang. 

VIII.   Ville. 


Linkiang, 
Sinkin , 
Sinyn  , 
Kiakiang. 


IX.    FilU. 


Kiëgan, 
Taiho , 
Kiexui, 
Iungfûng, 
Ganfo , 
Lungciven . 
Vangan  , 
Iungfin , 
Iungning. 


X.   Ville. 

Xvicheu, 
Xangcao, 
Sinchang. 

xi.  rau. 

Jvencheu , 
Fueny, 
Pinghiang  , 
Vançai. 

XII.  Ville. 

Cancheu, 
V  tu, 
Sinfung, 
Hingque , 
Hoeichang  , 
Ganynen  , 
Ningtu  , 
Xuiîcin , 
Lungnan  , 
Xeching, 
Changning , 
Tingnan. 


Nangan , 
Nankang  , 
Xangyeu  , 
Çungy. 


Longitude.         Latitude, 


Degr.     Min. 


Degr. 

28 
18 
28 
28 


Min. 


42:  p. 

44iP- 

3o!p. 

10  i  p. 

2  p. 

52  p. 

28  p. 

30  p. 

11  p. 

42  p. 

28  p. 

47  P- 

46  3. 

55  P- 

0  p. 

8  P 

25  P. 

12  p. 
r 

1 

47  p. 

49  p. 

25  p. 

30  p. 

28  p. 

42  p. 

10  p. 

5°  P- 

55  P- 

41  |p- 

49  P- 
56  P- 
15  P- 
14 1  p. 


KIAOHO  ,  ville  de  la  Chine  ,  dans  le  Péleli ,  au 
département  de  Hokien  ,  troifiéme  métropole  de  cette 
province.  Elle  eft  fous  le  38  d.  20'  de  latitude  :  fa 
longitude  eft  la  même  que  Pékin.  *  Atlas  Sinenfis. 

KIARADA ,  ville  d'Ane ,  dans  la  Natolie  ,  auprès 
de  Rhodes.  *HiJloire  de  Timur-Bec  1.  5  ,  c.  50. 

1.  KIATING,  ville  de  la  Chine,  dans  la  province 
de  Kiangnan ,  au  département  de  Sucheu ,  troifiéme  mé- 
tropole de  cette  province.  Elle  eft  de  4  d.  15'  plus 
orientale  que  Pékin,  fous  le  31  d.  34'  de  latitude. 
*  Atlas  Sinenfis. 

2.  KIATING ,  ville  de  la  Chine  ,  dans  la  province 
de  Suchuen  ,  dont  elle  eft  la  troifiéme  cité.  Elle  eft  de 
13  d.  2'  plus  occidentale  que  Pékin,  fous  le  29e  d. 
48'  de  latitude.  Son  territoire  arrofé  de  lacs  &  de  ri- 
vières ,  abonde  en  riz  Se  en  autres  chofes  néceffaires 
aux  befoins ,  &  contient  fept  places  ,  favoir  : 


Kiatingj 
Somui , 
Hungià, 


Laikiang , 
Kienguei , 
lung, 


KIAO  ,  ville  de  la  Chine  ,  dans  la  province  de 
Channton,  au  département  de  Laicheu  ,  fixiéme  métro- 
pole de  cette  province.  Elle  eft  de  3  d.  2'  plus  orien- 
tale que  Pékin  ,  fous  les  35  d.  46'  de  latitude.  *  Atlas 
Sinenfis. 

K1AOCHING,  ville  de  la  Chine  ,  dans  la  province 
de  Channfi  au  département  de  Taiyven  ,  première  mé- 
tropole de  cette  province.  Elle  eft  de  5  d.  30'  plus 
occidentale  que  Pékin,  fous  les  38,  d.  27'  de  latitude. 
*  Atlas  Sinenfis. 

•KIAOHA  ,  forterefle  de  la  Chine  ,  dans  la  province 
de  Iunnan.  Elle  eft  de  14  d.  16'  plus  occidentale  que 
Pékin  ,  fous  les  23  d.  36'  de  latitude.  *  Atlas  Si- 
nenfis. 


Gueyuen. 

KIAXEN  ,  ville  de  la  Chine  ,  dans  la  province  de 
Chékiang  ,  au  département  de  Kiahing,  deuxième  mé- 
tropole de  cette  province.  Elle  eft  de4d.  10' plus  orien- 
tale que  Pékin,  fous  les  31  d.  18'  de  latitude.  *  Allas 
Sinenfis. 

KlAYU,  ville  de  la  Chine ,  dans  la  province  de  Hu- 
quang,  au  département  de  Vuch'ang,  première  métro- 
pole de  cette  province.  Elle  eft  de  3  d.  51'  plus  occi- 
dentale que  Pékin  ,  fous  les  30  d.  30'  de  latitude.  * Atlas 
Sinenfis. 

KlAZtMEH,  port  de  l'Arabie,  dans  le  golfe  Perfi- 
que,  entre  Catif  &  BalTora.  C'eft  un  gîte  des  Arabes, 
&  un  endroit  qui  abonde  en  pâturages.  On  s'y  fert  d'eau 
de  puits.  Il  y  a  un  cap  qui  s'avance  dans  la  mer.  Le 
paiTage,  pour  y  entrer,  eft  fermé  par  une  porte  ;  lorsque 
cette  porte  eft  gardée ,  on  peut  y  palier  la  nuit  en  fu- 
reté. *  Manuscrits  de  la  Bibliothèque  du  roi. 

KIAZIZ  ,  bourg  du  Khoraflan  ;  ce  bourg  eft  fameux 
par  la  naiflance  de  l'nnpofteur  Hakem,  fils  de  Hecham, 
furnommé  le  Faifcur  de  Lune.  Il  faifoit  fortir  d'un  puits 
une  lumière  qui  refïembloit  à  une  lune  ,  &  esperoit,  par 
ce  prodige,  fe  faire  pafîer  pour  dieu.  *  Manuscrits  de  la. 
Bibliothèque  du  roi. 

KIBLÂH ,  lieu  vers  lequel  les  Mahométans  fe  tour- 
nent ,  lorsqu'ils  font  leurs  prières ,  félon  Bespier,  Rem. 
fur  Ricaut ,  t.  2 ,  p.  626.  C'eft  le  temple  de  la  Mec- 
que ,  c'eft-à-dire  proprement  cette  tour  carrée  ,  qui  eft 
au  milieu  de  l'enceinte  du  parvis,  ou  de  l'amphithéâtre, 
qui  l'environne.  Vartoman  décrit  cet  ouvrage  au  cha- 
pitre 17  du  Ier  livre  de  fes  Navigations  ,  &  en  parle 
comme  l'ayant  vu.  Il  dit  donc  «  qu'au  milieu  de  la  Mec- 
»  que  il  y  a  un  temple  fait  à-peu-près  comme  l'amphi- 
»  théâtre  de  Rome  ,  mais  avec  cette  différence  qu'il 
»  n'eft  bâti  que  de  briques.  Cet  amphithéâtre  aquatre- 
»  vingt-dix  ou  cent  portes,  &  eft  voûté  tout  à  l'entour. 
»  (Il  veut  dire  qu'il  y  a  des  arcades;)  on  y  descend  par 
»  des  escaliers  de  douze  degrés.  Dans  le  veftibule  on 
»  ne  vend  que  des  colliers  ;  lorsqu'on  eft  entré ,  l'or  , 
»  dont  les  murailles  font  couvertes ,  éblouit  les  yeux. 
»  Au  bas ,  c'eft-à-dire  fous  les  arcades,  il  y  a  une  in- 
»  finité  de  perfonnes  ;  &  on  y  voit  jusqu'à  quatre  ou 
»  cinq  mille  marchands ,  qui  ne  vendent  que  des  par- 
»  fums,  &:  particulièrement  d'une  certaine  poudre  odo- 
»  riférante  qui  fert  à  embaumer  les  corps  morts.  Le 
»  milieu  de  cet  amphithéâtre,  ou  de  ce  temple,  n'eft 
»  point  couvert,  &:  là  fe  voit  une  tour  carrée,  qui  a 
»  fix  pas  de  chaque  côté  ;  elle  eft  couverte  d'étoffe  de 
»  foie ,  &  n'eft  pas  plus  haute  qu'un  homme  :  on  entre 
»  dedans  par  une  porte  d'argent ,  &  on  dit  que  de  côté 
»  &  d'autre  ,  il  y  a  des  vafes  pleins  de  baume  ,  que 
»  chacun  a  la  liberté  de  voir  le  jour  de  la  Pente- 
»  côte.  Le  23  de  Mai ,  une  infinité  de  monde  com- 
»  mença  à  faire  fept  fois  le  tour  de  ce  lieu,  en  baifant 
»  chacun  de  fes  coins,  &  en  les  touchant,  de  fois  à 
»  autre ,  &c.  »  C'eft  cette  tour  ou  chapelle  qu'on  ap- 
pelle proprement  Kiblah  :  c'eft  de  côté-là  qu'il  fe  faut 
tourner  lorsqu'on  fait  fes  prières.   C'eft  pourquoi  dans 


KIC 


K'E 


toutes  les  mosquées  de  Turquie ,  il  y  a  une  niche  rlàni 
la  muraille  du  midi,  qu'ils  appellent  Kiblah  ou  Kibleh, 
comme  le  remarque  Thevenot  chap.  37,  de  fon  Voyage, 
première  partie;  mais  il  écrit  Kéblé ,  ck  cela,  à  caufe 
que  le  temple  de  la  Mecque  eft  au  midi ,  à  l'égard  de  la 
Turquie.  Ce  mot  de  Kiblah  lignifie  en  Arabe  un  lieu 
vers  lequel  on  a  le  vif  âge  tourné;  Se  de-là  il  a  été  don- 
né particulièrement  au  lieu  vers  lequel  on  doit  regarder 
en  priant,  qui  eft  parmi  les  Mahométaus  le  Kiblah.  On 
appelle  auffi  cette  cnapelle  Caabah ,  à  caufe  de  fa  figure 
carrée  ;  car  en  arabe  Vaahab  lignifie  un  dais ,  une 
maifon  carrée ,  &,  par  excellence,  le  temple  de  la  Mec- 
que ,  c'eft-à-dire  cette  tour  carrée  dont  nous  avons  par- 
lé; car  la  grande  enceinte  eft  en  forme  d'amphithéâtre, 
comme  le  remarque  Vartoman.  Enfin  on  l'appelle  en- 
core Bei-tullah,  ou  Beito-llah,  c'eft-à-dire  la  maifon  de 
Dieu;iaBeito-lharam ,  la  maifon  facrée  ,  dont  l'accès 
eft  défendu  aux  perfonnes  fouillées  ou  profanes;  & 
Beito-latik  la  maifon  ancienne.  L'amphithéâtre  qui  l'en- 
vironne ,  &  au  mileu  duquel  elle  eft  placée ,  s'appelle 
Haram  ,  ou  Haramo-llah ,  c'eft-à-dire  le  lieu  J ocré  ;  on 
interdit  aux  perfonnes  impures  le  lieu  où  Dieu  a  défendu 
d'entrer.  Voyez  Golius,  pag.  354  &C  601  de  fon  Lexi- 
con  arabe,  ècThevenot,  chaptre  21  de  la  féconde  par- 
tie de  fon  Voyage. 

KIBOURG ,  ou  K.YBOÙRG ,  ville  de  SuiiTe ,  au  can- 
ton de  Zuric,  fur  la  rivière  de  ThoëlT.  Elle  n'eft  pas  fi 
confidérable  par  fa  fituation  forte  &c  élevée  fur  une  hau- 
teur ,  que  par  fon  château ,  qui  a  été  la  réfidence  des 
anciens  comtes  de  Kibourg.  Ils  étaient  très-puiflans  ;  Se 
même  durant  quelques  fiécles,  ils  étoient  les  plus  puiffans 
feigneurs  de  toute  la  Suifle:  ils  pofledoient  une  bonne 
partie  du  pays  d'alentour ,  dont  Zuric  a  fait  un  beau  & 
grand  bailliage ,  outre  quantité  de  terres  en  divers  en- 
droits :  il  y  a  eu  un  tems  qu'ils  avoient  des  terres  jus- 
qu'aux portes  de  Berne.  Le  premier  de  ces  comtes  fut 
Hartman,  qui  fut  invefti  de  ce  comté,  l'an  9'jO,  par 
Othon.  I.  Le  dernier  de  cette  race ,  nommé  auffi  Hart- 
man, mourut  en  1264,  ne  laiflant  qu'une  fille  nommée 
Elifabeh  ,  qui  fut  privée  de  la  fucceffion  de  fon  père  par 
Rodolphe  de  Habsbourg  ,  quoiqu'elle  fut  femme  d'E- 
berard ,  comte  de  Habsbourg,  couhn  de  Rodolphe.  Ebe- 
rard  &  Elilabeth  laiflerent  leur  droit  à  leur  fils  Hart- 
man. Le  dernier  de  leur  poftérité  fut  Egk  ou  Egon , 
^ui  mourut  vers  l'an  1400  ,  &  prit  le  titre  de  comte  de 
Kibourg,  fans  en  jouir.  Rodolphe,  qui  avoit  privé  de 
ce  comté  Elilabeth  de  Kibourg,  le  donna  à  fon  fils  Al- 
bert ,  dont  les  defeendans  jouirent  de  Kibourg ,  jufqu'aù 
tems  du  concile  de  Confiance.  Ce  fut  alors  que  Fré- 
déric d'Autriche  fut  privé  d'une  partie  des  terres  qu'il 
avoit  en  ce  pays ,  &c  ceux  de  Zurich  eurent  le  comté 
de  Kibourg  ;  mais  quelques  années  après,  ils  s'engagèrent 
dans  une  guerre  contre  les  autres  cantons,  l'an  1441 ,  & 
ils  furent  dans  un  grand  péril  ;  de  forte  que ,  pour  tirer 
du  fecours  de  l'empereur  Frédéric  III,  ils  remirent  Ki- 
bourg à  la  maifon  d'Autriche  ;  mais  il  leur  fut  reftitué 
par  un  traire,  l'an  1461;  &  depuis  ce  tems-là,  ils  en  ont 
toujours  joui;  c'eft  ce  qu'en  dit  le  dofte  abbé  de  Lon- 
guerue.  L'auteur  de  l'Etat  &c  des  Délices,  t.  2,  p.  45  , 
purge  un  peu  la  mémoire  de  Rodolphe  de  Habsbourg , 
d'une  ufurpation  auflî  inique  que  celle  que  l'on  vient  de 
rapporter.  Il  prétend  que  ce  Rodolphe  étoit  neveu,  fils 
de  la  foeur  d'Harttnan  ,  dernier  comte  de  Kibourg  ;  à  la 
vérité ,  cette  qualité  de  fils  d'une  feeur  ne  lui  donne  au- 
cun droit  de  préférence  fur  Hartman  ,  fils  de  la  légitime 
héritière,  qui  étoit  Elilabeth.  Cependant,  comme  le 
remarque  l'auteur  cité  ,  cela  lui  fervit  comme  d'éche- 
lon pour  monter  à  la  grandeur ,  où  on  le  vit  élevé  dans 
la  fuite.  Il  pourfuit  ainfi  :  Sigismond  d'Autriche  vendit 
cette  terre  à  la  ville  de  Zuric,  l'an  1452.  Voilà  une 
différence  fenfible ,  qu'il  n'eft  pas  de  mon  fujet  de  con- 
cilier. Ce  Rodolphe  eft  le  premier  empereur  de  la  mai- 
fon d'Autriche.  *  Etat  &  Dél.  de  la  Suiffe,  t.  2,  p.  45. 
Longuerue  ,   Defcr.  de  la  France,  2  part.  p.  255. 

Quoi  qu'il  en  (bit ,  Kibourg  eft  préfentement  un  des 
plus  beaux  bstliiages  de  ce  canton.  Du  tems  que  Rodol- 
phe étoit  empereur,  le  château  de  Kibourg  fervit  à  gar- 
der les  joyaux  de  l'empire,  qui  furent  depuis  transportés 
à  Nuremberg  ;  aujourd'hui  c'eft  la  réfidence  du  baillif. 

KÏBTH.  Voyez  Kift. 

KICE  ,  ville  delà  Chine  ,  dans  la  province  de  Pé- 


6;p 


km,  au  département  de  Quangping,  fixiéme  métropole 
de  cette  province  elle  eft  de  1  d.  20'  plus  occidentale 
que  Pékin,  tous  les  37  d.  33'  de  latitude.  *  Atlas  Si- 
nenjis. 

KICHICHOUANNE ,  rivière  de  l'Amérique  fepten- 
trionale  ;  elle  a  fon  embouchure  au  fond  de  la  baie 
d'Hudfon,  entre  la  rivière  de  Monfoni  ou  S.  Louis,  Sç 
l'embouchure  orientale  ,  du  lac  des  deux  décharges  ;  elle 
fort  du  lac  des  Chriftinaux,  Se  en  traverfe  le  pays.  *  De 
l'IJle,  Cane  de  la  Nouv.  France,/».  170s;. 

Le  fort  Kichichouanne,  ou  Sainte-Anne ,  eft  à 
l'embouchure  de  la  rivière  de  Kichichouanne,  dont  il 
emprunte  le  nom. 

KICHU,  forterefle  de  la  Chine,  dans  la  province 
de  Iunnan ,  au  département  de  Lingan,  troifieme  mé- 
tropole de  la  province.  Elle  eft  de  15  d.  6'  plus  occi- 
dentale que  Pékin,  fous  les  23  d.  33'  de  latitude.  *  At~ 
las  Sinenfts. 

KICOU-KIAN,  lieu  de  la  Chine,  fur  la  route  de 
Nankin  à  Hoangcheu ,  ou  Hoantcheou ,  capitale  du  Hii» 
quang.  Les  PP.  Jéfuites  y  avoient  une  églilé  ;  c'eft  peut- 
être  quelque  village  ou  bourg  négligé,  dans  l'Atlas  Chi- 
nois, à  moins  que  ce  ne  foit  Kieukiang.  Voyez  ce 
mot.  *  Lettres  édifiantes  ,  t.  8  ,  p.   140. 

KICOU-HOA-CHAN,  montagne  delà  Chine,  fé- 
lon le  P.  d'Entrecolles,  miflïonaire  Jéfuite  :  il  ne  nous  dit 
point  dans  quelle  province,  mais  il  nous  en  apprend  par 
occafion  les  détails  fui  vans.  Il  y  a  un  fameux  temple-; 
on  y  va  en  pèlerinage  de  fort  loin;  les  pèlerins,  dès 
qu'ils  font  au  bas  de  la  montagne,  s'agenouillent  &c  fe 
profternent  à  chaque  pas  qu'ils  font  pour  y  monter. 
Ceux  qui  ne  peuvent  faire  le  pèlerinage,  chargent  quel- 
ques-uns de  leurs  amis  de  leur  acheter  une  grande  feuille 
imprimée  &  marquée  à  un  certain  coin  par  les  Bonzes. 
Au  milieu  de  la  feuille  eft  la  figure  du  dieu  Fo  ;  fur  l'ha- 
bit de  Fo,  Se  tout  autour  de  fa  figure ,  font  de  petits  cer- 
cles :  les  dévots  Se  les  dévotes  au  dieu  Fo ,  prononcent 
mille  fois  cette  prière;  Una-mo-o-mi-to-Fo,  à  laquelle  ils 
ne  comprennent  rien  ;  car  elle  leur  eft  venue  des  Indes  avec 
la  fefte  de  Fo.  Ils  font  de  plus  cent  génuflexions ,  après 
quoi,  ils  marquent  d'un  trait  rouge  un  de  ces  cercles  , 
dont  la  figure  eft  toute  couverte.  De  tems  en  tems,  on 
invite  les  Bonzes  à  venir  à  la  maifon ,  pour  y  faire  des 
prières,  ck  pour  fceller  ck  authentiquer  le  nombre  des 
cercles  qui  ont  été  remplis.  On  les  porte  en  pompe  aux 
funérailles  dans  un  petit  coffre  bien  fcellé  par  les  Bon- 
zes ;  c'eft  ce  qu'ils  appellent  Lou-in ,  c'eft-à-dire  paffe- 
port  pour  le  voyage  de  cette  vie  en  Vautre  :  ce  paffeport 
ne  s'accorde  point  qu'il  n'en  coûte  quelques  taëls  ;  mais 
auffi,  félon  eux,  on  eft  afluré  d'un  voyage  heureux. 
*  Lettre  édifiantes ,  t.  13  ,  p.  342. 

KIDDERMINSTER ,  bourg  d'Angleterre,  au  com- 
té de  Worcefter.  On  y  tient  marché  ;  &  il  eft  fur  là 
Stoure  ,  qui  le  coupe  en  deux.  II  eft  célèbre  à  caufe  de 
tes  étoffes.  *  Etatpréf  de  la  Gr.  Bret.  t.  1 ,  p.  125.  Da- 
vid ,  Anglet. 

KIDG,  ville  d'Afie,  au  royaume  de  Mécran,  dont 
elle  eft  la  capitale.  Elle  donne  le  nom  à  la  province  où 
elle  eft  fituée ,  à  99  d.  de  longitude ,  &  à  27  d.  50' 
de  latitude.  *  Hift.  de  Timur-Bec ,  1.  3  ,  c.  68  ;  ck  1.  2  , 
c.  45. 

KIDWELLI ,  ville  d'Angleterre, ^  au  pays  de  Galles, 
dans  la  province  de  Carmarthen  ,  à  l'embouchure  du 
Fowi ,  rivière  qui  y  forme  un  havre. 

KIÉ ,  ville  de  la  Chine,  dans  la  province  de  Channfi, 
au  département  de  Pingyang  ,  deuxième  métropole  de 
cette  province.  Elle  eft  de  7  d.  13'  plus  occidentale  que 
Pékin,  fous  les  37  d.  n'  de  latitude.  Le  mot  Kie 
lignifie  bonheur.  *  Atlas  Sinenfis. 

KIÉCHI,  ville  de  la  Chine,  dans  la  province  de 
Channfi ,  au  département  de  Tayven  ,  première  métro- 
pole de  cette  province.  Elle  eft  de  4  d.  2c/  plus  occiden- 
tale que  Pékin,  fous  les  39  d.  30'  de  latitude.  *  Atlas  Si- 

1.  KIÉGAN,  ville  de  la  Chine,  dans  la  province 
de  Kianfi ,  dont  elle  eft  la  neuvième  métropole  ;  elle 
eft  de  2  d.  49'  plus  occidentale  que  Pékin,  fous  les  27 d. 
42  de  de  latitude  ;  elle  eft  fituée  au  bord  occidental  de 
la  rivière  de  KlAM  ,  à  l'endroit  où  commencent  les 
dangereufes  roches  de  Chepatan  ou  Xepatan  ;  car  au- 
deflbus  de  cette  ville ,  la  defeente  de  la  rivière  eft  très- 
Tome  III.     Oooo  ij 


66o 


KIË 


KiE 


périlleufe  ;  &  quantité  de  barques  y  ont  fait  naufrage  ,  à 
taufe  des  écueils  pointus  ôt  cachés  fous  l'eau  ,  autour 
"desquels  l'eau  eft  emportée  avec  rapidité.  Ou  compte 
dix- huit  endroits  où  l'on  court  le  plus  grand  risque; 
&  c'eft  ce  qui  a  donné  lieu  au  nom  de  Chipatan  , 
qui  veut  dire  dix-huit  gouffres  ou  chûtes  d'eau;  mais  le 
pire  de  tous  eft  à  Hoangoung.  *  Atlas  Sinenfis. 

Le  territoire  de  Kiégan  eft  hérifle  de  quelques  mon- 
tagnes qui  ont  des  mines  d'or  &  d'argent.  Les  valons 
&  les  champs  font  agréables  &  fertiles,  &  font  à  cou- 
vert de  la  féchereffe.  Il  comprend  neuf  villes  j  (avoir  ; 


Kiégan, 
Taiho , 
Kiexui, 
lungfung  j 


Ganfo, 
Lungciven," 
Vangan , 
Iungfin, 
Jungning. 


Le  premier  nom  de  cette  ville  étoit  Kugcheu;  mais  la 
famille  de  Taiminga  la  changea  en  Kiégan,  qui  veut  dire 
le  bonheur  des  montagnes  ou  montagnes  heureufes. 

2.  KIÉGAN  ,  ville  de  la  Chine ,  dans  la  province 
de  Quangfi,  au  département  de  Taiping,  huitième  mé- 
tropole de  cette  province.  Elle  eft  de  il  d.  45'  plus  oc- 
cidentale que  Pékin,  fous  les  23  d.  47'  de  latitude. 

KIEKIENA-SEROPHQF,  bourg  de  l'empire  de 
Ruffie  :  '  il  a  deux  grands  bâtimens ,  dans  l'un  desquels 
demeure  le  gouverneur;  il  eft  à  deux  milles  d'allemagne 
de  Kolomna. 

KIELL,  (prononcez Kl LL)  ville  d'Allemagne,  dans 
la  baffe  Saxe  ,  au  djehé  de  Holftein  ,  au  fond  d'un 
golfe  long  &  étroit  qui  en  prend  le  ftom  de  Killer-Wick. 
Gaspard  Danckwerth  ,  (New  Lands  Befchreibung  der 
Zwcy  H  cri  Zogt  humer  Sehleswieh  und  Holftein,)  croit  au 
contraire  que  la  ville  a  pris  ce  nom  du  golfe,  qui  l'a  eu 
lui-même  à  caufe  de  fa  figure  ;  car  Ke'il,  en  allemand  , 
ou  Keil,  en  bas  Saxon  ,  lignifie  un  coin,  à  fendre  ;  &  ce 
golfe  a  été  comparé  à  un  coin  ,  qui  s'enfonce  dans  les 
terres  du  côté  du  midi.  Il  ajoute  qu'il  eft  croyable  que 
ce  golfe  eft  le  finus  Chalufus  ,  &  que  le  Schwen- 
tin  eft  le  fluvius  Chalufus  de  Ptolomée.  Cette  ville  eft 
à  43  d.  36'  de  longitude,  &  à  54  d.  19'  de  latitude, 
à  onze  milles  de  Hambourg  ;  à  neuf  de  Hufum  &  de 
'Lubec;  à  huit  de  Flensbourg,  d'Itzehoë  ,  d'Oldenslohe 
&  de  Beileigenhafen  ;  à  fept  de  Ne-wfiadt  &  d'Olden- 
bourg ;  à  fix  de  Schles'wig  &  de  Segeberg  ;  à  quatre  de 
Ploen  &  de  Newmunfter;  à  trois  d'Eckernfohr  &:  de 
Rensbourg,  &  à  deux  de  Pretz.  L'anonyme  continua- 
teur de  la  Chronique  d'Helmold  attribue  la  fondation 
de  la  ville  &  du  château  au  comte  Adolphe  IV,  qui  fut 
enfuite  relig'eux  ,  &  la  nomme  en  latin  Kilo,  onis.  Il 
n'en  parle  que  comme  d'une  chofe  incertaine  ;  mais  il 
parle  plus  affirmativement ,  quand  il  ajoute  que  ce  Prince 
l'exempta  du  droit  de  Holftein,  &  lui  accorda  le  droit 
de  Lubec.  Il  y  bâtit  un  monaftere  où  il  prit  l'habit ,  & 
il  y  fut  enterré  en  1261.  Outre  l'églife  qui  fubfifte  ,  il 
y  a  encore  celle  de  S.  Nicolas.  11  y  a  au  nord-eft  de  la 
ville  le  palais  ducal,  qui  eft  un  mélange  de  vieux  bâti- 
mens &  de  modernes.  La  ville  a  deux  portes;  celle  de 
Danemark  eft  près  du  château  ;  l'autre  au  fud-oueft , 
nommée  h  porte  de  Holftein,  aboutit  à  un  fauxboutg. 
Ce  qui  rend  la  ville  deKiel  remarquable,  c'eft  une  foire 
qui  s'y  tient  tous  les  ans,  après  la  fête  des  Trois-Rois;  il 
s'y  rend  une  multitude  de  perfonnes  de  toute  condition  , 
&  fur-tout  la  nobleffe  des  duchés  de  Schleswig  &  de 
Holftein  :  ceux  qui  ont  de  l'argent  comptant ,  trouvent 
à  qui  le  placer  ;  les  uns  y  viennent  pour  recevoir  leurs 
rentes,  les  autres  pour  payer  celles  qu'ils  doivent.  C'eft 
à  cette  afîemblée  qu'en  huit  jours  il  fe  négocie  des  ton- 
nes d'or,  &  c'eft  à  ce  tems-là  que  la  plupart  des  paye- 
mens  &  des  rembourfemeas  font  remis  ;  c'eft  ce  que 
les  Allemands  appellent  Umbfchlag.  La  foire,  qui  fe 
tient  enfuite ,  vient  d'autant  plus  à  propos  que  chaque 
famille ,  qui  a  reçu  de  l'argent ,  y  acheté  ce  dont  elle 
abefoin,  !k  y  fait  fes  provifions  pour  un  an  de  ce  que 
les  terres  ne  lui  produifent  pas.  Une  petfonne  qui  a  pris 
des  engagemens,  ne  doit  non  plus  manquer  à  la  foire  de 
Kiell,  qu'un  banquier  d'Amfterdam  à  la  bourfe.  Il  eft 
censé  avoir  fait  banqueroute  &  eft  fournis  à  de  rudes  pei- 
nes, outre  le  déshonneur.  La  ville  de  Kiell  a  acquis  un 
nouvel  avantage  par  la  réfidence  qu'y  fait  le  duc  de  Hol- 


ltein-Gottorp  ,  depuis  que  le  roi  de  Dimemarck  s'eft 
approprié  le Schles-^ig.  Il  y  a,  outre  cela,  une  univerfité 
fondée,  en  1665,  par  Albert,  duc  de  Holftein,  comme  le 
difent  très-bien  Baudrand,  édit.  1682,  &  édit.  1705,  & 
Hubner,  &  non  pas  en  1669,  comme  le  dit  Corneille, 
après  Maty.  Baudrand  nomme  cette  ville  en  latin  Chi- 
lonium  ;  Bertius  de  même.  Hermanidès,  Daniœ  Dcfcr. 
p.  940,  dit  Kiela,  pour  la  ville  ,  &:  Kielenfis  prœfeclura 
pour  le  bailliage. 

Le  bailliage  de  Kiell  ,  contrée  d'Allemagne, 
au  cercle  de  la  baffe  Saxe  ,  dans  le  Holftein  :  il  s'étend 
l'efpace  de  cinq  milles  avec  le  bailliage  deBordesholm, 
depuis  la  rivière  de  Levensav  jufqu'au  bout  du  territoire 
deNe-wmunfter.  L'Eyder,  le  Schwentin,  la  Schwale  &  le 
Bornbeck  l'arrofent.  Le  terroir  eft  naturellement  fertile, 
excepté  dans  le  territoire  de  Newmunfter  qui  eft  moins 
bon.  Il  y  a  des  lacs  qui  fourniffent  du  poiffon  en  abon- 
dance. Il  y  a  des  bois ,  &  de  hautes  futaies  en  quel- 
ques lieux  ,  fur-tout  auprès  de  Pretz. 

KIELUNG,  ville  de  la  Chine,  dans  la  province  de. 
Quangfi  ,  au  département  de  Taiping,  huitième  métro- 
pole de  cette  province.  Elle  eft  de  11  d.  46'  plus  occi- 
dentale que  Pékin  ,  fous  les  23  d.  27'  de  latitude.  *  At~ 
las  Sinenfis. 

1.  KIËN,  ville  de  la  Chine,  dans  la  province  de 
Xenfi ,  au  département  de  Sigan ,  première  métropole 
de  cette  province.  Elle  eft  de  8  d.  38'  plus  occidentale 
que  Pékin  ,  fous  les  36  d.  27'  de  latitude.  *  Atlas  Si- 
nenfis. 

2.  KIEN ,  ville  de  la  Chine ,  dans  la  province  dé 
Suchuen  ,  au  département  de  Chingtu ,  première  mé- 
tropole de  cette  province.  Elle  eft  de  12  d.  23'  plus  oc- 
cidentale que  Pékin  ,  fous  les  30  d.  26'  de  latitude, 
*  Atlas  Sinenfis. 

3.  KIEN,  ville  de  la  Chiné,  dans  la  province  de 
Suchuen,  au  département  de  Paoning,  féconde  métro- 
pole de  cette  province.  Elle  eft  de  1 1  d.  24'  plus  occi- 
dentale que  Pékin,  fous  les  32  d.  42'  de  latitude.  *  Al- 
las Sinenfîs. 

1.  KIENCHANG  ,  ville  de  la  Chine,  dans  la  pro- 
vince de  Kiangfi  ,  dont  elle  eft  la  fixiéme  métropole. 
Elle  eft  de  43  d.  plus  occidentale  que  Pékin,  fous  les  28  d; 
12'  de  latitude.  Quoique  cette  ville  foit  fur  un  terrein 
fort  inégal,  elle  ne  laifle  pas  d'être  agréable  &  même 
magnifique.  Elle  eft  dans  un  canton  fertile  fur  la  fron- 
tière du  Fokien.  Son  département  renferme  cinq  villes  5 
favorr  j 

Kienchang,  Nanfung , 

Sinching,  Quanchang, 

&  Luki. 

Un  roi  de  la  famille  de  Taiminga  y  a  fait  fa  réfi-' 
dence,  &  y  bâtit  un  palais  d'une  ftrufture  royale.  Les  jar- 
dins en  font  très-beaux,  les  appartemens  fort  ornés ,  & 
les  meubles  fort  riches.  Kianchane  tire  auffi  de  l'agré- 
ment de  deux  lacs ,  dont  l'un  eft  clans  la  ville ,  &  l'au- 
tre dehors  ;  ce  dernier  eft  devenu  très-utile  par  les  ca- 
naux qu'on  a  creufés  pour  la  communication.  Les  PP.  Jé- 
fuites  y  avoient  une  églife.  Il  y  a  auffi  deux  temples  con- 
facrés  à  la  mémoire  des  hommes  illuftres.  On  y  fait  avec 
le  riz  un  breuvage  que  le  P.  Martini  trouve  plus  excel- 
lent que  le  vin  de  l'Europe  ;  on  le  nomm,  macu,  &  c'eft 
une  des  délices  Chinoifes.  Le  riz  de  ce  canton  eft  fi  exquis, 
en  comparaifon  de  celui  qui  fe  recueille  dans  le  refte  de 
l'empire,  qu'on  l'envoie  de-là  à  l'empereur  :  on  le  nomme 
le  grain  d'argent,  à  caufe  de  fa  bonté.  On  y  fait  auffi  de 
fort  belles  étoffes  de  toutes  fortes.  Cette  ville  s'appel- 
loit  Kienvu  fous  la  famille  deTanga,  celle  de  Sunga  lui* 
a  donne  le  nom  quelle  porte  prélëntement. 

2.  KIENCHANG,  ville  de  la  Chine,  dans  la  pro- 
vince de  Kiangfi,  au  département  de  Nankang,  quatrième 
métropole  de  cette  province.  Elle  eft  de  2  d.  plus  oc- 
cidentale que  Pékin,  fous  les  29  d.  50'  de  latitude.      . 

3.  KIENCHANG,  ville  de  la  Chine,  &  fortereffe 
de  Suchuen.  Elle  eft  de  is;  d.  4'  plus  occidentale  que 
Pékin  ,  fous  les  28  d.  31'  de  latitude.  *  Atlas  Sinenfis. 

KIENCH'UEN,  ville  &  fortereffe  de  la  Chine, 
dans  la  province  d'Iunnan  ,  au  département  de  Ciokinç, 
troifiéme  cité  militaire  de  cette  province.  Elle  eft  de 
1,6  d.  59'  plus  occidentale  que  Pékin,  fous  les  26  d.  34' 
de  latitude,  *  Atlas  Sinenfis, 


KIE 


KIF 


66  i 


KINGUEI,  ville  de  la  Chine,  de  la  province  dé 
Snchuen ,' au  départementde  Kiating ,  troifiéme  grande 
cité  de  cette  province.  Elle  eft  de  12  d.  51'  plus  oc- 
cidentale que  Pékin,  fous  les  29  d.  29'  latitude.  *  At- 
las Sinenjis. 

KIENLI,  ville  de  la  Chine,  dans  la  province  de 
Huquang,  au  département  de  Kingcheu ,  fixiéme  métro- 
pole de  cette  province.  Elle  eft  de  5  d.  6'  plus  oc- 
cidentale que  Pékin,  fous  les  30  d.  20'  de  latitude.  *  At- 
las Sinenjis. . 

1.  KIENNING,  vilte  de  la  Chine,  dans  le  Fokien, 
au  département  de  Xaoùù  ,  huitième  métropole  de  cette 
province.  Elle  eft  de  44'  plus  occidentale  que  Pékin , 
fous  les  27  d.  13'  de  latitude.  *  Atlas  Sinenjis. 

2.  KIENNING,  ville  de  la  Chine,  dans  la  province 
de  Fokien ,  dont  elle  eft  la  quatrième  métropole.  Elle 
eft  d'un  degré  plus  orientale  que  Pékin ,  fous  les  27  d. 
de  latitude.  Elle  eft  fituée  fur  le  bord  oriental  du  Min , 
ck  eft  aulfi  grande  que  Fokien.  Son  territoire  eft  très- 
iétendu,  &  comprend  fept  villes  ,  favoirj 

Kienning,  Puching, 

Kienyang^  Chinghoj 

Çunggan,         .         _  Sungki , 
.Xeuning. 

Elle  a  été  autrefois  appellée  Kitncheu.  Le  P.  Martini 
croit  que  c'eft  la  Quelinfa  de  MarcoP-aolo-Venitien. 
Elle  fouffrit  beaucoup  durant  la  guerre  &  l'invafion  des 
Tartares  ;  comme  elle  avoit  fecoué  leur  joug ,  elle  fut 
àfliégée  &  reprife ,  &c  ils  y  mirent  le  feu.  L'églife  que 
les  Jéfuites  y  avoient,  périt  avec  le  refte  de  la  ville.  Le 
beau  pont  fur  lequel  on  y  pafle  la  rivière  qui  y  eft  très- 
rapide,  pour  aller  à  un  magnifique  temple,  étoit  fur 
des  piliers  de  pierre  de  taille  :  il  étoit  couvert  &c  bordé 
de  maifons  St  de  boutiques  des  deux  côtés  :  il  fut  pres- 
que détruit  en  cette  occafion  :  on  l'a  pourtant  réparé  ; 
mais  lorsque  le  P.  Martini  ëcrivoit ,  la  ville  ne  fe  rétâ- 
blifîbit  que  lentement;  quoique  les  villes  de  la  Chine, 
foient ,  dit-il ,  plus  aifées  à  rebâtir  que  celles  de  l'Eu- 
rope, parce  que  prefque  toutes  les  maifons  en  font  de  bois. 
Kienning  eft  une  ville  affez  marchande,  parce  que  c'eft  . 
iin  paflags  pour  les  marchandifes  qui  defcendent  ou  re- 
montent la  rivière.  *  Atlas  Sinenjis. 

KIENPING,  ville  de  la  Chine,  dans  la  province  de 
Kiangnan,  au  département  de  Quangte,  première  grande 
cité  de  cette  province.  Elle  eft  d'un  degré  56'  plus 
orientale  que  Pékin,  fous  les  31  d.  10'  de  latitude.*^/- 
las  Sinenjis. 

KIENTE ,  ville  de  la  Chine ,  dans  la  province  de 
Kiangnan,  au  département  de  Chicheu ,  treizième  mé- 
tropole de  cette  province.  Elle  eft  de  15'  plus  occiden- 
tale que  Pékin,  fous  les  30  d.  42'  de  latitude.  *  Atlas 
Sinenfis. 

,  KfENXI  ,  ville  de  la  Chine ,  dans  la  province  de 
Suchuen  ,  au  département  de  Queicheu ,  fixiéme  mé- 
tropole de  cette  province.  Elle  eft  de  7  d.  "jô'  plus  oc- 
cidentale que  Pékin,  fous  les  30  d.  24'  de  latitude. 
*  Atlas  Sinenfis. 

KIENXU1,  ville  de  la  Chiné,  en  la  province  d'Iun- 
nan,  au  département  de  Lingan  ,  troifiéme  métropole 
de  cette  province.  Elle  eft  de  14  d.  19'  plus  occiden- 
tale que  Pékin,  fous  les  23  d.  50'  de  latitude.  *  Atlas 
Sinenjis. 

K1ENYANG  ,  ville  de  la  Chine  ,  dans  la  province 
de  Fokien  ,  au  département  de  Kienning  ,  quatrième 
métropole  de  cette  province.  Elle  eft  de  45'  plus  orien- 
tale que  Pékin  ,  fous  les  27  d.  22'  de  latitude.  *  Atlas 
Sinenfis. 

KÏEOUTCHI ,  (  le  royaume  de)  eft  fitué  dans  le 
Tibet.  Les  rois  de  ce  pays  &leursfujets  étoient  des  Bar- 
bares appelles  Ti,  qui  étoient  divilés  par  tribus  ou  hor- 
des. Ils  habitoient  dans  la  partie  occidentale  de  la  pro- 
vince de  Sietchuen  &  s'étendoient  vers  l'occident,  vers 
le  Tibet:  là  ils  vivoient  comme  lesTibétarw  ,  avec  les- 
quels ou  les  confond  communément ,  quoique  quelques 
hiftoriens  prétendent  qu'ils  foient  originairement  Chi- 
nois. Dèf  le  tems  des  Han ,  ils  faifoient  fonvent  des  in— 
turfions  dans  l'empire  des  Chinois.  Ils  avoient  à  leur 
tête  différens  chefs  ,  du  nombre  desquels  un  nommé 
Filong  devint  très-puiffarit  :  il  adopta  pour  fon  fils  Méou- 


féou  ,  qui ,  à  l'occafion  des  troubles  dont  ia  Chine  éroit 
agitée 'fous  Hoei-Ti,  empereur  des  Tien,  s'en  retourna 
dans  le  pays  de  Kieoutchi,  où  il  prit  le  titre  de  roi  de  Ti,  Sr. 
fut  joint  par  un  grand  nombre  de  mécontens  &  d'exilés  j 
vers  l'an  996  de  J.  C,  Sa  poftérité  y  régna  jusqu'à  l'an  6oj 
que  Chao-Tien  fut  vaincu  par  l'empereur  des  Goei ,  oiî 
Topa,  &  fon  royaume  entièrement  détruit.  Ces  rois  de 
de  Kieoutchi  furent  fouvent  reconnus  par  le-  empereurs 
de  la  Chine,  qui  leur  donnoient  Je  titre  de  rois  de  Vou- 
ton,  ou  de  Kieoutchi  ;  mais  ces  titres  n'étaient  accordés 
que  pour  en  impofer  aux  peuples  :  ces  prétendus  rois 
étoient  fournis  aux  empereurs  de  la.  Chine.  *  Voyez 
YHJloire  générale  des  Huns,  par  M.  de  Guignes,  t.  1  , 
p.  itf- 

KIERNOW,  ville  de  Lithuanie,  fur  la  rivière  de 
Vilia:  elle  a  été  affez  long- tems  la  réhdence  des  ducs 
de  Lithuanie..  . 

KIEU.,  ville  de  la  Chine  ,  dans  la  province  de 
Channton  ,  au  départementde  Tungchang,  troifiéme 
métropole  de  cette  province.  Elle  eft  d'un  degré  16' 
plus  occidentale  que  Pékin  ,  fous  les  37  d.  18'  de  lati- 
tude. *  Atlas  Sinenjis. 

.  KIEUKIANG,  ville  de  la  Chine,. dans  la  province 
de  Kianfi,  dont  elle  eft  la  cinquième  métropole.  Elle 
eft  d'un  degré  34'  plus  occidentale  que  Pékin ,  fous  les 
30  d.  25'  de  latitude.  C'eft  une  grande  ville  fort  mar* 
chaude,  au  bord  méridional  du  fleuve  Kiam ,  à  l'endroit 
où  il  fe  groflit  des  eaux  dont  fe  décharge  le  lac  dePoyang, 
Comme  les  barques  paffent  là  pour  fe  rendre  à  la  mer  j 
on  y  en  voit  un  nombre  incroyable  ;  car  quoique  Kieu- 
kiang  foit  à  environ  cent  lieues  de  l'Océan,  on  ne  laiffe 
pas  d'y  pêcher  des  poiflbns  de  mer,  qui  remontent  la  ri- 
vière jufqu'à  cette  ville,  comme  des  faumons  ,  dau- 
phins, &c.  Dans  les  tems  de  nouvelle  &  de  pleine 
lune,  aux  grandes  marées,  on  s'apperçoit  que  la  mer  re-7 
foule  jufqu'au  voifinage  de  la  ville  ;.  &  d'ailleurs  le  cours 
du  fleuve  eft  fi  lent  en  cet  endroit,  qu'à  peine  s'apperçoit- 
on  de  quel  côté  il  coule  ;  de  forte  que  l'on  y  peut  vo- 
guer à  pleines  voiles,  du  côté  que  l'on  veut ,  fans  appré- 
hender la  dérive.  L'empereur  a  dans  cette  ville  un  bu- 
reau de  douane  qui  lui  vaut  beaucoup.  Au  refte  elle  eft 
fituée  au  nord  de  Nanchang  ,  première  métropole  6k  ca- 
pitale de  la  province  ;  &  fon  territoire  eft  entouré 
d'eau  au  nord  &  au  levant ,  &  eft  borné  au  midi  par  le 
mont  Quangliu.  Il  renferme  cinq  villes,  favoir; 

Kikeuiang ,  Xuichang  , 

Tégan ,  Hukeu , 

Pengce. 

Là  famille  de  Hana  nomma  cette  ville  lUGHANG  ;  on 
lui  rendit  enfuite  fon  ancien  nom  de  Kieukiang ,  qu'on 
lui  ôta  encore  pour  l'appeller  Tingkiang  ;  &  enfin  la  fa- 
mille de  Taimingà  lui  rendit  le  premier  nom  qu'elle 
garde  encore.  *  Atlas  Sinenjis. 

KIEXE  ,  fortereffe  de  la  Chine,  dans  la  province  de 
Quantung.  Elle  eft  d'un  degré  49'  plus  occidentale  que 
Pékin  ,  fous  les  22  d,  50'  de  latitude.    *  Atlas  Sinenjis. 

KIEXUI  ,  ville  de  la  Chine  ,  dans  la  province  de 
Kianfi,,  au  département  de  Kiégan  ,  neuvième  métro- 
pole de  cette  province.  Elle  eft  de  2  d.  30'  plus  occi- 
dentale que  Pékin  ,  fous  les  27  d.  47'  de  latitude.  Elle 
eft  au  confluent  du  Su,  ruiffeau,  &  de  la  rivière  de  Kiam. 
Elle  eft  en  triangle,  &C  fon  circuit  eft  d'une  heure  & 
demie.  On  peut  y  entrer  par  quatre  portes  qui  font  ar- 
mées de  fer,  &t  défendues  par  de  forts  baftions  &  par  des 
remparts  affez  hauts  &  très-bien  flanqués  ;  cette  ville  eft 
ornée  de  fuperbês  bâtimens  &  de  magnifiques  temples, 
dont  l'un  eft  enrichi  par-deffus  ;  les  autres  d'un  grand 
nombre  d'images ,  &  de  ftatues  très-bien  travaillées.  A 
l'entrée  d'une  longue  rue  eft  un  arc  triomphal,  qui,  par 
fon  antiquité  &  par  la  beauté  dé  là  ftructure,  mérite  l'at- 
tention des  curieux.  *  Ambajjade  des  Hollandais  à  la. 
Chine  ,  c.  9.  Atlas  Sinenjis. 

KYEYANG  ,  ville  de  la  Chine ,  dans  la  province  de 
Quangtung,  au  département  de  Chaocheu,  cinquième 
métropole*  de  cette  province.  Elle  eft  d'un  degré  18' 
plus  occidentale  que  Pékin  ,  fous  les23  d.  54'  de  latitude. 
*  Atlas  Sinenfis. 

K1FT,  ville  d'Egypte,  dans  le  Saïd-Aâla  ,  qui  eft  la 
haute  Thébaïde,  Elle  n'eft  éloignée  du  Nil,  que  de  (efi 


66 1 


KIL 


KIL 


parafanges.  Tous  Ces  habitans  font  infidèles ,  au  jugement 
des  Mahométans ,  c'eft-à-dire  Chrétiens  ;  c'eft  ce  qu'en 
dit  Abdalmoal  dans  le  fécond  climat.  D'Herbelot,  Bibl. 
orient,  qui  rapporte  ces  paroles  ,  ajoute  :  cette  ville  eft 
l'ancienne  Coptos  ,  qui  a  donné  autrefois  le  nom  à 
une  des  provinces  de  l'Egypte ,  Copticus  Nomos.  Il  pou- 
voit  dire  de  plus,  qu'elle  l'a  donné  au  Nil  Se  à  toute  l'E- 
gypte. Il  poursuit  ainfi  :  aujourd'hui  cette  même  ville, 
que  l'on  appelle  auffi  KlBTH  ,  donne  le  nom  à  toute 
l'Egypte  &  à  toute  la  nation ,  que  les  Arabes  appellent 
Al-Kibth,  auffi-bien  queMESR.  Ce  font  les  Coptes 
ou  Copthes.  Voyez  les  articles  Copthes  &  Coptos. 

KIGNANFU,  grande  ville  delà  ÇMne;  elle  eft  com- 
merçante, a  de  belles  rues,  Se  un  fauxbourg  au  midi. 

KIINO-KUNI,  province  du  Japon,  dans  l'ifle  Ni- 
Çhon ,  fur  la  mer  du  Japon  ,  au  fud  de  là  province  d'Id- 
fumi ,  &  de  celle  de  Jamatto.  Elle  eft  renommée  par 
fes  mines  de  cuivre  le  plus  fin ,  &  le  plus  malléable  , 
qui  fe  tire  de  fes  ifles. 

KIKIANG,  ville  de  la  Chine  ,  dans  là  province  de 
Suchuen ,  au  département  de  Chungking  ,  cinquième 
métropole  de  cette  province.  Elle  eft  de  10  d.  40'  plus 
occidentale  que  Pékin  ,  fous  les  29  d.  48'  de  latitude; 
*  Atlas  Sinenjis. 

KILAKI ,  (les)  habitent  au  bord  de  l'embouchure 
de  la  rivière  d'Amur ,  Se  ne  payent  point  encore  de  con- 
tribution à  l'empire  de  Ruflie.  *  Hifl.  généalogique  des 
Tatars ,  p.  488. 

KILAN.  (le)  Voyez  Ghilan. 

KILBEG.  Voyez  Calebeg. 

KILBEKAN,  petite  ville  d'Irlande,  dans  la  province 
de  Leinfter,  au  comté  de  "Weft-Méath ,  fur  la  rivière  de 
Brasmagh,  vers  les  frontières  du  comté  du  roi,  à  dix 
milles,  &  au  fud-eft  de  Ballimore.  Elle  envoie  deux  dé- 
putés au  parlement.  *  Etat  préfent  de  l'Irlande,  p.  45. 

KILCONNEL ,  baronnie  d'Irlande,  dans  la  province 
de  Cannaught.  C'eft  une  des  dix-fept  baronnies  qui 
compofent  le  comté  de  Gallway.  *  Etat  préjent  de  l Ir- 
lande. 

KILDARE  ouKildar,  ville  d'Irlande,  dans  la  pro- 
vince de  Leinfter,  au  comté  de  Kildare,  à  onze  milles 
&  presqu'à  l'oueft  de  Naas  ,  ville  du  même  comté. 
Kildare  en  eft  la  capitale  Se  le  liège  d'un  évêque ,  avec 
le  droit  de  tenir  marché  public  ,  Se  d'envoyer  deux 
députés  au  parlement.  Elle  eft  à  vingt-fept  milles,  Se  au 
fud-oueft  de  Dublin.  Elle  a  été  autrefois  très-fameufe,  à 
caufe  de  fainte  Brigite.  Elle  y  fit  bâtir  un  monaftere , 
&  elle  y  réfidoit  ordinairement.  La  réputation  de  cette 
fainte  rendit  ce  lieu  fi  célèbre  Se  fi  fréquenté  ,  que  le 
grand  nombre  d'édifices  que  l'on  y  bâtit  de  fon  vivant, 
même  autour  du  monaftere  ,  y  forma  une  ville  qui  de- 
vint aflez  confidérable  dans  la  fuite  ,  pour  y  faire  trans- 
férer le  fiége  métropolitain  de  la  province.  Baillet  écrit 
KlLDAR  ou  Kill-Dare,  en  latin  Cella-Quercus.  *Bail- 
let ,  Vie  des  Saints ,  au  premier  Février. 

Le  comté  de  Kildare,  contrée  d'Irlande,  dans 
la  province  de  Leinfter.  Il  a  Dublin  Se  Wicklow  à  l'eft; 
le  comté  du  roi  Se  celui  de  la  reine,  à  l'oueft  ;  Eftméath 
au  nord ,  8e  Caterlagh  au  fud.  Il  a  trente-huit  milles  de 
long  Se  vingt-trois  de  large.  Il  eft  riche,  &  abonde  en 
toutes  chofes.  On  le  divife  en  huit  baronnies ,  qui  font, 


Carbury , 

Connel, 

Ikéathy , 

Ophalli, 

Sait, 

Noragh  Se  Reban, 

Naas, 

Kiléah  Se  Mone. 

Il  y  a  deux  villes  qui  tiennent  marché ,  favoir  Carburi 
Se  Kildare ,  Se  trois  qui  envoient  leurs  députés  aux  par- 
lemens  ,  favoir  Naas  ,  Kildare  Se  Athy.  *  Etat  préjent 
d'Irlande,  p.  39  &40. 

KIL,  ville  du  Holftein.  Voyez  KiELL. 

KILCOURSY  ,  baronnie  d'Irlande  ,  dans  la  pro- 
vince de  Leinfter.  C'eft  une  des  onze  qui  compofent  le 
comté  de  Kingscounty.   *  Etat  préfent  de  t 'Irlande,  t.  3. 

KILDUN ,  château  d'Ecofle ,  dans  la  province  de 
Roff,  fur  la  rivière  de  Connel  ou  Connan  ,  qui  fe  jette 
dans  la  baie  de  Cromarty  ;  il  appartient  au  comte  de 
Scaforth. 

KILE ,  province  d'Ecofle.  Voyez  Kyle. 

K.ILFENOR,  félon  Baudrand,  village  d'Irlande,  dans 


la  province  de  Connnaught,  au  comté  deClare.  C'étoit 
autrefois  un  lieu  plus  confidérable ,  Se  le  fiége  d'un  évê- 
que fufFragant  de  l'archevêque  de  Cashel. 

KILHAM  ,  bourg  d'Angleterre,  dans  la  province 
d'Yorck.  On  y  tient  marché  public.  *  Etat  préfent  de 
la  Gr.  Bretagne  ,  t.  1. 

KILIA  INSULA,  ifle  de  la  Tartarie,  en  Europe,  au 
Budziac,  à  l'embouchure  du  Danube,  qui  la  forme.  Sa 
branche  la  plus  feptentrionale  l'enferme  au  nord.  Elle 
prend  fon  nom  d'une  bourgade  nommée  KlLlA  ,  & 
furnommée  t  Ancienne ,  pour  la  diftinguer  de  Kilia-la- 
Neuve ,  qui  eft  au  nord ,  de  l'autre  côté  du  bras  fepten- 
trional  du  Danube  ,  à  l'orient  de  Bialogrod.  *  De  Wit  j 
Atlas. 

KILIA  NOVA  ,  bourg  de  Befférabie ,  vers  l'embou- 
chure la  plus  feptentrionale  du  Danube  ;  c'eft  l'ancienne 
Tomes,  lieu  de  l'exil  d'Ovide  que  la  Motraye  croit  être 
Témisvara,  qui  eft  entre  Cuftangi  Se  Varna. 

KILISSIM  ,  montagne  d'Afie  en  Perse  ,  dans  l'Irac- 
Agémi ,  iur  la  route  de  Kom  à  Saba  ou  Sava ,  environ 
à  cinq  lieues  de  la  première.  Elle  eft  à  la  droite  du  ca- 
ravanferai  nommé  Schaferabath.  Elle  n'eft  que  médio- 
crement haute;  mais  elle  eft  ceinte,  de  tous  les  côtés, de 
plufieurs  collines  pierreufes  ,  qui  ne  produilent  que  du 
fel,  auffi-bien  que  toute  la  campagne  voifine,  qui  eft 
toute  blanche  de  fel  Se  de  falpétre.  Cette  montagne  Se 
celles  deNachïjian,  de  Kuib,  deZrumi,  de  Kemre,  de 
Hémédan ,  de  Bi^etun  Se  de  Suldus  foumiflent  toute  la 
Perse  de  fel ,  que  l'on  en  tire  comme  d'une  mine.  Les 
Perfans  difent  de  la  montagne  de  Kiliffim ,  Kim-Ke.ds.r- 
Kelmes,  c'eft-à-dire  que  ceux  qui  y  montent  n'en  des- 
cendent point  ;  équivoque  qui  ne  contient  qu'un  rébus 
badin,  Se  que  quelques-uns  ont  pris  a.i  pied  de  la  let- 
tre, comme  fi  l'on  avoit  dit  qu'ils  n'en  descendent  ja- 
mais ,  ce  qui  eft  faux  ;  l'auteur  'de  cette  badmerie  a  feu- 
lement voulu  dire  qu'ils. n'en  descendent  point  alors, 
dans  le  tems  qu'ils  y  montent  ;  ce  qui  eft  vrai  de  toutes 
les  montagnes  du  monde.  *  Oléarius ,  Voyages,  1.6, 
/?•  5  .  c.  2. 

KlLISTINONS  ou  KiRistinOUS  ,-  (les)  ouïes 
Christinaux,  ou  lesKRicQS,  peuple  de  l'Amérique 
feptentrionale,  au  fond  de  la  baie  de  Hudson  ,  dont  ils 
occupent  les  bords,  depuis  le  fort  Bourbon  ou  Nelson  , 
Se  l'embouchure  de  la  rivière  de  Sainte-Thérèfe  ,  au 
couchant  de  cette  baie ,  jusqu'aux  montagnes  qui  bor- 
nent au  nord  les  Pitchibouronni.  Ils  font  bornés,  au  cou- 
chant, par  les  Pouls  ou  Afifenipoils;  au  midi,  par  le  Ca- 
nada ;  Se  au  levant ,  par  les  Eskimaux.  De  la  Poterie , 
qui  a  traité  fort  amplement  certains  points  de  l'Hiftoire 
de  l'Amérique  feptentrionale  ,  t.  1,  p.  175  ,  regarde  les 
Christinaux  ou  Kricqs  ,  c'eft-à-dire ,  félon  lui , 
fauvages  qui  habitent  les  lacs,  comme  un  peuple  parti- 
culier de  cette  côte  ,  Se  dit  qu'ils  demeurent  à  cent  foi- 
xante  lieues  du  fort  Nelfon.  Ils  ont,  dit-il,  l'ufage  des 
calumets  de  paix  ;  c'eft-à-dire  de  la  pipe.  C'eft  une  na- 
tion nombreufe ,  dont  le  pays  eft  vafte  ;  ils  s'étendent 
jusqu'au  lac  fupérieur.  Ils  vont  quelquefois  en  traite  au 
faut  de  Sainte-Marie  Se  de  Michilimakinak  ;  ce  font  gens 
fort  vifs  ,  toujours  en  aftion.  Ils  font  guerriers  ,  Se  ont 
affez  les  manières  des  Gascons.  Ils  vivent  dans  l'idolâtrie; 
chez  eux  la  polygamie  eft  en  ufage.  Les  autres  peuples 
qu'il  range  le  long  de  cette  côte ,  font  ceux-ci  : 

1.  Les  Ouenebigonhelinis  font  ies  plus  proches  du  fort 
Nelfon.  Leur  nom  fignifie  gens  du  bord  de  la  mer.  Ils 
vivent  de  chatte  Se  de  pêche. 

2.  Les  Monfaunis,  c'eft-à-dire  gens  de  marais,  habi- 
tent un  pays  plus  haut  que  les  Ouenebigonhelinis ,  qui 
eft  fort  rempli  de  marais. 

3.  Les  Savanois  ou  sens  de  Savanes,  font  plus  loin 
en  montant  vers  le  furL 

4.  Les  Chriflinaux  ou  les  Kricqs  ;  nous  en  avons  parlé 
ci-deffus. 

5.  Les  Migichihilinious ,  c'eft-à-dire  Sauvages  qui  ont 
des  yeux  d'aigles.  Ils  demeurent  à  deux  cents  lieues. 

6.  Les  Oskquifaquamais  vivent  de  poiflbn,  ont  peu 
de  caftors  ;  mais  leurs  peaux  font  très-grafles. 

7.  Les  Michinipicpœts  ,  c'eft-à-dire  hommes  de  pierre 
du  grand  lac ,  demeurent  à  trois  cents  lieues.  Cette  na- 
tion habite  nord  Se  fud. 

8.  LesNctaouatscmipoets,c,eû-à.-dhehommes depoince, 
demeurent  à  quatre  cents  lieues. 


KlL 


Kl  M 


9.  Les  Attimospiquayes  ;  ce  mot  fignifie  côte  des 
chiens. 

10.  Les  MaskegoneMrints  font  en  guerre  avec  ces  der- 
niers ,  ci  les  empêchent  de  venir  au  fort  Nelfon. 

Les  François  ont  un  fort   chez  les  Abitibis  ,   peuple 

fitué  aux  fources  de  la  rivière  de  S.  Louis  ou  de  Mon- 

fauni.  Ils  ont  d'ailleurs  peu  d'établiffemens  dans  ce  pays. 

Voyez  les  Lettres  édifiantes   du  P.  Gabriel  Mareft , 

miffionnaire  Je  fuite  ,  t.  10,  p-  313- 

Le  lac  des  Kilifunons  ou  des  Chrijlinaux  ,  grand  lac 
de  l'Amérique  feptentrionale.  Il  communique  au  grand 
lac  des  Affenipoils,  qui  eft  à  l'oueft-fud-oueft ,  &  d'où 
fort  la  rivière  de  Bourbon,  qui  va  fe  perdre  au  tortNel- 
fon  ,  dans  la  baie  de  Hudson.  Outre  cela,  il  communi- 
que au  midi  avec  le  lac  Alemipigon ,  qui  eft  du  Canada. 
On  foupçonne  qu'il  communique  aufîî  a\>ec  la  rivière  de 
Sainte-Anne ,  qui  tombe  dans  la  baie  de  Hudson.  Mais 
ce  pays  eft  très-peu  connu.  *  Robert  de  faugondy  , 
Atlas.  • 

KILKAN ,  baronnie  d'Irlande  ,  dans  la  province  de 
Leinfter.  C'eft  une  des  huit  qui  compofent  le  comté  de 
Kildare.  *  Etat  préfent  de  l'Irlande,  p.  39. 

KILKENDYLIB,  baronnie  d'Irlande,  dans  la  pro- 
vince de  Leinfter.  C'eft  une  des  onze  qui  compofent  le 
comté  de  Kilkenny.  *  Etat  préfent  de  l'Irlande  ,  p.  41. 

1.  KILKENNY,  ville  d'Irlande,  dans  la  province  de 
Leinfter ,  au  comté  auquel  elle  donne  fon  nom,  &  dont 
elle  eft  la  capitale  ,  Se  au  milieu  duquel  elle  eft  fituée 
fur  la  rivière  de  Nure  ;  cette  ville  eft  grande ,  forte,  la 
mieux  peuplée  ,  la  plus  riche  &  la  plus  négociante  qu'il 
y  ait  entre  toutes  les  villes  d'Irlande ,  qui  font  reculées 
dans  les  terres.  Elle  tient  un  marché  public  ,  &  eft  le 
fiége  d'un  évêché  qui  étoit  auparavant  à  OfTery.  On  la 
divife  en  deux  parties.  L'une  eft  Ylrlandoife,  ou  l'an- 
cienne ville  qui  n'eft  plus  aujourd'hui  que  le  fauxbourg 
de  l'autre.  C'eft-là  qu'eftla  cathédrale  ;  l'autre  eft  VAn- 
gloije  ou  la  ville  neuve.  Elle  fut  bâtie  par  les  Anglois 
fous  Ranulphe ,  comte  de  Chefter.  Elle  eft  devenue  la 
principale.  Kilkenny  eft  à  cinquante-fix  milles  au  fud- 
oueft  de  Dublin ,  ôc  à  huit  de  Go-wran  ,  autre  ville  du 
même  comté.  *  Etat  préfent  de  l'Irlande  ,  p.  4t. 

Le  comté  de  Kilkenny,  canton  d'Irlande,  dans  la  pro- 
vince de  Leinfter.  Il  a  Caterlagh  &  Wexford  à  l'eft  ; 
Tipperary  à  l'oueft  ,  le  comté  de  la  reine  au  nord,  ck 
'Wacerford  au  fud,  &  en  eft  féparé  par  la  Shure.  Il  a 
quarante  milles  de  long  ,  &C  vingt-deux  de  large.  Ce 
pays  eft  très-agréable  à  la  vue  ,  orné  de  villes  fk  de 
châteaux ,  &t  aufli  fertile  &  abondant  en  toutes  chofes 
qu'aucun  autre.  On  dit  communément  de  ce  comté,  ou 
du  moins  des  environs  de  fa  capitale  ,  que  fon  eau  ejl 
fans  bourbe  ,  fon  air  fans  brouillards  ,  6-  fon  feu  fans 
fumée.  On  le  divife  en  onze  baronnies  qui  font  : 


66$ 


Fafladinig, 

Gowran, 

Galmoi , 

Kells, 

Cranagh, 

Knocktopher. 

Kilkendylib , 

Ida, 

Shellilogher , 

Ibeicon , 

Iverck. 

Il  n'y  a  qu'une  feule  ville  en  tout,  qui  ait  droit  de  tenir 
marché  public  ;  mais  il  y  en  a  huit  qui  envoient  leurs 
députés  au  parlement.  Ces  huit  villes  font  : 


Kilkenny, 

Thorrias-TWn. 

Gowran  , 

Inishteige, 

Callen, 

Knocktopher, 

Kells, 

Saint-Canice. 

1.  KILKENNY,  baronnie  d'Irlande,  dans  la  province 
de  Leinfter.  C'eft  une  des  onze  qui  compofent  le  comté 
de  "Weftméath.  *  Etal  préfent  de  la  Gr.  Bretagne  ,  t.  3 . 

KILKERAN  ,  bourg  d'Ecofle ,  au  comté  de  Cantyr, 
dont  il  eft  un  des  principaux  lieux,  Cantir  ou  Kyntire 
&  Argyle  font  deux  provinces  différentes,  félon  l'Etat 
préfent  de  la  Grande-Bretagne.  Cependant  Baudrand 
n'en  fait  qu'une  province. 

KILLALA  ou  Killaloo,  ville  d'Irlande,  dans  la 
province  de  Connaught,  au  comté  de  Mayo,  dont  elle 
eft  la  principale.  Elle  eft  petite  ,  &  néanmoins  c'eft  le 
fiége  d'un  évêque.  Elle  eft  auprès  de  la  mer,  ou  plutôt 


d'ime  grande  baie,  à  trois  milles  ou  environ,  &  au  nord- 
oueft  de  Mayo.  * Etat  préfent  de  l'Irlande,  p.  31. 

_  KILLALOV  bu  Cabv  ,  ville  d'Irlande,  dans  la  pro- 
vince de  Connaught  ,  au  comté  de  Clare  ou  de  Tho- 
mond,  dont  elle  eft  la  capitale,  fur  le  Shannon  ,  dans 
le  voifinage  du  comté  de  Tipperary ,  à  dix  milles  au  nord 
de  Limerick  ,,  &  à  près  de  quatre-vingt-dix  au  fud 
de  Dublin.  Cette  ville  a  droit  de  marché  public  ;  mais 
elle  n'envoie  point  de  députés  au  Parlement.  Elle  a  été 
autrefois  confidérable ,  &  tombe  aujourd'hui  en  déca- 
dence, quoiqu'elle  foit  le  fiége  d'un  évêque,  auquel  on 
a  uni  celui  d'Achonry.  *Etat  préferi:  de  C  Irlande,  p.  34. 
KILLEHANE  ,  baronnie  d'Irlande  ,  dans  la  province 
de  Connaught  ;  c'eft  une  des  dix-fept  qui  compofent  le 
comté  de  Galfway.   *Etat  préfent  de  l'Irlande, 

KILLIN ,  ville  de  Beflarabie  ,  à  vingt-huit  lieues  de 
Bender  ,  &  à  huit  lieues  de  l'embouchure  du  Danube, 
Cette  ville  eft  grande ,  bien  peuplée  de  Turcs,  de  Juifs, 
de  Grecs  &  de  quelques  Arméniens  ;  il  y  a  un  grand  fk 
vieux  château. 

_  KILLYLAGH  ,  petite  ville  d'Irlande  ,  dans  la  pro- 
vince d'Ulfter ,  au  comté  de  Down  ,  fur  le  lac  de  Strang- 
forg.  Cette  ville  envoie  deux  députés  au  parlement  ;  elle 
eft  à  dix  fept  milles  de  Dromore  ,  au  levant. 

KILLMA1NE,  baronnie  d'Irlande,  dans  la  province 
de  Connaught.  C'eft  une  des  neuf  baronnies  du  comté 
de  Mayo.  * Etat  préfent  de  la  Gr.  Bretagne,  t.  3. 

KILLMALOCK,  ville  d'Irlande,  dans  la  province 
de  Munfter,  au  comté  de  Limerick,  ck  à  feize  milles 
au  fud  delà  ville  de  Limerick.  Cette  ville  eft  riche,  bien 
peuplée  ,  enceinte  d'une  muraille  ,  &  envoie  deux  dé- 
putés au  parlement.  Elle  donne  le  titre  de  vicomte  à  la 
famille  de  Sarsfield.  *  Etat  préfent  d'Irlande,  p.  ^3. 

KILMACALO  ,  Kilmacough  ,  ou  Kilmach- 
Duach  ,  petite  ville  d'Irlande  ,  dans  la  province  de 
Connaught ,  au  comté  de  Galoway,  entre  la  ville  de  ce 
nom  &  celle  de  Clare  ,  environ  feft  lieues  de  l'une  Se 
de  l'autre.  Elle  étoit  autrefois  bien  plus  confidérable } 
car  elle  étoit  le  fiége  d'un  évêché  fuffragant  de  l'arche- 
vêché de  Tuam  ;  mais  cet  évêché  a  été  uni  à  celui  da 
Clonfert.  *  Baudrand ,  éd.  1705. 
KILMALOCK.  Voyez  Killmalock. 
KILMARE,  bourgade  d'Irlande,  dans  la  province  de 
Munfter,  au  comté  de  Kerry,  fur  un  ruiffeau  nommé 
auffi  Kilmare,  qui  tombe  dans  une  baie  de  mêm;  1.0m. 

*  Allard,  Carte  de  l'Irlande. 

1.  KILMORE,  ville  d'ËcoiTe,  dans  la  province  de 
Knapdail ,  fur  la  côte  feptentrionale  de  la  baie  de  Loch- 
finn ,  qui  fépare  cette  province  de  celle  d'Argyle  propre- 
ment dite.  * Allard,  Carte  de  TEcofTe. 

2.  KILMORE,  petite  ville  d'Irlande,  dans  la  province 
d'Ulfter,  au  comté  de  Cavan,  à  trois  milles  Stau  fud- 
oueft  de  Cavan.  L'évêché  a  été  uni  à  Armagh.  *  Etat 
préfent  de  [Irlande  ,  p.  59. 

3.  KILMORE,  baronnie  d'Irlande,  da.is  la  province 
de  Munfter  ,  au  midi  de  celle  d'Orrery.  C'eft  une  des 
quinze  qui  compofent  le  conité  de  Corck.  *  Etat  pré- 
fent de  t 'Irlande  ,  p.  48. 

KILNALONG  ,  baronnie  d'Irlande,  dans  la  province 
de  Munfter.  C'eft  une  des  quatorze  qui  compofent  le 
comté  de  Tippérari ,  au  couchant  de  celle  d'Eliagurty. 

*  Etat  préfent  de  la  Gr.  Bretagne,  t.  3. 

_  KILN AMANIA ,  baronnie  d'Irlande,  dans  la  pro- 
vince de  Munfter.  Elle  eft  au  midi  de  Kilnalong  ,  Se 
une  des  quatorze  du  comté  de  Tippérari.  *  Etat  préfent 
de  la  Gr.  Bretagne,  t.  3. 

KILNATALLON,  baronnie  d'Irlande,  dans  la  pro- 
vince de  Munfter.  C'eft  une  des  quinze  qui  compofent 
le  comté  de  Corck.  *Etat  préfent  de  l'Irlande ,  p.  48. 

KILTARTAN,  baronnie  d'Irlande  ,  dans  la  province 
de  Connaught.  C'eft  une  des  dix-fept  qui  compofent  le 
comté  de  Gallvav.  *  Etat  préfent  de  f  Irlande. 

KIMBOLTOft,  bourg  d'Angleterre,  dans  le  Hun- 
tingtonshire.  On  y  tient  marché  public.  *  Etat  préfent 
de  la  Gr.  Bretagne,  t.  I. 

KIMPECH.  Voyez  Campeche. 

KIMPER  ou  Quimper-Corentin  (*)  ,  ville  de 
France,  en  baffe  Bretagne,  dans  l'évêché  de  Quimper, 
au  confluent  de  l'Oder,  &  d'une  petite  rivière  nom- 
mée Benaudet.  Ce  nom  Kimper ,  en  langue  Breton  1. -, 
fignifie  entouré  dt  murailles.   Le  P.  Hardouin ,  in  Plin. 


664  KIM 

l.  4,  c.  18,  expliquant  le  Carlosvelius  de  Pline  j  fait 
cette  remarque  :  Céfar  les  nomme  Curiofolites  ;  leur 
ville,  dont  nous  fommes,  étoit  Corijbpitum,  Kimper , 
mot  qui,  en  Breton,  lignifie  une  petice  ville  murée.  Le 
diocèlè  s'appelle  Cornouaille ,  en  latin  Cornugallïa  ;  à 
l'égard  de  Cariosvelues  oaCurioJolius,  on  peut  voir  l'ar- 
ticle ,  où  nous  en  parlons  expreffément  (b).  On  ne 
trouve  aucune  trace  de  Kimper ,  dans  l'antiquité  ,  avant 
S.  Corentin  ,  Ton  premier  évêque  ,  dont  elle  a  pris  le 
nom  (c).  Quelques-uns  croient  que  ce  faint  fut  facré 
évêque  par  S.  Martin ,  métropolitain  de  la  Bretagne  j 
mort  vers  l'an  397:  d'autres  difent  qu'il  a  vécu  fous  le 
régne  de  Dagobert,  vers  l'an  630.  La  cathédrale  eft  dé- 
diée fous  l'invocation  de  S.  Corentin  ;  fon  chapitre  eft 
compoié  de  fix  dignités  ,  &  de  douze  chanoines.  Les 
dignitaires  font  le  doyen ,  les  deux  archidiacres ,  le  tré- 
sorier, le  chantre,  le  théologal.  L'abbé  de  Daoulas  eft 
premier  chanoine  de  ce  chapitre.  ïl  a  fa  chaire  dans 
le  chœur  ,  vis-à-vis  celle  de  l'évêque.  Dans  les  pro- 
ceffions ,  fes  religieux  marchent  à  la  gauche  des  chanoi- 
nes ,  &  l'abbé  à  la  gauche  de  l'évêque.  *(a)  Piganiol 
de  la  Force,  Description  de  la  France,  t.  5  ,  p.  13g. 
(1>)  Longuerue,  Description  de  la  France,  p.t)i.  (c)  Pi- 
ganioL  de  la  Force  ,  Description  de  la  France  ,  t.  5  , 
p.  149. 

Le  diocèfe  de  Kimper  comprend  plus  de  deux  cents 
paroiffes.  Il  s'étend  le  long  de  la  côte  :  les  villes  de  ce 
diocèfe  font, 


KiN 


Kimper-Corentin , 
Quimperlé , 
Concarneau, 
Karhais , 
Châteauneuf, 
Gourin, 


Chàteaulinj 
Faou,   • 
Audierne, 
Pont-Croix  , 
Pont-1'Abbé, 
Douarnenez^ 
Crozon,  etc. 


Les  quatre  premières  envoient  leurs  députés  aux  états 
de  la  province. 

KIMPERLÉ.  Voyez  Quimperlé. 

KIMSKY,  ville  de  la  Tartarie  Moscovite.  Cette  ville 
eft  dans  un  fond ,  entre  des  rochers  et  des  montagnes , 
fur  une  petite  rivière  de  même  nom  ,  qui  vient  du  nord- 
oueft  ,  et  va  vers  le  midi  dans  le  Tunguska,  On  trouve 
autour  de  cette  ville,  quantité  de  martres  zibelines  plus 
noires  qu'ailleurs. 

KIM-TE-TCHIM  ,  gros  bourg  de  la  Chine ,  dans  la 
province  de  Kianfi ,  et  la  dépendance  de  Feuléang  ou 
Féouléam,  quatrième  ville  du  département  de  Jaocheu, 
(ou  Jaotcheou,)  féconde  métropole  de  cette  province. 
Ce  lieu  eft  très-remarquable  par  la  porcelaine  qui  s'y 
fait.  Elle  eft  d'un  blanc  vif,  éclatant  ci  d'un  beau  bleu 
célefte.  Il  s'en  fait  dans  beaucoup  d'autres  endroits , 
mais  elle  eft  bien  inférieure  ;  celle  de  Foukien  eft  d'un 
blanc  de  neige  ,  qui  n'a  nul  éclat  ,  ce  qui  n'eft  point 
mélangé  de  couleurs.  Des  ouvriers  de  Kim-te-tchim  y 
portèrent  autrefois  tous  leurs  matériaux,  dans  l'espérance 
d'y  faire  un  gain  confidérable ,  à  jraufe  du  grand  com- 
merce que  les  Européens  font  à  Lmoui  ;  mais  ils  ne 
purent  réuffir.  L'empereur  (Cham-Hi)  a  fait  conduire  à 
Pékin  des  ouvriers  en  porcelaine ,  &  tout  ce  qui  s'em- 
ploie pour  ce  travail  ;  ils  n'oublièrent  rien  pour  réuffir 
fous  fes  yeux  :  cependant  on  allure  que  l'ouvrage  man- 
qua. Il  fe  peut  faire  que  des  raifons  d'intérêt  ou  de  po- 
litique eurent  part  à  ce  peu  de  fuccès  ;  quoiqu'il  en  foit, 
c'eft  Kim-te-tchim  qui  fournit  la  plus  belle  porcelaine 
à  toutes  les  parties  du  monde  ;  le  Japon  même  en  vient 
acheter  à  la  Chine. 

Il  ne  manque  à  Kim-te-tchim  qu'une  enceinte  de  mu- 
railles, pour  avoir  le  nom  de  ville.  Ces  endroits  nom- 
més Tchim  ,  qui  font  en  petit  nombre ,  mais  qui  font 
d'un  grand  abord  ce  d'un  grand  commerce,  n'ont  point 
coutume  d'avoir  d'enceinte,  peut-êtte  afin  qu'on  puiffe 
les  étendre  &  les  aggrandir  autant  que  l'on  veut  ;  peut- 
être  auffi  afin  qu'il  y  ait  plus  de  facilité  à  embarquer  Se 
débarquer  les  marchandées. 

On  compte  à  Kim-te-tchim  dix-huit  mille  familles.  Il  y 
de  gros  marchands ,  dont  le  logement  occupe  un  vafte 
espace,  ci  contient  une  multitude  prodigieufe d'ouvriers; 
auffi  l'on  dit  communément  qu'il  y  a  plus  d'un  million 
d'ames  ;  qu'il  s'y  consume  chaque  jour  plus  de  dix  mille 


charges  de  riz ,  ci  plus  de  mille  cochons.  Au  refte,  Kim- 
te-tchim  a  une  grande  lieue  de  longueur ,  fur  le  bord 
d'une  belle  rivière.  Les  rues  font  tirées  au  cordeau  ;  elles 
fe  coupent  ci  fe  croifent  à  certaines  diftances  ;  tout  le 
terrein  y  eft  occupé  ;  les  maifons  n'y  font  même  que 
trop  ferrées ,  ci  les  rues  trop  étroites  :  en  les  traversant, 
on  croit  être  au  milieu  d'une  foire.  On  y  voit  un  grand 
nombre  de  temples  d'idoles ,  qui  ont  été  bâtis  à  beau- 
coup de  frais.  Un  riche  marchand,  après  avoir  traverfé 
de  vaftesmers  pour  fon  commerce  ,  a  cru  avoir  échappé 
d'un  naufrage  par  la  proteftion  de  la  reine  du  ciel.  Pour 
accomplir  le  voeu  qu'il  fit  alors  ,  il  vient  de  lui  faire 
conftruire  un  palais ,  qui  l'emporte,  pour  la  magnificence, 
fur  tous  les  autres  temples. 

La  dépense  eft  confidérable  à  Kim-te-tchim ,  parce 
qu'il  faut  faire  venir  d'ailleurs  tout  ce  qui  s'y  consume, 
&  même  jusqu'au  bois  néceffaire  pour  entretenir  le  feu 
des  fourneaux.  Cependant  nonobstant  la  cherté  des  vi- 
vres ,  Kim-te-tchim  eft  l'afyle  d'une  infinité  de  pauvres 
familles  des  villes  voifines  ;  on  y  trouve  à  employer 
les  jeunes  gens  ,  ôt  les  personnes  les  moins  robuftes  : 
les  aveugles  même  ci  les  eftropiés  y  gagnent  leur  vie  à 
broyer  les  couleurs.  Anciennement  on  ne  comptoit  que 
trois  cents  fourneaux  à  porcelaine  dans  Kim-te-tchim; 
préfentement  il  y  en  a  bien  trois  mille.  Il  n'eft  pas  fur- 
prenant  qu'on  y  voie  fouvent  des  incendies.  C'eft  pour 
cela  que  la  génie  du  feu  y  a  plufieurs  temples. 

Kim-te-tchim  eft  dans  une  plaine  environnée  de  hau- 
tes montagnes  ;  celle  qui  eft  à  l'orient,  &  contre  laquelle 
il  eft  ado  fié,  forme  en  dehors  une  espèce  de  demi- cer- 
cle. Les  montagnes,  qui  font  à  côté,  donnent  iffue  à  deux 
rivières  qui  fe  réunifient  ;  l'une  eft  petite  ,  mais  l'autre 
fort  grande  ,  &  forme  un  beau  port  de  près  d'une  lieue 
dans  un  vafte  baffin  ,  où  elle  perd  beaucoup  de  fa  rapi- 
dité. On  voit  quelquefois  dans  ce  vafte  espace  jusqu'à 
deux  ou  trois  rangs  de  barques  ;  tel  eft  le  fpeclacle  qui" 
fe  préfente ,  lorsqu'on  entre  par  une  des  gorges  dans  le 
port  ;  des  tourbillons  de  flamme  &  de  fumée ,  qui  s'é- 
lèvent en  différens  endroits  ,  font  d'abord  remarquer  l'é- 
tendue ,  la  profondeur  Si  les  contours  de  Kim-te-chim  ; 
à  l'entrée  de  la  nuit ,  on  croit  voir  une  vafte  ville  toute 
en  feu.  Peut-être  cette  enceinte  de  montagnes  forme- 
t-elle  une  fituation  propre  aux  ouvrages  de  porcelaine. 

Un  lieu  fi  peuplé ,  où  il  y  a  tant  de  richeffes,  où  une 
infinité  de  barques  abordent  tous  les  jours  ,  &  qui  n'eft 
point  fermé  de  murailles,  eft  gouverné  par  un  feul  Man- 
darin, fans  qu'il  y  arrive  le  moindre  dé.fordre;  à  la  vé- 
rité, Kim-te-tchim  n'eft  jqu'à  une  lieue  cle  Fouléam  ,  8c 
à  dix-huit  de  Jaotcheou  ;  mais  il  faut  avouer  que  la  po- 
lice y  eft  admirable.  Chaque  rue  a  un  chef  établi  par  le 
Mandarin  ;  et  fi  elle  eft  un  peu  longue,  elle  en  a  plu- 
fieurs. Chaque  chef  a  dix  fubaltetnes  ,  qui  répondent 
chacun  de  dix  maifons.  Ils  doivent  veiller  au  bon  ordre, 
accourir  au  premier  tumulte  Si  l'appaifer  ,  en  donner 
avis  au  Mandarin ,  fous  peine  de  la  baftonnade.  Chaque 
rue  a  fes  barricades ,  qui  fe  ferment  durant  la  nuit.  Les 
grandes  rues  en  ont  plufieurs.  Un  homme  du  quartier 
veille  à  chaque  baricade,  &C  n'oferoit  ouvrir  la  porte  de 
fa  barrière  qu'à  certains  fignaux.  Outre  cela,  la  ronde  fe 
fait  fouvent  par  le  Mandarin  du  lieu  ,  &  de  tems  en  tems 
par  les  Mandarins  de  Féouléam.  De  plus  il  n'eft  guères 
permis  aux  étrangers  de  coucher  à  Kim-te-tchim  :  il 
faut ,  ou  qu'ils  paffentla  nuit  dans  leurs  barques,  ou  qu'ils 
logent  chez  des  gens  de  leur  connoiffance,  qui  répon- 
dent de  leur  conduite.  Cette  police  maintient  par-tout 
le  bon  ordre,  Sf.  établit  une  fureté  entière  dans  un  lieu 
dont  les  richeffes  réyeilleroient  la  cupidité  d'une  infinité 
de  voleurs. 

J'ai  extrait  cet  article  d'une  lettre  écrite  par  le  P.  d'En- 
trecolles ,  Jéfuite ,  millionnaire  à  la  Chine ,  au  P.  Orri , 
Jéfuite,  eu  171 2 ,  Si  inférée  dans  les  Lettres  édifiantes, 
t.  12,  p.  255  &  faiv. 

KIMUEN  ,  ville  de  la  Chipe ,  dans  la  province  de 
Kiangnang,  au  département  de  Hoeicheu  ,  quatrième 
métropole  de  cette  province.  Elle  eft  de  16'  plus  orien- 
tale que  Pékin,  fous  les  30  d.  10'  de  latitude.  *  Atlas 
Sïnenfis. 

1.  KIN,  ville  de  la  Chine, dans  la  province  de Xen fi, 
au  département  de  Linyao  ,  fïxiéme  métropole  de  cette 
province.  Elle  eft  de  1 1  d.  57'  plus  occidentale  nue  Pé- 
kin, fous  les  37  d,  24'  de  latitude,  *  Atlas  Sïnenfis. 


KIN 


KIN 


a.  KIN,  montagne  de  la  Chine,  dans  la  province  de 
Kiangnang  ou  Nankin  ;  elle  forme  une  ifle  dans  la  ri- 
vière de  Kiang ,  au  nord-oueft  de  la  ville  de  Cliinkiang. 
Elle  eft  fameufe  à  came  de  plufieurs  temples  Se  monas- 
tères qui  y  font.  *  AmbafJ'adés  des  Hollandois  à  la  Chine, 

KINALÉA ,  baronnie  d'Irlande ,  dans  la  province  de 
Munfter.  C'eft  une  des  quinze  qui  compolent  le  comté 
de  Corck.  *  Etat  préfent  de  Urlande  ,  p.  48. 
>  KINEATMEAKI,  baronnie  d'Irlande,  dans  la  pro- 
vince de  Munfter.  C'eft  une  des  quinze  qui  compolent 
le  comté  de  Corck.  * Etat prifent  de  [' 'Irlande,  p.  48. 

KIN-MEN  ,  (l'isle  Dt)  ifle  d'Afie,  dans  l'Océan 
oriental ,  fur  la  côte  de  la  Chine  ,  dans  la  province  de 
Fokien,  à  fix  heues  d'Hiamen  ou  Emoui.  Il  y  a  un  port 
nommé  LÉAOLS.   *  Lettres  édifiantes,  t.  14,  p.  14. 

KINCARDIN,  ville  d'Ecoiïe,  dans  la  province  de 
Marr,  fur  la  Dée. 

1.  KING  ,  ville  de  la  Chine  ,  dans  la  province  de 
Quangtung,  au  département  de  Liencheu,  huitième  mé- 
tropole de  cette  province.  Elle  eft  de  7  d.  55'  plur  oc- 
cidentale que  Pékm  ,  fous  les  22  d.  18'  de  latitude. 
* 'Atlas  Sineufis. 

1.  KING,  ville  de  la  Chine,  dans  le  Pékéli ,  au  dé- 
partement de  Hokien  ,  troifiéme  métropole  de  cette  pro- 
vince. Elle  eft  de  25  '  plus  occidentale  que  Pékin ,  fous 
les  38  d.  20'  de  latitude.  *  Atlas  Sinerijis. 

3.  KING  ,  ville  de  la  Chine  ,  dans  la  province  de 
Xenfi,  au  département  de  Pingléang  ,  quatrième  mé- 
îropole  de  cette  province.  Elle  eft  de  9  d.  10'  plus  oc- 
cidentale que  Pékin,  fous  les  37  d.  6'  de  latitude.  *  Allas 
Sinenfis. 

4.  KING,  ville  de  la  Chine,  dans  la  province  de 
Kiangnang  ,  au  département  de  Ningque ,  douzième 
métropole  de  cette  province.  Elle  eft  de  54'  plus  orien- 
tale que  Pékin,  fous  les  31  d.  40'  de  latitude.  *  Atlas 
Sinenfis. 

5..  KING,  contrée  libre  &  indépendante  de  la  Chine, 
entre  des  montagnes  limées  dans  la  partie  du  nord -eft 
de  la  province  de  Suchuen  ,  aux  contins  des  frontières 
de  Honan  &  de  Chenfi.  Ce  royaume  ne  relevé  point 
des  empereurs  de  la  Chine.  Ce  font  des  habitans  de 
King  ,  qui,  pour  éviter  le  bruit  des  guerres,  &  la  vio- 
lence des  foldats,  fe  font  réfugiés  dans  ces  montagnes, 
où  ils  vivent  tranquillement ,  &  dans  une  pleine  liberté, 
fuyant  même  la  compagnie  des  Chinois,  dont  ils  font 
environnés  de  tous  côtés.  Ils  ne  laifTent  point  entrer 
dans  leur  pays  :  ils  ont  un  roi,  qui,  par  une  espèce  d'in- 
veftiture,  reçoit  une  couronne  &  les  ornemens  royaux , 
de  l'empereur.  Il  y  a  d'agréables  vallées  ,  &c  des  plaines 
bien  cultivées  ;  &  ils  fe  tiennent  fi  bien  fur  leurs  gar- 
des, qu'il  n'eft  pas  poflible  de  les  furprendre.  *  Ambaf- 
fades  des  Hollandois  à  la  Chine,  c.  52.  Atlas  Sinenfis. 

KINGCHEU,  ville  delà  Chine,  dans  la  province 
de  Huquang ,  dont  elle  eft  la  fixiéme  métropole.  Elle 
eft  de  5  d.  48'  plus  occidentale  que  Pékin  ,  fous  les  30  d. 
50'  de  latitude,  fur  la  rive  feptentrionale  du  fleuve  Kiang, 
&  entourée  au  nord  &c  au  levant  par  le  lac  Tung  ;  ce 
qui  la  rend  très-forte,  &  la  met  à  couvert  de  toute  in- 
fulte  de  la  part  des  ennemis.  Elle  eft  remarquable  par  la 
beauté  de  (es  édifices ,  Se  par  fon  commerce.  Ancienne- 
ment c'étoit  la  réfidence  des  rois  de  Çu  ;  ensuite  Iuen, 
de  la  famille  de  Léanga,  y  fit  auffi  fon  féjour.  Son  ter- 
ritoire eft  grand  ,  fertile  ,  &  bien  fourni  de  tout  ce  qui 
eft  néceffaire  à  la  vie.  Il  renferme  treize  villes,  favoir , 


66f 

KINGLING,  ville  de  la  Chine,  dans  la  province 
de^Huquang,  au  département  de  Chingtien ,  quatorzième 
métropole  de  cette  province.  Elle  eft  de  4  d.  40'  plus 
occidentale  que  Pékin,  fous  les  30  d.  3^  de  latinide 

KINGMUEN,  ville  de  la  Chine,  au  même  dépar- 
tement que  la  précédente.  Elle  eft  de  sd.  48'  plus  occi- 
dentale que  Pékin,  fous  les  31  d.  30'  de  latitude. 
,  ^NGNING,  ville  de  la  Chine  ,  dans  la  province 
de  Chekiang  ,  au  département  de  Chucheu ,  feptiéme 
métropole  de  cette  province.  Elle  eft  de  2  d.  jo'  plus 
orientale  que  Pékin,  fous  les  27  d.  53'  de  latitude. 

KINGSALE  ,  ville  d'Irlande  ,  dans  la  province  de 
Munfter,  au  comté  de  Cork,  à  douze  milles  au  fud  de 
Cork,  &  à  huit  milles  presqu'à  l'eft  de  Badonbridge, 
près  de  l'embouchure  de  la  rivière  de  Banne.  Elle  eft 
bien  peuplée ,  très-marchande  ,  environnée  de  vieilles 
murailles  ,  avec  un  excellent  port.  C'eft  la  féconde  ville 
du  comté  ;  eiie  tient  un  marché  pub'ic,  &  envoie  deux 
députés  au  parlement.  *  Etat  prifent  de  l'Irlande. n   tn 

KINGS-CH  A RLES-SOU  THLAND ,  c'eft-à-dire  le 
pays  méridional  du  roi  Chai  Les.  Les  Anglois  ont  autre- 
fois donné  ce  nom  à  une  contrée  de  la  terre  de  Feu 
à  l'entrée  orientale  du  détroit  de  Magellan. 

KINGS  COUNTY.  Les  Anglois  nomment  ainfi  une 
contrée  d'Irlande  ,  dans  la  province  de  Leinfter.  Les 
François  difent  le  COMTÉ  DU  ROI..  On  l'appelloit  au- 
trefois Offali.  Il  a  Kddare  à  l'eft  ;  le  Shannon,  qui 
le  fépare  de  Gallwai ,  &  partie  de  Tippérari  ,  à  l'oueft; 
Weft-Méath  au  nord ,  &  Tippérari ,  avec  le  comté  de 
la  reine,  au  fud  &  au  fud-oueft.  Il  a  quarante  huit  milles 
de  long ,;  &  quatorze  de  large.  Il  n'eft  pas  fi  riche  que 
certains  autres  comtés,  &  on  le  divife  en  onze  baron- 
nies,  qui  font: 


"Warren's-TWn, 
Çool's-Town , 
Philip's-Town, 
Geshil, 
Kilcourfi, 


Ballicowen ," 
Balliboi , 
Carri-Caftel. 
Eglish , 
Balhbrit, 


Kingcheu, 
Cunggan, 
Xeuxeu , 

.Iling  0 , 
Changyang , 
Itu, 

Kienli, 

Sungki , 
Chikiang , 

Juengan , 
Quei  ®% 
Hingxan  , 

Patung. 

La  famille  de  Han  lui  donna  le  nom  qu'elle  porte  au- 
jourd'hui ;  &,  ce  qui  eft  rare  à  la  Chine,  elle  l'a  tou- 
jours gardé  depuis.  *  Atlas  Sinenfis. 

KINGFU,  ville  de  la  Chine,  dans  la  province  de  Su- 
chuen, au  département  de-Sieucheu,  quatrième  métro- 
pole de  cette  province.  Elle  eft  de  12  d.  32'  plus  occi- 
dentale que  Pékin ,  fous  les  29  d.  3'  de  latitude. 


Clenlish. 

Il  y  a  une  ville  qui  a  droit  de  tenir  un  marché,  &  trois 
qui  envoient  leurs  député*  au  parlement.  Philip's- 
Town  ,  la  capitale ,  a  ce  double  avantage  ;  les  deux  qui 
députent^  au  parlement  font  Bunalin  ÔC  Bir.  *  Etat  pri- 
fent de  l'Irlande  ,  t.  3  ,  p.  42. 

KINGS  LYN.   Voyez  Lyn. 

1.  KINGSTON,  ville  d'Angleterre,  au  comté  de 
Surrey,  fur  la  Tamife ,  à  dix  milles  de  Londres.  C'eft 
où  fe  tiennent  les  Affilés.  *  Etat  préfent  de  la  Grandi. 
Bretagne,  t.  1  ,  p.  115. 

2.  KINGSTON  ,  upon  Hull.  Voyez  Huix. 

3.  KINGSTON,  ou  King's-Towne  ,  ou*Phi<- 
LIp's-Town  ,  c'eft-à-dire  la  ville  de  Philippe,  ou  vïllt 
du  roi,  ville  d'Irlande,  dans  la  province  de  Leinfter, 
au  comté  du  roi ,  dont  elle  eft  la  capitale ,  vers  les  par-, 
tiesfeptentrionales,  à  trois  milles  des  frontières  d'Eaft- 
Méath.  Elle  tient  un  marché  public,  &  envoie  deux 
députés  au  parlement;  mais  elle  n'a  pas  autre  chofe  qui 
foit  remarquable.  *  Etat  préfent  de  l'Irlande  ,  p.  41. 

KINGTU ,  ville  de  la  Chine  ,  au  Pékéli ,  dans  le  dé- 
partement de  Paoting  ,  deuxième  métropole  de  cette 
province.  Elle  eft  de  2  d.  7'  plus  occidentale  que  Pé- 
kin,  fous  le  39e  d.  10'  de  latitude.  *  Atlas  Sinenfis. 

;  KINGTUNG ,  ville  de  la  Chine ,  dans  la  province 
d'Iunnan ,  dont  elle  eft  la  feptiéme  métropole.  Elle  eft 
de  16  d.  30'  plus  occidentale  que  Pékin,  fous  les  24  d. 
52'  de  latitude  ,  entre  de  hautes  montagnes  fort  ferrées. 
Ses  habitans  ont  eu  bien  de  la  peine  à  s'acoutumer  aux 
caractères  Chinois;  &  plufieurs  encore,  vers  le  milieu 
du  fiécle  palTé  ,  fe  fervoient  plus  volontiers  de  la  ma- 
nière d'écrire  ufuée  au  royaume  de  Mien  ,  qui  n'eft 
pas  différente  de  celle  du  Bengale.  Elle  fut  d'abord 
nommée  Inseng  ,  c'eft-à-dire  argent  naifjant,  nom 
qui  a  rapport  aux  mines  d'argent  dont  elle  eft  envi- 
ronnée. La  famille  d'Yuen  la  nomma  Caïnan  ;  & 
celle  de  Taiminga  en  élargit  l'enceinte ,  &  y  fit  une 
muraille  de  huit  lis  de  circuit.  Tout  fon  territoire  eft 
très-fertile ,  fur-tout  en  riz.  Au  couchant  de  la  ville , 
au-deflus  d'une  valée  très-profonde  ,  eft  un  pont ,  qui 
n'eft  CQHipofé  que  de  chaînes  de  fer  :  il  y  en  a  vingt , 
Tome  III.     Pppp 


666 


kin 


KM 


dont  chacune  eft  longue  de  douze  perches.  Ce  pont 
branle  quand  plufieurs  perfonnes  pailent  enfemble  ;  Se 
ce  mouvement  eft  d'autant  plus  effrayant,  que  l'on  voit 
fous  foi  des  précipices  horribles.  On  dit  queMing,  (ou 
Mim-ti,)  empereur  de  la  famille  de  Hana,  le  fit  cons- 
truire vers  l'an  65  de  l'ère  chrétienne.  Au  nord  de  la 
ville  eft  le  Munglo,  montagne  très-élevée  ;  dans  le 
voifinageeft  le  PlNCTAI,  autre  montagne,  fur  laquelle 
eft  une  fortereffe,  où  l'on  entretient  garni fon.  Cette  ville 
eft  l'unique  qui  foit  dans  fon  territoire  ;  ce  qui  eft  affez 
rare  à  la  Chine,  où  chaque  province  a  plufieurs  métro- 
poles ,  dont  chacune  a  plufieurs  villes  dans  fon  diftrift. 

*  Allas  Sinenjis. 

KINGXAN ,  ville  de  la  Chine ,  dans  la  province 
de  Huquang ,  au  département  de  Chingtien ,  quatorzième 
métropole  de  cette  province.  Elle  eft  de  4  d.  46  plus 
occidentale  que  Pékin,  fous  les  31  d.  31'  de  latitude. 

*  Allas  Sinenjis. 

1.  KINGYANG,  ville  de  la  Chine,  dans  la  pro- 
vince de  Xenfiou  Chenfi,  au  département  deSigan, 
première  métropole  de  cette  province.  Elle  eft  de  8  d. 
13'  plus  occidentale  que  Pékin,  fous  les  35  d.  57'  de 
latitude. 

2..  KINGYANG ,  ville  de  la  Chine ,  dans  la  province 
de  Xcûfi,  dont  elle  eft  la  feptiéme  métropole.  Elle  eft 
de  9  d.  6'  plus  occidentale  que  Pékin ,  fous  les  37'  d. 
72  de  ladtude.  Elle  eft  recommandable  par  la  force  de  les 


remparts,  par  la  profondeur  de  fes  foffés,  &  elle  eft  d'au- 
tant plus  forte ,  qu'elle  eft  accompagnée  de  plufieurs  ou- 
Trages  extérieurs  :  elle  étoit  autrefois  de  la  Tartarie  ,  Se 
Se  non  pas  de  la  Chine.  Xi,  premier  empereur  de  la 
famille  de  Cin,  la  conquit  &  l'enferme  dans  la  grande 
muraille ,  &  la  nomma  Peii  ;  la  famille  de  Tanga  la 
nomma  Kintcheou  ,  ou  Kincluu.  Celle  de  Sung  lui 
donna  le  nom  qu'elle  porte.  Son  territoire  eft  bien  arrofé 
de  ruiffeaux  &  de  fontaines.  Les  montagnes  &  les  ri- 
vières forment  autour  d'elle  une  efpece  de  boulevard.  Il 
y  a  trois  fameux  temples  :  un  entr'autres  qui  eft  dans 
la  ville  eft  fort  grand.  Dans  une  galerie  foutenue  fur  de 
grandes  colomnes,  on  voit  les  porraits  de  trente-fept  rois 
de  la  famille  de  Cheu.  On  recueille  en  ces  quartiers 
une  forte  de  riz  qui  eft  laxatif  &  diurétique,  &  une 
herbe  qui  reffemble  à  des  cheveux  blonds;  on  la  nomme 
Kinfu,  c'eft-à-dire  foie  dorée.  Elle  eft  amere  au  goût_, 
plutôt  froide  que  chaude.  Elle  eft  déterfive ,  Se  guérit 
les  maladies  de  la  peau.  On  y  trouve  auffî  une  forte  de 
fève,  qui  eft  un  excellent  contre-poifon.  Le  territoire  de 
Kingyang  contient  cinq  villes ,  favoir  : 


Kingyang, 
Hoxi, 


Hoan. 
Ning, 


St  Chinning. 


Au  nord  de  la  ville  eft  la  montagne  de  Taipe ,  où  la 
rivière  de  He  prend  fa  fource.  *  Atlas  Sinenjis. 

1.  KINGYUEN,  villede  la  Chine,  dans  la  pro- 
vince de  Chékiang ,  au  département  de  Chucheu ,  fep- 
tiéme métropole  de  cette  province.  Elle  eft  de  2  d.  18' 
plus  orientale  que  Pékin,  fous  les  27  d.  de  latitude. 
*  Atlas  Sinenjis. 

1.  KINGYUEN,  ville  de  la  Chine,  dans  la  pro- 
-vince  de  Quangfi ,  dont  elle  eft  la  troifiéme  métropole. 
Elle  eft  de  9.  d.  46'  plus  occidentale  que  Pékin,  fous  les 
15  d.  2'  de  latitude.  Son  territoire  eft  presque  par-tout 
environné  d'affreufes  montagnes  ;  outre  cela  ,  elle  eft 
voifine  de  ce  montagnards  fauvages ,  qui  habitent  dans 
un  coin  du  Queicheu.  Elle  reçoit  de  cette  province  les 
rivières  de  Tugni  Se  de  Ço.  Elle 
très  villes ,  favoir  : 


en  diftingue  deux,  à  caufe  de  leur  beauté.  Entre  les  mon"- 
tagnes ,  celle  d'Y  ,  au  nord  de  la  ville  ,  eft  remarquable 
parce  qu'elle  paroit  tort  petite  en  comparaifon  des  au- 
tres qui  font  très-hautes  ;  on  voit,  du  même  côté  celle 
qui  eft  nommée  Tienmutn,  c'eft-à-dire  la  porte  du  ciel, 
à  caufe  de  fes  deux  fommets.  Au  nord  de  Kingyuen 
coule  la  rivière  àtLung,  que  l'on  nomme  auflî  Cokiang 
Se  Lieu.  *  Atlas  Sinenjis. 

KINGYUN,  ville  de  la  Chine,  dans  le  Pékéli ,  au 
département  de  Hokien  ,  troifiéme  métropole  de  cette  ' 
province.  Elle  eft  de  15  d.  plus  orientale  que  Pékin, 
fous  les  38  d.  8'  de  latitude.  *  Allas  Sinenjis. 

KINHEM  :  ce  nom  eft  employé  pour  fignifier  un 
comté  particulier  de  la  Hollande  ,  vers  le  Teflel.  Il  en 
eft  fait  mention  dans  un  diplôme  de  l'empereur  Ot- 
ton  III ,  de  l'an  985,  par  lequel,  outre  d'autres  terres 
en-deçà  du  Rhin ,  il  ajoute  aux  étas  de  Thierri  II  tout 
le  rivage  entre  Kinhem  Se  le  Flevus.  Il  n'avoit  pas  droit 
de  le  donner,  Se  cela  eft  contraire  à  ce  qui  avoir  déjà  été 
réglé  du  tems  des  Carlovingiens  ;  mais  le  droit  ne  fait 
rien  à  notre  fujet.  Kinhem  eft  donc  différent  du  Ken- 
nemerland ,  parce  que  ce  dernier  pays  eft  au  couchant , 
Se  en-deça  de  la  rivière  de  .Kinnem ,  au  delà  de  laquelle 
eft  le  pays  donné  par  le  diplôme.  Ce  comté  étoit 
borné  par  cette  rivière  Se  par  l'Océan.  On  ne  fait  pas 
de  même  quelles  bornes  il  avoit  à  l'orient  Se  au  midi. 
*  Alting.  German.  infer.  Notit.  part.  2,  p.  106. 

K1NHIANG  ,  ville  de  la  Chine  ,  dans  la  province 
de  Xantung ,  au  département  de  Yencheu  ,  deuxième 
métropole  de  cette  province.  Elle  eft  de  18  d.  plus  oc- 
cidentale que  Pékin  ,  fous  les  35  d.  58'  de  latitude. 

KINHOA ,  ville  de  la  Chine,  dans  la  province  de 
Chékiang ,  dont  elle  eft  la  cinquième  métropole.  Elle 
eft  de  2  d.  12'  plus  orientale  que  Pékin  ,  fous  les  28  d. 
57'  de  latitude.  Cette  ville  doit  fon  nom  à  une  petite 
fable  badine  que  racontent  les  Chinois ,  ou  plutôt  qu'ils 
ont  inventée  pour  expliquer  ce  nom.  C'eft  un  petit 
conte  aftronomique  qui  mérite  bien  d'être  rapporté.  Ils 
fuppofent  donc  que  l'étoile  nommée  Venus,  qu'ils  nom1- 
ment  Kinjing,  c'eft-à-dire  l'étoile  d'or',  eut  difpute,  pour 
une  fleur,  avec  une  certaine  autre  étoile  nommée  Vànin, 
c'eft-à-dire  la  femme  guerrière.  Venus  gagna  la  fleur; 
Se  la  ville  qui  fut  bâtie  en  cet  endroit ,  porta  le  nom 
de  Kinhoa ,  c'eft-à-dire  fleur  de  Venus.  Elle  a  été  au- 
trefois grande,  magnifique  en  fes  édifices,  avant  que 
les  Tartares  Feuffent  affiégée  ;  elle  fit  une  très-belle  dé- 
fenfe  :  ils  s'en  vengèrent  en  la  brûlant.  Cependant 
on  l'a  réparée  du  mieux  qu'on  a  pu  ;  fur-tout  le  grand 
pont,  qui  eft  au  couchant  fur  la  rivière  de  Ho,  a  été 
bien  rétabli.  On  y  fait  la  meilleure  boiffon  de  riz  &C 
d'eau,  qui  fe  boive  dans  toute  la  Chine  ;  elle  fournit  aufli 
des  greffes  prunes  que  l'on  fait  lécher ,  Se  des  jambons 
qui  paffent  pour  être  délicieux.  Son  territoire  renferme 
huit  villes ,  favoir  : 


a  fous  elle  huit  au- 


Tienho , 
Sugen , 
Hochi, 
Hinching , 


Nanchuen  , 
Lypo, 
Tunglan , 
Pangti. 


Les  Chinois  difent  que  ce  pays  a  des  mines  d'or;  mais 
les  habirans  fe  contentent  de  ramaffer  celui  qu'ils  trou- 
vent dans  les  rivières.  On  y  trouve  par-tout  de  l'aré- 
que.  Sous  la  famille  de  Tanga ,  cette  ville  fut  appellée 
Gaocheu;  celle  de  Sung  lui  donna  le  nom  qu'elle  porte 
aujourd'hui.   Il  y  a  plufieurs  temples  parmi  lesquels  on 


Kinhoa, 
Lanki , 
Tungyang , 
Yû, 


Iungkang, 
Vûy, 
Pukiang, 
Tangki. 


Ce  canton  eft  entre-mêlé  de  montagnes  Se  de  plaines 
fertiles  en  riz.  C'eft  le  peuple  le  plus  guerrier  de  tout 
l'empire,  &  les  Tartares  l'ont  bien  éprouvé.  Sous  la 
famille  de  Léang ,  cette  ville  s'appelloit  Kinhoa  ;  elle 
eut  fucceffivement  les  noms  de  Vucheu ,  &  de  Paouu  ; 
on  lui  rendit  enfuite  le  premier.  *  Atlas  Sinenjis. 

La  Montagne  de  Kinhoa  a  trois  cents  lis.  C'eft 
proprement  là  que  l'on  met  la  fcéne  du  conte  aftro- 
nomique rapporté  ci-devant  :  elle  eft  au  nord  de  la  ville. 
*  Atlas  Sinenjis. 

KINIBEK1,  ou  Rivière  desCanibas,  qui  font  les  vrais 
Abenaquis  ;  rivière  de  l'Amérique  feptentrionale  dans  la 
Nouvelle  France.  Elle  coule  nord  Se  fud ,  Se  fe  dé- 
charge dans  la  côte  du  fud ,  entre  l'Acadie  Se  la  Nou- 
velle Angleterre.  Sa  fource  eft  un  petit  lac ,  d'où  fort 
une  autre  petite  rivière,  qui  fe  rend  dans  le  fleuve 
Saint-Laurent ,  vis-à-vis  de  Québec ,  où  elle  forme  le 
faut  de  la  Chaudière.  *  Hijl.  de  la  Nouvelle,  France  par 
le  P.  Charlevoix. 

1.  KINKI,  ville  de  la  Chine,  dans  la  province  de 
Kianfij  au  département  de  Vucheu  ,  feptiéme  métropole 


KIN 


KIO 


66 


"ce  cette  province.  Elle  eft  de  41'  plus  occidentale  que 
Pékin  ,  fous  les  28  cl.  30'  de  latitude.  *  Atlas  Sinenfis. 

1.  KINKI,  province  de  Corée,  félon  le  P.  Mar- 
tini. Voyez  Corée. 

KINKIUN  ,  fortereffe  de  la  Chine  ,  en  là  province 
de  Queicheu ,  au  diftrict  de  Queiyang ,  première  métro- 
pole de  la  province.  Elle  eft  de  11  d.  51'  plus  occi- 
dentale que  Pékin,  fous  les  15  d.  51'  de  latitude.  *  Atlas 
Sinenfis. 

K1NNEM  ,  petite  rivière  des  Pays-bas,  dans  laNort- 
Hollande.  C'eft  la  décharge  de  l'ancien  lac  de  Scher- 
mer ,  qui  fe  rendoit  àl'oueft  dans  l'Océan  ,  par  une  em- 
bouchure que  l'on  voit  encore  auprès  de  Pettem ,  &C 
au  midi  dans  l'Ye ,  par  la  rivière  de  Sane ,  qui  donne 
le  nom  à  Sanredam  ,  Sardam.  Le  nom  de  Sane  étoit 
autrefois  commun  à  ces  deux  rivières ,  comme  il  paroît 
au  village  de  Sancgeejl,  qui  efi  encore  aujourd'hui  au- 
près de  Tandem  Kinnem.  *  Alting,  German.  Infer. 
TopavT.part.  1,  p.  106. 

KlfVNEMARlA.  Voyez  Kennemerland. 

KINONGAM1CHIS  ,  (  le  lac  des)  lac  de  l'A- 
mérique feptentrionale  ,  dans  la  Nouvelle  France.  Il  eft 
formé  par  la  rivière  de  Saguenai ,  fck  par  la  rencontre 
de  pluiieurs  rivières  qui  s'y  rendent  de  tous  côtés. 
De  l'Ide  nomme  ce  lac  le  Lac  de  Saint-Jean.  Les  trois 
principales  rivières,  qui  y  tombent,  font  Kakigaoufipi , 
qui  vient  du  nord;  Necouba,  qui  vient  du  nord-oueft  ; 
fk  Periboca  ,  qui  vient  du  nord-eft.  Le  pays  où  eft  le 
lac  s'appelle  Saguenay,  du  nom  de  la  rivière  ,  qui  porte 
fes  eaux  à  Tadouffac  ,  dans  le  grand  fleuve  de  S^ht- 
Laurent.  Kinongarr.ichis  eft  proprement  le  nom  du 
peuple  Américain  qui  habitoit  à  l'entcur. 
'    KINSALE.  Voyez  Kingsale. 

KINSIMA,  ou  Isle  d'or.  On  nomme  ainfi  une 
ifle  qu'on  prétend  être  à  l'orient  du  Japon.  Voyez  Gen- 
SIMa.   *  Notes  du  P.  Charlevoix. 

KINGSTON  ,  bourg  d'Angleterre ,  dans  la-  province 
de  Surrey.  Il  a  droit  de  tenir  marché  public.  *  Etat 
prèfient  de  la  Gr.  Bretagne,  t.  I. 

K1NTAIL,  contrée  d'Ecoffe,  dans  la  province  de 
Roff  :  elle  fait  face  à  f ifle  de  Sky ,  dont  elle  eft  féparée 
par  un  petit  détroit. 

1.  KINT'ANG,  fortereffe  de  la  Chine,  dans  la 
province  de  Xentî.  Elle  de  8  d.  6'  plus  occidentale 
que  Pékin,  fous  les  38  d.    sV  de  latitude. 

2.  KINT'ANG,  ville  de  la  Chine,  dans  la  pro- 
vince du  Suchuen  ,  au  département  de  Chingtu  ,  pre- 
mière métropole  de  la  province.  Elle  eft  plus  occiden- 
tale que  Pékin  de  il  d.  30'  par  les  30  d.  56'  de  lati- 
tude. *  Atlas  Sinenfis. 

KINTZEN,  bourg  d'Allemagne  ,  en  Bavière,  fur 
le  Danube ,  entre  W iltzhoven  6c  Ofterhoven ,  à  fix 
lieues  de  Paffau.  Aventin  6c  d'autres  auteurs  croient 
que  ce  bourg  tient  la  place  de  l'ancienne  Augujla  Quin- 
tanorum  ou  Quintianorum  ,  ville  de  la  féconde  Rhétie 
ou  de  la  Vindelicie  ,  laquelle  eft  nommée  Quintanœ  , 
dans  la  Notice  de  l'Empire,  où  l'on  lit ,  fecl.  59:  Prœ- 
fcclus  Alce  prima  Flavice  Rheforum  QuiNTANIS.  Elle 
eft  appellée  Quintiana  par  Ântonin  ,  qui  la  place  en- 
tre Ovilabis  ck  Augujla  Vindelicum,  (  Augsbourg,)  à 
XX.  M.  P.  de  cette  dernière  ville,  ck  à  XXIV.  M.  P. 
de  Boïodurum.  D'autres ,  d'après  une  ancienne  inferip- 
tion,  nomment  la  même  ville  Quintana  ouÇhùntiana 
Cajlra.  Ortélius  cite  une  médaille  de  l'empereur  Nerva, 
fur  laquelle  on  lit:  Quintanorum  Colonia  Augujla.  Le 
nom  que  portoit  cette  ville  ,  fait  voir  qu'elle  avoit  été 
d'abord  un  camp  fortifié  d'une  cinquième  légion. 

K1NTZIG ,  rivière  d'Allemagne.  Elle  a  plufîeurs 
fources ,  dont  la  plupart  s'unifient  àSchiltack,  dans  la 
principauté  de  Furflenberg,  au  cercle  de  Suabe  ,  félon 
Samson,  dans  fon  Atlas  ;  elle  reçoit  encore  quelques  au- 
tres ruiffeaux  auprès  de  Wolfach ,  où  elle  paffe.  Elle 
arrofe  ensuite  les  bourgs  de  Hasflach  fck  de  Huffen  ;  puis 
entrant  dans  l'Ortnaw  ,  elle  paffe  à  Gegenbach  ck  à 
OlFenbourg;  ck  fe  partageant  à  Wilftedt  ,  elle  forme 
deux  bras  qui  vont  le  perdre  dans  le  Rhin  ,  près  du  fort 
deKehl  ck  au-deffous.  Corneille  dit:  cette  rivière  donne 
fon  nom  à  une  vallée  qu'elle  arrofe  ,  ck  eft  devenue  fa- 
rneufe,  en  1703  ck  en  1704,  par  le  pafïage  de  deux 
différentes  armées  de  France,  commandées,  l'une  par  le 
maréchal  de  Villars,  6c  l'autre  par  le  maréchal  de  Tal- 


l'ârd  ,   qui^  allèrent  joiidre  Féleéteur  de  Bavière.    Il  la 
nomme  Kintsche  ou  Kinlçig,  en  latin  Kintia. 

KINVER,  bourg  d'Angleterre  ,  dans  la  province  de 
Stafford.  On  y  tient  marché  public.  *  Etat  prij'ent  de  la. 
Gr.  Bret.  t.   1. 

KINXAN ,  fortereffe  de  la  Chine  ,  dans  la  province 
de  Chékiang.  Elle  eft  de  4  d.  38'  plus  orientale  que  Pé- 
kin ,  fous  les  30  d.  35'  de  latitude.  *  Atlas  Sinenfis. 

KLNXEFAN,  fortereffe  de  la  Chine,  en  la  province 
de  Queicheu.  Elle  relevé  de  Queiyang  ,  première  mé- 
tropole  de  cette  province.  Elle  eft  de  11  d.  55'  plus 
occidentale  que  Pékin,  fous  les  2?  d.  ai,1  de  latitude. 
*  Atlas  Sinenfis.  ,  ■ 

KIO  ou  Méaco  ,  ville  du  Japon ,  capitale  de  l'em- 
pire, ck  réfidence  du  Dairi.  Voyez  Méaco.    ' 

KIOCHE  ou  Kiosche  ;  ce  mot  eft  turc,  ck  fe  pro- 
nonce Kioch  ou  Kiocks ,  en  une  fyllabe.  H  veut  dire  pa- 
villon. Quelques-uns  écrivent  Kiosques.  Pietro  délia 
Valle,  t.  1,  lett.i,  décrit  ainfi  ces  fortes  d'édifices.  Ce 
font,  dit-il,  certains  bâtimens  élevés  au  niveau  du  ter- 
rein  ;  les  Turcs  les  appellent  Kiosques  ;  ce  font  des  ta- 
lons ou  de  grandes  chambres  féparées  des  autres  ap-^ 
partemens  de  quelques  pas  à  la  ronde  ,  dont  les  toits 
font  hauts  6k  montent  en  pointe ,  en  façon  de  pyrami- 
des ;  ck  les  planchers  du  dedans  font  de  la  même  figure, 
taillés  ,  dorés  ck  peints  d'une  façon  très-galante,  comme 
les  murs  intérieurs  font  revêtus  de  fines  porcelaines, avec 
des  arabesques  de  pluiieurs  couleurs,  ci  quelques-unes 
de  pur  or.  De  quelque  part  qu'on  fe  tourne  dans  ces  fa- 
les  ,  ce  ne  ne  font  que  grands  marche -pieds  couverts 
de  tapis,  un  peu  élevés  de  terre,  pour  pouvoir  s'y  as- 
feoir ,  ou  s'y  coucher  ;  mais  ils  font  faillie  en  avant  6k 
s'avancent  hors  de  murs,  e.r  façon  de  balcons;  ce  qui 
donne  à  l'édifice  une  forme  extraordimire  ,  faifant  plu- 
fîeurs angles  fck  coins  tout  à  l'entour,  qui  font  di verte- 
ment diftingués  par  des  diftances  proportionnées;  6c  ces 
fortes  de  lits  ou  d'eftrades  n'ont  point  d'autres  couver- 
tures que  celle  du  toit  commun  à  tout  le  refte  ,  fck  ne 
font  environnées  que  de  jaloufies  ,  fans  aucune  balus- 
trade, fi  bien  que  l'on  ouvre  fck  ferme  ces  jaloufies  avec 
la  commodité  de  voir  à  travers,  ou  aflîs,  ou  couchés, 
ce  qui  fe  paffe  au  dehors.  Mais  pour  achever  la  descrip- 
tion des  Kioschs,  fck  pour  en  donner  une  idée  parfaite, 
j'ajouterai  à  ce  qu'en  dit  Pietro  de  la  Vallée ,  ce  qu'en 
a  remarqué  M.  Girardin,  conseiller  du  roi  en  tous  fes 
conseils ,  6c  lieutenant-civil  de  Paris ,  dans  la  curieufe 
6c  dans  l'exafte  description  qu'il  a  faite  du  ferrail.  Voici 
ce  qu'il  en  dit  dans  les  manuscrits  qu'il  a  communiqués 
à  M.  Bespier.  Ces  Kiosches  font  les  plus  agréables  bâti- 
mens qui  fe  trouvent  parmi  les  Turcs.  Ils  en  font  fur  le 
bord  de  la  mer  fck  des  rivières ,  mais  fur-tout  dans  leurs 
jardins ,  proche  des  fontaines  ;  fck  voici  à-peu-près  leur 
manière.  Ils  élèvent  un  grand  falon  ,  fur  quantité  de  co- 
lorhnes  en  figure  oflogonale  ou  dodécagonale;  ce  falon 
eft  ouvert  de  tous  côtés  ;  fck  on  en  ferme  les  ouvertures 
avec  de  grands  matelas  ,  qui  s'élèvent  fck  'qui  s'abbais- 
fent  avec  des  poulies,  du  côté  que  vient  le  foleil,  polir 
conserver  la  fraîcheur  pendant  l'été.  Le  pavé  eft  ordi- 
nairement de  marbre  ,  fck  ils  font  au  milieu  ,  fck  en  plu- 
iieurs coins,  de  différentes  fontaines,  dont  l'eau  coule 
après  fa  chute  ,  à  travers  le  falon  ,  par  quantité  de  pe- 
tits canaux.  Il  y  a  un  lieu  élevé,  qui  régne  tout  à  l'en- 
tour, qu'on  couvre  de  riches  tapis  fck  de  grands  carreaux 
pour  s'affeoir  ,  faits  des  plus  belles  étoffes  de  Perse  ck  de 
Venife.  Le  plancher  lambriffé  eft  divilé  en  plufîeurs  co:n- 
partimens  dorés  fck  azurés  fort  agréablement  ,  fans  re- 
préfenter  pourtant  aucune  fleur  ni  aucun  animal ,  cette 
forte  de  peinture  étant  rigoureufement  défendue  parmi 
les  Turcs  ;  il  fait  toujours  frais  dans  ces  talons  ,  qui 
font  ordinairement  élevés  de  terre  de  cinq  ou  fix  mar- 
ches. Les  plus  riches  de  l'empire  en  ont  dans  leurs  jar- 
dins, où  ils  dorment  après  dîner, en  été,  fck  où  ils  en- 
tretiennent leurs  amis ,  à  leurs  heures  de  loifir.  *  Bes- 
pie~,  Remarques  fur  l'état  de  l'emp.  Ottoman,  par  Ri- 
caut ,  t.  1  ,  p.  8  fck  9. 

KIOCHEC,  pays  d'Afie,  dans  la  Perse,  au  Cou- 
heftan  ,  près  d'Ispahan,  félon  l'hiftorien  de  Timur-Bec, 
/.  3,  cet. 

KIOCHKI-TOUPAN ,  colline  d'Afie,  dans  la  Perse, 
entre  Réï  fck  Ave,  dans  le  Couriftan,  félon  le  même, 
ibid.  c.  il. 

Tome  III.    Pppp  ij 


668 


KIO 


■KIO 


KIOCING  ,  ville  &  fortereffe  de  la  Chine ,  dans,  la 
province  d'Iunnan.  C'eft  la  première  viUe  militaire  pour 
le  rang ,  dans  cette  province.  Non-feulement  elle  eft 
indépendante,  mais  même  elle  en  a  cinq  autres  auxquel 
les  elle  commande ,  favoir  ; 

Yéço  ,  Loléang , 

Ghanyé  ®,  Malung> 

8c  Lohiung. 

Elle  eft  de  13  d.  48'  plus  occidentale  que  Pékin,  à 
25  d.  35'  de  latitude.  Dans  cette  ville  ,  comme  dans 
les  autres  villes  militaires  j  les  bourgeois  oc  les  fbldats 
vivent  pêle-mêle.  Cette  ville  a  un  territoire  qui  avance 
du  côté  du  Tonquin,  8e  par  confèquent  eft  une  clef  de 
l'empire,  de  ce  côté-là.  Outre  les  cinq  autres  villes  que 
nous  avons  nommées ,  Se  quelques  autres  forts  ,  elle  a 
les  rivières  de  Pépuon  8c  Naupu ,  qui  lui  fervent  de  bar- 
rières. Les  habitans  de  ce  canton  font  bons  laboureurs, 
mais  grands  plaideurs  ,  8c  consument  en  chicane  le  fruit 
de  toute  une  année  de  travaux.  Au  couchant  de  la  ville 
eft  le  mont  Fukiu ,  où  eft  une  fource,  dont  les  Chinois 
difent  que  l'eau  a  la  vertu  de  donner  de  l'esprit  aux  en- 
fans.  Peut-être  n'eft-ce  qu'une  badinerie  inventée  pour 
faire  aimer  l'eau  8c  la  boiffon  (impie  à  ces  enfans ,  de 
même  qu'en  Europe,  on  leur  fait  accroire,  en  certains 
endroits ,  que  l'eau  rend  les  cheveux  blonds  Se  les  yeux 
plus  beaux.  *  Atlas  Sinenfîs. 

KIOCHEU,  ville  de  la  Chine,  dans  la  province  de 
Pékin  ,  au  département  de  Quangping ,  fixiéme  métro- 
pole de  cette  province.  Elle  eft  d'un  degré  56'  plus  oc- 
cidentale que  Pékin,  fous  les  37  d.  24'  de  latitude.  *  Atlas 
Sinenjis. 

.  KIOHEU  ,  ville  de  la  Chine ,  dans  la  province  de 
Channton,  au  département  deYencheu,  deuxième  mé- 
tropole de  cette  province.  Elle  eft  de  14'  plus  orientale 
que  Pékin,  fous  les  36  d.  8'  de  latitude.  *  Atlas  Si- 
nenfis. 

K.IOMITZ  ,  lieu  du  Japon ,  qui  n'eft  marqué  dans 
aucune  carte ,  8c  qui  n'eft  connu  que  par  un  excellent 
ciment  qu'on  y  fait,  &  dont  le  principal  ingrédient  eft 
la  réfine  tirée  des  fapins,  qui  croiflfentfur  les  montagnes 
voifines  :  il  fe  pourroit  pourtant  bien  faire  que  ce  lieu 
fût  le  même  qui  a  donné  fon  nom  à  un  fameux  temple 
auprès  de  Méaco ,  &  qui  porte  le  même  nom.  Kaempfer 
&  le  P.  Charlevoix  en  ont  donné  la  description.  *  Nous 
du  P.  Charlevoix. 

KIOS ATAC  ,  montagne  d'Afie  ,  dans  le  Courdiftàn, 
entre  Van  Se  Alichgherd.  *  Hijl.  de  Timur-Bec ,  1.  3  , 

KIOU  ,  fortereffe  d'Afie ,  en  Perse ,  dans  le  Kouhes- 
tan  ,  à  84  d.  de  longitude  ,  8e  à  36  de  latitude.  *HiJi. 
de  Timur-Bec,  1.  3,  c.  ai. 
KIOUTAYÉ.  Voyez  Chiutaye  &  Cotyjeum» 
KIOW,  prononcez  KlOFF,  on  dit  auffi  KlOVIE, 
Kyow  ScKyovie,  Kiovia,  ville  autrefois  de  Polo- 
gne ,  &  préfentement  de  l'empire  Ruflîen  ;  elle  étoit  ca- 
pitale d'un  palatinat  de  même  nom,  dans  la  Ruffie  Po- 
lonoife  8c  dans  l'Ukraine.  Nous  parlerons  ensuite  du 
palatinat  ;  nous  nous  bornons  préfentement  à  la  ville. 
Elle  eft  fous  les  48  d.  26'  de  longitude  ,  à  50  d.  11' 
de  latitude  ,  fur  le  bord  occidental  du  Boryfthène  , 
autrement  le  Niéper,  au-deffous  de  fa  jonction  avec  la 
Dezna.  Vis-à-vis  de  la  ville,  le  fleuve  forme  plufieurs 
ifles  Ç").  Cette  ville  étoit  floriflante  dans  l'onzième  fié- 
cle.  C'étoit  la  réfidence  du  prince  des  Ruffes,  8e  laca- 
pirale  de  fon  état.  C'étoit  dès-lors  le  fiége  d'un  archevê- 
que ,  Se  il  y  avoit  plus  de  quatre  cents  églifes  8c  huit 
marchés  (b).  C'étoit  l'abord  8c  le  refuge  de  quantité 
d'esclaves  fugitifs,  lorsqu'elle  fut  prife  par  Boleflas,  duc 
de  Pologne,  l'an  1075.  Beauplan,  dans  fa  Description 
de  l'Ukraine,  qu'il  nomme  Ukranie ,  parle  ainfi  de  cette 
ville  (c)  :  Kiov,  autrefois  appellée  Kifovie  ,  fut  jadis 
une  des  anciennes  villes  de  l'Europe  ,  comme  les  anti- 
ques veftiges  le  donnent  encore  à  connoître,  la  hauteur 
&  la  largeur  de  fes  remparts  ,  la  profondeur  de  fes  fof- 
fës,  les  ruines  de  fes  temples,  les  vieilles  fépultures  de 
plufieurs  rois,  qui  s'y  trouvent.  De  fes  temples  ,  il  n'en 
eft  refié  que  deux ,  fainte  Sophie  &  S.  Michel  ;  car  de 
tous  les  autres  il  ne  s'en  remarque  que  des  ruines  ;  comme 
de  S.  Bafile,  dont  il  y  a  encore  des  murailles  de  cinq  à 


fix  pieds  de  hauteur ,  avec  des  inscriptions  grecques  de 
plus  de  quatroze  cents  ans  fur  des  albâtres ,  mais  qui  font 
presque  effacées  ;  parmi  les  ruines  de  ces  temples ,  on 
découvre  les  fépultures  de  plufieurs  princes  de  Ruffie.  Le» 
églifes  de  fainte  Sophie  Se  de  S.  Michel  ont  été  rebâties 
à  l'antique.  Celle  de  fainte  Sophie  a  une  jolie  façade  & 
eft  d'un  bel  aspect. ,  de  quelque  côté  que  l'on  la  regarde  ; 
car  on  y  Voit  les  murailles  relevées  de  plufieurs  figures 
5c  hiftoires  à  la  mofaïque.  Ce  travail  eft  fait  de  petites 
pierres  de  diverses  couleurs ,  brillantes  comme  du  crys- 
tal ,  &  fi  bien  rapportées ,  qu'on  ne  fauroit  discerner  fi 
c'eft  peinture  ou  tapifferie.  La  voûte  n'eft  faite  que  de 
pots  de  terre  remplis  Se  enduits  de  plâtre,  de  tous  côtés* 
Ce  temple  contient  les  tombeaux  de  plufieurs  rois  ,  & 
l'archimandrite  y  fait  fa  demeure.  Le  temple  de  S.  Mi- 
chel eft  appelle  le  toit  a" or ,  parce  qu'il  eft  couvert  de 
plaques  dorées.  On  y  montre  le  corps  de  fainte  Barbe , 
qu'on  dit  y  avoir  été  apporté  pendant  les  guerres  deNi- 
comédie.  *(*)  Ditmar ,  Reftit.  Leibnit^,  circà  finem. 
(b)  Fleuri,H.\tt.  eccléfiaft.f.  \i,adann.  1021.  (c)  Beau- 
plan,  Descr.  de  l'Ukranie,  p.  1  &fuiv. 

Cette  ville  ancienne  eft  aiîife  en  une  plaine  ,  fur  le 
fommet  d'une  montagne,  qui  commande,  d'un  côté, 
toute  la  campagne,  &  de  l'autre  le  Boryfthène,  lequel 
paffe  au  pied  de  cette  montagne  ;  c'eft  entre  cette  mon- 
tagne 8c  ce  fleuve  ,  qu'eft  fituée  la  nouvelle  Kiovie, 
ville  qui  eft  à  préfent  affez  mal  peuplée  ,  8c  ne  contient 
pas.  plus  de  cinq  à  fix  mille  habitans.  Elle  a  environ 
quatre  mille  pas  d'étendue  le  long  du  Boryfthène;  Se  fa 
larœur,  depuis  ce  fleuve  jusqu'à  la  montagne,  eftde'trois 
rnrTOs  ;  elle  eft  formée  d'une  muraille  de  bois  &  d'un 
méchant  fofté  de  vingt-cinq  pieds  de  large  ;  fa  figure 
eft  triangulaire  Se  a  quelques  tourelles  de  bois,  comme 
la  muraille.  Son  château  eft  fur  le  penchant  de  la  mon- 
tagne ,  8c  commande  la  ville  neuve  ;  mais  il  eft  corn* 
mandé  par  l'ancienne  Kiovie.  Il  y  a  dans  la  ville  une 
univerfité.  Cette  ville  n'a  que  trois  belles  rues  ,  tou- 
tes les  autres  n'étant  ni  droites  ni  régulières  ;  ce  font 
dés  détours  en  forme  de  labyrinthe.  On  confidere  Kio- 
vie comme  deux  villes  ;  l'une  eft  la  ville  de  Civique  oh 
eft  la  cathédrale  ;  l'autre  eft  appellée  la  commune.  Le 
Commerce  y  eft  affez  bon  pour  le  pays  ,  8c  confifte  en 
grains,  fourrures,  cire,  miel,  luif,  poiflon  falé,  &cc.  Il 
y  a  quatre  jurisdiftiohs,  celle  de  l'évêque,  celle  du  pa- 
latin qui  eft  en  même  tems  Starofte  ,  celle  du  Wouyt , 
&  enfin  celle  des  magiftrats  de  la  ville. 

Les'  maifons  y  font  bâties  à  la  manière  des  Moscovi- 
tes ,  toutes  de  plein  pied ,  aviez  baffes ,  8c  rarement  à 
plus  d'un  étage  ;  les  cheminées  font  poftiches  ,  8c  fe 
vendent  au  marché  toutes  faites.  Kiovie  appartient  à  pré; 
fsnt  à  l'empire  Ruflîen;  mais  le  palatinat  de  Kiovie  eft 
refté  à  la  Pologne. 

KIOUTAYE.  Voyez  Chiutaye. 

KIOXAN  ,  ville  de  la  Chine ,  dans  la  province  de 
Honan,  au  département  de  Juning  ,  huitième  ville  mé- 
tropolitaine de  cette  province.  Elle  eft  de  3  d.  17'  plus 
occidentale  que  Pékin  ,  fous  les  33  d.  40'  de  latitude. 
* Atlas  Sinenjis. 

KIOYAO ,  ville  de  la  Chine ,  dans  la  province  de 
Channfi,  au  département  de  Pingyang,  deuxième  mé- 
tropole de  cette  province.  Elle  eft  de  5  d.  45'  plus  oc- 
cidentale que  Pékin,  fous  les  36  d.  53'  de  latitude. 
*  Atlas  Sinenjis. 

KIPSCHACH,  Kapchac,Kipzak,  Capschac, 
Capsac  ;  grand  pays  d'Europe  8c  d'Afie ,  entre  la  ri- 
vière de  Ja'ik  8c  le  Boryfthène.  Le  traducteur  de  l'His- 
toire généalogique  des  Tatars  ,  en  parle  ainfi  dans  une 
note.  Le  pays  de  Kipzak  ou  de  Capfak  ,  comme  d'au- 
tres auteurs  l'appellent ,  eft  la  véritable  patrie  des  Cofa- 
ques,  dont  on  a  en  vain  cherché  jusqu'ici  à  découvrir 
l'origine.  Il  y  a  trois  raifons  pour  n'en  point  doute*. 
1.  La  nation  que  nous  connoiffons  aujourd'hui  fous  le 
nom  de  Cofaques  ,  habite  précifément  les  limites  que 
tous  les  écrivains  qiù  ont  parlé  de  la  Tartarie ,  donnent 
au  pays  de  Kipsak  ou  de  Capsak ,  favoir  les  Landes  qui 
fe  trouvent  renfermées  entre  la  rivière  de  Jaïk  &c  l'em- 
bouchure du  Boryfthène  ;  8c  il  ne  paroît  point  par  le 
moindre  indice ,  que  cette  nation  ait  jamais  habité  ail- 
leurs. 2.  Les  noms  font  abfolument  les  mêmes  ;  8c  ce 
n'eft  que  la  commodité  de  la  prononciation  qui  a  formé 
le  mot  de  Cafek ,  comme  les  appellent  les  Ruffien*  8c 


KiR 


les  Tartares ,  de  celui  de  Kipsak  ou  Capsak.  \ .  Les  Go- 
ïâques  d'aujourd'hui  gardent  toujours  une  forte  inclina- 
tion pour  les  Tartares ,  qu'ils  appellent  leurs  frères  & 
alliés ,  &  ils  ont  à-peu-près  les  mêmes  inclinations.  Petis 
de  la  Croix,  dans  fbnHiftoire  de  Genghizcan,  nomme 
le  Capschac,  &  le  décrit  ainfi.  Le  pays  de  Capschac  eft 
d'une  fort  grande  étendue ,  &  parle  pour  la  plus  confidé- 
,^fable  partie  de  la  Tartarie  ;  il  s'étend  d'orient  en  occi- 
dent ,  depuis  le  Turqueftan  jusqu'au  Volga  ;  &  en  cô- 
toyant l'ancienne  Bulgarie  &  l'ancienne  Ruffie  ,  il  va  du 
Volga  jusqu'au  pays  de  Crimée ,  où  font  les  peuples  ap- 
pelles les  petits  Tartares.  Sa  plus  grande  largeur,  du  nord" 
au  midi,  eft  depuis  la  mer  Caspienne  jusqu'aux  grands 
déferts  fablonneux  ,  ou  plutôt  jusqu'à  la  mer  Glaciale. 
Ce  pays  a  peu  de  villes.  Ses  terres  ,  fi  l'on  en  excepte 
les  grands  déferts,  qui  font  du  côté  du  nord,  font  pres- 
que toutes  excellentes  ;  les  grains  ,  les  pâturages  &c  le 
bétail  y  font  en  abondance.  On  ne  peut  trouver  ailleurs 
Un  meilleur  air  ni  de  meilleures  eaux.  Les  femmes  y 
font  mieux  faites  qu'en  tout  autre  lieu  de  la  Tartarie  ; 
les  hommes  y  font  courageux  ck  aiment  la  guerre.  Ils 
fontdivifés  en  tribus,  dont  planeurs  font  encore  préfen- 
tement  compofées  de  Mogols  &  de  Turcs.  Comme  les 
villes  y  font  en  petit  nombre  ,  &  les  campagnes  fort 
vàftes ,  chaque  tribu  fe  transporte  d'un  lieu  à  un  autre , 
&  cherche  tous  les  ans  en  hyver  le  midi  de  fon  pays , 
&  en  été  le  nord.  Quoique  chaque  tribu  ait  fon  prince 
ou  Can,  qui  la  gouverne,  cette  partie  de  Tartarie,  de- 
puis que  les  Mogols  l'ont  fubjuguée,  a  toujours  eu  un 
roi  ou  grand  Can ,  à  qui  les  autres  ont  obéî.  Ce  pays, 
dans  les  fiécles  paffés,  a  été  fort  abondant  en  hommes; 
&  ce  fut  d'où  fortirent  autrefois  les  Huns ,  les  Getes  ou 
Goths,  les  Gépides,  les  Vandales,  les  Alains,  les  Suédois  & 
autres  peuples  qui  ne  fe  font  rendus  que  trop  fameux  dans 
le  monde  par  les  défordres  qu'ils  y  ont  faits.  Serai  eft  la 
ville  capitale  de  Capschac  ;  elle  eft  fituée  fur  la  rivière 
de  Sengla  ,  qui  fe  décharge  dans  le  Volga.  Batu-Can 
en  jetta  les  fondemens  ;  &  Béréké-Can ,  fon  frère  ,  la 
fit  achever.  Les  trois  plus  belles  rivières  de  Capschac 
font  le  Volga,  le  Jayc  &  l'Irtisch. 

Le  Capschac  ou  Kipschack  a  eu  autrefois  fes  fouve- 
rains  particuliers.  On  le  trouve  auffi  nommé  Deght- 
Capschac  &:  Decht-Berecke.  Le  mot  Decht, 
fignifie  lanaes  &  grandes  campagnes  unies  ;  ainfi  le  pre- 
mier de  ces  deux  noms  fignifie  les  landes  du  Capschac; 
Béréké  eft  le  nom  d'un  prince,  petit-fils  de  Genghizcan. 
Il  fuccéda  après  Batu-Can,  fon  frère,  à  la  fouveraineté 
de  Capschac,  à  laquelle  il  donna  fon  nom  ;  &  ce  fut 
le  premier  des  Cans  Mogols  de  Capschac,  qui  fit  pro- 
feffion  de  la  religion  Mahométane.  Une  grande  partie 
du  Capschac,  dont  le  royaume  d'Aftracan  fait  partie, 
eft  fous  la  domination  de  l'empire  Ruffien. 

KIRBY-MORESIDE  ,  bourg  d'Angleterre  ,  dans  la 
province  d'Yorck.  On  y  tient  marché  public.  *  Etat 
préfent  de  la  Gr.  Bret.  t.  i. 

KIRBY-STEVEN,  bourg  d'Angleterre,  dans  le  Veft- 
rnorland.  On  y  tient  marché  public  *  Etat  préfent  delà 
Gr.  Bret.  t.  I. 

KIRCHBACH,  abbaye  d'hommes,  ordre  de  Cîteaux, 
dans  le  diocèfe  de  Spire,  à  la  gauche  de  l'Entz,  fécu- 
larifée  par  la  paix  de  Nv'eftphalie,  en  faveur  des  ducs  de 
.Wurtemberg. 

i.  KIRCHBERG,  petite  contrée  d'Allemagne  ,  avec 
titre  de  comté,  au  cercle  de  Suabe,  autour  du  Danube,  au- 
deffus  de  la  ville  d'Ulm.  Il  eft  divifé  en  deux  parties  par 
la  baronnie  de  Juflingen.  Ehingen  eft  le  principal  lieu 
de  la  partie  occidentale;  Erbach,  &  Kirchberg  qui  lui 
donne  ie  nom  ,  font  les  principaux  de  la  partie  orientale. 
Ce  comté  appartient  à  la  maifon  d'Autriche.  * Baudr. 
éd.  1705. 

2.  KIRCHBERG,  contrée  d'Allemagne ,  au  basPa- 
iatinat      dont  elle  eft  un  bailliage.    *  Hubner  ,  Géogr, 

3/KIRCHBERG,  (la  justice  dé)  cortrée  de 
S  ;  .  &  Tune  des  communautés  de  Tockenbourg  in- 
férieur. C'eft  auprès  de  ce  lieu  que  les  comtes  Jacques 
de  Lmzelftein  ,  Louis  de  HelfFenftein  &  Jean  de  Rech- 
bere ,  capitaine  de  la  garnifon  de  Zurich ,  furent  défaits, 
en  1.146,  par  Peterman  de  Raren  &  les  Tokenburgeois. 
On  voit  dans  cette  communauté  les  reftes  des  anciens 


K[JL  s<$ 

c?.atenu>:  de  Lampréchtscbry  &  es  Bruriberg.  * E:m  & 
Pet.de  la Suïfi,  t.  3,  p.  3 il.    ' 

.  KIRCHELtSSÉ,  Quadragintc-Ecckfiœ ,  petite  ville 
de  la  Turquie,  dans  la  Romanie,  félon  Leuriclave,  cité 
par  Baudrand  ,  éd.  17O). 

KIRCHEHER ,  ville  d'Afie  ,  dans  la  Natolie ,  entré 
Célarée  &  Angoura,  félon  l'hiftorien  de  Timur-Bec, 
qui  lui  donne  66  d.  30'  de  longitude,  &  39  d.  île  lati- 
tude. 

KIRCHHEIM ,  Onter-Zeck ,  ou  communément  KlR- 
CKEN,  petite  ville  ou  bourg  d'Allemagne,  au  duché 
de  Wurtenberg ,  au-deffeus  du  château  de  Teck,  à  une 
heure  de  chemin  des  petites  villes  de  Veilhelm  &  d'O- 
ven.  En  1170  ou  1284,  Conrad,  duc  de  Teck,  l'en- 
ferma d'une  muraille;  &  deux  ans  après,  Frédéric,  duc 
de  Teck  &  la  ducheffe  fa  femme  ,  bâtirent  hors  de  là 
ville  un  monaftere  de  filles  ,  où  a  été  la  fépulture  des 
ducs  &  des  ducheffes  de  Teck.  Cette  ville  appartient 
préfentement  au  duc  de  Wurtenberg  avec  fon  bailliage, 
qui  comprend  quatre  petites  villes,  favoir  Kirchheim, 
\Veilheim,  Oven  &  Wendlingen.  * Zeyler, Sue v.To- 
pogr.  p.  47. 

KIRGISES,  (les)  peuple  d'Alie,  dans  la  Tartarie, 
au  midi  de  la  Sibérie.  Quelques-uns  écrivent  Kergis. 
L'hiftorien  des  Tatars  ,  {fon  livre  a.  paru  en  1716; 
voye^fa  note,  p.  99,)  en  parle  ainfi  :  il  n'y  a  p3S  vingt 
ans  que  les  Kirgiles  habitoient  encore  entre  la  rivière 
de  Sélinga  &  le  Jéniscéa  ,  vers  les  52  d.  de  latitude; 
ex  comme  ils  étoient  continuellement  en  course,  ils  in- 
commodoient  extrêmement,  non-feulement  les  fujets  de 
la  Ruffie  de  leur  voifinage  ,  mais  auffi  les  Mongales  al- 
liés de  la  Chine.  Ils  étoient  fujets  du  Contaisch  &  s'ha- 
billoient  à  la  manière  des  autres  Calmoucs  ;  mais  paroj 
qu'ils  aiment  naturellement  la  guerre  &  le  défordre,  ils 
ne  les  imitoient  pas  dans  leur  manière  de  vie  paifible  & 
innocente.  Cependant,  comme  il  en  paffoit  quantité  de 
familles,  tant  du  côté  des  Ruffiens  que  du  côté  des  Mon- 
gales ,  le  Contaisch  a  trouvé  moyen,  depuis  peu,  de  ve- 
nir les  tirer  de  ces  confins  &  de  les  transporter  quelque 
part  vers'les  frontières  des  Indes  ;  en  forte  qu'on  nefàu- 
roit  dire  précifément  en  quel  lieu  ils  font  aujourd'hui. 

KIRI  ou  Chiri,  petite  rivière  de  Dalmatie  ;  elle 
paffe  à  Scutari,   &  peu  après  fe  jette  dans  la  Boïana. 

KIRIN  ,  province  de  la  Tartarie  Chinoife  orientale  , 
bornée  au  nord  par  la  Sibérie  ,  au  levant  par  le  golfe 
de  Kamtchatka  ,  au  midi  par  la  Corée  ,  &  au  couchant 
par  la  province  de  Teitcicar.  Cette  province  qui  s'é- 
tend du  midi  au  nord  ,  l'espace  de  plus  de  trois  cents 
lieues  communes  de  France ,  &  de  deux  cents  cinquante 
du  levant  au  couchant ,  eft  arrofée  par  le  fleuve  d'A- 
mour. Sa  capitale,  qui  porte  le  même  nom,  eft  fur  la 
rivière  de  Songari ,  au  44e  d.  de  latitude.  Il  y  a,  outre  la 
capitale  ,  les  villes  de  Pétoune ,  Ningouta  &  Pontaioafes. 

KIRKALDI,  petite  ville  d'Ecoffe,  dans  la  partie  oc- 
cidentale de  la  province  de  Fife ,  fur  l'Océan.  La  com- 
modité de  fon  havre,  où  l'on  peut  mouiller  en  fureté, 
lui  failbit  entretenir  autrefois  un  grand  commerce  avec 
fes  voilins.  Elle  a  droit  de  députer  au  parlement.  *Corn. 
Dift. 

KIRKBI  ou  KiRBY-MoRESiDE  ,  bourg  d'Angle- 
terre ,  dans  la  province  d'Yorck  ;  il  envoie  fes  députés 
au  parlement.  * Etat  préfent  de  la  Gr.  Bretagne,  t.  1  , 
p.  1x7. 

KIRKBYSTEVENouKtREY-STEVEN,  bourg.  d'An- 
gleterre, en  Weftmorland  ,  aux  confins  dïorkshire.  Il 
députe  auffi  au  parlement.  *  Etat  préfent  de  la  Gr.  Bret-, 
t.  1  ,  p.  121. 

KlRKHAM,  bourg  d'Angleterre,  dans  la  province 
de  Lancaftie,  On  y  tient  marché  public.  *  Etat  préfent 
de  la  Gr.  Bret.  t.  I. 

KIRKLS1A,  petite  ville  d'Afie,  dans  le  Diarbeck, 
fur  l'Euphrate  ,  aux  frontières  de  l'Arabie  délèrte  ,  vingt- 
cinq  lieues  au-deffous  de  la  ville  deRika.  C'eft  lamêm* 
que  ClRCESlUM.  Voyez  ce  mot.  *Baudrand.  édit.  1705. 

KIRKUBRIGHT,  petite  ville  d'Ecoffe,  dans  la  pro- 
vince de  Gallvai  ,  fur  la  côte  feptentrionale  du  golfe 
de  Soldai,  à  l'embouchure  de  laDée.  Elle  envoyoit  fes 
députés  au  parlement  d'Ecoffe. 

KIRKWAL,  ville  ou  bourg  de  l'ifle  de  Pomona  na 
Mainbnd  ,  qui  eft  la  principale  des  Orcades  ;    c'eft  la 


670 


KIS 


KIT 


feule  ville  ou  le  feul  bourg  qui  font  dan5  ces  îfles  ,  le 
refte  n'étant  que  des  villages.  Il  eft  agréablement  fitué 
fur  une  baie ,  presqu'au  milieu  de  l'ifle.  Il  n'y  a  qu'une 
rue  qui  s'étend  l'espace  d'un  mille.  Les  maifons  y  font 
bien  bâties ,  la  plupart  couvertes  d'ardoife.  On  y  tient 
les  cours  de  juftice.  Il  y  avoit  autrefois  un  château  qui 
eft  tombé  en  ruine.  Patrice  Stuart,  comte  des  Orcades, 
fit  bâtir  un  palais  près  du  château  ,  en  1574;  fa  mort 
prématurée  l'empêcha  de  le  finir.  Il  y  avoit  plufieurs 
chambres  parfaitement  bien  peintes,  qui  repréientoient 
des  hiftoires  de  l'Ecriture  fainte.  L'églife  de  Kirkwal  en 
eft  un  des  principaux  ornemens.  On  l'appelloit  autrefois 
du  nom  de  S.  Magnus ,  qu'une  tradition  populaire  dit 
avoir  été  leur  premier  apôtre.  Elle  eft  fort  belle  ,  bâtie 
de  pierres  de  taille  ,  parfaitement  bien  polies.  Elle  a 
quatorze  piliers  de  chaque  côté ,  &  un  clocher  au  mi- 
lieu élevé  fur  quatre  gros  piliers.  Cette  églife  eft  une 
espèce  de  labyrinthe  pour  les  étrangers  ,  tant  il  y  a  dé 
tours  &  de  détours.  Kirkwal  a  auflî  une  école  latine , 
deux  marchés  la  femaine  ,  &  une  foire  tous  les  ans,  qui 
dure  trois  jours  de  fuite.  Cette  ville  eft  gouvernée  par 
un  prévôt  ,  deux  bailiirs  &  un  conseil  des  bourgeois. 
*Etat  préfent  de  la  Gr.  Bret.  1. 2 ,  p.  299. 

KIRMAN  ,  province  de  Perse  ,  fituée  entre  celles 
de  Fars  &  de  Ségeftan.  Elle  s'étend  depuis  les  frontiè- 
res de  l'Yérak-Azemi ,  &  les  3 1  d.  30'  de  latitude ,  jus- 
qu'au détroit  d'Ormus  ;  la  partie  feptentrionale  de  cette 
province  eft  fort  montueufe  ;  mais  les  vallées  font  d'une 
fertilité  extraordinaire.  Elles  produiiént  une  prodigieufe 
quantité  de  rofes  avec  lesquelles  les  habitans  font  une 
eau  qui  eft  fort  eftimée ,  dans  tout  l'Orient.  L'on  fait  cas 
des  armes  &  de  l'acier  de  ce  pays.  On  y  fabrique  de 
«jès-beaux  tapis ,  parce  que  la  laine  y  eft  très-belle  ;  les 
habitans  ne  la  teignent  point  ;  ils  l'emploient  dans  fa 
couleur  naturelle ,  qui  eft  ou  d'un  brun  clair ,  ou  d'un 
gris  cendré,  ou  d'un  beau  blanc  ;  mais  les  étrangers  ont 
difficilement  de  cette  dernière ,  parce  qu'on  l'emploie  à 
faire  les  habits  des  Moullhas.  On  trouve  en  cette  pro- 
vince beauc.oup  de  Gaures,  qui  descendent  des  anciens 
habitans  de  la  Perse,  &  ont  conservé  le  culte  du  feu. 
Ce  font  eux  qui  fabriquent  les  belles  étoffes  de  ce  pays.^  La 
ville  de  Kirman ,  capitale  de  cette  province,  eft  fituée  à 
29  d.  40/  de  latitude.  C'eft  une  grande  villace  qui  n'a 
rien  de  beau  que  le  palais  où  le  gouverneur  de  la  pro- 
vince fait  là  réfïdence.  On  trouve  dans  cette  ville  de  fort 
bon  vin ,  &  les  vivres  y  font  à  grand  marché.  On  y 
fait  des  vafes  de  terre  cuite ,  qui  approchent  beaucoup 
de  la  porcelaine.  La  ville  de  Gomron  ,  &  l'ifle  d'O- 
mus  font  de  la  dépendance  de  Kirman.  *  Hifi.  généa- 
logique des  Tatars ,  p.  295  ,  296. 

1 .  KIRMONCHA ,  ville  d'Aile,  dans  la  Perse, à  63  d. 
45'  de  longitude,  &c  à  34  d.  37'  de  latitude,  félon  Ta- 
vernier  ,  Voyage  des  Indes ,  1.  3  ,  c.  dern. 

2.  KIRMONCHA  a  été  une  grande  ville,  jusqu'aux 
derniers  troubles  de  Perse ,  qu'elle  a  été  pillée  &  rui- 
née. Elle  eft  à  trente  lieues  au  fud-oueft  de  Hamadan 
au  3  5  e  d.  de  latitude,  &  66  d.  20'  de  longitude.  * D 'An- 
ville  ,  Carte  de  Perse,  1751. 

KIRN  ,  château  d'Allemagne,  au  cercle  du  Rhin,  dans 
le  comté  de  Spanheim  ,  près  de  la  rivière  de  Nahe ,  à 
fix  lieues  au-deflus  de  Creutznach.  C'eft  le  chef-lieu  d'un 
comté  de  même  nom. 

KIRN-BOURG ,  petite  ville  d'Allemagne,  près  du 
château  de  Kirn ,  au  comté  de  même  nom. 

1.  KIRTON,  bourg  d'Angleterre,  en  Lincolnshire, 
au  nord  de  Lincoln.  Il  envoie  fes  députés  au  parlement, 
&:  eft  remarquable  par  la  beauté  de  ("on  églife. 

2.  KIRTON,  ou,  comme  porte  la  carte  de  Viffcher, 
CrÉDITON.  L'Etat  préfent  de  la  Grande-Bretagne  le 
nomme  Kirton ,  bourg  d'Angleterre,  en  Devonshire  ; 
il  te  nommoit  anciennement  Cridiantum  ,  d'où  le 
nom  moderne  s'eft  formé  par  contraction.  L'ancien 
nom  vient  de  ce  que  ce  lieu  eft  fur  la  petite  rivière  de 
Crédi ,  qui  tombe  dans  la  rivière  d'Ex.  C'étoit  le  fiége 
épiscopal  de  la  province ,  Se  une  petite  ville  de  la  pro- 
vince de  Weftfex.  Ce  fiége  a  été  depuis  transféré  à 
Exeter.  Il  eft  fouvent  parlé  de  ce  lieu  dans  l'Hiftoire  ec- 
cléfiaftique  d'Angleterre.  *  Gibson ,  ad  calcem  Chronic. 
Saxon. 

KISjOuKjsch  ouKeisch.  Voyez  Kismich, 


KISANNI  ,  rivière  de  Géorgie  ;  elle  patte  auprès 
d'une  grande  mosquée  nommée  Schetta. 

KISCH  ,  petite  province  de  Perse.  Elle  eft  contigue 
à  celle  de  Mécran.  Les  Portugais  appellent  ces  deux 
provinces  Cache  &t  Marron.  Texeira  les  nomme 
des  royaumes ,  en  ces  termes  :  Reynos  entre  Goadel,  y 
los  Abindos  ,  en  la  entrada  dd  Sino  Perjico. 

K1SILAGATZ ,  petite  ville  de  Perse ,  dans  le  god» 
vernement  d'Aftéra.  Son  nom  lignifie  bois  rouge  ou  bois 
doré.  Elle  eft  à  cinq  lieues  de  Lenkéran  ;  &  entre  ces 
deux  villes,  on  trouve  les  rivières  de  Kajiende ,  Noahine, 
T[ili  &  Buladi.  Elle  n'a  point  de  murailles ,  &  eft  fituée 
dans  une  plaine  ,  à  une  bonne  demi-lieue  de  la  mer 
Caspienne  ,  fur  une  petite  rivière  nommée  Willeschi. 
Sulfager  Chan  la  vendit  autrefois  au  Chan  d'Ardebil , 
qui  la  laiffa  à  fon  fils  ;  &  ce  dernier  la  poffédoit  lors- 
qu'Oléarius,  Voyage ,  1.  6  ,  t.  2,  p.  25  ,  y  pafîa  en  1638. 
Vis-à-vis  de  Kifilagatz ,  &  environ  à  trois  lieues  de  la 
terre  ferme ,  fe  voient  deux  ifles  nommées  Kéléchol 
ôc  Aalibaluch. 

KISILAT,  rivière  de  Circaffie  ;  elle  fè  jette  dans  la 
mer  Caspienne  ;  c'eft  YAdonta  de  Ptolomée  ,  félon 
Oléarius. 

KISILOSAN,  (le)  rivière  de  Perse,  dans  la  pro- 
vince de  Dilem. 

Cette  rivière  que  De  l'ifle  nomme  Keftl-ou-Zan  , 
prend  fa  fource  dans  l'Adirbéitzan  ,  que  De  l'ifle  nomme 
Adirbijane  ,  fépare  le  Ghilan  du  Lahetzan ,  &  fe  jette 
dans  la  mer  Caspienne  ,  près  de  Recht.  Oléarius  die 
qu'elle  eft  d'une  rapidité  incroyable ,  que  fes  eaux  font 
blanchâtres  ;  ce  qui  fait  que,  dans  la  province  de  Kilan  , 
on  la  nomme  Isperuth. 

KISMA  ;  il  eft  parlé  d'une  ifle  de  ce  nom ,  dans  le 
havre  de  Nangazaqui ,  au  Japon  ;  mais  elle  n'eft  point 
marquée  dans  le  plan  de  ce  havre,  qui  fe  trouve  dans 
les  Hiftoires  de  Kœmpfer  &  du  P.  Charlevoix.  Ce 
dernier  conjecture  que  ce  pourroit  être  la  même  que 
l'ifle  de  DÉSIMA.  Voyez  ce  mot. 

KISMICH  ;  Kisch  ,  félon  Reland  ;  Quesomo  , 
félon  Thévenot;  KlilSHOM,  félon  l'Hiftoire  des  voya- 
ges; &r.  Kechmich,  félon  Tavernier  ,  Tylus  minor , 
ifle  d'Afie  ,  fur  le  golfe  Perfique,  à  quatre  lieues  &  demie 
deGomrom,  proche  de  celle  d'Ormus,  à  fon  couchant. 
Cette  ifle  qui  a  vingt.  lieues  de  longueur  du  levant  au 
couchant  ,  &C  non  pas  du  nord  au  fud  ,  comme  le  mar- 
que Reland  ,  eft  fertile  &  bien  habitée.  Comme  il  n'y 
a  point  de  fources  d'eau  vive ,  les  habitans  font  obligés 
de  creufer  des  puits  pour  arrofer  leurs  jardins,  qui  font 
très-beaux.  On  pêche,  près  de  cette  ifle ,  de  fort  belles 
perles  que  les  habitans  du  pays  appellent  marvarid  ; 
c'eft  de  ce  mot  que  vient  le  mot  latin  margarita.  La 
ville  capitale  de  cette  ifle ,  qui  porte  aufli  le  même  nom, 
fut  pillée  &  brûlée  par  les  Portugais,  en  1508.  *  Carte 
de  l'Océan  oriental,  I740.  Hifl.  générale  des  Voyages. 
KISMUL ,  petite  ifle  d'Ecoffe ,  une  des  "Wefternes , 
près  de  celle  de  Barra;  elle  aune  église  &  une  chapelle; 
les  natifs  font  Catholiques.  Macneil,  roi  de  Barra,  y  fai- 
foit  fa  réfïdence  dans  un  château  à  double  étage ,  qui  a 
une  tour ,  une  fale  ,  &C  un  magafin  entouré  d'une  mu- 
raille de  pierres  de  taille. 

KISOUK  ,  bourg  de  Perse.  Il  eft  fitué  entre  Nacfivan 
&C  Zulfa  ,  aux  frontières  du  Curdiftan  ;  on  y  trouve  un 
couvent  de  Chrétiens  Arméniens,  qui  tiennent  que  S.Bar- 
thelemi  &  S.  Matthieu  ont  été  martyrifés  en  ce  lieu-là, 
&  qu'ils  en  ont  encore  quelques  reliques.  Plufieurs  Ma- 
hométans  y  vont  par  dévotion,  fur-tout  pour  être  guéris 
des  fièvres.  Les  moines  de  ce  couvent  vivent  avec  une 
grande  auftérité  ,  &  ne  mangent  prefque  jamais  que  des 
herbes.  *  Tavernier,  Voyage  de  Perfe  ,  /.  1 ,  c.  4. 

KISRAG ,  pays  d'Afie ,  au  feptentrion  des  Indes ,  à 
trois  mois  entiers  de  chemin  de  la  ville  de  Gaznah.  Il 
fut  conquis  par  le  Sultan  Mahmoud-Sebekghin  ,  ainfi  que 
tous  les  autres  pays  des  Indes  ,  félon  D'Herbelot ,  Bibl. 

KITAY  ,  vafte  pays  d'Afie.  Voyez  Cathay. 

KlTAY-KlTAY  ,  c'eft  la  même  chofe  que  la  Chine. 

KITBA-Dercan  ;  ce  titre,  chez  les  Arabes,  veut  dire 
le  chef  de  cent  familles. 

KITZINGEN,  ville  d'Allemagne ,  en  Franconie,au 
diocèfe  de  Vurtzbourg ,  à  trois  milles  de  la  ville  de  ce 


KiU 


KNÀ 


nom  ,  fur  le  Meyn ,  aux  confins  des  terres  du  margrave 
d'Anspach. 

i.  KIU  ,  ville  de  la  Chine  ,  dans  la  province  de 
Channton  ,  au  déparrement  de  Cincheu,  quatrième  mé- 
tropole de  cette  province.  Elle  eft  d'un  degré  .39'  plus 
orientale  que  Pékin ,  fous   les  35    d.  54'    de   latitude. 

*  Atlas  Sinenjîs. 

2.  KIU  ,  ville  de  la  Chine ,  dans  la  province  de  Su- 
chuen, au  département  de  Xunking  ,  troifiéme  métro- 
pole de  cette  province.  Elle  eft  de  9  d.  57'  plus  oc- 
cidentale   que   Pékin,    fous  les  31    d.  5'    de   latitude. 

*  Atlas  Sintnjis. 

KIVAC  ,  ville  d'Alie  ;  dans  le  pays  de  Caresem  ou 
Khouaresm,  au  fud-oueft  du  Gihon,  à  9^  d.  35'  de 
longitude  ,  &  à  39  d.  2.0'  de  latitude.  *  Hift.  de  Tlmur- 
Bec,  1.  3,  c.  1. 

KIUCHEU ,  ville  de  la  Chine ,  dans  la  province  de 
Chék;ang,  dont  elle  eft  la  fixiéme  métropole.  Elle  eft 
d'un  degré  37'  plus  orientale  que  Pékin,  à  28  d.  42'  de  la- 
titude ,  fur  le  bord  oriental  du  fleuve  Changyo,  aux  con- 
fins de  la  province  de  Fokien.  Marco  Paolo  Vénitien  la 
nomme  Cugui.  C'eft  la  ville  la  plus  méridionale  de  la 
province.  La  famille  de  Cin  la  nomma  Taimo  ;  celle 
de  Han  SlNGAN:  le  nom  qu'elle  porte  aujourd'hui,  lui 
a  été  donné  par  la  famille  de  Tanga.  Elle  a  dans  fon  dé- 
partement cinq  villes ,  favoir  : 


67i 


Kieucheu , 
Lungyeu , 


Changxan . 
Kiangxan , 


&  Caïhoa. 

Au  midi  de  la  ville  eft  le  mont  LANO.  *  Atlas  Sinenjîs. 

KIUCIN  ,  ville  de  la  Chine ,  dans  la  province  de 

Iunnan  ,  au  département  de  Likiang ,  fixiéme  métropole 

des  villes  de   guerre  de  cette  province.  Elle  eft  de  17  d. 

24'  plus  occidentale   que  Pékin,  fous  les  27  d.  i'  de 

>      latitude. 

KIUKIANG  ,  ville  de  la  Chine ,  dans  la  province 
de  Suchuen  ,  au  département  de  Changking  ,  cinquième 
métropole  de  cette  province.  Elle  eft  de  8  d.  37'  plus 
occidenrale  que  Pékin,  fous  les  30  d.  17'  de  latitude. 

K1U1UNG  ,  ville  de  la  Chine  ,  dans  la  province  de 
Kiangnan ,  au  département  de  Kiangning ,  première  mé- 
tropole de  cette  province.  Elle  eft  de  2  d.  plus  orientale 
que^Fékin,  fous  les  3id.  32'  de  latitude. 

KIULO ,  ville  de  la  Chine  ,  dans  la  province  de  Pé- 
kin ,  au  département  de  Xunte ,  cinquième  métropole 
de  cette  province.  Elle  eft  de  2  d.  1 1'  plus  occidentale 
que  Pékin  ,  tous  les  37  d.  45'  de  latitude. 

KIUN  ,  ville  de  la  Chine,  dans  la  province  de  Hu- 
quang, au  département  de  Siangyang  ,  troifiéme  métro- 
pole de  cetie  province.  Elle  eft  de  6  d.  30  plus  occi- 
dentale eue  Pékin,  fous  les  33  d.  13'  de  latitude. 

K'UNCHEU,  ville  de  la  Chine,  dans  la  province  de 
Quantung  ,  dont  elle  eft  la  dixième  métropole.  Ellen'eft 
pas  en  terre  ferme ,  mais  dans  l'Ifle  D'Haman  ,  dans  la 
partie  orientale,  fur  un  promontoire,  de  6.  d.  36'  plus 
à  l'occident  que  Pékin,  fous  les  19  d.  40'  de  latitude. 
Elle  eft  entourée  de  lacs  &  d'eau,  de  tous  côtés,- eft 
la  capitale  de  l'ifle,  &  contient  treize  villes  dans  fon  dé- 
partement ,  favoir  : 


Kieuncheu , 

Chingyu, 

Linkao , 

Tingan, 

Yenchang, 

Hoéïtung, 


Cangen. 


Lohoéï, 
Cheu  0  , 
Changhoa  , 
Van  s , 
Lingxui , 
Taie,' 


KIUNCHING,  ville  de  la  Chine  ,  dans  la  province 
Xantung  ,  au  département  de  Yencheu  ,  deuxième  mé- 
tropole de  cette  province.  Elle  eft  de  59'  plus  occiden- 
tale que  Pékin  ,  fous  les  36  d.  24'  de  latitude. 

KIUNG  ,  quatrième  cité  de  la  province  de  Suchuen  , 
à  la  Chine  ;  elle  eft  de  13  de  30'  plus  occidentale  que 
Pékin  ,  fous  les  30  d.  16'  de  latitude.  Il  y  a  trois  places 
dans  fon  département ,  favoir  , 


Kiung. 


Taye, 


Pukiang , 


KIUN  GPU,  fprtereffe  de  la  Chine,  dansîa  province 
de  Suchuen.  Elle  eft  de  14  d.  15'  plus  occidentale  oue 
Pékin,  fous  les  29  d.  8'  de  latitude. 

KIUTAN,  ville  de  la  Chine,  dans  la  province  de 
Kiangnan,  au  département  de  Chingkiang  ,  fixiéme  mé- 
tropole de  la  province.  Elle  eft  de  2  d.  26'  plus  orien- 
tale que  Pékin  ,  par  les  32  d.  30'  de  latitude.  *  Atlas 
Sir.enjis. 

K1UYANG  ,  ville  de  la  Chine,  dans  la  province  de 
Huquang,  au  département  de  Xincheu  ,  douzième  mé- 
tropole de  cette  province.  Elle  eft  de  8  d.  22'  plus  oc- 
cidentale que  Pékin,  fous  les  27  d.  50'  de  latitude. 

KIU YE ,  ville  de  la  Chine ,  dans  la  province  de  Xan- 
tung ,  au  département  de  Yencheu ,  deuxième  métropole 
de  cette  province.  Elle  eft  de  26'  plus  occidentale  que 
Pékin,  lous  les  36  d.  5'  de  latitude. 

1.  KIXAN  ,  ville  de  la  Chine ,  dans  la  province  de 
Xenfi ,  au  département  de  Fungciang  ,  féconde  métro- 
pole de  cette  province.  Elle  eft  de  9  d.  3  '  plus  occide-n- 
taie  que  Pékin  ,  fous  les  36  d.  28'  de  latitude. 

2.  KIXAN  ,  forterefle  de  la  Chine,  dans  la  province 
de  Channton.  Elle  eft  de  4  d.  27'  plus  occidentale  que 
Pékin  ,  fous  les  37  d.  13'  de  latitude. 

KIXU1 ,  ville  de  la  Chine ,  dans  la  province  de  Hu- 
quang ,  au  département  de  Hoangcheu  ,  cinquième  mé- 
tropole de  cette  province.  Elle  eft  de  2  d.  30'  plus  oc- 
cidentale que  Pékin ,  fous  les  31  d.  io'  de  latitude. 

KIYANG,  ville  de  la  Chine,  dans  la  province  de 
Huquang, au  département  de  Juncheu,  treizième  métro- 
pole de  cette  province.  Elle  eft  de  5  d.43'  plus  occiden- 
tale que  Pékin  ,  fous  les  26  d.  de  latitude. 

K1SCOULA  ;  ce  nom  lignifie  la  tour  de  la  pucelle. 
Les  Turcs  le  donnent  à  une  tour  bâtie  fur  un  rocher  ,  au 
milieu  de  la  mer,  dans  le  trajet  de  Conftantinople  à  Scu- 
tan.  Cette  tout  a  été  élevée  par  les  foins  d'un  des  der- 
niers empereurs  Grecs  ,  pour  tendre  de-là  une  chaîne 
jufqu'au  monaftere  de  S.  George  ,  &  fermer  aînfi  le  Bof- 
phore.  *  UHerbdot ,  Biblioth.  orient. 

KLAGENFURT.  Voyez  Clagenfurt. 

KLATAU.   Voyez  Glattou. 

KLETGOW,  petit  canton,  aux  confins  d'Allemagne 
&:  de  Suifle  ,  entre  Waldshut  &  Schafhoufe ,  l'Hegow 
&  le  Rhin.  Il  comprend  p'ufieurs  bailliages ,  (avoir,  ce- 
lui de  Neuhaulèn  ,  celui  de  Rutlingen  ,  Buchberg  &  Cap- 
pel,  d'où  dépend  Elliken;  celui  de  Beringen  ScdeHem- 
methal ,  &  celui  de  Laningen  &  Guntmadingen.  *  Etat 
&  Dél.  delà  SuilTe,  t.  3,  p.  96. 

KLETTENBERG,  bourg  d'Allemagne,  au  cercle  de 
la  haute  Saxe,  dans  laThuringe,  à  deux  lieues  de  Nort- 
haufen,  dans  le  comté  de  Hohenftein.  C'eft  le  chef-lieu 
d'une  feigneurie  ,  &  il  a  eu  autrefois  le  titre  de  comté. 
* Baudrand,   éd.   1705. 

KLINGENA'W  ou  Klingnau,  ville  de  SuilTe,  au 
comté  de  Bade  ,  fur  la  rive  droite  de.  l'Aar.  Voyez 
Clingenav. 

KLOGHER.  Voyez  Clogher.  *  Etat  &  Délices 
de  la  Suiffé,  t.  3  ,  p.  133. 

KLOSTERTHAL,  vallée  de  Suifle,  au  pays  des 
Grifons,  aux  frontières  du  Tirol.  Elle  appartient  aux 
archiducs  d'Autriche  ,  &  s'avance  vers  les  montagnes  du 
pays  d'Algow  &  au  mont  d'Alenberg.  On  y  trouve  la 
fource  de  l'Alfens,  au  mont  Silberberg.  Elle  coule  vers 
le  midi.  *  Davity  &  Corn.  Dift. 

KNAPDAIL,  petite  contrée  d'Ecofîe,  dans  la  pro- 
vince d'Argyle.  Elle  en  eft  la  partie  la  plus  fertile  ,  &  fe 
joint  à  Kintyre,  du  côté  du  nord,  par  unifthme  qui  n'a 
qu'un  mille  de  largeur.  C'eft  pourquoi  les  bateliers  font 
pafler  leurs  bateaux  par-deflus  cet  ifthme  ,  plutôt  que 
de  faire  le  tour  de  Kintyre.  Kilmore  en  eft  la  ville  uni- 
que. *Elat  prijent  de  la  Gr.  Brct.  t.  2 ,  p.  262. 

KNARESBOROUG ,  petite  ville  d'Angleterre,  dans 
la  province  d'Yorck.  Elle  envoie  lès  députés  au  parle- 
ment, &  a  droit  de  tenir  marché  public.  *  Etat  préfent 
de  la  Gr.  Bret.  t.   I . 

KNARINGEN,  anciennement  Grinario  ,  bourg 
d'Allemagne  en  Suabe ,  dans  le  marquifat  de  Burgau  , 
fur  la  rivière  de  Knarlac,  aune  demi-lieue  de  la  ville 
de  Burgow.  C'étoit  une  ancienne  ville  de  la  Vindélicie, 
félon  Baudrand,  éd.  1705.  Samson  &  De  l'ifle  nom- 
ment ce  lieu  Knoringen,  &  la  rivière  Carntack» 


61 1  KOI 

KNIGTON,  ville  d'Angleterre,  au  pays  de  Galles, 
en  Radnorshire. 

KNI  ou  Khnin,  petite  ville  deDalmatie,  au  haut 
d'une  colline,  fur  la  rivière  de  Chéréa ,  qui  y  reçoit  la 
Botiniza,  aux  frontières  de  la  Bosnie ,  &:  à  trente  milles 
d'Italie  de  Sébénico.  Les  Turcs ,  à  qui  elle  appartenoit, 
la  fortifièrent.  Elle  fut  prife,  en  1688,  par  les  Vénitiens, 
&  elle  leur  demeura  par  le  traité  de  Ca-lowitz.  *Baudr. 
éd.  1705.  On  croit  que  c'eft  ÏArduba  dont  parle  Dion, 

KOCKFERGUS  ov  Carricfergus  ,  ville  d'Ir- 
lande, dans  la  province  d'Ulfter ,  au  comté  d'Antrim  , 
à  douze  milles,  &  à  l'eft  d'Antrim.  Elle  eft  lituée  fur  une 
haie  de  même  nom.  C'eft  une  ville  riche,  bien  peuplée, 
munie  d'un  bon  château  ,  &  la  capitale  du  comté.  Elle 
a  droit  de  tenir  un  marché  public ,  &  jouit  d'un  excel- 
lent port.  Elle  envoie  deux  députés  au  parlement.  Jfcile 
eft  presqu'au  nord  ,  à  huit  milles  de  Belfaft ,  &  à  quatre- 
vingt-dix  de  Dublin.  *  Etat  prèfent  de  L'Irlande,  p.  58. 

KNOCKNOPHER,  baronnie d'Irlande,  dans  la  pro- 
vince de  Leinfter.  C'eft  une  des  onze  qui  compofent  le 
comté  de  Kilkenny.   *  Etat  prèfent  de  l'Irlande  ,  p.  41. 

KNOTSENBOURG,  fortereffe  des  Provinces-Unies, 
dans  la  Gueldre ,  fur  la  rive  droite  du  "Wahal,  vis-à-vis 
de  Nimégue. 

KNOTSFORD,  bourg  d'Angleterre,  dans  la  province 
de  Chefter.  On  y  tient  marché  public.  *  Etat  prèfent  de 
la  Gr.  Bret.  t.  I. 

KNYSSIN ,  ville  de  Pologne  ,  dans  la  Podlaquie* 
.Voyez  EnySSIN. 

KOARASM.  Voyez  Khovarezem. 

KOBA  ,  ville  d'Afie,  dans  le  Mavaralnahr ,  au  cin- 
quième climat,  &  dans  le  pays  de  Fargan,  félon  Abul- 
féda,  Collccl.  Oxon.  t.  3  ,  p.  53.  Cette  ville  eft,  félon 
Alfatas,  à  91  d.  15'  de  longitude,  &  à  43  d.  15'  de 
latitude. 

Selon  Albiruni ,  à  9 1  d.  50'  de  longitude,  6c  à  42  d. 
50'  de  latitude. 

KOBADYAN,  ville  d'Afie,  dans  le  Chorafan.  Naflïr- 
Eddin  &  Ulug-Beig  lui  donnent  102  d.  de  longitude, 
&  37  d.  45'  de  latitude. 

KOCBEN  ,  lac  de  l'empire  de  Ruffie  ,  dans  la  pro- 
vince de  Wologda. 

KOCHER  ,  rivière  d'Allemagne,  en  Suabe.  Voyez 
Cocher. 

KOCHERSBERG  ,  félon  Baudrand  ,  bourgade  de 
France  ,  dans  la  baffe  Alsace ,  avec  un  château ,  entre 
Strasbourg  &  Saverne.  Les  Allemands  y  furent  battus 
en  1677. 

K.OCKEL ,  village  de  Bavière ,  fut  le  lac  de  même 
nom.  On  y  cherche  l'ancienne  CovelIjE,  lieu  de  la 
Vindélicie. 

KOCKEL-ZÉE,  ou  le  lac  de  Kockel  ,  lac  de  Ba- 
vière ;  il  eft  formé  par  la  rivière  de  Loifa ,  à  dix  lieues 
de  Munich. 

KOCKZUBI,  petite  ville  de  Beffarabie  ,.  au  pays  des 
Tartares  d'Ockzakow ,  à  deux  lieues  de  l'embouchure 
du  Niefter  ,  du  côté  du  midi. 

KODEN,  petite  ville  de  Lithuanie,  dans  la  Poléfie, 
fur  le  Bug ,  cinq  lieues  au-deffus  de  Breftki. , 


KOL 


KCENIGSBERG , 

KCENIGSECK, 

KŒNIGSTEIN, 


KONIGSBERG. 

Voyez  ^  Konigs-Eck. 

KOÎSIGSTEIN. 


KOGE,  (prononcez  Kœgtje,)  bourg  &  port  de  Da- 
nemark, dans  Lifle  de  Séeland.  Il  donne  fon  nom  à  un 
enfoncement  que  fait  la  mer  en  cet  endroit ,  que  l'on 
appelle  la  manche  de  Koge.  Ce  lieu  eft  à  quatre 
lieues  de  Coppenhague. 

KOGERTLIK,  province  particulière  du  pays  de 
Charasme,  fituée  fur  les  frontières  de  la  grande  Bucha- 
rie,  au  nord  de  la  province  de  Jangiarik.  *  Hift.  généa- 
logique des  Talars,  p.  799. 

KOISU  ,  rivière  d'Afie,  dans  la  Perse.  On  la  trouve 
à  fept  lieues  de  Tarbu.  Elle  a  fa  fource  dans  le  mont 
Caucafe ,  &  quelques-uns  croient  que  c'eft  l'Albanus  de 
Ptolomée.  Ses  eaux  font  fort  troubles,  &  fa  largeur  eft 
pareille  à  celle  de  l'Elbe  ;  elle  eft  extrêmement  pro- 
fonde ,  6c  fon  cours  eft  fort  rapide.  *  Oléarius,  Voyage 
de  Perse. 


KOKENHAUSEN,  félon  Baudrand,  comme  pro- 
noucent  les  Allemands  j  ou  Kohenhuys ,  comme  écri- 
vent les  Hollandois  ,  ville  de  Livonie  ,  dans  la  province, 
de  Letten,  fur  la  Dwine,  avec  un  château  où  réfidoit 
autrefois  Févêque  de  Riga,  à  quinze  milles  de  la  ville 
de  ce  nom.  Elle  a  été  fuccelTivement  aux  Polonois,  aux 
Suédois ,  &  enfin  aux  Rufliens  qui  la  poffedent. 

KOKERI,  peuplade  des  Indes,  fur  la  côte  de  Co- 
romandel,  aux  confins  des  royaumes  de  Gingi,deTan- 
jaour  &  de  Maduré  ;  îur  la  route  de  Coutour  ôc  de  Cou- 
nampati.  *  Lettres  édifiantes ,  t.  9,  p.  136. 

KOKSCHAGA  ,  petite  ville  de  l'empire  Ruffien,  au 
royaume  de  Cafan ,  fur  le  Volga ,  à  trente  werftes , 
&  au-deffous  de  Sabakzar  ,  félon  Corneille  &  le  Brun, 
Voyage  de  Moscovie  ,  p.  81.  Oléarius  dit,  qu'elle  eft  fur 
la  gauche  de  ce  fleuve,  dont  les  eaux  font  fi  baffes  en  cet 
endroit-là ,  qu'à  peine  y  en  trouve-t-on  affez  pour  un  na- 
vire. 

KOKURA  ou  COCURA  ,  que  l'auteur  des  Ambaffa- 
des  des  Hollandois  an  Japon  ,  nomme  KOKERO.  C'eft 
un  port  de  mer  de  l'ifle  dé  Ximo  ,  &  ville  capirale  du 
royaume  deBuygen,  fur  le  canal  quifépare  l'ifle  deXimo 
de  la  grande  ifle  Niphon.  Kasmpfer  cité  par  la  iViarti- 
niere ,  dit  Kiufiu  pour  Ximo ,  &c  fe  trompe.  *  Notes  du 
P.  Charlevoix. 

KOKUTAN,  ville  delà  Chine;  les  Chinois  l'ont 
bâtie  hors  de  la  grande  muraille ,  &  ont  pris  foin  de  la 
fortifier,  pour  arrêter  les-  «ourses  des  Calmoucs  ,  &  les 
empêcher  d'aller  jusqu'à  la  Chine  :  elle  eft  dans  un 
pays  affez  défert ,  &  à  quinze  journées  de  Pékin.  *  Le 
P.  Avril ,  Voyages  de  Tartane. 

1.  KOLA,  port  de  mer  &  bourg  de  la  Laponie  Mof- 
covite ,  à  l'embouchure  d'une  rivière  de  même  nom  , 
dans  la  mer  Glaciale ,  avec  un  lac  qui  s'appelle  auffi  de 
même ,  entre  Wardhuys  &  la  mer  Blanche. 

2.  KOLA,  rivière  de  la  Lapponie,  qui  traverfe  un 
lac  de  même  nom ,  &  fe  jette  dans  l'Océan  feptentrio- 
nal,  au  port  auquel  elle  donne  fon  nom. 

1.  KÔLAR,  ville  d'Afrique,  dans  le  royaume  de 
Barra ,  fur  une  rivière  de  même  nom ,  &  fur  la  rive 
nord  de  la  Gambra.  Les  Anglois  y  avoient  établi  un 
comptoir,  en  173 1.  L'ivoire,  la  cire  &  la  gomme  y 
faifoient  l'objet  du  commerce  ;  mais  la  Compagnie  né 
trouvant  pas  qu'il  répondît  à  fes  espérances  ,  prit  le 
parti  de  l'abandonner,  en  1733.  *  Voyage  de  Moore, 
Carte  de  la  Gambra  ,  par  Jean  Leach,  1732. 

2.  KOLAR ,  ville  d'Afrique ,  dans  le  royaume  de 
Kantor,  au  fud  de  la  rivière  de  Gambra ,  fix  milles  au- 
deffous  de  Fatatenda.  Ce  fut-là  que  Moore  ,  dont  nous 
empruntons  cet  article,  finit  fon  voyage,  d'où  il  compte 
cinq  cents  milles  jusqu'au  cap  Sainte-Marie,  qui  fait  la 
pointe  fud ,  de  la  Gambra  a  fon  embouchure.  *  Voyage 
de  Moore  ,  p.  23.  Carte  de  la  Gambra  par  Jean 
Leach,   1732. 

KOLBENS-EY,  petite  ifle  de  l'Océan  feptentrio- 
nal ,  au  nord  de  l'Iilande  fur  la  côte. 

KOLDING.  Voyez  Colding. 

KOLMOGARA  ,  ville  de  l'empire  Ruffien ,  à  cin- 
quante werftes  d'Archangel ,  au  fud-oueft  de  la  D\eina; 
C'eft  le  fiége  d'un  Vladika  ,  ou  archevêque  du  rit 
Grec,  qui  y  a  un  palais  affez  grand,  joint  à  un  mo- 
naftere.  La  ville  eft  affez  grande.  *  Le  Brun  ,  Voyage 
de  Mofcovie,  p.  19. 

KOLLOMENSKE,  ville  de  l'empire  Ruffien,  dans 
le  voifinpge  de  Mofcou,  fur  une  éminence.  Elle  a  une 
belle  apparence,  un  beau  monaftere,  une  églife  &  deux 
tours.  On  y  entre  des  deux  côtés ,  en  traverfant  la  ri- 
vière fur  un  radeau  de  poutres  jointes  enfemble,  de 
manière  qu'on  en  peut  détacher  une  partie ,  lorsqu'il  y 
a  des  vaiffeaux  à  paffer,  &  les  rejoindre  enfuite.  *  Le 
Brun,  Voyage  de  Mofcovie,  p.  j6. 

KOLOMNA,  ville  épiscopale  de  l'empire  Ruffien, 
à  l'Eft  de  Mofcou  ,  au  fud-oueft  de  la  ville  de  Mofca. 
Elle  eft  à  cent  quatre-vingt  werftes  de  la  capitale ,  par 
eau ,  à  caufe  des  grands  détours  de  la  rivière  fur  laquelle 
il  y  a  un  pont,  ou  plutôt  un  radeau  femblable  à  celui 
dont  on  vient  de  parler.  *  Le  Brun ,  Voyage  de  Mos- 
covie ,  p.  76. 

KOL-OSTEGOG,  château  fort  de  la  Mofcovie, 
vers  la  mer  feptentrionale.  Il  eft  fitué  aux  frontières  de 

Rajofe 


KOM 


KON 


Pajofe-Volock,    ck  peu   éloigné    de    Drinskoî  &  de 
Korgol.  *Corn.  Dift. 

KOM,  ville  dePerfe,à  cinquante  lieues  au  nord-oueft 
de  la  capitale,  au  ^3  moins,  quelques  degrés  de  lati- 
tude, &au  67e  de  longitude.  Les  géographes  Orientaux 
lui  donnent  75  d.  40'  de  longitude  ,  fk  36  d.  3<|/  de 
latitude.  Tavernier,  Voyage  de  Perfe ,  1.  1,-06,  en 
parle  ainfi.  Kom  eft  une  des  grandes  villes  de  Perfe, 
dans  un  pays  plat  &  fort  abondant  en  riz:  il  y  croît  de 
bons  fruits ,  &  particulièrement  de  groffes  ck  excellen- 
tes grenades.  Elle  n'a  que  des  murailles  de  terrre  ,  avec, 
de  petites  tours  fort  près  les  unes  des  autres  ;  ck  les 
maifons ,  pour  n'être  auffi  que  de  terre ,  n'en  font  pas 
moins  propres  au  dedans.  A  l'entrée  de  la  ville  on  paffe 
une  rivière  fur  un  pont  de  pierre  ,  d'où  en  tournant  à 
droite  fur  un  fort  beau  quai,  on  trouve  un  caravanferai 
bien  bâti  &  fort  commode.  Ce  qu'il  y  a  de  plus  remar- 
quable à  Kom  ,  eft  une  grande  mofquée ,  que  les  Per- 
fans  n'ont  pas  en  moindre  vénération  que  celle  d'Ar- 
deuil.  C'eft  où  on  voit  les  fépultures  de  Cha-Séfi  & 
de  Cha-Abas  II,  ck  celle  de  Sidi-Fatima , , fille  de 
Iman-Hoccn ,  qui  étoit  fils  d'Ali  &  de  Fatima-Zuhra , 
fille  de  Mahomet.  La  grande  porte  de  cette  mosquée 
répond  fur  une  place  plus  longue  que  large  ,  où  il  y  a 
un  caravanferai  ck  des  boutiques  qui,  au  dehors,  ont  quel- 
que beauté.  Un  des  côtés  de  la  place  eft  comme  fermé 
d'une  muraille  fort  baffe  ;  par-deffus  on  voit  la  grève  ck 
la  petite  rivière  qu'on  paffe  fur  un  pont  où  la  même 
place  vient  aboutir.  Sur  le  grand  portail  de  la  mos- 
quée, on  voit  de  1  écriture  en  lettres  d'or,  à  la  louange 
de  Cha  Ahas  II.  On  entre  d'abord  dans  une  cour  qui  eft 
plus  longue  que  large ,  &  qu'on  pourroit  appeller  jardin , 
puiqre  des  deux  côtés  de  l'allée  du  milieu,  qui  eft  pavée, 
il  y  a  des  carrés  de  fleurs.  Un  ba'uftre  de  bois,  qui  régne 
des  deux  côtés  le  long  de  l'allée,  empêche  que  les  paffans 
ne  puiffent  rien  cueillir;  &  on  a  grand  foin  de  tenir  le 
lieu  en  bon  état.  Dans  cette  première  cour  on  voit  à 
gauche,  en  entrant,  de  petites  chambres  où  ceux  qui  reçoi- 
vent les  aumônes  que,  par  la  fondation  de  la  mosquée, 
on  y  diftnbue  tous  les  jours,  vont  manger  leur  portion; 
après  quoi,  ils  fe  retirent.  Ces  mêmes  chambres  fervent 
d'afyle  à  ceux  qui  ne  peuvent  payer  leurs  dettes ,  comme 
à  la  mosquée  d'Ardeuil.  Ces  lieux  de  franchi  fe  ne  font  pas 
comme  les  nôtres ,  où  il  faut  que  celui  qui  s'y  retire  fe 
nourriffe  à  les  dépen' .  De  la  première  cour  on  paffe  dans 
une  autre  q  m  eft  plu*  g-ande  fk  toute  pavée,  ck  de  celle-ci 
à  une  troifié'iie  qui  eft  carrée  &  relevée  en  terraffe. 
On  y  entre  pir  une  porte  qui  eft  au  bout  d'un  large  per- 
ron ,  ck  c'tft  où  lont  les  logemens  des  Moullahs  ou 
prêtres  de  la  mosquée.  De  cette  troifiéme  cour,  par 
un  escalier  de  brique  de  dix  ou  douze  marches,  on 
pafle  à  une  quatrième  ,  qui  eft  auffi  relevée  en  terraffe, 
ck  au  milieu  de  laquelle  il  y  a  un  beau  badin  ;  il  fe 
remplit  continuellement  par  de  petits  canaux  d'eau  cou- 
rante qui  tombe  dedans ,  ck  fe  vuide  à  mefure  par  d'au- 
tres canaux,  qui  vont  donner  de  l'eau  à  divers  lieux  de 
ce  grand  enclos.  Il  y  a  quelques  bâtimens  en  cette  cour; 
&  un  des  côtés  eft  occupé  par  la  face  de  la  mosquée, 
qui  n'eft  pas  defagréable.  Ce  font  trois  grandes  portes 
affez  bien  entendues,  à  la  mode  du  pays  ;  5c  il  y  a  au 
devant  une  muraille  de  brique  à  hauteur  d'homme ,  ck 
percée  à  jour,  en  manière  de  lozange :  le  feuil  de  la 
porte  du  milieu  eft  couvert  d'une  plaque  d'argent  ;  ck 
il  y  a  entre  ces  trois  portes  ck  celle  du  dôme  de  la  mos- 
quée plufieurs  Moullahs  ou  dofteurs  qui  tiennent  les  li- 
vres où  ils  lilènt  inceffamment.  Cette  mosquée  eft  un 
oftogone  ,  ck  à  chaque  angle  il  y  a  une  petite  porte  de 
bois  de  noyer  verniffé  de  gris  fk  de  jaune.  La  fépulture 
de  Sidi-Fatima,  petite-fille  de  Mahomet,  eft  au  fond  de 
la  mosquée,  n'y  ayant  que  pour  paffer  un  homme  entre 
la  muraille  ck  le  tombeau  :   il  eft  entouré  d'une  grande 

frille  d'argent  de  feize  pieds  en  carré ,  de  laquelle  les 
arreaux  font  ronds  ck  pommetés  aux  endroits  où  ils  fe 
croifent  ;  avec  la  lumière  qui  fort  de  quantité  de  lampes 
d'or  ck  d'argent ,  tout  cela  enfemble  ne  peut  produire 
qu'un  très-bel  effet.  Le  dedans  de  la  mosquée ,  jusqu'à 
l'élévation  des  angles  de  l'ottogone  qui  fupporte  le 
dôme,  eft  de  carreaux  d'un  beau  venis  de  diverfes  cou- 
leurs ;  fk  la  coupe  du  dôme ,  comme  la  voûte  du  por- 
tique de  la  mosquée  ,  eft  une  peinture  en  moresque 


673 


d'or  ck  d'azur.  De  chaque  cô  é  de  la  nwq'iée,  &  près 
du  lieu  où  eft  le  tombeau  de  Sidi-Fatima,  on  voit  une 
grande  fale,  où  on  diftribue  aux  pauvres  les  aumônes 
royales  ,  qui  confident  ,  en  pilau  ck  autres  vian- 
des apprêtées  fort  proprement.  De  ce  tombeau  ort 
tourne  à  gauche  vers  un  efcalier  qui  en  eft  éloigné  de 
vingt-cinq  ou  trente  pas;  ck  cet  efcalier  même  a  une 
porte ,  au-deffus  de  laquelle  il  y  a  encore  quelque  écri- 
ture à  la  gloire  de  Cha-Abas  II.  La  porte  étant  ouverte, 
on  voit  le  lieu  où  repofe  le  corps  de  ce  roi  ;  ck  par 
une  autre  porte  grillée ,  on  découvre  fous  un  petit  dôme 
le  tombeau  de  Cha-Séh  fon  père ,  qui  eft  couvert  d'un 
drap  d'or. 

KOMARE,  ou  Komore,  ifle  ck  fortereffe  de 
Hongrie.  Voyez  CoMORE. 

KOMBREGUDU,  royaume  d'Afrique,  dans  la  Ni- 
gritie ,  qui  occupe  les  bords  de  la  rivière  de  Falemé  , 
au  midi  de  celui  de  Kontu  ,  rk  au  fud-oueft  de  Bam- 
buk  Quoique  ce  pays  ait  le  titre  de  royaume,  il  n'y  a 
pourtant  pas  de  roi.  Les  principaux  villages  ont  des 
chefs,  appelles  Farims ,  ci  qui  ont  autant  d'autorité 
que  des  fouvera'ns.  Les  habitans  n'ont  guères  d'au- 
tres reffources  que  celle  de  leurs  mines  d'or ,  mais  dont 
ils  ne  favent  pas  faire  ufage.  *  Voyage  de  M,  Compa- 
gnon au  pays  de  Bambuk  fkc.   en  1716. 

KOMIS ,  province  de  Perfe  ,  ck  faifant  partie  du 
Khorafan  qu'elle  a  au  levant,  l'Irak  Agémi  au  fud-oueft, 
ck  le  Mazanderan  au  nord.  Elle  a  cinquante  lieues  de 
long,  ck  autant  de  large.  Damgan ,  Simnan,  ck  Bes- 
tam  font  les  villes  qu'on  y  trouve.  *  D'Anvill: ,  Carte 
de  Perfe,   1751. 

KOMOL,  port  d'Afrique,  fur  la  côte  occidentale  de 
la  mer  Rouge  ,  à  foixanté  huit  lieues  au  nord  de  Sua- 
quem,  latitude  n  d.  30'. 

Ce  port  eft  très-fûr,  quoique  d'une  petite  étendue. 
Un  baiïc  de  fable  fert  tout-à-la-fois  à  défendre  l'entrée, 
&  à  tempre  l'impetuofv.é  de  la  mer.  La  terre,  qui  l'en- 
viror.ne,  forme  une  perspective  agréable.  Elle  eft  ha- 
bitée par  les  Badwis  ,  qui  (ont  des  Arabes  errans.  *  Hifl, 
générale  des  Voyages  ,   t.  1 . 

KOMPAS,  nation  d'Afrique,  voifine  des  Véteres  fk 
des  Iffinois.  Leur  pays  s'étend  trente  ou  quarante  lieues 
de  l'eft  à  l'outft  ,  (ùr  quinze  ou  vingt  lieues  de  largeu-. 
Cette  nation  eft  gouvernée  en  forme  de  république ,  ou 
plutôt  d'ariftocratie,  car  ce  font  les  chefs  des  villages; 
qui  dilcutent  les  intérêts  publics,  fk  qui  en  décident  à 
la  pluralité  des  voix.  Leur  pays  eft  compofé  d'agréa- 
bles collines  que  les  habitans  cultivent  foigneufement, 
&  qui  produifent  tous  les  grains  qu'on  y  feme  ;  tandis 
que  le  terroir  des  cô'es,  qui  n'eft  qu'un  fable  fec  &C 
brûlé,  demeure  éternellement  ftérile.  Les  Kompas  pro- 
curent aux  Iffinois  &  aux  Véteres  leurs  p  ncipales 
provifions  ,  &  reçoivent  en  échang;  des  armes  à  feu, 
des  pagnes  fk  du  fel,  dont  ils  font  entièrement  dépour- 
vus. C  eft  d'eux  encore  que  les  Iffinois  tirent  l'or  qu'ils 
emploient  au  commerce  ,  ck  que  les  Kompas  retirent 
d'une  autre  nation  ,  qui  habite  plus  loin  dans  les  ter- 
res. *  Voyage  du  B.  Loyer ,  dans  Le  royaume  d'I/fîni 
1701  ,    1701,    1703. 

KONGAL,  ou  Kongel,  petite  ville  de  Norwége; 
au  gouvernement  de  Bahus ,  fut  la  rivière  de  Gorhehba, 
au  couchant  de  Bahis.  Elle  étoit  autrefois  aux  Danois, 
qui  la  cédèrent  aux  Suédois,  en  1638,  par  le  traité  de 
Rofchild.   *  Baudrand ,   édit.  1705. 

KONIA  ,  nom  que  quelques-uns  donnent  a  l'ani 
cienne  Iconium.  Voyez  ces  mots  ck  Cogni. 

KONIECPOL,  ville  de  Pologne,  dans  la  baffe  Po- 
dolie,  fur  leBog,  à  vingt-quatre  lieues  au-deflbus  de 
Braclau. 

KONIGINGRETZ  ,  ville  de  Bohême.  Voyez 
Graiz  1. 

KONIGSAHL:  c*eft  la  même  chofe  qu'AuuCA; 
ancien  évêché  d'Allemagne  ,  transféré  à  HltDEZ- 
HEIM.  Voyez  ces  deux  titres. 

1.  KONIGSBERG,  petite  ville  de  Bohême,  avec 
un  joli  château ,  fur  une  montagne ,  au  bord  de  l'E- 
ger,  entre  la  ville  de  ce  nom  ckFalkenau,  à  deux  mil- 
les de  l'une  ck  de  l'autre.  Elle  a  appartenu  quelque  teins 
aux  feigneursde  Guttenftein,  ckenfuite,  vers  l'an  1741, 
à  Hierome  Schlickens,  *  Zeyler,  Bohem.Topogr./\37, 
Tome  III.     Qqqq 


674 


KON 


KON 


KONIGSBERG,  ville  de  la  Prufle  ducale,  ou, 
pour  parler  félon  l'ufage  préfent ,  capitale  du  royaume 
de  Prufle ,  fur  la  rivière  de  Prégel ,  au  54e  d.  42/  de  la- 
titude ,  &  au  39e  d.  10'  de  longitude.  Les  Polonois  la 
nomment  Kro'efski.  Elle  a  été  fondée  au  treizième 
fiécle  par  les  chevaliers  de  l'ordte  Teutonique  ;  &C  ils 
la  nommèrent  Konigsberg ,  en  l'honneur  de  Primiflas- 
Ottocare,  roi  de  Bohême  ,  en  reconnoiflance  du  fe- 
cours  qu'il  leur  avoit  amené  contre  les  habitans  de  ces 
quartiers,  qui  étoient  encore  payens. Son  étendue n'étoit 
pas  alors  fi  grande  qu'elle  eft  à  préfent,  puisqu'outre  les 
fauxbourgs,  qui  font  fort  grands,  on  y  ajouta,  en  1300, 
cette  partie  de  la  ville  nommée  Lebenicht,  &,  l'an  1380, 
celle  qui  eft  appellée  Kniphof.  Elles  ont  chacune  leur 
magiftrat  particulier  ,  tant  pour  la  police  que  pour  la 
juftice.  Le  palais  a  été  fini  par  George-lrédéric  de  Bran- 
debourg, duc  de  Prufle  ,  qui  le  fit  bâtir ,  fur  la  fin  du 
feiziéme  fiécle.  On  y  remarque,  entr  autres  chofes,  une 
fale  fans  piliers,  quoiqu'elle  ait  deux  cents  foixante  & 
quatorze  pieds  géométriques  de  longueur  ,  fur  cin- 
quante-neuf de  largeur,  &  une  fort  belle  bibliothèque, 
compolée  d'un  très-grand-nombre  de  volumes,  parmi 
lesquels,  dans  des  tablettes  pleines  délivres  garnis  d'ar- 
gent ,  fe  trouve  celui  qu'Albert  de  Brandebourg ,  pre- 
mier duc  de  Prufle,  a  fait  &  écrit  de  fa  main,  pour  l'ins- 
truction du  prince  fon  fils ,  &  pour  le  gouvernement  du 
pays  ,  après  fa  mort.  L'univerfité  de  Konigsberg  a^  été 
fondée  ,  (  en  1544,  )  par  le  même  pince  qui  tâcha 
de  rendre  cette  ville  l'une  des  plus  confidérables  de 
tout  le  nord.  La  rivière  de  Pregel ,  qui  a  fa  fource  dans 
la  Lituhanie  ,  &  qui  entre  dans  le  Frifchaf,  à^  une  lieue 
au-deflbus  de  la  ville,  contribue  beaucoup  à  en  faire 
fleurir  le  commerce;  aufli  eft-elle  tellement  peuplée, 
qu'il  fe  trouve  quelquefois  fept  à  huit  familles  en  une 
même  maifon.  Le  langage  ordinaire  eft  l'Allemand, 
•quoique  la  plupart  des  habitans  fâchent  aufli  le  P0I0-- 
nois  &  la  langue  que  l'on  parle  dans  la  Lithuanie  ,  & 
celle  de  Curlande.  On  leur  apporte  de  Lithuanie  &  de 
Pologne  du  bois  de  chêne  pour  la  menuiferie  &c  pour 
faire  des  douves ,  &  des  cendres  qui  fervent  à  faire  du 
favon  :  on  lenr  apporte  aufli  de  la  cire,  du  miel,  de  l'hy- 
dromel, des  cuirs,  des  fourrures ,  du  lin  &  du  chanvre . 
Les  Suédois,  les  Hollandois  &  les  Anglois  y  portent 
du  fer ,  du  plomb ,  de  l'étain  ,  des  draps  ,  du  vin ,  du 
fel ,  du  beurre  ,  du  fromage ,  &£  autres  denrées.  Cette 
ville  fut  fort  affligée  de  la  pefte,  en  1709,  qui  en  éclair- 
cit  fort  les  habitans.  *  OUarius,  Voyages,  /.  1. 

3.  KONIGSBERG,  ou  Konigsperg,  ville  d'Al- 
lemagne, au  cercle  de  Franconie,  auprès  de  Mainburg, 
à  deux  milles  de  Schweinfurth  :  elle  appartient  à  la  maifon 
de  Saxe-Weimar.  Quoiqu'elle  foit  placée  dans  le  cercle 
de  Franconie  ,  elle  n'en  eft  pas,  &  elle  dépend  du  cer- 
cle de  Saxe  ,  à  caufe  des  princes  qui  en  font  proprié- 
taires. Suantibor  III,  duc  de  Poméranie,  époufa  Anne 
de  Henneberg  ,  qui  lui  apporta  pour  dot  cette  ville. 
Quelques  années  après,ce  prince  la  trouvant  trop  éloignée 
de  fes  autres  domaines,  s'en  accommoda  avec  Balta- 
zar ,  landgrave  de  Thuringe ,  pour  une  fomme  d'argent. 
*  Zeykr,  Francon.  Topogr.  p.  19. 

4.  KONIGSBERG.  tleuzner,  dans  fon  Itinéraire 
d'Allemagne,  de  France,  d'Angleterre  &  d'Italie,  p.  4, 
dit  Kunsberg.  Nehelius ,  Exegef.  Lufacitz,  p.  283,  dit 
Konigsbruch.  Mercator  dit  Konigsberg ,  petite  ville  de 
la  haute  Luface,  aux  frontières  de  la  Mifnie. 

5.  KONIGSBERG,  ou  Kunsberg,  petite  ville  de 
Siléfie ,  dans  la  principauté  de  Troppau  ,  auprès  de  Bé- 
nischa-w  ,  Hiltfchin  ,  Wagftadt  &  Oftra.  *  Zeykr, 
Saxon,  fuper.  Topogr.  p.  110. 

6.  KONIGSBERG,  petite  ville  d'Allemagne,  au 
pays  de  Hefle  ,  à  un  mille  de  Giffen.  Le  landgrave 
Henri  l'acheta  en,  1356,  d'un  comte  de  Salms,  à  qui  elle 
appartenoit  alors ,  à  condition  néanmoins  que  le  comte 
la  garderoit  jusqu'à  fa  mort.  On  y  trouva,  vers  le  milieu 
du  fiécle  paffé,  quantité  de  médailles  Romaines,  parmi 
lesquelles  il  y  en  avoit  de  Jules  Céfar.  Aflez  près  de-Ià  eft 
la  fameufe  montagne  de  Dynsberg,  que  l'on  voit  de 
quinze  milles  aux  environs.   *  Zeykr  ,   Hafl".  Topogr. 

'7.  KONIGSBERG,  Konigsperg,  ouKinsperg, 
ville  d' Allemagne,  dans  l'éleftorat  de  Brandebourg ,  & 


dans  la  nouvelle  Marche,  à  la  diftance  d'un  demi-mille 
de  l'Oder  ,  fur  la  petite  rivière  de  Roriche,  entre  Gne- 
fenhagen  &c  Beerenvald ,  fur  la  route  de  Stettin  à  Cus- 
trin.  Cette  ville  eft  petite ,  &  aflez  mal  bâtie.  Elle  fi.it 
prife,  en  1630,  par  les  Suédois.  *  Zeykr ,  Brandenb. 
Topogr.  p.  67. 

Le  mot  Konig  fe  prononce  comme  s'il  étoit  éctit 
Kœn.G,  (k  lignifie  roi;  le  nom  de  Konigsberg  veut 
dire  montagne,  du  roi ,  &  répond  à  nos  mots  françpis 
Royaumont  &C  Mont-Royal,  en  latin  Mons-Regius ,  ou 
Regiomontum  ;  ce  dernier  nom,  quoique  très-barbare,  a 
été  préféré  par  quelques-uns  ;  &  parmi  les  mathéma- 
ticiens célèbres,  il  s'eft  trouvé  Jean  Muller,  favant  aftro- 
nome  ,  plus  connu  fous  le  nom  de  Regiomontanus 
que  fous  fon  propre  nom  :  nous  avons  fa  vie  écrite  par 
Gaflendi. 

1.  KONIGSBRUCK.   Voyez  Konigsberg  4. 

2.  KONIGSBRUCK,  Pons-Regis,zbbaye  de  France, 
en  Alface  ,  au  diocèiè  de  Strasbourg:  elle  fut  fondée 
en  1118,  dans  la  forêt  de  Haguenau.  Ce  font  des  filles 
de  l'ordre  de  Cîteaux.  Cette  abbaye  dépend  de  celle  de 
Lutzel. 

1.  KONIGS-BRUNN,  château  d'Allemagne ,  dans 
la  Suabe  :  il  appartient  à  la  maifon  de  Wurtemberg.  Le- 
comte  Ulric  l'acheta,  en  1450,  avec  Heydenheiiri  & 
vingt-cinq  villages ,  ÔC  quelques  châteaux ,  parmi  les- 
quels Konigsbrun  fe  trouva.  *  Zeykr,   Suev.  Topogr. 

'  ï.  KONIGS-BRUNN,  Regius-Fons  ;  abbaye  d'hom- 
mes ,  ordre  de  Cîteaux ,  dans  le  Wurtemberg ,  au  diocèfe 
d'Augsbourg ,  à  trois  lieues  de  Nortlingen  ,  &  à  huit  au 
nord-oueft  de  Dillingen ,  fur  la  rivière  de  Brentz.  Elle  a 
été  fécularifée  à  la  paix  de  Weftphalie,  en  faveur  des  ducs 
de  Wurtemberg.  Elle  fut  fondée,  en  1302,  par  l'em- 
pereur Albert  I,  &  l'impératrice  Elifabeth,  fa  femme. 

KONIGS-ECK,  félon  Baudrand ,  château ,  bourg  Se 
comté  d'Allemagne,  en  Suabe  ,  proche  de  la  rivière  de 
Sçhufs,  entre  les  villes  d'Uberlingen  &  de  Buchau  ,  à 
quatre  ou  cinq  lieues  de  l'une  &t  de  l'autre.  C'eft  le 
chef  d'un  comté  que  porte  une  famille  divifée  en  deux 
branches  diftinguées  par  les  noms  & Aukndorf  &  de 
Rottenfels. 

KONIGSÉE  ,  petite  ville  d'Allemagne ,  dans  la 
Saxe ,  en  Thuringe ,  au  comté  de  Schurtzburg ,  peu  loin 
du  château  de  ce  nom ,  fur  le  ruifleau  de  Rinne.  *  Zrikr, 
Saxon.  Topogr.  p.  109. 

KON1GSEIL,  Aula-Regia,  abbaye  d'hommes,  ordre 
de  Cîteaux ,  dans  le  royaume  de  Bohême  ,  au  cercle  de 
Bérau. 

1.  KONIGSFELD,  feigneurie  d'Allemagne,  dans  la 
haute  Saxe,  en  Misnie.  *  Zeikr,  Saxon,  Topogr.  p.  13. 

z.  KONIGSFELD,  ou  Kunigsfeld  ,  ou  Kungs- 
FELD  ,  c'eft-à-dire  k  champ  du  roi,  bailliage  de  Suifle  , 
dépendant  du  canton  de  Berne ,  &£  à  une  petite  demi- 
lieue  de  Brouck,  entre  cette  ville  &c  le  paflage  de  la 
rivière  de  Reufs.  C'étoit  autrefois  un  riche  monaftere , 
pofledé  par  des  religieux  de  S.  François ,  &  des  reli- 
gieufes  de  fainte  Claire ,  qui  demeuroient  enfemble  fous 
un  même  couvert,  mais  dans  des  appartemens  difFérens , 
comme  on  peut  juger.  L'empereur  Albert ,  fils  de  Ro- 
dolphe de  Habsbourg  ,  fut  aflafliné,  l'an  1 308,  par  for» 
neveu  Jean ,  duc  de  Souabe,  près  du  paflage  de  la  Reufs, 
&  alla  expirer  dans  la  campagne  voifine:  ce  fut,  dit-on, 
une  fille  de  joie  ,  qui  fuivoit  la  cour  ,  qui  le  recueillit 
dans  fon  fein ,  &  qui  lui  ferma  les  yeux.  Les  hiftoriens 
font  partagés  fur  le  lieu  où  cet  aflaflinat  fut  commis  ; 
mais  il  ne  faut  point  d'autre  preuve  que  le  monaftere 
de  Kunigsfelden ,  qui  fut  bâti,  pour  conferver  la  mé- 
moire de  ce  tragique  événement  ;  d'autant  plus  que  ce 
furent  Elifabeth,  veuve  d'Albert,  &c  Agnès  fa  fille, 
reine  de  Hongrie,  qui  fondèrent  ce  fuperbe  couvent: 
elles  mirent  l'autel  de  l'églife  à  l'endroit  où  le  défunt 
empereur  avoit  rendu  l'ame.  Au  milieu  de  l'églife  on  fit 
un  grand  caveau,  pour  fervir  de  tombeau,  &C  furie 
caveau  on  éleva  un  beau  maufol^e  carré  ,  long  de  neuf 
pieds  ,  large  de  trois  &  demi,  &c  haut  de  quatre,  fans 
les  ornemens  ,  tout  revêtu  de  marbre  noir  &  blanc. 
On  y  mit  aufli  une  inscription,  qui  contenoit  le  récit  de 
la  mort  tragique  de  l'empereur.  Dans  la  fuite  du  tems 
pluJieurs  princes  &  princeffes  voulurent  être  enfevelis 


KON 


KON 


dans  ce  lieu  ;  il  y  en  a;  jufqu'à  dix-fept ,  comme  dn  l'ap- 
prend d'un  tableau  qui  en  fait  l'énurnération.  On  y 
■voit,  entr'autres,  la  fépulture  &  les  écus  de  Léopold 
d'Autriche ,  troifiéme  de  ce  nom  ,  &  de  plufieurs  fei- 
gneurs  &  gentilshommes ,  qui  furent  tués  avec  lui  dans 
la  bataille  de  Sempach,  l'an  1386.  Le  duc  de  Rohan 
ayant  été  bleffé  à  la  bataille  de  Rheinfelden  l'an  1638 
vint  mourir  en  ce  lieu  ;  on  y  mit  fes  entrailles  ,  6c  fon 
corps  fut  porté  à  Genève.  On  a  trouvé  ici  quelques 
monumens  d'antiquité ,  comme  deux  urnes ,  &C  un  bel 
aqueduc,  qui  ctfnduifoit  l'eau  de  Brouk  à  Kunigsfeld. 
En  1513,  les  dames  de  cette  maifon  ayant  demandé  au 
confeil  de  Berne  la  permiffion  de  fortir  de  leur  clôture, 
en  1524,  on  accorda  la  liberté  à  celles  qui  voudraient 
fortir ,  ou  demeurer ,  de  le  faire.  Il  y  en  eut  quelques- 
unes  qui  fe  marièrent  ;  mais  le  couvent  fubfifta  jusqu'en 
1519  que  Catherine  Troukfes ,  née  baronne  de  Wald- 
bourg  ,  abbeffe  de  Kunigsfeld,  fommée  par  les  feigneurs 
de  Berne  de  fortir  de  fon  abbaye ,  avec  les  filles  qui  s'y 
trouvoient  de  refis ,  leur  obéi  ,  &:  remitt  cette  mai- 
fon entre  leur  mains ,  moyennant  une  penfion  viagère. 
Elle  fe  maria  quelque  tems  après,  avec  un  Zuricois  , 
nommé  Georges  Goeldin ,  chevalier  (  b  )•  Les  Bernois 
ont  fait  de  ee  couvent  un  bailliage ,  qui  eft  petit ,  mais 
riche,  &  célèbre  par  fes  antiquités.  *  (  a)  Etat  &  Dé- 
lices de  la.  Suijfe ,  t.  2 ,  p.  196.  (  b  )  Hijt.  de  la  Réjor- 
malion  de  la  Suiffe ,  t.  2  ,  1.  6  ,   p.  376. 

KONIGSHEID,  ou  Kunicsheid  ,  plaine  d'Al- 
lemagne, en  Franconie,  auprès  de  Goldcronach,  qui 
eft  un  bailliage  appartenant  aux  margraves  de  Culmbach. 
Une  tradition  confufe  rapporte  qu'un  roi  doit  y  avoir 
livré  une  bataille.  *  Zeyler,  Francon.  Topogr. />.  70. 

KONIGSHOFEN  ,  c'eft-à-dire  la  cour  du  roi ,  pe- 
tite ville  d'Allemagne  ,  en  Franconie  ,  dans  l'évêché  de 
Wurtzbourg.  Quoique  très-petite,  elle  eft  bien  fortifiée, 
&  eft  fituée  fur  les  frontières  de  Henneberg.  *  Hubner, 
Geogr.  p.  479. 

1.  KONIGSLUTTER  ,  abbaye  d'Allemagne,  au 
duché  de  Brunswig,  dans  le  pays  de  Wolfenbuttel.  Elle 
a  été  fondée  pour  des  religieufes  de  l'ordre  de  S.  Au- 
guftin.  Le  premier  fondateur  fut  le  célèbre  Bernard  de 
Haldenschleben  qui  la  commença;  mais  comme  il  mou- 
rut avant  que  d'avoir  pu  l'avancer  beaucoup ,  il  chargea 
fon  fils  Bernard  le  Jeune  de  continuer  cette  entreprife, 
on  ne  fait  pas  bien  en  quelle  année  ;  les  guerres  qui  fui- 
virent  ce  premier  établiffement  en  détruifirent  ,  ou 
du  moins  en  diffiperent  les  aftes.  De  ce  premier  éta- 
bliffement il  ne  refte  que  l'églife  qui  fe  fent  encore  de 
la  fimplicité  de  ce  tems-là.  Elle  prend  le  nom  de  Lut- 
ter, d'un  ruiffeau  nommé,  ainfî  qui  fort  de  l'Elme,  grande 
forêt,  pafïe  à  l'abbaye  &£  à  la  petite  ville  de  même  nom. 
Après  la  mort  des  deux  fondateurs ,  l'abbaye  fut  fous  la 
protection  de  Lothaire  de  Saxe,  qui  fut  enfuite  empereur, 
&  qui  étoit  un  de  leurs  defcendans  ;  car  dans  le  di- 
plôme de  fondation,  il  dit  expreffément  que  l'abbaye  de 
Lutter  avoit  été  fondée  par  fes  ancêtres.  Les  dames  qui  y 
vivoient  fe  relâchèrent  bientôt  de  leur  première  fer- 
veur ,  &  s'attirèrent  par  leur  conduite  la  haine  &  le 
mépris  du  peuple  &.  du  prince.  Lothaire  devenu  em- 
pereur ,  ne  fe  vit  pas  plutôt  débarraffé  des  guêtres  qu'il 
avoit  foutenues  contre  fes  compétiteurs  qu'il  marqua  à 
Dieu  fa  reconnoiffance  par  le  foin  qu'il  prit  de  faire 
fleurir  la  piété.  Il  bâtit,  ou  releva  divers  monafteres. 
Il  longea  alors  au  monaftére  de  Lutter;  il  fut  fcanda- 
lifé  des  abus  qui  y  régnoient ,  &  de  la  réfiftance  que 
faifoient  les  religieufes  indociles  qui  ne  vouloient  point 
entendre  parler  de  réforme.  Il  prit  là-deffus  le  confeil 
de  Rodolphe  ,  évêque  de  Halberftadt  :  pour  effacer  ce 
fcandale ,  on.ôta  toutes  ces  religieufes  de  Lutter  &  on 
les  transporta  dans  un  monaftére  de  leur  ordre,  nommé 
Drubeck,  dans  le  Hartz.  Après  leur  départ,  on  mit  quan- 
tité d'ouvriers  pour  bâtir  un  magnifique  monaftére  ; 
l'empereur  lui-même  mit  la  première  pierre,  avec  l'im- 
pératrice Richfen,  fa  femme  ;  &C  il  n'eut  point  de  re- 
pos que  l'églife  ,  le  cloître  ,  les  dortoirs  fk  les  autres 
lieux  réguliers  ne  fuffent  achevés  ;  &  quand  il  eut  fini 
tous  ces  édifices,  il  longea  à  y  mettre  des  perfonnes 
qui  réparaffent  par  leur  ferveur  les  défordres  de  celles 
qu'on  en  avoit  tirées..  *  Zeyler,  Brunsw.  Topogr./».  131. 

Dans  ce  tems-là  on  parloit  fort  avantageuïement  du 
monaftére  de  S,  Jean-Baptifte,  fitué  fur  une  montagne 


6js 


auprès  de  Magdebourg.  Il  étoit  de  l'ordre  de  S.  Benoît, 
&  avoit  eu  pour  fondateur  l'empereur  Otton  le  Grand  , 
qui  l'avoit  richement  doté.  Lothaire  démanda  à  l'abbé 
Annon  qui  gouvernoit  alors  ce  lieu,  avec  bien  de  l'édi- 
fication lèpt,  religieux  de  choeur  diftingués  par  leur  piété. 
L'un  d'entr'eux,  nommé  Everard,  fut  fait  abbé.  Cesfept 
vinrent  prendre  poffeffion,  dans  toutes  les  formes,  du 
nouveau  monaftére,  &C  des  revenus  que  l'empereur  avoit 
augmentés  ,  en  y  ajoutant  la  propriété  héréditaire  de 
la  petite  ville  de  Lutter ,  &  les  forêts  d'Elm  ,  de  Brock, 
Se  autres  biens  considérables.  Il  confirma  cette  dona- 
tion par  un  diplôme  daté  de  Newenbourg,  l'an  1 135,  le 
premier  d'Août.  Les  troubles  d'Italie  l'y  ayant  appelle, 
l'année  fuivante  il  envoya  des  reliques  très  précieufes  à 
l'abbaye  de  Lutter.  (  On  en  peut  voir  le  détail  dans 
Zeyler  à  l'endroit  cité.)  A  la  fin  de  11 37,  comme  il  re- 
venoit  dans  fa  patrie ,  il  mourut  au  village  de  Bredina, 
dans  les  montagnes  d'Italie,  le  3  Décembre.  Son  corps 
fut  porté  dans  l'abbaye  de  Konigslutter.  Cette  abbaye 
eft  aujourd'hui  un  monaftére  proteftant. 

2.  KONIGSLUTTER  ,  (  *  )  ville  d'Allemagne  , 
dans  le  pays  de  Brunswig-  Wolfenbuttel.  Elle  doit  fa 
naiffance  à  l'abbaye  ,  aux  environs  de  laquelle  fe  raf< 
femblerent  les  habitans  d'un  village  nommé  Schorftadt, 
dont  on  voit  encore  quelques  reftes ,  &  qui  fut  détruit 
dans  la  guerre  de  Mansfeld.  Elle  prend  fon  nom  de 
l'abbaye,  qui  tient  elle-même  le  lien  d'un  rideau, 
comme  nous  avons  dit  dans  l'article  précédent.  Ce 
ruiffeau  nommé  Lutter  ,  a  fa  fource  au-deffus  de  l'ab- 
baye ,  dans  une  roche  au  pied  de  la  montagne ,  &c  cette 
roche  s'appelie  Duckflein;  on  en  fait  d'excellente  bière 
que  l'on  nomme  par  cette  raifon  Duclflùn  ou  (b)  Tuchs- 
tein.  Le  nom  latin,  tant  de  la  ville  que  de  l'abbaye,  eft 
Lutera  regia.  Elle  n'eft  pas  éloignée  de  Helmftadt. 
*C)  ZeyAr,  Brunsv.  Topogr.  p.  136.  (b)  Hubner  y 
Géogr.  p.  517. 

KONIGSOR,  maifon  de  plaifance  du  roi  de  Suéde,' 
dans  le  Weftermanland  ,  à  un  mille  d'Arboga,  furie 
lacMéélar,  à  dix-huit  milles  de  Stokholm.  *  Hubner, 
Géogr.  p.  693. 

1.  KONIGSTEIN,  petite  ville  d'Allemagne,  dans 
le  Wefterwald.  *  Zeyler,  Haffis,&c.  Topogr.  p.  8. 

2.  KONIGSTEIN  ,  petite  ville  &  fortereffe  d'Alle- 
magne ,  dans  f électorat  de  Saxe ,  à  environ  deflx  mille; 
de  Pirn,  en  Misnie  fur  l'Elbe,  aux  frontières  de  Bo- 
hême. Cette  fortereffe  fut  bâtie  par  l'électeur  Augufte, 
fur  une  montagne  ;  &  Chriftian  I ,  fon  fils  &  fucceffeur 
à  l'éleftorat ,  en  perfectionna  les  fortifications;  de  forte 
qu'elle  paffe  pour  imprenable.  Il  n'y  a  qu'un  feul  en- 
droit par  où  elle  eft  acceffible  ,  &  elle  prend  fon  eau 
d'une  fource  très-profonde  ,  fur  la  montagne  ;  il  y  a 
des  terres  labourables  ;  de  manière  qu'elle  ne  peu!  être 
brusquée  ni  affamée.  La  ville  qui  eft  au  pied  de  la  mon- 
tagne ,   au  bord  de  l'Elbe  ,  eft  petite  Sk  peu  de  chofe. 

*  Zeyler,  Saxon.  Topogr.  p.  109. 

1.  KONIGSWARTH,  feigneurie  d'Allemagne,  dans 
la  haute  Luface  ;   elle  appartient  à  MM.  de  Schleunitz. 

*  Zeyler,  Saxon.  Topogr.  p.  IK. 

2.  KONIGSWARTH  ,  ou 
KONIGSWERTH,  monaftére  de  Bohême,  ordre 

de  Cîteaux,  au  cercle  d'Elnbogen ,  auprès  de  Konigs- 
berg.  Il  y  a  auffi  un  bourg  &  un  château  de  même  nom, 
qui,  en  1542,  appartenoit  àGaspar  Pflugen ,  félon  Brus- 
chius  qui  le  nomme  Konigswart.  C'eft  auffi  de  cette 
manière  que  les  modernes  l'ont  appelle.  *  Zeyler,  Auftrise 
Topogr./;.  38. 

KONIGSWISEN  ou  KuniGWISEN,  feigneurie  d'Al- 
lemagne ,  dans  la  haute  Autriche  ,  au  comté  de  Mach- 
land  ,  aux  environs  de  Freiftadt.  La  forêt  voifine  eu 
prend  le  nom  deKONlGSWiSEVALD.  *  Zeyler,  Bohem. 
Topogr.  p.  18  6-36. 

KONIN  ,  ville  de  Pologne ,  dans  le  palatinat  de  Ka- 
lisch,  fur  la  rive  méridionale  de  la  Warta,  à  huit  milles 
au  nord  deKalisch.  *  Guaguin.' Rer.  Polon.  t.  x,p,  31. 

KONITZ,  ville  de  Pologne,  dans  la  Pruffe  royale , 
fur  le  torrent  de  Broo  ,  près  du  défert  de  Waldow ,  aux 
frontières  de  la  Poméranie  ultérieure  ou  de  Brandebourg, 
à  huit  milles  Polonois  de  Culm,  au  couchant.  * Baudr. 

6  KONNI-TUNGUSES.  (les)  Voyez  Tunguses. 
KONOPISCHT,  château  de  Bohême,  dans  le  cercle 
%  Tome III,    Q  q  q  q  ij 


676  KOP 

de  Muldau,  auprès  de  Newyklau  &  de  Tloskov,  félon 
Zeyler.  *Bohem.  Topogr.  p.  38. 

KONRADICZ  ,  CuNRADlCZE ,  château  royal  de 
Bohême ,  à  un  mille  de  Prague.  On  le  nomme  auffi  le 
nouveau  château.  C'eft  où  mourut  l'empereur  Wenceflas, 
roi  de  Bohême  ,  le  16  Août  1419,  après  avoir  été  dé- 
trôné. 

KONTU  ,  royaume  d'Afrique ,  le  long  de  la  rivière 
de  Falemé,  au  nord  du  royaume  de  Kombrégudu,  à 
l'oueft  de  celui  de  Bâmbuk ,  au  midi  de  la  rivière  du 
Sénégal.  Il  a  pour  capitale  une  ville  appellée  Sambanura: 
nous  n'avons  connoiffance  de  ce  royaume,  que  depuis 
l'an  1716,  que  le  fîeur  Compagnon  eut  le  courage  d'y 
pénétrer  pour  découvrir  les  mines  d'or ,  qui  y  font  en 
grand  nombre ,  ainfi  que  dans  les  autres  pays  voifins  de 
celui  de  Bambuk.  *  Carte  du  cours  des  rivières  de  Fa- 
lemé &  Sénégal ,  levé  fur  les  lieux  ,  par  Compagnon. 

KOODSUKE,  province  du  Japon  ,  dans  Me  Ni- 
phon,  bornée  au  couchant ,  par  celle  de  Fida,  &  au  le- 
vant par  celle  de  Simoodfuke.  Elle  a  quatre  journées  de 
longueur  d'orient  en  occident.  C'eft  un  pays  chaud  tx 
qui  produit  quantité  de  mûriers. 

i.KOPERSBERG,  montagne  de  Suéde,  dans  la Da- 
lécarlie,  aux  confins  de  la  Geftricie.  Il  y  a  de  riches  mi- 
nes de  cuivre ,  d'où  lui  vient  fon  nom  qui  fignifie  mon- 
tagne de  cuivre  ;  le  nom  eft  commun  à  la  montagne  & 
à  une  ville  que  l'on  appelle  plus  particulièrement  Fah- 
lun,  Baudrand  met  cette  ville  dans  la  Geftricie ,  auprès 
du  lac  de  Ronn.  C'eft  une  erreur  ;  le  lac  de  Rund  &  la 
ville  font  de  la  Dalécarlie  ,  elle  en  eft  même  le  princi- 
pal lieu.    *  Mémoires  communiqués.  Voyez  FAHLUN. 

La  principale  mine  de  cuivre  eft  au  couchant ,  &  à 
environ  mille  pas  de  la  ville.  Avant  que  d'y  arriver,  il 
faut  traverser  des  monceaux  de  cuivre  brûlant,  nommés 
Rallroflar  par  les  Suédois ,  ôc  d'où  il  fort  une  vapeur 
de  foufre  capable  d'incommoder.  Olaus  Nauclerus  fait 
une  description  fort  détaillée  de  cette  mine  dans  fa  dif- 
fertation  de  Magnâfodinâ  Cuprimontand,  où  il  la  nomme 
la  huitième  merveille  du  monde.  Ce  livre  eft  rare,  &  en 
voici  un  extrait. 

On  voit  d'abord  fur  la  terre  diverses  ouvertures  ou  de 
mines  ou  de  puits,  (Jchachtet,)  avec  leurs  engins.  Il  y  a 
plufieurs  fortes  de  mines  ;  on  peut  les  divifer  par  rap- 
port à  leur  grandeur ,  là  plus  grande  ,  les  médiocres  &£ 
les  petites.  Celles-ci  font  au  nombre  de  dix ,  &  ont  les 
noms  de  ceux  qui  les  ont  trouvées  ou  que  le  hazard  leur 
a  fait  donner.  Il  y  a  donc , 

Les  mines  d' E rie-Matthias ,  &  de  Jean-Matthias  ; 

Au  couchant ,  les  deux  mines  des  Corneilles  ,  Krak- 
grufivorne; 

La  mine  des  Ours  ,  Biorngrufivan  ; 

Celle  des  fontaines,  Riallgrufwan ; 

Celle  de  Bonne-Espérance  ,  Forhoppning-Grufwan; 

Celle  de  l'Horloge,  Drapgrufivan; 

Celle  de  Jean-Eric; 
Et  ce  que  l'on  a  creufé  fous  le  pont  des  machines  hydrau- 
liques, Sanknigen  under  Konjlrbon  ,  auprès  de  la  mine 
de  Magnus  Nicolas. 

Quelques-unes  de  ces  mines  font  travaillées  ;  d'autres 
ont  été  abandonnées  par  les  travailleurs  fatigués  de  n'y 
rien  trouver,  &jfe  font  remplies  d'une  eau  teinte  de  vitriol. 

Il  y  en  a  fix  moyennes,  favoir  : 

SkiarsGRUFWAN  ,  vers  le  couchant  ;  elle  pafle  pour 
la  plus  ancienne  de  toutes  ;  il  n'y  a  personne  qui  fe  fou- 
vienne  d'y  avoir  vu  travailler.  Elle  eft  fort  profonde  & 
d'une  grande  étendue  fous  le  roc  ,  comme  on  l'a  appris 
de  quelques  ouvriers  qui  y  étoient  descendus.  Elle  eft 
prétèntement  pleine  d'eaux  que  foutiennent,  d'un  côté,  des 
digues  de  bois  ;  car  ce  lieu  étant  élevé,  on  en  fait  cou- 
ler auffi-bien  que  de  la  mine  nommée  Crondiiket,  par  de 
longs  tuyaux  de  bois  ajuftés  l'un  à  l'autre ,  &c  attachés 
par  des  bandes  de  fer  ,  une  grande  quantité  d'eau  que 
l'on  conduit  aux  grandes  mines ,  pour  faire  tourner  les 
roues  des  machines  qui  fervent  à  tirer  des  fouterreins  les 
métaux ,  les  pierres  &  les  terres  inutiles. 

Vers  le  midi  eft  la  mine  de  la  reine,  Drottning  Gruf- 
ivan ,  &  de  Magnus  Nicolas,  Man-Nils  Grafwan  ,  qui 
eft  fameufe  par  l'excellente  qualité  du  métal ,  qu'on  en 
tire.  Elle  a  été  long-tems  négligée  ;  mais  à  préfent  on 
y  travaille  avantageufement. 


KOP 


A  l'orient  eft  la  mine  de  S.  Jean,  S.  Iang  Gruswan  , 
&L  Mardskiu  Grufwan  ;  c'étoit  autrefois  une  mine  cie 
foufre ,  d'où  vient  qu'on  la  nomme  encore  Swaswd- 
gropen. 

Outre  ces  mines  ,  il  y  a  d'autres  ouvertures  ou  espè- 
ces de  puits  dont  l'entrée  eft  plus  étroite,  &qui  fervent 
la  plupart  à  tirer  la  matière  ;  pour  cet  effet  on  a  com- 
mencé à  creufer  fur  la  fuperficie  de  la  terre ,  en  perçant 
la  roche  aux  dépens  du  public.  Les  Suédois  les  nomment 
Schachtet.  Il  y  en  a  dix  grandes  &  royales.  Elles  ont  pris 
leurs  noms  ou  des  rois ,  ou  des  personnes  illuftres  qui 
préfidoient  au  collège  métallique  ,  en  mémoire  des  foins 
qu'ils  fe  font  donnés  pour  les  procurer  ,  favoir  ; 

Au  couchant  Krakeschachter,  le  puits  de  la  reine  Ulri- 
que.  II  a  40S  pieds  de  profondeur. 

Celui  du  roi  Charles  XII  en  a  444. 

Celui  du  roi  Guftave ,  en  a  413. 

Celui  de  la  régence  en,  1661,  en  a  voit  540;  en  1675, 
il  étoit  rempli  de  décombres,  &  n'en  avoit  plus  que  330  ; 
on  l'a  nettoyé  &  fa  profondeur  eft  préfentement  de  567. 

Celui  du  roi  Charles  XI  en  a  569. 

Les  deux  de  Flemming,  l'un  ,  favoir  le  royal,  auquel 
on  travailloit  encore,  il  y  a  peu  d'années,  &  qui  avoit 
déjà  180  pieds  de  profondeur.  L'autre  fecreufe  aux  frais 
des  intéreffés  ,  au  profit  des  travaux  métalliques  ;  on 
nomme  ce  dernier  Mans-lsils-Grufwas-Schacht. 

Celui  de  Vrede  a  466  pieds  ; 

Celui  de  Mardskins  ,  168  ; 

Celui  de  la  Croix,  z6j. 

Ces  puits  font  obscurs  tk  pleins  de  vapeurs  ;  tout 
homme  ,  qui  n'y  eft  pas  accoutumé  ,  n'y  faùroit  entrer 
fans  que  la  tête  &  les  yeux  lui  tournent.  Au  bord  de  ces 
puits  il  y  a  des  engins  que  deux  ,  trois  ou  quatre  che- 
vaux font  tourner  ,  &  qui,  par  le  moyen  des  cables  de 
chanvre  ou  de  cuir,  élèvent  dans  des  corbeilles  ou  dans 
des  tonneaux  la  matière  que  l'on  tire  de  la  mine. 

Outre  ces  engins,  il  y  a  d'autres  machines  nommées 
opfordringswark  que  l'eau  fait  tourner  :  les  Suédois  les 
appellent  Jpeel  &  fpeelhuus  ;  ce  font  de  grands  refer- 
voirs  d'eau  fur  la  terre  :  ils  font  bâtis,  de  bois  ;  ils  raf- 
femblent  l'eau  qui  tombe  des  hauteurs  voifines ,  &  qui, 
par  des  tuyaux  coule  fur  des  roues  d'environ  cent  pieds 
de  circonférence ,  fuj;  l'aiffieu  desquelles  fe  roulent  des 
cordes  à  préfent  de  cuir;  c'étoient  autrefois  des  chaînes 
de  fer.  Ces  roues  élèvent  les  métaux  ,  la  terre  ck  les 
pierres  des  mines  dans  des  corbeilles ,  des  caiffes  ou  des 
coffres.  Auprès  de  chacune  de  ces  machines  il  y  a  deux 
logemens,  l'un  pour  celui  qui  la  gouverne  fveeliyrarens, 
&  l'autre  pour  l'écrivain  qui  tient  compte  des  corbeilles 
que  l'on  tire.  Ces  machines  font  très-ingénieufes.  On  en 
a  l'obligation  à  Chriftophe  Polhammsers,  grand  mécha- 
nicien.  Celles  qui  fervent  à  faire  écouler  les  eaux  dont 
les  mines  fe  rempliraient,  font  auffi  très-belles.  Avant 
que  l'on  eût  i'ufage  des  pompes ,  on  emportoit  l'eau  dans 
des  facs  de  cuir  ;  ce  qui  demandoit  un  tems  ck  des  pei- 
nes incroyables.  A  préfent  il  y  a  telle  mine  d'où  l'on 
fait  remonter  l'eau  par  le  moyen  de  dix-huit  ou  vingt 
pompes. 

Sur  la  terre  il  y  a  des  bâtimens  qui  forment  une  es- 
pèce de  bourg  ;  dans  les  uns  on  garde  les  métaux  jus- 
qu'à ce  que  l'on  puiflè  les  transporter  aux  forges  où  on 
les  prépare.  Il  yi  a  une  affez  belle  chapelle  ,  où,  tous  les 
jours,  à  neuf  heures  du  matin  on  fait  la  prière  publique. 
Lefénat,  la  cour  de  juftice  ,  la  chambre  des  comptes 
ont  leurs  appartenons  dans  la  maifon  où  eft  la  chapelle. 
On  trouve  jusqu'à  un  hôpital ,  une  prifon  ,  des  charpen- 
tiers &  des  forgerons  pour  les  outils  néceffaires  aux  ou- 
vriers. 

Ces  mines  apportent  un  revenu  confidérable  au  royaume 
de  Suéde. 

2.  KOPERSBERG  ou  Fahlvn  ,  petite  ville  de 
Suéde  ,  auprès  des  mines  dont  elle  prend  fon  premier 
nom.  Voyez  l'article  précédent. 

KOPING  ;  ce  nom  veut  dire  marché  &  entre  dans 
la  terminaifon  de  plufieurs  noms  de  villes  ou  de  bourgs 
en  Suéde.  Tels  font  Falkoping ,  Ionekoping ,  Lidkoping, 
Lindkoping,  Nordkoping ,  Nykoping ,  Surderkoping. 

KOPING  ,  ville  de  Suéde,  dans  le  Weftmanland  , 
au  nord  du  lac  deMaler,  au  couchant  de  Wefteraas,  & 
au  fud-oueft  de  Kongsor ,  maifon  royale.  *  Robert  de 
Vaugondy ,  Atlas, 


KOR  . 


KOU 


KOPPAN,  petite  ville  de  la  baffe  Hongrie,  au  comté 
de  Zigetn,  a  neuf  lieues  d'Albe  royale,  du  côté  du  midi. 

KOPPEL  ,  village  de  la  baffe  Hongrie ,  fur  le  Danube, 
près  de  la  ville  de  Bude.  Sim  1er  croit  que  c'eft  la  Cam- 
pana  de  la  baffe  Pannonie ,  dont  il  eft  parlé  dans  l'Iti- 
néraire d'Antonin. 

KOPPENHAGUE.  Voyez  Coppenhague. 

KOPYS ,  petite  ville  de  Lithuanie  ,  au  palatinat  de 
Msciflaw,  fur  la  rive  droite  du  Dnieper.  Cette  ville  eft 
bâtie  de  bois ,  fortifiée  de  murailles  de  bois,  de  tours  ck 
d'un  château  de  bois ,  qui  eft  au  milieu  d'une  haute  col- 
line ;  elle  eft  à  quinze  mille  pas  d'Orffa  ;  elle  appartient 
à  la  maifon  de  Radzivil. 

KOREISI ,  peuple  d'Afie  ,  dans  IaTartarie,  auxfron* 
tieres  de  la  Sibérie  ck  de  la  Chine.  Il  y  a  apparence,  dit 
Isbrand  Ides,  Voyage  de  la  Chine ,  c.  29,  qu'ils  font 
originaires  de  CoÉLA,  qui  n'eft  pas  fort  éloigné  6k  où 
l'on  peut  fe  rendre  en  fort  peu  de  jours,  avec  un  vent 
favorable.  On  dit  qu'ils  vinrent  d'abord  habiter  fur  les 
bords  de  l'Amur  ,  ck  qu'ils  fe  font  étendus  plus  avant 
dans  la  fuite.  Ceux  qui  demeurent  fur  les  côtes  de  la 
mer,  vivent  de  la  pêche;  ck  ceux  qui  font  plus  avant 
dans  le  pays  ,  vivent  de  la  ebaffe ,  dont  ils  s'enrichif- 
fent ,  parce  qu'on  y  trouve  les  plus  belles  pelleteries  du 
monde.  Ce  pays  eft  du  reffort  du  gouverneur  de  Ja- 
kutzkoi ,  qui  fait  tenir  bonne  garde  dans  les  bois  ,  pour 
empêcher  les  Chinois  d'y  prendre  des  martres  zibelines. 

KORNBOURG,  bourg  d'Allemagne,  enStyne,  fin- 
ie Raab,  à  trois  milles  d'Allemagne,  des  frontières  de 
la  baffe  Hongrie,  au  couchant,  en  allant  vers  Gratz  , 
dont  elle  eft  â  fix  milles  ck  à  deux  de  Rackelsbourg,  vers 
le  nord.  Voyez  Carrodunum  3.  *Baudr.  éd.  170^. 

KORNEWBOURG,  petite  ville  d'Allemagne,  dans 
la  baffe  Autriche  ,  fur  la  rive  gauche  du  Danube,  à  deux 
milles  d'Allemagne ,  au-deffus  de  Vienne  au  couchant. 
Torftenffon,  général  Suédois, la  fortifia  en  1645.  *Bau- 
drand,  édit.    1705. 

KORNIK  ou  Swornick,  bourg  de  Bosnie  ;  ilétoit 
autrefois  confidérable ,   &  avoir  fîx  mosquées. 

KOROM ,  bourg  de  la  baffe  Hongrie ,  fur  le  Danube, 
vis-à-yis  de  l'embouchure  de  la  Teiffe  ;  quelques-uns  le 
prennent  pour  la  CoRNACUM  de  Ptolomée.  *  Baudr. 
édit.  1701;. 

KORSOÉ,  ouKorsor,  ou  Corseur,  petite  ville 
&  fortereffe  du  Danemarck ,  fur  la  côte  occidentale  de 
l'ifle  de  Séelande,  fur  le  grand  Belt,  vis-à-vis  de  l'ifle 
de  Funen  &  de  la  ville  de  Nybourg,  à  quatorze  lieues 
de  Coppenhague,  au  couchant!  C'eft  de  fon  port  que 
l'on  fait  d'ordinaire  le  trajet  de  l'ifle  de  Funen.  Char- 
les-Guftave,y  aborda  en  1658,  lorsqu'il  alla  affiéger  Fré- 
déric III,  roi  de  Danemarck,  dans  fa  capitale.  *  Baudr. 
édit.   i-jo^. 

KORSUM,  petite  place  de  Pologne,  enWolhinie, 
6c  au  palatinat  de  Kiovie ,  fur  la  rivière  de  Roff.  Elle 
fiât  bâtie  par  le  roi  Etienne  Battori,  en  1581.  Les  Polo- 
nois  y  furent  défaits ,  en  1648  ,  par  les  Cofaques ,  félon 
Baudrand  ,  édit.  1705  ;  elle  eft  préfentement  aux  Mosco- 
vites. Il  devoit  dire  qu'elle  eft  de  l'Ukraine  Polonoife  ; 
ck  non  pas  de  la  Wolhinie.  Elle  eft  au  couchant ,  à  neuf 
milles  Polonois  de  Czircaffi,  &  à  cinq  du  Niéper. 

KORTELIN,  (le)  pays  fi  tué  dans  le  Petchéli,  pro- 
che la  grande  muraille  de  la  Chine.  Il  eft  divifé  en 
deux  cantons  qui  font  Turdéda-Chaley  ou  Dgélaïr.  Ce 
pays  n'eft  que  des  plaines  ftériles.  Les  habitans,  au  lieu 
de  bois ,  brûlent  de  la  fiente  de  vache  Se  de  cheval.  Ils 
n'ont  de  l'eau  que  par  le  moyen  de  puits  très-profonds, 
qu'ils  creufent  en  terre.  Il  y  a  cependant  une  rivière 
dans  le  canton  de  Turbéda  ôk  dans  celui  de  Dgélaïr.  Ce 
pays  ,  du  nord  au  fud, comprend  environ  quatre  degrés, 
ck  s'étend  fix  lieues  au  nord  du  Haïtahan  ;  mais  il  n'a  pas 
plus  de  3  d.  25'  de  l'eft  à  l'oueft.  *  Hijl.  générale  des 
Huns ,  par  M.  de  Guignes ,  t.  4,  p.  236. 

KORTY,  groffe  bourgade  d'Afrique ,  au  royaume  de 
Sennar ,  fur  le  bord  du  Nil.  C'eft-là  que  les  caravanes 
quittent  ce  fleuve  pour  prendre  entre  l'oueft  &  le  midi , 
&  entrer  clans  le  défert  de  Bihouda  ,  afin  d'éviter  les 
voleurs  qui  font  le  long  de  Nil  ,  au-deffus  de  Korty. 
*Poncet ,  Voyage  d'Ethiopie. 

KOSEL,  Kossel,  Cossla  ou  Cosla  ,  petite 
ville  de  Siléfie  ,  au  duché  d'Oppelen  ,  près  de  l'Oder  , 
entre  le  petit  Glogau  ck  Beuthen  ,    en  approchant  de 


677 

Leschnitz,  de  Sosnicowitz  ck  de  Roffental,  vers  la  Po-1 
logne.  Cette  ville  eft  forte  ck  accompagnée  d'un  châ- 
teau.   *  Zeykr,  Silef.  Topogr. 

KOSLOF  ou  Koslov,  ville  de  la  Crimée,  avec  un 
bon  port  fur  la  mer  Noire.  Cette  ville  riche  ck  mar- 
chande ,  eft  fortifiée  par  une  bonne  muraille  ck  par  des 
tours.  Elle  eft  peuplée  de  Turcs,  de  Tartares  qui  y  ont  des 
mosquées.  Les  Juifs  y  ont  une  fynagogue.  Les  Ruffiens 
pillèrent  cette  ville  en  1736. 

KOSSIR,  COiSIR  ou  CHOSAÏR,  Bérénice  ;  ville 
d'Afrique,  fur  la  côte  occidentale  de  la  mer  Rouge,  & 
la  plus  méridionale  de  l'Egypte ,  à  cent  trente-fix  lieues 
au  nord  de  Suaquem  ,  latitude  26  d.  15'. 

Cette  ville,  qui  eft  l'ancienne  Bérénice,  étoit  autrefois 
fituée  deux  lieues  plus  loin  fur  la  côte  ;  mais  faute  d'un 
port  capable  de  recevoir  le  grand  nombre  de  vaiffeaux 
qui  y  arrivoient,  on  lui  a  fait  changer  de  fituation.  On 
voit  encore  quelques  reftes  de  l'ancienne  ville,  qui  por- 
tent le  nom  de  vieux  KoJJir.  La  nouvelle  eft  fort  petite. 
Les  maifons  font  bâties  de  cailloux  ck  d'argille,  ou  fim- 
plement  de  terre,  ck  couvertes  de  nattes,  pour  fe  ga- 
rantir du  foleil ,  plutôt  que  de  la  pluie  qui  tombe  rare- 
ment. Leport  eft  fpacieux  ;  mais  il  eft  incommodé  par 
k  vent  d'eft.  Les  vaiffeaux  y  font  à  l'ancre,  entre  la 
côte  ck  quelques  petits  bancs  de  fable  ,  contre  lesquels 
la  mer  fe  brife.  On  a  creufé,  près  de  la  ville,  trois  puits 
qui  fourniffent  de  l'eau  aux  habitans  ;  mais  elle  eft  très- 
mauvaife.  Il  ne  croît  ni  fur  la  côte  ,  ni  dans  la  plaine, 
ni  (ur  les  montagnes,  aucune  forte  d'herbes,  de  plantes  , 
d'arbres  ck  de  buiffons.  Le  fonds  du  terrein  entre  les 
montagnes  6k  la  ville.,  n'eft  que  du  fable  mêlé  de  gra- 
vier.   On  compte   de   Koflîr   au  Nil  quatre  journées. 

*  Journal  de  Caftro  ,  Portugais. 

KOSTROMA,  ville  de  l'empire  Ruflîen  ,  dans  le 
duché  de  Susdal ,  fur  la  rive  gauche  du  Volga ,  au- 
deftous  de  Romanow." 

KOTEN  ,  bourg  d'Allemagne  ,  au  cercle  de  haute 
Saxe,  dans  la  principauté  d'Anhalt,  fur  une  petite  ri- 
vière ,  à  quatre  lieues  de  Deffau  ck  de  Bernbourg.  * Bau- 
drand, édit.  1705. 

KOTNAR  ou  Kotinara,  bourgade  de  la  Mol- 
davie ,  au  nord  de  Soczova  ,  fur  la  petite  rivière  de 
Scifia  ,  qui  fe  rend  dans  le  Pruth.  Ce  lieu  eft  fameux 
par  les  bons  vins   que  produit  fon  terroir. 

KOTO,  royaume  d'Afrique,  dans  la  Guinée,  fur  la 
côte  des  Esclaves.  Il  s'étend  l'espace  de  feize  lieues,  le 
long  de  la  côte  ,  depuis  la  rivière  de  Volta  ,  qui  eft  à 
l'oueft,  jusqu'au  cap  de  Monte,  qui  eft  à  l'eft,  où  il  eft 
borné  par  le  royaume  de  Popo.  Le  terroir  de  ce  can- 
ton eft  fablonneux  ck  ftérile,  ne  produifant  que  des  pal- 
miers ck  des  cocotiers  fauvages.  L'ufage  des  habitans  eft 
de  voler  des  esclaves  dans  les  pays  intérieurs  ;  ils  les 
vendent  aux  Portugais,  qui  fréquentent  beaucoup  cette 
côte.  La  capitale  de  cet  état  s'appelle  Koto  ou  Kerku. 

*  Desmarchais ,  t.  2  ,  p.  4. 

KOTRIS  ,  lac  ck  torrent  de  l'empire  Ruffien ,  dans 
le  duché  de  Roftow.  Le  lac ,  qui  eft  près  de  la  ville  de 
Roftov,  eft  formé  par  le  torrent,  lequel  le  rend  dans  le 
Wolga  près  de  Jaroflow. 

KOUCO  ,  ville  d'Afrique,  dans  la  haute  Guinée, 
entre  les  rivières  de  Sierra-Leone  ck  deScherbro,  fur 
celle  de  Gamboas,  à  quinze  lieues  de  fon  embouchure, 
fur  la  droite.  Les  chaloupes  remontent  jusqu'à  cette 
ville.  *  Côte  de  Guinée  ,  par  Bellin. 

KOUCHT,  ville  de  Perse,  dont  le  terroir  porte  d'ex- 
cellent bled  ck  de  très-bons  fruits.  Elle  eft  à  83  d.  40' 
de  longitude,  &  à  33  d.  20'  de  latitude.  *Tavernier, 
Voyage  de  Perse  ,  /.  3  ,  c.  dern. 

KÔUH  DE  Mavend,  ville  de  Perse,  à  74  d.  15' 
de  longitude,  ck  à  36  d.  1  ^'  de  latitude.  C'etoit  ancien- 
nement une  des  plus  grandes  villes  de  tout  le  pays.  Elle 
eft  préfentement  fort  petite.  *  Tavernier ,  Voyage  de 
de  Perse  ,  /.  3  ,  c.  dern. 

KOURS ,  ville  d'Afie  ,  fur  la  route  de  Van  à  Tauris , 
du  tems  de  Tavernier ,  Voyage  de  Perse ,  1.  3  ,  c.  3.  Elle 
appartenoit  à  uil  Bey,  tributaire  du  roi  de. Perse,  ck  qui 
demeurait  dans  un  ancien  château ,  éloigné  de-là  d'une 
demi-lieue. 

KOUSSAN.  petite  ville  de  l'Iraque-Arabe ,  à  deux 
lieues  de  Baydat.  Elle  a  cent  villages  dans  fon  diftricL 
*  Manuscrits  de  la  BihU  du  roi. 


678 


KRE 


.  KRU 


KOUSSOUICH  ,  bourg  du  Khoraffan ,  au  feptentrion 
&  à  l'occident  de  Foucherdge  ;  l'on  y  voit  encore  quatre 
vieilles  murailles,  qui  font  les  relies  d'une  fortereffe.  *  Ma- 
nuscrits de  la  Bibl.  du  roi. 

KOW  ,  baie  de  Kow ,  dans  la  Jamaïque.  Voyez 
Ouatirou. 


KREMNITZ.  Voyez  Cremnitz. 

KREMPE  ,  ville  d'Allemagne  ,  dans  le  Holftein. 
Voyez  Crempen. 

i.  KREMS  ou  Krembs  ,  petite  ville  d'Allemagne  , 
dans  là  bafle  Autriche  ,  fur  la  rivière  gauche  du  Da- 
nube, à  deux  milles  d'Allemagne,  au-deffous  de  Mé- 
dont  elle  eft 


KOWER,  ville  d'Afrique  ,  dans  le  royaume  de  Bur-  leck  (Mcelch)  ,  en  descendant  à  Vienne  . 
fali  ,  au  nord  de  la  Gâmbra  ,  à  trois  milles  de  Joar,  à  douze  milles ,  félon  Baudrand. 
dont  elle  eft  féparée  par  une  jolie  plaine.  Elle  eft  divifée  *•  KREMS  ou  Krembs-  Munster  ,  bourg  &  ab- 
en  trois  parties ,  &C  toutes  trois  lituées  au  pied  de  plu-  baye  d'Allemagne ,  dans  la  haute  Autriche  ,  lur  une  pe- 
fieurs  collines.  La  première  &C  la  dernière  font  habitées  tue  rivière  nommée  Krembs.  Taffillon  ,  duc  de  Bavière, 
par  des  Mahométans  ,  &  l'autre  par  des  Jalofs  ;  cha-  fonda  cette  abbaye,  fous  1  empire  de  Charlemagne,  après 
cune  n'a  pas  moins  d'un  mille  de  tour.  C'eft  la  princi-  que  Ion  fils  aîné  Gonthier ,  eue  été  déchiré  par  un  fan- 
pale  ville  de  la  Gambra,  &  la  plus  célèbre  pour  le  corn-  gher.  Le  pape  Adrien  y  donna  quelques  reliques,  entre 
rnerce  On  y  fait  de  très-bonnes  étoffes  de  coton,  autres  ,  le  corps  de  S.  Agapit ,  de  Prénefte ,  martyr.  En 
*  Voyage  deMoore.  Carte  de  la  Gambra,  par  Leach,  1731.  1626  ,  les  paysans  du  haut  de  l'Ens  pillèrent  ce  monaf- 

KOWNO     ville  de  Pologne  ,  en  Lithuanie,  au  pa-  ïere.  Le  château  de  Krembjegg,  qui  appartient  aux  fei- 

latinat  de  Troki,  aux  confins  de  la  Samogitie ,  à  l'em-  gneurs  de  Grunthal,  n'eft  pas  loin  de-la.  *  Marc.  Velfèr. 

bouchure  de  la  Villa,  dans  le  Niémen  ,  à  huit  milles  Polo-  ■  5  Rer.  Boicar.  p.  321.  Hundius ,  t.  1.  Metrop.  Sahs- 

burg./o/.  293  ;  OiAndr.  Brunnern ,  part.  1  Annal.  Boï- 


nois  de  Troki ,  &C  à  treize  de  Vilna.  *  Baudr.  édit.  1705. 

KOY  ,  ville  de  Perse  ,  à  60  d.  40'  de  longitude  ,  & 
à  37  d.  40'  de  latitude ,  félon  Tavernier  ,  Voyage  de 
Perle  ,  1.  3  ,  c.  dern. 

KRAIBOURG,  bourgade  d'Allemagne  ,en  Bavière, 
fur  l'Inn  ,  à  fix  lieues  de  Burckhaufen ,  du  côté  de  l'oc- 
cident. Quelques-uns  la  prennent  pour  Carrodtjnum. 
Voyez  ce  mot,  n°.  2.  .  ■ 

KRAIN  ,  nom  Allemand  de  la  Carniole.  Voyez 


cor.  1.  <j,  p.  715. 

KREMSIR ,  château  d'Allemagne ,  dans  la  Moravie  , 
fur  la  Morava  :  l'évêque  d'Olmûtz  y  fait  fa  réfidence 
ordinaire. 

KREMSTEIN  ou  Krembstein  ,  place  de  Bohème, 
en  Moravie.  * Zeyler ,  Bohem.  ïopogr.  p.  107. 

KREUTZBOURG,  en  Silène.  Voyez  Creutzberg. 

KRItZEUiSA,  bourgade  de  Ruine ,  à  deux  lieues 
de  la  ville  de  Novogorod.  Elle  eft  remarquable  par  un 
fort  beau  couvent  qui  n'en  eft  éloigné  que  de  iix  cens  pas. 


KRAIOWICZE'   ville  de  Pologne ,  dans  le  palatinat     Quelques-uns  le  nomment  Nachatim  ,  &  on  l'appelle  le 
de  Cujavie,  près   d'e  Radzieiow.'  Ce  fut  dans  ce  lieu     pjus  communément  Knfieuija-Chutma-Spafof  - Mona- 


i  1  app> 

M'iîladmw'l^krtek',  roi  de  Pologne,  eut  une  entrevue  >>•  Ce  monaftere  eft  bien  bâti,  &  encore  mieux  fitué; 

avec  le  grand-maître  de  l'ordre  Teutonique,  au  fujet  de  i'  a  un  abbe  &  foixante  moines  ,  &  quatre  cents  payfans 

la  ville  de  Dantzick,  dont  cet  ordre  s'étoit  emparé,  rk  qui  cultivent  les  terres  qui  en  dépendent.  Dutems  d'O- 

qu'il  ne    vouloir  plus   rendre   à   fon   véritable   maître,  léarïus ,  Voyage  de  Mojcovie  &  de  Perse,  1.  1 ,  il  entrete- 

*  Joan  Dlwofflttiû.  Polonica,  p.  917.  noit  cent  hommes  de  la  garnifon  de  Novogorod  ,  au 
KRAIS    Voyez  KREIS.  lervice  du  Czar. 

KRANOSTAU.  Voyez  Cranostav.  KRIIZOW  ,  petite  ville  de  Lithuanie ,  dans  le  pala- 

KRANOWIT  Z  ,  petite  ville  de  la  haute  Siléfie  ,  dans  tinat  de  Mczilaw ,  fur  le  Lotz  :  c'étoit  la  patrie  d'Escu- 

la  principauté  de  Troppau,  entre  Ratibor  &  Troppau.  lape;  on  la  nomme  Stanchio  ;  aujourd'hui  fa  ville  capi- 

*  Zeyler    Silef.  Topogr.  p.  155.  taie  porte  le  même  nom  ;  elle  eft  épiscopale  &  défendue 
KRAPPITZ  ,  petite  ville  de  Siléfie ,  fur  l'Oder  ,  à  la  par  une  bonne  fortereffe.  Pline  dit ,  que  cette  îfle  a  porté 

ionftion  de  la  rivière  de  Breunick  ,  au  duché  d'Oppelen ,     le  riorh  de  Merope ,  Meropis  &  Nymphée ,  &  qu'elle  a  en- 
en  tirant  vers  la  ville  de  ce  nom ,  &  vers  Falkenberg.     viron  cent  mille  pas  de  circuit ,  qu'elle  n  eft  éloignée  de 

*  Zeyler,  Silef.  Topogr.  p.  156.  la  côte  d'Afie,  que    de  quinze  milles.  Strabon  dit  que 

KRASNOBROD  ,  village  de  Pologne ,  dans  le  païa-  fa  capitale  fe  nommoit  Afiypalee ,  &  enfuite  Cos.  Thé- 
tinat  de  Lublin.  Il  eft  fitué  en  un  espace  découvert  au  venot  &  plufieurs  voyageurs  parlent  d'un  arbre  qu'il 
milieu  d'une  forêt ,  à  trois  lieues  de  Chebrechin  ,  &  re-  y  a  dans  cette  ville ,  dont  les  branches  font  d'une  fi 
nommé  par  le  combat  que  Jean  Sobieski ,  alors  grand-     grande  étendue,  que  deux  milles  perlonnes  y   peuvent 

être  à  l'ombre.  Voyez  COS. 

KRIKÉ,  province  d'Afrique.  Elle  confine,  du  côté  du 
couchant,  à  celle  de  Moco.  On  y  entre  en  remontant 
de  Rio-real ,  à  vingt  milles  ou  environ  de  la  côte.  *  De 
la  Croix  ,  Relat.  de  l'Afrique,  t.  3. 

KRIKS  (les)  nation  fauvage  de  l'Amérique  fepten- 
trionale  ,  au  nord  de  la  Nouvelle  France.  Voyez  KiLiS- 

TINONS. 

KRIMENDA.  Voyez  Crim. 
KRIMSKI.  Voyez  Crimée. 
KRINOCK  ,  bourg  d'Ecoffe  ,  fur  un  petit  golfe  de 


maréchal' ,  &  depuis  roi  de  Pologne  ,  y  donna  aux  Tar- 
tares,  dans  les  bois  des' environs ,  deux  ou  trois  ans  avant 
fon  élection.  Il  les  mena  battant,  au  travers  de  ces  forêts, 
jufqu'à  à  Komarnouf ,  où  ils  crurent  être  à  couvert  de 
l'étan"  de  cette  ville  ,  qui  paroît  un  lac  &£  un  bras  de 
mer,°plu,ot-  qu'un  étang;  mais  Sobieski  les  y  alla  cher- 
cher', traverfa  cette  pièce  d'eau ,  fous  la  conduite  d'un 
guide  qui  lui  en  montra  l'endroit  guéable,  &  les  pouffa 
au-delà  du  Nieller.  C'étoit  dans  le  tems  que  le  roi  Michel 
l'avoit  proferit ,  &  qu'il  avoit  convoqué  contre  lui  Par- 
riere-ban  ,  qui  le  trouva  de  quatre-vingt  mille  chevaux^ 


■nforte  qu'il  l'avoit   enfermé  entre  ce  corps  de  nobleffe  même  nom  ,  dans  la  partie  occidentale.  C'eft  le  paffage  de 

&  les  Tartares  ;  mais  une  fi  périlleufe  fuuation  ne  l'é-  la  pofte   &  du  pakebot  de  ce  royaume  ,  en  Irlande.  Son 

tonna  pas    II  chargea  les  Tartares  qu'il  avoit  en  tête;  &  port  eft  bon;  il  eft  à  l'abri  des  montagnes  qui  l'envirow- 

après  s'en'  être  débarraffé  en  trois  batailles  fanslantes ,  il  nent,  &  d'un  grand  mole,  le  long  duquel  les  barques  &  les 

tourna  contre  le  roi  Michel  &  contre  fon  arriere-ban ,  vaiffeaux  fe  rangent  pour  fe  charger  &  fe  décharger  plus 

qu'il  fit  reculer  jufqu'à  douze  lieues  au-delà  de  Warfovie.  facilement.  *  Corn.  Did.  Jouvin  de  Rochefort ,  Voyage- 

Le  bois   où  eft  le  village  de  Krasnobrod  ,  s'étend  encore  d'Angleterre. 

une  lieue  plus  loin  ;  ci  à  l'entrée  qui  eft  de  ce  côté-là  ,        KRU  MI  AU  ou  Crumiau.  Voyez  Cromiau. 
on  a  bâti  un  hofpice  de  Dominicains,  avec  une  chapelle         KRUMLOW.  Voyez  CruMLAV. 
dédiée  à  S  Hyacinthe,  où  l'on  voit  des  reliques  de  ce        KRUMMENAU,  village  de  Suiffe  ,  dans  le  Thour- 

faint    &  une  ima^e  miraculeufe  de  la  Vierge.  *  Mémoires  thaï ,  qui  fait  la  partie  lupéneure  du  Tockenbourg.  *  Etat 

du  chevalier  de  Beaujeu  ,  p.  218.  &  Dil.de  la  Suffit ,  t.  3  ,p .  316.  *■ 

KRASNOYARCK  ,  ville  de  l'empire  Ruffien  ,  dans        KRUSWICIv ,  petite  ville  &  chatelleme  de  Pologne , 

laSibérie,&  province  de  Jénifcéa.  Elle  eft  fur  la  gauche  dans_  la  Cujavie  ,   au  palatmat  de  Brzescie  >  fur  le  lac 


de  la  Jénifcéa  ",  50  lieues  au-deffus  de  la  capitale. 

KREIS  ou  Creiss  ,  étendue  de  pays ,  en  Allemagne  , 
quenous  exprimons  par  le  nom  de  cercle.  Voyez  CERCLE. 

KRE1SS  ,  ou  Kreitz  ,  ou  Creitz,  ou  Creutz, 
comté  de  Hongrie ,  dans  l'Efclavonie  ;  le  chef-lieu  fe 
nomme  Crtut^  ou  Saimt-Croix.  Voyez  Creutz, 


de  Guplo.  Miecisla-w  I  y  fonda ,  l'an  966  ,  un  évêché 
qui  fut  transféré  enl'uite  à  WladislaV.  C'étoit  la  patrie 
du  fameux  Piaft  ,  qui  n'étant  qu'un  fimple  laboureur, 
ou  tout  au  plus  Un  bourgeois  de  cette  bourgade  ,  fut 
élevé  fur  le  trône.  *  Hubner ,  Geogr. 

Auprès   c\f  £.r»«'"»i  oO  «"  rM*yi    -■• 1  P0- 


KUB 


piel  Iï  ,  ftirnommé  le  Chauve  ;  ce  malheureux  prince 
s'étoit  abandonné  à  la  débauche  ;  &  (a  femme ,  qui  avoir, 
fes  vues ,  en  l'y  entretenant ,  gouvernoit  &.  s'approprioit 
toute  l'autorité  royale.  Elle  s'apperçut  que  le  peuple  mé- 
content de  fa  conduite,  penchoiten  faveur  de  deux  oncles 
de  Popiel  ;  un  mari  de  ce  caraftere  n'étoit  pas  difficiles 
gagner;  elle  lui  repréfenta  que  s'il  n'affuroit  pas  la  cou- 
ronne aux  deux  enfans  qu'il  avoit  eus  d'elle  ,  lés  oncles 
les  fupplanteroient.  Les  deux  oncles  furent  empoifon- 
nés  ;  &  ce  prince  ayant  pouffé  l'inhumanité  jusqu'à  leur 
refufer  la  fép'ulture ,  il  s'engendra  de  la  corruption  de 
leurs  cadavres  des  rats  extrêmement  gros,  &  en  fi 
grande  quantité  que  le  palais  en  fut  inondé.  Etonné 
de  ce  prodige ,  &t  voulant  éviter  la  morfure  de  ces 
bêtes, _  Popiel  &  fa  femme  firent  allumer  des  feux  au- 
tour d'eux  ,  ni  cet  expédient  ne  leur  reuffit ,  ni  l'eau 
même  du  lac  de  Guplo  ne  les  mit  à  l'abri  du  danger  : 
ces  bêtes  n'en  vouloient  qu'à  eux  feuls.  On  les  vit  tra- 
verfer  le  lac  ,  &  chercher  leur  proie  jusqu'au  milieu  des 
gardes ,  qui  vouloient  les  empêcher  d'en  approcher  :  le 
lupplicefut  cruel  ;  &  il  le  fut  d'autant  plus  pour  Popiel, 
qu'avant  que  d'expirer ,  il  fut  témoin  de  la  mort  de  fa 
femme,  &  de  celle  de  fes  enfans.  Piaft,  dont  nous  ve- 
nons déparier,  fut  élu  après  lui,  Sr.  devint  la  tige  d'une 
maifon  royale  ,  dont  la  mémoire  eft  encore  en  véné- 
ration. *  Le  Laboureur ,  Voyage  de  Pologne ,  Dlugoff, 
p.  76.  Çromer ,  p.  38. 

1 .  KRYLOW  ,  bourgade  de  Pologne  ,  au  palatinat  de 
Belz  ,  fur  la  rive  gauche  du  Boug  ,  au-deifous  &C  au  nord 
occidental  de  Belz  ,  au  midi  d'Irodlaw.  *Robeut  de  Vau- 
gondy ,  Atlas. 

2.  KRYLOW  ,  autre  bourgade  de  Pologne ,  dans  une 
petite  ifle  ,  que  forme  la  rivière  de  Czehrin  ,  en  tombant 
dans  le  Boryfthène,  au  midi  de  Czehrin-Dabrowa ,  en 
Ukraine  ,  au  palatinat  de  Kiovie.  *Robert  deVaugondy, 
Atlas.  Baudrand  en  fait  deux  villes. 

KRYNAW  ,  juftice  en  Suiffe.  C'eft  une  des  commu- 
nautés dépendantes  du  bas  Tokenbourg.  *Etat  &  Délices 
de  la  Suiffe,  t.  •$  ,  p.  32L 

KRZÉMIENIEC ,  ville  &  châtellenie  de  Pologne, 
au  palatinat  de  Volhinie.  Elle  eft  fur  le  penchant  d'une 
colline ,  qui  s'étend  jufqu'à  la  rivière  d'IlCwA,  &c  eft  com- 
mandée par  un  château  bâti  fur  le  fommet.  *D'Audifret , 
Géogr.  hift.  t.  1. 

KUBAN  ou  Kouban,  rivière  d'Afie,  dans  la  Tar- 
tarie.  Elle  a  fa  fource  dans  la  Mingérlie,  dans  la  partie 
du  mont  Caucafe ,  que  les  Rufiiens  nomment  Turki-Gora  ; 
de-là,  coulant  d'orient  en  occident  ,  elle  vient  tomber 
dans  la  mer  de  Zabache,  à  45  d.  ts;'  de  latitude,  en^ 
tre  Taman  qui  eft  fur  le  détroit ,  &  Afow  qui  eft  à  l'autre 
extrémité  de  cette  mer.  On  croit  que  c'eft  la  même  ri- 
vière ,  appellée  Copa.  *  Voyez  VHiJl.  des  Tartares,  p.  474. 
KUBANS  ou  KoUBANS  ,  (les)  peuple  Tartare,  qui 
habite  le  pays  fitué  au  fud  d'Afo-w,  &  à  l'orient  de  la  mer 
de  Zabache.  Ils  prennent  leur  nom  de  la  rivière  dont  ils 
occupent  les  bords.  C'eft  une  branche  des  Tartares  de 
la  Crimée  ,  &  ils  étoient  autrefois  fournis  au  Kan  de 
cette  presqu'ifle  ;  mais  il  y  a  bientôt  cinquante  ans  qu'ils 
ont  leur  Kan  particulier ,  qui  eft  de  la  même  famille  que 
celui  de  la  Crimée.  Il  ne  reconnoît  point  les  ordres  de 
la  Porte  ,  &  fe  maintient  dans  une  entière  indépendance 
de  fes  voifins.  Quoique  ces  Tartares  occupent  quelques 
méchants  bourgs  &  villages,  le  long  de  la  rivière  de  Kou- 
ban ,  la  plus  grande  partie  d'entr'eux  vit  fous  descentes , 
vers  le  pied  des  montagnes  du  Caucafe ,  où  ils  vont  cher- 
cher un  afyle  ,  lorfqu'ils  fe  voient  trop  prefles  par  les 
puiffances  voifines.  Ils  ne  fubfiftent  absolument  que  de 
ce  qu'ils  peuvent  piller  &  voler  fur  leurs  voifins,  de  quel- 
que nation  ,  qu'ils  puifTent  être  ;  ils  font  même  des  cour- 
fes  jufqu'au  Wolga  ,  &j,le  paffent  fouvent  en  hyver ,  pour 
aller  (urprendre  les  Kalmouks  &  le  Tartares  de  Nagaï. 
Pour  alTurerle  royaume  de  Calan  contre  leurs  invafions, 
Pierre  I,  empereur  de  Ruffie,  fit  élever  ce  grand  retran- 
chement, qui  commence  auprès  de  Zaritzalur  leWolga, 
êf.  vient  aboutir  au  Don,  vis-à-vis  la  ville  de  Tivia.  Ils 
ne  différent  en  rien  des  Tartares  de  la  Crimée  ,  excepté 
qu'ils  ne  font  pas  tout- à-fait  fi  aguerris ,  &  qu'il  y  a  moins 
d'ordre  &c  de  fubordination  parmi  eux.  Les  Turcs  les  mé- 
nagent extrêmement ,  parce  que  c'eft  principalement  par 
leur  moyen  qu'ils  fe  foumiflent  d'esclaves  Circaffiennes, 


KUC  670 

Géorgiennes  &  AbaiTes,  qu'ils  recherchent  fort  ;  &c  ils 
craignent  qu'en  cas  qu'ils  voulurent  les  pouffer  trop  ,  ces 
peuples  ne  fe  miffent  fous  la  proteftion  de  la  Ruffie  ;  ce 
qui  incommoderoit  beaucoup  les  provinces  voifines'de  la 
Turquie.  * Hijl.  des  Tartares,  p.  474. 

Lorsque  les  Tartares  de  Crimée  font  menacés  de  quel- 
que grande  tempête,  ou  qu'il  s'agit  de  quelque  grand  coup 
à  faire ,  les  Tartares  Koubans  ne  manquent  pas  de  leur 
prêter  la  main.  Ils  peuvent  faire  environ  40000  hommes 
tout  au  plus. 

KUBESCHAH  ,  grand  village  fitué  au  nord  des 
Chaïtaki  ,  &  proche  les  Cara-Chaïtaki ,  fur  une  mon- 
tagnequi  eft  environnée  de  plufieurs  autres  ,  qui  font  très- 
élevées  &T.  presqu'impraticables.  Comme  il  n'y  a  qu'un 
feul  chemin ,  &  même  fort  étroit  ,  pour  arriver  à  ce 
village  ,  il  paiTe  pour  la  plus  forte  place  de  tous  ces  ter- 
ritoires. Les  vallées,  qui  fe  trouvent  entre  les  montagnes, 
font  cultivées  ;  mais  elles  foumiflent  peu  de  bled. 

Les  habitans  de  ce  village  fe  nomment  Frcencks ,  nom 
que  les  Orientaux  donnent  aux  Européens.  Ils  prétendent 
que  leurs  ancêtres  fe  font  établis  en  ce  lieu  ,  il  y  a  plus 
de  mille  ans  ;  mais  ils  ne  favent  comment  &.  pourquoi. 
Ils  préfument ,  cependant,  que  c'étoient  des  marchands, 
qui  trafiquoient  par  mer  ,  qui  firent  naufrage  fur  ces  côtes, 
&  s'y  établirent ,  n'ayant  plus  de  vaiffeaux  pour  regagner 
leur  pays.  Quelques  lettrés ,  parmi  les  Perfans  &  les  Cad- 
fchy  ,  difent  qu'autrefois  les  Grecs  &  les  Génois  faifoient 
un  grand  commerce  fur  la  mer  Cafpienne ,  &  que  plu- 
fieurs d'entr'eux  s'y  établirent  pour  travailler  aux  mines, 
qui  font  dans  ces  montagnes  ,  d'où  ils  tiroient  de  l'ar- 
gent du  cuivre  &  d'autres  métaux  ,  qu'ils  employoient  à 
toutes  fortes  d'ouvrages  ;  que  divers  peuples  des  envi- 
rons fe  joignirent  à  eux  pour  travailler ,  &  pour  parti- 
ciper à  leurs  profits  ;  mais  que  ces  mines  &  ces  fabri- 
ques ayant  été  ruinées  par  les  Tartares  ,  ces  différens 
ouvriers  fe  retirèrent  à  Kubefchah,  qui  eft  fortifié  par 
la  nature ,  &  s'y  font  conservés  depuis  ;  ce  qui  paroît  d'au- 
tant plus  vraifemblable  ,  qu'ils  font  tous  artiiàns  rk  ou- 
vriers. Ils  fabriquent  de  très-bonnes  armes  à  feu  ,  les 
ornent  de  divers  ouvrages  d'or  Se  d'argent.  Leurs  fabres 
&  leurs  cuiraffes  paffent  auffi  pour  très-bons.  Ils  font  en 
outre  de  fort  beaux  ouvrages  d'orfèvrerie, &  on  leur  envoie 
de  tous  côtés  de  l'or  &  de  l'argent  pour  le  travailler. 
Ces  ouvrages  ne  font  cependant  pas  comparables  à  ceux 
d'Europe.  Ils  ont  dans  leur  village  plufieurs  pièces  de 
canon  ,  depuis  une  livre  de  calibre  ,  jufqu'à  trois:  ils  bat- 
tent des  monnoies  d'argent  femblables  à  celles  de  Tur- 
quie &  de  Perfe  ;  &c  l'on  dit  qu'ils  ont  même  déjà  com- 
mencé à  battre  des  roubles.  Ces  monnoies  font  de  bon 
argent,  ont  le  poids  requis  ;  enforte  qu'il  a  cours.  Tous 
les  habitans  de  ce  village  font  riches.  Leur  langue  eft  par- 
ticulière ,  &  n'approche  d'aucune  autre.  Ils  font  Maho- 
métans-Sunni.  Ce  peuples  toujours  été  libre,  &  s'efl 
toujours  gouverné  par  fes  propres  loix.  Tous  les  ans  ils 
élifent  douze  anciens  d'entr'eux,  auxquels  ils  obéiffent  , 
&  qui  prononcent  fur  tous  les  différends  qui  s'élèvent 
entr'eux  :  comme  ils  font  tous  égaux ,  chacun  d'eux 
parvient  à  fon  tour  au  gouvernement.  Ils  font  fujets  de 
la  Ruffie,  depuis  1715,  que  leurs  anciens  firent  hommage  à 
l'empereur  ;  mais  ils  ont  toujours  confervé  leurs  privi- 
lèges ,  &  ne  payent  aucun  tribut  ;  8c  l'on  ne  fonge  pas 
à  les  y  forcer ,  parce  qu'on  auroit  peine  à  en  venir  à  bout, 
leur  pays  étant  inacceffible.  Le  Daud-Beg ,  lors  de  la 
rébellion ,  voulut  fe  rendre  maître  de  leur  pays  ;  mais  ils 
vinrent  à  fa  rencontre,  &  pointèrent  leurs  canons  fur  fes 
gens  dans  le  défilé  ,  lui  tuèrent  tant  de  monde  qu'il  lâcha 
bientôt  prife ,  &c  rechercha  leur  amitié  à  force  de  pré- 
fens  ;  ils  font  tous  fi  attachés  à  leur  liberté,  que,  pour  la 
conferver,  ils  perdroient  tous  la  vie.  Ce  font  d'ailleurs 
de  fort  bonnes  gens,  fort  doux  &  paifibles. 

Le  Schamchall,  l'Asmey,  leSurchai,  Si  autres  princes  & 
regens  de  ces  cantons,  s'aflembloient  ordinairement  en  ce 
lieu,  comme  dans  un  pays  neutre,  lorsqu  'ilsavoient  quelque 
différend ,  &  venoient  les  y  difeuter.  Beaucoup  de  gens 
y  apportent  leurs  biens  en  rems  de  guerre ,  comme  en 
un  lieu  sûr.  Le  Surchai  ,  entr'autres  y  a  (on  tréfor  ,  qu'on 
dit  être  confidérable.  *  Cet  article  efl  tiré  de  la  D-.fcription 
des  peuples  [uués  à  l'occident  de  la  mer  Cafpienne  ,  faite 
fur  les  lieux',  par  M.  Garber,  officier  au  fervice  de  la  Ruffie. 

KUCHEL ,  bourgade  d'Allemagne  ,  en  Bavière ,  fur 


68o 


KUM 


KUP 


la  rivière  de  Saltz  ,  dans  l'évêché  de  Saltzbourg  ,  à  cinq 
■lieues  de  Saltzbourg  ;  on  la  prend  pour  l'ancienne  Cu- 

CULL,E  OU  CUCULLI. 

Kl/CHING,  ville  delà  Chine,  dans  le  Pékéli ,  au 
département  de  Hokien  ,  troifiéme  métropole  de  cette 
province.  Elle  eft  de  51  d.  plus  occidentale  que  Pékin  , 
fous  les  37  d.  56'  de  latitude,  à  huit  lieues  d'Uçin,  & 
eft  arrofée,au  nord,  des  eaux  du  fleuve  de  Guei.  Elle  a 
plus  de  deux  heures  de  circuit ,  Si  lés  murailles  font  hau- 
tes Si  épaifles.  Ses  bâtimens  font  magnifiques,  &  un  de 
{es  fauxbourgs  eft  très-peuplé.  Les  campagnes ,  dont  elle 
eft  environnée  ,  font  plates  6c  très-asréables.  La  rivière 
eft  bordée  de  beaux  villages  où  l'on  fait  un  grand  négoce 
de  toiles  de  coton.  *  Atlas  Sinenfis.  Corn.  Dift.  Si  Ara- 
baffades  des  Hollandois  à  la  Chine. 

KUDACH,  fortereffe  de  Pologne,  dans  l'Ukraine, 
au  palatinat  de  Kiovie,  fur  la  rive  droite  du  Boryllhène, 
qui  y  reçoit  la  Samara,  vers  lesPoroùis  ou  chutes  du  Bo- 
ryfthène ,  aux  frontières  de  la  petite  Tartarie.  Elle  fut  for- 
tifiée par  les  Polonois  ,  en  1637,  pour  empêcher  les  cour- 
fes  des  Cofaques  fur  la  mer  Noire  ;  mais  peu  de  tems 
après,  ces  derniers  s'en  rendirent  maîtres  ÔC  égorgèrent 
la  garnifon.  *  Baudrand,  édit.  1705. 

KUFA.  Voyez  Cufa. 
t  KUFSTEIN  ;  Zeyler ,  Tirol ,  Sic.  Topogr.  p.  14^ , 
écrit  Kop/Jlein  Kucjdem  ;  place  forte  d'Allemagne,  au  Ti- 
rol, fur  la  droite  de  l'inn.  Eile  eft  petite,  mais  jolie  Si  très- 
forte,  environ  a  huit  milles  d'inspruch,  aux  frontières 
de  la  Bavière  Si  du  Tirol.  Il  y  a  le  château .  nommé  Gc- 
ro/liegg ,  qui  pafle  pour  imprenable  ,  il  eft  bâti  fur  le 
roc,  au-deftus  de  la  ville  qu'il  commande,  Si  l'on  n'y 
peut  monter  que  par  une  avenue  unique.  Après  la  mort 
de  lafameulè  Marguerite  de  Maultafch  ,  duchefle  de  Ca- 
rinthie,Si  comtefle  duTirol,  fa  fucceffion  ,  qu'elle  avoit 
donnée  fucceffivement  aux  maifons  de  Bavière  Si  d'Au- 
triche ,  caufa  des  troubles  qui  furent  appaifés  en  1 360  , 
par  l'empereur  Charles  IV.  Les  Bavarois  gardèrent  Kytz- 
bihel ,  Kufftein  Si  Rattenbourg.  Mais  en  1504,  l'empe- 
reur Maximilien  reprit  Kufftein ,  &  le  rejoignit  au  Ti- 
rol. Cependant  ce  château  fut  pris  en  1703.  Le  18  Ju;n  , 
le  commandant  c!e  Kufftein  ayant  fait  brûler  le  rauvbourg, 
aux  approches  d'une  armée  commandée  par  l'élefteur 
de  Bavière  ,  le  feu  ie  communiqua  à  la  ville  &  enfuite  à 
une  tour  du  château.  La  garnifon  qui  n'étoit  que  de  trois 
cents  hommes  étant  occupée  à  l'éteindre ,  le  château  fut 
furpris.  L'empereur  s'en  eft  reffaifi  après  les  disgrâces  de 
Félefteur.  Ce  lieu  donne  le  titré  de  comte  à  une  maifon 
d'Allemagne.  *  Corn.  Dift. 

KUGANG,  ville  de  la  Chine,  dans  le  Pékéli,  au 
département  de  Pékin.  Elle  eft  de  15'  plus  orientale 
que  la  capitale,  fous  les  39  d.  &  demi  de  latitude. 
*  Atlas-  Sinenfis. 

KUIGAN  ,  (le  pays  de)  eft  une  province  particu- 
lière du  pays  de  Carafme  ,  au  nord  de  la  rivière  de  Ko- 
heiell  Si  du  pays  de  Bakirgàn.  Elle  s'étend  jufqu'aux  fron- 
tières des  Cara-Kalpakks  Si  des  Callmouks  ,  Si  ne  con- 
fifte,  pour  la  plus  grande  partie ,  qu'en  plaines ,  dont  les 
pâturages  feroient  fort  bons,  s'ils  étoient  fuffifamment 
fournis  d'eau  ;  l'herbe ,  à  la  vérité  ,  y  vient  très-haute  ; 
mais  elle  féche  au  point  qu'elle  n'eft  plus  propre  à  rien. 
Au  printems  les  Tartares  y  mettent  le  tèu  ,  Si  la  flamme 
s'étend  dans  toutes  les  plaines  des  environs,  à  plus  de 
cent  lieues  à  la  ronde,  incontinent  après  la  nouvelle  herbe 
poulie  avec  tant  de  force  ,  qu'en  moins  de  quinze  jours, 
elle  a  plus  d'un  empan  de  hauteur  ;  ce  qui  prouve  la 
grande  fécondité  de  ce  vafte  pays.  *  Hiji.  généalogique 
des  Tatars  ,  p.  708. 

KULP  ou  Ktjlpe,  (la)  en  latin  Colapis,  rivière 
du  royaume  de  Hongrie  ,  dans  la  Croatie  ;  elle  a  fa 
fource  dans  le  Windilchmarfch,  en  Carmole  ,  vers  Bu- 
cariza,  jufqu'où  s'étendent  les  montagnes  des  Alpes  que 
cette  rivière  borne,  d'où,  courant  au  levant  d'été,  elle 
pafle  à  Metling  ,  Se  de-là  à  Carloftadt  en  Croatie  ;  après 
quoi,  s'étant  accrue  de  quelques  autres  rivières,  elle  le 
rend  dans  la  Save  à  Craftowitz ,  un  peu  au-defîus  d'A- 
gram,  &  aux  frontières  de  l'Efclavonie,  félon  Lazius  Si 
autres.  *Baudr.  édit.  1705. 

KUMBO  ou  Kombo  ,  royaume  d'Afrique  ,  au  fud  de 
la  Gambra,  Scie  plus  voifin  de  Ion  embouchure.  Il  s'é- 
tsnd  depuis  le  cap  Sainte-Marie,  jusqu'à  la  rivière  de  Ka- 


batâ,  l'espace  de  onze  lieues.  Il  n'y  a  de  remarquable 
que  Kabata ,  comptoir  Angiois.  Voyage  de  Moore.  Carte 
de  la  Gambra ,  par  Jean  Léach  ,  1732. 

KUMKALA  ,  petite  ville  (ïtuée  ,  au  milieu  du  Cha- 
rasm,  au  nord  de  la  ville  d'Ualir.  Elle  ne  mérite  aucune 
eonlidération.  *  Hiji.  généalogique  des  Tatars  ,  p.  721. 

KUMKANT,  petite  province  du  pays  de  Charasm, 
à  l'orient  de  celui  de  Gordisch ,  vers  la  rive  feptentrio- 
nale  de  la  rivière  d'Amù.  C'eft  fur  les  confins  de  cette 
petite  province  Si  du  pays  de  Gordifch ,  que  l'Amii  fe 
partage  en  deux  bras,  vers  les  88  d.  30'  de  longitude. 
Hijt.  généalogique  des  Tartars ,  p.  572. 

KUiviUKIS  ,  (les)  habitent  une  vallée  fituée  en- 
tre de  hautes  montagnes  ,  Se  ont  les  Chafficks  au  levant. 
Leur  territoire  n'eft  pas  grand ,  Si  n'a  que  peu  de  villages, 
tout  près  les  uns  des  autres.  Ces  peuples  font  Mahcmé- 
tans ,  Si  parlent  la  langue  Kumuke  ;  ils  font  fournis  à 
un  chef  nommé  Sutai-Beg,  lequel  ne  dépend  de  per- 
fonne  ,  ils  cultivent  les  terres  ëi  ont  des  troupeaux;  ils 
font  fort  tranquilles  dans  leur  territoire,  Si  ne  font  mal  à 
perfonne.  Lors  de  la  rébellion  ,  le  Daud-Beg  Si  le  Surchai 
invitèrent  le  Sutai-Beg  à  fe  joindre  à  eux  ,  &,  pour  l'y 
eni.a  er,  lui  prélènterent  l'appas  du  pillage  ;  mais  il  leur 
répondit  qu'il  étoit  content  de  ce  qu'il  pofledoit ,  &C 
qu'il  n'avoit  pas  befoin  du  bien  des  autres  ;  enfin  il  de- 
meura tranquille.  Lorfque  le  nom  de  Kumuki  ie  prend 
en  général,  on  entend  auffi  les  Légis,  6i  une  panie  des 
Dagiftans  ;  Si  pour  diftinguer  ceux  dont  il  eft  queftion  , 
il  faut  les  nommer  les  Kumukis  qui  appartiennent  au 
Sutai-Beg.  *  Descriyt.on  des  peuples  Occidentaux  de  la 
mer  Caspienne  ,  faite  fur  les  lieux  par  M.  Garber  , 
officier  au  fervice  de  la  Ruffie. 

KUNDORF ,  château  &  bailliage  d'Allemagne  ,  au 
comté  de  Henneberg,  entre  la  Thuringe  Si  les  pays  de 
Heilè ,  de  Wurtzbourg  Si  de  Cobourg.  *Hubner,  Géogr. 
p.  48s. 

KUNGCHANG  ,  ville  de  la  Chine,  dans  la  province 
de  Sucliuen  ,  au  département  de  Siucheu  ,  quatrième  mé- 
tropole de  cette  province.  Elle  eft  de  12  d.  18'  plus  oc- 
cidentale que  Pékin,  fous  les  28  d.  44'  de  latitude. 
Atlas  Sinenjîs. 

1.  KUNGUR,  rivière  d'Afle  ,  dans  la  Tartarie  Chi- 
noife ,  au  royaume  de  Cafan  ,  à  l'orient  de  la  Kama. 
Ses  bords  font  habités  par  les  Tartares ,  Uffinski  ou  Tar- 
tares d'Uffi ,  entre  la  Pufawaya  Si  l'Uffa.  Son  cours  eft 
d'orient  en  occident ,  Si  elle  va  fe  jetter  dans  la  Kama. 

*  Isbrand-Ides  ,  Voyage  de  la  Chine ,  c.  29. 

2.  KUNGUR,  ville  de  l'empire  Ruffien,  fur  la  ri- 
vière de  même  nom.  Le  Czar  y  entretient  garnifon. 
^  KUNIGSPERG.   Voyez  Konigsberg. 

KUNITZ ,  village  de  Suiffe ,  à  une  bonne  lieue  de 
Berne.  Il  comprenoit  autrefois  cette  ville  dans  fa  paroiffe, 
ou  du  moins  le  lieu  où  elle  eft.  Il  fut  donné,  il  y  a  quel- 
ques fiécles ,  aux  chevaliers  de  l'ordre  Teutonique ,  qui 
le  pofledent  encore,  Si  qui  en  ont  fait  un  petit  bail- 
liage ,  dont  ils  font  obligés  de  donner  l'adminiftration  à 
un  bourgeois  de  Berne.  La  charge  de  ce  bail  1  i f  eft  à  vie, 
s'il  le  veut;  mais  pendant  qu'il  la  poffede,  il  ne  peut 
point  entrer  dans  l'état.  *  Etat  &  Délices  de  la  Suiffe  t 
t.  2,  p.  164. 

KUNLIEN ,  ville  de  la  Chine  ,  dans  la  province 
de  Suchuen  ,  au  département  de  Siucheu  ,  quatrième 
métropole  de  la  province.  Elle  eft  plus  occidentale  que 
Pékin,  de  12   d.  45',  parles  28  d.   13'   de  latitude. 

*  Allas  Sinenfis. 

KUNOW  ,  bourg  de  la  haute  Pologne ,  au  palatinat 
de  Sendomir  ,  à  quinze  lieues  de  Sendomir,  vers  le  nord. 
Elle  eft  fameufe  par  les  carrières  de  marbre  ,  qui  font 
dans  fon  territoire.  *  Baudr.  édit.  1705. 

KUPFERBERG  ;  ce  mot  eft  allemand  ,  &  fignifie 
une  montagne  ,  où  il  y  a  une  mine  de  cuivre.  C'eft  le 
nom  particulier  de  quelques  villes  ou  bourgs. 

1.  KUPFERBERG  ,  petite  ville  de  Silélie  ,  au  duché 
de  Jauer,  fur  le  Bober.  *  Zeyler,  Silef.  Topogr.  p.  154. 

2.  KUPFERBERG.  Voyez  Kopersberg  ,  ville  de 
Suède. 

3.  KUPFERBERG,  bourg  d'Allemagne ,  en  Thu- 
ringe .  au  comté  de  Mansfeld  ,  furja  "Wipper. 

4.  KUPFERBERG,  bourg  d'Allemagne  ,  en  Fran- 
conje  ,   dans  l'évêché  de  Bamberg.    Ce  bourg  a  été 

presque 


KUR 


KUT 


presque  réduit  en  cendres,  dans  le  mois  de  Novem- 
bre 1756. 

KUPPENHEIM,  petite  ville  d'Allemagne,  dans  le 
cercle  de  Suabe,  fur  la  rivière  de  Murg ,  au-deffus  de 
Raftat.  Elle  eft-  comprife  dans  le  haut  margraviat  de 
Bade.  *  D' Audifrcl ,  Géogr.  t,  3.  Robert  de  Vaugondy , 
Atlas. 

KUPRULIH,  c'eft- à-dire  la  ville  du  pont,  ville  de 
Grèce  ,  dans  la  Macédoine.  On  y  voit,  au  rapport  d'E- 
douard Brown ,  voyageur  Anglois ,  une  fort  grande  ri- 
vière, que  l'on  nomme  PJînia,  fur  laquelle  eft  bâti  un 
fort  beau  pont ,  qui  apparemment  a  fait  donner  à  la  ville 
le  nom  qu'elle  porte. 

KUR  ;  rivière  d'Afîe ,  la  même  que  le  CYRUS  des 
anciens.  J'en  ai  déjà  parlé  fous  ce  titre.  Le  P.  Avril, 
Voyage  d'Europe ,  d'AJîe,  &C  fe  contente  de  la  décrire 
ainfi  ;  elle  a  fa  fource  dans  la  Géorgie  ;  &c  après  avoir 
arrofé  diverses  campagnes ,  elle  porte  l'abondance  dans 
plufieurs  villes,  et  enrichit  le  pays  par  la  quantité  d'es- 
turgeons que  l'on  y  pêche  ;  ensuite  de  quoi  elle  va  fe 
décharger  dans  la  mer  Caspienne.  Chardin  ,  1. 1,  p.  95, 
dit  que  le  fleuve  Kur  a  fa  fource  dans  le  mont  Caucafe, 
à  quelques  douze  lieues  du  bourg  d'Acalziké  ,  &  qu'il 
y  paffe.  Ce  fleuve  le  mêle  avec  YAras  ou  Araxe,  avant 
que  'd'entrer  dans  la  mer  Caspienne.  J'ai  parlé  de  leur 
jonction  à  l'article  de  cette  autre  rivière.  Voyez  auffi 
l'article  Cyrus. 

KURAB  ,  petite  ville  de  Perse,  fituée  à  demi-lieue  de 
la  mer  Caspienne ,  &  presque  cachée  dans  fes  arbres. 
Quelques-uns  l'appellent  Kesker ,  du  nom  de  la  province 
dont  elle  eft  la  capitale.  Voyez  Kesker.  *  Oléarius , 
Voyage  de  Perse  ,  /.  6. 

KURjEIS,  (nation  des)  fituée  près  dufleuveSa- 
mara  ,  au  couchant.  Le  territoire  qu'elle  habite  eft  con- 
tigu  à  plufieurs  hautes  montagnes,  entr'autres,  à  celle  de 
Gattun-Kull.  Il  y  a  environ  dix  ou  douze  villages  fitués 
près  les  uns  des  autres.  Les  Kurads  font  Mahométans , 
parlent  la  langue  Lesgine  ,  &c  favent  un  jargon  compofé 
du  Tartare  &  du  Turc.  Chaque  village  a  fon  ancien  ; 
mais  ce  n'eft  que  pour  la  forme  ;  on  ne  lui  obéit  en 
aucune  manière  quelconque ,  &  chacun  n'a  pour  loi 
que  fà  volonté.  Us  font  étroitement  liés  avec  les  Ku- 
rœli.  Ces  peuples  ne  cultivent  point  la  terre ,  fck  n'ont 
point  de  troupeau  ;  ils  ne  fubfiftent  que  de  vols  &  de 
pillages.  Ils  vont  continuellement,  en  petits  partis,  rava- 
ger les  territoires  voifins  où  ils  enlèvent  tout  ce  qu'ils 
rencontrent ,  chevaux ,  beftiaux  ,  brebis ,  &c.  Lorsqu'on 
peut  les  attrapper,  on  ne  leur  fait  aucun  quartier;  on  leur 
tranche  la  tête  fur  le  champ.  Ils  font,  en  général,  bien 
montés,  bien  armés  &  téméraires.  Ils  ont  été  déjà  ruinés 
«ne  fois,  par  ordre  du  Schah  ;  mais  ce  fut  avec  beaucoup 
de  peines  &  de  fatigues.  Ils  revinrent  bientôt  rebâtir  leurs 
maifons  ,  &c  ont  recommencé  leur  métier.  Lorsqu'on 
leur  publia  qu'ils  étoient  fujets  de  la  Ruflie  ,  en  confé- 
quence  du  traité  fait  entre  cet  Empire  ôc  la  Porte ,  &c 
qu'on  leur  commanda  de  comparoître ,  pour  prêter  Iè 
ferment  de  fidélité  ,  il  en  parut  beaucoup  auxquels 
on  préfenta  les  articles ,  fur  lesquels  ils  dévoient  jurer. 
3°  Qu'ils  gardaffent  la  fidélité  due  à  leur  fouverain  ; 
a0  qu'ils  euffent  à  s'abftenir  de  vols  &£  de  briganda- 
ges, &c.  Ceux  qui  habitoient  le  plus  près  des  frontières 
du  territoire  ,  prêtèrent  le  ferment  ;  mais  les  autres 
refuferent ,  difant  que  le  vol  étoit  leur  champ  &c  leur 
charrue  ;  que  c'étoit  de  vols  que  leurs  ancêtres  avôient 
fubfifté  ,  &  qu'ils  n'avoient  hérité  d'eux  que  de  vols  ; 
que  ce  que  chacun  d'eux  poffédoit  étoit  volé  ;  qu'ainfi 
ils  feroient  réduits  à  mourir  de  faim  fous  la  domination 
de  la  Ruflîe  ;  qu'on  fit  enfin  d'eux  ce  qu'on  voudrait  ; 
mais  qu'ils  fe  défendroient  ,  aimant  mieux  mourir  en 
braves  gens,  que  de  périr  de  faim.  Etant  ensuite  re- 
montés fur  leurs  chevaux,  ils  prirent  la  fuite.  On  les  a, 
depuis  cetems,  laiffé  tranquilles.  *  Description  des  peu- 
ples Occidentaux  de  la  mer  Caspienne ,  faite  fur  les  lieux, 
par  M.  Garber  ,   officier  au  fcrvice  de  la  Ruffie. 

KUR-fELI,  (les)  habitent  près  de  Tabaffaran,  dont 
i  ils  font  féparés  par  des  montagnes  qui  les  bornent  au 
levant.  Leur  territoire  s'étend,  du  côté  du  midi,  jusqu'au 
fleuve  Samura  ;  &  du  côté  du  couchant,  jusqu'au  pays 
des  Kurasis ,  &c  n'eft  qu'à  quatre  lieues  de  la  mer  Cas- 
pienne. Il  contient ,  à-peu-près ,  vingt  villages  qui  font 
fitués  fort  près  les  uns  des  autres ,  entre  les  fleuves  Sa- 


68 


mura  &  Jasgerei.  Ils  parlent  un  mélange  de  Turc  &  de 
Tartare,  &  ont  outre  cela  une  langue  particulière,  qu'on 
appelle  Lesgine.  *  Description  des  peuples  Occidentaux 
delà  mer  Casphnne,  faite  fur  les  lieux  ,  par  M.  Garber, 
officier  au  fervice  de  la  Ruffie. 

KURBALI,  rivière  d'Afrique,  dans  laNigritie.  Elle 
prend  fa  fource  au  royaume  de  Cabo  ,  d'où ,  prenant 
Ion  cours  au  fud-oueft  ,  elle  paffe  au  village  deKurbali, 
ou  elle  fe  perd  dans  la  rivière  de  Geves.  Ses  bords  font 
fort  unis  des  deux  côtés ,  &  cultivés  avec  beaucoup  de 
foin  ;  mais  les  habitans  font  obligés  de  veilkw  nuit  & 
jour,  pour  garantir  leuts  plantations  des  éléphans  rk  des 
chevaux  marins.  Parmi  ces  habitans  il  y  a  grand  nom- 
bre de  Portugais  qui  font  un  commerce  confidérable  par 
le  fecours  de  leurs  gromettes.  *  Voyage  de  Brue  en. 
Afrique,  en  1701. 

KURDES,  (les)  (a)  font  originaires  de  ces  hautes 
montagnes,  qu'on  trouve  aux  environs  de  la  Géorgie. 
On  prétend  que  le  nom  de  Kurds,  qui  fignifie  loups,  leur 
Vient  de  ce  que  leur  pays  eft  rempli  de  cette  espèce  d'a- 
nimal. Us  étoient  autrefois  divifés  en  différentes  hordes, 
parmi  lesquelles  étoient  celles  des  Ravadiens,  des  Ké- 
kânens  &  autres  (1>).  Us  obéiffent  à  plufieurs  pefits  fou- 
verains  qui  prennent  le  nom  de  Bey,  parmi  lesquels  celui 
'de  Breths  eft  le  plus  puiffant  :  il  peut  mettre  jusqu'à 
vingt-cinq  mille  chevaux  fur  pied.  Us  fe  mettent  tantôt 
fous  la  proteftion  du  Turc ,  tantôt  fous  celle  des  Per- 
fans,  félon  que  leurs  intérêts  le  demandent,  &  aucune 
de  ces  deux  puiffances  ne  les  a  encore  affujettis  ,  parce 
que  les  détroits,  dont  leur  pays  eft  jempli ,  en  rend  la 
conquête  difficile.  Us  font  bons  cavaliers,  affez  braves, 
lnais  fort  brutaux  ;  ils  font  Mahométans,  fans  avoir  ni 
Mulhas  ni  mosquées,  excepté  dans  deux  ou  trois  villes  (c)„ 
Us  font  pafteurs;  &  lorsque  les  pâturages  leur  manquent 
dans  un  endroit,  ils  vont  dans  un  autre.  Ce  font  les  fem- 
mes qui  ont  foin^  des  troupeaux  ;  les  hommes  s'occu- 
pent à  fuivre  &  à  piller  les  caravanes.  Leurs  pavillons 
font  de  grandes  tentes  d'une  espèce  de  drap  brun  foncé, 
fort  épais  &  fort  greffier.  L'enceinte  eft  un  quarré  long, 
fermé  par  des  treillis  de  canne,  de  la  hauteur  d'un  homme, 
tapiffé  de  bonnes  nattes  en  dedans.  Pour  décamper,  ils 
plient  leurs  maifons  comme  des  paravents ,  &c  les  char- 
gent avec  leurs  uftenfiles  &  leurs  enfans  fur  des  bœufs  & 
des  vaches.  Leurs  enfans  font  presque  tout  nuds.  Us  ne 
boivent  que  de  l'eau  de  glace  ou  du  lait  bouilli  à  la 
fumée  de  bouze  de  vache,que  l'on  amaffe  avec  foin.  Les 
hommes  ont  grand  foin  de  leurs  chevaux  ,  &  n'ont  que 
des  lances  pour  armes.  Les  femmens  vont,  partie  fur  des 
chevaux ,  partie  fur  des  boeufs  ;  elles  font  fortes  &c  vi- 
goureufes ,  mais  fort  laides.  Ces  peuples ,  dans  l'été ,  fè 
répandent  le  long  du  Tigre  &C  de  l'Euphrate  ;  en  hiver, 
ils  rentrent  dans  le  Kurdiftan.  (a)  Hiftoire  générale  des 
Huns,  t.  2,  Ie  partie  p.  161.  (b)  Hift.  généalogique  des 
Tatars  ,  p.  35.  (c)  M.  de  Tournefort.  Voyage  du  le- 
vant,  lettre  18.  ,  t.  11. 

^KURDISTAN,  (le)  eftfitué  à  l'eft  du  Tigre,  &c 
s'étend  depuis  les  bords  de  cette  rivière,  jusqu'à  trois 
journées  de  la  ville  de  Tauris.  Il  a  au  nord  la  province 
d'Aran ,  qui  eft  de  la  Perse  ;  le  gouvernement  de  Bag- 
dad, qui  eft  de  la  Turquie,  au  fud.  Ce  pays  eft  rempli 
de  montagnes  ;  il  produit  cependant ,  même  en  abon- 
dance ,  ce  qui  eft  utile  à  la  vie.  Les  montagnes  font  cou- 
vertes de  noyers  ,  de  chênes  ,  qui  portent  les  meilleurs 
noix  de  galle ,  qui  viennent  du  levant  ;  &C  les  plaines 
produifent  le  meilleur  tabac  du  monde.  Il  y  a  des  vignes 
en  abondance.  * Hifloire généalogique  des  Tatars, p. 3  ^5. 

KURGAN,  (le)  rivière  d'Afie:  elle  a  fa  fource 
dans  la  province  de  Khorafan,  vers  les  85  d.  de  longH. 
tude  ,  &  les  3  5  d.  de  latitude ,  au  nord  des  montagnes, 
qui  régnent  dans  la  partie  méridionale  de  cette  pro- 
vince. Le  cours  de  cette  rivière  eft  vers  le  nord-oueft  ; 
&,  après  avoir  ferpenté  pendant  quelque  rems  dans  la 
province  de  Khorafan ,  elle  fe  jette  dans  la  province 
d'Aftrabath ,  à  travers  les  montagnes  qui  féparent  ces 
deux  provinces ,  &  vient  enfin  fe  dégorger  dans  la  mer 
Caspienne,  à  l'oueft  de  la  ville  d'Aftrabath  ,  après  un 
cours  d'eavirori  foixante  lieues  d'Allemagne.  Cette  ri- 
vière eft  fort  poiffonneufe  ,  &  {es  eaux  font  les  meil- 
leures qui  fe  trouvent  en  ces  quartiers  ;  auffi  les  can- 
tons qu'elle  arrofe  dans  le  Khorafan,  font-ils  comme  le 
paradis  de  cette  province;  mais  dans  celle  d'Aftrabathj 
Tome  M,    R  r  r  t 


68  2 


KUT 


KYN 


■Tes  bords  font  trop  élevés  pour  pouvoir  répandre  la 
même  fertilité.  *  Hift.  des  Tartans ,  p.  626. 

KURIÉ ,  bourg  de  la  Turquie ,  en  Afie ,  dans  la  Na- 
tolie,  auprès  de  Prufe.  *  Hift.  de  Timur-Bec,  1.  5,  c.  51. 

KUR1LSKIS  ,  peuples ,  qui  habitent  la  partie  méri- 
dionale d'Yflb ,  ou  de  Kamtschatka  ,  &  qui  font  tribu- 
taires de  l'empereur  du  Japon.  *  Noces  du  P.  Charlevoix. 

KUS,  ville  de  la  haute  Egypte,  la  plus  confidérable 
de  tout  le  Saïd,  fur  la  rive  droite  du  Nil  :  il  y  a  dans  cette 
ville  plufieurs  reftes  d'antiquité  ,  avec  un  château ,  félon 
Golle,  fou  Golius ,  cité  par  Baudrand,  édit.  1705.) 
Elle  eft  a  cinq  journées  au-deffous  d'Asna ,  au  fepten- 
trion  ,  •  &  à  quatre  du  port  de  Coffir ,  qui  eft  fur  la 
mer  Rouge  au  couchant. 

Il  y  a  long-tems  que  les  chofes  ne  font  plus  ainfi  ;  & 
c'eft  préfentement  Girgé,  qui  eft  la  principale  ville  de 
la  haute  Egypte.  Cette  ville  de  Kus  eft  fans  doute  la 
même  que  Hus ,  ville  ruinée,  laquelle  eft  bien  mar- 
quée dans  la  carte  du  cours  du  Nil ,  inférée  dans  les 
Voyages  du  fieur  Paul  Lucas. 

KUSAR  ,  montagne  d'Afie ,  dans  la  Tartarie  ,  au 
Maurhlnahar  ,  entre  Cachi  rk  Kech.  *  H'ifi.  de  Timur- 
Bec,  \'.\,  c.  65. 

KUSMADEMIANSKI ,  ville  de  l'empire  Ruflîen, 
dans  la  Tartarie  ,  au  pied  d'une  montagne  ,  à  huit 
milles  allemands  de  Vafiligorod.  On  voit  en  ces  quar- 
tiers des  forêts  d'ormes  ,  dont  les  habitans  vendent  l'é- 
corce  par  tout  le  pays,  pour  en  faire  des  traîneaux.  Les 
arbres  font  fouvent  fi  gros  ,  que  le  bois  étant  coupé  en 
cylindre  ,  ils  en  font  des  cuves ,  des  barils  rk  des  cer- 
cueils tout  d'une  pièce ,  qu'ils  portent  vendre  aux  villes 
voifines.  *  Olearius,  Voyage  de  Mofcovie,  /.  4. 

KUSNACHT ,  bourg  de  Suifle ,  dans  le  canton  de 
Sclwitz  ,  près  d'une  montagne  :  il  y  avoit  autrefois 
Une  fortereflè ,  qui  eft  maintenant  ruinée  :  cette  for- 
tereflè étoit  la  réfidence  du  baillif  ou  gouverneur  en- 
voyé par  l'empereur  Albert.  Dans  le  voifinage  de  Kus- 
nacht  ,  en  avançant  dans  le  pays ,  on  voit  l'endroit  où 
Guillaume  Tell  tua  le  gouverneur  d'un  coup  de  flèche. 
*  Etat  de  Délices  de  la  Suifle,  t.  2,  p.  423. 

KUSSANA;  c'eft  le  nom  que  Stibbs  ,  dans  la  Rela- 
tion de  fon  Voyage  ,  donne  à  la  ville  de  Kanka.de. 
Voyez  ce  mot. 

KUSTRIN.  Voyez  Custrin. 

KUTEIL  ,  bourg  d'Afie,  dans  l'Indouftan,  à  dix- 
fept  milles  de  Samané.  *  Hift.  deTimur-Bec,  1. 4,  c.  16. 

KUTT,  (MONTAGNE  de)  chaîne  de  montagnes 
d'Afie  ,  dans  la  Tartarie.  C'eft  un  rameau  de  cette 
partie  du  mont  Caucafe  que  les  Calmoucks  appellent 
Uskun-Luk-Tugra  :  il  fe  détache  de  ces  montagnes  à 
l'oueft  des  fources  de  la  Jeniféa,  &  court à-peu-près 
en  droite  ligne  du  fud  ou  nord,  en  côtoyant  toujours 
la  rive  occidentale  de  cette  grande  rivière,  à  la  diftance 
d'une  ou  de  deux  journées,  jusqu'à  l'endroit  où  il  joint, 
vers  les  ^1  d.  de  latitude,  l'autre  branche  du  Caucafe  , 
qui  eft  appellée  en  langue  Mogole  Tugra-Tubujluk.  Ce 
rameau  du  Caucaufe  eft  appelle  préfentement  Chaltaï. 
Hiftoire  des  Tartares ,  p.  91. 

KUTTEJAR  ,  ville  d'Afrique  ,  dans  le  royaume 
d'Yani,  dans  cette  partie  qu'on  appelle  le  haut  Yani , 
fur  la  rive  nord  de  la  Garnira:  à  un  mille,  les  Anglois 
y  avoient  un  comptoir  ;  mais  les  inondations  l'ayant 
renverfé  en  1725  ,  on  le  transféra  à  Samy,  ou  Samey, 
d'où  il  fut  encore  transféré  à  Walley.  *  Carte  de  la 
Gambra  par  le  capitaine  Léach,  1732. 

KUTTENBERG ,  ville  de  Bohême ,  à  fept  milles 
de  Prague  ,  en  tirant  vers  la  Moravie ,  en  latin  Gute- 
berga,  Cutna  rk  Cutna  mons  :  elle  eft  affez  bien  bâtie, 
&  doit  tout  fon  luftre  aux  mines  d'argent,  qui  font  dans 
la  montagne  dont  elle  prend  fon  nom.  En  1300,  on 
commença  à  y  frapper  des  gros  de  Bohême.  En  1307, 
cette  ville  n'étoit  point  encore  murée.  Elle  eft  petite. 
Les  Bohémiens  l'appellent  HoRA.  *  Zeyler,  Bohém. 
Topogr.  p.  40. 

KUTTUP-SCHAMACH  ,  (  le  pays  de)  vafte 
pays  de  notre  continent.  L'auteur  de  l'Hiftoire  généalo- 


gique des  Tartares,  p.  22,  entend ,  par  ce  pays,  ce  qui  eft 
litué  au  nord  fk  au  nord-oueft  de  !a  rner  Caspienne  ;  ck 
au  nord-eft  des  Indes  ;  ce  qui  comprend  à  préfent  la  Chine, 
le  Japon,  la  grande  Tartarie,  la  Sibérie.,  &  tout  ce  qui  en 
dépend  ;   la  Rufîie ,  la  Pologne  fk  la  Norvège. 

KUWANA,  Kfana,  ou  Quano,  ville  du  Ja- 
pon :  elle  eft  fort  grande  ,  rk  la  première  de  la  province 
d'Owari  :  elle  eft  fituée  fur  un  port  fpacieux,  ou  plu- 
tôt fur  une  baie  de  la  mer  du  midi.  Elle  eft  compolëe 
de  trois  différentes  parties ,  qui  font  comme  autant  de 
villes.  La  première  eft  entourée ,  de  même  que  la  troi- 
sième ,  d'une  haute  muraille  fk  de  foflës  :  les  portes 
font  fortes  &:  bien  gardées.  La  féconde  partie  ,  ou  celle 
du  milieu  ,  n'a  point  de  murailles  ;  mais  elle  eft  en- 
tourée d'eau,  à  caufe  que  le  pays  eft  plat  &  plein  de 
rivières.  Au  côté  méridional  de  la  troifiéme  partie ,  eft 
le  château  où  demeure  Matzindairo  Jetfu  Cami  :  il  eft 
bâti  dans  l'eau.  Les  murailles  en  font  fort  hautes ,  à 
caufe  des  barbacanes ,  &  couvertes  d'un  toit  fort  pro- 
pre :  on  y  a  bâti  des  fortins  à  peu  de  diftance  l'un  de 
l'autre  :  ce  château  occupe  un  grand  terrein.  Le  côté  de 
l'eft  feulement  eft  un  peu  rond  :  il  eft  féparé  de  la 
ville  par  un  fofle  profond,  fur  lequel  on  a  mis  deux  ponts 
de  communication.  Les  trois  autres  côtés  font  baignés 
de  la  mer.  Au  milieu  du  château,  il  y  a  une  tour  carrée 
&  blanchie,  de  fept  étages  de  hauteur,  avec  plufieurs 
tours  à  la  manière  du  pays ,  qui  contribuent  beaucoup 
à  la  beauté  de  la  place.  Ce  château  fut  bâti  par  l'em- 
pereur Gengoin  ,  qui  avoit  naturellement  de  l'averfion 
pour  le  fexe,  &  fur-tout  pour  l'impératrice  fon  époufe  ; 
de  forte  qu'il  ordonna  qu'elle,  les  dames  delà  cour, 
&  la  propre  nourrice  de  l'empereur,  y  pafleroient  le  refte 
de  leurs  jours.  *  Kœmpfer ,  Hift.  du  Japon,  /.  5, p.  107. 
KUYNDER,  fortereflè  des  Pays-bas,  dans  l'Overyf- 
fel,  au  bailliage  de  Wollenhoven ,  à  quatre  petites  lieues 
deSteenwik:  le  Théâtre  de  Blaeu  la  met  dans  la  Frife. 
Elle  avoit,  en  11 96,  fes  comtes  particuliers  ,  qui  étoient 
en  guerre  avec  Baudouin  ,  évêque  d'Utrecht.  *  Dift. 
géogr.  des  Pays-bas.  Blaeu ,  Theat.  urb. 

KUYVEN  ,  ville  de  la  Chine,   dans  le  Xenfi,  au 
département   dé  Pingleang  ,    quatrième  métropole  de 
cette  province.  Elle  eft  de  10  d.  7'  plus  occidentale  que 
Pékin,  fous  les  37  d.  18'  de  latitude.  *  Atlas  Sinenfî*. 
KYAKYA,  ou  Kiakiang  ,  ville  de  la  Chine,  dé- 
pendante de  celle  de  Linkiang ,  huitième  capitale  de  la 
province  de  Kianfi.  Voyez  KlANKIANG. 
KYBOURG.  Voyez  Kibourg. 
KYLBOURG,  petite  ville  d'Allemagne,  dans  l'élec- 
torat  de  Trêves ,   fur  la  rivière  de  Kyll ,  à  cinq  lieues 
de  Trêves.  Elle  eft  le  chef-lieu  d'un  bailliage  de  même 
nom.  *  Baudrand ,  édit.  1705. 

KYLE,  province  d'Ecofte,  dans  fa  partie  méridio- 
nale: elle  eft  bornée  au  nord  par  l'Irwin,  qui  la  fépare  de 
la  province  de  Cunningham  ,  fy.  au  midi  par  le  Dun ,  qui 
la  fépare  de  la  province  de  Carrick.  On  l'appelle  autre- 
ment the  Shire  of  Air,  le  comté  d'Air  ,  du  nom  de  fa 
capitale.  Cette  province  eft  fertile,  &  produit  toutes 
chofes  néceflaires  à  la  vie  humaine.  Les  principales  fa- 
milles de  cette  province  font  les  Stuafts  ,  Campbels  , 
Cunninghams ,  "Wallaces ,  Cra-wfords ,  Lockarts ,  Chal- 
mers ,  Dumbars  &  Creightons.  Campbel  ,  comte  de 
Londoun  ,  eft  baillif  héréditaire  de  cette  province. 
L'office  de  baillif  eft  le  même  que  celui  de  Shérif  en, 
d'autres  provinces.  Air  en  eft  l'unique  ville.  *  Etat  pré- 
fent de  la  Gr.  Bretagne ,  t.  2 ,  p.  260. 

KYLL,  rivière  d'Allemagne,  dans  le  cercle  électo- 
ral du  Rhin  :  elle  a  fa  fource  aux  confins  des  duchés  de 
Limbourg  St  de  Juliers  ,  coule  dans  le  comté  de  Man- 
derfeheid  ,  &  dans  l'archevêché  de  Trêves ,  baigne 
Stadtkill,  Gerolftein,  Kilbourg,  rk  fe  jette  dans 
la  Mofelle,  à  deux  lieues  au-deflbus  de  la  ville  de  Trêves. 
*  Baudrand,  édit.  1705. 

KYNETON ,  bourg  d'Angleterre  ,  dans  la  province 
de  Héréford.  On  y  tient  marché  public,  *  Etat  préf 
de  la  Gr.  Bretagne ,  t.  I. 


rt*yw 


LE    GRAND 


DICTIONNAIRE 

GÉOGRAPHIQUE, 


HISTORIQUE    ET    CRITIQUE. 


LAA 


A  ou  Las,  ville  ancienne  du  Péloponnèse, 
dans  la  Laconnie  ,  a«-  Les  Dioscures 
l'ayant  prife ,  en  furent  appelles  Laptrsa, 
Aavipaa, ,  félon  Strabon  ,  /.  8.  Elle  étoit 
fur  une  roche  élevée ,  félon  Etienne  le 
Géographe. 

LAA,  ou  Laab,  ouLaba,  félon  Baudrand ,  petite 
ville  d'Allemagne  i  dans  la  baffe  Autriche,  près  delà 
rivière  de  Téja ,  à  deux  milles  au-devant  de  Znaïm  , 
cnpaffant  vers  Niklausbourg  ,  dont  elle  eft  à  pareille  dis- 
tance. Elle  n'eft  remarquable  que  par  le  combat  qui  s'y 
donna ,  en  1*78,  entre  l'empereur  Rodolphe  de  Haps- 
bourg,  qui  demeura  victorieux,  SeOttocare,  roi  de  Bo- 
hême ,  qui  y  fut  tué  ;  ce  qui  a  acquis  l'Autriche  Se  la 
Stirie  à  la  mailbn  qui  les  pofféde  aujourd'hui. 

LA-ABEZ  ,  ou  La-Avez..  Voyez  Labez. 

LAAHOLM.  Voyez  LaHOLM. 

LAALEN4  GÉSULE,  montagne  d'Afrique,  au  royaume 
de  Maroc  ,  dans  la  province  de  Sus.  Le  nom  de  GéfuU 
eft  un  refte  du  mot  Gérulie,  un  peu  altéré.  Sa  pente  eft 
douce;  elle  a  au  couchant  le  mont  Henquife,  Se  au  le- 
vant la  province  qui  porte  fon  nom  ,  vers  le  midi,  les 
plaines  de  Sus  ;  &  le  grand  Atlas,  au  nord.  Voici  ce  que 
Marmol.  /.  3 ,  c.  30  ajoute,  à  cette  defctiption.  Elle  eft 
habitée  par  des  Béréberes  de  la  tribu  de  Muçamoda  , 
qui  fe  piquent  d'une  ancienne  nobleffe  ,  pour  s'être 
mieux  garantis  de  l'alliance  des  autres  peuples  ,  que  le 
refte  de  leur  nation.  Outre  cela  ,  ils  font  les'  plus  riches 
en  terres  Se  en^bétail,  Se  ont  plufieurs  chevaux.  Ils  ne 
diffèrent  point  pourtant  des  autres  en  habits  ni  en  cou- 
tumes ,  quoiqu'ils  fe  traitent  mieux  qu'eux.  Ils  ont  une 
mine  d'argent ,  qui  a  entretenu  long-tems  entr'eux  la  di- 
vifion  ;  car  avant  le  régne  des  Chérifs,  ils  vivoient  en 
liberté,  comme  les  autres  peuples  de  la  province;  Se 
chaque  branche  avoit  fon  Chec,  qui  la  gouvernoit  ;  mais 
ils  prétendoient  tous  à  la  mine.  Il  y  en  a  encore  d'au- 
tres de  cuivre  Se  de  laiton  fur  cette  montagne ,  d'où 
l'on  tire  quantité  de  métal  ;  Se  l'on  en  tirerait  encore 
plus,  fi  l'on  s'employoit  davantage  au  travail,  &  à  la 
recherche.  Mais  ils  fe  planent  plus  à  labourer  qu'à  creu- 
fer  la  terre  ,  parce  que  le  pays  eft  bon ,  &  rapporte 
beaucoup  de  bled  Se  d'orge.  Ils  ont  outre  cela  quantité 
de  miel  Se  de  cire,  Se  plufieurs  troupeaux  de  gros  Se  menu 


LAA 


bétail ,  qui  eft  leur  principal  revenu.  Ils  font  fix  mille  hom- 
mes de  combat,  parmi  lesquels  il  y  a  plufieurs  cavaliers  Se! 
plufieurs  arquebufiers.  Les  Gafules ,  qui  gardent  les  portes 
de  Fez ,  de  Maroc  Se  de  Tarudant ,  Se  ceux  que  le  Chérif 
tient  pour  la  garde  de  fa  perfonne,  font  de  cette  montagne, 
parce  qu'à  l'exemple  de  fon  père ,  il  fe  fie  plus  à  eux  qu'à 
pas  un  autre.  C'eft-làque  finiffent  les  habitations  de  S  s. 

LAAR,  ou  Lar  ,  ou  Laer,  comme  écrivent  les  re- 
lations des  Hollandois;  ville  de  Perfe,  dans  une  pro- 
vince dont  elle  eft  la  capitale.  Elle  étoit  autrefois  le  lieu 
de  la  réfidence  du  roi  de  cette  province ,  du  tems  que 
les  Guebres  étoient  maîtres  de  ce  pays.  Schah-Abas  la 
leur  ôta  ;  Se  maintenant  il  y  a  un  Kan,  qui  réfide  Se 
commande  à  toute  la  province ,  que  l'on  nomme  Ghermê, 
&  qui  s'étend  jusqu'aux  portes  de  Gomtom  ;  d'où  Laar 
eft  à  quatre  journées  de  chemin.  Le  gouvernement  de 
Laar  s'étend  d'ailleurs  jusqu'à  celui  de  Sc'hiras.  Laar  eft 
forte,  petite,  &e  fituée  fur  un  rocher.  Elle  n'a  point 
de  murailles,  mais  feulement  un  méchant  foffé,  au-delà 
duquel  il  y  a  plufieurs  maifons  allez  bien  bâties,  du 
nombre  desquelles  eft  celle  des  Hollandois  ;  Se  ce  font 
comme  les  fauxbourgs.  Il  n'y  a  rien  de  remarquable 
dans  la  ville  que  la  mailbn  du  Kan ,  la  place  ,  les  ba- 
zars Se  le  château.  La  maifon  du  Kan  regarde  fur  le 
folié  ;  lés  murailles  font ,  de  ce  côté-là ,  fort  élevées  ; 
Se  à  l'extrémité  il  y  a  un  divan  couvert,  propre  à 
prendre  le  frais.  L'entrée  de  cette  maifon  eft  dans  la 
place  qui  eft  fort  jolie.  Elle  eft  carrée ,  Se  tout  à  l'en- 
tour  ce  font  des  atcades  terraffées  par-deffus  avec 
un  baluftre  qui  régne  auffi  tout  à  l'entour.  Ce  baluftre. 
eft  compofé  d'arcs  entrelacés ,  hauts  d'environ  deux 
pieds  ,  qui  font  faits  d'une  bande  de  pierre ,  épaifle 
d'environ  quatre  pouces.  Au  milieu,  du  côté  de  la 
place  ,  qui  eft  vers  le  levant ,  eft  le  portail  de  la  maifon 
du  Kan  ,  qui  s'avance  un  peu  dans  la  place  ,  Se  a  fept 
faces.  Vis-à-vis  de  ce  portail,  au  côté  oppofé,  il  y  a 
une  grande  porte ,  au-deffus  de  laquelle  eft  un  grand  di- 
van couvert.  On  va  par  cette  porte  aux  bazars ,  qui  font 
fort  beaux,  larges  Se  pavés  de  grandes  pierres  fort  unies, 
&  bien  couverts.  Entr'autres,  il  y  en  a  un,  dont  le  toit 
eft  couvert  d'un  fort  grand  dôme  bien  fait ,  Se  les  bou- 
tiques en  font  bien  garnies.  Après  avoir  palfé  par  les 
bazars,  Se  traverfé  la  ville,  qui  a  fort  peu  de  largeur, 
Tome  III.    Rrrr  ij 


684 


LAfi 


LAB 


&  s'étend  en  longueur,  du  midi  au  nord,  on  vient  au 
quartier  des  Juifs,  qui  font  en  grand  nombre  dans  cette 
ville  :  leur  demeure  eft  auprès  du  pied  de  la  montagne, 
fur  laquelle  eft  le  château  qui,  ainfi-que  la  montagne, 
s'étend  du  midi  au  nord  ;  &  il  eft  au  couchant  à  l'é- 
gard de  la  ville.  Ce  château  eft  tout  bâti  de  pierres ,  & 
eft  fort  lonÇ.  Les  murailles  en  paroiffent  bonnes  ,  &,  par 
intervalle,  ilya  des  tours.  La  montagne  fur  laquelle  il 
eft  fîtué  eft  toute  de  foc,  &  escarpée  presque  de  tous 
côtés.  Ce  château  commande  tous  les  environs;  &  il  y 
a  une  muraille  ,  qui  en  eft  tirée  un  peu  fur  le  penchant, 
du  côté  de  la  ville,  avec  quelques  tours.  Il  eft  aflez  fort" 
pour  le  pays ,  &  a  été  bâti  par  les  Guebres.  On  fait 
en  cette  ville  de  bonne  poudre  à  canon.  La  boiflbn  y 
eft  fort  mauvaife ;  car  on  n'y  a  que  de  l'eau  de  citerne, 
qui  eft  fort-mal  faine.  Il  eft  bon  d'y  éteindre  un  fer 
rouge  ,  &  de  la  palier  par  un  linge ,  à  caufe  des  vers 
qui  s'y  trouvent.  Toute  la  campagne  aux  environs  de 
Laar  eft  pleine  de  tamariffes  extrêmement  gros  ;  &  Thé- 
venot  (Suite  du  Voyage  de  Levant,  c.  4,  p.  256, )  de 
qui  j'emprunte  ce  que  je  viens  de  dire  ,  ajoute  qu'il 
n'en  a  jamais  tant  vu  en  un  endroit.  Corneille  le  Brun 
(Voyage  de  Perfe,  c.  59  ,  p.  317,)  qui  y  paffa  vers  la 
fin  d'Août  1705  ,  dit  que  c'eft  une  place  de  grand  né- 
goce ,  où  il  fe  fait  des  manufactures  de  foie  ,  &  les  meil- 
leurs canons  de  funls  de  toute  la  Perfe.  Je  trouvai,  dit- 
il,  toutes  les  avenues  de  cette  ville  bien  entretenues  ,  Se 
la  plupart  des  maiibns  fort  élevées,  entre  lesquelles  il  y 
en  a  plufieurs  qui  ont  des  ouvertures  pour  recevoir  le 
vent.  Le  bazar,  qui  eft  au  milieu  de  la  ville,  en  eft  le 
plus  beau  bâtiment:  il  eft  de  pierre,  voûté,  &  rempli 
de  boutiques ,  avec  deux  rangées  au  milieu ,  ôe  a  deux 
cents  feize  pas  de  longe.  ...  Les  avenues  de  cette  ville 
reffemblent  à  un  bois,  le  terrein  en  étant  rempli  de 
palmiers,  d'orangers  &C  de  citronniers;  ce  qui  fait  qu'on 
a  de  la  peine  à  la  voir  par  dehors.  .  .  Elle  eft  ou- 
verte comme  un  village  ,  ck  s'étend  fort  loin,  de  côté  & 
d'autre,  entre  les  montagnes.  Il  s'y  trouve  un  grand  nom- 
bre de  mosquées  ;  mais  il  n'y  en  a  point  de  belles  :  la 
principale,  qui  a  un  grand  dôme,  fe  nomme  Pirpanon 
d'après  un  de  leurs  faints; 

1.  LA  AS,  contrée  d'Afie ,  dans  la  Tartarie.  Voyez 
Làsa. 

2.  LAAS,  petite  ville  d'Allemagne,  au  cercle  d'Au- 
triche, dans  la  Carniole,  avec  un  château  fur  le  Boick 
ou  Poyck,  peu  loin  du  lac  de  Czircknitz.  Ce  lieu  eft 
fameux  dans  l'Hiftoire  de  la  guerre  du  Cilli,  en  1435. 
fZeyler,  Carn.  Topogr. 

LAATTHA,  A«*Vôa  ,  ville  de  l'Arabie  heureufe, 
félon  Ptolomée ,  /.  6 ,  c.  6.  L'édition  de  Bertius  porte 
A*ï95«,   Laaththa. 

LAB  A ,  ville  de  l'Arabie  heureufe ,  vers  le  golfe  Ela- 
nitique ,  félon  le  même. 

LABAC,  bois  de  France  ,  au  département  de  la 
maitrife  des  eaux  &  forêts  de  Pamiers;  il  eft  de  cent 
foixante-fept  arpens  &£  demi. 

LABACA,  ville  de  l'Inde,  en-deçà  du  Gange ,  au 
pays  du  peuple  Pandovi ,  félon  Ptolomée,  l.j,  c.  1. 

LABAE,  ville  de  la  Chattenie ,  contrée  des  Ger- 
rhéens,  dans  l'Arabie  heureufe,  félon  Etienne  le  Géo- 
graphe ,  Se  un  fragment  du  treizième  livre  de  Polybe. 
C'eft  la  même  que  Laba  de  Ptolomée ,  au  jugement  de 
Berkélius  ;  mais  il  n'a  pas  fait  réflexion  fur  l'éloigne- 
ment  du  pays  des  Gerrhéens  &  du  golfe  Elanitique  ;  il 
y  avoit  toute  l'Arabie  entre  deux  :  ainfi  ces  deux  lieux 
n'ont  rien  de  commun  qu'une  reffemblance  de  nom. 

LABAN,  lieu  dont  il  eft  parlé  au  Deuteronome,  ci, 
v.  1.  D.  Calmet,  qui  dit  qu'il  eft  inconnu  ,  obferve 
pourtant  qu'il  étoit  au-delà  du  Jourdain ,  dans  les  plaines 
de  Moab. 

LAB  AN  A,  lieu  de  la  Paleftine,  dans  la  Tribu  de 
Juda ,  félon  le  livre  de  Jofué ,  c.  15,  v.  42.  Les  Sep- 
tante lifent  Lebna.  Voyez  Lebna. 

LABANATH,  lieu  de  la  Paleftine,  dans  la  tribu 
d'Afer ,  félon  Jofué,  c.  29  ,  v.  27.  D.  Calmet  croit 
que  c'eft  le  promontoire  Blanc,  fitué  entre  Ecdippe  & 
Tyr ,  félon  Pline  ,  /.  5  ,  c.  19.  L'hébreu  lit  Sihor  La- 
banath,  au  lieu  de  Sihor  Se  Labanath  ;  ce  qui  fait  croire 
que  ces  deux  mots  ne  marquent  qu'un  même  lieu  ,  Se  que 
Sihor  eft  le  nom  d'un  ruiffeau,  comme  qui  dirait:  Et 
le  rui(feau  d'eau  trouble  qui  ejl  fur  le  promontoire  Blanc. 


LABANIS,  ifle  de  l'Arabie  heureufe,  dans  la  mer 
des  Indes ,  félon  Ortélius ,  qui  cite  Pline.  L'édition  du 
R.  P.  Hardouin,  1.6,   t.  2§,  lit  Labatanis. 

LABAPI,  ou  Lauapia,  rivière  de  l'Amérique  mé- 
ridionale ,  au  Chili ,  à  quinze  lieues  de  celle  de  Biobio. 
Ces  deux  rivières  font  féparées  l'une  de  l'autre  par  une 
large  Se  fpacieufe  baie  ,  fur  laquelle  eft  la  province  d'A- 
rauco.  Celle  de  Labapi  eft  à  37  d.  30'  de  latitude  méri- 
dionale, félon  Herrera ,  Se  court  depuis  la  fortereffe  que 
les  Espagnols  tiennent  en  ce  lieu-là  contre  ceux  d'A- 
rauco,  vers  le  fud-oueft;  de  forte  qu'elle  femble  fortir 
de  la  même  baie.  Elle  eft  fort  poiflbnneufe ,  Se  ne 
porte  que  de  petits  bâtimens.  *  Corn.  Dict.  De  Ld'ét, 
Ind.  occid.  I.  12,  c.  14. 

LAB  ARA,  bourg  d'Àfie,  dans  la  Carie,  félon  Etienne 
le  Géographe. 

LABASA,  ou  DabaSjE,  félon  les  divers  exemplaires 
de  Ptolomée  ,  /.  7,  c.  1,  peuple  de  l'Inde  ,  en-deçà 
du  Gange. 

LABASSIS,  ou  DalAsis,  contrée  d'Afie,  dans  là 
Cilicie,  félon  Ptolomée,  cité  par  Ortélius. 
LABATHA.  Voyez  Lodabar. 
LABATHLAN,  village  de  la  baffe  Hongrie,  à  une 
lieue  deGran.  On  y  a  trouvé  une  infeription  qui  donne 
lieu  de  conjecturer  que  c'eft  l'ancienne  Commercium  de 
la  baffe  Pannonie.  *  Baudrand,  éd.  1705. 
LABBANA;  Voyez  LambanA. 
LABDALUS ,   fort  particulier  de  la  ville  de  Syra- 
eufe,  félon  Thucydide  ,  /.  6,/>.  482;  Se/.  7 ,  p.  491. 
Ortélius  croit  que  c'eft  la  même  hauteur  que  Tite-Live, 
/.  24,  c.  21  ,  appelle  Hexapylum. 

LABDENSIS  ,  fiége  épiscopal  d'Afrique  ,  dans  !a 
province  proconfulaire.  Il  eft  fait  mention  de  Rufin,  fon 
évêque,  dans  la  Conférence  de  Carthage,/.  282,  édit. 
Dupin. 

LABEATiE  Se  Labeates  ,  ancien  peuple  d'Illyrie. 
Pline,  /.  3.,  c.  22,  en  parle  comme  d'un  peuple  qui  ne 
fubfïftoit  plus  de  fon  tems.  Ils  etoient  aux  environs  de 
Scodrd  ,  aujourd'hui  Scutari.  Tite-Live,  /.  44,  c.  25 
6*  3 1 ,  dit  qu'ils  étoient  fournis  au  roi  Gentius,  Se  nomme 
leur  pays  Labeatis  Terra.  Scutari  étoit  leur  plus 
forte  place. 

LABEATIS  PALUS  ;  le  lac  de  Scutari.  Tite  Live 
décrivant  la  ville  de  Scodra ,  ancien  nom  de  Scutari ,  dit 
qu'elle  eft  entre  deux  rivières,  dont  l'une  eft  la  Barbana 
(  Boyana  )  qui  vient  la  baigner  au  couchant  ,  Se  a  fa 
lôurce  dans  le  lac  de  Labeatis.  Ortélius  dit  avec  Niger: 
fi  ce  lac  Labeatis  n'eft  pas  le  même  que  le  lac  de  Scu- 
tari ,  il  faut  dire  que  ce  dernier  n'avoit  point  de  nom 
chez  les  anciens. 

LABECIA ,  ville  de  l'Arabie  heureufe.  Elle  fut  une 
des  places  que  détruifit  Gallus  dans  fon  expédition ,  fé- 
lon Pline  ,  /.  6 ,  c.  28. 

LABEDE,  ou  Labade,  très-petit  royaume  d'A- 
frique, fur  la  côte  d'or,  entre  le  royaume  d'Akra ,  au 
couchant,  Se  celui  de  Ningo  au  levant.  Quoiqu'il  n'ait 
que  quatre  lieues ,  tout  au  plus,  de  circonférence  ,  on  y 
trouve  cependant  deux  villes  affez  confidérables  ,  favoir 
Orfo,  SeLabade;  cette  féconde  eft  très-peuplée.  Elle  eft 
environnée  d'un  mur  fec  de  pierre.  Sa  fituatiorreft  dans 
une  vafte  prairie.  Tous  les  Nègres  de  ce  carron  font 
généralement  livrés  à  la  culture  de  leurs  terres  ,  &  ont 
de  nombreux  troupeaux  de  moutons.  *  Anus,  p.  $z; 
Barbot.  p.  184.  Cote  de  Guinée,  par  Bellin. 

LABELLUM,  nom  latin  de  La  vello.  Voyez  cenom: 
LABEO,  nom  latin  de  Lons-LE-Saunier.   Voyes 
ce  mot. 

LABER,  (le)  rivière  d'Allemagne,  dans  la  Bavière. 
Il  y  en  a  deux  fort  voifines  l'une  de  l'autre  ;  Se  on  les 
diftingue  par  les  furnoms  de  grofs  Se  de  hlein ,  de  grand 
&  de  petit.  Toutes  les  deux,,  après  avoir  enfermé  en- 
tr'elles  la  petite  ville  de  Rain  ,  fe  perdent  dans  le  Da- 
nube, entre  Augsbourg  &c  Straubing,  beaucoup  plus» 
près  de  cette  dernière.  *  Carte  particul.  de  la  Bavière. 

La  rivière  de  Laber  ne  coule  point  à  Rain ,  qui  en 
eft  bien  éloigné,  &  placé  fur  la  rivière  d'Acha.  On 
donne  à  connoître  qu' Augsbourg  eft  fur  le  Danube  ;  ce 
qui  eft  faux.  II  eft  fur  le  Lech,  à  une  très-grande  dis- 
tance de  Straubing.  Il  falloit  dire  que  le  Laber  fe  rend 
dans  le  Danube,  entre  Ratisbonne  &  Straubing,  mais 
plus  près  de  cette  dernière. 


LAB 


LAB 


68; 


LABERRIS,  ville  de  l'Espagne  Tarragonnoife,  dans 
l'ancienne  Aftrurie,  félon  Ptolomée  ,  /.  2  ,  c.  6.  Quel- 
ques-uns croient  que  c'eft  préfentement  Penaflor,  entre 
Léon  &  Oviédo. 

LABERUS,  ancienne  ville  de  l'Hibernie,  félon  le 
même.  On  difpute  fi  c'eft  préfentement  Kildare ,  dans 
la  province  de  Leinfter  en  Irlande ,  au  comté  de  Kil- 
dare ,  ou  Kells  ,  dans  la  même  province ,  au  comté 
d'Eaft-Méath. 

LABESE.  Voyez  Lambesc. 

LABESZAN  ,  contrée  de  Perfe,  dans  le  Kilan  ,  le 
long  de  la  mer  Caspienne  ,  félon  Olearius ,  Voyage  de 
Perfe  ,  /.  4.  Elle  eft  renommée ,  à  caufe  de  l'excellence 
de  fa  foie.  Ses  villes  les  plus  confidcrables  font  : 

Lenkeru,  Kutsesbar, 

&  Amelckende. 

LABEZ  ,  autrefois  royaume  ,  préfentement  contrée 
du  pays  d'Alger.  C'eft  un  pays  de  montagnes,  qui  con- 
fine à  l'eft  du  Couco  ,  &  habité  par  des  peuples  fembla- 
bles,  {don  Laugier  de  Taffî,  Hift.duR.  d'Alger,/;.  149. 
Ils  ont  les  mêmes  mœurs  &  les  mêmes  maximes  ;  mais 
comme  ils  ne  peuvent  empêcher  l'abord  des  troupes 
d'Alger  ,  ils  font  obligés  de  payer  le  tribut  au  Dey. 
Ce  tribu  confifte  ordinairement  en  chevaux.  Cette  mon- 
tagne n'eft  pas  beaucoup  fertile  en  grains  ni  en  fruits. 
Us  n'y  a  presque  que  du  glayeul ,  espèce  de  jonc  dont 
on  fait  les  nates  qu'on  nomme  en  arabe  Labe[;  Se  c'eft 
de- là  qu'eft  venu  le  nom  au  royaume  de  Labez.  Bau- 
drand y  met  une  capitale  de  même  nom,  dont  même  il 
cherche  la  fondation  chez  les  anciens.  Cette  ville  eft 
imaginaire. 

LABIAV ,  forterefle  du  royaume  de  PruiTe  ,  dans  la 
petite  province  de  Samland ,  &  aux  confins  de  la  Na- 
dravie ,  fur  la  rivière  de  Dremme ,  en  approchant  du 
golfe  de  Curlande.  Elle  fut  bâtie  l'an  1158.  Il  y  a  une 
douane.  *  Zeyler,  Boruff.  Topogr.  p.  3?. 

LABICI,  ScLaviciou 

LABICUM,  &  Lavicum,  ancienne  ville  d'Italie, 
dans  la  Latium,  aux  environs  de  Tusculum.  Elle  étoit 
ancienne.  Strabon  ,  /.  5  ,  p.  237,  le  dit:  riaAa'ov  aoSihov. 
Tite-Live,  /.  4,  c.  47  dit:  ad  Lavicos  duclus  excrcitus; 
&  enfuite  :  Senatus  cenfuic  frequens ,  Colonïam  Lavicos 
deductndam.  Ciceron,  2.  Agrar.  c.  35,  dit:  Labicos,  Fi- 
dtnas ,  Collatiam,  Silius  Italicus  ,  /.  8,  v.  367,  dit: 

Habiles  ad  aratra  Labici. 

On  ne  fait,  dans  ce  vers,  s'il  nomme  la  ville  ou  les  ha- 
bitans.  Les  poètes  difent  communément  Labici  pour  La- 
blcani ,  témoin  Virgile,  ./Eneïd.  /.  7,  y.  796: 

.  Et  picli  fcuta  Labici. 

Les  anciens  ont  dit  non-feulement  Labici  au  pluriel  pour 
lignifier  ce  lieu,  mais  encore  Labicum  au  fingulier; 
outre  Strabon  cité  ci-defTus,  Silius,  /.  12 ,  y.  534,  dit: 

Campos  ingreffus  &  arva  Labici. 

Tite-Live,  l.  16  ,  c.  9 ,  en  marque  la  fituation  lors- 
qu'il décrit  le  voyage  d'Hannibal,  qui,  marchant  par  le 
territoire  de  Frufinum  ,  de  JPerentinum  &  d' 'Anagni , 
vint  dans  le  territoire  de  Labicum  ;  in  Labicanum.  C'eft 
préfentement  la  COLONNA,  au  rapport  de  Holftenius  , 
à  quinze  milles  de  Rome ,  à  la.  droite  du  chemin  auquel 
ce  lieu  donnoit  le  nom  de  via  Lavicana. 

Ce  chemin,  au  refte  eft  nettement  décrit  par  Strabon  , 
/.  5,  />.  237.  La  voie  Lavicane  commence,  dit-il,  à 
la  porte  Exquiline,  où  commence  auffi  la  voie  Prénes- 
tine.  Enfuite  la  laifiant  à  gauche  avec  le  champ  Exqui- 
lin,  elle  avance  au-delà  de  fix  vingt  ftades ,  &r  appro- 
chant de  l'ancienne  Lavicum,  place  fituée  fur  une  hau- 
teur fk  à  préfent  ruinée  ,  elle  laiiTe  ce  lieu  &  celui  de 
Tusculum  à  droite  ,  &  va  au  lieu  nommé  ad  Picl.is 
fe  terminer  dans  la  voie  Latine. 

LABIE^I  CASTRA,  lieu  de  la  Gaule  Belgique,  dont 
parle  Cefar,  /.  <\  &  6  de  fes  Commentaires.  On  a  ap- 
pelle enfuite  ce  lieu  LaubiUm,  Laubacum;  tx  on  y 


a  bâti  us  monaftere  qui  eft  l'abbaye  de  Lobe.  Voyez 
ce  mot. 

LABIN1US  ,  nom  latin  du  Lavino  ,  rivière  d'Italie, 
dans  le  territoire  de  Bologne ,  à  huit  milles  de  la  ville 
de  ce  nom,  en  tirant  vers  Modene.  C'eft  dans  une  ifle 
de  cette  rivière  que  les  triumvirs  s'abouchèrent  &  par- 
tagèrent entr'eux  l'empire  Romain.  Appien,  Civil.  K4, 
qm  rapporte  ce  fait,  fe  trompe  en  ce  qu'il  dit  que  c'étoit  > 
prés  de  Modène  ;  le  Lavino  n'en  approche  point  affez.  Il 
fe  trompe  encore  quand  il  dit  que  c'étoit  dans  une  ifle 
de  cette  rivière;  il  n'y  en  a  point  qui  fût  propre  à  une 
pareille  conférence,  de  manière  que  les  triumvirs  puf- 
fent  parler  au  milieu  librement,  &  fans  être  entendus  de 
ceux  qui  gardoient  le  rivage  &  les  ponts.  Dion  Caffius, 
/.  46,  fub  finem ,  dit  beaucoup  mieux  que  ce  fut  dans  une 
petite  ifle  de  la  rivière  qui  coule  à  Bologne.  Ainfi  ce 
n'eft  plus  une  ifle  du  Lavino ,  mais  du  Réno  que  Pline 
nomme  la  rivière  de  Bologne.  Voyez  Réno.  Suétone, 
in  Augufi.  dit  que  les  troupes  des  triumvirs  s'afîem- 
blerent  à  Bologne;  &  Plutarque,  in  Ciceron.  dit:  ils 
s'entretinrent  feuls ,  fans  témoins,  durant  trois  jours,  au- 
près de  la  ville  de  Bologne,  &  le  lieu  de  leur  entrevue 
étoit  devant  le  camp,  &  enfermé  par  la  rivière.  Ainfi 
l'autorité  d'Appien  tombe  ,  &  le  Lavino  n'a  rien  de 
commun  avec  l'entrevue  des  triumvirs.  Ce  fut  dans 
une  ifle  du  Réno,  non  auprès  de  Modène,  mais  auprès 
de  Bologne. 

LABISCO,  génitif  onis  ;  lieu  de  la  Gaule  Narbon- 
noile,  fur  la  route  de  Milan  à  Vienne,  entre  Lemincum. 
&  Auguflum ,  à  quatorze  mille  pas  de  l'une  &c  de  l'autre, 
félon  l'Itinéraire  d'Antonin.  On  croit  que  c'eft  préfente- 
ment le  Pont-Beauvoisin,  petite  ville  duDauphiné. 
Voyez  au  mot  Pont. 

LABO  ,  petite  ville  des  Indes  ,  fur  la  côté  occidentale 
de  Tifle  de  Sumatra,  au  nord-oueft  de  Sinkel.  Cette  ville, 
qui  dépend  d'Achem,  produit  du  poivre  qui  fait  tout  fon 
commerce.  Dans  la  Carte  de  Robert  on  l'appelle  Labau. 
Longit.  112  d.  latit.  3  d.  *  Rob.  de  Vaugondy  Atlas. 

LABOCLA  ,  ville  de  l'Inde  en -deçà  du  Gange, 
félon  Ptolomée  ,/.  7,  c.   1. 

LABODES  AQILE,  ancien  lieu  de  Sicile,  qui  pre- 
noit  fon  nom  des  eaux  minérales  ;  il  s'y  établit  une  co- 
lonie nommé  Thermie,  les  Thermes.  Pline,  l.-t 
c.  8 ,  dit  :  Thermœ  colonia.  Antonin  dans  fon  Itinéraire 
dit  Amplement,  ad  aquas ,  &  ailleurs,  ad  aquas  Laro- 
des;  &  la  table  de  Peutinger  porte,  ad  aquas  Labodes. 
Quelques  exemplaires  d'Antonin  portent  Lubodas&La- 
rodas.  Voyez  au  mot  ad  le  9e  article  AD  Aquas 

LABORATORIS  TERRA.  Voyez  Labrador. 

LABORES.  (ad)  Voyez  Cibalis. 

LABORI^E,  contrée  de  l'Italie,  dans  la  Campanie; 
Pline,  /.  18,  c.  11  ,  dit  :  autant  que  la  Campanie  fur- 
pafTe  en  bonté  les  autres  pays,  autant  elle  eft  elle-même 
furpaflee  par  le  canton  qui  en  fait  partie  ,  que  l'on  ap- 
pelle LABORlvE  ,  &  que  les  Grecs  appellent  Phle- 
GRE1UM.  Ce  canton  des  Labories  eft  borné  par  deux 
voies  confulaires  ,  lavoir  celle  qui  vient  de  Pouzzol ,  Se 
celle  qui  vient  de  Cumes,  &  toutes  les  deux  aboutif- 
fent  à  Capoué.  Olivier,  hal.  ant.  1.  4 ,  c.  2,  chicane 
Pline  fur  ce  paffage  ,  &  l'explique  mal.  Pline,  /.  j,c.  <jt 
nomme  ce  même  canton  Laeorini  campi  ;  &:  Phle- 
GR£lCAMPi;  &  c'eft  la  même  chofe ,  félon  le  P. Har- 
douin.  Cluvier  les  diftingue.  Il  veut  que  l'on  dife  Le- 
BORIjE  &  non  pasLABORl^E  ,  &  fe  moque  de  ceux  qui 
croient  que  de-là  eft  venu  le  nom  moderne  que  porte 
la  Campanie  ,  que  l'on  appelle  aujourd'hui  la  terre  de 
Labour,  Terra  DI  Lavoro.  Il  s'appuie  de  l'autorité 
de  la  Chronique  du  mont  Caîfin  ,  où  il  en  eft  fouvent 
parlé,  &  où  ce  canton  eft  conftamment  nommé  Libé- 
ria, mot  qui,  dans  l'Hiftoire  mêlée,  /.  16,  eft  cor- 
rompu &  changé  en  Liguria  :  Cumanos ,  Puteolanos  , 
&  alios  plurimos  in  Liguria  degentes.  Sanfélice  cité  par 
Baudrand ,  éd.  1682,  dir  que  c'eft  préfentement,  terri- 
torio  di  Gaudo  ;  mais  Camille  Pérégrinus  prétend  que 
c'eft  C.impo  quarto.   Vide  Harduin.  in  Plin.  loco  citato. 

LABOTAS ,  rivière  de  Syrie ,  près  d'Antioche.  Voyez 
Hypatus  2. 

LABOVA  ,  fort  de  l'ifle  de  Bachian,  une  des  Molu- 
ques,  félon  Baudrand,  ou  plutôt  dans  l':flede  Labova, 
voifine  de  Bachian,  félon  l'hiftorien  des  Moluques,  qui 


686 


LAB 


LAB 


nous  apprend  que  ce  fort ,  appelle  auffi  Barneveld,  ap- 
partient aux  Hollandois. 

LABOUR,  (la  terre  de)  province  d  Italie,  au 
royaume  de  Naples.  Les  Italiens  la  nomment  terra  di 
Lavoro.  Nous  avons  remarqué  ,  au  mot  Campanie, 
l'ancien  état  de  cette  contrée  ,  qui  en  faifoit  partie , 
&  au  mot  LABORliE  le  fentiment  de  quelques  favans 
fur  l'origine  du  nom  moderne!  Cette  province  eft  grande, 
très-fertile  ,  bien  peuplée  ,  &C  la  première  du  royaume. 
Elle  eft  bornée  au  nord  par  l'Abruzze  ultérieure  &  cité- 
rieure  ;  à  l'orient,  par  le  comté  de  Molifle  &c  par  la  prin- 
cipauté ultérieure  ;  au  midi,  par  la  même  principauté,  &C 
par  le  golfe  de  Naples  ;  &  au  couchant,  par  la  mer  Tyr- 
rhène ,  &C  par  la  Campagne  de  Rome.  On  a  auffi  appelle 
ce  pays  la  Campanie  heureufe,  Campania  felix ,  à  caufè 
de  la  bonté  de  fon  air,  &  de  la  fertilité  de  fon  terroir 
qui  produit  en  abondance  tout  ce  qu'on  peut  fouhaiter 
de  meilleur  ;  fon  étendue  ,  le  long  de  la  mer  ,  eft  de 
près  de  cent  quarante  milles  ,  fur  trente-trois  dans  fa 
plus  grande  largeur.  Elle  eft  d'autant  plus  confidérable 
que  fa  capitale  donne  le  nom  à  tout  le  royaume.  Entre 
{es  principales  villes ,  on  compte  trois  archevêchés  Se 
un  bon  nombre  d'évêchés. 


fNaple 


le  long^ 
de  la  ' 
*ier. 


les ,  capitale  du  royaume  Se  de  la 
I      province. 
Pouzzol ,  Puuoli. 
|  Caftel  à  Mar  di  Volturno ,  àl'embou- 
Cités.   {      chure  du  Volturno. 

IVico,  Viens. 
Sorrento,  Surrentum. 
Mafia  di  Sorrento. 
(Gaéta ,  Caïela. 

(Sperlonga,  Spelunca* 
Mola. 
Patria. 
Cuma. 

II  Caftel  di  Baïa,  Baianum  Caftellum. 
villes  &^  Mergolino  ,  Mereelina.  ou  Mergulï- 
I  bourgs.  num  s  ]jeu  ou  demeuroit  le  fameux 

Sannazar.  Il  en  fit  préfent  aux  pères 
Servites. 
Torre  del  Greco,  Turris  Graca  ;  d'au- 
tres veulent  que  ce  foit  Tunis  Oc- 
tava ,  parce  qu'elle  eft  à  huit  milles 
|  de  Naples. 

^  (Torre  dell'  Annunciata. 

(La  nouvelle  Capoue. 
Noie. 
Aversa. 
Seffa,  Suefa. 
Fondi,  Fundi. 
Acerra. 

Traïetto ,  Trajectum, , 
Alifi,  Alifr. 
Aquino  ,  Aquinunii 
Monte  Caffino  ,  Caflinus  Moiis. 
Sora  ,  duché. 
Tiano  ,  Teanum. 
Caïazzo  ou  Gaïazzo,  Calatia. 
j)ans  Calvi ,  anciennement  Cales. 

lester-*  Jelefe,  Tel  fa. 

Venafro ,  Venajrum. 
Carinola,  Carinula. 
Cazerta,  Caferta. 
(Larino,  Larinum. 

Jtri,  bourg  joliment  fitué. 

Caftro  Nuovo. 

Arce,  Arx. 

Arpino  ,  Arpinum. 

San-Germano,  au  pied  du  mont  Cas- 
fin. 

Gallucio  ,  Gallutium,  près  de  Vena- 
fre.  C'eft-là  que  Roger,  fils  de  Ro- 
ger ,  comte  de  Sicile ,  ayant  été  af- 
fiégé  par  le  pape  Innocent  II,  ce 
Petites*     pontife  fut  fait  prifonnier,  ÔC  traité 


(  Cités. 


villes  &      avec  beaucoup  de  douceur   Se  de 
bourgs.         respect. 

Santa  Maria  di  Alvito ,  par  corrup- 
tion pour  Olivao  ;  Sancla  Maria. 
Olivetina. 
Torre    Francolifi  ,    Tunis  Francoli- 

Santa  Maria  délia  Gracia ,  ou  Capua 
vetere  ;  c'eft  le  lieu  où  étoit  l'an- 
cienne Capoué ,  à  deux  milles  de 
la  nouvelle. 

Marcigliano ,  Marlianum ,  ou  Maria- 
num ,  ou  Merdianum. 

Poggio  Reale  ,  palais  bâti  par  Ferdi- 
nand I ,  roi  d'Aragon ,  fur  les  rui- 
nes de  Paléopolis.  Il  tombe  en  ruine, 
faute  d'entretien. 

Matalone  ,  comté  qui  appartient  aux 
Caraffes. 

Morone  ,   Moronida. 

Durazzano  ,  Duratianum. 

Somma  ,  joli  bourg  ,  au  pied  du  Vé- 
fuve  ,  qui  en  prend  fon  nom  mo- 
derne. 


Les  rivières  les  plus  considérables  de  cette  province, 
font: 

Le  Gariglan ,  L'iris. 

Le  Saône  ou  Livigliano,  Savo. 

Le  Volturno  qui  reçoit  le  Calvi,  le  Sabato,  &c. 

Le  Clanio  ou  Patria. 

Le  Sarno  ou  Searàti. 

Les  lacs  font  : 

Mare-Morto.  C'eft  plutôt  un  golfe  qu'une  mer, 
L'Averne  ou  Lago  di  Tripergole. 
Lago  di  Collucia ,  Aeherujius. 

Il  y  a  des  bains  fans  nombre.  Nous  en  avons  marqué 
les  principaux,  aux  motsBAINS  &  BAGNIj- 

Les  principales  montagnes  font: 

Le  Véfuve  ou  le  mont  de  Somma. 
Le  Pofilipe,  Paufdipus. 
Monte-Ciftello ,  Ci/Iellus  mons. 
Aftrugno  ,  AJlrunus. 
Monte-Chrifto. 
Monte-Dragone  ,  Mons  Draconis. 

On  voit  dans  Cette  province  deux  fameufes  grottes  ;  l'une 
eft  la  grotte  de  la  Sibylle ,  en  latin  Baiana  ou  Cumané 
Crypta.  Elle  h'avoit  autrefois  aucune  iffue  ;  &  les  poètes 
en  publioient  une  infinité  de  merveilles  imaginaires  ; 
mais  Agrippa  ,  le  gendre  d'Augufte ,  ayant  fait  abbatre 
le  bois  d'Averne  &  pouffer  la  folle  .jusqu'à  Cumes ,  dif- 
fîpa  les  fables  que  l'on  avoit  imaginées  fur  les  ténèbres 
de  ce  lieu-là.  L'autre  grotte  eft  celle  de  Naples ,  dont, 
sous  parlons  ailleurs. 

LABOURD ,  (le)  petite  contrée  de  France ,  dans 
la  Gascogne ,  &  au  pays  des  Basques ,  dont  il  fait  par- 
tie. Il  eft  borné  au  nord  par  l'Adour  &  par  les  Landes; 
à  l'orient,  par  la  Navarre  Françoife,&  parle  Béarn;  au 
midi,  par  les  Pyrénées  ,  qui  la  féparent  de  la  Biscaye  & 
de  la  Navarre  Espagnole  ;  &  au  couchant,  il  a  l'Océan 
&  le  golfe  de  Gascogne.  Il  prend  (on  nom  d'une  place 
nommée  Lapurdum,  qui  ne  fubfifte  plus.  Voyez  ce 
mot.  On  recueille  dans  ce  canton  beaucoup  de  fruits, 
un  peu  de  bled  &  de  vin.  C'eft  par-là  que  les  anciens 
Vascons  ou  Gascons  ,  &c  après  eux  les  Sarazins  ,  ont 
commencé  à  fortir  d'Espagne  &c  à  pénétrer  dans  l'Aqui- 
taine. Le  Labourd  s'étendoit  autrefois  jusqu'à  S.  Sébas- 
tien, dans  la  province  de  Guipuscoa;  mais  les  rois  d'Es- 
pagne s'en  font  approprié  tout  ce  qui  eft  deçà  de  la  ri- 
vière de  Bidafloa  à  leur  égard.  La  ftérilité  du  pays  eft 
caufequè  les  habitans  ne  payent  qu'une  petite  redevance 
au  roi ,  &  il  n'y  a  point  d'impofitions  ordinaires.  Les 
principaux  lieux  font  ; 


LÂB 


Bayonne , 

Uftarits 

S.  Jean  Luz, 

Andaye 

Sibour, 

Bidache 

Guiche , 

&c. 

Le  bailliage  du  pays  de  Labourd  dépend  du  fénéchal  de 
Dax.  On  attribue  aux  peuples  de  ce  pays  d'avoir 
été  les  premiers  à  la  pêche  de  la  baleine.  *  Piganiol 
de  la  Force,  Description  de  la  France,  /.  4  ,  p.  505 
&  579. 

LABRADOR,  grand  pays  de  l'Amérique  feptentrio- 
nale ,  borné  au  notd-eft  par  le  détroit  de  Hudson ,  & 
par  la  mer  du  nord  ;  au  fud-eft,  par  le  détroit  de  Belle- 
Ifle,  qui  le  lépare  de  Terre -neuve  ;  au  midi,  par  le  golfe 
&  par  la  rivière  de  S.  Laurent ,  par  le  Saguenai  ck  par 
les  Chriftinaux  ,  qui  font  partie  du  Canada  ,  ck  enfin  au 
couchant  par  la  baie  de  Hudson.  Il  s'étend  depuis  le  50e  d. 
de  latitude  jusqu'au  63e  ;  &  depuis  le  301e  de  longitude 
jusqu'au  323  e  ou  environ  ;  c'eft  une  espèce  de  triangle. 
Le  peuple  qui  l'habite  s'appelle  les  EskimaUX.  Voyez 
ce  mot.  Quoique  le  nom  ,  que  les  Espagnols  lui  ont 
donné,  Se  qui  fignifie  la  terre  du  Laboureur,  femble 
infinuer  qu'elle  eft  cultivée  ,  cependant  il  y  a  bien  de 
l'apparence  que  la  plus  grande  partie  en  eft  inculte.  Nous 
n'en  connoilfons  que  les  côtes  ;  l'intérieur  du  pays  n'eft 
guères  connu  des  Européens.  La  pauvreté  &  la  férocité 
des  habitans  de  la  côte,  &  le  grand  froid  qui  y  régne,  ont 
détourné  les  colonies  qui  auroient  voulu  s'y  établir.  Ce 
pays  eft  bordé  de  plufieurs  ifles.  Au  couchant ,  dans  la 
baie  de  Hudson ,  il  y  a  fi/le  de  Mansfeld  ou  de  Phely- 
peaux  ;  au  midi  de  celle-là,  font  les  ifl.es  de  la  Trinité  ; 
on  les  nomme  auffi  la  douzaine  du  Boulanger.  Plus  près 
de  terre,  il  s'en  trouve  d'autres  dont  les  noms  font  igno- 
rés. Au  nord  ,  dans  le  détroit  de  Hudson,  il  y  a  les  ifles 
de  Diegue ,  de  Salisbury,  du  Charlbs  ck  de  Boutons.  Au 
couchant  méridional  de  ces  dernières ,  eft  une  baie  ap- 
pellée  la  baie  du  fud,  par  rapport  au  détroit.  On  n'en 
connoît  point  le  fond  ,  &  on  foupçonne  que  ce  pour- 
roit  bien  être  un  détroit  qui  communique  avec  une  au- 
tre espèce  de  baie ,  qui  eft  dans  la  partie  occidentale 
dans  la  baie  de  Hudson  ,  &  remplie  de  quantité  d'ifles. 
Ainfi  la  terre  des  Eskimaux,  ou  de  Labrador,  feroit  fé- 
parée  en  deux  parties ,  dont  une  feroit  une  ifle  ;  mais  il 
n'y  a  encore  rien  de  certain  là-deffus.  Peut-être  auffi  fe 
trouvera-t-il  avec  le  tems ,  qu'il  y  a  tjrois  parties ,  dont 
deux  font  des  ifles,  ck  la  grande  entrée  que  Davis  trouva 
en  1686,  ck  où  il  trafiqua  avec  les  naturels  du  pays,  ck 
dans  laquelle  Weimouth  s'avança  trente  lieues  ;  cette 
entrée ,  dis-je,  pourroit  bien  communiquer  avec  les  deux 
autres  baies. 

La  petite  Labrador  ;  on  appelle  ainfi  la  partie 
méridionale  &  orientale  de  l'Ifle-Royale  ,  au  midi  du 
golfe  de  S.  Laurent. 

Mer  de  Labrador;  (la)  on  appelle  ainfi  un  in- 
tervalle de  mer,  qui  coupe  par  la  moitié  l'Ifle-Royale,  à  la 
réferve  de  huit  cents  pas  de  terre,  ou  environ,  qu'il  y  a 
depuis  le  fort  S.  Pierre ,  jusqu'à  cette  extrémité  de  mer 
de  Labrador,  qui  fait  une  espèce  de  golfe,  dont  l'ou- 
verture eft  à  l'orient  de  l'Ifle-Royale,  &  finit  à  l'occident, 
du  côté  du  fort  S.  Pierre.  Denis,  auteur  de  cette  Descrip- 
tion ,  qui  y  a  été  gouverneur  général  pour  le  roi ,  pen- 
dant long-tems,  a  fait  faire  un  chemin  dans  cet  espace, 
pour  faire  paffer  à  force  de  bras  des  chaloupes  d'une  mer 
à  l'autre  ,  ck  pour  éviter  le  circuit  qu'il  faudroit  faire  par 
mer.  La  marée  monte  jusqu'à  l'extrémité  du  golfe  ,  ck 
l'on  compte  vingt  lieues  depuis  fon  entrée  jusqu'à  huit 
cenfs  pas  du  fort  où  elle  aboutir  ;  &  lorsqu'il  eft  pleine 
mer  en  Labrador  ,  il  eft  baffe  mer  de  l'autre  côté  ,  vis- 
à-vis  Iefqrt.  L'ouverture  de  cette  petite  merde  Labra- 
dor eft  à  l'eft,  juftement  à  l'oppofite  de  l'autre  côté.  Ce 
qui  fait  cette  différence  de  marée  ,  c'eft  que  la  baie  de 
S.  Pierre  a  fon  ouverture  droit  à  l'oueft ,  &  qu'il  n'eft 
jamais^  pleine  mer  dans  un  havre ,  que  la  lune  ne  foit 
droit  à  l'oppofite  de  l'entrée  du  havre  ,  foit  au-deffus  ou 
au-deffous  de  l'horizon.  Dans  Labrador  il  y  a  un  grand 
baflin  ou  étang  de  huit  lieues  de  longueur ,  ck  de  cinq 
de  largeur,  avec  des  anses  de  chaque  côté,,  qui  entrent 
fort  avant  clans  les  terres  :  tout  le  tour  de  cette  mer  eft 
bordé  de  montagnes ,  dont  partie  font  de  plâtre.  Les  ter- 
res n'y  font  pas  bien  bonnes  ;  les  montagnes  font  cou- 
vertes d'arbres,  dont  la  plus  grande  partie  font  pins  &C 


LAB  687 

fapins  mêlés  de  bouleaux  £î  de  hêtres.  La  pêche  n'y 
eft  pas  bonne  ;  il  s'y  trouve  feulement  des  huîtres,  qui 
font  affez  mauvaifes,  quand  elles  font  nouvellement  pê- 
chées ,  à  caufe  qu'elles  font  trop  douces  ;  mais  on  les 
peut  garder  huit  ou  dix  jours,  fans  qu'elles  perdent  leur 
eau  ;  après  quoi,  elles  font  falées  ck  perdent  cette  fadeur 
que  leur  caufe  l'eau  douce  des  rivières,  à  l'embouchure 
desquelles  on  les  pêche.  * Denis,  Descr.  de  l'Amérique 
feptentr.  t.  1 ,  c.  6. 

LABRENTUM.  Voyez  Latjrentum. 

LABRIONENSIS.  Ortélius ,  Thefaw.  trouvant  an 
concile  de  Lyon  ,  un  fiége  nommé  ainfi  ,  foupçonne 
qu'il  faut  le  chercher  en  Espagne. 

LABRIS  ,  ville  de  l'Arabie  heureufe,  félon  Ptolomée. 
1.6,  c.7. 

LABRONÈS,  ancien  peuple,  qui  n'eft  connu  que  par 
un  paffage  de  Paul  Diacre  qui  dit  qu'Attila  les  fit  mar- 
cher contre  Aëtius,  général  Romain.  Quelques  exem- 
plaires  poi  tant  Olibriones.  *  Ortélius  ,Thehur. 

LABRONIS-PORTUS,  ou  Amplement  Labro. 
Voyez  Livourne. 

;  LABSA,  ouLapsa,  ou  Lassach  ,  ville  d'Afie  dans 
l'Arabie  heureufe ,  à  vingt  lieues  d'Elcatif,  félon  Bau- 
drand,  éd.  1705.  Voyez  Lahasa. 

LABYRINTHE ,  grand  édifice  dont  il  eft  difficile  de 
trouver  l'iffue.  Les  anciens  font  mention  de  cinq  fameux 
labyrinthes ,  dont  nous  parlerons  féparément. 

1.  Le  labyrinthe  d'Egypte  eft  le  plus  ancien 
de  tous.  Pline ,  /.  5 ,  c.  9  ,  dit  qu'il  étoit  dans  le  lac  Mœ- 
ris ,  ck  bâti  fans  aucun  bois.  Pomponius  Mêla,/.  1,  c.  9, 
avoit  dit  beaucoup  mieux  :  le  labyrinthe  contient  trois 
mille  appartemens  ck  douze  palais  dans  une  feule  en- 
ceinte de  murailles.  Il  eft  bâti  &  couvert  de  marbre.  Il 
n'y  a  qu'une  feule  descente  ;  mais  au-dedans  il  y  a  une 
infinité  de  routes  par  où  l'on  paffe  ck  repaffe,  en  faifant 
mille  détours,  ck  qui  jettent  dans  l'incertitude,  parce  qu'on 
fe  retrouve  fouvent  au  même  endroit.  Ce  nombre  d'ap- 
partemens  paroît  incroyable  ;  mais  Hérodote  ,  qui  avoit 
vu  ce  labyrinthe  ,  dit,  /.  2,  c.  148 ,  qu'une  moitié  de  ces 
appartemens  étoit  fous  terre  ,  ck  l'autre  au-deffus  ,  ck 
que  ce  labyrinthe  n'étoit  pas  dans  le  lac  Moeris ,  mais 
un  peu  plus  loin  ,  proche  la  ville  des  Crocodiles,  au- 
jourd'hui Arjinoé,  dont  on  voit  encore  les  ruinas  ,  où 
ces  animaux  étoient  en  grande  vénération.  Je  rapporte- 
rai dans  la  fuite  le  paffage  entier.  Voici  ce  qu'en  die 
Paul  Lucas,  Voyage  en  1714,  /.  5  ,  p.  24.  Le  labyrin- 
the eft  presqu'à  l'extrémité  méridionale  du  lac  Mceris, 
un  peu  du  côté  du  levant ,  à  dix  lieues  des  ruines  de  la 
ville  des  Crocodiles. 

Cet  édifice  ,  auprès  duquel  on  trouve  une  grande 
quantité  de  pierres  &£  plufieurs  décombres  ,  conserve 
encore  de  grandes  marques  de  fon  ancienne  fplendeur  ; 
on  voit  d'abord  un  grand  portique  de  marbre  foutenu  par 
quatre  groffes  colomnes  auffi  de  marbre  de  plufieurs  piè- 
ces. Trois  de  ces  colomnes  font  encore  fur  pied.  Au 
milieu  eft  une  porte  ,  dont  les  montans  ck  l'entable- 
ment font  fort  maffifs ,  ck  au-deffus  une  frife  fur  laquelle 
eft  repréfentée  une  tête  avec  des  ailes  déployées,  le  long 
de  la  frife,  &  plufieurs  hiéroglyphes  au-deffous.  Cette 
tête  eft  couverte  d'une  espèce  de  voile,  (k  or.  remarque 
encore  quatre  pointes  de  matbre ,  qui  font  comme  des 
rayons  qui  l'environnent  ;  fur  ce  premier  entablement 
régne  une  frife ,  dont  les  pierres  repréfentent  des  fer- 
pens  fort  gros,  au-deffous  de  la  tête,  mais  dont  le  corps 
va  en  diminuant  jusqu'en  bas.  On  voit  fur  cette  frife  les 
ruines  de  plufieurs  portes  dans  difFérens  étages ,  qui  fer- 
voient  apparemment  d'entrée  aux  appartemens  qui  étoient 
au-deffus  ck  qui  font  à  prêtent  entièrement  détruits.  On 
remarque  encore,  dans  la  porte  du  milieu,  deux  Anubis 
chargés  d'hiéroglyphes.  L'architefture  de  cet  édifice  ne 
reffemble  à  aucun  des  quatre  ordres  que  nous  avons  ap- 
pris des  anciens.  Ce  portique  eft  tourné  du  côté  du  le- 
vant. Lorsqu'on  entre  par  ce  portique ,  on  trouve  d'a- 
bord une  grande  ck  belle  fale,  toute  de  marbre ,  ainfi 
que  le  plafond  qui  eft  fait  de  douze  tables  de  marbre , 
unies  ies  unes  aux  autres  ,  ck  qui  ontthacune  vingt-cinq; 
pieds  de  long  fur  trois  de  large,  &  traversent  la  cham- 
bre d'un  bout  à  l'autre  :  le  plafond  n'étant  point  fait  en 
voûte,  mais  plat  comme  les  nôtres  ,  faifit  d'admiia  ion 
par  fa  hardieffe.  On  ne  fauroit  comprendre  comment 
il  a  pu ,  dans  cette  forme  A  peu  naturelle  à  un  fi  grand 


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poids ,  fubfi/ter  pendant  tant  de  fiécles.  Cette  fale  a  à 
prêtent  quarante  pieds  de  haut,  fans  compter  que  la  pous- 
fîere  &  les  débris  ,  dont  le  parquet  eft  couvert ,  déro- 
bent encore  une  partie  de  fon  exhauiTement.  On  trouve 
au  bout  de  cette  fale ,  vis-à-vis  de  la  première  porte  , 
un  (ècond  portique  lèmblable  au  premier  dans  tous  les 
ornemen's ,  excepté  qu'il  eft  plus  petit-;  on  entre  par-là, 
dans  une  féconde  laie  moins  grande  que  la  première-, 
dont  le  plafond  n'a  que  huit  pierres.  On  trouve  au  bout 
de  cette  chambre,  fur  la  même  ligne,  un  troifiéme  por- 
tique plus  petit  "encore  que  le  fécond  ,  auflï-bien  que  la 
fale  qui  eft  après ,  quoiqu'on  ait  employé  treize  pierres 
à  fon  plafond  ,  mais  qui  font  beaucoup  moins  grandes 
que  celles  des  autres.  Au  fond  de  cette  troifiéme  fale  eft 
un  quatrième  portique  ,  adoffé  contre  la  muraille  ,  8c 
qui  n'eft  là  que  pour  faire  fymmétrie  avec  les  autres. 
Cet  édifice  ,  tel  qu'il  eft  à  préfent ,  n'a  de  profondeur 
que  la  longueur  de  ces  trois  fales.  C'étoit  fur  les  deux 
côtés ,  Se  fur-tout  fous  terre ,  qu'étoit  ce  nombre  prodi- 
gieux de  chambres  &  d'avenues.  En  effet  les  fales,  que 
je  viens  de  décrire  ,  font  percées  en  plusieurs  endroits 
par  où  l'on  entre  dans  d'autres  chambres  qui  font  au 
même  niveau-,  d'où  l'on  monte  dans  celles  qui  fontplus 
•élevées ,  &  on  descend  dans  celles  qui  font  fous  terre. 
J'entrai  dans  plus  de.  cent  cinquante  de  ces  chambres', 
tantôt  en"me  traînant  fur  le  ventre,  par  des  ouvertures  à 
demi- bouchées  ,  tantôt  en  retirant  quelques  matériaux 
qui  en  ferment  le  paffage  ;  mais  avec  toutes  ces  précau- 
tions ,  il  ne  me  fut  pas  poffible  d'aller  bien  avant. 

Pour  bien  entendre  la  conftruction  de  cet  édifice ,  îl 
faut  fe  figurer  qu'on  entre  d'une  chambre  dans  une  au- 
tre, quelquefois  dans  une  allée  percée  en  différens  lieux 
qui  répondent  à  d'autres  avenues  ,  d'où  fouyent ,  fans 
s'en  appercevoir,  on  revient  au  même  endroit  d'où  l'on 
eft  parti,  6c  voilà  l'artifice  de  ce  labytinthe.  Toutes  ces 
chambres  &  ces  allées  où  régnoit  une  ^parfaite  obscurité^ 
ne  font  ni  d'égale  grandeur ,  ni  de  même  forme.  Il  y  en 
a  de  longues,  de  carrées,  de  triangulaires.  J'avois  pris 
la  même  précaution  qu'Ariane  fit  prendre  à  Thefèe  , 
lorsqu'il  fut  obligé  d'aller  combattre  le  Minotaure  dans 
le  labyrinthe  de  Crète  ,  qui  n'étoit  ni  fi  grand  ni  fi  va- 
rié que  celui-ci.  J'avois  en  effet  pris  plus  de  deux  mille 
braffes  de  ficelle ,  de  la  paille  hachée  pour  répandre  fur 
ma  route ,  6c  un  grand  nombre  de  flambeaux  : 

Janua  difficilis  filo  eft  inventa,  rellclo. 

Un  Arabe ,  d'environ  quatre-vingt  ans ,  qui  étoit  avec 
nous ,  m'affûta  qu'étant  entré  autrefois  dans  ce  labyrin- 
the ,  il  avoit  marché  dans  les  chambres  fouterreines , 
jusqu'en  un  lieu  où  il  y  avoit  une  grande  place ,  envi- 
ronnée de  plufieurs  niches  qui  reffembloient  à  de  pe- 
tites boutiques  ,  d'où  l'on  entrait  dans  d'autres  allées  & 
dans  des  chambres ,  fans  pouvoir  en  trouver  la  fin  ;  d'où 
il  conclut  qu'il  falloit ,  depuis  ce  tems-là  que,  la  plupart  des 
avenues ,  qui  y  conduifoient ,  fe  fuffent  bouchées  par  les 
débris  qui  s'y  étoient  amaffés.  C'étoit  à  ce  labyrinthe , 
bien  mieux  qu'à  celui  de  Crète  ,  qu'on  pouvoit  appli- 
quer ces  beaux  vers  de  Virgile,  JLneïd.  1.  5,  v.  589  : 

Parledbus  textum  cœtis  iter,  ancipitemque  , 
Mille  viis  habuijfe  dolum  ,  quà  figna  fequendi  , 
Fallerat  indeprensus  &  irremeabilis  error. 

Après  cette  description  faite,  depuis  le  commencement 
de  ce  fiécle,  il  fera  bon  de  joindre  celle  qu'a  faite  ,  ily 
a  plus  de  deux  mille  ans  ,  Hérodote  qui  avoit  vu  cet 
édifice  entier. 

J'ai  eu,  dit  cet  auteur,  le  plaifir  de  voir  ce  labyrin- 
the ,  plus  grand  que  fa  renommée.  En  effet ,  on  ne  con- 
cevra jamais  rien  qui  réponde  au  travaille  à  la  dépense 
de  cet  ouvrage.  Il  y  a  douze  fales  voûtées  qui  ont  leurs 
portes  à  l'oppofite  les  unes  des  autres  ;  fix  regardent  le  fep- 
tentrion,  &  fix  le  midi,  toutes  contiguës  &  enfermées 
en  dehors  d'un  même  mur.  Il  y  a  dans  ce  labyrinthe 
deux  étages  ,  l'un  fous  terre  ,  Se  l'autre  deffus  ;  Se  tous 
les  deux  contiennent  trois  mille  chambres  ,  mille  cinq 
cents  chacun.  J'ai  vu  &c  confidéré  celui  d'en-haut;  mais 
j'ai  feulement  ouï  parler  de  celui  qui  eft  fous  terre  ;  car 
les  Egyptiens ,  qui  le  gardent ,  ne  voulurent  jamais  nie 
permettre  de  te  voir,  parce  que  c'étoit,  difoierit-ils,  la 


fépulfure  des  rois  qui  avoient  bâti  cet  édifice,  &  celle 
des  crocodiles  facrés  ;  c'eft  pourquoi  je  ne  parle  du  fou- 
terrein ,  que  fur  le  rapport  d'autrui  ;  mais  j'a  vu  celui 
d'en-haut  qui  furpaffe  la  croyance  Se  tous  les  ouvrages 
des  hommes.  Je  ne  puis  me  repréfenter  les  tours  Se  dé- 
tours qui  mènent  &  ramènent  par  les  fales,  fans  entrer 
dans  une  profonde  admiration.  D'une  fale  on  paffedans 
des  cabinets,  des  cabinets  dans  les  chambres,  des  cham- 
bres dans  d'autres  fales  ,  8c  encore  des  cabinets  dans 
d'autres  chambres.  Le  plancher  de  tous  ces  lieux  eft  de 
pierres ,  comme  les  murailles  ;  mais  il  eft  enrichi  de  di- 
vers ouvrages  de  fculpture  de  tous  côtés.  Chaque  fale  eft 
presqu 'environnée  de  colomnes  faites  de  pierres  blanches, 
bien  polies.  Il  y  a  au  coin  où  finit  le  labyrinthe  une  py- 
ramide de  quarante  toifes  de  haut,  où  l'on  voit  de  grands 
animaux  gravés  ;  Se  le  chemin,  pour  y  entrer,  eft  fous 
terre. 

À  ce  récit  d'Hérodote,  que  rapporte  le  voyageur  mo- 
derne ,  il  joint  quelques  réflexions  qui  mettent  fous  les 
yeux  du  lecteur  l'état  préfent  de  cet  édifice.  1.  Héro- 
dote dit  qu'il  y  avoit,  de  fon  tems,  dans  le  labyrinthe 
douze  fales  voûtées,  qui  avoient  leur  porte  à  l'oppofite 
les  unes  des  autres.  Pline  affure  qu'il  y  en  avoit  feize, 
pour  marquer  "les  feize  gouvernemens  de  l'Egypte;  mais 
comme  cet  auteur  ne  parle  que  fur  le  rapport  d'autrui , 
fe  relation  eft  fort  imparfaite.  Tenons-nous-en  à  Héro- 
dote ,  6c  difons  qu'il  y  a  bien  de  l'apparence  que  l'ex- 
térieur de  ce  bâtiment  avoit  quatre  faces  &  douze  fales 
qui  répondoient  aux  frontispices  ,  mais  qu'elles  ont  été 
détruites  par  le  tems ,  comme  il  paroît  pat  le  grand  nom- 
bre de  ruines  qui  font  à  l'entour  ;  ensorte  qu'il  ne  reftè 
plus  à  préfent  que  la  quatrième  partie  de  cet  ouvrage  , 
c'eft-à-diré  un  i'eul  portique  à  moitié,  trois  fales  Scies 
chambres  qui  font  aux  côtés.  2.  Hérodote  dit  que  ces 
fales  étoient  voûtées.  Cette  expreffion  eft  impropre  ;  ce 
font  des  plafonds  faits  de  grandes  pièces  de  marbre,  qui 
vont  d'un  bout  à  l'autre  des  fales  ,  en  quoi  Strabon  à 
été  exact,  ,  affurant  que  ces  plafonds  étoient  faits  de 
grandes  pierres  qui  les  traversoient  d'un  bout  à  l'autre  ; 
ce  qui  eft  très-vrai.  Ce  judicieux  auteur  fe  contente  dé 
dire  que  ces  marbres  étoient  d'une  grandeur  énorme  % 
fans  la  déterminer.  Il  dit  auffi  que  les  chambres  fouter- 
reines étoient  conftruites  de  greffes  &  longues  pièces  dé 
marbre;  ce  qui  eft  encore  vrai.  II  ne  paroît  pas  au  refte* 
comme  l'aflure  Hérodote ,  qu'il  y  ait  eu  dans  cet  endroit 
aucuns  bas  reliefs  ni  des  hiéroglyphes  ;  mais  on  doit 
appliquer  cette  remarque  aux  portiques ,  aux  colomnes 
&c  aux  murailles  qui  en  étoient  remplies ,  Se  où  l'on  en 
diftingue  encore  plufieurs.  Je  vis  même ,  poursuit  le  fieur 
Lucas ,  dans  une  des  chambres  que  je  vifîtài  ,  une  ni- 
che dans  le  fond,  6c,  aux  deux  côtés,  des  bas-reliefs ,  qui 
repréfehtoient  des  Anubis  grands  comme  nature  ,  quoi- 
qu'on ne  puiffe  pas  bien  diftinguér  fi  c'étoient  les  figures 
d'Anubis ,  d'Ofiris  ou  de  quelqu'autre  divinité.  Je  crus 
cependant  que  c'étoient  celles  du  premier  ,  parce  qu'il 
eft  très-bien  repréfenté  fur  les  frontispices.  3.  Il  yavok,, 
dit  Hérodote,  double  étage,  l'un  fous  terre,  L'autre  dei- 
fus.  Je  crois  ,  pour  moi  ,  qu'il  étoit  triple  8c  qu'il  y 
avoit  fur  celui  qui  eft  au  rez-de-chauffée  un  autre  étage,, 
comme  il  paroît  par  le  frontispice  ,  dont  la  partie  fu- 
périeure  eft  presqu'entiérement  renversée  ;  peut-être 
étoit-elle  dans  cet  état ,  dès  le  tems  de  cet  hiftorien, 
4.  Pour  le  nombre  des  chambres  qu'il  contenoit,  Hé- 
rodote n'a  pu  le  favoir  que  par  la  relation  des  prêtres 
ôc  de  ceux  qui  gardoient  le  labyrinthe  ,  pu'rsqu'il  ne  lu» 
fut  pas  permis  de  les  vifiter  ,  comme  il  l'avoue  lui- 
même.  Il  n'eft  pas  poffible  à  préfent  de  dire  au  jufte  le 
nombre  de  ces  chambres ,  la  plupart  des  avenues,  qui  y 
conduifent,  étant  bouchées.  5.  De  favoir  maintenant  à 
quel  ufage  avoit  été  conftruit  cet  édifice  ;  fi  c'étoit  pour 
fervir  de  fépulture  aux  rois  qui  l'avoient  fait  bâtir,  Se. 
pour  celle  des  crocodiles  facrés ,  comme  le  dit  Héro- 
dote, c'eft  ceque  je  n'oferois  affûter.  Je  dirai  feulement 
qu'il  eft  bien  confiant  qu'aucun  peuple  n'a  jamais  eu  au- 
tant de  foin  que  les  anciens  Egyptiens ,  d'avoir  de  fu- 
perbes  tombeaux  Se  d'embaumer  les  cadavres  ;  6c  fi  les 
pyramides  ,  comme  on  le  croit  communément ,  avoient 
été  conftruites  pour  cet  ufage,  rien  n'empêche  de  croire 
la  même  chofe  du  labyrinthe.  6.  Hérodote  ne  s'eft  pas 
bien  exprimé  au  gré  de  notre  voyageur ,  en  difant  que 
dans  les  fales,  les  planchers  ck  les  colomnes  font  d'une 

belle 


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belle  pierre  blanche  &  polie  ;  il  devoit  dire  qu'elles 
étaient  d'un  très-beau  marbre  blanc  ;  car  quoiqu'il  (bit 
un  peu  rembruni  aujourd'hui  par  la  longueur  du  tems , 
cependant  il  eft  ailé  de  fe  convaincre  de  ce  que  je  dis.  Cet 
luitorien  eft  plus  exaft  en  ce  qu'il  dit  des  bas-reliefs  fie 
des  hiéroglyphes  qu'on  voyoit  de  fon  tems  &  qu'on  voit 
encore  aujourd'hui  fur  les  portiques.  7.  Ce  n'eft  pas  feu- 
lement le  tems  qui  a  détruit  ce  labyrinthe  ;  la  malice  des 
habitans  d'Héracléopolis ,  qui,  au  rapport  de  Pline,  por- 
toientune  haine  mortelle  à  ce  monument,  fie  les  Arabes 
qui  ont  cru  y  trouver  des  tréfors ,  en  ont  démoli  la  plus 
grande  partie ,  fie  opt  renversé  en  differens  tems  quan- 
tité d'autres  bâtimens  qui  étoient  aux  environs  &  qui 
compofoient  apparemment  ces  vaftes  édifice,  qu'il  falloit 
parcourir  avant  que  d'arriver  à  l'endroit  qui  fubfifte  en- 
core aujourd'hui.  8.  Pline  allure  qu'on  croyoit  commu- 
nément que  le  labyrinthe  étoit  un  ouvrage  consacré  au 
Soleil  ;  pour  juftifier  cette  remarque ,  je  dois  dire  que  la 
tête,  qu'on  voit  fur  le  frontispice ,  eft  fans  doute  celle 
du  Soleil;  les  pointes  de  marbre,  qui  l'environnent,  mar- 
quent (es  rayons ,  fie  les  aîles  déployées  la  rapidité  du 
cours  de  cet  aftre.  9.  On  ne  peut  décider  ni  par  quel 
prince,  ni  dans  quel  tems  ce  labyrinthe  a  été  conftruit. 
Strabon  ,  /.  17,  p.  811,  dit  qu'auprès  du  labyrinthe  étoit 
le  tombeau  ,du  roi  qui  l'avoit  fait  bâtir  ;  mais  il  ne  nous 
apprend  point  le  nom  de  ce  prince.  Pomponius  Mêla 
M  donne  la  gloire  à  Psammetichus.  Pline  dit  qu'on  en 
faifoit  honneur  à  plufieurs  rois  ,  fit  qu'il  étoit  conftruit 
trois  mille  fix  cents  ans  avant  lui  ;  (  ce  qui  ne  fauroit 
être  vrai.  )  Hérodote  allure  qu'il  étoit  l'ouvrage  des 
douze  rois  qui  avoient  régné  ensemble ,  fit  partagé  l'E- 
gypte en  autant  de  parties  après  la  mort  d'un  prêtre  de 
"Vulcain,  qui  l'avoit  gouvernée  feul  pendant  fa  vie,  & 
que  ces  princes  avoient  voulu  laifler  de  concert  ce  mo- 
nument à  la  poftérité.  Il  y  a  bien  de  l'apparence  que 
c'eft  l'ouvrage  du  même  roi  qui  avoit  fait  creufer  le  lac 
Mceris,  Si  lui  avoit  donné  fon  nom.  10.  Pline  affiire 
qu'on  voyoit  dans  le  labyrinthe  plufieurs  temples  des 
dieux  d'Egypte,  &  quinze  chapelles  dédiées  à  la  déefle 
Néméfis.  Tout  cela  èft  détruit  préfentement,  à  moins 
qu'on  ne  prenne  pour  ces  chapelles  les  chambres  qui  font 
remplies  d'hieroplyphes.  Ce  même  auteur  allure  qu'il  y 
avoit  plufieurs  pyramides  ;  mais  Hérodote  ne  parle  que 
d'une  feule,  dont  il  marque  la  hauteur.  C'étoient  apparem- 
ment les  tombeaux  de  quelques  princes  qui  font  préfen- 
tement détruits.  Je  n'y  ai  vu  non  plus  aucune  de  ces  co- 
lomnes  de  porphyre,  dont  parle  le  même  Pline,  qui 
avoit  un  peu  trop  ajouté  foi  aux  relations  qu'on  lui 
avoit  faites  à  ce  (ujet  ,  comme  il  paroît  par  ce  qu'il  dit 
de  ce  bruit  épouvantable  qu'on  entendoit  dans  les 
chambres  louterreines ,  comme  fi  c'eut  été  le  tonnerre; 
hyperbole  fondée  fur  ce  qu'il  y  avoit  fans  doute  plufieurs 
échos  dans  ces  caves ,  qui  failbient  retentir  la  voix  qui 
fe  communiquoit  d'une  voûte  à  l'autre  ,  &  formoit  un 
grand  bruit.  Ce  qu'il  y  a  de  plus  raifonnable  dans  fa  re- 
lation ,  eft  ce  qu'il  dit  de  ces  grofles  colomnes  fie  de  la 
maçonnerie  folide  des  frontispices,  qui  effectivement  eft 
telle.  11.  Il  ne  faut  pas  confondre  le  labyrinthe  auprès 
du  lac  Mceris,  avec  le  tombeau  d'Ismendas  ou  Ofiman- 
dias ,  dont  Hécatée  fait  la  description  dans  Diodore  de 
Sicile  ;  quoique  quelques  auteurs  y  ayent  été  trompés. 
Cet  édifice  étoit  dans  la  Thébaïde,  bien  loin  du  laby- 
rinthe &  du  lac  Mceris.  D'ailleurs  la  relation,  qu'il  en 
fait, eft  trop  différente  de  celle  d'Hérodote  fil  des  autres 
auteurs,  pour  s'y  laifler  furprendre  ;  quoique  l'ouvrage  ne 
fut  guères  inférieur  à  celui  que  l'on  vient  de  décrire, 
li.  On  ne  doit  pas  être  furpris  de  la  diverfité  des  rela- 
tions que  les  anciens  auteurs  ont  faites  du  labyrinthe , 
puisqu'il  y  avoit  tant  de  chofes  à  confidérer  ,  tant  de 
détours  fie  de  chambres  à  parcourir,  tant  d'édifices  dif- 
ferens, par  lesquels  il  falloit  pafter ,  que  chacun  s'atta- 
choit  à  ce  qui  lui  paroiflbit  le  plus  admirable,  fit  négli- 
geoit  ou  oublioit  dans  fon  récit  ce  qui  l'avoit  le  moins 
frappé.  13.  Ma  dernière conjefture  eft  que  le  labyrinthe 
étoit  un  temple  immense  ,  dans  lequel  étoient  renfer- 
mées des  chapelles  à  l'honneur  de  toutes  les  divinités 
de  l'Egypte.  Ce  fentiment  eft  parfaitement  conforme  à 
ce  que  difent  les  anciens  ,  de  ce  nombre  prodigieux  d'i- 
doles qu'on  y  avoit  renfermées  ,  &c  dont  les  figures  de 
différentes  grandeurs  s'y  voyoient  de  tous  côtés  fie  s'y 
.voient  encore  aujourd'hui  dans  ce   qui  refte  d'entier. 


LAB  689 

Quoique  le  labyrinthe  fût  une  espèce  de  Panihéon,  con- 
f^c'é  à  tous  les  dieux  d'Egypte,  il  étoit  cependant  dé- 
dié plus  parriculiérement  au  foleil  qui  étoit  la  grande  di- 
vinité des  Egyptiens  ;  ce  qui  n'empêche  pas  qu'on  n'y 
ait  pu  enterrer  des  crocodiles  &C  autres  animaux  consa- 
crés à  ces  mêmes  divinités  dont  ils  étoient  les  fym- 
boles. 

Les  habitans  du  pays ,  très-ignorans  ,  nomment  ces 
reftes  le  palais  de  Caron  ,  &C  iuppofent  qu'il  a  pris  des 
mefures,  par  le  moyen  de  certains  talismans ,  pour  em- 
pêcher qu'on  n'enlevé  les  tréfors  qui  y  font  dépofés. 
Comme  ce  heu  ,  qui  eft  extrêmement  défert ,  a  fouvent 
fervi  de  retraite  aux  Arabes  ,  qui  croyoient  s'y  mettre  à 
couvert  contre  la  recherche  des  Turcs,  il  s'y  eft  donné 
plufieurs  combats  dans  différentes  occafions. 

2.  Le  LABYRINTHE  DE  L'iSLE  DE  CrÉTE  fut  bâti 
fur  le  modèle  de  celui  d'Egypte.  Dédale  en  fut  l'archi- 
tecte par  l'ordre  de  Minos,  afin  d'y  enfermer  le  Mino- 
taure,  monftre  né  du  libertinage  de  Pafiphaé  ,  femme 
de  ce  roi,  fie  de  la  paillon  infâme  qu'elle  avoit  eue  pour 
un  taureau.  Dédale  y  fut  enfermé  lui-même  ,  avec  fon 
fils  ;  Se  ils  ne  s'en  fauverent  que  par  ces  fameufes  aîles 
dont  les  poètes  ont  tant  patlé.  C'eft  de  ce  labyrinthe 
que  Virgile  parle  dans  les  vers  déjà  rapportés.  Ovide , 
/.  8,^155,  fiec.  dans  fes  Métamorphofes ,  le  décrit 
auffi  à  l'occafion  du  Minotaure. 

Crtvtrat  opprobrlum  generis  :  fiadumque  patebat 
Matris  adultcrium  monjlrï  novitate  bifiormis. 
Dcjiinat  hune  Minos  thalamis  removere  pudorem; 
Multiplieique  domo ,   cœcisque  indudere  teelis. 
Dedalus  ingenio  fiabra  eeleberrimus  unis  , 
Ponit  opus  :  turbatque  notas  ,   &  liminaflexu 
Ducit  r 


Non  ficus  ac  liquidas  Phrygiis  Maandros  in  arvis 
Ludit  ;    &  ambiguo  lapsu  refluicque  fiuuque  : 
Oceurrensque Jibi  venturas  aspicil  undas  : 
Et  nunc  ad  finies  , 


n  iiare  versus  c.pertum  , 
Incertas  exercet  aquas.  Ita  Dtcdalus  implet 
Innumeras  errore  vias  :  vixque  ipse  reverti 
Ad  limen  poluit  ;  tanta  ejl  fialLacia  ttcli. 

C'eft- à-dire  ,  comme  traduit  Corneille  :  (Thomas) 
Il  voit  avec  horreur  l'opprobre  de  fa  race 
Augmenter  chaque  jour  fa  furieufe  audace. 
Elle  n'a  plus  de  borne  ;  fie,  pour  la  réprimer, 
Confus  d'un  pareil  monftre ,  il  le  veut  enfermer. 
Dédale  à  qui  le  ciel  fur  tous  ceux  de  fon  âge, 
Dans  l'art  de  bien  bâtir  donna  tant  d'avantage, 
D'une  vafte  prifon  inventant  les  détours , 
Des  malheurs  qu'il  caufoit.,  rompit  le  trifte  cours. 
Mille  chemins  divers  avec  tant  d'artifice , 
Coupoient  de  tous  côtés  ce  fameux  édifice, 
Que  qui,   pour  en  fortir,  croyoit  les  éviter, 
Rentrait  dans  les  fentiers  qu'il  venoit  de  quitter. 
Ainfi,  comme  incertain  du  chemin  qu'il  faut  prendre 
Serpente  avec  fes  eaux  le  finueux  Méandre; 
On  dirait,  à  le  voir  descendre  6k  retourner, 
Qu'au  devant  de  lui-même  il  cherche  à  les  mener  ; 
A  peine  a-t-il  coulé  vers  la  mer  qui  l'appelle, 
Qu'amoureux  de  fa  fource  il  remonte  vers  elle,' 
Et  rompt  en  tant  de  lieux  fon  cours  mal  afluré, 
Qu'il  femble  en  tournoyant  qu'il  fe  foit  égaré. 
L'ingénieux  Dédale  eut  ce  modèle  en  vue, 
Lorsque  du  labyrinthe  embarraffant  l'ilTue, 
II  fit  tant  de  fisntiers  ,  qu'en  cefTant  de  bâtir, 
De  leurs  détours  lui-même  il  eut  peine  à  fortir. 
Tome  III.    S  Ù'f 


690 


LAB 


LAC 


Pline 
bât 


/.  36,  c.  13,  dit  que  ce  labyrinthe  de  Crète  fut 
par'  Dédale,  fur  le  modèle   de  celui  d'Egypte  ; 


qu'il  n'en  imita  pas  la  centième  partie  ,  &  que  cepen- 
dant il  contenoit  des  tours  8c  des  détours,  dont  il  ne- 
toit  pas  poflible  de  le  démêler.  Il  n'en  reftoit  plus  au- 
cun vertige  de  fon  tems,  non  plus  que  de  celui  d  Italie, 
duquel  nous  parlerons  ensuite.  Ce  labyrinthe  étoit  au- 
près de  Gnoffe  ,  félon  Paufanias ,  in  Aidas  ,  &  quel- 
ques autres.  Il  paroît  qu'il  étoit  découvert,  par  l'étrange 
manière  dont  la  fable  a  fuppofé  que  Dédale  &  fon  fils 
Icare  s'en  tirèrent  ;  au  lieu  que  celui  d'Egypte  etoit 
couvert  &  obscur.  , 

3.  L'autre  labyrinthe  de  Crète  fe  trouve  dé- 
crit dans  les  Mémoires  de  l'académie  royale  des  fcien- 
ces,  année  1701,  p.  190,  par  de  Tournefort,  qui  1  a 
examiné  à  loifir.  Voici  comment  il  en  parle.  Le  laby- 
rinthe de  Candie  efl  un  conduit  fouterrein,  en  manière 
de  rue ,  qui,  par  mille  tours  8c  détours  pris  en  tout  fens 
&  fans  aucune  régularité,  parcourt  tout  l'intérieur  d  une 
colline  fituée  au  pied  du  mont  Ida ,  du  côté  du  midi ,  a 
trois  milles  de  l'ancienne  villede  Gortine.On  entre  dans  ce 
labyrinthe  par  unéouverture  de  fept  ou  huit  pas  de  large, 
où  à  peine  un  homme  de  médiocre  taille  pourroit  palier 
fans  fe  courber.    Le  bas  de  l'entrée  eft  fort  inégal  ;  mais 
le  haut  eft  affez  plat  &  terminé  naturellement  par  plu- 
fieurs  lits  ou  couches  de  pierres  pofées  horizontalement 
les  unes  fur  les  autres.   On  trouve  d'abord  une  espèce 
de  caverne  fort  ruftique,  dont  la  pente  eft  douce;  mais 
à  mefure  qu'on  avance,  ce  lieu  paroît  tout- a-fait  fur- 
prenant.    Parmi  tous  ces  détours  il  y  a  une  allée  bien 
moins  embarraflante  que  les  autres,  laquelle,  par  un  che- 
min d'environ  douze  cents  pas  ,  qui  le  fourche  a  (on  ex- 
trémité ,  conduit  à  une  grande  &  belle  fale  au  fond  du 
labyrinthe.  Pour  trouver  cette  allée, _ il  faut  le  détourner 
à  gauche,  environ  à  trente  pas  de  1  entrée.  Si  1  on  en- 
file quelqu'autre  rue  ,  on  s'engage  ,  après  avoir  fait  bien 
du  chemin ,  dans  une  infinité  de  recoins  8c  de  culs-de- 
facs  ,    d'où  on   ne  fauroit  fe  tirer  fans  danger.    Nous 
fîmes,  dit  l'auteur  cité,  en  demi-heure  de  tems,  onze 
cents  foixante  pas  dans  cette  principale  allée ,  fans  nous 
écarter  à  droite  ni  à  gauche.    Elle  eft  haute  de  fept  ou 
huit  pieds,  lambriffée"  d'une  couche  de  rocher  horizon- 
tale &c  toute  plate,  comme  le  font  la  plupart  des  lits  de 
pierre  de  ce  quartier-là.  Il  y  a  pourtant  quelques  endroits 
où  il  faut  un  peu  bailler  la  tête,  &C  un ,  entre  les  autres, 
que  l'on  rencontre  vers  le  milieu  du  chemin,  ou  Ion 
eft  obligé  de  marcher,  comme  l'on  dit,  à  quatre  pâtes. 
Cette  allée  eft  ordinairement  affez  large  pour  laiffer  paf- 
fer  deux  ou  trois   perfonnes   de  front.    Le  pavé  en  eft 
uni  ;    il  ne  faut  ni  monter  ni   descendre  confidérable- 
ment.  Les  murailles  font  taillées  à  plomb ,  ou  faites  de 
pierres  que  l'on  a  pris  la  peine  de  ranger ,  comme  1  on 
fait  celles  des  murailles  où  l'on  n'emploie  point  de  mor- 
tier ;  mais  il  fe  préfente  tant  de  chemins  de  tous  cotes, 
que  Von  s'y  perdroit  indubitablement ,  fans  les  précau- 
tions néceffaires.    Après  avoir  bien  examiné  ce  lieu, 
nous  convînmes  tous  qu'il  n'y  avoit   aucune  ^apparence 
que  ce  fût  une  ancienne  carrière  dont  on  eut  tire  les 
pierres  pour  bâtir  les  villes  de  Gortine  &  de  Gnofle , 
ainfi   que  Bellon  &   quelques   auteurs   modernes  l'ont 
pensé.  ,  . 

Il  y  a  beaucoup  plus  d'apparence  que  ce  labyrinthe  n  elt 
qu'un  conduit  naturel  ,  que  d'habiles  gens  ont  pris  plai- 
fir,  il  y  a  plufieurs  fiécles,  de  rendre  praticable ,  en  fai- 
fant  aggrandir  la  plupart  des  endroits  qui  étoient  trop 
refferrés.  Pour  en  exhauffer  le  plancher ,  on  ne  fit  que 
détacher  quelques  lits  de  pierre,  qui  naturellement  font 
par  couches  horizontales  dans  toute  l'épaiffeur  de  la  mon- 
tagne. On  tailla  les  murailles  à  plomb  dans  certains  en- 
droits ,  &  on  prit  foin  de  ranger  la  plupart  des  pierres 
qui  embarraffoient  les  chemins.  Peut-être  que  l'on  ne 
toucha  pas  à  l'endroit  où  il  faut  marcher  à  quatre  pâtes , 
pourfaire  connoître  à  la  poftérité  comment  le  refte  etoit 
fait  naturellement;  car  au-delà  de  cet  endroit,  1  allée  eft 
auffi  belle  qu'en-deçà.  Comme  tout  ce  qui  avoit  appa- 
rence de  grandeur  frappoit  les  anciens  Grecs  ,  &  fur- 
tout  en  matière  de  bâtimens ,  il  y  a  apparence  qu'ils  per- 
fectionnèrent ce  que  la  nature  n'avoit  fait  qu'ébaucher. 
Quelques  bergers ,  peut-être  ,  ayant  découvert  ces  con- 
duits fouterreins ,  donnèrent  lieu  aux  grands  hommes  de 
ce  tèms-là  de  les  aggrandir  &  d'en  faire  ce  merveilleux 


labyrinthe ,  qui  ne  donne  aujourd'hui  retraite  qu'à  des 
chauves- four is ,  &  qui  peut  avoir  fervi  d'afyle  à  plu- 
fieurs familles,  pendant  les  guerres  civiles,  ou  fous  les 
régnes  des  tyrans  ;  car  ce  lieu  eft  extrêmement  fec ,  &c 
l'on  n'y  voit  ni  égouts  ni  congélations  ,  comme  dans 
les  caves-gouttieres.  On  peut  ajouter  à  cette  conje&ure, 
qu'il  y  a  deux  ou  trois  autres  conduits  naturels  fort  pro- 
fonds, dans  les  collines  voifines  du  labyrinthe,  dont  on 
pourrait  faire  de  femblables  merveilles.  Les  cavernes 
font  fort  fréquentes  par  toute  l'iile  de  Candie.  La  plu- 
part des  rochers ,  8c  fur-tout  ceux  du  mont  Ida,  font  per- 
cés à  jour  par  des  trous  à  y  fourer  les  deux  poings  ou  la 
tête.  On  y  voit  plufieurs  abîmes  profonds  8t  perpendi- 
culaires ;  pourquoi  n'y  auroit-il  pas  des  conduits  fouter- 
reins horizontaux  dans  les  lieux  où  les  bancs  de  pierre 
font  affis  horizontalement'  les  uns  fur  les  autres  ? 

Ce  r.'eft  pas  le  fameux  labyrinthe  dont  les  anciens 
ont  parlé.  Celui-ci  avoit  été  fait  par  Dédale,  furie  mo- 
dèle du  labyrinthe:  d'Egypte  ,  cent  fois  plus  grand  que 
celui  de  Candie,  ainfi  que  le  rapporte  Pline  ,  l.  36, 
c.  15,  qui  affure  que  de  fon  tems  il  ne  reftoit  plus  au- 
cun veftige  de  ce  dernier.  Je  ne  connois  personne  qui  en 
ait  fait  mention,  que  l'auteur  du  grand Diftionnaire  éty- 
mologique grec  ;  ActQùemc;  h  t*.  K/m't»  t»  via?  isi  smi- 
Xaiov  av7fàS'i(. 

M.  de  Tournefort  emploie  le  refte  du  Mémoire  à  tirèV 
de  ce  labyrinthe  des  preuves  en  faveur  de  fon  opinion 
touchant  la  végétation  des  pierres  ;  8c  ce  qu'il  en  dit,  ne 
regarde  que  la  phyfique. 

4.  Le  LABYRINTHE  DE  L'iSLE  DÉ  LEMNOS  ,  fé- 
lon Pline,  /.  36,  c.  13  ,  étoit  femblable  à  ceux,  dont  on 
vient  de  parler;  ce  qui  doit  s'entendre  de  l'embarras  des 
routes.  Ce  qui  le  diftinguoit,  c'étoient  cent  cinquante 
colomnes,  qui,  pendant  qu'on  les  tournoit,  étoient  fi  éga- 
lement ajuftées  dans  leurs  pivots  ,  qu'un  enfant  fuffifoit 
pour  les  mouvoir ,  pendant  que  l'ouvrier  les  travailloit. 
Ce  labyrinthe  étoit  l'ouvrage  des  archite&es  Zmilus, 
Rholus,  8c  de  Théodore  de  Lemnos.  On  en  voyoit  en- 
core des  veftiges  du  tems  de  Pline. 

5.  Le  labyrinthe  d'Italie  fut  bâti  parPorsenna, 
roi  d'Etrurie ,  qui  voulut  fe  faire  un  magnifique  tombeau^ 
8c  procurer  à  l'Italie  la  gloire  d'avoir  furpaiTé  la  vanité 
des  rois  étrangers.  Ce  que  l'on  difoit  étoit  fi  peu  croya- 
ble ,  que  Pline  n'a  ofé  prendre  fur  foi  ce  récit  ;  il  aime 
mieux  employer  les  propres  termes  deVarron.  Ce  roi, 
dit  ce  dernier ,  fut  enseveli  au-deffous  de  la  ville  de  Clu- 
fium  ,  où  il  laiffa  un  monument  de  pierres  de  taille. 
Chaque  côté  avoit  trois  cents  pieds  de  largeur^  &C  cin- 
quante de  hauteur.  Dans  la  bafe  qui  étoit  carrée,  il  y 
avoit  un  labyrinthe  d'où  l'on  ne  fe  pouvoit  tirer  ;  qui- 
conque avoit  l'imprudence  de  s'y  engager ,  fans  un  pelo- 
ton de  fil ,  n'en  retrouvoit  plus  la  fortie.  Au-deffus,  il  y 
avoit  cinq  pyramides ,  quatre  aux  quatre  coins ,  8c  une 
au  milieu  ;  elles  avoient  foixante  8c  quinze  pieds  de  lar- 
geur à  leur  bafe,  8c  cent  cinquante  de  haut ,  &c  ;  il  n'en 
reftoit  plus  rien  du  tems  de  Pline. 

A  l'imitation  de  ces  labyrinthes, on  en  a  fait  pour  fer- 
vir  d'ornement  dans  les  jardins,  où  l'on  n'étoit  pas  obligé 
de  ménager  le  terrein  ;  8c  par  le  moyen  des  allées  d'ar- 
bres ,  on  a  trouvé  le  moyen  de  faire  faire  beaucoup  de 
chemin  inutile  à  ceux  qui  y  entrent  fans  avoir  de  guide. 
Le  labyrinthe  de  Versailles  eft  un  des  plus 
beaux  ouvrages  modernes  en  ce  genre.  Voyez  Ver- 
sailles: 
Le  lac  du  labyrinthe.  Voyez  Lac. 
LAC ,  fubftantif  masculin ,  grand  amas  d'eaux  douces 
ou  falées ,  qui  ne  tarinent  jamais ,  8ç  qui^  font  entourées 
d'un  rivage  ,  de  tous  côtés ,  excepté  à  l'entrée  ou  à  la 
fortie  de  quelque  ruiffeau  ou  rivière.  Ulpien  dit  que  la 
différence  entre  le  lac  8c  l'étang  confifte  en  c?  que  le 
lac  a  toujours  de  l'eau,  8c  ne  tarit  en  aucune  iaifim  de 
l'année  ;  au  lieu  que  l'étang  eft  fujet  à  n'avoir  point 
d'eau  dans  les  grandes  fécherefles.  Il  y  a  quatre  fortes 
de  lacs. 

1.  Quelques-uns  ne  reçoivent  ni  ne  rendent  aucune 
rivière.  S'ils  font  petits,  on  les  nomme  étangs;  s'ils  font 
grands,  ils  gardent,  pour  la  plupart ,  le  nom  de  lac. 

2.  Il  y  en  a  d'où  il  fort  des  rivières ,  8c  où  il  n'y  en 
entre  aucune.  ( 

3.  Il  y  en  a  d'autres  où  il  entre  des  rivières,  8c  dou 
il  n'en  fort  point, 


LAC 


'4.  Enfin  il  y  a  des  lacs  où  il  entre'  des'  rivières  8f 
d'où  il  en  fort. 

Ceux  du  premier  ordre  font  ou  grands ,  ou  petits ,  ou 
médiocres.  Les  médiocres  &  les  petits  fe  defféchent 
fouvent,  lorsque  les  étés  fontbrûlans;  &  en  ce  cas  ce 
ne  font  pas  des  lacs,  mais  des  étangs.  Il  fuffit,  pour  les 
former,  qu'un  terrein  foit  bas  &  d'un  fol  que  l'eau  ne 
pénétre  pas  facilement  ;  alors  les  pluies  du  voifinage  s'y 
ramallern  &  forment  un  petit  lac.  C'eft  ainfi  que  dans 
les  Indes  on  ménage  des  lieux  bordés  de  pierres  pour 
y  conserver  de  l'eau ,  au  bord  des  grands  chemins ,  afin 
de  donner  à  boire  aux  pafTans  ;  ce  qui  eft  une  grande 
charité  chez  les  idolâtres  de  Flndouftan.  Il  y  en  a  d'un 
mille  ou  de  deux  milles  de  circuit.  Ils  fe  rempliffent  dans 
les  laitons  pluvieufes,  qui  tiennent  lieu  d'hyver  à  ce  cli- 
mat. Il  fe  forme  auffi  de  petits  lacs  &  des  étangs  du  dé- 
bordement de  certains  fleuves.  C'eft  ainfi  que  le  Nil, 
le  Gange ,  &c.  qui  ont  des  débordemens  réglés,  biffent 
dans  leur  voifinage  des  lacs  &  des  étangs,  lorsque  l'inon- 
dation eft  paffée.  Les  lacs  qui  ne  reçoivent  point  de  ri- 
vières apparentes  ,  ne  font  pas  toujours  un  effet  des 
pluies.  Il  y  en  a  qui  ont  dans  leur  baffin  des  fources  qui 
leur  fourniffent  des  eaux  à  mefure  que  l'air  &  le  foleil 
les  diffipent,  ou  que  le  rivage  les  boit. 

Ceux  du  fécond  rang  ,  c'eft-à-dire ,  les  lacs  d'où  il 
fort  des  rivières,  fans  qu'il  paroifle  qu'il  y  en  entre  au- 
cune ,  font  en  grand  nombre.  Ils  fe  forment  de  ce  que 
la  fource  ou  les  Sources  d'une  rivière  fe  trouvant  dans 
un  endroit  plus  bas  que  tous  les  lieux  qui  font  à  l'entour, 
il  faut  que  l'eau  rempliffe  ce  creux ,  jusqu'à  ce  qu'étant 
montée  à  un  certain  niveau,  elle  trouve  une  fortie. 

Il  y  a  au  contraire  des  lacs  où  il  entre  des  rivières  & 
d'où  il  ne  paroît  pas  qu'il  en  forte  aucune.  Tel  eft  le 
Jac  Asphalthe  où  tombe  le  Jourdain,  qui  n'en  fort  pas. 
Quelques-uns  ont  donné  le  nom  de  lac  à  la  mer  Cas- 
pienne,parce  que,  diibnt-ils,  il  n'y  a,  à  proprement  parler, 
de  mer  que  l'Océan  &c  les  grands  golfes  qui  en  font  des 
appendices  ;  au  lieu  que  la  mer  Caspienne  n'a  aucune 
communication  vifi.ble  avec  l'Océan.  Il  eft  vrai  que  l'on 
a  conjeâuré  ,  avec  .bien  de  la  vraifemblance  ,  qu'elle  a 
des  conduits  fouterreins  par  lesquels  elle  communique 
avec  la  mer  Noire  &  le  golfe  Perfique  ;  mais  on  n'en  a 
aucune  certitude  phyfique  ;  &  cette  communication  fem- 
ble  avoir  été  devinée  après  coup,  afin  de  rendre  raifon 
pourquoi  cette  mer,  qui  reçoit  de  grands  fleuves,  comme 
le  Kur,  l'Aras,  le  Wolga,  le  Jaïk^le  Sihien,  le  Gé- 
hon  &  quantité  d'autres  ,  ne  s'accroît  pas  néanmoins , 
quoiqu'il  ne  paroifle  aucun  débouchement  de  toutes  ces 
eaux.  11  fe  peut  faire  qu'une  partie  de  ces  eaux  fe  perde 
dans  des  cavités ,  &  paffe  dans  des  réfervoirs  des  mon- 
tagnes ,  dont  ces  fortes  des  lacs  font  environnés  ,  & 
qu'elle  y  forme  la  fource  d'autres  ruifleaux  &c  rivières 
qui  tombent  ailleurs  ,  ou  qui  ne  reviennent  qu'en  partie 
dans  cette  mer.  Outre  que  le  fond  du  baffin  peut  être, 
en  quelques  endroits  ,  d'une  terre  poreufe ,  qui  laiffe 
échapper  une  partie  des  eaux.  *  Kir  cher.  Mund.  fub- 
terran. 

Il  y  a  enfin  des  lacs  qui  fe  forment  du  concours  de 
plufieurs  rivières,  &  qui  fe  déchargent  par  une  autre  ri^ 
viere,  ou  qu'une  rivière  traverfé.  Les  uns  rendent  par  leur 
fortie  beaucoup  plus  d'eau  qu'il  n'y  en  entre  ;  Si  en  ce 
cas  il  faut  que  dans  le  baffin  il  y  ait  des  fources  fecrettes 
qui  y  aboutiffent.  D'autres  rendent  beaucoup  moins 
d'eau  que  la  rivière  qui  y  entre  ne  leur  en  apporte  ;  & 
alors  il  faut  dire  qu'une  partie  de  cette  eau  ,  ou  fe  dé- 
tourne par  des  conduits  fouterreins ,  ou  fe  perd  dans  un 
fonds  fpongieux.  D'autres  enfin  en  rendent  &  en  reçoi- 
vent également ,  &  en  ce  cas  il  n'y  a  aucune  des  caufes 
qui  produiiént  les  effets  dont  on  vient  de  parler. 

Les  lac  formés  par  des  rivières  ou  des  ruiffeaux  tien- 
nent, pour  la  qualité  de  leurs  eaux,  de  la  nature  de  celles 
du  ruiffeau  ou  de  la  rivière  qui  les  forme.  La  plupart 
font  d'eau  douce  ;  quelques-uns  font  d'eau  falée,  foit  à 
caufe  du  voifinage  de  la  mer  avec  laquelle  ils  ont  une 
communication  connue  ou  cachée,  foit  par  la  qualité 
faline  des  terres  dont  leur  baffin  eft  formé  ,  foit  par  le 
mélange  de  quelques  fources  falées  qui  s'y  rendent.  Il  fe 
peut  auffi  que  la  rivière,  qui  produit  un  lac,  foit  très- 
douce,  comme  le  Jourdain,  &  que  le  lac  ait  une  eau  de 
qualité  différente ,  comme  le  lac  Asphaltite  ou  la  mer 
Motte.  Cela  vient  du  terrein  où.  le  lac  s'eft  formé, 


LAC  69  ï 

Il  y  a  des  lacs  où  il  y  a  des  ifles  dont  quelques-unes 
font  allez  grandes  pour  être  habitées.  Les  Grecs  rendent 
le  mot  de  lac  par  a/u:;i  &l  par  a**xȍ  ;  &  c'eft  de  ce 
dernier  que  les  Latins  ont  fait  Lacus,  d'où  viennent  les 
mots  de  Lago  &  Laguna  des  Italiens ,  le  Lake  des  An- 
glois  Se  le  Lougth  des  Irlandois.  Les  Allemands  fe  fer- 
vent du  mot  Set,  qui  lignifie  auffi  une  mer,  avec  cette 
différence  que  dans  la  lignification  de  lac,  il  eft  mafeu- 
lin  ;   &  dans  celle  de  mer,  il  eft  féminin. 

Le  LAC  d'Agnano.  C'eft  on  affez  petit  lac  entre 
Naples  &  Pouzzol ,  fur  le  bord  duquel  eft  là  grotte  du 
chien.   Voyez  Grotte  du  Ckien. 

Le  lac  d'Alemibig  ou  d'Alemibigen,  ou  plutôt, 

Le  lac  d'Alemipegon.  Voyez  Alimibig. 

Le  lac  d'Alto-Bosco,  lacd'Alie,  dans  la  partie 
occidentale  de  la  Natoiie ,  près  d'un  bourg  de  même 
nom,  peu  loin  d'Ephèlé.  Voyez  Alto-Bosco. 

Le  lac  d'Amitatan  ,  ou  d'Amuitan.  Voyez; 
Amitatan. 

Le  lac  d'Àndoria.  Voyez  Andoria. 

Le  lac  d'Anguillara  :  c'eft  le  même  que  le  lac 
de  Bracciano.  Voyez  ci-après. 

Le  lac  d'Anneci.  Voyez  Anne  ci. 

Le  lac  d'Aquilonde.  Voyez  Aquilonde. 

Le  lac  des  Assinibouls.    Voyez  ASSIN1BOULS. 

Le  lac  d'Atitlan.  Voyez  Atitlan. 

Le  lac  d'Averne.  Voyez  Averne. 

Le  lac  d'Aulagas.  Voyez  Aulagas. 

Le  lac  d'Autacan  ,  lac  d'Egypte ,  dans  fa  partie 
feptentrionale,  du  côte  d'Alexandrie.  Baudrand,  éd.  1705, 
dit  qu'on  le  nomme  plus  fouvent  le  lac  de  Buchiara  ou 
Bucheira.  Voyez  Buchiara. 

Le  lac  de  Bacalal.  Voyez  Bacalal. 

Le  lac  de  Baikal.  Voyez  Baikal. 

Le  lac  de  Balaton,  lac  de  la  baffe  Hongrie  ;  lès. 
Allemands  le  nomment  Platféc ;  il  s'étend  en  long,  au. 
comté  de  Salavar ,  Se  eft  formé  par  la  rivière  de  Sar- 
witz,  qui,  au  fortir  de  ce  lac  au  nord-eft ,  paffe  à  Albe- 
Royale  :  Kanischa  eft  au  fud-oueft,  &  à  un  peu  moins  de 
fept  petites  lieues  de  ce  lac.  *  Robert  de  Vaugondy'r 
Atlas. 

Le  LAC  DE  BaSSANO,  petit  lac  d'Italie,  dans  l'état 
de  l'églife,  au  Patrimoine  de  S.  Pierre,  près  du  bo.irg 
de  même  nom ,  à  une  lieue  au  couchant  du  Tibre  ,  Se 
de  la  ville  d'Orta,  au  midi.  *  Baudrand,  éd.  1705. 

Le  lac  de  Bienne.  Voyez  Bienne. 

Le  lac  de  Bientina.  Voyez  Bientina. 

Le  lac  de  Boicale.  Voyez  Baikal. 

Le  lac  de  Bolsena,  lac  d'Italie,  au  duché  de> 
Caftro ,  qui  eft  de  l'état  du  duc  de  Parme  Se  de  Plai- 
fance ,  quoique  léqueftré  par  le  pape.  Il  prend  fon  nom 
de  Bolfena,  bourg  fitué  fur  la  rive  feptentrionale,  & 
eft  formé  par  plufieurs  ruiffeaux  qui  y  tombent  entre  Bol- 
fena Si  Borghetto.  A  l'orient  de  ce  lac  eft  Montefias- 
cone.  Sur  la  rive  méridionale  font  Bilèntio  ,  Capo  di 
Monte ,  ck  Marta.  Auprès  de  ce  dernier  lieu  eft  la  dé- 
charge du  lac  dont  fe  forme  une  rivière  nommée  aulîi 
Maria.  Il  y  a  deux  ifles ,  dont  la  plus  occidentale  s'ap- 
pelle Bifentina ,  &  la  plus  orientale  Mariana.  Il  a  été 
connu  des  anciens  fous  le  nom  de  Vulsinus  Lacus. 
Voyez  ce  mot.  Quelques-uns  l'ont  appelle  le  Lac  de  Mar- 
ia ,  à  caufe  du  lieu  &c  de  la  rivière  de  même  nom. 
*  Magin,   Ital. 

Le  LAC  DE  BONBON  ,  petit  lac  de  l'Amérique  mé- 
ridionale au  Pérou,  dans  l'audience  de  Tima,  au  nord- 
eft  de  la  montagne  de  Los  Atavillos ,  à  la  fource  de  la 
Xaucan  ou  de  la  rivière  de  Maragno. 

Le  lac  Bonbon  doit  êtte  le  même  que  le  lac  de 
Lauri-Cocha ,  où  la  rivière  des  Amazones  prend  fa 
fource.  Mais  il  faut  bien  diflinguer  cette  rivière  de  celle 
de  Xauca,  qu'on  confond  ici  mal-à-propos. 

Le  lac  de  Borno,  ou  lac  de  Bournou,  lac 
d'Afrique,  vers  la  fource  du  Niger,  félon  quelques-uns. 
De  rifle  dans  fa  carte  particulière  de  la  Barbarie  ,  de  la 
Nigritie  &  de  la  Guinée,  avoit  fuivi  ce  fentiment ,  en 
1707;  mais  il  en  a  changé  depuis;  &  dans  fon  Afrique 
publiée,  en  1711,  il  donne  ce  lac  comme  fource  du  Ni- 
ger ,  wrs  ie  36e  d.  de  longitude,  Sj  par  1e  16e  d.  de  la- 
titude-nord, à  l'orient  de  la  ville  de  Bournou. 

Le  LAC  nommé  par  les  Indiens,  la  bouche  de  la  mer  ; 
lac  de  l'Amérique  méridionale,  au  Brefil,  dans  la  capi- 
TomelII.     Sfffij 


6  g  i 


LAC 


LAC 


tainerie  de  Spiritu  -  Santo.  Il  en  fort  au  couchant  une 
rivière  qui  va  groflir  Rio-Dolce. 

Le  lac  du  Bourget.  Voyez  Bourget. 

Le  lac  de  Bouron.  Voyez  Bouron. 

Le  lac  de  Bracciano.  Voyez  Bracciano. 

Le  lac  Buade,  ou  Missisacaïgan,  lac  de  l'A- 
mérique feptentrionale  ,  au  Canada,  entre  le  lac  Supé- 
rieur à  l'orient,  &  le  Mifliffipi  encore  yoifm  de  la  fource 
au  couchant.  Il  fe  forme  de  quatre  ruiffeaux  qui  y  tom- 
bent au  nord.  Et  il  en  fort  une  rivière  nommée  Mendeoua- 
camon,  qui  tombe  dans  le  Mifliffipi,  au-deffus  &  auprès 
du  paffage  de  S.  Antoine  de  Pade.  *  De  l'Jjh ,  Canada. 

Le  lac  de  Bochiara.  Voyez  Buchiara. 

Le  lac  de  Burgian  ,  lac  d'Afie,  dans  la  Khoraf- 
fane ,  près  de  la  ville  de  même  nom. 

Le  lac  de  Buriana.  Voyez  Buriana  2. 

Le  lac  de  Capes,  ou  le  lac  des  Lépreux. 
Voyez  Capes  ,  rivière  d'Afrique ,  dont  ce  lac  reçoit  fes 
eaux  Se  fon  nom. 

Le  lac  des  CARACARES,  lac  de  l'Amérique  mé- 
ridionale, au  Paraguay,  entre  les  rivières  d'Urvaig,  de 
Paran  &  de  la  Plata.  Il  a  plufieurs  ifles ,  &t  fe  perd  dans 
cette  dernière  rivière. 

Le  lac  de  Carasui.  Voyez  Carasou  6. 

Le  lac  DE  Cassipa  ,  lac  de  l'Amérique  méridio- 
nale ,  dans  la  Guiane.  I!  fe  forme  dé  quatre  ruiffeaux , 
&  va  fe  rendre  par  un  canal  dans  l'Orénoque. 

Le  lac  de  Castel-Gandolphe.  Voyez  Cas- 
tfl-Gandolphe. 

1.  Le    lac   de   Castiglione.    Voyez  Casti- 

GLIONE. 

2.  Le  lac  de  Castiglione,  petit  lac  d'Italie, 
dans  la  Campagne  de  Rome.  On  l'appelle  auffi  le  lac  de 
Sainte-Praxede.  Il  eft  à  quarre  milles  de  Rome,  fur  le 
chemin  de  Paleftine,  Si  à  deux  de  Trivoli. 

Le  lac  des  Castors.  C'eft  le  même  que  le  lac 
DES  NlPlSSlRINlENS  ,  au  Canada. 

Le  LAC  de  Castro-Joanni  ,  petit  lac  de  la  Sicile, 
dans  la  vallée  de  Noto.  Il  a  emiron  quatre  milles  de 
tour ,    &  eft  à  cinq  milles  de  Caftro-Joanni ,  au  midi. 
*  Baudrand,  éd.  1705. 
Le  lac  de  Celano.  Voyez  Celano. 
Le  lac  de  Chapala.  Voyez  Chapala. 
Le  lac  de  la  Chaudière.  Voyez  Chaudière. 
Le  LAC   DE  Chiamay,  grand  lac  d'Afie,  dans  les 
états  du  roi  d'Ava  ,  aux  confins  des  royaumes  d'Afem, 
de  Boutan  &  de  la  Chine.  Il  en  fort  deux  rivières  re- 
marquables, favoir  celle  de  Laquia,  qui  va  tomber  dans 
le  Gange,  près  deDaca,  dans  le  royaume  de  Bengale, 
&  celle  de  Caïpoumo  ,  qui  va  fe  perdre  dans  le  Ménam- 
kiou  ,  ou  rivière  d'Ava ,  près  de  Laftoroa  ,  un  peu  au- 
deffous  dAva.  MM.  Sanfon  en  font  fortir  toutes  les  ri- 
vières ,  qui  font  depuis  l'embouchure  de  la  rivière  de 
Siam.  Mais  ils  ont  fuivi  en  cela ,   comme  en  bien  d'au- 
tres chofes,  d'anciennes  conjectures, -qui  ne  fe  font  pas 
trouvées  vraies.  *  Rob.  de  Vaugendy ,  Atlas. 

Le  lac  de  Caïavenne.  Voyez  Chiavenne. 
Le   lac   de  Commacchio  ,    ou  l'Etang  de 
Comacchio.   Voyez  au  mot  Comachio   l'article 
les  Vallées  de  Comacchio. 
Le  lac  de  Come.  Voyez  Come. 
Le  lac  de  Comidie,  lac  de  la  Turquie  ,  en  Afie, 
dans  la  Natolie,  près  des  ruines  de  l'ancienne  Nicomédie. 
Le  lac  de  Constance.  Voyez  Constance. 
Le  1  ac  DE  CORAS  ,  lac  de  la  grande  Tartarie,  félon 
Baudrand  ,   éd.  1705 ,  qui  ajoute  :  on  prétend  qu'il  eft 
fort  grand  ;  mais  nous  n'en  favons  rien  de  particulier, 
ni  même  de  bien  certain. 

Le  lac  deCrapolace,  petit  lac  d'Italie,  dans 
l'Etat  du  pape,  &  dans  la  Campagne  de  Rome  entre  la 
côte  de  la  mer  de  l'Eglife  que  l'on  appelle  de-là  la 
Spiaggia  di  Crapolace,  &  les  Marais-Pontins.  Il  n'a 
que  trois  à  quatre  milles  de  long ,  entre  le  lac  de  la  So- 
reffa  &r_  celui  des  Monaci ,  au  couchant ,  félon  Jacques 
Améti  cité  par  Baudrand,  éd.  IJO'). 

Le  Lac  de  la  Croix  ,    lac  de  l'Amérique  fepten- 
trionale ,  dans  le  Canada ,  au  nord  du  Saguenai ,  félon 
Albanel  cité  par  le  même. 
Le  lac  de  Czirknitz.  Voyez  Zirnick. 
Le  LAC  DE  DAMBÉE.  Voyez  Dambée. 
Le  lac  des  deux  Montagnes  ,  petit  lac  de  l'A- 


mérique feptentrionale  ,  au  Canada.  Il  eft  formé  par  la 
rivière  des  Outouacks,  à  l'endroit  où  elle  fe  joint  à  la 
grande  rivière  ,   au-deffus  de  Mont-?>.éa!  ;   il  a  fept  ou 
huit  lieues  de  long  Se  environ  quatre  de  large. 
Le  LAC  de  Dummer.  Voyez  Dummer-ZÉE. 
Le  lac  des  Eaux  Salées  ,  petit  lac  de  l'Amérique 
feptentrionale ,   au  Canada.    Il  eft  de  figure  ronde ,  au 
midi  du  lac  Huron,   Se  au  nord  du  lac  Erié,  dans  la 
communication  de  l'un  à  l'autre.   Baudrand  dit  que  les 
naturels  le  nomment  Tfiketo.    De  fille  le  nomme  lac 
de  Ganatcb.io ,  ou  de  Sainte-Claire. 
Le  lac  Erié.  Voyez  Errié. 
Le  lac  d'Exséchia,   lac  d'Afie,  dans  la  grande 
Arménie.  Quelques-uns  le  prennent  pour  le  Lychnites3 
ou  Lycknhis  Palus  des  anciens. 
Le  lac  de  Fogliano.  Voyez  Fogliano. 
Le  lac  de  Fondi.  Voyez  Fondi. 
Le  lac  de  Frontenac.  Voyez  Frontenac. 
Le  lac  de  Fucéchio.  Voyez  Fucéchio. 
Le  lac  de  Gaoga,  ou  Kaugha.  VoyezGAOGA, 
Le  lac  de  Garde.  Voyez  Garde. 
Le  lac  de  Génésareth.  Voyez  Cénereth;  & 
au  mot  Mer  l'article  Mer  de  Tibériade. 
Le  lac  de  Genève.  Voyez  Léman. 
Le  lac  de  Gensano  ,  petit  lac  de  l'Etat  de  l'églife, 
en  Italie ,  dans  la  Campagne  de  Rome ,  près  d'un  châ- 
teau dont  il  prend  le  nom.   On  lui  donne  auffi  celui  de 
Némi. 

Le  lac  de  Grenade  ,  lac  de  l'Amérique  feptentrio- 
nale. Voyez  Grenade  8 ,  Se  Nicaragua. 
Le  lac  de  Guarde.  Voyez  Guarde  i. 
Le  lac  des  Hurons.  Voyez  Hurons. 
Le  LAC  DE  LA  Janna,  lac  de  Grèce,  dans  la  pro- 
vince de  la  Janna,  fur  les  frontières  de  la  baffe  Albanie  , 
avec  une  ville  de  même  nom,  dans  une  ifle.  Ce  lac  eft 
formé  par  la  rivière  de  Selampria.    C'eft  le  lac  de  Caf- 
fiope  des  anciens. 

Le  lac  d'Idro.  Voyez  Idro. 
Le  lac  d'Ilmen.  Voyez  Ilmen. 
Le  lac  d'Iséo.  Voyez  Iséo.    • 
Le  lac  des  Kinongamichis.  Voyez  Kinonga,- 
michis. 

Le  lac  de  Labrador,  petit  lac  de  l'Amérique 
feptentrionale ,  dans  fille  du  Cap-Breton ,  dans  le  golfe 
de  Saint-Laurent. 

Le  lac  du  Labyrinthe,  petit  lac  de  l'Amérique 
feptentrionale,   au   Canada,  au  midi  du  fort  des  Abi- 
tibis,  vers  les  fources  d'une  rivière,  qui,  paffant  auprès 
de  la  Maifon-Françoife,  va  fe  joindre  à  la  rivière  du 
Perray,  Se  forme  avec  elle  la  rivière  de  S.  Louis ,  qui  fe 
perd  dans  la  baie  de  Hudfon,  au  nord  du  fort  S.  Louis. 
Le  lac  de  Ladoga.  Voyez  Ladoga. 
Le  lac  de  LiïfcSANE.  Voyez  Lausane. 
Le  lac  de  Lentini.  Voyez  Lentini. 
Le  lac  de  Léon.  Voyez  Léon  10. 
Le  lac  de  Lésina,  petit  lac  d'Italie  ,  au  royaume 
de  Naples ,  dans  la  Poiïille  Se  dans  la  Capitanate,  près 
de  Léima  ,   qui  n'eft  plus  qu'un  village,  après  avoir  été 
une  ville ,  &  à  trois  milles  feulement  de  la  côte  du  golfe 
de  Veni.'e. 
Le  lac  de  Liasto.  Voyez  Liasto. 
Le  lac  de  Livadie.  Voyez  Livadie. 
Le  lac  Lomond  ,  ou  Lomond-Loch,  lac  d'E- 
coffe  ,   au  vicomte  de  Lewin  ,  au  nord  de  Dumbarton. 
Voyez  Lomond. 

Le  lac  de  Longpendu.  Voyez  Longpendu. 
Le  lac  de  Lucerne.  Voyez  Lucerne. 
Le  lac  LucRin.  Voyez  Lucrin. 
Le  lac  de  Lugano.  Voyez  Lugano. 
Le  lac  Ma  jour,  ou  Majeur,  ou  Major,  lac 
d'Italie  en  Lombardie,  au  duché  de  Milan.  Les  anciens 
l'ont  nommé  Verbanus  LacuS ,  8c  les  Italiens  l'appellent 
Lago  Maggiore.   Il  s'étend  en  long  du  feptentriou  au 
midi ,  l'espace  de  trente-neuf  milles  ,    fur.  cinq   ou  fis 
milles  de  largeur.  Il  reçoit   un  affez  grand  nombre  de 
rivières  ,  dont  la  principale  eft  leTeffin ,  qui  le  traverfe 
dans  toute  fa  longueur,  y  entrant  à  l'orient  de  Locarno , 
&  en  fortant    à    l'occident   de  Sefto.    Locarno   &   la 
partie  feptentrionale  du   lac   font  partie  des   bailliages 
d'Italie ,  qui  dépendent  de  la  Suiffe.   La  partie  méridio- 
nale, depuis  les  villages  de  Brifago  &  de  Colmsgna,  in- 


LAC 


LA^ 


dufiverr.ent,  eft  du  Milanez.  Les  autres  rivières,  qui  tc:n- 
Lent  clans  ce  lac ,  l'ont  au  couchant  du  nord  ,  au  fud  !e 
Mélezzo ,  la  rivière  de  Canobio  ,  la  Tola  qui  y  porte 
les  eaux  du  lac  d'Orta  ;  à  l'orient,  la  Treffa ,  qai  vient 
du  lac  de  Lugan,  6k  quelques  ruiffeaux  ou  torrens ,  dont 
un  fe  charge  des  eaux  de  quelques  petits  lacs,  favoir  le 
lac  de  Gautra,  celui  de  Mono. ,  6k  celui  de  Terna.  Sur 
la  côte  occidentale  il  y  a  quelques  illes ,  favoir  la  Mal- 
paga  6k  la  Vitaiiana  ,  auprès  de  Canobbio  6k  de  Can- 
cro.  Plus  au  midi,  il  y  en  a  quelques  autres,  favoir  celle 
de  Sam  Angelo  6k  de  San-V'utore,  6k  deux  petites  qu'on 
appelle  iïmplement  JfelU.  Elles  font  dans  un  golfe  for- 
mé par  l'embouchure  de  laTofa,  6k  par  une  rivière  qui 
n'eft  autre  chofe  que  la  décharge  du  lac  de  Mergozzo. 
Il  n'a  point  d'autres  villes  fur  fes  bords  que  Locarno  Si 
Sefto.  *  Robert  de  Vav.gondy ,  Atlas. 

Le  lac  de  Mantoue.  'Voyez  Mantue. 

Le  lac  de  Maracayeo.  Voyez  Maracai'so. 

Le  lac  de  Marsi.  C'eft  le  même  que  le  lac  de 
Célano.  Voyez  ce  mot. 

Le  lac  de  Marta  :  c'eft  le  même  que  le  lac  de 
Bolséna. 

Le  lac  de  Méchoacan,  lac  de  l'Amérique  Sep- 
tentrionale dans  la  Nouvelle  Espagne,  6k  dans  la  pro- 
vince de  Méchoacan,  à  fept  lieues  de  la  ville  de  ce  nom, 
vers  le  nord.  Il  eft  formé  par  les  eaux  d'une  rivière 
dont  la  fource  eft  affez  près  de  la  rivière  de  San-Pedro , 
6k  qui,  au  lieu  d'y  tomber  d'abord,  s'en  écarte  vers  le 
r.ord  ,  puis  vers  l'eft  ,  6k  s'élargiffant  enfuite,  fe  jette  à 
droite  6k  à  gauche,  au  nord  de  Méchoacan ,  ville,  6k  de 
\  alladolid  ,  bourgade.  La  branche  occidentale  n'a  point 
d'ilîuë ,  6k  fe  termine  à  un  cul-de-fac  :  l'orientale  a  un 
débouchement ,  qui  ,  en  circulant  vers  le  fud-eft  6k  le 
fud,  tombe  dans  la  rivière  deSan-Fedro.  *  Rob.  de  Vau- 
gondy  ^  Atlas. 

Ll  LAC  Msler.  Voyez  MÊLER. 

Le  lac  de  Mexico,  ou  de- Mexîque.  Voyez  Me- 
xico. 

Le  lac  MezzAno.  Voyez  Mezzano. 

Le  lac  de  Mit  higan.  Voyez  Michigan. 

Le  lac  Mimipègon;  c'eft  un  petit  lac  de  la  Nou- 
velle France ,  qui  fe  décharge  dans  la  partie  du  nord 
du  lac  Supérieur.  Il  eft  lui-même  la  décharge  de  plu- 
fieurs  autres  lacs,  beaucoup  plus  grands,  dont  la  pofuion 
.n'eft  pas  encore  bien  connue. 

Le  lac  de  Missisacaïgan  ;  c'eft  le  même  que  le 

Ï.AC  DE  BUADE. 

Le  lac  DES  Mistasins  ,  lac  de  l'Amérique  fepten- 
trionale,  au  nord  du  Canada.  11  a  deux  décharges  ;  l'une 
au  midi  par  la  rivière  de  Kakigaoufipi ,  dans  le  lac  de 
S.  Jean ,  6k  de-là  dans  la  rivière  de  Saguenay  ;  l'autre , 
qui  eft  plus  confidérable  ,  eft  au  couchant ,  par  la  ri- 
vière de  Rupert  qui  traverfe  le  petit  lac  de  Némisko  , 
&  fe  perd  dans  un  golfe,  au  midi  de  la  baie  de  Hudfon 
&  de  Fifle  de  Charlefton. 

Le  lac  des  Moines  ,  ou  lago  delli  Monachi, 
petit  lac  d'Italie,  dans  l'Etat  de  l'églife,  dans  la  Campa- 
gne de  Rome.  Il  s'étend  en  long  l'espace  de  fept  milles, 
entte  le  lac  de  Fogliano  au  couchant  6k  celui  de  Crapo- 
lace  au  levant ,  6k  leur  eft  joint  par  des  canaux.  Il  eft 
fort'refterré  entre  la  Plage  Romaine  au  midi,  6k  les  Ma- 
rais -  Pontins  au  feptentrion,  félon  Jacques  Améli  cité 
parBaudrand,  éd.  1705. 
Le  lac  de  Morat,  ou  Murât.  Voyez  Morat. 
Le  lac  des  Nadouessioux,  lac  de  l'Amérique 
feptentrionale,  au  pays  des  Nadoueffioux,  qui  font  par- 
tie des  UTati  orientaux  ,  au  fud-oueft  du  lac  des  Sioux. 
C'eft  moins  un  lac  que  la  fource  un  peu  élargie  de 
la  rivière  de  S.  François,  qui  tombe  dans  le  grand  fleuve 
de  Miffiffipi,  encore  voifin  de  (ss  fources. 

Le  lac  Naffia,  petit  iac  de  Sicile,  dans  la  valée 
deNoto,  près  de  la  petite  ville  de  Palagonia,  à  vingt- 
cinq  milles  d'Agoufte  au  couchant  ,  6k  à  quatorze  de 
Lentini.  C'eft  le  Palicorum  lacus  des  anciens. 
Voyez  PaLICI.  *  Baudrand,  éd.  170^. 

Le  LAC  DE  Némi,  petit  lac  d'Italie  dans  la  Campagne 
•  de  Rome,  près  d'un  château  qui  lui  donne  ce  nom. 
Il  a  fept  milles  de  circuit,  &  eft  à  dix-huit  milles  de 
Rome,  en  allant  vers  Velitres ,  dont  il  n'eft  qu'à  qua- 
tre milles.  C'eft  le  même  que  le  LAC  DE  Genz.^O  } 
nom  qu'il  prend  d'un  autre  château. 


693 

Le  LAC  DëNemisko,  lac  de  î'A.ménque  feptentrio-' 
nale,  au  pays  des  Kiliftinons.  Il  eft  au  midi  de  la  ri- 
vière de  Rupert,  qui  le  forme,  en  paflant,  du  lac  Mis- 
tafin ,  au  fond  de  la  baie  de  Hudson. 
Le  lac  de  Neuchatel.  Voyez  Neuchatel. 
Le  lac  de  Nicaragua.  Voyez  Grenade  6k  Ni- 
caragua. 
Le  lac  de  Nicée.  Voyez  Nicée. 
Le  lac  Nipissing  ,  lac  de  l'Amérique  feptentrio- 
nale au  Canada.  Cn  le  nomme  auffi  le  Lac  DES  Ni- 
P1SSIRINIENS  6k  LAC  DES  Castors.  Il  eft  entre  la  ri- 
vière des  Outaouaks,  au  nord-eft,  6k  le  lac  Huron  au  fud- 
oueft.  De  l'ifle  ne  donne  qu'une  décharge ,  dans  le  lac 
Huron,  par  une  rivière  qu'il  nomme  la  rivière  de  S.  Fran- 
çois. Le  P.  Hennepin ,  qui  donne  le  nom  de  rivière  de 
S.François  à  celle  des  Outaouacks,  la  fait  communiquera 
ce  lac  par  un  canal  où  il  met  un  faut.  Une  carte  plus  nou- 
velle 6k  plus  détaillée  marque  ce  même  canal  avec  trois 
portages  nommés  les  galots  ,  le  portage  des  rofes,  6k  le 
portage  de  la  Mujlave.  Elle  met  fur  la  rivière  de  comirm- 
nication  de  ce  lac  au  lac  Huron ,  un  portage  nommé  des 
Récol/ets,  6k  remplit  d'ifles  le  lac  de  Nipifiïng. 

Le  lac  des  Nipissiriniens.  C'eft  le  même  que 
le  précédent. 

Le  lac  d'Ochrida  ,  lac  de  la  Turquie  en  Europe. 
Voyez  Ochrida. 
Le  lac  d'Onega.  Voyez  Onega  2. 
Le  lac  Ontario.  Voyez  Ontario. 
Le  lac  d'Orbitelle.  Voyez  Orbitelle. 
Le  lac  d'Orta,  lac  d'Italie.  Voyez  Orta. 
Le  lac  de  Paria,  ou  lac  d'Aulagas  ,  lac  de 
l'Amérique  méridionale,  dans  le  Pérou,  dans  l'audience 
de  los  Charcas.  Il  communique  par  un  long  canal  avec 
le  lac  de  Titicaca ,  qui  eft  beaucoup  plus  au  nord. 
Le  LAC  de  Parime  ,  lac  imaginaire. 
Le  lac  de  Patria.  Voyez  Patria. 
Le  lac  de  PjÏrouse.  Voyez  Pérouse. 
Le  lac  Pesole.  Voyez  Pesol, 
Le  lac  Pi.ïi'US.  Voyez  Peïpus. 
Le  lac  de  Pié-di-Luco.  Voyez  Pié-di-Luco. 
Le  lac  de  Pilate.  Voyez  Frakmont. 
Le  lac  de  Pusiano.  Voyez  Pusiano.  • 
Le  lac  des  Puteotamis  ,  ou  la   baie  des 
Puants.  Voyez  Baie. 

Le  lac  des  Quatre- Villes  en  Suisse;  c'eft  le 
même  que  le  LAC  DE  LuCERNE.  Voyez  Lucerne. 
Le  lac  de  Rieti.  Voyez  Rieti. 
Le  lac  de  Rive  ,  ou  le  lac  de"\Vallenstadt, 
lac  de  Suifle.  Voyez  Rive. 

Le  lac  de  Ronciglione,  ou  le  lac  de  Vico. 
Voyez  Ciminius  Lacus,  6k  Ronciglione. 

Le  lac  DE  Rufumbo  ,  lac  d'Afrique  ,  dans  les  états 
du  Monoëmugi,  au  nord  de  la  Couama,  près  de  la 
montagne  de  Rufumbo. 

Le  lac  de  S.  François  ,  lac  de  l'Amérique  fepten- 
trionale ,  au  Canada.  C'eft  moins  un  lac  proprement 
dit ,  qu'un  élargiffement  médiocre  du  grand  fleuve  de 
S.  Laurent,  un  peu  au-deflus  de  Mont-Réal. 

Le  lac  de  S.  Jean,  ou  de  Pingagami  ,  petit  lac 
de  l'Amérique  feptentrionale ,  au  Canada.  Il  fe  forme 
de  la  rivere  de  Kakigaoufipi ,  qui  lui  porte  les  eaux  du 
lac  Miftafin,  qui  eft  au  nord-nord-oueft ,  6k  de  la  ri- 
vière de  Nilbuba  qui  vient  du  couchant  :  il  fe  décharge 
par  la  rivière  de  Saguenay  dans  le  fleuve  de  S.  Laurent, 
près  de  Tadoufac. 

Le  lac  de  S.  Louis:  on  a  autrefois  donné  ce  nom 
au  lac  de  Frontenac. 

Le  lac  de  Sainte-Praxede:  c'eft  le  même  que 
le  Lac  de  Cajliglione. 

Le  LAC  du  S.  SACREMENT,  lac  de  l'Amérique  fep- 
tentrionale, dans  le  Canada.  Il  fe  forme  par  la  rivière 
de  Richelieu ,  qui  elle-même  n'eft  que  la  décharge  du 
lac  de  Cnamplain  ,  dont  celui  du  S.  Sacrement  n'eft 
qu'à  une  lieue.  Il  à  dix  ou  onze  lieues  de  long. 

Le  lac  de  Sainte-Susanne,  lac  d'Italie,  dans 
rOmbrie,.près  de  Riéti  6k  du  lac  de  Cantalice,  proche 
du  château  de  Sainte-Sufanne  ,  dont  il  prend  fon  nom. 
Il  n'a  que  deux  ou  trois  milles  de  tour.  Cluvier  croit 
que  c'eft  le  Septcm+Aqutz  de  Cicéron. 

Le  lac  DE  Sarchad,  lac  de  Tranfilvanie  ,  au< 
frontières  de  la  haute  Hongrie.  Il  eft  petit  6k  formé  par 


<5p4 


LAC 


LAC 


la  rivière  de  Fekler-Kères  ,  qui  le  traverfe  au-deffous 
de  la  ville  de  Giula. 

Le  lac  de  Scutari  ,  lac  de  l'Albanie ,  vulgaire- 
ment appelle  Lac  de  Penca.  La  rivière  de  Batiana  ou 
Bojana  ,  qui  fort  de  ce  lac  ,  dont  le  tour  eft  de  quatre- 
vingt  milles  ,  borde  du  midi  la  ville  de  Scutari ,  félon 
Corneille  ,  qui  cite  Corovic.  Itin. 

Le  lac  de  la  Soressa.  Voyez  Soressa. 

Le  lac  de  Stive.  Voyez  Copaïs  &c  Livadie. 

Le  lac  de  Straccia-Cappa.  Voyez  Straccia- 
Cappa. 

Le  lac  Supérieur  ,  grand  lac  de  l'Amérique  fep- 
îentrionale ,  au  Canada.  Il  peut  être  confîderé  comme 
la  fource  du  grand  fleuve  de  S.  Laurent ,  au  nord  du  lac 
des  Illinois.  Il  communique  au  nord  avec  le  lac  Alemi- 
pigon ,  & ,  au  fud-ëft,  au  lac  Huron  où  il  envoie  une 
partie  de  fes  eaux.  Il  en  reçoit  d'un  grand  nombre  de 
ruiffeaux.  Il  y  a  plus  de  foixante  lieues  du  fond  occiden- 
tal de  ce  lac,  à  la  pointe  de  terre  qui,s'avançant  du  midi, 
femble  le  vouloir  partager  en  deux,  &C  plus  de  ioixante 
aurres  de-là  à  fon  extrémité  orientale.  Il  y  a  un  très- 
grand  nombre  d'ifles  le  long  de  fes  bords.  La  princi- 
pale eft  celle  de  Minong,  qui  a  dix-huit  à  dix-neuf  lieues 
de  longueur  ôt  eft  féparée  du  continent  par  un  ca- 
nal allez  large.  On  le  nomme  auffi  quelquefois  le  lac 
de  Traci.  Il  eft  navigable  pour  toutes  fortes  de  bar- 
ques. 

Le  lac  fupérieur  avoit  été  nommé  le  lac  de  Tracy  en 
l'honneur  du  marquis  de  Tracy,  lequel,  en  1663  ,  fut 
nommé  vice-roi  de  l'Amérique  Françoife,  &,  après  avoir 
vifité  les  ides  Antilles,  arriva  en  Canada,  en  1665,  où 
il  fît  la  guerre  aux  Iroquois  ;  mais  ce  nom  n'efî  plus  en 
ufage.  On  ne  connoît  point  celui  que  les  Sauvages  don- 
noient  à  ce  lac ,  le  plus  grand  que  l'on  connoiffe  dans  le 
monde ,  &  on  l'a  apparemment  nommé  Supérieur,  parce 
qu'il  eft  le  plus  feptentrional  des  grands  lacs  de  la  Nouvelle- 
France.  On  lui  donne  deux  cents  quatre-vingt-cinq  lieues 
de  Teft  à  l'oueft  ;  environ  quatre -vingt  de  large  du 
nord  au  fud  ,  &  cinq  cents  de  circuit.  Son  embouchure 
dans  le  lac  Huron  eft  par  les  45  d.  z8'  ;  ci  il  le  dé- 
charge par  un  détroit  de  vingt -deux  lieues  de  long, 
fott  embarraffé  de  rochers.  Toute  la  côte  méridionale  de 
ce  lac  eft  allez  droite  :  il  feroit  dangereux  d'y  être  fur- 
pris  d'un  vent  du  large ,  parce  qu'on  n'y  trouve  presque 
point  d'abri  ;  mais  la  rive  feptenttionale  eft  bordée  de 
rochers  ,  entre  lesquels  il  y  a  quantité  de  petits  havres 
fort  commodes  pour  les  voyageurs  ,  qui  s'accordent  tous 
fur  une  particularité  de  ce  lac  ,  qu'il  eft  bon  de  favoir. 
Ils  dilent  que  quand  il  doit  y  avoir  une  tempête  fur  le 
lac ,  on-  en  eft  averti  deux  jours  auparavant  ;  que  tout  le 
premier  jour,  on  apperçoit  un  petit  frémiffement  fur  la 
furface  de  l'eau  ;  que  le  lendemain  les  lames  y  font  affez 
groffes ,  mais  ne  fe  brifent  pas  encore  ;  de  forte  qu'on 
peut  naviguer  fains  crainte,  &  faire  même  beaucoup  de 
chemin,  non  a  le  vent  favorable  ;  mais  que,  letroifiéme 
jour,  le  lac  eft  tout  en  feu ,  &  que  l'Océan  dans  fa  plus 
grande  fureur,  n'eft  pas  plus  agité. 

Les  Sauvages, par  reconnoiflance  pour  la  grande  quantité 
de  poiffbns  que  leur  fournit  ce  lac ,  &  par  le  respect  que 
leur  inspire  fa  vafte  étendue ,  en  ont  fait  une  divinité  ,  & 
lui  offrent  des  facrifices  à  leur  manière;  mais  il  fe  pour- 
rait bien  faire  que  ces  honneurs  religieux  ayent  pour  ob- 
jet le  dieu  Michabou ,  qui  a  formé  ce  lac ,  difent  ces 
peuples,  pour  prendre  des  caftors:  ils  ajoutent  que  les 
rochers  dont  j'ai  dit  qu'eft  rempli  le  détroit  du  lac  Supé- 
rieur ,  font  des  reftes  d'une  chauffée  que  le  dieu  avoit 
conftruite,  pour  arrêter  les  eaux  des  rivières  &  des  lacs 
dont  il  vouloit  former  celui-ci.  Il  y  a  long-tems  qu'on 
fait  qu'il  y  a  beaucoup  de  cuivre  dans  les  ifles  &c  dans 
le  continert  du  lac  Supérieur:  on  a  fouvent  trouvé  des 
morceaux  propres  à  être  mis  en  œuvre  fur  les  falaifes. 
?  Notes  du  P.  Charlevoix. 

Le  lac  de  Tailla- Cozzo,  lac  d'Italie,  au 
royaume  de  Naples.  C'eft  le  même  que  le  lac  de  Celano. 

Le  lac  de  Thun,  Voyez  Tung. 

Le  lac  des  TiMAGAMiNG  :  c'eft  le  même  que  le 
lacdeMiflafin  au  Canada. 

Le  lac  de  Titicaca.  Voyez  Titicaca. 

Le  lac  de  Traci.  C'eft  le  même  que  le  laç  Su- 
périeur. 

Le  LAC  DE  Varane,  Voyez  Varano, 


Le  lac  de  Vaspurac  an  :  c'eft  le  même  que  le  lac 
d'Aclamar.  Voyez  Actamar. 

Le  lac  de  Vastran  :  c'eft  le  même  que  le  lac  de 
Van.  Voyez  Van. 

Le  lac  Vener,  ou  Vaner.  Voyey  Vener. 

Le  lac  de  Veter,  ou  Vater.  Voyez  Veter. 

Le  lac  de  Vico  :  c'eft  le  même  que  le  lac  de  Ron- 
ciglione. 

Le  lac  de  Xaragua.  Voyez  Xaragua. 

Le  LAC  des  Xarayes  :  les  Espagnols  difent  Laguna. 
de  los  Xaraies ,  grand  lac  de  l'Amérique  méridionale, 
entre  le  Pérou  au  couchant ,  le  Brefil  au  levant ,  &  le 
Paraguai  au  midi ,  dans  le  pays  des  Xarayes ,  à  la  fource 
de  l'iguatu ,  qui ,  un  peu  au-deflous ,  eft  nommée  rivière, 
de  Paraguai.  Il  y  a  une  fort  grande  ifle  qui  en  occupe 
une  partie  confidérable,  au-deflous  une  autre  moindre, 
&  quelques  petites  au  couchant.  *  Rob.  de  Vaugondy, 
Atlas. 

Le  LAC  BE  ZACHAF,  lac  d'Afrique,  dans  la  baffe 
Ethiopie ,  dans  l'empire  du  Monoèmugi  ,  d'où  fort  la  ri- 
vière du  S.  Esprit,  qui  court  dans  le  Monomotapa, félon 
Baudrand  ,  qui  cite  quelques  relations.  Il  devoit  citer  de 
bonne  fois  les  cartes  de  MM.  Sanfon  ,  où  cela  fe  trouve 
ainfi.  Ce  lac  eft  imaginaire ,  auffi-bien  que  le  cours  de 
la  rivière  du  S.  Esprit. 

Le  lac  DE  Zaflan,  autre  lac  imaginaire  d'Afrique, 
vers  le  60e  d.  de  latitude  fud ,  félon  les  cartes  de  MM. 
Sanfon.  Les  anciens  géographes  en  dérivoient  une  ri- 
vière qu'ils  fuppofoient  être  une  des  origines  du  Nil  , 
&  qui  eft  auffi  peu  réelle  que  le  lac  même. 

Le  LAC  DE  Zaïre  ,  autre  lac  d'Afrique ,  d'où  l'on  a 
cru  long-tems,  que  le  Nil  prenoit  fa  principale  origine - 
au-delà  de  l'équateur.  Les  cartes  de  MM.  Sanfon  nom- 
ment ce  lac  Zaïre  ou  Zemhre,  &  le  mettent  au  "jo"  d. 
de  longitude,  &. entre  le  5e  &  le  15e  d.  de  latitude  mé- 
ridionale. 

Ces  trois  lacs  disparoiffent  dans  les  cartes  de  De  l'Ifle. 

Le  LAC  DE  Zambeze  ,  grand  lac  d'Afrique ,  dans  la 
Cafrerie,  entre  le  royau  mede  Chicova&  celui  d'Abutua, 
à  l'occident  de  la  ville  de  Chicova  ,  &c  de  la  rivière 
de  Zambelé.  De  l'Ifle  le  marque,  mais  fans  le  nommer. 

Le  lac  de  Zell  ,  lac  d'Allemagne  ,  dans  laSuabe, 
fur  la  frontière  de  la  Suiffe ,  &£  au-deffous  du  lac  de 
Confiance,  près  de  la  petite  ville  de  Zell,  qui  lui  donne 
le  nom.  Il  na  guères  que  trente  mille  pas  de  circuit. 
Le  Rhin  le  traverfe  dans  fa  partie  méridionale. 

Le  lac  de  Zenta  ;  c'eft  le  même  que  le  lac  de, 
Scutari. 

Le  lac  de  Zug.  Voyez  Zug. 

Le  lac  de  Zurich.  Voyez  Zurich* 

Outre  cette  lifte  ,  il  faut  consulter  aux  mots  Lago  J 
Lagune,  Logh,  Lough  &  Osero.  Tous  ces  mot* 
ne  veulent  dire  que  lac. 

LACANITIS,  contrée  d'Afie ,  dans  la  Cilicie  ,  fé- 
lon Ptolomée,  l.  5 ,  c.  8,  qui  met  une  ville  unique, 
favoir  Irenopolis. 

LACCI ,  grand  marais  ,  dans  la  Lybie  extérieure  j. 
félon  Ptolomée,  qui  lui  donne  55  d.  30'  de  longitude, 
<k  i6  d.  40'  de  latitude.  Ortélius  met  ce  marais  dans  la 
Marmarique  ;  mais  il  ne  s'eft  pas  fouvenu  que  Ptolo- 
mée ,  /.  4,  c.  5  ,  ne  parle  pas  feulement  de  la  Marmari- 
que dans  ce  chapitte ,  mais  qu'il  y  déetit  auffi  la  Lybie- 
&  l'Egypte. 

LACCINI  ;  ce  mot  fe  trouve  dans  quelques  vieilles 
éditions  de  Pline ,  comme  fi  c'étoit  le  nom  d'un  peuple 
de  la  huitième  région  de  l'Italie.  Le  P.  Hardouin,  /.  3, 
c.  15,  avoue  que  ne  le  trouvant  dans  aucun  manuscrit, 
&  ne  voyant  d'ailleurs  aucun  géographe  qui  ait  nommé 
une  ville  qui  ait  du  rapport  avec  ce  peuple ,  il  a  effacé 
ce  nom. 

LACCIVOLO,  (la  Pùnta  de)  cap  de  l'ifle  de 
Corse ,  dans  fa  côte  occidentale ,  à  fept  lieues  de  la  ville 
de  Calvi,  du  côté  du  nord,  &  à  huit  de  San-Fiorenzo, 
vers  le  couchant.  Voyez  Attium,  qui  eft  l'ancien  nom. 
*  Baadr.  éd.  170^. 

LACCOBARDI  ,     Aa.wCépfo,.     Voyez    Lango- 

BARDI. 

LACCOBRIGA.  Voyez  Lacobriga. 

LACÊDEMONE,  ville  de  Grèce,  au  Péloponnèfe, 
fur  la  rive  droite  ou  occidentale  de  l'Eurotas.  Baudrand 
dit  qu'elle  fut  fondée  par  Lacédémon ,  dont  elle  prit  le 


LAC 


LAC 


nom,  &£  fut  ensuite  zppelléeSparie ,  du  nom  de  la  reine 
Sparta,  fille  d'Europe.  Corneille  dit  qu'elle  fut  origi- 
nairement appellée  Lélie  ou  Lélégie,  du  nom  de  Lèlex , 
Ion  fondateur  ,  &  qu'on  l'appella  depuis  indifférem- 
ment Lacédémone  on  Sparte;  Lacédémone ,  du  nom  de 
Lacédémon ,  qui  fuccéda  à  Lélex  ;  &  Sparte ,  de  la  reine 
Spana,  fille  d'Europe,  &  du  même  Lacédémon.  Pau- 
fanias  dit  beaucoup  mieux.  On  la  nomma  d'abord  Sparte, 
&  ensuite  Lacédémonc  ,  ce  dernier  nom  n'étant  aupara- 
vant que  celui  du  pays.  Etienne  le  Géographe  ,  dit  :  La- 
cédémone ,  ville  très-célébre ,  au  Péloponncfe  ;  aupa- 
ravant on  la  nommoit  Sparte.  Homère,  lliad.  B.  v.  88, 
diftingue  très-bien  ces  deux  noms.  Ceux ,  dit-il ,  qui  ha- 
bitoient  la  baffe  ck  la  vafte  Lacédémone ,  Phare,  Sparte 
&  Meffé  ,  fèjour  fi  aimé  des  colombes  ,  bryfées  ,  &c. 
Par  Lacédémone  il  entend  le  pays  nommé  la  Laconie  ; 
ck  par  Sparte  ,  la  ville  même  qui  étoit  la  capitale  de  ce 
pays.  Le  Schohafte  dit  ,  en  expliquant  ces  vers  d'Ho- 
mère :  Lacédémone  eft  le  nom  du  pays  ,  ck  Sparte  ce- 
lui de  la  ville  ;  d'autres  donnent  à  la  ville  les  deux  noms 
indifféremment.  Le  i'urnom  de  baffe  ,  Ko/a»  ,  creufe, 
donné  au  pays,  a  rapport  au  Taygéte  ,  ôi  autres  mon- 
tagnes dont  il  eft  environné.  On  peut  voir  Meuriîus , 
iur  l'origine  de  ces  deux  noms  ;  on  y  trouvera  une  éru- 
dition qui  n'eft  pas  de  notre  fujet.  Quoiqu'elle  ne  tût 
pas  fi  étendue  qu'Athènes  ,  eile  l'égaloit  au  moins  en 
puiffance.  Pohbe,  /.  9,  c.  20,  dit  que  le  circuit  étoit  de 
quarante-huit  ftades.  Celui  d'Athènes  étoit  bien  plus 
grand.  Lorsque  Lacédémone  étoit  flonffante ,  elle  n'a- 
voir aucuns  murs  ,  ck  te  croyoït  affez  fortifiée  par  le 
courage  de  Ces  citoyens.  Cornélius  Népos,  in  Agejilao, 
c. 6,  dit:  lorsqu'Epaminondas  affiégeoit  Sparte,  comme 
cette  ville  n'avoit  point  de  murailles  ,  il  fit  voir  tant  de 
conduite,  qu'il  iembla  alors  à  tout  le  monde  que  ,  ckc. 
Enfin  vers  le  temsde  Caffander,  ou  peu  après,  lorsque 
les  tyrans  étoient  maîtres  de  la  ville  ,  ne  fe  fiant  ni  à 
leur  .courage  ni  à  leurs  forces  ,  ils  environnèrent  la 
ville  d'une  muraille  ;  ce  n'étoit  d'abord  qu'une  maçon- 
nerie légère  ck  faite  à  la  hâte  ;  mais  Nabis  la  perfec- 
tionna. Juftm,  /.  14,  c.  5,  dit  :  Caffander  marchant 
contre  la  Grèce ,  fit  la  guerre  à  plufieurs  villes ,  dont  la 
ruine  alarma  les  Spartiates  ,  qui  en  furent  effrayés 
comme  d'un  incendie  qui  les  menaçoit.  Ce  fut  alors 
que  (è  défiant  de  leurs  forces  ,  ils  donnèrent  des  murs 
à  leur  ville ,  ck  la  fortifièrent  malgré  les  réponses  des 
oracles  ,  ck  au  mépris  de  l'ancienne  gloire  ,  qui  étoit 
beaucoup  plus  grande.  Paulanias ,  in  Ackaïc.  c.  8 ,  met 
le  tems  de  la  conftru&ion  de  ces  murs  aux  tems  de 
Démétrius  ck  de  Pyrrhus.  Les  murs  de  Sparte,  dit- il, 
avoient  été  élevés  à  la  hâte  ,  lorsque  Démétrius  &.  Pyr- 
rhus l'affiégeoient  :  le  tyran  Nabis  les  perfectionna  en- 
fuite  ,  de  manière  que  rien  n'y  manquoit  pour  être  fo- 
lides.  Tite-Live,  /.  34,  c.38,  dit  :  Sparte  étoit  autre- 
fois fans  murailles.  En  dernier  lieu  ,  les  tyrans  avoient 
fait  un  mur  aux  lieux  ouverts ,  &  d'un  accès  trop  facile, 
fe  contentant  de  mettre  fur  les  hauteurs  ,  ck  aux  endroits 
moins  abordables,  des  corps-de-garde  ,  pour  les  défen- 
dre. 

Je  renvoie  à  Plurarque  dans  les  Vies  de  Lycurgue,  de 
Lyfandre ,  d'Agéfilas  ,  d'Agis  ck  de  Cléomène  ,  ceux 
qui  voudront  s'inftruire  des  mœurs,  des  coutumes  ck  de 
la  politique  des  Lacédémoniens. 

La  ville  de  Sparte  étoit  capitale  d'un  royaume,  dont 
Lacédémone  étoit  le  vrai  nom  ;  ck  ce  nom  ,  comme 
nous  avons  dit,  fut  ensuite  donné  à  la  ville.  Ce  royaume 
a  eu  diverses  révolutions,  dont  on  peut  voir  les  princi- 
pales dans  l'Hiftoire  géographique  de  la  Grèce  au  mot 
Grèce.  J'ajouterai  ici  quelques  traits  particuliers.  Une 
ancienne  tradition  donnoit  aux  Spartiates  ck  aux  .Juifs 
une  origine  commune.  Cependant  il  y  a  bien  de  l'appa- 
rence que  ce  fentiment  ne  commeiça  que  depuis  les 
Maccabées.  D.  Çalmet,  Dicl.  dit  :  les  Hébreux  ne 
commencèrent  à  connoître  les  Lacédémoniens  ,  &  à 
avoir  commerce  avec  eux  que  depuis  les  Maccabées. 
Aréus  ,  roi  de  Lacédémone,  écrivit  au  grand -prêtre 
Onias  ,  l'an  183  ,  avant  l'ère  vulgaire  ,  qu'ayant  appris 
que  les  Juifs  &  les  Lacédémoniens  étoient  frères,  &  de 
la  race  d'Abraham,  il  les  prioit  de  leur  mander  l'état  de 
leurs  affaires.  Onias  reçut  très-bien  les  envoyés  d'Aréus, 
&  récrivit  aux  Lacédémoniens,  reconnoiffant  aveepiai- 
fir  la  parenté  des  deux  nations,  C'eft  ce  qu'on  ht  aupre- 


6()5 

mer  livre  des  Maccabées ,  c.  12,  v.  7  &  feq.  Plufieurs 
années  après,  Jonathas-Maccabée  ayant  envoyé  des  dé- 
putés à  Rome,  pour  renouveller  l'alliance  des  Juifs  avec 
les  Roumains  ,  donna  ordre  à  {es  gens  de  repafier  par 
Lacédémone ,  ci  de  porter  aux  Lacédémon  iens  une  let- 
tre ,  dans  laquelle  il  rapporte  toute  entière  celle  d'A- 
réus ,  dont  on  vient  de  parler ,  ck  dit  qu'enxore  que  les 
Juifs  n'ayent  pas  befoin  du  témoignage  d'Aréus,  pour  fe 
persuader  de  leur  parenté  réciproque  ,  puisqu'ils  ont  des 
livres  faints  qui  la  leur  apprennent  ;  ck  quoique  dans  la 
fituation  préfente  de  leur  république  ,  ils  ne  foient  pas 
dans  la  néctlîré  de  recourir  à  leurs  fecours  ,  ils  ne  bif- 
fent pas  de  leur  envoyer  des  ambaffadeurs ,  pour  renou- 
veller leur  amitié  &  leur  union  ,  ck  pour  leur  rendre 
compte  de  l'état  où  étoient  alors  les  affaires  de  leur  na- 
tion ;  diiant  qu'ils  ont  été  expofés  à  beaucoup  de  per- 
fécutions,  mais  que  le  Seigneur  les  en  a  délivrés  d'une 
manière  toute  miraculeulè.  On  n'a  pas  la  réponse  des 
Lacédémoniens.  Long-tems  auparavant ,  Jalon  ,  faux 
grand-prêtre  des  Juifs  ,  ck  frère  d'Onias  III  ,  ayant  été 
obligé  de  fe  fauver  de  fa  patrie,  à  caufe  de  fes  crimes, 
fe  retira  auprès  des  Lacédémoniens ,  espérant  y  trouver 
un  afyle,  (Maccab.  1.  2,  c.  5,  v.  7;)  mais  les  Lacédé- 
moniens ayant  appris  le  fujet  de  fa  fuite,  l'abandonnè- 
rent, ck  il  mourut  fans  qu'ils  daignaffent  lui  donner 
l'honneur  de  la  fépulture.  Quant  au  fond  de  la  queftion 
fur  la  parenté  des  Juifs  ck  des  Lacédémoniens,  on  peut 
voir  la  Differtation  particulière  ,  que  D.  Calmet  en  a 
faite  à  la  tête  de  fon  Commentaire  fur  les  Maccabées. 

Lacédémone  a  été  le  fiége  d'un  évêché  qui  étoit 
encore  fuffragant  de  Patras  ,  dans  le  tems  que  la 
Notice  de  1 évêque  de  Cathare  a  été  écrite.  On  y 
trouve  pour  huitième  fuffragant  Lauricensern  ou  Lace- 
damonensem.  Dans  la  Notice  de  Hieroclès.on  lit  Lace- 
dczmcn  metropolïs  Laconica  ,  quez  prias  Sparta.  Dans 
la  Notice  de  Nilus  Doxapatrius  ,  Patras  n'a  plus  que 
cinq  fufrragans  ,  dont  le  premier  eft  Lacédémone  ;  ck 
dans  une  autre  Notice  faite ,  fous  Léon  le  Sage  ,  pour 
régler  les  rangs  entre  les  métropolitains  ,  Patras  eft  le 
trente-deuxième,  &  Lacédémone  le  foixante  ck  dix- 
huitiéme.  C'eft-à-préfent  un  archevêché  ,  qui  a  fous  lui 
trois  iuffragans,  Cariopole,  Amiclès  ck  Breftène.  Nous 
marquons  l'état  ptéfent  de  Lacédémone  au  mot  Misi- 
tra,  qui  en  eft  le  nom  moderne. 

Le  pays  de  Lacédémone.  Voyez  fort  ancien  état,  au 
mot  Laconie;  ck  fon  état  prêtent,  aux  mots  Maina 
ck  MAGNOTES.  La  Sacanie  ou  Zacanie  n'a  rien  de 
commun  avec  la  Laconie  des  anciens,  comme  nous  le 
prouvons  en  fon  lieu. 

LACEDOGNA.  Voyez  Cedogone. 

1.  LACERIA  ,  ville  de  la  Magnéfie ,  félon  Etienne 
le  Géographe. 

2.  LACERIA  ,  ville  d'Italie,  félon  le  même. 

_  3.  LACEPJA,  nom  que  l'on  donnoit  auiîï  à  la  ville 
d'Hennion  ,  félon  le  même. 

Cet  auteur  ne  dit  point  où  étoit  cette  troifiéme.  La 
féconde  eft  inspecte  ,  ck  la  première  a  befoin  d'explica- 
tion. Commençons  par  celle-ci  : 

1.  Nicétas,  au  rapport  d'Ortélius  ,  fait  mention  d'une 
Laceria,  vers  la  Phrygie.  Cela  donne  lieu  à  ce  géogra- 
phe de  conjecturer,  (forte,)  que  ce  peut  être  la  Lace 
ria  de   Magnéfie  ,  nommée  par  Etienne. 

2.  Laceria  d'Italie  eft  i\  fuspefte  à  Berkélius ,  com- 
mentateur d'Etienne  ,  qu'il  a  cru  qu'I-m*/  c  étoit  une 
faute  des  copiftes,  pour  ef<n*.?.iaç  ,  de  Thtffalie  &c  non 
pas  d'Italie.  En  effet,  Pindare,  Pyth.  od.  3,  fait  men- 
tion d'une  Laceria  clans  ces  cantons  ;  &  fon  fcholiafte 
dit  expreffément  qu'elle  étoit  fur  le  lac  Bcebéîde.  Apol- 
lonius ,  l.  4,  dit  qu'elle  étoit  fur  l'Amyre  ,  rivière  qui  fe 
décharge  dans  ce  lac. 

LACETANI  &  Lacetenia,  ancien  peuple  &  pays 
d'Espagne.  Pline  ,  /.  3 ,  c.  3  ,  met  auprès  des  Aufetani 
les  peuples  Itam  &  LaCETANI.  Le  premier  eft  i]  peu 
c  >nnu ,  que  le  P.  Hardouin  l'efface  comme  une  faute 
provenue  de  la  répétition  vicieufe  de  quelques  (yllabes 
en  dictant.  A  l'égard  du  fécond  peuple,  il  elt  plus  connu. 
Tite-Live,  /.  21  ,  c.6o,  en  parle,  &  en  marque  même 
la  pofition  affez  expreffément  ,  lorsqu'il  dit  :  Scipion 
étant  parti  de  l'embouchure  du  Rhône  ,  &  ayant  dé- 
paffé  les  Pyrénées  ,  Se  pris  terre  à  Ampurias,  il  y  dé- 
barqua fes  troupes  ;  ôt  commençant  par  les  Lacétaniens, 


696  LAC 

il  fournit  à  la  domtinaion  Romaine  toute  la  côte,  jusqu'à 
l'Ebie,  partie  en  renouvellar.t  les  anciennes  alliances;  &c 
partie  en  enfailàntde  nouvelles.  Ces  Lacétaniens  font  les 
Jaccetani  de  Ptolomée  ,l.%,  c.  6 ,  diffétens  des  Jac- 
cetani  deStrabon,/.  3  ,  p.  161,  qui  étoient  dans  la 
Vasconie  ou  Gascogne  en  Espagne.  Selon  le  P.  Briet , 
Parait.  2.  part.  L  4  ,  p.  269  ,  les  Lacctj.ni  &  les  Jacce- 
tani répondent  à  une  partie  du  diocèfe  de  Lérida  ,  6c 
à  une  partie  de  la  nouvelle  Catalogne.  Voici  les  villes 
qu'il  y  met  : 

Jespus  ,  Belpuci. 
Udura ,  peut-être  Andore. 

Pompai  Trophaa ,  lieu  près  d' Andore  ,  où  l'on  voit 
encore  les  reftes  de  ce  trophée. 
Acerris ,  Gerri. 

Setdjis,  Urgel,  ou,  félon  d'autres,  Aftarlid. 
Cerèjfus,  peut-être  Solsone. 
Anabis ,  peut-être  Igualada. 
LiJJa  ou  Lefja ,  peut-être  Oliana. 

Cellarius,  Giogr.  ant.  1.  2,  c.  1  ,  p.  147,  dispofe  ces 
lieux  autrement.  Voici  l'idée  qu'il  donne  de  la  Lacéta- 
hie  ,  ou  Jaccétanie  de  Ptotomée. 

Liffa  ,  ville  détruite  ,  auprès  de  Manrefa. 

Udura  :  il  femble  que  ce  foit  Cardone. 

Settlfis,  peut-être  Solfona. 

Telcbis,  aujourd'hui  Martorel,  fur  la  rive  occiden- 
tale du  Lobregar. 

i^à/ndeTite-Live,  ou  Kifa  de  Polybe  :  on  croit 
que  c'eft  Guifïbna. 

On  trouve  ceci  expliqué  Se  prouvé  par  de  Marca , 
HifpanA.  2,   c.  23. 

LACETER.  Voyez  Lacter. 


LACHERE 


i\<iy  1 


ville  de  l'Arabie  heureufe . 


félon  Ptolomée  ,  /.  6,  c.  7. 

LACHl,  bourg  de  l'Albanie,  fur  la  mer  Ionienne  , 
à  deux  lieues  de  la  ville  de  Durazzo,  du  côté  du  midi. 
C'étoit  anciennement  une  petite  ville  du  royaume  de 
Macédoine,  nomméePera,  de  laquelle  Célar  &  Lu- 
cain  ont  fait  mention.  Voyez  PetRA.  Baudr.  édk.  1705. 

LACHIS  ,  félon  D.Calmet,  Dict.  ville  de  la  Pales- 
tine ,  au  midi  de  la  tribu  de  Juda.  Eufebe  fk  S.  Jé- 
rôme difent  que ,  de  leur  tems  ,  on  voyoit  un  bourg 
du  nom  de  Lachis,  à  fept  milles  d'Eleutheropolis  ,  tirant 
vers  le  midi.  Sennacherib  afliégea  Lachis  ,  mais  il  ne  la 
prit  pas.  C'eft  de-là  qu'il  envoya  Rabfacès  contre  Jérufa- 
lem.  *  Jofué  ,  c.  10 ,  v.  26  ;  c.  15 ,  v.  39.  Reg.  1.  4, 
c.  18,  v.  17;  c.  19,  v.  8;   &  Parai.  1.  2,  c.32,  v.9. 

LACHMIORUM  INSULA  ,  ifle  dont  Xénophon, 
auteur  d'un  Périple  cité  par  divers  auteurs  anciens ,  dit 
que  le  roi  vécut  huit  cents  ans.  Quelques  éditeurs  de  Va- 
lere  Maxime,  l.  8  ,  c.  13  ,  n.  7,  qui  copie  ce  fait,  ne 
connoilïant  point  cette  ifle  des  Lachmiens  ,  ont  changé 
le  mot  de  Lachmiorum  en  Lamorum  ;  d'autres  en  Lati- 
morum  ou  Latinorum.  Pighius,  Se  autres  favans,  tien- 
nent qu'il  ne  faut  rien  changer  à  Lachmiorum  qui  fe 
trouve  dans  les  manuscrits. 

LACHTER,  gros  bourg  de  Perse,  dans  le  Fars. 
*  Hifl.  de  Timur-Bec ,  1.  3  ,  c.  22. 

LACIA.  Voyez  Laciadje. 

LACIACUM.  Voyez  Laviacum.  ^ 

LACIADjE,  lieu  municipal  de  Grèce,  dans  l'Atti- 
que,  de  la  tribu  (Enéide.  C'étoit  la  patrie  de  deux 
grands  capitaines,  Miltiades  &  fon  fils  Cimon.  Il  y  a  voit 
dans  ce  bourg  un  temple  du  héros  Lacius  ,  qui  avoit 
donné  le  nom  à  ce  peuple.  *Spon,  Lifte  de  l' Afrique, 

P-  3 ") 5- 

LACIBI,  félon  Pline,  /.  3  ,  c.  1,  ou 

LACIBIS,  félon  Ptolomée,  /.  2,  c.  3,  ancienne 
ville  d'Espagne,  au  pays  des  Turdules  ,  dans  les  terres. 

LACIBURGIUM  ,  ancienne  ville  de  la  grande  Ger- 
manie, vers  la  mer  Baltique  :  on  n'en  connoît  plus  la 
place,  quoique  des  conjectures  l'ayent  placée,  ou  à 
Roftock,.ou  à  Stralfund,  qui  font  des  villes  beaucoup 
plus  modernes.  *  Ptolomée ,  1.  2  ,  c.  II.  Le  plus  com- 
mun femiment  eft  pour  LaWENBOURG. 

LACINIENSES,  ancien  peuple  de  la  Liburnie ,  félon 
Pline,  /,  3,  c.  21. 


LAC 

LACINIUM  PROMONSTORIUM  ,   promontoire 

d'Italie,  dans  la  grande  Grèce,  au  pays  des  Brutiens, 
au  midi  de  la  ville  de  Crotone.  C'eft  où  commence  le 
golfe  de  Tarente,.  terminé  de  l'autre  côté  par  le  promon- 
toire Salentin ,  félon  Pomponius  Mêla  ,  /.  2 ,  c.  4,  n.  53 
&  55.  Il  y  avoit  un  temple  de  Junon  Lacinienne  ,  'qui  , 
au  rapport  de  Strabon  ,  l.  6 ,  p.  261,  étoit  autrefois 
rempli  de  riches  offrandes.  Cela  fe  rapporte  à  ce  que  dit 
Cicéron,  de  Divinat.  1.  1  ,  c.  24,  qu'Annibal  ayant  ré- 
folu  d'enlever  de  ce  temple  de  Junon  Lacinienne  une  co- 
lomne  d'or  mafiif,  il  en  fut  détourné  par  un  avertiffe- 
ment  qu'il  reçut  en  fonge.  Tite  Live,  /.  28,  remarque 
que  ce  général  fit  quelque  féjour  chez  les  Brutiens ,  au- 
près du  temple  de  Junon  Lacinienne.  Le  même  hifto- 
rien  rapporte,  /.  42,  c.  28,  que  Fulvius  Flaccus  fut  puni 
par  une  mort  funefte  &  honteufe ,  de  ce  qu'il  avoit  pillé 
ce  temple.  On  peut  ajouter  à  cela  ce  que  dit  Valere 
Maxime,  /.  1  ,  c.  1,  Ex.  20.  On  appelle  aujourd'hui  ce 
promontoire  Capo  delle  Colonne,  le  Cap  des  Co- 
lomnes,  à  caufe  de  quelques  colomnes  fort  belles  qui  y 
font  reftées  d'un  ancien  temple.  J'aurois  cru  que  c'étoit 
de  ce  temple  de  Junon  Lacinienne  ;  mais  Hardion,  dans 
une  note  fur  la  quatrième  églogue  deThéocrite,  m'ap- 
prend que  c'eft  d'un  temple  déuié  à  la  Fortune  équeltre. 
Il  ajoute  :  Théocrite  donne  au  cap  Lacinien  l'épithète  de 
Slolaiiov  ,  qui  ejl  au  levant, pure;  que  ce  promontoire  étoit 
effectivement  a  l'orient  de  Crotone,  La  remarque  n'eft 
pas  conforme  à  l'exacte  géographie,  à  moins  que  Har- 
dion  ne  donne  le  nom  d'orient  ou  de  levant  au  midi  tant 
foit  peu  oriental.  Mais  ce  promontoire  eft  réellement  à 
l'orient,  non  delà  ville,  mais  de  la  partie  m 
du  territoire  Crotoniate ,  le  long  de  la  côte,  au  fond  du 
golfe  de  Squilace.  *  Mémoires  de  littérature  de  l' Acadé- 
mie des  inscriptions ,  t.  8. 

LACIPEA  ,  lieu  d'Espagne ,  félon  Antonin ,  Itiner. 
fur  une  route  de  Mérida  à  Sarragoce ,  à  vingt  mille  pas 
de  la  première,  félon  quelques  exemplaires. 

LACIPPO  ,  félon  Pomponius  Mêla,  /.  2,  c.  6;  & 
Pline,  /.  3  ,  c.  1,  ou 

LACIPPUS,  tva.r.twmc  ,  félon  Ptolomée,  /.  1,  c.  4, 
ancienne  ville  d'Espagne  ,  dans  la  Bétique. 

LACMELLUM.  Voyez  Laumellum. 

1.  LACOBRÎGA,  ville  dEspagne,  dans  la  Lufita- 
nie.  Pomponius  Mêla,  /.  3  ,  c.  1 ,  dit  qu'elle  étoit  dans 
le  Promontoire  facré.  Vafaeus  cité  par  Ortélius,  Tlic- 
faur.  dit  qu'on  en  voit  encore  les  ruines ,  &  des  verti- 
ges d'anciens  édifices ,  auprès  de  Lagos ,  ville  de  l'AI- 
garve ,  dans  un  village  nommé  en  Portugais  Lagon. 
C'eft  de  celle-là  que  les  habitans  font  nommés  Lango- 
brita  par  Plutarque ,  in  Sertorio^ ,  fi  nous  en  croyons 
Ortélius.  Cellarius  croit  que  cet  auteur  Grec  a  parlé  des 
habitans  d'une  autre  Lacobriga,  dont  nous  ferons  mer> 
tion  ci-après. 

2.  LACOBRIGA  ,  autre  ville  d'Espagne,  dans  la 
Lufitanie ,  félon  Ptolomée  ,  qui  la  nomme  Lancobrica , 
A<tyx»£&y.a  ;  ce  ne  peut  être  celle  de  Pomponius  Mêla, 
qui  étoit  au  Promontoire  facré.  Celle-ci  en  étoit  trop 
éloignée ,  comme  il  paroit  par  ces  pofitions,  que  Ptolo- 
mée détermine  ainfi. 

Longit.  Latit. 

Sacrum  Promontorium        2  d.  30'.     38  d.  15'. 
Lancobrica  J        45'.     40        15'. 

Cette  différence  de  trois  degrés  quinze  minutes  fur  la 
feule  longitude  eft  trop  grande  ,  à  moins  qu'on  ne  dife 
que  les  chiffres  dePtolomée  font  corrompus. L'orthogra- 
phe de  cet  auteur  s'accorde  d'ailleurs  avec  ce  qu'on  lit 
fur  une  médaille  de  Galba ,  qui  porte  ces  mots,  Lacco- 
briga  Mun ,  c'eft-à-dire  Laccobriga  Municipe.  C'eft 
peut-être  à  celle-ci  qu'appartiennent  les  Langobrita, 
Aa.yfoCfhiuj  de  Plutarque.  Le  redoublement  de  C  fur 
la  médaille ,  &C  celui  de  y  dans  le  nom  écrit  par  l'hifto- 
rien,  conviennent  affez  au  yx.  de  Ptolomée,  &c  favori- 
fent  ma  conjecture. 

3.  LACOBRIGA,  ville  de  l'Espagne  Tarragonoife , 
au  pays  des  Vaccéens.  Ptolomée,  /.  2,  c.  6,  ne  la 
nomme  point  dans  les  exemplaires  grecs  ;  mais  on 
trouve  dans  les  éditions  latines  Lacobriga,  &  dans  le 
grec  Meoriga:  C'eft  de  celle-là  dont  Pline,  /.  3,  c.  3, 
nomme    les   habitans   Lacobrkenfes,    Cellarius    tk   le 

P.  Har- 


LAC 


Lac 


P.  Hardouin  y  rapportent  auffi  les  Laccobruœ  de  PIu- 
tarque.  Antonin  nous  en  marque  lafituation,  &  la  met 
fur  la  route  d'Aftorga  à  Tarragone ,  entre  Viminacium 
&  Deffobriga ,  à  dix  mille  pas  de  la  première  ,  &  à 
quinze  de  la  féconde. 

Voici  le  paflage  de  Vafaeus ,  in  Êpiscopatuum  Cata- 
logo ,  au  fujet  de  la  première  de  ces  uilles.  Duas  inve- 
nta Lacobrigas  ,  altérant  in  promontorio  facro ,  quod 
vulgb  promontorium  D.  Vmcentii  appellatur,  cujus  nunc 
ruina  &  antiquorum  œdificiorum  veftigia  extant  propè 
Lagos ,  Algarbiorum  urbem  ,  in  vico  qui  Lufitanicâ  lin- 
guà  dicitur  à  Lagoa.  On  voit  que  cet  auteur  ne  con- 
rioîi  point  la  Lancobrica  de  Ptolomée,  ou  qu'il  la  croit 
la  même  que  la  Lacobriga  de  Mêla ,  faute  d'avoir  pris 
garde  à  la  différence  des  polirions.  Feftus  dit  que  ce 
nom  eft  formé  de  Lacu  Se  Briga.  Le  P.  Hardouin 
ajoute  que  Briga  veut  dire  un  bourg,  ou  une  petite  ville, 
oppidum.  Il  falloit  dire  que  ce  mot  lignifie  un  pont  ;  &, 
comme  nous  l'avons  remarqué  ailleurs  ,  ce  mot  n'entre 
dans  les  noms  géographiques  que  pour  exprimer  des  lieux 
où  il  y  avoit  un  ponr. 

LACONIE  ,  (la)  ou  le  pays  de  Lacédémone, 
contrée  de  Grèce ,  au  Péloponnèfe ,  entre  le  royaume 
d'Argos  au  nord,  l'Archipel  à  l'orient ,  le  golfe  Laconi- 
que au  midi,  la  Mefïérie  au  couchant,  ck  l'Àrcàdie  au 
nord-oueft  ;  des  deux  côtés  de  l'Eurotas ,  qui  la  parta- 
geoit  en  deux  parues  tort  inégales,  dont  la  plus  grande 
étoit  à  l'orient.  Toure  la  côte  de  la  Laconie  s'étendoit 
depuis  Tœnarium  ,  ville  ck  promontoire,  entre  le  goife 
Mefleniaque  ck  le  golfe  Laconique ,  jusqu'au  lieu  Pra- 
fium  ou  Prafia  ;maiî  avec  leterns,  les  conquêtes  desLa- 
cédémoniens  s'étendirent  dans  la  Meffenie  ;  de-là  vient 
que  Ptolomée  ,  /.  3  ,  c.  16,  commence  la  Laccnie  à 
Leuftre  ,  qui  eft  clans  le  goife  Meffeniaque.  Il  met  de  ce 
côté-là,  appartenant  alors  aux  Lacédémoniens,  Leuftre 
&le  promontoireTsînarien.  Puis,  le  long  du  golfe  Laco- 
nique, il  range  ainfiles  lieux  fuivans  : 

Tsnarium  ,  L'Embouchure  de  l'Eurotas , 

Csiie  ,  Acria , 

Theuthrona,  Biandina , 

Las ,  Afopus,  ville; 

Gythium  ,  Onugnatos ,  promontoire  ; 

Trinafus ,  Boae  ; 

Et  Malée  ,  promontoire. 

De-là,  continuant  vers  le  golfe  Argolique  ,  il  met  : 

Minoa,  port  &  promontoire; 

Le  port  Dios  Soteros ,  ou  de  Jupiter  Sauveur', 

Epidaure  , 

Zarex , 

Cyphanta  ,  port  ; 

Et  Prafia. 

Dans  les  terres,  il  marque: 

Cardamyle ,  Blemmina  ; 

Lacédémone,  capitale;  Thalame, 

Cyphanta,  Gerenia, 

Lerna,  CEnoë, 

Thurium,  Bithyla. 

Voyez  les  articles  Eleuthero-Lacones  ,  Lacédé- 
mone ,  Mistra,  Maina  &  Sacame.  Onélius, 
Thefaur.  obferve  que  la  Laconie  a  été  anciennement 
nommée  Lélegie  ,   puis  FCÊbalie.    Voyez  au  mot  Za- 

CONIE. 

Le  golfe  de  Laconie,  Laconicus  Sinus,  golfe 
de  la  mer  de  Grèce ,  au  midi  du  Peloponnefe,  à  l'orient 
du  golfe  Meffeniaque,  dont  il  eft  féparé  par  un  cap 
nommé  autrefois  le  promontoire  Tccnarien.  C'eft  pro- 
prement une  anfeterminée  à  l'orient,  par  un  cap  nommé 
parles  Grecs  Onugnatos,  c'eft-à-dire  la  mâchoire  d 'âne. 
Pour  dire  la  même  choie  avec  les  noms  d'aujourd'hui , 
cette  anfe  nommée  préfentement  golfe  deColochine,  eft  à 
l'orient  du  golfe  de  Coron ,  dont  elle  eft  féparée  par  le 
cap  Matapan,  ck  le  termine  à  l'ifle  de  Cervi  ,  qui  a  été 
détachée  du  continent  auquel  elle  tenoit  autrefois. 
Cette  ifle  eft  un  refte  de  l'Onugnàtos ,  ck  eft  voifine  du 
cap  Malée,  qui  borne  préiemement  cette  anfe  du  côté  de 


697 

l'orient.  Sur  la  cÔLe  occidentale  de  l'anfe ,  afîez  près  du 
cap  de  Matapan,  eft  Maina,  qui  donne  préfentement  à 
la  Laconie  le  nom  de  Brazzo  de  Maina,  &  à  fes 
habiran;  celui  de  MaGnotes.  Voyez  ces  mots. 

LACONiMURGIUM  ,  anc'enne  ville  d'Espagne, 
chez  les  Venons,  peuple  fi'hié-  à  l'orient  dë.la  Lûfitaniè, 
félon  Ptolomée,  /.  %,  c.  5.  Pline  en  fait  suffi  mention. 
Le  P.  Hardouin  ,  /.  3  ,  c.  1 ,  croit  que  c'eft  p'rélente- 
ment  Conftantina ,  dans  l'Andaioulîe,  au  nord  de  Pé- 
naflor. 

LACONUM  Ossigi.  Voyez  Ossigt. 

LAÇÔNUM  Trophjîa:' c'eft  ainfi  que  l'on  appel- 
loit  un  monument  érigé  près  des  1  hermopyles,  en  l'hon- 
neur de  trois  cen's  Lacecemoniens  ,  qui ,  étant  c  itn- 
mandés  par  Léonidas .  leur  roi,  firent  tête  à  la  formi- 
dable armée  du  roi  de  Perle. 

LACOSTE,  haute  montagne  de  France,  dans  la 
baffe  Auvergne,  proche  le  mont  d'Or.  Par  les  obferva- 
tions  qui  ont  été  faites,  il  fe  trouve  qu'elle  eft  élevée. fur 
la  mer  de  8<;i  toiles.  *  Mémoires  de  F  Académie,  t.  1. 

LACOTENA,  lieu  dont  parle  Ammien  Marcellin. 
Il  étoit  quelque  part,  vers  le  mont  Taurus,  &  dans  la  pe- 
tite Arménie  ,  au  jugement  d'Ortéiius,  Thefaur. 

LACRIASSUS  ,  ville  de  la  petite  Arménie  ,  dans  la 
préfecture  Rhavénienne  ,  félon  Ptolomée ,  /.  5     c.  7. 

LACROMA,  Eaudrand.  éd.  1705  dit:  petite  iile  de 
la  mer  Adriatique ,  éloignée  d'une  demi-lieue  de  Ragufe. 
Elle  a  environ  une  lieue  de  circuit,  ck  une  ancienne  ab- 
baye de  l'ordre  de  S.  Benoit ,  unie  à  la  congrégation  da 
mont  Caffin.  Richard  I ,  roi  d'Angleterre,  ayant,  dans 
une  tempêce  fait,  un  vœu  de  faire  bâtir  une  chapelle  en 
l'honneur  de  la  fainte  Vierge,  fur  la  première  terre  qu'il 
trouverait  ,  aborda  en  ce..e  ifle;  mais  les  Ragufiens  le 
prièrent  de  faire  rebâtir  leur  cathédrale,  ce  qu'il  exécuta. 
Le  P..  Coroneili ,  Ifolar.  part.  1,  p.  163,  col."  1  ,  dit 
plus  Amplement,  qu'au  voifinage  du  port  Ragufe,  fur 
l'écueil  da  Lacromi ,  eft  un  monaitere  remarquable  dédié 
à  la  bienheureufe  Vierge,  que  c'eft  une  abbaye  de  Bé- 
nédictins, laquelle  s'unit ,  en  1446,  à. la  congrégation 
du  mont  Caffin.  Cet  écueil  eft  nommé  Ckirona  dans  la 
carte  de  la  Grèce  par  De  rifle. 

LACTARIUS  Mons;  Cafliodore,  Variar.  1.  1 ,  ai 
beatum  V.  C.  appelle  a'm'î  une  montagne  célèbre  par  la 
falubrité  de  l'air;  mais  il  ne  dit  point  en  quel  pays. 

LACTER ,  \ax\tf  ,  promontoire  de  l'Ile  de  Co  ,  vers 
le  midi,  félon  Strabon,.  /.  14,  p.  657.  Le  même  au- 
teur le  nemme  suffi  LaSsrïum  promontorium.  C'eft  fans 
doute  le  Lacet cr  A«;.»r.;p  que  Plutarque,  Qjiseft.  Gmc. 
met  dans  rifle  de  Cos. 

LACTEUS  Mons,  montagne  d'Italie,  aux  environs 
du  Véfuve ,  près  du  bord  de  la  rivière  du  Dragone ,  fé- 
lon l'ancienne  traduction  latine  de  l'ï'iftvre  des  Goths 
par  Procope  /.  3,  p.  antepenult.  edit.  Rome,  ann.  i<;o5. 
Grotius,  Gothicœ  Hifl.  I.4,  p.  fl^,  traduit  par  Lacla- 
rius  mons ,  ck  dit  :  in  vicinum  monlem  confugiunt,  quem 
Lalini  Lactarium  vocant. 

LACTISMA.  Vovez  Opsîcella. 

LACTODORUM,  ou  Lactorodum,  ancien  lieu 
de  la  grande  Bretagne.  Selon  l'Itinéraire  d'Antonin ,  il 
fe  trouvoit  fur  la  route  du  rempart ,  au  port  de  Ritupte 
ou  Stonar ,  entre  Bennavenna  ck  Magiovintum ,  à  douze 
mille  pas  de  la  première,  ck  à  dix-fept  de  la  féconde. 
Gale,  in  Antonini  Itiner.  p.  60,  rend  Bennavenna  par 
"Weedon,  &  Magiovintum  par  Dunftable,  ck  il  croit 
que  Laclorodum  eft  Stoni  Streatford  :  ce  qu'il  explique 
par  ces  mots  Vadum  as  Stratam  Saxeam,  c'eft-à-dire,  un 
gué  fur  le  chemin  pavé.  Il  aime  mieux  lire  Lacloroio  que 
Laaodoro,  parce  qu'en  langue  Bretonne,  Uch  lignifie 
une  pierre ,  2-c  rb.yl  un  gui. 

LACTORACTUM,    1 

LACTORENSIUM     f 
CIVITAS,  ou 

LACTORUM 
CIVITAS.  ou  > 

LACTORIUM ,  ou     I 
Lectorium,  ou 

LACTURA.  ) 

LACUBAR.ENCIS  ,  fiége  episcopal  d'Afrique,  dans 
la  province  proconsulaire.   Kindiciui,  ("on  evêqu;,  fous- 
Tomt  III.    Tttt 


Voyez  Lectouxk. 


6  9% 


LAD 


LAD 


au  premier  concile  de  Carthage  tenu  l'an  348. 
*  Harduin.  Coll.  conc. 

LACUHO,  ville  de  la  Chine,  dans  la  province 
d'Iunnan,  au  département  de  Jungning  onzième,  métro- 
pole de  la  province.  Elle  eft  plus  occidentale  que  Pékin 
de  1^  d.  34',  par  les  27  d.  39'  de  latitude.  *  Atlas  Si- 
nenfis. 

LACURIS,  ancienne  ville  de  l'Espagne  Tarragonoife, 
au  pays  des  Orétains  ,  félon  Ptolomée,  /.  2,  c.  6;  le 
grec  porte  Adxwv ,  tk  l'exemplaire  Palatin  porte  Lava- 
ris.  On  trouve  dans  Antonin  Larcarls  fur  la  route  de 
Mérida  à  Sarragoce  ,  entre  Sifapone  &  les  Tours,  (ad 
Turres)  à  vingt  milles  de  la  première  place,  &  à  vingt- 
quatre  mille  pas  de  l'autre  lieu.  Zurita  croit  que  le  nom 
moderne  eft  Alarcon  ,  dans  la  Caftille  neuve.  D'autres 
difent  que  c'eft  Loquera,  dans  le  même  royaume,  aux  con- 
fins de  celu 
édit.  1701;. 


:lt  Loq 
de  Mi 


fins  de  celui  de  Murcie  ,  vers  Caravaca.  *  Baudrand  , 


LACUS-DULCIS ,  fiége  episcopal  d'Afrique  ;  on  ne 
fait  dans .  quelle  province  la  Conférence  de  Carthage 
fournit  Quintianui  à  Lacu  Dulci.  *  Harduin.  CollecL 
conc. 

LACUS  REGIUS,  lieu  d'Afrique ,  dans  laNumidie. 
Antonin ,  Itiner.  le  met  fur  la  route  de  Lambèfe  à  Cir- 
tha,  à  vingt  milles  de  cette  dernière.  Orrélius,  Thefaur. 
obferve  qu'il  eft  parlé  d'Aquts-Regiœ ,  &  à'Aquce-Re- 
gienfes  dans  Viftor  d'Utique  ;  &  il  doute  que  ce  foit  le 
même  lieu.  Il  pouvoit  affurer'  plus  hardiment  que  ces 
lieux  font  différens.  UAquœ-Regiœ  du  concile  eft  auffi 
marqué  par  Antonin,  Itiner.  fur  la  route  de  Suffétula  a 
Clypée,  entre  Masclianœ  &  Vicus-Augufti ,  à  dix-fept 
mille  pas  de  l'une ,  &  à  trente-cinq  de  l'autre. 

LACYDON  ,  AanvS-cv  ,  port  des  Marfeillois,  félon 
Euftathe  for  la  Periégèle  deDenys,  in  verf.  75.  Porapo- 
niùs  Mêla,  /.  2,  c.  5  ,  range  de  fuite  Cytharijles  tkLa- 
cydon  ,  Maffilienfium  portus  &  in  eo  ipfa  Mafjilta. 
Quelques-uns  ont  voulu  mettre  Halycidon  ;  &  Hermo- 
laiis  Barbarus  étoit  de  ce  nombre.  C'eft  proprement  le 
nom  du  port  de  Marfeille.  La  ville  &  le  port  avoient  ainfi 
leurs  noms  particuliers. 

LACYMORUM,  ville  épiscopale  de  la  Carie,  félon 
la  Notice  de  Léon  le  Sage. 

LADAC,  ou  Leh,  royaume  d'Afie,  dans  le  grand 
Thibet,  au  levant  de  Cachemire.  Il  commence  au  haut 
d'une  montagne  affreufe,  toute  couverte  de  neige,  nom- 
mée Kantel,  dont  une  partie  eft  du  domaine  de  Cache- 
mire ,  &  l'autre  dépend  du  Thibet.  La  capitale  de  ce 
royaume  s'appelle  auffi  Ladùk ,  qui  eft  la  fortereffe  où 
rende  le  roi  appelle  Ghiampo. 

Tout  ce  pays  n'eft  que  montagnes  8t  précipices.  Le 
haut  &  le  bas  des  montagnes  font  également  imprati- 
cables. Presque  tout  le  chemin,  depuis  Cachemire  jus- 
\  qu'à  Ladak,  eft  fi  étroit  qu'à  peine  y  trouve-t-on  affez 
d'espace  pour  pofer  le  pied  :  pour  peu  qu'on  fit  un  faux 
pas,  on  rouleroit  dans  de  grands  précipices  ;  on  eft  fou- 
vent  contraint  de  fe  déchauffer  pour  appuyer  le  pied  avec 
moins  de  risque. 

L'hy  ver  eft  presque  la  feule  faifon  qui  règne  à  Ladak , 
toute  l'année.  En  tout  temps,  la  cime  des  montagnes  eft 
couverte  de  neige.  La  terre  ne  produit  que  du  bled  &  de 
l'orge  :  on  n'y  voit  presque  ni  arbres,  ni  fruits,  ni  légumes. 
Les  maifons  font  petites,  étroites,  faites  de  pierres  pofées 
groffiérement,  Se  fans  art,  les  unes  fur  les  autres.  Les  ha- 
bitans  n'ufent  que  d'étoffes  de  laines  pour  leurs  vêtemens. 
Les  laines  font  le  grand  commerce  de  cette  ville  ;  ce  qui 
y  attire  grand  nombre  de  Mahométans  qui  viennent  de 
Cachemire.  *  Leur.  édif.  Rec.  15. 

LADANA  ,  ou  Dalanda  ,  ville  de  la  petite  Ar- 
ménie, fur  l'Euphrate ,  félon ■Ptolomée,  /.  <;.  c.  7. 

LADE,  Ifle  de  la  mer  Egée,  devant  Milet,  fur  la 
côte  d'Afie.  Hérodote,  l.  6,  c.  7,  dit  qu'elle  eft  petite. 
Thucyde,  /.  8 ,  p.  568  Se  571,  dit  que  les  Athéniens 
étant  mal  reçus  par  les  Miléfiens ,  fe  jetterent  fur  l'Aie 
as  Lade,  qui  eft  devant  la  ville.  Paufanias,  Attic.  c.  35, 
dit:  devant  la -ville  des  Miléfiens  eft  l'ifle  de  Lade,  en- 
tourée de  quelques  autres  iflots,qui  paroiffent  en  être  dé- 
tachés. Pline,  /.  5  ,  c.  31 ,  dit:  la  côte  d'Ionie  à  Lade, 
qui  auparavant  s'appelloit  Late,  &c.  Etienne  dit  qu'elle 
étoit  de  l'jEolie. 

LADENBOURG,  petite  ville  d'Allemagne,  dans  le 
Palatinat  du  Rhin ,  entre  Heidelberg  Se  Manheim ,  fur 


leNecker.l  Elle  appartient  à  l'évêché  de  Wormes;  mais 
un  évêque  en  engagea  une  partie ,  en  1571,3  l't lecteur 
Palatin.  *  Hubner  Géogr.  Baudrandr. ,  édit.  1705. 

LADEPSI ,  ancien  peuple  d'Afie ,  dans  la  Bithynie, 
félon  Etienne  le  Géographe,  qui  cite  Théopompe. 

LAD  ESTA,  ouLadestum,  Théopompe;  cité  par 
Etienne ,  nomme  ainfi  une  des  ifles  de  la  côte  de  Libur- 
nie.  Elle  eft  aulîî  nommée  dans  une  ancienne  inscrip- 
tion, qui  fe  trouve  à  Aquilée.  *  Ortel.  Thef. 

LADICUS  Mons  ,  montagne  d'Espagne  ;  on  la 
trouve  lorsque  l'on  va  du  royaume  de  Léon  dans  la  Ga- 
lice. On  l'appelle  aujourd'hui  los  Codos  de  Ladoco ,  & 
par  abbréviation  Laroco.  Le  nom  latin  fe  trouve  dans 
une  ancienne  inscription  fur  la  montagne  même ,  au 
rapport  d'Ambroife Morales,  dans  les  Antiquités  d'Espa- 
gne. C'eft  une  extenfion  des  Pyrénées.  *  Ortel.  Thef. 

LADII,  ancien  peuple ,  félon  Capitolin,  dans  la  Vie 
d'Antonin  Pie ,  où  il  dit:  il  donna  pour  roi  Pacorus  aux 
Ladiens.  Ad  Ladios  eft  un  lieu  nommé  par  Antonin , 
dans  fon  Itinéraire ,  entre  Sirmium  &  Saignes.  Egnatius 
croit  qu'il  faut  lire  La^i  au  lieu  de  Ladii ,  dans  le  paf- 
fage  de  Capitolin.  *  Ortél.  Thef. 

LADIK,  Ladiki,  ou  Ladikia:  c'eft  le  nom  que 
l'on  donne  encore  aux  ruines  de  Laodicée ,  réduite  au- 
jourd'hui à  un  bourg. 

LADISACITES  Sinus  ,  anfe  ou  petit  golfe  dans  la 
mer  de  Perfe ,  félon  le  Périple  de  Marcien  ,  tel  qu'Or- 
télius  l'a  vu.  L'édition  d'Oxford,  p.  16,  porte  Mœfa- 
nites  Sinus  ,  fur  quoi  une  note  avertit  qu'on  pourroit 
lire  Madifanites  ,  comme  il  y  a  dans  Ptolomée.  Ce 
dernier  fournit  en  effet  Madifanites  Sinus  ,  ou,  comme 
il  y  a  dans  d'autres  exemplaires,  Mefanitcs ,  golfe  de  l'A- 
rabie heureufe.  De  ce  mot  Madifanites  on  aura  fait,  par 
corruption,  celui  de  Ladifacites,  dans  le  Périple  de  Mar- 
cien. 

LADISKIA.  Voyez  Ladoga. 

LADOC ,  rivière  d'Afrique  ,  en  Barbarie ,  au  pays 
d'Alger  ;  elle  fort  des  montagnes  du  grand  Atlas,  qui  font 
dans  le  voifinage  de  Conftantine  ;  &  après  avoir  traverfé 
la  plaine,  elle  fe  rend  dans  la  mer  Méditerranée  ,  à  une 
lieue  de  la  ville  de  Bonne  au  levant.  * Davity ,  Afrique. 
Corn.  Dift. 

Caftald  croit  que  Ladoc  eft  le  Rubricatus  de  Ptolo- 
mée. 

LADOCO,  (los  Codos  de)  c'eft-à-dire  les  Cou- 
des de  Ladoco ,  chaîne  de  montagnes  en  Espagne  ,  au 
royaume  de  Léon ,  au  couchant  de  la  capitale.  Elle  com- 
mence aux  frontières  du  Portugal  &c  de  la  province  de 
Tralos-Montes,  ck  court  au  nord,  entre  la  Galice  à  l'oc- 
cident, &  le  royaume  de  Léon  au  couchant ,  &  fépare 
ces  deux  provinces  jusqu'à  Ponferrada.  En  cet  endroit 
elle  fe  tourne  vers  l'orient,  puis  vers  le  nord,  jusqu'à  une 
autre  chaîne  de  montagnes,  qui  s'étend  entre  le  royaume 
de  Léon  au  midi  Se  les  Afturies  au  feptentrion.  Le  nom 
latin  ettLadicus  mons  ;  &:  on  y  a  trouvé  une  inscription 
avec  ces  mots,  Jovi  Ladico.,  félon  Morales  &  Ortélius. 
Baudrand  dit  :  Jovi  Ladoco  &  Ladocus  mons.  De  l'ifle 
marque  bien  cette  montagne  ,  mais  fans  la  nommer. 
*  Robert  de  Vaugondy,  Atlas. 

1.  LADOGA,  ville  de  l'empire  Ruffien ,  fur  la  rive 
gauche  de  la  rivière  de  Volkova ,  au  deffus  du  monaftere 
de  S.  Nicolas,  qui  eft  fitué  à  l'embouchure  de  cette  ri- 
vière, dans  le  lac  de  Ladoga.  De  l'Isle,  de  qui  nous  em- 
pruntons ce  détail,  met  environ  vingt-huit  v/eriles  ou 
cinq  milles  &  demi  d'Allemagne  entre  celte  ville  &  le 
lac,  au  lieu  que  la  nouvelle  Carte  de  tout  l'empire  de  la 
grande  Ruffie  met  la  ville  immédiatement  au  bord  mé- 
ridional du  lac  de  même  nom. 

2.  LADOGA ,  grand  lac  de  l'empire  Ruffien  ,  entre 
la  Carélie  au  nord,  l'Ingrie  &  la  province  de  Novogrrd 
au  midi.  Il  forme  quantité  de  rivières.  Les  principales 
font  la  Voxen  ou  Corela  ,  qui  lui  apporte  les  eaux  ds 
plufieurs  petits  lacs  ;  la  Suir ,  qui  eft  une  décharge  du 
grand  lac  d'Onega;  &  la  Volchova,  qui  vient  du  midi, 
outre  un  grand  nombre  de  ruiffeaux  qui  le  groffiffenr. 
Lui-même  il  fe  décharge  dans  le  golfe  de  Finlande,  par 
un  canal  que  l'on  nomme  la  Niewa  ou  la  Nie,  fur  le- 
quel la  ville  de  S.  Pétersbourg  eft  (ituée.  Il  a  environ 
cent  foixante  werftes  ou  milles  de  Moscovie  en  fa  lon- 
gueur du  nord  au  fud  ,  entre  60  bi  61  d.  50'  de  la- 
titude ,  &  environ  cent  cinq  werftes  de  largeur  d'occi- 


LAD 


LAE 


«Sent  en  orient,  entre  41  d.  39'  &  51  d.  20' de  lon- 
gitude. Pierre  le  Grand  ne  trouvant  pas  que  ce  lac  fut 
navigable  à  fon  gré,  dans  la  partie  méridionale,  y  a  fait 
creuier  un  canal ,  pour  établir  une  communication  pour 
les  barques  qui  portent  à  S.  Petersbourg  les  marchandées 
des  provinces  voifines.  Ce  canal  aboutit  à  la  rivière  de 
Volchova  ;  &  par  ce  moyen,  on  peut  aller  en  bateau 
jusqu'à  Aftracan ,  par  les  rivières  de  Volcha ,  de  Mefta, 
de  Sna ,  ex  par  un  canal  qui  joint  depuis  cette  dernière 
à  la  Tuertza  ,  rivière  qui  tombe  dans  le  Wolga.  Le  lac 
deLadoga  eft  extrêmement  poiflbnneux  ;  on  y  prend  une 
quantité  prodigieufe  de  faumons,  èk  une  espèce  depoif- 
fon  particulier,  gros  comme  un  harange  :  on  le  nomme  la- 
dog;  tk.  c'eft  de-là  ,  dit-on,  que  le  lac  prend  le  nom  de 
Ladoga.  *Baudrand,  édit.  1705. 

1.  LADON  (le)  rivière  de  Grèce,  au  Péloponnèfe  , 
dans  l'Arcadie ,  félon  Pline  ,  /.  4  ,  c.  6  ,  qui  en  met  la 
fource  dans  les  marais  de  la  ville  de  Phénée.  Paufanias, 
/.  8,  c.t.0,  dit  que  la  fource  du  Ladon  eft  à  cinquante 
ftades  des  limites  qui  féparoient  les  terres  des  Clitoriens 
&  des  Phinéates.  Il  dit,  fur  la  foi  d'autrui,  que  l'eau  qui 
fe  répand  dans  le  marais  qui  eft  dans  le  territoire  de  Phi- 
née,  paffant  de-là  dans  les  fouterreins  des  montagnes 
voifines,  en  fort,  &  forme  la  fource  du  Ladon.  Il  ne  le 
garantit  point  ;  mais  il  ajoute  ,1.6,  c.  22 ,  que  cette  ri- 
vière furpafle  toutes  celles  de  la  Grèce,  par  la  beauté  de 
fes  eaux ,  &  qu'elle  fe  perd  dans  le  Pénée ,  auprès  de  Py- 
los.  Il  dit,  /.  8,  c.  15 ,  que  la  rivière  de  Tuthoa  tombe 
dans  le  Ladon ,  près  des  confins  des  Héréens ,  &  que 
les  Arcadiens  nomment  ce  lieu  la  plaine  ,  Xliitot,  ck  que 
l'endroit  où  le  Ladon  lui-même  tombe  dans  l'Alphée, 
s'appelle  C Ijlc-aux-Corbeaux.  Cette  différence  femble 
infinuer  que  cet  auteur  parle  de  deux  Ladons ,  dont  l'un 
tombe  dans  le  Pénée,  ci  l'autre  dans  l'Alphée.  Il  devoit 
dire  VAlphée  dans  les  deux  partages,  puisqu'il  s'agit  d'une 
feule  rivière ,  comme  on  verra  par  la  fuite  du  partage.  Il 
y  a  eu,  dit-il ,  des  gens  qui  ont  pris  Enispe ,  Stratie  &C 
Rhipe  ,  lieux  dont  parle  Homère,  Iliad.  B.  pour  des 
iftes  du  Ladon,  qui  étoint,  peuplées  d'hommes.  Je  crois 
que  cette  opinion  eft  une  grande  erreur  ;  car  le  Ladon  n'a 
point  d'ifle  aflez  grande  pour  un  bac:  quoique  ce  foit  la 
plus  belle  de  toutes  les  rivières,  tant  des  Grecs  que  des 
Barbares  ,  le  Ladon  n'eft  pourtant  point  aflez  grand , 
pour  avoir  des  ifles  de  l'étendue  de  celles  qui  font  dans 
le  Pô  ,  ou  dans  le  Danube.  Ovide,  Fajlor.  1.  <;  ,  v.  89 , 
en  parle  auffi  ,  mais  en  homme  qui  confulte  plus  le  be- 
foin  de  fapoëfie,:que  la  nature  de  cette  rivière;  car  il 
lui  donne  de  la  rapidité  : 


699 


Arcades  hue,  Ladonque 


rapax. 


Selon  lui ,  le  Ladon  entraîne  tout  ;  &  Metam.  /.  I , 
v.  702,  il  dit  au  contraire,  qu'il  roule  tranquillement  fes 
eaux  fur  le  fable  : 

Donec  arenojî  placidum  Ladonis  ad  amnem , 
Venerït. 

Denis  le  Périegete ,  v.  417,  lui  donne  le  furnom  d'O- 
gigius  ,  Qyvyt@-,  que  l'interprète  Latin  rend  par  pris- 
cus,  ancien.  Prifcien  dans  fa  Périégèfe  413,  traduite  de 
celle  de  Denis ,  dit  de  même  : 

Tenditur  atque  vêtus  qua  longo  gurgite  Ladon. 

Cette  ancienneté  eft  fans  doute  une  allufion  à  la  fable 
de  Daphné ,  que  les  Arcadiens  iùppofoient  s'être  pafiee 
auprès  de  cette  rivière. 

2.  LADON;  (le)  il  y  avoit  une  rivière  de  ce  nom, 
quicouloitau  pied  de  la  ville  de  Sardes,  dans  l'Afie  mi- 
neure, au  rapport  de  Varron ,  dans  ce  partage  rapporté 
par  Nonius.  Ladon  jluens  fub  Sardibus  flumen  tulit  au- 
reum  later  quod  eonquadrav'u  religio.  C'eft  ainfi  qu'Or- 
télius  lifojt  ce  partage;  mais  l'édition  dAlde,  p.  1275, 
porte:  Ludo  Jluens  fub  Sardibus  flumen  tulit  aurum  la- 
ter quod  eonquadrav'u  religio. 

3.  LADON,  (le)  rivière  de  Grèce  ,  dans  la  Béo- 
tie.  Paufanias,  /.  8,  c.  10,  dit  qu'on  l'appelloit  ainfi, 
avant  la  naiflance  d'Ismenius,  dont  elle  prit  enfuite  le 
nom.  Voyez  l'article  Ismenus. 


4.  LADON.  (le)  Voyez  Lethon. 

y  LADON  (le)  Ortélius,  Tkefaur.  dit  que  Philos- 
trate nomme  ainfi  COrente,  fleuve  de  Syrie,  dans  la 
Vie  d'Apollonius  ,  /.  1  ,  c.  12. 

LADGNCEA  ou  Ladocea,  village  de  Grèce,  au 
Péloponnèfe,  dans  l'Arcadie,  félon  Paufanias. 

LADRE  ,  petit  bois  de  France.  C'eft  un  biiiflbn 
d'onze  arpens  de  la  maîtrife  des  eaux  &  forêts  de  Com- 
minges. 

LADRONES  (IJlas  delos )  ou  les  Isles  des  Lar- 
rons ,  ancien  nom  des  IJles-Mariannes.  Voyez  Ma- 
RIANNES. 

LJEh,  ifle  nommée  auffi  Aphrodites.  Voyez  APHRO- 
disias  6. 

LjEjE  AqUjE  ,  lieu  particulier  de  l'Espagne  Tarra- 
gonoife,  au  pays  des  i  urodes,  félon  Ptolomée,  /.  2,  c.  6. 

L^EANA  ,  pour  jElana. 

LjEANITES  Sinus.  Agatarchide  nomme  ainfi  le 
golfe  SAllana. 

LAECENI  ou  Laceni,  ancien  peuple  de  l'Arabie 
heureufe,  félon  Ptolomée,  l.  6 ,  c.  7. 

LjEDENATA,  ville  de  la  première  Mcefie,  félonies 
Notices  de  l'Empire  ,  fecl.  30.  Quelques  exemplaires 
portent  Lacdenata. 

LiEDUS.  Voyez  Ledus. 

LAEENI.  Voyez  Laeceni. 

LAEETANI.  Voyez  Laletani. 

LALEIA,  ville  de  la  Carie,  félon  Eienne  le  Géo- 
graphe, qui  cite  le  cinquième  livre  de  Paufanias. 

LAELANNONIUS.  Voyez  Lelaannonius. 

LAELIA  ,  ville  d'Espagne,  dans  la  Boetique,  au  pays 
des  Turdétains ,  félon  Ptolomée  ,  /.  2  ,  c.  4. 
,  LjEMOCOPIA,  ville  d'Europe,  dans  le  Bosphore  de 
Thrace,  fur  la  Propontide.  Chnlcondyle,  /.  8  ,  dit  qu'elle 
fut  bâtie  par  Mahomet ,  fils  d'Amtiraih.  Une  note  mar- 
ginale avertit  qu'elle  eft  proche  de  Seftos  ,  ôt  qu'on  la 
nomme  présentement  Boga^afar. 

LAEMON  ,  montagne  voifine  du  golfe  Arabique, 
félon  Agatarchide  cité  par  Ortélius,   Thefaur. 

LjEPA  ,  furnommée  la  grande,  ancienne  ville  d'Es- 
pagne, dans  la  Bastique,  au  pays  des  Turdétain-,,  lèlon 
Ptolomée  ,  /.  2 ,  c.  4.  Ce  furnom  de  grande  fait  con- 
noître  qu'il  y  avoit  encore  une  autre  ville  de  même 
nom ,  mais  plus  petite.  Pomponius  Mêla  ,  /.  3  ,  c.  1  , 
n.  3  1  ,  met  enfemblè  Olintigi,  Onoba  &  Lapa  dans  la 
Baltique,  &  les  nomme  de  petites  villes,  ou  même  des 
bourgs ,  parva  oppida.  Cela  me  porte  à  croire  que  le 
nom  de  Lapa,  dans  ces  deux  auteurs,  fignifie  deux  villes 
différentes,  diftinguées  par  les  furnoms  de  grande  &C  de 
petite.  La  grande  eft  celle  de  Ptolomée  ;  la  petite  eft 
celle  de  Pomponius  Mêla.  Les  critiques  ont  cru,  après 
Ortélius,  que  l'une  de  ces  deux  villes  avoit  été  nom- 
mée Latinorum  Lœpia  par  Pline.  En  effet ,  dans  les 
éditions  ordinaires  de  cet  auteur,  on  y  trouve  ce  mot; 
mais  cela  eft  différent  dans  celle  du  P.  Hardouin,  /.  3  , 

c.  I.  Au  lieu  de  Beturia habet  oppida  non  igno- 

bilia  Arfam  ,  Mellariam ,  Mirobricam  :  regiones  OJin- 
tigi ,  Sifaponem ,  Gaditani  conventus  ,  civium  Romana. 
Regina  ,  Latinorum  Lœpia  ,  Vlia  ,  Carifa  ,  cognomint 
Aurélia  ,    Urgia  cognominata  Caflrum   Julium  :  on  y 

lit:    Altéra  Beturia Habet  oppida  non  igno- 

bilia  :  Arfam ,  Mellariam  ,  Mirobricam  ,  regionis  Ofln- 
tiadis  Sifaponem.  Gaditani  conventus  :  civium  Roma- 
norum  Regina  :  Latinorum  Regia ,  Carijfa  cognomine 
Aurélia  :  Urgia  ,  &c. 

Ainfi  Regina  étoit  une  colonie  de  citoyens  Romains; 
&  Regia  Cariffa,  furnommée  Aurélia,  étoit  habitée 
par  des  gens  du  pays  Latin  ,  ou  qui  jouirtoient  Ample- 
ment des  droits  du  Latium.  Les  noms  de  Lepia  6c  de 
Vlia  ne  fe  trouvent  point  dans  les  manuferits,  au  rapport 
du  P.  Hardouin. 

LjEPHANIA.  Phavorin  ,  Lexic.  nomme  ainfi  une 
ville ,   fans  nous  aporendre  de  quel  pays  elle  étoit. 

LjEPIA.  Voyez  L^pa. 

LAERNA,  nom  d'un  lieu  ;  il  fe  trouve  dans  une  an- 
cienne inscription  rapportée  au  Tréfor  de  Goltzius. 

LAERTE,  AaépÎH  ,  ville  de  la  Cilicie  montagneufe, 
dans  la  Pamphilie,  félon  Ptolomée,  /.  f,  c.  5.  Etienne 
le  Géographe  nomme  Laertes ,  Aa.îfln;  ,  une  petite  con- 
trée de  la  Cilicie.  Il  nomme  aurtî  de  même  une  monta-; 
Tome  III.     Tttt  ij 


7ôo 


UES 


LAG 


Il  fait  plus  ;  il  place  ces  Leftrygons  de  Sicile  auprès  de 
la  ville  de  Lentini,  v.  12.6  &  127: 

Prima  Leontinos  vajîarunt  pralia  campos, 
Regnatam  duro  quondam  Lajrrygone  terram. 

Cela  eft  conforme  à  l'autorité  de  Pline,  A3,  c.  8, 
qui  met  les  champs  des  Leftrygons  Lajlrygonii  campi, 


gne  ckune  ville,  &  cite  Alexandre.  Ortélius ,  Thefaur. 
trouve  ce  nom  employé  par  /Etius  le  Médecin,  pour  dé- 
figner  une  montagne  de  la  Pamphilie.  C'étoit  une  place 
forte,  fituée  fur  .une  colline,  avec  garnifon,  félon  Stra- 
bon ,  A  14,  p.  669. 

1.  LiESTRGYONES ,  Aa,çpvyo'nç  ,  ancien  peuple 
que  les  anciens  ont  placé  diverfement.  Homère,  Odyff. 
1.  10,  les  met  en  Italie,  aux  environs  de  Lamus ,  ville 

qui,  dans  la  fuite,  a  été  nommée  Formies.  Il  appelle  leur  auprès  de  Lentini.  Cela  s'accorde  auiîi  avec  ce  que  dit 
pays  la  fpaciaife  Leftrygome.  Ils  avoient  pour  roi  An-  Polybe,  p.  1377,  dans  un  Extrait  tiré  du  huitième  Li- 
tiphate ,  géant  &£  anthropophage.  Madame  Dacier  re-  vre  :  les  Leftrygons ,  qui ,  à  ce  qu'on  raconte ,  occu- 
marque   là-deflus  ,    que  tous  les  hiftoriens  conviennent     poient  la  campagne  de  Lentini. 

que  la  ville  de  Lamus  eft  Formies,  &  que  Formies  étoit  Par-tout-là  il  n'eft  queftion  que  d'un  peuple  dont  les 
l'ancienne  habitation  des  Leftryngons.  Elle  le  prouve  poètes  te  (ont  fait  une  tradition  que  les  hiftoriens  n'ont 
ainfi.  Ciceron  ad  Attic.  1.  2,  epift.  13,  dit:  Si  verb  in  adoptée  qu'avec  défiance.  Madame  Dacier,  dans  fa  note 
hanc  TithrnivKoy  veneris  Atuçpuyitint  ,  Formias  dico.  fijr  i'Odyfïee  d'Homère,  déjà  citée ,  croit  que  les  Les- 
Pline,  /.  3  ,  c.  y.  Oppidum  Formicc ,  Hormia  ante  die-  tryngons,  dans  leur  première  origine,  ont  habité  la  Si- 
tum,  ut  exiftimavere,  antiqua  Lccjlrygonum  fedes.  Voilà  cuei  fil*  le  fleuve  Terias  ;  &c  elle  le  prouve  par  le  paflfage 
pour  les  Leftrygons  du  continent,  fur  les  côtes  de  la  de  Pline.  Elle  ajoute:  ceja  eft  fi  vrai,  que  le  nom  de 
Campanie.  Voyez  L^STRYGONI^E  RUPES.  Leflrygon,   &  celui  de  Léontin  ,  ne  font  que  le  même 

2.  LiESTRYGONES  ,  A^s-p^oVes  ,  ancien  peuple     nom;   car,  comme  Bochart   l'a   démontré,  Lœftrygi 
de  la  Sicile ,  félon  quelques-uns.  Euftathe  expliquant  un 


partage  du  neuvième  livre  de  l'Odyflee,  où  Homère 
parle  de  l'arrivée  d'Ulyfle  chez  les  Cyclopes,  s'exprime 
ainfi:  les  anciens  difent  que  de  même  qu'jEole  régnoit 
dans  les  ifles  de  Lipari,  de  même  les  Cyclopes  &  les 
Leftrygons  régnoient  .dans  le  territoire  de  Lentini ,    & 


eft  un  nom  Phénicien,  lais  tercam  ,  Lion  qui  dévore^ 
ck  ce  nom  a  été  rendu  en  latin  par  celui  de  Leonlin  , 
qui  fignifie  la  même  chofe,  ck  qui  marque  les  mœurs 
féroces  ck  léonines  de  ces  peuples  barbares.  Il  y  a  donc 
de  l'apparence  que,  comme  les  Phéaciens  avoient  quitté  la 
Sicile  pour  aller  à  Corcyre ,   les    Leftrygons,  ou  une 


aux  environs  de  l'Etna;  que  c'étoient  des  hommes  cruels  Pa«'e,  des  Leftrygons ,  la  quittèrent  de  même 
&  barbares,  &  que  par  cette  raifon  toute  la  côte,  le 
long  du  détroit,n'étoit  pas  abordable  pour  tout  le  monde. 
Thucydide,  A  6,  avoit  dit  long-tems  auparavant,  que  les 
plus  anciens  habitans  de  la  Sicile  avoient  été  les  Cyclo- 
pes ck  les  Leftrygons  qui  en  occupoient  une  partie;  mais 

ce  qu'il  ajoute  fait  voir  qu'il  ne  le  donne  que  comme  une     démette  fameufe  reine  de  L.ybie,  appellee  Lamia ,  parce 
tradition  fort  obscure.    Je  ne  fais,  dit-il ,  ni  quelle  forte     qu'elle  fendoit  le  ventre  des  femmes  grofles ,  pour  dé- 
d'hommes  c'étoit,  ni  d'où  ils  étoient  fortis,  ni  où  ils  font     y°rer  leurs  enfans.    Horace  en  parle  dans  lont  Art  poe- 
pafles.  Il  fuffir,  ajoute  ce  judicieux  hiftorien,  de  favoir  ce     tique,  v.  340: 
que  les  poètes  en  ont  dit  ;  ck  chacun  en  peut  penfer  ce  qu'il 
lui  plait  :  après  ces  peuples,  lesSicaniens  font  les  premiers. 
Lycophron  ayant  parlé  des  erreurs  d'Ulyfle  ,   dans  fon 
poème,  d'une  manière  très-obscure  à  fon  ordinaire,  en 
difant  :  il  verra  enfuite  les  reftes  des  flèches,  Tzetzès  ;  fon 
commentateur,  dit:  par  les  reftes  des  flèches;  le  poëte 
entend  les  Leftrygons,  peuple  qu'Hercule  extermina  pres- 
qu'entierement  à  coups   de   flèches  ,    lorsqu'il  emme- 
noit  les  bœufs  de  Geryon  qui  avoit  eu  l'audace  de  lui 
faire  la  guerre.  Il  appelle  donc  refte  des  flèches  ceux  qui 
échaperent  du  carnage  que  fit  Hercule.  Les  Leftrygons 
font  les  mêmes  que  le  peuple  de  Sicile,  nommé  à  préfent 


allè- 
rent s'établir  fur  les  côtes  de  la  Campanie  :  on  ne  peut 
pas  douter  que  Lamus  qui  bâtit  Formies  ne  fût  un  Leflry- 
gon: fon  nom  même  le  témoigne;  car  Lamus  fignifie 
décorateur,  étant  tiré  du  Phcemcien  Laham  ou  Lahama, 
qui  fignifie  dévorer  ;    ck  de-là  même  a  été  tiré  le  nom 


Neu  pransa  Lamia  vivum  puirum  extrahat  alvo. 

Qu'on  ne  voie  jamais  dans  vos  pièces  arracher  du  vert^ 
tre  d'une  Lamie  un  enfant  tout  vivant  qu'elle  ait  dévoré. 
'  L.ESTRYGONIE,  ville  dont  Héfyche  ne  rapporte 
que  le  nom.  *  Orul.  Thef. 

LAETE ,  bourg  dont  il  eft  parlé  dans  on  fragment  de 
Salufte.  *  One/.  Thef. 
LAETI.  Voyez  Leti.    . 
LAETIA  ,  nom  latin  de  Liesses. 
Ly£TRINA  ,  ville  nommée  par  Lycophron.  Tzetzès 
Leontins.   Voilà  ce  que  dit  Tzetzès,  commentateur  de     dit  qu'elle  étoit  dans  l'Elide  au  Péloponn'èie.  Paufanias, 
Lycophron.    Diodore  ,   A4,  fait  bien  mention  de  ce     inEliac.  paiVsdesLatrinai.  Voyez  Leprium. 
combat  d'Hercule  en  Sicile;  mais  il  dit  que  ce  fut  avec         LiEVI.  Voyez  Levi,  peuple  de  la  Ligune. 
les  Sicaniens  ,  ck  non  pas  avec  les  Leftrygons.  Voyez         LAFIDARI.  Voyez  Fidari. 
l'article  fuiyant.  LAFRANQUAIN,  mouillage  de  France,  fur  la  côte- 

LjESTRYGONLE  RUPES,  les  roches  des  Leftry-  de  Rouflîllon.  Michelot,  dans  fon  Portulan  de  la  mer 
gons.  Silius  Italicus,  A  7,  v.  176,  409  kfeq.  nomme  Méditerranée,  p.  55,  dit  laFranquine,  &  ajoute  qu'on 
ainfi  la  ville  de  Formies,  dans  la  campanie.  appelle  ainfi  une  anfe  de  fable,  qui  eft  du  côté  du  nord 

de  la  pointe  du  cap  de  Leucate ,  dans  laquelle  on  peut 
Hinc  Lceflrygoniafaxofo  monte  premebant  mouiller  avec  des  galères ,  à  une  petite  portée  de  canon 

A  tergo  Rupes.  de  terre,  où  il  y  a  cinq  à  fix  brafiés  d'eau,  fonds  de  fa-  - 

Eut  autemfiatu  Claffis  Phœniffa  fecundo  blefin.  On  y  eft  à  couvert  des  vents  depuis,  le  fud-fud- 

Liltora  Caietx,  Lœftygoniosque  recejfus,  eft,  jusqu'au  nord-oueft;   mais  le  vent  d'eft-nord-eft  y 

Sulcabat  roflris.  donne  à  plein ,  ck  il  ne  faut  pas  s'y  laifler  furprendre.  A 

dire  vrai,  ces  fortes  de  mouillages  ne  font  bons  que  dans 
Il  met,  A  8,  v.  530,  fur  le  même  rivage  Caïere,  l'ancien     une  néceflîté,   ck  pendant  la  belle  faifon. 

LAGADIUM ,  pour  Algidum. 
LAGAMAN,  ouLamgan,  ville  d'Afie,  au  royaume 
de  Cachemire,   aux  frontières  de  celui  de  Candahar. 
*  Hijl.  de  Timur-Bec,  1.  3  ,   c.  2. 
gtc,  LAGAN  ,  petite  rivière  d'Irlande  ,  dans  la  province 

d'Ulfter,  félon  Baudrand  ,  édit.  1705.  Mais  elle  eft 
Par-tout-là  il  s'agit  des  Leftrygons  d'Homère,  dans  la  nommée  Lagen-Water,  dans  l'Etat  préfent  d'Irlande, 
Campanie.  Mais  ce  poëte  reporte  dans  la  Sicile  le  P-  *6.  On  y  voit  qu'elle  a  fa  fource  dans  le  comté  de 
royaume  d'Antiphate ,  ck  le  peuple  Leftrygon.  Il  fup-  Dow,  baigne  Dromore,  Lisbrun  ck  Belfaft,  ck  fe 
pofe,  avec  la  tradition  rapportée  par  Thucydide,  que  les  décharge  dans  la  baie-de  Carrickfergus. 
Leftrygons  ck  les  Cyclopes  avoient  précédé  les  Sica-  .  LAGANIA,  fiége  episcopal ,  dans  la  première  Gala- 
niens  dans  la  Sicile  ,  A  14,  v.  33   ck  34:  tie3  entre  Juliopolis,  ck  Mini^on,  ou  Mni^on.  Euphra- 

Jius,  fon  evêque,  fouscrivit  au  fécond  concile  de  Chal- 
Pojî  dirum  Antiphata  regnum  &  Cyclopia  régna,        cédoine,  tenu,  l'an  451.  *  Harduin.  Collée!,  conc. 
Vomert  vtTMunt  primum  nova  rura  Sicani.  LAGANICÏ.  Voyez  LeusaniCORUAX. 


royaume  d'Antiphate,  Linterne  ,  Cume ,  ckc  : 

El  regnata  Lamo  Cajeta ,  domusque 
Antiphatœ  comprejfa.  freto  Jiagnisque  paluflre 
Linternum  &  quondam  fatorum  confeia  Cume, 


LAG 


LAG 


LAGAR,  rivière  d'Iflande ,  dans  fa  partie  orientale." 
C'efi  la  plus  grande  de  l'ifle  :  elle  coule  auprès  du  mo- 
naftere  de  Sridu ,  félon  Théodore  Thorlac  ,  cité  par 
Baudrand,  édit.  1705. 

LAGARA,  ruines  de  l'ancienne  ville  de  Lagaria ; 
elles  font  dans  la  Calabre  citérieure ,  fur  le  Cannftafo, 
environ  à  une  lieue  de  Cafîano ,  6c  à  deux  du  golfe  de 
Tarente.  Voyez  Lagaria. 

LAGARES ,  bourg  de  Pouugal ,  dans  la  province  de 
Beira,  à  un  quart  de  lieue  de  la  rivière  de  Céa  &  duCo- 
fcral.  Il  eft  de  l'univerfité  &  de  l'évêché  de  Coïmbre , 
&:  de  la  dépendance  de  Guarda. 

LAGARIA,  Ax.yo.fi*  ,'  ville  ancienne  de  la -grande 
Grèce  ,  dans  le  territoire  des  Thuriens  ,  félon  Strabon , 
/.  6 ,  p.  1.61, ,  &  Etienne  le  Géographe.  Le  premier  dit 
que  c'étoit  une  forterefîe ,  ipûeiei  ,  bâtie  par  Epeùs , 
&  que  c'étoit  une  colonie  de  Phocéens.  Le  fécond  cite 
Strâbon  ,  &c  met  Lagaria  en  Sicile  ;  fur  quoi  Berkélius  , 
fon  commentateur  croit, que  les  copiir.es  ont  misS/K6,yW; 
pour  Itoài'«?,  la  Sicile,  pour  l'Italie.  Ortélius ,  Thefaur. 
croit  plutôt  que  cela  vient  de  ce  que ,  du  rems  d'E- 
tienne, cette  partie  de  l'Italie  s'appelloit  la  Sicile,  comme 
cela  a  été  depuis  :  en  effet  les  royaumes  de  Naples  &  de 
Sicile  ont  été  nommés  les  deux  Siciles,  comme  nous  le 
remarquons  en  fon  lieu.  Gabriel  Barri  cité  par  Ortélius , 
dit  que  cette  ville  de  Lagaria  ne  fubfifte  plus  ;  que  le  lieu 
où  elle  étoit ,  eft  défert  &  fans  habitans  ;  que  la  monta- 
gne fur  laquelle  la  ville  étoit  fituée ,  eft  appellée  par  les 
habitans  voifins  Cirnlftafo ,  du  nom  de  la  rivière  Cy- 
lijlarnus,  qui  coule  auprès. 

LAGÉ  ,  petite  ville  d'Allemagne,  dans  la  baffe  Saxe, 
au  duché  de  Mecklenbourg,  fur  le  rnifîeau  de  Rekenitz, 
au  fud-eft,  ck  à  trois  bons  milles  de  Roftock.  * Zeyler, 
Saxon  infer.  Topogr./;.  151. 

LAGECIUM.  Voyez  Lagentium. 

LAGÉNIA,nom  latin  de  la  province  de  Leinfler,  en 
Irlande.  Quelques  écrivains  ignorant  le  vrai  nom ,  ou 
trouvant  celui-ci  plus  doux,  écrivent  en  françois  Lagenie. 

LAGENIE  ,  province  d'Irlande.  Voyez  Leinster. 

LAGENTIUM,  Lagecium,  ou  Legeolium  , 
ancien  lieu  de  la  grande  Bretagne  ,  félon  l'Itinéraire 
d'Antonin  ,  fur  la  route  d'Yorck  à  Londres ,  à  vingr-un 
mille  pas  de  la  première  ;  &  à  feize  mille  pas  de  Da- 
num,  qui  eft  Doncafter,  on  trouve  un  lieu  nommé  La- 
gecium ;  &  fur  la  route  de  Londres  à  Lugwallium ,  on 
retrouve  entre  les  mêmes  lieux ,  à  même  diftance ,  le 
même  lieu  nommé  Legolium.  Sur  quoi  Gale,  in  Anta- 
nin.  p.  97,  obferve  que  c'eft  préfentement  Caflleford, 
ou  plutôt  Caflerford ,  au  confluent  des  rivières  l'Are  & 
la  Caulder.  L'anonyme  de  Ravenne ,  /.  5  ,  c.  3 1 ,  met 
en  ce  même  lieu  Lagentium  ;  peut-être  faut-il  lire  Lage- 
tium  ,  qui  s'éloignera  moins  de  Lagecium  d'Antonin. 
Gale  croit  que  les Lagcntes  dont  il  eft  parlé- dans  la  Notice 
de  l'Empire ,  y  ont  été  autrefois  en  quartier  ;  il  ajoute 
que,  près  de  Caflleford,  on  trouva  un  auffi  grand  nombre 
de  monnoies  Romaines ,  que  fi  on  les  y  avoit  femées. 

LAGHI,  ville  de  l'Arabie  heureufe ,  vers  les  côtes  de 
la  mer  d'Arabie ,  au  royaume  d'Adramout.  Elle  eft  fu- 
jette  à  un  prince  particulier,  &c  eft  fituée  à  quatre-vingt- 
dix  mille  pas  d'Aden  ,  au  levant  d'été  ,  &  à  deux  cents 
cinquante  du  cap  de  Gardafui,  vers  le  nord ,  félon  Bau- 
drand ,  édit.  I701). 

1.  LAGHLYN  ,  ou  Lotjghlen  ,  ou  le  vieux 
LouGHLEN  ,  lieu  d'Irlande,  dans  la  province  de  Leins- 
ter, au  comté  de  Catherlagh.  C'eft  une  ville  considéra- 
ble ,  à  huit  milles  presqu'au  fud-oueft  de  Catherlagh  , 
&  elle  a  droit  d'envoyer  deux  députés  au  parlement. 
*  Etat  de  l'Irlande,  p.  37. 

2.  Il  y  a  auffi  une  autre  ville  de  même  nom  ,  à  trois 
milles  à  l'éft  de  la  précédente,  fur  le  Barrov.  C'étoit 
une  ville  confidérable,  (k  le  fiége  d'un  évêque.  Aujour- 
d'hui ce  n'eft  plus  qu'un  village  ,  &T.  l'évêché  eft  réuni 
avec  celui  de  Féarns. 

Baudrand  confond  ces  deux  villes. 

LAGHOLM,  petite  ville  de  Suéde,  dans  la  pro- 
vince de  Schonen ,  fur  une  petite  rivière.  Cette  ville  eft 
ancienne  ,  mais  peu  confidérable. 

LAGIA.  Pline  dit  que  c'eft  un  des  anciens  noms  de 
Délos. 

1.  LAGINA  ,  ancienne  ville  d'Irlande  ,  dans  la  pro- 
vince de  Leinfter.   On  ignore  fon  nom  moderne  ;  c'é- 


70.Ï 

toit  la  patrie  de  fainte  Brigitte,  felnn  Surius,  dans  la  Vie 
oi  ceae  fainte.  L'Àbregé  de  IHiftoire  de  l'ordre  de 
S.  Benoit,  /.  1  ,  e.  8,  n.  6  ,  t.  1,  p.  81  ,  portequ'elle 
étoit  née  dans  un  village  du  diocèlé  d'Arnach.  Dans  ce 
cas,  Lag'ma  auroit  été  dans  la  province  d'Ulfter. 

i.  LAGINA,  (génitif  on/m)  bourgade  de  la  Carie,  fé- 
lon Strabon,  /.  14,  p.  663 ,  à  huit  cents  cinquante  fta- 
des  de  Physcus,  &  à  deux  cents  cinquante  d'Alabanda. 
C'eft  la  même  que  Laginia  d'Etienne  le  Géographe. 

1.  LAGINIA.  Voyez  l'article  précédent. 

2.  LAGINiA,  ville  de  Bythynie,  félon  Etienne  le 
Géographe. 

LAGLERA,  petite  rivière  d'Espagne,  dans  la  vieille 
Caftille  :  elle  paffe  à  S.  Domingo  de  la  Calçada. 

LAGMUS  ,  montagne  de  la  Paphlagonie  ,  félon  Ly- 
cophron,  comme  l'explique  Canterus  in  Liycoph. 

LAGNEY ,  Latiniacum ,  paroiffe  de  France  ,  au  dio- 
cèfe  de  Toul ,  le  chapitre  de  Toul  en  eft  feigneur,  par 
échange  de  l'an  1626  ,  avec  le  chapitre  de  Porfas.  La. 
cure  eft  à  la  collation  du  pape  :  fon  églife  paroiffiale  eft 
dédiée  fous  l'invocation  de  S.  Clément. 

LAGN2  ,  ou  Lagny  ,  Latiniacum.  ,  abbaye  de 
France.  Elle  fut  bâtie  par  S.  Furfi ,  vers  l'an  644, 
dans  une  tetre  d  Erchinoald  ou  Archambaut,  maire  du 
palais,  au  diocèlé  de  Paris,  fur  les  limites  de  la  Brie,  à 
fept  lieues  de  cette  ville  ,  vers  le  levant.  Il  en  fut  le 
premier  abbé;  mais  il  n'y  mourut  pas;  fon  corps  a  été 
transporté  à  Peronne.  L'abbaye  de  Lagni  a  été  mife 
depuis,  fous  la  régie  de  S.  Benoit.  Elle  fut  rétablie  par  Hé- 
ribert,  comte  de  Troyes  8c  de  Meaux ,  fur  la  fin  du  di- 
xième fiécle.  *  Longuefue,  Defcr.  de  la  France,  1.  part. 
p.   14*. 

2.  LAGNI,  ville  de  France,  dans  le  territoire  de  Paris, 
fur  la  Marne,  à  fix  lieues  au-deffus  de  Paris,  en  allant  vers 
Meaux ,  d'où  elle  eft  à  quatre  lieues.  Son  nom  latin  eft 
Latiniacum.  Il  y  a  trois  paroiffes  ,  dont  la  principale  eft 
fous  le  nom  de  S.  George  ;  outre  la  fameufe  abbaye  des  Bé- 
nédictins de  la  congrégation  de  S.  Maur,  fous  l'invocation 
de  S.  Pierre,  fondée  dans  le  feptiéme  fiécle,  par  S.  Furfi, 
gentilhomme  Ecolfois.  Thibaut  le  Jeune,  comte  de  Cham- 
pagne, donna  à  cette  abbaye  le  comté  de  Lagni.  On  voit  ■ 
au  milieu  de  la  place  de  Lagni  une  belle  fontaine,  dont 
l'eau  eft  excellente  &  coule  abondamment;  on  dit  que 
Dieu  l'accorda  aux  ferventes  prières  de  S.  Furfi.  Louis 
le  Débonnaire  tint  fon  parlement  dans  cette  ville,  l'an 
83  5 ,  où  il  ordonna  la  réparation  des  églifes  qui  avoient 
été  ruinées  pendant  les  troubles.  Yves,  légat  du  faint  fiége, 
y  tint  un  concile,  l'an  1142.  L'an  1431,  fous  le  régne  de 
Charles  VII,  les  Anglois  affiégerent  Lagni  ;  mais  le  fe- 
cours  que  le  roi  y  envoya ,  fit  lever  le  fiége.  Henri  IV 
ne  fut  pas  auffi  heureux  en  1590;  car  cette  ville  futaffié- 
gée  &  prife  par  le  duc  de  Parme,  fans  que  le  maréchal 
d'Aumont,  qui  y  marchoit  avec  des  troupes,  pût  y  arri- 
ver à  tems.  Pierre  d'Orgemont,  chancelier  de  France  , 
&  Geoffroi,  ancien  poëte  Ftançois  ,  étoient  de  Lagni. 
*  Piganiol  de  la  Force,  Defcr.  de  la  France,  '.3, 
p.  116. 

LAGNIEU,  petite  ville  de  France,  dans  le  Bugey, 
au  diocèlé  de  Lyon  ,  fur  le  bord  du  Rhône.  Elle  tait 
partie  du  marquilat  de  S.  Sorlin  :  l'églife  collégiale  a 
été  érigée,  en  1476.  C'eft  le  fiége  d'un  grenier  à  fel  , 
&  elle  députe  aux  aflemblées  du  Bugey. 

LAGNO ,  rivière  d'Italie ,  au  royaume  de  Naples. 
Voyez  AGNO. 

LAGNUS-SINUS  ,  golfe  de  la  mer  Baltique,  lequel 
touche  au  pays  des  Cimbres  ,  félon  Pline,  /.  4,  c.  13. 
Le  P.  Hardouin  dit  que  c'eft  cet  espace  de  mer  ,  qui 
baigne  le  Judand  ,  le  Holftein  &  le  Mecklenbourg. 

LAGNUTUM,  ville  de  la  Mauritanie  Céfarienfe  , 
félon  Ptolomée,  /.  4,  c.  2.  Marmol  ck  Caftald  croient 
que  c'eft  préfentemen  TENESt. 

LAGO-NEGRO ,  petite  ville  d'Italie ,  au  royaume 
de  Naples,  dans  la  Bafilicate,  au  pied  de  l'Apennin,  & 
aux  frontières  de  la  principauté  citérieure,  à  cinq  milles 
de  Lauria,  au  nord-oueft,  Se  à  fept  du  golfe  de  Poli- 
caftro,  au  levant.  *  Baudrand,  édit.  1705. 

1.  LAGON  ,  dans  l'ifle  de  S.  Domingue,  à  la  fépa- 
ration  des  deux  quartiers  françois  du  nord  Se  du  lùd. 
C'eft  un  lac  qui  peut  être  à  dix  ou  douze  lieues  avant 
dans  les  terres  du  fond  du  cul-de-fac  de  Saragua.  Il  a 
quelque  communication  fouterraine  avec  la  mer  ,  puis- 


LAG 


•qu'il  a  flux  &r  reflux,  &  qu'il  abonde  en  poiffons  de  mer. 
L'on  y  trouve  auffi  quantité  de  caïmans  Se  de  requiens  : 
il  peut  avoit  huit  ou  dix  lieues  de  tour. 

2.  LAGON:  ce  mot  fe  trouve  dans  quelques  rela- 
tions de  voyageurs  pour  fignifier  une  espèce  de  lac.  Il  y 
"a  dans  la  Nouvelle-Espagne  un  Lagon  qui  renferme  trois 
ifles  ,  toutes  trois  proche  de  fon  embouchure.  Il  aboutit 
•par  fon  autre  extrémité  à  la  rivière  de  Veftaqua. 

3.  LAGON.  Voyez  Lagos  i. 

LAGORD,  bourg  de  France,  au  pays  d'Aunis, 
diocèfe  &  intendance  de  la  Rochelle. 

LAGORIA,  nom  d'une  ville, félon  le  Lexique  de  Pha- 
Vorin.  Peut-être  faut-il  lire  Lagaria. 

1.  LAGOS,  ville  ancienne d'Afie.  Tite-Live,  l.tf, 
c.  15,  dit  que  l'armée  Romaine ,  partie  de  Cibyre ,  tra- 
verfa  la  campagne  des  Sindiens ,  paffa  la  rivière  deCau- 
lare,  Se  campa.  Le  jour  fuivant,  on  côtoya  le  marais 
Garalitide  ,  Se  on  s'arrêta  à  Mandropo'is:  enfuite  otl 
s'avança  vers  Lagos  où  l'on  ne  trouva  perfonne;  la  peur 
en  avoit  chaffé  tous  les  habitans  :  on  pilla  cette  ville. 
De-Ià  on  marcha,  depuis  la  fource  de  la  rivière  de  Ly- 
fe,  jusqu'à  une  autre  rivière  nommée  Cohalatus ;  Se  on 
alla  faire  lever  le  fiége  d'ifionda  que  les  Termeffiens  te- 
ndent bloquée. 

2,  LAGOS,  ville  de  Portugal,  à  trois  lieues  du  cap 
de  S.  Vincent.  On  prétend  que  Bohodes ,  capitaine 
Carthaginois ,'  ayant  fait  la  paix  avec  les  Lufitaniens  de 
l'Alentéjo,  leur  demanda  un  endroit  dans  l'Algarve  où 
il  pût  établir  une  habitation  qui  fût  un  marché  public, 
&  un  lieu  de  commerce  pour  les  deux  nations.^  Non- 
feulement  les  Lufitaniens  y  confentirent;  mais  même  ils 
aidèrent  à  fortifier  l'endroit  où  fe  forma  la  ville  de  La- 
COBRIGA.  Voyez  ce  mot.  C'eft  le  même  lieu  où  eft  au- 
jourd'hui la  ville  de  Lagos ,  félon  Diego  Méndes,  dans 
fes  Remarques.  Elle  fut  rétablie  dans  le  rang  de  ville  par 
le  roi  Sébaftien.  Elle  eft  dans  la  province  de  Beïra,  & 
dans  l'évêché  de  Coïmbre  ,  à  dix  lieues  de  la  ville  de 
Guarda,  fur  une  hauteur,  entre  deux  rivières  Se  plufieurs 
lacs ,  d'où  lui  vient  fon  nom  de  Lagos.  Les  feigneurs  de 
Bombadella  en  étoient  autrefois  les  propriétaires.  *  Ber- 
nardo  de  Brito  de  Monarchiâ  Lufit.  t.   1  ,  /.  2  ,   c.  12. 

Il  eft  abfurde  de  dire  que  Lagos  foit  dans  la  province 
de  Beïra ,  &  à  dix  lieues  de  la  ville  de  Guardia.  Lagos 
eft  dans  le  royaume  des  Algarves,  &  dépend  de  l'évêché 
de  Faro.  Elle  eft  fur  la  côte  méridionale,  avec  un  port. 

LAGOUS-AMNIS  ,  rivière  de. la  Sarmatie  Afiatique. 
Elle  prend  fa  fource  dans,  le  monts  Cathées ,  Se  fegroffit 
des  eaux  de  l'Opharus ,  félon  Pline,  /.  6  ,  c.  7. 

LAGRÈ,  bois  de  France  en  Languedoc.  Il  eft  de  quatre 
cents  trente-huit  arpens  Se  demi  vingt-neuf  perches,  dans 
la  maîtrife  des  eaux  Si  forêts  de  Montpellier.  _ 

LAGULA,  bourg  d'Afie,  dans  la  Natolie ,  à  fept 
lieues  de  Pendarachi.  Quelques  auteurs  y  placent  l'an- 
cienne Acona,  ouAcone,  petite  ville  de  Bithynie. 
*  Baudrand  ,  édit.  1705. 

Molet,  Se  plufieurs  autres  croient,  au  contraire,  que 
c'eft  Naxio.  Voyez  ce  mot. 

LAGUNA  (la)  bourgade  de  l'Amérique  méridio- 
nale ,  dans  le  gouvernement  de  Maynas,  fur  le  bord  d'un 
grand  lac  ,  à  cinq  lieues  au-deffus  de  l'embouchure  du 
Guallaga.  Ce  lieu,  compofé  de  plus  de  mille  Indiens,  raf- 
femblés  de  diverfes  nations,  eft  la  principale  million  de 
toutes  celle  de  Maynas.  Quoique  près  d'un  lac,  il  eft 
dans  un  terrein  fec  Se  élevé  ;  latitude  5  d.  14'.  *  M.  de 
la  .Condamine ,  Carte  de  l'Amazone. 

LAGUNE  ;  ce  nom  fignifie  une  espèce  de  lac  ou  d'é^ 
tendue  d'eau. 

LAGUNE,  ou  San-Christoval  de  la  Lagu- 
NA,  ville  des  Canaries,  dans  l'ifle  de  Ténérife,  au 
pied  du  pic  de  Ténérife  ,  près  d'un  lac ,  d'où  elle  a  pris 
fon  nom.  Wafer  la  décrit  ainfi  dans  fon  Voyage  impri- 
mé à  la  fuite  de  ceux  de  Dampier. 

Lagune  eft  une  affez  grande  ville ,  bien  ramaffée,  & 
dont  l'aspett  eft  fort  agréable.  Elle  eft  en  partie  fituée 
fur  une  montagne,  &  en  partie  dans  un  terrein  uni.  La 
plupart  des  maifons  y  font  bâties  de  pierres,  Se  couvertes 


LAG 


de  tuiles.  Quoiqu'elles  ne  foient  pas  uniformes,  elles 
font  un  affez  joli  effet.  Il  y  a  quantité  de  beaux  édifices, 
entre  lesquels  on  peut  mettre  deux  églifes  paroiffiales , 
deux  couvens  de  religieufes ,  quatre  monafteres ,  un 
hôpital  Se  quelques  chapelles,  outre  plufieurs  maifons  de 
gentilshommes.  Les  monafteres  font  ceux  de  S.  Auguftin, 
de  S.  Dominique,  de  S.  François  &  de  S.  Diego.  Les. 
deux  églifes  ont  des  clochers  affez  hauts,  &  carrés,  dont 
le  fommet  s'élève  au-deffus  de  tous  les  autres  bâtimens. 
Les  rues  ne  font  pas  régulières  ;  mais  elles  font  larges  , 
pour  la  plupart  ci  affez  jolies.  Vers  le  milieu  de  la  ville 
on  trouve  une  grande  place  environnée  de  belles  mai- 
fons :  il  y  à  d'un  côté  une  prifon  bien  forte ,  Se  tout  au- 
près un  aqueduc  de  bonne  eau  ,  qui  en  fournit  à  toute 
la  ville.  Les  habitans  on  quantité  de  jardins  remplis 
tout-à-1'entour  d'oranges ,  de  limons  Se  d'autres  fruits; 

Derrière  la  ville,  ori  découvre  une  vafte  plaine  de 
trois  ou  quatre  lieues  de  long,  Se  de  deux  milles  de  large r 
qui  produit  une  forte  d'herbe  épaiffe,dont  la  verdure  n'é- 
toit  pas  moins  agréable  alors ,  que  celle  de  nos  prairies 
d'Angleterre  l'eft  au  printems.  A  l'eft  de  cette  plaine,  & 
fort  près  de  la  ville,  il  y  a  un  lac  ou  un  étang  naturel  d'eau 
douce.  Il  a  environ  demi-mille  de  circonférence  ;  mais 
comme  l'eau  en  eft  dormante,  on  ne  s'en  fert  que  pour  ab- 
breuverle  bétail.  En  hyver  plufieurs  fortes  d'oifeauxfau- 
vages  fe  rendent  ici ,  &  fourniffent  quantité  de  gibier  aux 
habitans  de  Lagune,  qui  tire  fon  nom  de  ce  même  lac  ;  car, 
en  espagnol,  un  Laguna  fignifie  un  lac  ou  un  étang.  Cette 
plaine  eft  bornée  à  T'oueft,  au  nord-oueft,  Se  au  fud-oueft 
par  de  hautes  montagnes  escarpées,  qui  dominent  autant 
fur  la  plaine,  que  celle-ci  eft  élevée  au-deffus  de  la  mer; 
Se  c'eft  du  pied  d'une  de  ces  montagnes  que  la  ville  eft 
fournie  d'eau,  qui  coule  à  travers  la  plaine  dans  un  aque- 
duc bâti  de  pierre,  Se  foutenu  par  des  arcades.  Il  faut 
avouer  qu'à  regarder  la  fituation  de  cette  ville  ,  fa  vue 
du  côté  de  l'eft ,  qui  s'étend  jusqu'à  la  grande  Canarie, 
fes  jardins ,  la  fraîcheur  des  berceaux  qu'il  y  à ,  fa  belle 
plaine,  fa  campagne  verdoyante,  fon  lac,  fon  aque- 
duc ,  &  la  douceur  de  fes  brifes ,  elle  ne  peut  être  qu'un 
féjour  fort  agréable,  fur  tout  pour  ceux  qui  ne  font  pas 
obligés  de  s'éloigner  ;  car  cette  ifle  eft  presque  toute 
remplie  de  montagnes  escarpées  Se  rabo\eufes ,  qui  fa- 
tiguent beaucoup  les  voyageurs ,  à  moins  qu'ils  ne  pro- 
fitent de  la  fraîcheur  du  matin  Se  du  foir.  Auffi  n'em- 
ploye-t-on  dans  ce  pays,  que  des  mules  ou  des  ânes,  foit 
pour  les  monter,  ou  voiturer  les  denrées. 

Au-delà  des  montagnes  ,  du  côté  du  fud-oueft ,  on 
peut  voir  de  la  ville  Se  de  la  plaine  une  petite  monta- 
gne pointue,  qui  domine  fur  toutes  les  autres.  C'eft  celle- 
là  même  qu'on  appelle  le  pic  de  Ténérife ,  fi  renommé 
par  fa  hauteur;  mais  nous  le  vîmes  d'ici,  avec  tant  de 
defavantage  ,  à  caufe  de  la  proximité  où  nous  étions 
des  montagnes  voifines ,  qu'il  nous  parut  peu  de  chofe  en 
comparaifon  de  ce  qu'on  en  dit. 

Les  LAGUNES  DE  Marano  ,  étangs  ou  lacs  d'Ita- 
lie ,  dans  le  Frioul ,  le  long  de  la  côte  du  golfe  de  Ve- 
nife  ,  près  de  la  fortereffe  de  Marano.  Elles  ont  quel- 
ques milles  d'étendue  ,  Se  font  à  quatre-vingt  milles  de 
Vénife,  au  levant,  vers  Palma.  *  Baudrand,  édit.  1705. 

Les  lagunes  de  Venise  ,  marais  ou  étangs  d'Ita- 
lie, dans  lesquels  la  ville  de  Venife  eft  fituée.  M.  de  S.  Di- 
dier, Ville  &  Répub.  de  Venife ,  pag.  1 ,  Se  fuiv.  en  parle 
ainfi:  il  n'y  a  presque  perfonne  qui  n'ait  ouï  dire  que 
Venife  eft  fituée  dans  la  mer  ;  mais  il  n'eft  pas  facile  de 
fe  former  une  idée  jufte  de  la  dispofition  finguliere  de  ce 
lieu,  puisque  parmi  ceux  qui  y  ont  fait  quelque  féjour, 
il  s'en  trouve  beaucoup  qui  confondent  la  mer  avec  les 
lagunes  ,  fans  prendre  garde  qu'elles  en  font  tout-à-fait 
féparées ,  étant,  comme  de  grandes  plaines  que  l'art  au- 
roit  inondées,  à  deffein  de  rendre  la  fituation  de  Vénife 
auffi  forte  qu'elle  eft  admirable  (  a  ). 

Dans  le  fond  du  golfe  Adriatique,  au-deffus  des  embou- 
chures des  rivières  du  Pô  de  8c  l'Adige ,  du  côté  de  l'oc- 
cident ,  il  femble  que  la  nature  eût  oppofé  à  la  violence 
de  la  mer  une  forte  digue  qui  s'étendoit  du  midi  au  fep- 
tentrion  de  la  longueur  de  trente-Cinq  milles,  &  (b)  de 


(a)  L'on  ne  peut  pas  dire  que  les  lagunes  de  Venife  foient  comme  de  grandes  plaines  qu'il  femble  que  l'art  ait  inon- 
dées ,  pour  fortifier  cette  ville  ;  ce  font  des  marais  d'une  grande  étendue  ,  formés  par  la  nature,  Si  entretenus  par 
l'art ,  moyennant  des  dépenfes  confidérables ,  le  tout  pour  la  fureté  de  cette  ville  célèbre. 

(i>)  La  lagune  de  terre,  qui  fépare  les  lagunes  de  la  mer,  n'eft  pas,  à  beaucoup  près,  fi  large  qu  on  le  dit  ;  &  en  quel- 


LAG  LAG  7o3 

cinq  ou  fix  cents  pas  de  large,  pour  couvrir  tout  le  pays  peuvent  paffer.  Ces  routes  ne  font  pas  droites,  &  font 
qui  p.iroit  préfentement  inondé  ;  mais  (  c  )  la  mer  ayant  marquées,  de  diftance  en  diftance  égale, par  de  hauts  pieux 
rompu  cette  langue  de  terre  ,  s'eft  fait  paiiage  par  fix  que  la  république  téroit  couper  dans  une  néceffité  pref- 
differentes  bouches,  &,  courant  fur  tout  ce  qui  s'eft  trouvé  faute,  pour  rendre  la  ville  inacceffible  aux  ennemis  ;  car 
de  bas  terrain  au-delà,  y  a  fait  ce  qu'on  appelle  les  Lagunes,  quelque  légers  bâtimens  qu'ils  euffent,il  feroit  impoffible  de 
laifiant  dans  toute  cette  étendue  ,  qui  n'eft  que  de  cinq  faire  un  trajet  de  cinq  milles  ,  fans  donner  fur  le  fec  ;  de 
ou  fix  milles  de  large ,  un  grand  nombre  de  petites  ifles  forte  qu'avec  certains  bâtimens  &  des  machines  que  les 
qui  ne  font  guères  plus  élevées  que  la  fuperficie  de  l'eau.     Vénitiens  ont  dans  leur  arfenal,  ils  rendroient  inutiles ,  à 

Les  Lagunes  font  (  d  )  bornées,  du  côté  de  terre  ferme,  ce  qu'ils  croient,  les  entreprifes  de  leurs  ennemis, 
depuis  le  midi  jusqu'au  nord,  par  le  Pélefin,  vers  le  Pô  Le  peu  de  profondeur  des  Lagunes,  qui  fait  toute  la 
&  l'Adige  ;  par  le  Padouan,  vers  la  Brente  ;  par  le  Tré-  force  de  Venife  ,  fait  en  même  tems  toute  l'appréhen- 
vifan  &  le  Frioul,  vers  l'embouchure  delà  Piave.  Elles  fion  de  la  république,  laquelle  voyant  que  le  fond  fe 
font  comme  un  grand  demi-ovale  fermé,  du  cçté  de  la  hauffe  infenfiblement  aux  environs  de  la  ville,  &:  dans 
mer ,  par  les  relies  d'une  langue  de  terre ,  qui  font  comme  les  embouchures  de  fes  ports,  craint  avec  railbn,  qu'elle 
au'ant  de  chauffées  naturelles  qui  en  défendent  l'entrée  ,  ne  demeure  enfin  à  fec,  ou  du  moins  inaccefîible  à  toutes 
&  dont  la  mer  a  fait  autant  d'ides  différentes ,  qu'elle  fortes  de  bâtimens ,  &  en  même  tems  inhabitable ,  à 
s'eft  ouvert  de  paffages  pour  inonder  le  plat  pays,  caufe   de    la  corruption  qui   s'engendreroit   dans  l'air, 

Les  fix  bouches  par  où  la  mer  déborde,  dans  les  Lu-     comme  il  fe  voit  dans   quelques  ifles   voifines ,  où   les 
ganes ,   font  les  iéuls  ports  qui  conduifent  à  Venife  ,   du     atériffemens  bourbeux,  qui  s'y  font  faits,  pouffant  des  ex- 
côté de  la  mer ,  l'avoir:  halaifons  malignes  ,  rendent  ces  lieux  déferts  (  S  ).  En  ef- 
fet, la  diminution  de  profondeur  eft  fi  grande,  que  dans  le 
iBrondolo ,  port  de  Malamoque  où  il  y  avoit  autrefois  trente  ou  qua- 
Chiola  ,  rante  coudées  d'eau,  il  ne  s'y  en  trouve  préfentement  que 
Malamoque.  douze  ou  quinze  ;  de  forte  que  les  grands  vaiffeaux  ne  fau- 
Lido.  roient  en  fortir  que  dans  la  plus  grande  hauteur  du  flux  (  h). 
Ceux  qui  croient  que  c'eft  la  mer  qui  fe  retire  ,  &   non 
La  bouche  \      S-Erasme"  If  fond  1u'  fe  hauffe,   fe  trompent  fans  doute,  puisque 
(des  Trois-Ports.  l'on  voit,  que  lorsque  l'eau  eft  dans  fa  hauteur  ordinaire, 
elle  bat  encore  fur  le  feuil  des  portes  des  plus  vieux  pa- 
Cette  dernière  eft  (f)  ainfi  nommée,  à  caufe  de  trois  ou-     lais  de  Venife  &  d'autres  édifices,  qui  ne  font  guères 
vertures  affez  proches  les  unes  des  autres  ;  mais  l'eau  y  eft     moins  anciens  que  la  république. 

û  baffe  qu'il  ne  peut  y  palier  que  des  barques  de  pêcheurs.  Ces  inconvéniens,  qui  font  de  la  dernière  importance," 
Venife  eft  fituée  dans  ces  Lagunes  qui  font  fa  principale  obligent  la  république  à  faire  une  dépenfe  inconcevable 
fureté,  &  dans  lesquelles  il  y  a  des  routes  par  où  les  barques  depuis  environ  quarante  ans  (  '  ) .  (  L'auteur  étoit  à  Ve- 
nues endroits,  il  n'y  a  pour  toute  féparation  entre  la  mer  {k  les  marais,  qu'une  digue  munie  de  très-forts  remparts, 
pour  rélifter  à  l'inipéiuofité  de  la  mer. 

(•")  La  mer  n'a  point  fait  de  brèches  dans  cette  digue,  pour  s'ouvrir  une  communication  avec  les  marais  ;  il  y  a 
toujours  eu  communication,  avec  cette  feule  différence,  que  ces  ouvertures  ou  bouches  donnent  l'entrée  à  des  ports 
plus  ou  moins  capables,  félon  la  plus  grande  ou  la  moindre  maffe  d'eau  que  l'art  ou  la  nature  leur  a  fourni. 

(d)  Les  lagunes,  du  côté  de  terre  ferme,  font  bornées,  depuis  le  midi  jusqu'au  nord,  par  le  Dogado  proprement 
dit ,  vers  l'Adige  6c  la  Brença,  aufli-bien  que  vers  le  Sile  &  la  Piave.  Le  Polefin  ,  le  Padouan,  le  Trévifan  Se 
le  Frioul  ne  s'étendent  aucunement  jusqu'à  fervir  de  bornes  aux  lagunes. 

(e)  Les  ports  aujourd'hui  font ,  Malamocco  ,  S.Nicolo,  Lido ,  Chio^a ,  S.  Erasme  &  Trois-  Ports,  qui  n  fe 
doivent  diftinguer  en  poris  ni  en  bouches  ;  car  ce  font  tous  de  véritables  ports,  fi  par  ce  nom  l'on  entend  l'entrée 
ck  l'iflùe  réciproque  de  la  mer;  mais  fi  l'on  veut  marquer  ces  feuls  ports  où  peuvent  mouiller  des  vaiffeaux,  il  n'y 
en  a  que  trois ,  c  eft-à-dire  Malamoco  ,  Lido  &  Chio^a ,  quoique  de  ce  dernier  l'on  ne  faffe  ufage  que  pour  les 
barques  de  pêcheurs  &  quelques  autres  femblables. 

(f)  Pour  les  Trois-Ports,  ils  ne  font  pas  ainfi  nommés,  à  caufe  de  trois  ouvertures,  comme  on  l'affure  ici  ;  car  elles 
ne  s'y  trouvent  point  aujourd'hui ,  &  on  ne  fait  fi  elles  y  furent  anciennement.  Il  eft  vrai  d'ailleurs  que  depuis  qua- 
rante ans,  il  fe  décharge  dans  ces  TroisPorts  un  autre  canal  nommé  Port-de-Lio  ,  lequel  avoit  autrefois  fon  iffue 
fur  le  rivage  de  la  mer,  plus  proche  de  l'ancienne  embouchure  de  la  Piave;  mais  àpréfent  les  fables  en  ayant  bou- 
ché l'ouverture  ,  il  va  fe  mêler ,  comme  l'on  a  dit ,  avec  le  port  de  Trots-Ports. 

(s)  Le  port  de  Malamocco ,  qui  eft  le  principal  de  tous ,  doit  être  diftingué  de  ce  canal ,  qui  eft  hors  du  port  dans 
la  mer ,  &  qui  eft  nommé  Foce  ou  Fuoça.  Au  refte,  fi  jamais  ce  port  a  été  profond,  il  l'eft  à  préfent,  depuis  qu'on 
a  détourné  le  cours  de  la  Brenta  ,  qui  tomboit  vis-à-vis  dans  les  lagunes ,  &  qu'on  y  a  mis  de  très-grandes  paliffa- 
des  nommées  Guardiani  ;  ce  qui  l'a  rendu  un  port  très-commode  &c  très-fûr  ;  Se  l'on  ne  peut  rien  ajouter  à  fa  per- 
fection. Certainement,  depuis  la  diverfion  des  rivières,  Brenta,  Backiglione ,  Sile  &  Piave,  qui  tomboient  autrefois 
dans  les  lagunes  ,  &  depuis  l'éloignement  des  embouchures  du  Pd  d'un  côté ,  &  de  la  Piave  de  l'autre  ,  l'on  ne 
craint  plus  que  ces  lagunes  demeurent  à  fec  ;  car  fi  en  des  endroits  quelques  canaux  ont  diminué  ,  par  hazard ,  de  leur 
profondeur,  d'autres  en  onLacquis  une  plus  grande  ;  &  puisque  les  eaux  de  ces  marais,  moyennant  ces  opérations, 
font  devenues  entièrement  falées ,  cela  a  contribué  beaucoup  à  la  falubrité  de  l'air ,  &;  à  l'épanchement  de  l'eau  ;  le 
falé  ayant  cette  propriété  de  ronger  &  de  nettoyer  les  fonds  des  canaux  du  limon  qui  s'y  aecumule.  Quant  à  ce 
que  l'on  dit  que  le  port  de  Malamocco  avoit  autrefois  trente  ou  quarante  coudées,  c'eft-à-dire  quarante-cinq  à  foixante 
pieds  de  profondeur,  nous  ne  l'examinerons  point  ici  ;  mais  c'eft  une  vérité  inconteftable  que  préfentement  fa  pro- 
qu'011  attende  la  haute  marée,  &  l'embouchure  où  le  Fuo^a  peut  donner  le  paffage  aux  plus  gros  navires  ,  pourvu 
fondeur  eft  bien  plus  grande  ,  &  qu'ils  foient  conduits  par  celui  qui ,  fous  le  titre  S  Ammiraglio ,  eft  chargé  de  ce 
foin  ,  un  des  avantages  de  ce  port  étant  luftement  de  n'être  point  acceffible  qu'à  ceux  qu'on  y  a  introduit. 

(h)  Il  n'eft  pas  vrai  que,  puisque  l'eau  dans  la  haute  marée ,  ou,  comme  on  l'appelle  à  Venife,  à  commune,  vient 
battre  fur  le  leuil  des  portes  des  plus  vieux  palais  de  la  ville,  ce  foit  une  preuve  que  la  mer  ne  s'eft  point  retirée, 
comme  croient  la  plupart  ;  car  tout  au  contraire  il  paroît  aux  édifices  même  de  deux  ou  trois  fiécles,  que  la  haute 
marée  monte  plus  haut  qu'elle  ne  faifoit  autrefois  ;  &  depuis  l'an  fjoo,  elle  s'eft  accrue  d'un  pied  &  demi  ,  pour 
ne  pas  dire  de  deux  pieds,:;  c'eft  de  quoi  l'on  ne  peut  pas  douter,  car  l'on  a  remarqué  que  la  même  choie  eft  arrivée, 
non-feulement  à  Venife,  mais  dans  les  côtes  qui  font  plus  vers  le  nord,  aufli-bien  que  dans  celles  de  laRomagne 
&  ailleurs. 

(')  La  république  de  Venife  a,  de  tout  tems,  &  non-feulement  depuis  quarante  ans ,  prodigué  ries  tréfors  pour  le 
maintien  de  ces  lagunes ,  qu'elle  regarde  avec  raifon  comme  un  des  fondemens  de  fon  augufte  liberté  ;  cV  puisqu'el- 
les fe  trouvent  quelquefois  endommagées  par  divers  accidens ,  elle  ne  laiffe  pas  de  consulter  dans  lebefoin  les  plus 
habiles  mathématiciens  &  ingénieurs;  &  depuis  quelques  années,  le  fénat  donne  des  appointemens  à  M.  Zendrini,  en 
qualité  de  Ion  mathématicien  ,  &  avec  la  ûirintendance  générale  des  eaux  ;  c'eft  un  favant  très-connu  dans  la  ré; 
publique  des  lettres  ;  il  a  fouvent  donné  des  marques  de  fa  grande  capacité. 


704 


LA; 


LAG 


ïiife,  en  167a,  1673  ck  1674.)  Il  n'y  3  point  d'ingénieurs 

qu'elle  n'écoute  volontiers  fur  les  moyens  de  nettoyer 

les  lagunes  &  d'empêchsr  le  limon  de  s'y  acumuler.  C'eft 

pourquoi  on  y  voit  de  pïodigieufes  machines  pour  creu- 

fer  inceflar.iment  les  avenues  &  les  principaux  canaux  des 

lagunes.   Et   comme  la  république  a  toujours  été  per- 

fuadée  que  ces  alterriffemens  éîoient  particulièrement  cau- 

fés  par  les  dégorgemens  de  la  Brente  (*)  &  delaPiave 

qui  charrioient  du  fable  dans  les  lagunes  ,  elle  a  fait  faire 

des  travaux  extraordinaires  pour  en  détourner  le  cours, 
jettant  l'une   vers   Brondolo  ,    par  un  nouveau    canal 

qui  a  plus  de  trente  milles  de  long,  fck  qui  eft  taillé  dans 
les  plaines,  6k  f  ai  tant  paffer  l'autre  au-detïus  de  l'embou- 
chure des  trois  portes,  par  des  canaux ,  qui,  ne  pouvant 
que  difficilement  rélîfter  à  la  rapidité  de  ion  cours,  coû- 
tent beaucoup  à  entretenir ,  fans  toutefois  que  ces  tra- 
vaux produifent  beaucoup  d'effet  (  '  ). 

Quelques-uns  croient  que  cette  diminution  de  pro- 
fondeur vient  de  ce  que  les  Vénitiens ,  pour  aggrandir 
leurs  Lagunes ,  rompirent  &  firent  applanir  une  digue  qui 
alloit  autrefois  de  Chiofa  à  Fucine  (m)  ,  &  qui  avoit 
par  conféquent  plus  de  vingt  milles  de  long;  comme  elle 
étoit  directement  oppofée  au  cours  que  le  flux  donne  à 
l'eau  de  la  mer  ,  elle  étoit  caufe  aufïï  qu'elle  s'en  re- 
tournoit  avec  plus  de  rapidité,  6k  que  non-feulement 
elle  emportoit  le  limon  qu'elle  laifTe,  depuis  que  fon 
mouvement  fe  trouve  ralenti  par  la  vafte  étendue  qu'on 
lui  a  donnée  au-delà ,  mais  aufïi  que  ce  même  cours  plus 
rapide,  qu'elle  avoit  autrefois,  entretenait  la  profondeur 
du  port  Malamoque,  qui  étoit  oppofé  à  cette  digue. 

Des  ijles  qui  font  dans  ces  lagunes. 

L'on  compte  environ  foixante  ides  dans  toute  l'éten- 
due des  lagunes,  parmi  lesquelles  il  y  en  a  plus  de 
vingt-cinq  de  bâties,  6k  confidérablement  peuplées ,  en 
y  comprenant  celles  qui  féparent  la  mer  d'avec  les  la- 
gunes, ausquelles  les  Vénitiens  donnent  le  nom  de  Lido 
qui  lignifie  ravage.  Celles-ci  font  longues  ,  értoites ,  6k 
le  terroir  en  eft  maigre  &  fablonneux  ;  cependant,  par  le 
travail  des  habitans,  il  eft  devenu  fertile  en  plufieurs  en- 
droits, où  l'on  voit  quantité  de  jardins.  De  toutes  ces  ifles 
qui  bordent  la  mer,  celle  qu'on  appelle  la  Pakflrine,  eft 
la  plus  peuplée  &  la  plus  agréable.  Voyez  Palestrine. 
Celles  des  autres  illes ,  qui  font  habitées ,  font  ou  occu- 
pées par  un  feul  couvent  dont  l'eau  environne  les  mu- 
railles de  toutes  parts  ,  comme  font  ceux  du  S.  Esprit , 
de  S.  George  d'Aléga ,  de  fainte  Seconde,  &  plufieurs 
autres  ;  ou  bien  elles  compofent  des  villages  6k  de  peti- 
tes villes  peuplées  de  quantité  d'habitans ,  avec  des  cou- 
vens de  religieux,  de  religieufes,  6k  de  belles  églifes. 

(k)  On  n'a  pas  feulement  détourné  les  rivières  Brtnta  6k  Piave,  comme  nous  l'avons  déjà  dit,  mais  auffi  celles 
du  Sile  6k  du  Bacchiglior.e  ,  6k  même  le  Pô ,  parce  qu'il  venoit  tomber  trop  près,  relativement  aux  ports  &  aux 
lagunes.  La  divertion  de  la  Brenta  a  été  faite  par  le  moyen  de  deux  canaux,  dont  l'un  part  àaDolo,  6k  l'autre  de 
la  Mira,  6k  tous  les  deux  vont  fe  terminer  à  Brondolo  :  le  premier  a  été  fait  dès  l'an  1488  ;  mais  il  n'eut  fa  per- 
fection que  beaucoup  d'années  après  ;  le  fécond,  l'an  1610,  ayant  l'un  ck  l'autre  un  cours  de  vingt  milles.  La  rivière 
du  SUe  a  été  divertie  par  un  canal  de  quatre  milles,  qui  aboutit  à  la  Piave,  laquelle  s'étoit  d'eile-même  détournée 
auparavant  dans  les  marais  inférieurs  de  Caorle,  quoiqu'aujourd'hui  elle  ait  fon  embouchure  dans  la  mer,  à  Cortel- 
lazzo,  ayant  rompu  la  digue  qu'on  lui  avoit  oppofée.  Pour  la  Liven^a,  afin  qu'elle  fit  place  à  la  Piave  ,  elle  fut 
dirigée  vers  les  marais  fupérieurs  de  Caorle  ;  de  forte  que  préfentement  les  lagunes  de  Venife  ne  reçoivent  d'autre 
eau  douce  que  celle  de  trois  petites  rivières,  Defe ,  Zéro  ck  Mar^enego ,  qu'on  détournera  auffi  quelque  jour. 

(')  Il  eft  arrivé  ce  que  l'on  s'étoit  propofé  par  ladiverfion  des  rivières;  car  les  atterrifTemens  de  lagunes  ne  font 
pas  tels  aujourd'hui  ,~qu'on  ne  puifle  les  ôter  facilement,  ck  autant  qu'il  le  faut ,  à  l'aide  des  machines  ordinaires 
dont  on  fe  fert  pour  tirer  le  limon  ;  ck  d'un  autre  côté  l'air  que  le  gouvernement  de  Venife  a  eu  auffi  en  vue  dans 
ces  diverfions  de  rivières,  eft  réduit  préfenrement  au  poffible  degré  de  bonté. 

(m)  La  digue ,  dont  on  parle  ici,  formée  depuis  l'an  1610,  fublîfte  encore,  S:  on  l'appelle  h  digue  de  la  conter- 
nunatione  ,  le  long  du  canal  de  la  Brema ,  qu'on  appelle  Taglio  noviffimo  :  c'eft  elle  qui  fépare  le  domaine  du 
privé,  c'eft-à-dire  les  lagunes  des  terres  des  particuliers.  Cette  digue,  qui  n'y  étoit  pas  avant  la  dernière  divertion 
de  la  Brenta,  ne  caufe  point,  comme  on  le  dit  ici ,  le  repouffement  ou  le  contre-choc  des  vagues  de  la  mer;  mais 
elle  empêche  les  eaux  douces  de  fe  joindre  avec  celles  des  marais  ,  ck  de  les  gâter  ou  de  les  embourber;  c'eft  pour- 
quoi tout  le  raifonnement  de  l'auteur ,  par  rapport  à  cette  digue ,  s'oppolé  à  la  vérité  du'  fait. 

(")  L'ifle  de  Burano  eft  très-peuplée  par  la  commodité  de  la  mer  voifine,  ck  du  port  de  Trois-Ports^  Les  deux 
autres  de  Maçiorbo  ck  de  Torcello  font  peu  habitées,  non  pas  tant  à  caufe  de  l'air  qu'à  caufe  que  leurs  habitans, 
(qui  font  presque  tous  des  pêcheurs,)  fe  font  transférés  à  Burano  ,  lieu  plus  commode  pour  la  pêche.  Les  couvens 
de  religieux  y  font,  à  la  vérité,  presqu'abandonnés  ;  mais  c'eft  parce  qu'ils  en  ont  de  meilleurs  à  Venife.  Pour  les  reli- 
gieufes que  la  clôture  oblige  de  demeurer  toujours  dans  leurs  couvens,  il  eft  faux  qu'elles  ayent  un  teint  jaunâtre  ; 
mais  elles  jouiflent  d'une  parfaite  fanté  ,  fur-tout  depuis  qu'on  a  détourné  la  rivière  du  Sile.  Ses  eaux  douces,  mêlées 


Teilles  font  les  ifles  de  Burano ,  de  Mayorbe  ,  de  Tor- 
celle,  à  quatre  ou  cinq  milles  de  Venife.  Elles  étoient 
même  très-confidérabks,  dans  les  premiers  tems  de  la  ré- 
publique ;  mais  l'alteraïion  de  l'air,  pour  les  raifons  que 
nous  avons  expliquées,  les  a  fait  abandonner  par  les  meil- 
leurs habitans. 

Ces  ifles  compofent  un  évêché  dont  l'évêque  eft  con- 
traint de  faire  fa  réfidence  ailleurs  ;  les  religieux  même 
qui  y  oft  des  couvens  (n)  les  abandonnent  pendant 
l'été,  à  caufe  de  la  malignité  de  l'air,  eu  y  entretenant 
néanmoins  quelques  pauvres  prêtres,  pour  ne  pas  laiffer 
manquer  de  meffes  les  habitans  que  la  néceffité  oblige  de 
demeurer  dans  ces  lieux-là.  Quant  aux  religieufes,  comme 
elles  n'ont  pas  la  liberté  d'aller  ailleurs ,-  elles  y  demeu- 
rent malgré  elles,  ck  témoignent  à  ceux  qui  les  vontvi- 
fiter,  un  déplaifîr  extrême  de  porter  fur  leur  vifage  des 
marques  évidentes  du  mauvais  air  qu'elles  respirent.  A 
leur  teint  jaunâtre,  on  donnerait  quarante  ans  à  celles  qui 
n'en  ont  pas  encore  vingt-chiq. 

De  toutes  les  ifles  des  lagunes ,  après  celles  qui  com- 
pofent le  corps  de  la  ville  de  Venife  ,  Murano  ou  Mou~ 
ran  eft  la  plus  contïdérable. 

LAGUSA  ,  petite  ifle ,  dans  la  mer  de  Crète,  auprès 
de  Sicinus,  félon  Strabon,  /.  10,  p.  484,  ck  Etienne  le 
Géographe. 

LAGUSSA,  ifled'Afie,  dans  la  mer  de  Lycie,  fé- 
lon Pline,  /.  5,  c.  31  ,  qui  dit  qu'elle  étoit  vers  le  fleuve 
Glaucus  :  or  ce  fleuve  étoit  de  la  Carie  ;  le  P.  Hardouin 
écrit  Lagusa,  ck  confond  cette  ifle  avec  la  précédente, 
en  quoi  il  fe  trompe* 

LAGUSSjE  ,  au  pluriel,  génitif  arum ,  ifle  d'Afîe ,  fur 
la  côte  de  Troade ,  félon  Aéthnée  cité  par  Ortélius. 

LAGUSTA  ,  petite  ifle  de  Dalmatie,  dans  le  golfe 
de  Venife,  près  de  l'ifle  de  Curfola,  au  midi,  6k à  qua- 
tre-vingt mille  pas  de  Ragufe,  dont  elle  dépend.  *  Bau- 
drand ,  éd.  1705. 

LAGYRA ,  ville  de  la  Cherfonnèfe  Taurique,  ou ,  ce 
qui  eft  la  même  chofe,  ancienne  ville  de  la  Crimée,  fé- 
lon Ptolomée.  Niger,  Comment,  ix ,  p.  2^0,  croit  que 
c'eft  préfentement 5'OLDAÏA,  mot  qu'Ortélius  avoit  très- 
bien  écrit.  Baudrand,  éd.  1705,  faute  de  confultef  Ni- 
ger, écrit  Soldadia,  comme  fi  ce  mot  étoit  dans  Niger, 
en  quoi  il  s'eft  trompé. 

LAHA  ,  ou  Laa  ,  ou  Lab  ,  petite  ville  d'Allemagne, 
dans  la  baffe  Autriche ,  fur  la  rivière  de  Téya,  aux  fron- 
tières de  la  Moravie  ,  ck  à  huit  milles  de  Vienne.  Gas- 
pinien  la  nomme  en  latin  Laha  ,  ck  Bonfinius  Lava.  Elle 
eft  remarquable  par  plufieurs  événemens  hiftoriques. 
Frédéric,  duc  d'Autriche,  le  dernier  de  l'ancienne  maifon 
d'Autriche,  étant  tombé  dans  la  disgrâce  de  l'empereur 
Frédéric  II,  fe  ligua  contre  lui,  avec  Wenceflas ,  roi  de 


avec  les  falées  des  lagunes  ,  caufoient  principalement  cette  infalubrité  d'air, 

fes ,   de  même  que  le  refte  des  habitans  de  ces  ifles.  *  Notes  tirets  du  Didior. 

Venife. 


fleiitoient  autrefois  ces  religieu- 
n  de  la  Martiniere,  imprimé  ,' 


LAH 


LAH 


Bohême,  à  qui  il  remit  cette  ville  pour  fureté.  Mais  ce 
duc  ,  à  qui  il  ne  reftoit  plus  que  fort  peu  de  fon  pays , 
s'étant  ensuite  rendu  maître  de  Vienne ,  fe  brouilla  avec 
le  roi  de  Bohême,  avec  qui  pourtant  il  fe  raccommoda 
par  un  mariage.  En  1160,  les  Hongrois  &  leur  roi  Bêla 
furent  défaits  par  les  Bohémiens ,  auprès  de  Laha.  Dix- 
huit  ans,  après  Rodolphe  I  y  livra  bataille  à  Ottocare, 
roi  de  Bohême,  qui  fut  apporté  moùranfdans  la  ville,  où 
il  expira.  Elle  fut  prifepar  ftratagême,  en  i4o6,parScheo- 
kel,  (en  latin  Sccolius,)  qui  la  pilla  &  la  garda.  Le  duc 
Léopold  voulut  la  prendre  d'affaut  ,  &C  fut  réduit  à  la 
racheter  pour  une  bonne  fomme  d'argent.  On  peut  voir 
le  refte    des  événemens   dans    Zeyler ,  Auflr.  Topogr. 

P-25-     , 

LAHELA  (a),  pays  de  la  Paleftine,  au-delà  du  Jour- 
dain; c'eft  où  Téglatphalafïar  ,  roi  d'Affyrie,  transporta 
les  tribus  de  Ruben,  de  Gad  &  delà  demi-tribu  de  Ma- 
naiïë  (b).  Il  y  a  beaucoup  d'apparence  que  Lahéla  eft  le 
même  que  ItADÉ  ,  dont  il  eft  parlé  au  quatrième  livre 
àes  rois,  c.  17,  v.6,  îk  c.  18  ,  v.  10  ,  ck  peut-être  le 
même  pays  que  Hevila  ou  CholA  ,  dont  la  GenèCe 
fait  mention  ,  ck  qui  étoit  vers  la  Colchide  &  l'Armé-  : 
nie.  Voyez  à  ce  fujet  la  DifTertation  de  D.  Calm'et,  fur 
le  pays  où  les  dix  tribus  furent  transportées.  (a)  D.  Cal- 
ma, Dict.  (b)  Paralip.  1.  I,  c.  5,  v.  16  ;  ck  Reg.  1.  4, 
c.  15,  v.  19. 

LAHE  ■•  ;  ce  mot  eft' mis  pour  Bethléem  ,  au  premier 
livre  des  Paralipomènes,  c.  4,  v.  22. 

LAHERI,  ville  de  l'Inde,  dans  la  province  deSinde, 
à  101  degrés  ck  demi  de  longitude  ,  OC  22  &  demi  de 
latitude  ,  à  l'orient  &£  à  l'embouchure  d'un  des  bras 
de  l'mde  :  l'e^u  eft  quelquefois  falée  à  Lahéri,  à  caufe 
du  reflux  de  la  mer.  Cette  ville  eft  ancienne ,  &  le  pott 
de  mer  de  la  province  deSinde.  *  Manuscrits  de  laBibl. 
du  roi. 

LAHIJON  ,  ville  de  Perse,  félon  Tavernier,  t.  1 , 
'/.  3  ,  c.  dernier  ,  qui  la  met  à  74  cl.  25'  de  longitude  , 
&  à  37  d.  1 5  '  de  latitude.  On  y  fait  plufieurs  ouvrages 
de  foie  ,  &  particulièrement  une  étoffe  rayée  ,  que  ceux 
du  pays  appellent  Tefiile,  laquelle  eft  moitié  foie  &  moi- 
tié coton ,  ck  dont  ils  font  leurs  veftes  qu'ils  nomment 
kabayes. 

Cette  ville  eft  la  même  que  d'autres  auteurs  nomment 
'Lahdj an  ou  Lahigan,  Si  dont  ils  marquent  la  longitude 
au  6£>e  cl.  30'. 

LAHN ,  ville  de  Siléfie ,  dans  la  principauté  de  Javer, 
fur  le  Bober ,  au  couchant  de  Javer.  *  Robert  de  Fau- 
gondy,  Atlas. 

LAHOLM  ,  ville  de  Suéde,  dans  la  province  de  Hal- 
land  ,  fur  la  côte  deSchager-Rack,  ou  de  la  Manche  de 
Danemarck,  Se  furies  confins  de  laprovince  deSchone, 
avec  un  ancien  château  ck  un  port.  Elle  avoit  été  forti- 
fiée par  les  Danois ,  qui  la  cédèrent  à  la  Suéde ,  par  le 
traité  de  Bromsbroo,  en  1645  ;  elle  a  été  fort  maltraitée, 
durant  les  guerres.  Laholm  eft  à  deux  milles  ck  demi 
(milles  de  1 5  au  degré)  de  Helmftadt ,  ck  à  neuf  de  Hel- 
fîngborg ,  fur  le  bord  feptentrional  de  la  rivière  de 
Laga. 

LAHOR,  ville  d'Afie,  clans  l'Indouftan,  au  royaume 
de  Lahor  ,  dont  elle  eft  la  capitale.  D'Herbelot,  Bibl. 
orient,  la  nomme  Lahawar  Sf.  Lahaver,  ck  ajoute: 
Ville  royale  ,  qui  a  été  autrefois  la  capitale  des  Indes  ; 
nous  l'appelions  aujourd'hui  Lahor.  Elle  eft,  dit-il,  fituée 
dans  la  province  nommée  Pengiab ,  fous  les  109  d.  20' 
de  longitude,  ck  à  31  d.  50'  de  latitude  feptentrionale , 
dans  le  troifiéme  climat ,  félon  les  Tables  arabiques  ; 
mais  nos  voyageurs  lui  donnent  32  d.  15'  ou  20'  d'élé- 
vation polaire.  (Le  P.  Riccioli  donne  32  cl.  40'  pour  la 
latitude,  ck  102 d.  30'  pour  la  longitude.)  La  longitude 
eft  91  d.  félon  les  différentes  Cartes.  D'Herbelot  pour- 
fuit  ainfi  :  le  terroir  de  cette  ville  ,  qui  eft  arrofé  par  la 
ïiviere  nommée  Ravi  ou  Raver,  eft  extrêmement  fertile 
en  toutes  fortes  de  grains  ck  de  légumes.  Le  grand  iVio- 
gol  y  a  un  fuperbe  palais  ;  mais  Akàbar  ayant  transféré 
leiïége  de  fon  empire  à  Agra ,  Lahor  eft  beaucoup  moins 
peuplée  qu'elle  n'étoit  autrefois.  Le  fameux  chemin  de 
deux  cents  cinquante  lieues  françoifes  ,  qui  eft  bordé 
d'arbres  plantés  au  niveau,  depuis  une  de  ces  villes  jus- 
qu'à l'autre  ,  eft  affez  connu  par  les  Relations  moder- 
nes. Les  Orientaux  donnent  auffi  à  la  ville  de  Lahaver 
le  nom  deRAHVER,  qui  a  affez  de  rapport  à  ce  chemin 


70$ 


royal  ;  le  mot  de  R.AH  fignifie  en  Perfien  un  chemini 
lUiosrou-Schah ,  fils  de  Baharam-Schah  ,  qui  fut  le  der- 
nier des  Suitans  de  la  dynaftie  des  Gaznevidcs,  ayant 
été  chaffé  par  le  Sultan  des  Gaurides ,  nommé  Gauri- 
Ben-Sam  ,  fè  retira  à  Lahor ,  où  il  régna  paifiblement  le 
refte  de  fès  jours.  Son  fils  Khosrou ,  qui  lui  fuccéda,  ne 
jouit  pas  long-tems^  de  ce  royaume  ;  car  le  même  Sul- 
tan ,^  qui  avoit  laifîè  fon  père  en  repos ,  le  dépouilla  de 
fcs  états  ,(  ck  le  tint  prifonnier  jusqu'à  fa  mort.  Depuis 
ce  tems-là,  les  Gaurides  demeurèrent  maîtres  des  royau- 
mes de  Dehli  &  de  Lahor  ,  ck  de  plufieurs  autres  dans 
les  Indes. 

Thévenot  ,  Voyagé  des  Indes  ,  c.  37  ,  p.  ijz  ,  qui 
avoit  long-tems  voyagé  dans  l'Indouftan,  parle  ainfi  de 
Lahor. 

Il  y  a  quarante-huit  ou  cinquante  lieues  de  Lahors, 
(c'eft  ainfi  qu'il  écrit,)  jusqu'aux  limites  de  Cachmir,  qui 
eft  à  fon  nord,  comme  Dehly  eft  à  fon  midi,  ck  Lahors 
eft  éloigné  de  Dehly  de  cent  bonnes  lieues  ;  car  on 
compte  deux  cents  codes  de  l'une  à  l'autre  ville,  ck  les 
coffes,  ou  demi-lieues  font  grandes  en  ce  pays.  Multan 
eft  à  l'occident  de  Lahors,  ck  en  eft  éloigné  de  foixante 
&  quelques  lieues,  ck  il  y  a,  à  fon  orient,  de  hautes  mon- 
tagnes,  habitées  en  quantité  d'endroits  par  des  Rajas, 
dont  quelques-uns  font  tributaires  du  Grand-Mogol  ;  Se 
d'autres  ne  le  font  point ,  parce  qu'ayant  des  lieux  forts, 
où  ils  fe  retirent,  ils  ne  peuvent  y  être  forcés,  quelques 
voleries  qu'ils  exercent  fur  les  marchands  ;  ck  quand  on 
voyage  en  ce  pays,  on  eft  obligé  de  fe  faire  accompa- 
gner de  foldats,  pour  défendre  les  caravanes  contre  ces 
voleurs.  (Ces  Rajas  ont  été  peu-à-peu  fubjugués  fous  les 
régnes  pofté  rieurs  ,  au  tems  où  l'auteur  cité  écrivoit.) 
Lahors  eft  fituée  au  3  Ie  d.  50'  de  latitude,  près  du  fleuve 
Ravy,  qui  fe  rend  dans  l'Indus  comme  les  autres.  Elle 
n'eft  plus  fur  le  Ravy,  comme  elle  a  été  long-tems,  parce 
que  cette  rivière  ayant  un  lit  fort  plat,  elle  s'en  eft  éloignée 
de  plus  d'un  quart  de  lieue.  Elle  a  été  très-belle  quand  les 
rois  y  ont  tenu  leur  cour  ,  ck  qu'ils  ne  lui  ont  point  pré- 
féré Dehly  ck  Agra.  Elle  eft  grande  ck  a  été  ornée,  comme 
les  autres,  de  mosquées ,  de  bains  publics ,  de  karvanfe- 
ras  ,  de  places,  de  tanquiès,  de  palais  ck  de  jardins.  Le 
château  y  fubfifte  encore,  parce  qu'il  eft  bien  bâti.  II 
avoit  autrefois  trois  portes  du  côté  de  la  ville,  ck  neuf 
du  côté  de  la  campagne  ;  ck  le  palais  du  roi,  qui  eft  de- 
dans, n'a  pas  encoreperdu  tous  fes  ornemens,  Il  y  a  quan- 
tité de  peintures  aux  murailles,  qui  repréfentent  les  ac- 
tions des  grands  Mogols  ;  leurs  aïeux  y  font  peints  avec 
pompe,  ce  il  y  a  un  crucifix  fur  une  porte  ,  S:  un  tableau 
de  la  Vierge  fur  une  autre  ;  mais  je  crois  ,  dit  notre  judi- 
cieux voyageur,  que  ces  deux  pièces  de  dévotion  n'y 
ont  été  niilès  que  par  l'hypocrifie  du  roi  Gehanguir,  qui 
feignit  d'affectionner  la  religion  Chrétienne,  pour  flatter 
les  Portugais.  Beaucoup  des  principaux  bâiimens  de  la 
ville  tombent  peu- à-peu  en  ruine  ;  Si  on  voit  avec  quel- 
que douleur,  dans  certaines  rues ,  qui  ont  plus  d'une  lieue 
de  long  ,  des  palais  qui  deviennent  des  mafures.  Cepen- 
dant la  ville  n'eft  pas  ancienne  ;  car  avant  le  roi  Hu- 
mayon ,  ce  n'étoit  au  plus  qu'un  bon  bourg.  Ce  roi  en 
fit  une  ville  ;  il  y  fit  bâtir  un  château  ,  y  tint  fa  cour; 
ck  elle  s'accrut  tellement  en  peu  de  tems  ;  qu'elle  a  eut 
jusqu'à  trois  lieues  de  long,  y  comprenant  les  fàuxbourgs. 
Comme  il  y  a  beaucoup  de  Gentils  en  cette  ville  ,  il  y 
a  aufli  beaucoup  de  pagodes  ;  il  y  en  a  de  bien  ornées  ; 
ck  toutes  font  élevées  au-delïus  clu  rez-de-chauffée,  de 
fept  ou  huit  degrés. 

LAHOR  ,  autrefois  royaume ,  à  prélent  province  de 
l'empire  du  grand  Mogol  ,  dans  l'Indouftan.  Outre  le 
nom  de  fa  capitale,  que  lui  donnent  les  Européens,  les 
Mogols  lui  ont  donné  celui  de  Par.gcab ,  qui  fignifie  les 
cinq  fleuves ,  à  çauîê  qu'il  en  coule  cinq  dans  fon  terri- 
toire. Ces  cinq  fleuves  ont  reçu  tant  de  noms  particu- 
liers des  modernes  qui  en  ont  parlé,  qu'on  a  préfente- 
ment  de  la  peine  à  les  discerner  les  uns  des  autres;  6k 
même  laphifuit  de  ces  noms  fe  font  confondus,  quoi- 
que Ptolôirtfe  les  ait  afle;  rjiftirigués  ù~>\i-  ceux  q'JccL'l~ 
nés,  Cop'Ms',  'Hydarphes,  Zaradràs  es:  H  tphlîs.  (L'au- 
teur' cité  a  tort  de  nommer  iciPtolomée,  à  qui  ces  cinq 
noms  font  inconnus.  Il  devoit  plurôt  nommi  r  Pline  qui 
en  nomme  quatre  ;  VAcefine-s ,  lèCiphes ,  l'Hydaspc  ck 
ïHypafa  ;  car  c'eft  ainfi'  que  ces  1  nuis  i'e  doivent  écrire. 
Pour  le  Zaradràs  ,  c'eft  apparemment  le  Zadradas  de 
Tome  III,     V  u  u  u 


7o6 


LAÏ 


LAI 


Ptolomée.)  Il  y  a,  poursuit  le  même  voyageur,  des  mo- 
dernes qui  les  nomment  Bchat-Canab,Find,  Ravy-Van. 
D'autres  leur  donnent  d'autres  noms ,  qui  ne  font  point 
'ceux  du  pays ,  ou,  au  moins,  qui  ne  leur  font  attribués 
qu'en  certains  cantons  où  ils  paffent.  Tous  ces  fleuves 
ont  leurs  fources  dans  les  montagnes  du  nord  ,  &  com- 
pofent  l'Indus  où  ils  fe  vont  rendre ,  après  avoir  pris  le 
nom  de  Sinde ,  dans  un  long  espace  de  pays.  La  pro- 
vince deLahor  eft  une  des  plus  grandes  &c  des  plus  abon- 
dantes des  Indes  ;  les  fleuves ,  dont  on  vient  de  parler, 
la  rendent  extrêmement  fertile  ;  elle  fournit  de  tout  ce 
qui  eft  néceflaire  à  la  vie.  Le  riz  y  eft  en  abondance  , 
auffi  bien  que  le  bled  &  les  fruits  ;  il  y  a  même  d'affez 
bon  vin ,  &  le  fucre  y  eft  meilleur  qu'en  aucun  endroit 
de  l'Indouftan.  Il  fe  fabrique,  dans  les  villes  de  cette  pro- 
vince ,  des  toiles  peintes  de  toutes  lès  manières  ;  &  il  y 
a  des  manufactures  de  tout  ce  que  l'on  travaille  clans  les 
Indes.  J'ai  déjà  parlé  du  grand  chemin  bordé  d'arbres , 
qui  commence  à  Agra  &c  a  été  pouffé  jusqu'à  Lahor  ; 
quoique  ces  deux  villes  foient  éloignées  de  cent  cinquante 
lieues  l'une  de  l'autre.  Ce  cours  eft  fort  agréable,  à  cauiè 
que  les  arbres  d'Achi,  dont  il  eft  planté,  ont  leurs  bran- 
ches grandes  &  épaiffes,  qu'elles  s'étendent  de  tous  cô- 
tés, &  couvrent  toute  la  route  :  il  y  a  auffi  beaucoup  de 
pagodes  fur  le  chemin  de  Lahor  à  Dehli ,  rk  particuliè- 
rement vers  la  ville  de  Janaffar,  où  l'on  peut  dire  que 
l'idolâtrie  s'exerce  avec  liberté.  *  Theyenot,  Voyage  des 
Indes  ,  c.  37,  p.  17^. 

Quoique  le  pays  de  Lahor  foit  plutôt  une  province  de 
l'empire  qu'un  royaume ,  on  le  divife  en  cinq  farcars  ou 
provinces  ;  &  on  y  compte  trois  cents  quatorze  pargames 
ou  gouvcrnemtns ,  qui  rendent  deux  carols,  trente-trois 
laqs  Sz  cinq  mille  roupies.  Nous  avons  déjà  dir  ailleurs, 
que  le  carol  vaut  cent  laqs,  c'eft-à-dire  dix  millions,  &£ 
qu'un  laq  vaut  cent  mille  roupies  ;  ce  qui  fait  en  tout 
23305000  roupies,  forte  de  monnoie  qui  vaut  trente  fols 
de  France.  On  y  fait,  dit  le  P.  Catrou  dansfon  Hiftoire 
du  Mogol,/>.  258,  édition  de  Paris,  i/z-40  171 5,  des  toiles 
fines,  des  pièce*,  de  foie  de  toutes  les  couleurs,  des  ouvrages 
de  broderie  ,  des  tapis  à  fleurs,  &  de  groffes  étoffes  de 
laine.  C'eft  de-là  que  l'on  tire  ce  fel  de  roche  qu'on  trans- 
porte dans  tout  l'empire. 

Nous  avons  remarqué  que  Lahor  n'eft  pas  une  ville 
fort  ancienne  ;  cependant  quelques  modernes ,  comme 
Baudrand,  Corneille,  &c.  y  ont  cherché  la  ville  qu'A- 
lexandre fit  bâtir  en  mémoire  de  Bucéphale. 

1.  LAHR,  ville  de  Perse.  Voyez  Lar. 

2.  LAHR  ou  LoHR  ,  feigneurie  d'Allemagne,  dans  le 
margraviat  de  Bade  ,  entre  l'Orthnau  &  le  Brisgov. 
Cette  terre  &c  celle  de  Mahlberg  ont  été  long-tems  pof- 
fédées  parles  barons  de  Geroldseck  ;  Gautier  &  Henri, 
fils  de  Gautier  de  Geroldseck ,  les  eurent  eh  partage. 
Leur  poftérité  finit,  en  1393,  Par  Henri  qui  n'eut  point 
d'enfans  d'Ursule  d'Eberftein  ;  ci  fa  fceur  nommée  Adé- 
laïde, comteffe  de  Sarverden,  hérita  de  ces  deuxfeigneu- 
ries  ;  les  comtes  de  Sarverden  vendirent  celles  de  Mahl- 
berg, &  une  partie  de  celle  de  Lahr,au  marquis  de  Bade, 
vers  le  milieu  du  feiziéme  fiécle  ;  ck  dans  le  dix-feptiéme 
fiécle,  Frédéric,  marquis  de  Bade-Dourlac,  acquit  l'autre 
partie,  par  la  donation  que  lui  fit  en  mourant,  Anne-Marie, 
fille  unique  de  Jacques,  dernier  feigneur  de  Geroldseck, 
Veuve  de  Frédéric,  comte  de  Solms,  qui  l'avoit  époufée 
en  quatrièmes  noces,  le  13  Février  1644,  *D'Audifret, 
Géogr.  t.  3  ,  p.  188,  édit.  ira-40,  Paris,  1696. 

1.  LAIASSE  ou  Lajazzo  ,  ville  de  la  Turquie,  en 
Afie,  dans  la  partie  orientale  de  la  Natoiie  ,  dans  laCa- 
ramanie  ,  vers  les  confins  de  la  Syrie,  près  du  mont 
Néro.  C'eft  l'Iffus  des  anciens  ,  félon  Bunon ,  dans  fes 
Notes  fur  l'Introdu&ion  de  Cluvier  ;  mais  il  écrit  Ajaç- 
ia  ,  &  retranche  /'  comme  article.  Mais  Ajazza ,  ou 
Laïaffe,  ne  fauroit  être  l'Iffus  des  anciens  ,  quoiqu'aumot 
Issus,  nous  ayons  fuivi  le  torrent  des  géographes  ,  qui 
font  la  plupart  de  ce  fentiment.  IJfus  étoit  au  fond  du 
golfe,  près  des  montagnes  qui  féparoient  la  Cilicie  de 
la  Syrie  ;  au  lieu  que  Laïaffe ,  Lajaffb ,  ou  Aja^a,  ou 
Ajano,  eft  fur  la  côte  feptentrionale  de  ce  golfe  affez 
près  de  fon  embouchure,  &  à  fix  lieues  communes,  au 
moins ,  de  l'endroit  où  les  anciens  mettent  la  ville  d'Is- 

fus. 

2.  Le  golfe  de  LAIASSE,  ou  Lajazze  ,  refte  tou- 
jours le  même  que  l'Issicus  Sinus  des  anciens.    Ce 


golfe  eft  dans  la  Méditerranée  ,  à  l'extrémité  de  l'Afie 
mineure  &  du  mont  Aman  ,  entre  la  Caramanie  &  la 
Syrie  ,  entre  Adana  &  Antioche.  Il  y  a  dans  ce  golfe 
deux  lieux  remarquables  ;  au  nord  6c  affez  près  de  l'en- 
trée, eft  Lajazzo,  qui  lui  donne  le  nom,  ScAlexandrete. 

3.  LAIASSE.  Paul  Lucas,  Voyage  dans  VAJïe  mineure^ 
V Afrique,  &  autres  dieux ,  t.  1,  c.  37  ,  p.  268  ,  nomme 
ainfi  des  montagnes  voifines  de  la  ville  d'Adana.  Il  dit 
que  les  chaleurs  font  fi  grandes  dans  cette  ville,  que  tous 
les  bourgeois  font  contraints  de  fe  réfugier  dans  des  mon- 
tagnes que  l'on  appelle  Laïajje  ,  &  qu'il  croit  être  des 
dépendances  du  mont  Taurus.  Je  crains  que  le  voyageur 
n'ait  manqué  d'exaftitude  en  cet  endroit. 

LAICHEN  ;  c'eft,  au  rapport  de  Baudrand, édit.  1705, 
undes  principaux  villages  du  canton  deSchwitz,  enSuiffe. 
L'auteur  des  Délices  de  la  Suifle  ,  t.  2  ,  p.  436,  dit  qas 
dans  le  quartier  dé  la  Marck  ,  au  canton  de  Sclrwitz  , 
LACHEN  (&  non  pas Laichen ,)  eft  un  joli  bourg,  bâti 
comme  une  ville  ,  &  où  l'on  vient  de  conftru-re  une 
églifè  magnifique.  Il  eft  fitué  au  bord  méiidional  du  lac 
de  Zurich.  Ai"'!i  tire-t-il  fon  nom  du  mot  latin  lacus  , 
continue  Ruchat.  C'eft  l'abord  de  ceux  qui  veulent  al- 
ler de  Zurich  par  eau  dans  les  cantons  des  montagnes. 

LAICHEU  ,  ville  de  la  Chine ,  dans  la  province  dé 
Canton  ou  Xantung,  dont  elle  eft  la  fixiéme  métropole. 
Elle  eft  de  3  d.  9'  plus  orientale  que  Pékin ,  à  36  d.  57' 
de  lathude.  Son  nom  vient  des  anciens  peuples  deLao, 
que  les  rois  de  Ci  fubjuguerent  :  ces  rois  ayant  fini ,  la 
famille  de  Han  la  nômmaTuNGLAl  ;  &cen  même  teins, 
eiie  garda  obftinément  le  nom  qu'elle  porte  aujourd'hui. 
Le  tetritoire  de  cette  ville  eft  fur  un  promontoire  ou  lan- 
gue de  terre,  dont  trois  côtés  font  fermés  par  la  mer, 
fk  le  quatrième  par  des  montagnes.  Il  contient  fept  vil- 
les, favoir: 


Laicheu  , 

Changye 

Pingtu, 

Kiao  e , 

Vi, 

Caomie 

&  Cie-me. 

Il  y  a  cinq  temples  remarquables  -,  &  plufieurs  fort  dis— 
perfés  le  long  de  la  mer.  Au  midi  de  la  ville,  eft  le  mont 
HoANG,qui  a  reçu  ce  nom  d'une  fille  appellée  de  même, 
à  laquelle  on  érigea  un  temple  en  mémoire  de  fachafteté. 
*  Atlas  Sinenjïs. 

Maty,  Corneille  &  Baudrand  qui  appellent  mal-à-pro- 
pos cette  ville  Caïcheu,  difent  que  c'eft  l'ancienne  Cat- 
tigara  ,  que  d'autres  cependant  placent  à  Quangcheu , 
capitale  de  la  province  de  Quanton. 

LAIGAN  ,  ville  de  la  Chine ,  dans  la  province  de 
Kiangnan,  au  département  de  Chucheu,  troifiéme  grands 
cité  de  la  province.  Elle  eft  d'un  degré  39'  plus  orien- 
tale que  Pékin,  par  les  33  d.  20'  de  latitude.  *  Atlas 
Sinenjïs, 

LAIGNÉ,  bourg  de  France ,  en  Anjou,  dans  l'élec-* 
tion  de  Châteaugonier. 

LAIGNÉ- EN-BÉLIN,  bourg  deFrance,dans  leMaine, 
diocèfe  &:  élection  du  Mans. 

LAIGNES  ,  bourg  de  France,  dans  la  Champagne,1 
diocèfe  de  Langres ,  élection  de  Tonnerre. 

LAIGUETE  ,  petite  rivière  de  France ,  dans  la  Gas- 
cogne ;  elle  a  fa  fource  à  Iftaque  ,  paffe  par  la  Baftide 
de  Clarence,  &  fe  perd  dans  l'Adour  ,  au-deffus  de 
Bayonne. 

LAIKIANG,  cité  de  la  Chine,  dans  la  province  de 
Suchuen  ,  au  département  de  Kiating ,  troifiéme  cité  de 
la  province.  Elle  eft  de  13  d.  52'  plus  occidentale  que 
Pékin,  fous  les  30  d.  10'  de  latitude.   *  Atlas  Sinenjïs. 

LAILLY,  bourg  de  France,  dans  l'Orléanois,  diocèfe 
de  Blois  &  éleftion  de  Beaugenci. 

LAINDRY,  bourg  de  France,  dans  la  Champagne^ 
diocèfe  de  Langres ,  &  éleftion  de  Tonnerre. 

1.  LAINO,  place  d'Italie,  au  royaume  de  Naples  ,' 
dans  la  Calabre  citérieure ,  près  de  la  rivière  de  même 
nom,  au  pied  de  l'Apennin,  &  fur  les  confins  de  laBa- 
filicate,  à  douze  milles  de  la  côte  du  golfe  de  la  Scaléa 
au  levant,  &  à  fix  feulement  de  Lauria,  félon  Baudrand, 
éd.  1705. 

2.  LAINO,  (le)  petite  rivière  du  royaume  de  Na- 
ples, dans  la  Calabre  citérieure.  Elle  tire  fa  fource  de 
l'Apennin,  aux  confins  de  la BafiUcate ,  Se  fe  jette  dans 


LaL 


LAM 


ïa  mer  de  Naples ,  au  golfe  de  Policaftro  ,  près  de  la 
Scaléa. 

LAIPIN  ,  ville  de  la  Chine  ,  dans  la  province  de 
Qiiangfi  ,  au  département  de  Lieucheu  ,  féconde  métro- 
pole de  la  province.  Elle  eft  plus  occidentale  que  Pékin 
de  9  d.  53' ,  par  les  24  d.  54'  de  latitude.  *  Atlas  Si- 
nenjls.  %   . 

LAIRAC  ,  prieuré  de  France  ,  au  dîocèfe  de  Con- 
dom,  fur  la  Garonne,  fous  l'invocation  de  S.  Martin. 
Ce  font  des  moines  de  l'ordre  de  Cluni. 

Lairac  ,  n'eft  pas  fur  la  Garonne ,  mais  fur  la  Gélife , 
près  de  fon  embouchure  dans  la  Garonne. 

LAIRUS ,  ille ,  félon  Phavorin ,  dans  fon  Lexique. 
Ortélius  foupçonne  que  ce  peut  être  une  faute,  au  lieu  de 
Léros. 

LAIS  (a)  ou  LESEM,  autrement  Panéas,  ensuite  Cé- 
faréedc  Philippe,  Si  enfin  NeroniadeQ>~),  ville  de  la  Pa- 
leftine.  Plufieurs  croient  que  c'eft  la  même  que  Dan  ; 
mais  il  eft  certain  que  Dan  étoit  différent  de  Lefem  Si 
de  Panéas.  Dan  étoit  à  quatre  milles  de  Panéas ,  en  ti- 
rant du  côté  de  Tyr  ,  au  rapport  d'Eusèbe ,  in  Locis 
Bebr.  in  Dan  &  in  Betsame.  *(3)  D.  Calma,  Dift. 
(b)  Jojeph,  Antiq.  I.  20,  c.  8. 

LAISSE ,  rivière  de  Savoye  ;  elle  fort  des  montagnes 
des  déferts  ,  parte  au  fauxbourg  de  Chambery,  Si  fe  jette 
dans  le  lac  du  Bourget,  avec  l'Albans  qui  paiîe  àCham- 
fiery. 

LAIUU  ,  ville  de  la  Chine  ,  dans  la  province  dé 
Channton,  au  département  de  Cinan  ,  première  métro- 
pole de  la  province.  Elle  eft  plus  orientale  'que  Pékin 
d'un  degré  i',  par  les  36  d.  35'  de  latitude.  *  Atlas  Si- 
Tienfis. 

LAIXUU  ville  de  la  Chine,  dans  le  Pékéli ,  au  dé- 
partement de  Paoting ,  féconde  métropole  de  la  pro- 
vince. Elle  eft  plus  occidentale  que  Pékin  d'un  degré 
1b1,  par  les  39  d.  40'  de  latitude.  *  Atlas  Sinenjîs. 

LAIYANG,  ville  de  la  Chine,  dans  la  province  de 
Channton  ,  au  département  de  Tengcheu  ,  cinquième 
métropole  de  la  province.  Elle  eft  plus  orientale  que 
Pékin  de  3  d.  40',  parles  36  d.  50'  de  latitude.  *  Atlas 
Sinenjis. 

LAKIUM  ou  Bischops-Lack,  bourg  d'Allemagne, 
au  cercle  d'Autriche,  dans  la  Carniole,  fur  la  petite  ri- 
vière de  Zéir  ,  environ  à  deux  lieues  de  Crainbourg. 
Quelques  géographes  prennent  ce  bourg  pour  l'ancien 
lieu  Pmtorium  Latum  ou  Letovicorum  ,  que  d'autres 
mettent  à  Pridanik  ,  village  de  la  Carniole,  fur  la  ri- 
vière de  Gurck,  vers  le  lac  de  Czernick.  *  Baudrand, 
édit.  1705. 

LALA  ,  ville  de  la  grande  Arménie ,  félon  Ptolomée, 
7. 5,  c.  13. 

LALACAUM  ,  teteKact ,  nom  d'une  contrée  de 
l'Ane  mineure ,  félon  Cédrène  ,  Curopalate  Si  Zonare 
cités  par  Ortélius. 

LALAIN,  bourg,  château  Si  terre  des  Pays-bas,  en 
Hainaut ,  fur  la  Scarpe ,  environ  à  deux  lieues  au-defïus 
de  Douai.  Elle  a  titre  de  comté.  Baudrand  l'érigé  en  du- 
ché. 

LALAND ,  petite  ifle  du  royaume  de  Danemarck , 
dans  la  mer  Baltique  ,  entre  celles  de  Langeland  au  nord- 
oueft,  de  Séeland  au  nord,  de  Falfter  au  levant,  &  de 
Fémeren  au  fud-oueft.  Elle  a  eu  autrefois  le  titre  de  du- 
ché, Si  n'a  aucune  ville  importante  ;  quoiqu'elle  ait  quel- 
ques lieux  fortifiés,  entr'autres,  Naxchow  ,  Saxkoping, 
Neuftadt  ouNyjled  &  Fue/fe.  On  la  divife  en  cinq  can- 
tons ;  l'un  porte  le  nom  de  Guldebourg,  le  long  du  dé- 
troit qui  fépare  l'ifle  de  celle  de  Falfter;  les  quatre  au- 
tres font  des  bailliages ,  favoir  : 

Mufleherret ,  Norreherret, 

Fuelfeherret ,  Sinderherret. 


Les  deux  premiers  prennent  leur  nom  des  bourgs  qui  ert 
font  les  chefs-lieux.  Au  milieu  de  l'ifle  eft  un  lac,  au 
nord  duquel  étoit  un  monaftere  appelle  Maribo.  Cette  ifle 
a  feize  lieues  d'orient  en  occident ,  Si  dix  du  nord  au 
fud.  Elle  eft  très-fertile  en  bled ,  &  en  envoie  à  Cop- 
penhague.  Outre  les  villages  Se  châteaux  de  la  noblefle, 
Pontanus  y  met  quatre  villes  principales ,  favoir  : 


707 


NaxchoV,  Nyfted , 

Saxkoping  SiLevmskoping, 


La  dernière  ne  fe  trouve  point  dans  les  Cartes  de  cette 
ifle.  *  Robert  de  Vaugondy ,  Atlas.  Henr.anid.  Dan. 
Descript. 

LALASIS  ,  ancienne  ville  de  l'ifaurie  ,  dans  les  ter- 
res ,  félon  Pline ,  l.  j  ,  c.  27.  D'anciennes  éditions  en 
faifoient  un  fleuve. 

LALENESIS  ,  ville  de  la  petite  Arménie  ,  dans  la 
Mélitène,  félon  Ptolomée,  /.  5 ,  c.  7.  D'autres  exem- 
plaires portent  Ladœneris. 

LALETANI ,  ancien  peuple  d'Espagne ,  félon  Pline, 
/.  3  ,  c.  3  ,  qui  dit  que  leur  pays  commençoit  auLobre- 
gat.  Ptolomée ,  /.  2 ,  c.  6 ,  les  nomme  L^etani  /.„,. 
■ntvot ,  ou,  félon  d'autres  exemplaires, L£Ctani,A!ux]«o(, 
Si  leur  donne  fur  la  côte  Subur  Si  Barcino  ,  c'eft-à- 
dire ,  félon  les  interprètes  ,  Siges  ci  Barcelone ,  Si  dans; 
les  terres  Rubricata.  Ce  qui  fait  voir  que  l'orthographe 
de  Pline  eft  la  véritable,  c'eft  que  Martial,  /.  1,  ep.  50^ 
donne  le  nom  de  Lalétanie  à  ce  pays  : 

Aprica  répètes  Tarraconis  titora, 
Tuamaue  Laletaniam. 

Ortélius,  Thefaur.  dit  que  ce  peuple  fut  ensuite  nommé 
Gotholani,  Si  qu'on  le  nomme  par  corruption  Catalu- 
na,  &  citeTaraphe  pour  fon  garant.  Quoiqu'il  en  foit, 
ce  peuple  faifoit  partie  de  la  Catalogne  d'aujourd'hui , 
Si  occupoit  Barcelone  Si  fes  environs. 
_  LALEU,  Allodium,  bourg  de  France ,  au  pays  d'Au- 
nis. 

LALI,  Casilirmar  St.,  Otmagiuchi.  Baudrand 
donne  ces  trois  mots  comme  fynonymes,  .Si  noms  mo- 
dernes du  fleuve  Halys  ;  il  ajoute  que  cette  rivière  ar- 
rofe  Otmagiuch  ,  &:  fe  jette  dans  la  mer  Noire,  à  fept 
lieues  de  Cimifo ,  vers  le  couchant.  Voyez  Halys. 

LALlM  ,  bourg  de  Portugal  ,  dans  la  province  de 
Beïra  ,  à  deux  lieues  deLamégo  ;  il  fait  partie  du  comté 
de  Tarouca ,  &  doit ,  dit-on ,  fa  fondation  au  roi  Za- 
dan-Aben-Huin. 

LALISANDA  ,  ville  d'Ifaurie ,  félon  Etienne  le  Géo- 
graphe ,  qui  dit  que,  de  fon  tems,  on  la  nommoit  Dali' 
fanda.  Voyez  Dalisandus. 

1.  LAMA,  ancienne  ville  de  la  Lufitanie,  au  pays 
des  Vettons,  félon  Ptolomée,  /.  1 ,  c.  5.  Quelques-uns 
croient  que  c'eft  Lamegal,  bourg  du  Portugal,  dans  la 
province  de  Tra-los-Montes ,  à  fept  lieues  de  Guarda, 
du  côté  du  nord.  Voyez  LAMEGAL.  *  Baudrand,  édit. 
1705. 

2.  LAMAouLAMAO,  ifle  de  l'Océan  oriental.  Ma- 
telief,  dans  fon  Voyage  aux  Indes  orientales,  inféré  entre 
les  Voyages  de  la  Compagnie  Hollandoife,  t.  3,  p.xjr, 
dit  :  Lamao,  ifle  qui  eft  à  quatre  lieues  de  la  côte  (de  la 
Chine,)  &  qui  a  trois  ou  quatre  lieues  de  long.  11  y  a 
plufieurs  autres  ifles  à  l'eft  &  à  l'oueft,  dont  celle-ci  eft 
la  plus  grande.  Par  le  travers  de  fa  côte  occidentale ,  il 
y  a  un  grand  golfe  dans  le  continent ,  au-  delà  duquel 
on  découvre  d'abord  deux  collines ,  puis  une  troifiéme. 
Une  lieue  plus  avant ,  en  remontant  la  rivière  ,  eft  la' 
ville  de  Tieuchieu  ,  où  fe  fabriquent  la  plupart  des  ar- 
moifins  de  la  Chine.  Elle  eft  à  deux  journées  de  Chin- 
cheo  ,  tant  par  eau  que  par  terre.  L'ifle  de  Larriao  eft 
presque  divilée  en  deux,  par  une  fente  qui  y  eft  entre  les 
terres  ,  où  l'eau  entre,  du  bout  de  laquelle  on  découvre 
la  merde  l'autre  côté.  La  ville  eft  à  l'eft,  dans  renfon- 
cement d'un  beau  golfe  ,  où  l'on  eft  à  l'abri  de  tous 
vents.  Le  pays  eft  haut,  pierreux  &  montueux;  il  n'y  a 
presque  point  d'arbres.  Comme  les  pirates  du  Japon,  Se 
même  ceux  de  la  Chine  ,  en  faifoient  une  retraite ,  vers 
l'an  1482,  l'empereur  de  la  Chine  y  établit  un  Man- 
darin ,  avec  fix  cents  hommes  fous  lui,  ci  plufieurs  jon- 
ques d'environ  quarante  tonneaux.  Il  ne  s'y  fait  aucun 
commerce  ;  les  jonques  même  ,  qui,  pour  aller  de  Cin- 
cheo  à  Canton ,  vont  palier  entre  le  continent  &  l'ifle, 
n'y  relâchent  point  ;  Si  les  pêcheurs  ,  à  ce  qu'on  dit, 
n'oferoient  y  descendre  à  terre.  Elle  gît  dans  un  endroit 
bien  commode,  favoir  entre  les  grandes  villes  de  C  1  - 
ton,  Tieuchieu,  Chincheo  ,  Si  l'ifle  de  Lanquin,  Sîc^ 

Tome  III.    Vuuu  ij 


7o  8 


LAM 


LA  M 


ck  l'on  y  peut  aller  de  toutes  parts,  auffi  aifément  &  plus 
■qu'à  Canton. 

MM.  Sanson,  dans  leur  Carte  particulière  delà  Chine, 
mettent  Chinchco  clans  la  partie  méridionale  de  la  pro- 
vince de  Fuqtùm  ou  Fok'un  ,  &  Lama  dans  la  partie 
feptentrionale  de  la  côte  de  la  province  de  Canton.  Elle 
eft  nommée  Vifle  de  Lamoa ,  dans  le  Voyage  de  Hage- 
naar,  au  même  Recueil ,  t.  5  ,  p.  368. 

3.  LAMA,  (la)  château  de  la  Tartane  orientale,  où 
les  Ruffiens  s'embarquent  pour  paffer  à  Kamtzchatka.  Il 
eft  fitué  par  les  5  s;  d.  de  latitude  nord ,  &  vis-à-vis  de 
Priftan ,  ville  de  É.amtzchatka.  *  Notes  du  P.  Charle- 
voix. 

LAMACHA ,  ville  d'Afie,  quelque  part  vers  l'Armé- 
nie ,  félon  Laonic  Chalcondyle ,  cité  par  Ortélius ,  Tke- 
faur. 

LAMAI ,  petite  ifle  de  l'Océan  oriental ,  fur  la  côte 
occidentale  de  l'ifle  Formofe,  dans  fa  partie  méridionale. 
*Robert  de  Vaugoniy,  Atlas. 

LAMAO.  Voyez  Lama  2. 

LAMAR,  rivière  de  l'Amérique  Françoife,  dans  l'ide 
de  la  Martinique ,  paroifle  du  Pr  Jcheur ,  à  une  lieue  au 
fud  du  bourg  de  la  paroifle.  Elle  tombe  au  bas  de  la 
montagne  pelée. 

LAMAS  de  Orelhaon,  bourg  du  Portugal,  dans 
la  province  de  Tra-los-Montes ,  au  pied  d'une  monta- 
gne ,  dans  l'archevêché  de  Brague.  Il  dépend  de  la  tour 
de  Moncorvo  ,  ck  du  marquifat  de  Villa-Réal.  (Jne  tra- 
dition nationale  allure  qu'il  fut  autrefois  gouverné  par 
un  roi  Maure ,  nommé  Orelhaon,  contemporain  de  famt 
Léonard  ck  de  fainte  Colombe.  Ce  prince  ayant  voulu 
forcer  cette  fainte  à  fatisfaire  fa  brutalité ,  elle  s'enfuit 
avec  faint  Léonard  ,  ck  fe  réfugia  dans  une  grotte.  On 
voit  encore  dans  le  rocher  le  trou  par  où  l'on  dit  qu'ils 
entrèrent ,  ck  au  fommet  de  la  montagne  font  deux  her- 
mitages ,  qui  portent  les  noms  de  ces  deux  faints,  que  l'on 
y  vénère.  C'eft  au  pied  de  cette  montagne  que  le  bourg 
eft  fitué.  On  voit  plus  haut  les  ruines  d'une  fortereffe  que 
les  Maures  y  avoient  bâtie.  Les  Cartes  de  Sanson ,  du 
P.  Placide,  ck  de  Robert,  ne  font  aucune  mention  de  ce 
bourg.  *  D.  Raphaël  Balteau  ,  Ypcab.  Portug. 

LAMASBA,  ancien  lieu  d'Afrique,  dans  laNumidie. 
Ilfalloit  que  ce  fût  un  lieu  de  quelque  coniîdération  ;  car 
Antonin,  hiner.  en  fait  le  terme  d'une  route ,  ck  le  com- 
mencement d'une  autre.  Voici  la  première  : 


A  Tamugadi  Lamasbam. 

M.   P. 

LXII. 

Sic. 

Tadutti, 

XXVIII. 

M.   P. 

Diana  Veteranorum ,         XV ï. 

M.   P. 

Lamasbam , 

XVIII. 

M.  P. 

a  féconde  fui 

immédiatement  : 

A  Lamasba  Sitifi. 

M.   P 

LXII. 

Sic. 

Zaraï, 

XXV. 

M.   P. 

Perdices, 

XII. 

M.   P. 

Sitifi, 

XXV. 

M.   P. 

Cette  ville  fut  le  fiége  d'un  évêque.  Avitus  eft  qualifié, 
dans  la  Conférence  de  Carthage,  episcopus  plebis  Lamas- 
venjis ,  p.  167  ,  édit.  Du-Pin.  Il  avoit  un  concurrent 
nommé  Janvier ,  que  les  mêmes  Aftes  appellent  Janua- 
rius  Lamasbenfis,  ibid.  p.  179.  Dans  le  concile  de  Car- 
thage ,  tenu  fous  S.Cyptien,  on  trouve  entre  les  pères, 
Pujlllus  à  Lamasbâ  ;  ck  la  Notice  épiscopaie  d'Afrique 
fournit ,  entre  les  prélats  de  Numidie  ,  Secundinus  La- 
masvenjis. 

LAMBACH,  abbaye  d'hommes,  ordre  de  S.  Benoît, 
en  Allemagne  ,  dans  la  haute  Autriche ,  à  la  gauche  de 
la  rivière  de  Traun  ,  à  huit  lieues  au  nord-eft  de  Mon- 
zée. 

LAMBALE  ouLamballe,  ville  de  France,  dans  la 
Bretagne,  au  diocèfe  de  S.  Brieuc,  à  cinq  lieues  aufud-eft 
de  cette  ville,  &  à  quinze  au  nord-oueftde  Rennes  ;  c'étoit 
anciennement  la  capitale  du  peuple  Ambiliates  ,  dont 
parle  Céfar.  Voyez  Ambiliates.  Elle  eft  divifée  en 
haute  &  baffe  ville  ;  dans  la  première  il  y  a  une  grande 
place,  avec  un  marché  couvert,  Se  dans  la  baffe  une 


grande  me  ,  habitée  par  des  tanneurs  ck  des  teintu- 
riers. Cette  petite  ville  eft  regardée  comme  le  chef- lieu 
du  duché  de  Penthievre  ,  puisque  c'eft-là  que  font  le 
château,  les  archives,  &i  les  principaux  officiers  de  ce 
duché.  Le  fameux  François  de  la  Noue  ,  Bras-de-fer,  fut 
tué  au  fiége  ce  Lamballe,  l'an  1591.  *  Piganiol  de  la 
Force,  Descr.  de  la  France ,  t.  5  ,  p.  249. 

On  voit,  à  deux  lieues  de  Lamballe,  les  reftes  du  châ- 
teau de  Bro>.S,  que  Ton  a  rafé;  ck  ces  reftes  font  voir 
qu'il  étoit  extrêmement  fort,  6k  peu  éloigné  du  bourg  de 
Brons. 

LAMBANA  ,  ou,  félon  d'autres  exemplaires,  Labba- 
na,  ville  de  la  Méfopotamie  ,  fur  le  Tigre ,  félon  Ptolo- 
mée,  /.  f,  c.  18. 

LAMBANUS  ;  ce  mot  fe  trouve  dans  Ptolomée,  à 
l'occafion  d'une  Apollonie  qu'il  place  fur  le  Lambanus; 
expreffion  qui  laifie  douter  îï,  par  ce  mot,  il  entend  une 
rivière ,  ou  une  montagne.  Nous  avons  observé  à  l'arti- 
cle APOLLONIE  x  ,  que  Berkélius,  commentateur  d'E- 
tienne ,  croit  que  Ptolomée  eft  corrompu  en  cet  endroit, 
ck  qu'il  faut  lire  ^eiiiatKÙdiio,  au  lieu  de  n&ç  Aa-pZzva  : 
en  ce  cas,  la  queftion  eft  décidée  ;  il  s'agit  de  Celbianum 
ou  Cilbanum. 
LAMBATE.  Voyez  LAMPAG.E. 
LAMBAYA,  ville  fur  la  côte  occidentale  d'Afrique, 
au  royaume  de  Baol ,  dont  elle  eft  capitale,  au  fud-eft  de 
Sanghay.  Voyez  BAOL.  *  Labat,  Afrique  occidentale. 

LAMBE,  ifle  du  golfe  Arabique,  auprès  de  Miofor- 
mos,  c'eft- j-dire  du  Port  de  la  Souris,  félon  Pline,  1.6, 
c.  z8.  Le  P.  Hardouin  lit  ïambe. 

LAMBERT,  t'  landt  van  Lambert,  ou  la  Terre 
de  Lambert,  partie  du  Groenland  ,  vers  le  78e  d.  de  la- 
titude. Il  fut  découvert  par  les  Hollandois ,  en  1670; 
mais  ils  n'en  difent  rien  de  particulier.  *  Baudrand  , 
édit.  1705. 
LAMBESA.  Voyez  Lambese  ck  Lamp^ESA. 
LAMBESC,  ville  de  France  ,  en  Provence,  en  latin 
Caflrum  de  Lambesco.  Elle  eft  petite ,  mais  fort  jolie, 
&  appartient  à  l'aîné  de  la  branche  d'Armagnac ,  dans 
la  maifon  de  Lorraine,  à  qui  elle  donne  le  titre  de  prince 
de  Lambese.  Il  y  a  de  belles  maifons ,  un  couvent  de  re- 
ligieux de  l'ordre  de  la  Trinité,  ckun  autre  de  reliaieu- 
fes  Ursulines.  C'eft  où  fe  tiennent,  tous  les  ans, les  affem- 
blées  générales  de  la  province.  La  juftice  en  eft  en  pa- 
riage  entre  le  roi  ck  le  feigneur.  Lambese  étoit  autrefois 
chef  de  vallée;  ck  en  cette  qualité,  fon  député  entre  aux 
affemblées  générales  de  la  province.  C'eft  la  patrie  du 
favant  Antoine  Pagi ,  religieux  de  l'ordre  des  Frères  mi- 
neurs conventuels ,  un  des  célèbres  critiques  du  dix-fep- 
tiéme  fiécle.  Il  mourut  au  mois  de  Juin  1699. 

LAMBESE,  ancienne  ville  d'Afrique,  dans  la  Numi- 
die. Antonin,  Itiner.  la  nomme  plus  d'une  fois.  lien  fait 
d'abord  le  lieu  du  départ  d'ur.e  route  qui  mené  à  Sitifi , 
à  Labense  Sitifi.  (  C'eft  ainfi  que  portent  quelques  édi- 
tions, au  lieu  AtLambefe,')  &  compte  de  cette  ville  à 
Taduti  dix- huit  mille  pas.  Ensuite  il  la  met  fur  une 
route  de  Thevefte  à  Sitifi  ,  entre  Tamugadi  ck  Diana , 
à  quatorze  mille  pas  de  la  première  ,  tk  à  trente- deux 
mille  pas  de  la  féconde.  Ptolomée  ,  /.  4,  c.  3,  la  nomme 
Lampœfa  ou  Lambœfa  ,  félon  les  divers  exemplaires , 
AauTraiVa,  js.afiSa.ha..  Entre  les  PP.  qui  fouscrivirent 
au  concile  tenu  fous  S.  Cyprien  à  Carthage,  on  trouve 
Janvier,  évêque  de  Lambàfe  ,  (Lambejïtanus  :)  ceae 
ville  étoit  un  des  fiéges  épiscopaux  de  Numidie.  Dans 
le  concile,  dont  on  vient  déparier,  on  trouve  deux  évt- 
ques  de  ce  fiége;  l'un,  n°  6  ;  l'autre,  n°  75.  S.  Cyprien, 
dans  une  de  fes  Lettres,  nomme  ce  lieu  Lambefiiar.a  co- 
lonia;  ck  l'évcque  de  Lambèfe  ,  dans  la  Conférence  de 
Carthage,^.  183,  édit.  Du-Pin,  eft  nommé FelixLam- 
bienfts  ;  dans  la  Notice  épiscopale  d'Afrique,  on  trot  ve 
Benenatus  Lambiritanus  ou  Lanviritanus  ;  mais  il  y  a 
lieu  de  douter  fi  c'eft  toujours  le  même  lieu  de  Lam- 
bèfe.  Baillet,  Topogr.  des  Saints,/!.  255  ,  dit  que  cette 
ville ,  qui  étoit  à  huit  ou  neuf  lieues  de  Cirthe ,  devint 
célèbre  par  la  perfécution  de  l'an  259  ;  on  y  fitmourirun 
nombre  prodigieux  de  martyrs.  Le  gouverneur  de  Numi- 
die, qui  y  faifoit  fa  réfidence,  les  y  avoit  fait  venir  de 
divers  endroits  de  la  province.  Entre  les  plus  céiébres 
on  compte  S.  Jacques  ,  diacre  ;  S.  Marien  ,  Ie&eur  ; 
S.  Emihen,  chevalier;  S.  Agap'uis  &S.Secondin,  évê- 


LAM 


LAM 


'ques  ;  fainte  Teriuîle  Se  fainte  Artonie,  vierges,  qu'on 
y  avoit  transportés  des  priions  de  Cirthe.  Baudrand  dit 
que  c'eft  prélentement  une  ville  de  Barbarie, au  royaume 
d'Alger,  &  dans  celui  de  Ccnftantme ,  qui  en  dépend, 
fur  la  rivière  de  Suffegmar,  à  vingt-quatre  mille  pas  de 
Conftantine  au  midi  ,   oc  il  la  nomme  Lambesca. 

Il  fe  tint  à  Larrbèle,  l'an  240,  un  concile  compofé 
de  quatre-vingt-dix  évêques ,  contre  l'hérétique  Privât. 

LAMBETH,  village  d'Angleterre,  au  comté  deSur- 
rey,  furlaTamife,  au-deffus  de  Soutlre'arck,  fauxbourg 
féparé  de  Londres  par  la  rivière  ,  Se  presque  vis-à-vis- 
de  Weftminfter.  Il  y  a  un  palais  ,  qui  eft  la  rélîdence  la 
plus  ordinaire  de  l'archevêque  de  Cantorberi.  *  Baudr. 
rectifié  fur  les  lieux. 

Il  s'y  tint  un  concile  l'an  1261 ,  or  un  autre  l'an  12.81. 

LAMBEY  ,  léion  Baudrand,  petite  ifle,  fur  la  côte 
orientale  d'Irlande ,  dans  la  Manche,  dans  la  province 
de  Leinfler,  au  comf-'  de  Dublin,  à  trois  milles  de  la 
côte  d'Irlande,  &  à  onze  de  Dublin.  Les  anciens  l'ont 
connue  fous  le  nom  de  Lymnus.  Voyez  ce  mot.  On 
dit  que  S.  Neffan  y  mena  une  vie  fort  auftere  dans  les 
jeûnes,  les  veilles  &  la  prière.  *  Etat  de  £ 'Irlande,  p.  79. 

LAMBEYE  ,  petite  ville  de  France  ,  dans  le  Béarn , 
au  diocèlé  de  Lescar.  On  y  a  uni  pour  les  finances  les 
lieux  d'Arnau  Se  de  Vauze.  La  ville  eft  fituée  fur  une 
hauteur. 

LAMBIENSIS.  Voyez  Lambèse. 

LAMBIRITENSIS  ou  Lambiritanus  ,  fiége  épis- 
copal  d'Afrique,  dans  la  Numidie  ;  la  Notice  d'Afrique 
indique  Benenatus  Lambiritanus.  La  Table  de  Peutinger 
fourmi Lambirïs  ,  ville  de  la  Numidie  ;  Se  la  Conférence 
de  Carthage  ,  un  éveque  qualifié  Crescentilianus  Lambi- 
rittnjis.  C'eft  le  même  lieu  que  l'anonyme  de  Ravenne 
appelle  Lambridis. 

LAMBRA  ,  haute  montagne  de  France ,  dans  les  Se- 
vennes ,  à  la  fource  de  la  rivière  de  Loire. 

LAMBRANI  ,  ancien  peuple  dont  parle  Suétone 
dans  la  Vie  de Jules-Cefar  ,  c.  9.  Cet  hiftorien  dit:  le 
même  Curion  Se  M.  Aclonus  Nafon  allurent  que  Jules- 
Céfar  avoit  conspiré  avec  Cneïus-Pifon ,  jeune  homme, 
qui  étant  foupçonné  d'être  complice  d'une  conjuration 
formée  à  Rome  ,  avoit  eu  le  département  de  l'Espagne, 
fans  l'avoir  demandé  ,  Se  qu'ils  étoient  convenus  qu'ils 
feroient  de  nouvelles  intrigues,  chacun  de  fon  côté  ,  l'un 
hors  de  Rome  ,  &  l'autre  dans  la  ville  ,  par  le  moyen 
àes  Lambrani ,  &  des  habitans  d'au-delà  le  Pô.  Ce  peu- 
ple Lambrani  a  donné  la  gêne  aux  interprètes  ;  d'autres 
ont  lu  Ambrant.  Cal'aubon  entend  par  ce  nom  quelque 
peuple  barbare  de  l'Espagne  citérieure  ,  des  forces  de 
qui  Pifon  devoit  fe  fervir  dans  fa  révolte,  de  même  que 
Céfar  devoit  employer  celles  des  Transpadans  ;  d'autres 
tie  trouvant  en  Espagne  aucuns  Lambrani  ,  ont  mieux 
aiméexpliquer  cemot  par  les  habitans  du  pays  que  baigne 
le  fleuve  Lambrus,  aujourd'hui  le  Lambro.  Voyez  ce 
mot. 


709 


LAMBRIACA. 
LAMBRIS. 


>  Voyez 


Flavia  Lambris. 


LAMBRO  ,  (le)  rivière  d'Italie,  dans  laLombardie, 
au  Milanez.  Elle  a  là  fource  près  de  Pescaglio,  entre  le 
lac  de  Côme  Se  le  lac  de  Lecco ,  d'où,  ferpentant  vers 
le  fud ,  le  fud-oueft  &  le  fud-eft  ,  elle  fépare  le  lac  de 
Puffiano,  Se  le  lac  de  Cério;  pafie  à  Monza,  à  Mari- 
gnano  ;  entre  dans  le  Lodéfan,  Se  s'y  perd  dans  le  Pô, 
à  fix  ou  fept  milles  au  -  deflùs  du  pont  de  Plailànce. 
*  Jaillot,  Duché  de  Milan. 

LAMBRON,  petit  pays  de  France,  dans  la  baffe  Au- 
vergne, le  long  de  l'Allier,  entre  Iffoire  Se  Brioude.  Le 
chef-lieu  eft  S.  Germain  de  Lembrun.  Ce  pays  eft  un  de 
ceux  dont  on  ignore  prélentement  les  limites.  *  Baudr. 
éd.  1705. 

LAMBROS  ,  village  de  France.  Grégoire  de  Tours, 
in  fine,  lib.  4,  dit  que  Chilpéric  fortant  de  Cambrai, 
avec  fa  femme  &  fes  engins,  enterra  au  village  de  Lam- 
bros,  fon  frère  Sigebert,  dans  les  mêmes  habits  dans  les- 
quels il  avoit  été  maflacré,  d'où  ce  corps  fut  enluite 
transféré  à  S.  Médard  de  Soifîbns ,  &c.  Les  PP.  Béné- 
dictins obfervent,  fur  ce  mot  Lambros,  que  c'eft  un  vil- 
lage fur  la  Scarpe,    entre  Cambrai  Se  Arras.  Coufin, 


dans  fon  Hiftoire  de  Tournai,  le  met  auprès  ce  Douai, 
fur  |  :  chemin  d'Arras ,  où  l'or,  trouve  effectivement  un 
village  nommé  Lambre  ,  far  la  rive  gauche  de  la  Scarpe; 
au  lieu  qu'entre  Cambrai  Se  Arras  ,  on  ne  trouve  rien 
de  pareil  ;  &  de  plus  la  Scarpe  n'a  rien  de  commun  avec 
la  route  de  Cambrai  à  Arras. 

LAMBE.USSE,  village  de  France,  en  Provence,  an 
diocèfe  de  Sénez.  Ce  lieu  eft  nommé  en  latin  Cajlrum. 
de  Lambruscâ  dans  les  Actes. 

LAMBRUS,  rivière  d'Italie,  félon  Pline.  Il  conferve 
encore  aujourd'hui  le  même  nom;  Si  on  l'appelle  Lam- 
bro, &  quelquefois  Fiume  di  Marignane,  du  nom  d'une 
place  qu'il  arrofe.  Ortélius  dit  que  Bern.  Saccus  aflure 
que  cette  rivière  s'appelle  aujourd'hai  Monda:  ce  mot 
n'eft  pas  le  nom  moderne  de  la  rivière  ;  mais  c'eft  le 
nom  latin  deMon{a,  ville  où  pafle  le  Lambro.  Mérula 
dit  qu'il  y  a  er.coie  un  autre  Lambro,  Se  que  les  Lom- 
bards fappellent  Mcridiano.  Voyez  Lambro.    - 

LA..;BSPRING,  petite  ville  d'Allemagne,  en  baffe 
Saxe.  II  y  a  une  abbaye  dans  cette  ville  ,  dont  l'abbé 
eft  fouvetain:  fon  chapitre  eft  compofé  de  moines  An- 
glois  ;  cette  ville  eft  Luthérienne  :  ainfi  les  magiftrats 
que  l'abbé  choifit  pour  la  police  de  la  ville,  font  tous 
Luthériens. 

LAMBULA  ,  Si  Petra-Sanguinis:  Procope,  de. 
Bdlo  Goth.  1.  3  ,  nomme  ainfi  deux  défilés  que  l'on  paffe 
dans  les  montagnes  de  la  Lucanie  ,  pour  aller  au  pays 
des  Erutiens. 

JLAMÉGAL,  Lama,  bourg  de  Portugal,  dans  l'é- 
vêché  Se  dans  la  dépendance  de  Vifeu:  il  eft  pourtant 
dans  la  province  de  Tra-los-Montes,  dans  une  plaine, 
entre  Pinhel  Se  Trancofo.  Il  a  appartenu  autrefois  aux 
marquis  de  Caitel-Rodrigo. 

LÀMEGO  :  Baudrand  dit  Lamegue,  en  latin  Lameca, 
ou  Lamacum;  c'eft  fous  le  nom  de  Lameca,  qu'il  en  eft 
fait  mention  dans  les  Actes  du  troifiéme  concile  de  To- 
lède ;  ville  de  Portugal,  dans  la  province  de  Beïra  ,  à 
cinquante  lieues  de  Lisbonne ,  entre  Coïmbre  Se  Guar- 
da.  Elle  eft  lkuée  dans  un  fond ,  Se  tellement  entourée 
de  montagnes,  qu'on  ne  la  peut  voir.  Quelques  ai  leurs 
Portugais  croient  que  c'eft  la  même  que  Laconimur- 
gum,  qu'ils  prétendent  avoir  été  bâtie  par  une  colonie 
de  Lacédémoniens,  conjointement  avec  les  Celribéri  ;  s. 
Quoi  qu'il  en  foit,  les  Arabes  l'ont  conquife  deux  fois  fur 
les  Chrétiens  qui  la  reprirent  enfin  :  elle  fut  enluite  dé- 
truite,  Se  rebâtie.  D.  Alphonfe-Henrique,  roi  de  Portu- 
gal, ytint,  en  1143,  les  premiers  états  généraux  de  fon 
royaume,  Se  on  y  établit  de  nouvelles  loix.  D.  Jean  II, 
l'exempta  de  toute  impofition  :  cette  ville  jouit  à  pré  "ent 
de  grands  privilèges.  Il  y  a  dans  le  quartier  ie  plus  élevé 
une  citadelle  bien  fortifiée,  au  milieu  de  laquelle  eft  une 
haute  tour.  Lamégo  eft  le  fiége  d'un  évêque  furfragant 
de  l'archevêché  de  Brague.  *  Bultcau,  Vocab.  Portug. 
LAMEIA,  ouLamia,  montagne  de  Grèce,  auPé- 
loponnèfe,  dans  l'Arcadie  ,  félon  Etienne  le  Géographe. 
,  LAMELLUM:  Platine  cité  par  Ortélius,  flufaur. 
nomme  ainfi  une  ifle  de  la  mer  de  Tofcane,  à  l'em- 
bouchure de  l'Arne  ;  fon  nom  moderne  eft  Malora» 
LAMEN1UM.  Voyez  Laminium. 
LAMENTANA  ,  bourg  Se  château  d'Italie,  dans  l'E- 
tat de  l'églife,  dans  la  Sabine,  à  trois  milles  de  Monte 
Rotondo  ,  Se  à  douze  milles  de  Rome.  Elle  appartient 
au  prince  Borglièlè.  C'eft  le  même  lieu  que  Nomen- 
TUM  ,  ville  ancienne  Se  épiscopale.  Voyez  ce  mot. 

LAMENTIN.  C'eft  un  quartier  maritime  de  la  côte 
occidentale  de  l'ifle  Espagnole,  immédiatement  au  nord 
de  Leogane.  *  Notes  du  P.  Charlevoix. 

LAMERAC,  bourg  de  France,  dans  la  Saintonge. 
LAMETIA ,  ancienne  ville  de  l'Italie ,  dans  la  grande 
Grèce,  au  pays  des  Brutiens.  Cluvier  la  met  fur  un  goife 
qu'il  nomme,  àcaufe  d'elle,  Lameimus  Sinus  ;  Se  ilfup- 
pofe  que  c'eft  la  même  que  Lampuia,  dont  parle  Etienne, 
qui  cite  le  treizième  livre  de  Polybe.  Mais,  comme  le 
remarque  Cellarius,  Etienne  diftingue  Larnpetia  ,  qui  eft 
la  même  que  Clampetia,  d'avec  le  peuple  Lametini ,  dont 
la  ville,  ouïe  bourg  Lameria,  devoit  être,  non  au  bord 
de  la  mer,  mais  auprès  de  la  fource  du  fleuve  Lametus. 
Cluvier  croit  donc  que  Lametia  eft  aujourd'hui  Sainte- 
Euphémie  ,  qui  donne  fon  nom  au  golfe  qu'il  appelle  en 
latin  Lamuinus  Sinus.  Voffius  parle  ainli  de  Lametum  , 


ÏO 


LA  M 


LAM 


dans  tes  Obfervations  fur  Mêla,  /.  %  ,   c.  4.  obferv.  56. 
Il  prétend  que  dans  ce   vers  des  Mélamorphofes  d'O- 
-  vide ,  /  1 5 ,  v.  705  ,  au  lieu  de , 

Romechiumque  legit,  Caulonaque,  Naryciamqut , 

ïl  faut  lire: 

Lamentumque  legit ,  &c. 

A  l'occafion  de  cette  conjecture ,  il  ajoute  :  la  petite 
ville  de  Lametum  étoit  dans  l'ifthme  le  plus  étroit  de  l'I- 
talie ,  qui  eft  refferré  entre  les  golfes  Scylacée  &  Hip- 
poniate  (aujourd'hui  les  golfes  de  Squillaci  &  de  Sainte- 
Euphémie),  peu  loin  des  fources  du  fleuve  Lametus. 
On  la  nomme  aujourd'hui  Maida ,  nom  corrompu  fans 
doute  de  Lamatia ,  par  le  retranchement  de  la  première 
fyllabe;  ck  parce  que  cette  ville  étoit  fituée  presqu'au 
milieu  de  l'ifthme,  loin  de  la  mer,  il  eft  arrivé  qu'on  l'a 
xnife  près  du  golfe  de  Squillaci.  Ainfi  Etienne  dit  Lame- 
tini ,  ville  du  Lametus,  rivière  près  de  Crotone,  félon 
Hécatée,  dans  fonEurope.  Des  favans ont  repris  Etienne  ; 
mais  ce  font  eux  qui  fe  trompent ,  quand  ils  placent 
cette  ville  au  bord  du  golfe  Hipponiate,  &  croient  que 
c'eft  à  prefent  Sainte-Euphemie  ;  car  il  n'y  a  eu  ni  Lam- 
petia ,  ni  Lametus  en  cet  endroit. 

Voici  ce  que  D.  Mattheo  Egitio  dit  fur  ce  lieu ,  dans  fa 
lettre  à  M.  Lenglet  du  Fresnoy.  Lametia,  Citraro,  ou 
Sar.ta-Eufemia:  vous  confondez  ces  deux  lieux,  pour 
n'avoir  pas  affez  connu  Ja  diftance ,  ni  la  différence  entre 
Clampetia  tk  Lametia.  Barrius  croit  que  Lampetia  ou 
Clampetia  eft  Cetraro,  près  du  cap  Fella;  mais  ilnes'eft 
jamais  avifé  de  dire  que  le  golfe  de  Santa-Eufemia  ,  Si- 
nus-Terina;us,  ou  Sinus-Lametinus  foit  près  du  Cetraro 
qu'Holftenius  prend  pour  le  Scidrum  des  anciens. 

Promontorium  Lametum.  Selon  le  même  Clu- 
vier,  &  après  lui  l'abbé  Lenglet  du  Fresnoy,  fe  font 
trompés  en  traduifant  cap  Sovano ,  il  faut  dire  Capo-Su- 
varo.  On  croit ,  ajoûte-t-il ,  que  Lametia  eft  Santa-Eu- 
femia ;  mais  Holftenius ,  dans  fes  Notes  fur  Etienne  le 
Géographe ,  dit  que  Lametia  eft  YAmantea.  Ortélius,  au 
contraire  ,  prend  YAmantea  pour  Térina. 
*  Notes  du  P>  Charlevoix. 

LAMETINI.  Voyez  l'article  précèdent. 

LAMETUS  ,  rivière  d'Italie ,  dans  la  grande  Grèce , 
au  pays  des  Brutiens,  félon  Etienne  le  Géographe.  C'eft 
aujourd'hui  la  rivière  de  Lamato ,  ou  YAmato. 

LAMFOCTENSE  OPPIDUM,  bourg  ou  petite  ville 
de  la  Mauritanie  ,  félon  Ammien  Marcellin ,  /.  19 ,  c.  5. 
Un  manuscrit  de  la  bibliothèque  Colbertine,  porte  Jam- 
fotenfe-Oppidum,.  Valois  croit  que  ce  lieu  étoit  dans  la 
MaurititanieSitifenfe.  Dans  la  Notice d'Afriqne  on  trouve 
Vindemms  Lemphaclenjis  entre  les  évêques  de  cette  pro- 
vince; d'autres  exemplaires  portent  Lemphoclenjis  ;  c'eft 
le  même  lieu. 

LAMFUENSIS.  Voyez  Lampuensis., 

1.  LAMIA ,  ville  de  Theflalie.  Elle  eft  fameufe  par 
la  guerre  que  les  Grecs  firent  contre  les' Macédoniens, 
après  la  mort  d'Alexandre  le  Grand.  Strabon,  /.  9,  dit 
qu'elle  étoit  à  trente  ftades ,  c'eft-à-dire  à  environ  cinq 
quarts  de  lieue  du  fleuve  Sperchius:  il  la  compte  un  peu 
après  entre  les  villes  de  la  Phthiotide.  Pline,  /.  4,  c.  7, 
met  de  même  Lamia  dans  cette  même  contrée.  Cette 
guerre ,  dont  on  vient  de  parler ,  eft  appellée  Lamia- 
cum  kellum  A«fuaxè<  nsAsftoC  ,  &  commença  de  ce 
qu'Antipater  étant  vaincu,  fe  réfugia  à  Lamia,  où  les 
Athéniens  l'affiégerent.  Tite-Live ,  /.  39 ,  c.  23  ,  parle 
auffi  de  cette  ville  affiégée  par  Philippe  ,  à  qui  les  Ro- 
mains en  firent  lever  le  fiége  :  il  dit  auffi,  /.  36,  qu'elle 
étoit  à  fept  mille  pas  de  l'Héraclée  de  Phthiotide.  C'eft 
aujourd'hui  la  ville  de  Reïton. 

2.  LAMIA.  Quelques  éditions  de  Pline  mettoient  une 
Lamia  dans  laBceotie;  mais  le  P.HardouinmetZ.a/jOT/zrt. 

3.  LAMIA,  ville  de  Cilicie ,  félon  Etienne  le  Géo- 
graphe ;  peut-être  n'eft-elle  point  différente  de  Lamus 
cepitale  de  la  Lamotide. 

4.  LAMIA,  rivière  de  Grèce:  elle  couloit  vis-à-vis 
du  mont  CEta,  félon  Paufanias,  in  Alticis. 

5.  LAMIA.  Voyez  Lameïa. 

6-  LAMIA,  ou  Scala  Marmorea  ,  port  du  dé- 


troit delà  mer  Noire,  devant  Conftantinople ,  fur  la 
côte  de  Natolie ,  près  de  la  ville  de  Calcédoine.  Bau- 
drand ,  édit.  1705  ,  lui  donne  pour  anciens  noms  La- 
mia, Amycli,  Amyci,  Daphne  portas. 

LAMLE  ,  ifles ,  ou  plutôt  écueils  de  l'Archipel ,  de- 
vant la  Troade,  auprès  des  ifles  Lagufîes,  félon  Pline, 
/.  î,  c.  31. 

LAMICUS  ,  pour  Maliacus.  Voyez  ce  mot. 

LAMIANI-HÔRTI ,  jardins  au  voifinage  de  Rome  , 
ck  hors  la  ville.  Suétone,  in  Calig.  dit  qu'on  y  brûla  le 
corps  de  Caligula. 

LAMIATÈ  ,  place  de  France,  dans  le  haut  Langue- 
doc, fur  l'Agoût,  vis-à-vis  de  S.  Paul,  à  deux  lieues 
au-deflûs  de  Lavaur ,  en  allant  vers  Cadres ,  &  dans  le 
diocèfe  de  Caftres.  *  Baudrand ,  édit.  1705. 

LAMIDA  ,  ville  de  la  Mauritanie  Célàrienfe,  félon 
Ptolomée ,  /.  3  ,  c.  2 ,  qui  la  place  dans  les  terres. 

LAMIGGIGENSIS  ,  fiége  épiscopal  d'Afrique,  eu 
Numidie.  Il  y  en  avoit  deux  de  ce  nom  dans  la  même  pro- 
vince. La  Notice  d'Afrique  fournit  deux  évêques,  qui  por- 
toient  pareillement  ce  titre ,  favoir  Maximus  Lamiggi- 
genjis,  n.  loi  ,  &  Cardelus  Lamiggigenjis  ,  n.  122.  De 
même  on  trouve  dans  la  Conférence  de  Carthàrge  deux 
évêques  Donatiftes  ,  dont  les  fiéges  portoient  également 
le  même  nom ,  favoir  Junien ,  c.  128  ,  &  198  ;  &  Ré- 
cargentius,  c.  187.  Ortélius  avoit  lu  quelque  part  La- 
MIGGINENSIS. 

LAMINA ,  petite  place  de  Grèce  ,  dans  la  province 
de  Janna  ,  fur  la  rivière  d'Agrioméla  ,  vers  la  côte  du 
golfe  de  Zeyton.  Molet  fuivi  par  Baudrand,  édit.  1682» 
croit  que  c'eft  l'ancienne  Lamia  de  Theflalie.  Voyez  l'ar- 
ticle Domochi  ,  où  nous  faifons  connoître  l'erreur  de 
Baudrand  ;  pour  l'ancien  nom  de  Lamina. 

LAMINITANI ,  peuple  d'Espagne ,  & 

LAMINITATUS  AGER.  Voyez  LamiNîum. 

LAMINIUM ,  ancienne  ville  de  l'Espagne ,  chez  les 
Carpétaniens ,  félon  Ptolomée ,  /.  2  ,  c.  6.  C'eft  à  préJ 
fent  MONTIEL.  Laminhtm  donnoit  à  fon  territoire  le 
norn  de>  Laminitanus  ager  ,  de  même  que  ce  même 
canton  s'appelle  préfentement  Campo  de  MontieL  Pline , 
/.  3 ,  c.  1 ,  dit  que  YAnâs,  rivière,  a  fa  fource  in  agro  Lami- 
tano  ;  nous  dirions  aujourd'hui  que  la  Guadiana  a  fa 
fource  dans  la  campagne  de  MontieL  II  nomme  les  ha- 
bitans  de  cette  ville,  c.  3,  Laminitani.  Voyez  Mo NTIEL. 

LAMMAS,  Aa/j./j.àç.  Ortélius  nomme  ainfi  un  lieu 
de  la  Paleftine ,  dont  il  eft  parlé  au  Livre  de  Jofué  , 
c.  15,  v.  41.  L'hébreu  porte  Lackmas ;  &  c'eft  ainfi 
que  lit  le  Clerc.  La  Vulgate  lit  Leheman.  Quoi  qu'il  en 
foit  du  nom ,  cette  ville  étoit  du  partage  de  la  tribu  de 
Juda. 

LAMN.EUS ,  rivière  de  l'Inde  ^  félon  Arrien,  Peripl. 
Maris  Erythrai,  p.  25  ,  edit.  Oxon.  qui  en  parle  ainfi: 
on  traverfe  ce  golfe ,  quand  on  prend  le  large  pour  al- 
ler à  Barigaza:  à  la  hauteur  de  trois  cents  ftades,  on 
laifle  fur  la  gauche  une  ifle  qu'on  voit  d'affez  loin  ,  & 
on  fait  route  vers  l'orient  jusqu'à  l'embouchure  du  fleuve 
nommé  Lamneus  Aapvaloç.  On  foupçonne  que  ce  fleuve 
eft  le  Namados  vsay.iïoç  ,  de  Ptolomée.  Voyez  ce 
mot. 

LAMNUM.  Voyez  Tamnum. 

1.  LAMO,  petite  ville  de  Natolie,  dans  la  CaramaJ 
nie ,  près  de  la  vîlle  de  Tharfe  ,  du  côté  du  couchant. 
Elle  étoit  autrefois  un  fiége  épiscopal,  fuffragant  de 
Séleucie;  mais  à  préfent  elle  eft  presque  réduite  en  vil- 
lage. Voyez  Lamus. 

2.  LAMO,  ville  d'Afrique,  dans  une  ifle  de  même 
nom ,  fur  la  côte  de  Mélinde ,  avec  un  port,  C'eft  la 
capitale  d'un  royaume. 

3.  LAMO,  royaume  &  ifle  d'Afrique,  fur  la  côte  de 
Mélinde ,  entre  l'ifle  de  Pâté  &  le  royaume  d'Ampeaz 
au  nord ,  &  le  royaume  de  Mélinde  au  midi.  Le  roi  de 
Lamo  fut  tué,  en  1^89,  par  les  Portugais. 

LAMONES.  Sempronius ,  cité  par  Ortélius,  dit  que 
Ce  nom  a  été  donné  au  petit  canton  que  les  anciens  ont 
nommé  Campi-Lapidei,  &c  que  nous  appelions  aujour-, 
d'hui  la  Crau. 

LAMONIA,  lieu  d'Egypte,  félon  Guillaume  deTyr,' 
//19,  v.  25.  Il  ajoute  qu'à  dix  milles  de-là  eft  un  défilé, 
ou  pafîage  entre  des  collines,  nomméSel'em,  c'eft-à-dire, 
port$,  félon  lui, 


LAM 


LAM 


LAMOSI.  Voyez  Lamus. 

LAMOTIS,  petice  contrée  d'Afie,  dans  la  Cilié.  Elle 
prenoit  ce  nom  de  la  ville  de  Lamus ,  félon  Ptolomée, 
/.  5  ,   c.  8. 

LÂMP,  rivière.  Voyez  Lom. 

LAMPAA  ,  Voyez  Lappe. 

LAMPACAO,  port  de  la  Chine,  le  même  que  Ma- 
CAO.  Voyez  ce  mot. 

LAMPACH,  Lambach  ouLeembach,  Tergo- 
lape,  ancien  bourg  d'Allemagne,  dans  la  haute  Autriche, 
fur  le  Traun ,  à  fix  lieues  de  Lintz  ,  au  midi.  Il  y  a  un 
monaftere  célèbre.  *  Baudrand,  édit.  170s;. 

LAMPADOUSE.  Voyez  Lampedouse. 

LAMPAÉSA,  Aa^w*iVa  ,  ville  de  l'Afrique  propre, 
félon  Ptolomée,  /.  4,  c.  3.  Voyez  LambÈse. 

LAMPAGjE  ouLaMBATjE,  félon  les  divers  exem- 
plaires de  Ptolomée,  ville  de  l'Inde,  en-deça  du  Gange. 

LAMPAS  ,  lieu  maritime  fur  le  Pont-Euxin  ,  dans  la 
Cherfonnèfe  Taurique,  félon  Arnen,  dans  fon  Périple 
du  Pont-Euxin. 

1.  LAMPE,  ville  de  l'ifle  de  Crète.  Voyez  Lappa. 

2.  LAMPE,  ville  d'Arcadie.  Voyez  Lampia. 
LAMPEDOUSE  ou  Lampadouse  ,   petite  ifle  de 

la  mer  d'Afrique,  fur  la  côre  de  iunis,  à  foixante  ik 
dix  milles  du  continent ,  &t.  à  cent  de  l'ifle  de  Malthe. 
Les  Italiens  la  nomment  Lampedojh, ,  &  Ptolomée  Lo- 
padufa.  Ce  dernier,  /.  4,  c.  3  ,  lui  donne  33  d.  21' 
de  latitude.  Dapper  ,  Afrique,  p.  532,  lui  donne 
34  d.  Il  ajoute:  elle  eft  inculte  &  inhabitée.  Anofte, 
dans  fon  Roland  furieux,  la  dépeint  fans  mailbns  ;  mais 
quelques  autres,  comme  Crufius,  écrivent  qu'on  y  voit  les 
mafures  d'un  vieux  château,  de  plufieurs  maifons,  de  mu- 
railles &  de  tours  de  ville  ruinée;  mais  qu'on  n'y  peut 
demeurer  ,  à  caufe  d'une  certaine  fatalité,  qui  femble 
n'être  autre  chofe  que  quelque  vifion  ou  fonge  effrayant, 
fi  ce  n'eft  que  par  le  mot  de  fatalité,  on  veuille  entendre 
des  apparitions  dephantômes&  de  fpeclxes  effroyables, 
qui,  félon  Crufius,  apparo. fient  pendant  la  nuit.  Cepen- 
dant il  eft  certain  qu'il  y  a  une  éghfe  app^llée/à/n/e  Marie 
de  Lampadoufe ,  &  divifée  en  deux  parties ,  dont  l'une 
eft  confacrée  pour  les  Chrétiens  ,  &£  vifitée  par  les  pè- 
lerins, qui  y  viennent  offrir  de  l'argent,  des  habits,  du 
pain,  de  la  poudre  à  canon,  des  boulets,  en  un  mot, 
des  chofes  dont  ils  font  le  plus  de  cas.  L'autre  eft  vifitéé 
par  les  Mahométans,  qui  viennent  y  faire  leurs  offran- 
des ,  fans  qu'aucun  d'eux  emporte  la  moindre  chofe  de 
ce  qu'on  y  apporté ,  parce  qu'il  y  a  un  préjugé  fuper- 
ilitieux ,  félon  lequel  celui  qui  n'y  apporte  rien ,  ou  qui 
veut  emporter  ce  qui  y  eft  déjà  n'en  peut  jamais  fortir. 
Les  chevalierf  de  Malthe,  fans  égard  pour  cette  opinion, 
y  viennent  avec  leurs  galères,  Se  prennent  les  pré'ens  que 
les  Chrétiens  y  ont  faits ,  ck  tes  portent  ou  à  Malthe , 
ou  à  leur  hôpital  de  la  Nonciata,  qui  eft  à  Trapani  en 
Sicile,  pour  l'entretien  des  pauvres  &  des  malades. 
Baudrand,  édit  1705 ,  dit  que  l'ifle  n'a  que  quinze  à  feize 
milles  de  circuit  ,  &  qu'elle  eft  délerte.  Mais  elle  eft 
remarquable ,  pourfuit-il ,  par  la  dévotion  de  tous  les  pi- 
lotes, de  quelque  nation  qu'ils  foient ,  envers  la  fainte 
Vierge  ,  dont  il  y  a  une  chapelle  ,  où  ils  portent  tous 
leurs  offrandres  ,  &i  par  le  naufrage  de  l'armée  navale 
de  Charles  V  ,  près  de  cette  ifle,  en  1^2. 

Lampedoufe  a  feize  milles  de  circuit ,  &  fix  de  lon- 
gueur, à  foixante  milles  au  levant  d'été  de  Tunis  ,  &  à 
cent  trente  de  Malthe:  elle  a  un  affez  bon  port,  &C 
les  vaifleaux  y  vont  faire  de  l'eau. 

LAMPETÈS  ,  montagne  &t  promontoire  d'Italie  , 
félon,  Lycophron ,  Alexand.  v.  1067  &  feq.  .\a  7;  »-. 
Cet  auteur  dit  que  les  matelots  des  descendans  de  Nau- 
bolus  viendront  à  Témeffe  où  le  Lampetès ,  qui  eft  une 
'  pointe  de  la  montagne  d'Hippon  ,  s'avance  dans  la  mer 
fur  quoi  Tzetzès,  fon  commentateur,  oblèrve  que  Té- 
mefle,  nommée  auffi  Tempfa  ,  étoit  une  ville  de  la  Ca- 
labre,  &C  qu'Hippon  étoit  également  le  nom  d'une  ville 
&  d'une  montagne.  Le  nom  de  ce  promoontire  a  jette 
Cluvier  dans  l'erreur:  il  en  a  pris  occafîon  de  mettre  au 
bord  de  lamer^au  même  endroit,  Lametia,  ville  qui 
étoit  vers  le  milieu  de  l'ifthme,  &t  qu'il  a  confondue  avec 
Lampetia.  Voyez  LaMETIA. 

LAMPETIA  ,  Aa.!J7!tTiia  ville  de  la  grande  Grèce  , 
au  pays  des  Brutiens,  félon  Etienne  le  Géographe  ,  qui 
cite  Polybe.  Barri  croit  que  c'eft  préfentement  Cutario} 


711 

bourg  fitué  fur  une  roche  qui  avance  fur  la  mer.  C'eft 
apparemment  la  Clampetia  de  PomponiusMéla  &t  de 
Pline.  Voyez  ce  mot. 

LAMPETIUM,  fépulcre  dans  l'ifle  de  Lesbos,  fé- 
lon Etienne  le  Géographe.  Ortéli'is  croit  que  c'eft  la 
même  chofe  que  Lepethymus  ou  LEPETHYMNUb  de 
Philoftrate.   Voyez  ce  mot. 

LAMPEUS.  Voyez  Lampia. 

LAMPI,  nom  que  les  François  donnent  au  royaume 
Ningo.  Voyez  NlNGO. 

LAMPIA,  ouLampea,  Aiww,  montagne  du  Pé- 
loponnaife,  dans  l'Arcadie,  au  pied  de  l'Erymanthe, 
montagne  beaucoup  plus  haute,  félon  Strabon,  /.  8, 
p.  341  ;  &£  Paufanès ,  /.  8  ,  c.  24.  Le  premier  dit  que 
le  mont  Scollis ,  qui  eft  pierreux  &c  commun  à  divers 
peuples  (  qu'il  nomme)  fe  joint  à  une  montagne  d'Ar- 
cadie nommée  Lampia.  Le  fécond  dit:  le  fleuve  Ery- 
manthe  a  (es  fources  dans  le  Lampia ,  montagne  confa- 
crée à  Pan,  &  le  Lampia  eft  peut  être  une  partie  du 
montErymanthe.  Homère  dit,  dans  un  de  fes  Poèmes, 
qu'Erymanthe ,  amant  de  Lampia ,  avoit  coutume  de 
chafler  fur  le  Taygete  &  l'Erymanthe.  On  a  cru  que 
Paulanias  avoit  en  vue  des  vers  du  fixiéme  livre  de  l'O- 
dyffée  ,  où  l'on  ne  voit  aucune  trace  de  cet  amour  d'E- 
rymanthe  pour  Lampia,  mais  où  il  eft  dit  Amplement 
que  Diane  chaffoit  fur  le  Taygete  &  l'Erymanthe.  Pline, 
/.  4,  c.  6 ,  appelle  cette  montagne  de  Lampia,  Lam- 
peus,  &  fait  mention  de  la  ville  de  Lampe ,  qui  étoit 
apparemment  au  même  endroit.  Cette  ville  étoit  épis- 
copale,  au  rapport  du  P.  Hardouin,  qu;  cite  Epiphanius 
qui  en  en  étoit  évêque.  Stace,  dans  la  Thébaïde,  A4, 
v.  290 ,  tait  mention  de  Lampea  : 

Cand-nsque  jugis  Lampea  nivojîs. 

C'eft  toujours  la  même  montagne.  Quelques-uns  ont 
cru  qu'il  parloit  d'une  ville.  L'abbé  de  Marolles  écrit 
Lampia  dans  le  texte  ,  &  dit  dans  fa  traduction  Lampia, 
qui  blanchit  fur  les  coteaux  neigeux  où  elle  eft  bâtie. 
Dans  lés  notes,  il  ne  parle  plus  de  la  ville,  &  dit  que 
Lampin  eft  une  montagne  dans  l'Arcadie,  autrement  ap- 
peîléè  le  pied  du  mont  Erymanthe,  félon  Strabon  & 
Paulanias.  Il  n'a  confulté  ni  l'un  ni  l'autre ,  mais  Orté- 
lius  dont  il  a  emprunté  fa  note. 

LAMPIS,  ville  de  l'Afie  mineure,  près  du  Méandre, 
félon  Nicétas  cité  par  Orrélius. 

1.  LAMPON,  ville  d'Afie,  au  fond  d'un  golfe,  dans 
la  partie  la  plus  méridionale  de  l'ifle  de  Sumatra.  Elle 
donne  fon  nom  au  pays  où  elle  eft  fituée  ,  8c  que  l'on 
appelle  le  pays  de  Lampon ,    &  au  golfe  de  Lampon. 

*  Robert  de  Vaugondy  ,   Atlas. 

Les  Lampons  font  ennemis  jurés  de  ceux  de  Java,  Se 
particulièrement  deBantam,  quoiqu'il  fe  trouve  quantité 
de  Javanois  qui  s'aflocient  à  eux.  Leur  occupation  conti- 
nuelle eft  le  meurtre  &  le  brigandage  ;  ils  entrent  auda- 
cieufement  dans  les  villes  &  dans  les  maifons;  ils  volent 
en  plein  jour,  &  coupent  la  tête  à  ceux  qui  leur  réfiftent. 

Le  golfe  de  Lampon  eft  dans  le  détroit  de  la  Sonde  , 
fur  fa  côte  feptentrionale  ,  dans  l'ifle  de  Sumatra  ,  vers 
les  5  d.  40'  de  latitude  méridionale.  Il  eft  rempli  d'ifles. 

*  Robert  de  Vaugondy  ,  Atlas. 

2.  LAMPON  (le  port  df)  port  de  l'Océan  orien- 
tal ,  fur  la  côte  orientale  de  Luçon,  l'une  des  ifles  Phi- 
lippines :  dans  le  golfe  de  Mauban,  par  le  15e  d.  de  la- 
titude feptentrionale,  à  140  d.  de  longitude. 

1.  LAMPONEA,  ville  delà  Troade  }< félon  Etienne 
le  Géographe,  ou  Lamponium,  feion  Hérodote,  /.  5  , 
c.  26.  C'eft  la'  même  ville.  Il  la  met  avec  Antandre, 
dans  la  Troade  ,  fk  dit  qu'elles  furent  prifes  par  Otanès. 

2.  LAMPONEA,  ville  d'Afie.  Strabon,  /.  13,  c.610, 
la  nomme  avec  Gargara  ,  &  dit  qu'elle  étoit  de  I'jEo- 
lide,   au  jugement  d'Hellanicus. 

LAMPONIA,  petite  ifle,  vers  la  Cherfonnèfe  de 
Thrace  ,  félon  Pline,  /.  4,  c.  12. 

LAMPONIUM.  Voyez  Lamponea  i. 

LAMPR./E,  iiajuwe??..  Il  y  avoit,  félon  Suidas,  deux 
municipes  de  ce  nom  dans  l'Attique,  l'une  au  bord  de  la 
mer,  &  l'autre  fur  une  hauteur,  &  toutes  deux  dans  la 
tribu  Erechreïde.  Cependant  Théocrite,  dans  fon  Eglo- 
giielV,  nomme  Lampriade ,  une'trihu  particulière;  St 
Hardouin  {Mémoires  de  l'Académie  des  belles  lettres, 
t.  6,  p.  141  &C246)  dans  la  tradu&ion  qu'il  en  a  faite, 


7i2  LAM 

rend  ainfi  les  vers  de  ce  poëte  Bucolique:  «  vois-tu  ce 
»  taureau  roux  !  Grands  Dieux  ,  qu'il  eft  maigre  !  Je 
»  voudrais  qu'on  n'en  eût  jamais  d'autre  dans  la  tribu 
»  Lampriade,  lorsqu'ony  facrifie  à  Junon;  ce  font  tous 
»  coquins  à  qui  je  ne  puis  fouhaiter  que  du  mal.»  Il  dit 
dans  une  Note  :  Heinfius  entend  par  cette  tribu  les  ha- 
bitans  d'un  hameau  qui  pouvoit  être  aux  environs  du 
temple  de  Junon  lurnommée  Lacinienne ,  à  caufe  du 
cap  Lacinien ,  où  ce  temple  étoit  bâti.  Mais,  comme 
cette  déeffe  étoit  auffi  révérée  des  Crotoniates  que  des 
habitans  du  cap  Lacinien ,  on  peut  entendre  par  cette 
tribu,  les  habitans  d'un  quartier  deCrotone,  qui  n'avoient 
peut-être  pas  bonne  réputation  ,  ou  qui  avoient  donné 
à  Théocrite  quelque  fujet  de  mécontentement.  Le  fcho- 
ïiafte  de  Théocrite  ne  nous  apprend  autre  chofe  fur  ce 
paffage,  finon  que  le  mot  de  Lampriade  vient  d'un  Lam- 
prius,  qui  avoit  donné  fon  nom  à  toute  la  tribu.  Soit  que  la 
tribu  de  Lampriade  nommée  par  Théocrite  ait  été  vers  le 
cap  Lacinien,  ou  dans  le  pays  deCrotone,  elle  étoit  dans 
la  grande  Grèce,  &  par  conséquent  n'avoit  rien  de  com- 
mun avec  les  deux  municipes  Lampriœ,  fitués  dans  l'At- 
tique.  Spon,  Lijle  de  VAttique. ,  p.  25Ç  ,  les  nomme 
Lampra  ,  l'un  &  l'autre  ,  ik  les  diftingue  en  b-a/Mif* 
K«3-râïp9e>'  ou  Lampra  fupérieure,  qui  s'appelle  encore  à 
préfent  Palceo  Limbrica,  St  j^a^aà  Imiv ifî-v  $  ou  Lam- 
pra inférieure,  voifine  de  la  précédente,  proche  de  la 
mer,  entre  Sunium  Se  Phalere.  On  y  voyoit  dans  l'une 
ou  dans  l'autre  le  tombeau  de  Cranaiïs ,  roi  d'Athènes. 
LAMPSAQUE,  Lampsacus,  ville  ancienne  de  l'A- 
fîe  mineure ,  dans  la  Myfie ,  presqu'au  bord  de  la  mer, 
à  l'entrée  de  la  Propontide ,  avec  un  bon  port ,  vanté 
par  Strabon ,  vis-à-vis  de  Callipolis,  ville  d'Europe, 
dans  la  Cherfonnèfe  deThrace.  Elle  s'étoit  accrue  des 
ruines  de  la  ville  de  Pcefus ,  fituée  entre  Lampsaque  &£  - 
Parium,  &  dont  les  habitans  parlèrent  à  Lampsaque. 
Son  territoire  étoit  excellent  pour  le  vignoble  :  c'eft 
pourquoi  Lampsaque  avoit  été  amgnée  àThémiftocle,  par 
Artaxerxès,  pour  lbn  vin,  comme  Cornélius  Népos,  in 
Themijlod.  &C  Diodore  de  Sicle,  /.  11 ,  c.  57,  le  rap- 
portent. On  y  adoroit  plus  particulièrement  qu'ailleurs 
Priape,  le  dieu  des  jardins.  Ovide,  Triji,  1.  1 ,  Eleg.  9 , 
dit: 

Et  te  ruricela ,  Lamface ,  luta  £)eo, 

Wheler  parle  ainfi  de  cette  ville,  dans  fes  Voyages  , 
t.  1  ,p.  136.  Lampsacus ,  à  préfent  Lampsaco ,  a  perdu 
l'avantage  qu'elle  avoit,  du  tems  de  Strabon,  fur  Calli- 
poli ,  n'étant  à  préfent  qu'une  petite  ville  peu  habitée , 
par  des  Turcs  &  des  Grecs.  Strabon  la  met  environ  à 
cinq  milles  du  détroit  ;  Se  je  crois  qu'il  n'y  a  pas  beau- 
coup plus  ,  ni  beaucoup  moins.  Lampsaco  étoit  une  des 
villes  que  Xerxès  donna  à  Themiftocle  pour  fon  entre-' 
tien.Magnéfie  étoit  pour  fon  pain,  Myunspourfa  viande, 
&  celle-ci  pour  fon  vin.  Auffi  y  ai-je  remarqué  de  très- 
belles  vignes  à  l'entour  ,  &:  principalement  du  côté  du 
fud  ;  elle  eft  ceinte  de  grenadiers.  Elle  s'appelloit  an- 
ciennement Petyufa.  Il  y  a  un  bon  port ,  à  cent  foixante- 
dix  ftades,  ou  à  fept  lieues  d'Abydos.  On  n'y  compte,  pas 
plus  de  deux  cents  maifons  ;  la  mofquée  eft  affez  belle  ; 
le  portail  en  eft  foutenu  par  des  colomnes  dç  marbre 
rouge.  C'étoit  d'abord  un  temple  Chrétien ,  comme  on 
le  prouve  par  des  croix  qui  font  gravées  fur  les  chapiteaux 
des  colomnes.  J'ai  vu  dans  le  jardin  d'un  Turc  de  belle, 
inferiptions.  La  première  eft  une  dédicace  d'une  ftatue  à 
Julia-Augufta ,  remplie  des  titres  de  Vefta  tx  de  nouvelle 
Cères,  par  la  communauté;  mais  les  deux  côtés  de  la 
bafe  ,  &  l'érection  fut  faite  aux  dépens  de  Dionyfius ,  fils 
d'Apollonotimus ,  intendant  de  la  jufte  diftirbution  des 
couronnes,  facrificateur  de  l'empereur,  Se  maître  de  la 
couronne  de  toute  la  famille  ,  tréforier  dufénat,  pour  la 
féconde  fois.  La  féconde  eft  la  bafe  d'une  ftatue  dreffée 
en  l'honneur  d'un  certain  Cyrus,  fils  d'Apollonius,  mé- 
decin très- habile  de  la  ville,  érigée  par  la  communauté, 
à  caufe  de  plufieurs  bienfaits,  qu'elle  en  avoit  reçus, 
l'ayant  élevée  avec  éclat ,  Se  avec  beaucoup  de  fomp- 
tuofité  ,  Se  y  ayant  dépensé  plus  de  mille  talens.  A  un 
quart  de  lieue  de  la  ville,  on  voit  environ  une  douzaine 
de  colomnes  de  marbre  de  front,  couchées  les  unes/ur 
les  autres ,  dont  les  payfans  affurent  que  quelques-unes 
ayant  été  emportées  par  les  Turcs  dans  la  ville  ,  pour 
en  bâtir  une  mosquée ,  elles  furent  rapportées  la  nuit  en 


■AN 


leur  première  place  ,  fans  que  personne  sût  comment  ,~ 
&  cela,  par  deux  fois.  Les  Turcs  ne  font  pas  fi  fcrupuleux 
en  ce  lieu  qu'ailleurs  ,  où  ils  n'ofent  planter  des  vignes , 
le  vin  leur  étant  défendu  par  la  loi.  Ici ,  fous  prétexte 
d'avoir  des  raifins ,  ils  fe  donnent  la  liberté  de  taire  des 
vins  cuits,  au  lieu  de  forbet,  Se  de  l'eau-de-vie,  dont 
les  moins fcrupuleux  fe  fervent  comme  nous.  Grelot,  dans 
fon  Voyage  de Conftantinople  ,  ^.32,  dit  que Lampsace 
n'eft  plus  qu'un  miférable  bourg  qui  n'a  rien  confervé  de 
fon  ancienneté  que  les  collines  qui  l'environnent,  fur  les- 
quelles il  croît  encore  quelques  vignes  ,  dont  les  rai- 
fins 6c  les  vins  font  excellens ,  mais  en  très-petite  quan- 
tité. 

LAMPSEMANDUS ,  petite^isie  d'Afie,  fur  la  côte 
de  la  Carie,  dans  le  golfe  Céramique,  félon  Pline, 
/.  5  ,  C.3 1 .  Etienne  le  Géographe  la  nomme  Lepsemandus. 
Le  P.  Hardouin  doute  s'il  ne  faut  pas  divifer  ce  mot 
en  deux,  &  lire  Lampfis  Myndus ;  quelques  manuferits 
portent  Lampsœmindus. 

1.  LAMPSUS,  petite  place  de  la  Theffalie,  dans 
Tite-Live.  /.  31,  c.  14.  Il  la  qualifie  cafiellum  ou  forte- 
fejfe  ;  mais  il  la  nomme  avec  d'autres  qui  n'avoient  guè- 
res  de  réputation. 

2.  LAMPSUS ,  contrée  de  l'Ane  mineure  ;  elle  fai- 
foit  partie  du  territoire  de  Clazomène. 

LÀMPTA,  bourg  d'Afrique,  au  royaume  de  Fez,' 
auprès  de  la  capitale.  On  dit  qu'il  a  été  bâti  des  ruines 
de  l'ancienne  Vobrix  ou  Bobrix ,  ville  de  la  Mauritanie- 
Tingitane  ,  félon  Baudrand,  idit.  1705. 

LAMPTER.    Voyez  Phocée. 

LAMPUENSIS  ou  LAMFUENSIS  ,  ancien  lieu  d'A- 
frique ,  dans  la  Numidie.  C'étoit  le  fiége  d'un  évêque  ; 
&  la  Notice  d'Afrique  nomme  Maxime  Lamfuenfis. 
Ponce,  autre  évêque  de  ce  lieu  ,  Ponthcs  episcopus pie- 
bis  Lamfuenfis ,  fouscrivit  au  concile  de  Carthage ,  tenu 
fous  Eoniface  l'an  525;  &  l'un  des  évêques  de  la  Confé- 
rence de  Carthageeft  nommé  Safargius  episcopus  pkbis 
Lampucnlis. 

LAMPURA.  Voyez  Selàmpura. 

LAMPYRENSES ,  Aa.^vSf,( ,  peuple  de  l'Attique , 
félon  Strabon  ,  1.8,  p.  398. 

5  LAMSORTENSIS  ,  ancien  lieu  Se  fiége  épifcopal 
d'Afrique,  dans  la  Numidie  ;  il  ne  faut  pas  le  confondre, 
comme  a  fait  Ortélius,  avec  Lamfoclenfis  ,  qui  étoit  de  la 
Mauritanie  Sitifense.  La  Notice  épiscopale  d'Afrique  les 
diftingue  très-bien  ;  on  y  trouve  Félix  Lamsortcnfis  entre 
les  évêques  de  Numidie,  &  Vindemius  Lcmfocîenfis 
entre  ceux  de  la  Mauritanie  Sitifenfe.  La  Conférence 
de  Carthage  fournit  Amonianus  episcopus  Lamsorten- 
fis ,  &  ne  fait  aucune  mention  de  l'autre  Jîége. 

LAMUM  ,  bourg  d'Italie  ,  dans  le  Latium  ,  félon 
George  Fabricius  ,  qui,  dans  fes  Voyases,  dit  qu'on  le 
nomme  Marino.   *  Orcel.  Thef. 

LAMURA  ,  ville  Se  rivière  d'Afie ,  dans  la  Lycie  , 
félon  Etienne  le  Géographe.  Voyez  LlMYRA. 

1  Se  2.  LAMUS,  ville  Se  rivière  de  Cilicie ,  félon 
Ptofomée ,  /.  5  ,  c.  8.  Il  met  l'embouchure  de  la  rivière 
de  ce  nom,  entre  Sébafte  Se  Pompeïopolis  ;  Si  la  ville 
dans  un  canton  qui  en  prend  le  nom  de  Lamotide.  Ce 
canton  eft  nommé  Lamufia  par  Etienne.  Cette  même 
ville  Lamus  eft  épiscopale  ,  &  eft  nommée  dans  la  No- 
tice de  Hieroclès,  &  dans  celle  de  Léon  le  Sage,  comme 
ville  de  l'Ifaurie.fous  Séuleucie,  métropole.  On  la  nomme 
encore  Lamo.    Voyez  ce  mot. 

3.  LAMUS  ,  ville  des  Leftrygons  ,  félon  Homère.; 
Voyez  au  mot  LvESTRYGONS.  Ortélius  croit  que  c'eft 
Cajete  ;  mais  les  anciens  ont  cru  que  c'étoit  Formies  , 
Formioe. 

4.  LAMUS,  ruiffeau  fur  le  fommet  de  l'Hélicon ^ 
félon  Paufanias ,  in  Atticis. 

5.  LAMUS.  Paul-Diacre  ,  HiJ!.Lor.Sobard,l  2,  c.  16, 
nomme  ainfi  une  ville  de  la  Lucanie. 

LAMZELLENSIS  ,  fiége  épiscopal  d'Afrique  ,  dans 
la  Numidie.  La  Conférence  de  Carthage  fait  mention 
de  Donaùanus  Lam^elUnjis. 

1.  LAN.  Voyez  Laon. 

2.  LAN  ,  ville  de  la  Chine ,  dans  la  province  de 
Xenfi ,  au  département  de  Linyao  ,  fixiems  mérropole 
de  la  province  ;  elle  eft  plus  occidentale  que  Pékin,  de 
12  d.  20'  par  les  37  d.  4'  de  latitude.  *  Atlas  Sinenfis. 

3.  LAN,  ville  de  la  Chine,  dans  la  province  d'Iun- 


Lan 


Lan 


Jlàn  ,  su  département  de  Likiang  ,  fifiéme  ville  mili- 
taire; elle  eft  pins  occidentale  que  Pékin,  de  17  d.  26' 
par  les  27  d.  >6'  de  latitude.  *  Atlas  Sinenjîs. 

LANARIUS  Flbvius,  rivière  de  Sicile.  Antonin, 
Itin.  la  met  fur  la  route  d'Agrigente  à  Lilybée  entre  ad 
Aquas  ck  Mazare  ,  à  dix  mille  pas  de  cette  dernière  ,  6c 
à  vingt-deux  de  Lilybée. 

LANÇA:  (le  pays  de)  les  Bramines  nomment  ainfî 
l'ifle  de  Ceylan  &C  le  royaume  d'Achem  ,  dans  l'ifle 
de  Sumatra  ;  &  ils  croient  que  ces  deux  pays  étoient 
contigus  anciennement. 

LANCASHIRE,  ou  la  province  de  Lancaftre,  pro- 
vince maritime  d'Angleterre  ,  au  diocèfe  de  Chefter ,  le 
long  de  la  mer  d'Irlande  ,  qui  la  borne  au  couchant. 
Les  provinces  de  Cumberland  ck  de  Weftmorland  la 
terminent  au  nord  ck'au  nord-eft ,  Yorckshire  au  levant , 
ck  Cheshire  au  midi.  Elle  a  cent-foixante  ck  dix  milles 
de  circuit ,  ck  contient  environ  il 50000  arpens  ,  & 
40102  maifons.  L'air  y  eft  fort  bon  ,  ck  peu  fujet  aux 
brouillards ,  ck  les  habitans  y  font  généralement  robuftes 
Se  vigoureux.  Une  partie  de  ce  pays  eft  plate  Se  unie , 
produifant  fur-tout  beaucoup  de  froment  Se  d'orge  ,  Se 
le  pied  des  montagnes  de  très-excellente  avoine.  Mais 
les  endroits  montagneux,  qui  font  du  côté  de  l'eft  ,  font 
la  plupart  pierreux  Se  fteriles.  Il  y  a  dans  le  plat  pays  des 
marais,  qui  ne  font  pas  tout-à-fait  inutiles  ;  car  on  en 
tire  d'excellentes  tourbes;  &,  ce  qui  eft  furprenant,  on 
y  trouve  quelquefois  des  arbres  entiers  qui  croilTent  fous 
la  terre,  comme  font  d'autres  plantes  ,  fuivant  l'opinion 
de  Cambden.  Les  principales  rivières  de  cette  province 
font  le  Mersey  ,  la  Ribble  St  le  Lon ,  dont  le  cours  eft 
de  l'eft  à  l'oueft.  Le  Mersey  la  fépare  de  Cheshire  au 
midi.  La  Ribble  l'arrofe  vers  le  milieu,  Se  le  Lon  vers 
le  nord.  Il  y  a  auffi  divers  lacs,  dont  les  principaux  font 
le  Winder&cleMerton.  Le  premier  a  dix  milles  de  lon- 
gueur Se  quatre  de  largeur  ;  c'eft  le  plus  grand  lac  qu'il 
y  ait  en  Angleterre.  II  fépare  une  partie  de  la  province 
dé  celle  de  Weftmorland.  Son  eau  eft  fort  claire  ,  Se  le 
fond  eft  couvert  de  petites  piertes.  On  y  trouve  en  quan- 
tité des  truites,  des  brochets,  des  perches,  mais  parti- 
culièrement un  poiflbn  très-délicat ,  qui  s'appelle  chaar, 
&  qu'on  ne  trouve  point  ailleurs ,  hormis  dans  Ulles- 
Water  ,  autre  lac  fur  les  confins  de  Cumberland  Se  de 
iVeftmorland.  Quelque  fteriles  que  foient  certains  en- 
droits de  cette  province,  le  refte  eft  très-fertile  en  bled 
&  en  pâturage,  ck  généralement  en  volaille,  en  gi- 
bier ck  en  poiflbn.  Les  bœufs  de  ce  pays,  comme  ceux  de 
Sommersetshire ,  font  d'une  grandeur  prodigieufe.  Pour 
le  chauffage,  il  y  a  non-feulement  des  tourbes  ,  mais  auffi 
abondance  de  charbon  de  terre  ,  dont  on  fait  plufieurs 
uftenfiles  prefqu'auffi  beaux  que  fi  c'étoit  du  jayet. 
Pour  bâtir  il  y  a  diverfes  carrières  ;  ck  pour  faire  de 
la  toile ,  le  chanvre  y  croît  à  merveille.  De  toutes  les 
provinces  d'Angleterre,  il  n'y  en  a  point  où  il  y  ait  tant 
de  Catholiques  que  dans  celle-ci.  Les  femmes  y  font  très- 
belles  ,  ck  c'eft  peut-être  de-là  que  vient  cette  expreffion 
proverbiale  :  les  Sorciers  de  Lancajlre.  Cette  province 
eft  du  nombre  de  celles  qu'on  appelle  palatines  ;  Se  elle 
a  donné  à  plufieurs  princes  du  fang  le  titre  de  ducs 
de  Lancajlre.  Ses  villes  ck  bourgs  où  l'on  tient  marché, 
font  : 


*  Lancaftre,   capitale; 

Colne , 

*Clithero, 

Bury, 

*Leverpool, 

Burnley, 

*Prefton, 

Charnley, 

*Wigan, 

Dalton, 

*  Newton  , 

Leigh , 

Manchefter, 

Ormskirk  , 

"Warrington, 

Poulton , 

Bolton, 

Hallingden 

Ecclefton, 

Garftang , 

Hauwkshead, 

Kirkham  , 

Hornby, 

Prescot, 

Blackbourn, 

Ulverfton , 

Cartmel, 

Rochdale. 

le  nom  de  Lâncashire  ou  comté  de  Lancaftre.  Cambden 
croit  que  c'eft  le  Mediolanum  des  anciens  ;  d'autres  ,  que 
c'eft  leur  Lcgovicum.  (Elle  n'eft  pas  fi  ancienne  :  il  s'en 
faut  beaucoup.)  On  l'appelle  Lancafire  ou  Loncaftre, 
parce  qu'elle  eft  fituée  fur  le  Lon  ,  rivière  qui  y  a  un 
beau  pont  à  cinq  arcades.  La  ville  eft  à  cent  quatre-vingt- 
fept  milles  de  Londres,  ck  à  cinq  milles  de  la  mer  d'Ir- 
lande. Sur  une  éminence ,  auprès  de  la  rivière ,  il  y  a 
un  petit  château,  qui  fert  maintenant  de  prifon  pour  la 
province  ,  ck  où  l'on  tient  les  Affiles.  La  ville  n'eft  pas 
grande  ,  ck  il  n'y  a  qu'une  belle  ck  grande  églife.  *Etat 
prèfent  de  la  Gr.   Bretagne ,  t.  I  ,  p.  80. 

LANCE,  lieu  d'Espagne,  félon  Antonin,  Itiner.  fur 
la  route  de  la  Galice.  L'emplaire  du  Vatican  porte  : 


Lacoirica  , 
Câmala,     M. 
Lance,         M. 


XXIV. 
XXIX. 

Ad  Lcugas  VII.  Geminam, 


Les  fix  premières  envoient  des  députés  au  parlement. 
*  Etat  préf.  de  la  Gr.  Bretagne  ,  t.  I  ,  p.  78. 

LANCASTRE ,  ville  d'Angleterre  ,  dans  une   pro- 
vince dont  elle  eft  la  capitale ,  Se  à  laquelle  elle  donne 


Le  copifte  trouvant  Leg,  abrégé  de  Legionem,  a  cru  qu'il 
s'agifloit  de  lieues  ,  en  quoi  il  s'eft  trompé  :  le  mot  Ge- 
minam ,  s'il  l'eût  entendu ,  l'en  auroit  garanti ,  puisque 
ce  motdeGem  ,  Gemina  ou  Gemella  ,  étoit  un  furnom 
commun  aux  légions  formées  de  deux  autres  légions. 
Zurita  met  beaucoup  mieux  ad  Legionem  Fil.  Geminam^ 
M.  p.  ix.  Voyez  l'article  Leg  10  Germanica.  au  mot 
LEGio.Ce  dernier  éditeur  lit  Lanciaaulku  de  Lance; 
Il  s'agit  donc  d'un  lieu  nommé  Lance  ou  Lancia  ,  à  neuf 
milles  ou  à  trois  lieues  de  Léon.  Voyez  l'article  Lancia 
Oppidana. 

s  LANCEROTE,  ifle  d'Afrique,  une  des  Canaries, 
à  dix-huit  heues  de  la  Grande-Canarie  ,  vers  le  fud-eft. 
On  lui  donne  treize  lieues,  du'nord  au  fud,  fur  neuf  lieues 
de  largeur  ;  fon  circuit  eft  d'environ  quarante  lieues  j 
latitude  18  d.  30'. 

j  Une  chaîne  de  montagnes ,  qui  divife  cette  ifle,  fert 
d'afyle  à  quelques  bêtes  fauvages  ,  qui  n'empêchent  pas 
les  chèvres  ck  les  moutons  d'y  paître  tranquillement  ; 
mais  il  y  a  peu  de  bêtes  à  corne  ,  ck  moins  encore  de 
chevaux.  Les  vallées  fontféches  ck  fablonneufes  ;  elles 
ne  laiflent  pas  de  produire  de  l'orge  ck  du  froment  mé- 
diocre. Cette  ifle  conquife,  au  profit  de  l'Espagne  ,  par 
Jean  de  Betencourt ,  fut  prife,  en  1 596,  par  les  Anglois. 
La  'ville  qui  eft  à  l'eft  de  l'ifle ,  ck  qui  porte  le  même 
nom ,  n'étoit  pas  compofée  de  plus  de  cent  maifons  , 
dont  la  plus  belle  n'avoit  que  l'apparence  d'une  cabane. 
Elles  étoient  bâties  de  cannes  ck  de  paille,  ck  couver- 
tes de  boue  endurcie  au  foleil.  L'églife  n'étoit  pas  mieux 
bâtie.  A  un  demi-mille  de  la  ville,  ils  trouvèrent  un  châ- 
teau très-fort,  fitué  au  fommet  d'une  colline,  ck  gardé  par 
une  centaine  d'Espagnols  ou  infulaires. 

.  LANCHESTER  ,  village  d'Angleterre  ,  dans  la  pro- 
vince de  Durham  ,  à  trois  lieues  de  la  ville  de  Durham; 
les  géographes  croient  y  trouver  l'ancienne  Longovi- 
CUM.  *  Baudr.  édit.  1705. 

LANCHIDOL.  (la  mer  de)  Quelques  géogra- 
phes nomment  ainfi  la  partie  de  l'Océan  oriental ,  qui  eft 
entre  l'ifle  de  Java,  les  Moluques,  la  Nouvelle  Hollande, 
Se  une  partie  des  Terres-Auftrales.  *  Baudr.  édit.  1705. 

1.  LANCIA,  ifle  fur  la  côte  d'Espagne,  félon  Ma- 
riana,  Hifl.Hisp.  1. 1  ,  c.  11  ,  qui  lui  en  joint  une  au- 
tre, ck  dit  que  ce  font  préfentement  les  ifles  de  Ba- 
jona,  fur  la  côte  de  la  Galice. 

2.  LANCIA,  ancienne  ville  d'Espagne,  dans  l'A» 
fturie.  Elle  eft  qualifiée  ville  ttès-forte ,  validiffima 
civitas  par  Florus,  /.  4,  c.  12;  ck,  comme  l'obferve 
Cellarius ,  il  ne  s'agit  point  là  d'une  ville  des  Venons, 
dans  la  Lufitanie  ,  mais  de  Lancia,  qui  étoit  dans  l'A- 
fturie;  car  il  y  eft  queftion  de  la  guerre  contre  les  Aftu» 
riens.  Dion-Caffius,  parlant  de  cette  même  guerre,/.  53, 
p.  514,  dit  de  Carifius, lieutenant  d'Augufte,  qu'il  s'em- 
para de  Lancia ,  la  plus  grande  ville  de  l'Afturie ,  qu'il 
trouva  déferte  ;  ck  Ptolomée ,  /.  1,  c.  6 ,  met  dans  l'A- 
fturie Lanciatum ,  qui  ne  diffère  point  de  la  Lancia  de 
Florus  ck  de  Dion.  C'eft  auffi  la  Lance  ou  Lancia  d'An- 
tonin.  Voyez  Lance.  C'eft  préfentement  la  Pcnna  di 
Francia,  lieu  fameux  par  une  dévotion  à  fainte  \"iergc, 
fi  nous  en  croyons  Baudrand,  qui  confond  la  Lancia 
Oppidana  de  Ptolomée,  avec  h  Lance  d'Antonin,  quoi- 
que cette  dernière  ne  fut  qu'à  ix.  m.  p.  ou  trois  lieue* 

Tome  111,    Xxxx 


714 


LAN 


LAN 


de  Léon,  &  que  l'autre  en  foit  après  de  cinquante  lieues  : 
nous  ignorons  la  place  précife  de  cette  Lance  ,  Lancia 
ou  Lanciatum  ,  qui  doit  avoir  été  quelque  part  dans  le 
voifinage  de  Manfilla ,  comme  le  remarque  très-bien  le 
ï>.  Briet,  Parai.  2.  part.  1.  4,  p.  164.  Pline  ,  /.  3  , 
c.  3  ,  en  nomme  les  habitans  Lancienses ,  &  les  met  dans 
l'Afturie. 

3.  LANCIA  OPPIDANA,  ancienne  ville  de  la  Lu- 
îîtanie,  chez  les  Vettons,  félon  Ptolomée,  /.  2 ,  c.  5. 
On  en  trouve  un  monument  du  fiécle  d'Augufte ,  dans 
une  inscription  au  Recueil  de  Gruter,  p.  199 ,  n.  3. 

Term.  Aug.  Inter. 
Lanc.  OFP.  ET  IG-EDIÎ. 

C'éft  de  celle-là  qu'il  faut  entendre  ce  que  Bâudrand  dit 
de  Penna  di  Francia ,  au  levant  d'été  de  Ciudad-Rô- 
drigo.  Pline  ,  /.  4  ,  c.  22 ,  nomme  les  habitans  de  cette 
Ville  Lancienses. 

4.  LANCIA  TRASCUDANA ,  félon  Gruter ,  ou 
Transcudana,  félon  Vafeus.  Ortélius  dit  que,  dans  une 
inscription  qui  eft  à  Alcantara  ,  fur  un  pont  ,  il  eft  fait 
mention  de  Lancienses  Oppidani  ,  &  de  Lancienses 
Transcudani.  On  ne  fait  aujourd'hui  ce  que  c'eft ,  quoi- 
que Bâudrand  ait  conjecturé  que  c'eft  préfentement 
Guarda  en  Portugal. 

LANCIANO  ou  Lanciana  ,  ville  d'Italie  ,  au 
royaume  de  Naples  ,  dans  l'Abruzze  citérieuré ,  dont 
elle  eft  la  capitale  ,  avec  un  archevêché  érigé  en  1 562. 
Elle  eft  affez  grande,  &  peuplée ,  à  cinq  milles  de  la  côte 
du  golfe  de  Venife,  fur  le  torrent  de  Feltrino  ,  à  deux 
milles  de  la  rivière  deSangro,  à  fept  d'Ortona  au  midi, 
à  dix  de  la  petite  rivière  de  Lenta  ,  &  presqu'au  milieu, 
entre  Chiéti  &  Guafto  di  Amone ,  environ  à  quinze  mil- 
les de  chacune  de  ces  deux  villes  ;  elle  eft  célèbre  par 
{es  foires.  Voyez  Anxani.  *  Baudr.  éd.  1705* 

LANCIATUM.    Voyez  Lancia,  i. 

LANCIENSES.  Voyez  Lancia.  1,  2  &  3. 

LANCKIUNG  ,  ville  de  la  Chine,  dans  la  province 
d'Iunnan ,  au  département  deTali,  féconde  métropole 
de  la  province.  Elle  eft  plus  occidentale  que  Pékin  ,  de 
16  d.   56',  parles  26  d.  de  latitude.  * 'Atlas  Sinenfis. 

LANCOBARDI.  Voyez  l'article  Lombards. 

LANCOBRICA.  Voyez  Lacoerica. 

LANDA  ,  monaftere  de  Pologne,  dans  le  palatinat 
de  Posnanie ,  fur  la  Warta.  Il  eft  de  l'ordre  de  Cîteaux, 
&  fut  fondé,  l'an  1145  ,  par.Miecifhvw",  en  mémoire  de 
la  victoire  qu'il  avoit  remportée  fur  les  Ruffes  comman- 
dés par  Vladiflas  II,  roi  de  Pologne.  DlugoJJ".  p.  472. 

LANDAFF,  petite  ville  d'Angleterre,  au  pays  de  Gal- 
les ,  dans  le  comté  de  Glamorgan ,  fur  le  TafF,  un  peu 
au-deffus  de  CardifF.  C'eft  une  cité,  mais  fi  petite,  qu'elle 
n'a  point  de  marché.  C'eft  néanmoins  le  fiége  d'un  évê- 
que.  Mais  l'auteur  de  l'Etat  prélent  de  la  Grande-Breta- 
gne ,  t.  1 ,  p.  142 ,  dit  que  la  prodigalité  de  l'évêque 
Kitchin ,  autrement  Dunftan  ,  réduifit  cet  évêché  à  un 
tel  degré  de  pauvreté  ,  qu'à  peine  eft-il  capable  d'entre- 
tenir fon  évéque.  Baudraad  dit  qu'il  y  a  un  vieux  châ- 
teau, &  que  la  ville  dépérit  tous  les  jours ,  étant  presque 
réduite  en  village  avec  peu  d'habitans  ,  à  caufede  la  pro- 
ximité de  CardifF,  dont  elle  n'eft  qu'à  un  mille,  &  à 
deux  feulement  de  la  Manche  de  la  Saverne,  &à  trente 
milles  de  Briftol  au  couchant,  &  à  cent  vingt-trois  milles 
de  Londres.  Il  fe  tint  à  LandafF,  l'an  988 ,  un  concile, 
appelle  Landavenfe  concilium, 

LANDAIS,  Landejïum,  lieu  de  France,  dans  le  Berri, 
au  diocèfe  de  Bourges ,  avec  une  abbaye  fous  l'invoca- 
tion de  Notre-Dame,  ordre  de  Cîteaux,  de  la  filiation  de 
l'abbaye  de  l'Aumône.  Elle  fut  fondée,  l'an  1 1 1 5,  par  Ar- 
chambaud  d'Argy,  fk  Etienne  Mufel,  gentilshommes ,  & 
lut  d'abord  occupée  par  des  filles  auxquelles  des  religieux 
fuccéderent,  l'an  1 143.  *  Piganiolde  la  Force,  t.  6,  p.  423. 

LANDAU,  ville  de  France,  dans  la  baffe  Alface,au 
pays  de  "Vasgou  ;  quoique  cette  ville  en  foit  féparée 
d'une  diftance  de  cinq  ou  fix  lieues ,  &  qu'elle  foit  en- 
clavée dans  le  bas  Palatinat,  fur  la  rivière  de  Queich, 
qui  fe  jette  dans  le  Rhin  à  Germesheim.  C'eft  une  des 
plus  anciennes  villes  impériales ,  à  qui  Rodolfe  I  donna 
les  mêmes  prérogatives  &  franchifes  qu'à  Haguenav, 
en  1291.  Ces  avantages  &  la  bonté  du  terroir,  y  ayant 
attiré  beaucoup  d'habitans ,  il  fallut  en  augmenter  l'en- 


ceinte. L'empereur,  Louis  de  Eaviete  ,  vers  l'an  1320,' 
donna  cette  ville  en  engagement  à  l'évêque  de  Spire,  qui 
en  jouit  près  de  deux  cents  ans.  Enfin  l'empereur  Maxi- 
milien  I  la  retira ,  l'an  1 5 1 1 ,  fk  la  joigr.it  à  la  préfecture 
ou  landvogtey  d'Alsace  ;  ce  qui  fut  confirmé, l'an  1521, 
par  l'empereur  Charles  V,  qui  ordonna  qu'elle  ne  pour- 
roit  jamais  être  féparée  de  la  préfecture.  Elle  fut  réunie 
à  la  couronne  de  France ,  par  un  arrêt  du  conseil  d'Al- 
face,  l'an  1680.  Après  cela  le  feu  roi  Louis  XIV  y  fit 
faire  des  fortifications  dont  nous  parlerons  dans  h  fuite 
de  cet  article;  de  forte  qu'elle  fbutint,  l'an  1702,  un 
grand  fiége  contre  l'empereur  Jofeph  ,  qui  étoit  alors  roi 
des  Romains ,  &  qui  commandoit  en  personne.  L'armée 
Françoife  l'affiégea,  &c  la  reprit,  l'année  fui  vante  1703  ; 
mais  en  1704,  après  la  journée  de  Hochftedt,  les  Im- 
périaux, avec  leurs  alliés ,  l'affiégerent,  pour  la  féconde 
fois,  Sx.  la  reprirent.  Ils  en  jouirent  neuf  ans,  durant, 
lesquels  ils  en  perfectionnèrent  les  fortifications;  ce  qui 
n'empêcha  point  les  François  de  la  prendre  encore,  l'an 
171 3.  Les  Allemands  prétendoient  que  cette  ville  étant 
hors  de  l'Alface ,  devoit  être  reftituée  par  les  François  ; 
mais  par  le  traité  de  Bade,  l'an  1714,  l'empereur  Char- 
les VI ,  avec  tous  les  états  de  l'empire,  ayant  abandonné 
cette  prétention ,  confentirent  qu'en  vertu  du  traité  de 
Ryswyck,la  ville  de  Landau  avec  fes  dépendances,  con- 
fiftant  dans  les  villages  de  Nusdorff,  Damhcin  &  Quic- 
kein  ,  demeurât  fortifiée  au  roi  très-Chrétien ,  pour  en 
jouir  comme  il  faifoit  avant  la  guerre.  *Longueruet 
Descr.  de  la  France,  2.  part. p.  238. 

Cette  ville,  dit  Piganiol  de  la  Force,  Description  de  la. 
France,  t.  7,  p.  435,  eft  fituée  dans  l'endroit  le  plus 
fertile  &  le  plus  agréable  de  la  province ,  fur  la  rivière 
de  Queich,  qui  pafle  au  milieu,  &  à  l'entrée  delà  Gorge 
d'Anveil.  Elle  eft  environnée  de  belles  prairies  &  d'un 
grand  nombre  de  petites  villes,  bourgs  &  villages,  dont 
les  habitans  fréquentent  les  marchés  qui  fe  tiennent,  deux 
fois  la  femaine ,  à  Landau.  La  plupart  des  bourgeois  font 
Luthériens.  On  compte  dans  cette  ville  fept  cents  mai- 
fons  ,  neuf  cents  familles ,  &  environ  quatre  mille  habi- 
tans ,  dont  la  plupart  font  marchands  ou  Cabaretiers. 
Landau  étoit  une  des  dix  villes  impériales  de  la  préfec- 
ture d'Haguenav.  Cette  place  eft  tellement  commandée, 
du  côté  des  montagnes  d'Alface  ,  que  le  maréchal  de 
Vauban  fut  obligé  de  fe  fervir,  pour  Ces  fortifications,  du 
fyftême  qu'il  avoit  inventé  pour  Béfort ,  qu'il  a  rectifié 
en  cette  occafion  ,  &  perfectionné  au  Neuf-Brifac.  La 
figure  de  la  place  eft  un  octogone  allongé  ,  compofé  de 
fept  tours  baftionnées ,  &  de  huit  courtines  qui  les  joi- 
gnent. A  la  place  d'une  huitième  tour  baftionnée,  on  à 
conftruit  un  grand  baftion  retranché  par  la  Gorge,  qu'on 
appelle  réduit ,  &  qui  fert  de  citadelle  à  cette  place,  parce 
que  fon  retranchement  commande  la  ville.  Les  fept  tours 
baftionnées  font  couvertes  chacune  d'une  grande  con- 
tre-garde ou  baftion  détaché,  qui,  avec  les  tenaillons  qui 
font  entre  chacun,  &  qui  leur  fervent  comme  de  cour- 
tine ,  forme  cette  féconde  enceinte ,  laiffant  entre  deux 
un  foffé.  Cette  féconde  enceinte  eft  encore  enveloppée- 
d'un  grand  foffé ,  dans  lequel  il  y  a  huit  demi-lunes  qui 
couvrent  les  fronts  de  la  place.  Le  réduit  eft  couvert 
par  une  grande  contre-garde  de  terres,  auffi-bien  qu'une 
des  demi-lunes  qui  le  joint ,  mais  qui  eft  revêtue.  Le 
tout  eft  accompagné  d'un  grand  chemin  couvert  &  d'un 
grand  glacis ,  au-delà  duquel,  du  côté  des  montagnes,  eft 
un  avant-foffé  fort  large  ,  qui  régne  presque  tout  autour 
de  la  place,  &  dans  lequel  on  a  pratiqué^  deux  redou- 
tes. Une  de  ces  redoutes  fert  à  couvrir  une  éclufe  ;  l'autre 
couvre  le  pont  qui  fert  de  communication  au  fort  qui  eft 
fur  la  hauteur.  Du  côté  de  la  ville,  font  trois  autres  pe- 
tites redoutes  de  terre  ,  entourées  chacune  d'un  petit 
foffé  ;  elles  font  placées  à  l'extrémité  du  glacis  ;  elles 
fervent  à  empêcher  les  approches.  A  la  fortie  de  la  ri- 
vière font  deux  grandes  éclulès  qui  fervent  à  faire  des 
inondations  autour  de  la  ville.  La  fortie  de  la  rivière  eft 
défendue  par  plufieurs  ouvrages  de  terre  irréguliers,  éle- 
vés les  uns  fur  les  autres  pour  couvrir  entièrement  la 
tête  du  canal  de  fortie.  On  entre  dans  la  ville  par  deux 
feules  portes ,  celle  de  France  &  celle  d'Allemagne.  Les 
rues,  pour  la  plupart,  font  belles,  &  les  bâtimens  bien 
conftruits  ;  la  place,  qui  eft  au  milieu  de  la  ville,  eft 
grande ,  &  fa  figure  carrée.  Il  n'y  a  dans  Landau  que 
quatre  églifes  ,  &  feulement  deux  magafins  ;  mais  on  y 


LAN 


LAN 


voit  plufieurs  corps  de  cazernes.  Sur  le  rempart  du  côté 
de  la  porte  de  France  ,  il  y  a  trois  grands  cavaliers  de 
terre.  k 

Le  fort,  qui  eft  fur  la  hauteur,  occupe  un  cornmande- 
ment  ;  c'eft  une  espèce  d'ouvrage  à  couronne,  compofé 
de  trois  battions  entiers ,  &  de  deux  demi-baftions.  Ces 
deux  derniers  font  du  côté  de  la  ville  ;  ils  forment  en- 
femble  quatre  fronts  de  fortifications  ;  les  deux  fronts , 
qui  font  fur  la  hauteur,  font  couverts  chacun  d'une  demi 
lune  ,  le  tout  de  terre.  Cet  ouvrage  a  plufi:urs  tra- 
verses fur  les  courtines  ;  &  on  en  peut  remarquer  une 
fur-tout  bien  plus  grande  que  les  autres ,  dans  le  grand 
baftion  du  milieu.  Tous  ces  ouvrages  du  fort  font  en- 
tourés d'un  foffé  fec  &  d'un  chemin  couvert.  La  tête  du 
pont  de  communication  eft  au  centre  de  cet  ouvrage  ; 
elle  eft:  couverte  par  un  petit  ouvrage  de  terre  avec  fon 
petit  foffé  plein  d'eau.  La  gorge  du  fort  eft  formée  par 
un  foflé  plein  d'eau  dans  lequel  eft  conftruit  cet  ouvrage. 
Entre  l'avant-fofle  ,  &  ce  foffé  eft  un  marais  impratica- 
ble. Ce  port  a  une  porte  de  fecours.  Sur  la  hauteur  voi- 
fine  du  fort  eft  une  commanderie  ruinée  ;  mais  il  y  a 
trois  redoutes  de  terre  ,  lesquelles  enferment  chacune 
lire  redoute  à  mâchicoulis  ;  elles  communiquent  l'une 
à  i'autre  par  un  conduit  ibuterrain  ,  &  ces  redoutes  com- 
muniquent auffi  au  fort.  Le  canal  de  Landau  eft  formé 
principalement  des  eaux  de  la  Queich  ;  il  vient  d'An- 
-wdier,  &  a  été  conftruit  pour  en  amener  les  matériaux 
pour  la  confiruction  de  Landau  ;  il  eft  formé  par  deux 
jettées  de  charpente,  qui  foutiennent  les  terres.  L'on  voit, 
d'espace  en  espace,  fur  ce  canal  plufieurs  éclufes  bien  re- 
vêtues. 

i.  LANDAW,  petite  ville  d'Allemagne,dans  la  baffe 
Bavière,  fur  l'Isère,  au-deffous  deDingelfingen,  fur  une 
côte,  à  fix  milles  de  Landshut,  en  allant  vers  Paffau,  Sf  à 
quatre  milles  de  Straubing,  vers  le  midi.  *  Baudrand, 
édit.   1705. 

2.  LANDAW",  petite  ville  &  château  d'Allemagne, 
au  comté  de  Waldeck  ,  fur  une  ttès  -  haute  montagne. 
Le  comte  Henri  bâtit  ce  château,  en  1360  ;  ce  lieu  a  été 
le  féjour  de  quelques  douairières  de  cette  maifon.  *Zey- 
ler,  Haffiae  ci  vicin.  Topogr.  p.  57. 

1.  LANDE,  (la)  en  Fronfadois ,  vifle  de  France, 
dans  la  Guienne ,  diocèfe  &c  élection  de  Bourdeaux. 

2.  LANDE-HÉROULD,  (la)  ou  d'Airou,  au- 
trefois petite  ville ,  aujourd'hui  village  de  France  ,  en 
Normandie ,  à  côté  de  Ville-Dieu  ,  &  à  fix  lieues  de 
Coutances ,  félon  Corn.  Dicl.  Elle  a  été  réduite  en  fim- 
ple  paroiffe,  depuis  Tan  1153  ,  qu'arriva  le  grand  phéno- 
mène que  Sigebert  a  décrit  dans  fa  Chronique.  Il  s'é- 
leva dans  ce  quartier-là  un  tourbillon  qui  enlevoit  tout  ce 
qu'il  rencontroit;  &  enfin  apparut  une  colomne  colorée 
de  bleu  &  de  rouge  ,  contre  laquelle  étoient  lancées  des 
flèches  de  divers  endroits  ,  &  il  y  avoit  tout-à-1'entour 
quantité  d'oifeaux  de  diverses  fortes  ;  ce  qui  fut  fuivi 
d'une  pefte  ,  qui  dépeupla  tous  les  lieux  voifins  ,  ad 
ann.  11 53.  In  Landâ  Aronis ,  ce  font  les  termes  de  Si- 
gebert ,  circà  meridiem  quafi  de  terra-  emergens  turbo  , 
maxima  quœque  proxima  involvit  &  rapuit.  Ad  uhimum 
yuafi  quœdam  columna  rubri  &  cœrulei  coloris  jub  tur- 
bine ascendens ,  in  fublime  fiait ,  &  videbamur  &  au- 
diebantur  quafi  fagitta  &  lancées  in  ipsâ  celumnd  de- 
figi ,  liât  non  apparent  intuentibus  quis  cas  agitant,  & 
in  turbine  qui  Jlabat  fuper  columnam  apparebant  quafi 
diversœ  fpecies  volucrumin  eoàcmvolitaruium.  Subfecuta 
tjl  illico  in  eâdem  villa  mortalilas  hominum  ,  inter  qttos 
&  domimii  villa  occubuit ,  nec  folàm  in  ifid  villa,  fed 
etiam  in  mulds  locisNormanniœ  &finitimarum  regio.num, 
mortalitas  hoc  anno  grajjata  efi.  La  Chronique  dit  mal 
Landa  Aronis  ;  il  falloit  dire  Heroldi.  Au  refte  la  Lande- 
Haroud,  ou  d'Airou,  eft  du  diocèfe  de  Coutances.  Quel- 
ques-uns ont  cru  qu'il  y  avoit  eu  autrefois,  en  cette  pa- 
roifle un  prieuré  dit  de  .5".  Léonard  des  Bois,  &  que, 
depuis  ce  tems-là,  il  eft  devenu  un  hermitage.  Il  eft  ré- 
duit aujourd'hui  à  une  fimple  chapelle  qu'on  appelle  de 
S.  Blaife,  mais  fans  hermite  &  1ans  terres.  André  du 
Chesne  dit ,  dans  fes  Antiquités  des  villes  de  France, 
que  la  ville  pu  le  bourg  de  la  Lande  d'Airou  avoit  un 
château  dont,  pour  toute  marque,  il  ne  irfte  plus  qu'un 
champ  proche  de-là,  qu'on  nomme  encore  aujourd'hui 
h  Pré  du  château. 

3.  LANDE  ;   (la)  bois  de  France,  dans  l'Angou- 


71$ 

mots.  Il  y  en  à  deux  que  l'on  diftmgue  par  les  furnoms 
de  grande  &  de  petite.  C'eft  un  bois  de  cinquante-trois 
arpens  &  demi,  dans  la  maîtrife  des  eaux  8c  forêts  du 
duché  d'Angoulême. 

LANDECOURT  ,  prieuré  de  Lorraine  ,  au  diocèfe 
de  Toul ,  ordre  de  S.  Benoît.  Il  dépend  de  l'abbaye  de 
S.  Epvre  de  Toul,  &  eft  en  commende  &  à  la  colla- 
tion de  l'abbé  de  S.  Epvre. 

1.  LANDECK.,  petite  ville  de  Prnffe ,  dans  la  Po- 
merelle  ,  aux  environs  de  Fridland  &  de  Schlochau, 
félon  Zeyler,  BorujJ'.  Topogr.  p.  36. 

2.  LANDECK,  petite  ville  de  Bohème,  au  comté 
de  Glats.  11  y  a  un  bain  d'eaux  chaudes  minérales.  *Zey- 
1er ,  Boh.  Topogr.  p.  41. 

LANDELEAU  ,  bourg  de  France ,  dans  la  baffe  Bre- 
tagne, dans  l'évêché  de  Quimper,  au  fud-oueft  de  Kar- 
haïs.  * Baudrand,  édit.  1705. 

LANDELLE  ,  bourg  de  France,  dans  la  baffe  Nor- 
mandie ,  diocèfe  de  Coutances.  Il  y  a  marché ,  tous  les 
jeudis ,  tk  quelques  foires  annuelles.  C'eft  une  baronnie , 
où  il  y  a  une  juridiction  pour  le  feigneur  du  lieu. 

LANDEMERIA  ,  ancienne  ville  épiscopale  d'Angle- 
terre. Le  P.  Hardouin  ,  qui  en  fait  mention,  cite  Grego- 
rius  Landemerienfis. 

LANDEM1NE ,  bois  de  France ,  dans  le  Bourbon- 
nois  :  il  couvre  cent  cinquante-fix  arpens,  ck  dépend  de 
la  maîtrife  des  eaux  &  forêts  de  Moulins. 

LANDEN  ,  petite  ville  des  Pays  bas  Autrichiens, 
dans  le  Brabant ,  au  quartier  de  Louvain ,  entre  Han- 
nut  &  Tillemont ,  à  deux  lieues  de  cette  dernière ,  & 
un  peu  plus  de  S.  Tron ,  aux  frontières  de  l'évêché  de 
Liège  ,  fur  le  ruiffeau  de  Becke.  C'eft  où  mourut  Se  fut 
enterré  le  bienheureux  Pépin  qui  en  étoit  feigneur.  Ce 
fut  auffi  le  lieu  de  la  naiitance  de  la  fille  de  fainte  Ger- 
trude.  De  notre  tems  elle  eft  devenue  fameufe,  par  la 
bataille  que  le  maréchal  de  Luxembourg  y  donna ,  le  mer- 
credi 29  Juillet  1693,  à  l'armée  des  alliés ,  commandée 
jsar  le  prince  d'Orange  ,  roi  d'Angleterre ,  &  par  l'é- 
lecteur de  Bavière  ;  le  maréchal  y  acheta  la  victoire  par 
un  très-grand  carnage.  On  appelle  auffi  cette  journée  la 
bataille  de  Nervinde  ou  Neerwinde  ,  du  nom  d'un  village 
voifin.  * Hifi.  du  tems.  Baillet,  Topogr.  des  Saints, 
p.' 614. 

LANDERNEAU  ,  ville  de  France,  dans  la  baffe  Bre- 
tagne ,  au  diocèfe  de  Léon,  fur  la  rivière  d'Elhorn,  dont 
elle  fe  fert  avec  avantage,  &  qui  va  fe  rendre  à  Breft, 
à  quatre  lieues  au-deffous  de  Landerneau.  Cette  ville  eft: 
le  chef-lieu  de  la  baronnie  de  Léon  ,  l'une  des  plus  an- 
ciennes baronnies ,  &.  des  plus  diltinguées  de  Bretagne. 
Il  y  a  trois  paroiffes  dans  cette  ville ,  favoir  S.  Julien  , 
S.  Ouerdon  ,  &  S.  Thomas.  *  B.iudrand ,  édit.  1705. 
Piganiol  de  la  Force  ,  Descr.  de  la  France  ,t.  5  ,  p.  245. 
Jaillot ,  Carte  de  la  Bretagne. 

LANDERON  ,  petite  ville  deSuiffe,  dans  la  princi- 
pauté de  Neufchâtel ,  à  deux  lieues  de  la  ville  de  ce  nom, 
près  de  Thièle.  On  prétend  qu'elle  a  été  bâtie  des  rui- 
nes d'une  grande  ville  nommée  Neionica  ,  en  françois 
Nericu ,  qui  tenoit  depuis  le  mont  Jura  jusqu'à  la  Thièle, 
&:  depuis  Landeron  jusqu'à  Creffi,  village  de  cette  châ- 
tellenie.  * Etat&  Del.  delà  Suijfie,  t.  3  ,  p.  244. 

LANDES,  (les)  ou  les  Lanes  de  Bordeaux; 
en  latin  Ager-Sirticus ,  pays  de  France,  dans  la  Gasco- 
gne. Une  partie  dépend  de  l'élection  de  Bazas ,  géné- 
ralité de  Bordeaux,  une  autre  de  l'élection  de  Dax, 
généralité  d'Auch  ;  enfin  une  autre  de  Marsan ,  pays 
abonné.  Les  landes  font  un  pays  de  fables ,  de  bruyè- 
res,  de  forêts  de  pins  dont  on  tire  le  brai  Se  le  gou- 
dron ,  &  qui  fait  le  principal  commerce  du  pays.  Il  y  a 
en  outre. beaucoup  de  Chênes  verts,  dont  l'écorce  fait  le 
liège  ,  &J  le  tout  en  plaire  ;  ce  qui  préfenre  à  la  vue  un 
grand  défert ,  allez  trifte  ,  quoique  toujours  verd.  On 
divife  les  landes  en  grandes  &  en  petites  ;  les  grandes 
font  entre  Bordeaux  &  Bayonne  ;  les  petites,  entre  Ba- 
zas &  Dax.  11  n'y  croît  point  de  froment ,  ck  fort  peu 
d'autres  grains. 

.  Landes  &  bruyères  font  presque  fynonimes  en  Gas- 
cogne ,  fk  lignifient  une  étendue  de  pays  ou  de  terre  in- 
culte. *  Mémoires  drejjés  fur  les  lieux. 

LANDES  ,  bourg  de  France  ,  dans  la  Saintonge,  dais 
l'élection  de  Sainf-)ean-r!'Anî;e,v. 

LANDE-VAND,  riviez  de  la  Norvège,  qui  prend 
Tome  III.    Xxxx  ij 


7i6  LAN 

fa  fource  à  foueftde  Chriitiana,  au  gouvernement  d'Ag- 
gherus,  &  le  rend  dans  la  mer,  au  midi ,  près  de  la  pe- 
tite iile  d'Aag-Holm. 

LANDÈVE  ou  Landeves  ,  Landevii;  abbaye  de 
France,  au  diocèfe  de  Rheims  en  Champagne,  fur  la 
droite  ,  Si  auprès  de  la  rivière  d'Aisne  ,  vers  le  diocèfe 
de  Verdun ,  à  douze  lieues  de  Rheims.  Cette  abbaye  de 
chanoines  réguliers  fuit  la  régie  de  S.  Auguftin,  Si  eft  de 
la  congrégation  de  Sainte-Geneviève  :  c'étcit  ci-devant 
un  prieuré'"  dépendant  du  Val-des-Ecoliers.  Il  fut  érigé  en 
abbaye,  au  commencement  du  dix-feptiéme  fiécle,  & 
reçut  la  réforme  de  fainte  Geneviève,  i'an  1633.  L'abbé 
eft  régulier. 

LÀNDEVENEC,  Landana  ;  bourg  de  France, 
en  Bretagne  ,  dans  le  diocèfe  de  Quimper  -  Coren- 
tin  ,  à  trois  lieues  de  Breft  ,  &  vis-à-vis  de  cette 
ville  ,  fur  la  même  baie  ,  au  bord  de  la  mer  ,  Si 
à  neuf  de  Quimper.  Il  y  a  une  abbaye  d'hommes, 
ordre  de'  S.  Benoit.  Quelques-uns  dii'ent  qu'elle  fut 
fondée  par  Gralion  ,  roi  des  Bretons  ;  d'autres  affurent 
avec  plus  d'apparence  ,  qu'elle  le  fut  dans  le  cinquième 
fiécle,  par  Gralion,  comte  de  Cornouailles ,  l'an  405. 
On  y  voit  encore  aujourd'hui  fon  tombeau.  S.  Guenau 
8i  fon  disciple  S.  Guinailles  en  furent  abbés.  Baillet, 
Topogr.  des  Saints,  p.  256,  dit  que  S.  Guinolé,  autrement 
S.  Guingalois,  jetta  les  fondemens  de  ce  monaftere,  vers 
Fan  480,  Si  en  fut  le  premier  abbé.  Il  ajoute  :  la  maifon 
devint  rrès-florifiante  par  la  discipline  qu'il  y  établit,  jus- 
qu'à ce  que,  dans  la  fuite,  elle  embraffa  la  régie  de  S.  Be- 
noît ,  l'an  818.  S.  Guenau  ou  Guenoël ,  fon  disciple,  lui 
fuccéda  dans  cette  administration  ;  mais  il  la  quitta  au 
bout  de  fept  ans ,  &  il  fe  retira  en  Angleterre.  Il  revint 
ensuite  en  Bretagne,  où  il  bâtit  d'antres  monafteres.  *Pi- 

faniol  de  la  Force  ,  Descr.  de  la  France ,  t.  5  ,  p.  149 , 
i  autres  Mémoires. 
S.  Guenau  ne  revint  pas  en  Bretagne  ,   mais  mourut 
en  Angleterre  ,  l'an  570. 

LANDFOCTIE  ;  ce  mot  eft  allemand  d'origine,  Si 
travefti  à  la  françoife,  Landuochtey,  que  l'on  exprime  en 
latin  par  prcefiêlùra,  Si,  quelquefois  en  françois,  par  pré- 
fecture, ou  bailliage.  On  dit  la  Landfociie  de  Haguenau, 
pour  fignifier  une  partie  de  l'Alface ,  dont  Haguenau  eft 
le  chef-dieu.  Elle  comprend  les  dix  villes  d'Alsace,  qui 
étoient  autrefois  villes  libres  &  impériales. 

LANDGRAVIAT  ;  ce  mot  eft  allemand,  &  lignifie 
un  état  fouverain  ,  poftédé  par  un  landgrave.  Il  eft  corn- 
pofé  des  mots  land,  pays  Si  graviatus ,  mot  de  la  baffe 
latinité  ,  employé  pour  dire  comté. 

De  même  que  les  fénat eurs  Romains  étoient  ainfi  ap- 
pelles ,  parce  que  les  premiers  avoient  été  des  vieillards, 
de  même  les  premiers  comtes  étoient  des  feigneurs  atta- 
chés à  la  personne  du  prince  ;  de-là  vient  leur  nom  la- 
tin de  comtes ,  comités.  On  les  appella  en  allemand 
grau ,  mot 
qui  accompag 

de  leurs  conseils.  Dans  des  fiécles  où  tout  fe  latinifoit 
par  une  f:mple  termînaifoh,  de  grauen  pluriel  de  grau, 
ou  de  grafen  pluriel  de  graf,  on  fit  gravît. 

Comme  le  fouverain  n'avoit  point  de  réfidence  fixe 
dans  l'état,  Si  ne  faifoit  presque,  toute  l'année,  que  fe 
promener  d'une  province  à  l'autre  ,  on  ne  favoit  ce  que 
c'étoit  que  parlement,  ni  que  chambre  de  l'empire.  Il  y 
avoit  feulement  des  juges  ;  &  les  parties  qui  fe  croyoient 
léfées,  attendoient  que  le  prince  parlât  par  le  lieu  même, 
ou  dans  le  voifinage,  &  tînt  cette  afîemblée  que  les  écri- 
vains de  la  baffe  latinité  appellent  mallus  ,  Si  que  nos 
ancêtres  ont  nommée  les  grands  jours.  Alors  les  juge- 
mens  ,  dont  on  fe  plaignoit ,  étoient  revus  par  le  prince 
affilié  des  graves  ;  Si  quelquefois  ils  étoient  renvoyés  au 
grave  du  palais .  que  nous  appelions  le  comte  palatin. 

Il  étoit  impoffible  au  prince  de  parcourir  fouvent  un 
état ,  dont  les  parties  étoient  éloignées  les  unes  des  au- 
tres ;  &  il  y  avoit  trop  de  danger  à  laiffer  des  provinces 
entières,  qui  jouiffoient  rarement  de  la  préfence  du  fou- 
verain ,  à  la  discrétion  de  leurs  juges.  Pour  remédier 
aux  inconvéniens  que  l'éloignement  du  prince  pouvoit 
caufer  dans  le  gouvernement ,  on  établit  des  graves  en 
diverses  provinces ,  Si  on  attacha  à  ce  nom  des  fyllabes 
qui  marquent  la  différence  de  leur  jurisdicYion.  Les  gra- 
ves, qui  avoient  le  gouvernement  d'un  canton ,  s'appel- 
loient  landgraves  :  ceux  qui  commandoient  fur  la  fron- 


LAN 


:  qui  lignifie  gris  ;  c'étoient  des  personnes  âgées 
pagnoient  &  fuivoient  le  prince,  Sil'affiftoient 


tiereetoient  nommes  markgraves  ou  marquis;  ceux  qui 
n'avaient  qu'une  fortereffe s'appeiioient  burggraves  ;  nos 
ancêtres  les  nommoicm  feigneurs  châtelains.  On  nomma 
Rhingrave ,  le  grave  du  Rhingo'W  ,  Si  Wildgrave  ,  celui 
qui  avoit  la  juridiction  des  Ardennes  ,  Si  ainfi  de  quan- 
tité d'autres. 

Ces  dignités  n'étoient  d'abord  que  des  charges  que  le 
fouverain  conférait  Si  ôtoit  à  fa  volonté  ;  mais  comme 
elles  ne  fe  donnoient  qu'à  des  personnes  puiftantes ,  les 
furvivances  continuées  ,  l'intrigue,  Si  fur-tout  le  befoin 
que  l'on  eut  de  ces  feigneurs  dans  des  guerres,  où  p'u- 
lieurs  concurrents  fe  disputoient  la  couronne  impériale, 
&  mille  autres  conjonctures,  Rendirent  ces  charges  héré- 
ditaires dans  les  familles  qui  les  poffédoient;  de  forte 
qu'elles  devinrent  des  fouverainetés. 

Comme  je  parle  de  ces  landgraviats  ,  dans  leur  ordre 
alphabétique,  il  fufnt  ici  de  les  indiquer  : 

fd'ALSACE, 

de  Baar, 
de  Brisgau, 
de  Frauvenfelds, 
de  Hegou, 

de  Hesse-5Cassel' 
Le  landgra-^  ~|d'Armstadt, 

viat  de  Klegov, 

de  Luchtenberg, 
de  Nellenbourg, 
I  de  Sisgou, 
de  Stulingen, 
Ide  Thcringe, 
'■de  Turgau. 

LANDI ,  ancien  peuple  de  la  Germanie  ,  félon  Stra- 
bon  ,  l.j ,  p.  193  ,  qui  dit  qu'ils  furent  défaits  par  Ger- 
manicus-Céiar.  Cluvier,  Germ.  ant.  1.  3  ,  c.  19,  p.  79, 
toujours  très-hardi  à  changer  dans  les  anciens  tout  ce 
qui  ne  lui  plaifoit  pas,  vouloit  qu'on  lût  Marfipoav  Lana'i. 
Hwûy  au  lieu  de  Aa:S'àv. 

LANDOSIA,  ville  d'Aile,  dans  la  Galatie.  Selon 
Ptolomée ,  Ifs  ,  c.  4 ,  elle  étoit  fous  le  peuple  1  eclo- 

LAND-PABU  ouTrepabu,  monaftere  de  France, 
dans  la  baffe  Bretagne,  dans  le  bas  pays  de  Léon,  au 
couchant  de  Breft,  dans  la  pareille  de  Ploumoguer,  près 
du  Conqueft.  Il  fut  bâti  par  S.  Tugal.  *Bailki,  Topogr. 
des  Saints,  />.  614. 

LANDRECI,  ville  de  France,  aux  Pays-bas,  dans  le 
Hainaut  ;  les  gens  du  pays  difent  Landrechies,  Si  dans  les 
titreslatins  on  ht  Laudericiacum  èiLandericite.  Cette  petite 
ville  eft  fur  la  droite  de  laSambre,  dans  une  plaine  baffe  & 
très-unie.  C'étoit  autrefois  une  feigneurie  particulière. 
Les  François  s'en  étant  emparés  fous  François  I,  Char- 
les V  les  en  chaffa,  l'an  1  ^43  ;  Si  ayant  acquis  cette  ville 
des  feigneurs  de  Croi,  il  la  réunit  à  fon  domaine  de  Hai- 
naut. li  la  fit  fortifier,  afin  de  lérvir  de  boulevard  à  tout 
le  pays  contre  les  François.  Elle  a  fouffert  plufieurs  liè- 
ges ;  &  ayant  été  prife  par  le  roi  Louis  XIV,  l'an  165  }, 
elle  fut  cédée  à  la  France,  par  le  traité  des  Pyrénées.  On 
y  entre  par  deux  feules  portes ,  &  il  n'y  a  rien  de  re- 
marquable dans  le  dedans.  Son  enceinte  eft  compoféede 
cinq  baftions  ,  ouvrage  du  chevalier  de  Ville ,  mais  qui 
ont  été  réparés  par  le  maréchal  de  Vauban.  Il  y  a  cinq 
demi-lunes  autour  de  la  place,  Si  deux  contre- gardes. 
Le  tout  eft  entouré  d'un  foffé  plein  d'eau ,  accompagné 
de  fon  chemin  couvert  Si  de  ion  glacis.  Au-delà  font 
deux  ouvrages  à  corne,  l'un  fur  l'autre  ,  qui  couvrent 
une  des  portes.  Leur  foffé  n'eft  formé  que  par  les  eaux 
des  ruiffeaux,  Si  par  celles  d'une  petite  rivière  qui  y  paffe. 
De  ce  même  coté-là,  il  y  a  une  très-grande  inondation 
qui  couvre  la  place  d'un  côté,  Si  de  l'autre  eft  un.  ma- 
rais impraticable.  Landreci  rut  affiégée.  en  171 2,  par  ie 
prince  Eugène  ;  mais  le  maréchal  de  Villars  lui  en  iit 
lever  le  fiége.  *  Longuerut ,  Descr.  de  la  France.,  2.  part. 
p.  101.  Pigauiol  de  la  Force,  Descr.  de  la  France,  t.-;, 
p.  272. 

LANDROVE,  petite  rivière  d'Espag-.e  ,  dan-  la  Ga- 
lice. Elie  ccule  à  Vivero  ,  Si  fe  jette  un  peu  au  delîï  us 
dans  la  mer.  *  Délices  d'Espagne,  p.  124.  Roter  1  de  fc:> 
gondy,  Atlas. 

1.  LANDSBERG,  petite  ville  d'Allemagne  ,  dans  la 


LAN 


LAN 


Bavière  ,  aux  frontières  de  la  Suabe ,  fur  la  rivière  de 
Leck  ,  à  vingt  mille  pas  au-deffous  d'Augsbourg.  Elle 
fut  prife  par  les  Suédois,  en  1632.  * Baudr.  édit.  1705. 

2.  LANDSEERG  ou  Landsperg  ,  canton  d'Alle- 
magne ,  l'un  des  bailliages  du  duché  de  Deux-Ponts,  au 
midi  de  la  ville  de  Deux- Ponts.  Il  n'y  a  de  lieux  remar- 
quables que  le  château,  dont  il  prend  le  nom,  6k  le  bourg 
de  Franckenfrem.  *  Baudr.  édit.  1705. 

3.  LaNDSBERG  ou  Landsperg,  ville  d'Allema- 
gne, dans  la  nouvelle  Marche  de  Brandebourg,  aux  fron- 
tières de  la  Pologne  ;  elle  eft  d'une  grandeur  médiocre. 
C'eft  ou  l'on  paffe  la  Warte.   *  Hubner,  Géogr.  p.  633. 

4.  LANDSBERG,  petite  ville  du  royaume  de  Prufle, 
dans  la  province  de  Natangen  ,  entre  Barteinftein  6k 
Zinten,  fur  la  petite  rivière  de  Stein,  qui  fe  joint  avec 
l'Elme  ,  pour  le  dégorger  ensemble  dans  l'Alla.  *Zeyler, 
Boruff.  Topogr.  p.  35. 

5.  LANDSBERG,  bourg  ou  petite  ville  d'Allema- 
gne ,  dans  la  Misnie  ,  au  cercle  de  Leipfig ,  dans  l'Ofter- 
land.  C'eft  une  leigneune  entre  la  Sala  6k  la  Milde ,  as- 
fez  près  de  Hall.  Le  château  de  Landsberg  étoit  ci-de- 
vant une  forte  place  élevée  fur  la  montagne.  Ce- n'eft 
plus  que  des  matures  ;  &  il  n'en  refie  plus  qu'une  an- 
cienne chapelle  ,  dans  laquelle  eft  une  colomne  de  mar- 
bre qui  porte  la  voûte  du  chœur  ;  &  il  n'y  refte  plus 
rien  de  ion  ancien  état,  du  tems  que  ce  château  étoit  la 
rélidence  d'un  prince.  C'eft  de  ce  château  que  les  mark- 
graves  de  Landsberg  prenoient  leur  titre.  *ZyA;r,  Saxon, 
fuper.  Topegr.  p.  1 10. 

1.  LANDjCROON,  fortereffe  de  France,  dans  la 
haute  Alface  ,  diocè  e  de  Bafle  ,  bailliage  de  Lai^er. 
C'eft  une  peti.e  place,  fituée  fur  une  hauteur,  à  une  lieue 
de  balle,  dans  le  Suntgau,  fur  la  frontière  de  SuifTe.  Il 
y  a  toujours  une  garnilon  de  deux  ou  trois  compagnies. 

2.  LANDSCROON.  Voyez  Landskroon. 
LANDS-E>iD  ,  c"eft-à-dire  t  extrémité  du  pays  :  on 

appelleainfi  le  cap  le  plus  occidental  de  fille  de  la  Grande- 
Bretagne  ,  à  vingt-  quatre  degrés  de  longitude  ,  en  comp- 
tant ces  degrés  d'orient  en  occident ,  6k  commençant  au 
méridien  de  Londres.  C'eft  la  pointe  de  l'oueft  de  la 
province  de  Cornouailles. 

1.  LANDSHUT,  ville  d'Allemagne, en  baffe  Bavière, 
fur  Filer.  Elle  tft  affez  forte  ,  avec  un  bon  château,  fur 
une  côte  voifine ,  à  vingt  mille  pas  de  Fre^fingen,  au 
levant ,  6k  à  trente  de  Ratisbonne ,  vers  le  midi.  Il  y  a 
à  Landshut  un  clocher  d'une  hauteur  extraordinaire,  qu'on 
appelle  Landshut,  c'eft-  à-dire  le  chapeau  du  pays ,  parce 
que  de  ce  clocher  on  voit  presque  toute  la  Bavière.  C'eft 
du  moins  l'explication  qu'en  donne  Baudrand,  éd.  1705. 

2.  LANDSHUT,  petite  ville  de  Bohême,  en  Siléfie, 
au  duché  de  Schweidnitz,  fur  le  ruiffeau  de  Ziéder,  qui 
tombe  dans  la  Bober,  un  peu  au-deflous  de  ce  lieu.  Jean, 
roi  de  Bohème,  avoit  pris  cette  petite  ville.  Boleflas,duc 
de  Schweidnitz,  la  reprit  par  le  moyen  d'un  chariot  de 
foin,  dans  lequel  il  avoit  caché  deslbldats,  qui  lui  ai- 
dèrent à  s'en  rendre  maître.    Ce  duc  mourut  en  1368. 

*  Zeylcr,  Bohem.  Topogr.  p.  156. 

3.  LANDSHUT,  petite  ville  de  Moravie,  fur  la  rive 
occidentale  de  la  Mora ,  au-deffous  de  Goding,  6k  au- 
deffus  du  confluent  de  cette  rivière  avec  la  1  eye ,  aux 
confins  de-  la  Hongrie  6k  de  l'Autriche.  Quatte  ou  cinq 
mille  Hongrois  mécontens  ,  commandés  par  les  géné- 
raux Olzkâi ,  Efterhafi  6k  Blasko^'itz ,  ayant  pafié  par 
la  Morave,  fur  la  glace,  au  mois  de  Février  1706,  atta- 
quèrent cette  place,  où  deux  cents  dragons  &  cavaliers 
étoient  accoutus  pour  la  défendre.  Ces  troupes  fécon- 
dées par  les  habitans,  firent  toute  la  réfîftaiice  poffible, 
&  ne  purent  empêcher  qu'elle  ne  fût  prife  d'affaut  :  la 
plupart  furent  tués ,  6k  les  autres  faits  prifonniers.  Les 
vainqueurs  pillèrent  la   place  ,   6k  la  brûlèrent  ensuite. 

*  Zeylcr,  Carte  de  la  Moravie,  par  Commémus.  Corn. 
Dift. 

1.  LANDSKROON,  petite  ville  de  Suéde ,  dans  la 
province  de  Schon ,  fur  la  côte  du  détroit  duSund.Jîlle 
eft  petite,  mais  forte.  C'eft  une  place  affez  récente,  6k 
bâtie  par  Eric  de  Poméranie,  roi  deDanemarck.  en  1413, 
dans  l'endroit  où  étoit  auparavant  le  château  de  Soëby. 
Depuis  ce  tems-là,  elle  avoit  toujours  été  au  roi  de  Da- 
nemarck,  jusqu'en  l'année  1618  ,  qu'elle  fut  cédée,  par  le 
traité  de  Roschild  ,  au  roi  de  Suéde,  qui  en  a  joui  de- 
puis. Elle  fut  prife3  à  la  vérité,  par  les  Danois,  en  1676  ; 


'7*7 


mais  ils  la  rendirent,  trois  ans  après,  en  exécution  du 
traité  de  Fontainebleau.  Cette  ville  a  un  affez  bon  port, 
6k  un  château  peu  loin  de  i'ifle  de  Huène,  6k  à  dix-huit 
milles  de  Coppenhague.  Ce  fut  près  de  cette  place,  que 
Chriftian  V,  roi  de  Danemarck,  fut  défait,  en  bataille 
rangée,  par  Charles  XI,  roi  de  Suéde,  le  24  Juillet  1677. 
*  Baudr.  éd.  1705. 

2.  LANDSKROON  ou  Landscron,  fortereffe  de 
la  petite  Pologne,  au  palatinat  deCracovie,  felon^Hub- 
ner,  Géogr.  p.  710. 

3.  LANDSKROON,  château  fortifié  dans  le  Sun- 
gaw,  à  trois  petites  lieues  de  Bafte ,  fitué  fur  une  mon- 
tagne du  Laumont ,  au  pied  de  laquelle  paffe  le  Birfick. 
Ce  château  fut  pris,  en  1639,  par  les  troupes  du  duc  de 
V/eymar.  *  Supplément  au  Manuscrit  de  la  Bibliothèque 
de  M.  de  Corberon ,  premier  prifident  au  conseil fouv  train 
d'Alsace. 

LANDSPERG.  Voyez  Landsberg  3. 

LANDSPRING  ,  petite  vilie  6k  abbaye  d'Allemagne, 
dans  la  baîie  Saxe,  au  diocèfe  d'Hildesheim.  L'abbaye 
eft  occupée  par  des  Bénédictins  Anglos,  qui  y  ont  un 
abbé  régulier.  Ils  font  preuve  de  nobleffe  ;  6k  l'abbaye 
eft  foumife  immédiatement  au  pape ,  fous  la  protection 
de  l'électeur  de  Cologne.  La  ville  eft  habitée  par  des  An- 
glois  Catholiques. 

1 .  LANDSTRAS,  abbaye  d'hommes  de  Cîteaux,  dans 
la  baffe  Carinthie,  au  diocèfe  de  Gurck. 

2.  LANDSTRAS  ou  Landstrais, petite  ville,  dans 
le  V/indismarck ,  avec  un  château  ,  dans  une  ifle  formée 
par  la  rivière  de  Gurck,  iîx  lieues  au-defious  de  Rudolps- 
werd. 

LANDSTAL  ou 

LANDSf  UL  ;  quelques-uns  ont  dit  par  corruption 
Nanflal  ou  Nanftul,  bourg  d'Allemagne,  ave:  un  châ- 
teau, dans  le  Wasgow,  6k  dans  les  montagnes  ,  entre 
Deux-Ponts  &  Keyfers- Lautern.  C'eft  un  bien  de  la 
maifon  de  Sikingen.  Le  château  eft  une  forte  place  fur 
un  rocher;  mais  les  maifons  du  lieu  reffemblent'phis  à 
un  bourg  qu'à  une  ville,  quoique  ce  bourg  foît entouré 
de  murailles. 

LANDT-MEUR.  Voyez  Lanmeur. 

LANEBOURG ,  petite  ville  de  Savoye  ,  au  comté  de 
Maurienne,  fur  la  rivière  d'Arc,  que  l'on  y  paffe  fur  un 
pont.  Jaillot,dans  là  grande  Carte, écrit  Lannebourg,  par 
une  double  nn.  *  Baudr.  édit.  1705. 

LANERK.  Baudrand  écrit  Lanerick,  Lanrick,  Lancik 
ou  Lanar,  ville  de  l'Ecoffe  méridionale,  dans  la  province 
de  Clydsdale,  dont  elle  eft  la  capitale.  Quelques-uns  ont 
même  donné  le  nom  de  The  Slurc  of  Lancrck  à  cette 
province,  dont  le  duc  d'Hamilton  eft  Shérif  héréditaire. 
L'évêque  de  Lefley  dérive  le  nom  de  Lanerk  de  Lanarum 
arca,  comme  étant  un  magafin  de  laine,  qui  a  fait  autrefois 
le  grand  commerce  de  cette  province.  Baudrand  n'en 
fait  qu'un  bourg,  6k dit  qu'il  eft  fur  la  rivière  de  Cluyd, 
à  fept  lieues  au-deffus  de  Glascou  ;  que  c'eft  un  vicomte 
de  la  maifon  d'Hamilton,  &  qu'il  a  féance  au  parlement 
d'Ecoffe.  *  Etat  prèfent  de  la  Gr.  Bretagne,  t.  2,  p.  255. 

LANES.  (les)  Voyez  Landes. 

LANEUM,  lieu  de  la  Myfie  Afiatique,  félon  Orté- 
lius  ,  Thefaur.  qui  dit  que  c'étoit  une  terre  d'Ariftide , 
qu'il  cite  pour  garant. 

LANGA,  (le  cap  ou  la  pointe  de)  ou  Langa- 
Ness  ,  cap  de  f  Iflande,  dans  la  partie  fepteiitricnale  de 
I'ifle  ,  où  la  côte  fe  courbe  vers  l'orient. 

LANGADOiS  ,  petit  canton  de  France,  dans  la  bafle 
Auvergne.  Il  s'étend  depuis  la  rivière  deLaviou  jusqu'au 
Vélay. 

LANGANICO.  Voyez  Longanico. 

LANGARIA  ou  Lagaria  ,  golfe  d'Afie,  près  de 
Troye,  lélon  Ortélius  qui  cite  Lycophron.  Maiscepoëte 
ne  dit  rien  quidéfigneou  étoit  ce  lieu;  il  ditfiinplement  : 

O  <T'   'iTT-'ïicmv  Azy^atUç  h  ày<(.il.\xi< , 
que  le  traducteur  Latin  rend  ainfi  : 

Equi  fabricator  in  Langarits  jinu. 
Au  lieu  de  quoi  Scaliger  dit: 

Langariœ  in  cubilibus. 


i8 


LAN 


On  auroit  pu  dire  plus  littéralement  : 

Langaria  in  ulnis. 

Il  n'y  a  nulle  nécefîïté  de  l'entendre  d'un  golfe ,  encore 
moins  d'un  golfe  près  de  Troye.  Tzetzès  dit  que  Lan- 
garia étoit  une  ville  d'Italie  ,  Aa^Ja&ia  woA/f  ItiAikii. 
Ainfi  la  conje&ure  d'Ortélius  n'eft  pas  jufte. 

LANGATES  ou  Langenses,  ancien  peuple  de  la 
côte  de  Ligurie  ,  aujourd'hui  la  côte  de  Gènes.  Quel- 
ques-uns croient  que  c'en:  préfentement  Lagnasco.  Ce 
peuple,  au  refte,  eft  nommé  de  ces  deux  manières  dans 
une  inscription  gravée  fur  le  cuivre,  ck  qui  eft  à  Gènes. 
LANGBOURN,  bourg  d'Angleterre ,  dans  la  pro- 
vince de  Berck.  Il  a  droit  de  tenir  marché  public.  *Etat 
prèfent  de  la  Gr.  Bretagne ,  t.  I. 

LANGCANG,  fortereffe  de  la  Chine  ,  dans  la  pro- 
vince d'Iunnan,  au  département  de  Pékin,  première 
cité  militaire  de  la  province.  Elle  eft  plus  occidentale 
que  Pékin  de  16  d.  19',  par  les  27  d.  3'  de  latitude. 
*  Atlas  Sinenjis. 

LANGEAC  ,  ville  de  France,  dans  l'Auvergne,  dio- 
cèfe  de  Clermont  &£  éleftion  de  Riom.  (  Elle  eft  fiége 
d'une  prévôté  royale,  qui  reflbrtit  à  la  fénéchauflee  de 
Riom.  Cette  petite  ville  a  donné  fon  nom  à  une  maifon 
d'où  elle  apafle,  par  alliance,  dans  une  branche  de  la 
maifon  de  la  Rochefoucault. 

LANGE-ACKER-SCHANTZ ,  fort  de  la  feigneune 
de  Greningue  ,  l'une  des  fept  Provinces-Unies  fur  le 
bras  de  mer,  nommé  Dolbairt ,  aux  confins  de  1  Ooft- 
Frife,  à  deux  grandes  lieues  du  fort  d'Eideler,  ck  a  trois 
petites  de  Winschote.  *  D'ici,  géogr.  des  Pays-bas. 
LANGEAY.  Voyez  Langets. 
LANGE-ISLAND  ou  Isle  longue  ,  ifle  d  Améri- 
que. Voyez  au  mot  LONGUE  2. 

LANGELAND,  ifle  du  royaume  deDanemarck,  dans 
la  mer  Baltique.  Ce  nom  qui  veut  dire  long-pays,  mar- 
que la  figure  de  l'ifle  ;  elle  eft  effectivement  tort  longue, 
ck  s'étend  dans  le  grand'  Belt ,  entre  lifte  de  Fune  au 
couchant,  la  Séiande  au  nord-eft,  ck  1  ifle  de  Laland  au 
fud-eft.  Dans  l'a  partie  méridionale,  elle  fe  recourbe  vers 
l'occident.  Elle  n'a  guères  qu'un  bon  mille  ,  (de  quinze 
au  degré,)  dans  fa  largeur,  pour  la  partie  qui  s'étend  du 
nord'au  fud  ,  ck  un  peu  plus  de  fix  milles  dans  la  lon- 
gueur prife  dans  ce  même  lens;  mais  la  partie  qui  s'a- 
vance vers  le  couchant  ,  a  deux  de  ces  mêmes  milles, 
dans  fa  longueur  d'orient  en  occident ,  fur  un  mille  de 
largeur.  Elle  eft  bordée,  vers  le  nord  ck  le  nord-eft,  par 
quelques  iftots  ;  les  plus  remarquables  font  Omme,  Ag- 
eer  ck  Egholm.  Il  y  a  dans  l'ifle  un  bourg  ou  une  petite 
Ville  :  Hermanidès,  Dama  Descr.  p.  685 ,  la  nomme 
Rutcoping,  ck  un  château  appelle  Francker  &fix  villa- 


pô'int  Lr.ngcfl  en  françois ,  encore  moins  Langejhim  en 
latin.  Pigamolde  la  Force  dit  :  Langeay,  Lan^ey,  Lan- 
gets ou  Lange^ ,  ck  en  latin  Alingavia  ,  Alïngavienjis 
viens,  Lingia  ,  Langiacum  ck  Langejium.  Cette  petite 
ville,  dit-il,  eft  fur  la  Loire,  ck  au  nord  de  cette  rivière. 
Son  château  fut  premièrement  bâti  par  Foulques  Nerra, 
comte  d'Anjou;  mais  étant  tombé  en  ruine,  ii  fut  réta- 
bli dans  l'état  où  il  eft  aujourd'hui ,  par  Pierre  de  Brofie. 
Ce  bâtiment ,  dans  fon  vieux  goût ,  répond  aiTez  aux  li- 
chettes immenses  de  fon  reftaurateur ,  qui  étoit  miniflre 
d'état  fous  le  roi  Philippe  le  Hardi.  Langeai  n'a  qu'en- 
viron cinq  cents  feux,  ck  deux  mille  habitans.  Ii  y  a 
deux  paroiftes ,  dans  l'une  desquelles  eft  un  petit  chapi- 
tre. Ce  que  les  étrangers  trouvent  de  plus  agréable  dans 
cette  ville ,  c'eft  d'y  goûter,  dans  la  faifon,  de  ces  excel- 
lens  melons  qui  font  les  délices  des  meilleures  tables  de 
Paris  ;  ils  font  vineux,  ck  d'un  goût  exquis.  Aune  lieue 
au-deffus  de  Langeai  ,  on  voit  le  château  de  S.  Mars , 
ck  un  pilier  de  briques  fi  dures,  qu'on  dit  qu'il  eft  à 
l'épreuve  du  canon  ;  on  l'appelle  h  pile  de  S.  Mars;  fck 
la  tradition  veut  que  ce  foit  Cefar  qui  l'ait  fait  bâtir,  de 
même  que  celle  du  port  de  Pile  ,  fur  les  limites  de  la 
Touraine  ck  du  Poitou. 

Le  vrai  nom  latin  de  Langeis,  eft  Langejtum  ;  car  !e 
concile  qui  y  fut  tenu,  l'an  1278,  eft  nommé  Langtfunse 
toncilium. 

LANGEY,  ou 

LANGEZ.  Voyez  l'article  précédent. 
LANGHES ,  (les)  ou  les  Langues.  Voyez  Lan- 
gues. 

LANGIA.  Voyez  Neméa  %-, 
LANGIALOUS  ,  ifle  de  la  mer  des  Indes.   Elle  eft, 
félon  les  géographes  Orientaux,  à  dix  journées  de  celle 
de  Serendib ,    qui  eft  Ceylan  ;  mais  ils  n'en  marquent 
ni  la  longitude  ni  la  latitude. 

LANGIENS  ;  (les)  on  appelle  ainfi  les  habitans  du 
royaume  de  Lao. 

LANGIONE,  ville  d'Afie,  au  royaume  de  Laos,  dont 
elle  eft  la  capitale,  au  milieu  du  royaume,  à  22  d.  30' 
de  latitude  feptentrionale.  Elle  a,  d'un  côté,  de  bons  fof- 
fés  ck  des  murailles  extrêmement  hautes ,  ck  de  l'autre 
le  grand  fleuve ,  pour  la  défendre  contre  les  entreprifes 
des  ennemis.  Le  palais  royal ,  dont  la  ftrufture  ck  la 
fymétrie  font  admirables  ,  paroît  de  fort  loin  :  il  eft,  en, 
effet,  d'une  prodigieufe  étendue,  &  fi  grand,  qu'on  le 
prendroit  pour  une  ville  ,  tant  à  l'égard  de  la  fituation, 
que  du  nombre  infini  de  gens  qui  y  demeurent  :  l'appar- 
tement du  roi,  qui  eft  orné  d'un  magnifique  portail,  ck 
quantité  de  belles  chambres  accompagnées  d'une  grande 
falle,  font  toutes  de  bois  incorruptible,  &  ornées  dehors 
ck  dedans  de  bas-reliefs  excellens ,  ck  dorés  fi  délicate- 
ment, qu'ils  femblent  plutôt  être  couverts  de  lames  d'or 
que  de  feuilles  de  ce  métal.  De-là,  en  entrant  dans  les 


L'ifle  eft  affez  fertile  :  elle  produit  du  bled  pour  fes     cours ,  qui  y  font  fort  fpacieufes ,  on  voit  d'abord  une 


habitans,  &  des  pâturages  pour  les  beftiaux  :  la  pêche 
y  eft  bonne,  &  plufieurs  familles  en  fubfiftent.  *DelIJle, 
Carte  du  Danemarck.  . 

LANGENSALTZ,  ville  d'Allemagne,  danslaThu- 
ringe  ,  chef  lieu  d'un  bailliage  de  l'Unftrut ,  fur  la  rivière 
de  Saîtza  ,  avec  un  château  ducal.  .'•-•-„ 

LANGERAC  ou  Langeract,  baronme  des  Pays- 
bas,  furleLeck,  au-deffus  de  la  petite  ville  de  Niew- 
port,  en  Hollande. 
LANGEST.  Voyez  Langets. 
LANGESTRAAT,  contrée  des  Pays-bas  :  on  nomme 
ainfi  un  petit  pays  de  la  Hollande  ,  au  voifinage  du  Bra- 
bant,  entre  Hemden  &  Bois-le-duc,  où  lont  les  beaux 
villages  de  Velwic  en  Brabant,  ck  de  Beloin  en  Hol- 
lande, avec  quantité  d'autres.  *Dicl.  géfgr  des  Pays-bas. 
LANGETS.  C'eft  ainfi  qu'écrivent  Jaillot  &  De  1  Ifle. 
Baudrand  &  quelques  autres  écrivent  Lange fl.  Cet  abbé 
dit:  Langefl,  en  latin  Langeftum,  petite  ville  de  France, 
dans  la  Touraine  ,  fur  la  rivière  de  Loire ,  a  cinq  heues 
au-deffous  de  Tours,  au  couchant  ,  en  descendant  vers 
Saumur.BaiUet,  Topogr.  des  Saints,  p. 614,  dit:  Langey, 
(&nonLanç.eft\)  en  latin  Alingavia,  bourg  de  Touraine, 
à  quatre  lieues  de  Tours  vers  le  couchant,  heu  converti 
à  la  foi  par  S.  Martin  ,  qui  en  démufit  le  temple ,  ck 
y  bâtit  une  églife.  Cette  différence  d'un  bourg  à  une 
ville  fe  doit  prendre  du  tems  de  S.  Martin.  Au  refte,  la 
reflexion  de  Baillet  eft  jufte  :  le  nom  de  cette  ville  n'eft 


grande  fuite  de  maifons  toutes  de  briques,  ck  couvertes 
de  tuiles,  où  demeurent  ordinairement  les  fécondes  fem- 
mes ,  ck  par  dehors  un  rang  d'autres  maifons  qu'on  y  a 
bâties  à  côté,  dans  la  même  fymmétrie, pour  les  officiers 
des  Mandarins.  L'auteur  cité  dit  qu'il  feroit  un  volume 
entier,  s'il  entreprenoit  de  décrire  exactement  toutes  les 
autres  parties  du  palais  ,  les  richefiès ,  les  appartenons  , 
les  jardins  ,  ck  plufieurs  autres  choies  femblables.  Les 
maifons  des  principaux  feigneurs  ck  des  riches,  l'ont  fort 
élevées,  fort  belles,  ck  toutes  de  bois,  avec  beaucoup 
d'artifice,  ck  plus  ou  moins  d'ornemens,  félon  la  dépense 
que  les  particuliers  y  veulent  faire  ;  mais  le  peuple  ck  les 
pauvres  font  mal  logés,  ck  leurs  réduits  font  plutôt  des 
hutes  ck  des  cabanes  que  des  maifons^  Il  n'y  a  que  les' 
Talapoins  qui  ayent  permiffion  de  bâtir  leurs  couvens. 
ck  leurs  maifons  de  brique  ck  de  pierre  ;  les  gens  de 
condition  fe  fervent ,  au  lieu  de  tapis ,  de  certaines  peti- 
tes nattes  de  rofeaux,  dont  le  tiffu  eft  fi  délicat,  ck  fi  orné 
défigures  ck  de  feuillages  difféfens  ,  qu'elles  plaifent  ex- 
trêmement à  la  vue;  ils  en  couvrent  ordinairement  Jes- 
murailles  de  leurs  maifons  ck  de  leur-,  chambres  ,  qu'ils 
tiennent  fort  proprement ,  ck  dont  ils  ont  un  foin  très- 
particulier.  A  l'égard  des  Langiens ,  voyez  leurs  mœurs 
&t  leurs  ufages  à  l'article  de  LaO.  *  Le  P.  Marini,  Re- 
lation nouvelle  ck  cuneulè  des  royaumes  de  Tonquin  6k 
de  Lao,  p.  341. 

LANGKI,  fortereffe  de  la  Chine,   dans  la  province 


LAN 


LAN 


de  Queicheu,  au  département  de  Sunan,  troifiéme  mé- 
tropole de  la  province.  Elle  eft  plus  occidentale  que  Pé- 
kin de  10  d.  10',  parles  27  d.  55'  de  latitude.  *  Atlas 
Sinenfis. 

LANGKIU ,  cité  de  la  Chine  ,  dans  la  province 
d'Iunnan.  Eile  eft  de  15  d.  55'  plus  occidentale  que  Pé- 
kin ,  par  les  28  d.  28'  de  latitude.  *  Atlas  Sinenfis. 

LANGLEY  ;  il  y  a  deux  lieux  de  ce  nom  en  Angle- 
terre ,  dans  Herfordshire ,  près  de  Watfort  ;  l'un  nommé 
Kings-Langley,  ou  Langley  du  roi  ;  l'autre  Abbots-Lan- 
gley,  ou  Langley  de  l'abbé.  Le  premier  étoit  ancienne- 
ment une  maifon  royale,  où  naquit  Edmond  îurnommé 
de  Langley,  duc  d'Yorck,  fils  d'Edouard  lit.  Il  y  avoit 
un  couvent  ou  prieuré  de  Dominicains ,  où  Richard  II 
fut  enterré  d'abord  ,  après  avoir  été  malheureufement 
maflacré  ;  on  transporta  ensuite  fon  corps  à  Weftmins- 
ter.  L'autre  fut  furnommé  Langley  de  l'abbé,  parce  que 
ce  lieu  appartenoit  aux  abbés  de  S.  Alban.  C'eft  dans  ce 
dernier  Langley  que  naquit  Nicolas  Bréakspere,  qui  fut 
pape  fous  le  nom  <S  Adrien  IV ',  qui  fut  le  premier  qui 
ait  travaillé  à  la  converfion  de  la  Norwége.  *Cambden, 
Britann. 

1.  LANGO,  ancien  lieu  du  Peloponnèfe,  dansl'Elide, 
félon  Plutarque,  inCleomen. 

2.  LANGO,  ifle  d'Afie,  dans  l'Archipel,  à  vingt  mil- 
les de  la  terre  ferme  de  Natolie.  C'eft  l'iSLE  DE  Cos 
des  anciens.  Voyez  ce  mot.  On  la  nomme  auffi  Sianco 
&  Stanchio.  Voyez  STANCHIO. 

LANGOBARDI,  ancien  peuple  d'Allemagne:  ils  fe 
répandirent  dans  les  provinces  méridionales,  ck  formè- 
rent un  royaume  en  Italie.  Voyez  les  articles  Lombar- 
dii  &  Lombards. 
LANGOBRICA.  Voyez  Lacobrica. 
LANGOGNE  ou  Langougne  ,  ville  de  France, 
dans  le  Gevaudan  ,  fur  l'Allier,  vers  fa  fource ,  à  deux 
lieues  de  Pradelles.  *Baudr.  éd.  1705. 

LANGON,  Alingonisportus ,  petite  ville  de  France, 
en  Gascogne  ,  dans  leBazadois,  aux  confins  du  Borde- 
lois,  fur  la  Garonne,  à  une  lieue  au-deffus  de  Cadillac, 
&  à  cinq  au-deffus  de  Bourdeaux.  Il  y  a  un  couvent  de 
Capucins  ,  &  un  de  rel'igieufes  Ursulines.  Elle  a  titre  de 
marquifat.  *Baudr.  édit.  170  5. 

Langon  eft  renommé  pour  fes  bons  vins. 
LANGONNET,  Langonium,  abbaye  de  France,  en 
Bretagne ,  au  dipcèfe  de  Quimper.  Ce  font  des  moines 
de  l'ordre  de  Cîteaux.  Le  monaftere  fut  fondé  par  Co- 
rian  III,  duc  de  Bretagne,  en  1137. 

LANGPORT,  bourg  d'Angleterre ,  dans  la  province 
de  Sommerfet.  Il  a  droit  de  tenir  marché  public.  *Etat 
préfent  de  la  Gr.  Bretagne  ,  t.  I. 

LANGRES  ,  Lingonum  civitas ,  ou  même  Lîngones, 
ville  de  France ,  en  Champagne ,  dans  le  Baflîgni ,  fur 
une  haute  montagne  ,  aux  confins  des  deux  Bourgo- 
gnes (a).  Cette  ville  eft  de  figure  presqu'ovale ,  d'en- 
viron trois  quarts  de  lieue  de  circuit.  Elle  eft  très-an- 
cienne ;  mais  c'eft  exagérer  que  de  dire  que  c'eft  une  des 
premières  villes  que  les  hommes  bâtirent  après  le  dé- 
luge. Du  tems  de  Jules -Céfar,  elle  étoit  la  capitale  du 
peuple  nommé  Lîngones  ,  &  fe  nommoit  Andema- 
TUNUivi  ou  Audomatunum.  Voyez  ces  articles.  Cette 
ville  a  été  fujette  à  diverses  révolutions.  Elle  fut  enve- 
loppée dans  le  malheur  où  tombèrent  la  plupart  des  vil- 
les de  France,  où  Attila  paffa  :  elle  fut  prife  &  brûlée; 
&  après  avoir  été  rétablie,  elle  éprouva  le  même  fort 
dans  le  tems  de  l'irruption  des  Vandales ,  qui  maffacré- 
rent  S.  Didier,  fon  évêque,  l'an  407  (b).  Après  que  les 
Barbares  eurent  envahi  l'empire  Romain,  Langres  tomba 
fous  le  pouvoir  des  Bourguignons  ;  &  lorsque  ceux-ci 
eurent  été  vaincus  par  les  François ,  cette  ville  fit  tou- 
jours partie  du  royaume  de  Bourgogne.  Après  le  partage 
qui  fut  fait  par  les  enfans  de  Louis  le  Débonnaire,  Lan- 
gres échut  à  Charles  le  Chauve.  Depuis ,  les  rois  don- 
nèrent aux  évêques  de  Langres  la  feigneurie  temporelle 
de  tout  leur  diocèfe  ,  que  ces  prélats  donnèrent  en  fief 
à  plufieurs  chevaliers  laïcs,  qui  étoient  leurs  vaffaux.  A 
l'égard  de  la  ville  de  Langres,  elle  a  eu  fes  comtes  par- 
ticuliers, jusqu'à  ce  que  Hugues  III ,  duc  de  Bourgogne, 
ayant  aquis  ce  comté  de  Gui  de  Saulx ,  il  le  donna  à  fon 
oncle  Gautier  de  Bourgogne ,  évêque  de  Langres  ;  &;  ce 
prélat  l'unit  au  domaine  de  fon  églife  à  perpétuité,  l'an 
1179.    Ce  fut  la  m;me  année  que  Langres,  qui  n'étoit 


719 

auparavant  qu'un  comté  ,  fut  érigé  en  duché  par  le  roi 
Louis  VII,  félon  Baugier,  qui  dit  que  Hugues  l'avoir, 
acquife  de  Henri,  duc  de  Bar,  &  qu'il  la  donna  à  Gautier, 
fon  oncle,  en  échange  du  domaine  de  Dijon  (c).  Comme 
les  évêques  de  Langres  étoient  autrefois  feigneurs  tem- 
porels ou  féodaux  ,  dans  toute  l'étendue  de  leur  dic= 
cèfe ,  les  comtes  de  Champagne  relevoient  d'eux  pour 
plufieurs  villes  &  feigneuries  ;  &  les  ducs  de  Bourgo- 
gne ,  pour  leurs  terres  de  la  Montagne ,  ont  été  feuda- 
taires  de  ces  évêques;  &  d'autres  feigneurs  en  ont  auffi 
relevé,  comme  les  anciens  comtes  de  Dijon.  Langres 
ayant  été  mis  par  les  empereurs  Romains ,  fous  la  pre- 
mière Lyonnoife  ,  fon  évêque  reconnoît  pour  fon  mé- 
tropolitain l'archevêque  de  Lyon.  Depuis  le  régne  de 
Philippe  -  Augufte  ,  ces  prélats  ont  toujours  été  ducs 
&  pairs,  s'étant  maintenus  libres  tk  indépendans  con- 
tre les  entreprifes  des  ducs  de  Bourgogne  Se  des  comtes 
de  Champagne  (d).  L  églife  cathédrale,  qui  étoit  autre- 
fois dédiée  fous  l'invocation  de  S.  Jean  l'Evangélifte,  à 
maintenant  pour  patron  titulaire  S.  Mammet'z,  martyr, 
depuis  qu'on  y  apporta  les  reliques  de  ce  faint,  qui  étoit 
de  Cappadoce.  Cette  églife  a  été  fondée  par  Paulin,  fep- 
tiéme  évêque  de  Langres,  parent  de  l'empereur  Gratien, 
qui  en  fournit  les  deniers.  Le  chœur,  dont  l'architecture  eft 
très-belle ,  eft  conftruit  d'une  manière  toute  finguliere  ; 
il  eft  foutenu  tout-à-1'entour  par  des  colomnes  d'ordre 
Corinthien  ,  qui  ont  deux  pieds  de  diamètre  ,  &  portent 
une  frife  à  feuillage.  On  croit  que  ce  chœur  falloir  partie 
d'un  temple  dédié  à  quelque  divinité  des  Gaulois  payens. 
Cette  églife  eft  très-obscure  (e)  ;  on  y  garde  un  tréfor 
affez  curieux.  Devant  le  grand-autel  (f)  il  y  a  un  tom- 
beau de  bronze  ,  fous  lequel  repofent ,  dit-on  ,  les  trois 
jeunes  gens  que  Nabuchodonofor  fit  jetter  dans  la  four- 
naife  ;  on  prétend  à  Langres,  qu'ils  y  furent  apportés  en 
490,  fous  l'empire  de  Zenon.  Il  y  a  une  lampe,  oc  deux 
chandeliers  d'argent,  d'une  grandeur  extraordinaire,  fur 
lesquels  il  y  a  des  cierges  allumés,  qui  éclairent  jour  5c 
nuit  ce  tombeau  ;  &  fur  un  pilier,  à  gauche  ,  fe  lit  cette 
épitaphe  ridicule  : 


Sub  hoc  farcophagb , 
\nt  Sidrac ,  Mifac  ,  Abdenago  , 
>s  rex  Persarum  Zenonas, 
Juflîl  ire  Lingonas  , 
Ad  defendendos  dœmonas. 


Charon ,  fieur  de  Monceaux  ,  dans  fon  Hiftoire  univer- 
felle  ,  imprimée  in  folio  ,  en  l6ir  ,  rapporte  cette  ins- 
cription en  ces  termes  : 

In  hoc  jacent  farcophago , 
Sidrac  ,  Mifac  ,  Abdenago , 
Igné  ujli  ut  pelago  , 
Quos  rex  Perfarum  Zenonas 
Transfirri  jujjit  Lingonas, 
Ad  effiigandum  damonas. 

On  peut  croire  avec  Baugier  que,  cette  dernière  eft  l'an- 
cienne ,  &  qu'étant  tombée  en  ruine ,  elle  a  été  répa- 
rée par  celle  que  nous  avons  rapportée  la  première. 
Quoi  qu'il  en  fort ,  l'une  &  l'autre  eft  un  monument 
de  l'ignorance  &C  de  la  barbarie  du  fiécle  où  elle  a  été 
faite  (S  ).  Le  chapitre  de  la  cathédrale  eft  compofé  d'un 
doyen  nommé  par  le  chapitre ,  (  il  peut  être  doyen  fans 
être  chanoine)  fept  archidiacres  ,  un  tréforier  à  la  colla- 
tion du  chapitre,  huit  autres  chanoines  demi-prébendés, 
qui  font  à  la  collation  du  doyen  ,  &C  de  plufieurs  chape- 
lains. (a)  Baugier,  Mem.  hift.  de  Champagne,  t.  1  % 
P'  347  (b)-  Longuerue,  Descr.  de  la  France,  part.  1  , 
p.  39- (c)  Longuerue,  ibid.  (d)  Baugier,  t.  I  ,  p.  348  i 
(•)*.  2    p.  70;  (/)/•»>  P-  349;  (s)  t.  r,  p. 70. 

11  y  a  dans  la  ville  de  Langres  trois  paroiffes,  un  grand 
féminaire,  qui  a  été  commencé  à  bâtir  par  Sébaftien 
Zamet ,  évêque  de  Langres  ;  un  collège  ,  établi  par 
le  même  prélat  ;  un  couvent  de  Dominicains  ;  un  de 
Capucins ,  &  un  de  Carmes  Déchauffés  ;  quatre  cou- 
vens  de  religieufes,  des  Annonciades,  des  Urfulines  , 
de  la  Vifitation  &  de  S.  Dominique,  &  deux  hôpitaux. 

La  ville  a  une  belle  promenade,  publique  nommée  le 
cours,  hors  de  la  ville  ,  à  la  porte  de  Dijon.  Ce  cours 
planté  de  beaux  arbres,  a  un  quart  de  lieue  de  longueur, 


LAN 


720 

&  eft  terminé  par  une  fontaine ,  qui  prend  fa  fonrce  dans 
une  grotte,  &  fait,  en  coulant,  trois  grands  baffins,  deux 
cascades  &  un  jet  d'eau  pouffé  par  un  dauphin  que 
tient  un  triton.  Toutes  ces  eaux  font  environnées  d'ar- 
bres dans  un  beau  vallon. 

Albérique,  évêque  de  Langres,  y  reçut,  en  830,  l'em- 
pereur Louis  le  Débonnaire,  &Lothaire,  fon  fils  aîné.  Il 
y  fut  tenu  en  leur  préfence  un  concile  provincial  pour 
la  réformation  du  clergé  féculier  &  régulier.  Julius  Sa- 
binus,  qui  commandoit  une  armée  contre  les  empereurs 
Othon  &  Vitellius ,  étoit  né  à  Langres.  Lorsque  l'on  y 
travailloit ,  en  1670,  1671  Se  1671,  à  faire  des  chemins 
couverts  fur  la  contrescarpe  ,  on  trouva  trente-fix  pièces 
curieufes ,  confiftant  en  ftatues ,  pyramides  ,  piedeftaux  , 
vafes,  tombeaux,  urnes  &  autres  antiquités  Romaines. 
Elles  furent  envoyées  à  M.  de  Caumartin,  intendant,  qui 
les  donna  au  miniftre  d'état  Colbert.  Deux  ans  après, 
on  trouva  une  ftatue  fans  tête,  qui  eft  gardée  dans  l'hô- 
tel de  ville.  On  foupçonne  que  la  tête  eft  au  pouvoir  de 
M.  de  laVrilliere,  fecrétaire  d'état.  On  a  aufli  trouvé, 
en  fouillant  les  terres,  quantité  de  médailles  antiques, 
d'or  ,  d'argent  &  de  bronze. 

Le  dioècse  de  Langres  s'étend  plus  loin  que  la 

fénéralité  &  le  gouvernement  de  Champagne.  Il  eft 
orné  au  feptention  par  ceux  de  Troyes  &  de  Chaalons- 
fur-Marne  ;  au  midi,  par  ceux  d'Autun  &c  deChâlon  fur- 
Sône  ;  au  levant,  par  ceux  de  Dijon,  Befançon  &  de 
Toul  ;  &  au  couchant ,  par  ceux  de  Sens  &  d  Auxerre  : 
il  a  environ  trente  lieues  de  longueur.  La  ville  de  Ton- 
nerre ,  &  plufieurs  autres ,  qui  ne  font  ni  du  gouverne- 
ment, ni  de  la  généralité  de  Champagne,  font-  de  ce 
diocèfe,  qui  eft  compofé  en  tout  de  cent  quarante-cinq 
cures  ,  fous  fix  archidiacres. 

LANGROIVA  ,  bourg  de  Portugal,  dans  la  province 
de  Beïra ,  au  territoire  de  Pignel ,  entre  Meda  &  Tran- 
cofo.  Il  eft  dans  un  fond  entouré  de  quatre  collines,  & 
fur  le  bord  de  Rio-Pisco.  Ferdinand  Mendez  de  Bra- 
gance  le  peupla ,  l'exempta  de  tout  impôt ,  &  fit  bâ- 
tir la  citadelle  qvi'il  donna,  en  1145,  ,aux  Tem- 
pliers. Il  eft  aujourd'hui  de  l'évêché  &  de  la  jurisdiâion 
de  Lamégo.  On  y  a  découvert,  depuis  quelques  années, 
des  fontaines  d'eau  chaude  ,  qui  font  d'un  grand  fecours 
pour  les  malades  des  environs.  *  Raphaël  Bulteau  , 
.Vocab.  Portug. 

LANGRUNE,  bourg  de  France,  dans  la  Norman- 
die ,  diocèfe  de  Bayeux ,  &  élection  de  Caen  ,  fur  la 
côte  de  Beffm.  On  y  a  établi  un  fiége  d'amirauté ,  qui 
étoit  auparavant  à  Berniere. 

LANGTEIN,  abbaye  d'hommes,  ordre  de  Cîteaux,  en 
Allemagne,  dans  la  Franconie,  au  diocèfe  de  Bamberg. 

LANGUEDOC,  (le)  province  maritime  de  France, 
dans  fa  partie  méridionale.  Il  eft  borné  au  nord  par  le 
Quercy  &  le  Rouergue ,  qui  font  de  la  Guienne  ;  &  du 
même  côté,  il  touche  à  l'Auvergne  &  au  Lyonnois,  par 
le  Gevaudan,  le  Vêlai  &  le  Vivarez  ;  à  l'orient,  le  Rhône 
le  fépare  du  Dauphiné  ,  de  la  provence  &  de  l'état 
d'Avignon  ;  à  l'occident,  la  Garonne  le  fépare  de  la  Gas- 
cogne; au  midi,  il  eft  borné  par  la  mer  Méditerranée, 
&  les  comtés  de  Rouflillon  &  de  Foix.  Nous  rapporte- 
rons, dans  la  fuite  de  cet  article,  les  autres  noms  qu'a  eu 
ce  pays,. &  l'origine  de  celui  qu'il  a  préfentement.  * Lon- 
guerue,~Descr.  de  la  France,  1.  part.  p.  2.2,6  &Juiv.  &  Pi- 
ganiolde  la  Force,T>escx.  de  laFrance,  t.  4,^.  103  &  224. 

Le  Languedoc  eft  de  plus  grande  étendue  que  n'étoit 
la  féconde  Narbonnoife  ;  car  il  comprend  l'Albigeois,  le 
Gevaudan  &  le  Vêlai ,  qui  étoient  de  la  première  Aqui- 
taine ,  &c  outre  cela  le  Vivarez  ,  qui  étoit  de  la  pre- 
mière Viennoife.  Quant  à  la  première  Narbonnoife,  elle 
eut  ce  nom  fous  Conftantin  &  fes  enfans  ,  après  la  pre- 
mière divifion  &  multiplication  des  provinces  des  Gau- 
les. Les  peuples,  qui  l'habitoient,  étoient  appelles  Vol- 
quts ,  Vole»  ;  ceux  qui  étoient  vers  l'occident,  depuis 
Touloufe  jusqu'à  Beziers  &  Agde  étoient  nommés  Vol- 
ques-Teclofages  ;  &  ceux  qui  étoient  vers  l'orient,avoient 
le  nom  de  Volques-Arècomiques.  Les  Romains  firent  la 
conquête  de  cette  province  ,  fous  le  confulat  de  Quintus 
Fabius  Maximus,  fix  cents  trente-fix  ans  après  la  fon- 
dation de  Rome.  Elle  demeura  fous  leur  domination  jus- 
qu'au tems  de  l'empereur  Honorais,  qui,  voyant  que  les 
Vandales  occupoient  l'Espagne  ,  &  faifoient  de  fréquen- 
ts irruptions  dans  les  Gaules ,  éloignées  d'ailleurs  du 


LAN 


fiége  de  l'empire ,  fit  donation  des  Gaules  &  de  l'Es- 
pagne aux  Goths.  Les  hiftoriens  difent  que  cette  dona- 
nation  fut  faite  ious  deux  conditions;  la  première  ,  que 
le  pays  feroit  confervé  dans  fes  loix  &  privilèges  ;  Se  la 
féconde,  que  la  prescription  de  trente  années  ne  pourroit 
être  oppoièe  à  Honorais  ni  à  Ces  fucceffeurs ,  lorsqu'ils 
voudraient  retirer  ces  provinces  des  mains  des  Goths,en 
leur  afîignant  d'autres  terres.  Ce  fut  en  vertu  de  cette 
donation,  que  les  Goths  prirent  poffeflîon  de  ce  paysi 
Atolphe,  leur  prince,  établit  fon  féjour  fur  l'embouchure 
du  Rhône  ,  dans  le  lieu  que  l'on  appelle  préfentement 

5.  Gilles ,  &  qu'on  nommoit  auparavant  le  palais  des 
Goths.  Ses  fucceffeurs  jouirent  de  ce  pays,  pendant  près 
de  trois  cents  ans  fous  le  régne  de  trente  rois,  qui,  depuis 
Walha  avoient  transféré  leur  fiége  en  Espagne  qu'ils 
avoient  conquife  fur  les  Vandales.  Le  dernier  de  ces 
trente  rois ,  nommé  Roderic  ,  périt  dans  la,  bataille  qui 
fournit  l'Espagne  aux  Mores.  Ces  derniers,  q::e  notre 
Hiftoire  de  France  appelle  les  Sara^ins ,  pour  profiter 
de  leur  viftoire,  palTerent  dans  le  Languedoc  ,  fe  rendi- 
rent maîtres  de  la  plus  grande  partie  de  cette  province  j 
&:  pouffèrent  même  leurs  conquêtes  jusqu'à  Lyon. 

Le  Languedoc  s'appbiloit  alors  Septimanie;  &  ce  nom 
étoit  déjà  en  ufage  dans  le  cinquième  fiécle,  puisque Si- 
donius  Appollinaris  le  lui  donne  dans  une  de  fes' Lettres, 
l.  3 ,  epijl.  1 .  Ce  n'eft  pas  que  les  Goths  ne  lui  euffent  donné 
le  nom  de  Gothie.  Quelques  favans  même  ont  cru  que 
le  nom  de  Languedoc  étoit  venu  des  Goths,  &  cor- 
rompu de  Lande-Got ,  qui,  en  Allemand,  fignirte  ,  félon 
eux,  pays  des  Goths  ;  c'eft  une  erreur  :  premièrement,  il 
aurait  fallu  dire,  félon  le  génie  Allemand,  Gothen-Land. 
En  fécond  lieu  ,  le  nom  de  Lande-Got  ne  fe  trouve 
point  dans  les  hiftoriens  de  la  première  ou  la  moyenne 
antiquité.  Pasquier  n'a  pas  mieux  rencontré  dans  Ces  Re- 
cherches où  il  maintient  que  ce  mot  Languedoc  eft  cor- 
rompu pour  Langue  de  Got ,  puisqu'on  trouve  par-tout 
Languedoc ,  ou  Lingua-doc  dans  les  archives  de  Tou- 
louféj  comme  le  témoigne  Catel  dans  Ces  Mémoires.  Le 
Languedoc  a  donc  pris  fon  nom  de  ce  que,  dans  la  langue 
que  l'on  y  parloit,  on  difoit  Oc ,  pour  dire  oui.  Les  or-" 
donnances  de  l'an  1316  établiffent  une  différence  entre 
la  langue  Françoife  &  la  langue  d'Oc.  Il  eft  aufli  fait 
mention  des  enquêtes  pour  la  langue  Françoife,  &  des 
enquêtes  pour  la  langue  d'Oc,  dans  une  ancienne  Charte 
du  parlement  de  Paris,  qui  eft  du  tems  de  Philippe  le  Bel; 

6,  ce  qui  eft  encore  plus  fort  &  plus  pofitif ,  c'eft  que 
dans  les  anciens  Aftes  de  la  province  de  Languedoc , 
elle  eft  appellée  la  Linguadoc.  Froiffart,  vol.  3  ,  c.  7, 
affureque,  de  fon  tems,  c'eft-à-dire  dans  le  quatorzième 
fiécle,  toute  la  France  étoit  divifée  en  langue  d'Oui,  dont 
Paris  étoit  la  première  ville,  &  en  langue  d'Oc,  dont 
Touloufe  étoit  la  capitale  ;  de  forte  qu'en  latin  le  pays 
de  langue  d'Oc  étoit  nommé  dans  les  titres  ,  &  autres 
monumens,  patria  Occitana.  On  ne  trouve  point  qu'on 
ait  donné  le  nom  de  Languedoc  à  ce  pays ,  avant  1270. 
Joinville,  dans  la  Vie  de  S.  Louis,  le  (nomme  les  pays 
de  langue  Torte.  On  ne  laiffoit  pas  de  Pappeller  toujours 
Septimanie,  nom  qui  vient  de  ce  que  l'on  y  comptait 
fept  cités: 


Touloufe , 

Tolofa. 

Béziers  , 

Betcrrœ. 

Nismes , 

Nemaufus. 

Agde, 

Agatha. 

Maguelone , 

Magalona. 

Lodeve, 

Luteva. 

Ufez, 

Ucecia. 

On  avoit  donné  ce  nom  de  Septimanie  au  pays  où 
étoient  ces  fept  villes,  par  la  même  raifon  que  l'Aqui- 
taine, province  voifine,  avoit  été  appellée  Noyempopu- 
lartie  ,  à  caufe  des  neuf  peuples  qu'elle  renfermoit.  Les 
Goths  femblerent  même -s'attacher  à  ce  nombre  de  fept; 
car,  l'an  707,  après  la  défaite  d'Alaric,  les  François  s'é- 
taiit  emparés  des  villes  de  Touloufe  &  d'Ufez  ;  à  ces 
deux  villes  perdues  ,  les  Goths  en  fubfti  tuèrent  deux 
autres ,  Carcajfonne  &  Elne  qu'ils  érigèrent  en  cités  ; 
de  forte  qu'il  y  eut  toujours  fept  cités  dans  la  Goth:e. 
Il  eft  abfurde  d'avancer ,  comme  ont  fait  plufieurs  la- 
vans,  que  le  nom  de  Septimanie  a  tiré  fon  orieine  des 
SepùmanUnsouJoldats  delà,  j'tptièmt  légion,  établis  dans 


LAN 


LAN 


la  colonie  de  Béziers  ,  puisque  cette  colonie  ne  fut  ja- 
mais capitale  de  la  province ,  &  que  le  nom  de  ces  fol- 
dats  Septimaniens  étoit  abfolument  inconnu  ,  lorsque 
celui  de  Septimanie  commença  d'être  en  ufage.  Il  n'eft 
pas  moins  abfurde  d'avancer  ,  comme  ont  fait  d'autres , 
que  le  nom  de  Septimanie,  donné  au  feul  pays  de  Nar- 
bonne,  vient  de  fept  provinces  des  Gaules ,  dont  l'em- 
pereur Honorius  avoit  fait  une  union  ,  ck  qui  avoient 
Arles  pour  capitale  :  fi  cela  avoit  été ,  le  nom  de  Septi- 
manie auroit  plutôt  dû  être  donné  aux  peuples  voifins 
d'Arles  ,  &  à  la  première  Viennoife  qu'à  la  Narbon- 
noife. 

La  Septimanie,  ou  Gothie,  après  la  ruine  entière  des 
Wifigoths  en  Espagne,  vint  au  pouvoir  des  Maures, 
ou  des  Arabes ,  ou  des  Sarazins-Mahométans  qui  ve- 
noient  d'affervir  presque  toute  Espagne.  Fiers  de  leurs 
premiers  progrès,  ils  oferent  avancer  jusqu'à  Tours,  où 
ils  furent  défaits  par  Charles  Martel,  en  725.  Des  hifto- 
riens  affurent  que,  dans  cette  bataille,  les  Sarazins  per- 
dirent trois  cents  foixante  &  quinze  mille  hommes. 
Charles-Martel  les  pourfuivit  en  Languedoc ,  Se  fe  ren- 
dit maître  des  villes  de  Nîmes ,  de  Mague  !one  &c  de 
Béziers.  Pépin,  fon  fils  &  fucceffeur,  afliégea  &  prit 
Narbonne,  en  759,  &  fe  rendit  maître  de  Touloufe  , 
de  l'Albigeois  &.  du  Gevaudan  ;  &  le  Languedoc  fut 
ainfi  fournis  à  la  puiffance  des  rois  de  France.  Charle- 
magne paffa  aufli  en  Languedoc,  pour  y  affermir  fon  au- 
torité ;  &  à  la  naiffance  de  fon  fils ,  Louis  le  Débon- 
naire, il  érigea  le  royaume  d'Aquitaine  auquel  il  joignit 
■Touloufe  &  la  plus  grande  partie  du  haut  Languedoc  ; 
&  en  attendant  que  ce  prince  fût  en  état  de  gouverner 
par  lui-même ,  il  établit  dans  les  principales  villes  des 
comtes,  des  ducs,  ou  des  marquis;  car  Louis  le  Débon- 
naire fe  fervoit  indifféremment  de  ces  titres,  pour  mar- 
quer la  qualité  de  commandant  &£  de  gouverneur.  Ces 
comtes  étoienr  deftituables  à  volonté.  Chorfon  ou  Tor- 
iin  fut  établi  comte  de  Touloufe  par  Charlemagne ,  en 
778  ;  et  c?eft  de  lui  que  font  descendus  les  comtes  de 
Touloufe.  Il  y  a  apparence  que  Charlemagne  fit  la  même 
chofe  dans  les  autres  villes  du  Languedoc ,  qui  étoient 
fous  fa  domination  ,  &  fur-tout  à  Narbonne ,  où  quel- 
ques-uns ptétendent  qu'il  établit  Emeric  en  qualité  de 
vicomte.  Ce  qu'il  y  a  de  plus  confiant ,  c'eft  que  Louis 
le  Débonnaire  mit,  dans  la  fuite,  un  gouverneur  dans  Nar* 
bonne,  avec  la  qualité  de  duc  de  Septimanie,  ou  mar- 
quis de  Gothie ,  pour  avoir,  dans  le  bas  Languedoc,  la 
même  autorité  que  les  comtes  de  Touloufe  avoient  dans 
le  haut.  Ces  ducs  ou  marquis  avoient  fous  eux  les  vi- 
comtes de  Béziers ,  d'Agde  ,  de  Lodève  ,  de  Souftan- 
cion,  &c  ;  mais  on  ignore  fi  ce;  vicomtes  avoient  été 
■établis  par  les  rois  ou  les  ducs  de  Septimanie. 

Le  titere  de  duché  de  Septimanie  ne  fe  bornoit  pas 
au  bas  Languedoc.  Charlemagne ,  après  avoir  chaffé  les 
Sarazins,  conquit  enfuite  le  Rouffillon  &  la  plus  grande 
partie  de  la  Catalogne.  Tous  ces  pays  joints  enfemble  tu- 
rent nommés  la  Marche  d'Espagne ,  dans  laquelle  com- 
mandoit  le  duc  de  Septimanie  ou  de  Gothie,  qui 
n'étoit  qu'un  officier  ou  commandant  général. 

Ces  ducs  commandèrent  donc ,  depuis  l'an  829  jus- 
qu'en 936.  Le  premier  fut  Bernard  I,  fils  du  vicomte 
de  Narbonne,  &  le  huitième  Hermengaud  ou  Raimond, 
ion  fils,  qui  firent  tous  deux  hommage  du  duché  de  Sep- 
timanie à  Raoul,  roi  de  France,  l'an  913. 

D'autres  prétendent  que  cette  dignité  de  ducs  de  Sep- 
timanie, fous  qui  étoit  la  marche  d'Espagne,  ne  dura 
que  jusqu'au  régne  de  Charles  le  Chauve  ,  &  que  depuis 
•ce  tems-là,  il  n'y  eut  plus  ni  ducs  de  Septimanie,  ni 
marquis  de  Gothie  ;  car,  difent-ils,  quoique  les  comtes 
de  Touloufe  ayent  pris  dans  le  dixième  fiécle  quelque- 
fois le  nom  de  ducs ,  ou  de  marquis,  ce  duché  ou  mar- 
quifat ne  regardoit  pas  la  Septimanie  ou  Gothie,  mais 
l'Aquitaine  dont  ils  avoient  quelque  partie  ;  car  avant 
Raimond  de  S.  Gilles ,  qui  le  premier  ufurpa  le  titre  de 
duc  de  Narbonne ,  &  prit  même  celui  de  comte  de  la 
plupart ^ des  villes  du  Languedoc,  les  comtes  de  Tou- 
loufe n'avoient  en  ce  payslà  ,  hors  des  limites  de  leur 
comté  de  Touloufe  ,  aucune  fupérieurité  ,  comme  nous 
verrons  dans  les  articles  particuliers  de  ces  villes. 

Quoi  qu'il  en  foit,  après  la  mort  d'Ermengaud  Se 
celle  de  Raimond,  fon  fils,  Pons  Raimond  ,  comte  de 
Touloufe,  foit  qu'il  leur  fût  parent,  ou  le  plus  puifiant 


721 

de  la  province ,  s'empara  du  marquifat  de  Gothie  ;  6c 
parce  moyen,  le  marquifat  deGoîhie  fut  uni  au  comté 
de  Touloufe;  tk  depuis  ce  tems-là,  les  comtes  de  Tou- 
loufe ont  pris,  tantôt  la  qualité  de  ducs  de  Septimanie , 
tantôt  celle  de  marquis  ou  princes  de  Septimanie  ,  & 
tantôt  celle  de  ducs  de  Narbonne.  C'eft  pour  cette  rai- 
fon  que  Simon  de  Montfort  voulut,  avec  l'inféodation 
du  comté  de  Touloulè  ,  avoir  l'invefthure  du  duché  de 
Narbonne.  Les  comtes  de  Touloufe  acquirent  le  Gevau- 
dan, parle  mariage  d'Alphonfe  I,  comte'  de  Touloufe, 
avec  Faidide  de  Provence,  fille  de  Gilbert  I,  comte  de 
Provence ,  &  deTiburge,  comteffe  de  Gevaudan.  Il  pa- 
roît  par  divers  aftes,  que  les  comtes  de  Touloufe  étoient 
propriétaires  de  l'Albigeois  &  du  Vêlai  ;  mais  on  ne  fait 
précifément  en  quel  tems  ni  comment  ils  en  avoient  fait 
l'acquifition.  Il  faut  dire  la  même  chofe  duVivarez,  que 
Bertrand ,  comte  de  Touloufe  ,  donna  pour  douaire  à 
Elefte  fa  femme.  Les  guerres  des  Albigeois  ayant  com- 
mencé en  Languedoc,  quelque  tems  après  l'an  1208, 
Raimond,  comte  de  Touloufe ,  Ve  du  nom ,  fe  mit  à 
la  tête  du  parti  de  ces  gens-là  ;  &  Pierre  de  Château- 
neuf,  légat  du  pape  ,  ayant  été  tué  à  S.  Gilles ,  par 
l'ordre  du  comte,  on  fe  croifa  contre  les  Albigeois  & 
le  comte  Raimond.  Ce  dernier  craignit  les  fuites  de 
cette  guerre,  &  fe  fournit  aux  volontés  du  pape  Inno- 
cent III.  Il  prit  la  croix  ,  &  fe  joignit  à  l'armée  des 
croifés  ;  mais  peu  de  tems,  après  il  manqua  à  tous  fes 
engagemens  ,  &  retourna  à  fes  erreurs.  Les  croifés  pri- 
rent pour  leu  rchefSimon,  comte  de  Monfort,  l'an  1 114; 
6c  le  concile  aflemblé  à  Montpellier,  lui  donna  le  comté 
de  Touloufe  &:  la  propriété  des  autres  villes  qui  avoient 
été  conquifes  fur  les  Albigeois.  Cette  donation  fut  con- 
firmée par  une  bulle  d'Innocent  III,  l'an  1115  ;  mais 
comme  ce  comté  ne  pouvoit  être  inféodé  que  par  le  roi 
de  France,  Simon,  comte  de  Montfort,  en  vint  deman- 
der Pinveftiture  à  Philippe-Augufte ,  qui  étoit  pour  lors 
à  Melun.  Il  la  reçut  au  mois  d'Avril  12 16,  Se  fit  hom- 
mage du  comté  de  Touloufe  ,  du  duché  de  Narbonne  , 
de  la  vicomte  de  Béziers ,  de  Carcaffonne ,  St  des  au- 
tres terres  qu'il  avoit  conquifes  dans  le  Languedoc.  Si- 
mon, comte  de  Montfort,  étant  mort,  en  121 8,  au 
fiége  de  Touloufe ,  le  lendemain  de  la  S.  Jean  ,  Amauri 
de  Montfort ,  fon  fils  ,  lui  fuccéda  ,  de  même  qu'a- 
près la  mort  de  Raimond  VI,  arrivée  en  1222,  Rai- 
mond VII ,  fon  fils ,  fuccéda  au  droit  qu 'avoit  fon  père 
fur  le  comté  de  Touloufe. 

Amauri  ne  fe  fentant  pas  affez  fort  pour  conferver  les 
conquêtes  de  fon  père,  contre  Raimond  VII,  en  fit  cef- 
fion  à  Louis  VIII,  roi  de  France,  au  mois  de  Février 
de  l'année  1223  ,  par  un  acte  qui  eft  dans  les  archives 
du  roi  à  Montpelier,  &  par-là  les  rois  de  France  uni- 
rent le  droit  de  propriété  à  celui  de  fouveraineté,  qu'ils 
avoient  auparavant  fur  cette  province.  Louis  VIII  la 
fournit  presque  toute  entière,  &  mourut  à  Montpen- 
fier  en  Auvergne  ,  en  revenant  de  cette  expédition,  le 
8  Novembre  de  l'an  1226.  S,  Louis,  fon  fils,  lui  fuccéda. 
Le  comte  Raimond ,  voulant  profiter  de  la  minorité  de 
ce  prince  ,  recommença  la  guerre  ;  mais  fe  voyant 
extrêmement  preffé  par  les  troupes  du  roi  S.  Louis ,  il 
demanda  la  paix  &  l'obtint.  Le  traité  en  fut  conclu  à 
Paris,  au  mois  d'Avril  1 228  ;  &  par  cet  afte,  le  comte 
de  Touloufe  cède  au  roi  toutes  les  terres  qu'il  a  en-deçà 
le  Rhône,  à  la  réferve  du  diocèfe  de  Touloufe,  qui 
doit  refter  au  comte.  Par  le  même  traité  on  conclut  le 
mariage  de  la  fille  du  comte  de  Touloufe  avec  Al- 
phonle,  comte  de  Poitiers  ,  frère  du  roi  S.  Louis  ;  Se  il 
fut  ftipulé  que  Touloufe  &C  les  autres  terres  réfervées  au 
comte  par  le  traité,  appartiendraient  aux  enfans  d'Al- 
phonfe ,  &,  au  défaut  d'enfàns,  feraient  unies  à  la  cou- 
ronne. Raimond  mourut  le  27  Septembre  1249;  AI- 
phonfe  &  Jeanne ,  en  1 270  ;  &  n'ayant  point  laiffé 
d'enfàns,  le  roi  Philippe  le  Hardi  commit  Cohardon, 
fénéchal  de  Carcaflbne,pour  prendre  poiTeffion  du  comté 
de  Touloufe  au  nom  du  roi  :  il  reçut  le  ferment  des  ha- 
bitans,  avec  promefie  de  conferver  les  privilèges,  ufa- 
ges  ,  libertés  &  coutumes  des  lieux. 

Le  Languedoc  ne  fut  pas  néanmoins  dès-lors  réuni 
expreffément  à  la  couronne;  ce  ne  fut  qu'en  1361 ,  par 
lettres-patentes  du  roi  Jean ,  portant  réunion  du  duché 
de  Bourgogne,  du  comté  de  Champagne  &  du  comté 
de  Touloulè,  fans  autre  condition  que  comme  à  lui  ap* 

Tome  II I,     Yyyy 


LAN 


72i 

partenant  de  plein  droit.  Voilà  la  véritable  hiftoire  de  h 
réunion  du  Languedoc  à  la  couronne ,  quoique  Moréri 
&  (es  continuateurs  ayent  dit  que  cette  province  avoit 
été  réunie  à  la  couronne  fous  ces  trois  conditions,  i.  qu'il 
ne  feroit  donné  au  Languedoc  aucun  gouverneur,  qui 
ne  fût  prince  du  fang  ;  2.  que  le  roi  n'impoferoit  point 
de  tailles  fans  le  confenternent  des  états  de  la  province; 
3.  que  cette  province  ne  feroit  point  obligée  d'ufer  d'au- 
cun autre  droit  que  du  droit  écrit.  Autant  de  condi- 
tions ,  autant  de  chimères.  Les  droits  des  rois  de  France 
fur  le  Languedoc  font  les  mêmes  qu'ils  ont  fur  les  autres 
provinces.  Il  leur  appartient  par  droit  de  conquête ,  par 
la  ceffion  d'Amauri  de  Montfort,  en  1123,  5c  parie 
traité  de  Paris ,  en  1 228. 

Le  Languedoc  eft  la  province  de  France  où  le  clergé 
eft  le  plus  nombreux  6c  le  plus  riche  :  on  y  compte  trois 
archevêchés  : 


Lan 


Narbonne , 


Alby. 


Touloufe, 


Il  n'y  avoit  autrefois  de  métropole  eccléfiaftique  que 
Narbonne;  mais  le  pape  Jean  XXII  érigea  Touloufe 
en  archevêché,  en  13 16;  8c  Fevêché  d'Albi  fut  dé- 
membré de  Bourges,  6c  érigé  en  archevêché,  en  1676. 
Il  y  a  vingt  évêchés  dont  voici  les  noms  ;  ceux  qui  font 
marqués  d'une  étoile,  furent  érigés  par  le  pape  Jean  XXII. 


Agde, 
Béziers  , 

*Lavaur, 

*Mirepoix, 

Lodève, 
Montpellier , 

Montaubai 

Rieux  , 

Nîmes, 

*S.  Papoul, 

Alais , 

Mende , 

*  Saint-Pons  , 

Caftres , 

Ufez, 

Le  Puy, 

Carcaflbnne, 

Viviers, 

Alet, 

Cominges 

L'évêché  de  Montpellier  a  fuccedé  à  celui  de  Mague- 
lone.  Montauban  eft  dans  le  Querci,  6c  du  gouverne- 
ment de  Guienne;  mais  comme  plufieurs  paroiffes  du 
bas  Languedoc  font  de  ce  diocèfe  ,  6c  qu'en  cette  con- 
sidération l'évêque  de  Montauban  a  féance  aux  affem- 
blées  des  états  généraux  du  Languedoc ,  on  peut  le  com- 
pter ici. 

Des  états  du  Languedoc. 

Le  Languedoc  étant  un  pays  d'état ,  l'afliette  8c  la  le- 
vée des  impofitions  font  différentes  de  celles  des  autres 
provinces ,  6c  cette  différence  m'engage  de  parler  des 
états  ou  affemblées  générales.  L'origine  des  états  de 
Languedoc  eft  ancienne.  Avant  la  réunion  de  cette  pro- 
vince en  un  feul  corps ,  le  comte  de  Touloufe  8c  chaque 
feigneur  particulier  afTembloient  les  peuples  qui  leur 
étoient  fournis  ,  lorsqu'ils  vouloient  faire  fur  eux  quelque 
impofition.  Les  rois,  après  la  réunion  du  Languedoc  à 
la  couronne ,  obferverent  à-peu-près  ce  même  ordre , 
6c  les  afTembloient  par  fénéchauffées  ;  mais  enfin  ils  trou- 
vèrent plus  à  propos  de  convoquer  les  fénéchauffées  en 
un  feul  corps ,  où  l'on  appelle  de  chaque  diocèfe  ,  un 
député  du  clergé  qui  eft  l'évêque,  un  député  de  lanô- 
bleffe  qui  eft  le  baron ,  6c  les  députés  des  villes  princi- 
pales. On  croit  que  c'eft  fous  Charles  VII ,  que  cette 
dernière  forme  des  états. a  commencé;  mais  cette  épo- 
que n'eft  pas  bien  fûre;  car  depuis  le  régne  de  ce 
prince ,  on  trouve  encore  quelques  commiflions  adref- 
îées  aux  fénéchaux.  Dans  cette  incertitude  on  ne  peut 
dire  autre  chofe ,  fi  ce  n'eft  que,  depuis  l'an  1500,  les 
états  de  Languedoc  fe  font  tenus  en  la  forme  qu'ils  fe 
tiennent  à  prefent,  comme  il  parîot  par  les  régiftres  de 
cette  aflemblée ,  qui  ne  remontent  pas  plus  haut. 

Par  les  lettres  parentes  du  roi  François  I ,  de  l'an  1533, 
les  états  de  Languedoc  doivent  s'affembler  alternative- 
ment dans  les  trois  fénéchauffées ,  pour  la  commodité 
que  les  peuples  peuvent  retirer  de  cette  convocation. 
C'eft  l'archevêque  de  Narbonne ,  qui  eft  préfident  né  de 
ces  affemblées  ;  mais  cette  préfidence  lui  a  été  quelque- 
fois conteftée.  L'évêque  du  diocèfe  dans  lequel  les  états 
fe  font  tenus ,  lui  a  quelquefois  disputé  cette  prérogative. 
Les  états  ayant  été  convoqués  à  Nîmes  en  1364,   par 


Arnoul  d'Andrehan  ,  maréchal  de  France,  &  gouverneur 
de  Languedoc,  l'évêque  de  Nîmes  prétendit  y  préfi- 
der  ;  mais  la  préfidence  fut  adjugée  à  l'archevêque  de 
Narbonne.  Le  roi  Charles  VII,  ayant, -en  1441  ,  con- 
voqué lui-même  les  états  à  Montauban ,  Sa  Majefté  l'ad- 
jugea par  lettres- patentes  à  l'évêque  de  cette  ville,  ayant 
égard  à  ce  qui  s'étoit  pratiqué  quelque  tems  auparavant 
à  Touloufe,  en  faveur  de  l'archevêque  de  cette  ville  , 
contre  les  prétentions  de  celui  de  Narbonne.  L'an 
1579,  on  tint  les  étas  de  Languedoc  à  Caftelnaudary, 
en  préfence  de  Catherine  de  Medicis,  6cc.  Ce  fut  Ale- 
xandre de  Bardis ,  évêque  de  S.  Papoul ,  qui  y  préfida 
en  qualité  d'évêque  diocèfain.  Cette  aflemblée  com- 
mença le  27  d'Avril ,  8c  finit  le  8  de  Mai.  Depuis  ce 
tems-là,  il  a  toujours  été  pratiqué,  conformément  aux  dé- 
libérations des  états,  que  la  préfidence  appartient  à  l'ar- 
chevêque de  Narbonne,  &,  à  fon  défaut,  au  plus  ancien 
archevêque  ou  évêque,  5c,  au  défaut  des  prélats,  au  vi- 
caire général  du  plus  ancien  évêque.  Malgré  cet  ufage, 
l'archevêque  de  Touloufe  prétend  être  de  droit  vice-pré- 
Jldent  des  états  de  Languedoc. 

Par  édit  donné  à  Paris ,  au  mois  d'Oftobre  de  l'an 
1649,  les  ^tats  ^e  Languedoc  doivent  être  affemblés 
tous  les  ans,  au  mois  d'Oftobre,  pendant  un  mois  feule- 
ment ;  6c  les  aflïettes  particulières  un  mois  après  les  états, 
pendant  huit  jours.  Par  le  même  édit  il  eft  porté  que 
nulle  impofition  ne  fera  faite ,  fans  lettres-patentes  de  Sa 
Majefté ,  6c  fans  délibération  des  états. 

Les  états  de  Languedoc  font  compofés  de  trois  or- 
dres, de  l'églife,  de  la  nobleffe,  6c  du  tiers-état. 

L'ordre  de  l'églife  eft  compofé  de  trois  archevêques 
6c  de  vingt  évêques ,  dont  le  rang  eft  réglé  par  l'ancien- 
neté de  leur  facre.  Lorsqu'ils  ne  peuvent  affilier  à  l'af- 
femblée,  ils  ont  droit  d'y  envoyer  leurs  vicaires  généraux. 

L'ordre  de  la  nobleffe  eft  compofé  d'un  comte ,  d'un 
vicomte  6c  de  vingt-un  barons. 

Le  comte  eft  le  comte  dAlais.  Cette  terre  fut  achetée 
par  le  pape  Clément  VI ,  qui  la  donna  au  comte  de 
Beaufort,-fon  frère.  Philippe  de  Valois  l'érigea  en  comté  ; 
&  en  confédération  du  pape,  la  nobleffe  de  Languedoc 
confentit  qu'il  eût  la  première  place  6c  la  première  voix 
aux  états  ;  ce  qui  a  toujours  été  continué  depuis  en  la 
perfonne  de  ceux  qui  ont  été  revêtus  de  ce  comté. 

Le  vicomte  eft  le  vicomte  de  Polignac ,  qui  a  la  fé- 
conde place  fixe. 

Les  [barons  font  le  baron  de  Tour  du  Vivarez,  c'eft- 
à-dire  celui  des  douze  barons  du  Vivarez,  qui  ont  droit 
d'entrer  alternativement  aux  états,  de  douze  en  douze 
années  ,  8c  qui  ont  place  immédiatement  après  le  vi-i 
comte.  Ces  douze  barons  du  Vivarez  font  les  barons  da 
Tournon ,  de  la  Voulte ,  d'Annonay,  de  l'Argentiere  , 
d'Aps ,  de  Cruffol ,  de  Joyeufe ,  de  Sainte-Remaife  ,  du 
Chaylar,  de  Montlor,  de  Boulogne,  de  Privas  Se 
de  Chalançon.  Ces  deux  derniers  ne  font  qu'une 
place  ,  6c  par  conféquent  entrent  alternativement  tous 
les  vingt-quatre  ans.  Le  baron  du  Tour  de  Gevaudan  a 
fa  place  après  celui  du  Vivarez.  Il  y  a  huit  barons  en 
Gevaudan  ,  qui  entrent  alternativement  aux  états  de 
Languedoc.  Ce  font  les  barons  de  Mercosur,  de  Canil- 
lac,  de  Tournel,  de  Randon ,  de  Florac,  d'Apcher, 
de  Peyre  6c  de  Cenaret. 

Les  autres  barons  de  Languedoc ,  qui  ont  entrée  aux 
états,  font  les  feigneurs  des  baronnies  de  Florenfac,  d'Am- 
bres ,  de  Calviflon,  de  Caftries,  de  Mirepoix,  de  Vil- 
leneuve ,  d'Arqués  de  la  Gardiolle ,  de  Calftelnau,  de 
Bonnnafoux,  de  Clermpnt,  deLoèdve,  de  Rouveyroux, 
de  Lanta,  deCaftelnau,  d'Eftratefons ,  de  Ganges ,  de 
Gouffoulens,  de  Rieux  8c  de  S.  Félix.  Ces  barons  n'ont 
point  de  place  fixe. 

Lorsque  les  propriétaires  des  comté,  vicomte  Se  ba- 
ronnies ne  peuvent  aller  en  perfonne ,  ils  ont  droit  d'en- 
voyer en  leur  place  un  gentilhomme  porteur  de  leur 
procuration  ;  mais  pour  lors  le  procureur,  avant  que  de 
prendre  place  pour  la  première  fois  ,  doit,  de  même  que 
les  barons,  faire  preuve  de  nobleffe  de  quatre  généra- 
tions du  côté  paternel ,  Se  d'autant  du  côté  mater- 
nel ,  fuivant  la  délibération  des  états ,  du  5  Mars  da 
l'an  1654. 

Le  tiers-état  eft  compofé  des  maires ,  coniuls  8c  dé- 
putés des  villes  ,  chefs  de  diocèfe ,  8c  des  villes  dio- 
céfainês,  qui  entrent  par-tout  aux  états  pour  les  intérêts 


Lan 


du  dlocèfe ,  à  l'exception  de  la  ville  du  Puy  ,  qui  n'en- 
voie point  de  diocéfhin ,  ce  de  fept  diocèfes  qui  ont  leurs 
villes  fixes,  lesquelles  entrent  tous  les  ans.  Telles  font 
Gignac  pour  le  diocèfe  de  Béziers ,  Peianes  pour  celui 
d'Agde,  Clermont  pour  celui  de  Lodève,  Maruejol  pour 
celui  deMende,  Caftelnaudary  pour  celui  de  S.  Pa- 
poul,  Valentine  pour  celui  de  Cominges,  6e  Fanjaux 
pour  celui  de  Mirepoix. 

Après  que  le  préiident  de  l'aiTemblée  a  fait  une  pro- 
pofition ,  un  prélat  commence  à  opiner,  enfuite  un  ba- 
ron, puis  deux  députés  du  tiers-état,  que  l'on  appelle 
par  le  nom  de  leurs  villes,  6e  ainfi  de  fuite.  On  voit  par- 
la ,  que  le  tiers-état  feul  a  autant  de  voix  que  le  clergé 
&  la  noblefle  enfemble.  Quant  aux  villes ,  voici  l'ordre 
que  l'on  garde;  on  commence  par  Touloufe,  enfuite 
Montpellier*  Carcafïbnne,  Nismes  ,  Narbonne,  le  Puy, 
Béziers, Ufez,  Alby,  Viviers,  Mende,  Caftres,  S.Pons, 
Agde  ,  Mirepoix,  Montauban,  Lodeve,  Lavaur,  S.  Pa- 
poul ,  Aleth  ,  Limoux ,  Rieux  6e  Alais.  Après  que  ces 
Capitales  ont  opiné,  on  appelle  les  villes  diocéfaines  qui 
changent  tous  les  ans ,  6c  celles  qui  font  fixes  par  leur 
nom  ,  à  la  réferve  de  Valentine  qui  eft  appeliée  fous  le 
nom  de  Cominges  qui  eft  fa  capitale.  Les  évêques  6e 
les  barons  font  placés  dans  les  hauts  fiéges  ;  les  pre- 
miers à  la  droite  du  préfident ,  6e  les  barons  à  la  gauche  : 
outre  ces  trois  ordres  ,  la  province  a  encore  fept  offi- 
ciers qui  entrent  aux  états.  Ces  officiers  font  trois  fyn- 
dics  généraux  pour  chacune  des  trois  anciennes  féné- 
chauflées  de  Touloufe ,  de  Carcaflbnne  6c  de  Beaucaire  ; 
deux  greffiers  ou  fecrétaires,  6e  deux  tréforiers  de  la 
bourlè,  qui  étoient  alternativement  en  exercice;  mais 
depuis  quelque  tems,  ces  deux  charges  fontpofledées  par 
une  même  perfonne. 

Pour  convoquer  ces  afTemblées  générales,  le  roi  fait 
expédier  par  le  fecrétaire  d'état  ,  qui  a  le  Languedoc 
dans  fon  département ,  des  lettres  de  cachet  pour  tous 
les  titulaires  des  deux  premiers  ordres ,  pour  les  villes 
qui  doivent  y  entier,  6c  les  officiers  de  la  province.  Ces 
lettres  font  envoyées  au  gouverneur  ou  au  général  qui 
doit  tenir  les  états ,  qui  les  fait  diftribuer  ,  6e  écrit  à 
ceux  à  qui  elles  font  adreffées.  Lorsque  tous  les  dépu- 
tés fe  font  rendus  au  lieu  6e  jour  marqués ,  les  com- 
miflaires  du  roi  font  l'ouverture  de  Faffemblée  par  la 
lefture  des  commiilîons  du  roi,  6e  s'occupent,  pendant 
l'aflemblée,  ou  à  recevoir  des  remontrances  des  états  fur 
les  chofes  qu'ils  ont  propofées  ,  ou  à  deux  commiflîons, 
dont  l'une  eft  la  vérification  des  dettes  des  communau- 
tés ,  6e  l'autre  le  rapport  des  impofitions.  Les  commil- 
faires  font  feuls  dans  la  première  ;  mais  dans  la  dernière 
ils  travillent  avec  des  commhïaires  des  états ,  &  exami- 
nent fur  les  rolles  des  tailles,  fi  l'on  n'a  pas  impofé  au- 
delà  de  ce  que  l'on  a  dû. 

Les  commiftaires  du  roi  n'entrent  dans  l'aflemblée  des 
états  que  le  jour  de  l'ouverture  ,  le  jour  qu'ils  doivent 
faire  la  demande  du  don  gratuit,  lorsqu'il  faut  donner 
la  ferme  de  de  l'équivalent,  6e  toutes  les  fois  qu'ils  ont 
quelque  chofe  d'important  à  communiquer  aux  états. 
Lorsque  les  commiflaires  du  roi  vont  à  l'aflemblée ,  ils 
font  reçus  à  la  porte  de  la  rue  par  les  trois  fyndics  gé- 
néraux ;  dans  la  cour  de  l'hôtel  de  ville ,  par  les  maires  6c 
les  confiais  des  cinq  premières  villes ,  6c,  au  bas  de  l'es- 
calier, par  les  barons  6e  envoyés  de  la  noblefle,  au  nom- 
bre de  vingt-trois.  Lorsqu'ils  fortent,  ils  font  conduits 
jusqu'au  haut  de  l'escalier,  par  fix  prélats  ;  &  les  autres 
corps  observent  le  même  cérémonial  que  lorsqu'ils  font 
entrés. 

Les  commiflaires  du  roi  aux  états,  font  le  gouverneur 
de  la  province  ,  le  lieutenant-général ,  les  trois  lieute- 
nans  de  roi  ,  l'intendant  6c  deux  tréforiers  de  France , 
un  du  Bureau  de  Touloufe ,  6c  l'autre  de  celui  de  Mont- 
pellier. 

On  traite,  dans  l'aflemblée  des  états,  de  toutes  les  affai- 
res qui  regardent  la  province  en  général,  ou  quelqu'un 
des  ordres  en  particulier.  Les  impofitions,  qui  y  font  ré- 
folues ,  font  départies  fur  les  vingt-trois  diocèfes  de  la 
province  ,  conformément  à  un  ancien  tarif  dont  on  eft 
convenu.  Cette jépartion  étant  faite,  elle  eft  autorilée 
le  jour  de  la  clôture  des  états;  &  l'aflemblée  expédie 
&  lignifie  des  commiffions  6c  mandemens ,  afin  que  cha- 
que diccèfe  fafle  dans  une  aflemblée  diocélaine  l'impo- 
iîtion  de  la  fornme  que  chaque  communauté  doit  don- 


LAN  723 

nër  ,  oc  qu'elle  diftribue  ensuite  fur  tous  les  particu- 
liers qui  font  contribuables.  Après  cela,  les  états  vont 
en  corps  offrir  aux  commiflaires  du  roi  la  fomme  que  la 
province  donne  à  Sa  Majefté;  ce  qui  étant  fait,  l'af- 
lemblée fe  fépare. 

Les  afïïettes  doivent  être  tenues  fuivant  l'édit  de  l'an 
1649,  un  H10'5  aPrès  la  tenue  des  états.  On  appelle^ 
Jietus  les  aflemblées  particulières  de  chaque  diocèfe,  qui 
font  la  répartition  fur  toutes  les  communautés  du  dio- 
cèfe ,  des  impofitions  qui  ont  été  départies  par  les  états 
fur  chaque  diocèfe.  Elles  font  compofées  de  l'évêque, 
d'un  baron,  des  députés  des  villes  6c  lieux  principaux, 
6c  d'un  commiflaire  principal,  qui  a  commiffion  du  gou- 
verneur pour  autorifer  l'aiTemblée  de  la  part  du  roi.  Il 
y  a  trois  pays  qui  ne  fe  contentent  pas  du  nom  Sajfutus , 
6c  qui  fe  difent  états  particuliers ,  6c  ont  une  forme  dif- 
férente ;  ce  font  le  Vivarez ,  le  Vélay  6c  le  Gevaudan. 

En  Vivarez,  les  barons  préfident  à  cette  aflemblée  ;  & 
l'évêque  n'y  vient  qu'à  fon  tour,  comme  baron.  Us  peu- 
vent, en  leur  abfence,  envoyer  un  fubrogé  qui  tient  faf- 
femblée. Lebaillif  du  pays  y  aflifte  toujours;  le  grand- 
vicaire  de  l'évêque  y  entre  comme  baron  de  Viviers. 
Treize  consuls  6c  deux  baillifs  y  entrent  auffi.  Le  baron 
duTour,  ou  fon  fubrogé,  ligne  le  premier  ;  6c  le  commif- 
faire  principal,  le  fécond  ;  ce  qui  eft  fingulier ,  car  dans 
tous  les  autres  diocèfes  il  ligne  le  premier. 

Les  états  particuliers  du  Vélay  font  compofés  de  l'é- 
vêque du  Puy ,  qui  y  prefide  ;  du  commiflaire  principal , 
du  fénéchal,  du  vicomte  de  Polignac,  qui  préfide  en 
l'abfence  de  l'évêque  ,  de  huit  députés  du  clergé ,  de 
feize  barons  du  pays ,  6c  de  neuf  consuls. 

Ceux  du  Gevaudan  font  compofés  de  l'évêque  de 
Mende,  ou  de  fon  grand- vicaire,  qui  y  préfide;  d'un 
commiflaire  principal,  du  baillif  du  pays;  des  consuls  de. 
Mende_  6c  de  Maruejol ,  commiflaires  ordinaires  ;  de 
fept  députés  de  Péglïfe  ,  dont  fix  font  abbés,  6c  le  fep- 
tiéme  eft  chanoine  de  la  cathédrale  ,  de  huit  barons  , 
de  dix-huit  consuls  des  principaux  lieux  ,  6c  d'un  fyn- 
dic,  qui  change  l'aflemblée  lorsqu'il  le  juge  à  propos. 

Le  département  qui  eft  fait  dans  les  alfiettes  fur  les 
communautés  du  diocèfe  ,  fe  fait  fur  la  recherche  parti- 
culière de  chaque  diocèfe.  La  recherche  eft  une  procé- 
dure faite  par  un  officier  de  la  cour  des  aides ,  avec  des 
experts-arpenteurs  6c  indiesteurs ,  qui  ont  vifité  6c  efti- 
mé  les  fonds  qui  compofent  le  diocèfe ,  eu  égard  à  la 
bonté  6c_qualité  du  terroir,  6c  du  commerce  qui  s'y  fait. 
C'eft  fur  cette  recherche  que  l'on  régie  la  portion  de 
l'impolition  générale  que  chaque  communauté  doit 
payer  ;  6c  parce  que  cette  portion  eft  réglée  par  livres  , 
fols ,  deniers  ,  oboles ,  pittes  ,  6c  mailles  ,  elle  eft  ap- 
peliée aiivrcmtnt.  Ce  département  étant  ainfi  fait  dans 
l'aflemblée  diocéf.iine,  chaque  communauté  diftribue  en- 
fuite  fa  portion  fur  les  particuliers  qui  la  compofent;  Se 
cette  impofition  fe  fait  fur  le  compoix  ou  cadajlre  de 
chaque  communauté.  Le  compoix,  ou  cadajlre ,  eft  un 
regiftre  public,  fait  par  autorité  de  la  cour  des  aides,  qui 
contient  la  qualité,  l'eftimation  5c  le  nom  des  proprié- 
taires des  fonds  de  chaque  communauté  ou  paroiflê ,  6f 
ne  diffère  de  la  recherche  qu'en  ce  qu'elle  eft  faite  pour 
tout  un  diocèfe ,  6c  le  compoix  ou  cadaflrt  pour  un  feul 
lieu.  L'une  Se  l'autre  ne  font  en  ufage  que  dans  le  Lan- 
guedoc 6c  les  autres  provinces  où  les  tailles  font  réelles. 

Toutes  les  impofitions ,  qui  font  faites  dans  les 
états  6c  les  aflîettes ,  regardent  le  roi,  ou  les  affaires  Se 
dépenfes  des  états ,  des  diocèfes  ,  ou  des  communau- 
tés. Celles  des  états  font  réglées,  par  l'édit  de  l'an  1649, 
à  foixante  6c  quinze  mille  livres. 

Les  droits,  qui  appartiennent  au  roi,  font  le  domaine, 
les  impofitions  qui  font  fixes  6c  certaines,  ou  arbitrai- 
res, comme  le  don  gratuit,  6cc.  Le  domaine  du  roi  eft 
confidérable  en  Languedoc.  Il  confifte  en  cinq  articles, 
i°  dans  le  domaine,  albergues  ou  péages;  2°  en  gref- 
fes ;  30  en  amendes  ;  40  dans  le  controlle  des  exploits  ; 
<i°  dans  les  formules.  La  ferme  des  falines  de  Pecais,de 
Mardirat  6c  Sigean  rapporte  au  roi  deux  millions  cinq 
cents  mille  livres. 

Il  y  a  dans  la  province  de  Languedoc  deux  chambres 
des  monnoies  ,  une  à  Touloufe,  Se  l'autre  à  Montpellier. 
Dans  chacune  il  y  a  plufieurs  officiers  en  titre  d'office  ; 
deux  juges-gardes,  un  procureur  du  roi,  un  tréforier,  uo, 
controlleur  contre-garde,  uneflayeur,  6c  un  graveur. 
Tome III.    Yyyyij 


724  LAÎ^ 

Le  commerce  de  cette  province  eft  très-confidérable. 
Il  confifte  en  manufaftures  &  en  denrées,  Se  (e  fait  dans 
les  pays  étrangers  ou  au-dedans  du  royaume.  Les  den- 
rées Se  les  marchandas  qu'on  envoie  hors  du  royaume, 
font  les  vins,  qu'on  transporte  fur  les  côtes  d'Italie,  les 
huiles  que  l'on  débite  en  Suiffe  &  en  Allemagne  ,  les 
bleds  qu'on  envoie  en  Italie  Se  en  Espagne  ,  dans  les  bon- 
nes années,  les  châtaignes  feches  ,  Se  les  raifins  fecs  , 
que  l'on  porte  à  Tunis  St.  à  Alger  ;  les  draps  que  l'on 
débite  en  Suiiïe  ,  en  Allemagne  &  que  l'on  envoie  dans 
le  Levant.  Ce  dernier  commerce  eft  le  plus  confidéra- 
ble ,  &  celui  qui  mérite  le  plus  d'attention.  Ce  fut  fous 
le  miniftere  Scia  protection  de  M.  Colbert  qu'on  entre- 
prit de  faire  valoir  une  manufacture  ancienne ,  appellée 
S  apte,  établie  auprès  de  Carcaflone.  Vers  l'an  1678,  on 
en  établit  une  autre  près  de  Clermont ,  en  Languedoc. 
Il  s'en  eft  formé  depuis  une  troifiéme  à  Carcaffonne,  en- 
suite une  autre  à  Rieux  ,  Se  enfin  une  au  château  de  la 
Grange-des-Prés ,  Se  une  autre  à  S.  Chignan ,  où  il  y  a 
plus  de  mille  ouvriers,  fans  parler  de  ceux  qu'elle  occupe 
dans  la  campagne  des  environs.  Outre  ces  manufaaures 
il  y  en  a  plufieurs  autres  en  différens  endroits  de  la  pro- 
vince, où  l'on  fabrique  de  petites  étoffes  de  laine,  ap- 
pelles cadis  ,  burals  ,  ferges  ,  bayâtes  ,  ratines ,  crê- 
pons ,  Sec. 

Le  commerce  de  la  foie  eft  encore  un  des  plus  conli- 
dérables ,  qui  lé  faffent  en  Languedoc.  On  croit  que  c'eft 
Catherine  de  Médicis,  qui  a  pensé  la  première  à  hntr» 
duire 


LAN 


eft  d'abord  dure ,  Se  d'un  verd  un  peu  transparent  ;  & 
quand  elle  eft  mûre,  elle  eft  rouge.  Après  l'avoir  arra- 
chée, on  en  fait  un  gerbier,  qu'on  laide  confire  un  tems; 
ensuite  on  la  brûle  dans  un  trou  qu'on  fait  dans  la  terre, 
de  la  figure  d'un  puits,  grand  à  proportion  de  la  quantité 
qu'on  en  a.  On  pétrit  cette  herbe  avec  des  malles  ;  Se 
à  inefure  qu'on  la  pétrit  elle  parolt,  toute  en  feu,  liquide 
comme  de  la  fonte;  Se  quand  elle  eft  toute  brûlée  Se  re- 
froidie ,  c'eft  un  rocher  des  plus  durs ,  qu'on  vend  fix 
ou  fept  livres  le  quintal.  Elle  fert  pour  faire  le  favon  Se 
le  verre. 

On  compte  encore  cent  quatre-vingt  plantes  curieufes 
ou  médicinales,  qui  croiftent,  pour  la  plupart,  ou  dans  les 
Pyrénées  ,  ou  dans  les  Sevennes ,  ou  fur  le  bord  de  la 
mer.  On  trouve  auflï  dans  cette  province  des  mines  de 
fer,  de  plomb,  d'argent  Se  d'or  ;  mais  ces  dernières  font 
fi  peu  abondantes ,  qu'elles  font  entièrement  négligées. 

Les  carrières  de  marbre  ,  qui  font  auprès  de  la  ville 
de  Cosne,  font  plus  avantageufes  à  la  province.  On  en 
tire  du  marbre ,  qui  a  le  fond  d'un  rouge  vif,  avec  de 
grandes  taches  blanches.  Il  eft  connu  fous  le  nom  de 
marbre  de  Languedoc. 

Auprès  de  la  petite  ville  de  Simore,  du  côté  d'Ausch» 
à  Gimont ,  Se  à  Cajlres,  on  trouve  des  mines  de  turquoi- 
fes ,  peu  inférieures  à  celles  qui  nous  viennent  d'Orient. 
La  matière,  qu'on  tire  de  ces  mines,  eft  tantôt  blanche  Se 
tantôt  d'une  couleur  qui  reffemble  à  celle  du  tripoli  de 
Venife.   Au  lieu  que  l'aftion  du  feu  affoiblit  ou  même 


e  dans  le  royaume  ;  cependant  il  n'y  a  qu'environ  détruit  entièrement  la  couleur  des  autres  pierres  précieu- 
quatre-vinet  ans,  qu'on  fait  des  étoffes  de  foie  dans  cette  fo  ,  elle  colore  les  turquoiies  Se  les  rend  bleues.  Mais 
province  L'on  ne  peut  pas  déterminer  au  jufte  la  quan-  ce  qu  il  y  a  de  plus  finguher ,  c  eft  que  cette  forme  de 
ïité  de  foie  qui  fe  fait  en  Languedoc  ;  ce  que  l'on  peut  Pierres  a  ete  autrefois  une  matière  oueule,  Se  que  fuivant 
dire  de  plus  approchant  de  la  vérité  ,  c'eft  que  dans  les  a  tradition  du  pays  ,  elle  conserve  la  figure  ou  des  os  de 
bonnes  années  on  en  fait  jusqu'à  douze  ou  quinze  cents  la  jambe,  ou  de  ceux  du  bras,  Se  même  des  dents.  Cette 
quintaux  ■  Se  on  y  en  fabrique  presqu'autant  qu'il  s'en  matière  minérale  repréfente  des  os  pétrifiés  ,  non-feu- 
recueille,  parce  que  la  foie  qui  eft  enlevée  par  les  mar- 
chands de  Lyon ,  eft  remplacée  par  celle  que  ceux  du 
Languedoc  achètent  en  Provence ,  en  Dauphiné  8c  dans 
la  principauté  d'Orange.  Ce  commerce  peut  aller  tous 
les  ans  à  dix-huit  cents  mille  livres  ou  environ.  ^    _ 

Il  y  a  en  Languedoc  quatorze  collèges  ;  dix  etoient 
occupés  par  les  PP.  Jéfuites ,  trois  le  font  par  les  pères 
de  la  doarine  Chrétienne  ,  Se  celui  de  Pézenas  par  les 
prêtres  de  l'Oratoire  ;  il  y  a  deux  imiverfités ,  favoir 
Touloufe  Se  Montpellier  ;  deux  académies  de  belles-let- 
tres ,  Touloufe  Se  Nîmes  ;  Se  une  pour  les  feiences  Se 
les  arts  à  Montpellier.  „',,-, 

Le  Languedoc,  pris  en  gros ,  eft  tres-fertile  en  grains, 
en  fruits ,  Se  en  vins  fort  exquis. 

Les  rivières  les  plus  confidérables  qui  l'arrofent ,  ou 
qui  y  prennent  leurfource  ,  font  le  Rhône,  la  Garonne, 
l'Aude  ,  le  Tarn  ,  l'Allier  ,  la  Loire  Se  plufieurs  autres , 
moins  confidérables.  Je  parle  du  canal  royal  de  Langue- 
doc au  mot  Canal.  v  .,      .  _ 

Il  n'y  a  point  de  province  de  France,  où  il  y  ait  un  auffi 
grand  nombre  de  fontaines  minérales.  Voici  les  noms 
d'une  partie  de  ces  eaux: 


Maine  ; 
de  Vahls , 
de  Lodève, 
de  Camarez , 
de  Gabian , 
d'Olargues  , 
de  Balaruc , 
delà  Baftide, 
de  Roméïroufe . 


de  Vendres, 
de  Guillaret, 
de  Campagne  : 
de  Rennes  , 
de  Maillât  , 
de  S.  Laurent, 
d'Youfet, 
de  Peyret, 
de  Monfrin  , 


de  Beleftat ,  Sec. 

Auprès  deNarbonne,  dans  le  terroir  de  Liviere,  l'on 
trouve  cinq  abîmes  d'eaux  ,  nommés  Œlials ,  en  latin 
Oculi-Livoria.  Ils  font  d'une  profondeur  extraordinaire; 
Se  les  bouillons  de  leurs  eaux  forment  un  canal  qui  fe 
joint  à  celui  de  la  Robine.  La  terre  qui  environne  ces 
goufres ,  tremble  fous  les  pieds  de  ceux  qui  ont  la  har- 
diefle  de  les  aller  voir.  Ces  abîmes  font  fort  poiffon- 
neux  ,  Se  les  payfans  des  environs  y  vont  fouvent  pê- 
cher. 

Dans  les  diocèfes  d'Agde,  Béziers  Se  Narbonne,  on 
recueille  du  falicot  ;  c'eft  une  Herbe  qui  vient  au  moyen 


lement  par  la  figure  extérieure ,  mais  encore  par  fa  tif- 
fure  intime  ,  étant  compofée  de  différentes  couches  on 
écailles  ,  dont  les  feuilles  forment  quantité  de  cellules 
remplies  de  la  matière  qui  s'y  eft  pétrifiée  ,  la  colore  de 
plus  en  plus  jusqu'à  un  certain  point ,  après  quoi  la  cou- 
leur diminue,  Se  s'altère  de  façon  qu'elle  n'a  plus  aucun 
rapport  à  celle  de  la  turquoife. 

A  Boutonntt ,  petit  village  à  deux  portées  de  fufil  de 
Montpellier,  l'on  trouve  des  pétrifications  dans  un  ro- 
cher, Se  dans  une  couche  profonde  de  trois  toiles  ;  mais 
au-deffus  Se  au-defTous  de  cette  couche ,  l'on  ne  trouve 
rien  de  femblable.  Ces  pétrifications  ne  font  autre  chofe 
que  de  la  terre  qui  s'eft  durcie  dans  la  cavité  de  diffé- 
rentes coquilles.  Il  y  a  peu  de  coquilles  dans  nos  mers, 
qui  ne  foient  imprimées  dans  cette  roche.  M.  AJlruc, 
favant  médecin  ,  Se  académicien  de  Montpellier,  croit 
que  la  campagne  des  environs  étoit  autrefois  presque 
toute  couverte  par  la  mer,  qui  y  alaiffé  les  coquilles  qui 
ont  fervi  de  moule  à  la  terre, qui  s'eft  durcie  parla  fuite 
des  tems. 

Il  croît  dans  les  bruyères  du  bas  Languedoc ,  Se  fur- 
tout  vers  les  bois  de  Grammont ,  une  espèce  de  chêne 
verd  ,  de  la  hauteur  d'un  arbriffeau  ,  qui  produit  une 
graine  que  l'on  appelle  vermillon.  Elle  eft  couleur  de 
brique  ,  Se  de  la  groffeur  d'un  petit  pois.  Elle  fert  à  faire 
une  confection  appellée  alkermes ,  dont  on  envoie  une 
grande  quantité  en  Hollande.  Cette  graine  fert  aufli  aux 
teinturiers ,  pour  teindre  en  écarlate. 

LANGUES ,  (les)  petit  pays  d'Italie  ,  dans  la  par- 
tie méridionale  du  Piémont  Se  du  Montferrat  ,  entre 
l'Apennin  Se  les  rivières  deTanare,  d'Orbe,  deSture, 
jusqu'aux  frontières  de  l'état  de  Gènes  :  on  le  divife  or- 
dinairement en  deux  parties  ,  qui  font  les  Langues 
hautes  Se  les  Langues  basses,  * Baudr.  éd.  17c"). 

Les  Langues  hautes  ont  pour  capitale  Albe  au  Mont- 
ferrat ;  Se  c'eft  en  même  tems  la  capitale  de  tout  le  pays  ; 
Se  les  Langues  baffes  font  au  midi  de  la  ville  d'Aft  en 
Piémont.  Tout  ce  pays  eft  extrêmement  fertile  Se  peu- 
plé ,  avec  plufieurs  bourgs ,  châteaux  Se  villages. 

LANIANG,  ville  de  la  Chine  ,  dans  la  province  de 
Honan  ,  au  département  de  Caifung ,  première  métro- 
pole de  la  province.  Elle  eft  plus  occidentale  que  Pékin, 
de  2  d.  }i',  par  les  35  d.  57'  de  latitude.  *  Atlas  Si- 
nenfis. 

LANIGARA  ,  ancienne  ville  de  la  Mauritanie  Cé!a- 


d'une  graine  qu'on  feme  comme  les  autres  grains.  Elle    riense,  félon  Ptolomée  ,  L  4,  c.  z.  Voyez  Guagida 


LAN 


LAN 


LANfON,  ville  de  France,  en  baffe  Bretagne,  vers 
k  côte  de  la  Manche ,  au  diocèfè  de  Tréguier  ,  à  trois 
lieues  de  la  ville  de  ce  nom  ,  en  allant  à  Moriaix,  fur  le 
Léguer.  Il  y  avoit  autrefois  un  grand  commerce  de  beurre  ; 
mais  il  eft  fort  déchu  depuis  que  les  marchands  de  Paris 
tirent  leur  beurre  d'Ilîgni,  en  baffe  Normandie.  Il  nerefte 
plus  à  Lanion,  que  le  commerce  des  vins  de  Bordeaux 
&  de  la  Rochelle  ,  qu'on  y  apporte,  &  celui  des  chan- 
vres, que  les  marchands  de  S.  Malo  &  autres  viennent 
enlever.  Elle  dépend  du  duché  de  Penthievre.  *Baudr. 
édit.  1705.  Piganiol  de  la  Force,  t.  5  ,  p.  248. 

LANIOBRENSIS  ,  fiége  épiscopal  d'Espagne.  On 
trouve  dans  le  concile  de  Tolède,  tenu  l'an  683,  lafous- 
cription  de  Brandila  Laniobrenjis.  *  Harduin.  CoilecT:. 
conc. 

LANISE ,  petite  ifle  de  la  mer  iEgée ,  félon  Pline  , 
l.  4,  c.  12. 

LANIVIUM.  Voyez  Lanuvium. 

LANIZA  ,  rivière  de  la  Turquie  en  Europe,  dans  la 
Bulgarie.  Cet  article,  qui  eft  plus  long  dans  Baudrand, 
n'eft  qu'un  tiffu  de  fautes.  Le  nom  eft  Panifa  :  il  dit 
qu'elle  paffe  à  Develtus ,  ce  qui  n'eft  vrai  que  d'un  ruis- 
feau  qu'elle  reçoit  ;  il  ajoute  qu'elle  fe  jette  dans  la  mer 
Noire ,  auprès  de  Varnes  ;  il  falloit  dire  entre  Rofico  ôi 
Tonzi,  à  vingt  milles  de  Varnes,  félon  Sanson.  De  l'Ifle 
dit  Rofito  &  Erite  ,  au  lieu  de  Rofico  &  Tonzi ,  & 
nomme  cette  rivière  Urana  ,  qu'il  fait  couler  au  midi 
de  Marcenopoli. 

LANKA ,  lac  d'Afie  ;  il  eft  formé  par  une  décharge 
du  lac  de  Lapana  ,  qui  reçoit  trois  fources  au  midi  du 
mont  Cantez.  Ce  lac  de  Lança  eft  grand.  Le  P.  Gaubil 
en  détermine  la  latitude  à  29  d.  50' ,  c'eft  la  même  que 
celle  du  Lapama  ;  &  il  dit  que  Lança  eft  de  36  d.  30' 
plus  occidentale  que  Pékin  ,  ce  qui  fait  95  d.  21  '  30" 
de  latitude.  Au  fortir  de  ce  lac ,  le  Gange,  qui  le  traverse 
d'orient  en  occident  ,  va  en  ferpentant  rencontrer  le 
Matcheou ,  rivière  plus  feptentrionale  que  lui.  *  Soucia, 
Recueil  d'obfervat.  p.  139,  &  feq. 

LANKAN  ou  Lancan,  grande  rivière  d'Afie.  Elle 
a  fa  fource  dans  la  Tartarie ,  à  l'orient  de  Laffa  ou  Ba- 
latbla ,  au  royaume  de  Laffa  ou  de  Boutan.  De-là  elle 
court  vers  l'orient,  entre  dans  la  province  d'Iunnan,  qui 
eft  de  la  Chine  ;  ensuite  elle  coupe  le  petit  Laos  en  deux 
parties  ,  forme  le  lac  de  Ketay  ;  puis,  prenant  fon  cours 
•vers  le  midi  ,  elle  baigne  le  Tonquin ,  remplit  le  lac  de 
Quadac.  Après  cela,  elle  s'élargit  confidérablement  ;  &, 
fe  tournant  vers  l'orient,  elle  va  fe  perdre  dans  le  golfe 
de  la  Cochinchine,  entre  Cadac  ouïe  grand  port,  &c  Ké- 
nam,  vis-à-vis  de  l'ifle  de  Haïnan.  *Rob.  de  Vaugondy, 
Atlas. 

_  LANKA\VN  ;  Baudrand  croit  que  l'ifle  de  Céïlan  eft 
ainfi  nommée  par  fes  habitans. 

LANKI,  ville  de  la  Chine,  dans  la  province  de  Ché- 
kiang ,  au  département  de  Kinhoa ,  cinquième  métro- 
pole de  la  province.  Elle  eft  plus  orientale  que  Pékin, 
«le  2  d.  9',  par  les  29  d.  8'  de  latitude.  '''Atlas  Sinenfis. 
LANKIANG,  cité  militaire  de  la  Chine,  dans  la  pro- 
vince de  Huquang ,  au  département  de  Xi  ,  première 
cité  militaire  de  la  province.  Elle  eft  plus  occidentale 
que  Pékin  de  7  d.  30' ,  par  les  29  d.  20'  de  latitude. 
T  Atlas  Sinenfis. 

LANMEUR,  petite  ville  de  France  ,  en  Bretagne,  au 
diocèfe  de  Tréguier,  à  environ  deux  lieues  de  la  côte  Si 
autant  de  Moriaix.  Elle  n'eft  connue  que  par  la  juftice 
royale,  qui  y  eft  établie. 

LANNEPAX  ,  petite  ville  de  France,  avec  juftice 
royale ,   dans  l'Armagnac ,    diocèfe  d'Auch  ôt  éieftion 
d'Armagnac. 
LANNES.  (les)  Voyez  Landes. 

1.  LANNOY,  petite  ville  de  France,  avec  titre  de 
comté,  dans  la  Flandre "Wallone ,  à  deux  lieues  de  Lille  , 
dans  la  châtellenie  de  cette  ville ,  en  allant  vers  Tour- 
nay,  dont  elle  eft  à  trois  lieues.  Elle  eft  à  la  France  de- 
puis l'an  1 667.  *  Dicl.  géogr.  des  Pays-bas ,  Baudrand , 
éd.  1705. 

2.  LÀNNOY ,  Lanneium  ,  abbaye  de  France  ,  en 
Beauvoifrs  ,  au  diocèfe  &  à  cinq  Iieuss  au  nord-oueft 
de  Beauvais,  fur  le  petit  terrein  de  Beauvais  ,  ordre  de 
Cîteaux,  filiation  de  Beaubec.  On  rapporte  fa  fondation 
à  l'année  1137,  par  Jean  ,  feigneur  de  Rocherolles,  dont 


71$ 


on  voit  le  tombeau  clans  la  croifée  de  1  eg'ife.  On  y  voit 
aulîi  celui  de  plufieurs  autres  personnes  distinguées  par 
leur  naiffance ,  tels  que  Raoul  de  Préaux  ,  chevalier  & 
fire  deRayneval,  mort  en  Décembre  1285;  Pierre,  vi- 
comte de  Poix,  mort  l'an  1283;  Robert ,  vicomte  de 
Poix,  &  fils  du  précédent;  Marguerite  de  la  Tournelle, 
femme  dudit  P<.ob;rt. 

LANOBRE,  bourg;  de  France,  dans  l'Auvergne,  dio- 
cèfe &  élection  de  Clermont. 

LANS,  bois  de  France,  en  Poitou.  Il  eft  de  trois 
cents  douze  arpens ,  dans  la  maîtrife  des  eaux  fk  forêts 
de  Poitiers. 

LANS-LE-BOURG,  bourg  de  Savoye,  dans  la  haute 
Maurienne,  fur  la  rivière  d'Arc.  C'eft  la  même  chofe 
que  Lanebourg. 

LANSER  ou  Lanseren  ,  gros  village  &  vieux  châ- 
teau ruiné  du  Songau,  voifin  de  la  Hart ,  éloigné  d'Alt- 
kirck  de  deux  lieues  &  demie  ,  &  d'une  &  demie  de 
Mulhaufen.  *  Supplément  au  Manuscrit  de  la  bibliothèque 
de  M.  de  Corberon ,  premier  préjident  au  conseil  fouvs- 
rain  dAlsace. 

LANTAINE  ,  rivière  de  France ,  dans  la  Franche- 
Comté.  Elle  prend  fa  fource  aux  montagnes  de  Vosge  , 
& ,  prenant  fon  cours  vers  le  fud-oueft  ,  parle  à  Fauco- 
gney,  à  Luxeuil  ;  reçoit  ensuite  l'Angrone  ;  paffe  à  Fa- 
verney,  à  Conflandey,  tk.  fe  rend  avec  l' Amenée  dans 
la  Saône ,  au-deffous  de  ce  dernier  lieu.  , 

LANTENAC ,  Lanteniacum ,  abbaye  de  France,  en 
Bretagne,  au  diocèfe  de  S.  Brieuc  ,  fur  la  rivière  cleEla-  ' 
vet,  à  une  demi -lieue  de  la  petite  ville  de  la  Cheze. 
Elle  eft  de  l'ordre  de  S.  Benoît ,  &  a  été  bâtie  &  fon- 
dée, en  1 1 5  3 ,  parEudon,  pour  lors  paifible  poffeffeur 
du  duché  de  Bretagne.  *  Piganiol  de  la  Force  ,  t.  5  , 
p.  I}2. 

LANTERNE,  (cap  de  la)  cap  d'Italie,  dans  l'é- 
tat, fk  proche  la  ville  de  Gènes.  C'eft  une  partie  de  la 
montagne  appellée  Cajfcllo. 

LANTIEN  ,  ville  de  la  Chine ,  dans  la  province  de 
Xenfi  ,  au  département  de  Sigan  ,  première  métropole 
de  la  province.  Elle  elt  plus  occidentale  que  Pékin  de 
7d.  53',  par  les  35  d.  31'  de  latitude.  *  Atlas  Sinenfis. 

LANTRIGUIER,  ville  de  France,  dans  la  baffe  Bre- 
tagne. Voyez  Tréguier. 

LANVAUX  ,  Landavallis  ,  abbaye  de  France  ,  en 
Bretagne ,  au  diocèfe  de  Vannes ,  à  quatre  lieues  au 
nord-oueft  de  cette  ville.  Elle  eft  de  l'ordre  de  Cîteaux, 
de  la  filiation  de  Bégard.  Elle  fut  dotée,  l'an  11 38,  par 
Alain  de  Lanvaux.  *  Piganiol  delà  Force,  Descr.  de  la 
France,  /.  ^  ,  p.  148. 

LAN-VETHLIN  ou  Lanvillin  ,  bourg  d'Angle- 
terre ,  au  pays  de  Galles  ,  dans  le  comté  de  Montgo- 
meri,  à  cinq  lieues  de  cette  ville,  aux  confins  du  comté 
de  Denbig.  On  le  prend  pour  l'ancienne  MedioLinum 
Ordovicum.  *Baudr.  édit.  1705. 

LANVILLE,  Lanvilla,  prieuré  conventuel  de  l'or- 
dre de  S.  Benoît,  en  France,  au  diocèfe  d'Angoulême. 

LANUVIUM,  ville  d'Italie ,  dans  le  Latium  ,  fur  la 
voie  Appienne.  Cicéron  fait  plufieurs  fois  mention  de 
cette  ville,  dans  fon  Oraifon  pourMilon  ,  c,  10,  17,  &c. 
qui  en  étoit  dictateur.  Il  y  avoit  un  temple  dédié  à  Ju- 
non  Conservatrice.  Tite-Live,/.  22,  c.  1,  fait  mention 
des  facrifices  qui  y  furent  décernés  ;  6i  Silius  Italiens  s 
/.  13  ,  v.  364,  parlant  de  Milon,  dit  : 

Lanuvio  generate ,  inquit ,  quetn  Sospita  Juno 
Dat  nobis  ,  Milo. 

Il  y  avoit  dans  le  territoire  de  Lanuvium  un  champ 
nommé  Solonius  campus  ;  Cicéron  en  parle  au  premier 
livre  de  la  Divination  ,  c.  36.  Il  ne  faut  confondre  cette 
ville  de  Lanuvium,  avec  Lavinium.  La  première  étoit 
Albano,  Aricie  &Ârdée  ;  fon  nom  moderne  eft  Civita- 
Indovina,  à  quinze  milles  de  Rome  ;  l'autre  eft  plus  près 
de  la  mer,  entre  Oftie,  Ardée  &  Vélétri.  Son  nom  eft 
Civita-Lavina ,  à  près  de  vingt  milles  de  Rome. 

LANXAN ,  ville  de  la  Chine  ,  dans  la  province  de 
Huquang  ,  au  département  de  Hengcheu ,  dixième  mé- 
tropole de  la  province.  Elle  eft  plus  occidentale  que  Pé- 
kin de  5  d.  14',  par  les  25  d.  46'  de  latitude.  *A:ks 
Sinenjts, 


?26  LAO 

LAO  ou  Laos,  royaume  d'Afie,  au-delà  du  Gange. 
Il  eft  borné,  au  nord  ,  par  la  province  d'Yunnan,  qui  eft 
de  la  Chine  ;  à  l'orient,  par  le  Tonquin  &  la  Cochin- 
chine  ;  au  midi  par  le  royaume  de  Camboge ,  &  au  cou- 
chant,  par  de  hautes  montagnes  qui  le  féparent  des 
royaumes  de  Siam  &  des  états  du  roi  d'Ava.  Il  eft  éga- 
lement borné,  à  l'orient  par  une  chaîne  de  montagnes  ; 
de  forte  qu'il  peut  être  confidéré  comme  une  vallée  très- 
longue  à  proportion  de  fa  largeur,  où  coule  le^Menan- 
con.  Sa  capitale  eft  nommée  Langchang ,  par  l'abbé  de 
Choifî  ;  mais  Lanchang ,  félon  De  Tille  ,  n'eft  qu'une 
bourgade  fur  la  rive  occidentale  du  fleuve.  Il  met  plus 
haut  Lcng ,  qui  eft  apparemment  la  Langions  du  P.  Ma- 
rini ,  qui  nomme  ainfl  la  capitale  du  royaume  de  Lao. 
Ce  père  ,  qui  a  fait  tout  un  livre  fur  ce  royaume,  en 
parle  fort  amplement.  Voici  un  extrait  de  ce  qu'il  en  dit. 
Corneille  en  a  raccommodé  le  ftyle  qui  étoit  diffus  &5 
furanné.  .    , 

Des  forêts  entières  de  haute- futaie,  qui  font  au  pied 
des  montagnes ,  régnent  également  autour  du  royaume , 
&  femblent  avoir  été  plantées  pour  fervir  de  ^rempart 
contre  les  eaux  qui  s'y  précipitent  avec  une  extrême  vio- 
lence. Ces  eaux  contribuent  à  la  fertilité  des  campagnes, 
fans  quoi  il  ne  s'y  feroit  jamais  de  récolte ,  à  caufe  des 
exceffives  chaleurs  qui  s'y  font  fentir  pendant  une  grande 
partie  de  l'année.  Quand  les  pluies  continuent  long- tems, 
l'eau,  qui  s'y  rend  alors,  n'y  croupit  point  &  ne  forme  au- 
cun marais  ;  elle  fe  précipite  par  les  lieux  les  plus  bas , 
dans  la  grande  rivière  ,  qu'ils  nomment  la  mer  des  fleu- 
ves ,  &  qu'ils  divifent  en  plufieurs  canaux  ,  qui  devien- 
nent presque  tous  navigables  pour  l'utilité  de  ce  royaume. 
*  Le  P.  Marini ,  Relation  nouvelle  du  R.  de  Lao ,  t.  i 

Les  Langiens,  ou  peuples  de  Lao,  font  bien  faits ,  de 
riche  taille,  robuftes,  plus  gras  que  maigres,  &  de  cou- 
leur olivâtre.  On  les  voit  rarement  malades  ,  pourvu 
qu'ils  viennent  à  bout  de  régler  leurs  pallions,  &  qu'ils  s'af- 
franchiflent  de  l'incontinence ,  qui  en  fait  mourir  beau- 
coup. Ils  font  chaque  jour  quatre  grands  repas,  qui  con- 
fident en  riz,  poiffon,  chair  de  bufle  &  différens  légumes. 
D'ordinaire  ils  ne  mangent  ni  vaches,  m  poules.  Néan- 
moins ,  quand  quelqu'un  en  fouhaïte ,  pour  recouvrer  la 
famé,  ou  par  quelqu'autre  raifon  particulière,  on  en  af- 
fome  avec  un  bâton,  fans  les  égorger,  parce  qu'ils  croient 
qu'il  n'y  a  point  un  crime  plus  grand  que  de  répandre 
le  fans  de  ces  animaux,  lorsqu'ils  font  vivans.  Les  vafes 
où  ils  gardent  l'eau  pour  leurs  néceffités  particulières , 
&  ceux  dont  ils  fe  fervent  pour  boire ,  [ont  fuspendus 
ordinairement  dans  le  tuyau  de  la  cheminée.  Ils  ont  l'es- 
tomac excellent,  &c  vont  la  plupart  la  tête  découverte; 
mais  ils  font  fort  pareuffeux ,  &  s'appliquent  feulement 
à  l'agriculture  Se  a  la  pêche  ,  fans  fe  foucier  ni  des  arts 
ni  des  feiences.  On  n'entend  parler  de  voleurs  en  ce 
royaume  ,  que  comme  d'une  chofe  extraordinaire  ;  &  fi 
par  hazard  on  fait  quelque  vol,  ou  meurtre,  fur  les  grands 
chemins,  &  qu'on  ne  puifle  trouver  les  coupables  ,  les 
habitans  des  lieux  circonvoifins  font  obligés  de  fubir  la 
peine  due  à  la  qualité  du  crime ,  &c  de  dédommager  la 
partie  en  rendant  la  valeur  des  chofes  volées.  Par  ce 
moyen ,  la  vie  &:  les  marchandifes  font  en  fureté  dans 
tout  le  royaume.  Certains  crimes ,  dont  l'abomination 
s'eit  répandue  en  plufieurs  endroits  de  l'Afie  ,  font  in- 
connus en  ce  pays.  On  y  tolère  feulement  la  fornication 
parmi  les  laïques  ,  mais  jamais  chez  lesTalapoins.  Une 
femme  convaincue  d'adultère,  perd  fa  liberté,  &c|devient 
l'esclave  de  fon  mari.  Les  habitans  de  Lao  peuvent  avoir 
plufieurs  femmes ,  les  uns  plus ,  les  autres  moins ,  cha- 
cun félon  leur  pouvoir.  Il  y  en  a  pourtant  une  qu  ils 
nomment  U  principale,  à  l'exclufion  des  autres.  C'eft 
la  première  avec  laquelle  ils  ont  contracte.  Pour  faire 
connoître  qu'ils  veulent  que  le  mariage  foit  pour  eux  Un 
lien  indiffoluble,  ils  choififlent  deux  personnes  mariées 
depuis  long-tems  ;  ces  deux  personnes ,  comme  témoins 
irréprochables  ,  reçoivent  la  parole  des  deux  époux  qui 
promettent  de  vivre  jusqu'à  la  mort  dans  une  parfaite 
intelligence,  à  quoi  ils  manquent  ordinairement  pour  de 
îrès-foibles  raifons  ,  dont  le  mari  fe  fert  pour  chercher 
une  autre  femme ,  &  la  femme  pour  prendre  un  autre 
mari.  .  .  . 

Les  jeunes  gens  vivent  dans  une  tort  grande  inconti- 


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nènee ,  par  la  liberté  qu'on  laiîTe  aux  filles  &  aux  gar- 
çons de  fe  voir  fouvent  &t  de  demeurer  enfemble.  Les 
occafions  les  plus  dangereufes  fe  rencontrent  dans  le  tems 
des  veilles  qui  fe  font  l'espace  d'un  mois  dans  la  maifon 
d'une  femme  nouvellement  accouchée.  Toute  la  famille 
s'y  rend  ordinairement  ;  &  on  parle  tout  ce  tems  en 
danfes  Se  en  toutes  fortes  de  jeux,  pour  écarter  les  ma- 
giciens, les  empêcher  de  faire  perdre  le  lait  à  la  mère, 
&  d'enibrceler  l'enfant.  Ils  font  auflî  une  fête  l'espace  d'un 
autre  mois,  au  décès  de  leurs  parens,  dont  ils  célèbrent  les 
funérailles  avec  beaucoup  de  magnificence.  On  enfevelit 
le  mort ,  &c  on  le  renferme  dans  un  cercueil  qu'on  en- 
duit tout  à  Tentour  d'un  bitume,  qui  empêche  que  quel- 
que mauvaife  odeur  ne  s'élève  du  dedans.  Il  y  a  feftiri 
tous  les  jours  ;  mais  on  n'y  invite  que  lesTalapoins  ,  qui 
font  bonne  chère ,  &  qui  emploient  une  partie  du  tems 
à  des  chanfons  particulières  à  cette  cérémonie,  &  par  ïè 
moyen  desquelles  ils  difent  qu'ils  enfeignent  à  l'ame  le 
chemin  du  ciel ,  afin  qu'elle  ne  s'égare  point  en  ce  pays 
inconnu.  Le  mois  expiré,  ils  élèvent,  félon  la  qualité  des 
perfonnes,  une  pyramide  fort  bien  taillée,  &  chargée 
d'une  infinité  d'orneinens  &  de  bas-reliefs.  Ils  y  mettent 
le  feu,  après  y  avoir  pofé  le  cadavre,  dont  ils  ramaffent 
les  cendres  pour  les  transporter  dans  le  temple  des  ido- 
les ,  qui  eft  rempli  de  fuperbes  maufolées ,  à  la  conftruc- 
tion  desquels  les  plus  riches  emploient  de  fort  grandes 
fommes.  Après  cela ,  on  ne  fe  fouvjent  plus  du  défunt , 
parce  qu'étant  perfuadés  de  la  transmigration,  ils  croieni 
que  l'ame  eft  paiTée  au  lieu  qui  lui  étoit  deftiné  ,  & 
qu'elle  ne  lui  appartient  plus. 

Les  Langiens  s'étant  fouftraits  à  la  domination  des 
Chinois ,  formèrent  une  espèce  de  république ,  qui  fub- 
fifta  jusqu'en  Tan  600  de  la  venue  de  notre  Seigneur , 
que  leur  état  devint  monarchique.  Enfuite  ceux  deSiani 
s'y  rendirent  comme  amis,  &c  de  leur  confentement,pour 
aider  à  peupler  ce  grand  pays.  Comme  ils  en  trouvèrent 
Tair  fain  &  fort  bon,  ils  s'y  établirent.  Les  plus  anciens 
des  Langiens ,  pour  mieux  affermir  leur  domaine ,  réfd- 
lurent  d'élire  un  chef,  qui  auroit  entre  les  mains  l'auto- 
rité abfolue  ,  Se  qu'ils  reconnoîtroient  pour  leur  fouvé- 
rain;  mais  n'ayant  pu  s'accorder  entr'eux  fur  ce  fujet, 
&  la  brigue  de  ceux  de  Siam  étant  très-puiffante ,  ifs 
jetterent  les  yeux  fur  un  prince  de  cette  nation  ,  &  Télé- 
verent  fur  le  trône.  On  tient  que,  depuis  ce  tems-là  jus1- 
qu'à  préfent,  quoiqu'il  y  ait  plus  de  mille  ans,  les  rois 
de  Lao  en  font  descendus  fucceflivement;  auflien  gardent- 
ils  encore  l'idiome  ck  là  manière  de  fe  vêtir.  Le  roi  ne  re- 
connoît  perfonne  au-defius  de  lui,  tant  pour  les  affaires 
civiles,  que  pour  celles  qui  regardent  la  religion.  Les 
charges ,  les  emplois  &  les  honneurs  dépendent  de  lui^ 
&  il  les  accorde  à  qui  il  lui  plaît ,  fans  qu'il  y  ait  aucune 
espèce  de  nobleffe  qui  puifle  donner  le  droit  d'y  préterf- 
dre  ,  ni  de  celle  que  la  naiffance  peut  communiquer,  ni 
de  celle  qu'on  peut  acquérir  par  les  belles  actions.  Tou- 
tes les  terres  lui  appartiennent  en  propriété,  &  il  n'y  a 
aucune  famille  qui  puiffe  hériter  ni  jouir  de  quoi  que  ce 
foit  qu'on  auroit  laiffé  par  teftamenr.  Tout  ce  qu'il  aban- 
donne à  des  enfans  orphelins,  confifte  en  biens  meubles  ; 
mais  les  maifons ,  les  héritages ,  les  fiefs ,  Tor,  l'argent  & 
les  armes  retournent  à  la  chambre,  qui  en  tire  des  avan- 
tages fort  confidérables.  Ainfi  perfonne  ne  fe  peut  dire 
feigneur  d'un  feul  pouce  de  terre. 

Il  n'eft  point  de  ibuverain,  quelle  que  foit  fa  puifïance, 
que  le  roi  de  Lao  ne  confidere  au-defïbus  de  lui.  Il  fein- 
ble  même  qu'il  affecte  de  ne  point  céder  aux  empereurs 
de  la  Chine.  De  quelque  importance  que  foient  les  af- 
faires ,  ils  n'en  traite  jamais  que  par  le  miniftére  d'un 
truchement.  Il  aime  à  avoir  quelque  chofe  de  particulier, 
qui  le  faffe  remarquer;  Se  cela  confifte  dans  certains  trous, 
d'un  diamètre  fort  grand,  que  ceux  qui  ont  eu  foin  de 
fon  éducation ,  ont  commencé  à  lui  faire  dès  fa  plus 
tendre  jeuneffe,  en  la  partie  la  plus  charnue  des  oreilles; 
ceux  du  pays ,  pour  fe  conformer  à  cette  coutume ,  fe 
les  font  ordinairement  percer  au  même  endroit.  Pour 
porter  ces  ouvertures  à  cette  grandeur  extraordinaire, 
onfe  fert,  la  première  fois,  d'une  petite  cannulle  d'or,  pour 
lui  percer  les  oreilles.  On  la  retire  un  mois  après,  pour 
y  en  introduire  une  plus  groffe  ;  ce  qui  eft  continué  plu- 
fieurs mois ,  en  changeant  toujours  les  cannulles ,  jusqu'à 
ce  qu'enfin  la  grandeur  ds  ces  ouvertures ,  qui  eft  le  kie-. 


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foglyphique  de  fa  prééminence  fur  les  autres  ,  faffe  attein- 
dre jusqu'à  fes  épaules  les  extrémités  de  fes  oreilles.  Sa 
couronne  eft  une  petite  bande  ,  ou  un  ruban  tiffu  d'or 
autour  de  fa  tête ,  qui  fert  encore  à  lier  fes  cheveux,  & 
à  les  arrêter  dans  la  fituation  où  il  veut  qu'ils  foient.  Il 
ne  fe  fait  voir  à  fon  peuple ,  que  deux  fois  l'année  ,  & 
cela,  pendant  trois  jours.  Le  peuple,  pour  lui  marquer  fa 
reconnoiffance,  n'oublie  rien  de  tout  ce  qui  peut  con- 
tribuer à  fon  divertiffement.  On  a  pour  cela  plufieurs 
éléphans  dreffés  à  mille  chofes  plaifantes  ,  &  plufieurs 
bêtes  farouches ,  qu'on  fait  combatre  en  un  lieu  fort  fpa- 
cieux ,  où  le  roi  fe  rend  pour  jouir  de  ce  fpeftacle.  Des 
lutteurs ,  des  gladiateurs ,  ôt  d'autres  fortes  de  combatans 
font  des  escarmouches  qui  durent  jusqu'au  foir ,  fk  ter- 
minent ces  réjouiffances. 

Quand  on  veut  voir  la  cour  de  Lao  dans  tout  fon 
éclat,  il  faut  attendre  le  tems  où  le  roi  fort  de  fon  pa- 
lais, pour  vifiter  le  temple  de  quelqu'une  de  fes  idoles. 
Il  n'y  a  rien  de  plus  fuperbe ,  foit  pour  la  beauté  des  dé- 
corations ,  &  la  quantité  de  gens  qui  l'accompagnent , 
foit  pour  la  diverfité  des  dévifes  &;  la  magnificence  des 
habits.  Divers  chœurs  de  mufique  ouvrent  la  marche , 
&  précèdent  tous  les  Mandarins  richement  vêtus  ,  qui 
vont  chacun ,  félon  les  charges  qu'ils  exercent  dans  le 
royaume,  &  avec  leurs  boëtes  qui  mettent  de  la  diffé- 
rence entr'eux ,  félon  leur  grandeur  ck  leur  forme.  Les 
grands  du  royaume  terminent  cette  cavalcade ,  dont  le 
loi  fait  le  principal  ornement ,  fur  un  éléphant  des  plus 
hauts  &  des  plus  beaux  que  l'on  puiffe  voir,  fuperbe- 
ment  équipé  avec  une  houfTe  en  broderie  ,  qui  traîne 
jusqu'à  terre.  On  peut  dire  que,  dans  ces  occasions  ,  ce 
prince  porte  les  richeffes  d'un  royaume  ,  par  le  nombre 
infini  de  pierreries,  dont  il  eft  couvert.  Les  gens  qui  le 
fuivent,  montent  tous  des  chevaux.  Ils  font  vêtus  de  ri- 
ches étoffes  ,  &  marchent  en  très-bel  ordre ,  avec  des 
carabines  où  brillent  mille  pierres  précieufes.  Plufieurs 
bêtes  chargées  de  préfens  pour  l'idole ,  &t  avec  des 
couvertures  auffi  curieufes  qu'éclatantes ,  ferment  la  mar- 
che. Il  n'eft  pas  permis  aux  femmes  d'aller  par  la  ville 
ce  jour-là.  Quand  le  roi  paffe ,  elles  paroiffent  à  leurs 
fenêtres ,  &C  répandent  des  eaux  de  fenteur  fur  ce  prince 
ckfurle  préfent  que  l'on  deftine  à  l'idole.  LesTalapoins, 
fâchant  la  marche  du  roi ,  fortent  de  leur  couvent ,  re- 
vêtus de  leurs  plus  fuperbes  habits ,  &  vont  au-devant 
de  lui  ,  à  quelque  diftance  du  temple  qu'on  prendroit 
alors  pour  un  bureau  de  marchands.  Ils  ce  l'abandonnent 
point  pendant  la  cérémonie  du  facrifice  qu'il  fait ,  tant 
pour  les  hommes  que  pour  les  femmes,  en  qualité  de  per- 
fonne  publique.  Sur  la  fin ,  ils  partagent  ce  qui  a  été  of- 
fert de  plus  utile  ck  de  meilleur  à  l'idole. 

Lorsque  le  roi  de  Lao  reçoit  des  ambaffadeurs  ,  il  eft 
aflls  fur  un  thrône  extrêmement  élevé ,  revêtu  de  fes  ha- 
bits de  cérémonie,  &  répond  à  leurs  civilités  par  fon 
chancelier,  ne  s'entretenant  d'ailleurs  avec  eux.  que  par  le 
miniftere  d'un  truchement.  lia  plufieurs  petits  rois  tribu- 
taires, qui  fe  rendent  en  fa  cour,  pour  lui  faire  hommage, 
qui  lui  font  de  magnifiques  préfens ,  pour  marque  qu'ils 
3e  reconnoiffent  pour  leur  fouverain  ,  tandis  qu'il  vit 
dans  l'indépendance,  fans  relever  de  l'empereur  de  la 
Chine,  comme  le  roi  de  Siam,  ck  plufieurs  autres  beaucoup 
plus  riches  que  lui.  Il  y  a  cent  ans,  ou  environ  ,  que  le 
roi  d'Ava  ayant  fournis  les  royaumes  de  Siam  ckde  Pégu, 
moins  par  le  fer  que  par  le  feu  qu'il  y  mit  de  tous  cô- 
tés, fe  rendit  auffi  maître  de  Lao  ,  dont  il  écarta  les  vé- 
ritables habitans  qu'il  contraignit  d'aller  peupler  le  Pégu. 
Quelques  années  après ,  les  Langiens  ,  confternés  de  leur 
exil ,  formèrent  entr'eux  une  conspiration ,  afin  de  pou- 
voir'recouvrer  leur  liberté.  Ils  convinrent  tous,  qu'à  jour 
nommé,  l'épée  à  la  main  ,  ils  forceroient  ck  extermine- 
roient  entièrement  les  Péguans ,  en  quelque  endroit  qu'ils 
fuffent.  Cette  entreprife  fut  exécutée  avec  un  entier  fuc- 
cès,  ck  ils  auroient  pu  aifément  fe  rendre  maîtres  de  tout 
le  royaume,  ck  s'en  conserver  la  poffeffion,  fi  l'amour  de 
leur  patrie  ne  les  eut  fait  retourner  fous  les  armes  dans 
leur  premier  royaume  de  Lao  ,  où  les  Péguans ,  qui  y 
commandoient  avec  insolence ,  furent  défaits  en  divers 
combats,  ck  perdirent  avec  la  vie  les  biens  qu'ils  y  avoient 
ufurpés.  Ainfi  la  grande  ville  de  Langione  fut  repeuplée 
par  les  Langiens,  fes  naturels  habitans ,  qui,  au  bruit  de 
la  défaite  de  leurs  ennemis ,  s'y  étant  rendus  des  monta- 
gnes circonvoifines,  8c  des  forêts  qui  leur  avoient  fervi 


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de  retraite  pendant  cette  perfécution ,  rétablirer; 
royaume  dans  fa  première  fplendeur  ,  ck  reconnurent 
leur  roi  légitime.  Celui  d'Ava  ,  qui  poffédoit  alors 
le  Pégu ,  ne  fe  trouvant  pas  en  état  de  fe  venger  des 
Langiens ,  diffimula  fon  reflentiment,  &  feignit  de  vou- 
loir vivre  avec  eux  en  bonne  intelligence  ,  quoiqu'il  fit 
fecrétement  des  préparatifs  de  guerre ,  que  fa  mort  arri- 
vée en  1647,  ruina  entièrement.  Le  prince,  qui  fuccéda 
à  la  couronne  d'Ava  ck  de  Pégu ,  envoya  des  ambaffa- 
deurs chargés  de  riches  préfens  au  roi  de  Lao ,  n'exi-" 
géant  de  lui ,  pour  vivre  en  paix ,  qu'un  éléphant  tous 
les  ans  pour  tribut,  ck  une  des  plus  belles  filles  qui  fe- 
roient  dans  fon  royaume.  Le  roi  de  Lao ,  irrité  de  la 
propofition  ,  fit  enlever  aux  ambaffadeurs  tout  leur  équi- 
page, ck  voulut  que  l'on  s'affûrat  de  leurs  personnes,  après 
quoi,  il  envoya  quelques  compagnies  de  fes  meilleures 
troupes  fur  les  frontières  de  Pégu ,  où  le  roi  d'Ava  avoit- 
fait  toutes  fes  munitions  de  guerre,  fans  les  précautions 
nécefîaires  pour  les  garder.  Les  Langiens  ayant  mis  le 
feu  aux  magafins,  rompirent  par  ce  moyen  toutes  les  me- 
fures  de  ce  prince,  qui  étant  haï  de  fes  fujets,  n'ofa  li- 
vrer combat  aux  Langiens,  dans  la  crainte  d'une  révolte. 

Le  roi  de  Lao  tire  un  revenu  très  -  confidérable  du 
benjoin  ,  qui  croît  dans'  fon  royaume,  en  grande  abon- 
dance, ck  dont  l'espèce  eft  excellente.  Auffi  eft-il  dé- 
fendu à  qui  que  ce  foit  d'en  laifler  emporter  aux  étran- 
gers. II  produit  auffi  la  laque  dont  on  le  fert  pour  faire 
la  cire  que  l'on  nomme  d'Espagne.  Ce  n'eft  qu'une  terre 
qui  fe  rencontre  dans  quelques  forêts  autour  des  fourmi- 
lières. Ce  même  royaume  fournit  plus  d'ivoire  qu'on 
n'en  peut  trouver  ailleurs  ,  les  éléphans  y  étant  en  fi 
grand  nombre,  qu'il  en  a  tiré  fon  nom,  puisque  le  mot 
de  Langiens  fignifie  proprement  milliers  aélepkans.  On 
y  tire  encore  de  grands  avantages  de  plufieurs  autres  ani- 
maux, principalement  des  bœufs  &  des  bufles  qu'on  y  voit 
en  quantité,  des  fruits  qui  croiffent  dans  les  jardins,  &  du 
riz  que  les  terres  y  produifent.  Les  rivières  y  font  rem- 
plies de  poiffons  de  toutes  fortes.  Il  y  en  a  de  fi  gros, 
qu'à  peine  deux  pêcheurs  des  plus  robuftes  fuffifent 
pour  en  porter  un.  La  pêche  des  autres  qui  font  plus  pe- 
tits eft  très-abondante  ;  ce  qui  fait  qu'on  en  a  ..  poids 
de  cent  livres  pour  fortpeude  chofe.  On  les  fale  comme 
on  fait  parmi  nous  les  anchois  &  les  harengs.  Les  pauvres 
en  font  leur  provifion  pour  accompagner  le  riz  qui  eft  leur 
nourriture  ordinaire.  On  fait  un  grand  commerce  de  fel 
en  ce  royaume,  &  il  s'y  forme  de  cette  façon.  Des  vents 
de  fud  s'élèvent  fi-tôt  que  les  pluies  commencent  à  cef- 
fer;  ck  les  terres  qui  ont  été  ensemencées  de  riz,  pro- 
duifent ,  immédiatement  après  la  moiffon ,  une  espèce 
d'écume  en  forme  de  neige ,  laquelle  couvrant  la  cam- 
pagne l'espace  de  plufieurs  milles,  devient  folide,  ck  fe 
convertit  en  fel ,  par  la  force  du  foleil  qui  l'affermit.  Les 
nouvelles  pluies,  qui  furviennent  après  cette  féconde  ré- 
colte, purifient  de  telle  forte  ces  campagnes,  que  le  riz 
qu'on  y  feme  de  nouveau  ,  ck  qu'elles  produifent  dans 
le  tems ,  a  un  goût  particulier  que  n'a  point  celui  qui 
croît  dans  les  autres  régions. 

Les  dignités  ck  les  charges  principales  ne  font  qu'au 
nombre  de  huit.  Celle  de  vice- roi  général  eft  la  pre- 
mière. Son  emploi  confifte  principalement  à  fe  charger 
d'une  partie  des  affaires  du  royaume  ,  ck  à  foulager  le 
roi  en  toutes  celles  qui  regardent  le  gouvernement.  Si 
le  roi  vient  à  mourir,  c'eft  à  lui  de  convoquer  les  états, 
ck  à  dispofer  de  tout  comme  fouverain  ,  pendant  l'inter- 
règne. Alors  tous  les  Mandarins  font  obligés  de  lui  obéir. 
Le  royaume  étant  divifé  en  fept  provinces,  on  y  nomme 
fept  autres  vice-rois  qui  ont  un  pouvoir  égal  ,  chacun 
dans  le  gouvernement  qu'on  lui  confie.  Ces  fept  vice-rois 
font  toujours  auprès  du  roi;  ck  ils  paroiffent  comme  fes 
compagnons  d'office  &  fes  confeillers ,  jouiffant  dubéné1- 
fice  &C  des  revenus  du  gouvernement ,  dont  ils  commet- 
tent le  foin  à  des  lieutenans  que  chacun  y  envoie  pour 
y  commander  en  fon  nom.  Chacune  de  ces  provinces  a 
fes  milices,  qui  confiftent  en  infanterie  Se  cavalerie,  dis- 
tinguées par  les  officiers  de  guerre,  qui  les  commandent, 
ck  dépendent  du  vice-roi  général  ,  ck  celui-là  du  roi. 
Les  troupes  fubfiftent  des  revenus  qui  leur  ont  été  as- 
fignés  en  chaque  province;  en  forte  qu'à  leur  égard  le 
roi  ne  fait  point  d'autres  dépenses  ,  quoiqu'ils  foient  tous 
obligés  de  le  fervir  où  les  affaires  du  royaume  les  appel- 
lent ,  fans  en  rien  espérer  de  plus  ,   tant  qu'on  les  fait 


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jouir  des  fonds  affe&és  pour  leur  fubfiftance.  Chaque  vice- 
roi  a  beaucoup  de  train ,  Se  grand  équipage. 

Outre  tous  ces  officiers  ,  il;  s'en  trouve  encore  a  la 
cour  une  infinité  d'autres ,  qui  y  font  tous  diverfement 
oc  cupés.  Pour  ne  fe  pas  tromper  dans  le  rang  des  cour- 
tifa  ns ,  il  ne  faut  que  regarder  de  certaines  boëtes  d'or 
&  d'argent,  de  différentes  formes  &  grandeurs,  qu'un 
page  porte  d'office,  après  fon  maître,  dans  toutes  les  af- 
femblées  publiques,  &qui  les  diftinguent  les  uns  d'avec 
les  autres.  Le  vice-roi  général  a  encore  cet  avantage,  que 
quand  il  fe  fait  quelque  cavalcade ,  il  lui  eft  permis  de 
monter  fur  un  éléphant  fuperbement  équipé ,  tandis  que 
les  autres  vice-rois  n'ont  point  d'autre  privilège  que  de 
fe  faire  porter  en  de  petites  chaifes  garnies  de  draps  d'or, 
que  plufïeurseftafiers  accompagnent  avec  de  belles  livrées. 
Les  Mandarins  &c  autres  officiers ,  de  quelque  condition 
qu'ils  foient,  vont  à  pied  fans  cette  cérémonie  de  boë- 
tes, quoiqu'ils  en  ayent  ;  mais  ils  ne  peuvent  les  porter  en 
de  femblables  occafions  ,  à  moins  qu'elles  ne  foient  fort 
petites  &  couvertes» 

Il  y  a  peu  de  loix  dans  le  royaume,  parce  qu'à  vivre, 
félon  la  coutume  du  pays  ,  les  Langiens  n'en  ont  pas  be- 
soin. Le  peuple  eft  élevé  au  travail ,  &  n'a  pas  beaucoup 
de  commerce  avec  les  étrangers.  La  volonté  du  roi  leur 
tient  lieu  de  règlement.  Il  y  a  pourtant  une  ordonnance 
particulière,  qui  les  tient  dans  une  très-rude  fujettion. 
Elle  confifte  en  une  certaine  obligation  de  dépendance 
d'une  famille  toute  entière  à  un  feul ,  qui  en  eft  comme 
le  chef;  en  forte  qu'à  l'exception  des  Talapoins,  comme 
gens  dévoués  aux  chofes  de  religion,  tous  les  Langiens 
qui  ne  descendent  pas  en  ligne  directe  de  la  principale 
branche  d'une  famille,  de  quelque  condition  qu'ils  foient, 
conftitués  en  dignité  ou  non,  riches  ou  pauvres,  en  dé- 
pendent toute  leur  vie,  fans  pouvoir  jamais  s'en  affranchir. 
Quand  ceux  qui  viennent  de  cette  ligne  indirecte,  con- 
tractent mariage,  la  famille  fedivife  de  forte  que  les  enfans 
mâles,  qui  en  descendent,  fuivent  la  branche  du  père,  & 
font  dans  la  même  obligation ,  ainfi  que  les  filles  dans 
celle  de  la  mère  ;  dépendance  dont  les  fuites  font  très  à 
charge ,  en  ce  qu'ils  font  obligés ,  deux  fois  l'année ,  de 
faire  leur  reconnoiffance ,  &  de  porter  quelques  préfens 
au  chef  de  la  famille.  Si  ce  même  chef  veut  célébrer 
quelque  fête  en  l'honneur  des  idoles ,  faire  un  voyage 
ou  pour  fon  plaifir,  ou  pour  fes  affaires  particulières ,  la 
loi  oblige  fes  parens  en  ligne  collatérale  de  l'accompa- 
gner à  leurs  dépens  ,  les  uns  en  qualité  de  foldats  pour 
fa  garde,  les  autres  comme  officiers  de  fa  maifon.  Ces 
fujettions  font  un  fi  grand  avantage  pour  le  roi ,  qu'il 
peut  faire  en  peu  de  tems  un  corps  d'armée  très-confidé- 
«•able ,  fans  une  grande  dépense  ,  puisqu'il  fuffit  pour  cela 
de  faire  avertir  les  chefs  de  famille.  Ce  qu'il  y  a  de  plus 
rude  &  de  plus  fâcheux  ,  c'eft  que  fi,  par  malheur,  un 
chef  de  famille  eft  convaincu  de  quelque  grand  crime , 
tous  ceux  qui  lui  appartiennent ,  en  quelque  degré  d'af- 
finité que  ce  foit ,  font  en  même  tems  déchus  de  leurs 
droits,  &on  ne  les  occupe  plus  qu'au  fervice  des  éléphans. 

Les  crimes  font  rares  en  ce  pays;  la  févérité  avec  la- 
quelle on  les  punit,  retient  dans  le  devoir.  Quant  aux 
affaires  civiles ,  fur  les  moindres  apparences ,  le  juge  peut 
condamner  les  parties  ,  fans  qu'elles  ayent  droit  d  en  ap- 
peller. 

La  religion  des  peuples  de  Lao  eft  embarraflee  d'opi- 
nions fi  extravagantes  &  fi  oppofées ,  que  plus  leurs  doc- 
teurs entreprennent  d'en  discourir  &  de  les  concilier,  plus 
ils  difent  d'abfurdités  en  les  expliquant.  Ces  peuples  ont 
vécu  long-tems  en  forme  de  république,  dans  la  pratique 
des  loix  naturelles  ,  plutôt  que  dans  celles  des  Chinois 
leurs  voifins,  qu'ils  fuivoient  en  partie,  avant  qu'ils  fe 
iuffent  affujetfis  à  des  rois.  Ils  ne  favoient  ce  que  c'étoit 
que  le  culte  des  idoles ,  &  un  je  ne  fai  quoi  qu'ils  efti- 
moient  au-deffus  de  toutes  chofes ,  étoit  leur  dieu  qu'ils 
adoroient  fous  le  nom  de  Mandarin.  Ils  demeurèrent 
fans  maîtres ,  dans  cette  fimplicité,  jusqu'à  ce  que  les  dis- 
ciples de  Xaca  fe  répandirent  par  toute  l'Inde. 

Quoique  les  habitans  de  Lao  ayent  eu  quelque  con- 
noiffance  de  l'enfer,  ils  ne  veulent  pas  néanmoins  qu'on 
leur  en  parle ,  de  peur  de  troubler ,  par  la  confédéra- 
tion des  peines  éternelles  qu'on  y  fouffre ,  les  plaifirs 
qu'ils  ne  fauroient  fe  réfoudre  de  refufer  à  leurs  fens.  Ceux 
qui  continuent  à  fuivre  les  opinions  de  l'ancienne  loi,  & 
qui  nient  la  Métempfycofe ,  difent  qu'à  la  mort  les  âmes 


LAO 


des  médians  font  anéanties ,  mais  que  les  âmes  des  bons 
prennent  un  corps  d'air  auffi  fubtil  que  la  pure  lumière 
du  foleil ,  &C  qu'en  parcourant  infenfiblement  feize  deux, 
où  elles  jouifient  de  tous  les  plaifirs  qui  s'y  rencontrent, 
elles  s'en  retournent  ensuite  très-  heureufes  ,  pour  fe  réu- 
nir à  leurs  corps,  &  fe  rétablir  dans  le  même  état  d'hom- 
mes qu'elles  poffédoient  auparavant ,  mais  remplies  de 
toutes  fortes  de  biens. 

Les  prêtres  de  Lao,  nommés  Talapoins,  font  d'or- 
dinaire le  rebut  Se  la  lie  du  peuple  ,  pareffeux  &  enne- 
mis jurés  du  travail;  leurs  couvens  font  autant  d'univer- 
firés  d'hommes  vicieux,  d'afyles  de  vagabonds,  de  fai- 
néans  &  d'écoles  de  toutes  fortes  d'abominations.  Moins 
ils  ont  de  naiffance  ,  plus  ils  fe  montrent  fuperbes ,  & 
deviennent  infolens ,  quand  ils  fe  voient  élevés  à  la  di- 
gnité de  Talapoin.  Ils  commencent  à  embraffer  la  vie 
religieufe  dès  leur  plus  tendre  jeuneffe ,  &  en  éprou- 
vent les  rigueurs,  en  qualité  de  novices ,  jusqu'à  l'âge  de 
vrhgt-trois  ans ,  après  lesquels  on  les  examine  avant  de 
les  incorporer  à  la  congrégation.  Des  gens  députés  de 
la  comminauté  les  interrogent  pour  juger  du  progrès 
qu'ils  ont  fait  dans  l'intelligence  de  leurs  maximes,  de 
leur  théologie  &c  dans  la  pratique  de  leurs  cérémo- 
nies ;  &  félon  qu'ils  font  fatisfaits  par  leurs  réponfes  , 
on  en  avertit  la  communauté,  qui  reçoit  le  novice,  à  la 
pluralité  des  fuffrages. 

LAOCHUA  ,  fortereffe  de.  la  Chine  ,  dans  la  pro- 
vince d'Iunnan.  Eile  eft  plus  occidentale  que  Pékin,  de 
16  d.  58',  par  les  22  d.  3'  de  latitude.  *  Atlas  Si- 
nenjîs. 

LAODAMANTIA  ou  Laomedontia,  ifle.de  la 
Libye,  félon  Etienne  le  Géographe,  qui  cite  Artémi- 
dore. 

LAODAMANTIUM  ,  Aa(»f>a',7i«»  ,  village  d'E- 
gypte, dans  le  nôme  de  Libye,  félon  Ptolomée,  /.  4,  c.  5* 

i.LAODICÉE,  AAOAIKEA,  Laodicea,  ville d'Afie., 
dans  la  Carie,  feion  Ptolomée,  /.  5  ,  c.  2.  Il  la  nomme 
Laodicée  fur  le  Lycus ,  pour  la  diftinguer  des  autres 
villes  de  ce  nom.  Pline  /.  5  ,  c.  29 ,  dit  que  c'étoit  une 
ville  très-célèbre;  qu'elle  étoit  fur  le  Lycus,  &  que  fes 
murailles  étoient  baignées  de  chaque  côté  par  l'Afopus 
&  le  Caper  ou  Caprus.  Elle  fut  d'abord  appellée  Dios- 
polis,  puis  Rhoas.  Strabon,  /.  11,  fub  fin.  la  donne 
à  laPhrygie,  &  dit  qu'Apamée  &  Laodicée  étoient  les 
plus  grandes  villes  de  laPhrygie.  Etienne  le  Géographe, 
qui  la  met  dans  la  Lydie ,  nous  apprend  l'origine  du 
nom  de  Laodicée,  quand  il  dit  qu'elle  avoit  été  rétablie 
par  Antiochus ,  fils  de  Stratonice  ,  dpnt  la  femme  s'ap- 
pelloit  Laodice.  Cette  ville  eft  nommée  entre  les  fepf 
églifes  ausquelles  l'Esprit  faint,  addreffe  fes  avertiffemens 
ou  fes  reproches  dans  l'Apccalypfe ,  c.  1 ,  y.  11  ;  &  3, 
14.  S.  Paul  en  fait  aufli  mention  dans  fon  Epître  aux 
Coloflîèns  ,  c.  2,  v.  1  ;  &  c.  4,  v.  15.  Cicéron,  /<  2, 
epifi.  17,  l.  3  ;  epift.  5 ,  epifi.  20 ,  parle  auffi  de  cette 
Laodicée  comme  d'une  ville  fameufe  &  de  grand  com- 
merce, où  l'on  changeoit  fon  argent.  Tacite  dit  :  la  même 
année,  Laodicée,  l'une  des  villes  illuftres  de  l'Afie,  étant 
presqu'abîmée  par  un  tremblement  de  terre  ,  fe  releva 
fans  nous  &  par  fes  propres  forces.  Il  y  a  une  médaille 
de  l'empereur  Commode ,  où  cette  ville  &c  les  deux  ri- 
vières, le  Lycus  &c  le  Caprus,  font  nommées  Aa><fW«,, 
Au'xof  k*t«<.  Les  habitans  ont  été  nommés  par  Tacite 
Laodicini.  Le  Lycus,qui  la  baignoit,  fe  perd  dans  le  Méan- 
dre. On  croit  qu'elle  étoit  au  lieu  où  eft  préfentement 
Eskihiffar,  c'eft-à-dire  Y  ancien  château:  c'eft  le  fenti» 
ment  du  P.  Hardouin  ,  in  Plin. 

Laodicée,  Laodicea  ad  Lycum ,  étoit  une  fort  grande 
ville,  comme  on  le  voit  par  fes  ruines  :  elle  étoit  bâtie 
fur  fix  ou  fept  montagnes  ,  qui  renfermoient  un  grand 
espace:  il  y  avoit  trois  théâtres  de  marbre  blanc,  qui  font 
encore  auffi  entiers  que  fi  on  venoit  de  les  bâtir.  Proche 
d'un  de  ces  théâtres ,  on  lit  une  inscription  gréque  à 
l'honneur  de  Tite-Vespafien.  Spon  ne  s'accorde  pas  avec 
Vhéler  ,  qui  met  quatre  théâtres  ;  peut-être  a-t-il  pris 
un  cirque  pour  un  quatrième  théâtre.  Les  Turcs  appel- 
lent les  ruines  de  cette  ville  Eskihiffar  au  vieux  châ- 
teau. Ferrari  s'eft  trompé  ,  en  difant  qu'ils  l'appellent 
Laudichia:  il  s'eft  auffi  trompé ,  en  prenant  Laotik, 
proche  d'Angoura,  pour  Laodicée.  Cette  ville  étoit  ar- 
chiépiscopale: on  y  a  tenu  divers  conciles,  dont  le  plus 
confidéiable  fut,  en  352,fuivant  quelques  auteurs,  &  en 

î»4* 


Lao 


LaO 


314,  félon  Baronius:  elle  eft  à  demi-lieue  du  fleuve  Li- 
cus ,  qui  fe  perd  clans  le  Méandre ,  un  peu  au-deiïbus ,  à 
dix  lieues  de  la  ville  de  Colofle  au  nord-eft ,  Se  à  deux 
lieues  8e  demie  d'Hiérapolis  au  fud.  Pline  dit  qu'elle  a 
porté  le  nom  de  Diospoiis  ,  Se  enfuite  celui  de  Koas. 

2.  LAODICÉE  ,  ville  d'Afie,  dans  la  Syrie,  dans  un 
pays  qui  en  prenoit  le  nom  de  Laodicene ,  félon  Ptolo- 
mée, /.'  s;,  c.  ij  ,  qui  la  diftingue  par  le  nom  de  Ca- 
biofa  Laodicea.  Elle  étoit  fur  l'Ôronte  ,  entre  Emèfe  Se 
Paradyfus ,  peu  loin  du  Liban  :  cette  ville  eft  la  même 
que  Laodicée,  près  du  Liban,  que  Pline,  /.  5  ,  c.  23  , 
défigne  par  ces  mots ,  ad  orie.nte.rn  Laodiceni  qui  ad  Li- 
banwn  cognominanlur.  Elle  eft  nommée  fur  des  mé- 
dailles d'Antonin,  de  Caracalla  Se  de  Sévère  AAOAtrr. 
nrcc  aiban".  Il  ne  faut  pas  la  confondre  avec  Laodicée 
de  l'article  fuivant.  Strabon,  /.  16,  parlant  du  canton 
de  Marfya ,  dit  qu'il  commence  à  Laodicée  ,  fituée  au 
pied  du  Liban.  Elle  eft  nommée  Colonie  dans  le  Digefte. 
legs  1,  de  Cenjlbus,  §.  3,  où  il  eft  dit  qu'elle  étoit 
dans  la  Cceléfyrie-,  Se  que  l'empereur  Sévère  lui  avoit 
accordé  les  droits  attachés  aux  villes  d'Italie,  à  caufe 
des  fervices  qu'elle  avoit  rendus  pendant  la  guerre  civile. 
C'eft  d'elle  qu'il  s'agit  dans  l'Itinéraire  d'Antonin,  où 
elle  eft  marquée  fur  la  route  de  Sériane  à  Scythopolis , 
entre  Emèfe  Se  Lybon  ,  à  dix-huit  mille  pas  de  la  pre- 
mière, Se  à  trente-deux  mille  pas  de  la  féconde.  Elle  eft 
Amplement  appellée  Laodicée,  dans  la  Notice  de  Léon 
le  Sage,  qui  la  range  avec  Emèfe  Se  autres  villes ,  dans  la 
Phœnicie  du  Liban. 

3.  LAODICÉE  sur  LA  MER,  autre  ville  de  Syrie. 
Strabon ,  /.  16,  dit  :  Laodicée  eft  fituée  au  bord  de  la 
mer  ;  c'eft  une  ville  bien  bâtie  ;  elle  a  un  bon  port  Se 
un  teritoire  fertile  en  grains,  Se  des  vignobles  qui  lui  pro- 
duifent  beaucoup  de  vin.Lentulus,le  fils,  dans  une  Lettre 
à  Cicéron  ,  /.  il,  epiji.  14,  dit  que  Dolabella  exclus 
d'Antioche ,  n'avoit  point  trouve  de  ville  plus  fûre  ppur 
lui  que  Laodicée  en  Syrie,  fur  la  mer,  Se  qu'il  s'y  étoit 
retiré.  Il  y  a  des  médailles,  où  il  eft  fait  mention  de  cette 
Laodicée  bien  expreflément  Se  fur  lesquelles  ont  lit: 
Aaoaikebn  ripoc  ©aaassan;  Laodicenjium  qui  ad 
marefunt.  Jofeph  les  qualifie  de  même  a-c^ikùt  °  if-- 
pài/i  1,  &  dit  qu'Hérode  fit  bâtir  un  aqueduc  aux  habi- 
tans  de  Laodicée  maritime.  Denys  le  Periégete,r.  915, 
fait  aufli  mention  de  cette  ville.  Pline,  /.  5,  c.  21,  nous 
défigne  fa  fituation ,  en  difant  qu'elle  étoit  fur  une  pointe 
de  terre ,  &  la  nomme  Laodicée  libre.  Promontorium 
in  quo  Laodicea  libéra;  Se  Ammien-Marcellin  la  met  entre 
les  quatre  villes  qui  faifoient  l'ornement  de  la  Syrie  , 
favoir  Antioche  ,  Laodicée  ,  Apamée  Se  Séleucie.  Elle 
avoit  reçu  fon  nom  de  SeUucus ,  qui  nomma  les  quatre 
villes  dont  on  vient  de  parler.  Il  donna  à  la  première 
le  nom  de  fon  père,  à  la  féconde  celui  de  fa  mère,  à 
la  troifiéme  celui  de  fa  femme ,  Se  le  fien  à  la  quatrième. 
Cette  ville  eft  aufli  marquée  dans  l'Itinéraire  d'Antonin, 
fur  la  route  d'Antioche  à  Alexandrie ,  entre  Cathela  Se 
Gabala  ,  à  feize  mille  pas  de  la  première  Se  à  dix- huit 
mille  pas  de  la  féconde.  La  Notice  de  Hiérocles  la  met 
dans  la  première  Syrie  avec  Antioche  ,  Séleucie  ,  Ga- 
bala ,  Sec.  Le  P.  Hardouin  dit  que  c'eft  préléntement  La- 
takii.  Ptolomée  a -aufli  marqué  cette  ville  de  Laodicée. 
*  Vaillant ,  Pièges  Syriae ,  p.  262.  , 

4.  LAODICÉE,  furnommée  la  Brûlée,  Laodicea 
combufta,  AxcFMx  K.dî&y.s>tavfiiv»  ,  ville  d'Afie.  Les  au- 
teurs varient  extrêmement  furie  nom  de  la  province  à  la- 
quelle ils  doivent  l'attribuer.  Les  uns  la  mettent  dans  la 
Pifidie ,  d'autres  dans  la  Phrygie ,  d'autres  enfin  dans  la 
Lycaonie,  parce  qu'en  effet  elle  étoit  aux  confins  de  ces 
différens  pays.  Ptolomée,  /.  5  ,  c.  4,  la  donne  au  peu- 
ple Be^eni.,  peuple  qu'il  range  fous  la  Galntie.  Etienne 
le  Géographe  la  donne  à  la  Lycaonie.  Strabon  ,  /.  14, 
l'y  met  aufli,  quand  ,  en  décrivant  une  route  qui  va  d'E- 
phèfe  vers  l'orient,  il  dit:  là  commence  la  Lycaonie 
qui  finit  àCoropalTus,  en  paflant  par  Laodicée  la  Brûlée, 
huit  cents  quarante ftades.  Selon  ce  calcul,  cette  Laodi- 

'  cée  tomberait  vers  le  milieu  de  la  Lycaonie.  La  Notice 
de  Hiérocles  la  range  entre  les  villes  épiscopales  de  la 
Pifidie ,  celle  de  Léon  le  Sage  ,  de  même.  Socrate , 
JJift.  eeelef.  1.  6,  c.  18,  parle  d'Ammonius  ,  évê- 
que  de  la  Laodicée  de  Pifidie.  Les  Notices  citées  font 
voir  qu'il  entend  Laodicée  la  Brûlée.  Elle  prenoit  ce  fur- 


.     .      725 

nom  de  la  nature  de  fon  terrain  qui  pâroiftbit  brûlé ,  &C 
qui  étoit  for;  fujet  aux  tremblemens  de  terre. 

ï.  LAODICÉE  ,  ville  d'Afie,  aux  confins  de  la  Me'- 
die  Se  de  la  Perse  propre:  Pline,  1.6,  c.  26,  parlant 
de  la  Perfide ,  "dit  qu'à  fon  extrémité  elle  a  une  Laodi- 
cée bâtie  par  Antiochus,  ce  qui  doit  s'entendre  de  l'ex- 
trémiié^qui  confine  à  la  Médie;  de-là  vient  que  ces  li- 
mites n'étant  pas  bien  fixes,  Strabon  ,  /.  1 1 ,  Se  Etienne 
le  Géographe  placent  cette  ville  dans  la  Médie. 

6.  LAODICÉE  ,  ville  de  la  Méfopotamie ,  félon 
Pline  ,  /.  6 ,  c.  26.  C'eft  une  de  fix  villes  que  Séleucus 
avoit  bâties ,  Se  ausquelles  il  avoit  donné  le  nom  de  fa 
mère ,  dit  le  P.  Hardouin. 

Ptolomée  fournit  les  pofitions  des  quatre  premières. 
Les  voici: 

Longitude.     Latitude. 
Laodicée  furie  Lycus,  59  d.  15'.     38  d.  40'. 

Laodicée  Cabiofa,  ou  près  du 

Liban,  69  d.  40'.     33  d.  Aj> '. 

Laodicée  fur  la  mer,  68  d.  30'.     3  5  d.    6'. 

Laodicée  la  Brûlée ,  61  d.  40'.     39d.  40'. 

Voyez  les  articles  Latakié,  Laudichia  Se  Lav- 
dicia. 

7.  LAODICÉE  ;  il  y  avoit  encore  une  feptiéme  Lao-* 
dicée,  au  Péloponnèfe ,  dans  la  Mégapolitide,  félon  Po- 
lybe  ,  /.  2  ;  Se  Thucydide ,  V.  4,  la  met  dans  l'Oreftide. 
C'eft  la  même  que  la  Ladoncea  de  Paufanias. 

1.  LAOMEDONTIA.  VoyezLAODAMANTiA. 

2.  LAOMEDONTIA.  Etienne  le  Géographe  ob- 
ferve  qu'Epaphrodite  donne  ce  nom  à  la  ville  de  Lamp- 
faque. 

LAON,  (prononcez  Lan)- ville  épiscopale  de  France, 
en  Picardie ,  dans  le  Laonois  ,  petit  pays  auquel  elle 
donne  fon  nom.  Elle  relevé  du  baillage  de  Vermandois. 
Elle  eft  célèbre,  parce  que  fon  évêque  a  le  titre  de 
duc  il  pair  de.  France,  quoique  le  roi  foit  le  véritable 
feigneur  immédiat  de  la  ville.  Lorsque,  fous  Louis  d'Ou- 
tre-mer ,  les  feigneurs  ufurperent  le  haut  domaine  des 
villes  où  ils  commandoient ,  Hugues  le  Grand  ,  duc 
France  Se  comte  de  Paris  ,  contraignit  ce  prince  à  lui 
céder  Laon;  ainfi  il  ne  refta  presque  plus  à  Louis  que  le 
nom  de  roi.  Néanmoins  lés  fucceflears ,  Lothaire  Se 
Louis,  rentrèrent  en  pofteflîon  de  cette  place  ,  qui  (è 
donna  à  Charles ,  duc  de  Lorraine  ou  de  Brabant ,  frère 
de  Lothaire ,  lorsque  ce  duc  disputoit  la  couronne  à 
Hugues-Capet  ;  'Se  c'eft  là  où  le  même  Charles  fut  pris, 
Se  de-là  mené  en  prifon  à  Orléans.  *  Longutme,  Descr, 
de  la  France ,  part.  1 ,  p.  18. 

Cette  ville,  fituée  fur  une  haute  montagne,  n'a  jamais 
été  donnée  en  apanage  ,  ni  féparée  du  domaine  ;  elle 
a  feulement  été  engagée  comme  tant  d'autres.  Elle  s'ap- 
pelle en  latin  Laodunum  ou  Loduxum  j  mais  on  voit  que 
les  plus  anciens  la  nommoient  Lugdunum ,  qui  étoit  fur- 
nommée  Ctavatum.  Elle  a  été  fort  connue  du  tems  des 
Romains ,  s'il  eft  vrai,  comme  plufieurs  le  prétendent  , 
qu'ellefoit  laBibrax  dont  parle  Céiàr,  Se  qui  étoit  dans 
le  tetritoire  de  Reims.  Voyez  ce  mot. 

Elle  eft  affez  forte  par  fa  fituation  ,  mais  n'a  aucunes 
fortifications  modernes,  Elle  eft  bien  bâtie  ;  fes  rues  font 
belles;  l'air  y  eftfain,  fon  féjour  agréable  ;  Se  les  puits, 
qui  n'y  font  pas  trop  profonds  ,  foùrnhTent  des  eaux 
■  pour  i'es  befoins.  Plufieurs  de  nos  rois  y  ont  leur  fait  de- 
meure ,  Se  c'eft  dans  leur  palais  que  les  jurisdicr.ions 
de  cette  ville  tiennent  leurs  féances.  La  greffe  tour  a  été 
bâtie  lous  Philippe-Augufte.  Le  château  Se  la  ville  de 
Laon  étoient  autrefois  regardés  comme  le  rempart  de  la 
France.  Guibert,  abbé  de  Nogent,  parlant  de  cette  ville, 
l'appelle  regni  caput ,  régie  ambitionis  thalamus  & 
unicum  hac  cetate  propugnaculum.  Louis  XI  accorda 
aux  habitans  de  cette  ville  l'exemption  de  tailles;  mais 
ils  ne  jouiflent  plus  de  ce  privilège.  Laon  fut  occupé,  pen- 
dant la  ligue,  par  le  duc  de  Mayenne,  afliégé  Se  pris  par 
Henri  le  Grand  ,  en  1 Ç94.  Le  monaftere  des  Bénédic- 
tins eft  dans  l'enceinte  des  murailles  du  château,  Se  bâti 
fur  la  croupe  de  la  montagne  ;  au  bas  eft  une  abbaye  de 
filles  appellées  Montreuil-Us-Dames.  Elle  eft  principale- 
ment connue  par  la  Véronique  ou  fainte  F^ce  'Je  Jélus- 
Chrift ,  qui  y  attire,  en  tous  tems,  un  grand  c  incours  de 
peuple.  L'original  de  cette  image  fut  apporté,  félon  la 
Tome  III.     T.ZZZ 


73o  LAO 

'  tradition,  de  Jérufalem  à  Rome,  où  il  eft  encore.  Celle- 
ci  n'en  eft  qu'une  copie  qui  fut  envoyée  aux  rehgieules 
de  Montreuil,  en  1149,  par  Urbain  IV,  qui  n  etort  en- 
core qu'archidiacre  de  Laon,  Se  chapelain  d'Innocent  IV. 
Au  haut  de  cette  image,  il  y  a  des  deux  côtés  ces  let- 
tres IC.  XC.  qui  fignifiént  Jéfus-Chrift.  Au  bas  du 
cadre,  dans  lequel  elle  eft  enchaflée ,  on  voit  une  ins- 
cription, qui,  dans  ces  derniers  tems,  a  donné  de  l'exer- 
cice aux  favans.  *  Piganiol  de  la  Force ,  Descr.  de  la 
France  ,  t.  3  ,  p.  77.  • 

On  peut  voir  cette  inscription  dans  Piganiol  de  la 
Force,  &  les  Œuvres  du  P.  Hardouin , />.  918,  édition 
d'Hollande  ;  mais  je  ne  puis  omettre  ici  un  fait  qui  fait 
voir  combien  on  doit  fe  défier  des  conjectures  wgé- 
nieufes  des  favans.  Le  P.  Mabillon  avoue  de  bonne  foi , 
que  les  caraéteres  lui  étoient  inconnus.  Le  P.  Har- 
douin  crut  y  trouver  un  vers  grec  hexamètre,  &  fit,  pour 
le  prouver ,  une  diflertation  imprimée  dans  le  Journal 
des  favans,  1707  ,  Se  dans  fes  Œuvres.  On  s'en  feroit 
tenu  à  fa  décifion  ,  fans  le  P.  Honoré  de  Sainte-Ca- 
therine, Carme  Décbauffé.  Ce  dernier  donna  à  fon  tour 
une  diflertation  fur  la  fainte  Face,  dans  le  fécond  tome 
de  fes  Réflexions  fur  la  critique,  &  prétendit  que  cette 
inscription  étoit  Sclavone,  Se  non  Grecque.  Il  appuya  (on 
fentiment  de  l'autorité  de  plufieurs  Moscovites  de  confi- 
'dération  qu'il  avoit  consultés';  mais  leur  autorité  ne  fut 
pas  fumfante.  L'on  eut  pouf  ce  religieux  toute  la  hauteur 
qu'inspire  ordinairement  le  grand  (avoir;  Se  nous  le- 
rions  peut-être  encore  dans  l'incertitude ,  fi  le  Czar  ne 
fût  pas  venu  à  Paris.  Le  P.  Honoré ,  de  Sainte-Cathe- 
rine pria  le  maréchal  de  Telle  d'obtenir  du  prince  Kou- 
rakin ,  de  dorîner  un  coup  d'ceil  fur  l'image  de  la  famte 
Face ,  Se  de  vouloir  bien  examiner  fi  lés^  caractères  qui 
font  au-deflbus,  étoient  Sclavons,  Se  ce  qu'ils  fignifioient. 
Ce  prince,  qui  favoit  le  franqoisauflî  parfaitement  que 
fa  langue  naturelle  ,  repondit  par  écrit,  qu'ils  fignifioient 
le  portrait  du  Sauveur  ou  du  Seigneur  imprimé  fur  le 
mouchoir,  bandeau,  ou  couvre-chef  de  la  Véronique. 
Cette  explication  eft  entièrement  conforme  à  celle  que 
les  autres  Moscovites  avoient  donnée  au  P.  ^  Honoré , 
à  qui  un  religieux  de  S.  Balte,  qui  fervoit  d'aumônier 
aux  princes  Narisquins ,  pendant  qu'ils  étoient  à  Paris , 
avoit  déjà  dit  qu'il  y  avoit  dans  l'inscription  obra{  gos- 
poden  naoubrous ;  termes  qui  lignifient  :  Imago  Domini 
in  linuo.  Ces.  témoignages  ont  diffipé  les  ténèbres  que 
Fart  Se  l'érudition  avoient  répandues  fur  cette  inscrip- 
tion ;  Se  l'on  ne  peut  plus  raifonnablement  douter  qu'elle 
ne  foit  Sclavone. 

Il  y  a  un  bailliage  Se  fiége  préfidial  à  Laon ,  8c  une 
jurisdiftion  pour  la  pairie  qui  reiïbrtit  nûement  au  par- 
lement de  Paris  ;  le  bailliage  de  Laon,  autrefois  beaucoup 
plus  étendu  qu'aujourd'hui ,  eft  encore  un  des  plus  grands 
ou  royaume.  Il  comprenoir.  une  partie  de  la  Picardie  & 
de  la  Champagne,  Se  avoit  dans  fon  reflort  les  vil'es  de 
Rheims,  de  Solfions ,  de  Noyon,  de  S.  Quentin  ,  Se  quel- 
ques autres ,  qui  n'étoient  que  des  prévôtés  royales  refior- 
tilTantes,en  tous  les  cas ,  au  fiége  de  Vermandois  à  Laon. 
Le  préfidial  eft  du  premier  établiflement  des  préfi- 
diaux ,  fous  Henri  II.  Il  y  a  auflï  dans  la  ville  de  Laon 
une  prévôté  royale ,  avec  la  jurisdi&ion  en  première  ins- 
tance dans  toute  la  ville  Se  banlieue. 

L'évêché  de  Laon  fût  fondé,  (dit  l'archevêque  Hinc- 
mar  dans  fes  Epîtres,)  vers  l'an  515  ,  par  S.  Rémi  ;  Se 
S.  Genebaud  en  fut  le  premier  prélat.  On  prétend  auffi 
que  ce  fut  Hugues-Capet ,  qui  fit  duc  8c  pair  de  France, 
Adalberon,  évêque  de  cette  ville,  pour  lui  avoir  livré 
Charles,  duc  de  Lorraine,  dernier  prince  de  la  race  des 
Carlovingiens.  Quoi  qu'il  en  foit,  l'évêché  eft  fuffra- 
gant  de  Rheims  ;  St  fon  évêque  eft  duc  Se  pair  de  France, 
Se  porte  au  facre  de  nos  rois  la  fainte  Ampoule.  Cet 
évêché  a  plufieurs  abbayes,  Se  quatre  cents  feize  parois- 
fes.Son  revenu  n'étoit  pas  d'onze  mille  livres;  mais  de- 
puis que  l'on  y  a  uni  la  manfe  abbatiale  de  S.  Martin , 
il  eft  d'environ  trente-cinq  mille.  Il  y  a  quatre  chapitres 
dans  la  ville.  Celui  de  la  cathédrale  eft  compofé  de 
de  cinq  dignités;  le  Doyenné  ,  le  grand  archidiaconé , 
l'archidiaconé  deThiérache ,  la  chantrerie ,  la  tréforerie, 
Se  de  quatre-vingt-quatre  prébendes ,  dont  le  revenu  eft 
d'environ  fix  cents  livres,  &  de  cinquante  chapelles  de 
cents  livres  chacune.  Saint-Jean,  Sainte-Geneviève  8c 


LAP 


Saint-Julien  font  trois  collégiales. Les  prébendes  de  la  der- 
nière font  tout  ce  qu'il  y  a  de  plus  modique  en  fait  de  ca- 
nonicats.  Il  y  a  à  Laon  plufieurs  abbayes,  S.  Vincent 
DE  Laon  ,  dont  on  rapporte  la  fondation  à  la  reine  Bru- 
nehaut,  femme  de  Sigebert ,  roi  d'Auftrafie  ;  Se  S.  Jean 
DE  Laon  ,  fondée  par  fainte  Salaberge  ,  pendant  qu'At- 
tillon  étoit  évêque  de  cette  ville  ,  font  de  l'ordre  de 
S.  Benoît.  Il  y  eut  d'abord  une  communauté  de  filles  , 
Se  une  d'hommes  ;  mais  il  n'y  a  plus  que  des  moines. 
S.  Martin  de  Laon  de  l'ordre  Prémontré,  eft  une  ab- 
baye en  régie. 

LAONNOIS  ,  (le)  petit  pays  de  France ,  en  Picar-j 
die  (prononcez  Lannois.)  11  eft  borné  au  nord  par  la 
ïhierache;  au  levant,  par  la  Champagne;  au  couchant 
&  au  midi,  par  le  Soiifonnois  :  la  capitale  de  ce  petit 
pays  eft  Laon,  dont  il  tire  fon  nom.  Les  autres  lieux 
remarquables  font  : 


Corbigni, 

Lieffe, 

Couci, 


Prémontré ,  abbaye  ; 
Follenbray ,  - 
Novion-re-Vineux. 


Corbigni  5c  LieiTe  font  deux  pèlerinages  célèbres  ; 
Se  No vion-le- Vineux  eft  un  village,  dont  les  habitans 
doivent  à  leur  feigneur  une  espèce  de  taille  de  vin,  de 
cent  muids  par  an.  Il  intervint  arrêt  du  parlement  de 
Paris,  en  1505,.  confirmatif  d'une  fentence  qui  dé- 
boutent les  habitans  dé  Novion-le-Vineux ,  de  la  .de- 
mande qu'ils  faifoient ,  à  ce  que  cette  rente  de  cent  muids 
par  en,  fût  fixée  en  argent.  La  fin  de  cet  arrêt,  qui  eft  en 
latin ,  eft  remarquable  :  Sauf  toutefois  à  l'intimé  défaire 
aux  apellans  telle  gract  qu'il  avifera  bon  être,  à  caufe 
de  la  mifire  &  calamité  du  tems.  Cette  claufe,  qui  fem- 
bleroit  à  préfent  inutile  jusqu'à  l'impertinence,  étoit  ap- 
parernment  pour  lors  de  quelque  poids ,  pour  infïnuer 
dans  l'esprit  d'une  perlonne  de  qualité  une  confidération 
d'équité  que  le  parlement  ne  pouvoit  pas  prescrire  avec 
juttice. 

LAOR,  ville  dans  l'ifle  de  Minorque  :  on  lui  donne 
le  nom  de  ville,  quoiqu'elle  ne  mérite  guère  ce  titre,  n'é- 
tant compofée  que  d'un  très-petit  nombre  de  maifons. 

LAORIPPA,  ville  de  l'Arabie  heureufe ,  félon  Pto- 
lomée ,  /.  6 ,  c.  7.  Ses  interprètes  lifent  Lat'hrippa. 

1 .  LAOS ,  ville  d'Italie ,  félon  Hérodote.  Voyez 
Latjs. 

î.  LAOS,   (le  royaume  de)  Voyez  Lao. 

3.  LAOS,  peuple  de  l'Inde  de-là  le  Gange,  félon 
Baudrand  qui  dit  que  le  pays  de  ce  peuple  eft  appelle 
le  royaume  des  Laos,  Il  devoit  avertir  que  c'eft  le  même 
pays  que  Lao  ;  que  ces  Laos  ne  font  pas  différens  des 
Langiens  du  P.  Marini ,  Se  que  Lantchang ,  que  M.  de 
Choili  leur  donne  pour  capitale,  n'en  eft  pas  une  ;  mais 
que  leur  capitale  eft  appellée  Leng  par  les  uns  ,  &  Lan- 
gione  par  les  autres,  Se  qu'elle  eft  différente  de  Lant- 
chang.    • 

LAPADUSA.  Voyez  Lopadusa. 

LAPA:  le  cap  de  Lapa  eft  à  la  pointe  de  la  côte  de 
Paria:  entre  ce  cap  6c  le  cap  Boto  ,  qui  eft  à  la  pointe 
du  nord-oueft  de  l'ifle  de  la  Trinité,  eft  l'ouverture  de 
ce  que  Chriftophe-Colomb ,  à  fon  troifiéme  Voyage , 
en  1498,  appella  Boca  del  Drago ,  parce  qu'il  avoit 
couru  un  grand  danger  dans  ce  détroit ,  qui  n'eft  que 
de  deux  lieues,  mais  qui  s'élargit  ensuite.  *  Noies  du 
P.  Charlevoix. 

LAPA ,  nom  d'un  lieu  dont  il  eft  fait  mention  dans 
l'Hiftoire  des  plantes  de  Théophrafte ,  /.  2.,  c.  8.  Voyez 
Lappa. 

LAPAN  ,  bourg  de  France,  .dans  le  Berri,  fur  le  Cher, 
à  quatre  lieues  de  Bourges ,  Se  à  deux  de  Château-T.euf. 

LAPARA,  Ax-naf*,  canton  d'Afie,  dans  la  Cappa- 
doce.  Cédrere  cité  par  Ortélius,  en  parle  ainfi  :  ce  lieu 
a  été  ainfi  nommé ,  à  caufe  de  fa  graiffe  Se  de  la  fer- 
tilité du  terroir:  à  préfent  on  l'appelle  Lycandum, 
jiu«.â.i<fiv ,  Porphyrogenete  Se  Curopalatè  en  parlent  auifi. 

LAPACIA  CORI,  A*W]('a.  K«'p=u  ,  promontoire  de 
l'Espagne  Tartagonoife,  chez  le  peuple  Callalci  Lucen- 
fes  ,  félon  Pline,  qui  le  nomme  auifi  TrjleucuM. 
Voyez  ce 'mot. 

LAPATHIOS,  antienne  ville  de  l'ifle  de  Candie,  fur 
la  cô:s  feptentrionale ,  près  du  cap  de  Cormachitti  ;  elle 


LAP 


LAP 


eft  réduite  en  village,   &  a  pourtant  un  évêque  du  rit 

grec. 

LAPATHOS,  félon  Strabon,  /.  14,  p.  681,  ou 
LAPATHUS,  lieu  de  l'ancienne  Grèce;  c'étoitune 

fortereffe  au-defTus  du  lac  Afcuride ,  fur  un  paffage  pour 

pour  aller  de  Theflalie  en  Macédoine,  félon  Tite-Live, 

l.    4,    t.   3.. 

LAPDENSIS ,  fiége  épiscopal  d'Afrique ,  dans  la  pro- 
.  vince  proconsulaire.  La  Notice  d'Afrique  fournit  Jona. 
Lapdenfis,  &  dans  le  concile  de  Carthage ,  tenu  l'an  525, 
on  trouve  la  fouscription  de  Victor.  *  Harduin.  CollecV 
conc. 

Cette  ville  étoit  épiscopale.  Didymus ,  fon  évêque, 
fouscrivit  au  concile  de  Chalcédoine,  tenu  l'an  451. 

LAPETHUS ,  Aœni^H  ,  félon  Nonnus  &  Etienne  le 
Géographe,  ancienne  ville  de  l'ifle  deCypre.  Cette  ville 
avoit  des  arfenaux  fk  un  port ,  6c  on  en  attribuoit  la 
fondation  aux  Lacédemoniens. 

LAPHISTIUS,  montagne  de  Grèce,  dans  la  Béotie. 
Héfyche  &  Paufanias  en  font  mention.  Ce  dernier  dit, 
/.  9,  c.  34  :  il  y  a  vingt  ftades  au  plus,  (  c'eft-à-dire 
deux  milles  &.  demi  )  de  Coronée  au  mont  Laphiftius, 
&  à  l'aire  de  Jupiter  Laphiftien:  la  ftatue  du  dieu  eft 
de  pierre.  Lorsqu'Athamas  étoit  fur  le  point  d'immoler 
Phryxus  &  Hellé  en  cet  endroit,  on  dit  que  Jupiter  fit 
paroître  tout-à-coup  un  bélier  à  toifon  d'or ,  fur  lequel 
ces  deux  enfans  montèrent  &£  fe  fauverent.  Plus  haut  eft 
l'Hercule  furnommé  Ckarops ,  c'eft-à-dire  ,  aux  yeux 
bleue.  Les  Béotiens  dilént  qu'Hercule  monta  par-là  lors- 
qu'il traînoit  Cerbère  ,  le  chien  de  Pluton.  A  l'endroit 
par  où  l'on  descend  le  mont  Laphiftius  pour  aller  à  la 
chapelle  de  Minerve  Itonienne,  &  le  Phalare  ,  rivière 
qui  fe  dégorge  dans  le  lac  Céphife.  Au-delà  du  mont 
Laphiftius,  eftOrchomène,  ville  célèbre,  &c.  C'eft  ce 
que  Paufanias  remarque  de  cette  montagne. 

LAPICINI,  peuple  ancien  de  l'Italie  ,  en-deça  de  l'A- 
pennin ,  félon  Tite-Live  qui  les  nomme,  avec  les  Garn- 
ies St  les  Hercates.  Ortélius  croit  qu'ils  étoient  de  la 
Ligurie. 

LAPIDA,  ville  ancienne  de  l'ifle  de  Chypre.  Elle 
eft  ruinée,  &  il  n'y  refte  plus  rien  qu'un  cloître  de  moines 
Grecs  ,  qui  eft  au  bord  de  la  mer,  &  une  vieille  églife 
qu'on  prétend  que  les  apôtres  ont  fait  bâtir.  On  voit  par 
quelques  mafures  de  vieux  édifices ,  que  plufreurs  mai- 
fons  avoient  leurs  rivières ,  dont  l'eau  fe  renouvelloit 
par  le  moyen  de  celle  de  la  mer.  C'eft  peut-être  le  La- 
pathos  de  Strabon.  *  Corn.  Dift.  Le  Brun ,  Voyage  du 
levant. 

LAPIDES- ATRI,  c'eft-à-dire,  les  pierres  noires,  lieu 
de  l'Espagne  Tarragonoife ,  chez  les  Aufétaniens,  près 
des  villes  Illiturgis  &  Mentijfa,  où  Tite-Live,  /.  26, 
dit  qu'Asdrubal  étoit  campé.  Ptolomée,  /.  2,  c.  6,  met 
chez  les  Oretani ,  Biatia  ,  que  Molet  fon  Interprête  dit 
être  préfentement  appellée  pennas  negras  ;  mais  il  ajoute 
qu'il  n'ofe  aflùrer  que  ce  foit  le  même  lieu  dont  parle 
Tite-Live. 

LAPIDIENSIS ,  fiége  épiscopal  de  la  Mauritanie 
Cefarienfe.  La  Notice  épiscopale  d'Afrique  fournit  un 
évêque  de  ce  fiéoe,  nommé  Reftitutus  Lapidienfis. 

LAPIS  ADJÙTORII.  Voyez  les  articles  au  mot 
Pierre. 

LAPITHiEUM,  AAniQ'ioN,  montagne  de  la  La- 
conie ,  félon  le  même  Etienne.  Paufanias ,  /.  3  ,  c.  20 , 
reconnoît  une  ville  dans  le  Peloponnèfe ,  fur  le  mont 
Taygete ,  dans  le  même  canton.  Elle  étoit  apparemment 
fur  une  partie  de  cette  montagne ,  &  donnoit  fon  nom  à 
cette  partie. 
-LAPITHE,  Voyez  l'article  qui  fuit. 
LAPITHES,  (les)  ancien  peuple  de  Macédoine, 
près  du  mont  Olympe,  félon  Diodore  de  Sicile,  /. 4, 
c.  71  ;  mais  il  n'en  dit  rien  que  ce  que  la  fable  en  a  pu- 
blié. Procope,  JEd\}.  1.  4,  c.  3  ,  parle  auffi  de  ce  peu- 
ple ;  mais  il  traite  de  fable  ce  que  les  poètes  en  racon- 
tent. Etienne  le  Géographe  met  dans  la  Thcffalie  une 
ville  qu'il  nomme  Lapithé  aihioh  ,  &  cite  pour 
fon  garant  Epaphrodite  dans  (es  Commentaires  fur  Ho- 
mère. 

LAPITHUS.  Voyez  Lapethus. 
LAPPA,  AAirnA,  ville  de  l'ifle  de  Crète,  dans  les  ter- 
res, félon  Dion,  l,  36,  p,  8,  qui  dit  que  Métellus  la 


/  i 


prit  d'afTaut.  Ptolomée,  /.  3  ,  c.  17,  la  met  dans  les  ter» 
res,  entre  Artacine  &  Subrita.  Polybe,  /.  4,  c.  54, 
p.  445,  femble  l'appeller  Lampœorum  Urbs,  ffî  a-j/j- 
inuàv  \\ovï  ;  &  quelques  lignes  plus  bas,  il  en  nomme 
Amplement  les  habitans  A2/twTa70/„  Cela  s'accorde  avec 
la  Notice  de  Hiéroclés ,  qui  nomme  cette  ville  Lampes  t 
&  la  met  entre  les  fiéges  épiscopaux  de  cette  ifle.  Dt- 
metrius ,  fon  évêque ,  fouscrivit ,  l'an  451,  au  fécond 
concile  de  Chalcédoine  ;  &  Paulus  ,  l'an  43 1 ,  au  pre- 
mier d'Ephèfe. 

LAPPEN'.  Voyez  Lappons. 

LAPPIA.  Voyez  Lapponie. 

LAPPONIE,  grand  pays,  au  nord  de  l'Europe  Se  de 
la  Scandinavie ,  entre  l'Océan  feptentrional ,  la  Nor- 
wège  ,  la  Suéde ,  &  l'empire  Ruffien,  Elle  s'étend  des 
deux  côtés  du  cercle  polaire,  depuis  le  65e  degré  de  la- 
titude feptentrionale  jusqu'au  72e,  or.  depuis  le  31e  de- 
gré de  longitude  jusqu'au  60e.  Elle  eft  partagée  entre 
ces  trois  couronnes;  &  on  y  diftingue 

(Danoise, 
La  Lapponie/Suédoise, 

(.Moscovite  ou  Ruffienne, 

Avant  que  de  traiter  fes  divifions  nous,  parlerons  de  la 
Lapon  ie  en  général.  On  appelle  ce  pays  Le.ponit,  Lapie, 
Lapponie  ,  Lappie  ;  les  Allemands  difent  Lappeland: 
fes  habitans  font  nommés  Lapons  ,  Lappons  ,  Loppes  , 
Loppes  ,  Lapes:  les  Allemands  difent,  Lappcn  &  Lap- 
pelander,  on  les  appelle  auffi  Dikilopes  ;  ce  dernier  nom, 
dans  la  langue  Ruffienne  ,  fignifie  Lappons,  Sauvages 
qui  ne  demeurent  que  dans  les  bois;  c'eft  apparemment 
par  abbréviation  de  ce  mot ,  qu'ils  ont  été  auffi  nommés 
Kiloppes.  Ziégler  croit  que  la  Lapponie  a  été  nommée 
Lappie  ou  Lapie,  par  les  Allemands.  Les  peuples  de 
cette  région  ont ,  dit-il  ,  auffi-peu  de  jugement  que  d'a- 
drefte;  &  en  allemand  le  mot  de  Lappe ,  fignifie 'un 
homme  qui  fait  &  dit  toutes  chofes  mal-à-propos. 
Cela  ne  prouve  rien.  Les  Allemands  n'ont  connu  la  Lap- 
ponie ,  que  long-tems  après  les  Finnes  ou  Finons  ,  les 
Suédois  fk  les  Mofcovites.  Les  plus  anciennes  hiftoires 
d'Allemagne  ne  parlent,  en  aucune  manière  ,  de  la  Lap- 
ponie; &  la  fignification  du  mot  Lappe,  pour  dire  ftu- 
pide  &  mal-adroit,  n'eft  point  particulière  à  la  langue 
allemande.  Par  toute  la  Ruffie,  on  appelle  les  habitans  de 
la  Lapponie  Lappes  &C  Lappons  ;  &.  comme  la  langue 
Ruffienne  n'a  rien  de  commun  avec  les  autres  langues 
de  l'Europe  ,  il  n'eft  pas  vraifemblable  que  les  Runes 
ayent  emprunté  des  Allemands  le  nom  qu'ils  donnent 
à  un  pays  qui  leur  eft  limitrophe,  &  dont. ils  poffedent 
une  partie.  D'ailleurs  les  Lappons  ne  font  ni  fi  ftupides 
ni  fi  mal-adroits  qu'on  le  veut  perfuader.  Ils  ont  des  arts 
qu'ils  cultivent,  lis  font  des  ouvrages  à  l'aiguille;  01  por- 
tent des  habits  de  leur  façon ,  brodés  d'or  &  d'argent  ; 
ainfi  il  n'y  a  guères  d'apparence  que  le  mot  Lappon. 
vienne  de  Laper  ou  Kinlaper ,  qui  fignifie  en  Suédois 
pièce  &  guenille  ,  comme  fi  ,  par  ce  nom  ,  on  entendoit 
un  peuple  vêtu  de  haillons.  Il  n'y  a  pas ,  ce  femble,  non 
plus  lieu  de  croire  qu'ils  ayent  été  appellée  Leupes  ou 
Lopes ,  d'un  mot  Suédois ,  qui  veut  dire  courir  ;  les 
Lappons  ne  courent  pas.  Ils  s'élancent  ;  &c  avec  des  fou- 
liers  propres  à  aller  fur  la  glace,  ils  y  gliflent  d'une  ex- 
trême viteffe.  Je  crois,  dit  Scheffér,  qui  a  traité  ample- 
ment ce  qui  regarde  cette  nation  dans  un  livre  ,  dont  cet 
article  n'eft  qu'un  extrait;  je  crois,  dit-il,  que  la  Lapponie 
a  été  appellée  ainfi  ,  parce  qu'elle  eft  habitée  par  les  Lap- 
pes, dont  le  nom,  dans  la  langue  des  Finons,  ou  Finnes,1 
ou  Finois ,  veut  dire  ,  chaffes  du  pays  ,  &  pouffes  jus- 
qu'aux lieux  les  plus  reculés.  En  effet  les  Lappons  ont 
été  forcés  à  quitter  la  Finlande  ,  d'où  ils  font  originaire- 
ment fortis;  &  c'eft  pour  cela  que  les  Finnes,  les  Sué- 
dois &  les  Ruffes,  les  ont  nommés  Lappes  &  Lappons  : 
les  Allemands  ont  reçu  ce  mot  des  peuples  que  nous 
vennons  de  nommer;  &  de  Lappon  s'eft  fait  le  nom  de 
Lapponie ,  que  l'on  a  donné  à  leur  pays.  Mais  les  Lap- 
pons eux-inêmes  appellent  la  terre  qu'ils  habitent  Sab- 
micnladti.  Ils  haïffent  le  nom  de  Lappons ,  comme  une 
epithète  injurieufe.  Ce  nom  eft  même  affez  nouveau  ; 
il  eft  inconnu  aux  Grecs  St  aux  Latins  qui  parlent 
des  Finnes  ex  de  la  Finlande,  &  ne  difent  rien  de  ce 
TomtllU    Zzzzij 


7i2  LAP 

peuple  fous  ce  nom  là.  Saxon  le  Grammairien ,  auteur 
d'une  Hiftoire  de  Danemarck,  qui  flonflon  fur  la  fin  du 
douzième  fiécle  ,  eft  le  premier  qui  ait  parlé  de  la  Lap- 
ponie  &;  des  Lappons.  .<._ 

Tout  le  pays  que  l'on  comprend  aujourd'hui  ,  fous 
ce  nom  ,  a  été  connu  des  anciens  fous  le  nom  de  Scri- 
tofinnes.  SchefFer  y  joint  le  nom  de  BiarmU  ,  qui  a  été 
inconnu  aux  anciens.  Selon  lui  ,  ce  pays  comprenoit  plu- 
iieurs  peuples ,  les  Cynocéphales ,  les  Buziens,  les  Tro- 
glodytes, les  Pygmées  &  les  Hymantopodes  ,  &  fe  ren- 
doit  entre  les  montagnes  de  la  Norvège  ,  vers  l'occi- 
dent; entre  l'Océan  feptentrional ,  vers  le  nord  &  la 
mer  Blanche;  &  le  lac  de  Ladoga,  vers  l'orient.  lia  au 
midi  la  Finlande ,  la  Carélie,  la  Tavaftie ,  qui  font  à  l'o- 
rient, du  grand  golfe  de  Bothnie  ,  la  Bothnie  le  long  du 
golfe  de  même  nom  ;  &  au  couchant  de  ce  golfe  ,  l'In- 
germanie  &  le  Jempterland. 

La  Lapponie  Danoife ,  partie  de  la  Lapponie,  foumife 
au  roi  de  Danemarck.  On  entend  maintenant  une  lifiere 
de  la  Lapponie  ,  refTerrée  entre  la  Norvège ,  le  Nord- 
land ,  &  la  Lapponie  Suédoife.  Il  n'eft  pas  aifé  d'en  mar- 
quer au  jufte  les  véritables  limites. 

Si  nous  en  croyons  SchefFer ,  ou  plutôt  fon  traducteur 
le  P.  Lubin,  géographe  de  Sa  Majefté  très-Chrétienne, 
qui  a  drefle  une  carte  particulière  de  la  Lapponie  ,  inférée 
dans  la  traduction  françoife  de  l'Hiftoire  de  la  Lapponie 
de  cet  auteur,  la  Lapponie  Danoife  ,  la  Finmarke  (Fin- 
marchii)  &  la  Scritfinnie ,  eft  une  feule  &  même  contrée 
fans  villes  ni  bourgs  ni  villages  ,  depuis  les  monts  Fel- 
lices,  où  il  termine  la  Norvège,  jusqu'au  golfe,  qui  eft 
au  couchant  de  Porfanger.  Selon  lui  Andacoes ,  Troènes, 
Trumfoï,  Skrifoii,  Ewenes  ,  Lingen  ,  Huvalfund,  Por- 
fanger, Nordkaap  ,  Waranger ,  Lan^ord  &  TmokiU 
font  de  la  Lapponie  Suédoife.  Il  eft  pourtant  vrai  que 
tous  ces  lieux  n'en  font  point,  &C  appartiennent  à  la 
couronne  de  Danemarck.  Ils  ne  font  pas  même  compris 
aujourd'hui  dans  la  Laponie  Danoife  ;  mais  ils  font  par- 
tie du  royaume  de  Norvège. 

Il  faut  convenir  qu'ils  ont  été  cenfés  être  de  la  Lappo- 
nie ;  c'eft  pour  cela  que,  lorsqu'en  1600,  on  fit  des  ob- 
servations pour  régler  la  latitude  &  longitude  des  princi- 
pales places  de  la  Lapponie ,  ces  lieux  ne  furent  pas  né- 
gligés ,  &  fe  trouvent  dans  la  table  qu'on  en  fit  alors , 
&  que  nous  donnerons  ci-après.  Cependant  l'ufage  n'eft 
point  de  les  comprendre  dans  la  Lapponie  Danoife,  en- 
core moins  dans  la  Suédoife. 

Les  rois  de  Danemarck  &  de  Norvège ,  s'étant  ren- 
dus maîtres  de  toute  la  côte  qui  s'étend  depuis  le  golfe 
d'Oftrafiord  &  la  ville  de  Sergen ,  jusqu'à  la  rivière  de 
Pacz,  où  commence  la  Lapponie  Ruffienne,  l'unirent  à 
la  Norvège  &c  au  diocèfe  de  Drontheim.  Ce  diocèfe, 
comme  l'on  parle  en  ce  pays ,  ou  cette  préfecture  de 
Drontheim,  a  deux  parties  ;  l'une  qui  eft  la  préfecture 
de  Drontheim  proprement  dite  ,  où  eft  la  ville  de  ce 
nom  ;  l'autre  eft  appellée  Nordland  ,  c'eft-à-dire  pays 
feptentrional,  &  comprend  le  gouvernement  de  War- 
dhuys  ;  or  c'eft  dans  le  Nordland  que  fe  trouvent  les 
lieux  dont  nous  avons  parlé  ci-deflus ,  &  que  le  P.  Lu- 
bin met  très-mal  à-propos  dans^  la  Lapponie  Suédoife, 
quoiqu'ils  en  foient  bien  éloignés. 

L'origine  de  fon  erreur  eft  aifée  à  démêler.  Il  tra- 
duifoit  SchefFer,  qui  fait  profeffion  de  ne  traiter  que  de 
la  Lapponie  Suédoife  ;  &.  trouvant  dans  ce  même  livre 
une  table  des  longitudes  &c  latitudes  des  places  de  la 
Lapponie,  fituées  au  couchant  &  au  nord  de  la  Suéde, 
il  a  cru  que  toutes  ces  places  étoient  de  la  Lapponie  Sué- 
doife, quoique  SchefFer  ne  le  dife  pas.  Cette  erreur  lui 
a  fait  commettre  une  faute  encore  plus  grande.  Perfuadé, 
comme  il  eft  vrai ,  que  toute  cette  côte,  depuis  la  Nor- 
vège jusqu'à  Porsanger,  eft  au  Danemarck,  Se  voulant 
pourtant  donner  à  la  Suéde  tout  ce  qui  eft  nommé  fur 
la  table  des  longitudes  &  latitudes,  fournie  par  SchefFer, 
il  a  éloigné  de  la  mer,  &  même  de  la  côte,  plufieurs 
places  qui  font  en  effet  au  bord  de  la  mer  immédiate- 
ment. 11  met  dans  les  terres,  aflez  loin  de  la  mer,  Troè- 
nes 6c  Skrifoé ,  qui  font  réellement  des  ifles  fur  ia  côte 
du  Nordland. 

Concluons  de  ces  remarques,  que  laLapponie  Danoife 
eft  un  nom  qui  peut  être  pris  dans  deux  fens  très-diffé- 
rens  :   l'un  très-étendu,  comprend  fous  ce  nom  le  pays 


LAP 


qui  eft  entre  le  gouvernement  de  Drontheim  ,  en  Nor- 
vège, la  mer,  la  rivière  de  Pacz  &C  la  Lapponie  Sué- 
doise ;  l'autre,  plus  conforme  à  l'ufage  préfent,  détache  de 
tout  ce  pays  toute  la  côte  nommée  le  Nordland,  jus- 
qu'au gouvernement  de  "Wardhuys  inclufivement,  fk  ré- 
lèrve  le  nom  de  [Lapponie  à  une  lifiere  du  pays  froid 
fîérile  &  presque  dèlert  entre  le  Nordland  &  la  Lappo- 
nie Suédoife.  Il  n'y  a  ni  ville,  ni  bourgs,  ni  peut-être  au- 
cun village  dans  ce  canton.  Il  y  a  pourtant  quelques  pau- 
vres habitans ,  dont  on  voit  quelques-uns  venir  en  Nor- 
vège ,  &  même  en  Danemarck. 

La  Lapponie  Suédoife  eft  la  plus  confidérable  des 
trois Lapponies,  &,  pour  ainfi  dire,  la  feule  qui  foit  bien 
peuplée  à  proportion  d'un  climat  où  le  froid  eft  fi  rigou- 
reux. Elle  eft  bornée  au  nord  par  la  Lapponie  Danoife, 
à  l'orient  par  la  Lapponie  Moscovite  ,  au  midi  par  les 
provinces  de  Bothnie ,  d'Angermanie  &  d'Iempterland, 
qui  font  de  la  Suéde ,  Se  au  couchant  par  une  chaîne  de 
montagnes  ,  qui  la  féparent  de  la  Norvège.  On  peut 
l'appeller  h)Lapponie  méridionale  ;  &,  par  la  même  rai- 
fon,  la  Danoife  fera  la  Lapponie  feptentrionale ,  St  la 
Moscovite  la  Lapponie  orientale. 

On  divife  la  Lapponie  Suédoife  en  fix  provinces  ou 
cantons  : 

Angermanland-Lapmarck,  ou  Lapponie  d'Angermanie. 
Uhma-Lapmarck ,  ou  la  Lapponie- d'Uhma. 
Pita,  ou  Pithéa-Lapmarck ,  ou  laLapponie  dePithéa. 
Lula,  ou  Luhléa-Lapmarck,  ou  la  Lapponie  de  Luhléa. 
Torna,ou  Tornéa-Lapmarck,ou  la  Lapponie  deTornéa. 
Kimi,  ou  Kiémi-Lapmarck ,  ou  la  Lapponie  de  Kimi. 

Chacune  de  ces  contrées  prend  fon  nom  de  la  principale 
rivière  qui  l'arrofe.  Ces  contrées  fe  fubdivifent  en  d'au- 
tres petites ,  que  l'on  nomme  Biar. 

La  Lapponie  d'Angermanie  n'a  qu'un  feul  biar  nommé 
Aofalha. 

La  Lapponie  £Uhma  a  quatre  biars  ,  félon  SchefFer; 

Uhma,      Lai  ou  Ramby,       Granbi,      Vapften. 

De  l'Ifle,  qui  en  retranche  Uhma  ,  pour  le  donner  à  la 
Bothnie,  met  cinq  biars  ;  car,  en  la  place  d'Uhma,  il  met 
ceux  de  Loisby  &  de  Likfala. 

La  Lapponie  de  Pitchéa  ou  Pita,  en  a  fept,  félon 
SchefFer  : 


Graotceksby , 
Arfuvejefrby, 


Lochteby,         Nordvefterby, 
Wifierby,  Wefterby, 

Arieplogsby.     ' 


De  l'Ifle ,  qui  dit  Semijîerwi  pour  Wiflersbl ,  ajoute  uns 
huitième  biar ,  favoir  NafTafiel. 

La  Lapponie  de  Luhla  a  cinq  biars ,  félon  SchefFer; 

Jochmoch,  Torpenjaur, 

Sochioch ,  Zerchiflocht , 

Rautomjaur. 

De  l'Ifle  y  en  met  encore  un  fixiéme ,  favoir  Syrovoma; 
La  Lapponie  de  Tornéa  en  a  huit ,   félon  SchefFer  : 


Tingavara  , 
Siégevara, 
Sondevara, 
Ronolabi, 


Pellejerf, 
Kantekiémo  ,' 
Aviovara , 
Tenouthfejochki. 


;&le 


De  l'Ifle  nomme  le  fécond  Seqwaro  ou  Sié[ 
quatrième  ,  pays  de  Rounala. 

La  Lapponie  de  Kemi  a  aufîî  huit  biars ,  qui  font 

Enaraby,  Manfialka,  ou  Manfelkei 

Sambéaoby ,  Saodenkila , 

Kimibi  ou  Kiémikila,     Kitilabi , 
Kolajert. 

Schefrer  en  compte  huit  ,  &  n'en  nomme  que  fepT. 
De  Fille  nomme  le  huitième  Somby.  SchefFer  compte 
en  tout  dans  les  fix  contrées  trente  -  trois  biars.  De 
l'Ifle  en  met  trente-lix,  comme  nous  avons  obfervé. 


LAP 


LAP 


Chaque  blar  contient  plufieurs  feux  ,  ou  famille?  que 
les  Suédois  appellent  Rekar;  chaque  rekar,  a  pour  (e  nour- 
rir lui  6k  fes  troupeaux,  une  portion  de  terre ,  où  il  y  a 
des  bois,  des  lacs,  des  ruiffeaux,  6k  qui  n'eft  fermée 
ni  de  foffés  ni  de  murailles.  Cette  étendue  de  terrein 
eft  ordinairement  très-grande  ,  &  il  fe  trouve  plufieurs 
rekars  qui  ont  de  tous  côtés  plus  de  dix  lieues  d'éten- 
due. 

La  Lapponic  RuJJienne,  ou  Moscovite  ,  eft  bornée  au 
nord  par  l'Océan;  à  l'orient,  par  la  mer  Blanche,  qui  y 
forme  un  grand  golfe  ,  6k  par  la  rivière  de  Zaloticza  qui 
a  ion  embouchure  dans  cette  mer,  au  levant  de  Kiémi. 
Les  bornes  quittent  enfuite  cette  rivière  pour  courir 
plus  au  midi  ;  enfuite  elles  fuivent  une  ligne  presque  pa- 
rallèle à  cette  rivière,  jusqu'à  fa  fortie  du  lac  de  Mau- 
ringogerwl  ;  après  quoi,  elles  remontent  le  lac  dePajer- 
fui  ;  6k ,  courant  le  long  du  méridien  qui  eft  par  le  47e  cl. 
de  longitude ,  elles  fe  tournent  vers  le  nord-eft ,  paffent 
à  l'orient  du  lac  d'Enare ,  6k  vont  joindre  la  rivière  de 
Pacz  ,  qui,  à  ion  embouchure,  fépare  cette  Lapponie  du 
gouvernement  de  Wardhuys.  Ainfi  elle  a  la  Carélie  Sué- 
doife  au  midi ,  la  Carélie  Moscovite  6k  la  mer  Blanche 
à  l'orient  ;  la  Lapponie  Suédoife,  laDanoife,  &  le  gou- 
vernement de  Wardhuys  au  couchant,  &  l'Océan  au  nord 
oriental.  Les  villes  6k  bourgs  font  le  long  des  côtes.  En 
commençant  par  le  midi  de  la  mer  Blanche,  on  trouve, 
en  faifant  le  tour  du  golfe  , 

Kiémi ,  ville  fur  l'embouchure  de  la  Salotitza. 

L'ifle  de  Solofski,  où  eft  un  monaftere  de  même  nom. 

Kéretti ,  ouICiélit,  à  l'embouchure  de  la  rivière  fraî- 
che. 

Kéméloé,  ifle  accompagnée  de  quelques  autres. 

Kovoda,  à  l'embouchure  d'une  rivière  qui  vient  du 
lac  de  Pajerfwi.j 

Kandalax  ,  ou  Kandalox. 

Ombai ,  à  l'embouchure  de  la  rivière  de  même  nom, 
qui  tombe  dans  la  Gouba  ou  rivière  falée. 

Volna-Oftrof ,  ou  l'ifle  des  Cerfs. 

Le  cap  de  Touria. 

Soutkete ,  1 

Cascavaron ,  j 

Varfiga,  }  bourgs  ou  villages: 

Polengi , 

Pélitza,  j 

Sousnowitz ,  ou  l'ifle  de  la  Croix. 

Les  trois  ifles ,  à  l'embouchure  de  la  rivière  de  Po- 
noi. 

Le  cap  Orlogone ,  avec  une  baie  6k  un  mouillage  à 
l'entrée  de  la  mer  Blanche. 

Les  ifles  de  Lombacho. 

Le  cap  de  Svetenoës  ,  6k  les  ifles  de  même  nom , 
dans  une  anse  ,  au  fond  de  laquelle  eft  le  bourg  de  la 
Jokéna,  fur  une  rivière  nommée  de  même,  fort  abon- 
dante en  poiflons. 

Nook-Oftrof ,  en  françois ,  l'ifle  du  Clou  ;  les  Hol- 
landois  l'appellent  Nagel-Eylant. 

Le  golfe  du  Marinier. 

Les  Sept-Ifles,  à  l'embouchure  d'une  rivière  remplie 
de  faumons  ;  presque  toutes  les  rivières  de  cette  côte 
en  font  pleines. 

La  baie  d'Or. 

Daëlna-Olinie,  ou  Olinie  l'éloignée  ,  pour  la  diftin- 
guer  de  l'autre  ifle,  nommée  aufli  Olinle. 

Daëlna  Silenfi  ,  ou  Silenfi  l'éloigné  ,  port  ainfi  fur- 
nommé  par  la  même  raifon. 

Le  port  Gabriel. 

Le  port  de  Varonia. 

Bliesna-Olinie,  ou  l'ifle  d'Olinie ,  qui  eft  proche. 

Bliesna-Silenfi ,  port  de  Silenfi,  qui  eft  proche. 

L'ifle  de  Kilduin. 

La  rivière ,  la  ville  6k  le  lac  de  Kola. 

L'ifle  des  Pêcheurs. 

Petzinka ,  rivière,  avec  un  monaftere  de  même  nom. 

Dans  les  terres  ;  le  lac  de  Polina  ou  Polina-Ozéro, 
avec  une  ville  nommée  aufli  Polina.  C'eft  de  ce  lac 
que  fort  la  rivière  de  Jockéna,  dont  nous  avons  parlé 
ci-defîus. 


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Description,  gênerait  des  Lappons  ;  Extrait  de  Cklfiolre 
de  la  Lapponie  par  Sckejfer. 

Les  Lappons  font  les  plus  petits  hommes  du  fepten- 
tnon ,  n'ayant  ordinairement  que  trois  coudées  de  hau- 
teur. On  en  voit  même  qui  font  encore  plus  petits.  Us 
font  la  plupart  laids  &  courbés.  Les  Lapponnes  font  beau- 
coup moins  laides.  Elles  ont  les  cheveux  noirs  ,  6k  fur  le 
vifage  un  rougenaturel ,  mêléfde  blanc ,  qurn'eft  pas  defa- 
gréable.  Les  hommes  ont  le  vifage  pâle,  bafané  ,  le 
corps  noir  6k  comme  roux,  l'eftomac  large  ,  le  ventre 
petit,  les  cuiffes  6k  les  pieds  menus,  la  tête  groffe,  le 
vifage  6k  le  front  larges  ,  les  yeux  bleus,  enfoncés  6k  chaf- 
fieux ,  le  nez  court  ck  plat ,  les  joues  abbatues ,  le  menton 
long  ,  les  cheveux  courts ,  droits ,  durs  6k  noirs ,  ainfi 
que  la  barbe.  Ils  font  fort  colères  ck  brutaux.  Les  femmes 
fur-tout  s'emportent  jusqu'à  l'excès. 

La  Lapponie  eft  fi  voifine  du  pôle ,  que  le  foleil  ne  s'y 
couche  pas  l'été ,  ck  que  l'hyver  il  n'y  paroît  point  fur 
l'horizon.  Us  ont  en  hyver  trois  mois  de  nuit,  ck  au- 
tant de  jour  en  été.  Le  froid ,  qu'on  fouffre  dans  cette  pre- 
mière faifon  eft  fi  violent,  qu'il  n'y  a  que  les  naturels  du 
pays,  qui  le  puiffent  fupporter.  Les  fleuves  les  plus  rapides 
fe  trouvent  fouvent  gelés,  ck  la  glace  eft  épaiflë  d'une,  de 
deux,  6k  quelque  fois  de  trois  coudées. La  chaleur  n'eft  guè- 
res  moins  exceflive  dans  l'autre  faifon;carlesLapponsri'ont 
ni  printems  ni  automne.  Quoique  le  foleil  ne  donne  pas 
à  plomb  fur  la  Lapponie  ,  cependant  lorsqu'il  entre  dans 
le  figne  de  l'écreviffe,  la  chaleur  augmente  6k  continue 
dans  ce  pays  ,  pendant  quelques  mois ,  fans  qu'elle  puifle 
être  modérée  par  la  fraîcheur  de  la  nuit.  Ce  qui  tempère 
cette  chaleur,  ce  font  les  vapeurs  de  la  mer  voifine  ,  ck 
les  neiges ,  qui  demeurent  tout  l'été  dans  des  foffes  ou 
il  y  a  de  l'ombre,  6k  fur  le  fommet  des  hautes  monta- 
gnes. Il  y  pleut  rarement  au  fort  de  l'été;  mais  l'hyver 
la  terre  eft  toute  couverte  de  neige.  Le  ciel  eft  d'ordi- 
naire ferein  en  Lapponie  ,  l'air  net  6k  fain,  à  caufe  qu'il 
y  eft  agité  par  de  fort  grands  vents ,  qui  font  presque 
continuels.  Les  Lappons,  pour  fe  dérober  à  leur  fureur, 
fe  jettent  dans  des  cavernes  6k  dans  le  creux  des  rochers 
avec  tous  les  animaux  dont  ils  fe  fervent,  6k  ils  y  de- 
meurent tant  que  dure  la  tempête.  La  terre  n'eft  ni  grade 
ni  maigre,  mais  fi  pleine  de  pierres  6k  de  rochers  ,  que 
le  grain  n'y  peut  venir  :  le  terroir  en  plufieurs  lieux  eft 
humide  6k  mou  ;  enforte  qu'il  s'affaifle  fous  le  pied  ,  à 
caufe  de  l'incroyable  quantité  de  marais  6k  de  ruiffeaux. 
Aufli  ne  s'y  trouve-t-il  presque  point  d'endroit  où  l'on 
puifle  labourer  commodément.  Il  y  a  des  pâturages  fort 
gras ,  de  petits  arbres  qui  naiffent  fans  avoir  été  plan- 
tés ,  de  très-bonnes  herbes  à  manger ,  6k  d'autres  de  dif- 
férentes espèces  d'un  verd  admirable.  La  Lapponie  eft 
pleine  de  montagnes  ,  aufli-bien  que  de  rochers.  Celles 
qu'on  nomme  Dofrlms ,  font  la  féparation  de  la  Nor- 
vège d'avec  la  Suéde.  Leur  hauteur  eft  effroyable  ;  6k  les 
vents,  qui  régnent  fur  leur  fommet,  empêchent  les  arbres 
d'y  prendre  racine.  Au  pied  de  celles  qui  féparent  la 
Norvège  de  la  Lapponie,  on  trouve  de  vaftes  forêts  où 
il  y  a  clés  lacs ,  des  marais ,  6k  où  les  arbres  font  affez 
éloignés  les  uns  des  autres.  Au  bas  des  coteaux  on  voit 
des  vallées  charmantes  ,  qu'arrofent  un  nombre  presque 
infini  de  belles  fontamesek  d'agréables  ruiffeaux,  qui 
fe  déchargent  dans  les  rivières  6k  les  lacs  ,  6k  de-là  dans 
le  golfe  de  Bothnie.  Quant  aux  bêtes  fauvages ,  il  y  en 
a  une  multitude  prodigieufe  ,  avec  une  fi  grande  quan- 
tité d'oifeaux  6k  de  poiflons ,  que  la  plupart  des  habitans 
s'en  nourriflënt.  Ce  pays  abonde  d'ailleurs  en  gibier  6k 
en  venaifon  ;  enforte  qu'ils  en  font  trafic  avec  les  na- 
tions voifines. 

Les  Lappons  étoient  payens  avant  que  d'embraffer  le 
Chriftianisme,  6k  leur  religion  nedifféroit  pas  beaucoup 
de  celle  des  Finons  ;  le  mot  de  Jumala  eft  encore  en  ufage 
chez  eux,  6k  lignifie  Dieu.  Ils  ont  aufli  adoré  pour  Dieu, 
celui  que  les  Suédois  appellent  Thor;  mais  on  ne  peut 
rien  dire  de  certain  touchant  le  cuire  que  les  Lappons 
rendoient  à  ces  dieux.  Ce  qu'il  y  a  ,ii-  confiant,  c'eft 
que  Jumala  étoit  repréfenté  fous  la  figure  d'un  homme 
aflîs  fur  un  espèce  d'autel,  une  couronne  fur  la  tête,  or- 
née de  douze  pierres  précieufes ,  avec  un  collier  d'or  de 
trois  cents  marcs  au  cou  ;  d'autres  diient  qu'au  lieu  d'un 


LAP 


734 

collier ,  il  avoit  autour  du  cou  un  ruban  d  ou  penaoït 
une  espèce  de  médaille  d'or  gravée ,  ci  couverte  de  pier- 
reries. 

Oluiïs  rapporte  dans  Ton  Hiftoire ,  qu  on  avoit  bâti  au 
dieu  Jumala  en  une  forêt  une  manière  de  temple  où  les 
peuples  les  plus  éloignés,  auffi-bien  que  les  plus  proches, 
venoient  l'adorer ,  &  que  ce  temple  étoit  entouré  d'une 
haie  fort  haute ,  fermée  d'une  porte  ,  pour  en  défendre 
l'entrée  à  ceux  à  qui  il  n'étoit  pas  permis-d'en  approcher. 
L'iHitoire  d'Herrodi  nous  apprend  que  l'or  ,  6c  tout  ce 
qu'il  y  avoit  de  plus  précieux ,  ayant  été  enlevé  de  ce 
temple  ,  la  figure  du  dieu ,  &  tous  les  ornemens  facrés , 
furent  brûlés  &  réduits  en  cendres ,  ce  qui  tait  connoître 
qu'elle  étoit  de  bois. 

Les  Lappons  difent  qu'ils  n'ont  été  inftruits  des  mys- 
tères de  la  religion  chrérienne,  que  depuis  deux  fiécles. 
Au  tems  de  Guftave,  roi  de  Suéde,  quand  fes  officiers 
alloient  en  Lapponie ,  pour  y  recevoir  les  droits,  ils  étoint 
accompagnés  de  prêtres  qui  baotifoient  les  enfans.  On  ne 
fe  contentoit  pas  de  leur  faire  une  fimple  prédication, 
on  les  obligeoit  de  de  l'entendre  fk  d'en  rendre  compte. 
Charles  IX  fut  le  premier  qui  prit  le  foin  de  faire  bâ- 
tir des  églifes  en  chaque  contrée ,  &  de  mettre  en  cha- 
cune de  ces  églifes  des  prêtres  entretenus^  à  fes  dépens. 
On  en  bâi  it  deux  en  la  Lapponie  de  Torna,  l'une,  en  1 600, 
appellée  Tenotekis  ;  ik  l'autre  trois  ans  après,   fous  le 
nom  dejukasjerf.  La  reine  Chriftine  donna  fes  lettres 
patentes,  en  164O,  pour  la  conftru&ion  de  quatre  au- 
tres églifes  à  Jiwiti-jcrf,  à  Arieplog ,  à  Silbojoch  &  à 
Nafifid.  Depuis  ce  tems-là,  il  y  a  toujours  eu  des  églifes 
de  Chrétiens  dans  la  Lapponie.  Elles  font  fort  fimples, 
mais  fort  propres  :  leurs  matériaux  font  des  pieds  d'ar- 
bres. On  y  a  conftruit  de  petits  bâtimens  tout  auprès, 
afin  d'y  mettre  des  cloches.  Il  y  a  des  chambres  pour 
la  demeure  des  prêtres ,  &  pour  tenir  à  couvert  la  mul- 
titude du  peuple,  qui  vient  de  fort  loin,  &  fe  délaffe 
en  hiver  auprès  du  feu  qu'on  y  fait.  Les  Lappons  aiment 
&  honorent  leurs  prêtres,  qu'ils  appellent  herfai,   c'eft- 
Z-due  feigneurs.  Quand  ces  prêtres  leur  viennent  rendre 
vifite ,  ils  vont  fort  loin  au-devant  pour  les  prendre  fur 
leurs  rennes  ,  &  les  amènent  dans  leurs  cabanes  prépa- 
rées pour  les  recevoir,  avec  de  petites  branches  de  bou- 
leau, jettées  par  terre,  St  couvertes  de  peaux  de  rennes. 
Tous  les  Lappons  de  la  famille  y  accourent  &  les  fa- 
luent  avec  une  grande  humilité.  Ils  ont  pour  fervice  du 
poiflon  fec  ,    de  la  chair  de  renne  deffechée ,  des  lan- 
gues rôties  &  des  os  chauffés  au  feu,  qu'ils  caffent ,   & 
dont  ils  tirent  la  moelle.  Ils  mangent  ces  viandes  fans  pain 
&  fans  fel ,  mais  ces  prêtres  en  apportent  avec  eux,  ainii 
que  du  vin.    Les  Lappons  leur  préfentent  de  l'eau  pour 
boire,  dans  des  taffes  faites  d'écorces.   Ils  gardent  reli- 
gieufement  les  dimanches  &c  fêtes.    Quelques-uns  même 
quitent  le  travail  dès   le  famedi.    Ils   font  auffi  repofer 
leurs  troupeaux  ik  leurs  bêtes  de  monture;  &C  il  s'en 
trouve  de  iî  fcrupuleux,  qu'ils  ne  veulent  pas  traire  ces 
jours-là.  Il  entendent  fort   attentivement  la  prédication  , 
&  chantent  les  pfeaumes  en  commun.   Us  font  grand  état 
d;s  facremens,  fur-tout  du  baptême.  Ainfî,  dix  ou  douze 
jours  après  que  les  femmes  font  accouchées,  elles  entre- 
prennent de  longs  voyages,  au  travers  des  plus  hautes 
montagnes,  le  long  des  lacs,  &  au  milieu  des  forets, 
pour  porter  leurs  enfans  au  prêtre  Sr.  les  faire  baptifer. 
Us  confeffent  leurs  péchés  avant  que  de  fe  préfenter  à  la 
communion  qu'ils  reçoivent  avec  un  profond  respeft. 
.  Quoique  les  rois  6c  les  prêtres  n'ayent    épargné  ni 
peines   ni  foins  pour  détruire   la   fuperftition  dans  leur 
esprit,  la  plupart  la  confiderent  comme  l'héritage  qui 
leur  a  été  laiffé  par  leurs  ancêtres,  qu'ils  ne  veulent  acu- 
fer  ni  d'impiété  ni  d'ignorance,  ne  pouvant  croire  qu'ils 
ayent  été  allez  dépourvus  de  jugement,  pour  n'avoir  pas 
fu  ce  qu'ils  doivent  adorer  pour  Dieu.  Ils  observent  les 
tems  &  les  faifons,  &  établirent  deux  fortes  des  jours, 
les  uns  blancs,  les  autres  noirs.  Us  mettent  au  nombre 
des  noirs  les  fêtes  de  S.  Clément ,  de  S.  Marc   rk  de 
fainte  Catherine;  &  loin  d'ofer  entreprendre  ces  jours- 
là  aucune  affaire  importante,  ils  s'abftiennent  de  chaffer. 
Ils  font  des  réflexions  fuperftitieufes  fur  le  premier  ani- 
mal qu'ils  voient  en  fortant  de  leurs  cabanes,    &  ne 
permettent  point  à  leurs  femmes  d'en  fortir  par  la  même 
porte  qu'ils  en  font  fortis,  pour  aller  chaffer.  Ils  ne 


LAP 


croient  que  foiblement  à  la  réfurredtion  des  morts  &  à 
l'immortalité  des  âmes ,  fk  donnent  au  vrai  Dieu  &  à 
Jefus-Chnft  des  dieux  imaginaires  pour  compagnons. 
Ceux  de  Pitha  &  de  Luhlâ  ont  trois  dieux  ,  Tlwr  ou 
liwrdoën,  Storjunkare  &  le  foleil,  avec  d'autres  dieux 
moins  confidérables.  Les  Lappons  révèrent,  fous  quelque 
nom  que  ce  ibit  les  mânes  ,  c'eft-à-dire  les  âmes  qui 
font  forties  du  corps  des  hommes,  parce  qu'ils  croient 
qu'après  la  mort  il  demeure  quelque  chofe.  Ils  craignent 
extrêmement  ces  âmes  fk  les  tiennent  mal-faifantes> 
jusqu'à  ce  qu'elles  foient  rentrées  en  d'autres  corps.  Ou- 
tre ces  maues,  ils  ont  des  fpeâres  tk  des  démons  qu'ils 
croient,  roder  autour  des  rochers  &  des  montagnes,  fur 
les  lacs  &  les  rivières;  ik  ils  leur  rendent  quelque  forte 
d'honneur  divins,  comme  fai:oient  les  Romains  aux  Fau- 
nes ,  aux  dieux  des  bois  ck  aux  Tritons.  Il  y  a  encore ,  à 
ce  qu'ils  difent,  de  bons  fk  de  mauvais  génies.  Ils  les  ap- 
pellent la  troupe  des  Julhins ,  &  s'imaginent  que  ces 
esprits  courent  par  l'air  en  grand  nombre  ,  principale- 
ment au  tems  des  fêtes  de  Noël,  qu'ils  nomment  Julh 
en  leur  langue. 

Le  premier  dieu  desLappons,  qui  font  demeurés  ido« 
làtres ,  eft  appelle  en  Suédois  Thor  ou  Thordo'én,  qui 
veut  dire  le  tonnerre.  Ils  lui  donnent  en  leur  langue  le 
nom  de  Tiermes  ,  qui  lignifie  tout  ce  qui  fait  un  bruit 
effroyable ,  &  celui  SAijeke ,  aïeul ,  bifaïeul  fk  tri— 
faïeul.  Us  l'adorent  comme  ayant  pouvoir  de  vie  fk  de 
mort  fur  tous  les  hommes,  &  lui  attribuent  celui  de  châ- 
tier &  foudroyer  quelquefois  les  démons  mal-faifans.  Ils 
lui  donnent  un  arc  pour  cela,  afin  qu'il  puiffe  tirer  fes 
flèches  contre  eux.  Le  lieu  où  ils  adorent  ce  dieu ,  eft 
derrière  leurs  cabanes ,  dont  il  n'eft  éloigné  que  d'un 
trait  de  flèche.  Us  dreffent  en  cet  endroit  une  espèce  de 
de  plancher  ou  de  grande  table  ,  qui  reffemble  à  un  au- 
tel, &  tout-à-1'entour  ils  mettent  des  branches  de  pin  fk 
de  bouleau,  qui  marquent  l'espace  fk  la  grandeur  de  cette 
forte  de  temple.  Us  bordent  de  branches  des  mêmes  ar- 
bres l'allée  qui  conduit  de  la  cabane  à  ce  lieu  facré.  La 
figure  du  dieu  Toron  fk  Termes  eft  toujours  de  bois  de 
bouleau.  Ils  donnent  à  cette  idole  une  forme  groffiere 
&  en  font  la  tête ,  avec  la  racine  du  bouleau  ,  fk  tout  le 
refte  du  corps,  avec  le  tronc  du  même  arbre.  Afin  qu'on 
fâche  que  c'eft  l'idole  de  Toron,  ils  lui  mettent  à  la  main 
droite  un  marteau  qui  eft  fa  marque  particulière ,  &C  lui 
fichent  en  la  tête  un  clou  d'acier  ou  de  fer,  auquel  ils 
attachent  un  petit  caillou ,  afin  que  ce  dieu  puiffe  faire 
du  feu  quand  il  lui  plaira.  Tous  les  ans,  quand  l'hiver 
approche ,  ils  font  une  nouvelle  ftatue  à  ce  dieu ,  dans 
les  facrifices  qu'ils  lui  offrent ,  &  lui  immolent  un  renne 
mâle,  lui  perçant  le  cœur  avec  la  pointe  d'un  couteau. 
Us  reçoivent  dans  un  vafe  le  fang  qui  en  fort ,  fk  en 
frotent  aufli-tôt  la  tête  fk  le  dos  de  l'idole,  après  quoi 
ils  lui  en  tracent  fur  l'eftomac ,  des  lignes  en  forme  de 
croix.  Cela  fait ,  ils  adorent  cette  idole ,  derrière  la- 
quelle ils  arrangent  le  bois  &  les  plus  grands  os  de  la 
tête  du  renne  immolé.  Us  mettent  devant  cette  même 
idole  une  espèce  de  boëte  faite  d ecorce  de  bouleau  y 
pleine  de  petits  morceaux  de  chair,  pris  de  toutes  les  par- 
ties du  corps  de  ce  renne ,  avec  la  graifle  fondue  par- 
deffus. 

Le  fécond  des  principaux  dieux  des  Lappons  idolâtres 
eft  appelle  Storjunkare.  Ils  font  perfuadés  que  la  plupart 
des  biens  ne  font  accordés  aux  hommes  que  par  fon  mi- 
niftere,  fk  que  tous  les  animaux  font  fous  fon  empire. 
Us  prétendent ,  félon  Jean  Tornéus ,  qu'il  a  fouvent  ap- 
paru à  ceux  qui  pêchoient  ou  chafioient  aux  oifeaux,  tous 
la  figure  d'un  homme  de  belle  taille,  vêtu  de  noir  ,  te- 
nant à  fa  main  un  mousquet,  avec  cette  feule  différence 
que  fes  pieds  étoient  femblables  à  ceux  des  oifeaux  ;  que 
toutes  les  fois  qu'ils  l'ont  apperçu  ou  debout  fur  le  ri- 
vage ou  dans  le  bateau,  leur  pêche  a  été  heureufe  ;  qu'a- 
vec fon  mousquet  il  a  plusieurs  fois  tiré  en  volant ,  tué 
des  oifeaux  fk  qu'il  les  a  diftribués  à  ceux  qui  fe  font 
trouvés  préfens.  Le  lieu  où  ils  le  levèrent  eft  quelque 
rocher  ,  le  bord  d'un  marais  ou  quelque  caverne  des  plus 
inaccefubles,  perfuadés  que  ce  dieu  'épiait  à  y  demeurer. 
La  figure  de  Storjunkare  eft  de  pierre  ;  fk  c'eft  de  ces 
idoles  que  les  auteurs  parlent,  quand  ils  difent  que  les 
idoles  des  Lappons  font  de  grandes  pierres.  La  victime , 
qu'ils  irn;nolent  à  ce  dieu,  eft  pour,  l'ordinaire,  un  renne 


LA? 


LAP 


mâle.  Us  lui  paffent  un  filet  rouge  au  travers  de  l'oreille 
droite,  &  l'attachent  derrière  la  cabane,  au  même 
endroit  où  ils  ont  coutume  d'attacher  la  victime  de  i  o- 
ron.  Ensuite  ils  l'immolent  de  la  même  manière  ,.  & 
gardent  auffi  le  fang  qui  en  eiî  forti.  Cela  fait,  celui  qui 
a  eu  le  loin  du  facrifice,  porte  le  bois  de  la  victime 
avec  les  os  de  la  tête  &t  du  cou,  les  pieds  tk  les  on- 
gles ,  fur  la  montagne  dédiée  au  Storjunkare.  Quand 
il  eft  arrivé  ,  Se  qu'il  approche  de  la  pierre  facrée,  il 
s'incline  profondément,  fléchit  les  genoux,  &  lui  rend 
de  grands  honneurs  ;  après  quoi,  il  frotte  la  pierre  avec 
le  fang  qu'il  a  apporté,  Se  une  partie  de  la  graiffe  du 
jnéme  animal.  11  met  le  bois  derrière  l'idole  ,  attachant 
à  la  corne  droite  la  partie  avec  laquelle  cet  animal  mul- 
tiplie fon  espèce,  &  à  la  corne  gauche  un  filet  rouge, 
paffé  au  travers  d'un  morceau  d'étain ,  avec  une  petite 
pièce  d'argent. 

Leur  troifïéme  dieu  eft  le  foleil,  qu'il  appellent  Balwe. 
Ils  t'honorent  tout  l'été  ,  parce  qu'il  a  diflipé  les  ténèbres 
où  ils  étoient  avant  qu'il  leur  eût  rendu  la  lumière,  & 
qu'il  leur  eût  apporté  la  chaleur.  Us  l'adorent  auffi  comme 
l'auteur  de  toutes  les  productions.  Us  n'ont  aucune  image 
du  foleil,  à  caufe  que  de  lui-même  il  eft  vifible,  &  ne  lui 
fecri fient  que  des  rennes  jeunes  Sr.  femelles.  Us  y  obfervent 
les  mêmes  cérémonies  dont  on  a  parlé,  fi  ce  n'eft  que 
le  filet,  qu'ils  paffent  au  travers  de  l'oreille  droite  du  renr.e 
eft  blanc.  Us  ne  prennent  pas  non  plus,  comme  aux  au- 
tres facrïfices  une  branche  de  bouleau,  mais  de  bois  de 
faule  ,  pour  faire  le  cercle  qui  eft  de  la  grandeur  des 
cerceaux  dont  on  relie  les  demi-tonnes  de  bière.  Us 
attachent  à  ce  cerceau  de  petits  morceaux  de  chair,  pris 
de  chacune  des  parties  du  corps  de  la  victime,  Sr.  les 
pendent  derrière  leur  cabane  fur  une  espèce  de  table,  & 
au  même  lieu  où  ils  offrent  des  facrifices  à  Toron.  Us 
rangent  fur  cette  table  ,  en  forme  cercle,  les  os  princi- 
jaux  de  la  victime. 

Us  n'offrent  jamais  de  facrifices  à  Toron  ,  à  Storjun- 
kare ou  au  Soleil,  qu'ils  n'ayent  reconnu  auparavant,  par 
le  moyen  d'un  Inftiument  qu'ils  nomment  Kannus , 
presque  femblable  au  tambour  des  anciens ,  fi  la  victime 
fera  agréable.  Après  qu'ils  l'ont  attachée  derrière  la  ca- 
bane, ils  tirent  un  poil  de  deffous  le  cou  du  renne ,  Sr.  l'at- 
tachent à  un  àes  anneaux  du  tambour  dont  ils  veulent  fe 
fervir  ;  un  d'entr'eux  frappe  fur  ce  tambour  ;  Sr.  les 
hommes  mêlant  leurs  voix  à  celles  des  femmes  ,  de- 
mandent en  chantant,  fi  le  dieu  veut  agréei  la  victime. 
Si  le  paquet  d'anneaux ,  à  l'un  desquels  on  a  attaché 
le  poil ,  fe  remue  en  même  tems  qu-on  frappe  fur  le 
tambour,  &  qu'il  aille  fe  repofer  fur  la  figure  de  Toron,  ils 
prennent  ce  mouvement  pour  une  preuve  que  le  facpfice 
lui  plaira.  Si  au  contraire  le  paquet  d'anneaux  demeure 
fixe,  ils  offrent  la  même  victime  à  Storjunkare.  Après 
avoir  battu  une  féconde  fois  le  tambour,  ils  lui  deman- 
dent tous  enfemble,  encore  en  chantant,  s'il  veut  accep- 
ter leur  facrifice,  ci  profèrent  le  nom  de  la  montagne 
où  ils  ont  réfolu  de  l'offrir.  S'il  arrive  que  le  paquet  d'an- 
neaux change  peu-à-peu  de  place,  S:  fe  repofe  fur  l'endrejt 
du  tambour  où  l'image  de  Storjunkare  eft  deffinée,  il  ne 
doutent  point  qu'il  n'y  consente.  S'il  demeure  fixe  comme 
la  première  fois,  ils  s'adreffent  au  foleil ,  St.tâchent  de  dé- 
couvrir s'il  veut  bien  que  la  victime  lui  foit  immolée. 

Outre  ces  trois  dieux  ,  les  Lappons  en  ont  d'autres 
petits,  comme  les  mânes  des'  déruts ,  Sr  la  troupe  des 
Juhles.  Us  ne  donnent  point  de  nom  particulier  aux 
mânes.  S:  appellent  feulement  les  morts,  en  général,  Suie, 
fans  ériger  aucune  figure  en  leur  honneur.  Ils  fe  conten- 
tent de  leur  offrir  certains  facrifices;  &  quand,  parle 
moyen  du  tambour,  ils  ont  reconnu  que  la  victime  leur 
eft  agréable,  ils  lui  paffent  au  travers  de  l'oreille  droite 
un  filet  de  laine  noire ,  qu'ils  lui  attachent  aux  cornes. 
Cette  victime  étant  ainfi  confacrée,  ils  vont  l'immoler, 
&  mangent  fa  chair,  ne  réfervant  qu'une  petite  partie 
du  cœur,  Se  une  autre  du  poumon,  qu'ils  divifent  en- 
core chacune  en  trois  parties ,  au  travers  desquelles  ils 
paffent  de  petites  broches  de  bois ,  qu'ils  trempent  dans 
le  fang  du  renne,  Sr  qu'ils  mettent  dans  une  espèce  de 
corbeille  faite  comme  un  traîneau  de  Lapponie.  Us  en- 
terrent cette  espèce  de  corbeille,  auffi-bien  que  tous  les 
os  décharnés,  afferr.blés  Sr  mis  dans  un  panier  fait  ex- 
près. Ceux  des  Lappons  qui,  font  encore  attachés  aux 
fuperftitions  ck  leurs  ancêtres,  obfervent  ces- cérémonies 


7U 


quand  ils  veulent  appaifer  les  mânes.  Quant  aux  Juhles, 
ils  ne  leur  consacrent  aucune  image  non  plus  qu'aux  mâ- 
nes. Le  lieu  deftiné  pour  les  honorer,  eft  fur  quelqu'ar- 
bre,  à  la  portée  d'un  trait  de  flèche  derrière  la  cabane. 
Le  culte  fe  termine  par  un  facrifice  fuperfticieux ,  en 
l'honneur  de  cette  troupe  vagabonde  de  Juhles  qu'ils 
imaginent  roder  en  l'air  par  les  forets  &  les  montagnes 
voifines,  la  veille  Sr  le  jour  de  Noël.  Us  jeûnent  le  pre- 
mier jour,  ou  plutôt  ils  ne  mangent  point  de  chair,  Sr, 
gardent  quelque  morceau  des  autres  alimens  qu'ils  pren- 
nent. Ils  font  la  même  chofe  le  jour  de  la  fête.     ' 

Les  Lappons  n'avoient  point  anciennement  de  Ioge- 
mens  fixes.  Us  ne  bâtiffoient  des  cabanes  que  pour  peu 
de  jours ,  tantôt  dans  un  lieu  ,  tantôt  dans  un  autre,  fé- 
lon qu'ils  le  trouvoient  propre  pour  la  pêche  Sr  la  chaffe  ; 
mais  Charles  IX  leur  ôta  la  liberté  de  roder  ainfi ,  Se 
affigna,  en  1601,  un  territoire  particlier  à  chaque  famille. 
Us  ont  commencé  ,  depuis  ce  tems,  à  poffeder  certains 
1  espaces  de  terre ,  fans  que  la  coutume  de  changer  de  lieu 
fe  foit  entièrement  abolie;  mais  ils  ne  transportent  leurs 
logemens  d'un  lieu  en  un  autre,  que  dans  les  limites  de 
l'espace  qui  leur  a  été  affigné:  la  néceffiré  qu'ils  ont  de 
chercher  des  vivres ,  eft  la  feule  caufe  de  ces  changemens 
continuels.  Lorsqu'ils  font  confiâmes  en  un  endroit,  il  en 
faut  chercher  ailleurs.  Ce  changement  de  demeure  ne  fe 
fait  pas  de  relie  manière  qu'ils  abandonnent  entièrement 
les  premiers  endroits  pour  n'y  plus  revenir;  mais  ils  vont 
comme  en  tournant,  Sr.  font  une  manière  de  cercle.  Les 
Lappons  des  montagnes  les  quittent  quand  il  n'y  a  plus 
de  pâturages,  &  Os  y  reviennent  lorsque  les  herbes  font 
grandes.  Ainfi  il  arrive  qu'à  la  fin  de  l'année  ils  ont 
parcouru  tous  les  logemens  de  l'espace  dont  ils  ont  la 
propriété.  Ceux  qui  ont  leurs  habitations  dans  les  forêts, 
retournent  plufieurs  fois  par  an  aux  cabanes  bâties  fur 
les  bords  des  rivières,  &  pi  es  des  lacs,  félon  les  diffé- 
rentes faifons  propres  à  la  chaffe  ou  à  la  pêche.  Les 
premiers  bâtiffent  leurs  cabanes  d'une  autre  manière  que 
les  Lappons  des  forêts.  Us  dreflent  aux  qua:re  coins  qua- 
tre pièces  de  bois,  tur  lesquelles  ils  mètrent  trois  perches 
en  forme  de  foliveaux,  une  fur  chaque  côté,  Se  *a  troi* 
fiéme  au  derrière,  fans  qu'il  y  en  ait  fur  la  face  de  de- 
vant. Us  appuient  fur  ces  foliveaux  d'autres  perches 
beaucoup  plus  longues  ;  enforte  qu'elles  fe  touchent  pres- 
que par  le  haut  ;  mais  elles  font  fort  éloignées  à  l'en- 
droit où  elles-  pofent  fur  la  terre.  Cette,  cabane  reffem- 
ble  à  un  toît  de  quatre  pans ,  ou  à  un  pavillon  qui  a  la 
figire  d'une  pyramide.  Us  jettent  fur  ces  perches  une 
efpèce  de  manteau  de  la  plus  groffe  étoffe  qui  fe  trouve, 
Sr  les  plus  riches  en  jettent  encore  une  autre  par-deffus 
d'une  .toile  torte.  Ceux  des  forêts  bâtiffent  leurs,  cabanes , 
quelques-uns  avec  desplanches,d'autres  avec  fix  pieds  d'ar- 
bres, qui  (ë  touchent  par  le  haut,Sr  font  comme  une  espèce 
de  cave.  Us  jettent  par-deffus  des  branches  d'arbres  ou  de 
pin  ,  ou  des  écorces,  d'ordinaire  de  bouleau  ,  qu'ils  font 
cuire,  afin  de  les  plier  &  de  les  mettre  plus  facilement  en 
Œuvre.  Ils  les  couvrent  quelquefois  de  peaux  d'animauxou 
de  cuirs  bien  tannés.  Cette  (bru  de  cabane  diffère  de  l'au- 
tre, en  ce  qu'on  ne  la  couvre  presque  jamais  de  toile  ou 
d'étoffe  ,  &  qu'elle  a  fix  angles  au  lieu  de  quatre.  Cha- 
que cabane  a  deux  portes ,  l'une  fur  le  devant ,  qui  eft 
la  plus  grande  .  &  ouverte  tous  les  jouts,  Sr  par  laquelle 
on  entre  Sr  on  fort.  Celle  de  derrière,  plus  petite ,  Sr  en 
forme  de  poterne,  fert  à  apporter  dans  la  cabane  toutes 
les  chofes  néreffaires  pour  la  nourriture ,  Sr,  entr'autres, 
ce  qu'ils  ont  pris  dans  les  bois  ou  dans  les  lacs.  Ceféroit 
mn  crime  de  les  apporter  par  la  grande  porte,  comme 
su  contraire,  il  ne'ft  permis  à  aucune  femme  d'entrer 
dans  la  cabane,  ni  d'en  fortir  par  la  porte  de  derrière, 
tant  parce  qu'ils  ont,  de  ce  cote-là  ,  le  lieu  où  ils  offrent 
des  facrifices  à  leurs  dieux,  que  parce  que  la  rencontre, 
ou  la  préfence  d'une  femme,  eft  d'un  très-mauvais  ^aujure 
à  un  homme  qui  va  à  la  chaffe.  La  petite  porte,  félon. 
Vexionius,  fe  ferme  d'elle-même  en  retombant.  Vis- 
à-vis  eft  une  fenêtre  qui  donne  du  jour.  C'eft  par  cette 
porte  qu'entrent  ceux  qui  reviennent  de  la  chaffe.  On 
quitte  l'habit  de  chaffe  dans  la  garde-robe  ,  large  d'une 
aune  ,  Se  longue  de  trois.  Elle  eft  d3ns,la  cabane  au-de- 
dans  delà  fenêtre,  Sr.  il  eft  défendu  aux  fëmmes'd'y  met- 
tre le  pied.  Cette  garde-robe  eft  feulement  un  certain 
espace  marqué  par  quelques  pièces  de  bois ,  qui  en  lont 
les  bornes.  Le  pavé  de  la  cabane  eft  partagé  de  telle 


736  LAP 

manière  que  le  foyer  fe  trouve  au  milieu.  Ce  foyer  eft 
garni  de  pierres  tout-à-1'entour  ,  pour  empêcher  les  ac- 
cidens  qu'on  peut  craindre.  Il  y  a  toujours  un  chaudron 
■fuspendu  fur  le  feu ,  auprès  duquel  ils  placent  trois  che- 
vrons fur  lesquels  ils  coupent  avec  une  hache  la  chair, 
le  poiffon,  &£  tout  ce  qu'ils  accommodent  pour  manger. 
Il  n'y  a  que  les  hommes  qui  puiffent  entrer  dans  l'espace 
que  ces  trois  chevrons  renferment.  La  petite  porte,  qui 
eft  ordinairement  vers  le  feptenrion  ,  eft  au  milieu  de 
cet  espace  ;  Se  la  grande,  vers  le  midi,  à  l'oppofite.  Le 
père  de  famille  &  la  femme  ont  leur  lit  dans  l'un 
des  côtés.  La  mère  a  les  filles  auprès  d'elle.  Les  garçons, 
la  plupart  du  tems,  demeurent  de  l'autre  côté  où  fe  tien- 
nent les  valets  &  les  fervantes.  Le  refte  de  l'espace  jus- 
qu'à la  porte  eft  occupé  par  les  femmes.  Ils  couvrent 
toute  l'aire  de  la  cabane  de  branches  de  bouleau,  pour 
empêcher  l'humidité.  C'eft-là  leur  manière  de  paver. 
Pour  y  être  plus  proprement,  ils  couvrent  ces  branches 
de  quelques  peaux  de  rennes  fur  lesquelles  ils  s'affeyent. 
Outrie  ces  logemens,  ils  ont  des  bâtimens  particuliers  ap- 
pelle's  Halla ,  où  ils  confervent  leurs  provifions.  Ils  les 
•bàtiffent  ordinairement  de  cette  forte.  Ils  dépouillent  un 
fapin  ou  un  pin  de  fon  écorce ,  Se  en  coupent  les  bran- 
ches ,  afin  qu'il  (bit  poli  Sr.  gliiïant ,  ou  de  lui-même, 
ou  par  quelque  graiffe  dont  ils  le  {Votent ,  pour  empêcher 
que  les  rats  Sr.  les  bêtes  fauvages  n'y  puiffent  monter.  Ils 
le  coupent  à  la  hauteur  de  cinq  ou  fix  aunes,  depuis  la 
racine  ;  ensuite  ils  font  des  mortoifes  fur  le  plus  haut 
de  cet  arbre  ,  Se  paffent ,  au  travers  de  ces  mortoifes , 
deux  pièces  de  bois  emboetées  l'une  fur  l'autre  en  forme 
de  croix.  Ces  pièces  de  bois  leur  fervent  comme  de  fa- 
blieres  fur  lesquelles  ils  bâtiffent  le  garde-manger  qu'ils 
couvrent  de  planches  ou  d'écorce  de  bouleau  ;  &  ils  y 
font  une  porte.  La  figure  de  ce  bâtiment  eft  presque  fem- 
blable  à  celle  de  nos  colombiers  qu'on  bâtit  fur  des 
piliers  ou  fur  des  poteaux  de  bois.  Ce  qui  les  oblige  à 
mettre  ce  garde-manger  en  un  lieu  fi  élevé ,  c'eft  la  peur 
qu'ils  ont  des  ours  ou  des  goules.  Cet  édifice  a  ceci  de 
particulier,  que  la  porte  eft  au-deffous,  en  forme  de  bat- 
tans  ou  de  trape  ,  afin  que  lorsque  le  Lappon  defcend, 
elle  fe  ferme  d'elle-même  par  fa  propre  pefanteur.  On 
y  monte  avec  une  espèce  d'échelle  faite  d'une  pièce  de 
bois  ,  où  il  y  a  quelques  fortes  de  degrés. 

Les  Lappons  ne  s'habillent  pas  tous  de  la  même  forte. 
Les  hommes  portent  en  été  des  hauts-de-chauffes  fort 
étroits ,  qui  leur  ferrent  le  corps  de  tous  côtés ,  8e  leur 
tombent  jusqu'aux  oieds,  le  long  des  cuiflès.  Ils  mettent 
par-deffus  une  robe  avec  des  manches.  Cette  robe  ,  qui 
eft  fort  large,  leur  defcend  jusqu'à  la  moitié  des  cuiffes, 
êe  ils  ont  une  ceinture  par-deffus  ;  ils  n'ont  ni  linge  ni 
chemife  par-deffous.  Ces  vêtemens  font  de  laine  :  ceux 
despayfans  font  blancs  ou  gris,  de  la  couleur  de  la  faine 
employée,  fans  avoir  paffé  à  la  teinture  ;  l'étoffe  en  eft 
fort  grcffiere.  Les  habits  des  riches  font  d'une  étoffe 
plus  fine  ,  verte,  bleue,  fort  fouvent  rouge,  &  jamais 
noire,  parce  qu'ils  ont  cette  couleur  en  horreur.  Leurs 
ceintures  font  de  cuir  que  les  plus  riches  garniffent  de 
petits  boutons  d'argent ,  attachés  fort  près  les  uns  des  au- 
tres ;  ceux  des  plus  pauvres  ne  font  que  d'étain.  Ils  pen- 
dent à  cette  ceinture  un  couteau  dans  une  gaine  ,  une 
bourfe  carrée,  plus  longue  que  large,  un  lac  fait  de  cuir, 
&  un  étui  avec  des  aiguilles  &  du  fil  ;  la  gaine  eft  de 
cuir  de  renne  ,  coufue  par  le  côté  avec  des  filets  d'étain, 
ayant  .de  petits  anneaux  qui  pendent  au  bas  :  la  bourfe  eft 
auffi  de  cuir  de  renne,  mais  avec  le  poil;  on  y  ajoute 
un  autre  cuir  auffi  grand  que  la  bourfe  ;  Se  ce  cuir  qui  eft 
couvert  d'un  morceau  d'étoffe  rouge ,  ou  d'une  autre 
couleur,  brodé  auffi  de  filets  d'étain,  fe  ferme  avec  trois 
petits  nœuds.  Ils  mettent  leur  tabac  dans  cette  bourfe, 
&  les  autres  chofes  peu  confidérables  ,  avec  une  pierre 
à  feu ,  d'ordinaire  de  cryftal ,  un  morceau  d'acier  &  du 
foufre  pour  faire  du  feu.  Le  fac  eft  du  même  cuir  de 
renne  ;  fa  figure  eft  longue  Se  ronde  ;  ils  y  mettent  leur 
argent  &  ce  qu'ils  ont  de  plus  précieux;  l'étui  des  aiguil- 
les eft  fait  d'une  façon  fort  particulière.  Ils  prennent  une 
pièce  d'étoffe  carrée,  plus  large  par  le  bas  que  par  le 
haut,  qui4a  la  figure  d'un  triangle  long,  mais  coupé  par 
la  pointe  :  ils  bordent  cette  étoffe  avec  du  cuir ,  &  y 
mettent  des  aiguilles  ;  ils  fourrent  cet  étui  dans  un  autre 
de  même  figure,  couvert  par-deffus  d'étoffe  rouge,  ou 
d'une  autre  couleur,   bordée  avec  des  filets  d'étain ,  & 


LÂP 


qui  fe  tire  avec  la  couroie.  Ils  pendent  encore  à  leur  cein- 
ture de  petites  chaînes  de  laiton,  &  un  grand  nombre 
d'anneaux  du  même  métal  ;  ces  petites  chaînes  leur  font 
attachées  autour  du  corps  ;  la  bourfe  pend  au  bas  du 
ventre  ,  Se  les  autres  chofes  font  fur  les  côtés..  Ils  ie 
couvrent  ordinairement  la  tête  d'un  bonnet  tel  que  ceux 
que  l'on  prend  en  France  en  fe  couchant;  les  plus  riches 
y  font  faire  un  bord  de  peau-  de  renard  ,  de  martre  ou 
de  caftor  :  il  y  a  de  ces  bonnets  faits  de  la  peau  d'un 
oifeau  nommé  loom ,  qui  a  encore  toutes  fès  plumes. 
Ils  accommodent  quelquefois  l'oiléau  entier  avec  tant 
d'adr'effe,  que,  fans  en  ôter  ni  les  aîles  ni  la  tête,  ils 
s'en  font  un  bonnet.  Leurs  fouliers  font  de  cuir  de  renne 
avec  le  poil,  même  en  la  partie  qui  répond  à  la  plante 
du  pied.  Ils  font  cette  partie  de  deux  pièces  coulùes  en- 
femble,  dont  l'une  a  le  poil  tourné  vers  le  devant,  &c 
l'autre  en  arrière,  parce  que  cette  femelle  eft  trop  grif- 
fante, lorsque  le  poil  eft  tout  d'un  côté.  La  forme  du 
foulier  eft  mal  faite,  ayant  feulement  une  ouveriure  par- 
deffus  ,  afin  que  le  pied  y  puifl'e  entrer.  Le  devant  eft 
comme  un  bec  tourné  vers  le  haut,  &  qui  va  en  pointe. 
Ils  les  garniffent  de  quelques  coutures ,  par  lesquelles  ils 
y  attachentun  petitmorceau  fort  court  d'étoffe,  ou  rouge, 
ou  de  quelqu'autre  couleur  ;  ils  mettent  leurs  pieds  nids 
da;is  ces  fouliers,  Se  les  lient  au  bas  de  la  jambe,  avec 
une  courroie  ;  ils  y  fourrent  quelque  peu  de  foin  ;  ils  ont 
en  hyver  des  hauts  de  chauffes  de  peaux  des  pieds  de 
rennes  avec  le  poil  ;  Se  leurs  habits  de  cette  faifon,  qu'ils 
appellent  muddts ,  font  auffi  de  la  peau  velue  de  cet  ani- 
mal. Les  plus  eftimés  de  ces  muddes.  font  des  peaux  de 
petits  rennes ,  dont  le  premier  poil  eft  tombé.  Les  Lap- 
pons portent  auffi,  dans  cette  mé'me  faifon,  des  bottes  Si 
des  mitaines  de  ces  mêmes  peaux  qui  ont  encore  le  poil, 
&e_  fé  couvrent  la  tête  d'une  espèce  de  bonnet  fort  large, 
qui  couvre  leur"s  épaules  en  partie,  nelaiffant  qu'un  trou 
au-devant  par  où  ils  peuvent  regarder  ;  le  refte  les  garan- 
tit du  troid,  des  neiges  &  de  la  pluie.  Le  poil  des  peaux, 
dont  ils  font  vêtus,  eft  en  dehors;  enfyrte  qu'ils  paroif- 
fent  comme  les  bêtes  même,  couverts  de  poil  depuis 
la  tête  jusqu'aux  pieds. 

Les  femmes  portent  en  été  des  robes  qui  leur  cou> 
vrent  le  fein  ,  les  bras  Se  tout  le  corps ,  ayant  quelques 
plis  par-devant ,  qui  vont  jusqu'en  bas  :  elles  n'ont  ja- 
mais de  chenilles ,  non  plus  que  les  hommes  ;  les  femmesi 
de  la  plus  baffe  condition,font  couvertes  d'une  étoffe  grof- 
fiere  que  fon  tles  payfans  de  Suéde.  Les  plus  riches  ont  du 
drap  d'Angleterre  rouge  ou  d'écarlate,  Se  fe  parent,  fur  les 
reins,  d'une  ceinture,  large  fouvent  de  trois  doigts:  ces 
ceintures  font  enrichies  de  lames  de  la  longueur  d'un 
doigt ,  où  il  y  a  des(  figures  gravées ,  des  fleurs,  de  petits» 
oifeaux ,  Se  autres  chofes  femblables  :  ces  figures  font 
attachées  par-deffus  fur  une  bande  de  cuir,  &C  mifes  très 
près  les  unes  des  autres  :  elles  y  pendent  plufieurs  chaî- 
nes de  laiton,  à  l'une  desquelles  elles  attachent  un  cou- 
teau avec  la  gaine ,  à  l'autre  la  bourfe,  &  à  un  autre  un 
étui  avec  des  aiguilles;  elles  attachent  à  toutes  ces  cho- 
fes qu'elles  portent  fuspendues  devant  elles,  quantité 
d'anneaux  de  laiton;  Se  le  bruit  qu'ils  font  les  uns  con- 
tre les  autres  ,  leur  fait  croire  qu'il  contribue  à  faire 
eftimer  leur  bonne  mine.  Les  Lappones  fe  mettent  fur 
le  fein  un  ornement  d'étoffe  rouge  ou  d'une  autre  cou- 
leur ,  auffi  large  que  la  paume  de  la  main.  Il  tourne  au- 
tour de  leureou,  en  manière  dé  collier;  defcend  des 
deux  côtés  fur  le  fein ,  &  finit  en  pointe  :  elles  mettent 
fur  cette  étoffe,  à  l'endroit  du  fein,  Se  quelquefois  auifi 
vers  le  cou ,  quantité  de  balles  ou  boutons  fort  près  les 
uns  des  autres ,  avec  des  petites  lames  ou  feuilles  de  mé- 
tal pendantes.  Les  plus  riches  ont  des  boutons  d'argent, 
ou  dorés,  gravés  &  cifelés  de  différentes  manières:  elles 
en  ont  fur  cette  espèce  de  colier ,  Se  fur  leur  robe ,  à 
l'endroit  qui  ferme  le  fein ,  jusqu'à  deux  ou  trois  rangs 
attachés  les  uns  contre  les  autres  :  celles  qui  ne  peuvent 
avoir  des  boutons  d'argent,  en  ont  de  cuivre  ou  d'étain  ; 
&  c'eft  en  cela  que  confifte  leur  principal  ornement  : 
leur  co'éffure  eft  plate  par  deffus,  ronde  par  les  côtés,  Se 
de  couleur  rouge.  Les  femmes  Se  les  filles  les  plus  riches 
y  mettent  des  galons  de  fil  de  lin.  Ellesfe  couvrent  les  cuis- 
fes  avec  des  chauffes  qui  leur  vont  jusqu'aux  pieds;  leurs 
fouliers  font  femblables  à  ceux  des  hommes.  Leurs  vête- 
mens en  hyver  ne  font  guères  différens.  Elles  ont  des  mud- 
des de  rennes  avec  le  poil ,  des  hauts-de-chauffes,  à  caufe 

des 


La? 


LAP 


des  neiges,du  mauvais  tems  6k  de  la  difficulté  des  chemins, 
6k  des  bonnets,  dont  elles  le  couvrent  toute  la  tête. 
Elles  portent  quelquefois  pendant  l'été  de  ces  fortes  de 
bonnets  pour  fe  garantir  des  piqueures  des  moucherons. 
Elles  les  ferrent  fous  le  cou  avec  un  lien ,  6k  redreffent 
par  deffus  la  tête ,  l'autre  partie  qui  en  hyver  leur  tombe 
ÏUr  les  épaules.  La  nuit  elles  fe  couchent  fur  des  peaux 
de  rennes ,  6k  en  jettent  quelques-unes  fur  des  branches 
ck  des  feuilles  de  bouleau,  qui  leur  tiennent  lieu  de  paille 
ou  de  matelas.  L'été,  elles  ont  des  couvertures  de  laine; 
le  poil  des  filets  de  ces  couvertures  eft  fort  long  ;  elles 
s'en  enveloppent  tout  le  corps,  6k  toute  la  tête,  à  caufe 
des  moucherons ,  afin  que  leur  pefanteur  ne  leur  ôte  pas 
la  facilité  de  respirer,  elles  les  fuspendent  ordinairement 
avec  des  cordons  du  côté  de  la  tête ,  au  haut  de  la'tente 
ou  cabane:  elles  font  toutes  nues  fous  ces  couvertures,, 
tant  en  hyvér  qu'en  été. 

Comme  les  Lappons,  qui  demeurent  dans  les  monta- 
gnes, ne  vont  presque  jamais  à  la  pêche  ,  6k  qu'ils  ont 
toujours  des  rennes  en  très-grand  nombre ,  ils  en  tirent 
feuralimçnt  le  plus  ordinaire.  Ils  n'en  mangent  en  hyver 
que  la  chair  cuite  ,  6k  en  été  ils  fe  noùrriflènt  des  fro- 
mages de  leur  lait ,  6k  de  leur  chair  defféchée  à  l'air 
pendant  l'hyver.  La  langue  de  renne  pafie  pour  un  mor- 
ceau très-friand:  ils  la  font  rôtir.  Lagraiffe  ci  la  moelle 
des  os  font  pour  eux  des  mets  délicieux.  Leur  nourriture 
la  plus  ordinaire  eft  le  fang  du  même  animal  cuit,  dans 
de  l'eau.  Les  Lappons  des  forêts  vivent  de  poiflon,  de 
bêtes  fauvages  ckd'oifeaux.  Ils  préfèrent  la  chair  d'ours  à 
celle  des  autres  bêtes.  L'ufage  du  pain  6k  des  autres  nour- 
ritures faites  de  farine,  eft  fort  rare  parmi  eux.  Ils  n'ont 
point  de  fel,  6k  en  mettent  très-peu  fur  leurs  viandes 
quand  on  leur  en  porte.  Au  lieu  de  farine  6k  de  pain,  ils 
prennent  des  poiflons  qu'ils  expofent  l'hyver  à  l'air  ex- 
ceffivement  froid,  6k  en  été  au  veatj  6k  au  foleil,  6k  les 
mettent  en  poudre,  après  les  avoir  ainfi  defféchés.  Olaiis 
Magnus  rapporte  qu'au  commencement  de  l'été  ils  cueil- 
lent les  bouts  des  pins ,  dont  la  moelle  eft  fort  douce,  6k 
qu'ils  s'en  fervent  au  heu  de  pain.  L'écorce  de  ces  ar- 
bres leur  tient  lieu  de  fel,  après  l'avoir  préparée.  Pour 
cela,ils  dépouillent  les  pins  deleurgrofle  écorce,  aux  en- 
droits les  plus  proches  de  la  terre  ;  ils  lèvent  la  petite 
écorce  intérieure  ,  qu'ils  nettoyent  bien ,  6k  la  mettent 
en  feuilles  fort  déliées ,  qu'ils  font  enfuite  fécher  au 
foleil,  après  quoi  ils  les  rompent  en  petits  morceaux,  6k 
en  rempliffent  des  caiffes:  ils  mettent  ces  caiffes  dans  la 
terre  ,  6k  les  couvrent  de  fable,  laifïant  tout  le  long 
d'un  jour  ces  écorces  s'attendrir  6k  cuire  dans  leur  cha- 
leur. Ils  font  brûler  dans  l'endroit  où  les  caiffes  font  en 
terre  une  grande  quantité  de  bois  ;  le  feu  recuit  encore 
ces  écorces ,  leur  fait  prendre  une  couleur  rougî  ,  ck 
leur  donne  une  faveur  très-agréable.  Après  qu'ils  ont 
fait  la  pêche,  ils  vuident  tous  les  poiflons  qu'ils  ont  pris, 
dont  ils  font  cuire  une  partie,  6k  mangent  les  autres  iècs. 
Ils  font  bouillir  ceux  qu'ils  ne  font  pas  fécher,  ou  feuls, 
ou  avec  de  la  chair  de  bêtes  fauvages  ou  d'oifeaux ,  ne 
faifant  jamais  rôtir  ni  la  chair  ni  le  poiflon,  à  la  referve 
de  la  langue  du  renne,  &  des  os  qu'ils  mettent  fur  le  feu, 
ck  qu'ils  caftent  enfuite,  afin  d'en  manger  la  moelle.  Ils 
n'ont  que  de  l'eau  pour  boiftbn.  Afin  qu  elle  ne  gèle  pas 
l'hiver ,  ils  la  tiennent  dans  un  chaudron  fuspendu  fur  le 
feu,  au  milieu  de  la  cabane,  6k  chacun  en  prend  tant 
qu'il  veut  avec  une  cuillère.  Ils  ont ,  outre  l'eau  com- 
mune, une  boiffon  qu'ils  nomment  labma  ;  c  eft  le  bouil- 
lon où  il?  ont  fait  cuire  le  poiflon  avec  la  chair.  Lors- 
qu'ils veulent  faire  la  débauche,  ils  boivent  des  eaux-de- 
vie  de  France  ,  qu'ils  achètent  en  Norwége ,  à  la  foire 
de  Saint-Jean.  En  hiver,ils  font  leurs  repas  dans  la  cabane, 
vers  le  côté  où  le  père  de  famille  fe  tient  avec  fa  femme 
ck  fes  filles ,  à  droite  en  entrant  par  la  grande  porte  ; 
en  été  ils  mangent  dehors  fur  des  gazons.  En  quelque  en- 
droit qu'ils  mangent,  ils  ne  gardent  aucun  rang.  Ils  fe 
mettent  à  plate  terre,  ou  fur  une  peau  étendue,  les  pieds 
plies  par  derrière  l'un  contre  l'autre.  Lorsqu'ils  font  affis 
ainfi  en  forme  de  cercle,  on  met  les  viandes  fur  un  ais 
qui  leur  fert  de  table  :  chacun  prend  ck  tient  à  la  main 
fa  pièce  de  chair  ou  de  poiflon ,  ck  fouvent  ils  en  ti- 
rent eux-mêmes  du  chaudron  autant  qu'ils  en  ont  befoin , 
ck  mettent  ce  qu'ils  en  tirent ,  ou  fur  leurs  gants ,  ou 
dans  leur  bonnet.  Si  c'eft  quelque  chofe  de  liquide,  du 
lait,  du  potage ,  ils  ont  pour  cela  un  grand  vaiffeau  fait 


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d'un  tronc  de  bouleau  creufé  en  long.  Le  repas  fini ,  ils 
lèvent  les  mains  au  ciel ,  6k  rendent  grâce  à  Dieu , 
après  quoi  ils  fe  donnent  mutuellement  la  main  droite  , 
s'exhortant  à  conserver  l'amitié  qu'ils  ont  les  uns  pour 
les  autres. 

Quand  un  Lappon  veut  fe  marier,  il  cherche  une 
fille  riche  qui  ait  grand  nombre  de  rennes  ;  car  les  Lap- 
pons en  donnent  en  propre  à  leurs  enfans ,  fi-tôt  qu'ils 
font  nés.  Le  prétendant  va  voir  les  parens  de  cette  fille, 
avec  quelques-uns  de  fes  amis ,  dont  l'un  eft  chargé  de 
traiter  l'affaire.  Ce  médiateur  porte  avec  lui  quelque  bou- 
teille du  meilleur  esprit  de  vin,  qu'il  peut  rencontrer; 
fck  quand  ils  font  arrivés  à  la  cabane  ;  on  les  convie  tous 
d'entrer,  à  l'exception  de  l'amant,  qui  doit  demeurer 
dehors,  jusqu'à  ce  qu'ils  ayent  bu  le  vin  de  la  bien- 
venue ,  ck  que  la  propofition  ait  été  faite.  Il  entre  en- 
fuite;  6k  on  lui  donne  à  manger,  fans  qu'il  voie  la  fille. 
S'il  peut  obtenir  lapermiflion  de  lui  parler,  il  fort  de  la 
cabane  après  le  repas ,  ck  va  prendre  dans  fon  traîneau 
fes  habits  de  laine  ck  tout  ce  qu'il  porte  aux  jours  des 
plus  grandes  fêtes'.  Il  vient  faluer  fa  maîtrefle  en  cet  état; 
ce  qui  fe  fait  par  un  baifer  ,  en  s'appliquant  le  nez  for- 
tement l'un  contre  l'autre.  Cela  fait ,  l'amant  lui  préfente 
une  langue  de  renne,  de  la  chair  de  caftor,  6k  d'autre-s 
viandes  qu'elle  refufe  d'abord  en  préfence  de  fes  fceurs 
6k  de  fes  autres  parens  ;  mais  en  même  tems  elle  fait 
ligne  à  l'amant  de  fortir  de  la  cabane.  Lorsqu'ils  font 
tous  deux  en  particulier,  elle  reçoit  ces  mêmes  préfens. 
L'amant  la  priant,  après  cela,  de  lui  permettre  de  dormir 
auprès  d'elle  dans  la  cabane  ;  fi  elle  ne  le  veut  pas ,  elle 
jette  les  préfens  pa*  terre ,  pour  marque  de  fon  refus  ; 
lï  elle  y  confent ,  l'affaire  pafle  pour  conclue  entr'eux. 
Cependant  l'approbation  -des  parens,  absolument  né- 
ceffaire  ,  eft  quelquefois  retardée  deux  ou  trois  ans  ;  ce 
qui  vient  des  grands  préfens  qu'il  faut  que  l'amant  leur 
fafle  pour  les  gagner.  Il  ne  laiffe  pas  de  voir  fa  maîtrefle  ; 
mais  il  eft  obligé  ,  toutes  le  fois  qu'il  veut  avoir  ce  plai- 
fir,  de  porter  de  Pêau-de-vie;  6k  cela  eft  caufe  que  le 
père ,  qui  eft  bien-aile  d'en  boire  long-tems ,  diffère 
d'approuver  le  mariage.  Lorsque  le  jour  en  eft  arrêté, 
tous  les  parens  6k  les  alliés  de  chaque  côté  s'affemblent 
la  veille  dans  la  cabane  de  la  fille ,  où  l'amant  fait  les  pré- 
fens de  noces  ,  au  père  un  gobelet  d'argent  ,  un  grand 
chaudron  de  cuivre ,  6k  un  lit  avec  toutes  les  couvertu- 
res 6k  autres  étoffes  néceflaires  pour  le  garnir  ;  à  la  merê, 
une  ceinture  d'argent,  une  robe  de  parade,  6k  un  col- 
lier garni  par-tout  de  boutons  d'argent  ;  aux  frères ,  aux 
fceurs ,  6k  autres  plus  proche  parens  ,  des  cuillères  d'ar- 
gent ,  des  joyaux  auflï  d'argent  pour  pendre  au  cou ,  6k 
chofes  (èmblables.  Le  lendemain,  l'épouiè  commence  par 
délier  les  cheveux  ,  donnant  la  bande  qui  les  avoit  jits— - 
ques-là  tenus  noués,  à  fa  plus  proche  pivente  d'entre 
les  filles.  Elle  les  peigne  ',  les  laiffe  tomber ,  6k  met  fur 
fa  tête  nue  une  ou  deux  ceintures  d'argent  doré,  de  cel- 
les dont  les  femmes  ont  acoutumé  de  fe  fervir  au  lieu 
de  guirlande  ;  enforte  que  fi  la  ceinture  eft  trop  large 
pour  la  tête,  on  la  refferre,  6k  on  en  fait  pendre  le  bout 
par  derrière. Ce  jour-là,  elle  prend  fes  plus  beaux  habits, 
ainfi  que  l'époux  ;  6k  ils  vont  tous  deux  ainfi  parés,  rece- 
voir la  bénédi&ion  nuptiale.  Si  le  chemin  eft  long  ,  6k 
que  ce  foit  en  hiver,  on  fe  fert  de  rennes  attachés  à  des  traî- 
neaux. Lorsqu'on  eft  arrivé  près  de  l'églifè ,  un  Lappon, 
qu'ils  nomment  autolmdma,  c'eft- à-dire  meneur,  marche  la 
premier,  comme  conducteur  de  toute  la  troupe  ;  l'époux 
marche  immédiatement  après  lui ,  6k  tous  les  hommes  le 
fui  vent.  Quelques  filles  vont  devant  l'époulée,  qui  a  un 
homme  6k  une  femme  à  lès  côtés  pour  la  foutenir,  & 
qui  témoigne  beaucoup  de  trifteffe,  pour  faire  connoître 
que  c'eft  par  contrainte  qu'elle  quitte  fon  père  6k  fa  mère. 
Les  autres  femmes  la  fuivent  ;  6k  lorsqu'ils  font  entrés 
dans  l'églifè  ,  on  fait  les  mêmes  cérémonies  qui  s'obser- 
vent parmi  les  Chrétiens  dans  les  mariages.  Le  feftin  des 
noces  fe  fait  ensuite  dans  la  cabane  des  parens  de  l'épou- 
fée ,  où  tous  les  conviés  apportent,  chacun  dès  le  loir, 
leur  portion  des  viandes ,  qu'on  y  doit  manger.  La  plus 
grande  partie  en  eft  fournie  par  les  parens  du  marié  6k 
de  la  mariée,  qui  la  donnent  toute  crue  à  un  Lappon  éta- 
bli pour  la  faire  cuire.  Le  marié  6k  la  mariée  font  affis 
à  table  l'un  auprès  de  l'autre ,  6k  ensuite  tous  les  pare'is 
6k  les  alliés.  Chacun  reçoit  ce  que  lui  préfente  le  Lap- 
pon, qui  fait  l'office  de  traiteur,  6k  qui,  commençant  par 
Terni  III.    Aaa  a  a 


LAP 


73» 

les  mariés ,  diftribue  ensuite  la  portion  a  tous  les  autres. 
Comme  la  cabane  eft  trop  petite  pour  contenir  tout  le 
monde ,  les  garçons  ck  les  filles ,  qui  n'y  peuvent  trou- 
ver place  montent  fur  le  toit  ,  ck  font  descendre  des 
ficelles ,  au  bout  desquelles  il  y  a  de  petits  crochets  ;  on 
y  attache  des  pièces  de  chair,  afin  qu'ils  ayent  leur  part  du 
Feftin.  Les  noces  achevées,  il  n'eft  pas  encore  permis  au 
marié  d'emmener  fa  femme  avec  les  biens  qui  lui  appar- 
tiennent ;  il  eft  obligé  de  demeurer  avec  fon  beau-pere, 
&  de  le  fervir  un  an  entier.  Après  cela ,  fl  on  le  juge  à 
propos,  il  établit  féparément  fa  famille.  Ils  lavent  les 
enfans  nouvellement  nés  dans  de  l'eau  froide  ,  ou  de  la 
neige  ,  jusqu'à  ce  qu'ils  voient  qu'ils  ont  de  la  peine  à 
respirer  ;  alors  ils  les  mettent  dans  de  l'eau  chaude  ,  ck 
prennent  garde  qu'il  ne  leur  en  tombe  aucune  goutte  fur 
la  tête ,  jusqu'à  ce  que  le  prêtre  les  ait  baptifés.  Si-tôt 
que  les  enfans  font  ainfi  lavés,  ils  les  enveloppent  dans 
une  peau  de  lièvre.  L'accouchée  a  fon  lieu  particulier 
dans  la  cabane ,  où  elle  demeure  au  lit  fort  peu  de  tems. 
Quand  elle  a  recouvré  fes  forces ,  c'eft-à-dire,  le  quator- 
zième jour,  pour  le  plus  tard,  après  fes  couches,  elle 
fe.  met  en  chemin  ,  grimpe  fur  la  cime  des  montagnes 
les  plus  hautes ,  pafle  le  long  des  lacs  les  plus  étendus , 
ck  traverse  d'épaîfles  forêts ,  pour  porter  fon  enfant  au 
prêtre,  afin  qu'il  lui  donne  le  baptême.  L'hiver  elle  l'at- 
tache au  traîneau,  fur  lequel  elle  eft  portée,  ck  entêté 
fur  le  bât  dont  elle  charge  le  renne.  Les  Lappones  n'ont 
point  de  nourrices  ;  elles  donnent  elles-mêmes  à  tetter 
à  leurs  enfans,  durant  trois  ou  quatre  années ,  &  les  ac- 
coutument à  la  viande  de  fort  bonna  heure.  Leurs  ber- 
ceaux font  faits  d'une  groffe  pièce  de  bois  creufée_,  gar- 
nie de  cuir  par  dedans,  ck  à  l'endroit  delà  tête  il  y  a 
comme  un  petit  toît  en  rond ,  fait  auffi  de  cuir.  Elles  y 
mettent  leur  enfant  tout  nud;  ck  au  lieu  de  langes,  on 
fourre  par-  deflbus  une  espèce  de  moufle  rouge  fort  douce, 
qu'elles  font  bien  fécher  en  été.  Elles  changent  cette 
meuffe  toutes  les  fois  qu'il  faut  remuer  l'enfant.  Il  y  a, 
le  long  des  côtés,  des  peaux  de  jeunes  rennes,  dont  elles 
le  couvrent.  S'il  faut  le  bercer  pour  l'endormir,  elles  fus- 
pendent  le  berceau  au  toît  de  la  cabane,  &  le  font  ainfi 
aller  en  l'air  d'un  côté  à  l'autre  ;  pour  l'amufer  ck  le 
réjouir,  elles  y  attachent  des  anneaux  de  laiton ,  qui,  en 
faifant  du  bruit  ,  lui  fervent  de  hochets.  Elles  y  mettent 
quelques  marques  qui  avertificnt  l'enfant  de  bonne  heure 
de  fa  condition ,  &  de  ce  qu'il  doit  faire  quand  il  fera 
grand.  Si  c'eft  un  garçon ,  elles  attachent  à  fon  berceau 
un  petit  arc,  de  petites  flèches ,  ck  une  petite  hallebarde, 
tout  cela  bien  travaillé  ,  ck  fait  de  corne  de  renne  ou 
d'étain  ;  fi  c'eft  une  fille ,  elles  y  pendent  les  aîles ,  les 
pieds  &  la  tête  d'un  oifeau  trcs-blahc,  pour  leur  appren- 
dre qu'elles  doivent  être  très-pures  &  très-promptes  à 
remplir  tout  ce  qui  eft  de  leur  devoir.  Ces  enfans  n'ont 
point  d'autres  maîtres  que  leurs  parens  pour  leur  appren- 
dre les  arts  qui  leur  peuvent  être  néceflaires.  Les  pères 
inftruifent  les  garçons  à  tirer  des  flèches  avec  l'arc  à  un 
certain  but  ;  ci  fi-tôt  qu'ils  favent  un  peu  tirer,  on  les 
oblige  tous  les  jours  de  vifer  contre  un  morceau  d'écorce 
de  bouleau  pendu  au  bout  d'une  grande  perche  ;  6k  on 
ne  leur  donne  point  à  manger  qu'ils  n'ayent  donné  dans 
ce  but.  Les  mères  apprennent  aux  filles  à  coudre  des  bot- 
tes, des  fouliers ,  des  gants,  des  habits ,  ck  tout  le  har- 
nois  qu'on  met  fur  les  rennes ,  quand  on  les  attache  à 
des  traîneaux.  La  coutume  des  Lappons  eft_  de  donner 
à  chacune  de  leurs  filles  ,  auflï-tôt  qu'elle  a  été  baptifée, 
.-un  renne  femelle  ;  ils  lui  en  donnent  encore  un  quand  les 
dents  commencent  à  lui  percer.  Ils  gravent  fur  les  cornes 
de  ces  animaux  la  marque  de  la  fille  ;  &  tous  ceux  qui  pro- 
viennent de  ces  rennes  ,  lui  font  confervés.  Si  on  en 
échange  pour  de  l'argent,  du  cuivre,  du  laiton  ou  des  ha- 
bits, tout,  ce  qui  eft  acquis  par  le  troc,  eft  pour  cette  fille. 
En  Lapponie  ,  l'occupation  des  hommes  eft  ou  la  pê- 
che, ou  la  chaffe  ;  ils  fe  fervent  de  flèches  ou  d'armes  à  feu, 
fuivant  que  l'animal  qu'ils  poursuivent  eft  plus  ou  moins 
redoutable. Les  femmes  feules  préparent  le  boire  &  le  man- 
ger ;  elles  s'occupent  à  tailler  ck  à  coudre  des  habits,  à  faire 
des  gants ,  des  fouliers  ck  tout  ce  qui  eft  néceffaire  pour 
attacher  les  rennes  aux  traîneaux  ,  qui  font  les  feules  voi- 
tures en  ufage  dans  ce  pays.  Les  Lapponnes  fort  ordinai- 
rement leur  fil  avec  des  nerfs  de  renne  ,  battus  &  pré- 
parés à-peu-près  comme  du  lin  que  le  froid  exceflïf  ne 
permet  pas  de  faire  venir  en  Lapponie,  Elles  tirent  auffi 


LAP 


du  fil  de  la  laine  de  brebis ,  pour  en  faire  des  bandes  ck 
des  rubans;  elles  font  auffi  du  fil  avec  du  poil  de  lièvre 
blanc,  &  if  leur  fert  pour  des  bonnets  qu'elles  font  en 
tricotant  avec  trois  ou  quatre  petites  broches  de  fer,  fem- 
blables  à  celles  dont  on  fe  fert  pour  fabriquer  des  bas  de 
foie  ou  de  laine ,  dans  les  autres  pays  de  l'Europe. 

Il  y  a  deux  chofes  principales  parmi  les  Lapons,  l'une 
qui  regarde -la  juftice,  l'autre  les  tributs.  Les  hiftoriens 
rapportent  fort  peu  de  chofe  touchant  la  juftice,  dont 
il  femble  que  leurs  rois  ont  été  les  maîtres ,  &  qu'ils 
l'exerçoient  lorsque  cette  nation  jouifloit  encore  de  fa 
liberté  ;  mais  depuis  -que  les  Birkales  leur  ont  commandé 
fous  le  titre  de  préjîdens  ,•  ils  ont  toujours  reconnu  leur 
gouvernement.  Ces  Birkales  ont  été  des  fujets  du  roi  de 
Suéde  ,  appelles  ainfi  ,  parce  qu'ils  étoient  de  la  paroifle 
de  Birkala  ,  6k  ont  toujours  eu  coutume  d'aller  de  Suéde 
en  Lapponie.  Il  eft  vrai  que  le  roi  Guftave  I  ne  parle 
point  dans  fes  Lettres  de  Birkales,  d'une  feule  paroifle, 
mais  de  plufieurs,  &  qu'au  lieu  de  nommer  ces'paroifles 
Birkala,  il  les  appelle  Pitha,  Luhla  ck  Torna.  Cela  vient 
de  ce  que,  dans  'la  fuite,  quelques  Birkales  ,  nés-  dans  la 
Tavaftie ,  furent  établis  dans  les  villes  de  Luhli ',  de  Pi- 
tha ck  de  Torna ,  pour  y  commander  aux  Lappons,  ck 
trafiquer  avec  eux  par  même  moyen.  Comme  le  com- 
merce avec  ces  peuples  fauvages  n'étoit  permis  qu'aux 
Birkales ,  Buraeus  les  nomme  marchands ,  ck  remarque 
que  les  habitans  de  laBoîhnie,  &  particulièrement  ceux 
qu'on  appelle  Birkales ,  avoient  foin  d'acheter,  pendant 
l'été,  des  marchands  qui  vendent  fur  leurs  côtes  par  le 
golfe  de  Bothnie,  les  denrées  qu'ils  connoifloient  néces- 
faires  aux  Lappons,  ck  qu'ils  les  portoient  en  Lapponie, 
lorsque  les  lacs  &c  les  fleuves  étoient  tout-à-fait  glacés. 
On  voit  par-là ,  que  les  Birkales  étoient  habitans ,  non 
d'une  feule  paroifle  ,  mais  de  toute  la  Bothnie.  On  pour- 
qu'ils  ne   demeuraient  anciennement  que  clans 


roit  di; 


la  paroifle  de  Birkala  ;  que  depuis  ils  ont  parle  dans  les 
régions  plus  avancées  f  Se  qu'ils  y  ont  confervé  dans  tous 
les  pays  ck  toutes  les  villes ,  les  droits  qu'ils  ont  obtenus 
d'abord  du  roi  Magnus  -  Ladulaos.  Ces  droits  étoient 
qu'ils  auroient  feuls  une  autorité  entière  fur  les  Lappons, 
&  qu'aucun  autre  ne  lèverait  de  tributs  fur  ce  peuple  , 
avec  lequel  il  ne  ferait  permis  qu'à  eux  feuls  de  trafiquer. 
Voilà  le  pouvoir  des  Birkales  fur  les  Lappons,  fous  l'au- 
torité des  rois  de  Suéde.  Ziéglérus  ne  reconnoît  aucun 
juge  parmi  eux.  I!  dit  feulement  qu'ils  venoient  en  Suéde, 
pour  y  terminer  leurs  différends  fur  le  droit  douteux.  Ces 
fortes  d'affaires  étoient  rares,, parce  qu'on  n'entend  point 
parler  enLapponie  de  larcins,  de  vols,  d'aflaflînats,  d  a- 
dulteres ,  ni  d'autres  crimes  femblables.  Il  n'y  a  que  la 
feule  impiété  magique  qui  régne  parmi  ce  peuple,  quoi- 
qu'elle y  ait  été  défendue  expreffément  de  tout  tems,  ck 
févérement  punie.  Depuis  qu'ils  ont  reçu  le  baptême  , 
ils  n'ofent  plus  enfeigner  cet  art ,  ni  s'en  fervir  ouver- 
tement ,  à  caufe  qu'il  y  va  de  la  vie.  Si-tôt  que  Guftave  I 
eut  éloigné  les  Birkales  du  gouvernement,  ck  qu'il  eut 
donné  aux  Lappons  des  préfets  particuliers ,  on  régla 
avec  plus  d'ordre  les  informations  ck  les  procès.  Char- 
les IX  fit  apprendre  à  ces  préfets  les  loix  de  la  Suéde , 
ck  les  obligea  d'accommoder,  autant  qu'il  ferait  poffible, 
leur  manière  de  vivre  à  ce  qui  étoit  réglé  par  ces  loix. 
Les  Lappons  ont  aujourd'hui  trois  tribunaux.  Le  premier 
eft  pour  la  Lapponie  d'Aongermanne  ;  le  fécond  pour 
les  Lappons  d'Uhma ,  de  Pitha  ck  de  Luhla  ;  ck  le  troi- 
fiéme  pour  celles  de  Torna  ck  de  Kiémi.  Il  y  a  trois  pré- 
fets ,  un  pour  chacun  de  ces  tribunaux  devant  qui  vont 
toutes  les  affaires.  Ils  font  obligés  de  rendre  la  juftice  à 
tous  leurs  peuples ,  au  nom  de  la  couronne ,  ck  en  la  pré- 
fence  du  juge  &  du  prêtre.  Les  tributs  qui  confiftoient, 
au  commencement,  en  peaux  de  bêtes  fauvages ,  étoient 
payés  plus  par  les  Birkales  que  parles  Lappons,  non  pas 
tant  pour  le  profit  que  pouvoit  en  recevoir  la  couronne 
de  Suéde ,  que  pour  marquer  l'obéiflance  des  Birkales  à 
cette  couronne ,  dont  ils  tenoient  leur  autorité  fur  les 
Lappons.  Ces  tributs  confident  préfentement  en  espèces 
de  monnoie  ,  en  rennes  ck  en  peau  ;  chaque  Lappon 
paye  à  proportion ,  ck  félon  la  qualité  du  territoire  qu'il 
occupe.  Les  territoires  les  plus  étendus  font  appelle',  d'un, 
entier,  ou  dujufie  tribut  ;  rk  les  plus  pe'its  territoires, 
d'un  demi- tribut.  Celui  qui  a  un  territoire  d'un  tribut 
entier,  paye  tous  les  ans  à  la  couronne  deux  richdales 
en  espèces;  ôc^elui  qui  n'a  qu'un  héritage  de  demi-tri- 


Lap 


LAP 


but,  paye  feulement  une  richdale.  Comme  il  arrive  fou- 
vent  que  plufieurs  d'entr'eux  n'ont  point  de  richdales  , 
ils  donnent  des  peaux  de  renards  ci  d'écureuils.  Cin- 
quante peaux  d'écureils  font  eftimées  une  richdale  ,  &C 
une  peau  de  renard  avec  une  paire  de  fouiiers  à  la  mode 
des  Lappons,  vaut  la  même  chofe.Les  poiffons  doivent 
être  fecs  ;  il  en  faut  deux  livres  du  grand  poids,  pour 
égaler  une  richdale.  Ils  donnent  auffi  la  dixme  de  leurs 
rennes  ,  &  ce  tribut  te  levé  fur  chaque  pays,  &  non  lur 
les  familles  particulières.  Outre  cela,  chaque  chef  de  fa- 
mille eft  obligé  de  donner  ou  une  peau  de  renard  blanc, 
ou  deux  paires  de  fouiiers  du  pays  ;  &  quand  il  ne  peut 
fournir  ceschofes,  il  paye  une  demi-livre  du  grand  poids 
de  brochets  fecs.  Une  partie  de  ces  tributs  s'emploie  à 
entretenir  les  prêtres,  qui  demeurent  en  ce  pays,  pour 
inftruire  les  Lappons. 

Depuis  qu'ils  n'ont  plus  été  affujettis  aux  Birkales,  ils 
ont  eu  une  grande  liberté  de  trafiquer  avec  les  autres 
nations.  Ceux  qui  demeurent  proche  des  montagnes  qui 
féparent  la  Norvège  de  la  Suéde,  ont  commerce  avec 
les  Norvégiens  &  les  Suédois.  Ceux  qui  font  plus  éloi- 
gnés de  ces  montagnes,  n'en  ont  qu'avec  ces  derniers;  &c 
ceux  qui  font  plus  vers  le  nord  &  l'orient,  trafiquent  avec 
les  Ruffes  &  les  Finons.  Les  marchandées  qu'ils  échan- 
gent avec  de  l'argent,  des  richdales,  des  étoffes  de  laine, 
de  la  toile  ,  du  cuivre ,  du  laiton  ,  de  la  farine,  du  fel , 
des  peaux  de  bœuf,  des  aiguilles  ,  des  couteaux,  de  l'es- 
prit de  vin,  &  fur-tout  avec  du  tabac  qu'ils  aiment  pas 
fionnément,  font  des  rennes  &  des  poiffons  qu'ils  pien- 
nent  en  fi  grande  quantité ,  qu'ils  en  remplifïent  des  ré- 
iérvoirs,  &c  en  mettent  dansdes  banques,  pour  porter  aux 
provinces  voifines  qui  font  la  Northbothnie  Se  la  Ruffie 
blanche.  Ils  trafiquent  auffi  de  peaux  extrêmement  blan- 
ches, qu'ils  nomment  des  armdines,  &  d'autres  peaux,  de 
rennes,  de  renards  noirs,  de  roux,  de  bleus  &  de  blancs, 
de  goulus  ,  de  loutres,  de  martres -^de  caftofs,de  loups, 
d'ours  &  d'écureuils ,  de  robes  du  pays ,  de  gants ,  de 
fouiiers,  de  bottes ,  de  brochets  defféchés  &  de  fromage 
de  lait  de  rennes. 

Les  Lappons  ne  s'appliquent  aii  travail  que  lorsque  le 
manque  de  vivres  les  y  oblige ,  &  mènent  une  vie  affez 
folitaire,  à  caufe  que  chaque  famille  demeure  dans  lès 
cabanes  féparées,  &i  (ouvert  fort  éloignées  de  toutes  les 
autres.  Us  (è  plaifent  fort  à  vifiter  leurs  parens  &  leurs 
amis.  Les  plus  riches  fe  font  un  plaifir  de  régaler  ceux 
qui  les  viennent  voir.  Ils  ont  des  jeux  qui  charment  leur 
oifiveté,  fur-tout  en  hiver,  lorsqu'ils  s'aflèmblent  aux  lieux 
deftinés  pour  y  mettre  en  vente  leurs  marchandées ,  ck 
rendre  la  juftice.  Les  hommes  tracent  une  ligne  fur  la 
neige,  &  mettent  un  but  au-delà,  dans  la  diftance  de 
quelques  pas.  Chacun  d'eux  court  depuis  ce  but  jusqu'à 
la  ligne ,  où  étant  arrivés  ,  ils  fe  lancent  en  jutant  le  plus 
loin  qu'ils  peuvent ,  ck  celui  qui  peut  lauter  plus  avant 
remporte  le  prix.  Quelquefois  le  jeu  confifte  à  qui  pourra 
fauter  le  plus  haut ,  ck  pour  cela  on-  tient  une  corde  ou 
un  bâton  à  une  certaine  hauteur,  &f  ils  tâchent  l'un  après 
l'autre  de  fauter  par-deffus  cette  corde  ou  ce  bâton.  Ils 
Ont  un  autre  jeu  qui  fe  fait  avec  les  flèches.  Ils  marquent 
un  but  fort  petit ,  où  ils  tirent  avec  l'arc,  d'une  certaine 
diftance,  &  le  vainqueur  eft  celui  qui  donne  plufieurs 
fois  dedans.  Les  hommes  &  les  femmes  jouent  auffi 
quelquefois  enfemble  avec  une  balle  de  cuir  remplie  de 
foin.  Ils  fe  partagent  en  deux  bandes  :  l'une  tient  un  cer- 
tain espace,  ck  l'autre  un  autre,  avec  quelque  diftance 
entre  deux.  Etant  ainfi  dispofés,  tous  ceux  d'un  parti  frap- 
pent la  balle  l'un  après  l'autre  avec  un  bâton  ,  ck  la  font 
voler  en  l'air  de  toute  leur  force.  Si  quelqu'un  de  ceux 
de  l'autre  parti  peut  l'attraper  de  la  main ,  avant  qu'elle 
tombe  à  terre  ,  le  jeu  fe  change  ;  ce  parti  frape  la  balle 
à  fon  tour  ck  l'envoie  en  l'air.  Quelquefois  ils  tracent 
deux  lignes  fur  la  neige  gelée  ,  éloignées  l'une  de  l'au- 
tre d'un  certain  espace.  Les  hommes  ck  les  femmes  fe 
partagent  indifféremment  en  deux  partis,  qui  entrepren- 
nent chacun  de  défendre  une  de  ces  lignes.  Ils  s'allem- 
blent  tous  enfuite  au  milieu  de  l'espace  qui  eft  entre 
deux,  ck  tâchent  de  pouffer  la  balle  avec  des  bâtons, 
vers  la  ligne- du  parti  contraire.  Celui  des  deux  partis 
qui  réuffit ,  remporte  l'avantage.  Les  femmes  dans  l'un 
&  l'autre  de  ces  jeux ,  ne  font  pas  paroître  moins  dV 
dreffe  6c  de  vigueur  que  les  hommes.   Ceux  qui  font 


71$ 

avancés  en  âge^  dnt  .un  jeu  qui  leur  eft  particulier.  Us  fé 
divifent  en  deux  clafles  pour  lutter  les  uns  contre  les  au- 
tres. Une  claffe  le  pofte  fur  une  longue  ligne  de  front; 
comme  un. rang  de  foldats  en  bataille,  &  1  autre  le  range 
fur  une  ligne  oppofée.  Ils  prennent  chacun  leur  adver- 
fàire  par  la  ceinture,  ck  celui  qui  peut  le  renverfer  par  terre, 
fort  victorieux  du  jeu.  Les  prix  que  remportent  ceux  qui 
gagnent ,  font  tantôt  des  écureuils  ck  tantôt  des  chofes 
de  moindre  valeur.  Quelquefois  ils  jouent  les  balles  de 
mousquet ,  dont  ils  fe  fervent  à  la  chaffe  ;  ck  celui  qui 
les  perd  ainfi  ,  ne  pouvant  plus  y  aller,  en  reçoit  un 
grand  dommage,  puisqu'il  ne  fauroit  plus  faire  provifion 
d'aliment  pour  l'avenir,  jusqu'à  ce  qu'il  ait  recouvré  d'au- 
tres baies.  .,.-.., 

Les  Lappons  n'ont  point  de  médecins ,  &  ne  croient 
pas  en  avoir  bel'oin ,  n'étant  point  attaqués  de  beaucoup 
de  maladies,  communes  ailleurs.  Le  mal  des  yeux  qu'ils 
ont  pleureux,  chaftîeux  ck  enflammés  ;  eft  parmi  eux  la 
plus  ordinaire ,  ck  elle  eft  affez  fouvent  fuivie  de  la  perte 
de  la  vue.  Cela  vient  de  la  fumée ,  dont  leur  cabane  eft 
toujours  remplie  ,  &  de  la  lueur  du  feu  devant  lequel 
ils  font  la  plupart  du  tems  dès  leur  naiffance.  Ils  devien- 
nent quelquefois  poulmoniques ,  ck'font  affligés  de  pleu- 
réfie  ,  de  douleurs  aux  épaules ,  à  l'eftomac  ,  à  l'épine 
du  dos ,  ck  de  vertiges  ;  mais  cela  leur  arrive  rarement. 
Contre  tous  les  maux,  internes ,  ils  fe  fervent  d'un  breu- 
vage fait  de  la  racine  d'une  moufle,  qu'ils  nomment  j  enh  z 
ck  à  Ion  défaut  ,  ils  prennent  de  l'angélque.  Ils  font 
cuire  la  tige  de  cette  herbe  dans  du  lait  clair  de  renne, 
&  cette  déco&ion  leur  tient  lieu  de  médecine.  Quand 
ils  fentent  des  douleurs  en  quelque  partie  du  corps ,  ils 
prennent  une  espèce  de  champignons  qui  viennent  aux 
arbres  de  bouleau,  en  manière  de  gâteau  ;  &  après  y 
avoir  mis  le  feu ,  ils  l'appliquent  tout  ardent  fur  la  par- 
tie affligée,  afin  que  l'ulcère,  qui  s'y  forme,  attire  toutes 
les  mauvaifes  humeurs.  Si  l'application  s'en  fait  comme 
il  faut,  le  champignon  s'enlève  de'lui-même,  &  la  dou- 
leur celle.  Us  n'ont  point  d'autre  appareil  pour  les  plaies, 
que  la  réfnie  qui  diftille  des  lapins.  Lorsqu'ils  ont  quel- 
que membre  gelé  de  froid ,  ils  prennent  du  fromage  de 
renne,  le  fourrent  dans  un  morceau  de  fer  tout  chaud; 
ck  avec  ce  qui  en  découle  en  forme  d'huile  ,  ils  fro- 
tent  la  partie  affligée  ,  qui  eft  foulagée  presque  auffi- 
tôt. 

La  plupart  des  Lappons  vivent  jusqu'à  foixante  8c 
dix ,  quatre-vingt ,  ou  quatre-vingt-dix  ans  ,  fans  que 
les  cheveux  leur  blanchilient  ,  ck  qu'ils  ceffent  de  cou- 
rir au  travers  des  bois  &  fur  les  montagnes.  Il  s'en  trouve 
même,  parmi  eux,  qui  paffent  cent  ans.  Si  quelqu'un  vient 
à  être  dangereulèment  malade,  foit  de  vieilleffe ,  foit 
par  accident ,  ils  tâchent  d'apprendre,  par  le  moyen  de 
leur  tambour,  quel  doit  être  le  fuccès  de  la  maladie;  et 
lorsqu'ils  croient  qu'il  n'a  pas  long-tems  à  vivre  ,  ils 
l'exhortent  à  bien  mourir ,  ck  à  avoir  toujours  dans  le 
cœur  la  paffion  du  Sauveur  du  monde.  S'ils  font  peu 
zélés  pour  la  religion  des  Chrétiens  ,  ils  abandonnent  le 
mourant,  ck  le  mettent  feulement  en  peine  du  feftin  des 
funérailles.  Dès  que  le  malade  a  rendu  l'esprit,  tous  les 
affiftans  quittent  la  cabane  où  le  corps  eft  étendu.  Si  lé 
mort  eft  riche ,  ils  enveloppent  fon  corps  dans  un  drap 
de  toile  ,  lui  couvrant  toute  la  tête  ;  s'il  eft  pauvre,  on 
l'enlèvelit  dans  de  l'étoffe  de  laine.  Il  eft  mis  enfuite 
dans  un  cercueil  par  un  Lappon  que  les  parens  ont  prié 
de  lui  rendre  ce  dernier  office.  Us  font  obligés  de  lier 
un  anneau  de  laiton  au  bras  droit  de  ce  Lappon  ;  ck  il 
y  demeure  attaché,  jusqu'à  ce  qu'il  fe  foit  acquitté  de  ce 
devoir.  Ils  croient  que* cet  anneau  eft  un  fur  préfervatif 
contre  le  mal  que  lui  pourroient  faire  les  mânes  du  mort. 
Le  cercueil  fe  fait  ordinairement  d'un  tronc  d'arbre 
creulé.  Ceux  qui  demeurent  fur  les  montagnes  des  fron- 
tières de  Norvège ,  au  défaut  de  bois  ,  mettent  le  corps 
du  défunt  dans  un  traîneau.  Les  Lappons  ,  avant  qu'ils 
fuffent  Chrétiens,  enterroient  Jeurs  morts  au  premier  en- 
droit ,  ck  particulièrement  dans  les  bois  ;  ce  qu'ils  font 
encore  préfentement  lorsqu'ils  font  fort  éloignés  del'é- 
glife.   Quelques-uns  mettent  fimplement  le  corps  avec 


fon  traîneau  dans  la  terre ,  &  ils  i 


en  couvrent  principa- 


lement dans  les  pays  où  il  n'y  a  que  des  rochers  far 
bies.  Les  autres  l'entourent  de  pièces  de  bois  de   tous 
côtés,  &  fur-tout  dans  les  forêts.    Us  en  mettent  par- 
Tome  III,    Aaaaa  ij 


74» 


LAP 


LAP 


deflbus,de  peur  que  le  cercueil  ne  fe  gâte  ,  aux  côtés  & 
par-deiïus,  pour  empêcher  les  bêtes  fauvages  de  man- 
ger le  corps.  Ceux  qui  n'obfervent  pas  les  cérémonies 
du  Chnftianisme ,  enterrent  avec  le  corps  la  hache  du 
mort,  un  morceau  d'acier  6c  un  caillou.  Ils  prétendent 
que  le  mort,  fe  trouvant  au  dernier  jour  dans  les  téné- 
ores,  aura  belbin  de  quelque  lumieie  ,  &  qu'il  pourra 
allumer  du  feu  avec  cet  acier  6c  le  caillou.  Quant  à  la 
hache ,  ils  en  donnent  pour  railbn  ,  que  fi  le  mort  trouve 
en  fon  chemin  des  broffailles  6c  des  branches  d'arbres 
capables  de  l'arrêter,  il  les  coupera,  parce  que  !a  loi  a 
été  impofée  aux  mort's  d'arriver  au  ciel  par  le  fer  &  le 
feu.  Ceux'qui  embraflent  les  cérémonies  des  Chrétiens, 
font  porter  le  corps  dans  le  cimetière  qui  eft  proche  des 
églifes  ,  à  quoi  le  prêtre  a  foin  de  tenir  la  main.  On 
l'enterre  comme  il  fe  pratique  parmi  les  Chrétiens;  ÔC 
les  parens  font  paroître  leur  affliction  ,  en  fe  trouvant 
au  convoi  avec  leurs  plus  mauvais  habits.  Ils  ont  ceci  de 
particulier,  qu'ils  laiffent  dans  le  cimetière  le  traîneau 
fur  lequel  on  a  apporté  le  corps  du  défunt  ,  6c  tous  les 
vêtemens  qu'il  avoit  durant  fa  maladie,  fon  lit,  fes  cou- 
vertures &  autres  chofes  pareilles.  Le  feftin  des  funé- 
railles fe  fait  trois  jours  après  la  cérémonie  de  l'enterre- 
ment ;  les  parens  &  les  alliés  du  mort  y  font  conviés. 
On  y  mange  la  chair  du  renne  qui  a  traîné  le  corps  au 
lieu  de  la  fépulture.  Comme  il  a  été  immolé  en  l'hon- 
neur du  mort ,  ils  ont  foin  d'en  amafTer  tous  les  os  dans 
un  panier  fur  lequel  ils  mettent  une  figure  d'homme 
grande  ou  perite,  à  proportion  de  la  taille  de  celui  qui 
eft  la  caufe  de  ce  feftin  ,  6c  ils  enterrent  toutes  ces  cho- 
fes. Les  biens  qui  tombent  entre  les  mains  des  héritiers, 
Ôc  qui  confident  en  troupeaux  de  rennes  ,  en  vafes  de 
laiton ,  de  cuivre ,  d'airain  ,  6c  en  argent  monnoyé,  fe 
partagent  entre  les  frères  6c  foeurs  ;  les  deux  tiers  aux 
uns ,  &  l'autre  tiers  aux  autres  ;  ils  mettent  toutefois  à 
part,  avant  le  partage,  les  rennes  qui  leur  ont  été  donnés 
dès  leur  enfance  ,  avec  tous  ceux  qui  en  peuvent  être 
pro venus.  Quant  aux  immeubles,  comme  les  terres,  les  ' 
lacs ,  les  montagnes  6c  les  eaux  où  l'on  fait  la  pêche  , 
les  enfans  de  l'un  6c  de  l'autre  fexe  les  poffedent  par  in- 
divis, fans  les  partager.  Cet  ufage  eft  appuyé  fur  la  di- 
vifion  que  le  roi  Charles  IX  fit  faire  de  toute  la  Lap- 
ponie  ,  donnant  un  territoire  particulier  à  chaque  fa- 
mille. 

Les  animaux  les  plus  remarquables  qu'on  trouve  dans 
cette  contrée,  font  les  rennes,  les  ours,  les  élans  ,  les 
loups  &  les  goulus.  Il  y  a  une  fort  grande  quantité  de. 
caftors ,  de  renards ,  de  martres  &  d'écureuils.  Les  écu- 
reuils y  ont  cela  de  particulier,  qu'ils  changent  tous  les 
ans  de  couleur,  rk  qu'au  lieu  de  roux,  ils  deviennent 
gris,  fi-tôt  que  l'hyver s'approche.  On  tient  encore  des 
Lappons  cette  espèce  d'animaux  nommés  hermelines  ou 
armelines ,  6c  plus  communément  hermines ,  dont  les 
peaux  font  très-blanches ,  6c  qu'ils  échangent  avec  tou- 
tes fortes  de  marchandifes.  C'eft  une  belette  blanche , 
qui  a  au  bout  de  la  queue  une  petite  pointe  fort 
noire. 

Table  géographique  des  principaux  lieux  de  la  Lapponie 
Suédoife  &  du  Noidland. 


Uhma, 

Pita  ou  Pithéa  , 

Lula  ou  Luhla, 

Torna  ou  Tornéa  ," 

Kimi  ou  Kiémi , 

Lappijaerf, 

Antcware, 

Ténokiile, 

Porfanger , 

Lingen  , 

Troènes, 

Ewenes, 

Titifare , 

Piala  ,  - 

Siguar, 

Tinguvar^ 


Longit. 

Latit. 

D.  M. 

D.  M. 

38    0 

65  11. 

40    0 

66  14. 

40  30 

66  30. 

41  27 

67    0. 

42  50 

67     1. 

4*  33 

70    9. 

44    4 

70  26. 

46    0 

70  50. 

44    1 

71  41. 

37  30 

70  30. 

32  30 

70   2f. 

33  35 

70      O. 

37  55 

69   40. 

68  i?. 

41  40 

38  35 

68  59. 

38    0 

69  40. 

Longit.     Latit, 

D.  M.  D.  M. 

Rounula , 

39  3°    69  47. 

K-oiuokrine 

42    0    69  17. 

Waranger, 

45     0    71  3^. 

Lanzord, 

45  35    7«  16. 

Huvalfund, 

42  40    71  12. 

Skrifoé  , 

38  50    71  18. 

Trumlas , 

35  5*    70  55. 

Andacaës, 

32    0    70  30. 

Sergen , 

32  20    69  30. 

Wardhus  01 

Vardhuysi 

31    0    71  5f. 

Norkaap  ou 

Nordkap. 

45  30    7a  3<* 

LA  PSIAS ,  fleuve  de  l'Afie  mineure ,  dans  la  Bithyniè, 
félon  Pline ,  /.  5 ,  c.  3  2  ,  le  feul  qui  en  ait  parlé. 

LAPTÉE,  prieuré  de  France  ,  en  Champagne,  à 
demi-lieue  de  Troyes.  Il  y  avoit  des  Chartreux  ;  ce  font 
à  préfent  des  Bénédiftins. 

LAPURDUM,  ancienne  ville  de  la  Gaule,  dans  la 
Novempopulanie.  La  Notice  de  l'Empire  fait  mention 
de  cette  ville  ,  en  ces  termes  :  in  provinciâ  Novempopu- 
lanâ  tribunus  cohortis  Novempopulanie  Lapurdo  ;  d'où 
il  eft  aifé  de  voir  que  Lapurdum  eft  une  ville  de  la  No~ 
vempopulanie  ,  où  étoit  en  garnifon  une  cohorte  levée 
dans  cette  même  province ,  6c  que  cette  cohorte  y  étoit 
fous  les  ordres  d'un  tribun.  Sidonius  Apollinaris ,  /.8, 
epijl.  12,  dans  une  de  fes  Lettres  ,  appelle  Lapurdenjes 
locuftas  ,  une  forte  de  poifton  qui  eft  fort  commun 
dans  ce  pays ,  6c  qu'on  y  appelle  langoujle.  Dans  l'ac- 
cord entre  Gonthram  6c  Childebert ,  rois  de  France, 
Lapurdum  eft  mis  au  rang  des  villes  qui  étoient  du 
royaume  de  Paris,  qui  avoit  appartenu  à  Charibert.  Sca- 
liger,  dans  fes  Leçons  fur  Aufone  ,  /.  2,  c.  7 ,  dit  que 
Lapurdum  èft  Lourde  en  Lavedan  ,  dans  la  Bigorre; 
en  quoi  il  fe  trompe,  puisqu'au  treizième  fiécle  la  ville 
de  Bayonne  s'appelloit  encore  Lapurdum  ,  6c  fes  évê- 
ques  6c  vicomtes  étoient  nommés  plus  fouvent  en  la- 
tin Lapurdenses  que  Bayonenfes.  Scaliger  lui-même  a 
reconnu  fon  erreur  ;  6c  dans  une  édition  poftérieure  , 
en  1590  ,  il  dit  que  Bayonne  a  été  autrefois  nommée 
Lapurdum  &C  civitas  Boatium  ,  ce  qui  eft  très-véritable 
à  l'égard  du  premier  nom.  Oihenard  ,  écrivain  Gascon, 
affure  que  Lapurdum  étoit  un  nom  Gascon  ou  Basque  , 
donné  à  ce  lieu  ,  à  caufe  des  brigandages  des  habitans, 
6c  de  leurs  pirateries ,  dont  il  eft  parlé  dans  la  Vie  de 
S.  Léon ,  évêque  de  Lapurdum.  Le  canton ,  où  eft 
Bayonne  s'appelle  encore  aujourd'hui  le  pays  de  La- 
bourd ;  de-là  vient  que  dans  les  anciens  monumens,  les 
évêques  de  Bayonne  font  appelles  Lapurdenjes,  parce  que 
Lapurdum  6*  Bayonne  font  deux  noms  d'une  même 
ville.  Il  eft  arrivé  à  celle-ci  la  même  chofe  qu'à  Da- 
ramajia,  6c  Ruscino ,  villes  qui  ont  cédé  leurs  noms  aux 
pays  dont  elles  étoient  les  capitales  ,  6c  en  ont  pris  d'au- 
tres. Ainfi  Tarantaife,  Rouffillon  6c  Labourd,  qui  étoient 
des  noms  de  villes,  font  devenus  des  noms  de  pays;  6c 
au  contraire,  Paris,  Tours,  Rheims  ,  Arras,  &c.  qui 
étoient  des  noms  de  peuples  ,'  font  devenus  les  noms  de 
leurs  capitales. 

I  En  rapportant  ce  que  dit  Scaliger,  que  Bayonne  a  été 
autrefois  nommée  Lapurdum  6c  civitas  Boatium  ,  j'ai 
dit  que  cela  eft  très-véritable  du  premier  nom.  Tous  nos 
favans  ne  conviennent  pas  que  cela  foit  vrai  du  fécond. 
Hadrien  Valois,  Notit.  G  ail.  p.  261 ,  tient  pour  l'affir- 
mative, 6c  dit  que  dans  l'ancienne  Notice  des  provin- 
ces 6c  des  villes  de  la  Gaule,  elle  eft  nommée  civitas 
Boatium  .  6c  qu'elle  tient  le  fixiéme  rang  entre  les  douze 
cités  de  la  Novempopulanie,  6c,  dans  un  exemplaire  de 
cette  Notice,  le  feptiéme  rang.  Il  y  a  d'autres  exemplaires 
qui  ajoutent,  id  eft,  Boïus  ;  ou  bien  hoc  eft,  Boïus;  ou  bien, 
quod  efi  Boïus  in  Burdigaknjl ;■  ce  qui ,  félon  ce  favant 
homme,  eft  indubitablement  faux ,  puisque  Lapurdum  ou 
civitas  Boatium  doit  être  chez  lesTarbelliens,  nation  ma- 
ritime de  la  Novempopulanie  ,  6c  n'a  rien  de  commun 
avec  les  Boii,  petit  peuple,  6c  village  du  Bouf  dllois,  dans  la 
féconde  Aquitanie.  Le  dofte  abbé  de  Longuerue,  Descr. 
de  la  France,  i.part.  p.  192,  n'eft  pas  de  ce  fentiment. 

II  le  réfute  ;  1.  en  difant  que  cette  Notice,  fur  laquelle 
on  s'appuie,  n'eft  pas,  à  beaucoup  près,  aufli  ancienne 


LAR 


LAR 


qu'on  la  fait.  La  haute  antiquité  de  cette  Notice  a  ,  dit- 
il,  été  risjettée  par  le  lavant  Pierre  Pithou  ,  au  chapitre 
premier  du  fécond  livre  de  fes  Adverfarla  ,  où  il  afîure 
que  plufieurs  ont  fauffement  attribué  cette  Notice  à  Ân- 
tonin,  &  qu'elle  eft  beaucoup  plus  récente,  ayant  été 
tirée  des  canons  d'ilidore ,  c'eft- à-dire  du  faux  Ifidore. 
l.  Le  rapport ,  que  l'on  croit  trouver  entre  le  nom  de 
Bayonne  ck  celui,  de  Boates  ,  eft  abfurde  ,  parce  que 
Bayonne  n'a  jamais  été  appelléei?o«M<z,  comme  on  vou- 
drait le  faire  accroire, mais  Baïona  ou  Bahiuna  qui  fignifie 
en  langue  Basque  un  beauport.  3.  Le  même  abbé,  p.  17Z, 
prétend  que  le  pays  de  Buoh ,  ou  Boates,  étoit  dans  la 
Novempopulame ,  &  pourtant  appartenoit  au  Bourde- 
lois.  Il  ne  faifoit  pas  une  cité  particulière ,  clvitas  ;  il  y 
avoit  feulement  un  château  ,  cajîrum  ;  c'eft  pourquoi 
l'auteur  de  la  Notice  alléguée,  ou  fes  copiftes,  fe  font 
abufés  quand  ils  ont  mis  clvitas  Boatïum  ■;  il  falloit 
écrire  cajîrum  Boatium.  L'origine  de  cette  erreur  vient 
de  ce  que,  pour  abbréger,  l'on  ne  mettoit  fouvent  qua 
la  lettre  C ,  pour  l'un  ck  pour  l'autre  de  ces  noms  ;  ck  . 
c'eft  ce  qui  a  fait  confondre  clvitas  avec  cajîrum.  Voyez 
pourtant  l'article  Boatium  Civitas,  où  l'on  trouve 
le  fentiment  d'Hadrien  de  Valois. 

De  Longuerue,  l.  c.  p.  191,  dit  que  Lapurdum  étoit 
un  château  bâti  ,  du  tems  des  Romains ,  dans  le  pays 
des  Tarbelliens  ;  cependant  aucun  géographe  ,  ni  Grec, 
ni  Latin  ,  n'en  fait  mention,  pas  même  Antonin,  pas 
même  l'anonyme  de  Ravenne  Quant  à  Bayonne ,  qui 
a  fuccédé  à  ce  château,  elle  n'a  commencé  à. être  con- 
nue que  fur  la  fin  de  l'onzième  fiécle,  car  dans  tous  les 
monumens  de  l'hiftoire  &  de  l'antiquité  ,  on  ne  con- 
noît  que  Lapurdum  ,  Labourd ,  dont  le  nom  eft  refté 
au  pays ,  après  que  le  lieu,  dont  il  avoit  tiré  ce  nom,  a 
été  anéanti.  Les  premiers  évêques  de  cette  ville  ont 
été  auffi  appelles  évéques  de  Labourd  ;  ck  il  eft  étrange, 
pourfuit-il  toujours  ,  qu'il  fe  foit  trouvé  des  gens  qui 
ayent  voulu  foùtenir  cette  opinion  ,  (  touchant  civitas 
Boatium  pour  Bayonne,)  après  qu'elle  a  été  fi  folide- 
ment  réfutée  par  Oyhenart,  en  fa  Notice  de  Gascogne, 
&  par  l'illuftre  Pierre  de  Marca ,  en  fon  Hiftoire  de 
Béarn  ,  qui ,  nés  l'un  ck  l'autre  dans,  le  voifinage  de 
Bayonne  ,  ck  ayant  examiné  à  fond  les  antiquités  & 
les  monumens  de  ce  pays  ,  dévoient  en  être  crus.  Il 
ajoute  enfin  que  quand  on  prouverait  qu'il  y  aurait  eu 
dans  la  Novempopulanie  une  cité  nommée  civitas 
Boatium,  on  ne  démontrerait  pas  que  ce  ferait  la  même 
ville  que  Bayonne ,  ck  Lapurdum. 

LAQUEDONIA,  nom  latin  de  la  Cedogna,  ville 
épiscopale  du  royaume  de  Naples.  Laquedonenfis  fe 
trouve  dans  la  Notice  de  Milon,  ck  dans  celle  de  l'é- 
vêque  de  Cathare.  Voyez  CEDOGNA. 

LAQUENSIUM  ,  génitif  pluriel  de  Laqucnfes,  pour 
'Aqucnjlum  ou  Aquenjes  ;  on  lit  ainfi  ce  nom  dans  une 
ancienne  Notice  des  villes  des  Gaules.  On  a  voulu  mar- 
quer le  fiége  de  Dacqs.  Voyez  ce  mot. 

LAQU1A,  rivière  de  l'Inde,  au-delà  du  Gange  ;  elle 
fort  du  lac  de  Chiamai  ;  ck,  ferpentant  le  long  des  mon- 
tagnes qui  bordent  ce  lac  au  couchant ,  elle  entre  au 
royaume  d'Acham  ou  Azem ,  qu'elle  traverfe  d'orient 
en  occident  ;  elle  paffe  enfuite  au  royaume  de  Bengale , 
où,  fe  recourbant  vers  le  fud-oueft  ck  le  fud  ,  elle  fe  di- 
vife  en  trois  branches  qui  forment  deux  ifles  ,  dans 
l'une  desquelles  eft  fituée  la  ville  deDaca,  fur  le  Gange, 
où  fe  perd  .cette  rivière.  *  Robert  de  Vaugondy  , 
Atlas. 

1.  LAR.,  rivière  de  l'Arabie  heureufe,  félon  Ptolo- 
mée,,/.  6,  c.  7. 

2.  LAR  ,  fortereffe  de  la  Mauritanie  Céfarienfe.  Anto- 
nin la  met  entre  Cartenna ,  colonie  ,  ck  Cartlli ,  à  qua- 
torze mille  pas  de  la  première ,  ck  à  quinze  mille  pas 
de  la  féconde.  Voyez  Larensis. 

3.  LAR,  Laer,  ou  Lara,  ville  de  Perfe,  autre- 
fois capitale  d'un  royaume  particulier  ,  fck  la  réfidence 
du  roi ,  lorsque  les  Guébres ,  ou  anciens  Perfans,  étoient 
maîtres  de  ce  pays.  Le  grand  Schah-Abas  la  leur  ôta. 
Maintenant  il  y  a  un  Khan  ,  qui  commande  à  toute  la 
province,  que  l'on  nomme  GhermÈS,  &  qui  s'étend 
jusqu'aux  portes  de  Gomrom.  Cette  ville  qui  eft  à  qua- 
tre, journées  de  Gomrom,  &  fituée  fur  un  rocher,  eft 
fort  petite  ;  elle  n'a  point  de  murailles,  mais  feulement 


74î 


un  méchant  fofle ,  au-delà  duquel  il  y  a  plufieurs  maî- 
fons  allez  bien  bâties ,  du  nombre  desquelles  eft  celle 
des  Hollandois  ,  &  ce  font  comme  les  fauxbo:  r  s.  Il 
n'y  a  rien  à  voir  à  Lar  que  la  maifon  du  Khan  ,  la 
place ,  les  bazars  &  le  château.  Les  environs  de  ee'te 
ville  refiemblent  à  un  bois  ;  ils  font  plantés  de  palmiers, 
d'orangers  &  de  citronniers ,  ce  qui  fait  qu'on  ne  peut 
la  découvrir  de  loin.  *Thevenot,  Suite  du  Voyage  du  Le- 
vant, c.  4  ,  p.  20.  Voyez  GemelLi  Careri ,  Voyage  du 
tour  du  monde,  t.  2 ,  p.  272.  Corneille  le  Brun,  Voyage 
de  Perfe,  p.}  17. 

Le  Brun ,  étant  Hollandois ,  écrit  Laer  ,  félon  l'or- 
thographe de  fa  nation.  Thevenot,  Gemelli  Careri , 
Tavernier,  Struys  ,  d'Herbeiot,  ck  quantité  d'autres, 
écrivent  Lar;  Chardin  écrit  Laar  ;  Texeïra  écrit  Lar 
ou  Lara.  Baudrand  écrit  Lar  pour  la  ville  ,  ck  Lara 
pour  la  province.  Corneille  fait  trois  articles  aux  titres 
Laar,  Lar  ck  Lara  ;  il  met  la  première  en  Afie, 
la  féconde  en  Perfe,  la  troifiéme  dans  la  Caramanie  dé- 
ferre. C'eft  la  même  ville  qui  eft  en  Perfe,  &  par  con- 
féquent  en  Afie,  ck  dans  une  province  qui  faifoit  partie 
de  l'ancienne  Caramanie.  La  province  de  Perfe,  dont 
Lar  eft  la  capitale,  s'appelle  Ghermes,  comme  on  a  dit; 
mais  le  royaume  de  Lar  s'appelloit  le  Laristan.  Voyez 
ce  mot. 

1.  LARA.  Voyez  Laristan. 

2.  LARA,  bourg  d'Espagne,  dans  la  vieille  Caftille, 
fur  l'Arlanza.  Ce  lieu  a  été  autrefois  confidérable  ,  ck 
a  donné  le  nom  à  une  grande  famille  ;  mais  à  préfent 
ce  n'eft  plus  qu'un  bourg  avec  un  ancien  château  ,  au 
pied  des  montagnes  d'Urbion,  à  quatorze  lieues  deBur- 
gos,  à  l'orient,  en  allant  vers  la  Rioja.  C'étoit  autre- 
fois une  ville  épiscopale,  appellée  Maujlna,  félon  Bau- 
drand ,  éd.  1602  &  1705.  Ce  nom  de  Maujlna  eft 
inconnu  aux  Notices  eccléfiaftiques  d'Espagne.  ■ 

JLARABETHA  ,  bourg  d'Espagne  dans  l'Afturie. 
C'eft  préfentement  Sant-AndERO.  Voyez  cet  article 
au  mot  Sant. 

LARACHE  :  d'Ablancourt  dans  fa  Traduction  de* 
Marmol ,  ou  peut-être  Richelet ,  fon  éditeur ,  regarde  17 
comme  article ,  ck  écrit  l'Arache.  Ce  mot  eft  cor- 
rompu d'el  Arays-Beni-Aroz  ,  qui  eft  le  nom  que 
les  habitans  donnent  à  cette  ville,  en  la  langue  de  leur 
pays.  Quoi  qu'il  en  foit,  LARACHE  eft  un  nom  com- 
mun à  une  ville  ck  à  une  rivière  quil  s'y  jette  dans  l'O- 
céan. 

La  ville  de  Larache  eft  ancienne,  quoique  bâtie  par 
ceux  du  pays  ,  fur  la  côte,  à  l'embouchure  d'une  rivière 
de  même  nom.  Elle  eft  bordée  par  la  mer,  d'un  côté, 
ck  de  l'autre  par  le  fleuve.  Elle  étoit  fort  peuplée  lors- 
que les  Chrétiens  fe  rendirent  maîtres  d'Arzile;  mais  les 
habitans  l'abandonnèrent,  jusqu'à  ce  que,  vingt  ans  après, 
Mulei-Nacer  la  fortifia ,  &  repeupla  gour  fervir  de  rem- 
part contre  les  Chrétiens  de  Tanger  ck  d'Arzile.  L'en- 
trée de  la  rivière  eft  allez  dangereufe  pour  les  navires; 
ck  Mulei-Nacer  a  fait  bâtir  un  château  tout  proche.  La 
ville  eft  fermée  de  murailles ,  ck  environnée  de  grandes 
prairies  ck  d'étangs ,  où  il  y  a  beaucoup  d'anguilles ,  Se 
quantité  d'oifeaux  de  rivière.  Sur  le  bords  du  fleuve  ,  il 
y  a  des  bocages  fort  épais ,  remplis  de  lions  ck  d'autres 
bêtes  farouches.  La  plupart  des  habitans  fon  charbon- 
niers, ck  leur  principal  trafic  eft  de  charbon,  qu'ils  por- 
tent vendre  dans  les  places  voifines.  On  recueille  force 
coton  aux  champs  d'alentour  ,  ck  l'on  pêche  des  alofes 
dans  la  rivière.  Il  y  a  un  allez  bon  port  pour  les  petits 
vaifieaux.  Grammaye  croit  que  la  ville  de  Larache  eft 
eft  le  jardin  des  Hefpérides  des  anciens  ;  ck  Sanut  le 
palais  d'Antée,  &  le  lieu  où  Hercule  lutta  contre  ce 
géant.  C'eft  la  Lixa  de  Ptolomée ,  ck  le  Lixos  de  Pline. 
Elle  a  été,  pendant. long-tems,  une  des  meilleures  forte- 
refles  de  Fez ,  fur  laquelle  les  Espagnols  ck  les  Portu- 
gais avoient  fait  fouvent  d'inutiles  tentatives  ;  mais,  l'an 
16 10,  Mulei-Xec,  gouverneur  de  cette  place,  la  livra 
au  marquis  de  S.  Germain,  général  de  l'armée  Espa- 
gnole. La  ville  eft  ornée  de  beaux  ck  fuperbes  bâti— 
mens,  6k  fermée  de  bonnes  murailles.  Il  y  a  trois  châ- 
teaux auxquels  les  Espagnols  ont  donné  les  noms  de 
divers  faints.  Le  château  qu'ils  ont  appelle  du  nom  de 
Sainte-Marie ,  étoit  entouré  d'un  large  folTé  ,  défendu 
par  un  bon  rempart ,  fck  avoit  trois  portes  de  fer ,  ck 


74î 


LAR 


LAR 


foixame  pièces  de  canon ,  dont  trente  ëtoient  pointées 
fur  le  château  Saint-Antoine.  Les  Espagnols  s'étant  ren- 
dus maîtres  de  cette  place ,  &  voyant  de  quelle  canfé- 
quence  elle  étoit  pour  la  navigation  ,  la  fortifièrent  en- 
core davantage.  Mais  ils  la  perdirent,  en  1681.  Les 
Maures  la  prirent  auflî-bien  que  Mamûrra.  *  Marmol, 
t.  1,1.4,  c-  4°-  Dapptr.  p.  ICI.  ■ 

LARANDA ,  (  génitif  orum  )  ancienne  ville  d'Afie , 
en  la  Cappodoce,  dans  Y  Antiochiana ,  félon  Ptolomée, 
/.  5,  c.  6,  qui  joint  ce  canton  à  la  Lycaonie.  En  effet, 
cette  ville  étoit  aux  confins  de  la  Lycaonie,  de  la  Pifidie 
&  de  l'Ilàurie  :  de-là  vient  que  les  anciens  la  donnent  à 
diverfes  provinces.  Etienne  le  Géographe  dit  qu'elle 
étoit  de  la  Lycaonie.  Les  Notices  de  Léon  le  Sage ,  & 
de  Hiéroclès  l'y  mettent  auiîi.  Strabon,  /.  11,  ayant 
dit  qu'Antipater ,  le  Tyran ,  avoit  fa  réfidence  à  Derbe  , 
ajoute  que  Laranda  lui  étoit  auffi  foumife.  Dipdore  de 
Sicile,  /.  18,  c.  n,  dit:  Perdiccas,  &  le  roi  Philippe, 
fortirent  de  Cappadoce,  marchèrent  vers  la  Pifidie,  fit 
réfolurent  de  détruire  deux  villes ,  dont  l'une  étoit  La- 
randa. Àmmien-Marcellin,  l.  4,  c.  7,  dit:  ils  vinrent 
auprès  de  la  ville  de  Laranda.  Antonin  met  la  ville  de 
Laranda  à  dix-huit  mille  pas  de  Cocufum,  en  venant 
de  Céfarée  en  Cappadoce ,  &  allant  vers  Anazarbe.  Elle 
conferve  encore  fon  nom ,  félon  Baudrand  ;  car  il  dit  que 
Laranda  eft  une  petite  ville  de  la  Turquie  d'Afie,  dans 
la  Natolie,  dans  la  province  de  Cogni ,  allez  avant  dans 
le  pays  ,  fur  les  frontières  de  la  Caramanie ,  à  la  fource 
delà  rivière  du  Cydne  ou  du  Carafou,  avec  un  évêché 
du  rit  Grec. 

LARASSA,  ou  LarasA,  ville  de  la  Médie,  félon 
Ptolomée,  L  6,  c.  i,  qui  la  met  peu  loin  d'Ecbatane. 
LARBORtJM  ,   ville  épiscopale  de  la  Carie  ,  félon 
la  Notice  de  Léon  le  Sage. 

LARBOUST,  vallée  de  France,  eh  Gascogne,  furies 
frontières  de  l'Arragon.  C'eft  un  ancien  titre  de  vicom- 
te, &  titre  d'archiprêtre. 

LARCABAU ,  bourg  de  la  baffe  Navarre,  à  une  des 
fources  de  la  'rivière  de  Bidoure  ,  à  quatre  lieues  de 
Saint-Jean-Pied-de-Port,  vers  le  couchant.  * Baudrand, 
éd.  1705. 

LARÇHANT  ,  ou  Saint-Mathurin  de  l'Archant, 
petite  vilie  de  France  ,  dans  le  Gâtinois ,  au  pied  d'une 
montagne ,  à  deux  lieues  de  Nemours ,  &C  à  dix-fept  de 
Paris.  *  Baudrand,  éd.  170  J. 

LARCHAMPS,  bourg  de  France,  dans  le  Maine, 
élection  de  Mayenne. 

LARD  ,  félon  Baudrand  ,  ancien  bourg  de  Barbarie^ 
au  royaume  de  Tripoli,  fur  la  côte  occidentale  du  golfe 
de  la  Sidre,  près  du  cap  de  Lard,  &  au  nord  du  bourg 
de  Zédic.  On  foupçonne  que  c'eft  YAspisàes  anciens. 

LAKDJEA,  lieu  quelque  part  vers  la  Mcefie,  félon 
Nicétas  cité  par  Ôrtélius ,  Thefaun 
LARECA.  Voyez  Lareke.  . 
LAREDO ,  ville  maritime  d'Espagne  ,  dans  Iâ  Bis- 
caye ,  avec  un  affez  bon  port.  Elle  eft  fituée  entre  des 
rochers,  &  eft  la  première  des  quatre  villes  de  cette  côte, 
entre  Bilbao  &  Sant-Andero^  à  huit  lieues  de  la  pre- 
mière ,  &  à  fix  de  la  féconde. 

LAREK ,  petite  ifle  d'Afie ,  dans  le  golfe  Perfique» 
à  cinq  lieues  de  Gomrom  au  fud-fud-eft,  à  une  lieue 
d'Ormus.  Son  terroir  eft  mauvais  &  falé.  Elle  s'étend 
en  longueur  du  nord-nord-oueft  au  fud-eft ,  &  il  n'y  a 
rien  qui  foit  digne  de  remarque,  fi  ce  n'eft  la  fortereffe; 
encore  eft-elle  très-peu  de  chofe.  Les  Hollandois  la 
commencèrent,  fous  ombre  d'y  établir  une  factorerie  ; 
mais  les  Perfans  qui  reconnurent  leur  deffein ,  après  les 
avoir  chaffés  l'achevèrent. 

LAREMA  ,  ville  d'Espagne;  on  la  nomme  préfente- 
ment  Lerme.  Voyez  ce  mot. 

LARENDA,  ville  de  la  Turquie,  en  Afie,  dans  le 
Roum.  C'eft  la  même  que  Laranda. 

LARENDANl ,  ancien  peuple  de  l'Arabie  heureufe , 
félon  Pline,  /.  6,  c.  18. 

LARENSIS,  fiége  épiscopal  d'Afrique,  dans  la  pro- 
vince proconsulaire.  Viftor  fait  mention  de  ce  lieu  dans 
fon  Hiftoire  des  Vandales,  l.l,  n.  i.  Au  concile  de 
Carthage,  tenu  fous  S.  Cyprien,  on  trouve  entre  les 
fuffrages  celui  A' Hortenfianus  à  Laribus.  Vitulus,  évêque 
de  Lar,  episcopus  plebis  Larenfîs,  a/Ma  au  concile  de 


Càrthnge  de  l'an  515.  Ce  fiége  eft  différent  d'un  autre  Làr 
qui  étoit  en  Afrique ,  mais  dans  la  Mauritanie  Célarienfe, 
&c,  par  conféquent, différent  du  fiége  dont  on  vient  de  par- 
ler. Cet  autre  lieu  étoit  une  fortereffe  nommée Larcaflel- 
lum  par  Antonin ,  ôt  n'a  rien  de  commun  avec  cette 
ville,  qui  étoit  proche  de  Sicca-Veneria;  &  ce  fut-là 
que  l'on  transporta  les  évêques,  qui  dévoient  être  con-> 
fines  dans  le  défert.  S.  Auguftin,  epijl.  261  antiq. 
edd.  fed  129  edit.  Benedict.  dans  fa  Lettre  au  comte 
Darius,  fait  mention  d'Hilare,  Hilarenfe  oppidum,  & 
de  Sicca.  Dupin  croit  qu'Hilârenfe  eft  la  même  chofe 
que  Larenfis ,  dans  l'Afrique  proconsulairê.  S.  Auguftin 
dit  qu'Hilare  étoit  du  territoire  de  Carthage. 

LARES  ,  ou  Laris  ,  ville  de  l'Afrique  propre ,  félon 
Ptolomée,  /.  4,.  c.  3,  Aapç;  il  la  met  dans  le  terri- 
toire de  Cirthe.  Voyez  Laris  &  Laribum. 
.  LAPIEZ  de  Guahana  ou  Guahaba  ,  ville  de 
l'ille  Espagnole  ,  bâtie  par  Nicolas  Ovando ,  gouver- 
neur des  Indes  occidentales  t.  fur  la  côte  feptentrionale 
de  I'ide,  en  un  endroit  que  les  infulaires  nommoient 
Guahana  ou  Guahaba.  Ovando  ,  qui  avoit  été  com- 
mendeur  de  Larez ,  lui  donna  le  nom  de  cette  commen- 
derie:  elle  devint,  en  peu  de  tèms,  fi  confidérable,  que. 
fous  le  pape  Juies  II,  elle  fut  érigée  en  évêché;  mais 
les  bulles  de  l'évêque  nommé  ne  furent  point  expédiées; 
bi  cette  ville  étant  devenue  fort  peu  de  chofe  dans  la 
fuite,  on  changea  cette  deftination.  Larez  eft  préfen- 
tement  tout-à-tait  détruite.  *  Hifloire  de  S.  Domingue. 
du  ptrt  Charlevbix ,  t.  1 . 

LARG ,  (la)  petite  rivière  du  Sontgo^i  bu  Suntgaw. 
Elle  a  fa  fource  en  deux  endroits  difterens  de  la  monta- 
gne du  Laumont.La  baffe  Larg  à^Vinckel  d'où  fort  l'Ifle  , 
ôt  la  haute  Larg  un  peu  àu-deffus  à  Oberlarg.  Les  ruiffeaux 
coulent  d'abord  vers  le  nord ,  fe  réunifient  vers  Sapois- 
hant ,  à  deux  bonnes  lieues  dé  leur  fource ,  d'où ,  conti- 
nuant à  couler  au  nord  jusqu'à  Marspach  (  Mempè  en  pa- 
tois) près  de  Danneifiarie ,  en  allemand  Dommerkirck  , 
elle  tourne  an  couchant ,  ci  fe  jette  dans  l'Ifle  vis-à-vis 
d'Ifle,  fort  entre  Altkirck  &  Mulhauferi.  Elle  parcourt 
tout  le  Suntgaw ,  fans  en  fortir  ;  &  fon  cours  eft  de 
fix  bonnes  lieues  de  France ,  pendant  lequel  elle  reçoit 
les  ruiffeaux  de  Ballersdorff  &  de  la  Chapelle  S.  Nicolas. 
*  Supplément  au  Manuscrit  de  la  bibliothèque  de  M. 
Corberon  ,  premier préfident  au  confeil  fou-ver ain  d'Al-, 
face. 
.  LARGA ,  ancien  lieu  de  la  Gaulé.  Antonin  le  met 
fur  la  route  de  Befançon ,  à  Brifach  &  à  Strasbourg. 

LARGET ,  petite  rivière  de  France ,  dans  le  Lan- 
guedoc. Elle  afa  fource  au  mont  Cabirole,  dans  le  eomté 
de  Foix;  &C,  après  un  cours  de  peu  d'étendue,  elle  va 
fe  perdre  dans  l'Ariégé.  *  Corn.  Dift. 

LARGIS,  bourg  de  l'Ecoffe  méridionale,  dans  la 
province  de  Cuningham ,  fur  le  golfe  de  Cluyd ,  à  fept 
lieues  de  Reinfreu  ,  vers  le  couchant*  *  Baudrand , 
édit.  1705. 

.  LARIAGARA  ,  ville  ancienne  de  l'Inde ,  au-delà  du 
Gange,  félon  Ptolomée,  /.  7,  c.  1. 

LARIBUM,  ville  ancienne  de  l'Afrique  propre:  l'An« 
tonin  de  l'édition  de  Schotus  porte  Laribum  coloniam; 
mais  celle  d'Aide,  de  Simler,  &  l'exemplaire  du  Va- 
tican ,  portent  à  l'ablatif  pluriel  Laribus  colonia.  Surita 
témoigne  que  les  manuscrits  ont  Laribus;  ainfi  le  vrai 
nom  de  ce  lieu  étoit  Lares ,  &  il  étoit  différent  du  La- 
res de  Ptolomée.  Ce  dernier  met  le  fien  au  midj  orien- 
tal de  Cirtha;  &  Antonin  met  le  fien  fur  la  route  de 
Carthage  àThevefte,  &  par  conféquent  bien  loin  de-là« 
S.  Auguftin,  dans  fon  fixiéme  Livre  contre  les  Donatis-» 
tes ,  nomme  Hortenfianus ,  évêque  de  Lares,  à  Laribusj 
ce  fiége  étoit  différent  de  Lares  de  Ptolomée ,  ce  qui  fé 
prouve  par  leur  pofition  ;  mais  c'eft  le  même  que  La.* 
renjis  dont  nous  avons  parlé.       - 

LARIBUS.  Voyez  l'article  précédent. 

1.  LARICE,  pays  de  l'Inde  ,  en- deçà  du  Gange.' 
Ptolomée  ,  l.  7,  ci,  y  met  fur  la  côte  de  l'embou- 
chure du  fleuve  Mophis ,  Pacidare ,  village  ;  l'embou- 
chure du  fleuve  Namade,  &  le  promontoire  de  Baléej 
&  dans  les  terres ,  au  couchant  du  Namade,  Barygaça  , 
ville  de  commerce.  Il  nomme  le  peuple  les  Larices. 

2.  LARICE  ,  lieu  de  Norique ,  fur  la  route  d'Aqui- 
lée,  à  Launacum,  félon  Antonin  Itiner.  à  cinquante-; 


LAR 


LAR 


quatre  mille  pas  de  la  première.  Lazius  croit  que  c'eft 
prélentement  Larfdd,  qui  conferve  l'origine  de  l'ancien 
nom  ,  qui  vient  de  l'arbre  nommé  Larix. 

LARICINUM.  VoyezLARiGNUM.  . 

LAR1ENSES ,  ancien  peuple.  Strabon  dit  qu'il  fut  dé- 
truit par  un  tremblement  de  terre.  Grtéiius,  Thefaur. 
foupçonne  que  ce  peuple  étoit  dans  la  Grèce. 

LARIGNUM,  fortereffe  proche  des  Alpes,  félon  Vi- 
truve,  l.  r  ,  c.  9.  Il  rapporte  que  Jules-Céfar  ,  étant 
campé  vers  ces  montagnes  ,  voulut  fe  rendre  maître  de 
ce  château,  parce  que  ceux  qui  étoient  dedans,  le  croyant 
imprenable  par  l'avantage  de  fa  fituation ,  avoient  re- 
fufé  d'obéir  à  l'ordre  qu'il  avoit  donné  ,  dans  tous  les 
lieux  circonvoifins,  de  fournir  à  fon  armée  les  chofes 
qui  lui  pou  voient  être  néceffaires.  'Céfar  ayant  fait  avan- 
cer l'es  troupes  ,  apprit  qu'il  y  avoit  devant  la  porte  du 
château  une  tour  faite  de  bois,  Se  d'une  telle  hauteur, 
que  les  ennemis  en  pouvoient  ailément  empêcher  l'ap- 
proche en  jettant  des  pierres ,  ou  en  lançant  des  leviers. 
Céfar  fit  jetrer  au  pied  de  cette  tour  un  grand  nombre 
de  fagors,  afin  d'y  mettre  le  feu,  Se  en  peu  de  tems  elle 
parut  embralée  ;  mais  le  feu  s'étant  éteint  de  lui-même, 
fans  qu'il  eût  confumé  le  bois  de  la  tour,  Céfar  fut 
réduit  à  faire  faire  une  tranchée  tout-à-Pentour ,  hors  de 
la  portée  des  armes  &  des  obftinés,  qui  furent  enfin  con- 
traints de  le  rendre.  On  lui  dit  alors  que  la  tour  étoit  cons- 
truite d'un  bois  appelle  larix ,  qui  avoit  donné  le  nom  de 
Larignum  au  château  ,  Se  que  ces  fortes  d'arbres  qui 
étoient  communs  dans  le  pays,  en  ce  tems-là?  ne  pou- 
voient être  en  dommages  par  les  flammes.  Ce  même  nom 
fe  trouve  écrit  Laricium  dans  Ifidore  ,  /.  17  ,  c.-j. 

1.  LARINA,  ville  des  Laviniens,  félon  Etienne  le 
Géographe.  C'eft  une  faute.  Il  faut  lire  des  Dauniens. 
Voyez  l'article  fuivant. 

2.  LARINA.  ville  d'Italie,  au  royaumes  deNaples, 
dans  la  Pouille,  &  dans  la  province  de  la  Capitanate , 
avec  un  évêché  fuffragant  de  l'archevêché  de  Bénévent. 
Elle  eft  petite,  mal  peuplée,  aux  confins  du  comté  de 
Molife,  près  de  la  rivière  de  Tiferno  ,  à  fix  milles  de 
Guardia-Alferez  ,  Se  à  douze  de  Termini,  fur  le  chemin 
de  Bénévent.    Voyez  les  articles  Frentani  Se  Lari- 

NUM. 

De  la  Martiniere  fe  trompe;  cette  ville  étoit  de  l'an- 
cien Samnium  ,  Se  fe  nomme  LAR1NO.  *  Notes  du  Père 
Charlevoix. 

LARINATES,  furnommé  Frentani,  ancien  peu- 
ple d'Italie,  dans  la  Pouille.  Voyez  les  articles  Fren- 
tani Se  Larinum. 

1.  LARINE,  fontaine  de  l'Attique,  félon  Pline,  /.  4, 
c.  7. 

2.  LARINE,  village  d'Epire ,   félon  Athénée,   /.    9. 
LARINUM  ,  ancienne  ville  d'Italie,  fur  la  rive  droite 

du  Tiferno .  ou  Fortore  ,  qui  anciennement  donnoit  le 
furnom  de  Frentani  à  les  habitans.  Etienne  nomme  cette 
ville  Larina  ;  Se  c'eft  le  nom  qu'elle  porte  encore  au- 
jourd'hui. Ptolomée  /.  3  ,  ci;  Cicéron,  pro  Clutnt. 
c.  9  ;  &  Mêla ,  /.  2  ,  c  4,  difent  Larinum.  Les  habi- 
tans font  nommés  Larinas  au  fingulier.  Silius  Italicus , 
/.  15,  y.  ^65,  dit: 

Quaque  jacet  fuperi  Larinas  accola  Pond. 

Pline ,  /.  3  ,  c.  1 1  ,  les  appelle  au  pluriel  Larinales , 
cognomine  Frentani.  On  pourrait  croire  que  ce  furnom 
étoit  pour  les  diftinguer  de  quelqu'autre  auffi  nommé 
Larinates  ;  mais,  comme  on  n'en  connoît  point  d'autres , 
il  faut  que  ce  furnom  ait  été  ajouté,  ou  par  un  caprice 
de  l'ufage ,  ou  pour  quelqu'autre  raifon  que  nous  igno- 
rons. Le  territoire  de  cette  ville,  qui  étoit  affez  grand, 
eft  nommé  Larinus  ager  par  Cicéron  pro  Cluent,  &C  La- 
rinas ager  par  Tne-Live,  /.  22  &    27. 

t.  LAR1S,  ville  d'Afrique.  Salufte  en  parle  dans  fon 
Hiftoire  de  la  guerre  de  Jugurtha  ;  mais  on  croit  que  La- 
ris  eft  un  génitif:  peut-être  auffi  Luris  eft-il  pour  Lares , 
de  même  que  Salufte  dit  omnis  pour  omnes.  En  ce  cas 
je  ferais  affez  porté  à  croire  que  c'eft  le  Lares  de  l'Afri- 
que proconfulaire.  Voyez  LaRENSIS. 
1  2.  LARIS.  Guillaume  de  Tyr  nomme  ainfi  une  ville 
ancienne  Se  maritime  enrre  l'Egypte  Se  la  Syrie ,  dans  un 
défert.  *  Ortdius.  Thefaur. 

1.  LARISSE,  ville  de  Grèce,  dans  la  Theflalie,  fur 


743 


la  rive  droite  du  fleuve  Pénée  ,  aujourd'hui  de  la  Selam- 
pria  ,  dans  la  Pelasgiotide,  dix  milles  au-deffous  d'Atrax. 
Cette  ville  ,  qui  av^it.  toujours  tenu  un  des'  premiers 
rang  entre  les  villes  de  la  Theflalie ,  étoit  déchues  dès 
le  tems  de  Lucain,  qui  dit,  /.  6,  v.  355  : 

Atquz  olim  Larijfa  potens. 

tes  Latins  ont  dit  également  Larijfei  Se  Lariffenfes'y 
pour  en  défigner  les  habitans.  Vide  Cafar.  Civil.  1.  3, 
c.  81;  Se  Tue-Liv.  1.  31,  c.  31.  Elle  fubfifte  encore 
prélentement  ;  Se  Edouard  Brown ,  Voyageur  Anglois , 
p.  75  ,  qui  la  vit  le  fiécle  paffé  ,  en  parle  ainfi.  Les  Turcs 
lui  donnent  le  nom  de  Lmifabar,  Elle  eft  fituée  fur  le  ' 
bord  de  la  rivière  de  Selampria,  Se  a,  du  côlé  du  midi, 
une.  grance  plaine ,  Se  de  celui  du  feptentrion  le  mont 
Olympe.  Sa  fituation  eft  fort  agréable ,  étant  fur  une  terre 
un  peu  élevée.  Il  y  a  de  fort  belles  places  publiques , 
plufieurs  mosquées  pour  les  Turcs,  à  qui  elle  eft,  Se  quel-  . 
ques  églifes  pour  les  Chrétiens.  Cette  ville  eft  archiépisco- 
pale ,  Se  a  plufieurs  évêchés  qui  en  dépendent.  La  ca- 
thédrale eft  dédiée  à  S.  Achilleus.  Le  Grand-Seigneur 
pafla  quelques  années  en  cette  ville,  dans  le  tems  de  la 
guerre  de  Candie.  Le  palais  qu'il  habitoit,  eft  au  pius  haut 
de  la  place.  Le  roi  Philippe,  père  d'Alexandre,  ayant 
réiblu  de  tourner  fes  armes  contre  les  Grecs,  après  avoir 
fait  fa  paix  avec  les  Illyriens  Se  les  Pannoniens ,  choifit 
fa  demeure  dans  !a  ville  de  Larifle  ,  Se  par  ce  moyen  il 
s'établit  fi  bien  dans  la  Theflalie  ,  que  les  habitans  de 
ce  pays  ne  lui  fervirent  pas  peu  dans  les  guerres  qu'il 
eut  enfuite  contre  les  Grecs.  Céfar  rapporte  qu'avant  la 
bataille  de  Pharfale ,  Scipion  étoit  dans  Larifle  avec  une 
légion;  Se  c'eft  la  première  place  où  Pompée  fe  retira, 
lorsqu'il  eut  été  défait.  Il  ne  voulut  point  s'y  arrêter; 
mais  il  vint  fur  le  bord  de  la  rivière,  Se  prit  un  petit 
bateau  pour  aller  du  côté  de  la  mer ,  où  il  trouva  un  na- 
vire prêt  à  lever  l'ancre.  Il  y  a  un  affez  beau  pont  de 
pierre  fur  cette  rivière.  Ce  pont  a  neuf  arches,  entre 
chacune  desquelles  on  a  eu  foin  de  faire  des  trous  ,  Se 
des  partages  ,  afin  que  l'eau  puifle  s'écouier  ,  qu^nd  elle 
eft  trop  haute ,  Se  pour  empêcher  que  le  pont  ne  tombe, 
lorsque  la  rivière  fe  déborde.  Les  rues  où  fe  fait  le  plus 
grand  trafic  dans  Larifle  font  couvertes  ,  auffi-bien  que 
dans  les  autres  villes  de  Turquie.  Les  boutiques  fon:  pe- 
tites, mais  fort  pleines,  Se  l'on  y  voit  toures  fortes  de 
marchandiles.  Le  maître  de  la  maifon ,  qui  eft  affis  les 
jambes  croifées ,  les  vend  ainfi  à  tous  ceux  qui  en  de- 
mandent ,  Se  qui  s'arrêtent  d'ordinaire  dans  la  rue,  fans 
entrer  dans  la  boutique.  Quant  à  celles  qu'on  ne  trouve 
point  dans  ces  boutiques,  il  y  a  toujours  un  homme  à 
chevalqui  va  tout  autour  de  la  ville,  pour  crier  tout 
haut  dans  quel  endroit,  Se  à  quel  prix  on  les  peut  avoir. 
Les  Juifs,  qui  demeurent  dans  Larifle,  y  parlent  ordinai- 
rement espagnol ,  comme  ils  font  en  Macédoine ,  en 
Servie  Se  en  Bulgarie.  Paul  Lucas,  qui  y  étoit  en  1706, 
nomme  cette  ville  Lar^e  ;  c'eft  le  nom  qu'elle  a  dans 
beaucoup  de  Cartes  géographiques.  Voici  ce  qu'il  en  dit, 
Voyages  dans  la  Grèce,  l'Ajle  mineure ,  la  Macédoine  6* 
l'Afrique ,  t.  I  ,  c.  30.  Larze  eft  fituée  affez  avantageu- 
fement  dans  une  plaine  fertile ,  Se  fort  arrofée  d'une 
belle  rivière  qui  paffe  au  pied  de  fes  maifons.  Il  y  a  en- 
tre la  ville  Se  le  refte  de  la  plaine' une  communication 
par  un  pont  de  pierres  des  mieux  conftruits.  Sa  rivière 
porte  deux  noms  ;  un  que  lui  ont  donné  les  Grecs ,  qui 
eû-Siilampria  ;  l'autre  Licouftum,  qu'elle  tient  des  Turcs. 
Malgré  la  diminution  de  Larze  ,  il  ne  laiffe  pas  de  s'y 
faire  un  petit  commerce  de  diverfes  fortes  de  clrv'es  ;  mais 
le  négoce  le  plus  ordinaire  eft  de  peaux  de  rouffi:  il  y 
eft  véritablement  confidérable.  Pour  fes  habitans,  c'eft 
comme  presque  par  toute  la  Turquie  ;  il  y  en  a  de  trois 
fortes.  Les  Turcs  y  font  la  plupart  méchans  Se  effron- 
tés. Il  n'y  a  qu'une  églife  pour  les  Chrétiens  Grecs, 
quoique  ce  foit  un  évêché.  Les  Juifs  y  font  au  nombre 
de  plus  de  deux  cents  familles  ,  dont  la  plupart  poffé- 
dent  de  grandes  richeffes ,  Se  font  la  banque.  Depuis 
quelques  années,  on  y  a  établi  un  conful  Anglois  :  il  y 
(ait  ,  pour  la  nation,  un  fort  gros  commerce  de  bleds, 
dont  il  charge  ordinairement  plufieurs  bâtimens,  qu'il  en- 
voie dans  les  différentes  parties  du  monde  ,  Se  qui  lui 
rapportent  un  grand  profit.  Cette  Larifle  étoit  la  patrie 
d'Achille;  Se  c'eft  d'elle  que  Racine  fait  dire  à  ce  héros, 
d^ns  Iphigenie,  aile  ^}fc.6i 


744 


LAR 


LAR 


Jamais  vaiffeaux  partis  des  rives  du  Scamandre , 
Aux  champs  Theffaliens  oferent-ils  defcendre? 
Et  jamais  dans  Lariffe  un  lâche  raviffeur 
Me  vint-il  enlever ,  ou  ma  femme  ou  ma  fœur  ? 

2.  LARISSE  ,  furnommée  Cremafle,  c'eft-à-dire  fus- 
pendue.  Strabon  lui  donne  ce  furnom;  il  nous  apprend 
encore  qu'elle  étoit  auffi  nommée  Pilasgie ,  apparem- 
ment parce  qu'elle  avoit  été  bâtie  par  les  Pelasges,  quoi- 
que fituée  hors  de  la  Pélasgiotide.  Tite-Live  la  diftin- 
gue  de  l'autre  :  le  général ,  dit-il ,  attaqua  à  l'improvifte 
la  ville  de  LarifTe ,  non  pas  la  fameufe  ville  de  ce  nom 
qui  eft  dans  la  Theffalie,  mais  une  autre  nommée  Cré- 
mafle ,  &  s'en  rendit  maître ,  excepté  de  la  citadelle. 
Celle-ci  étoit  presqu'au  bord  de  la  mer,  entre  Echinus 
&  Antron.  Euftarhe  &  Porphyrogenete ,  cités  par  Or- 
télius  ,  difent  qu'elle  avoit  été  anciennement  appellée 
Argos. 

3.  LARISSE,  fortereffe  de  la  Theffalie,  près  du  mont 
Offa,  différente  de  celle  qui  étoit  fur  le  Pénée.  Etienne 
le  Géographe  les  diftingue.  Strabon,  /.  9,  ^-440,  la 
quaïide^de  petit  lieu  ou  château    ;  ~c.  ■ 

4.  LARISSE,  autre  place  de  la  Theffalie,  aux  con- 
fins de  la  Macédoine,  félon  le  même  Etienne ,  dont  elle 
eft  la  huitième. 

5.  LARISSE,  citadelle  du  Péloponnèfe,  dans  l'Ar- 
gie ,  félon  Strabon  ,  /.  9  ,  />.  440 ,  &.  Etienne  le  Géo- 
graphe. Pàulânias,  /.  3 ,  c.  17 ,  P-  2^0,  nous  en  mar- 
que la  fituation  ,  quand  il  dit:  les  Thébains  ont  Cadmée, 
les  Argiens  ont  Lariffe  ;  mais  les  Lacédémoniens  n'ont 
rien  de  pareil ,  c'eft-à-dire  que  Thébes  avoit  une  cita- 
delle nommez  Cid;:iéc;  qu' Argos  en  avoit  auffi  une  ap- 
pellée Lariffe ,  mais  que  Sparte  n'en  avoit  point  du  tout; 
ainfi  Lariffe  étoit  la  citadelle  d'Argos. 

6.  LARISSE,  lieu  du  Péloponnèfe,  aux  confins  de 
l'Achaïe  propre,  6k.de  l'Elide  ,  félon  Xénophon  ,  Hijl. 
Grœc.  1.  3  ,  p.  471.  Quelqu  s  favans  veulent  qu'au  lieu  de 
x*\ù  A-locemi  ,  on  life  xâ\à  s.iet<s<soi ,  c'eft-à-dire  qu'au 
lieu  d'une  place  ,  on  entende  une  rivière  qui  couloit  dans 
ces  quartiers ,  comme  on  fait  d'ailleurs  qu'il  y  en  avoit 
une  ;  mais  cela  n'eft  point  néceffaire.  Sur  cettte  rivière 
nommée  Lariffus,  rien  n'empêche  qu'il  n'y  ait  un  bourg, 
ou  une  place  appellée  Lariffe  ;  rk  même  Strabon  ,  /.  9, 
p.  440  ,  dit ,  en  parlant  dé  cette  rivière  deLariffus,  qui 
féparoit  l'Elée  6k  le  territoire  de  Dyme,  que  Théopompe 
met  fur  cette  frontière  une  ville  nommée  Lariffe.  Cela 
eft  clair  ,  ck  s'accorde  avec  Xénophon. 

7.  LARISSE.  Antonius  Liberalis ,  félon  Ortélius, 
-place  une  Lariffe  entre  Corinthe  6k  Tégée.  Ortélius 
foupçonne  que  ce  pourroitbien  être  la  même  que  la  La- 
riffe des  Argiens;  mais  cette  dernière  étoit  auprès  de  la 
ville  d'Argos. 

8.  LARISSE,  ville  de  Crète  ,  félon  Strabon ,  qui  dit 
qu'elle  avoit  été  refferrée  dans  la  Japygie  ;  c'eft  une  faute 
de'  fes  copiftes.  Strabon  a  dit  fans  doute  ,  que  Lariffe  fe 
fondit  dans  la  ville  de  Jerapydna  ,  6k  alors  on  entend 
ce  qu'il  veut  dire:  on  connoît  Jerapydna,  ou  Airapydna 
en  Crète  ,    ck  on  n'y  connoît  point  de  Japygie. 

9.  LARISSE,  ville  d'Italie,  dans  la  Campanie,  félon 
Denys  d'Halicarnaffe ,  Antiq.  rom.  1.  I  ,  c.  13  ;  il  dit: 
les  Pélasgiens  prirent  fur  les  Àrunces  ,  peuple  barbare, 
une  grande  partie  de  ces  agréables  terres ,  fécondes  en 
pâturages ,  que  nous  appelions  Campanie.  Ils  y  bâtirent 
plufieurs  villes  ,  6k  Lariffe  ,  entr'autres ,  qu'ils  appelè- 
rent ainfi  du  nom  de  la  capitale  du  Péloponnèfe.  Quel- 
ques-unes de  ces  villes  fubfiftoient  encore  de  mon  tems, 
après  avoir  fouvent  changé  de^ maîtres.  Pour  Lariffe, 
ell  eft  C\  déferte  &c  fi  ruinée ,  qu'il  n'en  refte  d'autre  ves- 
tige que  le  nom  feul ,  qui  même  eft  aujourd'hui  peu 
connu.  Cette  ville  n'etoit  pas  éloignée  du  lieu  qui  porte 
le  nom  «le  Popilius. 

10.  LARISSE,  ville  d'Afie,  fur  le  fleuve  Hermès,  dans 
la  Mconie,  aux  confins  de  PEolide  ,  au  couchant  6k  au- 
deffous  deMagnéfie  du  montSipyle.C'eftlacinquiémed'E- 
tienne  ,  qui  la  met  clans  VEolide,  aux  environs  de  Cume, 
furnommée  Pkricor.idc.  Strabon  ,  /.  9  ,  p.  440  ,  donne 
ce  furnom  à  Lariffe.  Il  dit,  /.  13:  quand  on  a  paffé 
3'Hermus ,  de  Lariffe  à  Cyme  ou  Cume  il  y  a  foixante 
6i  dix  ftades.   Xénophon  dit  dans  ton  Hiftoire  gré- 


que,  /.  3,  p.  481  :  enfuite  Tymbron  àffiégea  Lariffe 
(urnomiriée  L'Egyptienne ,  6k  ajoute  que  cette  ville  fai- 
fant  une  trop  bonne  réfiflance ,  les  Ephores  lui  firent  le- 
ver le  liège.  Elle  étoit  nommée  Egyptienne ,  parce  que 
ce  fut  une  des  villes  que  Cyrus  l'Ancien  donna  à  ies 
Egyptiens,  qui  étant  venus  pour  les  intérêts  du  roi  d'As-  ' 
fyne  ,  pafferent  au  fervice  de  fon  vainqueur  après  la  ba- 
taille. Cyrus  leur  donna  des  villes  dans  les  hauts  pays,  dit 
Xénophon ,  Cyroped.  1.  7,  lesquelles ,  pour  cette  raifon, 
ont  été  appellées  les  villes  des  Egyptiens.  Il  leur  donna 
encore  Lariffe  ,  6k  Cyllène  dans  le  voifinage  de  Cume  , 
proche  de  la  mer;  &  toutes  ces  villes  font  encore  main-' 
tenant  poffédées  par  leur  poftérité. 

11.  LARISSE,  ville  d'Afie,  dans  la  Lydie,  furie 
Caïftre.  C'ïft  la  feptiéme  d'Etienne.  Il  y  avoit  un  tem- 
ple d'Apollon.  Strabon  fait  auffi  mention  de  cette  ville, 
6k  la  met  dans  le  champ  du  Caïftre ,  au-deffus  de  Sar- 
des ,  à  trente  ftades. 

12.  LARISSE,  ville  d'Afie,  dans  la  Troade ,  au  bord 
de  la  mer,  entre  Colona  6k  le  promontoire  Lecium.  Stra- 
bon, A  9,  p.  440 ,  la  met  auprès  de  Humaxitus.  C'eft 
la  quatrième  d'Etienne. 

13.  LARISSE,  ville  d'Afie,  dans  la  Carie;  car  c'eft 
ainfi  que  je  lis  avec  Paulmier  dans  Strabon  ,  /.  9  ,  p.  440. 
£1  rfKaLvy.ffl  pour  eVtj?  a'tI/x?  ,  dans  l'Attique.  On  a 
très-bien  remarqué  que  l'Attique  étant  fi  parfaitement 
connue,  que  l'on  l'ait  jusqu'aux  noms  des  moindres  villa- 
ges ,  il  feroit  étonnant  qu'il  y  eût  eu  une  Lariffe  ,  qui 
auroit  échappé  à  tous  les  Grecs ,  6k  dont  il  n'y  auroit 
eu  que  le  feul  Strabon,  auteur  Afiatique ,  qui  écrivoit  à 
Rome,  qui  en  eût  fait  mention.  Strabon  lui-même  n'en 
dit  pas  un  mot  dans  fa  Description  de  l'Attique.  Cepen- 
dant cette  faute  a  été  copiée  par  Etienne  le  Géographe, 
ck  c'eft  une  preuve  qu'elle  eft  ancienne. 

14.  LARISSE ,  ville  de  Syrie ,  à  diftance  à-peu-près 
égale,  entre  Apamée  ck  Epiphanie.  Ptolomée,  /.  5,  c.  15, 
la  met  dans  la  Caffiotide  ;  ck  Strabon,  /.  16,  nommant 
les  villes  placées  aux  environs  d'Apamée,  nomme  Lariffe 
la  première.  Pline ,  /.  5,  c.  23,  la  défigne  par  le  nom  de 
fes  habitans,  qu'il  appelle  Lartffei.  Elle  étoit  épiscopale; 
ck  Léontius ,  ton  évêque ,  qui  affifta  au  concile  de  Ni- 
cée,  eft  entre  les  prélats  de  la  Céléfyrie.  Antonin,  qui 
la  met  fur  la  route  d'Antioche  à  Emèfe,  entre  Apamée 
6k  Epiphanie,  la  met  à  feize  mille  pas  de  ces  deux  villes. 

15.  LARISSE,  ville  d'Affyrie,  fur  le  Tigre.  Xéno- 
phon ,  dans  fa  Retraite  des  dix  mille ,  /.  3  ,  dit  :  ils  ar- 
rivèrent au  bord  du  Tigre ,  près  d'une  grande  ville  dé- 
ferte, nommée  LariJ/e,  qui  avoit  autrefois  été  habitée  par 
les  Médes.  Elle  avoit  deux  lieues  de  tour,  avec  un  mur 
de  cent  pieds  de  haut ,  &k  vingt-cinq  de  large,  tout  bâti 
de  briques;  mais  le  bas  étoit  de  pierre  jusqu'à  vingt  pieds 
de  hauteur. 

16.  LARISSE,  ville  de  l'Arabie  heureufe.  Plinenomme 
trois  villes  bâties  par  les  Grecs  en  ce  pays ,  favoir  Aré- 
thufe  ,  Larisse  ck  Chalcis ,  qui  ne  fubfiftoient  déjà  plus 
de  fon  tems ,  ayant  été  détruites  en  diverfes  guerres. 

17.  LARISSE,  montagne  de  l'Arabie  pétrée,  le  long 
de  la  mer  Méditerranée.  C'eft  le  nom  moderne  du  mont 
Caffius,  fi  nous  en  croyons Thévet.  Baudrand,  qui  le  fuit 
en  cela,  ajoute  qu'elle  a  pris  tbn  nom  de  l'ancienne  La- 
riffe ouLariffa,  ville  d'Idumée  ,  fituée  à  douze  lieues  de 
Gaza ,  vers  le  midi.  Pompée  le  Grand  y  fut  tué  ck  en- 
feveli.  Baudouin,  premier  roi  de  Jérufalem,  mourut  auffi 
en  cette  ville  de  Lariffe,  l'an  11 18. 

18.  LARISSE,  rivière  de  la  Turquie,  en  Europe,  dans 
laRomanie.  Elle  a  fafource  entre  Andrinople  6k  Chiour- 
lick,d'où,  coulant  au  midi,  elle  fe  rend  dans  l'Archipel, 
au  golfe  de  Magarife ,  après  avoir  arrofé  Bergas,  Ipfala, 
Aspri  ok  autres  lieux. 

LARISSUS,  rivière  du  Péloponnèfe.  Elle  féparoit 
l'Achaïe  proprement  dite,  d'avec  l'Elide  ,  comme  le  di- 
fent Paufanias,  /.  7,  c.  16  ;  ok  Tite-Live  ,  /.  27,  c.  31. 
Ce  dernier  dit  :  étant  partis  de  Dyme,  6k  ayant  uni  leurs 
troupes,  ils  pafferent  la  rivière  de  Latiffus,  qui  fépare  le- 
territoire  des  Eléens  de  celui  de  Dyme.  Le  premier  dit 
que,  près  du  bord  de  cette  rivière,  étoit  un  temple  confa- 
cré  à  Minerve  Larifféenne. 

LARISTAN,  (le)  pays  aux  environs  de  Lar,  ville 
de  Perfe.  Il  appartenoit  autrefois  à  un  prince  particulier, 
qui  prenoit  le  titre  de  roi  du  Lariflan.  Ce  petit  état  a  été 
gouverné  autrefois  par  des  princes  qui  fe  difoient  descen- 
dus 


LAR 

dus  de  Siroës ,  fils  de  Khosroës-Aparuiz  ,.  roi  de  Perfe  ', 
&  qui  faifoient  profeftton  de  la  religion  des  Mages  ;  les 
Arabes  les  en  ayant  dépouillés,  ceux-ci  furent  chafiës 
par  les  Curdes,  lan  500  de  l'hégire,  &  de  Jéfus-  Chrift 
le  1 106e  ;  &  ceux-ci  s'y  font  maintenus  jusqu'au  régne  de 
Schah-Abbas ,  qui  fe  rendit  maître  de  tout  le  pays.  La  re- 
ligion des  Mages  ou  des  anciens  Perfes ,  adorateurs  du 
feu ,  n'y  fut  point  entièrement  abolie  par  le  Mahomé- 
tisme  jusqu'à  Schah-Abbas ,  lequel  confina  ce  qui  reftoit 
des  anciens  Ghébres  ou  idolâtres, un  peu  plus  avant  dans 
le  Kerrhan  ,  où  ils  habitent  fur  les  mers  de  Perfe  &  de 
l'Indouftan ,  dans  un  pays  qui  a  retenu  leur  nom  ,  &c 
que  l'on  appelle  encore  aujourd'hui  le  Moghejlan ,  c'eft- 
à-dire  h  pays  des  Mages.  Le  Lariftan  s'étend  depuis  le 
2.5  e  d.  de  latitude  jusqu'au  27e. 

LARITENSIS ,  Laritanus,  fiége  épiscopal  d'Afrique, 
dans  la  Numidie.  Rejlitutus,  évêque  Donatifte,  eft  nommé 
episcopus  Laritenjïs,  dans  la  Conférence  de  Carthage, 
die  i,c.  208. 

LAR1US  LACUS ,  ancien  nom  latin  du  lac  de  Côme. 
LARNECA,  bourg  de  l'ifle  de  Cypre,  dans  fa  partie 
méridionale,  &  fur  la  côte  qui  regarde  l'Egypte  ,  avec 
un  bon  port.  Le  Noir,  millionnaire ,  en  parle  ainfi  dans 
la  Relation  des  miflions  des  vicaires  apoftoliques,  en  1674, 
3. part.  c.  3, p.  185.  Ce'lieu  ne  paroît  qu'un  grand  vil- 
lage ,  dont  les  maifons  font  fort  petites,  &  n'ont  qu'un 
étage.  Il  y  a  néanmoins  deux  confiais ,  un  François  &c 
un  Vénitien ,  à  caufe  du  grand  abord  des  marchands  de 
toute  l'ifle.  Les  trois  quarts  des  habitans  font  Chrétiens  Eu- 
ropéens &  Grecs,  6c  la  quatrième  partie  eft  de  Turcs  ;  ce 
qui  fait  qu'on  y  parle  également  le  Grec  moderne,  l'Ita- 
lien 6c  le  Turc.  Comme  lesMahométansy  font  les  moins 
forts  en  nombre,  les  Chrétiens  ne  fouffrent  pas  beaucoup 
de  leur  part,  ôc  ils  exercent  la  religion  avec  presqu'au- 
tant  de  liberté  qu'en  France  ,  jusques-là  qu'on  y  fait  la 
proceffion  du  S.  Sacrement ,  avec  grand  éclat  6c  au  fon 
des  boëtes.  Paul  Lucas  ,  dans  fon  Voyage  du  Levant, 
*.  1,  p.  141,  142,  nomme  ce  lieu  Ernica,  &  avec  l'arti- 
cle {'Ernica.  Le  P.  Dandini ,  dans  fon  Voyage  au  mont 
Liban,  c.6,  p.  18,  le  nomme  Arnique,  &  le  met  à  un 
mille  des  falines  ;  mais  il  dit  que  c'eft  un  monaftere  de 
religieux  qui  demeurent  là  en  petit  nombre,  pour  la  com- 
modité de  quelques  marchands  Italiens.  Corneille  dit  que 
Larneca  eft  une  bonne  plage  de  l'ifle  de  Cypre,  au  cou- 
chant de  Famagoufte ,  qui  n'en  eft  éloignée  que  d'une 
journée  par  terre.  De  cette  plage  il  y  a  une  grande  demi- 
lieue  jusqu'au  lieu  où  demeurent  les  confuls  6c  les  mar- 
chands des  trois  nations  Françoife,  Angloife  6c  Hollan- 
doife  ;  &  ce  lieu-là  n'eft  qu'un  très-méchant  village,  où 
eft  une  petite  maifon  de  Capucins  qui  deffervent  la  cha- 
pelle du  conful  de  France  ;  ôc  un  autre  de  religieux  Ita- 
liens, qui  dépendent  du  gardien  de  Jérufalem.  Il  faut  ob- 
ferver  que  dans  toutes  les  Echelles  du  Levant,  lorsqu'il  y 
■  a  une  place  de  conful  vacante ,  de  quelque  nation  que 
ce  foit ,  c'eft  le  conful  François  qui  la  remplit  jusqu'à  ce 
que  la  nation  y  ait  pourvu.  On  charge  ordinairement  à 
Larneca  des  cotons  filés  &  à  filer ,  Se  de  groffes  laines 
pour  des  matelas.  Après  ces  détails,  Corneille,  dans  l'ar- 
ticle fuivant,  dit  que  Larnica  eft  une  petite  ville  ,  fur  la 
côte  de  l'ifle  de  Cypre,  avec  un  port  très-fréquenté  par 
les  Européens ,  6t  qu'on  la  nomme  auffi  Arnica  ,  ôc 
renvoie  à  ce  mot.  S'il  avoit  confulté  la  moindre  Carte, 
il  auroit  vu  que  Larnica,  Arnica  ou  Larneca  n'eft  qu'un 
feul  &  même  bourg. 

LARNENSES.  Voyez  LarntjM. 
LARNIA,  ville  de  la  Toscane,  félon  Sozomène,  Hijl. 
ecclef.  1.  9,  c.6,  qui  dit  qu'elle  fut  confervée  par  des 
tonnerres  ôc  par  un  affreux  orage ,  dans  le  tems  qu'Ala- 
ric  l'afliégeoit.  Zofime,  Hijl.  Rom.  1.  5  ,  c.  41 ,  qui  ra- 
conte la  même  hiftoire,  nomme  le  lieu Neveia  ,  tiiCma. 
Ortélius ,  Tkefaur.  a  très  -  bien  averti  qu'il  falloit  lire 
Narnia  dans  l'un  &  dans  l'autre.  Coufin ,  dans  fa  Tra- 
duction de  Sozomène  ,  ôc  l'abbé  Fleuri ,  dans  fon  His- 
toire eccléfiaftique  ,  à  l'année  409,  ont  profité  de  cette 
remarque. 

LARNOS,  ifle  déferte,fur  la  côte  de  la  Cherfonnèfe  de 
Thrace,vers  l'ifle  de  Samothrace, félon  Pline,  A4,  c.  12. 
LARNUM,  rivière  de  l'Espagne  Tarragonoife,  félon 
Pline,  /.  3,c.  3,  qui  nomme  immédiatement  après  Blan- 
VM,  aujourd'hui  BlanÈS  en  Catalogne.  Cette  rivière  fe 
nomme  préfentement  TORNERA.  Le  P.  Hardouin  trou- 


LAR 


7  AS 


vant  peu  après  dans  Pline,  /.  3  ,  c.  3,  un  peuple  nommé 
Larnenses  ,  croit  qu'il  prenoit  ce  nom  de  Larnum  , 
ville  fituée  fur  la  rivière  nommée  de  même. 

LARO.  Caton  cité  par  Ortélius,  Thefaur.  nomme  ainfi 
une  rivière  de  la  Toscane.  Léandre  dit  que  le  nom  mo- 
derne eft  Anne.  C'eft  peut-être  le  LAROS  de  Phavorin. 

LAROBO  ,  port  ôc  bourg  d'Afrique  ,  fur  la  côte  de 
Barbarie,  au  royaume  d'Alger,  au  pays  de  Conftantïne,. 
au  levant  d'Alger.  On  y  cherche  le  Collops  parvus 
des  anciens. 

LARODES  aqvje.  Voyez  au  mot  ad  l'article  ad 
Aquas  9. 

LAROLUM ,  aï&mv  ,  ancienne  ville  d'Italie,  fur  la 
voie  Flaminienne ,  aflez  près  de  Narni ,  félon  Strabon, 
/.  î ,  p.  227. 

1.  LAROS,  A«£ff  ,  rivière  d'Italie.  C'eft  peut-être 
le  Laro  de  Caton.  Voyez  ce  mot. 

2.  LAROS.  Voyez  Larus. 

LARPENT,  bois  de  France,  dans  la  province  de  Lan- 
guedoc. Il  eft  de  cinquante  arpens  ,  ôc  dépend  de  la 
maîtrife  des  eaux  ôc  forêts  de  S.  Pons. 

1.  LARRE Y,  prieuré  de  France,  en  Bourgogne,  dans 
l'étendue  de  la  paroifleS.  Philibart  de  la  ville  deDijon, 
uni  à  la  Manfe  conventuelle  de  S.  Bénigne  de  cette  ville. 

2.  LARREY,  bourg  de  France,  en  Bourgogne,  au  dio- 
cèfe  de  Langres ,  avec  titre  de  marquifat  •  le  pays  eft  plat 
ôc  montagneux.  Il  y  a  des  vignes,  6c  point  de  rivière. 

1.  LARRON.  (L'iSLE  du)  Voyez  ISLE. 

2.  LARRON,  (le  BOIS  du)  bois  de  France,  en 
Béarn.  Il  a  fix  cents  quatre-vingt-huit  arpens  d'étendue. 

LARRONS  ;  (les  ifles  des)  on  les  nomme  auffi  les 
isles  Mariannes.  Voyez  Mariannes. 

LARTA.  Voyez  Arta. 

LARTHENIANUM,  ville  d'Italie,  dans  l'Etrurie.  On 
la  nommoit  auparavant  Enianum  ,  6c  enfuite  les  Ro- 
mains l'appellerent  Veîens  ;  c'eft  ce  qu'on  lit  dans  les 
fragmens  desOrigines  de  Caton.  Dans  un  fragment  de  l'Iti- 
néraire d'Antonin,  on  lit  LARTHENIANOyFre  Veïente. 

L ARTHES,  rivière  d'Italie ,  félon  le  même  fragment. 
Voyez  Ossa. 

LARTOL^EET^,  ancien  peuple  de  l'Espagne  Tarra- 
gonoife, entre  les  Pyrénées  6c  l'Ebre.  Il  étoit  contigu 
aux  Lacétaniens,  félon  Strabon  ,  /.  3  ,  p.  159. 
s  LARUNESIjE,  ifles  de  la  Méditerranée,  fur  la  côte  de 
l'Afrique  proprement  dite,  félon  Ptolomée,  /. 4,  c.  3. 
Il  y  en  avoit  deux  de  ce  nom. 

1.  LARUS,  mentagne  voifine  de  la  colonie  nommée 
Claudia,  auprès  de  la  rivière  Adum,  aux  confins  du  peuple 
nommé  Tfgurini,  félon  Hygin  ,  de  Limit.  conflit,  p.  165. 

2.  LARUS.  Voyez  Laros. 

3.  LARYMNA,  ville  de  Grèce,  dans  la  Béotie,  vis- 
à-vis  de  l'ifle  d'Eubée.  Pomponius  Mêla  en  metuneen- 
tre  Anthédon  6c  Aulide.  A  moins  que  l'ordre  ne  foit  trou- 
blé ,  elle  doit  être  différente  des  deux  autres,  dont  il  eft 
queftion  dans  les  articles  fuivans. 

1  &  2.  LARYMNA ,  ville  maritime  de  Grèce ,  dans 
la  Béotie,  à  l'embouchure  du  Céphife,  félon  Paufanias, 
Bœot.  c.  32,  6c  Strabon.  Le  premier  dit  qu'elle  apparte- 
noit  anciennement  aux  Opuntiens,c'eft-à-dire  qu'elle  étoit 
du  territoire  d'Opus ,  ville  des  Locres.  Mais  la  puifiance 
des  Thébains  s'étant  accrue,  elle  fe  donna  aux  Béotiens  ; 
de-là  vient  qu'il  dit  enfuite:  Larymne,  ville  appartenante 
aux  Béotiens,  fituée  au  bord  de  la  mer.  Pline,  /.  4,  c.  7, 
dit  :  la  côte  des  Locres  où  eft  Larymna.  La  vérité  eft 
qu'elle  étoit  aux  confins  de  la  Locride  6c  de  la  Béotie  ; 
c'eft  ce  qui  a  trompé  Strabon,  /.  9,  qui,  ne  réflechiffànt  pas 
allez  fur  le  changement  de  domination,  que  cette  fituation 
favorifoit,  a  cru  qu'il  y  avoit  deux  villes  de  même  nom 
au  bord  de  la  mer,  l'une  dans  la  Locride  6c  l'autre  dans 
la  Béotie.  Cependant  il  y  en  avoit  deux  ;  l'une  dans  les 
terres,  près  du  lac  Copaïde;  6c  l'autre,  au  bord  de  la  mer. 
De  l'ifle  les  a  très-bien  marquées  dans  fa  Carte  ds  la 
Grèce. 

LARYSIUS,  Aafitr/©-,  montagne  du  Péloponnèfe, 
dans  la  Laconie,  félon  Paufanias,  /.  3,  c.  22.  Il  y  avert 
un  temple  dédié  à  Bachus  ,  à  l'honneur  de  qui  on  céli- 
broit  une  fête  tous  les  printems  ;  cette  montagne  eft  en 
terre  ferme  ,  au-deffus  de  Migonium ,  contrée  qui  eft  vis- 
à-vis  de  l'ifle  de  Cranaé. 

LARZE.  Vovez  Larisse.  r. 

LARZICOURT,  petite  ville  de  France,  en  Cham- 
TomeUL    Bbb  bb 


74<S 


LAS 


LAT 


pagne ,  fur  la  Marne  ,    à  quatre  lieues  au  -  de/Tous   de 
S.  Dizier,  &  environ  autant  de  Vitri-!e-François. 

LAS  ,  ville  du  Péloponnèfe  dans  la  Laconie,  proche  la 
montagne  Cnacadion ,  félon  Paufanias,  /.  3,  0,14.  Ptolo- 
mée ,  /.  g,' c.  1  3,  la  place  entre  Tcuthrona  6k  Gythium. 

1.  LASA  ou  Lésa  ;  Moïie  ,  Genef.c.  10,  v.  19,  mar- 
quant les  limites  de  la  terre  de  Chanaan,  dit  qu'elle  s'é- 
tend, du  côté  du  midi,,  jusqu'à  Le/a  ou  Lofa.  Le  Cha'déen 

'  &  S.  Jérôme  croient  que  Lfcfa  eft  la  même  que  Callirhoé, 
qui  eft  au  feptentrion  de  la  mer  Morte,  6k  dont  les  eaux 
fe  déchargent  dans  cette  mer.  MaïsE).  Calmet,  Dut.  croi: 
qu'il  eft  bien  plus  naturel  de  l'entendre  de  Lefa ,  Kuja 
ou  Elufa ,  qui  étoit  à-peu-près  à  diftance  égale  ,  entre 
la  mer  Morte  6k  la  mer  Rouge.  Ptolomée  connoît,  pour- 
fuit-il,  cette  ville  de Zu/à,  auffi-bien  queJofeph6k£.tienne 
le  Géographe.  m 

2.  LASA.  Voyez  Lassa.  1. 

LASiEA.  S.  Luc  dit  dans  les  Aftes  des  apôtres,  c.  27, 
v .  7  &  8  :  nous  paflames  au-deflbus  de  Crète  par.Sa'lmone; 
6k,  rangeant  l'ifle  avec  peine.,  nous  vîmes  en  un  certain 
lieu,  nommé  Bons-ports,  près  duquel  étoit  la  ville  de  La- 
fsea  (Note  de  la  Verfion  de  Rich.  Simon.')  Le  Grec  or- 
dinaire ,  le  Syriaque  Jk  les  deux  éditions  Arabes  portent 
LaSAÏA  ;  mais  on  lit  dans  l'ancien  manuscrit  grec  d'A- 
kxm.\-\z'Ahjf-.  La.Vulgate  dit  THALASSA. 
'  LASAMIÇÈS  ,  lieu  de  la  Cyrénaîque.  Antonin,  Ili- 
■nzr.  le  met  entre  PtolémaïJe  6k  Cyrène  ,  à  vingt-cinq 
nulle  pas  de  la  première. 

LASBÂNUM  ,  nom'  d'une  terre  d'Afie,  quelque  part 
vers  !a  Perfide  ,   félon  l'Hi-ftoire  mêlée. 
•    LASCAR.  Voyez  Lescar. 

LASCORÏA,  ville  d'Afie,  dans ;  la  Galatie,  félon  Ptr> 
lomée,  /.  s;  ,  c.  4.  Elle  failbit  partie  du  peuple  Trocmi. 

1.  LASIA,  ifle  d'Afie,  fur  la  côte  de  Lycie ,  félon 
Pline,  /.  5,  c.  32. 

2.  LASIA,  autre  ifle  de  la  mer,  fur 'la  côte  du  Pélo- 
ponnèfe ,  vis-à-vis  de  Troëzène. 

3.  LASIA  :  Callimaque  dit  que  c'étoit  auflî  l'un  des 
noms  de  l'ifle  d'Andros,  au  rapporr.de  Pline,  /.4,-c.ji; 
c'eft  moins  un  'nom  ,  à  proprement  parler  ^qu'une. épi- 
théte,  qui  fi  piiûe  kérijfée.  Cefurnom  avo.it  étéauflï  donné 
à.  l'ifle  de  Lesbos; 

LASICE,  lieu  d'Afrique,  dans  l'Afrique  proprement 
dite,  aflez  Drès  de  Bilàcina,  félon  Ptolomée,  /,  4,  c.  ;, 
'  1.  LASIO,  ville  du  Péloponnèfe,  dans  la  Triphilie, 
félon  Diodore  de  Sicile ,  /.  15.  Polybe  ,  /.  4;  6k  Xéno- 
phon  ,  Hift.  Gr.  L  3  &CJ,  ont  fait  mention  de  cette 
ville.  Diodore  écrit  Lajjw  par  une  double  [f. 

2.  LASIO  ,  montagne  de  l'ifle  de  Crète.  S.  Epiphane 
dit  qu'on  y  montroit  le  tombeau  de  Jupiter." 
■  LASNËiiOURG;  Voyez  Lans-le-bourg,  ou  La- 

NEBOURG. 

LASOS  ,  ville  de  l'ifle  de  Crète,  dans  les  terres,felon 
Pline,  /.  4,  c.  12,  le  feul  qui  en  ait  parlé. 

LASPI,  petite  ville  d'Afie,  dans  la  Natolie,  vers  les 
bouches -des  Dardanelles,  un  peu  au  nord  de  Lampfaque. 
Voyez'  Priapus. 

1.  LASSA,  (le  royaume  de)  pays  d'Afie,  dans  la 
Tartane,  entre  la  Chine  à  l'orient,  les  états  du  roi  d'Ava 
au  midi,  ceux  du  Grand-Mpgol  au  couchant,  &  le  royaume 
de  Tangut  au  nord.  On  le  confidere,  comme  faifant  partie, 
de  ce  dernier.  Lcjfa  ou  Barato/a;  Poutala,  château, réfi- 
dençe  du  grand  Lama,  Couti  ck  Tache-Linbou,  en  font 
les  principaux  lieux.  On  le  nomme  auffi  le  royaume  de 
BotjTAN.  Voyez  ce  mot. 

2.  LASSA  ou  BaRATOLA,  ville  d'Afie,  dans  laTarta- 
rie,  au  royaume  de  même  nom.  Elle  eft  par  le  1 1  f  ■  d.  de 
longitude,  vers  le  29e  d.  de  latitude.  Le  P.  Avril ,  Voya- 
ges, I.  3,  p.  151,  dit  que  la  capitale  du  Tanchul,  (Tan- 
gut,) eft  la  ville  àzBarcntola,  où  il  y  a  un  prince  tempo- 
rel, nommé  Diva.  Le  Dala'é-Lama,  chef  de  la  religion  des 
Lamas,  habite  dans  une  forterefîe  qui  s'appelle  Bèatalae, 
(c'eft  la  Poutala  de  De  l'ifle,)  6k  qui  eft  auprès  de  cette 
même  ville.  Le  P.  Avril  met  tout  cela  dans  le  Tangut. 

3.  LASSA,  ville  de  l'Arabie  heureufe,  dans  l'Yémen, 
au  quartier  de  laHadramitène,  ck  peu  éloignée  de  la  ville 
d'Abin.  Elle  eff  fituée  fur  la  côte  maritime,  6k  a  dans  fort 
voifinage  une  fource  d'eau  chaude ,  où  les  malades  trou- 
vent fouvent  leur  guërifon.  Il  y  a  dans  cette  ville  un  Bâ- 
cha héréditaire,  qui  ne  reconnoît  que  par  forme  l'autorité 
du  Turc.  *  D'Hubdot,  Bibl.  orient. 


LASSAN,  .(le  lac  de)  petit  lac  d'Allemagne,  dans 
la  Pomérartie  Suédoife,  dans  l'ifle  d'Uiédnm  ,  fur  la  cote 
de  la  mer  Baltique.  H  eft  formé  par  le  bras  oriental  de 
l'Oder,  entre -U:éclom  ckWolgaft.  Il  prend  fon  r.om  d'un 
virage  nommé  auffi  Lajj'an.  *  Baudrand ,  édir.  1-05. 

LASSAY,  petite  ville  de  France ,  dans  le  Maine ,  avec 
titre  de  manjuifat,  dans  l'élection  du  Mans ,  fur  un  ruis- 
feau  qui  tombe  dans  la  Mayenne,  à  feize  lieues  du  Mans. 
Il  y  a  un  château  fortifié  dé  iix  ou  huit  groflés  tours.  Sa 
jurjsdiiStion  sJétend  fur  trente  paroi'îes. 

LASSiPPA,  ou  Lasjppa  ,  ville  de  l'Inde,  au  delà  du 
Gange  ,  félon  Ptolomée  j  /.  7,  c.  2. 

L  ASSIR  A , ancienne  vifle  de  l'Espagne Tarragonoife,  au 
pays  des  Hedeiani, dans  les  terres,  félon  Ptolomée,  i.  i,c.6. 

LASSITI,  montagne  ce  l'ifle  de  Candie,  dans  la  par- 
tie orientale  du  territoire  de  Candie  ,  vers  le  midi. 
Elle  s'avance  du  côté  de-  Gera-Petra,  félon  Baudrand, 
éd'u.  1705,  qui  dit  que  c'eft  la  Dicte  des  anciens. 

LASSU ,  bourg  de  France ,  dans  le  Béarn ,'  au  diocèfe  • 
de  Tarbe,  au  confluent  de  la  petite  rivière  de  Générer, 
avec  le  Gave  de  Pau.  Il  y  une  abbaye  de  Bénédictins. 

LASTIC,  bourg  de  France j  dans  l'Auvergne,  au 
diocèfe  de  Saint-Flour. 

LASi  IGI,  ancienne  ville  d'Espagne,  dans  la  Bétique,' 
félon  Pline,  L.  3  ,  c.  1. 

LASTILADER,  forêt  de  France,  en  Languedoc.  Elle 
a  quatre  -vingt-fept  arpens,  ck  eft  de  lamaîtrife  de.seaux 
ck  forêts  de  Saint- Pons. 

LASTORACIUM  ,  pour  Lactoratium.  Voyez 
Lectoure. 

LA.SULONIS ,  lieu  de  la  Pannonie ,  félon  quelques 
exemplaires  d'Antonin,  Inner.  D'autres  éditions  portent 
Jafulofiibus  ;  d'autres  Jadillones.  Lazius  croit  qu'il  faut 
lire  JafrilJor.es.  *  Orul. ^Tlrefaur. 

LATALSI ,.  contrée  d'Afrique  ,  entre  les  pays  d'Equea 
&  c\e  Garninanach  à  l'oueft,  le  petit  Accara,  au  nord  &  à 
l'eft,  ck  Ningo  au  iùd.  Ainft  elle  doit  être  de  la  Guinée. 
Il  y  a  dans  ce  quartier  un  grand  marché,  mais  moins  boa 
que  celui  d'Abonoe.  *De  (a  Croix, R.elat.derAfrique,/.  3» 

LATACUNDA,  ville  du  Pérou,  dans  la  province 
de  Quito..  Cette  ville  fut  détruite  par  un  tremblement 
de  terre ,  en   1691. 

LATAGE,  ville  de  l'Inde,  dans  le  territoire  desPra- 
fiens,  félon  iÉlien*  Hift.  anim.  1.  16,  c.  10. 

LATAKIÉ.  Voyez  Latao_uié. 

LÀTAMÉDA  ou  Catabéua,  félon  les  divers  exem- 
plaires de  Ptolomée  ,  /.  7 ,  c.  2 ,  rivière  de  l'Inde  ,  au- 
delà  du  Gange. 

LAT  AN,  petite  rivière  de  France,  dans  l'Anjou.  Elle 
prend  fa  fource  près  de  celle  de  i'Authion ,  pafl'e  à  l'ab- 
baye de  Loroux,  ck  fe  joint  à  I'Authion  entre  Vivy  6k 
Beaufort. 

LATANIA,  ville  d'Afie,  dans."  la  Bithynie,  félon 
Ptolomée  ,    L  5  ,  c.  1. 

LATAQ.UIÉ  ou  Latakïé  ,  ville  de  Syrie,  fur  la  côte, 
à  deux  perte  journées  deTortofe.  C'eft  un  refte  de  l'an- 
citenne  Laodicée.  Paul  Lucas  en  parle  ainfl  clans  fon 
Voyage  au  Levant,  t.  1  ,'  c.  18. 

L'entrée  de  fon  port  eft  fort  étroite  ,  ck  on  le  pour- 
roit  fermer  avec  une  chaîne;  mais  les  grands  vaiflbau.i 
n'y  peuvent  mouiller ,  à  caufe  des  fables  dont  il  eft 
comblé  ;  de  forte  qu'on  n'y  trouve  que  deux  braffes 
d'eau  dans  l'endroit  le  plus  protond.  Il  tombe  fouvent 
dans  fon  entrée  de  groiTes  pierres  d'une  vieille  forterefîe 
ruinée;  ce  qui  fait  qu'on  n'y  peut  entrer  ni  en  fortir,  fans 
danger.  La  douane  de  ce  lieu  eft  un  édifice  allez  bien 
bâti  pour  le  pays  ;  6k  il  y  a  même  uwe  mosquée ,  plu- 
fieurs  magafins,  6k  quelques  maifons.  La  ville,  qui  n'tft 
éloignée  de  ce  part  que  d'un  quart  de  lieue,  eft:  allez 
grande  6k  allez  peuplée  pour  une  ville  de  Turquie.  Il  y  a 
beaucoup  de  Chrétiens  , .  qiù  ont  leur  évêque.  On  y 
trouve  auffi  quelques  Juifs:  le  principal  négoce  des  ha- 
bitans  eft  de»  tabac  6k  de  foie.  Â  un  demi-quart  de  lieue 
de-là  on  voit  les'reftes  d'une  ancienne  églife  dans  une 
grande  campagne,  où  beaucoup  de  petits  monts  ,  qui 
n'ont  été  faits  que  par  les  milles  des  bâtimens  ,  font 
juger  que  îa^ille  étoit  autrefois  placée.  Os  remarque  eu 
plufieurs  endroits  de  grofîes  murailles  qt:e  le  tems  achevé 
de  ruiner  ,.6kp!u.'îeurs'  coToinnes  presque  couvertes  de 
terre  ,  6k  dont  on  ne  voit  guères  que  les  chapiteaux. 
La  tradition  porte  que  fainte  Hélène  a   fait  bâtir  cette 


LAT 


grande  églife.  Ce  qui  en  refte  eft  d'une  fort  belle  achitec- 
tûre:  elle  a  trois  portes,  6k  la  voûte  en  eft  tout-à-fait 
tombée.  La  plupart  des  belles  colomnes  qui  en  foute- 
noient  le  comble,  font  encore  debout.  Au-deflbus  de 
l'églife,  font  de  longues  voûtes  qui  fervent  préfente  ment 
à  retirer  des  bœufs ,  des  chèvres  ,  &  de  moutons.  On 
afîure  que  cette  églife  étoit  dans  le  milieu  de  la  ville , 
ce  qu'il  eft  aifé  de  croire  par  les  ruines  qui  font  à  l'en- 
tour.  Paul  Lucas,  qui  a  vu  tous  ces  anciens  monumens, 
dit  qu'en  prenant  un  autre  chemin  pour  revenir  à  la  ville, 
il  y  compta  quatre-vingt  colomnes-,  fi  groffes ,  que 
deux  hommes  n'en  pourroient  embraffer  une.  Elles  ne 
fortent  de  terre  qu'environ  à  moitié,  6k  font  de  gra- 
nité ;  on  juge'par-là  qu'il  y  a  beaucoup  de  bâtimens  en- 
tiers fous  la  terre.  Cela  paroît  auffi  par  un  bain  dans  le- 
quel il  faut  descendre  comme  on  fait  dans  une  cave. 
Ce  lieu  eft  magnifique;  on  entre  d'abord  dans  une  falle 
toute  revêtue  de  maibre  jaspé  6k  de  porphyre.  La  voûte 
eft  ibutenue  par  dix-huit  colomnes  de  différens  marbres 
noir  6k  blanc  ,  de  porphyre  6k  de  granité  ;  il  y  en  a 
deux  ,  entr'autres,  très-belles,  d'un  jaspe  verd.  Tout  le 
tour  de  cette  falle  eft  rempli  de  niches  qui  apparemment 
étoient  la  place  des  ftatues  des  dieux  du  paganisme.  On 
parle  de- 1 1  clans  d'autres  appartemens ,  qui  répondent  à 
la  magnificence  de  cette  falle  ,  mais  que  les  Turcs  n'ont 
pas  foin  de  tenir  propres.  Il  y  a  des  inscriptions  gré- 
ques  fur  diverfes  pierres.  Des  jardins ,  pleins  d'oliviers  , 
fourniffent  des  promenades  allez  agréables ,  6k  couvrent, 
dit-on,  des  rhaifons  ck  des  palais  tout  entiers.  Un  homme 
ayant  donné  quelque  coups  de  pioche  dans  un  endroit 
qu'il  croyoit  être  un  morceau  de  roc ,  rompit  une  voûte, 
&  tomba  au  fond  avec  les  pierres.  Ce  lieu  étûit  tout  plein 
de  ftatues  que  ceux  du  pays  mirent  en  pièces.  Il  doit  y 
en  avoit  beaucoup  dans  cette  ancienne  ville ,  puisqu'on 
en  trouve  par-tour  de  rompues.  Tous  les  lieux  des  envi- 
rons font  très-agréables.  Ce  ne  font  que  plaines ,6k  colli- 
nes, toures  plantées  d'oliviers,  de  meuners,  de  figuiers  6k 
d'arbres  de  toutes  espèces.  Les  campagnes  femées  de 
toutes  fortes  de  grains  offrent  aux  yeux  un  aspect,  char- 
mant par  la  diverfité  de  leurs  couleurs ,  &  celles  où  croît 
le  tabac  paroiffent  comme  dans  des  vallées.  Il  y  paffe 
un  bras  de  l'Oronte,  qui  af  rofe,  en  ferpentant,  une  bonne 
partie  de  tout  ce  pays.  Le  miniftre  Maundrell ,  dans  fon 
Voyage  d'Alep  à  Jérufalem ,  nomme  cette  même  ville 
Latichei.  Voici  ce  qu'il  en  dit,  p.  18.  Elle  eft  fituée 
■dans  un  pays  plat  6k  très-ferrile ,  fur  le  bord  de  la  mer. 
Cette  ville  fut  bâtie  par  Seleucus  Nicanor,  lequel  la 
nomma  à  l'honneur  de  fa  mère  r\a.oS"m.na. ,  dont  elle  ré- 
tient encore  le  nom  avec  très-peu  de  changement.  C'é- 
tait autrefois  un  lieu  magnifique  ;  mais  elle  fut  réduite 
à  un  état  déplorable ,  par  la  révolution  générale  qui  arriva 
en  ce  pays-là ,  ck  elle  eft  demeurée  long-rems-  dans  cet 
anéautillèment  ;  mais  elle  a  été  rebâtie  depuis  quelques  an- 
nées^ eft  devenue  la  ville  la  plus  floriflante  de  cette  côte. 
Elle  doit  fon  rétabliflement  ck  fon  négoce  à  Coplan-Aga, 
homme  riche  &  de  grande  autorité  en  ces  quartiets-là,  le- 
quel étoit  grand  amateur  du  négoce.  Cette  ville,  comme 
l'onvoit,  eft  lamêmeque  Laociicéefur  lamër  ;  ck  Cor- 
neille, quifépare  ces  deux  voyageurs  dans  deux  articles 
différens  ,  devoit  avertir  que  ces  deux  noms  fignifient  un 
même  lieu ,  c'eft-à-dire  Laodicêe  fur  la  mer ,  de  la- 
quelle nous  parlons  en  fon  lieu.  VoyezLAODicÉE  3. 

LAT  ARA  ,  forterefle  de  la  Gaule  Narbonnoife,  félon 
Pomponius  Mêla,  /.  2,  c.  <; ,  n.  33.  Voyez  Latera  ; 
c'eft  ainfi  qu'il  faut  lire  ce  mot. 

LATARACO  ou  Latarico,  château  &  bourg  du 
royaume  de  Naples  ,  dans  la  Calabre  citérieure  ,  à  fix 
milles  de  Saint-Marc  ,  au  pied  du  mond  Apennin,  ck 
fur  le  ruiffeau  de  Perditio.  Voyez  Hetriculum. 

Baudrahd  dit  Lataraco  dans  l'édition  latine,  6k  dans  la 
françoil'e;  Holftenius  dit  Lattarico. 

LATAVUM,  ville  de  Phrenicie.  LaNocice  de  l'Em- 
pire, fiel.  13  %  dit:  Equités  Dalmatce  lllyricïanl  Latavi. 

LAlEA  Aal'-ce  ou  Latth a,  félon  divers  exemplai- 
res de  Ptolomée  ,  /.  6,  c.  7,  ancienne  ville  de  l'Arabie 
heureufe. 

LATEMNAS.  Voyez  Latymnus. 

LATERA.    Pomponius  Mêla,    l.  1.,    c.  5 ,   n.  .33 
homme  ainfi  un  château  de  la  Gaule  Nirbounoife.    On 
Je  nomme  préfentement  la  tour  de  Latte  6k  le  château 


LAT 


747 


de  Latte.  Pline  ,  /.  9 ,  c.  8,  donne  ce  nom  à  un  étang 
voiim,  qu'il  dit  être  dans  le  territoire  de  Nîmes.  Cela 
ne  doit  point  furprendre  ,  puisqu'il  avertit  ,  /.  3  ',  c.  4 , 
que  vingt-quatre  villes  ou  bourgs  des  Ancomici  dépeu- 
doient  de  Nimes.  Il  raconte,  /.  9,  c.  0,  au  fujet  de 
cet  étang  ,  une  pêche  que  les  Dauphins  faifoient  de  cou-- 
avec  les  hommes  ;   on  peut  en  voir  le  détail  dans 


fon  livre  mêr 


yez  Latte. 


LATERE,  village  fur  la  côte  occidentale  de  Me  de 
Code,  vers  la  ville  d'Aiazzo.  C'étoit  anciennement  un 
lieu  nommé  Arcnofum  lima,  c'eft-à-dire  le  rivage,  fa- 
blonneux  ,  ou  la  grève.  *  Baudrand.  éd.  1705. 

LATERIUM,  mai  fon  de  campagne  en  Italie.  Elle 
appartenoit  au  frère  de  Cicéron.  Il  en  eft  parlé  au  Li- 
vre X  des  Lettres  à  Atticus ,  epift.  I.  Ortélius  foupçonnë 
qu'elle  étoit  clans  la  Campanie. 

LATERRA.  Voyez  Latera  6k  Latte. 

LATHIUS  ,  fontaine  près  de  l'Oëta,  félon  l'étymo- 
logique. 

LATHON.  Voyez  Lethon. 

LATHRIPPA.  Voyez  Laorippa. 

LATIA  ,  ou  Latina  Via.  Voyez  au  mot  Vois 
l'article  de  la  Voie  Latine. 

LATICZOW  ,  petite  ville  de  la  Ruflie  rouge  ,  en 
Pologne  ,  dans  la  haute  Podolie,  fur  le  Bog,  à  vingt- 
cinq  lieues  au-deffus  de  la  ville  de  Bradai.  C'eft  une 
châtellenie. 

LATINS,  (les)  Voyez  Latium.' 

LATITUDE  ,  fubftantif  féminin  ,  terme  de  géogra- 
phie ,  qui  fignifie  la  largeur  cle  la  terre ,  depuis  l'équateur 
jusquà  l'un  des  pôles.  L'origine  de  ce  mot  vient  de  ce- 
que  les  anciens  ne  connoiflbient  pas  la  terre  comme  nous 
la  connoiffons  aujourd'hui.  La  Carte  dreffée  par  Aga- 
thodœmon  fait  voir  que  leurs  connoiffances  alloient 
bien  plus  loin  de  l'occident  en- orient,  que  du  fepten- 
trion  au  midi  ;  6k  quoiqu'un  globe  n'ait ,  à  proprement 
parler,  ni  longueur,  ni  largeur,  ces  deux  dimenfions 
étant  égales ,  les  géographes  n'ayant  égard  qu'aux  pays 
habités  ck  connus,  la  longueur  de  la  terre  étoit  pour 
eux  d'occident  en  orient  ;  ck  fa  largeur  du  midi  au  fep- 
tentrion.  Ils  connoiflbient  fi  peu  de  chofes  au-delà  de 
l'équateur,  que  cela  peut  bien  n'être  compté  preque 
rien.  Depuis  leur  premier  méridien ,  j'entends  celui  cle 
Ptolomée  ,  qui  eft  aujourd'hui  le  nôtre ,  ils  avoient 
pouffé  leurs,  connoiffances  jusqu'à  "183  d.  de  longitude; 
du  moins  ils  étendoient  jusques-là  les  côtes  orientales 
de  l'ancien  continent,  quoiqu'il  s'en  faille  beaucoup 
qu'elles  foi-ent  fi  loin  de  nous  :  foixante  degrés  au  nord 
de  l'équateur,  ck  tout  au  plus  vingt  degré?  au-delà; 
voilà  à  quoi  fe  bornoierït  leurs  découvertes.  Ils  ap- 
pellerent  longitude  de  la  terre,  ou  fa  longueur ,  fa  plus 
grande  étendue  qu'ils  connuffent  ;  ck  latitude  de  la  terrey 
ou  fa  largeur ,  fa  plus  petite  étendue  bornée  entre  l'é- 
quateur ck  les  deux  pôles.  On  a  confervé  ces  noms,  6k 
ils  ont  été  confacrés  par  les  géographes  qui  s'en  fervent 
tous  pour  marquer  la  diflance  d'un  lieu  à  l'équateur. 

Si  l'on  comprend  que  l'équateur  coupe  le  globe  en 
deux^arties  égales,  6k  que  l'axe  cle  ce  même  globe,  ter- 
miné par  les  deux  pôles,  Si  perpendiculaire  à  l'équateur, 
chacun  de  ces  deux  pôles  fera  éloigné  également  de  ce 
gtand  cercle;  6k  la  diftance  de  ce  même  cercle  à  l'un 
ou  à  l'autre  de  ces  pôles,  eft  un  quart  de  cercle,  cle  90  c!. 
Auffi  la  plus  grande  latitude  ne  palle  j  unais  ce  nombre  ; 
au  lieu  que  la  longitude  qui  fe  compte  fur  l'équateur  par- 
court le  cercle  entier  de  360  degrés-. 

La  latitude  particulière  d'un  lieu  eft  la  diftance  de  l'é- 
quateur au  zénith  de  ce  lieu-là  ;  6k  comme  plus  nous 
avançons  vers  un  pôle,  plus  l'équateur  s'abbaiffe  à  notre 
éyard ,  6k  plus  le  pôle  s'élève  par  rapport  à  nous;  de-là 
vient  que  les  aftronomes  ont  pris  le  parti  de  calculer 
la  hauteur  du  pôle  à  l'égard  des  principaux  lieux  ,  où  ils 
ont  pu  l'obferver.  De  même  plus  nous  avançons  vers 
un  pôle,  plus  nous  nous  éloignons  de  l'équateur.;  ainfi 
plus  la  latitude  s'accroît.  Cela  pofé  ,  il  eft  aile  de  com- 
prendre que  la  hauteur  du  pôle,  ck  la  latitude  reviennent 
au  même  calcul.  Voici  une  Table  de;  longitudes  6k  lati- 
tudes des  principaux  lieux  de  l'univers.  On  va  joint  les 
noms  6k  les  fentimens  des  auteurs  à  l'égard  dos  longitudes  : 
pour  bien  entendre  cette  Table ,  il  faut  lire  la  articles 
Longitude  6k  Méridien. 

Tome  IIL    Bbbbb  ij 


743 


LAT  LâT 

TABLE    GÉOGRAPHIQUE 

DES     LONGITUDES     ET    DES     LATITUDES 


Noms  des  Villes,  Fleuves 
Lacs,  Montagnes,  &c. 


DES    PRINCIPAUX    LIEUX    DU    MONDE. 

Différence  des  Méridiens 

en 
s.  D.        M.        S. 


M. 


Abbeville. 

48 

Lieutaud       , 

o 

1 

De  la  Hire 

o 

2 

12 

Des  Places 

o 

I 

52 

Acapulco. 

Harris 

7 

M 

11 

Agde. 

Des  Places 

o 

4 

33 

Agra  au  Moeol, 

Lieutaud 

4* 

57 

30 

De  la  Hire 

5 

"4 

0 

36 

Des  Places 

4 

57 

Harris 

5 

42 

ii 

Agra. 

58 

P.  Gaubil 

4 

0 

Aisou,  ville. 

26 

P.  Gaubil 

S 

23 

Aix  en  Provence. 

Lieutaud 

o 

12 

'  48 

De  la  Hire 

o 

12 

48 

Des  Places 

o 

12 

Street 

o" 

12 

*9 

Alby. 

Lieutaud  &  Des  Places 

o* 

0 

48 

Alençon. 

Lieutaud 

o 

9 

0 

De  la  Hire 

o 

9 

30 

Des  Places 

° 

9 

30 

Alep  en  Syrie.- 

Lieutaud 

2- 

20 

0 

.  Des  Places 

2 

20 

0 

Harris 

2* 

iS 

49 

Street 

2* 

25 

19 

Alex  and  rete  en  Syrie. 

16 
16 
16 

Lieutaud 

2 

0 

Chazelles 

2 

0 

Des  Places 

2 

0 

Alexandrie  d'Egypte. 

6 

Lieutaud 

1 

51 

De  la  Hire 

1 

5* 

0 

36 

Des  Places 

O 

51 

Harris 

2 

3 

30 

Street 

I 

43 

49 

Bouche  orientale  d'AlGOUEY. 

26 

P.  Gaubil 

5 

44 

Fin  ou  eueft  des  monts  Altay. 

6 

P.  Jartoux 

6 

14 

Leur  fin. 

P.  Gaubil 

6 

2 

14 

Amiens. 

8 

Lieutaud 

o* 

0 

De  la  Hire 

o 

0 

8 

Des  Places 

o 

0 

Harris 

o* 

0 

ii 

Amour,  riv.  Voyez  Onon. 

Amsterdam. 

36 

Lieutaud 

o 

10 

De  la  Hire 

o 

10 

10 

Des  Places 

o 

11 

32 

Harris 

°* 

9 

49 

Street 

o* 

11 

'9 

Ancone. 

De  la  Hire 

o 

47 

40 

Des  Placés 

°* 

47 

40 

ANCERS. 

36 

Lieutaud 

o* 

II 

De  la  Hire 

o 

12 

15 

Des  Places 

o 

II 

36 

Antibe. 

Lieutaud 

o 

19 

11 

Des  Places 

o 

19 

11 

De  la  Hire 

° 

J9 

11 

Antioche. 

Street 

* 

25 

l9. 

Anvers. 

oc. 


0 

27 

0 

0 

28 

0 

85 

35 

'5 

1 

S 

Jï 

74 
81 

24 

0 

0 

0 

74 
8J 

24 
35 

*S 

74 

24 

0 

80 

51 

30 

3 
5 

12 

16 

0 
15 

2 

22 

30 

2 

22 

30 

35 

0 

0 

35 

0 

0 

33 

34 

45 

36 

«9 

45 

34 

0 

0 

34 

"5 

0 

34 

0 

0 

07 

56 

30 

28 

0 

0 

27 

54 

0 

30 

52 

30 

25 

57 

»5 

86 

6 

30 

93 

31 

30 

93 

31 

30 

0 

2 

12 

0 

3 

0 

0 

2 

0 

0 

S 

J5 

2 

39 

0 

2 

3i 

10 

2 

53 

0 

2 

24 

45 

2 

27 

*5 

11 

55 

0 

11 

55 

0 

2 

H 

0 

3 

6 

r5 

2 

54 

0 

4 

47 

45 

4 

47 

45 

4 

47 

45 

55 

'9 

45 

Latitude  ou  Hau- 

teur du  Pôle. 

D. 

M. 

S. 

5°* 

•     7 

0 

5 

30 

0 

7 

0 

i7 

30 

S 

42 

'9 

0 

26» 

43 

0 

28 

30 

0 

26 

43 

0 

28 

30 

0 

2<S 

48 

0 

42- 

30 

0 

43* 

3i 

20 

43 

3i 

0 

43 

35 

20 

43 

33 

0 

43* 

55 

2 

48 

25 

O 

4Ï 

29 

O 

48 

29 

O 

35 

45 

23 

36 

0 

37 

20 

0 

36 

25 

0 

36* 

3ï 

10 

36 

35 

3' 

11 

20 

3l 

11 

20 

31 

12 

0 

3i 

11 

q 

31 

7 

30 

58 

43 

30 

46 

20 

46 

20 

49* 

54 

46 

49 

53 

4<5 

49 

54 

0 

49 

54 

0 

52* 

22 

45 

52 

21 

30 

5\ 

21 

45 

52 

21 

47 

29 

0 

43 

54 

0 

43 

54 

0 

47 

29 

0 

47 

27 

0 

47 

27 

0 

43* 

34 

12 

43 

34 

0 

43 

34 

12 

LAT 


LAT 


Noms  des  Filles,  Fleuves, 
Lacs ,  Montagnes  y  &c. 


I  ieutaud 

o 

S 

40 

De  la  Hire 

o 

8 

30 

Des  Places 

o* 

7 

40 

Harris 

o 

7" 

49 

Street 

o 

8 

l9 

Aracte. 

• 

De  la  Hire 

% 

5° 

0 

Street 

2 

35 

49 

Arlts. 

Lieutaud 

O* 

9 

24 

De  la  Hire 

O 

8 

20 

Des  Places 

o 

9 

24 

Arras. 

Lieutaud 

o 

i 

56 

Des  Places 

o 

t 

40 

De  la  Hire 

o 

î 

40 

Athènes. 

De  la  Hire 

I 

33 

0 

Avignon. 

Lieiitaud 

o* 

18 

0 

De  la  Hire 

o 

9 

45 

Des  Places 

o 

Harris 

o* 

8 

49 

Street 

o* 

9 

"9 

Aurillac. 

Lieiitaud 

o* 

o 

29 

Des   Places 

o 

o 

23 

Auxerre. 

De  la  Hire 

0 

4 

20 

Des  Places 

o 

'   4 

40 

Babylone  ou  Bagdat. 

Harris 

3 

4 

49 

Street 

a 

5i 

49 

La  Barbade. 

Harris 

4 

z 

11 

Barcelone. 

Lieutaud 

0 

o 

28 

De  la  Hire 

o 

4 

0 

Des  Places 

o 

28 

Harris 

o 

o 

49 

Basle. 

Lieutaud 

o 

21 

0 

Des  Places 

o 

11 

0 

De  la  Hire 

o 

22 

40 

B aston  ,  nouvelle 

Angleterre. 

Harris 

4* 

51 

41 

Batavia  à  Java. 

De  la  Hire 

6 

5<5 

0 

Des  Places 

6 

56 

0 

Harris 

6* 

33 

49 

La  baie  de  tous 

les  Saints, 

au  Brelil. 

Différence  des  Méridiens 
en  en 

M.       S.  D.        M.        S. 


Bayonne, 

Lieutaud 

De  la  Hire 

Des  Places 

Harris 

Beauvais. 

Lieutaud 

Des  Places 

Bengale. 

Harris 

Bergen  en  Norwége, 

Beklin. 

Lieutaud 
Des  Places 
Maraldi 
De  Tlfle  . 
Bermude  ,  ifle. 

BÉZIIRS. 
Des  Places 
Bezancon. 

Lcutau.l 

Des  Places 
Boukdeavx. 
Lieutaud 
De  la  Hire 
Des  Places 


*î 

ï* 

'5 

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15 

l5 

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11       49 

22       49 

44        29 
49       29 
43        24 

23        11 

3       V 

24 
25 

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0 

25 

0 

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3* 
26 

0 

15 

32 
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0 

45 
45 

7 
7 

0 

46 

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57 

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55 

54 

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7 

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0 

0 

7 

0 

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M 

0 

5 

M 

0 

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0 

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3 
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48 
48 
5° 

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45 
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0 

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0 

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54 

45 

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39 

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10 

7 
7 
51 

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47 

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0 

5' 

45 

3 
3 

30 
42 

0 

0 

5 

5 
5 
S 

0 
30 

? 

49 

Latitude  ou 

H  au- 

r  du  Pôle. 

D. 

M. 

S. 

51 

M 

30 

51 

10 

0 

51 

13 

30 

5l 

10 

0 

51 

12 

0 

36 

0 

0 

36" 

0 

0 

43* 

34 

12 

43 

34 

O 

43 

4e 

O 

5° 

18 

O 

5° 

18 

2S 

5° 

1S 

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37 

40 

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43 

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41 

51 

O 

43 

57 

•  O 

43 

51 

O 

43 

5* 

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44 

59 

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44 

55 

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35 

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47 

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20 

34 

30 

O 

35 

0 

O 

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30 

O 

41* 

26 

O 

41 

26 

O 

41 

26 

O 

41 

26 

O 

47 

55 

O 

47 

40 

O 

47 

40 

° 

42 

25 

O 

6 

'5 

O 

6 

"5 

O 

6 

'5 

° 

12 

54 

II 

12 

54 

'S 

12 

54 

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12 

54 

20 

12 

54 

30 

43 

29 

4T 

43 

29 

31 

43 

30 

0 

43 

29 

0 

49 

26 

0 

49 

26 

0 

21  56         a 


52 

52 

3? 

33 

0 

52 

32 

3a 

32 

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0 

43 

20 

0 

47' 
47 

18 

20 

• 

44* 

44 
44 

5° 
5° 
5° 

0 

20 
0 

7jo 

Noms  des  Villes  ,  Fleuves, 
Lacs ,  Montagnes  ,  &c. 


Harris 

Boulog'ne  d'Italie. 
Lieutaud 
De  la  Hire 
De,  Places 
Harris 
Street 

Boi  iogNe. 
Picard.  Lieutaud 
Des  Places 
Bourges. 
Lieutaud 
De  la  Hire 
Des  Places 
Brandebourg. 
•      De  la  Hire 

Breslaw.  Siléfi*. 
Lieutaud 
Des  Places 
Brest. 

Lieutaud    Des  Places 
De  la  Hire 
Harris 
Bristol. 
Street 
Bruges. 
Des  Places 
Bruxelles. 
Lieutaud 
De  la  Hire 
Deb  Places 
Street 
Cadiz. 

Lieutaud.  Des  Place* 
De  la  Hire 
Harris 
Caen. 
Lieutaud 
De  la  Hire 
Cai-fou-fqu. 
P.  Gaubil 
Caifumeu. 
P.  Gaubil. 

Le  Caire  en  EgyptcS 
Lieutaud 
Des  Flaces 
Harris 
Street 
Calais. 
Lieutaud 
De  la  Hire 
Des  Places 
Harris. 

Lieu  de  la  défaite  de  Cala'an, 
deux  lieues  du  mont  Han. 
P.  Jartoux 

Camboya  aux  Indes. 
De  la  Hire 
Des  Places 
Harris 
Cambrai. 

Lieutaud.  Des  Places 
Cambridge. 
Street 
Camoul. 
P.  Gaubil 
Can-Cheou. 
P.  Gaubil 
Candie,  ville. 
Liejtaud.  Des  Places 
De  la  Hire 
Harris 

La  Canée,  enj'ifle  de  Candie 
Des  Places 
Harris 

Cantcheou. 
P.  Gaubil 
Cantés  ,  mont. 
P.  Gaubil 

Canton  en  la  Chine 
Lieutaud 
De  la  Hire 
Des  Places 
P.  Noël 
P-  Gaubil 


LAT 


LAT 


Blffèrma  des 


37 
37 
36 

8 

49 
49 

2 

40 
56 

0 

14 

"S 

46 

0 

59 

59 

10 
10 

27 
27 

36 
36 

8 

30 

7 

40 

6 

50 

3* 

40 

38 

50 

38 

40 

56        5c 


Méridiens 

Latitude  ou 

â*«: 

en 

teur  du  Pôle. 

D. 

M. 

S. 

D. 

M. 

S. 

2 

5° 

25 

40 

5° 

0 

9 

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0 

44* 

30 

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9 

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44 

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44 

30 

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30 

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40 

0 

5° 

4* 

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36 

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5° 

42 

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0 

3 

45 

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9 

0 

3 

30 

47 

4 

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3 

45 

47 

4 

45, 

11 

30 

Q 

S1 

16 

0 

M 

47 

30 

51 

3 

0 

14 

47 

30 

S1 

3 

0 

6 

54 

0 

48 

23 

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6 

54 

0 

48 

5° 
0 

6 

5° 

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48 

23 

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0 

47 

0 

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11 

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2 

5 

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5° 

51 

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2 

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30 

5° 

48 

0 

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55 

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5° 

5° 

5° 

1 

42 

30 

50 

48 

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10 

6 

36 

37 

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30 

36 

16 

9 

40 

0 

36 

16 

0 

2 

41 

0 

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10 

5° 

2 

45 

0 

49 

10 

31 

112 

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7 

30 

34 

51 

29 

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30 
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29 

35 

0 

30 

2 

32 

5 

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30 

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29 

12 

30 

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5° 

0 

32 

30 

5°" 

57 

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30 

5° 

56 

5° 

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50 

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0 

0 

i° 

57 

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10 

20 

° 

54 

0 

5° 

10 

37 

30 

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58 

0 

35 

18 

45 

26 

30 

0 

34 

40 

0 

23 

20 

0 

35 

18 

'  O 

21 

5* 

3° 

35 

28 

45 

24 

7 

3° 

35 

29 

0 

78 

1 

30 

3° 

3° 

110 

45 

15 

23 

8 

„ 

1 10 

41 

0 

2) 

7 

3° 

110 

43 

'3 

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8 

q 

130 

53 

23 

10 

10? 

3e» 

%i 

* 

T.  AT 


LAT 


Noms  ces  Villes,  Fleuves, 

Différence  des 

Lacs  yMgfztagnes ,  &c. 

en 

H. 

M. 

S. 

Canïgrseri.' 

Street 

o 

4 

11                      oc 

Gap  de  Bûnne-Esferance. 

Lieutaud 

i 

10 

58                      or. 

.De   la  Hire 

i 

M 

0 

Des  Placer 

i 

10 

58 

Harris 

! 

10 

20 

Cap  Comokh. 

Harris 

5* 

3 

49 

Cap  de  Séte.  ■  Voyei  Séte. 

C  F 

Lieutaul  Des  Places 

i  * 

18 

0                      oc 

De  la  Hire 

! 

iS 

■  0 

Harris 

I 

17 

40 

Carcasso::ne. 

Des  Places 

O 

0 

1                      or. 

Carmartiien. 

Street 

O 

25 

10                •     oc 

CarthagÈi.e,  Amérique. 

Lieutaud 

5" 
5 

11 

20                              OC 

Des  Places 

11 

20 

Casgar  ou  Cachcar. 

P.  Gaùbîl  : 

5 

I9 

26 

Cassée. 

Street 

o 

16 

19                    or. 

Cateav-Cambresis. 

P.  de  Rebecque 

* 

5 

0                      or. 

La  CaïjENnE  en  Amérique. 

Lieutaud.  Des  Places 

3* 

4* 

0                      oc 

De  ia  Hire 

-3 

35 

0 

Harris 

3 

18 

20 

Ceylan,  ifle. 

Harris 

5 

25 

20                                 Vf. 

Cham-Cbeu. 

P.  Noël 

'9 

8 

44 

Cham-Xo. 

P.  Noâ 
Çhan-Cheu. 

9 

12 

.*■* 

P.  No|              r 

8 

52 

5* 

ChanD'P.nagor.  Ind. 

De  la  Hire 

5 

43 

0                      »'î 

Des  Places 

43 

0 

Chm-dou.     Voye^  Ciandou. 

Changtuu. 

P.  Gaubil 

Au 

NN.  E.  de  Pékin. 

Chao-Kim. 

P    Noël 

8 

41 

28 

Chao-Tchum. 

P.  Gaubil 

7 

22 

48 

Chartres. 

Lieutaud.  Des  Places 

o 

3 

20                   oc 

Casgar.   Voye[  Chascar. 

Chatcheou. 

P.  Gaubil 

6 

12 

46 

Cherbourg. 

Lieutaud 

o 

16 

8           •         oc 

De  la  Hire 

o 

16 

0 

Des  Flaces 

o 

16 

S 

Chester. 

Des  Places 

o 

20 

35                    °' 

Street 

o 

'9 

10                      oc 

Cheuson  à  la  Chine. 

Harris 

7* 

7 

20                      0r 

Chi-Cheu. 

P.  Noël 

S 

59 

44 

Cbiu-Kiam. 

P.  Noël 

9 

7 

4 

Choram  infula  vix  M.  M.  P. 

Goà  diitans. 

P.  Noël 

4 

43 

10 

Ciaxdu  ou  ChandOU.  Voyei 

1 

Changton. 

1 

ClEN-HlEN. 

P.  Noël 

8 

55 

36 

Cim-Ho. 

P.  Noël 

9 

5 

36 

Cim-Ngan. 

P.  Noël 

S 

5° 

56 

ClM-'ï  VEN. 

P.  Noël 

8 

43 

36 

Cler.mont  en  Auvergne 

Lieutaud 

o 

3 

O                             v'- 

De  la  Hire 

o 

3 

0 

Des  Places 

o 

3 

Q 

33 

54 

36 

24 

32 

44 

30 

54 

0 
0 

45 
45 

0 

0 

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6 

32 

30 

75 
75 

5° 
5° 

0 

79 

5i 

30 

6 

42 

*5 

30 
0 

55 
53 
49 

30 
45 
55 

0 
0 

7yr 

Latitude  ou  If dâ\ 

leur  du  lJo-e. 
D.       M.       s, 

51 

17    0 

34* 
34 
35 

15    » 

i5    0 
15,  0 

14 

43 
43 

0 

14 

43 

0 

43 

12 

2C 

52 

2 

0" 

10 
10 

30 
30 

50 

3° 

39 
51 

30 

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* 

4* 
4 

5" 

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20 

31 

38 

5û 

II 

51 
53 
54 

30 
*5. 

22 
22 

54 
54 

0 
0 

23 

3 

24 

5i 

48 

27 

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4 

4 

0 

0 
0 

49 
49 

33 

5 

4 

8 

47 

45 
30 

53 
53 

!3 

10 

06 

5° 

0. 

30 

0 

34 

56 

36 

46 

î2 

M 

45      41 

45  51 

45         5' 


7J2 


LAT 


LAT 


Noms  des  Villes,  Fleuves, 

l 

Lacs,  Montagnes,  &c. 

en 

H. 

M. 

S. 

■Cochin  ,  aux  [Indes. 

Harris 

4 

ît 

20 

■Cologne. 

Lieutaud 

o   , 

«9 

O 

Des  Places 

o 

19 

O 

De  la  Hire 

o 

z-> 

O 

CoMPOSTELLE. 

De  la  Hire 

o 

48 

O 

la  Conception,  en  Amérique. 

Lieutaud 

î* 

2 

IO 

Des  Places 

5 

2 

'4 

Conimbre. 

Harris 

0 

47 

40 

CoNSTANTINQPLE. 

Lieutaud 

j» 

46 

M 

Chaielles 

46 

0 

De  la  Hire 

5» 

0 

Des  Places 

46 

14 

Harris 

1* 

59 

20 

Street 

5* 

0 

Cop.cx: 

Street 

o 

39 

10 

La  Tour  de  Cordouan. 

De  la  Hire.  Des  Places 

o 

14 

Vf 

Corvo  ,  jfle. 

Harris 

a 

H 

40 

Coppenhague. 

Lieutaud 

o* 

41 

41 

De  la  Hire 

o 

4» 

41 

Des  Places 

o 

4« 

41 

Harris                        \ 

o* 

41 

20 

Cracovie. 

Lieutaud 

I 

IO 

0 

De  la  Hire 

I 

12 

0 

Des  Places' 

I 

12 

0 

Harris 

t 

10 

40 

Street 

X 

XI 

y 

Cosco  aw  PéroVi 

De  la  Hire 

s 

4 

0 

Des  Places 

5 

4 

0 

Harris 

ï 

4 

10 

Damas  ,  en  Syrie; 

Street 

2 

îS 

30 

Dantzic. 

Lieutaud.  Des  Flaces 

I 

4 

44 

De  la  Hire 

I 

7 

0' 

Harris 

I 

7 

20 

Street 

1* 

6 

5° 

Dieppe. 

Lieutaud 

O* 

4 

44 

De  la  Hire 

o 

4 

45 

Des  Places 

o 

4 

44 

Harris 

0* 

4 

40 

Digne  ,  en  Dauphiné. 

1 

Street 

o* 

16 

50 

Dijon. 

Lieutaud 

o 

.    10 

0 

Des  Places 

o 

10 

40 

De  la  Hire 

o 

11 

20 

Douvres. 

Des  Places 

o 

4 

J9 

Dublin. 

Des  Places 

o 

38 

0 

Harris 

o* 

36 

40 

Sireet 

o 

35 

10 

DuNKERQUE.' 

Lieutaud 

o" 

0 

De  la  Hire 

o 

0 

3 

Des  Places 

0 

0 

3 

Harris 

o* 

0 

11 

Street 

o 

0 

20 

Durazzo  ,  en  Dalmatie. 

Harris 

I 

11 

40 

Edimbourg. 

Lieutaud 

o 

2L 

41 

De  la  Hire 

o 

20 

20 

Des  Places 

o 

20 

■    0 

Harris 

o" 

20 

40 

Street 

o 

21 

10 

EmbdEN. 

Harris 

o* 

22 

20 

Embrun. 

Lieutaud 

o 

j-, 

"  20 

Des  Places 

l6 

0 

Montagne  d'où  fort  l'Ergut, 

rivière,  ou  leGoeuicou. 

£$&) 


«/« 

Méridiens 

en 

D. 

M. 

73 

35 

or. 

4 

45 

4 

45 

75 

3.2 

30 

75 

33 

30 

xi  - 

55 

0 

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33 

30 

26 

33 

0 

29 

36 

0 

26 

33 

30 

29 

5° 

0 

2Ç, 

0  ■ 

0 

9 

47 

30 

3 

36 

45 

33 

40 

0 

10 

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30 

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16 

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16 

45 

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16 

16 

0 

16 

42 

3P 

z 

11 

0 

X 

11 

*ï 

Latitude  ou  #«- 

teur 

du  Pôle. 

D. 

M. 

S. 

9 

25 

0 

5° 

55 

0 

5° 

5° 

0 

5° 

5° 

0 

4-2 

53 

e 

36* 

42 

53 

36 

44 

30 

40 

30 

9 

41* 

6 

„ 

41 

1 

0 

41 

0 

0 

41 

6 

0 

41 

7 

0 

4» 

6 

0 

55 

45 

0 

45 

53 

0 

40 

3 

0 

55* 

40 

45 

55 

40 

35 

55 

4« 

'  0 

55 

40 

0 

5° 

10 

0 

ï° 

10 

o 

50 

10 

0 

ï° 

10 

0 

49 

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0 

12 

*5 

0 

12 

*S 

0 

34 

0 

0 

54* 

22 

0 

49 

56 

40 

54* 

22 

0 

5 

23 

0 

49 

5* 

40 

49 

V6 

40 

49 

57 

0 

49 

56 

« 

44 

6 

0 

47- 

IO 

0 

47 

20 

47 

30 

0 

5« 

5 

58 

53 

11 

0 

53 

12 

0 

53 

V 

0 

51* 

x 

30 

5* 

1 

5« 

X 

0 

5» 

X 

30 

51 

1 

30 

41 

*8 

0 

55 

58 

0 

55 

47 

0 

56 

10 

0 

55 

.57 

0 

Noms 


LAT 


LAT 


Noms  des  Filles,  Fleuves, 
Lacs  ,  Montagnes ,  &c. 


Différence  des  Mèridit 


P.  Gaubil 

6 

9 

26 

Sources  de  l'EriCHIS. 

P.  Jartoux 

6 

9 

26 

L 'ijle  de  Fer.  Voye^  Isle-FeR- 

RARE. 

Iieutaud 

o* 

37 

5 

De  la  Hire 

o 

39 

3 

Des  Places 

o 

34 

44 

Fez  ,  en  Afrique. 

Harris 

o 

32 

40 

La  Flèche. 

Lieutaud.  Des  Places 

o 

9 

52 

De  la  Hire 

o 

9 

y- 

Florence. 

Lieutaud 

o* 

35 

58 

De  la  Hire 

o 

3* 

39 

Des  Places 

o 

35 

58 

Harris 

o* 

38 

20 

Street 

o 

33 

0 

FRANCFORT-fur-le-Mein. 

Lieutaud 

o 

25 

0 

De  la  Hire 

o 

24 

40 

Des  Places 

o 

24 

40 

Harris 

o 

25 

20 

Street 

o 

22 

0 

Frascati. 

P.  Borgondio 

o 

42 

44 

Fu-Cheu. 

P.  Noël 

8 

5<* 

24 

Fum-Chim, 

P.  Noël 

8 

49 

28 

FuM-SlN. 

P.  Noël 

8 

S1 

28 

Gand. 

Lieutaud 

o 

6 

20 

De  la  Hire 

o 

6 

0 

Des  Places 

o 

l 

8 

Harris 

o* 

6 

20 

Street 

o 

6 

'9 

GÈNES. 

Lieutaud.  Des  Places! 

o 

25 

3 

De  la  Hire 

o 

25 

3 

Harris 

o 

30 

« 

Genève.              s 
Lieutaud.  Des  Places 

o 

16 

0 

Harris 

o 

18 

20 

Street 

o 

'7 

0 

GlTI. 

P.  Gaubil 

ï 

8 

Goa. 

Lieutaud.  Des  Placée 

De  la  Hire 

4 

45 

40 

Harris 

4 

46 

0 

P.  Noël 

4 

46 

20 

Goks ,  en  Zélande. 

Des  Places 

o 

6 

48 

Harris 

o 

9 

20 

Gooulcou,  rivière.  Safourc*. 

Elle  s'appelle  encore  Ergut. 

Voyez  ce  mot. 

P.  Gaubil 

6 

43 

26 

L'/Jle  GorÉE  ,    près  du  Cap- 
De  la  Hire 

i 

17 

40 

Des  Places 

i 

"7 

40 

Harris 

i 

e 

30 

Gratz. 

Street 

o 

54 

0 

Greenwich.   Obfervatoire 

royal  d'Angleterre. 

Harris 

o 

8 

40 

Des  Places 

o 

9 

10 

Grenoble. 

Lieutaud 

o 

12 

48 

De  la  Hire 

o 

i? 

9 

Des  Places 

o 

12 

48 

Harris. 

o* 

i? 

Street 

o 

'7 

0 

La  Guadaloupe. 

Des  Places 

4 

i? 

15 

Harris 

4* 

0 

5° 

Source  de  la  rivière  HaÏ-ToV. 

P.  Gaubil 

6 

48 

6 

Hambourg. 

De  la  Hire. 

8 

n 

« 

DO 

51 

30 

?* 

21 

30 

9 
9 

9 

20 
45 
26 

45 

0 

S 

59 

30 

9 

37 

30 

8 

59 

30 

9 

35 

0 

8 

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0 

6 

15 

0 

6 

10 

0 

6 

10 

0 

6 

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5 

30 

0 

0 

4 

41 
6 

° 

131    î» 


I 

35 

0 

I 

30 

0 

I 

V 

0 

I 

42 

45 

I 

35 

0 

6 

'5 

45 

6 

16 

45 

7 

35 

0 

4 

0 

0 

4 

45 

0 

5 

"5 

0 

7i 

25 

7' 

5° 

7i 

35 

753 

Latitude  ou  77aa- 
D.       M.       S.' 

5» 

30        0 

46 

4          0 

44* 
44 
44 

54          0 
54        15 
54         0 

28 

5         0 

47* 
47 

41        0 
41       40 

43* 

43 

43 

43 
43 

46  30 
41         0 

47  0 
4t          0 
41           0 

49 

5° 
5° 

40 

5° 

J5         0 
4         0 
4          0 
4          0 

10             0 

51* 

3 

î1 

1 

5' 

3 

51 

1 

5° 

55 

44* 

2î 

44 

25 

44 

27 

46* 

12 

46 

22 

46 

'5 

28 

20' 

Iî" 

3' 

'5 

30 

'5 

3° 

»S 

31 

5i 

3° 

51 

3° 

»9 

25 

'4 

r4 

39 

51 

'9 

25 

14 

'4 

39 

51 

'5 

7 

■4 

■4 

43 

0 

2 

10 

0 

51 

28 

3° 

2 

27 

30 

51 

29 

0 

3 

L. 

0 

45* 

11 

1 

3 

45 

0 

45 

16 

0 

3 

12 

0 

45 

ir 

0 

3 

50 

0 

45 

16 

0 

4 

M 

0 

45 

12 

0 

63 

38 

45 

16 

20 

0 

60 

12 

30 

14 

°. 

0 

82 

' 

33 

43 

0 

0 

S 

'S 

°  Tome  III. 

53 
Ccccc 

41 

0 

71 A            1 

^A 

1 

Noms  des  Vdhs  ,  Fleuves 

i 

Lacs,  Montagnes,  &c. 

en 

H.       M.       S. 

Des  Places 

o 

33         o 

Harris 

o 

33       20 

Street 

o 

30         0 

Hami. 

P.  Gaubil 

6 

13       18 

Hankeou. 

P.  Gaubil 

7 

25       25 

Camp  de  Harcas. 
P.  Gaubil 

■5 

7       26 

Le  Havre-de-Grace. 

De  la  Hire 

.  o" 

8       40 

Des  Places 

o 

S       40 

Harris 

o 

8       10 

La  Ha  vi. 

Des  Places 

o 

9       16 

Heidelberg. 

Harris 

Q 

28       20 

Street 

o 

7.6        0 

"Hia-ïÇiam. 

&5S 

8 

52         8 

P.  Noël 

9 

3       40 

Hoaingak  ,  près  Nankin. 

P.  Noël 

7 

47         ° 

P.  Gaubil 

Harris 

7 

46       49 

Holin  ,-  au  nord  du  défert  des 

Sables. 

P.  Gaubil. 

6 

54       4* 

HOTCHEOU. 

P.  Gaubil 

6 

54       54 

Source  de  L'HOTOMNI. 

P.  Gaubil 

5 

29       26 

L'HoTOiim  fi  perd  dans  les  fa- 
bles. 
P.  Gaubil 

S 

35       26 

Hou-Hou-Tou,  lac. 

P.  Gaubil 

6 

y       26 

HuKEU. 

P.  Noël 

8 

52       32 

Hull. 

Street 

0 

11         0 

Jamaïque  v  Port-Royal. 

Harris 

5* 

12       40 

Jau-Cheu. 

P.  Noël 

8 

56       52 

Source  de  la  Jeniscia, 

P.  Gaubil 

6 

39       *6 

JÉRUSALEM. 

Lieutaud 

i 

12         0 

De  la  Hire 

j 

34       3* 
14         0 

Des  Places 

Street 

2 

20         0 

Insruck. 

Harris 

0* 

38       20 

Irghen,  ville. 

P.  Gaubil 

6 

4       46 

Source  de  l'Irtis. 

P.  Gaubil 

6 

9        26 

Irtitche  ,  rivière. 

P.  Gaubil 

6 

7       26 

Source  de  l'Ili. 

P.  Gaubil 

5 

29       26 

Imte  ,  ville. 

P.  Gaubil 

S 

35        44 

L'Isle  de  Fer. 

De  la  Hire 

î 

22    /     0 

Harris 

î 

4        20 

J.SPAHAN. 

Lieutaud 

3 

22          e 

De  la  Hire 

4 

14          0 

Des  Places 

3 

22               O 

Harris 

4 

II            20 

KAN-FIAY.VoyezLoP-OMO,OU 

Lac. 

Kanton.  Voyei  Canton. 

Kao-ym. 

P.  Noël 

9 

6       32 

Kebeck.   • 

Lieutaud.  Des  Places 

4* 

48            52 

De  la  Hire 

4 

5°        » 

LAT 


Différend  des  Méridiens 


D. 

M. 

S. 

8 
8 
7 

'5 

30 

0 
0 

93 

'9 

30 

m 

S1 

J5 

76 

5» 

30 

2 
2 

10 
10 
23 

0 
0 
0 

2 

'9 

0 

7 
6 

5 
30 

0 
0 

'33 

2 

»35 

55 

136 

33 

4Î 

116      39       4j 


103 

40 

30 

103 

43 

30 

«2 

51 

30 

83 

5» 

30 

91 

21 

30 

'33 

38 

21 

45 

° 

76 

10 

a 

134 

*3 

99 

51 

30 

34 
38 
33 
35 

0 
38 

30 
0 

0 
0 
0 
0 

5° 
63 

30 

5° 

30 

62 

5 

.36    38 


Latitude  ou  :/£-.' 
leur  du  Foie. 

D. 

M.     S. 

53 
53 
53 

41 
41 
43 

42 

53       ^ 

30 

36 

46 

6 

49 
49 
49 

30 
30 
30 

5* 

4 

49 
49 

20 
36 

33 

31 

*5 

3' 

45 

32 

32 

20 

33 

51 

20 

33 

32 

30 

3« 

0 

33 

35 

0 

30 

IC 

39 

50 

39 

a  3 

48 

4 

53 

50 

*7 

40 

3i 
3i 
3i 
32 

5o 

38 

5° 
10 

47 

'5 

38 

20 

46 

4 

46 

4 

43 

35 

24 

8 

28 
29 

5 
5 

32 
32 
32 
36 

25 
40 
30 
14 

46* 

46 


LAT 


LAT 


W;î  des  Vîlks,  Fleuves 
Lacs,  Montagnes ,  &c. 


H. 

M. 

S* 

Harris 

4* 

4S 

4 

Kem.  Voyt?  Obt,  rivière. 

Source  du  KeROLEM   ou  Ker- 

•L01i,dansUs  mon/jKENIEHAN. 

Pierre  Jartoux 

7* 

7 

«4 

Kertouma. 

P.  GaubU 

5* 

8 

46 

KlA-HlM. 

P.  Noël 

9 

15 

8 

Kia-Tim. 

P.  Noël 

4 

M 

8 

Kia-Xen. 

P.  Noël 

9 

12 

48 

Kiam-Pu. 

P.  Noël 

9 

3 

5« 

Source  du  çrand  KlANG. 

P.  GaubU 

5 

49 

26 

KlA-YU-KOAN. 

P.  Gaubil              ,                    \ 

6 
6 

*3 
*5 

4* 

50 

Kie-Ngan. 

P.  Noël 

8 

Si 

3* 

Kie-Xui. 

P.Noël 

8 

53 

M 

KiEN-Cham,  dans  la  province 

de  Kiamsi. 

8 
8 

P.Noël                                   \ 

KlEN-KlAM. 

53 
57 

20 

P.  Noël 

8 

53 

48 

Kien-Tan. 

P.  Noël 

9 

7 

31 

Kiu-Yum. 

P.  Noël 

9 

5 

36 

Sour  e  du  KOLON. 

P.  Gaubil 

7 

4 

6 

Le  KOLON  fe  jette  dans  l'Or- 

GOUN. 

P.  GaubU 

6 

56 

6 

Komg-ki-Tao  ,  capitale  de  la 

Corée. 

P.  Gaubil 

36 

8 

KoNIGSBERG. 

f 

Harris 

'3 

20 

Cump  de  KOR. 

P.  GaubU 

34 

22 

KouKE. 

P.  Gaubil 

9 

2<S 

Langres. 

Lieutaud 

IX 

O 

Des  Places 

12 

6 

Lanka  ,  lac. 

P.  Gaubil 

5* 

9 

26 

Lac  au  dcjfus  de  Lanka. 

P.  Gaubil 

8 

6 

Sow.e  du  LATSAN. 

P.  Gaubil 

8 

46 

Lapama  ,  lac. 

P-  GaubU 

5* 

12 

6 

Lassa  ,  ville. 

PP.  GerbUlon  &.  Dorvilte 

47 

18 

Latac. 

P.  GaubU 

4* 

56 

46 

Leghorn. 

Harris 

0 

4* 

20 

Lentz  ,  en  Autriche. 

Harris 

o* 

5« 

20 

Xeyde. 

Street 

o 

9 

0 

Liampo.    Voyc\  NiMGPO. 

Liège. 

Lieutaud.  De  la  Hire 

o 

M 

0 

Harris 

o 

15 

20 

Des  Places 

0 

■4 

0 

P.  Maire 

o* 

14 

45 

LlKlANGFOU. 

P.  GaubU 

6 

31 

26 

Lie-Yam. 

P.  Noël 

9 

8 

8 

LlN-KlAM. 

P.  Noël 

8 

48 

12 

Lima,  au  Pérou, 

Lieutaud 

5* 

33 

0 

De  la  Hire 

5 

33 

0 

Des  Places 

5 

33 

0 

Harris 

S* 

31 

43 

D':jîèr:nct  dis  Méridiens 
D,- 
7» 


106 

48 

30 

77 

11 

30 

«38 

47 

«38 

47 

.«38 

22 

136 

59 

87 

21 

3® 

95 
26 

55 

20 

30 

30 

132 

53 

*33 

21 

133 

*34 

20 
20 

*35 

27 

136 

53 

136 

14 

ioô 

1 

7TI 

Latitude  ,  -,  „. 
D.  M.  ;. 
«  »        9 


[14 

2 

e 

37 
37 

3^ 
27 

18 

20 

0 

54 

43 

83 

35 

30 

45 

M 

76 

21 

30 

19 

î° 

3 

3 

0 

o 

30 

47 

47 

5» 

50 

77 

21 

30 

29 

ï° 

77 

« 

30 

30 

4J 

92 

II 

30 

34 

30 

78 

I 

30 

29 

50 

86 

49 

30 

29* 

6 

74 

» 

30 

30 

45 

10 

35 

0 

43 

18 

12 

5° 

0 

48 

16 

* 

»5 

0 

s» 

10 

3 

3 
3 
3 

45 
5° 
30 
4l 

0 
0 

0 

y 

5° 

40 
4° 
40 
39 

Tome  III.    Cccccij 


7S<5 


LAT 


LAT 


Non> s  des  Villes  ,  Fleuv-es , 

I 

Lacs ,  Montagnes  ,  &c. 

en 

K. 

M. 

S. 

Lincoln. 

Sreet 

0 

ii 

0 

LlPSICK. 

Lieutaud 

o 

40 

0 

De  la  Hire 

o 

44 

0 

Des  Places 

o 

4<> 

0 

Harris 

o* 

44 

20 

Lisbonne. 

Des  Places.  Lieutaud 

o 

43 

0 

De  la  Hire 

o 

5* 

0 

Harris 

o* 

5° 

40 

LlSIEUX. 

Lieutaud 

o 

8 

20 

Lille. 

Lieutaud  ■ 

o 

3 

0 

Dés  Places 

o 

2 

40 

LlVERPOOL. 

Street 

o 

20 

0 

LlVOURNE. 

Des  Flaces 

0* 

32 

8 

LoANGTCHEOU. 

P.  Gaubil 

6* 

39 

44 

Londres. 

Lieutaud 

0* 

9 

41 

De  la  Hire 

o 

9 

10 

Des  Places 

o 

9 

41 

Harris 

o" 

9 

IO 

Street 

o* 

10 

O 

Lopomo.  L  lac. 

P.  Gaubil 

5 

S1 

26 

LOUVAIK. 

Street 

o 

10 

O 

Luhi. 

P.  Noël 

8 

58 

5^ 

Lyon. 

Lieutaud 

o* 

10 

O 

De  la  HirS 

o* 

10 

18 

Des  l-laces 

o 

9 

39 

Ha;  ris 

o* 

il 

20 

Lypenpase. 

PP.  Jartoux  ,    Frédeli  &  Bon- 

jour 

6 

5* 

0 

Macao. 

Lieutaud 

7 

23 

3 

De  la  Hire 

7 

23 

Des  Places 

7 

23 

»3 

Harris 

7* 

36 

0 

P.  Noël 

7 

24 

30 

Madagascar,  baie  de  la  terre 

de  Gad. 

Harris 

3 

6 

40 

Madrid. 

Lieutaud 

e* 

21 

0 

De  la  Hire 

o 

24 

0 

Des  Place* 

o 

22 

40 

Harris 

o 

21 

40 

Street 

o 

22 

41 

Majorque. 

Harris 

o* 

O 

49 

Malaca. 

Lieutaud.  Des  Places 

6* 

39 

0 

De  la  Hire 

6 

31 

20 

Harris 

6* 

3' 

20 

P.  Noël 

6 

30 

33 

Saint-Malo. 

Lieutaud 

o* 

18 

0 

De  la  Hire 

o 

18 

0 

De-  Places 

0 

18 

0 

Malte. 

Lieutaud 

o 

48 

40 

De  la  Hire 

o 

48 

34 

Des  Places 

o 

48 

35 

Manas.                              / 
P.C.aubil 

S 

38 

46 

Manchester. 

Street 

o 

»9 

0 

Manille. 

Lieutaud 

7 

52 

0 

Le  Mans. 

lieutaud 

o 

9 

0 

De   la  Hire 

o 

8 

5° 

Des  Places 

o 

8 

5° 

MaNTOUE. 

De  la  Hire 

0 

35 

0 

Des  Places 

o 

35 

0 

Marseille. 

Lieutaud 

•* 

12 

28 

Différence  des  Méridiens 


55 

30 

25 
17 
*5 
*5 
30- 

'5 

30 

■5 

51 
0 

51 

30 

60 

0 

43 

25 

„ 

34 

30 

110 

48 

J5 

114 

10 

45 

114 

î 

0 

46 

40 

0 

S 

30 

0 

6 

0 

0 

5 

4° 

0 

5 

*5 

40 

5 

30 

0 

0 

9 

45 

97 

45 

0 

92 

5° 

0 

97 

5S 

0 

S7 

38 

'5 

4 

30 

0 

4 

30 

0 

4 

30 

0 

12 

10 

o 

12 

8 

30 

12 

8 

45 

Latitude  ou  T/rfS 

leur  du  Polt. 

D. 

M.     S. 

53 

"5 

51* 

19       1 

5l 

19       1 

51 

19       1 

51 

«9 

38* 

45 

38 

40 

38 

5° 

49 

" 

5° 

38 

5° 

40 

53 

22 

43 

33 

37* 

59 

51* 

3T 

5' 

*9       3 

51 

31 

5' 

3* 

51 

3* 

4» 

20 

5° 

5° 

45 

45        : 

45 

45        : 

-45 

45 

45 

45 

40* 

25 

40 

14 

40 

26 

40 

10 

40 

M 

48* 
48 
4? 

3î 

38 

30 
20 

35* 

35 

35 

54 
54 
53 

26 

0 

45" 

0 

53 

24 

a 

14 

30 

0 

47 

48 
48 

58 
3 
3 

0 

30 
30 

45 

n 

0' 

45 

ii 

0 

LAT 


I.AT- 


iV '6ms  des  Villes ,  Fleuves, 
Lacs ,  Montagnes,  &c. 


Différence  des  Méridiens 


D.        M.       S. 


De  la  Hire 

o* 

ii 

3° 

Des  Places 

o 

ii 

î8 

Harris 

o* 

12 

5° 

Street 

o 

12 

0 

La  Martinique. 

Lieutaud 

4 

'3 

»5 

De  la  Hire 

4 

45 

Des  Places 

4 

>3 

16 

Harris 

4* 

40 

Continent  <&MaNTCHE0U  &du 

Gange. 

P.  Gaubil 

4 

49 

26 

MaYENCE. 

Lieutaud 

o 

24 

0 

Des  Places 

o 

40 

M^aux. 

Des  Places 

o 

2 

>5 

Messine. 

De  la  Hire 

o 

'7 

0 

Des  Places 

o 

55 

45     " 

Harris 

o 

57 

20 

Metz. 

Des  Placés- 

o 

55 

45 

Mexique. 

Lieutaud 

7 

4 

0 

De  la  Hire 

.7 

lo 

0 

Des  Places 

7 

4 

0 

Harris 

6 

57 

40 

Street 

7* 

o 

0 

MlLA. 

P.  Gaubil 

4* 

48 

6 

Milan. 

Lieutaud 

o 

28 

0 

De  la  Hire 

o 

26 

20 

Des  Places 

o 

26 

20 

Street 

0 

23 

0 

MoETÈNE. 

Lieutaud 

0 

15 

3? 

De  la  Hire 

o 

36 

26 

Des  Places 

o 

35 

30 

Montagnes,  <Tott  vient Ulz- 

NISIA. 

P.  Gaubil 

6 

39 

26 

Montpellier. 

Lieutaud 

o* 

6 

10 

De  la  Hire 

o 

6 

10 

Des  Places 

o 

6 

10 

Harris 

o* 

6 

20 

Street 

o 

5 

0 

Moscou. 

Lieutaud 

£ 

3o 

'    0 

'De  la  Hire 

s 

*î 

0 

Des  Places 

a 

28 

0 

Harris 

»* 

26 

30 

Street 

2 

35 

0 

Munich  ,  en  Bavière; 

Lieutaud 

o 

3l 

0 

De  la  Hire 

o 

38 

10    . 

Des  Places 

o 

38 

0 

Harris 

o 

39 

20 

Munster. 

Street 

o* 

20 

'9 

Nam-Cham. 

P.  Gaubil 

P.  Noél 

S 

54 

4 

Nam-Kam. 

P.  Noël 

8 

54 

4 

Namur. 

Harris 

o* 

11 

20 

Nan-FUM. 

P.  Noël 

8 

56 

48 

Nan-chan-fou: 

P.  Gaubil 

Un 

jeu  à  l'oueft  de  Pékin. 

Nanci. 

Lieutaud 

o 

*5 

0 

De  la  Hire 

o 

*5 

30 

Des  Places 

o 

\l 

48 

Harris 

0* 

20 

Nangasachi  ,  au  Japon;' 

Harris 

8 

22 

20 

Nangyong. 

P.  Gaubil 

7 

12 

8 

Nan-Hium. 

P.  Noël 

8 

49 

5* 

3 

7 

30 

3 

7 

.    0 

3 

12 

3û 

3 

0 

0 

63. 

18 

45 

63 

41 

15 

63 

J9 

0 

63 

10 

0 

6 

0 

0 

5 

40 

0 

0  ■ 

33 

45 

4 

'5 

0 

"3 

56 

'5 

»4 

20 

0 

*3 

56 

'5 

106 

0 

0 

107 

30 

0 

106 

0 

0 

104 

25 

0 

105 

0 

0 

7* 

1 

30 

7 

0 

0 

6 

35 

0 

6 

35' 

0 

5 

45 

e 

S 

5? 

30 

9 

6 

30 

8 

5* 

30 

•32 

0 

32 

3° 

32 

30 

35 

0 

»5 

0 

38 

0 

0 

39 

30 

0 

37 

0 

0 

36 

37 

3° 

38 

45 

0 

9 

'5 

0 

9 

32 

30 

9 

40 

0 

9 

5° 

0 

133    31 


'33 

31 

2 

45 

134 

12 

3 
3 
3 

4 

45 
5* 
57 
35 

115 

35. 

110 

4! 

132 

28 

7î7 

Latitude  ou  ffaa- 
D.       M.       S. 

43  '9  45 

43  19  o 

43  10  o 

43  ï0  o 

14        43         9 


29 

35 

49 

5° 

54 

48 

56 

49 

33 
38 

21 

21 

38 

21 

20 

6 

20 

6 

28 

40 

45 

25 

45 

20 

45 

20 

45 

25 

44 

34 

44 

3« 

44 

30 

43 

36 

43 

36 

43 

37 

43 

36 

43 

36 

55* 

36 

55 

18 

55 

30 

55 

34 

55 

30 

48' 

.% 

48 

58 

48 

18 

48 

$6 

Ç2 

0 

î8 

40 

28 

35 

28 

35 

28 

39 

28 

35 

4S 
47 
4'S 
48 

40 
'3 
42 
39 

4 

0 

13 

43 

0 

*3 

17 

0 

a5 

J5 

3 

7? 


•LAT 


LAT 


Noms  des  Villes.,  Fleuves, 
'Lacs,  Montagnes ,  &c. 

Nan-Kan. 
P.  Noël 
P.  GaubU 

Nankim. 
P.  Noël 
Nankin. 
P.  Noël 

Nan-NganJ 
P.  Noël 
Nantes. 
Lieutaud 
De  la  Hire 
Des  Places 
Marris 
Naples. 
Lieutaud 
De  la  Hire 
Des  Places 

Narbonne. 

Lieutaud 

De  la  Hire 

Harris 

Des  Places 

Narsinga. 

Harris 

NEWCASTELi 

Street 

Ngam-Kim. 

P.  Noël 

Ngan-Tum. 

P.  Noël 

Ngam-y. 

P.  Noël 

Nice  ,  en  Provence. 

Harris 

Des  Places 

Ningpo  ou  LiAMPO.àla  Chine. 

Harris 

Nipchou  ,  ville. 

P.  GaubU 

Nipckou  ,  rivière  ;  fa  fiurce. 

P.  Gaubil 

Nîmes. 

Des  Places 

NoRWICH. 

Street 

Source  du  NOUK.AKG. 

P.  Gaubil 

Nuremberg. 

Lieutaud 

De  la  Hire 

Harris 

Street 

Source  de  l'ObT. 

P   Gaubil 

Oliivde.  Brésil. 

Lieutaud 

De  la  Hire 

Des  Places 

Harris 

Source  de  l'OnoN,  ou  AMOUR. 

P.  Gaubil 

L'Onon  fe  jette  dans  un  lac. 

P  Gaubil 

Orléans. 

Lieutaud 

De  la  Hire 

Des  Places 

Street 

Ormus. 

Des  Places 

Ostende. 

Des  Places 

Outé  ,  ou 

<Outi  ,  ville. 

P.  Gaubil 

Oute  .  ou 

Outi  ,  rivière. 

P.  Gaubil 

Oxford. 

Harris 

Street 

Des  Places 

Ozaça,  au  Japon. 


Différence  des  Méridiens 

S.                D. 

M. 

32                 132 

5î 

16                 136 

4 

12                 116 

3 

15 

30 

'5 

30 

15 

30 

M 

10 

49 

20 

54 

0 

3 

5* 

30 

3 

ï1 

30 

3 

51 

30 

3 

47 

30 

2 

20 

0 

3 

30 

0 

2 

20 

0 

3 

35 

0 

81 

5° 

0 

45 

*34 

31 

136 

45 

132 

55 

S 
5 

20 
4 

118 

S 

97 

51 

S 
8 

8 

44 
33 

5 
37 

0 

45 
0 

30 

95 

2! 

30 

37 
37 
37 
37 

30 
30 
30 
20 

0 
0 

107 

l 

30 

"4 

41 

30 

0 
0 

26 
26 

J5 

0 

1 

25 
0 

45 
0 

59 

30 

0 

0 

3i 

0 

105 

43 

3° 

108 

41 

30 

3 
3 
3 

25 
45 

34 

0 
0 
0 

Latitude  ou  £k'z> 
teur  du  Pôle. 
D.       M.      S: 


36 

6 

29 

14 

47 

•3 

47 

'3 

47 

•3 

47 

•3 

40* 

48 

4' 

î 

41 

5 

41 

5 

43 

11 

43 

M 

43 

15 

43 

10 

43 

4' 

aj 

58 

5l 

45 

53 

f? 

43 

51 

S1 

44 

33 

30 

49* 
49 
49 
49 

26 

27 

29 
26 

4? 

30 

8 
8 
8 
7 

13 

i 

48 

2S 

48 

50 

47.* 
47 
47 
48 

54 
53 
54 
0 

*7. 

30 

5i 

10 

5l 

44 

5l 

43 

S1 

4Î 

LAT 


LAT 


Noms  des  Villes ,  Flan 
Lacs ,  Montagnes ,  &c 


Différence  des  Méridiens 


Harris 

8 

43 

20 

Padoue. 

De  la  Hire 

o 

36 

4 

Des  Places 

o 

36 

4 

Harris 

o* 

36 

20 

Street 

o 

36 

*9 

Palkasi  ,  lac; 

P.  Gaubil 

5 

4 

46 

L'ifle  de  Palme. 

P.  Noël 

I 

27 

°4 

Pao-ym. 

P.  Noël 

9 

6 

Parin. 

P.  Gaubil 

7 

44 

22 

Paris  ,  à  l'obfervatoire. 

Lieutaud 

o 

F  Q 

0 

De  la  Hire 

o 

0 

0 

Des  Places 

o 

o 

Harris 

o 

8 

40 

Street 

o* 

0 

Parme  ,.  en  Italie. 

De  la  Hire 

o 

33 

5° 

Des  Places 

o 

33 

5° 

Pau. 

Lieutaud 

o 

27 

36 

Des  Places 

o 

9 

5<S 

PÉKIN. 

De  la  Hire 

7 

38 

0 

Des  Places; 

7 

37 

6 

lieutaud 

7* 

37 

6 

Harris 

7* 

42 

20 

P.  Noël 

7 

36 

38 

P.  Gaubil 

7* 

35 

2(5 

PlRNAMBOURG.roy^Ol-lNDE. 

Perpignan. 

•   Lieutaud.  Des  Places. 

°* 

2 

»4 

Petersbourg. 

Lieutaud 

i 

58 

-oj 

Pic  des  Açores. 

Lieutaud 

a 

2 

0 

Piç  de  Ténéri^ 

" 

Lieutaud 

î 

12 

0 

>    Pi-Cheu. 

P.  Noël 

9 

3 

11 

PlSE. 

Des  Places 

o 

32 

4 

PlTI. 

P.  Gaubil 

4* 

49 

2(5 

Poitiers. 

Lieutaud" 

o 

8 

20 

De  la  Hire 

o 

7 

*5 

Des  Places 

o 

8 

40 

Pondicheri,  aux  Indes  orien- 

tales. 

De  la  Hire 

s 

10 

0 

Des  Places 

5 

10 

0 

Harris 

5* 

11 

49 

Portobelo  ,  en  Amérique. 

-Lieutaud 

6 

37 

39 

Des  Places 

5 

28 

40 

Pourima. 

P.  Gaubil 

5*, 

8 

46 

Poutala. 

P.  Gaubil 

5 

51 

34 

\     Poyan  ,  lac. 

P.  Gaubil 

Commencement 

Fin 

Pragues. 

De  la  Hire.  Des  Places 

0 

'49 

30 

Harris 

o* 

5° 

20 

Street 

o 

5<5 

0 

Pum-Ce. 

A.  P.  Noël 

8 

55 

40 

Qua-Cheu. 

P.  Noël 

9 

6 

36- 

Quam-Cham. 

P.  Noël 

8 

56 

4 

Quanton.  Voye^  Canton. 

Québec.  Voye^  Kebec. 
Quin-Xan. 

P.  Noël 

9 

12 

44 

Rachol  ,  aux  Indes, 

P.  Noël 

4 

49 

1 

Ratisbonne. 

D. 

M. 

130 

5° 

9 
9 
9 
9 

5 
0 

76 

11 

21 

45 

36 

36 

16 

5 

2 

J7 

30 

8 

*7 

3° 

8 

*7 

30 

2 

54 

0 

2 

ï9 

0 

"4 

30 

39 

114 

16 

30 

144 

16 

30 

"5 

35 

0 

n4 

9 

30 

.113 

51 

30 

O 

33 

30 

39 

30 

0 

30 

30 

0 

18 

30 

0 

*3Î 

48 

77 
77 
78 

30 
30 
54 

0 
0 

45 

98 

82 

77 

24 
10 

11 

45 
0 

30 

87 

53 

30 

7S9 

Latitude  oûHau- 

leur  du  Pu.:. 

D.        M..       S. 

35  5         o 

45  31  o 

45  3l  o 

45  3<  o 

45  6  o 

46  50 


43 

50 

10 

48 

5° 

0 

48 

5° 

1 

48 

5° 

0 

48 

51 

0 

44 

44 

50 

44 

44 

5° 

43 

'5 

0 

.43 

'5 

0 

0 

55 

0 

39 

54 

0 

39 

.54 

0 

33 

55 

9 

4* 

41 

60 

» 

38 

35 

28 

30 

43 

42 

28 

40 

46 
45 
46 

34 
34 
34 

11 

55 

55 
54 

9 

33 

28 

45 

29 

6 

28  ' 

45 

29 

57 

5° 

4 

5° 
50 

40 

6 

7<5o 


LAT 


LAT 


Noms  des  Filles ,  Fleuves, 
Lacs,  Montagnes,  &c. 


■  Harris 
Street 
Reggio  ,  en  Italie. 

Harris 

RfIMS. 


Des  Places     .. 

Rennes. 

Lieutaud 

Des  Places 

De  la  Hire 

Rhodes. 

Chazelles 

Harris 

Street 

La  Rochelle. 

Lieutaud 

De  la  Hire 

Des  Places 

Harris 

RûCHESTER. 

Street 

Rodes. 

Lieutaud.  Des  Places 

Rome. 

Lieutaud.  Des  Places 

De  la  Hire 

Harris 

Street 

ROSTOGH. 

Harris 

ROTERDAM. 

De  la  Hire 

Harris 

Rouen. 

lieutaud 

De  la  Hire 

Des  Places 

Salamanque; 

Harris 

Street 

Saloniqoe. 

Lieutaud 

Des  Places 

San-Ken-ta-li,  lac; 

P.  Régis 

San-Xui. 

P.  Noël 


Source  du  SeLIN'GUÉ. 

P.  Gaubil 

Lieu  oùpajje  le  SelinGUÉ. 
P.  Jartoux ,  Frédeli  &  Bonjour 
Embouchure  du  SELINGUÉ,  dans 

le  lac  PaÏCAL. 
P.  Gaubil 
Sens. 
Lieutaud 

De  la  Hire.  Des  Places 
Le  cap  de  SÈTE. 
De  la  Hire 
Des  Places 
Sêville. 
Harris 
SHREWSfeURT. 

Street 

Siam. 

Lieutaud.  Des  Places 

De  la  Hire 

Harris 

P.Noël 

Sienne. 

Des  Place» 

Siganfou. 

P.  Gaubil 

Source  du  SlHUN, 

P.  Gaubil 

Sin-Chim. 

P.  Gaubil 

SlN-HoEÏ. 

P.  Gaubil 
Sin-Hoï. 
P.  Gaubil 
SlNING. 


Diprenct  des  Méridiens 


3 

4 

33 
a5 

3 

33 

4 

IO 

42 

0 

43 

10 

IO 

0 

9 

20 

4 
ï 

0 

5° 
0. 

24 

34 

40 
0 

23 

23 

12 
ia 

3 

33 

5 

4° 

5 

3° 

S 

30 

1 

45 

0 

1 

45 

« 

4 

5 

» 

4 

'5 

0 

4 

•5 

0 

° 

6 

0 

16 

0 

0 

3 

23 

0 

3 

36 

'5 

3 

23 

J5 

3 

3* 

30 

1 

*5 

•5 

0 

30 

• 

6 

10 
3° 

0 

e 

20 

EO 

48 
48 

0 
0 

96 

21 

30 

130 

3° 

°9 

26 

30 

94 

S1 

30 

Latitude  ou  Hau- 
teur du  Pôle. 

D. 

M.   S. 

43 
49 

59    0 
2    0 

42 

15    0 

49 
49- 

15    0 
iS    0 

48 

48 
43 

3    0 
3    0 
3    0 

36 
56 

26    0 
42    0 

4i   [o 

46 
46 

IO     15 
IO     I; 

41  - 
41 
41 
41 

54 
5° 
51 
51 

0 
e 
0 

54 

10 

9 

5» 
51 

56 
55 

;> 

49! 
49 
49 

27 
=7 
*7 

3o 
30 
0 

4» 
41 

12 
12 

0 

40* 
40 

41 
4« 

10 

49 

0 

32 

6 

49 

20 

49* 

6 

33 

0 

54 
55 

0 
0 

4» 
48 

4 

0 

; 

22 
22 

30 
30 

43 
43 

23 
*3 

30 
30 

8 

40 

0 

37 

36 

0 

5 

»5 

0 

S* 

48 

0 

98 
98 
98 
98 

38 
5° 
J5 

0 

45 
0 
0 

'4* 
14 

J4 

18 

22 
18 

do 
0 

9 

0 

0 

43 

22 

0 

>°5 

11 

45! 

34 

16 

45 

77 

21 

30 

'40 

»54. 

45 

109 

10 

». 

22 

26 

109 

55 

30 

LAT 


LAT 


Noms  des  Villes ,  Fleuves, 
Lacs ,  Montagnes  ,  &c. 


Différence  des  Méridiens 


H. 

M. 

S. 

T.  Gaubil 

6 

36 

23 

Sin-Kan. 

P.  Noël 

8 

5*. 

48 

Siu-Chuj 

P.  Noël 

8 

52 

20 

Suunc  du  Sir. 

P.  Gaubil 

5 

11 

26 

ou 

0 

26 

Smyrne. 

J-ieutaud 

i* 

39 

39 

'P.  Feuillée 

i 

39 

59 

Harris 

x* 

39 

20 

Des  Places 

i 

39 

59 

So-ClVEM. 

P.  Noël 

9 

4 

12 

Stetin. 

Street 

0 

48 

0 

Stockholm. 

Lieutaud 

i 

8 

•20 

De  !a  Hire.  Des  Places 

i 

S 

0 

Harris 

i 

1 

20 

Strasbourg. 

Lieutaud 

o 

11 

40 

De  la  Hire 

o 

21 

0 

Des  Places 

0 

21 

40 

Su-Cheu  ,  près  de  Nankin. 

P.  Noël 

9 

3 

4° 

Su  Cheu. 

P.  Noël 

9 

11 

16 

SuM-KlAM. 

P.  Noël 

9 

14 

12 

Sumatra. 

P   Noël 

8 

40 

40 

Surate. 

Lieutaud.  Des  Places 

4 

40 

0 

De  la  Hire 

4 

42 

0 

Syracuse. 

Harris 

o 

i1 

20 

Tai-Ho. 

P.  Noël 

L  8 

Ji 

28 

Tai-Tsam. 

P.  Noël 

9 

'3 

5* 

Tanger. 

Harris 

o 

33 

10 

TanyaM. 

P.  Noël 

J» 

7 

29 

Taoyven. 

P.  Noël 

9 

4 

28 

Tatsienlou. 

P.  Gaubil 

6 

36 

46 

TcrfANG  Kia-Keou; 

P.  Gaubil 

7 

31 

26 

TCHASITING. 

P.  Gaubil 

5* 

2 

46 

Soit  ce  du  TcHOUCOU. 

P.  Gaubil 

7 

3 

26 

Tegouric  ,  rivière. 

P.  Jartoux                                ) 

P.  Frédeli                                \ 

6 

«7 

2 

P   Bonjour                                 J 

Tidore. 

Harris 

6 

28 

0 

Source  du  TOBOUL   OUTOBOL. 

P.  Gaubil 

4 

x9 

26 

Tolède. 

Lieutaud 

o 

22 

4^> 

De  la  Hire 

o 

28 

0 

Harris 

O 

22 

40 

Street 

O 

25 

10 

ToMOURTCHEW. 

P.  Gaubil 

4* 

47 

26 

Tongoi-Patchi. 

P.  Gaubil 

s 

0 

5  = 

Tongosco.  Voye^  Angara. 

Source  eu  Toula. 

P.  Gaubil 

7 

3 

14 

Embouchure  de  la  TOULA  dans 

la  mer  orientale. 

P.  Gaubil 

7 

37 

6 

Toulon. 

Lieutaud 

o* 

•4 

22 

De  la  Hire 

o 

M 

22 

Des  Places 

o 

14 

22 

Harris 

o* 

15 

2» 

Joulouphan  ou  Tourphaw. 

D. 

M. 

S. 

99 

î 

30 

«33 

12 

«33 

ï 

77 

51 

21 

.34 
i4 

24 

*5 

59 
59 
5° 
0 

45 
45 

17 
16 

15 

0 
0 

«5 

20 

o 

5 

5 
S 

30 

e 
0 
0 

*3S 

55 

3* 

'37 

49 

138 

33 

130 

8 

s 

70 
70 

0 
30 

0 

«3 

5 

0 

132 

52 

138 

28 

15 

0 

136 

51 

136 

7 

9 

11 

30 

112 

21 

3 

75 

41 

30 

105 

51 

» 

105       48      30 


3 

35 

30 

3 

35 

30 

3 

35 

30 

3 

50 

0 

761 

Latitude  ou  Hau- 
teur du  Pôle. 
D.       M.       S, 
36 


59* 

20 

0 

'?> 

30 

o 

58 

5° 

0 

48* 

35 

30 

48 

35 

30 

48 

35 

0 

'7       45 


95 

0 

45 

0 

36 

64 

51 

30 

53 

4<0 

5 

40 

o 

39 

5° 

7 

0 

0 

39 

46 

5 

40 

0 

39 

46 

6 

»7 

0 

39 

54 

72 

5 

30 

31 

0 

86 

1 

30 

44 

30 

r<MB«J//.    Ddddd 


?6i         LAT  lat 

Noms  des  filles,  Fleuves  >  Différente  des  Méridiens  Latitude  ou  Haâ- 

Lacs ,  Montagnes,  &c.  en  en  leur  du  Pôle. 

D.         M.      S. 


H. 

M. 

S. 

P.  Gaubil 

5 

47 

54 

Toulouse. 

Lieutaud.  Des  Places 

o 

3 

40 

De  la  Hire 

o 

6 

40 

ToUMOURTI. 

P.  Gaubil 

4*' 

58 

6 

La    Tour    de     Cordouan. 

Voyc^  Cordouan. 

ToURPHAN  OU  ToUROUPHAN. 

) 

5 

40 

4« 

P.  Gaubil                                   > 

5 

49 

2 

) 

5 

44 

2 

Tours. 

Lieutaud.  Des  Places 

o* 

6 

40 

De  la  Hire 

o 

6 

40 

Trébizonde. 

P.  de  Beze 

Trinquemale; 

P.Noël                                 } 

5 

s 

23 

*4 

2* 
29 

Tripoli  de  Barbarie. 

Lieutaud 

o* 

43 

t 

Harris 

o* 

44 

20 

Des  Places 

o 

44 

44 

Troyes  ,  en  Champ* 

Lieutaud 

o 

6 

40 

Des  Places 

o 

7 

r    0 

TSEPROUG. 

P.  Gaubil 

5* 

a 

46 

Tsin-yven-hien. 

P.  Gaubil 

6 

Jô 

0 

Tsum-Mim,  ifle. 

P.  Noël                                 I 

9 
9 

18 
'5 

4 
8 

TUBINGE» 

Harris 

o 

22 

20 

Street 

o* 

28 

5° 

Tum-Lieu. 

;p.  Noël 

8 

57 

44 

Tum-Lim. 

P.Noël 

9 

1 

12 

Turin. 

Lieutaud 

0 

21 

20 

De  la  Hire.  Des  Places 

o 

20 

40 

Street 

o* 

22 

5° 

Valence,  en  Espagne. 

Harris 

o* 

4 

20 

Valparais,  au  Chili. 

Lieutaud 

4 

5« 

37 

Des  Places 

4 

58 

8 

Van-Ngan. 

P.  Noël 

8 

S1 

3* 

Varsovie. 

Lieutaud 

ô 

1 

lï 

De  la  Hire.  Des  Places 

i 

>7 

0 

Venise. 

* 

Lieutaud 

o 

41 

20 

De  la  Hire 

o 

40 

43 

Des  Places 

o 

40 

40 

Harris 

o 

4' 

20 

Versailles. 

Lieutaud 

e* 

0 

5* 

U-HO. 

P.  Noël 

9 

4 

48 

Vienne  en  Autriche. 

Lieutaud 

o 

58 

10 

De  la  Hire 

1 

0 

0 

Des  Places 

* 

58 

0 

Harris 

1 

0 

20 

Street 

X 

4 

0 

Vilne,  en  Pologne. 

Street 

I 

30 

'9 

IJpsal,  en  Suéde. 

Harris 

* 

3 

20 

UranibouRG. 

De  la  Hire.  Des  Places 

o 

4* 

10 

Harris 

o* 

45 

49 

Street 

o* 

42 

50 

Utrecht. 

Harris 

0* 

II 

20 

Vu-Hu. 

P.  Noël 

9 

3 

4 

Vu-Sie. 

P.  Noël 

9 

19 

29 

.^ittembers  en  Saxe, 

D. 

M. 

S. 

86 

58 

30 

0 

55 

40 

J5 

74 

3i 

39 

87 
87 
87 

16 

30 
30 
30 

X 

40 
40 

0 
.0 

40 

'ï 

80 
81 

5° 
7 

'5 

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45 
0 

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45 
0 

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30 

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45 

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12 

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3° 

134 

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0 

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74 

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0 

132 

53 

18 
19 

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0 

43  37 

43  3° 


47 
47 

23 
26 

4» 

4 

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53 

31* 
32 

31 

'  53 

54 
54 

48 

48 

«S 

29 

40 

*3 

45 

48 

48 

34 
34 

44: 

44 
44 


34.         o       15 
33  a        o. 


3*  M  • 

32  14  0 

10  20  o  45  *ï  o 

10  10  o  45  33  o 

10  10  o  45  35  o 

ÎO  20  o  45  18  O 

o  13  o  48  48  x6 

136  12  31  14  o 

14  32  o  48*.  ï-4  o 

15  o  o  48  21  o 

14  32  30  48  *4  o 

15  5  o  48  22  o 
iô  34  o  48  20  o 

27  30  o  54  3°  o 

15  50  o  59  o  o 

10  32  30  55  34  5 

10  24  45  55  54  o 

20  4»  3°  55  54  30 

a  5°  ».  fa-  S.  S 


•35       45 


LAT 


LAT 


Df, 


9 

S 

7 

4Q 

9 

5« 

4 

34 

3 

46 

o 

12 

o 

*3 

S 

54 

Noms  des  Filles,  Fleuves, 
Lacs ,  Montagnes  ,  &c. 


Harris 

Street 

WOLFENBUTII^ 
Harris  * 
Xam-Hai. 

P.Noël  , 
Xao-Ch'ew. 
P:  Noël 

Xt-MtfEN. 

P.  Noël 

Xui-Cheu. 

P.  Noël 

Yam-Chei/. 

P.  Noël 

Yarmouth, 

Street 

Ychin. 

P.  Noël 

Yen-Theoufow. 

P.  Gaubil 

Yhoam. 

P.  Noël 

Ylo  ,  au  Pérou. 

Lieutaud 

Yn-Te. 

P.Noël    ■ 

YORCK. 
Harris 
Street 
Yum-Fum. 
P.  Noël 


Tous  les  peuples  comptent- les  latitudes  de  même, 
€>C  commencent  à  l'équateur  ;  ainfi  lorsqu'il  y  a  de  la 
différence ,  cela  vient  du  plus  ou  du  moins  d'exa&itude 
que  l'on  a  apportée  dans  les  obfervations  :  il  n'en  ëft 
pas  de  même  des  longitudes,  comme  nous  le  faifons 
voir  aux  mots  LONGITUDE  Se  MÉRIDIEN. 

Lorsqu'une  carte  eft  bien  orientée  ,  c'eft-à-dire  que 
le  nord  eft  au  haut ,  le  midi  au  bas  ,  l'crient  8c  l'occi- 
flent  à  la  gauche  &  à  la  droite ,  les  latitudes  fe  trou- 
vent comptées  fur  les  deux  côtés  de  bas  en  haut  pour 
tous  les  pays  qui  font  en- deçà  de  l'équateur ,  Se  de 
haut  en  bas  pour  tous  ceux  qui  font  au-delà.  Dans  les 
Cartes  très-générales,  les  degrés  de  latitude  font  marqués 
de  dix  en  dix,  ou  de  cinq  en  cinq.  Dans  les  moins  généra- 
les, chaque  degré  eft  diftingué;  Se  dans  celles  qui  nont 
qu'un  pays  médiocre  à  repréfenter,  on  y  trace  les  minu- 
tes. Les  fécondes  fe  marquent  rarement  :  ce  n'eft  qu# 
pour  une  plus  grande  précifion  que  les  modernes  les  me- 
tent  dans  leurs  calculs.  Les  anciens  géographes  fe  bbr- 
noient  aux  degrés  &  aux  minutes. 

LATIUM  :  (le)  nous  avons  accoutumé  nos  yeux  Se 
nos  oreilles  à  ce  mot,  qui  eft  purement  latin;  &  on  s'en 
fert  pour  défigner  un  pays  de  l'ancienne  Italie,  fitué  au 
levant  du  Tibre  ,  Se  au  midi  du  Teverone.  Ortélius  dit 
que  c'eft  aujourd'hui  la  Campagne  de  Rome;  cela 
n'eft  vrai  qu'en  partie  ;  car  pour  faire  la  Campagne  de 
Rome,  il  faut  joindre  au  LatïUM  les  RùTULES,  les 
Volsques,  les  Herniques  6c  les  Eques  ou  Equi- 
•CULES  des  anciens.  Anifi  le  Laûutn  &  la  Campagne  de 
Rome  n'ont  pas  les  mêmes  bornes;  Se  il  en  occupoit  à 
peine  la  moitié.  Les  habitans  du  Latlum  étoient  les  Latins. 
Ily  eut  un  teins ,  dit  Denys  d'Halicarnaffe,.  /.  \ ,  c.  n  , 
que  les  Latins,  les  Ombres,  les  Aufons,  Se  plufieurs  autres, 
ne  furent  connus  chez  les  Grecs ,  que  fous  le  nom  de  Tyr- 
rhéniens ,  p-irce  que  l'éloignement  des  lieux  déroboit  à 
leur  connoiffance  i  état' de  ces  peuples.  Rien  n'eft  plus  obs- 
cur ni  moins  certain,  que  l'ancienne  Hiftoire  de  ce  pays. 
Denys  d'Halicarnaffe ,  que  je  viens  de  citer,  a  tâché  de 
la  débrouiller  dans  fon  premier  Livre,  &  n'a  rien  épargné 
pour  concilier  ce  qu'il  trouvoit.  tant  dans  les  fables  rédui- 
tes au  fond  hiftorique,  que  dans  des  traditions  populaires, 
ou  dans  des  Mémoires  qui  fubfiftoient  encore  de  (on  tems. 
Voici  à  quoi  ie  réduirois  fommairement  ce  qui  me  pa- 
roît  plus  vraifemblable  dans  ce  récit. 

Les  Aborigènes  ,  ou  'Aborigines ,  font  les  plus  anciens 
habitans.  Leur  nom  même  le  déclare.  Leur  pays  n'éioit 
pas  borné  au  Latium;  ils  poffédoient  le  pays  d'eri-deçà 
le  Tibre  ;  car  une  colonie  de  Pelasgiens  ou  Pelasgues, 


net  des  Méridiens» 
D. 


76l 

latitude  ou  Hau- 
teur dit  Pôle. 


8 

«38 
13 1 
»37 
i3î 
136 
o 
,36 
114 
134 
73 
131 

3 

3 

133 


4Ï 
57 

4Î 

î* 

50 

39. 

ï° 

4» 

42 

26 

46 

8 

33 

3i 

10 
'7 

41 


M.       S. 


JS 

*3 

3* 

«3 

5* 

5$ 

39 

4J 

ï«     *s 


s'étant  jointe  à  eux ,  y  fonda  Céré ,  Pife ,  Saturnîe ,  Al- 
fium,  Sec,  que  lesTusciens  leur  enlevèrent  avec  le  tems. 
Les  Pelasgues ,  accablés  de  maux,  dans  la  fuite,  tombè- 
rent dans  une  extrême  décadence,  de  laquelle  les  Tyr- 
rhéniens  profitèrent.  On  ne  fait  pas  trop  quelle  étoit  l'o- 
rigine de  ceux-ci ,  8e  il  y  a  bien  de  l'apparence  que  c'é-= 
toit  un  ancien  peuple  d'Italie  ;  d'autres  les  font  Lydiens 
d'origine.  Quoi  qu'il  en  foit,  environ  foixaite  ans  avant 
la  guerre  deTroye,  une  nouvelle  flotte  des  Grecs  aborda 
en  Italie,  &  débarqua  dans  le  canton,  où  un  refte  des 
Pelasgues  s'étoit  uni  aux  Aborigènes ,  6c  ne  faifoit  plus 
qu'un  même  peuple  avec  eux. 

Ces' Grecs  nouvellement  arrivés  vanoient  de  Palan" 
tium ,  ville  d'Arcadie.  Leur  chef  étoit  Evandre.,  fils 
,  d'une  Arcadienne ,  qui  paffoit  pour  être  inspirée  des 
dieux,  Se  que  les  hiftoriens  Romains  ont  appellée  en 
leur  langue  Carmenta.  Cette  colonie  n'étoit  point  en- 
voyée du  confentement  de  la  nation  ;  ce  fut  un  parti  de 
Grecs ,  qui,  dans  une  fédition,  s'étoient  trouvés  les  plus 
foibles ,  8c  avoient  pris  la  fuite.  Faunus ,  qui  régnoir 
alors  fur  les  Aborigène^ ,  reçut  avec  humanité  ces  Ar- 
cadiens ,  qui  étoient  en  trop  petit  nombre  pour  lui  eau- 
fer  de  l'inquiétude,  Se  il  leur  donna  autant  de  terrin 
qu'ils  en  voulurent.  Ceux-ci  confeillés  par  la  mère  de  leur 
capitaine,  choifirent  une  colline,  Se  y  bâtirent  un  village 
qui  n'avoit  d'étendue  que  ce  qu'il  en  falloit  pour  une 
troupe  venue  furdeux  vaiffeaux.  Ils  nommèrent  leur  bour- 
gade Palantium  ,  en  mémoire  de  leur  ancienne  patrie  ; 
Se  cette  même  bourgade  devint,  avec  le  tems,  une  par- 
tie de  la  ville  de  Rome  :  la  colline ,  où  elle  étoit,  eft  la 
même  que  le  mont  Palatin. 

Quelques  années  après,  une  autre  flotte ,  conduite  par 
Hercule,  qui  avoir  fubjugué  l'Espagne  ,  aborda  dans  ce 
pays'.  Quelques-uns  de  ceux  qui  avoient  fuivi  ce  héros, 
dans  fes  conquêtes  demandèrent  leur  congé;  ils  l'obtin- 
rent. Ils  relièrent  dans  cette  contrée  ,  où  ils  s'établirent, 
Se  fe  bâtirent  une  petite  ville  fur  une  colline,  dont  la 
fituation  leur  parut  commode.  Cette  colline,  qui  n'eft 
éloignée  que  de  trois  ftades ,  ou  trois  cents  feptante-cinq 
pas  de  Palantium  ,  eft  la  même  que  le  mont  du  Capi- 
tole.  La  plupart  de  ces  Grecs  étoient  Pélopponéfiens  , 
Phénéates  ,  ou  Epéens  nés  dans  l'Elide,  tous  détermi- 
nés à  ne  plus  retourner  chez  eux ,  parce  que  leur  pays 
avpit  été  ravagé,  dans  les  guerres  que  ces  peuples  avoient 
foutemies  contre  Hercule.  Ils  avoient  aufli  parmi  eux: 
quelques  Troyens  ,  qui,  fous  le  régne  de  Laonu:don, 
avoient  été  faits  captifs  par  Hercule ,  lorsqu'il  prit  llior» 
d'affaut.  Je  fuis  perfuadé  ,  dit  l'hiftorien  ,  que  d'autres 
Tome  III.    Ddddd  ij 


LÂÎ 


764. 

encore  fatigués  des  travaux  paffés,  6k  effrayes  des  courfes 
qui  leur  reftoient  à  faire  ,  fe  joignirent  à  eux  du  confen- 
tement  d'Hercule.  Ainfi  fe  peupla  le  Capitole,  nommé 
autrefois  mont  Saturnien.  Peut-être  même  ne  firent  ils 
que  relever  les  anciennes 'chaumières,  qui  y  avoient  été 
I  élevées  du  teins  de  Saturne  ;  car  les  Romains  ont  pré 
"  tendu  que  ce  '  dieu  ,  fuyant  la  colère  de  Jupiter ,  fon  fils, 
s'étoit  tenu  quelque  tems  caché  en  cet  endroit ,  6k  que 
du  mot  lateo,  fe  cacher ,  étoit  venu  au  pays  le  nom  de 
Latium,  duquel  les  habitans  s'étoient  fait  celui  de  La- 
tins ,  Latini.  Ovide,  Fajl.  1.  1,  v.  235,  dit  en  ce 
fens-là  :  . 

Hat  ego  Saturnum  memini  tellure  receptum  j 
Cœlitibus  regnis  ab  Jove  pjdTus  erat. 

Inde  dià  genti  manjit  Saturma  nomen; 
Dicta  quoque  ejl  Latium  terra ,  latente  Dec 

ïl  met  ces  vers  dans  la  bouche  de  Janus ,  qui  lui  raconte 
les  antiquités  des  lieux ,  où  Rome  a  été  enfuite  bâtie. 
Vatron  veut  que  le  nom  de  Latium  ,  pris  de  lateo  ,  fe 
cache ,  vienne  de  ce  que  ce  pays  eft  en,  quelque  façon, 
caché,  entre  les  précipices  des  Alpes  6k  de  l'Apennin. 
Denys,  d'Halicarnaffe  ne  croit  pas  que  les  Latins  ayent 
pris  leur  non  du  Latium ,  puisqu'il  dit  qu'ils  furent  ainfi 
nommés,  à  caufe  de  Latinus,  qui  régnoit  au  tems  de 
la  guerre  de  Troye.  Virgile ,  dans  les  fix  derniers  livres  ' 
de  fon  Enéide ,  s'eft  avantageufement  fervi  de  ce  perfon- 
nage  qu'il  lùppofe  avoir  été  beau-pere  d'Enée. 

Quoi  qu'il  en  foit ,  les  Latins  étoient  bornés  à  bien 
peu  de  chofe  du  tems  d'Enée  6k  des  rois  d'Albe,  Ces  fuc- 
ceffeurs ,  fuppofé  que  l'arrivée  6k  le  régne  de  ceTroyen 
en  Italie  ayent  quelque  fondement  réel  dans  l'hiftoire. 
La  ville  de  Rome  s'étant  formée,  6k  ayant  fubjugué 
la  ville  d'Albe  ,  qui  depuis  long-tems  étoit  le  féjour  des 
rois  Latins ,  affervit  infenfiblement  le  Latium  ,  qui  fut 
pouffé  jusqu'au  promontoire  Circeïum,  ou  Monte-Cir- 
cello  ;  car  il  ne  faut  pas  entendre  trop ,  à  la  rigueur  ce 
que  dit  Pline  ,  ' l.  X ,  c.  5  ,  que  l'ancien  Latium  fut  con- 
fervé  depuis  le  Tibre  jusqu'à  ce  cap.  Strabon  dit  beau- 
coup mieux  que  l'ancien  Latium  fut  accru  par  des  pays 
qu'on  y  joignit ,  6k  qu'on  l'étendit  depuis  le  Tibre  jus- 
qu'à Monte-Circillo.  Ainfi  l'acien  Larium  de  Pline  n'eft 
pas  le  plus  ancien  de  tous,  mais  l'ancien  déjà  accru  d'une 
partie  du  pays  d«s  Volsques.  Taquin  le  Superbe ,  dit 
Strabon,  /.  5 ,  p.  13 1 ,  leur  avoit  déjà  pris  Sueffa,  leur 
capitale. 

Après  que  l'on  eut  chaffé  les  rois  de  Rome ,  les  con-  * 
fuis  eurent  la  guerre  contre  les  Eques ,  les  Volsques  ,  les 
Herniques  &C  les  Auronces  ;  cette  guerre  fut  fanglante  6k 
opiniâtre  ;  mais  ces  peuples  furent  vaincus  ;  6k  leur  pays, 


LAT 


i  mefure  que  l'on  en  faifoit  la  conquête ,  étoit  réuni  au 
Latium.  Et  c'eft  ce  que  Strabon,  /.-  5,^.  128,  tkp.  131, 
a  voulu  faire  entendre  ,  quand  il  dit  :  le  Latium  com- 
prend bien  des  chofes  qui  n'appartenoient  point  aux  La- 
tins, comme  les  Eques,  les  Volsques,  les  Herniques, 
les  Aborigihes  autour  de  Rome,  6k  les  Rutules,  quipof- 
fédoient  l'ancienne  Ardée,  outre  plufieurs  autres  peuples, 
tant  grands  que  petits,  qui  étoient  aux  environs  de  Rome, 
dans  le  tems  qu'on  la  bâtiffoit,  dont  quelques-uns  étoient 
libres  6k  indépendans,  6k  habitoiént  des  Bourgades  fans 
faire  corps  avec  aucune  nation.  De  fon  tems  on  y  comprë- 
noiî  non-feulement  les  Volsques  entièrement ,  mais  en- 
core les  Auronces  ou  Aufones  jusqu'à  Sinueffe ,  c'eft-à- 
dire  une  partie  de  la  terre  de  Labour  jusqu'au  couehaix: 
du' golfe  de  Ga'éte.  En  ce  fens  le  Latium ,  d'abord  beau- 
coup plus  petit  que  la  Campagne  de  Rome,  fut  beau- 
coup plus  grand  qu'elle  n'eft;  ck  le  Liris ,  aujourd'hui  le 
Gariglan ,  y  naiffoit ,  &  n'en  fortoit  point  depuis  fes 
fources  jusqu'à  fon  embouchure. 

Il  faut  donc  diftinguer  le  Latium  ancien  ^  du  Latium 
augmenté.  LesRutules,  les  Volsques,  les  Aufones,  les 
Eques  6k  les  Herniques ,  exclus  du.  premier ,  font  com- 
pris dans  le  fécond  ;  6k  ni  l'un  ni  l'autre  ne  répond  exac- 
tement à  la  Campagne  de  Rome  ;  le   premier  eft  trop 
petit,  eft  le  fécond  6k  trop  grand.  Dans  l'Enéide  il  n'eft 
queftion  que  du  Latium  très-petit.  Après  cela,  il  faut  y 
comprendre  les  Rutules   devenus   Latins  après   la   mort 
de  leur  roi  Turnus.  Laurentum  ,  qui  avoit  été  bâtie  par 
Latinus,    en  fut  la   capitale,   Enée  fit  bâtir  une  ville, 
qu'il  appella  Lavinium,  du  nom  de  fa  femme  Lavinie  ; 
leur  (ils  Jule  fonda  la  ville  d'Albe,  qui  devint  capitale  du 
Latium  à  fon  tour.  Rome ,  fondée  par  Romulus ,  fut  at- 
taquée de  bonne  heure  par   les   établiffemens  voifîns. 
Tullus  Hoftilius,  troifiéme  roi  de  Rome,  fournit  la  ville 
d'A-lbe.  Ancus  Martius  fit  bâtir  Oftie  à  l'entrée  du  Ti- 
bre. Tarquin  le  Superbe  prit,   dans  le  Latium,  Ardée, 
ancienne  capitale  des  Rutules,  Ocriculum  6k  Gabies, 
6k    il  entama  le  pays  des  Volsques,   en  fe  faififfanc 
de  Sueffa  -Pometia,  leur    capitale.   Tel  fut  le  fécond 
état  du  Latium.  Cependant,  dix  ou  douze  ans  après  I'ex- 
pulfion  des  rois,'  il  s'en  falloit  beaucoup  que  tous  ce  pays 
ne  fut  acoutumé  au  joug.  Sora  ,  Algidum  ,-Satricum  , 
Corniculum ,    Ventiles   6k  Bovilles  firent  beaucoup  de 
peine  à  la  république  naiffante.  Tibur,  qui,  dans  la  fuite, 
fut  presque  regardé  comme  un  fauxbourg  de  Rome ,  6k 
Prénefte,  coûtèrent  desfieges,  dont  le  fuccès  fut  de- 
mandé par  de  longues  prières,  6k  par  mille  vœux,  dans 
le  Capitole.  Les  Eques  6k  les  Volsques  firent  une  guerre 
epiniâtre  ,  6k  ne  furent  abfolument  fubjugués  que  par  Lu- 
cius  Quinftius,  qu'on  tira  de  la  charue  pour  le  faire  die-;   ' 
tateur.  Tel  fut  le  troifiéme  état  du  Latium. 


Le  Latium, 

comprenoit  fix 
peuples. 


Le  Latium  AN- 
CIEN, OU  PRO- 
PREMENT     DIT 

comprenoit 


Villes  mariti- 
mes. 


ÏOfi 


Laurentum ,  à  préfent  San-Loren^o. 


'Albe,  ville  ruinée; 
Tibur  ,  Tivoli  ; 

Gabii,  l'Hofteria  de  Finochio;, 
7V<E/zç/?e,Paleftrina; 
Villes  dans  les  Tusculum,  Frascati; 
terres.  {  Tusculanum;  le  monaftere  de  fàinte  Marie  de  Grotta-Ferrata; 

Lavicum ,  ou  Labicum  ,  Colonna  ; 
Lanuvium  ,  Civita  Indovina  ; 
Aricia  ,  la  Riccia  ; 
Bovillœ ,  Bauco  ; 
(Lavinium ,  Civita  Lavina. 

(OJlienfîs  Lacus ,  aujourd'hui  Stagno; 
Les  LACS     )-R-egit-us  Lacus  ,    aujourd'hui  le  lac  de  fainte  Praxede; 
jArici'nus  Lacus,  aujourd'hui  lago  di  Jenfano  &  Nemo ; 
KAlbanus  Lacus,  aujourd'hui  lago  d'Albmo. 

[Le  Tibre; 
Les  RiviE-  I  Anio ,  le  Teverone  ; 
RES  ou  RUlS-{  Almo,  Acqua  Taccia; 
SEAUX.  |  Aqua ,  la  Marana  ; 

KNumicius,  Numico. 

II.  f  f  Ardée; 

Les    Rutu-  •{Les  VILLES  çYiAphrodifîum ,  vers  le  bogrg  de  Sainre-AnaftafieJ 
ES.  .(  ICafirum  Inuh 


Lat 


lat 


.  Le  LatiumI 
comprenoit  fîx  J 
peuples,  J 


III. 
Les  Volsques. 


IV. 

Les  Aurunces, 

OU    AUSONES 

avoient 


(  Villes  ma-  (Antium  ,  Anzio  Rouinata  ;    . 
RITIMES.         \  Navale  Antiatum  ,  Porto- Nettuno; 
{ Circcei ,  Civita-Vecchia  ; 
\Anxur,  Terracine; 
\Feronice  Lucus ,  S.  Orefte. 

'Sueffh-Pomctia,  ville  entièrement  ruinée; 

VeLtrce,  Velitri; 

Norba ,  Norma  ; 

Sigma,  Segni; 

Sacriportus,  versralianoj     7 

Setia ,  Sezza  ;  4? 

SuLno  ,  Sermoneta  ; 

Privernum  ,  Piperno  ; 

■  Mat  dus  collis  ,   près  de  Lanuvium ,  à  l'orient  ; 
VILLES  DANS  'Corioli,  déjà  détruite  du  tems  de  Pline  j., 
LES  TERRES,    j  Forum  Appii ,  vers  S.  Donat  ;  W 

Très  Taberntz ,  Cifterna; 

Frujino  ,  Frafelone  ; 

Fregeilanum  ,  Fregellx  &  Fregdla ,  Ceperaro  ; 

Fabrateria ,  Flavaterra  ; 

Interamna  Lirinas ,  vers  Ponte-Corvo  ; 

Cajlnum  ,  le  mont  Caffin  ; 

Atina,  Atino; 

Arpinum,  Arpino; 
Sora. 

Lires,  le  Garialan  ; 


?6$ 


Rivières.  ^ 


Rivières    yù&f"*  P'scia' 

tombent  dlns\T"T,US,l.ri?' 

leGariglan.  jf/?lS>  Mf*'> 

3  \Fibrenus.  Fibre: 


Fibreno. 


AJîura  ,  Aftura  ou  Stura; 

Nymphaus,  laNympha; 

Ufens  &  Dccennonius,  Ait  fento  ,  OuBaudinoj 

/Imafenus ,  Toppia. 

ISpelunca  villa ,  Sperlonga  ; 
Amydce  ; 
VlXLES    MA-lCaieia ,   Gaëte ; 
RITIMES.    .     j  Forniianum  ,  Villa  di  Cicérone  ; 

]  Formia  ,  Mola  ; 

(Minturnœ  }  Trajefto. 


Villes  dans 
les  terres. 


Fundi , 
Vesda, 
Aufonia. 


V. 

Les  Herniques; 


VI. 

Les  Eques  avoient 


Mafiicus  Mons ,  Monre-Dragone. 

SAnagnia,  Anagni; 
Alatrium,  Alatro; 
Ferentinum ,  Ferentinum  ; 
Vtfule,  Veroli. 

(Algidum,  l'Ofteria; 
Corbio  , 

Vitellia  colonia, 
Treba,  Treva; 

Vàleria,  ou  Varia,  Vico-Varo; 
Carfeoli ,  Arfuli  ; 
Sublaaueum  ,   Sublaco.     • 


Cette  Table  eft  empruntée  des  Parallèles  du  P.  Briet.  Il 
n'y  fait  point  mention  de  la  ville  de  Rome,  parce  qu'il 
avoit  traité  au  long  de  cette  ville  ,  à  laquelle  il  donne 
une  Table  particulière  ,  que  nous  plaçons  en  fon  lieu. 
Nous  traitons,  au  mot  VoYE,  des  grandes  routes  qui  cou- 
poient  le  Latium.  Le  Latium  eft  furnommé  Hesperium 
par  Virgle  dans  fon  Enéide ,  félon  la  remarque  d'Or- 
télius ,  qui  cite  le  feptiéme  livre. 

LATMICUS  SINUS ,  golfe  de  la  mer  Méditerranée, 
fur  la  côte  d'Afie  ,  aux  confins  de  l'Ionie  &  de  la  Carie,; 
Strabon,  /.  14,  p.  63  5,  place  dans'ce  golfe  Héraclée, 
furnommé  Héraclée  fous  le  Latmus.  On  le  nomme  à  pré- 
fent  le  golfe  de  PALATCHIA. 

1.  LÂTMOS  ou  Latmus,  montagne  d'Afie,  partie 
dans  l'Ionie,  &t  partie  dans  la  Carie:  Pomponius  Mêla , 
1, 1,  c,  17,  dit  qu'elle  étoit  fameufe  par  l'aventure  fabu- 


leufe  d'Endymion ,  pour  qui  la  lune  eut  de  l'amour.  Il 
la  met  dans  l'Ionie.  Cicéron,  Tuscul,  1.  1,  c.  38,  au 
contraire,  met  la  fcène  en  Carie.  Endymion  ,  dit-il  ,  fi 
nous  voulons  écouter  les  fables,s'endormit  je  ne  fais  quand 
dans  le  Latmus,  qui  eft  une  montagne  de  la  Carie,  &c; 
de-là  vient  qu'Endymion  eft  nommé  LatMIUS  Héros 
par  Ovide,  Trijl.  1.  a,  v.  299;  &  LatMIUS  Venator 
par  Valerias  Flaccus,  l.%,  v.  z8.  Le  fcholiafte  d'Ap- 
pollonius  dit  que  le  Latmus  eft  une  montagne  de  Carie, 
où  Endymion  logeoit  dans  une  grotte  :  le  nom  moderne 
de  cette  montagne  eft  PALATCHIA,  félon  Baudrand» 
Elle  a  à  fon  extrémité  un  promontoire  qui  s'appelloitPo 
Sidium  ,  à  càufe  d'un  temple  conlàcre  à  Neptune;  & 
ce  cap  féparoit  le  golfe  Latmique  au  nord,  &  le  golfe  de 
Jaffus  au  midi. 
a,  LATMUS  ,  rivière  Se  village  de  Cilicie ,  félon 


y  66  LAT 

Strabon,  /.  14,  p.  671.  C'eft  le  Lamus  de  Ptolomée^ 
lieu  auquel  appartenoit  la  Lamotide  de  cet  auteur,  &C 
la  Lacusie  d'Etienne.  Ce  lieu,  que  Strabon  ne  traite 
que  de  village,  fut,  avec  le  tems,  une  ville  épiscopale; 
&  les  Notices  le  donnent  à  l'Ifaurie  ,  en  la  nommant 
Lamus  ;  mais  elle  eft  appellée  Latmus  dans  les  Actes 
du  concile  de  Chalcédoine. 
LATO.  Voyez  Camara  i. 
LATOBICI.  Voyez  LatovicI. 
LATOBRIGES,  (les)  Latobrigi  ck  Latobrici,  an- 
cien peuple  de  la  Gaule  ,  au  voifmage  des  Helvétiens. 
Quelques  critiques  les  ont  placera  Laufanne,  d'autre 
dans  le  Valais,  d'autres  dans  le  Cletgow.  Nicolas  San- 
fon  en  parle  ainfi  dans  fes  Remarques  fur  la  Carte  de  l'an- 
cienne Gaule  ,  p.  30.  »  Latobrigi  ne  peuvent  pas  être 
»  éloignés  des  Suiffes,  6c  font  apparemment  près  de 
»  Rauraci  &  de  Ti^lngi  ,  &  vers  l'Allemagne.  Rau- 
»  raci  font  aux  environs  de  Balle;  Tulingi,  apparem- 
»  ment  vers  les  fources  du  Danube ,  &  où  eft  Dutlin- 
»  gen.  Cela  étant ,  Latobrigi  ne  fe  peuvent  plus  choifir 
»  mieux ,  que  pour  le  Brisgou  contigu  au  territoire  de 
»  Bade ,  &  à  celui  "de  Dutlingen  ;  &  cela  s'accorde  à 
»  l'ordre  que  Céfar  leur  donne,  quand  il  parle  despeu- 
»  pies  auxquels  les  Helvétiens  ou  Suiffes  avoient  pér- 
it fuadé  de  quitter  le  pays,  &  d'en  chercher  un  plus  avant 
»  dans  les  Gaules ,  &  qui  fût  hors  des  courfes  conti- 
»  nuelles  des  Germains.  Perfuadent  (comme  il  dit) 
»  Rauracis  ,  Tulingis  &  Latobrigis  finitimis  fuis ,  uti 
,  »  eodem  ufi  confilio  oppidis  fuis ,  vicisque  txuftis ,  unà 
»  cum  iis  proficiscantur ,  &c.  Ils  perfuadent  a  ceux  de 
»  Balle,  de  Dutlingen  &  de  Brisgou,  leurs  voifins, 
»  de  fuivre  le  même  confeil ,  &  de  fe  joindre  avec  eux, 
»  après  avoir  brûlé  toutes  leurs  villes  &  leurs  bourga- 
»  des  ;  &  le  fens  commun  fait  pour  notre  opinion ,  y 
»  ayant  toutes  les  apparences  du  monde ,  que  ces  trois 
»  peuples'étoient  du  côté  de  la  Germanie  ,  à  l'égard 
»  des  Helvetii ,  &  avoient  un  même  fujet  de  quitter  le 
».pays,  comme  faifoient  les  Suiffes;  &  cette  explica- 
»  tion  eft  cent  fois  plus  plaufible  que  celle  de  Marlian, 
»  qui  les  place  à  Laufanne  ,  que  celle  de  Cluverius,  qui 
»  les  eftime  dans  le  VaÙais  &c;  l'un  &  l'autre  quar- 
»  tier  étant  trop  éloignés  de  la  Germanie;  &  de  plus, 
»  Laufanne.  eft  dans  le  corps  des  Suiffes  ;  &  Brig  du  Val- 
»  lais  eft  dans  le  corps  des  P.  Seduni,  qui  font  de  la 
»>  Gaule  Narbonnoife,  province  déjà  fujette  aux  Romains. 
LATO-BULGlUM.  Voyez  Blatum  Bulgium. 
LATOIS ,  Av\oif ,  métairie  d'Afie  ,  près  d'Ephèle , 
dans  la  montagne.  C'eft  d'où  venoit  le  vin  nommé 
Pramnium  vinum ,  félon  Athénée.  *  Ortel.  Thefaur. 

LATOMAGUM  ,  ancien  lieu  de  la  Gaule  ,  fur  la 
route  de  Juliobona  à  Rouen ,  à  feize  mille  pas  de  la  pre- 
mière, &  à  treize  de  la  féconde. 

LATOMLE  ;  les  Latins  avoient  emprunté  ce  mot  des 
Grecs,  pour  fignifier  un  lieu  où  l'on  coupoit  les  pier- 
res ,  &  il  a  été  commun  à  toutes  les  grandes  carrières 
d'où  l'on  en  tiroit.  Ainfi  il  n'eft  pas  étonnant  que  les 
anciens  ayent  donné  le  nom  de  Latomics  à  divers  en- 
droit de  l'Italie,  de  la  Sicile  de  l'Afrique,  &  ailleurs. 
Les  Latonies  de  Sicile  étoient  très  -  fameufes  :  c'étoit 
d'abord  une  carrière  ;  mais  les  tyrans  en  firent ,  avec 
le  tems,  une  prifon,  où  ils  faifoient  enfermer  ceux  qui 
avoient  le  malheur  de  leur  déplaire.  Ces  prifonniers  y 
demeuroient  quelquefois  fi  long-tems ,  que  quelques-uns 
s'y  font  mariés,  &  y  ont  eu  des  enfans.  Ce  lieu  eft  pré- 
fentement  "nommé  leTagliate.  Cicéron  reproche  à  Ver- 
res d'y  avoir  fait  enfermer  des  citoyens  Romains.  Dans 
le  tems  de  perfécution,  ces  Latomies  furent  fouvent 
remplies  de  Chrétiens  que  l'on  y  envoyoit ,  pour  les  y 
faire  fouffrir  de  longs  travaux ,  quand  on  eut  remarqué 
que  la  mort ,  loin  de  les  épouvanter ,  étoit  l'objet  de 
leur  efperance.  *  Cluver.  Sicil.  ant.  /.  1. 

LATOMIE;  il  y  avoit  fix  petites  ifles  de  ce  nom 
dans  le  golfe  Arabique,  félon  Strabon  ,  /.  16. 

LATONÉ ,  ville  d'Egypte ,  fur  le  Nil ,  félon  Ptolo- 
mée, /.  4,  c.  5.  Le  nom  grec  eft  Anloùf  wo'ak  ,  c'eft- 
à-dire,  la  ville  dé  Latone,  parce  que  Latone,  meré  d'A- 
pollon, y  ayoit  un  temple  &  un  culte  particulier.  Elle 
etoit  la  capitale  d'un  nôme  qui  en  prenoit  le  nom  de 
Latopolite ,  AnVmAÎw ,  félon  le  même  géographe.  Ses  • 
interprètes  difent  que  c'eft  préfentement  DÉROTE,  ville 
lameufe,  mais  fans  murailles. 


LAT 


LATOPOLIS.  Voyez  l'article  précèdent  &'  celui  de 
Lato ru  m. 

1.  LATOPOLITES  NOM05  ,  contrée  d'Egypte, 
dont  la  capitale  étoit  dédiée  à  Latone ,  &  fituée  à  |a 
gauche  du  Nil.  Voyez  l'article  précédent.  Pline  parle 
auffi  de  ce  Nôme. 

1.  LATOPOLITES  NOMOS,  autre  contrée  d'E- 
gypte, dont  la  capitale  étoit  la  ville  nommée  LATORUMi 
URBS,    Ac£\mf7iOKtf.  Voyez  LATORUM. 

LATORIA.  Voyez  Latoïs. 

LATORUM  URBS,  ville  d'Egypte,  dans  le  nôme 
Hermonthite ,  félon  Ptolomée.  Ortélius  croit  que  c'eft 
de  cette  ville,  que  le  nôme  Latopolite  tiroit  fon  nom. 
Je  crois  qu'il  fe  trompe  auffi  -  bien  que  quand  il  dit  que 
c'eft  la  Letus  d'Antonin.  L'auteur  de  l'Itinéraire  marque 
deux  lieux  très-différens  l'un  de  l'autre,  tous  deux  enj 
Egypte.  Les  voici  : 

N'iqu  ,  Hermuntim. 

LetusXXVUl.  M.P.   Laton  XXIV.  M.  P. 

Memphin  XX.  M.  P.  Apollonos fuperioris  XXXII.  M.  PJ 

Il  eft  vifible  que  la  Letus  de  l'Itinéraire,  à  vingt  mille  pas* 
de  Memphis,  eft  la  Letus  de  Ptolomée  ,  ah1'"î  w«A/s, 
ou  Latopolis  ;  &  que. Laton,  à  vingt-quatre  mille  pas 
d'Hermuntis ,  &  à  trente-deux  mille  pas  de  la  ville  d'A- 
pollon, eft  la  même  que  fa  Laton,  A«j»c  w/a*?,  que  fes 
interprètes  rendent  Laiorum ,  par  un  génitif  pluriel , 
comme  en  effet  c'en  eft  un  dans  le  grec.  La  Notice  da 
l'Empire,  fiel,  ao,  en  fait  un  fubftantif  neutre  Latum,  £c 
dit  :  Equités  fagitiarii  indigente  Lato. 

LATOVICI,  ancien  peuple  de  la  Pannonte  ,  felor» 
Pline,  /.  3,  c  15.  Ptolomée,  /.  2,  c.  15,  met  les 
Latovici,  fous  le  Norique,  dans  la  haute  Pannonie; 
&  Antonin  ,  Itiner.  place  Pratorium  Lat&vicorum, 
fur  la  route  d'jEmona  à  Sirmich,  à  trente-quatre  mille 
pas  de  la  première.  Cela  répond  aux  environs  du  con- 
fluent de  la  Save  &  de  la  Sane. 

LATRA,  (génitif  orum,)  lieu  de  la  féconde  Mcefie, 
félon  la  Notice  de  l'Empire,  fiel.  29,  qui  dit:  Cuneus 
Equitum  fcutarioium  Latris. 

LATRE ,  aô^h  ,  montagne  d'Afie  auprès  d'Ephèle  ,r 
félon  Cédrene.  '  Curopalate  le  nomme  Latrius  nions. 
*  Ortel.  Thefaur. 

LATRECEY ,  bourg  de  France ,  dans  la  Bourgogne, 
diocèfe  de  Langres.  Ce  bourg  eft  du  marquifat  d'Arcq 
en  Barrois.  Il  eft  fitué  dans  une  plaine ,  au  pied  d'une 
montagne.  Le  fief  de  la  Loge,  la  Grange,  Tillieres  en, 
dépendent.  Il  y  a  un  prieuré  à  fimple  tonfure,  de  quatre 
cents  livres  de  revenu. 

LATRINGES,  peuple  dont  parle  Capitolin,  dans  la 
Vie  de  l'empereur  Marc-Antonin  le  Philofophe.  Il  y  a 
apparence,  dit  Ortélius ,  que  ce  peuple  étoit  de  la  àar- 
matie  en  Europe.  *  Ortel.  Thefaur. 

LATRIS ,  ifle  de  la  Germanie ,  à  l'embouchure  de  la 
Viftule  ,  félon  Pline,  /.  4,  c.  13.  Niger  croit  que  c'eft 
le  Grojfwerder,  ifle  de  Pruffe  ,  à  l'embouchure  de  la 
Viftule.  Ortélius  aime  mieux  croire  que  c'eft  Frifeh- 
nering.  Le  P.  Hardouin  donne  un  troifiéme  fenti- 
ment ,  6c  explique  le  Clylipcnus  Sinus  de  Pline  par  le; 
golfe  de  Riga ,  &  l'ifle  Latris  par  l'ifle  d'CEsEL. 

LATRIUS  MONS.  Voyez  Latre. 

LATRONES.  Voyez  Lestée  &  Mariannes. 

LATARIO ,  montagne  d'Italie ,  au  royaume  de  Na- 
ples,  dans  la  principauté  citérieure,  au-delà  de  la  ri- 
vière de  Sarno ,  entre  le  mont  de  Somma  •&  Sorrento  , 
à  trois  ou  quatre  milles  de  Lettere,  &C  à  pareille  diftance  . 
de  Caftel- à-Mare.  *Com.  Dift."  . 

LATTAY,  ou  S.  Lambert,  bourg  de  France,  dans 
l'Anjou,  diocèfe  &c  élection  d'Angers._ 

LATTA ,  ville  de  l'Arabie  heureule ,  la  même  que 
Latea. 

LATTE ,  Latera  ,  village  de  France ,  au  bas  Lan- 
guedoc ,  à  demi-lieue  de  Montpellier ,  au  bord  d'ua 
étang,  que  l'on  appelle  quelquefois  V étang  de  Latte ,  à 
caufe  de  ce  village.  C'eft  même  fon  ancien  nom.  On 
l'appelle  auffi  l'étang  de  Peraut. 

1.  LATUM.  Voyez  Latorum. 

2.  LATUM.  Voyez  Blatum. 
LATURUS  SINUS,  golfe  ds  la  mer  Méditerranée, 


LAV 


LAV 


fur  !a  côte  de  Numidie,  félon  Pomponius  Mêla  ,  /.  l  , 
c.  6.  v 

LATUSATES  :  c'eft  ainfi  qu'on  lit  ce  nom  d'un 
peuple  de  l'Aquitaine ,  dans  les  éditions  communes  de 
Pline.  Le  P.  Hardouin  avertit  qu'il  faut  lire  TartifaUi. 

LATYMNUS  ,  montagne  de  la  grande  Grèce ,  au- 
près de  Crotone,  félon  Théocrite.  Son  fcholiafle  dit 
que  quelques-uns  donnoient  ce  même  nom  à  une  mon- 
tagne de  la  Laconie ,  au  Péloponnèfe.  *  Ortd.  Thefaur. 

LATZ,  Latium,  rivière  de  Suifle.  Elle  a  fa  fource 
auprès  de  Bergen  ,  dans  la  communauté  d'Oberfatz,  dans 
la  Ligue  de  la  Caddée.  Elle  a  fa  fource  au  mont  Albu-- 
la,  &C  fe  jette  auprès  de  Félifur,  dans  une  autre  rivière, 
avec  laquelle  elle  fe  perd  dans  le  Rhin,  auprès  de  Sils , 
au  nord  oriental  de  Tufis.  *  Sch.zuch.7tr ,  Carte  de  la 
Suiffe. 

1.  LAVAGNA,  petite  ville  d'Italie,  dans  l'état  de 
Gènes ,  &C  fur  la  côte  du  Levant,  auprès  de  l'embou- 
chure d'une  rivière  nommé  auffi  Lavagna,  qui  fe  jette 
dans  la  mer  de  Gènes.  Elle  a  été  autrefois  plus  confî- 
dérable  qu'elle  n'eft  &  a  eu  des  comtes  particuliers  delà 
maifon  de  Fiesque.  Baudrand  la  nomme  en  latin  Lebo- 
nia  &T.  Lavania.  Elle  eft  à  préfent  fort  petite.  *  Bau- 
drand ,  édit.  170°). 

2.  LAVAGNA,  rivière  d'Italie,  dans  l'état  de  Gè- 
nes. Elle  a  fa  fource  dans  l'Apennin  ,  à  dix  milles  de 
Gènes,  à  l'orient;  &,  coulant  vers  le  midi,  après- avoir 
reçu  la  Granveglia  ,  elle  fe  rend  dans  la  mer  auprès  de 
la  petite  Lavagna ,  entre  ce  lieu  &£  Chiavari.  *  Baudr. 
édit.  1705. 

Le  père  Hardouin  croit  que  Lavagna  a  été  appellée 
anciennement  Feritor. 

LAVAIX  ,  abbaye  d'hommes ,  ordre  de  Cîteaux,  en 
Espagne  ,  dans  la  Catalogne  au  diocèfe  d'Urgel. 

1.  LAVAL,  prieuré  de  France,  en  Franche-Comté, 
au  diocèfe  de  Befançon.  Il  dépend  du  mont  S.  Benoît. 
C'eft  un  bénéfice  fimple  de  douze  cents  livres  de  rente. 

2.  LAVAL,  ville  de  France,  dans  le  bas  Maine.  Elle 
eft  fituée  fur  la  rivière  de  Mayenne ,  à  fix  lieues  de  la 
ville  de  ce  nom ,  à  feize  du  Mans,  à  quatorze  de  Ren- 
nes, vers  les  frontières  de  Bretagne,  &  à  la  même  dis- 
tance d'Angers  &  de'  la  Flèche.  Cette  ville  que  l'on  ap- 
pelle autrement  Laval-Guyon  ,,en  latin  Fallis  Gui- 
donis ,  a  titre  de  Comté-Pairie ,  &  s'efî  rendue  recom- 
mandable  par  le  grand  trafic  de  toiles  que  l'on  y  fait.  On 
y  voit  un  collège,  deux  églifes  paroifliales  ,  qui  font  la 
trinité  &  S.  Vénérand ,  &  deux  collégiales  ;  la  première 
qui  eft  auffi  paroiffiale,  eft  dédiée  à  S.Thugal,  &  l'au- 
tre à  S.  Michel.  On  y  trouve  un  prieuré  de  chanoines 
réguliers  de  S.  Auguftin  ,  de  la  congrégation  de  fainte 
Geneviève  ,  du  titre  de  fainte  Catherine ,  fk  un  autre 
prieuré  fimple ,  appelle  S.  Martin  ,  qui  donne  fon  nom 
à  un  fauxbourg  ;  une  grande  &  célèbre  maifon  de  Cor- 
deliers ,  dont  Téglife  eft  belle  &  enrichie  de  marbres  ; 
un  couvent  de  Dominicains  ,  un  de  Capucins ,  un  d'Ur- 
fulines,  un  de  Bénédictines ,  &  un  de  Cordelières,  dont 
on  nomme  le  couvent  Patience  ;  un  hôtel-dieu  pour  les 
pauvres  malades ,  dédié  à  S.  Julien ,  deflervi  par  des 
religieufes  de  S.  Jofeph,  &  un  hôpital  général  du  nom 
de  S.  Louis.  La  ville  de  Laval  renferme  deux  châteaux 
qui  font  féparés  par  un  feul  mur,  tk  eft  entourée  de  for- 
tes murailles  &  de  tours  ,  avec  un  pont  de  pierres  ,  fur 
lequel  font  bâties  des  maifons  aux  deux  côtés,  &c  deux 
petites  tours  au  bout,  qui  font  une  porte  de  la  ville  pour 
aller  à  un  de  fes  fauxbourgs,  appelle  le  pont  de  Mayenne. 
Elle  appartient  aux  feigneurs  de  la  Trémoille.  Il  y  a  une 
chambre  des  comptes  pour  les  terres  défendantes  de  ce 
comté,  un  fiége  royal ,  fiége  des  traites ,  élection ,  gre- 
nier à  fel,  &  département  de  Gabelles ,  Fougères,  Vi- 
tré, Ernée,  Laflay,  Sablé,  Château-Gontier,  Craon, 
Sainte- Sufanne ,  &  plufieurs  gros  bourgs  font  dans  le  voi- 
fînage  de  Laval.  Laval  eft  la  principale  ville  du  bas  Maine, 
quoique  jusqu'à  préfent  elle  n'ait  jamais  été  dans  le  do- 
maine royal ,  rk  qu'elle  ait  toujours  eu  fes  feigneurs  très- 
puiflans  &  illuftres  depuis  l'onzième  fiécle  ,  où  vivoit 
Gui  I ,  feigneur  de  Laval ,  dont  la  poftérité  masculine 
finit  feulement  dans  le  douzième  fiécle.  Ce  fut  alors 
qu'Edme  de  Laval  ,  fille  aînée  &  héritière  de  Gui  de 
Laval  ,  apporta  les  grands  biens  de  cette  maifon  à  fon 
mari  Matthieu  II,  feigneur  de  Montmorenci,  &:  conné- 
table de  France.  De  ce  mariage  vint  un  fils  nommé  Guit 


767 


qui ,  à  caufe  de  fa  mère ,  féconde  femme  de  Matthieu ,. 
pofîéda  les  biens  de  Laval  ,  &c  prit  le  même  nom  de 
cette  maifon.  Cette  branche  a  duré  fort  long-rems  de- 
puis le  régne  de  S.  Louis,  jusqu'à  celui  de  Charles  VI. 
Ce  fut  alors-que  Gui ,  feigneur  de  Laval ,  mourut ,  l'an 
141 2.  Après  lui,  ce  comté  étant  tombé  en  quenouille, 
Anne  de  Laval-Montmorenci,qui  avoit  époufé  le  comte 
Jean  de  Montfort ,  feigneur  de  Kergorlai  en  Bretagne  , 
&  étoit  fille  de  Gni , ,  feigneur  de  Laval ,  hérita  de  fon 
père ,  _  &  laifia  la  terre  de  Laval  &  tous  fes  biens  à  fon 
fils  qui  fut  nommé  Gui  ,  comme  fes  prédéceffeurs.  C'eft 
en  faveur  du  même  Gui ,  qui  avoit  pris  le  nom  de  La- 
val, &  qui  étoit  fils  de  Jean  de  Montfort,  tk  d'Anne 
de  Laval  -  Montmorenci ,  que  Charles  VII  érigea  en 
comté  cette  feigneurie  ,  l'an  1420  ;  &  de  ce  premier 
comte  de  Laval  descendoit  par  maies,  Gui,  comte  de 
Laval,  qui  mourut  fans  enfans,  l'an  1547  >  &  eut  pour 
héritière  Renée  de  Rieux,  fa  nièce,  fille  de  fa  feeur  Ca-' 
therine ,  femme  de  Claude  de  Ryeux.  Renée  qui  avoit 
époufé  Louis  de  Sainte-Maure,  marquis  de  Nèfle,  étant 
moue  fans  enfans,  elle  eut  pour  héritier  Paul  de  Coligni , 
qui  étoit  fils  de  fa  feeur  Claudede Ryeux,  &  qui  prit  le  nom 
de  Gui.  Son  fils  Gui ,  comte  de  Laval  fut  tué ,  &  mou- 
rut fans  enfans,  l'an  1605.  Ainfi  tous  les  biens  de  la  mai- 
fon de  Laval  vinrent  au  duc  de  la  Trémoille,  qui  des- 
cendoit d'Anne  de  Laval ,  feeur  puînée  de  la  dame  de 
Ryeux.  Les  héritiers  de  ce  duc  jouiffent  encore  de  La- 
val ,  qui  eft  une  ville  peuplée  Si  marchande.  Elle  s'ap- 
pelle en  latin  Vallis-Widonis ,  ou  Vallis-Guidonis  ,  à 
caufe  de  fes  feigneurs  qui  s'appelloient  Gui.  *Corn.  Mem. 
dreffés  fur  les  lieux.  Longuerue  ,  Descr.  de  la  France , 
i- part.  p.  96. 

•  LAVAN  T,  petite  rivière  d'Allemagne  ,  dans  la  baffe 
Cannthie_.  Elle  paffe  par  la  vallée  de  ce  nom,  appellée 
par  fes  habitans  Lavanthal;  baigne  la  ville  de  S.  André, 
&  fe  rend  enfuite  dans  la  Drave  à  Lavanmund  ,  deux 
milles  d'Allemagne  plus  bas.  *  Baudrand,  éd.  1705. 

LAVANT-MYND  ,  ou  Lavant-Mund  ,  Lavan- 
tum,  petite  ville  d'Allemagne  ,  au  cercle  d'Autriche, 
dans  la  Carinthie,  à  l'embouchure  du  Lavant ,  dans  la 
Drave.  Elle  appartient  à  l'archevêque  de  Saltzbourg,  &C 
eft  ornée  d'un  château  &  d'un  évêché  fondé  en  1228, 
par  un  archevêque  de  Saltzbourg  ,  dont  elle  eft  fuftrà- 
gante.  * Baudrand ,  éd.  1705. 

L'évêque  fait  fa  réfidence  à  S.  André,  château  fur  la 
rivière  de  Lavant. 

LAVAR.  Voyez  Laura. 

LAVARA,  ou  Lavare  ,  k*v*^  ,  ancienne  ville  de 
la  Lufitanie,  dans  les  terres,  dit  Ptolomée  ,  /.  2  ,  c.  5. 
On  croit  que  c'eft  préfentement  la  ville  d'Avéïro. 

LAVARDENS,  petite  ville  de  France,  dans  l'Arma- 
gnac ,  au  diocèfe  d  Auch. 

1.  LAVARDIN,  bourg  de  France,  dans  la  Beauce , 
au  diocèfe  de  Blois. 

2.  LAVARDIN,  feigneurie  de  France,  dans  le  Maine, 
près  de  Montoire.  Ce  lieu  a  donné  fon  nom  à  une  très- 
illuftre  famille  du  Vendômois. 

LAVATRA,  génitif  orum,  ancien  lieu  de  la  grande 
Bretagne-,  félon  1  Itinéraire  d'Antonin  ,  qui  en  fait  deux 
fois  mention ,  Sr  toujours  entre  Caraiïoni  &  Ferteris, 
à  feize  mille  pas  de  la  première,  &  à  quatorze  mille- pas 
de  la  féconde,  félon  une  route  ,  &,  félon  l'autre,  à  dix- 
huit  mille  pas  de  la  première,  &c  à  treize  de  la  féconde. 
Comme  on  place  Caracloni  à  Cattaric ,  &  Ferteris ,  à 
Brough,  on  croit  que  Lavatra  étoit  à  Bowes.  Il  en  eft 
fait  mention  dans  la  Notice  de  l'Empire  ,  où  l'on  lie 
prafteius  numeri  exploraiorum  Lnvatres.  Il  femble,  die 
Gales ,  qu'il  refte  encore  des  vertiges  de  ce  nom  dans 
celui  de  Lartington  .  bourgade  voifine  ,  fituée  fur  le 
ruiffeau  de  Laver.  L'anonyme  de  Ravenne  nomme  La- 
varis  ;  nom  qui  n'approche  pa<;  mal  de  celui  du  ruifTtau. 
Ce  lieu  étoit  florifTant  fous  l'empire  de  Sévère.  Car  Vi- 
rius- Lupus,  qui  gouvernoit  pour  lui  lj  Bretagne,  y  ré- 
tablit un  bain  dont  l'édifice  avoit  été  br11é.  Cela  a  donné 
lieu  à  une  conjefture ,  lavoir  fi,  au  lieu  de  Lavatris ,  il 
ne  faudrait  point  lire  Lavacris.  Le  mot  de  Lavacra  a 
été  employé  par  Eutrope  pour  dire  des  bains. 

LAVAUR,  ville  de  France,  dans  le  haut  Languedoc, 
aux  confins  de  l'Albigeois ,  fur  PAgout.  Ce  nom  eft 
compofé  du  nom  même  &  de  l'article,  &  devrait  s'é- 
crire l^-Fam  ;  •sar  le  nom  latin  eft  V~*umm ,  Faurium 


LAU 


768 

ou  Caflrum-Vaurl.  Ce  n'étoit  autrefois  qu'un  gros  bourg 
avec  un  beau  château  ;  &  il  n'a  été  fermé  de  murailles 
que  depuis  quelques  fiécles.  Cette  ville  fut  une  des  plus 
confîdérables  du  parti  des  Albigeois  ;  &£  c'eft  à  quoi  les 
prélats  du  concile,  qui  y  fut  tenu  en  1212,  ou  en  12.13, 
félon  le  P.  Labbe,  faifoient  aliufion,  lorsqu'ils  appelèrent 
Lavaur  fedes  Satana  atque  erroris  har&tici  primatia. 
C'eft  dans  la  Lettre  qu'ils  écrivirent  au  pape  Innocent  III. 
Ils'y  tint  un  autreconcile  fous 'le  papeUrbain  V,en  1368. 
Lavaur  eft  préléntement  le  fiége  d'un  évêché  fuffragant 
de  l'archevêché  deTouloufe,  qui  n'étoit  qu'un  prieuré 
dépendant  de  l'abbaye  de  S.  Pons  ,  lorsque  le  pape 
Jean  XXII  l'érigea  en  évêché,  l'an  1316.  L'églife  ca- 
thédrale eft  dédiée  à  S.  Alaire  ;  &  fon  chapitre  confifte 
en  un  prévôt,  un  archidiacre  ,  un  facriftain  ,  &  douze 
chanoines.  Ce  diocèfe  ne  renferme  que  quatre-vingt  huit 
paroiftes,  &:  une  abbaye  qui  eft  celle  de  Sorèfe.  *  Piga- 
niol de  la  Force, Descr.  de  laFrance ,  t.  4,  />.  2,53  &  326. 
LA  VAUX,  petit  bourg  de  France,  en  Bretagne  ;  il 
eftfitué  fur  la  Loire,  à  l'oppofitede  Paimbœuf,  &  l'on 
y  tient  une  foire  le  lendemain  de  S.  Symphorien.  Les  ha- 
bitans  du  bourg  nourriflent  des  oies  &  des  moutons  ; 
on  y  élevé  auffi  des  chevaux. 

1.  LAUBACH,  Nauportus,  ville  d'Allemagne,  dans 
la  Carniole  ,  dont  elle  eft  la  capitale.  Les  Italiens  la  nom-  ■ 
ment  Lubiana.  Un  voyageur  en  parle  ainfi  dans  les  re- 
marques hiftoriques  6c  critiques ,  faites  dans  un  voyage 
d'Italie  en  Hollande,  en  1704,  t.  1 ,  p.  17.  La  ville 
n'eft  pas  fort  grande ,  &  n'a  presque  qu'une  grande  rue  ; 
mais  elle  eft  allez  proprement  bâtie,  les  pierres  n'y  man- 
quant point  pour  bâtir  &  pour  y  élever  les  maifons  auffi 
haut  que  l'on  veut  fur  un  terrein  très  -  folide.  Il  y  a  un 
château  fur  une  coline  qui  joint  la  ville  ;  mais  comme 
cette  colline  a  beaucoup  plus  d'étendue  que  le  château , 
il  peut  être  facilement  attaqué  à  terrein  égal ,  de  la  hau- 
teur de  la  même  montagne.  D'ailleurs  la  ville  a  de  très- 
belles  campagnes  tout-â-1'entour ,  &  un  fauxbourg ,  ou 
partie  de  la  ville,  au-delà  d'une  petite  rivière  qui  pafle 
auprès ,  &  qui  fe  jette  dans  la  Save  ,  à  deux  heures  de-là. 
La  ville  eft  épiscopale,  depuis  l'empire  de  Frédéric  III, 
qui  donna  à  cet  évêché,  pour  premier  évêque,  un  de  les 
aumôniers  qu'il  affectionnoit.  Comme  le  chapitre  n'y  eft 
pas  compofé  de  nobles  ,  &  que  ce  prince  fut  le  fonda- 
teur des  revenus  de  l'évêché ,  fes  descendans ,  c'eft-à- 
dire  les  princes  de  la  maifon  d'Autriche  ,  ont  le  droit 
de  nommer  les  prélats  &  même  les  chanoines,  qui  font 
fjx  feulement  ;  un  feul  d'entr'eux  eft  à  la  nomination  de 

Tévêque  ,  parce  qu'il  fait  la  fonction  de  curé  primitif  de 
l'églife.  Il  y  a  dans  cette  ville  une  maifon  de  la  province  : 
elle  eft  belle,  &C  c'eft  où  les  états  s'aflemblent.  Le  prince 
d'Aversberg  y  a  auffi  un  palais.  Il  y  a  plufieurs  couvens 
de  l'un  &  de  l'autre  fexe,  &  un  collège  de  Jéfuites.  La  ri- 
vière de  Laubach,a  entr'autres  fingularités,  celle  de  nour- 
rir des  écreviffes  les  plus  grandes  de  l'Europe ,  &  dont 
cinq,  avec  l'étendue  &  la  largeur  de  leurs  ferres,  mefurent 
la  hauteur  d'un  homme.  Un  gentilhomme  du  pays  fut 
fiflé  à  Vienne  pour  l'avoir  dit  ;  il  dépêcha  auffi-tôt  un 
exprès  fur  les  lieux ,  d'où  on  lui  envoya  de  quoi  juftifier 
ce  qu'il  avoit  avancé. 

2.  LAUBACH,  rivière  de  la  Carniole.  Voyez  l'ar- 
'  ticle  précédent.  Elle  fe  forme  de  deux  ruiffeaux ,  dont 
.  l'un  eft  nommé  Laubach  ;   rk  l'autre  qui  s'y  jette,  eft 

nommé  KLEIN  Labbach  ou  le  petit  Laubach  ;  ils 
fe  joignent  enfemble  auprès  d'un  bourg  auffi  nommé 
KLEIN  LAUBACH.  Plus  haut,  fur  la  rivière  de  Laubach, 
eft  allez  près  de  fa  fource  une  bourgade  appellée  OBER 
Laubach,  c'eft- à-dire  le  haut  Laubach,  à  caufe 
de  fa  fituation,  par  rapport  au  cours  de  la  rivière.  *  Jail- 
lot,  Atlas. 

3.  LAUBACH  ,  bourg  d'Allemagne  ,  en  Vétéravie, 
au  comté  de  Solms,  aux  confins  du  comté  de  Nida  ,  ci 
du  landgraviat  de  Heffe  ,  à  trois  lieues  de  la  ville  de 
Gieflen.  *Baudrand,  éd.  1701;. 

D'Audifret  appelle  Harles,  la  rivière  qui  coule  à  Lau- 
bach. 

LAUBAN ,  petite  place  d'Allemagne ,  dans  la  haute 
Luface ,  fur  la  Queifs ,  aux  confins  de  la  Siléfie ,  à  qua- 
tre lieues  deGorlïtz,  du  côté  du  levant.  Elle  appartient 
à  1'élefteur  de  Saxe.    *Baudrand ,  éd.  1705. 

LAUBESPIN,  bourg  de  France,  dans  le  Forez,  au 
diocèfe  de  Lyon,  élection  de  Montbrifon, 


LAU 


LAUBLE  &  LAUBIUM.. 

LAUBRIERE,  bourg  de  France,  dans  l'Anjou,  dans 
l'élection  de  Château-Gontier. 

LAUCATE.  Voyez  Leucate. 

LAUCH ,  (  le  )  rivière  de  France ,  en  Alface  ;  elle 
pafle  à  Rouffac ,  (k  fe  jette  dans  l'Iil. 

LAUCONNE,  monaftere  de  France,  dans  la  Fran- 
che- Comté  ,  dans  le  Montjou.  Il  fut  bâti  par  S.  Ro- 
main &t  S.  Lupicin ,  vers  le  milieu  du  cinquième  fïécle,, 
&  étoit  du  diocèfe  de  Lyon ,  quoique  dans  le  territoire' 
de  Befançon.  Il  fut  fournis,  dans  la  fuite,  au  monaftere  de 
Condat,  dont  S.  Romain  avoit  été  le  premier  abbé,  &c 
S.  Lupicin  enfuite ,  depuis  S.  Oyend ,  dont  il  prit  le 
nom,  qu'il  quitta  à  la  fin  pour  celui  de  S.  Claude.  Lau- 
conne  eft  devenu  enfin  un  prieuré,  fous  le  nom  de  S.  Lu- 
picin ,  dont  le  corps  s'y  eft  toujours  confervé  jusqu'au- 
jourd'hui. On  ne  doit  pas  confondre  Lauconne  avec 
Leuconaus,  qui'eftSaint-Valeri,  au  pays  de  Vimeu, 
en  bafle  Picardie.  *Baillet ,  Topogr.  des  Saints ,  p.  260. 

LAUD,  fleuve  de  la  Mauritanie!  ingitane,  félon  Pline, 
/.  5,  c.  2,  qui  dit  qu'il  eft  navigable.  Le  P.  Hardouin  croit 
que  le  nom  moderne  eft  Gomera. 

1.  LAUDA,  place  d'Allemagne ,  enFranconie,  fur 
le  Tauber ,  dans  l'état  de  l'évêque  de  Wurtzbourg  ,  & 
aux  confins  des  états  de  l'électeur  de  Mayence,  à  deux 
milles  d'Allemagne  de  Mariendal,  en  allant  vers  Wer- 
theim,  &:  à  cinq  de  Wurtzbourg.  Elle  n'eft  point  diffé- 
rente de  Lauden  ,  que  Davity  dit  avoir  été  vendue  dix 
mille  florins  à  Ruprecht  ou  Robert,  comte  Palatin,  par 
les  comtes  de  Hohenloé  ,  quoique  Corneille  en  fafle 
deux  villes.    * Baudr.  éd.  1705. 

LAUDA  ,  Locedium  ,  abbaye  d'hommes  ,  ordre  de 
Cîteaux  ,  dans  le  Montferrat,  au  diocèfe- de  Cafal. 

LAUDANIA,  nom  latin  de  Lothian. 
.  LAUDERCONA,  ouLaudenova.  Voyez  Blan- 

DENONA. 

LAUDER,  rivière  de  l'Ecoffe  méridionale  ,  dans  la 
province  de  Mers  ;  elle  coule  dans  une  vallée  à  laquelle 
elle  donne  le  nom  de  Lauderdale.  Cette  rivière  eft 
remarquable  par  l'exécution  qui  s'y  fit  des  favoris  de 
Jacques  III ,  fur  un  pont  ,  où  ils  furent  pendus ,  après 
avoir  été  arrachés  de  la  cour  par  Une  partie  de  la  no- 
blefle ,  fous  la  conduite  du  comte  d'Angus.  II  ,y  a  fur 
la  Lauder  un  bourg  de  même  nom.  *  Etat  préfent  de  la, 
Gr.  Bret.  t.  2  ,  p.  237. 

LAUDERDALE  ,  vallée  d'Ecoffe  ,  où  coule  la  ri- 
vière de  Lauder.  Cette  contrée,  qui  fait  partie  de  la  pro- 
vince de  Mers  ,  donne  le  titre  de  duc  à  la  principale 
branche  de  la  famille  de  Maitland ,  qui  a  une  belle  mai- 
fon près  du  Lauder  ,  laquelle  eft  appellée  Lauder- 
FORT. 

LAUDIA ,  bourg  ou  ville  de  la  Mauritanie  Céfarienfe,' 
félon  Ptolomée,  /.  4,  c.  2;   elle  étoit  dans  les  terres. 

LAUDIACUM  ,  ou  Laudiacus  mons  ,  ancien 
village  de  France ,  à  fix  mille  pas  de  la  ville  de  Tours,' 
félon  Grégoire  de  Tours,  l.  2.  De  ce  mot  qui  doit  être 
Mont-Louy  en  François,  on  a  fait  Mont-Lois.  Voyez 
ce  mot. 

LAUDIAS  ,  forterefle  d'Afie ,  vers  l'Euphrate  ,  félon 
Ammien  Marcellin  ,  /.  18,  c.  7. 

LAUDICIA.  Symmaque  dans  une  de  fes  Lettres  à  Eu- 
fraife,  /.  4,  ep.  64,  vante  les  chars  des  Laudicianiens. 
Ortélius  foupçonne  que  ces  gens-là  étoient  dans  l'Espa- 
gne ou  dans  la  Gaule.  Mais  comme  Symmaque,  dans  la 
Lettre  qui  précède  celle-ci,  parle  des  chars d'Antioche, 
il  fe  peut  faire  qu'il  parle  ici  de  ceux  de  Laodicée. 

LAUDICIA, 

LAUDICK,  petite  ville  de  la  grande  Pologne  ,  fur 
la  rivière  de  Warte  ,  dans  le  palatinat  de  Kalisk,  à  douze 
lieues  de  la  ville  de  Kalisk  du  côté  du  nord.  *  Baudr. 
éd.  1705. 

LAUDiKIA,  ou  Laudichia,  Ladix  &  Ladikia, 
nom  moderne  de  Laodicée.  Baillet ,  Topogr.  desSaints, 
2.  part,  dit  que  Laudichïa  eft  le  nom  vulgaire  de  Lao- 
dicée, ville  ancienne  deLydie,  en  l'Afie  mineure.  Bau- 
drand,  éd.  1705  ,  nomme  Ladik  ou  Ladikia.  une  Lao- 
dicée de  Syrie,  à  la  fource  de  la  rivière  de  Farfar,  à 
cent  milles  de  Damas,  au  levant.  Il  entend  Laodicée 
près  du  Liban.  Il  ajoute  qu'elle  eft  à  demi-ruiiée. 

LAUDUN,  ville  de  France ,  dans  le  bas  Languedoc, 
au  diocèfe  d' Ulez.    . 

LAU- 


LAV 


LAUDUNUM ,  ville  de  France.  C'eft  la  même  que 
la  ville  de  LaON.  Voyez  ce  mot.  Elle  eft  auffi  nommée 
Lugdunum-Clavatum. 

LAVE,  (la) rivière  de  France,  en  Artois  ;  ellepafïe 
près  de  Béthune  ,  moyennant  un  canal  que  l'on  a  tait 
pour  y  communiquer ,  Se  qui  a  douze  cents  toifes  de 
long.  Elle  fe  jette  dans  la  Lis  à  la  Gorgue. 

LAVÉAN  ,  (le  bois  de)  bois  de  France,  au  dépar- 
tement de  Comminges.  Il  a  près  de  deux  cents  arpens 
d'étendue. 

LAVEDAN,  (le)  vallée  de  France,  au  comté  de 
Bigorre ,  entre  les  Pyrénées  ;  elle  peut  avoir  dix  ou  douze 
lieues  de  longueur ,  fur  fept  à  huit  de  large  en  quelques 
endroits.  Sa  principale  place  eft  Lourde  ;  il  y  en  a  peu 
d'autres  qui  ("oient  confidérables.  La  vallée  de  Lavedan 
«'toit  fous  la  domination  de  Raimond  ,  comte  de  Bi- 
gorre ,  l'an  94s;  ,  lorsqu'il  y  fonda  le  monaftere  de  S.  Sa- 
vin ,  de  l'ordre  de  S.  Benoît ,  qui  avoit  été  détruit  par 
les  Normands,  &  dont  la  C  harte  eft  rapportée  au  neu- 
vième livre  de  l'Hiftoire  de  Béarn.  Ce  comte  avoit  alors 
en  cette  vallée  deux  vicaires  ou  lieutenans ,  l'un  nommé 
Anermanus ,  Se  l'autre  Anerilius.  Le  premier  vicomte 
héréditaire  de  cette  vallée  ,  a  été  Fortanerius ,  qui  vi- 
voit,  vers  l'an  1000  ,  du  tems  de  Louis ,  comte  de  Bi- 
gorre. La  poftérité  masculine  a  toujours  pofledé  le  vi- 
comte de  Lavedan  jusqu'à  Arnauton ,  qui  tût  le  dernier 
mâle  de  cette  maifon ,  Se  mourut  fous  le  régne  de  Char- 
les VI.  Les  feigneurs  de  la  maifon  du  Lion  .  barons  de 
Malauçc,  n'ayant  eu  qu'une  fille  nommée  Jeanne ,  elle 
époula  Charles ,  bâtard  de  Bourbon  ,  fils  naturel  de 
Jean  11 ,  duc  de  Bourbon  ,  à  qui  elle  apporta  Tes  biens  ; 
la  poftérité  masculine  de  Charles  &  de  Jeanne  du  Z.:'o.?, 
a  joui  du  vicomte  de  Lavedan  jusqu'à  l'an  1609,  que 
Jean  Jacques  de  Bou  bon  ,  vicomte  de  Lavedan,  mou- 
rant lans  enfans ,  donna  ce  vicomte  ,  par  teftament,  à  fa 
femme  Marie  de  Gontaud  de  S.  Genie^e ,  qui  le  donna 
aux  feigneurs  de  N  svailles  ;  il  n'eft  refté  pour  héritier 
de  cène  maiCon  de  Navailles,  que  des  filles  ;  Se  après  la 
mort  de  la  duchefle  <¥EU<<suf,  qui  étoit  l'aînée  ,  le  vi- 
comte de  Lu-\*dan  a  été  adjugé  au  marquis  de  Ro'elin, 
fils  de  la  leconde  fille.  Ce  vicomié  ne  comprend  pas  au- 
jourd'hui tout  le  pays  de  Livedan ,  mais  feulement  une 
partie ,  8c,  entr'autres  choies,  les  lieux  de  Cafldlobon  Se 
de  Beaufent  ;  le  territoire  de  Lourde  &  la  vallée  de  Ba- 
reige  ("ont  du  domaine  Se  du  comté  de  Bigarre  ;  ce  lieu 
de  Bareige  eft  au  pied  de  la  montagne  de  Forma/et,  Se 
à  une  lieue  du  royaume  à'  Aragon  ,  dont  il  eft  féparé 
par  les  hautes  Pyrénées.  Ce  lieu  eft  célèbre  par  fes  eaux 
iiourbeufes,  d'une  très-  grande  vertu  ;  tout  ce  pays  du 
Lavedan,  quoiqu'environné  de  très-hau'es  montagnes, 
abonde  en  tou-es  les  choies  néceffaires  à  la  vie.  *  Lon- 
guerue,  Descr.  de  la  France  ,   ï.  part.  p.  105. 

LA  VELLO,  Labellum,  ville  d'Italie,  au  royaume  de 
Naples ,  dans  la  Pouille  ,  &  dans  la  province  de  la  Bafi- 
licate  ,  avec  un  évêché  fufFragant  de  l'archevêché  de 
Barri ,  près  de  l'Offante  ,  dont  elle  n'eft  pas  à  plus  de 
trois  mille  pas ,  Se  aux  confins  de  la  Capitanate.  F  Ile  eft 
aflez  peuplée ,  avec  quelques  reftes  de  ("on  antiquité,  en- 
tre Meifi  Se  Minarbino ,  &  à  douze  milles  de  Canofe. 
*Baudr.  éd.  1705. 

LAUENBOURG.  Voyez  Lawenbourg. 

L A VENH AM  ,  bourg  d'Angleterre ,  dans  la  province 
de  Suffolck.  On  y  tient  marché  public.  *  Etat  préj'ent 
de  la  Gr.  Bretagne  ,  t.  I. 

LA  VENSA  ,  petite  ville  d'Italie  ,  en  Toscane,  dé- 
pendante du  duché  de  Mafia ,  à  l'embouchure  d'une  pe- 
tite rivière  de  même  nom,  dans  la  mer  ;  le  duc  de  Mo- 
dène  y  fait  faire  de  grands  travaux  ,  pour  y  établir  un 
port  ;  il  fait  auffi  travailler  à  de  grands  chemins,  à  tra- 
ders l'Apennin,  pour  commercer  avec  le  Modénois. 

LAVERDANCE,  bourg  de  France,  dans  l'Armagnac, 
au  diocèfe  d'Auch.  Il  y  a  une  carrière  de  plâtre. 


LAVERNA,  ou  Laberna  . 


lieu  où  étoit 


une  grande  crevaffe  dans  la  terre  :  on  la  fit  remarquer  à 
Sylla,  lorsqu'il  partoit  pour  la  guerre  des  alliés;  Se  il  en 
fortit  en  abondance  des  flammes  qui  s'élevoient  vers  le 
ciel.  Plutarque,  Vie  de  Sylla  ,  dit:  lorsqu'il  fut  envoyé 
avec  l'armée'  contre  les  alliés  ,  il  (e  fit  tout  d'un  coup 
dans  la  terre  ,  près  du  lieu  appelle  Liverne,  une  grande 
ouverture ,  d'où  il  l'ortie  un  grand  feu  5c  des  tourbillons 


;  LAU  7-59 

de  flammes  qui  s'élevèrent  jusqu'aux  cieux,  Sec.  Las 
Romains  regardoient  Laverna  ennuie  une  dée'fe,  à  la- 
quelle les  voleurs  fe  recommandoier.t.  Elle  avoit  un  bois 
dans  la  voie  Salarienne  ;  Se  comme  ce  bois  étoit  fort 
épais  ,  les  voleurs  s'y  retiroient  avec  d'autant  plus  de 
fureté  qu'ils  y  étoient  fous  la  protection  de  leur  JéeiTe. 
*Acron,  \nHora:.  Epift.  t6. 

LAVERNATS,  bourg  de  France,  dans  l'Anjou  ,  dans 
l'éle&ion  de  la  Flèche. 

LAVERNIUM,  heu  d'Italie  ;  il  en  eft  parlé  dans  une 
des  Lettres  de  Cicéron  à  Atticus ,  l.  7  ;  Se  dans  les  Sa- 
turna'es  de  Macrobe,  /.  3.  Il  prenoit  ce  nom  d'un  tem- 
ple de  la  déefle  Lavernej  comme  ceux  de  Dia  e  Se  de 
Minerve  avoient  donné  lieu  aux  noms  Diamum  Se  Mi- 
nervium. 

LAUFF,  ou 

1.  LAUFFEN,  félon  Baudrand,  bourg  d'Allemagne, 
en  Franconie ,  fur  le  Pegnitz  ,  dans  le  territoire  de  Nu- 
renberg ,  à  qu3fre  lieues  de  cetee  ville ,  vers  l'orient. 

2.  LAUFFEM,  félon  Baudrand,  g  os  bourg  d'Alle- 
magne dans  la  Suabe  ,  au  duché  de  Wurtenb^rg  ,  fur  le 
Ne:ker,  à  deux  lieues  au-de!ius  de  Hanoron. 

3.  LAUFFEN,  ville  de  SuifTe  ,  dans  Iafeigneurie  de 
Zwingen  ,  dans  l'évêché  de  Bafle.  (  ette  ville  eft  petite, 
fituée  dans  une  campagne  agréable  5c  fertile  ,  vers  l'en- 
droit où  deux  petites  nvieies. le  joignent,  ("avoir  la  Byrs 
Se  la  Lutzel.  Elle  dépend  de  la  (èigneune  de  L  nnien;, 
qui  eft  un  château  du  voifinage ,  &  ei'e  donne  "on  nom 
à  toute  la  vallée  d'alentour.  *  Etat  &  Délices  de  la. 
Sw.Jjé ,  t.  3  ,  p.  267. 

4.  LAUFFEN,  village  de  SuifTe ,  au  canton  de  Zu- 
rich, fur  la  rive  gauche  du  Rhin  ,  à  u.ie  hetite  Iteue  au- 
deffous  de  Schafhoule.  On  y  voit  la  mertfeil  eufè  cata- 
racte du  Rhin,  où  l'eau,  tombant  de  la  h  uiteir  de  qua- 
rante coudées,  fe  précipite  parmi  des  rochrrs,  a.ecun 
bruit  fi  étrange  ,  qu'on  l'entend  qu^lquefo  s  de  quatre 
lieues  loin  ,  dans  une  nuit  calme.  Il  y  a  ià  une  douane 
ou  haile,  de  l'autre  côté  de  la  rivière,  où  l'on  recha-ge 
fur  des  bateaux  les  marchandifes  q  l'on  amené  de  S-.iiaf- 
houlè  pa-  terre  *  Etat  &  Délices  de  laSuijJe,t.  2,0.32. 

LAUFFENBO'JRG  ,  ville  d'AHem.gie,  dans  la 
Suabe,  Se  l'une  des  quatre  villes  foreftieres,  fur  le  Rhin, 
enre  Bafle  Se  Schafhoule.  Le  Rhin  coupe  ce.re  ulicea 
deux  parties  presqu'égales,  qui  ont  communication  par 
un  pont  couvert  à  la  manière  de  buiffe.  La  plus  petite 
a  un  châ'eau  dans  l'endroit  le  plus  élevé  de  la  ville, 
auprès  duquel  il  y  a  une  large  rue  qui  descend  au  pontj 
d'où  Ton  peut  voir  la  chute  que  tait  le  Rhin  ,  un  peu 
au-deffous.  On  la  peut  voir  de  plus  près  ,  lorsqu'on  a 
pafTé  le  pont  ,  en  fe  promenant  le  long  d'un  quai ,  d'où 
l'on  va  au  lieu  où  font  les  machines  qui  fervent  à  re- 
tenir les  bateaux  qui  descendent  ou  qui  montent  ce  dan- 
gereux pas  qu'il  feroit  facile  d'applanir  ,  félon  ce  que 
difent  les  habitans  ,  fi  l'on  ne  craignoit  de  perdre  le 
profit  qu'on  tire  de  la  pêche  des  faumons  qui  ne  peu- 
vent franchir  le  pas  qu'avec  peine.  Ce  qu'il  y  a  déplus 
beau  dans  l'autre  partie  de  Lauffenbourg  ,  ce  font  deux 
églises  principales  ,  &C  une  place  à  laquelle  .nbouri'ïent 
deux  ou  trois  rues  tournoyantes  Se  mal  dispefées.  Cette 
ville  appartient  à  l'empereur,  comme  archiduc  d  Autri- 
che. Elle  fut  prii'een  1638,  par  le  duc  Bernard  de  Saxe- 
xVeymar. 

Cet  article  eft  de  Corneille  qui  l'a  tiré  des  Voyages 
de  Jouvin  de  Rochetort  ,  Se  de  la  Géojraphie  d'Au- 
di Iret.  Il  écrit  à  la  Françoife  L-jufembourg,  Se  Baudrand 
Ldiijfembzrg  ;  c'eft  une  faute  que  font  les  François  de 
mettre  une  m  devant  les  fyllabes  bourg  Se  berg  dans  les 
terminaifons  des  noms  propres.  Au  refte  on  dit  égale- 
ment Laufftnbourg  Se  Laufenberg ,  pour  lignifier  cette 
ville.  Faute  d'avoir  fu  cela  Corneille  trouvant  que  Guil- 
liman,  au  troifiéme  livre  de  Ion  Hiftoire,  c.  11,  a  parlé 
de  Laufenberg,  il  en  a  fait  un  nouvel  article  .  Se  a  cru 
que  c'etoit  une  ville  différente  de  Lauffenbourg ;  ce  qui 
eft  une  erreur. 

LAUGASA  ,  ou  Laustasa,  ville  d'Afie,  dans  la 
petite  Arménie  ,  dans  la  préfecture  Laviniane ,  ièloil 
Piolomée  ,  /.  s; ,  c.  7,  auprès  de  l'Euphrate. 

LAUGINGEN  ,  prononcez  Laughingue  ,  ville 
d'Allemagne,  en  Suabe,  au  duché  de  Neubourg,  fur  le 
Danube  ,  dans  les  états  de  l'électeur  Palatin.  On  la 
Tome  111,    Eeeee 


yyo  LA  v 

nomme  auffi  Lavingen.  Elle  étoit  anciennement  ville 
libre  &c  impériale  ;  mais  enfmte  elle  fut  otee  de  la  ma- 
tricule de  l'empire  ,  &  jointe  au  duché  de  Neubourg. 
Elle  a  un  oont  fur  le  Danube  ,  à  un  mille  d  Allemagne, 
au-deffus  de  Dillingen ,  &C  presqn'au  milieu  entre  Ulm 
&  Donawert ,  environ  à  cinq  milles  de  ces  deux  villes. 
*Baudrand,  éd.  170^.  .        .„    . 

LAVIACUM,  ville  d  Autriche,  aujourdhuiLaurxen, 
félon  Lazius. 

LAVICUM.  Voyez  LXbicum. 

LAVIGNAC,  place  de  France,  en  Languedoc,  pro- 
che de  Touloufe.  Elle  eft  fituée  à  côté  de  la  forêt  Ba- 
conne,  Se  confidérable  par  un  riche  monaftere  de  filles. 
*  Corn.  Dia.  Duchefne. 

LAVINASENA  ;  c'eft,  félon  Strabon  ,  une  des  cinq 
préfectures  ,  entre  lesquelles  la  Cappadoce  fut  partagée 
fous  Arc'nelaiis.  C'eft  fans  doute  la  même  contrée  qae 
la  préfecture  Laviniane  de  Ptolomée.  Voyez  ce  mot. 

LAVINCA  ou  Lavica  ;  c'eft  la  même  ville  que 
Laubach. 

LAVINGEN,  abbaye  de  religieufes, ordre  deCiteaux, 
dans  la  Suabe  ,  au  diocèfe  d'Augsbourg. 

LAVINIANA,  ou 

LAVINIANENSIS  ou  Lavianesina.  Ces  noms  fe 
trouvent  dans  les  divers  exemplaires  de  Ptolomée ,  /.  f , 
c.  7.  &  fignifient  une  contrée  ou  préfefture  de  la  petite 
Arménie ,  le  long  de  l'Euphrate.  Il  y  avoit 


LAU 


Corne  , 
Métita, 
Claudias 


;î 


fut  l'Euphrate. 


LAUMAGNE.  Voyez  LomagnE. 

LAUMELINE,  (la)  contrée  d'Italie  ,  au  duché  de 
Milan,  entre Pavie  &  Calai,  le  long  du  Pô,  qui  lafé- 
pare  en  deux  parties.  Mortare  &  Valence  en  font  les 
principaux  lieux.  Elle  prend  fon  nom  de  LAUMELLUM. 
Voyez  ce  mot. 

LAUMELLUM  ,  ville  d'Italie ,  dans  le  territoire  du 
peuple  Liblci  ou  Lebul ,  qui  faifoit  partie  de  Flnfubrie. 
Ptolomée  ,  /.  3  ,  c.  1  ,  donne  à  ce  peuple  deux  villes, 
favoir  Vercella  Sr.  Laumellum.  Les  anciens  Itinéraires 
en  font  mention  ;  celui  d'Antonin  met  Laumellum  fur 
la  route  de  Verceil  à  Lodi: 

à  Vercellls  Laudem ,  M.  P.  1XX.  Jîc. 


Laumdlum  , 

M. 

P.   XXV. 

Ticinum  , 

M. 

P.   XXII. 

Laudem  , 

M. 

P.  XXIII. 

Caparcelis ,      _  ï 

Dizoarra  ou  Zizoatra,  j 

Pafarne,  I 

Cizara  ,  'dans  les  terres  Se  a   quelque 

Sabagina,  diftance  du  fleuve. 

Nolaiéne, 

Laugafa, 

LAVINIUM.  Etienne  le  Géographe  écrit  haZliiav  , 
&  Appien  AaCouîne»  ;  vi!!e  d'Italie ,  dans  le  Latium  ,  à 
dix  milles  de  Rome ,  félon  Appien ,  ôe  à  huit  milles  de 
la  mer,  félon  Servius.  Elle  ne  devoir  pas  erre  loin  de 
Laurens  cajlrum  ou  Laurentum  ;  car  Tibulle  ,  qui  de- 
voit  bien  connoître  ces  lieux-là  ,  les  met  fous  un  feul 
coup  d'œil: 

Ante  oculos  Laurens  cajlrum,  murusqut  Lavlnl  eft. 

Quelques-uns  confondent  ces  deux  places  ;  la  Table  de 
Peutinger  les  met  à  fix  mille  pas  l'une  de  l'autre.  Enée 
trouva  Laurentum  bâti.  C'étoit  la  réfidence  du  roi,  dont 
il  époufa  la  fille  Lavinie.  Il  fonda  une  nouvelle  ville 
pour  les  Troyens  (a),  Se  la  nomma  Lavlnium,d\i  nom 
de  fa  femme.  Sous  fon  fils,  les  Laviniens  bâtirent  la  ville 
d'Albe,  qui  fut  la  réfidence  de  fes  descendais  jusqu'à 
la  fondation  de  Rome.  Quantité  de  gens  ont  confondu 
Lavinium  ôe  Lanuvium ;  lorsque  l'on  nediftingue  point 
les  v  des  u  ,  ces  deux  noms  fe  reffemblent  affez  pour 
s'y  tromper,  fur -tout  fi  les  lettres  font  mal  formées. 
Voyez  ce  qui  eft  remarqué  au  mot  Lanuvium. 
*(a)  Tite-Live,  1. 1,  c.  1  ;  Se  Farro  de  L.  L.  1. 4,  c.  32  ; 
&  de  Rerujl.  1.  2,  c;  4. 

LAVINIUS  ,  ou  Lavinus,  rivière;  c'eft  la  même 
que  le  Lavino. 

LAVINO,  (le)  petite  rivière  d'Italie ,  dans  l'état  de 
l'églife ,  au  Bolonois.  Elle  a  fa  fource  près^  de  Vergato , 
d'où,  coulant  au  feptentrion,  elle  paffe  à  Forcelli  ,  à 
fept  milles  de  Bologne ,  au  couchant  ;  de-là  elle  paffe 
au  village  de  Lavino,  avec  elle  fe  rend  dans  le  Réno  ; 
cette  rivière  eft  la  même  que  le  Labinius.  Voyez  fous 
ce  nom ,  ce  qui  regarde  le  partage  des  triumvirs. 

LAVIT,  petite  ville  de  France,  en  Gascogne,  au 
pays  de  Lomagne ,  d'où  vient  qu'on  l'appelle  auffi  La- 
va de  Lomagne.  Il  y  a  un  lieutenant  de  juge,  de  la  vicomte 
de  Lomagne. 

LAVIZARO,  bourg  ou  village  d'Italie  ,  au  Milanez, 
fur  la  Gogna,  dans  leNovarez,  à  deux  lieues  de  Novare, 
vers  le  midi.  Voyez  au  mot  Forum  l'article  FORUM 
Lebuorum. 


La  Table  de  Peutinger,  Segm.  2,  met  entre  deux  C«r 
lia,  à  treize  mille  pas  de  Verceil,  &  à  douze  mille  pas 
de  Laumellum.  Ce  lieu  Cutlœ,  aujourd'hui  Cozo  ,  eft 
nommé  ad  Coulas  ci-ms  l'Itinéraire  de  Jérufalem.  Lau- 
mellum s'y  trouve  placé  ainfi  : 

Mutatio,         AdCottias, 

M.infw,  Laumellum  j       M.  P.  XII, 

Mutatio,        Di  lis,  m.  p.  ix. 

Ce  n'eft  plus  préfenterr-int  qu'un  village  du  Milanez,  fur 
la  Gogna  ,  entre  Vi^evano  Se  Valence.  Il  donne  fon 
nom  a  la  Laun,  -. . 

LAUMONT,,  LoMONT,  ou,  félon  les  Allemands,  der 
BLw,  montagne  de  la  Suifie.  Elle  eft  bornée,  au  levant, 
par  la  Brife  qui  le  (ëpare  du  Jura  ;  tire  à  l'oueft  ;  Jaiffs 
LaufFon  fur  la  gauche  ;  paffe  par  le  château  de  Lands- 
kroon  ,  Ferette,  l'abbaye  de  Luxelles  ,  Sainte-Vifane, 
Cornaft.  Porentruy,  Roche-d'or ,  Veferoi ,  Blamont, 
Clermonr,  Sainte-Hypolite;  ou,  traverfant  le  Doux,  il 
s'étend  par  Châtillon  ,  Neufchâtel  en  Franche  -  Comté  , 
les  Porcnes  ,  les  grand  rk  petit  Crofey,  Montfaucon 
jusqu'à  Befançon  ,  Toraife  ,  Arban,  Quingey,  au-delà 
duquel ,  traverfant  la  forêt  de  Chaux ,  il  fe  termine  au 
confluent  de  la' Louve  &  du  Doux.  Son  étendue  de-là 
à  Pfernugen ,  peut  être  de  trente  à  trente-cinq  lieues  de 
France. 

On  peut  confidérer  comme  une  branche  du  Laumont, 
cette  chaîne  de  montagnes  moins  élevées ,  Se  la  plupart 
cultivées ,  qui  de  Beaumes-le-Nones ,  tire  ,  en  remon- 
tant le  Doux,  parClerval ,  l'Ifle  Châtelet ,  jusqu'à  Dam- 
pierre,  où,  ceflant  de  le  côtoyer,  elle  palîe  par  Mont- 
béillard,  Chantenoi  ,  Effer,  Challonvillers ,  Cravan- 
ches ,  Sec.  Se  va  enfin  fe  perdre  dans  les  montagnes  de 
Vosge ,  du  côté  de  Giromagny. 

Les  principales  rivières  qji  fortent  de  cette  montagne 
font  l'ifie,  la  Larg  &  la  Halle,' ou  l'Allaine. 

Le  Laumont  a  deux  paffages  ou  das  en  allemand, 
l'un  nommé  la  Pdlotte  ou  Plaw,  félon  le  langage  du 
pays,  qui  conduit  à  la  perite  ville  de  Lauffon  ou  Lauf- 
fen  en  allemand  ;  le  fécond  de  Cornau  ou  Cornaulb.  Il 
eft  éloigné  de  fept  heures  de  chemin  de  celui  de  la 
Pellotte.  *Copie  d'un  anden  Manuscrit  de  la  bibliothè- 
que de  M.  de  Corberon ,  premier  prijzdent  au  confeUfou- 
verain  d'Alface  ;  &  Notes  fur  ce  Manuscrit. 

LAUN  ou  Launu  ,  ville  royale  de  Bohême ,  allez 
près  de  PEgre.  On  ne  fait ,  ni  quand ,  ni  par  qui  elle 
a  été  bâtie.  Elle  eft-  dans  une  belle  plaine  qui  a  quel- 
ques éminences  en  certains  endroits.  La  rivière  d'Egre 
fournit  beaucoup  de  commodités  aux  habitans.  Le  terroir 
produit  du  fromenr,  Se  fur-tout  des  pommesrdont  on 
fait  cas  dans  toute  la  Bohême.  Outre  les  fruits,  il  y  a 
d'excellens  pâturages  aux  environs;  Sa  fituation  eft  d'au- 
tant plus  avan.rageufe,  que  Laun  eft  fur  la  route  de  Leipfik 
à  Prague.  L'éghfe  paroifhale,  la  maifon  de  ville  ,  Se  les 
greniers  publics*  méritent  d'être  vus.  *  Zeyler,  Bohême , 
Topogr.  p.  42. 

1.  LAUNAY,  Alnctum,  bourg  de  France,  dans  le 
Maine  ,  dans  l'élection  de  Laval. 

2.  LAUNAY, abbaye  d'hommes,  ordre  de  Citeaux, 


LAU 


LAU 


dans  le  Beauvoifïs  ,  à  une  lieue  de  celle  de  Beaupré , 
dans  le  doyenné  de  Montagne,  diocèfe  de  Beauvais. 

LAUNCESTON ,  ville  d'Angleterre  ,  au  pays  de 
Cornouailles.  On  la  nomme  auffi  Dunkivid,  félon  l'au- 
teur de  l'Etat  préfent  de  la  Gr.  Ere;agne,  t.  i,p.  fi,  où 
il  eft  dit  que  c'eft  une  bonne  ville,  à  cent  foixante 
&  dix  milles  de  Londres ,  fituée  près  du  Tamer,  qui  fé- 
pare  cette  province  de  celle  de  Devonshire.  Cambden 
dit  qu'elle  eft.  à  quelque  diftance  du  bord  de  cette  ri- 
vière , .  &  la  nomme  Lanfluphadon  ,  c'eft- à-dire  Saint- 
Etiennë  ,  Fanum  fanctl  Stephani,  Se  vulgairement 
Launjîon.  Il  la  traite  de  jolie  petite  ville,  oppidulum  ni- 
tidum.  Baudranda  rendu  cela  par  le  mot  de  bourg,  quoique 
ce  foit  la  capitale  de  la  province,  qu'il  y  ait  la  prifon 
publique  du  pays,  qu'on  y  tienne  fouvent  les  affiles,  Se 
quelle  envoie  un  député  au  parlement. 

LAUNOMAR1  MONASTERIUM  ,  nom  latin  de 
Moraitr- en-Perche ,  ou  Monùer-Saint-Lomer.  Voyez  au 
mot  Monstier. 

LAUNSTOUN.  Voyez  Latjnceston. 

LAURA,  en  françois  Laure  ;  les  folitaires  nommoient 
ainfi  dans  l'Orient  un  amas  de  cellules  d'anachorètes. 
Quelques  écrivains  eccléfiaftiques  confondent  ce  mot  avec 
celui  de  monaflere;  Se  on  en  peut  voir  une  foule  d'exem- 
ples ,  dont  Du-Cange  fournit  les  citations.  Cependant, 
comme  il  le  remarque  ,  il  y  avoit  une  vraie  différence 
entre  la  laure  &  le  monaftere.  Le  monaflere  étoit  oc- 
cupé par  des  moines  qui  vivoient  en  communauté  , 
fous  la  conduite  d'un  abbé  ,  &  menoient  la  vie  coeno- 
bitique  ;  la  laure,  au  contraire,  étoit  formée  de  cellules 
détachées  ,  dans  lesquelles  vivoient  des  folitaires  fépa- 
rés  les  uns  des  autres ,  quoique  fournis  à  un  même  abbé. 
S.  Cyrille  raconte  dans  la  Vie  de  S.  Euthyme,  num.  4^ 
&  48,  que  dans  la  laure  de  ce  faint ,  chaque  fohtaïre 
avoit  fa  cellule  à  part ,  &  que  ces  cellules  étoient  dis- 
perfées  dans  le  déièrt.  S.  Gérafime  éleva  un  monaflere 
au  milieu  de  la  laure,  afin  que  les  novices  fe  formaient 
dans  les  exercices  de  la  vie  monaftique  ;  Se  loisqu'ils 
avoient  atteint  le  degré  de  perfection  qu'on  exigeoit 
d'eux,  on  les  mettoit  dans  les  cellules  de  la  laure,  où 
ils  vivoient  en  reclus.  On  n'y  admettoit  que  les  moines 
d'un  âge  avancé  ,  &  on  en  excluoit  les  jeunes  sens.  Il  y 
a  parmi  nous  un  pareil  ulage  chez  les  Carmes  Déchauf- 
fés. Cet  ordre  a  des  lieux  qui  font  de  véritables  déferts  , 
où  l'on  ne  reçoit  que  ceux  qui  ont  fait  de  très  -  grands 
progrès  dans  la  pratique  de  la  vie  intérieure.  _ 

1.  LAURA  ,  bourgade  dans  le  territoire  de  Crotte. 
Tzetzès  en  parle  dans  fon  Commentaire  fur  LycopKron. 

2.  L'AURA ,  rue  de  la  ville  d'Alexandrie ,  en  Egypte, 
félon  Athénée,  /.  12,   c.  19. 

3.  LAURA,  rue  ou  quartier  de  la  ville  de  Samos, 
félon  le  même. 

4.  LAURA  ,  bourg  de  Portugal ,  dans  l'Alentéjo  ,  fur 
une  hauteur ,  dans  le  territoire  d'Èvora.  Du  tems  des 
Marres  c'étoit  une  ville  qui  étoit  appellée  Lavay  ou 
Lavar,  d'où,  par  corruption  ,  on  a  fait  Laura:  on  en 
voit  encore  les  ruines  près  du  couvent  de  S.  Michel. 
Le  bourg  eft  baigné  d'une  rivière  qui  rend  fertiles  les 
campagnes  d'alentour.  Le  roi  D.  Denys  l'avoit  peu- 
plée :  Lambert  de  Horques  ,  Allemand ,  établi  en  Por- 
tugal, s'engagea  à  augmenter  le  nombre  des  habitans; 
ck  D.  Jean  lui  donna  pour  récompenfe  le  fort  de  Lavar, 
près  de  Montemor ,  Se  un  terrein  de  dix  lieues  de  lon- 
gueur, fur  trois  de  large,  avec  exemption  de  tout  impôt, 
pendant  fefpace  de  vingt  années.  Le  fils  de  Lambert  de 
Horques  jouit,  comme  fon  père,  de  cette  feigneune,  ck 
du  gouvernemeut  de  Laure,  Se,  après  quelques  années- de 
poffeffion,  fe  démit  de  la  qualité  de  gouverneur  de  ce 
bourg,  en  faveur  du  roi  Edouard.  Les  comtes  ce  Santa. 
Cruz  en  font  aujourd'hui  feïgneurs.  *  Buheau  ,  Vocab. 
Portug. 

LAURAC  LE  GRAND,  bourg  de  France  ,  dans  le 
haut  Languedoc,  au  diocèfe  de  Mirepoix. 

LAURAGUAIS,  (le)  petite  contrée  de  France, 
dans  le  haut  Languedoc.  Il  a  pris  l'on  nom  de  Laurac , 
ck  fe  nomme  en  latin  Lauriacenfis  ager.  Ce  châ'eau  de 
Laurac  étoit  autrefois  une  place  confidérable  ,  Se  n'eft 
plus  rien  aujourd'hui.  Elle  appartenoit  aux  comtes  deCar- 
caffonne  ,  auffi-bien  que  Foix  ;  car  ce*  comtes  avoient 
une  partie  de  l'ancien  comté  ou  territoire  de  Tnuloufe  , 
fans  qu'on  fâche  comment  avoit  été  fait  le  partage  de  ce 


•71 


territoire,  à  canfe  de  la  grande  obfcurité  de  l'Hilbire, 
dans  les  dixième  &  onzième  fiéces.  Le  Lauraguais vint 
au  pouvoir  du  corn:e  de  Barcelone,  a\  ;c  Carca.l.-hne , 
dont  il  dépendait.  Alphoni'e ,  roi  d'Aragon,  &e  comte 
de  Barcelone,  do-inj,  en  1179,  le  château  de  Laurac  , 
&  tout  le  pays  de  Lauraguais,  à  Roger,  vicomte  de 
Béziers,  pour  le  tenir  de  lui  en  fief.  Depuis 'ce  tems-là, 
les  vicomtes  de  Léziers  ,  qui  étoient  suffi  viconves  de 
Carcaffonne  ,  abandonnèrent  leur  feigneurie  au  roi 
S.  Louis,  qui  obtint,  par  le  traité  de  l'an  1258,  la  ces- 
fion  des  droits  q;ie  les  rois  d'Aragon,  comte-  de  Bar- 
celone, avoient  fur  le  château  de  Laurac,  &  fur  le  Lau- 
raguais, qui  fut  enfuite  réuni  au  domaine  royal.  Il  n'en 
fut  féparé  que  l'an  1477,  par  Louis.XI,  qui  donna  le 
Lauraguais  à  Bertrand  de  la  Tour,  comte  d'Auvergne, 
pour  l'indemnifer  du  com-é  de  Boulogne  qu'il  avoit 
perdu.  Madelaine  déjà  tour,  petite-fi'ile  de  Bertrand, 
époufa  Laurent  de  Médicis.  Ils  eurent  une  fille  unique, 
Catherine  de  Médicis,  qui  fut  reine  de  Fraice.  Se  femme 
de  Henri  II.  Cette  reine  donna  entre-  'ifs  le  comté  de 
Lauraguais  à  Charles  de  Valois,  fils  nature!  de  Char- 
les IX  ;  mais  la  donation  fut  caffée ,  l'an  1606,  par  un 
arrêt  du  parlement,  qui  ajugea  le  comté  de  Lauraguais 
à  la  reine  Marguerite  ,  fille  de  Catherine  de  Médicis. 
La  même  année,  la  reine  Marguerite  donna  tous  fes  biens 
à  Louis  XLI ,  alors  Dauphin,  ainfi  le  Lauraguais  fut 
réuni  à  la  couronne.  *  Longuerue,  Defcr.  de  la  France, 
i.part.  p.  231. 

Le  Lauraguais  eft  fitué  à  l'orient  du  Touloufain  :  il  fe 
divifs  en  haut  Se  BAS.  Le  haut  Lauragutis  renferme 
le  diocèlè  de  Saint-Papoul  ,  ck  le  bas  Lauraguais  le 
diocèle  de  Lavaur.  Le  haut  Laurig  îais  eft  mêlé  de  plai- 
nes ck  de  montagnes:  on  y  recueille  du  bled  &  du  mil- 
let en  affez  grande  quantité.  Les  payfans  vendent  le 
bled  ,  ck  le  nourriffent  du  millet.  Le  bas  Lauraguais  eft; 
plus  uni,  ck  prodjit  d;s  grains  Se  des  vins.  Les  villes  les 
plus  confidérables  du  pays  font  : 

Caftelnaudari ,  capitale  du  haut  Lauraguais, 
Lavaur,  Revel , 

Pui-Laurens,  Saint-Papoul, 

Villepinte. 

LAUREACUM.  Voyez  Lauriacum.     ' 

LAURENS & 

LAURENTUM,  ancienne  ville  d'Italie,  dans  le 
Latium  ,  dont  elle  fut  quelque  tems  la  capitale ,  Se  la  ré- 
fidence  du  roi  Latinus.  Pomponius  Mêla,  /.  2 ,  c.  4",  la 
nomme  entre  Ardée  ck  Oftie.  Virgile,  JbZndd.  1.  7, 
v.  171 


dit; 


Tecîum  augujlum ,  ingens,  etntum  fublime  columnis , 
Vrhe  fuit  Jummâ ,  Laurentis  regia  Pici. 

Voilà  un  pakis  bien  magnifique  pour  un  petit  roi  de  ce 
tems-là.  Tibulle,  /.  2,  Èleg.  5,  dit  : 

Ante  oculos  Laurens  Caftrum   .murusque  Lavini  ejl. 

Lavinium  ck  Launns-C aftrum ,  ou  Laurentum  ,  ne  dé- 
voient pas  être  fort  loin  l'un  de  l'autre.  Il  falloit  que  ce 
lieu  fût  peu  de  chofe  fous  Trajan,  puisque  Pline,  Epifl.  \jt 
l.  2,  parlant  d'une  métairie  de  ce  quartier-là,  dit  qu'elle 
tiroit  ce  dont  elle  avoit  befoin  ,  non  de  Laurentum  , 
qui  étoit  fort  proche,  mais  de  la  colonie  d'Oftie.  Com- 
mode (a),  dans  un  tems  de  contagion  ,  fe  retira  à  Lau- 
rentum. Ce  lieu  prenoit  fon  nom ,  à  caufe  des  forêts  de 
lauriers  dont  ce  pays  étoit  couvert,  félon  Hérodien. 
Les  habitans  étoient  nommés  Lauréates  Q>)  ,  ck  le  ri- 
vage Larentinum  Litus  (c).  C'eft  dans  ce  petit  canton 
qu'étoit  la  belle  maifon  de  campagne  de  Pline ,  qui  en 
fait  une  description  fi  belle  Se  fi  détaillée ,  qu'un  railleur 
a  dit  qu'il  fembloit  qu'il  !a  voulût  vendre.  *  (a)  Hère-* 
dian.  1.  1 ,  c.  12.  (b)  Virg.  JEneïd.  paffim.  (c;  Martial. 
1.  10,  Epig.  37.^  . 

Cette  ville  a  été  episcopale.  Ptcrus  Laurenfis  fous- 
crivit  au  concile  tenu  à  Rome,  l'an  487.  On  appelle  au- 
jourd'hui cette  ville  San-Lorenzo.  Voyez  ce  mot,n°  z. 

LAURESSE,  bourg  de  France,  dans  le  Quercy,  au 
diocèfe  de  Cahors. 

1.  LAURETUM,  Voyez  Lorette. 

Tome  lll,    Eeeeç  ij 


LAU 


77z 

2.  LAURETUM.  Voyez  LoredO. 

LAURI,  petit  lieu  aux  environs  cl'Utrecht,  félon  les 
anciens  Itinéraires. 

i.  L.AUR'IA.  Voyez  Loria-Villa. 

1.  L-URIA,  ville  d'Italie  au  royaume  de  Naples , 
dans  la  Bafilicate,  afl.fud-eft  de  Lago-Negro.  Molet 
croit  quec'eftla  ville  d'Z/lci  dont  parle  Ptolomée. 

LAURIACENilS-AGER.  Voyez  Lauraguais. 

LAURIACUM,  ancien  lieu  du  Nonque.  Antonin  le 
met.  pour  l'extrémité  d'une  route,  à  vingt-fix  mille  pas 
d'Ovilabis.  11  en  eft  lait  auffi  mention  dans  la  Notice  de 
l'Empire.  Lazius  6k  Brufchius  croient  que  c'eft  Enfs 
en  Autriche.  Simler  croit  que  c'eft  Lonh. 

LAURI- COCHA,  (lac  de)  lac  de  l'Amérique 
méridiona'e  au  Pérou,  dans  l'audience  de  Lima;  latit- 
tude  méridionale  1 1  d. 

Ce  mot  de  Lauri-Cocha  eft  une  corruption  de  Yauri- 
Cocha,  qui,  dans  la  langue  des  Incas,  lignifie  lac  défi- 
gure d'aiguille.  Ce  lac  eft  devenu  fameux,  depuis  qu'on 
y  a  découvert  la  fouice  de  la  rivière  des  Amazones.  Le 
P.  Samuel  Fritz  ,  Jéfuite  Allemand  ,  en  fît  la  découverte 
en  1707.  *Voyez  Puviere  des  Amazones. 

LAURIOL,  ville  de  France,  en  Dauphiné,  près  de 
la  Drome,  à  demi -lieue  de  Livron  ,  à  une  lieue  du 
Rhône,  fur  la  gauche,  en  allant  vers  le  Creft ,  dont 
elle  eft  à  deux  lieues,  &k  ptesqu'à  moitié  chemin,  en- 
tre Valence  au  nord,  ckMontelimar  au  midi.  On  la  prend 
pour  l'ancienne  Batiana.  Voyez  ce  mot.  Corneille, 
qui  n'en  fait  qu'un  bourg,  ajoute  qu'il  feuffrit  beaucoup 
pendant  les  guerres  civiles  du  feiziéme  fiécle ,  ayant  été 
pris  &  repris  par  les  deux  pattis.  *  Baudrand.éà.  1705. 

LAURÏS,  Cafirum  de  Laureis ,  château  de  France, 
en  Provence,  au  département  d'Aix:  il  fut  érigé  en  ba- 
ronnie,  en  1551,  par  Henri  II,  en  faveur  de  François 
de  Peruffis. 

LAUK1SHAM ,  ou  LORSCH  ,  bourg  d' Allemagne,  au 
cercle  électoral  du  Rhin  ,  à  trois  lieues  de  Worms, 
dans  une  petite  ifle  formée  par  la  rivière  de  Welchnitz. 
Il  y  a  une  célèbre  abbaye.  Voyez  LoRSCH. 

1.  LAURIUM;  Apollonius,  Argonaut.  1.  4,  nomme 
âinfi  un  lieu  de  laScythie,  vers  les  bouches  du  Danube. 

2.  LAURIUM,  montagne  de  Grèce,  dans  l'Attique: 
il  y  avoit  des  mines  d'argent,  qai  apparrenoient  aux 
Athéniens,  félon  Thucydide,  /.  2.  Plr.tarque^ en  parle 
dans  la  Vie  de  Nicias,  6k  dans  celle  de  Thémiftocle. 
Paufanias  la  met  entre  le  promontoire  Sunium  6k  le  port 
du  Pyrée. 

3.  LAURIUM.  Voyez  Loria-Villa. 
LAURO,  ou  Lauron,  ancienne  ville  de  l'Espagne 

Tarragonnoife.  Ceft  où  les  troupes  de  Julius  Céfar  dé- 
firent celles  de  Sextus  Pompée ,  qui  y  périt.  Cette  ville 
eft  préfentement ,  ou  le  bourg  de  Lliria  ,  au  royaume  de 
Valence,  à  cinq  lieues  de  la  capitale,  félon  quelques- 
uns,  ou  Laurique,  qui  n'en  eft  pas  loin  ,  félon  Morales. 
* Front'w.  Plut,  in  fertor.  Applan.  Civ.  /.  I.  Orof.  I.  5. 
LAURONA,  Logrono  ,  ou  Legrono.  Voyez  Lo- 

GROGNE. 

LAUS,  rivière  &  petite  ville  d'Italie,  dans  la  Lu- 
came,  félon  Pline,  /.  3,  c.  s\  Strabon  la  nomme  de 
même  a  ~<t>  ,  6k  met  la  ville  6k  la  rivière.  Léandre  fe 
trompe,  quand  il  dit  que  Strabon  ,  /.  6,  />.  2.Ç3 ,  dit  Ta- 
laus.  Ortélius  a  cru  que  fon  erreur  venoit  d'avoir  confon- 
du ta ,  article  ,  avec  Laos.  Mais  Strabon  ne  met  point 
d'article  en  cet  endroit.  Léandre  dit  que  cette  rivière  eft 
préfentement  le  Cocco ,  Collénius  dit  le  Sapri,  6k  Niger 
le  Laino  ,  c'eft-à-dire  qu'on  ne  fait  aujourd'hui  quelle 
eft  cette  rivière.  Barri  dit  que  la  ville  eft  Scalea. 

D.  Mattheo  Egitio,  dans  fa  Lettre  à  l'abbé  Leng'et 
du  Fresnoy ,  prétend  que  le  fleuve  Laus  eft  aujourd  hui 
le  Sapri,  qui  borde  la  Lucanie  du  côté  de  la  mer  Tyr- 
rhénienne,  6k  que  le  Lausfinus  eft  le  golfe  de  Policaftro, 
qui  prenoit  ce  nom  du  fleuve  Laus. 

LAUS-POMPEIA  ,  nom  latin  de  Lodi. 
^  LAUSADUS  ,  ville  de  l'Ifaurie  ,  félon  la  Notice 
d'Hiéroclès  qui  la  met  fous  la  métropole  de  Séleucie. 
1.  LAUSANNE,  ville  deSuifle,  capitale  du  pays  de 
•  Vaud,  au*  canton  de  Berne,  avec  un  évêché  fuffra- 
gant  de  Befançon,  &  dont  l'évêque  réfide  maintenant  à 
Fribourg.  L'auteur  des  Délices  de  la  Suiffe,  /.  z,p.  253, 
en  parle  ainfi  :  Laufanne ,  connue  anciennement  fous  le 
nom  de  Laujonna,  6k  de  Laufunum,  eft  une  belle  6c 


LAU 


grande  ville ,  bâtie  à  demie-lieue  au-deffus  du  lac  ,  Se 
lkuée  fur  trois  collines,  qu'elle  occupe  entièrement,  avec 
les  vallons  qui  font  entre  deux;  tellement  que  quelques- 
uns  ont  comparé  fa  fituation  à  celle  de  Jérufalein.  Ces 
trois  collines  font  celle  de  la  cite  au  nord  ,  celle  de 
S. uni-François  &  du  bourg  au  midi ,  6k  celle  de  Saint- 
Laurent  à  l'occident.  Celle  de  la  cité  eft  terminée  à  Fo- 
rient  par  des  rochers  efearpés  ,  au  pied  desquels  coule 
l'un  des  deux  ruifleaux  qui  arrofent  la  ville  ;  &  l'on 
monte  du  bas  de  la  ville  au  quartier  d'en-haut,  d'un 
côté ,  par  des  degrés  taillés  dans  le  roc ,  6k  de  l'autre 
par  des  degérs  de  bois ,  ck  couverts. 

Dans  le  quartier  de  la  cité,  le  plus  élevé,  on  voit 
trois  édifices,  qui  méritent  particulièrement  d'être  re- 
marqués ;  le  château,  ^académie  ou  le  collège,  &  !e  gr.:nâ 
temp  e.  Le  châ'.eau  eft  à  l'extrémité  !a  plus  élevée  de 
la  ville:  c'eft  un  bâtiment  carré,  conftruit  à  l'aurque, 
de  pierres  de  tailie,  excepté  le  deffils  qui  eft  de  brique, 
avec  des  murailles  épailfes  de  plus  de  fi*  pieds,  envi- 
ronné de  foflés  fecs ,  fort  profonds,  du  côté  de  l'en- 
trée ,  6k  couronné  de  quatre  tournelles.  C'eft-là  que 
réfidoient  autrefois  les  évêques ,  6k  c'eft  maintenant  la 
réfidence  des  baillifs. 

_  Au-deffous  du  château  eft  le  collège,  bâti  de  belles 
pierres  de  taille,  compofé  de  clafies  pour  les  écoliers,  Se 
d'auditoires  pour  les  étudians ,  avec  une  belle  6k  grande 
place  au-devant ,  fermée  de  murailles.  Les  Bernois  y  en- 
tretiennent ordinairement  fix  protrffeurs,  èk  autant  de  ré- 
gens,  pour  l'inftruftion  de  la  jeuneffe  qui  fe  deftine  au  mi- 
n.ftère.  Ils  la  fondèrent,  l'an  1537;  on  er.feignoit  aupar- 
avant dans  le  château  deMenthon,qui  eft  à  l'autre  bout  de 
la  cité;  mais  ce  château  ayant  été  brûle  6k  confumé  tout' 
entier ,  à  la  réferve  de  deux  tours  qu'on  y  voit  en- 
core, les  Bernois  firent  bâtir  le  collège,  l'an  1587,  en 
1  état  où  il  eft.  Cette  académie  a  été  célèbre  dès  (es 
commencernens  ,  ck  l'on  y  a  vu  de  grands  hommes , 
comme  Pierre  Viret ,  l'un  des  réformateurs  ;  Théodore 
de  Beze;  François  Hottoman,  Cœlius  Secundus  Cutio  , 
jEmilius  Portus ,  Grec,  natif  de  Candie;  Guillaume 
Bucanus,  Marc  de  Sauffure,  Gabriel  de  Petra;  6k,  entre 
les  modernes ,  feu  Elle  Merlat ,  qui ,  chaffé  par  la  per- 
fécution  ,  fe  réfugia  à  Laufanne,  l'an  1682,  ck  y  mou- 
rut au  mois  de  Novembre  1705.  C'eft  dans  Laufanne  que 
Théodore  de  Beze  a  fait  la  traduction  des  Pfeaumes  en 
vers  françois ,  qui  fut  fi  bien  reçue  de  toutes  les  églifes 
fnmçoifes  proteftantes,  que  d'abord  on  la  mit  en  mufi- 
qué*;  6k  on  l'introduifit  par-tout  dans  le  fervice  public, 
avec  celle  de  Clément  Marot,  qui  avoit  traduit  cin- 
quante Pfeaumes  avant  lui.  Depuis  l'an  171 1  ,  les  fei- 
gneurs  de  Berne  ont  établi  à  Laufanne  un  profeffeur  en 
droit;  pour  ce  fujet ,  ils  firent  venir  de  Berlin  M.  Bar- 
beyrac ,  qui  eft  connu  dans  la  république  des  lettres 
par  divers  ouvrages  importans,  &  qui,  en  1717,  quitta 
Laufanne  pour  Groningue. 

Le  grand  temple,  appelle  de  Notre-Dame,  eft  à  l'ex- 
trémité de  la  cité.  Il  fut  fondé  dans  le  onzième  fiécle, 
par  un  évêque  nommé  Henri;  mais  il  ne  fut  achevé  qu'an 
bout  de  deux  cents  ans:  auffi  faut-il  avouer qu'iljeft  ma- 
gnifique ,  fort  grand  6k  fort  fpacieux  ;  il  eft  terminé  par 
une  très-belle  voûte,  d'une  hauteur  furprenante,  6k  fou- 
tenu  tout  le  long  de  la  nef,  par  deux  rangs  de  colomnes, 
de  toutes  tailles ,  fort  hautes  ,  6k  dont  les  petites  font 
toutes  d'une  pièce.  On  y  en  compte  deux  cents  foixante 
6k  douze.  Il  eft  conftruit  en  forme  de  croix,  comme  le 
.font  tous  les  temples  anciens.  Le  choeur  eft  féparé  de  la 
nef  par  une  belle  galerie ,  foutenue  d'une  rangée  d'onze 
colomnes  de  marbre  noir,  du  côté  de  la  nef;  6k  tout 
près  de-là  dans  la  nef,  il  y  a  deux  grandes  tables  de 
beau  marbre  noir,  qui  fervent  pour  l'adminiftration  de 
la  cène.  Il  y  a  grande  quantité  de  tombeaux  avec  des 
épitaphes,  tant  dans  la  nef  que  dans  le  chœur;  elles 
ne  font  ni  fott  anciennes,  ni  conlidérables  par  quelque 
fingularité.  Le  chœur  étoit  magnifique  du  tems  des  Ca- 
tholiques ;  mais  on  y  a  tout  renverfé.  On  y  voit  encore 
les  lièges  des  chanoines ,  diverfes  ftatues  d'évêques 
couchées  fur  leurs  tombeaux,  mais  fans  infeription,  6k, 
dans  une  chapelle ,  la  figure  d'un  chevalier  de  la  maifon 
de  Granfon ,  en  marbre  blanc,  couché,  6k  eh  habit  mili- 
taire. Il  y  a  diverfes  perfonnes  illuftres  enfevelies  dans 
ce  chœur,  entr'autres,  le  duc  Charles  de  Schomberg,  qui 
fut  tué  ent,Piémont,  l'an  1693. 


LAU 


On  entre  dans  ce  temple  par  trois  portes  ,  deux  gran- 
des Se  une  petite  ;  Tune  des  grandes  a  un  joli  poruque 
orné  de  colomnes  tort  hautes,  toutes  d'une  pièce,  Se  les 
ftatues  des  douze  apôtres  ,  avec  la  fainte  Vierge  au  mi- 
lieu: l'autre  porte  a  aufli  un  magnifique  portail,  orné 
dune  infinité  de  petites  figures  en  relief,  qui  repréfen- 
tent  diverfes  hiftoires  ,  Se  de  quelques  ftatues  de  gran- 
deur naturelle;  mais  comme  ce  portail  eft  exppfé  au  vent 
&  à  la  pluie,  ces  figures  font  fort  endommagées.  Ce 
temple  eft  terminé  dans  fa  longueur  par  deux  tours  , 
doni  la  plus  grande  fert  de  clocher.  Elles  étoient  cou- 
ronnées l'une  Se  l'autre  d'une  flèche;  mais,  l'an  1672, 
le  feu  du  ciel  tomba  fur  celle  du  clocher,  Se  le  confuma 
entièrement. 

Ce  temple  étoit  l'églife  cathédrale  ;  il  y  avoit  un  col- 
lège de  (Ihanoines ,  qui  dévoient  tous  être  nobles,  ou 
docteurs  gradués.  Il  étoit  dédié ,  fous  l'invocation  de 
Notre-Dame.  On  y  alloit  en  pèlerinage  ;  Se  tous  les  fept 
ans  il  y  avoir  indulgence,  pléniere.  Il  y  avoit  hait  autres 
églifes  à  Laufanne  ;  la  collégiale  de  Sainte-Marie  ,  près 
du  château,  où  il  y  avoit  un  collège  de  chanoines,  cinq 
paroifTes,  &  deuxeouvens,  l'un  de  Cordeliers,  &  l'au- 
tre de  Dominicains.  Aujourd'hui  la  plupart  de  ces  égli- 
fes font  démolies  ;  mais  on  a  confervé  celle  des  Corde- 
liers, qui  porte  le  nom  de  S.  François,  pour  l'ufage  de 
la  partie  iniéiieure  de  la  ville.  Cette  églilè  eft  belle  Se 
fpacieufe  ;  mais  il  n'y  a  rien  de  bien  fingulier  dans  fa 
flruclure. 

Pour  revenir  au  quartier  de  la  cité ,  il  eft  terminé  à 
l'occident ,  Se  tout  joignant  le  grand  temple ,  par  une 
jolie  terrafte,  bordée  d'une  muraille  à  hauteur"  d'appui , 
où  l'on  a  la  vue  fur  tout  le  refte  de  la  ville. 

Dans  le  quartier  d'en-bas ,  il  n'y  a  d'édifice  considé- 
rable que  l'hôtel  de  ville  ,  foit  pour  fa  fituation  qui  eft 
le  plus  bel  endroit  de  Laufanne ,  foit  pour  fa  ftruâure. 
Toute  la  partie  inférieure  eft  voûtée:  le  portail  eft  orné 
de  deux  colomnes  de  marbre  jaspé  ,  Se  le  toit  furmonté 
d'une  petite  tour  avec  une  horloge ,  qui  fonne  les  heures, 
les  demi-heures  ,  Se  les  quarts  d'heures  ,  qui  eft  l'uni- 
que dans  tout  le  canton  ,  excepté  une  qtaî  eft  à  Berne  , 
au  milieu  de  la  ville.  Près  de  cet  hôtel,  &  dans  la 
même  rue  ,  il  y  a  une  grande  fontaine  à  quatre  tuyaux , 
dont  l"un  jette  de  l'eau  très-bonne  à  boire;  mais  qui  a 
cette  qualité  iînguliere,  qu'elle  ne  vaut  rien  pour  cuire 
les  légumes. 

L'eau  des  autres  tuyaux  n'a  rien  de  femblable.  Cela 
vient  de  ce  que  les  eaux  de  la  fontaine  viennent  de  deux 
fourecs  différentes,  Se  fe  portent  auxtuyaux,  fans  fe  mêler. 

Laufanne  a  été  autrefois  ville  épiscopale,  Se  jouit  de 
plufieurs  :ranchi!ès.  Le  baillif  ne  commande  point  fur  la 
ville  :  la  junsdiftion  qu'il  y  a,  ne  comprend  que  l'aca- 
démie, Se  les  étudians.  Lorsque  les  Bernois  chafTerent 
le  dernier  évêque,  Se  le  dépouillèrent,  ils  biffèrent  aux 
Laufannois  'a  haute,moyenne&c  baffe  juridiction  fur  leur 
ville  6c  fa  banlieue  ;  8c  ils  leur  donnèrent  encore  toutes 
les  églifes  paroiffiales,  &C  les  deux  couvens  qui  étoient  hors 
de  la  ville,  S.  Sulpy ,  Montheron  Se  Belles-Vaux ;  le 
tout,  fous  cette  condition,  qu'une  partie  de  fes  rentes  fer- 
viroit  à  l'entretien  des  miniftres  de  la  ville;  amfi  les 
Laulannois  ont  leur  cbnfeil  des  Deux-Cents,  avec  un  chef 
qu'ils  choififfent  d'entr'eux ,  Se  qu'on  nomme  bourg- 
n^Jlre ;  un  confeil  de  foixante,  tiré  de  celui-là;  &  un  au- 
tre de  vingt-huit ,  qui  s'afTemble  fréquemment ,  Se  traite 
les  affaires  qui  fe  prélenfent  à  l'ordinaire.  Ils  établiiïènt 
deux  châtelains  pour  adminiftrer  la  juftice  dans  les  deux 
jurisdiftions  qu'ils  ont  hors  de  la  ville,  Momheron  Se 
S.  Sulpy.  La  connoiftance  des  affaires  criminelles  appar- 
tient à  un  feul  quartier  de  la  ville ,  qu'on  appelle  le  bourg, 
par  une  conceffion  de  l'empereur  Sigismond.  Quand  on 
a  quelque  mal-faiteur  à  juger ,  on  eft  obligé  de  prendre 
des  ji'ges  de  ce  quartier.  Le  baillif  n'a  jurisdiftion  pro- 
prement que  fur  les  quatre  paroifTes  de  la  Vaux. 

Le  pays  autour  de  Laufanne,  eft,  comme  le  terrein  de 
la  ville,  inégal  &c  montueux.  Il  va  s'élevant  d'une  pente 
afièz  rude  jusqu'au  bois  du  Jorat,  qui  eft  à  une  bonne 
lieu  au-defTus  de  Laufanne:  mais  en  récompenfe  on  y  a 
une  vue  enchantée  ,  fur-tout  à  la  hauteur ,  qui  eft  à  l'itTue 
du  Jorat ,  Se  à  celle  du  bois  de  Sauvabelin ,  où  eft  le 
lignai,  à  un  quart  de  lieue  au-defTus  de  Laufanne  ;  car  de 
ces  deux  endroits,  la  vue  s'étend  fur  la  ville,  le  lac  ,  la 
Savoye,  jusqu'à  Genève,  n'étant  bornée  que  par  les 


LAU  775 

Alpes,  Se  le  grand  mont  Jura.  Le  territoire  de  Laufanne 
eft  un  pays  de  vignes ,  de  champs  Se  de  fruits  ;  mais  les 
vignes  ne  font  qu'au- deftous  de  la  ville.  A  demi-lieue  dé 
Laufanne,  il  y  a  dans  le  territoire  d'un  hameau  nommé 
BÉMONT,  une  colline  d'où  l'on  tire  depuis  quatre  à  cinq 
ans,  du  charbon  de  pierre  qui,  par  l'épreuve  qu'on  en  a 
faite  ,  fe  trouve  être  de  fort  bon  ufage. 

Laufanne  a  été  honorée,  dans  le  quinzième  fîécle,  de 
la  tenue  d"un  concile  ;  les  pères  de  celui  de  Bade  ayant 
quitté  cette  dernière  ville ,  l'an  1449  >  allèrent  tenir 
leurs  féances  à  Laufanne.  On  y  en  tint  cinq  ;  Se  le  pape 
Félix  V  y  réfigna  fa  dignité  papile,  Se  la  céda  a  Ni- 
colas; Se  par- là  le  fchisme  fut  éteint,  à  caufe  de  quoi 
l'on  fit  ce  chronographe: 

LVXfVLXIt  MVnio  FeLIX  Cejflt  NICOLAO. 

Ce  qui  fait  1449.  °n  n'a  point  fait  attention  au  D  qui 
vaut  CCCCC.  Ce  pri.ice  fe  retira  au  couvent  de  Ripaille 
qu'il  avoir  fait  bâtir  auparavant  dans  le  Chablais,  au  bord 
du  lac;  Se  il  y  mourut,  l'an  1451.  On  voit  dans  la  bi- 
bliothèque de  l'académie  de  Laufanne  un  volume  ma- 
nuscrit des  aftes  de  ce  concile.  Le  bailliage  de  Laufanne 
eft  le  plus  grand  de  tous  ceux  du  pays  de  Vaud.  II  a 
cinq  lieues  de  long,  depuis  le  pont  de  la  Vévayfe,  jusqu'à 
celui  de  la  Vénoge;  Se  la  moitié  autant  de  large,  depuis 
le  port  de  Laufanne  jusqu'au  milieu  du  bois  du  Jorat.  Il 
comprend  les  terres  qui  étoient  autrefois  une  partie  du 
temporel  des  évêques  de  Laufanne ,  &  du  chaoitre.  J'a- 
jouterai à  ces  remarques  quelques  faits  que  fournit  le 
dofte  abbé  de  Longuerue.  Descript.  de  la  France,  part.  2 
p.  264.  Il  eft  fait  mention  de  Laufanne  dans  les  anciens 
Itinéraires;  dans  celui  d'Antonin  enrre  la  colonie  Eques- 
tre, qui  eft  Noyon  Se  Urba,  aujourd'hui  Orbe.  On  voit 
Lacus-Laufonius ,  ou  Lacus-L  ;ufone.  Cela  fait  voir  que 
le  lac  Léman  a  porté  le  nom  deZ,  lufanne ,  avant  que  de 
prendre  celui  de  Genève.  Laufanne  a  eu  le;  mêmes  révo- 
lutions Se  les  mêmes  feigneur;  que  le  pays  de  Vaud.  jus- 
qu'à lamort  de  Berchtold  V,  duc  de  Zéringen.  Elle 
étoit  déjà  franche  Se  libre  ;  après  quoi,  Tévêque  de  L  ,u- 
fanne  fut  prince  de  fa  ville,  mais  non  pas  abfolu,  à  caufe 
des  privilèges  des  habitans. 

Guillaume  de  Challand,  évêque  de  Laufanne,  y  fit 
bâtirunchâteau,fousl'empiredeSigismond,versl'an  1420; 
Se  les  différends  augmentèrent  dans  la  fuite.  Charles  II 
duc  de  Savoye,  étant  au  pays  de  Vaud,  fut  choifl  arbitre 
par  Tévêque  Engel^  Se  les  bourgeois ,  l'an  1  f  1 6.  Le  duc 
profitant  de  l'occafion ,  décida  le  différend  comme  s'il 
avoit  été  le  fouverain  des  parties  ,  qui  s'en  choquèrent, 
Se  ne  vou'urent  ni  aquiescer  à  ce  jugement  ,  ni  recon- 
noître  l'autorité  du  duc ,  Se  firent  alliance  avec  les  can- 
tons. 

Sébaftkn  de  Montfaucon,  qui  fuccéda  à  Tévêque  En- 
gel  ,  trouva  fa  ruine  dans  cet'e  alliance;  car  les  Bernois 
ayant  conquis  fur  le  duc  le  pays  de  Vaud,  fe  rendirent 
maîtres  ablolus  de  Laufanne .  où  ils  abolirent  Texcercice 
de  la  religion  Catholique,  en  bannifTant  les  prêtres,  les 
religieux  Se  le  chapitre.  Ils  donnèrent  à  leur  baillif  les 
revenus  de  la  manfe  épiscopale  ,  Se  ceux  de  la  manfe. 
du  chapitre,  au  collège  qu'ils  établirent ,  Se  que  Ton 
nomme  académie. 

L'évêque  Sébaftien  fe  rerira  à  Fribourg,  où  il  fut  con- 
traint de  fe  contenter  du  vain  titre  d'évêque  de  Laufanne 
Se  de  prince  de  l'empire  ,  n'ayant  pour  vivre  que  ce  qu'il 
recevoir  deSavoye.Ses  fucceffeurs  qui  prennent  toujours 
les  mêmes  titres,  font  nommés  par  les  ducs  de  Savoye 
qui  poùvo.ent  à  leur  fubiîftance.  L'églife  cathédrale 
fut  dédiée  par  le  pape  Grégoire  X,  Tan  1275,  en  pré* 
Cerxe  de  l'empereur  Rodolphe  de  Hapsbourg. 

Le  liège  épiscopal  de  Laufanne  eft  préfentement  aboli. 
Il  y  avoit  été  établi  au  commencement  du  feptiéme 
fiécle,  par  Tévêque  Marius,  appelle  vulgairement  S.  Maire. 
après  la  deftruftion  d'Avanches ,  Avtnticum,  où  cefiege 
étoit  auparavant. 

2.  LAUSANNE,  ville  de  Moldavie,  entre  la  Prut 
Se  le  Niefter,  entre  Jaffi,  Hus  Se  Raskov,  félon  De 
l'Ifle  ,    Hongrie. 

LAUSERTE,  ville  de  France,  dans  le  Querci.  Elle 
eft  bâtie  fur  un  rocher,  à  fîx  lieues  deCaJiors,  aux  front 
tieres  de  Querci ,  vers  l'Agénois. 
LAUSNITZ.  Voyez  Lvsaçe. 


LAW 


77\ 

LAUSTASA.  Voyez  Laugasa. 

LAUSUN,  ville  de  France,  dans  l'Agénois,  avec 
titre  de  duché. 

LAUTADE,  bois  de  Fiance,  en  Languedoc,  dans 
le  d;rrrift  de  Saint-Pons. 

LAUTEMBACH,  dans  la  haute  Alface,  diocèfe  de 
Strasbourg.  Il  y  a  un  chapitre  compofé  d'un  prévôt, 
d'un  doyen  &  de  douze  chanoines.  Quelques-uns  des 
canonicats  valent  jusqu'à  800  livres.  Ce  chapitre  dé- 
penâoit  autetbis  immédiatement  du  fa;nt  fiége  ;  mais 
il  s'eft  volontairement  fournis  à  l'évêque  de  Strasbourg, 
&  lui  paye  100  livres  pour  le  droit  de  fa  protection. 

LAUTENTHAL.  Voyez  Lauthenthal. 

1.  LAUTER,  (la)  petite  rivière  d'Allemagne,  dans  le 
Palatinat.  Quelques-uns  l'appellent  la  Loutre  ;  on  écrit 
Lauter,  &  on  prononce  Lautre.  Elle  a  (a  fource  au  bailliage 
de  Keyferslauter,  auprès  de  la  fortereffe  de  ce  nom  ;  de-là, 
ferpentant  vers  le  nord,  &,  fe  groffiffant  de  beaucoup 
de  ruiffeaux,  elle  coule  à  Wolffftein  rk  à  Lautreck,  où 
elle  fe  perd  dans  la  rivière  de  Glann ,  avec  laquelle  elle 
paffe  à  Meifenlieim  ,  &£  fe  jette  enfin  dans  la  Nave. 

2.  LAUTER,  (la)  rivière  de  la  baiïe  Alface.  Elle 
tire  fa  fource  des  montagnes  de  Lorraine ,  d'où  débou- 
chant par  la  gorge  de  Lhann  ,  elle  paffe  par  Kronn- 
WeiiTenbourg,  traverlé  le  Bévald  ou  Bienvald,  &  tombe 
dans  le  Rhin,  vers  Lauterbourg,  à  neuf  ou  dix  lieues  de  fa 
fource.  Son  cours  dirigé  au  levant,  décline  un  peu  au  fud. 
*Suplement  au  Manujcrit  de  la  Bibliothèque  de  JV£  de 
Corberon,  premier  prèjident  au  con/eilfouverain  d' Alface. 

3.  LAUTER,  (LE)  rivière  d'Allemagne,  dans  le 
duché  de 'Wirtemberg  ;  elle  coule  àOven,  au  pied  delà 
montagne  fur  laquelle  eft  le  château  de  Leck  ;  de-là  elle 
va  arrofer  la  ville  de  Kircheim  ,  &  va  fe  joindre  au 
Necker.  *  David  ,  duché  de  Wirtemberg,  Robert  de 
Vaugondy  ,  Atlas. 

LAUTERBERG,  ancienne  abbaye  d'Allemagne,  dans 
le  duché  de  Magdebourg  ,  fur  une  montagne,  à  quatre 
lieues  au  nord-eft  de  Hall.  Le  monaftere  a  été  détruit  ; 
mais  dans  l'églife  ,  qui  a  été  confervée ,  on  voit  le  tom- 
beau de  plufieurs  Marquis  de  Misnie,  qui  y  avoient  leur 
fepulture.  Cette  abbaye  a  été  fécularifée  ,  l'an  1 540. 

LAUTERBOURG  (a),  petite  ville  d'Allemagne, 
dans  les  états  de  l'évêque  de  Spire.  Elle  eft  pré- 
fentement  à  la  France  6c  eft  comptée  entre  les  villes 
de  la  baffe  Alface  (b).  Elle  eft  fur  la  rive  méridio- 
dionale  de  la  Lauter,  à  environ  mille  pas  géométriques 
de  diftance  du  Rhin,  qui  fait  plufieurs  ifles  en  cet  en- 
droit, en  fe  divifant  en  plufieurs  branches".  *  (  a)  Hubner, 
Géogr.  p.  457.   (b)  Robert  de  Vaugondy,  Atlas. 

LAUTHENTHAL,  petite  ville  d'Allemagne  ,  dans 
le  Hartz  &  dans  les  états  de  la  maifon  de  Brunswig. 
C'eft  une  des  quatre  villes  des  montagnes  Berg-Stadte , 
que  les  branches  de  Brunsvig  Se  d'Hanover  poffedent 
en  commun  ,  félon  Hubner ,  Géogr.  p.  518. 

LAUTREC  ,  place  de  France  ,  d:ms  le  haut  Langue- 
doc, &  dans  l'Albigeois ,  fur  une  haute  montagne,  avec 
un  vieux  château  ruiné,  dans  le  Caftrez,  à  deux  lieues 
de  Caftres,  vers  le  feptentrion.  Elle  a  le  titre  de  vi- 
comte que  tenoit  autrefois  Odon  de  Foix ,  général  d'ar- 
mée, fi  célèbre  fous  le  nom  de  Lautrec ,  fous  le  régne 
de  François  I.    *  Baudrand.  édit.  1705. 

LAUTRECK ,  ou  Lautereck  ,  fortereffe  &  bail- 
liage d'Allemagne,  dans  l'état  de  la  maifon  Palatine, 
au  partage  de  la  branche  de  "Wéldens ,  aux  confins  du 
duché  de  Deux-Ponts,  au  confluent  de  la  Lauter,  avec  la 
rivière  de  Glann. 

1.  LA.UTUL.rE,  lieu  d'Italie,  auprès  d'Anxur  ,  félon 
Tite-Live,  /.  7,  qui  dit  que  les  Romains  y  combatirent 
Couvent  contre  les  Samnites. 

Le  même  auteur,  /.  9,  nomme  de  même  un  lieu 
qu'il  place  chez  les  Samnites,  &  que  Diodore ,  /.  19, 
appelle  Lauflolce ,  Axnrtxa.  Q.  Catulus,  conful;  & 
Q.-fElius,  meftre  de  cavalerie,  perdirent  la  bataille  con- 
tre les  Samnites. 

2.  LAUTULjE  ;  Feftus  appelle  ainfi  un  lieu  hors  de 
Rome  ,  où  il  couloit  une  eau  qui  fervoit  à  laver. 

1.  LAVENBOURG,  petite  ville  d'Allemagne,  dans 
la  Poméranie  ultérieure ,  dans  les  états  de  l'éleâeur  de 
Brandebourg.  Elle  eft  le  chef-lieu  d'une  feigneurie  de 
même  nom. 

a.  LAWENBOURG,  Tille  d'Allemagne,  dans  le 


LâY 


cercle  de  baffe  Saxe,  dans  un  duché  particulier  auquel 
elle  donne  fon  nom.  Elle  eft  fituée  fur  la  rive  droite  de 
l'Elbe,  vers  le  lj3e  d.  js/  de  latitude;  elle  eft  dans  la 
vallée,  &c  a  un  château  fur  la  hauteur.  Elle  prend  fon 
nom  de  fon  fondateur  Henri  le  Lion,  Heinrich  der  Law{; 
&  ce  nom  veut  dire  Vàville  du  Lion:  le  prince  furnommé 
de  même,  enleva  ce  canton  aux  Wendes;  après  lui,  Ber- 
nard, duc  de  Saxe,  de  la  maifon  d'Anhalt,  pofféda  cette 
ville,  &  de  fa  poftéiité  fe  forma  une  nouvelle  branche 
de  la  maifon  d'Anhalt-Saxe  ,  qui  en  prit  le  nom  de  Saxe- 
Lawenbourg.  Lawenbourg  eft  à  deux  milles  de  Lu- 
nebourg,  à  fix  de  Hambourg,  &  allez  bien  placée  pour 
le  commerce,  à  caute  du  cours  de  l'Elbe,  fi  Hambourg 
n'attiroit  pas  à  foi  tout  le  trafic  du  pays  citeonvoifin.  • 
Cette  ville  à  été  Couvent  affiégée  &  prilè  durant  les  lon- 
gues guerres  d'Allemagne.  Elle  appartient  préfentement 
au  roi  d'Angleterre,  élefteur  d'Hanover,  en  qualité  d'hé- 
ritier du  duc  de  Zell ,  fon  beau-pere,  qui  la  ténoit  en 
fequeftre  depuis  lextinftion  de  la  branche  de  Saxe- 
Lawenbourg.  Voyez  Saxe-Lawenbotjkg. 

LAWERS,  Lavica , petite  rivière  des  Provinces-Unies 
des  Pays-bas.  Elle  fépare  la  province  de  Frife  de  celle  de 
Gromngue;  traverfe  le  canal  de  Groningue  à  Dokum, 
&  (e  va  perdre  dans  un  .petit  golfe  à  l'extrémiré  de  ces 
deux  provinces.  Cette  rivière  a  été  nommée  aufli  La- 
BEKE,  6k  adonné  lieu  à  une  divifionde  la  Frife  que  l'on 
partageoit  ainfi.  La  Frife  entre  le  Flévus  &C  le  Labecke  , 
inter  Flevum  &  Labicam ,  c'eft  ce  qui  eft  au  couchant 
du  Lawers  &  la  Frife,  entre  le  Labeke  &  l'Ems ,  inter 
Lavicam  &  Emefam  ;  c'eft  ce  qui  eft  au  levant  du  Lawers 
jusqu'à  l'Ems.  C'eft  a'mfi  que  l'explique  le  dofte  Alting, 
dans  fes  Cartes  où  il  nomme  cette  dernière,  Frife,  Frifia 
Circaria. 

LAUZADUS,  Aal/ÇJV;  ville.de  Cilicie,  félon  Or- 
télius ,   Thefaur.  qui  cite  Porphyrogenete. 

LAWINGTON,  bourg  d'Angleterre,  dans  la  pro- 
vince de   Wilts.    Il  a  droit  de    tenir   marché    public. 

*  Etat  préjent  de  la  Gr.  Bretagne,  t.  I. 

LAXENBOURG,  petite  ville  d'Allemagne,  en  Au- 
triche, fur  la  petite  rivière  de  Schwecha,  à  quatre  lieues 
deVienne.  Elle  tft  remarquable  par  un  château  où  l'em- 
pereur va  fouvent  fe  déiarler.  *Baudr.  édit.  1705. 

LAXI,  bourg  d'Angleterre,  dans  l'ifle  de  Man.  Il  eft 
fitué  fur  la  côte  orientale ,  ainfi  que  Ramfey  fk  Douglas. 

*  Robert  de  Vaugondy ,  Atlas. 

LAXIENS  ,  peuple  Sarmate ,  félon  Hérodote  ,  in 
Thaliâ  ;  il  demeuroit  près  d'un  enfoncement  des  Palus- 
Méotides ,  vers  le  nord.  Ortélius  ,  Thefaur.  foupçonne 
que  ce  peuple  Laxii  pourrait  bien  être  le  même  que  les 
peuples  Lazi  ;  car,  ajoûte-t-il ,  YX  &  le  Z  ont  été  em- 
ployés indifféremment  l'un  pour  l'autre  par  les  anciens. 
Voyez  Lazique. 

LAXTA ,  ville  de  l'Espagne  Tarragonoife.,  dans  la 
Celtiberie,  félon  Ptolomée,  /.  2 ,  c.  6.  Les  uns  difent 
que  c'eft  HlTA  ville  de  la  Nouvelle-Caftille;  les  autres 
que  c'eft  Tragazete,  village  de  la  même  province, 
aux  frontières  de  l'Aragon. 

1.  LAY,  ou  ALAMPI,  ville  d'Afrique  fur  la  côte 
d'Or  ,  au  royaume  de  Ningo ,  à  deux  lieues  à  l'eft  du 
grand Ningo.  L'ancrage  y  eft  excellent;  les  habitans  font 
doux  &  civilifés.  Ce  canton  eft  fameux  pour  le  com- 
merce des  esclaves;  ce  qui  y  attire  beaucoup  les  Fran- 
çois, les  Anglois  ,  ck  fur-tout  les  Portugais.  Les  Anglois 
y  ont  fait  bâtir  un  fort.  *  Barbol.  p.  186.  Côte  de  Gui- 
née par  B'ellin. 

2.  LAY ,  rivière  de  France.  Ce  nom  eft  commun  à 
trois  rivières ,  &  on  les  diftingue  par  les  furnoms  de 
grand  Lay ,  de  petit  Lays  &  du  plus  petit  Lay. 

Le  GRAND  Lay  commence  au  Poitou,  au  vieux 
Poufanges ,  baigne  Poufanges  dans  l'éleftion  de  Fonte- 
nai-le-Comte  ;  paffe  à  la  Mefféraye ,  à  Saint-Germaip- 
l'Aiguillier,  à  Samt-Gemme  des  Bruyères,  à  Bafoges, 
à  Saint-Philibert,  à  la  Bertaudiere  ,  à  Saint-Vincent  du 
fort  de  Lay,  à  la  Réorte,  à  Pui- Maufray ,  à  Trizay  ,  à 
Sainte-Pézane,  aux  Moûtiers;  à  Mareuil ,  au  Pont  de  la 
Claye,  à.Curfon,  à  Saint-Benoît  ;  Se,  après  un  cours  de 
quinze  lieues ,  il  va  tomber  dans  la  mer ,  à  côié  de  l'ab- 
baye du  Jar ,  au  havre  de  Saint-Benoit. 

Le  petit  Lay  vient  de  Saint-Paul  en  Pareds  ;  tra- 
verfe un  coin  de  l'éledlion  de  Mauléon;  entre  dans  l'élec- 
tion de  Fontenai-le-Comte,paffe  au  midi  de  Montchamp; 


LAZ 


LE 


rentre  dans  l'éleftion  de  Mauléon ,  baigne  Sainte-Cé- 
cile ;  repafle  dans  l'élection  de  Fontenai ,  &c ,  coulant 
fous  un  pont  qui  eft  entre  Saint-Hilaire  de  Vouzi&Chan- 
tonai ,  tombe  dans  le  grand  Lay ,  vis-à-vis  de  la  Bertau- 
diere. 

Le  plus  petit  Lay  commence  aux  Cerifiers  ;  paffe 
à  Saint-Hilaire  de  Vouzi, àCreil-Bournezeau, à  Saint-Ouin, 
&  fe  perd  dans  le  grand  Lay,  entre  Trizay  &Sainte-Pé- 
fane. 

Ces  articles  font  très-différens  dans  le  Dictionaire  de 
Corneille.  Baudrand  n'en  dit  rien. 

LAYE ,  ville  de  la  Chine ,  dans  la  province  d'Iunnan , 
au  département  de  Jungchang ,  huitième  ville  militaire 
de  la  province.  Elle  eft  plus  occidentale  que  Pékin  de 
ï8  d.  38',  par  les  15  d.  29'  de  latitude  *  Atlas  Sï- 
nenjîs. 

LAYON,  (le)  petite  rivière  de  France,  qui  fort  de 
l'étang  d'Iffemay ,  fur  les  frontières  du  Poitou  &:  de  l'An- 
jou ;  paffe  à  Bénévent ,  où  elle  fe  grofiît  des  eaux  d'un 
étang  qui  eft  au  pied  de  ces  murailles  ;  va  de-là  dans 
l'Anjou,  où  elle  reçoit  le  ruiffeau  de  Douay;  reçoit  le 
Lys  au-deffus  du  pont  de  Montigni ,  la  ligne  au  deffus 
du  pont  Saint-Lambert ,  &  le  jeu  près  de  chaudefonds, 
ck  fe  jette  dans  la  Loire  fous  le  pont  deChalonne,  vis- 
à-vis  de  l'ille  déferte. 

LAZAMATES,  ancien  peuple  voifin  des  Palus-Méo- 
tides.  Juigné,  Diïl.  cosmogr.  dit,  fur  l'autorité  d'Alexan- 
dre, dont  il  cite  le  liv.  1,  c.  22  &  24,  &  fur  la  foi 
duquel  il  dit  que  les  hommes  combatoient  à  pied ,  &  les 
femmes  à  cheval,  &t  qu'elles  n'avoient  la  liberté  de  fe 
marier  qu'après  avoir  tué  un  de  leurs  ennemis. 

1.  LAZÉ,  peuple  qui  a  occupé  la  Colchide,  à  laquelle 
îl  a  donné  quelque  tems  le  nom  de  LAZIQUE. 

2.  LAZE ,  ou  Lazica.  Voyez  Lazique. 
LAZICHÉNE,  ville  épiscopale  ,  félon  Ortélius,  qui 

trouve  ce  nom  employé  par  Siméon  Métaphrafte  dans  la 
Vie  de  S.  Eutyche. 

LAZIENS,  ck 

LAZIQUE ,  peuple  &  pays  d'Afie  de  l'un  &  l'autre 
côté  du  Phafe  ,  dans  la  Colchide.  Procope ,  H/fi.  de  la 
guerre  des  Perfes,  1.  2 ,  c.  29,  p.  185  ,  trad.  de  Coufln, 
parle  ainfi  de  la  Lazique.  Le  fleuve  Boas  prend  fa  fource 
dans  le  pays  des  Arméniens  qui  habitent  Pharangion  , 
proche  les  frontières  des  TzANIENS.  (Voyez  ce  mot.) 
Il  eft  toujours  étroit  &  guéable  jusqu'aux  extrémités  de 
l'Ibérie  &  au  bout  du  mont  Caucafe.  Ce  fleuve  reçoit 
divers  ruiffeaux;  &,  quittant  le  nom  As  Boas,  il  prend 
celui  de  Phafe  ,  ck  porte  de  grands  vaiffeaux  jusqu'au 
Pont-Euxin  où  il  fe  décharge.  C'eft  fur  fes  deux  bords 
qu'eftla  Laxique.  Le  côté  droit  eft  fort  peuplé  jusqu'aux 
frontières  de  l'Ibérie,  ck  rempli  de  diverfes  villes.  Les  prin- 
cipales font  Archceopolis ,  qui  eft  très-forte  ;  Sebafiopolis 
Rodopol/s  ck  Moror/fis  ,  outre  les  forts  de  Pit/on ,  de 
Scands  ck  de  Sarapane.  Il  n'y  a,  du  côté  gauche,  que 
l'espace  d'une  journée  de  chemin  ;  mais  cet  espace  eft 
défert  ck  n'eft  habité  que  par  quelques  Romains  qui  ont 
été  furnommés  Pondants.  C'eft  en  cette  partie  de  la 
Lazique  que  Juftinien  bâtit  la  ville  de  Pétrée.  En  allant 
de  cette  ville  vers  le  nord,  on  rencontre  auffi-tôt  les  fron- 
tières de  l'empire,  où  font  plufieurs  villes  fort  peuplées, 
comme  Réfée ,  Athènes  ci  Trébifonde.  Les  Laziens , 
dit  le  même  Procope,  habitoient  autrefois  dans  la  Col- 
chide ,  ck  obéiffoient  aux  Romains.  Ce  n'eft  pas  qu'ils 
leur  payaffent  ni  tribut  ni  redevance;  mais  quand  leur 
roi  étoit  mort ,  fon  fucceffeur  recevoit  de  la  main  de 
l'empereur  les  marques  de  la  dignité  royale,  ck  s'obli- 
geoit  de  garder  à  fes  dépens,  ck  avec  fes  troupes  les 
fortereffes  du  pays ,  &C  de  s'oppofer  à  l'inondation  des 
Huns,  qui,  defcendantdu  Caucafe  fe  répandoient  au  tra- 
vers de  la  Lazique ,  fur  les  terres  de  l'empire.  Les  Laziens 
entretenoient  commerce  avec  les  Romains  du  Pont.  (Ce 
font  les  Pontiques  dont  il  eft  parlé  ci-deiïus ,  )  ck  leur 
donnoient  des  peaux  ck  des  esclaves  en  échange  du  bled 
&  du  fel  qu'ils  recevoient  d'eux.  Cavade,  roi  de  Perfe  , 
ayant  voulu  forcer  l'empereur  Juftin  ,  à  lui  céder  la  Lazi- 
que; ck  ce  prince  l'ayant  refufé,  il  attaqua  les  Ibériens 
dont  il  crut  la  conquête  plus  aifée.  Girgène,  roi  d'Ibé- 
rie,  implora  le  fecours  de  Juftin ,  qui  lui  envoya"  Pro- 
bus,  neveu  de  l'empereur  Anaftaie,  qui  envoya  quelques 
troupes  de  Huns  dans  la  Lazique ,  &  revint  fans  avoir 


77S 


rien  fait.  Girgène  vivement  attaqué  par  les  Perfes ,  St  fi 
peu  fecouru  par  l'empire,  fe  réfugia  dans  la  Lazique. 
Comme  les  Laziens  reîufôierit  de  garder  eux-mêmes  leurs 
frontières ,  Juftin  y  envoya  des  troupes  fous  la  conduite 
d'Irenèe.  Quand  on  a  paffé  les  limites  de  l'Ibérie,  on 
trouve  fur  les  terres  des  Laziens  deux  forts ,  desquels  on 
avoit  toujours  confié  la  garde  à  des  habitans  du  pays,  qui 
vivent  dans  une  extrême  mifere.  L'empereur  y  mit  une 
garnifon,  a  qui  d'abord  les  Laziens  portèrent  des  vivres; 
mais  dans  la  fuite  ils  s'en  lafferent.  Ainfi  les  deux  forts 
furent  abandonnés  par  les  Romains  ck  occupés  par  les 
ennemis.  Les  foldats  Romains  s'étant  établis  dans  la  La- 
zique, pour  la  défendre  contre  les  Perfes,  fe  rendirent 
fort  à  charge  aux  habitans.  Pierre ,  leur  commandant,  n'y 
contribua  pas  peu  par  fon  humeur  fiere,  avare  ck  vio- 
lente. Les  fucceffeurs  que  l'empereur  lui  donna  ne  fe 
comportèrent  guères  mieux.  Jean  Tzibès ,  homme  de 
baffe  naiffance,  ruina  entièrement  les  affaires  par  famau- 
vaife  conduite.  Il  perfuada  à  l'empereur  de  lsâtir  ,  dans 
la  Lazique,  une  place  forte,  qu'il  nomma  Pétrée,  où  il 
pût  demeurer  comme  dans  une  citadelle ,  &  y  amaffer 
comme  dans  un  magafin  tout  ce  qu'il  enlevoit  des  biens 
de  ce  miférable  peuple.  Il  ne  permettoit  point  aux  mar- 
chands d'acheter  ailleurs  du  fel  64  d'autres  provifionspour 
les  porter  en  Colchide  :  il  s'étoit  rendu  feul  arbitre 
du  commerce  ,  achetant  tout  ck  le  revendant  au  prix 
qu'il  vouloit.  En  un  mot,  le  peuple  fut  tellement  réduit 
au  défespoir,  qu'il  eut  recours  à  Cosroës  qui  régnoit 
alors  en  Perfe  ,  pour  le  délivrer  du  joug  des  Romains.  Il 
reçut  leur  propofition  avec  plaifir ,  ck  demanda  s'il  pou- 
rvoit traverfer  la  Colchide  avec  une  grande  armée ,  parce 
qu'il  avoit  oui  dire  que  les  forêts  rer.doient  les  chemins 
fi  étroits ,  qu'un  homme  vêtu  à  la  iegere  n'y  paffoit  qu'à 
peine.  Ils  répondirent  qu'il  y  avoit  moyen  de  faire  un 
paffage ,  pourvu  que  l'on  eût  des  hommes  pour  couper 
les  arbres  ck  combler  les  précipices.  Ils  fe  chargèrent  de 
fervir  de  guides.  Procope  obferve  que  lorsqu'ils  menè- 
rent ce  prince  à  Pétrée ,  ils  lui  firent  traverler  le  fleuve 
Boas ,  afin  ,  difoient-ils ,  d'épargner  le  tems  ck  la  peine 
de  paffer  le  Phafe  ;  mais  c'étoit  en  efLt  pour  ne  pas' 
faire  voiraux  Perfes  leur  pays  &  leurs  villes.  LaLazique, 
pourfuit-il  eft  toute  pleine  des  rochers  escarpés,  6k  dont 
les  avenues  que  les  Romains  appellent  des  pas ,  font  im- 
pénétrables ;  mais,  à  caufe  qu'il  n'y  avoit  point  de  trou- 
pes qui  gardaffent  les  partages,  ck  que  les  Laziens  fer- 
voient  de  guides ,  les  Perfes  furmonterent  les  difficultés 
des  chemins.  Ce  qu'il  dit  de  la  perfidie  de  Cosroës  qui 
voulut  affujettir  les  Laziens  ck  fe  défaire  deGubaze,  leur 
roi,  ck  de  la  prudence  avec  laquelle  celui-ci  échappa  au 
péril ,  font  des  cliofes  qui  appartiennent  à  l'hiftoire.  Ce 
que  nous  avons  dit,  fuffit  pour  faire  connoître  ce  qu'étoit 
en  ce  tems-là  la  Lazique  ck  le  peuple  qui  l'habitoit. 

LaLazique  fut  auflî  une  province  ecclefiaftique,  où 
étoient  cinq  évêchés  dont  voici  les  titres ,  félon  la  No- 
tice de  Léon  le  Sage  : 

Phafidis ,  Abifenorum  , 

Rhodopolis ,  Petrarum  , 

Tzinganeorum. 

Phafide  étoit  métropole ,  &  tenoit  le  vingt-huitième 
rang  entre  celles  du  partiarchat  de  Conftantinople.  Cepen- 
dant il  fe  trouve  une  autre  Notice,  qui  marque  Trébi- 
zonde  pour  métopole  de  la  Lazique  ;  èk  ce  métropoli- 
tain prenoit  la  qualité  d'exarque.  Nous  avons  remarqué 
ailleurs  que  la  hiérarchie  ecclefiaftiquetavoit  aufiî  fes  exar- 
chats. Pline,  1.6,  c.  4,  met  le  peuple  Lagi  fur  la  côte 
delà  Colchide;  ékPtolomée,  l.  <j ,  c.  10,  les  nomme 
Lafcc.  Voyez  MlNGRËLIE. 

1.  LAZZARA,  petite  rivière  de  la  Turquie,  en  Afîe, 
dans  la  Natolie.  Elle  fe  rend  dans  la  mer  de  Marmara  , 
entre  Cyzique  &  Lampfaque.  C'eft  le  Granique ,  qui 
eft  devenu  fameux  par  la  viftoire  qu'Alexandre  le  Grand 
y  gagna  contre  le  Perfes. 

2.  LAZZARA ,  félon  Niger,  eft  le  nom  moderne  du 
Granique;  mais  Spon  dit  que  les  Turcs  le  nomment 
Spiifoa. 

LE,  fortereffe  de  la  Chine,  dans  la  province  de  Su- 
chuen,  au  département  de  Jungning,  première  fortereffe 
de  la  province.  Elle  eft  plus  occidentale  que  Pékin ,  de 


j76 


LEA 


LEA 


14  d.  40',  par  les  26  d.  43'  de  latitude.   •  Atlas   Si- 

1.  LEA  ,  ville  de  l'Ethiopie ,  fous  l'Egypte ,  feloa 

2.  LEA  ,'  petite  ifle  de  la  mer  iEgée ,  félon  le  même  ; 
c'eft  présentement  l'iQe  de  Piana  &  Piano/a,  voifine 
de  Namfio ,  &  Saint-Erini  dans  l'Archipel. 

LEJE ,  ville  de  f  Afrique  proprement  dite  ,  félon 
Ptolomée,  /.  4,  e.  3.  , 

LE  A  El,  ancien  peuple  de  la  Pœome  ,  aux  contins 
de  la  Macédoine  &  de  la  Thrace,  fur  le  Strymon  ,  fé- 
lon Thucydide.  Etienne,  qui  le  cite,  les  nomme  Laini. 

LEAN,  cap  d'Irlande,  dans  le  comté  de  Thomond, 
&  à  l'embouchure  du  Shannon. 

LEANDIS,  ville  de  la  petite  Arménie,  dans  la  con- 
trée appellée  Cataonï ,  félon  Ptolomée,  l.  <,  e.  7. 

LEANDRE,  (LA  TOUR  DE)  tour  d'Afie,  dans  la 
Matolie ,  au  le  Bosphore  de  Thrace ,  auprès  du  Ser- 
rail  de  Scutari  ,  Se  du  cap  de  même  nom.  M.  deTour- 
nefort  en  parle  ainfi  dans  fon  Voyage  du  Levant  :  la 
tour  de  Léandre  eft  tout  près  du  cap  de  Scutari  ;  fem- 
perei.r  Manuel  la  fit  bâtir  lur  un  écueil  (tfolé)  d'envi- 
ron deux  cents  pas  de  tour,  &  en  fit  conftruire  une  au- 
tre, du  côté  d'Europe',  au  monaftere  de  Saint-George  , 
pour  y  tendre  une  chaîne  qui  fermât  le  canal.  Pierre  Gil- 
les a  remarqué  qu'il  y  avoit  autrefois  un  mur  dans  là  mer, 
lequel  occupoit  le  paffage  qui  le  trouve  entre  l'ecueil,où 
eft  la  tour  &  la  terre  ferme  d'Afie.  \\  y  a  beaucoup 
d'apparence  que  c 'étoit  l'ouvrage  du  même  empereur  ; 
car,  par  ce  moyen,  la  chaîne  étant  tendue  d'une  tour  à 
l'autre,  il  n'étoit  pas  pr  flîble  aux  vailTeaux  de  remonter 
le  canal  de  la  mer  Ncre.  Pierre  Gilles  affure  que  les 
Turcs  ont  démoli  ce  mur,  pour  en  employer  les  pierres 
à  d'autres  bâtiment  :  ils  nomment  cette  tour  h  tour  de  la 
Puce/le  ;  mais  les  Francs  ne  la  connoiuentque  fous  le  nom 
de  la  tour  de  Léandre,  quo.qve  les  amours  de  Léandre 
&  de  Héro  le  (oient  paffées  bien  loin  de-là,  fur  les  bords 
du  canal  des  Dardanelles.  Cette  tour  eft  carrée  ,  ter- 
ininée  par  un  comble  pointu,  garnie  de  quelques  pièces 
d'Artillerie,  enfermée  dans  une  enceinte  qui  c-ftai.ffi  car- 
rée. Elle  eft  presque  Tans  riéenfe,  &  n'a  pour  toute  gàr- 
nifon  qu'un  concierge,  qui  reçoit  lesappoimemens  de  ion 
gouvernement,  fur  ce  que  lui  donnent  les  Janniflaires  oii 
les  marchands  de  Coi  (lantinople  ,  qui  vont  s'y  divertir 
en  fecret.  On  prétend  que  l'eau  douce  du  puits  qui  eft 
creufé  dans  cet  écueil  foit  une  fource  vive:  d'autres  af- 
furent  que  ce  n'eft  qu'une  citerne  dans  laquelle  fe  vui- 
denf  les  égouts  du  comble,  par  un  tuyau  caché  dans  la 
muraille. 

LEANE  ,  (la)  rivière  d'Irlande  :  elle  a  fa  fource 
dans  la  province  de  Mùnfler  ,  au  comté  de  Kerry; 
«ourt  à  l'oueft  ,  &  fe  jette  dans  la  baie  de  Dingle. 

LEANCHEU  ,  fortereffe  de  la  Chine,  dans  la  pro- 
vince de  Xenfi.  Elle  eft  de  15  d.  ■50'  plus  occidentale 
qve  Pékin,  parles  38  d.  5'  de  latitude.  *  Atlas  Sî- 
nenfis. 

LEANGHIANG  ,  ville  de  la  Chine,  dans  le  Pékéli, 
au  département  de  Pékin,  première  métropole  de  la  pro- 
vince. Elle  eft  plus  occidentale  que  Pékin  de  19',  par 
les  39  d.  40'  de  latitude.  *  Atlas  Sinenfis. 

LEANGSAI,  fortereffe  de  la  Chine,  dans  la  province 
deQueicheu,  au  département  de  Liping  ,  feptiéme  mé- 
tropole de  la  province.  Elle  eft  plus  occidentale  que  Pé- 
kin de  8  d.  36',  pu-  les  17  d.  il1  de  latitude.  *  At- 
las Sinenfis. 

LEANGXAN,  ville  de  la  Chine,  dans  la  province 
deSuchuen,  au  département  deQueicheu,  (même  mé- 
tropole de  la  province.  Elle  eft  plus  occidentale  que 
Pékin  de  9  d.  par  les  31  d.  10'  de  latitude.  *  Atlas 
Sinenfis. 

LEANITjÇ,  peuple  de  l'Arabie  heureufe,  auprès 
d'un  golfe  qui  en  prenoit  le  no\n  ,  &£  que  l'on  appel  - 
loir  teannes- Sinus,  félon  Ptolomée.  Quelques  exem- 
plaires portent  Laanitse  pour  le  peuple ,  &  Laanites 
pour  le  golfe.  Voici  les  lieux  que  ce  géographe  range 
ibus  cette  nation  : 

Longit.     Latit. 
D.  M.    D.  M. 

Mallaba  ville,  80  10     16  10. 

Pointe  de  la  presqu'ifle ,'  80  20    a6  30. 


Longit. 

Latir. 

D.  M. 

D.  M. 

Le  golfe  Léanite , 

79  45 

27    0. 

ï:an-,os,    port, 

79  40 

27  20. 

Adare,  (la  ville  d') 

79  '5 

27  43. 

LEANTANG,  ville  de  la  Chine,  dans  la  province 
de  Xenfi,  au  département  duCunghang,  cinquième  mé- 
tropole de  la  province.  Elle  eft  plus  occidentale  que 
Pékin  de  9  cl.  5-1  '■,  par  les  35  d.  40'  de  latitude. 
* Atlas  Sinenfis. 

LEANUM.  Voyez  Lianum. 

LEAO  ,  grande  cité  de  la  Chine ,  dan*  la  province 
de  Chanli:  elle  eft  de  4  d.  plus  occidentale  q  ie  Pékin, 
à  37  d.  56'  de  latitude.  Elle  en  a  deux  autres  fous  elle, 
favoir  Juxe  §t  Hoxun.  Son  territoire  eft  borné,  à  l'o- 
rient, par  la  chaîne  de  montagnes  appellée  Heng ;  &ce 
qui  le  rend  recommandablc,  c  eft  qu  on  y  trouve  la  pré- 
cieulè  racine  du  ginieng  ,  &  qu'il  y  a  du  mule  eu  abon- 
dance. Il  y  a  deux  temples  magnifiques,  dont  l'un  nom- 
mé Sienchin,  a  été  élevé  par  la  famille  impériale  de 
Chéva ,  en  l'honneur  d'un  général  qui  remporta  en  cet 
endroit  une  grande  vi&oire ,  qu'il  acheta  néanmoins  par 
tant  de  bltflures,  qu'il  en  mourut  presqu'a'iffi-tô;  ,  or» 
y  voit  fon  tombeau  qui  eft  magnifique.  *  Atlas  Sinenfis. 

LEAO,  rivière.  Voyez  Léaotung  2. 

LEAOLO  ,  pdrt  de  i'ifle  de  Kin-Meri,  fur  la  côtede 
la  Chine.  *  Lettres  édif.  t.  14,  p.  .'4. 

I.-LEAOTUNG,  (on  appelloit  ainfj  la  Corée  dans 
les  commencement  de  la  monarchie  Chinoilè  )  grande 
contrée  d'Afie,  entre  la  Chine  dont  elle  eft  léparee  par 
la  grande  muraille  ,  &  le  g  Ife  deCang,  lé  royaume  de 
Corée,  <k  les  montagnes  d'Yalo,  qui  la  féparent  du  pays 
desTa-tares  Bogdoïou  Niuché.  Quoique  ce  pays  loitaileZ 
grand  &  allez  peuple,  peur  mériterd  êtreunedes  provinces 
delà  L  h  ne, la  famiiledeTaiminga  ne  voulut  pas  lui  accor- 
der ce  titre,  parce  qu'ayant  aboli  le  nom  <\e  ville  &.  de  ci-ê, 
elle  y  érigea  des  forterelles  où  commandoient  des  offi- 
ciers; on  ne  laiJTa  q  1;  peu  de  places,  pour  être  la  réfï- 
dence  du  vice-roi  &  du  vifueur  du  royanme  ;  cela  fe  fit 
parce  que  l'empere>.:r  de  ia  Chine  étoit  obligé  d'entrete- 
nir beaucoup  de  troupes  dans  tout  ce  pays,  &  d'y  avoir 
quantité  de  garnifons  ,  à  caiife  des  incarnons  qje  l'on 
craignoiî  toujours  de  la  part  ries  Tartares.  Voici  les  bor- 
nes du  Léaotung ,  félon  le  P.  Martini  dans  fon  Atlas  Chi- 
nois. Il  eft  borné  à  l'orient  par  le  fleuve  Yalo,  &  un  golfe 
qui  le  fépare  de  la  Corée  ;  car  ce  fleuve  qui  descend  de 
la  Tartane  iépare-la  Corée  &T.  le  Lé.io  ung.  Sur  fa  rive 
occidentale  commence  la  fameufe  muraille  ,  qui,  fe  on  ce 
père,  borne  leLéaoïung  au  nord  ;  au  lieu  que,  félon  des 
Mémoires  plus  récens  il  eft  absolument  hors  &  au-delà 
de  cette  muraille.  Mais,  félon  le  P.  Martini,  cette  mu- 
raille, s'étendant  d'orient  en  occident,  depuis  Caiyuer» 
jusqu'à  Kichin,  fépare  ce  pays  d'avec  la  Tartarie.  Le  Pé- 
kéli lui  fert  de  bornes  au  couchant  ,  de  même  que  le 
fleuve  Lmohang,  qui  coule  entre  deux.  Le  refte,  qui  eft 
plus  au  midi,  eft  terminé  Jk  baigné  par  le  j»nlre  de  Cang. 

Autrefois  le  Léaotung  étoit  divifé  en  deux  parties, 
dont  l'une  appartenoit  à  la  province  de  Ki  ,  5c  l'autre  à 
la  province  de  Cing ;  fous  l'empire  de  Xun  ,  la  partie 
où  eft  au]ourd'liui  Quangning*  tut  annexée  au  pays  de 
Jeu.  Du  tems  des  rois ,  le  Léaotung  fut  nommé  Yen. 
L'empereur  Xu,  fondareur  de  la  famille  de  Cin  ,  l'ap- 
pella  Lèaojï.  Hiao  qui  étoit  de  la  famille  de  Haria,  après 
avoirlbumis  laCorée,en  tira  bien  des  habitans  qu'il  trans- 
planta dans  le  pays  de  Léaotung  ,  &  donna  le  nom  de 
Caokiuli ,  à  la  province  où  il  établit  ces  colonies.  La 
famille  de  Tanga  conquit  de  nouveau  ce  pays  &  la  Co- 
rée,  &  y  bâtit  deux  grandes  villes ,  Cal  &  Léao.  Les 
rois  d'Urai  donnèrent  à  cette  dernière  ville  le  nom  de 
Tungking.  La  famille  de  Kina,  famille  Tartare,  lui 
donna  celui  de  Léaoyang;  nom  qu'elle  garde  encore  avec 
un  léger  changement. 

Tout  le  pays  de  Léaotung  n'a  que  deux  grandes  villes 
du  premier  rang  ;  mais  il  y  a  quantité  de  fortereffes  plus 
grandes  &  plus  peuplées  que  certaines  villes  du  premier 
rang. 

Les  villes  font  : 


Léaoyang  , 


Ning-Yuen. 


Forte» 


LEA 


LEA 


Fortereffes  du  premier  rang , 

Ycheu  © ,  Ning-Yuen  ï 

Caiyuen  ,  Chmyang, 

Quangning,  Kincheu  ©, 

Cai. 

Places  moins  confidérables  que  celles-là,  ou  du  fécond 


Haï,- 

Chékiao, 

Tieling, 

Chéai , 

Chungçu, 
Puho, 

Quangning. 
Tingléao , 

Kin  ©, 

Ganlo , 

Fo  ©, 

Piéyang  , 

Luixun , 

Sanuan, 

Tanyang. 

rang: 


Fortereffes  du  troifiéme  rang  : 

Chuntung  ,  Jeu , 

C;  o,  Heutun, 

Yeutun. 

Comme  on  vient  de  le  voir,  le  P.  Martini  donne  au 

Léaotung  pour  capitale  la  ville  de  Leaoyang  ;  cependant 
Je  P.  de  F ontenai ,  dans  une  Lettre  inférée  entre  les 
Lettres  édifiantes ,  t.  7,  p.  147,  dit  :  tant  du  fleuve  Yalo, 
qui  fépare  la  Tartarie  de  la  Corée  ,  que  de  ce  fleuve 
jusqu'à  la  ville  de  Clûn-Yang ,  capitale  de  la  province 
de  Léao-ion,  (car  c'eft  ainh  qu'il  écrit  ce  nom,)  on 
compte  foixante  lieues  de  Ching-Yang  à  Chin-Hai, 
qui  eft  l'entrée  de  la  Chine  du  côté  du  Léao-ton,  qua- 
tre-vingt ,  &  de  Chanhaï  à  Pékin  foixante-fept.  Ainfi , 
félon  lui ,  Chan-Yang,  capitale  du  Léaoton  ,  eft  à  qua- 
tre-vingt lieues  de  la  Chine  ,  à  cent  quarante-fept  de 
Pékin ,  &  à  foixante  de  la  Corée.  11  eft  aifé  de  conci- 
lier ces  deux  auteurs,  en  diftmguant  les  tems.  On  a  vu, 
ci-devant,  que  le  Léaotung  étoit  une  annexe  de  la  Chine. 
Les  Tartares  orientaux  le  conquirent  en  1630.  Ils  fubju- 
guerent  enfuite  la  Chine,  &  il  femble  qu  alors  ils  au- 
raient dû  l'y  rejoindre  ;  c'eft  ce  qu'ils  n'ont  point  fait. 
On  voit  dans  un  Mémoire  lur  l'Etat  des  Millions  de  la 
Chine,  préfenté  par  le  P.François  Noël  ,  Lettres  édi- 
fiantes ,  t.  7,  p.  68-,  au  P.  général  de  la  compagnie  de 
Jefus,  en  1703;  on  voit ,  dis-je,  que  les  PP.  Jéfuites  n'a- 
voient  point  encore  alors  d  etabliffement  au  Léaoton  , 
mais  qu'ils  avoient  formé  le  deffein  de  s'établir  à  Chin- 
yang  ,  qui  en  eft  la  capitale  &  de  toute  laTartarie  orien- 
tale. Cette  ville,  dit  ce  père,  eft  confidérable  ;  ci  l'em- 
pereur y  établi  quatre  tribunaux  fou verains,  pour  y  ju- 
ger en  dernier  reffort  toutes  les  affaires  des  Tartares; 
car  le  Léaoton  parle  aujourd'hui  pour  être  de  la  Tartarie , 
&c  on  n'en  regarde  plus  les  habitans  comme  Chinois,  mais 
comme  Tartares.  Ainfi  on  voit  l'origine  des  changemens 
arrivés  entre  les  divers  tems  où  ces  auteurs  ont  écrit. 

Les  habitans  du  Léaotung  n'ont  aucune  dispofition 
pour  l'étude;  la  plupart  lont  robuftes ,  hardis,  courageux, 
bons  guerriers  &  accoutumés  à  la  fatigue.  Souvent  fub- 
jugiiés  par  les  Tartares  ou  par  les  Chinois,  ils  ont  beau- 
coup plus  de  fympathie  &t  de  reffemblance  avec  les  prer 
miers  qu'avec  les  derniers.  On  a  vu  qu'ils  avoient  ci- 
devant  deux  métropoles  ;  c'eft  que  leur  pays  ayant  été 
démembré  par  les  Tartares  qui  s'étoient  rendus  maîtres 
de  Leaoyang,  capitale,  l'empereur  de  la  Chine  en  fubs- 
titua  une  antre,  lavoir  Ningyuen,  que  les  Tartares  con- 
quirent auffi  ben  que  tout  le  refle  du  pays.  Ce  pays  pro-  ' 
duit  la  plante  de  ginfeng  ,  dont  la  racine  eft  fi  précieufe; 
il  fournit  des  fourrures  de  caftors ,  de  martres,  de  zibeli- 
nes ,  dont  ce  peuple  fe  fert  comme  les  Tartares  ,  &  en 
fournit  la  Chine.  Les  petites  noix  ne  fe  trouvent  nulle 
part  en  Afie  fi  abondammenr  que  là  ;  on  y  a  beaucoup 
de  froment  &  de  millet,  mais  point  de  ris;  en  récom- 
penl'e  le  terroir  eft  fertile  en  légumes  &  autre  jardinage, 
fur-tout  en  choux,  dont  on  ne  voit  presque  point  dans 
toute  la  Chine.  Il  porte  des  raifins,  des  figues,  des  pom-- 
mes ,  des  poires  &  autres  fruits  de  l'Europe.  Ce  pays  eft 
beau  ci  bon,  principalement  en  quantité  de  lieux  où  il 
n'y  a  point  de  montagnes,  &.  qui ,  voifins  de  la  mer, 
font  propres  pour  le  commercé.  Il  manque  aux  habi- 
,tans  d'avoir  du  génie  &  du  goût  pour  les  arts  ;   fi  cela 


771 

etoit ,  il  feroit  aifé  de  faire  de  ce  pays  un  des  meilleurs 
de  tout  l'Orient  ;  mais  le  P.  Mauini  obferve  que  les  guer- 
res continuelles  y  font  un  grand  obftacle  à  la  culture  des 
terres.  La  ^religion  du  pays  eft  la  même  que  celle  de  la 
Chine ,  même  idolâtrie  ,  même  entêtement  du  dogme 
de  la  Métempfycofe  ;  ce  qu'il  y  a  de  particulier,  ce  font 
des  danteufes  qui  »e  reffemblent  pas  mal  aux  Bohémien- 
nes d'Europe.  On  les  emploie  pour  chafler  d'une  maifon 
une  maladie ,  un  mauvais  fort  qu'on  foupçonne  que  quel- 
qu  un  y  a  jette  ,  ou  un  fpeclre  dont  les  apparritions  in- 
quiètent ;  elles  viennent  frappant  d#s  tambours  &  des 
baffins,(  font  un  grand  charivari  nuit  &  jour  ,  danfent&C 
fe  démènent  fansceffe. 

TABLE     GÉOGRAPHIQUE 

DES   PRINCIPAUX  LIEUX  DU    PAYS 

DE  LÉAOTUNG. 
Métropole. 


Leaoyang, 

Ycheu  o, 
Caiyuen, 
Quangning, 
Ningyuen  , 
Kingcheu, 
Caïcheu , 
Ningyuen  0. 
Tuxun, 
Kincheu  ©, 
Focheu  , 
Haicheu, 


Villes. 


Places  moins  confidérables, 


Tiéling, 

Chékiao  , 

Chéahai, 

Chungeu, 

Puho, 

Quangning,' 

Tingléao  , 

Ganlo, 

Piéyang, 

Sanuan  , 

Tanyang , 


Chungtun , 

Cientun, 

Quangningchung , 

Quangninço , 

Quangningyeu, 

Quangningheutun, 

Quangningyeutun. 


Il  y  a  dans  cette  province  plufieurs  montagnes.  Les 
plus  confidérables  font: 

Funghoang  ,  auprès  de  Leaoyang; 

Hunglo,  auprès  de  Chungtun; 

Tatuon,  aux  environs  de  Ningyuen; 

VANSUNG,  auprès  de  Quangning; 

Lungcheu,  auprès  de  Tiéling  ; 

Gu  ,  montagne  qui  forme  clans  la  mer  une  ifle  ,  far 
laquelle  eft  le  fort  de  Xanghai. 

Il  y  a  encore  d'autres  i îles  ;  LlENYUNG ,  ifle  auprès 
de  la  ville  de  Cai  ;  Tachoa  ,  ifle  dans  la  mer  au-delà 
de  Ningyuen;  il  y  a  un  grand  abord  de  vaiffeaux  ,  àcaufe 
de  la  bonté  de  la  rade. 

ChangpÉ  eft  une  montagne  auprès  de  l'endroit  où 
commence  la  grande  muraille  ;  elle  court  jusques  dans 
la  Tartarie  ;  elle  eft  grande  Se  très-haute.  On  y  voit  un 
lac  de  quatre-vingt  ftades  d'étendue ,  &  d'une  profon- 
deur immenfe  ;  deux  rivières  y  prennent  leurs  fources  j 
l'Yak»  qui  coule  vers  le  midi  ,  &  le  Quennmg  qui . 
Ton»  LU.    Fffff 


Longit. 

Latït; 

Jd, 

•  33'- 

39  d 

,  30' 

a 

3 

3* 

40 

H 

0 

6 

*ï 

39 

46 

6 

4 

i 

39 

44 

0 

2 

40 

26 

0 

3 

8 

40 

10 

0 

S 

*4 

38 

7 

0 

2 

5I 

40 

!3 

0 

6 

39 

56 

0 

4 

55 

38 

38 

0 

4 

46 

39 

23 

0 

5 

10 

38 

35 

0 

râbles. 

5 

48 

39 

12 

0 

4 

37 

38 

30 

0 

3 

17 

39 

43 

0 

2 

54 

39 

38 

0 

4 

M 

39 

3 

Q 

4 

5 

39 

O 

■  2 

33 

40 

4 

0 

5 

20 

39 

44 

a 

5 

3i 

lî 

56 

0 

l 

47 

38 

44 

0 

6 

5 

39 

20 

0 

4 
îfidé 

5o 

39 

îo 

0 

3 

5i 

40 

15 

0 

4 

!5 

40 

10 

0 

4 

5 

40 

2 

0 

3 

50 

40 

T4 

0 

4 

23 

39 

57 

0 

3 

53 

39 

44 

0 

4 

33 

39 

40 

0 

LEB 


17% 

après  avoir  coulé  quelque  tems  vers  le  nord ,  fe  tourne 
vers  l'orient. 

2.  LÉAOTUNG  ,  (rivière  de)  dans  la  Tartane,  ou 
plutôt  LÉAO  ;  elle  a  fa  fource  dans  la  Tartane,  au-delà 
de  la  grande  muraille,  &c  le  perd  dans  la  mer,  au  cou- 
chant de  la  fortereffe  de  Sanuan.  Du  côté  de  l'occident, 
cette  rivière  eft  très  -  rharéeageufe  ,  &C  fes  bords  fort 
chargés  de  limon,  auffi  les  hiftoriens  Chinois  ont-  ils 
rapporté  que  quand  Taïçungum,  de  la  famille  de  Tanga 
voulut  la  taire  traverfer  à  fon  armée,  pour  la  mener  en 
Corée  ;  il  fut  obligé  d'élever  une  chauffée  de  deux  cents 
flades. 

LÉAOYANG ,  métropole  du  LÉAOTUNG.  Voyez 
cet  article. 

LÉAWAVA ,  port  de  mer ,  fur  la  côte  orientale  de 
l'ifle  de  Ceylan ,  dans  le  pays  de  même  nom.  Il  y  a 
dans  la  partie  occidentale  de  rifle  un  autre  port  nommé 
Portaloon ,  d'où  une  partie  des  habitans  de  cette  côte 
&  de  l'ifle  tire  du  fel  &  du  poiffon.  Mais  comme  les 
parties  orientales  du  royaume  ne  pourroient  tirer  du  fel 
de  ce  port ,  tant  à  caufe  de  f  éloignement ,  qu'à  caufe  de 
la  difficulté  qu'il  y  a  de  conduire  du  bétail  au  travers 
de  tant  de  montagnes  ,  elles  font  foulagées  d'une  autre 
manière  dans  laquelle  on  peut  remarquer  un  effet  de  la 
Providence  divine.  Quand  le  vent  d'eft  régne,  il  fait 
entrer  l'eau  de  la  mer  dans  le  port  de  Léawava,  qui  eft 
fur  la  côte  de  l'eft  ;  &  enfuite  lorsque  le  vent  d'oueft 
amené  le  beau  tems,  cette  eau  fe  congelé  &  fournit  aux 
habitans  du  pays  plus  de  fel  qu'il  ne  leur  en  faut.  Ce 
qu'il  y  a  encore  de  remarquable  ,  c'eft  que  la  ville  de 
Léavava  eft  fituée  de  telle  manière  que  les  Portugais 
ni  les  Hollandois  n'ont  jamais  pu  ôter  aux  Chingulais 
ce  fel-là,  dont  ils  font  un  fi  grand  cas  ,  qu'ils  le  mettent 
entre  les  principales  provifions  que  l'on  doit  taire  pour 
les  tems  de  troubles.  Auffi  la  plupart  de  ceux-ci  en  ont 
de  petits  magafins.  Cette  place  eft  entourée  de  monta- 
gnes du  côté  de  la  terre  ;  ck  du  côté  de  la  mer,  iln'eft 
pas  fur  pour  les  vaiffeaux  de  s'y  mettre  à  l'ancre.  Au 
refte,  le  pays  eft  mal-fain  ;  ce  qu'ils  attribuent  à  un  puis- 
sant dieu  qui  eft  fur  le  grand  chemin  d'un  village  des 
environs,  appelle  Coteragom  ;  tous  ceux  qui  vont 
fe  pourvoir  de  ce  fel ,  grands  &  petits ,  font  obligés  de 
faire  quelque  offrande  à  ce  dieu  ;  fa  puiffance  _&  même 
fon  nom  jettent  la  terreur  dans  l'esprit  de  ces  idolâtres, 
jusques-là  que  ceux  du  pays  qui  ont  trahi  leur  prince, 
&  qui  ont  fervi  les  étrangers  contre  lui  ,  n'ont  jamais 
voulu  fe  joindre  à  eux  pour  faite  une  irruption  du  côté 
où  réfide  ce  prétendu  dieu.  *  Knox,  Relat.  de  Ceylan , 
I.  part.  c.  z,  p.  16.  ,',«-, 

LEBADIA  ,  ancienne  ville  de  Grèce,  dans  la  Beo- 
tie.  Elle  a  été  également  nommée  par  les  Grecs  At  W«t 
&  Antxf-tt*  >  Lebadia  &C  Lebadea.  Elle  étoit  voifine  de 
Chéronée  ,  félon  Paufanias ,  Bxtic.  c.  39.  Suabon,  l.a, 
dit  plus  précilément,  qu'elle  étoit  entre  l'Hélicon  & 
Chéronée,  auprès  de  Coronée.  Aulu-Gelle,  décrivant  la 
route  d'Athènes  à|  Delphes  par  Lébadie  ,  dit  que  c'étoit 
tin  ancien  bourg  ,  dans  la  Béotie  ,  Oppidum.  Stace, 
dans  fa  Thébaïde,  /.  7,  v.  345,  dit  : 

Etvalhs,  Lebadea,  tuas  &  Hyampotis  acri 
Subnixam  fcopulo. 

Il  y  avoit  à  Lébadée  un  oracle  de  Jupiter  Tropho- 
nien.  Strabon ,  '  loc.  cit.  dit  que  pour  le  confulter  on  des- 
cendit dans  une  ouverture  qui  s'étoit  faite  fous  terre. 
Voyez  TROPHONIUS.  Pline,  /.  8  ,  c.  s8,  parlant  de 
Lébadie,  dit  qu'il  n'y  avoit  point  de  taupes  ,  &  que 
quand  on  y  en  portoit  elles  fuyoient  la^terre.  Ce  lieu 
n'a  presque  point  changé  de  nom  ,  &  s'appelle  encore 
Livadia;  nom  qu'il  donne  à  toute  la  contrée.  Voyez 
Livadie.  "'*  '. 

LEBjEA,  ville  de  la  haute  Macédoine,  félon  Héro- 
dote ,  /.  8  ,  c.  1 37. 

LEBAHIM  ;  Arias  Montanus  dit  que  c  eft  le  nom  hé- 
breu de  Cyrène. 

LEBAN.  Voyez  Lebona. 

LEBAOTH ,  ancien  lieu  de  la  Paleftine.  Dom  Cal- 
rnet  dit  que  c'étoit  une  ville  de  la  tribu  de  Juda.  Il  en 
eu  parlé  au  Livre  de  Jofué  ,  c.  15,  v.  3  %. 

LEBECCE,  ou  Lsbescbe,  ou  Libeccio;  quel- 


LEB 


ques  voyageurs  emploient  ce  mot  fur  la  Méditerranée 
&  ailleurs,  pour  fignifier  le  fud-oueft. 

LEBECII.  Voyez  Lebui. 

LEBEDA,  ou  Lipeda  ,  félon  Baudrand,  ville  de  . 
Barbarie,  au  royaume  de  Tripoli,  fur  la  côte  de  la  mer 
Méditerranée,  avec  un  affez  bon  port  ôi  un  vieux  châ- 
teau, entre  le  golfe  de  Capez  au  couchant,.  &  celui  de 
laSidre  au  levant,  à  cent  milles  de  Tripoli  vers  l'orient. 
On  y  voit  quantité  de  ruines ,  la  plupart  enfevelies  dans 
les  fables,  entr'autres ,  celles  d'un  amphithéâtre  bâti  par 
l'empereur  Sévère ,  dont  on  croit  que  cette  ville  étoit  la 
patrie.  C'eft  de-là  qu'on  a  tiré  tant  de  belles  colomnes 
de  marbre ,  que  l'on  a  transportées  en  France  ;  celles  du 
giand  autel  de  Saint- Germain-des-Prez ,  à  Paris,  font 
de  ce  marbre.  . 

Voyez  LeptiS,  qui  eft  l'ancien  nom  de  cette  ville. 

LEBEDONTIA  ,  ville  de  l'Espagne  Tarragonoife,' 
fur  la  côte  de  la  Méditerranée.  Feftus  Avienus,  Ora  ma- 
rk, v.  507. 

Mox  quippe  Scllus ,  (nomen  hoc  monti  ejî  vêtus) 
Adusque  cclj'a  nubiumfitbducitur , 
Adftabat  ijium  civitas  Lebedontia, 
Prwre  fœtJo,  nunc  ager  vacuus  lare, 
Lujlra  &  fer  arum  fujïmet  cubilia. 

C'eft-à-dire  que  la  ville  de  Lébédontia  avoit  été  auprès 
du  mont  Sellus  ;  qu'elle  ne  fubfiftoit  plus  ,  fk  que  la 
place  où  elle  avoit' été  ,  étoit  déferte,  &  fervoit  de  re- 
traite aux  bêtes  fauvages. 

LÉBEDUS  ,  ville  ancienne  de  l'Afie  proprement 
dite,  "dans  l'Ionie,  ou  fur  l'ifthme  ,  ou  du  moins  auprès 
de  l'iflhme  ,  entre  Smyrne  &  Colophone ,  félon  la  Ta,- 
ble  de  Peutinger ,  qui  compte  ainn  la  diftance  : 


omyrna, 
Teos, 

XX.   M 

Lebedos , 

XV.   M 

Colofon , 

XX.   M 

Pline ,  /.  5  ,  c.  19 ,  qui  fuit  un  ordre  tout  oppofé,  dit 
Colophon  ,  que  baigne  le  Halèfe  ,  enfuite  le  temple  d'A- 
pollon Clarién  ,  Lebedos.  Strabon  ,  /.  14,  parle  des  jeux 
que  l'on  y  célébroit,  tous  les  ans,  en  l'honneur  de  Bac- 
chus  ;  c'eft  à  quoi  fe  rapporte  une  médaille  de  Géta 
avec  la  figure  de  Bacchus,  &  ce  mot  A&BEAinN.  Lyfi- 
machus  renverfa  Lebedus,  &  en  transportâtes  habitans 
à  Ephèfe  ,  comme  Paufanias,  Attic.  c.  9,  le  raconte. 
Depuis  ce  tems-là  ,  cette  ville  ne  put  fe  relever,  &  de- 
meura moirts un  bourg  qu'un  village.  Horace,  /.  1,  «/.il, 
v.  5  &feq.  dit  à  ce  fujet  : 

An  venit  in  votum  Attalicis  ex  urbibus  una  , 
An  Lebedum  laudas  odio  maris  atque  viarum  ? 
Scis  Lebedus  quàm  fit  Gabiis  defertior  atque 
Fidenis  viens.   Tamen  illic  vivere  vellem  ,  fkc. 

C'eft-à-dire  :  Souhaiterie^-vous  de  faire  votre  féjour  dans 
quelqu'une  des  villes  d'A'.talus  ?  où  vous  arréterieç-vous 
à  Lebedus  ,  à  caufe  de  l'averfion  que  vous  ave^  pour  la. 
mer  &  pour  les  incommodités  du  voyage  ?  Save^-vous 
que  Lebedus  eft  un  village  plus  defert  que  Gabies  &  que 
Fidenes  ?  Cependant  j'y  voudrois  pafjer  ma  vie ,  occ. 
Surquoi  Dacier  remarque  :  on  fait  par  Strabon  que  Le- 
bedus étoit  un  lieu  affez  défert ,  plus  des  trois  quarts  de 
l'année ,  &  qu'il  n'étoit  fréquenté  que  pendant  que  les 
comédiens  y  féjournoient  pour  jouer  leurs  pièces  &  cé- 
lébrer les  fêtes  de  Bacchus.  C'eft  pourquoi  les  Lébédiens 
les  recevoient  avec  tant  de  joie.  Hérodote,  Strabon  Se 
Mêla  parlent  de  Lebedus ,  comme  étant  l'une  des  douze 
anciennes  villes  d'Ionie.  Ortélius  obferve  que  quelques 
interprètes  d'Horace  fefont  trompés,  endilànt,  que  Le- 
bedus ,  dont  ce  poëte  parle  ici ,  n'étoit  pas  l'ancienne 
ville  d'Ionie,  mais  quelque  village  maritime  d'Italie,  où 
quelques-uns  alloient  goûter  la  fraîcheur  pendant  l'été. 

LEBEGÙIN,  lieu  d'Allemagne,  au  duché  de  Mag- 
debourg,  aux  frontières  du  pays  d'Anhalt. 

LEBENA  ,  a  £»,* ,  ville  de  l'ifle  de  Crète ,  fur  fa  côte 
méridionale ,  félon  Ptolomée.  Elle  étoit  voifine  du  pro- 
montoire de  Léon  ;■  c'étoit  une  ville  marchande  qui 
fervoit  de  port  à  la  ville  de  Gortyne  ,  dont  elle  étoit  à 


LEB 


quatre-vingt-dix  ftades,  félon  Strabon,  /.  10.'  Paufànias, 
Corinth.  c.  26,  dit  qu'ily  avoit  un  temple  d'Esculape , 
bâti  fur  le  modèle  de  celui  qui  étoit  à  Cyrène  ;  &  Phi- 
loftrate,  /.  4,  c.  11  ,  dans  la  vie  d'Apollonius  dit  que 
toute  la  Crète  fe  rendoit  à  ce  temple  ,  de  même  que 
toute  l'Afie  fe  rendoit  à  Pergame.  Ce  temple  eft  nommé 
Lebeneum,  AiCwiaii» ,  félon  Ortélius.  Cemotneveut 
dire  que  le  temple  des  Lébéniens. 

LEBER  ,  (  la  rivière  de  )  rivière  de  la  haute  Alface. 
Elle  a  fa  fource  à  l'orient  des  montagnes  de  Vosge,  aux 
confins  de  la  Lorraine ,  auprès  de  Kéburg  ;  elle  ferpente 
quelque  tems  vers  le  nord,  &  reçoit,  entr'autres  ruifleaux, 
celui  qui  vient  d'un  village  auquel  il  donne  fon  nom  de 
petit  Lèbcreau.  Les  François  ont  changé  ce  nom  encelui 
de  petit  Lièvre.  Cette  rivière  étant  arrivée  à  Sainte-Ma- 
rie-des-Mines ,  fe  tourne  vers  l'orient,  &,  continuant  à 
fe  charger  de  divers  ruiffeaux,  palje  à  un  lieu  nommé 
le  grand  Lébereau  ,  fe  mêle  avec  une  autre  rivière  à 
Rainftein  ;  fe  partage  en  deux  branches ,  puis  en  deux 
autres  ,  qui  forment  plufieurs  ifles.  L'un  de  ces  bras 
tombe  dans  les  folles  de  Schleftadt  ;  un  autre  arrofe  le 
territoire  de  cette  ville,  &  va  au-deffeus  le  jetter  dans 
l'ill  ;  le  troifiéme  paffe  à  Ebersheim  &  le  jette  dans  la 
même,  rivière  à  fon  tour.    *H.  Sengre,  Carte  d'Alface. 

La  vailée  qu'arrofe  la  rivière  du  Leber,  eft  appellée 
ou  Leberaw  ou  LEBERTHAL.  Sainte-Marie-aux-Mi- 
nes  en  eft  l'endroit  le  plus  important. 

LEBERON,  Lebcro,  montagne  de  France,  en  Pro- 
vence.' Elle  s'étend,  au  couchant  ,  l'espace  de  quelques- 
lieues  ,  fur  la  frontière  de  Dauphiné ,  entre  la  Durance , 
la  ville  d'Apt  &t  la  rivière  de  Colaxon  ,  au  feptentrion. 
* Baudrand ,  édition  1705. 

LEEETHRIUS.  Voyez  Libethra. 

LEBIDON,  lieu  où  facrifioient  les  A.rabes  Moabi- 
tes  ,  félon  Hé  yche.  *  Ortel.  Thef. 

LEBINTHUS,  ifle  de  la  mer  de  Crète.  Pomponius 
Mêla,  l.  x,  c.  7,  nomme  comme  ifles  voifines  l'une  de 
l'autre  Nifyros,  Lebinthos ,  Calymnia.  Ovide,  dans  fes 
Métamorphoi'es,  /.  8,  v.  222,  dans  la  description  du  vol 
d'Icare  &  de  Dédale  fon  père,  dit  de  même  : 

Dcxtra  Lebynthos  erat  fœcundaqut  mette  Cafymne. 

Pline,  /.  4,  c.  ix,  nomme  cette   ifle  entre  les  écueils 
Corajiœ,  aujourd'hui  Dragoniji,  &  l'ifle  de  Léros,  C'eft 
•    prélentemènt  Levita  ,  ifle  de  l'Archipel. 

1.  LEBNA,  campement  des  Israélites,  dans  le  dé- 
fert, entre  Remnon-Pharez  &  ReiTa.  D.  Calmet ,  Dicl. 
croit  que  ce  campement  étoit  dans  le  territoire  ,  &, 
comme  parle  l'Ecriture,  dans  le  défert  de  la1  ville  de 
Lebna  ou  LEBONA,  au  midi  de  la  terre  de  Chanaan. 
Lebna  fut,  dans  la  fuite,  donnée  à  la  tribu  de  Juda  ;  elle 
fut  cédée  aux  prêtres  &  devint  une  ville  de  refuge. 
* Num.  c.  23,  v.  il. 

Il  y  avoit  le  campement  de  Lebna  &  la  ville  de  Lebna. 
Le  campement  nommé  Lebna  dans  notre  Vulgate,  à  l'en- 
droit cité  ,  eft  appelle  Lebona  par  S.  Jérôme  ,  de  Locis 
hebr.   Lebona,  dit-il,   in  dejlrio  ,  cajlra  fdiorum  Israël. 

2.  LEBNA,  Lobna  ou  Labana  ,  ou  Léena.  Les 
trois  premiers  noms  fe  trouvent  dans  la  Vulgate ,  cV  le 
quatrième  dans  Eusèbe,-  iktous  figni fient  une  même  ville 
de  la  Paleftîne ,  dans  la  tribu  de  Juda.  S.  Jérôme  dit 
que  Jofué  en  jouit,  après  en  avoir  tué  le  roi.  Elle  eft 
comptée  entre  les  villes  facerdotales,  auiLvre  de  Jofué, 
c.  21  ,  v.  13,  &c  au  premier  des  Paralipomènes  ,  c.  6 , 
v.  57.  Sennachérib,  roi  d'Aflyrie,  aflîégeoit  cette  ville, 
lorsqu'en  une  feule  nuit  l'ange duSeigneur  tua,  {Reg.  1.  2, 
c.  19,')  quatre-vingt-cinq  mille  hommes  de  fon  armée. 
Il  eft  parlé  de  cetrevi!  e  dans Ifaïe,  c'.  37.  Voyez  Lobna. 

LEBNAW,  village  d'Allemagne,  en  Bavière,  dans 
l'archevêché  de  Saltzbourg,  fur  laSaltz,  au-deftous  de 
LaufFen.  Quelques  au'eurs  prennent  ce  lieu  pour  l'an- 
cienne Artcbriga  de  Vindélicie  ,  qve  d'.autres  mettent  à 
Artzborrg  ,  village  îîrué  fur  le  Danube. 

1.  LEBONA.  S.  Jérôme  nomme  ainfi  le  campement 
de  Lebna,  dans  le  défert,  comme  nous  l'avons  remar- 

l        que  ci-deflus. 

2.  LEBONA,  ville  de  la  Paleftine  ,  dans  la  tribu 
d'Ephraïm,  au  nord  de  la  ville  de  Sino.  Maundrel,  dans 
fon  Voyage  d'Alep  à  Jérufalem  ,  croit  que  c'eft  un  lieu 
nommé  Ch AN- LABAN,  à  quatre  lieues  de  Sichem, 


LEC  779 

vers  le  midi  ,"  Se  à  deux  lieues  de  Béthel.  *  Judic.  c.  21, 
v.  19. 

LEBRIXA,  ville  d'Espagne,  dans  l'Andaloufie,  au 
nordd'Arcos  de  laErontera,  &  à  quatre  lieues  de*Sainr> 
Lucar  de  Baraméda.  Cette  ville  eft  ancienne  &  fort 
agréable,  quoique  médiocrement  grande.  Elle  étoit  au- 
trefois fur  la  branche  orientale  du  Guadalquivir  ;  mais 
cette  ^branche  ayant  été  bouchée,  Leb-ixa  fe  trouve  au- 
jourd'hui à  deux  grandes  lieues  de  ce  fleuve.  El.e  fut 
connue  des  anciens  fous  le  nom  de  Nebrisa,  d'oùs'eft; 
formé  le  nom  moderne  ,  ou  plutôt  qu'elle  porte  encore 
avec  un  fort  léger  changement.  On  y  voit  un  vieux  châ- 
teau ,  qui  a  rélifté  aux  injures  du  tems  &  qui  marque 
quelque  choie  de  ce  que  cette  ville  étoit  anciennement* 
On  ne  peut  rien  voir  de  plus  beau  que  les  dehors  de 
cette  place.  C'eft  une  vafte  &  fertile  campagne,  où,  de 
quelque  côté  qu'on  tourne  les  yeux,  on  ne  voit  que  des 
objets  qui  font  plaifir  ;  ici  ce  font  d'agréables  prairies 
émaillées  de  fleurs  ,  là  des  champs  abondans  en  grains, 
ou  des  vignes  qui  produifent  d'excellent  vin,  entre-cou- 
pées de  bois  d'oliviers,  dont  on  tire  la  meilleure  huile 
qui  fe  fafle  en  Espagne. 

LEBUI  ou  Libui  ,  ancien  peuple  de  la  Gaule  Cispa- 
dane.  Tite-Live,  /.  21  ,  c.  38,  en  fait  mention  en  plus 
d'un  endroit  ;  dans  l'un,  parlant  du  partage  d'Annibal  , 
il  dit  ;  ces  deux  partages  ne  l'auroient  pas  conduit  chez 
le  peuple  Taurini,  (le  Piémont,)  mai,  par  les  monta- 
gnes des  Salaffes,  (le  Val-a'Aofte,)  ii  ferait  arrivé  chez 
les  Lébùens.,  qui  {ont  un  peuple  Gaulois.  Cluvier,  liai. 
ant.  croit  que  ce  nom  Lebui  eft  le  même  que  Libici 
ou  Lebecii  ,  dont  Verceil  &  Laumello  étoient  les  vil- 
les ;  mais  Tite-Live  lui-même  empêche  qu'on  ne  tombe 
dans  cette  erreur  ;  car  il  dit  bien  exprefi'rment,  /.  5,c.  35, 
que  les  Libuens  occupoient  le  pays  où  font  Bnxia  &  Vé- 
ronne.  Voyez  Libici. 

LEBUNI ,  ancien  peuple  de  l'Espagne  Tarragonoifs, 
félon  Pline  ,  /.  3  ,  c.  3.  Hermolaùs  Barbarus  a  conjec- 
turé que  ce  devoit  être  le  même  peuple  que  les  Lmni^ 
dont  parle  Pline  dans  le  même  livre  ;  &f  Ortélius  a  eu 
la  même  penfée.  C'eft  une  erreur ,  dont  Pline  fournit 
lui-même  la  preuve.  Nous  avons  dit  à  l'article  d'EsPA- 
GNE  qu'elle  étoit  divilee,  fous  les  Romains,  en  aiTemblées 
nommées  en  latin  convenais  :  or  Pline  met  les  Lebuni 
fous  l'aîTemblée  de  Lugos  ;  au  lieu  que  les  Leuni  étoient 
fous  l'aîTemblée  de  Braga:  ainfi  c'étoient  deux  peuples 
difFérens  l'un  de  l'autre. 

LEBUSA,  village  d'Afie,  dans  la  Natolie  ,  entre  Ni- 
comédie  &  Chalcédoine.  C'étoit  autrefois  une  ville  ma- 
ritime de  Bithynie,  appellée  LlBYSSA.  Voyez  ce  mof. 

LEBUSS,  Lebus  ouLibus,  ville  d'Allemagne,  dans 
le  Brandebourg  (a)  ,  entre  Cuftrin  &  Francfûrt-fur-1'O- 
der,  à  un  mille  d'Allemagne  de  la  première,  &  à  deux 
de  la  féconde.  Les  premiers  ducs  Chrétiens  de  Pologne 
partent  pour  en  être  les  fondateurs.  Elle  eft  entre  deux: 
petites  montagnes ,  fur  l'une  desquelles  on  voit  l'ancien 
château  de  l'évêque,  à  qui  cette  ville  appartenoit  ;  il  a 
été  brûlé  Se"  il  n'en  refte  plus  que  des  mafures  (b).  Ce 
lieu  a  été  le  fiége  d'un  évêché  fondé,  en  966,  par  Miecis- 
lav,  duc  de  Pologne.  Cafimir  I,  roi  de  Pologne,  y 
fonda,  l'an  1044,  un  monaftere  de  l'ordre  de  Clugni  , 
qu'il  dota  richemenr.  Boleflas,  duc  de  Silélie,  mit,  en 
1178,  des  Bernardins  dans  ce  monaftere,  &  ledota en- 
core plus  richement  qu'il  ne  l'étoit.  Boleflas  le  Chauve,  fils 
de  Henri  le  Pieux,  duc  de  Siléfie,  étant  réduit  à  de  grandes 
extrémités ,  à  caufe  des  guerres  qu'il  avoit  fur  les  bras , 
engagea  ou  vendit  Lebus  Se  l'on  territoire  à  Jean  Se  Ot- 
ton,  marquis  de  Brandebourg,  vers  l'an  1260;  &  de- 
puis ce  rems-là  cet  évêché  demeura  au  pouvoir  &  fous 
la  protection  de  la  maifon  de  Brandebourg,  qui  le  l'ap- 
propria enfin  l'an  1556.  Il  eft  fécul.irifé.  *('')  Zeyhry 
Brandeburg,Topogr.jE>.  71.  Q>)  GJiyij;<ei ,  Saxon,  je.  955. 

LECCA  ,  l'un  des  canaux  par  lesquels  le  Rhin  lé  rend 
dans  l'Océan.  Voyez  Lecic. 

LECCE,  Âltiium  ,  ville  d'Italie  ,  au  royaume  de  Na- 
ples,  dans  la  terre  d'Ctante,  dont  elle  eft  la  principale. 
C'eft  la  rélïdence  du  gouverneur  ik  le  ii  '^e  rj'u  .  e.ecaé 
fuff-agant  de  l'archevêché  d'Ocrante.  Quoiqu'elle  n'ait 
point  de  rivière  &  qu'elle  (bit  même  à  fept  ou  huit 
milles  du  golfe  de  Venife,  elle  ne  laiife  pis  d'être  firc 
grande.  Elle  paffe  pour  la  ville  la  plus  peuplée  de  tout 
le  royaume  de  Naples,  &  eft  presWau  milieu  .-entre 
TomtlII.    Fffffij 


LEG 


700 

Brindes  &  Otrante  ,  dont  elle  eft  à 'vingt  milles,  &  à 
quinze  de  Nardo.  Les  laines  de  Lecce  étoient  autrefois 
frès-eftimées,  &  connues  fous  le  nom  de  laines  Tarenti- 
nes.  Il  y  a  dans  le  territoire  de  cette  ville  beaucoup  d'a- 
mandiers ,  &  d'oliviers.  D.  Matthéo  Egirio  croit  que 
Lecce  eft  l'ancienne  Lupia ;  mais  en  cela  il  ne  s'accorde 
pas  avec  Ptolomée  ck  Pline  qui  placent  Lupitz  lur  la 
côte  de  la  mer.  Ainfi  j'aime  mieux  dire  avec  Cluvier,  que 
Lupiœ  eft  aujourd'hui  San-Cataldo  ;  &  AUtium,  Lecce. 
Lupiœ  a  été  auttetois  ville  épiscopale  ;  l'évêché  a  été 
transféré  à  Lecce,  de-là  vient  qu'on  dit  AUtinus ,  ou 
Lupiurum  episcvpus.  C'eft  fans  doute  ce  qui  a  occafionné 
l'erreur.  * Baudr.  éd.  1705. 

LECCENA ,  torêt  de  la  Gaule ,  dans  la  première 
Aquitain*,  où  la  reine  Brnnehault  avoit  une  mailon,  fé- 
lon Aimoin  6c  Hugues  de  Fleuri  ,  qui  met  cette  forêt 
aux  contins  du  Berri  ck  de  l'Auvergne.  Hadrien  de  Va- 
lois ,  Nota.  Gall.  p.  266 ,  dit  qu'il  faut  chercher  cette 
forêt  Leccena  ou  Lt 


LEC 


dans  le  Bourbonnois.  *  Or- 
tel.  Thef. 

LECCO  ,  petite  ville  d'Italie  ,  en  Lombardie ,  dans 
le  Milanez  ,  à  l'endroit  où  la  rivière  d'Adda,  fort  du  lac 
de  Côme  ,  fur  la  frontiete  de  l'état  de  Venife  &  du 
Bergamasque  ,  à  neuf  ou  dix  milles  de  Côme,  félon  Ma- 
gin.  *  Baudr.  éd.  1705. 

LECCUM  ,  bourg  de  Grèce,  dans  l'Attique,  ck  com- 
pris dans  la  tribu  Antiochide ,  félon  Spon  ,  Lifte  de 
l'Attique. 

LECH ,  rivière  d'Allemagne  ;  elle  a  fa  fource  au  Ti- 
■rol  ,  furies  frontières  des  Grifons  ,  d'où,  prenant  fon 
cours  vers  le  nord,  6t  féparant  la  Suabe  de  la  Bavière, 
elle  paffe  à  Sueffen  ,  à  Schong;.u  ,  à  Landsperg  &  à 
Augsbourg  ;  puis  fe  jette  quelques  milles  plus  bas  dans 
le  Danube ,  à  Lechmund  ,  près  de  Rain ,  &  un  peu  au- 
deffous  de  Donawert.  *  Baudr.  éd.  1705. 

LECHjEUM  ,  port  fur  Je  golfe  de  Corinthe  ;  il 
fervoit  de  port  à  la  ville  même  de  Corinihe.  Polybe, 
Strabon ,  Ptolpmée  ck  Paulanias ,  &  quantité  d'autres  en 
font  mention.  La  ville  de  Corinthe  ,  comme  nous  le 
remarquons  ailleurs,  quoique  fituée  entre  deux  mers, 
ce  qui  fait  dire  à  Horace Bimaris  Corinlhï,  n'étoit  pour- 
tant lur  le  bord  ni  de  l'une  ni  de  l'autre  ;  mais  elle  avoit 
de  chaque  côté  un  lieu  qui  lui  fervoit  de  port  ,  favoir 
Cenchrées  au  levant,  ck  Leçhaum  au  couchant.  C'eft  pré- 
fentement  LJîeiocori,  félon  Molet  cité  par  Baudrand. 

LECHE,  rivière  des  Pays-bas,  dans  le  duché  de 
Luxembourg  ,  où,  après,  avoir  arrofé  Ham ,  elle  fe  jette 
dans  un  antre  épouvantable  ,  où  elle  fe  cache  l'efpace 
de  près  d'une  lieue.  Elle  en  fort  enfuite  auflî  claire  qu'au- 
paravant ;  perfonue  n'a  été  afiez  hardi  pour  le  paffer  en 
bateau.  Quelques  matelots  y  étant  entrés  avec  des 
flambeaux,  paflerent  entre  des  rochers,  au  milieu  des- 
quels l'eau  couloit  avec  un  bruit  qui  les  épouvanta.  Etant 
parvenus  à  un  lieu  qui  reffembloit  à  un  petite  mer ,  ils 
n'oferent  s'engager  dans  des  détours  dont  ils  auroient  pu 
avoir  de  la  peine  à  fe  retirer.  *  Corn.  Dift.  Longuirue , 
Description  de  la  France. 

LECHI ,  lieu  de  la  Paleftine,  ainfi  nommé  à  caufe  de 
l'ufage  que  Samfon  y  fit  d'une  mâchoire;  car  ce  motZ,£- 
chi  fignifie  la  mâchoire  ;  &C  voici  ce  qui  y  donna  occafion. 
Samfon  ayant  quelque  fujet  de  n'être  pas  content  des 
Philiftins,  (Judic.  c.  15,)  lâcha  fur  leurs  terres  trois 
cents  renards,  ayant  des  flambeaux  à  leurs  queues,  ck 
par  ce  moyen  mit  le  feu  dans  toutes  leurs  moiffons.  Il 
les  battit  encore,  dans  la  fuite,  en  plufïeurs  rencontres  ; 
enforte  qu'ils  mirent  une  armée  fur  pied ,  ck  entrèrent 
dans  les  terres  de  Juda.  Ceux  de  Juda  leur  demandèrent 
pourquoi  ils  vouloient  leur  faire  la  guerre.  Les  Philis- 
tins répondirent  :  nous  n'en  voulons  qu'à  Samfon,  pour 
lui  rendre  tout  le  mal  qu'il  nous  a  fait.  Alors  trois  mille 
hommes  de  Juda  allèrent  trouver  Samfon  ,  ck  lui  dirent 
qu'ils  vendent  pour  le  lier  ck  pour  le  livrer  aux  Philis- 
tins. Samfon  leur  répondit  :  promettei-moi  de  ne  me 
point  tuer,  &c  je  me  bifferai  lier  ck  conduire  aux  Philis- 
tins.   Ils  le  lui  promirent,  ck  il  fe  laifla  lier. 

Lorsqu'ils  furent  arrivés  près  de  l'armée  des  Philis- 
tins ,  ceux-  ci  vinrent  contre  lui  avec  de  grands  cris. 
Mais  l'Espr  t  de  Dieu  ayant  faifi  tout-d'un-coup  Samfon  , 
il  rompit  les  cordes  dont  il  étoit  lié  ;  &  ayant  trouvé 
une  mâchoire  d'âne,  qui  étoit  à  terre,  il  la  prit;  ck  fe 
jettant  fur  les  Philiftins  ,  il  en  tua  mille  hommes.  Alors 


il  chanta  ce  cantique  de  viftoire  :  Je  les  ai  défaits  avec 
une  mâchoire  d'âne  ,  avec  la  mâchoire  d'un  poulain 
d'âneffe ,  ck  j'ai  tué  mille  hommes.  Après  cela,  il  jetta 
fa  mâchoire ,  ck  nomma  ce  iieu  Ramath-Lcchi ,  ['éléva- 
tion de  la  mâchoire.  Etant  enfuite  prefié  d'une  grande 
foif,  il  cria  au  Seigneur,  ckdit:  Scgneur,  c'eft  vous  qui 
avez  donné  cette  victoire  à  votre  ferviteur  ;  ck  mainte- 
nant je  meurs  de  foif,  ck  je  tomberai  entre  les  mains  de 
ces  incirconcis  ;  ck  le  Seigneur  ouvrit  une  des  greffes 
dents  de  la  mâchoire,  ck  il  en  fortit  une  fomajne,  qui 
fervit  à  défaltérer  Samfon ,  &  qui  conferva  le  nom  de 
Lichi ,  ou  de  mâchoire. 

Les  Hébreux  donnoient  quelquefois  le  nom  as  dents  (a), 
aux  rochers  nuds  &iescarpés  :  Dieu  ouvrit  donc  un  ro- 
cher, nommé  Machtes,  ou  h.  dent  mâcheliere,  qui  étoit 
au  lieu  où  Samfon  avoit  remporté  la  viftoire ,  avec  une 
mâchoire  d'âne,  ckque  pour  cette  raifon  il  avoit  mmmé 
Lechi,  ou  la  mâchoire.  Cette  fontaine,  fortie  du  rocher 
nommé  la  dent  mâcheliere ,  fitué  au  lieu  nommé  la  mâ- 
choire, a  fait  croire  à  plufieurs  perfonnes  (b),  que  la  fon- 
taine, dont  il  s'agit  ici,  étoit  fortie  immédiatement  de 
l'alvéole  de  la  mâchoire  d'âne  ;  ce  qui  feroit  un  miracle 
fort  furprenant.  Mais  de  la  manière,  dont  nous  venons 
de  l'expliquer,  on  reconnoit  le  miracle  de  la  fontaine, 
fortie  du  rocher  à  la  prière  de  Samfon ,  ck  on  ne  mul- 
tiplie pas  les  merveilles  fans  néceffité.  Le  fentiment  que 
nous  avons  propofé  ,  eft  fuivi  par  Jofeph ,  Antiq.  L'Ç  , 
c.  to;  par  le  paraphrafte  Jonathan,  &  par  un  bon  nom- 
bre de  commentateurs  (c).  Cette  fontaine  a  fubfifté  long- 
te.ns,  &  fubfifté  apparemment  encore  dans  la  Paleftine. 
Glycas  (d),  ck  le  martyr  Antonin  (e)  en  parlent,  ck  di- 
fent  qu'on  la  voit  au  fauxbourg  d'EIeuthéropolis.  *(a)  Reg. 
1.  I,  c.  14,  v.  4,  5.  Job.  c.  39,  v.  18.  Q>)  Vau],.  Druf. 
Bonfrer.  Grot.  Bochart.  alii  plerique.  (c)  Ar.  Mor.t.  Dnzjl 
Jun.  Pifcat.  Amama  ,  Cajlel.  Cleric.  Schmid.  (<>)  fa^. 
nal.  part.  2,  p.  164.  (e)  Anton.  Martyr.  Itineraf. 
Cet  article  eft  tiré  de  D.  Calmet. 
LECHLADE,  bourg  d'Angleterre,  dans  la  province 
de  Glocefter.  On  y  tient  marché  public.  *  Etat  prèfent 
de  la  Gr.  Bret.  t.  1. 

LECHMIUM-LOCrLEÀ  &  Coryphe  ,  lieux  du 
Péloponnèfe ,  aux  environs  de  Corinthe ,  félon  la  con- 
jecture d'Ortélius ,  Thefaur.  qui  cite  Polyen  ck  Wetté- 
ranus,  fon  interprète.  Il  ajoute  que  c'eft  une  faute  ck  que 
les  deux  premiers  noms  ne  font  autre  chofe  que  le  nom 
de  Lechœum  diverfement  corrompu. 

LECHNICH  ,  petite  ville  d'Allemagne  ,  dans  le  haut 
éle&orat  de  Cologne ,  fur  la  frontière  du  duché  de  Ju- 
liers  ,  à  trois  milles  d'Allemagne,  de  Cologne  &  Zul- 
pich.   Le  nom  latin  eft  Legionacum. 

LECK ,  (le)  de  Lechi ,  rivière  des  Pays-bas  ;  à  pro- 
prement parler  ,  c'eft  moins  une  rivière  qu'un  bras  du 
Rhin  ,  qui  prend  ce  nom  à  "Wyck-te-Duerftede  ;  arrefe 
Ravensway,  g.  Boëfecom,  g.  Culenbourg,  g.  Everdtrtg, 
g.  Hageftein  ,  g.  Viane  ,  g.  "Wreeswyck ,  d.  Lecks- 
monde  ,  g.  Jacsrsvelt,  d.  Àmeyde ,  g.  Langerack,  g. 
Nieuport,  Schonhove,  d.  Hem,  d.  Liesvelt ,  g.  Groot- 
Ammers,  g.  Steeskerk,  g.  Leckerkerk,  d.  Krimpe  ,  d. 
où  il  fe  perd  dans  la  Merve.  Corneille ,  Dicl.  dit  q;ie 
c'eft  le  canal  de  Corbulon  ,  Fojja  -  Corhulonis ,  ck  cite 
Cluvier,  qui  ne  dit  rien  de  pareil.  Cet  auteur  dit,  au  con- 
traire (a),  que  le  nouveau  canal ,  dans  lequel  Civilis  fit 
couler  le  Rhin  ,  eft  préientement  le  Leck ,  Lecca ,  qui, 
coulant  à  Culenbourg,  à  Viane,  à  Schoonhove  ,  fe  perd 
dans  la  Meufe,  près  du  village  de  Krimpen.  Il  reprend 
enluite  Ortéliiis,  qui,  trompé  par  Junius,  confond  le  Leck 
avec  la  foffe  de  Corbulon  (b)..  Un  diplôme  deCharfe- 
magne,  en  776,  nomme  cette  rivière  Lockia :  Orton  le 
Grand,  dans  un  adte  de  944,  la  nomme  Lake  ;  mais  l'é- 
vêque  Burchard,  dans  {'es  Lettres  de  l'an  1 108  ,  dit  Lec- 
kia.  Héda  dit  que  ce  fut  en  841,  que  l'on  releva  fes  bords 
de  fortes  digues.  *  (a)  De  tribus  Rheni  alveis  ,  c.  6. 
(b)  Alting.  Not.  Germ.  infer.  part.  2,  p.  1 1 1. 

LECTOURE,Leictoure,  ou  Leitoure,  Laciora, 
Lcclorium ,  Leclura  fck  Lcclurum  ;  jolie  ville  de  France, 
dans  le  gouvernement  de  Guienne  ,  généralité  d'Auch, 
enclavée  dans  l'éleftion  de  Lomasne,  dont  elle  ne  dé- 
pend point.  Elle  eft  fur  une  montagne  ,  au  pied  de  la- 
quelle paffe  la  rivière  de  Hers.  Cette  ville  ck  là  dépen- 
dance lont  un  pays  de  fubvention  ,  qui  ne  paye  que  " 
trois  mille  livres  par  an  de  don-gratuit.  Il  y  a  un  évêché, 


LED 


LEE 


fuffragent  d'Auch.  On  y  voit  encore  une  fontaine  qui  fut 
bâtie  par  les  Romains.  La  conftruftion  en  eft  afièz  fingù- 
liere.  On  voit  à  l'hôtel  de  ville  un  débris  deTauroboIe. 
Elle  eft  à  cinq  lieues  à  l'eft  de  Condom  ;  à  huit,  au  iùd- 
oueftd'Agen;  à  cinq,  au  nord  d'Auch;  à  cent  quarante- 
trois,  au  fud-nord-oueft  de  Paris.* Mém.drefjésfur  les  Li.ux. 
André  Duchêne  a  prétendu  que  cette  ville  s'appelloit 
anciennement  Tauropolium ,  la  ville  des  Taureaux;  mais 
ce  mot,  qui  eft  dans  une  infeription,  qu'on  trouve  fur 
le  perron  de  la  prifon  de  l'ofncialité  ,  fignifie  un  lacrifice 
de  taureaux,  fait  à  la  mère  des  dieux.  Cette  ville  étoit 
le  chef-lieu  du  peuple  Laclorates,  dont  le  nom  eft  mar- 
qué dans  une  infeription  Romaine.  Il  ne  le  trouve  point 
marqué  ailleurs  dans  les  écrits  des  anciens  ,  avant  l'Iti- 
néraire d'Antonin  ,  où  l'on  voit  la  ville  de  Leictoure,  fur 
le  chemin  qui  alloit  à  Comminges,  paffant  par  Auch.  Il 
eft  vrai  qu'il  eft  fait  mention  dans  Pline  des  peuples  , 
dont  le  nom  fe  trouve  écrit  Latufates  ;  mais  ce  nom 
étant  corrompu  ,  il  n'eft  pas  fur  de  le  vouloir  rétablir  fur 
des  fimples  conjectures  ,  n'y  ayant  d'ailleurs  aucune 
preuve  que  ces  Latufates  ayent  habité  la  ville  Se  le  terri- 
toire de  Leictoure.  *  Longuerue ,  Defcr.  de  la  France  , 
I.  pari,  p.  196. 

Depuis  le  cinquième  fiécle ,  le  nom  Laclora,  Se  celui 
des  évêques  de  cette  ville,  le  trouvent  dans  lesfignatu- 
res  des  conciles  ;  elle  a  toujours  été  célèbre  ,  paflant 
pour  la  plus  forte  de  toute  la  Gascogne,  paj  fa  (îtuation 
fur  une  montagne  escarpée,  Se  par  fes  fortifications.  Elle 
confifte  en  une  triple  muraille ,  avec  un  aftez  bon  châ- 
teau. Philippe  le  Bel  acquit  Lectoure  en  1300 ,  d'Elie 
Talleiran,  comte  de  Périgord.  Il  la  donna  enfuite  à  Ar- 
noud  de  Goût  ,  dont  la  petite  -  fille  nommée  Ré- 
gine, la  donna  par  teftament  à  Jean  I,  comte  d'Arma- 
gnac ,  fon  mari.  Jean  V  ,  comte  d'Armagnac,  y  fut 
tué  en  1473  ,  étant  forti  du  château  où  il  étoit  affiégé  , 
pour  conférer  avec  Jean  JofFroi ,  ou  Joffiridi ,  évêque 
d'Albi ,  cardinal ,  Se  commandant  l'armée  qui  faifoit  le 
fiége. 

L'évêché  de  Lectoure,  ou  Leitoure,  eft  ancien,  Se  de 
dix-huit  mille  livres  de  revenu.  Son  diocèfe  n'a  que  foi- 
xante-treize  paroiffes.  L'églife  cathédrale  eft  dédiée  à 
S.  Gervais  &  à  S.  Protais  ;  Sefon  chapitre  eft  compofé 
de  quatre  archidiacres  ,  dont  deux  n'ont  point  de  revenu  ; 
Scies  deux  autres  ont,  l'un  feize  cents  livres,  &  l'autre 
huit  cents  livres,  &  de  douze  chanoines,  qui  ont  cha- 
cun quatre  cents  cinquante  livres.  *  Piganiolde  laForcey 
Descr.  de  la  France ,  t.  4,  p.  484. 

Les  comtes  d'Armagnac  regarcioient  la  ville  de  Lei- 
toure, comme  la  capitale  de  leurs  états,  après  qu'ils' eu- 
rent uni  la  Lomagne  à  leur  domaine  ;  mais  aujourd'hui 
c'eft  la  ville  d'Auch ,  qui  eft  la  capitale  de  tout  l'Arma- 
gnac; ce  Leitoure  ne  l'eft  que  de  la  Lomagne.    ' 

1.  LECTUM,  promontoire  de  l'Afie  mineure,  dans 
la  Troade  ,  à  l'extrémité  du  mont  Ida.  Plutarque ,  in 
Lucullo  ;  ScAriftote,  Animal.  1.  5,  en  font  mention. 
C'eft  préfentement  le  cap  Scorpiata  de  Sophien. 

%.  LECTUM.  Ortélius  trouve  en  Afrique  une  place 
de  ce  nom,  au  bord  de  la  Méditerranée,  Se  cite  le  pre- 
mier Livre  de  la  guerre  contre  les  Vandales  parProcope. 
LECUM,  ville  de  la  Paleftine,  dans  la  tribu  de  Neph- 
tali.  *Jofi/é,  c.  19,  v.  33. 

LECITHUS,  ville  de  Grèce,  dans  l'Eubée,  félon  Thu- 
cydide, I.4,  fubfin. 

LEDA  ,  (Notre-Dame  de)  couvent  de  religieux  de 
l'ordre  de  Chrift,  en  Portugal,  à  une  lieue  deLisbonne. 
LEDESMA,  ville  d'Espagne,  au  royaume  de  Léon, 
au  midi  de  la  capitale ,  fur  la  rivière  de  Tormes ,  à  qua- 
tre ou  cinq  lieues  de  fon  embouchure.  Sa  fituation  eft 
très-avantageulè...Elle  eft  fortifiée  par  la  nature  Se  par 
l'art,  Se  pourvue  de  tout  ce  qui  eft  néceffaire  à  la  vie.  Elle 
renferme,  dans  fa  jurisdi&ion,  389  villages  qui  tousen- 
femble  font  environ  19000  feux.  Elle  eft  ancienne,  Se  a 
été  connue  des  Romains  fous  le  nom  de  Bletia.  Cette 
opinion  eft  appuyée  fur  un  marbre  qui  porte  cette  ins- 
cription : 

Terminus  Augufial. 

Inter  Bletifam. 
Et  Mirobr. 

Et  Salam. 

Les  deux  derniers  noms  qui  font  abrégés,  font  Mirobriga 


781 

&  S alamantica.  Près  de  Ledesma,  à  l'orient,  tirant  vers 
Salamanque,  on  trouve  au  bord  de  la  rivière  de  Tormes, 
un  bain  d'eau  chaude,  très-utile  pour  la  guérifon-  de  di- 
yerfes  matadies.  Se  fur-tout  de  la  gale.  Cette  eau  eft  ren- 
fermée dans  un  long  Se  large  baffin,  qu'un  Maure  fit  faire 
après  en  avoir  éprouvé  la  vertu.  Il  y  fit  bâtir  aufli  une  mai- 
fon,  au  milieu  de  laquelle  fe  trouve  ce  bain,  pour  la 
commodité  de  ceux  qui  le  vont  prendre  :  l'eau  eft  d'une 
chaleur  modérée  ,  ce  qui  fait  qu'on  s'y  baigne  avec  plai- 
iir.  *  Vayrac  ,  Etat  préf.  de  l'Espagne,   t.  1 ,  p.  188. 

1.  LEDO,  nom  latins  de  Lire  ouLiere  ,  enBrabant. 
Voyez  Lire. 

2.  LEDO-SALINARIUS  ,  autrement  LeodO,  Se 
depuis  Leodomum  ,  noms  latins  de  Lions-le-Saunier, 
en  Franche-Comté. 

3.  LEDO,  (cap)  dans  l'Amérique  méridionale  au 
Btéfil,  dans  la  Capitainie  de  Paraïba,  au  midi  de  celle  de 
Rio-grande.  *  Océan  méridional,  par  Bellin. 

4.  LEDO ,  (cap)  en  Afrique  ,  dans  la  Guinée  ,  le 
même  que  Tagrin.  Voyez  ce  mot. 

LEDRENSIS ,  liège  épiscopal  de  l'ifle  de  Cypre.  La 
ville  s'appelloit  Ledrés,  Se  Leucothée,  félon Baillet, 
Topogr.  des  Saints,  p.  161.  C'eft  la  Leucosia  , 
A>wjri*  ,  delaNotice  deHiérocèls,  félon  le  Manuscrit 
de  la  bibliothèque  Farnèfe.  On  la  nommoit  aufli  LeU- 
theon.  Quelques-uns  croient  que  c'eft  préfentement 
Nicosie. 

LEDRINI  ,  peuple  du  Péloponnèfe.  Xénophon , 
ffift.  grac.  1.  4,  en  parle.  Ortélius,  Thefaur.  doute  fi  ce 
ne  font  point  les  Letrini  de  Paufanias. 

LEDUS ,  rivière  de  la  Gaule-Narbonnoife  :  c'eft  au- 
jourd'hui le  Lez  ,  qui  coule  à  Montpellier ,  dans  le 
Languedoc.  *  Pomponius  Aléla ,  1.  2,  c.  5. 

LÉE ,  rivière  d'Irlande  :  elle  a  fa  fource  dans  le  comté 
deCorck,  dont  elle  arrofe  la  capitale,  Se,  bientôt  après, 
fe  jette  dans  la  mer,  après  avoir  fait  plufieurs  ifles. 

LÉEDE,  feigneurie  des  Pays-bas,  à  une  lieue  5c 
demie  d'Albft,  Se  à  deux  de  Dendermonde.  *  Dicl. 
Géogr.  des  pays-bas. 

LÉEDS,  ville  d'Angleterre,  en  Yorcfchire,  fur  la 
rivière  d'Are,  à  vingt  milles  d'Yorck,  Se  à  cent  trente- 
neuf  milles  de  Londres.  C'eft  une  des  meilleures  villes 
de  la  province.  Elle  a  été  durant,  l'heptarehie,  le  fiege 
des  rois  de  Northumberland.  Il  y  a  une  grande  manufac- 
ture de  draps.  Elle  donne  le  titre  de  duc  au  fieur  d'Os- 
borne.  *  Etat  préf.  de  la  G r.  Bretagne  t.  I,  p.  130. 

LÉEFDAL,  baronnie  des  pays-bas,  au  Brabant,  a 
deux  lieues  de  Louvain.  Elle  eft  fort  ancienne.  *  Dicl. 
géogr.  des  Pays-  bas. 

LÉEK,  bourg  d'Angleterre,  dans  le  comté  de  Stnftord. 
On  y  tient  marché  public.  *  Etat  préféra  de  la  Gr.Brc 
tagne ,  t.  I . 

LÉERBERG,  montagne  de  Suifïe.  C'eft  la  partie  du 
mont  Jura,  qui  s'étend  fur  les  confins  des  cantons  de 
Bade ,  de  Soleure  Se  de  Berne ,  entre  les  petites  villes 
d'Arau  Se  de  Hombourg.  *  Baudrand ,  édit.  1705. 

LÉERDAM,  petite  ville  des  Pays-bas ,  dans  la  pro- 
vince de  Hollande,  fur  la  rivière  de  Linge,  dans  le  do- 
maine du  feu  roi  Guillaume  III ,  dont  le  grand-oncle ,  le 
princePhiiippe,  l'avoiteue  comme  héritier  d'Anne  d'Eg- 
mond ,  fa  mère.  Cette  ville  eft  fituée  à  deux  lieues  de 
Gorcum,  Se  à  une  Se  demie  de  Viane.  C'eft  la  patrie  de 
Corneille  Janffen,  connu,  fous  le  nom  de  Janfeniusy 
mort  à  Ipres  où  il  étoit  évêque,  en  1639,  âgé  de  cin- 
quante-quatre ans.  Son  livre,  où  il  fe  propofoit  d'expii- 
quer  les  fentimens  de  S.  Auguftin,  fur  les  matières  delà 
Grâce,  a  donné  lieu  à  un  malheureux  fchisme ,  dont  l'é- 
glife, Se  fur -tout  celle  de  France  a  fouflert  de  grandes 
plaies.  Léerdam  eft  un  fief  de  la  noble  Se  ancienne 
maifon  d'Arkel.  Frédéric,  comte  d'Egmont,  ayant  époufé 
Marie,  fille  du  feigneur  d'Arkel,  tut  le  premier  comte 
de  Léerdam. 
LÉERORT.  Voyez  Lieroort-Schantz. 
LÉERPOL,  ou  Leverpool,  petite  ville  d'Angle- 
terre, qu'on  appelle  aufli  Licwereol,  en  latin  Liferpalus. 
Elle  eft  dans  le  comté  de  Lancaftre,  à  fix  lieues  de  Ches- 
tre.  Se  à  l'embouchure  du  Merlèy,  dans  la  mer  d'Ir- 
lande, où  elle  a  un  grand  port.  Cette  ville  a  droit  de 
députer  au  parlement.  *  Maty ,  Di£t.  de  Koll.  1701» 
Corn.  DicL 

LÉEWE.  Voyez  Levés. 


LEG 


782 

LEG.  Ces  trois  lettres ,  employées  dans  les  exemplai- 
res d'Antonin  ,  ont  été  diverlément  expliquées.  Zurita 
croit  que  c'eft  l'abbrégé  de  Legio  ;  &  plein  de  cette  idée, 
il  fuppofe  que  l'Iauteur  de  funéraire  a  voulu  marquer 
quelle  légion  avoit  fes  quartiers  en  un  endroit ,  toutes 
les  fois  qu'il  trouve  ce  mot  Leg,  avec  un  nombre.  Ainfi 
il  dit: 

Afa  Paulini  M.  P.  XV.  Leg.  X. 

Lunnam  M.  P.   XV.  Leg.   X. 

Matifcontm  M.  P.  XV.  Leg.  X. 

Tinurtiùm  M.  P.  XIX.  Leg.  XUT. 

Cabdlionem  M.  P.  XXI.  Leg.  XIV. 

Augufiodunum  M.  P.  XXXIII.  L.  XXI I. 

Sidoloucum  M.  P.  XXVII.  L.  XVIIU 

Aballonem  M.  P.   XXIV.  L.  XVI. 

Antejodorum  M.  P.  XXXIIU  L.  XXILi 

Eburobrincam  M.  P.  XVIII.  Le.  XII. 

Tricafes  M.  P.  XXXIII.  L.  XXIIi 
&c. 

ïl  eft  bien  certain  que  les  lettres  Leg.  ou  Le.  ou  L. 
font  ici  pour  Lega  ou  Leuga,  lieue  gauloife  de  quinze 
cents  pas  ,  ou,  ce  qui  revient  au  même,  d'un  mille  &£ 
demi.  Ainfi  on  voit  que  les  trois  premières  diftances 
font  également  bien  marquées ,  par  quinze  milles  ou  dix 
lieues  ;  de  même  que  celle  de  vingt-un  milles,  par  la  même 
raifon  ,  eft  de  quatorze  de  ces  mêmes  lieues  ;  celle  de 
trente-trois  milles  répond  à  vingt-deux  lieues.  La  pro- 
portion de  33  à  22,  de  18  à  12,  denà  14,  de  27  a  . 
18,  &c.  étant  la  même  par-tout,  c'eft-à-dire  d'un  tiers 
de  chaque  fomme.  Cependant  Zurita ,  quoique  favant 
&  judicieux  par-tout  ailleurs,  félon  le  témoignage  de 
Bergier  ,  Hifi.  des  grands  chemins  ,1.  3  ,  c.  4,  p.  503  , 
s'eft  mis  en  tête ,  iur  quelques  légères  conjectures,  de 
changer  ce  nom  de  Lega,  qui  lignifie  lieue,  Se  defubfti- 
tuer  en  fa  place  celui  de  Legio  ;  ce  qu'il  a  fait,  tant  au 
gros  qu'au  détail;  &:  par  ce  moyen,  il  s'eft  vu  obligé  de 
eorompte  les  nombres,  pour  les  approprier  à  fes  légions 
imaginaires.  C'eft  le  reproche  que  lui  fait  Bergier,  de-là 
vient ,  pourfuit-il ,  qu'il  y  a  dans  l'édition  imprimée  de 
Zurita  : 

Inde  DurocortoTUm  qua  fuit  Legio  XX. 

M.  P.  CCCCXXXII 

au  lieu  que  tous  les  anciens  manuscrits  portent: 

Inde  Durocortorum  M..P.  CCCXXXII. 

Quafunt  Leuge  ccxxi  ; 

ce  qui  revient  au  calcul'  marqué  ci-deffus. 

Dans  l'édition  imprimée  on  lit: 

Inde  Gefforiacum  quee  fuit  Legio  XX. 

M.  P.  CLXXIV. 

au  lieu  qu'il  y  a  dans  les  manuscrits  : 


CLXXIV. 
CXVI. 


Zurita  avoue  de  bonne  foi,  qu'il  l'a  trouvé  ainfi  dans  les 
manuscrits  ;  il  les  nomme ,  &  rapporte  en  détail  leur  té- 
moignage. Néanmoins  il  ne  laifle  pas  de  foutenir,/>.  511, 
que  du  mot  Légion ,  les  copiftes  ignorans  en  ont  fait 
des  lieues  ,  &  donné  deux  Itinéraires  pour  un  ;  &  il  ré- 
pète cette  aceufation  comme  un  point  de  critique ,  dont 
il  eft  perfuadé,  en  quoi  il  fe  trompe  lui-même. 

Le  mot  Lega  ou  Leuga,  dans  Antonin,  fignifie  une  lieue 
de  quinze  cents  pas:  les  lieus  ordinaires  font  préfentement 
du  double.  Le  chemin  de  Rheims  à  Trêves  à  Durocorioro 
Treviros, usque  eR  à'iR'mgué  par  lieues,  &  non  point  par 
milles  ;  mais  il  y  a  des  lieues  de  l'Itinéraire,  où  il  faut  en- 
tendre le  mot  de  Légion  néceffairement.  Ceux,  par  exem- 
ple, où,  après  le  mot  Leg,  &  le  chiffre  qui  défigne  la  Lé- 
gion ,  on  trouve  ajouté  le  mot  Ala,  &  fur-tout  les  lieux 
où  l'on  voit  le  nom  paticulier  de  la  Légion,  comme  Le- 
gio 1 ,  Italica  ;  Legio  1 ,  Ionia;  Legio  XI ,  adjutrix  ; 
Legio  X  &  XIV,  gemina ,  Se  autres  qui  fe  trouvent  en 


LEG 


divers  endroits  de  l'Itinéraire.  C'eft  à  un  rage  comment 
tateur  à  diftinguer  cela  avec  favoir  &£  jugement.  Voyez 
Mesures  itinéraires. 

LEG^E.  Voyez  Leges. 

LEGENSIS  ,  lîégt  épiscopal  d'Afrique,  dans  la  Nu- 
midie.  Entre  les  prélats  qui  comparurent  à  la  Conférence 
de  Carthage,  on  trouve  Cresconius  ,  episcopus  Legenjis , 
entre  les  évêques  Donatiftes;  rk  laNotice  d'Afrique  fait 
mention  de  Januarius.  *  Harduin.  Colleft.  conc. 

LEGES,  ,1  Ves,  ancien  peuple  d'Afie  :  il  habitoit 
vers  le  Caucafe,  entre  l'Albanie  &  les  Amazones,  le  long 
de  la  mer  Caspienne.  Plutarque  en  tait  mention  dans  la 
Vie  de  Pompée.  Strabon,  /.  1 1  ,  p.  503 ,  le  nomme  Le- 
gce,  Aiîjm,  fk  les  met  expreffément  entre  les  peuples 
Scythes. 

LEGIA,  rivière  des  Pays-bas.  Il  en  eft  parlé  dans  la 
Vie  de  S.  Berthulphe.  Le  nom  françois  eft  la  Lis. 

LEGIENSIS  ,  fiége  épifcopal  d'Atrique  ,  dans  la  Nu- 
midie.  La  conformité  de  nom  6i  de  province  la  fait 
confondre  avec  Legenjis.  C'eft  cependant  un  fiége  diffé- 
rent; car  la  Notice  d'Afrique  fait  mention  de  Viclonnus 
Legenjis,  &C  de  Januarius  Legenjis;  es  qui  prouve  que  ce 
n'étoit  pas  le  même  fiege. 

LEGIO.  Voyez  aux  mots  LÉGION  &  LÉON. 

LÉGION,  partie  de  l'armée  Romaine.  La  légion j' 
félon  Danet.  Dicl.  des  Antiq.  Rom.  étoit  compofée  de 
dix  cohortes ,  chaque  cohorte  de  dix  manipules ,  chaque 
manipule  de  deux  centuries.  Les  légions  étoient  diftri- 
buées  fur  les  frontières ,  où  elles  étoient  dans  des  camps^ 
çajira  ;  &  quelques-uns  de  ces  camps  font  devenus  des 
villes  avec  le  tems ;  de-là  tant  de  noms  géographiques 
où  le  mot  caftra  fe  trouve  inféré.  Plufieurs  de  ces  villes 
formées  de  ces  camps  ont  pris  leur  dénomination  parti- 
culière des  légions  Romaines ,  qui  y  avoient  fait  un  long 
féjour.  Ainfi  on  voit  dans  l'Itinéraire  : 

Ratiariam  Legio  XIV  ,  Gemina. 

(Efcon.  Legio  Macedonica. 

Nonas  Legio  I ,  Italica. 

Dorojlorum  Legio  XI ,  Claudia. 

Les  lieux  où  il  n'y  avoit  qu'une  aile  d'une  légion  ,  étoient 
diftingués  fur  l'Itinéraire  par  le  mot  Ala.  Ainfi  on  y 
trouve  ; 


Inde  Gefforia 
Qua  funt  Leuga  , 


Durnomagum 
Buruncum 
Novejîum 
Geldubam 


Leg.  vu,  Ala. 
Leg.  v,  Ala. 
Leg.  v,  Ala. 
Leg.  ix,  Ala. 


Dans  ces  demies  lieux ,  il  eft  indécis  fi  les  lettres  Leg 
lignifient  lieue,  ou  légion*  Bergnier,  Hijl.  des  grands 
chemins,  1.  4,  c.  6,  tient  pour  le  premier  fentimenr.  II 
croit  que  cela  fignifie  que  de  Cologne  à  Durmagen  il  y  a 
fept  lieues,  dé-là  à  Worringen  cinq  lieues ,  à  Nuys  cinq 
lieues  ,  à  Gelb  neuf  lieues ,  &  que  le  mot  Ala  fignifie 
qu'à  chacune  de  ces  places  il  y  avoit  une  aile  en  garni- 
fon.  D'autres  croient,  au  contraire,  que  ces  lettres  figni- 
fienr  en  cet  endroit  Légion,  &  que  le  mot  Ala  fignifie 
que  la  légion  n'y  étoit  pas  entière ,  &  qu'il  n'y  avoit 
qu'une  aile  de  cette  légion.  Voici  une  Table  géographi- 
que des  légions  Romaines  ,  &  des  lieux  où  elles  avoient 
conftament  leurs  quartiers,  telle  que  la  fourniiTent  Orté- 
lius  &t  Baudiand  ;  mais  nous  y  farfons  quelques  correc- 
tions. 

LÉGIONS  ROMAINES 

ET    LEURS    QUARTIERS. 

Legio  I.  Adjutrix  ,  à  Bregetion  ,  aux  confins 
de  la  Valérie  &  de  la  Pannonie. 

Legio  I.  Jovia,  àTROSMi,  dans  la  baffe  Mce- 
fie. 

Legio  L  Italica,  àNovE,  dans  la  même  pro-» 
vince. 

Legio  I.  Macedonica  ,  à  Œscus,  dans  la  même 
province. 

Legio  II.  Adjutrix  ,  à  Acincum  ou  Aquin- 
cum ,  dans  la  Valérie. 

Legio  II.  Augusta  ,  à  Isca  Silurum,  dans  la 
Grande-Bretagne. 


LEG 


LEI 


Legio  II. 

Legio  IL 

Legio  III. 

Legio  III. 

Legio  IV. 
Legio  V. 

Legio  VI. 
Legio  VI. 

Legio  VI. 

Legio  VI. 
Legio  VI. 

Legio  VII. 

Legio  VIL 

Legio  VIII. 


Legio  IX. 
Legio  X. 


Legio  X. 


Augusta  ,  à  Cartenna,  dans 
la  Mauritanie  Céfarienfe. 

Herculia,  à  N  oviODUNUM,dans 
la  Scythie. 

Diocletiana  ,  àTnÈBES,en 
Egypte. 

Sebasta,  àLAMPESA,  dansl'Afri- 


à  Worringen^kNuys.  BURRUNCI 
&  Novesci. 

à  Samosate,  en  Syrie. 

HERACLEA,à  ONOCHRiUM,dans 
la  Pannonie. 

NlCEPHORIA  OU  VlCTRIX,  à  Ca- 
MULODUNUM,  dans  la  Grande-Bre- 
tagne. 

Victrix,  à  Yorclc. 

à  Durmagen  ,  dans  la  baffe  Ger- 
manie. 

Glaudiana.  Voyez  Vienne,  en 
France. 

Germanica  ,  à  Léon  ,  capitale 
d'un  royaume  en  Espagne. 

à  Strasbourg.  On  cite  Antonin  ; 
mais  on  y  prend  ici  des  lieues  pour  une 
légion. 

à  Gelby  Geldub^E. 

Germanica,  auprès  àsStngonie, 
ou  de  Tata ,  en  Hongrie. 

à  Harenatium. 


Leg 
Legio 


>  Ces  d 
IO  XII.  (  porte  ] 
10  XIL       (  ca&] 

)   des  lé; 


Ces  deux  chiffres,  aux  noms  que  tap- 
Baudrand  ,  favoir  Eburobri- 
EgoriGIUM,  nefignifientpas 
gions ,  mais  des  lieues. 

Germanica,  au  lieu  où  eft  l'églife 

de  S.  A  ndré,  près  de  Bude,  en  Hongrie. 

Apollinaris,  à  Satala,  dans  l'Afie 


àBARBESOLA,  dans  la  Bétique,  en 
Espagne. 

à  COLOGNE,  dans  la  Germanie  in- 
férieure. 

Victrix,  vel  Nicephoria  ,  à 
Deva,  dans  la  Grande-Bretagne. 

à  TROYES,  dans  la  Phrygie. 


Legio  XXII.  ïCes  chiffres, dans  Antonin,  fignifient 
Legio  XXIII.  >des  lieues,  &  non  des  légions  ,  aux 
Legio  XXIV.     Jnoms  que  rapporte  Baudrand. 


Legio  XIV. 

Legio  XV. 

Legio  XVI. 
Legio  XVII. 
Legio  XVIII. 

Legio  XIX. 

Legio  XX. 

Legio  XXI. 


à  Aix  en  Provence. 

à  Tu  CCI,  dans  la  Bétique ,  en  Espa- 
gne. 

Cette  légion  n'étoit  pas  à  Boulogne- 
fur-mer  ,  comme  le  dit  Baudrand  ; 
mais  Cejjoriacum  ,  ou  Boulogne-lur- 
mer,  étoit  àvingt-fix  lieues, ou  à  trente- 
neuf  milles  du  lieu  nommé  Pontes. 


Elle  étoit  dans  la  Mauritanie  Céfa- 
rienfe. 

Ulpia.  Voyez  l'article  Ulpia 
Trajana. 


LÉGION.  Cette  addition  du  mot  légion  aux  noms  pro- 
pres de  ces  lieux  ne  fignifie  pas  toujours  que  cette  légion 
nommée  à  la  fuite  du  nom  du  lieu,  fût  une  dénomination 
confiante  de  ce  lieu-là.Cela  étoit  quelquefois, par  exemple, 
à  Léon  en  Espagne,  Carunntz  en  Afrique,  êVc.  Nous 
voyons  que  des  ouvrages,  où  il  n'étoir  point  queftion  d'al- 
figner  les  quartiers  des  légions,  fourniflent  des  lieux  défi- 
gnés  par  le  nom  d'une  légion  ;  mais  il  en  eft  tout  autrement 
de  l'Itinéraire  d' Antonin  ;  c'eft  un  recueil  des  routes  mili- 
taires; fk  il  étoit  naturel  d'y  marquer  fur  les  frontières, 


Legio  XXV. 
Legio  XXV. 


Legio  XXVI. 


Legio  XXVII. 
Legio  XXVIII. 
Legio  XXIX. 

Legio  XXX. 


aux  noms  des  lieux  où  les  légions  avoient  leur  pofte, 
quelle  légion  y  étoit  en  tout  ou  en  partie.  Voyez  l'ar- 
ticle Leg. 

i.  LÉGION,  ville  de  la  Paleftine;  elle  eft  célèbre 
dans  les  écrits  d'Eufebe  &  de  S.  Jérôme;  elle  étoit  au 
pied  du  mont  Carmel,  à  quinze  milles  de  Nazareth, 
vers  l'occident.  C'eft  apparemment  le  même  lieu  qui 
eft  encore  aujourd'hui  nommé  Légune.  C'éroit  un  camp 
où  les  Romains  entretenoient  une  légion  de  foldits , 
pour  garder  le  paffage  de  Ptolémaïde  à  Céiarée  de  Pa- 
leftine. C'étoit,  pour  ainfi  dire,  la  clef  du  pays  de  ce 
côté-là.  Il  s'eft  donné  plufieurs  combats  aux  environs  de 
Légion.   *  D.  Calma.  Dift. 

2.  LEGION  ,  Legïodunum  ;  c'étoit  une  ancienne 
ville  de  l'Inlùbne  :  ce  n'eft  maintenant  qu'un  village  du 
duché  de  Milan ,  fitué  fur  le  bord  oriental  du  lac  Ma- 
jeur. 

LEGIONENSIS  CIVITAS  ;  Léon,  capitale  d'un 
royaume  de  même  nom  en  Espagne.  Legionenjls  episto- 
pus  ,^  Véveaue  de  Léon;  Legionenfe  regnum  ,  le  royaume 
de  Léon. 

LEGIONUM  CIVITAS,  ville  de  la  grande  Breta- 
gne. Bède  cité  par  Ortélius,  Thefaur.  dit  qu'elle  eft 
nommée  Legaccfrer  par  les  Anglois,  &C  Caérlegion  par 
les  Bretons.  Ortélius  ajoute  que  c'eft  la  même  qu'/sca. 

LEGISAMO  ,  ancien  lieu  d'Espagne,  félon  Anto- 
nin, Itmer.  entre  Afforga  rk  Tarra:one. 

LEGIS  VOLUMINI ,  fiége  épiscopal  d'Afrique ,  dans 
laNumidie.  Victor, l'on  évêque,fouscrivit  au  concile  tenu 
à  Arles,  l'an  314.  * Harduïn.  collect.  conc. 

1.  LEGNA,  lieu  de  l'Afie  mineure,  dans  laGalatie, 
félon  Antonin,  Itiner.  Il  la  met  fur  la  route  de  Claudio- 
polis  à  Ancyre. 

2.  LEGNA,  bourg  de  France,  dans  la  Saintonge, 
dans  l'élection  de  Marennes. 

LEGNAGO  ,  Leon'iacum  ou  Leonïcum ,  place  d'Ita- 
lie, dans  l'état  de  la  république  de  Venife  ,  dans  le  Véro- 
nois,  fur  l'Adige,  aux  confins  du  Padouan,  à  vingt-fept 
milles  de  Vérone,  en  allant  vers  Ferrare.  Les  Vénitiens 
l'ont  fortifiée.  *  Baudrand ,  édit.  1705. 

LEGOPOLIS,  ville  des  Léléges ,  félon  Ortélius, 
qui  appuie  cette  conjecture  fur  l'aurorité  de  Cédrene. 

LEGROGNO.  Voyez  Lecrogne. 

LEGUM.  AÎiyiv  ,  ville  de  Sicile,  dans  les  terres,  af- 
fez  prè;  de  Ség^fte  Se  d'Entalla,  félon  Ptolomée,/.  3,  c.  4. 

LEHAL,  ville  de  Livonie,  au  quartier  de  \  ickez- 
land ,  avec  un  bon  château ,  fur  la  côte  de  la  mer  Bal- 
tique ,  &  dans  une  espèce  de  baie  ,  à  douze  milles  de 
Rével.  *  Baudrand,   édit.  1705. 

LEHON  ,  monafiere  de  France,  en  Bretagne,  au 
diocèfe  de  Saint-Malo,  près  de  Dinan.  On  l'a  nommé 
enfuite  Saint-Magloire. 

LEJARMA,  village  d'Afie,  près  de  l'Euphrate,  entre 
Anna  &  Tscrite.  * Hift.  de  Timuo-Bcc,  1.  3  ,  c,  30.  • 

LEIBNITZ,  bourg  &  château  d'Allemagne,  dans  la 
baffe  Carinthie,  fur  la  rivière  de  Secka,  &:  les  frontières 
de  la  Stirie. 

LEICESTER,  ville  d'Angleterre  ,  dans  la  province 
à  laquelle  elle  donne  le  nom  de  Lcicejlershire  ,  fur  la 
Stoure,  à  quatre-vingt  milles  de  Londres.  Elle  eft  dans  une 
agréable  fituation  ,  &  ornée  de  plufieurs  beaux  bàtimens. 
Il  y  a  cinq  paroiffes.  Cette  ville  a  été  autrefois  grande, 
riche  &  bien  peuplée.  Iî  y  avoit  une  églife  collégiale  , 
une  abbaye ,  &  un  château  pour  fa  défenfe  ;  mais  elle 
fut  démantelée  par  Henri  II,  qui  l'aflîégea  fk  la  prit ,  à 
l'oCcafion  de  la  rébellion  fuscitée  contre  lui  par  Robert 
Crouch,  comte  de  Leicefter.  Richard  III  y  tut  enterré, 
après  la  journée  de  Bosworth.  La  dignité  de  comté  de 
Leicejler  eft  plus  ancienne  que  la  conquête  d'Angleterre 
par  les  Normands  ;  car  il  y  a  eu  trois  comtes  de  Lei- 
cefter, du  tems  que  les  Saxons  régnoient ,  favoir  Léo- 
frike ,  Algar  &  Edwin.  *  Etat  préfent  de  la  Grande- 
Bretagne  ,  t.  I  ,  p.  82. 

LEICESTERSHIRE,  province  d'Angleterre,  dans 
l'intérieur  du  pays  ,  au  diocèfe  de  Lincoln;  elle  a  qua- 
tre-vingt-feize  milles  de  tour ,  &  contient  environ  cinq 
cents  foixante  mille  arpens  ,  tk  quatre-vingt-dix-huit 
mille  fept  cents  mailbns.  C'eft  un  pays  où  l'on  respire- 
un  bon  air,  &  où  le  terroir  abonde  en  bleds  &  en  pâtu- 
rages. Les  pois  ôt  le  fèves  particulièrement  y  viennent 


78. 


LEI 


LF.I 


très  bien.  Il  y  a  auftî  abondance  de  charbon  de  terre, 
ck  la  laine  de  les  brebis  eft  la  plus  grande  qu'il  y  ait 
en  Angleterre.  Ses  principales  rivières  font  la  Stoure , 
le  Recic,  &  le  Swift.  *  Etat  préfent  de  la  Grande-Bre~ 
fagne,  t.  I  ,  p.  82. 

Ses  villes  &  bourgs  où  l'on  tient  marché. 

LEICESTER,    la    Capitale. 

Ashby  de  la  Zouch ,     Hinckley , 
Bilsdon ,  Lutterworth , 

Bosworth,  Loughborough , 

Harborough,  Miiton  , 

Hallaton,  Mount-Sortel , 

Kegworth. 

LEIDA.  S.  Athanafe  nomme  ainfi  dans  fon  Apologie 
à  Conftantin,  un  liège  d  Itahe  ,  dont  l'évêque  s'appel- 
loit  Denis.  C'eft  lans  fans  doute  une  corruption  du  nom 
de  Lauda  du  mot  Lans. 

1.  LE1DE,  ville  de  Hollande.  Voyez  Leyde. 

2.  LEIDE.  (l'ille  de)  Voyez  au  mot  Leyde. 
LElGH ,  bourg  d'Angleterre  ,  dans  la  province  de 

Lancaftre.  On  y  tient  marché  public.  *  Etat préfent  de 
la  Grande-Bretagne,  t.  I. 

LEIGHNiGH,  ou  Lein.  Voyez  l'article  Leinster. 
LE1GME,  (la  rivière  DE)  rivière  de  France,  en 
Champagne ,  au  comté  de  Tonnerre.  Elle  a  fa  fource  à 
Leigne,  d'où,  ferpentant  vers  le  nord,  elie  paffe  à  l'ab- 
baye de  Molesme,  &  va  fe  perdre  dans  la  Seine,  au 
midi  de'Bar-fur-Seine.  *  Robert  de  Vaugondy  ,  Atlas. 

LEIGTHON.,  bourg  d'Angleterre,  dans  la  province 
de  Bedford.  On  y  tient  marché  public.  Etat  préfent  de  la 
Grande-Bretagne,   t.  I. 

LEIME,  Ltcmen-Dti ,  abbaye  de  France,  dans  le 
Querci ,  au  diocèle  de  Cahors.  Ce  font  des  rehgieufes. 
LEINE,  (la)  rivière  d'Allemagne,  elle  a  fa  fource 
à  Heyligenftadt  ,  dans  f  Eichfeld  ,  paffe  à  Gottingen 
qu'elle  traverfe,  à  Eimbecke,  &  reçoit  au  village  de 
-  Coldingen  la  rivière  d'Innerfte,  après  quoi  elle  continue 
de  ferpenter  vers  le  nord  ,  paffe  à  Hannôver ,  delà  à 
Neuftadt ,  &f.  va  fe  perdre  enfin  dans  l'Aller  *  Sanfon  , 
Atlas. 

LEININGEN,  ville  d'Allemagne.  Voyez  Linange. 
LEINSTER  ,  Lagenia  ;  quelques-uns  l'ont  nommée 
Lemfter ,  &  anciennement  Lagen  ;  les  naturels  du  pays 
l'appellent  Ltiglimgh,  ou  Leighningh,  &  les  Gallois  Z,e//z. 
Elle  eft  bornée  à  l'eft  par  la  mer  d'Irlande,  ou  le  canal 
de  Samt-George  ,  à  l'oued  par  la  province  de  Con- 
naught,  dont  le  Shannon  la  fépare,  au  nord,  par  le  comté 
d'U  ifter,  au  fud  par  l'Océan,  ci  au  fud  oueft  par  le  comté 
de  Munfter  que  la  Shure  en  fépare  durant  un  périt  espace 
de  chemin.  Pour  fa  figure,  elle  approche  un  peu  de  celle 
d'un  triangle.  *  Etat  préfent  de  la  Gr.  Bretagne,  t.  3  , 
p.  19. 

Sa  longueur  depuis  les  parties  les  plus  feptentrionales 
d'Eaft-Meath  jusqu'à  Hoocke-lWer,  la  pointe  méridio- 
nale du  comté  d  Wexford,  eft  d'environ  cent  douze 
milles,  &  fa  largeur  depuis  la  ville  d'Wieklow  jus-, 
qu'à  la  partie  la  plus  occidentale  du  comté  du  roi,  &  de 
foixante  &  dix  milles  ou  environ  ;  elle  peut  avoir  près 
de  trois  cents  foixante  milles  de  circuit ,  à  compter  fes 
tours  &  fe  retours. 

Ses  principales  rivières  font  le  Barro-tf ,  la  Shure  ,  la 
Boyne  ou  Leffy ,  la  Nure  ,  l'Urrin  ou  la  Slane  &C  l'Inni. 
L'air,  de  cette  province  eft  doux  &  ferein;  le  chaud 
&  le  froid  n'y  font  jamais  exceffifs.  Elle  eft  très-fertile 
en  grains  &  en  pâutrages ,  en  gros  Se  en  menu  bétail , 
en  poiffons  &  en  oifeaux  aquatiques  ;  elle  nourrit  auffi 
de  très-bons  chevaux.  Ses  habitans  reffemblent  beau- 
coup pour  les  mœurs  aux  Anglois  de  qui  ils  font  des- 
cendus pour  la  plupart,  &  c'eft  la  plus  confîdérable  de 
toutes  les  provinces  d'Irlande. 

Après  que  Guillaume  III  eut  fait  le  maréchal  .de 
Schomberg  duc  &  pair  d'Angleterre ,  Se  que  celui-ci  eut 
laide  le  titre  à  fon  plus  jeune  fils ,  le  comte  Charles,  pré- 
férablement  à  fon  aine,  le  comte  Ménard,  avant  que  le 
litre  échût  au  dernier,  le  même  roi  le  fit  duc  de  Leinfter. 
Il  y  a  dans  cette  province  un  archevêché  ,  qui  eft 


celui  de  Dublin,  &  trois  évêchés;  il  y  en  avoit  autre^ 
fois  davantage  ,  favoir  : 

Laghlin ,    Glendelach,  Kildare,    Kilkenni,    Fearn. 

Il  y  a  feize  villes  qui  ont  des  marchés  publics ,  quarante- 
fept  ville,  de  commerce,  autant  de  villes  ou  bourgs  qui 
ont  droit  d'envoyer  leurs  députés  au  parlement ,  cent 
deux  châteaux  bien  fortifiés  par  les  Ang'ois ,  &  neuf 
cents  vingt-fix  paroiffes.  La  principale  de  toutes  les  vil- 
les eft  Dublin,  capitale  du  royaume  d'Irlande. 

Cette  province  étoit  autrefois  partagée  en  deux 
royaumes,  celui  de  Leinfter  <k  celui  de  Mé.ith.  Cha- 
cun avoit  (on  roi ,  jusqu'à  ce  qu'ils  vinrent  a  le  brouiller 
enfemble  ,  &C  leur  metintelligence  donna  occafion  à 
Henri  II  de  les  conquérir  l'un  &  l'autre.  Leinfter  a 
toujours  été,  depuis  ce  tems-là,  iniéparablement  annexé 
à  la  couronne  d'Angleterre.  Méaih  fut  donné  à  un  Ici- 
gneur  Anglois,  nommé  Hugue  Lucy ,  à  titre  de  fief  à 
cens  :  dans  la  fuite  il  fut  néanmoins  réuni  a  la  cou- 
ronne, &  il  ne  forme  plus  aujourd'hui  qu  une  n.ême 
province  avec  Leinfter.  Ce  pays  étoit  anciennement  par- 
tagé entre,  divers  peuples,  lavoir: 


Les  Brigantes 
qui  occupoient 


(  Kilkenny, 

)  Catherlagh, 

)  Le  comte  du  roi  , 

(^  Le  comté  de  la  reine. 


IENS    £  Wexford  &  les  environ*' 


qui  occupoient 

Les  Cauci  qui 
avoient 


i    Wicklow  &  lés  dépendances. 


LesBLANU,  ou   1  Dublin, 
ELbanii  ,  qui  )   Eft-Méath, 
tenoient  (.  Weft-Méath. 

E'nfuité  le  pays  fut  divifé  en  deux  royaumes,  comme 
nous  venons  de  dire.  On  le  divife  préfemeinent  en  onze 
comtés,  qui  font: 


Longfoord  , 

Weft-Méath, 

Eft-Méath, 

Dublin, 

Wieklow, 


Kildare, 

Le  comté  du  roî, 

Le  comté  de  la  reine  j 

Kilkenny  , 

Catherlagh, 


Wexford. 

L'Etat  préfent  de  la  grande  Bretagne  comprend  clanî 
cette  province  le  comté  de  Louth  ;  ainfi  il  y  en  a  douze. 

LEINUM ,  ancienne  ville  de  la  Sarmatie  ,  en  Europe, 
folon  Ploloméé.  Le  grec  porte  azicwov,   Leianum. 

C'eft  aujourd'hui  Lucko ,  ville  de  Pologne ,  dans  la 
Volhinie ,  félon  le  fentiment  de  Niger. 

LEIPSIC,  Leipsig  ,  Leipsick.  ,  Lipfia  ,  grande 
ville  d'Allemagne ,  dans  la  Misnie ,  au  cercle  qui  en 
prend  fon  nom  ,  dans  une  belle  plaine,  fkun  terroir  fer- 
tile fk  agréable ,  entre  deux  grandes  rivières,  la  Saale  &  la 
Mulde,  au  confluent  de  trois  auires  rivières,  la  Pleyffe, 
l'Elfter,  &  la  Barde.  On  met  fa'  longitude  à  30  d.  40', 
&  fa  latitude  à  51  d.  15'.  La  ville  eft  carrée,  &  n'eft 
pas  fort  grande;  mais  elle  eft  très-accréditée  pour  le  com- 
merce. Elle  a  de  remarquable  fes  prairies,  fes  jardins ,  fes 
murs,  fesfoffés,  fes  tours ,  le  palais,  la  fortereffe,  deux 
églifes,  deux  écoles  particulières,  une  académie,  un 
tribunal  où  fe  jugent  les  caufes  de  la  province,  &  trois 
foires  par  an.  C'eft  le  dépôt  d'une  infinité  de  marchan- 
difes.  II  y  avoit  plufieurs  monafteres  &  couvens.  Celui 
des  chanoines  réguliers  fut  fondé  parThierri,  margrave 
de  Misnie,  l'an  1218.  Celui  de  S.  Thomas  fut  confirmé 
par  l'empereur  Adolphe  ,  l'an  1294.  Il  y  avoit  un  cou- 
vent de  religieufes  hors  de  la  ville,  outre  un  monaftere 
de  Bernardins  de  l'ordre  de  Cîteaux.  Trois  forts,  qui  fu- 
rent enfermés  dans  l'enceinte  des  murailles,  furent con- 
facrés  à  des  ufages  religieux.  Celui  de  la  porte  du  Grim 
•fut  donné  aux  Dominicains ,  qui  y  bâtirent  une  églifeen 
l'honneur  de  S.  Paul.  L'autre  eft  ce  qu'on  appelle  Pletf- 
fenbourg.  Le  troifiéme  étoit  dans  la  rue  des  Franciscains 

qui 


I.EI 


LEL 


-§ui  y  élevèrent  auflï  une  magnifique  églîfe.  La  ville  qui, 
jusques-là  avoit  été  triangulaire  ,  devint  à-peu-près  car- 
rée, par  les  accroiflemens  qu'on  y  fit.  En  1263,  Thierri, 
margrave  de  Lansberg,  accorda  aux  habitans  le  privi- 
lège de  le  gouverner  par  leurs  propres  loix ,  &  de  ne 
pouvoir  être  cités  que  devant  leurs  magiftrats.  Vers  l'an 
1510,  les  échevins  de  Leipfig  commencèrent  à  ouvrir 
leur  tribunal ,  &:  à  décider  ies  procès.  Augufte ,  duc  & 
électeur  de  Saxe,  régla  ainfi  ce  collège;  il  y  a  un  pré- 
sident, fix  affeffeurs ,  dont  trois  font  jurisconsultes ,  Se 
trois  conlèillers,  avec  un  actuaire.  L'an  1488,  Albert, 
duc  de  Saxe,  établit  à  Leipfig  un  confeil  provincial,  dont 
un  gentilhomme  eft  préfident,  trois  gentilshommes  affef- 
feurs ,  &  autant  de  jurisconfultes ,  quatre  avocats  ordi- 
naires pour  préparer  les  caiifes,  Sr.  pour  accorder  à  l'a- 
'  miable  les  parties,  deux  gentilshommes  avec'autant  de 
-  jurisconfultes.  La  foire  de  Leipfig  fut  confimée  par  l'em- 
pereur Maximilien  I,  en  1467  &T.  en  1469.  Il  régla 
qu'on  la  riendroit  deux  fois  l'an  ,  en  automne  &  au 
premier  Janvier,  avec  défenlè,  d'en  tenir  de  pareille  dans 
les  pays  de  Halberftadt ,  de  Misnie  &  de  Mersbourg ,  à 
la  diftance  de  quinze  milles.  L'univerfité  de  Leipfig  fut 
formée  de  celle  de  Prague,  fous  l'électeur  Frédéric  ,  en 
1408  ;  il  lui  accorda  deux  collèges.  Les  nations  y  font 
diftinguées  en  diverfes  claffes ,  qui  portent  les  noms  de 
Misnii ,  de  Bavière,  de  Saxe  &  de  Pologne.  Jean  XXIII, 
pape,  accorda  à  l'univerfité  fix  canonicats,  deux  de  l'é- 
véché  de  Misnie ,  deux  de  Mersbourg ,  &  deux  de 
Naumbourg  &c  de  Zeitz.  Les  princes  lui  firent  auflî'pré- 
fent  de  trois  villages.  Maurice  lui  fit  beaucoup  de  bien 
vt  fon  tour;  lui  donna  cinq  villages  ,  &  y  fit  venir  d'ha- 
biles profeffeurs.  Joachim  Camerarius  fut  de  ce  nombre. 
Le  palais  fat  bâti,  en  l<j 5 6,  avec  les  boutiques  des 
marchands,  &  le  poids  au-defîus  duquel  eft  une  grande 
fale  où  le  font  les  feftins  des  perfonnes'  de  diftinftion. 
-  Le  Pleiffenbourg  fut  commencé  par  Maurice,  &  achevé 
par  Augufte.  L'univerfité  de  Leipfig  a  eu  des  Souverains 
pour  (es  recteurs.  En  1 595  ,  Ulric  ,  duc  deSleswig  &  de 
.  Holftein,  fut  recteur;  en  1602,  ce  fut  Jules,  duc  deStetin 
&  de  Poméranie  ;  &  deux  ans  après,  ce  fut  Adolphe-Fré- 
déric, duc  Mecklenbourg.  Cette  ville  &  fon  territoire 
ont  fervi  de  théâtre  à  plufieurs  événemens  fameux,  du- 
rant la  longue  guerre  d'Allemagne.  *  Bertïus,  Comment, 
rer.  German.  /.  3  ,  p.  501. 

Ortélius  croit  que  cette  ville  a  été  connue  de  Ptolo- 
mée,  fous  le  nom  de  Cupfurdum. 

LEIRAC ,  prieuré  de  France  :  c'eft  le  même  que  Lai- 
Tac.  Il  y  a  un  bourg  dont  le  prieur  eft  feigneur  conjoin- 
tement avec  le  roi.  Corneille  dit  que  c'étoit  une  ville, 
mais  qu'elle  a  été  démantelée. 

LEIRIA  ,  ville  de  Portugal  ,  dans  l'Eftramadoure , 
entre  les  torrens  de  Lis  &  de  Linares ,  à  trois  lieues  de 
l'Océan  ,  à  dix-fept  de  Lisbonne ,  &  à  onze  de  Coïm- 
bre;  il  y  a  un  évêché  fuffragant  de  Lisbonne.  Le  fiége 
fut  érigé ,  l'année  1 544 ,  par  le  pape  Paul  III.  Il  y  a 
trois  paroiffes  &  quelques  communautés  religieulès  :  la 
ville  eft  environnnée  de  fortes  murailles ,  &  défendue 
par  un  château.  *  Baudrand  ,  édit.  1705.  Dcscr.  fuma- 
ria  del  Reino  de  Portugal. 

LEISZNICK,  petite  ville  d'Allemagne,  dansl'électo- 
ratdeSaxe,  dans  la  Misnie,  fur  la  Mulde,  au  pays  de 
Leipfig,  à  quatre  milles  de  Meiflen,  Si  à  cinq  de  Leip- 
(]g,  entre  ces  deux  villes.  *  Baudrand,  édit.  1705. 

LEITH  ,  ou  Lyth  ,  ville  d'Ecoffe  ,  avec  un  port  de 
mer  dans  la  province  de  Lothian,  fur  le  golfe  de  Forth, 
à  un  mille  écoffois  d'Edimbourg.  On  y  voit  les  ruines 
d'une  forterefTe  qui  y  avoit  été  élevée  du  rems  de  Crom- 
•vrel:  elle  a  été  démolie  comme  les  autres  fortifiications  de 
cette  place.  C'eft  le  port  d'Edimbourg,  &  le  plus  fréquenté 
de  toute  l'Ecoffe.  L'auteur  de  l'Etat  de  la  grande  Bretagne, 
t.z,  p.  245,  en  parle  comme  d'une  ville  floriffante.  Jouvin 
de  Rochefort,  Voyage  d'Angleterre,  parle  ainfi  de  cette 
ville.  Elle  eft  {ïtuée  à  l'embouchure  d'une  rivière  de 
même  nom,  qui  forme  un  port  fi  profond  en  fe  déchar- 
geant dans  l'Océan,  que  les  plus  gros  vaifteaux  entrent 


78. 


jusqu  ; 


lieu  de  la  ville,  où  ils  abordent  chargés,  &  fe 


rangent  le  long  du  quai ,  quelquefois  au  nombre  de  plus 
de  cinquante.  Cette  rivière  de  Leith  fait  la  féparation 
d'un  grand  fauxbourg  fitué  à  l'autre  bord ,  où  l'on  pafle 
'fur  un  grand  pont  de  bois,  qui  joint  ce  fauxbourg  à  la 


ville.  C'eft  la  demeure  des  pêcheurs  &  des  matelots; 
&  il  y  a  des  chantiers  où  l'on  bâtit  d'affez  gros  vaifféaux. 
On  voit  du  même  côté  une  citadelle  au  bord  de  la  mer, 
dont  les  vagues  ont  miné  les  baftions,  de  telle  manière 
que  l'on  n'y  tient  plus  de  garnifonpour  la  garder.  (C'eft 
fans  doute  la  même  citadelle  dont  nous  avons  marqué 
ci-deffus  la  démolition.)  Enfuite  de  ce  grand  quai,  il  y  a 
un  mole  en  façon  d'un  pont  de  bois.  Ce  mole  s'avance 
plusde  deux  cents  pas  dans  la  mer ,  pour  empêcher  que 
les  fables  qu'elle  entraîne  ne  bouchent  l'entrée  du  port. 

LEITLAND.  Voyez  Letten. 

LEITOMERITZ.  Voyez  Leutmeritz. 

LELAANNONIUS  SINUS ,  ou  plutôt  Lemàan- 
NONius,  comme  on  lit  dans  les  meilleurs  ma'nuscrits 
dePtolomée,  l.z,  c.  3  ;  golfe  de  l'ifle  d'Albion,  ou, ce 
qui  eft  la  même  choie,  de  la  Grande-tiretagne  ;  je  crois 
que  c'eft  le  Logh-Fyn ,  partie  du  golfe  de  la  Clyd,  en 
Ecofle. 

LEL£A.  Voyez  Lil^ea. 

LELALITANUS ,  ou  Lelalitensis  ,  fiége  ép'is- 
copal  d'Afrique,  félon  la  Conférence  de  Carthage,  ci- 
tée par  Ortélius. 

LELANTA ,  ou  Lelantus  campus  ,  campagne 
de  Grèce,  dans  l'Eubée,  au-defîus  de  Chalcide.  Stra- 
bon ,  /.  1*0 ,  p.  447  ,  dit  qu'il  y  avoit  des  eaux  chaudes 
minérales,  que  Cornélius  Sylla,  général  des  Romains, 
prit  pour  fa  fanré. 

1.  LÉLEGES,  (les)  ancien  peuple  d'Afie.  Homerei 
Iliad.  1.  21  ,  dit:  Altès',  qui  régne  fur  les  belliqueux  Lé- 
leges ,  dans  la  ville  de  Pédafe,  fur  les  bords  du  Satnion. 
Strabon  ,  /.  13  ,p.  605  ,  dit:  quand  vous  aurez  parte  le 
promontoire  Lectum  ,  vous  verrez  les  villes  les  plus  cou- 
ftclérables  des  Eoliens,  &  vous  entrerez  dans  le  golfe 
d'Adramytte,    au  bord  duquel  Homère  place  la  plus 

grande  partie  des  Léleges  &  des  Ciciliens car  la 

croupe,  qui  s'étend  denuis  le  promontoire  de  Lectum 
jusqu'à  l'Ida  ,  eft  au-deflus  de  l'entrée  du  golfe  ,  &  c'eft- 
là  qu'Homère  place  d'abord  les  Léleges.  Il  dit,  /.  12, 
p.  572  :  les  Pélasgues ,  les  Cauçons ,  &  les  Léleges  ,  na- 
tions qui  parcouroient  anciennement  diverfes  parties  de 
l'Europe Les  Gariens  qui  étoient  autrefois  éta- 
blis dans  les  ifles,  &L  les  Léleges,  commencèrent  à  ha- 
biter le  continent ,  par  l'affiftance  dès  Cretois.  ...  ; 
Les  montagnards  de  la  Pifidie ,  partagés  de  même  que 
les  Ciliciens,  fous  la  domination  de  quantité  de  petits 
tyrans,  s'accoutumèrent  au  brigandage  ;  &  on  dit  que  les 
Léleges,  peuple  vagabond,  s'étant  anciennement  mêlés 
avec  eux ,  vivoient  en  leur  compagnie ,  à  caufe  de  la 
reiTembiance  de  leurs  mœurs.  Il  faut  remarquer  que  les 
Ciliciens  de  Strabon ,  en  ce  Dallage ,  ne  font  pas  ceux 
qui  habitoient  au  midi  de  l'Afie  mineure.  C'étaient  des 
Ciliciens  plus  feptentrionaux  ,  comme  il  paroît  par  ces 
paroles  du  même  géographe  ,  qui  fervent  en  même  tems 
à  faire  connoùre  que  les  Léleges  avoint  féjourné  dans 
la  Carie,  &  fur-tout  aux  environs  de  Milet.   Dans  toute 


la  Carie,  dit-il . 


ck  à  Milet ,  on  montre  les  ie- 


pulcres,  les  forterefles  &  les  mafures  des  villages  des 
Léleges  :  lçs  Ciliciens  d'Homère  occupoient  le  bord  de 
la  mer ,  immédiatement  après  les  Léleges  ;  &  ce  pays 
eft  préfentement  occupé  par  les  peuples  Adramytteni  y 
Atarnei  &  Pitanœi,  jusqu'à  l'embouchure  du  Caïque; 
Ainfi  on  peut  en  conclure  que  les  Léleges  étoient  un  peu- 
ple vagabond,  mêlé  enfuite  avec  les  Cariens,  les  Piiï- 
diens  (k  autres  nations  ,  &C  que  la  plus  grande  partie 
habitoit  le  long  du  golfe  d'Adramytte,  auprès  des  Cili- 
ciens d'Homère.  Strabon  croit  que  ces  deux  peuples 
avoient  de  leurs  troupes  dans  l'amée  des  Troyens  con- 
tre les  Grecs ,  ck  que  fi  Homère  ne  les  a  point  mis  dans 
la  lifte  du  fécond  Livre,  c'eft  qu'ils  ne  faifoient  pas  une 
aiïcz  grande  figure. 

2.  LÉLEGES ,  ancien  nom  des  Mégariens ,  félon  Pau- 
fanias,  l.  1  ,  c.  39 ,  rk  c.  44,  il  dit  qu'une  tradition  des 
Mégariens  prétendoit,  que  douze  générations  après  Ca- 
rès,  fils  de  Phoronée,Lelex  vingt  d'Eaypte,  &  que,  fous 
fon  régne,  les  habitans  de  la  Mégaride  furent  nommés  Lé- 
leges ;  qu'il  eut  pour  fils  Csefon  ,  qui  fut  père  de  Pylas, 
dont  le  fils  Sciron  époufa  la  fille  de  Pandion. 

3.  LÉLEGES.  (les)  Le  même  Paufanias ,  /.  3  ,  c.  r, 
dit  que  le  premier  roi  de  la  Laconie  fin  Lélex,  origi- 
naire du  pays,  <k  que  les  peuples  qu'il  gouvernoit  (c'eit; 

Terne  HT.    G  g  g  g  g 


786 


LEM 


/ 

à-dire  les  Lacédemoniens)  en  prirent  le  nom  de Léleges: 
il  dit  auffi,  /.  4,  c.  i,  que  la  Laconie  en  fut  appellée 
Lélégie. 

Paufanias,  /.  7,  c.  z,  fait  entendre  que  les  Cariens 
faifoient  anciennement  partie  des  Léleges.   • 

LÉLÉGIE,  (la)  ancien  nom  de  la  Laconie.  Voyez 
Léleges  3. 

LÉLÈGIS,  ancien  nom  de  la  ville  de  Milet,  au  rap- 
port de  Pline,  &  d'Etienne  le  Géographe.  Voyez  Mi- 
Letus.  1. 

LELII,  peuple  d'Aile,  vers  les  Falus-Méotides ,  félon 
Orphée,  Argonaut. 

LELOV  ,  ville  &  château  de  la  haute  Pologne,  fur 
la  rivière  de  Pilcza,  dans  le  palatinat  de  Cracovie  ,  à 
dix-fept  lieues  au  nord  de  cette  capitale. 

LÉMAN,  (LE  LAC)  lac  deSuiffe  &  de  Savoye.  On 
le  nomme  auffi  communément  le  lac  de  Genève.  Il  oc- 
cupe une  partie  du  côté  méridional  de  la  Suiffe  ,  &  lui 
fert  de  barrière,  la  féparant  de  la  Savoye.  Il  fait  à-peu- 
près  la  figure  d'un  arc  ou  d'une  demi-lune,  dont  le  côté 
convexe  regarde  la  Suiffe;  ce  qui  fait  qu'il  a  feize  lieues 
de  longueur  du  côté  de  la  Suiffe,  au  lieu  qu'il  n'en  a 
guères  plus  de  douze  du  côcé  de  la  Savoye.  Il  eft  allez 
étroit  à  fes  deux  bouts,  &  va  en  s'élargiffant  peu-à-peu; 
enfin,  vers  fon  milieu, il  s'ouvre  à  la  largeur  de  cinq  lieues, 
à  l'endroit  de  Roi  le.  Il  borde  tout  le  pays  de  Vaud  qui 
préfente  un  aspect  tout-à-fait  agréable  à  ceux  qui  navi- 
gent  fur  le  lac,  par  la  variété  meryeilleufe  de  coteaux, 
de  vallons ,  de  campagnes  &c  de  vignobles  qu'on  y  re- 
marque. Ce  lac  eft  formé  en  partie  par  le  Rhône,  qui 
le  traverfe  dans  toute  fa  longueur,  &t  en  fort  à  Genève. 
II  n'y  conferve  nullement  fa  couleur  comme  on  le  pré- 
tend; il  ne  le  fait  qu'à  quelque  espace  dans  la  tête  du  lac, 
par  la  violence  avec  laquelle  il  y  entre  ;  mais  il  n'y  a  rien 
là  qui  n'arrive  à  toutes  les  grandes  rivières ,  qui  fe  pré- 
fentent  dans  quelque  lac  ou  dans  quelque  mer.  Une  autre 
chofe  plus  furprenante,  &  qui  eft  de  notoriété  publique, 
c'eft  que  ce  lac  ,  au  contraire  de  tous  les  autres ,  décroît 
en  hiver,  &  croît  en  été  quelquefois  da  la  hauteur  de 
dix  pieds  &  davantage.  On  attnbue  cela  aux  neiges  des 
montagnes  voifines,  qui,  fe  fondant  en  été  ,  par  la  cha- 
leur, groffiffent  de  leurs  eaux  les  rivières  qui  entrent  dans 
ce  lac,  &  le  lac  lui-même  par  conféquent.  Ce  lac  eft 
proibnd,  &  par-là  il  n'eftpas  fi  orageux  que  quelques  au- 
tres. On  y  fent,  de  tems  en  tems,  des  vents  fouterreins  qui 
foulevent  les  eaux,  mais  qui  ne  font  pas  dangereux.  Il 
eft  abondant  en  bons  poiffons:  l'on  y  pêche,  entr'autres, 
d'excellentes  truites ,  &  d'une  autre  espèce  de  poiffon  qui, 
je  penfe  ,  eft  particulière  à  ce  lac ,  &  que  nous  appelions 
des  perches.  Il  y  a  environ  quarante  ans  qu'on  y  voit  un 
poiffon  vorace,  nommé  mottila  ,  dans  la  langue  du  pays, 
qu'on  n'y  avoit  jamais  vu  auparavant:  on  ne  fait  d'où  ii 
eft  venu.  Quelques-uns  croient  qu'il  eft  defcendu  du  lac 
d'Yverdon  ou  de  Neufchâtel ,  où  l'on  en  voit  beaucoup 
de  cette  espèce  ,  &  qu'il  a  paffé  par  quelques  canaux 
fouterreins ,  ou  par  le  moyen  du  canal  qu'on  a  creufé  en- 
tre le  lac  d'Yverdon  &  celui  de  Genève  ,  ck  qui,  com- 
muniquant immédiatement  au  premier  de  ce  lacs ,  com- 
munique à  l'autre  par  le  moyen  de  la  rivière  la  Venoge. 
D'autres  difent  que  cela  vient  d'un  étang  bâti  par  un 
gentilhomme  du  pays ,  près  de  la  Venoge ,  où  il  y  a 
quantité  de  ces  poiffons ,  &  que  l'étang  ayant  été  gâté 
par  une  inondation  qui  fuivit  de  longues  pluies,  le  pois- 
fon  qui  s'y  trouva  s'en  alla  dans  la  Vétioge,  &  de-là 
paffa  dans  le  lac.  Quoi  qu'il  en  foit,  il  y  fait  beaucoup  de 
mal,  mangeant  les  autres  poiffons  comme  le  brochet.  Je 
remarquerai  encore ,  que  le  lac  de  Genève  eft  le  feul  de 
tous  ceux  de  la  Suiffe ,  qui  ne  fe  gelé  jamais.  *  Etat  & 
Délices  de  la  Suiffe,  t.  4,  p.  306. 

LEMANO,  ou  Oddisso,  ancienne  ville  de  Bulga- 
rie ,  fur  les  confins  de  la  Romanie  ,  fk  près  de  la  mer 
Noire,  fur  le  cap  Lémano,  anciennement  appellée  Tirijlra. 

LEMANUS,  ou  Lelienus,  npm  latin  d'une  rivière 
d'Angleterre,  félon  Lhuyd,  qui  dit  que  le  nom  vulgaire 
eft  Roder;  c'eft  ce  que  dit  Ortélius.  Gale,  in  Ariionin. 
p.  84 ,  écrit  Roiher,  &  dit  que  la  Rother  ne  fauroit  être 
la  rivière  Lemana;  car  c'eft  ainfi  que  l'annoyme  de  Ra- 
venne,  /.  5  ,  c.  31 ,  écrit  ce  nom.  Le  même  anonyme 
en  fournit  la  preuve  ;  car  il  nomme  de  fuite  Lemana  &C 
Rovia ,  comme  des  rivières  différentes  l'une  de  l'autre;  il 


LEM 


n'y  a  nu!  doute  que  Rovia  ne  foit  la  Rother.  Lemana  eft 
la  Lyme;  c'eft  d'elle  que  prend  ion  nom  le  port  de  tyine, 
nommé  par  Antonin  Lemanis  portus ,  à  feize  mille  pas 
romains  de  Durovernum,  qui  eft  Cantorbéri.  C'eft  d'elle 
auffi  que  prend  fon  nom  Lymckill ,  montagne  voifine. 

LEMAV1,  ancien  peuple  de  l'Espagne  ïarragonnolfe, 
félon  quelques  exemplaires  de  Ptolomée,  /.  2  ,  c .  6  ,  qui 
leur  donne  pour  ville  Daclonium. 

LEMBA,  ville  d'Afie,  félon  Jofeph,  Antiq.  I.  13, 
c.  23  ,  qui  la  met  entre  les  villes  que  le  Juifs  poiïedoient 
dan  les  pays  des  Moabites. 

LEMBAIS,  village  de  France.  Il  en  èft  parlé  dans  la 
Vie  de  lainte  Hunegonde  par  Surius.  *  Ortel.  Thefaur. 

LEMBEGE  ,  ville  de  France  ,  dans  le  Béarn,  où  elle 
eft  la  capitale  d'une  petite  contrée  appellée  le  Par/an 
de  Vievilljt',  qui  confine  avec  le  bas  Armagnac,  &  qui 
eft  mêlé  de  vignobles,  de  terres  labourables  6t  de  châtai- 
gniers. Quoique  cette  ville  foit  peine ,  les  habitans  l'é- 
levent  comme  fi  c'étoit  la  première  du  pays.  Le  quartier 
où  elle  eft  fituée,  produit  de  bons  vins.  *  Corn.  Dift. 
Davity.  Béarn. 

1.  LEMBERG,  Lewenberg  ,  ou  Leutemberg, 

Leoberga,  ville  de  baffe  Silefie  ,  dans  le  duché  de  Jawer. 
C'étoit  autrefois  une  bonne  ville  ;  mais  les  guerres  l'ont 
ruinée.  *  Hubner ,  Geogr./J.  620. 

2.  LEMBERG,  ville  de  la  Pologne,  dans  la  petite 
Ruffie,  ou  la  Ruffie  rouge,  au  palatinat  de  Lemberg  , 
dont  elle  eft  la  capitale.  Les  Polonnois  ja  nomment  Lu- 
VOW  ,  qui  eft  le  vrai  nom:  les  Allemands  la  nomment 
Lkmberg,  &  on  l'appelle  en  latin  Leopolis.  Quelquefois 
on  dit  en  françois  LÉOPOL.  Voyez  ce  mot. 

LEMBOLLAS,  petite  rivière  de  France,  dans  le 
Querci.  Elle  a  fa  fource  entre  les  villages  de  Palias  &  de 
Saint  Hilaire;  &  après  avoir  reçu  les  eaux  de  la  Lute  &C 
de  quelques  autres  ruiffeaux  ,  elle  fe  perd  dans  le  Tarn,  à 
l'orient  de  Moiffac.  *  Sanfon,  Atlas. 

LEMBOURG  ,  village  de  Pologne.  Voyez  LÉOPOL.' 

LEMBRO,  nie  de  l'Archipel,  fur  la  cô,e  de  la  pres- 
qu'ifle  de  Romanie.  Les  anciens  l'ont  nommée  Imbros. 
Elle  a  vingt-fept  milles  de  circuit ,  avec  un  bourg  de 
même  nom ,  fk  un  port  fur  fa  côte  orientale.  Elle  eft  à 
douze  milles  du  cap  Grec  &t  des  bouches  des  Dardanelles, 
en  allant  vers  l'ifle  de  Stalimène,  presqu'au  milieu  ,  en- 
tre rifle  de  Samandrachi  fk  celle  de  Ténédo.  Baudrand 
ajoute  qu'elle  eft  mal  placée  dans  toutes  les  Cartes  récen- 
tes. Il  ne  faut  pas  comprendre  dans  ce  nombre  celle  de 
la  Grèce ,  par  De  l'ifle ,  ni  celle  de  la  Méditerranée  par 
Berthelot.  * Baudr.  édit.  1705. 

LEMELLENSE-CASTELLUM,  ville  d'Afrique, 
dans  laMauiitaniSitifenfe:  il  en  eft  parlé  au  fécond  Li- 
vre de  S.  Optât,  du  Schisme  des  Donatiftes  ;  fk  dans  la 
Notice  épifcopale  d'Afrique,  on  trouve  ce  nom  un  peu  dé- 
guifé  ;  fk  l'évêque  de  ce  lieu  y  eft  nommé  Jacobus  Le- 
melefinfîs,  entre  les  évêques  de  la  Mauritanie  Sitifenfe. 

LE  MÈNE,  petite  rivière  d'Italie  ,  dans  l'état  de  Ve- 
nife  fk  au  Frioul  ;  elle  coule  du  feptentrion  au  midi , 
entre  la  Livenza  fk  le  Tajamento.  Elle  paffe  à  Potto- 
Gruaro  fk  à  Coucordia ,  puis  fe  rend  dans  le  golfe  de 
Venife,  vis-à-vis  de  Caorle.  *  Baudr.  édit.  1705. 

LEMENNIS  ,  ou  Lemnis  ,  lieu  d'Afrique  ,  dans  la 
Mauritanie  Céfarienfe ,  à  l'entrée ,  en  venant  de  la  Mau- 
ritanie Tingirane,  à  l'orient,  Se  à  deux  mille  pas  dufleuva 
Malva,  qui  féparoit  les  deux  Mautitanies.  *  Antonin  , 
Itiner. 

LEMFOCTENSIS.  Voyez  Lamfoctense. 

LEMGOW,  pettite  ville  d'Allemagne,  en  Weftpha- 
lie ,  au  comté  de  la  Lippe,  fur  la  rivière  de  Bege  ,  à> 
quatre  milles  de  Minden.  Elle  appartient  à  la  branche 
aînée  des  comtes  de  la  Lippe.  *  Hubner,  Geogr.  p.  508. 

LEMICA  ;  Sigebért  de  Gemblours,  cité  par  Ortélius, 
fait  mention,  dans  fa  Chronique,  de  Lemica,  ville  d'Es- 
pagne ,  dont  Idace  étoit  évêque.  Ortélius  croit  que  c'eft 
la  même  ville  que  Lameca.  Voyez  Lamego. 

LEMINCUM,  ou  Lemnicum  ,  ancien  lieu  de  la,' 
Gaule  Narbonnoife  ,  félon  l'Itinéraire  d' Antonin ,  où; 
il  eft  marqué  fur  le  chemin  des  Alpes -Graîennes  ,  à 
Vienne;  ce  lieu  s'appelle  Lemens,  près  de  Chambèry, 
fk  fut  donné,  dans  le  onzième  fiécle,  à  l'abbaye  d'Ainai 
de  Lyon,  par  Rodolphe  III,  roi  de  Bourgogne. 

LEMISE,  village,  Sa.  autrefois  ville  épiscopale  de  l'ifle* 


LE  M 


LEM 


787 


de  Cypre,  fur  la  côte  méridionale  de  Fifle;  en  latin  Le- 
miffus  nova  ou  Neapolis. 

JLEMNICUM.  Voyez  Lemincum. 

LEMNIS.  Voyez  Lemennis. 

LEMNOS ,  ifle  de  Grèce,  dans  la  mer  -£gée;  Pline 
îainet  à  vingt-deux  milles  d'Ombros,  &  à  quatre-vingt 
fepMnilles  du  mont  Athos:  elle  a,  félon  le  calcul  de 
Pline,  /.  4,  c.  11,  cent  douze  milles  de  circuit.  Il  y  a 
deux  villes,  favoir  Hephafiia  fk  Myrine ,  dans  le  marché 
de  laquelle  le  mont  Athos  jette  fon  ombre  durant  le  fols- 
tice.  Etinne  dit  :  Lemnos  ^  ifle  vers  la  Thrace,  a  deux 
villes,  Hephsftia  fk  Myrine.  C'eft  à  caufe  de  ces  deux 
villes  qu'on  lafurnommoit  Dipolis  ,  Ai'toak  ,  mot-dont 
fefertle  fcholiafte  d'Apollonius,  ad  L  1,  v.  604;  Pto- 
lomée  y  place  auffi  ces  deux  villes;  mais  il  dit  Hephas- 
tiade  au  lieu  â'Hepha/lia ,  fk  il  les  met  l'une  fk  l'autre 
dans  les  terres.  Le  nom  iïHcphefîiadi  vient  d'Haro?, 
qui  eft  le  nom  grec  de  Vulcain ,  le  dieu  du  feu  ,  à  qui 
cette  ifle  étoit  confacrée.  Valerius  Flaccus,  Argonauc. 
L  z,  v.  78,  dit: 

Jam  fùmmis  Vulcania  furglt 
Lemnos  aquis. 
&  v.  9î: 

Lemnos  cara  Dio ,  ntc  famâ  notior  ALtn& 
Auc  Liparts  Domus. 

Il  y  avoit  dans  cette  ifle  un  des  quatre  fameux  labyrin- 
thes de  l'antiquité.  Elle  étoit  fort  tourmentée  par  les 
Sauterelles,  félon  Pline,  /.  11,  c.  19;  &  l'on  impofa  à 
chaque  habitant  l'obligation  d'en  apporter  au  magiftrat 
un  certain  nombre  tous  les  ans.  Pline,  /.  35,  c.  6; 
&  Vitruve,  l.  7,  c.  7 ,  parlent  d'une  forte  de  terre 
rouge-  nommée  Jlnopis  ,  dont  la  meilleure  espèce  fe 
trouvoù  dans  l'ifle  de  Lemnos.  Davity  parle  fort  au  long 
de  la  terre  de  Lemnos,  qui. a,  dit— il ,  donné  de  tout 
tems  beaucoup  de  réputation  à  cette  ifle.  On  lui  attri- 
bue de  grandes  vertus  pour  arrêter  le  fang ,  pour  garan- 
tir des  fuites  du  poifon  fk  de  la  piqûure  des  lerpens ,  et 
pour  guérir  les  maux  de  reins  fk  de  rate.  On  tiroit  an- 
ciennement cette  terre  avec  beaucoup  de  cérémonies  ; 
une  prêrefie  faifoit  cette  fonction  folemnelle,  fk  char- 
geoit  de  cette  terre  une  chafette  que  l'on  conduifoit  à 
Hephaîftia.  Préfentement  on  ne  fait  pas  moins  de  pré- 
paratifs pour  aller  prendre  cette  terre  au  haut  d'une  col- 
line rougeàire  ,  qui  ne  porte  aucune  plante.  Les  Turcs , 
lès  Grecs,  les  prêtres  fk  les  Caloyers  s'aiïemblenr, 
le  6  d'Août,  jour  de  la  Transfiguration  de  Jelus  Chrift, 
îk  après  la  méfie  que  l'on  célèbre  dan;  une  chapelle, 
félon  la  liturgie  gréque,  ils  vont  tous  en  ordre  à  la  col- 
line qui  eft  à.  trois  portées  de  flèches  de  la  chapelle.  Ce 
jour-là  même  on,  y  envoie  de  grand  matin  des  gens 
pour  fouir  &  trouver  la  veine  d'où  cette  terre  fe  tire  ;  fk 
après  qu'on  l'a  tirée,  les  Ca'oyers  la  mettent  dans  de  pe- 
tits facs  qu'ils  donnent  aux  Turcs  qui  font  préléns,  fk 
particulièrement  au  Sous-Bachi  de  l'ifle  qui  en  envoie  la 
plus  grande  partie  au  Grand- Seigneur ,  &  vend  le  refte 
aux  marchands ,  ou  le  garde  pour  l'on  ufage.  11  y  a  dans 
l'ifle  une  fortereffe  occupée  par  les  Turcs ,  fk  où  rélîde 
le  Sous-Rachi,  qui  eft  le  gouverneur  de  l'ifle.  Les  Chré- 
tiens habitent  la  campagne  &  font  fort  laborieux.  Il  y  a 
foixante  fk  quinze  villages.  Le  nom  moderne  de  l'ifle 
eft  Stalimene  ou  Stilimenos,  noms  corrompus  d'tfî  t»V 
Afuov.  *Caw.  Dift. 

LEMO,  perite  rivière  d'Italie.  Elle  fort  de  l'Appen- 
nin,  dans,  l'état  de  Gènes,  fk  p.ifle  à  Voltaggio  fk  à 
Gavi ,  puis  fe  rend  dans  l'Orbe  au  territoire  d'Alexan- 
drie dans  le  Milanez.   *  Baudrand.  édit.  1705. 

LEMONIUS-PAGUS  ,  village  d'Italie  auprès, de 
Rome,  en  fortant  de  la  porte  Capène  ,  dans  la  voie  La- 
tine ,  félon  Feftus.  Frontin  nomme  un  bourg  Lemonium, 
dans  un  exemplaire  manuscrit  de  fon  Livre  de  laMefure 
des  champs.  *  0«e/.  Thefaur. 

LEMOVICES,  ou  Limovici,  ancien  peuple  delà 
Gaule  Aquitanique.  C'eft  aujourd'hui  le  Limoufin,  pro- 
vince de  France  ,  ou,  ce  qui  revient  au  même  ,  les  dio- 
cèfes  de  Limoges  &  de  Tulle,  ce  dernier  n'étant  qu'un 


démembrement  de  l'autre.  Jules  Céfar,  dcBello  Gallict 
1.  7,  c.  7s;  ,  les  nomme  dans  une  espèce  de  Lite  qui  a 
donné  lieu  à  quelques  modernes  de  croire  qu'il  les  avoit 
placés  entre  les  cités  armoriques  ou  mariiimes.  Univerjis 
tivitaùbus  qua  Oceanum  atùngunt  queeque  corum  con- 
fuetudine  Armoricce  appellantur  ,  quofunt  in  num-ro  Cu- 
riofoliies,  Rhedones ,  Ambiburi ,  Cadetes,  OJîsmii ,  Le- 
movices ,  Vcnetï ,  UnelLi ,  Sena.  (  Milita.  )  On  voit 
bien  que  Cél'ar  nomme  ici  des  peuples  de  la  cô:e  de  Bre- 
tagne fk  aux  environs.  Nicolas  Sanfon  ne  s'accommode 
point  de  ce  prétendu  déplacement.  Il  en  parle  ainfi  dans 
l'es  Remarques  fur  la  Carte  de  l'ancienne  Gaule.  «  Lemo- 
»  vices,  dit-il,  font  mal-à-propos  mêlés  entre Jes  cités 
»  armoriques,  ou  maritimes,  pour  diverfes  raifons.  Les 
»  cités,  ou  peuples  armoriques  &  maritimes,  s'étendent 
»  le  long  de  la  mer,  &  depuis  la  Loire  jusqu'à  la  Seine 
»  inclufivement ,  fk  s'entre-iiennent  les  uns  aux  autres. 
»  Lemovices  font  éloignés  de  la  mer,  fk  loin  au-delà 
»  de  la  Loire,  fk  ne  touchent  point  aux  autres  cités  ou 
»  peuples  armoriques.  Céfar  a'iffi  en  fait  mention  entre 
»  d'autres  peuples ,  avant  que  de  venir  aux  peuples  ou. 
»  cités  armoriques.  Céfar  encore  dî fti  îg-ue  les  peuples 
»  Piclones  fk  Santones ,  bien  qu'ils  foient  fur  la  mer, 
«  du  corps  des  cités  armoriques ,  à  plus  forte  ra^bn 
»  Lemovices ,  qui  f*ut  plus  avam  dans  les  terres  fk  au- 
»  delà  de  Santones  fk  Piclones :,  à  l'égard  des  cites  ar- 
»  monques.  Lemovices  donc  ne  peuvent  erre  cernés  en- 
»  tre  ces  cités  armoriques ,  puisqu'ils  en  font  léparés 
»  par  d'aurrés  peuples  qui  n'en  font  point ,  puisqu'ils 
>>  ne  touchent  point  à  la  mer ,  fk  qu'il  en  a  été  fait 
»  mention  féparément  fk  hors  des  cités  armoriques.  » 
»  Ces  derniers  mots  regardent  divers  autres  partages, 
où  un  peuple  nommé  Lemovices,  eft  accompagné  d'au- 
tres noms  de  peuples  qui  ont  plus  de  rapport  avec 
le  Limoufin.  Dans  le  chapitre  cité  ci-defTus  ,  quelques 
lignes  avant  les  mots  rapportés,  on  lit  :  Bellovacis  X. 
lotidem  Lemovicibus ,  octona  Piclonibus  &■  Turonis,  fkc. 
Ces  mots  font  remarquables ,  fk  nous  en  ferons  ufage 
dans  le  moment.  Au  chapitre  4  du  même  Livre,  on 
lit:  Senones,  Parifios,  Piclones,  Cadurcos,  Turones , 
AuLrcos ,  Lemovices,  Andes,  fkc.  Il  n'eft  point  ques- 
tion ici  d'Armoriques.  Ciaconius  fk  Jol'eph  Scahger , 
ne  connoi-flant  point  de  peuple  nommé  Lemovices  fur  la 
côte,  effacent  ce  nom  du  partage  que  j'ai  rapporre  en 
premier  lieu.  Cependant  Daviès  témoigne  que  tous  ies 
manuscrits  fk  le  traducteur  Grec  fournilîent  ce  nom  en 
cet  endroit.  Ainfi  il  y  a  de  la  témérité  à  l'en  ôter.  Il  y 
avoit  certainement  un  peuple  Lemovices  ,  duquel  Limo- 
ges fk  le  Limoufin  conièrvent  encore  le  nom  fk  le  pays; 
mais  de  même  qu'il  y  a^oit  trois  peuples  à  qui  "le  nom 
d'Aa/erci  étoit  commun,  ne  peut  il  pas  y  avoir  eu  deux 
peuples  nommés  Lemovices?  Le  chapitre  même  de  Céfar 
fait  voir  que  cela  eft  ainfi  ;  car,  dans  ledétai  des  milices 
que  l'on  demanda  aux  provinces  ,  il  met  dix  mille  hom- 
mes pour  le  contingent  du  peuple  Lemovices,  c'eft-à- 
dire  du  Limoufin,  fk  feulement  fix  mille  aux  peuples 
Armoriques ,  dont  les  autres  Lemovices  faifoient  partie. 
Mais  qui  font  ces  Lemovices  maritimes?  nous  l'ignorons. 
Combien  d'autres  peuples  dont  l'exiftence  eft  certaine  fk 
le  pays  entièrement  inconnu?  Il  y  avoit  donc  deux  peu- 
ples nommés  Lemovices  par  Céfar  dans  un  même  cha.-> 
pitre,  favoir: 

1.  LEMOVICES,  anciens  habitans  du  Limoufin. 
i.  LEMOVICES,  ancien  peuple  de  la  Gaule,  vers 
la  côte  'de  Bretagne. 
'  LEMO VII,  ancien  peuple  de  la  Germanie,  félon  Ta- 
cite .  de  Mor.  Germ.  c.  38.  Il  les  aflbcie  avec  les  Ru- 
giens.  L'ifle  de  Rugen  décide  du  lieu  où  étoient  les'Ru- 
giens  dont  elle  confervele  nom.  Cluvier,  German.  anc. 
1.  3  ,  c.  3s;,  croit  que  ce  peuple  Lemovii  eft  le  même, 
qui  a  été  enfuite  nommé  les  H:rules.  Quelques  favans 
ont  cru  que  les  Lémoviens  fk  les  Rugiens  étoient  féparés 
par  la  Viper;  mais  c'eft  une  conjecture  fans  preuve« 
Strabon  ,  /.  7,  parle  auffi  du  peuple  Lemovii. 

LEMPDE,  bourg  de  France,  dans  l'Auvergne,  au 
diocèle  de  Clermont. 

LEMPI  ;  les  François  appellent  ainfi  le  royaume  de 
Ningo.  Voyez  NlNGO. 

LEMPSTER,  Lemster  ou  Leominster,  petite 
ville  d'Angleterre,  en  Herefordshire,  avec  titre  de  b.i- 
ronit.  On  y  tient  marché  public ,  elle  envoie  Ces  dé- 
Tome  III.    Gggggij 


788  LEN 

pûtes  au  parlement ,  &  fe  distingue  par  la  bonté  de  Ton 
pain  &  de  fa  laine.  *  Etat  préfcnt  d«  la  Gr.  Bretagne , 

i'.  LEMPTA  ,  petite  ville  d'Afrique,  fur  la  côte  de 
Barbarie  ,  au  royaume  de  Tunis  ,  avec  un  château  ck  un 
petit  port,  entre  Soufe  ck  l'Afrique;  les  Chrétiens  l'ap- 
pellent Monaftero,  félon  Baudrand.  Marmol,  /.  6  ,  c.  26, 
dit  S uft  au  lieu  de  Soufe,  ck  Monefhr  au  lieu  de  Mo- 
naftero. 

a.  LEMPTA  ou  Lemta,  (le  désert  de)  ou  le 
ȃSERT  D'iGUIDl.  Dapper,  'Afrique,  p.  117,  dit: 
ig-.ddi  eft  le  nom  de  la  principale  habitation,  &  Lempta 
celui  des  habitans  de  ce  délert.  De  l'ifle  diftingue  ces 
noms,  comme  lignifiant  des  lieux  voifins.  Voyez  IGUIDI. 
LEMURINUS  MONS:  ce  doit  avoir  été  le  nom 
d'une  montagne  d'Italie  dans  la  Lig'urie  ,  fi  l'on  s'en  rap- 
porte à  une  ancienne  inscription  fur  le  cuivre ,  laquelle  fe 
garde  à  Gè  les.  *  Oriel.  Thef. 

LEMWICK.,  petite  ville  deDanemarck,  dans  le  dio- 
eèfe  de  Rypen  au  nord  ,  ck  allez  près  d'Holfterbrock. 
*Hermannid.  Dcscr.  Danitt. 

LENA,  (la.)  grande  rivière  d'Afie,  dans  la  grande 
Tartarie.  Elle  a  la  fource  dans  des  montagnes ,và  deux 
jourTiées  du.  lac  Baïkal,  &  on  croit  qu'elle  en  fort  par 
quelques  communication  fouterreinf.  Le  P.  Avril,  Jé- 
fûitfc,  Voyage  de  la  Chine,  1.  3  ,  p.  179  ,  parle  ainli  de 
cette  rivière.  Le  cours  de  la  Lena  eft  plus  uniforme  que 
celui  de  l'Obi  Se  du  Géneflaï  (Jeniflea;)  mais  Ion  em- 
bouchure eft  difficile  Se  dangereufe  ;  car,  quoiqu'on  n'y 
voie  pas  tant  de  glaces  que  dans  l'Obi.la  quantité  Recueils 
&  de  rochers  qu'on  y  remarque,  a  empêché  jusqu'à  cette 
heure  les  va'ifleaux  même  médiocres  d'y  paflèr.  On  fe 
bazarde  feulement  à  y  conduire  quelques  gondoles  pla- 
tes pour  ramaffer  certains  os  de  poitîbns  blancs  Se  noirs 
qu'on  trouve  fur  ces  rochers  ,  &  dont  on  fe  fert  pour 
plufieurs  ouvrages.  Sur  une  carte  drefTée  après  les  derniè- 
res obfer va-ions,  la  Lena  a  fa  fource  au  nord  du  lac 
Baïkal ,  d'où,  ferpentant  vers  le  feptenmon ,  elle  ren- 
contre la  rivière  de  Kuta  ,  g.  au  deffiis  d'Uskut,  ville; 
enfuite  elle  reçoit  la  rivière  de  Wittin,  d.  celle  d'O- 
'  leltma. ,  d.  baigne  la  ville  de  Jakutskoi ,  g.  fe  groffit 
des  rivières  SAldan,  d.  de  Vihyik,  g.  &  dtSiranka,  d. 
6c  fe  perd  dans  la  mer  Glaciale,  vers  le  131*  d.  de  lon- 
gitude. Son  cours  eft  d'environ  deux  cents-vingt  lieues, 
en  n'ayant  point  d'égard  aux  détours  qu'elle  fait,  c'eft- 
s-dire  qu'il  y  a  cette  diftance  de  fa  fource  à  fon  em- 
bouchure, en  prenant  cette  diftance  en  droite  ligne;  nous 
entendons  ici  des  lieues  de  20  au  degré.  *  H'iftoirt  dts 
Tatars ,   2.  part.  c.  8. 

LENCICI,  Lanschitz,  LandchutzouLends- 
CHUTZ,  ville  de  Pologne,  au  palatinat  de  même  nom, 
dans  un  marais,  au  bord  de  la  rivière  de  Bfura:  elle  eft 
ceinte  d'un  mur  Se  d'un  foiTé,  avec  une  forterelTe  bâtie 
fur  un  rocher.  Il  y  a  allez  loin  de  la  ville  une  églife 
collégiale  ,  dans  un  lieu  qui  eft  très-propre  à  être  forti 


LEN 


Rovigo .  à  deux  ou  trois  lieues  de  la  ville  de  Rovige.  Iî 
y  a  environ  quatre  mille  habitans,  quoique  l'air  y  foir 
un  peu  grofîïer  en  été.  Baudrand  le  met  presqu'au  mi- 
lieu, entre  Ferrare  St  Padoue.  *  Corn.  Dicïion.  Davityt 
ôc  De  Seine  ,  nouveau  Voyage  d'Italie. 

LENE,  (la)  petite  rivière  de  France,  dans  le  Lan- 
guedoc ,  où  elle  coule  ck  fe  perd  dans  la  rivière  de 
fougue. 

LÈNEHAM  ,  ou  LENHAM ,  Alnhamum  ,  bourg 
d'Angleterre,  dans  le  comté  de  Kent  ,  à  fix  lieues  de 
Cantorbery,  vers  le  couchant.  ■  Il  s'y  eft  tenu  un  concile  , 
l'an  1009,  appelle  Ainhamenfc  concilium. 

LENEY  ,  baronnie  d'Irlande ,  dans  la  province  de 
Connaught ,  au  comté  de  Slego ,  dans  fa  partie  la  plus 
d,ccidentale-. 

LÈNGHUIER,  bourg  d'Ane,  dans  le  KhoralTan. 
Il  tut  bâti  par  Tamerlan  ;  il  a  aujourd'hui  trois  cents 
boutiques,  plufieurs  édifices  publics,  des  vignes  &  des 
jardins.  Le  raiiin  ck  les  melons  y  font  excellens.  *  Ma* 
nuscrit  de  la  bibliothèque  du  roi. 

LENIUM  ,  bourg  de  la  Lufitanie,  félon  Hirtius.  *0r* 
telius  ,  Thefaur. 

LENNAS  ,  lieu  épiscopal  d'Ane  ,  félon  Guillaume 
de  Tyr,  quelque  part  vers  la  Syrie,  félon  Ortélius. 

LENNOX  ou  Le.nOX,  province  de  l'Ecolfe  méri- 
dionale, lur  la  côte  occidentale  ;  elle  eft  entre  Merttheith 
au  nord,  Se  la  rivière  de  Clyde  au  midi  :  on  la  nomme 
auffi  autrement  LE  COMTÉ  DE  DuMbarton  ,  tht 
shire  of  Dumbarton  ,  du  nom  de  fa  capitale.  Peut-être 
qu'elle  s'appelle  Lenox,  par  contraction  pour  LtVE- - 
NOX,  de  la  rivière  de  Leven  ,  qui  fort  du  lac  Lo- 
mond.  Se  qui  fe  jette  dans  la  Clyde.  Une  partie  de  cette 
province  /particulièrement  celle  qui  eft  fituée  fur  les  ri- 
vières, eft  très-fertile  en  bledv;  mais  le  relie  eft  pltin 
de  montagnes ,  qui  ne  font  pas  néanmoins  infructueu- 
fes,  puisqu'elles  nourriflent  quantité  de  bétail,  dont  les 
habitans  tirent  un  grand  avantage.  Lenox  a  donné  le 
titre  de  comte,  Si  enfuite  celui  de  duc,  à  une  branche 
de  la  famille  des  Stuarts.  Matthieu  ,  comte  de  Lenox, 
père  de  Henri  lord  Darnley,  le  père  de  Jacques  VI, 
annexa,  par  fon  mariage  avec  là  reine  >  Marie  d'Ecofié, 
cette  province  à  la  couronne.  Enfuite  elle  fur  donnée 
par  Jacques  VI  à  Esme  ,  fils  du  feigneur  d'Aubigni ,  en 
France,  qui  étoit  d'une  branche  de  la  famille  de  Lenox, 
laquelle  rut  éteinte  par  la  mort  de  la  duchefte  de  Riche- 
mond  &>'  Lenox.  Cetie  branche  de  Lenox  a  produit  de 
grands  hommes  ,  particulièrement  Bernard  ,  qui,  fous  le 
régne  de  Charles  VIII  ck  celui  de  Lou'n  XII,  comman- 
doit  fix  mille  EcofTois  au  fervice  de  la  France,  Si  qu'on 
appelloit  \esjîx  mille  diables,  à  caufe  de  leur  valeur.  Ce 
Bernard  rendit  auffi  grand  fervice  à  Henri ,  duc  de  Ri» 
chemond ,'  lorsqu'il  s'en  alla  de  France  en  Angleterre, 
pour  détrôner  Richard  III.  Les  autres  familles  de  mar- 
que de  cette  province  font  les  Cambels  ,  Colchous, 
Napers,  Mardalans  ,  Macalans  Haldens.   Quelques-uns 


fié.  La  ville  eft  remarquable  par  fa  foire ,  Sv  par  la  diète     des  Hamiltons  &  des  Semples ,  ck  les  Buchanaris ,  font 


de  la  noblelTe  de  la  province  qui  s'y  afifcmble  ,  ck  par  les 
tribunaux  qui  y  réfident.  *  Andréas  CelUr'ms ,  nov. 
Descr.  Polon.  p.  137. 

Le  I'aLATInat  de  LenciCi  ,  procince  de  Pologne  : 
entre  les  palatinats  de  Rava,  de  Siradie  ,  de  Califch  ,  de 
Posnanie  ck  de  Cujavie:  on  le  divife  en  trois  territoires, 
qui  font  autant  de  petits  palatinats,  favoir  de  Lencici 
propre  ,  de  Bre^ini  Si  SOrlow.  Il  y  a  aufïï  quatre  châ- 
telains qui  ont  rang  dans  les  diètes  du  royaume  ,  favoir 
ceux  de  Lencici,  de  Breçini,  cYInovlod,  ck  de  Conar. 

LENCZNA,  ville  de  la  Pologne,   dans  le  palatinat 
de  Lublin  ,  fur  la  rive  droite  du  Wipers ,  au  nord  de     de  Rofiere-aux-Salines.  Cette  ancien 
Cranoftaw,  fur  les  confins  du  palatinat  de  Chelm.  *  At- 
las Sinenfis. 

De  l'Ille  écrit  Linric{a  pour  le  nom  du  palatinat  Se 
pour  celui  de  la  ville. 

LENDELIN,  ou  Saint-Sauveur  de  Lendelin, 
petit  bourg  de  France  ,  dans  la  baflë  Normandie ,  au 
diocèfe  &  dans  l'éleftion  de  Coutance. 
LENDENARE.  Voyez  LendinarA. 
LENDIGO,  ou  Lindo  ,  (le  cap  de)  cap  de  la  mer 
de  Rhodes ,  à  foixante  milles  de  la  ville  de  ce  nom. 
*Corn.  Dift.  Le  Brun,  Voyage  du  levant. 

LENDINARA,  bourg  fortifié  d'Italie,  dans  l'état  de 


auffi  originaires  de  ce  pays ,  qui  a  produit  George  Bu- 
chanan ,  qui  a  fait  tant  d'honneur  à  la  république  de* 
lettres.  Dumbarton  eft  la  capitale  de  la  province.  *  Etat 
prcftnl  de  la  Gr.  Bnragnt ,  t.  2,  p.  253. 
<  LENONCOURT,  feigneurie  de  Lorraine,  au  diocèfe 
de  Toul ,  dans  la  prévôté  de  Nanci  ;  fon  églife  parois- 
fîale  eft  dédiée  fous  le  titre  de  la  Nativité  de  la  faintt 
Vierge.  Cette  terre  a  donné  le  nom  à  l'illuftre  maifori 
de  Lenoncourt ,  après  qu'elle  eut  fait  échange,  en  1153, 
avec  le  fouverain  du  château  de  Nancy,  dont  elle  por- 
toit  le  nom  ,  contre  cette  terre  de  Lenoncourt  &C  celle 
famille  tire  fon 
origine  d'Oldéric  de  Nancy,  qui  vivoit  en  1069.  Elle  a 
donné  à  Féglife  plufieurs  évêques ,  archevêques  Se  car- 
dinaux. Il  y  a  dans  ls  terre  de  Lenoncourt  cinq  chapel- 
les en  titre  Si  un  hôpital. 

LENS,  félon  Baudrand,  ville  de  France,  dans  l'Ar- 
tois, fur  le  ruilTeau  de  Souchets,  à  trois  lieues  d'Arras, 
6k  à  quatre  de  Douai.  Quelques-uns  y  ont  cherché  I'He- 
LENjE-Vicus,  village  où  Clodion  perdit  une  ba-aille. 
Voyez  Hele"nE7.  Quoiqu'il  en  (bit  de  leur  conjecture, 
Lens  a  été  autrefois  une  place  forte  ;  mais  on  en  a  rafé 
les  fortifications.  Elle  fut  prife  Si  reprife  bten  des  fois. 
Ce  fut  dans  les  plaines  de  Lens  que  le  fameux  prince  de 


U  république  de  Venife ,  fur  l'Adige ,  dans  le  Poléfin  de    Coudé  battit  l'armé,  6  Espagnole,  en  164S.  Cette  ville  fut 


LEN 


LEO 


cédée  à  la  France  par  le  traité  des  Pyrénées,  en  165g, 
&  n'a  point  changé  de  maîtte  depuis  ce  tems-là. 

i.  LENTA,  bourg  de  France,  dans  le  haut  Langue- 
doc ,  au  diocèie  de  Touloufe. 

1.  LENTA,  rivière  d'Italie  ,  au  royaume  de Naples, 

dans  l'Abruzze  citérieure.  Son  cours  eft  du  midi  aunord- 

eft,  où  elle  fe  rend  dans  le  coite  de  Venife,  entre  Pes- 

«ara  &  Ortona  à  Mare.  *  Magin ,  Carte  de  l'Abruzze. 

LENTIA.  Voyez  Lintz. 

LENTILLAC ,  bourg  de  France  ,  dans  le  Querci , 
audiocètéde  Cahors,  &  dans  l'clettion  de  Figeac. 

LENTINI,  (Ville  de  Sicile,  dans  la  vallée  de  Noto, 
fur  la  rivière  à  laquelle  elle  donne  (on  nom  ,  à  cinq 
milles  de  la  mer,  à  dix  de  Catane,  &  à  vingt  de  Syra- 
cuSe  ;  elle  étoit  fort  considérable  avant  qu'elle  fût  en- 
dommagée par  le  tremblement  de  terre  ,  qui  arriva 
en  1693.  Elle  eft  affez  peuplée  néanmoins. 

Lentini  eft  la  ville  de  toute  l'ifle  la  plus  ancienne.  Le 
lion  a  été  (on  Symbole  ;  c'eft  ce  qu'on  voit  dans  les  an- 
ciennes médailles  qui  (ont  de  douze  ou  treize  cents  ans, 
antérieures  aux  armoiries  qu'on  a  préfenrement  en  Eu- 
rope. Ces  médailles  qu'on  trouve  gravées  dans  la  Sicile 
de  Goltzius,  &  dans  celle  de  Paruta,  (è  gardent  dans  plu- 
fieurs  cabinets.  Lentini  tire  même  (on  nom  du  lion  ;  car 
on  appelle  les  habitans  de  cette  ville  Leontini  en  latin, 
ck  hiivûy-i  en  grec,  du  nom  au.,  xk»  ■©- 

Les  habitans  de  cette  ville  firent  graver  en  l'honneur 
de  Philippe  V,  à  fon  avènement  au  thrône  d'Espagne, 
une  médaille  qui  reprélénte  un  lion  tenant  un  globe  iiir 
lequel  eft  gravée  la.  Sicile  ,  pour  marquer  que  les  Lenti- 
riiens  font  les  premiers  habitans  de  l'ifle  ,  ck;  qu'ils  s'en 
font  les  premiers  emparés. 

Il  y  a  auprès,  fur  une  montagne  voifine,  Carlentini,  for- 
tereffe  que  Charles  V  fit  bâtir.  Le  lac  voifin,  connu  des 
anciens  lous  le  nom  de  Herculeus  lacus  ,  s'appelle  au- 
jourd'hui Uc  de  Lentini.  Voyez  Leontini. 

LENTIENSES  ,  ancien  peuple  d'Allemagne  ,  félon 
Ammien  Marcéllin,  /.  156-31.  Scudus  croit  que  c'eft 
préfentèment  Luijjgoewar,   peuple  de  la  Vindéhcie. 

LENTUBAT,  petite  rivière  de  France,  dans  la  bafïe 
Navarre  ,  où  elle  fe  joint  à  la  Bidouze  ,  au  nord  de 
Saint-Palais.  *  Robert  de  Vaugondy,  Atlas. 

LENTUDUM,  ville  ancienne  de  la  haute  Pannonie, 
félon  Ptolomée ,  /.  i,  c.  15.  Lazius. conjecture  que  c'eft 
préfentement  Lutenberg. 

LENTZBOURG  ,  petite  ville  de  Suiffe  ,  au  canton 
de  Berne,  dans  l'Argaw,  £c  capitale  d'un  bailliage  qui 
porte  fon  nom.  Elle  eft  fort  propre  ,  bâtie  dans  une 
vafie  plaine  ,  à  deux  petites  lieues  d'Arau  ,  au  pied  d'un 
mont  fort  élevé ,  où  eft  le  château  du  baillif ,  qui  au- 
trefois étoit  la  réfidence  des  comtes  de  Lentzbourg.  Ces 
comtes  tenoient  un  rang  fort  confidérable  dans  le  pays. 
Dès  le  commencement  de  l'onzième  (iécle,  Ulric,  comte 
de  Lentzbourg,  époula  Richenza  ,  fille  de  Radeboton, 
comte  d'Altenbourg ,  &  fœur  de  Wernher  ,  premier 
comte  de  Hapsbourg.  Le  dernier  mâle  de  cette-race  fut 
Ulric,  qui  étant  entré  dans  l'ordre  des  Auguftins,  fut 
élu  évêque  de  Coire  ,  dans  le  pays  des  Grifons  , 
l'an  1332.,  &  mourut  l'an  1335.  Le  comté  de  Lentz- 
bourg fut  enfuite  uni  au  domaine  de  la  maifon  d'Autri- 
che,  qui  en  fut  en  poffeffion  jusqu'au  concile  de  Cons- 
tance, &  à  l'an  1415,  que  les  Bernois  avec  les  fecours 
de  leurs  alliés ,  s'en  emparèrent ,  &  d'une  grande  partie 
de  TArgaw.  Le  château  ,  qui  étoit  la  réfidence  des  com- 
tes, eft  tort,  &  firué  avantageufement;  &  le  chemin  en 
eft  fort  rude  &  fort  mauvais.  On  n'y  peut  point  conduire 
le  vin  par  des  chariots  ;  on  tire  en  haut  les  futailles  par 
le  moyen  de  quelques  poulies  faites  exprès.  Ce  qu'il  y 
a  de  plus  remarquable  dans  ce  château ,  c'eft  un  puits 
taillé  dans  le  roc ,  à  la  profondeur  de  trois  cents  pieds. 
*Etat  &  Délices  de  la  Suiffe .  t.  a  ,  p.  189. 

Le  bailliage  de  Lentzbourg  a  au  nord  celui  de  Bibers- 
ftein  ,  &  au  midi  les  terres  du  canton  de  Lucerne.  C'eft 
un  des  plus  grands,  &  le  plus  riche  de  ceux  qui  font  en- 
tre les  mains  des  Bernois.  Il  contient  une  vingtaine  de 
paroiffés ,  &  un  grand  nombre  de  villages  &  de  châ- 
teaux, dont  les  uns  font  ruinés  en  tout  ou  en  partie,  &c 
les  autres  fubfiftent  encore  ;  entre  les  premiers  font 
Hapsbourg  &  Bruneck.  C'eft  dans  ce  bailliage  que 
font  les  bains  de  Schinzenach. 


Q 

7  "9 

I.ENUS.  Etienne  le  Géographe  nomme  ainfi  une  con- 
trée. Onélius  doute  fi  elle  n'étoit  point  dans  la  Pélagonie. 

LENZA,.  (la)  rivière  d'Italie.  Elle  a  fa  fource  au 
mont  Apennin,  lur  les  frontières  de  la  Toscane,  d'où, 
courant  au  feptentrion  par  la  vallée  de  Caulieri,  'elle  Sé- 
pare l'état  du  duc  de  Par. ne  ,  de  celui  du'duc  de  Modène, 
&  fe  rend  dans  le  Pô  ,  auprès  de  B«:rfêlIo  ,  vis-à-vis  de 
Viadana.  *  Magtk^  Irai. 

LEOCATA.  «pyez  Leucate  &  Licate. 
LEOL>IA-hILVA  ou  Leodiga  ,    nom  latin   de  la 
FOitÊT   D'ORLÉANS. 

LEODIUM.   Voyez  Liège. 

LEODURICIUM  ,  petit  bourg  de  Grèce,  dans  la 
Locnde,  auprès  du  Pinde ,  félon  Calchondile. 

LEOGANE.  On  prétend  que  ce  nom  a  été  formé  de 
celui  tSYaguana,  que  les  habitans  de  l'ifle  Esj^gnoîe 
donnaient  à  un  canton  de  la  partie  occidentale  de  c<  tte 
ifle,  voifiri  du  lac  Xaragua.  En  1504,  toute  l'ifle  é.ant 
foumife  aux  Eipagnols ,  le  grand  commendeur  Û.  Ni- 
colas Ovando  ,  gouverneur-général  des  Indes  .  y  forma 
une  ville,  qui  fut  nommée  Santa-Maria  de  la  Vera-Pa\. 
Elle  étoit  placée  affez  près  du  lac  dont  je  viens  de  par- 
ler,  à  deux  lieues  de  la  mer,  dont  on  l'approcha,  dans 
la  fuite,  fous  le  nom  de  Santa-Maria  de!  Puerto.  Mais 
le  nom  A'Ya^uana  prit  le  deSfus  dans  l'ufage  ord-naire, 
&  c'eft  de-/a  que  les  François  ont  formé  celui  de  Léo- 
gane  Cette  vide  étoit  éloignée  de  Soixante  &C  dix  lieues 
de  San-Domingo. 

Vers  l'année  1 5 1 9,  dansune  Lettre  que  l'audience  royale 
de  San-Domingo  écrivit  à  Charles-0_uint  pour  lui  expo- 
fer  l'état  où  le  trouvoient  les  colonies  Espagnoles  de  l'A- 
mérique ,  il  eft  dit  que  la  ville  d  Yaguana  avoit  un  b-.in 
port ,  des  mines  ,  de  la  caffe  .  ck  tout  ce  qui  étoit  né- 
cellaire  pour  y  établir  un  grand  commerce.  Mais  en 
1591  ,  elle  fut  prite  &  preique  entièrement  ruinée  par 
Chriftophe  Nevport,  Anglois  ;  èk,  cinq  ^11  Six  ans  après, 
les  Eipagnols  eux-mêmes  achevèrent  de  la  démolir,  auffi-. 
bien  que  Puerto  di  Plata  ci  Bayaha  ,  parce  que,  contre 
les  déSent'es  de  la  cour ,  les  habitans  de  ces  villes  conti- 
nuoient  de  (aire  le  commerce  avec  les  étrangers.  Ceux 
d'Yaguana  &  de  Bayaha  Se  joignirent  enièmble  ck  allè- 
rent à  l'Orient,  où  ils  formèrent  une  ville  qu'ils  appel- 
lerent  Bayaguana. 

Le  P.  I ibat  ,  dans  fon  Voyage  des  Ifles ,  t.x,p.  140 , 
parle  ainfi  de  Léogane.  «  On  prétend  que  tout  le  pays 
»  qui  eft  depuis  la  tiviere  de  PArtibonite  jufqu'à  la  plaine 
»  de  Jaqnin  ,  qui  eft  du  côté  du  Sud  ,  a  été  érigée  en  prin- 
»  cipauté ,  fous  le  nom  de  Léogane  ,  en  faveur  d'une  fille 
»  naturelle  de  Philippe  III,  roi  d'Efpagne.  On  dit  même 
»  que  cette  prir.cefle  y  a  fini  Ses  jours  ;  ck  dn  voit  en- 
»  core  les  reftes  d'un  château  qu'on  fuppofe  lui  avoir 
»  fervi  de  demeure  ,  ck  qui  doit  aveir  été  confidé- 
»  rable  ,  fi  on  en  juge  par  les  ruines.  Il  étoit  fitué  dans 
»  un  lieu  qu'on  appelle  à  préfent  le  grand  Boucan  , 
»  à  deux  lieues  ou  environ  de  l'Efterre.  Il  -en  reftoic 
«encore,  en  1701  ,  quelques  voûtes  affez  entières, 
»  toutes  de  briques,  grandes  &  bien  tiavaillées.  Il  y  en 
»  auroit  bien  davantage ,  fi  les  habitans  n'avoient  dé- 
»  moli  ces  bâtimens  pour  avoir  les  briques  ,  ck  s'en 
»  Servir  à  faire  les  cuves  de  leurs  indigoteries.  Ce  qu'il 
»  y  a  de'  plus  entier  ,  c'eft  un  aqueduc  qui  conduifoit 
»  l'eau  de  la  rivière  au  château  ,  &  qui  a  plus  de  cinq 
»  cents  pas  de  long  ,  à  en  juger  à  la  vue  ;  ce  châ:eau 
»  étoit  bâti  fur  un  terrein  un  peu  élevé,  au  .milieu  d'une 

Les  Èfpagfibls  étant  retournés  à  Léogane,  en  furent 
chaSfés  par  les  Hollandois,  qui  ne  s'y  établirent  point. 
Les  François  en  profitèrent  ;  &  vers  l'an  1660,  il  y  avoit 
là  un  aSfez  joli  établiSiement  qui,  en  1691,  étôit  celui 
de  la  colonie  Françoil'e  de  S.  Domingue  ,  dont  les  ha- 
bitans étoient  plus  a  leur  ailé  ;  ils  étoit'nt  .établis  dans  ce 
qu'on  sppelle  aujour'hui  la  plaine  de  Léogane.  C'eft  le 
meilleur  &  le  plus  bel  endroit  qu'ils  y  ayènt  encore 
aujourd'hui.  En  1711,  Léogane  fut  érigé  en  gouverne- 
ment particulier  ;  mais  à  la  mort  de  M.  de  Paty  à  qui 
il  avoit  été  donné,  il  fut  Supprimé,  &  -relevé  quelques 
années  après,  en  Saveur  de  M.  de  Nolivos;  êk  on  en 
établit  un  en  même  tems  à  Saint-Louis  pour  la  côte 
du  Sud.  Ainfi  le  gouverneur-général  de  Tille  de  Saint- 
Domingue  pour  la  France ,  a  fous  lui  les  gouverneurs 


79o  LEO 

particuliers  de  Sainte-Croix  pour  le  nord  ,  de  Léogâne 
pour  l'oueft,  &  de  Saint  Louis  pour  le  fud. 

On  fut  affèz  long-terris  incertain  où  l'on  placerait  la 
ville  ceLéogane,  dont  le  quartier  étoit  devenu  le  lé- 
jour  du  gouverneur-général  &  de  l'intendant.  On  la 
plaça  enfin  à  deux  lieues  de  l'ancienne  Yaguana,  entre 
i'Efferre  &  la  petite  rivière,  &  à  une  demi-lieue,  de  la 
mer.  Ainfi  elle  n'a  point  de  port ,  djks  feulement  une 
rade  foraine ,  qui  n'efl  pas  des  meille^s  ;  outre  l'incom- 
w  inodité    de    l'embarquement  &   du  débarquement ,    le 

terrein  qui  eft  entre  cette  ville  &  la  mer ,  étant  maré- 
cageux,  l'air  n'y  doit  pas  être  fort  fain.  Ce  qui  eft  cer- 
tain, c'eft  que  Léogane  ne  le  peuple  point,  quoiqu'on 
ait  démoli  la  bourgade  de  l'Efterre,  pour  l'enrichir  de 
fes  habitans.  11  paroît  même  que  le  gouverneur-général 
ix  l'intendant  lé  font  fixés  au  petit  Goave ,  ou  il  eft 
néceffaire  d'ailleurs  de  tenir  les  vaifïeaux  du  roi  ;  mais 
le  confeil  fupérieur  fe  tient  toujours  à  Léogane.  *  Hijl. 
de  S.  Dom.  du  P.  Charlevoix. 

Le  terrein ,  qu'on  appelle  proprement  la  plaine  de 
Léogane,  peut  avoir  douze  a  treize  lieues  de  longueur 
ce  1  eft  à  l'oueft ,  fur  deux ,  trois  ik  quatre  lieues  de 
large,  du  nord  au  fud.  Cette  belle  plaine  commence 
aux  montagnes  du  grand  Goave  ,  &  finit  à  celles  du 
cul-de-fac.  C'eft  un  pays  uni ,  àrrofé  de  plufieurs  riviè- 
res Se  ruifleaux ,  d'une  terre  profonde  ,  &£  fi  bonne , 
qu'elle  eft  également  propre  à  tout  ce  qu'on  veut  lui 
faire  porter,  (bit  cannes,  cacao,  indigo,  rocou  ,  tabac, 
manioc,  mil,  patates,  ignames  ,  toutes  lortes  de  fruits, 

de  pois  &  d'herbes  potagères.' Tous  les   environs 

de  la  rivière  des  cirronniers  ,  &  decelie  des  cormiers, 
à  deux  lieues  ou  environ  de  la  ville  de  Léogane,  auffi- 
bien  que  toutes  les  gotges  des  montagnes  qui  font  de 
côté-là  ,  font  autant  de  forêts  de  cacaoyers.  On  ne  peut 
croire  la  quantité  d'arbres  de  cette  efpece  que  l'on  y  cul- 
tive ,  &  la  beauté  du  fruit  que  l'on  y  recueille.  Mais  les 
chaleurs  excefîives,  &  l'air  corrompu  de  la  contrée,  çaufé 
par  les  maréoges  où  font  les^  décharges  de  plufieurs 
petites  rivières  &  fources,  empêchent  qu'un  pays,  fi  bon 
d'ailleurs,  ne  puiffe  être  auffi  peuplé^  qu'il  devrait  l'être. 
Les  habitans  anciens  <k  nouveaux  font  tiès-fouvent  at- 
taqués de  fièvres  continues  &  violentes  qui  deviennent 
i  la  fin  putrides;  fk  quand  on  en  échappe  ,  elles  dégénè- 
rent ordinairement  en  hydropifies  ou  dyffemeries  très- 
difficiles  à  guérir.  Il  n'y  a  que  les  chafléurs  qui  vivent 
dans  les  bois,  qui  foient  exempts  de  ces  maladies.  L'exer- 
cice qu'ils  font ,  le  bon  air  qu'ils  refpirent ,  confervent 
leur  embonpoint  fk  leur  fanté  ;  l'intempérance  &  la 
débauche  des  habitans  eft  encore  une  caule  de  ces  ma- 
ladies :  ils  boivent  &  mangent  avec  excès  ,  &  fe  livrent 
au  jeu  avec  la  plus  grande  pafîïon.  Chacun  fait  de  fon 
mieux  pour  étaler  fes  richeffes ,  &  faire  oublier  l'état  au- 
quel il  eft  venu  à  la  côte ,  &  le  métier  qu'il  y  a  fait. 
Plufieurs  qui  font  venus  en  qualité  d'engagés  ,  ou  valets 
de  boucaniers  font  devenus  fi  gros  feigneurs,  qu'à  peine 
peuvent-ils  fe  refondre  à  faire  un  pas  fans  être  dans  un 
carroffe  à  fix  chevaux  ;  en  récompenfe,  ils  pratiquent 
l'hospitalité  mieux  qu'en  aucun  lieu  du  monde  ;  ils  font 
charitables  ,  &  font  généreufement  part  de  leur  fortune 
à  ceux  qui's'adreffent  à  eux.  11  y  a  un  nombre  confidé- 
rable  de  ehaifes  &  de  carroffes  à  Léogane.  Il  n'y  a  pres- 
que que  de  petits  habitans  qui  aillent  à  cheval  ;  pour 
peu  que  l'on  foit  bien  dans  fes  affaires,  on  a  une  chaife. 
LEOGUS ,  nom  latin  de  l'ifle  de  Lewis. 
LEOMANÏA.  Voyez  la  Lomagne. 

1.  LEON,  Asî>  ,  promontoire  de  l'ifle  d'Eubée,  fé- 
lon Ptolomée,  /.  3  ,  c.  15.  C'eft  aujourd'hui  Cabo- 
Mantello  ,  félon  Sophien.  Ortélius  croit  que  c'eft  le 
Leucé  acie  de  Strabon. 

2.  LÉON  ,   rivière  de  Phœnicie ,  félon  Ptolomée , 

3.  LÉON,  promontoire  de  l'ifle  de  Crète,  dans  la 
côte  méridionale  ,  félon  le  même,  /.  3,  c.  17. 

4.  LÉON,  promontoire  de  l'ifle  de  Co,  félon  Héra- 
elide  ,  in  Polhiis. 

5.  LÉON,  village  de  Phrygie,  félon  Athénée,  /.  1, 
qui  dit  qu'on  y  trouvoit  des  eaux  âpres  &  nîtreufes. 

6.  LÉON  ,  Legio  ,  ville  de  France  ,  fur  la  côte  fep- 
tentrionale  de  Bretagne,  dans  le  pays  appelle  le  LÉo- 
pois ,  dont  elle  eft  la  capitale  j  c'eft  une  des  premières 


LEO 


barônnies  de  toute  la  Bretagne  ,  poffédée  depuis  long-*'' 
tems  par  les  ducs  de  Rohan,  qui,  à  caule  de  cette  vi- 
comte, or.t  droit  de  prélider  alternativement  aux  états 
de  Bretagne  avec  ie  duc  de  la  Tremouille  ,  baron  de  Vi- 
tré. Les  vicomies  de  Léon  font  appelles  ordinairement 
princes.  Ils  n'ont  pas  néanmoins  la  (eigneurie  de;  la  ville 
de  S.  Paul  ou  S.  Pol,  dont  la  junsdichon  temporelle, 
auHï-bien  que  la  fpintuelle ,  appartient  à  l'évêque.  qui  y 
fait  la  réfidence.  Un  nommé  Paul  ou  Pol  Aurctien  t 
dans  le  fixiéme  fiécle  ,  fut  le  fondateur  ik  le  premier 
évêque  de  cette  ville  ;  ce  qui  l'a  fait  appeller  depuis 
S.  P  ul  de  Léon  ou  S.  Pol  de  Léon.  Il  y  établit  le  liège 
épiscopal  des  Ofumiens  ,  qui  etoient  les  plus  célèbres 
entie  lesArmoriques.  Un  les  appelle  Ojismu  6t  Oximii, 
L'abbé  de  Longuerue  fouweiit  que  les  evêques  des  Uxis- 
. miens,  marques  dans-  les  conciles  de  rrance  ,  ne  lont 
pas  de  prétendus  évêques  d'Hiesme,  au  pays  d'Auge, 
mais  qu'ils  font  des  évêques  des  Arm  11  ques;  ce  qui  eft 
démontré,  parce  que  Mumenoïus ,  prince  des  Uretons, 
chafta  de  fon  liège  Liberalis  ,  évêq.ie  des  Oxismiens, 
dans  le  neuvième  liecie.  Le  même  Numenonis  érigera  un 
nouveau  fié^e  épucopal  dans  le  monaftere  de  S.  Rabu- 
tuai  ;  ce  qui  fait  voir  que  l'ancien  é'oit  celui  qui  avoit 
été  étahh  trois  fiécles  auparavant  à  Léon  ,  dont  on  ne 
fait  point  avec  certitude  la  linte  des  évêques,  ni  la 
chionologie,  à  caulèque  tout  eft  obscur  dans  l'ancienne 
hiftoire  de  ce  payi.  Ce  qu'on  fait,  c'eft  que  les  Ofis- 
miens  ou  Oxismiens  avoient  comme  les  autres  u.ne*ville 
capitale,  dont  on  ignore  le  nom  .  6c  qui  ne  peut  avoir 
été  fituée  au  lieu  ou  eft  aujourd  hui  S.  •  ol  ou  S.  Paul. 
Cette  dernière  n'efl  pas  plus  ancienne  que  le  fixiéme  fié-' 
cle,.&'  que  l'évêque  S.  Paul  ou  S.  Pol.  Les  géographes 
placenr  cette  cité  des  Olis'iniens  en.différens  lieux  ,  §C 
où  il  leur  plan.  Ce  ferait  perdre  fon  tems  que  de  s'amu- 
fer  à  discuter  leurs  raiibns  ou  plutôt,  leurs  conjéâtiresr 
Léon  lèroit  bien  peu  de  choie  fans  le  voifmage  du  port 
de  Roscof  qui  lui  1er:  comme  de  fauxbourg.  Eguinard 
Baron,  qui  profefta  le  droit  à  Bourges,  avec  beaucoup 
de  réputation  ,  &  duquel  nous  avons  un  commentaire 
fur  les  Inftituts  de  Juitinien  ,  &c.  étoit  natif  de  Léon, 
&  mourut  à  Bourges  le  22  Août  i^^  âgé  de  cinquante- 
cinq  ans.  *  Piganiol  de  lu  Force,  Descr.  de  la  France, 
t.  5  ,  p.  241  ;  Si  De  Longucrue  ;  Descr.  de  la  France  , 
pare;  1  ,  pag.  93.    .  •       -         ■ 

■  L'évêché  de  Léon  eft  fitué  à  l'extrémité  de  la  baffe 
Bretagne,  dont  il  occupe  toute  la  longueur  de  la  côte, 
depuis  la  rade  de  Breft  jusqu'à  la  rivière  de  Morlaix. 
Les  principaux  lieux  de  ce  diocèfe  font: 

S.  Paul  de  Léon  ,         S.  Renaud , 
Breft,  Landemau, 

Lesneven  ,  Le  Conqueft  , 

L'ifle  d'Oneffant.  . 

7.  LÉON,  royaume  d'Espagne.  Il  tire  fon  nom  de  fa 
ville  capitale  ,  &  a  pour  bornes  f  Afturie  au  feptentrion, 
la  Galice,  &  une  partie  du  Portugal  à  l'occident,  &  la 
vieille  Caftille  au  midi  &  au  levant.  Il  s'étend  en  lon- 
gueur, du  nord  au"  fud,  cinquante  lieues  ou  environ,  fur 
quarante  de  large.  *  Vnirac,  Etat  préfent  de  l'Espagne, 
/.  1  ,  p.  282. 

Ses  plus  confidérables  rivières  font  le  Duero ,  qui  Ië 
partage  en  deux  parties  à-peu-près  égales ,  la  Pifucrga  -, 
le  Canon,  le  Tormes,  le  Tono,  la  Tera,  VEJla  &  l'Orbsgo. 

Le  pays  eft  fertile  en  tout  ce  qui  eft  néceffaire  à  la 
vie,  fur-tout  un  certain  quartier,  qu'on  appelle  le  pays 
de  Vier™,  aufli-bien  que  le  territoire  de  .Ledesma.  Le 
vin  y  eft  paflablement  bon,  &  on  y  trouve  des  mines 
de  turquoiles.  _  ' 

Le  naturel  des  habitans  tient  allez  de  celui  des  Cas- 
tillans. Ceux  de  Salamanque  font  acculés  de  n'être  pas 
bons  amis,  comme  ii  paroît  par  le  proverbe  qui  dit  : 
Ni  buen  rapato  de  Waldres  ,  ni  buen  amigode  Sala- 
manca  ;  ceft-à-dire:  Ni  bonfoulier  de  Kaldres,  ni  bon\ 
ami  de  Salamanque. 

On  compte  dans  le  royaume  de  Léon  une  trentaine 
de  villes  aflèz  confidérables,  parmi  lesquelles  Léon,  As- 
torga,  Salamanque  ,  Palencia  ,  Zamora,  Médina  de 
Rio-Seco  &Ciudad-  Rodrigo  font  honorées  du  titre  dç 


LEO 


,E0 


S.  LÉON,  ville  d'Espagne,  capitale  du  royaume  de 
même  nom.  Elle  rut  bâtie  par  les  Romains  du 'rems  de 
Galba,  &  appellée  Legio  fepùma  Germanica  ,  à  caufe 
qu'on  y  mit  une  légion  Romaine  de  ce  nom  ,  &£  c'eft 
de-Ià  que  le  mot  Léon  s'eft  formé  par  corruption ,  ainfi 
qu'il  eft  prouvé  par  des  briques  anciennes  qu'on  y  a  trou- 
vées avec  cette  inscription. 

Leg.  VII.  P.  F. 

Elle  eft  fîtuée  à  l'extrémité  d'une  vafle  campagne  qui 
fe  termine  aux  montagnes  d'Afturie,  entre  les  deuxlbur- 
ces  de  la  rivière  d'Efta.  Elle  eft  honorée  d'un  évêché 
fort  ancien  ,  qui,  du  tems  des  rois  Goths,  eut  le  privilège 
singulier  de  ne  dépendre  d'aucune  métropole,  &C  de  re- 
lever immédiatement  du  laint  fiége. 

Il  n'eft  pas  poffible  de  pouvoir  dire  en  quel  tems  cette 
églife  fut  fondée  ;  dès  l'an  158,  on  y  voit  un  évêqueap- 
pellé  Martial,  unique  de  ce  nom.  Baronius  croit  qu'il 
fut  le  premier  qui  occupa  ce  fiége  ;  mais  il  le  remplit 
fi  indignement,  qu'après  avoir  eu  une  longue  &  fré- 
quente communication  avec  les  Gentils,  il  renia  la  foi 
de  Jefus-Chrift,  &  fut  déclaré  apoftat  par  le  pape  Etienne. 
Ce  malheureux  eut  des  fuccefleurs,  qui,  par  leur  piété,  ré- 
parèrent la  brèche  qu'il  avoit  faite  à  fon  églife,  dont  ils 
fournirent  l'éclat  jusqu'à  l'invaiion  des  Mores  ,  qui  en 
bannirent  le  culte  divin  ,  jusqu'en  901,  que  le  roi  Al- 
fonfe  III  reprit  la  ville  de  Léon  fur  eux  ;  il  n'en  fut 
pas  plutôt  en  pofltffion,  qu'il  fit  rédi fier  la  cathédrale, 
&  nomma  pour  évêque  Vincent  ,  unique  de  ce  nom. 
Anciennement  ce'  évêché  étoit  fuflvagant  de  la  métro- 
pole de  Braga  ;  mais  le  pape  Lucien  1  le  déclara  indé- 
pendant ,    &.  voulut  qu'il  ne  relevât  que  du  famt  fiége. 

Le  chapitre  eft  compofé  de  onze  dignitaires,  quatre- 
vingt-quatre  chanoines  ,  vingt  prébendiers ,  ck  douze 
bacheliers.  Le  roi  eft  le  premier  chanoine  ;  &  quand  il 
fe  trouve  à  Léon  ,  il  affilie  au  chœur  en  cette  qualité , 
&  reçoit  la  rétribution  comme  les  autres.  Le  marquis 
d'Aftorga  jouit  du  même  privilège.  Le  diocèle  s'étend 
fur  mille  vingt  paroifles.  L'évêque  jouit  de  12000  du- 
cats de  re\enu. 

Son  églife  cathédrale  eft  célèbre  par  la  beauté  de  fa 
ftruéture ,  &  le  grand  nombre  de  reliques  de  faints  qui 
y  repofenr.  Il  n'y  en  a  point  en  Espagne  qui  lui  foit  com- 
parable à  ces  deux' égards  ;  de- là  vient  que  les  Espa- 
gnols difent  par  manière  de  proverbe  :  Sevilla  en  gran- 
de\a ;  Toledo  en  requie^a  ;  Compojl-Ua  en  fortaliia  ;  y 
Léon  en  foulera  ;  c'eft-à-dire  :  Sevdk  en  grandeur,  "To- 
lède en  richefje,  Compojielle  en  force ,   &cLéon  en  délica- 

Outre  les  faints  qui  y  font  en  dépôt  ,  on  y  voit  les 
tombeaux  de  trente-  le  pt  rois  d'Espag.e,  lk  d'un  empe- 
reur. Dans  le  neuvième  fiécle  ,  le  roi  Ferdinand  ayant 
obtenu  de  Benaveth ,  roi  More  ,  qui  tenoit  fon  fiége  à 
Séville  ,  le  corps  de  S.  Ifidore  ,  le  fi;  transporter  dans 
l'églife  cathédrale  dé  Léon,  &£  le  fit  ppfer  dans  une  chafte 
d'argent  doré ,  fur  l'autel  de  S.  Jean-Baptifte. 

La  ville  étoit  autrefois  plus  grande  ,  plus  riche  &  plus 
peuplée  qu'elle  ne  l'eft  aujourd'hui.  Elle  a  été  la  pre- 
mière place  importante  que  les  Chrétiens  reprirent  fur 
les  Mores.  Pelage  s'en  étant  rendu  le  maître  en  712, 
la  fortifia,  &  y  bâtir  un  bon  château.  Elle  a  eu  l'hon- 
neur d'être  la  capitale  du  premier  royaume  Chrétien 
d'Espagne,  ou,  pour  parler  plus  jufte ,  le  lieu  de  la  réfi- 
dence  des  rois,  l'espace  d'environ  trois  fiécles,  c"eft-à- 
dire  depuis  Pelage  jusqu'en  1029  ,  que  le  royaume  fut 
uni  à  celui  de  Caftille  ,-par  la  mort  de  Vérémond  III. 
On  y  voit  encore  le  palais  royal ,  bâti  au  commence- 
ment du  treizième  fiécle  ,  par  Bérengere,  femme  du  roi 
Alfonfe.IX. 

9.  LÉON,  (LE  NOUVEAU  ROYAUME  de)  royaume 
de  l'Amérique  feptentrinnale,  dans  la  nouvelle  Espagne. 
Il  eft  borné  au  nord -eft  par  la  rivière  du  Nord  ,  qui 
tombe  dans,  le  golfe  du  Mexique,  au  midi  pai-  le  pays 
de  Panuco  ou  Guaftuco  &  par  la  nouvelle  Galice  ,  au 
nord  par  la  nouvelle  Biscaye.  Ce  royaume  n'eft  presque 
point  peup'é.  Il  y  a  beaucoup  de  montagnes  ,  parmi 
lesquelles  il  y  a  des  mines.  Les  mines  les  plus  connues 
font  celles  de  Caouila  au  nord  ,  &c  celles  de  Guanahate 
au  midi  ;  du  refte,  point  de  villes  ni  de  colonie  conli- 
dérable. 


79* 


10.  LEON  DE  NICARAGUA,  ville  de  l'Améri- 
que, dans  la  nouvelle  Espagne,  dans  la  province  de 
Nicaragua.  Eile  eft  à  douze  lieues  de  la  mer  du  Sud, 
fur  le  bord  d'un  lac,  que  les  Espagnols  appellent  lagund 
de  Nicaragua.  Ce  lac  a  flux  &  reflux  comme  la  mer, 
&  plus  de  cent  trente  lieues  de  tour  ,  fi  l'on  en  croit 
les  Sauvages  qui  demeurent  par  bourgades  aux  environs, 
en  très-grand  nombre.  La  ville  appellée  Lion  de  Ni- 
caragua eft  bâtie  en  ifh  lieu  fablonneux,  &  environnée 
de  tous  côtés  d'un  bocage  fort  épais.  On  l'a  jugée  au- 
trefois fort  commode  pour  exercer  le  trafic  entre  l'une 
&  l'autre  mer,  à  caufe  qu'elle  n'eft  qu'à  foixante  &  dix 
lieues  du  cap^  de  Honduras ,  où  le  chemin  eft  afïez  aifé.  Il 
y  a  une  églife  cathédrale  avec  quelques  monafteres  de 
religieux  de  la  Merci.  Le  gouverneur  de  la  province  & 
les  autres  officiers  du  roi  y  font  leur  réfidence  ordinaire, 
&  elle  eft  le  fiége  de  l'évêque  de  Nicaragua.  On  dit 
qu'il  y  a  dans  ce  diocèfe  plus  de  fix  vingt  mille  Sauva- 
ges, qui  payent  tribut  tous  les  ans  aux  Espagnols.  A 
trois  lieues  de  la  ville  ,  du  côté  du  nord  du  lac  ,  on 
voit  une  fort  haute  montagne,  dent  le  Ibmmet  eft  aigu, 
avec  une  grande  gueule  ouverte ,  d'où,  foir  &£  matin ,  il 
fort  une  fumée  fort  épaifle.  Cette  montagne  vomit  quel- 
quefois quantité  de  pierres  de  ponce  fuifurées.  A  quatre 
lieues  de-là ,  presqu'au  pied  d'une  autre  montagne  ,  qui 
vomit  aulfi  des  flam.nes  ,  il  y  a  un  petit  lac  rond  fk  en- 
foncé de  plus  de  mille  coudées.  Quoiqu'il  foit  environné 
de  rochers-,  les  Sauvages  y  descendent  chargés  à:  cou- 
ches, bc  ils  remontent  enfur.e  avec  une  adreflè  qui  ne 
i'e  peut  exprimer.  Thomas  Gage  dit ,  en  par'anr  d.i  vol- 
can qu'on  trouve  à  trois  lieues  de  Léon  de  Nicaragua  , 
qu'un  des  habitans  perfuadé  que  le  métal  qui  brûioit  dans 
ce  volcan  étoit  de  l'or,  fit  attacher  un  grand  chaudron 
à  une  chaîne  de  fer,  afin  de  le  descendre  au  bas  de  l'ou- 
verture de  la  montagne,  ne  doutant  point  qu'il  ne  le  reti- 
rât rempli  de  cet  or  fondu  ;  mais  par  la  force  du  (m  ,  le 
chaudron  fut  détaché  de  la  chaîne  ,  &  fondu  en  un  mo- 
ment. *  De  Lait ,  Ind.  occid.  /.  7,  c.  10. 

En  1685,  des  Flibuftiers  Anglois  prirent  &  pTerent 
cette  ville  ,  à  la  face  d'une  armée  Espagnole  ,  qui  r.'a- 
voit  ofé  ni  les  attaquer  ni  accepter  le  combat  qu'ijs 
luiavoient  préfenté  ,  parce  qu'elle  attendoitde  plusgtan- 
des  forces ,  ck  qu'elle  n'avoit  encore  que  fix  hommes 
contre  un.   *  Notes  du  P.  Charlevoix. 

LEONA  ,  nom  employé  par  quelques-uns  pour  ligni- 
fier  S.  POL  DE  LÉON. 

LEONARD  ,  (saint)  petite  ville  de  la  Carinrhje., 
fur  la  rivière  de  Lavant.  Elle  dépend  de  l'évêque  de 
Bamberg.     - 

LEONATA,  ville  de  la  Pcmnonîe,  près  delà  Save. 
Antonin,dans  fon  Itinéraire,  en  fût  mention,  au  rapport 
d'Ortélius.  Je  ne  l'y  ai  pas  trouvé.  Ptolomée  n'en  parle 
pas  non  plus. 

LEONCEL,  Leoncellum,  abbaye  de  France,  en  D?.u- 
phiné,  au  diocèfe  de  Vaience  ,  ordre  de  Cîteaux.  Ella 
eft  de  la  filiation  de  Bonnevaux,  à  trois  lieues  de  R.o- 
mans.  Elle  fut  fondée  en  1157. 

LEONDARI,  petite  ville  de  la  Morée,  dans  la  Za- 
conie,  aux  confins  du  duché  de  Clarence  ,  à  la  (burce 
de  la  rivière  de  Rifo ,  ck  à  quatre  lieues  de  la  ville  de 
Dimizana  vers  le  nord.  On, la  nomme  aufii  Larifja*  fé- 
lon Baudrand,  id.  1705.  Selon  le  géogr.iphe  de  Vitt , 
le  Rifo  eft  le  Rifo ,  anciennement  Lariffus  ,  fur  lequel 
la  ville  de  Léondari  eft  fiiuée. 

LEONESSA  ,  petite  place  d'Italie  ,  au  royaume  de 
Naples,  dans  l'Abrtizze  ultérieure,  entre  des  montagnes, 
fur  la  frontière  de  l'Ombrie,  à  fept  milles  de  Riéti ,  ck 
autant  de  Civita  ducale.  *  Baudr.  éd.  170s;. 

LEONICA,  ville  de  l'Espagne  chérieure,  au  pays  des 
Hédétains,  félon  Ptolomée  ,  /.  2 ,  c.  6.  Ses  habitans  font  • 
nommés  Leonicenfes  par  Pline,  /.  3  ,  c.  3.  C'eft  préfen- 
rement  Alcanit{ ,  fur  la  rivière  de  Guadalupa  dans  l'A- 
ragon  ,  ck  ,  félon  d'autres ,  Oliete, 

LEONINA-URBS.  On  a  ainfi  nommé  une  partie  de 
la  ville  de  Rome  ,  ou  plutôt  un  fauxbourg  qui  eft  de 
l'autre  côté  du  Tibre,  entre  le  Vatican  ck  le  château 
S.  Ange  ,  où  font  le  palais  du  Vatican  ck-la  Bafilique  de 
S.  Pierre.  Ce  lieu  étoit  hors  de  la  ville,  ck  expofé  aux 
infultes  des  Barbares  ,  qui  venoient  maflacrer  les  fidè- 
le';, qu'attiroit  en  ce  lieu  la  dévotion  envers  les  tom- 
beaux des  faints  apôtres,  (k  piller  les  grandes  richefles 


79* 


LEO 


LEO 


•jue  la  libéralité  ries  Chiliens  avoit  accumulées  dans 
cette  églife.  Le  pape  S.  Léon  fit  faire  une  muraille  au- 
tour de  ce  fauxbourg  ,  6k  l'enferma  comme  le  refte  de 
la  ville  ;  ce  qui  lui  a  fait  donner  le  nom  de  ville  de 
Sainf-Leon.  Son  nom  moderne  eftBoRGO.  On  nomma 
auffi  ce  même  canton  urhs  Ravennatium  ,  la  ville  des 
Ravennois,  parce  qu'on  y  avoit  mis  en  quartier  les  fol- 
dats  de  la  flotte  de  Ravenne.  *  PLtine,  Vit.  S.  Leonis. 

LEONIS  MONASIERfUM  ,  nom  latin  de  Lemps- 
TER.  Voyez  ce  mot. 

LEONTALE,  port  de  l'Amérique,  fur  la  côte  de  l'ifle 
àc  S.  Domingue  ,  avec  une  habitation  françoile,  félon 
Baudrand  ,   éd.  1705. 

LEONTARI,  ouLeondario,  ville  de  la  Morée, 
dans  la  Zaconie.  De  Witt  croit  que  c'eft  la  fameufe  Mé- 
galopolis  des  anciens.  Baudrand  dit  qu'elle  eft  fur  PAL- 
phée,  au  pied  des  monts,  à  vingt-cinq  milles  du  golfe  de 
Coron.  Il  ajoute  qu'elle  eft  peu  habitée  6k  presque  ré- 
duite en  viiiage  ;  que  les  Vénitiens  s'en  emparèrent 
en  16S7,  &  qu'ils  la  poffedei.t  encore.  Cela  étoit  vrai 
alors  ;  mais  ils  l'ont  perdue  avec  tout  le  refte  de  la  Mo- 
rée. 

LEONTINI ,  ancienne  ville  de  Sicile  ,  félon  Pompo- 
nius  Mêla,  /.  2,  c.  7  ;  &  Pline,  l.  3,  c.  8.  Ptolomée, 
/.  3  ,  c.  4,  l'appelle  Leontium.  Polybe,  dans  un  frag- 
ment du  livre  7,  décrit  ainfi  cette  ville.  La  ville  des 
Léontins  eft  tournée  vers  le  nord,  fi  l'on  a  égard  à  la 
pente  de  tout  le  terrein.  La  ville  eft  travertée  au  milieu 
par  une  espèce  de  vallée  unie ,  dans  laquelle  eft  l'hôtel 
de  ville  6k  le  lieu  des  tribunaux  ,  6k  enfin  le  marché. 
Chaque  côté  de  cette  vallée  eft  bordé  de  collines  escar- 
pées <k  taillées  en  précipices  ;  mais  au  deffus  de  ces  col- 
lines eft  une  plaine  couverte  de  mailons  6k  de  temples. 
Il  y  a  deux  portes ,  l'une  à  l'extrémité  méridionale  de  la 
vallée,  6k  qui  mené  à  Syracufe  ;  l'autre ,  à  l'extrémité  fep- 
temrionale ,  mené  dans  des  campagnes  nommées  les 
champs  Léontins,  où  font  des  terres  labourables.  Le  long  de 
la  colline,  qui  borde  la  vallée  au  couchant,  eft  une  rivière 
appellée  LiJJon;  au  pied  de  la  roche,  eft  un  rang. de  mai- 
fons  également  diftantes  de  la  rivière  dont  elles  font  fé- 
parées  par  une  rue.  Cicéron  parle  de  ces  campagnes 
comme  de  terrestres-fertiles.  JEtnen/is  ager,  qui  J'oie* 
but  ejfc  cultiffimus ,  &  quod  caput  efi  rei  fumentaria  , 
campus  Leontinus.  Pline  nomme  la  ville  Leontini  ,  6k 
cette  campagne  Latflrygonii  campi.  Cela  s'accorde  avec 
une  ancienne  opinion  qui  plaçoit  les  Leftrygons  en  ce 
lieu-là.  Silius  Itaiicus,  L  14,  v.  126,  dit  en  ce  fens: 

Prima  Leontinos  vajldrunt  pralia  campos , 
Rignatam  dura  quondam  Lafirygone  urram, 

Diodore  de  Sicile  dit  que  cette  campagne  avoit  été  auffi 
nommée  Xuthia  ager,  du  nom  de  Xuthus,  fon  ancien 
maitie.  La  ville  fubfifte  encore  6k  fe  nomme  Lentini. 
Les  anciens  nommoient  Leontinus  Jinus  ,  la  partie  mé- 
ridional du  golfe  de  Catane. 

1.  LEONTIUM.  Voyez  l'article  précédent. 

2.  LEONTIUM  ,  ville  du  Péloponnèfe  ,  dans  l'A- 
chaïe  proprement  dite,  félon  Polybe,   l.l,  c.  41  ;  6k 

'  LeÔnTOCEPHALE,  a^-™^*^.  Ce  nom  fignifie 
tête  de  lion.  Appien  ,  in  Mithridat.  appelle  ainfi  une  très- 
forte  place  de  la  haute  Phrygie.  Plutarque,  in  Themijlod. 
la  met  au  botd  de  la  mer  Egée,  fi  on  en  croit  Ortélius. 
Le  P.  Lubin  relevé  cela  fans  le  nommer,  6k  dit:  Plutar- 
que n'en  met  pas  la  fituation  fur  la  mer  Egée,  comme 
font  quelques  auteurs  ;  il  dit  feulement  que  Themiftocle 
allant  vers  la  mer  ,  le  Satrape  de  la  haute  Phrygie  le 
voulut  faire  aftaffiner  quand  il  pafferoit  par  la  ville  de 
Léontocéphale.  Sa  critique  eft  jufte.  Voici  le  paffage 
entier  de  la  tradition  de  Dacier.  Quelque  tems  après, 
Themiftocle  étant  allé  vifiter  les  provinces  maritimes, 
pour  queïques  affaires  qui  regardoient  la  Grèce,  un  fei- 
gneur  de  Perle,  nommé  Epixyes ,  Satrape  de  la  Phry- 
gie fiipérieure ,  lui  dreffa  des  embûches,  6k  apofta  quel- 
ques foldats  Pifidiens,  pour  le  tuer,  quand  il  feroit  arrivé 
dans  la  vile  appellée  Léontocéphale. 

1.  LEON!  ON,  ou  Leontos,  ancienne  ville  de  la 
Phamicie,  félon  Pline,  /.  <f,  c.  20.  Scylax,  p.  40,  6k 
Strabon,  /.  16,  p.  7-56.  Ce  mot  veut  dire  la  ville  des 
■fions  ou  du  lion  ;  Leontos.  Elle  étoit  voifins  de  Sitlon 


&  de  Béryfe,  &  peut-être  fur  le  fleuve  Léon  qui  appa-, 
remment  lui  donnoit  le  nom. 

2.  LEONTON ,  ou  LeonTOPOlis  ,  ancienne  ville 
d'Egypte  ,  capitale  d'un  nôme  qui  prenoit  d'elle  le  nom 
de  Leontopolites  nomus.  Ptolomée,  I.4,  c.  5,  fait  men- 
tion de  l'un  6k  de  l'autre. 

1.  LEONTOPOLIS.  Voyez  Leonton. 
^  2.  LEONTOPOLIS,  ville  épiscopale  d'Afîe ,  dans 
l'Hénélopont  ,  félon  la  Notice  de  l'empereur  Léon  le 
Sage ,  dans  laquelle  on  lit  Zalichi  Jîve  Leontopoleos.  Ce 
nom  eft  fimplement  Za.lich.en  dans  la  Notice  de  Hiè- 
rocles. 

3.  LEONTOPOLIS.  Il  y  a  une  ville  épiscopale  de 
ce  nom,  attribuée  à  l'Ifauriepar  Photius ,  Nornocanont 
6k  dans  le  fixiéme  concile  de  Conftantinople. 

5  LEONUM  SPECULA  ,  l'Echauguette  des  lions,  lieu 
d'Ethiopie,  fur  le  golfe  Arabique,  lèlon  Strabon,  /.  16, 
p.  774.  Elle  étoit  voifine  du  port  de  Pythangele. 

LEONUM  URBS.  Voyez  Leonton  &  Leonto- 
lis. 

LEOOMNE,  montagne  de  Grèce,  fur  le  golfe  dé 
Macédoine,  ou  de  Salonichi.  Pline,  /.  4,  c.  io,  parle 
de  cette  montagne. 

LEOPHORA  via,  chemin  public,  aux  environs  de 
Sufe ,  ville  de  la  Perfide ,  comme  nous  l'apprend  Dio- 
dore de  Sicile  ,  /.  2.  Paufanias,  in  Phocicis ,  la  décrit 
auffi.  On  la  nommoit  encore  Memnonia  via  ,  parce  que) 
Memnon  l'avoit  fait  applanir. 

LEOPODUM,  heu  maritime  d'Afie,  dans  l'Iorie^ 
auprès  d'Eryihiès,  félon  Athénée,  qui  dit  que  le  cada- 
vre du  roi  Cnopus  y  fut  jette. 

LEOPOL,  ville  de  Pologne,  au  palatinat  (a)  de 
Ruffie,  dont  elle  eft  la  capitale  ,  fur  la  rivière  de  Bug  4 
6k  le  ruiffeau  de  Pel.ew  ,  au  49e  d.  5'  de  latitude,  6k  au 
42e  d.  40'  de  longitude.  Les  Allemands  l'appellent  Lem- 
berg,  les  Polonois  Lwow  ou  Luouf  ;  le  nom  latin  eft 
Leopolis.  Elle  a  été  bâtie  par  Léon,  duc  de  Ruffie,  dont 
elle  porte  le  nom.  Elle  a  un  archevêque  6k  un  chapitre 
du  rite  Latin,  dont  les  revenus  font  fort  petits  à  la  vé-1 
rite ,  mais  dont  le  reffort  eft  fort  étendu  ,  puifqu'il  n'y  à 
dans  toute  la  Pologne  que  cet  archevêché  6k  celui  de 
Gnefne.  La  Ruffie  n'a  qu'un  feul  palatin  ,  du  nom  gé- 
néral de  la  province,  &  plufieurs  Starofties,  dont  celle 
de  Léopol  eft  une  des  meilleures.  Quant  à  la  ville,  qu'on 
doit  regarder  comme  la  dernière  de  Pologne  de  ce  côté- 
là  ,  elle  eft  fituée  dans  un  fond ,  entourée  de  montagnes, 
ou  coteaux,  à  plufieurs  étages,  qui  la  commandent  abso- 
lument, fur-tout  une  hauteur  fupérieure  aux  autres,  dont 
elle  eft  couverte  à  l'orient,  6k  fur  l'arrête  de  laquelle  efi 
un  ancien  château  de  brique  6k  de  pierre ,  long  6k  ferré, 
fans  autre  défer.fe  que  des  tours ,  des  angles  ,  des  mur- 
trieres ,  des  créneaux  fans  foffé ,  fans  ouvrage  extérieur. 
Il  eft  auffi  tout-à-fait  inutile  ;  car  il  ne  fauroit  défendre  la 
place ,  ni  la  commander  en  citadelle  ,  à  caufe  de  fon  élé- 
vation :  néanmoins  on  l'a  un  peu  reparé  le  fiécle  paffé, 
6k  on  y  a  creufé  un  grand  puits.  La  ville  eft  allez  belle, 
bâtie  de  brique  ,  les  rues  larges ,  les  mailons  exhauffées, 
la  place  très-vafte ,  fort  riante,  entourée  de  bâtimens 
confidérables.  Pour  les  églifes  ,  il  y  a  peu  de  villes  en 
Pologne,  qui  en  ayent  tant,  6k  de  fi  belles.  Ceile-ci  efi 
pleine  de  marchands  François ,  Grecs ,  Arméniens ,  Ecof- 
fois ,  Valaques  ,  Levantins ,  qui  tous  y  apportent  les  den- 
rées de  leurs  pays  ;  la  république  y  tient  les  magafins 
d'armée  6k  fon  arlénal.  Tous  les  officiers  y  font  leurs  pro- 
vifions  6k  leurs  équipages.  Tout  cela  ne  peut  manquer  de 
rendre  cette  ville  fort  riche  6k  fort  diftinguée.  Elle  eft 
enfermée  d'une  double  enceinte  de  murailles  de  brique, 
flanquées  détours  rondes,  couvertes  d'un  petit  foffé  ma- 
récageux ,  à  quoi  on  ajouté  ,  du  côté  qui  regarde  le  pays 
des  Turcs,  quelques  ouvrages  modernes,  demi-lunes, 
ravelins ,  battions  revêtus  ,  qui  ne  lui  fervent  guères. 
On  a  tracé  encore  au-delà  une  fortification  régulière", 
qui  n'eft  en  aucun  état  de  défenfe  ,  les  Polonois  fe  con- 
tentant de  marquer  leur  deffein,  fans  en  venir  à  l'exécu- 
tion ;  6k  on  a  fortifié  par-deffus  tout  certains  monafte- 
res  bâtis  fur  les  hauteurs  voifines  qui  commandent.  la 
ville,  6k  qu'il  vaudrait  mieux rafer.  Tout  ce  travail  ne 
laiffe  pas  de  coûter  beaucoup  ,  6k  d'être  fort  mal  em- 
ployé, les  Turcs  n'étant  pas  gens  à  s'arrêter  devanr  une 
auffi  méchante  place.  En  effet  ils  ne  voulurenr  p~s  la 
.  prendre  en  1671 ,  6k  fe  contentèrent  de  brûler  fes  fa  'x- 

bourgs, 


LEP 


LE 


pp 


bourgs  ,  Se  de  compofer  avec  la  ville  qui  fe  racheta 
pour  cent  milie  écus  ,  Se  donna  pour  otages  de  cette 
fomme  dix  riches  bourgeois  ,  qui  moururent  la  plupart 
dans  les  priions  de  Kaminieck ,  faute  de  l'avoir  payée. 
(b)  Il  y  a  deux  portes  &  deux  fauxbourgs,  où  l'on  compte 
environ  quinze  cents  mailbns  Se  plusieurs  églifes.  Il  y  a, 
tant  dans  la  ville  que  dehors,  de  beaux  jardins  ;  les  en- 
virons ont  auffi  des  vignes  qui  fourniffent  tous  les  ans 
une  centaine  de  tonneaux  de  vin.  Quelques  ruiffeaux , 
entr'autres ,  le  Peltew  ,  fourniffent  du  poiffon ,  favoir 
des  brochets,  des  carpes,  des  perches,  des  goujons. 
On  tient  tous  les  ans  une  belle  foire  à  Léopol  ,  le  jour 
de  S.  Agnès.  Cafimir  III,  furnommé  le  Grand,  fe  ren- 
dit maître  de  cette  ville,  en  1340;  8e  fon  évêché  fut  ho- 
noré de  la  dignité  d'archevêque,  l'an  136t.  *  (a)  Mé- 
moires de  Baujeu  ,  /.  2 ,  c.  1.  (b)  Andr.  Cellar.  Defcr. 
R.  Polon.  p.  311  &  feq. 

Les  Suédois  escaladèrent  cette  ville,  en  1704  ,  &  y 
firent  couronner  Staniflas  Leczinski  par  l'archevêque  de 
cette  ville. 

La  Chatellenie  de  Léopol  ,  contrée  de  Polo- 
gne ,  au  palatinat  de  Ruffie  ,  avec  lequel  on  la  confond 
fouvent  ,  quoiqu'elle  n'en  foit  qu'une  partie. 

1.  LEOPOLDSTADT ,  ville  de  Hongrie ,  fur  le 
Vag  ;  elle  eft  petite  Se  bien  fortifiée.  L'empereur  Léo- 
pold ,  dont  elle  porte  le  nom,  la  fit  bâtir  en  1665  ,  deux 
ans  après  la  prife  de  Newhaufel  par  les  Turcs.  Cette  ville 
eft  dans  le  comté  de  Neitra.  *  Baudrand,  édit.  1705. 

2.  LEOPOLDSTADT  ,  fauxbourg  de  Vienne,  ca- 
pitale de  l'Autriche ,  de  l'autre  côté  du  Danube.  L'em- 
pereur Léopold  le  fit  fortifier  en  1704  ,  pour  le  garantir 
des  ravages  des  mécontens  de  Hongrie ,  qui  étoient  les 
maîtres  de  la  campagne.  *  Baudrand ,  édit.  170?. 

LEOSTHENIUM,  golfe  du  Bofphore  de  Thrace  , 
félon  Etienne  le  Géographe.  Ce  même  golfe  eft  nommé 
Lajihenes ,  par  Denys  de  Byzance ,  au  rapport  de  Pierre 
Gilles ,  qui  croit  que  c'eft  auffi  le  même  qui  eft  nommé 
par  Pline,  /.  4,  c.  il,  Cajlhems.  Le  P.  Hardouin 
dit  que  tous  les  manufet its  s'accordent  à  dire  Câjlhenes , 
&  qu'il  a  autrefois  foupqonné  avec  divers  favans ,  qu'il 
vaudrait  mieux  dire  Lajihenes;  de  manière  que  ce  mot 
feroit  pour Leofthenes ,  Aém<?6 s'm -,  OuLeoJlhenios,  AimtrQivio;. 
Il  n'ofe,  dit-il,  écrire  Sojlkencs ,  contre  la  foi  des  ma- 
nuferits ,  quoique  Nicéphore ,  dans  fon  Abrégé  de  l'Hif- 
toire ,  ait  fait  mention  du  port  Softhenius  ,  ad  ann. 
DCCXVII,  &  que  dans  l'Anthologie  gréque  ,  il  y  ait 
une  épigramme  en  l'honneur  d'une  danfeufe  dont  la  fta- 
tue  étoit  in  Sojlhenio. 

LEPANTE  ,  Naupaclus,  ville  de  Grèce,  dans  la 
Livadie  propre ,  avec  un  port  fur  la  côte  feptentrio- 
nale  du  golfe ,  qui  prend  d'elle  le  nom  de  golfe  de 
Lepante.  Spon  en  parle  amfi  :  elle  étoit  ancienne- 
ment appellée  Naupaclus ,  d'un  mot  grec  ,  qui  fignifie 
bâtir  un  vaijjeau,  foit  que  les  Héraclides  euffent  fabriqué 
là  le  premier  navire  ,  ou  les  peuples  de  la  Locride , 
comme  le  veulent  quelques  auteurs.  Le  P.  Coronelli  dit 
dans  fes  Mémoires  hiftoriques  &  géographiques  de  la 
Morée  ,  p.  130,  que  la  ville  de  Lepante  eft  appellée 
des  Latins  Naupaclus  ;  du  vulgaire  Epaclos  ,  Se  des 
Turcs  Einebachti.  Elle  eft  fituée  dans  le  pays  de  Livadia, 
fur  le  rivage ,  peu  loin  de  l'ouverture  du  golfe  de  même 
nom ,  autour  d'une  montagne  de  figure  conique  ,  fur  le 
fommet  de  laquelle  eft  bâtie  la  fortereffe  ,  fermée  de 
quatre  rangs  de  groffes  murailles  féparées  par  de  petits 
vallons  entre  deux ,  où  les  habitans  ont  leurs  maifons. 
Le  port  n'a  pas  plus  de  cinquante  pieds  de  circuit.  (  Il  y 
a  erreur  dans  le  calcul,)  Se  on  pourroitle  fermer  à  chaîne, 
étant  affez  étroit  à  fon  ouverture  ;  ce  qui  fait  auffi  qu'il 
ne  s'y  peut  ranger  qu'un  petit  nombre  de  vaiffeaux  ;  & 
même  il  arrive  quelquefois  qu'ils  ne  peuvent  en  fortir 
faute  d'eau  ;  Se  fi  le  fameux  corfaire ,  Durach  Bey ,  s'y 
tenoit  à  l'abri  avec  les  galères  ,  c'eft  qu'il  prenoit  un 
foin  très-particulier  de  le  tenir  net.  Durant  le  régne  de 
l'idolâtrie  ,  il  y  avoit  à  Lepante  quatre  temples  confacrés 
à  quatre  divinités,  un  à  Neptune,  l'autre  à  Vénus,  le 
troifîéme  à  Esculape  ,  "  Se  le  quatrième  à  Diane.  Elle  eft 
fous  la  domination  des  Turcs .  &  gouvernée  par  un  Vai- 
vode.  Il  y  a  fept  mosquées,  deux  églifes  de  Grecs,  qui 
font  traitées  avec  le  dernier  mépris  par  les  Turcs  ,  & 
trois  fynagogues  de  Juifs.  Si  au-dedans  les  habitans  man- 
quent de  lieux  agréables ,  ils  ont  dehors,  au  levant ,  du 


793 

côté  de  la  mer,  une  abondante  fource  d'eau,  qui,  après 
avoir  ièrvi  à  faire  tourner  des  moulins  à  poudre,  Se  aux 
aprêts  des  marroquins  ,  en  quoi  conlifte  toute  la  richeffe 
de  ceux  du  pays  ,  arrofe  enfui  te  une  douzaine  de  planes 
d'une  belle  groffeur  ,  Se  rend  ce  lieu  très -délicieux. 
L'attaque  de  cette  place  étoit  très-difficile  avant  l'ufage 
du  canon.  En  1408  ,  elle  étoit  foumife  à  l'empereur  de 
Conftantinople  ;  mais  l'empereur  Emanuel  trouvant  trop 
de  peine  à  la  foutenir,la  céda  à  la  république  deVenife; 
fous  cette  domination,  elle  prit  une  nouvelle  forme,  Se  fuc 
munie  d'une  manière  à  pouvoir  réfifter  à  une  puiffante 
armée.  En  effet,  au  fiége  de  1475  ,  il  périt  trente  mille 
Turcs ,  Se  leur  armée  rut  contrainte  de  lever  honteufe- 
ment  le  fiége ,  après  l'avoir  tenu  plus  de  quatre  mois.  Ba- 
jazet  II  la  prit  fur  les  Vénitiens.  On  y  voit  encore  le  faint 
Marc  de  Venife,  dit  Baudrand.  Ce  fut  près  de  cette 
ville  que  D.  Juan  d'Autriche  remporta,  en  1^71  ,  la  fa- 
meufe  victoire  fur  la  flotte  des  Turcs.  Corneille  en  parle 
affez  au  long. 

Le  golfe  de  Lepante ,  pris  dans  fa  longueur,  du  fep- 
tentrion  jusqu'au  rivage  de  l'Achaïe,  Se  au  midi  à  celle 
de  la  Morée  ,  fépare  l'une  de  l'autre  ces  deux  grandes 
parties  de  la  Grèce  ;  il  a  eu  plufieurs  noms  que  les  au- 
teurs lui  ont  donnés,  félonies  diffe.ens  tems  &  les  oc- 
cafions  particulières.  Les  anciens  l'appelloient  Cricefus ; 
Strabon  mer  d'Alcion,  Sec;  fon  nom  le  plus  ordinaire 
étoit  le  golfe  Corinthien.  Il  comprend  quatre  écueils  dans 
fon  étendue  ,  Se  reçoit  fes  eaux  de  la  mer  Ionienne,  par 
l'entrée  qui  eft  entre  deux  promontoires  ,  avancés  du 
continent,  &  fur  lesquels  font  deux  châceauxqu'on  nomme 
les  Dardanelles.  Toutes  les  marchandifes  qui  forte  ut  de 
ce  golfe,  comme  les  cuirs,  les  huiles,  le  tabac  ,  le  riz, 
l'orge ,  payent  à  YEmin  trois  pour  cent  ;  &  cet  officier 
en  rend  fix  mille  piaftres  par  an  au  Grand-Seigneur.  Au- 
trefois Lepante  étoit  l'entrepôt  des  marchandées  qui  ve- 
noient  d'Occident  ou  du  Levant,  par  le  golfe  d'Engia; 
mais  à  prélent  l'entrée  n'eft  plus  libre  aux  navires  étran- 
gers, qui,  à  caufe  de  cela,  font  obligés  de  s'arrêter  àPa- 
tras  ;  Se  la  plus  grande  partie  de  ceux  qui  abordent  à 
Lepante,-  font  des  corfaires;  auffi  appelle-r-on  cette  ville 
le  petit  Alger. 

LEPAS  ,  Al&a.;  A'xfa/of  ;  Thucydide  nomme  ainfi  le 
fommet  d'une  roche  en  Sicile ,  dans  le  territoire  de  Sy- 
racufe.  C'eft  aujourd'hui  Crimiti. 

LEPE,  autrefois  ville  de  l'Espagne,  dans  la  Bétique. 
Ce  n'eft  plus  qu'un  bourg  de  l'Andaloufie ,  environ  à 
une  lieue  de  Cadix  ,  entre  l'embouchure  de  laGuadiana 
Se  celle  de  l'Odier.  *  Baudr.  édit.  1705. 

LEPETHYMNUS,  ou  Lepethymus  ,  montagne  de 
l'iUe  de  Lesbos.  Philoftrate ,  de  Vir.  illuftr.  la  met  aux 
environs  de  Méthymne.  Le  texte  latin  port t  Lepethymnus. 
Antigone  ,  in  mirabil.  dit  Lepethymnus ,  Se  Théophrafte 
de  même.  Quelques  éditions  de  Pline,  /.  5  ,  c.  31,  por- 
toient  Lepethymus;  celle  duP.  Hardouin  a  Lepethymnus. 
Le  nom  moderne  de  cette  montagne  eft  Leptimo,  c€  mon- 
tagne de  S.  Théodore.  Ortélius,  Thejaur.  croit  que  c'eft 
la  même  que  Lampetium. 

LEPHANA.  Voyez  Leuphana. 

LEPIDE ,  ville  d'Afrique  ,  dans  la  province  de  Tri- 
poli ,  au  royaume  de  Tunis.  On  la  nomme  auffi  Ullo  &c 
Aloa.  Elle  eft  fermée  de  bonnes  murailles  fort  hautes 
faites  de  grandes  pierres  de  taille,  Se  doit  fa  fondation 
aux  Romains.  Les  hiftoriens  du  pays  témoignent  qu'elle 
fut  extrêmement  peuplée  auttefois  ,  Se  que  l'Europe  y 
entretenoit  un  grand  trafic.  Cette  ville  que  Ptolomée 
met  à  40  d.  30'  de  longitude  ,  Se  à  3 1  d.  40'  de  latitude, 
fut  détruite  par  l'armée  d'Occuba,  la  première  fois  que 
les  fucceffeurs  de  Mahomet  pafferent  en  Afrique ,  Se  fe 
repeupla  depuis.  Elle  demeura  fous  l'obéiffance  du  Ca- 
life de  Carvan,  jusqu'à  ce  qu'une  autre  armée  d'Arabes 
paffant  en  Afrique  contre  le  rebelle  qui  avoit  porté  cette 
place  à  fe  foulever,  la  ruina  entièrement.  Quoique  la  ville 
de  Tripoli  de  Barbarie  ait  été  bâtie  de  fes  ruines  ,  on 
nelaiffe  pas  de  voir  encore  quelques  reftes  de  fes  anciens 
bâtimens.  *  Marmol.  Afrique,  1.6,  c.  43. 

Cette  citation  de  Ptolomée  n'eft  pas  jufte.  Voici  quelle 
eft, félon  ce  géographe,  la  iituation  des  deux  villes  nom- 
mées Leptis: 

Longit.  Latit. 

Leptis  parva,  37  d.   10'  3id.  36' 

Leptis  magna,         az         o  31       40 

Tome  III.    Hhhhh 


794  LEP 

On  voit  bien  que  Marmol  a  été  perfuadé  que  Lepidi 
eft  la  même  ville  que  la  grande  Leptis.  Voyez  Leptis. 

LEPIDOTUM,  AvriïÔToi,  ville  d'Egypte,  félon 
Ptolomée,/.  4,  c'y.  Elle  étoit  dans  le  Nôme  Panopolite. 

LEP1NUS  Mons,  montagne  d'Italie.  Columelle , 
/.  10,  en  fait  mention  dans  ce  vers: 

Que  Marucinï,  qua.  Signio,  monts.  Lepino. 

LEPONTII,  ancien  peuple,  aux  confins  de  l'Helvé- 
îie  ,  de  la  Rhétie  ,  &  de  l'Italie  ,  félon  les  différens  au- 
teurs qui  en  ont  parlé;  &,  à  dire  vrai,  rien  n'eft  moins 
certain  que  la  véritable  place  de  ce  peuple ,  fi-tôt  que 
l'on  contulte  plufieurs  géographes  anciens  ,  Se  il  n'y  a 
guères  de  nations  fur  qui  ils  s'accordent  fi  peu.  Si  on 
prend  à  la  lettre  ce  qu'en  dit  Céfar,  /.  4,  leur  pays  eft 
préfentement  celui  des  Gnfons.  Rhenus  oritur  ex  Le- 
pontis,  qui  Alpes  incolunt.  Le  Rhin  a,  dit-il,  fa  fource 
chez  les  peuples  Lépontiens ,  qui  font  dans  les  Alpes. 
Toutes  les  fources  du  Rhin  font  aujourd'hui  dans  les 
Grifons.  Les  peuples  Lépontiens  ,  félon  lui ,  étoient  aux 
fources  du  Rhin.  Ils  étoient  donc  au  pays  où  font  pré- 
fentement les  Grifons.  Cela  eft  clair. 

Mais  fi  l'on  confulte  Pline,  /.  3  ,  c.  10 ,  ils  feront  dans. 
le  Valais  ;  Rhatorum  Vennonetes  ,  Sarunetesque  ortus 
Rheni  amnis  accolunt ,  Lepontiorum  qui  Viberi  vocan- 
tur  fontem Rhodani.  C'eft-à-dire:  les  peuples  Vennone- 
tes &  Sarunetes  d'entre  les  peuples  Rhéliens,  font  à  la 
fource  du  Rhin  ;  les  Vibériens ,  qui  font  des  peuples  Lé- 
pontiens, font  à  la  fource  du  Rhône.  Le  Rhône  a  fes  fources 
dans  le  Valais.  Ces  Lépontiens  étoient  donc  dans  le  Valais. 

Si  on  s'en  rapporte  à  Ptolomée,  A3,  c.  1,  ils  feront 
fur  les  confins  du  Dauphiné  &c  du  Piémont  :  in  Alpi- 
busCottiis  Lepontiorum  urb s  Oscela.  Oscela,  dit -il, 
ville  des  Lépontiens  ,  eft  dans  les  Alpes  Cottiennes.  Il 
femble,  félon  Nicolas  Sanfon  ,  de  qui  font  ces  remar- 
ques, que  Ptolomée  ait  confondu  YOcelum  de  Cefar, 
qui  eft  dans  les  alpes  Cottiennes  ,  avec  Oscela  Lepon- 
tiorum qui  en  eft  allez  loin.  Quoi  qu'il  en  foit,  les  Alpes 
Cottiennes  font  aux  environs  du  Mont-Genevre,  là  où 
Briançon  eft  du  côté  du  Dauphiné ,  &  Sufe  du  côté  du 
Piémont.  Les  Lépontiens  étoient  donc,  félon  ce  fys- 
tême,  aux  environs  du  Mont-Genevre  ,  entre  le  Dau- 
phiné &  le  Piémont. 

Pris  à  la  lettre  de  Strabon  ,  /.  4,  p.  106,  ils  feront  à 
l'occident  de  Côme  :  Supra  Comum  quoi  ad  radiées  Al- 
pium  (itum  ejihinc  Rhceti  &  Vennones  ad  orientem  verji 
colunt ,  Mine  Lepontii  &  Tridentini ,  &c.  C'eft-à-dire  : 
au-deffus  de  Côme ,  qui  eft  au  pied  des  Alpes,  d'un  côté 
font  les  peuples  Rhétiens ,  <k  les  Vennons  vers  l'orient"; 
de  l'autre  côté  font  les  peuples  Lépontiens ,  &c.  Si  les 
Rhétiens  &  les  Vennons  étoient  à  l'orient  de  Côme,  & 
les  Lépontiens  de  l'autre  côté  ,  ceux-ci  feront  donc  à 
l'occident,  &  cela  eft  véritable  à  l'égard  des  Lépontiens 
feulement.  LesRhétiens  &c  les  Vennons  font  au  nord  de 
Côme  &  non  pas  à  l'orient  ;  le  peuple  Tridentini  ,  de 
l'évêché  de  Trente,  font  bien  loin  vers  l'orient,  &  non 
pas  vers  l'occident,  comme  le  dit  Strabon,  y  ayant  même 
divers  peuples   entre  deux. 

La  fiti'ation  des  Lépontiens  fe  prouve  par  celle  de  leur 
capitale  Oscela,  qu'on  appelle  encore  aujourd'hui  domo 
d'Oscela,  &  par  corruption  domo  d 'Ofula ;  &  par  l'une 
des  principales  vallées ,  que  ce  peuple  a  occupées ,  qui 
retient  l'ancien  nom  du  peuple  ,  favoir  Val-Leventina  , 
comme  qui  diroit  Lepontina ,  laquelle  eft  à  la  fource  du 
Téfin  ;  6c  cette  afliette  ,  qui  approche  de  l'opinion  de 
Céfar  &  de  celle  de  Pline ,  n'eft  pas  fort  éloignée  de 
celle  de  Ptolomée  ,  &  s'accorde  même  avec  celle  de 
Strabon.  Les  Lépontiens  font  à  l'occident  de  la  ville  & 
du  lac  de  Côme  ;  ils  ne  font  pas  fort  éloignés  de  Sufe, 
n'y  ayant  que  Salaff: ,  le  Val-dAofte  entre  deux  ;  ils 
font  au  midi  &  au  pied  des  Alpes,  du  côté  de  l'Italie,  au 
nord  desquelles  le  Rhin  prend  fa  fource  d'un  côré  ,  & 
le  Rhône  de  l'autre  ;  de  forte  que  Céfar  &  Pline  ont 
approché  du  but.  Ptolomée  s'en  eft  un  peu  écarté  ;  Stra- 
bon y  a  touché  ,  mais  plutôt  par  hazard  qu'autrement. 
Au  refte  ,  ces  peuples  ont  tenu  les  environs  du  Lac-ma- 
jeur, tirant  vers  les  Alpes.  Cela  comprend  pariie  de  l'état 
de  Milan  ,  &  presque  tous  les  bailliages  que  les  Suiffes 
tiennent  en  Lalie,  favoir  Bellinzone.  Lugan,  Lucarne, &c. 
Telles  font  les  obfervations  de  Nicolas  Sanfon,  fur  le 
peuple  Lépontiens. 


LEP 


LEPRIA,  ifle  d'Afie,  fur  la  côte  d'Ionie,  félon  Pline," 
/.  5,c.3i. 

LEPRIUM,  Lepreum,  Lepreon  &  Lepreus, 
ville  du  Péloponnèfe  ,  dans  l'Elide ,  à  trente  ftades  de 
Samicum,  &t  de  la  côte  de  la  mer,  félon  Strabon,  /.  8. 
Paufanias  dit  Lepreus  pour  le  nom  de  la  ville ,  &  Le- 
preatœ  pour  défigner  fes  habitans.  Lepreus,  dit-il,  Ailiac. 
1.  1 ,  c.  5  ,  &  1.  2,  c.  1 5 ,  ville  de  la  Triphylie  &  de 
Leprée ,  qui  eft  dans  la  Triphylie.  Il  dit  auflî,  /.  1,  c.  5  : 
les  Lepréates  veulent  paner  pour  Arcadiens  ;  mais  il  eft 
clair  qu'ils  ont  été  anciennement  du  nombre  des  Eléens. 
Ceux  de  cette  ville ,  qui  remportoient  le  prix  aux  jeux 
olympiques,  étoient  proclamés  par  le  cneur  public,  &£ 
qualifiés  Eléens  de  Leprée.  Cette  prétention  des  Lepréa- 
tes infinue  qu'ils  étoient  voifins  de  l'Arcadie ,  &  cela  ne 
quadre  point  du  tout  avec  la  fituation  que  Strabon  leur 
donne  fi  près  de  la  mer.  Us  dévoient  en  être  plus  éloi- 
gnés qu'il  ne  dit,  autrement  ils  n'auroient  pas  été  voi- 
fins de  l'Arcadie.  Ptolomée  met  Leprium  dans  les  terres, 
allez  près  des  confins  de  l'Arcadie  ;  ce  qui  eft  plus  jufte. 
Niger  croit  que  le  nom  moderne  eft  Chaiapa.  Pline  ne 
fe  contente  pas  de  donner  Lepréon  à  l'Arcadie  ,  il  lui 
joint  même  le  nom  de  cette  province  comme  un  fur- 
nom  Lepreon  Arcadice. 

LEPROSIUM,  nom  latin  de  Levroux.  Voyez  ce 
mot. 

LEPSIA  ,  ifle  d'Afie,  fur  la  côte  de  Carie  ,  dans  la 
mer  de  Rhodes ,  dans  la  Méditerranée ,  félon  Pline,  /.  5, 
£.31. 

1.  LEPTE  A  CR  A,  promontoire  de  l'Inde,  félon  Pline, 
/.  6,  c.  29.  Il  dit  que  d'autres  le  nommoient  auflîDRE- 
PANUM. 

2.  LEPTE  Acra,  lieu  maritime  de  la  Galatie,  félon 
Arrien,  Peripl. 

3.  LEPTE  Acra,  lieu^maritime  d'Egypte  ,  fur  le 
golfe  Arabique ,  auprès  de  Bérénice  ,  félon  Ptolomée  , 
1.4,  M- 


LEPTIMAGNUS, 
LEPTIMIENSIS,  £ 
LEPTIMIUS. 


Voyez  Leptis. 


LEPTIS ,  ancienne  ville  d'Afrique  ;  il  y  en  avoît 
deux  que  l'on  diftinguoit  par  les  furnoms  de  grande  & 
de  petite. 

LEPTIS-MAGNA,  ou  la  grande  Leptis,  ville  &c 
colonie  Romaine ,  en  Afrique  ;  elle  étoit  dans  la  contrée 
nommée Syrtique,  &  l'une  des  trois,qui  donnèrent  le  nom 
de  Tripolis  à  cette  contrée.  Ptolomée,  qui  liait  la  côte 
d'occident  en  orient ,  nomme  la  grande  Leptis  immé- 
diatement, avant  le  fleuve  Ciniphe.  On  ht  dans  cet  auteur, 
/.  4,  c.  3  :  Néapolis  que  Von  appelle  aujji  Tripolis.  C'eft 
ainfi  que  portent  les  éditions  ordinaires.  Mais  l'ancien 
interprète  Latin  &  le  Manuscrit  de  la  bibliothèque  Pa- 
latine dilent  beaucoup  mitnx  ,  Néapolis  qu  on  appelle 
an ffz  la  grande  Leptis.  Nous  verrons  au  mot  Tripolis, 
que  ce  n'étoit  pas  le  nom  d'une  ville ,  mais  d'une  con- 
trée où  étoient  trois  villes  ,  dont  la  grande  Leptis  étoit 
une.  Strabon,  /.  17,  dit:  Néapolis  que  l'on  appelle  auftt 
Leptis.  Ceux  qui  ont  voulu  employer  l'autorité  de  Pto- 
lomée ,  pour  dire  que  la  ville  de  Tripoli  eft  la  même 
que  la  grande  Leptis,  n'ont  pas  fait  réflexion  que  Tri- 
poli- Vechio,  ou  le  vieux  Tripoli,  encore  moins  celui 
d'aujourd'hui  ,  n'eft  pas  allez  près  de  la  rivière ,  mais 
qu'ils  font  l'un  &  l'autre  beaucoup  plus  au  couchant.  Si 
Ptolomée  avoit  écrit,  comme  ils  le  prétendent ,  quelle 
apparence  y  a-t-il  qu'il  n'eût  point  fait  mention  d'une 
ville  auffi  confidérable  que  la  grande  Leptis,  qui  durait 
encore,  ôf  confervoit  fon  même  nom  dans  le  tems  que 
les  Itinéraires  ont  été  drefles  ,  c'eft-à-dire  long-tems 
après  Ptolomée  ?  Il  eft  vrai  que  Pline,  /.  5,  c.  4,  dis- 
tingue Néapolis  de  Leptis,  furnommée  la  grande;  mais 
il  fe  trompe  fur  la  trace  de  Pomponius  Méiaquis'eft  fort 
brouillé  en  cet  endroit.  Le  P.  Har.douin  tâche  en  vain  de  - 
le  juftifier.  Cette  ville,  en  qualité  de  colonie  Romaine, 
eft  nommée  fur  les  médailles  Col.  Vie.  Jul.  Lep.Co- 
lonia  viclrix  Julia  Leptis  ,  c'eft-à-dire  Leptis,  colonie 
viclorieufe  Julienne.  L'Itinéraire  d'Antonin  &  la  Table 
dePeutinger  lui  confirment  cette  qualité  de  colonie.  Cette 
ville  étoit  épiscopale.Dans  la  Notice  épiscopale  d'Afrique, 
Callipide,  évêque  de  la  grande  Leptis,  Callipides  Lep- 


LEQ 


LEPv 


ilmàghetijîs  eft  nommé  le  premier  entre  les  évêqnes  de 
la  province  Tripolitaine. 

LEPTIS  PARVA,  ou  Leptis  MINOR,  c'eft- à-dire 
la.  petite  Leptis,  ville  d'Afrique,  dans ^ la  Byzacène. 
Dans  quelques  exemplaires  de  l'Itinéraire  d'Antonin,  on 
lit  Lcpti  minus  civitate  ;  c'eft  ainfi  qu'Aide  &  Simler  le 
mettent  dans  leurs  éditions,  6k  la  Table  de  Peutinger 
porte  Lepte  minus.  Il  ne  faut  pas  croire  que  ce  fût  pour 
cela  une  petite  ville.  Elle  ne  s'appelloit  ainfi  que  par  rap- 
port à  l'autre  Leptis,  6k  pour  les  diftinguer;  car  du  relie 
c'étoit  une  belle  &  grande  ville.  Pline,  /.  5  ,  c.  4,  l'ap- 
pelle Liberum  oppidum ,  ville  libre ,  6k  Hirtius ,  c.  7  , 
Libéra  civitas  &  immunis ,  ville  libre  6k  tranche.  Sur  la 
Carte  de  Peutinger,  elle  a  la  marque  des  grandes  villes  ; 
&  Céfar  y  mit  fix  cohortes  en  garnifon.  Hirtius,  c.  cfj , 
dit:  il  condamna  à  une  groffe  amende  les  Leptitains, 
dont  Juba  avoit  pillé  les  biens  les  années  précédentes, 
ckqui  s' étant  plaints  au  fénat  par 'des  députés,  6k  en  ayant 
obtenu  des  arbitres,  avoient  recouvré  ce  qui  leur  appar- 
tenoit.  Il  s'agit  ici  de  la  petite  Leptis  ;  ck  c'eft  de  cette 
querelle  de  Juba,  que  Céfar ,  Civil.  1.  a ,  c.  38  ,  fait  men- 
tion. Elle  étoit  aufli  épiscopale  ,  6k  la  Notice  d'Afrique 
met  dans  la  Byzacène  Fortunatianus  Leptiminenjis.  De 
même,  dans  la  Conférence  de  Carthage,  on  trouve  Ro- 
main, évêque  de  la  petite  Leptis ,  Romanus  Leptiminen- 
Jis.  Au  concile  de  Carthage  ,  tenu  fous  S.  Cyprien,  on 
voit  Demetrius  à  Leptiminus. 

La  grande  Leptis  eft  nommée  LEPIDE  par  Marmol , 
Lebeda  ou  LepedA.  par  Baudrand,  LebidA  par  Paul 
Lucas.  Corneille  fait  un  article  de  Lepte' ,  ville  de  l'A- 
frique ,  dans  la  province  de  Byzacène.  Il  ne  dit  point 
que  cette  Lepte  foit  une  des  villes  nommées  Leptis  ;  tout 
ce  qu'il  dit  de  Lepte,  confifte  en  un  abbrégé  de  la  Vie 
de  S.  Fulgence,  dont  ce  lieu  étoit  la  patrie:  on  ne  s'ac- 
corde pas  fur  le  nom  de  la  ville  où  ce  faint  étoit  né.  Ba- 
ronius,  ai  ann.  490,  6k  Sponde  ,  fon  abréviateur,  di- 
fent Lepte,  comme  Corneille;  Surius  de  même.  L'abbé 
Fleuri,  Hift.  eccl.  1.  30,  c.  58,  6k  Dupin  dans  fa  Bi- 
bliothèque eccléfiaftique  ,  article  de  S.  Fulgence,  t.  6, 
difent  Telepte.  Voyez  ce  mot. 

LEQUElTIO  ,  petite  ville  ou  bourg  d'Espagne ,  au 
bord  de  la  mer,  dans  la  Biscaye,  vers  les  confins  du 
Guipuscoa ,  au  couchant  feptentrional  de  Bilbao.  *  Ro- 
bert  de   Kaugondy ,  Atlas. 

LEQUEBRA  ,  rivière  d'Espagne  ,  dans  l'Aragon  , 
félon  Davity  6k  Corneille  :  elle  fe  jette  dans  l'Ebre  à 
SarragoiTe.  Le  nom  de  cette  rivière  dans  la  grande  Carte 
d'Espagne  par  Jaillot  eft  LA  Guerva. 

LEQUIOS,  LiqueïoS,  ou  Riuku.  Ce  font  plu- 
fieurs  iiles  de  l'Océan  oriental ,  au  nombre  de  fix  prin- 
cipales, accompagnées  de  plusieurs  petites.  Ce  petit  Ar- 
chipel coupe  obliquement  le  145e  d.  de  longitude  vers 
les  16e  6k  17*  de  latitude,  au  fud-oueft  deSaxuma,  pro- 
vince du  Japon  ,  dont  elles  dépendent,  un  roi  de  Saxu- 
ira  en  ayant  fait  la  conquête  vers  l'an  1610.  Si  nous  en 
croyons  les  Japonnois, elles  font  fi  fertiles,  que  les  mêmes 
terres  y  produifent  tous  les  ans  deux  récoltes  de  riz. 
Les  habitans,  presque  tous  laboureurs,  y  font  d'une  hu- 
meur fort  gaie  6k  fort  douce.  Ils  vivent  contens  6k  fans 
ambition;  6k  après  avoir  travaillé  tout  le  jour,  ils  fe 
délaffent  en  buvant  de  la  bière  de  riz,  6k  en  jouant  de 
leurs  inftrumens  de  mufique,  qu'ils  portent  même  avec 
eux,  quand  ils  vont  à  leur  travail.  Leur  langage  eft  une 
espèce  de  Chinois  corrompu  ;  6k  dans  le  dernière  révo- 
lution de  la  Chine ,  plufieur*  des  habitans  de  ce  vafte 
empire  fe  réfugièrent  dans  ces  ifles  où  ils  s'appliquèrent 
au  commerce. 

Les  rois  ou  princes  de  Saxuma  y  entrteiennent  de 
bonnes  gamifons  :  à  cela  près,  ils  regardent  ces  infulai- 
res  plutôt  comme  des  tributaires  que  comme  des  fujets; 
car  tandis  qu'ils  tirent  les  deux  tiers  du  revenu  des  ter- 
res de  Saxuma ,  ils  fe  contentent  d'un  cinquième  du 
produit  de  celles  de  Léquios ,  où  il  fe  levé  encore  cha- 
que année  une  fomme  d'argent  qu'on  envoie,  par  forme 
de  tribut,  à  l'empereur  de  la  Chine.  Du  refte,  ce  peuple 
fe  gouverne  par  fes  propres  loix  ;  6k  il  a,  comme  les 
Japonois  ,  fon  Daïri  auquel  il  attribue  aufli  une  origine 
célefte,  ck  rend  presque  les  honneurs  divins. 

Depuis  que  le  commerce  du  Japon  eft  fermé  aux 
étrangers,  ces  infulaires  n'y  peuvent  vendre  de  marchan- 
dées que  pour  la  valeur  de  vingt -cinq  mille  taëls,  ou 


79$ 


Vingt-trois  caiffas  d'argent,  chaque  année,  oc  ne  font 
reçus  que  dans  le  port  de  Cangoxuna,  qui  eft  de  la  pro- 
vince deSaxuma;  mais  ils  ne  font  ni  moins  habiles,  ni 
moins  heureux  que  les  Chinois,  à  faite  la  contrebande.  Ils 
portent  au  Jupon  des  étoffes  de  foie»  6k  autres  marchandifes 
de  la  Chine  ,  des  denrées  de  leur  pays,  comme  du  bled, 
du  riz ,  des  légumes ,  des  fruits  de  Vawamuri ,  qui  eft 
une  espèce  d'eau-de-vie  tirée  du  refte  de  leurs  récoltes  ; 
des  nacres  de  perle,  de  ces  pentes  coquilles  qu'on  ap- 
pelle coris  dans  les  Indes  ,  où  elles  font  reçues  comme 
monnoie  courante  ;  de  celle  des  côtes  de  Léquios,  où  elles 
font  en  grande  abondance;  on  fait  une  espèce  de  blanc, 
dont  les  jeunes  gens  des  deux  fexes  fe  fardent.  Ces  infu- 
laires  apportent  encore  au  Japon  de  grandes  coquilles 
plates ,  polies  6k  presque  transparentes ,  dont  les  Japo- 
nois  fe  fervent  au  lieu  de  vitres  ;  des  fleurs  rares ,  des 
plantes  cùrieufes  &  diverfes  autres  chofes.  *  Kampfer  , 
Hift.  du  Japon  ,  t.  1.  Le  P.  Charlevoix ,  Hiftoire  du 
Japon,  t.  1  ,  &  11. 

LERAN,  baronnie  de  France,  dans  le  haut  Langue- 
doc, au  diocèfe  de  Mirepoix.  Elle  a  donné  fon  nom  à 
une  branche  delà  maifon  de  Mirepoix. 

LERE,  ou  Leyre,  petite  rivière  de  France  ,  en 
Gascogne.  Elle  fort  des  Landes  ,  6k  ie  jette  dans  le 
golfe  d'Arachan  ,  au  couchant  de  la  ville  de  Bordeaux  , 
félon  Baudrand,  édit.  1705. 

LERGUE,  petite  rivière  de  France,  en  Languedoc. 
Elle  prend  fa  fource  dans  les  montagnes  qui  féparent  le 
diocèfe  de  Lodève  du  Rouergue ,  près  de  Pegairoles. 
Elle  parle  par  Lodève,  ck  fe  rend  dans  l'Eraut  près  de 
Canet. 

1.  LERIA ,  ifle  de  la  mer  Egée,  l'une  des  Sporades, 
félon  Strabon.  Ortélius,  T/iefaur.  doute  fi  c'eft  la  même 
que  l'ifle  de  Leros ,  ou  fi  c'eft  quelque  Hle  voifine.  Voyez 
Leros. 

2.  LERIA,  ville  ancienne  de  l'Espagne  Tarragon- 
noife,  au  pays  des  Hédétains,  dans  les  terres,  félon 
Ptolomée ,  /.  1,  c.  6.  On  la  nommoit  auffi  Hedera  , 
félon  cet  auteur.  Clufius  6k  Morales  difent  que  c'eft  Li- 
ria  ;  Florien,  que  c'eft  Oliere.  *  Ortélius  ,  Theiaur. 

LER.ICI,  Erix,  ou  Encis  Portus ,  port  d'Italie  j  fur 
la  côte  orientale  du  golfe  de  la  Specia ,  dans  l'état  de 
Gènes,  6k  dans  la  partie  qu'ils  appellent  la  rivière  d:', 
levant,  avec  un  château  vis-à-vis  de  Porto- Venere,  où 
l'on  s'embarque  fort  fou  vent  en  venant  de  Luques  6k  de 
Mafia  pour  aller  à  Gènes.  Il  eft  à  trois  milles  de  Sarzane, 
6k  autant  des  ruines  de  Lima,  à  quatre  du  fort  de  Sainte- 
Marie  ,  à  quarante  de  Porto-Fino  ,  6k  à  cinq  de  la  Spe- 
cia ,  félon  Baudrand  ,  édit.  1705.  Le  P.  Labat  dit:  Lé- 
ricé,  bourg  ou  petite  ville.  ...  Il  y  a  devant  la  ville  un 
enfoncement ,  qui  eft  regardé  comme  un  port  naturel „ 
avec  un  vieux  petit  château  ,  où  il  y  a  quelques  canons 
pour  donner  l'alarme ,  6k  faire  connoitre  aux  corfaires 
de  Barbarie  ,  qui  viennent  s'y  promener,  qu'on  eft  fur 
fes  gardes. 

LERIDA,  ville  d'Espagne,  dans  la  principauté  de  Ca- 
talogne. Les  anciens  l'ont  connue  fous  le  nom  Slletda, 
dont  le  nom  moderne  n'eft  qu'une  espèce  d'anagramme. 
Elle  fe  rendit  célèbre,  dans  l'antiquité,  par  fon  commerce 
ck  par  la  vi&oire  que  Jules  Céfar  y  remporta  fur  les 
lieutenans  de  Pompée.  Elle  eft  fituée  fur  une  colline , 
dont  la  pente  s'étend  infenfiblement  jusqu'au  bord  de  la 
Ségre.  Elle  eft  fortifiée  par  de  bonnes  murailles  de  pierres 
de  taille,  6k  par  un  beau  château  qui  la  domine,  6k  au 
dedans  duquel  on  voit  les  reftes  d'un  palais  des  rois  d'A- 
ragon. Elle  eft  paflablement  grande ,  ck  bien  bâtie.  C'eft 
le  fiége  d'un  évêque  fuffragant  de  Tarragone  ;  te  il  y  a 
une  Univerfité ,  fondée  en  1300.  Son  territoire  eft  fertile 
en  vin,  en  grains,  en  huile»  fck  en  toutes  fortes  de  fruits: 
la  Ségre  fournit  d'alïez  bons  poiflbns  ,  6k  la  campagne 
des  beftiaux  6k  du  gibier.  Ce  qu'il  y  a  d'incommode  pour 
les  habitans,  c'eft  le  voifinage  de  la  Ségre,  qui,  de  teins 
en  tems,  élevé  des  brouillards  fombres ,  épais  6k  mal- 
f'ains.  Cette  rivière,  qui  eft  fujette  à  fe  débouler,  caufe 
des  dégâts  épouvantables.  En  514,  il  y  eut  un  concile 
fort  célèbre;  6k  eu  1238,  Jacques  I,  roi  d'Aragon, 
ayant  affiégé  Valence,  que  les  Maures  pofiedoient ,  dé- 
clara que  les  premiers  qui  i'emporteroient,auroient  l'hon- 
neur de  donner  leurs  poids  ,  leurs  mefures  6k  leur  mo- 
nôie  à  ceux  de  Valence.  Cette  bizarre  prérogative  ex- 
cita l'émulation  des  habitans  de  Lérida  ;  ils  fe  jetterent 
Tome  III.    Hhhhh  ij 


LER 


796 

fur  cette  place  avec  une  valeur  intrépide  ,  6>C  s  en  ren- 
dirent les  maîtres  ;  fi  bien  qu'après  en  avoir  chaffé  les 
Maures,  ils  y  envoyèrent  une  colonie  pour  la  repeupler, 
&  y  introduifirent  leurs  poids ,  leurs  mefùres  &  leurs 
monnoies ,  dont  on  fe  lèrt  encore  aujourd'hui  ;  ce  qui 
fait  que  la  ville  de  Valence  ,  quoique  capitale  d'un 
royaume  de  même  nom,  reconnoît  celle  de  Léiidapour 
l'a  mère.  Elle  s'eft  rendue  fameufe  par  le  fiége  qu'y  mit 
le  grand  Condé ,  qui  fut  réduit  à  le  lever  ;  ci  par  la 
gloire  que  le  duc  d'Orléans  y  acquit  en  laprenant,en^707, 
malgré  les  efforts  qu'elle  fit  pour  fe  conferver  à  l'archi- 
duc. Lérida  eft  à  trente  lieues  de  Barcelone.  Avant 
Finvafion  des  Maures,  le  fiége  épiscepal^  de  cette 
"'     étoit   à    Roda  ;  mais  ces   Br.rbares  l'ayant  dé- 


LER 


l'entrée  ,  par  trois  ou  quatre  braffes  d'eàu  ;  8c  l'on  y 
feroit  à  i'abri  de  plufieurs  vents.  A  la  pointe  du  fud  de 
cette  ifle ,  il  y  en  a  une  autre  petite  &  pla:e ,  environ- 
née d'écueils  ;  de  forte  qu'on  ne  peut  parler  entre  les 
deux,  qu'avec  des  bateaux.  La  plus  grande  élévation  de 
Fille  eft  du  cô;é  du  nord  ;  c'eft-là  qu  eft  la  citadelle.  Ou 
peut  mouiller  avec  des  galères,  fous  cette  citadelle,  du 
côté  de  l"eft  ,  pour  fe  mettre  à  couvert  des  vents  du 
fud-fud-oueft  &  de  l'oueft.  On  y  eft  par  fept,  huit  à  neuf 
brafles  d'eau,  fond  d'herbe  vafeux.  On  peut,  fi  l'on 
veut ,  porter  des  amarres  à  terre.  Environ  à  un  mille, 
vers  le  nord  de  la  citadelle ,  il  y  une  longue  pointe  baffe 
fur  laquelle  eft  une  tour  de  garde  ,  &  deux  maifons  au- 
près ;  mais  autour  de  cette  pointe  il  y  a  quelques  bancs 


egllie       CtOit      a       IVOCia     ,      UiaiS     LCS      UdlDdlCS      ldi<illl      U&~         t"*-J   1      mou    au.vyui     vi*.    v.^.*.     yv.m^    ».    j 

truire,  après  qu'ils  furent  chaffés  de  Catalogne,  D.  Rai-     de  fable  &  de  vafe,  de  même  que  dev 


mond  Bérenger,  comte  de  Barcelone  ,  le  traruféra  à  Lé- 
rida, en  1146,  &  nomma  pour  premier  évêque,  Guil- 
laume Perez.  Le  chapitre  eft  compofé  de  fix  dignitaires, 
qui  font  le  doyen  ,  l'archidiacre  major,  l'archidiacre  de 
Ribagorça,  le  chantre,  l'archidiacre  de  Corron,  & 
l'archidiacre  de  Venasque;  de  vingt-trois  chanoines,  de 
douze  femainiers  ,  de  vingt  prébendiers,  &  de  cent  dix 
bénéflciers.  Le  diocèfe  s'étend  fur  deux  cents  douze  pa- 
roiffes ,  dont  cent  foixante  font  en  Aragon,  &  cinquante- 
deux  en  Catalogne  ,  fur  deux  abbayes,  fur  quatre  églifes 
collégiales,  qui  font  Roda,  Moncon,  T amante,  ccJl- 
colia.  Lévêque  jouit  de  11000  ducats  de  revenu.  *  Vaî- 
rac,  Etat  d'Espagne,  t.  1 ,  p.  12.3;  &  t.  a,/>.  345. 

LERtN,  Ltrina,  petite  ville  d'Espagne,  dans  la 
haute  Narrave,  fur  la  rivière  d'Ega ,  entre  Eftella  & 
Caîahoîra.  Elle  a  titre  de  comté,  q.ii  a  pafle,  par  femmes, 
en  1565,  dans  la  maifon  de  Tolède.  *  Baudrand,  édit. 

LERÎNS  ;  (LES  ISLES  E>e)  Ltrina  infulte  ;  nom  de 
deux  petites  ifles  de  la  mer  Méditerranée  ,  fur  la  côte  de 
Provence ,  à  deux  lieues  d'Amibes,  vers  le  midi.  La  plus 
proche  de  la  côté ,  eft  la  plus  gtande ,  la  plus  élevée,  & 
s'appelle  l'ifle  de  Sainte-Marguerite.  Il  y  a  une  bonne 
citadelle  avec  un  gouverneur  &  une  garnifon  d'invali- 
des, pour  garder  les  prifonniers  d'état.  Elle  a  environ  une 
lieue  6i  demie  de  long  fur  une  demie  de  large.  Les  Es- 
pagnols la  prirent,  en  1635;  mais  les  Fra»Ç,°is  les  en 
chaflerent,  en  1638:  les  Anglois  la  prirent,  en  1746. 
M.  le  maréchal  de  Belle- Ifle  la  reprit,  en  Mai  1747; 
cette  ifle  eut  autrefois  des  folitaires  ,  &  S.  Eucher  y 
vécut  quelque  tems.  Elle  eft  presqu'inculte,  mais  abon- 
dante en  perdrix  &  lapins.  Les  côtes  ne^font  guères  fré- 
quentées que  par  quelques  bateaux  de  pêcheurs,  qui  fer- 
vent aufli  à  transporter  les  marchandifes  de  contrebande, 
au  profit  du  gouverneur  &  de  la  garnifon,  fans  que  les 
ordres  de  la  cour  y  ayent  jamais  pu  apporter  aucun  re- 
jnède. 

L'autre  ifle,  plus  petite  &  plus  baffe,  eft  du  côté  de 
l'oueft  ;  elle  s'appelle  Vijle  de  Saint-Honorat  ou  Honoré, 
parce  que  ce  faint  y  fonda  un  célèbre  monaftere  qui 
eft  aujourdhui  une  abbaye  de  Bénédictins  (a).  Le  bâti- 
ment de  cette  abbaye  eft  au  fud  de  l'ifle  &  reflemble  à 
une  tour  carrée,  fur  laquelle  font  quelques  pièces  de  ca- 
non, pour  en  défendre  l'approche.  (a)  Abbrégédel'Hifi. 
de  L'ordre  de  S.  Benoît  ,  1.  1  ,  p.  43. 

Les  ifles  de  Lerins  aujourd'hui  de  Sainte-Marguerite, 
confiftent,  en  deux  ifles  principales,  &  quelques  iflots  qui 
ne  font  plus  habités  (a).  Au  fud  de  l'abbaye  de  l'ifle 
Saint  Honoré,  il  y  a  plufieurs  écueils ,  tant  fur  l'eau  que 
défions  ,  <k  à  environ  trois  cents  toifes  au  fud-quart-fud- 
eft  de  cette  abbaye,  on  voit  un  petit  banc  de  roches, 
tant  hors  de  l'eau  que  fous  l'eau:  on  l'appelle  les  Moi- 
nes. Il  eft  très-dangereux;  la  mer  brife  presque  toujours 
fur  celui  qui  eft  le  plus  au  large  de  l'ifle.  Il  y  en  z  plufieurs 
autres  aux  environs  de  cette  ifle,  du  même  côté;  mais  on 
les  voit  paroître  au-deflus  de  l'eau.  Vjs-à-vis  la  pointe 
de  l'eft  de  cette  ifle  ,  il  y  a  un  gros  écueil  comme  un 
bateau,  &r.  quelques  autres  petits  auprès.  *  Michelot,  Por- 
tulan de  la  mer  Méditerranée,  p.  81.  (a)  Mémoires 
communiqués. 

L'ifle  de  Sainte-Marguerite  eft  tout  proche  de  celle  de 
Saint-Honoré.  On  peut  paffer ,  dans  une  néceffité,  en- 
tre ces  deux  ifles  avec  une  galère ,  y  ayant  au  moins 
deux  braffes  de  profondeur;  &  la  diftance  de  l'une  à  l'au- 
rre,  en  certains  endroits ,  eft  d'environ  deux  cents  toi- 
fes :  on  y  pourroit  même  mouiller,  principalement  à 


les  ifles  Sainte 
Marguerite  &  Saint-Honoré.  On  y  peut  néanmoins  paf- 
fer avec  une  galère ,  pour  peu  de  connoiflance  qu'on 
en  ait. 

De  la  pointe  de  l'ifle  Sainte-Marguerite  à  celle  de  la 
Garoupe  ,  qui  eft  en  terre  ferme ,  il  y  a  environ  quatre 
milles  à  Feft-nord-eft  ,  &  entre  ces  deux  pointes  eft  un 
grand  enfoncement  qu'on  appelle  d'ordinaire  la  rade  de 
Gourjan  ,  où  l'on  peut  mouiller  plufieurs  vaifleaux  &C 
galères.  Cette  rade  eft  facile  à  reconnoître ,  en  venant 
du  côté  de  l'oueft,  par  les  ifles  Sainte- Marguerites, comme 
il  vient  d'être  expliqué ,  &  venant  de  l'eft  par  le  cap  de 
la  Garoupe,  où  eft  Notre-Dame  d'Amibes ,  qui  eft  fur 
le  haut  de  ce  cap.  Il  eft  important  d'obltrver,  en  venant 
du  côté  de  l'oueft,  pour  aller  mouiller  dans  la  rade  de 
Gourjan  ,  de  ne  point  trop  ranger  la  pointe  de  l'Ile  de 
Sainte-Marguerite ,  à  caufe  des  écueils  qui  font  auprès  , 
comme  on  a  dit  ci-deflus. 

LERME,  ville  d'Espagne,  dans  la  vieille  Caftille,  â 
C^x  lieues  de  Burgos ,  à  douze  de  Valladolid  ,  fur  la  pe- 
tite rivière  d'Arlanzon  (  a  ).  Elle  appartenoit  ancienne- 
ment à  l'illuftre  maifon  de  Lara  ;  mais  ayant  été  réunie 
à  la  couronne,  elle  fut  érigée  en  comté  par  Ferdinand 
le  Catholique  ,  en  faveur  de  D.  Bernard  de  Sandoval, 
&  Roxas,  fécond  marquis  de  Dénia,  Sr.  enfui  te  en 
duché  par  le  roi  Philippe  III,  le   11  Novembre    1599, 


en  faveur  de  fon  favori  6c  premier 


.iftr 


.-ranço 


Gomez  de  Sandoval ,  &c  Roxas  qui  fut  le  fameux  duc 
de  Lerme  ,  &  enfuite  cardinal  après  la  mort  de  fa  femme 
Catherine  de  la  Cerda.  Ce  duché  eft  venu  enfuite  au 
duc  de  l'Infantado  &Paftrana  (b).  Le  château  de  Lerme 
a  été  bâti  par  ce  favori  dont  nous  avons  parlé.  Il  eft 
fur  une  hauteur ,  d'où  l'on  découvre  un  grand  parc  du 
côté  du  nord  :  ce  parc  eft  dans  la  plaine  d'en-bas ,  où 
font  les  prairies  qu'arrofe  une  petite  rivière  qui  entre- 
tient un  bois  &  des  allées  qui  la  bordent.  Le  château, 
qui  eft  devant  une  grande  place  conftruite  en  galeries  , 
eft  un  carré  de  quatre  grands  corps  de  logis,  qui  n'ont 
vue  qu'au  dehors.  Au  dedans,  ce  font  deux  rangs  de 
portiques ,  comme  deux  cloîtres  l'un  fur  l'autre.  Il  y 
a  encore  d'autres  petites  cours  en  quelques  endroits  ;  de 
forte  que  c'eft  une  grande  malle  de  bâtimens.  Aux  qua- 
tre coins,  font  quatre  autres  pavillons,  mais  qui  ne  font 
pas  plus  gros  que  de  petits  clochers,  félon  la  mode  d'Es- 
pagne ;  de-là  il  y  a  un  cortidor  qui  donne  dans  un  cou- 
vent de  religieufes.  *  (a)  Fairac  ,  Etat  de  l'Espagne, 
'•  3  •  (  b  )  Journal  d'un  Vogage  d'Espagne. 

1.  LERNA  ,  ville  du  Péloponnèfe,  dans  la  Laconie, 
&  dans  les  terres  aux  confins  du  pays  d'Argos,  félon 
Ptolomée.   Paufanias,  Corinth.  c.  36,   parle  auffi   de 
Lerna  auprès  de  Temenium  ,  &  dit  que,  pour  y  aller 
d'Argos,  on  pafle  l'Erafin,  qui,  fe  mêlant  avec  le  Phrixus, 
ruifleau,  a  fon  embouchure  dans  la  mer,  entre  Teme- 
nium- &  Lerna.  Il   dit  plus  pofkivement  encore,   que 
Lerna  eft  au  bord  de  la  mer,  fans  marquer  fi  Lerna  eft 
une  ville,   une  rivière  ,    ou  un  marais.  Strabon ,  /.  8  , 
dit  :   Lerna  eft  un  marais  du  territoire  d'Argos  &  de 
Mycènes.  Ainfi  il  femble  que  ce  marais  étoit  entre  Ar- 
gos  &  Mycènes  ;  ce  qui  répugne  au  partage  de  Paufanias 
cité  ci-deflus,  &  au  vers  où  Pindare,  olymp.   Od.  7, 
v.  60,  dit  le  rivage  Lernéen.  Çellarius,  Geogr.ant.l.z, 
c.  13,  ajufte  ainfi  ces  autorités.  S'il  y  avoit ,  dit-il,  une 
ville  de  ce  nom,  elle  étoit  près  de  la  mer,  &  le  ma- 
rais étoit  plus  loin  dans  l'intérieur  du  pays.  Le  fchoiiafte 
de  Pindare  dit:  les  uns  difent  que  Lerna  eft  une  ville.  Pom- 
ponius  Mêla  dit  plus  pofitivement  encore  :  dans  le  golfe 
Argolique  font  l'Erafin  &c  l'Inachus,  rivières  célèbres,  &ç 


1ER 


Y 

terne,  ville  connue  :  il  eft  à  croire  que  Stace,  Tktbaïd. 
1.  2 ,  v.  433  ,  entendoit  quelque  chofe  de  plus  qu'un  ma- 
rais par  ces  mots  : 

Fdicibus  Argos 
Aufpiciis ,  Lernamque  regas. 

2.  LERNA ,  marais  du  Péloponnèfe ,  au  royaume 
d'Argos.  Il  étoit  fameux  par  les  fables  que  les  poètes 
avoient  inventées  à  fon  fujet.  Ils  fuppofoient  qu'Hercule 
y  avoit  triomphé  de  l'hydre.  Strabon.  Virgile,  JEnetd. 
I.  6 ,  v.  803  ,  dit  en  parlant  d'Hercule  : 

Lernam  tremcfccerit  arcu. 

Et  Stace,  Thebaïd.  1.   I  ,  v.  360,  dit  : 


LES 


Et 


ifpumavit  Le 


Et  dans  une  de  fes  Silves,  /.  2.  Carm.  i,v.  181,  il  la  nomme 
Anguifera  Lema.  Corneille,  Dict.  qui  avoit  fort  étudié 
les  poètes,  dit:  on  tient  que  les  Danaides  y  jetterent  les 
têtes  de  leurs  maris  qu'elles  égorgèrent  la  première 
nuit  de  leurs  noces.  Il  ajoute:  il  fortoitde  ce  marais 
plufieurs  ruiffeaux ,  dont  les  exhalaifor.s  étoient  fort  in- 
fectes ;  ce  qui  a  donné  lieu  aux  poètes  d'en  faire  un 
monftre  à  fept  têtes  qu'ils  ont  nommé  hydre.  Hercule 
ayant  defféché  ces  ruiffeaux  &  le  lac  d'où  ils  couloient, 
ils  prirent  de-là  occafion  de  dire  qu'il  avoit  vaincu  ôr. 
tué  l'hydre.  L'infection  de  ce  marais  ,  pour  nous  en  te- 
nir à  la  vérité  géographique  Se  phyfique  ,  n'avoit  rien 
que  de  naturel;  elle  paffa  en  proverbe,  &  on  s'accou- 
tuma à  dire  une  Lerne  de  maux ,  pour  dire  des  maux 
accumulés.  Strabon  en  donne  pour  raifon  les  expiations 
qu'on  y  avoit  faites  ;  &  Héfyche  dit  que  les  habitans 
d'Argos  y  avoient  jette  les  immondices. 

3.  Ce  marais  avoit  fon  déboucheraient  par  une  rivière 
qui  portoit  fes  eaux  dans  la  mer,  &  que  l'on  appelloit 
auffi  Lema.  Cette  rivière  ne  devoit  pas  avoir  des  eaux 
fort  mauvaifes ,  puisque  le  poiffon  y  vivoit ,  &  même 
en  quantité.  Virgile,  JEneid.  1.  12,  v.  518  ,  dit: 


Pif co fat  fiu 


Lernœ. 


Il  y  avoit  le  marais  de  Leme,  au  pays  d'Argos  ;  au 
lieu  de  ces  ruiffeaux  que  Corneille  en  fait  fortir ,  j'ai- 
merois  mieux  dire  que  c'étoient  autant  de  fources  qui  fe 
perdoient  dans  ce  marais  ;  cela  convient  mieux  aux  tê- 
tes de  l'hydre  des  poètes.  Ce  marais  de  Lerne  s'écou- 
loit  par  une  rivière  qui,  entrant  dans  le  pays  de  Laconie, 
portoit  fes  eaux  dans  la  mer,  &au  nord  de  fon  embou- 
chure. Entre  la  rivière  de  Lerne  &  les  confins  d'Argos, 
étoit  une  petite  ville  de  même  nom  que  le  marais  &  la 
rivière ,  au  bord  de  la  mer  :  ainfi  on  concilie  tous  ces 
auteurs  ;  ci  c'eft  de  cette  manière  que  le  favant  De 
]'Ifle  arrange  tous  ces  objets  dans  fa  belle  Carte  de  l'an- 
cienne Grèce. 

4.  LERNA  ,  fontaine  de  la  ville  de  Corinthe,  félon 
Paufanias ,  /.  2,   c.  4. 

LER1SLEUS  FONS,  autre  fontaine  du  Péloponnèfe, 
dans  la  Laconie.  Hygin ,  cité  par  Ortélius,  dit  qu'on 
la  nommoit  auparavant  Amymonius,  à  caufe  d'Àmy- 
mone,  fille  que  Neptune  y  avoit  deshonorée. 

LERNjEUS  FLUVIUS.  Voyez  ci-devant  Lerna  ri- 
vière. 

LERNÉ,  bourg  &  châtellenie  de  France,  dans  la 
Touraine  ,   élection  de  Chinon. 

LERNÉCA.  Voyez  Larneca. 

1.  LERO,  ifle  vers  les  bouches  du  Rhône,  félon 
Strabon.  Voyez  LERINS. 

2.  LERO  &  Leros.  Lero  eft  le  nom  moderne ,  & 
Leros  l'ancien  nom  ;  ifle  d'Afie ,  dans  la  mer  Egée ,  fur 
la  côté  de  Carie,  l'une  de  Sporades ,  félon  Pline,  A4, 
c.  12;  ck  /.  5,  c.  31.  Au  rapport  de  Strabon,  A  14, 
étoit  une  colonie  de  Miléfiens  ;  cela  s'accorde  avec  ce 
que  dit  Hérodote,  /.  5  ,  c.  125  ,  qu'Hécatée  l'Hiftorien 
confeilloit  que  ,  fi  l'on  étoit  forcé  par  Darius  à  quitter 
la  ville  de  Milet,  on  paflât  dans  rifle  de  Leros;  qu'on  y 
élevât  une  fortereffe,  qu'on  y  demeurât  tranquille;  Se  que 
de-là  on  repafferoit  à  Milet.  Les  habitans  de  Leros 
avoient  allez  mauvaife  réputation  du  côté  de  la  probité, 


797 

ne  de  Phocydide  ,  qui 


comme  il  paroît  oar  une  epig 

fe  trouve  dans  l'Anthologie.  Chevreau,  Œuvres  mil 

p.  369,  l'a  traduite  ainfi: 


Ceux  de  Leros  ne  valent  rien, 
Hors  Patrocle  pourtant,  qui,  malgré  fa  "ai Tance, 
A  paffé  jusqu'ici  pour  un  homme  de  bien. 
Mais  quand  avec  Patrocle  on  a  fait  conno  iTance, 
Encore  trouve-t-on  qu'il  tient  du  Lérien. 

LERONE.  Voyez  Lerins. 

LiiRRA ,  nom  latin  de  la  rivière  de  Couesnon. 

1.  LERS  ,  rivière  de  France,  dans  le  haut  Langue- 
doc: elle  a  fa  fource  vers  les  monts  Pyrénées, d'où,  pre- 
nant ion  cours  au  feptentrion,  elle  baigne  Mirepoix  ; 
fournit  des  eaux  au  canal  de  Langued  ic,  &r_  fe  jette  dans 
l'Auriége ,  un  peu  au-deiîus  de  Cinte-Gabelle.  *  Bau- 
drand ,  édir.  1705. 

2,  LERS  (le  petit)  pet'te  rivière  de  France  au  haut 
Languedoc  ;  elle  eft  moindre  que  la  précédente  ,  £>c  a 
fa  fource  dans  le  Lauraguais,  près  de  Caftelnaudri,  d'où, 
coulant  vers  Touloufe,  elle  pafle  près  de  Ville-Franche 
de  Lauraguais  ci  de  Mongiscar,  en  fourniffant  auffi  de 
l'eau  au  canal  de  Languedoc ,  puis  fe  rend  dans  la  Ga- 
ronne, à  deux  lieues  au-deffous  de  Touloufe.  *  Baudrand, 
édit.  1705. 

LERSÂ,  ancien  lieu  Espagne,  aux  envions  de  Cas- 
tulon.  Appien ,  in  Ibericis ,  en  parle. 

LERVET  ,  commenderie  de  l'ordre  de  Malthe  ,  en 
France,  dans  la  Champagne, au  diocèfe  de  Châ'ons.  C'eft 
ainli  que  l'on  trouve  ce  nom  écrit  dans  le  Dictionnaire 
de  la  France.  Baugier,  que  je  crois  plus  exact  Se  mieux 
inftruit,  dit,  t.  2,  p.  181  :  il  y  a  entre  Join ville ScSaint- 
Dizier  une  commenderie  de  l'ordre  de  S.  Jean  de  Jéru- 
falem ,  nommée  LES  RuETS  ,  ou  Rupt.  Elle  vaut  fix 
ou  fept  mille  livres  de  rente. 

LERWICH,  petite  ville  de  l'ifle  de  Mainland  à  fon 
orient.  Elle  confidérable,  à  caufe  de  fon  commerce,  8t 
on  y  compte  jusqu'à  trois  cents  familles.  *  Etat prifent  de 
la  Gr.  Bretagne  ,   t.  2. 

LESA,  ouLaSA:  Moïfe,  marquant  les  limites  de  la 
terre  deChanaan,dit  quelle  s'étend  du  côté  du  midi  jusqu'à 
Lefa.  Le  Chaldéen  &c  S.  Jérôme  croient  que  Lefa  eft  la 
même  que  Callirhoë ,  qui  eft  au  feptentrion  de  la  mer 
Morte ,  &  dont  les  eaux  fe  déchargent  dans  cette  mer  ; 
mais  il  eft  bien  plus  naturel  de  l'entendre  de  la  ville 
de  Lefa ,  Lufa ,  ou  Elufe  ,  qui  étoit  à-peu-près  à  dis- 
tance égale,  entre  la  mer  Morte  &C  la  mer  Rouge. 
Voyez  Luza.  *D.  Calmet,  Dict.  Genef  c.  10,  v.  19. 

LESBOS,  fameufe  &  grande  ifle  de  la  mer  Egée, 
fur  la  côte  de  l'A  fie  mineure ,  Sr.  plus  particulièrement 
de  l'iEolie.  Les  iEoliens  l'habitoient,  dit  Scylax.  Ta- 
cite, /.  6,  c.  3  ,  la  traite  d'ifle  fameufe  &C  agréable. 
Pline,  /.  5,  c  31,  dit  qu'on  la  nommoit  auparavant 
Lasia,  Pelasgia,  jEgira,  4£thiope  ,  Maca- 
RIA.  Diodore  de  Sicile,  /.  5  ,  c.  82  ,  nous  aprend  l'o- 
rigine de  quelques-uns  de  ces  noms.  Celui  de  Pdasgis 
venoit  de  ce  qu'elle  avoit  été  peuplée  par  les  Pélasgues 
{es  plus  anciens  habitans.  Celui  de  Macarie  venoit  de 
Macarée, petit-fils  de  Jupiter,  qui  y  avoit  tait  fa  réfidence, 
&  celui  de  Lesbos ,  de  Lesbus ,  petit-fils  d'^Eole ,  gendre 
cV  fucceffeur  de  Macarée.  Strabon  ,  /.  13  ,  lui  donne  cinq 
cents  foixante  ftades  de  longueur  depuis  Sigrium au  nord, 
jusqu'au  promontoire  Malie  au  midi ,  &  mille  cinq  cents 
ftades  de  circuit.  Les  lieux  les  plus  confidérables  de 
l'ifle  étoient  : 


Sigrium  ,    Singnum , 

Sitriutn. 
Arisba , 
Pyrrha , 


Ereffus ,  ou  Erefus , 
Antijfa, 
Met  l:\mna  , 
ôt  Mitylene. 


De  cette  dernière  s'eft  formé  le  nom  moderne  de  l'ifle, 
qui  eft  Metelin.  Voyez  ce  mot. 

LESBUM  ,  ou  Lesbus,  lieu  de  la  Mauritanie  Cé- 
f.irienfe.  Antonin  ,  dans  fon  Itinéraire ,  met  fur  la  route 
de  Sititi  à  Saldes  : 


7o8 


LES 


Horreai  M.  P.  xvnr. 

Lesbi,  M.  P.  XVIII. 

Tubufuptum ,  M.  P.  XXV. 

'Voyez  Lesvitanus-. 

L.ESCAR,  ville  de  France,  clans  le  Béarn.  Piganiol 
de  la  Force,  Defcr.  de  la  France,  t.  4,  p.  444,  dit  que 
le  nom  latin  eft  Bearnenfîum  civïtas  &C  Lascurra ,  6k 
qu'elle  fut  bâtie,  vers  l'an  1000,  des  ruines  de  Bencarnum, 
qui  fut  détruite  par  les  Normands,  l'an  84^.  Cette  ville 
eftfituée  fur  une  colline  à  une  lieue  au-deflbus  de  Pau, 
à  cinq  d'Oleron  ckd'Ortez,  6k  à  dix-fept  de  Bayonne. 
Eile  jouit  d'un  afpecT;  agréable,  ayant  la  vue  d'une  plaine 
très-fertile  ,  &  de  la  rivière  du  Gave  Béarnois  ,  qui 
n'en  eft  éloignée  que  d'un  quart  de  lieue.  Nous  avons 
fait  voir  au  mot  Beneh  ARNUM,  que  l'on  n'a  aucnne  cer- 
titude de  l'opinion  qui  établit  Le/car  fur  les  ruines  de 
"cette  ville.  Lefcar,  au  contraire,  fut  bâtie  par  Guillaume 
Sanche  ,  duc  de  Gascogne  ,  l'an  980,  dans  un  lieu  cou- 
vert d'un  bois  fort  épais ,  &  où  il  n'y  avoit  qu'une  pe- 
tite chapelle  ,  fans  qu'il  y  eût  de  veftige  d'aucun  bâti- 
ment. On  la  nomma  Lascourre  on  Lescourre ,  à  caufe 
de  certains  ruifleaux  qui  faifoient  plufieurs  tours;  ce  qu'on 
appelloit  dans  la  langue  des  Gascons ,  Escourre  ou  Les- 
courre ;  ce  n'eft  que  dans  les  tems  moins  anciens  que  l'on 
a  corrompu  le  nom  Lescourre  en  Lescar.  Gudlaume 
Sanche  ,  qui  étoit  maître  6k  fouverain  de  ce  pays , 
'(comme  il  étoit  de  Bigorre  )  fonda  une  églife  cathé- 
drale dans  la  nouvelle  ville  de  Lescar ,  dans  laquelle  il 
établit  l'évêché  de  Béarn  ,  fans  néanmoins  que  la  nou- 
velle jouît  de  la  prééminence  de  l'ancienne  ,  Lescar 
ayant  toujours  cédé  fans  conteftation  la  préféance  à  Mor- 
las.  *  Longuerue  ,  Defcr.  la  France,  1.  part.  p.  208. 

L'évêché  de  Lescar  fut  établi  dans  le  cinquième  fié- 
cle.  Il  eft  fuffragant  de  l'archevêché  d'Audi ,  6k  vaut 
trize  ou  quatorze  mille  livres  de  rente.  L'évêque  de 
cette  ville  eft  prélident  des  états  de  Béarn,  6k  premier 
confeiller  au  parlement  de  Pau.  Le  chapitre  de  la  ca- 
thédrale eft  compofé  de  feize  chanoines,  6k  de  huit  pré- 
bendiers.  Les  canonicats  valent  fept  cents  livres  de  re- 
venu, 6k  les  prébendes  deux  cents  livres.  Il  n'y  a  point 
d'autre  chapitre  dans  ce  diocèfe.  Il  n'y  a  qu'une  feule  ab- 
baye de  filles  ;  celle  de  S.  Sigismond  ,  près  d'Orthès , 
qui  eft  de  l'ordre  de  Cîteaux,  6k  fort  pauvre.  *  Piganiol 
de  la  Force  ,  t.  4 ,  p.  416. 

Il  y  a  deux  abbayes  d'hommes  ;  celle  de  la  Reule  de 
Saubeflre,  à  Pau,  eft  de  l'ordre  de  S.  Benoît  :  elle  donne 
entrée  à  l'abbé  aux  états  de  Béarn  ,  6k  vaut  deux  mille 
livres  de  revenu. Celle  de  Saubalade,  ou  Sauvalade,  eft 
de  l'ordre  de  Cîteaux ,  6k  fut  fondée  pat  Gafton ,  vi- 
comte de  Béarn  ,  en  1 117;  elle  vaut  à  l'abbé  trois  mille 
livres  de  revenu. 

LESCARA  ,  ville  de  l'ifte  de  Cypre ,  près  de  la  mer, 
au  pied  du  mont  Olympe.  Il  n'y  a  rien  de  remarquable 
dans  cette  ville ,  qu'une  belle  rivière  qui  y  pafle ,  6k  qui 
fort  de  la  montagne  :  on  voit  plufieurs  villages  affez 
agréables  le  long  de  cette  rivière  ;  6k  c'eft  en  ce  lieu  que 
fe  recueille  le  ladanum.  *  Corn.  Dift.  Le  Brun,  Voyage 
du  Levant. 

LESCHE ,  (LA)  rivière  des  Pays-bas.  De  l'Ifle  écrit 
la  Leffe  ;  Baudrand  6k  Corneille  écrivent  Lefche.  Elle  a 
fa  fource  au  duché  de  Luxembourg ,  entre  Villance  6k 
Ochamps  ;  6k,  fe  joignant  avec  un  autre  ruifteau,  elle  fer- 
pente  vers  le  nord  ;  fe  perd  en  terre  auprès  de  Han,  dans 
un  lieu  que  l'on  nomme  le  trou  de  Han  ;  elle  fort  de 
terre,  au-delà  de  Han,  qu'on  appelle  à  caufe  d'elle 
Han -fur -Leffe,  ou  fur  Lefche,  à  peu  de  diftance  de 
Rochefort.  Elle  fe  charge  d'une  rivière  qui  vient  de  cette 
place  ;  entre  dans  le  Condros ,  qui  eft  de  l'état  de  l'évê- 
que &k  prince  de  Liège;  pafle  à  Hour  en  Famine  ;  6k 
groffie  de  quelques  ruifleaux,  elle  fe  jette  dans  la  Meufe, 
auprès  d'Anceresne,  un  peu  au-deffus  de  Dinant. 

LESCHEZ,  (le)  petite  rivière  de  France  ,  dans  la 
Gascogne;  elle  a  fa  fource  en  Bigorre  ,  au  levant  de 
Lourde;  coule  vers  le  nord;  pafle  au  couchant  delà  ville 
de  Tarbe;  de-là  ,  pafle  à  Vic-Bigore  ,  après  quoi,  elle  fe 
jette  clans  l'Adour ,  auprès  de  Maubourguet,  à  l'entrée 
de  l'Armagnac.  *  Robert  de  Vaugondy ,  Atlas. 
LESCOA,  ou  Lescona,  ville  de  la  Turquie,  en 


LES 

5arie.  De  l'Ifle  écrit  Lescova^ ,  et 


Europe ,  dans  îa 

n'en  fait  qu'un  village,  fur  là  Lipperitza.  Tout  ce  qu'on 
y  voit  de  plus  remarquable ,  c'eft  une  fort  grande  tour 
qui  paroît  très-ancienne.  Il  y  a  une  grande  place  fermée, 
où,  tous  les  ans,  fe  tient  une  foire  qui  y  attire  quantité  de 
monde.  *Ed.  Brcnfn,  Voyage  de  Vienne  à  Lande. 

LESCURE,  petite  ville  6k  baronnie  de  France,  en 
Languedoc  ,  au  diocèfe  d'Albi. 

LESDIGUIERES,  bourg  de  France,  en  Dauphiné , 
au  diocèfe  de  Grenoble ,  avec  titre  de  duché.  Les  terres 
de  Lesdiguieres  6k  de  Champfaur  furent  érigées  en  duché 
6k  pairie,  en  faveur  de  François  de  Bonne,  l'eigneur  de 
Lesdiguieres ,  maréchal  de  France ,  6k  de  Charles  de 
Blanchefort,  fire  de  Créqui,  fon  gendre,  par  lettres-paren- 
tes du  mois  de  Mai  161 1  ,  confirmées  par  d'autres  let- 
tres du  14  Septembre  1619,  rêgiftrées  le  ^Novembre 
fuivant.  Lesdiguires  eft  au  bout  de  la  vallée  de  Champ- 
faur, qui  eft  arrofée  du  Drac.  Il  eft  orné  d'une  fort  belle 
maifon ,  où,  entr'autres  bàtiinens,  eft  une  chapelle  ornée 
de  marbre  6k  de  jaspe  aux  autels,  6k  aux  élfi^ie-i  de  ce 
même  François  de  Bonne,  premier  duc  cl  j  Lesdiguieres, 
à  qui  fes  fervices  méritèrent  l'épée  de  connétable.  Les 
appellations  de  ce  duché  reffortiffent  nuë  lient  au  parle- 
ment  de   Grenoble.    *  Etat  de  la  France  ,  t.  2.    Corn. 

Dia. 

Lesdiguieres  appartient,  pour  le  fpirituel,  au  diocèfe  de 
Gap,  quoi  qu'on  le  comprenne  dans  le  Gra'fivaudan. 

LESEM,  ancienne  vill  de  la  Paleftine.  Le  Livre  de 
Jofué,  c.  19,  v.  47,  porte  que  les  enfans  de  Dan,  ayant 
marché  contre  Lefem,  l'affiégerent  6k  la  prirent;  ilspaf- 
ferent  au  fil  de  l'épée  tout  ce  qui  s'y  rencontra  :  ils 
s'en  rendirent  maîtres,  6k  y  habitèrent,  l'appella.it  Lefem- 
Dan  ,  du  nom  de  Dan  leur  père. 

LESER,  (le)  Lefura,  rivière  d'Allemagne  ,  dans 
l'éaorat  de  Trêves.  Ella  a  fa  fource  aux  confins  de  l'Eif- 
fel,  d'où,  coulant  au  midi,  elle  arrofe  Manderfcheid  6k 
"Witlichj  puis  fe  rend  dans  la  Mofelle  ,  près  du  village 
de  Lefer ,  vis-à-vis  du  château  de  Veldentz ,  à  deux  pe- 
tites lieues  au-deflus  de  Trarbach.  Voyez  Lesura. 

1.  LESINA,  (l'isle  de)  Voyez  Liesina;  car  c'eft 
ainfl  que  l'écrivent  les  Vénitiens  ,  à  qui  cette  ifle  ap- 
partient. 

2.  LESINA,  ville  d'Italie,  au  royaume  de  Naples  ,' 
dans  la  Capitanate.  Cette  ville  qui  a  eu  un  évêché  fuf- 
fragant de  Bénévent  ,  fut  détruite,  en  1617,  par  un 
tremblement  de  terre ,  6k  n'eft  plus^  qu'un  petit  village  ;t 
trois  milles  du  golfe  de  Venife,  6k  à  vingt-deux  de  Man- 
fredonia  près  du  lac  de  même  nom. 

LESKARD,  bourg  d'Angleterre,  dans  la  province 
de  Cornouailles.  Il  a  droit  de  tenir  marché  public.  *Etat 
' prèfent  de  la  Gr.  Bretagne  ,   t.  1. 

LESMÉE,  bourg  de  France,  dans  le  Maine,  ékaion 
du  Mans. 

LESNEVEN,  petite  ville  de  France,  en  Bretagne, 
au  diocèfe  de  Saint-Pol  de  Léon.  Elle  appartient  au  roi 
en  propre,  eft  au  milieu  des  terres ,  6k  n'a  aucun  com- 
merce. *  Piganiol  de  la  Force,  Defcr.  de  la  France,  t.  5, 
p.  245. 

LESNO,  place  de  la  Grande-Pologne,  aux  frontières 
de  la  Sdélie,  6k  au  palatinat  de  Kalifcb..  *  Baudrand , 
édit.  170*,. 

LESNOUILLERES,  bourg  de  France,  en  Sain- 
tonge  ,  au  diocèfe  de  Saintes ,  dans  l'éleaion  de  S,  Jean 
d'Angeli. 

LESNOW,  petite  place  de  Pologne ,  dans  la  Vol- 
hinie,  à  quinze  milles  de  Lucko  ,  au  midi ,  vers  la  Ruf- 
fie  rouge  ,  où  Jean  Cafîmir  ,  roi  de  Pologne  ,  défit 
entièrement  l'armée  des  Cofaques  6k  des  Tartares  , 
en  1651. 

LESOU.  De  l'Ifle  écrit  Leffow  ,  petite  ifle  du 
royaume  de  Danemark,  fur  la  côte  orientale  du  Jutland, 
6k  du  diocèfe  d'Alborg:  elle  eft  à  trois  lieues  6k  demie 
de  la  côte,  (  lieues  Danoifes  de  1 5  au  degré.)  Elle  a 
trois  villages  ,  favoir  Hall  au  nord  ,  Vettereek  au  cou- 
chant,  6k  Burum  au  midi  oriental.  Quoiqu'elle  foit  en- 
tourée d'un  banc  de  fable,  il  y  a  deux  mouillages,  favoir 
au  nord  6k  au  levant. 

LESPARE  ,  bours;  de  France,  en  Guienne,  dans  le 
Médoc  ,  entre  la  Gironde  6k  l'Océan  ,  à  trois  lieues 
de  la  mer  6k  à  deux  de  la  rivière,  félon  De  l'Ifle,  Cor- 


LES 


LET 


neille  la  met  fur  la  Gironde 
Vaugondy,  Atlas. 

LÈSPÂUX  ,  bourg  de  France ,  en  Auvergne ,  aux 
confins  du  Bourbonnois  &  de  la  Marche ,  au  nord  d'E- 
vaux.  Il  y  a  un  bois  de  cent  vingt-fept  arpens  &  trois 
quarts  ;  &  on  tient  dans  ce  bourg  cinq  bonnes  foires , 
où  l'on  vend  des  beftiaux. 

LESPIAM ,  lieu  quelque  part  vers  l'Egypte.  Frécul- 
phe ,  /.  2  ,  /.  6 ,  c.  ï6 ,  qui  le  nomme ,  dit  que  les  Chré- 
tiens s'v  tenoient  cachés. 

LES'QUEMIN,  ifle  &port  de  de  l'Amérique,  proche 
deTadoufac,  dans  le  Canada,  fur  le  fleuve  de  S.  Lau- 
rent. L'ifle  eft  de  peu  de  cooféquence.  Le  port  eft  fort 
connu  &  fameux  quoique  mal  fur  ,  à  caufe  de  quantité 
de  roches  qui  l'environnent.  L'embouchure  en  eft  fi 
étroite  qu'il  n'y  peut  palier  qu'un  navire  à  la  fois.  Ce- 
pendant les  Basques  ont  accoutumé  d'y  fréquenter,  pour 
harponner  la  baleine.  *  Corn.  Dift.  De  Lait.  Ind.  occid. 
l.z,e.7. 

LESSAC  ,  bourg  de  France,  en  Poitou,  au  diocèfe 
de  Poitiers. 

LESSAY ,  Exaquenfe  oppidum ,  bourg  de  France  , 
en  Normandie  ,  au  diocèfe  de  Coutance  vis-à-vis^de 
l'ifle  de  Jerfey.  Il  y  a  un  marché ,  &  des  faunes  où  1  on 
fait  du  fel  blanc.  Il  y  a  une  églife  paroiflîale  dédiée 
fainte  Opportune ,  une  abbaye  de  Bénédictins ,  fondée 
en  io^o,  &  dédiée  à  la  fainte  Trinité. 

LESSIN,  ou  BEAULiEU,dit/e5zn,  abbaye  de  France, 
au  diocèfe  d'Arras.  Ce  font  des  religieufes  qui  fuivent  la 
règle  de  S.  Auguftin. 

LESSINES  ,  petite  ville  de  Pays-bas ,  dans  le  Hai- 
naut,  fur  la  Denre,  dans  une  belle  plaine,  aux  frontières 
de  la  Flandre ,  entre  Ath  au  midi ,  &  Grandmont  au 
nord ,  &c  à  cinq  lieues  de  Bruxelles  au  couchant.  Elle  a 
été  prife  plufieurs  fois,  durant  les  guerres.  *  Bauirand  , 
écit.  1705. 
LESSUS.  Voyez  Lissus. 

LEST  AD  jE,  village  de  l'ifle  de  Naxe,  félon  Athé- 
née ,  /.  8.  ; 

LESTjE:  mot  grec  qui  (îgnifie  voleurs,  \'\é\aj.  C  eft 
le  nom  propre  d'un  peuple  de  l'Inde,  au-delà  du  Gange. 
Peut-être  les  Grecs  leur  donnerent-ils  ce  nom,  comme 
nous  avons  donné  le  nom  cYifles  des  Larrons  aux  ifles 
Mariannes.  *  Ptolomêe,  1.  7,  c.  2. 

LESTEJOCORI ,  bourg  de  laMorée,  dans  l'ifthme 
de  Corinthe ,  à  une  lieue  de  la  ville  de  ce  nom ,  fur  le 
golfe  de  Lépante.  On  croit  que  c'eft  le  Lechœum  na- 
vale ,  qui  étoit  un  des  ports  de  la  ville  de  Corinthe  , 
comme  nous  le  difons  en  fon  lieu. 

LESTOFF,  bourg  d'Angleterre,  dans  la  province  de 
Suffolck.  On  y  tient  marché  public.  *  Etat  préfent  de  la 
Gr.  Bretagne,  t.  I. 

LESTWITHIEL ,  ville  d'Angleterre  ,  dans  la  pro- 
vince de  Cornouailles.  Baudrand  qui  écrit  Lejlutkiel,  dit 
qu'elle  eft  la  principale  du  comté  de  Cornouailles  ;  c'eft 
une  erreur.  Elle  eft  fur  le  Fov/ey  ,  à  cent  quatre-vingt- 
huit  milles  de  Londres.  Elle  envoie  fes  députés  au  par- 
lement ,  &  on  y  tient  marché  public.  *  Etat  préfent  de 
la  Gr.  Bretagne  ,  t.  I  ,  p.  50. 

LESTINtS,  ou  Listines  ,  ou  Liptines,  Liflinœ, 
ou  Liptince  ,  autrefois  palais  des  rois  de  France ,  au  dio- 
cèfe de  Cambrai,  dans  le  Hainaut,  peu  loin  de  Binch. 
Il  s'y  tint  un  concile  foule  régne  deCarloman,  &  fous 
le  pontificat  du  pape  Zaciiaiie  ,  l'an  743.  * Labbe,  Con- 
cilior.  geogr.  Tab./>.  349  &  p.  93. 

LES VITANUS  ,  fiége  épiscopa!  d'Afrique ,  dans  la 
Mauritanie  Sitifenfe.  Il  en  eft  fait  mention  dans  la  Con- 
férence de  Carthage  ,  où  Romain  eft  qualifié  Romc.nus 
episcopus  Leswitanus.  La  Notice  épiscopale  d'Afrique 
fournit  Vadius  Leswltanus.  Ce  lieu  eft  nommé  Lesbi 
dans  l'Itinéraire  d'Antonin.  Voyez  Lesbum. 


799 

ft  erreur.   *  Robert  de         LET.  (le)  Voyez  le  Lez. 

LETA,  rivière  d'Italie,  dans  lePicenum,  aujourd'hui 
le  Leto. 

LETANDROS ,  ifle  de  l'Archipel ,  l'une  des  Spo- 
rades,  allez  près  de  celle  de  Gyare,  félon  Pline,  /.  4, 


LETANE  ,  rivière  d'Afle ,  dans  la  Syrie  :  elle  a  la 
fource  à  deux  journées  de  la  vallée  de  Bucca,  près  de 
Baibec;  &c,  continuant  fon  cours  le  long  de  cette  vallée, 
elle  va  fe  rendre  dans  la  rivière  de  Cafimeer,  félon  l'or- 
thographe du  minutie  Maundrel ,  Voyage  d'Alep  à  Jéru- 
Jalem  ,  p.  202.  Elle  a  un  pont  de  pierre  à  cinq  arcades, 
auprès  d'un  village  nommé  Kor-Aren. 

LETANUM,  ville  de  la  Prcpontide;  elle  avoit  été 
bâtie  par  les  Athéniens ,  félon  Diodore  de  Sicile,  /.  12. 

LETÉ,  ville  de  Macédoine,  félon  Pline,  /. 4,  c.  10. 
Ptolomêe,  /.  3,  c.  13,  la  nomme  Lete,  a»it»,  &  la 
met  à  l'extrémité  de  la  Mygdonie,  aux  confins  de  l'Am- 
phaxitide.  Harpocration  la  nomme Lité,  a;t»  ;  5c  Pline, 
/.  3  1  ,fecl.  46  ,  lui-même  l'appelle  LitjE  au  ^  ,r:  J.. 

1.  LETHjEUS-FLUVIUS,  ancien  nom  d'une  rivière 
de  l'Afie  mineure.  Elle  a  fa  fource  dans  le  montPaftyas, 
qui  eft  dans  le  pays  des  Ephéfiens  ,  &  tombe  dans  le 
Méandre,  félon  Strabon,  /.  14,  p.  554;  cette  petite 
rivière  pafloit  encore  plus  près  de  la  ville  de  Magnéfie 
que  le  Méandre  ,  quoiqu'on  la  nommât  Magnejie-fur- 
le-Méandre. 

2;  LETFLEUS-FLUVIUS  ,  rivière  de  Macédoine. 
Elle  couloit  auprès  de  Tricca,  &  on  difoit  qu'Escu- 
lape  étoit  né  auprès  de  cette  rivière.  *  Strabon ,  1.  14  , 
p.  645. 

3.  LETH^EUS-FLUVIUS,  rivière  de  l'ifle  de  Crète. 
Vibius  Sequefter  dit  qu'on  la  nommoit  ainfî ,  à  caufe 
qu'Hermione ,  fille  de  Vénus ,  y  oublia  Cadmus  ,  fon 
mari.  Strabon  ,  l.  10,  p.  478,  dit  qu'elle  traverfoit  en- 
tièrement Go-ryne. 

4.  LETHiEUS-FLUVIUS.  Strabon,  /.  14,  p.  647; 
connoît  une  quatrième  rivière  de  ce  nom ,  &  la  place 
chez  les  Libyens  occidentaux.  Sur  quoi  Cafaubon  ob- 
ferve  qu'on  ne  voit  nulle  part  ailleurs  la  diftin&iort 
des  Ly  biens  en  orientaux  &  occidentaux,  &  qu'on  n'a 
jamais  lu  dans  aucun  auteur  ancien,  qu'il  y  eût  là  un  fleuve 
Lethèen  ou  Jleuve  de  Lethé.  Il  veut  qu'on  life  *IC»p  si  y 
au  lieu  de  Libicis ,  Afévui  ,  &C  alors  tout  cadre  bien;  il 
y  avoit  des  Ibériens  orientaux  en  Afie ,  &  des  Ibériens 
occidentaux  en  Europe  ;  &c  tout  le  monde  fait  que  le 
fleuve  Lethé ,  ou  de  l'Oubli  étoit  en  Espagne.  Cafaubon 
a  reconnu,  dans  la  fuite,  que  les  anciens  ont  connu  des 
Lybiens  occidentaux  ,  &C  cite  un  paffage  de  Maxime  de 
Tyr,  Disput.  38,  p.  373.  Cependant  il  ne  change  rien 
à  fon  fenliment,  par  rapport  à  la  rivière  qu'il  renvoie 
toujours  en  Espagne.  Voyez  LetHÈS  2. 

1.  LETHÈ,  forterefle  d'Ane,  dans  l'empire  des  Per- 
fes.  Coufin,  Hijl.  de  Cor.ftantinople ,  t.  1  ,  Guerre  des 
Perfes ,  1.  1  ,  c.  5  ,  p.  13  ,  l'appelle  le  château  de  l'Ou- 
bli ,  tk  traduit  ainfi  Procope  ,  qui  nous  apprend  l'ori- 
gine de  ce  nom.  Ils  eurent  horreur  de  tremper  leurs 
mains  dans  le  fang  royal  ,  &  fe  contentèrent  d'ordon- 
ner qu'il  (Cavade,  tyran  des  Perfes,)  feroit  mis  dans  le 
château  de  l'Oubli.  Il  y  a  une  loi  qui  défend,  fous  peine 
de  la  vie,  de  parler  de  ceux  qui  y  font  enfermés  ,  & 
même  de  nommer  leur  nom.  Procope  raconte  enfuite,  à 
ce  fujet ,  une  aflez  longue  hifioire  qu'on  peut  voir  dans 
l'original.  Agathias  &  i'HJloire  mêlée  tont  auffi  men- 
tion de  ce  château  de  Lethé. 

2.  LETHÉ  ,  fleuve  des  enfers.  Ce  nom  de  Lethé 
veut  dire  Oubli.  Les  anciens  poètes  ont  fuppofé  que 
dans  les  enfers  il  y  avoit  une  rivière  de  ce  nom  ;  que 
tous  les  morts  en  buvoient  un  trait,  qui  leur  faifoit  ou- 


blier tout  le  paffé.  Voyez  LethÈs. 

LETHÉON,  haute  montagne  d'Italie,    félon  Lyco- 
LESURA  ,  ancien  nom  du  Le^er  ,  rivière  qui  tombe     phron.  Ortélius  croit  qu'elle  étoit  dans  la  Campanie. 
dans  la  Molélle.  Aufone  dit  dans  fon  Poëme  de  la  Mo-  j,  LETHÈS  ,  fleuve  d'Afrique ,  félon  Lucain,  Phar- 

felle,  v.  365:  J'ai,  \.  9,  v.  355,  dans  quelques  éditions;  d'autres  por- 

tent Lethon  ou  Lathon.  Le  fcholiafte  de  Lucain  dit: 
il  eft  certain  que  le  Lethé  eft  en  Afrique,  à  l'extrémité 
d'une  des  pointes  du  golfe  des  Syrtes,  &  qu'il  paffe  au- 
près de  la  ville  de  Bérénice  ;  en  ce  cas,  il  devoit  être 
bien  loin  du  lac  Triton;  mais  il  a  été  permis  à  un  poëte 
de  le  déplacer.   Lucain  fuppofe  que  cette  rivière  avoit 


Proetereo  exiltm  Lefuram. 

LESURA  ,  ancienne  montagne  de  la  Gaule.  Pline , 
/.  11,  c.  40,  nomme  ainfi  le  mont  de  Lofere,  dans  le 
Gévaudan. 


8oo 


LET 


LET 


fa  fource  dans  le  fleuve  Lethé,  qui  coule  aux  enfers,  fé- 
lon la  Mythologie  : 

Et  Ce  dilecla  Tritonida  dixit  ah  undâ , 
Quam  iuxtà  Lethes  tacitus  pralabitur  unda 
Infernis,utfama, 


ahens  oblivia  venis. 


Voyez  Lethon.  *' 

1.  LETHÈS  ,  fleuve  d'Espagne  ,  felén  Strabon,  /.  3, 
p.  153  ,  qui  dit  que  quelques-uns  le  nomment  LiMjEA. 
Le  paflage  de  Pline  eft  remarquable.  On  s'eft,  dit- il, 
trompé  à  l'égard  des  rivières  fameufes.  Depuis  le  Minho 
il  y  a  deux  cents  mille  pas ,  au  rapport  de  Varron ,  jus- 
qu'à l'jEMINIUS  ,  que  quelques-uns  placent  ailleurs, 
&  appellent  LiMjEA  ;  il  a  été  appelle  le  fleuve  d'Oubli 
par  les  anciens ,  &  on  a  bâti  beaucoup  de  contes  à  fon 
occafion.  Erratum  &  in  amnibus  indytis.  Ab  Minio 
quem  fuprà  diximus  CCM.  pajf.  {ut  auclor  ejl  Farro) 
abefl  Alminius  ,  quem  alibi  quidam  intelligunt  &  Li- 
mceam  vocant ,  oblivionis  antiquis  diclus  ,  muliùmque 
fabulofus.  Le  P.  Hardouin  dit  que  cette  rivière  eft  pré- 
fentement  I'Agueda,  nom  qui  lui  eft  commun  avec  la 
ville  qu'elle  arrofe.  Baudrand  croit  que  c'eft  préfente- 
ment  la  LlMA  ,  rivière  de  Portugal,  laquelle  pafle  à 
PuentedeLima,  entre  le  Minho  &  le  Duero.  Voyez 
Lima.  C'eft  apparemment  de  cette  rivière  que  Silius 
Italicus ,  /.  1 ,  v.  23  5  ,  dit  : 

Quique  fuper  Gravios  lucentes  volvit  arenas 
■  Inferna  populis  rtferens  oblivia  Lethes. 
Strabon,  l.  ■>,,  p.  153,  rapporte  que  les  Celtiques  &  les 
Turdules  ayant  fait  une  courfe  de  ce  côté-là,  &£  ayant 
pafle  la  rivière  de  Limée  ,  il  s'éleva  entr'eux  une  fédi- 
tion;  &  leur  chef  étant  mort  fur  ces  entrefaites,  ils 
s'arrêtèrent  en  cet  endroit,  disperfés  comme  ils  étoient , 
&  que  de-là  vint  a  cette  rivière  le  nom  d' Oubli,  ou 
Lethes. 

3.  LETHÈS,  ancien  nom  S  El  Rio  GuadaletE, 
rivière  d'Espagne,  dans  l'Andaloufie,  félon  Baudrand, 
édit.  1682,  qui  cite  Strabon. 

LETHON,  rivière  d'Afrique,  dans  la  Cyrénaïque, 
félon  Pline,  /.  5  ,  c.  5.  Ptolomée ,  A4,  c.  4,  écrit  La- 
thon.  Le  P.  Hardouin  croit  que  c'eft  le  Lethœus  fluvius, 
que  Strabon  place  chez  les  Libyens  occidentaux.  Voyez 
LETH.EUS  FLUVIUS  4.  Pline  &  Ptolomée  font  cette 
rivière  voifine  de  la  ville  de  Bérénice.  Voyez  auffi  Le- 
thes. 1.  Athénée  nomme  cette  rivière  Lethon,  A-may, 
LETI ,  a»1«  ,  ancien  peuple  de  la  Gaule  ,  chez  qui 
Zofime  A  2 ,  dit  que  vivoit  l'empereur  Magnence.  Vi- 
gnier  croit  qu'il  faut  lire  Rteti  :  ne  vaudroit-il  pas  mieux 
lire  Helveti  ?  Il  eft  pourtant  fait  mention  de  Leti  dans 
les  Notices  de  l'Empire. 

C'eft  article  eft  d'Ortélius.  Je  ne  trouve  point  dans 
Zofime  que  Magnence  ait  vécu  chez  un  peuple  qui  eût 
un  nom  approchant ,  mais  feulement  qu'il  eut  la  penfée 
de  prendre  le  chemin  de  la  Rhétie  ,  parce  que  ce  pays 
étant  fitué  du  côté  de  la  Gaule ,  &C  dans  le  voifinage  de 
l'IUyrie  ,  il  comptoit  d'en  employer  les  troupes ,  félon 
fes  vues. 

LETIA  &  UrtA  ;  ce  font  deux  rivières  dans  le  pays 
des  Ardennes.  Il  en  eft  parlé  dans  la  Vie  de  S.  Monon, 
fur  quoi  Ortélius  dit  VUrta  eft  l'OURT  :  Letia  eft  peut- 
être  la  Lesche. 

LETO ,  (le)  ou  LETO-MORTO ,  petite  rivière  d'I- 
talie ,  dans  l'Etat  de  l'Eglife ,  &  dans  la  Marche  d'An- 
cone.  Elle  vient  de  l'Apennin  ,  &  pafle  près  deFermo, 
puis  Ce  jette  dans  le  golfe  de  Venife,  un  peu  au-deflous 
de  la  ville  de  Venife. 

C'eft  ainfi  qu'on  lit  dans  Baudrand,  édit.  1705;  &  il 
y  a  une  faute  vifible ,  puisqu'il  n'y  a  rien  de  commun 
entre  la  rivière  qui  coule  auprès  de  Fermo  &.  la  ville 
de  Venife.  La  Carte  de  la  Marche  d'Ancone  ,  par  Ma- 
gin  ,  fait  couler  au  midi ,  &  affez  près  de  Fermo ,  un 
torrent  nommé  dans  tout  fon  cours  Leta-Vivo  ;  il  re- 
çoit ,  aflez  près  de  Fermo  ,  un  ruifleau  moins  confidéra- 
ble,  qui  eft  peut-être  Leta-Morto.  Mais  ce  nom  ne  pa- 
roit  point  fur  la  Carte.  Baudrand  a  pris  le  nom  de 
Morto  de  l'article  d'Ortélius  ,  Thejaur.  qui  dit  Leta  Pi- 
ceni  fluvius  fie  olim  diclus  :  nunc  Morto  ,  fi  creditur 
Francisco  Adamo  in  Firmanorum  Geflis.  Cette  mauvaife 
répétition  du  mot  Venife  eft  venue  de  ce  qu'on  a  copié 


Maty  fans  l'entendre.  Il  dit  :  «  elle  coule  dans  la  Mar- 
»  che  d'Ancone  ,  à  l'orient  de  la  ville  de  Fermo,  tk  fe 
»  décharge  dans  le  golfe  de  Venife,  un  peu  au-deflous  de 
»  cette  ville,  »  c'eft-à-dire  de  Fermo,  &  non  pas  Venife. 
Il  n'y  a  rien  de  pareil  dans  l'article  latin  de  Baudrand. 
On  y  dit  :  ex  Apennino  monte  ,  per  agrum  Firmanum  in 
Hadriaticum  mare  influens  ttfle  Francisco  Adamo.  La 
citation  eft  prife  d'Ortélius.  Ce  que  Maty  ajoute ,  que 
cette  rivière  coule  à  l'orient  de  la  ville  de  Fermo  ,  ne 
s'accorde  point  avec  les  Cartes  de  Magin.  Elle  y  coule 
au  midi. 

LETOA ,  ifle  de  la  mer  de  Libye ,  près  de  l'ifle  de 
Crète,  felon  Ptolomée,  /.  4,  extremo.  C'eft  une  des 
ifles  adjacentes  de  celle  de  Candie.  Ses  interprètes  di- 
fent  que  le  nom  moderne  eft  Chrijliana. 

LETCEUS ,  quartier  de  la  ville  d'Alexandrie,  felon 
Etienne  le  Géographe  ,  qui  cite  Triphon. 

LETOIA.  Voyez  Lotoa. 

LETOIS,  Ai/Jo/e,  métairie  d'Afie ,  près  d'Ephèfe, 
fur  la  montagne.  C'eft  où  venoit  le  vin  vanté  fous  le 
nom  de  vin  Prammien ,  felon  Athénée ,  cité  par  Orté- 
lius,  Thefaur. 

1.  LETRIM,  contrée  d'Irlande ,  felon  l'Etat  préfenc 
de  Vit dande  ,  p.  30,  dans  la  province  de  Connaught, 
au  nord-eft  de  cette  province  ,  avec  titre  de  comté.  Elle 
eft  bornée  à  l'eft  ou  nord-eft  par  Cavan  &  Fermanagh, 
qui  font  du  comté  d'Ulfter,  par  Slégo  &  Roscommon; 
à  i'oueft,  où  elle  a  très-peu  d'étendue,  par  l'océan  ,  Se 
une  petite  partie  de  Dunégal ,  qui  eft  du  comté  d'Uls- 
ter;  aunord&aufud-oueft  parLongford,  dans  le  comté 
deLeinfter.  Elle  a  quarante-quatre  milles  de  long,  &t  dix- 
huit  de  large.  C'eft  un  pays  montagneux,  qui  abonde  en 
excellens  pâturages,  &  où  l'on  nourrit  quantité  de  gros 
&  menu  bétail.  On  le  divife  en  cinq  baronnies: 

RoseLOGHER,        Carrigallen, 
Drumhaïr  ,  Letrim  , 

ck  Mohil. 

2.  LETRIM  ,  ville  d'Irlande ,  dans  la  province  de 
Connaught,  dans  le  comté  dont  elle  eft  la  capitale,  & 
auquel  elle  donne  fon  nom.  Elle  n'eft  pas  fort  éloignée 
du  Shannon ,  &  non  pas  fur  cette  rivière ,  comme  le  dit 
Baudrand  qui  la  qualifie  feulement  château.  Elle  n'eft  pas 
grand'  chofe  à  préfent ,  &  eft  à  près  de  trois  milles  de 
Carrick-Drumrush  ,  Se  à  foixante  &C  quinze  de  Dublin. 
*  Etat  préfent  de  l'Irlande,  p.  30. 

LETTEN  ,  (LE  PAYS  de)  Lettonia  (a) ,  petit  canton 
de  l'empire  Rumen ,  dans  la  Livonie.  On  la  nomme 
auffi  Lethland ,  en  latin  Lethlandia  ou  Lithlandia.  (Elle 
a  l'Eftonie  au  nord  ;  au  midi  la  Duna ,  qui  la  fépare  de 
la  Semigalle  ,  quoiqu'à  parler  exactement,  elle  ait  une 
petite  lifiere  en-deçà  de  cette  rivière.  Ses  principaux 
lieux  font: 

Riga ,  capitale  ;  Segewald , 

Venden,  Wolmar, 

Dunemunde,  Linbourg, 

Cobronfchants ,  Kokenhaufen , 

Salis ,  Dunebourg. 

Les  ifles  d'CEfel  5f  de  Dagho  font  de  cette  province  (b). 
A  l'égard  de  Kokenhaufen  ,  les  Saxons ,  après  le  mal- 
heureux fiége  de  Riga,  en  1701 ,  firent  fauter  en  l'air 
cette  fotterefle.  *(a)  Matt.  Strubyc^ii,  Livon.  Livoniae 
descript.   (b)  Cellar.  Geogr.  noftri  tempor.  p.  196. 

LETTfc.RE,  petite  ville  du  royaume  de  Naples,  dans 
lePicentin,  &  dans  la  principauté  citérieure  ,  fur  le 
mont  Laclarius,  du  côté  de  Stabia,  aujourd'hui  Cafiel- 
lamare  :  elle  a  un  évêché  fuifragant  d'Amalfi  ,  &  elle 
eft  aflez  marchande.  On  y  voit  une  fource  d'eau  foufrée, 
au  rivage  de  la  mer,  près  de  l'églife  des  Carmes.  LesJé- 
fuites  y  avoientun  collège.  * D.Mattheo  Egitio,  Lettre 
à  M.  Lenglet  du  Fresnoy. 

i.  LETUS,  montagne  d'Italie,  dans  la  Ligurie,  fe- 
lon Tite-Live  &  Valere-Maxime.  Léandre  dit  que  c'eft 
aujourd'hui  VAlpi  del  Pelegrino. 

2.  LETUS,  génitif  du  mot  grec Leto,  aiîK,  Latone. 
Voyez  Latorum  uebs. 

LETUS-POLIS  ,  ville  d'Egypte.  Voyez  au  mot  La- 
tone. 

LEVACI, 


LEU 


LEU 


LEVACI,  ancien  peuple  de  la  faille  ,  entre  les  cliens 
ou  vaffaux  des  Nerviens,  félon  Céfar,  ie.Bdl.Gall.  1.  5, 
c.  39.  Nie.  Sanfon,  après  avoir  averti  que  l'on  ne  peut 
en  marquer  la  poiition  que  par  conjeâure,  trouve  vrai- 
femblable  que  le  pays  de  la  Lœuve  ,  entre  la  Flandre  & 
l'Artois ,  ou  le  pays  de  "Waës  en  Flandre  ,  répond  au 
nom  de  ce  peuple. 

LEVADIE.  Voyez  Livadie. 

LEVANT  :  (le)  ce  mot  fignifie  proprement  le  côté 
d'où  le  foleil  fe  levé.  Il  eft  ordinairement  fynonyme  du 
mot  orient  •  &  on  peut  dire  également  bien  ,  une  mai- 
fon  tournée  vers  l'orient ,  ou  vers  le  levant.  Il  eft  op- 
pofé  au  couchant,  de  même  qu'orient  eft  oppofé  à  l'oc- 
cident; mais  l'orient  &le  levant  diffèrent,  pour  le  fens, 
en  certaines  phrafes  auxquelles  plufieurs  écrivains  ne 
font  point  allez  d'attention. 

Lorsqu'il  s'agit  de  commerce  &  de  navigation,  on  ap- 
pelle le  levant  toutes  les  côtes  d'Ane ,  le  long  de  la  Mé- 
diterranée ,  &  même  toute  la  Turquie  en  Ane  ;  ainfi 
toutes  les  échelles,  depuis  Alexandrie  en  Egypte  jusqu'à 
la  mer  Noire ,  &  même  la  plupart  des  ifles  de  l'Archi- 
pel, font  comprifes  dans  le  levant.  Un  voyage  du  le* 
vant,  des  marchandifes  du  levant,  &c.  Ce  feroit  par- 
ler improprement,  que  dédire  du  voyage  d'orient ,  des 
marchandifes  d'orient,  &c.  à  l'égard  de  ces  lieux -là  ; 
car  alors  par  orient ,  on  entend  la  Perfe  ,  les  Indes , 
Siam,  leTonquin,  la  Chine,  le  Japon,  &c.  Ainfi  le 
levant  eft  la  partie  occidentale  de  l'Ane ,  &  l'orient  eft 
tout  ce  qui  eft  au-delà  de  l'Euphrate.  J'ai  dit  que  cela  eft 
ainfi,  en  fait  de  commerce  &  de  navigation  ;  car  en  fait 
d'Empires,  d'Hiftoire  eccléfiaftique,  on  doit  toujours  dire 
l'orient.  L'empire  d'orient,  Féglife  d'orient.  Autrefois 
par  ['orient  on  entendoit  le  patriarchat  d'Antioche ,  qui 
étoit  regardé  comme  la  capitale  de  l'orient. 

LEVANZO  ,  ifle  d'Italie,  proche  la  côte  occidentale 
de  la  Sicile.  Elle  eft  vis-à-vis  de  Trapam ,  à  dix  milles 
de  cette  ville,  au  couchant;  à  cinq  de  la  Favognana,  au 
nord  :  elle  n'a  que  douze  milles  de  tour  ,  &  quelques 
hameaux.  Voyez  Phorbantia  &  Bucinna.  *Baudr. 
édit.  1705. 

LEUBEN,  ou  LÉOBN,  ou  Leubn  ,  Leobium,  petite 
ville  d'Allemagne,  dans  la  haute  Stirie,  fur  la  Muer,  au 
cercle  d'Autriche.  Elle  eft  jolie  ,  affez  ornée  ;  &£  c'eft 
la  capitale  d'un  grand  comté ,  qui  a  eu  fes  comtes  par- 
ticuliers de  lamaifon  deHohenwart ,  qui  eft  de  Bavière, 
&  que  l'on  appelloit  aufli  les  comtes  de  Schrobenhaufen. 
Après  l'extinftion  de  cette  famille,  la  ville  &  1|  comté 
de  Leuben  pafferent  à  Conrad ,  évêque  de  Freifingen , 
frère  de  Sifroi  ,&  d'Otton, comtes  de  Hohenwarr.  En  1 146, 
il  vendit  ce  bien,  pour  une  bonne  fomme  d'argent,  au 
duc  de  Carinthie  ;  &C  cette  ville  a  parlé  avec  la  fucces- 
fion  de  ces  ducs  dans  la  maifon  d'Autriche,  qui  en  a  la 
propriété.  En  1191,  l'archevêque  de  Saltzbourg,  &c  Ot- 
ton  de  Bavière  prirent  &  pillèrent  Leuben  ;  &  au  prin- 
tems  de  1646,  elle  fut  à  moitié  confirmée  par  les  flam- 
mes. A  un  quart  de  mille  de  cette  ville,  eft  Gos%,  fameufe 
abbaye  de  religieufes  qui  font  preuve  de  nobleffe  ,  en 
latin  Goffinfe  Cœnobium.  Elle  eft  fur  la  Muer,  &  l'abbefle 
eft  fort  riche.  *  Zeyler,  Stirîas  Topogr.^.  71. 

LEUBUS,  Leobal'ium,  abbaye  d'hommes,  ordre  de 
Cîteaux ,  dans  la  baffe  Silène  ,  au  duché  de  Wolaw,  fur 
l'Oder ,  neuf  lieues  au-deffous  de  Breflau.  Elle  fut  d'a- 
bord fondée,  en  1050,  par  Cafimir  le  Grand,  roi  de 
Pologne,  pour  des  Bénédiftins.  Elle  paffa,  un  fiécle  après, 
à  l'ordre  de  Cîteaux.  Cette  abbaye,  depuis  fa  fondation, 
a  été  le  lieu  de  la  fépulture  des  princes  &  des  grands  de 
Siléfie,  &  de  plufieurs  évêques  de  Breflau. 

1.  LEUCA,  ancienne  ville  d'Italie,  au  pays  des  Sa- 
lentins,  félon  Strabon,  /.  6  ,j>.  281.  Elle  étoit  fort  pe- 
tite, Se  voifinedu  promontoire  Japygien.  Lucain  la  nomme 
aufli  dans  ce  vers,  /.  5,  v.  375  : 

Antiquusque  Taras  ,  fecretaque  littora  Leuccc. 

C'eft  pféfentement  Sancta  Maria  de  Leuca,  dans 
la  terre  d'Otrante. 

2.  LEUCA  ,  ancienne  ville  d'Afie  ,  aux  confins  de 
l'Ionie  Se  de  l'Éolie.  Pomponius  Mêla,  /.  1 ,  c.  17,  la 
nomme  Leuca,  &c  la  met  avec  l'Hermus,  rivière,  dans 
le  golfe  de  Smyrne.  Pline,  /.  5  ,  c.  19,  dit:  la  ville  de 
Ltuce ,  fur  un  promontoire  qui  étoit  autrefois  une  ifle. 


80  ï 

Ces  deux  auteurs  ,  &  Strabon  ,  /.  14  j  />.  647,  qui  la 
nomme  Leuca  au  pluriel ,  s'accordent  à  la  mettre  auprès 
de  Phocée.  Diodore  de  Sicile,  /.  15,  la  met  entre  Cu- 
mes  &  Clazomènes ,  mais  plus  près  de  la  première  que 
de  la  féconde. 

3 .  LEUCA  ;  mot  que  les  Gaulois  ont  employé  dans 
la  baffe  latinité  ,  pour  exprimer  la  forte  de  lieue,  dont 
ils  fe  fervoient  pour  mefurer  les  chemins.  Saint  Jé- 
rôme ,  dans  fon  Commentaire  fur  le  prophète  Joël, 
dit  :  il  n'eft  pas  étonnant  que  chaque  nation  ait  des 
noms  particuliers ,  pour  fignifier  la  mefure  par  laquelle 
elle  exprime  les  diflances  des  lieux;  les  Latins  ont  leurs 
milles;  les  Gaulois ,  leurs  lieues;  les  Perfes,  leurs  para- 
fanges,  &c.  Quum  &  Latini  mille  pa(j 'us  vocenl,&  Galli 
leucas,  &  Perjcc  parafangas,  &  raflas  univerfa  Germa~ 
nia.  Ces  mots  leuca  ou  leuga ,  ou  même  lega ,  ont  été 
inconnus  aux  auteurs  de  la  bonne  latinité.  Ammien- 
Marcellin,  en  parlant  du  confluent  du  Rhône  &  de  la 
Saône  où  eft  Lyon ,  dit,  /.  1 5 ,  c.  28  :  de-là  on  ne  compte 
plus  par  mille  pas ,  mais  par  lieues  :  Exinde  non  millenis 
pafiîbus  ,  fed  leucis  itinera  metiuntur.  Paul  Varnefrid, 
communément  Paul  le  Diacre,  dans  le  quinzième  livre 
qu'il  a  ajouté  aux  quatorze  livres  d'Eutrope  dit  :  on  ar- 
riva de  part  &  d'autre  dans  la  plaine  de  Châlons-fur- 
Marne,  qui  a,  dit-on  ,  cent  lieues  de  longueur  fur  fo- 
xante  &  dix  de  largeur ,  félon  la  manière  de  compttr 
des  Gaulois  :  convenitur  ex  utrâque  parte  in  campos  Ca- 
talaunios  ,  qui  cenlum  in  longitudine  leucis  &  ex  là'thii- 
dine  feptuaginta ,  ut  Gallis  mos  ejl  meliri  feruntur.  Jor- 
nandès,  dans  fon  Hiftoiredes  Goths,  deReb.  Gtt.  c.  36, 
nous  apprend  quelle  étoit  l'étendue  de  la  lieue  Gauloil'e  : 
Leuca  gallica  mille  &  quingentorum  paiïuum  quantkate 
metitur.  On  voit  par-là  qu'lfidore,  dans  les  Origines,  n'eft 
pas  exaft,  lorsque,  vers  la  fin  du  quinzième  livre,  il  dit: 
Leuca  finitur  pajjibus  quingentis  ;  il  eft  tout  vifible  que 
le  mot  mille  a  été  omis  par  les  cbpiftes.  Voyez  au  mot 
Leg,  où  nous  remarquons  qu'il  eft  arrivé  à  Surita  de 
prendre  des  lieues  pour  des  légions  dans  l'Itinéraire 
d'Antonin.  Voyez  aufli  Lieue  Se  Mesures  itiné- 
raires. 

4.  LEUCA.  Voyez  Leucopolis. 

1.  LEUCADE,  ancien  nom  de  l'ifle  de  SainTE- 
Maure  ,  dans  la  mer  Ionienne  ,  fur  la  côte  de  la  baffe 
Albanie  ,  à  l'entrée  feptentrionale  du  détroit  qui  fépare 
l'ifle  de  Céphalonie  de  la  terre  ferme.  C  "étoit  ancienne- 
ment une  presqu'ifle.  Homère  la  nomme  rivage  d'Epire, 
c'eft-à-dire  de  l'Acarnanie ,  comme  l'explique  Strabon, 
/.  10.  Ce  poëte  y  met  trois  villes  ,  Ncricum,  Grocylée 
&iAgylipe,  dont  la  première,  favoir  Ncricum ,  ou,  félon 
d'autres  ,  Neriton  ,  fut  transpolée  par  les  Corinthiens 
qui  percèrent  l'ifthme,  &  mife  à  l'endroit  où  avoit  été 
l'ifthme  ;  &c  ce  lieu  ayant  été  creufé  ,  en  prit  le  nom 
de  Dioryclos ,  A/o'puifw;  nom  grec  que  Pline,  /.  5  , 
c.  5,  emploie  fans  changement,  fck  qui  fignifie  canal  ou 
détroit;  Scylax  de  Cariande,  parlant  de  Leucade,  dit: 
c'eft  maintenant  une  ifle,  depuis  qu'on  en  a  coupé  l'ifthme. 
Thucydide  ne  parle  ni  de  l'ifle  ni  de  la  coupure  de 
l'ifthme  :  cela  a  donné  lieu  à  Voirais  de  conjecturer 
qu'elle  n'étoit  point  encore  une  ifle  de  fon  tems  ;  cepen- 
dant cet  hiftorien  parle  de  l'ifthme  en  plus  d'un  endroit. 
Tite  -  Live  nous  apprend  que  ,  la  même  année  qu'on 
livra  bataille  à  Philippe  II,  roi  de  Macédoine,  c'eft-à- 
dire  l'an  de  Rome  ^57,  félon  Varron,  Leucade  étoit 
encore  une  presqu'ifle.  Dodwel,  de  Pcripli  Scylacis 
state,  p.  53,  croit  qu'on  n'en  fit  une  ifle  que  lorsque 
les  Romains  ôterent  Leucade  de  la  jurisdiftion  de  l'Acar- 
nanie; Ce  qui  arriva,  l'an  de  Rome,  félon  Varron  587, 
lorsque  Perfée  fut  réduit  à  Pobéiffance  des  Romains,  à 
caufe  de  la  faftion  des  Acarnaniens  qui  favorifoient  Per- 
fée, au  préjudice  des  Romains.  11  convenoit  alors  aux 
habitans  de  la  presqu'ifle  ,  qui  venoient  d'être  détachés 
des  Acarnaniens ,  &  déclarés  libres  ;  il  leur  convenoit, 
dis-je ,  de  fe  retrancher  par  ce  foffé  contre  leurs  anciens 
maîtres.  Scylax,  dont  nous  avons  le  Périple,  vécut  après 
ce  tems-là,  &  par  conféquent  il  ne  fauroit  être  plus  an- 
cien que  Polybe.  Ovide  ,  Metam.  I.  15,  v.  289;  Tile- 
Live,  /.  33,  c.  17  ;  &c  Strabon,  /.  10,  en  parlent  comme 
d'une  ifle.  Ovide  dit  : 

Leucada  contintlam  veleres  habuere  Coloni, 
Nunc  fréta  çircunuunt. 

Tome  III.    Iiiii 


>02 


LEU 


LEU 


les  premiers  habïtans  de  Leucade  l'ont  poffedee  jointe 
au  continent  ;  insintenant  elle  eft  environnée  de  la  mer. 
Tite-Live  dit  :  Leucade ,  qui  eft  préfentement  une  ifle 
féparée  de  l'Acarnanie,  par  un  détroit  rempli  de^  baffes, 
&  creufé  à  force  de  bras ,  étoit  alors  une  presqu'ifle,  & 
tenoità  l'Acarnanie,  au  couchant,  par  une  gorge  étroite, 
laquelle  avoit  cinq  cents  pas  de  longueur,  fur  fix-vingt 
de" large  ;  dans  ce  défilé  eft  Leucade,  ville  fituée  fur  le 
penchant  d'une  colline  qui  regarde  l'orient  Se  l'Acar- 
nanie. Le  Las  de  la  ville  eft  plat ,  &  s'étend  le  long  de 
la  mer,  qui  fépare  Leucade  d'avec  l'Acarnanie.  On  voit, 
dans  le  latin  même  de  cet  auteur,  qu'il  nomme  l'ifle 
LEUCADIA,  Leucadie,  &C  la  ville  LeUCAS,  Leucade. 
Lorsqu'elle  le  vit  indépendante  des  Acarnaniens ,  elle 
coupa  l'ifthme  ;  les  vents  rapportèrent  des  fables  dans 
le  canal  &  le  bouchèrent.  Pline,  I.4,  c.  1  ,  dit:  Leu- 
cade, qui  eft  une  presqu'ifle  autrefois  appelléeNÉRlTIS, 
féparée  de  la  terre  ferme  par  le  rravaii  de  les  habitans, 
ci  rejointe  au  continent  par  l'amas  des  fables  que  les 
vents  y  ont  accumulés.  Denys  d"Halicarnaffe,  /.  1,  c.43, 
dit  que  les  Romains  donnèrent  aux  Acarnaniens  Leucade 
&  Anatorium,  qu'ils  avoient  ôtées  aux  Corinthiens. 
Suivant  ce  paffage,  on  peut  concilier  Plme  &  Strabon. 
Le  premier  dit  que  le  foffé  fut  creufé  par  les  habitans  de 
Leucade,  &  l'autre  dit  que  ce  fut  par  les  Corinthiens. 
Ce  canal  a  pu  être  creufé  à  plufieurs  reprifes ,  &  à  me- 
fure  que  les  fables  le  rempliffoient.  A  la  fin,  les  habitans 
ayant  été  réunis  avec  les  Acarnaniens,  n'eurent  plus  be- 
foin  de  cette  féparation ,  &  ne  travaillèrent  plus  à  l'en- 
tretenir ;  de-l,à  vient  que  Pline  dit  que  cette  ifle  ayant 
été  détachée  du  continent,  y  fut  enfuite  rejointe  par  les 
fables.  Polybe  ,  auteur  plus  fur  Sf  plus  voifin  de  ces 
tems-là,  que  Tite-Live,  gâte  un  peu  le  calcul  chronolo- 
gique fur  ce  qui  regarde  la  date  de  cette  ouverture  ;  car 
il  la  place  avant  l'an  536  de  Rome,  félon  Varron  ,  /.  1, 
c.  °) ,  lorsqu'il  dit  de  Philippe,  roi  de  Macédoine  :  pour 
lui  étant  parti  de  Céphalonie  avec  fa  flotte  ,  il  aborda  à 
Leucade,  deux  jours  après ,  durant  le  filence  de  la  nuit, 
où  ayant  tout  préparé  dans  l'ifthme  nommé  Dioryclosy 
&  ayant  fait  paffer  fes  vaiffeaux  par  cet  endroit,  il  entra  , 
dans  le  golfe  d'Ambracie.  On  a  tout  lieu  de  croire  que 
Tite-Live  eft  moins  exaft  que  Polybe ,  &  que  ce  pas- 
fage  de  Philippe  fe  fit  vers  le  commencement  de  fon  ré- 
gne. Polybe  fait  entendre  que  ce  canal  n'étoit  pas  en- 
core bien  débouché ,  &:  que  l'on  n'y  paffoit  pas  encore 
avec  des  barques  ;  car  fon  but  étoit  de  furprendre  les 
ennemis  qui  ne  fe  doutoient  point  qu'il  pût  arriver  par 
ce  chemin  ;  &  fi  c'eût  été  un  paffage  ouvert  &  ordinaire, 
il  n'y  auroit  point  eu  de  furprife.  Voyez  Sainte-Maure 
au  mot  Sainte,  où  nous  parlons  de  l'état  préfent  de 
cette  ifle. 

2.  LEUCADE  ,  ville  ancienne  de  l'ifle  Leucade. 
Nous  avons  remarqué  que  les  Latins  ont  nommé  Leu- 
cadie Leucadia  ,  l'ifle  ou  la  presqu'ifle  ,  &  Leucas 
la  ville  :  il  faut  en  excepter  Florus  ,  qui  nomme  l'ifle 
LEUCAS,  A  4,  c.  11.  Cette  ville  devint  très-floriffante, 
&  fut  la  capitale  de  l'Acarnanie.  Tite-  Live  dit ,  /.  33  , 
c.  17  :  on  prit  cette  réfolution  à  Leucade  ;  c'étoitle  chef- 
lieu  du  pays ,  &  le  lieu  de  Taffemblée  générale  de  tous 
les  peuples.  Il  dit,  /.  36,  c.  11:  voyant  qu'il  n'étoit  pas 
ailé  de  détacher  du  parti  les  Leucadiens  dont  la  ville 
eft  capitale  de  l'Acarnanie.  Thucydide  dit  :  les  Leuca- 
diens demeuroient  dans  l'inaction  ,  pendant  que  l'on 
ravageoit  leur  territoire,  tant  hors  de  Fifthme  que  de- 
dans ,  où  font  fitués  la  ville  même  de  Leucade  &  le 
temple  d'Apollon;  quoique  la  ville  fût  dans  l'ifle,  elle 
tenoit  à  la  terre  ferme  par  un  pont.  *  Sirab.  1.  10. 

11  faut  distinguer  de  l'ifle  tk  de  la  ville  de  ce  nom  un 
promontoire  de  ce  même  endroit,  nommé  Lsucate,  fur 
lequel  étoit  le  temple  d'Apollon.  Voyez  Leucate.  i. 

LEUCADIEN  ,  Leucadius  ,  furnom  d'Apollon  ,  à 
caufe  du  temple  qu'il  avoit  à  Leucade.  Properce  dit  : 

Leucadius  verfas  acies  memorabit  Apollo. 

1.  LEUCADII,  \es  Leucadiens,  habitans  de  l'ifle  ou 
de  la  ville  de  Leucade. 

2.  LEUCADII.  Pline,  /.  <;,  c.  13,  met  des  Leuca- 
diens,  habitans  de  la  Syrie,  aullï-bien  que  des  Larifféens. 
Cela  vient ,  comme  le  remarqvie  le  P.  Hardouin ,  de  ce 
que  les  Macédoniens  étant  maîtres  de  ce  pays,  pendant 


quelque  tems,  avoient  donné  à  leur  phantaifie  des  noms 
des  villes  Grecques  à  des  villes  de  Syrie,  qui  en  avoient 
déjà  d'autres.  Nous  autres  Européens,  nous  en  faifonsde 
même  dans  nos  établiffemens  des  Indes  ,  de  l'Améri- 
que, &c. 

1.  LEUCyE.  Voyez  Leuca  2. 

2.  LEUCjE.  Pline,  /.  5,  c.  32,  nomme  ainfi  cinq 
petites  ifl'es,  près  de  Lesbos.  Ce  nom  veut  dire  les  Blan- 
ches :  l'une  de  ces  ifles  avoit  une  fource  d'eaux  chau- 
des, &  fe  nommoit  Cydonea. 

3.  LEUCjE  Camini  ,  ou  Luci  Camini,  Se 

4.  LEUCnS  Nap,E  ;  il  y  avoit  deux  bourgades,  ou 
villages  ,  nommés  ainfi  dans  la  Marmarique  ,  à  quelque 
ditlance  de  la  côte,  félon  Ptolomée,  /.  4,  c.  5. 

LEUCOS,  Leuca  &  Leuce  font  un  même  adjec- 
tif de  la  langue  Grecque,  lequel  veut  dire  blanc. 

LEUCjE  STYLEE,  c'eft-à-dire  Us  colom  m  s  blanches, 
lieud'Afie,  quelque  part  vers  lajCarie,  félon  Hérodote, 


Tcrplich.  fub  fin 
LEUCV" 


./El  HIOPES.   Voyez  LeucOjEthiopes. 

LEUCARISTUS  ,  ville  de  l'ancienne  Germanie,  fé- 
lon Ptolomée,  /.  2  ,  c.  11. 

LEUCARUM,  ancien  nom  d'un  lieu  de  la  Grande- 
Bretagne  ,  fur  la  route  de  Calleva  à  Urioconium ,  félon 
Antonin ,  Itiner. 


Muriduno , 

M. 

P.  XXXVI. 

Scaton, 

Scadum  Nunnio 

■um,  M. 

P.  XV. 

Excter, 

Leucaro, 

M. 

P.   XV. 

Loghor, 

Bômio , 

M 

P.  XV. 

Boverton 

Ce  lieu  Leucarum  étoit  fur  la  rivière  de  Loghor ,  Se 
c'eft  vrailèmblablement  le  Leucomagus  de  l'anonyme  de 
Ravenne. 

LEUCAS.  Voyez  Leucade. 

1.  LEUCASIA,  ifle  de  la  mer  Tyrrhène,  fur  la  côte 
occidentale  d'Italie ,  devant  le  golfe  de  Pcefium ,  pour 
parler  comme  les  anciens.  C'eft  aujourd'hui  la  Licofa, 
écueil  au  royaume  de  Naples.  Voyez  au  nom  moderne 
Seau  mot  Leucosia. 

2.  LEUCASIA  ,  rivière  du  Peloponnèfe  ,  dans  la 
Meffénie  ;  elle  fe  perd  dans  le  Balyras.    *  Pau fan.  1.  4, 

LEUCASIUS  Vicus,  village  du  Peloponnèfe,  dans 
l'Arcadie,  félon  Paufanias,  /.  8,  c.  25. 

LEUCASPIS,  port  d'Afrique.  Ptolomée,  /.  4,  c.  5, 
le  met  dans  le  nôme  de  Libye. 

1.  LEUCATE  ,  ancien  nom  d'un  promontoire  d'A- 
carnanie,  auprès  de  la  ville  de  Leucade;  Tite-Live  dit: 
Lévinus  ayant  dépafïé  le  cap  de  Leucate ,  Se  étant  arri- 
vé à  Naupafte,  (à  Lepante,)  déclara  qu'il  en  partoit 
pour  Antycire.  Florus ,  /.  4 ,  c.  1  x ,  dit  :  Céfar  ayant 
pofté  fon  armée  enEpire,  avoit  envelopé  de  fa  flotte 
l'ifle  de  Leucade  ,  le  mont  Leucate  Se  les  deux  pointes 
du  golfe  Ambracien.  Virgile,  Alneïd.  I.  3,  v.  274,  dit: 

Mox  &  Leucatœ  nimbofa  cacumina  montis , 
El  formidatus  nautis  aper'uur  Apollo. 

Car  le  temple  d'Apollon  étoit  fur  cette  montagne.    Il 
dit,/.  8,  v.  676: 

Totumque  injlruclo  Marte  videres , 
Fervere  Le, 


Claudien,  in  1.  Conful.  Stilic.  1.  1,  v.  174,  dit  : 

Nec  'juga  Ltucatœ  ferions  fpumanlia  fiuau  , 
Deterrebat  hieihs. 

2.  LEUCATE,  ville  de  France,  en  Languedoc.  Elle  eft 
ancienne ,  &  Pomponius  Mêla  en  a  parlé.  Mais  il  dit  que 
ce  nom  ne  défignoit  que  le  rivage,  fans  dire  qu'il  y  eût  ni 
ville  ni  bourg.  Ultra  cji Leucata,  littoris /zomen. Il  nomme 
enfuite  Salfes ,  qui  n'étoit  pas  alors  une  ville ,  mais  une 
fimple  fontaine  d'eau  falée.  Et  Salfulafons  non  dulci- 
bus  ,  fed  falfioribus  etiarn  quàm  marina  Jlnt ,  aquis  de- 
fiuens.  Cette  fontaine  eft  marquée  fur  l'Itinéraire,  & 
Leucate  n'y  eft^  pas  ;  c'eft  que  Leucate  ne  fe  trouve  pas 
fur  une  route ,  &  eft,  au  contraire,  fur  une  langue  qui  fé- 
pare l'étang  de  la  mer  ;  au  lieu  que  Salles  fe  trouve  fur 


LEU 


LEO 


îa  route  de  Narbonne  au  Pyrénée.  Sur  la  fin  du  treizième 
lîécle ,  on  trouve  que  Leucate  appartenoit  à  des  gentils- 
hommes qui  portoient  le  nom  de  Darelbe  &  à'Crban , 
&  quelquefois  de  Leucate.  Lorsque  les  Espagnols  étoient 
maures  du  Rouffillon  ,  Leucate  étoit  la  isule  place  qui 
couvrît  Narbonne  de  ce  côté-là.  Elle  n'étoit  qu'un  vil- 
lage commandé  par  un  fort  qui  n'étoit  pas  grand.  Phi- 
lippe le  Bel,  acquit  en  1309,  de  Raimond  d'Urban  écuyer, 
le  château  &£  la  léigneurie  de  Leucate  ;  &,  la  même  an- 
née, ce  roi  donna  quelques  terres  à  Amauri ,  vicomte  de 
Narbonne,  pour  le  dédommager  de  ce  qui  lui  apparte- 
noit à  Leucate.  Cette  place  té  rendit  célèbre  par  le  fiége 
qu'elle  foutint,  l'an  1637,  contre  l'armée  Espagnole  qui 
y  fut  défaite  par  les  François  ,  fous  le  maréchal  de  Schom- 
berg ,  duc  d'Halluin ,  alors  gouverneur  de  Languedoc. 
Ce  fort  a  été  raie  comme  inutile,  fous  le  régne  de  Louis 
le  Grand.  *  Longuerue  ,  Descr.  de  la  France  ,  1.  pan. 
p.  244. 

3.  Le  cap  de  LEUCATE  eft  une  longue  pointe, 
de  moyenne  hauteur ,  fur  le  haut  de  laquelle  il  y  a  une 
tour  de  garde. 

4.  L'étang  de  LEUCATE  eft  une  espèce  de  golfe, 
aux  confins  du  Languedoc  &  du  Rouffillon  ;  fa  partie 
fepientrionale  eft  dans  le  Languedoc ,  &  fa  partie  mé- 
ridionale dans  le  Rouffillon.  Il  eft  fermé,  du  côté  du  golfe 
de  Lyon,  par  la  langue  fur  laquelieLeucate  eft  fnuée,  & 
par  une  ifle  allez  longue,  qui  eft  du  Rouffillon;  ainfi  il  a 
deux  ouvertures.  Quelquefois  on  le  nomme  l'étang  de 
Leucate  ,  &  quelquefois  Y 'étang  de  Salfes ,  parce  qu'il 
baigne  le  territoire  de  ces  deux  places ,  avec  cette  diffé- 
rence que  Leucate  eft  au  bord  de  l'étang  ,  Se  que  Salfes 
en  eft  plus  éloignée.  De  l'autre  côté  de  l'étang,  eft  ie  pays 
de  Corbière.  Voyez  Corbaria  &  Corbière.  *San- 

fon,  Atlas. 

5.  LEUCATE,  Leucatas  ,  cap  d'Afie  ,  dans  la  Bi- 
thynie  ,  &  l'un  des  deux- qui  ferment  le  golfe  nommé 
par  les  anciens  Aftacenus  finus  ,  aujourd'hui  le  golfe  de 
Comidia.   *  Plin.  1.  4,  c.  1. 

LEUCATH^E,  ancien  peuple  d'Afrique.  Procope , 
jEdific.  1.  6,  c.  4,  dit:  les  Maures  barbares,  furnom- 
més  Leucaihes ,  firent  une  irruption  fur  les  Vandales ,  Se 
défolerent  Leptis.  Il  les  nomme,  /.  2,  Leuchat^E  , 
Leuchates. 

LEUCATIUS,  précipice  au  bord  de  la  mer,  dans  le 
voifinage  de  Nicomédie  :  il  en  eft  parlé  dans  l'Hiftoire 
mêlée,  /.  19.  Ce  nom  fk  fa  fituation  ont  beaucoup  de 
rapport  avec  le  cap  Leucate.  Voyez  Leucate  4. 

1.  LEUCE  ,  petite  ifle  de  la  Sarmatie  en  Europe. 
Voyez  AchillÉE  2. 

2.  LEUCE  ,  petite  ifle  ou  écueil  fur  la  côte  fepfen- 
trionale  de  l'ifle  de  Crète ,  félon  Diodore  cité  par  Bau- 
drand,  édit.  1705  ,  qui  dit  que  c'eft  aujourd'hui  San- 
Theodoro. 

LEUC-EACTE,  A.,Uy.l  iUI»  ,  Album  littus:  ces  mots 
qui  lignifient  le  rivage  blanc,  font  devenus  un  nom  com- 
mun en  plufieurs  lieux;  car  il  y  avoit  : 

1.  LEUCE-ACTE,  promontoire  de  l'ifle  d'Eubée, 
dans  fa  partie  méridionale  ,  félon.  Strabon,  /.  9,  p.  399. 

2.  LEUCE-ACTE ,  petite  ville  ou  bourg  de  la 
Thrace ,  vers  l'ifthme  de  la  Cherfonnèfe,  félon  Dé- 
mofthène  ,  in  Halonef. 

3.  LEUCE-ACTE,  lieu  de  la  Propontide  ,  félon 
Suidas.  Cédrene  nomme  ainfi  un  lieu  fort  près  de  Cons- 
tantinople.  *  Ofttl.  Thefaur. 

4.  LEUCE-ACTE,  lieu  de  la  Marmarique ,  entre  le 
port  de  Hyzis  &  le  promontoire  Herméen  ,  félon  Pto- 
lomée  ,  /.  4,  c.  <,.  C'eft  le  même  lieu  que  Strabon  ap- 
pelle Leucogée,   AivyJ^fio<. 

LEUCE-COME,  village  de  l'Arabie  heureufe,  dans 
un  golfe  de  la  mer  Rouge,  félon  Strabon  ,  /.  16,  p.  781. 
Ce  lieu  étoit  important  pour  le  commerce,  Se  un  entre- 
pôt confidérable  des' marchandifes  d'Arabie,  que  l'on 
portoit  de-là  à  Petra,  puis  à  Rhinocolura  ,  ville  de  la 
Phœnicie,  (  de  la  Paleftine)  aux  confins  de  l'Egypte: 
les  traducteurs  latins  difent  albus  pagus.  Nos  ancêtres 
l'auroient  nommé  à  leur  manière  Blar.c-Ménil. 

LEUCHATjE.  Voyez  Leucath^e. 

LEUCHTENBERG,  château  &  bourg  d'Allemagne-, 
■.au  palatinat  de  Bavière,  dans  un  périr  canton  auquel  il 
donne  le  nom  de  landgraviat  de  Leuchtenberg ,  dans  le 


Nortgow,  fur  une  montagne  auprès  de  Pfreim  qui  en 
eft  le  chef-lieu,  à  un  mille  de  la  rivière  de  Nab ,  &  à 
qnatred'Amberg.  *  Hubn.tr,  Géogr.  Baudrand,  éd.  1705. 

LE  LANDGRAVIAT  DE  LUCHTHENBERG  ,  petit 
canton  d'Allemagne,  dans  le  Nortgow,  aa  palatinat  de 
Bavière,  dans  lequel  il  eft  enclavé.  Il  prend  ("on  nom  du 
château  de  Leuchtenberg ,  &  n'a  qu'une  feule  ville,  fa- 
voir  Pfreim  &  quelques  villages.  Ce  petit  pays  qui,  a  ti- 
tre de  landgraviat,  entra  dans  la  maifon  de  Bavière,  oar 
le  mariage  de  Melchtilde  de  Leuchtenberg  avec  Henri, 
duc  de  Bavière.  Elle  fut  mère  de  Maxirm lien-Henri  qui 
fut  électeur  de  Cologne,  &  tante  de  Maximilien-Adam, 
dernier  landgrave  de  Leuchtenberg  ,  qui  mourut  fans 
enfans,  en  1646.  Albert  de  Bavière,  qui  héritoit  alors  du 
landgraviat,  s'en  accommoda  pour  quelques  autres  biens 
fitués  en  Bavière,  avec  fon  frère  Maximilien- Henri,  qui 
monrut,  en  1688  ,  St  laiffa  cettte  terre  à  Maximilien- 
Philippe,  le  plus  jeune  fils  d'Albert.  Après  que  l'élec- 
teur de  Bavière  eut  été  mis  au  ban  de  l'empire  durant  la 
guerre  pour  la  fucceffion  d'Espagne,  la  maifon  d'Am- 
berg  obtint  l'inveftiture  du  landgraviat  de  Leuchtenberg, 
en  1708  ;  mais  à  la  paix  de  Raftad  fk  de  Bade,  ces  biens 
revinrent  à  la  maifon  de  Bavière,  en  1714.  *  Imhoff', 
Notit.  procer  Imp. 

LEUCI ,  ancien  peuple  de  la  Gaule  ,  Se  qui  répond 
aux  peuples  du  diocèfe  de  Toul ,  qui  s'étend  en  Lorraine 
&  en  Barrois,  &  eft  l'un  des  plus  grands  diocèfes  qu'il 
y  ait  en  France.  Quoique  les  fàvans  conviennent  allez 
généralement  de  ce  rapport,  je  ne  laifferai  pas  de  citer 
ici  une  espèce  de  querelle  qu'il  y  eut  autrefois  entre  le 
P.  Monet,  Jéfuite,  &  le  géographe  Nicolas  Sanfon.  Voici 
de  quelle  manière  ce  dernier  la  raconte  dans  fes  Remar- 
ques fur  la  Carte  de  l'ancienne  Gaule.  «  En  163  ï ,  le 
»  P.  Monet  m'écrivit  de  Lyon  ,  fous  ombre  de  me  don- 
»  ner  charitablement  avis  de  plufieurs  fautes  qu'il  pré- 
»  tendoit  avoit  remarquées  dans  ma  Carte  de  l'ancienne 
»  Gaule.»  Entr'autres  choies  il  me  mande,  que  j'ai  mis 
plufieurs  Jimp les  villes  pour  des  peuples  entiers,  &  que 
j'ai  laijje  plufieurs  peuples  import  ans  en  arrière,  d'au- 
tant qu'ils  nom  point  de  villes,  ni  métropoles  ,  ni  ca- 
thédrales; &  voici  comment.  Votre  Belgique  première 
comprend  les  Trévérois  ,  Médiomatrices  ,  Loties ,  Verdit- 
nois.  Les  Lev.ces  &  Verdunois  ne  font  que  les  noms  de 
villes  cathédrales  de  peu  d'étendue  dans  le  corps  des  Mé- 
diomatriques  ;  Hé  !  que  fere~-vous  des  Luxembourgeois, 
Ardennois ,  Liégeois  ,  dont  vous  paffe^  les  noms  &  les 
peuples  fous  filence,  quoique  célèbres  en  t  hi foire  ?  »  Il  y 
»  a  dans  cette  Lettre  ,  pourfuit  Nicolas  Sanfon ,  cin- 
»  quante  faillies  de  cette  force,  &C  n'eût  été  qu'une  per- 
»  fonne  de  créance  &  de  mérite  me  montra  la  Lettre 
»  qui  lui  avoit  été  écrite  exprès  pour  me  faire  tenir  celle 
»  qui  s'adreflbit  à  moi ,  je  n'eufle  pu  croire  que  le  père 
»  Monet  eût  été  capable  de  donner  ces  avis.  Leuci  dont 
»  le  P.  Monet  fait  fi  peud'eftime,  font  tellement  connus 
»  chez  les  anciens,  que  Céfar,  Strabon,  Lucain ,  Ta- 
»  cite,  Pline,  Ptolomée ,  &c.  en  font  mention  ;  St  la 
»  Notice  des  provinces  5c  des'  cités  de  la  Gaule  les  met 
»  dans  la  première  Belgique  ;  &  cette  Notice  &  Ptolo- 
»  mée  font  leur  ville  capitale  Tullum  ;  Sr.  le  diocèfe  de 
»  Toul  qui  répond  au  peuple  Leuci ,  eft  cinq  ou  fix  fois 
»  grand  comme  celui  de  Paris.  Véritablement  le  dio- 
»  cèle  de  Verdun  n'a  que  la  fixiéme  partie  de  celui  de 
»  Toul  en  continence  (c"eft-à-dire  en  étendue,)  6c 
»  le  premier  qui  a  parlé  de  Verduni,  a  é'c  Pline,  chez 
»  qui  même  le  nom  eft  corrompu  en  Veruni  ;  mais 
»  puisque  Célàr  ne  parle  point  de  celui-ci  ,  nous  en 
»  traiterons  aifeurs.  (Voyez  Veruni.)  Pi  ur  ce  qui  ert 
»  des  Luxembourgeois,  des  Ardennois  &  Liégeois ,  dont 
»  le  P.  Monet  fait  tant  d'état,  &c  fe  plaint  que  je  n'en 
»  ai  fait  aucune  mention  ,  je  ne  les  connois  point  dans 
»  toute  l'antiquité;  Se  fi  le  P.  Monet  eût  voulu  prendra 
»  la  peine  de  me  les  montrer  dans  quelques  anciens 
»  auteurs ,  je  lui  eulfe  donné  tout  au  moins  quarante- 
»  neuf  mille  ans,  pour  en  trouver  l'un  des  trois  feule- 
»  ment,  j'entends  dans  un  ancien  auteur,  6c  qui  ait 
»  écrit  pendant  que  les  Romains  ont  eu  le  pied  dans 
»  les  Gaules.  » 

LEUTICIANA,  ancienne  ville  d'Espagne.  Antonin 
la  met  (ur  la  route  de  Mérida  à  Tolède,  entre  Lacipea. 
Se  Auguftobriga,  de  cette  manière  : 

Tome  II J,     I  i  i  i  i  ij 


LEU 


LEU 


Eménta , 
Lacipeam , 
Leucianam , 

M. 
M. 

P. 

P. 

XX. 
XXIV 

Augujlofrigam  , 
Toletum  , 

M. 

P. 

XII. 

M. 

P. 

LV. 

JPtolomée  met  LlONIANA  dans  la  Lufitanie. 

LEUCI-CAMINÏ.  Voyez  Leuce-Camini. 

LEUCIMMA,  cap  de  l'ifle  de  Corcyre;  félon  Pto- 
lomée, /.  3,  c.  14,  Leucimna,  félon  Thucydide, 
/.  3  ,  p.  225.  C'eft  aujourd'hui  Capo  blanco  dans  l'ifle 
de  Corfou. 

LEUCK ,  gros  bourg  de  Suifle ,  dans  le  Valais ,  fur  'a 
rive  droite  du  Rhône ,  dans  un  lieu  élevé  &  fortifié  par 
la  nature  ,  ayant  le  Rhône  en  front,  une  montagne  à 
des,  &  deux  petites  rivières  qui  coulent  dans  un  lit 
profond  aux  deux  côtés.  On  y  voit  d'aflez  beaux  bâtimens, 
deux  églifesj  l'une  grande,  l'autre  petite,  une  belle  rnai- 
fon  de  ville,  &  un  château  antique,  qui  appartient  à  l'é- 
voque de  Sion.  Leuck  eft  presqu'au  milieu  du  Valais  ; 
c'eft  pourquoi  les  députés  du  pays  s'y  aflemblent  iouvent 
avec  ceux  de  l'évêque  pour  délibérer  des  affaires  d'état. 
La  langue  du  pays  change  à  Leuck;  au-de(Tus  de  ce  bourg, 
dans  tout  le  haut  Valais ,  on  ne  parle  qu'Allemand;  au- 
deflous  dans  le  refte  du  pays  on  parle  François.  Mais  le 
peuple  ufe  d'un  patois  ou  jargon  corrompu  du  François, 
comme  dans  tout  le  refte  de  la  SuifTe  Romande,  où 
chaque  province  a  fon  patois  particulier.  A  Leuck  , 
les  deux  langues  font  en  ufage;  cependant,  dans  toutes 
les  deux  parties  du  Valais ,  fur-tout  dans  les  principaux 
lieux,  on  s'applique  beaucoup  à  favoir  l'Allemand,  le 
François ,  l'Italien  &  le  Latin  ;  &  on  y  voit  même  des 
gens  du  commun  qui  favent  parler  également  bien  ces  qua- 
tre langues.  * Etat  &  Délias  de  la  Suffi,  t.  4,  p.  187. 

Les  bains  DE  Leuck  ,'  célèbres  par  toute  la  Suifle, 
font  à  deux  lieues  de  Leuck,  au  nord,  .au  pied  du  mont 
Gemmi,  dans  une  vallée  étroite  &  protonde,  fermée  de 
toutes  parts  de  hautes  montagnes ,  qui  ne  laiflent  qu'un 
pailàge  étroit  dans  un  bois,  au  midi.  Il  y  a  cinqfources 
d'eau  minérale  chaude  que  l'on  conduit  en  divers  bains, 
pour  l'ufage  des  malades  qui  s'y  rendent  en  foule  tous  les 
étés.  Cette  eau  eft  claire,  fans  odeur,  cV  fi  chaude,  qu'elle 
cuit  les  œufs  &  déplume  une  poule.  Elle  eft  d'un  excel- 
lent ufage  pour  plufieuts  maladies.  Le  lieu  où  font  les 
bains, étoit  inhabité,  il  y  a  trois  ou  quatre  fiécles  ;  mais  à 
l'occafion  de  ces  bains,  on  y  a  bâti,  par  fucceflion  de  tems, 
un  beau  village  avec  une  églife.  Pour  revenir  à  Leuck, 
on  voit  en  chemin  ,  fur  la  rive  gauche  du  Rhône  ,  un 
grand  bâtiment  qui  fert  de  halle  ,  où  l'on  décharge  les 
marchandises  que  Ion  veut  envoyer  en  Italie  par  les  Al- 
pes ,  ou  qui  viennent  d'Italie.  Il  y  a  près  de-là  un  grand 
gouffre  très-profond,  nommé  Ullgrabf.n  ,  creufe  par 
des  torrens  qui  fe  jettent  là  dans  le  Rhône.  On  dit  que 
Leuck  étoit  autrefois  en  cet  endroit-là.  *  Etat  &  Délices 
de  la  Suffi,  t.  4,  p.  187. 

LEUCOA  ,  ville  méditerranée  de  la  Marmarique  , 
félon  Ptolomée ,  /.  4,  c.  5.  Ç'eft  vrailèmblablement 
Leucon  qu'Hérodote  in  Melpomen.  met  aux  environs  de 
la  ville  de  Cyrène. 

LEUCO-jETHIOPES  ,  ancien  peuple  de  la  Libye 
intérieure  ,  au  pied  du  mont  RifTadius ,  félon  Ptolomée, 
/.  4,  c.  6.  L'édition  de  Bertius  porte  Leucaethiopes.  Pom- 
ponius  Mêla,  /.  1 ,  c.  4,  les  place  fur  le  bord  de  la  mer 
«le  Libye.  Pline,  /.  5  ,  c.  9,  l'a  copié  Amplement. 

LEUCOGjEUS.  Voyez  Letjcé  Actce  4. 

LEUCOGjEI  COLLES,  colline  d'Italie,  entreNa- 
ples  &.  Pouzzol,  félon  Pline  ,  /.  18,  c.  11  ;  &  /.  35 , 
£.15.  Ce  nom  lui  avoit  été  donné  par  les  Grecs  ,  à 
caufe  de  la  blancheur  du  terroir;  auflï  Pline  n'en  parle- 
t-il  qu'à  l'occafion  d'une  forte  de  craie  &  du  foufre  qui 
fe  trouvoit  dans  cette  colline.  Le  nom  moderne  eft  la 
Lumera.  Il  y  avoit  au  même  endroit  des  fources  d'eaux 
que  Pline,  /.  31  ,  CI,  nomme  Leucogœi  fontes  ,  qui 
étoient  très-bonnes  pour  les  yeux  &  les  plaies. 

D.  MathœoEgitio,  lettre  à  M.  Lenglet  du  Fresnoy,  dit 
que  c'eft  le  Forum  Vulcani  des  anciens ,  &  le  Solfara 
d'aujourd'hui  entre  Naples  &  Pouzzol.  Voyez  Grotte 
du  Chien. 

LEUCOLA,  port  de  l'ifle  de  Cypre,  félon  Strabon, 
/.  14,  p.  682.  Il  étoit  entre  Arfinoé  &  le  promontoire 


Peddlurr..  Sauinaife  le  confond  mal-à-propos  avec  le 
LcucolU  de  Pline.  Voyez  Leucolla. 

LEUCOLITH1,  peuple  de  l'Afie  mineure  ,  dans  la 
Lyaconie,  ou  du  moins  de  quelques  pays  voifms  ;  car 
Pline,  /.  5  ,  c.  27,  n'en  parle  qu'à  roccafion  de  cette 
province.  Ce  nom  vient  de  la  blancheur  des  roches,  qui 
rendoit  leur  canton  remarquable. 

LEUCOLLA,  cap  d'Afie,  dans  la  Pamphylie,  avec 
une  ville  de  même  nom,  félon  Pline,  /.  5,  c.  31. 
Saumaife,  in  Solin.  p.  252  ,  confond  cette  ville  avec  le 
port  Leucola  qui  étoit  dans  l'ifle  de  Cypre  ,  &  dont  par 
le  Strabon. 

LEUCON,  Voyez  Leucoa. 

LEUCONAUS,  ancien  nom  d'un  monaftete,  près 
deSaint-Valery,  en  Ponthieu.  Voyez  au  mot  Saint  l'ar- 
ticle Saint- Valéry. 

LEU'.  ONIA.  Voyez  Leuconium  2. 

LEUCON1ENSIS  ,  habitant  de  Leuconium. 

1.  LEUCONIUM,  bourg  de  Grèce,  dans  l'Attique 
&  dans  la  tribu  Léontide.  Démofthène  parle  d'Apol- 
lodore  Leuconien ,  &  ce  bourg  étoit  la  patrie  du  célè- 
bre mathématicien  Méton,  au  rapport  de  Spon  ,  Lifie 
de  l'Attique. 

2.  LEUCONIUM,  ville  d'Afie,  dans  l'Éolide,  fé- 
lon Thucydide,  /.  8,  p.  572.  C'eft  la  même  que  Leu- 
conia,  colonie  des  habitans  de  Chio,  de  laquelle  parle 
Plutarque,  de  Virtut.  mulier.  &£  Polyen,  l.  8. 

LEUCON.US  FONS,  fontaine  du  Péloponnèfe  ,' 
dans  l'Arcadie,  félon  Paufanias ,  /.  8,  c.  44.  Elle  étoit 
fur  un  chemin  auprès  de  Tégées,  petite  ville. 

LEUCONUM,  ancienne  ville  de  la  Pannonie,  fé- 
lon Antonin,  Itiner.  11  la  met  fur  la  route  d'Hemonia  à  Sir— 
mium,  en  parlant  par  Scifcia,  rk  compte  vingt-cinq  mille 
pas  de  Pecentinum  à  Leuconum.  Voyez  LlUTSCH. 

1.  LEUCOPEDIUM,  c'eft-à-dire  le  champ  blanc, 
campagne  de  Grèce,  dans  le  territoire  Mégare,  félon 
Hefyche. 

2.  LEUCOPEDIUM,  plaine  d'Afie,  dans  la  Bithy- 
nie,  aux  environs  de  Dafcylon  ,  félon  Paufanias,  A4, 
c.  35.  Voyez  Cardie  2. 

1.  LEUCOPETRA,  promontoire  d'Italie,  au  pays 
des  Brutiens  ,  dans  le  tetritoire  de  Rhégio ,  félon  Stra- 
bon, Ptolomée,  &  Cicefon.  Le  premier  dit,  /.  6,  qu'il 
avoit  fon  nom ,  à  caufe  de  fa  couleur.  Ptolomée ,  /.  3  , 
c.  I  ,  le  met  immédiatement  après  Rhénium  Julium ,  & 
compte  pour  rien  le  promontoire  Rhegium  dont  parle 
Thucydide ,  l.  6,  p.  441  ;  ce  qui  a  donné  lieu  à  quel- 
ques-uns de  croire  que,  par  ce  nom,  cet  hiftorien  avoit 
entendu  le  cap  de  Leucopetra  ;  mais  Cluvier ,  Ital.  anU 
croit  que  ce  cap  dont  Thucydide  fait  mention  ,  eft  entre 
Rhegium  &  le  promontoire  Leucopetra;  ce  qui  eft  très» 
vraifemblable,  la  côte  qui  eft  fort  hachée  de  ce  côté-là  , 
ayant  plufieurs  caps  tout  de  fuite.  Ce  cap  eft  fameux  dans 
les  écrits  de  Ciceron.  Les  vents,  dit-il  dans  fa  première 
Philippique ,  c,  3 ,  m'ayant  pouffé  de  la  côte  de  Sicile 
fur  le  cap  de  Leucopetra,  qui  eft  dans  le  territoire  de 
Rhegium,  je  m'embarquai  ;en  ce  lieu  pour  pafler;  Se 
dans  une  de  lès  lettres  à  Atticus,  /.  16,  epijl.  7,  parlant 
du  même  voyage ,  il  dit  :  étant  parti  de  Leucopetra  % 
après  environ  trois  cents  ftades,  (c'eft-à-dire  environ 
douze  de  nos  lieues)  un  vent  du  midi,  qui  fouffloit  avec 
violence ,  me  repoufla  fur  le  cap  de  Leucopetra.  C'eft  le 
même  cap  apparemment,  qui  eft  appelle  Bruuium  pro- 
montorium  par  Sallufte ,  dans  un  fragment  confervé  par 
Servius  fur  Virgile,  in  jEneïd.  1.  3  ,  v.  400.  Ce  cap  eft 
préfentement  nommé  Capo  dei  Armi. 

2.  LEUCOPETRA,  montagne  d'Afie. Polybe, /.  10, 
nomme  ainfi  la  partie  d'une  chaîne  de  montagnes,  qui  fé- 
paroit  la  Parthie  de  l'Hyrcanie.  En  ce  cas,  c'eft  le  Coro- 
nus  mons  de  Ptolomée,  /.  37,  c.  10. 

3.  LEUCOPETRA:  un  paffage  de  Pline  nous  ap- 
prend qu'on  y  trouve  Y Aspilatis  pierre  précieufe  ;  & 
Ortélius  conjecture  que  ce  lieu  étoit  vers  l'Arabie.  Pline 
femble  l'infinuer. 

1.  LEUCOPHRYS,  ville  d'Afie,  dans  la  Phrygie, 
&  plus  particulièrement  dans  la  plaine  du  Méandre,  félon 
Xénophon ,  Hijl.  Grœc.  1.  3  ,  p.  490;   &  1.  4,  p.  ^39. 

2.  LEUCOPHRYS,  ancien  nom  de  l'ifle  Ténédos. 
Vovez  ce  mot. 

LEUCOPOLIS,  ville  d'Afie,  dans  la  Doride,  fut 


LEU 


LEU 


ls  golfe,  félon  Pline,  /.  jf,  'ci  29.  C'eft  la  mêmevilie 
que  Pomponius  Mêla,  /.  1 ,  c.  16,  nomme  Leuca. 

LEUCOPYRA,  bourg  de  Grèce,  dans  l'Attique, 
dans  ia  tribu  Antiochide,  félon  Héfyche. 

LEUCORIA.  Voyez  Leucosia  &  Marcilianum. 

1.  LEUCOS  ,  petite  rivière  de  Turquie,  dans  la 
Morde:  elle  coule  entre  la  ville  de  Gaftani  ci  la  rbrte- 
refle  d'Achaïa,  &  fé  décharge  dans  le  golfe  de  Patras , 
à  une  lieue  au  midi  de  la  ville  de  Pairas.  On  la  nomme 
auffi  Patraffo.  Les  anciens  l'ont  connue  fous  ie  nom  de 
Glanais.  Voyez  GlAUCUS  I.  Baudr.  édit.  1705. 

2.  LEUCUS-LIMEN,  AiVy.k  a,^,  ,,  port  d'Egypte, 
furie  golfe  Arabique,  félon  Ptolomée,  /.  4,  c.  5.  Ce 
nom  eft  grec  &  fignifie  en  latin  Albus-Portus,  en  fran- 
çois  le  port-blanc. 

3.  LEUCOS,  A£Vzoç  nda^or,  c'eft-à-dire  la  rivière 
blanche,  rivière  de  Macédoine,  auprès  de  Pidna,  félon 
Plutarque,  dans  la  Vie  de  Paul-Emile.  Dacier ,  Hommes 
illufir.  t.  3  ,  p.  122.  édit.  d'Amjîerd.  traduit  iïmplement 
le  fleuve  du  Leucus.  Ortélius ,  Thefaur.  foupçonne  que 
c'eft  la  même  rivière  qui  eft  nommée  Lycus  dans  la  Vie 
de  Flaminius,  par  le  même  auteur,  Hommes  illufir.  t.  3 , 
p.  545.  Si  le  Leucus  ou  Leucos  couioit  auprès  de  Pidna, 
comme  le  croit  Ortélius  ,  ce  ne  peut  être  le  Lycus ,  qui, 
félon  Plutarque ,  couioit  dans  la  Daffarétide  ;  &  par  con- 
conféquent,.il  y  avoit  bien  loin  de  l'un  à  l'autre. 

1.  LEUCOSIA  ,  ifle  de  la  mer  Tyrrhène,  fur  la  côte 
occidentale  d'Italie.  Pomponius  Mêla,  tx  Pline  qui  l'a 
copié ,  placent  au  même  endroit  une  ifle  nommée  Leu- 
tothée,  dont  aucun  autre  qu'eux  ne  fait  mention.  Mêla 
ne  parle  point  de  Leucofie  ;  ainfi  on  auroit  lieu  de  croire 
que  c'eft  la  même  ifle  nommée  par  Mêla  Leucothée  &T. 
Leucofie,  ou  Leucafie  par  les  autres  géographes.  Ce  qui 
fait  de  la  difficulté  ,  c'eft  que  Pline,  après  avoir  nommé 
Leucothée  comme  Mêla ,  dit  dans  le  chapitre  fuivant  : 
contra  Pajlanum  jinum  Lcucafia  cjl  ab  Sirène  ibi  fe- 
pulta  ;  devant  le  golfe  de  Pefturn  eft  l'ifle  de  Leucafie, 
ainfi  nommée  d'une  firenne  qui  y  fut  enterrée  ;  mais 
il  y  a  remède,  comme  Cellarius  le  remarque:  il  arrive 
quelquefois  à  Pline  de  multiplier  les  objeis  fans  néceflîté. 
Il  aura  trouvé  Leucothée  dans  Mêla,  &  Leucafia  dans 
Strabon,  ou  dans  Denys  d'Halicarnaffe,  &  en  aura  fait 
des  ifles  différentes.  Strabon,  /.  2,  nomme  de  fuite  Pro- 
chyta ,  Caprées  &  Leucafie,  mais  il  dit,  1.6;  Ca- 
ptées &  Leucofie.  Denys  d'Halicarnaffe,  /.  ï ,  p.  43, 
dit  Leucafie.  Enfuite  ,  dit-il,  ils  abordèrent  à  l'ifle  de 
Leucafie,  qui  porte  le  nom  d'une  parente  d'Enée  qui  y 
fut  enfevelie.  Lycophron,  in  Alex.  v.  723  ;  Tzetzès,  fon 
commentateur;  &  Ovide,  Metamorph.  1.  15  ,  v.708, 
difent  Leucofie.  Ce  n'eft  aujourd'hui  qu'un  écueil  uni  au 
continent  nommé  le  cap  de  la  Licofa. 

2.  LEUCOSIA.  Voyez  Marcilianum. 
LEUCO- SYRIE,  (la)  contrée  d'Ane  dans  la  Cap- 

padoce,  dont  elle  faifoit  partie,  vers  l'embouchure  du 
Thermodon,  félon  Ortélius.  Pline  lui  donne  plus  d'éten- 
due ;  car ,  parlant  du  fleuve  Cappadox  ,  il  dit  que  ces 
peuples  en  ont  pris  le  nom  de  Cappadociens ,  &  qu'on 
les  nommoit  auparavant  Leuco-Sy riens.  Les  nom  de  Sy- 
riens &  à'AJJyriens  ont  été  fouvent  employés  l'un  pour 
l'autre  par  les  poètes:  Apollonius  dit  dans  fon  poëme 
des  Argonautes ,  /.  2  ,  v.  965  :  ils  quittèrent  l'Halys ,  ils 
quittèrent  l'Iris  &  l'Affyrie.  Denys  le  Periégete ,  r.772, 
fe  fert  de  la  même  expreflîon  gréque  dont  s'eft  fervi 
Apollonius  pour  exprimer  cetteAffyrie.  Awufi'iif  ^p» 
3(8oi'ôr,  Ajfyrite  adluvio  terra;  tk  fon  tradu&eur  Fef- 
fus  Avienus,  v.  949,  dit  en  latin: 

Poft  hos  Affyria  tenduntur  jugera  terra:. 

Ainfi  les  poètes  ont  donné  le  nom  d' Affyrie  à  ce  qui 
étoit  véritablement  la  Cappadoce.  Il  femble  étrange 
qu'un  auteur  tel  que  Denys  le  Periégete,  ait  ainfi  déplacé 
les  Affyriens  ;  car  la  véritable  Affyrie  étoit  au-delà 
du  Tigre,  &  n'avoit  rien  de  commun  avec  la  mer  Noire. 
Mais  le  nom  d' Affyrie  tk  de  Syrie  s'étendit  bien  au-delà 
de  la  véritable  Affyrie,  &  comprit  comme  le  remarque 
Pomponius  Mêla,  l.  1  ;'  c.  11 ,  des  pays  qui  avoient 
encore  des  noms  particuliers,  favoir  la  Célélyrie,  la 
Méfopotamje  ,  la  Damafcène  ,  l'Adiabène  ,  la  Babylo- 
nie,  la  Judée  &  la  Sbphène.  Elle  a  encore,  dit-il,  d'au- 
tres noms.  On  la  nomme  Palejline  t  aux  confins  de  l'A- 


80J 


rabie;  &  Phœnicie,  aux  confins  delà  Cilicie.  Ainfi  tout 
cela  étoit  la  Syrie.  Strabon,  /.  16,  dit  auffi:  il  femble 
que  le  nom  des  Syriens  fe  foit  autrefois  étendu  depuis  la 
Babylonie  jusqu'au  golfe  d'Iffus,  Se  de-là  jusqu'au  Pont- 
Euxin  ;  &  les  Cappadociens ,  tant  ceux  qui  font  auprès 
du  mont  Taurus,  que  ceux  qui  habitent  le  long  de  FEuxin, 
font  encore  appelles  Lcuco-Syriens.  Ainfi  il  n'eft  pas 
étonnant  que  quelques  auteurs  ayent  donné  le  nom  £  Af- 
fyrie ou  de  Syrie  à  la  Cappadoce.  La  diftinftiou  des 
noms  à' Affyrie  &  de  Syrie  n'a  pas  été  de  tout  tems.  Les 
Cappadociens  furent  nommés  Leuco-Syriens  ou  Syriens 
blancs  ,  parce  qu'ils  étoient  plus  feptentrionaux  &  moins 
bafànés  que  les  autres  Syriens.  Strabon  dit ,  /.  12,  jus- 
qu'aux Leuco-Syriens,  que  nous  appelions  auffi  Cappado- 
ciens. Il  en  marque  les  bornes  :  l'Halys  ,  dit-il,  tombe 
dans  le  Pont-Euxin  entre  les  Syriens  &  les  Paphlago- 
niens.  C'étoit  donc^à  cette  rivière  que  la  Leuco- Syrie 
commençoit;  il  ajoure  l'autorité  d'Hérodote ,  qui  dit  de 
même ,  tk  nomme  les  Syriens  Cappadociens.  Le  paffage 
d'Hérodote,  /.  1  ,  c.  6 ,  porte  en  effet  ce  que  dit  Stra- 
bon ;  &  il  dit  encore,  c .  72  :  les  Cappadociens  font 
nommés  Syriens  par  les  Grecs.  Ptolomée  place  dans  la 
Cappadoce  ,  en- deçà  de  l'Iris,  un  lieu  qu'il  nomme 
Leuco-Syrorum  cubitus ,  c'eft-à-dire  le  coude  des  Leuco- 
Syriens.  Voyez  Pyramus. 

1.  LEUCOTHEA.  Voyez  Leucosia  i. 

2.  LEUCOTHEA,  fontaine  ou  ruilleau  de  l'ifle  de 
Samos,  félon  Pline,  /.  5,4.31. 

3.  LEUCOTHEA,  ville  d'Arabie. 

4.  LEUCOTHEA,  grande  ville  d'Egypte,  félon  Pline, 
/.  5,  c.ç).  Ortélius  foupçonne  que  c'eft  \Elethyias  de 
Ptolomée ,  &  le  P.  Hardouin  ne  s'en  éloigne  pas. 

LEUCOTICOS,  Atmlfy,  ,  lieu  d'Egyp  e  ,  près 
de  Memphis,  félon  Hérodote  &  Diodore  de  Sicile. 
Thucydide  femble  en  faire  un  des  quatiers  de  la  ville 
même  de Jdemphis.  *  Ortel.  Thefaur. 

LEUCTRES  ,  Leuclra ,(  au  pluriel ,  génitif  orum.  ) 
Baudrand  en  fait  une  ancienne  ville  deBéotie.  Il  dit  dans 
fon  ouvrage  latin  oppidum;  mais  tous  les  anciens  que  je 
connois,  ne  difent  point  que  ce  fut  ni  une  ville  ni  un 
bourg.  Mêla,  Pline  &  Ptolomée  ne  nomment  feule- 
ment pas  ce  lieu.  Strabon,  /.  9,  p.  414,  qui  en  a  parlé 
le  plus,  dit:  Leuêtres  eft  l'endroit  où  Epaminondas  , 
ayant  vaincu  les  Lacédémoniens  dans  une  bataille  com- 
plette  &  décifive ,  trouva  le  moyen  d'entamer  leur 
puifiànee  qui  avoit  été  fort  grande  jusques-là  ;  car  depuis 
cette  défaite,  les  habitans  de  Sparte  ne  purent  jamais  re- 
prendre la  fupériorité  qu'ils  avoient  eue  fur  le  refte  de  la 
Grèce  ,  fur-tout  après  qu'ils  eurent  été  fort  maltraités  à 
une  féconde  bataille  qui  fe  donna  auprès  de  Mantinée. 
Cependant,  quelles  que  fuffent  leurs  pertes,  ma  gré  le  dé- 
fordre  de  leurs  affaires ,  ils  furent  fe  garantir  du  joug,  & 
fe  conferver  dans  l'indépendance  jusqu'à  la  conquête  que 
les  Romains  firent  de  la  Grèce  ;  encore  ces  vainqueurs 
eurent-ils  toujours  beaucoup  d'égards  pour  eux,  à  caufe 
de  l'excellence  de  leur  gouvernement.  On  montre  Leuc- 
tres  dans  le  chemin  qui  conduit  de  Platées  à  Thespies  : 
rien  de  plus  fameux  que  la  bataille  de  Leucfres,  rien  de 
moins  connu  que  la  prétendue  ville  de  ce  nom.  Plutar- 
que ,  in  Amatoriis,  parle  de  Leu&res ,  village  dans  le  ter- 
ritoire de  Thespies;  mais  on  ne  fait  pas  fi  c'étoit  du  côté 
de  Thespies ,  ni  s'il  avoit  quelque  chofe  de  commun  avec 
la  plaine  illuftrée  par  la  viftoire  d'Epaminondas.  Cepen- 
dant Strabon  lui-même  nous  fait  connoïtre  qu'il  devoit  y 
avoir  des  habitans,  &c  même  en  allez  grand  nombre,  pour 
envoyer  ailleurs  des  colonies;  car  parlant,  1.2,  p.  360, 
de  Leuclrum  dans  le  Péloponnèfe ,  il  dit  que  c'étoit  une 
colonie  des  Leuftriens  qui  étoient  dans  la  Béotie. 

LEUCTRA.  Voyez  l'article  qui  fuit. 

1.  LEUCTRUM,  ville  du  Péloponnèfe, dan-  laLaco- 
nie ,  fur  le  golfe  Mefleniaque ,  félon  Ptolomée  ,  /.  3  , 
c.  16,  affez  près  du  promontoire  Taenarien.  Paufanias, 
Laconic.  c.  21 ,  dit  de  même  :  au-deflus  du  Tœnare,  cap 
occidental  de  ce  golfe,  font  Canepolis,  (Etylos  Se  Leuc- 
tra.  Pline,  l.  4,  c.  5  ,  le  nomme  auffi  Leuclra;  &  le 
P.  Hardouin  avertit  de  ne  le  pas  confondre  avec  Leuc- 
tres  de  Béotie ,  où  les  Lacédémoniens  furent  vaincus 
par  Epaminondas.  Plutarque  ,  in  Pelopid.  dit  :  on  ap- 
pelle Leuclrum  une  petite  ville  ,  ou  bourgade  de  la  La- 
conie  ,  fituée  fur  la  mer  ;  &  Strabon,  1.8,  p.  360, dit: 
Tylus  que  quelques-uns  appellent  (Stylus,  enfuite  Leuc- 


8o6 


LEV 


LEV 


trum ,  colonie  des  Leu&riens  qui  font  en  Eéotie.  Ge- 
mifte  cité  par  Ortélius  ,  nomme  ce  même  lieu  Main  , 
ce  qui  eft  remarquable.  Voyez  Maina. 

i.  LEUCTRUM,  ancienne  ville  du  Péloponnèfe, 
dans  l'Arcadie.  Selon  Paufanias,  l.  8,  £.27,  ce  fut  une 
des  villes  qui  furent  abandonnées  par  leurs  habitanspour 
aller  peupler  Mégalopolis. 

3.  LEUCTRUM,  village  du  Péloponnèfe ,  dans  l'A- 
chaïe  proprement  dite,  au  territoire  de  la  ville  de  Rhypae; 
ce  que  Strabon,  /.  S,  p.  387,  appelle  la  Rypide. 

LEUCUS.  Voyez  Leucos  &c  Lycus. 

LEUCYANIAS  ,  rivière  du  Péloponnèfe.  Elle  fe  perd 
dans  l'Alphée,  félon  Paufanias,  in  AHiac. 

LEVEFANO.  On  trouve  ce  nom  dans  la  Table  de 
Peutinger  fur  le  Rhin  ,  il  eft  à  l'ablatif  ;  &t  à  l'écrire 
comme  il  faut,  ce  devroit  être  Leva  fanum  ,.  le  temple 
de  la  déeffe  Leva  ,  qui  donnoit  auffi  le  nom  à  Lewen- 
dal,  la  vallée  de  Lexe.  Cluvier,  German.  ant.  croit  que 
ce  temple  a  donné  le  nom  à  Lewen  qui  eft  dans  la  Guel- 
dre  au  quartier  de  Nimegue  ;  &  Alting ,  Notit.  Germ. 
infer.  part.  1,  p.  87,  juge  que  Levefanum  étoit  immé- 
diatement au-deflus  deBatavodurum,  &C  peut-être  à 
Ëatavodurum  même. 

LEVEN,  ou,  comme  écrit  Baudrand,  Levin,  rivière 
d'Ecoffe  ,  dans  fa  partie  méridionale  ;  elle  fort  du  lac  de 
Lomond ,  qui  occupe  une  partie  de  la  province  de  Le- 
nox;  &,  ferpentant  vers  l'orient  &  le  midi,  elle  baigne 
la  ville  de  Dunbarte  ou  Dunbnton ,  &  tombe  dans  la 
Clyde.  Elle  donne  le  nom  latin  de  Levinia  à  la  province 
de  Lcnox.  Vovez  Lenox. 

LEVENTINA.  Voyez  Levontina. 

LEVERPOOL ,    ville  d'Angleterre.    Voyez  LÉER- 

ï>OL. 

LEVES,  ou  S.  Lazare  de  Levés,  bourg  de  France, 
dans  la  Beauce  ,  diocèfe  &:  élection  de  Chartres. 

LEUGA.  Voyez  Lluca. 

LEUGfESA,  ^iCya-oa.  ,  ville  d'Afie,  dans  la  petite 
Arménie ,  dans  la  province  nommée  Mélitene  ,  i'elon 
Ptolomée,  l.  5  ,  c.  7. 

LEUGNÉ ,  village  de  France,  dans  la  Franche-Comté, 
au  diocèfe  de  Befançon ,  à  trois  lieues  de  Baume  les- No- 
tiains.  On  voit  auprès  de  ce  village  une  caverne  qui  fert 
de  glacière  naturelle.  La  largeur  de  fon  entrée  eft  à-peu- 
près  de  vingt  pas  ;  il  faut  en  descendre  trois  cents  pour 
arriver  de-là  à  la  porte  de  la  grotte  ,  qui  eft  deux  fois 
plus  haure ,  &C  plus  large  qu'une  grande  porte  de  ville. 
On  voit  allez  clair  par  toute  cette  caverne,  à  caufe  qu'elle 
eft  couverte  par  une  espèce  de  voûte  haute  de  foixante 
pieds.  La  grotte  a  trente-cinq  pas  de  profondeur  ,  &C 
foixante  de  largeur;  &  plufieurs  gros  morceaux  déglace 
pendent  de  la  voûte  ,  ce  qui  produit  un  bel  effet.  La  plus 
grande  quantité,  qu'on  y  en  voit,fe  forme  d'un  petit  ruis- 
ièau  qui  occupe  une  partie  de  la  caverne ,  tk  qui  eft  eau 
en  hyver,  &  glace  en  été.  Au  tond  font  des  pierres  qu'on 
prendrait  pour  des  écorces  de  citron  confites.  Ceux  des 
environs  jugent  du  tems  qu'il  fera  par  l'air  pur,  ou  les 
brouillards  épais  qu'on  voit  quelquefois  dans  cette  ca- 
verne ;  ces  brouillards  font  une  marque  de  pluie  pour  le 
lendemain.   *  Davity  ,  Franche-Comté. 

LEUHIA  ,  ville  de  la  Chine  ,  dans  la  province  de 
Channton  ,  au  département  de  Tengcheu  ,  cinquième 
métropole  de  la  province.  Elle  eft  plus  orientale  que  Pé- 
kin de  4d.  7',  parles  36  d.  40'  de  latitude.  * AtlasSi- 
nenjh.  _  * 

LÉVI,  l'un  des  douze  patriarches  ,  troifiéme  fils  de 
Jacob  &  de  Lia.  Sa  poftérité  eft  connue  dans  l'Hiftoire 
fainte ,  fous  le  nom  de  tribu  de  Levi. 

1.  La  tribu  DE  LÉvi  fut  disperfée,  &c  n'eut  point 
départage  comme  les  autres  tribus,  qui  avoient chacune 
une  étendue  de  pays.  Au  lieu  de  cela,  Dieu,  qui  avoit 
appelle  cette  tribu  aufacerdoce,  pourvut  à  fa  fubfiftance, 
en  lui  donnant  les  dîmes  des  grains,  des  fruits  &  des 
animaux  dans  Israël,  {Numer.  c.  18;)  mais  les  Lévites 
en  dévoient  eux-mêmes  donner  la  dixième  partie  aux 
prêtres.  Outre  cela,  Dieu  aftigna  à  la  tribu  de  Lévi  qua- 
rante-huit villes,  dont  fix  furent  déclarées  VILLES  DE 
refuge.  Nous  les  diftinguons  ici  par  un  afterisque.  Ces 
ilx  villes  ck  fept  autres  appartenoient  particulièrement 
aux  prêtres;  &  ce  font  les  treize  villes  facerdotales.  Les 
trente-cinq  villes,  qui  reftoient  des  quarante-huit,  furent 
pofiédées  par  les  ftmples  Lévites,  qui  n'étant  point  de  la 


race  d'Aaron,  n'avoient  point  de  part  au  facerdocs. 
Voici  les  noms  de  ces  villes.  J'ai  marqué ,  à  côté ,  de 
quelle  tribu  elles  étoient  prifes ,  &  à  quelle  branche  de 
la  famille  de  Lévi  elles  appartenoient.  Mais,  pour  mieux 
entendre  cette  table  &  la  diftribution  des  branches  de 
cette  famille,  il  faut  remarquer  que  Lévi  eut  trois  fils, 
Caath ,  Gerjbn  &  Mérari ,  &C  une  fille  nommée  Joca- 
bed.  Amram ,  fils  de  Caath  ,  né  en  Egypte  auffi-bien  que 
Jocabed,  fa  tante  ,  &,  de  plus,  né  le  même  jour  qu'elle, 
l'époufa  enfuite  ,  &  en  eut  deux  ûls Moïfe  &c  Aaron,  &C 
une  fille  nommée  Marie.  Tous  les  Lévites  furent  donc 
partagés  en  trois  branches  qui  portoient  le  nom  de  leur 
tige  ;  on  les  appelloit  du  nom  général  de  Lévites  ;  &C, 
pour  diflingner  les  branches,  on  y  ajoutoit  le  nom  par- 
ticulier de  la  branche,  ou  as  Caath,  ou  de  Gerfon,  ou 
de  Mérari.  Comme  Dieu  avoit  féparé  la  famille  d'Aa- 
ron, en  y  attachant  le  'facerdoce ,  cela  fit  une  quatrième 
branche  ,  qui  ne  s'entend  que  des  fils  &  des  descendans 
d'Aaron  ;  car  les  enfans  même  de  Moïfe  ne  furent  que 
de  fimples  Lévites.  Nous  fuivons  ici  l'ordre  que  le  fort 
avoit  marqué  ,  .&  que  le  livre  de  Jofué  a  fuivi  : 

TABLE     GÉOGRAPHIQUE 

DESVILLES 
DE   LA   TRIBU  DE   LÉVI. 


*  Hébron,  ou  Cariath-Arbé,^ 
Lobna,  ou  Libna, 
Jether  ou  Jathir, 
Eftémo,  i 

Holon  , 

Dabir,  ou  Débit', 
Ain , 

Jeta ,  ou.  Juta  , 
Beth-Samès, 


Ides  tribus  de| 

\    Juda&  de 

SlMÉON. 


Aux  enfan* 
.  d'AARON. 


tribu  de 
Benjamin., 


(delà 
}  Bek 

ide     là    tribu 
d'EpHRAÏM. 


Gabaon,  ou  Gibéon, 
Gabaé,  ou  Géba, 
Anatoth, 
Almon  , 

Sichem,  ouSéchem, 

Gazer, 

Cibfaïm ,  ou  Kibfaïm 

Beth-Horon  , 


Elthéco ,  *)  Aux  enfans 

Gabathon ,   ou  Gibéthon  ,f  de  la  tribu  de  .fdeCAATH, 
Aïalon,  Ç    Dan.. 

Geth-Remmon,  ) 


Thanac, 
Geth-Remnôn, 

Gaulon,  ou  Golan. 
Bosra, 

Céfion,  ou  Kafion, 
Dabéreth,  ou  Dabrath, 
Jaramoth,  ou  Jarmoth, 
Engannim,. 

Méfiai,  ouMiféal, 

Abdon, 

Helcath, 

Rohob,  ou  Réhob, 

Cédés  en  Galilée, 
Hammoth-dor  , 
Charthan, 

Jecnam , 
Cartha, 
Damna, 
Naalol , 

Rainoth  en  Galaad, 
Manaïm , 
Héiëbon, 
lafer. 


|de  la  tribu  de 
j     ManasséJ 


}de  la  tribu  de 
Manassé. 


[de     la    tribu 
,d'ISSACHAR. 


fde     la     tribu 
f      d'ASER. 


|de  la  tribu 
y  de  Neph- 
\    tali.        J 


Îde  la  tribu  ie] 
Zabulon. 


Aux  enfans 
de  Ger-< 
SON. 


'Aux  enfans 
?    de    Mi- 

1      RARI. 


de  la  tribu  de 
l    Cad.        ' 


LEV 


LEU 


8-o- 


Bofor  au  défert, 

Ue  la  tribu  del 
(      Ru  BEN. 

Mifor, 
Jafer, 
Iethfon , 

Méphaath, 

ux  en  fans 
de    MÉ- 

RARI. 


2.  LÉVI,  ou  LfeVi,  ancien  peuple  d'Italie,  dans  la 
Ligurie  ,  proche  les  Infubriens ,  le  long  du  Pô.  Tite- 
Live,  /.  5  ,  c.  35,  dit:  les  Salluviens  s'étibhrent  près 
des  Lèves  Liguriens,  ancien  peuple  qui  demeure  aux  en- 
virons du  Téfin  ,  rivière.  Pline  dit  :  les  Lèves  &  les 
Manques  bâtirent  Ticïnttm  ,  (Pavie,)  près  du  Pô.  Le 
premier  les  nomme  Lœvi ,  le  lècond  Livi,  &.  Polybe, 
/.  2,  c.  17,  Laoï,  Aa'oi.  Ainfi  ce  peuple  étoit  aux  en- 
virons de  Pavie  ,  &  occupoit  le  Pavefan. 

3.  LÉVI,  (la  pointe  de)  cap  de  l'Amérique,  fur 
la  rive  méridionale  du -fleuve  de  Saint-Laurent,  ou,  pour 
parler  comme  les  gens  de  mer,  à  la  bande  du  lud  ,  pres- 
que vis-à-vis  de  Québec  ;  elle  forme  le  port  ou  la  rade 
de  Québec,  qui  efl  un  grand  canal,  étendu  depuis  la 
côte  de  Beauport  jusqu'à  cette  pointe.  Son  nom  lui  vient 
de  M.  de  Ventadouv,  neveu  de  l'amiral  de  Montmorenci, 
&  depuis  vice-roi  delaNouvelle  France,  parla  ceffion 
de  fon  oncle.  *  Mémoires  communiqués. 

4.  LÉVI,  château  de  l'Irte  de  France,  proche  l'ab- 
baye de  la  Roche,  à  lix  lieues  de  Paris.  Il  a  donné  l'ori- 
gine à  la  mailbn  de  Mirepoix. 

1.  LÉ  VIN,  (le  LAC  de)  lacdel'Ecoffe  méridionale, 
dans  la  province  de  Fife.  Il  reçoit  ks  eaux  du  concours 
de  plufieurs  rivières  &  ruiffeaux  ;  dont  plufieurs  viennent 
de  la  province  de  Menteith.  Il  eft  remarquable  par  fon 
ifle ,  où  eft  un  château  dans  lequel  la  reine  Marie  d'E- 
cofle  (ut  mile  en  prifon.  Il  fe  décharge  dans  la  mer  par 
une  rivière  de  même  nom.  *  Allard ,  Atlas.  Etat  préf. 
de  la  Gr.  Bref.  t.  2,  p.  247. 

2.  LÉ  VIN  ,  (leJ  rivière  de  l'Ecofie  méridionale, 
dans  la  province  de  Fife.  Au  fortir  du  lac  de  même  nom, 
elle  prend  fon  cours  vers  l'orient,  reçoit  une  autre  ri- 
vière &  quelques  ruifleaux,  &  fe  perd  dans  le  golfe  de 
Forth,  près  de  Levinsmouth.  *  Etat  préfent  delaGr.  Bret. 
t.  2,  p.  247. 

3.  LEVIN  ,  autre  rivière  d'EcolTe.  Voyez  Leven. 
LEVINER-THAL.  Voyez  Levontina. 
LEVIN1A ,  nom  latin  de  la  province  de  Lénox,  dans 

l'Ecoffe  méridionale. 

LEVINSMOUTH,  ville  d'Ecoffe  ,  fur  la  côte  orien- 
tale, dans  la  partie  feptentrionale  du  golfe  de  Forth,  &c 
dans  la  province  de  Fife,  fur  la  rivière  de  Levin,  àfon 
embouchure.  *Etat préf.  de  la  Gr.  Bret.  t.  2,  p.  250. 

LEViTA  ,  petite  ifle  de  l'Archipel ,  la  même  que  la 
Lébinthos  des  anciens,  entre  Léro  au  feptentrion,  Stam- 
palie  au  midi ,  Stanchio  à  l'orient,  &  Amorgos  au  cou- 
chant. Elle  a  un  bon  port ,  appelle  de  S.  George ,  dans 
fa  côte  méridionale. 

1.  LEUNI ,  ancien  peuple  de  la  Vindélicie ,  félon 
Ptolomée,  /.  2,  c.  13.  Aventin ,  Annal.  Boior.  1.  2, 
croit  que  c'eft  le  même  peuple  que  les  Gelons  d'Ho- 
race ,  &  qu'ils  habitoient  les  bords  du  G  Ion  ,  petite  ri- 
vière ou  ruifleau  de  la  haute  Bavière,  auprès  deGlaneck. 
Il  peut  avoir  raifon  à  l'égard  de  la  rivière  ;  mais  je  n'y 
vois  pas  la  même  apparence  en  ce  qui  regarde  les  Ge- 
lons d'Horace.  Voyez  GELONS. 

2.  LEUNï  ,  ancien  peuple  de  l'Espagne  Tarragon- 
noife,  félon  Pline,  A4,  c.  20.  Le  P.  Hardouin  croit 
qu'ils  étoient  entre  leDuéro  &  le  Minho.  Ortélius  croit 
que  ce  (ont  les  mêmes  que  les  Lebuni. 

LEVOMNE,  montagne  de  Macédoine,  quelque  part 
vers  la  presqu'ifle  de  Pailène,  félon  Pline,  /.  4,  c.  10. 
C'eft  la  même  que  Lecomne. 

LEVONI ,  ancien  peuple  que  Ptolomée  ,  /.  2,  c.  1 1, 
place  vers  le  milieu  de  la  Scandie,  qu'il  prend  pour  une 
ifle.  Ortélius  croit  que  leur  pays  répond  à  la  Bothnie 
orientale  &c  occidentale.  Il  a  peut-être  voulu  dire  au 
Gothland. 

LEVONTINA,  (vallée,)  les  Allemands  difentle- 
viner-Thal,  vallée  de  Suifle  ;  on  y  descend  du  mon- 
S.  Gothard,  lorsqu'on  prend  la  route  d'Italie.  Les  habi- 
tans  font  Italiens,  &  fujets  du  canton  d'Uri ,  dont  ils 
font  partie.  Il  y  a  trois  villages,  entr'autres,  dignes  de  re- 
marque ,  favoir  Airolo  ou  Ariolo  ,  en  allemand  Orient^, 


au  pied  de  S.  Gothard  ,  &  à  la  tête  de  la  vallée.  Au 
milieu  de  cette  même  vallée,  eft  Pfait ,  Faido  ,  &  au 
bas  Irais,  Irenicum.  Ces  gens  dépendent  delevêquede 
Milan,  pour  le  fpirituel  ;  mais  pour  le  temporel,  le  can- 
ton d'Uri  y  envoie  un  baillif,  pour  les  gouverner,  depuis 
que  Galéaz-Marie,  duc  de  Milan ,  les  a  cédés  au  canton 
d'Uri ,  par  le  traité  de  Lucerne,  du  14  Août  1466.  On 
trouve  dans  les  montagnes  voifines  quantité  de  cryftaux,  , 
&  diverfes  pierres  rares  &  curieufes,  de  différentes  cou- 
leurs. Près  d' Airolo,  il  y  a  une  fontaine  d'eau  minérale  , 
qui  charrie  du  vitriol  &  du  falpêtre.  *  Etat  &  Délices  de 
la  Suiffe,  t.  2,  p.  420. 

LE  UPAS  ,  port  de  l'Arabie  heureufe  ,  dans  fa  partie 
méridionale,  félon  Pline,  /.  6,  c.  28. 

LEUPHANA ,  ou  Liphana  ,  ancienne  ville  de  la 
Germanie ,  félon  Ptolomée.  Quelques-uns  de  lés  inter- 
prètes fe  font  imaginés  que  c'eft  Hanova: 

LEUPHITORGA,  ancienne  ville  de  l'Ethiopie,  fous 
l'Egypte,  félon  Pline,  l.  6,  c.  29. 

ÉEURCY-le-Sauvage,  bourg  de  France,  dansleBour- 
bonnois  ,  éleftion  de  Moulins. 

LEURE ,  (la)  petite  rivière  de  France  ;  qui  a  fa 
fource  au-deffus  de  Beaupreau  ;  &,  ayant  arrofé  Montre- 
vaux-le-Petit,  chargé  du  Pintau  qu'elle  reçoit  au  pont 
de  Gevrife ,  où  elle  eft  navigable  ,  elle  fe  jette  dans  la 
Loire  à  fa  rive  gauche,  au-defions  de  S.  Florent. 

LEVROUX,  Leprofium,  ville  &  châtellenie  de  France, 
dans  le  Berri ,  élection  d'ifloudun.  Si  l'on  en  veut  croire 
la  Légende  de  S.  Sylvain,  cette  ville  s'appelloit  ancien- 
nement Gabatum  ,  &,  prit  le  nom  qu'elle  porte  aujour- 
d'hui, à  l'occafion  d'un  miracle  que  S.  Martin  opéra,  par 
l'interceflion  de  S.  Sylvain.  Le  feigneur  de  ce  lieu  etoit 
attaqué  de  la  lèpre;  S.  Martin  l'ayant  baifé  ,  il  en  fîit  à 
l'inftant  guéri;  &  en  mémoire  de  ce  miracle,  le  peuple 
changea  le  nom  de  la  ville,  &  l'appella  Leprofum,ceÛ- 
à-dire Locus-Leprofi.  D'autres  veulent  que  Levroux  ait 
été  bâti  par  Roui  de  Déols  ,  &  que  de  Loco-Raiulphum 
ou  Locum-Badulphi,  on  ait  fait  par  corruption  Levraoul ; 
mais  cette  féconde  étymologie  eft  moins  (butenable  que 
la  première;  car,  dans  les  anciens  titres,  dans  les  Char- 
tres ck  dans  les  auteurs ,  cette  ville  eft  toujours  appel- 
lée  Leprofum  ou  Lcbrofum.  Ce  qui  paroit  de  plus  cons- 
tant fur  cette  ville  ,  c'eft  qu'elle  eft  ancienne.  Cela  eft 
juftirié  par  les  vertiges  de  la  grandeur  Romaine,  que  l'on 
y  remarque  encore,  tels  que  h  place  des  Arènes,  &  1! am- 
phithéâtre. L'on  a  fouvent  trouvé,  en  fouillant  la  terre, 
des  médailles  &  des  monnoies  Romaines  ;  &  au  com- 
mencement du  dernier  fiécle  on  y  découvrit  une  lame  de 
cuivre  ,  fur  laquelle  étoit  cette  infeription  :  FlaviaCubay 
Firmiani  filia ,  Colojfo  deo  Marti  [uo  ,  hoc  figuum  fecit 
Auguf.o  ;  ce  qui  prouve  que  les  Romains  ont  autrefois 
habité  dans  cette  ville.  Elle  eft  à  quinze  lieues  de  Bour- 
ges ,  dans  un  fond  ,  clofe  &  fermée  de  murailles  ,  de 
tours  &c  de  foffés.  Il  y  a  une  églilè  coUegiale  dédiée  à 
S.  Sylvain.  Au-deffus  de  la  ville  eft  un  grand  château, 
au  milieu  duquel  fe  voit  une  tour  d'une  prodigieufe  gros- 
feur,  accompagnée  de  deux  autres.  Ce  château  fut  alliégé 
&  pris  par  Philippe- Augufte  ,  qui  le  donna  à  fonvcou- 
ftn  ,  fils  de  Thibaud ,  comte  de  Champagne.  Cette  ville 
eft  fuuée  à  cinq  lieues  d'ifloudun,  tk  à  quinze  de  Bour- 
ges ,  au  pied  d'un  coteau ,  où  font  encore  les  ruines  d'un 
château.  Ii  y  a  une  collégiale,  fous  l'invocation  de  S.  Syl- 
vain ,  8c  fondée  avant  l'an  1012,  par  Eudes  de  Déols, 
feigneur  de  Châteauroux  &  de  Levroux.  Il  y  a  auffi  un 
hôpital.  La  terre  de  Levroux  a  appartenu  à  une  branche 
cadette  delà  mailbn  de  Déols,  d'où  elle  a  pane  dans 
les  mailbns  de  Dupeschin  ,  de  la  Tour  d'Auvergne  &  c!e 
Fiesque.  Cette  dernière  la  pofiede  encore.  *Piganiol  de 
la  For.ce ,   Descr.  de  la  France ,  t.  6  ,  p.  480. 

LEUSABA,  ancienne  ville  de  l'ïllyrie  ,  félon  Anto- 
nin  ,  Itin.  qui  la  met  fur  la  route  de  Sirmich  à  Salones. 

LEUSANICORUM  Antra  ,  cavernes  d'Afriqie, 
dans  la  Pentapole ,  félon  Ptolomée.  Quelques  exemplai- 
res portent  Laganicorum. 

LEUSE  ,  petite  ville  des  Pays-bas  Autrichiens  ,  dans 
le  Hainaut,  à  deux  lieues  &  demie  d'Ath  ,  à  trois  & 
demie  de  Condé ,  &  à  cinq  &  demie  de  Mons ,  fur  un 
petit  ruiffeau  qui  fe  rend  à  Ligne  fk  à  Ath,  011  il  tombe 
dans  la  Dendre.  Le  prince  de  Valdeck  y  fit  baïui  ;-ar 
le  maréchal  de  Luxembourg  ,  le  19  Septembre  1691. 


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LEW 


LEW 


LEUSINIUM;  ancienne  ville  de  la  Dàlmàfiè,  félon 
Antonin ,  limer.  Il  la  met  fur  la  route  de  Salones  à  Dyr- 
rachium,  entre  Dalluntum  &  Andarba,  à  XL.  M.  P.  de 
la  première  ,  &  à  XXIX.  M.  P.  de  la  féconde. 

LEUTARNIA  ,  côte  d'Italie,  dans  la  Japygie.  Stra- 
bon,  /.  6,  p.  a8i  ,  dit  :  on  dit  que  les  géans  nommés 
Leuurniens ,  qui  s'étoient  fauves  de  Phlegre  de  Campa- 
nie,  furent  pourfuivis  jusqu'ici  par  Hercule,  &C  furent  en- 
gloutis par  la  terre ,  &  que  de  leur  fang  fe  forma  la  fource 
infefte  qui  coule  en  ce  canton-là,  (auprès  de  Leuca,)  ôc 
que  par  cette  raifon ,  la  côtes'appelle  Leuternia.  Ly- 
cophron  femble  y  mettre  une  ville  de  ce  nom,  v.  978. 
LEUTEMBERG,  félon  Robert  de  Vaugondy,  Atlas, 
ville  de  Siléfie.  C'eft  la  même  que  Lemberg.  i.  Voyez 
ce  mot. 

LEUTKRICK  ,  petite  ville  d'Allemagne ,  au  cercle 
de  Suabe,  félon  Baudrand,  dans  l'Algow,  à  trois  milles 
de  Memmingue ,  &  à  fix  de  Lindau,  fur  le  torrent  d'Es- 
chach  ,  qui  fe  jette  peu  après  dans  l'Ifer.  C'eft  une  ville 
allez  nouvelle  ;  cependant  elle  eft  ville  libre  &  impériale. 
Baudrand,  qu'on  cite  dans  cet  article,  appelle  cette  ville 
Leutkirck,  &  non  pas  Lcutkrick  ;  il  dit  encore  avec  rai- 
fon, que  cette  ville  eft  fituée  fur  l'Efehach ,  qui  fe  rend 
dans  riller,  &  non  pas  dans  l'Ifer,  qui  eft  une  rivière 
bien  différente. 

LEUTMERITZ,  ville  de  Bohême,  dans  la  Bohême 
propre  ,  au  cercle  de  laquelle  elle  dohne  fon  nom  ,  fur 
l'Elbe ,  à  huit  milles  au-deflbus  de  Prague,  &  à  dix  de 
Dresde.  On  la  nomme  auflî  LlTOMlERSK.  C'eft  le 
fiége  d'un  évêché  érigé  ,  en  165 5,  par  le  pape  Alexan- 
dre VII,  fous  l'archevêché  de  Prague. 

LEUTOMISSEL  ,  ville  royale  de  Boneme  ,  dans  le 
cercle  de  Chrudim  ,  fur  la  rivière  de  Lavesna.  Il  y  avoit 
anciennement  une  abbaye  de  l'ordre  de  Prémontré,  qui 
fut  érigée  en  évêché  par  le  pape  Clément .VI,en  1344; 
mais  la  ville  ayant  été  ruinée  par  les  Huflïtes,  1  evêche 
a  été  fupprimé.  Il  y  a  un  beau  château  qui  appartient  au 
comte  de  Trautsmandorf* 

LEUTSH  ,  Ltuconum ,  ville  de  la  haute  Hongrie,  au 
comté  de  Scepuz,  au  pied  du  mont  Krapack,  aux  fron- 
tières de  Pologne ,  auprès  de  la  fource  de  la  rivière  de 
Hernat ,  à  fept  milles  d'Allemagne  de  Caffovie.  Elle  eft 
fortifiée.  ■. 

LEUWIN,  (LA  TERRE  DE)  ou  de  la  Lionne,  pays  de 
la  nouvelle  Hollande ,  dans  les  terres  Auftrales,  entre  la 
terre  d'Èndracht,  ou  de  la  Concorde  &  la  terre  de  Nuyts, 
entre  le  nf  d.  fkle  136e  de  longitude,  &  entre  les  30= 
&  35e  d.  de  latitude  fud.  La  côte  en  eft  découverte  à 
l'orient  jusqu'à  la  terre  de  Nuyts,  mais  non  pas  au  nord, 
où  l'on  ne  fait  fi  elle  eft  contiguë  à  la  terre  d'Endracht. 
*  Robert  de  Vaugondy,  Atlas.  . 

LEWARDE,  Ltowardia,  ville  des  Pays-bas,  dans  la 
république  des  Provinces -Unies.  Elle  eft  fituée  dans 
l'Ooftergo  ,  l'un  des  cantons  de  la  province  de  Frife,  à 
quatre  lieues  de  Dockum  ,  fk  à  égale  diftance  de  la  mer 
du  nord.  C'eft  une  belle  &  grande  ville ,  capitale  des 
comtés  d'Ooftergo  ,  de  Weftergoc  ,  &  de  Sevenwol- 
den  ;  la  réfidence  du  ftadhouder  de  la  province ,  &  le 
lieu  où  fe  tiennent  la  cour  fupérieure  &  la  chancellerie 
de  toute  la  Frife.  *Janf.Urb.  Belg.Tab./.  1. 

Bien  des  écrivains  fe  font  imagine  que  le  nom  latin 
Leowardia  venoit  de  celui  d'un  petit  ruiffeau  nommé 
Leu,  qui,  difent  quelques-uns,  fe  déchargeoit  autrefois 
en  cet  endroit,  dans  un  bras  de  mer,  dont  nous  parle- 
rons ci-après.  Mais  il  paroît  plus  vraifemblable  que  le 
nom  de  Lewarde ,  tire  fon  origine  de  celui  d'un  feigneur 
nommé  Lewio,  qui  demeuroit  anciennement  dans  ce  lieu, 
&  que  de  Lewio  on  a  fait  Leowardia  ;  comme  perfonne 
ne  peut  douter  que  A'Econe  on  n'ait  formé  Ecowerdia , 
de  Jucone  Jucwerdia ,  de  Feldone  Feldwerdia ,  &c. 

Alting,  Not.  Gerrn.  inf.  part,  il ,  p.  116,  donne  une 
autre  origine  à  ce  nom.  Il  le  dérive  de  Liew  ou  Leew , 
nom  d'homme  fort  commun  en  Frife,  &  de  weerth,  qui 
lignifie  une  ijle,  ou  une  élévation  au  milieu  d'un  marécage. 
Dans  divers  titres  de  l'églife  d'Utrecht ,  au  lieu  de 
Leowardia  on  lit  Lywart;  &t  le  premier  de  ces  titres  eft 
de  l'année  1117.  Mengo,  abbé  de  Werum,  fait  mention, 
fous  l'année  1 147,  des  bourgeois  de  Liwerth;  &C  dans  les 
Tables  de  Scotanus,  fous  l'année  1300,  on  lit  Lieuwerth. 
Quoi  qu'il  en  foit ,  dans  le  tems  que  cette  ville  com- 


mença de  fe  former,  elle  avoit  dans  fon  voifinage  deux 
villages ,  l'un  à  l'orient  &  l'autre  à  l'occident.  Chacun 
de  ces  villages  avoit  fon  églife.  L'un  s'appelloit  Olde- 
hova ,  du  nom  de  fon  églife  :  l'autre  fe  nommoit  Hoca, 
qui,  dans  la  langue  du  pays,  fignitie  un  angle  &  un  hame- 
çon. Depuis  quelques  fiecles ,  ces  deux  villages  &  leurs 
églifes  ont  été  renfermés  dans  la  ville.  Ils  y  ont  con- 
fervé  leur  ancien  nom ,  &  jouiffent  du  droit  de  paroiffd. 
Lewarde  s'eft  auffi  accrue  du  côté  du  midi  ;  de  forte 
que  fon  enceinte*  prife  en  dedans  des  foffés ,  eft  tout  au 
moins  de  feize  cents  pas. 

Cette  ville  eft  riche,  peuplée,  fortifiée  de  bons  rem- 
parts, magnifique  par  fes  bâtimens,  tant  publics  que  parti- 
culiers, &  partagée  par  divers  canaux  ,  où  coule  une  eau 
vive.  Sa  figure  eft  carrée  ;  mais  les  côtés  du  carré  font 
inégaux.  L'un  de  ces  côtés  regarde  le  nord ,  l'autre  le 
midi,  le  troilîéme  le  levant ,  &  le  quatrième  le  couchant. 
Dans  cette  enceinte  il  n'y  a  que  trois  portes  cou- 
vertes chacune  d'une  espèce  de  demi-lune.  La  première 
eft  au  midi  ;  la  fecbnde  au  couchant ,  &  la  troifiéme 
tout  auprès  de  l'angle  du  côté  qui  regarde  l'orient  d'été. 
Mais  il  y  a  quatre  canaux,  dont  l'iffue  eft  pratiquée  foUs 
le  rempart  ;  ce  qui  donne  la  liberté  aux  bateaux  d'entrer 
&C  fortir.  La  ville  n'a  qu'un  fauxbourg;  &  il  lui  eft  con- 
tigu,  du  côté  de  l'orient;  Il  a  beaucoup  de  maifons  & 
de  jardins.  On  lui  a  donné  le  nom  de  V'liet. 

La  place  publique  eft  beaucoup  plus  longue  que  large. 
Elle  contient  un  grand  espace  de  terrein  le  long  d'un 
canal.  On  y  a  placé  le  poids  de  la  ville;  &  c'eft  le  lieu 
où  les  marchands  s'aflemblent  pour  leurs  affaires.  Il  y  a 
eu  autrefois  un  château  bâti  en  1499 ,  par  Albert ,  duc 
de  Saxe  j  &  feigneur  de  Frife.  La  maifon  de  ville  eft  belle, 
&  d'une  architecture  moderne.  On  l'a  bâtie  au  même 
endroit  où  étoit  l'ancienne.  Jean-Guillaume-Henri-Fri- 
fon  ,  prince  d'Orange  &  ftadhouder  de  Frife  &  de 
Groningue  ,  y  mit  la  première  pierre,  le  2  Avril  171 5 , 
comme  on  le  voit  par  l'infcription  Flamande  écrite  en  let- 
tres d'or.  *  Délices  des  Pays-bas,  t.  4 ,  p.  313. 

Il  y  avoit  autrefois  à  Lewarde  trois  églifes  paroiffià- 
les;  celle  A\4ldenkove  dédiée  à  S.  Vit;  celle  deNyen- 
hove,  dédiée  à  la  fainte  Vierge,  &  celle  de  fainte  Ca- 
therine. La  première,  qui  étoit  la  principale,  devint  la  ca- 
thédrale, en  1 5  59.  Elle  fut  ruinée,  vers  l'an  1 580.  Il  n'en 
refte  que  la  tour  qui  avoit  été  bâtie  Iong-tems  après  l'é- 
glife ,  &  qui  en  étoit  détachée  ;  car  on  avoit  intention 
d'y  ajouter  une  églife  nouvelle,  ce  qui  n'a  jamais  été  exé- 
cuté. L'églife  de  Notre-Dame  fubfïfte  encore,  &c  celle 
de  fainte  Catherine  fert  d'arfenal.  La  principale  églife 
d'aujourd'hui  a  fervi  autrefois  aux  Domirlicains.  Elle  fut 
bâtie  en  1487.  Elle  eft  affez  belle.  Il  y  avoit,  du  tems 
de  la  Catholicité,  quatre  couvens  à  Lewarde,  des  Domi- 
nicains ,  des  Récollets ,  des  dames  Blanches  ,  de  l'ordre 
de  S.  Dominique ,  &  des  Sœurs  grifes  ,  outre  plufieurs 
hôpitaux  bien  tondes ,  qui  fubfiftent  encore  aujourd'hui* 
La  Frife  a  été  long-tems  foumife,  pour  le  fpirituel,  aux 
évêques  d'Utrecht.  En  1559,  le  pape  Paul  IV  érigea, 
dans  la  ville  de  Lewarde,  un  évêché  fuffragant  du  nou- 
vel archevêché  d'Utrecht.  Outre  fïx  prébendes  qu'il  y 
avoit  déjà  dans  l'églife  de  S.  Vit,  on  iùpprima  l'abbaye 
de  Mariengarde  ,  ordre  de  Prémontré ,  à  une  lieue  de 
Lewarde  ;  &  le  revenu  fut  partagé  en  neuf  prébendes. 
Pour  la  manfe  épiscopale  ,  on  prit  les  revenus  du  riche 
prieuré  de  Bergum  ,  proche  de  Lewarde.  Ce  prieuré  ap- 
partenait à  des  chanoines  réguliers  de  S.  Auguftin.  On 
y  joignit  une  prévôté  de  l'ordre  de  Prémontré  à  Bols-' 
vaërt.  Ce  nouveau  diocèfe  comprenoit  fous  fa  jurisdic- 
tion  dix  villes  ,  plufieurs  bourgs  ck  villages  divifés  en 
onze  doyennés  ruraux.  On  y  comptoit  dix  abbayes,  qua- 
torze prévôtés  ou  prieurés  ,  &C  vingt- fix  autres  monas1- 
teres.  Rémi  Druitius ,  confeiller  du  grand-conlëil  à  Ma- 
lines,  ik  prévôt  de  Notre-Dame  à  Bruges  ,  fut  nommé 
premier  évêque  de  Lewarde,  en  1560.  Il  devint  fécond 
évêque  de  Bruges,  en  1569,  avant  que  d'être  facré.  Cu- 
nerus-Petri ,  dofteur  de  l'univerfité  de  Louvain,  Se  Ple- 
ban  de  S.  Pierre,  fut  facré  évêque  de  Lewarde,  en  1561. 
Il  tint,  l'année  fui  vante,  un  fynode.  Il  fut  chaffé  en  1 578, 
dans  le  tems  de  la  révolution,  &  mourut  à  Cologne, 
en  1580. 

Le  fouverain  confeil  de  la  province  de  Frife  réfide  en 
cette  ville,  où  il  fut  transféré,  en  1 504,  par  George,  duc 

de 


LEW 


LEY 


de  Saxe,  &  feigneur  de  Frifc.  Il  eft  maintenant  compofé 
de  douze  confeillers,  &  d'un  préfident,  qui  jugent  louve- 
rainement  &  (ans  appel  de  toutes  les  caufes. 

Le  magiftrat  ordinaire  confifte  en  douze  perfonnes  ; 
trois  bourg-meftres ,  &  neuf  échevins.  Au  renouvelle- 
ment, qui  le  fait  chaque  année,  le  premier  jour  de  l'an,  il 
fort  un  bourg-meftre  &  deux  échevins.  Les  trois  bourg- 
meftres  préfident  par  quartier  dans  les  affemblées  ;  le  pré- 
fident ligne  les  actes  publics  ,  &  garde  les  clefs  de  la 
ville.  Il  y  a  encore  trois  penfionnaires  perpétuels ,  qui 
font  jurisconfultes.  Un  de  ces  trois  eft  ordinairement  lé- 
erétaire  de  la  ville,  &  garde  des  archives.  La  recette  publi- 
que eft  adminiftrée  par  quatre  tréforiers ,  dont  l'un  re- 
çoit le  revenu  de  la  ville  ;  l'autre,  celui  du  fpirituel;  le 
troifiéme  reçoit  les  revenus  de  la  campagne  ;  &  le  qua- 
trième, ceux  des  fermes  qu'on  nomme  confompùons. 

Les  habitans  font  doux,  affables,  polis,  civils,  &£ in- 
génieux ;  ils  aiment  la  propreté;  ils  font  laborieux,  & 
s'appliquent  aux  arts  Se  au  négoce.  Leur  commerce  ne  le 
borne  pas  dans  la  province  ;  il  s'étend  dans  toute  la  Frile, 
dans  la  Hollande  ,  la  Gueldre ,  le  Brabant ,  la  Flandre, 
l'Angleterre,  la  France,  l'Espagne,  le  Danemarck,  la 
Suéde  ,  la  Pruffé,  la  Pologne,  la  Lithuanie  &  la  Rus- 
sie. *Sanf.  Urb.  Btlg.  Tab.  p.  i. 

Lewarde  eft  fituée  dans  un  terrein  fertile ,  fur-tout  du 
coté  du  nord  Se  du  couchant.  Tout  le  pays  eft  coupé 
de  ruiffeaux  Se  de  canaux  qui  portent  des  barques.  Le 
quartier  qui  regarde  le  couchant,  &c  qui  s'étend  afléz  loin 
du  midi  au  feptentrion  ,  eft  maintenant  de  la  même  hau- 
teur que  le  refte  de  la  campagne  ;  il  s'eft  couvert  peu- 
à-peu  d'un  limon  gras,  que  les  flots  y  ont  pouffé.  C'é- 
toit  autrefois  un  bras  de  mer  ,  qui  entroit  dans  les  ter- 
res. Il  s'âppelloit  Borneda.  * Âlûng.  Nôt.  Germ.  inf. 

Parmi  les  rivières  qui  entrent  dans  Lewarde ,  la  plus 
confidérable  eft  celle  qui  fe  rend  à  Dockum ,  ville  éloi- 
gnée de  Lewarde ,  de  deux  grands  milles  d'Allemagne  ; 
de-là,  après  avoir  parcouru  un  autre  mille,  elle  va  fe  jet- 
ter  dans  un  golfe  entre  des  ifles  &  le  continent.  Elle 
porte  jusqu'à  Lewarde  des  barques  de  médiocre  gran- 
deur, St  même  de  celles  qu'on  appelle  caravelles,  &qui 
peuvent  fupporter  la  mer.  Cet  avantage  lui  facilite  le 
commerce  avecHufum,  Hambourg,  Brème,  Embden, 
&:  Groningue.  Une  autre  rivière  fort  de  Lewarde,  du 
côté  de  l'orient,  où  elle  prend  le  nom  de  Via.  Elle 
coule  du  même  côté  ,  durant  quelque  espace  de  che- 
min ;  elle  tourne  enfuite  du  côté  du  midi.  Après  s'être 
jettée  dans  des  lacs  ,  une  partie  de  fes  eaux  le  partage 
fur  la  droite  en  divers  ruiffeaux  ,  pai  lesquels  on  peut 
aller  en  bateau  à  Sneeck ,  à  lift  ,  à  Worcum ,  à  Hinde- 
lopen  St  à  Bolswaart.  Le  refte  de  fes  eaux  fe  partage  en 
deux  rameaux ,  dont  l'un,  s'étant  rendu  à  Staveren,  l'au- 
tre à  Slooten  ,  ils  vont  enfin  fe  jetter  tous  deux  dans  la 
mer.  Cette  féconde  rivière  facilite  le  commerce  avec 
Amfterdam,  Muçiickendam,  Edam  ,  Enchuyien ,  Mé- 
demblick,  Dewenter,  Zwol ,  Campen,  Haffelt,  Har- 
devyck,  Elbourg,  5tc.  D'ailleurs,  avant  que  de  fe  jetter 
dans  les  lacs  ,  dont  il  vient  d'être  parlé  ,  elle  reçoit  à 
fa  gauche  des  ruiffeaux  portant  bateaux  ;  ce  qui  facilite 
le  transport  à  Lewarde  des  denrées  que  fourniffent  les 
pays  voifins.  La  tre  ifiéme  rivière  coule  du  côté  du  cou- 
chant. A  quelque  aiftance  de  Lewarde ,  des  digues  la 
fouriennent  ;  elle  paffe  à  Franeker  &  fe  rend  à  Harlin- 
gen ,  d'où  elle  fe  jette  dans  la  mer. 

On  a  vu  de  grands  hommes  à  Lewarde.  Elle  a  donné 
la  naiffance  à  quelques-uns  ;  d'autres  y  ont  feulement 
vécu.  Les  uns  &  le;  autres  fe  font  acquis  beaucoup  de 
réputation  dans  la  république  des  lettres.  De  ce  nom- 
bre a  été  Pierre  Aucama ,  jurisconfulte  célèbre  ,  qui  fut 
tué  dans  une  fédition.  en  148  t.  George  Rataller  fut  un 
,  perfonnage  célèbre  dans  le  lèiziéme  fîécle.  11  commença 
par  être  affeffeur  du  grand-confeil  de  Malines  ;  il  fut  en- 
fuite  envoyé  en  ambafTade  à  la  cour  de  Danemarck  , 
par  Marguerite  de  Parme  ,  gouvernante  des  Pays -bas. 
Enfin  il  fut  préfident  de  la  cour  provinciale  d'Utrecht  ; 
&  après  avoir  exercé  quelque  tems  cette  charge  avec 
honneur,  il  mourut  en  1681.  Les  ouvrages  qu'il  nous 
a  laiffés,font  la  preuve  de  fon  érudition.  Celle  de  Bayus 
Camminga.  ne  fut  pas  moins  eftimable.  Il  étoit  de  la 
première  nobleffe_du  pays  ,  feigneur  de  Tille  d'Ameland, 
&  intime  ami  d'Erasme ,  comme  on  peut  le  voir  par 
les  lettres  de  ce  dernier.  Il  fut  affafliné  en  1500.  Il  étoit 


habile  dans  le  grec  Se  le  la'in.  Il  avoit  fait  des  leçons 
publiques  de  ces  deux  langues,  à  Erfort  &  à  Louvain. 
On  pourroit  aufïl  ranger  au  nombre  de  ce?  grands  hom- 
mes Suffridus  Pari ,  s'il  eût  été  moins  crédule  ,  &  s'il 
eut  appr.té  plus  de  discernement  &  de  jugement  pour 
écrire  l'hiftoire;  occupation  à  laquelle  il  fe  donna,  étant 
déjà  vieux.  Enfin  Vigilius  Zukhemus  s'attira  la  gloire 
d'avoir  furpaffé  l'érudition  de  tous  fes  compatriotes.  Il 
n 'étoit  pas  né  à  Lswarde,  mais  dans  le  voifinage;  Si  il 
fut  élevé  clans  la  ville  dès  fa  plus  tendre  jeunette. 

LEWE-LEWECK,  ville  de  l'Inde,  au-delà  duGange, 
au  royaume  de  Camboye,';  dont  elle  eft  la  capitale,  fur  la 
rivière  de  Camboye  ;  nom  que  l'on  donne  auffi  à  cette 
ville.  Voyez  Camboye. 

LE'VENEZ,  ville  de  la  haute  Hongrie ,  au  comté  de 
Bars,  &  dans  le  gouvernement  de  Neuhaufel,  vers  les 
montagnes  &  fur  la_riviere  de  Gran.  Ses  habitans  l'ap- 
pellent Leiva.  Les  Turcs  y  furent  défaits  par  le  général 
de  Souches,  François,  en  1664.  Elle  eft  à  cinq  milles 
d'Allemagne, de  Neuhaufel,  Jk  à  fix  de  Gran.  * Baudr. 
édit.  1705. 

1.  LEWES('),  petite  ville  d'Angleterre ,  en  Suffex, 
fur  une  éminence.  Il  y  a  fix  paroiffes ,  &  marché  public 
toutes  les  femaines.  Elle  eft  à  quatre  milles  de  la  côte,  à 
quarante  de  Londres,  Se  presqu'à  moitié  chemin  entre 
Chicefter  &  la  Rie.  Elle  eft  connue  par  un  grand  com- 
bat qui  s'y  donna  en  1164,  fous  Henri  III  (i>).  La  ville 
avoit  alors  un  château  St  un  prieuré  fitué  au  pied  de  ce 
château,  comme  ilparoït  par  les  détails  de  cette  bataille. 
Lewes  envoie  fes  députés  au  parlement  ;  &  les  affifes  de 
la  province  fe  tiennent,  tantôt  en  cette  ville,  &  tantôt  à- 
Grinstéad.  Le  nom  latin  eft  Lesva.  *  (a)  Etatprèfent 
de  la  Gr.  Bret.  t.  1  ,  p.  117.  Q>)  Rapin  Thoiras ,  Hift. 
d'Anglet.  t.i,  p.  488. 

2.  LEv/ES,  Lewen,  Leuw-,  ou  Leuwe,  petite 
ville  du  Brabant  (a)  ,  dans  les  marais  que  fait  la  rivière' 
de  Jette,  aux  frontières  du  pays  de  Liège,  à  quatre  lieues 
de  Louvain,  à  deux  deTirlemont,  &  à  une  de  S.  Tron.' 
Les  François  Q>)  l'avoient  prife,en  1678.  Ils  la  rendirent 
par  la  paix  de  Nimegue.  *(a)  Dicl.  géoçr.  des  Pays-bas. 
{^Baudrand,   édit.  1705 

LE  VIN.  Voyez  Lewin.  i. 

LEWIS,  (l'isle  de)  Voyez  au  mot  Isle. 

LEXIANJE,  ancien  peuple  de  l'Arabie  heureufe,  fé- 
lon Pline.  1.6,  c.  18. 

LEXOBII  &  Lexovii,  ancien  peuple  de  la  Gaule; 
leur  pays  répond  au  diocèfe  de  Lisieux.  Voyez  ce  mot. 
Ptolomée  les  nomme  en  grec  AjÇksiz/m. 

LEYBNICZ  ,  anciennement  Polybianum  ,  bourg  Se 
château  d'Allemagne ,  dans  la  baffe  Stirie  ,  fur  la  rivière 
de  Sacka,  à  une  lieue  de  fon  embouchure,  dans  le  Muer, 
à  cinq  lieues  au-deffous  de  Gratz.  C'eft  la  réfidence  or- 
dinaire de  l'évêque  de  Seckau. 

LEYDE  ;  (les  Flamands  écrivent  Levden  ,  &  pro- 
noncent Leyen,)  grande  ville  des  Provinces-Unies  ,  en 
Hollande ,  fur  le  Rhin  ,  Si  l'une  des  plus  belles  de  la 
province. 

On  eft  affez  généralement  d'accord  fur  le  nom  latin 
&  l'ancienneté  de  cette  ville. 

Les  géographes  la  reconnoiffent  pour  le  LugJunum 
Batavorum ,  dont  Ptolomée  fait  mention  comme  d'une 
ville  déjà  célèbre  ,  St  que  l'Itinéraire  d'Antonin  appelle 
Lugdunum  ad  Rhenum  cavut  Germaniarum.  C'étoit  une 
feigneurie  confidérable  des  l'an  1090.  Les  comtes  de 
Hollande  lui  donnèrent  des  feigneurs  héréditaires,  avec 
le  titre  de  burgraves  ;  c'eft  de-ià  qu'eft  venue  la  famille 
des  feigneurs  de  Ltyden.  *Alting.  p.  m. 

A  l'égard  du  nom  qu'elle  porte  aujourd'hui ,  il  y  en  a 
qui  veulent  qu'elle  le  tire  àelegia,  dérivé  de  legio,  parce 
que  les  Romains  y  tenoient  ordinairement  une  légion. 
Mais  cette  opinion  ne  peut  guères  fe  foutenir,  puisque 
c'eft  la  ville  de  Liège  qui  a  porté  ce  nom ,  comme  l'a 
prouvé  Boxhomius  par  ces  vers  de  Notger,  évîque  do 
Liège ,  S:  reftaurateur  de  fon  églife  : 

Legia  dolatur per  me ,  Caprimons  fpolialur. 

Hic  mit,  heee  furgit ,  manu  hceç,  nec  iîle  rerurgz\ 

Ce  qu'il  y  a  de  confiant  ,   c'eft  que  1-  nom  de  cette 
ville  a  beaucoup  varié  dans  tous  les  tems.  Dans  un  an- 
cien inventaire  des  biens  de  l'églilè  d'LWcht,  elle  eft 
Temi  III.    Kkkkk 


8i 


Lfc*  i 


LEY 


appellée  LetTI-1'en  ouLetthen  ;  &  ce  nom  eft  donné 
à" trois  que  l'on  diftingue  par  les  titres  de  première,  fé- 
conde &  troifiéme,  à  l'imitation,  i'ans  doate,  des  trois  pro- 
vinces Lyônnoifes  des  Gaules.  Il  eft  vrai  que  l'on  trouve 
dans  des  titres  très-anciens  trois  LlETH.E,  favoirLlTTE, 
pour  délîgner  Leyden;  c'eft  dans  un  diplôme  de  l'empe- 
reur Henri  IV",  donné  l'an  1064.  LlETHEMUTHEN  dans 
une  tranfacrion  de  l'an  1063  ,  &  LlETKORPE  dans  un 
diplôme  de  Baudry,  évêque  d'Utrecht ,  de  l'année  943. 
On  lit  Lithis  ck  Leithis  dans  d'autres  diplômes;  ck 
Leydis  dans  un  diplôme  de  Guillaume  II,  comte  de 
Hollande.  Quelques-uns  ont  écrit  Leidni,  qui  appro- 
che allez  de  Leyden.  Les  Annales  de  Fulde  difentLiG- 
DUIN  ,  que  le  copifte  a  corrompu  en  écrivant  Linduit. 
Au  refte,  ces  Annales  femblent  nous  donner  la  véritable 
origine  du  nom  de  cette  ville.  Leyden  venant  de  Lig- 
duin  ,  tout  le  monde  voit  que  Ligduin  a  été  cor- 
rompu de  Lugdunum.  *  Alting.  Not.  Germ.  inf.  p.  z, 
p.  m. 

La  ville  de  Leyde  eft  fituée  très-avantageufement , 
presqu'au  milieu  des  autres  villes  de  Hollande.  Delftck  la 
Haye  n'en  font  qu'à  trois  lieues  :  Harlem  Se  Tergouw 
à  cinq,  Utrecht  fk  Dort  à  fept  ;  &C  Amfterdam  2  huit. 
Elle  eft  dans  une  plair.e  ,  &  entourée,  de  tous  côtés,  de 
canaux,  de  prairies  ck  de  jardins.  Son  enceinte  renferme 
cinquante  iiles,  6k  dans  ce  nombre  il  y  en  a  trente  rk  une, 
autour  desquelles  les  barques  peuvent  palier.  On  y  compte 
cent  quarante-cinq  ponts,  dont  plus  des  deux  tiers  font 
bâtis  de  pierre  ;  les  autres  font  de  bois.  *Janf.  Vrb.  Belg. 
Tab.  p.  1. 

Leyden  eft  cenfée  une  des  fîx  premières  villes  de  la 
Hollande.  Elie  eft  la  capitale  du  Rhinland,  ck  quarante- 
.cinq  bourgs  ou  villages  en  dépendent.  Les  habitans-  de 
ces  villages  y  apportent  leurs  denrées;  ce  qui  faitquela 
ville  eft  abondamment  pourvue  de  toutes  les  choies  que 
la  terre  produit.  La  proximité  de  la  mer,  (car  Leyden 
n'en  eft  éloignée  que  d'une  lieue,)  fait  qu'elle  fe  trouve 
Lien  fournie  de  poiffon.  On  y  a  auffi  en  grande  abon- 
dance du  poiffon  d'eau  douce,  ck  des  oifeaux  aquatiques 
•de  toute  espèce.  En  un  mot ,  rien  de  ce  que  le  pays 
fournit  ne  manque  dans  cette  ville ,  l'une  des  plus  pro- 
pres fk  des  plus  agréables  de  tous  les  Pays-bas. 

Anciennement  Leyde  n'étoit  pas  fi  grande  qu'elle  l'eft 
aujourd'hui.  D'un  côté  ,  elle  étoit  bordée  par  le  Rhin  , 
■&  de  l'autre  par  le  Rapen-burg  &  le  Steen-Scheuyr.  Elle 
contenoit  à  peine  quarante-cinq  arpens,  mefure  deRliin- 
knd.  On  l'avoit  partagée  en  quatre  quartiers.  Le  premier 
étoit  celui  de  Sainte-Catherine,  du  nom  d'un  monaftere 
qui  eft  aujourd'hui  un  hôpital  ;  le  fécond  tire  fon  nom  de 
la  manufacture  où  l'on  faifoit  des  draps  ;  la  manufacture 
de  laine  avoit  donné  le  nom  au  troifiéme ,  comme  le 
marché  public  avoit  donné  le  fien  au  quatrième.  En  13  5 1, 
on  élut  dans  chacun  de  ces  quartiers  un  bourg-meître , 
pour  gouverner  la  ville  ,  conjointement  avec  le  préteur 
&  le  fénat.  L'enceinte  de  cette  ville  a  été  augmentée 
jusqu'à  quatre  fois  différentes  ,  favoir  dans  les  années 
1249,  1355,  1399  ck  1611  ;  de  forte  qu'elle  eft  aujour- 
d'hui presque  de  figure  ronde  ,  rk  contient  cent  foixante 
êc  douze  arpens ,  mefure  de  Rhinland.  D'un  côté,  fon 
enceinte  eft  formée  par  une  muraille  foutenue  d'un  rem- 
part de  terre ,  rk  à  laquelle  on  a  ajouté  de  grands  bou- 
levards ;  mais  du  côté  que  l'on  a  augmenté  la  ville ,  en 
dernier  lieu  ,  on  a  élevé  un  bon  rempart  de  gazons, 
fortifié  de  quelques  baftions ,  6k  tout  autour  de  la  ville 
régne  un  large  fofle.  Après  Amfterdam,  Leyde  eft  la 
ville  la  plus  peuplée  de  la  Hollande.  Une  quantité  prodi- 
gieufe  d'étrangers  venus  de  Flandre,  d'Artois  &  du  pays 
de  Liège  ,  l'ont  accrue  confidérablement,  &  augmenté 
iès  richeffes.  *  Janj.  Vrb.  Belg.  p.  1. 

Il  y  a  trois  églifes  principales.  La  première  eft  celle 
de  S.  Pierre  6k  S.  Paul.  Le  Catalogue  des  (a)  églifes  dé- 
diées dans  le  diocèfe  d'Utrecht ,  prouve  que  cet  édifice 
exiftoit  dès  l'an  iizi.  Il  étoit  orné  d'un  belle  tour,  qui 
manqua  par  les  fondemens"  (b).  Sa  chute  ne  caufa  que 
fort  peu  de  dommage  aux  maifons  voifines,  &  aux  ha- 
bitans ;  la  féconde  églife  eft  celle  de  S.  Pancrace,  nom- 
mée aujourd'hui  Hooghlantfe  -  Kerck.  La  troifiéme  eft 
Sainte-Marie  ,  autrement  L.  Vrouwen-Kerck.  On  comp- 
toit  autrefois  dix- huit  monafteres  ou  autres  édifices  de 
piété,  tant  dans  la  ville  que  dans  les  fiuxbourgs.  *{^)Al- 
ting.  p.  112,  C")  Jar.f.Ifrb.  Belg.  Tab.  p.  I, 


Le  château  fert  aujourd'hui  d'ornement;  autrefois  c'é- 
toit  une  fortereffe.  Il  lui  fut  bâti  en  449,  par  Engifte,  duc 
des  Saxons,  ou,  fuivant  d'autres,  roi  des  Frifons ,  à  fon 
retour  de  la  conquête  de  la  Grande-Bretagne.  Il  eft  fur 
le  bord  du  Rhin  ,  fur  une  élévation  de  terres  rapportées. 
Cette  efpece  de  colline  a  au  bas  trois  cents  toifes  de  cir- 
cuit, 6k  cent  quarante  à  fon  Commet.  Ce  château,  com- 
munément appelle  le  Burght,  n'eft  qu'une  feule  enceinte 
de  pierres  fans  maifons.  Il  eft  bordé  en  dehors  de  plulieurs 
arbres  fruitiers.  La  figure  de_  l'enceinte  eft  ronde.  On  y 
monte  par  un  escalier  d'environ  cinquante  marches;  & 
fa  muraille  eft  fort  épaiffe,  ck  a  en  dedans  vingt  ck  un 
pieds  de  hauteur.  Il  y  a  tout-à-1'entour  une  galerie  voû- 
tée ,  de  deffus  laquelle  on  a  une  très-belle  vue  qui  s'étend 
fur  la  ville  6k  la  campagne.  Dans  le_  voifinage  du  châ- 
teau ,  on  voit  une  pierre  fameufe  par  fon  ancienneté  qui 
approche  de  celledu  château.  On  l'appelle  la  pierre  bleue. 
C'eft  dans  cet  endroit  que  fe  faifoient  les  exécutions. 
Mais  Philippe  de  Bourgogne  donna,  en  1464,  lapermif- 
fiôn  aux  habitans  de  faire  les  exécutions  à  Sgraveftein. 
On  conferva  pourtant  une  ancienne  coutume ,  qui  vou- 
loit  que  les  bourgeois ,  lorsque  le  cas  fe  préfentoit,  fus- 
fent  dépouillés,  dans  ce  lieu,  de  leur  droit  de  bourgeoifie. 
Il  y  a  plus  de  cent  ans  que  cet  ufage  a  été  aboli. 

On  voit  encore  plulieurs  édifices  remarquables.  De  ca 
nombre  eft  la  maifon  de  ville.  Dans  le  bas  fe  tiennent 
les  tribunaux  ;  celui  de  l'académie ,  celui  de  la  ville ,  6k 
celui  du  Rhinland.  On  y  voit  auffi  l'arcenal  6k  la  bou- 
cherie, de  même  que  la  grande  6k  petite  tréforerie.  Dans 
l'étage,  du  haut,  où  l'on  monte  par  un  double  escalier  de, 
vingt-deux  marches  ,  on  trouve  une  grande  fale  qui  con- 
duit à  diverfes  chambres ,  où  les  bourg-meftres ,  les  cu- 
rateurs de  l'académie  ,  les  juges  êk  autres  officiers  de 
juftice  s'afTemblent. 

La  maifon  des  orphelins  n'étoit  pas  autrefois  fi  grande 
qu'elle  l'eft  aujourd'hui;  elle  n'étoit  pas  non  plus  dans  le 
même  lieu.  Le  nombre  des  orphelins  s'étant  augmenté 
à  mefure  que  la  ville  s'aggrandifîbit,  on  les  transféra, 
en  1583  ,  dans  le  monaftere  iejainte  Marie, au  voifi- 
nage de  Féglife  de  S.  Pancrace  ou  Hoeghlantfe-  Kerck  ; 
ck  comme  cette  nouvelle  maifon  ne  fuffifoit  pas  encore, 
en  1604  6k  en  1607,  on  l'augmenta  de  nouveaux  bâti- 
mens. 

En  1574,  pour  récompenfer  les  habitans  de  la  valeur 
avec  laquelle  ils  avoient  foutenu  le  fiége,  le  prince  d'O- 
range 6k  les  états  de  la  province  réfolurent  l'établifle- 
ment  de  l'académie  ,  ck  la  fondèrent ,  l'année  fuivante, 
le  8  de  Février.  On  la  plaça  d'abord  dans  le  monaftere 
defainte  Barbe,  appelle  aujourd'hui  la  Couf  du  Prince, 
't  Princen-Hof.  En  1581,  on  la  transféra  dans  le  monas- 
tères des  filles  Blanches  ;  mais  ce  bâtiment  ayant  été 
brûlé,  en  1616,  on  la  plaça  de  nouveau  dans  le  monaftere 
de  fainîe  Barbe.  Le  jardin  des  plantes  y  eft  bien  fourni. 
Dans  la  fale  d'anatomie,  on  trouve  un  grand  ck  magni- 
fique théâtre,  qui  fut  c'onftruiten  1597.  Il  y  a  un  cabinet 
dans  lequel  on  conferve  une  infinité  de  chofes  curieu- 
fes ,  des  momies ,  des  fquelettes  grands  &  petits ,  des 
animaux  rares,  &c;  on  y  voit, entr'autres,  quelques-uns 
de  ces  vers ,  qui,  environ  l'an  1735  j  rongèrent  les  pieux: 
qui  forment  la  digue  de  la  Nort-Hollande,  &  empêchent 
que  le  pays  ne  foit  inondé  par  la  mer.  Cette  digue  com- 
mence à  l'endroit  où  finiffent  les  dunes ,  qui  fervent  de 
barrière  naturelle.  Ces  vers,  dont  nous  parlons,  furent 
apportés  de  l'Amérique  :  ils  s'échappèrent  d'un  vaiffeau 
qui  étoit  à  l'ancre,  près  de  la  digue  ;  s'attachèrent  aux 
bois,  ck  les  criblèrent  en  peu  de  tems.  Pour  obvier  à  de 
pareils  inconvéniens,  les  Etats-généraux  font  apporter 
de  la  pierraille,  pour  en  former  à  la  longue  des  espèces  . 
de  petites  dunes.  Ce  projet  eft  digne  de  la  prévoyance 
6k  de  la  patience  des  Hollandois.  La  bibliothèque  eft 
nombreufe.  On  y  trouve  quantité  de  manuscrits  rares  rk 
anciens. 

Il  y  a  auffi  un  collège  que  les  états  de  la  province  fon- 
dèrent, en  iV)i,  pour  l'entretien  de  quarante  étudians 
en  théologie. 

Les  grands  perfonnages  qui  ont  fait  le  plus  d'honneur 
à  cette  académie,  font:  Jean  Douza  ,  Jofeph  Scaliger, 
Adrien  Junius  ,  Pierre  Foreft  ,  Rambert  Dodonasus  , 
François  Rapheleng,  Jean  Cocceïus ,  François  Goma- 
rus,  PaulMéruia.  Charles  Clufius ,  Conrad  Vorftius, 
Jaques  Arminius ,  Daniel  Heinfius ,  Dominique  Baudius, 


LEY 


LEZ 


Antoine  Matthêeus,  Antoine  Levenhoeck ,  &c.  Mais 
Arminius,  Gomarus,  Vorftius  &  Cocceïus  ont  occa- 
fionné,  par  leurs  disputes  théologiques  ,  non-feulement 
des  troubles  dans  l'académie  ,  mais  des  fadions  dans 
l'état.  Cette  ville  a  auffi  donné  la  naiffance  au  fameux 
Jean  de  Leyne,  autrement  nommé  Bucold,  tailleur  d'ha- 
bits ,  qui  le  fit  roi  des  Anabaptiftes  ,  &  s'empara  de  la 
ville  de  Munfter,  en  1536.  Ces  chofes  font  trop  connues 
pour  les  détailler  ici.  Mais  je  ne  puis  pafTer  fous  filence  le 
fameux  Cluvier,  géographe,  dont  je  respecte  les  grandes 
lumières;  il  vivoit  à  Leyde,  Se  y  mourut  fort  pauvre, 
en  1623,  après  avoir  enrichi  la  république  des  lettres  par 
fes  excellens  ouvrages.  Peu  d'académies  ont  eu  des  pro- 
feffeurs  auffi  célèbres  que  celle  de  Leyde  ;  on  y  a  vu 
MM.  Burman  enfeigner  les  belles-lettres;  Sgravefende, 
les  mathématiques  ;  Boërhaave,  la  médecine  ;  Vitriarius,  le 
droit  public ,  &c  plufieurs  autres ,  dont  le  feul  nom  eft 
devenu  un  éloge. 

Le  confeil  de  la  ville,  qu'on  appelle  Frœdfehap,,  eft 
compofé  de  quarante  perfonnes ,  qui  doivent  être  nées 
dans  la  province,  âgées  au  moins  de  vingt- huit  ans, 
&  fàil'ant  profeffion  de  la  religion  réformée.  Ce  confeil 
a  droit  d'élire  les  bourgue-meftres.  Il  en  nomme  tous 
les  ans  trois  à  la  S.  Martin,  &  ces  trois  gouvernent  la 
ville  avec  un  des  quatre  de  l'année  précédente.  Ce  con- 
feil nomme  auffi  tous  les  ans,  le  25  Juillet,  feize  perfon- 
nes, du  nombre  desquels  les  états  de  la  province  en 
choifilTent  huit  pour  échevins.  Ils  fe  font  réfervé  ce 
choix,  depuis  la  mort  de  Guillaume  III ,  roi  d'Angleterre. 
Il  nomme  pareillement  trois  fujets  aux  étais  de  la  pro- 
vince, qui  en  choififTent  un  pour  remplir  la  charge  de 
grand  baillif  de  Leyden.  C'eft  ce  magiftrat  qui  adminiftre 
la  juftice  civile  &C  criminelle  ,  conjointement  avec  les 
échevins. 

Le  fiége  de  cette  ville,  fait  par  les  Espagnols  en  1573, 
acquit  beaucoup  de  gloire  à  fes  habitans.  11  dura  depuis  le 
dernier  d'Octobre  jusqu'au  24  Mars  1574,  que  l'arrivée 
du  comte  Louis  de  Naflau,  frère  du  prince  d'Orange, 
d  g^gea  les  Espagnols  à  abandonner  leur  entreprife. 
Qutique  tems  après,  lorsqu'ils  eurent  battu  le  comte 
Louis,  l'on  frère  Henri  <k  Chriftophe,  comte  Palatin, 
ils  retournèrent  devant  Leyden  ,  &  en  recommencèrent 
le  fiége,  lois  le  commandement  de  François  Baldez.  Ce 
général,  quelque  tems  après,  ne  croyant  pas  que  la  ville 
pût  être  priie  par  force,  réfolut  de  l'affamer  par  un  blo- 
cus. Les  bourgeois  fouffrireht  infiniment.  La  famine  & 
la  pefte  les  réduifirent  à  1" extrémité  ;  mais  ils  ne  perdi- 
rent pas  courage.  Enfin  le  3  d'Octobre  ,  les  digues  de 
la  Meule  &  de  l'IfTel  ajant  é  é  percées,  Louis  Boifot, 
amiral  de  Zélande  ,  fit  entrer  dans  la  ville  un  convoi 
confïdérable,  par  le  moyen  d'un  grand  nombre  de  bateaux 
plats.  Les  affiégeans  abandonnèrent  alors  les  forts  qu'ils 
avoient  conftruits  pour  l'affamer.  Trois  chofes  concou- 
rurent à  la  levée  de  ce  fiége  ;  le  convoi  qui  étoit  entré 
dans  la  ville  ;  la  chute  du  mur  entre  la  Porte-aux-Vacfks, 
autrement  Kœpoort,&c  la  Tour  de  Bourgogne;  le'  Espa- 
gnols épouvantés  du  bruit ,  s'imaginèrent  qi:e  les  affiégés 
failbient  une  fortie  fur  ei.x  ,  ck  l'inondation  que  caula 
l'eau  qui  fonit  par  la  brèche. 

On  fit,  durant  le  fiége,  une  forte  de  rronnoie  de  pa- 
pier ;  on  l'échangea  pour  des  pièces  d'argent ,  quand  la 
ville  fut  en  liberté.  Ces  pièces  étoient  de  deux  prix  ;  les 
unes  valoient  vingt-huit  lois,  &  les  autres  quatorze.  Sur 
celles  de  vingt-huit  fols,  on  voyoit  un  lion  teram  une  per- 
che furmontée  d'un  chapeau,  avec  cer:e  légende  tour  à 
l'entour  :  H/EC  LlBERTATIS  ERGO  ;  au  revers,  on  li- 
foit  autour  dans  la  partie  extérieure:  Deus  servet 
Leidam;  &c  dans  la  partie  intérieure  étoient  ces  lettres 
capitales  ,  N.  O.  V.  L.  S.  G.  I.  P.  A.  C.  c'eft-à-d.re  : 
Nummus  objfejja  urbis  Lugdunenjis  jub  gubernatione 
illuflriflimi  principes  Auriaci  cujus.  Dans  les  pièces  de 
quatorze  fols  ,  il  y  avoitun  lion  dreffé,  tenant  une  épée 
d'une  pâte ,  &  de  l'autre  un  bouclier  aux  armes  de  la 
ville  ;  au  revers  étoient  écrits  ces  mots  :  PuGNO  PRO 
PATRIA. 

La  fabrique  des  draps  eft  plus  célèbre  dans  cette  ville 
qu'en  aucune  autre  de  la  Hollande.  Il  y  a  une  fort  he:!e 
halle  pour  cette  forte  de  marchandife.  Les  draps  de  Ley- 
den font  fi  eftimés,  qu'on  en  transporte  une  très-grande 
quantité  chez  l'étranger  ,  Se  même  jusques  dans  le  Le- 
vant. 


O 

or  £ 

i.^LEYDE,  (l'isle  de)  petite  ifle  des  Indes,  fur 
la  côte  occidentale  de  l'ifle  de  Cey'a:,,  dont  el  e  n'eft 
féparée  que  par  un  petit  détroit,  dans  la  baie  de  Nlanar  , 
joignant  le  pays  de  Jafanaparan.  Les  Indiens  la  nomment 
Ourature  ;  &  comme  elle  eft  la  plus  e-ande  des  ft-pr  ifles 
qui  font  dans  ce  lieu,  les  Portugais  i  ont  nommée  llhz 
grandi.  Les  Hollandois ,  qui  ont  chifté  les  P  -  -tu  •=>'•  -'e 
cette  côte,  lui  ont  donné  le  nom  de  Leyde,  de  même 
qu'ils  ont  appelle  Amfttrdam  ik  Mtaaewou  g  de  ..v  nies 
voilines.  Il  y  a  dans  celle-ci  un  village  nomme  aulû 
Leyde.  *  Baudrand ,  &  De  rifle. 

3.  LEYDE,  (  l'isle  de)  autre  petite  ifle  des  Indes, 
fur  la  côte  feptentrionale  de  Java,  dans  la  baie  de  Ba.a- 
via  ,  au  midi  de  L'ifle  d'Alckmaar.  *  Keland,  Carte  de 
Java. 

Les  Hollandois  ont  encore  donné  ce  nom  à  quelques 
autres  lieux  de  leurs  conquêtes. 

LEYDSENDAM,  c'eft-à-dire  la  digue  de  Leyde, 
village  de  Hollande,  entre  Leyde,  la  Haye  &  Delft. 
Comme  les  eaux  du  cô'é  de  Leyde  ne  font  pas  au  même 
niveau  que  celles  de  l'autre  côté,  il  y  a  en  cet  endroit, 
une  éclufe  pour  les  foutenir.  Les  eaux  de  ce  village  font 
poiflbnneufes  ;  ce  qui  donne  occafion  aux  habitans  des 
villes  voifines  d'en  faire  un  rendez  vous  où  ils  vont  fe 
régaler  en  poiffon.  Outre  que  c'eft  un  abord  continuel 
des  barques  de  paffàge  &  de  voiture ,  on  y  voit,  presque 
tous  les  beaux  jours  de  l'été,  des  fociétés  d'amis  qui 
s'y  viennent  divertir.  *  Mém.  dreffis  fur  ks  lieux. 

LEYME,  Lumen-Dei;  Eremus,  abbiye  de  filles  en 
France,  de  l'ordre  de  Cùeaux,  dans  le  haut  Quero ,  au 
dincèfe ,  ck  à  neuf  lieues  au  nord-eft  de  Cahors  près  de 
Saint-Céré. 

LEYNE,  (la)  rivière  d'Allemagne,  dans  la  baffe 
Saxe.  Elle  a  la  fource  dans  l'Eichfeld,  près  de  Heiligen- 
ftadt ,  d'où,  coulant  par  le  duché  de  Brunswig ,  elle  ar- 
rofe  Gottingen,  pafle  près  d'Eimbeck  ,  à  Alt'eld;  de-là 
elle  reçoit  l'fnnerfte  à  Sarftede  ;  Se,  pafïant  à  Ha  îovre  Si 
à  Neuft.-idt,  elle  fe  rend  peu  après  dans  la  rivière  d'Al- 
ler,   entre  Zell  &  Ferden.  *  B.iudrand  ,  édit.  170s;. 

LEYOANG,  ville  de  la  Chine  ,  où  elle  eft  la  pnn- 
cipale  de  la  province  de  Leaotung.  *  Atlas  Simnjîs. 

LEYRAC,  prieuré  de  France,  dans  le  Rouergue,  au 
diocèfe  de  Rodez. 

LEYRE  ,  peti.e  rivière  de  France,  en  Gascogne: 
elle  fort  des  Landes ,  ck  fe  jette  dans  le  havre  d'Arca- 
chon. 

On  croit  que  c'eft  le  Sigmanus  de  Ptolomée. 

LEYTE,  (la)  nviere'd'Allemag.e.  Elle  a  fa  fource 
aux  confins  de  la  Stirie  tV  de  la  balle  Autriche.  Elle  s'y 
g  uffif  des  eaux  de  la  Schs-artza,  avec  laquelle  elle  change 
Ion  cours,  qui  jusques-là  avoit  été  vers  le  nord,  ck  fe 
tourne  vers  l'orient  ;  pafte  fous  le  pont  de  Lanczdorf; 
coule  enfuite  vers  le  nord-eft  jusqu'à  Ebenfurt ,  où  elle 
fe  recourbe  au  nord-oueft;  puis  ferpentant  au  nord-eft, 
.elle  reprend  à  Bruck,  bourgade,  la  route  de  l'orient; 
entre  dans  la  Hongrie ,  arrive  à  Ovar,  ck  s'y  joint  à  une 
branche  du  Danube  qui  forme  le  Schut.  Selon  De  rifle, 
elle  forme  dans  fon  cours  une  ifle  où  eft  la  ville  de 
Neuft  idt ,  avant  que  d'arriver  à  Ebenfurt.  *  /aillât  & 
D-  l'ifle. 

LEY  TON,  village  d'Angleterre,  dans  le  comté  d'Ef- 
fex  ,  aux  confins  de  Mi.ldellèx.  On  y  cherche  le  Duro- 
litum  des  anciens.   *  Baudrand ,  édit.   1705. 

LEYTRAC,  petite  ville  de  France,  au  bas  Arma- 
gnac ,  dans  le  vicomte  de  Brulois ,  dont  elle  eft  le  chef- 
lieu. 

LEYWITTER ,  village  de  Lorraine.  C'eft  un  de 
ceux  qu'on  rendit  au  duc,  par  le  traité  de  Paris,  1718. 

LEZ,  (le)  petite  rivière  de  France,  dans  le  bas 
Languedoc,  en  latin  Ledum,  Leius  ,  ck  Licia  ,  félon, 
Baudrand,  édit.  1705.  Elle  a  fa  fource  dans  la  vallée 
de  Montferrand  ,  à  trois  lieues  de  Montpellier  qu'elle  ar- 
rolè,  &  fe  rend  un  peu  plus  bas  dans  l'étang  de  Perraut.. 

LEZADOIS  ,  (le)  petit  pays  de  France,  dans  le 
Languedoc.  Vovez  Lezat. 

LEZARD-POINT ,  ou  la  pointe  du  Lézard, 
cap  de  la  côte  occidentale  d'Angleterre,  à  vingt  milles 
de  Landfend  ,  dans  la  province  de  Cornouailles. 

LEZARO,  (Rio)  petite  rivière  d'Espagne,  dans  la 
Galice.  Elle  couie  près  de  Finiftere.  On  croit  que  c'eft 
le  Florins  de  Pline, 

Tome  III,    Kkkkkij 


IA 


LIB 


rme  une 
6c  quatre 


erbe 


812 

LZZ  4T    petite  ville  de  France,  dans  le  haut  Langue-     octogone*.  L'eau,  qui  s'eleve  du  milieu,  £ 
doc      ! ,  .,,';,,  de  Foix  ,  su  diocèfe  de  Rieuse  ,  fur  la  ri-     qui  tombe  en  jonc,  par  cinq  différens  fauts 
vierè  de  Lè'ze,  ck  qui  donne  ion  nom  au  canton  de  Lé-     tons  jettent  l'eau  d'autant  de   côtés.  Le  j<,.u...  =  ,lfcl»lD 
zadois    11  v  a  dans  ce  lieu  une  abbaye  d'hommes ,  ordre     eft  bien  garni:  le  carré  eft  une  grande  pièce  d'eau ,  fer- 
de  S.  Benoit  :   elle  eft  de  la  congréatior.  de  Cluny,  Se     mée  par  des  arbres  qui  forment  des  arcades  de  feuillage  ; 
tire  fon  nom  de  la  rivière  de  Lèze  qui  y  pafie.  Elle  a 
été  fondée  ,  l'an  842,  par  A  thon  ,  vicomte  de  Bigorre  , 
qui  s'y 


6i  au  milieu  eft  une  ifle  ronde  où  l'on  va  avec  de  peti- 
tes barques.    On  trouve  dans  cette  ifle  une  fale  ronde, 
loine.   'On'y  cdnferve  le  chef  de  S.  Antoine-,     formée  de  feuillages,  &  percée  de  plufieurs  arcades.  Le 
oui  y  a  été  apporté  deConftant'mopie  Dardeux  religieux,     pré  des  fontaines  eft  tout  entouré  d'eau,  orné  de  piu- 
cle  même  que  les  corps  des  SS.  Calix  £k  Cyprien,  martyrs,     iieurs  jets ,  &  d'une  belle  gerbe  qui  s'élève  au  milieu ,  & 

tombe  par  différentes  cascades.  On  trouve  encore  bien 
des  chofes  gracieuiès  ck  bien  ménagées  dans  cette  belle 


deux 


haut  Lan- 
,'une  fontaine  qui  eft  près 


Se  des  reliques  desSS.  Albin ,  Crespin  ce  Crespinian  _ 

LEZAY,  bourg  de  France ,  dans  le  Poitou  ,  élection 
de  Poitiers ,  au  couchant ,   Se  près  de  Ro; 
lieues  au  fud-oueft  de  Lufignan. 

LÈZE ,  (la)  petite  rivière  de  France 
guedoc.  Elle  prend  fa  fource  d'une  fontai 
de   Cadarcet  ;  paffe  à  Lezat ,  à  Saint-Sulpice  ,  à  Beau- 
mont,  6c  fe  perd  dans  l'Arriège ,  entre  Verne  6c  la 
Gardelle.  . 

LEZERT,  (le)  petite  rivière  de  France.  Elle  prend 
fa  fource  dans  le  Rouergue ,  à  la  montagne  de  Laidarole ,     lornée     L  3 ,  c.  }. 
paffe  à  Sauveterre  &  Caftel-Marie  ,   ou  elle  fepare  le         LIASTO ,  lac  ou  petit  golfe  de 
Rouergue  du  Languedoc  ;  enfuite  elie  fe  joint  au  Violer     nommé  par  ceux  du  pays Lago,  Li.ifto,  ouLico,  &  Porto 
dans  le  Mirandol.  Lugoduni ,  en  latin  Lugudone ,  Liguidonis,  ou  Liguido 


maifon  ,  comme  le  jeu  de  longue  paume,  le  baffin  oval, 
le  canal  de  l'escot ,  la  fale  d'eau ,  le  pré  des  tilleuls ,  les 
dix-fept  fontaines ,  6ec. 

LIANE  ,  Elna  ,  petite  rivière  de  France ,  en  Picar- 
die, dans  le  Boulonois.  Elle  tire  fa  fource  des  frontières 
de  l'Artois,  d'où,  courant  à  l'occident,  elle  fe  jette  dans  la 
Manche,  au-deffous  de  Boulogne.  *  Baudr. édit.  1705. 

LI ANUM ,  ville  de  Sarmatie  ,  en  Europe ,  félon  Pto- 


iile  de  Sarda 


:;;i1C 


LEZiGNAN  ,  petite  ville  de  France ,  au  bas  Lan- 
guedoc entre  des  collines ,  à  trois  lieues  de  N  ai-bonne  , 
en  allant  vers  Carcafîbnne.  *  Baudrand ,  édit.  1705. 

Hubner  qui  a  confondu  cette  ville  avec  Lulignan,  s'eft 
avifé  de  la  placer  dans  le  Poitou.  _   _ 

LEZON  :  (le)  c'eft  le  nom  que  porte  la  rivière  de 
Touques,  depuis  fa  fource  jusqu'à  Lnîeux. 

LEZOUX,  petite  ville  de  France,  en  Auvergne,  dans     ture  que  c  eft  peut-être  le  Libum  de  1  itinéraire  cl  An- 
la  Limagne,  près  de  l'Allier  ,  à  deux  lieues  de  Tiers  &     tonin, 


enjium  Bonus.  Il  eft  à  l'embouchure  de  la  petite  rivière 
de  tedro,  ck  au  levant  de  la  ville  de  Sargano.  *  Corn. 
Dift.  Maty,  Dift.  de  Holl.  1701. 

1.  LIBA;  ifle  de  la  Carmànie,  félon  Ptolomée,  /.  6, 
c.  8.  Elle  eft  dans  la  mer  des  îndes. 

2.  LIB  A,  lieu  d'Afie  ,  du  côté  de  Nicomédie,  félon  Cé- 
drène  cité  par  Ortélius ,   Tlufaur.  Ce   dernier  conjec- 


i  quatre'de  Clermont.  Il  y  a  une  collègue  ious  1  invoca- 
tion de  S  .Pierre.  L'air  de  Lezoux  eft  très-iam ,  &  les 
environs  font  très-fertiles.   Cette  ville  eft  fort  ancienne. 

LEZUZA,  village  d'Espagne,  dans  la  Nouvelle-Cas- 
tille,  à  quatre  lieues  d'Alcaraz.  On  y  a  trouvé  une  an- 
cienne inscription ,  qui  donne  lieu  de  croire  que  c'eft  un 
refte  de  l'ancienne  Lwifoca ,  ou  Libifona  des  Romains. 

LHCEGRIA.  Si  nous  en  croyons  Walfmgham  cité 
par  Ortélius ,  on  appelloit  autrefois  ainfi  cette  partie  de 
l'ifle  de  la  grande  Bretagne ,  qui  eft  à  préfent  nommée 
fAnglcterre.  .  __ 

Ll ,  ville  de  la  Chine ,  dans  la  province  de  Xenfa ,  au 


1.  LIBAN,  (le)  montagne  célèbre  d'Afie ,  aux  con- 
fins de  la  Paleftine  6c  de  la  Syrie.  L'écriture  fainte  donne 
à  cette  montagne  le  nom  de  Liban:  d'autres  néanmoins 
aiment  mieux  i'appelier  Anti-Liban ,  nom  que  l'on  donne 
à  cette  fiie  de  montagnes,  qui  eft  féparée  du  Liban  par 
une  longue  vallée ,  comme  l'on  dit  le  Taurus  6e  XAnù- 
Taurus  ,  le  Cragus  6c  X '  Anti-Cragus ,  le  Cafius  Se  XAn- 
ti-CaJius  ;  mais  le  fentiment  de  ceux  qui  veulent  que  le 
Liban  termine  la  Paieftine,  femble  le  plus  raifonnable.  En 
effet,  fuivant  le  témoignage  des  écrivains  anciens  Si 
modernes,  il  femble  que  le  Liban  eft  différent  de FAnti- 
Liban,  &E  qu'il  touche,  du  moins  en  quelques  endroits, 


département  de  Cunghang,  cinquième  métropole  de  la     aux  frontières  de  la  Paleftine.  D'ailleurs  le  nom  <TAx 
province.    Elle  eft  plus  occidentale  que  Pékin  de  10  d.     Liban  paraît  devoir  être  donné  à  cette  montagne,  dont 
12'    par  les  35  d.  45'  de  latitude.  *  Atlas  Sinenfis.  la  fituation  eft  oppofée  à  celle  du  Liban;  de  forte  qu'il 

LIACOURA ,  montagne  de  la  Grèce ,  dans  la  Liva-  convient  d'eppeller  Liban  toute  cette  fuite  de  monta- 
die  propre ,  auprès  de  Caftri  ou  des  ruines  de  Delphes,  gnes ,  qui  prend  depuis  le  bord  de  la  mer ,  &C  s'étend  lé 
C'eft  la  même  que  le  Pamaffe ,  fi  fameux  dans  les  écrits  long  des  confins  de  la  Paleftine ,  6c  qui  n'eft  ni  oppo- 
des  poètes  anciens  Se  des  modernes.  Voyez  Parnassus.     fée  au  Liban ,  ni  féparée  du  Liban  par  une  vallée.  *  Âe- 

LIAMPO,  ville  de  la  Chine,  dans  la  province  de     lundi,  Pakeftina,  p.  3 II. 
Checchiara.  Elle  donne  fon  nom  à  un  cap  célèbre,  le         Quant  aunomZi^rt,  on  ne  peut  douter  qu'il  ne  vienne 
plus  oriental  qui  fe  trouve  dans  ce  continent.  *  Corn,     de  la  blancheur  des  neiges  dont  cette  montagne  eft  cou- 
j)1Qi  verte  ;  comme  le  nom  des  Alpes  a  été  formé  du  latin 

Le  P.  Martini  ne  connoît  ni  la  ville  de  Liampo,nila     Alpus  ou  Albus ,  qui  fignifie  blanc,  de  même  Liban 

vient  du  mot  hébreu  Liban,  qui  veut  dire  blanc.  *D.  Cal- 
ma, Dift. 

Les  anciens  géographes  ne  s'accordent  pas  fur  la  fltua- 


province  de  Checchiara. 

LIAN COURT,  belle  maifon  de  campagne,  au  duc 
de  la  Rochefoucaud,  aux  environs  de  Paris.  Elle  eft  en- 
La  principale  porte 
"    "  effet ,   Se  ac- 


tion du  Liban  Se  de  l'Anti-Liban.  Strabon ,  /.  16,  les 
décrit  de  manière,  que  l'une  6e  l'autre  de  ces  monta- 
gnes commencerait  à  l'occident ,  affez  près  de  la  mer  de 
Phénicie,  Se  s'étendroit  vers  l'orient,  jusques  dans  le  voi- 


tourée  de  foffés  de  pierre  de  tail 

eft  ornée  d'un  boflage  qui  fait  un  affez  bel 

compamée  de  deux  niches,  dans  chacune  defquelles  il  y  a 

une  ftaïue.  A  gauche  eft  un  grand  corps  de  logis ,  dont  la 

principale  face  donne  fur  le  jardin.  Le  haut  eft  occupé  par  finage  de  Damas.  Pline, /.  5,  c.  20,  femble  placer  le  Li  ban, 

une  longue  galerie  couverte,   ornée  fur  le  devant  dun  &  l'Anti-Liban,  de  façon  que  ces  deux  montagnes  s'éten- 

ran »  deVilaïlres  Se  de  frontons,  dont  les  uns  font  à  angles  droient  du  midi  au  feptentrion.  Ptolomée  étend  leLiban  5c 

ôc  les  autres  en  demi-cercles  ;  tout  cela  eft  foutenu  par  l'Anti-Liban  du  couchant  au  levant ,  de  forte  cependant 

fept  arcades  ouvertes  des  deux  côtés.    Au  fond  delà  qu'il  s'étendroit  auflî  du  feptentrion  au  midi;  lentiment  qui 

cour  font  deux  ailes   ou   corps  de  logis,   qui  donnent  approche  plus  du  témoignage  des  écrivains  Se  des  voya- 

princi paiement  du  côté  du  grand  parterre.  Le  petit  corps  geurs  modernes  qui  ont  examiné  les  lieux.    Eufeube,  in 

avancé  qui  en  occupe  le  milieu,  eft  à  quatre  étages,  ter-  Onomajiico,  dit  enfin  que  le  Liban  eft  plus  occidental, 

rr.iné  par  un  fronton  ,  Se  par  les  deux  ailes  qui  font  en  rk  s'étend  le  long  de  la  mer  de  Phénicie  ,  6c  quel'An- 

dèmi-cerce.  Les  deux  pavillons  qui  font  au  bout,  à  droite  ti-Liban  eft  plus  oriental,  Se  doit  être  placé  dans  le  voi- 

ck  à  gauche  font  de  la  même  hauteur ,  Se  terminés  par  une  ftnage  de  Damas. 

Quelques  auteurs  modernes  nous  ont  donné  beaucoup 


coupe  carrée,  chargée  d'une  petite  lanterne.  Les  quatre 
coins  du  château  font  occupés  par  autant  de  grands  pa- 
villons carrés.  *  Pigar.ïol  de.  la  Force ,  Descr.  de  la 
France,  t.  3,  v.  55^ 

Les  cascades  font  belles.  Les  nappes  d'eau  Se  les  deux 
grands  baftins  font  un  agréable  effet,  Le  plus  grand  eft 


plus  exactement  la  fituation  du.  Liban  6c  de  l'Anti-Li- 
ban. Maundrell,  Itinér.  p.  100,  dit  que  le  Liban  régne 
le  long  du  rivage  de  la  mer  Médiierranée,  du  midi  au 
feptentrion,  Se  que  l'Anti-Liban,  t)ui  en  eft  féparé  par  une 
vallée,  s'étend  pareillement  du  midi  au  feptentrion;  ion. 


LI 


TB 


LIE 


coté  oriental  approchant  de  Damas.  Sanutus  nous  avoit 
appris  avant  lui ,  que  !e  Liban  ne  seloigne  point  de  la 
nier  l'espace  de  deux  lieues,  (i  ce  n'eft  auprès  de  Tri- 
poli ,  où  il  s'en  éloigne  l'espace  de  trois ,  Se  que  dans 
certains  endroits  il  s'approche  tellement  de  la  mer,  qu  il 
n'y  a  pas  le  moindre  chemin  peur  palier.  M.  de  la  Ro- 
que, Voyage  de  Syrie  &  du  Mont-Liban,  t.  i,  p.  31,  dont 
l'exa&itude  eft  connue,  ajoute  qu'on  doit  appeiler  ie£i- 
ban  les  plus  hautes  montagnes  de  la  Syrie.  Le  commen- 
cement de  cette  montagnes  dit-il,  eft  vers  la  ville  de 
Tripoli,  S:  le  promontoire  appelle  par  Strabon ,  e*»" 
TT&a&Ticv  $  la  face  de  Dieu  ,  aujourd'hui  le  cap  Rouge, 
Se  la  fin  au-delà  de  Damas  ,  joignant  d'autres  monta- 
gnes de  l'Arabie  déièrte.  Cette  étendue  eft  du  couchant 
à  l'orient,  environ  fous  le  35e  degré  d'élévation. 

L'Anti-Liban  ,  ainti  appelle,  à  caulé  de  ia  fituation 
oppofée  à  celle  du  Liban ,  eft  une  autre  fuite  de  mon- 
tagnes ,  qui  s'élèvent  auprès  des  ruines  de  Sidon ,  & 
vont  fe  terminer  à  d'autres  montagnes  du  pays  des  Ara- 
bes, &  vers  la  Trachonitide,  fous  le  34e  d. 

Chacune  de  ces  montagnes  eft  d'environ  cent  lieues 
de  circuit,  fur  une  longueur  de  trente-cinq  à  quarante 
lieues  ;  ce  qui  eft  facile  à  comprendre ,  fi  on  fait  réflexion 
qu'elles  occupent  un  espace  fort  vafte  dans  trois  provin- 
ces ,  qui  font  celles  qu'on  appeiloit  autrefois  la  Syrie  pro- 
pre ,  la  Cœlé-Syrie ,  ôe  la  Fhénicie ,  avec  une  partie  de 
la  Paleftine. 

De  cette  façon  le  Liban  5e  l'Anti-Liban  pris  enfem» 
ble,  ont  à  leur  midi  la  Paleftine  ;  du  côté  du  nord,  l'Ar- 
ménie mineure  ,  la  Méfopotarnie  ou  le  Diarbek ,  avec 
partie  de  l'Arabie  déferte  ,  à  leur  orient;  6c  la  mer  de 
Syrie  du  côté  du  couchant. 

Ces  deux  hautes  montagnes  font  féparées  l'une  de  l'au- 
tre, par  une  diftance  presque  égale  par-tout;  6e  cttte  dis- 
tance forme  un  petit  pays  extrêmement  fertile  5c  agréable, 
auq  el  on  donnoit  autrefois  le  nom  de  Cœlé-Syrie,  ou 
Syrie  creufe.  C'eft  une  profonde  vallée  presque  renfer- 
mée de  toutes  parts. 

Pline,  /.  5  ,  c.  10,  parle  d'une  muraille  tirée  d'une 
montagne  à  l'autre,  &  qui,  en  les  joignant  enlemble,  îèr- 
moit  cette  vallée  ;  mais  il  ne  refte  aujourd  hut  aucun  ves- 
tige dun  ouvrage  (i  confidérable. 

En  navigeant  dans  la  mer  de  Syrie,  ou  en  parcourant 
par  terre  tout  le  rivage,  on  ne  s'apperçoit  presque  pas  de 
la  réparation  qm  te  trouve  entré  les  deux  montagnes.  On 
diroit,  à  voir  le  Liban  5i  l'Anti-Liban  ,  qu'ils  ne  compo- 
fent  qu'une  même  chaîne  de  montagnes ,  dont  le  c  m- 
mencement  feroit  à  Tripoli ,  &  le  dernier  terme  un  peu 
au-delà  de  Tyr.  s' étendant  du  nord  au  midi.  Cela  vient 
.de  leur  figure  extérieure  que  l'on  peut  comparer  à  celle 
d'un  double  triangle  :  les  deux  baies  regardant  la  mer,  & 
étant  presque  jointes  ,  empêchent  de  diflinguer  au  de- 
hors cette  féparat'on,  5c  de  voir  autre  chofe  qu'une  con- 
tinuité de  fommets  &  de  bras  de  montagnes,  qui,  en  des- 
cendant infenfiblement ,  forment  les  divers  caps  Se  les 
ports  de  cette  mer.  On  parle  avec  éloge  des  cèdres  du  Li- 
ban dans  les  Livres  facrés  ;  5c  on  en  trouve  encore  au- 
jourd'hui, quoiqu'en  afféz  petit  nombre:  nous  en  par- 
lons ailleurs.  *  Reland ,  p.  310. 

Cédrène,  Compend.  tfijt.  part.  2,  p.  114,  rapporte 
^quel'on  a  trouvé  fur  le  mont  Liban,  en  creufant  la  terre, 
des  poiffons  pétrifiés  ;  ce  qui  prouve  que  cette  haute  mon- 
tagne fut  couverte  des  eaux  du  Déluge.  Glycas,  Annal, 
part,  z,  p.  114,  rapporte  la  même  chofe.  Voici  fes 
propres  termes  :  Quum  enim  nannulli  é  cacuminibus 
Libuni  montis  faxa  conférèrent  ad  flrucluram  a.iificio-. 
rum ,  ajjeru.runt  fe  inler  Libani  concavitatem  inveniffe 
pifees  induratos  in  limo  defixos ,  quod  etiam  dixit  Jo- 
Jepkus. 

Les  montagnes  du  Liban  ont  fouvent  été  la  retraite 
des  brigands ,  &  d'une  infinité  de  gens ,  qui  n'avoient 
d'autre  profeffion  que  de  faire  des  courfes  fur  les  terres 
des  peuples  voifins.  Du  tems  des  Ifraëlites,  les  Cliiwai 
habitoient  le  mont  Liban  ;  5c  du  tems  de  l'empereur 
Conftantin  Pogonate  ,  les  Mardaïtes  y  avoient  leur  de- 
meure.  *  Reland,  p.  312.  Jud.  III.    3. 

On  donne  auffi  au  temple  de  Jéruiàlem  le  nom  de  Li- 
ban: Liban,  ouvre  tes  portes  .  &  que  le  feu  dévore  tes 
cèdres,  dit  Zacharie ,  XI.  1  ,  en  parlant  de  la  future  dé- 
folation  du  temple  par  les  Romains;  &c  Ezechiel,  XVII.  3 
fjn  grand  aigle  avec  de  grandes  ailes  cjl  venujur  le  Li- 


ban,  cy  a_enrcrte  la.  vieilli  du  cèdre.  I!  parle  de  Nabu- 
f'°  -;  '''--■  'I'11  P-''t  le  fciii;!e,  le  brûla  &  en  enleva  tous 
tesrrefors.  'D.  Calmée.  Dict. 

Enfin  on  a  donné  au  palais  de  Salomon  ,  bâti  dans  Jé- 
ruiàlem ,  le  nom  de  Maifon  du  Liban ,  Domusfaltus 
p*'"">aPparemment  à  caulé  de  fon'  élévation  ,  ou  de 
la  blancheur  de  fes  murs,  ou  plu.ôt  à  caulé  de  la  quan- 
tité de  bois  de  cèdre  5c  de  colomnes  qui  y  étoient. 

*•  LIBAN,  (la.  TOUR  du)  Salomon,  dans  le  Canti- 
que des  Cantiques ,  compaie  le  nez  de  fon  époufe  a  la 
tour  du  Liban  qui  regarde  Dam, s.  Les  voyageurs  par- 
lent d  une  tour  que  l'on  voit  fur  le  Liban  ,  du  côté  de 
Damas ,  &  qui  paroît  avoir  été  fort  haute.  Benjamin 
allure  que  le,  pierres,  de  cette  rour ,  dont  il  avoit  vu 
es  reftes  ,  avoient  vingt  paumes  de  long  Se  douze  de 
large.  Gabriel  Sionite  dit  que  le  château  avoit  cent  cou- 
dées de  long,  fur  cinquante  de  large.  Le  mimftre  Mauri- 
drell,  Voyage  d'Alep  àjérufalem,  parle  auffi  de  cette 
tour;  mais  il  ne  la  vit  qje  de  loin. 

LIBANA,  vife  ancienne  de  l'Espagne  Tarraaonnoife, 
au  pays  des  Celtibériens,  félon  Ptol'omée,  /.  4,  c.  6; 
d'au'tes  difent  Lœbana. 

-LIBANjE  ,  ville  de  Syrie,  félon  Etienne  le  Géo- 
graphe. 

LIBANOPHOROS  ,  c'eft-à-dire  la  contrée  qui  pro- 
duit 1  encens,  pays  de  1  Arabie  heuteufe,  félon  Ptolo- 
mée,  /.  6,  c.  7. 

LIBANOTI,  bourg  d'Italie,  au  royaume  de  Na- 
ples,  dans  la  principauté  citérieure  ,  fur  la  rivière  de 
Sapn ,  au  levant  de  PôJycaftro.  On  croit  qje  e'cft  l'an- 
cienne S  abris ,  ville  delà  Lucarne.  * Baudr.  édit-  170Ï. 
LIBANOVA  ,  bourg  de  Grèce  ,  dans  la  Macédoine , 
&  dans  la  province  de  Jamboii,  fur  la  cote  du  golfe  de 
ConteiTa,  au  pied  de  Monte-Santo.  Il  y  a  peu  d  habitans, 
6c  n'eft  remarquable  que  parce  que  c'eft  le  refte  de  Sta.- 
gyre,  patrie  d'Ariftote.   *  Buudr.  édit.  1705. 

LIBARNA,  ancienne  ville  d'Italie,  dans  la  Ligurie, 
dans  l'Apennin  ,  félon  Ptolomée,  /.  3,  c.  5;  5c  Pline, 
l-  3 ,  c.  t.  Elle  eft  nommée  Libarnum  par  Antonin,  Iti- 
ner.  Se  dans  la  Table  de  Peutinger.  Elle  étoit  à  XXXV 
M.  p.  de  1  ortone  ,  Se  à  xxxvi  M.  P.  de  Gènes. 

LIBATTE,  ou  Chilongi,  terme  ufité  dans  quel- 
ques royaumes  d'Ethiopie  ,  pour  fignifier  un  amas  de 
maifons,  de  cafés,  ou  plutôt  de  chaumières  peu  élevées, 
bâties  de  branchages ,  enduites  de  terre  grade ,  Se  cou- 
verres  de  chaume.  Cet  amas  de  maifons  eft  environné 
d'une  haie  de  groiTes  épines,  haute  Se  épaifle,  que  les 
animaux  carnaciers,  dont  le  pays  eft  plein,  ne  peuvent 
franchir  ni  forcer.  Il  n'y  a  qu'une  porte  que  l'on  a  foin 
de  fermer  avec  des  faifeeaux  de  grottes  épines.  Ces  amas 
de  maifons  font  en  manière  de  camp  ,  êè  presque  fur  le 
modèle  des  camps  des  Romains  ;  &  qui  en  a  vu  un,  les  a 
tous  vus.  *  Le  P.  La'bat,  Voyage  d'Ethiopie,  /.  1  ,p.  98; 
ôc  t.  2 ,  p.   151. 

Les  officiers  qui  font  chargés  du  foin  de  former  ces 
camps  ,  ayant  reconnu  Se  remarqué  le  terrein  qui  leur 
eft  propre ,  le  partagent  en  fept  quartiers  ,  dont  fept  des 
principaux  officiers  de  l'état  ont  le  commandement  Se 
Pinspeètion.  On  élevé  au  milieu  les  bâtimens  qui  doi- 
vent fervir  pour  la  perfonne  du  prince,  de  fa  famille, 
de  fes  officiers,  de  toute  fa  cour,  &  de  fes  esclaves.  C'eft 
toujours  un  grand  carré;  Se  les  épines  qui  le  défendent, 
font  plantées  de  façon  qu'elles  forment  une  espèce  de 
labyrinthe. 

Le  fécond  pofte  eftdeftini  auGolambolo,  c'eft-à-dire 
au  lieutenant-général  ou  capitaine  des  gardes.  On  l'ap- 
pelle encore  Muta-Alta,  c'eft-à-dire  \e  chef  de  la  guerre, 
ou  Muta  à  Ulongo  ,  c'eft-à-dire  patron  du  navire.  Cet 
officier  a  la  plus  grande  autorité  après  le  roi  dans  l'état. 
Il  faut  que  ce  foit  un  homme  de  cœur  Se  d'expérience. 
II  eft  obligé  de  donner  le  premier  dans  une  bataille.  II 
doit  être  inhumain,  cruel,  barbare,  fans  compaftîon 
pour  les  vaincus  ,  Se  le  plus  exacl  obfervateur  des  Ioix 
impies  des  Quixilles.  C'eft  lui  qui  donne  les  ordres 
nécelTaires  pour  les  courfes  ,  pour  la  marche  de  l'armée, 
pour  les  campemens  &  déeampemens.  Il  va  avec  le 
Singhilla,  qui  eft  le  chef  de  leur  religion,  reconnoître 
Se  marquer  le  terrein  des  nouveuax  Chilongis. 

Le  troifiéme  quartier  eft  commandé  par  le  Tendala, 
C'eftlui  qui  conduit  l'arriére- garde,  que  l'on  appelle  Ao- 
qua.    Cet  officier  eft  le  premier  de  ceux  qui  ont  droit 


14 


LIB 


LIB 


d'élire  le  roi,  &  qui,  pendant  l'interrègne,  gouverne  tout 
l'état.  Il  faut  pour  cette  charge  un  homme  qui  fâche 
les  intérêts  de  la  nation.  Il  eft  auffi  respecté  que  le  prince 
même  ;  &  quand  il  veut  fe  (èrvir  de  fon  autorité ,  il 
juge  les  coupables  ,  fur-tout  quand  il  eft  à  l'armée. 

Le  côté  du  camp,  qui  regarde  l'orient,  eft  fous  le  com- 
mandement du  Mani-Lumbo.  Ou  appelle  ce  côté  Mun- 
tunda.  Cet  officier  eft  le  furintendant  &  l'ingénieur 
principal.  C'eft  lui  qui  fait  élever  les  haies  &  les  tran- 
chées qui  environnent  le  camp ,  &:  défendent  le  quartier 
du  roi.  Sa  charge  lui  donne  pouvoir  d'entrer  chez  le  roi, 
&  d'en  avoir  audience  ,  quand  il  le  juge  à  propos  ;  auffi 
eft-il  très-confidéré. 

Le  cinquième  quartier  eft  à  l'occident.  Il  eft  fous  les 
ordres  d'un  officier  de  confiance ,  qui  reçoit  les  corri- 
miffions  fecrettes ,  &r_  les  fait  exécuter. 
•  Le  fixiéme  quartier  eft  commandé  par  le  Illunda; 
c'eft  le  capitaine  des  bagages.  On  l'appelle  auffi  Quicumba. 
Il  reçoit  &  fait  exécuter  les  ordres  du  lieutenant-général 
de  l'avant-garde.  Il  faut  pour  cet  emploi  un  homme  d'au- 
torité, fier  ik  cruel,  qui  fâche  ce  faire  obéir  &c  fe  faire 
respecter  par  les  esclaves.  Dans  les  tems  de  paix,  fi  tant 
eft  que  ces  peuples  en  ayent ,  c'eft  à  lui  à  remplir  les 
magafins  d'armes ,  &  à  les  conferver. 

Un  autre  Illunda  a  le  commandement  du  feptiéme 
quartier.  C'eft,  à  proprement  parler,  le  grand-maître  de  la 
garde-robe  du  roi.  Sa  charge  l'attache  tellement  auprès 
de  la  perfonne  du  prince,  qu'il  eft  rare  qu'il  s'en  éloigne. 
On  choifit  pour  cet  emploi  un  homme  d'une  fidélité 
éprouvée  ,  chofe  rare  dans  un  pays  rempli  de  voleurs. 
Pour  l'ordinaire,  c'eft  un  prince  du  fang,  qui  eft  revêtu 
tle  cette  charge. 

Le  Mani-Curio  eft  l'intendant-général  des  vivres.  Il 
faut  pour  cette  charge  le  plus  fignalé ,  le  plus  adroit ,  lé 
plus  inexorable  voleur  que  l'on  puiffe  trouver.  Il  a  fous 
fes  ordres  quantité  d'officiers  &  d'esclaves  tous  grands 
frippons;  car  c'eft  en  volant  qu'on  fait  les  provisions 
néceffaires  pour  la  cour.  On  n'a  jamais  fu  ce  que  c'étoit 
que  d'en  acheter,  à  moins  q'-ie  ce  ne  foit  des  Européens  ; 
&  ceux-ci  doivent  bien  être  fur  leurs  gardes , .  pour  ne 
livrer  leurs  marchandifes  qu'argent  comptant.  Comme 
cet  argent  ne  confifte  qu'en  esclaves ,  qui  ont  les  jambes 
bonnes,  c'eft  aux  marchands  à  s'en  bien  âffurer  par  de  bons 
fers,  &£  à  les  marquer,  à  leur  marque  auffi-tôt  qu'ils  les  ont 
reçus  ;  encore  leur  en  échappe-t-il  fouvent.  Quand  cela 
arrive,  c'eft  peine  perdue  de  les  aller  réclamer:  on  leur 
répond  qu'on  les  a  payés  ,  &  que  c'étoit  à  eux  à  con- 
ferver le  prix  de  lamarchandife  qu'on  leur  avoit  livrée. 

Si  on  excepte  les  befoins  de  la  cour,  cet  officier  a  peu 
d'exercice  ;  car  on  ne  donne  point  de  vires  ^aux  troupes 
qui  vont  à  la  guerre.  C'eft  aux  foldats  à  s'en  fournir, 
comme  ils  le  jugent  à  propos ,  en  pillant  &  volant  tout 
ce  qu'ils  trouvent,  à  qui  que  ce  foit  qu'il  appartienne. 
Leur  pis-aller,  ou.  pour  parler  jufte,  ce  qui  leur  con- 
vient davantage ,  c'eft  de  trouver  des  créatures  humai- 
nes :  ils  font  bonne  chère  alors  ;  ils  ne  fe  donnent  pas 
même  la  peine  de  les  faire  cuire. 

Il  y  a  d'autres  officiers ,  dont  le  nombre  &  les  devoirs 
fourniraient  un  affez  ample  catalogue,  mais  peu  intéref- 
fant  :  ce  qu'on  peut  dire ,  c'eft  que  ces  cours  barbares , 
comparées  à  celles  des  autres  princes  du  monde,  ne  re- 
préfentent  que  mifére  &  pauvreté. 

LIBAU  ,  place  de  Curlande  ,  avec  un  port  fur  la  côte 
de  la  mer  Baltique ,  &  aux  frontières  de  la  Samogitie. 
Elle  fut  prife  plufieurs  fois  par  les  Suédois,  dans  les  der- 
niers tems  ;  mais  elle  fut  rendue,  en  1660,  par  le  traité 
depaixd'Oliva  au  duc  de  Curlande  à  qui  elle  appartient. 
Elle  eft  à  dix-huit  milles  Germaniques  de  Mémel ,  &  à 
vingt-cinq  de  Mitau.  *Baudrand,  édit.  170^. 

L1BERALIENSIS  ,  fiége  épiscopal  d'Afrique,  dans 
laNumidie.  On  trouve  dans  la  Conférence  de  Carthage, 
c.  133,  que  l'évêque  Viftorin  de  Tabude  répondit  pour 
fon  confrère  Gorgonius ,  évêque  plebis  liberalienjïs  :  ces 
deux  évêchés  étoient  voifins  ;  on  ne  trouve  aucune  trace 
de  celui-ci  dans  la  Notice  épiscopale  d'Afrique. 

LIBERALITAS-JULIA  ,  ûirnom  donné  à  Ebora, 
municipe  d'Espaene  :  ce  furnom  fe  trouve  exprimé  fur 
des  médailles  d'Augufte.  Pline  parle  auffi  de  ce  furnom. 

LîBERDUNUM,  nom  latin  de  LlVERDUN. 

1.  LIBERO  ,  nom  latin  de  LlVRON  ,  bourgade  de 
France,  dans  le  Dauph'mé. 


2.  LIBERO,  ville  de  la  Ligurie,  felcn  Callifte  ,  /.  4- 
c.  22 ,  cité  par  Ortélius  ,  l.  14,  c.  5.  Zozime  la  nomme 
Ai,ïEpa>a  ;  c'eft  apparemment  la  Libarna  de  Ptolomée. 

LIBERTHAL,  ouLeberthal.  Voyez  Leber. 

LIBERTIN  I,  (les)  dont  il  eft  parlé  aux  Ades  des 
Apôtres,  font  nommés  avec  des  peuples.  Voici  le  paf- 
fage ,  c.  6,  v.  9:  Surrexerunv  autem  quidam  de  j'yna- 
gogd  qucz  appellabatur  Libertinorum  &  Cyrenenjium  & 
Alexandrinorum  ,  &  eorum  qai  iront  à  Cilicid  &  Afiâ 
difputantes  cum  Stéphane  :  c'eft-à-dire  à  la  lettre  :  Or 
quelques-uns  (è  levèrent  de  la  lynagogue  nommée  des 
Libertins ,  des  Cyrénéens  &  des  Alexandrins ,  des  Cili- 
ciens  &  des  Afiatiques  disputant  avec  Etienne.  L'abbé  de 
Marollesdit  des  Libertins  :  le  P.  Amelote ,  MM.  Sacy, 
Huré,  &  quantité  d'autres,  tràduifent  ce  mot  par  affran- 
chis,  qai  entre  dans  la  fignification  du  mot  latin  Liber- 
tini;  car  les  Romains  nommoient  Liberti  leurs  affran- 
chis, &  les  enfans  des  affranchis  étoient  proprement  ap- 
pelles Libertini.  Ainfi  il  faudroit  dire  :  la  fynagogue  qui 
avoit  pris  lbn  nom  des  fils  d'affranchis ,  s'il  étoit  ques- 
tion d'un  niot  latin  en  cet  endroit  ;  mais  Libertini,  dans 
la  verfion  latine  ,  n'eft  que  le  mot  exprimé  dans  l'original  . 
grec ,  A;J?f  111  1:  or  ce  mot  grec  n'eft  point  du  corps  de 
la  langue  grecque  ,  &  ne  fe  trouve  pas  dans  un  autre  au- 
teur :  ainii  il  n'a  nen  de  commun  avec  la  fignification 
ordinaire  du  mot  latin,  dans  le  sens  A' affranchi.  Suidas, 


qui 


ot  des  Actes ,  dit:   jmm 


s3i'«  ^  nom  de  p:uple.  Voilà  déjà  une  autorité  que  l'on 
peut  compter  puur  quelque  choie.  Après  les  Libertins  , 
le  livre  des  Aètes  nomme  les  Cyrénéens ,  les  Alexan- 
drins',  peuples  d'Afrique,  &  commence  par  les  plus 
éloignés  ;  ce  qui  eft. à  remarquer.  Qui  empêche  que  les 
Romains  ,  qui  avoient  de  grands  établiffemens  en  Afri- 
que, n'y  ayent  envoyé  une  colonie  qui  ait  porté  le  nom 
de  Libtrf.ua ,  &  que  les  Juifs  qui  s'étoient  déjà  répandus 
à  Alexandrie  ,  &  à  Cyrène,  n  ayent  eu  auffi  des  sens 
de  leur  nation  en  ce  lieu  de  Libertina,  fous  le  nom  du- 
quel ils  étoient  diftingués,  quand  ils  vendient  à  Jérula- 
lem  ?  On  voit  dans  l'article  qui  fuit ,  qu'il  y  avoit  en 
Afnque  un  fiége  épiscopsl  de  ce  nom. 

L1BERTINENSIS ,  fiége  épiscopal  de  l'Afiique  pro^ 
confulaire.  A  la  Conférence  de  Carthage,  c.  116,  il  y 
avoit  en  même  tems  Victor  &  Janvier,  deux  évêquès 
qui  prenoient  la  qualité  de  episcopus  tcckf.ee  Libertinen- 
Jis.  Le  premier  étoit  évêque  Catholique  ,  l'autre  étoic 
pour  le  parti  Donatifte  ;  mais,  comme  on  le  lui  reprocha, 
il  n'avoit  point  de  troupeau,  &  perfonne  ne  communi* 
quoit  avec  lui. 

1.  LIBETHRA  &  Libethrum  ;  Pomponius  Mêla 
dit  Libethra.  Pline  dit  :  la  Thefiaiie  eft  jointe  à  la  Ma- 
gnéfie,  où  eft  la  fontaine  de  Libethra;  ÔC  Pomponius 
Mêla  explique  ce  que  c'eft  que  cette  fontaine,  carmi- 
num  fontes  :  ce  font,  dit-il,  des  fources'  fameufes  par 
les  écrits  des  poètes  ;  en  effet  les  poètes  en  donnent  aux 
Mufes  le  furnom  de  Libethrides.  Virgile,  Ecclog.j, 
v.  21 ,  dit  : 


Nymphœ ,  nojler  amor,  Libethrides,  aut  mihi 
QuaU  meo  codro  ,  Concedite. 

Strabon  ,  /.  9,  met  dans  l'Hélicon  l'antre  des  nymphes 
Libethrides,  outre  le  temple  des  Mufes  ÔC  l'Hippocrène. 
Libethra  eft  au  plurier  dans  Mêla  &  dans  Pline. 

2.  LIBETHRA  ,  ville  de  Grèce.  Paufanias,  /.  9, 
c.  30,  la  place  fur  le  mont  Olympe  ,  du  côté  de  la  Ma- 
cédoine ,  &  en  raconte  cette  hiftoire.  Auprès  de  cette 
ville  étoit  le  tombeau  d'Orphée.  Un  oracle  de  Bacchus, 
dans  la  Thrace,  annonça  aux  Libéthriens,  que  leur  ville 
ferait  détruite  par  le  Jus ,  (mot  qui  veut  dire  un  pour- 
ceau,^) dès  que  les  os  d'Orphée  auraient  été  découverts. 
Ils  craignirent  peu  cette  menace,  perfuadés  que  des  mu- 
railles auffi  fortes  que  celles  de  leur  ville,  ne  pouvoient 
pas  être  renverfées  par  aucun  animal ,  quelque  force 
qu'il  put  avoir.  Un  beau  midi,  un  berger  s'étant  endormi 
auprès  de  ce  tombeau  ,  fe  mit  à  chanter,  en  rêvant,  des 
vers  d'Orphée  ,  fi  mélodieufement  que  les  bergers  & 
les  laboureurs  d'alentour  ,  attirés  par  le  charme  de  fa 
voix ,  s'attroupèrent  autour  de  lui  ;  comme  ils  fe  pouf- 
foient  l'un  l'autre  ,  pour  en  approcher  &  l'entendre  de 
plus  près,  ils  renverferent  lacolomne;  l'unie  tomba  Se 
le  brifa  ;  les  os  d'Orphée  parurent  au  grand  jour;  ôc  la 


LIB 


LIB 


Si 


iiuit  fuivante  ,  le  torrent  nommé  Sus,  groflî  par  les  eaux 
d'un  grand  orage,  tomba  du  mont  Olympe  ,  rcnverla 
les  murs,  les  temples  de  ies  maijons  des  Libéthrien?,  & 
fubmergea  Jes  hommes  &c  les  animaux  qui  étc;ent  dans 
la  ville.  Telle  eft  la  tradition  populaire  quePaufanias  nous 
a  confervée.  La  ville  ne  fubfiftoit  déjà  plus  depuis  long- 
tems. 

LIBETHRIADE,  fontaine  de  Grèce.  Voyez  l'article 
fuivanr. 

i.  LIBETHRIUS-MONS;  montagne  de  Grèce,  en- 
viron à  quarante  ftades  ou  cinq  milles,  c'eft-à-dire  deux 
petites  lieues  de  Ccronée ,  en  Béotie,  félon  Paufanias, 
/.  9,  c.  34.  Il  y  avoir  les  ftatues  des  Mules  Si  des  Nym- 
phes Libethrides,  oc  une  fontaine  que  l'on  appelloit  auflî 
Libcthriade.  Il  y  avoit  auflî  une  autre  fontaine  ou  étoit 
une  pieire  façonnée  comme  lefein  d'une  femme,  Si  l'eau 
fortoit  de  fes  mammelles  comme  du  lait. 

2.  LIBETHRIUS,  montagne  Si  ville  de  Thrace,  fé- 
lon Tzeizès  cité  par  Ortélius,  qui  ajoute  qu'Orphée  en 
parle  auflî  Mans  fes  Argonautiques 

3.  LIBETHRIUS,  montagne  d'jEtolie,  félon Vibius 
Sequefter.  L'édition  de  Reflelius  porte  Libethris,  &  on 
avertit  qu'il  ne  le  trouve  point  dans  l'édition  de  Florence. 

LIBIAS,  OU  LllilADE.  Voyez  LlVIADE. 

LIBICI,  ou  Lebui,  ou  Libicii  ,  ancien  peuple  d'Ita- 
lie, dans  la  Gaule  Transpadane.  Ptolomée,  /.  3,  c.  1, 
leur  donne  deux  villes  ,  (avoir  Verceil  Si  Laumeilum . 
Pline,  A3,  c.  17,  donne  de  même  au  peuple  Lieici 
la  ville  de  Verceil.  Polybe ,  /.  2,  c.  17,  dit  Lebecii. 
Ce  font  les  Llbui  de  Tite-Live,  /.  21 ,  c.  38.  Voyez 
ce  mot.  Mais  il  faut  avertir  qu'il  y  a  d'autres  LlBUI  que 
Tite-Live  ,  /.  5 ,  c.  3  5 ,  met  dans  le  Véronois  ck  au 
Breffan. 

LIBISOCA,  félon  Ptolomée. 

LiBISONA  ,  félon  l'Itinéraire  d'Antonin. 

LIBISOSA  ,  félon  Pline,  A3,  c.  3  ,  ancienne  ville 
d'Espagne,  félon  ces  auteurs.  Ce  dernier  dit  qu'on  la 
furnommoit  Foro-Âugujlana.  On  pourrait  douter  quel 
eft  le  vrai  nom  ;  mais  il  y  a  des  preuves  qui  détermi- 
nent. Le  vrai  nom  de  cette  ville  étoit  Libijbfa ,  comme 
le  marque  Antonin.  Une  inferiprion  confacrée  en  l'hon- 
neur de  Mar  -Antonin,  &  rapportée  par  Gruter,  /.  3  , 
porte  Colonia  LlBISOSANORUM.  Ainfi  le  peuple  de 
Libijbfa  étoit  nommé  Libifofani  ,  ce  qui  eft  dans  l'or- 
dre. Quand  Pline  dit  Libifojbna,  c'eft  une  faute  des  co- 
piées ,  pour  Libifofana  ,  adje&if  de  colonia ,  dont  la 
répétition  eft  fous-entendue;  car  Pline  dit,  ex  colonia  Ac- 
citanâ  Gcmelk.-fs,  Si  Libifofana  cognomine  Fo'oaugufta- 
na ,  quibus  duabus  jus  Italia.  iatum  eft.  Acci  ou  Acci- 
tana  colonia  ,  &  Libijbfa ,  ou  Libifofana  colonia,  étoient 
deux  colonies  auxquelles  on  avoit  accordé  les  mêmes 
privilèges  qu'aux  villes  d'Italie.  A  l'égard  de  Ptolomée  , 
c'eft  unX  pour  un  S,  faute  affez  ordinaire  aux  copiftes, 
fur-tout  dans  les  noms  propres.  Il  la  met  dans  le  pays 
du  peuple  Oretani.  Quant  àAntonin,  il  la  met  àqua- 
torze  mille  pas,  c'eft-à-dire  à  environ  quatre  lieues^  Si 
demie  des  fources  de  la  Guadiana.  Morales  dit  que  c'eft 
préfentement  un  village  nommé  Lezuza.  Voyez  ce 
mot. 

LIBISTUS  ,  ancienne  ville  de  la  Thrace,  félon  Pline, 
/.  4,  en,  vers  la  baffe  Mcefie  ,  dans  le  pays  qu'avoient 
occupé  Ifs  Arotères,  peuple  Scythe. 

LIB'UM.  Voyez  Lieu  M. 

LIBNA.  Voyez  Lïbna  2. 

LIBCEUS,  ou  Libnius  ,  rivière  d'Irlande  ,  félon 
Ptolomée,  /.  1,  c.  2,  fur  fa  côte  occidentale.  Ses  in- 
terprètes difent  que  c'eft  la  BAIE  DE  SLEGAH. 

1.  LIEONA  ,  ville  de  l'Arabie.  Il  en  eft  parlé  dans 
la  Notice  de  l'Empire  ,  fict.  22. 

2.  LIBONA  ,  ancienne  ville  d'Espagne,  félon  Ptolo- 
mée, /.  2,  c.  6,  qui  la  met  au  pays  des  Celtibériens  ; 
c'eft  tout  ce  qu'on  en  fait.  Au  refte ,  c'eft  Cellarius  qui 
lit  ainfi  dans  Prrlomée  ;  car  je  ne  trouve  dans  la  Celti- 
bérie  de  Ptolomée  ,  que  deux  villes,  dont  le  nom  fe  rap- 
porre  à  ce'iu-ci  ,  :avoir  Libora  Si  Libana  ,  ou  Lœbana  • 
c'eft  (ans  dowe  l'une  des  deux  qu'il  appelle  Libona, 

LIBONOlUS,  l'un  de>:  douze  vents  ;  nous  n'avons 
point  fur  notre  bouflble  de  nom  qui  marque  au  juftece 
rumb  de  vent  :  en  voici  la  raiion.  Ariftote  Si  Pline  ont 
divilé  les  vents  en  douze.  Le  quart  de  cercle  qui  s'étend 
entre  le  midi,  Aoûts,  ouAuJltr,  Si  l'occident  Zcp':y- 


ru's  ou  FjivorJiis,  fe  trouve  partagé  en  deux  intervalles 
de  trente  degrés  chacun  ;  Si  ces  deux  espaces  font  rem- 
plis par  ceux  vents ,  lavoir  Libonotus  Si  Africus ,  éloi- 
gnés l'un  de  l'autre  à  diftance  égale.  Le  premier  eft  au 
milieu, entre  le  vent  d'Afrique  nommé Lips,  Apparies 
Grecs  ,  &  le  vent  du  midi ,  nomme  Notos ,  No'-rc;  dans 
la  même  langue.  Ainfi  ee  te  divifion  par  douze  ..e  fàu- 
roit  s'accorder  avec  la  nôtre,  qui  eft  par  trente-deux. 
Le  vent  dont  le  Libonotus  approche  le  plus  ,  c'eft  le 
fud-oueft  quart  au  fud  ;  Si  comme  nous  dilbns  fud- 
oueft  pour  hgnifierle  vent  qui  (buffle  au  milieu  précué- 
menr  entre  le  fud  cil'oueft,  d'un  nom  compile  cl.  ces 
deux  ,  de  même  les  anciens  ont  uni  les  noms  de  Lins  St 
h'otits  ,  Si  ont  appelle  Libonotus  le  vent  qui  ;ouiic  pré- 
cifément  entre  ces  deux  autres  vents. 

LLBOPHCENICES.  Voyez  LibyphcenicïS. 

LIBOR.A,  ville  de  l'Espagne  Tarragonnoife,  a»  pays 
des  Carpétaniens ,  félon  Ptolomée  ,1.2.,  c.6.  C'eft  pré- 
fentement TALAVERA  DE  LA  REYNA. 

LIBOURNE  ,  ville  de  France  ,  en  Guienne ,  dans  le 
Bourdclois ,  fur  la  Dordogne ,  qui  eft  fort  large  en  cet 
endroit.  Quoique  le  nom  latin  LlBURNUM  ait  un  cer- 
tain air  d'ancienneté ,  on  ne  voit  pas  que  ce  lieu  ait  été 
marqué  dans  l'antiquité  ;  il  n 'eft  célèbre  que  dans  l'his- 
toire moderne  :  nous  y  voyons  que  Libourne  a  été  plu- 
sieurs fois  prife  &  reprife  durant  ies  gaerres  avec  les  An- 
glois ,  Si  durant  les  troubles  de  France.  C'eft  aujour- 
d'hui le  fiége  d'une fénéchauftée  Se  d'un  préfidial.  Elleeft 
fort  marchande,  parce  que  c'eft  un  des  entrepôts  du 
commerce  de  Bordeaux  ,  dont  elle  eft  à  cinq  lieues. 
Elle  eft  petite,  mais  bien  peuplée,  auflî -bien  que  fes 
environs  Si  fa  banlieue.  Le  tel  fait  une  partie  de  fon 
commerce ,  Si  on  en  envoie  dans  le  Périgord  Si  dans 
le  Querci  par  la  Dordogne.  Il  y  a  plufieurs  couvens, 
&  la  cour  des  aides  de  Bordeaux  y  a  été  plufieurs  fois 
transférée.  *Longutrue,  Descr.de  la  France,  1.  part. 

P-  17°- 

LIBUI ,  ancien  peuple  d'Italie ,  aux  environs  de  Vé- 
rone Si  deBrescia.  Voyez  Lelui,  à  Foccafion  desquels 
on  parle  de  ce  peuple  qu'il  ne  faut  pas  confondre  avec 
les  Libui,  qui  étoient  à  Verceil  Si  à  Laumellum,  comme 
nous  en  avertiffons  en  ce  lieu. 

LIBUM,  lieu  d'Afie,  dans  la  Bithynie  ,  entre  Ni- 
comédie  Si  Nicée,  félon  l'Itinéraire  d'Antonin.  Ce 
lieu  eft  nommé  Libium  dans  l'Hiftoire  mêlée ,  au  rap- 
port d'Ortélius ,  Thifaur.  Cédrène  auflî ,  (èlon  lui , 
nomme  Liba,  lieu  voifin  de  Nicomédie;  c'eft  toujours 
le  même. 

LIBUNCA ,  ancienne  ville  de  l'Espagne  Tarragon- 
noife ,  au  pays  des  Calltcci  Lucenfes  ,  ou  de  la  Galice 
de  Luaos. 

1.  LIBURNA,  ville  de  la  Liburnie  ,  dans  l'illyrie, 
félon  Strabon,  l.j,  c.  15.  Cafaubon  fait  cette  remar- 
que: comme  cette  ville  de  Liburna  ne  fe  trouve  point 
ailleurs,  il  faut  regarder  ce  nom  comme  un  adjectif  at- 
taché au  nom  de  Scardone,  qui  eft  elîeftivement  de  l'an- 
cienne Liburnie,  Ainfi  au  lisu  de  lire  &  urbes  Scardon 
&  Liburna,  il  faut  lire  ,  félon  lui,  &  S  cardon  JLiburna. 
urbs. 

2.  LIBURNA,  ville  épiscopale  d'Afie,  vers  h  Cilicie. 
Il  en  eft  fouvent  fait  mention  dans  le  concile  de  Calcé- 
doine. *  Ortel.  Thef. 

LIBURNIA  ,  province  de  l'illyrie,  le  long  de  la  mer 
Adriatique,  aux  confins  de  l'Italie.  Elle  eft  entre  l'iftrie 
Si  la  Dalmatte,  Si  s'étend  depuis  le  mont  ÂUJius  jus- 
qu'àla  mer  Adriatique.  Le  fleuve  Arfia  la  féparoit  de  l'Is- 
trie ,  Si  le  fleuve  Titus  ou  Titius  la  féparoit  de  la  Dal- 
matie.  Cependant  Ptolomée  comprend  encore  dans  la 
Liburnie  la  ville  de  Scardona,  fituée  à  l'embouchure  de 
ce  fleuve,  quoiqu'au  midi.  Il  faut  diftinguer  la  Libur- 
nie ,  dans  un  fens  étendu  ,  de  la  Liburnie  dans  un  Cens 
plus  reflèrré  ,  ou,  ce  qui  eft  la  même  chofe,  de  la  Libur- 
nie proprement  dite.  Dans  le  premier  fens,  elle  com- 
prenoit  deux  peuples  ,  dont  le  fleuve  Tédanium,  aujour- 
d'hui la  Zermâgna,  faifoit  la  féparation.  Ces  deux  peu- 
ples étoient, 

les  Japydis  o\i  J apodes;         les  Liburniens  propres. 

J'ai  parlé  fufhTamment  des  premiers,  au  mot  Japodes. 
Il  s'agit  ici  des  Liburniens  proprement  dits.  Le  P.  Bnet 


:8;5 


LIB 


LIB 


■dit  qu'ils  occupoient  la  partie  occidentale  de  laBalmatie. 
-Leurs  vilies  étoient,  félon  lui  : 


'■JEnona  oit 

Enona,  aujourd'hui  Nona. 
Jadera ,  aujourd'hui  Zara. 
Corinium,  aujourd'hui  GHuba,  ville ruitrée. 

Le  P.  Briet  le  troinpe.  C'eft  aujourd'hui 
Cari. 
Scardona,  aujourd'hui  Scardone. 


^,n,  \'  (Curcum,  aujourd'hui  Zucca. 

JJans  les  )   .      ■    '      '       r  ■  ,,     ,    . 

terres  \Aruc\a  '>  ?n  ne  fait  ou  elle  etoit. 

'  (S tupi,  aujourd'hui  Bergane  ,  ruinée. 


Les  ifles, 


îddufo 


Voici  les  villes  que  Ptoloméé  place  dans  la  Liburnie. 
Il  eft  vrai  qu'il  n'obferve  point  de  dillinguer  celles  de  la 
Japydie,  de  celles  de  la  Liburnie  propre.  Mais  la  distinc- 
tion eft  aftez  faire  par  la  remarque,  que  nous  avons  déjà 
donnée ,  en  avertiilant  que  le  fleuve  Tédanium  les  fépa- 


Villes  maritimes 

Dans  lés  terres. 

Alvona , 

Tediajlrum  > 

Flavona , 

Arucia , 

Tarfatica  , 

Ardotium  , 

<Eneiflu;  OJlia 

,           Stlupi , 

Velctra , 

Curcum  , 

Senia , 

AuJ'ancali  $ 

Lopfica , 

Uaruaria  , 

Tedanii  Jlu  ; 

OJlia,       Saluia, 

Ortopla, 

Adra  , 

Vepia , 

Atanzona  j 

Argyrutum  , 
Corinium , 
Enona , 

AfeJta, 
Burnum  , 
Sidrona  j 

Jaàera  co'enia. 

Blanona, 

Tin  fia  ;  OJlia, 

Ouporum  , 

Scardona. 

Ntdinum. 

Ifles  adjacentes,  avec,  leurs  villes,  d* 

Apforrus 

\ 

Crepfa  , 
Apforrus* 

Curicta , 

{ 

Fulfiniiim  , 
Curicum. 

Scardona 

>i 

Arba, 
Colentum'. 

Les  LIBURNIENS  avoient  autrefois  pafle  la  trier,  & 
jpoffédé  une  partie  de  la  côte  orientale  d'Italie.  Pline , 
/.  3  ,  c.  13  ck  14,  le  dit  des  environs  de  Trutntum,  au- 
jourd'hui Torre  di  Seguro,  fur  le  Tronto.  11  le  dit  aufli 
de  la  côte  de  la  Gaule  ,  qui  commençpit  à  Ancone.  Il 
nous  apprend  que  les  Sicules  &i  les  Libumiens  en  ^voient 
été  chaflés  par  Les  Ombres  ,  lesquels  en  avoient  été  chaf- 
fés  à  leur  tour  par  les  Etrusques ,  6c  ceux-ci  par  les  Gau- 
lois. 

Solin,  /.  4,  c.  3  ,  trouve  un  peuple  de  Liburniens, 
en  Afie. 

LIBURNICUS-SINUS  ;  c'eft-à-dire  le  golfe  de  Li- 
fcurnie. 

LIBURNIDES-INSULjE,  ifles  de  la  mer  Adriatique, 
le  long  de  la  Liburnie.  Strabon,  c.  8,  en  compte  foi- 
xante.  Ce  font  préfentement  les  ifles  qui  bordent  la  côte 
orientale  du  golfe  de  Venil'e,  le  long  de  la  côte  de  la 
Croatie  ;  mais  pour  faire  ce  nombre  ,  il  ne  borne  pas 
les  ifles  Liburnides  à  la  rivière  de  Scardone ,  où  finifloit 
erTe&ivement  la  Liburnie;  mais  il  y  confond  celle  de  la 
côte  de  Dalmatie. 

LIBYA.  Voyez  Libye. 

LTBYA-PALUS,  lac  de  l'Afrique  proprement  dite,  fé- 
lon Ptoloméé  ,  /.  7,  p.  315-,  le- grec  porte  x/Ci/'m  Xlpv», 
Les  exemplaires  latins  portent  LlBNA  PALUS;  ce  qui 
peut  être  une  faute  des  copiftes. 


LIBYA,  ville  d'Espagne.  Voyez  LïBlE  3; 
LÏBYyEGYPTU ,  ancien  peuple  de  la  Libye  propre- 
ment dite.  Pline,  2.  5  ,  c.  8,  dit  que  ce  peuple  étoit  voi- 
fm  des  Gétuliens  &  des  Leucsetliiopiens.  Pomponius 
Mêla  ,  /.  1 ,  c.  4,  les  met  àu-deflus  du  pays  qu'arrofe  la 
mer  de  Libye,  c'eft-à-dire  au  midi  de  la  Libye,  qui 
étoit  au  bord  de  la  Méditerranée ,  &  par  conféquent  au 
couchant  de  la  Thébaïde.  Ptoloméé ,  /.  4 ,  c.  5 ,  en  dé- 
termine la  fituation  encore  plus  particulièrement,  en  met- 
tant de  fuite  les  Nitriotes,  les  Oafites  &  les  Libyaegyp- 
tiens.  L'Hiftoire  des  folitaires  d'Egypte  nous  fait  con- 
noître  le  défert  de  Nitrie ,  &C  on  fait  d'ailleurs  la  fitua- 
tion d'Oafis. 

L1BYARC1LE,  ancien  peuple  de  la  Libye,  6k  plus 
particulièrement  de  la  Marmarique ,  dont  ils  occupoient 
la  partie  feptentrionale,  félon  Ptoloméé,  /.  4,  c.  <j. 

LIBYCA.  Pline,  /.  3,  c.  4,  nomme  ainfi  les  deux 
moyennes  embouchures  du  Rhône.  Ce  font  celles  qui 
forment  la  Camargue,  félon  le  P.  Hardouin.  Ces  deux 
embouchures  avoient  ,  outre  ce  nom  commun  ,  cha- 
cune leur  nom  particulier,  l'une  s'âppelloit  Hispan'unfi 
oflium ,  &  l'autre  Metapinum. 
LIBYCI.  Voyez  Libici. 

L1BYCI-MONTES,  montagnes  d'Egypte,  au  cou- 
chant du  Nil ,  félon  Ptoloméé  ,  /.  4,  c.  5.  Synéfius  en 
fait  auflî  mention  au  rapport  d'Ortélius. 

LIBYCUM-MARE,  la  mer  de  Libye.  Les  anciens 
nommoient  ainfi  la  côte  de  la  mer  Méditerranée  ,  qui 
étoit  le  long  de  la  Libye  Maréotide.  Elle  étoit  bornée 
au  levant  par  la  mer  d'Egypte  ,  Sr.  au  couchant  par  la 
mer  d'Afrique. 
LlBYCUS-CAMPUS.  Voyez  Libyssus. 
LIBYCUS-MONS ,  montagne  d'Egypte  ,  auprès  de 
la  grande  ville  de  1  hèbes.  Il  y  en  a  une  autre  à  l'op- 
pofite ,  nommée  le  mont  facré.  Le  Nil  coule  entre  ces 
deux  montagnes ,  félon  Synéfius ,  di  Provid. 

LIBYE,  (la)  Pline,  /.  <j ,  c.  1  ,  dit  que  les  Grecs 
ont  fouvent  employé  ce  nom  ,  comme  lignifiant  généra- 
lement cette  partie  du  monde  ,  à  laquelle  nous  donnons 
aujourd'hui  le  nom  d'Afrique  ,  '"  qui  n'étoit  alors  que  le 
nom  d'une  de  fes  provinces.  Ptoloméé  intitule  airfi  le 
Livre  quatre  de  fa  géographie, où  il  iraitede  tonte  l'Afri- 
que, c"eft-i-dire  des  Mauritanies ,  de  l'Afrique  propre, 
de  la  Cyrénaïque ,  de  l'Egypte  ,  rkc  :  Expofition  de  toute 
la  Libye,  félon  fes  provinces  &  gouvernemens.  Mais  il  ne 
laifle  pas  enfuite  de  donner  plus  particulièrement  le  nom 
de  Libye  »  certaines  portions  de  tout  ce  vafte  piys.  Les 
poètes  Lati'ns  fe  font  conformés  à  cet  ancien  u'fage  ;  &  on 
dit  la  Libye  pour  l'Afrique  en  général  ,  ou  pour  des 
lieux  d'Afrique,  qui  n'étoient  point  de  la  Libye  propre- 
ment dite.  Virgile  dit  dans  fûn  ^Enéide,  /.  1,  v.  2.6  : 

Prageniem  fed  enim  Trojano  &  fanguine  duci  , 
Audierat  Tyrias  olim  qua  veruret  urbes, 
Hbzc  populum  laie  regern ,  bclloqut  Jupcibum  , 
Venturum  excidio  Libyae, 

On  voit  bien  que  le  po'éte  parle  là  de  Carthage ,  fa^ 
vorilée  deJunon,  &  dont  la  ruine  devoit  être  l'ouvrage! 
des  Romains.  Il  dit,  plus  loin  que  les  Troyens ,  effrayés 
par  la  tempête  ,  fe  hâtèrent  de  gagner  la  côtç  la  plus 
proche ,  &  mirent  le  cap  fur  l'Afrique. 

Defeffl  Alntadet ,  qua  proxima ,  littora  curfa. 
.    Contendunt  petere ,  &  Libyx  vertuntur  ad  or  as. 

Nous  n'en  donnerons  pas  un  plus  grand  nombre  d'exem- 
ples, tirés  de  Virgile  ,  chez  qui  ils  font  fréquens,  do 
même  que  chez  les  autres  poètes.  Venons- aux  pays  à 
qui  le  nom  de  Libye  étoit  propre. 

La  Libye  Maréotide  ,  ou  Amplement  la  Maréo- 
tide. On  appelloit  ainfi  le  pays  fitué  entre  Alexandrie  & 
la  Cyrénaïque.  C'eft  la  MARMARIQUE  de  Ptoloméé, 
félon  le  P.  Hardouin,  in  Plin.  1.  5 ,  c.  7  ;  mais  il  ne  s'ex- 
plique pas  exactement  ,  ce  me  femble  ;  car  Ptoloméé 
place  entre  la  Cyrénaïque  &  Alexandrie  trois  cantons 
qui  fe  fui  vent,  favoir  immédiatement  après  la  Cyrénaï- 
que, la  Marmarique,  après  laquelle  commence  le  nome 
de  Libye,  qu'il  appelle  dans  le  fommaire  de  fon  quatrième 
Livre,  la  Libye  proprement  dite,  &  enfin  le  nomme  Ma- 
riote  ou  la  Maréotide  proprement  dite.  Pline  lui-même 
diftingue  clans  cette  étendue  de  pays  trois  peuples  ^  la- 
voir les  Marmarides ,  les  Adimarchides  Se  les  Maréoiei. 

Ainû 


LlB 


L 


!  R 


Ainfi  la  Maréo.'ide,  ou  Libye  de  Pline,  ne  répond  qu'en 
partie  à  la  Marmarique  de  Ptolomée  ,  c'eft-à-dire  feu- 
lement pour  ce  qui  concerne  les  Marmarides.  Voici  les 
Keux  qu'il  met  dans  le  riô'me  de  Libye  : 


Tachorfa, 
Azicis , 
Nemefium  , 
Tifarchi , 
Philonis, 
Sophanis, 
Bibliaphonumj 
Scope , 
Calf.i, 
Laodamantium  . 


Catabatmus  le  petit  ! 
Pedonia , 
Pnigeus , 
Glaucum, 
Tuccitora , 
Thanutis, 
Pednopum  -, 
Climax, 
Siropum , 
Mareotis. 


s  17 

tit  canton  fabloineux,  avec  une  petite  bourgade,  appel- 
lée  Libyffa.  C'étoit-Ià  qa'Ànnibal  faifoit  ta  demeure  or- 
dinaire ;  &  comme  il  connoiffoit  le  peu  de  fermeté  6c 
la  timidité  de  Pruiïas ,  &  qu'il  craignoit  toujours  les  Ro- 
mains ,  il  avoit  pratiqué  de  longue  main ,  fous  terre  , 
fept  conduits  qui  répondoient  tous  à  fa  maifon,  &  qui , 
prenant  tous  de  différens  côtés ,  alloient  aboutir  fort  loin 
par  des  iffues  imperceptibles.  Ce  fut  là  que  ce  grand  ca- 
pitaine évita,  par  une  mort  volontaire,  le  chagrin  de  fe 
voir  livré  aux  Romains  ,  &  s'empoifonna.  Eutrope  le 
dit,  &C  marque  que  ce  fut  àLibyffa,  dans  le  voifinagede 
Nicomédie.  Ptolomée  ,  /.  5  ,  c.  1  ,  place  Eribée  entre 
ces  deux  villes.  Antonin  met  Libyffa  fur  la  route  deCons- 
tantinople  à  Antioche ,  entre  Chalcédoine  &:  Nicomé- 
die ,  de  cette  manière  :. 


LIBYE-INTÉRIEURE,  (la)  Ptolomée  ,/.  2 ,  c.{; 
horrîme  ainfi  un  vafte  pays,  borné  au  nord,  parles  trois 
Mauritanies  d'Afrique  &  la  Cyrénaïque  ;  à  l'orient,  par 
une  partie  de  la  Marmarique  &a  par  l'Ethiopie  ;  fous  l'E- 
gypte, au  midi, par  l'Ethiopie  intérieure,  jusqu'au  grand 
golfe  de  l'Océan  ,  qui  eft  aujourd'hui  le  grand  golfe  de 
Guinée;  &  à  l'Océan,  depuis  ce  golfe  jusqu'à  la  Mauri- 
tanie Tingitane.  Je  me  dispenfe  d'inférer  ici  tout  le  cha- 
pitre où  il  traite  de  ce  pays  ;  1.  parce  qu'il  eft  très- 
long  ;  2.  parce  qu'à  la  réferve  de  quelques  lieux  de  là 
côte  ,  les  Grecs  du  tems  de  Ptolomée  n'avoient  qu'une 
connoiffance  très-fuperflcielle  &  très-irtcertaine  dé  te 
pays,  qui  n'eft. même  pas  encore  bien  connu,  fi  on  eri 
excepte  les  lieux  maritimes  que  les  Européens  ne  fré- 
iquentent  que  depuis  peu  de  fiécles. 

LIBYPHŒNICES.  Pline,  /.  5,  c.  4;  Solin,  c.  27, 
&  49  ;  &  Marianus  Capella  ,  /.  6  ,  nomment  ainfi  les 
Phœniciens  établis  en  Afrique.  Comme  Carthage  étoit 
une  colonie  deTyr,  ceux  qui  pafferent  de  cette  dernière 
en  Libye ,  c'eft-à-dire  en  Afrique  ,  s'y  mêlèrent  avec  les 
naturels  du  pays  ;  &C  la  poftérité  de  ces  deux  peuples  ainfi 
mêlés,  n'étant  ni  d'origine  Africaine  tout-à-fait,  ni  du  fang 
Phcenicien  entièrement ,  fut  appellée  Liby-Phœniciens. 
Diodore  ,  /.  20,  les  nomme  LlBOPHŒNICES.  Ce  nom 
Libypkxniciens,  ou  Libophœniciens,  peut  bien,  indépen- 
damment de  ce  mélange,  avoir  été  donné  à  ce  peuple, 
pour  diftinguer  ces  Phœniciens  établis  en  Afrique ,  des 
Syrophœniciens  ,  c'eft-à-dire  des  Phœniciens  qui  étoierit 
demeurés  en  Syrie ,  dont  la  Phcenicie  faifoit  partie. 

LIBYSONIS-TURRIS,  la  Tour  de  Libyfon.  Pline., 
î.  3,  c.  7,  écrit  ainfi  ;  Ptolomée,  /.  3,  c.  3  ,  écrit 
nJpT-oî  AiC/ru-owof ,  ou  même,  commeportent  des  ma- 
nuscrits, ï'tesavot,  Tut  ris  Libifjonis  ou  Bifjonis.  Selon 
Pline,  /.  3  ,  c.  7 ,  c'éroit  la  feule  colonie  de  l'ifle.  Co- 
ioma  una  quœ  voc.atu;  ad  turrim  Libyfonis.  Dès  le  tëms 
de  l'Itinéraire  d'Antonin,  on  difoit  fimplementTuRRlS, 
la  Tour.  On  trouve  dans  l'Itinéraire, 


Tibulis, 
Ad  Herculem , 
Ad  Turrtm ,  - 
Noram  , 


M.  P.  LVin. 
M.  P.  XVIII. 
M.   P.   XVlIi 


Félix ,  fon  évêque  ,  eft  nommé  Fclix  de  Turribus , 
dans  les  Notices.  Selon  quelques-uns,  il  ne  refte  plus 
qu'un  port  nommé  le  port  de  la  Tour  ,  Porto  DI 
TORRÉ.  Le  P.  Hardouin  dit  que  l'on  croit  qu'elle  étoit 
au  lieu  où  eft  préfentement  Safari. 

LIBYSOSA,  ou  Libysosana  colonia.  Voyez  Li- 

BYSOCA. 

LIBYSSA  ou  LibIssa  ,  ancienne  ville  maritime  d'A- 
fie,  dans  la  Bithynie.  Ptolomée  écrit  Libiffd  par  un  i, 
à  la  première  &C  à  la  féconde  fyllabe  ;  mais  Pline  écrit 
par  un  y  dans  la  féconde.  Pline  en  parle  comme  d'une 
ville  qui  n'exiftoit  déjà  plus  de  l'on  tems ,  &  où  il  ne  fe 
voyoit  plus  rien  que  le  tombeau  d'Annibal.  Plutarque, 
(Hommes  illujlres ,  t.  3 ,  p.  583,  trad.  de  Dacier,  édit. 
de  Hollande,}  dans  la  Vie  de  Flaminius  ,  dit  quelque 
particularité  de  Libyffa ,  qui  mérite  d'être  inférée  ici.  Il 
y  avoit,  fur  la  mort  d'Annibal,  un  ancien  oracle  qui  di- 
îbit  :  la  terre  LibyJJa  engloutira  le  corps  d'Annibal.  Les 
Carthaginois  ne  doutaient  point  que  l'oracle  ne  parlât 
de  la  Libye ,  &  qu'il  ne  lui  prédît  qu'il  feroit  enterré  à 
Carthage  ,  où  vraifemblablement  il  devoit  finir  fes  jours  ; 
mais  dans  la  Bithynie,  affez  près  de  la  mer,  il  y  a  unpe- 


Chalcedonia  , 

Pantiçhium  , 
Libyjfam , 
Nicomediam , 

M. 
M. 
M. 

P.    XV. 
P.   XXIV, 
P.   XXII. 

L'Itinéraire  de  Bordeaux  à  Jérufalem  ,  fuit  bien  lé 
même  ordre,  mais  compte  les  diftances  autrement:  dé 
Conftantinople,  y  dit-on  ,  vous  paffez  la  mer  ;  vous  ve- 
nez à  Chalcédoine,  ôc  vous  marchez  dans  la  Bithynie. 

Naffete, 
Pandicia  , 
Pontamus , 
Libiffd, 

ïbipofuus  efire; 

Brunga , 
Nicomedia , 


M.  VII.  S. 

M.   VII.    S. 


Ai.  ix.  * 

A'nnibalianus  qui  fui 


Afrc 


M.   XII. 
M.   XIII. 


La  Table  de  Peutinger  fuit  auffi  le  même  ordre,  favoir, 
Chalcédoine  xxxvn  ;  Liviffa  xxili  ;,Nicomédie. 

La  différence  qui  eft  entre  ces  diftances,  pour  les  nom- 
bres, vient  de  ce  qu'en  partant  de  Chalcédoine,  pour 
venir  à  Libyffa  ,  il  n'y  avoit  que  trente-fept  lieues  en 
droiture ,  en  ne  paffant  point  par  Pandicia  ou  Panti- 
chium ,  &c  trente-neuf  en  y  paffant  ;  il  en  coûtoit  deux 
milles  de  détour ,  pour  paffer  en  ce  lieu-là.  De  Pandi- 
chium  à  Libyffa  il  y  avoit  vingt-quatre  mille  pas,  félon 
l'Itinéraire  d'Antonin.  Il  y  en  avoit  du  moins  autant  en 
paffant  par  Pontamus  ;  cependant  l'Itinéraire  de  Bor- 
deaux n'en  met  que  vingt-deux  ;  c'eft  ce  qui  me  rend 
fufpect.  le  neuf,  qui  fuit  le  mot  Libyffa  ;  &  je  fuis  per- 
fuadé  qu'il  faut  lire  on^e,  &  non  pas  neuf;  car  alors  ces 
Onze ,  &  les  treize  qui  font  entre  Pandicia  &  Pontamus, 
font  enfemble  le  nombre  de  vingt -quatre.  Nous  avons 
dit  que  Libyffa  étoit  une  ville  maritime  ;  cela  eft  con- 
forme à  ce  que  dit  Etienne  le  Géographe,  qui  dit  ex- 
preflément  que  c'étoit  une  fortereffe  maritime.  On  à  vu 
le  paffage  de  Plutarque.  La  manière  ,  dont  il  s'explique 
dans  le  grec,  met  la  iitualion  de  ce  lieu  dans  ce  que  nous 
appellerions  des  dunes  en  Hollande  &c  en  Angleterre. 
Ce  n'étoit  qu'une  bourgade  d'abord ,  &  du  tems  d'An- 
nibal. Son  tombeau  la  rendit  célèbre  ;  il  s'y  forma  une 
ville,  qui  fut  fortifiée  avec  le  tems  ;  elle  n'étoit  pas  loin 
de  la  mer  ;  cela  fuffit  pour  la  nommer  maritime  ;  elle 
n'étoit  pas  précifément  au  bord  ;  de-là  vient  que  Ptolo- 
mée la  met  dans  les  terres.  Bellon,  voyageur,  dit  avoir 
encore  vu,  de  fon  tems,  le  tombeau  d'Annibal,  dont  nous 
venons  de  parler.  Selon  lui,  ce  lieu  fe  nomme  Diaribê. 
Pierre  Gilles  ,  qui  dit  que  c'eft  un  village,  le  nomme 
Diacibyffa.  Busbeque  dît  que  le  nom  moderne  eft  Ge~ 
byfe.  Leunclave  dit  Lebafa.  Voyez  l'article  "LeB'JSA  &t 
Gebise.  Appien,  in  Syriac.  p.  150  ,_ne  connoit  en  ce 
lieu  ni  ville,  ni  bourg,  ni  village,  mais  fimpleinent  une  ri- 
vière nommée  Libyjfus.  Cette  rivière  àeLibyffus  coule, 
félon  lui,  en  Bithynie,  &  donne  le  nom  à  la  campagne 
qu'elle  arrofoit,  laquelle  en  fut  nommée  Plaine  de  Li- 
byffe,  Libyjfus  ager  ou  campus.  Mais  qui  empêche  qu'il 
n'y  ait  eu  un  village,  puis  une  ville,  une  campagne  &: 
une  rivière  de  même  nom  ? 

1.  LIBYSSUS,  rivière  d'Afie,  dans  la  Bithynie.  Voyez 
l'article  précédent. 

2.  LIBYSSUS,  lieu  de  la  ville  de  Rome,  On  le  nomma 
auffi  Àrgaus,  Ce  fut  enfuite  la  rue  de  Toscane ,  Iclon 

Tome  III.    LIll'l 


8i8 


Ur 


io 


LÎC 


Fabius  Piâor,  cité  par  Ortélius.  Fefiiis  dit  dans  le  même 
fens:  Libycus  campus  in  agro  Argeo  appellatus.  Il  donne 
auffi-tôt  la  raifon  cle  ce  furnom  de  Libycui  :  c'eft  que  le 
premier  grain  qu'on  y  fema  ,  avoit  été  apporté  de  Li- 
bye ;  c'eft  pourquoi ,  pourfuir-il ,  Céres  fut  fumoramée 
Libyenne,  LlBYS'SA  ,  par  les  Argéens. 

LIBYSTINE.  Voyez  Colchide. 

L1BYSTI.  Voyez  l'article  fuivant. 

LIBYSTINI ,  ancien  peuple  d'Afrique  ,  félon  Iface 
Tzetzès ,  commentateur  de  Xénophon  ,  ou  plutôt  félon 
Ortélius ,  qui  le  cite.  Il  ajoute  qu'Avienus  en  fait  auffi 
mention  dans  fon  po'éme  de  la  côte  de  la  mer  ;  mais 
c'eft  ce  que  je  ne  trouve  pas.  Ce  poëte  dit  feulement , 
Ora  mant.s.W)  : 

Igitur  columna  ,  ut  dixeram  Libyjlidis , 
Europte  in  agro  adverj'a  furgit  altéra. 

On  voit  bien  que  Libyjlidis  n'eft-là  que  pour  Libyte, 
nom  général  de  l'Afrique  ,  qu'il  a  pris  de  Derys  le  Pe- 
riégete,  qui  l'emploie  ibuvent  dans  ce  fens  là.  Macrobe, 
Saturnal.  I,  parle  d'Apollon  lurnommé  Libyjîinus , 
c'eft-à-dire   le  Libyen. 

LICANDRUS ,  partie  de  la  Capadoce.    Voyez  Li- 

PARA. 

LICANIACENSIS-VICUS ,  village  de  France  ,  en 
Auvergne.  Grégoire  de  Tours,  Hi/l.  Franc.  1.  2,  c.  6, 
p.  71,  en  fait  mention.  Quelques  manuscrits  portent  Li- 
cinianenfis. 

LICATA.  Baudrand  appelle  ainfi  une  ville  que  les 
autres  géog  aphes  appellent  Alicata.  Voyez  ce  mot. 

LICATES,  félon  Pline,  l.  3,  c.  20. 

LICATlI,  félon  Strabon,  La,,  p.  206;  &  Ptolomée, 
ancien  peuple  de  la  Vindélicie.  Le  premier  ne  les  nomme 
qu'entre  les  peuples  des  Alpes  de  qui  Augufte  triompha. 
Le  fécond  en  parle  comme  d  un  des  peuples  les  plus  tur- 
bulens'  fk  les  plus  mauvais  de  toute  la  Vindélicie.  Ils 
avolent  une  place  forte ,  nommée  Damajia.  Le  troi- 
sième obferve  qu'ils  étoient  aux  bords  du  Lycias ,  au- 
jourd'hui la  rivière  de  Leck. 

LICDON,  ou  Saint-André  de  Licdon,  bourg 
de  France ,  dans  la  Saintonge ,  diocèfe  &.  parlement  de 
Bordeaux,  ck  élection  de  Saintes. 

LICH  ou  LlCHA,  bourg  d'Allemagne,  en  Wétéra- 
vie,  dans  la  partie  orientale,  du  côtédeSolms,  fur  la 
rivière  de  Wetter  ,  à  deux  lieues  de  la  ville  de  Gieffen, 
&  un  peu  plus  loin  de  Burzbach.  * Baudr.  édit.  1705. 

LICHA.  Ortélius,  Thefaur.  foupçonne  que  c'étoit  une 
ville  de  Lycie ,  ou  quelque  part  dans  le  voifinage  ,  &T. 
cite  Thucydide ,  /.  8. 

LICHjE-AR^E,  autels  &  colomnes ,  dans  l'Ethiopie, 
fous  l'Egypte  ,  félon  Strabon  cité  par  le  même. 

LICHAS.  Ovide  dit ,  dans  les  Métamorphofes  ,  que 
Déjanire,  femme  d'Hercule,  lui  ayant  envoyé  par  Lichas 
une  chemife  qu'elle  croyoit  avoir  la  propriété  de  lui  re- 
donner dugoût  pour  elle  ,  ce  préfent  tunefte  empoifonna 
ce  héros  ,  ck  lui  fit  foufFrir  des  douleurs  qui  le  forcè- 
rent à  s'ôter  lui-même  la  vie.  Avant  que  de  mourir,  il 
appercut  le  malheureux  domeftique  qui  fe  cachoit ,  6k 
il  le  précipita  dans  la  mer ,  où  il  fut  changé  en  rocher. 
Ovide  ajoute,  /.  9,  v.  126. 

Nunc  quoque  in  Eubo'ico  feopulus  brevis  emicat  alte 
Gurgitc  &  humante  fervat  vejligia  forma , 
Quem  quafi  fenfurum  nautœ.  calcare  verentur, 
Appellantque  Lichan. 

Corneille  ,  le  même  qui  a  fait  le  di&ionnaire  géographi- 
que ,  rend  ainfi  ces  vers  : 

Ainfi  ce  malheureux ,  dont  la  crainte  a  glacé 
Tout  le  fang  que  le  cœur  a  vers  lui  ramafié , 
Manquant  d'humidité  change  en  l'air  de  nature  ; 
Il  tombe  ;  fk  confervant  fa  première  figure , 
On  le  voit  en  rocher  élevé  fur  les  flots , 
Qui  donne  de  fa  chute  avis  aux  matelots. 
Ils  le  nomment  Lichas ,  fk  dans  ce  nouvel  être, 
Comme  û  le  touchant  fa  peine  devoit  croître  , 


Dans  la  peur  de  lui  nuire,  il  n'eft  point  de  nocher 
Qui ,  parcourant  ces  mers,  veuille  s'en  approcher. 

Voilà  donc  l'origine  fabuleufe  du  rocher  Lichas ,  qui 
étoit  entre  l'Eubée  &  la  Grèce  propre.  Pline,  £4,  c.  12, 
nomme  les  Ltchades  au  pluriel.  Strabon ,  /.  9 ,  p.  426  , 
dit  bien  formellement  que  lesLichades,  ainli  nommées 
de  Lichas  ,  étoient  au  nombre  de  trois  ;  il  les  place  fur 
la  côte  des  Locres  Epicnéimdiens.  Il  avoit  dit  aupara- 
vant, /.  1 ,  p.  60,  fur  la  garantie  deDémétrius  de  Ca- 
latia,  que,  dans  un  des  tremblemens  de  terre,  arrivés 
dans  la  Grèce,  une  partie  des  ifles  Lichades  &cdu  Cé- 
née  avoit  été  fubmergée. 

LICHENl ,  peuple  ancien  de  l'Arabie  heureufe ,  fé- 
lon Pline,  /.  6,  c.  28. 

LICHFELD,  ville  d'Angleterre,  en  Staffordshire ,  à 
dix  nulles  de  Stafford  au  couchant ,  à  quatre-vingt-qua- 
torze de  Londres,  félon  Baudrand,  édit.  1705.  Elle  efi 
de  l'ancien  royaume  de  Mercie  ,  fk  eft  ainfi  nommée  , 
comme  qui  diroit  lé  champ  des  corps  ,  félon  Baillet,  To- 
pogr.  des  Saints,  p.  265  ,  à  caufe  de  la  multitude  des 
martyrs  qu'on  y  avoit  fait  mourir  ,  du  rems  de  Diocté- 
tien &  de  Maximien- Hercule  ,  avant  que  Cor.ftance- 
Chlore  fut  céfar.  Théodore  de  Cantorbery,  primat  d'An- 
gleterre ,  y  mit  le  fiége  de  l'épiscopat  du  royaume  de 
Mercie,  vers  l'an  660,  &  y  établit  S.  Céadde  pour  évê- 
que.  11  y  joignit  auffi  l'évéché  de  Lindish  oa  Lindiffz  , 
autrement  Lindisfar,  au  comté  de  Lincoln,  qu'il  ne  faut 
pas  confondre  avec  Lindisfarne.  Le  fiége  épiscopal  fut 
transféré,  de  Lichteld  à  Chefter,  l'an  1075,  &,  quelque 
tems  après,  de  Chefter  à  Cowentry  ;  mais  ayant  été  re- 
mis à  Lichfeld,  en  1 148,  on  y  bâtit  une  églife  en  l'hon- 
neur de  la  fainre  Vierge  &  de  S.  Céadde. 
/  L1CHINDUS  ,  ville  de  Sicile ,  félon  Etienne  le  Géo- 
graphe. 

LlCHfNG  ,  ville  delà  Chine,  dans  la  province  dé 
Channfi,  au  département  de  Lugan,  quatrième  métro- 
pole de  la  province.  Elle  eft  de  3  d.  50'  plus  occidentale 
que  Pékin  ,  fous  les  37  d.  20'  de  latitude.  *  Atlas  Si- 
nenfis. 

LICHNENI,  ancien  peuple  dé  1'ifle  de  Corfe,  félon 
Ptolomée,  /.  3,  c.  2.  Ses  interprètes  croient  qu'ils  habi- 
toient  la  vallée  nommée  aujourd'hui  Val-de-Niolo. 

LICHNION,  ou  Lichnium  ,  lieu  de  Grèce,  dans 
l'Attique ,  près  d'Athènes ,  félon  Ttetzès  fur  Lycophron. 

LICHO,  rivière  de  l'Afie  mineure,  dans  la  Turquie. 
Baudrand,  édit.  1705,  dit  qu'elle  coule  dans  la  province 
de  Germian;  qu'elle  paffe  àLADlCHlA,  fkfe  jette  dans 
le  Madré.  C'elt  le  Lycus  de  Phrygie.  Voyez  cet  arti- 
cle. 

LICHOS ,  fleuve  de  la  Phœnicie ,  félon  Pomponius 
Mêla,  /.  1,  c.  12.  C'eft  le  Lycos  de  Pline.  Voyez  ce 
mot.  Les  éditions  poftérieures  à  celles  qu'a  vues  Ortélius 
ont  Lycos.  Je  n'aurois  pas  fait  cette  remarque ,  fi  ce  la- 
vant homme  ,-  par  une  trop  grande  défiance  de  fes  lu- 
mières ,  n'eût  douté  que  le  Lichos  de  Mêla  fût  le  Lycos 
de  Ptolomée.  Il  ne  risquoit  rien  à  prononcer.  La  mo- 
deftie  eït  excefiive ,  quand  elle  porte  à  douter  de  ce  qui 
eft  clair. 

LICHTENAU  ,  petite  ville  d'Allemagne ,  dans  la 
Suabe,  près  de  la  rive  orientale  du  Rhin.  Elle  éft  com- 
prife  dans  le  pays  d'Ortnau ,  fur  les  confins  du  margra- 
viat de  Bade.  *  D' Audifret,  Géogr.  t.  3.  Robert  de  Fau- 
gondy,  Atlas. 

1.  LICHTENBERG,  château  de  France,  dans  la  baffe 
Alface,  au  diocèfe  de  Strasbourg ,  fur  une  montagne  de 
difficile  accès ,  à  cinq  lieues  à  l'occident  de  Haguer.au. 
C'étoit  autrefois  une  place  allez  forte  ;  mais  les  Fran- 
çois l'ayant  prife,  en  1678,  elle  a  été  démantelée.  C'eft 
le  cher-lieu  d'un  comté  de  même  nom  ,  dans  lequel  font 
PafFenhoven ,  Bromt  ck  Busv/eiler.  Ce  comté  appartient 
au  comte  de  Hanau,  qui  en  fait  hommage  à  la  France, 
depuis  1681.  On  y  entretient  un  gouverneur  &  un  état- 
major. 

2.  LICHTENBERG,  bailliage  d'Allemagne.  C'eft  un 
des  cinq  qui  compofent  le  duché  de  Deux-Ponts. 

LICHTENBOURG,  petite  ville  d'Allemagne,  dans  • 
l'électorat  de  Saxe.  Ce  heu  a  un  château ,  où  Péleftrice 
douairière  Palatine,  veuve  de  Charles,  dernier  électeur 
de  la  maifon  de  Simmeren ,  ck  fille  de  Frédéric  III,  roi 


LIC 


L1D 


de  Danemarck,  vécut  jusqu'à  fa  mort  arrivée  le  23  Avril 
1706.  *  Hubner,  Géogr. 

LICHTENFELS ,  petite  place  d'Allemagne,  en  Fran- 
conie  ,  dans  l'état  de  i'évêque  de  Bamberg. 
LICHTENSTEIG,  ou 

LICHTENSTE1N  ,  ville  de  Suiffe  ,  dans  le  Tocken- 
bourg, presqu'au  milieu  du  pays ,  au  bord  du  Thour. 
C'eft-là  que  s'aflemble  le  confeil  de  Tockenbourg ,  que 
l'on  juge  les  caufes  criminelles ,  les  appellations  ,  Ôc  que 
l'on  régie  les  autres  affaires  d'importance.  Le  baillifde 
l'abbé  raifoit  autrefois  fa  réfidence  ici.  Cependant  les  af- 
faires civiles  ont  toujours  été  jugées  par  le  confeil  parti- 
culier de  la  ville ,  où  préfide  fon  chef  de  police  ,  qui  a 
le  titre  de  fchutdtheïs  ou  d'avoyer.  Cette  ville,  pour  la 
commodité  delà  fituation,  étoit  autrefois  ,  non  la  réfi- 
dence des  comtes  de  Tockenbourg ,  car  ils  demeuroient 
dans  la  forterefle  du  nouveau  Tockenbourg ,  mais  celle 
de  leurs  domeltiques  &  de  leur  cour.  Les  armes  de  la 
ville  font  d'argent  à  un  pal  de  gueule.  Neu-Tockenbourg, 
ou  la  forterefle  du  nouveau  Tokenbourg,  étoit  fituée  au- 
deffus  de  la  ville  6t  du  village  de  Waflèrflu  ,  fur  une 
éminence.  Elle  fut  ruinée,  en  1083,  par  Hulric,  abbé  de 
Saint-Gall.  Comme  les  armes  de  cette  forterefle  étoient 
chargées  d'un  dogue  d'Angleterre  de  fable,  lampafle  de 
gueules,  avec  un  collier  de  ter,  je  croirois  volontiers  que 
ce  dogue  auroit  pu  donner  le  nom  de  Doggenbourg  au 
pays  ;  à  moins  qu'on  ne  veuille  le  dériver  du  mot  Turc- 
ken  ,  nom  d'un  village  à  l'extrémité  du  lac  du  Zurich. 
*  Etat  &  Délices  de  la  Suiffe ,  t.  3  ,  p.  3  14. 

LICHTSTALL;  quelques  François  écrivent  Liejlel, 
ville  de  Suiffe  ,  au  canton  de  Bade,  dont  elle  eft  à  deux 
lieues,  près  du  bord  de  la  rivière  d'Ergetz.  Elle  eft  jo- 
lie ,  médiocrement  grande ,  compofée  de  trois  rues  pa- 
rallèles, avec  une  églife  au  milieu.  Elle  fut  confumée 
par  le  feu,  l'an  1381.  Mais  elle  s'eft  bien  relevée  de  fes 
ruines,  &  les  maifons  y  font  bien  bâties.  On  y  trouve 
quelques  antiquités  Romaines ,  de  vieilles  murailles ,  &C 
des  routes  fouterreines  6c  murées  ,  qui  répondent  à  cel- 
les d'Augft.  Elle  eft  en  quelque  façon  la  capitale  du  pe- 
tit pays  de  SiJ/gaw,  dont  une  partie  appartient  à  I'évê- 
que de  Balle,  6c  où  eft  la  petite  ville  àeSiffach.  Comme 
Lichtftal  eft  fur  la  grande  route  de  France  6c  d'Italie  en 
Allemagne,  il  y  a  toujours  grand  abord  de  monde.  Elle 
a  de  beaux  privilèges  qui  lui  ont  été  accordés  ou  con- 
fervés  par  la  ville  de  Balle.  *Etat  &  Délices  de  la  Suiffe, 
t.  3  ,  p.  39. 

L1CIN,  ville  de  la  Chine,  dans  la  province  de  Chann- 
ton ,  au  département  de  Cinan ,  première  métropole  de 
la  province.  Elle  eft  d'un  degré  30'  plus  occidentale  que 
Pékin  ,  fous  les  37  d.  45'  de  latitude.  *  Atlas  Sinenfis. 
LLCINII-FORUM.  Voyez  Forum-Licinii. 
LICINIA-STAGNA  ,  étang  dont  parle  Stace,  dans 
faThébaïde,  La,.  Ortélius  conjefture  que  cet  étang  étoit 
vers  le  Péloponnèfe. 

L1CIN1I  LIBERTI  AUGUSTI  MONUMENTUM, 
c'eft- à-dire  le  monument  de  Licinius ,  affranchi  d'Au- 
giijle.  Ce  monument ,  qui  étoit  d'un  travail  exquis,  étoit 
à  deux  milles  de  Rome  ,  fur  la  voie  Salarienne,  félon 
Cornutùs  fur  Perfe.  *  Ortel.  Thefaur. 

L1CODIA,  ville  de  Sicile,  dans  la  vallée  deNoto.fur 
une  haute  montagne,  à  douze  milles  de  Calatagirone,  8>t 
à  trente  de  Syracufe,  félon  Fazel,  cité  par  Baudrand  , 
éd.  1705.  Cette  ville  eft  aflez  peuplée. 

LICOLA,  (LAGO  Dl)  Lucnnus  ou  Baïanus  lacus; 
ancien  lac  d'Italie  ,  dans  la  Campanie,  aujourd'hui  au 
royaume  de  Naples,  dans  la  terre  de  Labour,  &C  près  de 
l'ancienne  ville  de  Bayes.  11  étoit  fameux  pour  la  grande 
quantité  d'excellens  poiffonsque  l'on  y  pêehoit.  L'an  1 538, 
un  tremblement  de  terre  bouleverfa  ce  lac ,  élevant  de 
fon  tond  une  montagne  de  cendres  ,  &C  changeant  le  refte 
en  un  marais,  qui  ne  produit  plus  quedesrofeaux.  *Baudr. 
éd.  1705. 

On  donne  auffi  le  nom  de  Licolo  aux  veftiges  d'un 
canal  que  l'empereur  Néron  avoit  entrepris  de  taire  de- 
puis le  golfe  de  Baves  jusqu'au  port  d'Oftie. 
L1CÔPOL1S.  Voyez  Lycopolis. 
LICOSA  ,  petite  ille  d'Italie,  au  royaume  de  Naples, 
fur  la  côte  du  golfe  de  Policaftro  ,  dans  la  principauté 
citérieure.  C'eft  la  Leucofia  des  anciens.  * Baudrand , 
ejj.  1705. 

L1COSTOMO  i  Scotufa  ou  Scotufla,  ancienne  ville 


8l9 


de  Grèce  ,  dans  la  Theffalie  ,  fur  le  Pénée ,  près  de  fon 
embouchure ,  dans  le  golfe  de  Salonichi.  Elle  a  un  évê- 
ché  fuffragant  de  Larifle.  *  Baudrand,  éd.  I7CK. 

LICQUES.  Voyez  Liques. 

LICUDIACUM.  Voyez  LiGUGEY. 

LICUS.  Voyez  Lycus. 

LID  ,  bourg  d'Angleterre ,  dans  la  province  de  Kent. 
Il  a  droit  de  tenir  marché  public.  *  Etat  préfent  de  la. 
Gr.  Bref.  t.  1. 

1.  LID  A,  petite  rivière  de  Suéde,  dans  le  Weftro- 
gothland.  C'eft  proprement  la  décharge  du  lac  qui  eft 
entre  Skara  &  Falkoping  ;  elle  tombe  dans  le  Waner, 
auprès  de  Lidkoping  ,  après  s'être  groffie  de  quelques 
ruifleaux. 

2.  LID  A,  petite  ville  de  Pologne,  dans  laLithuanie, 
au  palatinat  de  Troki ,  aux  confins  de  celui  de  Vilna  % 
fur  le  ruiffeaude  Dzila,  qui,  coulant  de-là  vers  le  midi, 
tombe  dans  la  rivière  de  Niémen.  Elle  eft  à  dix-fept 
lieues  de  Trokfi.  Cette  ville  qui  a  une  châtellenie,  dont 
elle  eft  le  chef-lieu ,  6c  une  citadelle  fur  un  rocher,  fut 
fort  maltraitée  par  les  Ruffiens ,  l'an  1655. 

LIDBURY,  bourg  d'Angleterre,  en  Héréfordshire , 
fur  la  Lidden  :  on  y  tient  marché  public.  Allard  écrit 
Lydburye  ;  6c  Corneille  écrit  Lidubry. 

LIDDA  ou  Lidde,  ancienne  ville  de  la  Paleftine, 
dans  la  tribu  d'Ephraïm.  Les  Arabes  la  nomment  encore 
aujourd'hui  Lidde,  6c  les  Grecs  Diospolis ,  c'eft-à-dire 
la  ville  de  Jupiter.  Elle  étoit  une  des  onze  toparchies, 
ou  principautés  de  la  Terre  promise.  Ce  lieu  eft  fort  agréa- 
ble, tant  pour  fa  fituation  qui  eft  dans  une  grande  plaine, 
a  une  lieue  de  Ramatha,  vers  le  feptentrion,  que  pour 
le  terroir  qui  eft  fécond  ,  6c  où  l'on  recueille  du  coton 
en  abondance.  Ce  fut  dans  cette  ville  de  Lidda ,  que 
S.  Pierre  guérit  un  paralytique  ;  6c  cette  ville,  du  tems  que 
les  Chrétiens  l'habitoient,  étoit  un  évêché.  Les  Grecs  en 
pofledent  maintenant  l'églife,ôc  l'ont  dédiée  à  S.  George: 
ils  croient  que  ce  faint  y  a  fouffert  le  martyre ,  6c  c^ft 
un  lieu  de  dévotion  pour  les  Chrétiens  de  ce  pays  ;  il 
y  a  toujours  dix  ou  douze  religieux  Grecs ,  qui  y  font  le 
feryiee  divin.  Les  Arabes  ont  détruit  une  magnifique 
églife  qu'on  y  avoit  bâtie.  Aujourd'hui  Lidda  n'eft  plus 
qu'un  bourg  où  l'on  tient  marché  toutes  les  femaines.  Il 
s'y  fait  un  grand  trafic  de  coton  ,  6c  de  toute  forte  de  bé- 
tail. *Corneille  Dictionnaire.  Le  P.  Roger.  Voyage  de  la 
Terre-fainte ,  /.  1,  c.  13. 

LIDDEL ,  (la)  rivière  de  l'Ecofle  méridionale.  Elle 
a  fes  fources  dans  la  province  de  Liddesdale  ,  à  laquelle 
elle  donne  fon  nom  ;  6r,  groflïe  d'un  bon  nombre  de  ruis- 
leaux  ,  elle  la  traverfe,  &  va  fe  joindre  à  la  rivière  d'Esk, 
qui  coule  dans  la  vallée  d'Eskdale ,  qui  fait  partie  de  la 
nrême  province.  Leur  jonftion  fe  fait  à  l'extrémité  mé- 
ridionale de  ces  deux  vallées  qui  fe  rencontrent  aux  con- 
fins du  Cumberland, province  d'Angleterre  ;  6c  elles  vont 
fe  perdre  enfemble  dans  la  baie  de  Solway.  *  Allard t 
Atlas. 

LIDDESDALE ,  province  de  l'Ecofle  méridionale. 
Elle  eft  aux  confins  de  l'Angleterre  ,  où  elle  eft  féparée 
par  une  chaîne  de  montagnes  des  provinces  deNortham- 
berland  au  levant ,  6c  de  Cumberland  au  midi  ;  elle  a  au 
nord  Tiviotdale  6c  Twedale,  &c  au  couchant  Annandale. 
Elle  prend  fon  nom  de  la  rivière  de  Liddel  qui  l'arrofe  ; 
6c  comme  c'étoit  une  province  frontière  ,  lorsque  l'E- 
cofle 6c  l'Angleterre  avoient  leurs  intérêts  féparés ,  les 
deux  nations  ont  fouvent  eu,  au  fujet  des  confins,  des 
disputes  qui  furent  enfin  terminées  en  faveur  des  Ecos- 
fois ,  après  que  le  roi  Jacques  d'Ecofle  fut  monté  fur  le 
trône  d'Angleterre  ;  8c  ces  terres  furent  données  en  fief 
au  chevalier  Robert  Douglas,  5c  à  Jacques  Maxwel,  qui 
les  vendirent  au  chevalier  Jean  Ker,  6c  il  les  revendit 
à  "Walter  Scot ,  comte  de  Buccleugh.  Il  y  avoit  autrefois 
dans  cette  province  un  château  nommé  ïhermitage,  que 
l'on  a  démoli.  L'auteur  de  l'Etat  préfent  de  la  Grande- 
Bretagne  ,  t.  1 ,  p.  133 ,  rapporte  à  la  province  de  Lid- 
desdale ,  YEskdale ,  ïEusdale  6c  W.ichopdale  ,  trois  ter- 
ritoires qui  prennent  leurs  noms  des  rivières  VEsky 
YEw,  6c  Wachop.  Les  familles  les  plus  confîdérables 
dans  ces  quartiers,  étoient  celles  des  Armftrongs,  Gra- 
hams,  Johnftons,  Eliots,  Irwins,  Bels,  Mofrets,  La- 
timers,  6c  c.   *  Allard,  Atlas. 

LIDKOPING,  ville  du  royaume  de  Suéde,  dans  le 
Weftro-Gothland,  furie  lac  Waner,  à  l'embouchure 
Terne  III.    Lllll  ij 


20 


LIE 


LIE 


de  la  rivière  de  Lida  dans  ce  lac.  Ainfi  ce  nom  s'expri- 
meroiten  latin,  par  celui  de  Lida  forum;  il  lignifie  pro- 
prement le  marché  de  Lida ,  ou  fur  la  Lida.  Elle  eft  à 
deux  milles  de  Skara,  &  trente  de  Falkoping  &  de  Ma- 
rieftadt.  Il  y  a  à  Lidkoping  un  évêché  fuffragant  d'Upfal. 
?  Zeyler,  Rcgn.  Suecict  Descr.  p.  il. 

LIDOLIA.  Voyez  Liddesdale. 

LIEBANA  ou  Lievana  ,  petite  contrée  d'Espagne, 
dans  PAfturie  de  Santillane.  L'abbé  de  Vairac,  Etat  dt 
t  Espagne,  t.  i,  p.  300,  parlant  des  Afturies  dit:  au 
milieu  du  pays  eft  la  petite  province  de  Liebana ,  longue 
de  neuf  lieues ,  &  large  de  quatre.  Elle  eft  partagée  en 
cinq  vallées ,  qui  font ,  Cilorigo ,  Val-de-Prado  ,  Vahe- 
taro,  Gereceda,  &  Polahos.  La  capitale  de  cette  petite 
province  s'appelle  Potes  ,  ville  médiocrement  grande  , 
fituée  à  neuf  lieues  de  Santillane  ,  fur  la  Déva.  C'eft  le 
pays  le  plus  rude  &  le  plus  raboteux  de  toute  l'Es- 
pagne: il  eft  entre-coupé  de  montagnes  fi  hautes,  qu'il 
iemble  que  leurs  cimes  vont  heurter  le  ciel.  Ce  fut  là 
que  les  Chrétiens  s'enfuirent  après  l'invafion  des  Mau- 
res; 8c  ils  y  trouvèrent  un  fi  bon  rempart  préparé  par  la 
nature,  une  fituation  fi  avantageufe  pour  fe  défendre , 
qu'ils  repouflèrent  toujours  avec  fuccès  les  efforts  des  in- 
fidèles qui  ne  purent  jamais  y  pénétrer,  ni  s'en  rendre 
maîtres. 

LIEBAW  ou  Liebe  ,  ville  de  la  haute  Luface ,  dans 
le  cercle ,  &  à  cinq  lieues  au  fud-eft  de  Bautzen.  C'eft 
la  ville  la  plus  ancienne  du  pays  ;  elle  fouffrit  un  grand 
incendie,  en  1710. 

LIEBENA  W,  petite  ville  d'Allemagne ,  dans  le  pays 
de  l'élefteur  de  Brunswig-Hanover,  au  comté  de  Hoya, 
près  du 'Wefer.  *  Hubner ,  Géogr. 

LIEBENTHAL,  ville  de  Siléfie.  Voyez  Luben- 
THAL.  , 

LIEBENWALD,  petite  ville  d'Allemagne,  fur  le 
Havel,  dans  Féle&orat  de  Brandebourg  ,  &  dans 
l'Uckermarck,  aux  confins  de  la  moyenne  Marche,  Se 
du  comté  de  Rupin.  *Baudrand  ,  édit.  1705. 

LIEBERTHAL.  Voyez  Leber. 

1.  LIECHTENAW,  petite  ville  avec  un  château, 
dans  la  baffe  Alface ,  au-delà  du  Rhin ,  entre  Strasbourg 
&  Bade  :  elle  a  un  grand  territoire  coupé  par  le  Rhin,  où 
font  les  petites  villes  de  Wilfter  Se  d'Offenthorff  &  de 
Prufenheim,  Se  appartient  aux  comtes  de  Hanau.  *Bau- 
drand,  édit.  1705. 

1.  LIECHTENAV,  petite  ville  d'Allemagne,  dans 
la  Franconie,  fur  la  rivière  de  Berzell,  au  margraviat 
d'Anspach ,  à  une  lieue  8c  demie  de  la  ville  de  ce  nom, 
avec  un  château.  Quoique  fituée  dans  ce  petit  état,  elle 
appartient  à  la  ville  de  Nuremberg.  *  Baudr.  édit.  1705. 

LIECHTENTHAL,  I««</tf-/^//«,  ancienne  ab- 
baye de  filles,  ordre  de  Cîteaux,  dans  le  haut  marquifat  de 
Bade ,  à  demi  -  lieue  de  Bade.  Elle  fubfiftoit  encore 
en  1658.  On  y  voit  plufieurs  tombeaux  des  marquis  de 
Bade. 

LIEFKENSHOECK,  fort  des  Pays-bas,  dans  la  Flan- 
dre Hollandoife  ,  fur  la  rive  gauche  de  l'Escaut ,  vis-à- 
vis  de  Lillo.  Voyez  LiLLO. 

LIEFLAND.  Voyez  Livonie. 

1.  LIÈGE,  (le)  bourg  de  France,  dans  la  Tou- 
raine ,  dans  l'éleftion  de  Loches. 

1.  LIÈGE,  (la)  petit  ruiffeau  d'Allemagne,  au  pays 
de  Liège.  Son  nom  latin  eft  Legia ,  Si  elle  tombe  dans 
la  Meule  à  Liège  même ,  capitale  du  pays  à  laquelle  elle 
donne  fon  nom,  félon  quelques-uns. 

3.  LIÈGE,  ville  d'Allemagne,  dans  l'évêché  de 
même  nom ,  dont  elle  eft  le  fiége  Se  la  capitale ,  dans  le 
cercle  de  Weftphalie,  furlaMeufe,  entre  Hui  Se  Mas- 
tricht ,  à  cinq  lieues  de  la  première ,  Se  quatre  de  la  fé- 
conde. Si  on  en  croit  ceux  qui  lui  donnent  une  extrême 
antiquité ,  on  la  nommoit  autrefois  Legia ,  à  caufe  d'une 
légion  Romaine  que  les  habitans  du  pays  défirent,  de 
même  que  cinq  cohortes  commandées  parCotta  8c  Sabi- 
nus,  comme  le  remarque  Céfar  ,  /.  5.  Cependant  quel- 
ques-uns veulent  qu'elle  tire  fon  nom  d'une  petite  rivière 
qui  a  fa  fource'dans  un  village  à  trois  lieues,  au-deffus 
de  Liège,  qui  s'appelle  Legia,  Liège,  ou  Legione,  8c 
qui  fe  rend  dans  la  ville ,  où  elle  le  joint  à  la  Meufe. 
J.  Lipfe ,  8c  quelques  autres  écrivains  nomment  cette  ville 
«n  latin  Leodicum,  Se  même  Leodica.  Le  premier  de  ces 
•deux  noms  fç  trouve  dans  U  Vie  de  Çharlemagne ,  6e 


dans  celle  de  Louis  le  Débonnaire:  on  la  trouve 'auflî 
dans  quelques  écrivains,  fous  le  nom  de  Leodium.  En 
Allemand  on  la  nomme  Luttich,  Se  en  Hollandois  Luyk. 
De  vieilles  murailles  à  demi-détruites ,  Se  quantité  de 
monumens ,  qui  fe  voient,  tant  au  dehors  qu'au  dedans  , 
prouvent  qu'elle  eft  ancienne.  Dans  les  affaires  d'im- 
portance, on  fe  fert  d'un  fceau  on  l'on  lit  ces  mots  :  Le- 
gia Romane  ecclefia  unicafilia. 

Ljége  eft  fituée  dans  une  vallée  fort  agréable,  8c  en- 
vironnée de  montagnes  que  féparent  des  vallons  6c  des 
prairies,  par  où  coulent  les  petites  rivières  de  Vèfe,  Ute, 
Se  Ambluar ,  qui  fe  déchargent  dans  la  Meufe ,  avant 
que  ce  fleuve  entre  dans  la  ville.  Il  la  traverfe ,  mais 
fans  pafler  au  milieu.  La  partie  qui  eft  du  côté  gauche 
en  descendant,  8c  où  eft  le  port  nommé  la  Batte,  a  bien 
plus  d'étendue,  Se  eft  bien  plus  peuplée  que  celle  du  côté 
droit,  que  l'on  appelle  Outre-Meufe.  *  Corn.  Dift. 

Hubertus  Thomas  prétend  que  cette  ville  fut  fondée 
par  Ambiorix  que  Céfar  fit  mourir  pour  fa  perfidie. 
D'autres  foutiennent  qu'il  ne  fut  pas  le  fondateur  de  cette 
ville,  mais  feulement  le  reftaurateur:  ils  veulent  même 
que  Liège  doive  fon  origine  aux  Grecs.  Cependant  la 
plupart  des  meilleurs  écrivains  (a)  difent  que  S.  Hubert, 
originaire  d'Aquitaine,  fut  le  premier  évêque  de  cette 
"ville  ;  que  ce  fut  lui  qui  la  fonda  ;  qu'il  lui  donna  le 
nom  de  Legia ,  8c  qu'avant  ce  tems-là,  ce  n'étoit  qu'un 
village.  Ce  qu'il  y  a  de  certain ,  c'eft  que  des  auteurs  ont 
écrit  que  la  ville  de  Liège  fut  anciennement  la  métropole 
des  Eburones,  Se  qu'elle  fut  une  ville  royale,  jusqu'au  tems 
où  Charles,  duc  de  Bourgogne,  l'obligea  de  fe  foumettre  à 
fon  évêque  (b).  Guichardin  néan  moins  l'a  honorée  du  ti- 
tre de  ville  impériale,  de  façon  pourtant  que  l'empereur  n'y 
a  aucun  droit.  Sa  feule  fujétion  eft  de  fournir  à  l'em- 
pereur un  petit  nombre  de  foldats ,  ou  plutôt  un  léger 
fubfide  ,  lorsqu'il  doit  faire  la  guerre  au  Turc.  Par  rap- 
port temporel  Se  au  fpirituel ,  elle  n'eft  foumife  qu'à  fon 
évêque;  encore  jouit-elle  de  fi  grands  privilèges,  qu'elle 
peut  être  regardée  comme  une  république  libre,  gouver- 
née par  fes  bourg-meftres,  fes  confeillers,  Se  autres  ma- 
giftrats  municipaux.  Il  y  a  deux  bourg-meftres  ,  vingt 
confeillers  créés  les  uns  8c  les  autres,  moitié  parl'évêque, 
&c  moitié  par  la  ville.  Deux  de  ces  confeilleurs  font  per- 
pétuels, ainfi  que  le  greffier  qui  porte  le  nom  de  grand" 
greffier  de  la  cité ,  8c  qui  eft  en  même  tems  greffier  du 
tiers-état.  Il  y  a  auffi  un  grand-majeur  8c  deux  ma- 
jeurs fubalternes.  *  Délices  des  Pays-bas,  p.  156. 

Liège  a  trente-deux  collèges  d'artifans  qui  ont  part 
au  gouvernement  civil.  On  ne  peut  publier  aucun  édit  ni 
prendre  aucune  réfolution  où  le  public  foit  intéreffé, 
fans  qu'ils  y  aient  donné  leur  confentement.  Dans  les 
affaires  eccléfiaftiques  les  appels  fe  portent  à  Cologne,  & 
de-là  à  Rome  ;  8c  dans  les  affaires  civiles ,  ils  fe  por- 
tent à  la  chambre  impériale.  *  (  a  )  Richard ,  Waflen- 
burgius  ,  8c  Jean  Placentinus.  (b)  Imhof.  Not.  imp, 
Rom.  Germ.  L'y,  c.  13. 

Dans  la  partie  de  la  ville  qui  eft  à  gauche  delà  Meufe, 
eft  l'églife  cathédrale,  du  nom  de  Saint- Lambert.  Elle 
eft  affez  grande ,  mais  groftiere  Se  maffive.  Au  devant 
font  deux  tours  égales ,  plus  petites  que  celles  de  Notre- 
Dame  de  Paris.  Il  n'y  a  point  de  grand  portail.  Devant 
Se  derrière  l'églife,  font  deux  espèces  de  cloîtres  ,  par- 
deffous  lesquels  on  y  entre  des  deux  côtés.  Derrière  le 
le  chœur  eft  le  marché,  où,  du  côté  de  l'églife,  il  y  a 
une  fontaine  ;  Se  à  l'autre  bout,la  ftatue  d'un  illuftre  bourg- 
meftre,  *  Corn.  Dift. 

Il  coule  dans  toutes  les  rues  de  la  ville  une  eau  extrê- 
mement claire:  elle  vient  des  fontaines,  qui  font  en  fî 
grand  nombre,  que  chaque  maifon  en  a  ordinairement 
deux  ou  trois. 

A  un  coin  du  marché  eft  l'hôtel  de  ville;  8e  à  gauche 
de  l'églife,  on  trouve  une  grande  place  où  eft  le  palais 
épiscopal,  qui  eft  très-confidérable.  On  y  voit  deux  gran- 
des cours  presque  carrées,  entourées  par  le  bas  de  galeries 
fur  lesquelles  il  y  a  de  beaux  logemens.  Au  milieu  de 
la  féconde  cour  il  y  a  une  belle  fontaine.  Ce  palais  fut 
bâti,  en  1506,  par  Erard  de  la  Marck,  évêque  de  Liège, 
préfident  du  conlèil  de  l'empereur  Charles-Quint ,  Se  de- 
puis cardinal  en  iezi.  Il  mourut  en  1538.  Sa  fépulture 
eft  élevée  en  bronze,  au  milieu  du  chœur  de  la  grande 
églife.  Il  la  fit  faire  lui-même  de  fon  vivant,  avec  ce» 
4eu  xvers  latins. 


LIE 


LIE 


821 


Dlcipimur  votis  ,  &  tempore  fallimur  ;  airai 
Mors  ridet  curas  ;  anxia  vita  nïhïl. 

Au  devant  de  cette  églife  eft  le  cloître  où  habitent  les 
chanoines  ,  qui  doivent  tous  être  nobles,  8c  dotteurs 
ou  licentiés.  Ils  font  au  nombre  de  foixante ,  6c  ont 
droit  d'élire  leur  évêque,  qui  eft  fuffragant  de  Colo- 
gne. *  Corn.  Dift. 

Il  y  a  peu  de  tréfors  comparables  à  celui  de  cette 
«glife.  Outre  des  reliques  ornées  de  pierreries,  8c  quan- 
tité de  figures  d'or  8c  d'argent ,  on  y  voit  une  chape  Se 
une  chafuble  données  par  le  pape  Grégoire  X  ,  qui  avoit 
été  archidiacre  dans  cette  cathédrale.  Sur  le  devant  de 
la  chafuble,  eft  une  Vierge  tenant  un  petit,  Jéfus  tout 
4le  groffes  perles  ;  &  fur  le  derrière,  un  Chrift  en  croix, 
suffi  tout  de  perles,  avec  des  doux  de  gros  diamans. 
Elle  ne  fert  qu'au  prince,  évêque  de  Liège. 

S.  Lambert,  évêque  deMaftricht,  étant  à  Liège,  vers 
l'an  708 ,  fut  attaqué  avec  fa  famille ,  8c  tué  par  les  gens 
•de  Dodon  ,  frère  d'Alpaïde,  maitreffe  de  Pépin  ,  maire 
du  palais.  Il  fut  enterré  d'abord  dans  une  églife  de  la 
ville  de  Maftricht ,  où  l'on  rapporta  fon  corps  ;  mais 
S.  Hubert  le  reporta  à  Liège,  l'an  711,  treize  ans  après 
la  mort  du  faint.  Il  y  établit  auffi  le  liège  épiscopal ,  avec 
l'on  chapitre  ;  Se  fes  fucceffeurs  y  font  demeurés  jusqu'à 
préfent.  S.  Hubert  fut  ainfi  le  premier  évêque  de  Liège, 
quoique  fucceffeur  de  ceux  de  Tongres  &  de  Maftricht. 
Cette  double  translation  du  corps  de  S.  Lambert  6c  du 
liège  de  Maftricht ,  donna  l'origine  à  la  grandeur  où  l'on 
a  vu  depuis  s'élever  la  ville  Se  Féglife  de  Liège ,  qui  ho- 
nore S.  Lambert  comme  fon  patron  ,  8c  S.  Hubert 
comme  fon  fondateur.  Le  corps  de  S.  Hubert ,  mort  à 
Fure  ou  Vueren ,  entre  Louvain  6c  Bruxelles ,  l'an  717, 
fut  rapporté  à  Liège  ;  &  98  ans  après,  à  Andain ,  qu'on 
nomme  à  préfent  S.  Hubert  en  Ardennes.  L'églife  ca- 
thédrale fut  bâtie  fur  la  place  même  où  l'on  avoit  tué 
S.  Lambert;  8c  elle  fut  dédiée  fous  le  nom  delafainte 
^Vierge,  Se  fous  celui  de  ce  faint  évêque.  S.  Albert,  des 
comtes  de  Louvain,  archidiacre  de  Liège,  fut  fait  évê- 
que, après  Raoul  mort  le  5  d'Août  de  l'an  1191. 

On  compte  à  Liège  dix  grands  fauxbourgs ,  dont  voici 
les  noms:  De  Bayard ,  de  Saine-Léonard ,  de  Vignis, 
de  Sainte-Walburge,  de  Hocke-à- Porte,  de  Sainte-Mar- 
guerite, de  Saint-Martin,  des  Bogards ,  du  P on- Amer- 
cœur  ,  qui  eft  triple,  favoir  S ' aint-Remacle ,  Brejjoux  , 
&  Long- Dos  ;  Se  le  fauxbourg  Saint- Avrai,  qui  en 
comprend  deux  autres  petits ,  qui  font  Caulchies ,  Saint- 
Gille,  in  fur  la  Fontaine.  *  Délices  de  Pays-bas,  t.  3, 
p.  242. 

Outre  l'églife  cathédrale,  il  y  a  fept  chapitres;  i°la 
collégiale  de  S.  Pierre.  L'églife  a  été  bâtie  par  S.  Hu- 
bert ,  qui  y  fut  enterré,  l'an  730,  dans  l'églife  fouter- 
reine.  Ses  reliques  furent  transportées,  en  825,  dans 
l'abbaye  de  S.  Hubert.  i°  La  collégiale  de  S.  Paul ,  bâ- 
tie ,  vers  l'an  966,  par  S.  Eraclie,  feiziéme  évêque.  Elle 
eft  remarquable  par  fa  ftrufture ,  Se  les  ornemens  de 
marbre  qu'on  y  a  ajoutés  depuis  quelques  années.  30  La 
collégiale  de  S.  Martin-au-Mont,  fondée,  vers  l'an  970, 
par  le  même  S.  Eraclie.  Ses  chanoines  ont  le  titre  de 
chevaliers  ,  Se  le  privilège  de  jouir  de  leurs  prébendes 
lorsqu'ils  veulent  aller  faire  leur  réfidence  en  France , 
dans  l'églife  de  S.  Martin  de  Tours.  40  La  collégiale  de 
S.  Jean  l'Evangelifte,  bâtie  en  980,  par  l'évêque  Notger. 
5°  La  collégiale  de  Sainte-Croix,  fondée  par  le  même 
évêque,  vers  l'an  979.  6°  La  collégiale  de  S.  Denys, 
bâtie  en  987,  par  Nithart,  chanoine  de  S.  Lambert,  Se 
par  fes  deux  frères  Jean  8c  Godefchalc.  70  La  collégiale 
de  S.  Bathelémi,  bâtie,  l'an  1015,  par  Godefchalc  de 
Moriamé ,  prévôt  de  S.  Lambert.  Outre  ces  collégiales, 
il  y  a  encore  dans  la  cathédrale  deux  petits  chapitres  , 
l'un  de  S.  Materne,  Se  l'autre  de  S.  Gilles  ,  autrement 
de  la  petite  Table. 

Le  nombre  des  abbayes  Se  des  monafteres  eft  fort 
grand.  On  en  compte  jusqu'à  quarant-fix,  tant  dans  la 
ville  que  dans  les  fauxbourgs.  Il  y  a,  outre  cela,  trente- 
deux  paroiffes.  Une  quantité  fi  prodigieufe  d'églilès  a  fait 
dire  à  Pétrarque  :  Vidi  Leodium ,  infignem  clero  locum. 
*Janf.  l7rb.Belg.Tab. 

On  compte  à  Liège  jusqu'à  cent  cinquante  -  quatre 
rues  ,  feizes  porte  Se  dix-fept  ponts,  dont  le  plus  beau  eft 
celui  des  Arches,  Les  appuis  de  ces  ponts  fonts  de  fer  fa- 


çonné. Il  y  a  deux  quais,  entr'autres,  qui  font  très-beaux, 
8c  plantés  d'arbres  ;  celui  de  S.  Léonard,  qui  borde  la 
Meufe,  du  côté  de  Maftricht  ;  8c  celui  de  Saint- Avrai , 
qui  borde  la  même  rivière ,  du  côté  de  Hui. 

Il  y  a  un  petit  bras  de  la  Meufe,  qui  fait  une  ifle  dans 
la  ville  ;  8c  fur  ce  bras  eft,  entr'autres,  un  petit  pont 
qu  on  appelle  le  pont  des  Jéfuites ,  à  caufe  que  leur  col- 
lège eft  proche  de- là.  Sur  ce  petit  bras  de  la  Meufe  ,  ré- 
pondent les  derrières  des  plus  belles  maifons  de  Liège. 
*Corn.  Dift. 

La  maifon  de  ville ,  qui  étoit  bâtie  à  l'antique ,  fut 
ruinée  par  le  bombardement  de  l'année  1691 ,  8c  rebâ- 
tie en  1718.  La  magiftrature  y  tient  fes  aflemblées. 
Liège  eft  la  patrie  de  Jean  Warin  nommé  par 
Louis  XIII,  graveur-général  des  poinçons  pour  les  mon- 
noies.  On  a  de  lui  des  médailles  qui  paffent  pour  des 
chefs-d'eeuvres. 

4.  LIEGE,  (l'évêché  de)  étendue  de  pays ,  encla- 
vée dans  les  Pays-bas,  Se  qui  fait  partie  de  la  baffe  Al- 
lemagne. Il  a  pour  limites,  au  nord,  une  partie  du  Bra- 
band  &c  de  la  Gueldre  ;  à  l'orient,  les  duchés  de  Lim- 
bourg  &  de  Juliers  ;  au  midi,  le  duché  de  Luxembourg 
8c les  Ardennes  ;  8c  à  l'occident,  le  Braband  8c  le  comté 
de  Namur. 

On  prétend  que  ce  pays  embraffa  la  foi  Chrétienne 
au  commencement  du  fécond  fiécle ,  8c  que  S.  Materne 
y  prêcha  l'évangile.  Il  ne  paroît  point  cependant  qu'il 
y  ait  eu  d'évêque  particulier  à  Liège,  dès  ce  tems-là.  Cette 
ville  ne  faifoit,  dans  les  premiers  hécles,  qu'un  feuldiocèfe 
avec  Trêves  8c  Cologne.  C'eft  pourquoi  jEgyd.  Buche- 
rius ,  Differt.  de  primis  Tungr.  epife.  c.  3  ;  8c  Aubert  le 
Myre,  Fafl.  Belg.  p.  165  8c  245  ont,  été  furpris  de  la 
hardieffe  que  quelques  écrivains  modernes  ont  eue,  de 
nous  donner  des  catalogues  des  évêques  qui  ont  rempli 
dès  ce  tems-là,  ces  fiéges,  6c  de  fixer  même  les  époques 
de  leur  éleftion  8c  de  leur  mort.  En  effet  il  eft  certain 
que  le  premier  évêque  du  pays  \S.  Servais}  fut  établi , 
en  311,  dans  la  ville  de  Tongres ,  après  que  Conftan- 
tin  le  Grand  eut  procuré  la  paix  à  l'églife  Chrétienne. 
Les  Huns  ayant  enfuite  ruiné  la  ville  de  Tongres ,  l'é- 
vêché fut  transféré,  dans  ce  même  fiécle,  à  Maftricht , 
d'où  S.  Hubert,  un  de  fes  évêques ,  le  transporta  à  Liège, 
vers  l'an  709 ,  avec  le  corps  S.  Lambert,  fon  prédéces- 
feur.  *  Imhof.  Not.  Rom.  Germ.  Imp.  c.  13. 

Avant  l'ére&ion  des  nouveaux  évêchés  dans  les  Pays- 
bas  ,  le  diocèfe  de  Liège  étoit  d'une  plus  grande  étendue 
qu'il  n'eft  aujourd'hui.  Il  renfermoit  tout  le  comté  de 
.  Namur,  avec  une  grande  partie  du  duché  de  Gueldre  Se 
de  celui  de  Brabant.  On  l'a  partagé  en  fept  archidiaconés, 
qui  comprennent  vingt  8c  un  doyennés  ruraux,  8c  en 
tout  1500  paroiffes. 

Le  pays  eft  divifé  en  dix  dro[farderies ,  ou  grands  bail- 
liages ,  qui  font  à  la  collation  du  prince  ,  qui  ne  les 
donne  qu'à  des  gentilshommes  reçus  dans  le  corps  de 
la  nobleffe.  On  y  compte  cinquante-deux  principales  ba- 
ronnies  ,  un  grand  de  nombre  comtés  &  de  feigneuries  , 
outre  Wick,  ville  contigué  à  Maftricht,  dont  elle  n'eft 
féparée  que  par  la  Meufe;  il  y  a  vingt-  quatre  villes,  ou 
bourgs  confidérables ,  fur  lesquelles  l'évêque  de  Liège 
a  la  jurisdiction  de  prince  ou  d'évêque: 


Liège, 
Tongres, 
Huy,  , 
Mafeyck  , 
Verviers  , 
Hajfelt, 
Dînant , 
S.  Tron, 
Bouillon , 


Vifet, 

Ciney, 
Thuin , 
Florenne, 
Stavelo , 
Malmedi, 
BUfen, 
Fumay, 
Borchlo'èn. 


Godefroi  de  Bouillon,  en  partant  pour  la  Terre- 
fainte,  avec  fes  frères  Euftache  6c  Baudouin ,  vendit  à 
l'évêque  Audebert,  en  1098,  le  duché  de  Bouillon. 
Dans  la  fuite,  les  comtes  de  la  Marck,  6c  les  princes  de 
Sedan,  formèrent  des  prétentions  fur  ce  duché  ;  6c  avec 
le  fecours  de  Henri  II,  roi  de  France,  ils  fe  rendirent 
maîtres,  en  1551,  du  château  de  Bouillon,  place  de 
grande  importance  ;  mais  à  la  paix  de  Cambrai ,  ils  ren- 
dirent ce  château  à  l'évêque. 

Depuis  que  la  maifon  de  la  Tour  a  fuccédé  aux.prm*. 


8i2 


LIE 


LIE 


ces  de  Sedan  ,  elle  a  pris  le  titre  &  les  armes  de  Bouil- 
lon ;  &  elle  a  tant  fait,  qu'à  la  paix  de  Nimegue  ,  il  fut 
réglé  par  l'article  28,  que  le  différend  entre  l'évêque  &C 
le  prince  de  Liège,  5c  les  ducs  de  Bouillon,  pour  raifon 
du  château  &  du  duché  de  même  nom ,  feroit  terminé 
à  l'amiable,  par  des  arbitres,  fans  qu'il  fut  permis  d\ifer 
de  voies  de  fait,  &  que  cependant  le  duc  de  Bouillon 
feroit  maintenu  dans  la  poffeffion  où  U  étoit. 

L'air  de  ce  pays  eft  bon  Sx.  tempéré  ;  le  terroir  eft 
fertile  en  grains,  en  fruits  fit  en  vins.  Il  y  a  auffi  grande 
abondance  de  gibier  de  toutes  fortes.  H  fe  trouve  dans 
ce  pays  des  mines  de  fer ,  &  quelques-unes  de  plomb  , 
avec  plufieurs  carrières  ôt  lieux  fouterreins,  d'où  l'on 
tire  du  charbon  de  terre,  que  l'on  appelle  de  la  houille. 
Cette  terre  y  eft  en  fi  grande  quantité,  que  d'une  lieue 
aux  environs  de  Liège ,  la  ville  en  étant  fournie ,  on  en 
transporte  pour  plus  de  deux  cents  mille  écus,  quoique 
cette  matière  foit  d'affez  bas  prix.  *  Corn,  reftifié. 

i.  LIEN,  rivière  de  la  Chine  ,  dans  la  province  de 
Quangtung ,  ou  Canton ,  dans  le  territoire  de  Lien- 
cheu  ,  ville  à  laquelle  elle  donne  fon  nom.  Elle  a  deux 
fources  aux  frontières  du  Quangfi  ;  elles  fe  joignent  au- 
deffus  de  Xélien  qu'elle  arrofe,  &  continuant  de  fer- 
penter  vers  le  midi,  elle  reçoit  le  ruiffeau  de  Mingyve; 
pafTe  à  Liencheu  ;  &,  va  fe  jetter  dans  l'Océan,  dans  un 
golfe  formé  en  partie  par  l'ifle  de  Haynati.  *  Atlas  Si- 
nenfis. 

2.  LIEN ,  forterefle  de  la  Chine ,  dans  la  province 
de  Quangtung,  au  département  de  Quangcheu,  pre- 
mière métropole  de  la  province.  Elle  eft  de  4  d.  48' 
plus  occidentale  que  Pékin,  fous  les  24  d.  55'  de  lati- 
tude. * Atlas  Sinenfis. 

LIEN  ARES,  bourg  d'Espagne  ,  dans  l'Andaloufie, 
vers  les  confins  de  la  Nouvelle-Caftille ,  à  trois  lieues  de 
Baé'ça,  &.à  cinq  de  Jaën,  &  d'Anduxar.  On  croit 
qu'il  a  été  bâti  des  ruines  de  l'ancienne  CASTULO. 
Voyez  ce  mot.  *  Baudrand ,  édit.  1705. 

LIENCHEU ,  ville  de  la  Chine ,  dans  la  province  de 
Quantung,  dont  elle  eft  la  huitième  métropole.  Elle 
eft  de  7  d.  12'  plus  occidentale  que  Pékin,  fous  le  12e  d. 
de  latitude;  elle  eft  le  chef-lieu  d'un  canton  qui  ren- 
ferme quatre  villes,  fa  voir: 


Liencheu , 

King, 


Lingxan, 
Xilien. 


Ce  canton  eft  la  partie  la  plus  occidentale  de  la  pro- 
vince, &c  confine  avec  le  Tonquin,  dont  il  eft  fé- 
paré  par  une  chaîne  de  montagnes  affreufes  &  inac- 
ceffibles ,  lorsque  l'on  veut  palier  de-là  dans  le  Tonquin. 
Cette  ville  étoit  autrefois  du  pays  de  Nangao.  La  famille 
de  Cin  l'annexa  au  pays  de  Siang.  La  famille  de  Han 
nomma  ce  lieu  Hopu;  celle  de  Suil'appella  Hocheu  : 
la  famille  de  Tanga  le  nomma  LlENCHEU  :  la  famille 
de  Sunga'lui  changea  encore  ce  nom  en  celui  de  Tal- 
PING  ;  mais  celle  de  Taiminga  l'appella  de  nouveau 
LlENCHEU.  Ce  territoire  produit  des  paons,  des  per- 
les, &  beaucoup  d'ouvrages  en  écailles  de  tortue.  Elle 
a  deux  temples  principaux,  érigés  en  mémoire  des  hom- 
mes illuftres.  Au  nord  de  la  ville  eft  une  montagne  fort 
vafte ,  fk  dans  laquelle  il  y  a  une  espèce  de  labyrinthe. 
On  trouve  fur  cette  montagne  des  fruits  que  l'on  ne 
Yoit  nulle  part  ailleurs.  Il  eft  permis  à  chacun  d'en  man- 
ger fon  faoul,  mais  non  pas  d'en  emporter.  Ceux  qui  s'y 
hazardent  ne  peuvent  jamais  fortir  de  ce  labyrinthe.  Le 
P.  Martini  qui  rapporte  cela,  le  traite  de  fables.  Le  ter- 
ritoire de  Liencheu  eft  borné  au  midi  par  l'Océan  ;  &  il 
s'y  forme  un  golfe  allez  grand,  que  l'ifle  d'Haynan borde 
au  fud-eft. 

LIENCHING  ,  ville  de  la  Chine,  dans  la  province 
deFokien,  au  département  deTingcheu,  fixiéme  mé- 
tropole de  la  province.  Elle  eft  plus  occidentale  que  Pé- 
kin de  28',  par  les  25  d.  34'  de  latitude.    *  Allas  S i- 

LlÉNKIANG,  ville  de  la  Chine,  dans  la  province 
de  Fokien-,  au  département  de  Focheu ,  première  métro- 
pole de  la  province.  Elle  eft  de  2  d.  59'  plus  orien- 
tale que  Pékin,  fous  les  26  d.  11'  de  latitude.  *  At- 
las Sinenfis. 

LIENTZ,  ou  Luentz,  Loncium,  ville  &  château 
du  Tirol ,  fur  la  Drave ,  au  confluent  de  l'Ifola ,  à  qua- 


tre milles  allemands  d'Innichen.  Elle  étoit  autrefois  de  la 
Carinthie;  mais  elle  eft  à  préfent  du  Tirol.  Lientz  a 
appartenu  quelque  tems  aux  comtes  de  Gortz.  Léonard  , 
dernier  comte  de  cette  maifon  ,  en  accommoda  l'empe- 
reur Maximilien  I  ;  &c  elle  fut  annexée  au  Tirol ,  en 
1 5 1 1 .  Euphémie ,  comteffe  de  Gortz ,  y  fonda  un  cou- 
vent de  Carmélites  ,  où  elle  eft  enterrée.  *  Zeyler,  Ti- 
rol ,  Topogr.  p.  145. 

LIENXAN  ,  ville  de  la  Chine  ,  dans  la  province  de 
Quangtung,  au  département  de  Quangcheu,  première 
métropole  de  la  province.  Elle  eft  de  4  d.  58'  plus  oc- 
cidentale que  Pékin,  fous  les  24  d.  38'  de  latitude. 
*  Atlas  Sinenfis. 

L1EPU  ,  ville  de  la  Chine ,  dans  la  province  de 
Quangfi,  au  département  de  Pinglo,  quatrième  mé- 
tropole de  la  province.  Elle  eft  plus  occidentale  que  Pé- 
kin de  7  d.  35',  par  les  25  d.  15'  de  latitude.  *  Atlas 
Sinenfis. 

LIERE.  Voyez  Lire. 

LIEROORT-SCHANTZ,  fort  des  Pays-bas,  dans 
l'Oft-Frife ,  ou  Frife  orientale,  fur  la  rivière  de  FEmbs, 
à  trois  grandes  lieues  au-deffus  d'Embden.  Il  eft  aux 
états-généraux  des  Provinces-Unies. 

1.  LIESINA,  Phariajfie  de  laDalmatie,dansIe  golfe  de 
Venife,  &  que  les  Esclavons  appellent  aujourd'hui  Huar. 
Elle  eft  fituée  au  fond  du  golfe  de  Narenta ,  à  huit  mil- 
les de  la  terre  ferme ,  &c  au  voifinage  des  ifles  de  Liffa  , 
de  Brazza,  de  Curzola  &  de  la  péninfule  de  Sabioncello. 
Elle  eft  allez  étroite,  n'ayant  que  feize  milles  dans  fa 
plus  grande  largeur  ;  fa  longueur  eft  de  70  milles,  &c  fon 
circuit  de  130.  La  partie  de  cette  ifle,  qui  regarde  la  terre 
ferme,  eft  baffe,  &c  remarquable,  par  la  ftructure  de  deux 
châteaux  peu  éloignés  l'un  de  l'autre ,  avec  un  pavé  de 
mofaïque;  mais  ils  font  tombés  en  ruine.  *Coronelli, 
I/ol.  t.  2,  p.  154. 

Aujourd'hui  on  compte,  dans  cette  plaine,  cinq  villa- 
ges habités  par  des  pâtres  &c  par  des  payfans  qui  cultivent  la 
terre  dans  cette  partie  de  l'ifle  ou  elle  eft  plus  fertile.  Le 
refte  eft  presque  tout  couvert  de  montagnes:  on  y  a  ce- 
pendant en  abondance  des  olives,  du  fafran  &  du  mie' 
La  vigne  y  produit  même  tellement ,  qu'on  y  ramafft 
tous  les  ans  cinq  mille  muids  de  vin.  On  y  cueille  auffi 
beaucoup  de  grain  ;  &c  l'on  y  trouve,  outre  cela,  toutes  les 
chofes  nécefiaires  à  la  vie. 

Il  y  a,  vers  le  nord,  une  campagne  de  feize  milles 
de  circuit,  que  l'on  cultive  avec  foin:  C'eft  le  meilleur 
qitartir  de  l'ifle.  Les  habitans  y  font  robuftes,  vifs  &  fi 
fobres  fur  l'article  du  vin ,  qu'ils  regardent  comme  un 
grand  crime  de  le  boire  fans  eau. 

On  compte  dans  cette  ifle  onze  bourgs ,  dont  le  plus 
petit  n'a  pas  moins  de  quarante  feux:  les  médiocres  en 
ont  cent  vingt,  quelques-uns  deux  cent  trente,  &C  le  plus 
grand  en  a  cinq  cents.  Les  maifons  de  ce  dernier  font 
grandes.  Comme  l'on  trouve  continuellement  des  ruines, 
lorsqu'on  remue  la  terre ,  on  conjeâure  qu'il  y  a  eu  dans 
cet  endroit  une  ville  affez  confidérable.  Sur  la  côte,  il 
y  a  deux  autres  lieux  qui  ne  cèdent  en  rien  à  ce  bourg, 
foit  pour  la  grandeur  des  maifons ,  foit  pour  la  beauté 
des  églifes.  La  magnificence  du  monaftere  de  S.  Pierre, 
martyr,  &  celle  des  autres  églifes,  qui  font  en  grand 
nombre  dans  chacun  de  ces  bourgs,  font  des  preuves  de 
la  piété  &  de  la  richeffe  des  habitans. 

La  pêche  fur-tout  a  contribué  à  leur  richeffe.  On  y 
comptoit  autrefois  jusqu'à  cent  quatre-vingt  barques  ou 
bateaux  de  pêcheurs.  En  effet  le  poiffon  abonde  fur  cette 
côte  ;  &c  cette  partie  de  l'ifle  eft  fort  propre  pour  pêcher, 
tant  par  la  grande  quantité  de  golfes  &  d'anfes  qui  s'y 
trouvent ,  que  parce  qu'il  n'y  a  aucune  vafe  au  fond  de 
la  mer ,  &c  que  l'eau  eft  affez  profonde.  D'ailleurs  les 
vents  qui  foufflent  fur  les  mers  d'Albanie,  de  la  Pouille&c 
de  Dalmatie ,  obligent  les  poiffons  à  fe  retirer  dans  ce 
lieu  qui  eft  plus  tranquille.  Enfin  diverfes  nations  du 
monde  viennent  dans  cet  endroit  faire  emplette  de 
poiffons;  ce  qui  apporte  un  grand  profit. 

Il  n'eft  pas  étonant  qu'il  y  ait  eu  autrefois  dans  cette 
ifle  deux  villes,  l'une  au  levant,  l'autre  au  couchant, 
avec  deux  ports.  On  y  déterre  tous  les  jours  des  débris 
d'édifices  de  marbre ,  des  ftatues  fit  des  pavés  en  mo- 
faïque. Vers  le  milieu  de  l'ifle,  on  trouve  des  veftigesds 
bàtimens  confidérables,  des  pierres  de  taille,  &  des  puits 
d'eau  douce.  Les  côtes  de  cette  ifle  font  fi  escarpées,  que 


Lie 


fi  elle  n'avoit  pas  quelques  ports,  il  feroit  comme  im- 
poffible  d'y  faire  de  delcente. 

2.  LIESINA ,  ville  capitale  de  l'ifle  de  même  nom  , 
avec  titre  de  comté.  Elle  fut  érigée  eu  évêché,  à  la 
prière  de  Bejla ,  roi  de  Hongrie  ;  Se  fon  évêque  eft  fuf- 
fragant  de  Spalato.  Elle  occupe  une  grande  partie  de  la 
plaine  de  l'ille.  On  l'a  bâtie  au  pied  de  deux  montagnes, 
dont  l'une  ,  qui  eft  à  l'orient ,  efl  occupée  par  un  bourg 
d'environ  fept  cents  mailbns  toutes,  de  pierre  de  taille:  à 
la  cime  de  l'autre,  eft  une  forterefle  inacceffible,  Si  très- 
escarpée,  qui  commande  Se  défend  la  ville. 

Dans  l'espace  qui  eft  entre  ces  deux  montagnes ,  on 
remarque  deux  grandes  places,  l'une  au-devant  de  la  ca- 
thédrale, Se  l'autre  au-devant  du  palais  épiscopal.  La 
plus  belle  de  ces  places  eft  du  côté  du  levant,  Se  or- 
née de  diverfes  fontaines  :  l'autre  s'étend  jusqu'au  rno- 
naftere de  S.  Marc  FEvàngeiifte  ,  qui  appartient  à  des 
Domicains. 

Au-delà  de  ce  rnonaftere  ,  on  en  trouve  deux  autres , 
l'un  de  l'ordre  des  Hermites,  fous  le  titre  de  S.  Nicolas, 
l'autre  appelle  le  monajiere  de  Sainte-Croix';  mais  tout 
deux  font  hors  de  la  ville. 

Du  côté  du  couchant,  près  de  l'églife  de  S.  Marc, 
on  voit  le  palais  du  gouverneur.  11  eft  bien  bâti,  Se  orné 
d'une  tour,  dont  laftrufture  eft  magnifique. 

La  république  de  Venife  envoie,  tous  les  deux  ans,  à 
Liejîna  deux  nobles  Vénitiens  ,  l'un  avec  le  titre  de 
comte  Se  de  provéditeur ,  l'autre  avec  le  titre  de  camer- 
lingue Se  de  cajlellan.  Ce  dernier  eft  prépolé  pour 
veiller  à  la  perception  des  deniers  publics,  &  à  la  garde 
de  la  forterefTe  qui  commande  la  ville. 

Lorsque  le  doge ,  Pietro  Orfeolo  il ,  alla  dans  l'ifle 
de  Liejina,  en  994,  il  eut  une  peine  extrême  à  réduire 
les  habitans  qui  s'étoient  révoltés.  A  la  fin  cependant , 
les  ayant  vaincus  par  la  for.:e  des  armes  ,  il  détruifu  la 
ville  de  fond  en  comble  ;  &  quoique  depuis  elle  ait  été 
rebâtie,  elle  demeure  toujours  fans  fortifications,  Se  n'a 
pas  même  une  enceinte  ^'e  murailles. 

Le  port  eft  beau  ,  &  capable  de  contenir  toutes  fortes 
de  vailieaux.  Il  arrive  quelquefois  que  l'on  n'y  voit  le 
matin  aucun  bâtiment  ,  Se  que  le  foir  on  y  en  compte 
jusqu'à  vingt  ou  trente  de  diffe  =  tes  grandeurs;  ce  qui 
fait  voir  combien  ce  poit  eft  :réquenté.  Il  fut  bâti  , 
en  1597,  des  deniers  des  habitans.  Le  noble  Almoro 
Tieporo  étoit  alors  général  de  la  Dalmatie,  Se  le  no- 
ble Martio  Fizzamano  étoit  comte  &  provéditeur  de 
Liefina.  On  fit  pour  cela  une  dépenfe  de  quatre  cents 
ducats,  &  l'on  jetta  dans  la  mer  un  mole  pour  la  com- 
modité de  flottes  Vénitiennes ,  qui  ont  leur  rendez-vous 
dans  cet  endroit. 

A  l'extrémité  de  l'ifle ,  du  côtés  qu'elle  regarde  la  pro- 
vince de  Pnmcge,  à  l'orient,  on  trouve  le  château  de 
Saint-George ,  qui  détend  un  port  flanqué  de  deux  mo- 
les. 11  étoit  anciennement  d'une  fi  grande  force,  Se  fi 
avantageux  pour  les  habitans  de  l'ifle,  qu'il  leur  aida  à 
foumettre  la  Damatie,  la  Liburnie ,  l'Iftrie,  Se  la  côte 
de  Narenta.  Les  Romains ,  jaloux  de  cette  prospérité , 
cherchèrent  long-tems  à  les  abaifler;  mais  Démétrius  , 
originaire  de  cette  ifle  ,  étant  devenu  roi  de  l'illyrie , 
vengea  fa  patrie,  en  ruinant  le  pays  ennemi  ,  fur  le- 
quel il  fit  des  coudes.  Depuis,  Démétrius  ayant  eu  du 
deflous  ,  les  Romains  viôorieux  firent  beaucoup  de  mal 
aux  habitans  de  cette  ifle.  La  Dalmatie  ayant  enfuite 
été  agitée  de  grands  troubles ,  par  la  jaloufie  Se  la  haine 
que  fe  portoient  les  Vénitiens  Se  les  Génois,  Liefina 
fut  encore  faccagée,  en  l'année  1353.  En  1500,  les  Turcs 
vinrent  l'attaquer  ;  mais  le  général  Pefara  les  défit  en- 
tièrement: en  1^71,  elle  tomba  fous  la  puiffance  du 
corfaire  Uluzzali  ;  de  forte  que,  depuis  l'aquifition  qu'en 
avoit  fait  le  doge  Orfeolo  ,  elle  changea  fouvent  de  do- 
mination, Se  fut  fujette  aux  mêmes  révolutions  que  les  au- 
tres lues  du  voifinage  ;  en  1 180,  fous  le  dogat  de  Giacomo- 
Contarini ,  elle  étoit  retournée  volontairement,  au  rap- 
port de  Vianoli ,  fous  l'obéiflance  de  la  république  de 
Venife  ;  mais ,  comme  le  dit  Verdizzotti  ,  la  domina- 
tion de  la  république  fur  cette  ifle  ne  fut  établie  que 
l'année  1411. 
LIESNE.  Voyez  Liesses. 
LIESSE,  ou  Notre-Dame  de  Liesse,  ou  Lies- 
SESANS  Marchais,  bourg  de  France,  dans  la  Picar- 
die ,  au  diocèfe  de  Laon.  On  nomme  ce  lieu  en  latin 


JLJL-..>  ;  I 

Noflra  Domina  de   Lœtitid:   on'l'appell    it 
Lie/ite,  du  nom  qui  femble  n'être  de  nulle  lang    :.    k 
d'où  les  Picards  ont  fait  celui  de  Lience  ou  te:nc ...      ij 
peut  fe  rapporter  à  Lieffe,  comme  Lœtantia  fe  rappone 
à  Lçtïtia.  *  Baillet,  Topogr.  des  faints,  p.  617. 

Ce  bourg  n'a  qu'une  rue  formée  par  des  hôtelleries  Se 
par  des  boutiques  de  merciers  qui  vendent  des  chape- 
lets Se  des  médailles.  *  Pigamol,  Description  de  la 
France,  t.  3,  p.  81. 

L'églife  de  Notre-Dame  de  Lieffe  eft  célèbre  dans 
tous  le  monde  Chrérien ,  par  les  pèlerinages  presque 
perpétuels  que  l'on  y  fait.  L'églife  eft  peu  de  chofe  pour 
le  bâtiment  ;  mais  fon  jubé  paffe  pour  un  des  plus  ma- 
gnifiques ouvrages  en  ce  genre.  L'autel  eft  fermé  d'une 
baluftrade,  Se  décoré  de  quatre  colomnes.  L'image  mï- 
raculeufe  de  la  Vierge  eft  fur  le  tabernacle.  Les  Annales 
de  l'ordre  de  Malthe  difent  que  trois  frères,  du  diocèfe 
de  Laon  Se  de  la  maifon  d'Eppe ,  étant  entrés  dans  Per- 
dre de  S.  Jean  de  Jérufaiem ,  ci  ayant  fait  le  voyage 
de  la  Terre-fainte  ,  y  furent  faits  prilbnniers  par  les  Sar- 
rafins.  On  mit  tout  en  ufage  pour  leur  faire  embrauer  le 
Mahométisme.  Le  Soudan  envoya  même  fa  fille  Ismé- 
rie  les  viliter  dans  leur  prifon;  mais  bien  loin  de  les 
pervertir,  elle  fut  elle-même  à  demi-convertie  par  leurs 
discours ,  Se  demanda  à  voir  la  figure  de  la  mère  de 
Dieu  incarné,  dont  ils  parloient.  Ils  le  lui  promirent; 
Se  s'étant  endormis,  à  leur  réveil  ils  trouvèrent  auprès 
d'eux  une  image  de  la  Vierge ,  qui  acheva  la  converfion 
d'Ismérie.  Par  une, fuite  de  miracles,  les  trois  chevaliers 
fe  trouvèrent  transportés  auprès  de  Laon  ;  où  ils  firent 
bâtir  une  chapelle,  dans  laquelle  ils  dépoièrent  cette mi- 
raculeufe  image. 

LIESSES  ou 

LIESSIES  ,  Lcctice  ou  Latienfes-Cœnobium ,  abbaye 
régulière  dans  le  Hainaut ,  à  une  lieue  Si  demie  d'Â- 
vesnes,  vers  le  levant,  fur  la  rivière  d"Hespre,  diocèfe 
de  Cambrai,  Se  de  l'ordre  de  S.  Benoît  (a).  Cette  ab- 
baye fut  fondée  du  tems  du  roi  Pépin ,  fiis  de  Charles 
Martel ,  par  le  comte  V/ibert  forti  d'une  iiluftre  famille 
du  Poitou,  &  par  fa  femme  nommée  Ada.  Pépin  leur 
ayant  donné  une  terre  aux  confins  de  laTiérache  Se  du 
Hainaut,  ils  allèrent  s'y  établir.  Un  jour  le  co  nre  Vi- 
bert  étant  à  la  chafle ,  il  pourfuivit  un  fanglier  jusqu'à 
la  rivière  de  Hespre,  Se  le  prit  dans  un  lieu  nommé  Lœ~ 
tia.  Il  trouva  tant  d'agrément  dans  cet  endroit ,  qu'il  ré- 
folut  d'y  fonder  un  rnonaftere  en  l'honneur  de  S.  Lam- 
bert. Il  exécuta  de  deffein,  &  mit,  pour  premier  abbé, 
un  de  fes  fils  nommé  Gontard,  qui  fe  rendit  recom- 
mandable  par  la  fainteté  de  fa  vie.  Ce  Gontard  avoit 
une  feeur  nommée  Hiltrude  ,  qui  fe  déroba  à  l'époux 
qu'on  lui  avoit  deftiné,  8c  vécut  (b)  réclufe  Se  vierge 
dans  cette  abbaye.  Elle  y  mourut,  fur  la  fin  d  feptiéme 
fiécle,  Se  fon  corps  fe  garde  maintenant  dans  l'églife 
de  l'abbaye.  Ce  rnonaftere  a  été  illuftré  par  de  grands 
hommes.  Louis  de  Blois,  dit  Blofius ,  étoit  abbé  de 
Liefîies  au  feiziéme  fiécle.  *  (a)  Aub.  Mirai,  Orig.  Coe- 
nob.  Belg.  c.  23.  (b)  Baillet,  Topogr.  des  "faints , 
p..  267. 

LIEU  :  ce  mot'  a  un  grand  ufage  dans  la  géographie. 
Il  fignifie  un  endroit  en  général ,  Se  fouvent  endroit  déjà 
defigné  dans  le  discours  &  dont  on  ne  répète  point  la 
qualification,  comme  quand,  après  avoir  parlé  d'une  ville, 
d'un  bourg,  d'un  village ,  d'un  champ,  d'une  monta- 
gne ,  d'une  foret ,  au  lieu  de  répéter  l'un  de  ces  mots , 
ou  le  nom  propre  qui  diftir.gue  l'endroit  dont  on  parle, 
on  dit  Amplement  ce  lieu  ;  en  ce  cas,  il  fe  dit  générale- 
ment de  tous  les  lieux  du  monde.  Il  femble  pourtant 
qu'il  ne  fe  dit  que  de  ce  qui  eft  fixe  Se  permanent.  Par 
exemple,  on  ne  le  diroit  pas  bien,  ce  me  femble  ,  en 
parlant  d'une  rivière,  d'un  torrent,  Sec;  mais  bien 
d'un  endroit  du  rivage  ou  d'une  ifle  qui  feroit  dans  cette 
rivière  ou  dans  ce  torrent. 

L'univerfalité  de  ce  mot  lieu  ,  par  rapport  à  tour  ce 
qu'il  peut  défigner,  fait  que  les  géographes  s'en  fervent 
quelquefois  ,  lorsqu'ils  rencontrent  un  nom  géographi- 
que, qui  n'eft  point  caracfénlé  par  celui  qui  le  fait  con- 
noître  ,  Se  qu'ils  ne  trouvent  d'ailleurs  rien  qui  déter- 
mine fi  c'étoit  une  ville  ou  un  boutg  ,  ou  un  village  ; 
alors  ce  mot  lieu  les  fauve  d'une  fixation  hazardée.  Je  l'ai 
quelquefois  employé  en  ce  fens-là. 

On  appelle  CHEF-LIEU  le  pricipal  endroit  d'uns  fei- 


s;._.  !  ,  ;.'•.'!  quijla  plupart  du  tems,  en  donne  lenom,ck 
où  eft  d'ordinaire  la  félidence  du  feigneur  ou  de  celui  qui 
le  repré'.ente  à  l'égard  de  cette  feigneurïe.  _     , 

On  dit  les  saints-lieux  pour  lignifier  les  endroits  de 
.la  Palefiine,  où  s'eft  confomnié  ie  myftere  de  notre 
rédemption;  quelquefois  on  étend  cette  lignification  à 
d'autres  endroits  auxquels  des  reliques  très-précieufes,  ou 
des  miracles  frcquér.s  ck  célèbres,  ont  attaché  la  véné- 
ration des  Chréuëns  qui  vont  en  pèlerinage. 

On  appelle  LIEU  de  plaisance  une  jolie  maifon  à 
la  campagne,  oïl  l'on  va  palier  la  belle  faifon,  &  jouir 
d'un  bon  air  &  d'une  agréable  vue. 

On  dit  le  LIEU  NATAL  pour  lignifier  la  patrie  de 
quelqu'un ,  ou  même  plus  particulièrement  l'endroit  où 
il  efl  né. 

Par  LIEUX  RÉGULIERS,  on  entend  dans  les  abbayes, 
monafteres  6k  couvéns ,  les  parties  de  l'édifice,  qui  (ont 
dans  l'enceinte  de  la  clôture,  ck  qui  fervent  aux  ûfages 
de  la  communauté.  Les  traducteurs  de  l'Ecrituré-fàinte 
appellent  haut  s  lieux  les  collines  &  les  montagnes  où  le 
rendoit  un  culte  idolâtre,  fckque  Dieu  a  réprouvés.  Voyez 
Hauts  lieux  au  mot  Hauts. 

Je  paile  d'autres  lignifications  du  mot  lieu,  qui  n'ont 
q\ie  peu  ou  point  de  rapport  avec  la  géographie. 

LIEU-CROISSANT ,  abbayes  d'hommes  de  l'ordre 
de  Cîteaux ,  dans  le  diocèfe  de  Be'fançon ,  dans  la  Fran- 
che-Comté. 

LIEU-DIEU,  Locus-Dei.  Ce  nom  eft  commun  à 
pluiîeurs  abbaye  ck  monafteres; 

ï.  LIEU- DIEU,  abbayes  de  France,  en  Picardie, 
au  diocèfe  d'Amiens,  fur  la  BrefTe,  qui  le  fépare  de  la 
Normandie.  Ce  font  des  Bernardins  de  l'ordre  de  Cî- 
teaux ,  de.  la  filiation  de  Foucarmont.  Lieu-Dieu  fut 
fondé  en  Janvier  1190  ou  1191,  par  Bernard,  feigneur 
de  Saint- Vallery. 

2.  LIEU-DIEU  ,  abbaye  de  France.  Voyez  Loc- 
Dieu. 

3.  IJEU-DIEU,  prieuré  de  France,  dans  le  Berri, 
au  diocèfe  de  Bourges.  II  eft  à  la  nomination  du  pape,  ck 
dépend  de  Clugni. 

4.  LIEU-D1EU-EN-JARD  ,  abbaye  de  France  ,  au 
bas  Poitou,  vers  la  mer,  à  fept  lieues  de  Luçon,  ck  à 
trois  lieues  des  Sables  d'OIone.  Ce  font  des  Prémontrés. 
Richard,  roi  d'Angleterre  jetta  les  fondemens  de  cette' 
abbave ,  ou  plutôt  il  en  fut  le  reftaurateur. 

1.' LIEU-NOTRE-DAME,  abbaye  de  France,  au 
diocèfe  de  Lyon.  Ce  font  des  religieufes  de  l'ordre  de 
Cîteaux. 

2.  LIEU-NOTRE-DAME,  abbaye  de  France,  au 
diocèfe  d'Orléans ,  près  de  Romorentin.  Cette  abbaye 
a  des  filles  de  l'ordre  de  Cîteaux ,  ck  fut  fondée  en  1 2  50, 
par  Ifabelle,  fille  de  Thibaut  V,  comte  de  Blois,  ck 
femme  de  Jean  ,  comte  de  Chartres. 

LlEU-RESTAURÉ,Ioc/«-.R^B*M/w,abbaye  d'hom- 
mes en  France,  de  l'ordre  de  Prémontré ,  dans  le  Valois, 
au  diocèfe  de  Solfions ,  fur  la  rivière  d'Autonne ,  à  une 
lieue  au  levant  de  Crespi ,  &  à  fept  lieues  de  SoifTons. 
Elle  fut  fondée,  en  1 140,  par  Raoul,  comte  de  Verman- 
dois. 

LIEUCHEU  ,  ville  de  la  Chine  ,  dans  la  province  de 
Quangfi ,  dont  elle  eft  la  féconde  métropole.  EUe  eft  de 
S  d.  42'  plus  occidentale  que  Pékin  ,  ck  compte  25  d. 
io'  de  latitude.  Son  nom  lignifie  la  ville  desfaules.  Son 
territoire  a  beaucoup  d'eaux  très-claires  Si  de  montagnes, 
ck  comprend  douze  villes,  favoir, 

Lieucheu ,  Laïpin, 

Coyung,  Siang, 

Loching,  Vueiven, 

Lieuching,  Pin, 

Hoaiyven,  Cienkiang, 

Yung,  Xanglin. 

Hyolin  ,  SiANG,  Lucing,  font  des  noms  qu'elle 
'  a  portés,  avant  que  d'avoir  le  nom  quelle  a  à  préfent.  Il 
eft  formé  du  nom  de  la  rivière  de  Lieu  qui  Farrofe  ; 
cette  rivière  s'appelle  encore  Ço  ck  CunG  ,  ck  a  fa 
fource  dans  la  province  de  Queicheu,  auprès  delà  for- 
terefTe  de  Cingping  ;  pafle  à  Tucho  ;  entre  dans  le  dis- 
trict de  cette  ville  ;  fe  mêle  avec  d'autres  rivières,  en- 
tr'autres,  avec  celle  de  Ço,  dont  elle  prend  le  nom,  ck  fe 
va  perdre,  dans  le  Ta.  Ses  bords  font  couverts  de  faules. 


L 


IF. 


LIEUCHING,  ville  de  h  Chine  ,  dans  le  Qusngf», 
au  département  de  Lieucheu  ,  féconde  métropole  de 
cette  province.  EUe  eti  de  9  d.  8'  plus  occidentale  que 
Pékin  ,  fous  les  25  d.  15'  de  latitude. 

LÏE.UE  ;  forte  de  mefure ,  dont  on  fe  fert  pour  mar- 
quer la  diftance  d'un  lieu  à  l'autre.  Ce  terme  eft  parti- 
culier aux  François  ck  aux  Espagnols  ;  car  les  Anglois, 
les  Italiens,  les  Allemands,  ckc.  fe  fervent  du  mot  de 
mille ,  quoiqu'ils  ne  donnent  pas  la  même  étendue  à 
leurs  mille,  .y  en  ayant  qui  font  cinq  fois  plus  grands 
que  les  autres.  Il  en  eft  de  même  de  nos  lieues.  Nous 
en  avons  déjà  touché  quelque  chofe  à  l'article  Leg. 
Nous  traitons  encore  cette  matière  au  mot  Mesure.  Il 
fuffit  ici  de  dire  que  la  lieue  des  anciens  étoit  de  quinze 
Cents  pas  :  à  préfent  la  lieue  commune  de  France  eft 
de  deux  mille  cinq  cents  pas  géométriques  ,  la  petite  de 
deux  mille  ,  ck  la  grande  de  trois  mille,  ck,  en  quelques 
endroits,  de  trois  mille  cinq  cents  ck  même  plus.  Nous 
avons  remarqué  que  le  mot  lieue  vient  de  leuca  ou 
leuga.  Pasquier  ck  Ménage  font  du  même  fentiment; 
Nicod  croit  qu'il  vient  du  grec  Mvhv  ,  c'eft-à-dire 
blanehe,  à  caufe  des  pierres  blanches  qui  étoient  dispo- 
fées,  le  long  des  grands  chemins,  de  mille  en  mille  ,  & 
qui  étant  numérotées ,  ont  donné  lieu  à  cette  manière 
de  compter  lesdiftances,  adprimum,  adfeeundum,ad 
tertium  ,  ad  decimum ,  ad  vicefunum  ,  ckc.  en  y  aj  ûtant 
le  mot  lapidera,  exprimé  ou  fous-entendu.  Ainfi  chaque 
mille  pas  étant  limités  par  une  de  ces  pierres,  on  comp- 
toit  les  pierres  au  lieu  des  milles.  Voyez  Mesures  iti- 
néraires. 

LIEUYANG,  ville  de  la  Chine  ,  dans  la  province  de 
Huquang,  au  département  de  Changxa,  huitième  mé- 
troqole  de  la  province.  Elle  eft  de  4  d.  31V  plus  occi- 
dentale que  Pékin,  fous  les  29  d.  3'  de  latitude.  *  Atlas. 
Sinenjîs. 

LIEVE  ,  (la)  rivière  des  Pays-bas.  Elle  a  fa  fource 
en  Flandres  i  auprès  de  Damme,  entre  Bruges  ck  FE- 
clufe  ;  &,  coulant  de  Damme  vers  l'orient,  elle  pafle  au 
midi  ck  à  quelque  diftance  de  Middelbourg ,  qui  eft  uni 
bourg  de  ce  pays  ,  puis  rabatant  vers  le  fud-eft,  quelque- 
fois vers  l'eft  ,  elle  tombe  dans  les  fofTés  de  Gand  ,  oui 
elle  trouve  l'Escaut  qu'elle  groffit  de  fes  eaux.  * Robert- 
de  Vaugondy,  Atlas. 

LIEVRE,  (la  rivière  DU)  rivière  de  l'Amérique 
feptentrionale ,  dans  la  Nouvelle-France,  au  Canada,  à 
trente  lieues  de  Montréal. 

LIEURE,  ou  Lieuray,  bourg  de  France  ,  en  Nor- 
mandie, au  Lieuvin  ;  il  eft  fitué  entre  Bernay,  Pont- 
audemer,  Morttfort,  ck  Lifieux,  dans  le  voifinage  da 
Cormeilles  ck  de  Pierrecburt.  *Corn.  Dift. 

LIEUVIN  ,  (le)  Lexoviertfis  ager,  petite  contrée  de 
France,  dans  la  Normandie,  au  diocèfe  de  Lifieux,  dont 
elle  fait  partie.  Elle  confine  au  Roùmois,  du  côté  du  le- 
vant ;  au  pays  d'Auge ,  du  côté  du  couchant  &  du  fep-> 
tentrion  ;  au  territoire  de  Séez  ,  au  Perche  ;  ck  au  pays 
d'Ouche,  du  côté  du  midi.  Le  Lieuvin  comprend  les 
villes  ck  bourgs  de 

Lifieux,  Honfleur, 

Bernay,  Tiberville,  é 

Pdnt-audemer,  Lievray.  ; 

Sept  abbayes  ,  favoir  : 

S.  Evroul,  Préaux  A.  hommes, 

Bernay ,  Greftain , 

Cormeilles,  N.  D.  de  Lifieux, 

Préaux  A.  filles. 

tes  bailliages  de 

Montreuil,  Orbec,  Pont-audemefj 

Les  marquifats  de 

Nonant,  Condé, 

Piefrecourt,  Bonneval. 

Les  baronnies  de 

Gaffey,        Chambrais,        Cormeilles,  Sec. 

C* 


LIG 


Ce  pays  eft  abondant  en  grains,  en  beaucoup  d'endroits, 
&  ceux  qui  font  moins  propres  à  la  culture ,  ont  des 
pâturages  fort  utiles.  Il  eft  bien  peuplé.  Il  y  a  des  mines, 
des  forges,  &  des  manufactures  où  l'on  fait  des  frocs, 
des  pinchinats,  &  différentes  étoffes  de  laine.  *Com.  Dift. 
Manoir  es  drejfés  fur  les  lieux. 

LIEWENHORST,  maifon  &  feigneurie,  dans  les 
Provinces-Unies ,  en  Hollande  ,  dans  le  voifinage  de 
Nortwick,  entre  Leyde  ék  Harlem.  C'étoit  une  riche 
abbaye,  de  laquelle  bien  des  terres  rele voient,  avant 
■que  la  révolution  en  eût  chafîe  l'abbé  &c  les  moines, 
&  fait  une  feigneurie  féculiere.  *  Dicl.  des  Pays-bas. 

LIEXUI ,  ville  de  la  Chine ,  dans  la  province  de  Nan- 
1cin ,  au  département  de  Kiangning  ou  Nanking  ,  pre- 
mière métropole  de  la  province.  Elle  eft  d'un  degré  54/ 
plus  orientale  quePékin,  fous  les32  d.  12'  de  latitude. 

*  Atlas  Sincnjis. 

LIEYANG ,  ville  de  la  Chine ,  dans  la  province  de 
Nanking,  au  département  de  Kiangning  ou  Nanking, 
première  métropole  de  la  province.  Elle  eft  de  2  d.  i%' 
plus  orientale  que  Pékin,  fous  les  32  d.  20'  de  latitude. 

*  Atlas  Sincnjis. 

LIFFE,  rivière  d'Irlande,  dans  la  province  de  Leins- 
ter.  Elle  a  fa  fource  au  comté  de  Wexford,  environ  à  cinq 
milles  Anglois  au  fud  de  Dublin ,  d'où  elle  s'éloigne  en 
ferpentant,  tantôt  vers  le  fud  ,  puis  vers  le  fud-oueft, 
£c  enfin  vers  l'oueft,  dans  le  comté  de  Kildare ,  après 
quoi,  elle  le  courbe  vers  le  nord,  &C  enfin  vers  l'eft,  &C 
fe  va  perdre  à  Dublin  ,  où  elle  fait  un  vafte  port.  Bau- 
drand  îè  trompe  quand  il  la  fait  couler  dans  la  Conna- 
cie;  cette  faute  a  été  copiée  par  Corneille.  *Allard, 
Atlas. 

LIFFLAND.  Voyez  Livonie. 

LIFFORD,  petite  ville  d'Irlande,  dans  la  province 
d'Ulfter,  au  comté  de  Dunégal,  fur  la  rivière  de  Lough- 
foyle ,  à  cinq  milles  au  fud-eit  de  Raphoë ,  près  des  fron- 
tières de  Tyrone.  Elle  envoie  deux  députés  au  parle- 
ment. Elle  donne  le  titre  de  baron  à  une  famille  du 
'pays;  &  le  comte  Marton  François,  fils  du  comte  de 
Roye,  en  a  pris  le  titre  de  comte  de  Liffbrd.  *  Etat  pré- 
sent de  l'Irlande,  p.  62. 

LIGA  ,  jfle  de  la  mer  Britannique  ,  félon  Antonin. 
Cambden  croit  que  le  nom  moderne  eft  Ligon.  *  Ortel. 
Thef. 

LIGANA-SILVA,  forêt  d'Italie  ,  près  du  lac  de 
Garde  ,  où  l'empereur  Claudius  II  défit  une  multitude 
d'Allemands ,  félon  Paul  le  Diacre  ,  ad  Eutrop.  1.  9. 
Ortéiius  avertit  que  fon  manuscrit  portoit  Ligona,  & 
doute  fi  ce  ne  feroit  point  la  Litana  de  Tite-Live. 

LIGANIRA,  ville  de  l'Inde,  en-deçà  du  Gange,  fé- 
lon Ptolomée,  /.  7,  c.  1. 

LIGE  A.  Solin,  c.  2,  edit.  Salmaf.  in  Solin.  p.  62, 
dit  :  l'ille  Ligée,  ainfi  appellée,  parce  que  le  corps  d'une 
firene  y  fut  jette.  Sur  quoi  Saumaife  fait  cette  remar- 
que. Il  n'y  a  point  d'ifle  ,  que  je  fâche  ,  qui  ait  été  ap- 
pellée de  ce  nom.  Plufieurs  exemplaires  portoient  Lyn- 
<ea.  Ligée  eft,  à  la  vérité,  le  nom  d'une  Jirene  ;  mais  je 
ne  connois  point  d'ifle  qui  fe  nomme  de  la  forte  ;  car  les 
les  ifles  Sirenuffes ,  ou  des  Sirènes,  portent  le  nom  des 
Sirènes  en  général;  mais  aucune  de  ces  ifles  n'eft  appel- 
lée en  particulier  du  nom  de  Ligée ,  de  Leucojle  ou  de 
■Partkenope ,  qui  font  les  noms  des  trois  firenes.  Il  y  a 
bien  eu  une  ifle  deLeucofie  qui  n'eft  pas  loin  de-là  ;  & 
Strabon  dit  qu'elle  prenoit  le  nom  d'une  firene ,  dont  le 
corps  y  fut  jette  ;  mais  cette  ifle  n'eft  pas  du  nombre  des 
trois  ifles  Sirenuffes ,  &  même  il  y  a  des  autorités  qui 
montrent  que  ce  nom  lui  venoit  d'une  parente  d'Enée , 
appellée  Leucofie ,  &  non  pas  de  la  firene  Leucofie.  Où 
a-t-on  donc  pris  ce  nom  de  Ligée  ?  Lycophron  appelle 
Terine,['\(ïe  où  le  corps  de  la  firene  Ligée  fut  jette.  Etienne 
le  Géographe  en  fait  une  ifle,  fur  l'autorité  de  Lycophron. 
Seroit-ce  qu'on  auroit  donné  le  nom  de  Ligée  à  cette 
ifle  de  Térine  ?  Cela  ne  feroit  pas  difficile  à  croire, 
■ni'»  ck  ai>«  font  à-peu-près  la  même  chofe ,  par  rap- 
port au  chant.  TêpeiVa  <a<f'a  un  chant  tendre ,  Kiytia.  <J<T«, 
un  chant  mélodieux.  Cela  revient  bien  au  même  ;  mais 
c'eft  Etienne  qui  fe  trompe.  Lycophron  ,  en  nommant 
Terina ,  n'a  point  dit  ni  voulu  dire  que  ce  fût  une  ifle  ; 
il  a  feulement  entendu  une  ville  en  terre  ferme.  Voyez 
Térifa.  Solin  en  fait  une  ifle,  fans  autorité  ni  raifon. 


LIG  82; 

Voici  ce  qu'on  peut  dire  de  moins  embrouillé  fur  cette 
géographie  mythologique.  Les  trois  ifles  Sirenuffes,  ondes 
Sirènes ,  prirent  ce  nom  parce  que  les  firenes  y  vivoient 
enfemble  ;  ces  ifles  n'ont  rien  de  commun  avec  les  trois 
autres  lieux  qui  fuiyent.  Les  corps  de  ces  firenes  après 
leur  mort ,  furent  jettes  par  la  mer ,  chacun  en  un  en- 
droit ,  dont  deux  prirent  le  nom  de  la  firene  qui  y  étoit 
abordée  ;  le  corps  de  Parthenope ,  au  lieu  où  eft  à  pré- 
fent  la  ville  de  Naples ,  dont  l'ancien  nom  eft  Parthe- 
nope; le  corps  de  Leucojîe,  à  l'ifle  nommée  enfuite  de 
même^  &  le  corps  de  Ligée,  à  Térine,  dans  le  conti- 
nent où  elle  eut  fa  fépulture.  Etienne  en  fait  une  ifle 
de  Térine  ;  c'eft  une  erreur.  Solin  nomme  cette  ifle  Li- 
gée ,  ck  l'erreur  eft  double. 

LIGER,  &c 

LIGERÎS ,  nom  latin  de  la  Loire ,  rivière  de  France. 
Voyez  Loire. 

LIGET,  Chartreufe  de  France,  dans  la  Touraine,' 
proche  la  ville  de  Loches. 

LIGH,  bourg  d'Ane,  dans  le  Mogoliflan.  * Hift.  de- 
Timur-Bec  ,   1.  3  ,  c.  22. 

LEGIA.  Voyez  Ligea. 

LIGIENS  ,  Ligii  ,  ancien  peuple  de  la  Germanie. 
Voyez  Lygii. 

LIGIR  ,  tiyHp  ,  rivière  de  Grèce ,  félon  Etienne  le 
Géographe  :  elle  coule  auprès  de  Platée.  Berkélius,  fon 
commentateur,  dit;  nul  géographe  ne  met  une  rivière 
de  ce  nom  dans  la  Béotie.  Cela  eftbien;  mais  ily  avoir 
plus  d'une  Platée;  ck  comme  Etienne  ne  parle  de  cette 
rivière  qu'en  paffant ,  ck  à  l'occafion  d'une  reiïemblancà 
grammaticale,  entre  la  fin  de  ce  nom  avec  celui  de  Béchir» 
Kiyup  tk  @txt'p ,  il  ne  dit  point  dans  quel  pays  elle  étoit. 
Peut-être  auffi  le  difoit-il ,  &  que  le  grammairien  Her- 
molaiis  l'a  négligé  ?^  Qu'importe  à  un  homme  de  cette» 
espèce  de  favoir  où  coule  une  rivière  ?  Mais  c'eft  un 
grand  point  pour  lui ,  de  favoir  qu'il  y  a  des  noms  pro- 
pres terminés  en  s/p. 

LIGITANI ,  ancien  peuple  d'Espagne  ,  fi  l'on  s'ert 
rapporte  à  une  infcription  fur  laquelle  il  eft  parlé  d'un 
municipe  nommé  MUNICIPIUM  Fravasosonense 
Ligitanorum.  Morales,  dans  fes  Antiquités  d'Espa- 
gne, croit  que  ce  lieu  étoit  vers  la  Sierra  d'Ayllo  ,  à  trois 
mille  pas  d'Alcaudete.  *  Ortel.  Thef.  ad  vocem  Frava- 
sosonensis, 

LIGNANO,  village  d'Italie,  dans  le  duché  de  Milan. 
Il  eft  remarquable  par  la  bataille  que  l'empereur  Frédé- 
ric y  perdit  contre  les  Milanois. 

LIGNE  ,  bourg  des  Pays-bas ,  dans  le  Hainaut ,  fur 
la  Denre ,  à  deux  lieues  au-deffus  d'Ath ,  &  un  peu  plus 
au-deffous  de  Leufe.  Il  a  été  érigé  en  principauté  de 
l'empire ,  en  1602. 

LIGNI.  Voyez  Ligny. 

1.  LIGNIERES,  ville  de  France,  en  Berry.  Voyez 
Linieres. 

2.  LIGNIERES,  bourg  de  France,  dans  la  Touraine, 
dans  l'éleftionde  Tours.  La  paroiffe  dépend  del'abbay» 
de  tous  les  Saints,  à  Angers. 

3.  LIGNIERES,  bourg  de  France  ,  dans  la  Picardie, 
au  diocèfe  d'Amiens. 

4.  LIGNIERES-LA-DOUCELLE ,  bourgade,  dans 
le  Maine,  au  diocèfe  du  Mans.  Elle  eft  remarquable  par 
fes  eaux  minérales ,  qui  participent  du  fer. 

LIGNITZ  ,  ville  du  royaume  de  Bohême ,  dans  la 
Siléfie ,  au  duché  auquel  elle  donne  fon  nom  ,  fur  le  ruis- 
feau  de  Deifcha,  à  deux  milles  allemands  de  Jauer,  ôt 
à  fept  de  Breflau.  On  a  prétendu  qu'elle  avoit  été  fon- 
dée par  les  Lygiens,  peuple  dont  nous  parlons  en  fon 
lieu  ;  mais  il  eft  certain  que  ce  peuple  n'avoit  point  de 
villes  ,  &  d'ailleurs  on  ne  connoît  pas  affez  prccifement 
quel  pays  il  occupoit.  Cette  étymologie  eft  principale- 
ment fondée  fur  une  refiemblance  dans  les  trois  premiè- 
res lettres  du  nom  ;  ce  qui  ne  lignifie  rien,  lorsque  toutes, 
les  autres  preuves  manquent.  Quelques-uns  ont  voulu 
que  Lignitz  fût  YHcgetmatia  de  Ptolomée.  Nous  rap- 
portons fous  ce  mot  cette  opinion  ,  ck  nous  la  réfutons 
en  même  tems.  D'autres  dérivent  le  mot  Lignicium  de 
Lech,  premier  prince  de  Pologne ,  &  veulent  qu'on  ait 
dit  Lechni^ium.  Ce  qui  pourroit  confirmer  ce  fentiment 
c'eft  que  cette  ville  eft  appellée  Legnit^  dans  d'anciens 
monumens.  Mais  qu'a  eu  de  commun  avec  cette  ville 
Tome  III,    M  m  m  m  m 


82<5 


LIG 


LIG 


un  prince  de  Pologne  ,  dont  le  pouvoir  n'arrivoit  pas  en 
ce  tems-là  jusqu'à  la  Siléfie  ?  Les  urnes  &  autres  raonu- 
mens,  que  l'on  trouve  aux  environs  de  Lignitz,  ne  prou- 
vent point  une  origine  Romaine  ,  les  Sarmates  Se  les 
Slaves  brûloient  auffi  leurs  morts  ;  &  de  plus  on  trouve 
de  ces  fortes  d'antiquités  dans  toute  la  Siléfie.  Lignitz 
n'étoit  encore  qu'un  village ,  quand  Boleflas  furnommé 
le  Haut ,  l'entoura  de  murs  ,  &  lui  donna  la  prérogative 
de  ville.  Il  y  fit  fa  réfidence  ,  &  l'orna  de  manière  qu'a- 
près Breflau ,  elle  étoit  la  première  ville  du  pays.  Bo- 
leflas le  Chauve  embellit  encore  cette  ville  qui  étoit 
dans  fon  partage;  6c  comme  c'étoit  un  prince  guerrier, 
il  la  fortifia.  Frédéric  II  y  fit  un  fofle  pour  la  garantir 
des  Turcs  ,  qui  répandoient  la  terreur  jusques-là  par 
leurs  courfes  ;  enfin  Henri  XI  acheva  les  fortifications, 
aggrandit  le  fofle,  éleva  de  nouveaux  ouvrages;  Scia 
guerre  d'Allemagne  étant  furvenue ,  Montevere  fit  faire 
de  nouveaux  travaux,  pour  défendre  les  portes  Se  les 
courtines.  Le  château  eft  bien  moins  ancien  que  la  ville, 
qui  ne  s'étendoit  pas  alors  jusques-là.  *  Schurfleisch,  de 
Lignicio ,  Disput.  60. 

La  principauté  de  Lignitz,  petit  pays  de  Silé- 
fie, fitué  entre  l'Oder  Se  la  principauté  de  Jauer.  Il  a 
eu  les  princes  particuliers,  dont  le  dernier  mourut  en  1675  ; 
&c  alors  ce  pays  avec  ceux  de  Brieg  Se  de  Wolau,  qu'il 
poffédoit  auffi,  furent  dévolus  à  l'empereur,  qui  en  eft 
fbuverain  6c  propriétaire.  Les  principaux  lieux  de  cette 
principauté  font: 

Lignitz  capitale ,       Goldberg,       Se  Woldftadt. 

LIGNON,  rivière  de  France,  dans  le  haut  Forez.  Elle 
à  fa  fource  aux  confins  de  l'Auvergne,  au-deflus  de  Thiers, 
d'où  ,  coulant  au  levant  par  Noirétable  ,  Saint-Didier, 
Rochefort ,  l'Hôpital  6c  Bouen  ,  elle  fe  rend  dans  la 
Loire,  proche  de  Feurs.  *  Baudrand,  édit.  1705. 

Cette  rivière  tire  fon  plus  grand  luftre  de  ce  que 
d'Urfé  a  choifi  fes  bords ,  pour  y  mettre  la  fcène  de  fa 
Paftorale  intitulée  VJJirée ,  Roman  qui  a  eu  beaucoup  de 
réputation  ,  &  qui  trouve  encore  aujourd'hui  des  lec- 
teurs. 

I.  LIGNY,  Lineium,  ou  même  Ligniacum ,  Linia- 
cum  ,  ville  de  France,  avec  titre  de  comté,  dans  le  Bar- 
rois  ,  6c  mouvante  du  diocèfe  de  Toul.  Elle  eft  fituée 
fur  la  rivière  d'Orney  ;  6c  après  la  capitale ,  elle  eft  la 
ville  la  plus  confidérable  du  bailliage  de  Bar.  C'eft  une 
très-ancienne  feigneurie ,  qui  appartenoit  autrefois  en 
propre  aux  comtes  de  Champagne.  Mais  Thibaut  le 
Grand,  mariant  fa  fille  Agnès  avec  Renaud  H,  comte 
de  Mouflon  &  de  Bar,  lui  donna  en  dot  la  châtellenie 
ou  feigneurie  de  Ligny ,  que  l'on  écrivoit  autrefois  Li- 
nei,  Se  par- là  elle  fut  unie  au  Barrois.  *  Longucrue  , 
Descr.  de  la  France,  I. part. 

Il  y  a  néanmoins  long-tems  que  la  feigneurie  utile 
n'appartient  plus  aux  comtes,  aujourd'hui  ducs  de  Bar, 
parce  que  Henri  II,  petit- fils  de  Renaud  fk  d'Agnès, 
mariant  fa  fille  Marguerite  avec  Henri  ,  qui  fut  le  pre- 
mier comte  de  Luxembourg  de  la  maifon  deLimbourg, 
lui  donna  en  dot  la  châtellenie  de  Ligny.  Henri  5c  Mar- 
guerite eurent  deux  fils,  qui  laiiîerent  poftérité.  Henri, 
qui  étoit  l'aîné  ,  fut  comte  de  Luxembourg  ;  8c  c'eft  de 
lui  que  font  descendus  les  comtes  6c  ducs  de  Luxem- 
bourg. Valeran,  qui  étoit  le  puîné,  fut  feigneur  de  Li- 
gny ;  6c  de  lui  font  descendus ,  en  ligne  directe  mascu- 
line ,  ceux  qui  ont  porté  le  nom  de  Luxembourg  en 
France ,  jusqu'au  régne  de  Louis  XIII.  Les  comtes  de 
Bar  s'étoient  réfervé  la  feigneurie  directe  fur  Ligny;  ce 
qui,  dans  la  fuite,  excita  des  guerres  avec  les  comtes  de 
Champagne ,  qui  vouloient  que  les  feigneurs  de  Ligny 
fuffent  leurs  vaffaux.  S.  Louis  rendit,  dans  les  années 
1167  5c  1168,  des  jugemens  qui  ne  terminèrent  pas  en- 
tièrement les  différends  ;  mais  lorsque  Philippe  le  Bel 
reçut  l'hommage  de  Henri,  comte  de  Bar,  l'an  1301, 
il  comprit  dans  fon  aveu  Se  dénombrement  le  fief,  la 
ville  Se  la  châtellenie  de  Ligny  ;  ce  que  le  roi  approuva, 
fans  que  ce  droit  ait  été  contefté  aux  fuccefleurs  du 
comte.  Cependant  Charles  V,  roi  de  France,  érigea  la 
feigneurie  de  Ligny  en  comté ,  par  fes  lettres  données  à 
Paris,  en  Septembre  1367,  à  quoi  on  ne  voit  point  que 
les  comtes  de  Bar ,  ou  leurs  fuccefleurs ,  ayent  formelle- 


ment confenti ,  ni  qu'ils  s'y  foient  oppofés ,  parce  que 
Gui  de  Luxembourg  étoit  vaffal  du  comte  de  Bar,  à 
caufe  de  Ligny. 

Louis  de  Luxembourg,  conné;able  de  France,  qui 
descendoit  en  ligne  directe  de  Gui  de  Luxembourg ,  eut, 
entr'autres  enfans,  Antoine ,  dont  vinrent  les  comtes  de 
Brienne  Se  de  Ligny.  Son  petit-fils,  nommé  auffi  An- 
toine, eut  deux  fils,  Jean  Se  François.  Jean,  qui  étoir 
l'aîné,  fut  comte  de  Brienne  Se  de  Ligny,  6e  n'eut  qu'un 
fils  Charles ,  qui  mourut  fans  enfans ,  6e  eut  pour  fucces- 
feurfon  oncle  François,  qui  fut  créé  duc  de  Piney  8c 
pair  de  France.  Le  duc  François  fut  père  de  Henri  de 
Luxembourg,  qui  n'eut  que  des  filles.  L'aînée,  Charlotte- 
Marguerite  ,  laiffa  de  fon  fécond  mari ,  qui  étoit  de  la 
maifon  de  Clermont,  une  fille  qui  hérita,  Se  fut  femme 
de  François- Henri  de  Montmorenci,  duc  de  Luxem- 
bourg, maréchal  de  France,  dont  le  fils  Charles-Fran- 
çois-Frédéric, duc  de  Luxembourg ,  gouverneur  de  Nor- 
mandie, comte  de  Ligny,  a  vendu  ce  comté  à  Léopold  I, 
duc  de  Lorraine  ,  après  avoir  gagné  fon  procès  contre 
les  marquis  de  Béon ,  qui  lui  en  difputoient  la  propriété, 
en  qualité  de  descendans  de  Louife  de  Luxembourg , 
foeur  de  Charles  de  Luxembourg,  comte  de  Brienne  Se 
de  Ligny,  laquelle  avoit  époufé  Bernard  de  Béon,  fei- 
gneur de  Maffez. 

L'églife  paroiffiale  de  cette  ville  eft  dédiée  fous  l'in- 
vocation de  la  fainte  Vierge.  Il  y  a  une  collégiale,  fon- 
dée, en  1179,  par  Agnès ,  fille  de  Thibaud  ,  comte  de 
Champagne,  femme  de  Renaud  II,  comte  de  Bar,  6c 
dame  de  Ligny  de  fon  chef  ;  elle  eft  fituée  dans  le  châ- 
teau de  Ligny.  L'églife  en  eft  dédiée  à  la  fainte  Vierge 
6e  à  S.  Evre.  Cette  érection  a  été  confirmée  par  Eudes 
de  Vaudemont,  évêque  de  Toul ,  Se  par  Innocent  III.  Il 
y  avoit  auparavant  une  chapelle  dédiée  à  S.  Evre.  Cette 
collégiale  eft  compofée  de  douze  chanoines ,  6c  de  treize 
prébendes.  Le  premier  chanoine  prend  la  qualité  de 
doyen ,  5c  jouit  de  deux  prébendes.  Chaque  prébende 
eft  de  1  ioo  livres  Barois ,  année  commune.  L'on  con- 
-ferve  dans  cette  églife  l'image  de  Notre-  Dame  des 
Vertus ,  dont  Urbain  IV  fit  préfent  à  Charles  d'Anjou, 
roi  de  Naples ,  frère  de  S.  Louis.  Jeanne  I ,  reine  de 
Naples,  l'avoit  donnée  aux  Chartreux  de  Crappy,  qui, 
en  1435,  en  firent  préfent  à  Antoine  des  Salles,  gentil- 
homme Provençal,  6c  ambaffadeur  de  René  d'Anjou  , 
duc  de  Lorraine  6c  de  Bar,  au  royaume  de  Naples  ;  ce 
feigneur  la  donna  enfuite  à  cette  collégiale.  Il  y  a  trois 
chapelles  allez  bien  rentées  dans  l'églife  paroiffiale  ;  cel- 
les de  la  Vierge ,  de  S.  Martin  6c  de  S.  Pierre ,  6e  fis 
fondées  dans  la  collégiale  ;  celles  de  S.  Jacques,  de  la 
Magdelaine,  de  S.  Michel,  de  S.  Pierre-le- Vieil ,  de 
fainte  Catherine  6e  de  dame  Effeline. 

Il  y  a  un  collège  fondé,  l'an  1 585,  en  partie  des  biens 
de  l'ancien  hôpital ,  6e  en  partie  des  deniers  de  Margue- 
rite de  Savoye ,  veuve  d'Antoine  de  Luxembourg,  comte 
de  Ligny,  qui  donna  la  rente  du  principal  de  14400  francs 
Barois,  à  prendre  fur  la  terre  de  Tréverez.  Cette  rente 
a  été  fupprimée  par  une  bulle  de  Clément  VIII ,  de 
l'an  1597,  Se  à  la  place  l'on  a  uni  à  ce  collège  une  pré- 
bende du  chapitre  de  Ligny,  Se  les  chapelles  de  S.  Jean 
de  Froide-Entrée  6c  de  dame  Effeline.  Le  principal  du 
collège  eft  chanoine  de  la  collégiale.  Cet  hôpital ,  à  la 
place  duquel  a  été  fondé  le  collège  ,  étoit  deffervi  par 
cinq  prêtres ,  que  l'on  croit  avoir  été  de  l'ordre  hospi- 
talier du  S.  Esprit. 

Il  y  a  à  Ligny  deux  couvens  d'hommes  Se  trois  de  fil- 
les ;  les  couvens  d'hommes  font  les  Cordeliers  établis 
par  George  de  la  Trimouille ,  Se  enfuite  dotés  par  Louis 
de  Bourbon,  comte  de  Roucy.  Les  Capucins  ont  été 
établis,  en  1484,  par  Marguerite  de  Savoye,  comteiîe 
de  Ligny.  C'eft  le  premier  couvent  de  leur  ordre  ,  dans 
la  province  de  Lorraine.  Les  religieufes  font  les  Annon- 
ciades,  qui  ont  été  établies  dans  un  vallon  défert,  en- 
tre deux  montagnes,  à  un  quart  de  lieue  de  Ligny  ;  les 
religieufes  de  la  congrégation  de  Notre-Dame,  Se  les 
Urlulines  ;  elles  ont  été  fondées  dans  le  dernier  fîécle. 
L'archidiaconé  y  a  été  transféré  de  Bar  ;  il  comprend 
cinq  doyennés,  qui  font  ceux  de  Ligny,  Belrain,  Gondre- 
court,  Vaucouleurs  6e  Commercy.  Le  doyenné  a  cinq  lieues 
de  long,  fur  quatre  de  large;  &  il  eft  arrofé  6c  traverfé,  de 
l'orient  à  l'occident ,  par  la  rivière  d'Orney ,  depuis  la 


LIC 


LIG 


Nenveville  ,  annexe  de  Treverez,  jusqu'à  Longueville.' 
Il  comprend  vingt-deux  cures ,  i'ept  annexes ,  un  chapi- 
tre ,  deux  prieurés  ,  un  hôpital ,  un  collège  <k  quatre 
couvens. 

2.  LIGNY,  terre  de  France,  en  Champagne,  élec- 
tion de  Tonnerre. 

LIGONA.  Voyez  Ligana. 

i.  LIGOR,  ville  d'Afie ,  autrefois  capitale  d'un  pe- 
tit royaume  de  même  nom  ,  à  prêtent  ville  de  Siam, 
fur  la  côte  orientale  de  la  presqu'ifle  de  Malaca,  où  elle 
a  un  port  à  environ  quarante  lieues  au  midi  de  Piply  ; 
elle  eft  fort  ancienne  ,  dit  l'abbé  Gervaife,  Hijl.  de  Siam  , 
l.part.  c.  il,  p.  61.  Les  Hollandois  y  ont  unefafture, 
c'eft- à-dire  un  magafin  de  leur  compagnie  :  les  vais- 
feaux  qu'ils  envoient  pour  trafiquer  à  la  grande  Barre, 
ne  manquent  pas  de  paffer  à  Ligor  tous  les  ans  ;  mais 
ils  n'oient  pas  entrer  dans  le  port  ,  parce  qu'il  eft  ex- 
trêmement difficile  ,  &  qu'ils  feroient  en  danger  d'y 
échouer. 

2.  LIGOR,  (le  royaume  de)  petit  pays ,  fur  la 
côte  orientale  de  la  presqu'ifle  de  Malaca  ,  aux  environs 
de  la  ville  de  Ligor.  Le  roi  de  Siam  en  eft  fouverain 
depuis  bien  des  années.  Il  y  a  fur  la  côte  de  Ligor,  trois 
grandes  ifles  à  dix  degrés  de  latitude  feptentrionale,  la- 
voir Puli-Cornam ,  Puli-Sangori  &£.  Puli-Bardia.  Les 
côtes  de  ce  royaume  font ,  au  midi ,  une  terre  baffe  &C 
plate  :  plus  loin,  vers  le  nord,  elles  font  fort  escarpées 
&  pleines  de  rochers  ,  &c ,  au  jugement  de  Ksmpfer  , 
H'ifi.  du  Japon,  t.  i,  p.  il,  allez  femblables  aux  cô- 
tes de  Suéde  ;  il  y  a  plufieurs  bas-fonds  &  rochers  dan- 
gereux ,  &  de  petites  ifles ,  partie  habitées  &  partie  dé- 
fertes;  ce  qui  le  furprit  avec  raifon,  d'autant  plus' qu'on 
n'en  trouve  pas,  dit-il,  la  moindre  trace  dans  nos  car- 
tes. Il  remarque,  à  cette  occafion,  que  la  plupart  de  nos 
cartes  marines  font  fi  défeftueufes ,  qu'il  s'étonne  qu'il 
n'en  arrive  pas  plus  d'accidens  ;  car  on  n'y  fauroit  faire 
aucun  fond.  11  nous  apprend  que  les  Siamois  nomment 
Samajorn  le  plus  grand  des  rochers  &:  les  ifles  dont  on 
a  parlé ,  &  Pran  ou  Prani  les  rochers  &c  les  ifles  qui 
bordent  la  côte. 

LIGOURE,  petit  pays  de  France,  en  haut  Limofin, 
entre  Peyre ,  Bufliere  &  Maffiere.  Il  a  environ  trois  ou 
quatre  lieues  d'étendue.  Le  lieu  le  plus  remarquable  de 
cette  petite  contrée  eft  S.  Jean  de  Ligoure  ,  avec  quel- 
ques paroiffes  ou  hameaux.  *  Corn.  Dift.  Davity ,  Li- 
mofin. 

LIGOURNE.  Voyez  Livourne. 

LIGRON ,  bourg  de  France ,  dans  l'Anjou ,  élection 
'de  la  Flèche. 

LIGUA,  montagne  de  l'Amérique  méridionale,  au 
Chili ,  entre  les  Andes ,  près  de  S.  Juan  de  la  Fron- 
ura ,  vers  le  couchant.  C'eft  un  volcan  qui  vomit  des 
flammes. 

LIGUE  ;  nom  commun  aux  trois  parties  qui  compo- 
fent  le  pays  des  Grifons.  Voyez  Grisons. 

LIGUE-GRISE,  ou  Ligue-haute  ,  en  allemand 
Graw-bundt.  C'eft  la  plus  conlidérable  des  trois  Ligues, 
qui  compofent  le  pays  des  Grifons.  Elle  a  communiqué 
fon  nom  à  tout  le  pays.  Le  nom  latin  eft  Fœdus  fuperius 
ou  Fœdus  canum. 

Cette  ligue  occupe  à-peu-près  toute  la  longueur  du 
pays  des  Grifons ,  dans  la  partie  occidentale  ;  ainfi  elle 
a  au  nord,  à  l'occident  &.  au  midi /les  mêmes  bornes 
que  le  pays  entier  ;  à  l'orient,  elle  eft  féparée  du  comté 
de  Chiavenne  par  de  hautes  montagnes,  oc  de  la  Ligue 
de  Caddée  ,  en  bonne  partie ,  par  le  haut  Rhin.  C'eft 
dans  ce  pays  que  le  trouvent  les  trois  fources  du  Rhin. 
TElat  &  Délices  de  la  SuïJJe  ,  t.  4,  p.  9. 

La  ligue  Grife  eft  partagée  en  huit  grandes  commu- 
nautés ,  qui  contiennent  vingt-deux  jurisdiftions.  Voici 
l'ordre  qu'elles  obfervent  pour  la  féance  dans  leurs  diètes. 

(DlSENTIS, 

I.  Communauté,  de)  Tavesch , 
Difentis. 


)Brigel, 
\Tron. 


II.  Communauté,  deŒ™SBOURG ' 
LLax. 


Walunsbourg. 


III.  Communauté,dejLuGNiTZj 
Lugnit^.  \Vals. 

ÏV.  Communauté,  de  S  £  A.N™  »  . 

/Flims  , 

V.  Communauté, dej^fï"^' 

Fiims.  Wrts" 

^Damint^. 

(Thusis, 

VI.  Communauté,de)  Cepina , 

Thufis.  \StuJfau, 

\Hinlrenberg. 

VIL    Communauté  ,  ïSchams  , 

de  Schams.     Ue  Rhinwald. 


-7 


VIII.  Communauté 


SMasoxer-thal; 


de   Mafoxer-<  ^ .     ,      ,    , 
,11  \Glankerthal 


Les  quatre  premières  communautés  font  limées  au-des- 
fus  d'une  forêt  ,  qui  fépare  Lax  de  Flims.  On  les  ap- 
pelle Oberwoldner,  gens  d'au-deffus  du  bois. 

Les  habitars  de  la  Ligue  Grife  ont  trois  fortes  de  lan- 
gues. Les  uns  parlent  allemand,  les  autres  parlent  italien, 
Ôc  les  autres  parlent  un  certain  jargon  qu'ils  appellent 
roman.  Il  eft  mêlé  d'italien  ou  de  latin  ,  &  de  la  langue 
des  anciens  Lépontiens.  Près  des  fources  du  haut  Rhin, 
&  dans  la  vallée  de  Domlesch  ,  on  parle  allemand  ; 
dans  la  vallée  de  Schams ,  qui  eft  entre  deux  ,  on  a  ce 
langage  dont  il  vient  d'être  parlé  ;  dans  la  vallée  de  Ma- 
fox,on  parle  mauvais  italien  ;  dans  le  Rhinwald,  St  dans 
les  jurisdiftions  de  Tavetsch  ,  d'Oberfax  ,  de  Stuffau,  de 
Tenna  ,  de  Vais  &  de  Cépina ,  on  parle  Grifon.  *Etat 
&  Délices  de  la  Suiffe  ,  t.  4 ,  p.  36. 

LIGUE  DELA  CADDÉE,  ouMaison-de-Dieu. 
Voyez  Caddée. 

LIGUE-HAUTE.  Voyez  Ligue-Grise. 

LIGUE  DES  DIX  JURIDICTIONS,  on  des  dix 
Droitures.  C'eft  la  troifiéme  Ligue  des  Grifons.  Elle 
tire  fon  nom  des  dix  jurisdiftions  qui  la  forment.  Sa 
fituation  eft  dans  la  partie  feptentrionale  du  pays  ;  ainfi, 
elle  fait  face  ,  du  côté  de  l'orient  &  du  côté  du  nord  , 
au  comté  de  Tyrol  ;  &  à  l'occident,  en  partie,  au  comté 
de  Sargans  ,  dont  elle  eft  féparée  par  le  Rhin.  De  tous 
les  autres  côtés ,  elle  eft  environnée  de  la  Ligue  de  la 
Caddée.  *Etat  &  Délices  de  laSuiJfe,  t.  4,  p.  71. 

Elle  a  reçu  le  nom  de  dix  jurisd  clions  ,  quoiqu'elle 
n'ait  que  fept  communautés  générales  ,  parce  que  les 
trois  dernières  communautés  fe  fubdivifent  chacune  en 
deux  jurisdiftions ,  ce  qui  fait  le  nombre  de  dix.  Ces 
communautés  font: 


I.  Communauté  de 

II.  Communauté  de 

III.  Communauté  de 


Davos. 

Zum  Klœsterlein. 
Castel. 


IV.  Communauté  de         Schiers. 


V.  Communauté  de 

Meyenfeld. 


<  Meyenfeld  ,  Mala 


VI.  Communauté  d'Alve- Ç  Alvenea  ou  BelforTj 


elfort. 


CAL 
\Chu 


dden. 


VIL     Communauté  de    5 Saint-Pierre,  ou 

ScHANFICK.      }Saint-Puer-Langwiis. 

Tous  les  habitans  de  la  Ligue  des  dix  jurisdiftions  par- 
lent allemand,  à  la  réferve  d'un  village  ou  de  deux  de 
la  communauté  d'Alveneu,  qui  parlent  Grifon. 

LIGUEIL,  ville  de  France,  en  Touraine,  avec  ti- 
tre de  baronnie.  On  trouve  dans  une  plaine  voiline  une 
Tome  III.    M  m  m  m  m  ij 


8*3 


Lie 


LiC 


infinité  de  coquillages  qui ,  lorsqu'ils  font  réduits  en  pou- 
dre, fervent  particulièrement  à  fumer  les  terres,  Se  aies 
rendre  très-abondantes.  Il  y  a  une  chapelle  du  titre  de 
Notre-Dame,  des  Anges  ,  laquelle  eft  fort  fréquentée  des 
gens  du  pays.  , 

LIGUEUX,  Ligurium,  abbaye  de  France,  enPen- 
gord,  près  de  Pérîgueux  ;  ce  font  des  filles  de  l'ordre 
de  s'  Benoît.  Il  paraît  qu'elle  fut-  d'abord  fondée  pour 
l'un  &  pour  l'autre  fexe ,  vers  l'an  noo;  &  on  rapporte 
l'occafion  de  fon  établifTement  au  folitaire  Geraud  de 
Sala.  Comme  parmi  le  grand  nombre  de  perfonnes  que 
la  réputation  de  fa  fainteté  attirait  dans  fa  folitude,  il  fe 
trouvoit  beaucoup  de  frères  Se  de  foeurs,  parens  Sr.  pa- 
rentes ;  fa  piété  Sf.  celle  de  fes  frères ,  qui  étoient  des 
feigneurs  très-puiffans  dans  le  pays  ,  leur  fit  pourvoir  aux 
beloins  de  tous  ces  fidèles  ,  dont  quelques-uns,  voulant 
fe  détacher  entièrement  du  monde  ,  donnèrent  auffi  tous 
leurs  biens  pour  la  fondation  de  cette  maifon.  La  bulle 
du  pape  Clément  III ,  de  l'an  1 188 ,  fait  mention  des  pri- 
vilèges de  ce  monaftere. 

LIGUGEY,  Locociacum ,  Locogeïacum,  Licudiacum, 
puis  Ligugiacum,  premier  monaftere  des  Gaules^,  dont 
l'biftoire  nous  donne  la  connoiffance.  Il  fut  bâti  par 
S.  Martin ,  dans  le  Poitou  ,  à  deux  ou  trois  lieues  de 
Poitiers,  fous  l'autorité  del'évêque  S.  Hilaire, long-tems 
avant  fon  épiscopat.  Mais  il  fut  ruiné  avec  le  tems,  Se 
réduit  enfin  en  prieuré  ,  qui  appartenoit  autrefois  aux 
Jéfuites.  *Baillet,  Topogr.  desSaints,  p.  617. 

LIGUIDONISPORTUS,  portdel'illedeSardaigne. 
Antonin ,  Itiner.  le  met  fur  la  route  de  Tibules  à  Ca- 
gliari,  en  parlant  par  Olbia,  &  les  diftances,  qu'il  cal- 
cule, font  voir  que  ce  port  doit  être  vers  le  milieu  de  la 
côte  orientale  de  Me.  Le  P.  Briet,  Pa.raLl.pan.  2.  /.  5, 
c.  12,  donne  pour  nom  moderne  Lagoliajlo,  autrement 
Lago  d'OgliaJiro.  Au  couchant  de  ce  golte  font  des  mon- 
tagnes au  milieu  de  l'ifle ,  entre  lesquelles  fe  trouvoit  la 
ville  ou  le  bourg  de  Luguldo ,  ou  Luquido ,  dont  les 
habitans  font  nommés  par  Ptolomée,  A3,  c.  3.  Lucui 
Donefii  ahkV'ji  tattislmi .  Mais  il  ne  met  point  leur  ville, 
&  n'en  fait  aucune  mention  ,  pas  même  du  port.^  Le 
P.  Briet  met  l'un  &  l'autre  ,  favoir  le  port  fur  la  côte  , 
&  la  ville  entre  les  villes  Méditerranées.  De  l'Ifle  mar- 
que auffi  l'un  &c  l'autre  dans  la  Carte  d'Italie. 

LIGULA ,  nom  que  donnent  les  auteurs  Latins  à  Evo- 
la,  rivière  d'Italie,  qui  coule  dans  la  Campagne  de  Reine. 
*Corn.  Diâionnaire. 

1.  LIGURES,  anciens  peuples  d'Italie,  &  même  des 
Gaules,  de  l'Espagne,  &  de  la  Colchide.  Mais  les  plus 
confidérables  de  tous ,  &  les  mieux  connus  ,  ce  font  les 
Liguriens  propres  qui  habitoient  le  pays  qu'occupe  pré- 
fentement  la  république  de  Gènes  ;  la  principauté  de 
Monaco ,  la  partie  du  Piémont  qui  s'étend  le  long  de 
la  côte  jusqu'au  Var  ;  en  un  mot,  le  pays  qui  s'appelloit 
proprement  la  Ligurie ,  dont  nous  parlons  dans  l'article 
qui  fuit.  Outre  cela ,  il  y  avoit  des  Liguriens  dans  la 
Pouille.  Pline,  /.  3,  c.  11,  met,  entre  les  peuples  de  la 
Pouille  ,  des  Liguriens  qui  faifoient  deux  corps  diftin- 
gués,  dont  l'un  s'appelloit  Ligures  Corneliani  ;  &  l'au- 
tre Ligures  Behiani.  Ligures  qui  cognominantur  Corne- 
liani &  qui  Bebiani.  Ces  Liguriens  étoient  deux  colo- 
nies qui  étoient  diftinguées  par  les  noms  des  magistrats, 
fous  l'autorité  desquels  elles  avoient  été  conduites.  Fron- 
tin,  dans  fon  Livre  des  Colonies,  dit  :  AgerLiguris  Ve- 
vianus  &  Cornelianus  Muro  duclus ,  &c. 

2.  LIGURES,  ancien  peuple  de  la  Gaule,  dont  ils 
occupoient  toute  la  côte,  jusqu'à  l'Espagne  ,  où  même 
ils  avoient  étendu  leurs  progrès.  Les  Grecs  les  nom- 
moient  Ligues  h'tyva ,  que  quelques  interprètes  Latins 
rendent  par  Ligyes.  Strabon ,  A  4 ,  dit  :  les  Salyens  ha- 
bitent les  Alpes  le  long  de  la  côte ,  &  une  partie  du  ri- 
vage jusqu'à  Marfeille,  &  un  peu  au-delà  ,  &  font  mê- 
lés avec  les  Grecs.  Les  anciens  Grecs  les  ont  nommés 
Ligyes,  St  ils  ont  donné  le  nom  de  Ligujlique  au  pays 
qu'occupent  les  Marfeillois.  Pline ,  /.  3  ,  c.  5  ,  dit  de 
même  :  les  Sailuviens  ,  les  Déciates  &  les  Oxibiens 
font  les  plus  fameux  des  Liguriens,  au-delà  des  Alpes. 
Denis  d'Halycarnafle  &c  Thucydide  nous  apprennent 
qu'ils  pénétrèrent  en  Espagne  ,  Se  chafTerent  les  Sica- 
niens  qui  habitoient  alors  au  bord  de  la  Ségre  ,  rivière 
nommée,  en  ce  tems-là,  Sicanus.  Le  premier  dit ,  l.  1 , 


en  parlant  de  la  Sicile  :  elle  étoit  alors  habitée  par  les 
Sicaniens,  nation  d'Ibérie ,  qui,  étant  chaffée  parles 
Liguriens,  étoit  venue  s'y  établir,  Se  avoit  appelle  de 
fon  nom  Sicanie  ,  l'ifle  que  l'on  appelloit  auparavant 
Trinacrie ,  à  caufe  de  fa  figure  triangulaire.  Le  fécond, 
A  6  ,  dit  :  la  vérité  découvre  que  ce  font  des  Ibériens 
que  les  Liguriens  avoient  chaflés  d'auprès  le  fleuve  Si- 
canus, qui  eft  en  Ibérie,  &  qu'ils  ont  donné  le  nom  de 
Sicanie, à  l'ifle  que  l'on  appelloit  auparavant  Trinacrie. 
Silius  Italicus  confirme  en  trois  vers  cette  migration.  On 
voit  bien  que  ces  Liguriens  s'étoient  rendus  là  par  mer; 
il  n'y  a  pas  d'apparence  qu'ils  euiient  voulu  quitter  les 
Alpes  pour  les  Pyrénées ,  comme  le  remarque  le  doâe 
Marca ,  Hispan.  1.  2  ,  c.  26.  Ils  perdirent  ces  conquêtes 
avec  le  tems  ;  St  Feftus  Avienus ,  dans  fa  Description 
des  côtes  de  la  Méditerranée ,  fait  entendre  que  les  Li- 
guriens chafles  par  les  Celtes  ,  Sr.  découragés  depuis 
long-tems  par  la  perte  des  batailles  qu'ils  avoient  li- 
vrées, fe  réfugièrent  dans  les  montagnes,  laiflant  la  cam- 
pagne dépeuplée  ,  Sr.  vécurent  cachés  entre  les  rochers 
&  les  huilions ,  n'olant  fe  montrer  ni  approcher  du  ri- 
vage ;  qu'enfuite  ils  reprirent  courage  peu-à-peu  ,  &Ê 
revinrent  au  bord  de  la  mer. 

Cespitem  Ligurum  fubit 
Cajfum  incolarum.  Namque  Celtarum  manu  , 
Crebrisque  dudàm  praiin  vacuata  funt. 
Liguresque  puljî ,  ut  jkpi  fors  aliquos  agit , 
Venere  in  ijta  quee.  pa  lion  entes  tenent 
Plerumque  domos  :  crtber  /lis  Jcrupus  locis  , 
Rigidaque  rupes ,   atque  montium  mina 
Cœto  inferuntur.  Et  fiigax   &  hœc  quidem  , 
Diu  inter  arcia  cautium  duxit  diem , 
Sécréta  ab  undis  ;  nam  fali  metuens  erat , 
Priscum  ob  periclum  :  pofl  quies  &  otium  y 
Securitate  roborante  audaciam  , 
•  Perfuajit  altis  devehi  cubilibus , 
Atque  in  marinos  jam  locos  descendere. 


Voyez  Ligurie  ,  Ligustica  ,  Ligusticum  & 
Ligyes. 

LIGURIE,  (la)  ancienne  province  de  la  Gaule  Cis- 
padane ,  fur  la  mer  de  Ligurie.  On  a  compris  quelque- 
fois dans  cette  province  divers  peuples  des  Alpes ,  qui 
tiraient, pour  la  plupart,  leur  origine  des  Liguriens.  Il  y 
en  a  qui  ont  étendu  fes  bornes  jusqu'au  Rhône,  &  même 
jusqu'aux  Pyrénées.  Mais  pour  ce  qui  eft  de  la  Ligurie» 
prife  dans  un  fens  propre,  elle  doit  être  bornée  par  les. 
rivières  Varus  &t  Macra.  Elle  s'étendoit  allez  le  long  de 
la  côte  ;  mais  elle  avançait  peu  dans  les  terres ,  ne  s'é- 
tendant  point  fur  les  Alpes.  Ce  font  les  bornes  que  lui 
donne  Pline  ,•  qui  a  décrit  cette  côte  avec  exactitude. 
*Cellarius,  Geogr.  ant.  /.  1,  c.  9.  B riet.  ItA.  ant. part,  i, 
lié.  5. 

Cependant  il  eft  certain  que  Lucques  Sr.  Pife  font  pla- 
cées dans  la  Ligurie ,  par  la  plupart  des  anciens  géogra- 
phes ,  &i  que  les  Ligures- Apuani  s'étendoient  jusqu'à 
l'Arnus ,  qui  féparoit  la  Ligurie  de  la  Toscane.  Ce  futÀu- 
gufte  qui  refferra  ces  bornes.  Il  voulut  que  la  rivière 
Macra  ,  aujourd'hui  Magra  ,  bornât  la  Ligurie;  ce  qui 
fixa  les  géographes.  Silius  Italicus,  dans  fes  vers,  étend 
ce  pays  jusqu'au  laç  de  Péroufe  ;  Se  d'autres  l'avancent 
quelquefois  jusques  fur  l'Appennin,  comme  on  le  voit 
par  la  Notice  de  l'Empire. 

Les  habitans  de  la  Ligurie  tiroient  leur  origine  des 
Celtes,  comme  l'a  prouvé  Cluvier  ,  Ltalite-  ant.  1.  1, 
p.  51.  Les  Grecs  les  appelloient  hlyv;  Se  aijuk  ,  Se 
quelquefois  Ligufiini.  Les  Romains  les  ont  appellées  Li- 
gures. Euftathe  &  Etienne  ont  avancé  qu'ils  tiroient  leur 
nom  du  fleuve  Ligur.  C'eft  une  pure  imagination  ;  la, 
rivière  de  Loire,  qu'ils  entendent  par  Ligur,  n'a  rien 
de  commun  avec  la  Ligurie.  Le  même  Euftathe  vou- 
drait encore  faire  dériver  Ligures  d'un  certain  Ligure, 
que  Tzetzès  dit  frère  d'Albion  ,  qui  s'oppofa  à  Her- 
cule, lorsque  ce  héros  alla  chercher  les  bœufs  de  Ge- 
ryon  :  autre  imagination  ,  qui  n'a  pas  plus  de  fonde- 
ment que  la  première.  Paul  Diacre.  Longoé.  1.  2,  c.  16, 
croit  que  le  mot  Ligures  a  été  formé  de  légère  legumina  ; 
il  fe  fonde  fur  ce  que  cette  province  eft  fertile  en  légumes. 

Voici  les  villes  que  Ptolomée  place  dans  la  Ligurie. 


LI( 


ci 


LIG 


'Albiniminium  , 

Albigannum  , 

Genua, 

EntMa  fiuvii  ojlia, 

Tigullia , 
Villes  maritimes.^  Veneris  portus , 
i  Ericis  portus , 

Ericis  finus  intima , 
\Macrallce  fluvi  ojiia, 
\Divertigium  Boacli  Jluvii. 

rSabata  , 
l  Polentia  , 
Villes  dans  les  tenes.lAJla-Colo , 

lAlba-Pompeïa, 
^Libarnum. 

'  Selon  le  P.  Briet,  Antiq.  Ital.part.  2 ,  /.  5,  la  Ligurie 
comprenoit  le  marquifat  de  Saluées ,  partie  du  Piémont, 
la  plus  grande  partie  du  Montferrat  ,  toute  la  côte  de 
Gènes,  la  feigneurie  de  Mourgues,  partie  du  comté  de 
Nice ,  &  la  partie  du  duché  de  Milan ,  qui  eft  au-deçà 
du  Pô.  Le  même  géographe  dit  que  les  Liguriens  étoient 
divifés  en  Liguriens  chevelus,  {Ligurii  capillati,')  &  en 
Liguriens  montagnards,  (Ligurii  montant.)  Il  ajoute  que 
les  Liguriens  chevelus  habitoient  les  côtes  de  la  mer , 
&  que  les  Liguriens  montagnards  habitoient  l'Apennin 
&  les  Alpes.  Voici  de  quelle  manière  il  divife  leur  pays. 

Liguriens  chevelus. 

{Nicœa  MaJJîlienJtum ,  aujourd'hui   Nice 

Ien  Provence. 
Herculis  Moo'ènci  Por-  Monaco  ,   autre- 
tus,  ment  Mourgues. 

VeDI  AflTnATropœa  Augujli,  Torbia. 

Cemenelio  ou    Cime-  On  n'en  voit  plus 

nceum,  que  les  ruines. 

I  Varus  Fluv.  IlVaro,  en  fran- 

^  çois  le  Var. 

t  Albium  Intemelium,  Vintemillej 
ÏNTEMELII.     <      ou  Albintemelium. 

{.Rutuba  Fluv.  la  Rotta. 

T  C  Albium  Ingaunum,     Albenga, 

INGAUNI.        \Galmariainfula.         Ifola  d' Albenga. 


ffada  Sabbi 

Veri     LlGU-jJ"™*' 
MI. 


Vagianni. 


Vadi.VaïouVé, 
Savone , 
enua,  Gènes, 

| Portus  Delphini,         Porto-Fino, 
*BoacIes  Fluv.  Brignolo,  rivière. 

Liguriens  montagnards. 

fAugufla     Vagienno-  Aujourd'hui  Car- 
1     rum ,  magnole , 


rum , 
)Pollentia, 
\Padifontes 


Polenzzo , 
LesfourcesduPô. 


[Aqua    Statiela    ou     Acqui, 

IAqua  Statielorum, 
Alba-Pompeïa ,  Alba, 

uïAiiïLi    uu,  AJla  adTanari  urbis-  Afti. 
StATELATES.i      quefiuminum  con- 
sentes. 
I  Tamàrus  Fluv. 
\Urbs  Flavius.  Orba,  rivière. 

(Felia ,  Ville  fituée  ou  fur 

le  Verfa,  ou  fur 
le  Tidone, 
DertonaouDarthona,  Tortona, 
Claflidium ,  Chiafteggio , 

Bondincomagus ,  Cafal.S.Vas: 

Libarnum  ,  On  voit  fes  ruines 

auprès  d' Arqua, 
Ma,  Voghiera, 

Comiliomagus  ou  Co-  Brone  à  ce  qu'on 

meliomagus ,  peut-       croit. 
•    être  Camillomagus. 


Veliates 

furnommésVz-{  "ubZ'num 
CHELII 


029 

.  De  tout  terris,  les  Liguriens  parlèrent  pour  d^s  hom- 
mes vigoureux  ot  ^donnés  au  travail  ;  ce  qui  venoit  de 
ce  qu'ils  habitoient  un  pays  ,  dont  la  terre  eft  maigre 
&c  ftérile.  Les  femmes  fur-tout  étoient  laborieufes.  Stra- 
bon  fait  entendre  qu'ils  vivoient  de  lait  &  de  fromage ; 
&  qu'ils  ufoient  d'une  boilfon  faite  avec  de  l'orge.  Titê- 
Live  &  Virgile  difent  que  les  Liguriens  fupportoient  coas- 
tamment  la  fatigue  &C  le  travail  :  Durum  in  armis  gé- 
mis, dit  le  premier:  AJjuetumque  .malo  Ligurem,  dit  le 
fécond.  Virgile  les  dépeint  aufli  comme  des  gens  faux, 
&  qui  cherchent  à  tromper.  Claudien  infirme  la  même 
choie  ;  &  Servius ,  2.  Originum  ,  les  traite  de  menteurs, 
&  de  gens  fans  étude  ni  lettres  ;  tant  il  eft  vrai ,  que  la 
mauvahe  réputation  ,  qu'ont  les  Génois,  eft  presqu'auffi 
ancienne  que  la  nation  même. 

LIGURNUS-PORTUS  ,  ou  finalement  Ligur- 
NUM ,  heu  fur  la  côte  d'Italie  ;  il  en  eft  fait  mention 
dans  l'Itinéraire  maritime  d'Antonin  ,  ck  dans  le  Livre 
de  Caton,  fi  tant  eft,  dit  Ortélius ,  qui  le  cite  ,  que  cet 
ouvrage  foit  vraiment  de  lui.  On  croit  que  c'eft  Li- 
vourne,  &  ce  nom  favorife  ceux  qui  nomment  cette  ville 
Ligourne.  On  trouve  dans  l'exemplaire  de  Ptolomée, 
fur-tout  dans  celui  que  l'interprète  Latin  a  fà\v\,Liburnus 
portus,  d'où  le  mot  de  Livourne  eft  formé  ;  mais  ce  port 
eft  déplacé  dans  ces  exemplaires  ,  &  on  le  met  entre 
l'Ame  &  Luna. 

LIGURON.   Voyez  Ligus. 

LIGURUM  MONTES,  les  montagnes  des  Liguriens. 
Léandre  les  décrit  dans  la  Toscane,  &  dit  quece  font 
aujourd'hui  les  montagnes  de  Carrara ,  &  de  la  Luné- 
giane. 

LIGUS.  Euftathe  ,  in  Dionyf.  Pericg.  nomme  ainfi  un 
fleuve,  dont  il  prétend  que  les  Ligurniens  prenoient  leur 
nom.  Etienne  le  Géographe  l'appelle  Ligurum  ou  Ligu- 
ron  Aiyi,pov 

LIGUSTICA-SAXA,  roche  dont  parle  Juvenal,  Sa- 
tyr-  3>  v-  M4-  S°n  vieux  commentateur  n'y  penfoit  pas 
quand  il  a  pris  ces  roches  pour  une  ifte  ;  &  je  m'étonne 
qu'Ortélius  ait  laiffé  paffer  cette  bévue  fans  la  relever; 
car  c'eft  lui  qui  la  rapporte.  Il  y  a  dans  ce  poète  : 

Modo  longa  coruscat 
Sarraco  veniente  abies  ,  atque  altéra  Pinum , 
Plaujlra  vekunt ,  nutant  alù  populoque  minanlur. 
Namjî  procubuit ,  qui  fax  a  Ligujlica  portât 
Axis  ,  &  everfum  JuJit  fuper  agmina  montem  , 
Quidfuperejl  de  corponbus  ?  Quis  membra,  quis  offa7 
Invenu  >  &cc. 

II  parle  des  embarras  &  des  dangers  des  rues  de  Rome. 
A  cette  occafion  il  fait  un  détail  de  ces  poutres ,  de  ces 
fapins  traînés  fur  des  machines,  ck  qui  menacent  d'eftro- 
pier  tous  ceux  qui  parlent.  Si,  dit-il,  un  aiffieu  venoit 
à  manquer,  fi  une  de  ces  charrettes,  qui  font  chargées  de 
pierres  de  taille,  coupées  dans  les  montagnes  de  la  Ligu- 
rie, venoit  à  verfer,  &  qu'elle  fît  tomber  une  fi  terrible 
maffe  fur  la  foule ,  que  de  gens  feraient  écrafés  de  ma- 
nière que  l'on  retrouveroit  à  peine  quelque  partie  de 
leurs  corps  !  Des  ifles  portées  fur  des  charrettes,  cela  eft 
nouveau. 

LIGUSTICA-ORA  ;  dans  là  langue  latine  ,  ce  mot 
lignifie  proprement  la  côte  de  Gènes,  quand  il  eft  que  - 
tion  du  moderne  ;  mais  dans  l'antiquité  elle  eft  beaucoup 
plus  étendue  ,  &  s'étend  quelquefois  depuis  l'Ame  en 
Toscane,  jusqu'aux  Pyrénées  ,  comme  nous  l'avons  re- 
marqué dans  les  articles  précédens. 

L1GUSTICA-URBS  ,  ou  REGIO,  ville  ou  pays  ap- 
partenant aux  Liguriens.  Euftathe  dans  fa  paraphrafe  fur 
Denys  le  Périégete,  p.  16,  edit.  Oxonienjis,  dit  :  il  faut 
favoir  qu'il  y  avoit  dans  la  Colchide  quelques  Liguriens, 
Aiyua; ,  qui  étoit  une  colonie  de  ceux  d'Europe.  Lico- 
phron  le  déclare  lorsqu'il  dit  qu'entre  les  Colches  étoit 
Kutïa,  ville  des  Liguriens,  Kvmiuv  Aijvcîy.nr  mV.u. 

LIGUSTICUM-MARE  ;  on  appelloit  afalr'lé  gblfi 
de  Lyon,  dans  fa  partie  orientale  depuis  l'Ame,  rivière 
de  Toscane,  jusqu'à  Marfeille.  Niger  lui  donne  beaucoup 
plus  d'étendue  ,  &  appelle  mer  Ligujlique  depuis  le  dé- 
troit de  Gibraltar,  jusqu'à  la  Sicile.  Luitprand  de  Pavie 
tombe  dans  un  excès  oppofé  ;  il  dit  que  Gènes  ,  (urbem 
Januenfem,)  eft  fur  la  mer  d'Afrique,  (ad  Africanz  71 
mare.)  On  pouf roit  l'excufer  fur  l'autorité  d'Iface ,  qji 


30 


LIL 


LÏL 


Dordogne  ,  entre  Libourne  au  levant ,   &c  Fronfac  aii 
couchant. 

2.  LILLE,,  ville  de  France,  capitale  de  la  Flandre 
Gallicane  &C  de  toutes  les  conquêtes  de  Louis  XIV  , 
dans  les  Pyas-bas.  Cette  ville  a  commencé  par  un  châ- 
teau qu'un  des  comtes  de  Flandre  fit  bâtir  avant  l'an- 
née 1054.  Baudouin,  comte  de  Flandres,  fut furnommé 
Baudouin  de  Lille ,  parce  qu'il  y  demeurait  ordinaire- 
ment :  il  l'environna  de  foflës ,  &  la  fortifia  d'une  mu- 
raille; Rigord,  ad  an.  m;,  dans  les  Geftes  du  roi  Phi- 
lippe Augufté,  fait  mention  de  cette  ville:  movitrext 
dit-il,  de  Tornaco  ut  ïret  ad  caftru/n,  quod  InsULA 
mincupatur.  Guillaume  le  Breton  l'appelle  auffi  Infula 
dans  les  vers  fuivans  : 

Infula  villa  placens  ;  gens  callida  lucrafequendo: 
Infula  quce  nilidis  je  mercatoribus  ornât , 
Régna  coloratis  illuminât  extera  pannis: 

Inslua  eft  le  nom  latin  qu'on  lui  donne  le  plus  com- 
munément. Quelques-uns  difent  Infulœ  au  pluriel.  Les 
François  difent  Yljle  ou  Lille  ,  &  les  Allemands  difent 
Ryjjel.  Elle  a  été  appellée  Infula,?.  caufe  de  fa  fituation; 
car  elle  eft  bàue  entre  deux  rivières  qui  l'environnent 
presqu'entiéi  ement.  Ges  rivières  font  la  Lys  &  la  Deule. 
Des  lettres  de  Baudouin,  conmte  de  Flandres,  données  à 
Lille ,  en  1066,  appellent  cette  ville  IJla,  &  fon  territoire 


dit  que  la  mer  de  Libye  &  la  mer  de  Ligune  ne  font 
qu'une  même  chofe  ;  cela  eft  vrai  dans  le  fond ,  mais 
quant  aux  noms  cela  eft  faux.  C'eft  comme  qui  dirait 
que  la  mer  de  France  &  la  mer  du  Sud  font  la  même 
chofe  ;  c'eft  bien  la  même  mer  qui  s'étend  par-tout  la  ; 
mais  qui  transporteroit  un  événement  comme  un  com- 
bat, un  naufrage,  &c.  d'une  mer  à  l'autre,  dirait  une 
impertinence  très-grofle. 

LIGUSTICUS-LACUS.  Avienus,  dans  fa  descrip- 
tion des  côtes  de  la  Méditerranée  ,  parlant  de  la  rivière 
Tarteflus  ,  dit  qu'elle  fort  ex  Liguftico  Lacu  ;  d'autres 
lifent  Ligufiino  ,  d'autres  Libupco.  Saumaile  à  qui  ces 
noms  déplaifoient ,  vouloit  y  trouver ,  qui  exila  vajlo 
lacu. 

LIGYES,  ou  Ligues  ,  Kyvtç,  nom  grec  des  Li- 
guriens ;  de-là  vient  qu'on  trouve  des  Ligyes ,  par-tout 
où  les  anciens  avoient  mis  des  Liguriens  en  Espagne  , 
comme  on  l'a  vu  dans  un  paffage  de  Thucydide  ,  en 
Colchide  ,  félon  Euftathe  ;  &  dans  les  côtes  de  France 
&  d'Italie  ,  &  même  en  Afrique  ;  Hérodote,  /.  7,  en 
met  auffi  dans  l'Aile  :  Zonare  en  place  auprès,  du  Cau- 
cafe.  Il  paraît  par  les  anciennes  hiltoires,  que  c'étoit  un 
peuple  fort  répandu. 

LIGYRGUM,  montagne  du  Péloponnèfe,  dansl'Ar- 
cadie ,  félon  Polybe ,  /.  4.  Strabon ,  /.  8  ,  la  nomme 
Lygurgius  mons. 

LIGYRII ,  peuple  ancien  dans  la  Thrace.   Il  y  avoit 
chez  eux  un  lieu  tenu  pour  faint  ,     &  confacré  à  Ba-     IJlenfe  temtorium.  Aujourd'hui  les  habitansfont  appelles 
chus  ,  qui  y  rendoit  des  oracles,  félon  Macrobe  ,   Sa^     Infulenfes  en  latin,   fx  Lillois  en  françois.  On  nomme 


turnal, 

LIGYSTICA , 

LIGYSTICUM, 

LIGYSTICUS. 


(LlGUSTICA. 

Voyez  <Ligusticum. 
(Ligusticus. 


LIKIANG ,  ville  militaire  de  la  Chine ,  dans  la  pro- 
vince d'Iunnan ,  &  la  fixiéme  en  rang.  Elle  eft  plus  oc- 
cidentale que  Pékin  ,  de  16  d.  58',  par  les  16  d.  54'  de 
latitude.  *  Atlas  Sinenfis. 

1.  LILiEA,  Mxoua. ,  ville  de  Grèce  ,  dans  la  Pho- 


les  terres  de  fa  dépendance  Cajlellania  Infulenjis ,  la 
CHATF.LLENIE  DE  LlLLE.  Il  y  en  a  pourtant  qui,  au 
lieu  de  dire  Infula,  difent  Lila  &C.  Lilenfes  pour  Infulenfes. 
Ces  mots  fe  l'ont  formés  par  corruption.  Cependant  la 
Chronique  de  l'abbaye  d'Anchin  fe  fert  du  mot  Lilenfis. 
La  ville  de  Lille  &  fa  châtellenie  ont  fait  partie  dut 
comté  de  Flandres,  depuis  Finftitution  de  ce  comté,  jus- 
qu'au commencement  du  quatorzième  fiécle,  &  jusqu'au 
régne  de  Philippe  le  Bel ,  qui,  ayant  fait  prifonnier  Guy 
de  Dampierre,  comte  de  Flandres ,  &  Robert  de  Béthune^ 
fon  fils,  les  contraignit  à  lui  engager  les  villes  de  Lille  Sa. 


cide,  félon  Etienne  le  Géographe.   Strabon  ,  /.  1  6-9,     de  Do'uay ,  l'an  1305.  Depuis",  ïe  même  comte  Robei 
la  met  plus  particulièrement  auprès  des  fources  du  Ce-     céda  au  rol  phllippe  [a  propriété  de  ces  villes,  l'an  1 3 1 1  ; 


P  if'LILiEA,  ville  d'Afie ,  dans  la  Doride ,  félon  Pto- 
lomée. 

3.  LILiEA  ,  ville  du  Péloponnèfe  ,  dans  1  Arcadie. 
Mais  il  écrit  le  nom  de  cette  dernière  par  la  diphtongue 
«  ,  dans  la  première  fyllabe  \il\aja. 

LILjEUS  MONS  ,  montagne  des  Indes ,  contiguë  au 
fleuve  Indus  ,  félon  Plutarque ,  de  Flumin. 

LILANTUM.  jElien  nomme  ainfi  un  canton  des 
Chalcidiens,  dans  l'Eubée  ,  WvV.  Strabon  écrit  ce 
nom  par  un  «  ,  dans  la  première  fyllabe  xnhànoi  ;  Calli- 
maque  de  même,  &  fon  fcholiafte  remarque  que  c'eft  une 
campagne  de  l'Eubée.  Pline  nomme  Lelantus  une 
rivière  qui  arrofoit,  fans  doute,  cette  campagne.  Voyez 
Lelanta.  *  Hift.  var.  /.  6.  Orttl.  Thef. 

LILERS  ,  petite  ville  de  France ,  en  Artois.  Voyez 
Lillers. 

LILIENFELD ,  campus  liliorum,  abbaye  d  hommes, 
ordre  de  Cîteaux ,  dans  la  baffe  Autriche. 

LILING ,  ville  de  la  Chine ,  dans  la  province  de  Hu- 
quang ,  au  département  de  Changxa  ,  huitième  métro- 
pole de  la  province.  Elle  eft  de  4  d.  40'  plus  occiden- 
tale que  Pékin,  fous  les  2.8  d.  35'  de  latitude.  *  Atlas 

L1LINTGOW,  ville  de  l'Ecoffe  méridionale  ,  dans 
la  province  de  Lothiane  ,  &  dans  fa  partie  occidentale. 
Il  y  a  un  château  royal  ,  &  donne  le  titre  de  comte  à 
la  maifon  de  Levington. 

1.  LILIUM  ,  nom  latin  de  l'abbaye  du  Lys  ,  en 
France  ,  dans  le  Hurepoix  ,  à  une  petite  demi- lieue 
de  Mélun. 

a.  LILIUM,  place  marchande  de  l'Ane  mineure,  dans 
la  Bithynie,  félon  Arrien  dans  fon  Périple  du  Pont- 
Euxin. 

1.  LILLE,  Illa  ou  Ella,  félon  Baudrand  ,  rivière  de 
France,  en  Guienne.  Elle  a  fource  dans  le  Limofin,  d'où, 
pafîant  par  le  Périgord  ,  elle  y  arrofe  les  villes  de  Pé- 
rigueux  &  de  Muffidan  ,  puis  reçoit  la  Dronne  ,  au- 
deflbus  de  Coutras ,  &c  vont  fe  rendre  enlëmble  dans  la 


&  ce  comte  les  céda  de  nouveau  à  Louis  Hutin,  l'an  13 1 5. 
*Longuerue,  Descr.  de  la  France,  part.  2,  p.  80. 

Les  chofes  demeurèrent  en  cet  état,  jusqu'à  l'an  1369, 
que  Charles  V,  faifant  le  mariage  de  fon  frère  Philippe» 
duc  de  Bourgogne  ,  avec  Marguerite,  héritière  de  Flan- 
dre ,  lui  transporta  la  ville  de  Lille  &c  quelques  autres 
places ,  à  la  charge  de  la  réverfion  à  la  couronne ,  en 
cas  de  défaut  d'héritiers  mâles ,  fortis  de  fa  femme  Mar- 
guerite. C'eft  cette  réferve  qui  fut  caufe  que  ces  villes 
ne  furent  point  réunies  au  comté  de  Flandre,  Si  qu'elles 
firent  toujours  une  province  féparéè. 

Charles,  due  de  Bourgogne,  étant  mort ,  &  n'ayant 
laifîé  qu'une  fille,  Louis  XI,  roi  de  France,  foutintque 
ces  villes  lui  appartenoient  en  vertu  du  traité  de  Gand, 
de  l'an  1369;  mais  Marie  de  Bourgogne  demeura  tou- 
jours en  pofleffion  de  ces  villes,  de  même  que  fon  fils 
Philippe,  auffi-bien  que  Charles-Quint,  fon  petit-fils. 

Les  rois  de  France,  Louis  XI,  Charles  VIII,  & 
Louis  XII,  fe  réferverent  toujours  leurs  droits  fur  ces 
villes  ;  mais  François  I  fut  contraint ,  au  traité  de  Ma- 
drid, de  renoncer  aies  droits  &prétentions  fur  Lille, &c; 
ce  qui  fut  confirmé  par  des  traités  faits  entre  les  mêmes 
princes,  &  enfuite  entre  Henri  II,  roi  de  France,  &C 
Philippe  II  ,  roi  d'Espagne.  Ainfi  les  fucceffeurs  de 
Philippe  II  ont  joui  de  ces  villes  jusqu'à  l'an  1667, 
qu'elles  furent  prifes  par  Louis  XIV.  Elles  lui  furent  cé- 
dées, l'année  fui  vante,  par  le  traité  d'Aixrla-Chapelle;  &c 
elles  lui  ont  été  confirmées  parla  paix  d'Utrecht,en  1713, 
les  états  généraux  des  Provinces-Unies  lui  ayant  remis  la 
ville  St  la  citadelle  de  Lille  ,  qu'ils  avoient  prifes  en 
1708  ,  avec  l'affiftance  de  leurs  aHiés. 

La  grande  place  eft  remarquable  par  la  beauté  des  bâti- 
mens ,  dont  elle  eft  environnée.  Celui  où  eft  le  corps  de 
garde  paroît  ancien  :  le  bâtiment  de  l'hôtel  de  ville  eft 
partagé  en  quatre  petits  pavillons  qui  s'élèvent ,  en  ma- 
nière de  clochers ,  au-defïus  de  trois  corps  de  logis  qui 
les  accompagnent.  La  petite  horloge  de  ville  ,  faite  en 
façon  de  beffroi,  eft  à  la  principale  face  de  cet  édi- 
fice. Ceux  qui  veulent  aller  voir  de-là  la  grande  maifon 


LÎL 


&  le  collège ,  paffent  par-deffous.  Ce  collège  eft  dans 
la  rue  Notre  -  Dams  ,  proche  une  des  portes  de  la 
ville.  La  rue  des  malades  eft  une  des  plus  belles  de  Lille. 
Elle  commence  à  la  porte  de  la  maladerie  par  où  l'on  va 
à  Tournai ,  &  finit  à  la  grande  place  divifée  en  deux 
parties  par  la  bourfe.  L'une  conierve  Ton  nom  de  grande 
place;  &  l'autre  a  celui  de  petit  marché.  La  bourfe  eft 
un  bâtiment  carré  &  environné  de  galeries ,  où  s'affem- 
blent  les  marchands  pour  parler  de  leur  négoce.  *  Corn. 
Dift. 

La  rue  de  S.  Pierre  eft  aufli  fort  belle.  Elle  commence 
à  la  porte  de  la  ville,  &  on  y  trouve  une  églife  de  même 
nom.  Cette  églife  a  un  chapitre  très-illuftre  ,  fondé,  en 
1055,  Par  Baudouin  V,  furnommé  Baudouin  de  Lille, 
comte  de  Flandres ,  ck  par  Adèle  de  France,  fille  du  roi 
Robert.  Il  y  établit  un  prévôt  &  quatre  chanoines,  dix  prê- 
tres, dix  diacres,  dix  fous-diacres  &  dix  acolytes.  Les  évo- 
ques de  Tournai  font  du  nombre  des  chanoines-prêtres, 
auflî-bien  que  ceux  de  Bruges ,  à  caufe  de  la  prévôté  de 
S.Donat,  incorporée  en  partie  pour  leur  rétribution.  Les 
évêques  de  Térouane  avoient  aufli  une  de  ces  chanoi- 
nies  ;  mais  après  la  ruine  de  leur  ville,  en  1555,  cette 
chanoinie  fut  partagée  avec  fes  autres  revenus,  entre  l'é- 
vêque  de  Boulogne"  ck  celui  d'Ypres,  qui  ont  chacun  une 
demi-prébende  de  Lille.  Le  chœur  de  cette  églife  eft  fort 
beau.  On  voit  au  milieu  le  tombeau  de  fon  fondateur 
qui  y  eft  repréfenté.  Le  tombeau  de  Louis ,  comte  de 
Flandre  ,  duc  de  Brabant,  ck  comte  d'Artois,  eft  dans  la 
chapelle  de  Notre-Dame-la-Treille.  Il  eft  remarquable 
par  plufieurs  petites  figures  d'airain,  qui  repréfentent  tou- 
tes les  perfonnes  de  cette  famille  ,  avec  des  colomnes  qui 
foutiennent  le  deffus  de  ce  tombeau,  où  paroît  ce  prince 
comme  dans  un  lit  de  parade ,  entre  fes  deux  femmes. 
Alix  de  France ,  comtefte  de  Flandres ,  fit  préfent  à  l'é- 
glife de  S.  Pierre  d'une  couronne  d'argent  de  vermeil, 
d'une  grandeur  extraordinaire.  Elle  eft  fuspendue  à  l'en- 
trée du  chœur  ;  ck  tout-à-1'entour,  il  y  a  des  fleurs-de- 

lys- 

Ce  que  l'on  remarque  de  particulier  dans  l'églife  de 
Sainte-Catherine ,  c'eft  un  tabernacle  où  font  plufieurs 
petite  figures  de  faints ,  diftinguées  par  des  pyramides 
de  bas-reliefs  ,  ck  autres  mignatures  de  menuiferie,  fort 
délicatement  travaillées.  Il  eft  du  côté  de  l'évangile  du 
maître-autel.  Le  baptiftere ,  qui  eft  tout  d'airain  ,  mérite 
aufli  l'attention  des  curieux ,  pour  la  quantité  de  figures , 
entre  lesquelles  eft  celle  de  S.  Jean  baptifant  Notre  Sei- 
gneur. 

Il  y  a  de  très-belles  peintures  dans  le  couvent  des  Mi- 
nimes. Elles  repréfentent  admirablement  l'hermitage  de 
S.  François  de  Paule ,  qui  eft  en  Calabre. 

On  fort  par  l'ancienne  porte  de  la  Barre ,  fi  on  veut 
aller  à  la  citadelle  ;  ck  l'on  peut  fe  rendre  aufli  à  la  belle 
rueEsquermoife,  qui,  un  peu  avant  que  définira  la  grande 
place  ,  paffe  devant  l'églife  de  S.  Etienne.  Le  clocher 
de  cette  églife  fert  de  tour  d'horloge  à  la  ville.  Les  cha- 
pelles font  environnées  de  baluftrades  d'airain.  Il  n'y 
en  a  point  dé  plus  fréquentée  que  celle  de  l'Ange  Gar- 
dien ,  dont  les  peintures  font  fort  eftimées. 

L'églife  de  S.  Maurice,  près  du  marché  au  poiflbn,  eft 
fort  confïdérable ,  pour  la  grandeur  de  fon  bâtiment,  ck 
la  magnificence  de  fon  maître-autel  foutenu  de  plufieurs 
colomnes  diftinguées  de  quelques  figures.  La  chaire  du 
prédicateur  eft  de  marbre  de  différentes  couleurs.  Elle 
eft  ornée  des  figures  des  quatre  évangeliftes ,  avec  de  pe- 
tites colomnes  ck  d'autres  miniatures.  On  voit  dans  la 
grande  chapelle  de  S.  Druon  les  plus  belles  peintures  de 
toute  la  ville.  Cette  collégiale  eft  la  plus  riche  églife  après 
celle  de  S.  Pierre. 

L'églife  de  S.  Sauveur  fe  trouve  à  côté  de  la  grande 
rue,  qui  commence  au  marché  aux  herbes  dans  une  lar- 
geur admirable ,  ck  va  finir  à  la  porte  de  S.  Maurice. 
Cette  églife  eft  une  très-grande  paroiffe,où  il  y  a  un  beau 
baptiftere. 

'•  On  compte  dans  Lille  environ  cinquante  églifes,  dont 
il  y  en  a  dix  paroiffiales.  Il  y  a  aufli  plufieurs  beaux  cou- 
vens.  L'Hôpital-Comteffe  eft  magnifique,  &c  les  malades 
y  font  fervis  en  vaiffelle  d'argent.  L'on  entre  dans  Lille 
par  fept  portes ,  fans  compter  une  porte  d'eau  :  elles  font 
magnifiques  ,  ornées  de  fculptures.  L'enceinte  eft  fott  ir- 
rcguliere ,  ck  a  été  réparée  par  le  maréchal  de  Vauban, 
qui  y  a  ajouté  plufieurs  baftions  ck  autres   ouvrages. 


LIL  831 

L'augmentation  de  la  ville  eft  couverte  d'une  nouvelle 
enceinte  ajoutée  à  la  vieille.  Elie  eft  compofée  de  qua- 
tre grands  baftions.  Sur  le  premier  front,  du  côté  de  la 
citadelle ,  lequel  contient  la  porte  S.  André  qui  eft  cou- 
verte d'une  demie-lune  avec  fon  réduit,  eft  un  grand  bas- 
tion avec  fa  courtine.  Le  baftion  fuivant  a  deux  cavaliers 
revêtus,  l'un  fur  l'autre.  Le  baftion  eft  couvert  d'un  grand 
ouvrage  à  corne ,  dont  le  front  eft  couvert  d'une  demi- 
lune.  La  courtine  fuivante  a  un  tenaillon  de  terre ,  ck  eft 
couverte  d'une  demi-lune.  Le  baftion  qui  fuit,  a  dans  fon 
centre  un  grand  corps  de  cazernes.  La  courtine  comprend 
la  porte  d'eau  ,  &  eft  coupée  par  deux  grands  batar- 
deaux  pour  foutenir  le  paffage  de  fortie  de  la  Deule. 
Cette  porte  eft  couverte  d'un  grand  ouvrage  appelle  lu- 
nette ,  compofé  d'une  demi-lune  à  flancs ,  &  de  deux 
demi-contre-gardes,  qui  couvrent  chacune  de  Ces  faces, 
le  tout  féparé  en  particulier  par  un  petit  foffé  ,  ck  en-  ' 
fermé  d'un  autre.  On  trouve  enfuite  encore  un  baftion 
qui  enferme  un  magafin  à  munition ,  fck  un  moulin.  La 
courtine  eft  couverte  d'un  tenaillon  à  flanc  irrégulier. 
Dans  fon  fofle  eft  une  demi-lune,  ck  voilà  en  quoi  con- 
fifte  la  nouvelle  enceinte.  Quant  à  la  vieille,  on  trouve 
d'abord  un  baftion  irrégulier,  n'étant  compofé  que  de 
deux  flancs  ck  d'une  face.  Dans  la  courtine  eft  la  porte 
de  la  Madelaine  ,  qui  eft  couverte  d'un  ouvrage  à  corne, 
retranché  par  une  demi-lune  double  ,  ck  par  deux  demi- 
lunes.  Le  front  de  cet  ouvrage  eft  couvert  par  une  pe- 
tite demi-lune  revêtue.  On  trouve  enfuite  un  petit  bas- 
tion ancien  où  il  y  a  un  moulin  à  vent.  Le  front  eft 
couvert  par  une  double  demi-lune.  La  porte  S.  Maurice 
eft  dans  la  courtine  fuivante,  qui  eft  couverte  par  une 
petite  demi-lune  ancienne.  Le  baftion  d'après  eft  petit,  ck 
contient  deux  corps  de  cazernes.  La  courtine  eft  couverte 
d'un  petit  ouvrage  de  terre ,  dans  lequel  eft  le  jardin  ap- 
pelle de  la  contrescarpe.  Après  cette  courtine  eft  une 
plate-forme  à  la  manière  du  chevalier  de  Ville.  De  cette 
plate-forme  à  l'angle  flanqué  régne  une  grande  muraille, 
le  long  de  laquelle  font  trois  grands  corps  de  cazernes 
nouvellement  bâtis.  Enfuite  eft  une  espèce  de  petit  bas- 
tion. Sur  la  courtine  eft  la  porte  de  Fives,  couverte  d'une 
petite  demi-lune  ;  ck  au  devant  eft  une  faufie-braie  de 
la  manière  du  chevalier  de  Ville.  Le  baftion  d'après  a 
une  ancienne  porte  bouchée ,  &  un  moulin  à  vent.  Ce 
baftion  a  été  bien  réparé  par  le  maréchal  de  Vauban. 
La  courtine  eft  couverte  d'une  demi-lune  avec  un  réduit. 
Le  baftion,  qui  fuit,  eft  petit  ;  ck  au-deffus  s'élève  un  ca- 
valier de  terre.  Il  eft  couvert  d'un  ouvrage  à  corne,  à  la 
Vauban,  dont  le  front  eft  couvert  d'une  petite  demi- lune". 
Après  le  baftion  dont  le  grand  front  eft  le  réduit  de  S.  Sau- 
veur.eft  un  grand  baftion  retranché  parla  gorge. Son  front, 
du  côté  de  la  ville,  eft  couvert  d'une  petite  demi-lune  qui 
défend  la  porte.  Au  dedans  eft  une  chapelle,  ck  des  corps 
de  cazernes.  Ce  baftion  eft  couvert  d'une  contre-garde, 
ck  entre  deux  eft  une  demi-lune.  La  porte  des  malades 
eft  dans  la  courtine  qui  fuit  ;  elle  eft  couverte  par  une 
demi-lune,  &  fon  réduit.  Le  baftion  qu'on  trouve  après, 
eft  grand  ,  ck  réparé  par  le  maréchal  de  Vauban.  Il  eft 
chargé  d'un  cavalier  revêtu  ck  couvert  d'un  ouvrage  à 
corne,  dont  le  front  eft  défendu  par  une  petite  demi- 
lune.  De-là  à  la  porte  Notre-Dame,  l'enceinte  eft  fort 
irréguliere,  ck  compofée  de  plufieurs  redans.  Cette  porte 
eft  fur  une  courtine,  dont  les  deux  extrémités  font  occu- 
pées par  deux  petits  baftions  irréguliers,  &  eft  cou- 
verte d'une  demi-lune  avec  fon  réduit.  La  courtine  fui- 
vante eft  couverte  d'une  petite  demi-lune  ;  ck  dans  le 
baftion  qui  fuit ,  eft  une  petite  hauteur  appellée  le  Cal- 
vaire. De  ce  baftion  à  la  citadelle,  l'enceinte  eft  irrégu- 
liere, ck  compofée  de  plufieurs  lignes  droites  qui  for- 
ment des  angles  rentrans  ck  faillans.  Sur  la  plus  longue 
de  ces  lignes,  eft  la  porte  de  la  Barre,  qui  eft  couverte 
par  une  petite  demi-lune.  Enfin  cette  enceinte,  qui  eft 
fermée  par  la  citadelle  ,  eft  entourée  d'un  large  foffé 
plein  d'eau  ,  accompagné  d'un  chemin  couvert  revêtu  , 
&  d'un  petit  glacis,  au-delà  duquel  eft,  en  plufieurs  en- 
droits, un  petit  avant-foflè.  *  Piganiol ,  Descr.  de  la 
France,   t.  7,  /'.  137. 

La  citadelle  eft  la  plus  belle  qu'il  y  ait  en  Europe,  & 
la  première  que  le  maréchal  de  Vauban  ait  fait  conftruire. 
Sa  figure  eft  pentagonale  ,  compofée  de  cinq  baftions 
réguliers  ;  ck  au-devant  de  chaque  courtine,  eft  un  tenail- 
lon de  terre.  Chaque  front  eft  défendu  d'un  triple  rang 


3* 


LIL 


LIL 


d'arbres  ;  on  y  trouve  une  églife ,  la  maifon  du  gouver^ 
neur,  &  plufieurs  corps  de  cazernes.  Elle  eft  entourée 
d'un  bon  fofTé  qui  communique  par  un  feul  endroit  à 
telui  de  la  place ,  &  qui  eft  entouré  d'un  chemin  cou- 
vert avec  fon  glacis.  On  entre  dans  cette  citadelle  par 
deux  portes  ;  celle  du  côté  de  la  ville,  s'appelle  la  Porte 
Royale,  &  celle  qui  eft  du  côté  de  la  campagne,  la  Porte 
dufecours.  Au-delà  du  glacis  eft  un  avant-foiTé  qui  corn, 
rnumque  à  celui  de  la  place  :  il  a  auffi  fon  chemin  cou- 
vert &  fon  glacis.  Dans  cet  avant-foiTé,  du  côté  de  la 
campagne,  font  fept  demi-lunes  de  terre,  placées  dans  les 
angles  rentrans.  Cette  citadelle  eft  couverte,  d'un  côté, 
par  un  grand  retranchement  en  forme  de  digue ,  &  par 
un  foffé  plein  d'eau.  A  la  tête ,  du  côté  de  la  Deule,  eft 
une  grande  redoute  carrée,  appellée  deCamellet.  Elle  eft 
couverte  de  deux  demi-lunes  ,  &  défend  le  retranche- 
ment &  l'entrée  de  la  Deule  dans  la  place.  Cette  rivière 
fert  d'avant-fofle  à  la  dernière  enceinte  de  la  citadelle. 
Elle  entre  dans  la  ville ,  proche  la  porte  Notre-Dame  , 
&  eft  enfuite  coupée,  à  la  porte  de  la  Barre,  par  une 
grande  éclufe.  Depuis  là  jusqu'à  la  porte  Notre-Dame, 
le  retranchement  eft  accompagné  de  plufieurs  redoutes 
de  terre. 

V esplanade,  qui  eft  entre  la  citadelle  &  la  ville,  eft 
plantée  de  quatre  rangs  d'arbres  qui  font  une  très-agréa- 
ble promenade. 

Il  y  a  plufieurs  jurisdiftions  à  Lille.  Les  unes  font  pour 
la  juftice,  les  autres  pour  le  public  ou  pour  les  finances. 
La  gouvernance  du  fouverain  bailliage  de  Lille 
eft  un  tribunal  que  l'on  croit  avoir  été  établi  par  Phi- 
lippe le  Bel,  en  13 14.  On  lui  donne  le  nom  àt gou- 
vernance ,  parce  que  le  gouverneur  de  la  ville  en  eft  le 
chef:  on  lui  donne  auffi  le  furnom  de  fouverain  bail- 
liage, parce  quTl  eft  le  bailliage  royal,  c'eft- à-dire  du 
fouverain.  Ce  tribunal  connoît  des  cas  royaux  ;  &  fa  ju- 
risdiftion  s'étend  fur  la  ville  de  Lille  ,  &  fur  tous  les  vil- 
lages de  la  châtellenie.  Il  eft  compofé  d'un  lieutenant- 
général  civil  &C  criminel ,  d'un  lieutenant  particulier ,  de 
jix  confeillers ,  d'un  avocat  du  roi  ,  d'un  procureur  du 
roi ,  d'un  dépofitaire  ou  receveur  des  confignations ,  & 
d'un  greffier.  Le  roi  Louis  le  Grand  érigea  tous  ces 
offices  en  charges  héréditaires,  parédit  de  l'an  1693. 

LeBAlLLlAGEdeLille  eft  une  jurisdi&ion  établie  par 
les  comtes  de  Flandres ,  du  tems  que  ce  pays  étoit  fous  la 
domination  de  la  France.  La  fonction  du  baillif  reffem- 
ble  à  celle  des  procureurs  du  roi  dans  les  autres  tribunaux. 
Il  n'a  point  de  voix  délibérative  :  il  ne  fait  que  conjurer 
les  hommes  de  fiefs  de  rendre  juftice  fur  les  cas  qu'il 
leur  propofe.  Les  baillifs  des  quatre  feigneurs  de  la  châ- 
tellenie de  Lille  fe  font  rendus  adjudicataires  de  l'office 
de  baillif,  avec  faculté  d'exercer  tour-à-tour  cette  charge, 
chacun  trois  mois  de  l'année ,  &  de  faire  exercer  par 
un  de  leurs  confeillers.  la  charge  de  lieutenant,  qu'ils 
ont  auffi  achetée.  Les  autres  officiers  de  ce  bailliage  font 
dix  confeillers,  dont  les  charges  ont  été  créées  en  1693, 
6c  un  greffier  ;  celui-ci  jouit  d'un  droit  particulier  fur  les 
lettres  de  conftitition  de  rente  qui  fe  partent  en  préfence 
des  auditeurs  du  fouverain  bailliage.  Ce  droit  du  greffier 
t'appelle  droit  de  maille ,  ck  confifte  au  centième  denier 
des  fommes  principales  pour  lesquelles'  on  paffe  con- 
trat. Les  auditeurs  du  bailliage  fouverain  font  propre- 
ment les  clercs  du  greffe.  Leur  fonftion  confifte  à  palier 
avec  un  notaire  les  contrats  de  conftitution  de  renfe 
On  applique  à  ces  contrats  le  fceau  du  fouverain  bail- 
liage ,  dont  le  lieutenant-général  de  la  gouvernance  eft 
le  gardien;  ck  par  le  moyen  de  cette  formalité,  les 
créanciers  on  une  hypothèque  fpéciale  fur  tous  les 
biens  que  leurs  débiteurs  poffedent  dans  la  châtellenie 
de  Lille. 

Le  bailliage  de  Fahmpin  ,  ou  de  la  châtellenie  de 
Lille,  doit  fon  établiffement  aux  châtelains ,  qui  étoient 
les  gouverneurs  de  Lille ,  avant  que  le  roi  Philippe  le 


Bel 


établi 


un  gouverneur,  en  1314. 


.   Les  châte- 


lains n'ont  pas  laiffé  de  jouir,  depuis  l'etabliffement  du 
gouverneur,  des  revenus  affe&és  à  leurs  châtellenies,  & 
d'y  commettre  des  officiers  pour  y  rendre  la  juftice  en 
leur  nom;  ck  c'eft  ce  qui  a  donné  lieu  à  l'etabliffement 
de  la  châtellenie  de  Lille  ,  qu'on  appelle  aufti  de  Fa- 
lempin ,  parce  que  le  principal  revenu  du  châtelain  eft 
au  village  de  Falempin ,  à  trois  lieues  de  Lille.  Ce  bail- 
liage eft  compofé  du  baillif,  d'un  procureur  du  roi  ck  d'un 


greffier.  Ce  font  les  hommes  de  fiefs,  qui  jugent  à  la  fe* 
monce  du  baillif. 
_  Le  magiftrat  de  Lille  eft  un  tribunal  qui  à  la  juftice 
civile,  criminelle,  ck  la  police,  dans  la  ville  &  banlieue. 
Il  connoît  de  toutes  fortes  des  cas ,  à  la  réferve  des  cas 
royaux.  Ce  corps  eft  compofé  de  quarante-neuf  person- 
nes ,  qui  font  le  reuvart  ;  douze  échevins ,  dont  le  chef 
eft  appelle  mayeur,  douze  confeillers,  huit  prud'hom- 
mes, cinq  gard-orphenes ,  cinq  appaifeurs,  trois  confeil- 
lers-penfionnaires ,  un  procureur-fyndic ,  ck  deux  gref- 
fiers. Tous  ces  officiers  font  renouvelles,  tous  les  ans,  le 
jour  de  la  Touffaints.  Les  huit  prud'hommes  fck  les  cinq 
appaifeurs  font  nommés  par  les  Curés  des  quatre  plus  an- 
ciennes paroiffes  de  la  ville.  Les  autres  magiftrats  font 
nommés  par  les  commiffaires  du  roi.  Les  prud'hommes 
font  établis  pour  veiller  aux  intérêts  des  bourgeois,  ck  les 
appaifeurs  pour  appaifer  les  querelles  particulières  qui  ne 
méritent  pas  de  peine  affliftive.  Le  roi  y  met  un  prévôt, 
qui  fait  la  fonftion  de  procureur  du  roi ,  mais  feulement 
dans  jes  matières  criminelles  ck  de  police.  L'office  du 
prévôt  eft  domanial ,  ck  a  été  vendu  vingt  mille  livres. 

t  Les  jujlices  des  feigneurs  font  peu  confidérables ,  à  la 
réferve  de  celle  du  chapitre  de  S.  Pierre ,  &  de  celle  de 
Brceucq,  qui  appartient  au  prince  d'Epinoi. 

Philippe  le  Hardi,  duc  de  Bourgogne,  établit,  en  1385, 
une  chambre  des  comptes  à  Lille.  Elle  connoiffbit  des  ma- 
tières de  finance  ,  &  de  celles  de  la  juftice  ordinaire. 
Jean ,  duc  de  Bourgogne,  jugea  à  propos  de  féparer  cette 
chambre  ck  fes  fonctions,  l'an  1409.  Le  corps  auquel  il 
attribua  la  juftice  ordinaire,  fut  établi  à  Gand,  où  il 
fubfifte  encore  aujourd'hui ,  fous  le  nom  de  confeil  de 
Flandre.  Celui  de  la  finance  fut  fixé  à  Lille,  où  il  a 
fubfifte  jusqu'au  tems  que,  cette  ville  a  été  foumife  à 
l'obéiffânce  du  roi.  Pour  lors  les  officiers  fuivirent  la 
domination  du  roi  d'Espagne ,  &  furent  établis  d'abord 
a  Bruges,  &  enfuite  à  Bruxelles. 

Le  roi  de  France  n'ayant  pas  jugé  à  propos  de  réta- 
blir cette  cour ,  a  feulement  commis  un  garde  des  archi- 
ves ,  pour  avoir,  foin  fous  les  ordres  de  l'intendant  de 
la  province,  des  titres  &  regiftres  de  la  chambre  des 
comptes ,  des  Chartres ,  &  d'une  infinité  d'autres  papiers 
qui  concernent  ce  pays.  Parmi  ces  papiers,  il  y  a 
quatorze  ou  quinze  mille  pièces  originales  ,  ou  copies 
autentiques,  dont  le  roi  ck  le  public  pouroient  tirer 
de  grands  avantages.  Il  feroit  à  fouhaiter  pour  ceux  qui 
s'attachent  à  l'hiftoire,  qu'on  voulût  bien  en  publier  le 
catalogue.  Depuis  l'an  1667,  que  le  roi  Louis  le  Grand 
fe  rendit  maitre  de  la  ville  de  Lille,  ce  précieux  dépôt  a 
toujours  été  confié  aux  foins  de  MM.  Godefroi ,  dont  le 
nom  eft  fi  célèbre  dans  la  république  des  lettres,  depuis 
près  de  cent  cinquante  ans. 

Par  édit  du  mois  de  Septembre  1691,  Louis  XIV  éta- 
blit un  bureau  des  finances  à  Lille.  Ce  tribunal  eft  com- 
pofé d'un  premier  &  d'un  fécond  préfident;  de  treize 
tréforiers  de  France,  dont  l'un  eft  garde-fcel  ;  d'un 
procureur  du  roi ,  d'un  fubftiftut ,  d'un  payeur  de  gages  , 
d'un  greffier,  ckc.  Son  reflbrt  s'étend  fur  toutes  les 
villes  ck  pays  de  ce  gouvernement ,  &  fur  tout  l'Ar- 
tois,  qui  eft  du  gouvernement  de  Picardie.  Sa  Majefté 
a  attribué  à  ce  bureau  la  jurisdiction  contentieufe  du  do-  . 
maine,  Penrégiftrement  des  lettres  d'oftroi ,  d'éreftions 
de  terres  en  dignités,  6k  d'annobliffement;  les  matières  de 
finances ,  l'audition  des  comptes  ck  des  oftrois  de  quel- 
ques villes ,  bourgs  ck  villages ,  ck  la  réceprion  des  foi, 
hommages,  aveux  &  dénombrement  des  fiefs  tenus  du  roi. 
L'hôtel  des  monnoies  de  Lille  fut  érigé  en  1685,  pour 
y  faire  fondre  des  réaux  5c  caftilles  d'Espagne  qui  étoient 
dans  le  pays,  ck  dont  le  roi  ordonna  qu'on  fît  de  nou- 
velles espèces,  qui  furent  appellées  Bourguignones , 
parce  qu'elles  étoient  marquées  aux  armes  de  France  Se 
ck  de  Bourgogne.  Les  officiers  de  cet  hôtel  des  mon- 
noies font  deux  juges-gardes ,  un  contre-garde ,  un  pro- 
cureur du  roi ,  &  les  officiers  néceflaires  pour  la  fabrique 
des  espèces.  On  remarque  qu'en  moins  de  huit  ans,  on 
y  a  fabriqué  pour  fept  millions  de  Bourguignones,  Ô£ 
réformé  pour  vingt  huit  millions  de  toutes  fortes  d'es- 
pèces d'or  &  d'argent. 

Il  y  a  auffi  à  Lille  une  maîtrife  particulière  des  eaux 
fck  forêts  fous  la  grande  maîtrife  du  département  de  Pi- 
cardie, Artois  &  Flandre.  Elle  eft  compofée  d'un  maî- 
tre particulier,  d'un  lieutenant,  d'un  procureur  du  roi 

Se 


L1L 


L1L 


S 


&  d'un  greffier.  La  jurisdiction  de  ces  officiers  s'étend 
fur  les  bois  de  Falempin ,  qui  appartiennent  au  toi  en 
qualité  de  châtelain  de  Lille. 

La  jurisdiétion  des  traites  ,  établie  à  Lille,  &£  com- 
pofée  d'un  préfîdent ,  d'un  lieutenant ,  d'un  procureur 
du  roi  &  d'un  greffier.  Cette  jurisdiftion  &  la  maîtrife 
des  eaux  &c  forêts  ont  été  créées  pendant  la  guerre 
qui  précéda  la  paix  de  Ris-wick. 

La  ville  de  Lille  a  fon  gouverneur ,  qui  eft  toujours  le 
gouverneur-général  de  la  province.  Dans  l'ablénce  du 
gouverneur,  elle  a  un  lieutenant  de  roi,  un  major,  trois 
aides-majors,  &  trois  capitaines  des  portes.  Ils  ont  tous 
des  appomtemens  du  roi,  des  gratifications  de  la  ville,  & 
le  logement.  La  citadelle  a  auiïi  un  gouverneur,  un  lieu- 
tenant de  roi,  un  major,  un  aide-major,  &  un  capitaine 
des  portes.  Le  petit  fort,  appelle  Saint-Sauveur ,  n'a 
qu'un  commandant  &  un  major. 

La  province  de  Lille  eft  un  pays  d'états ,  que  le 
roi  fait  aflembler  ordinairement  fur  la  fin  de  l'année,  par 
une  lettre  de  cachet.  C'eft  le  gouverneur  qui  y  préfide  ; 
l'intendant  y  explique  les  intentions  de  Sa  Majefté.  Cette 
aflemblée,  qui  fe  tient  toujours  dans  la  ville  de  Lille,  eft 
compofée  du  magiftrat  de  Lille ,  qui  y  tient  le  premier 
rang  ;  de  quatre  iéigneurs  hauts-jufticiers,  ou  de  leurs 
baillifs;  des  députés  du  magiftrat  de  Douai,  &  de  ceux 
de  la  ville  d'Orchies ,  qui  font  chargés  des  intérêts  des 
habitans  de  ces  villes  &  de  la  campagne. 

Les  eccléfiaftiques  6c  les  nobles  n'étant  point  fujets 
aux  fubfides ,  n'afEftent  point  à  cette  aflemblée  ;  mais, 
trois  ou  quatre  jours  après  qu'elle  eft  finie ,  le  gouver- 
neur ck  l'intendant  de  la  province  en  affemblent  une 
pour  le  clergé  &c  la  nobleiïe.  L'intendant  leur  demande, 
au  nom  du  roi,  une  fomme  pour  le  foulagement  des  villes 
&  des  peuples  de  la  campagne  ;  6k  ces  deux  ordres  ac- 
cordent ordinairement  le  vingtième  ck  demi  du  revenu 
des  biens  qu'ils  font  valoir  par  leurs  mains. 

La  fomme,  que  le  roi  fait  demander  aux  états,  eft 
ordinairement  de  deux  cents  cinquante  mille  livres.  Elle 
eft  toujours  accordée  ck  fournie,  en  partie  par  les  villes 
ck  les  habitans  de  la  campagne  ,  à  raifon  du  vingtième 
du  revenu  des  biens ,  ou  par  les  impôts  qu'on  y  lève  en 
vertu  d'octroi. 

La  ville  de  Lille  donne,  outre  cela,  tous  les  ans,  la 
fomme  de  trente-fept  mille  cinq  cents  îivres ,  pour  l'en- 
tretien des  fortifications.  La  ville  de  Douai  lève  auffi  en- 
viron quarante  mille  livres ,  qui  font  pareillement  em- 
ployées aux  fortifications.  Le  roi  lève  encore  un  droit 
de  quatre  patars  par  bonnier  de  terre  ;  ck  la  fomme,  qui 
en  provient,  eft  employée,  fuivant  le  befoin,  aux  fortifi- 
cations de  Lille  ou  à  celles  de  Douai. 

Les  magiftrats  de  Lille  ont  l'adminiftration  des  finan- 
ces de  la  ville  ;  ck  ce  font  les  quatre  iéigneurs  hauts-jus- 
ticiers, ou  leurs  baillifs,  qui  ont  l'adminiftration  des  finan- 
ces de  la  campagne.  Ces  quatre  feigneurs  hauts-jufticiers 
font  le  roi,  à  caufe  de  fa  chatellenie  de  Lille,  fck  feigneu- 
rie  de  Falempin  ;  le  prince  d'Epinoi ,  à  caufe  de  fa  terre 
ék  feigneurie  de  Cifoing  ;  le  feigneur  &  baron  de  Wau- 
rin  ;  6k  le  prince  de  Chimai ,  à  caufe  de  fa  baronnie 
de  Commines.  Ils  font  admis  à  l'adminiftration  des  fi- 
nances, parce  qu'ils  prétendoient  autrefois,  ainfi  quetous 
les  feigneurs  de  Hautbert ,  que  l'on  ne  pouvoit  faire  au- 
cune impofition  fur  leurs  vaffaux,  fans  leur  confentement. 
C'eft  pourquoi  les  comtes  de  Flandres  &  ducs  de  Bour- 
gogne s'adreflbient  à  eux ,  pour  impofer  les  fubfides 
dont  ils  avoient  befoin. 

Ces  feigneurs  hauts-jufticiers  ne  fe  donnent  pas  la  peine, 
depuis  long-tems  d'affifter  ,  aux  afTemblées  qu'ils  font 
obligés  de  tenir  pour  leurs  impofitions  ;  ils  fe  contentent 
d'y  envoyer  leurs  baillifs.  Ces  aflcmblées  font  composées 
de  quatre  baillifs,  de  deux  confeil'ers-penfionnaires.  d'un 
greffier  ,  &  de  deux  receveurs.  Les  quatre  baillifs  s'as- 
femblent  ordinairement  dans  un  des  appartemens  de  l'hô- 
tel de  ville  de  Lille;  ck  dans  les  affaires  qui  leur  font 
communes  avec  le  magiftrar  de  Lille,  ils  s'aflemblent  ck 
travaillent  de  concert  aux  affaires  dont  il  eft  queftion. 

Les  levées  ordinaires  qui ,  fe  font  dans  la  province, 
montent  à  environ  deux  millions  par  an ,  fans  y  com- 
prendre la  capitation,  non  plus  que  toutes  les  autres 
impofitions  extraordinaires  qu  on  levé,  pendant  la  guerre, 
daiis  les  provinces  qui  font  fous  la  domination  du  roi. 

La  gabelle,  ou  impôt  fur  le  fel,  n'a  point  lieu  dans 


31 


la  province ,  non  plus  que  dans  le  refte  du  Pays-bas 
conquis.  On  y  a  maintenu  les  peuples  dans  le  droit  du 
franc-falé. 

On  eftime  que  le  domaine  du  roi  rapporte  environ  foi- 
xante  mille  livres  par  an.  Cependant  il  ne  jouit  pas  de  la. 
fixiéme  partie  de  ce  revenu ,  parce  qu*il  a  été  presque 
tout  engagé  par  les  rois  d'Espagne  ,  ou  par  le  roi  de 
France  lui-même,  depuis  la  conquête  du  pays. 

La  ville  ck  la  châtellertie  de  Lille  ont  beaucoup  d'a« 
vantage  fur  le  refte  des  pays  conquis,  pour  faire  fleurie 
le  commerce.  La  fertilité  du  pays ,  la  commodité  de  la 
navigation  ,  la  facilité  du  débit  des  marchandées ,  ck  fur- 
tout  le  génie  ck  la  richefle  des  habitans,  qui  les  rendent 
propres  à  former  de  grandes  entreprifes ,  &  à  les  faire 
réuffir^y  contribuent  beaucoup.  On  y  fabrique  toutes 
fortes  d'étoffes,  de  draps,  de  ferges,  de  râtinès,  dà 
damas ,  de  velours ,  de  camelots  ,  de  coutils ,  de  dert* 
telles,  de  tapifferies,  de  favons,  &c. 

Les  deux  principales  manufactures  font  celles  des  S  AYE* 
TEURS  ck  des  BoURGETEURS,  qui  travaillent  les  uns 
&  les  autres  aux  ferges.  Les  fiyettuis  ont  été  ainfî 
nommés ,  parce  qu'ils  font  des  fayes  ;  Se  les  Bourgeteuri 
ont  pris  leur  nom  de  la  ville  de  Bourges ,  d'où  ils  vinrent, 
il  y  a  plus  de  deux  cents  ans.  La  jaloufie ,  qui  eft  entre  ces 
deux  corps,  produifoit  autrefois  une  émulation  utile; 
mais  elle  a  enfin  dégénéré  en  une  haine  ck  une  envie 
qui  ruinent  les  uns  &  les  autres.  Il  y  a  environ  foixante 
ans  que  ces  ouvriers  fabriquoient  jusqu'à  trois  cents  mille 
pièces  d'étoffes;  mais  la  mifere,  inféparable  de  la  guerre, 
les  a  obligés  de  quitter  le  pays,  ck  d'aller  s  établir  à  Gand, 
à  Bruges,  ou  dans  les  villes  d'Allemagne.  Le  commerce, 
que  la  ville  de  Lille  entretient  avec  la  France,  fe  fait  par 
charroi,  ou  par  Dunkerque.  La  France  en  retire  beaucoup 
d'argent,  à  caufe  de  la  grande  confomma;ion  des  vins 
&  eaux- de- vie.  Il  eft  vrai  que  les  troupes  l'y  rappor- 
tent ;  mais  il  retourne  auffi-tôt  d'où  il  eft'venu  ,  ck  ainfî 
ce  commerce  eft  plus  utile  à  la  France  qu  a  la  province 
de  Lille. 

Le  commerce  avec  la  Hollande  eft  néceffaire  ;  mais 
les  Hollandois  en  emportent  tout  le  profit ,  parce  que 
1  on  prend  chez  eux  ce  que  l'on  pouroit  tirer  en  droiture 
des  lieux  mêmes ,  où  ils  le  vont  chercher.  Le  commercé 
avec  les  Pays  bas  Autrichiens  leur  eft  plus  avantageux 
qu'à  la  province  de  Lille ,  parce  qu'ils  manquent  de  dé- 
bit. Enfin  le  commerce  le  plus  profitable  au  pays  de 
Lille,  eft  celui  d'Espagne  ck  des  Indes  ;  auffi  les  négo- 
cians  le  recherchent-ils  avec  beaucoup  d'ardeur.  Ils  ne 
fe  contentent  pat  de  marchandifes  que  leur  province  four- 
nit i  ils  cherchent  dans  tous  le  pays  ce  qu'ils  croient  pro- 
pre à  être  débité  aux  Indes;  &  lorsqu'ils  ne  peuvent 
le  faire  eux-mêmes,  ils  fe  joignent  à  des  marchands 
étrangers,  pour  faire  enfembls  un  plus  grand  commerce. 

Il  y  deux  manières  de  commerce  avec  l'Espagne  8t 
dans  les  Indes;  l'une,  quand  un  négociant  envoie  en 
Espagne  des  marchandifes  qu'il  fait  enfuite  pifler  aux 
Indes  pour  fon  compte  ck  à  fes  risques,  ce  qui  s'appelle 
groffe  aventure  ;  l'autre  eft ,  quand  un  négociant  acheté 
pour  le  corps  des  marchands  d'Espagne,  ce  qui  s'appelle 
commiffion.  La  première  manière  de  trafiquer  eft  plus 
profitable,  ck  la  féconde  eft  plus  fûre,  à  caule  des  risques 
de  la  mer ,  du  mauvais  débit ,  des  guerres  fréquentes  , 
ck  des  induits  qu'il  faut  payer  au  roi  d*Espagne.  C'eft 
néanmoins  ce  dernier  commerce  qui  enrichit  cette  pro- 
vince ;  puisque  c'eft  celui  qui  lui  apporre  de  l'argent 
qu'on  y  feroit  venir  en  nature,  fi  l'Angleterre  ck  la  Hol- 
lande ne  tro-'ivoient  le  moyen  de  l'attirer  dans  leur  pays, 
pour  en  envoyer  la  valeur  en  marchandifes  -&  en  let- 
tres. Ce  commerce  monte,  tous  les  ans,  à  quatre  ou  cinq 
millions. 

3.  LILLE  (n  chatellenie  de)  eft  divifée  erj 
cinq  quartiers ,  qui  font  : 

Le  Melanctois,    La  Wfpe, 
Le  Ferain,  Le  Carembatjd; 

La  Pevle. 

Piganiol,  Defcr.  de  la  France  ,  t.  7,  p.  if  f,  dit  que 
la  chatellenie  de  Lille  eft  divifée  en  fept  quartiers  ;  mais 
il  ne  les  nomme  point.  Il  ajoute  qu'elle  renferme  cent 
trente-fept  villages.  *  Longutrut ,  Defcr.  de  la  France, 
part,  z  ,  /».  81. 

Tome  III.    Nnr.nn 


34 


LIL 


LIM 


4.  LILLE  en  Doudon ,  petite  ville  de  France ,  en  Gas- 
cogne ,  au  comté  de  Cominges ,  à  trois  lieues  au  nord 
d'Aurignac.  On  y  compte  un  millier  d'habitans,  ck  un 
couvent  de  Jacobins.  C'eft  une  des  cinq  châlellenies  de  ce 
comté  ,  à  la  gauche  de  la  Garonne. 
"  5.  LILLE,  ville  de  Fiance,  dans  le  haut  Languedoc , 
au  diocèfe  d'Albi  ,  fur  la  droite  du  Tarn ,  une  lieue  au- 
defious  de  Guiliac.  Cette  ville ,  qui  eft  moderne ,  eft  aflez 
Çen  bâtie.  Elle  contient  environ  deux  mille  âmes.  Il  y  a 
un  couvent  d'Auguftins  &  un  d'Auguftmes.  C'eft  un  des 
lièges  de  juftice  de  la  judicature  d'Albigeois. 

6.  LILLE  ,  vilie  de  France  ,  dans  la  Provence ,  au  dio- 
cèfe de  Cavaillon ,  dans  une  ifle  formée  par  la  rivière  de 
Sorgues.  On  y  compte  environ  fix  mille  habitans.  Il  y  a 
collégiale  ,  collège  dirigé  par  les  Doctrinaires,  cinq  au- 
tres maifons  rêligieulés,  fur  une  petite  rivière,  entre  Tab-" 
Haye  de  la  Valalîé  au  nord,  6k  la  Seine  au  midi ,  à  égale 
diftance  de  l'un  ck  de  l'autre. 

'  LÏLLEEONNE,  Julwbona,  petite  ville  de  France  , 
en  Normandie ,  &  dans  le  pays  de  Caux  ,  près  de  la 
Seine,  vers  fon embouchure,  à  fept  lieues  du  Havre  au. 
levant ,  en  allant  à  Caudebec  dont  elle  eft  à  deux  lieues, 
ck  vers  Rouen  dont  elle  eft  à  neuf.  *  Baudrand,  édit, 
1705. 

LILLERS,  petite  ville  de  France ,  en  Artois,  furie 
Navez.  Les  Efpagnols  la  cédèrent  à  la  France  par  le  traité 
des  Pyiénées.  Elle  avoit  été  autrefois  fortifiée;  mais  de- 
puis ,  on  en  a  rafé  toutes  les  fortifications  :  elle  eft  prefque 
au  milieu,  entre  A.i.rè  ck  Béthune  ,  &  à  fept  lieues  d'Ar- 
ras.  C'eft  le  chef-lieu  d'un  bailliage ,  qui  eft  le  plus  petit 
de  la  province  ,  n'étant  compofé  que  de  vingt-trois  com- 
munautés. *Baudrand,  édit.  1705.  Piganiol  delà  Force, 
t.  3  ,  p.  246. 

LILLO ,  forterefie  des  Pays-bas ,  fur  l'Escaut ,  dans  un 
petit  pays  qui  appartient  à  la  république  des  Provinces- 
Unies  ,  &  qui  n'a  qu'une  lieue  de  longueur  ,  fur  autant 
de  large ,  'entre  la  feigneurie  de  Zantvliet  ck  la  terre  de 
Ryen.  Ce  petit  pays  contient  quatre  forts ,  dont  le  plus 
important  eft  le  fort  de  LlLLO,  fur  l'Escaut ,  à  trois  lieues 
ati-deftous  d'Anvers.  Les  habitans  d'Anvers,  quitenoient 
ehcore  le  parti  des  confédérés  ,  commencèrent,  en  1583, 
à  conftruire  ce  fort  ,  &  l'achevèrent  l'année  fuivante. 
Leur  but  étoit ,  par  le  moyen  de  ce  fort ,  ck  de  celui  de 
LlEFSKENHOEK,  qu'ils  firent  bâtir  vis-à-vis,  de  l'autre 
côté  de  l'Efcaut ,  de  fe  conferver  la  libre  navigation  de 
cette  rivière.  Les  Efpagnols  n'ont  jamais  pu  fe  rendre 
maîtres  de  ce  fort  ;  &  Mondragon  qui  y  mit  le  liège,  en 
1588  ,  avec  un  corps  de  fix  mille  hommes ,  fut  obligé  de 
le  lever  après  trois  femainés  d'attaque ,  ck  avec  perte  de 
deux  mille  hommes  ,  par  la  vigoureufe  défenfe  du  com- 
mandant Odet  de  la  Noue-Teligni  ,  fils  du  fameux  la 
Noue ,  furnommé  Bras-de-Fer.  Depuis  ce  tems-là  ,  les 
états-généraux  font  reftés  en  pofleffion  de  Lillo  ,  6k  en 
ont  augmenté  les  fortifications. 

Son  rempart  eft  flanqué  de  fix  baftions,  entouré  d'un 
foffé  large  ck  profond ,  ck  défendu  par  une  contrefearpe. 
Ce  fort  eft  bordé  de  canon ,  pour  empêcher  les  gros  vaif- 
feaux  de  monter  à  Anvers,  &  d'en  defeendre  ,  confor- 
mément au  traité  de  Munfter.  Les  états  généraux  y  ont 
auffi  une  frégate  au  milieu  de  la  rivière ,  pour  obliger 
tous  les  bâtimens  de  s'arrêter  à_  ce  fort ,  ck  de  payer  les 
droits  établis  fur  les  marchandifes.  L'amirauté  de  Zélande 
y  entretient  pour  cet  effet  un  receveur,  un  controlleur, 
&  quelques  commis  des  recherches.  Il  y  a  actuellement 
une  garnifon  de  deux  compagnies  d'infanterie ,  ck  quel- 
ques canoniers  ,  fous  les  ordres  d'un  commandant ,  établi 
par  les  états-généraux ,  ck  dont  l'autorité  s'étend  fur  les 
forts  de  Kruifchans  ck  de  Liefkenshoek.  Ce  comman- 
dant a  fous  lui  un  major  de  la  place.  Le  magafin  eft  fous 
la  direction  d'uncommis  du  confeil  d'état.  Il  y  a  un  nom- 
bre raifonnable  de  maifons ,  ck  quelques  cabarets  dans  le 
fort,  avec  une  églife  proreftante.  Ce  lieu  eft  une  feigneu- 
rie qui  a  haute  ,  moyenne  &  baffe  juftice ,  ck  qui  appar- 
tient à  la  famille  de  Van-Daël.  Le  feigneur  établit  Yef- 
couret  ck  fept  échevins  avec  un  fecrétaire,  pour  l'admi- 
niftration  de  la  police  ck  de  la  juftice  ;  mais  les  états-gé- 
néraux y  jouiflent  des  mêmes  droits  de  la  fouveraineté , 
que  dans  les  autres  pays  fous  leur  domination. 

A  une  demi-lieue  au-deflus  de  Lillo  ,  du  côté  d'An- 
vers ,  fur  la  même  rivière ,  eft  un  autre  fort ,  flanqué  de 
quatre  baftions  ,  qu'on  nomme  K.RUISSCHANS  ou  fort 


di  la  Croix,  Il  y  a  quelques  foldats  en  garnifon ,  com- 
mandés par  un  major. 

Un  peu  au-deflous  de  Lillo  ,  le  long  de  l'Efcaut ,  il  y 
a  encore  deux  autres  forts  ;  le  premier  eft  celui  de  Blav- 
GAREN  ,  &  l'autre  porte  re  nom  de  Frédéric-Henri, 
A  quelque  diftance  de  ce  dernier,  du  côté  la  terre,  il  y 
aune  redoute,  &  près  de  Lillo  un  autre  petit  tort,  qu'on 
nomme  le  vieux  Lillo. 

LILYBjEUM-PROMONTORIUM  ,  cap  de  l'ifle  de 
Sicile  ,  à  roppofite  de  l'embouchure  du  port  de  Carthage, 
dont  il  n'étoit  éloigné  que  de  mille  ftades.  C'eft  le  plus 
occidental  de  l'ifle.  Son  nom  moderne  eft  Capo-Boco 
ou  LlLIBEO.  *  Ptolomée,  1.  3  ,  c.  4. 

L1LYB.EUM,  ville  de  Sicile  ,  dans  fa  partie  occiden- 
tale ,  près  du  cap  de  même  nom.  Cette  ville  a  été  en- 
fuitenommée  Hclvia  Colonia,  ck  c'eft  préièntement  Mar- 
SALLA.  Voyez  ce  mot.  Elle  étoit  fort  grande  du  tems 
des  Piomains ,  qui  y  tenoient  jui'qu'à  dix  mille  hommes 
de  garnifon ,  au  rapport  de  Tite-Live  ,  /.  1 1  ,  c.  49. 

LIMA,  (a)  ville  de  l'Amérique  méridionale,  au  Pé- 
rou ,  dont  elle  eft  la  capitale.  Cette  ville  eft  fituée  dans 
une  vafte plaine,  au  bas  d'une  vallée,  qu'on appelloit  au- 
trefois Rimac,  du  nom  d'une  fameufe  (b)  idole  qui  rea- 
doit  des  oracles ,  ck  qui  étoit  représentée  fous  la  figure 
d'un  homme.  Les  Incas  ck  les  grands-feigneurs  du  Pérou, 
envoyoient  des  ambafladeurs  pour  la  confulter  fur  les  af- 
faires les  plus  importantes.  Ses  réponfes  à  toutes  les  de- 
mandes qu'on  lui  propofoit,  lui  avoient  fait  donner  le  nom 
de  Rimac,  c'eft-à-dire,  en  notre  langue,  celui  qui  parle. 
Le  nom  de  Lima  s'eft  formé  pa'r  corruption  ou  par  la 
difficulté  que  trouvoient  les  Indiens  de  prononcer  YR 
auffi  rudement  que  les  Efpagnols.  Quelques-uns  veulent 
néanmoins,  que  les  Efpagnols  eux-mêmes  ayent  cor- 
rompu ce  nom,  comme  tant  d'autres;  &  qu'au  lieu  de 
dire  Rimac-,  qu'ils  trouvoient  peut-être  trop  dur ,  ils  ont 
enfin  prononcé  Lima.  Quoi  qu'il  en  foit ,  le  nom  de  Lima 
eft  différent  de  celui  que  le  fondateur  de  cette  ville  lui 
donna.  *(a)  Fréter,  Relation  du  voyage  de  la  mer  du  fod, 
/.  1 ,  p.  359  &  fuiv.  (b)  Feuiliée  ,' Journal  des  Obferv. 
t.  1  ,  p.  494. 

Ce  fut  François  Pizarre  ,  qui  la  commença  fous  le  régne 
de  Charles  V,  ck  de  Dona  Juana  fa  mère,  qui  régnoient 
enfemble  dans  le  royaume  de  Caftille.  Il  la  nomma  ville 
des  rois  ,  LOS  Reyes.  Les  fentimens  font  partagés  fur 
l'origine  de  ce  nom.  Le  P.  Feuiliée ,  après  Garcilaffo  de  la 
Vega  ,  dit  que  cette  ville  fut  appellée  ville  des  rois  ,  du 
jour  de  fa  fondation,  qui  fut  celui  de  l'Epiphanie  de  l'an- 
née 1534.  Mais  Francifco-Antonio  de  Montalvo  veut  que 
Lima  ait  été  fondée,  le  18  Janvier  1531;  ,  jour  de  la  fête 
de  la  chaire  de  S.  Pierre.  Cette  circonftance  ck  le  dé- 
tail du  nombre  des  xommiflaires ,  députés  pour  le  choix 
du  lieu  où  la  ville  devoit  être  bâtie ,  font  de  forts  pré- 
jugés contre  Garcilaffo.  D'un  autre  côté,  Hçrrera  con- 
vient avec  Garcilaffo  du  jour  de  la  fondation  ;  mais  il 
diffère  par  rapport  à  l'année.  Il  marque  comme  Mon- 
talvo l'année  1535.  *  Fréter,  p.  359.  Vie  du  bienheu- 
reux Toribio. 

Haies  dans  fon  Hijl.  des  tremblemens  de  terre ,  arri- 
vés à  Lima ,  met  la  fondation  de  cette  ville  à  l'année 
1534;  mais  je  penfe  qu'il  faut  la  rapporter  à  l'année  fui- 
vante ;  car  outre  le  fentiment  de  Montalvo  ,  nous  avons 
une  très-bonne  relation  d'un  voyage  fait  dans  l'Amé- 
rique méridionale  ,  imprimée  à  Madrid  ,  par  Antonio 
Marin  ,  1748,  où  on  dit  formellement  que  Lima  fut  fon- 
dée le  jour  de  l'Epiphanie,  en  1535  ,  par  dont  François 
Pizarre. 

L'époque,  que  donne  Montalvo ,  fe  trouve  encore  dé- 
terminée par  les  raifons  que  Pizarre  avoit  de  bâtir  une 
ville  dans  l'endroit  où  eft  aujourd'hui  Lima.  Herrera  nous 
apprend  que  le  baillif,  ou  Adelantado  dom  Pedro  de 
Alvarado,  étant  venu  avec  une  bonne  armée  de  Gua- 
timala,  au  Pérou,  à  deffein  de  s'en  rendre  maître  ,  Pi- 
zarre vint  faire  un  établifiement  dans  la  vallée  de  Lima , 
auprès  du  port  de  Callao,  qui  eft  le  meilleur  de  la  côte, 
afin  de  l'empêcher  de  venir  par  mer,  pendant  que  dom 
Diego  Almagro  alloit  lui  faire  face  dans  la  province  de 
Quito. 

Les  Espagnols  ,  toujours  attentifs  aux  devoirs  ex- 
térieurs de  la  religion ,  ava:it  que  d'ériger  aucun  bâti- 
ment,  jetterent  les  fondemens'de  l'églife,  à-peu-prè<;  au 
milieu  de  la  ville.  Pizarre  traça  enfuite  les  rues ,  diftribua 


LIM 


les  ifles  dés  maifons ,  par  quartiers  de  I  jo  varres ,  ou  rV 
64  toiles  en  carré.  Douze  Espagnols  qui  en  furent  les 
premiers  citoyens,  fous  les  ordres  de  Pizarre,  commen- 
cèrent à  s'y  loger  ;  enfuite  trente  hommes  de  San-Gallan, 
fck  quelques  autres  de  Xauxa ,  vinrent  fe  joindre  à  eux  , 
&  formèrent  en  tout  le  nombre  de  foixanre  &  dix  habi- 
tans ,  qui  fe  font  fi  confidérablement  accrus  ,  que  Lima 
eft  aujourd'hui  la  plus  grande  ville  de  l'Amérique  méri- 
dionale. 

La  diftribution  du  plan  en  eft  fort  belle  ;  fa  figure  eft 
triangulaire.  Elle  a  de  longueur  1920  toifes ,  &  (a  plus 
grande  largeur  eft  de  1080;  les  rues  font  bien  alignées, 
ck  d'une  largeur  commode.  Les  unes  font  percées  du 
midi  au  feptentrion ,  ck  les  autres  de  l'orient  à  l'occi- 
dent. Toutes  font  pavées ,6k  on  y  a  creufé  des  canaux  , 
la  plupart  voûtés,  qui  contribuent  beaucoup  à  la  propreté. 
La  principale  rue  va  de  l'eft  à  l'oueft  :  elle  a  près  d'une 
lieue  de  longueur  ;  6k  huit  carroffes  poutroient  y  paffer 
de  front ,  fans  embarras.  Lettres  édifiantes  ,  Recueil  VII , 
p.  54.   Feuillée ,  Journ.  p.  496. 

Dans  le  milieu  de  la  ville  eft  la  place  royale,  où  fe 
trouve  tout  ce  qui  eftnéceflaire  pour  les  befoins  publics: 
on  y  voit  plufieurs  tentes  que  les  Indiens  dreffenr  tous 
les  matins  pour  vendre  leurs  fruits  6k  les  autres  chofes 
néceffaires  à  la  vie.  Le  cô;é  oriental  eft  occupé  par  la 
cathédrale  6k  l'archevêché;  celui  du  nord,  par  le  palais 
du  vice-roi;  l'occidental,  par  la  maifon  du  Gabildo ,  par 
la  juftice,  par  la  prifon  ,  6k  la  (aie  d'armes  avec  une  fuite 
de  porches  uniformes  :  enfin  le  côté  du  midi  eft,  comme 
ce  dernier,  orné  de  porches  6k  de  boutiques  de  marchands. 

Au  milieu  de  la  place  eft  une  fontaine  de  bronze,  or- 
née d'une  belle  ftatue  de  la  Renommée  ,  6k  de  huit  lions 
de  même  matière  ,  qui  doivent  jetter  de  l'eau  tout  autour. 
Cette  fontaine  eft  encore  cantonnée  de  quatre  autre  pe- 
tits baffins  fort  riches  &  auffi  de  métal.  *  Fréter,  p.  363. 

A  un  quartier  de  la  place  royale,  du  ccVé  du  nord  , 
palTe  la  rivière  de  Lima  ,  qui  eft  prefque  toujours  guéa- 
ble ,  excepté  en  été ,  dans  le  tems  des  pluies  6k  de  la 
fonte  des  neiges.  On  la  faigne  en  plufieurs  endroits ,  pour 
arrofer  les  rues  6k  les  jardins  de  la  ville  ,  &  on  la  conduit 
par  des  canaux  couverts  ;  car  chaque  maifon  a  fon  jardin. 

La  partie  que  cette  rivière  retranche,  du  côté  du  nord  , 
a  communication  avec  le  gros  de  la  ville  ,  par  un  pont 
de  pierre  ,  compolé  de  cinq  arches  ,  d'affez  bonne  conf- 
truftion  ,  6k  qui  fut  bâti  fous  la  vice  toyauté  de  Montes- 
claros.  La  rue  qu'il  enfile  ,  conduit  directement  à  l'églife 
de  S.  Lazare,  paroiffe  d'un  fauxbourg  ,  qu'on  appelle 
Malambe ,  &  le  termine  auprès  de  la  Lameda  ,  qui  eft 
une  promenade  de  cinq  allées  d'orangers ,  longue  d'en- 
viron 100  toiles  ,  dont  la  plus  large  eft  ornée  de  trois 
baffins  de  pierre  pour  les  fontaines.  La  beauté  de  ces  ar- 
bres toujours  verds ,  les  odeurs  agréables  que  les  fleurs 
répandent  ptefque  toute  l'année  ,  6k  le  concours  des  ca- 
lèches,  qui  s'y  affemblent  tous  les  jours  à  l'heure  de  la 
pro  -emde.  font  de  ce  cours  un  lieu  de  délices,  fur  les 
cinq  heures  du  foir. 

Vers  le  milieu  de  ce  cours ,  eft  une  chapelle  nommée 
Santa-Liberata.  Elle  tut  bâtie  en  171 1  ,  dans  un  endroit 
où  furent  trouvées  les  hofties  du  faint  ciboire  de  la  cathé- 
drale, qu'on  avoit  volé  6k  enterré  au  pied  d'un  arbre.  Ce 
petit  cours  aboutit  au  pied  de  la  montagne ,  où  eft  un 
couvent  d'Obfervantins ,  reformés  par  S.  François  So- 
lano  natif  du  Paraguai.  Plus  à  l'eft,  eft  une  autre  mon- 
tagne, contiguë  avec  celle-ci,  où  eft  l'hermitage  de  faint 
Chriftophe  ,  dont  elle  porte  le  nom.  Au  pied  de  cette 
montagne,  coule  un  bras  de  la  rivière ,  dont  le  réfervoir 
fert  à  faire  moudre  plufieurs  moulins  à  bled,  6k  un  mou- 
lin à  poudre  ,  6k  qui  tient  lieu  de  bain  public.  *Fréçjer, 
p.  364. 

Les  tremblemens  de  terre,  fréquens  dans  le  Pérou,  ont 
fort  endommagé  cette  ville,  6k  inquiètent  tous  les  jours 
leshabitans.il  y  en  eut  un,  en  1678,  le  I7de  Juin:  il  ruina 
une  grande  partie  de  la  ville ,  6k  particulièrement  les  égli- 
fes  dédiées  à  h  Vierge.  Mais  celui  de  1681  fut  fi  vio- 
lent ,  qu'il  démolit  prelqu'enfiérement  les  édifices  pu- 
blics 6k  les  maifons  des  particuliers  ;  de  forte  que  l'on 
mit  en  délibération ,  fi  on  ne  devoit  point  tranfplanter 
les  habitans  dans  un  lieu  plus  avantageux.  La  mémoire 
de  cet  affteux  tremblement  s'y  renouvelle,  tous  les  ans,  le 
19  Octobre  par  des  prières  publiques.  Si  l'on  en  croit  la 
voix  commune,  il  fut  prédit  par  un  religieux  de  la  Merci, 


LIM  83; 

qui,  pluneuis  jours  auparavant ,  crioit  par  les  rues ,  comme 
un  nouveau  Jonas:  Faites  pénitence.  Le  jour  prédit  ar- 
riva; la  terre  trembla  extraordinairement  ;  de  demi-quart 
d'heure  en  demi-quart  d'heure ,  elle  donnoit  d'horribles 
fecouifes  ;  de  forte  qu'en  vingt-quatre  heures  on  en  compta 
plus  de  deux  cents. 

Ces  tremblemens  de  terre  font  qu'on  voit  à  Lima  peu 
de  maifons  à  deux  étages.  L'expérience  a  appris  aux  ha- 
bitans que  les  fuperbes  édifices  élevés  avec  une  grande 
magnificence  par  les  premiers  fondateurs  de  cette  ville, 
ont  fervi  de  fëpulture  à  la  plupart  de  ceux  qui  les  occu- 
poient.  Aujourd'hui  les  maifons  ne  font  belles  qu'en  de- 
dans. Elles  ^  ne  font  couvertes  que  de  rofeaux  ,  fur  lef- 
quels  on  répand  de  la  cendre  ,  pour  empêcher  que  la 
rolée  ne  paffe  au  travers.  Ces  couverts  fi  légers  font 
faits  à  deiîein.  Si  malheuresement  on  étoit  furpris ,  du- 
rant la  nuit  par  quelque  ttemblement  de  terre,  qui  ren- 
versât les  maifons,  on  ne  feroit  pas  du  moins  en  danger 
d'être  écralé  fous  leurs  toits.  Les  murailles  des  plus  bel- 
les mailbns  ne  font  bâties  que  de  briques  crues,  c'eft- 
à-dire  de  terre  pétrie  ave:  un  peu  d'herbe  fechée  fimple- 
ment  au  foleil  ;  ce  qui  dure  pourtant  des  fiécles ,  parce 
que  la  pluie  ne  la  délaie  jamais.  *Fré\ier,  p.  378.  Feuil- 
lée ,  Journ.  p.  499. 

Les  murs  de  la  ville  ne  font  pas  bâtis  d'autre  matière. 
On  y  a  employé  des  carrés  longs  de  terre,  dont  la  lon- 
gueur eft  d'environ  un  pied  6k  demi ,  fck  l'épaiffeur  d'ùrt 
demi-pied.  Ces  murs  ont  dix-huit  à  vingt  pieds  de  haut, 
6k  neuf  pieds  d'épaiffeur  au  cordon  ;  de  forte  que  dans 
tout  le  contour  de  la  place ,  il  n'y  a  pas  un  feul  endroit 
affez  large  pour  y  mettre  un  pièce  de  canon.  Auffi  les  murs 
de  cette  ville  n'ont-ils  proprement  été  conftruits  que  pov.r 
marquer  la  magnificence,  6k  nullement  pour  la  mettre  àeou- 
vert  des  infultes  des  ennemis ,  à  moirisque  cenefoit  de  cel- 
les que  pourraient  faire  les  Indiens.  L'enceinte  eft  flanquée 
parirenie-quatre  baftionsdequinzetoifes  de  flanc ,  perpen- 
diculaires-^ la  courtine ,  6k  d'environ  trente  toifes  de  face  , 
qui  font  l'angle  de  l'épaule  de  cent  trente  degrés ,  d'où 
vient  une  défenfe  fi  fichante  ,  que  les  deux  tiers  de  la. 
courtine  (ont  en  fécond  flanc,  6k  que  les  angles  flanqués 
ibnt  louvent  trop  aigus.  Comme  les  courtines  font  de 
quatre-vingt  toiles ,  la  grande  ligne  de  défenfe  eft  d'en- 
viron cent  dix  toifes.  Au  refte,  il  n'y  a  ni  foffé  ni  dehors. 
Ces  fortifications  ont  été  conftruites,  vers  l'an  1685,  ,ous 
la  vice- royauté  du  duc  de  la  Palata,  par  un  prêtre  Flamand  , 
appellée  dom  Jean  Ramond.  *Feuilléi.  p.  4.08  Fré^'er 
P-  378.  *  W  L"     » 

On  compte  dans  Lima,  entre  feize  6k  dix-huit  mille 
blancs  ;  ce  (ont  les  Espagnols  ,  dont  le  tiers  ou  le  quart 
eft  compoië  de  la  principale  nobleffe  du  Pérou.  Plufieurs 
(ont  décorés  dentures  de  Cajhlie,  anciens  ou  modernes. 
On  y  voit  jusqu'à  quarante  cinq  comtes  &  marquis,  6k, 
à  proportion,  des  chevaliers  de  divers  ordres  militaires. 
Les  ramilles  nobles,  qui  ne  jouiffent  pas  des  mêmes  hon- 
neurs ,  (ont  néanmoins  très-brillantes.  Les  Nègres  Se  les 
Mulâtres  tiennent  le  fécond  rang.  Us  y  exercent  les  arts 
méchaniques  ,  6k  y  font  en  plus  grand  nombre  que  les 
blancs.  Les  Indiens  6k  les  Meftis  font  la  troifiéme  claffe  ; 
mais  elle  eft  peu  nombreufe  en  comparaifon  de  celle  des 
Nègres  6k  des  Mulâtres. 

On  voit  rouler  dans  Lima ,  cinq  à  tîx  mille  chaifes  , 
tirées  chacune  par  un  mule  feulement.  Elles  font  telle- 
ment dorées^,  &  fi  bien  travaillées ,  qu'il  n'y  en  a  aucune  , 
qui  n'ait  coûté  environ  mille  piaftres.  Il  y  a  auffi  une 
multitude  de  carroffes.  Toutes  ces  voitures  font  néceifaires 
dans  une  ville ,  toujours  embarraflee  par  un  prodigieux 
nombre  de  mules,  qui  entrent  &  fortentcontinuellement^ 
&  caufent  une  pouffiere  infupportable  dans  les  rues. 

Pour  donner  une  idée  de  l'opulence  de  cette  ville  il 
fuffit  de  rapporter  ce  que  les  marchands  y  étalèrent  de 
de  richeffes,  vers  l'an  1681 ,  à  l'entrée'du  duc  de  la  Palata  ' 
lorfqu'il  alla  prendre  pofieilion  de  la  ville.  Dans  l'éten- 
due de  deux  quartiers ,  les  rues  de  la  Merced  6k  de  los 
Mercadcres ,  par  où  le  duc  devoit  entrer  à  la  place  royale,* 
où  eft  le  palais ,  furent  pavées  de  lingots  d'argent  quintes  \ 
qui  pèlent  ordinairement  environ  deux  cents  marcs ,  louas 
de  douce  à  quinze  pouces ,  larges  de  quatre  à  cinq  ,  %c 
épais  de  deux^à  trois.  Il  eft  vrai  que  Lima  eft ,  en  quelque 
façon,  le  dépôt  des  tréforsdu  Pérou.  On  a  fuppnté  autre- 
fois ,  qu'il  s'y  faifoit  pourfix  millions  d'écus  de  dépenfe. 
Il  en  faut  beaucoup  rabattre  aujourd'hui ,  depuis  que  le 
Tçmt  III,    Nnnnn  ij 


836 


LIM 


LlM 


commerce  des  François  y  a  apporté  les  marchandifes 
d'Europe  à  bon  compte ,  6k  que  celui  qu'ils  font  à  Arica , 
Ylo  6k  Pil'co ,  détourne  l'argent  qui  venoit  à  Lima. 

Les  hommes  6k  les  femmes  aiment  également  la  magni- 
ficence dans  les  habits.  Les  femmes  ,  non  contentes  dé 
la  richeffe  des  plus  belles  étoffes,  les  ornent,  à  leur  ma- 
nière ,  d'une  quantité  prodigieufe  de  dentelles,  &  femblent 
fe  di'puter  à  qui  aura  le  plus  de  perles ,  de  pierreiies ,  de 
brafîelets,  de  pendants  d'oreilles  6k  autres  atirails. 

Généralement  parlant,  les  femmes  font  affez  belles. 
Elles  ont  un  air  vif:  peui-être  doivent  elles  une  partie  de 
leur  beauté  à  l'oppofition  des  Mulà'res,  des  Noires  ,  6k  des 
Indiennes,  qui  font  le  plus  grand  nombre  dans  tout  le  pays. 
La  ville  de  Lima  eft  le  iiége  ordinaire  du  vice-roi  du 
Pérou ,  qui  eft  abfolu  comme  le  roi  même ,  dans  les  au- 
diences de  Lima,  Chuquifacha  ,  Quito  ,  Panama,  du 
Chili ,  &  de  Terra  firme.  Il  eft  capitaine-général  de  tous 
les  royaumes  6k  provinces  de  ce  nouveau  monde.  Ce  font 
les  qualités  qui  lui  font  données  dans  fes  titres.  Il  a  qua- 
rante mille  piaftres  d'appointement  par  an  ,  fans  parler  des, 
autres  gages  extraordinaires  ,  comme  lorfqu'il  fort  pour 
vifiter  quelques  provinces  ;  il  lui  eft  affigné  alors  dix  mil- 
les piaftres ,  6k  trois  mille  pour  aller  feulement  au  Callao, 
qui  n'eft  éloigné  de  Lima ,  que  de  deux  lieues.  Il  nomme 
à  plus  de  cent  corregimientos ,  ou  gouvernemens.  Enfin 
il  eft  marre  de  tous  les  emplois  triennaux ,  tant  du  civil 
que  du  militaire. 

,  Le  nouveau  vice-roi ,  dès  qu'il  a  débarqué  au  port  de 
Payta,  à  deux  cents  quatre  lieues  de  Lima  ,  dépêche  une 
perfonne  de  diflinftion  ,  comme  fon  ambaffadeur ,  à  cette 
capitale,  pour  informer  la  ville,  &  le  vice-roi,  qui  y  réfide, 
de  l'arrivée  du  fucceffeur.  L'ambafladeur  eft  gratifié  de 
quelque  joyau  de  prix ,  ou  d'un  corregimiento.  Le  corregi- 
dor  accompagne  le  nouveau  vice-roi  depuis  Payta ,  juf- 
qu'à  ce  qu'il  (oit  relevé  par  le  corregidor  qui  fuit,  ainfi 
des  autres  ;  &  par-tout  on  a  foin  de  fournir  au  vice-roi, 
ck  à  toute  fa  fuite,  les  chofes  dont  on  peut  avoir  befoin 
dans  un  pays  fi  vaïte ,  6k  où  il  fe  rencontre  encore  quel- 
ques déferts  inhabités.  _  _ 

Le  nouveau  vice-roi  étant  arrivé  à  Lima ,  où  il  doit 
faire  fa  réiïdence  ,  la  traverfe  incognito  pour  fe  rendre 
au  port  de  Callao  ,  à  deux  lieues  environ  de  Lima;  c'eft 
là  qu'un  des  alcades  ordinaires  de  Lima,  avec  tous  les 
officiers  des  troupes ,  le  reçoivent  dans  le  palais  qu'on  y  â 
bâti ,  6k  qu'on  orne  avec  une  extrême  magnificence  pour 
cette  cérémonie.  Le  lendemain,  le  vice-roi  placé  fous  le 
dais,  eft  complimenté  par  tous  les  tribunaux  eccléfiafti- 
ques  6k  féculiers ,  6k  par  toutes  les  perfonnes  de  diftinc- 
tion. 

Les  deux  vice-rois  fe  rencontrent  enfuite  à  une  chapelle, 
qui  eft  à  mi-chemin  de  Lima,  au  port  de  Callao  ;  &  ils 
y  defcendent  l'un  6k  l'autre  de  carroffe.  L'ancien  vice-roi 
met  alors  entre  les  mains  de  fon  fucceffeur  le  bâton  de  com- 
mandement ,&  chacun  enfuite  continue  fon  chemin. Le  nou- 
veau vice-roi  va  ordinairement  loger  dans  fon  palais,  en  at- 
tendant le  jour  qu'il  a  déterminé  pour  fon  entrée  publique. 
On  drefle  des  arcs  de  triomphe  avec  la  plus  grande  magnifi- 
cence *,  6k  on  voit  aifément  par  la  fomptuofité  de  tous  les 
préparatifs  ,  qu'on  eft  dans  le  voifinage  des  mines  d'or  6k 
d'argent.  Le  jour  qu'on  a  choifi  étant  venu,  le  vice-roi 
fe  rend,  deux  heures  après  midi,  au  monaftère  de  Mont- 
ferrat ,  d'où  il  fort  pour  entrer  par  un  arc  de  triomphe , 
dans  le  chemin  qu'il  doit  tenir.  Les  compagnies  de  milice 
font  à  la  tête  de  la  marche,  6k  fuivies  des  collèges  6k  de 
l'univetfité. 

Le  tribunal  des  comptes ,  l'audience  royale  marchent 
à  leur  tour  ;  6k  ces  magiftrats  font  revêtus  de  robes  de 
velours  cramoifi  ,  6k  coëffés  de  toques ,  qui  ne  fervent  que 
dans  cette  occaiion.  Le  vice-roi  avance  à  cheval,  6k  fe 
place  fous  un  dais.  Toute  fa  maifon  ,  montée  fur  les  che- 
vaux que  la  ville  a  ordonné  de  tenir  prêts ,  l'environne, 
6k  ferme  la  marche.  Deux  alcaldes  ordinaires  faifant  la 
fonction  de  valets  de  pied  ,  tiennent  les  rênes  du  cheval 
que  monte  le  vice-roi. 

Le  vice-roi  eft  reçu  par  l'archevêque ,  6k  fon  chapitre; 
à  la  porte  de  la  cathédrale  ,  où  l'on  chante  le  Te  Dtum. 
11  y  affifte  encore,  le  lendemain,  à  une  meffe  célébrée  pon- 
tificalement  par  l'archevêque  même ,  &  un  membre  du 
chapitre  y  prononce  un  difeours.  La  nuit  de  ce  même 
jour ,  6k  les  deux  jours  fuivans ,  on  diftribue  des  rafraî- 
çhiffemens  à  toutes  les  perfonnes  de  diftinftion  des  deux; 


fexes.  Les  combats  de  tauraux  viennent  enfuite,  6k  durent 
pendant  cinq  jours. 

Les  courfes  terminées ,  on  reconnoit  par  une  foleinnité 
particulière  ,  le  vice-roi  pour  vice  patron  royal. 

L'univerfité  fe  diftingue  auffi  dans  cette  fête.  Elle  de- 
mande au  vice-roi  le  jour  où  il  voudra  l'honorer  de  fâ 
préfence.  Il  arrive  dans  le  tems  marqué ,  &  il  s'affied 
dans  la  chaire  re&orale  ,  ornée  comme  un  fuperbe  trône  ; 
&  il  eft  harangué  par  le  refteur.  Le  lendemain,  le  refteur 
va  lui  préfenter  le  recueil  des  vers  qu'on  a  compofés. 
Ce  recueil  eft  dans  un  coffret ,  ou  un  baffin  d'argent  dé 
mille  ou  huit  cents  piaftres  ,  jamais  au-deffous.  Les  au- 
tres collèges  fuivent  l'exemple  de  l'univerfité. 

Il  faut  remarquer  que  la  plupart  des  charges  ne  fe  ven-  ■   I 

dent  ou  ne  fe  donnent  que  pour  un  tems. 

Les  vice-rois  6k  préfidens  font  en  place  ordinairement 
pendant  fept  ans.  Quelques  corrégidors  ou  gouverneurs 
poffédent  leurs  charges ,  pendant  cinq  ans  ;  le  plus  grand, 
nombre  ne  les  pofféde ,  que  pendant  trois.  11  eft  ailé  de 
découvrir  l'intention  de  ce  règlement.  C'eft  fans  doute,- 
afin  que  les  pourvus  n'ayent  pas  le  tems  de  fe  faire  des 
créatures ,  ni  de  former  des  partis  contre  un  roi  qui  eft  fi 
éloigné  d'eux  ,  qu'il  faut  des  années  pour  recevoir  fes  or- 
dres. Mais  auffi  ,  il  faut  convenir  que  cette  politique  doit 
avoir  beaucoup  d'inconveniens  inévitables ,  qui  font,  fans 
doute,  la  principale  caufe  du  mauvais  gouvernement  de 
la  colonie  ,  &  du  peu  de  profit  qu'elle  donne  au  roi  d'Ef- 
pagne.  Les  officiers  regardent  le  tems  de  leur  exercice 
comme-un  jubilé  ,  qui  ne  leur  doit  arriver  qu'une  fois 
dans  la  vie,  Se  à  la  fin  duquel  on  fe  moquera  d'eux, 
s'ils  n'ont  pas  fait  leur  fortune. 

La  garde  ordinaire  du  vice-roi  eft  compofée  de  trois 
Compagnies.  Il  y  en  a  une  de  quarante  haUcbardiers  ,  une 
de  cent  chevaux,  6k  une  de  cent  fantaffins.  Ces  deux 
dernières  font  payées  par  le  roi  ;  6k  celle  des  hallebar- 
diers  eft  entretenue  des  fonds  qu'a  laiffés ,  en  mourant, 
une  dame  de  Lima,  qui  étoit  très-riche.  Il  y  a  une  qua- 
trième compagnie ,  qui  eft  de  cinquante  perfonnes  choi- 
sies ,  tous  gens  de  considération  ,  qui  marchent  à  côté 
du  vice-roi ,  lorfqu'il  fait  fon  entrée. 

Le  vice-roi  a  dans  fon  palais  une.chapelle  royale,  com- 
pofée de  fix  chapelains,  d'un  facriftain,  ck  d'un  chœur 
de  muficiens ,  tous  aux  gages  du  roi. 

Ce  font  des  troupes  de  milices  bourgeoifes ,  qui  com- 
pofent  la  garnifon.  Elles  ne  tirent  aucune  folde  du  roi  , 
excepté  les  officiers  généraux  ,  6k  les  fergens  des  com- 
pagnies d'infanterie.  En  voici  le  détail  : 

Quatorze  compagnies  d'infanterie  Efpagnole ,  ck  bour- 
geoife; 

Sept  compagnies  du  corps  du  commerce,  qui  ont  de 
plus  que  les  précédentes  ,  un  fergent-major  ck  deux  aides 
de  camp  ; 

Huit  compagnies  d'Indiens,  natifs  de  Lima  ,  6k  qui,' 
outre  les  officiers  ordinaires ,  ont  un  meftre  de  camp ,  un 
major,  6k  un  aide-major; 

Six  compagnies  de  Mulâtres ,  6k  de  Noirs  libres ,  qui  ont 
un  major,  deux  aide-majors ,  6k  un  lieutenant-général  ; 

Toutes  ces  compagnies  font  de  cent  hommes  chacune* 
6k  n'ont  pour  officiers  qu'un  capitaine,  un  enfeigne  6k 
un  fergent  ; 

Dix  compagnies  de  cavalerie  Efpagnole  ,  de  cinquante 
hommes  chacune ,  dont  il  y  en  a  fix  de  la  ville  ,  6k  qua- 
tre des  maifons  de  campagne,  ou  métairies  circonvoifines.. 
Chaque  compagnie  a  un  capitaine,  un  lieutenant  6k 
un  cornette. 

Officiers  généraux  gages  du  roi: 

Piaftres.' 

Le  capitaine-général  6k  vice-roi  a  par  an  40000 

Le  gouverneur-général                     _  7000 

Le  lieutenant-général  de  la  cavalerie  1500 

Le  commiffaire-général  de  la  cavalerie  1500 

Le  lieutenant  de  la  meftre-dë-camp  1 200 

Le  lieutenant  du  capitaine-général  120a 

Autres  officiers  nommés  par  le  vice-roi: 


Le  capitaine  de  la  fale-d'armes 
Un  lieutenant  d'artillerie 
Deux  aides  d'artillerie  ,  chacun 
Quatre  maîtres  canoniers,  chacun 


1200 
1200 
300 

544 


LIM 


,IM 


8?7 


Un  armurier  principal  1500 

Quatre  armuriers ,  chacun  600 

Un  maître  charpentier  1000 

On  dit,  qu'en  cas  de  befoin,  le  vice-roi  peut  mettre 
fur  pied  cent  mille  hommes  d'infanterie ,  &  vingt  mille 
chevaux,  dans  toute  l'étendue  du  royaume;  mais  quel-' 
ques-uns  (butiennent  qu'il  n'auroit  pas  de  quoi  en  armer 
la  cinquième  partie. 

Après  l'autorité  du  vice-roi  ,  le  gouvernement  du 
royaume  roule  fur  celle  de  l'audience  royale,  à  laquelle 
il  prélide  pour  les  affaires  de  conlequence.  Ce  tribunal, 
que  l'on  peut,  en  quelque  façon,  comparer  à  un  parle- 
ment, eft  compofé  de  ieize  oidors,  ou  audicnciers ,  de 
quatre  alcaldes  de  cour ,  de  deux  fiscaux,  d'un  alguacil 
major  ou  grand  huiilier,  &  d'un  protecteur  général  des 
Indiens.  1  outes  ces  places  ont  chacune  trois  mille  pias- 
tres tk  treize  réaux  dappointement  annuel  ;  mais  les 
oidors  ont  de  plus  d'autres  gages ,  attachés  aux  chambres 
où  ils  font  employés.  Ce  corps  a  auffi  des  officiers  en 
titre  ,  comme  avocats  ,  procureurs  ,  notaires  ,  fer- 
gens  ,  Sec. 

L'audience  royale  eft  fubdivifée  en  une  chambre  de 
juftice,  une  chambre  criminelle,  une  chambre  des  comp- 
tes, &  deux  chambres  du  tréfor,  dont  il  y  en  a  une  char- 
gée des  rentes  que  les  Indiens  nchts  ont  laitfées,  en  mou- 
rant ,  pour  lubvenir  aux  néceffités  des  pauvres  de  leur 
nation.  Enfin  elle  comprend  la  chancellerie  ,  qui  n'eft 
compofée  que  d'un  oiior  ck  d'un  chancelier ,  à  qui  on 
donne  ce  titre  avec  de  très- petits  appointemens,  parce 
que  le  grand  chancelier  eft  toujours  en  Espagne. 

Le  cabildo,  ou  le  tribunal  de  la  police,  luit  après  celui 
de  l'audience  royale.  11  y  a  plus  de  régidors  qu'aux  tri- 
bunaux de  police  des  autres  villes. 

De  plus  il  y  a  un  fergent  major  de  la  ville ,  ou  algua- 
cil m^jor,  pour  le:  affaires  de  la  guerre ,  &  un  grand  pré- 
vôt, lous  le  nom  de  alcaldz  de  la  Hermandad.  Il  peut 
condamner  à  mort ,  en  pleine  campagne. 

Le  tribunal  de  la  trélorene  royaie  eft  établi  pour  la 
caifle  des  deniers  royaux  ,  comme  le  quint  de  l'argent 
qu'on  cire  des  minières  ,  le  droit  Salcavala,  qui  eft  de 
quatre  peur  cent,  de  toutes  lortes  de  marchandas  ,  de 
gram~,  -ck  autres  droits  qui ,  dans  cette  colonie,  l'ont  en 
petit  nombre,  il  a  l'es  |uges  contadors ,  fecrétaires,  ikc. 

11  y  a  auili  une  chambre  de  la  monnoie  ,  qui  a  l'es  tré- 
soriers,  corn  olleurs ,  directeurs,  gardes,  écrivains,  &c. 
Il  y  a  de  plus  un  oidor  ,  qui  en  tire  des  appointemens 
indépendamment  de  ceux  de  l'audience  royale. 

Le  commerce  a  pour  tribunal  le  confulat,  où  préfide 
un  prieur  avec  deux  coniùls  qu'on  choilir  parmi  les 
maidiands  les  plus  intelligent  dans  le  commerce  ;  ck 
afin  que  tien  ne  manque  a  cette  ville  de  tout  ce  qui  peut 
y  conierver  le  bon  ordre  &  la  faire  fleurir,  011  y  a  éta- 
bli piufi  urs  tribunaux  de  jurisdiétion  eccléfiaftique. 

Le  premier  eit  celui  de  l'archevêché.  Il  eft  compofé 
du  chapitre  de  la  métropole,  &  de  1  officialité  ;  &  il  a 
pour  officiers  un  fi  cal  ,  un  alguacil ,  ck  des  notaires.  Le 
fécond  ,  S*  le  plus  redoutable  de  tous  les  tribunaux ,  eft 
celui  de  l'inquifition  ,  dont  le  feul  nom  jette  la  terreur 
par-tout  ;  patee  que  ,  i°  le  délateur  eft  compté  pour 
témoin  ;  2°  on  ne  donne  aucune  connoiflance  aux  ac- 
culés de  ceux  qui  les  chargent  ;  30  il  n'y  a  point  de 
confrontaiion  de  témoins.  Ainli  tous  les  jours  on  arrête 
des  innocens  ,  dont  tout  le  crime  confifte  à  avoir  des 
gens  intérelîés  à  leur  perte.  On  dit  néanmoins  à  Lima, 
qu'on  n"a  pas  lieu  de  le  plaindre  des  inquiliteurs ,  peut- 
être,  parce  que  le  vice-roi  &  l'archevêque  lbnt  à  la  tête 
de  ce  corps. 

L'inquifition  fut  établie  à  Lima,  en  l'jôo,  avec  tous  les 
miniftres,  confeillers ,  calificadores  ,  familiers,  fècrétai- 
res,  ck  alguacil  major,  comme  en  Espagne.  Il  y  a  trois 
juges  fupéneurs ,  qui  ont  chacun  trois  milie  piaftres  d'ap- 
pointement.  La  jurisdicition  de  ce  tribunal  s'étend  dans 
toute  l'Amérique  méridionale  Espagnole. 

Le  troifiéme  tribunal  eccléfiaftique  eft  celui  delà  croi- 
fade  ,  qui  fait,  en  quelque  façon,  panie  de  l'audience 
royale;  car  il  y  entre  un  oidor  de  la  chambre  de  jus- 
tice. Il  fut  établi,  en  1603,  fous  la  direction  d'un  com- 
miffaire  général ,  qui  tient  fes  audiences  chez  lui ,  où  il 
juge,  affilié  d'un  juge  conlèrvateur ,  d'un  lecrétaire,  d'un 


comador,  d'un  tréforier,  <k  d'autres  officiers  nécefiaires 
à  la  diftnbution  des  bulles ,  examen  de  jubilé  ck  indul- 
gences. Les  appointemens  du  commiflaire  général  ne  font 
que  de  mille  piaftres.  C'eft  peut-être  trop  pour  un  em- 
ploi ii  inutile. 

Enfin  il  y  a  un  quatrième  tribunal  pour  'es  tefiamens 
&  dernières  volontés  des  défunts.  Il  tait  rendre  compte 
aux  albaceas  ou  collecteurs  ,  prend  foin  des  chapelle- 
mes  ck  de  leurs  titres,  .pour  lesquels  il  y  a  plufieurs  offi- 
ciers. 

Pour  fournir  de  bons  fujets  à  tant  de  tribunaux,  Char- 
les-Quint fonda  à  Lima,  en  1545,  une  univerfi:é.  fous 
le  ture  de  S.  Marc.  Il  lui  accorda  plufieurs  privilèges  , 
qui  furent  confirmés  par  Paul  III ,  ck  Pie  V,  qui  l'in- 
corpora, en  1571,  à  ceile  de  Salamanque,  pour  la  faire 
jouir  des  mêmes  exemptions  &£  prérogatives.  Elle  eft 
gouvernée  par  un  recteur  ,  dont  l'élection  fe  fait  tons 
les  ans.  On  y  compte  environ  cent  quatre-vingt  docteurs, 
ou  en  théologie,  ou  en  droit  civil  &  canonique,  ou  en 
médecine.  Il  y  a  ordinairement  près  de  deux  mille  étu- 
diahs.  Il  en  fort  d'affez  bons  fujets  pour  la  fcholaftiq:ie 
&  la  chicane  de  l'école  ,  mais  très-peu  pour  la  pofitive.t 
Dans  l'uni  verfité  il  y  a  trois  collèges  royaux,  &  vingt 
chaires  bien  rentées.  Le  premier  fut  fondé  par  don  Fr. 
Yoledo,  vice- roi  du  Pérou,  fous  le  titre  de  S.  Philippe 
ck  de  S.  Marc;  le  fécond,  par  le  vice-roi  don  Martin 
Henriquei,  Pou.r  l'entretien  de  quatre -vingt  écoliers 
d'humanités ,  jurisprudence  ck  théologie.  Les  Jéfuires  en 
étoient  les  recteurs  ck  profeiTeurs.  On  l'appelle  le  collège 
de  S.  Martin.  Le  troifiérae  fut  fondé  par  l'archevêque 
S.  Toribio,  ck  en  porte  le  nom.  II  fut  deftiné  à  l'encre- 
tien  de  vingt-quatre  écoliers  qui  fervent  au  chœur  de  la 
cathédrale.  Ils  ont  l'habit  gris ,  avec  une  bande  violette 
qui  leur  pend  en  double ,  par  derrière.  Ils  écud'ent  les 
Iciences  ecciéfiaftiques ,  fous  un  prêtre  qui  en  eft  le  rec- 
teur. Ce  collège  entretient  auffi  fix  enfans  de  chœur, 
fous  la  conduite  du  maître  de  la  chapelle  &  du  vicaire 
ou  fous-diacre  qui  y  demeure.  Il  a  plus  de  quatorze  mille 
piaftres  de  rente. 

Le  chapitre  ou  cabilào  de  la  métropolitaine  eft  com- 
posé d'un  doyen  ,  d'un  archi-doyen  ,  d'un  chantre,  d'un 
écolâtre,  d'un  tréforier  &  de  dix  chanoines,  dont  on  en 
a  retranché  un ,  pour  en  donner  la  rence  à  l'inquifition. 
Chaque  dignité  a  fept  mille  piaftres  de  revenu  ;  les  cha- 
noines eii  ont  cinq  mille  ,  les  lix  rationcros  prébendiers 
en  ont  trois  mille  chacun  ;  &  les  trente  chapelains  en 
ont  chacun  fix  cents ,  fans  parler  des  muficiens  ni  des 
enfans  de  chœur. 

L'églife  cathédrale,  autrement  la  Major,  a  trois  nefs 
magnifiques.  Elle  a  aux  deux  angles  du  devant  deux  grandes 
tours  fort  élevées,  &  plus  éminentes  que  la  voûte  de 
l'églife.  Quoique  fort  hautes  déjà,  elles  n'étoient  pas 
finies  en  1710.  *Feuiliée,  p.  499. 

Cette  éghfe,  qui  fut  le  premier  édifice  de  Lima,  fut 
bâtie  par  François  Pizarre,  fous  le  titre  de  1: ' Ajjbmpdan. 
Mais  Paul  III,  l'ayant  érigée  en  cathédrale,  en  1541, 
lui  donna  le  titre  de  S.  Jean  l'Evangelijie ,  pour  la  dis- 
tinguer de  la  cathédrale  de  Cusco  ,  qui  avoit  déjà  le 
même  nom.  Elle  fut  futfragante  deSéviile,  jusqu'en  1 546, 
que  le  même  pape  Paul  III  l'érigea  en  métropolitaine. 
On  lui  a  donné  pour  fuffragans  les  évêchés  de  Panama, 
Quito,  Truxillo  ,  Guamanga,  Ariquipa,  Cusco,  Sant- 
iago Se  la  conception  du  Chili.  *  Fréùer,  p.  394. 

Le  premier  archevêque  tut  dom  Fray  Geronymo  de 
Loayfia,  Dominicain.  Il  affembla  deux  conciles  provin- 
ciaux; le  premier,  le  4  Octobre  1551  ;  il  ne  s'y  trouva 
aucun  évêque  ,  mais  feulement  les  procureurs  des  évê- 
ques  de  Panama ,  Quito  ck  Cusco.  Le  fécond  fut  ou- 
vert le  1  Mars  1567:  les  évêques  de  la  Plata,  Quito  &C 
Impérial  y  affilièrent  avec  les  procureurs  des  autres  ca- 
bildos.  Ce  premier  archevêque  rétablit  l'églife  ruinée, 
ck  la  couvrit  de  manghers. 

Le  troifiéme  archevêque,  don  Toribio,  a  été  cano-< 
nifé  en  1725. 

Le  neuvième  ,  don  Mclchior  de  Linan  y  Cisneros  ,  à 
la  mort  du  marquis  de  Malagon ,  fut  nommé  vice-roi , 
gouverneur  &  capitaine  général  des  provinces  du  Pérou. 
C'eft  le  premier  en  qui  l'on  a  vu  ces  deux  dignités  réu- 
nies ,  qui  ne  parodient  guères  compatiffables  dans  un 
même  fujet. 

11  y  a  en  outre  plufieurs  églifes  paroiffiales ,  bâties 


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félon  les  régies  de  l'art,  &fur  les  plus  excellens' modèles 
d'Italie.  Les  autels  ibnt  propres  &  fuperbement  parés. 
L'or  &c  l'argent  n'y  font  point  épargnés;  mais  le  tra- 
vail ne  répond  pas  à  la  richeffe  de  la  matière. 

On  compte  huit  paroiffes  dans  Lima.  La  première  eft 
la  cathédrale ,  où  il  y  a  quatre  curés  &  deux  vicaires  ; 
ce  qui  eft  contre  les  loix  canoniques ,  qui  ne  prescrivent 
qu'un  curé  à  une  églife.  * Fréter,  p.  395. 

La  féconde  eft  celle  de  Sainte-Anne  ,  qui  a  deux  cu- 
rés &  un  vicaire. 

La  troiliéme  le  nomme  Saint-Sebaftien  j  elle  a  auffi 
deux  curés.  . 

La  quatrième  ,  appellée  Saint-Marcel,  n'a  qu'un  curé. 

La  cinquième,  Saint- Lazare,  a  un  curé-vicaire  de  la 
cathédrale. 

La  fixiéme,  N'  S'Acocha,  eft  annexée  &  dépendante 
de  la  cathédrale.  On  l'appelle  Los  Hucfanos. 

La  feptieme  eft  le  Cercado.  Elle  étoit  la  paroifïe  d'un 
fauxbourg  d'Indiens.  On  l'a  renfermée  dans  la  vilie,  de- 
puis qu'on  en  a  fait  l'enceinte.  Les  Jéfuitesen  étoient  curés. 

La  huitième  eft  établie  depuis  peu  d'années.  On  l'ap- 
pelle San-Salvador  ou  Saint- Sauveur. 

Il  y  a  douze  hôpitaux  pour  les  malades  &  les  pauvres 
de  la  ville.  Le  premier ,  connu  fous  le  nom  de  Saint- 
André,  eft  de  fondation  royale,  &  deftiné  pour  les  Es- 
pagnols ,  c'eft-à-dire  pour  les  Blancs.  Celui  de  San- 
Dlego  eft  fondé  pour  ceux  qui  fortent  en  convalescence 
de  Saint- André.  Celui  de  Saint-  Pierre  fut  fondé  uni- 
quement pour  les  prêtres,  par  l'archevêque  Toribio.  Ce- 
lui du  Saint-Esprit,  fondé  pour  les  gens  de  mer,  eft  en- 
tretenu de  leurs  contributions  &  aumônes.  11  y  a  pour 
cet  effet  une  taxe  fur  les  vailfeaux  de  charge.  Celui  de 
Saint-Barthelemi  fut  fondé  pour  les  Noirs,  parle  P.  Bar- 
thelemi  de  Vadillo.  Celui  de  Saint-Laçan  eft  une  fon- 
dation royale ,  deftinée  pour  ceux  qui  tombent  du  mal 
caduc,  &  pour  les  fous  ;  on  y  traite  auffi  des  maladies 
vénériennes.  11  y  a  auffi  une  maifon  pour  les  enfans  trou- 
vés, joignant  N.  D.  A'Atocha.  On  l'appelle  los  Huer- 
fanos.  L'hôpital  de  Saint-Corne  &  de  Saint-Damien  a 
été  fondé  par  les  habitans  de  Lima  ,  pour  les  femmes 
Espagnoles.  Celui  de  Sainte- Anne  fut  fondé  par  le  pre- 
mier archevêque  Jérôme  de  Loayfia^ ,  pour  les  Indiens. 
Le  roi  en  fait  aujourd'hui  la  dépenfe.  11  y  a  un  hôpital 
pour  les  incurables  ;  un  autre  pour  les  Indiens  convales- 
cens,  au  dehors  delà  ville.  On  y  reçoit  ceuxqui  fortent 
de  Sainte- Anne  &  des  autres  hôpitaux.  Enfin  il  y  en  a 
un  fondé  par  un  prêtre,  pour  les  prêtres  convalescens. 
Outre  les  hôpitaux  deftinés  pour  les  malades ,  il  y  a  une 
maifon  de  Charité,  dans  la  place  de  l'Inquifition.  On  y 
-reçoit  les  .pauvres  femmes  &  les  pauvres  filles.  On  y 
marie  ces  dernières  ou  on  les  fait  religieufes.  Dans  le 
collège  de  Santa-Crux  de  las  Minas ,  on  élevé  un  cer- 
tain nombre  de  filles  trouvées ,  que  les  inquisiteurs  do- 
tent quand  elles  fe  marient.  Un  prêtre  a  auffi  laiffé  une 
fondation  de  plus  de  fïx  cents  mille  piaftres ,  fous  la  di- 
rection du  doyen  de  la  cathédrale,  &  du  prieur  de  S.  Do- 
minique ,  pour  marier  vingt  filles.  On  donne  cinq  cents 
piaftres  à  chacune.  La  confrérie  de  la  Conception  marie 
une  quarantaine  de  filles,  à  chacune  desquelles  elle  donne 
quatre  cents  cinquante  piaftres.  Il  y  a  une  fondation  fous 
le  titre  de  .iV.  D.  de  Cocharcas ,  pour  les  pauvres  tilles 
des  Caciques,  fk  un  collège  pour  les  garçons.  Ils  y  ont 
toutes  fortes  de  maîtres. 

Les  Dominicains  ont  quatre  couvens  ;  le  principal  eft 
celui  du  Rofaire.  Les  autres  font  la  Récolleilion  de  la 
Magdelaine ,  S.  Thomas  d'Aquin  ,  où  eft  leur  étude ,  ôc 
Sainte-Rofe  de  Lima.  Ce  dernier  a  pris  fon  nom  de  fainte 
Rolè,  vierge,  religieufe  du  tiers -ordre  de  S.  Domi- 
nique. Elle  naquit  à  Lima,  en  1586.  Elle  y  paffa  toute 
fa  vie,  &  y  mourut  en  1617.  Les  Coraeliers  ont  quatre 
couvens  ;  celui  de  Jefus,  ou  le  erand  couvent ,  qu'on  ap- 
pelle auffi  S.  François.  Il  enferme  plus  de  fept  cents 
hommes,  tant  moines  que  domeftiques,  &il  occupe  l'es- 
pace de  quatre  quartiers  ;  c'eft  le  plus  beau  de  la  ville. 
Le  fécond  eft  la  Récolleclion  de  fainte  Marie  des  Anges 
ou  Guadalupe.  Le  troifiéme  eft  le  collège  de  S.  Bona- 
vcr.ture.  Le  couvent  des  Déchaufles  de  San-Diego  fait 
le  quatrième.  Les  Auguftins  ont  auffi  quatre  couvens , 
qui  contiennent  plus  de  cinq  cents  moines  ;  voici  leurs 
noms  :  S.  Aagujlin  ,  Nqfira  fanta  de  Copa-Avana ,  le 
eolUgt  de  S.  lldefonfe ,  &  le  Novitiat  qui  eft  hors  de 


la  ville  ;  autrement  la  Réforme  de  N.  D.  de  Guia.  L'or- 
dre de  la  Merci  a  trois  couvens,  la  Merci ,  la  Récolléc- 
tion  de  N.  D.  de  Bethléem,  &  le  collège  de  S.  Pierre  de 
Nolasque.  Les  Jéfu'ues  avoient  cinq  maifons ,  S.  Paul, 
S.  Martin ,  le  Noviciat ,  ou  S.  Antoine  ,  le  Cercado , 
fous  le  nom  de  S.  Jacques  ,  où  ils  font  curés  ,  &  los 
Defemparados ,  ou  N.  D.  de  Douleur,  qui  eft  leur  mai- 
fon profelfe.  Les  Bénédictins  ont  le  monaftere  de  jV.  D. 
de  Mont-Serrat.  Les  Minimes  occupent  depuis  peu  l'é- 
glife  de  N.  D.  del  Socorro  ,  ou  du  Secours  ,  qui  porte 
auffi  le  nom  de  S.  François  de  Paule  ,  &  une  chapelle 
de  Noftra-Santa  de  la  Viâoria  ,  où  étoit  le  grand  cou- 
vent ,  qu'on  appelle  du  nom  de  leur  patriarche.  Les  frè- 
res de  S.  Jean  de  Dieu  ont  la  direction  de  l'hôpital  de 
San  Diego.  Les  Bethléémites  ont  deux  hôpitaux  ;  celui 
des  Incurables,  &  celui  de  N.  D.  duCarmel,  qui  eft 
hors  de  la  ville.  Ces  moines  font  fortis  depuis  peu  de 
la  ville,  de  Guatimala  au  Mexique ,  où  le  vénérable  frère 
Pierre-Jofeph  de  Betanciir  les  inftitua  ,  pour  fervir  les 
pauvres.  Innocent  XI  en  approuva  la  régie,  en  1697. 
Ils  ont  déjà  neuf  couvens  dans  le  Pétou.  *Ba'dkt,  To- 
pogr.  des  Saints ,  p.  167. 

11  y  a  à, Lima  un  peu  moins  de  religieufes  que  de  moi- 
nes. On  n'y  compte  que  douze  couvens  de  filles.  i°  Ce- 
lui del Incarnation  ;  ce  font  des  chanoineffes  régulières 
de  S.  Auguftin.  i°  La  Conception,  ordre  fous  la  même 
règle.  30  La  Trinité,  de  l'ordre  de  S.  Bernard.  40  S.  Jo- 
feph  de  la  Conception  ,  plus  auftere  que  le  précédent  ;  ce 
(ont  les  Déchaujjées  de  la  régie  de  S.  Auguftin.  50  Sainte» 
Claire,  de  la  fondation  de  Toribio.  On  y  conîérve  le 
cœur  du  fondateur.  Ce  couvent  contient  plus  de  trois 
cents  filles  de  l'ordre  de  S.  François.  6°  Sainte-Cathe- 
rine de  Sienne,  de  l'ordre  de  S.  Dominique.  70  Sainte- 
Roje  de  fanta  Maria  ,  du  même  ordre.  8°  Le  couvent 
del  Prado  ,  peuplé  d'Auguftines  Récollettes.  90  Sainte- 
Therefe,  de  l'inftitut  du  Mont-Carmel.  io°  Sainte-Rofe 
de  Viterbe.  Il0  Les  Trinitaires.  12°  Le  Jefus- Maria, 
des  Capucines  établies  en  1713  ,  par  quatre  religieufes 
venues  d'Espagne.  On  compte  en  gros  plus  de  quatre 
mille  religieufes  ;  &:  parmi  ces  couvens,  il  y  en  a  quatre 
ou  cinq  où  l'on  mène  une  vie  très-réguliere.  On  pour- 
roit  ajouter  ici  une  maifon  de  la  fondation  de  Toribio, 
pour  les  femmes  en  divorce.  Il  eft  incroyable  à  quel 
excès  on  pouffe  ici  cet  abus.  Tous  les  jours  on  voit, 
des  gens  fe  démarier  ,  avec  la  même  facilité  que  fi  le 
mariage  n'étoit  purement  qu'un  contrat  civil.  Tout  fert 
de  prétexte  ;  de  fimples  plaintes  de  méfintelligence  ,  de 
peu  de  fanté ,  ou  de  mécontentement ,  fuffifent  ;  &f ,  ce 
qui  eft  encore  plus  étonnant  ,  ils  fe  remarient  à  d'au- 
tres. Cet  abus  eft  venu  d'Espagne,  dans  le  tems  même 
de  l'établiffement  de  la  colonie.  Le  commerce  qu'on  y 
avoit  eu  avec  les  Mores ,  avoit  rendu  le  divorce  fi  com- 
mun, que  le  cardinal  Ximenès  fe  crut  obligé  d'y  cher- 
cher remède  ;  &  parce  que  l'affinité  fpirituelle  fervoit 
fouvent  de  prétexte,  le  concile  de  Tolède,  qu'il  afTem- 
bla  en  1497,  ordonna  que  dans  les  baptêmes  ,on  auroit 
foin  d'écrire  le  nom  des  parreins  &  marreines,  afin  qu'on 
connût  la  vérité.  Les  filles  Repenties  ont  auffi  une  retraite, 
qui  n'eft  pas  des  plus  peuplées.  On  fe  fait  peu  fcrupule  à 
Lima  du  libertinage,  &  l'on  prend  auffi  peu  de  foi» 
de  le  réprimer.  On  appelle  ces  filles  las  Amparadas  de 
la  Conception. 

Il  y  a  toujours  à  Lima  un  jufte  milieu  entre  le  froid 
de  la  nuit  &  la  chaleur  du  jour.  Les  nuages  y  couvrent 
ordinairement  le  ciel ,  pour  garantir  cet  heureux  climat 
des  rayons  que  le  foleil  y  darderoit  perpendiculaire- 
ment ;  &c  ces  nuages  ne  fe  changent  jamais  en  pluie  qui 
puiffe  troubler  la  promenade  ni  les  plaifirs  de  la  vie  : 
ils  s'abbaifîent  feulement  quelquefois  en  brouillard ,  pour 
rafraîchir  la  furface  de  la  terre  ;  de  forte  qu'on  y  eft  tou- 
jours afîuré  du  tems  qu'il  doit  faire  le  jour  fuivant.  Si 
le  plaifir  de  vivre,  dans  un  air  toujours  également  tem- 
péré ,  n'étoit  pas  troublé  par  les'  fréquens  tremblemens. 
de  terre,  il  n'y  auroit  pas  de  lieu  plus  propre  que  celui- 
ci  à  donner  une  idée  du  paradis  terreftre  ;  quoique, 
dans  certaines  faifons ,  on  foit  bien  incommodé  à  Lima 
par  plufieurs  fortes  d'infeftes. 

Outre  les  fruits  qu'on  y  transportés  d'Europe,  comme 
pommes,  figues,  raifins,  olives,  &c.  on  y  trouve  ceux 
des  iflesdes  Antilles,  comme  ananas ,  gouyàvis,  patates  , 
bananes ,  fandUs ,  melons ,   &  d'autres  qui  font  parti- 


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LIM 


culiers  au  Pérou  ;  de  ce  genre,  les  plus  eftimés  font  les  chi- 
nmoyas, qui  reffemblent  en  petit  à  l'ananas  &  à  la  pomme 
de  pin  :  ils  font  pleins  d'une  fubftance  blanche  &  ferme, 
mêlée  de  grains  de  la  groffeur  des  haricots  ;  la  feuille 
reffemble  un  peu  à  celle  du  meurier  ,  &L  le  bois  au 
coudre. 

2.  LIMA,  (l'audience  de)  grande  province  du 
Pérou.  Elle  eft  bornée  au  nord  par  l'Audience  de  Quito  ; 
à  l'orient,  par  la  Cordelière  des  Andes  ;  au  midi,  par  l'Au- 
dience de  los  Ckarcas  ;  &  à  l'occident ,  par  la  mer  du 
fud.  Il  y  a  dans  cette  Audience  de  hautes  montagnes  ; 
les  principales  font  la  Sierra  &  Los  Andes.  La  rivière 
de  Moyobamba  prend  fa  fource  dans  cette  province  ;  &C 
après  avoir  été  groffie  des  eaux  de  plufieurs  petites  ri- 
vières, elle  va  fe  jetter  dans  celle  des  Amazones.  Les 
principales  rivières  qu'elle  reçoit,  font  VApurimac,  YYu- 
cai,  VAbancai*  hBilcas,  la  Vinoque ,  Parcos,  Picos, 
la  Xauxa ,  los  Ckapachos ,  los  Mutïlones  ,  &C  Les 
principaux  lieux  font  : 


Lima, 

Ckumbibilças  , 

Zana,  ou  Mirafiores, 

Cotapamba  &£  Omafayos, 

Chacaynga  , 

Aimare{ , 

Truxillo, 

Collaguas , 

S.  Miguel  de  la  Ribera, 

Santa  ,  ou  La  Parilla , 

Los  Conchucos, 

Cuamanga , 

Arcquipa , 

Andaguaylas  , 

Los  Viticos , 

Yca  ou  Valverde , 

Los  Chupachos , 

Vilca-Bamba  ou  S.  Fr.  de 

Bonbon , 

la  Vittoria, 

Los  Attavillos  , 

Cusco ,  ancienne  capitale, 

Zuuxa  , 

Canas  &  C anches. 

Moyobamba , 

S.  Juan  del  Oro. 

Guaylas , 

_  3.  LIMA,  (la  VALLÉE  de)  appellée  auffi  avant  l'ar- 
rivée des  Espagnols,  la  VALLEE  deRimac,  du  nom 
de  la  faillie  divinité  qui  y  rendoit  des  oracles.  Cette 
vallée  s'étend  principalement  à  l'oueft  de  la  ville  de 
Lima,  jusqu'à  la  ville  de  Callao  ,  &C  au  fud,  jusqu'à  la 
•vallée  de  Pachacamac.  On  voit  dans  cette  vallée,  fur- 
tout  entre  Lima  &  Callao  ,  des  maifonsj  de  campagne 
fort  propres ,  &  des  jardins  charmans ,  dans  lesquels  les 
paltas  ,  les  lucumus  ,  les  cherimolas  ,  &  d'autres  fruits 
domeftiques  &  étrangers,  fe  trouvent  en  grand  nombre. 
Les  campagnes  dans  lesquelles  on  ne  feme  pas  de  bled, 
font  remplies  (ïalfarfars.  On  appelle  alfarfar  un  champ 
femblable  à  nos  prairies ,  dans  lequel  on  feme  une  graine 
qui  pouffe  une  plante  ,  que  nous  appelions  luzerne  ou 
Medica  en  France  ,  à  cauié  que  fa  femence  nous  fut  ap- 
portée de  la  Médie.  Elle  eft  un  genre  de  plante  à  fleurs 
légumineufes ,  dont  la  tige  eft  longue  de  plus  de  deux 
pieds,  divilée,  vers  fon  iommet,  en  plufieurs  branches, 
chargées  de  peti  es  fleurs  bleues,  qui,  lorsqu'elles  font 
épanouies ,  rendent  ces  campagnes  d'une  beauté  admi- 
rable. Ces  prairies  ou  alfarfar  s  font  vertes  toute  l'année. 
On  n'a  pas  plutôi  coupé  ces  plantes ,  qu'elles  pouffent 
une  autrefois  ;  &  tous  les  matins,  on  voit  entrer  dans 
Lima  une  infinité  d'ânes  chargés  d: 'alfarfar.  Leurs  con- 
ducteurs leur  mettent  à  la  bouche  un  gros  os ,  en  ma- 
nière de  mords,  pour  les  empêcher  de  manger  ces  her- 
bes. Ces  plantes  fervent  à  nourrir  toutes  les  bêtes  de 
charge,  pendant  toute  l'année  ;  on  n'a  pas  d'autre  foin 
à  leur  donner  que  Xaljarftr.  *  Feuillèe ,  t.  1,  p.  497. 

Depuis  le  tremblement  de  terre  de  1678,  cette  vallée 
ne  produit  pas  du  bied  comme  auparavant  ;  c'eft  pour- 
quoi on  trouve  meilleur  marché  de  le  faire  venir  du 
Chili ,  d'où  l'on  tire,  tous  les  ans,  de  quoi  nourrir  cin- 
quante ou  foixante  mille  hommes.   *  Fréter  t  p.  411. 

Dans  la  vallée  de  Lima,  entre  la  capitale  de  même 
nom  Sr.  la  ville  de  Callao ,  on  voit  les  ruines  d'une  an- 
cienne ville  ,  qui  avoit  été  bâtie  du  tems  des  Yncas. 
On  a  remarqué  que  les  rues  en  étoient  fort  étroites,  & 
'  que,  par  les  chemins  qui  traverfoientles  champs,  &c  qui 
étoient  bordés  de  murailles  qui  ont  été  abbatues  par 
les  Espagnols  ,  à  peine  deux  hommes  pouvoient-ils  y 
paffer  de  front.  Les  Indiens  d'aujourd'hui  difent,  que  les 
peuple*  autrefois  étoient  plus  ménagers  du  terrein  que  les 
Espagnols,  parce  que  leur  nombre' étoit  (i  grand,  qu'on 
avoit  befoin  de  cultiver  foigneufement  toutes  les  campa- 
gnes ,  pour  fournir  à  leur  fubliftance.   On  voit  dans  les 


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ruines  de  cette  ville  une  grande  muraille  à  créneaux,  bâ- 
tie avec  de  grands  pans  de  terre  ,  renfermant  un  grand 
palais  qu'on  dit  être  la  maifon  où  Iogeoit  FYncas ,  lors- 
qu'il alloit  de  Cusco  à  ces  contrées.  Les  maifons  des 
particuliers,  dont  la  plupart  des  murailles  font  encore 
élevées  de  plus  de  trois  pieds  fur  le  terrein  ,  étoient 
en  quarré-long ,  les  unes  plus  grandes  que  les  autres  ;  ce 
qui  marquoit  la  différente  qualité  des  Indiens,  qui  les  ha- 
bitoient. 

4.  LIMA,  (la  RIVIERE  DE)  belle  rivière  de  l'Amé- 
rique méridionale,  au  Pérou,  dans  l'Audience  &  dans 
la  vallée  de  Lima.  Elle  descend  des  hautes  montagnes 
de  la  Cordelière  des  Andes,  &  paffe  au  nord  de  la  ville 
de  Lima ,  &  le  long  de  (es  murailles.  Cette  rivière  ar- 
rofe  toute  la  vallée  par  une  infinité  de  petits  c  .naux 
qu'on  a  pratiqués  au  milieu  des  plaines.  On  conduit  ainfi 
tes  eaux  dans  tous  les  jardins  &  dans  les  campagnes 
cultivées,  qui,  fans_  cela,  leroient  brûlées  par  les  grandes 
chaleurs ,  particulièrement  dans  le  tems  où  il  ne  tombe 
pas  une  rofée  fuffilante  pour  pouvoir  y  conferver  la  fraî- 
cheur. Elle  va  fe  jetter  dans  la  mer,  au  nord  de  la  ville 
de  Callao  ,  où  elle  fournit  de  l'eau  pour  l'aiguade  des 
vaiffeaux.  *  Fripier,  p.  495. 

5.  LIMA  ,  rivière  d'Espagne  &  de  Portugal.  Elle  a 
fa  fource  dans  la  Galice  ,  auprès  de  Villa- del-Rey,  d'où, 
prenant  fon  cours  vers  le  lùd-oueft  ,  elle  entre  en  Por- 
tugal dans  la  province  d'entre  Minho  &  Douro,  &  fe 
perd  dans  un  golfe  qu'elle  forme  à  fon  embouchure, 
après  avoir  paffé  fous  un  pont  qui  en  prend  le  nom  de 
Ponte  de  Lima.  Les  anciens  l'ont  connue  fous  le  nom 
de  Leth.es.  Voyez  LethÈS  2.  *  Robert  de  Vaugondy. 
Atlas.  S      Ji 

6.  LIMA,  ou  Ponte  de  Lima  ,  petite  ville  de  Por- 
tugal ,  dans  la  province  entre  Minho  &  Douro,  au  fond 
d'un  golfe  que  forme  à  fon  embouchure  la  rivière  de 
Lima ,  que  l'on  y  paffe  fur  un  pont ,  dont  elle  prend  fon 
nom.  C'eft  la  capitale  d'un  petit  pays  nommé  comme 
elle.  *Robert  de  Vaugondy,  Atlas.   Baudr.  édit.  1705. 

LIMjEA  ,  rivière  de  la  Lufitanie  ,  félon  Strabon ,  /.  3; 
/>.  153  ,  qui  dit  qu'on  la  nommoit  auffi  Lethes ,  Aa'sj. 
Pline  &  Silius  Italicus  parlent  d'un  fleuve  de  l'Oubli,  ou 
de  Lethès  ,  dans  les  paffages  que  j'ai  rapportés  au  mot 
LethÈS  2.  On  trouve  une  rivière  nommée  Limium  par 
Ptolomée,  non  pas  dans  la  Lufitanie  ,  mais  dans  l'Es- 
pagneTarragonnoife ,  chez  les  Calldici  Brcecarii ;  &,  par 
conféquent,  le  Limius  de  cet  auteur  eft  différent  de  la 
Limœa  de  Strabon  :  auffi  y  avoit  -  il  plufieurs  fleuves 
nommés  Lethes.  La  rivière,  que  les  Espagnols  nomment 
Guadaleté ,  conferve  encore  le  nom  de  Lethé ,  &  le 
mot  guadal  ou  guadil  fignifie  une  rivière  ;  de  façon 
que  Guadaleté  n'eft  autre  chofe  que  la  rivière  de  Le- 
thé.  Mais  malheureufement  le  Guadaleté  ne  fauroit 
être  ni  la  Limai  de  Strabon ,  dans  la  Lufitanie ,  ni  le 
Limium  de  Ptolomée  ,  qui  étoit  dans  la  Tarragon- 
noife,  puisqu'il  eft  dans  la  Bétique  des  anciens.  J'en 
fuis  fâché  ,  cela  gâte  la  découverte.  Il  faut  recom- 
mencer les  conjectures.  D'ailleurs  la  Limita  de  Stra- 
bon eft  entre  le  Duero  &  Minho  ,  &  le  répond  au- 
jourd'hui à  la  rivière  de  Lima  ;  ainfi  c'eft  le  Limium 
de  Ptolomée;  &c  par  conféquent,  elle  eft  bien  loin  du 
Guadaleté ,  dont  l'étymologie  ,  prife  du  mot  Lethé,  de- 
meure toujours  fans  fondement  fur  l'autorité  des  anciens. 
Au  refte,  la  différence  qu'il  y  a  entre  Strabon  qui  donne 
Limœa  à  la  Lufitanie ,  &  Ptolomée  qui  met  Limium 
dans  l'Espagne  Tarragonnoife ,  n'eft  pas  fi  grande  que 
fon  diroit  bien,  elle  n'eft  qu'apparente.  L'un  donne  tout 
l'Entre-Duero  ik  Minho  à  la  Lufitanie  ;  l'autre  ledonne 
à  l'Espagne  :  cette  différence  vient  du  tems  auquel  ils 
ont  écrit  ;  ■  les  gouvernemens  s'accroiffent  de  tems  en 
tems ,  aux  dépens  les  uns  des  autres.  Mais  ces  deux 
géographes  mettent  entre  ces  deux  fleuves  la  rivière 
dont  il  eft  ici  queftion,  &  ils  s'accordent  dans  le  prin- 
cipal. Voyez  Lethès  2;  &  Lima  5. 

LIMADURA,  village  des  Indes,  à  trois  lieues  de  la 
ville  de  Cambave.  Il  eft  renommé  par  une  mine  de 
chalcédoine,  félon  Vincent  le  Blanc,  Voyages,  1. part. 
c.  15. 

LIMAGNE,  (la)  pays  de  France ,  félon  Baudrand, 
édit.  1705,  dans  la  baffe  Auvergne,  dont  il  contient  la 
meilleure  partie,  le  long  de  la  rivière  d'Allier,  du  midi 
au  feplentrion  l'e-pace  de  quinze  lieues ,  entre  la  Dore 


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au  levant ,  &  lés  montagnes  à  côté  de  Clermont  au 
couchant.  C'eft  une  plaine  extrêmement  fertile  &  abon- 
dante en  toutes  choies ,  Se  un  des  plus  beaux  pays  de 
France  ;  ce  qui  eft  caufe  qu'il  eft  fort  peuplé.^  Grégoire 
de  Tours  appelle  ce  pays  la  Limant.  Belleforêt  s'eft  mis 
en  tête ,  que  cet  hiftorien  avoit  marqué  par  ce  nom  une 
rivière.  Il  fe  trompe,  parce  qu'il  n'a  eu  égard  qu'à  un 
feul  paflage  ;  au  lieu  qu'il  falloit  raffembler  les  quatre 
où  il  eft  fait  mention  de  ce  pays  dans  cet  écrivain  ;  les 
voici.  Dicert  tnim  trat  folitus  rtx  :  Felim,  inquit,Ar- 
vernam  Lemanim  qua  tanta  jucunditatis  gratid  reful- 
gert  dicitur ,  oculis  centre.  (Hift.  Francor.  iL  3,  c.  9.) 
Ce  prince ,  qui  marchoit  dans  un  brouillard  épais ,  re- 
grettoit  de  ne  pouvoir  pas  voir  la  beauté  de  la  Limagne 
d'Auvergne  ,  qu'on  lui  avoit  vantée ,  Se  où  il  paflbit, 
fans  jouir  d'une  fi  agréable  vue ,  à  caufe  de  l'obscurité 
de  l'air.  Il  dit ,  i  3,  c.  33  ,  au  fujet  des  inondations 
desquelles  l'Auvergne  fouftnt  beaucoup  en  580.  Arvtr- 
norum.  rtgiontm  diluvia  magna  prejj'trunt  ,  ita  ut  per 
dits  duodecim  non  cejfaret  à  pluvid  :  tantâque  inunda- 
tione  Limant  eft  i/ifufum  ,  ut  multos  ne  ftmtnttm  j act- 
rent  prohibent.  Flumina  quoqut  Liger,  Sec.  Voilà  appa- 
remment le  paflage  fur  lequel  Belleforêt  a  jugé  ce  mot 
infufum,  plus  propre  à  un  fleuve  qu'à  un  pays ,  au  lieu 
qu'il  devoit  confidérer  que  eft  infufum  n'eft  pas  régi  par 
Limant,  qui  eft  l'ablatif,  mais  que  c'eft  un  imperfonnel. 
L'hiftorien  parle  des  grandes  inondations  de  l'Auvergne, 
d'une  pluie  continuelle  pendant  douze  jours  ;  que  cela  fe 
répandit  fi  bien  dans  la  Limagns ,  qui  eft  une  plaine  , 
que  l'on  fut  hors  d'état  de  femer  ;  Se  après  les  défor- 
dres  que  caufa  la  pluie  tombée  dans  cette  plaine  ,  il  pafle 
aux  débordemens  des  rivières,  comme  la  Loire  ,  l'Al- 
lier, Sec.  Limant  eft  là  au  lieu  de  per  Limantm.  Dans 
ion  livre  de  la  Gloire  des  Confefîeurs ,  c.  31,  il  parle 
d'un  prêtre  qui  logea  dans  la  hute  d'un  pauvre  homme 
de  la  Limagne  :  ad  hospidolum  cujusdam  pauptris  Li- 
manici  manfionem  expetiit.  Il  dit  enfin,  /.  1,  c.  84,  à 
l'occafion  d'un  gros  amas  de  paille  où  le  feu  prit  :  Li- 
mant ,  veftitumfegetibus ,  nudum  habttur  à  jilvis.  La 
Limagne ,  qui  eft  couverte  de  grains ,  manque  de  bois. 
Belleforêt  croit  qu'il  eft  ici  queftion  du  Lymone  ou  La- 
mont  ,  rivière  de  ce  quartier-là  ;  Se  Coulon  ,  dans  les 
rivières  de  France,  1.  part.  p.  164,  dit:  aucuns  tirent 
le  nom  de  la  rivière  de  Limont ,  qui  descend  du  haut 
Auvtrgnt ,  pafle  à  Saint-Fleuret ,  Se  entre  dans  l'Allier 
à  Saint-Martin.  Mais  Siméoni ,  qui  a  donné  une  carte 
particulière  de  la  Limagne  ,  n'y  fait  pas  la  moindre  men- 
tion ni  de  Limont  ,  ni  de  Saint-Fleuret ,  ni  de  Saint- 
Martin.  Sidonius  Apollinaris  fait  une  magnifique  descrip- 
tion de  la  Limagne  ;  voici  les  paroles  mêmes  ,  /.  4 , 
Epift.  21  :  Taceo  territorii  peculiarem  jucunditatem  ;  ta- 
ceo  illud  aquor  agrorum  ,  in  quojîne  ptriculo  quaftuofa. 
fluctuant  in  fegetibus  unda.  ,  quod  indujlrius  quisque  , 
quo  plus  fréquentât ,  hoc  minus  naufragat.  Viatoribus 
molle,  frucluofumaratoribus,  venatoribus  voluptuofum  ; 
quod  montium  cingunt  dorja  pascuis  ,  latera  vinttis  , 
terrena  villis ,  faxofa  caflellis  ,  opaca  lu/Iris  ,  aptrta 
culturis ,  concava  fontibus ,  abrupta  jluminibus  :  quod 
deniqut  hujusmodi  eft  ut  femtl  vifu/n  advtnis  ,  multis 
patriœ  obliviontm  fzpè  perfuadtat. 

LIMANDUS.  Curopalate  nomme  ainfi  un  canton , 
qu'Ortélius  croit  être  le  même  canton  de  la  Cappadoce, 
que  d'autres  nomment  Lapara.  Voyez  ce  mot. 

LIMAS ,  rivière  de  Portugal  ,  dans  l'Alentejo.  Elle 
a  fa  fource  entre  la  Guadiana  Se  l'Andaloufie ,  afTèz  près 
de  Moura  ;  Se,  ferpentant  d'un  cours  aflez  femblable  à  ce- 
lui de  cette  rivière  ,  elle  s'en  approche  toujours  de  plus 
en  plus,  jusqu'à  ce  qu'elle  s'y  perde  un  peu  au-deflus  de 
Mertola.  On  la  pafle  à  l'orient  Se  à  deux  mille  pas  de 
Serpa,  en  fuivant  la  grande  route  de  Béja  à  Payinogo, 
qui  eft  de  l'Andaloufie.  *  Jaillot,  Atlas. 

LIMAT,  (le)  rivière  de  Suifle.  Elle  a  fa  fource  au 
comté  de  Sargans,  fur  les  confins  des  Grifons,  auprès 
des  Alpes.  De-là,  circulant  vers  l'orient ,  &  enfuite  vers 
l'occident ,  elle  fe  jette  dans  le  lac  de  Wallenftat. 
Scheuchzer  ne  la  nomme  pas  Limât,  ni  Limmet  en  cet 
endroit,  mais  Weift-Tann.  Elle  fort  du  lac,  au  couchant, 
auprès  de  Welen,  d'où  ,  coulant  le  long  du  canton  de 
Glaris ,  elle  reçoit  une  rivière  qui  vient  du  midi ,  Se  qui 
pafle  près  de  la  ville  de  ce  nom  ;  de-là  elle  fe  rend,  en 
ferpentant ,  dans  le  lac  de  Zurich,  Elle  traverfe  enfuite 


la  ville  même  de  Zurich,  d'où  elle  porte  bateaux,  Se  eft 
navigable  jusqu'à  Baden  ,  où  elle  pafle ,  partageant  la 
ville  en  deux  ,  &  va,  une  lieue  au-deflbus  deWindisch, 
fe  perdre  dans  l'Aar,  déjà  groflïe  des  eaux  de  la  Reufs. 
Ainfi  on  peut  aller  par  eau  de  Zurich  à  Bade,  de  Bade  à 
Klingnau ,  &c  de  Klingnau  jusqu'au  Rhin.  L'auteur  de 
l'Etat  &  Délices  de  la  Suiff't  dit,  après  Ruchat,  le  Lim- 
met. Nous  difons  en  françois  le  Limât. 

LIMATA ,  ancien  lieu  d'Afrique.  Il  y  avoit  un  évét- 
ché.  S.  Optât ,  dt  Schismatt  Donatiflar,  1.  I,  c.  13, 
parle  d'un  certain  Purpurius  ,  accufé  d'homicide  ,  Se 
dit:  homicida  Purpurius  .qui  inttrrogatus  dt  filiis  foro- 
ris  fua  ,  quàd  tos  in  carcere  Milei  necaffe  diceretur,  con- 
fejjus  tft  dicens  ;  &  occidi  &  occido  non  eos  folos  Jed 
&  quicumqut  contra  me  fecerit  ;  fur  quoi  Dupin  obferve 
que  S.  Auguftin  parle  auflî  d'un  évêque  de  Limata ,  & 
que  c'eft  peut-être  le  même  fiége ,  qui  eft  nommé  La.- 
miggiienjis  dans  la  Notice. 

L1MBET,  (le)  petite  rivière  de  l'Amérique ,  dans 
Fille  de  S.  Domingue ,  au  quartier  des  François ,  à  la- 
bande  du  nord.  Elle  prend  fa  fource  ,  comme  toutes 
les  autres  ,  dans  les  hautes  montagnes  qui  couvrent  le 
milieu  de  cette  grande  ifle  ;  & ,  après  un  cours  de  huit 
lieues  dans  ces  belles  vallées ,  formées  par  ces  monta- 
gnes ,  elle  fe  jette  dans  la  mer  entre  le  port  Margot  & 
le  port  François  ,  6i  donne  le  nom  à  une  colonie ,  ou 
habitation,  qui  eft  entre  cette  rivière  &  la  rivière  Rouge. 

LIMBOURG  ,  ville  des  Pays-bas ,  au  duché  dont 
elle  eft  la  capitale,  &  auquel  elle  donne  fon  nom,  fur 
une  montagne,  près  de  la  petite  rivière  de  Vefe,  qui  en 
lave  le  pied ,  avec  un  vieux  château  ,  aux  frontières  de 
l'état  de  Liège  ,  dont  elle  eft  à  fix  lieues,  à  quatre  d'Aix- 
la-Chapelle,   6c  à  fept  de.  Maftricht. 

Le  duché  de  Limbourg  eft  borné  au  nord,  & 
à  l'orient  par  le  duché  de  Juliers  ;  &t  du  même  côté ,  il 
confine  avec  le  territoire  d'Aix  la  Chapelle.  Au  midi,  il 
a  le  marquifat  de  Franchimont ,  qui  eft  du  pays  de  Liège  ; 
Se  à  l'occident,  la^Meufe  le  fépare  du  pays  &c  de  l'évê- 
ché  de  Liège.  De  ce  même  côté,  cette  province  eft  bor- 
née par  le  territoire  de  Maftricht.  On  appelle  ce  même 
pays  le  pays  d'Outrt-Meufe  ,  à  caufe  de  (a  fituation  au- 
delà  de  cette  rivière ,  à  l'égard  du  Brabant  ;  &  il  n'a  eu 
ce  nom,  que  depuis  que  les  ducs  de  Brabant  l'ont  pos- 
fédé.  Cette  province  comprend  le  duché  ,  autrefois 
comté  de  Limbourg,  &  les  trois  feigneunes  annexées, 
qui  font  Dalem  ou  Dalheim  ,  Rolkduc  ou  Kodleduc  , 
en  allemand  Hert^ogenrod  ;  &c  Fauquemond  ,  en  alle- 
mand Valkenbourg.  *  Longuerue  ,  Description  de  la 
France,  t.  part.  p.  119. 

Le  duché  de  Limboutg  proprement  dit ,  par  les  trai- 
tés faits  entre  Philippe  IV,  roi  d'Espagne,  &  les  états- 
généraux  des  Provinces-Unies ,  étoit  demeuré  entière- 
ment au  roi  Philippe  ;  &c  les  trois  autres  feigneuries  fu- 
rent partagées  entre  le  roi  Se  les  états  généraux,  par  le 
traité  de  la  Haye,  conclu  le  19  de  Décembre  1661; 
Se  ces  feigneuries ,  ou  la  plus  grande  partie  ,  ont  appar- 
tenu à  d'autres  qu'aux  ducs  de  Limbourg.  Le  duché  de 
ce  nom  eft  fitué  fur  les  confins  du  marquifat  de  Fran- 
chimont ;  il  a  pris  le  nom  de  fa  capitale  Limbourg,  qui 
n'étoit  d'abord  qu'un  château  bâti  fur  un  rocher,  dans 
le  pays  d'Ardenne.  On  ne  voit  point  qu'il  ait  été  bâti 
avant  le  dixième  fiécle  ;  mais  feulement  que  Henri 
avoit  le  titre  de  comte  de  Limbourg,  dès  l'an  1073,  comme 
on  le  voit  par  la  Chronique  des  evêques  de  Liège,  écrite 
par  Egidius  ou  Gilles,  moine  d'Or  val,  dont  l'extrait  eft 
rapporté  par  Duchesne,dans  les  preuves  de  l'Hiftoirede 
Luxembourg  &  de  Limbourg.  Son  fils,  Henri  II,  lui  fuc- 
céda  au  comté  de  Limbourg.  Quelques-uns  difent ,  & 
même  Duchesne ,  que  ce  comte  prit  le  titre  de  duc  de 
Limbourg,  dès  l'an  1093,  &  prétendent  le  prouver  par 
une  Charte  rapportée  par  Fréhérus,en  fes  origines  du  Pa- 
latinat  ;  mais  cette  Charte  eft  faufïe  ;  Se  on  a  marqué  à  la 
marge,  dans  l'ouvrage  de  Duchesne  ,  qu'elle  eft  fort 
douteufe.  Ainfi  on  ne  voit  point  que  Henri  II,  comte 
de  Limbourg ,  ait  pris  le  titre  de  duc,  avant  que  l'empe- 
reur Henri  111  ou  IV,  l'ait  créé  duc  de  la  bafle  Lorraine; 
Se  quoique  fon  fils  Henri  IV  ou  V  l'ait  depuis  dépouillé 
de  ce  duché ,  Se  de  fon  ancien  patrimoine ,  lorsque  le 
même  duc  Henri  fe  fut  remis  en  poffeffion  de  Lim- 
bourg, il  continua  à  prendre  le  titre  de  duc,  qu'il  laifla 
à  fes  fuccefleurs,  Valeraa ,  fon  fils ,  fut,  durant  quelque 


LIM 


LIM 


tems  duc  de  la  baffe  Lorraine  ;  mais  Henri,  fon  fils,  fut 
privé  de  ce  duché  par  l'empereur,  &L  il  ne  lui  refta  que 
le  duché  de  Limbourg..  Valeran  II  ,  qui  descendoit  de 
Henri  en  ligne  directe ,  époufa  en  fécondes  riôces  l'hé- 
ritière de  Luxembourg  ,  dont  le  comté  paffa  à  fort  fils  du 
fécond  lit,  Henri  ;  mais  le  duché  de  Limbourg  appartient 
au  fils  de  la  première  femme  ,  nommé  auffi  Henri,  qui 
laiffa  le  duché  de  Limbourg  à  Ces  descendans ,  dont  le 
dernier  mâle  ,  qui  fut  Adolphe  de  Limbourg,  comte 
de  Bergue ,  près  de  Cologne ,  ayant  hérité  du  duché  de 
Limbourg,  parce  qu'Hermengarde  de  Limbourg,  fille  du 
duc  Valeran  III  étoit  morte  fans  enfans ,  transporta  ce 
duché,  &  tous  les  autres  biens  de  fon  oncle  Valeran; 
à  Jean  I,  duc  de  Brabant,  &  dès-lors  le  duché  de  Lim- 
bourg fut  uni  à  celui  de  Brabant ,  &  le  duché  de  Lim- 
bourg fut  nommé  le  pays  d'Outre-Meufe.  Le  territoire  de 
Limbourg  eft  fort  fertile,  abondant  &c  bien  peuplé.  Il 
n'a  point  d'autre  ville  murée  que  Limbourg.  Louis  XIV, 
roi  de  France,  l'aflîégea  en  perfonne,  &  la  prit  l'an  1675  ; 
&  environ  deux  ans  après ,  les  Hollandois  &  leurs  al- 
liés menaçant  d'un  fécond  fiége  la  ville  de  Maftricht, 
on  en  fortifia  la  garnifon,  en  y  mettant  les  troupes  qui 
étoient  à  Limbourg  que  l'on  fit  démanteler.  Le  pays 
demeura  fous  l'obéiffance  des  François  jusqu'à  la  paix  de 
Nimégue  ,  par  laquelle  le  duché  de  Limbourg  fut  rendu 
à  Charles  II ,  roi  d'Espagne.  Après  fa  mort,  on  fit  forti- 
fier cette  ville  de  nouveau ,  ci  les  impériaux  &  leurs 
alliés  s'en  emparèrent,  l'an  1701.  Elle  eft  demeurée  à  la 
maifon  d'Autriche,  par  les  traités  dé  Raftadt  &  de  Bade, 
après  lesquels  Charles  VI,  voulant  gratifier  l'électeur  Pa- 
latin Jean-Guillautne-Jofeph,  fon  oncle  &  fon  allié,  qui, 
par  les  traités  de  paix  avoit  été  obligé  de  reftituer  à  l'é- 
lecteur de  Bavière  le  haut  Palatinat ,  avec  la  dignité  de 
premier  électeur  féculier,  il  lui  donna  le  duché  de  Lim- 
bourg &  fes  annexes,  l'an  171 5  ;  mais  les  états  de  ce  du- 
ché ,  &  ceux  de  toutes  les  provinces  des  Pays-bas ,  s'é- 
tant  oppofés  à  cette  aliénation ,  cet  électeur  mourut  fans 
avoir  pu  terminer  ce  différend. 

1.  LIME,  ville  d'Angleterre.   Voyez  LyME-Regis. 

2.  LIME  ,  rivière  de  la  Turquie  en  Afië,  dans  laNa- 
tolie  &C  dans  la  province  de  Becfangil.  Elle  fe  rend  dans 
la  mer  Noire ,  entre  Penderachi  &  Lippo.  De  l'Ifle  en 
met  la  fource  auprès  de  Caftromena ,  &  l'embouchure 
auprès  d'Elen ,  dont  elle  prend  auffi  le  nom  de  rivière 
d'Elen. 

LIMEIL  ,  Limonium  ,  petite  ville  de  France,  dans  le 
Périgord ,  fur  la  Vézere  ,  qui  s'y  jette  dans  la  Dordogne, 
entre  les  villes  de  Sarlat  &  de  Bergerac. 

LIMENA.  Voyez  Limenopolis. 

LIMÈNE.  Voyez  Lemène. 

LIMENËIA,  ou  Limenia,  ville,  de  l'ifle  de  Cypre, 
dans  les  terres,  félon  Strabon,  /.  14,  />.  683.  Le  lieu 
où  elle  étoit,  conferve  encore  à-peu-près  l'ancien  nom, 
&  s'appelle  Limnat.  Ce  n'eft  plus  qu'un  fimple  village. 
*Ortêlius. 

LIMENÉOCHUS  :  l'auteur  de  l'Etymologique  donne 
ce  nom  au  cap  Héracléen  ,  près  de  l'embouchure  du 
Thermodon  ,  félon  Ortélius.  Voyez  Heracleum 
Promontorium  3. 

LIMENOPOLIS  ,  ville  de  l'Afie  mineure ,  de  laquelle 
il  eft  fait  mention  dans  la  Lettre  que  les  évêques  de  ce 
canton  là  écrivirent  à  l'empereur  Léon  ;  Lettre  qui  fe 
trouve  dans  la  Collection  des  conciles.  Ortélius,  qui  four- 
nit ce  nom  &  cette  autorité,  foupqonne  que  cette  ville 
étoit  dans  la  Bithynie  ou  dans  la  Phrygie.  Ce  doit  être 
la  même  ville  que  Limen^E,  A/^evai,  ville  de  Pifidie, 
qui  eft  marquée  dans  la  Notice  de  Hieroclès.  Celle  de 
Léon  le  Sage,  n'en  dit  rien.  Elle  étoit  épiscopale,  &c  re- 
connoiflbit  pour  métropole  Antioche  de  Pifidie. 

LIMENOTIS  ,  presqu'ifle  de  la  Celtique,  dit  Etienne 
de  Byzance.  Elle  n'en  eft  pas  plus  connue  par  cette  dé- 
finition. 

LIMERA.  Voyez  Epidaure  3. 

LIMERAY,  bourg  de  France ,  dans  la  Touraine,  élec- 
tion dAmboife. 

LIMERICK.,  ou  Limrick.  ,■  Limericum ,  ville  d'Ir- 
lande, dans  la  province  deMunfter,  dans  un  canton  au- 
quel elle  donne  le  nom  de  comté  de  Limerick,  &  dont 
elle  eft  la  capitale.  On  la  nomme  auffi  LoUGH-MÉATH. 
Elle  a  droit  de  tenir  marché  public,  envoie  deux  dépu- 
tés au  parlement,  c£  eft  un  fiége  épiseopal.  Elle  eft  belle, 


84 1 


riche ,  grande ,  bien  peuplée  &  très-forte,  firuée  en  par- 
tie  fur  une  ifle  que  forme  le  Shannon  ,  &  divifée  en 
deux  villes ,  la  haute  &  la  baffe.  Ôii  entre  dans  la  haute 
où  eft  le  château  &C  la  cathédrale  par  deux  grandes  por- 
tes ,  à  chacune  desquelles  il  y  a  un  beau  pont  de  pierre, 
dont  l'un  conduit  à  l'eft  ,  &  l'autre  à  l'oueft ,  avec  des 
boulevards  St  des  ponts-levis.  La  baffe  ville  fortifiée 
d'une  muraille  &  d'un  château ,  n'a  qu'une  porte ,  &  fe 
joint  au  pont  de  la  haute ,  qui  conduit  à  l'eft.  Quoi- 
qu'elle foit  à  cinquante  milles  de  la  mer,  de  gros  vais- 
feaux  de  charge  peuvent  venir  jusqu'à  fes  murailles.  Elle 
eft  d'ailleurs  à  environ  nonante-cinq  milles  presqu'à 
l'oueft  de  Dublin.  Elle  effuya  deux  lièges  fort  rudes» 
en  1690  &  1691  ;  &  par  le  dernier,  elle  fut  obligée  de 
fe  rendre  à  Guillaume  III.  Thomas  Dungan  eft  comte 
de  Limerick.  *  Etat  priant  de  L'Irlande,  p.  iji. 

Le  comté  de  Limerick,  ou  de  Limrick  ,  corï-* 
trée  d'Irlande,  dans  la  province  de  Munfter.  Ce  comté 
a  le  comté  de  Tipperari  à  l'orient  ;  celui  de  Kerry ,  au 
couchant  ;  le  Shannon  qui  le  fépare  du  comté  de  Tho- 
mond  ,  avec  un  petit  quartier  de  celui  de  Tipperari ,  ait 
nord;  &t  le  comté  de  Corck,  au  midi.  Il  a  quarante-huit 
milles  de  long,  &  vingt-fept  de  large.  Ce  pays  eft  fer- 
tile &  bien  peuplé  .  mais  il  y  a  peu  de  bonnes  villes  ;  il 
eft  montagneux  à  l'oueft  ,  mais  plein  &  uni  par  -  tout 
ailleurs.  On  le  divife  en  neuf  baronnies ,  favoir  : 


Clonello , 
Kenry , 
Limerick, 
Ownyheg , 


ck  Coshléa. 


Connaught , 
ClaiTS'ilïiain, 
Smal-County, 
Coshma , 


Il  n'a  proprement  que  quatre  villes ,  qui  méritent  d'être 
nommées  ainfi ,  favoir  : 


Limerick  , 

Askéaton , 


Athdorâ, 
Ksillmalock. 


LIMES  ;  ce  mot  latin  répond  au  mot  limites  ,  que 
nous  en  avons  emprunté,  &C.  lignifie  bornes;  l'extrémité 
qui  fépare  un  champ  ,  un  pays,  d'avec  un  autre.  Ce  mot 
appartient  proprement  à  la  topographie ,  c'eft-à-dire  à 
la  description  des  lieux  particuliers.  Dans  les  pays  qui 
étoient  diftribués  aux  colonies ,  les  champs  étoient  par- 
tagés entre  les  habitans  à  qui  on  les  donnoit  à  cultiver  , 
&  on  les  féparoit  par  des  limites  qui  étoient  ou  un  che- 
min battu  par  un  homme  à  pied  ,  ou  des  pierres  pofées 
aux  extrémités.  Ces  pierres  étoient  facrées ,  &c  on  ne 
pouvoit  les  déplacer  fans  crime.  Frontin  St  Hygin  ont 
traité  de  ces  fortes  de  limites,  fur-tout  le  dernier  qui  en 
fait  un  livre  intitulé  de  Limitibus  conflituendis. 

Le  mot  LlMES  fignifie  auffi  la  fromiere  ,  lorsqu'il  eft 
queftion  d'un  état  entier  ,  &  ceci  fournit  un  point  de 
géographie  fort  important  pour  l'hiftoire. 

Augufte ,  fe  voyant  maître  de  l'empire ,  en  partagea  les 
provinces  entre  lui  &  le  fénat.  Il  lui  donna  toutes  cel- 
les qui  étoient  paifibles  ,  &  où  il  n'y  avoit  aucun  befoin 
d'armées  ;  il  fe  réferva  celles  où  l'on  pouvoit  craindre 
quelques  mouvemens  ;  &  fous  ce  prétexte,  il  avoit  tou- 
jours les  troupes  dans  les  provinces  qui  lui  étoient  af- 
fectées. Il  diftribua  donc  les  légions  Romaines  dans  ces 
pays  ,  &t  établit  neuf  limites  ,  à  chacune  desquelles  il 
donna  un  certain  nombre  de  légions,  pour  les  défendre 
en  cas  de  befoin.  Les  empereurs  fuivans  y  en  ajoutèrent 
à  mefure  que  les  frontières  de  l'empire  changeoient. 
Voici  ces  limites  : 

Sous  Aupi/lt, 

I.         En  Espagne  ,  III  légions. 
H.       Dans  la  Germanie  inférieure,  fur  le  Rhin,  IV  lé- 
gions. 

III.  Dans  la  haute  Germanie,  fur  le  Danube,  IV  lé- 

gions. 

IV.  Dans  la  Dalmatie ,  II  légions. 

V.  Dans  la  Pannonie ,  III  légions. 

VI.  Dans  la  Syrie  ,  IV  légions. 

VII.  En  Egypte,  II  légions. 

VIII.  En  Afrique  ,   I  légion. 

IX.  Dans  la  Mcefie,  fur  le  Danube  ,  II  légions. 

En  tout  XXV  légions. 

Tome  W.    Oooe» 


;42 


L1M 


Sous  Claudius. 


LIM 


X.      Dans  la  Grande-Bretagne  ,  III  légions. 

Sous  Vespajltn. 
XL     Dans  la  Cappadoce,  II  légions. 
Sous  Trajan. 

XII.  Dans  la  Dacie,  II  légions. 

XIII.  Dans  l'Arménie  &  la  Méfopotamie ,  fur  le  Ti- 

gre ,  II  légions. 

XIV.  En  Arabie,  I  légion. 

En  tout  XXXV  légions.  Mais  l'empire  Romain  fe 
voyant ,  avec  le  tems ,  attaqué  par  divers  peuples ,  on 
ajouta  de  nouvelles  limites  aux  anciennes  ,  qu'on  dimi- 
nua ,  comme  n'étant  plus  de  la  même  utilité.  Dion  ne 
compte  que  treize  limites  fous  l'empire  d'Alexandre.  La 
Notice  de  l'empire,  au  contraire  ,  en  met  quinze  dans  le 
feul  empire  d'Orient ,  lavoir  deux  fous  des  comtes ,  ck 
treize  fous  des  ducs  : 


Sous  des  comtes 


jL'Eg 
\L'Lfa> 


Sous  des  ducs, 


/La  Libye, 

La  Thébaïde, 

La  Phœnicie, 

L'Euphratenfe , 

La  Paleftine, 

L'Osrhoëne, 
^  La  Méfopotamie , 

L'Arabie , 

L'Arménie , 

La  féconde  Mœfie  , 

La  Scythie , 

La  Dacie  Ripenfe, 
iLa  première  Mœfie. 


Zozimedit  que  Dioclétien  éleva,  à  l'extrémité  des  fron- 
tières ,  des  forterefïes  &c  des  places  de  guerre ,  où  il  logea 
les  troupes  pour  arrêter  les  Barbares ,  &c  que  Conftantin 
les  en  retira  pour  les  mettre  dans  des  villes,  où  les  fol- 
dats  s'étant  amollis  par  les  fpeftacles  &  par  les  plaifirs,  ils 
devinrent  à  charge  aux  citoyens  ;  de  forte  que  les  villes 
fe  dépeuplèrent,  &  que  les  Barbares  trouvant  les  fron- 
tières dégarnies ,  prirent  leur  tems  pour  entrer  dans  l'em- 
pire. 

Après  le  tems  où  la  Notice  de  l'empire  fut  dreffée, 
l'empire  d'Occident  étant  détruit,  Léon,  empereur  d'O- 
rient, ajouta  trois  nouvelles  limites  à  ces  quinze,  dont 
nous  venons  de  parler,  ôc  leur  donna  un  comte  à  cha- 
cune, fa  voir: 

La  Pamphilie  ,    La  Lycaonie ,     La  Pifidie. 

Il  en  ajouta  un  autre  ,  qui  fut  de  la  Pannonie  ,  fous 
un  duc.  En  échange  la  Paleftine  &  la  Méfopotamie,  qui 
avoient  eu  des  ducs  différens  ,  ne  firent  plus  enfemble 
que  le  département  d'un  feul  duc.  Voyez  au  mot  Rome, 
ce  que  nous  difons  des  frontières  de  l'empire  Romain. 

LIMES,  (la  cité  de)  plaine  remarquable  de  France, 
en  Normandie ,  au  pays  de  Caux  ,  à  une  demi-lieue  de 
Dieppe,  vers  l'orient  d'été.  On  la  nomme  communé- 
ment cité ,  &  une  tradition  populaire  veut  qu'il  y  ait  eu 
autrefois  une  ville,  qui  fut  détruite  en  une  nuit;  &£  on  a 
tâché  en  vain  de  rebâtir ,  l'ouvrage  de  la  veille  fe  trou- 
vant détruit  le  lendemain.  Il  eft  plus  naturel  de  prendre 
l'étymologie  de  fon  nom  dans  le  mot  Limes ,  borne  ou 
frontière.  Les  favans  du  pays  nomment  ce  lieu  le  CAMP 
DE  CÉSAR,  caftrum  Cafaris.  Sa  fituation  ne  laiffe  pas 
douter  que  ce  n'ait  été  un  champ  des  Romains.  Une 
enceinte  de  terre,  qui  eft  encore  fort  haute ,  quoiqu'elle 
ait  dû  s'affaiffer  beaucoup  en  tant  d'années ,  régne  tout- 
autour  de  ce  terrein  ,  excepté  du  côté  de  la  mer  qui  bat 
le  pied  de  ce  champ.  L'art  ou  la  nature  ont  ménagé  de 
ce  côté-là  une  descente.  Cette  enceinte  a  une  ouverture 
du  côté  de  Dieppe  ;  &  la  montagne  eft  fi  rapide  en  cet 


endroit ,  qu'on  ne  la  peut  monter  ni  descendre  qu'à.pied. 
Il  y  aune  pareille  ouverture  à  l'oppofite,  du  côté  de  Belle- 
ville  ,  &  une  troifiéme  qui  communique  à  la  vallée  où 
eft  le  village  du  Puy.  Ce  camp  n'eft  à  préfent  qu'un  pâr 
turage ,  dont  les  villages  de  Barquemont  Se  du  Puy 
jouiffent  en  commun. 

LIMETARUM  SOLITUDO.  Califte  nomme  ainfl 
un  défert ,  qu'il  dit  que  Grégoire  de  Théopolis  traverfa. 
Evagre  le  nomme  auffi  ;  &  Ortélius ,  Thefaur.  conjec- 
ture que  ce  défert  devoit  être  en  Arabie. 

LIMEUX ,  bourg  de  France  ,  dans  le  Berry.  Il  y  a  un 
prieuré  qui  étoit  à  la  collation  des  Jéfuites  de  Limoges. 
LIMITE.  Voyez  LiMjEA. 

LIMICI ,  ancien  peuple  de  l'Espagne  Tarragonnoife, 
félon  Ptolomée ,  /.  z,  c.  6;  il  lui  donne  une  place  uni- 
que, favoir  Forum  Limicorum.  Pline,  l.  3 ,  c.  3  ,  lé 
nomme  auffi,  &  le  range  fous  la  jurisdi&ion  de  Brague. 
LIMIGANTES,  ancien  peuple  de  la  Sarmatie ,  félon 
Ammien  Marcellin  ,  /.  17  ,  c.  13.  C'étoient  des  esclaves 
qui  s'étoient  emparés  du  pays ,  à  l'exclufion  de  leurs  maî- 
tres ;  l'empereur  Confiance  en  fit  un  grand  carnage  ,  & 
les  chafia  du  pays  qu'ils  s'étoient  approprié.  Ils  étoient 
entre  la  Theiffe  &  le  Danube. 

LIMINIUM  OPPIDUM,  ou  Lamenium,  félon 
d'autres  exemplaires  de  l'Itinéraire  d'Antonin ,  ancien 
lieu  d'Espagne ,  fur  la  route  de  Mérida  à  Saragoce ,  en- 
tre Mariana  &Alces,  à  trente  milles  delà  première  &  à 
quarante  de  la féconde.  C'eftla  même  que  Laminium. 

LIMIOSALEUM,  ^""^'^  ancienne  ville  de  la 
grande  Germanie,  félon  Ptolomée  ,  /.  1 ,  c.  1 1. 

Appien  croit  que  c'eft  aujourd'hui  la  ville  de  Gnesne. 

LIMIRA,  petite  ville  de  la  Turquie,  en  Afie,  dans 

la  Natolie ,  &  plus  particulièrement  dans  le  Mentès-Ili , 

entre  la  ville  deMentèfe  &  celle  de  Finica.  *Baudrand, 

édit.  1705. 

LIMISSO,  ville  d'Afie,  dans  l'ifle  de  Cypre,  dans  fa 
partie  méridionale ,  avec  un  évêché  du  rite  grec ,  fuffra- 
gant  de  Nicofie.  Elle  eft  à  préfent  presque  ruinée ,  &  ré- 
duite en  village.  On  compte  de-là  foxiante  milles  à  Bafo, 
&  cent  milles  à  Famagoufte.  Les  Turcs  la  prirent  aux 
Vénitiens,  en  1572.  Quelques  auteurs  prennent  Limiffo 
pour  l'Amathonre  des  anciens.  *  Baudrand,  édit  1705. 
LIMITROPHE ,  terme  de  géographie.  Ce  mot  fe  dit 
des  pays  contigus  l'un  à  l'autre,  qui  fe  touchent  par  leurs 
limites.  Ainfi  la  Normandie  &  la  Picardie  font  limitro- 
phes. On  dit  en  ce  fens  pays  limitrophe  ;  terres  limitro- 
phes. Richelet  décide  mal ,  quand  il  dit  qu'on  ne  fe  fert 
guères  de  ce  mot.  C'eft  un  terme  de  géographie  ;  &  le 
mot  de  voifîn  n'eft  pas  fi  propre  ni  fi  jufte  en  certains 
cas. 
LIMIUM  &  LIMIUS.  Voyez  Limjea. 
LIMMET.   Voyez  Limât. 

LIMMICENSIS,  fiége  épiscopal  d'Afrique  ,  dans  la 
Byzacène.  Donatus,  fon  évêque,  fouscrivit  à  la  Lettre 
adreffée  à  l'empereur  Léon.  *  Harduin.  Colleft.  conc. 
LIMMOCHEIRIS ,  lieu  de  l'Afie  mineure  ,  fur  le 
Méandre,  où  il  y  a  un  pont  pour  paffer  cette  rivière, 
félon  Nicetas  cité  par  Ortélius ,  Thefaur. 

1.  LIMNjE,  ville  de  Thrace  ,  dans  la  Querfonnèfe, 
félon  Strabon;  auprès  de  Seftos ,  félon  Etienne  le  Géo- 
graphe. Strabon,  /.  14,  p.  635,  ne  s'en  éloigne  pas, 
quand  il  dit  qu'elle  étoit  au  bord  de  l'Hellespont.  Il 
ajoute  que  c'étoit  une  colonie  des  Miléfiens. 

ï.  LIMNjE  ,  lieu  du  Péloponnèfe ,  aux  confins  delà 
Meffénie  &  de  la  Laconie.  Il  y  avoit  un  temple  de 
Diane ,  où  l'on  venoit  de  toutes  parts ,  &  des  deux  pays 
également.  Les  Mefféniens  violèrent  les  filles  qui  y 
étoient  venues  pour  fàcrifier  à  la  déefie.  On  demanda' 
juftice  de  cette  violence,  &  le  refus  des  Mefféniens  donna 
lieu  à  une  guerre  qui  caufa  la  ruine  de  leur  ville.  C'eft 
de  ce  temple  de  Limna  qu'eft  venu  le  nom  de  Diane 
Limnéenne ,  donné  à  un  temple  qui  étoit  dans  la  ville 
même  de  Lacédémone. 

3.  LIMNjE  ,  tribu  de  l'Attique ,  dans  la  Grèce  pro- 
pre, félon  Ortélius,  Thefaur.  Spon,  p.  1*,%,  dit  dans 
i'a  Lifte  de  l'Attique ,  Limna ,  dont  la  tribu  eft  incer- 
taine, étoit  un  quartier  proche  de  la  ville  (d'Athènes) 
où  il  y  avoit  un  temple  de  Bachus ,  dans  lequel  on  célé- 
broit  à  fon  honneur  un  fête  le  12  du  mois  Antheftirion, 
&  on  y  faifoit  combattre  des  jeunes  gens  a  la  lutte.  C'é- 
toit dans  ce  temple,  où,  dans  les  premiers  fiécles  d'A- 


LIM 


thènes  on  lifoit  un  décret  des  Athéniens  ,  qui  obligeoit 
leur  roi,  lorsqu'il  vouloit  le  marier,  de  prendre  une 
femme  du  pays,  &  qui  n'eût  pas  été  mariée  auparavant. 

4.  LIMNiE ,  lieu  de  la  Macédoine  ,  félon  Laonic 
Calchondile  ,  /.  6,  cité  par  Ortélius ,  Thcfaur. 

LIMN^EA ,  lieu  de  Grèce,  près  du  golfe  d'Ambracie, 
félon  Polybe,  /.  4;  Si  1  hucydide ,  /.  1  &  j.  Etienne 
le  Géographe  dit  village  d'Argle  ,  Si  cite  Thucydide.  Il 
étoit  en  effet  voifin  d'Argos,  non  pas  de  la  ville  d'Argos 
au  Péloponnèfe ,  qui  donnoit  le  nom  à  l'orgie,  mas 
d'Argos  f  Amphilochique,  qui  n' étoit  pas  loin  du  golfe 
d'Ambracie. 

LtMNEASPHALTIS  ,  grand  lac  d'Afie ,  dans  la  Ba- 
bylonie,  félon  Vftruve ,  /.  8,  c.  3.  C'eft  le  Bituminis 
Fons  dont  parle  Quinte-Curie ,  /.  6. 

L1MN1AS,  lieu  de  la  Cy-rénaique,  à  vingt-un  mille 
pas  de  Cyrèie  ,  en  allant  vers  Alexandrie ,  félon  l'Itiné- 
raire d'Antonin. 

LIMNITjE.  Cedrène  nomme  ainfi  un  peuple  fournis 
aux  Turcs.  Ortélius ,  Thefaur.  croit  que  c'eft  le  même 
que  les  Dilimnius.  Voyez  DlLlMNITiE. 

LYMNOS  ,  ifle  de  l'Océan  Britannique.  Ptolomée  , 
/.  z,  c.  2 ,  .la  met  fur  la  côte  orienrale  d'Irlande  ,  Si  dit 
qu'elle  étoit  délérte.  Dans  les  anciennes  éditions  de 
Pline ,  elle  étoit  nommée  S'dïmmis.  L'édition  du  père 
Hardouin  porte  Limnus.  Pline  la  met  avec  Mona,  Si  quel- 
ques autres  entre  l'Irlande  &  l'Angleterre  ;  mais  il  y  met 
aufli  Fille  de  "Wïght,  cequi  ne  convient  pas.  Cambden  dit 
qu'elle  eft  nommée  Sym.cn  par  les  Bretons ,  &  Ramfey 
par  les  Anglojs,  Si  qu'elle  eft  fouvent  nommée  Limenda. 
infida  dans  la  Vie  de  S.  David,  évêque.  Baudrand,  qui 
cite  Varaeus,  dit  que  Limnos  eft  appellée  aujourd'hui 
Lambey. 

LIMOGES  ,  ville  de  France ,  dans  la  province  du 
Limofin,  dont  elle  eft  la  capitale.  Cette  ville  que  les 
Latins  appellent  Rauajlum  ,  vicus  Ratiatcnjïs ,  civi- 
tas  Ratiaûca  ,  Lemovicœ  ,  Lemovica.  urbs,  cïvitas  Lemo- 
vica ,  Lemovicina  urbs ,  eft  fituée  en  partie  fur  une  col- 
line ,  Si  en  partie  dans  un  vallon.  La  rivière  de  Vienne 
pafTe  le  long  de  fes.  fauxbourgs ,  du  côté  du  levant. 
L'enceinte  de  la  ville  eft  mal  bâtie,  Si  il  n'y  a  point  de 
place  publique  d'une  grandeur  raifonnable.  Les  maifons 
font  de  charpente ,  fort  ferrées,  ("ombres,  Si  fujettes  à 
de  fréquens  incendies,  On  y  voit  quelques  maifons  de 
pierre  à  façade  Angloife,  dont  les  fenêtres  font  à  arcs 
aigus.  On  partage  Limoges  en  ville  Si  cité.  La  cathé- 
drale eft  dans  la  cité  ;  Si  fi  l'on  en  croit  les  gens  du  pays, 
elle  a  été  bâtie  par  les  Anglois.  L'édifice  n'eft  pas  achevé; 
mais  ce  qui  eft  fini,  eft  beau.  On  remarque  dans  le  chœur 
quelques  tombeaux.  Le  palais  épiscopal  eft  mal  bâti. 
La  Régie  eft  une  abbaye  de  filles  de  l'ordre  de  S.  Benoît, 
fondée,  vers  l'an  817,  le  bâtiment  eft  affez  joli.  Les 
jardins  eh  terraffe  donnent  fur  la  rivière,  Si  l'églife  eft 
tien  ornée.  Les  Cordeliers  ont  un  églife  aflez  grande. 
En  y  entrant  on  voit  un  crucifix  de  grandeur  naturelle, 
couyert  d'une  espèce  de  robe  ;  on  eft  frappé  de  ce  fpec- 
tacle  la  première  fois  qu'on  le  voit.  L'abbaye  de  S.  Au- 
guftin  eft  dans  les  fauxbourgs,  Se  dans  une  belle  fituation, 
avec  de  très-agréables  vues.  C'eft  une  mailbn  des  plus 
commodes,  où  les  eaux  vont,  de  tous  côtés,  à  la  cui- 
fine,  au  réfeftoire,  Si  au  jardin.  S.  Martial  eft  une  églife 
collégiale  ,  très-connue ,  fans  être  belle ,  parce  que  les 
Limofins  ont  une  grande  dévotion  pour  S.  Martial , 
qu'on  croit,  dans  ce  pays  ,  avoir  été  l'apôtre  de  la  pro- 
vince. L'églife  paroifliale  de  S.  Michel  eft  dans  le  lieu 
le  plus  élevé  de  la  ville.  Son  clocher  fe  découvre  de 
très -loin.  C'eft  encore  un  ouvrage  des  Anglois,  fi  l'on 
en  croit  les  gens  du  pays,  accoutumés  à  leur  attri- 
buer les  plus  beaux  ouvrages  gothiques  qui  font  dans  le 
royaume;  fauffe  opinion  dont  toutes  nos  provinces 
font  infatuées,  comme  fi  nos  architectes  n'avoient  pas 
été  capables  par  eux-mêmes  de  produire  de  bons  mor- 
ceaux. Le  féminaire  eft  une  belle  maifon  de  pierre , 
bârie  fur  le  modèle  de  celui  de  S.  Sulpice  de  Paris  ;  mais 
la  cour  eft  plus  grande.  Limoges,  qoiqu'éloignée  des 
ports  de  mer,  Si  fans  rivière  navigable,  ne  laide  pas  d'ê- 
tre très-marchande;  c'eft  l'entrepôt  du  commerce  de  Pa- 
ris avec  Touloufe,  Si  de  Bordeaux  avec  Lyon.  Les 
marchands  de  Limoges  font  un  commerce  très-confidé- 
rable  dés  cuirs  qu'on  prépare  dans  les  tanneries  de  cette 
ville ,  des  draps  ôc  du  papier  qu'on  fait  à  S.  Léonard, 


LIM  843 

Les  doux  à  ferrer  les  chevaux,  qu'on  fait  à  Limoges  , 
font  regardés  comme  les  meilleurs  qu'il  y  ait  :  les  maré- 
chaux de  Paris  ,  Si  des  principales  villes  du  royaume, 
en  font  venir  pour  leur  fourniture.  Le  fer  de  ce  pays 
étant  très-doux  Si  ployant,  le  fil  en  eft  excellent.  On 
fait  des  émaux  fhr  du  cuivre  ,  qui  mériteroient  l'atten- 
tion des  curieux,  fi  ceux  qui  y  travaillent,  étoient  plus 
habiles  qu'ils  ne  font  dans  le  delîein  &C  la  peinture; 
car^  on  prétend  que  les  eaux  de  Limoges  ont  une  pro- 
priété finguliere  pour  embellir  les  émaux.  On  travailloit 
autrefois  beaucoup  en  épingles  dans  cette  ville  ;  mais  , 
depuis  quelque  te. ris-,  ..cette  manufa&ure  eft  presque  tom« 
bée.  Le  préfidial  de  Limoges  fut  créé  en  1551 ,  Si  ren- 
ferme dans  Ion  reffort  environ  quinze  lieues  de  pays, 
dans  lequel  il  n'y  a  aucune  fénéchauffée  royale  ,  mais 
feulement  plulieurs  prévôtés,  ou  juftices  feigneuriales. 
Les  prévôtés,  ou  juftices  royales  subalternes,  font  celles 
de  Limoges ,  de  Solognac  ,  de  Chalucet ,  de  Campanac, 
de  Raivon  Si  de  Coudon.  Celle  de  S.  Léonard  eft  en 
pariage  entre  le  roi  l'évêque  de  Limoges ,  Se  celle  de 
S.  Irier,  entre  le  roi  Si  le  chapitre  de  cette  ville.  Les 
principales  juftices  feigneuriales  du  refiort  de  ce  préfi- 
dial ,  font  la  cité  ,  la  fale  épiscopale  ,  l'ifle  de  S.  Juriien, 
Esmoutiers ,  S.  Léonard  pour  la  partie  qui  appartient 
à  l'évêque ,  S.  Germain ,  Bénévenr ,  Pierre-Bufnerre  , 
Escars ,  Chàteauneuf ,  Laftour ,  Bonneval ,  Charlus  , 
Aire,  Solon,  Porchère,  Vie,  S.  Vaury  ,  Si  quantité 
d'autres  moins  confidérables.  Il  y  a  à  Limoges  des  juges 
des  traites-foraines,  Si  un  bureau  établi  en're  cette  ville  Si 
celle  de  S.  Junien ,  dans  un  lieu  appelle  la  Barre ,  qui 
eft  dans  une  petite  partie  du  Poitou  ,  enclavée  dans  le 
Limofin.  On  prétend  que  ce  bureau  des  traites  rap- 
porte fort  peu  au  roi,  Si  eft  très-préjudiciable  au  publie- 
Le  bureau  des  finances  de  Limoges  étoit  un  des  plus 
étendus  du  royaume,  avant  qu'on  en  démembrât  les 
éleftions  de  Saintes  Si  de  Cognac ,  qai  furent  d'abord 
jointes  à  la  généralité  de  Bordeaux ,  Si  enfuite  à  celle 
de  la  Rochelle.  On  a  aufli  démembré  l'éleftion  de 
S.  Jean-d'Angely ,  pour  l'unir  à  cette  dernière  généra- 
lité. Les  tréforiers  de  ce  bureau  des  finances  le  font  main- 
tenus dans  la  jurisdiction  qui  eft  attribuée  aux  bureaux 
des  finances.  Ils  connoiffent  des  matières  du  domaine, 
Si  reçoivent  les  foi  Si  hommage  ;  mais  il  n'eft  pas  d'u- 
fage  qu'aucun  d'eux  affilie  au  département  des  tailles, 
comme  il  fe  pratique  dans  plulieurs  généralités.  Il  y  en  a 
toujours  un  qui  aflifte  à  la  vifite  Si  adjudication  des 
ponts  &i  chauffées.  * Piganiol  de  la  Force,  Description 
delà  France,  t.  6,  p.  364,  367,  368,  &  373. 

La  ville  de  Limoges  tomba  au  pouvoir  des  Vifigoths, 
dans  le  cinquième  fiécle ,  Si  fut  prife  fur  eux  par  les 
François,  avec  le  refte  de  l'Aquitaine,  fous  Clovis.  Sous 
les  enfans  de  ce  roi  Si  fes  petits-fils ,  elle  changea  plu- 
sieurs fois  de  maîtres  jusqu'au  régne  de  Clotaire  II,  &£ 
de  Dagobert ,  après  quoi,  elle  fut  toujours  fujette  des 
rois  de  Neuftrje,  jusqu'à  ce  qu'Eudes,  duc  d'Aquitaine, 
s'y  rendit  abfolu  Si  fouverain.  Ses  fucceffeurs,  Hunaud 
Si  Gaifre,  furent  aufli  le  maîtres  de  la  même  ville,  jus- 
qu'à ce  qu'elle  fut  prife  par  Pépin,  dans  le  huitième  fié- 
cle. Dans  le  fuivant,  après  la  divifion  que  les  enfans  de 
Louis  le  Débonnaire  firent  de  fes  états  ,  cette  ville  de- 
meura avec  toute  l'Aquitaine  à  Charles  le  Chauve  ;  Se 
fes  fucceffeurs  en  jouirent  jusqu'à  ce  que  Louis  d'Outre- 
mer la  cédât  à  Guillaume  nommé  Tête  -  d'Etoupes , 
comte  de  Poitiers  Si  duc  d'Aquitaine  ,  avec  tout  le  Li- 
mofin ,  qui  n'étoit  pas  alors  de  fort  grande  étendue,  parce 
que  la  Marche  n'en  étoit  pas  encore  féparée.  Les  fucces- 
feurs  de  Guillaume  au  duché  d'Aquitaine  ,  ont  eu  la 
même  ville  jusqu'à  Eléonore,  duchellè  propriétaire  d'A- 
quitaine, qui  apporta  en  dot  tous  fes  états  à  l'on  fécond 
mari  Henri  II,  toi  d'Angleterre;  Si  après  fa  mort,  ils 
appartinrent  fucceflivement  à  fes  enfans  Richard  Cceur- 
de-Lion,  Si  Jean-fans-Terre.  Ce  fut  fur  celui-ci  que  Li- 
moges fut  prife,  vers  l'an  1105  ,  par  Philippe  Augufte. 
Mais  S.  Louis  ayant  fait,  l'an  1259,  une  paix  perpé- 
tuelle avec  Henri  III,  roi  d'Angleterre,  il  rendit  Si  céda 
à  ce  prince  tes  villes  de  Saintes,  de  Péiigueux,  de  Li- 
moges, de  Cahors  Si  d'Agen,  avec  toutes  leurs  dépen- 
dances ,  à  la  charge  que  le  roi  d'Angleterre  lui  en  fe- 
roit  hommage  ,  comme  de  tout  le  refte  de  l'Aquitaine. 
Enfuite,  par  le  traité  de  Bretigny,  conclu  en  1360,  la 
France  céda  à  l'Angleterre ,  non-feulement  la  propriété; 
Tomt  III.    O  o  o  o  o  ij 


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LIM 


LIM 


mais  la  fouveraineté  de  Limoges ,  &  de  tous  les  pays  qui 
font  entre  la  Loire  &  les  Pyrénées.  Les  Anglois  ne 
jouirent  par  long-tems  de  cette  fouveraineté;  car  là 
guerre  ayani  recommencé,  fous  Charles  V,  fucceifeur 
du  roi  Jean ,  les  Anglois  perdirent  la  plupart  des  pays 
qu'on  leur  avoit  cédés  dans  les  fiécles  fuivans ,  quoiqu'ils 
fe  fuffent  rendus  maîtres  de  Paris.  Ainfi  il  y  a  environ 
trois  cents  quarante  ans  que  Limoges  a  été  réunie  à  la 
couronne.  * Longuerue ,  Descr.  de  la  France,  i.part. 
p.  140. 

Outre  la  feigneurie  &  le  haut  domaine  qu'ont  eu  en 
cette  ville  les  ducs  de  Guyenne  &  les  rois  ,  il  y  avoit 
un  feigneur  particulier  qui  y  avoit  aufli  la  fienne ,  & 
portoit  le  titre  de  vicomte.  Le  premier  .de  ces  feigneurs , 
qui  a  été  héréditaire ,  fe  nommoit  Geraud ,  &  vivoit 
dans  le  dixième  fiécle  ,  fous  le  régne  de  Lothaire ,  fils 
de  Louis  d'Outremer.  La  race  masculine  de  ces  vicom- 
tes finit  en  la  perfonne  d'Aimard  III ,  Qui  vécut  jusqu'en 
1116,  &c  laiffa  pour  héritiers  fes  neveux  Gui  &  Ai- 
mard,  fils  de  fa  fceur  Humberge  &  d'Archambaud  le 
Barbu  ,  vicomte  de  Comborn.  C'eft  de  cet  Aimard 
que  defcendoiti  Marie ,  qui  époufa  Artus ,  duc  de  Breta- 
gne ,  dont  le  fils  Jean  III,  duc  de  Bretagne,  fut  auffi 
vicomte  de  Limoges.  Sa  nièce  Jeanne,  fille  de  Gui,  fon 
frère,  lui  fuccéda  au  vicomte,  &C  époufa  Charles  de 
Blois ,  dont  le  fils  Jean  fut  comte  de  Penthievre  &  vi- 
comt  de  Limoges.  La  petite  fille  de  Jean,  nommée 
Françoife,  fut  vicomteffe  de  Limoges,  &  époufa  Alain 
fire  d'Albret,  bifaïeul  de  Jeanne  d'Albret ,  reine  de 
Navarre,  qui  apporta  le  vicomte  de  Limoges ,  avec  tous 
fes  autres  biens  ,  à  fon  mari  Antoine  de  Bourbon ,  père 
de  Henri  IV;        - 

LIMON,  Ae/juiVj  c'eft-à-dire  la.  prairie  :  ce  nom 
étoit  commun  non-feulement  à  toutes  les  prairies ,  mais 
encore  à  quelques  lieux  &  villages.  Paufanias  parle  d'un 
village  appelle  ainfi  au  Péloponnèfe,  dans  TArgie;  & 
Strabon  donne  ce  nom  à  un  lieu  de  la  Carie ,  à  trente 
ftades  de  la  ville  de  Nyfe  ,  vers  le  midi. 

LIMONA  -,  (isle  de)  Limonîa  ,  petite  ifle  de  l'Ar- 
chipel, entre  celles  de  Carchi  au  couchant,  &  de  Rho- 
des  au  levant ,  dont  elle  eft  à  dix  milles.  Elle  a  un  port, 
mais  peu  d'habitans.  *  D'Herbelot,  Baudrand,  Maty. 
LIMONADE ,  quartier  de  la  dépendance^  du  cap 
François ,  dans  l'ifle  dé  Saint-Domingue,  extrêmement 
fertile,  &  dans  un  affez  bon  air;  mais  la  Savonede 
Limonade  où  M.  de  Cuffy,  gouverneur  de  Saint-Domin- 
gue ,  fut  défait  &  tué  par  les  Espagnols ,  en  1691,  eft 
aviez  ftérile  :  ce  quartier ,  s'étend  du  fud  au  nord  jusqu'à 
la  mer,  presqu'à  diftance  égale  du  cap  François  &  de 
Bayaha,  aujourd'hui  Port-Dauphin. 

LIMONE,  &  non  pas  Li  AMONE,  comme  lé  dît  le  fieur 
d'Anville,  dans  fa  carte  d'Italie,  Î743  ,  rivière  del'ifle 
dé  Corfe.  Elle  prend  fa  fource ,  vers  le  milieu  de  l'ifle, 
près  de  celle  de  Tavignano  ;  &C,  courant  au  fud-oueft, 
elle  pafTe  près  de  Vico ,  &  fe  rend  dans  la  mer ,  à 
quatre  milles  au  fud  de  la  ville  de  Sagone.  *Magin,  Carte 
de  l'ifle  de  Corfe. 

LIMONUM ,  Lemonum  ou  LemUnum  :  les  di- 
vers manuscrits  de  Céfar  varient  fur  l'orthographe  de  ce 
nom  :  il  y  en  a  même  qui  portent  Linnonem  ou  Limo- 
nem,  &C  d'autres  en  ont  fait  Lemovicum;  &  de  cette 
dernière  leçon  ils  en  ont  pris  un  prétexte  de  l'expliquer 
par  Limoges  ;  mais  comme  le  remarque  très-bien  Nico- 
las San  fon  ,  dans  fes  Remarques  fur  l'ancienne  Gaule, 
p.  31,  c'eft  faute  de  prendre  garde  que  de  quelque  fa- 
çon ,  que  ce  nom  foit  écrit  dans  les  Commentaires  de 
Céfar ,  il  eft  dans  le  Poirou.  En  effet  tout  ce  qu'il  en 
dit  convient  beaucoup  mieux  à  Poitiers  qu'à  Limoges, 
foit  que  l'on  confidere  celui  qui  affiége  la  place,  favoir 
Dumnacus,  dux  Andium,  qui  venoit  d'Anjou,  foit 
qu'on  fafTe  attention  à  fa  retraite  vers  la  Loire  ,  &  l'en- 
droit où  il  fut  battu ,  près  du  pont  de  Ce  ;  &  d'ailleurs 
Ptolomée  met  auffi  LeMONUM  en  Poitou  ,  &  les  Itiné- 
raires Romains  en  vérifient  l'affiette  à  Poitiers.  Antonin, 
en  divers  manuscrits ,  &  dans  les  imprimés ,  l'appelle 
Limonum  ,  Lomonum  ,  Lomunum  ;  la  Table  de  Peutin- 
ger  Lemunum;  &  par  l'un  &  l'autre  Itinéraire,  l'affiette 
delà  place  eft  entre  Xaintes,  Nantes,  Tours,  Bourges 
&  Limoges. 

LIMOSE,  petite  ifle  d'Afrique,  dans  la  mer  Médi- 
terranée, fur  la  côte  de  Barbarie  &  du  royaume  de  Tu- 


nis ,  dont  elle  dépend  ,  qu'elle  en  foit  affez  éloignée,  Se 
au  nord  de  Lampadufa,  vers  Malthe ,  d'où  elle  eft  à 
foixante  milles.  C'eft  la  même  que  Linose.  Voyez  ce 
mot.  *  Baudrand,  édit.  1705. 

LIMOSIN,  (le)  ou  le  Limousin  ,  (l'un  &  l'au- 
tre font  en  ufage)  (a)  province  de  France.  Elle  eftbop- 
née  au  feptentrion  par  la  Marche ,  à  l'orient  par  l'Au- 
vergne ,  au  midi  par  le  Querci  ,  &  à  l'occident  par  le 
Périgord.  Ce  pays,  ck  fa  capitale  Limoges  ,  tirent  leur 
nom  du  peuple  Lemovices  qui  étoient  les  plus  vaillans 
d'entre  les  Celtes  du  temps  du  Céfar,  ayant  foutenu  opi- 
niâtrement le  partie  dé  Vercingetorix.  Augufte,  dans  là 
nouvelle  divifion  qu'il  fit  de  la  Gaule ,  les  attribua  à  l'Aqui- 
taine; &  lorsqu'on  fubdivifa  ces  provinces,  ils  furent  mis 
fous  la  première  Aquitaine  ,  dont  Bourges  fut  la  capitale! 
c'eft  pour  cela  que  l'évêché  de  Limoges,  eft  comme  il  a 
toujours  été,  fous  cette  métropole.  Nous  avons  déjà  dit  à 
l'article  de  LIMOGES  ,  qu'Eléonore  de  Guienne  porta 
cette  province ,  en  mariage  à  Henri  II,  roi  n'Angle- 
terre  (b).  Elle  fut  confisquée  &  réunie  à  la  couronne, 
vers  l'an  1204;  mais  environ  cinquante  ans  après, 
S.Louis  la  rendit  aux  Anglois,  &t  ne  fe  réferva  que  le 
Poitou ,  &  ce  qui  étoit  en-deçà  de  la  Charante.  Par  le 
traité  de  Bretigni ,  ce  pays  avec  le  refte  de  la  Guienne 
fut  laiffé  aux  Anglois;  mais  Charles  V,  roi  de  France, 
regarda  ce  traité  comme  nul ,  &  reprit  fur  eux  entr'au- 
tres  pays,  ceux  qui  compofent  préfentement  la  généralité 
de  Limoges,  dont  ils  n'ont  rien  poffédé  depuis,  quoiqu'ils 
foient  demeurés  en  poffefTion  de  ce  qu'on  appelloit  pour 
lors  le  duché  de  Guienne ,  jusqu'au  régne  Charles  VII , 
fous  lequel  on  les  en  chaffa.  On  voit  encore  entre  Gueret 
&  Saint- Vaury,  petite  ville  du  Limofin,  une  croix  de 
pierre  de  taille ,  autour  du  piedeftal  de  laquelle  eft  gra- 
vée la  couronne  d'Angleterre ,  qui  marque  les  limites  du 
Limofin  &c  de  la  Marche.  *■(*)  Longuerue,  Des- 
cription de  la  France,  1  pan.  p.  140.  (b)  Piganiol  de  la. 
Force,  Descr.  de  la  France  ,  t.  6,  p.  352. 

Le  climat  du  HAUT  LlMOSIN  eft  froid  &  quoiqu'il 
approche  plus  de  l'equateur  que  celui  de  Paris,  il  eft 
cependant  moins  tempéré,  à  caufe  des  montagnes. 

Le  BAS  LlMOSIN  eft  plus  tempéré,  tk  même  affez 
chaud  en  quelques  endroits ,  fur-tout  aux  environs  de 
Brive. 

Ce  pays  eft  couvert  de  forêts  de  châtaigniers.  Les  ter- 
res ,  qui  ne  font  point  couvertes  de  châtaigniers  ou  d'au- 
tres bois,  produifent  du  froment;  mais  communément 
elles  font  plus  propres  pour  le  feigle.  On  y  feme  aufli 
beaucoup  de  bled.farrazin  ,  Si  on  y  cultive  une  espèce 
de  groffès  raves.  Le  bled  farrazin,  les  raves,  les  châtai- 
gnes font  la  nourriture  ordinaire  des  payfans,  &  même 
ces  gens  du  commun.  Il  n'eft  cependant  point' vrai  que 
l'on  faffe  du  pain  de  châtaigne,  comme  le  difent  Moréri 
&  fes  éditeurs  ,  ce  fruit  n'étant  pas  propre  à  êcrç  moulu, 
&  ne  pouvant  fe  lier  comme  de  la  farine  de  bled. 

Le  haut  Limofin. produit  peu  du  vin,  encore  n'eft-il 
potable  que  pour  les  gens  du  commun  ;  mais  le  bas 
&  fur-  tout  les  environs  de  Brive  en  produifent  de 
fort  bon.  Ceux  du  pays  d'ARNAT,  à  quatre  ou  cinq 
lieues  de  Brive,  5c  ceuxd'ALLEZAT  femblent  approcher 
de  la  bonté  du  vin  de  Bourgogne. 

On  a  découvert  plufîeurs  mines  de  plomb  ,  de  cuivre  ," 
iïètain  &  8 acier,  dans  l'éleftion  de  Limoges,  &  du 
côté  de  Tulle.  Lé  fleur  de  Roddès  en  fit  ouvrir  àe  plomb 
&  à'étain,  en  1703  ,  àSAlNT-HlLAlRE,  à  quatre  lieues 
de  Limoges,  au  Tralage;  à  une  lieue  de  Saiat-Hi- 
laire  ;  à  FarGEAS  ,  à  une  demie  -  lieue  du  Tralage  ; 
à  Pierra-Bruna  ,  qui  eft  une  haute  montagne ,  à  fix 
lieues  de  Limoges ,  &c.  Le  même  de  Roddès  découvrit 
auffi,  à  fix  lieues  de  Limoges ,  une  mine  d'acier  pur ,  in- 
comparablement meilleur  que  l'acier  faftice;  mais  toutes 
ces  entreprifes  ne  réuflîffent  point  malheureufement  pour 
la  France,  qui  manque  de  plomb. 

Il  y  a  aufli  des  mines  de  fer  fort  abondantes,  &  des 
forges,  dans  l'éle&ion  de  Limoges.,  du  côté  de  Cous- 
SAT,  Bonneval  &  Saint-Ihier  ;  mais  ces  mines  &C 
ces  forges  font  moins  confidérables  que  celles  d'Angou- 
mois.  Il  y  dans  la  province  deux  évéchés:  LIMOGES 
fit  Tulle.  Les  Limofins  veulent  que  leur  apôtre  St 
premier  évêque  foit  S.  Martial,  un  des  disciples  de  Jefus- 
Clirift  ;  ce  qui  ne  fe  prouve  par  le  témoignage  d'aucun 
ancien.  Grégoire  de  Tours  rapporte  un  paffage  de  la  le- 


Lifvi 


L1M 


geude  de  S.  Saturnin ,  qui  fait  envoyer  de  Rome  dans 
les  Gaules  Maniai  avec  fix  autres  évêques ,  fous  le  con- 
ciliât de  Décius  &  de  Gratus ,  l'an  250;  ce  qui  eft  hors 
de  toute  vraifemblance ,  puisqu'en  toute  cette  année  il 
•  n'y  a  eu  à  Rome  aucun  pape ,  à  caufe  de  la  terrible  per- 
fécution  de  l'empereur  Décius.  Ainfi  ce  qui  regarde 
S.  Martial  eft  douteux;  &  on  ne  connoit  certainement 
aucun  évêque  de  Limoges  avant  Ruricius ,  dont  Sidonius 
Apollinaris  a  fait  mention ,  ot  à  qui  il  a  écrit  une  lettre, 
l'an  470. 

Tous  le  Limofin  eft  régi  fiiivànt  le  droit  Romain ,  ou 
le  droit  écrit,  &  eft  du  reffortdu  parlement  de  Bordeaux. 
Il  y  a  un  fénéchal  d'épée  pour  toute  la  province,  ci  il 
a  dans  l'étendue  de  fa  charge  trois  préfidiaux  : 


8+; 


Limoges,  Brive, 

Et  quatre  fénéchauflees  : 

Limoges  , 
Brixe, 


Tulle, 


Tulle, 
Uferche, 


Le  roi  ne  jouit  en  Limofin  d'aucun  domaine  en  fonds 
tle  terre,  parce  que  tout  ce  qui  appartenoit  aux  vicomtes  de 
Limoges  a  été  aliéné  par  Henri  IV,  foit  avant,  foit  après  fon 
avènement  à  la  couronne.  Ce  grand  prince  avoit  préten- 
du que  ces  aliénations  étoient  incommutables,  &,  pour  cet 
effet,  fit  un  édit  par  lequel  il  déclara  qu'il  vouloit  tenir 
ce  domaine,  aufli-bien  que  les  autres,  de  fon  patrimoine 
féparément  de  celui  de  la  couronne.  Il  confirma  même 
fes  intentions,  par  une  déclaration  du  27  Juillet  de 
l'an  1602  ;  mais  on  n'a  eu  aucun  égard  à  cet  édit  ni  à  cette 
déclaration ,  parce  que  le  patrimoine  des  rois  de  France 
eft  tellement  uni  de  fait  au  domaine  de  la  couronne  , 
lorsqu'ils  montent  fur  le  trône ,  qu'il  ne  leur  eft  pas  per- 
mis d'en  dispofer  autrement  que  fuivant  la  loi  du  do- 
maine ,  c'eft-à-dire  avec  la  faculté,  de  radia  perpétuel. 

Les  aides  &  la  gabelle  n'ont  point  établies  en  Limo- 
fin ,  parce  qu'il  eft  réputé  province  étrangère  ;  6k  par 
conféquent ,  les  marchandifes  qui  entrent  5c  fortent  par 
la  frontière  du  bas  Poitou,  font  fusettes  aux  droits  de 
traite  foraine.  Cette  province  eft  d'ailleurs  fujette  aux  au- 
tres droits  compris  dans  le  bail  de  cinq  greffes  fermes.  Les 
autres  impositions ,  tant  ordinaires  qu'extraordinaires, 
ont  aufîi  lieu  dans  le  Limofin,  comme  dans  le  refte  de 
h  France. 

La  généralité  de  Limoges  eft  compofée  des  élections 
de  Limoges,  de  Tulle,  de  Brive,  de  Bourganeuf  &c 
d'Angoulême.  Les  appellations  des  trois  premières  ref- 
fortiffent  à  la  cour  des  aides  de  Clermont. 

Le  commerce  des  beftiaux  eft  le  plus  confidérable  du 
Limofin.  Les  chevaux  de  cetre  province  font  les  plus 
fins,  &  les  meilleurs  qu'on  élevé  en  France.  Ils  ne  font 
bons  qu'à  l'âge  de  fept  ou  huit  ans;  mais  quand  ils  ont 
été  attendus  jusques-là ,  ils  durent  plus  que  les  autres. 
Les  barbes  &c  les  chevaux  d'Espagne  font  les  étalons  les 
plus  propres  pour  ce  pays. 

Il  y  a  trois  grands  fiefs  titrés  en  Limofin  ,  le  vi- 
comte de  Turenne,  le  duché-pairie  de  Ventadour,  et 
le  duché-pairie  de  Noailles.  Il  y  a  dans  le  haut  &  le  bas 
Limofin  des  villes  dont  voici  les  plus  confidérables  : 

Dans  le  haut  ; 

Limoge  capitale  ,        Pierre-Buffiere, 
Saint-Junien,  Saint-Yrier, 

Saint-Léonard,  Chalus ,  &c. 


Dans  le  bas  : 


Tulle, 
Brive  ; 
Uzerche , 


Uffel, 
Bord, 
Neuvi , 


Le  vicomte  de  Turenne,  &c. 

Le  Limofin  fournit  d'aides-à-maçon- à  la  plupart  des 
atteliers  de  Paris  &  du  royaume  ;  &  on  appelle  en  fran- 
çais LlMOSINAGE,  une  maiïbnnerie  groffiere  &  rnaf- 
five,  telle  qu'eft  celle  des  fondemens.  Cela  a  donné  lieu 
au  difton  particulier  de  cette  province  :  Ton  fils  a-t-il 


de  l "esprit?  Bouté  lo-umafon:  n'en  à-t-H point  ?  Ficha 
lou  prêtre. 

LIMOVICES,  Limovici.  Voyez  LemoviceS. 

LIMOURS ,  petite  ville  de  France  ,  dans  le  Hure- 
poix  ,  au  diocèfe  de  Paris.  Il  y  a  un  prieuré  fimple  &un 
château  royal ,  où  Henri  IV  alloit  fouvent  fe  délafîer. 
C'efl  un  gouvernement  particulier  de  l'ifle  de  France  ,  & 
il  y  aune  prévôté  royale  reffbrtiffante  à  la  prévôté  &  vi- 
comte de  Paris. 

1.  LIMOUX,  ville  de  France,  au  bas  Languedoc, 
au  diocèfe  de  Narbonne,  quoiqu'à  une  lieue  d'Alet,  dans 
le  comté  de  Razez,,  en  latin  Limofum  oppidum,  ok 
Limofus  vicus,  in  comitatu  Reddenfi ,  fur  la  rivière 
d'Aude.  C'eft  la  capitale  du  comté  de  Razez,  qui  étoit 
l'apanage  des  féconds  fils  de  vicomtes  de  Carcaffbnne. 
Les  habitans  de  Limoux  prirent  parti  pour  le  comte  de 
Montfort  contre  les  Albigeois  ;  mais  leur  fidélité  ne  dura 
que  jusqu'en  1226  ;  pour  lors  ils  favoriferent  les  Albi- 
geois ,  même  contre  la  foi  qu'ils  avoient  donnée  au  roi 
Louis  VIII  ;  ce  qui  leur  attira  les  cenfures  du  concile 
provincial,  tenu  la  même  année  à  Narbonne,  ou  il  fut 
ordonné  qu'eux  nommément  habitans  de  Limoux, feroient 
excommuniés,  au  fon  des  cloches  &  à  l'extinction  des 
cierges.  Prcefertim  Mi  de  Limofo ,  extinclis  candelis  & 
pulfatis  campams  dmunciarentur  excommunicati.  1!  y  a 
à  Limoux  une  fénéchauffée,  dans  laquelle  font  deux  bail- 
liages royaux,  l'un  ïSault,  dont  le  baillif  eft  d'épée, 
&  au  nom  duquel  on  rend  la  juftice,  fauf  l'appel  à  Li- 
moux. L'autre  bailliage  eft  celui  d'Ésperaça  ,  dont  le 
baillif  eft  de  robe ,  &  où  la  juftice  fe  rend  en  fon  nom. 
Elle  eft  affez  agréable  ,  8c  fes  environs  font  abondansen 
bon  vin  blanc.  Jean  XXII  avoit  deffein  d'y  établir  le 
fiége  de  l'évêché  qu'il  a  établi  à  Alet;  mais  comme  cette 
ville  appartenoit  pour  le  temporel  aux  archevêques  de 
Narbonne  ,  il  ne  put  y  réuffir.  Quoique  Limoux  foit 
refté  dans  le  diocèfe  de  Narbonne ,  il  a  été  démembré 
de  fa  recette  ,  pour  ne  former  avec  Alet  qu'une  recette^' 
qu'on  appelle  recette  d'Alet  &  de  Mimoux.  L'archevêque 
de  Narbonne  y  tient  un  officiai.  L'on  y  fait  des  draps 
&  des  ratines  :  c'eft  l'entrepôt  du  fer  de  toutes  les  forges 
des  environs.  * Piganiol de  la  Force  ,  t.  4,  p.  36  &  2721 

2.  LIMOUX.  Il  y  a  un  autre  Limoux  dans  le  voifi- 
nage  de  Paris,  anciennement  nommé  Limoligni,  feton 
Corneille  ,  Dicl.  ce  dépendant  de  l'abbaye  de  Chelles. 

LIMOYSE  ,  bourg  de  France,  dans  le  Bourbonnois,' 
à  deux  lieues  de  Bourbon.  On  y  tient  tous  les  ans  une 
foire,  le  14  Septembre. 

1.  LIMPOURG,  ou  Limpurg  ,  petite  ville  d'Al- 
lemagne ,  dans  l'état  de  l'électeur  de  Trêves ,  &  dans 
la  Wettéravie,  félon  Baudrand ,  fur  la  Lohn,  aux  en- 
virons du  Wefterwald.  Elle  étoit  autrefois  ville  libre  & 
impériale  ;  mais  dans  la  fuite  du  tems  elle  a  été  ôtée  de 
la  matricule  de  l'empire,  &  foumife  à  l'électeur  de  Trê- 
ves. Elle  eft  entre  Wetzlar  Si  Naffau  ,  à  trois  milles  al- 
lemands de  la  dernière. 

2.  LIMPOURG ,  ou  Limpurg  ,  château  d'Allems- 
gne ,  félon  Baudrand ,  dans  la  baronnie  de  même  nom, 
dont  elle  eft  le  chef-lieu. 

3.  LIMPOURG,  ou  Limpurg,  petit  état  d'Allema- 
gne, félon  Baudrand ,  au  cercle  de  Franconie ,  quoiqu'en- 
clavé  dans  la  Suabe,  au  midi  de  Hall.  Il  peut  avoir  fix 
lieues  de  long,  &  deux  ou  trois  de  large,  Gaildorf, 
Chombert  &  le  château  de  Limpourg  en  font  les  prin- 
cipaux lieux. 

LIMUSA ,  ville  ancienne  de  la  baffe  Pannonie.  An-  ' 
tonin ,  Itiner.  la  met  fur  la  route  de  Sirmium  à  Lauria- 
cum  ,  entre  Soppianœ  &  Silaccnœ ,  à  trente-deux  mil- 
les de  la  première,  &  à  feize  de  la  féconde. 

LIMYRA,  ville  d'Afie,  dans  la  Lycie,  auprès  d'une 
rivière  de  même  nom.  D'autres  nomment  Limyrus 
cette  rivière  de  la  Syrie  dans  l'Afie  mineure.  Pline,  A  7, 
c.  27 ,  dit  qu'elle  reçoit  les  eaux  du  fleuve  Arycandus. 
Elle  coule  à  l'orient  des  ruines  de  la  ville  de  Myre ,  Se 
avoit  fur  fa  rive  orientale  une  ville  nommée  Limyra. 
Velleïus  Paterculus,  /.  2,  c.  102.  dit  que  Caïus  mou- 
rut de  maladie,  dans  une  ville  de  Lycie,  nommée  Li- 
myra, in  urbe  Lycix  Limyram  nominant  ;  quelques-uns 
lifent  Lymiram.  On  lit  dans  les  Métainorphofes  d'Ovide, 
/.  9,  v.  645: 

Jam  Cragon  &  Lymiren ,  Xantique  rcliquerat  undasi    • 


846 


LIN 


LIN 


Il  faut  écrire  Lymira  Se  Lymiren  :  les  Grecs  difent  cons-    autre  habitant ,  .plus  fort  par  la  difficulté  de  fon  abord 
tamment    Aipv&t  &  même  au  pluriel  ra  Ai/M(f. ,  dit     hors  de  tout  paffage  de  communication,  que  par  la  bont 
Strabon.  /.  14,  p.  666.  I'   nomme  le  fleuve  Limyros 
Atpv&f.    Ftolomée  nomme  la  ville  Aif^s*  ,  &  la  met 
dans  les   terres.  Strabon  la  met  à  vingt ,  ftades ,  c'eft- 


à-dire  à  deux -milles  Se  demi  de  l'embouchure  du 
Limyrus.  Pomponius  Mêla  nomme  également  Limyra 
la  ville  &i  la  rivière. 

Certe  ville  a  été  épiscopale.  On  trouve  dans  le  con- 
cile de  Conrtantniople  ,  tenu  l'an  381,  la  fouscnption 
de  Lupicinus  Limyrenjis  ;  &  Mujianus,  fon  autre  évêque, 
affilia  à  celui  de  Chalcédoine,  l'an  451. 

LIMYRIjE,  pays  de  l'Inde,  en-deçà  du  Gange,  fé- 
lon Ptolomée,  l.  7 ,  c.  I.  Arrien  en  tait  auffi  mention 
plus  dYne;  fois  dans  fon  Périple  de  la  mer  Erythrée , 
p.  32.,  33  &  34. 

LIMYRNI1,  ancien  peuple  chez  qui  les  femmes 
étoient  commupes,  &£  qui  en  élevoient  les  enfans  en 
commun ,  au  rapport  de  Stobée  cité  par  Ortélius  ,  The- 

1.  LIN  ,  ville  de  la  Chine,  dans  la  province  de 
Channfi,  au  département  de  Fuencheu  ,  cinquième  mé- 
tropole de  cette  province.  Elle  eft  de  6  d.  40'  plus  oc- 
cidentale que  Pékin,  fous  les  38  d.  35'  de  latitude.  *  At- 
las Sinenjïs. 

2.  LIN  ,  ville  de  la  Chine  ,  dans  la  province  de  Ho- 
département  de  Changte  ,  troifiéme  métropole 


de  fes  fortifications.  L'air  eft  fi  épais  en  cet  endroit,  qu'on 

n'y  voit  presque  jamais  le  foleil  ;  &  il  y  a  du  brouillard 

Il  n'y  croit  rien  du  tout  pour  la  vie ,   & 


toute  1  année. 

l'on  ne  pourroit  y  demeurer  long  tems  en  famé  :  les  hom- 
mes y  vivoient  fans  commercer ,  &  de  ce  qu'ils  alloient 
chercher,  ou  qu'on  leur  apportoit  d'ailleurs;  &  comme 
c'eft  l'extrémité  de  la  France  de  ce  côté-là,  il  femble  aufli 
quecefoitlebout  du  monde.  Il  y  a  eu  cependant  long-tems 
des  gouverneurs  de  ce  château  ;  mais  il  en  falloit  changer 
fouvent,  parce  qu'ils  y  mouroient  en  peu  de  tems  :  il  eft 
à  prélent  démoli,  &  \\  heu  abandonné.  *Baugur,  Mé- 
moires hift.  de  la  Champagne,  /.  1  ,  p.  5  19. 

LINCHANCHI,  guérite  &  ville  de  l'Amérique,  dans 
la  Nouvelle  -  Espagne,  au  pays  d'fuca  an.  Dampier, 
Voyage  a  la  baie  de  Camphch  ,  c.  1  ,  p.  11,  en  parle  ainfi  : 
A  trois  ou  quatre  lieues  de  Selam  ,  vers  l'oueft  il  y  a 
une  autre  échauguette  fur  un  arb-e  fort  haut,  laquelle  fe 
nomme  Liclianchi ,  du  nom  d'une  grande  ville  Indienne 
qui  eft  à  quatre  lieues  plus  avant  dans  le  pays  ;  &  à  deux 
lieues  au-delà,  il  y  a  une  autre  ville  qui  s'appelle  Chi- 
CHANCHi.  j'ai  pris  terre  vers  ces  guérites ,  &  j'ai  par- 
couru toute  cette  côte,  foit  par  mer  dans  un  canot  ,  ou 
par  terre  à  pied ,  depuis  Rio  de  la  Gartos  jusqu'au  cap 
Condecedo  :  cependant  je  n'ai  jamais  vu  des  villes  ou  des 
villages  auprès  de  la  mer,  ni  d'autres  maifons  fur  toute 
trpté  Sifal.  Il 


de  la  province.  Elle  eft  de  3  d.  40'  plus  occidentale  que     "tte  côte  que  des  cabanes  de  pêchei 
Pékin  ,  fous  les  37  d.  7'  de  latitude.  *  Atlas  Sinenjïs. 

LINANGE ,  petit  pays  d'Allemagne ,  avec  titre  de 
comté.  Les  Allemands  difent  &i  écrivent  Leiningen.  II 
eft  enclavé  dans  le  bas  Palatinat,  &  dépend  de  fes  com- 
tes. Cette  maifon  eft  partagée  en  quatre  branches  entre 
lesquelles  le  comté  eft  partagé,  &  qui  prennent  leur  nom 
diftinftif  de  la  partie  qu'ils  pofledent. 

Il  y  a  I.  Linange  proprement  dit.  C'eft  en  effet  ce 
qui  eft  enclavé  dans  le  Palatinat.  Comme  fon  comte  eft 
feudataire  de  l'évêque  de  Metz  ,  pour  cette  raifon  il 
avoit  été  réuni  à  la  France  ,  en  1681  ;  mais  le  traité  de 
Bys-uick  a  rétabli  ces  comtes  dans  leur  ancien  état ,  par 
le  IVe  article  qui  eft  général,  &  par  le  XVe,  où  ils  font 

expreffément  nommés  les  comtes  de  Leiningue.  Ce     tropole  de  la  province.  Elle  eft  de  3  di'n'  plus  occiden- 
petit  pays  eft  près  de  Franckendal.  Les  principaux  lieux     taie  que  Pékin ,  fous  les  37  d.  18'  de 


y  a  plufieurs  petits  réfervoirs Talés  entre  Sélam  &  Lichan- 
chi.  Ils  font  d'une  figure  afi'ez  régulière,  &  léparés  les 
uns  des  autres  par  de  petites  levées  de  terre  :  le  plus 
grand  n'a  pas  plus  de  dix  verges  (la  verge  eft  de  fix  pieds) 
de  long  &  fix  de  large.  Les  habitans  de  ces  deux  villes, 
Sélam  &  Linchanchi  ,  fe  rendent  à  ces  réfervoirs  dans 
les  mois  de  Mai,  Juin  &  Juillet,  pour  en  récueillir  le 
fel ,  dont  ils  fourniffent  tout  le  pays  d'alentour  ;  &  il  y 
a  entre  la  mer  &  ces  réfervoirs  une  lifiere  de  bois ,  qui 
empêche  qu'on  ne  les  voie  ,  ou  les  gens  qui  y  travail- 
lent ,  jusqu'à  ce  qu'on  ait  mis  pied  à  terre. 

1.  L1NCHANG,  ville  de  la  Chine,  dans  da  province 
de  Honan ,  au  département  de  Changte,  troifiéme  mé- 


font  : 


Ne-w-Leiningen. 
Turcheim  , 


Grundftadt, 
Et  Lamsheim-. 


Les  autres  branches  de  ces  comtes  pofledent, 

II.  Hartenberg,  au  milieu  du  Palatinat,  non  pas 
loin  de  Worms. 

III.  DACHSBOURS  ,  dans  le  Weftreich  ,  & 

IV.  Westlrbourc,  dans  la  Wettéravie. 
LINARES,  petite  ville  de  Portugal,  dans  la  province 

de  Beira ,  fur  le  haut  d'une  montagne  ,  à  quatre  lieues 
de  Guardia  ,  &  à  deux  de  Célorico.  Elle  eft  défendue 
par  un  château  &  n'a  qu'une  églile  avec  trois  cents  habi- 
tans. *  Corn.  DicL  Descr.  fumar.  del  Reino  de  Por- 
tugal. 

LINATUS  MONS,  montagne  d'Afie.  On  la  nomma 
enfuite  le  mont  de  la  congrégation ,  au  rapport  de  Mé- 


:  latitude.  *  Atlas  Si~ 
nenjis. 

2.  LINCHANG ,  ville  de  la  Chine  ,  dans  la  province 
deXenfin  au  département  de  Sigan  ,  première  métropole 
de  la  province.  Elle  eft  de  8  d.  <j'  plus  occidentale  que 
Pékin  ,  fous  les  3  5  d.  40'  de  latitude.   *  Atlas  Sinenjïs. 

LINCHI,  ville  de  la  Chine,  dans  la  province  de 
Channton  ,  au  département  de  Chincheu ,  quatrième 
métropole  de  la  province.  Elle  eft  d'un  degré  20'  plus 
orientale  que  Pékin;  fous  les  36  d.  56'  de  latitude. 
*  Alas  Sinenjïs.    . 

LINCHIANG,  ville  de  la  Chine,  dans  le  Kiangft. 
Voyez  Linkianc. 

LINCHIN  G,  ville  de  la  Chine,  dans  la  province  de  Pé- 
kin ,  au  département  de  Chinting,  quatrième  métropole 
de  cette  province.  Elle  eft  de  2  d.  28'  plus  occidentale  que 
Pékin ,  fous  les  38  d.  28'  de  latitude.  *  Atlas  Sinenjïs. 
LINCHUEN,  ville  de  la  Chine,  dans  la  province 


taphrafte,  dans  la  Vie  de  Sainte  Pélagie.  Elle  eft  auprès     deQuangfi,au  département  deQueilin,  première  métro- 


deTarfedeCilicie,  félon  Ortélius,  fhef, 

LINCAO,  ville  de  la  Chine,  dans  la  province  de 
Quantung,  au  département  de  Kiuncheu,  dixième  mé- 
tropole de  la  province.  Elle  eft  de  7  d.  io'  plus  occi- 
dentale que  Pékin,  fous  les  19  d.  48'  de  latitude.  *  At- 
las Sinenjïs. 

LINCASII,  ancien  peuple  de  la  Gaule.  Strabon  ,  /.  4, 
p.  186,  dit  que  la  Sône  fervoit  de  borne  entre  les  Sé- 
quaniens,  les  iEduens,  &  les  Lincafiens.  Ortélius  croit 
qu'il  y  a  ici  une  faute  de  copines,  &  s'étonne  que  Ca- 
faubon  ne  s'en  foit  pas  apperçu  ,  &  n'en  dife  rien.  Xilan- 


pole  de  la  province.  Elle  eft  de  7  d.  50'  plus  occicle 
taie  que  Pékin,  fous  les  26  d.  7'  de  latitude.    *  Atlas 
Sinenjïs. 

2.  LINCHUEN,  ville  de  la  Chine,  dans  la  province 
de  Chanfi ,  au  département  de  Ce  ,  troifiéme  grande 
cité  de  la  province.  Elle  eft  de  4  d.  8'  plus  occidentale 
que  Pékin,  fous  les  36  d.  54'  de  latitude.  * Atas  Si- 
nenjïs. 

LINCIN,  ville  de  la  Chine  ,  dans  la  province  de 
Channfi ,  au  département  de  Pingyang ,  féconde  métro- 
pole de  la  province.  Elle  eft  de  7  d.  n'  plus  occiden- 


der  croit  que  ce  font  les  Lincons  ,  &  Ortélius  y  voit  taie  que  Pékin ,  fous  les  36  d.  28'  de  latitude.   *  Atlas 

bien  de  l'apparence.  Sinenjïs. 

LINCAY,  petite  ville  de  France,  au  diocèfe  d'Au-  LINCING ,  ville  de  la  Chine,  dans  la  province  de 

xerre,   a  huit  lieues^  de  la  ville  de   ce  nom,   à   trois  Channton,   au  département  de  Tungchang,  troifiéme 

de  Saint-Sauveur ,    à  deux  de  Dreux,  à  une  de  Thuri  métropole  de  la  province.  Elle  eft  de  od.  ^'plusocci- 

&  a  demi-heue  de  Péreulè.  Elle  eft  fermée  de  murailles,  dentale  que  Pékin,  fous  les  37  d.  26'  de  latitude.  Cor- 

ï  °m  teHlt0!tD  pr?duit  des  grains-  neille >  D'&-  d"4  qu'on  la  nomme  aufli  Lixinfui.  Elle  eft 

LINCHAMP ,  lieu  de  France  en  Champagne ,  près  à  huit  lieues  de  Tungchang.  Elle  eft  fituée  dans  une  plaine 

#e  Rocroi.  C  etoit  autrefois  un  château  feul ,  làns  aucun  fablonneufe  ,  au  bout  du  canal  de  Lun  qui  y  mêle  fes 


LIN 


LIN 


eaux ,  avec  celles  de  la  rivière  de  Gmï.  Son  aflîatte  eft 
triangulaire  &  fort  inégale  ,  Si  deux  grands  Se  forts  châ- 
teaux font  fa  défenfe.  L 'împétuofité  du  fleuve  de  Guei  y 
eft  arrêtée  par  deux  puiffantes  éclufes.  Comme  elle  eft  le 
rendez-vous,  Si  le  pailage  de  tous  les  vaiffeaux  de  la 
Chine ,  qui  y  font  un  magafin  de  toutes  fortes  de  denrées, 
elle  pafîe  pour  une  ville  des  plus  marchandes,  Si  des 
plus  opulentes  de  la  province.  Son  côté  feptentrional  eft 
plus  agréable  que  les  autres,  à  caufe  d'un  pont  de  bateaux, 
qui  eft  inceflamment  couvert  d'habitans,  qui  vont  aux  au- 
tres endroits  de  la  ville.  Ses  remparts  font  élevés,  &  fort 
circuit  eft  de  deux  heures,  fans  y  comprendre  fes  faux- 
bourgs  ,  dont  celui  qui  eft  au  feptentrion ,  a  une  tour 
magnifique  &  très-bien  bâtie.  Cette  tour  eft  odtogone,  Si 
à  neuf  étages.  Sa  hauteur,  depuis  la  terre  jusqu'à  fon 
fommet,  eft  de  quatre-vingt  dix  coudées,  &  fa  largeur 
à  proportion.  L'extérieur  de  la  muraille  eft  tout  de  terre 
de  porcelaine,  peinte  &  embellie  de  mille  jolies  figures. 
Au  dedans  elle  eft  revêtue  de  marbres  de  différentes  cou- 
leurs ,  fi  unis  Si  fi  polis ,  qn'on  peut  s'y  regarder  comme 
on  fait  dans  un  miroir.  On  y  monte  par  un  escalier  à  vis, 
qui  n'eft  point  au  milieu  de  la  tour  .,  mais  entre  des  murs 
doubles.  On  va  par  cet  escalier  dans  tous  les  étages,  Si 
de-là  à  de  très-belles  galeries  faites  de  marbre  gravé.  Il  y 
a  des  grilles  de  fer  doré  ;  qui  défendent  &  ornent  les 
faillies  dont  cette  tour  eft  environnée.  Près  des)  galeries 
en  dehors,  Si  particulièrement  en  haut,  font  des  clo- 
chettes pendues ,  qui  rendent  un  fon  très-agréable  lors- 
que le  vent  les  agite.  Au  dernier  étage  on  voit  la  ftatue  de 
la  déefle  à  qni  cette  machine  eft  dédiée.  Elle  eft  faite  de 
plâtre  jette  en  en  moule ,  Si  non  pas  de  cuivre  fondu , 
comme  quelques-uns  l'ont  écrit.  Près  de  cette  tour  font 
quelques  temples  confacrés  aux  idoles.  La  ftructure  Si  l'or- 
donnance en  font  admirées,  ainfi  que  l'architecture  des 
bâtimens  de  la  ville,  qui  font  magnifiques.  *  Atlas  Sincn- 
fis.  Ambaflàde  des  Hollandois  vers  l'Empereur  de  la 
Chine ,  c.  4Z. 

LINCK,  fort  des  Pays-bas,  dans  la  Flandre  ,  à  une 
lieue  Si  demie  de  Bourbourg  ,  proche  la  rivière  de 
Colme. 

LINCOLN,  ville  de  la  grande  Bretagne,  au  royaume 
d'Angleterre  ,  fur  le  Wirham  ,  dans  une  province  ,  dont 
elle  eft  la  capitale ,  Si  à  laquelle  elle  donne  le  nom  de 
Lincolnshire ;  elle  eft  fur  la  pente  d'une  colline,  à  cent 
quatre  milles  de  Londres.  On  la  croit  bâtie  àei  ruines  de 
LlNDUM.  Voyez  ce  mot.  Lorsque  l'Angleterre  tomba 
entre  les  mains  de  Guillaume  le  Conquérant ,  Lincoln 
ctoit  grande  ,  riche  &  bien  peuplée  ;  c'eft  pourquoi  ce 
prince  y  fît  bâtir  un  château  pour  brider  les  habitans  ;  Si 
Rémi  évêque  deDorchefter,  y  transféra  fon  fiége  épifeo- 
pal,  &  bâtti  la  cathédrale  qui  eft  très-belle.  Quoique 
cette  ville  ait  beaucoup  foufîert  par  les  guerres,  elle  ne 
laifle  pas  d'être  d'une  aflez  grande  étendue.  Elle  a  titre 
decomté.  *  Etat  préfent  de  la  Gr.  Bretagne,  p.8l. 

S.  Hugues,  né  en  Bourgogne ,  profès  à  la  grande  Char- 
treufe,  fut  fait  évêque  de  Lincoln,  l'an  1186.  Ce  fiége 
étoit  vacant  depuis  dix-huit  ans.  Il  eft  fuffragant  de  Can- 
torberi.  Le  nom  latin  eft  Lindum  &c  Lindecollinum,  ou 
Lindocoiina ,  félon  Bede.  Le  nom  Breton  étoit  Lmdcylne. 
Elle  eft  nommée  Lindocolina  civitas ,  Lindicolina,  Lin- 
decolina.  Le  commencement  de  ce  nom  vient  du  mot 
Breton  hlyn  ,  un  lac  ,  un  marais  ,  une  terre  ma- 
récageufe.  Lincoln  a  été  quelque  tems  la  réfidence  des 
rois  de  Mercie. 

LINCOLNSHIRE,  Mon  L'Etat préf.  de  UGr.Bret. 
t.  1  ,  p.  83.  province  maritime  d'Angleterre,  dans  le 
diocèfe  de  Lincolin.  Elle  bornée  à  l'eft  par  l'Océan  Ger- 
manique ,  a  180  nulles  de  tour,  &  contient  environ 
1740000  arpens ,  4590  maifons.  Du  côté  du  nord  &  de 
l'oueft  ,  c'eft  un  pays  fertile  &  charmant  ;  mais  à  l'eft  Si 
au  fud,  il  eft  marécageux;  de-là  vient  que  cette  partie  eft 
moins  fertile  en  bled  ;  mais  ce  défaut  eft  recompenfé  par 
fa  grande  abondance  de  poifîon  Si  de  gibier.  C'eft  dans 
cette  province  Si  dans  celle  d'Yorck,  que  l'on  trouve 
grand  nombre  de  chevaux  fins.  L'Humber  qui  la  fé- 
pare  d'Yorkshire ,  Si  la  Trente  qui  en  fépare  une  partie 
de  Nottinghamshire,  font  fes  principales  rivietes  ;  outre 
lefquelles  il  y  a  le  "Wrtham  ,  le  Nen  &  Véland ,  qui 
traverfent  Lincolnshire.  Cette  provinces  l'une  cL:s  plus 
grandes  d'Angleterre,  eft  divifée  en  trois  parties,  favoir  : 
LlNDSEY,   HOLLAND  &  K.ESTEYEN. 


847 


Le  première  contient  les  parties  feptentrional  es ,  6c 
embrafle  environ  la  moitié  de  la  province.  Holland  eft 
au  fud-eft,  &  Kefteven  à  l'oueft  de  Holland.  Ses  villes 
&  bourgs,  où  l'on  tient  marché,  font  : 


Bofton 
Grantham  , 
Stamford , 
Grimsby, 
Ganesborough , 
Bullingbrook, 
Binbrook, 
Alford, 
Burton , 
Barton  , 
Kirton, 
Bùrgh , 
Boum , 
Deeping , 


LlNCOEN  la  capitale, 

Dunington , 


Crouwland, 
Folkingham  , 
Holbech, 
Horncaftle , 
Lytcham , 
Louth , 
Sléaford  , 
Saltfléat , 
Spalding, 
Spikbv, 
Rafen , 
Stanton  , 
Tattershall  , 


LINCOPING.  Voyez  Lidkoping. 

LINDANA  ,  ou  Lindanje  Portus  ;  quelques-uns 
nomment  ainfi  en  latin  Landevenec,  ville  de  France,  en 
Brctegne ,  au  diocèfe  de  Quimper. 

1.  LINDAU,  ville  libre  &  impériale  d'Allemagne, 
dans  la  Suabe,en  latin  Landlvïa,  &  Lindavium.  Elle  eft 
firuée  en  une  ifle  du  lac  de  Confiance,  dont  le  tour  eft 
de  quatre  mille  quatre  cents  cinquante  pas ,  proche  de 
la  terre  ferme  ,  à  laquelle  elle  eft  attachée  par  un  pont 
de  pierres  ,  long  de  deux  cents  quatre-vingt-dix  pas ,  à 
l'extrémité  de  la  Suabe,  entre  Algove,  au  levant;  la 
Suiffe,  au  couchant  ;  lesGrifons,au  midi  ;  ci  le  refte  de 
la  Suabe,  au  nord.  Il  y  a,  du  côté  du  couchant,  une  grande 
campagne  ,  /éparée  de  la  ville  par  des  foffés  Si  par  une 
muraille.  Cette  campagne  ne  fert  de  demeure  qu'à  des 
pêcheurs  &  eft  fort  peuplée  de  vignes.  L'églife  princi- 
pale de.  Lindau  eft  dédiée  à  S.  Etienne,  &  la  ville  eft 
comme  l'étape  des  marchandées  de  diverfes  nations  : 
toutes  les  fèmaines  on  y  voit  entrer  par  la  porte ,  qui 
répond  à  la  terre  ferme ,  près  de  quinze  cents  charrettes 
ou  chariots  ,  à  caufe  que  les  marchands  de  huit  ou  neuf 
lieues  aux  environs ,  &  d'un  grand  nombre  de  villes  y 
vont  au  marché.  Ceux  de  Suabe  &c  de  Bavière  y  font 
de  grands  amas  de  froment ,  de  fel ,  de  fer  Si  du  cui- 
vre ,  qu'ils  vendent  enfuite  aux  Suifles  Si  aux  Grifons. 
Tous  les  famedis,  on  y  porte  par  le  lac  une  grande  quan- 
tité de  vin  &  de  froment,  qu'on  y  conduit  de  Hégow 
Si  de  Turgou ,  &  qu'on  va  vendre  après  en  Algow,  en 
Suabe  Si  en  Bavière.  On  y  porte  aufîî  de  Bregents  & 
des  montagnes  de  Suiffe  ,  d'Appenzel  Si  des  Galons,  une 
incroyable  quantité  de  beurre  Si  de  fromages ,  outre  le 
poiffon  &  les  fruits  de  toutes  fortes ,  les  planches ,  les 
chevrons  Si  les  folives  qui  viennent  du  voifinage  ,  ôc 
les  marchandifes  qu'on  y  apporte  des  pays  feptentrio- 
naux,  Si  qui  paffent  par  Nuremberg  Si  par  Augsbourg, 
pour  être  conduits  en  Italie.  *  Corn.  Dift. 

C'eft-là  qu'eft  la  célèbre  ABBAYE  DE  Lindau.  On 
en  attribue  la  fondation  à  Albert ,  maire  du  palais  de 
Charlemagne ,  qui  prit  foin  de  la  doter  Si  l'enrichir,  en 
quoi  il  fut  imité  par  les  comtes  de  Robac.  Les  pèlerins 
y  firent  d'ailleurs  de  riches  dons  ;  en  forte  que  I'abbeffe 
devint  non-feulement  princeffe  de  l'empire  ,  mais -en- 
core affez  puiffante  pour  avoir  fon  maire  du  palais  qui 
fe  tenoit  à  Vafferbourg.  Il  alloit  à  fi  grand  train,  qu'elle 
fut  contrainte,  à  cault  de  la  grande  fuite  qu'il  menoit, 
d'ordonner  qu'il  ne  vînt  plus  à  Lindau  qu'avec  douze 
cheveux.  Les  religieufes  ,  qui  doivent  prouver  leur  no- 
bleffe  de  trois  races ,  fe  font  nommer  dames  &  chanoi- 
nejfes ,  Si  ne  portent  aucun  habit  qui  les  diftingue  des 
autres.  Elles  peuvent  fe  marier ,  &  font  feulement  obli- 
gées de  chanter  au  chœur,  Si  de  dire  les  heures  cano- 
niales. Cette  abbaye ,  par  un  privilège  ipécial  des  em- 
pereurs ,  fert  d'afyle  aux  criminels. 

Lindau  avant  été  quelque  tems  dépendante  &  fu- 
jette  à  l'abbeffe  ,  Si  enfuite  aux  ducs  de  Suabe ,  fut  re- 
<^ue  enfin  au  rang  des  villes  impériales  ,  Si  obtint  plu- 
sieurs privilèges ,  principalement  celui  de  battre  mon- 
noie.  L'an  1175,  l'empereur  Rodolphe  de  Hapsbourg 
permit  au  peuple  d'élire  un  bourg-meftre  Si  un  ftat-am- 
nian ,  du  corps  des  patriciens  ou  du  peuple  ,  à  fon  choix, 


848 


LIN 


LIN 


pour  gouverner  avec  le  fénat ,  outre  huit  tribuns  du  peu- 
ple ,  fans  qui  les  autres  ne  peuvent  rélbudre  aucune  af- 
faire importante,  comme  de  religion ,  de  guerre  ou  d'al- 
liance. On  change  les  magiftrats,  tous  les  ans,  le  jour  de 
S.  Jean-Baptifte.  Les  habitans  font  Luthériens,  &  ne  lais- 
sent pas  de  bien  vivre  avec  l'abbefTe  &c  les  chanoineffes, 
qui  font  Catholiques. 
2.  LINDAU.  Voyez  Lindow. 
LINDE ,  petite  ville  de  France  ,  au  haut  Périgord, 
fur  la  Dordogne.  Elle  a  pour  défenfe  une  tour  carrée , 
haute  de  dix  pieds  ou  environ,  de  laquelle  fort  une  fon- 
taine ,  qui  fait  moudre  deux  moulins  au  retour  qu'elle  fait 
près  de  fa  fource.  *  Duchefne  ,  Antiq.  des  villes  de 
France. 

LINDEMACUS  ,  ou  Limagus  ,  nom  latin  du  Li- 
mai, rivière  de  Suifle. 

LINDESZAS  ,  petite  place  de  Suéde  ,  dans  le  Veft- 
manland  ,  fur  un  ruiffeau  qui  tombe  dans  une  rivière , 
laquelle  vient  de  Nora,  paffe  à  Arboga,  &  fe  perd  dans 
le  lac  de  Maler.  Elle  eft  à  l'orient  des  montagnes  où 
font  les  mines  de  Lindesberg.  On  voit  bien  que  les 
montagnes  tirent  leur  nom  d'une  même  fource.  *  De 
Fille ,  Couronnes  du  nord. 
LINDI  COLONIA , 

LINDISFAR,  ou  Lindish,  ou  Lindissi,  ville  épis- 
copale  d'Angleterre  ,  félon  Baillet.  Il  la  met  dans  le  ter- 
ritoire ou  comté  de  Lincoln,  &  avertit  qu'elle  eft  fort 
différente  de  Lindisfarne  ,  qui  étoit  à  l'extrémité  du 
Northumberland ,  du  côté  de  l'Ecoffe.  Il  ajoute  que 
Théodore  de  Cantorberi  joignit  cet  évêché  à  celui  de 
Lichfeld,  dans  le  comté  de  Stafford  ,  au  royaume  de 
Mercie,  pour  en  charger  S.  Céadde.  Voyez  Lichfeld. 
Je  crois  que  cet  article  n'eft  rien  moins  qu'exaft.  I.  Le 
fiége  épiscopal ,  dont  Céadde  fut  évêque  ^  eft  le  même 
que  l'abbaye  de  Lindisfarne ,  dont  les  abbés  après  S.  Ai- 
dan  ,  réunifloient  le  pouvoir  abbatial  &  l'épiscopal  en 
leurs  perfonnes.  2.  Je  ne  trouve  nulle  part  que  Lindish 
ou  Lindissi  fût  une  ville  ,  encore  moins  une  ville  du 
territoire  de  Lincoln.  Maison  trouve  que  Lindissa 
étoit  une  province  d'Angleterre.  Il  en  eft  parle  en  ces 
termes  dans  la  Vie  de  S.  Suibert  ;  &  Bede  l'explique 
encore  mieux ,  quand  il  dit  qu'elle  s'étendoit  au  midi  de 
l'Humber  jusqu'à  la  mer,  &  il  y  met  une  ville  nommée 
LlNDOCOLlNA.  Il  eft  clair  que  cette  ville  eft  préfente- 
ment  Lincoln,  nommée  par  les  anciens  Lindun  ,  &  par 
les  écrivains  du  moyen  âge  Lindocolina,  ouLinde- 
COLLINUM  ,  &  que  LlNDISSA  eft  le  nom  de  la  pro- 
vince nommée  Lincolnshire.  Nous  avons  vu  que 
Lincoln  étoit  laréfidence  des  rois  de  Mercie  ;  Se  nous 
voyons  dans  le  Martyrologe  Romain ,  au  2  de  Mars , 
que  S.  Céadde  étoit  évêque  de  Mercie  &c  de  Lindisfarne; 
fur  quoi  le  P.  Lubin  remarque  dans  fes  Notes  fur  le 
Martyrologe,  p.  2,  que  S.  Céadde  étoit  évêque  de 
Lichfeld  ou  Lichnéld,  qui  étoit  du  royaume  de  Mercie. 
Il  dit,  /j.  9,  que  ce  faint  étoit  évêque  de  Lindisfarne; 
que  Lindisfarne  étoit  une  abbaye  célèbre  ,  &  un  fiége 
épiscopal ,  dont  S.  Céadde  fut  évêque  ,  aufli-bien  que 
de  Mercie.  Voyez  l'article  fuivant. 

LINDISFARNE  ,  Lindisfarni,  (gen.  orum,)  ou  Lin- 
disfarna  ,  Lindisfarena ,  Linderfarena ,  Linderfareona , 
Lindisfarnenfîs  infula  ,  anciennement  Haligealand ,  à 
préfent  Holy-IJland ,  nom  qui  fignifie  l'ifle  fainte ,  à 
caufe  du  grand  nombre  de  faints,  qui  y  repofent,  ou  des 
faints  moines  qui  l'ont  habitée.  Le  commencement  de 
fon  nom  a  la  même  origine  que  celui  de  Lincoln ,  & 
vient  du  Breton  hlyn,  un  lac,  un  marais.  Cela  s'accorde 
allez  avec  ce  que  Bede,  /.  3,  c.  5,  en  dit  :  Bis  quotidie 
heee  in/lar  infula  maris  circumluitur  undis  ;  bis  renu- 
dato  littore  contigua  terra  redditur.  La  marée  qui  cou- 
vre &C  découvre  deux  fois  par  jour  le  terrein  qui  eft  en- 
tr'elle  &C  la  terre  voifine,  tantôt  l'environne  comme  une 
ifle,  &  tantôt  la  rejoint  à  la  terre  ferme.  Elle  eft  fur  la 
côte  du  Northumberland.  Il  y  avoit  dans  cette  ifle  un 
monaftere  fort  célèbre.  S.  Ofual ,  roi  de  Northumber- 
land, voulant  faire  fleurir  le  Chriftianisme  dans  fes  états, 
s'adreffa  aux  moines  Ecoflbis  de  l'abbaye  de  Hy  ou  d'Y- 
comkil,qui  lui  envoyèrent  un  d'entr'eux,  nommé  Aidam, 
avec  quelques  autres  religieux.  Aidam  fut  ordonné  évê- 
que, &  obtint  du  roi,  pour  fon  fiége  épiscopal,  Lindis- 
farne, presqu'ifle  que  le  flux  de  la  mer  réduifoit  en  ifle 
ieux  fois  le  jour.  Elle  eft  à  quatre  milles  de  Varwic,  en 


Ecofle.  Le  P.  Lubin ,  dans  fes  Notes  fur  le  Martyrologe 
Romain,  dit  que,  dans  l'ifle  de  Lindisfarne,  étoit  une  ville 
nommée  de  même ,  fk  qu'on  l'appelloit  auffi  Auguftal- 
dia  &  Hagujlaldia  ;  qu'il  y  avoit  en  cet  endroit  un  fa- 
meux monaftere  &  un  fiége  épiscopal ,  dont  les  évêques 
étoient  quelquefois  nommés  évêques  de  Lindisferne  ,  8c 
quelquefois  évêques  de  Hagufiald  ;  mais  il  y  a  une  diffi- 
culté. On  lit  dans  fhiftoire  de  l'ordre  de  S.  Benoît,  1. 1, 
/.  3,  c.  7,  §.  6,  que  S.  Wilfrid  bâtit  l'églife  de  Hagus- 
tald ,  que  l'on  regarde  depuis  comme  un  miracle  d'ar- 
chite&ure,  &  qui  fut  le  fiége  d'un  évêché.  On  voit  en- 
fuite  que  la  reine  Audri ,  qui  étoit  la  protectrice  de  faint 
Wilfrid,  étant  morte  ;  &  Egfrid,  roi  de  Northumber- 
land, ayant  époufé  Ermenburge  en  fécondes  noces, 
cette  princeffe  ne  put  fouffrir  le  pouvoir  &  le  crédit  du 
faint  prélat  ;  &  fous  prétexte  qu'il  étoit  plus  avantageux 
au  Northumberland  d'avoir  plus  d'un  évêque ,  elle  en- 
gagea l'archevêque  Théodore  à  le  dépofer  &  à  fubfti- 
tuer  à  fa  place  deux  religieux ,  Bofa  pour  gouverner 
le  pays  des  Dures  ,  &  avoir  fon  fiége  dans  Yorck  , 
&  S.  Eat  pour  être  le  pafteur  des  Berniciens,  &  réfider 
à  Lindisfarne ,  ou  dans  Haguljlald.  Eat  ayant  fixé  fa 
réfidence  à  Lindisfarne,  Von  mit]  encore  Tumbert  à  Ha- 
gufiald, Edhed  àRippon  &  Trumwin  dans  l'églife  des 
Piftes.  Un  peu  après ,  dans  la  même  hiftoire ,  on  voit 
que  S.  Wilfrid  étant  rétabli  par  le  même  archevêque 
Théodore,  qui  l'avoit  dépofé,  il  reprit  la  conduite  des 
monafteres  de  Haguftald  &  de  Rippon  qu'il  avoit  fon- 
dés. On  peut  juger  par  ces  différens  paflages  ,  que  le 
monaftere  de 'Lindisfarne  &  celui  d'Haguftald  étoient 
différens.  S.  Wilfrid ,  fondateur  du  fécond,  étoit  à  peine 
né,  lorsque  S.  Aidam  fonda  le  premier.  D'ailleurs  il  n'eft 
pas  vraifemblable  qu'une  ifle,  comme  celle  de  Holy-Is- 
land,  ait  eu  deux  évêques  &  deuxfiéges  épiscopaux;  car 
l'évêché  d'Hagulftald  fubfifta  encore  long-tems.  On. 
compte  Tumber ,  Acca ,  S.  Eat ,  entre  fes  évêques.  Ce 
n'eft  pas  que  ces  deux  fiéges  n'ayent  pu  être  poffédés  par 
un  même  évêque.  On  voit  qu'après  la  mort  de  S.  Cuth- 
bert,  évêque  de  Lindisfarne,  arrivée  en  687,  S.  Wilfrid 
gouverna  cette  églife  conjointement  avec  celle  de  Ha- 
guftald. On  ordonna  enfuite  Edbert,  évêque  de  Lindis- 
farne. S.  Wilfrid  conferva  fans  doute  l'autre  églife,  puis- 
qu'en  709,  un  peu  avant  que  de  mourir,  il  marqua  qu'il 
fouhaitoit  que  le  prêtre  Acca  en  eût  la  conduite  après 
lui.  Ce  fut  par  l'ordre  de  cet  Acca ,  évêque  d'Haguls- 
taldque  le  moine  Eddi  écrivit  la  vie  de  S.  Wilfrid.  L'é- 
glife de  Lindisfarne  fut  minée  en  793,  par  les  Danois 
qui  tuèrent  ou  emmenèrent  captifs  la  plupart  des  reli- 
gieux. L'an  868,  ils  revinrent  à  la  charge ,  &  ravagè- 
rent de  nouveau  cette  églife.  Enfin  ,  vers  l'an  882  ,  le 
fiége  8c  les  reliques  de  S.  Cuthbert  furent  transférées  à 
Chefter,  &  de-là,  en  995  ,  à  Durham,  où  eft  encore 
l'évêché.  Voyez  Durham. 

Outre  cette  ifle  de  Lindisfarne ,  qui  eft  maintenant 
appellée  Haly-Ifland,  c'eft-à-dire  l'Ifle-Sainte,  il  y  a, 
en  (uivant  la  côte  vers  le  fud-eft,  d'autres  ifles  plus  peti- 
tes ,  dont  la  plus  grande  eft  l'ifle  de  Farne,  où  S.  Cuth- 
bert fe  retira  pour  y  vivre  dans  la  folitude  ,  comme  il 
avoit  fait,  avant  que  d'être  évêque  de  Lindisfarne.  L'his- 
torien de  l'ordre  de  S.  Benoît ,  A  3  ,  c.  9 ,  §.  3  ,  dit  : 
après  avoir  exercé  douze  ans  la  charge  de  prieur ,  il  fe 
retira  dans  l'ifle  de  Farne,  avec  la  permiflîon  de  fon  ab- 
bé ;  cette  ifle  eft  à  deux  lieues  de  la  péninfule  de  Lin- 
disfarne. Ce  fut  de  cet  endroit  qu'on  l'arracha  ,  malgré 
lui,  après  neuf  ans,  de  folitudepour  le  faire  évêque  ;  &  il  y 
retourna,  pour  y  attendre  fa  mort  qui  arriva  deux  ans 
après  fa  confécration.  De  l'ifle  dit:  l'ifle  de  Farne,  ou  Lin- 
disfarne, pour  défigner  cette  petite  ifle,  &  nomme  Am- 
plement Holy-lland,  ou  l' Ifle-S ainte ,  la  grande  ifle.  Il 
fe  trompe,  Holy-IJland  oui' Ifle-S  ainte  eft  la  même  que 
Lindisfarne  où  étoit  l'abbaye ,  &  eft  très  -  différente  de 
Farne  où  S.  Cuthbert  mourut.  La  première  eft  une  ifle 
affez  petite  ,  dont  l'air  n'eft  pas  fain  ,  ni  le  terroir  fer- 
tile ;  de-là  vient  qu'elle  eft  mal  peuplée  ;  il  n'y  a  qu'un 
bourg,  un  château  &  une  églife.  Le  havre  eft  allez  bon, 
&  défendu  par  un  fort.  L'ifle  de  Farne  n'eft  qu'un  ro- 
cher inhabité.  Voyez  Farne. 
LINDISSA.  Voyez  Lindisfar. 
LINDKOPING  ,  ville  de  Suéde.   Voyez  Lidko- 

PING. 

LINDO,  petite  place  de  l'ifle  de  Rhodes,  vers  la  côte 
méridionale 


LIN 


LIN 


méridionale  de  la  Natolie  ,  avec  un  port  fur  la  cote- 
orientale  de  cette  ifle.  Elle  étoit  autrefois  une  des  trois 
principales  places;  mais  elle  eft  presque  réduite  en  vil- 
lage ,  depuis  qu'elle  eft  aux  TurCs.  Voyez  Lindus. 
*Baudrand,  éd.  1705. 

LINDOCOLINA  ,  ou  Lindi- Colonia.  Voyez 
Lindum  Se  Lincoln. 

LINDOSO,  place  de  Portugal,  dans  la  province  d'En- 
tre-Duero  Se  Minho.  C'eft  un  château  d'un  très-difficile 
accès  ,  fermé  d'une  bonne  muraille  ,  &  défendu  par 
un  petit  fort  irrégulier  de  cinq  battions.  Ce  château 
n'eft  gardé  que  par  une  compagnie  d'infanterie.  *  Le- 
quien  de  la  Neuville  ,  Hift.  générale  de  Portugal ,  t.  1, 
jp.28. 

1.  LINDOV,  ville  d'Allemagne,  dans  l'électorat  de 
Brandebourg.  Zeyler,  Brandburg.  Topogr.  p.  72,  écrit 
LlNDAU,  Se  dit  que  c'eft  une  petite  ville  à  deux  mil- 
les de  Neuen-Rupin,  &  dans  le  comté  de  Rupin,  qui 
eft  du  Brandebourg.  Il  y  a  en  cet  endroit  un  monaftere 
de  filles  de  qualité. 

2.  LINDO"\V  ou  Lindau  ,  bourg  d'Allemagne,  dans 
la  Poméranie  ;  il  a  les  privilèges  8t  les  franchifes  d'une 
ville. 

LINDRE  ;  (l'étang  de)  étang  de  Lorraine,  à 
deux  lieues  de  Marfal  ,  vers  le  levant  ,  Se  à  huit  de 
Nanci.  Son  circuit  eft  de  quatre  lieues  ,  8c  la  rivière 
de  Seille  en  tire  fa  fource.  *  Corn.  Dift. 

LINDSEY ,  contrée  d'Angleterre  en  Lincolnshire, 
où  elle  fait  une  des  trois  parties  de  cette  province  : 
comme  on  a  vu  dans  l'article  LINCOLNSHIRE.  Il  eft 
vifible qu'elle  a  confervé  le  nom  de  LlNDISSA,  ancien 
nom  de  cette  province  :  elle  eft  entourée  d'eau  ,  &  a 
donné  le  titre  de  comte  de  Lindfey  à  plufieurs  feigneurs 
Anglois. 

1.  LINDUM,  ancienne  ville  de  l'ifle  de  la  Grande- 
Bretagne.  Ptolomée,  /.  2,  c.  3,  la  donne  au  peuple  Co- 
ritanu  Antonin  ,  hiner.  la  met  fur  la  route  de  Londres, 
à  Carleil,  entre  Caufennœ,  aujourd'hui  Nottingham,  8t 
Segelocus,  aujourd'hui  Litteburow,  à  vingt-ftx  mille  pas 
de  la  première ,  8c  à  quatorze  mille  de  la  féconde.  L'a*- 
nonyme  de  Ravenne  nomme  cette  ville  Lindum  colo- 
nia;  8c  par-là  il  nous  rend  intelligible  une  fouscription 
du  concile  d'Arles ,  où  l'on  trouve  :  Adelphius  episcopus 
de  civitate  colonia  Londi  ,  fans  doute  pour  colonia  Lindi. 
Cela  s'accorde  avec  Lindicolina  ou  Lindocolina  deBede. 
Par-tout  là  il  s'agit  de  Lincoln.  Voyez  ce  mot. 

2.  LINDUM.  Voyez  Lindus  Se  Lindo. 

1.  LINDUS,  ancienne  ville  de  l'ifle  de  Rhode,  fé- 
lon Strabon,  /.  14;  Pomponius  Mêla,  /.  2,  c.j;  Pline, 
/.  5,  c.  31  ;  6c  Ptolomée  ,  /.  5,  c.  2.  Diodore  de  Si- 
cile en  attribue  la  fondation  aufli-bien  que  celle  de  Ca- 
mirus  8c  de  JaliJJus  à  Tlépolème ,  fils  d'Hercule  ,  &C 
ajoute  qu'après  les  avoir  élevées  il  partit  avec  Agamem- 
non,  pour  le  fiége  de  Troye.  D'autres  font  honneur  de 
la  fondation  de  ces  trois  villes  aux  Héliades ,  petits-fils 
du  Soleil ,  qui  portoient  les  mêmes  noms  que  ces  vil- 
les, à  qui  chacun  d'eux  donna  le  fien,]  C'eft  Strabon  qui 
rapporte  cette  opinion.  Cette  ville  fe  conferva  ,  &c  ne 
fut  point  abforbée  par  la  capitale.  Euftathe,  in  Perieges. 
Dionif.  v.  505,  dit  que  de  (on  tems  Lindus  avoit  encore 
de  la  réputation.  C'étoit  la  patrie  de  Cléobule  ,  l'un  des 
fep*  fages  de  la  Grèce  ,  &  il  y  avoit  un  temple  dont 
Minerve  prenoit  le  furnom  de  L'indienne.  La&ance, /.  1, 
c.  3 1  ,  rapporte  une  circonftance  affez  remarquable.  A 
Linde  ,  ville  de  l'ifle  de  Rhode,  dit  cet  écrivain,  il  y  a 
des  facrifices  en  l'honneur  d'Hercule  ,  dont  les  cérémo- 
nies font  différentes  de  toutes  les  autres  ;  car  on  ne  les 
célèbre  point  par  des  euphèmies  ,  comme  parlent  les 
Grecs ,  c'eft- à-dire  par  des  bénédictions ,  mais  par  des 
malédictions  Se  des  imprécations  ;  Se  on  tiendrait  ces 
facrifices  pour  profanes,  fi ,  pendant  qu'on  les  célèbre,  il 
échappoit  à  quelqu'un,  même  fans  le  vouloir,  de  pro- 
noncer une  bonne  parole.  Lindo  a  été  une  place  im- 
portante du  tems  que  les  chevaliers  hospitaliers  de  faint 
Jean  de  Jérufalem  poffédoient  l'ifle  de  Rhode.  L'abbé 
de  Vertot  parle  du  château  de  Lindo  dans  fon  Hiftoire 
de  Malte ,  /.  2 ,  /.  4 ,  p.  171,  à  Foccafion  du  grand-maî- 
tre Villaret  qui  s'en  empara.  Ce  château ,  dit  cet  abbé , 
eft  fitué  fur  une  montagne  au  côté  oriental  de  l'ifle,  en- 
viron à  fept  milles  de  la  ville  de  Rhode.  Outre  un  bon 
port  qui  eft  au  pied  de  ce  château ,  on  trouve  encore  au 


849 


feptentrion  une  grande  baie,  dont  le  fond  eft  net,  ferme 
8c  fablonneux  ;  &  un  peu  plus  loin,  il  y  a  un  endroit  ap- 
pelle triande  ou  le  canton  des  ferpens ,  au-deffous  du- 
quel on  trouve  une  fort  bonne  rade ,  où  les  vaiffeaux 
font  à  l'abri  des  vents  d'orient  8e  de  fud-eft. 

2.  LINDUS  ,  rivière  d'Afie,  entre  la  Carie  &c  la  Ly- 
cie  ,  auxquelles  elle  fervoit  de  bornes,  féparant  ces  deux 
provinces ,  au  rapport  de  Quintus  Calaber,  /.  8.  Orté- 
lius  foupçonne  que  c'eft  le  Calbis  de  Ptolomée. 

1.  LlNG  ,  ville  de  la  Chine,  dans  la  province  de 
Channton ,  au  département  de  Cinan  ,  première  mé- 
tropole de  la  province.  Elle  eft  de  o  d.  26'  plus  occiden- 
tale que  Pékin,  fous  les  37  d.  46'  de  latitude.  *  Atlas 
Sinenjis. 

2.  LING ,  ville  de  la  Chine  ,  dans  la  province  de 
Huquang,  au  département  de  Hengcheu,  dixième  mé- 
tropole de  la  province.  Elle  eft  de  4  d.  56'  plus  occiden- 
tale que  Pékin,  fous  les  26  d.  52'  de  latitude.  * Atlas 
Sinenjis. 

1.  LINGA.  Voyez  TinGIS. 

2.  LINGA.  Voyez  Lingen. 

1.  LINGAN,  ville  de  la  Chine,  dans  la  province 
de  Junnan ,  dont  elle  eft  la  troifiéme  métropole.  Elle 
eft  de  14  d.  19'  plus  occidentale  que  Pékin,  fous  les 
24  d.  6'  de  latitude.  '  Cette  métropole  a  fous  fa  dépen- 
dance dix  cités  6c  neuf  fortereffes. 


Lingan , 
Kienxui  ©s 
Xeping  0, 
Omi  &, 
Ning  ®, 


Naleu, 
Kiahoa, 
Vanglung, 
Hiyung , 


Sinping , 
Tunghai , 
Hofi, 
Siégo, 
Mungçu. 


FortereJJes. 


Gannan, 


Kichu  ; 
Suto, 
Çoneng ,' 
Locung , 


C'eft  contre  l'ufage  ordinaire  ,  que  cette  métropole 
a  dans  fa  dépendance  toutes  ces  forrereffes.  La  raifort 
en  eft  qu'elle  fe  trouve  voifîne  du  royaume  de  Tunkin, 
&c  que  l'empereur  de  la  Chine  eft  obligé  de  tenir  quan- 
tité de  troupes  dans  ces  quartiers,  pour  être  en  état  de 
faire  tête',  en  cas  de  befoin,  aux  Tunkinois.  En  effet  le 
roi  de  Tunkin  s'eft  emparé  de  toutes  les  terres  qui  font 
à  l'orient  de  cette  ville  ;  &  elles  font  actuellement  fous 
fa  domination.  *  Atlas  Sinenjis. 

Anciennement  ce  pays  faifoit  partie  du  royaume  de 
Kingting.  Lorsque  la  famille  Han  l'eut  fournis ,  elle  en 
fit  une  principauté  qui  fut  appellée  Ciangho.  Il  devint  en- 
fuite  une  dépendance  du  royaume  de  Mung;  Se  le  lieu 
où  eft  fituée  Lingan ,  fut  appelle  Tunghai.  La  famille 
Sunga  le  nomma  Lieuxan,  &  la  famille  Juen  en  fit  une 
ville  très-bien  fortifiée  Se  affez  grande.  Son  territoire  eft 
diverfifié  de  plaines ,  de  collines  &C  de  montagnes  ;  il 
renferme  auffi  deux  grands  lacs  :  il  eft  coupé  par  quel- 
ques rivières  ;  8c  on  y  trouve  une  grande  quantité  de 
villes  ,  de  fortereffes  ,  de  châteaux  8c  de  villages.  Dans 
la  partie  feptentrionale  de  la  ville ,  il  y  a  un  fort  beau 
pont  que  fit  bâtir  la  famille  Juen. 

2.  LINGAN ,  ville  de  la  Chine  ,  dans  la  province 
de  Chékiang ,  au  département  de  Hangcheu ,  premiers 
métropole  de  la  province.  Elle  eft  plus  orientale  que 
Pékin  de  2  d.  38',  par  les  30  d.  15'  de  latitude.  *  Atlas 
Sinenjis. 

LINGEN  ,  petite  place  d'Allemagne  ,  dans  la  Weft- 
phalie.  Elle  donne  le  nom  à  un  comté,  dont  elle  eft  le 
chef-lieu,  à  l'orient  delà  rivière  d'Embs.  Elle  eft  encla- 
vée entre  cette  rivière  ,  l'évêché  de  Munfter  8c  celut 
d'Osnabrug;  elle  appartenoit  à  Guillaume  III,  roi  de  la 
Grande-Bretagne,  Se  eft  poffédée  préfentement  par  le 
roi  de  Pruffe.  Corneille  a  tort  de  dire  qu'elle  eft  de  la 
Frife ,  8c  frontière  d'Allemagne.  Il  falloit  dire  tout  le 
contraire.  Elle  eft  en  Allemagne ,  8c  frontière  de  la 
Frife.  Elle  eft  à  huit  lieues  de  Coëvorde,  8c  à  feize  de 
Munfter.  Selon  Olivier,  cette  ville  eft  l'ancienne  Asça' 
lingium  ,  capitale  des  Dulgibins. 

LiNGEN,  (le  COMTÉ  de)  petit  pays  d'Allemagne, 
Tome  III*    Ppppp 


LIN 


8yo 

en  Weftphalie,  au  bord  oriental  de  l'Embs.  Il  eft  borne 
au  nord  par  le  pays  de  Meppen  ;  à  l'orient,  par  l'évêche 
d'Osnabrug;  au  midi,  par  le  territoire  de  Bévergern, 
dont  il  efTïéparé  au  fud-oueft  par  l'Aa,  &£  au  couchant 
par  l'Embden.  Il  n'y  a  que  la  ville  de  Lingen  ;  les  au- 
tres lieux  font  des  bourgades  ou  des  villages.  L'an  1545, 
l'empereur  Charles  V  ôta  ce  comté  par  confiscation  , 
avec  celui  deTecklenbourg,  &  la  fcigneurie  de  Reyden, 
au  comte  Gérard  de  i  ecklenbourg ,  &  en  gratifia  Maxi- 
milien  d'Egmond.  La  famille  de  Tecklenbourg  tâcha  en 
vain  d'y  rentrer,  en  vertu  delà  tranfa&ion  de  Paflau. 
Maurice  ,  prince  d'Orange,  général  de  l'armée  des  états, 
prit  la  ville  de  Lingen,  en  1597;  &  le  marquis  Ambroife 
Spinola  la  reprit  pour  le  roi  d'Espagne,  en  1605.  Elle 
fut  prife  en  1674,  Par  l'évêque  de  Munfter,  qui  la  ren- 
dit peu  après.  Ce  comté  étoit  du  domaine  de  Guil- 
laume III;  le  roi  de  Prune  s'en  eft  porté  héritier,  &le 
poflede  à  ce  titre. 

LINGFUNG,  montagne  de  la  Chine,  dans  la  pro- 
vince de  Kianfi ,  au  voifinage  de  la  ville  de  Xangcao. 
Elle  a  cela  de  particulier  ,  que  quand  il  y  pleut,  durant  le 
jour,  on  y  voit  pendant  la  nuit  une  grande  flamme  ;  ce 
qui  n'eft  pas ,  lorsque  le  teins  eft  fec.  *  Atlas  Sinenjîs. 

LINGHE,  (la)  ou  la.  Linge,  rivière  des  Pays- 
bas.  Elle  a  fa  fource  en  Gueldre ,  dans  le  haut  Betuve , 
pane  à  Hemmen ,  g.  Moll,  g.  à  Sceten,  d.  à  Gulder- 
mufer,  g.  à  Tricht ,  d.  à  Deil,  g.  à  Marienwsrt,  d.  à 
Rund,  g.  à  Renoy,  d.  à  Akoy,  d.  à  Asperen  ,  g.  a 
Leerdam,  d.  à  Hœckelum,  g.  à  Spyck,  g.  à  Arckel,  d.  à 
Gorcun  ,  où  elle  tombe  dans  la  Meufe.  *  Diiî.  géogr. 
des  Pays-bas. 

LINGK1EU  ,  ville  de  la  Chine ,  dans  la  province  de 
Channfi  ,  au  département  de  Taitung  ,  troifiéme  mé- 
tropole de  la  province.  Elle  eft  de  3  d.  28'  plus  occi- 
dentale que  Pékin,  fous  les  39  d.  44' de  latitude.  *  Atlas 
Sinenjîs. 

LINGLUNG  ,  ville  de  la  Chine  ,  dans  la  province 
d'Iunnan,  au  département  de  Munghoa,  fixiéme  mé- 
tropole de  la  province.  Elle  eft  de  17  d.  10'  plus  occi- 
dentale que  Pékin  ,  fous  les  25  d.  24'  de  latitude.  *  Atlas 
Sinenjîs. 

1.  LINGO.  Voyez  Lingones,  qui  en  eft  le  plu- 
riel. 

2.  LINGO.  Voyez  Lingon. 

LINGON,  (le)  petite  rivière  de  France,  dans  le 
Vermandois.  Après  avoir  baigné  les  murs  du  château  de 
Nelle ,  elle  va  (é  joindre  à  la  Somme.  Le  véritable  nom 
de  cette  rivière  eft  l'Ingon  ,  en  latin  Ingo.  Comme  l'In- 
gon  fe  prononce  de  la  même  manière  que  Lingon ,  in- 
fenfiblement  on  a  écrit  Lingon  pour  l'Ingon.  *  Hadr. 
Valefii  Not.  Gai.  p.  375. 

1.  LINGONES  ,  nom  d'un  ancien  peuple  &  d'une 
ancienne  province  de  France  ,  aujourd'hui  le  Langrois. 
Céfar  eft  le  premier  qui  ait  fait  mention  des  Lingones. 
Il  leur  défendit  de  fournir  du  froment  ni  aucune  autre 
chofe  aux  Helvetii  ,  qui  avoient  pris  la  fuite  ;  &  dans 
une  autre  occafion ,  il  leur  ordonna  de  lui  fournir  à  lui- 
même  du  froment.  En  effet  le  terroir  de  ce  pays  pro- 
duit du  bled  en  abondance  ;  ce  qui  a  fait  dire  à  Clau- 
dien  ,  Conful.  II,  Stilic.  v.  93  &£  94  : 

Aut  quitus  aufpiciis  fxcundâ  Tibris  ab  Arclo , 
Vexit  .Lingonico  fudatas  vomert  méfies. 

Céfar  dit  encore  ,  /.  41 ,  que  la  Mofelle  descend  ex 
monte  Fogefo,  qui  eft  in  finibus  Lingonum  ;  du  mont  de 
Vosge  ,  qui  eft  à  l'extrémité  des  Lingons. 

Strabon  corrompt  le  nom  des  Lingones  ;  il  les  ap- 
pelle tantôt  Aiyyonf  ,  tantôt  Aiyyjtmot ,  Lincafîi.  On 
ne  fauroit  dire  non  plus  dans  quelle  province  il  les  place, 
fi  c'eft  dans  la  Gaule  Belgique,  ou  dans  la  Gaule  Celti- 
que ;  car  s'il  a  décrit  allez  exactement  la  Gaule  Nar- 
bonnoife  &  l'Aquitaine ,  il  a  tout  confondu  dans  la  Gaule 
Belgique  &  dans  la  Gaule  Celtique.  Quelquefois  il  joint 
les  Senones  avec  les  Rémi ,  quoique  les  uns  appartien- 
nent à  la  Gaule  Celtique,  &c  les  autres  à  la  Gaule  Bel- 
gique ;  quelquefois  il  met  au  nombre  des  Belges  mari- 
times les  Veneti  &  les  Ofismii ,  quoique  ces  deux  peu- 
ples n'appartiennent  pas  à  la  Gaule  Belgique,  mais  à  la 
troifiéme  province  Lyonnoife.  Tite-Live,  Lucain  font 


LIN 


auffi  mention  de  ces  peuples ,   mais  feulement  par  rap- 
port à  l'établiflement  qu'ils  avoient  en  Italie. 

Les  Lingones ,  auflî-bien  que  les  Aldui ,  eurent  le  ti- 
tre d'alliés  des  Romains  ;  ce  qui  fait  que  Pline  les  ap- 
pelle Lingones  fxderati.  Il  les  met  dans  la  Gaule  Belgi- 
que. Ptolomée  &  Aimoin  les  y  placent  pareillement  ; 
mais  Ptolomée  les  appelle  ^iy-yum.  On  voit ,  par  ces 
témoignages,  que,  du  tems  de  Pline  Se  de  Ptolomée, 
les  Lingones  étoient  attribués  à  la  Gaule  Belgique.  Dans 
la  fuite,  ils  furent  mis  dans  la  Gaule  Celtique.  Commeils 
font  fiiués  aux  limites  de  ces  deux  Gaules  ,  il  n'eft  pas 
étonnant  qu'ils  ayent  été  attribués,  tantôt  à  l'une,  tantôt 
à  l'autre.  D'ailleurs  Céfar  ayant  dit  que  les  Gaulois  étoient 
féparés  des  Belges  par  la  Marne  rk  par  la  Seine ,  il  n'é- 
toit  pas  ailé  de  décider  fi  les  Lingones,  qui  fe  trouvoient 
à  la  fource  de  la  Marne,  dévoient  être  regardés  comme 
Celtes ,  ou  comme  Belges. 

Tacite,  Hijl.  1.  1,  fait  mention  de  civitas  Lingonum  ; 
fck  Frontin ,  Stratag.  1.  1  ,  dit  que  ce  pays  étoit  très- 
opulent  ,  &c  qu'il  fournit  foixante  Se  dix  mille  hommes 
armés  à  l'empereur  Domitien.  Cependant,  par  le  mot 
civitas,  on  ne  doit  pas  entendre  la  capitale  précifément, 
mais  encore  tout  le  pays  qui  eft  très-vafte.  On  trouve 
SOLUM  LlNGONICUM  dans  Euménius,  in  Paneg.  ad 
Conft.  Caf.  COMITATUM  LlNGONICUM  dans  les  An- 
nales de  S.  Bertin,  ad  an.  839,  &  PAGUM  LlNGONI- 
CUM. Dans  deux  Lettres  de  l'an  X225,  on  ht  :  Nul- 
LEIUM  IN  LONGOINNE  ,  &C  NULLEIUM  EN  LaN- 
GONE.  Dans  Langoinne  &£  dans  Langone  on  trouve  des 
traces  de pagus  Lingonicus ,  auffi-bien  que  dans  LibRjE 
LingoniCjE,  monnoie  vulgairement  appelléeLANGO- 
NES,  du  nom  de  la  ville  de  Langres.  Cette  vendue  fut 
faite  pour  trois  cents  livres  de  Langones.  Dans  des  Let- 
tres de  l'année  1255,  on  lit  :  dix  livres  d' EJlevenans , 
ou  de  Langoines ,  c'eft-à-dire  dix  livres  d'Ejliennes  ou 
de  Langones.  Ces  Eftiennes  étoient  des  écus  de  Dijon  , 
ainfi  nommés  du  nom  de  l'églife  de  S.  Etienne  de  cette 
ville. 

Dans  la  Notice  de  l'Empire  on  lit  :  Prafecius  lato- 
rum  Lingonenjîum  per  diverfa  Belgica.  primai  disperjo- 
rum  ;  &C fur  d'anciennes  médaillesRomaines  :  Cohors  fe- 
cunda  Lingonum  ;  Cohors  IV  Lingonum  ;  Cohors  XXIX 
Lingonum  in  Armenià.  L'empereur  Galba  ufa  d'une 
grande  févérité  envers  les  Lingons  &  envers  les  Treviri, 
parce  qu'ils  avoient  été  attachés  à  Néron. 

Les  évêques  de  ce  diocèfe ,  autrement  les  évêques  de 
Langres,  furent  anciennement  très-puiflans.  Odon,  comte 
de  Nevers  &  de  Tonnerre  ,  leur  fit  hommage  pour  le 
comté  de  Tonnerre  ;  <k  Marguerite  ,  reine  de  Sicile,  & 
femme  du  roi  Charles,  leur  fit  le  même  hommage:  ils 
invertirent  Hugues  ,  duc  de  Bourgogne,  d'une  partie  de 
la  terre  de  Châtillon-fur-Seine ,  deMontbar,  &c.  Les 
rois  de  Navarre  &  les  comtes  de  Champagne  relevoient 
d'eux,  à  caufe  de  Bar-fur-Seine,  de  Bar-fur-Aube,  de  la 
.  Ferté-fur-Aube ,  de  Chaumont ,  de  Noigent ,  de  Mon- 
tigney,  &c  ;  de  forte  qu'ils  comptoient  parmi  leurs  vas- 
faux,  non-feulement  des  comtes  6c  des  ducs,  mais  en- 
core des  rois. 

On  met  une  grande  quantité  de  pays  fous  la  dépen- 
dance des  anciens  Lingones  ,  favoir ,  le  pays  des  Attua- 
rii ,  leDuesmcis,  le  Lecois ,  le  Maimont,  le  Digé- 
nois,  aujourd'hui  le  Dijonois  ;  le  pays  de  l'Ouche,  le 
Tonnerrois ,  le  Baffigni ,  le  Pagus  Portuenfis ,  ou  Por- 
ttnjîs  ,  peu  connu  à  préfent  ;  le  pays  de  Bar-fur-Seine  , 
&  celui  de  Bar-fur-Aube.  Presque  tous  ces  pays  étoient 
anciennement  compris  fous  la  dénomination  de  Pagus 
Lingonicus. 

2.  LINGONES  ,  peuples  de  la  Gaule  Cispadane.  Ils 
tiroient  leur  nom  des  Gaulois  Lingolns  ,  qui  avoient 
pafte  en  Italie  avec  les  Boïens.  Voyez  au  mot  Gaule. 
Ils  étoient  tellement  liés  avec  les  Boïens ,  qu'ils  femblent 
n'avoir  formé  qu'une  feule  nation  avec  eux.  C'eft  ce  qui 
a  fait  dire  à  Polybe,  /.  2  ,  que  lés  Boïens  étoient  voifins 
des  Senones.  Cependant  originairement  c'étoient  deux 
peuples  dlftingués  l'un  de  l'autre.  Du  côté  du  feptentrion 
ils  étoient  féparés  des  Veneti  par  le  Pô  ;  du  côté  de 
l'orient ,  ils  avoient  pour  borne  le  fleuve  Montone  ;  du 
côté  du  midi  ,  l'Apennin  les  féparoit  de  la  Toscane  ; 
&  du  côté  du  couchant,  la  rivière  d'Idice  les  féparoit 
des  Boïens.  * Briet,  Antiq.  liai.  p.  2,  /.  f. 
Leur  pays   comprenoit  ainfi  une  partie  du  Bolo- 


LIN 


GNESE  ,  de  la  RoMAGNE,  &  de  la  RoMAGME  Flore- 
mine.  Voici  l'es  villes  qu'ils  pofiedoient  : 


rForum  Cornelii, 
-..,.      ,     T  •         \Claterna, 
\  îllesdesLingo-J  paverttia 

nes«  )solon<e,' 

^•Batrium  , 


aujourd'hui  Imola, 
Quaderna, 
Faënza , 
Cita  di  Sole, 
Budrio. 


çldex,  l'Idice, 

n.  .         i     t-     \Silarus,  Sillarootf  Sillero, 

RllieTesdesLm-\F-amnuso\iSaiemus,Samtmo, 

gons.  ISenniis,  Senno  ou  Senio , 

^Anemo,  ArmoneoaAmone. 

3.  LINGONES,  ancien  peuple  de  la  grande  Germa- 
nie. 

4.  LINGONES ,  ancien  peuple  d'Espagne ,  félon 
Tacite  ,  Hijl.  I.  1 ,  t.  78  ,  qui  dit  qu'Othon  tâcha  par 
ies  largefîes  de  gagner  les  cœurs  des  peuples  &C  des  pro- 
vinces. Il  ajouta  de  nouvelles  familles  aux  colonies 
à'Hipfal  &C  d'Emerita,  (de  Séville  6c  de  Mérida,)  gra- 
tifia tous  les  Lingons  du  droit  de  bourgeoifie,  &  donna 
des  pays  de  la  Mauritanie  à  la  province  de  la  Bétique. 
D'Ablancourt  traduit  les  Lingons  de  ce  paflage  par  ceux 
de  Langres,  qui  n'ont  que  faire  en  cet  endroit.  Qu'ont 
de  commun  les  Lingons  de  la  Gaule  ou  de  l'Italie,  avec 
un  peuple  qui  de  voit  être  en  Espagne,  &  qui  eft  nommé 
par  Tacite  entre  Séville ,  Mérida  &  l'Andaloufie?  Jufte- 
Lipfe,  not.  131,  a  bien  vu  que  le  mot  Lingones  étoit 
une  faute  de  copiftes ,  &  qu'il  falloir  en  cet  endroit  le 
nom  d'un  peuple  Espagnol  ;  il  propofe  Lufones  ou  II- 
lurconcs  ,  Se  prie  fes  le&eurs  de  penferà  quelqu'autre 
mot  qui  convienne  mieux.  Seroient-ce  les  Lungones 
de  Ptolomée ,  qui  leur  donne  la  ville  de  Pelontium  ? 
Il  n'y  a  qu'une  difficulté  qui  m'empêche  de  décider,  & 
la  voici.  Les  Lungons  faifoient-ils  en  Espagne  une  afTez 
grande  figure  ,  pour  s'attirer  l'attention  d'Othon  ?  C'eft 
ce  que  j'ignore. 

LINGPAO ,  ville  de  la  Chine  ,  dans  la  province  de 
Honan,  au  département  de  Honan,  fixiéme  métropole 
de  la  province.  Elle  eft  de  6  d.  50'  plus  occidentale  que 
Pékin  ,  fous  les  35  d.   53'  de  latitude.  *  Atlas  Sïnenfis. 

LINGPI ,  ville  de  la  Chine  ,  dans  la  province  de 
Kiangnan,  ou  Nanking,  au  département  de  Fungyang, 
féconde  métropole  de  la  province.  Elle  eft  de  od.  24' 
plus  orientale  que  Pékin,  fous  les  34  d.  45'  de  latitude. 
*  Atlas  Sinenjis. 

LINGT'AI,  ville  de  la  Chine,  dans  la  province  de 
Xenfi,  au  département  de  Pingléang ,  quatrième  mé- 
tropole de  la  province.  Elle  eft  de  9  d.  3  '  plus  occi- 
dentale que  Pékin,  fous  les  36  d.  56'  de  latitude.  *  Atlas 
Sinenjis. 

LINGXAN ,  ville  de  la  Chine ,  dans  la  province  de 
Quangtung ,  au  département  de  Liencheu ,  huitième  mé- 
tropole de  la  province.  Elle  eft  de  7  d.  15'  plus  occi- 
dentale que  Pékin,  fous  les  13  d.  o'  de  latitude.  *  Atlas 
Sinenjis. 

LINGXE  ,  ville  de  la  Chine  ,  dans  la  province  de 
Channli,  au  département  de  Fuencheu,  cinquième  mé- 
tropole de  cette  province.  Elle  eft  de  6d.  30'  plus  occi- 
dentale que  Pékin  ,  fous  les  58  d.  20'  de  latitude.  *  Atlas 
Sinenjis. 

LINGXEU  ,  ville  de  la  Chine,  dans  la  province  de 
Pékin,  au  département  de  Chinting,  quatrième  métror 
pôle  de  cette  province.  Elle  eft  de  3  d.  6'  plus  occi- 
dentale que  Pékin,  fous  les  38  d.6o'  de  latitude.  *  Atlas 
Sinenjis. 

LINGXUI,  ville  delà  Chine,  dans  la  province  de 
Quangtung,  au  département  de  Kiuncheu  ,  dixième  mé- 
tropole de  la  province.  Elle  eft  de  6  d.  52'  plus  occi- 
dentale que  Pékin  ,  fous  les  18  d.  24'  de  latitude.  *  Atlas 
Sinenjis. 

LINHOAI,  ville  de  la  Chine,  dans  la  province  de 
Kiangnan  ou  Nanking ,  au  département  de  Fungyang  , 
féconde  métropole  de  la  province.  Elleeft  de  o  d.  10'  plus 
orientale  que  Pékin ,  fous  les  34  d.  7'  de  latitude.  *  Atlas 
Sinenjis. 

L1NIACENSIS  ,    fiége  épiscopal  d'Afrique  ,    félon 
S.  Optât  &  S.  Auguftin,  cités  par  Ortélius,  Thefaur. 
L1NIER.ES  ,  petite  ville  de  France ,  dans  le  Berri , 


LIN  8yt 

à  dix  lieues  de  Bourges,  du  côté  du  midi  ;  elle  eft  fer- 
mée de  murailles  avec  des  tours  &  des  folles.  L'églife 
de  Notre-Dame  eft  collégiale  ,  &  le  château  a  été  bâti 
par  Jérôme  de  Nouveau.  Les  feigneurs  ont  toujours  porté 
les  titres  dejires,  de  princes,  &  de  barons  de  Linieres. 
*Pigamol  de  la  Force,  Descr.  de  la  France,  t.  6,p.  470. 

LINITIMA,  ville  de  l'Ethiopie,  fous  l'Egypte,  fé- 
lon Pline ,  l.  6,  c.  29. 

LINIU ,  ville  de  la  Chine,  dans  la  province  de  Ho- 
nan ,  au  département  de  Caifung ,  première  métropole 
de  la  province.  Elle  eft  de  3  d.  30'  plus  occidentale 
que  Pékin  ,  fous  les  34  d.  52'  de  latitude.  *  Atlas  Si- 
nenjis. 

LINKIANG  ,  ville  de  la  Chine  ,  dans  la  province  de 
Kiangfi,  dont  elleeft  la  huitième  métropole.  Elle  eft  de 
2  d.  plus  occidentale  que  Pékin ,  fous  les  28  d.  35'  dé 
latitude.  Elle  fe  trouve  au  couchant  de  la  ville  de  Vu- 
cheu ,  autre  métropole  de  la  province  ,  &  eft  bâtie  fur 
la  rive  méridionale  du  fleuve  Kiam ,  qui  lui  procure  de 
grands  avantages.  Le  terroir  des  environs  de  cette  ville 
eft  très  fertile.  Comme  tous  les  bâtimens,  qui  naviguent 
fur  le  fleuve  Kiam ,  patTent  à  Linkiang  ,  on  voit  conti- 
nuellement dans  cette  ville  une  grande  quantité  de  vais- 
feaux  ;  elle  a  quatre  villes  dans  fa  dépendance  : 


Linkiang, 
Sinkin , 


Sinyu, 

Kiakiang. 


Du  tems  des  rois ,  tantôt  elle  fut  foumife  aux  rois  Cu , 
tantôt  aux  rois  U.  Sous  la  famille  Cm,  elle  appartint  à 
Kieukiang  ;  fous  la  famille  Han ,  elle  fut  pofïédée  par 
Juchang.  La  famille  Sunga  lui  donna  le  nom  qu'elle 
porte  aujourd'hui.  On  compte  à  Linkiang  trois  temples 
célèbres  ,  dédiés  à  des  hommes  illuftres.  *  Atlas  S't- 
nenjis. 

LINKIU  ,  ville  de  la  Chine ,  dans  la  province  de 
Channton,  au  département  de  Cincheu,  quatrième  mé- 
tropole de  la  province.  Elle  eft  d'un  degré  43  '  plus  orien- 
tale que  Pékin  ,  fous  les  36  d.  47'  de  latitude.   *  Atlas 

TlNLÏTHGOV,  LINLITQUO,  ou  Lithquo,  ville 
de  l'Ecofle  méridionale ,  dans  la  province  de  Lothian. 
Elle  eft  embellie  d'un  châ;eau  royal  &  d'un  beau  tem- 
pie,  &  accompagnée  d'un  lac  très- poiflbnneux.  Elleeft 
à  onze  ou  douze  milles  d'Edimbourg  ;  elle  eft  ancienne, 
ôc  s'appelloit  Lindum. 

LINNE.  Voyez  Lin-Regis. 

LINOA,  ville  épiscopale  de  la  féconde  Bithynie,  fé- 
lon des  Notices  grecques.  On  trouve  qu  Anajlajius,  3a- 
Jilius ,  Cyritlus,  ont  occupé  ce  fiége.  *  Harduin.  Col- 
lecL  conc. 

LINOCASTRUM  ;  quelques-uns  nomment  ainfi  en 
latin,  Chateau-Lin,  place  de  France,  en  bafle  Bre- 
tagne. 

LINOIS ,  bourg  de  France ,  dans  le  gouvernement  de 
Tille  de  France.  Baudrand  dit  qu'on  prononce  Linas. 

LINOSE,  ifle  de  la  mer  Méditerranée,  fur  la  côte 
d'Afrique.  Elle  n'eft  qu'à  fept  ou  huit  lieues  ,  &,  félon 
de  Brèves  ,  qu'à  cinq  lieues  de  Lampadoufe ,  du  côté  du 
nord-eft,  à  34  degrés  de  latitude  feptentrionale,  &c  pres- 
que vis-à-vis  de  la  ville  de  Mahomette  en  Barbarie.  Sa- 
nut  dit  que  c'eft  l'jEth'ufa  de  Ptolomée.  Elle  a  environ 
cinq  lieues  de  tour  ;  8c  dans  tout  cet  espace,  elle  n'a  pas 
un  lieu   commode   où  les  vaiffeaux  puiflent    aborder. 

*  Dapper,  Descr.  des  ifles  d'Afrique  ,  p.  532. 

Les  Turcs  ont  fouvent  tenté  de  s'emparer  de  cette 
ifle ,  &  de  celles  de  Malthe  ,  de  Goze  &  de  Comin  ; 
mais  tous  leurs  efforts  ont  été  inutiles.  Baudrand  la 
nomme  Limose. 

LINSBOURG  ,  maifon  de  plaifance  de  l'élefteur 
d'Hanovre,  dans  le  voifinage  même  d'Hanovre. 

LINSI,  ville  de  la  Chine  ,  dans  la  province  d'Iunnan, 
au  département  de  Likiang  ,  qui  a  le  rang  de  fixiéme 
ville  militaire  de  la  province.  Elle  eft  de  17  d.  19'  plus 
occidentale  que  Pékin  ,    fous  les  27  d.  3 1  '  de  latitude. 

*  Atlas  Sinenjis. 

LINSIANG  ,  ville  de  la  Chine,  dans  la  province  de 
Huquang,  au  département  de  Yocheu  ,  feptiéme  mé- 
tropole de  la  province.  Elle  eft  de  4  d.  17'  plus  occi- 
dentale que  Pékin,  fous  les  30  d.  3'  de  latitude.  *  Atlas 
Sinenjis, 

Tome  III.    Ppppp  ij 


8n         LIN 

LINSTOCK,  bourgade  d'Angleterre,  dans  le  Cum- 
berland.  Voyez  OlenaCUM. 

LINT,  rivière  de  Suiffe,  au  canton  de  Glaris.  Elle  a 
fa  fource  au  nord  de  la  montagne  de  Fisma  ,  d'où,  cou- 
lant vers  le  nord,  dans  une  belle  &  grande  vallée  ,  qu'on 
appelle Lintthal,  &  qui  eft  fort  peuplée,  elle  reçoit  plu- 
sieurs ruiflèaux  qui  y  viennent  principalement  du  côté 
de  l'orient;  elle  arrofe  plufieurs  villages  ,  entr'autres, 
Lintthal  &  Schwanden  ;  &  auprès  dé  ce  dernier,  elle  re- 
çoit les  eaux  de  la  Sernft ,  avec  laquelle  elle  continue  fa 
route ,  parte  à  l'orient  de  Glaris  »  Se,  fe  recourbant  vers 
l'oueft ,  elle  fe  charge  des  eaux  qui  viennent  du  lac  de 
Clonthal ,  (Clonihaler-See,)  &  va  enfin  fe  perdre  dans 
le  Limât ,  au-deffous  &  au  nord-oueft  du  lac  de  Wal- 
lenftadt.  *  Etat  &  Délias  de  la  Suijjc,  t.  2,  Scheuck- 
%er,  Carte  de  la  Suiffe. 

LINT-THAL,  village  &  vallée,  en  Suifle,  fur  la 
rivière  de  Lint,  au  canton  de  Glaris.  Voyez  LlNT. 

LINTERN A-PALUS  ,  marais,  ou  plutôt  lac  d'Italie, 
dans  la  Campanie.  Voyez  Linternum. 

LINÏERNUM,  ou  Liternum,  ou  Liternus, 
ancienne  ville  d'Italie ,  dans  la  Campanie ,  à  l'embou- 
chure de  la  rivière  Clanis  ,  (l'Agno,)  Se  auprès  d'un 
lac  que  Stace  ,  Silv.  4,  Carm.  3,  r.  66,  nomme  Ma- 
terna-Palus. C'eft  à  caufe  de  ce  lac  ou  marais  que  Silius- 
Italicus,  /•  6,  v.  653  ,  nomme  la  ville  Stagnofum-Lin- 
urnum ,   ck  qu'il  dit ,  /.  8 ,  v.  53 1  : 

Stagnisque  palujlre  Liternum, 

C'étoit  une  colonie  Romaine.  Tite-Live  -,  /.  34,  c.tf, 
dit  que  la  même  année  on  mena  des  colonies  à  Pouz- 
zol ,  à  Vulturne  Se  à  Literne.  Cette  colonie  fut ,  ou  re- 
nouvellée,  ou  augmentée  fous  Augufte.  Frontin,  de  Co- 
lon, dit  :  Liternum  muro  duclum  ,  colonia  ab  Augujlo 
deduclà.  Tite-Live,  l.  32.,  c.  29,  dit  expreffément  Aci- 
lius ,  tribun  du  peuple  obtint  que  l'on  enverroit  cinq  co- 
lonies fur  la  côte  de  la  mer  ;  deux  à  l'embouchure  des 
rivières  Vulturne  Se  Literne  ;  une  à  Pouzzol ,  une  à  Sa- 
lerne  Se  on  y  ajouta  Buxentum.  Ces  colonies  furent 
effeai'vement  menées ,  Se  nommément  celle  de  Liter- 
num. C'eft-là  que  Scipion  l'Africain,  ou  le  grand  Sci- 
pion,  fe  retira,  lorsqu'ayant  été  aceufé  par  les  tribuns 
du  peuple  ,  d'avoir  reçu  de  l'argent  d'Antiochus  ;  roi  de 
Syrie,  pour  lui  faire  donner  la  paix,  il  trouva  moins 
ionteux  de  fe  bannir  volontairement  de  fa  patrie ,  que 
de  venir  fe  défendre  devant  fes  concitoyens  qu'il  avoit 
défendus  avec  tant  de  gloire.  Il  paffa  le  tefte  de  fa  vie 
à  Linterne,  où  il  mourut,  fans  avoir  voulu  retourner  à 
Rome  ;  on  mit  ces  paroles  fur  fon  tombeau  :  Ingrata 
patria ,  ne  qu'idem  ojja  mea  habes.  Tous  les  auteurs  qui 
ont  parlé  de  Linternum  ,  difent  qu'après  fa  deftruclion 
par  les  Vandales,  en  455,  on  érigea  la  tour  qu'on  y  voit 
encore ,  &  où  étoit  le  même  fépulcre.  Comme  il  n'é- 
toit  refté  de  l'inscription  que  le  léul  mot  patria,  cette 
tour  eft  appellée  TORRE  DI  PATRIA.  Le  lac  voifm  au- 
trefois Literna  ou Linterna-Palus, s  appelle  LAGO  DELLA 
PATRIA.  Cette  ville  a  été  épiscopale  ayant  que  d'être 
détruite  ;  mais  elle  fut  entièrement  ruinée.  On  en  voit 
encore  les  mafures  fur  le  golfe  de  Gaëte ,  entre  Pouzzol 
&  l'embouchure  duVolturno,  environ  à  trois  lieues  de 
l'une  Se  de  l'autre ,  près  de  la  tour  de  Patria.  Voyez 
PATRIA.  *Corn.  Dift.  Baudr.  édit.  1705. 

LINTON ,  bourg  d'Angleterre  ,  dans  le  comté  de 
Cambridge.  On  y  tient  marché  public.  *Etat  prifent  de 
la  Gr.  Bret.  t.  I . 

L1NTPURGUM,  bourg  de  la  Gaule,  daps  le  mont 
de  Vosge ,  félon  Surius ,  dans  la  Vie  de  S.  Poppon. 

1.  LINTZ,  ville  d'Allemagne,  dans  la  haute  Autri- 
che, dont  elle  eft  la  capitale.  Elle  a  un  pont  furie  Danube, 
qui  y  reçoit  la  rivière  de  Traun,  Se  un  fort  beau  château 
fur  une  colline,  où  les  empereurs  font  quelquefois  leur 
féjour.  L'empereur  Frédéric  IV  y  mourut  en  1493.  La 
ville  eft  dans  une  fort  belle  plaine ,  à  douze  milles  d'Al- 
lemagne, au-deffeus  Se  à  f orient  de  Paffau,  Se  à  trente 
au-deflus  de  Vienne.  Baudrand  donne  pour  noms  latins 
de  cette  ville  Aurelianum-Lintum,  &  Lentia.  Le 
pont  qu'elle  a  fur  le  Danube,  eft  de  bois;  Se  c'eft  le  che- 
min de  Bohême.  Toutes  fes  rues  Ibnt  belles  Se  larges, 
&  fes  grandes  places  environnées  d'affez  belles  maifons; 
la  mailon  de  ville  eft  un  des  plus  remarquables  édifices. 


LIN 


On  voit  dans  la  grande  églife  beaucoup  de  tombeaux 
de  perfonnes  de  qualité.  Les  étendards  Se  les  armes  des 
plus  nobles  font  attachés  autour  des  piliers  qui  foutien- 
nent  la  voûte.  Lintz  eft  tout-à-la-fois  une  ville  de  no- 
bleffe  Se  de  trafic ,  ce  qui  ne  fe  rencontre  pas  fouvent 
dans  une  même  ville.  Il  y  a  deux  châteaux  ,  l'un  fur  la 
colline,  de  grande  étendue,  Se  forts  d'amette  ;  c'eft  celui 
dont  parle  Baudrand.  Celui  d'en- bas  eft  fortifié  par  l'art, 
avec  de  larges  foffés  Se  de  groffes  murailles.  Léopold 
s'y  retira  en  1683 ,  avec  beaucoup  de  précipitation,  pen- 
dant le  fiége  de  Vienne  ;  Se  ne  s'y  croyant  pas  en  fureté, 
il  remonta  jusqu'à  Paffau.  Lintz  a  une  excellente  manu- 
facture. La  ville  n'eft  pas  grande  par  elle-même ,  mais 
par  (es  fauxbourgs.  Outre  la  paroiffe ,  il  y  a  un  collège 
de  Jéfuites  &  un  couvent  de  Capucins.  A  une  heure  de 
Lintz,  eft  le  mont  Calvaire,  où  l'on  a  imité  celui  de  la 
Paleftine  Se  un  faint  fépulchre.  *  Baudr.  éd.  1705.  Corn. 
Dicl.  Jouvin  de  Rochijort.  Voyage  d'Allemagne. 

2.  LINTZ  ,  petite  ville  d'Allemagne  ,  dans  le  haut 
éleâorat  de  Cologne,  au  Wefterwald  ;  fur  le  Rhin, 
aux  frontières  du  duché  de  Juliers ,  à  cinq  milles  au-des- 
fous  de  Coblents ,  Se  à  fept  milles  de  Cologne. 


LINUM.OU  LlNI-PROMONTORIUM,  A,vv 


««©£, 


promontoire  d'Italie,  dans  la  Chonie,  félon  Lycophroni 
Gabriel  Barri  dit  que  le  nom  moderne  eftVERRE.  *  Or- 
tel.  Thef. 

2.  LINUM,  contrée  d'Afie,  dans  la  province  de  l'Hel- 
lespont,  entre  Parium  SePriape,  félon  Strabon, /.  13^ 
&  Etienne  le  Géographe. 

LINUS,  fontaine  du  Péloponnèfe ,  dans  l'Arcadie. 
Elle  avoit,  au  rapport  de  Pline,  /.  31  ,  c.  2,  la  pro- 
priété de  conferver  le  fruit  des  femmes  enceintes ,  & 
d'empêcher  l'avortement.  Ifidore  ,  qui  parle  aufli  de  cette 
propriété  ,  nomme  la  fontaine  Leghnus. 

LINUU  ,  ville  de  la  Chine,  dans  la  province  deHu- 
quang ,  au  département  de  Hengcheu ,  dixième  métro- 
pole de  la  province.  Elle  eft  de  4  d.  50'  plus  occiden- 
tale que  Pékin  ,  fous  les  25  d.  54'  de  latitude.  *  Atlas 
Sinenjis. 

LINXUI,  ville  de  la  Chine,  dans  la  province  deSu- 
chuen  t,  au  département  de  Xunking  ,  troifiéme  métro- 
pole de  la  province.  Elle  eft  de  10  d.  1 6'  plus  occiden- 
tale que  Pékin,  fous  les  30  d.  49'  de  latitude.  *  Atlas 
Sinenjis. 

LINYAO  ,  ville  de  la  Chine ,  dans  la  province  de 
Xenfi,  dont  elle  eft  la  fixiéme  métropole.  Elle  eft  de 
12  d.  6'  plus  occidentale  que  Pékin,  fous  les  36  d.  47' 
de  latitude.  Linyao  eft  renommée ,  parce  que  c'eft  au- 
près de  cette  ville  que  finit  la  grande  muraille  ,,  Se  parce 
qu'un  roi  de  la  famille  Taminga  y  fit  faréfidence.  *  Atlas 
Sinenjis. 

Dans  la  divifion  que  fit  Yvu ,  ce  pays  devint  une  priiï- 
cipauté  qui  eut  le  nom  de  Sikiang  ;  la  famille  Cin ,  qui 
s'en  empara  ,  l'appella  Lungji  y  la  famille  Sunga  le 
nomma  Yencheu  ;  Se  le  roi  Situ  lui  fit  porter  le  nom  de 
Kint ,  qui  lignifie  terre  d'or  :  en  effet  dans  les  monta- 
gnes vaifines,  &  dans  les  torrens  on  trouve  une  grande 
quantité  d'or.  Enfin  la  famille  Tanga  lui  donna  le  nom 
de  Linyao.  Cette  ville  eft  bâtie  fur  une  montagne,  Se 
{es  murailles  en  renferment  une  partie.  Elle  a  fous  fa  de- 
pendance  cinq  villes ,  qui  font  : 

Linyao,  Lan  0, 

Gueiyven,  K.in,> 

Ho  0. 

1.  LINYE  ,  royaume  de  l'Inde;  il  confinoit  au  Ton" 
quin,  Se  étoit  fitué  au  fud  de  cette  contrée.  Ancienne- 
ment les  Chinois  le  nommoient  Siam-Kiun ,  c'eft-à- 
dire  le  pays  des  éléphans.  Sur  la  fin  des  Han  ,  Se  pen- 
dant les  troubles  quiagitoientlaChine,un  officier  nommé 
Tçao  eut  un  fils  appelle  Lien  ,  qui  fe  fit  roi  de  ce  pays. 
Sa  poftérité  lui  fuccéda.  Sous  un  de  fes  descendans  , 
nommé  Fany ,  fils  de  Fanhiong  ou  Fantui ,  un  esclave 
qui  lui  appartenoit ,  nommé  Fan-ven  ,  fuivit  des  mar- 
chands qui  alloient  à  la  Chine  ;  Se  il  étudia  les  mœurs 
des  Chinois.  Quand  il  fut  de  retour  dans  fon  pays  ,  il 
inftruifit  le  roi  deLinye;  on  commença  à  bâtir  dans  ce 
pays  des  maifons,  des  villes  ;  Se  on  fit  différens  inftru- 
mens.  Dans  la  fuite  Fan-ven  fe  révolta,  empoifonna  le 
roi,  s'empara  du  thrône,  Se  fournit  plufieurs  pays  voifins, 


LIÔ 


H  avoit  quarante  ou  cinquante  mille  hommes  de  troupes. 
Sa  poftérité  rut  détruite,  vers  l'an  808.  On  croit  que  ce 
pays  répond  à  celui  que  nous  appelions  royaume  de 
Siam.  Les  Siamois  prétendent  que  leur  royaume  a  com- 
mencé vers  l'an  855,  de  J.  C.  C'eft,  fans  doute,  après 
les  troubles  qui  fuivirent  la  deftruftion  de  la  famille  des 
Fan.  *  Hifloire  générale  des  Huns,  t.  1  ,  p.  175.  Voyez 
SlAM. 

2.  LINYE,  ville  delà  Chine,  dans  la  province  de 
Channton,  au  département  de  Cinan,  première  métro- 
pole de  la  province.  Elle  eft  de  o  d.  36'  plus  orientale 
que  Pékin  ,  fous  les  37  d.  35'  de  latitude.  *  Atlas  Si- 
nenfis. 

LINYEU ,  ville  de  la  Chine  ,  dans  la  province  de 
Xenfi,  au  département  de  Funciang,  féconde  métro- 
pole de  la  province.  Elle  eft  de  9  d.  10'  plus  occiden- 
tale que  Pékin,  fous  les  36  d.  40'  de  latitude.  *  Atlas 
Sinenjîs. 

1.  LION,  ville  de  France.  Voyez  Lyon  &  Lug- 

DUNUM. 

2.  LION;  (LE  GOLFE  de)  C'eft  ainfi  que  l'on  appelle 
par  corruption  un  grand  golfe  de  la  Méditerranée,  qui  eft 
entre  l'Espagne,  la  France  &  l'Italie  ;  au  lieu  que  l'on  de- 
vrait dire  le  Golfe  DU  Lion  ,  Sinus  Leonis ,  &  non 
pas  Sinus  Lugdunenjis.  Qu'a  de  commun  la  ville  de.Lyon 
avec  ce  golfe ,  dont  elle  eft  fi  éloignée ,  puisqu'elle  eft 
fur  le  Rhône ,  à  plus  de  foixante  lieues  de  fon  embou- 
chure, même  en  comptant  pour  riérrles  détours  qu'il  fait, 
en  ferpentant  de-là  jusqu'à  la  mer  ?  Quelques-uns  s'ima- 
ginent faufiement  que  cette  ville  a  donné  fon  nom  au 
golfe;  ce  qui  n'eft  ni  vrai  ni  vraifemblable.  On  l'a  ap- 
pelle ainfi,  comme  le  remarque  le  docte  abbé  de  Lon- 
guerue ,  Defcriptwn  de  la  France ,  1 .  part.  p.  2  5  3 ,  à  caufe 
des  grandes  tempêtes  ,  dont  il  eft  fréquemment  agité ,  & 
des  bas-fonds  qu'on  trouve  à  ces  côtes-l.i,  qui  font  périr 
les  vaifleaux  qui  y  abordent ,  ou  qui  y  font  portés  par  la 
tempête;  de  forte  que  l'on  compare  la  cruauté  de  cette 
mer  orageufe  &  dangereufe  ,  qui  engloutit  ceux  qui  y  na- 
vigent ,  à  celle  d'un  lion  dévorant.  Plufieurs  auteurs  ont 
bien  expliqué  ce  mot-là  ;  je  me  contenterai  de  citer  ici 
Guillaume  de  Nangis,  qui  vivoit ,  il  y  a  plus  de  quatre 
cents  ans,  &  qui  dit,  dans  la  Vie  de  S.  Louis,  que  cette 
mer  du  Lion  eft  ainfi  nommée ,  parce  qu'elle  eft  toujours 
agitée ,  orageufe  &  cruelle.  Mare  Leonis  idebjîc  nuncu- 
palur  qubd  eft  femper  afperum  ,  flucluofum  &  crudde. 
Les  Espagnols  l'appellent  Golfe-Leone.  Baudrand  a  con- 
jecture que  ce  nom  pouvoit  avoir  été  donné  à  ce  golfe, 
à  caufe  des  tempêtes  auxquelles  il  eft  fort  fujet.  En  écri- 
vant l'article  de  Golfe  DE  Lyon  qui  eft  au  mot  Golfe  , 
je  n'ai  régardé  ce  fentiment  que  comme  une  penfée  hazar- 
dée  ;  mais  en  étudiant  plus  à  fond  cette  matière ,  j'ai  été 
convaincu  que  c'eft  la  véritable  origine  de  ce  nom. 

3.  LION,  (le)  d'Angers,  bourg  de  France,  en 
Anjou ,  fur  l'Oudon  .  qu'on  y  pafle  fur  un  pont  de  pier- 
res, à  quatre  lieues  d'Angers. 

LION-LE-SAUNIER,  Ledo  Salinarius  ou  Leodo,  & 
quelquefois  Leodomum,  petite  ville  de  France,  en  Fran- 
che-Comté ,  lur  la  petite  rivière  de  Sofvan,  vers  les  li- 
mites du  diocèfe  de  Charlon-fur-Sône.  Voyez  l'article 
Lons-LE-Saunier,  qui  eft  le  vrai  nom  de  cette  ville. 

1.  LIONE.  (Porte-)  Voyez  Porto-Lione. 

2.  LIONE,  (Sierra.-)  Voyez  Sierra-Lione. 
LIONENSES ,   ancien  peuple  du  Péloponnèfe ,  fé- 
lon Polybe,   /.    2,    Atonïs. 

1 .  LIONS,  en  Beaucerai ,  bourg  de  France,  dans  l'Or- 
léanois  ;  en  latin  Leones  in  Belfia..  Il  eft  à  cinq  lieues  de 
la  ville  d'Orléans ,  en  tirant  du  côté  de  Thury. 

2.  LIONS,  en  Normandie:  quelques-uns  écrivent 
Lyons;  petite  ville  de  France,  dans  la  haute  Norman- 
die, à  deux  lieues  d'Ecouis,  à  quatre  de  Gournai,  &  à 
fix  ou  fept  de  Rouen ,  entre  le  Vexin-Normand  ,  &  le 
pays  de  Bray.  Elle  eft  dans  une  forêt  dite  la  forêt  de 
Lions ,  fur  le  penchant  d'une  côte ,  au  bas  de  laquelle 
coule  la  petite  rivière  d'Orleau ,  fur  laquelle  on  tait  flotter 
du  bois,  qui  va  tomber  dans  la  rivière  d'Andelle,  à  Char- 
leval.  On  y  voit  quelques  ruines  d'un  ancien  château.  Son 
unique  paroifle  eft  dédiée  à  S.  Martin ,  &  eft  dans  le 
fauxbourg.  Sur  la  muraille  de  la  ville ,  il  y  a  un  couvent 
de  Cordeliers  ,  &  dans  fon  enceinte  un  prieuré  de  Béné- 
dictines, près  de  la  chapelle,  ou  prieuré  du  titre  de  S.  De- 
nis. Lions  àbailliage,  éle&ion,  vicomte,  maîtrife  des  eaux 


LIP  8; 3 

&  forrêts,  maire,  échevins,  &  autres  officiers  de  ville. 
Le  bailliage  reffortït  au  préfidial  d'Andelis,  &  1'éieCtion 
comprend  foixante  pareilles.  Cette  ville  a  été  la  patrie  de 
Benferade,  qui  brilla  beaucoup  à  la  cour,  fur  la  fin  du 
régne  de  Louis  XIII ,  &  durant  partie  de  celui  de  Louis 
le  Grand.  Avant  que  l'opéra  fe  repréfentât  en  France , 
on  danfoit,  chez  le  roi ,  de  grands  ballets ,  pour  lesquels 
on  compofoit  des  vers ,  afin  de  faire  connoître  le  ("ujet 
&  le  caractère  que  chacun  devoit  repréfenter  en  danfant. 
Benlerade  avoit  un  talent  fingulier  pour  mêler  le  carac- 
tère propre  &c  perlbnnel  de  la  perfonne  danfante  ,  avec 
le  caractère  du  perfonnage  repréfenté  ;  &  cela  lui  four- 
nifloù  des  plaifantenes  ingénieufes.  Il  étoit  homme  de 
qualité;  fut  reçu  à  l'académie  françoife  ,  en  1674,  & 
mourut  le  15  d'Odobre  1691,  âgé  de  foixante  &  dix- 
huit  ans.  *  Corn.  Didt. 

3.  LIONS ,  ou  Lihons  ,  bourg  de  France,  en  Pi- 
cardie, au  diocèfe  de  Noyon,  ck  dans  le  Santerre,  donc 
il  prend  le  furnom  de  Lions- en-Sanurre  ;  il  eft  à  fept 
lieues  d'Amiens  &;  de  Noyon.  Il  y  a  un  prieuré  d'ancienne 
fondation,  fous  le  titre  de  S.  Pierre. 

4.  LIONS-SUR-LOIRE,  Leones  ad  Li°irim  ,  bourg 
de  France,  dans  l'Orléanois,  au  bord  méridional  de  la 
Loire ,  entre  les  villes  de  Sulli  &  de  Gien ,  a  trois  lieues 
de  la  dernière ,  à  &  une  de  la  première. 

LIOU ,  rjviere  de  France  ,  au  pays  de  Gex.  Elle  a  fa 
fource  dans  la  montagne  de  Gex,  &  va  de-là  fe  répandre 
dans  le  Rhône. 

LIOYANG ,  ville  de  la  Chine ,  dans  la  province  de 
Xenfi ,  au  département  de  Hanchung  ,  troifiéme  métro- 
pole de  la  province.  Elle  eft  de  >od'.  6'  plus  occidentale 
que  Pékin,  tous  les  34  d.  54'  de  la'itude.  *  Allas  Sïnenfis. 

1.  LIPARA,  ifle  de  la  mer  Méditerranée,  au  nord 
de  la  Sicile,  &  la  plus  grande  des  ifles  appellées  Lipa- 
reorum  ou  Liparenfium  injultz ,  autrement  les  IJles-Eo- 
lits  ou  Vulcanitnnes.  Voyez  Eolies.  *  Cluver.  Irai, 
ant.  /.  2. 

(  2.  LIPARA ,  ville  de  Tille  de  même  nom.  L'une  & 
l'autre  même  l'ont  confervé  ,  fi  ce  n'eft  que  les  habi- 
tans  ,  auffi-bien  que  les  Siciliens ,  les  nomment  Lpari> 
au  lieu  de  Lipara.  Les  Grecs  anciennement  difoient 
Aitt  ';ai  ,  Lipara ,  au  pluriel  ;  &  comme  la  voyelle  a 
avoit  le  fon  de  l'e  fimple,  que  les  Siciliens  prononcent 
ordinairement  comme  un  i ,  infenfiblement  on  eft  venu 
à  prononcer,  lire  ci  écrire  Lipari  au  lieu  de  Lipara. 
Vovez  Lipari. 

Divers  auteurs  nous  ont  donné  l'origine  du  nom  Li- 
para. Pline,  l.  3  ,  c.  9,  dit  que  cette  ifle  a  été  ainfi 
nommée  du  roi  Liparus,qui  fuccéda  à  /Eole.  Cependant 
fi  on  aime  mieux  croire  le  plus  grand  nombre  des  écri- 
vains ,  on  dira  que  ce  fut  jEole  qui  fuccéda  à  Liparus. 
On  rapporte,  dit  Diodore  de  Sicile,  /.  ^  ,  que  les  ifles 
Eolies  n'étoient  point  anciennement  habitées  ;  que 
dans  la  fuite  Liparus,  fils  du  roi  Aufon,  voyant  les 
frères  foulevés  contre  lui ,  s'embarqua  fur  des  galères 
avec  une  armée,  &  s'enfuit  dans  cette  ifle  ,  dont  il  s'em- 
para ,  &  à  laquelle  il  donna  fon  nom.  Il  ajoute  que  lors- 
que Liparus  fut  vieux,  ./Eole,  fils  d'Hippota,  aborda  à 
Lipara,  où  il  époufa  Cyane,  fille  de  Liparus ,  &  que  par 
ce  mariage  il  devint  roi  de  l'ifle,  après  la  mort  de  fon 
beau-pere.  Solin,  Ifidore  tk  Hermalaiis,  abbréviateur  d'E- 
tienne le  Géographe  ,  difent  tous  que  Liparus  fut  le 
premier  qui  régna  dans  Lipara  ,  &  qu'jEole  fut  fon  fuc- 
cefleur.  Il  fe  pourroit  donc  bien  faire  qu'il  y  auroit  faute 
dans  Pline,  &  qu'il  faudrait  lire ,  comme  on  lit  effecti- 
vement dans  quelques  exemplaires:  Lipara  dicta  à  Liparo 
rege  cuifiicceflit  Atolus. 

Avant  Liparus,  cette  ifle  s'appelloit  Ui^tyuvU ,  Meli- 

funis.  Pline  dit  Mtligonis  ou  Meligunis.  Pomponius  Sa- 
înus  écrit  Longonis  ;  mais  c'eft  apparemment  une  fauté 
des  copiftes ,  ou  de  Sabinus  lui-même. 

3.  LIPARA,  capitale  de  l'ifle  de  même  nom.  Voyez 
Lipari. 
LIPARENSIUM  INSUL.E.  Voyez  Lipara.  i. 
LIPAREORUM  INSULTE.  Voyez  Lipara.  i. 
i.  LIPARI:  (les  isles)  Voyez  Lipara  &  Eolies. 

2.  LIPARI ,  ifle  de  la  mer  Méditerranée ,  au  nord  de 
la  Sicile ,  &  la  plus  grande  des  ifles  de  Lipari ,  auxquelles 
elle  a  donné  ion  nom.  Le  circuit  de  cette  ifle  peut 
être  de  dix-huit  milles.  Le  climat  en  eft  trèi-fain;  l'air 
y  eft  fort  tempéré  >  &  terroir  eft  fertile  &  gras.  On  y 


Sj4  L1P 

•cueille  principalement  des  figues  &  des  raifins,  que  l'on 
•envoie  dans  toutes  les  parties  de  1  Europe.  Outre  les  fruits 
que  cette  ifle  produit  avec  abondance  ,  elle  fournit  auffi 
du  bitume,  du  foufre  &  de  l'alun  ;  &  1  on  y  a  quantité 
defources  dont  les  eaux  font  chaudes,  Si  propres  pour 
laguérifon  de  diverfes  maladies.  Les  cotes  font  poiffon- 
neufes  ;  5c  le  poiffon  s'y  trouve  en  fi  grande  abondance, 
qu'on  en  fait  un  commerce  allez  confidérable  avec  1  e- 
traneer.  *  Coronelli  Ifclar.  P- 97-  ...     .,. .      . 

i  LIPARI,  ville  épiscopale  &  capitale  de  hfle  de 
même  nom.  Elle  eft  très-ancienne.  On  prétend  qu'elle 
fut  bâtie  avant  le  fiége  de  Troye,  &  quUlyffe  y  alla  voir 
jEole  qui  avoit  fuccédé  à  Liparus,  fondateur  de  la  ville. 
Les  Lipariens ,  au  rapport  de  Diodore  de  Sicde ,  &  d  An- 
tiochus  de  Syracufe  ,  étoient  une  colonie  de  Cnidiens , 
nation  Greccrue,  originaire  de  la  Carie.  Ces  peuples  fon- 
dèrent dans  la  Sicile,  fur  le  promontoire  Lilybee,  une 
ville  qu'ils  nommèrent  Motya.  L'époque  de  cette  fon- 
dation eft  rapportée  à  la  cinquantième  Olympiade ,  vers 
l'an  580  ,  avant  l'ère  Chrétienne.  Peu  de  tems  après , 
les  Phéniciens  &  les  Carthaginois  s'étant  emparés  de 
Motya,  les  Cnidiens  fe  transportèrent  a  Lipara,  ou  les 
defeendans  d'jEole  les  reçurent,  fck  leur  permirent  de 
s'établir  dans  leur  ifle.  Dans  la  fuite,  les  Carthaginois 
s'emparèrent  de  la  ville  de  Lipara,  fous  la  conduite  de 
Himilcon ,  &  lui  impoferent  un  tribut  de  trente  talens. 
*  Claver.  Itaî.  anfiq.  /.  2. 

Diodore,  llb.  14,  rapporte  une  hiftoire,  qui  fait  honneur 
à  un  des  chefs  des  Lipariens.  Les  Romains,  dit-il ,  ayant 
fubjugé  les  Veïens  attaquient  attaquoient  depuis  onze  ans, 
le  diétateur  eut  l'honneur  du  triomphe ,  &  le  peuple  Ro- 
main employa  la  dixième  partie  du  butin  à  faire  une  coupe 
d'or,  qu'il  confacra  àApo.lon  de  Delphes.  Il  arriva  que 
les  ambafTadeurs,  qui  étoient  chargés  de  porter  1  offrande, 
furent  pris  par  des  pirates  de  Lipara,  qui  les  conduifirent 
prifonniers  dans  leur  ifle  ;  mais  Timafïthée,  leur  chef,  bien 
loin  de  retenir  les  ambafTadeurs ,  leur  fit  rendre  leurof- 
frande,  &  les  fit  escorter  jusqu'à  Delphes.  Le  peuple  Ro- 
main, informé  de  cet  a£te  de  générofité,  fit  l'honneur  à  Ti- 


LIP 


LIPAXUS  ,  ville  de  Thrace,  félon  Etienne  le  Géo- 
graphe.  Hérodote  en  fait  auffi  mention,  /.  7,  c.  123  ; 
mais  il  ne  la  met  pas  dans  la  Thrace  ;  à  moins  qu'on  ne 
mette  la  Thrace  jusqu'au  golfe  Therméen ,  où  elle  étoit 
limée  dans  la  Paraxie,  allez  près  de  Potidée. 

LIPENIUM,  lieu  quelque  part  dans  la  Grèce,  félon 
la  conjecture  d'Ortélius,  Thefaur.  qui  cite  Cédrene  & 
Curopolate. 

LIPES ,  lieu  &  mines  de  l'Amérique  méridionale ,  au 
Pérou,  à  foixante  &  dix  lieues  de  Chiouchiou,  &  à 
égale  diftance  de  Potofi.  Ces  mines  ont  fourni,  pendant 
long-tems ,  beaucoup  d'argent  ;  il  y  a  huit  moulins  tra- 
vailians ,  fans  compter  ceux  des  petites  mines  des  envi- 
rons, comme  Escala,  Aqueguaix.  Saint-Chrifloval,  dans 
lesquelles  il  y  en  a  fix.  Lipes  eft  divifé  en  deux  parties 
éloignées  l'une  de  l'autre  de  moins  d'un  demi-quart  de 
lieue  ;  l'une  s'appelle  Lipes ,  &  l'autre  Guaïco.  Dans 
ces  deux  endroits ,  y  compris  le  monde  qui  travaille  en 
bas  de  la  colline  ,  où  font  les  minières  d'argent ,  il  peut 
y  avoir  environ  huit  cents  perfonnes  de  toute  espèce. 
Cette  colline  eft  au  milieu  de  Guaïco  &  de  Lipes,  toute 
percée  d'ouvertures  de  mines ,  entre  lesquelles  il  y  en  a 
une  fi  profonde,  qu'on  y  a  trouvé  la  fin  du  rocher,  au-def- 
fous  duquel  étoit  du  fable  &  de  l'eau  ;  &  on  a  appelle  ce 
lieu  de  la  mine  les  Antipodes.  *  Frejier,  Voyage  de  la 
mer  du  fud ,  t.  1 ,  p.  252. 

LIl'HEIM,  bourg  d'Allemagne,  dans  la  Suabe,  fur 
le  Danube  ,  avec  un  château  à  demi-lieue  de  Gungt- 
bourg.  Ce  lieu  eft  peuplé  de  marchands  de  bled ,  qui 
transportent  leurs  grains  par  le  Danube.  Les  rues  en  font 
étroites  &c  mal  dispofées.  Jouvin  de  Rochefort,  Se,  après 
lui,  Corneille ,  en  font  une  ville  ancienne. 

LIPHLUM,  ancienne  ville  d'Italie,  dans  le  pays  des 
JEques.  Les  Romains  la  prirent  fous  le  confulat  de  Va- 
lérius  Se  de  Manljes,  au  rapport  de  Diodore  de  Sicile, 
/.  14.  Voyez  l'article  qui  fuit. 

LIPHQECUA  ,  AjpoïKi**,  ville  -çres  jEques,  prife  par 
les  Romains,  Lucius-Lucrétius,  Caïus-jEmilius ,  Caïus- 

Rufus  &  Ver.  Sulpicius ,  félon  le  même  Diodore  ,  /.  14. 

Henri  Etienne  croit   que   Liphlum  &  Liphœcud  font 

une  même  ville. 

LIPHON,  nom  de  lieu.  Prochore  en  fait  mention 

dans  la  Vie  de  S.  Jean-Baptifte.  *  Ortel.  Thefaur. 
LIPIA,  ou  Lupia.  Voyez  La  Lippe,  rivière. 
LIPINÊS  ,  forêt  royale  de  France ,  au  bas  Languedoc. 

Elle  eft  de  quatre  cents  foixante-dix-neuf  arpens ,  dans  la 

maîtrife  des  eaux  ot  forêts  de  Saint-Pons. 

LIPING ,  ville  de  la  Chiné  ,   Hans  la  province   de 

Queicheu ,  dont  elle  eft  la  feptiéme  métropole.  Elle  eft 

de  8  d.  35'  plus  occidentale  que  Pékin,   fous  les  26  d. 

41'  de  latitude.    Son  territoire  confine  à  la  province 

de  Quangfi;  Scelle  a  fous  fa  de  pendance  quatre  villes^ 

Se  onze  forterefles. 


maiïfhée  d'établir  avec  lui  un  droit  d'hospitalité  ;  Se  cent 
trente-fept  ans  après ,  lorsque  les  Romains  firent  perdre 
aux  Carthaginois  la  fouveraineté  de  Lipara ,  ils  voulu- 
rent que  la  poftérité  de  Timafïthée  fût  exempte  de  toutes 
fortes  d'impofitions.  Quelque  tems  après,  Lipara  devint 
apparemment  colonie  Romaine  ;  car  Pline,  /.  3 ,  c.  9,  en 
parle  en  ces  termes  :  Lipara  cum.  civium  Romanorum 
cppido.  ,01 

L'ancienne  ville ,  fituée  fur  un  rocher  escarpe,  Se  dont 
la  mer  baignoit  la  plus  grande  partie  de  l'enceinte,  fut 
ruinée  de  fond  en  comble,  en  1544,  par  Barbe  roufle, 
qui  fit  esclaves  plus  de  fept  mille  habitans  de  la  ville,  ou 
de  la  campagne ,  Se  les  emmena  en  Turquie.  Charles- 
Quint ,  touché  de  compaffion,  travailla  à  la  rétablir.  Il 
releva  fes  murailles,  Se  en  fit  une  place  ,  qui  eft  regardée 
comme  imprenable.  *  Corondli ,  Ifolar.  p.  97.  VilleSi 

Lipari  eft  la  réfidence  d'un  évêque  fuffragant  de  l'ar- 
chevêque de  Meffine.  Augufte,  évêque  de  Lipari,  fous-  Liping,  Cu, 
crivit  au  troifiéme  concile  Romain ,  fous  le  pape  Symma-                 Jungcung ,  Hung. 
que;  &  Grégoire  le  Grand,  epiji.  13  ,  lib.  2,  indict.  10, 

fait  mention  de  l'églife  de  Lipari ,  dont  il  confia  la  con-  Fortereffes. 

duite  à  un  certain  Paulin.  *  Geogr.facr.  Italiœ,  p.  66. 

L'ille  de  Lipari  avoit  autrefois  un  Volcan,  c'eft-à-dire  Tanki  0,  Léangfai , 

une  montagne  qui  jettoit  des  flammes  de  tems  en  tems!;  Çaotie ,  Geuyang , 

&  le  nom  d'infula  Vulcanice,  ou  ijles  de  Vulcain,  eft  Pacheu,  Sidhoa, 

venu  de-là;  mais  cela  n'eft  plus  depuis  quelque  tems,  fe-  Sixan,  Chunghlin, 

Ion  Baudrand.  A  l'égard  de  la  ville  ,  cet  auteur  dit  qu'elle  Huul ,  Chéki , 

eft  à  quarante  milles  de  la  côte  feptentrionale  de  la  Si-  Lungli. 

cile ,  &C  environ  cinquante  de  la  côte  de  Calabre  la  plus 
voifine.  Les  ifles  de  Lipari  ontfuivi,  depuis  long-tems, 
la  deftinée  de  la  Sicile ,  dont  elles  font  regardées  comme 
une  annexe. 

LIPARIS,  rivière  de  Cilicie ,  félon  Pline,  /.  5 ,  c.  27. 
Elle  couloit  auprès  de  Soloë ,  petite  ville  de  cette  pro- 
vince. Vitruve  dit  :  à  Soloë ,  qui  eft  une  petite  ville  de 
Cilicie ,  coule  une  rivière  nommée  Liparis  ;  &c  ceux  qui 
s'y  baignoient  ou  qui  fe  lavoient  de  fon  eau ,  étoient  oints 

comme  fi  c'eût  été  avec  de  l'huile.  Solis  quod  oppidum  cjl     poules  aux  démons.  *  Atlas  Sinenjis 
Cilicia  Jlumen  nomine  Liparis,  in  quo  notantes  aut  la-         LIPONTII.  Voyez  LEPONT1I. 
vantes  ab  ipfâ  aquâ  ungantur.  Antigonus,  Hifl.  Mirab.         LIPPA,   ville  de  la  haute  Hongrie,   fur  une  haute 
c.  i<(0,  dit  la  même  chofe.  Le  mot  Liparis  a  afTez  de     montagne,  fur  la  rive  méridionale  du  Marifch,  entre 
rapport  avec  hfna.^%  7  gras ,  luifant ,  6c  vient  de  A/mif  ,     Témeswar  au  midi  &,  Giula  au  nord-oueft,  la  rivière  en- 
fraife. 


Sous  la  famille  Han ,  le  pays  s'appelloit  Yangco.  Sous 
Utai  il  dépendoit  de  la  province  du  Sucheu.  La  famille 
Juen  fît  bâtir  une  forterefle  à  laquelle  elle  donna  le 
nom  de  Tanki ,  &  la  famille  de  Taiming  fit  de  cette  for- 
terefle une  ville  qu'elle  appella  Liping.  Les  habitans  de 
la  campagne  font  communément  appelles  Hiunnuon.  Ils 
parlent  une  langue  particulière  ablblument  inconnue  aux 
Chinois.  Quand  ils  font  malades ,  ils  offrent  des  os  de 


LIP 


LIR 


tre  deux.  Elle  eft  environnée  d'un  foffé  plein  d'eau,  av«c 
de  bonnes  murailles:  le  château  qu'on  voit  au  milieu,  eft 
fortifié  de  quatre  baitions,  &  auffi  entouré  d'un  foffé.  Elle 
fut  prilé  par  les  Turcs  en  I552;"&  ils  la  gardèrent  jus- 
qu'à l'an  1688,  que  les  Impériaux  la  prirent  d'affaut,  le  1 9 
de  Juin  ;  &  il  y  eut  plus  de  fix  cents  Turcs  tués.  Le  châ- 
teau fe  rendit  le  11  du  même  mois;  &  lagarnifon  ,  qui 
étoit  de  plus  de  deux  mille  deux  cents  hommes ,  fut  faite 
prifonniere  de  guerre.  En  Septembre  1595,  la  garnifon 
de  Lippa  ayant  fait  une  fortie  fur  les  troupes  du  Grand-Sei- 
gneur, elle  fut  fi  vivement  repouffée,  &  fuivie  de  fi  près 
par  les  Turcs ,  qu'ils  entrèrent  confufément  dans  la  place 
avec  les  Chrétiens  ;  s'en  rendirent  maîtres  ;  en  démoli- 
rent les  fortifications  ,  ck  l'abandonnèrent.  *  Baudrand 
&  Corneille. 

LIPPARI.  Voyez  LiPARl. 

LIPPE ,  rivière  d'Allemagne  ,  dans  la  Veftphalie  ; 
on  la  nomme  en  latin  Lippa  ou  Luppia.  Tacite ,  l.i.; 
Ann.  /.  5  Hijl.  dit  Luppia;  Pomponius  Mêla  ,  /.  3  , 
c.  '2  ,  Lupia  ;  Dion  &  Strabon  ,  /.  7  ,  Aairiat  ;  &  dans 
les  Annales  de  France  ,  Lippa  Sr.  Lippia.  Dansl'Hiftoire 
de  Velleïus  Paterculus,  /.  54,  c.  2  ,  on  lit:  ad  caput  Ju- 
lie Fluminis.  Il  faut ,  ou  que  le  mot  Julia  foit  une  faute 
de  copifte  pour  Lupia,  ou  que  cette  rivière  ait  été  nom- 
mée Julia  en  l'honneur  de  Jules  Céfar  ;  mais  comme 
Augufte  ne  pofféda.  pas  long-tems  le  pays  où  coule  la 
Lippe  ,  &c  que  fon  empire  fut  enfuite  borné  par  le  Rhin, 
peut-être  que  cette  courte  poffeffion  ne  donna  pas  à  ce 
nom  le  loifir  de  s'établir.  Cette  rivière  donne  le  nom  au 
bourg,  où  elle  a  fa  fource  qui  s'appelle  Lippspring,  c'cA- 
à-dire ,  fource  de  la  Lippe  ;  à  une  ville  nommée  Lipp- 
Jladt  ou  ville  de  la  Lippe;  à  Lippenheim ,  lieu  dont  il  eft 
fouvent  fait  mention  dans  les  Annales  de  France,  ck  à 
un  comté  que  l'on  nomme  le  comté  de  la  Lippe.  Elle  a  fa 
iburce,  non  pas  dans  les  montagnes  de  Fieffé,  comme 
le  dit  Alramer ,  in  Tacit.  Germ.  mais  au  pied  du  château 
&  du  bourg  de  Lippspring,  à  une  mille  de  Paderborn , 
dans  l'évêché  de  ce  nom.  Elle  reçoit  au-deffus  de  Neu- 
hufen  la  rivière  de  Pader ,  &£  celle  d'Effen  un  peu  au- 
deffous.  Strabon  a  cru  qu'elle  fe  perdoit  dans  la  mer  avec 
l'Ems  &C  le  Wefer  ;  ce  qui  eft  une  grande  erreur.  Mêla 
dit  beaucoup  mieux  que  le  Meyn  &  la  Lippe  fe  perdent 
dans  le  Rhin.  Après  avoir  coulé  quelque  tems  dans  les 
terres  de  l'évêché  de  Paderborn,  elle  fépare  de  l'état  l'évê- 
que  de  Munfter  d'avec  le  comté  de  la  Marck ,  &  paffe  à 
Ham,  àLuyne,  àHalteren,  àDorften;  &  enfin,  traverfant 
une  partie  du  duché  de  Clèves,  elle  y  trouve  le  Rhin, 
dans  lequel  elle  fe  perd  au-deflus  &  auprès  de  Wéfel. 

Le  comté  de  la  Lippe,  petit  état  d'Allemagne, 
dans  la  Weftphalie  ,  avec  titre  de  comté,  entre  les  évê- 
chés  de  Paderborn  &  de  Munfter  ,  le  duché  de  Weft- 
phalie  ,  les  comtés  de  Ravenfperg  &  de  Pirmont.  Il  a 
fes  comtes  particuliers ,  dont  la  famille  eft  partagée  en 
deux  branches  ;  l'une  eft  celle  de  Detmold,  &  l'autre  de 
Buckenbourg.  Cet  état  fe  divife  en  deux  parties ,  la  fep- 
tentrionale  &  la  méridionale. 

La  partie  feptentrionale  du  comté  de  la  Lippe  eft  quel- 
quefois nommée  le  comté  de  Lemgo ,  &£  eft  entre  les  com- 
tés de  Rietberg,  de  Ravensberg  &  de  Schawenbourg , 
&  l'évêché  de  Munfter.  Elle  a  environ  dix  lieues  de  long 
&  quatre  de  large. 

La  partie  méridionale,  qui  eft  proprement  le  comté  de 
la  Lippe,  ck  qu'on  appelle  auffi  le  comté  d'Obervald, 
eft  fituée  autour  de  la  rivière  de  la  Lippe.  Les  princi- 
paux lieux  du  comté  de  la  Lippe ,  pris  enfemble  ,  font  : 


%U 


Lippe  ou  Lippftadt, 
Detmold. 
Lemgo, 
Sch-walenberg , 
Sternberg , 


Blumberg, 
Bracke , 

Alverdiflen  , 
Lipperode, 
Buckebourg. 


a.  LIPPE,  ville.  Voyez Lippstadt. 

LIPPI.  Voyez  au  mot  AD  l'article  ad  LlPPOS. 

LIPPO,  petite  ville  de  Turquie,  dans  la  Natolie,  près 
de  la  mer  Noire ,  au  midi  de  Pendérachi ,  &  fur  une  ri- 
vière nommée  auffi  Lippo.  Cette  rivière  eft  la  même 
que  VHypius  des  anciens. 

LIPPSPRING,  bourg  ck  château  d'Allemagne,  en 
Weftphalie ,  à  la  fource  de  la  Lippe,  comme  ce  nom  le 
dit  aflez.  Les  hiftoriens  de  Charlemagne  difent  que  ce 


tut  en  cet  endroit  que  les  Saxons  vinrent  fe  foumçttre, 
&  qu'il  y  tint  plufieurs  conciles,  entr'autres  celui  de  781. 
Il  y  fut  campé  affez  long-tems.  Au  commencement  du 
quinzième fiécle,  leshabirans  de  Lippspring,  qui  étoient 
paylans  fit  esclaves  ,  furent  affranchis ,  tk  leur  village 
érigé  en  bourg.  *  Monum.Paderbornenfia.  p.  16. 

LIPPSTADT  ,  petire  ville  d'Allemagne  ,  dans  la 
Weftphalie ,  au  comté  de  la  Lippe ,  dont  elle  eft  la  capi- 
tale, &  fur  la  Lippe  de  qui  elle  reçoit  fon  nom.  Elle 
eft  entre  Paderborn  6c  Souft ,  dans  un  marais  qui  en  rend 
l'air  fort  mal-fain.  Elle  a  été  libre  &  impériale.  Les  com- 
tes de  la  Lippe  s'en  étant  rendus  maîtres ,  l'un  deux  en 
engagea  la  moitié  au  comte  de  la  Marck,  dont  la  fucces- 
flon  étant  venue  avec  celle  de  Clèves  aux  élefleurs  de 
Brandebourg,  ceux-ci,  en  qualité  de  co-feigneurs,  ont  la 
moitié  de  l'exercice  de  tous  les  droits  de  la  jurisdiftion, 
tantféculiere  qu'eccléliaftique.  Quelques-uns  croient  que 
c'eft  \z  Luppia  de  Ptoloinée;  &  le  favant  évêque  de  Pa- 
derborn, Ferdinand  de  Furftenberg,  penche  affez  pour 
ce  fentiment.  D'autres  difent  qu'elle  n'eft  que  du  dou- 
zième fiécle,  &  qu'elle  a  été  fondée  par  Bernard  II. 

LIPSYDRIUM,  lieu  de  l'Attique,  fur  le  mont  Par- 
nèthe,  félon  Suidas.  Les  Alcmœonides  l'avoient  d'abord 
ferme  d'une  enceinte  de  murailles  ,  &  on  l'avoit  depuis 
fortifié.  Il  fervit  d'afile  à  des  perfonnes  illuftres  exilées 
d'Athènes;  mais  ils  y  furent  pourfuivis  par  les  troupes 
de  Pififtrate.  Il  y  avoit  un  proverbe  à  Athènes.  C'eft  ce 
que  je  trouve  dans  Suidas  au  mot  Émhu-J.  S~aa. 

LIPINES,  ancien  palais  des  rois  de  France.  Voyez 
Lestines. 

LIPTOW ,  çomré  de  Hongrie ,  au  midi  de  celui  de 
Scepus.  Il  eft  d'une  figure  irréguliere,  ayant  vingt  lieues 
d'étendue,  dans  fa  plus  grande  longueur,  &  dix-huit 
dans  fa  plus  grande  largeur.  Ses  habitans  font  presque 
tous  Esclavons. 

LIPUDA  ,  petite  rivière  du  royaume  de  Naples,  dans 
la  Calabre  citérieure.  Elle  paffe  à  Umbriatico,  &  fe  rend 
dans  la  mer  Ionienne,  entre  la  ville  de  Strongoli  &le 
golfe  de  Tarente.  *  Baudrand,  édit.  1705. 

Barri  croit  qu'elle  a  été  appellée  anciennement  Are-' 

TAS. 

LIQUENTIA ,  rivière  d'Italie  ,  au  pays  de  la  Véne- 
rie, félon  Pline,  /.  3  ,  c.  18,  qui  dit  qu'elle  a  fa  fource 
dans  les  monts  voifins  d'Opitergium  {Oder^o  ou  UderTo,') 
&  qu'elle  a  un  port  de  même  nom.  Le  nom  moderne 
eft  la  Livenza.  Voyez  ce  mot. 

LIQUES,  Licum  ou  Likeum  ,  ancienne  abbaye  de 
Prémontré  ,  fituée  à  une  demi-lieue  d'Ardres,  ckàtrois 
lieues  de  Calais ,  diocèfe  de  Boulogne.  Elle  a  été  fon- 
dée ,  en  1 1 3 1 ,  par  Robert ,  comte  de  Boulogne ,  &  vaut 
par  an  à  l'abbé  quatre  mille  livres. 

LIRA,  village  de  France,  dans  la  Normandie,  au- 
près de  Verneuil  au  Perche.  Il  n'eft  remarquable  que 
pour  avoir  donné  la  naiffance  au  fameux  Nicolas  de 
Lyra,  auteur  d'une  glofe  fur  l'Ecriture-fainte.  Voyez 
Lyra  2. 

LIRE,  bourg  de  France,  dans  l'Anjou  ,  sle&ion 
d'Angers. 

LIRE  ou  LlERE,  ville  des  Pays-bas  Autrichiens, 
dans  le  Brabant ,  au  quartier  d'Anvers,  fur  la  rivière 
de  Nethe,  à  deux  lieues  au  nord  de  Malines,  &  à  trois 
au  fud  eft  d'Anvers.  Ce  lieu,  comme  le  remar  que'labbé 
deLonguerue,  Descr.de  la  France,  2.  part.  p.  54,  feroit 
très-ancien ,  s'il  étoit  bien  fûrement  le  même  que  Ledus  , 
ou  Ledo ,  marqué  dans  la  divifion  du  royaume  de  Lo- 
thaire,  l'an,  876;  mais  comme  cela  eft  fort  incertain, 
ou  ne  voit  point  que  cette  ville  ait  été  fondée  avant  le 
treizième  fiécle.  Ce  fut  pour  lors  qu'on  y  établit  un  col- 
lège de  chanoines ,  l'an  1260.  On  y  a  auffi  fondé  une 
Chartreufe.  Quand  on  écrit  Liere  ,  \'e  de  la  première 
fyllabe  ne  fe  fént  point  en  prononçant. 

Cette  ville  eft  le  chef-lieu  de  la  principauté  de  Can- 
tecroix. 

1.  LIRIA,  rivière  de  la  Gaule  Narbonnoife.  C'eft  le 
Le{,  qui  arrofe  le  diocèfe  de  Montpellier,  en  Languedoc. 
Voyez  Lez. 

2.  LIRIA,  ouLLiria,  bourg  d'Espagne,  au  royaume 
de  Valence,  furie  Guadalviar,  à  quatre  lieues  de  Mor- 
vedro  ,  &  à  cinq  de  Valence  &  de  la  côte  de  la  mer. 
On  prétend  que  ce  bourg  eft  fort  ancien  ;  &  quelques- 
uns  le  prennent  pour  la  petite  ville  des  anciens  Contes- 


8;6 


LIS 


LIS 


1 1  nommée  Lauro ,  Lauron  Se  Laurona ,  où  les  trou- 
pes de  Jules-Céfar  défirent  &  tuèrent  Sextus-  Pompeïus  : 
&  d'autres  mettent  la  même  ville  à  Laurique ,  bourg  fur 
la  même  rivière ,  à  cinq  lieues  de  LLirias ,  &  prennent 
Liria  ou  LLirias  pour  Leria  Edita ,  ou  Hedeta.   Voyez 

LIRIMIRIS  ,  ancienne  ville  de  la  grande  Germanie  , 
félon  Ptolomée ,  l.z,  en. 

LIRINAS,  furnom  de  la  ville  SInttramna,  fur  le 
fleuve  Liris,  qui  eft  le  Gariglan.  Dans  la  terre  de  La- 
bour, Inuramna  Lirivas  ne  lignifie  que  înuramna  furie 
Liris,  pour  la  diftinguer  des  autres  villes  de  même  nom. 
Pline ,  /.  3  ,  c.  5  ,  en  nomme  les  habitans  Lnteremna- 
us  Succafini  qui  &  Lirinates  ;  &  c'eft  d'eux  qu'il  faut 
entendre  ce  vers  de  Silius  Italicus  ,  /.  8 ,  v.  403  : 

Je  Lirinatum  dextris  focia  hifpidus  arma 
Commovet. 

LIRIO  ,  bourgade  d'Afie  en  Natolie  ,  dans  l'Amafie, 
à  l'embouchure  du  Cafalmac ,  qui ,  à  caufe  de  ce  lieu  , 
eft  nommé  par  quelques-uns  rivière  de  Liris.  Quelques- 
uns  y  cherchent  la  Thémiscyre  des  anciens. 

LIRINENSE  CCENOBIUM,  le  monajlere  de  Lerins. 
Voyez  Lerins. 

LIRIS  ,  rivière  d'Italie.  Voyez  Garillan. 
LIRNUTIA,  Aifri™,  ville  d'Afie,  dans  la  Pam- 
philie  ,  félon  Hecatée,  cité  par  Etienne  le  Géographe. 
LIRON,  (le)  petite  rivière  de  France,  en  Langue- 
doc. Elle  a  fa  fource  dans  les  montagnes ,  au  couchant 
de  Cazouls;  ferpente  vers  le  fud-eft,  puis  vers  l'eft  ; 
paffe  à  Puifferguier,  à  Ramejan  ,  à  Maureillan  ,  à  Li- 
ron,  &'  fe  perd  dans  l'Orbe  à  Béziers. 

I.  LIS,  (la)  Legia,  rivière  des  Pays-bas  François. 
Elle  prend  fa  fource  à  Lisbourg  ,  en  Artois  ;  paiTe  par 
les  ruines  de  Thérouenne  ;  arrofe  Aire,  Saint- Venant , 
la  Gorgue  ,  Armentieres  ,  Varneton  tk  Commines ,  d'où 
elle  entre  dans  les  Pays-bas  Autrichiens ,  &  fe  rend  dans 
l'Escaut ,  à  Gand.  Les  habitans  de  Lisbourg  jugent  par 
la  clarté'  des  eaux  de  la  fource  de  cette  rivière  ,  de  la 
dispofition  du  tems  qu'il  doit  faire  ;  lorsqu'il  doit  pleu- 
voir ,  la  fource  charrie  en  bouillonnant  un  petit  fable  qui 
la  brouille  plus  ou  moins ,  félon  la  force  de  la  pluie  qui 
doit  venir  ;  au  contraire,  quand  il  doit  faire  beau  tems , 
l'eau  fort  très- claire  du  fein  de  la  terre.  *  Piganiol  de 
la  Force,  Descr.  de  la  France,  /.  3  ,  p.  115. 
1.  LIS ,  abbaye  de  France.  Voyez  Lys  1. 
LISA,  ville  d'Afie,  dans  l'Indouftan ,  dans  la  pro- 
vince de  Doltabat,  fur  la  route  d'Aurangeabad  à  Cal- 
var,  qui  eft  fur  la  frontière  de  Golconde,  entre  Nander 
Se  Dantapour.  *Thevenot ,  Voyage  des  Indes  ,  c.  45. 

LISjÊ,  Aiâltu,  ville  de  Grèce,  dans  la  Pallène ,  ou 
aux  environs  ,  félon  Hérodote.  Ortélius  croit  que  c'eft 
la  Lissa  d'Antonin.  Voyez  Lissa. 

L1SANICULUS  ;  c'eft  le  nom  d'un  volcan  dont 
parle  Pacien  dans  fon  Traité  de  Peznitentiâ  &  Confefifwne, 
au  rapport  de  Baronius ,  cité  par  Ortélius ,  Thefaur. 

LISBONNE ,  ville  d'Europe  ,  en  Portugal ,  dont  elle 
eft  la  capitale.  Elle  eft  fituée  fur  le  Tage  ,  à  environ 
quatre  lieues  de  l'Océan,  à  foixante  lieues  de  Se  ville, 
&  à  trente-quatre  de  Coimbre.  Une  ancienne  tradition 
nationale  veut  que  cette  ville  ait  été  premièrement  nom- 
mée Elysea  ,  &  qu'elle  ait  tiré  ce  nom  de  fon  fonda- 
teur Elyfa  ,  frère  de  Tubal ,  fils  de  Javan ,  tk  petit-fils 
de  Noé.  D'autres  s'imaginent  que  Lisbonne  eut  le  nom 
d! 'Elyfa,  parce  que  les  campagnes  étoient  les  champs  Ely- 
fées  ,  fi  renommés  dans  les  anciens  poètes.  Sur  ce  fon- 
dement ,  l'auteur  de  la  Chrographie  Portugaife  ,  t.  \ , 
p.  109,  après  avoir  fait  la  description  de  l'abbaye  de 
S.  Salvador  de  Britiandos,  fituée  dans  la  province  de 
Minho, parle,  en  ces  termes,  des  champs  Elyfées.  «  Nous 
»  favons  par  tradition  que  c'eft  ici  le  lieu  où  étoient  les 
»  champs  Elyfées ,  c'eft-à-dire  le  lieu  où  les  âmes  des 
«  juftes  venoient  jouir  d'un  grand  repos,  après  avoir 
»  paffé  le  fleuve  de  Lima,  autrement  le  fleuve  Léché.» 
Voyez  Lethé.  *  Divers  Mémoires  rectifiés  par  un  fei- 
gneur  Portugais. 

Une  autre  tradition  veut  qu'Ulyffe ,  après  la  deftruc- 
tion  de  Troye,  vint  dans  ces  quartiers;  qu'il  y  jetta  les 
premiers  fondemens  de  Lisbonne,  &c  que  dès- lors  elle 
fut  appellée  Ulyffpone  ou  Ufyjfipo ,  ou  même  Olyfiipo. 


Mais  il  fe  pourroit  bien  faire  que  la  reffemblance  des 
noms  auroit  occafionné  cette  opinion.  En  effet ,  outre 
qu'il  feroit  difficile  de  prouver  qu'Ulyffe  foit  jamais 
forti  de  la  mer  Méditerranée ,  le  véritable  nom  de  cette 
ville  n'étoit  pas  Ulyjfipo  ni  Olyffipo  ,  mais  Olijïpo , 
comme  on  le  voit  par  l'inscription  fuivante  ,  qui  a  été 
trouvée  à  Lisbonne  : 

Imp.  Ces.  M.  Julio. 
Philippo.  Fel.  Aug. 

pontif.  man. 

Trib.  Pot.  II. 

PP.  Cons.  III. 
Fel.  Jul.  Olisipo. 

Cette  infeription  confirme  de  plus  que  Lisbonne,  après 
avoir  reçu  une  colonie  Romaine ,  prit  le  nom  de  Felici- 
tas-Julia. 

L'incertitude  &  l'obfcurité  dans  lesquelles  nous  IahTe 
l'hiftoire  fur  l'origine  de  Lisbonne  ,  font  une  preuve 
certaine  de  l'ancienneté  de  cette  ville. 

Lisbonne  eft  fituée  fur  fept  montagnes ,  qui  portent  les 
noms  de  S.  Vincent ,  de  S.  André  ,  de  S.  George ,  de 
fainte  Anne,  de  fainte  Catherine  ,  écdasChagas,  c'eft- 
a-dire  des  plaies  de  notre  Seigneur.  De  ces  di  verfes  mon- 
tagnes on  découvre  la  campagne,  la  mer,  le  fleuve  du 
Tage ,  lés  forts  qui  le  gardent ,  &  un  très-beau  payfage. 
Elle  forme  un  fuperbe  amphitéatre  par  la  diverfité  de  fes 
fomptueux  bâtimens.  Elle  paroît  d'une  extrême  longueur, 
parce  que  l'on  a  bâti  un  grand  nombre  de  maifons  fur 
le  bord  du  Tage,  pour  la  facilité  du  commerce. 

Cette  ville  n'étoit  pas  fi  grande  autrefois.  Elle  n'oc- 
cupoit  d'abord  qu'une  feule  colline  ,  quoiqu'elle  s'éten- 
dît jusqu'au  bord  du  Tage.  Avec  le  tems  elle  s'accrut  ;  il 
y  a  plus  de  deux  cents  ans  qu'elle  occupoit  déjà  cinq 
collines ,  &  l'on  y  comptoit  jusqu'à  vingt  mille  maifons. 
Elle  en  renferme  aujourd'hui  environ  trente  mille,  qua- 
rante églifes  paroiffiales  ,  vingt  monafteres  d'hommes  & 
dix-huit  de  filles.  Il  y  a  en  outre  plus  de  cent  trente  con- 
fréries, qui  quêtent  pour  les  pauvres  ;  il  entre  tous  les 
jours  dans  Lisbonne,  par  la  feule  porte  de  S.  Antaon, 
quinze  cents  bêtes  chargées  de  farine  ou  de  fruits ,  plus 
de  mille  par  la  porte  de  S.  Vincent ,  plus  de  douze  cents 
par  4a  porte  de  fainte  Catherine ,  &  plus  de  neuf  cents 
par  celle  de  fainte  Croix. 

On  voit  dans  Lisbonne  un  grand  nombre  d'édifices 
fuperbes  &  plufieurs  places  publiques.  Il  eft  vrai  que  fa 
fituation  eft  un  peu  incommode  ,  à  caufe  des  collines  &C 
des  vallées  où  elle  eft  bâtie  ;  de  forte  qu'il  faut  presque 
toujours  monter  ou  descendre ,  outre  que  les  rues  y  font 
la  plupart  affez  étroites  &  mal-propres. 

Le  port  eft  regardé  comme  un  des  plus  célèbres  de  l'Eu- 
rope. Il  a  près  de  cinq  lieues  de  long ,  à  compter  de  San- 
Benito  jusqu'à  Cascaës  ;  mais  l'entrée  en  eft  extrême- 
ment difficile,  à  caufe  des  bancs  de  fable  &c  des  rochers  ; 
en  récompense  les  vaiffeaux  fe  trouvent  dans  le  port,  par- 
faitement à  l'abri  des  vents  ordinaires  ,  étant  couverts 
d'un  côté  par  les  collines  fur  lesquelles  la  ville  eft  fituée, 
&  de  l'autre  par  les  bords  oppofésduTage,qui  font  fort 
élevés.  Malgré  ces  avantages ,  ils  ne  laiffent  pas  d'être 
expofés  à  des  ouragans  ,  qui  quelquefois  font  de  terri- 
bles ravages.  Les  vaiffeaux  mouillent  dans  le  Tage,  en- 
tre la  ville  &C  le  château  d'ALMADA,  à  dix-huit  braffes 
d'eau ,  fur  un  fond  de  bonne  tenue.  Cette  rivière  que 
les  Portugais  appellent ,  o  rey  dos  rios ,  c'eft-à-dire  le 
roi  des  rivières ,  a  près  d'une  lieue  de  largeur  dans  cet 
endroit-là.  La  marée  y  monte  ordinairement  douze  pieds 
à  pic ,  &  plus  de  dix-huit  lieues  en  avant  vers  fa  fource. 
Lorsque  les  vaiffeaux  arrivent,  ils  font  obligés  defaluer 
d'un  coup  de  canon  la  fortereffe  de  Bélem  ,  qui  eft  à 
deux  lieues  au-deffous  de  Lisbonne. 

La  place  publique  la  plus  belle  eft  celle  qu'on  nomme 
o  terreiro  do  paço  ,  c'eft-à-dire  la  place  du  palais, 
parce  que  le  palais  royal  eft  fitué  à  l'un  des  côtés.  Elle 
eft  fur  la  rive  du  Tage ,  bordée  d'une  muraille  qui  régne 
tout  le  long  du  fleuve,  à  hauteur  d'appui  ;  on  découvre 
de-là  les  vaiffeaux  qui  font  à  l'ancre,  le  long  du  port; 
de  plus  on  voit  d'un  côié  le  palais  royal  qui  eft  à  l'une 
des  extrémités  ,  un  autre  palais  qui  eft  à  l'extrémité  op- 
pofée  ,  &  dans  le  fond  un  rang  de  fort  belles  maifons. 
Cette  place  eft  la  fcène  où  l'on  célébroit  autrefois  la  fo- 
lemnité 


LIS 


LIS 


lemnité  des  auto  da  fè  ;  on  y  célèbre  encore  aujour- 
d'hui la  fête  des  taureaux,  qui  n'eft  autre  chofe  qu'un 
combat  d'hommes  choifis ,  contre  des  taureaux  fauva- 
ges,  &  qui  s'exécute  en  ce  pays  comme  en  Espagne, 
avec  une  grande  dépenfe  ;  c'eft  auffi  fur  cette  place  qu'on 
célèbre  les  actes  de  foi  de  L'inquifitïon  ;  c'eft-à-dire  qu'on 
y  exécute  ceux  que  ce  tribunal  a  condamnés. 

Près  de  la  place  royale  ,  il  y  en  a  une  autre  fituée  de 
même  au  bord  du  Tage ,  &C  où  fe  tient  le  grand  mar- 
ché de  la  ville ,  nommé  à  Riheira.  On  y  vend  tout  ce 
qui  descend  du  Tage,  fruits,  poiffon,  &c. 

Outre  ces  deux  places ,  il  y  en  a  plufieurs  autres  fort 
belles,  en  divers  quartiers  de  la  ville.  La  plus  grande  eft 
celle  qu'on  nomme  le  Rucio.  C'eft  fur  cette  place  que 
fe  trouve  le  palais  de  l'inquifition,  le  couvent  des  Do- 
minicains &  l'hôpital.  Elle  a  la  forme  d'un  amphithéâ- 
tre ,  à  caufe  des  collines  qui  l'environnent.  On  y  tient 
foire  chaque  femaine. 

Sur  le  haut  de  la  montagne  de  S.  George»  eft  un  châ- 
teau de  même  nom.  Il  commande  la  ville ,  &  eft  flan- 
qué de  plufieurs  tours  carrées.  Dans  fes  murailles  il  ren- 
ferme comme  une  petite  ville ,  où  il  y  a  des  rues ,  des 
palais  &  des  églifes.  Ce  n'étoit  pas  autrefois  une  place 
forte  ;  mais  on  y  a  ajouté  des  terraffes  bordées  d'artille- 
rie, qui  le  rendent  aujourd'hui  affez  fort.  Le  marquis  de 
Cascaés  en  eft  1' '  alcaïde-mor  ;  c'eft  ce  qu'on  appelle  en 
France  feigneur  châtelain  ou  gouverneur.  Cette  charge, 
qui  eft  dans  fa  maifon  depuis  trois  lïécles ,  paffe  aux  hé- 
ritiers de  fes  biens  &  de  fon  nom. 

Le  palais  des  rois  de  Portugal  eft  bâti  au  milieu  de 
la  ville,  fur  le  bord  du  Tage,  &  à  l'extrémité  de  la 
place  royale  ;  de  forte  que  le  roi  peut  voir  de  fes  fenê- 
tres tous  les  vaiffeaux  qui  arrivent  à  Lisbonne ,  &  tous 
ceux  qui  en  partent.  C'eft  un  grand  dôme  carré,  élevé 
de  quatre  étages.  Il  y  a  dans  ce  palais  de  très-belles  fa- 
les  &  des  chambres  magnifiques.  Au  troifiéme  étage,  eft 
la  bibliothèque  du  roi.  Les  livres  y  font  dans  de  petits 
cabinets  de  noyer.  De  ce  dôme  part  une  galerie  décent 
pas  de  long ,  au  bout  de  laquelle  il  y  en  a  deux  de  même 
longueur.  Elles  ont  chacune  deux  étages  &  des  fenêtres 
ornées  de  balcons.  Les  vues  des  chambres  &C  des  fales 
donnent  fur  une  terraffe  qui  va  jusqu'à  la  mer ,  &  où 
l'on  fe  promené  à  pied.  Les  appartenons  font  grands , 
commodes  &  fuperbement  meublés  en  hyver;  mais  en 
été  on  détend  les  tapifferies ,  parce  que  les  murailles 
font  lambriffees.  Les  états  généraux  fe  tiennent  dans  la 
fale  des  gardes  du  roi.  Cette  fale  eft  du  côté  de  la 
ville.  La  chambre  du  confeil  de  guerre  eft  à  l'une  des 
extrémités  ;  &  dans  les  appartemens  d'en-haut ,  il  y  a 
plufieurs  tribunaux.  La  chapelle  du  roi  eft  à  l'un  des  cô- 
tés du  palais  dans  la  cour  intérieure.  Elle  eft  grande  &c 
richement  ornée. 

h'afandega  ,  ou  la  douane ,  eft  tout  près  du  palais  du 
roi.  C'eft  un  édifice  vafte  &  bien  bâti.  Il  renferme  plu- 
fieurs magafins  voûtés  où  l'on  eft  obligé  de  porter  tou- 
tes les  marchandifes  qui  arrivent ,  ou  qui  fortent ,  pour 
y  être  plombées,  moyennant  un  certain  droit.  La  ferme 
de  cette  douane  eft  un  des  plus  grands  revenus  du  roi. 
Outre  cette  douane ,  il  y  a  la  cafa  dos  tsclavos ,  où ,  de 
vingt  esclaves,  qu'on  amené  d'Afrique,  il  en  faut  laifter 
quatre  pour  les  droits  du  roi.  Près  de-là  eft  l'arfenal,  qui 
eft  affez  bien  fourni  d'artillerie,  de  mousqueterie  &  d'au- 
tres munitions  de  guerre.  Il  y  en  a  un  autre  près  du  pa- 
lais royal.  Dans  ce  dernier  font  les  magafins  deftinés 
aux  chofes  néceffaires  pour  l'équipement  des  vaiffeaux. 

Le  Corpo-Santo  eft  un  quartier  où  fe  trouve  le  Corte- 
Réal  ,  grand  palais  ,  où  demeuroit  le  prince  régent, 
Pierre  II,  du  tems  du  roi  Alfonse  VI ,  fon  frère.  Ce  pa- 
lais eft  auffi  au  bord  du  Tage.  Il  a  quatre  beaux  corps 
de  logis ,  ornés  de  belles  tours  ,  avec  des  galeries  où 
l'on  fe  promené,  &d'où  l'on  a  la  vue  fur  la  rivière.  Ce 
palais  fut  confisqué  au  marquis  de  Cafiel-Rodrigo ,  parce 
qu'il  embraffa  le  parti  des  Espagnols,  dans  le  tems  de 
la  révolution  du  Portugal;  mais  par  le  traité  qui  fut  fait 
entre  les  deux  couronnes  ,  il  étoit  porté  que  tous  fes 
biens  lui  feraient  rendus  ;  &  ce  palais  a  été  reftitué  à 
fa  maifon.  Le  nom  de  Corpo-Santo  a  été  donné  au  quar- 
tier ,  à  caufe  d'une  chapelle  de  même  nom  qui  s'y  trouve. 
A  l'un  des  côtés  de  la  place  royale  eft  une  halle  pu- 
blique,  nommée  Terreïro ,  où  s'affemblent  les  magiftrats 
de  la  police.  C'eft-là  qu'on  diftribue  tout  le  bled  qui  fe 


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confirme  dans  Lisbonne.  Lortqu'il  commence  à  devenir 
rare ,  on  a  grand  foin  d'obferver  l'égalité  dans  la  diftri- 
bution  ,  afin  que  perfonne  n'ait  fujet  de  fe  plaindre.  La 
boucherie  eft  auffi  fur  cette  place. 

Lisbonne  a  trois  différentes  enceintes.  La  première, 
&  la  plus  ancienne ,  ne  renferme  que  le  château  avec 
quelques  petites  rues  au  -  deffous  ;  la  féconde  renferme 
cette  première  avec  la  grande  églife ,  qui  eft  la  cathé- 
drale ,  près  de  laquelle  il  y  a  encore  quelques  portes  , 
entr'autres,  celle  de  S.  Antoine.  C'eft  auffi  dans  cette  fé- 
conde enceinte  que  fe  voit  l'hôtel  de  ville  ;  la  troifiéme 
eft  d'une  fort  grande  étendue,  &C  renferme  presque  toute 
la  ville.  Ces  trois  clôtures  de  murailles  font  envelop- 
pées d'une  nouvelle,  qu'on  a  commencée  avec  de  belles 
fortifications,  &dont  le  tour  n'a  pas  moins  de  fix  lieues. 
Mais  ces  travaux  commencés  ,  fur  l'avis  qu'en  avoit 
donné  le  fameux  marquis  de  Marialva ,  font  demeurés 
imparfaits. 

L'églife  métropolitaine ,  appellée  la  Sée ,  eft  fituée  fur 
le  penchant  d'une  colline.  C'eft  un  bâtiment  très -an- 
cien ;  il  eft  orné  de  deux  clochers  fur  fon  portail ,  &£ 
d'une  lanterne  en  façon  de  petit  dôme  ,  au  milieu  de  la 
croifée  de  l'églife.  Proche  du  grand- autel  eft  la  châffe 
de  S.  Vincent ,  fous  l'invocation  de  qui  cette  églife  eft 
dédiée,  &  en  mémoire  de  qui  MM.  du  chapitre  entre- 
tiennent perpétuellement  deux  corbeaux  qu'on  voit  vo- 
ler dans  l'églife,  fans  qu'ils  en  fortent  jamais.  On  pré- 
tend qu'après  que  S.  Vincent  eut  fouffert  le  martyre, 
fon  corps  fut  jette  à  la  campagne  ,  pour  fervir  de  pâ- 
ture aux  bêtes  carnacières  &  aux  oifeaux  du  ciel  ;  que 
des  corbeaux  le  gardèrent ,  jusqu'à  ce  que  des  perfon- 
nes  pieufes  l'euffent  enlevé ,  pour  le  porter  dans  un  lieu 
proche  de  Valence  en  Espagne  ,  où  il  étoit  né ,  &  que 
c'eft  pour  conferver  le  fouvenir  de  cette  merveille ,  que 
l'on  garde  ces  corbeaux.  Alphonfe  I,  roi  de  Portugal, 
ayant  enlevé  Lisbonne  aux  Mores,  l'an  1 147,  on  déterra 
le  corps  de  S.  Vincent ,  &  on  le  transporta  dans  cette 
églife. 

L'églife  des  Dominicains ,  dans  le  Rucio  ,  paffe  pour 
très-belle.  On  y, 'remarque,  entr'autres,  trois  chapelles, 
toutes  dorées  depuis  le  haut  jusqu'au  bas.  Dans  l'une  on 
voit  la  généalogie  de  la  fainte  Vierge ,  en  bas  reliefs,  & 
dans  l'autre  la  généalogie  de  S.  Dominique  de  même 
ouvrage.  Dans  celle  du  milieu  on  voit  un  beau  crucifix 
enfermé  d'une  grille  d'argent.  Le  faint  Sacrement  eft 
continuellement  expofé  dans  cette  dernière  ;  fix  cierges 
de  cire  blanche  éclairent  perpétuellement  cette  chapelle, 
de  même  qu'un  grand  nombre  de  lampes  d'argent.  La 
maifon  des  religieux  eft  confidérable  ,  &  répond  à  la 
magnificence  de  l'églife. 

Près  du  couvent  de  S.  Dominique ,  eft  la  maifon  de 
l'inquifition,  que  les  Portugais  appellent  lo  Santo-Officio. 
C'eft-là  que  s'affemble  le  confeil  du  faint  office  ,  ê>£  que 
Finquifiteur  général,  qui  en  eft  le  préfident,  fait  fa  de- 
meure dans  un  appartement  fuperbe.  Ce  confeil  eft  fou- 
verain  &  tous  les  autres  tribunaux  ;  de  l'inquifition  du 
Portugal  &c  des  Indes  font  quelquefois  obligés  de  lui 
rendre  compte  de  leurs  procédures  ,  quoiqu'ils  foient 
auffi  fouverains.  Devant  le  portail  de  cette  maifon ,  il  y 
a  une  belle  fontaine,  chargée  de  ftatues  de  marbre,  &£  qui 
jette  de  l'eau  de  tous  les  côtés. 

Il  y  a  Lisbonne  une  jolie  églife  qui  porte  le  nom  de 
Madré  de  Dios.  On  y  garde  un  faint  fuaire  ,  que  l'on 
montre  tous  les  ans,  le  jeudi  faint.  Derrière  le  château  de 
S.  George  eft  l'églife  des  Auguftins ,  dite  NoJJa  Senhora 
da  Gratia.  On  y  voit  une  croix  d'or,  garnie  de  pierre- 
ries ;  on  eftime  cette  pièce  cent  mille  écus  ,  &  on  la 
porte  dans  les  proceffions  des  grandes  fêtes.  La  reine  , 
femme  de  Jean  IV ,  a  fondé  une  petite  églife  appellée 
NoJJa  Senhora  dos  Remedios,  qui  eft  toute  lambriffée  d'é- 
bène,  depuis  le  pavé  jusqu'à  la  voûte.  Elle  eft  foutenue 
par  des  colonnes  qui  font  auffi  de  même  bois  ,  &  or- 
nées de  moulures  dorées.  Cette  princeffe  a  voulu  y  être 
enterrée.  Elle  fit  bâtir  cette  églife,  pour  remercier  Dieu  de 
ce  que  le  roi,  fon  mari,  avoit  été  miraculeulément  pré- 
fervé,  en  cet  endroit,  d'un  affaffinat  concerté  entre  le  duc 
d'Albe  &  un  Portugais. 

Les  Cordeliers  ont  un  couvent  très-grand  ,  dans  le- 
quel vivent  deux  cents  cinquante  religieux  ;  leur  églife 
étoit  affez  vafte  ;  la  voûte  étoit  foutenue  par  de  grands 
piliers ,  qui ,  de  même  que  la  voûte  ,  étoient  dorés  & 

Tome  IU.    Qqqqq 


858  LIS  LIS 

années.  On  l'a  ^aU  plus  bea ^J  £*> it.  Pres.de  la.    du£  ^  ^  p  -s   command-s  par 

fecnftie  ,    il  y  a  une  chapelle   de  marbre      qui  lert  de  Lisbonne  abandonnée  &  fans  détente 

fépulture  aux  archevêques  de  Lisbonne.    Les   religieux     V 

de  S.  Benoît  ont  une  maifon  appellée  vulgairement  San- 

Benito;  elle  eft  à  l'extrémité  de  la  ville,  au  nord-  eft. 

Le  bâtiment  fait  connoître  les  revenus  de  la  maifon.  Une 

feule  façade  a  cent  cinquante  pas  de  longueur  ;   il  y  a 

deux  étages  avec  quantité  de  fenêtres  ;  l'escalier  a  deux 

montées ,  &  ceux  qui  montent  ne  fe  voient  pas  les  uns 

les  autres.  On  y  a  fait  une  grotte  de  la  même  façon  que 

celle  de  l'Éscuriâl,  qu'on  appelle  Panthéon.  C'ell  la  fé- 

pulture  des  comtes  de  Cafiel- Rodrigo.  Chez  les  Carmes, 

dont  la  maifon  eft  belle ,   on  voit  un  grand  puits  ;  la 


fe  fournit  au  roi  d'Espagne.  Le  duc  d'Albe  y  entra,  & 
punit  ceux  qui  paroiffoient  encore  attachés  aux  intérêts 
de  D.  Antoine  de  Bragance.  Plufieurs  eccléfiaftiques  fu- 
rent bannis  ;  d'autres  furent  mis  à  mort.  Ceux  des  ma- 
giftrats  ou  des  officiers  ,  qui  avoient  été  établis  par 
D.  Alphonfe,  furent  dépottédés  honteufement  ;  les  moins 
malheureux  furent  bannis.  Enfin  le  Portugais  ayant  tué 
le  Ier  Décembre  1640,  le  fecrétaire  de  la  vice-reine ,  le 
duc  de  Bragance  fut  proclamé,  à  Lisbonne,  roi  de  Por- 
tugal ,  6c  prit  le  nom  de  Jean  IV. 

Parmi  tant  de  révolutions ,  presque  tous  ceux  qui  de- 
pierre  qui  le  borde  au-deffus,  eft  toute  de  ,aspe  6c  d  une  ;       {     maîtres  de  Llsbonne  la  regardoient  comme 

feule  pièce.  L'égUfe  de  S.  Louis  eft .pente     mais  très-  affurée  eu       e^  cas  ë  ,jls  ne      ff 

gentille  ;  le  retable  eft  dore  ,  6c  1  egl.fe  eft  toute  peinte  ffi  ^      ,jls   'ouvolent  f^rmer.  SiF  cl>lm 

la  dépenle  en  a  été  faite  par  les  François  qui  trafiquent  ^  fon  z&Jg  &  fo  Vortifications  les  mettoient  à  cou- 
dans  Lisbonne.  (  . -  •  ;  ver£  du  refl-entiment  &  de  l'infulte  de  leurs  ennemis , 
Il  y  a  dans  Lisbonne  une  confrérie  célèbre,  qu  on  ap-  ^  ,  ^  ^^  dg  rautre  cfité  h  douceur  de  ce 
pelle  la  confrérie  delà  M^ncorde,  en  Portugais  irmen-  gft  k  ,us  fam  &  ,e  meilleur  dg  t0Me  VR$_ 
dade  da  Mifincordia,  Elle  eft  compoiee  de  tout  cequ  A  'n4fenlble  qfton  y  vive  dans  un  printems  conti- 
y  a  de  plus  honnêtes  gens ,  &  des  plus  qualifies  ;  le  roi  lui-  £  ^  j  ië  é  des  fleurs  ,  k  naî(re  au  mi_ 
même  &  les'  nrinces  ne  font  point  difficulté  de  s  y  en-     j.^  d/r>h 

roller.  Elle  a  u.i  préfident  ou  pourvoyeur ,  que  les  Por-  Lisbonn;  en'  le  fié  du  relacao  que  nous  appellonS 
tugais  nomment  prouvedor,  ce  dont  1  emploi  et  allez  en  f  is  h  rkment.  Cette  cour  fouveraine  ,  &  la 
onéreux,  quoique  fort  eftime.  On  le  change  tous  les  ans,  ^   du  royaume     eft  compofée   d'un   préfident, 

&  celui  qui  en  eft  revêtu    n  en  fort  guère?  fans  depenfer     ^^  ^  é      que  k  roi  choifu  ordinairement  { 

plus  de  cent  mille  francs  de  fon  bien  s  il  veut  exercer  ks  ^  ks  jM  lifiés  &  ;  a  k  drre  de  •_ 
a  charge  avec  honneur.    Cetie  pieufe  confrérie  fe   de-  °uarante  confe.Uers ,  qu'on  nomme  de^mbar^a- 


voue  à'fecourir  les  pauvres.  Elie  affilie  tous  ceux  qui 
font  dans  quelque  néceffité ,  ceux  que  la  honte  empêche 
de  mendier,  les  veuves,  les  orphelins,  &c.  Elle  entre- 
tient un  grand  nombre  de  pauvres  filles ,  &  les  marie , 
lorsque  l'occafion  s'en  préfente.  Elle  a  foin  que  rien  ne 
leur  manque  ,  pourvu  qu'elles  vivent  bien  ;  elle  affifte 
les  prifonniers ,  foit  en  leur  donnant  des  fecours  ,  foit 
en  travaillant  à  leur  procurer  la  liberté ,  foit  en  les  ac- 
compagnant &  les  confolant ,  lorsqu'ils  font  condamnés 
au  fupplice.  Elle  ne  borne  pas  fes  foins  aux  vivans ,  elle 
les  étend  jusqu'aux  morts.  Elle  a  une  belle  &  magnifi- 
que églife ,  où  l'on  dit  par  an  plus  de  dix  mille^mefïes 
pour  le  falut  des  confrères  &  de  tous  ceux  qui  font 
morts,  &  qui  fubfiftoient  par  la  charité  de  la  confrérie. 
Enfin  elle  n'eft  pas  bornée  dans  la  ville  de  Lisbonne; 
elle  eft  encore  établie  dans  toutes  les  villes  du  Portugal, 
&  dans  les  pays  qui  en  dépendent. 

Il  y  a  encore  dans  Lisbonne  une  maifon  de  miféri- 
corde.  C'eft  un  vafte  hôpital ,  deftiné  pour  les  pauvres 
malades.  L'infirmerie  eft  une  des  plus  belles  que  l'on 
puifle  voir.  Lorsque  les  malades  font  guéris  ,  on  leur 
donne  une  petite  fomme  d'argent,  pour  qu'ils  puiffent 
vivre  dans  le  repos  durant  quelques  jours  ,  afin  de  ré- 
tablir entièrement  leur  fanté.  Cette  maifon  porte  le  nom 
d'hôpital  de  tous  les  faints. 

Cette  ville  a  été  plufieurs  fois  conquife  Se  reconquife 
par  différens  peuples.  Au  commencement  du  cinquième 
fiécle,  les  Alains  mirent  le  fiége  devant  Lisbonne.  Cette 
ville  n'avoit  pourHa  défenlè  que  des  habitans  peu  aguer- 
ris ,  qui  fe  confèrent  &  firent  une  fomme  confîdérable 
qu'ils  donnèrent  à  leurs  ennemis  ,  pour  s'affranchir  de 
leur  tyrannie. 

D.  Ordogno  III,  qui  commença  de  régner,  en  958, 
prit  6e  rafa  Lisbonne.  Elle  fut  rebâtie  ;  &C  les  Mores 
s'en  étant  emparés ,  D.  Henri  la  reprit  vers  le  commen 
cernent  du  douzième  fiécle.  Elle  tomba  encore  depui 


d'un  chancelier,  qui  eft  dezembargador,  qui  garde 
les  fceaux  ,  6>C  connoît  des  contraventions ,  6c  gé- 
néralement de  toutes  les  affaires  qui  lui  font  rapportées, 
6c  de  deux  procureurs  du  roi  ;  ces  deux  derniers  ont 
auffi  le  rang  de  dezembargador.  Les  privilégiés ,  ou  ceux 
qui  ont  droit  de  committimus ,  vont  plaider  par- devant 
les  corregidores  de  la  corte  ,  ou  infpefteurs  fur  les  offi- 
ciers de  juftices ,  pour  l'obfervation  des  loix  6c  coutu- 
mes. 

Il  y  a  dans  ce  parlement  différens  bureaux-,  pour  ju- 
ger les  procès,  fuivant  la  matière  dont  ils  font;  crimi- 
nels, civils,  interlocutoires,  définitifs,  ou  concernant 
le  domaine  du  roi.  Le  régidor  préfide  en  la  première 
chambre,  qui  eft  toujours  compofée  de  dix  juges.  Il  eft 
alTis  dans  un  fauteuil ,  fous  un  dais ,  au  bout  d'une  ta- 
ble ,  le  long  de  laquelle  font  affis  les  confeillers  des 
deux  côtés  fur  des  bancs.  Il  doit  affifter  à  toutes  les 
délibérations  ;  il  ne  prend  point  fa  place  que  revêtu  de 
noir,  avec  un  manteau ,  un  rabat  6c  une  épée.  Il  porte 
toujours ,  ou  il  fait  porter  auprès  de  lui  ,  pour  marque 
de  fa  dignité  ,  un  bâton  blanc  de  quatie  ou  cinq  pieds  ; 
il  ne  donne  fa  voix  qu'en  matière  criminelle  ,  lorsque 
les  juges  fe  trouvent  partagés  en  opinions.  Dans  les  au- 
tres chambres  il  n'y  a  point  de  préfident  particulier. 

Tous  les  procès  fe  jugent  par  écrit  ;  le  régidor  les  dis- 
tribue ,  6c  en  envoie  faire  le  rapport  aux  différens  bu- 
reaux,  où  ils  doivent  être  portés.  Il  retient  ceux  qu'il 
juge  à  propos,  pour  être  examinés  devant  lui. 

Les  dezembargadors  font  vêtus  de  foutanes,  6c  d'une 
robe  par-deffus  ;  elle  reffemble  affez  aux  robes  que  les 
juges  portent  en  France,  excepté  que  les  manches  font 
étroites  ;  6c  ils  portent  une  espèce  de  toque.  Ils  font 
obligés  de  fe  rendre  tous  les  matins  au  palais ,  à  fept  heu- 
res ,  6c  ne  peuvent  s'en  exempter  fans  une  caufe  légitime, 


dont  us  doivent  faire  part  au  régidor.  Ils  vont  au  bureau 

fous  la"PuTiïa"ncë  dés  Mores  ;  mais,  en  1 147,  D.  Alphonfe  où  les  affaires  dont  ils  font  chargés  les  appellent.  Tous 

l'emporta  Sut  avec  le  fecours  d'une  flotte  de  Fran-  réponde™  a  la  prem.ere  chambre  :  ils  travaillent  nisqua 

S  Angb     6c  Allemands  croiféspour  la Terre-fainte.  midi,  6c  ne  retournent  point  1  apres-dmee  au  palais, 

fl  avoient  campé  dans  le  lieu  où  l'on  a  bâti  depuis  l'é-  Les  procès  criminels  en  première  inftance  ,  ou  par  ap- 

elife  des  Martvrs  pel ,   &  les  appellations  des  interlocutoires  en  matière 

Dès  le  cinquième  fiécle,  il  y  avoit  eu  à  Lisbonne  un  civile,  fe  rapportent  ôc  fe  jugent  fur  le  champ;  les  au- 
évêché  fuffragant  de  Mérida.  Lorsque  cette  ville  eut  été  très  affaires  fe  rapportent.  Celui. qui  en  eft  charge  dit 
reprife  par  D.  Alphonfe  fur  les  infidèles ,  le  pape  Eu-  fon  avis,  &  le  rédige  par  écrit ,  avec  les  ra.fons  fur  les- 
gène  III  rétablit  cet  évêché ,  qui ,  en  1 390,  fut  érigé  en  quelles  il  eft  fondé  ;  après  quoi ,  il  donne  fon  avis  6c 
archevêché.En  1716 ,  Clément  XI  érigea  la  chapelle  du  remet  le  procès  ainfi  railonne  a  celui  qui  le  fuit  ;  celui- 
palais  des  rois  en  églife  patriarcale  ,  6c  y  joignit  un  ci  l'examine  chez  lui  en  particulier,  6c  donne  pareille- 
chapitre.  Le  patriarche  eft  ordinairement  cardinal ,  6c  ment  fon  avis  par  écrit.  Le  procès  paffe  alors  au  troi- 
exerce  les  fonctions  épiscopalw  dans  cette  chapelle.  fié.ne,  qui  fait  la  même  chofe  que  les  deux  antres.   Si 

Henri ,  roi  de  Caftille  ,  en  1 373  ,  attaqua  Lisbonne  les  trois  avis  font  conformes ,  il  y  a  arrêt-,  6c  Ion  ex- 
par  mer  &  par  terre  ,   6c  la  prit,  parce  que  les  liabi-  pédie  le  jugement;  s'ils  font  différens,  le  procès  pake 


LIS 


aux  juges  ,  qui  fuivent  ,  félon  l'ordre  du  tableau  ,  jus- 
qu'à ce  qu'il  y  ait  trois  avis  conformes. 

Il  eft  dû  à  chacun  de  ces  juges  ,  pour  fa  fignature, 
une  rétribution  qui  eft  fixée  par  rapport  à  la  qualité  de 
l'affaire  ;  mais  cette  rétribution  eft  fort  modique.  Cepen- 
dant ces  émolumens  ,  joints  aux  gages  que  le  roi  leur 
donne  ,  &  aux  diftributions  qu'il  leur  fait  faire ,  certains 
jours  de  l'année,  peuvent  produire  à  chacun  d'eux  en- 
viron deux  mille  livres  par  an. 

^Les  deux  procureurs  du  roi  ont  leur  fonction  féparée. 
L'un  prend  connoiffance  de  ce  qui  regarde  les  préroga- 
tives &  intérêts  de  la  couronne.  L'autre  connoît  du 
courant  des  finances  &  des  revenus  du  roi.  Ils  donnent 
premièrement  leurs  conclurions  par  écrit ,  &  enl'uite  ils 
l'ont  entendus  avant  qu'on  juge  le  procès  ;  ils  ne  pren- 
nent point  de  part  aux  affaires  qui  regardent  1  egilfe  ou 
les  mineurs  ,  ni  aux  matières  criminelles.  Quand  il  n'y 
a  point  de  partie  civile,  toute  l'inltruction  le  fait  d'of- 
fice par  les  juges. 

II  y  a  quarante  avocats  choiiîs  par  le  régidor  pour 
travailler  dans  toutes  les  affaires.  Lorsqu'il  en  manque 
quelqu'un,  le  régidor  en  nomme  un  autre.  Ceux  qui 
ne  font  point  de  ce  nombre  ,  ne  peuvent  point  ligner 
d'écritures  ni- d'actes  de  juftice.  S'ils  veulent  travailler, 
il  faut  que  ce  (bit  fous  le  nom  d'un  des  quarante.  Cha- 
que partie  choifit  dans  ce  nombre  de  quarante,  l'avocat 
qui  lui  convient.  Il  n'y  a  point  de  procureurs;  les  avo- 
cats inftruilènt  toutes  les  affaires.  Il  y  a  feulement  des 
folliciteurs  publics  ,  dont  on  n'eft  pas  obligé  de  fe 
fervir. 

Les  greffiers,  qu'on  nomme  écrivains,  les  huiffiersou 
akaïdes ,  les  tabellions ,  &  toutes  les  charges  générale- 
ment quelconques ,  qui  ont  rapport  à  la  juftice ,  font  à 
la  disposition  du  roi ,  qui  y  pourvoit  gratuitement.  Il 
ne  les  accorde  qu'à  des  gens  qui  prouvent  quelques  fer- 
vices  perfonnels ,  ou  de  famille  ,  6c  fur  l'avis  du  de- 
[embargo-do-pajfo ,  qui  eft  un  confeil  qui  répond  au  con- 
lèil  privé  en  France. 

'  Comme  les  jugemens  rendus  par  le  parlement  font 
en  dernier  refTbrt ,  on  peut  le  pourvoir  lèulement  par- 
devers  le  roi ,  par  voie  de  recours ,  ou  de  réviiîon  ;  ce 
qui  ne  fuspend  point  l'exécution  des  jugemens  ,  'contre 
lesquels  on  fe  pourvoit,  jusqu'à  ce  qu'ils  foient  rétractés 
par  un  décret  du  roi  ,  &  donné  de  l'avis  du  confeil 
de^embargo-do-pafjo. 

Le  relie  des  corregidores  ,  qui  font  dans  la  ville  de 
Lisbonne ,  conlifte  en  juges  des  affaires  civiles  &  cri- 
minelles ,  &  en  juges  des  affaires  des  Indes  &  de  la 
Mine.  Il  y  a  auffi  un  juge  des  propriétés ,  par-devant  le- 
quel fe  règlent  les  fervitudes  des  maifons  ,  &  enfin  il 
y  a  deux  provifeurs  ;  l'un ,  pour  la  délivrance  des  legs 
pieux,  ck.  des  fondations  ;  l'autre,  pour  la  délivrance  des 
legs  particuliers. 

La  maifon  de  ville  de  Lisbonne  a  auffi  fes  juges  par- 
ticuliers. Elle  ne  diffère  des  autres  maifons  de  ville  du 
royaume ,  que  par  le  grand  nombre  de  fes  officiers.  Ses 
principales  fonctions  confiftent  à  remplir  de  vivres  les 
magafins  publics ,  &à  y  mettre  la  taxe. 

On  a  grand  foin  de  la  police ,  foit  pour  la  réparation 
des  édifices  publics  ,  foit  pour  l'entretien  des  grands 
chemins.  Ceux  qui  en  font  chargés,  font  appelles  almo- 
taces  ,  ou  grands- voyers.  Leur  fonction  dure  quatre 
mois  ;  après  quoi ,  ils  fortent  d'exercice. 

Pour  ce  qui  regarde  la  religion  ,  Fétabliflement  du 
fiége  archiépiscopal  &  l'inquilition  ,  voyez  à  l'article 
Portugal.  Je  me  contenterai  de  dire  ici,  que  l'arche- 
vêché de  Lisbonne ,  qui  vaut  quarante  mille  ducats  de 
revenu  ,  a  huit  fuffrages  : 

Léira ,  S.  Jacques  du  Cap-Vert , 

La  Guarda,  Funchal,  dans  fine  de  Madère; 

Angola,  en  Afrique;  Angra  ,  dans  l'iile  de  Tercere; 

S.Thomas,  enAfri-  Congo,  dans  la  baffe  Guinée, 
que; 

L'univerfité  de  Lisbonne  fut  fondée,  en  1290,  par  le 
pape  Nicolas  IV.  Le  roi  Jean  V,  y  établit  deux  acadé- 
mies ;  l'une  en  1720  ,  qui  porte  le  titre  d'académie 
royale  d'hijloire  ;  &£  l'autre  en  1713  ,  dont  les  mem- 
bres ont  pris  le  nom  d'académiciens  appliqués. 


•t'es  légères, 

fabri- 
-.   Les 

Lyon, 

ppor- 

bac, 

nation  a  fo: 

n  juge 

LIS  gyp 

H  y  a  à  Lisbonne  plulîeurs  marchands  François ,  tant 
Catholiques  que  Proteftans,  qui  y  font  un  commerce 
conhdérable.  Les  premiers  y  font  fous  la  protection  de 
la  france,  &  les  autres  fous  celle  dAngleterre  ou  de 
Ho  lande.  On  y  peut  compter  auffi  près  de  cinquantefa- 
milles  Ang'cilés  ,  autant  de  Hollandoifes  ,  &  quelques 
autres  étrangères.  Elles  s'ennehiffenten  peu  de  teins  ,  par 
le  grana  trafic  des  marchandifes  de  leur  pays.  Les  baàas 
d  Angleterre  ,  qui  font  de  petites  f  ' 
quees  à  Colcheiter  ,  lé  débitent  a 
toiles  de  France,  les  étoffes  de  !oie 
les  rubans ,  les  dentelle;.  ,  fk  1  ;  q 
tent  de  gros  profits,  par  les  fetoui 
d'indigo  ,  de  cacao  ,  &c.  Chaqu 
coniervaa-ur. 

Il  n'entre  rien  dans  la  ville.,  qui  ne  foit  viuté.  Les 
galons,  les  franges  ,  brocars ,  &  rubans  d'or  &  d'argent, 
lont  confisqués,  comme  marchandées  de  contrebande  't 
n  étant  permis  à  qui  que  ce  foit  d'employer  de  l'or  ni 
de  l'argent_  filés  en  fes  habits  ,  non  plus  qu'en  fes  meu- 
bles. Les  livres ,  en  quelque  langue  qu'il  foient ,  entrent 
auffi-tôt  à  l'inquilition,  pour  être  examinés,  &£  même 
brûlés,  s'ils  déplaifent  aux  inquifiteurs. 

Lapiûpart  des  carroffes  de  Lisbonne  font  des  carroffes 
coupés,  qu'on  y  porte  de  France.  Il  n'y  a  que  ceux  du 
roi  <k  des  ambafladeurs  qui  puiffent  être  attelés  avec 
fix  chevaux  ou  fix  mules.  Les  autres  perfonnes,  de  quel- 
que nation  ou  diftinction  qu'elles  foient ,  ne  peuvent 
avoir  que  quatre  chevaux  ou  quatre  mules  dans  la  ville  ; 
mais  elles  en  peuvent  mettre  cent,  lorsqu'elles  font  hors 
de  l'enceinte  de  la  ville.  Les  jeunes  gens  font  les  feuls 
qui  vont  en  carrofie  ;  les  vieillards  &  les  dames  fe  fer- 
vent de  litières.  Ces  deux  voitures  ne  fpnt  même  per- 
mîtes qu'aux  nobles  ,  aux  envoyés ,  aux  réfidens  ,  aux 
conluls  &  aux  eccléfiaftiques  ;  c'eft  ce  qui  fait  que  les 
plus  riches  bourgeois  &.  les  négocians  ne  fe  fervent  que 
d'une  espèce  de  calèche  à  deux  roues ,  &  tirée  par  un 
cheval,  qu'ils  conduifent  eux-mêmes.  Les  jeunes  cava- 
liers fe  promènent  à  cheval  dans  les  rues,  pour  fe  faire 
admirer.  Les  moines  rentes  ne  font  presque  point  de 
vifite  à  pied  ,  le  couvent  entretient  toujours  une  grande 
quantité  de  mulets  de  feile ,  dont  ils  fe  fervent  alterna- 
tivement. 

Cette  ville  a  fouffert  plusieurs  tremblemens  de  terre; 
un,  entr'autres, au  Seizième  liécle,  &  celui  du  premier  No- 
vembre 1755,  qui  a  été  fuivi  de  plufieurs  autres,  <k  l'a 
presqu'ennérement  ruinée ,  auffi-bien  que  Sétuval,  dont 
il  ne  refte  plus  de  vertiges,  &  nombre  d'auttes  villes  de 
ce  royaume.  Ce  furieux  tremblement  fe  fit  fentir  depuis 
Bayonne  jusqu'à  Gibraltar,  &  a  endommagé  quantité  de 
villes  en  Espagne.  Il  paifa  même  jusqu'en  Afrique,  &  y 
fit  des  ravages  affreux,  le  même  jour  &  presqu'à  la  même 
heure,  fur-tout  dans  les  royaumes  de  Fez  &  de  Maroc. 
Ses  effets  le  firent  fentir,  non-feulement  fur  la  terre,  mais 
encore  fur  la  mer,  &  dans  les  rivières  &  les  canaux, 
depuis  Malaga  fur  la  Méditerranée,  jusqu'au  détroit  de 
Gibraltar.  *  Mémoires  du  Tems. 

LISBOUM.  Pline,  /.  9,  c.  15,  parle  de  certains  pois- 
fons  qui  s'engrailfent  &  groffiliént  à  tel  point  dans  les 
rivières,  qu'on  les  prend  avec  un  hameçon  enchaîné,  Se 
qu'on  les  tire  à  terre  avec  des  attelages  de  bœufs.  Iner- 
tia  pinguescins  ,  ad  mille  aliqunndo  libi  as  ,  caunato 
captushamo ,  nec  nifi  jugis  boum  extrahitur.  Il  vient 
ensuite  au  détail,  ck:  dit  qu'on  en  tire,  fur-tout  dans  le 
Mein ,  rivière  de  Germanie ,  à  force  de  bœufs  ,  prote- 
lis  boum,  &  que  dans  le  Danube  on  y  emploie  des  mar- 
res ,  forte  d'mitrument  de  1er,  &  in  Danubio  marris  ex- 
trahitur. Un  copifte ,  qui  ne  lavoit  point  que  protela 
boum  veut  dire  l'effort  que  font  des  bceuts  attelés  en- 
femble  pour  tirer  un  fardeau  ou  une  voiture,  a  lu  lis- 
boum  tout  en  un  mot ,  &  a  fuppofé  que  c'étoit  un  nom 
géographique  ;  &  ne  fâchant  que  faire  de  proie,  qui  res- 
toit,  il  en  a  fait  une  particule,  &  l'a  changé  en  prope, 
auprès  de  Lisboum.  Après  ces  prétendues  corrections , 
il  étoit  naturel  de  penlér  que  Lisboum  devoit  êtte  un 
lieu  proche  du  Mein.  Dans  cette  prévention ,  Beatus 
Rhenanus  a  cherché  quelque  lieu ,  dont  le  nom  appro- 
chât de  celui-là  ;  &  trouvant  Erlenbrunnen ,  il  a  cru  de- 
voir faire  un  nouveau  changement  dans  Pline,  jk  qu'il 
falloit  lire  Erlisborni  ;  c'eft-à-dire  que  s'étant  apperçu 
Tome  IU,     Q  q  q  q  q  ij 


LIS 


%5o 

que  le  chariot  étoit  renverfé  d'un  côté  ,  il  Ta  renverfé 
de  1  autre,  au  lieu  de  le  relever.  Lisboum  n'eft  point  un 
nom  de  géographie  ;  au  lieu  de  propè  Lisboum,  il  faut 
lire  dans  Pline ,  proulis  Boum. 

LISbOURG,  bourg  de  France,  dans  l'Artois ,  à  la 
fource  de  la  rivière  de  Lis ,  au  diocèfe  de  Saint-Omer. 
C'eft  un  marquifat  érigé,  en  1619  ,  en  faveur  de  la  mai- 
fon de  Noyelle.  Il  eft  préfentement  poffédé  par  une  au- 
tre famille. 

LISCA-BIANCA  ,  petite  ifle  ,  au  nord  de  la  Sicile, 
entre  les  ides  de  Lipari ,  dont  elle  eft  la  plus  petite.  Le 
P.  Corone'li  la  nomme  Lisca-Bianca,  ou  LisiA,  ou 
Euonymus,  ou  EuONYMOS,  &  prétend  que  ce  dernier 
nom  fignifie  infula  candida ,  ou  l'ijle  blanche  ;  ce  qui 
n'eft  pas  vrai.  Le  mot  EuONYMOS  eft  grec,  &  fignifie 
<j ui  a  un  bon  nom  ,  ou  un  nom  heureux  ,  ou  le  bien 
nommé.  De  Plfle  dit  mieux  ;  mais  il  ne  s'explique  pas 
aflez  :  ^  Euonymos ,  id  eft,  finifira.  Ce  mot  Jîmfira  a  deux 
fens  très-différens.  Dans  le  fens  propre,  il  veut  dire  qui 
eft  à  gauche.  L'autre  fens,  ou  le  figuré,  dérive  de  celui- 
là  ,  &  fignifie  également  deux  chofes  entièrement  op- 
pofées  ,  (avoir  heureux  &c  malheureux ,  lorsqu'il  s'agit 
de  préfages.  Cela  vient  de  ce  qu'il  y  avoit  des  objets  qui, 
étant  vus  ou  entendus  à  la  gauche,  fignifioient  du  bon- 
heur. Intonuit  lavum  ,  dit  Virgile  ,  ^JEnéid.  I.  1  ;  & 
qu'il  y  avoit  d'autres  objets  ,  qui ,  dans  la  même  cir- 
conftance,  pronoftiquoient  un  malheur.  Virgile,  Eclog.i, 
dit  aufli  : 

Sape  malum  hoc  nobis ,  Ji  mens  non  lavafuijfet, 
De  ccelo  taclas  memini  prœdicere  quercus  ; 
Sapé  Jïnijlra  cavâ pradixit  ab  ilice  cornix. 

Si  cette  ifle  a  pu  être  nommée  en  latin  fmijlra  par 
quelqu'un,  ce  n'eft  que  dans  le  fens  d'un  heureux  pré- 
fage  ,  &  par  allufion  à  Euonymos.  Cette  ifle  d'Euony- 
mos  eft  au  fud-eft  de  Pifle  Strongyle  ,  &  n'en  eft  l'é- 
patée que  par  un  petit  détroit,  félon  la  Carte  de  De  l'Iflej 
Mais  fi  Strongyle  &  Lipara  étoient  comme  il  les  range, 
comment  entendre  le  paflage  de  Strabon ,  qui  dit  qu'elle 
etoit  nommée  e.m^«  ,  Euonymos,  parce  que  ceux 
qui  alloient  de  Lipara  en  Sicile  ,  la  laifloient  à  la  gau- 
che ?  Cela  ne  fauroit  être  ;  fi  elle  étoit  au  nord  de  Li- 
para, en  allant  de  cette  dernière  vers  la  Sicile,  qui  eft 
au  midi  de  Lipara  ,  on  n'a  voit  cette  petite  ifle  ni  à 
droite  ni  à  gauche  ,  mais  derrière  foi.  Strabon  dit  qu'elle 
croit  déferte  ;  &  Lisca  Bïanca  n'eft  qu'un  rocher  en- 
tièrement défert.  De  rifle  ne  donne  point  de  nom  mo- 
derne à  l'Euonymos  des  anciens ,  il  la  nomme  Ample- 
ment l'IJlet.  Mais  il  appelle  Licia  ,  l'Herculis  infula 
des  anciens  ,  &c  nomme  ifle  de  Panaria  ,  celle  qu'ils 
nommoient  Hicejla. 

LISCENE,  pays  voifin  de  l'Euphrate.  Strabon,  /.  11, 
p.  511,  dit  :  l'Euphrate  a  fes  fources  dans  les  parties  fep- 
tentrionales  du  mont  Taurus  ;  de-là,  coulant  par  la  grande 
Arménie,  vers  le  couchant,  jusqu'à  la  petite  Arménie, 
il  a  celle  ci  à  la  droite  ,  &  la  Liscéne  (rà>  Aiç^mùr,)  à 
la  gauche.  Sur  quoi  Xylander  obferve  qu'au  lieu  de  ce 
nom,  l'épitome porte  Aclisena;  mais  Cafaubon  ajoute 
qu'il  faut  peut-être  lire  rfo  ïttmkawÀv  ,  la  Bafilène  ; 
car,  ajoûte-t-il  ,  Ptolomée  nomme  ainfi  un  canton  fur 
l'Euphrate ,  &  j'ai  cherché  inutilement  ailleurs  un  pays 
nommé  la  Liscène.  Dans  des  manuscrits  il  y  a  Aiflm» 
Lifene,  qui  approche  affez  d"'0(£aA<«i<ii ,  Orbalifene, 
qui  eft  un  canton  de  la  petite  Arménie  ;  mais  il  avertit 
en  même  tems ,  qu'il  ne  croit  pas  que  Strabon  ait  voulu 
parler  de  ce  canton. 

LISÉïS,  bourgade  delà  tribu  (Eneïde,  dans l'Attique, 
félon  Hefyche  cité  par  Ortélius. 
LISIA.  Voyez  Lissia. 

LIS1EUX,  ville  de  France,  en  Normandie,  au  Lieu- 
vin  ,  en  latin  Civilas  Lexeviorum  ,  Lixoviorum ,  Lexo- 
fium  .  Lixeviun  ,  ou  Luiacenjïs  civitas  :  elle  eft  à  dix- 
huit  lieues  de  Rouen,  à  dix  de  Caën,à  cinq  de  la  côte  de 
la  mer,  à  trois  de  Pont-1'Evêque,  entre  Séez  &  Ver- 
"e|"'  ■>  <:"  Partie  *"■•  "ne  côte  ,  &  en  partie  dans  une  très- 
belle  vallée ,  où  font  des  pâturages  d'un  grand  revenu ,  au 
confluent  de  deux  rivières,  dont  l'une,  appellée  rivière 
d  Arbec ,  paffe  au  travers  de  la  ville  ;  l'autre  qu'on  nomme 
hrmere  de  Gafey,  en  arrofe  les  murailles  ;  &  depuis  le 


LIS 


confluent ,  qui  fe  fait  à  la  pointe  du  jardin  des  Domini- 
cains ,  la  rivière  prend  le  nom  de  1  ouques.  La  ville  eft 
environnée  de  très-bons  fofles,  avec  des  murailles  flan- 
quées de  tours.  Elle  a  quatre  portes  &f  quatre  fauxbourgs. 
Elle  porte  le  titre  de  comté  ,  titre  attaché  à  ion  évêché, 
l'un  des  plus  confidérables  de  la  province  ,  &  qui  vaut 
cinquante  mille  livres  de  rente.  L'églife  cathédrale  eft  an- 
cienne &  aflez  belle  :  elle  eft  fous  l'invocation  de  S,  Pierre. 
Son  chapitre  eft  compoié  d'un  doyen  ,  d'un  grand  chan- 
tre ,  d'un  tréforier ,  d'un  chef-vecier ,  d'un  écoiâtre ,  d'un 
théologal,  d'un  pénitencier,  de  quatre  archidiacres,  de 
trente  fix  chanoines,  de  deux  demi-prébendés,  de  qua- 
tre vicaires ,  de  trente  chapelains ,  de  huit  officiers  nom- 
més dou{e  livres  ;  de  quatre  autres  qu'on  appelle  demi- 
dou^e  livres  ;  de  fix  enfans  de  chœur ,  d'un  maître  de  mu- 
fique ,  61  d'un  organifte.  Le  doyenné  eft  de  douze  cents 
livres  de  revenu,  &c  les  prébendes  depuis  trois  cents  jus- 
qu'à mille  livres  ,  fans  compter  les  cliftributions  manuel- 
les ,  qui  vont  par  au  à  cinq  cents  livres.  Le  chapitre  a 
un  privilège  fingulier.  La  veille  &  le  jour  de  S.  Uifin  , 
dont  on  célèbre  la  fête  ,  l'onzième  de  Juin ,  deux  cha- 
noines, qu'on  élit  au  chapitre  pour  être  comtes,  fuivant 
un  accord  pafie  avec  l'évêque  ,  montent  à  cheval  en  fur- 
plis,  ayant  des  bandoulières  de  fleurs  par-defliis  ,  &  te- 
nant des  bouquets  à  la  main ,  font  précédés  de  deux  bâ- 
tonniers, de  deux  chapelains ,  &£.  de  vingt-cinq  hommes 
d'armes  ,  qui  ont  le  cafque  en  tête  ,  la  cuiraffe  fur  le  dos  , 
ck  la  hallebarde  fur  l'épaule.  Les  officiers  de  la  haute  juf- 
tice  les  fuivent  aufli  à  cheval ,  en  robes ,  ayant  de  même 
des  bandoulières  &  des  bouquets  de  fleur1..  En  cet  équi- 
page ils  vont  prendre  pofTeffidn  des  q  :atre  portes  de  laj 
ville  ,  dont  on  leur  préfente  les  clefs ,  &  où  ils  Iaifient 
un  nombre  d'hommes  armés  pour  les  garder  Les  droits  de 
la  coutume  ,  &c  de  la  foire  qui  fe  tient  !ejour  de  S.  Urfin, 
leur  appartiennent ,  à  condition  qu'ils,  donneront  à  chaque 
chanoine  un  pain  &  deux  pots  de  vin.  Pendant  ces  deux 
jours,  les  chanoines  font  comtes ,  &  tonte  la  jufrice  civile 
&  criminelle  leur  appartient.  Si ,  pendant  ce  teins  ,  quel- 
que bénéfice  vient  à  vaquer j  les  deux  chanoines-comtes 
y  préfentent. 

Le  palais  épiscôpal  eft  une  belle  maifon  ;  In  chapelle 
en  eft  grande  &  d'une  architecture  de  bon  goût  ;  le  jar- 
din a  des  jets  d'eau  &C  d»s  cafeades  ,  &  offre  une  vue  qui 
s'étend  plus  de  fix  lieues ,  le  long  de  la  vallée  du  côté  de 
la  mer.  L'églife  de  S.  Germain  &  celle  de  S.  Jac- 
ques font  deux  églifes  paroiffiales ,  dont  les  chanoines 
font  curés  primitifs ,  &  dont  le  cTergé  eft  compofé  de  plus 
de  cent  prêtres.  Les  religieux  de  l'ordre  de  la  Trinité, 
pour  la  rédemption  des  captifs ,  ont  en  cette  ville  un  cou- 
vent confidérable,  où  ils  reçoivent  tous  les  religieux  paf- 
fans.  La  rivière  lave  les  murailles  de  leur  jardin.  LesUr- 
fulines  font  établies  à  Lifieux  depuis  163 1  ;  leur  couvent 
eft  d'une  grande  étendue.  Leur  chapelle  eft  très  propre. 
Les  filles  de  la  Providence  font  chargées  d'aller  inftnùre 
les  jeunes  filles  dans  la  campagne.  Les  Eudiftes  ont  la 
direction  du  collège;  &  leur  maifon  eft  un  feminaire,où 
l'on  inftruit  les  jeunes  clercs ,  qui  fe  deftinent  aux  ordres 
facrés.  Cette  maifon  eft  fort  belle  ,  &  fituée  dans  un  des 
plus  beaux  quartiers  de  la  ville ,  où  il  y  a  dix-huit  rues  , 
la  plupart  fort  larges.  Les  fontaines  publiques  &  particu- 
lières ,  qui  font  en  grand  nombre  en  divers  endroits,  & 
forment  autant  de  ruifTeaux  qu'il  y  a  de  rues ,  les  rendent 
fort  nettes.  Il  s'y  tient  trois  marchés  chaque  femaine ,  & 
plufieurs  foires  en  divers  tems.  La  maifon  de  ville  eft  gou- 
vernée par  un  maire.  Il  y  a  encore  un  procureur  du  roi , 
&  un  greffier  en  titre  d'office.  Tous  les  trois  ans  on  élit 
deux  échevins,  parmi  les  bourgeois. 

Le  plus  confidérable  des  quatre  fauxbourgs  eft  celui 
de  S.  Defir.  Il  a  une  belle  paroifie  fous  l'invocation  de 
ce  faint.  On  y  vient  'le  tous  côtés  invoquer  S.  Eutrope, 
qui  en  eft  le  fécond  patron.  Elle  eft  deftervie  par  deux 
curés  &  plufieurs  prêtres.  L'un  de  ces  curés  eft  obligé  de 
dire  tous  les  jours  une  haute  meliè  à  l'abbaye  des  Da- 
mes :  c'eft  une  abbaye  royale  ,  fondée  vers  l'an  icko  , 
par  Lesceline,  femme  de  Guillaume,  frère  naturel  de 
Richard ,  fécond  duc  de  Normandie ,  &  par  Hugues ,  évo- 
que de  Lifieux ,  fils  de  Lesceline ,  qui  lui  donna  de  grandi 
revenus.  Ce  prélat  mourut  en  odeur  de  fainteté,  en  vifi- 
tant  fon  diocèfe,  l'an  1077  ,  &  voulut  être  enterré  dans 
leur  églife.  Madame  de  Matignon,  qui  en  étoit  abbefîe,  a 


LIS 


faît  rebâtir  tout  le  monaftere ,  &  élever  une  églife  ma- 
gnifique ,  fur  laquelle  il  y  a  un  très-beau  dôme.  Les  reli- 
gieules  font  des  Bénédictines  mitigées.  Les  Dominicains 
ont  auffi  leur  églife  dans  ce  faaxbourg  ;  leur  couvent  eft 
dans  une  ifle.  Celui  des  Capucins  eft  dans  le  fauxbourg  de 
Paris  :  tout  y  eft  propre,  &t  leur  jardin  eft  très- beau. 
L'hôpital  général  eft  au-defîbus.  C'eft  un  fort  grand  bâ- 
timent ,  conftruit  depuis  peu  d'années. 

Il  fe  fait  à  Lifieux  une  grande  fabrique  de  toiles,  de 
frocs  ,  &  de  pinchinats.  Les  toiles  fe  portent  à  Paris  : 
les  étoffes  de  laine  fe  diftribuent  de  tous  côtéi  ;  ce  qui 
fait  fubfifter  beaucoup  d'habitans.  Il  n'y  a  point  de  lieu- 
tenant de  police  :  cette  charge  eft  exercée  par  les  offi- 
ciers de  la  haute  juftice. 

Il  y  a  quantité  de  belles  maifons  aux  environs  de  Li- 
fieux ,  comme  celles  des  marquis  de  Prix  &  de  Pierre- 
court  ;  celles  des  barons  de  Elangi  &  de  Combrai ,  &C 
celle  d'Hermival.  Le  château  des  Loges  eft  la  maifon  de 
plaifance  des  évêques;  mais  comme  ils  ont  été  plus  de 
cinquante  ans  fans  l'habiter ,  il  tomboit  en  ruine  dès  le 
commencement  de  ce  fiécle. 

Au-deflus  de  Lifieux  ,  du  côté  de  l'orient ,  il  y  a  de 
belles  campagnes,  très-fertiles  en  bled  ;  c'eft  ce  qu'on  ap- 
pelle Lieuvin.  Au-deflbus,  vers  l'occident,  eft  le  pays 
d'Auge  ;  &C  du  côté  de  feptentrion  ,  font  de  belles  prai- 
ries ,  dans  lesquelles  on  engraifle  quantité  de  bœufs  pour 
envoyer  à  Paris. 

LlSlEUX  ,  dit  de  Longuerue ,  Defcription  de  la  France, 
l.part.  p.  75  ,  a  tiré  fon  nom  des  peuples  LEXOvn  ou 
Lexobii.  Sous  les  rois  de  France,  elle  fut  la  capitale  d'un 
pays,  qui  eft  nommé  dans  les  Capitulaires  Lisvinus  Si 
Livinus  ,  Se  comitatus  Lisvinus ,  le  comté  de  Lifieux. 
Ce  comté  a  été  donné  à  l'évêque  ,  qui  par-là  eft  devenu 
feigneur  temporel  de  la  ville.  Lifieux  eft  encore  de  la 
haute  Normandie  &de  la  généralité  de  Rouen  ,  mais  fur 
les  confins  de  la  bafle.  Ce  favant  homme  croit  que  les 
Lémovices  de  l'Armorique  ,  dont  nous  avons  parlé  dans 
l'article  Lémovices  ,  ont  une  faute  de  copifte  pour  fon- 
dement, &  qu'il  s'agit  là  des  Lexobii  ou  Lexovii  ;  6c  il 
prétend  qu'ils  étoient  véritablement  de  l'Armorique , 
parce  qu'elle  s'étendoit  depuis  la  Loire  jusqu'à  la  Seine. 
Le  moine  Erric  ,  au  cinquième  livre  de  la  vie  de  faint 
Germain ,  qu'il  a  écrite  en  vers  ,  dit  : 

Gens  inter  geminos  notijjima  clauditur  amnes  , 
Armoricana  prias  veteri  cognomine  dicta. 

Voyez  Lieuvin  &c  Lémovices. 

L'ÉVÊCHÉ  DE  LlSlEUX ,  félon  Piganiol  de  la  Force  , 
reconnoît  pour  fon  premier  évêque  Litarde  qui  affifta 
au  premier  concile  d'Orléans ,  l'an  511.  On  compte  parmi 
Ces  fuccefleurs  Nicolas  Orefme ,  précepteur  du  roi  Char- 
les V.  Ce  diocèfe  comprend  cinq  cents  quatre-vingt  pa- 
roiffes  ,  diviféesen  quatre  archidiaconés.  De  cesparoif- 
fesilyen  a  une  appellée  S.  Cande-le-Vieil,  qui  eft  dans 
la  ville  de  Rouen  ,  &£  quatre  aux  environs ,  S.  Etienne 
de  Rouvrai ,  Sotteville  ,  le  Petit-Couronne  &  Etrepagni. 
S.  Candeeft  une  églife  collégiale  oi  paroiflïale,  compo- 
fée  de  quatre  chanoines  qui  font  curés ,  &  en  font  alter- 
nativement les  fonctions  chacun  fa  femaine.  Le  doyenné 
de  ce  chapitre  eft  uni  à  l'évêché  de  Lifieux  ,  qui  a  droit 
d'exemption  pour  cette  paroifle  &  les  quatre  autres ,  à 
la  réferve  du  crime  d'héréfie  Se  de  la  preftation  de  fer- 
ment des  abbés  &  abbefles ,  qui  appartiennent  de  droit 
à  l'archevêque  de  Rouen. 

LISINAS,  ville  de  Grèce  ,  dans  la  Theflalie,  folon 
Tite-Live,  /.  32,  c.  14,  ou  plutôt  Ortélius  qui  le 
dit  ainfi.  Voci  le  paffage  de  l'hiftorien  :  dedidere  deinceps 
fe  qui  argenta  ,  quique  Pherinum ,  6-  Thimarum  ,  &  Li- 
Jlnas  ,  6-  Stimonem  &  Lampfum  habent ,  aliaque  caftella 
juxtà  ignobilia.  Cela  nous  fait  connoître  que  le  nom  de 
ce  lieuétoit  LlSlN-E  au  pluriel;  &  à  l'accufatif  Lifinas; 
en  fécond  lieu  ,  que  ce  n'étoit  pas  une  ville ,  mais  un 
fimple  fort. 

1.  LISLE,  petite  ville  de  France ,  dans  le  Comtat- 
Vénaiffin,  dans  une  ifle  formée  par  la  rivière  de  Sorgae, 
entre  Sorgue  &  Vauclufe. 

2.  LISLE,  petite  rivière  ,  dans  le  comté  de  Ferrette. 
Voyez  la  copie  d'un  ancien  manuscrit ,  à  la  fin  de  cet 
ouvrage. 


;..       lis    .  >si 

LïSMORE  ,  ville  d'Irlande ,  dans  la  province  de 
Munfter ,  au  comté  de  Waterford,  à  treize  milles  à  l'oueft 
de  Dungarvau ,  fur  la  rivière  de  Balltwa.  C'étoit  autre- 
fois le  fiége  d'un  évêche,  qui  a  été  réuni  à  celui  de  Va- 
terford.  Elle  envoie  deux  députés  au  parlement;  mais 
elle  tombe  en  décadence.  *  Etat  préjent  de  l'Irlande  , 
p.  <;6. 

LISONZO,  (le)  I fondus  ,  rivière  d'Italie  ,  dans  l'é- 
tat de  la  république  de  Vemfe,  &  au  Frioul.  Elle  a  fa 
iource  dans  les  Alpes  &  dans  la  haute  Carinthie ,  d'où , 
partant  au  Frioul  fc>  dans  le  Carlo,  elle  s'accroît  de  plu- 
fieurs  torrens ,  &  coule  à  Formino,  puis  par  le  comté  de 
Gontz,  où  elle  baigne  la  capitale.  Elle  pafie  à  Gradisca, 
reçoit  l'Idria,  le,Vipao  &  le  Na.ifone,  d'où,  féparant 
le  territoire  d'Aquilée  de  celui  de  Montefalcone  ,  elle 
fe  jette  dans  le  golfe  de  Venife ,  au  port  de  Lifonzo  , 
entre  le  golfe  de  Inerte  à  l'orient ,  Se  les  lagunes  de 
Maran  &  Grado  à  l'occident.  * Baudr.  édit.  1705. 

LISPOR,  place  de  l'Inde,  en-deçà  du  Gange',  au 
royaume  de  Decan,  au  pays  de  Balagate ,  allez' avant 
dans  le  milieu  des  terres.  Elle  eft  à  ibixante-dix  lieues 
Espagnoles  de  la  côte  de  la  mer  des  Indes,  au  levant,  en 
allant  vers  le  golfe  de  Bengale ,  dont  elle  n'eft  guères 
plus  éloignée. 

1.  LISSA  ou  ISSA,  ifledugolfede  Venife,  fur  lacôta 
de  Dalmatie,  &  appartient  aux  Vénitiens.  Cette  ifle  dé- 
pend du  comtéjde  Liéfina.  Elle  eft  fameufa  par  la  pêche 
des  fardines  &£  des  anchois,  que  l'on  trouve  en  abon» 
dance  fur  fes  côtes.  Tous  les  habitans  font  pêcheurs. 
Cependant  le  terroir  de  l'ifle  eft  aflez  bon,  cY  produit 
d  excellent  vin  &C  en  abondance. 

Les  principaux  lieux  font  Banda  h  grande,  Banda  la 
petite,  Saint-Nicolas,  Saint-Vit  &  Madona  de  Campo- 
grande.  Vers  le  milieu  de  l'ifle ,  du  côté  du  nord ,  on 
trouve  un  port  nommé  \e  port  Saint-George.  Il  eft  paf- 
fablement  grand,  lïïr  &  commode,  malgré  fafituation: 
du  côté  du  midi,  on  a  la  baie  Comifla,  au  fond  de  la- 
quelle a  été  bâti  le  fort  Saint-Nicolas. 

Quoique  cette  ille  foit  une  des  plus  petites  de  celles 
qui  font  fur  la  côte  de  Dalmatie ,  elle  ne  iaiffe  pas  d'ê- 
tre célèbre  dans  l'Hiftoire  ancienne.  Jules-Céfar,  Corn. 
1.  4  de  Bel.  cîv.  en  parle ,  auflî-bien  que  Tite-Live  , 
Dec.  4,  lib.  1.  Ils  duent  qu'elle  avoit  donné  à  la  répu- 
blique Romaine  un  fecours  de  vingt  vaifleaux  armés , 
contre  Philippe  ,  roi  de  Macédoine. 

Quelques-uns  confondent  L'JTa  &  Iffa.  Voyez  Issa. 
Elle  eft  auffi  différente  de  Lujfna. 

2.  LISSA,  ancienne  ville  d'Espagne,  au  pays  du  peu- 
ple Lacetani ,  ou  Jacetani ,  félon  Ptolomée,  l.z,  c.  6. 
Les  exemplaires  varient.  Quelques-uns  portent  Lijfa , 
Aies*  :  d'autres  aJ^.  Cellarius, Geogr.  Ane.  1.  2,  c.  I, 
conjecture  que  cette  ville,  qui  ne  fubfifte  plus  ,  étoit  au- 
près de  Manrefa. 

3.  LISSA.  Voyez  Lissus  3. 

4.  LISSA.  Voyez  Lixa. 

5.  LISSA,  petite  ville  de  la  grande  Pologne,  au  pa- 
latinat  de  Posnanie,  aux  frontières  de  Siléfie ,  &  à  peii 
de  difiance  de  Glogau.  *  Robert  de  Vaugondy ,  Atlas. 

LISSAC,  Lijjîacum,  prieuré  de  filles  de  l'ordre  de 
Cîteaux  ,  dans  le  Querci ,  diocèfe  de  Cahors ,  à  une 
lieue  de  Figeac ,  fur  un  ruifteau ,  qui  fe  jette  dans  le  Lor. 

LISSEL1N  ,  bois  de  France,  dans  le  Bourbonnois.  Il 
eft  de  cent  trente  arpens ,  &  fous  la  maitrife  des  eaux  &C 
forêts  de  Moulins. 

LISSERE  ,  (la)  rivière  de  la  Turquie  Européenne  , 
dans  la  Bulgarie  ;  elle  fe  rend  dans  le  Danube ,  au-def- 
fus  de  celle  de  l'Isca ,  &:  les  anciens  l'ont  appellée  Utus. 

LISSÏA ,  ifle  de  l'Océan  Britannique ,  félon  Antonin. 
C'eft  une  ifle  fur  la  côte  occidentale  de  la  grande  Bre- 
tagne ,  entre  les  Sorlingues ,  &  la  province  de  Cor- 
nouailles.  Quand  la  marée  eft  bafie,  on  la  découvre.  C'eft 
plutôt  un  rocher  appelle  aujourd'hui  the  gulphe,  c'eft-à- 
dire  le  goufre. 

LISSON ,  AiWov ,  rivière  de  la  Sicile  ;  elle  arrofoit 
Leontium ,  du  côté  du  couchant.  C'eft  maintenant  Fiume 
di  Limini. 

LISSUM.  Voyez  Lissus. 

1.  LISSUS,  ancienne  ville  de  l'IUyrie,  dans  la  Dal- 
matie, félon  Ptolomée,  l.  1 ,  c.  17,  qui  la  met  entre  le 
Drin  à  fon  embouchure ,  6i  la  Macédoine  précifément 


Î6 


LIT 


LIT 


à  la  frontière.  Cela  s'accorde  avec  ce  que  dit  Pline ,  /.  3, 
t.  il,  qui  nomme  ce  lieu  Lijjum  oppidum  ,  ck  ajoute  que 
c'écoit  une  colonie  de  citoyens  Romains,  à  cent  mille  pas 
d'Epidaure,  &  enfin  que  c  eft  où  commençoit  la  Ma- 
cédoine. A  Lifo  Macedonia  provinda.  Diodore  de  Si- 
cile ,  /.  1 5  ,  c.  1 3  ,  nous  apprend  qu'il  y  avoit  un  port  ai- 
fez  grand  ;  que  c'éteit  l'ouvrage  de  Denys  le  Sicilien, 
qui  avoit  mené  une  colonie  à  LiiTus,  qu'il  ceignit  de 
rnurs&aggrandit.  Cette  place  étoit  accompagnée  dune 
citadelle  nommée  ÀCROLissus.  Voyez  cet  article.^ 

i.  LISSUS  ,  rivière  de  Thrace;  elle  fut  tarie  par  l'ar- 
mée de  Xerxès  ,  à  laquelle  elle  ne  put  fuffire.  Elle  cou- 
loit  entre  les  villes  de  Mefembria,  £k  de  Strynu,  ville 
desThaîîens,  lélon  Hérodote,  l.  7 ,  c.  108. 

3.  LISSUS,  lieu  de  l'ifle  de  Crète,  fur  la  côte  mé- 
ridionale, au  couchant  de  Tarba.  C 'eft  par  ce  lieu  que 
Ptolomée  commence  la  description  de  cette  côte.  LaTa- 
ble  de  Peutrager  met  Lifo  à  trente  milles  de  Cantano, 
-  (Cantanus.)  Scylax  de  Caryande  dit  dans  ion  Périple , 
p.  18,  edit.  Oxon.  Au  midi  eft  Lifta,  ville,  avec  un  port. 
LISSUS  eft  appelle  aujourd'hui  Cafid-Sdino,  bourg 
de  l'i/le  de  Candie.  Voyez  ce  mot. 

LISTA,  ancienne  ville  d'Italie ,  dans  le  pays  des  Abo- 
rigines  ,  dont  elle  étoit  capitale  ,  au  rapport  de  Denis 
d'Halicarnafle,  L  1 ,  c.  6.  Elle  étoit  à  vingt-quatre  fta- 
des  (c'eft-à-dire  à  une  de  nos  lieues  françoifes  de  trois 
mille  pas)  au-delà  de  Tiore  ou  Matiera.  Les  Sabiris 
fortirent  autrefois  d'Amiternes  pendant  la  nuit,  la  iùr- 
prirent,  &s'en  rendirent  maîtres.  Ceux  des  habitans,qui 
échaeperent  aux  vainqueurs,  Ce  réfugièrent  à  Riéti,  d'où  ils 
firent  fouvent  de  vains  efforts  ,  pour  reprendre  ce  qu'ils 
avoient  perdu  ;  mais  n'ayant  pu  en  venir  à  bout ,  ils^con- 
facrerent  aux  dieux  tout  le  pays,  comme  s'il  leur  eût  en- 
core appartenu ,  &  firent  mille  imprécations  contre  ceux 
qui  s'en  approprioient  les  fruits. 

LISTÉE  ou  LlFFi,  petite  rivière  d'Irlande,  dans  la 
Lagénie,  en  latin  Lïffius  Se  Libnius.  Elle  arrofe  la  ville 
de  Dublin  ,  &  fe  décharge  peu  après  dans  la  mer  d'Ir- 
lande.   "Maty.i  Dict.  deHoll.  1701-  Corn.  Dict. 

LïSTO  &  Gniosa,  petites  ifles  de  h  mer  Méditer- 
ranée,  vers  la  côte   méridionale   de  l'ifle  de  Candie. 
Voyez  l'article  MYLJE  INSULvE. 
LISTRE.  Vovez  Lvstre. 

L1STRO-GAUGIUM,  ancien  nom  d'un  canton  des 
Pays-bas,  fur  la  rivière  de  la  Lis,  vers  Saint- Venant  , 
Armentier.es  &  Ccurtrai.  11  en  eft  fait  mention  dans  la 
Vie  de  S.  Poppon ,  au  Recueil  de  Bollandus  ;  &  ce  can- 
ton a  été  nommé  Legienjls  pagus. 

LITA  ,  petite  ville  de  Turquie  ,  dans  la  Macédoine  , 
vers  le  golfe  ,  à  vingt  mille  pas  de  la  ville  qui  donne  le 
nom  au" golfe.  *  Baudrand  ,  édit.  1705. 

LITAGRUM  ,  ELITABRUM  ,  ancienne  ville  de 
l'Espagne  Tarragonoife  ,  félon  Tite-Live  ,  /.  35 ,  c.  11. 
Elle  étoit  riche  &  fortifiée.  Le  proconlul  M.  Fulvius  s'en 
rendit  maître.  Son  nom  moderne ,  félon  la  plupart  des 
géographes,  eft  Baytrago.  Voyez  ce  mot. 

LYÏMJE  ,  Ail-la',  ville  du  Péloponnèfe  ,  dans  la 
Laconie ,  félon  Apollodore  ,'  cité  par  Etienne  le  Géo- 
graphe. 

LITANA-SILVA,  forêt  de  la  Gaule,  au  midi  des 
Alpes,  félon  Tite-Live  &  Frontin,  de  qui  nous  appre- 
nons que  l'armée  Romaine  y  fut  défaite^  par  les  Gaulois. 
Ortélius  doute  fi  ce  ne  feroit  point  la  même  que  Ligana 
SILva.  Voyez  ce  mot.  Quelques-uns  penlent  que  la  forêt 
appellée  Sdva  de  Lugo  ,  dans  laRomagne,  eft  un  refte 
de  cette  ancienne  forêt. 

L1TANOBRIGA,  ou,  félon  quelques  exemplaires 
d'Antonin,  LatinobriGA;  lieu  de  la  Gaule  Belgique, 
fur  la  route  d'Amiens  à  Soiflbns,  entre  Cafiromagum, 
(Béarnais)?*  A  tegujîomagum,  (Senlis)  à  dix-huit  mille 
pas  de  la  première,  &  à  trois  ou  quatre  mille  pas  de  la 
féconde.  Quelques-uns  ,  comme  Cluvier  ,  l'ont  entendu 
de  Vtrmuil  fur  l'Oife. 
L1TAR.  (le  cap)  Vovez  Cap. 
L1TAR.ELS,  contré  de  Syrie,  à  environ  trois  cents 
ftades,  (c'eft  à-dire  à  douze  lieues  fk  demie)  de  Theo- 
polis,  c'eft-à-dire  d'Antioche  de  Syrie,  félon  Evagre 
&  Callifle.  D'autres  la  nomment  fitarbus ,  d'autres  Li- 
t  argus,  gntr'autres,  l'Hifloire  mêlé.  Julien  l'Apcftat,  dans 
fes  Lettres,  la  met  dans  la  Chalcide  de  Syrie.  *  Ond. 
Thefaur. 


LITBADA  ,  Ortélius  dit:  métropole  de  la  grande 
Rhofie,  Si.  cite  Curopolate,  ojfdalibus  Conjïantinopo- 
litanis.  Il  ajoute  qu'il  croit  qu'elle  i-.ù\t  dans  la  1  hrace. 
Dans  la  Notice  des  métropoles ,  fous  Andronic  Paléo- 
logue,  n.  8l  ,  je  trouve  Lilbada ,  au  voifinage  de  la 
grande  Rofie,  a  obtenu  le  rang  de  métropole,  fous  l'em- 
piré d'Andronic  ,  &é  le  patriarchat  de  Jean  Glycas. 
Schelftrate  rend  ces  mots  it37iii  ot-mHç  ,us>«Kii>-  Pao-Wr, 
par  ceux-ci,  Vidna  magna  Rufî ce ,  voifuie  de  la  grande 
Ruflie  ;  ce  qui  me  paroit  plus  jufte  que  de  l'entendre  de 
la  Thrace,  comme  fait  Ortélius. 

LITBUNUM,  ville  épiscopale ,  fous  le  patriarchat 
de  Conftantinople,  félon  Bellamon,  cité  par  Ortélius, 
Thefaur. 

LITE  ,  ville  de  Macédoine,  félon  Hypéride,  allégué 
par  Suidas.  Ortélius  doute  fi  ce  n'eft  pas  la  même  que 
Lue. 


LITERNA  PALUS ,        ">     y 
LITERNUM,  S         V 


LlNTERNUM. 


LITHACUS  ;  ce  mot  fe  trouve  entre  les  noms  de  ri- 
vières, à  la  fin  de  Porphyrogenete. 

LITHAW  ;  les  Allemands  nomment  ainfi  la  Lithua- 
nie;  &  quelques  écrivains  du  moyen  âge  la  nomment  en 
latin  Lithavia  ou  Litevia ,  5c  les  habitans  Lithavi ,  ou 
Litavi. 

LITHOPROSOPOS ,  montagne  de  Syrie  ,  auprès 
de  Botryos ,  félon  Cédrene. 

LIÏHOSORjEA,  lieu  de  la  Bulgarie,  vers  la  Thrace. 
Cédrene  en  fait  mention.  Il  eft  nommé  Lilhforie  dans 
l'Hiftoire  mêlée. 

LlTHOfOslLE  ou  Latomije,  carrières  &  lieux: 
ou  l'on  tiroit  &  tailloit  des  pierres.  C'eft  la  même  chofe 
que  Latomiœ. 

LIIHROS,  Ai5&ç.  Ortélius  dit:  ville  de  la  petite 
Arménie,  &  cite  Strabon  ,  /.  11,  p.  556.  Le  paflage 
de  cet  ancien  géographe  fait  voir  que  Lithros  n'eft  pas 
une  ville  ,  mais  une  montagne.  Le  voici  en  latin  :  Eft 
Pharnads.  contigu.i  Sidaicl  &  Themifcyra.  Suprà  hœc 
jaceï  Phanaroea  ,  Pond  partem  occupans  optimam  ; 
nam  &  oleifrax  eft  &  boni  vini ,  &  r cliquas  omnesha- 
bet  dotes.  Verjus  ortuni  ei pratenditur  Paryadres  mons  , 
in  longitudinem  cequis  fpaciis  pornêlus  :  ab  oecafu  Li- 
thrus  &  Ophlimus  ;  convatlis  eft  juflee  longitudinis  &£ 
latitudinis,  &c.  On  voit  qu'il  s'agit  là  de  Phanaroeu% 
canton  qui  occupe  le  meilleur  du  pays  de  Pont ,  canton 
fertile  en  huile,  en  bons  vins,  &C  qui  a  tous  les  avanta- 
ges qui  font  un  excellent  pays  ;  que  ce  pays  eft  terminé 
à  l'orient  par  le  mont  Paryadres ,  &  au  couchant  par  Li- 
thros &  Ophlimos  ;  que  la  vaiiée,  qui  eft  entre  ces  mon- 
tagnes, eft  paflablement  longue  &  large  à  proportion. 
LLTSORLfL  Voyez  Lithosor^a. 
LITHUAN1E,  grand  pays  de  l!Europe ,  autrefois  en- 
tièrement feul  îk  indépendant,  &  préfentement  uni  à  la 
république  &  à  la  couronne  de  Pologne  ,  avec  titre  de 
grand  duché.  Il  a  cent  cinquante  lieues  de  long ,  &  cent 
lieues  de  large.  Du  côté  du  nord,  il  a  pour  bornes  la  Li- 
vonie ,  la  Curlande  ,  &  partie  de  l'empire  Ruftien  ;  à  l'o- 
rient le  même,  empire;  au  fud-eft  &  au  midi,  la  Ruflie 
Polonoife;  au  couchant,  les  palatinats  de  Lublin  &  de 
Podlaquie ,  le  royaume  de  Prufle ,  6k  la  mer  Baltique. 

Une  ancienne  tradition  porte  que  le  nom  de  Lithud- 
nie  vient  àeLittalanus  ou  Liants,  fécond  roi  de  la  nation. 
Quoiq  u'il  en  Toit,  on  fut  longtems  fans  bien  connoître 
ce  pays;  &  il  avoit  même  anciennement  des  bornes  allez 
étroites.  Il  comprenoit  feulement  laSamogitie,  la  Cur- 
lande, &  la  partie  de  la  Lithuanie,  qui  eu  entre  la  Dv/ine, 
la  ville  &  les  autres  rivières  qui  fe  jettent  dans  cette  der- 
nière, comme  la  Dubiffa,  la  Niewiafa  &  la  Swienta: 
*Hartnoch ,  Descr.  Lithuan.  L  1  ,  c.  9. 

Les  ducs  de  Ruflie  lbbjuguerent  autrefois  la  Lithuanie, 
&  l'obligèrent  à  leur  payer  tribut.  Ce  tribut  coniiftoit  en 
une  certaine  quantité  de  chaufliifes  faites  d'écorce  de  til- 
leul,  en  des  faifieaux  d'herbes  &  en  des  feuilles  d'ar- 
bres; mais,  par  une  vrciffitude  de  fortune  ailez  ordi- 
naire, les  vaincus  devinrent  à  leur  tour  maîtres  de  leurs 
vainqueurs.  Au  commencement  du  treizième  iiécle,  les 
Polonoiss'étant  emparés  de  la  partie  méridionale  de  Ruflie, 
taudis  que  les  Scythes  ou  Tartares,  inondant  par  leur 


LIT 


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multitude  ce  même  état ,  travailloient  à  Ce  le  fendre 
tributaire,  les  Lithuaniens  fongerent  à  profiter  de  l'oc- 
cafion  pour  fecouer  le  joug  qui  leur  avoit  été  impofé. 
Ils  prirent  les  armes;  entrèrent  dans  la  Ruffie;  vengèrent 
les  injures  que  leurs  ancêtres  avoient  reçues ,  &  contrai- 
gnirent une  partie  confidérable  du  pays  à  leur  payer  tri- 
but. Erdivil,  leur  duc,  fe  rendit  ainfî  maître,  en  1217, 
de  tout  le  pays  qui  fe  trouve  entre  la  rivière  de  Viiie  Sr. 
celle  de  Pripecz ,  &  fe  qualifia  duc  de  Nowogrod. 

Ses  fuccefleurs  eurent  le  même  avantage  dans  la  Pruffe, 
laMazovie  &  la  Pologne.  Ces  heureux  fuccès  firent  que 
Ringeld,  qui  fe  voyoit  maître  de  la  Lithuanie,  de  la  Sa- 
mogitie,  de  laCourlande,  delà  Subl'ylvanie,  de  No- 
vogrod,  de  Moyriz,  de  Pintzko,  deSévérie  &  de  Czer- 
nichov,  prit  le  titre  de  grand  duc  de  Lithuanie. 

Mendogus,  qui  fuccéda  à  Ringeld,  tut  auffi  entrepre- 
nant ,  mais  moins  heureux  que  fes  prédeceffeurs.  Ses 
voifins  portèrent  les  chevaliers  Teutoniques  à  entrepren- 
dre de  fubjuguer  la  Lithuanie,  &  leur  abandonnèrent  la 
Prufle  ,  pour  le  prix  d'une  expédition  jugée  fi  néceffaire. 
Mendogus  fut  preffé  fi  vivement  pat  les  chevaliers  Teu- 
toniques, qu'il  fut  contraint  de  fe  faire  Chrétien,  & 
d'abandonner  aux  chevaliers  la  Subfylvanie  ,  la  Samogi- 
tie,  laCourlande,  Sec.  En  récompenfe  néanmoins,  l'or- 
dre Teutonique  engagea,  le  pape  à  donner  à  Mendogus 
le  titre  de  roi  de  Lithuanie;  mais  ce  prince  ne  perfévéra 
pas  dans  la  religion  Chrétienne.  Il  retourna  au  culte  des 
idoies ,  &  reprit  la  Courlaade  fur  les  chevaliers  Teuto- 
ques. 

Vers  l'an  13 19,  Gedimin,  grand  duc  de  Lithuanie, 
prit  les  armes  pour  châtier  les  Ruffes  ,  qui  avoient  fait 
des  courfes  fur  les  terres  de  Novogrod.  Il  emporta  la 
ville  Wldadimir  ,  fournit  la  Wôlhynie  ,  &  y  établit  des 
magiftrats.  Il  fit  encore  diverfes  autres  conquêtes;  Se  par 
les  terres  qu'il  partagea  entre  fes  enfans ,  on  peut  juger 
combien  étoit  grand  l'empire  des  Lithuaniens;  car  pour 
éviter  les  conteftations  qui  auroient  pu  naître  entr'eux 
après  fa  mort,  il  leur  diflribua  fes  états.  Il  donnaàMont- 
wid,  Kiernow  &.  Slonim;  à'Narimond,  Pinski,  Mozirz, 
&  une  partie  de  la  province  de  Y/ladimir;  à  Oligerde, 
Crew  tk  toutes  les  terres  depuis  cette  place  jusqu'à  la  ri- 
vière Berefina;  àKieyftut,  laSamogitie,  les  territoires 
de  Troki  &  de  Syden ,  Upiz  &  la  Subfylvanie;  à  Ko- 
riatz,Nowogrod  Wolkowisk;  à  Lubart,  une  partie  de  la 
province  de  Wladirnir ,  &  la  \V  olhynie  ;  à  Javnut ,  Vilna, 
la  capitale  de  la  Lithuanie,  Osmiana,  &  Braczlaw. 

Oligerde  dépofféda  fon  frère  Javnut,  &  devint  grand- 
duc  de  Lithuanie.  11  fit  de  nouvelles  conquêtes  ;  (es  ar- 
mes prospérèrent  d'autant  plus  facilement,  que  les  che- 
valiers Teutoniques  fe  trouvoient  alors  extrêmement  af- 
faiblis par  différentes  batailles  qu'ils  avoient  données. 

Jagellon,  fils  d'Ohgeide,  Se  grand-duc  de  Lithuanie, 
après  la  mort  de  fon  père  ,  fe  rendit  redoutable  à  la  Po- 
logne; mais  ayant  offert  de  recevoir  le  batpême,  &  d'u- 
nir à  ce  royaume  le  duché  de  Lithuanie  ,  fi  on  confentoit 
à  fon  mariage  avec  la  reine  Hedwige ,  les  Polonois  ac- 
ceptèrent fes  offres  qu'ils  trouvèrent  avantageufes.  Il  fut 
batifé  à  Cracovie,  le  11  de  Février,  1386.  11  prit  alors 
le  nom  SUladiJlas  ;  il  époufa  deux  jours  après  Hedwige, 
ôr.  fut  proclamé  roi  de  Pologne. 

Par-là  Lithuanie  fut  unie  à  la  Pologne;  mais  comme 
il  eût  été  difficile  de  maintenir  la  paix  entre  deux  na- 
tions ,  de  tout  tems ,  ennemies,  &  fi  nouvellement  récon- 
ciliées ,  Jagellon  donna  l'inveftiture  de  la  Lithuanie  à  fon 
coufin  Vitold ,  qui  avoit  été  baptifé  avec  lui ,  &  qui  avoit 
été  nommé  Alexandre. 

Vitold  étoit  un  prince  courageux  ,  entreprenant ,  & 
d'une  ambition  qui  ne  lui  permettoit  pas  de  négliger  les 
moyens  de  s'aggrandir.  L'empereur  Sigismond  &  les  che- 
valiers Teutoniques  l'engagèrent  contre  le  roi  de  Polo- 
gne, fon  bienfaiteur.  L'empereur  le  flata  du  titre  de  roi 
de  Lithuanie  ,  &f  les  chevaliers  lui  offrirent  des  armes  Si 
de  l'argent  ;  de  cette  façon ,  Jagellon  ne  put  chaffer  les 
chevaliers  Teutoniques  de  la  Pruffe.  Il  fut  long-tems  oc- 
cupé contre  Vitold,  à  qui  il  fe  vit  contraint,  quoique 
vainqueur,  d'abandonner  encore  le  gouvernement  de  la 
Ruffie.  Vitold  accrut  fer  états  des  duchés  de  Pleskow ,  de 
Nov/ogrod  S:  de  Smolensko  ,  &  il  défit  une  horde  en- 
tière de  Tartares ,  dont  il  emmena  les  prifonniers  aux  envi- 
rons de  Vilna,  afin  de  peupler  8c  de  cultiver  le  pays. 
Taraerlaii  (Timur-Bec)  arrêta  fes  conquêtes,  en  1399: 


en  vain  Vitold  offrit  de  faire  la  paix  avec  lui  ;  le  Tartans 
voulut  combattre.  Vitold  eut  peur,  pour  la  première  fois  : 
il  s'enfuit,  Se  fon  armée  fut  taillée  en  pièces.  En  1406, 
il  futpleus  heureux  contre  Bafiie,  C^ar  de  Moscovie:  il 
pilla  fon  pays ,  St  l'obligea  de  faire  une  paix  défavantâ- 
geufe.  *  Le  Laboureur,  Voyage  de  .a  reine  de  Pologne. 

La  Lithuanie  comme  on  vient  de  voir,  avoit  autre- 
fois (es  fouyerains  particuliers  ;  ce  n'a  été  que  fous  Alexan- 
dre, prédéceffeur  de  Sigismond  I ,  père  de  Sigismond- 
Augufte,  le  dernier  de  la  poftérité  de  Jagellon,  ou  plutôt* 
fous  Sigismond-Auguftelui-même,eni  569,3  ladiéte  de  Lu- 
bhn,  qu'elle  fut  parfaitement  unie  à  la  couronne  de  Polo- 
gne. Cette  réunion  fe  fit  à  condition  qu'elle  fubfiftenoit 
comme  une  principauté  alliée,  qui  auroit  fes  grands  offi- 
ciers, fon  armée,  fontréfor  &£  fes  généraux;  qu'elle  con- 
ferveroit  fes  coutumes,  &  qu'elle  auroit  part  à  l'élection 
du  roi ,  qui  fe  feroit  néanmoins  en  Pologne.  La  Lithuanie 
n'eft  obligée  de  fournir  que  le  tiers  des  troupes  de  la  cou- 
ronne; Sepour  les  revenus  du  roi,  le  quart  feulement  pour 
fa  quote-part. 

Le  P.  Briet,  de  Poloniâ,  c.  3  ,  donne  deux  divifions 
de  cette  province:  il  la  diftingue  en  Lithuanie  ancienne, 
&  Lithuanie  moderne  ou  véritable.  Voici  ces  deux  di« 
vifions  : 

La  Lithuanie  ancienne. 

La  Lithuanie,  La  Samogitie , 

La  Wolhinie,  LaPodlakie, 

Partie  de  la  Ruffie. 

Lithuanie  moderne  ou  véritable. 

(Le  territoire  de  $  „..  .      , 

I      Vilna.  \rtlna,  Vilne.' 

JLe  ^  territoire    f  Osmiana,  bourg  bâti 


1     SOsmiana.    \     de  bois. 
Palatinat  de,1 
VlLNA.  \  Le  territoire  de  Çrilkomeria,  Vilkomer1 

Vilkomer.       \     fur  la  Suuienta. 

Le  territoire  iesBraflavia  ,  Braflau ,  01* 
,     Braflau.         \     Braczlau. 

(Le  territoire  de  f#  _    , . 

Troki.  jTroca,  Trok.. 

Le  territoire  de  $  ~     ,        _     , 
Grodno.         \yrodna,  Grodno. 

Le  territoire  de  $  „  _ 

Couuno.         "\youuna,  Couuno. 

Le  territoire  de  C  ,  .  , 
Lida.  \Llda>  Lide; 

Le     territoire    Ç  rr  .        IT  . 
I     £Upitl.         \Upna,  Upitz. 

( Minscum  ,  Minsk. 
Palatinat  de  MiNSKiABorifovia,  BoriuW,  fur  la  Bé- 
C     rézine. 


Palatinat  de 
Troki. 


Le  territoire  de  Ç  Novograda,  Novogro- 
Novogrodeck.  \     deck. 

LeiSrde{^—  >  Slonim. 
Palatinat  de 
NovOGRO-     { Le  territoire  de  Ç  Volkoviscum ,  Volko- 

IVolkovisco.    \_     visko. 
Le  territoire  Ae{Ndsvl^m  '  Nefuis,  au 
nfluent   de    lOsza 


Nefuis. 


(.     Se  de  la  Niémen. 


(Le  territoire  de  Ç  „    „.      „ 
nl    .         ,  (     Breftia.  jSreJlta ,  Brzesae. 

Palatinat  de)  J  c 

BRESTIA.        )  Le  territoire  de  ÏPinska ,  Pinsko,  fur  le 

■\    Pinsko.         \     Pripecz. 


864 


LIT 


LIT 


(Le  territoire  de  (Kiovia ,  Kiov. 
Kiovic.  \Circafium,  Circas. 

Palatinat  de  !  Le  territoire  de  (Mofera  ,  Mozy  ou  Mo- 
Kiovie.  |     Moiy.  \    fer ,  fur  le  Pfipick. 

|  Le  territoire  de  $Rec{ica,  Reczick,  fur 
V     Riecyk.        %    le  Borifthène. 

Palatinat  de  MsciS-  ^Miscijlavia  ,  Mscziflaw  ,  fur  la 
1AU.  \    Sosz. 

(Le  territoire  de  Ç  Vitebscia,  Vitepsk,  fur 

I      Vitepsk.        \     la  Dwine. 
Le  territoire  de  C  Onta/urleBorifthène, 
Vitepsk.  Orsha.         }     &  ^ur  l'Orshicza. 

Le  territoire  de  (Mohilovia ,    Mohilou, 
Mehilouu.      \     fur  le  Borifthène. 


(Poloka,  Polocs- 
ko  ,    fur   la 
Dwine  ,    8t 
fur  la  Polota. 
Palatinat  de,  Disna. 
POLOCZK.     \Druha,   fur  la 
Druha  Se  fur 
la  Dwine. 
Duché  de 
Skluch. 


$Sluka,  Skluch,  fur  la 
l    Skluch. 


Le  duché  de  Lithuanie  eft  un  pays  uni ,  agréablement 
diverfifié  de  lacs ,  8c  de  quantité  de  grandes  rivières , 
dont  quelques-unes  vont  defcendre  dans  la  mer  Noire , 
&  les  autres  dans  la  mer  Baltique.  Les  principaux  fleuves 
font  le  Dnieper  ou  Niéper ,  autrement  le  Borifthène ,  & 
la  Vilia  ;  l'un  Se  l'autre  prennent  leur  fource  dans  la  Li- 
thuanie :  la  Dwine  la  traverfe  ;  Se  la  Niémen ,  qui  s'y 
forme  d'un  grand  nombre  de  rivières ,  va  fe  perdre  dans 
le  golfe  de  Courlande.  Le  Pripecz  va  groffir  le  Boryfthène. 
On  a  voulu  autrefois  établir  un  canal  de  communication 
entre  le  Pripecz  Se  le  Boug ,  qui  fort  de  la  Lithuanie ,  Se 
fe  joint  à  la  Viftule  ;  mais  ce  projet  n'a  pas  été  fuivi.  Ces 
rivières  font  fort  ponWnneulès,  de  même  que  tous  les 
lacs,  dont  elles  reçoivent  les  eaux.  *  Le  Laboureur, 
Voyage  de  la  reine  de  Pologne  ,  p.  nj. 

Les  forêts  abondent  en  gibier  :  il  s'y  trouve  même  des 
beccaffines ,  quoiqu'il  n'y  ait  point  de  vignes  dans  le  pays  ; 
mais  les  buiflons  portent  certains  petits  fruits  fauvages , 
dont  ces  oifeaux  s'engraiflent. 

Cette  province  peut  être  regardée  comme  un  pays 
excellent ,  qui  fournit  abondamment  les  commodités  de 
la  vie.  Cet  avantage  n'eft  pourtant  que  pour  les  nobles. 
Les  payfans  font  encore  plus  miférables  que  ceux  de  Po- 
logne. Ils  font  véritablement  efclaves ,  tout  ce  qu'ils  ont 
appartient  au  feigneur  ;  du  moins  le  feigneur  leur  enleve- 
t-il  tout  ce  qui  lui  agrée.  C'eft  apparemment  la  caufe  de 
la  négligence  qu'ils  ont  à  cultiver  un  pays  qu'un  peu  de 
rravail  rendroit  très-fertile.  Cependant  leurs  maifons  , 
quelque  pauvres  qu'elles  foient ,  font  des  hofpices  francs 
pour  les  voyageurs.  Leur  pain  eft  noir  comme  la  terre. 
Ils  boivent  une  bière  ,  compofée  de  toutes  fortes  de 
grains ,  ou  bien  une  liqueur  appellée  médon;  c'eft  un  breu- 
vage de  miel  cuit  avec  de  l'eau. 

On  remarque ,  que  les  nobles  Se  le  peuple  font  grands 
mangeurs.  Leurs  feftins  durent  dix  ou  douze  heures ,  Se 
ils  font  quelquefois  fuivis  de  querelles  8c  de  meurtres. 
Miechow ,  Sarmat.  Europ.  dit  qu'il  femble  que  la  na- 
ture leur  ait  voulu  reprocher  leur  intempérance  ,  par 
l'exemple  d'un  animal  qui  eft  particulier  à  la  Lithuanie 
6c  à  la  Mofcovie.  Il  ne  fait  aucun  profit  aux  hommes ,  ni 
mort  ni  vivant.  On  l'appelle  rojjomal^a  :  il  eft  de  la  hau- 
teur d'un  chien  ;  il  a  la  tête  d'un  chat ,  le  corps  Se  la  queue 
d'un  renard  ,&c  il  eft  tout  noir.  Il  mange  des  charognes: 
il  s'en  remplit  jufqu'à  ce  qu'il  ne  puiffe  plus  en  prendre:  il 
enfle  alors  comme  un  ballon  ;  il  cherche  enfuite  deux  ar- 
bres qui  foient  bien  près  l'un  de  l'autre  :  il  fe  preffe  fi  fort 
entre  deux ,  qu'il  rend  tout  ce  qu'il  a  mangé  :  il  retourne 
enfuite  à  la  charogne ,  Se  ne  l'abandonne  point  qu'il  ne 
l'ait  toute  dévorée.  Miechow ,  ibid,  ajoute,  que  de  fon 


Cems,  la  coutume  de  vendre  les  hommes,  régnoit  encore  en 
Lithuanie  ;  qu'il  y  en  avoit  de  ceux  qui  étoient  nés  libres, 
qui  vendoient  leurs  enfans  pour  foulager  leur  pauvreté , 
Se  qu'il  y  en  avoit  qui  fe  vendoient  eux-mêmes ,  pour 
être  bien  nourris.  Leur  habit  eft  gris ,  Se  leurs  chauflures 
font  d'écorce  de  tilleul,  en  manière  de  fandales. 

Le  trafic  du  pays  confifte  en  bleds ,  miel ,  cire ,  8c  en 
peaux  de  zibelines,  de  panthères,  de  caftors,  d'ours  Se 
de  loups.  Mais  les  habitans  ne  portent  guères  ces  mar- 
chandises hors  du  pays.  Les  étrangers  les  viennent  cher- 
cher. Au  refte  ,  tout  ce  qu'il  y  a  de  payfans  travaille  à  la 
terre.  Il  y  en  a  quelques-uns  qui  doivent  cinq  ou  fix  jours 
de  la  femaine  au  fervice  de  leur  feigneur  ;  Se  à  peine  leur 
refte-t-il  affez  de  tems  pour  gagner  de  quoi  vivre  pau- 
vrement. Auflî  n'obfervent-ils  ni  dimanches  ni  fêtes. 
Quand  on  le  leur  reproche,  ils  donnent  cette  réponfe  qui 
ne  fouffre  guères  de  réplique  :  Nefaut-ilpas  aujji  manger 
le  dimanche  ? 

Outre  cette  Jfujétion  ,  ils  ont  encore  celle  de  la  taille , 
qui  n'eft  pas  moins  rude.  C'eft  un  pefant  fardeau ,  que  de 
donner,  trois  ou  quatre  fois  l'année,  de  l'argent ,  dans  un 
pays  où  il  eft  extrêmement  rare.  Si  le  feigneur  eft  avare, 
il  peut  encore  leur  impofer  d'autres  taxes. 

Les  Lithuaniens  ont  une  manière  de  labourer,  qui  leur 
eft  commune  avec  les  habitans  de  la  Ruffie  blanche.  Ils 
coupent,  dans  l'été,  des  branches  8c  des  buiffons  ;  il  éten- 
dent ce  bois  fur  la  terre  ;  ils  couchent  deflus  de  la  paille, 
qui  le  couvre  pendant  l'hyver.  L'été  fuivant,  ils  y  mettent 
le  feu;  ils  fement  fur  la  cendre  Se  furies  charbons,  8t 
auflî-tôt  ils  paffent  la  charrue  par-deflus.  Cette  opération 
ne  fe  fait  que  de  fix  ans  en  fix  ans ,  Se  quelquefois  de 
huit  ans  en  huit  ans.  C'eft  ordinairement  dans  les  forêts 
que  l'on  feme;  après  avoir  coupé  les  branches  des  arbres. 
Comme  le  pays  eft  ouvert  aux  courfes  des  Tartares  ,  les 
Lithuaniens  ferrent  tous  leurs  grains ,  la  paille ,  la  chair 
falée  ,  Se  généralement  tous  leurs  vivres ,  Se  tout  ce  qu'ils 
pofledent ,  dans  des  cavernes ,  qu'ils  creufent  dans  les  fo- 
rêts ;  &  ils  couvrent  l'entrée  d'écorces  Se  de  branches 
d'arbres. 

On  parle  en  Lithuanie  la  langue  Efclavone  ;  mais  c'eft 
un  idiome  fi  différent,  que  les  Polonois  ne  peuvent  l'en- 
tendre. Ceux  qui  font  voifins  de  Pruffe ,  parlent  un  Pruf- 
fien  corompu  ;  Se  ceux  qui  font  voifins  de  la  Li  vonie ,  ont 
un  jargon  qui  tient  des  deux  langues.  Cependant  les  no- 
bles Se  les  habitans  des  villes  parlent  Polonois  :  les  pré- 
dicateurs même  font  leurs  fermons  dans  la  même  langue. 

Le  paganifrne  a  régné  dans  la  Lithuanie  jufqu'au  tems 
de  Jagellon ,  Se  peut-être  plus  fuperftitieufement  que  chez 
aucun  peuple  du  monde.  Il  n'y  a  point  de  bête  qu'ils 
n'ayent  adorée.  Ils  avoient  un  grand  refpect  pour  les  fo- 
rêts :  à  peine  ofoient-ils  brûler  du  bois ,  de  peur  d'of- 
fenfer  quelque  divinité  inconnue.  Les  ferpens  Se  les  af- 
pics  étoient  leurs  dieux  les  plus  ordinaires.  Jagellon  s'é- 
tant  converti  à  la  foi  Chrétienne ,  retourna  en  Lithuanie  ; 
8c  il  travailla  fi  heureufement  à  défabuler  ce  peuple  ,  que 
la  plus  grande  partie  fut  baptifée.  Il  àvoit  avec  lui  l'arche- 
vêque de  Gnefne,  8c  quelques  eccléfiaftiques;  8c  il  fai- 
foit  le  devoir  d'interprète  ou  plutôt  d'apôtre.  Il  en  gagna 
autant  parfes  libéralités  que  par  les  raifons  qu'il  leur  don- 
noit:  il  faifoit  préfent  d'un  habit  gris  à  chaque  perfonne 
qui  fe  convertiffoit.  Aujourd'hui,  il  y  a  en  Lithuanie  un 
grand  nombre  de  Juifs  8c  de  Tartares.  Ces  derniers  font 
pour  la  plupart,  Mahométans.  La  religion  gréque  a  auffi 
long-tems  régné  dans  le  pays;  mais  il  y  a  actuellement 
peu  de  perfonnes  qui  la  profelTent.  Plufieurs  ont  embraffé 
la  doftrine  de  Luther  ou  de  Calvin. 

On  ne  peut  ôter  de  l'imagination  des  Lithuaniens,  qu'ils 
font  iflus  des  Romains,  Se  que  le  mot  de  Lithuanie  eft 
une  corruption  du  nom  de  l'Italie  ,  que  le  pays  porta, 
difent-ils ,  après  que  les  Romains  eurent  commencé  à 
l'habiter.  Il  fe  pourrait  faire  que ,  pour  tenir  les  Scythes 
en  bride ,  on  eût  envoyé  dans  ce  pays  une  colonie  Ro- 
maine, ou  bien,  que  quelques  vaifleaux  de  Céfareuflent 
échoué  à  la  côte.  En  effet  on  remarque  dans  le  langage  des 
Lithuaniens  beaucoup  de  mots  latins  ;  Se  de  plus ,  ils 
avoient  quantité  de  coutumes  des  Romains  ,  entr'autres, 
l'ufage  de  brûler  les  corps  morts  ;  les  augures  ;  les  arufpi- 
ces  ;  le  culte  d'Efculape ,  fous  la  figure  d'un  ferpent  ;  celui 
des  Lares,  des  Lémures,  Sec. 

La  Lithuanie  porte  le  titre  de  grand  duché ,  parce  qu'elle 
a  dans  fon  étendue  plufieurs  duchés  particuliers  très-an- 
ciens, 


LIV 


UV 


26 


ciens ,  &  dont  la  plupart  ont  été  les  partages  des  cadets 
des  grands  ducs.  La  race  des  grands  ducs  fe  continue  en- 
core ;  &C  les  branches  éteintes  ont  laiffé  leurs  biens  8c 
leurs  titres  à  la  poftérité  de  leurs  filles.  Nous  en  avons 
des  exemples  dans  les  maifons  des  princes  de  Radziwil, 
de  Chodkiewcz,  &c. 

LITICIANI ,  ancien  peuple.  Paul  "Warnefrid  le  compte 
entre  les  nations  de  la  Germanie  ;  Se  Ortélius  doute  fi  ce 
ne  font  pas  les  Liai  de  Ptolomée. 

LITITTA.  Ortélius ,  Théfaur.  dit  feulement  :  métro- 
pole de  la  nouvelle  Rome,  Se  cite  Curopalate.  L'Etat  pré- 
sent du  patriarchat  de  Conftantinople ,  publié  par  Thomas 
Smith  ,  met  entre  les  évoques  8c  métropolitains  de  ce  pa- 
triarchat :  Bindana propi  Sophiam,  Didymotichi,  Litiqœ, 
Byfitz ,  Selembrice;  tous  ces  fiéges  étoient  de  la  Thrace. 

LITLAND  ,  contrée  de  la  Livonie.  Voyez  Letten. 

LITLEBOURG,  ou  Lïttlebourg,  bourg  d'An- 
gleterre ,  au  comté  de  Nottingham  ,  Se  fur  la  frontière 
de  celui  de  Lincoln ,  fur  la  rivière  de  Drente ,  à  huit  milles 
de  Lincoln  ,  Se  à  vingt-deux  de  Nottingham ,  félon  Bau- 
drand.  Ce  bourg  eft  inconnu  à  l'auteur  de  Y  Etat  préfent 
de  la  Gr.  Bretagne. 

Cependant  Cambdenen  fait  mention  ,  &  croit  que  c'eft 
YAgelocum  ou  Segelocum  des  Coritains.  Th.  Gale  eft 
auffi  de  ce  fentjment. 

LITOMERIUM  ,  nom  latin  de  Leutmeritz,  ,  ville 
de  Bohême. 

LITOPH  AUM ,  village  de  France.  Il  y  en  a  qui  croient 
qu'il  devoit  être  quelque  part  autour  de  Moret  en  Gâti- 
nois.  Ortélius,  qui  le  dit,  cite  la  Bibliothèque  hiftoriale  de 
Vignier. 

LITOPOLITES.  Voyez  Letus-Polites  ,  &  La- 
topolites-Nomos. 

LITRjE  ,  Anfm  ,  lieu  d'Egypte.  Phlégon  Trallianus 
dit  qu'on  y  voit  de  grands  corps.  *  Ortel.  Thefaur. 

LITTAMUM,  lieu  de  la  Norique,  fur  la  route  d'Aqui- 
lée  à  Veldidena.  Antonin  le  met  entre  Aguntum  &  Se- 
batum,  à  vingt-trois  mille  pas  de  l'une  Se  de  l'autre.  La- 
2ius  croit  que  c'eft  Lutach  ,  un  peu  au-deffous  des 
fources  de  la  Drave. 

LITTUS,  mot  latin,  qui  veut  dire  RIVAGE,  côte 
DE  LA  MER.  Ce  mot  étant  joint  avec  certaines  épithètes, 
a  été  donné  comme  nom  propre,  affecté  à  certains  lieux  ; 
par  exemple  : 

LITTUS  ALTUM ,  s\ir3;i  s'w*»  :  quelques-uns  le  ren- 
dent par  Ripa  alta  ,  qui  revient  au  même  fens,  ifles  voi- 
sines d'Albion  ,  c'eft-à-dire  de  la  Grande-Bretagne,  fé- 
lon Ptolomée  ,'  Lï. ,'  c.  3. 

LITTUS  CJESIJE;  KaicUc  hiym.ho; ,  ville  de  l'ifle 
deCorfe,  félon  le  même,  /.  3,  c.  2.  Pinet  croit  que  c'eft 
Calvi. 

LITTUS  FINITIMUM,  ou  adnexum,  hlyiixm  *p°- 
nyiïf ,  lieu  de  la  Sardaigne,  félon  le  même,  /.  3  ,  c.  3. 

LITTUS  LONGUM,  ou 

1.  LITTUS  MAGNUM  ,  (i^u  Al?*À,g,  lieu  de 
l'Arabie  heureufe  ,  félon  le  même  ,1.6,  c.  7. 

2.  LITTUS  MAGNUM ,  ville  de  l'ifle  de  Tapro- 
bane  ,  félon  Ptolomée  ,  /.  7,  c.  4. 

LITUBIUM:  ancien  lieu  de  l'Italie,  dans  la  Ligurie  , 
félon  Tite-Live,  /.  31.  C'eft  préfentement  RlTORBlo, 
■village  du  Milanez ,  dans  le  Pavéfan. 

1.  LIVADIE:  (la)  ce  mot  fignifie  des  chofes  très- 
différentes  ,  par  rapport  à  leur  étendue  ;  car  il  fignifie  en 
premier  lieu  tout  le  pays  que  les  anciens  entendoient  par 
la  Grèce  propre  ou  Hellas,  Se  en  ce  cas  il  fe  divife  en 
trois  parties  ,  fa  voir: 

La  Livadie  proprement  dite  , 

La  Stramulipa, 

Le  duché  d'Athènes. 

La  Livadie  proprement  dite,  n'eft  donc  qu'une 
partie  de  la  Livadie  ,  au  premier  fens  ,  Se  comprend 
ce  que  les  anciens  appelloient  la  Phocide,  la  Doride,  8c 
la  Locride.  C'eft  la  partie  méridionale  de  la  Livadie,  prife 
dans  le  fens  le  plus  étendu.  Elle  a  au  levant  le  duché 
d'Athènes  Se  la  Stramulipa  ,  &  eft  entre  ces  deux  pays, 
la  Macédoine ,  la  baffe  Albanie ,  &  le  golfe  de  Lépante. 
Baudrand  lui  donne  pour  capitale  la  ville  de  Lépante. 
*Baudrand,  édit.  1705. 


m 

1.  LIVADIE  ,  ville  de  Grèce ,  dans  la  Livadie ,  à  la 
quelle  elle  donne  fon  nom.  Les  anciens  l'ont  connue  fous 
le  nom  de  Lebadea ,  Se  il  y  fubfifte  encore  des  inferiptions, 
dans  lesquelles  on  lit:  iioaisaebaaeqn  Se  AEBAa.EiÈqy. 
Elleétoit  autrefois  célèbre  par  l'oracle  de  Trophonius , 
qui  étoit  dans  un  antre  de  rocher,  où  il  falloitdefcendre 
avec  affez  de  peine  :  on  faifoit  des  jeux  publics,  un  jour 
de  l'année,  à  l'honneur  de  ce  dieu ,  ou  héros  Trophonius , 
où  la  jeuneffe  de  la  Grèce  venoit  faire  paroître  fon  adreffe. 
Il  n'y  a  aucun  auteur  qui  en  parle ,  fi  ce  n'eft  peut-être  Ju- 
lius  Pollux  qui  ne  dit  autre  chofe ,  finon  que  les  jeux 
Trophoniens  prenoient  leur  nom  de  Trophonius  ,  fans 
marquer  en  quelle  ville  ils  fe  faifoient  ;  mais  on  l'apprend 
d'un  marbre  qui  eft  à  Mégare  ,  Se  qui  porte  qu'ils  fe  cé- 
lébraient à  Lebadia.  Livadia  eft  partagée  par  un  ruiiTeau 
qui  a  fa  fource  au  pied  d'un  rocher  ,  joignant  lequel  la 
ville  eftaflife,  8c  d'où  l'eau  fort  en  fi  grande  abondance , 
qu'elle  fait  d'abord  tourner  des  moulins  ,  8c  fait  beau- 
coup de  bruit  par  les  cafeades  qu'elle/  fait  fur  les  roches 
8c  fur  les  cailloux.  A  une  portée  de  rnoufquet  de  la  ville, 
ce  ruifleau  fe  jette  dans  un  autre ,  Si  fe  rend  enfin  dans 
le  lac  de  Livadie.  Livadie  négocie  en  étoffes  de  laine 
qu'elle  fabrique  ,  en  bleds  Se  en  riz  qu'elle  fournit  à  toute 
la  Grèce.  Elle  eft  peuplée  de  Turcs  8c  de  Grecs  ,  avec 
peu  de  Juifs.  Les  Turcs  y  ont  cinq  ou  fix  mosquées ,  8c 
les  Grecs  autant  d'églifes ,  dont  les  principales  font  Pa- 
nagia  ,  fainte  Anne ,  8c  faint  George.  Celle  de  Dimi- 
try  avoit  été  brûlée  un  peu  avaqt  que  Spon  allât  dans  ce 
pays.  *  Spon  ,  Voyage  ,  t.  2  ,  p.  50. 

Le  lac  de  Livadie  ,  lac  de  Grèce  ;  il  a  été  connu 
des  anciens ,  fous  le  nom  de  Copays.  Voyez  ce  mot. 
Spon  en  parle  ainfi.  Les  Grecs  l'appellent  Limnites 
Livadias  ,  8c  non  pas,  comme  difent  quelques-uns  de  nos 
géographes  ,  Stivo ,  qui  ferait  plutôt  le  lac  de  Thèbes.  Il 
reçoit  plufieurs  petites  rivières ,  le  Cephijfus  8c  les  autres 
qui  arrofent  cette  belle  plaine  qui  a  environ  quinze 
lieues  de  tour ,  8c  eft  abondante  en  bleds  8c  en  pâtura- 
ges. Auffi  étoit-ce  autrefois  un  des  quartiers  les  plus  peu- 
plés de  la  Béotie.  Mais  l'eau  de  cet  étang  s'enfle  quel- 
quefois fi  fort  par  les  pluies  8c  par  les  neiges  fondues , 
qu'elle  inonda  une  fois  deux  cents  villages  de  la  plaine. 
Elle  ferait  même  capable  de  fe  déborder  règlement  tou- 
tes les  années  ,  fi  la  la  nature ,  aidée  peut-être  par  l'art , 
ne  hn  avoit  procuré  une  fortie  par  cinq  grands  canaux  , 
fous  la  montagne  voifine  de  i'Euripe,  entre  Négrepont 
8c  Talanda  ,  par  où  l'eau  du  lac  s'engouffre,  Se  fe  va  jet- 
terdans  la  mer,  de  l'autre  côté  delà  montagne.  Les  Grecs 
appellent  ce  lieu  Catabathra.  Strabon  ,  parlant  de  cet 
étang,  dit  néanmoins  qu'il  n'y  paroiffoit  point  de  for- 
tie de  fon  tems ,  fi  ce  n'eft  que  le  Cephiflus  s'en  faifoit 
quelquefois  une  fous  terre.  Mais  il  ne  faut  que  lire  les 
changemens  qu'il  rapporte  de  ce  marais ,  pour  ne  pas 
s'étonner  de  celui-ci.  "Wheler ,  Voyage  ,  t.  2 ,  p.  54 ,  dit  : 
nous  trouvâmes  que  l'eau  n'a  qu'une  fortie,  qui  eft  un 
trou  percé  à  travers  un  grand  rocher  à  l'extrémité  orien- 
tale ,  lequel  eft  foutenu  d'une  haute  montagne.  Nous  ne 
vîmes  pas  couler  l'eau  à  travers  ce  paffage,  où  elle  avoit 
accoutumé  de  couler ,  parce  qu'il  étoit  bouché  de  boue 
Se  de  brouffailles  ;  mais  on  voit  bien  qu'elle  a  accou- 
tumé d'y  paffer  ,  lorsque  les  pluies  8c  les  neiges  fondues 
font  déborder  ce  lac.  Et  je  crois  que  fon  paffage  ordi- 
naire eft  plus  profondément  fous  le  gravier  ;  car  on  dit 
que  cette  eau  recommence  à  paroître  au-deffous  de  Del- 
phes ,  où  elle  fait  la  petite  rivière  de  Scilaliza:  fans  cela, 
toute  la  vallée  ferait  couverte  des  eaux  qui  tombent  des 
montagnes  jusqu'à  delphes  ;  8c  ce  fut  peut-être  une  des 
raifons  naturelles  du  Déluge  qui  arriva  du  tems  de  Deu- 
calion  ,  Se  qui  l'obligea  à  fe  fauver  fur  la  plus  haute  pointe 
du  Parnaffe. 

Ce  voyageur  nomme  Hercyna  le  ruiffeau  de  Liva- 
die. Il  ne  le  qualifie  pas  ruiffeau  :  il  dit,  au  contraire ,  que 
c'eft  une  groife  tiviere ,  dès  qu'elle  approche  de  tous  ces 
moulins  ;  ce  qui  empêche  de  croire  que  ce  ne  (bit  qu'un 
ruifleau  ou  une  fontaine,  mais  plutôt  que  c'eft  quelque 
rivière  du  mont  Hélicon ,  qui  fort  par  quelque  paffage 
fouterrein  ,  fous  cette  montagne. 

LIVÀDOSTA  ,  petite  place  de  la  Grèce  ,  dans  la 
Livadie ,  8c  fur  la  côte  du  golfe  de  Lépante  ,  prés  de 
l'ifthme  de  Corinthe ,  aux  confins  du  duché  d'Athènes. 
Elle  eft  préfentement  réduite  en  village.  *  Baudrand  , 
édit.  170?. 

Tome  III.     Rrrrr 


866 


LIV 


L1V 


LIVALLIA  SILVA  ,  forêt  d'Italie  ,  au  territoire  de 
Pife.  Il  en  eft  parlé  dans  la  Vie  de  S.  Guillaume ,  comte 
&  hermite.  *  Onel.  Thef. 

LIVANIA.  Gratius ,  dans  fon  poëme  de  la  chafle ,  dit: 


Prœgravat 


pernix 


Livania  cultro. 


Turnebe  croit  qu'il  faut  lire  Albania. 

LIVAROT  ,  bourg  de  France ,  en  Normandie ,  au 
diocèfe  de  Lifieux ,  fur  la  rivière  de  Vie ,  au  nord  de  Vi- 
monftiers ,  très-connu  par  les  fromages  qui  s'y  débitent , 
&  dont  on  fait  afîez  de  cas. 

LIUCHEU  ,  ville  de  la  Chine,  dans  la  province  de 
Suchuen  ,  où  elle  a  le  rang  de  cinquième  grande  cité. 
Elle  eft  de  1 1  d.  27'  plus  occidentale  que  Pékin  ,  fous 
les  29  d.  14'  de  latitude.  Son  département  a  quatre  villes: 


Liucheu  j 
Naki, 


Hokiang  , 
Kiangai). 


La  ville  de  Liucheu  eft  fituée  fur  la  rive  feptentrionale 
du  fleuve  Kiang,  dans  un  lieu  fort  agréable,  &  très-fré- 
quenté  des  marchands.  Cette  ville  eft  ornée  de  quantité 
de  beaux  édifices.  Il  y  en  a  un  ,  entr'autres  ,  dans  la  par- 
tie orientale  de  la  ville ,  ck  dans  l'endroit  où  deux  riviè- 
res, fe  joignant  enfemble  ,  forment  une  efpece  de  lac.  C'eft 
la  famille  Sunga ,  qui  l'a  fait  élever,  afin  de  profiter 
de  la  vue  du  lac,  qui  prélente  un  très- bel  afpeft.  Il  y  a 
dans  cet  édifice  une  infinité  d'appartemens.  *  Atlas  Si- 
ntnJU. 

LIVENZA,  (la)  Liquentia,  rivière  d'Italie,  dans 
l'état  de  la  république  de  Venife.  Elle  a  fa  fource  aux  con- 
fins du  Belluneze,  d'où,  coulant  au  midi,  elle  fépare  le 
Frioul  de  la  Marche  Trevifane  ;  &  étant  accrue  de  quel- 
ques autres  rivières  moins  confidérables ,  elle  fe  jette  dans 
le  golfe  de  Venife,  au-deflous  des  ruines  de  l'Ilbla,  &à 
vingt  milles  de  Venife,  au  levant  d'été.  *  Baudrand , 
édit.  1705. 

LIVERDUN,  (a)  bourgade  de  France,  au  diocèfe 
de  Toul ,  fur  la  rive  gauche  de  la  Mofelle  ,  entre  Toul 
&  Pont-à-Mouffon.  On  l'appelle  en  latin  Liberum-Du- 
num ,  ou  Liberdunum.  Elle  doit  fon  origine  à  Pierre  de 
Brixei,  évêque  de  Toul ,  qui  y  fit  bâtir  un  château ,  &  y 
fonda  une  collégiale  avec  un  chapitre,  vers  l'an  1 170.  Ce 
chapitre  a  été  uni  depuis  peu  au  féminaire  de  Toul  :  il  y 
a  cependant  une  partie  des  chanoines  qui  fe  font  oppofés 
à  cette  union.  La  principale  églife  du  bourg  eft  dédiée 
fous  l'invocation  de  S.  Pierre,  &£  cette  paroiffe  eft  à  la 
collation  du  chapitre.  (b)  On  y  vénère  S.  Euchaire  ,  frère 
de  S.  Aloph.  Sa  châfte  fut  brûlée  ,  &  fes  reliques  diffipées 
par  les  Reïtres,  en  1587  ;  mais  fon  culte  y  fublifte  toujours. 
*  (a)  Longuerue,  Descr.  de  la  France  ,  part.  1,  p.  213. 
(t)  Bailla ,  Topogr.  des  Saints ,  />.  618. 

LIVERSAY,  ou  S.  Jean  de  Liversay  ,  bourg  de 
France  ,  au  pays  d'Aunis ,  au  diocèfe  de  la  Rochelle. 

L1VET,  bourg  de  France,  dans  le  Maine.  Il  y  en  a 
deux ,  qui  font  l'un  &  l'autre  dans  l'éleâion  &  au  dio- 
cèfe du  Mans.  Pour  les  diftinguer,  on  appelle  l'un  Livet 

EN  CHARNIE,  &  l'autre  LlVET  EN  SûUNOIS. 

LIVIA.  Voyez  Llivia. 

LIVIADE  ,  ou  JULIADE,  ville  de  la  Paleftine  ,  de-là 
le  Jourdain.  Hérode  lui  donna  ce  nom  en  l'honneur  de 
Livie  ,  femme  d'Augufte  ;  &  les  Grecs  exprimant  cet  a 
par  i  ,  il  eft  arrivé  qu'on  a  dit  également  Libias  &C  Livias. 
Voyez  Beth-Haran  ;  c'eft  la  même  ville. 

LIV1ERE  ,  Livoria  ,  lieu  de  France  ,  en  Languedoc , 
auprès  de  Narbonne.  On  y  voit  trois  abîmes  d'eaux,  nom- 
més (Elials,  en  latin  Ocull  Livoritz.  Ils  font  d'une  pro- 
fondeur extraordinaire ,  &  les  bouillons  de  leurs  eaux  for- 
ment un  canal  qui  fe  joint  à  celui  de  la  Robine.  La 
terre  qui  environne  ces  goufres,  tremble  fous  les  pieds  de 
ceux  qui  ont  la  curiofité  &  la  hardiefle  de  les  aller  voir. 
Ces  abîmes  font  fort  poifï'onneux  ,  &  les  payfans  des  en- 
virons y  vont  fouvent  pêcher.  *  Piganiol  de  la  Force , 
Descr.  de  la  France,  /.  4,  p.  221. 

LIV1NIERE  ,  (la)  petite  ville  de  France,  dans  le 
bas  Languedoc,  au  diocèfe  de  S.  Pons.  Elle  eft  ville  dio- 
cèfaine. 

LIVIOPOLIS  ,  ville  d'Afie ,  fur  la  mer  Noire.  Pline  , 
1.6,  c.  4,  la  nomme  entre  Philocalée  &C  Phamacée,  ÔC 
dit  qu'elle  n'avoit  point  de  rivière. 


LIVO,villedela  Chine,  dans  la  province  de  Xen(i,au 
département  de  Sigan,  première  métropole  de  la  pro- 
vince. Elle  eft  plus  occidentale  que  Pékin,  de  8  d.  40', 
par  les  35  d.  28'  de  latitude.  *  Atlas  Sïnenjis. 

LIVONIE ,  (la)  province  de  l'empire  Ruflîen,  avec 
titre  de  duché  ,  fur  la  mer  Baltique  ,  qui  la  borne  au 
couchant,  &  fur  le  golfe  de  Finlande,  qui  la  borne  au 
nord.  Cette  province  eft  d'une  grande  étendue.  Sa  lon- 
gueur eft  d'environ  cent  milles  d'Allemagne  ,  en  la  pre- 
nant depuis  les  frontières  de  la  Prufle,  jusqu'à  Riga  ;  & 
fa  largeur  la  plus  grande  eft  d'environ  quarante  milles , 
fans  y  comprendre  les  ifles  ;  mais  en  les  y  comprenant, 
elle  peut  avoir  foixante-dix  lieues  marines  du  midi  au 
nord  ;  &  foixante  du  levant  au  couchant ,  entre  le  56 
&  le  59e  d.  de  latitude  ,  &  entre  le  39e  d.  30'  ,  &  le 
46e  d.  40'  de  longitude.  On  y  trouve  une  grande  quan- 
tité de  forêts  &  de  bons  pâturages  ;  elle  produit  en 
abondance  du  bled,  du  miel,  &  toutes  les  chofes  né- 
ceiTaires  à  la  vie.  *  Matt.  Strubyc^ ,  Livon.  Descr. 
cm. 

La  Livonie  comprenoit  anciennement  deux  provin- 
ces ,  l'Efthonie  &  le  Lethland  :  dans  la  fuite  des  tems, 
l'ordre  des  chevaliers  Porte-Epée,  s'étant  emparés  de  la 
Livonie ,  ils  y  joignirent  encore  la  Courlande  ,  d'où 
dépend  la  Sémigalle. 

Ce  ne  fut  que  vers  l'an  11 58  que  l'on  commença  à  pé- 
nétrerdans  ce  pays.  Des  marchands  de  Lubec  y  allèrent 
pour  commercer  ;  &  ,  par  occafion  ils  y  annoncèrent 
i'Evangile.  Le  premier  évêque  du  pays  fut  Ménard,  moine 
ou  chanoine  deSégeberg.  L'archevêque  de  Brème  le  fa- 
cra ,  &  il  établit  fon  fiége  à  Uxekel.  Son  fuccefleur  fut 
l'évêque  Berthold ,  qui  fonda  la  ville  de  Riga  ;  &  le 
fuccefleur  de  celui-ci ,  nommé  Albert  I,  la  fortifia.  Il  ap- 
pella  auprès  de  lui  les  chevaliers  Porte-Epée,  dont  l'or- 
dre fut  confirmé,  en  1204,  parle  pape  Innocent  III; 
&C  il  s'aflocia  avec  eux  ,  pour  fe  défendre  contre  les  ha- 
bitans  du  pays ,  qui  étoient  encore  barbares.  Le  premier 
grand  -  maître  des  chevaliers  Porte-Epée ,  fe  nommoit 
Vinnon.  *  Hartknoch ,  1.  1  ,  c.  8. 

Ces  chevaliers  ne  fe  trouvèrent  pas  aflez  forts  pour 
repoufier  les  infultes  des  Barbares.  Ils  entrèrent  dans 
l'ordre  Teutonique;  &  la  Livonie  par-là  fut  foumife  au 
grand-maître  de  cet  ordre ,  qui  étoit  alors  établi  dans 
la  Germanie  ,  &  qui  depuis  fixa  fa  réfidence  dans  la 
Prufle.  Au  contraire,  lesévêques  de  Prufle  furent  fournis 
à  l'archevêque  de  Riga ,  en  qualité  de  fuffragans  ;  ce  qui 
n'arriva  néanmoins  que  long-tems  après. 

La  Livonie  demeura,  pendant  plus  de  trois  cents  ans, 
fous  Iapuiflance  du  grand-maître  de  l'ordre  Teutonique. 
Elle  étoit  gouvernée  par  un  maître  particulier.  Mais , 
en  15 13,  Guillaume  de  Plettenberg  quarante-unième  maî- 
tre particulier  de  la  Livonie,  moyennant  une  fomme 
d'argent  qu'il  donna  à  Albert,  margrave  de  Brandebourg, 
grand -maître  de  l'ordre  Teutonique,  fecoua  le  joug  de 
l'ordre  ,  devint  fouverain  dans  la  Livonie ,  6c  fut  créé 
prince  de  l'empire. 

Depuis,  Sigismond- Augufte  joignit  la  Livonie  au 
royaume  de  Pologne  ;  mais  la  caufe  de  cette  union  eft 
rapportée  différemment  par  les  hiftoriens.  Suivant  Al- 
bert-Wynk  Kojalowicz  ,  Hift.  Lithuan.  1.  8,  p.  433, 
Guillaume  de  Furftemberg  ,  maître  des  chevaliers  Livo- 
niens ,  embrafla  la  religion  Luthérienne,  &  voulut  ôter 
les  églifes  aux  Catholiques.  Comme  il  trouva  de  gran- 
des oppofitions  de  la  part  de  Guillaume,  archevêque  de 
Riga,  il  convoqua  les  états  généraux  de  la  province  à 
Wenden  ;  il  l'accufa  d'avoir  tramé  une  confpirationavec 
Sigismond-Augufte,  roi  de  Pologne,  e£  avec  Albert, 
duc  de  Prufle  ;  il  prouva  même,  par  des  témoignages 
fuppofés ,  que  la  Courlande  avoit  été  promife  à  Albert, 
&  la  Livonie  à  Sigismond.  Furftemberg  ne  s'en  tint 
pas  là  ;  auffi-tôt  après  la  tenue  des  états ,  il  prit  les  ar- 
mes, s'empara  des  biens  de  l'archevêché ,  &  fit  renfer- 
mer l'archevêque,  qu'il  avoit  fait  prifonnier,  dans  la  for- 
tereffe  de  Kokenhus.  Enfin  Sigismond  porta  fes  armes 
en  Livonie,  &  fe  rendit  maître  de  cette  province,  en  1 5  57. 

Au  rapport  de  Kojalowicz  &:  de  divers  écrivains  qui 
l'ont  fuivi,  ce  rut-là  l'origine  de  la  guerre,  &  la  caufe 
de  l'union  de  la  Livonie  avec  la  Pologne.  Mais  quoi- 
qu'il foit  vrai  de  dire  que  le  changement  de  religion 
occafionna  en  partie  les  brouilleries  qui  furvinrent  en- 
tre l'archevêque  de  Riga  6t  le  maître  de  l'ordre  Teuto- 


LIV 


LIV 


nique  en  Livonie  ,  il  eft  certain  que  ce  ne  fut  pas  là  la 
feule  caufe  de  la  guerre.  11  faut  remonter  plus  haut  pour 
en  trouver  la  vraie  fource. 

Pans  l'année  1546,  les  états  de  Livonie  régelrent 
que  ni  l'archevêque  ,  ni  le  maîtae  de  l'ordre  Teutoni- 
que ,  ni  les  évêques  ,  ne  pourraient  avoir  un  étranger 
pour  coadjuteur;  néanmoins  au  préjudice  de  ce  règlement, 
&  des  promefles  qu'il  avoit  faites  ,  l'archevêque  de  Ri- 
ga ,  fans  consulter  même  fon  chapitre  ,  choifit  le  duc 
Chiftophe  de  Mecklenbourg  pour  fon  coadjuteur.  Henri 
de  Galen ,  maître  de  l'ordre  en  Livonie  ,  &  les  évêques 
de  la  province,  voulurent  s'oppofer  à  cette  violation  du 
règlement.  Alors  l'archevêque  eut  recours  à  l'autorité  de 
Sigismond-Augufte ,  roi  de  Pologne  ,  qui  étoit  protec- 
teur de  l'archevêché  de  Riga;  &,  pendant  ce  rems-là,  les 
états  de  la  province  délivrèrent  les  fujets  du  ferment  de 
fidélité  qu'ils  avoient  fait  à  l'archevêque. 

Dans  ces  entrefaites ,  Guillaume  de  Furflemberg  fut 
préféré  à  Caspar  de  Munfter  >  maréchal  de  l'ordre,  & 
fut  élu  coadjuteur  du  maître  de  l'ordre  en  Livonie.  Of- 
fenfé  de  cette  préférence  ,  Caspar  alla  chercher  de  la 
proteftion  auprès  du  roi  de  Pologne  ,  &  l'archevêque 
même  prit  vivement  fon  parti.  La  guerre  commença 
dans  ce  tems-là  contre  l'archevêque.  Le  maître  de  l'or- 
dre, comme  il  a  été  dit,  fit  l'archevêque  prifonnier, 
ce  qui  engagea  le  roi  de  Pologne  à  porter  fes  armes  en 
Livonie. 

Henri  de  Galen  étant  mort,  en  1Î57,  Guillaume  de 
Furflemberg  ,  fon  fucceffeur ,  fongea  à  mettre  fin  à  la 
guerre,  &  l'empereur  offrit  fa  médiation  pour  terminer 
les  troubles  de  la  Livonie,  par  un  accommodement.  Le 
roi  de  Pologne  n'étoit  pas  éloigné  non  plus  de  traiter  à 
l'amiable  ;  mais  il  demandoit  que  premièrement  l'arche- 
vêque de  Riga  fût  rétabli  dans  fon  fiége  &  tous  fes  biens, 
ck  qu'enfuite  le  maître  de  l'ordre  &.  les  états  de  la  pro- 
vince lui  fiffent  une  fatisfaftion  convenable.  Enfin  ce- 
pendant les  plénipotentaires  de  l'empereur  négocièrent 
un  accommodement  entre  les  parties.  *  Mat.Strubyc^ 
Liv.  Descr.  c.  2.. 

Peu  de  tems  après  que  la  tranquillité  eut  été  rétablie 
dans  la  Livonie,  Yvan  ,  grand  duc  de  Moscovie,  en- 
tra dans  cette  province,  à  la  tête  d'une  armée  nombreufe  ; 
s'empara  de  plufieurs  places  ;  ravagea  le  pays ,  pendant 
quelques  années,  rk  fit  prifonnier  le  maître  de  l'ordre. 

Guillaume  Kettler,  élu  maître  de  l'ordre  à  fa  place, 
fe  voyant  hors  d'état  de  réfifter  au  Moscovite  ,  de  con- 
cert avec  les  états  de  la  province  ,  demanda  du  fecours 
au  roi  de  Pologne  ;  mais  ils  étoient  déformais  réduits  à 
une  trop  grande  extrémité ,  pour  pouvoir  espérer  d'être 
fecourus  gratuitement.  Sigismond  ne  confentit  à  prendre 
les  armes  en  leur  faveur,  qu'à  condition  que  la  Livonie 
feroit  unie  à  la  Pologne  &  au  grand  duché  de  Lithua- 
nie.  La  crainte  de  devenir  les  esclaves  des  Mo;covites , 
les  obligea  de  fe  foumettre  à  cette  loi  ,  quelque  dure 
qu'elle  fût.  Le  traité,  qu'ils  lignèrent,  portoit  que  la  Li- 
vonie feroit,  à  perpétuité,  foumiie  au  roi  de  Pologne, 
&  que  le  roi  de  Pologne  la  défendroit  de  toutes  fes  for- 
ces ,  contre  les  entreprifes  des  Moscovites ,  &  contre 
tout  autre  ennemi. 

Kettler  eut  de  quoi  fe  confoler  de  la  ceffion  qu'il  avoit 
faite.  Sigismond  lui  donna  Pinveftiture  de  la  Courlande 
&  de  Sémigalle,  &£  le  créa  duc  de  Courlande  ;  après 
quoi,  il  enleva  aux  Moscovites  la  plus  grande  partie  des 
places  dont  ils  s'étoient  rendus  maîtres  dans  la  Livonie. 
Les  troubles  continuels ,  dont  la  Livonie  étoit  agitée , 
obligèrent  la  ville  de  Rével  à  fe  mettre  fous  la  protec- 
tion d'Eric,  roi  de  Suéde.  Il  y  eut  alors  deux  partis  dans 
la  province.  Le  roi  de  Suéde  crut  y  avoir  autant  de  droit 
que  le  roi  de  Pologne.  Il  prit  fur  les  Polonois  Habfal , 
Léhal,  Pernau  &:  divers  autres  lieux.  *  Hartknoch  ,  1.  1, 
c.  8. 

Un  incident  augmenta  la  puiiïance  du  roi  de  Suéde 
dans  la  Livonie.  Jean,  duc  de  Finlande,  ayant  époufé 
lafœur  du  roi  Sjgismond,  prêta  à  ce  prince  quatre-vingt 
mille  thalers  ,  quelques-uns  difent  cent  vingt- quatre 
mille  ;  &,  pour  fureté  de  cette  fomme,  on  donna  au  duc 
les  fortereffes  de  Wittenitein ,  de  Karchis ,  de  Frichat, 
de  Helmult,  d'Ermis,  de  Ruja  &  de  Ëortvic.  Le  roi 
Eric  ne  prit  pas  ce  mariage  en  bonne  part.  Il  aceufa  le 
duc  Jean  d'avoir  fait  avec  le  roi  de  Pologne,  une  alliance 
préjudiciable  aux  intérêts  de  la  couronne  de  Suéde,  Se 


<~ 


l'obligea  de  lui  remettre  les  châteaux  que  le  roi  de  Po- 
logne lui  avoit  hypothéqués. 

;  Après  la  mort  d'Eric  &  de  Sigismond ,  le  grand-duc 
de  Moscovie  créa  roi  de  Livonie,  Magnus,  duc  de  Hols- 
tein  ,  &  ne  négligea  rien  pour  le  mettre  en  pofieffion  de 
cette  nouvelle  monarchie,  quoiqu'il  ne  penfât  nullement 
à  la  lui  laifTer,  lorsque  la  tranquillité  feroit  rétablie; 
mais  Jean  III ,  roi  de  Suéde ,  &  Etienne  Bathori  fe  li- 
guèrent pour  chafîer  le  Moscovites  de  la  Livonie.  Les 
armes  des  deux  rois  eurent  d'alïez  heureux  fuccès.  La  for- 
tune favorifa  pourtant  davantage  les  Suédois ,  qui  pri- 
rent dans  la  Livonie  Loda,  Léhal,  Habfal  &  Narva  ; 
outre  cela,  la  province  de  Viech ,  Vitteuftain  ,  Carelo- 
grad ,  fk  diverfes  fortereffes. 

Le  roi  de  Pologne ,  craignant  que  les  Suédois  à  la  fin 
ne  fe^ rendiflent  maîtres  de  toute  la  Livonie,  fit  fa  paix 
féparément  avec  les  Moscovites.  Le  traité  portoit,  en- 
tr'autre$,_  que  le  grand-duc  de  Moscovie  céderoit  toute 
la  Livonie  aux  Polonois  ;  mais  les  Suédois  eurent  foin 
de  conferver  leurs  conquêtes  dans  cette  province. 

Lorsque  Sigismond  III ,  fils  de  Jean  III,  roi  de  Suéde, 
fut  élu  roi  de  Pologne ,  après  la  mort  d'Etienne  Eathori , 
les  Polonois  lui  firent  promettre  que  fon  père  Sigismond 
rendoit  la  partie  de  la  Livonie  dront  les  Suédois  s'é- 
toient emparés,  &  qu'elle  feroit  réunie  au  royaume  de 
Pologne  ;  mais  rien  ne  put  obliger  Sigismond  à  acquitter 
la  promeffe  de  fon  fils. 

Charles  IX ,  qui  fuccéda  au  thrône  de  Suéde,  après 
la  mort  de  Sigismond ,  eut  une  guerre  continuelle  avec 
la  Pologne,  pour  la  fouveraineté  de  la  Sivonie.  Guftave- 
Adolphe  continua  la  même  guerre ,  cV  avoit  fournis  pres- 
que toute  la  province,  lorsqu'en  1629,  il  confentit  à  une 
trêve  de  fix  ans.  Quand  cette  trêve  fut  expirée  ,  il  en 
fit  une  autre  pour  vingt-fîx  ans.  Charles- Guitave  rompit 
cette  trêve,  en  16^4;  &  enfin,  après  la  mort  de  ce  prince, 
la  Suéde  Se  la  Pologne  conclurent  la  paix  d'Oliva.  Par  ce 
traité,  les  Polonois  cédèrent ,  en  Livonie,  aux  Suédois , 
toutes  les  provinces  qui  font  au-delà  de  la  Dwina  ,  (k 
celles  que  les  Suédois  avoient  poffedées  au-deçà  de  la 
Dwina  ,  dans  le  tems  des  trêves  ;  ils  renonçaient  en- 
core à  toutes  leurs  prétentions  fur  1  Efthonie  &  fur  l'ifie 
d'Oëfel.  Le  roi  de  Pologne  reetnoit  la  Livonie  méri- 
dionale, où  font  Dunebourg,  Rofîten,  Luzen,  Markn- 
hufen,  &c. 

Frédéric-Augufte  ,  roi  de  Pologne ,  s'étoit  engagé,  à 
fon  couronnement,  de  faire  rentrer  fous  l'obéiffance  de 
la  république,  toutes  les  provinces  qui  avoient  appartenu 
à  la  Pologne,  &  qui  en  avoient  été  démembrées.  On  lui 
perfuada  que  la  Livonie  étoit  de  ce  nombre.  Il  entreprit 
de  s'en  rendre  maître ,  &  fon  entreprife  lu  coûta  fa  cou- 
ronne. Une  pareille  tentative  de  la  part  du  Czar ,  Pierre 
le  Grand,  fut  à  la  veille  de  renverfer  l'empire  de  Rufiie 
de  fond  en  comble.  La  fortune  favorifa  à  la  fin  les  armes 
de  ce  prince.  Le  gain  de  la  bataille  de  Pultova  lui  faci- 
lita la  conquête  de  cette  province,  &£  le  traité  de  Nies- 
tadt  lui  afïura  la  poffeffion.  Dans  ce  traité  les  Suédois 
lui  cèdent,  entr'autres,  la  Livonie  ,  l'Efthonie  &  l'ifie 
d'Oëfel ,  à  condition  que  ces  trois  provinces  confërve- 
ront  tous  les  privilèges  dont  elles  avoient  joui  fous  les 
précédens  gouvememens. 

Matthias  Strubitz  nous  a  donné  une  divifion  delà  Li- 
vonie, du  tems  qu'elle  fut  foumife  tout-à-la  fois  au  Czar, 
au  roi  de  Pologne,  au  duc  de  Holftein  ,  tems  auquel 
l'archevêque  de  Riga,  l'évêque  de  Derpt,  &  l'ordre  Teu- 
tonique, n'avoient  plus  l'autorité  fouveraine  dans  la  pro- 
vince qui  avoit  alors  le  titre  de  duché. 

La  Livonie  comprenoit  : 

La  Courlande ,  L'archevêché  de  Riga , 

La  Sémigalle ,  L'évêché  de  Derpt , 

L'ifie  d'Oëfel ,  Les  terres  du  maître  de  l'ordre 

Teutonique. 

Les  terres  du  maître  de  l'ordre  Teutonique  ren- 
fermoient  : 

Le  Wirthlanth ,  Le  pays  de  "Wicklte  , 

La  Gervie ,  vulgai-    L'Efthonie , 

rement  Jerven , 
La  Harri ,  ou  Har-    Le  pays  de  Lyven  , 
rieu, 

Le  Lethlanth. 

Ton::  III.     Rr  rrr  ij 


868 


LlV 


LlV 


Le  duché  de  Livonie  étoit  borné  à  l'orient  par  le  lac 
Peipus ,  aux  frontières  de  la  Ruflie-Blanche ,  au  raidi  par 
le  ducé  de  Lithuanie,  au  couchant  par  la  PruiTe,  &.  au 
nord  par  la  mer  de  Suéde  ,  vulgairement  Schweedifche 
Scheeren.  _ 

Le  roi  de  Pologne  étoit  feigneur  direct  de  la  Cour- 
lande  &  de  Sémigalle;  &  Gothard  Kethler,  auparavant 
maître  de  l'ordre  Teutonique ,  étoit  duc  de  Courlande  &£ 
de  Sémigalle ,  à  titré  de  fiudataïre  de  la  Pologne.  Ces 
deux  provinces  s'appelloient  la  province  d'en-deçà  de 
la  Dwine ,  parce  qu'elle  étoit  entre  la  Dwine  &C  les  fron- 
tières du  grand-duché  de  Lithuanie  &c  de  la  Samogitie. 

L'ifle  d'Oëiél  étoit  pofTédée  par  le  duc  de  Holftein, 
frère  du  roi  de  Danemarck. 

La  province  d'au-delà  de  la  Dwine  ,  qui  comprenoit 
les  terres  de  l'archevêché  de  Riga,  &  colles  du  maître 
de  l'ordre  Teutonique,  étoit  fous  la  dépendance  du  roi 
de  Pologne  ,  qui  en  étoit  feigneur-direft  ôt  héréditaire  i 
ainfi  que  du  diocèfe  de  Derpt. 

Villes  ck  fortereffes  de  la  Livonie. 

(Neuburg ,  fortereffe  aux  confins  dii 

grand  duché  de  Lithuanie. 
FrawenburgkjonereiïeimhTlTyme. 
Schmnden ,  fortereffe  fur  l'Albe. 
Hafenpoth  ,  fortereffe  fur  le  Has. 
Turben,  fortereffe  fur  la  Liffe- 
Greben,  fortereffe  fur  la  Liffe. 
Alswangen,  fortereffe,  aux  environs 

du  lac  Ssacke. 
Windau,  fortereffe  &  ville  furl'Al- 
Dela  Courlande.  <      be,  avec  un  territoire. 

Goldingen ,  fortereffe  Ô£  ville,  avec 

territoire. 
Sabel ,  fortereffe ,  aux  environs  de 

l'Albe. 
Candau  ,  fortereffe ,   aux  environs 

de  l'Albe. 
Ducklum  ,  fortereffe  ,  aux  environs 

de  l'Albe. 
Kawerden,  fortereffe ,  aux  eflvirons 
t    de  l'Albe. 

Vihtn  ,  fortereffe ,  aux  environs  de 
l'Albe. 

Edwalen,  fortereffe,  furie  lac  Edon, 

Hafenpot ,  fortereffe  toute  environ- 
née d'eaux. 

Angermune,  fortereffe. 

Irven ,   château. 

Dondangen,  fortereffe. 

Neuhaus,  fortereffe,  aux  frontières 
de  la  Lithuanie. 

Ambothen,  fortereffe,  aux  frontières 
de  la  Lithuanie. 

Daljfe ,  fortereffe. 
\Saoke ,  fortereffe. 

(Duppelin ,  fortereffe  &  ville  fur  la 
I     Bresze. 

I  Mitcau  ,   bonne  fortereffe  &  ville 
De  la  province  de  1     aux  environs  de  l'Aë. 
Sémigalle.  i  Bauffke ,  fortereffe  &_  petite  ville , 

aux  environs  du  Mémel. 
ISelburg,   fortereffe,  aux  environs 
l    de  la  Dwine. 

sArensburg,  fortereffe  &£  ville  du  pays 
l     de  "Wycke  ;  c'étoit  anciennement 
De  l'ifle  d'OëfeU     un  évêché. 

jSonneburg,  fortereffe  &  ville  très- 
*■     riche. 

fLe  château  archiépiscopal ,  dans  la 
ville  de  Riga. 
De   l'archevêché]  l/xhul,  fortereffe  ruinée ,  aux  envi- 
de  Riga.  i     rons  de  la  Dwine. 

I  Lenewarth ,  fortereffe  fur  la  Dwine, 
SJiokenhaufen ,  bonne  fortereffe  & 


Du    diocèfe  de 
Courlande. 


(  ville  en  partie  fur  la  Dwine,  &  en 
partie  fur  la  Bresze. 

Creutçburg,  fortereffe  en  partie  fur  la 
Dwine,  &  en  partie  fur  l'Ermès. 

Landon,  forterefle,  aux  environs  de 
l'Ermès. 

Lawon ,  château  fur  le  lac  Lavon , 

Seffwegen,  fortereffe. 

Schwanneburg,  fortereffe,  aux  envi- 
rons du  lac  de  Schwor. 

Marienhaujïn ,  fortereffe,  au  milieu 
De  l'archevêché  |     d'un  lac 


de  Riga. 


Du  chapitre  de  Riga 


j  S-erwen ,  fortereffe. 
Runeburg,  fortereffe,  aux  environs 

de  l'Aë: 
Schmilten  ,  fortereffe. 
Lemfel,  fortereffe  &c  petite  ville. 
Treiden  ,   fortereffe ,    aux  environs 

de  l'Aë. 
Bewalg,  fortereffe,  aux  environs  de 

la  Bresze. 
Wanfel,  château. 
Salis ,  château  fur  la  côte  de  la  mer 

Baltique. 

(Dalen  ,  fortereffe  ,  au  milieu  de  la 

I     Dwine. 
Cremon,  fortereffe ,  aux  environs  de 


Soc{d,  fortereffe  ,  aux  environs  de 


De  la  nôbleffe  du 
diocèfe  de  Riga.   ■ 


Dumaîtredel'or 
dre  Teutonique  ,  en 
Livonie,  au-delà  de 
la  Dwine  ,  dans  le 
Lethland. 


I      la  Bresze. 
\Nevchof,  château. 

May  au,  fortereffe. 
Ropp ,  fortereffe. 
Rofcnbech  ,  fortereffe. 
Perckel ,  fortereffe. 
Hochrofen ,  fortereffe. 
Berfon  ,  fortereffe. 
Erle ,  fortereffe. 
\Kalecienaiv  ,  fortereffe. 

Riga;  la  fortereffe  &  la  ville  de  Riga, 
à  l'embouchure  de  la  Dwine. 

Dunemunda,  bonne  fortereffe,  à 
l'embouchure  de  là  Dwine. 

Kircholm  ,  fortereffe  fur  la  Dwine. 

Ajjcherad ,  fortereffe  fur  la  Dwine. 

Duneburg,  fortereffe  &  territoire., 
aux  environs  de  la  Dwine ,  vers 
les  frontières  de  la  Lithuanie. 

Rojîten,  forterefle  &  ville  avec  terri- 
toire ,  &  environnée  d'eau. 

Lucien,  fortereffe  &  ville, avec  ter- 
ritoire fur  le  Luno. 

Marienburg ,  fortereffe  bâtie  au  mi- 
lieu d'un  lac ,  avec  territoire  con- 
fidérable. 

Trikaten  ,  fortereffe  &  territoire , 
aux  environs  de  l'Aë. 

Nevemul,  fortereffe,  aux  environs  de 

J  la  Bersze. 

Rodenpeis,  fortereffe  fur  la  Bersze. 

Jurgeburg ,  fortereffe. 

Nittau,  fortereffe. 

Lemburg,  fortereffe. 

Schvien,  fortereffe. 

Segewalth,  fortereffe,  aux  environs 
de  l'Aë. 

Wolmer,  fortereffe  &  ville,  aux  envi- 
rons de  l'Aë. 

Wenden ,  fortereffe  &  ville  i  aux  en- 
virons de  l'Aë. 

Loda ,  fortereffe ,  aux  environs  du 
Loë. 

Burnick ,  fortereffe  fur  le  lac  Bur. 

Sfirflet ,  fortereffe. 

Ad  fiel  fortereffe,  aux  environs  de 
l'Aë. 

Ermes ,  fortereffe ,  aux  environs  du 
Ferffer, 


Livr 


Du  difttia  d'E- 
thonie. 


YWahk,  forterefle. 
I  Wolfàrth ,  fortereffeo 

(Arries ,  forterefle. 
Sara,  forterefle. 
\Gutmansbeck ,  château. 

Tellin,  forterefle  & -ville,  avec  terri- 
toire, aux  environs  de  la  Welle. 

Pernau,  forterefle  &  ville,  avec  ter- 
ritoire ,  fur  la  côte  de  la  mer. 

Oberpoln,  forterefle,  aux  environs 
de  l'Ober. 

Lais ,  forterefle. 
)  Terwcftli ,  forrerene ,  aux  environs 
I      du  lac  de  Ferflér. 

Talkofin,  forterefle. 

Karkus,  forterefle,   aux  environs 
de  l'Aë. 

Helmeth ,  forterefle. 

Ruycn,  forterefle. 

fildepernau,  forterefle. 

(Happfel,  forterefle  fur  la  mer  Balti- 


Du    diftrict    de   \Leul,  forterefle. 
vWickke.  i  Ke.uncke.nkau ,  forterefle  aux  envi- 

rons de  l'Oregk. 
I  Margenfa ,  forterefle. 
(Maësçel,  forterefle. 


De  la  nobleffe 
dans  le  diftrift  de 
Wickke. 


Fxkkel,  forterefle. 
Audder ,  forterefle. 


Jervean.Sledétr0itd1^#"/"'^  bo"ne  fortereffe' 


(Rével,  forterefle  &  ville  avec  terri- 
toire ,  fur  la  côte  de  la  mer  de 
Suéde. 
Saint-Brigita  ,  monaftere  de  filles. 
Padis,  monaftere  d'hommes. 
~i  Feyfiver,  forterefle  aux  environs  du 


DudiftriddeHar- 
rieù* 


De  l'évêché  de 
Derpt ,   dans  le  dis-< 


Lell,  forterefle  aux  environs  de  la 

Loë. 
Kolke ,  forterefle  fur  la  côte  de  la 
{     mer  Baltique. 

Derpt,  forterefle  &  ville,  avec  ter- 

toire ,  fur  le  Ferflér. 
Falkenau ,  monaftere  aux  environs 

du  Ferflér. 
Werpeck,  forterefle  aux  environs  du 

Ferflér. 


trift  de  l'Efthonie , 


Kiriempe  ,    forterefle  aux  environs 

du  Ferflér. 
Olentorn ,  forterefle  fur  le  lac  Peis- 

bas. 
Odenpd,  forterefle. 
Ringen,  forterefle. 

T-i    t         1,1  ir    (0lfen-'>  forterefle. 
I  De,  *.  "?}**£  ACaaneGchc,  forterefle. 
dans  lediftnftdEs-U^^  fortereflre. 

thonie,  KCunclal,  forterefle. 

[Narva,  forterefle,  ville  &  territoire, 
fur  la  mer  Baltique,  aux  frontières 
de  la  Ruffie  Blanche ,   &  fur  la 
Breze. 
Talspurg,  forterefle,  aux  environs 
Du  diftria  deWir- ,     de  la  mer  de  Suéde. 
lanth,  ^  Jfefedburg  ,  forterefle. 

Borcholm ,  forterefle  aux  environs 

d'un  grand  lac. 
NeufchlojJ',  forterefle ,  fur  le  lac  de 
Peisbas ,  aux  frontières  de  la  Rus- 
fie  ou  de  la  Moscovie. 


.;:,   LIV  869 

.      De  la   noBîeffef  .    ,     , 

dans   le  diftrift   de)f.c/l'  forteref  • 

Wirlanth.  \Elcl->  forterefle. 

La  Livonie  eft  un  pays  fertile  &  abondant  ;  néanmoins 
les  payfans  y  vivent  aflez  miferablement.  Ils  parlent  dif- 
férentes langues.  On  en  compte  jusqu'à  trois,  qui  ont 
pourtant  une  espèce  de  rapport  enfemble,  &  qui  paroiflênt 
tenir  du  langage  dess  Lithuanien,  il  y  a  pareillement  peu  de 
différence^pourlesmœurs,entrelesLivoniens&  les  Lithua- 
niens. A  l'égard  des  nobles  &des  bourgeois,  ils  tirent  pour 
la  plupart  leur  origine  de  l'Allemagne,  &  ils  en  ont  retenu 
les  mœurs  &  la  langue.  *  Guagnin.  Descr.  Polon. 

On  cueille  beaucoup  de  froment  dans  la  Livonie  ;  ce 
qui  attire  une  grande  quantité  de  vaifleaux  de  Lubec  , 
d'Amfterdam ,  de  Danemarck  &  de  Suéde.  Ils  y  viennent 
charger  des  bleds  qu'ils  transportent  dans  leur  pays, 
dont  cette  province  eft  comme  le  grenier.  Tout  le  bled, 
que  l'on  charge  dans  les  ports ,  n'eft  pourtant  pas  du  cùr 
de  la  province:  on  y  en  apporte  de  Ruffie  &  de  Lithua- 
nie  par  la  Dwine,  &  par  la  rivière  de  Narva. 

Le  pays  abonde  encore  en  bétail.  Les  lacs  &  les  riviè- 
res fourniflent  beaucoup  de  poiflbns  :  les  campagnes  font 
pleines  de  gibier,  &  les  forêts  nourriflent  quantité  de  bê- 
tes fauves.  On  y  trouve  des  urus ,  des  bifons,  des  élans, 
des  martes,  des  ours,  &c.  Les  lièvres  n'ont  pas  la  même 
couleur  toute  l'année  ;  l'hiver,  ils  font  blancs;  &  l'été, 
ils  font  gris ,  eu  plutôt  couleur  de  cendre. 

1.  LIVOURNE,  autrefois  Herculis-Labronis-Por- 
tus,  ville  d'Italie,  dans  l'état  du  grand  duc  de  Tos- 
cane ,  dans  le  Pifan ,  avec  un  port ,  Pun  des  plus  fameux; 
de  la  Méditerranée  ,  à  caufe  de  fon  commerce  &  du 
grand  abord  des  étrangers.  Elle  appartenoit  ci-devant 
aux  Génois.  Côfne  I ,  grand-duc  de  Toscane ,  l'eut  d'eux 
en  échange  pour  Sarzane  qu'il  leur  céda.  Chacun  trou- 
yoit  fon  compte  dans  cet  échange,  quand  il  fut  fait.  Au- 
jourd'hui les  Génois  s'en  repentent  ;  mais  il  n'eft  plus 
tems.  Elle  n'étoit  autrefois  guères  qu'un  mauvais  village, 
au  milieu  d'un  marais  infect  &  puant.  Ce  n'étoit  pas 
aufîi  en  vue  feulement  d'avoir  cette  ville  que  Côme  I 
céda  aux  Génois  une  ville  épiscopale  aflez  considérable 
d'elle-même,  &  qui  lui  donnoit  une  entrée  dans  leur 
pays  ;  mais  il  connoiflbit  la  bonté  du  port  de  Livourne  , 
&  ce  qu'on  en  pourrait  faire  dans  la  fuite,  pour  intro- 
duire dans  fon  pays  la  meilleure  partie  du  commerce  de 
l'Italie.  Il  commença  auflï-tôt  ce  que  fes  fucceflèurs  ont 
achevé  depuis,  je  veux  dire  l'enceinte  d'une  ville  con- 
fldérable ,  &  un  mole  double  avec  un  retour,  con- 
tenant plus  'd'un  mille  &  demi  de  longueur ,  qui  ren- 
ferme deux  ports.  L'extérieur  eft  très-grand,  &  fait 
presqu'un  carré.  L'intérieur  appelle  la  Darce  ,  qui  eft 
fermé  avec  une  chaîne  attachée  d'un  côté  à  un  fort  trian- 
gulaire ,  dont  deux  baftions  regardent  la  mer ,  le  grand 
port,  la  rade,  &  le  troifiéme  regarde  la  ville.  L'autre  bout 
de  la  chaîne  eft  attaché  à  l'extrémité  du  mole  intérieur, 
près  d'un  corps-de-garde ,  fortifié  de  bonnes  barrières 
doubles ,  auprès  duquel  eft  le  bureau  de  la  fanté,  &  celui 
de  la  douane.  C'eft  dans  cette  darce  que  font  les  galè- 
res de  l'état.  Pour  l'ordinaire,  le  grand  duc  en  entretient 
quatre,  &  quelquefois  cinq.  Ce  font  le  chevalierss  de 
S.  Etienne,  qui  les  montent ,  qui  y  font  leurs  caravanes  , 
&  qui  ont  fait  avec  elles  de  belles  actions ,  qu'on  voit 
Peintes  à  pilé  dans  leur  maifon  conventuelle  &  dans  leur 
égliië  ,  avec  les  étendards  qu'ils  ont  gagnés  fur  les  infi- 
dèles. Il  eft  vrai  qu'il  y  a  un  nombre  d'années  qu'ils  lais- 
ferent  prendre  leur  réale  dans  un  combat,  où  ils  rem- 
portèrent beaucoup  de  gloite,  &  un  avantage  confidé- 
rable,  mais  qui  fut  bien  contre-balancé  par  cette  perte. 
La  gaieté  qui  a  remplacé  cette  réale,  porte  encore  aujour- 
d'hui le  petit  deuil.  On  dit  que,  pendant  plufieurs  années, 
fa  pouppe  étoit  toute  peinte  en  noir:  à  préfent  il  n'y  a' 
plus  qu'un  gros  trait  noir  qui  l'environne,  &  qu'elle  por- 
tera jusqu'à  ce  que  les  chevaliers  ayent  le  honneur  de 
prendre  une  autre  réale  fur  les  infidèles.  Cette  darce  eft 
plus  longue  que  large  ;  &  comme  il  ferait  incommode 
d'en  faire  le  tour ,  pour  aller  gagner  la  porte  de  la  ville, 
on  l'a  coupée  par  une  double  digue  ,  dont  l'entrée  n'a 
de  largeur  que  ce  qu'il  en  faut  pour  laitier  palier  une  ga- 
lère, les  rames  hautes;  &  il  y  a  fur  ce  paffage  un  pon- 
ton qu'un  esclave  fait  aller  d'un  bord  à  l'autre,  pour  la 


■87 


0 


LIV 


Liv 


idité  de  Ceux  qui  veulent  palier.   On  voit  à  côté     garde  un  très-grand  ordre  ,    Se  une   discipline  févere , 
non  une  fontaine  qui  ferait  d'un  grand  foulage-     pour  ceux  qui  y  font  renfermés.  .     • 

La  ville  elt  grande,  Se  bâtie  tres-regulierement.  Le 
carrée,  lon- 


commod 

du  ponte.  _..- 

ment  pour  la  marine  ,  h  1  eau  en  etoit  meilleur 

la  bonne  eau  manque  à  Livourne  ;   Se  les  gens  a.fes  en     milieu  eft  occupe  par  une  très-grande  pla 

font  venir  dePife    où  elle  eft  excellente.  Il  y  a  au  même     gue  ,  du  milieu  de  laquelle  on  voit  les  portes  de  Te 

endroit  une  ftatue' pédeftre  du  grand  duc  Ferdinand  I,     6c  de  la  Marine.^Le  bout  oriental  eft  occupé  par  la  façade 


plus  haute  que  le  naturel,  parfaitement  bien  faite;  elle     de  l'égliie  paroiffiale  &  principale  de  toute 
r.  .  .n  .    n   i    i_    i -,„.. — ni  ,\a  n,nir»  fiern-      elt  be    e_  bien  r  ei-nree  .   N  mcTiiernir  à  efr. 


la  ville 


repréfentent  quatre  esclaves  Turcs ,  qui  eurent  la  har- 
diefle  d'enlever  une  galère  pour  fe  fauver ,  mais  qui  tu- 
rent repris.  „  ,    ,. 

Je  viens  de  dire  que  le  port  extérieur,  ceft-a-dire  , 
celui  qui  eft  renfermé  entre  les  trois  branches  du  mole , 
étoit  très-grand;  mais  il  a  un  défaut  auquel  on  n a  pu 
jusqu'à  préfent  trouver  aucun  remède.  Son  milieu  eft 
plein  de  hauts-fonds,  qui  n'empêchent  pas,  a  la  vente,  le 
partage  des  barques,  mais  qui  feraient  périr  tes  vaifleaux 
qui  risqueraient  de  paner  deflus.  Le  mouillage  lur  pour 
les  vaifleaux  &  les  galères ,  qui  n  entrent  pas  dans  la 
Darce,  eft  derrière  labranche  extérieure  du  mole.  L  eau 
y  eft  profonde,  le  fond  net  ;  8c  il  y  a  lur  le  mo  e  de 
petites  colomnes,  Se  dans  le  mur  des  anneaux  de  fer 
pour  amarrer  les  bâtimens  (a).  Tout  le  mole  eft  pave  de 
grandes  pierres  unies  Si  bien  cimentées;  les  murs  {ont 
de  briques  avec  des  chaînes  de  pierres  d 
point  vu  de  muraille  &c  de  pavé  mieux  entretenus 
peut-on  fe  promener  fur  les  moles 
la  ville,  fans  craindre  de  fe  crotter. 


bien  décorée ,  Se  mériterait  d'être  une  cathé- 
extrémité  oppofée  eft  occupée  par  trois  maifons 


eft  fur  un  piedeftal  de  marbre  ,  cantonne  de  quatre  figu-     eft  belle, 

res  de  bronze  ,  une  fois  plus  grande  que  le  naturel    qui     drale.  L, 

■■  '■  ■•-  uniformes  ,  que  des  marchands  Anglois  ont  fait  bâtir.  Le 
palais,  ou  loge  du  grand  duc,  quand  il  vient  à  Livourne, 
occupe  une  grande  partie  du  long  côté  qui  regarde  la 
porte  de  la  Marine.  Ce  bâtiment  a  été  fait  par  un  feign 


Seda 


Ile.   Je 

âufli 

les  rues  de 


Turc,  qui  s'étoit  retiré  à  Livourne:  l'édifice  étoit  tout-à- 
fait  dans  le  goût  des  Orientaux ,  quand  il  en  fit  préfent 
au  grand  duc.  On  y  a  fait,  depuis  fa  mort,  quelques  chan- 
gemens  qui  l'ont  accommodé  à  nos  ufages.  L'autre  côté, 
&  tout  lerefte,  eft  rempli  de  maifons,  qui,  fans  être  en- 
tièrement uniformes,  ne  laiflent  pas  d'être  fort  belles, 
&  de  faire  un  beau  coup  d'oeil.  Toutes  les  rues  de  cette 
ville  ,  trois  ou  quatre  exceptées ,  font  tirées  au  cordeau, 
Se  d'une  largeur  raiionnable.  La  plupart  des  maifons,  Se 
fur-tout  celles  qui  font  depuis  la  place  jusqu'aux  envi- 
rons de  la  porte  de  Terre ,  font  toutes  belles ,  bâties  de 
briques  avec  des  chaînes ,  des  entablemens  Se  des  corni- 
ches de  pierres  de  taille  ,  Se  même  de  marbre  (b).  Les 
portes  font  décorées ,  les  dedans  très-bien  entendus  ;  & 
on  voit  reluire  par-tout  le  bon  goût  Se  la  magnificence. 
Les  rues  font  très-propres,  pavées  de  grandes  pierres  ou 
L'ënceïntede  la  ville  eft  compofée  de  battions  Se  de  de  briques  pofées  de  champ.  Tout  le  quartier,  depuis  la 
courtines  avec  de  faufles  braies ,  Se  des  chicannes  dans  place  jusqu'au  bout  occidental  de  la  ville ,  s'appelle  la 
Ip  milieu  du  fofle  qui  eft  fort  large  ,  Se  toujours  plein  pente  fenije  ,  à  caufe  que  toutes  les  rues  ont  un  canal  au 
d'eau  Les  chemins  couverts  font  fort  beaux  Se  bien  en-  milieu,  renferme  par  des  quais  magnifiques,  accompagnés, 
fretenus  Les  Dalifladar  font  foutenues  par  un  mur,  avec  d'espace  en  espace,  de  ponts  entièrement  ou  presqu'entiére- 
de< bammettes  de  briques.  Il  y  a  presque  par-tout  un  ment  de  marbre.  Ces  canaux  font  d'une  très-grande  coin- 
avant  fofle  à  l'extrémité  du  glacis.  Les  baftions,  qui  don-  modité.  Les  chaloupes  chargés  apportent  les  marchandifes 
nent  ou  côté  de  la  campagne  ,  ont  des  cavaliers  dans  leur  jusqu'aux  portes  des  magafins.  On  met  celles  qui  ne  crai- 
rentre  Se  font  fort  garnis  de  canons.  La  ville  n'a  que  gnent  pas  l'humidité  dans  les  caves ,  dont  les  entrées  font 
deux  portes  celle  de  La  Marine  qui  donne  fur  la  darce,  dans  les  murs  des  quais ,  à  une  hauteur  où  l'on  eft  fur 
Bt  celle  de  terre  qu'on  nomme  Royale.  Celle-ci  eft  ac-  que  les  plus  hautes  marées  ne  fauroient  arriver  (c).  Cette 
comparée  d'un  gros  pavillon  voûté ,  où  font  les  corps-     commodité  pour  le  transport  des  marchandifes  en  pro- 

de-garde,  avec  dDes  ailes  où  font  les  cazernes;   le  to"      ' - 

d'un  grand  goût ,  très-propre  ,  Se  bien  entretenu.  Oui 
le   fort  triangulaire  qui  eft  a  1  entrée  de  la  darc-:  do 


le   fort  tnangu -,- 

i'ai  déjà  parlé,  il  y  a,  à  la  droite  de  la  porte  de  terre,  une 
citadelle  compofée  de  deux  baftions  de  l'enceinte  de 
ille,  Se  de  trais  baftions  aflez  réguliers  ^ayee  une 
lune     Se  un  fofle  plein  d'eau  ,   du   côté 


duit  encore  une  autre ,  qui  eft  de  délivrer  la  ville  dus 
chevaux  Se  des  charrettes.  Il  ne  laifle  pas  d'y  avoir  des 
carrofles  &  des  chaifes  roulantes  très-propres;  mais  à 
moins  que  d'être  incommodé ,  c'eft  un  plaifir  d'aller  à 
pied ,  dans  des  rues  fi  nettes.   Le  cours  intérieur  de  Li- 
.;  ■..,     >..   ,ie   ,,,,,.  D.mmir,  auc*.  icguut.o,  «v^  u.,>.     vourne  eft  le  mole:  les  dames  y  vont  en  carroflè  ou  en 
demi -lune      Se  un  fofle  plein  d'eau  ,    du   côté    delà     chaife  ,  en  font  le  tour  aifément,  Se  ont  le  plaifir  de  voir 
...  '  les  bâtimens  qui  font  dans  le  port.   Se  cexx  qui  font  en 

V'  Il  v  a  encore  au  côté  oriental  du  port  une  autre  espèce  rade.  Le  cours ,  que  j'appellerai  extérieur,  eft  hors  de  la 
de  forterefle  dont  la  principale  deftination  feittble  être  ville,  fur  le  bord  de  la  mer,  où  la  promenade  eft  unie 
couvrir 'le  lieu  où  l'on  renferme ,  pendant  quarante  Se  fort  agréable ,  ou  à  côté  du  canal  qui  conduit  à  Pife  ; 
Fours  les  hommes  Se  les  marchandifes  qui  viennent  des  on  y  avoit  commencé  un  plant  d'arbres.  La  rade  eft  fur 
cavs  Yuspe&s  de  pefte,  afin  de  les  aërer  8e  parfumer  le  mouillage,  qui,  depuis  demi-mille  jusqu'à  deux  milles 
avant  que  de  leur  permettre  l'entrée  de  la  ville.  Le  laza-  au  large,  efl  très-bon.  Les  gros  vaifleaux,  Se  fur-tout  les 
ret  eft  «rand;  il  y  a  des  logemens ,  des  cours  Se  des  han-  corfaires,  s'y  arrêtent  afin  d'être  préparés  à  tout  événe- 
gards,  fous  lesquels  on  expofe  les  marchandifes;  on  y     ment  (d). 

O  Les  vaifleaux  qui  peuvent  entrer  Se  mouiller  au-dedans  du  grand  mole ,  ont  leur  mouillage  à  la  droite  en 
entrant  ■  au  milieu  le  fond  manque,  de  manière  qu'il  faut  tourner  la  pouppe  vers  le  mole,  Se  la  proue  vers  la 
ville  L'eau  y  eft  profonde  de  douze  à  treize  pieds  ;  Se  plus  l'on  eft  proche  du  mole ,  meilleur  eft  le  fond.  Les 
vaifleaux  marchands  fe  mettent  pareillement  avec  la  pouppe  en  tête  du  mole,  où  ils  trouvent  un  fond  de  dix-huit 
à  vingt  pieds,  félon  le  Portulan  de  Michelçt.  . 

(i> Y  II  y  a  plufieurs  maifons  qui  ont  des  belveders ,  ou  1  on  monte  pour  y  jouir  de  la  vue  de  la  mer,  de  même 
que  pour  découvrir  les  vaifleaux  qui  arrivent  au  port.  ,,,,.,  , 

(c )  Là  où  les  canaux  n'aboutiflent  point ,  on  y  fupplee  par  des  esclaves ,  dont  il  y  a  un  grand  nombre  ;  ce  font 
eux  qui  portent  les  mafehandifes  par-tout  où  le  befoii 


le  demande. 


(<0  Proche  de  la  ville ,  il  y  a  deux  tours  environnées  de  la  mer,^  dont  l'une  qui  eft  la  plus  haute ,  Se  blanche 
du  côté  de  Pife,  eft  appellée  le  Mar^occo ;  Se  il  faut  s'en  éloigner  à  caufe  des  rochers  qui  font  aux  environs.  A 
l'entrée  même  du  mole  ,  on  voit  de  ces  rochers,  fur  l'un  desquels  eft  placée  une  fentinelle.  Pour  y  entrer  fans 
danger  on  a  befoin  d'un  pilote.  A  la  tête  du  mole,  il  y  a  deux  batteries,  bien  munies  d'artillerie,  placées  l'une 
au-deflus  de  l'autre.  De  l'autre  côté,  vers  le  Lazaret,  eft  bâtie  l'autre  tour  fur  un  écueil  où  eft  un  fanal ,  que  l'on 
allume  le  foir,  pour  fervir  de  fignal  aux  navires.  La  mer  eft  ici  pleine  de  rochers,  tout  autour,  l'espace  d'un  demi- 
mille.  Il  y  a  une  petite  ille  qui  s'élève  presqu'à  fleur  d'eau  ,  nommée  la  Melora,  Se  s'étend  ,  félon  Michelot ,  à 
l'oueil  fix  degrés  vers  le  nord  du  mole  de  Livourne ,  dont  elle  eft  éloignée  de  cinq  milles ,  Se  peut  avoir  cin- 
quante ou  foixante  toifes  d'étendue.  On  y  a  fabriqué, une  petite  tour  blanche  ,  qui  doit  être  obfervée  par  ceux 
qui  veulent  entrer  dans  ce  port  ;  c'eft  cette  petite  ille  qui  fait  la  rade  bonne  Se  fûre  ;  fans  elle ,  le  port  de  Livourne 
feroit  peut-être  impraticable.  A  un  quart  de  lieu,  loin  de  cette  petite  ifle,  il  y  a  des  écueils  fous  l'eau  presque  par- 
tout' mais  principalement  vers  le  nord,  ou  à  la  diftance  d'une  demi-lieue,  l'on  trouve  un  banc  de  fable  qui  n'a 
que  fept  à  huit  pieds  d'eau  ;  Se  c'eft  précifément  où  la  mer  brife  ayee  violence.  Dans  la  même  ligne ,  à  trois  ou 


LIV 


LIV 


_  Le  port  deLivoume  eft  franc  &  libre,  auflî-bien  que  la 
ville.  Tout  le  monde  y  eft  bien  venu.  Quoi  qu'il  n'y  ait 
à  Livourne  exercice  public  que  de  la  religion  Catholique, 
cependant  toutes  fortes  de  communions  y  fonttolérées.Les 
Grecs  ont  une  églife ,  où  ils  font  leur  fervice  félon  leur 
rit.  Les  Arméniens  y  ont  auffi  une  églife,  &  les  Juifs  une 
fynagogue  ;  &  quoiqu'il  y  ait  un  tribunal  de  l'inquifition, 
il  ne  le  mêle  que  ce  de  qui  regarde  les  Catholiques  do- 
miciliés dans  la  ville.  La  franchife  du  port  paroît  encore 
dans  le  peu  droits  que  le  grand  duc  prend  fur  les  mar- 
chandifes  qui  entrent  dans  la  ville.  On  ne  les  vifite  ja- 
mais: les  droits  fe  prennent  par  balles,  ou  futailles,  fans 
fe  mettre  en  peine  de  ce  qu'elles  contiennent:  la  balle 
paye  deux  piaftres  d'entrée;  qu'elle  foit  de  foie  ou  de 
papier,  qu'elle  pefe  cent  livres  ou  quinze  cents  ,  c'eft 
toujours  le  même  droit  ;  on  n'eft  point  fujet  à  ces  vifites 
importunes  qu'on  ne  voit  que  trop  presque  par-tout  ail- 
leurs; &  l'on  fait  au  jufte  ce  qu'on  doit  payer.  Rien 
n'eft  plus  prompt  &  mieux  réglé  que  la  juftice  qu'on  rend 
aux  négocians  ,  quand  il  y  a  entr'eux  quelque  difficulté. 
Les  officiers  du  prince  ont  une  attention  merveilleufe  , 
que  les  affaires  ne  traînent  point  en  longueur ,  &  que  rien 
ne  traverfe  le  commerce.  C'eft  pourquoi  les  négocians 
de  toutes  fortes  de  nations  ont  fi  bien  goûté  le  plaifir  & 
l'avantage  de  faire  leur  commerce  dans  cette  ville ,  que 
celui  de  Gènes  eft  extrêmement  tombé  ,  &  que  Li- 
vourne devient  de  jour  en  jour  l'échelle  de  toute  la 
^Méditerranée,  la  plus  riche  &  la  plus  floriffaute.  Les  écus 
du  grand  duc  appelles  Livournincs  portent  d'un  côté  le 
bufte  du  prince,  &  de  l'autre  le  port  de  Livoutne,  & 
une  vue  de  la  ville  avec  ces  mots  :  Et patet  &favet,  pour 
faire  connoître  qu'il  eft  ouvert  à  tout  le  monde ,  &  qu'on 
y  jouit  de  la  protection  du  prince. 

On  ne  peut  favoir  au  jufte  le  nombre  des  habitans 
de  Livourne  :  les  uns  le  font  monter  à  cinquante  mille, 
d'autres  à  plus,  d'autres  à  moins.  Ce  qu'il  y  a  de  certain, 
c'eft  qu'en  1710,  il  y  avoir  deux  mille  Juifs.  Ces  gens 
regardent  Livourne,  &  le  refte  des  états  du  grand-duc, 
comme  une  nouvelle  terre  de  promiflbn  ;  en  effet  ils  y 
font  libres ,  ne  portent  aucune  marque  qui  les  diftingue 
des  Chrétiens ,  ne  font  point  enfermés  dans  leur  quar- 
tier, font  riches,  font  un  commerce  très-étendu ,  ont 
presque  tous  les  fermes  du  prince,  &  font  protégés  de 
manière  que  c'eft  un  proverbe  en  Toscane  ,  quil  vau- 
dront mieux  battre  le  grand  duc  qu'un  Juif.  Leur  quar- 
tier comprend  trois  rues;  les  maifons  y  font  belles; 
mais  les  rues  y  font  plus  fales  que  dans  tout  le  refte  de 
la  ville.  La  langue  portugaife  eft  fort  en  ufage  parmi  eux. 
Ils  ont  des  écoles  où  ils  envoient  leurs  eiîfans  pour 
l'apprendre.  Ils  s'en  fervent  entr'eux  ,  dans  leur  com- 
merce :  ils  tiennent  leurs  livres  &  font  leurs  écritures  en 
cette  langue.  Ils  ont  une  très-belle  fynagogue. 

Les  Grecs  ont  une  églife  dans  Livourne  :  elle  n'eft  pas 
fort  grande  ;  auffi  ne  font-ils  pas  en  grand  nombre  ;  mais 
elle  eft  très-belle  ,  &  bâtie  à  leur  manière.  Les  Cordeliers 
font  auflï  établis  en  cette  ville.  Leur  églife  eft  affez  grande, 
fort  propre  &  très-fréquentée  ;  mais  celle  qui  m'a  paru  la 
plus  jolie,  eft  celle  des  Trinitaires  déchauffés;  elle  eft 
dans  le  quartier  de  la  petite  Venife,  bâtie,  ornée,  en- 
richie &  fondée  par  un  homme  qui  avoit  eu  le  parti  des 
galères  du  grand  duc.  Les  Jéfuites  ont  un  collège  auprès 
de  la  poiffonnerie  :  Les  religieux  de  la  Charité  ont  un 
hôpital  &  un  couvent  dans  la  ville  :  les  Frères  Prêcheurs 
ou  Dominicains  y  font; établis  depuis  le  commence- 
ment de  ce  fiécle. 

Les  forçats  des  galères  du  grand  duc  ne  demeurent 
dans  les  galères  que  quand  elles  font  armées.  Dès  que  la 
campagne  eft  finie,  &t  que  les  galères  font  desarmées ,  les 
esclaves  &  les  forçats ,  c'eft-à-dire  les  Chrétiens  con- 


71 


damnés  aux  galères  pour  crimes,  ou  qui  s'y  font  engagés 
de  bonne  volonté ,  &  les  Turcs ,  qu'on  a  pris  fur  mer, 
font  renfermés  dans  un  lieu,  à  qui  on  a  donné  le  nom 
de  bagne ,  à  l'imitation  des  Turcs ,  qui  appellent  ainfi 
les  priions  où  ils  enferment  les  esclaves  Chrétiens. 

Le^  bagne  de  Livourne  eft  un  grand  bâtiment  ifolé  , 
fermé  de  bonnes  murailles  hautes  &  fortes  ,  au  milieu 
duquel  eft  la  principale  cour  environnée  de  bâtimens 
comme  des  galeries ,  où  les  forçats  d'un  côté ,  les  Bo- 
navogles  de  l'autre ,  &  les  Turcs  dans  un  lieu  féparé , 
ont^  leurs  lits.  Ces  lits  font  les  uns  fur  les  autres,  jus- 
qu'à fix  de  hauteur;  diftans  1ns  uas  des  autres  d'envi- 
ron cinq  pieds,  fupportés  par  des  planches  foutenues 
par  des  bouts  de  foliveaux  fcellés  dans  les  murs.  On 
monte  à  ces  diftèrens  étages  par  une  échelle  de  corde: 
les  forçats  y  font  ainfi  féparés  les  uns  des  autres,  &n'o- 
feroient  fe  trouver  deux  dans  un  même  lit,  fous  peine  d'une 
rigoureufe  baftonade.  Il  y  a  des  lampes  alumées  toutes 
les  nuits  dans  ces  galeries  ,  &  des  gardiens  qui  veillent 
&  fe  promènent  fans  ceffe  pour  empêcher  les  bruits ,  les 
querelles  &  les  désordres  qui  pourroient  arriver.  Ils  ont 
en  dedans  des  cordes  qui  répondent  à  des  clochettes 
qui  font  dans  la  cour ,  qui  fervent  à  appeller  les  gardes 
qui  font  au  dehors ,  quand  les  gardiens  de  dedans  ont 
befoin  de  leur  fecours,  pour  réprimer  les  infolences 
des  forçats.  Il  y  a  dans  la  même  enceinte  une  cha- 
pelle pour  les  Chrétiens  ,  une  infirmerie  pour  les  mala- 
des ,  des  fontaines ,  des  lavoirs ,  en  un  mot,  tout  ce  qui 
eft  néceffaire  pour  le  fpirituel  &  le  temporel  de  ces  mi- 
férables.  Les  Turcs  ne  font  point  mêlés  avec  les  Chré- 
tiens. On  a  un  très-grand  foin  que  tous  ces  lieux  foient 
propres  :  on  les  lave  &  balaie  tous  les  jours  ,  &  on  les 
parfume  toutes  les  femaines  avec  du  vinaigre  qu'on  verfe 
dans  des  poêles  de  fer  toutes  rouges  ;  la  fumée  que  cela 
caufe ,  eft  excellente  pour  chaffer  le  mauvais  air.  Tous 
les  forçats  qui  ont  des  métiers  peuvent  les  exercer  dans 
la  ville,  pourvu  que  ceux  pour  qui  ils  travaillent  répon- 
dent d'eux  corps  pour  corps ,  & ,  moyennant  une  petite 
.reconnoiffance  pour  les  argoufins  qui  les  conduifent  le 
matin,  où  ils  doivent  travailler,  &  les  vont  chercher  le 
foir,  pour  les  renfermer  dans  le  bagne;  car  il  n'eft  pas 
permis  de  les  Iaiffer  coucher  en  ville. 

Il  aborde  à  Livourne  tant  de  gens  du  Levant,  ou  d'au- 
tres qui  y  ont  été ,  &  qui  y  ont  contracté  l'habitude  de 
fe  fervir  des  étuves  &  des  bains  à  la  Turque,  que  cet 
ufage  s'y  eft  introduit  auffi-bien  qu'à  Marfeilie. 

Cette  ville  eft  fouvent  fujette  à  des  rremblemens. 
En  1742,  on  y  fentit  en  peu  de  jour  jusqu'à  vingt  deux 
fécouffes ,  la  dernière  fut  fi  violente  que  plufieurs  églifes 
en  furent  renverfées ,  &  il  n'y  eut  pas  de  maifon  qui 
n'en  reçut  quelque  domage.  Il  n'y  périt  qu'ne  trentaine 
ee  perfonnes,  parce  que  la  ville  fut  abandonnée;  mais 
fi  cet  accident  fut  arrivé  pendant  la  nuit ,  il  auroit  péri 
plus  de  la  moitié  des  habitans. 

Livourne  dépend  pour  le  fpirituel  de  l'archevêché  de 
Pife.  Le  prélat  a  un  grand  vicaire  réfident  dans  la  ville, 
6i  les  officiers  qui  font  néceffaires  pour  compofer  une 
cour  eccléfiaftique  ;  car  en  Italie,  tous  les  évêques  ont 
une  jurisdiftion  où  bien  des  gens  ont  leurs  caufes  com- 
mifes.  Tels  font  les  clercs  mariés ,  les  officiers  des  tri- 
bunaux eccléfiaftiques,  ceux  des  églifes  &  des  hôpitaux, 
&  quantité  d'autres.  La  hauteur  du  pôle  de  Livourne , 
lelon  les  obfervations  de  Caflini ,  dans  fon  Voyage  d'I- 
talie, de  1694,  eft  de  43  d.  33'  2". 

2.  LIVOURNE  ou  LivORNO,  Liburnum,  petite 
ville  d'Italie ,  au  Montferrat,  dans  des  marais ,  près  de  la 
fource  de  la  petite  rivière  de  Gardina,  à  quatre  lieues 
de  Trin  ,  du  côté  du  couchant.  Elle  appartient  au  roi  de 
Sardaigne.  * Baudrand ,  éd.  1705. 


quatre  milles  de  ce  banc,  il  y  en  a  un  autre  couvert  de  deux  brades  d'eau,  lequel  fe  joint  à  la  pointe  d'une  autre 
grande  braffe  qui  aboutit  à  S.  Pietro  in  Grado ,  lieu  fitué  entre  Livourne  &  Pife;  de  forte  qu'il  eft  néceffaire  de  ne 
point  s'approcher  de  h  Melora,  du  côté  du  nord,  mais  de  fe  tenir  au  large  un  petit  mille  entre  l'oueft  &  fud,  où 
il  n'y  a  rien  à  craindre.  Au  refte,  lorsque  les  vaiffeaux  viennent  d'occident,  &  font  la  route  de  Livourne,  ils  s'ap- 
prochent de  1'ifle  Gorgona  :  enfuite ,  paffant  au  midi  de  la  Melora ,  ils  vont  mouiller  à  une  demi-lieue  à  I'oueft- 
nord-oueft  du  mole  de  Livourne  ;  c'eft  ici  la  grande  rade  qui  a  fept ,  huit  &  dix  braffes  d'eau  ,  &  un  fond  de 
bonne  tenue,  où  les  vaiffeaux  ne  font  expofés  qu'aux  vents  de  terre  ;  &  parce  qu'elle  eft  environnée  presque  par- 
tout de  bancs  de  fable ,  depuis  l'eft-fud-oueft  jusqu'au  nord-eft ,  &  que  la  petite  ifle  de  la  Melora  la  couvre  des 
vents ,  les  vaiffeaux  y  font  à  la  bonace  ,  &  la  mer  ne  les  incommode  point  ;  c'eft  pourquoi  cette  rade  eft  très- 
bonne.  L'ifle  de  la  Gorgone  gît  à  l'oueft-quart  au  fud-oueft  du  mole  de  Livourne;  &  l'on  y  peut  aborder  de  toutes 
parts.  *  Nous  du  Dictionnaire  de  la  Martiniere ,  édition  de  Fenife. 


872 


LLA 


LOA 


LIVRADOIS,  (ie)  petit  pays  de  France,  dans  la 
baffe  Auvergne,  aux  environs  d'AMBERT  qui  en  eft  le 
chef-lieu.  On  veut  que  ce  nom  lui  vienne  de  ce  qu'il  a  été 
délivré  des  eaux  qui  en  couvraient  les  campagnes  avant 
que  l'on  eut  coupé  un  rocher  qui  en  arrêtoit  le  cours ,  & 
qui  eft  auprès  de  la  tour  Goyon.  Ce  nom  eft  affez  ancien. 

LIVRAY,  bourg  de  France,  dans  l'Anjou,  élection 
de  Château-Gonthier. 

LIVRIERE,  (la)  ou  plutôt,  comme  écrit  Sanfon, 
LA  Leviniere,  petite  ville  de  France,  au  bas  Langue- 
doc, au  diocèfe  de  S.  Pons,  aux  confins  de  celui  de 
Rieux. 

LIVRON ,  Libero  &  Liberonium,  bourgade  de  France, 
en  Dauphiné,  fur  une  hauteur.  Ses  murailles  font  à  pré- 
fent  presque  toutes  démolies  ;  c'eft  néanmoins  un  lieu 
confidérable  à  caufe  de  fa  fituation.  Il  n'eft  qu'à  une 
petite  lieue  de  la  rive  droite  du  Rhône  ,  &  la  Drome 
côtoie  la  colline  fur  laquelle  il  eft  firué.  II  y  faut  parler 
ce  torrent  dans  une  barque,  &  ce  palîage  eft  très-incom- 
mode &  quelquefois  très- dangereux.  * Piganiol  de  la 
Force  ,  Descr.  de  la  France ,  p.  60. 

LIVRY,  Livriacum  ,  village  &  feigneurie  de  France, 
dans  l'ide  de  France,  à  trois  lieues  de  Paris,  du  côté  de 
Chelles,  avec  une  abbaye  d'hommes  de  l'ordre  de  S.  Au- 
guftin,  fondée  par  Guillaume  de  Gallande,  l'an  1 186. 

LIUTICI,  ancien  peuple  d'entre  les  Slaves,  au  bord 
de  l'Oder.  Voyez  Luticii. 

LIUXUN,  ville  de  la  Chine,  dans  la  province  de  Jun- 
nan.  Elle  eft  de  4  d.  37'  plus  orientale  que  Pékin, 
fous  les  38  d.  38'  de  latitude.  *  Atlas  Sinenfis.  ■ 

LIUYANG  ,  ville  de  la  Chine,  dans  la  province  de 
Huquang ,  au  département  de  Hengcheu ,  dixième  mé- 
tropole de  la  province.  Elle  eft  de  4  d.  47'  plus  occi- 
dentale que  Pékin,  fous  les  27  d.  18'  de  latitude.  *  Atlas 
Sinenfis. 

LlX,  A/|,  félon  Ptolomée ,  I.4,  c.  I.  Linx,  A,r!;  , 
félon  Etienne  le  Géographe,  Lixos  ,  félon  Strabon , 
/.  17,  p.  817  ,  rivière  de  la  Mauritanie  Tingitane.  Elle 
arrofoit  une  ville  nommée  LlXA.,  fur  le  rivage  de  l'O- 
céan. C'eft  préfentement  la  rivière  de  Larache.  La  ville 
de  Lixa  eft  nommée  Lixos  par  Pline,  /.  5  ,  ci,  qui 
en  parle  comme  d'une  ville  fur  laquelle  les  anciens 
avoient  débité  beaucoup  d'hiftoires  ;  il  ajoute  qu'elle 
étoit  devenue  colonie  fous  Claudius.  Il  ne  faut  pas  la 
confondre  avec  Lissa,  qui  étoit  plus  près  du  détroit, 
&  qui  ne  fubfiftoit  déjà  plus  du  tems  de  Pline. 

LIXA,  & 

LIXOS.  Voyez  l'article  précédent. 

LIZANT,  bourg  de  France,  dans  le  Poitou;  élection 
de  Poitiers. 

LIZISIS,  KtTjsti,  ancienne  ville  de  la  Dacie,  félon 
Ptolomée  ,  /.  3  ,  c.  8.  Lazius  croit  que  c'eft  préfente- 
ment LAORZALOS ,  lieu  qui  tombe  en  ruines.  *  Ortel. 
Thef. 

LIZON,  petite  rivière  de  France,  dans  le  comté  de 
Bourgogne.  Voyez  la  copie  d'un  ancien  manuscrit,  à  la 
fin  de  ce  Dictionnaire. 

LLANBEDER  ,  bourgade  d'Angleterre ,  au  pays  de 
Galles,  dans  le  comté  de  Cardighan,  fur  le  Tivy.  *  Da- 
vity  &  Corneille. 

LLANDILO,  ou  Llandilovare,  bourgade  d'An- 
gleterre ,  au  pays  de  Galles ,  dans  le  comté  de  Carmar- 
then  ,  fur  le  Tovy  ,  qui  eft  le  Tobius  de  Ptolomée , 
comme  nous  le  remarquons  en  fon  lieu. 

LLANELTHIE ,  port  de  mer  du  même  comté.  *Da- 
vily  &  Corneille. 

LLANES  ,  petit  port  de  mer  d'Efpagne  ,  dans  l'Aftu- 
rie  ,  entre  Riva  de  Sella  ,  &  S.  Vincent  de  la  Barquera. 

*  yairac ,  Etat  préf.  de  l'Espagne ,  t.  1 ,  p.  198. 

LLANY1NTHEFRY  ,  bourgade  d'Angleterre,  au 
comté  de  Carmarthen ,  entre  le  Brant  &  la  rivière  de 
Towi.  *  Davity  &  Corneille. 

Corneille  en  fait  des  villes. 

LLERENA  ,  ville  d'Espagne ,  dans  l'Eftramadure  ,  au 
midi  de  la  Guadiana  ,  aux  frontières  de  l'Andaloufie. 

*  Vairac,  Etat  pref.  de  l'Espagne,  t.  1  ,  p.  261. 

Selon  l'abbé  de  Vairac  ,  elle  eft  paflablement  grande  , 
fituéeau  milieu  d'une  fort  belle  plaine,  abondante  en  tout 
ce  qui  peut  contribuer  aux  douceurs  de  la  vie.  Elle  fut 
bâtie,  en  1241  ,  par  les  maures  de  l'ordre  de  S.Jacques, 
&  honorée  du  titre  de  cité  en  1640,  par  Philippe  IV.  Les 


chevaliers  en  font  feigneurs,  &  y  entretiennent  un  évê- 
que  de  leur  ordre, dépendant  immédiatement  du  faint  fiége, 
&  dont  la  jurisdiftion  s'étend  fur  quantité  de  villes  &  de 
bourgades  qui  dépendent  de  l'ordre  ,  &C  desquelles  Lle- 
rena  eft  le  chef-lieu.  La  ville  eft  bien  bâtie  ,  les  rues  en 
font  belles  ;  &  une  grande  place,  quieft  devant  la  cathé- 
drale ,  lui  donne  beaucoup  de  relief.  Les  rois  Catholi- 
ques y  ont  établi  un  tribunal  de  l'inquifition.  C'eft  la 
même  ville  que  Baudrand  nomme  ELLERENA.  Voyez 
ce  mot. 

LL1RIAS.  Voyez  Liria. 

LLIVIA  ,  ville  d'Efpagne,  dans  la  Catalogne,  au 
comté  de  Cerdagne.  Elle  eft  fort  ancienne  ;  &  quelques- 
uns  ont  voulu  que  ce  ioit  la  Libia  ou  Libya  d'Antonin, 
qui  la  met  fur  une  route  de  l'Espagne  Tarragonnoife , 
félon  l'exemplaire  du  Vatican: 


Calagorra  , 
Verela, 
Aritio  , 
Libia , 
Segafa-Mundo , 

XXVIII.  M.  P. 

XVIII.   M.   P, 

XVIII.    M.   P. 

VI.   M.   P, 

eft  changé  dans  l'édition  de  Surita ,  qt 

Calagurrim  , 
Variant , 
Tritium , 
Olbiam  , 
Segeja-Munclum  , 

XVIII.   M.  P. 

XVill.   M.   P. 

XVIII.  M.  P. 

VII.  M.  P. 

Il  avoue  pourtant  qu'il  a  trouvé  ,  dans  quatre  manus- 
crits au  moins,  Lybia ,  ou  Libia  ;  &  il  change  ce  nom  en 
Qlbia  ,  fur  ce  qu'Etienne  dit  Olbia  Iberica.  Il  faudroit 
une  meilleure  autorité  pour  changer  l'Itinéraire ,  &  pour 
corriger  Ptolomée,  qui  dit  Olyba.  Quoi  qu'il  en  foit, 
Llivia  de  Cerdagne  n'a  rien  de  commun  avec  la  Lybia, 
Libia,  ou  Lybia  d'Antonin,  ou  Oliba  de  Ptolomée. 
Celle-ci  étoit  au-delà  de  l'Ebre  ,  &  bien  loin  du  pays 
qui  eft  aujourd'hui  la  Cerdagne.  Llivia  eft  plutôt  l'an- 
cienne Julia  Libyca  du  peuple  Cermtani ,  au  pied  des 
Pyrénées ,  aux  frontières  de  France  :  Julia  Libyca  eft 
donnée  pour  ville  unique  du  peuple  les  Cerrétains  :  Lli- 
via a  été  la  capitale  de  la  Cerdagne.  Elle  eft  fur  la  Sè- 
gre,  &  eft  fort  déchue  de  fon  ancien  luftre;  &  il  refte 
peu  de  tus  vieilles  murailles.  Sa  fituation  eft  à  une  lieue 
de  Puicerda  ,  à  l'orient ,  en  allant  vers  Perpignan  dont 
elle  eft  à  quinze  lieues ,  &  à  une  lieue  fk  demie  de  Mont- 
Louis.  *  Ptolomée  ,  1.  2  ,  c.  6.  Baudrand,  édit.  1705. 

LLOBREGAT.  Voyez  Lobregat. 

LLORA  ,  petite  ville  d'Espagne  ,  au  royaume  de  Gre- 
nade ,  fur  la  frontière  de  l'Andaloufie  ,  entre  des  mon- 
tagnes, avec  un  ancien  château.  Elle  eft  prefque  réduite 
en  village ,  &  eft  à  deux  lieues  de  Cartama  ,  vers  le  nord, 
&  à  fix  de  Malaga.  Quelques-uns  la  prennent  pour  l'an- 
cienne Ilurgis  ;  d'autres  pour  l'Arcilacis  des  Turdules  , 
que  d'autres  géographes  cherchent  à  Hardales  ,  bourg 
d'Andaloufie  ,  au  couchant,  fk  à  trois  lieues  de  Llora. 

LLYNSAVATHAN,  lac  d'Angleterre,  au  pays  de 
Galles  ,  en  Brecknockshire.  Il  a  deux  milles  de  long 
&  autant  de  large  ,  &  reçoit  la  rivière  de  Leveni ,  fur 
laquelle  on  croit  qu'étoit  fituée  l'ancienne  ville  Leven- 
tium  de  Ptolomée ,  à  caufe  que  les  chemins  de  ce  pays 
conduifent  de  tous  côtés  à  ce  lac.  *  Davity  &  Corn.  Dicî. 

LO ,  ville  de  la  Chine,  dans  la  province  de  Pékin, 
au  département  d'Jungping,  huitième  métropole  de  cette 
province.  Elle  eft  d'un  degré  18'  plus  orientale  que  Pékin  , 
fous  les  39  d.  40'  de  latitude.  *  Atlas  Sinenfis. 

1.  LOANDA  ,  petite  ifle  d'Afrique,  dans  la  mer  d'E- 
thiopie ,  fur  la  côte  du  royaume  d'Angola,  &  vis-à-vis 
de  la  ville  de  S.  Paul  de  Loanda.  Cette  ifle  n'eft  éloi- 
gnée du  rivage  que  d'environ  un  quart  de  mille.  Elle  eft 
très- confidérable  par  les  avantages  qu'on  en  relire,  quoi- 
qu'elle n'ait  qu'environ  un  mille  de  largeur  ,  fur  cinq 
lieues  de  longueur.  C'eft  fur  fes  bords  que  l'on  recueille 
ces  petites  coquilles  appellées  [imbis ,  qui  fervent  de 
monnoie  courante  avec  les  Nègres.  Comme  les  zimbis, 
qu'on  ramaffeà  la  côte  de  cette  ille,  font  d'une  couleur 
brune  &  luftrée  ,  &  très-fins ,  ils  font  auflï  très-recher- 
chés &  très-eftimés.  Auflï  n'eft-il  pas  permis  à  tout  le 
monde  d'en  aller  chercher  dans  cet  endroit.  Ce'  droit  eft 

une 


LÔA 


LOA 


une  partie  des  domaines  du  roi  de  Portugal ,  qui  fait  avec 
ces  coquillages,  ce  qu'on  ne  fait  ailleurs  qu'avec  les  mé- 
taux les  plus  précieux.  *  Le  P.  Labat,  Voyage  d'Ethio- 
pie ,  t.  i ,  p.  88. 

Outre  cet  avantage  ,  cette  ifle  en  produit  un  autre. 
Elle  fournit  toute  la  ville  d'eau  douce.  Quoiqu'elle  foit 
environnée  des  eaux  de  la  mer,  on  n'a  qu'à  creufer  des 
puits  de  trois  ou  quatre  palmes  de  protondeur ,  &  on 
les  voit  fe  remplir  auffi-tôt  d'une  eau  légère  ,  claire  , 
douce ,  excellente.  Mais  il  faut  la  puifer  pendant  que  la 
mer eft  haute  ;  car  dès  que  la  mer  defcend  à  fon  reflux, 
cette  eau  li  pure  Si  fi  bonne  devient  faumâtre ,  Si  tout- 
à-fait  falée ,  quand  celle  de  la  mer  eft  à  fon  plus  bas. 
C'eft  une  merveille  que  l'on  admire  tous  les  jours.  Elle 
a  fervi  Si  elle  fervira  encore  long-tems  à  exercer  les  phy- 
siciens, qui,  félon  les  apparences, n'en  trouveront  pas  iî-tôt 
1»  dénouement.  On  voit  la  même  chofe  dans  Tille  de  Ca- 
dix ,  &  dans  plufieurs  lieux  de  l'Amérique.  On  peut  faire 
cette  expérience  dans  une  infinité  de  plages ,  fur  le  bord 
de  la  mer. 

Les  Portugais  ont  plufieurs  habitations  fur  cette  ifle. 
Us  y  ont  bâti  quatre  églifes ,  Si  ont  fait  quantité  de  jar- 
dins ,  ou  l'on  élevé  des  palmiers  avec  fuccès  :  ils  ont 
auffi  confirait  des  fours  à  chaux.  On  la  fait  avec  des  co- 
quilles d'huitres. 

2.  LOANDA  ,  (S.  Paul  de)  ville  d'Afrique,  dans 
la  baffe  Guinée ,  au  royaume  d'Angola ,  dont  elle  eft  la 
capitale  avec  un  fort  bon  port  ,  vis-à-vis  de  l'ifle  de 
Loanda  ,  qui  lui  donne  fon  furnom.  Elle  eft  belle  Si 
grande  pour  le  pays.  On  prétend  ,  qu'il  y  a  environ  trois 
mille  maifons  d'Européens ,  bâties  de  pierres  Si  de  chaux, 
&  couvertes  de  tuiles ,  Si  un  plus  grand  nombre  de  mai- 
fons de  Nègres ,  qui  font  les  naturels  du  pays.  Ces  der- 
nières ne  font  bâties  que  de  terre,  Si  couvertes  de  chaume. 
Il  y  a  un  prodigieux  nombre  d'efclaves.  On  dit  que  les 
PP.  Jéfuites ,  qui  y  faifoient  les  fondions  de  curés ,  Si 
qui  avoient  foin  des  écoles  ,  en  avoient  jusqu'à  douze 
mille  :  c'eft  la  demeure  ordinaire  de  l'évêque  de  ce  pays. 
Comme  elle  n'eft  ba:gnée  par  aucune  rivière,  il  n'y  a 
d'eau  douce  que  celle  que  l'on  va  chercher  dans  les  ri- 
vières voifines  avec  des  canots.  On  y  mange  du  pain  de 
manioc  ,  Si  la  chair  de  mouton  n'y  eft  pas  fort  faine. 
Leur  queue  eft  plus  pefante  qu'aucun  des  quatre  quartiers. 
On  n'y  trafique  point  avec  de  la  monnoie  ,  mais  par 
échange.  Au  lieu  de  petite  monnoie  ,  on  fe  fert  de  zim- 
bis ,  qui  font  des  coquilles  du  Congo.  La  grande  mon- 
noie eft  la  toile ,  les  esclaves,  Sic.  Les  Hollandois  avoient 
ôté  cette  ville  aux  Portugais  ;  mais  ces  derniers  l'ont  re- 
prife,  &  l'ont  confervée.   * Baudrand,  édit.  1705. 

Tous  les  quartiers  de  la  ville  ont  des  églifes  qui  font 
comme  autant  de  forts,  qui  mettent  la  ville  Si  les  habi- 
tans  à  couvert  de  leurs  ennemis.  Il  y  a  pourtant  une  for- 
tereffe.  *  Le  P.  Labat ,  Relat.  de  lEthiop.  t.  1 ,  p.  86. 

L'églife  cathédrale  eft  un  bâtiment  comidérable,  digne 
<îe  la  piété  &  de  la  magnificence  des  Portugais.  L'églife 
du  S.  Elpnt  eft  dans  le  quartier  appelle  la  Praya.  Celle 
des  Carmes  déchauffés  eft  dans  le  quartier  de  flambotta. 
On  trouve  dans  le  voifinage  une  égiife  fuperbe  ,  dédiée 
à  la  fainte  Vierge  de  Nazareth  ,  &  la  chapelle  ou  oratoire 
de  fainte  Marie-ivladelaine.  L'églife  de  S.  Amaro  ,  &  le 
couvent  du  tiers-ordre  de  S.  François ,  font  dans  le 
quartier  de  la  Magnanga,  ainfi  appelle,  parce  que  c'eft 
le  lieu  où  font  les  caflimbes  ,  c'elt-à-dire  les  folles ,  où 
l'on  conferve  l'eau  pour  les  ufages  des  esclaves  noirs  des 
Portugais.  Le  collège  qu'occupoient  les  PP.  Jéfuites,  eft 
grand  &  magnifique.  Le  grand  hôpital  eft  à  côté  du  col- 
lège ,  Si  de  l'autre  côte  de  la  place  eft  l'églife  de  la  con- 
frérie de  S.  Jean-Baptifte.  Le  couvent  des  Capucins  en 
eft  proche.  L'églife  &  le  couvent  font  très-propres,  mais 
bâtis  dans  les  régies  de  la  {implicite  Si  de  la  pauvreté 
qui  conviennent  à  leur  état. 

1.  LOANGO  ,  ou  Lotango  ,  royaume  d'Afrique, 
dans  la  bafle  Guinée,  fur  la  côte  de  l'océan  Ethiopique. 
Il  commence  au  cap  Sainte-Catherine ,  par  les  deux  de- 
grés de  latitude  méridionale  ,  Se  finit  à  la  rivière  de 
Loango-Louile  ,  qui  eft  par  les  cinq  degrés  de  la  même 
latitude;  ce  qui  lui  donne  trois  degrés  ou  foixante  Si 
quinze  lieues  de  côte ,  nord  &  fud.  Son  étendue  ,  eft  Se 
oueft,  dans  les  terres  depuis  le  cap  Nègre,  jusqu'aux  mon- 
tagnes de  Bachameula,  eft  d'environ  cent  lieues.  Il  eft 
féparé  du  royaume  de  Congo  par  le  Zaire  Si  les  royau. 


87S 


mes  de  Cacconda  Si  d'Angoi  ,  qui  font  peu  confidéra- 
bles.  *Le  P.  Labat,  Voyage  d'Ethiopie ,  t.  3  ,  p. ..  1  t. 

Ce  royaume  comprend  diverfes  contrées  ,  dont  les 
principales  font  Lovangiri ,  Lovangomongo  ,  Cylpngo  „ 
Si  Piri.  Il  étoit  autrefois  partagé  en  fouverai  -;ctés  ,  qu'ha- 
bitoient  diflférens  peuples  qui  fe  font  fait  une  longue  guêtre. 
Ces  peuples  éroient  fauvages ,  Si  fe  manjeoient  les  uns 
les  autres.  Après  que  les  princes  de  ces  d.fîerentes  narions 
fe  furent  livrés  diverfes  batailles.  Manilovango  ,  que  l'on 
dit  tirer  fon  origine  dé  Zerri  en  Kakongcr,  iurmonta  les 
autres ,  Si  devint  leur  maître.  Il  partagea"  leurs  terres  en- 
tre ceux  qui  l'avoient  le  mieux  fervi  ;  Si  laiflant  quel- 
ques-uns des  fiens  dans  fon  propre  pays ,  il  fe  retira  dans 
la  province  de  Piri  ;  mais  à  caufe  des  montagnes ,  ou 
parce  que  le  pays  eft  trop  éloigné  de  l'eau,  cet  endroit 
lui  deplur.  Il  alla  de-là  au  lieu  où  les  rois  de  Loango 
font  leur  demeure  aujourd'hui ,  Si  qui  appartenoit  aupa- 
ravant aux  princes  de  Piri.  *Corn.  Dift.  ' 

Les  principales  villes  Si  bourgades  font  Kaie ,  Bœke, 
Salafy,  Makonde,  Sékie,  Kate,  Kango ,  Piri,  Cey- 
longo  ,  Jamba,  Cato'é,  Senie,  Gennô  Si  Lanfy.  Les 
principaux  bourgs  font  autour  de  Loango  ,.à  une  journée" 
Si  demie  de  chemin.  Ceux  qui  font  plus  avant  dan-;  le 
pays,  font  plus  petits.  Jamba  ,  Kango  ,  Xaie  ,  1  ëke' 
Piri,  Kotie,  Si  Ceylongo  ont  diverfes  feigneùries  dans 
leurs  domaines ,  avec  des  rivières  Si  des  bois. 

La  capitale,  où  le  roi  réfide  avec  fa  coi:.-,  eft  fituée  à 
4  d.  Si  demi  de  latitude  méridionale.  Si  à  une  lieue  Si 
demi  de  la  côte.  On  l'appelle  Loanga  ou  B  an^a-Low  an- 
giri;  Si  dans  la  langue  des  Nègres ,  on  la  nomme  com- 
munément Boarie.  Ce  mot  de  Lowangiri  n'eft  qu'une 
contraction  de  Loango-Piri ,  mots  que  l'on  a  joints  en- 
femble  depuis  que  ces  deux  peuples  ont  été  unis  par  les 
conquêtes  du  roi  de  Loango.  Cette  ville  eft  affez grande, 
Se  a  de  belles  rues ,  que  les  habitans  ont  fotn  de  net- 
toyer. Les  bâtimens  ne  fe  touchent  pas ,  Si  il  y  a  devant 
les  maifons  de  grandes  allées  de  bananas ,  de  palmiers 
Si  de  bankoves.  Il  y  en  a  auffi  fur  le  derrière  ;  Si  quel- 
quefois, pour  plus  d'ornement,  elles  en  font  environ- 
nées. 

Au  milieu  de  la  ville  ,  on  trouve  une  grande  place," 
proche  le  palais  du  roi.  Ce  palais  eft  ceint  d'une  palis- 
fade  faite  de  branches  de  palmiers ,  Si  forme  un  quarré 
large  Si  long  d'une  lieue  Si  demie.  Il  n'y  a  que  trois  ou 
quatre  grands  appartemens.  On  y  voit  un  grand  nombre  de 
maifons  pour  Ces  femmes  ,  Si  fes  concubines  qui  font  au 
nombre  de  quinze  cents.  On  les  reconnoît  à  leurs  bras- 
felets  d'y  voire.  Elles  font  fort  étroitement  gardées..  Si 
quelqu'une  eft  furprife  en  adultère,  on  la  précipite  du 
haut  d'une  montagne  ,  avec  l'homme  à  qui  elle  s'eft 
abandonnée.  Il  n'y  a  point  de  miféricorde  pour  ce 
crime. 

Les  fils  du  roi  ne  font  pas  héritiers  de  la  couronne  ; 
ce  font  ceux  de  la  feeur ,  ou  de  l'aînée  de  fes  feeurs , 
-parce  qu'ils  font  certainement  du  fang  royal,  Si  qu'elle 
n'eft  connue  que  d'un  feul  mari.  Le  roi  a  tant  de  fem- 
mes Si  d'enfans ,  qu'il  y  aurait  toujours  des  guerres  en- 
tr'eux,  Si  l'on  ne  fauroit  lequel  élire.  En  effet  ce  prince 
a  de  fes  concubines  plus  de  cinq  cents  enfans  des  deux 
fexes,  qui  ne  peuvent  parvenir  à  aucunes  charges  ni 
dignités.  Ainfi  les  mâles  deviennent  des  voleurs ,  Si  les 
filles  des  malheureufes  qui  fe  proftituent.  Chacun  peut 
prendre  autant  de  femmes  qu'il  en  peut  entretenir ,  Si 
on  les  tient  fort  refferrées.  11  faut  qu'elles  gagnent  la 
vie  de  leurs  maris ,  comme  font  tomes  les  autres  fem- 
mes de  la  côte  d'Afrique.  Elles  cultivent  la  terre  avec 
des  bêches  Se  des  hoyaux,  fement  Si  moiflonnent,  pen- 
dant que  les  hommes  s'amufent  où  demeurent  couchés' 
fur  le  côté ,  comme  font  les  femmes  en  Espagne.  Elles 
fervent  leurs  maris  à  table ,  puis  vont  manger  leurs  res- 
tes dans  la  cuifine.  *  Van-den-Brocck  ,  Voyage  de  1» 
Comp.  des  Indes  or.  t.  4,  p.  319. 

Les  habitans  de  Loango  mangent  beaucoup  de  pois» 
fon ,  Si  de  la  chair  de  plufieurs  fortes  de  bêtes  ;  mais  ilî 
la  mangent  puante  ,  ou  du  moins  à  demi-corrompue. 
Quelques-uns  même  y  laiffent  venir  des  vers,  avant  que 
de  manger.  Ils  ont  diverfes  espèces  de  bons  fruits  Ils 
boivent  de  l'eau  Si  du  vin  de  palme  ,  qu'ils  tirent  des 
arbres.  Ils  ont  un  fruit  nommé;  colliz,  dont  ils  font  i.iàge, 
comme  les  Indiens  font  de  l'areque  Si  du  bétel,  l's  eu 
mâchent  presque  tout  le  long  du  jour.  En  commençant 
Tome  III.     S(((i 


8/4 


LOA 


LOA 


à  le  mâcher,  on  le  trouve  amer;  puis  on  le  trouve  fort 
doux.  On  tient  qu'il  eft  très-fain,  ck  c'eft  ce  qui  en  rend 
?ufage  fi  commun.  _ 

Pendant  que  le  roi  boit,  perfonne  n  ofe  le  regarder, 
ou  bien  il  en  coûte  la  vie  fans  rémiflion.  Avant  qu'il 
boive  ,  on  fonne  une  clochette  ,  8c  chacun  baiffe  le  vi- 
fage  contre  terre.  Quand  il  a  bu ,  on  fonne  encore  ,  &C 
chacun  fe  relevé.  Il  arriva  un  jour  que  le  fils  aîné  de  la 
fceur  du  roi  ,  deftiné  pour  fuccéder  à  la  couronne  ,  ^  qui 
avoit  à-peu-près  neuf  ans  ,  &c  qui  étoit  fort  aimé  du 
roi ,  toucha  fans  y  penfer  l'habit  de  ce  prince ,  8c  le 
regarda  dans  le  moment  qu'il  buvoit.  Le  roi  le  tua  fur 
le 'champ,  Se  fit  offrir  fon  fang  aux  idoles.  Il  faut  que  le  roi 
en  ufe  envers  fes  propres  enfans  avec  cette  févérité,ou 
qu'il  meure  lui-même.  Tous  les  jours  de  fête,  le  roi  fe 
fait  voir  publiquement  dans  la  place  qui  eft  devant  fon  . 
palais ,  où  les  grands  de  l'état ,  pour  l'honorer,  danfent 
&  fautent  en  fa  préfence  ;  hommage  qui  s'appelle  fa- 
cralilla.  D'abord  qu'ils  paroiffent  à  l'entrée  de  cette 
place  ,  ils  fe  profternent  le  vifage  contre  terre  ;  puis 
s'étant  relevés,  ils  vont  toujours  fautant  jusqu'auptès  de 
lui ,  8c  s'y  afféyent  à  terre. 

Les  revenus  de  ce  royaume  confiftent  en  dents  d'é- 
léphans, en  cuivre,  en  habits  qu'on  nomme  Llavou- 
■gus ,  qui  font  faits  d'herbes,  &  qui  font  la  monnoie  qui 
a  cours.  Le  roi  en  a  des  maifons  pleines.  Mais  les  prin- 
cipales richeffes  confiftent  en  esclaves  des  deux  fexes. 

Les  habitans  font  noirs,  mais  bien  faits.  Ils  ont  plus 
de  penchant  pour  les  Hollandois  que  pour  les  Portugais; 
ils  fonr  careffans ,  &  ne  font  point  larrons.  Quand  ils 
fe  rencontrent  iis  fe  frappent  dans  les  mains ,  pour  fe 
faire  honneur,  &  pratiquent,  ainfiqueles  grands,  le/à- 
cralilla  à  leur  manière.  Ils  font  fort  fiers  de  leurs  ha- 
bits ,  quoiqu'ils  ne  (oient  faits  que  d'herbes.  Les  hom- 
mes portent  de  longues  jupes  ,  &C  ont  autour  du  corps 
un  demi  eu  un  quart  d'aune  de  drap,  en  forme  de  cein- 
ture. Par-deffus  ils  ont  une  peau  de  léopard,  ou  de  quel- 
qu'autre  bête ,  qui  leur  pend  comme  un  tablier.  Ils  ont 
les  épaules  découvertes ,  8c  fur  la  tête  des  bonnets  d'her- 
bes piqués ,  avec  une  plume  deffus ,  ck  une  queue  de 
bufle  fur  l'épaule  ,  ou  dans  la  main  ,  pour  chaffer  les 
mouches.  Ils  portent  de  larges  braffelets  de  cuivre  ou 
d'argent. 

Les  femmes  n'ont  que  des  lavougus  de  paille,  d'une 
aune  en  carré,  dont  elles  couvrent  ce  qui  diftingue  leur 
fexe.  Ces  lavougus  les  entourent  jusques  fur  le  derrière, 
quoiqu'elles  en  laiffent  encore  la  moitié  à  découvert.  Le 
refte  de  leur  corps  eft  nud  par  le  haut  &  par  le  bas.  Elles 
s'oignent  d'huile  de  palmier  Se  de  bois  rouge  mis  en  pou- 
dre. Elles  ont  autour  des  jambes  des  chapelets  de  peti- 
tes perles  qu'elles  font  de  coquilles ,  ck  des  braffelets 
d'yvoire  au  bras.  Elles  portent  toujours  fous  le  bras  une 
petite  natte,  pour  s'affeoir  defTus  par- tout  où  elles  vont. 
Il  faut  bien  fe  donner  de  garde  d'avoir  aucun  commerce 
avec  elles;  car  de  dix  qui  s'y  hazarderont,  à  peine  y  en 
aura-t-il  un  qui  n'en  meure,  ou  qui  du  moins  n'y  gagne 
une  groffe  maladie.  Il  faut  que  cela  vienne  de  ce  que 
leur  tempérament  eft  tout- à-  fait  contraire  au  nôtre, 
de  leur  extrême  lubricité  ou  des  vivres  qu'elles  man- 
gent ,  qui  font  corrompus  8c  puants. 

Quoique  les  hommes  portent  diverfes  fortes  d'armes , 
ils  ne  font  point  guerriers ,  mais  bons  pêcheurs.  Ils  fe 
mettent  au  matin  dans  leurs  canots ,  vont  à  la  mer,  ck 
apportent  fouvent  à  midi  beaucoup  de  poiffon.  Il  y  a 
dans  ce  royaume  quantité  de  volailles,  d'éléphans,  de 
bufles  ,  de  bœufs,  de  vaches ,  de  cerfs,  de  biches,  de 
pourceaux,  de  brebis,  de  boucs,  de  tigres,  de  léopards, 
de  chats-civettes ,  diverfes  fortes  de  guenons  ,  ck  d'au- 
tres bêtes  qui  fourniftent  de  très-belles  peaux. 

Du  tems  que  Van-den-Broeck  étoit  dans  le  pays,  on 
tua  un  homme  fauvage  à  Manicongo.  Il  étoit  propor- 
tionné comme  un  autre  homme,  hormis  qu'il  avoit  tout 
le  corps  hériffé  de  poil.  Il  avoit  le  nez  plat ,  les  nari- 
nes larges  ,  8e,  par  derrière,  au-deffus  du  croupion,  une 
queue  longue  ck  groffe  d'un  pouce.  Les  habitans  qui 
prétendent  en  avoir  vu  d'autres,  difent  qu'ils  ne  parlent 
point ,  &  qu'ils  parlent  les  nuits  dans  les  arbres.  Ce 
fut  auffi  dans  un  arbre  qu'il  fut  furpris  avec  fa  femme 
&  fon  enfant  ;  mais  fa  femme  ck  l'enfant  échappèrent, 
car  ils  font  fort  légers  à  la  courfe. 

©n  allure  qu'il  y  a  dans  le  royaume  de  Loango  des 


mines  d'étain  ck  d'argent  ;  mais  les  habitans  font  fi  pa- 
reffeux,  qu'ils  ne  veulent  pas  y  travailler.  Il  y  a  des  en- 
droits où  il  croît  du  poivre  ,  comme  celui  de  Bénin , 
du  gingembre  ck  des  cannes  de  fucre ,  dont  on  ne  fait 
point  d'état.  Les  Portugais  de  Loanda  ck  de  Saint-Paul 
ont  ttatiqué  autrefois  des  lavaugus  dans  ce  pays  ,  &  ce 
font  des  lavaugus  qu'on  donne  en  aux  foldats  du  roi  d'Espa- 
gne ,  dans  une  place  que  ce  prince  a  conquife  à  trente 
lieues  de  Lovanda  8c  de  Saint-Paul ,  dans  les  terres  ap- 
pelles Mafagaum.  Les  Portugais  achètent  à  Loango 
beaucoup  de  bois  rouge  ck  des  dents  d'éléphans. 

Telle  eft  la  relation  que  nous  a  donnée  Van-den- 
Broeck  ,  dans  fes  Voyages  de  la  Compagnie  des  Inde* 
orientales  ,  établie  en  Hollande.  Depuis  ce  tems  les 
chofes  ont  heureufement  changé  de  face.  Dans  l'an- 
née 1663  ,  un  célèbre  millionnaire ,  nommé  le  P.  Ber- 
nardin de  Hongrie ,  fe  trouvant  à  Loango  ,  eut  quelques 
conférences  avec  le  roi  ,  l'inftruifit  des  myfteres  de  la 
religion  Chrétienne ,  le  convertit  à  la  foi ,  &  le  baptifa, 
de  même  que  la  reine ,  fes  fils ,  8c  quelques  perfonnes 
de  fa  cour.  *  Lettre  du  P.  Bernardin,  du  25  Juillet  1663. 
Les  peuples  furent  plus  difficiles.  L'exemple  du  roi  les 
toucha  peu.  Ils  fe  moquèrent  des  ordres  que  ce  prince 
donna  de  ne  point  travailler  le  dimanche ,  ck  refuferent 
de  fe  rendre  à  l'églife,  pour  affifter  aux  inftruûions.  Un 
des  coufïns  du  roi ,  homme  très-attaché  à  l'idolâtrie ,  fe 
mit  à  leur  tête,  féduifit  une  partie  des  nouveaux  Chré- 
tiens, par  des  promeffes,  des  préfens  ,  ck  fe  vit  bien- 
tôt en  état  de  préfenter  bataille  à  fon  fouverain.  *  Le 
P.  Labat ,  Relat.  d'Ethiopie ,  t.  3  ,  p.  430. 

Le  roi  qui  étoit  brave  ,  8e  qui  avoit  levé  des  trou- 
pes, ne  s'épouvanta  point.  Il  alla  chercher  les  rebelles, 
Se  leur  livra  bataille.  Mais  ceux-ci  ayant  trouvé  moyen 
de  débaucher  fes  troupes ,  il  fut  contraint  de  fe  retirer 
avec  ce  qui  lui  refta  de  fujets  fidèles.  Les  vainqueurs  lui 
offrirent  de  mettre  les  armes  bas  Se  de  le  reconnoître 
comme  auparavant ,  s'il  vouloit  quitter  la  nouvelle  reli- 
gion qu'il  avoit  embraffée ,  &  remettre  les  chofes  comme 
elles  étoient.  Le  prince  ,  convaincu  de  la  vérité  de  la 
religion  Chrétienne  ,  répondit  qu'il  ne  quitteroit  jamais 
le  culte  du  vrai  Dieu ,  ck  qu'il  répandroit  jusqu'à  la 
dernière  goutte  de  fon  fang ,  pour  foutenir  la  religion 
Chrétienne. 

Il  y  eut  encore  d'autres  combats  entre  le  roi  8c  les 
rebelles.  'Dans  le  dernier  de  ces  combats,  les  troupes  du 
roi  furent  taillées  en  pièces  ,  8c  lui-même  fut  tué  les 
armes  à  la  main.  Cette  déroute  arriva  vers  la  fin  de 
l'année  1664.  Tout  céda  alors  au  vainqueur.  Il  fut  re- 
connu roi ,  8c  employa  tous  fes  foins  à  détruire  la  reli- 
gion Chrétienne ,  ck  à  élever  le  paganisme  fur  {es  rui- 
nes ;  mais  fon  triomphe  ck  fon  régne  furent  de  courte 
durée.  Un  des  enfans  du  roi  défunt  s'étant  fauve  de  la 
bataille ,  où  le  roi  fut  tué  ,  remit  des  troupes  fur  pied , 
protefta  hautement  que  c'étoit  moins  pour  défendre  fes 
droits  que  pour  l'intérêt  de  la  religion  Chrétienne  qu'il 
prenoit  les  armes  ,  8c  qu'à  l'exemple  de  fon  père,  il  la 
fbutiendroit  jusqu'à  dernier  foupir.  Il  donna  enfuite  une 
bataille,  dans  laquelle  le  tyran  fut  défait  8c  maffacré, 
avec  presque  toutes  fes  troupes.  Le  prince  Chrétien  fe 
mit  alors  fur  le  trône ,  8c  fit  fleurir  la  foi  dans  fes  états. 
2.  LOANGO  ;  (la  baie)  elle  paffe  pour  être  bonne. 
Cependant,  à  l'entrée  ,  vers  l'extrémité  feptentrionale, 
il  y  a  un  banc,  qui  court  depuis  la  pointe,  près  d'une 
demi-lieue  le  long  de  la  côte.  Il  gît  à  environ  deuxbras- 
fes  8c  demie  de  profondeur,  8c  n'eft  pas  large.  Quand 
on  l'a  dépaffé ,  on  trouve  cinq  braffes  8c  demie  d'eau , 
jusqu'à  la  portée  d'un  petit  canon  ,  du  côté  de  la  terre; 
ck  à  cette  diftance,  on  trouve  trois  braffes,  fond  d'argille 
rouge.  C'eft  l'endroit  où  les  vaiffeaux  ancrent  ordinai- 
rement. Cette  baie  fe  reconnoît  aifément  par  les  hautes 
montagnes  rouges,  qui  font  du  côté  de  la  mer,  n'y  en 
ayant  point  d'autres  femblables  fur  la  côte.  Depuis  le 
cap  de  Lopo  jusqu'à  Loango,  les  terres  courent  presque 
toujours  au  fud-eft  quart  de  fud,  Se  au  fud-fud-eft.  Pres- 
que toute  l'année,  les  courans  portent  au  nord,  avec  tant 
de  rapidité,  qu'il  paroît  fort  difficile  de  les  furmonter 
8c  de  gagner  au  fud.  On  eft  empêché  par  les  vents  du 
fud-eft,  qui  régnent  continuellement  fur  la  côte;  quoi- 
qu'il s'élève  au  matin  une  petite  fraîcheurde  terre,  qui, 
à  midi,  vient  du  large.  La  failbn  la  plus  propre,  pour  fur- 
monter les  courans  8c  gagner  au  fud,  c'eft  celle  de  Jan- 


LOB 


LOC 


vier,  de  Février,  Mars  fck  Avril.  Il' y  pleut  extrême- 
ment, &  on  y  a  fans  celle  des  grains  fck  des  travades  ; 
ii  on  s'en  lert  à  propos  ,  le  mauvais  tems  porte  où  on 
veut  aller.  Sans  cela  ,  la  choie  feroit  comme  impoffible. 
Les  courans  rapides  que  forment  les  rivières,  qui  lé  dégor- 
gent dans  la  mer,  font  fi  forts  ,  qu'il  faut  toujours  navi- 
ger  à  dix  ou  douze  lieues  de .  terre.  *  Van-den-Broeck  , 
Voyage  de  la  compagnie  des  Indes  orientales  ,  t.  4, 
p.  31b'. 

LOANS,  LOHANS  ou  Louans,  ville  de  France, 
en  Bourgogne  ,  dans  le  Châlcnnois  ,  fck  dans  une  espèce 
d'iile  ;  entre  les  rivières  de  Seilles ,  la  Salle  fck  Solnant, 
à  fix  lieues  au  fud-oueft  de  Chàlons ,  à  quatre  de  Tour- 
nus,  fck  à  neuf  de  Mâcon.  Cette  ville  eft  fort  refTerrée 
par  fa  htuation,  fck  n'a  que  deux  portes.  La  longueur  de 
la  vilie  d'une  porte  à  l'autre  n'eft  que  de  quatre  cents 
pas ,  la  largeur  de  deux  cents  dix ,  fck  le  circuit  de  quinze 
cents  pas.  On  marche  à  couvert  par  toute  la  ville ,  par 
le  moyen  des  toits  des  maifons  qui  font  avancés  ,  ck 
d'une  grande  commodité ,  mais  qui  rendent  les  maifons 
fort  fombres.  Il  n'y  a  qu'une  feule  paroifTe,  fous  l'invo- 
cation de  S.  Pierre  ck  de  S.  Paul  ;  la  cure  eft.  du  diocèfe 
de  Befanqon,  fck  à  la  nomination  de  l'abbé  de  Tournus. 
Il  y  a  un  couvent  de  Cordeliers ,  un  hôpital ,  un  collège 
où  les  miffionnaires  de  Ja  congrégation  de  S.  Jofeph  de 
Lyon  enfeignent  toutes  les  clartés  ,  hormis  la  théologie. 
Le  feigneur  de  Loan  a  haute  fck  baffe  juftice  ,  ck  les  ap- 
pellations des  jugemens  font  portées  au  bailliage  de  Chà- 
lons. On  y  juge  félon  les  loix  Romaines  ,  parce  que 
Loans  eft  de  la  Breffe  Châlonnoife.  Il  y  a  auffi  un  gre- 
nier à  tel.  *  PiganioL  de  la  Force ,  Descr.  de  la  France, 
/.  3 ,  p.  490. 

Selon  Carreau,  Description  de  la  Bourgogne ,  il  y  a 
trois  portes  dans  cette  ville  ,  à  la  diftance  de  deux  cents 
pas  l'une  de  l'autre.  On  trouve  au  fortir  de  la  porte , 
appellée  d: 'Amont,  un  cours  qui  eft  côtoyé  dans  toute 
fa  longueur  par  la  rivière  de  Salle  ,  ck  qui  conduit  à  l'hô- 
pital ,  ck  enluite  aux  Cordeliers.  La  manufacture  des 
étoffes,  ck  celle  des  toiles  font  affez  confidérables.  Il  y  a 
un  dépôt  établi  àLouans,  pour  les  marchandilés  que  l'on 
fait  palier  de  Lyon  en  Suiffe,  en  Allemagne,  ck  autres 
pays  étrangers  ,  pendant  les  quatre  foires  franches  de 
Lyon.  La  viile  de  Louans,  Lovincum  ,  félon  le  même 
auteur,  appartenoit  anciennement  à  la  maifon  de  Vienne, 
îfiùe  des  aimés  des  comtes  de  Bourgogne.  La  maifon  de 
Vienne  pofiédoit  î^a^ny,  Seurre,  Pourlans,  Longepierre, 
Mervans ,  Louans  ,  Sainie-Croix  ,  ck  autres  terres,  dont 
les  ducs  de  Bourgogne  acquirent  la  mouvance  ck  la  fou- 
veraineté.  Herri  d'Antigny  concéda,  en  1169,  'es  fran~ 
chifes  fck  privilèges  de  la  ville  de  Louans ,  &  il  requit 
le  comte  ae  Bourgogne,  ck  Hugues,  comte  de  Vienne, 
feigneur  de  Pastny  ,  duquel  relevoit  immédiatement 
Louans ,  d'y  appofer  leurs  fceaux.  Les  armes  de  cette 
ville  lont,  de  gueule  ,  à  deux  clefs  d'or  pofées  en  fau- 
toir,  les  anneaux  en  pointe. 
LOBAN.  Voyez  Laban. 
LOBAO.  Voyez  LOBON. 

LOBAW,  petite  place  de  la  Prufle  Polonoife ,  aux 
confins  du  royauine  de  Prufle.  Elle  a  un  château  qui  eft 
la  relidence  ordinaire  de  l'évêque  de  Culm.  Elle  donne 
fon  nom  à  un  petit  canton  circonvoifin,  qu'on  appelle 
le  pays  de  Lobo.  Elle  eft  à  treize  milles  d'Allemagne  de 
la  ville  de  Culm  ,  au  levant. 

LOBBES,  félon  Baillet,  Topogr.  des  Saints,  p.  274, 
ou  LauBE  &  LOBE, félon  Baudrand,en  latin  Laubia:&c 
Laubium ,  abbaye  des  Pays  -  bas  ,  au  bourg  de  même 
nom,  dans  le  Hainaut ,  au  diocèfe  de  Cambrai,  mais 
dans  les  enclaves  du  pays  de  Liège ,  fur  la  rive  Septen- 
trionale de  la  Sambre,  près  de  la  ville  deThuin,  bâtie, 
l'an  653,  par  S.  Landelin  ,  qui  en  eft  regardé  comme 
le  premier  abbé  ;  mais  il  n'y  demeura  pas ,  fck  fut  excité 
depuis  à  bâtir  divers  autres  monafteres,  dont  le  dernier 
fut  CrÉPIN  où  il  mourut.  Le^  premiers  abbés  de  Lob- 
bes  furent  tous  évêques  ,  mais  évêques  régionaires  ck 
ians  diocèfe.  Lorsque  S.  Landelin  le  fut  retiré  dans  la 
folitude  du  Hainaut  où  il  bâtit  Crépin  ,  S.  Ursmar  fut 
fait  abbé  de  Lobbes,  l'anôSô.  Affifté  des  libéralités  de 
Pépin,  il  acheva,  l'an  697,  le  monaftere  de  Lobbes,  qui 
devint  dans  la  fuite  l'un  des  plus  riches  &  des  plus  célè- 
bres du  pays.    L'églife  de  cette  abbaye  où  S.  Ursmar 


87; 


etoit  enterré,  étant  devenue  depuis  la  paroiïïe  de  ha- 
lans  de  Lobbes,  fut  érigée  aprèo  en  chapitre  ,  ck  donnée 
à  des  chanoines  qui  transportèrent  leur  chapitres  dans 
la  petite  ville  de  Binche,  l'an  1408,  avec  les  corps  de 
S.  Ursmar,  de  S.  Ermin,  fon  fucceffeur,  ck  de  fix  autres 
faints.  Depuis  ce  tems,  l'abbaye  n'eft  plus  qu'une  paroifTe 
de  village. 

LOBETANI,  ancien  peuple  de  l'Espagne  Tarrago- 
noife.  Ils  prenaient  ce  nom  de  leur  ville,  que  Ptolo- 
mée, l.z,  c.  6,  appelle  Lobetum. 

LOBETUM  ,  ville  de  l'Espagne Tarragonoife ,  félon 
Ptolomée.  C'eft  préfentement  AlBARACIN. 

LOBITZUM,  lieu  de  laThrace,  duquel  il  eft  parlé 
dans  les  écrits  de  Cédrer.e,  de  Zonare  fck  de  Nicetas. 
Gabius  appelle  ce  même  lieu  Lomzum.  *  Ortel.  The- 
faur. 

LOBNA  ,  ville  de  la  Paleftine  ,  dans  la  tribu  de  Jti- 
da  (a),  dans  la  partie  méridionale  de  cette  tribu.  Elle 
fut  cédée  aux  prêtres  pour  leur  habitation ,  ck  déclarée 
ville  de  refuge  (b).  Eusèbe  ck  S.  Jérôme  difent  qu'elle 
étoit  dans  le  canton  d'tleuthéropolis.  Selon  D.  Calmet, 
c'eft  la  même  que  Libna  ck  Lebna,  au  voifinage  de 
laquelle  les  Israélites  campèrent  (c),  dans  leur  voyage  du 
déiert.  *(a)  Jofué,  c.  15 ,  v.  41.  (b)  Par.il,  1.  1 ,  c.  6, 
v-55>  57-   (c)  Num.c.  31,  v.  10. 

LOBON  ou  Lobao,  ancien  bourg  d'Espagne,  dans 
l'Eftramadure  ,  fur  la  Guadiana,  en  re  Ménda  fck  Bada- 
jox,  à  cinq  lieues  de  l'une  fck  de  l'autre.  *  Bauarand, 
éd.  1705. 

Selon  Ortélius,  c'eft  la  Lycon  de  Tite-Live. 

1.  LOBREGAT,  (le)  Rubricaïus ,  rivière  d'Espa- 
gne, en  Catalogne.  Elle  tire  la  (ource  des  montagnes, 
au-deffus  deBaga,  fur  la  frontière  de  la  Cerdagne,  d'où, 
coulant  au  midi  par  Berga,  fck  près  de  Mar.rèle,  où  elle 
reçoit  le  Cardonero  entre  cette  ville  fck  Montferrat ,  fck 
enfuite  la  Noya,  à  Martôrel.  Enfin  elle  fe  rend  dans  la 
mer  Méditerranée,  à  deux  lieues  de  Barcelone  au  cou- 
chant. *Baudr.  éd.  170°). 

2.  LOBREGAT,  petite  rivière  d'Espagne,  dans  La 
Catalogne;  elle  coule  dans  l'Ampurdan,  baigne  le  châ- 
teau d'Ampurias  ,  fck  fe  jette  dans  le  golfe  de  Lyon,  au- 
près de  la  ville  deRofes.  C'eft  le  Clodianus  des  an- 
ciens. Cette  rivière  que  Baudrand  dit  être  le  Clodianus 
de  Ptolomée,  n'eft  pas  différente  de  Fluvian.  Voyez 
ce  mot.  * Baudr.  éd.  17O). 

LOBRINl-MONTES,  fii'vm  ffi,  montagnes  d'A- 
fie  ,   dans  la  Phtygie ,  félon  le  Scholiafte  de  Nicandre. 

LOC-DIEU,  ou  Lieu-Dieu,  Locus  Del ,  abbaye, 
de  France,  dans  le  Rouergue  ,  au  diocèfe  de  Rhodez, 
ordre  fck  de  la  réforme  de  Cîieaux,  fille  de  Dalon.  Elle 
a  été  fondée,  le  12  des  kalendes  d'Avril  1123  ,  félon 
d'aurres  le  3  des  ides  de  Novembre  ,  c'eft-à-dire  le 
21  Mars  1113,  ouïe  11  Novembre  1 134.  Entre  fes 
principaux  bienfaiteurs,  on  compte  Aldoin  de  Parifî , 
(de  Parijîo,)  qui  donna,  au  mois  de  Mai,  l'an  1124,  au 
monaftere  de  Notre-Dame  deLoc-Dieu,  ou  Lieu-Dieu, 
fck  aux  religieux  qui  y  fervoient  Dieu  ,  tout  ce  qu'il  pos- 
fédoit  en  différens  endroits.  Voici  ce  que  l'on  fait  de 
l'origine  de  ce  monaftere  ,  fuivant  un  Cartulaire  prêté 
au  P.  de  Sainte-Marthe ,  par  feu  l'abbé  Fleury,  fous-pré- 
cepteur des  enfans  de  France  ,  auteur  de  YHiJloire  ecclè- 
fiaflique,  fck  confeffeur  dû  roi  Louis  XV.  Il  étoit  le  cin- 
quantième abbé  de  cette  maifon.  Au  tems  du  roi  Phi- 
lippe, un  certain  Geraud,  (de  Sala,)  vint  dans  l'Aqui- 
taine, où,  cherchant  des  lieux  déièrts,  il  fonda  fept  mo- 
nafteres qu'il  inftitua  fuivant  l'habit  fck  le  régime  de* 
vivre  des  religieux  de  Cîteaux  ,  fous  la  régie  de  S.  Be- 
noit, le  père  commun  de  ces  moines.  Voici  les  noms 
de  ces  monafteres  : 

Cadouin ,  Caduinum.  Grandfelve,  Grandis-Silva. 

LeChaftelier, Caflellaris.  Bornet,  Bornetum. 

Dalon  ,  Dalonium.  LesAUeus,  Allodii,  ckc. 
Abfie,  Abfia. 

LOC-RENAN,  ou  Saint-Renan,  petite  ville  de 
France,  avec  une  abbaye  de  filles,  en  baffe  Bretagne, 
au  diocèfe  de  Léon  ,  au-delà  de  Breft ,  vers  le  nord- 
oueft ,  bâtie  par  S.  Paul  ,  premier  évêque  de  Léon,  au 
feptiéme  fiécle.  *  Bailla,  Topogr.  des  Saints  ,  p.  6t8. 
Tome  III.     Sffffij 


876 


LOC 


LOC 


LOCANA.  Ortélius,  Thefaur.  trouve  ce  nom  dans 
Curopalate  &  dans  Cedrène,  &  ci  oit  eue  c  eft  le  nom 
d'une  vdle  d'Arménie.  r 

LOCANUS  ,  rivière  de  la  grande  Grèce ,  félon  1  to- 
lomée  ,  qui  femble  y  terminer  la  Locnde  de  la  grande 
Grèce.  En  ce  cas  ce  feroit  la  même  que  la  Sapra ,  de 
Pline,  aujourd'hui  Sarigria.no.  Cependant  Barri  croit, 
que  cette  rivière  eft  appellée  aujourd'hui  Proteriato. 

LOCARICUM.  Voyez  Calata-Fimi. 

LOCARNA,  ville  du  Paropanife.  Voyez  Loch  ARNA 


Ce  bailliage  eft  partagé,  pour  la  police,  en  quatre  com- 
munautés. 

I.  La  ville  &  la  campagne  de  LOCRANO. 
IL  La  vallée  de  Verzascha. 

III.  La  ville  de  BrïsAGO. 

IV.  Et  le  bourg  de  GAMBARONIO. 
LOCASTRA,  ville  de  la  Médie,  félon  Ptolomée, 

/.  6 ,  c.  i.  Quelques  exemplaires  portent  Choaflra. 
'  LOCCHÂ;  A»**,  grande  ville  d'Afrique.  Scipion  la 
prit  par  une  capitulation,  que  les  foldats  violèrent  mal- 


LOCARNO',  ville  de  Suiffe  ,  au  bailliage  de  même     gré  lui ,  au  rapport  d'Appien ,  Punk.  Cette  place  ne  de- 
qui  eft  un  des  quatre  bailliages  d'Italie  ,T&d°nt     voit jpas^êttje  fort  kj?^^» f; 


LOCCHEM  ,  petite  ville  des  Pays-bas ,  dans  la  pro- 


nom,  .,- 

elle  eft  la  capitale.  Les  Allemands  la  nomment  LUGGA- 

ris  C'eft  une  jolie  ville,  affez  grande,  au  bord  occiden-  vince  de  Gueldre ,  au  comte  de  Zutphen  au  bord  de 
tal  du  lac  Majeur,  étant  lavée'd'un  côté  par  la  Magia,  la  petite  rivière  de  Berckel,  qui  va  fe  perdre  a  environ 
qui  fe  jette  dans  le  lac  en  cet  endroit.  On  peut  juger  deux  milles  au-deffous,  dans  1  Iffel  auprès  de  Zutphen. 
cl-  U  erâriaeur  de  cette  ville  ,  parce  qu'il  y  a  eu  dans  Elle  eft  auffi  a  deux  milles  de  Groll,  félon  Pontanus. 
un  tems  jusqu'à  quatre  cents  familles.  Elle  eft  bâtie  dans  Le  Diftionnaire  géographique  des  Pays-bas,  Hifi  Geins. 
une  plaine,  au  pied  d'une  montagne  fort  haute,  &  dans  1.  I ,  dit  quelle  eft  a  trois  grandes  lieues  de  Zutphen. 
une  Station  fort  agréable.  L'air  y  eft  doux  &  pur.  Les  Baudrand ,  qui  prend  les  nulles  de  Pontanus  pour  des 
montages  qui  l'environnent  au  nord  &  au  midi  ,  fer-  lieues,  ny  met  que  deux  lieues  de  d.ftance.  Il  remar- 
vent  à  tempérer  d'un  côté  la  rudeffe  &  l'impétuofité  que  qu'elle  fut  pnle  ,  en  1671,  par  les  François ,  qui  la 
des  vents  froids  de  la  bile,  &  la  chaleur  excefiive  des  quittèrent, en  1674,  après  en  avoir  rafe  les  fortifications, 
vents  du  fud.  A  l'occident  &  à  l'orient ,  le  pays  eft  ou-  LOCCUNG  ,  fortereffe  de  la  Chine,  dans  la  province 
vert  &  les  vents  y  ont  un  cours  libre.  Comme  Locarno  de  Junnan  ,  au  département  de  Lingan ,  troifiéme  métro- 
eft  la  ville  la  plus  grande  qu'il  y  ait  aux  environs  du  pôle  de  la  province.  Elle  eft  de  14  d.  30'  plus  occiden- 
lac  Majeur  ,  auflî  eft-elle  fort  fréquentée  par  les  négo-  taie  que  Pékin,  fous  les  23  d.  iS'  de  latitude.  *  Atlas 
dans,    &  il  y  a  toutes  les  femaines  de  gros  marchés,     Sinenfis.  ,^^„,DT7D     X7  , 

où  l'on  va  de  toutes  les  parties  des  bailliages  voifins ,  LOCHABAR,  LOCHABER.  Voyez  Lochquha- 
auffi-bien  que  des  autres  endroits  de  celui  de  Locarno.    EIR.       „  .„,,'.         ,        .  .         , 

Il  v  a  dans  cette  ville  une  grande  place  au  bord  du  lac,  LOCHANG,  ville  de  la  Chine,  dans  la  province  de 
fort  propre  Si  commode  pour  cet  ufage.  Il  y  avoit  là  Quangtung,  au  département  de-Xaocheu  féconde  mé- 
autrefois  un  bon  port  carré,  flanqué  de  bonnes  tours  à  tropole  de  la  province.  Elle  eft  de  4  cl.  7'  plus  occiden- 
fes  quatre  coins  ;  mais  il  y  a  long-tems  qu'il  a  été  corn-  taie  que  Pékin,  fous  les  15  d.  7'  de  latitude.  *  Atlas  . 
blé  par  le  «ravier  que  la  Magia.  y  a  charrié.    Là  étoit    Sinenfis. 

autrefois  une  fortereffe  avec  un  palais,  qui  appartenoit  LOCHARNA,  ville  d'Aile  ,  dans  le  pays  des  Paro- 
aux  comtes  Rusca,  feigneurs  du  pays  ;  mais  elle  fut  dé-  panifades,  félon  Ptolomée  ,  /.  6,  c.  18. 
molie  par  les  Suiffes,  Van  1531,  &  ils  n'y  laifferent  que  _  LOCHAU  ,  petite  ville  d'Allemagne,  dans  la  prin- 
le  palais  qui  fert  de  réfidence  aux  baillifs.  Locarno  eft  cipauté  de  Lunebourg.  Elle  eft  chef  d'un  bailliage,  dont 
au  milieu  d'un  pays  abondant  en  pâturages,  en  vins  6k  la  plupart;  des  habitans  font  Vandales  d'origine,  &  en 
en  bons  fruits;  mais  il  manque  fouvent  de  bled,  à  caufe     ont  confervé  le  langage. 

du  peu  de  champs  qu'il  y  a.  Le  lac  fournit  quantité  de  LOCHES  ,  Luccce ,  petite  vilte  de  France  ,  dans  la 
bons^poiffons ,  entr'autres,  des  truites  que  l'on  porte  jus-  Touraine,  fur  la  rive  gauche  de  l'Indre  ,  entre  Châtil- 
qu'à  Milan.  Quant  au  gouvernement  civil,  cette  ville  Ion  &  l'abbaye  de  Cormeri.  Elle  eft  confidérable  par 
eft  partagée  en  trois  ordres  ;  les  nobles,  les  anciens  fon  château,  &  par  fes  grandes  mouvances  ;  car  le  comté 
bourgeois,  &  le  peuple.  Le  premier  jour  de  l'an ,  toute  la  de  Montrefor  en  relevé  de  même  que  douze  châtelle- 
communa'uté  ,  qui  eft  compofée  de  la  ville  &  de  la  cam-  nies ,  &;  plus  de  foixante  fiefs.  Elle  peut  paffer  pour  an- 
pa->ne,  s'affenible  à  Locarno,  &  choifit  fes  officiers,  cienne;  car  dès  la  fin  du  cinquième  fiécle,  Euftochius, 
qut  font  vingt -un  confeillers  ,  un  thréforier,  &c.  De  évêque  de  Tours,  y  bâtit  un  monaftere.^  Loches  avoit 
feillers  douze  font  pris  de  Locarno  ,  trois  de  fes  feigneurs  particuliers  depuis  le  neuvième  fiécle  ,  &c 
>u  Ascona;  &  les  fix  autres  font  tirés  des  villa-     ils  reconnoiffoient  les  comtes  d'Anjou.    Leur  race  s'é- 

tant  éteinte,  cette  ville  fut  réunie  à  la  Touraine  &  au 
domaine  des  rois  d'Angleterre  ,  comtes  de  Touraine, 
félon  l'abbé  de  Longuerue,  Descr.  delà  France,  p.  107. 
Piganiol  dit  :  elle  pafla  aux  comtes  d'Anjou  par  ma- 
riage, &  fut  réunie  à  la  couronne,  par  félonie,  l'an  1101. 
Cette  ville  eft  fituée  à  mi-côte ,  au  pied  du  château,  &c 
eft  entourée  d'un  côté  de  collines  chargées  de  vignes 


ces  cor, 
Scona  c 

ges  &  des  vallées  d'alentour.  Des  douze  confeillers  pris 
de  Locarno  ,  il  y  en  a  fix  qui  font  tirés  de  la  nobleffe, 
quatre  des  anciens  bourgeois  ,  &  deux  du  peuple.  Cha- 
que village  a  l'on  conful ,  qui  exige  de  chaque  famille 
le  cens  annuel  ,  auquel  elle  eft  taxée  ;  les  confias  le  li- 
vrent au  thréforier  qui  en  rend  compte  au  confeil.  *Etat 
&  Délices  de  la  Suiffe,   t.  3  ,  p.  516. 

Le  BAILLIAGE  de  LOCRANO  eft  à  l'occident  de  au  bas  desquelles  font  des  vallées  très-fertiles,  &  de  lau- 
celui  de  Lugano.  Il  occupe  les  deux  côtés  de  la  partie  tre  ,  une  grande  prairie  traverfée  par  un  pont  d'une  lon- 
fupérieure  du  lac  Majeur.  Ce  lac,  que  les  Italiens  appel-  gueur  extraordinaire.  Le  château  eft  affez  vafle  &  fort; 
lent  laoo  Maggiore,  (parce  qu'il  eft  le  plus  grand  des  le  donjon  a  été  commencé  ,  il  y  a  environ  deux  cents 
trois  lacs  de  la^Lcmbardie,)  &  qui  eft  le  Verbanus  la-  .  cinquante  ans ,  &  fut  achevé  fous  le  régne  de  Louis  XII. 
eus,  des  anciens,  eft  long  &  étroit.  Il  s'étend  du  nord  On  y  remarque  deux  cages  de  bois,  garnies  de  fer,  qui  ont 
au  fud;  &  dans  l'étendue,  de  dix  ou  douze  milles,  il  eft  fix  pieds  de  large  &  huit  de  long,  dans  l'une  desquelles 
à  la  Suijjc;  &  dans  tout  le  refte  il  dépend  du  duché  de  mourut  Ludovic  Sforce,  l'an  15 10.  Le  cardinal  de  la 
Milan.  Il  s'élargit  confidérablement  dans  le  milieu  de  Babue  fut  auffi  renfermé  dans  ce  château,  l'an  1469,  & 
fa  longueur,  &  forme  un  golfe  à  l'oueft  où  font  les  ce-  y  refta  onze  ans.  L'appartement,  que  ceux  du  pays  ap- 
lébres  ifles  Borromées  ;  mais  nous  en  parlons  en  fon  lieu,  pellent  ks  faits,  eft  celui  du  roi,  quia  été  bâti  par  or- 
Ce  bailliage  eft  grand,  &  contient  quarante- neuf  pa-  dre  de  Louis  XI.  Un  capitaine  de  ce  château,  nommé 
roiffes.  Il  eft  compofe  de  trois  ou  de  quatre  vallées  fer-  Pont-Briant ,  y  découvrit  des  voûtes  fouterreines,  fer- 
tiles, &  arrofé  de  belles  rivières,  qui  fe  jettent  toutes  mées  avec  une  porte  de  fer  ,  au  bout  desquelles  eft  une 
dans  le  lac.    Le  Téfin  ,  venant  du  canton  d'Uri   &  du     chambre  quarrée  où  il  fe  trouva  un  géant  affis  fur  une 


bailliage  de  Bellinzone ,  entre  dans  la  tête  du  lac.  La 
Madia  ou  Magia,  venant  de  la  vallée  qui  porte  fon  nom, 
entre  dans  le  "lac  près  de  Locarno.  La  rivière  de  Ver- 
zafcha  fe  jette  dans  le  lac ,  à  une  bonne  lieue  au  nord 
de  la  orécidente.  Les  vallées  deCento-Valli  &  d'Offe- 


pierre,  ayant  fa  tête  appuyée  fur  fes  deux  mains,  comme 
s'il  eut  dormi;  mais  auffi-tôt  qu'il  fut  expofé  à  l'air,  il 
s'en  alla  en  pouffiere ,  excepté  la  tête  &  quelques  offe- 
mens  qu'on  a  confervés  long-tems  dans  1  eglife  de  Lo- 
ches. Auprès  de  ce  géant  étoit  un  petit  coffre ,  dans  le- 


ron  ont  auffi  chacune  une  rivière  qui  l'arrofe,  &  quife    quel  il  y  avoit  quantité  de  beau  linge,   qui  fut  auffi  ré- 
jettent toutes  deux  dans  la  Magia.  duit  en  pouffiere ,  dès  qu'on  y  toucha 


LOC 


LOC 


L'églife  collégiale  de  Notre-Dame  de  Loches,  eft  dans 
l'enceinte  du  château.  On  voit  au  milieu  du  chœur  un 
magnifique  tombeau  de  marbre  noir,  éievéde  trois  pieds 
de  terre  ;  au-deflus  eft  une  figure  de  marbre  blanc,  qui 
représente  Agnès  Sorel.  Deux  anges  tiennent  l'oreiller , 
fur  lequel  repofe  fa  tête,  &  à  fes  pieds  font  deux  béliers. 
On  lit  autour  de  ce  tombeau  cette  épitaphe: 

Ci  gît  noble  damoifelle  Agnes  Seureile,  en  fon  vivant 
dame  de  Beauté  , 

Rochefferie  ,  d'Ifïbudun ,  de  Vernon-fur-Seine  ,  pitieufe 
envers  toutes  gens, 

Et  qui  largement  donnoit  de  fes  biens  aux  églifes  ci  aux 
pauvres,  laquelle 

TrépafTa  le  neuvième  jour  de  Février  1449.  Priez  Dieu 
pour  elle. 

Trois  autres  inscriptions  latines  font  employées  à  rele- 
ver la  beauté,  la  nobleffe  Se  la  charité  de  cette  maîtrefle 
de  Charles  VII,  roi  de  France.  Elle  étoit  née  au  village 
de  Frornenteau,  en  Touraine,  &  auprès  de  Loches.  Elle 
eft  blâmable  d'avoir  fait  un  ufage  fi  peu  chrétien  de  fa 
beauté  ;  mais  on  la  louera  toujours  d'avoir  fauve  la  France. 
Au  lieu  que  les  maîtrefies  des  rois  ne  fervent  qu'à  les 
e/Féminer  &  à  deshonorer  leur  régne  ,  celle-ci  retira 
Charles  VII  de  la  tranquilité  léthargique  avec  laquelle 
il  voyoit  le  progrès  que  faifoient  les  Anglois  dans  fon 
royaume.  Elle  changea  de  conduite  ,  &r.  le  tourna  en- 
tièrement vers  la  piété.  Les  chanoines  de  Loches  lui  ac- 
cordèrent cette  fépulture  ,  en  confédération  des  libérali- 
tés qu'elle  leur  fit  ;  car  elle  leur  fit  prêtent  des  terres  de 
Fromer.teau  5c  de  Bigorre  ;  elle  leur  donna  auffi  une 
très-belle  lapifièrie ,  plufieurs  joyaux  ,  reliquaires  &  or- 
nemens ,  entr'autres,  une  image  d'argent  de  la  Magde- 
laine,   &  une  des  côtes  de  cette  fainte. 

Dans  la  ville  même  il  y  a  une  pareille  &  fîx  couvens. 
On  n'y  compte  qu'environ  huit  cents  feux  ,  &  mille  huit 
cents  habitans.  Le  domaine  eft  engagé  à  un  gentilhomme 
du  nom  de  Bracque,  qui  prend  la  qualité  de  comte,  de 
Loches.  Les  habitans  de  Loches  ont  une  vénération  ridi- 
cule pour  une  meule  du  moulin  de  S.  Ours;  laquelle,  fi 
on  veut  les  en  croire ,  fubfïfie  dans  fon  entier,  fans  au- 
cune diminution,  depuis  environ  douze  cents  ans,  quoique 
les  meuniers  la  piquent  tous  les  jours.  La  ville  de  Loches 
eft  féparée  de  la  ville  de  Beaulieu  par  la  rivière  d'Indre, 
&  par  un  pont  qui  en  fait  la  communication. 

La  forêt  de  Loches  eft  auprès  de  cette  petite 
ville  :  elle  contient  cinq  mille  arpens  de  bois  de  haute-fu- 
taie ,  &  appartient  au  roi. 

LOCHI,  fille  de  la  Chine,  dans  la  province  de  Su- 
chuen,  au  département  de  Tungchuen,  première  grande 
cité  de  la  province.  Elle  eft  de  11  d.  50'  plus  occiden- 
tale que  Pékin ,  fous  les  30  d.  40'  de  latitude.  *  Atlas 
Sincnfis. 

LOCHIA,  promontoire  d'Egypte  ,  auprès  de  Pharos, 
félon  Strabon,  /.  17,  p.  791.  Ortélius  croit  que  c'eft 
aujourd'hui  Castelleto.  Strabon  écrit  Rx.o*ixia.t  en 
feul  mot  ;  &,  p.  794 ,  il  le  divilé  ainfi  :  &6yja.<  àV.ga . 

1.  LOCHING,  ville  de  la  Chine  ,  dans  la  province 
de  Pékin,  au  département  de  Chintinh,  quatrième  mé- 
tropole de  cette  province.  Elle  eft  de  2  d.  16'  plus  oc- 
cidentale que  Pékin  ,  fous  les  38  d.  36'  de  latitude. 
?  Atlas  Sinenjzs. 

2.  LOCHING,  ville  de  la  Chine  ,  dans  la  province 
de  Quangfi ,  au  département  de  Lieucheu ,  féconde  mé- 
tropole de  la  province.  Elle  eft  de  9  d.  26'  plus  occiden- 
tale nue  Pékin,  fous  les  25  d.  17'  de  latitude.  *  Atlas 
Sinenjzs. 

LOCFIIS  ,  ou  AUCHIS  ,  félon  les  divers  exemplai- 
res Ptolomée,  /.  5 ,  c.  9,  ancienne  ville  de  la  Sarmatie, 
en  Afie. 

LOCHMABEN  ,  ville  &  château  de  TEcoffe  méri- 
dionale, dans  la  province  d'Annendale ,  au  nord-oueft 
d'Anr.and.  *  Etat  préfent  de  la  Gr.  Bretagne. 

LOCHQUHABlR,  province  d'Ecoffe  ,  dans  fa  par- 
tie Septentrionale.  Elle  eft  au  nord  des  provinces  deLorn, 
d'Argyle,  &  de  Braid-Albain ,  auxquelles  elle  confine 
au  midi,  à  l'occident  de  celle  d'Athol  :  elle  a  celle  de 
Murraye  au  nord-elt ,  &  celle  de  Rofs  au  nord  ;  &  enfin 


h? 

1  Océan  occidental  la  baigne  au  couchant.  Elle  abonde 
en  pâturages  :  lès  lacs  &  fes  rivières  nourriflent  beaucoup 
de  poiftbn  ;  le  plus  grand  lac  eft  au  milieu  de  la  pro- 
vince. Sa  ville  la  plus  confidérable  -ft  celle  d'Inverlochi. 
Cette  province  eft  remarquable  dans  l'Hiftoire,  par  la 
prophétie  de  Banquho,  vers  l'an  105:0  ,  que  fa  pofténté 
jotiiroit  de  la  couronne  pendant  une  longue  fuire  d'an- 
nées. Le  tyran  Macbeth,  qui  régnoit  pour  lors  enEcofte, 
le  fit  affaflîner ,  à  caufe  de  cette  prophétie  qui  ne  laifîa 
pas  pourtant  de  s'accomplir;  car  fon  fils  s'enfuit  dans  le 
pays  de  Galles.  Il  eut  un  fils  nommé  Gautier,  qui  prit  le 
nom  de  Stuard,  en  Ecoffe,  &c  duquel  la  famille  royale 
de  ce  nom  eft  descendue.  *  Etat  préfent  de  la  Gr.  Bre- 
tagne ,  t.  2  ,  p.  262. 

LOCHTOA  ,  rivière  de  Finlande,  dans  la  Cajanieou 
Bothnie  orientale.  Elle  a  fa  fource  dans  une  grande  chaîne 
de  montagnes,  qui  féparent  la  Cajanie  de  la  Thavaftie,  Si 
tire  les  eaux  d'un  lac  nommé  Lestierwi  ;  d'où,  coulant 
vers  le  nord-oueft,  elle  le  charge,  chemin  faifant,  de  deux 
ruiiïeaux ,  &  va  fe  perdre  dans  le  golfe  de  Bothnie ,  au 
midi  du  bourg  de  LoCHTO  ,  entre" la  vieille  Carleby  au 
midi,  ck  la  roche  de  Kala  au  nord.  Cet  intervalle  de  la' 
côte  eft  plein  de  roches.  *  De  flfie  ,  Couronnes  du 
nord. 

LOCHUEN,  ville  de  la  Chine,  dans  la  Province  de 
Quangfi,  au  département  de  Gucheu,  cinquième  métro- 
pole de  la  province.  Elle  eft  de  7  d.  38'  plus  occiden- 
tale que  Pékin,  fous  les  22  d.  54'  de  latitude.  *  Atlas 
Sinenjzs. 

LOCING,  ville  de  la  Chine  ,  dans  la  province  de 
Chékiang ,  au  département  de  Vencheu ,  onzième  mé- 
tropole de  la  province.  Elle  eft  de  4  d.  28'  plus  orientale 
que  Pékin,  fous  les  27  d.  49'  de  latitude.  *  Atlas  Si- 
nenjzs. 

LOCK.UM,  abbaye  d'Allemagne,  dans  la  princi- 
pauté de  Calenberg.  Il  y  a  aujourd'hui  un  abbé  Luthé- 
rien fort  riche ,  avec  un  cerrain  nombre  de  conventuels. 

LOCKMARIAKER,  bourg  de  France,  dans  la  balle 
Bretagne  ,  au  diocèfe  ,  ÔC  au  fud-eft  de  Vannes,  proche 
la  mer.  Ce  bourg  eft  bâti ,  en  partie ,  fur  les  ruines  de 
l'ancienne  capitale  des  Venètes,  appellée  par  Ptolomée 
Dariorigum.  On  y  voit  encore  les  fondemens  des  murs 
&  des  tours ,  &  plufieurs  autres  vefbges  ,  qui  prouvent 
qu'il  y  avoit  autrefois  dans  cet  endroit  une  grande  ville. 
En  1748,  on  trouva  dans  les  ruines  fubmergées,  en  dra- 
geant  des  huitres ,  une  ftatue  d'or  de  deux  pouces  repré- 
sentant Harpocrate ,  dieu  du  filence.  Voyez  DaRio- 
RIGUM. 

LOCO  ,  fortereffe  de  la  Chine,  dans  la  province  de 
Junnan,  au  département  de  Chinyuen,  dixième  métro- 
pole de  la  province.  Elle  eft  de  15  d.  56'  plus  occiden- 
tale que  Pékin,  fous  les  24  d.  37' de  latitude.  *  Atlas  Si- 
nenjzs. 

LOCO-BORMANI,  ou  Lucum  Bormani,  félon 
les  divers  exemplaires  d'Antonin,  Itiner.  lieu  ou  bois , 
entre  Albengue  &  Antibes ,  à  quinze  mille  pas  de  la  pre- 
mière. C'eft  le  Bormani  ou  Bormanni  de  Pline. 

LOCOR1TUM  ,  ancienne  ville  de  la  grande  Germa- 
nie ,  félon  Ptolomée  ,  /.  2,  c.  11.  Pierre  Appien  con- 
jecture que  c'eft  ForcheiM  fur  le  Mein. 

LOCOZUS,  ancienne  ville  d'Afie,  dans  laPhrygie: 
elle  fut  abîmée  dans  une  inondation  ,  félon  Etienne  le 
Géographe. 

LOCRA  ,  rivière  de  l'ifle  de  Corfe.  Elle  a  fon  em- 
bouchure fur  la  côte  occidentale,  félon  Ptolomée,  /.  3, 
c.  2.  Léandre  croit  que  c'eft  aujourd'hui  le  Talabo. 

LOCRENAN,  bourg  de  France,  dans  la  Bretagne, 
diocèfe  &  recette  de  S.  Pol  de  Léon.  Il  y  a  une  ma- 
nufacture royale  de  toiles  pour  les  voiles  des  vailîeaux, 
dont  on  fournit  l'arfenai  de  Breft. 

LOCRES,  Locri,  peuples  d'Afrique  ,  dont  Virgile 
fait  mention  dans  ce  vers  de  l'Enéide ,  /.  1 1 ,  v.  265  : 

Libycove  habitantes  littore  Locros. 

Servius,  Comment ar.  in  Virg.  1.  2,  p.  1597,  remarque 
fur  ce  vers  de  Virgile  ,  que  les  Locres  Epizéphyriens  Se 
les  Locres  Ozoles  furent  compagnons  d'Ajax;  la  tempête 
partagea  leur  flotte.  Les  Epizéphyriens  abordèrent  dans 
le  pays  des  Brutiens ,  où  ils  fondèrent  la  ville  Locri.  Les 
Ozoles  furent  jettes  fur  la  côte  de  la  Pentapole.   Quel- 


LOC 


LÔ^ 


ques-uns  difent  néanmoins ,  qu'il  y  avoit  dans  le  pays 
des  Bruthns  un  endroit  de  ia  côte  ,  nomme  le  rivage  de 
[■  bis.  D'autres  croieMque  ces  peuples  fixèrent  leur  de- 
meure iur  le  polte  de  la  Sidre;  d'autres  veulent  qu'ils  fe 
foient  établis  dans  les  illesde  laLybie  ,  qu'ils  y  ayent  d'a- 
bord été  appelle*  Nifammones,  &  dans  la  <mte,  par  cor- 
ruption, Nafammor.es.  Il  s'en  trouve  qui  foutiennent  que 
ces  peuples ,  après  avoir  perdu  leurs  vaifTeaux  dans  le 
golte  de  la  Sidre  ,  prirent  terre  ,  &  avancèrent  dans  l'in- 
térieur des  terres,  jusqu'es  dans  le  pays  d'Ammon,  Se 
qu'ils  bâtirent  dans  le  quartier  de;  Nafartltnôms  une  ville 
qu'ils  nommèrent  Aurda.  Il  y  en  a  qui  avancent  quelles 
Locres,  dont  il  eft  ici  queftion,  s'emparèrent,  fur  la  côte 
d'Afrique,  d'une  ifle  nommée  Cercina.  Enfin  quelqu'un 
s'eft  imaginé  que  dans  les  vers  fuivans ,  qui,  dans  le  fond, 
paroiiîent  un  peu  obscurs,  Denys  le  Périégète  plaqoit 
les  mêmes  Locres  fur  la  mer  Atlantique  : 


Htc; 


ixn. 


-2p 


r 


LOCRES  EPICNÉMIDIENS  ,  (les)  Locri  Epicne- 
midii, peuples  de  la  Grèce  propre,  dans  la  Locride.  Ils 
étoient  féparés  des  Locres- Ozoles  par  le  mont  ParnalTe, 
&  ils  habitoient  les  terres  qui  font  entre  cette  montagne 
&  le  golfe  Maliaque.  Strabon,  /.  9,  dit  qu'ils  tiraient 
leur  nom  de  la  montagne  Cnemis  ou  Cnemides.  Eus- 
rathe,  in  Periea.  v.  416,  pour  avoir  mal  entendu  cet 
endroit  de  Strabon  ,  veut  que  cette  montagne  foit  fituée 
auprès  du  mont  (Eta  ;  mais  comme  Ptolomée  place  fur  le 
golfe  Maliaque  la  ville,  tnpiïii ,  Cnemides,  ainfinoir.- 
mée  du  nom  de  la  montagne ,  au  pied  de  laquelle  elle 
étoit  bâtie ,  il  eft  à  croire  qu'il  y  avoit  dans  ce  quartier 
une  montagne  appel'ce  Cnemis.  Voyez  ce  mot.  A  moins 
que  l'on  ne  donne  ce  nom  à  cette  file  de  montagnes  , 
qui  s'étend  depuis  le  mont  (Eta,  jusqu'à  la  mer.  Voyez 
LoCRlS.  *  Ce'lar.  Geogr.  ant.  t.  2 ,  c  13. 

Les  Locres  Epicnémidiens  habitoient  tout  le  pays, 
depuis  les  limites  des  Locres  Opuntiens ,  jusqu'au  golfe 
Maliaque  ;  &  la  ville  de  «.nuitet ,  Cnemides  ou  Cne- 
mis, étoit  une  de  leurs  places  maritimes.  Ptolomée  la 
met  par  erreur  chez  les  Opuntiens  ,  dont  elle  étoit  li- 
mitrophe. Le  P.  Briet,  de  Regno  Macedon.  part.  1,1.  3, 
je  ne  fais  fur  quelle  autorité  ,  dit  que  les  Locres  Ozoles 
descendoient  des  Locres  Epicnémidiens. 

LOCRES  OPUNTIENS,  peuples  de  la  Grèce  propre, 
dans  la  Locride.  Leur  pays  s'étendoit  depuis  les  Locres  , 
jusqu'à  la  Eéotie,  en  tirant  vers  le  midi.  Ils  furent  appelles 
Opuntiens.  de  leur  capitale  nommée  Opus.  Voyez  Lo- 
CRlS. *Cel!ar.  Geogr.  ant.  /.  2,  c.  13. 

LOCRES  OZOLES,  Locri  O^olœ  (a),  peuples  de 
la  Grèce  propre ,  dans  la  Locride.  On  les  trouve  auffi 
nommés  Zephyrii,  c'eft-à-dire  Occidentaux,  parce  que 
leur  pays  s'étendoit  à  l'occident  de  la  Locride  :  il  com- 
mencoit  à  Naupaclus  aujourd'hui  Lepanto  ,  &  finilToit 
aux  confins  de  la  Phocide  ;  ainfi  il  ne  comprenoit,  le  long 
de  la  côte  de  la  mer  ,  qu'un  espace  de  deux  cents  [rades 
au  plus;  ce  qui  revient  à  huit  lieues  ou  environ.  Leur  ca- 
pitale étoit  Amphija  (b).  Une  partie  de  leur  pays  étoit 
très-fertile;  l'autre  partie  étoit  coupée  de  roches.  On  dé- 
rive leur  nom  du  grec  élu  ,  fentir  mauvais.  Parmi  le  grand 
nombre  d'applications  qu'on  a  faites  de  ce  lirnom,  les  plus 
yraifemblables  font  celles  qui  veulent  que  ces  peuples  ayent 
été  ainfi  nommés,  ou  parce  qu'ils  ciemeuroient  auprès  d'un 
marais  qui  répandoit  une  mauvaife  odeur,  ou  pareeque 
leurs  habits  fentoient  mauvais;  car  ils  étoient  habillés  de 
peaux  non  corroyées.  Ils  ne  fe  fervoient  pas  delaine  comme 
les  autres  peuples  de  laGréce  (c).  Ils  étoient  adonnés  à 
la  fodomie  (d).  Leurs  femmes  étoient  communes  en- 
tr'eux  (e).  Ils  faifoient  des  feftins  à  la  mort  de  leurs  pa- 
ïens. Ils  crevoient  les  yeux  aux  voleurs  (f).  Si,  contre 
la  défenfe  du  médecin,  un  malade buvoit  du  vin  ,  il  avoit 
beau  revenir  en  fanté  ,  on  le  faifoit  mourir.  Ces  mœurs 
&  ces  ufages  doivent  s'entendre  des  tems  les  plus  an- 
ciens ,  &  avant  que  la  Grèce  fût  auffi  polie  qu'elle  le  fut 
dar.s  la  fuite.  *  (a)  Cellarius  ,  Geogr.  ant.  /.  2 ,  c.  13. 
(b)  Le  P.  Brict,  de  Regn.  Macedon.  p.r,  A3.  (c)  Max. 
Tyrius.  (<>)  Athenaeus.  (e)  Heraclides.  (f)  jElian.  in 
Variis,  1.  2 ,  c.  37. 

LOCRI  C)  ,  ville  de  la  grande  Grèce ,  au  midi  de  fa     némidiens, 
partie  occidentale ,  auprès  du  promontoire  Zephyrium  t 


u 

en  tirant  vers  le  nord.  Ptolomée  la  nomme  ÀoKfo},  Lo'cri: 
Tite-Live  la  met  chez  les  Brutiens.  Pline,  1.  3  ,  c.  y, 
dit  que  les  Locres  étoient  furnommés  Epi{ephyrii  ,  à 
caufe  du  promontoire  Zephyrium,  dont  ils  étoient  voi- 
fms  (b).  Au  refte  Locri  étoit  autant  le  nom  de  la  ville, 
que  celui  d  un  peuple  :  c'eft  pourquoi  Strabon,  /.  6 ,  dit  : 
h  m. Ut  ci  1  «cp3<  0}  È-TTiQçûeto ,  urbs  Locri  Epiftphyrià 
Le  même  géographe  juge  que  Locri  fut  bâtie  par  les  Lo- 
cri Ofo.'œ.  Il  y  a  plus  d'apparence  néanmoins  qu'elle  fut 
fondée  par  les  Epicnémidiens,  dont  Naray,  ou  Nary- 
cum  étoit  la  ville.  En  effet  Virgile,  JEneid ,  1.  3,  v.  399, 
faifant  mention  des  Locri  d'Italie,  dit  : 

Hic  &  Narycii  pofuerunt  mania  Locri. 
Ovide,   15,  Métam.  v.  705,  donne  même  le  nom  de 
Naricia  à  la  ville  de  Locri.  *  «  Orw/.Dift.  Q>)  Cd- 
ïar.  Geogr.  ant.  /.  2,  c.  9. 

Le  nom  du  peuple  étoit  Locri  Si  Locrenfes  ;  car  on 
lit  dans  Tite-Live,  Lib.  22,  extremo.  Metapontini,  Cro- 
ïonienfes,  Locrique  ;  &  lib.  23,  c.  30:  Locrenfes  defei- 
vere  ad  Pœnos.  Le  territoire  <k  le  pays  étoit  appelle  par 
les  Grecs  Aoxe«'  ,  Locride  ,  puisque  Strabon  dit  âKfi 
t;7s  AmtlS'of ,  promontorium  Locridis ,  le  promontoire  de 
la  Locride. 

Quelques  écrivains  prétendent  que  la  ville  LOCRI  fut 
d'abord  bâtie  fur  le  promontoire  Zephyrium  ;<]u'enfuite 
elle  fut  transférée  dans  l'endroit  où  l'on  voit  aujourd'hui 
Giera^o  ou  Cirace  ,  &  qu'il  y  paiToitune  rivière  à  l'em- 
bouchure de  laquelle  étoit  PORTUS  Locrorum.  La  ri- 
vière Alex,  aujourd'hui  Alece,  bornoit  d'un  côté  le  pays 
des  Locres,  &.  .eféparoit  du  pays  de  Rheginum,  aujourd'hui 
Rhegio ,  ck  la  rivière  Sagra  le  bornoit  du  côté  du  nord. 
Les  Locres  ne  laiiTerent  pas  pourtant  de  bâtir  la  ville  de 
Caulonia entre  cette  rivière  Si  le  promontoire  Cocintum: 
ils  poflederent  auffi  Peripolium,  ville  fur  l'Alex,  Si  que 
l'on  croit  être  aujourd'hui  Mendolia.  *  Pkil.  Cluver.  Ital. 
ant.  /.  4. 

LOCRIS,  ou  Locride,  contrée  de  l'Achaïe.  Le 
ParnalTe ,  félon  Strabon ,  /.  9 ,  la  partageoit  en  deux  par- 
ties. Cellarius,  Geogr.  mit.  1.  2,  c.  13,  dit  que  celle  qui 
étoit  en-deçà  de  ce  mont,  étoit  habitée  par  les  Locres 
Oboles,  &l  bornée  par  l'Etolie  &  par  la  Phocide:  la  par- 
tie au-delà  du  ParnalTe  ,  s'étendoit  vers  le  détroit  des 
Thermopyles ,  le  long  de  la  côte  de  l'Euripe ,  vis-à-vis 
de  l'Eubée.  Les  Locres,  qui  habitoient  au-delà  du  Par- 
nalTe, étoient  divifés  en  deux  peuples ,  favoir  les  Locres 
Opuntiens  fur  la  mer  d'Eubée ,  Se  les  Locres  Epicnémi- 
diens ,  qui  avoient  pris  leur  nom  de  la  montagne  Cné- 
mife.  Strabon  appelle  encore  les  Locres  Oroles ,  îniie'n 
Aoifoi,  Locres  occidentaux ,  pour  les  distinguer  des  Lo- 
cres d'au-delà  du  ParnalTe,  qui  étoient  dans  la  partie 
orientale  de  l'Achaïe.  Il  y  a  des  écrivains  qui  n'admettent 
pas  la  divifion  des  Locres  d'au-delà  du  Parnnaffe  :  ils  les 
appellent  en  général  Locres  Epicnémidiens.  Le  Scholiafte 
de  Pindare  eft  de  ce  nombre.  Voici  ce  qu'il  dit  in  Olymp. 
Od.  1 1  :  Locrorum  triafunt  gênera ,  Epi^ephyrii ,  0{o- 
Ice ,  Epicnemidii.  Ex  his  Epiçephyrii  Locri  Junt  in  Ita- 
liâ;  0{o!œ  ad  JEtoliam  ;  Epicnemidii  juxta  Eubœam, 
Cependant  la  plupart  des  géographes  divifent  les  Locres 
au-delà  du  ParnalTe  en  Locres  Opuntiens  Se  en  Locres 
Epicnémidiens.  Ptolomée  eft  du  nombre  de  ceux  qui  les 
divifent.  Voici  les  villes  qu'il  attribue  à  chacun  de  ces 
peuples.  Voyez  Locres. 


Locres  Ozoles. 


fMolycria. 
Antirrhium  Promont. 
mes.  .Naupacius. 

I  iLvanthia. 
^Chaleus. 


(Dans  les  terres.{Amphifa. 

(     Villes  manu- $  Cnemides. 
Locres  Opun-  mes.  \Cynus. 

tiens.  ") 

(^Dans  les  terres. {Opus. 

Villes  mariti-  ÇBoagrijlu 
Locres  Epie- )  mes.  \Scarphia. 


Dans  les  tenes.{Thronium. 


LOD 


La  divifion  que  donne  le  P.  Brier  ,  de  Fera  Gracia , 
part.  2 ,  1.  3  ,  eft  différente  de  celle  de  Ptolomée  :  elle 
ajoute,  entr'autres,  plufieurs  villes  au  pays  des  LocresEpic- 


rAmphijfa. 
t  /-»     i      )Naupaclus,  aujourd'hui  Levante. 

Locres  OzohsJMJ^a  QU  ^olicrioa% 

\Antirrhium,  promont. 

t  /-.        (Opus  ou  Opoeis. 

Locres  OpunO  ^         in(uL  aujourd'hui  Jalendi. 

nens-  ICynus. 

[Cnemïdes  ou  Cnemis-Mons. 

IThronium. 
...    Parafopias. 
némidiens.        )Afopus,fluv. 

I  Heraclea  ,  cognomento  Trachin. 
[Thermopylœ  fauces. 

LOCTA  ,  nom  latin  de  Loket  ,  petite  ville  de  la 
Bohême  proprement  dite.  Voyez  Elnbogen. 

LOÇU  ,  ville  de  la  Chine,  dans  la  province  de  Jun- 
nan ,  au  département  de  Junnan  ,  première  métropole 
de  la  province.  Elle  eft  de  14  d.  46'  plus  occidentale 
que  Pékin,  fous  les  24  d.  50'  de  latitude.  *  Atlas  Sinenfis. 

LOCUNG  ,  forterefle  de  la  Chine,  dans  la  province 
de  Iunnan  ,  au  département  de  Lingan,  troifiéme  mé- 
tropole de  la  province.  Elle  eft  de  14  d.  30'  plus  occi- 
dentale que  Pékin,  fous  les  23  d.  28'  de  latitude.  *  Atlas 
Sinenfis. 

LOCUS.  Ce  mot  eft  latin,  Se  lignifie  LIEU.  Il  eft  com- 
mun à  tous  les  lieux  du  monde,  dans  de  fens  général. 
Nous  en  avons  marqué  l'ufage  au  motLlEU;  mais  avec 
une  addition  il  devient  propre  à  un  lieu  particulier. 

LOCUS  ARCjE  ,  le  lieu  de  l'Arche.  Métaphrafte, 
dans  la  Vie  de  S.  Martinien  ,  dit  qu'il  y  avoit  une 
montagne  ainfi  nommée,  auprès  de  Célarée,  dans  la  Pa- 
leftine.  C'eft  ne  rien  défigner;  il  y  avoit  plus  d'une  Cé- 
farée  dans  ces  cantons-là. 

LOCUS-FELIX  ,  ou  Lacus-felix  ,  ou  Lacus- 
FELICS,  félon  les  divers  exemplaires  d'Antonin  ,  an- 
cien nom  d'un  lieu  ou  d'un  lac  de  la  Norique  ,  entre  Ar- 
lape  5c  Lauriacum  ,  à  xxvi.  M.  P.  de  la  première  &  à 
XX.  M.  P.  de  la  féconde. 

LOD.  On  lit  au  premier  livre  des  Paralipomènes , 
c.  8  ,  v.  12 ,  qu'Elphaal  eut  pour  fils  Heber ,  Mifaam  5c 
Samad  ,  Se  qu'il  bâtit  Ono  Se  Lod  ,  Se  fes  filles ,  ou  fes 
dépendances.  Voyez  Lydda. 

LODABAR  ,  ville  de  la  Paleftine.  On  n'en  fait  pas 
bien  lafituation;  Miphibofeth,  fils  de  Jonathas,  demeu- 
roit  à  Lodabar ,  après  la  mort  de  fon  père ,  lorsque  Da- 
vid le  fit  venir  à  fa  cour.  Lodabar  étoit  apparemment 
au-delà  du  Jourdain.  Reg.  1.  2,  c.  9,  v.  4  &  5. 

Lodabar  peut  fignifier  Lod  de  delà'.  D.  Calmet 
qui  croit  que  Lod  eft  la  même  ville  que  Lydda  ou  Dios- 
polis,  foupçonne  qu'elle  étoit  la  Lod  d'en-deçà,  Se  que 
Lodabar  ou  Lod  de  delà  étoit  ainfi  nommée  par  op- 
pofition. 

LODDEN,  bourg  d'Angleterre,  dans  la  province  de 
Norfolok.  On  y  tient  marché  public.  *  Etat  préfent  de  la 
Gr.  Bretagne  ,  t.  I. 

LODEGA,  orthographe  vicieufe  pour  Ladoga. 
Voyez  ce  mot. 

LODESAN,  (le)  petit  pays  d'Italie,  au  duché  de 
Milan ,  le  long  de  la  rivière  de  l'Adda ,  entre  le  Crémo- 
nois  Se  le  Cremasque  au  levant ,  le  Milanès  propre  au 
nord,  le  Pavefan  au  couchant,  &  le  Plaifantinau  midi. 
Il  prend  ce  nom  de  Lodi,  fa  capitale.  Il  eft  très- fertile  Se 
très-peuplé.  Il  eft  .préfentement  à  la  maifon  d'Autriche, 
ainfi  que  le  refte  du  Milanès. 

LODEVE,  ville  de  France,  au  bas  Languedoc, 
fur  la  Lergue,  au  pied  des  Sevennes ,  vers  les  confins  du 
Rouergue ,  avec  un  évêché  fuffragant  de  l'archevêché  de 
Narbonne  ;  en  latin  Leuteva  ,  Leoteva,  Luteva  Se  Forum 
Neronis.  Pline  ,  /.  3  ,  c.  4,  en  nomme  les  habitans  Lu- 
tevani ,  qui  efl  Foroneronienfts  ;  ainfi  leur  ville  étoit  ap- 
pellée  Luteva  Se  Forum  Neronis:  ce  furnom  étoit  le  nom 
propre  d'une  autre  ville  du  peupie  Tricajlini.  Le  même 
auteur  dit  que  c'étoit  une  ville  Latine,  fans  doute  à  caufe 


LOD  879 

de  la  colonie  à  l'occafion  de  laquelle  on  l'avoit  furnom- 
mée  Forum  Neronis.  11  parle  enfuite  des  Arecomici,  au 
fujet  de  la  ville  de  Niines ,  Nemaufum  Aremicorum.  Je 
ne  vois  point  en  tout  cela  ce  qui  a  engagé  le  dofte  abbé 
de  Longuerue,  Descr.  de  la  France  ,  p.  '248 ,  à  dire  que 
Lodeve  nommée  en  latin  par  Pline  Leuteva,  eft  une  an- 
cienne ville  des  peuples  Arécomiques ,  que  cet  auteur 
allure  avoir  été  Forum  Neronis.  Ce  qu'il  ajoute  me  pa- 
roît  encore  moins  fondé.  Leuteva,  dit-il,  a  été  depuis 
corrompu  en  Luteva  ,  Loteva  ,  Lodova  6c  Luteha  6c  Lu- 
tuba.  J'aurois  cru,  au  contraire,  queLeuteva  étoit  une  des 
corruptions  du  mot  Luteva  ,  Se  Lutevani  que  je  trouve 
dan-  les  édi  tior.s  de  Pline,  par  Dalechamp ,  par  les  Elze virs 
&  par  le  P.  Hardouin  ,  (ans  que  ce  dernier  ait  remarqué 
qu'on  lile  autrement  daus  les  manuscrits.  Le  pape  Boni- 
face  I,  écrit  Lutuba  le  nom  de  cette  ville  dans  une  Let- 
tre datée  du [treizième  confula' d'Honorius,  5e  du  dixième 
de  Théodofe  le  Jeune ,  &  qui  appartient  à  l'an  422 ,  où 
il  parle  d'une  entreprife  que  Parrocle,  évêque  d'Arles, 
avoit  faite  hort  de  ia  province,  dont  le  clergé  5t  le  peu- 
ple, Lutuenjis  ecclejicc  chorus  &plebs,  s'étoient  plaints  au 
faint  fiége.  On  préttnd  que  le  roi  Louis  VIII,  en  recon- 
noiffaace  des  férvices  qu'il  avoit  reçus  de  Pierre  V,  évê- 
que de  Lodeve,  dans  la  guerre  des  Albigeois,  voulut  qu'à 
l'avenir  on  appellât  cette  ville  Ludova,  comme  qui  di- 
roit  ville  Louis.  Cette  idée  efl  peu  vraifemblable.  Lodeve 
ièroit  un  des  plus  anciens  évêchés  de  Frande,  s'il  etoit 
vrai  ,  que  S.  Flour,  un  des  foixante  5c  douze  disciples 
de  Jesus-Ch«ist  eût  été  fon  premier  évêque.  Mater- 
nus  ,  évêque  de  Lodeve  ,  ouscrivit  en  ^06 ,  au  concile 
d'Agde.  Les  évêques  de  Lodeve,  fufrragans  de  Narbonne, 
ont  affiné  non-leulement  aux  conciles  qui  fe  font  tenus 
en  cette  métropole,  mais  auffi  à  ceux  de  Tolède,  parce 
que  ceux  de  Lodeve  éroient  fujets  des  rois  des  Wifi- 
goths,  S:  ne  furent  fournis  aux  François  que  fous  la  race 
des  Carlovingiens.  S.  Fulcrain  ,  évêque  de  Lodeve,  mou- 
rut le  13  de  Février  de  l'an  1006;  fon  corps  s'étoit  con- 
fervé  tout  entier,  jusqu'en  1  ^7;,  que  les  Proteftans,  durant 
les  troubles  de  religion,  le  traînèrent  par  les  rues,  &  le 
brûlèrent.  Il  en  refte  encore  une  main  5c  quelques  autres 
reliques  dans  la  cathédrale.  *  Pigamol  de  la  Force, 
Descr.  de  la  France  ,p.  372. 

Lodeve  a  eu  fes  vicomtes  auffi-bien  que  les  autres 
villes  du  Languedoc  ;  5c  on  voit  par  la  Vie  de  S.  Fulcran, 
que,  l'an  1006,  Heldinus  tenoit  cette  vicomte.  Les  vi- 
comtes de  Béziers,  qui  font  quelquefois  nommés  comtes  , 
avoient  auffi  quelques  portion  de  la  feigneurie  de  Lo- 
deve ,  6c  cette  portion  vint  aux  vicomtes  de  Narbonne. 
Le  vicomte  Pierre  donna,  l'an  1192,  cette  portion  à 
Raimond  de  Maderis  ,  évêque  de  Lodeve,  6e  à  fon 
églife;  ce  qui  fut  confirmé,  l'année  fuivante,  par  Raimond, 
comte  de  Touloufe ,  comme  feigneur  féodal.  Cet  évê- 
que avoit  encore  le  comté  de  Montbrun  ,  qui  lui  avoit 
été  disputé  par  le  comte  de  Rhodes  ,  mais  qui  lui  fut 
confirmé  ,  avec  fes  autes  droits ,  par  une  patente  du  roi 
Louis  VIII  donnée,  en  1226  ,  cela  le  rendit  feigneur  do- 
minant de  tout  fon  diocèfe. 

L'acquifition  du  droit  des  comtes  6c  du  comté  de 
Montbrun  eft  attribuée  par  Piganiol  de  la  Force,/».  243, 
à  l'évêque  Pierre  de  Posquieres.  Il  fut  enfuite  fermer  Lo? 
deve  de  murailles  à  fes  dépens;  6c,  en  1160,  le  roî 
Louis  VIII  lui  accorda  le  droit  de  régale  6c  les  mines 
d'argent  ,  6c  autres  de  fon  diocèfe.  Cette  conceffion  fut 
depuis  confirmée  par  Philippe  Augufte,  avec  pouvoir  de 
battre  monnoie,  bâtir  des  tours  5c  des  fortereffes ,  ôc  de 
connoître  des  caufes  civiles  6c  criminelles.  L'évêque  de 
Lodeve  jouit  encore  de  tous  ces  droits,  eycepté  celui  de 
battre  monnoie. 

Le  chapitre  de  la  cathédrale  eft  composé  d'un  prévôt  , 
d'un  précenteur  ,  d'un  facriftain  5c  de  douze  chanoines. 
Cet  évêché  n'a  que  cinquante  5c  une  piroifTes,  6c  vaut 
dix-huit  mille  livres  de  revenu.  On  y  compte  deux  ab- 
bayes d'hommes;  celle  de  S.  Sauveur  Je  Lodeve  fondée, 
en  980 ,  par  S.  Fulcran  ;  6c  celle  de  S.  Guillaume  le 
Défert ,  fondée ,  en  804  ,  par  S.  Guilbume  ,  comte  de 
Touloufe  ,  toutes  deux  ordre  de  S.  Benoît  ;  6c  une  ab- 
baye de  filles,  favoir  Gorian,  fondée  en  1350;  ce  font 
des  Bénédiftines. 

Le  diocèfe  de  Lodeve  eft  un  pays  fec  6c  ftérile .  qui 
ne  produit  pas,  à  beaucoup  près  allez  de  bled  pour  nour- 
rir ceux  qui  l'habitent  ;  cependant  c'eft  un  des  plus  ri- 


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LΠ


LOG 


ches  ,    à  caufe  de  manufactures  des  draps    &  de  cha- 
peaux. 

Baudrand  s'eft  trompé  ,  quand  il  a  mis  Lodeve  au 
nombre  des  évêchés  érigés  par  le  pape  Jean  XXII.  Il 
met  Lodeve  à  neuf  lieues  au-deffus  d'Agde  &  de  Béziers, 
'&  à  quinze  de  Nîmes. 

1.  LODI,  ville  d'Italie,  enLombardie,  au  Milanez  , 
dans  le  Pavefan,  fur  le  Silaro.  Les  anciens  l'ont  connu 
fous  le  nom  de  Laus-Pompeii  ,  ou  Laus-Pompeîa.  Cette 
ville ,  que  Pompée  avoit  pris  foin  de  faire  réparer ,  fut 
long-tems  une  ville  riche  ,  floriiTante  ,  abondante  en 
toute  chofe.  Son  opulence  ayant  excité  la  jaloufie  des 
Milanois,  ceux-ci  formèrent  le  deffein  de  la  détruire  ,  & 
l'exécutèrent.  Afin  d'empêcher  qu'elle  ne  fe  relevât  de 
fa  chute  ,  ils  en  disperferent  les  habitans  dans  plulîeurs 
villages,  &  leur  défendirent  en  même  tems ,  fous  de  ri- 
goureufes  peine; ,  de  peniér  jamais  à  la  rebâtir  ,  ni  même 
à  fortir  des  lieux  qui  leur  avoient  été  affignés  pour  de- 
meure. Ce  lieu  n'eft  plus  qu'un  bourg ,  fur  le  chemin  de 
Pavie.  On  l'appelle  Lodi-Vecchio  :  on  y  trouve  des  mé- 
dailles ,  des  infcriptions ,  &  autres  marques  de  Ion  anti- 
quité. *Corn.  Dict.  Lafjds,  Voyage  d'Italie.  Délices 
d'Italie,  ».  I. 

2.  LODI.  L'ancienne  ville  de  ce  nom,  fur  le  Silaro, 
ayant  été  ainfi  détruite  de  cette  manière,  cinquante  ans 
après  ,  l'empereur  Frédéric-Barberouffe  ,  que  la  conduite 
des  Milanois  avoit  irrité,  leur  donna  des  marques  dé  fon 
indignation ,  en  raifant  rétablir  Lodi  qu'ils  avoient  rui- 
née ,  &£  dont  ils  avoient  eu  tant  de  jaloufie.  Ce  ne  fut 
pas  dans  l'endroit  où  elle  avoit  été  autrefois ,  mais  à 
trois  milles  de-là  ,  fur  l'Adda.  Ce  prince ,  accompagné 
de  toute  fa  cour  ,  en  vit  pofer  les  premiers  fondemens , 
&l  lui  donna  de  grands  privilèges  ,  qui  lui  fervirent  à 
maintenir  fort  long  tems  fa  liberté,  fous  la  protection 
de  l'empire  :  dans  la  fuite  elle  fe  choifit  un  feigneur  , 
qu'elle  prit  d'entre  fes  habitans;  &  enfin  elle  fe  fournit 
aux  ducs  de  Milan.  Lodi  eut  beaucoup  à  fouffrir  des  fac- 
tions des  Guelfes  ik  des  Gibelins,  auflî-bien  que  des 
guerres  des  François.  Ceux-ci  ayant  été  entièrement 
chaffés  d'Italie,  elle  tomba  au  pouvoir  des  Espagnols  , 
qui  l'ont  poflédée,  avec  le  refte  du  Milanez,  jusqu'à  la 
conquête  que  les  alliés  en  firent  pour  l'archiduc  ,  qui 
eft  aujourd'hui  l'empereur  Charles  VI  ,  à  qui  le  Milanez 
eft  demeuré.  Lodi  eft  à  vingt  milles  de  Milan ,  &  autant 
de  Plaifance,  de  Pavie ,  &  de  Crème,  fi  nous  en  croyons 
Baudrand.  Il  fe  trompe,'  il  devoit  dire  à  vingt-cinq  mil- 
les de  Milan  &  de  Pavie ,  à  fept  de  Crème  &  à  dix- 
huit  de  Plaifance.  Son  territoire  eft  agréable ,  fertile  &c 
abondant  en  toutes  chofes.  Il  eft  arrofé  de  plufieurs  ri- 
vières, &  de  quantité  de  canaux  ;  ce  qui  tait  qu'on  y  fau- 
che le  foin  jufqu'à  cinq  fois  l'année.  Aufîî  y  nourrit-on 
quantité  de  bétail;  ce  qui  rend  cette  ville  renommée 
pour  les  excellens  fromages  qu'on  y  fait.  On  en  vante 
fur-tout  les  langues  de  veau  fumées ,  qui  parlent  pour 
un  friand  morceau  ;  &  l'on  y  mange  de  très-bon  poif- 
fon.  On  y  fait  de  la  vaifTelle  de  terre ,  qui  égale  en  beauté 
celle  de  fayence.  L'air  y  eft  merveilleux  ,  le  climat  tem- 
péré ,  &  l'eau  faine  &  belle.  On  y  compte  douze  mille 
habitans  ,  &  plufieurs  familles  très-confidérables.  Son 
circuit  eft  d'environ  deux  mille  pas.  L'évêché,  qui  avoit 
été  établi  dans  l'ancienne  ville ,  fut  transféré  dans  la 
nouvelle. 

LODRINO.  Voyez  Drin. 

LODRONE  ,  ou  Londrone  ,  bourg  d'Italie  ,  àti 
Trentin,  lur  le  petit  lac  d'Idro,  à  l'endroit  où  il  reçoit 
la  rivière  de  Chièfe,  vers  la  frontière  du  Breffan  ,  &  de 
l'état  de  Venife.  *  Baudrand,  édit.  iyo1).  Simler  croit 
que  c'eft  l'ancienne  demeure  des  Alutraenfes. 

LŒDIAS ,  rivière  de  Grèce  ,  dans  la  Macédoine. 
Echine  en  fait  mention ,  au  rapport  de  Suidas.  Voyez 
Ludias. 

LŒILLY  ,  bourg  de  France  ,  en  Normandie  ,  au 
diocèfe  de  Rouen.  Il  appartient  à  l'abbé  de  S.  Victor. 

LCET  ,  Loa ,  petite  rivière  de  France ,  dans  la  Beauce. 
Elle  fe  jette  danslaJuine,  à  Eftampes.  Elle  eft  remar- 
quable par  la  bataille  qui  s'y  donna  entre  Clotaire ,  & 
Théodoric  roi  de  France. 

LŒVE.  (la)  Quelques-uns  nomment  ainfi  un  petit 
pays  d'Artois ,  entre  Armentiere  &  Eftaire.  Les  François 
l'appellent  VAUœue ,  ou  pays  de  l'Alkue, 

LŒVEN.   Voyez  Louvain. 


i.  LŒVENSTEIN  ,  ancien  château  des  Pays-bas  J 
dans  la  province  de  Hollande  ,  dans  la  pointe  de  fille 
de  Bommel  ,  entre  la  Meufe  &  le  Variai ,  vis-à-vis 
de  Worcum.  C'eft  dans  ce  château  que  l'on  renferme  les 
prifonniers  d'état.  Quelques-uns  y  cherchent  le  LtvaFa.- 
num  des  anciens. 

2.  LŒVENSTEIN,  pays  d'Allemagne ,  dans  la  Fran- 
conie  ,  avec  titre  de  comté,  en  latin  Lovenjlanienjis  co~ 
mitatus.  Sa  longueur  eft  de  quatre  lieues ,  là  largeur  de 
deux;  &;  il  eft  presque  enclavé  dans  le  duché  de  Wir- 
temberg  ,  n'ayant  rien  de  remarquable  qu'un  château  de 
fon  même  nom.  Des  comtes  d'une  maifon  fort  ancienne , 
.ont  joui  long-tems  de  ce  comté.  Frédéric  le  Victorieux  , 
électeur  palatin  du  Rhin,  l'acheta,  en  1441 ,  du  dernier 
comte  appelle  Louis ,  pour  la  fomme  de  quatorze  mille 
florins  d'or  du  Rhin.  Cet  électeur,  dont  descendent  les 
comtes  de  Lœwenftein ,  fit  donation  de  fes  biens ,  l'an 
1452,  à  Philippe,  fils  unique  de  l'électeur  Louis  IV ,  fon 
frère ,  à  condition  qu'il  conferveroit  la  dignité  électorale 
fa  vie  durant  ,  &  qu'il  ne  fe  marieroit  pas  ;  mais  il  ne 
laiffa  pas  d'époufer  Claire  de  Tettingen,  dont  il  eut  deux 
fils,  Fridéric  &  Louis,  que  l'empereur  Maximilien  I  fit 
comtes ,  leur  affignant  les  feigneuries  de  "Veinsperg,  de 
Mekmul ,  &c  de  Scharffeneck.  Fridéric  étant  mort  en 
i^ô  ,  Philippe  reprit  ces  terres  ,  &  donna  en  échangé 
le  comté  de  Lcewenftein.  Louis  ayant  pris  le  parti  de 
Robert  le  Vertueux ,  comte  palatin  ,  contre  Albert  le 
Sage ,  duc  de  Bavière  ,  qui  fe  faifoient  la  guerre,  pour  la 
fiicceffion  de  George  le  Riche  ,  du;  de  Bavière,  fut  mis 
au  ban  de  l'empire  ,  6k  dépouillé  de  fes  états  par  Ulric, 
duc  de  Virtembsrg  ,  qui  ne  les  rendit  qu'à  la  charge 
qu'il  lui  en  ferait  hommage.  Louis ,  fon  petit  fils,  époula 
Anne ,  fille  de  Louis ,  comte  de  Stolberg  ,  de  laquelle  il 
eut  les  comtés  9fe  Wertheim  ,  de  Rochefort ,  &  de  Mon- 
taigu ,  les  feigneuries  de  Herbemont  &  de  Chaffepierre  , 
&  une  partie  de  celle  de  Brenberg.  II  laiffa  quatre  fils  , 
&  ordonna  par  fon  teftament ,  que  ces  deux  aîné; ,  Chris- 
tophe-Louis, &  Louis  ,  auraient  le  comté  de  Lr ■■ven;- 
tein;  que  les  cadets,  Volfgang-Erneft  &  Jean  Thierri, 
jouiraient  des  biens  fitués  dans  les  Pays-bas,  avec  la' 
partie  delà  feigneurie  de  Brenberg,  &c  que  le  comté  de 
"Verthein  feroit  poffédé  indivifiblement  par  les  quatre 
frères ,  &  par  leur  poftérité.  Louis  &  Volfgang-ErriéS 
étant  morts ,  lés  deux  autres  frères  partagèrent  leur  fuc- 
ceffion.  Chriftophe-Louis  a  fait  la  branche  de  Virnem- 
bourg,  ainfi  nommée  du  comté  de  Virnembourg ,  qu'il 
acquit  en  époufant  Elifabeth  ,  fille  de  Joachim  ,  comte 
de  Manderscheid.  Jean  Thierri  a  fait  celle  de  Roche- 
fort.   *  D'Audi  fret,  Géogr.  t.  3. 

LOFAN ,  fortereffe  de  la  Chine  ,  dans  la  province 
de  Queicheu  ,  au  département  de  Queiyang,  première 
métropole  de  la  province.  Elle  eft  de  11  d.  24'  plus  oc- 
cidentale que   Pékin,  fous   les  25   d.  35'  de  latitude. 

*  Atlas  Sinmfis. 

LOFUNG  ,  ville  de  la  Chine  ,  dans  la  province  de 
Junnan ,  au  département  de  Junnan  ,  première  métro- 
pole de  la  province.. Elle  eft  de  14  d.  57'  plus  occiden- 
tale que  Pékin ,  fous  les  24  d.  43  '  de  latitude.  *  Atlas 
Sinenjis. 

1.  LOGAN  ,  ville  de  la  Chine,  dans  la  province  de 
Kiangfi  ,  au  département  de  Vuchueu  ,  feptiéme  mé- 
tropole de  la  province.  Elle  eft  d'un  degré  46' plus  occi- 
dentale que  Pékin ,  fous  les  28  d.  i'  de  latitude.  *  Atlas 
Sinenjis. 

2.  LOGAN  ,  ville  de  la  Chine ,  dans  la  province 
de  Channton,  au  département  de  Cincheu ,  quatrième 
métropole  de  la  province.  Elle  eft  d'un  degré  43'  plus 
orientale  que  Pékin  ,  fous  les   37  d.   14'  de  latitude. 

*  Allas  Sinenjis. 

3.  LOGAN,  fortereffe  de  la  Chine,  dans  la  province 
de  Kiangnan,  ou  Nanking,  au  département  de  Lucheu, 
neuvième  métropole  de  la  province.  Elle  eft  de  o  d.  57' 
plus  occidentale  que  Pékin  ,  fous  les  32  d.  38'  de  lati- 
tude. *  Atlas  Sinenjis. 

LOGANA  ,  ou  LOGANUS,  nom  latin  de  la  Lohn, 
rivière  d'Allemagne.  Voyez  au  nom  moderne.  Braver 
obferve  que  Venance  Fortunat ,  /.  7 ,  v.  7 ,  dit  Lau- 
gona  ,  &  qu'on  trouve  dans  d'anciens  actes  Logano. 
Voici  les  vers  même  du  poète  Fortunat  : 

Tamque  diu  pugnas  ,  acie  fugitnte  ,  fecutus  , 
Laugona  dum  vitreis  terminus  effet  aauis. 

LOGE: 


LOG 


LOG 


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LOGE  :  ce  mot  a  un  afTez  grand  nombre  de  ligni- 
fications ,  qui  n'ont  presque  point  de  rapport  avec  la  géo- 
graphie ;  mais  il  en  a  un  qui  eft  important.  Dans  les 
voyages  ,  &c  fur  les  cartes  géographiques  ,  on  appelle 
loge  certains  établiffemens  que  les  Hollandois  &  les  Ari- 
glois  ont  dans  les  Indes.  C'eft,  à  proprement  parler  ,  un 
magafin  accompagné  de  maifons  où  demeure  le  fac- 
teur ,  avec  les  perfonnes  qui  font  fous  fes  ordres.  Là 
plupart  de  ces  loges  font  fortifiées ,  &  fuffiiàmment  pour- 
vues pour  réfifter  à  un  coup  de  main ,  &  pour  fe  dé- 
fendre en  cas  d'attaque.  Les  Hollandois  difent  lodge. 

i.  LOGES,  (les)  lieu  de  France,  dans  la  forêt  de 
faint  Germain.  Il  y  a  un  couvent  d'Auguftins  déchaufles. 
i.  LOGES,  (les)  monaftere  de  l'ordre  de  Fonte- 
vraud  ,  dans  l'Anjou ,  au  diocèlé  d'Angers. 

LOGES-MARCHIS  ,  (les)  bourg  de  France,  dans 
la  Normandie,  diocèlé  &  élection  d'Avranches. 

LOGH,  ou  Loch  :  c'eft  ainfi  que  l'on  appelle  un  lac 
en  Ecoffe ,  où  il  y  en  a  un  allez  grand  nombre.  Voici 
les  plus  remarquables  : 

LOGH-ARKEG,  lac  d'Ecoffe,  dans  la  province  de 
Lochquhabir  :  il  lé  décharge,  à  l'orient,  dans  le  Logh-Logh. 
LOGH-ASSYN ,  dans  la  province  de  Rois.  Il  fe  forme 
de  plusieurs  petites  rivières  ,  &  feperd  dans  l'Océan ,  au- 
près de  la  petite  ville  d'Afîyn-beg. 

AW-LOGH  ,  dans  la  province  de  Lorn.  Il  eft  grand , 
&  contient  plufieurs  ifles  :  il  fe  décharge  dans  le  golfe  de 
Dunftafag ,  auprès  de  cette  ville ,  vis-à-vis  de  l'ifle  de 
Mull. 

LOGH-BRAYN  ,  dans  la  province  de  Rofs.  C'eft 
moins  un  lac  qu'une  espèce  de  golfe.  Il  eft  bordé,  à  fon 
entrée  de  quantité,  d'iflets. 

LOGH-D1NART  ,  lac  de  la  province  de  Strathna- 
vern.  Il  eft  formé  par  la  rivière ,  qui  a  fon  embouchure  à 
l'orient  de  Farehead. 

EW-LOGH,  dans  la  province  de  Rofs.  Il  contient 
plufieurs  ifles ,  ci  fe  décharge ,  au  couchant ,  vis-à-vis  de 
la  petite  ifle  de  Rona. 

LOGH-EYRACHELE ,  dans  la  province  d'Athol.  Il 
fe  décharge  dans  le  lac  de  Rennach. 

LOGH-GARRERON ,  petit  port  d'Ecoffe  ,  dans  la 
province  de  Sttathnavern. 

LOGH-GARRÏF  ,  petit  lac  de  la  province  de  Bade- 
noch.  Il  reçoit  les  eaux  de  plufieurs  ruiffeaux ,  &;  les  en- 
voie au  lac  Nefs. 

LOGH-GARRY,  petit  lac,  dans  la  province  d'Athol. 
C'eft  la  foui  ce  d'une  rivière  qui  coule  à  Blair,  fe  joint 
avec  le  Timmel ,  &c  enfuite  avec  le  Tay. 
LOG-HOUP ,  dans  Strathnavern. 
LOGH-KENNERIM ,  dans  la  province  de  Mentheith. 
C'eft  la  fource  de  la  rivière  de  Forth. 

LOG-LAGGAN  ,  dans  la  province  de  Lochquhabir. 
C'eft  la  fource  d'une  rivière ,  qui  fe  groffit  des  eaux  de 
Logh-Logh. 

LOGH-LEFFAN  ,  tans  l'ifle  de  Mull  :  c'eft  une  es- 
pèce de  golfe  ,  fur  la  côte  occidentale. 

LOGH-LEVIN  ,  dans  la  province  de  Fife  :  il  fe  forme 
de  quatre  rivières  au  nord,  au  couchant  &  au  midi;  forme 
la  rivière  de  Levin ,  qui  a,  auprès  d'une  ville  de  même 
nom  ,  fon  embouchure  au  golfe  de  Forth. 

LOGH-LOGH  ,  grand  lac ,  dans  la  province  de  Loch- 
quhabir. Il  reçoit  les  eaux  du  lac  d'Arkeg,  ck  les  rend 
avec  les  tiennes  à  la  rivière  qui  vient  du  lac  de  Laggan. 
LOGH-LOMOND.  Voyez  Lomond. 
LOGH-LOYOL  ,  dans  la  province  de  Strathnavern , 
■vers  la  fource  d'une  rivière  qui  coule  au  couchant  d'In- 
nern-navern. 

LOGH-LUSFORD ,  petit  golfe ,  fur  la  côte  occiden- 
tale de  Strathnavern. 

LOGH-MEATY  ,  dans  la  province  de  Rofs.  Il  eft 
formé  par  une  rivière ,  qui  vient  des  montagnes  fk  de 
l'orient ,  &c  fe  vuide  par  la  même  rivière,  du  coté  de  l'oc- 
cident. 

LOG-NADAL,  golfe  de  l'ifle  d'Yla  ,  l'une  des 
Wefternes.  Kilmorow  eft  fitué  au  fond  &  au  nord  de  ce 
golfe. 

LOGH-NAVERN,  dans  la  province  de  Strathnavern, 
vers  la  fource  de  la  rivière ,  qui  baigne  Innernavern ,  6c 
fe  perd  dans  la  côte  feptentrionale  de  cette  province. 
LOGH-NESS,  dans  la  province  de  Badenoch.  Il  eft 


fort  long ,  &  porte  les  eaux  du  lac  Garrif ,  avec  les  lîcn- 
hes  dans  le  golfe  de  Muray ,  auprès  d'Innernefs. 
,  LOGH-RENNACH  ,  dans  la  province  d'Athol.  Il 
reçoit  plufieurs  petites  rivières  j  fert  de  décharge  au  lac 
d'Éyrachele ,  &  forme  la  rivière  de  Timmel ,  qui  va 
groffir  le  Tay. 

LE  LOGH-RUNN  ,  golfe ,  dans  la  province  de  Gal- 
loVay.  En  fe  rapprochant  de  la  baie  de  Glen-Luce,  il 
forme  une  presqu'ifle  à  l'extrémité  occidentale  de  cette 
province. 

LOGH-SINN  ,  dans  l'Utherland.  Ce  lac  a  une  dé- 
charge dans  une  rivière  ,  avec  laquelle  il  envoie  fes  eaux 
dans  le  golfe  de  la  Thayne. 

LOGH-SNESPORT ,  golfe  dans  l'ifle  de  Skie.  II  a 
fon  embouchure  dans  la  côte  occidentale  de  cette  ifle , 
&  prend  fon  nom  de  Snesport  ,  dont  il  eft  le  port. 

LOGH-STRATHY ,  lac  formé  par  la  rivière,  à  l'em- 
bouchure de  laquelle  eft  fituée  Strathi  ,  fur  la  côte  fep- 
tentrionale d'Ecoffe. 

LOGH-TAY ,  dans  la  province  de  Braid-Albain.  Il 
eft  formé  par  la  rivière  de  Tay.  Voyez  ce  mot. 

Il  eft  inutile  d'avertir  ici  qu'en  parlant  françoïs ,  on 
dit  le  lac  de  Tay ,  le  lac  de  Siun ,  &c  ;  nous  n'avons  mis 
ici  le  mot  Logk ,  que  parce  qu'il  eft  fouvent  écrit  ainfi  fur 
les  carres  des  étrangers.  Sur  quelques-unes ,  ce  mot  eft  écrit 
par  un  C ,  Loch;  &  c'eft  comme  Allard  écrit  ce  mot.  Il 
n'eft  pas  étonnant  que  quelques-uns  de  ces  lacs  ("oient  des 
golfes.  En  voici  une  raifon  affez  naturelle.  Il  eft  très- 
croyable  que  ces  lacs  ont  été  autrefois  plus  féparés  de 
la  mer,  qu'ils  ne  le  font  aujourd'hui  ;  ils  n'avoient  d'ou- 
verture ,  que  ce  qu'il  en  falloit  pour  l'écoulement  de  leurs 
eaux  ;  cette  ouverture  s'eft  élargie  par  les  tempêtes,  & 
la  mer  en  a  fait  un  vrai  golfe  dont  l'entrée  eft  plus  ou 
moins  large ,  félon  la  nature  du  terrein  plus  ou  moins  dis- 
pofé  à  être  rongé  ou  à  réfifter.  La  dénomination  de  las 
une  fois  donné ,  on  n'y  a  rien  changé.  C'eft  ainfi  qu'en 
Languedoc  on  a  des  étangs ,  qui  font  de  véritables  ports  , 
ou  des  baies,  ou  des  golfes  ,  comme  l'étang  de  Vacarais, 
l'étang  de  Perraut,  le  grau  de  Vendre,  l'étang  de  Leu- 
cate  ,  &c.  Voyez  LoUGH.  C'eft  le  nom  que  l'on  donne 
aux  lacs  d'Irlande. 

LOGHOR  ,  village  d'Angleterre ,  au  pays  de  Galles  , 
au  comté  Glamorghan,  fur  la  petite  rivière  de  Loghor, 
à  une  lieue  Se  demi  de  fon  embouchure ,  &  du  bo  ;  de 
Lanelly.  On  croit  que  c'étoit  autrefois  Leucarum,  pe- 
tite ville  des  Silures.  *Baudrand ,  édit.  1705. 

LOGI,  ou  Lugs  ,  ancien  peuple  de  la  partie  fepten- 
trionale de  l'ifle  d'Albion,  félon  Ptolomée  ,  l.  %',  c:  j. 
Boëce  croit  qu'ils  occupoient  le  pays  de  Strathnavern  , 
au  nord  de  l'Ecoffe. 

LOGIA ,  rivière  de  l'Ibernie  ,  félon  Ptolomée  ,1.1, 
c.  1 ,  c'eft-à-dire  de  l'Irlande.  Cambden  croit  que  c'eft 
Louch-Foyle.  Voyez  Foyle. 

LOGIONES.  Zofime  ,  /.  1  ,  c.  67,  nomme  ainfi  un 
peuple  de  la  Germanie  ,  que  l'empereur  Probus  battit  au- 
près du  Rhin.  Il  avoit  pour  chef  un  certain  Semnon ,  qui 
fe  fournit  avec  fa  nation. 

LOGITZ,  village  d'Allemagne,  dans  la  Carniole ,  à 
fept  ou  huit  lieues  de  Laubac ,  du  côté  du  midi.  On  y 
cherche  le  Longadcum  d'Antonin. 

LOGNE,  bourg  de  France,  dans  le  Maine  ,  diocèfe 
&  élection  du  Mans. 

LOGNINA  STATIONE,  ouPorto  di  Lognina; 
port,  tour,  &  village  de  Sicile,  dans  le  Val-de-Dé- 
mone  ,  entre  le  golfe  de  Catania  ,  &£  celui  de  fainte 
Thecle.  Voyez  Ulyssis  Portus. 

LOGROGNE,  ville  d'Espagne,  dans  la  vieille  Cas- 
til'e  ,  fur  les  frontières  de  la  Navarre  ,  dans  une  varie 
plaine  ,  fur  le  bord  méridional  de  l'Ebre ,'  qui  y  paffe  fous 
un  beau  pont  de  pierre.  Elle  n'eft  commandée  d'aucun 
côté  ,  &  tout  le  pays  d'alentour  eft  fort  découvert  :  fa 
campagne  eft  extrêmement  fertile  ,  &  rapporte  tout  en 
abondance.  Les  jardins  y  produifent  de  bous  herbages 
&  des  fruits  exquis  ;  les  champs  du  froment  &  des  légu- 
mes ,  du  lin  &  du  chanvre  ;  les  vignes  de  fort  bon  vin  ; 
les  oliviers  de  l'huile  d'un  goût  délicat ,  Se  des  meuriers 
qui  fervent  pour  nourir  les  vers  à  foie.  Il  y  a  aufli  de 
bons  pâturages,  &  une  très-grande  abondance  de  gibier. 
Quelques  géographes  mettent  cette  ville  dans  la  pro- 
vince de  Rioja;  mais  d'autres  prétendent  qu'elle  eft  dans 
Terne  III.    Ttttt 


88t 


LOH 


LOI 


la  Caftille.  L'abbé  de  Vairac  tient  cette  dernière  opinion 
plus  certaine.  Les  habitans  y  jouiflTent  de  quantité  de 
beaux  privilèges  que  Charles  V  leur  accorda,  à  caufe  de 
leur  bravoure  Se  de  leur  fidélité.  Il  y  a  un  tribunal  de  l'in- 
quifition. 

LOGUDORO,  (la  province  de)  contrée  de  l'iile 
de  Sardaigne  ,  dans  fa  partie  feptentrionale.  Lorsque 
cette  ifle  fut  divifée  en  quatre  royaumes  ,  ou  judicatures , 
Torres  ou  Lugodoro  étoit  le  nom  de  la  première, 
qui  devint  une  espèce  de  petit  royaume,  dont  on  peut 
voir  l'hiftoire  dans  l'Etat  préfent  de  l'Espagne ,  de  l'abbé 
de  Vairac,  7.  I  ,  p.  475. 

LOHANEC,  village  de  Bretagne,  au  diocèfe  deTré- 
guier,  vers  le  nord.  S.  Yves  fut  curé  de  cette  paroiffe ,  Se 
il  y  mourut.    *  Bailla ,  Topogr.  des  Saints ,  p.  609. 

LOHAN5.  Voyez  Loans. 

LOHARDE,  (la  préfecture  de)  petit  canton 
de  Danemarck,  dans  le  Sud-Jutland',  dans  la  préfecture 
d'Hadersleben  :  il  comprend  le  monaftere  de  Lohm ,  avec 
le  territoire  qui  en  dépendoit.  Il  a  crois  milles  de  lon- 
gueur, &  environ  deux  de  largeur  ,  Se  tire  fon  nom  de 
Lohnbecke  ,  ruiffeau  qui  l'arrofe.  Il  eft  partagé  en  deux 
portions ,  l'une  qui  renferme  le  monaftere ,  Se  fon  terri- 
toire appartient  au  duc  de  Holftein  ;  l'autre  partie  de  Lo- 
harde  appartient  au  roi.  Cette  dernière  eft  un  fond 
bas,  qui  n'eft  pas  fort  différent  du  Marschland.  L'autre 
partie  produit  toute  forte  de  grains,  Se  particulièrement 
du  froment.  Il  n'y  a  point  de  forêts  ,  mais  bien  quelques 
marais.  Le  LoHEEC,  qui  le  traverfe  ,  y  forme  un  petit 
port  que  l'on  pourroit  rendre  meilleur.  Le  monaftere 
de  Lohm,  ou  Loehm-Closter,  ou  Lugum  Cos- 
TER  ,  fut  fondé  par  Odinkare  ,  fécond  ou  troifiéme  évê- 
que  de  Rippén.  Le  dernier  abbé  fut  Martin  ,  qui  mourut 
en  1548;  Se  il  y  demeura  jusqu'à  fa  mort,  par  la  permis- 
sion du  duc  Jean  l'Ancien  ;  après  quoi ,  on  renvoya  les 
moines ,  Se  les  revenus  du  monaftere  furent  appliqués  à 
d'autres  ufages.  Le  territoire  de  l'abbaye  eft  bon  à  iémer 
du  bled ,  &c  fur-tout  du  feigle  :  il  y  a  du  bois  en  quel- 
ques endroits ,  &  par-ci  par-là  des  bruyères  Se  des  ma- 
rais. Il  renferme  trois  paroiffes,  entre  lesquelles  plufieurs 
villages  font  partagés.  *Hcrmanid.  Dan.  Descr.  p.  819. 

LOHARS.E  ,  village  d'Aragon  ,  fur  le  Galiego  ,  entre 
Huesca  &e  Jacca.  Quelques-uns  y  cherchent  la  Calaguris 
du  peuple  Nascitani  ,  félon  Baudrand. 

LOHâVOHLTS.  (les)  On  appelle  ainfi  une  des  qua- 
tre fortes  de  Noirs  de  la  province  d'Anoffi,  dans  l'iile  de 
Madagascar.  Ils  descendent  des  Voadfiri ,  qui  font  grands 
parmi  les  Nègres  ;  toute  la  différence  qui  fe  trouve  entre 
eux  ,  c'eft:  que  les  uns  ont  le  commandement  fur  tout  un 
quartier.  Se  que  les  autres  n'ont  de  jurisdiftion  que  dans 
leur  famille,  Se  fur  leur  village.  Quelques-uns  ne  laiffent 
pas  de  pofféder  en  propre  plus  de  huit  cents  bêtes.  *Corn. 
Dift. 

LOHIUNG,  fortereffe  delà  Chine,  dans  la  province 
de  Junnan,  au  département  de  Kiocing,  qui,  a  le  rang 
de  première  ville  militaire  de  la  province.  Elle  eft  de  13  d. 
56'  plus  occidentale  que  Pékin,  fous  les  14  d.  57'  de 
latitude.  *  Atlas  Sinenfis. 

LOHM,  ou  Lhom-Closter.  Voyez  Loharde. 

LOHN ,  (la)  rivière  d'Allemagne.  Elle  a  fa  fource 
dans  la  haute  Reffe  ,  qui,  par  cette  raifon,  eft  appellée 
principauté  fur  la  Lohn ,  d'où  ,  prenant  fon  cours  vers 
l'orient  feptentrional ,  elle  va  pafïer  à  Laspe ,  au  comté 
de  "Witgeftein  ,  où  elle  n'eft  encore  qu'un  ruiffeau.  Elle 
en  reçoit  quelques  autres  qui  la  groffiffent  ;  Se  après  avoir 
ferpenté  quelque  tems  vers  l'orient  méridional ,  Se  enfin 
vers  le  midi ,  elle  forme  une  ifle  qui  fait  partie  de  la  ville 
de  Marpurg  :  elle  en  fait  une  autre  beaucoup  plus  grande 
au-deffous ,  Se  détermine  fon  cours  vers  le  couchant  ;  Se, 
circulant  tantôt  vers  l'oued:,  tantôt  vers  le  fud  ,  elle  paffe 
à  Stauffenberg ,  d.  à  Gieffen,  d.  à  Wetzlard  ,  g.  où  elle 
reçoit  la  Dill  ;  entre  dans  le  comté  de  Solms,  Se  dans 
celui  de  "Weilbourg  ,  où  elle  arrofe  V/eilbourg  ;  enfuite 
elle  baigne  les  comtés  de  Beilftein ,  de  Runckel ,  Se  un 
canton  de  l'éle&orat  de  Trêves  ,  Se  la  principauté  de 
Naffav/.  Elle  y  arrofe  Dietz,  où  elle  reçoit  l'Aar  ,  ruis- 
feau.  Elle  paflè  àNaffaa,  où  elle  fe  groifit  du  ruiffeau  de 
MiLL,  &  tombe  enfin  dans  le  Rhin,  à  une  lieue  &  demie 
au-defuis  d'Ehrenbreitftein  Se  de  Coblentz. 

LOHNGAW ,  petit  canton  d'Allemagne,  fur  la  Lohn. 


Il  eft  nommé  dans  les  auteurs  Loganenjls  pagus  ;  Lo- 
GENGOVE,  &  LoGONEHE,  félon  Paulini ,  Geogr.  curiof. 
di  Pagis  ,  p.  113,  qui  remarque  que  le  nom  latin  de  la 
Lohn  eft"  Logona  Se  Logonus  ,  Se  non  pas  Lona ,  ni  La- 
nus.  Limpurg,  feigneurie  ,  dans  le  Loh;igow  ,  L'wpurg 
auf  der  Lohn,  dont  il  eft  parlé  dans  les  Annales  de  Trê- 
ves du  P.  Browerus,  l.  9,  p.  445  ,  appartient  à  l'électeur 
de  Trêves. 

LOHO  ,  ville  de  la  Chine,  dans  la  province  de  Kian- 
gnan,  ou  Nanking,  au  département  de  Kiangning,  ou 
Nanking  ,  qui  en  eft  la  première  métropole.  Elle  eft  d'un 
degré  45'  plus  orientale  que  Pékin,  fous  les  31  d.  50'  de 
latitude.   *  Atlas  Sincnjis. 

LOHCEI  ,  ville  de  la  Chine  ,  dans  la  province  de 
Quangtung  ,  au  département  de  Kiuncheu  ,  dixième  mé- 
tropole de  la  province.  Elle  eft  de  6  d.  23'  plus  occiden- 
tale que  Pékin,  fous  les  19  d.  io'  de  latitude.  *  Atlas 
Sinenfis. 

LOHR ,  feigneurie  d'Allemagne.  Voyez  Lahr. 

LOJA.  Voyez  Loxa  2. 

1.  LOIGNON.  (le)  Corneille  dit  que  Loignon ,  pe- 
tite rivière  de  France,  coule  dans  le  Vêlai  ;  qu'elle  a  fa 
fource  dans  les  montagnes  du  Vivarais ,  Se  fe  décharge 
dans  la  Loire,  un  peu  au-deffous  de  Bolacq.  Baudrand 
dit  Loignon,  auflï-bien  que  Corneille,  Se  dit  que  fon 
embouchure  dans  la  Loire  ,  eft  à  dix  lieues  au-deffous 
du  Puy. 

1.  LOIGNON.  Voyez  Lougnon. 

LOIGNY  S.  REMY,  bourg  de  France ,  dans  la Tou- 
raine ,  électron  de  Loches. 

LOIN  ,  (le)  rivière  de  France.  Elle  a  fa  fource  en 
Pùifaie,  fur  les  confins  de  Bourgogne,  d'où  elle  traverfe 
le  Puifaie  ;  Se  ,  coulant  vers  le  feptencrion ,  vers  le  Gâ- 
tinois  ,  elle  paffe  à  Châtillon ,  Montargis ,  Nemours  &C 
Moret,  qu'elle  traverfe  ;  ôe  après  avoir  reçu  en  chemin 
plufieurs  autres  petites  rivières  ,  elle  fe  rend  dans  la 
Seine,  un  peu  au-deffous  de  Moret.  Son  nom  latin  eft 
Lupa  ou  Lupia.  *Jaillot ,  Atlas. 

LOIOLA,  lieu  d'Espagne,  dans  la  Biscaye,  au  pays 
de  Guipuscoa.  C'eft  le  lieu  de  la  naiffance  de  S.  Ignace, 
fondateur  de  la  compagnie  deJefus.  *  Bailla,  Topogr. 
des  faints  ,  p.  619. 

LOJOWOGOROD,  petite  ville  de  Pologne,  dans 
la  baffe  Volhinie,  fur  le  Boryfthène,  aux  confins  de  la 
Lithuanie  ,  environ  à  vingt  lieues  de  Kiovie  ,  vers  le 
nord.  * Baudr.  édit.  1705. 

LOIR,  (le)  Lidejicus  ,  rivière  de  France.  Elle  a 
pour  fource  les  étangs  de  l'abbaye  du  Loir,  dans  le  Per- 
che. Le  Loir  paffe  enfuite  à  Iliers  ,  à  Châteaudun ,  à 
Cloye,  à  Vendôme,  à  Lavardin  ,  àMontoire,  auVau- 
du-Loir,  à  Château-du-Loir ,  à  la  Flèche ,  à  Durral ,  & 
fe  perd  dans  la  Sarte  ,  à  Briolé ,  demi-lieue  au-deffus  de 
l'ifle  de  S.  Aubin  ;  Ménage  reprend  avec  raifon  Guil- 
laume le  Breton  d'avoir  dit  que  c'étoit  à  Durtal.  On 
pourroit  augmenter  fa  navigation  depuis  Waft,  jusqu'aux 
Roches-l'Evêque ,  Se  même  jusqu'à  Vendôme.  *Piga- 
niol  de  la  Force,  t.  s;  ,   p.  456. 

1.  LOIRE,  (la)  Liger,  Ligeris,  rivière  de  France. 
Elle  a  fa  foure  au  Vivarais ,  au  mont  Gerbier-le-Joux, 
aux  confins  du  Vêlai.  Elle  circule  vers  le  couchant,  Se 
enfuite  vers  le  nord;  de- là,  entrant  clans  le  Vêlai,  elle 
baigne  le  Puy  ;  paffe  dans  le  Forez,  auprès  de  Feurs,  d.  Se 
de  Roane,  g.  enfuite  fe  tournant  vers  le  nord-oueft, 
affez  près  de  Semurj  d.  reçoit  la  Berbince  &  autres  ruis- 
feaux  qui  viennent  de  la  Bourgogne  ,  qu'elle  fëparè  du 
Bourbonnois  ;  entre  dans  le  Nivernois  où  elle  baigne 
Nevers;  reçoit  l'Allier;  paffe  à  la  Charité,  à  Briare,  d. 
où  eft  le  canal  de  communication  ;  &,  côtoyant  le  Berry, 
qu'elle  fépare  de  l'Orlêanois ,  elle  arrofe  Gien  Se  Or- 
léans ,  où,  fe  tournant  vers  le  fud-oueft  ,  paffe  à  Bau- 
genci,  d.  àBlois,  d.àAmboife,  g.  à  Tours,  g.  reçoit  le 
Cher  Se  l'Indre,  &  enfuite  la  Vienne;  puis  elle  paffe 
Saumur,.g.  Seau-defious  du  pont  de  Ce,  elle  fe  grofîit 
des  eaux  de  la  Sarte  ,  qui  vient  d'Angers  ;  puis,  foi  tant 
de  l'Anjou  ,  elle  entre  dans  la  Bretagne  ,  baigne  Nantes  ; 
Se,  élargiffant  fon  lit,  qui  eft  femé  d'ides,  elle  te  perd 
dans  l'Océan,  entre  le  Croiflc  Se  Bourgneuf. 

Elle  commence  à  être  navigable  à  Roanne.  A  fon  en- 
trée dans  le  Forez,  fes  eaux  font  trop  baffes  pour  por- 
ter bateau;  Se  fon  cours  eft  fouyent  interrompu  par  des 


LOM 


rochers ,  &  fur-tout  une  lieue  au-deffus  de  Roanne,  dans 
an  endroit  qu'on  appelle  le  Jaut  de  Piney.  Les  mar- 
chands ck  les  habitans  des  villes  fituées  fur  cette  rivière 
&  fur  celles  qui  y  tombent ,  ayant  un  intérêt  fort  fen- 
fible  à  maintenir  la  navigation,  ont  obtenu  des  rois  de 
France  la  permiflîon  de  lever  un  certain  droit  fur  les 
marchandifes  qui  y  paffent.  Ces  deniers  font  employés 
au  balifage  de  la  rivière,  6k  à  y  maintenir  la  fureté  de 
la  navigation  ;  chaque  ville  de  la  Loire  élit  un  député, 
pour  en  avoir  foin  dans  fon  diftrict  ;  &  ces  délégués 
s'afTemblent,  tous  les  quatre  ans,  au  dixième  jour  de  Mai, 
à  Orléans,  devant  l'intendant,  où  ils  éiilènt  deux  préfi- 
dens  6k  un  receveur,  ck  font  bail  de  balifage  &  droit 
de  boëte,  qui  monte  ordinairement  à  feize  mille  livres. 
Les  rois  de  France  n'ont  pas  pris  un  moindre  foin  d'em- 
pêcher les  débordemens  de  ces  mêmes  rivières.  Ils  ont, 
pour  cela,  fait  faire  des  levées  dans  les  endroits  néceffai- 
res,  6k  ont  donné,  dans  tous  les  tems,  une  attention  toute 
particulière  à  les  faire  entretenir  ;  les  dépenfes  ,  qui  fe 
font  pour  cet  entretien  ,  montent  par  an  à  deux  cents 
mille  livres.  *Piganiol  de  la.  Forez,  t.  I,  p.  94;  & 
t.  U  p.  5. 

2.  LOIRE  ,  bourg  de  France,  dans  le  Forez,  dans 
l'élection  de  S.  Etienne. 

3.  LOIRE,  bourg  de  France,  dans  l'Anjou,  élec- 
tion  d'Angers. 

LOIRET,  (le)  Ligtrulus ,  pehte  rivière  de  France, 
dans  l'Oriéanois.  Elle  a  fa  fource  dans  la  Sologne  ,  au- 
deffus  d'Olivet ,  &  à  une  lieue  d'Orléans ,  au  bas  d'une 
côîe  ;  ck  quoiqu'elle  n'ait  pas  plus  de  deux  lieues  de 
cours ,  elle  porte  bateau  dans  cet  espace ,  à  caufe  de 
l'abondance  de  (es  eaux  que  sroflïiTent  encore  les  ruis- 
feaux  de  Saint-Cir  ck  de  Caubrai ,  ck  elle  eft  aufli  grofle 
à  fa  fource  qu'à  fon  embouchure.  Elle  fe  perd  dans  la 
Loire,  à  une  lieue  ck  demie  au-deffous  d'Orléans.  Elle 
ne  gèle  ne  tarit  jamais,  mais  fes  débordemens  font  dan- 
gereux. Elle  a  deux  ponts  de  pierre ,  l'un  à  Olivet ,  ck 
l'autre  à  S,  Memin.  On  dit  en  proverbe  : 

Quand  Loire  ck  Loiret  s'entretiennent  ; 
Il  n'y  a  pays  qu'ils  ne  tiennent. 

LOISERON ,  bourg  de  France,  dans  le  Maine,  élec- 
tion de  Laval. 

LOKET.  Voyez  Elbogen.  i. 

LOKEU,  fortereffe  de  la  Chine,  dans  la  province 
deQueicheu,  où  elle  a  fon  gouverneur  particulier.  Elle 
eft  de  11  d.  50'  plus  occidentale  que  Pékin  ,  fous  les 
oq  d.  20'  de  latitude.  *  Atlas  Sïntnfis. 

LOKIANG,  ville  de  la  Chine,  dans  la  province  de 
Suchuen  ,  au  département  de  Chintgu ,  première  métro- 
pole de  la  province.  Elle  eft  de  12  3.  40'  plus  occiden- 
tale que  Pékin,  fous  les  31  d.  iz'  de  latitude.  * Atlas 
Sinenlîs. 

LÔKIUEN,  fortereffe  de  la  Chine,  dans  là  province 
de  Junnan  ,  au  département  de  Vuting,  qui  a  le  rang  de 
quati'iéme  ville  militaire  de  la  province.  Elle  de  14  d. 
46' plus  occidentale  que  Pékin,  fous  les  25  d.  39'  de  lati- 
tude.  *  Atlas  Sinenjis. 

LOLEANG,  fortereffe  de  la  Chine,  dans  la  province 
de  Junnan  ,  au  département  de  Xunning,  douzième  mé- 
tropole de  la  province.  Elle  eft  de  1 3  d.  5 1  '  plus  occi- 
dentale que  Pékin,  fous  les  25  d.  6'  de  latitude.  *  Atlas 
Sincnfîs. 

LOLING ,  ville  de  la  Chine ,  dans  la  province  de 
Channton,  au  département  de  Cinan  ,  première  métro- 
pole de  la  province.  Elle  eft  de  o  d.  46'  plus  orientale 
que  Pékin ,  fous  les  37  d.  50'  de  latitude.  *  Atlas  Si* 
nenfis. 

LOLLEN  ou  Lellen,  petite  ville  de  Grèce,  dans 
la  Livadie ,  près  de  la  fource  du  Céphife.  Ce  lieu  eft,  à 
ce  qu'on  croit,  le  même  que  LlL^EA.  *  Baudr.  éd.  1705. 

LOLODA  ,  petit  pays  des  Indes ,  dans  l'ifle  de  Gi- 
lolo.  Il  comprend  la  plus  grande  partie  de  cette  ifle,  ck 
prend  ce  nom  de  fa  capitale  nommée  LOLODA.  *Baudr* 
édit.  1705. 

LOM,  ou  Lamp  (la)  rivière  de  la  Turquie  Euro- 
péenne, dans  la  Bulgarie.  Elle  fe  joint  à  l'Ogeft,  pour 
fe  rendre  dans  le  Danube.  On  croit  que  c'eft  VAuguJla, 
dont  il  eft  parlé  dans  l'Itinéraire  d'Antonin. 


LOM  883 

LOMAGNE ,  (la)  ou  la  Laùmagne  ,  pays  de 
France,  en  Gascogne.  II  fait  partie  du  bas  Armagnac, 
&  eft  environné  des  pays  de  Verdun,  de  Gaure  ck  d'Ar- 
magnac propre.  Ce  pays  étoit  autrefois  une  vicomte, 
qui  relevoit  des  ducs  de  Gascogne  ;  pour  lors  Leâoure 
en  etou  la  capitale ,  Se  Vie  de  Lomagne  la  réfidence 
des  vicomtes.  La  famille  de  ces  vicomtes  étant  tombée 
en' quenouille,  la  Lomagne  paffa  aux  comtes  d'Arma- 
gnac. Ce  pays  forme  à  prélent  une  éleftion,  dont  le 
jiege  eft  a  Fleurence.  Les  lieux  principaux  font  Vie  de 
Lomagne  ,  ck  Beauniont  ;  le  commerce  de  cette  élec- 
tion eft  peu  confidérable.  L'on  transporte  du  bled  &  du 
vin  dans  les  montagnes  du  pays  de  Comenges  ,  ck  à 
Bayonne ,  ck  par  la  Garonne  à  Bordeaux. 

LOMBARDIE  ,  grande  contrée  d'Itaiie,  qui  répond; 
dans  fa  plus  grande  partie,  à  la  Gaule  Cifalpine  des  Ro- 
mains. Elle  a  pris  ce  nom  des  Lombards,  qui  y  fondè- 
rent un  royaume,  après  le  milieu  du  fixiéme  fiécle.  Cette 
contrée  avoir  eu  divers  noms  en  différens  tems.  On  la 
trouve  nommée  Bianora,  Fdjtna,  Doria,  Boij ,  Gal- 
lia-Togata,  Galha-Cis-Apennina,  Aurélia,  Aîmilia , 
(rattia-Cispàdana  &  Gallia-Transpadana.  Mais  quel- 
ques-ans de  ces  noms  font  imaginaires  :  d'autres  ne  con- 
viennent qu'à  une  partie  du  pays  :  il  y  en  a  même  qui 
appartiennent  à  des  provinces  voifines ,  qui  ne  firent  ja- 
mais parie  du  royaume  des  Lombards,  ni  par  confé- 
quem  de  laLombardie.  L'Emilie,  par  exemple,  fut  quel- 
quefois attaquée  par  les  Lombards  ;  mais  dès  qu'ils  y 
eurent  fait  quelques  ui'urpations ,  on  les  contraignit  par 
la  force  des  armes  à  fe  retirer.  Voyez  Emilie  ck 
Lombards.  * Liand.  Alberti  ,  Defcr.  di  tutta  Ital 
P-  353- 

Comme  la  Gaule  Cis-Alpine  des  Romains  comprenoit 
la  Gaule- Transpadane  &  la  Gaule-Cispadane ,  dans  le 
royaume  de  Lombardie,  il  y  avoit  pareillement  la  Lom- 
bardie- i  ranspadane  &  la  Lombardie-Cispadane  ;  &  ces 
deux  ponions  de  royaume  ,  prifes  enfemble  ,  étoient 
bornées  au  nord  par  les  Alpes,  qui  féparent  l'Italie  de 
la  Germanie  ;  à  i'orient,  en  partie  parla  Marche-Tré- 
vifane ,  ck  en  partie  par  l'Emilie  ;  au  midi,  par  l'Apen- 
nin, qui  féparoit  la  Lombardie  de  la  Ligurie  ;  ck  à  l'oc- 
cident, par  les  Alpes ,  qui  féparent  la  Gaule-Cifalpine  de 
la  Gaule-Tranfalpine. 

La  Lombardie-Cispadane  6k  la  Lombardie-Transpa- 
dane  font  regardées  comme  deux  des  plus  beaux  quar- 
tiers de  l'Italie.  Les  collines  y  font  couvertes  de  vignes, 
de  figuiers,  d'oliviers,  ckc.  Les  campagnes  coupées  dé 
plufieurs  rivières  poiffonneufes  ,  &  portant  bateau  ,  pro- 
duifent  en  abondance  de  toutes  fortes  de  grains.  Les  es- 
pritsmême  femblent  fe  fentir  de  la  bonté  du  terroir; 
car  il  eft  forti  du  pays  quantité  d'hommes  célèbres ,  foii 
dans  les  belles-lettres,  toit  dans  les  armes,  (bit  dans  le 
négoce.  * Cosmograph.  Paul.  Merulœ ,  p.  2,  1.  4. 

A  la  faveur  des  guerres  d'Italie,  Se  des  révolutions  qui 
furvinrent,  tant  dans  l'Allemagne  que  dans  la  France 
il  fe  forma  dans  le  royaume  de  Lombardie  diverfes  fou- 
verainetés  6k  républiques.  Dans  la  fuite,  ces  fouveraine- 
tésSc  ces  républiques,  ayant  fait  de  nouvelles  acquifitions 
de  nouvelles  terres ,  furent  par-là  annexées  au  royaume 
de  Lombardie  ;  de  forte  que  ce  royaume  ,  alors  impro- 
prement dit  royaume  de  Lombardie  ,  fe  trouva  renfer- 
mer divers  états ,  qui  n'avoient  jamais  appartenu  aux  rois 
Lombards.  Voici  les  terres  que  l'on  comprend  aujour- 
d'hui fous  la  dénomination  de  Lombardie  improprement 


Etats 
pofieclés, 
fous  le 


f  Le  Padouan , 
I  Le  Véronois  , 
La    république]  Le  Vicentin, 
de  Venife.    <Le  B reflan, 

Le  Crémasque , 
!  Le  Bergamsaque. 

La   maifon        C Le  duché  de  Milan; 
d'Autriche.        ^Le  duché  de  Mantoue. 

T  -r       j  (Le  Piémont, 

La  maifon  ^Le  comté  dé  Nice, 
Savoye.        |Le  duché  dg  Momferrat> 


La  maifon  de  C  Le  duché  de  Guaftalla , 
nom  de    {     Mantoue.      \  Le  duché  de  Sabionette,  &c« 
Tome  III.    Tttttij 


884 

Lombar- 
die impro- 


LOM 


LOM 


La  maifon  de 
Modène. 


(Le  duché  de  Modène," 
I  Le  duché  de  Reggio  , 
•  La  principauté  de  Carpi, 
La  Frignane , 
^La  Carfagnane ,  6cc. 


Le  duché  de  t'arme , 
La  maifon   de) Le  duché  de  Plaifance, 


La  maifon  de  1; 
Mirandole. 


L'état  Palavicini, 

La  principauté  de  Landi,  6tc. 


[Le  duché  de  la  Mirandole. 


Et  quelques  petits  états   enclavés  dans  ceux 
(    qui  viennent  d'être  nommés. 

LOMBARDS,  (les)  Langobardi,  font  très-connus 
dans  l'hiftoire  par  les  guerres  qu'ils  ont  eues  à  foutenir 
contre  les  Romains,  qui  ne  purent  les  empêcher  de  s'é- 
tablir en  Italie  ;  par  les  disputes  continuelles  qu'ils  eu- 
rent avec  les  papes,  qui  les  regardoient  comme  un  obs- 
tacle à  leurs  defleins  ;  enfin  par  les  viftoires  de  Char- 
lemagne,  qui  détruifu leur  empire,  fit  abolit  leur  nation. 
Quelques-uns  prétendent  queTacite,<je/77z.  c.40,  a  voulu 
les  défigner  fous  le  nom  de  Langobardi ,  qui  habitoient 
la  Germanie  entre  l'Elbe  6c  l'Oder,  6c  qui  furent  défaits 
par  Tibère  fous  Augufte  ;  mais  il  n'y  a  pas  d'apparence 
que  les  Langobardi  de  Tacite ,  6i  les  Lombards  dont  il 
eft  ici  queftion ,  foient  le  même  peuple.  (Je  ne  rappor- 
terai point  les  différens  fentimens  fur  l'étymologie  de 
leur  nom  ;  ils  font  tous  fi  peu  fondés  ,  qu'on  ne  doit 
pas  s'y  arrêter.)  Les  Lombards  ,  loin  d'être  un  peuple 
de  Germanie  ,  femblent  être  une  horde  de  Tartares, 
qui,  comme  les  Huns,  les  Alains  ,  les  Avares,  fitc.  s'a- 
vança peu-à-peu  dans  l'occident  de  la  Tartarie  ,  fuivit 
les  bords  occidentaux  de  la  mer  Caspienne ,  monta  jus- 
qu'aux Palus- Méoîides,  les  paffa ,  vint  fur  les  bords 
du  Danube,  enfin  s'établit  en  Pannonie,  fous  la  con- 
duite d'Alboiiin  ;  elle  fit  aliance  avec  les  Avares,  qui  lui 
aidèrent  à  battre  &  piller  les  Gépides.  Albciiin ,  roi  des 
Lombards ,  ayant  fait  prifonnier  Guinemond^,  chef  des 
Gépides,  le  fit  tuer  ;  ordonna  qu'on  lui  arrachât  le  crâne, 
ik  en  fit  une  coupe  dans  laquelle  il  fe  faifoit  fervir  à 
boire.  Cette  alliance  avec  les  Tartares,  pour  piller, 
prouve  de  l'uniformité  de  caraftere  entre  ces  deux  na- 
tions •  cette  cruauté  d'Alboiiin  envers  Guinemond,  mon- 
tre la  férocité  des  Tartares.         _ 

En  ^66,  l'eunuque  Narsès,  qui  avoit  achevé  les  con- 
quêtes comrrencées  en  Italie  par  Bélifaire  ,  fit.  avoit 
remis  ce  pays  fous  la  domination  de  l'empereur,  reçut 
de  fi  grands  mécontentemens  de  la  part  de  Juftin  II,  qui 
ëtoit  alors  monté  fur  le  thrône  impérial,  qu'il  manda  à 
Alboiiin  ,  roi  des  Lombards  ,  de  quitter  la  Pannonie , 
de  venir  en  Italie,  dont  il  lui  faciliteroit  la  conquête. 
Alboiiin  fe  mit  en  mar.che ,  le  2  Avril  568  ,  entra  en 
Italie  par  l'Iftrie  6t  la  Vénétie  :  ne  trouvant  point  de 
réfiftance ,  il  s'empara  de  plufieurs  villes  ,  fit  conquit 
presque  toute  l'Italie.  Il  fe  fit  proclamer  roi  à  Milan, 
ck  donna  à  fes  états  le  nom  de  Lombardie.  Sesfucces- 
feurs  renflèrent  toujours  aux  efforts  que  l'empereur  de 
Conflantinople  fit  pour  les  chafîer  de  l'Italie  ,  &  éten- 
dirent leurs  conquêtes  ;  mais  leur  ambition  caufa  enfin  la 
ruine  du  royaume  des  Lombards. 

Vers  l'an  730  ,  la  ville  de  Rome  fie  l'exarcat  de  Ra- 
venne  s'étant  foulevés  contre  Léon  l'Ifaurique  fit  ion  fils, 
qui  vouloient  introduire  l'héréfie  des  Iconoclaftes ,  for- 
mèrent une  république ,  dont  le  pape  devoit  être  le  chef 
&  l'arbitre.  Luitprand,  dix-neuviéme  roi  des  Lombards, 
fongeant  à  profiter  d'une  conjoncture  fi  favorable^  pour 
étendre  fes  états ,  fe  rendit  maître  de  quatre  villes  fituées 
dans  le  duché  de  Rome.  Le  pape  implora  alors  le  fe- 
cours  de  Charles  Martel,  dont  le  crédit  fut  fuffifant  pour 
engager  Luitprand  à  rendre  ce  qu'il  avoit  pris. 

Mais  fes  fuccefleurs  ravagèrent  les  terres  du  faint  fiége  ; 
&Aftolphe,  vingt-deuxième  roi,  fubjugua  S^ufurpa  tous 
les  états  de  la  république ,  excepté  Rome  qu'il  aiïiégea  , 
6t  qu'il  eût  réduite  fous  fa  puiflance,  fi  le  pape  Zacha- 
rie  n'eût  eu  encore  recours  à  Pépin ,  qui  étoit  devenu 
roi  de  France.  Ce  prince  employa  d'abord  la  négocia- 
tion ,  pour  engager  Adolphe  à  reftituer  les  terres  qu'il 


avoit  ufurpées.  Pendant  ce  tems ,  Zacharie  mourut  : 
Etienne  II,  fon  fuccefleur,  renouvella  fes  prières  auprès 
de  Pépin ,  qui  pafla  en  Italie ,  avec  une  forte  armée 
en  754;  ferra  de  près  le  Lombard  dans  Pavie,  fit  le 
contraignit  à  promettre  de  reftituer  à  la  république  Ro- 
maine tout  ce  qu'il  avoit  pris. 

Sur  cette  promette ,  Pépin  repaffa  les  Alpes  ;  mais  As- 
tolphe,  qui  croyoit  n'avoir  rien  à  craindre,  continua  à 
garder  ce  qu'il  avoit  ufurpé.  Le  pape  fe  plaignant  au  roi 
de  France  de  la  mauvaite  foi  d'Adolphe  ,  lui  écrivit  en 
ces  termes:  Ne  unius  palmi  terrtz  jpatinm  beato  Petro 
fanctœque  Dei  ecdefiœ ,  vel  reipublica  Romanorum  red- 
dtre  paffus  cfi.  Fréhétus  au  lieu  de  ces  paroles  reipubliciz 
Romanorum,  a  eu  l'audace  de  corrompre  le  texte,  fie  de 
fubftituer  le  mot  imperium.  Au  refte ,  fur  ces  nouvelles 
plaintes,  Pépin  retourna,  l'année  fui  vante,  en  Italie  :  il  y 
défit  une  féconde  fois  Aftolphe ,  qui  voulut  lui  disputer 
la  descente  des  Alpes;  il  aifiégea  Pavie ,  fie  contraignit 
de  nouveau  le  Lombard  à  demander  la  paix,  fit  à  pro- 
mettre de  remettre  au  pape  Etienne  tout  l'exarcat ,  dont 
Pépin  fit  une  donation  à  l'apôtre  S.  Pierre  fit  à  l'ég'.ife 
Romaine. 

Didier,  duc  de  Toscane,  foutenu  du  crédit  du  pape 
Etienne,  s'empara  du  royaume  de  Lombardie,  6c  rut  le 
vingt-troifiéme  fit  dernier  roi  ;  mais  devenu  ingrat  au 
faint  fiége ,  il  voulut  ufurper  les  biens  de  l'églife.  Char- 
lemagne,  alors  appelle  par  le  pape,  pafie  en  Italie,  aflîége 
Pavie,  le  prend,  fit  fait  Didier  prifonnier.  Ainfi  finit  le 
régne  des  princes  Lombards  en  Italie ,  deux  cents  fix  ans 
après  qu' Alboiiin  y  eut  donné  commencement. 

Charlemagne,  après  fa  viftoire  ne  trouvant ,  plus  de 
réfiftance,  mit  le  pape  en  pofîeflïon  de  ce  que  Pépin  &  lui 
avoient  donné  à  l'églife  Romaine,  fie  nomma  des  gou- 
verneurs dans  les  principales  vfles  de  fes  nouvelles  con- 
quêtes. Elles  comprenoient  ce  que  nous  appelions  au- 
jourd'hui le  Piémont ,  le  Montferrat ,  la  rivière  de  Gè- 
nes ,  le  Modénois ,  la  Toscane  ,  le  Milanez,  le  Brefian  , 
le  Véronez ,  le  Frioul ,  6c  enfin  ce  qu'il  abandonnoit 
au  pape. 

Le  roi  détrôné  fut  conduit  en  France.  On  croit  qu'il 
fut  relégué  à  Liège  ,  6c  qu'il  mourut  depuis  dans  le  mo- 
naftere  de  Corbie.  Quoi  qu'il  en  foit ,  depuis  ce  tems, 
Charlemagne  joignit  au  titre  de  roi  des  François  celui 
de  roi  des  Lombards.  Les  papes  le  lui  donnoient  dans 
les  Lettres  qu'ils  lui  écri voient.  Il  le  prenoit  dans  les  aftes 
publics  ;  6c  on  le  voit  fur  quelques-unes  de  {es  mon- 
noies. 

Quoique  le  régne  des  rois  Lombards  fût  fini ,  on  peut 
cependant  dire  que  le  royaume  fubfiftoit  encore  ;  fit  que 
les  principaux  de  cette  nation,  voyant  leur  roi  pris,  fans 
espérance  de  reflburce,  ne  firent  que  reconnoitre  Char- 
lemagne à  fa  place,  pour  en  être  gouvernés  félon  leurs 
loix.  Eu  effet  nous  avons  encore  les  capitulaires ,  ou  le 
code  de  leurs  loix  particulières ,  félon  lesquelles  Charle- 
magne 6c  fes  fuccefleurs  les  gouvernèrent  ;  6c  l'on  voit 
plufieurs  des  capitulaires  de  ce  prince,  inférés  en  divers 
endroits.  *  Le  P.  Daniel ,  Hiftoire  de  France,  Char- 
lemagne. 

LOMBERS,  Lomberia,  ville  fit  baronnie  de  France," 
dans  le  haut  Languedoc  &C  dans  l'Albigeois,  avecjuftice 
royale.  Elle  relevé  de  la  jurisdi&ion  de  Caftres.  Cette 
ville  a  été  rafée ,  vers  l'an  1 176 ,  à  caufe  que  les  habitans 
s'étoient  révoltés  en  faveur  d'une  fefte  nommée  les  bons 
hommes.  Il  y  fut  tenu  un  concile,  l'an  1165,  nommé 
Lumbarienfe  concilium. 

LOMBÈZ,  Lombariam  ou  Lumbaria,  ville  épisco- 
pale  de  France ,  dans  la  Gascogne ,  au  comté  de  Com- 
minges,  dans  le  petit  pays  de  Sammathan  ,  fur  la  petite 
rivière  de  Save.  Elle  n'eft  confidérable  que  par  fon  évê- 
ché.  Ce  n'étoit  d'abord  qu'une  abbaye  de  l'ordre  de 
S.  Auguftin.  Le  pape  Jean  XXII  l'érigea,  l'an  1317, 
en  évêché  fuffragant  de  Touloufe.  L'églife  cathédrale 
eft  fous  le  titre  de  YAJfomption  de  la  Vierge.  Le  chapi- 
tre eft  compofé  d'un  prévôt,  d'un  archidiacre,  d'un  pré- 
centeur  ,  d'un  facriftain,  6c  de  douze  chanoines.  L'évê- 
que  affilie  aux  états  du  Languedoc.  Cette  ville,  qui  eft 
petite  6c  désagréable,  eft  à  huit  lieues  au  fud-outft  de 
Touloufe,  à  cinq  au  nord-oueft  de  Rieux  ,  fit  à  quatre 
au  fud-eft  d'Auch. 

LOMBRON,  bourg  de  France,  dans  le  Maine,  élec- 
tion du  Mans. 


LON 


LON 


LOMELINE.  (la)  Voyez  Laumeline. 
LOMELLO  ou  Lumello,  village  d'Italie,  au  Mi- 
lanez.  C'eft  leLAUMELLUM  des  anciens.  Voyez  ce  mot. 
LOMOND,  (Logh)  ou  le  lac  de  Lomond,  lac 
d'Ecofle  ,  dans  la  province  de  Lennox.  C'eft  un  des 
plus  confidérables  du  royaume.  Sa  longueur  du  nord  au 
iud  eft  de  vingt-quatre  milles,  &  fa  plus  grandeUargeur 
de  huit  milles.  Il  y  a  trente  ifles  dans  ce  lac,  dont  trois 
ont  des  églifes;  &  la  plupart  des  autres  font  habitées.  Ce 
lac  eft  fort  poiffonneux,  &  c'eft  le  feul  endroit  où  l'on 
pêche  une  forte  d'anguille  délicate,  que  les  gens  du  pays 
appellent  pollue  ou  poan.  En  quelques  endroits  de  ce 
lac  on  trouve  des  planches  attachées  eniemble ,  &  cou- 
vertes de  mottes  de  terres  ;  on  s'en  fert  comme  d'un  ba- 
teau, pour  aller  d'un  endroit  en  un  autre.  Cela  a  donné 
lieu  de  dire  que  ce  lac  avoit  des  ifles  flottantes.  *  Etat 
prefent  de  Gr.  Bretagne,  t.  I ,  p.  254. 

LOMPRÉ-CORPS-SAINTS,  lieu  de  France,  en  Pi- 
cardie ,  au  diocèfe  d'Amiens.  Il  n'efl  remarquable  que 
par  un  chapitre  cornpofé  d'un  doyen  &  de  douze  cha- 
noines ,  à  la  collation  du  feigneur  de  ce  lieu-là. 

LONATO,  petite  ville  d'Italie,  en  Lombardie,  dans 
le  Breflan.  Elle  étoit  autrefois  au  duc  de  Mantoue;  mais 
il  y  a  plus  de  deux  fiécles  qu'elle  a  paffé  au  pouvoir  des 
Vénitiens.  Elle  eft  presqu'au  milieu  ,  entre  Brescia  & 
Peschiera ,  à  trois  milles  de  Defenzano  Si  du  lac  de 
Garde.  * Baudraud ,  édit.  1705. 

LONDANO,  ou  Landano,  petite  ville  de  Tur- 
quie, dans  la  Morée;  quelques-uns  dilént  dans  la  Zaco- 
nie ,  d'autres  dans  le  Belvédère ,  à  huit  lieues  de  Cala- 
mata.   *  Baudrand,  édit.  1705. 

LONDE,  (la)  terre  de  France,  en  Normandie, avec 
titre  de  marquifat,  à  quatre  lieues  de  Rouen,  à  une  d'El- 
beuf ,  dans  le  voifinage  de  la  Sauffaye  ,  de  Berthomas , 
d'Iinfreville ,  de  Bourgtheroude  &  de  la  Bouille.  Le 
marquifat  de  la  Londe  eft  très-confidérable,  &  il  y  a 
plus  de  trente  fiefs  qui  en  relèvent.  *  Corn.  Mem,  dreffés 
fur  les  lieux. 

LGND INFERE,  bourg  &£  baronnie  de  France,  dans 
la  Normandie ,  au  pays  de  Caux,  fur  la  droite  de  l'Eaune. 
Il  y  a  marché  public  toutes  les  femaines,  &plufieurs  foi- 
res par  an.  La  baronnie  appartient  au  chapitre  de  Notre- 
Dame  de  Rouen.  Ce  bourg  eft  fitué  à  deux  lieues  & 
demie  de  Neufchâtel ,  &  à  trois  petites  d'Envermeu. 
*  Mon.  dnfj es  fur  les  lieux. 

LONDINiUM,  ancienne  ville  de  la  grande  Bretagne, 
fur  la  Tamife ,  chez  les  Trinobantes.  Londinium ,  dit 
Tacite,  /.  14,  c.  33  ,  cognomento  quidem  colonitz  non 
ïnfigne ,  fed  copia  negociutorum  &  commeatuum  maxi- 
me célèbre.  Il  îalloit  que  ce  fût  la  plus  importante  place 
de  l'ifle ,  dès  le  tems  que  l'Itinéraire  d'Antonin  a  été 
dreffé  ;  car  c'eft  de-là  comme  du  centre,  qu'il  fait  com- 
mencer fes  routes ,  c'eft-là  qu'elles  aboutiflent.  On  ne 
fait  pas  au  jufte,  fi  elle  a  été  colonie  Romaine;  car ,  d'un 
côté,  Tacite  dit  bien  formellement  qu'elle  n'en  étoit  pas 
une;  d'un  autre  côté,  Ammien  Marcellin  Aw.Lundinium 
vêtus  oppidum  quod  Augujtam  pojléritas  adpelluvit. 
Cambden  ,  /.  27,  c.  18,  dit,  fur  la  foi  des  Annales  Bre- 
tonnes ,  que  Conftantin  le  Grand  ferma  de  murailles 
cette  ville.  Il  fe  peut  faire  que  c'eft-là  défais  que  porte 
le  furnom  SAugutra  que  marque  Ammien  Marcellin. 
Bede,  /.  2,  c.  4';  &  7,  c.  3  ,  la  nomme  Lundonia  & 
ClVITAS  LUNDONIA.  Les  anciens  ont  dit  aflez  cons- 
tamment Londinium.  Les  Chroniques  Saxones  portent 
Lundene  ,  Lundone  ,  Lundune ,  Liindcnbyrig ,  Lunden- 
hurgh  Jk  Lundenceafter ,  &  enfin  Lundenric,  comme  l'a 
obltrvé  le  dofte  Gibfon.  Les  Anglois  d'aujourd'hui  l'ap- 
pellent London,  les  Italiens  Londra,  &i  les  François 
Londres. 

LONDOBRIS,  ifle  de  l'Océan,  félon  Ptolomée, 
/.  2 ,  c.  s; ,  qui  la  met  fur  la  côte  de  Lufitanie.  Voyez 
Barlenga  2. 

LONDON.  Voyez  Londres. 

LONDONDERRI,  ville  d'Irlande,  dans  la  province 
d'Ulfler,  au  comté  de  Colerain,  que  l'on  appelle  ainfi  le 
comté  de  Londonderri.  Le  véritable  nom  de  cette  ville 
eftDERRl,ouDORY;  &  c'eft  ainii  qu'elle  s'appelloit,  il 
y  a  fix-vingt  ans.  Elle  eft  fur  la  rivière  Lough-Foyle, 
près  des  frontière":  deDunegal,  à  quatorze  milles  pres- 
qu'au fud-oueft  dcLimnevadi,  à  cent  huit  milles  presqu'au 
nord-oueft  de  Dublin.  Elle  n'eft  ni  grande  ni  bien  forte, 


88j 


eu  égard  à  la  manière  dont  on  fortifie  à  prefent  les  pla* 
ces  ;  mais  elle  eft  très-célébre  pour  avoir  vigoureufe- 
ment  foutenu  plufïeurs  fiéges.  Sur  tous,  celui  de  1689  a 
été  un  des  plus  mémorables.  Elle  a  un  port  très-com- 
mode ,  un  fiége  épiscopal ,  &  le  cher-lieu  d'un  comté 
particulier  ,  dont  le  lord  Ridgvay  porte  le  titre;  elle 
tient  marché  public.  Son  nom  s'eft  augmenté  des  deux 
premières  fyllabes,  à  l'occafion  d'un  colonie  Angloife  qui 
y  vint  de  Londres  ,  en  1612,  &  qui  ajouta  le  nom  de 
London  ou  Londres  qu'elle  quittoit ,  à  celui  de  Derri  que 
cette  ville  portoit  auparavant.  *  Etat  prefent  de  l'Irlande, 
p.  64. 

Le  gomte  de  Londonderri  ,  ou  de  Colerain; 
contrée  d  Irlande,  dans  la  province  d'Ulfter;  on  le 
nomme  auffi  quelquefois  Krine.  Ce  canton  a  au  levant 
Amnm,  dont  la  rivière  de  Banne  le  fépare;  au  couchant, 
Dunnegal  ;  au  nord,  partie  de  Dunnegal ,  <k  l'océan  Deu- 
calédonien  ;  au  fud  &  au  (ud-oueil,  Tyrone.  Il  a  cinquante- 
fix  milles  de  long,  &  trente  de  large.  Ce  pays  eft  plat 
&f  découvert  en  quelques  endroits;  mais  il  eft  très-fer- 
tile. On  le  divife  en  cinq  baronnies  qui  font  : 

Colerain,  Kenougth, 

Loghinsholm ,  Tyrekery , 

Londonderri. 

Il  n'y  a  dans  ce  comté  qu'une  feule  ville  qui  ait  droit 
de  tenir  un  marché  public  ,  &  trois  qui  envoient  leurs 
députés  au  parlement  ;  les  principales  font: 

Colerain,  Londonderri, 

Limmevadi ,  Cumber, 

Tome  Caftle. 

LONDRA  :  les  Italiens  nomment  ainfi  la  ville  de 
Londres. 

1.  LONDRES,  ville  de  la  grande  Bretagne,  au 
royaume  d'Angleterre  ,  dont  elle  eft  la  capitale  ,  le  fiége 
de  la  monarchie ,  une  des  plus  grandes ,  des  plus  riches 
&  dis  plus  marchandes  villes  de  l'Europe.  Elle  eft  de 
2  d.  48'  plus  occidentale  que  l'obiervatoire  de  Paris  ; 
&  fa  latitude  eft  de  5 1  d.  3  1  '  félon  les  obfervations  de 
l'académie  royale  des  feiences.  Elle  fe  trouve  dans  la 
province  de  Middlefex  ,  du  côté  feptentrional  de  la 
Tamife,  fur  un  coteau  élevé  ,  fitué  fur  un  fond  de  gra- 
vier ,  &  par  confequent  fain  ,  où  la  rivière  forme  une 
espèce  de  croiffant.  La  marée  y  monte  pendant  quatre 
heures,  &  baille  pendant  8',  &  les  vaifleaiix  de  charge 
peuvent  avancer  preique  jusqu'au  pont  de  Londres  ■  ce 
qui  eft  un  avantage  infini  pour  le  commerce.  Son  éten- 
due de  l'orient  à  l'occident ,  eft  d'environ  huit  milles  * 
mais  fa  largeur  du  feptentrion  au  midi ,  n'eft  pas  de  plus 
de  deux  milles  &  demi ,  même  dans  les  endroits  les  plus 
larges;  comme  depuis  l'extrémité  de  S.  Léonard Skore- 
ditk ,  jusqu'aux  extrémités  de  Blanckmanjlreet ,  en  South- 
wark.  Elle  fe  trouve  éloignée  de  la  mer  d'environ  foi- 
xante  milles  ;  &c  dans  cette  fimation  ,  elle  eft  à  couvert 
de  toute  furprife  de  la  par  des  flottes  ennemies.  Du  côté 
du  nord,  elle  eft  l'abri  des  vents  part  Hampjhd ,  High- 
Gate  ,  &  le  terrein  élevé  d'Iflington  ;  mais  elle  eft  dé- 
couverte au  couchant ,  qui  eft  moins  froid. 

La  ville  de  Londres  contient  cent  trente-cinq  parois- 
fes  ;  foixante-ièpt  dans  l'enceinte ,  &  feize  au  dehors  , 
outre  quinze  paroifles  qui  font  dans  les  provinces  de 
Middlefex  &  Surrey ,  &  fept  qui  (ont  dans  la  cité,  &  les 
franchifes  de  "Veftminfter.  Il  y  a,  pour  l'exercice  public 
de  la  religion  Anglicane,  cent  une  églifes  paroiffiales,  ou- 
tre l'églifè  cathédrale  de  S.  Paul ,  dans  Londres  ,  l'églife 
collégiale  de  S.  Pierre  dans  Weftminfter,  &  grand  nom- 
bre d'annexés  ÔC  de  chapelles.  Ce  qui  fait  que  le  nom- 
bre des  églifes  eft  moins  grand  que  celui  des  paroifles  , 
c'eft  que  ,  depuis  l'embrafemcnt  de  Londres ,  il  n'y  a  à 
prefent  en  plufïeurs  lieux  qu'une  églife  pour  deux  pa- 
roifles. Mais  depuis  le  régne  du  roi  George  ,  le  parlement 
a  établi  un  fonds,  pour  bâtir  cinquante  nouvelles  églifes 
à  Londres  &  à  Weftminfter  ,  îk  l'exécution  de  ce  projet 
eft  fort  avancée.  A  l'égard  des  non-conformiftes  ,  on 
compte  qu'ils  ont  au  moins  quatre-vingt  temples  ou  as~ 
jhnblées. 

On  compte  dans  cette  ville  cinq  mille  rues,  tant  gran- 
des que  petites ,  cours  &  allées ,  dans  lesquelles  il  peut 
y  avoir  cent  vingt  mille  maifons  logeables  ,  &  environ 


886          LON  LON 

des eens  de  manne  ,  ou  dont  les  métiers  fe  rapportent  de  l'édifice,  eft  de  la  plerrede  Portland,  qui  durepres- 

aux  tffâires  de  la  mer  :  les  marchands  ou  ariïlans  habi-  qu'autant  que  le  marbre. 

rent  la  principale  partie  de  la  cité;  la  ville  &  les  faux-  L'églife collégiale  de  Wdtminfter  a  ete  anciennement 

bourss  de  Weftminfter  font  occupés  par  la  grande  &  une  éghie  abbatiale  ;  elle  fut  enfuite  une  cathédrale  ;  & 

petite  nobleffe     &  par  des  marchands  qui  vendent  en  c'eft   pour  cela   que  Weftminfter  conferva  le  nom  de 

détail    Les  maifons  étoient  de   bois   avant  l'embrafe-  cité  ,  quoique  la  reine  Ehfabeth  convertît  cette   églife 

ment'   mais  aujourd'hui  elles  font  de  briques,  &  bâties  épiscopale  en  collégiale  ,  où  elle  établit  un  doyen  & 

fort  proprement  :  cependant  les  murailles  font  aflez  foi-  douze  grands  chanoines,  outre  les  petits  chanoines  &  les 

b'es    n'ayant  «Tière  qu'une  brique  &  demie  ,  c'eft-à-dire  chantres. On  l'a  appelle,  Weftminfter,  Wcft-monaftcriumt 

environ 'treize  pouces  d'épaiffeur.  qui  veut  dire  églife  d'oueft,  par  oppofition  à  l'églife  de 

On  voit  dans  Londres  un  grand  nombre  de  belles  &  S.  Paul ,  qui  eft  à  1  eft.  L  églife  de  Weftminfter ,  quoi- 
erandes  places  ,  telles  que  font  celles  de  Lincolns-lnn-  que  dans  un  fond ,  comme  le  refte  de  la  cité  du  même 
Fields  de  5 cric-Court ,  Grays-Inn-Red-Lion  ,  Blooms-  nom  ,  fe  voit  cependant  de  fort  loin  ,  à  caufe  de  fa  hau- 
bury  'Soko ,"  Golding,  S.  James  ,  Leicefter-Fidds ,  De-  teur.  Edouard  le  Confeffeur  en  !  <:  le  fondateur ,  dans  le 
vonshire  ,  (k'autres ,  qui  font  que  l'air  des  rues  voifmes  fe  onzième  fiécle  ,  &  lui  donna  de  grands  revenus.  Henri  III 
trouve  p'ius  fain.  Entre  ces  places,  celle  de  Linçolns-  la  rebâtit  dans  le  treizième  fiécle  ,  avec  cette  belle  ar- 
Inn-Fields  eft  la  plus  fpacieufe  ,  &  celle  de  Soho  eft  or-  chite&ure  gothique  ,  qu'on  y  voit  encore  aujourd'hui, 
née  d'un  très-beau  jardin  au  milieu.  On  voit  auffi  un  Henri  VIII  y  ajouta,  du  côté  de  l'orient,  une  chapelle  qui 
grand  nombre  de  belles  &  fpacieufes  rues ,  particulié-  pafle  pour  un  chef-d'œuvre.  C'eft  dans  cette  églife ,  dé- 
rement  Cornhill ,  Cheapjlde  ,  FUeflret  -  Grtatt  -  Hatton-  diée  fous  l'invocation  de  S.  Pierre  ,  que  s'eft  presque  tou- 
Street  Pallmal ,  &c.  ;  &  pour  la  longueur ,  Thumesfireet,  jours  fait  le  couronnement  des  rois  d'Angleterre  ,  depuis 
le'  Strand  &  Holbourn  ,  dont  la  dernière  ,  qui  eft  auffi  la  conquête  des  Normans.  On  y  voit  les  tombeaux  de  la 
la  plus  large  ,  a  un  mille  de  long.  Les  nouvelles  rues  font  plupart  des  rois  &  reines ,  &  de  plufieurs  grands  per- 
les plus  propres  pour  ceux  qui  vont  à  pied  ,  le  devant  fonnages  ;  on  y  admire  fur-tout  dans  la  chapelle  celui 
des  maifons  étant  pavé  des  deux  côtés,  à  une  largeur  de  Henri  VII,  qui  eft  d'airrjn  iruflif  &  artiftement  tra- 
fuffifante,  de  grandes  pierres  de  taille  fort  unies,  &c  dé-  vaille.  Dans  le  cloître  eft  une  bibliothèque  ouverte  le. 
fendu  par  des  poteaux ,  à  qnelque  diftance  les  uns  des  matin ,  Se  le  foir,  dans  le  tems  des  léances  des  cours  de 
autres,  pour  empêcher  les  charrettes  St  les  carroffes  d'en  juftice.  ,,.„'.,, 
approcher.  Outre  ces  deux  egliles ,  il  s  en  trouve  plufieurs  parois- 

Outre  l'eau  de  la  Tamife  ,  qui  eft  conduite  dans  "la  plû-  fiales  ;  les  principales  font ,  celle  de  S.  Laurent ,  S.  Mi- 
part  des  maifons  ,  on  aencore  à  Londres  l'eau  de  la  nou-  chel  de  Cornhil,Bow-Church  ,  Chrift-Church ,  S.  Bride, 
vetle  rivière  ,  dont  on  eft  redevable  aux  foins ,  à  l'habi-  dans  la  cité  S.  Dunftan  ,  &  S.  André  de  Holbourn  ;  & 
leté  &  à  la  Grande  dépenfe  du  chevalier  Hugh-Middle-  dans  Weftminfter ,  S.  Clément ,  S.  Paul  de  Convent- 
ion gentilhomme  du  pays  de  Galles.  Il  commerça  cet  garden  ,  S.  Martin,  fainte  Anne,  S.  James ,  Stfainte  Mar- 
ouvrase  en  160'i  ,  Si  le  finit  en  cinq  ans.  Cette  rivière  guérite.  Entre  ces  églifes,  Bow-Church,qui  eft  enChéap- 
pt-endta  fource  en  deux  endroits  près  de  Ware ,  dans  la  fide  ,  &  S.  Bride  près  de  Fleetftreet ,  font  particulière- 
province  de  Hartford;  elle  fait  foixante  milles  de  che-  ment  remarquables  pour  leurs  clochers,  qui  font  extrê- 
min  avant  que  d'arriver  à  Londres  ,  &  pafle  fous  huit  mement  élevés  (  Se  d'une  belle  &folideftrufture.  S.Paul 
cents' ponts.  Le  canal  en  eft  étroit  ,  mais  profond  en  plu-  J                                               -         .       , .  .      - 


de  Con vent- garden  pafle  pour  un  excellent  morceau 
d'architefture.  Il  y  a  cela  de  remarquable  ,  à  l'égard  des 
clochers ,  que  quoiqu'ils  foïent  en  grand  nombre  dans 
la  ville  de  Londres  ,  ils  diffèrent  tous  dans  leur  ftrucr.ure  ; 
&  il  n'y  en  a  pas  deux  qui  foient  femblables. 

II  y  a  encore  près  de  quatre-vingt  temples ,  ou  aflem- 
blées ,  dans  la  ville  &  les  environs ,  pour  les  non-con- 
formiftes,  depuis  l'afte  de  tolérance.  Les  Proteftans  étran- 


fieurs  endroits  ;  en  d'autres,  il  eft  porté  au-deflus  de  quel- 
ques vallées ,  plus  de  vingt  pieds  au-deflus  de  la  terre , 
dans  des  auges  toutes  ouvertes.  Il  y  eut  fix  cents  hommes 
employés  chaque  jour  à  ce  grand  ouvrage.     . 

Il  ne  refte  que  fort  peu  de  chofe  des  anciennes  mu- 
railles de  cette  ville  :  quand  elles  furent  élevées ,  la  cité  , 
ou  Londres  proprement  dite,  n'avoit  que  trois  milles  de 

circuit  ;  mais  aujourd'hui  les  fauxbourgs  font  presque  cinq  gers,  qui  font  pour  la  plupart  François ,  en  ont  vingt-cinq 

fois  plus  grands ,  &  on  a  bâti  des  maifons  fur  les  anciens  ou  trente  ;  les  uns  fe  conforment  à  l'églife  Anglicane, 

murs  de  la  ville.  Cependant  la  plupart  d«s  portes  fub-  les  autres  fuivent  l'ufage  de  Hollande.    Les  Allemands 

fiftent  encore  ,  entre  lesquelles  Lugdatc  Se  Ncwgace,  qui  ont  deux  affemblées,  dont  l'une  s'appelle  Vajfemblée  Prus- 

furent  ruinées  par  l'incendie  de  Londres  ,  font  à  préfent  Jîenne,  qui  fuit  la  réformation  de  Calvin;  &  l'autre  eft 

rebâties  plus  folides  qu'auparavant;  &  celles  que  le  feu  Luthérienne,  dans  le  lieu  où  les  Catholiques  Romains 

épargna,  comme  Aldersgate,  Cripplegatc-Aldgate ,  &C.  avoient  une  chapelle  fous  le  régne  de  Charles  II.  Les 

font°tenues  en  allez  bon  état.  La  plupart  de  ces  portes  Hollandois  ont  une  grande  &  fpacieufe  églife  ;  les  Da- 

ont  des  niches  où  l'on  voit  les  ftatues  de  quelques  rois  nois  en  ont  deux  Luthériennes ,  une  dans  Triniti-Lane  , 

ck  reines  ,  particulièrement  la  porte  appellée  Temple-  ck  l'autre  à  Wapping.  Les  Suédois  en  ont  auffi  une,  5c 

Bar  en  Fleetftreet.  les  Juifs  ont ,  près  de  Duckes-Placcs  dans  Londres ,  une 

Les  principales  églifes  font  S.  Paul,  la  cathédrale ,  &  belle  fynagogue. 

l'églife  collégiale  de  Weftminfter  ;  la  première  eft  fituée  De  toutes  les  maifons  royales ,  dans  l'étendue  deWeft- 

dans  l'endroit  le  plus  élevé  de  la  cité  de  Londres  ;  fk  minfter  ,  il  n'en  eft  refté  que  deux  en  leur  entier,  S.  Ja- 

Tautre ,  dans  le  fond  le  plus  bas  de  Weftminfter.  Celle  mes  &  Somerfet.  La  première  eft  fituée  près  du  parc  de 

de  S.  Paul  étoit  anciennement  un  temple  dédié  à  Diane;  &  ce  nom  ;  ce  qui  la  rend  très-agréable.  Ce  palais  a  été  fort 

celle  de  S.  Pierre,  qui  eft  celle  de  Weftminfter  étoit  un  autre  augmenté  ,  depuis  que  l'incendie  de  Wittehall  a  obligé  les 

temple,  dédié  à  Apollon.  L'églife  de  S.  Paul,  la  métropole  rois  d'y  faire  leur  réfidence.  Somerfet-Houfe  ,  dans  le 

dudiocèfe  de  Londres, ayant  été  brûléedans  l'embrafement  Strand,  eft  ainfi  appelle  du  nom  de  fon  fondateur  Edouard, 

de  Londres,  onapris  foin  depuis  delà  rebâtir.  Pour  cela,  duc  de  Somerfet,  oncle  du  roi  Edouard  IV.  C'eft  dans 

on  mitune  taxe  de  dix-huit  fols  fur  chaque  chaldron  de  char-  cette  maifon  que  font  ordinairement  régalés,  pendant  huit 

bons ,  outre  plufieurs  contributions  volontaires ,  &  30000  jours,  les  ambaffadeurs  après  leur  entrée  publique.  Ce  pa- 

livres  fterlin,  accordées  depuis,  par  afte  du  parlement,  lais  eft  habité  par  divers  particuliers  à  qui  le  roi  y  donne 

pour   finir    promptement   l'ouvrage  ,   qui    a  enfin   été  des  appartenons  ;  il  a  un  beau  jardin  fur  la  Tamife.  Ce 

amené  à  fa  perfeclion.  Sa  longueur  de  l'orient  à  l'occi-  palais  a  été  long-tems  fort  négligé, 

dent ,  en  y  comprenant  les  marches ,  eft  de  570  pieds;  Près  de  l'abbaye  de  Weftmiifter,  il  y  avoit  autrefois 

fa  largeur  du  feptentrion  au  midi,  y  comprenant  les  deux  un  magnifique  palais  ,  dont  une  partie  fut  brûlée  fous  le 

portiques ,  eft   de  311  pieds  ;  &  le  dôme  ,  à  compter  régne  de  Henri  VIII.   Celle  qui  fut  fauvée,  fert  pour  les 

depuis   le  rez-de-chauffée ,  eft  d'environ  338   pieds  de  affemblées  des  feigneurs  &  des  communes  en  parlement, 

hauteur.   Le  chœur  de  cette  églife  eft  orné  d'excellentes  £>:  pour  les  principales  cours  de  juftice.  La  grande  fale  où 

fculptures,  pavé  de  marbre  ;  &c  fes  portes  font  de  fer  avec  ces  cours  s'aflemblent,  s'appelle  Wcflminficr-Hall. 

quantité d'ornemens.  Cechceurayantétéfini,dutemsdela  Whitehall  fut  brûlé  le  4  de  Janvier  1698  ;  &  à  peine 

conclufion  de  lapaix  de  Ryswick ,  fut  ouvert  pour  y  faire  le  en  eft-il  refté  aucune  partie  ,  hormis  Banquetting-Houfe  , 


LON 


LON 


ou  la  fale  des  banquets ,  bâtiment  fuperbe ,  converti  pré- 
sentement en  chapelle.  Ce  palais  faifoit  face  ,  d'un  côté , 
à  la  Tamife,  Se  de  l'autre ,  au  parc  de  S.  James  ;  il  avoit 
toujours  été  le  lieu  de  la  réfkîence  des  rois  &c  des  rei- 
nes d'Angleterre,  depuis  Henri  VIII ,  qui  en  prit  poffes- 
fion  après  la  mort  du  cardinal  Wolfey  ,  à  qui  il  appar- 
fenoit. 

Dans  le  Strand  ,  près  de  Somerfet-Hoùfe  ,  eft  la  Sa- 
voye,  autrefois  un  palais,  ainfi  appelle  de  Pierre,  comte 
de  Savoye  &  de  Richmond,  oncle  d'Eléonor,  femme 
de  Henri  III ,  qui  l'acheta  enfuite  pour  fon  fils  Edmond , 
duc  de  Lancafter.  Une  bonne  partie  ,  depuis  un  grand 
nombre  d'années  ,  a  été  convertie  en  maifons  à  vente ,  & 
à  peine  y  refte-t-il  aucune  trace  de  palais.  Cependant  l'an- 
cienne chapelle  fubfifte  encore ,  St  fert  d'églife  à  la  pa- 
roiffe  de  fainte  Marie ,  appellée  la  Savoye.  Dans  l'en- 
ceinte de  ce  vieux  palais ,  il  y  a  auffi  une  églife  Fran- 
çoife  de  la  communion  Anglicane  ,  deux  églifes  Alle- 
mandes ,  une  Luthérienne  &  l'autre  Calvirfifte  ,  &  un 
temple  de  Quakers. 

On  trouve  ,  en  quelques  endroits  de  cette  ville,  des  fta- 
tues  des  rois.  Celle  de  Charles  I ,  qui  le  voit  à  Charlng- 
crofs,  eft  la  plus  belle.  C'eft  une.fi.atue  équeftre  de  bronze, 
élevée  fur  un  piedeftal  de  marbre,  orné  de  trophées  de 
guerre  ,  &  environné  de  barreaux  de  fer.  Elle  efi  de  la 
façon  de  le  Sueur ,  excellent  ftatuaire  François  ;  elle  fut 
renverfée  par  les  parlementaires ,  du  tems  du  même  Char- 
les I ,  &  vendue  à  la  livre  à  un  chauderonnier ,  qui  l'en- 
terra 6c  la  conferva  ainfi  en  entier  jusqu'au  rétabliffement 
de  la  famille  royale.  11  y  en  a  deux  du  roi  Charles  II , 
une  à  Stocks-Banquit ,  à  un  des  bouts  de  Lombard- 
Strect ,  &  l'autre  dans  la  place  de  Soho.  La  première  eft 
de  marbre  blanc ,  Se  repréfente  ce  roi  à  cheval ,  foulant 
aux  pieds  un  ennemi.  Elle  a'  été  élevée  aux  dépens  du 
chevalier  Robert  Viner  ,  echévin  de  Londres.  Celle  de 
la  place  de  Soho  efl  fur  un  piedeftal ,  au  milieu  d'une  fon- 
taine, ayant  à  fes  pieds  quatre  figures,  repréfentant  les 
quatre  principales  rivières  d'Angleterre  ,  la  Tamife ,  la 
Saverne ,  la  Trente,  &  l'Humber ,  verfant  leurs  eaux  dans 
le  hâflin.  On  voit  encore,  parmi  les  ruinés  de  "Whitehall, 
la  ftatue  de  bronze  de  Jacques  II ,  qui  efi  fur  un  piedeftal 
environné  de  barreaux  de  fer. 

La  tour  de  Londres  eft  une  fortereffe ,  ainfi  nommée 
à  caufe  d'une  grande  tour  blanche  &  carrée ,  qui  eft  au 
milieu.  Cette  fortereffe  eft  fituée  près  de  la  Tamife ,  au- 
deffous  du  pont ,  &  à  l'orient  de  la  ville.  Elle  a  environ 
un  mille  de  tour  ;  &  fon  enceinte  eft  une  vieille  muraille  , 
avec  un  foffé  fort  large  &  profond.-  Elle  commande  la 
cité  &  la  rivière ,  St  tous  les  jours  on  y  envoie  une  com- 
pagnie de  foldats  pour  monter  .la  garde.  Mais  en  cas  de 
danger  ,  il  y  a  certains  quartiers  dépendans  de  la  tour, 
qu'on  appelle  HamUts ,  dont  la  milice ,  qui  confifte  en 
deux  régimens  d'infanterie  ,  forme  un  corps  d'environ 
trois  à  quatre  mille  hommes.  Ce  corps  eft  obligé,  au 
premier  commandement  de  la  tour,  de  venir  renforcer 
la  garni  fon.  Il  y  a  toujours  à  la  tour  foixante  pièces  de 
canon  en  batterie ,  que  l'on  tire  les  jours  de  réjouiffance 
publique.  Tous  les  navires,  qui  paffent  devant  cette  for- 
tereffe, la  faluent;  rk  pour  trois  coups  de  canon,  la  tour 
en  rend  un.  Elle  eft  le  grand'  arlénal  de  la  nation  pour 
les  armes  &  les  munitions  de  guerre.  On  y  fabrique  auffi 
la  monnoie,  &  l'on  y  garde  les  joyaux  de  la  couronne. 
C'eft  le  dépôt  des  archives  du  royaume,  &  la  prifon  des 
pairs  du  royaume  Se  des  membres  de  la  chambre  baffe 
du  parlement.  Quant  au  bureau  de  la  monnoie ,  il  y  a 
piufieurs  officiers  qui  en  dépendent ,  dont  les  gages  fe 
montent  à  plus  de  deux  mille  livres  fterlin  par  an.  Dans 
la  chambre  des  joyaux  on  voit  les  regelia ,  c'eft- à-dire  la 
couronne ,  le  diadème ,  lé  globe ,  le  feeptre  royal  avec 
la  croix  ,  le  feeptre  avec  la  colombe  ,  qui  eft  l'emblème 
de  la  paix,  le  bâton  de  S.  Edouard  d'or  battu  ,  curtaua, 
ou  l'épée  fans  pointe  ,  emblème  de  la  clémence  ,  que  l'on 
porte  le  jour  du  couronnement  entre  les  deux  épées  de 
la  juftice  ,  lafpiritue/le  &  la  temporelle  :  les  éperons  d'or  , 
l'ampoule  ou  aigle  d'or,  qui  contient  l'huile  facrée,  avec 
laquelle  les  rois  !k  les  reines  l'ont  joints,  &  la  cuilliere 
d'or,  dans  laquelle  levêque  verfe  l'huile,  la  couronne 
de  parade  que  fa  majefté  porte,  lorsqu'elle  va  au  parle- 
ment, &  piufieurs  autres  fymboles  de  l'autorité  royale. 
Les  archives  contiennent  les  actes  de  parlement ,  les  trai- 
tés de  paix,  &c.  en  original.  On  y  trouve  une  infinité 


827 


de  pièces  authentiques ,  touchant  les  exploits  de  la  ;,a- 
rion  en  France  Se  autres  pay;  ;  les  loix  qui  regardent 
l'Irlande ,  la  domination  &  le  pouvoir  des  Anglois  fur 
les  mers  Britanniques ,  les  contrats  qjf  affûtent  aux  par- 
ticuliers la  poffeffion  de  leurs  terres  ;  les  prétention»  des 
Anglois  au  royaume  de  France  ;  la  fondation  des  ab- 
bayes &  autres  maifons  religieufes  ;  l'étendue  des  terres; 
te  maifons  feigneuriales  ;  les  donations  de  la  part  de  la 
couronne  ,  aux  fujets,  tant  au  dedans  qu'au  dehors  du 
royaume  •;  les  actes  paffés  à  l'échiquier  entre  partie  &C 
partie;  l'établiffement  de  tous  les  offices  dans  le  royaume; 
les  bornes  de  toutes  les  forêts  en  Angleterre,  avec  les 
droits  qu'ont  les  habitans  aux  communes  &  aux  pâtura- 
ges qui  s'y  trouvent,  &  piufieurs  autres  actes  &  pièces 
publiques.  Tous  les  jours,  excepté  ceux  de  dimanche, 
de  fête ,  de  jeûne ,  ou  d'actions  de  grâces  ,  le  bureau 
des  régiftres  eft  ouvert  ,  depuis  fept  heures  du  ma- 
tin  jusqu'à  onze  ,  &  depuis  une  jusqu'à  cinq  après- 
midi.  Dans  les  mois  de  Décembre  ,  Janvier  &  Février, 
il  n'eft  ouvert  que  depuis  huit  heures  du  matin  jusqu'à 
quatre  de  l'après-midi.  Il  y  a  une  églife  parn  ffiale  dans 
cette  tour,  qui  eft  à  la  nomination  du  roi ,  &t  exempte 
de  la  jurisdiction  de  l'archevêque.  Pour  le  commande- 
ment de  cette  importante  place,  il  y  a  un  connétable 
qui  eft  ordinairement  une  perfonne  de  la  première  qua- 
lité, un  gouverneur  ou  lieutenant  ,  qui  a  fous  lui  un 
fouslieutenant  Se  un  autre  officier  qu'on  appelle  le  gent- 
leman porter,  ou  l' officier  de  la  porte.  Les  gages  du  con- 
nétable font  de  mille  livres  fterling  par  an  ,  °&  ceux  du 
lieutenant  de  deux  cents.  II  tire  d'ailleurs  des  profita 
confiderables  de  ceux  qui  font  prifonniers  à  la  Tour , 
&  du  privilège  qu'il  a  de  dispofer  des  offices  de  gardes 
prifonniers.  Un  duc  prifonnier,  à  la  Tour,  paye  deux 
cents  livres  fterling  pour  fon  entrée,  &r  toute  autre  per- 
fonne au-deffous  des  pairs,  paye  cinquante  livres  fterling. 
Le  connétable  &  le  lieutenant  font ,  en  vêtu  de  leur 
office,  juges  de  paix  dans  les  provinces  de  Middlefex, 
Surrey  &  Kent. 

.  Entre  la  tour  tk  le  pont  de  Londres,  eft  la  coutume  i 
c'eft-à-dire  la  douane  où  l'on  reçoit  les  droits  d'entrée 
&  de  fortie  de  toutes  les  marchandifes.  C'eft  un  bâti- 
ment magnifique,  uniforme  &  commode,  qui  coûta  au 
roi  Charles  II  dix  mille  livres  fterling  à  bâtir  ,  après 
que  l'ancien  bâtiment  eût  été  cenfumé  par  le  feu. 

Le  pont,  qui  eft  fur  le  Tamife,  eft  compofé  de  dix- 
neuf  arcades  de  pierre,  à  vingt  pieds  l'une  de  l'autre.  II 
a  huit  cents  quarante  pieds  de  long,  trente  de  large,  & 
foixante  de  haut,  avec  un  pont-levis,  presqu'au  milieu. 
De  chaque  côté  on  voit  un  rang  de  maifons  avec  des 
boutiques  bien  fournies.  Au  nord  de  ce  pont ,  en  mé- 
moire de  l'embtafement  de  Londres  ,  qui' arriva  le  12, 
de  Septembre  1666,  on  a  érigé  un  monument  ou  py- 
ramide près  du  lieu  où  le  feu  commença.  C'eft  une  co- 
lomne  ronde  qui  palle  pour  un  des  plus  hardis  morceaux 
d'architecture.  Elle  eft  bâtie  de  greffes  pierres  de  Port- 
land  ,  elle  a  200  pieds  de  hauteur  Si  15  de  diamètre. 
Elle  eft  fur  un  piedeftal  de  quarante  pieds  de  hauteur  , 
&  de  21  en  carré,  dont  le  front  eft  orné  d'emblèmes! 
Au  dedans  eft  un  escalier  à  vis ,  dont  les  barreaux  de 
fer  régnent  jusqu'au  Commet  ,  où  fe  trouve  un  balcon 
avec  une  baluftrade  auffi  de  fer,  qui  a  vue  fur  toute  la  ville. 
Les  côtés  du  nord  Se  du  fud  du  piedeftal,  ont  chacun 
une  inlcription  en  latin,  dont  une  repréfente  la  défo- 
lation  de  la  ville  réduite  en  cendres  ,  &  l'autre  fon 
prompt  rétabliiïement  ;  car  quoique  l'année  d'après  l'em- 
brafement,  la  ville  de  Londres  eût  le  malheur  d'être 
cruellement  affligée  de  la  pefte  ,  cela  n'empêcha  pas 
qu'elle  ne  fe  trouvât  rebâtie  en  peu  d'années,  S:  plus  beile. 
&  plus  commode  qu'auparavant  ;  Si  le  nombre  de  ces 
maifons  s'eft  tellement  accru  depuis  ce  tems-là  ,  prin- 
cipalement du  côté  de  la  cour,  qu'on  en  compte,  pour 
le  moins,  cinquante  .mille  de  plus  qu'il  n'y  en  avoit  avant 
l'incendie. 

A  quelque  diftance  delà  pyramide,  on  trouve  dans 
le  Cornhill  la  boude  royale,  qui  eft  un  des  plus  beaux 
édifices  de  l'univers,  dans  ce  genre.  Elle  iùt  fondée  p.;r 
le  chevalier  Thomas  Greslum  ,  riche  marchar.J  ,  fous 
le  régne  de  la  reine  Elifabeth ,  l'an  i'jôô,  pvécifémerit 
cents  ans  avant  qu'elle  fut  brûlée.'  Elle  eft  actuellement 
beaucoup  plus  belle  qu'elle  n'étoit  avpt  fincendie.  Les 
marchands  s'y  affemblent  tous  les  jours ,  excepté  les  di- 


'888 


LOSf 


LON 


,  .  grandes  fêtes  &  les  jours  de  ieûne.  Cette    îement.  On  compte  en  Angleterre  quarante  mille  per- 
bourï  ell  un  quatre  long  de  *,0  pieds,  de  l'orient  à  foc-     fonnes  gur  vivent  de  proces_,_dont  plufieursgagncntdes 


130  pieds, 
cident,~&~de'l7J  pieds,  duleptentrion  aumidi.  La  fa- 
çade en  eft  magnifique  ;  &  tout-à-1'entour,  régne  un  beau 
portique  foutenu  de  grandes  colomnes  de  pierre.  Au 
fommet  eft  une  tour  où  il  y  a  une  horloge  &un  carillon 
de  douze  cloches.  La  cour  du  dedans  ell  pavée,  &  les 
ealeries,  qui  font  tout  autour ,  font  voûtées  &  (outenues 
de  piliers  de  pierres  de  taille.  Au-deflus  de  ces  piliers 
on  voit  en  marbre  &  en  albâtre  les  ftatues  des  rois 
&  des  reines  qui  ont  régné  en  Angleterre  ,  depuis  a 
conquête  des  Normands  ;  au  milieu  de  la  cour  eft  la 
ftatue  du  roi  Charles  II ,  faite  par  un  fameux  fcu.pteur 
Anglois, nommé  Grimly  Gibbons;  elle  eft  for  un  piédes- 
tal d'environ  fept  pieds  de  haut  ;  le  roi  y  eft  reprelente 
avec  l'ancien  habit  des  empereurs  Romains  ,  une  cou- 
ronne de  laurier  for  la  tête.  A  un  des  côtés  du  piédes- 
tal font  les  armes  d'Angleterre  &  de  France  écarte- 
lées  ;  à  un  autre  côté  celles  d'Ecoffe ,  au  troifieme  cel- 
les d'Irlande  ,  &  toutes  foutenues  par  unCupidon  ;  en- 
fin le  quatrième  côté  eft  chargé  d'un  pompeux  éloge 
de  Charles  II.  Au-defTus  des  portiques  il  y  a  des  gale- 
ries où  l'on  compte  près  de  deux  cents  boutiques  pleines 
de  marchandifes,  outre  les  boutiques  qui  font  en  bas,  le 
long  du  portique,  &  les  grands  celliers  qui  font  fous 
terre.  Ce  bâtiment  a  coûté  plus  de  cinquante  mille  livres 
fterling  à  bâtir,  &  produit  quatre  mille  livres  fterling  de 
rente;  de  façon  que  c'eft  peut-être  le  plus  nche  do- 
maine qui  foit  au  monde,  pour  fa  grandeur. 

Le  nouveau,  change  dans  le  Strand,  pouvoir  valoir  au- 
tant aux  comtes  de  Salisbury,  lorsque  fon  négoce  etoit 
plus  floriflant  qu'il  n'eft  à  préfent.  Robert  Cecil,  comte 
de  Salisbury,  &  grand  tréforier  d'Angleterre  ,  fous  le 
régne  de  Jacques  I ,  en  fut  le  fondateur.  Il  confifte  en 
deux  longues  allées  au  niveau  de  la  rue  ,  Se  deux  autres 
qui  font  en  haut,  pavées  de  pierre  de  taille,  avec  deux 
rangs  de  boutiques ,  où  l'on  vend  des  marchandifes , 
c  )inme  dans  la  bourfe.  . 

On  ne  voit  nulle  part  d'auffi  grandes  fales  que  dans 
Londres.  Celle  de  Weftminfter  eft  la  principale,  &  n'a 
point  fa  pareille  ;  elle  a  170  pieds  de  long,  fur  47  de 
large  ;  fa  hauteur  eft  proportionnée  ;  Se,  ce  qu'il  y  a  de 
merveilleux ,  c'eft  que  le  toit  eft  foutenu  fans  aucune  co- 
lomne.  Cette  fale  eft  le  paflage  ordinaire  pour  aller  au 
parlement,  lorsqu'il  eft  affemblé.  Dans  le  tems  des  qua- 
tre féances  des  cours  de  juftice ,  la  cour  de  la  chancel- 
lerie, celle  du  banc  du  roi  Se  des  plaidoyers  communs, 
s'y  aiTemblent.  C'eft  en  cette  fale  que  fe  fait  le  feftin  du 
couronnement ,  tk  où  l'on  érige  une  cour  exprès,  quand 
il  s'agit  de  juger  un  pair  accufé  de  quelque  crime  capi- 
tal. Près  de  cette  fale  eft  la  fameufe  bibliothèque  érigée 
par  le  chevalier  Cotton ,  compofée  de  plus  de  mille  vo- 
lume de  manuscrits ,  dont  la  plupart  regardent  l'hiftoire 
d'Angleterre  ,  Sr.  la  bibliothèque  royale. 

Guildhall ,  qui  eft  la  mailon  de  ville  ,  où  les  cours 
des  magiftrats  de  la  cité  fe  tiennent  ,  a  encore  une  belle 
fale ,  auffi-bien  que  le  Blackwdl-Hall ,  qui  eft  le  grand 
magafin  de  toutes  fortes  de  draps  ,  &  où  ils  font  expo- 
fés  en  vente. 

Les  corps  de  métiers ,  divifes  en  foixante-deux  corps, 
ont  chacun  un  hôtel ,  ou  maifon  magnifique  ,  que  les 
Anglois  appellent  hall,  du  nom  delà  plus  grande  cham- 
bre ,  où  fe  font  les  réglemens  pour  le  négoce  de  ce 
corps.  Cette  fale  eft  allez  fpacieufe  pour  y  régaler  deux 
ou  trois  cents  perfonnes,  &  allez  belle  pour  y  recevoir 
une  tête  couronnée.  L'hôtel  des  drapiers  a  un  beau  jar- 
din bien  entretenu  &  ouvert  à  toutes  perfonnes  au-des- 
fos  du-  commun.  A  l'hôtel  des  épiciers  eft  la  banque 
d'Angleterre ,  qui  fut  établie  fous  Guillaume  III ,  pour 
fournir,  par  prêt  d'argent,  aux  befoins  de  l'état,  en  payant 
huit  pour  cent  d'intérêt. 

Outre  les  hôtels  des  corps  de  métiers,  chaque  collège 
de  gens  de  juftice  a  auflî  une  halle  ou  fale.  Ces  collèges 
font  pour  le  droit  coutumier;  Se  la  chancellerie,  deux, 
qu'on  appelle  fergent  en  loix  ,  l'un  en  Fleet  -  Street. ,  & 
l'autre  en  Chancery-Lane ,  outre  quatre  collèges  qu'on 
nomme  Inns  os  court.  Dans  tous  ces  collèges,  les  gens 
de  loi  vivent  d'une  manière  collégiale  ,  dans  le  tems 
des  féances  des  cours  de  juftice.  Ils  ont  là  leur  cham- 
bre à  part ,  où  ils  travaillent  hors  du  bruit  &  de  l'em- 
barras des  familles ,  &  où  les  cliens  les  trouvent  faci- 


centaines  de  livres  fterling  par  an  ,  &  les  autres  des  mil- 
liers. Ils  l'ont  un  des  plus  puiifans  corps  de  l'état ,  tk. 
celui  qui  a  le,  plus  de  crédit  &  d'autorité.  Plufieurs  per- 
fonnes  de  ce  corps  ont  eu  l'honneur  d'être  faits  pairs 
du  royaume ,  Se  de  parvenir  à  la  charge  de  chancelier. 
Le  temple  étoil  autrefois  le  collège  des  chevaliers  Tem- 
pliers, il  eft  divifé  en  deux,  parties,  dont  l'une  s'appelle 
l'Jhner-Tempk,  Se  l'autre  le  Middle- Temple.  Leglife 
desTempliers  iublifte  encore,  rk  le  miniftre.qui  la  des- 
fert,  eft  appelle  le  minijire  du  Temple  ,  the  majhr  ofthe 
Temple.  A  l'entrée  on  voit  fur  neuf  tombes  plates,  les  figu- 
res de  neuf  chevaliers  armés  de  pied  en  cap.  Près  de  la 
cathédrale  de  S.  Paul ,  il  y  a  un  coliege  de  docteurs  en 
droit  civil  ,  appelle  doaors  commons,  où  réfi  loient  au- 
trefois les  juges  Se  les  plus  lâvans  docteurs  en  droit  ci- 
vil. Dans  la  fale  de  ce  collège  on  tient  diverles  cours, 
qui  fe  règlent  par  le  droit  civil.  Dans  Warwick-Lahi. 
eft  le  collège  des  médecins  ,  qui  a  une  cour  fpacieuléi, 
un  amphithéâtre,  où  fe  font  les  diiTectious,  &  une  biblio- 
thèque. Le  nombre  des  médecins,  qui  font  de  cecoliége^ 
ne  doit  être  que  de  quatre-vingt.  Ils  ont  de  grands  privilè- 
ges accordés  par  le  roi  ou  par  le  parlement.  Par  exem- 
ple, un  médecin,  quoiqu'il  ait  pris  (es  degrés  à  Oxford  ou 
à  Cambridge  ,  ne  peut  fans  licence  obtenue  fous  le  fceau 
du  collège,  pratiquer  la  médecine  à  Londres,  ou  à  fept 
milles  aux  environs.  Ce  collège  peut  condamner  à  l'a- 
mende Se  à  l'emprifonnement  tout  contrevenant.  Il  a 
àuffi  le  droit  de  vifiter  les  boutiques  des  apothicaires  dans 
Londres  Se  aux  environs,  Se  de  voir  fi  leurs  drogues  & 
compofitions  font  bonnes  Se  bien  préparées. 

Le  collège  de  Gresham  mérite  de  trouver  place  ici.  Il 
eft  ainfi  appelle  du  nom  du  fondateur,  le  chevalier  Tho- 
mas Gresham ,  qui  bâtit  auffi  la  bourfe  royale,  Se  deftina 
à  l'établilTement  de  ce  collège  le  revenu  qui  en  provién» 
droit  ;  il  fut  dit  que  la  moitié  de  ce  revenu  feroit  em- 
ployée à  l'entretien  de  quatre  perfonnes  capables ,  qui 
enfeigneroient  dans  ce  collège  la  théologie  ,  l'aftrono- 
mie,  la  mufique  Se  la  géométrie;  &  l'autre  moitié  pour 
trois  autres  perfonnes  qui  enlèignero:ent  la  rhétorique, 
le  droit  civil  Se  la  médecine.  Les  gages  de  chaque  pro- 
felTeurfont  aujourd'hui  de  cinquante  livres  fterling  par  arc, 
avec  un  logement.  Le  collège  de  Sion  ,  près  de  Crip- 
plégate,  étoit  autrefois  une  maifon  reiigieulè;  ce  fut  en- 
fuite  un  hôpital  ;  maintenant  c'eft  un  collège  &  un  hô- 
pital tout  enfemble ,  l'un  Se  l'autre  fondés,  l'an  1631, 
par  le  Dr  White  de  Briftol,  vicaire  de  S.  Dunftan  à 
Londres.  Le  collège  eft  pourl'ufage  de  tous  les  miniftres 
de  Londres  ,  qui  font  de  l'églife  Anglicane  ;  Se  l'hô- 
pital ,  pour  dix  pauvres  hommes  Se  autant  de  pauvres 
femmes.  Il  y  a  une  fale  bâtie,  depuis  quelque  tems,  des 
contributions  des  "membres  de  ce  collège  ,  avec  une 
bibliothèque  de  livres  de  théologie,  principalement  des-' 
tinée  à  l'ufage  du  clergé  de  Londres.  Enfin  il  y  a  un  col- 
lège de  héraults ,  nommé  communément  en  anglois  the 
heralds  office  ,  qui  dépend  du  grand-maréchal  d'Angle- 
terre. Les  principales  fonctions  de  ces  héraults ,  font  de 
déclarer  la  paix  Se  la  guerre ,  de  tenir  regiftre  des  ar- 
moiries des  familles  ,  de  régler  les  formalités  des  cou- 
ronnemens,  des  mariages,  baptêmes',  funérailles,  en- 
trevues &  feftins  de;  princes,  cavalcades,  Sec.  Le  prin- 
cipal d'entr'eux  eft  appelle  Garter.  Il  fut  inftitué  par 
Henri  V,  pour  affilier  aux  folemnités  des  chevaliers  de 
la  Jarretière,  &  en  régler  le  cérémonial.  Sa  création  eft 
une  espèce  de  couronnement  ;  on  apporte  d'abord  une 
épée  Se  un  livre ,  enfoite  une  couronne  ,  un  collier  d'es- 
fes ,  Se  une  coupe  de  vin  ;  après  cela  une  cotte  d'ar- 
mes de  velours  richement  brodée,  un  badge  d'or  émaillé 
dans  une  chaîne  d'or.  Pendant  qu'il  eft  à  genoux  devant 
le  grand  maréchal ,  Se  qu'il  met  fa  main  for  le  livre  Se 
l'épée,  un  autre  roi  d'armes  lui  lit  la  forme  du  ferment, 
enfoite  la  patente  de  fa  charge,  pendant  lequel  tems  le 
grand  maréchal  verfe  le  vin  deflus  fa  tête,  Selui  donne 
le  nom  de  Garter  ou  Jarretière;  met  fur  lui  la  cotte 
d'armes  ,  le  collier  d'eiTes ,  Se  la  couronne  fur  fa  tête. 
Il  faut  que  tous  les  héraults  foient  gentilshommes  de  nais- 
fance  ,  Se  ils  font  faits  écuyers,  dans  le  tems  de  leur 
création. 

Un  des  plus  beaux  ornemens  de  Londres ,  eft  la  fo- 

ciété  royale,  qui  fut  établie  par  Charles  II,   au  mois 

d'Avril 


LON 


d'Avril  i<S6î,  pour  perfectionner  la  fcience  des  chofès 
naturelles,  oc  des  arts  utiles',  par  des  expériences.  Le  roi 
lui-même  s'en  déclara  le  fondateur,  le  patron,  le  chef, 
&  en  même  tems  l'un  des  membres.  Cette  fociété  a 
fait  un  grand  nombre  de  découvertes  ,  &  a  beaucoup 
perfectionné  l'architeclure ,  l'art  de  l'agriculture,  &  ce- 
lui de  la  navigation.  Elle  a  une  bibliothèque  8c  un  ca- 
bine: qui  contient  un  trè«-grand  nombre  de  curiofités  , 
comme  bêtes,  oifeaux,  poifl'ons,  ferpens,  mouches, 
coquillages ,  plumes  ,  momies  ,  gommes  ,  minéraux  , 
foffiles  ,  ckc.  Le  nombre  des  membres  de  cette  fociété 
n'eft  point  fixé;  on  y  a  reçu  ci-devant  un  grand  nom- 
bre d'étrangers ,  avec  une  facilité  dont  on  a  commencé 
à  connoître  l'abus.  Elle  eft  gouvernée  par  un  confeil 
compofé  de  vingt-un  membres ,  dont  dix  fortent  tous 
les  ans,  &  dix  autres  font  mis  à  leurs  places.  L'éle&ion 
s'en  fait  le  30  de  Novembre;  le  chef  du  confeil  porte 
le  titre  de  préjtdent. 

Il  y  a  à  Londres  plufieurs  écoles  publiques  pour  l'é- 
ducation de  la  jeuneffe ,  fans  parler  d'un  nombre  infini 
d'écoles  particulière-".  Par  écoles  publiques  ,  il|  faut  en- 
tendre des  écoles  fondées  pour  l'éducation  d'un  certain 
nombre  d'écoliers  que  l'on  y  enfeigne  gratis.  Telles 
font  l'école  royale  de  "Weftminfter,  fondée,  par  la  reine 
Eliiabeth,  pour  quarante  écoliers  enfeignés  &  entretenus 
aux  dépens  de  l'école  ;  celle  de  S.  Pau! ,  qui  fut  fon- 
dée, en  15 12,  parleDr  Collet,  doyen  de  S.  Paul, pour 
y  enfeigner  cent  cinquante- trois  enfans  gratis  ;  l'école 
des  marchands  tailleurs,  près  de  Cannon-Street,  fon- 
dée par  le  chevalier  Thomas  White  ,  échevin  &  mar- 
chand tailleur  de  Londres.  Dans  cette  feule  école,  on 
enfeigne  trois  cents  écoliers ,  cent  gratis ,  cent  pour  deux 
fchelins  fix  fols  par  quartier  chacun  ,  8k  cent  autres1  pour 
cinq  fchelins.  Il  y  en  a  auffi  une  à  ia  chapelle  des  mer- 
ciers en  Chéapfîde,  fondée  par  la  compagnie  des  mer- 
ciers ;  à  quoi  on  peut  ajouter  l'école  de  l'hôpital  de 
Chrift ,  &  quelques  autres. 

Le  nombre  &  la  grandeur  des  hôpitaux,  le  foin  que 
l'on  a  des  pauvres  &  des  malades ,  ck  l'ordre  que  l'on 
y  obferve  ,  tout  eft  digne  d'admiration.  Sans  compter 
plufieurs  petits  hôpitaux  particuliers ,  on  en  compte  huit 
grands ,  y  comprenant  ceux  de  Greenwich  èk  Chelfey, 
qui  ne  (ont  pas  éloignés  de  la  ville.  L'hôpital  de  Chrift 
eft  un  des  principaux.  C'étoit  autrefois  un  couvent  qui  fut 
fupprimé  par  Henri  VIII,  &  converti  en  hôpital,  en  1553, 
par  fon  fils  Edouard  VI.  On  l'appelle  \' hôpital  des  en- 
fans  bleus  ,  parce  qu'ils  font  habillés  de  cette  couleur. 
Il  y  a  une  école  latine  pour  les  garçons ,  dont  on  des- 
tine les  uns  pour  l'univerfité ,  ck  les  autres  pour  des  mé- 
tiers. II  y  en  a  eu  qui  ont  été  élevés  aux  premières 
dignités  de  la  ville  ,  &  un  d'eux  a  été  lord-maire  de 
Londres.  Il  y  a  auffi  une  belle  école  pour  apprendre  à 
écrire  ;  une  de  mathématiques ,  dans  laquelle  on  en- 
feigne toutes  les  parties  de  cette  fcience  ,  mais  princi- 
palement la  navigation.  Tous  les  ans,  on  en  envoie  dix 
ou  douze  en  mer,  pour  joindre  la  pratique  à  la  théorie. 
L'hôpital  de  S.  Barthelemi ,  qui  eft  tout  proche  de  l'hô- 
pital de  Chrift,  eft  deftiné  pour  les  pauvres  malades, 
eftropiés  ck  bleffés  ;  ils  y  font  fort  bien  entretenus.  Cet 
hôpital  fut  d'abord  fondé  par  un  nommé  Rayhert , 
l'an  1 102  ,  fous  le  régne  de  Henri  I  ;  ck  après  la  fuppres- 
fîon  des  monafteres  ,  il  fut  fondé  de  nouveau  par 
Henri  VIII ,  en  1 546.  Dans  le  cloître  il  y  a  une  espèce 
de  change,  avec  des  boutiques  des  deux  côtés.  Pour  le 
foulagement  &  l'entretien  des  pauvres  lunatiques  ou  in- 
fenfés  ,  il  y  a  dans  Moor-fields  un  magnifique  hôpital 
appelle  communément  Bedlam.  Il  fut  bâti  en  1676, 
dans  un  fort  bon  air. 

L'hôpital  de  S.  Thomas ,  à  Southwarck,  eft  mainte- 
nant un  bâtiment  régulier  &  commode  ;  il  eft  deftiné, 
comme  celui  de  S.  Barthelemi ,  pour  les  eftropiés  8k  les 
bleffés.  L'hôpital  de  Sutton  ,  (  autrement  appelle  la 
Chartrettfe,  parce  qu'originairement  c'étoit  un  monaftere 
de  Chartreux,)  fut  donné,  après  la  fuppreffion  des  mo- 
nafteres, par  Henri  VIII,  au  chevalier  Thomas  Audley, 
orateur  de  la  chambre  des  communes.  M.  Sutton  l'acheta, 
en  161 1,  pour  le  prix  de  treize  mille  livres  fterlin  ,  &  en 
a  fait  un  hôpital  à  fes  propres  frais ,  pour  quatre-vingt 
pauvres  gentilshommes ,  gens  de  guerre  ou  marchands, 
qu'on  appelle  communément  penfîonnaires ,  qui  y  doi- 
vent être  entretenus  libéralement ,  ck  vivre  dans  la  dé- 


LON  889 

votion  8c  îa  retraite.  Il  y  fonda  en  même  tems  une  école 
pour  quarante  jeunes  garçons ,  ,à  qui  on  enfeigne  le  lî  ; 
tin  8c  le  grec  ;  &c  après  quelques  années,  on  les  met  en 
apprentiflage  ;  ck  on  envoie  ceux  qui  font  propres  pour 
l'étude  à  l'univerfité  de  Cambridge,  où  l'on  fait  tenir  à 
chacun  d'eux,  pendant  huit  ans,  la  fomme  de  vingt  livres 
fterhn  pour  fa  dépenfe  ;  &c  comme  il  y  a  neuf  bénéfi- 
ces qui  dépendent  de  est  hôpital  ,  ceux  qui  font  les  plus 
capables  de  les  remplir,  y  ont  un  droit  afîuré.  A  Hoxton 
il  y  a  un  hôpital  depuis  peu  ,  qui  eft  fort  beau  ;  il  a  été 
fondé  par  M.  Ask,  échevin  de  la  ville  de  Londres,  & 
membre  de  la  fociété  des  chapelliers ,  pour  l'entretien 
de  vingt  pauvres  vieillards  de  ce  corps,  ck  d'un  pareil 
nombre  de  jeunes  garçons. 

L'hôpital  royal  de  Chelfey  ,  à  un  mille  de  Weftmins- 
ter,  a  été  commencé  par  Charles  II  ,  continué  par  fon 
frère  Jacques  II ,  ck  achevé  par  Guillaume  III.  C'eft  un 
très-bel  édifice,  ouverrdu  côté  de  la  rivière,  ck  deftiné 
pour  l'entretien  des  officiers  ck  foldats  eftropiés.  Le  nom- 
bre des  penfîonnaires  ou  de  (impies  foldats  entretenus , 
eft  d'environ  quatre  cents.  Ils  ont  tous  des  jufte-au-corps 
rouges ,  doublés  de  bleu  ;  ils  font  fournis  de  tous  les 
autres  habillemens  néceffaires  ;  &c  outre  le  blanchua^e 
ck  le  feu  ,  il  ont  un  jour  de  paye  ,  chaque  femaine  ,  pour 
fe  divertir  ;  à  l'égard  des  officiers ,  on  leur  donne  par 
an  Une  certaine  fomme  pour  les  menues  néceffités. 
Quoique  cet  hôpital  foit  beau  ,  celui  de  Greenwich  l'eft 
davantage.  Il  a  été  fondé  par  Guillaume  III ,  pour  l'en- 
couragement des  matelots,  en  pourvoyant  à  leur  fubfis- 
tance  ,  lorsque,  par  vieillefïe,  bleffures,  ou  autres  acci- 
dens,  ils  font  devenus  incapables  de  fervir,  comme  auffi 
pour  les  veuves ,  ou  enfans  de  ces  matelots ,  tués  ou 
noyés  au  fervice  de  l'état.  Le  nombre  des  penfîonnaires 
eft  d'environ  trois  cents.  Pour  chaque  centaine ,  il  y  a 
fix  veuves  de  matelots  pour  prendre  foin  d'eux  ,  à  (î.t 
livres  fterlingpar  an,  ck  deux  fchelins.  par  femaine,  de 
plus,  pour  celles  qui  fervent  dans  l'infirmerie.  Leur  or- 
dinaire eft  le  même  qu'à  l'hôpital  de  Chelfey;  6k  pour 
leurs  menus  plaifîrs ,  ils  ont  chacun  par  'emaine  un  fche- 
lin.  Les  officiers  ont  le  chapeau  bordé  d'or.  lis  ont  les 
meilleures  chambres ,  prennent  place  au  haut  bout  de  la 
table,  ck  reçoivent  par  femaine  dix-huit  fols.  Pour  éta- 
blir cette  fondation,  le  roi  Guillaume  donna  une  terre 
à  Greenwich ,  contenant  près  de  neuf  arpens  ,  avec  le 
palais  royal,  que  le  roi  Charles  II  y  avoir  fait  bâtir 
tk  qui  avoit  coûté  trente-fix  mille  livres  fterling. 

II  n'y  a  à  Londres  que  deux  maifons  publiques  de 
travail ,  qui  foient  fameul'es  ;  l'une  s'appelle  Bridwel,  8k 
eft  une  grande  maifon  bâtie  autrefois  par  Henri  VIII 
pour  la  réception  de  Charles-Quint ,  ck  qui  fut  conver- 
tie par  Edouard  VI ,  à  l'ufage  qu'on  en  fait  à  préfent. 
Il  y  a  cent  quarante  pauvres  garçons  qui  y  font  entrete- 
nus, à  qui  l'on  apprend  des  métiers  ;  ck  il  y  a  pour  cet 
effet  vingt- deux  maîtres  logés  gratis,  outre  le  profit  qu'ils 
tirent  du  travail  de  leurs  apprentis  ;  car  chacun  de  ces 
garçons  eft  engagé ,  avec  fon  maître ,  pour  fept  ans  ;  après 
quoi,  ils  entrent  dans  les  droits  de  bourgeoifie  de  Lon- 
dres. L'hôpital  leur  fournit  les  habits  ,  le  linge  8c  les 
lits,  Scie  maître  la  nourriture.  Une  partie  de  cette  mai- 
fon eft  auffi  deftinée  pour  la  correction  des  ferviteurs  Se 
fervantes  infolens  ;  pour  les  femmes  proftituées,  ck  au- 
tres gens  de  mauvaife  vie.  L'autre  maifon  de  travail  eft 
en  Bishopsgau-Street ,  fondée  depuis  peu  de  tems ,  pour 
employer  les  pauvres  ,  jeunes  ck  vieux  ,  les  vagabonds  de 
profeffion,  les  mendians  robuftes  ,  8c  autres  fainéans  ou 
de  mauvaife  conduite.  On  apprend  aux  filles  à  coudre, 
filer  8c  tricoter;  ck  tous  y  apprennent  à  lire,  à  écrire, 
avec  le  catéchisme  8k  les  principes  de  la  religion.  Les 
gens  robuftes  ,  dont  la  conduite  avoit  été  déréglée ,  font 
employés  à  battre  du  chanvre,  à  râper  du  bois  de  Bre- 
fil ,  ou  à  quelqu'autre  rude  Travail  ;  êk  on  ne  leur  donne 
pour  leur  fubfiftance, que  ce  qu'ils  peuvent  gagner  par  leur 
travail  ;  c'eft  ce  qui  fait  que  la  plupart  d'entr'eux  ,  pour 
fe  tirer  de  ce  lieu,  s'engagent  volontiers  au  fervice  de 
mer  ou  de  terre  ;  8c  d'autres  fe  font  transporter  aux  co- 
lonies de  l'Amérique. 

Quoique  Londres  8c  Weftminfter  ne  foient  propre- 
ment qu'une  ville,  ou  plutôt  deux  villes  contiguës,  la 
police  en  eft  diftincle  ;  le  lord-maire  de  Londres  n'a 
aucune  infpeftion  fur  Veftminfte*  ,  ck  le  high-fleward 
de  Weftminfter  ne  fe  mêle  point  de  ce  qui  regarde 
Tome  III.     V  uuuu 


■go 


LON 


LON 


'  Londres-,  à  l'exception  de  la  rue  appellée  S.  Martin  le 
Grand,  qui  le  trouve  (bus  la  jurisdiftion  de  Veftmins- 
ter.  Le  gouvernement  civil  de  Londres  reffemble  en  tou- 
tes choies  au  gouvernement  de  la  nation  ;  car  comme 
le  pays  eft  gouverné  par  un  roi  ,  les  feigneurs  ck  les 
communes,  ainfi  la  ville  eft  gouvernée  par  le  lord-maire, 
les  échevins ,  ck  le  conléil  commun. 

La  charge  du  lord-maire  de  Londres  eft  fort  confidé- 
rable  ;  &  il  n'y  a  que  lui ,  &  celui  d'Yorck  ,  qui  pren- 
nent le  titre  de  lord  ou  feigneur.  11  eft  choifi ,  tous  les  ans, 
par  les  citoyens,  le  19  de  Septembre,  ck  entre  dans  l'exer- 
cice de  fa  charge,  en  grande  folemnité,  le  19  d'Oclobre 
fuivant.  Son  autorité  s'étend  fur  la  cité  ,  une  partie  des 
fauxbourgs,  ôk  fur  laTamilé ,  dont  il  fut  déclaré  le  con- 
servateur par  Henri  VII  ;  fa  jurisdicTtion  fur  cette  rivière 
commence  depuis  le  pont  de  Stones  jusqu'à  l'embou- 
chure du  Medway.  Il  eft  le  premier  juge  de  Londres, 
&  a  le  pouvoir  de  citer  ck  d'emprifonner.  11  a  fous  lui 
de  grands  &  de  petits  officiers ,  6k ,  entre  les  premiers ,  un 
porte-épée.  On  lui  donne  pour  fa  table  mille  livres  fter- 
ling  par  an  ;  pour  fes  plailirs  ,  une  meute  de  chiens  en- 
tretenus ,  6k  le  privilège  de  chafTer  par-tout  dans  les 
trois  provinces  de  Middleléx,  Suilex  6k  Surrey.  Le  jour 
du  couronnement  du  roi ,  il  fait  l'office  de  grand  échan- 
fon  ;  il  prélénte  à  boire  au  roi  dans  une  coupe, d'or  ;  6k 
après  que  le  roi  a  bu,  la  coupe  eft  pour  lui.  Ce  qu'il  y 
a  de  remarquable ,  c'eft  que  lorsque  Jacques  I  fut  in- 
vité à  venir  prendre  pofTeffion  de  la  couronne,  le  lord- 
maire  figna  le  premier  l'afte,  avant  les  pairs  du  royaume. 
Les  vingt-fix  échevins  ou  aldermans  font,  après  le  lord- 
maire  ,  ceux  qui  ont  le  plus  de  pouvoir.  Ils  ont  infpec- 
tion  chacun  (ur  un  quartier  de  la  ville  qui  eft  auffi  par- 
tagée en  vingt-fix  quartiers  ;  ils  ont  fous  eux  un  certain 
nombre  de  perfonnes  du  commun  conléil ,  dont  l'un  eft 
leur  lieutenant.  Par  les  Chartres  ,  qui  contiennent  les 
privilèges  de  Londres ,  les  échevins  qui  ont  été  maires, 
&  les  trois  qui  les  fuivent  immédiatement ,  font  juges 
de  paix  de  la  ville.  II  y  a  auffi  un  magiftrat ,  que  l'on 
nomme  recorder  ou  greffier,  qui  fert  .de  concilier  au 
lord-maire ,  pour  l'informer  des  loix  &  coutumes  de  la 
ville.  Il  prend  fa  place  dans  le  confeil ,  ck  dans  la  cour 
du  maire  ,  devant  tous  les  échevins  qui  n'ont  pas  été 
maires.  C'eft  lui  qui  prononce  les  fentences  de  la  cour. 
Les  deux  shérifs  de  Londres  6k  de  Middlefex  font  auffi 
des  magiftrats  confidérables  ,  fur-tout  par  le  pouvoir 
qu'ils  ont  de  choifir  les  jurés  ,  pour  le  jugement  d'une 
caufe.  Ils  font  élus ,  tous  les  ans ,  dans  la  maifon  de  ville, 
par  les  compagnies  des  corps  de  métiers  ;  6k  fi  quel- 
qu'un d'eux  ayant  été  choifi,  refufe  la  charge  ,  il  faut 
qu'il  paye  une  amende  de  quatte  cents  vingt  livres  fter- 
ling,  à  moins  qu'il  ne  jure  qu'il  n'a  pas  mille  livres  fter- 
ling  vaillant.  Enfin  il  y  a  un  tréforier,  qu'on  nomme 
Chamberlain  ,  qui  eft  un  porte  d'importance.  lia  le  tfé- 
for  de  la  ville  entre  fes  mains  ,  &  la  caille  des  orphe- 
lins. Une  partie  des  fondions  de  fa  charge  regarde  auffi 
les  apprentifs  fur  lesquels  il  a  une  grande  autorité. 

Comme  la  ville  de  Londres  a  le  privilège  de  fe  gou- 
verner elle-même ,  elle  a  fes  cours  de  juftice ,  qui ,  pour 
la  plupart ,  s'aflemblent  à  la  maifon  de  ville.  La  principale 
de  ces  cours  s'appelle  comrnon  council,  ou  commun  con- 
feil ,  6k  c'eft  une  espèce  de  parlement  compofé  de  deux 
ordres.  Le  lord-maire  6k  les  échevins  repréfentent  la 
chambre  des  feigneurs ,  6k  les  autres  membres, du  con- 
feil reptéfentent  celle  des  communes.  Ces  derniers  font 
au  nombre  de  deux  cents  trente -un  ,  choifis  dans  les 
différens  quartiers  de  la  ville.  Dans  cette  cour  fe  font 
les  loix  municipales,  qui  lient  tous  les  bourgeois,  cha- 
cun y  donnant  fon  confentement,  ou  par  lui-même,  ou 
par  ceux  qui  le  repréfentent.  Cette  cour  feule  a  le  pou- 
voir de  donner  à  un  étranger  le  droit  de  bourgeoifie. 
Outre  cette  cour,  il  y  a  celle  du  lord-maire  ,  où  l'on 
}uge  les  caufes  civiles  à  peu  de  frais;  la  cour  des  éche- 
vins ;  celle  des  Huflings;  les  affilés  ;  la  cour  des  shé- 
rifs ■;  celle  du  trélorier,  6k  autres. 

Le  lord-maire  eft  encore  commandant  en  chef  des  mi- 
lices de  la  ville  ;  il  a  commiffion  du  roi  pour  cela.  Les 
milices  de  Londres  confiftent  en  fix  régimens,  qui  font 
en  tout  neuf  mille  hommes,  fans  y  comprendre  deux  ré- 
gimens des  paroifles ,  qui  dépendent  de  la  tour  ,  ni  le  ré- 
giment de  Souhtwarck.  Mais  en  cas  de  néceffité ,  on  levé 
ks  milices  auxiliaires ,  compofées  d'apprentis ,  qui  font  fix 


autres  régimens ,  chaque  bourgeois  qui  a  deux  apprentis," 
étant  obligé  d'en  fournir  un  pour  cet  effet.  Pour  donner 
des  officiers  à  toutes  ces  milices  ,  il  y  a  une-  compagnie 
de  fix  cents  hommes  choifis ,  qui  font  commandés  eu  chef 
par  un  officier  nommé  par  ie  roi.  C'eft  ce  qu'on  appelle 
la  compagnie  de  l'artillerie ,  qui  fait ,  tous  les  quinze  jours, 
l'exercice  dans  un  lieu  fermé  de  murailles,  auprès  de 
Moorfields.  ; 

En  matières  eccléfiaftiques ,  cette  ville  eft  gouvernée 
en  chef  par  fon  évêque  ,  à  qui  eft  commis  le  foin  de  tout 
le  clergé  de  Londres. 

La  ville  6k  les  fauxbourgs  bu  dépendances  de  West- 
minster ,  qui  s'étendent  du  côté  de  Londres  jusqu'à 
Temple-Bar,  n'a  pour  fon  gouvernement ,  ni  maire ,  ni 
échevin  ,  ni  shérifs.  Le  chapitre  eft  revêtu  de  toute  la  ju- 
risdiction  civile  ck  ecclefiaftique  ,  depuis  la  réformation. 
Il  eft  vrai  que  le  gouvernement  a  été  mis  entre  les  mains 
des  laïcs ,  choifis  ou  confirmés  par  le  chapitre.  Le  chef 
de  tous  les  magiftrats  eft  celui  qu'on  appelle  ffigh- 
Steward,  qui  eft  d'ordinaire-un  noble  du  premier  rang, 
choifi  par  le  chapitre,  &  qui  poiléde  cette  charge  pen- 
dant fa  vie.  Pour  en, exercer  les  fondions,  il  choifit  uri 
homme  bien  verte  dans  les  loix  ,  qui  doit  être  confirmé 
par  le  chapitte  ;  6k  ctfi  lui  qui  tient  j  avec  d'autres  ma- 
giftrats, la  cour  qu'on  nomme  Lut,  Après  lui  eft  le 
bailhf,  qui  tient  !i:  u  He  shérif  ;  car  il  convoque  les  ju- 
rés ;  tous  les  fcigeiis  de  Wcftminfter  lui  font  fournis,  6k 
c'eft  lui  qui  régie  les  tonnai. tés  pour  l'éleclion  des  mem- 
bres de  parlement  pour  la  ci  é  de  Veftminfter.  Toutes 
les  amendes  ck  confiscations  lui  appartiennent  ,  ce  qui 
rend  (a  charge  fort  lucrative.  11  y  a  auffi  un  grand  con- 
nétable choifi  par  la  cour  de  Leet ,  qui  a  fous  fon  com- 
mandement tous  les  autres  connétables.  D'ordinaire  il 
eft  continué  deux  années  en  cette  charge.  Enfin  il  y  a. 
quatorze  des  principaux  bourgeois  qu'on  appelle  Bur- 
geffes ,  dont  fept  font  pour  la  cité  ,  ck  les  fept  autres  pour 
les  fauxbourgs  6k  dépendances ,  qu'on  nomme  auffi  li- 
bertés 6k  franchifes.  L'office  de  ces  quatorze  bourgeois 
a  beaucoup  de  rapport^avec  celui  des  échevins  de  Lon- 
dres ,  ayant  chacun  un  Ward  ou  quartier  particulier  fous  fà 
jurisdiction.  Dans  ces  quatorze  ,  il  y  en  a  deux  qui  font 
élus  ,  fous  le  nom  de  Head-Burgeffes,  ou  chefs  de  bour- 
geois ;  l'un  eft  pour  la  cité,  ck  l'autre  pour  les  dépen-. 
dances. 

Londres  eft  la  patrie  du  célèbre  Thomas  Morus ,  chan- 
celier d'Angleterre ,  qui  fut  décapité ,  parce  qu'il  ne  vou- 
lut jamais  reconnoître  Henri  VIII  pour  chef  de  l'églife 
Anglicane;  de  François  Bacon,  auffi  chancelier  d'An- 
gleterre, célèbre  jurisconsulte,  poète  ck  hiftorien  ;  du 
fameuxpoëte  Milton,  6k  de  plufieurs  autres  hommes  illus- 
tres. 

2.  LONDRES,  ville  de  l'Amérique  méridionale,  dans 
le  Tucuman,  au  voifinage  du  Chili.  Elle  fut  bâtie,  en 
1558  ,  par  Gomez  de  Zurita,  gouverneur  de  Tucuman  , 
pour  tenir  les  Indiens  de  ces  quartiers-là  en  bride.  Elle 
eft  fous  les  19  d.  ou  environ  de  latitude.  Le  fondateur 
la  nomma  Londres  ,  pour  faire  fa  cour  à  la  reine  Marie 
d'Angleterre,  qui  étoit  alors  époufe  de  Philippe  II,  roi 
d'Espagne.  La  ville  ne  fubfifte  plus.  *  Woodes  Rogers. 
Voyage  autour  du  inonde  ,  t.  1  ,  p.  I Ç  3.,- 

3.  LONDRES,  (LE  MARAIS  de)  dans  l'Amérique 
méridionale ,  au  pays  de  Tucuman.  Ce  marais  tire  fon 
nom  de  la  ville  de  Londres ,  au  midi  de  laquelle  il  fe 
trouve.  Il  eft  formé  par  une  petite  rivière  ,  qui  vient  des 
Andes  ;  coule  dans  la  vallée  de  Palcipa ,  ck  le  perd  dans 
ce  marais.  *  Robert  de  Vaugondy ,  Atlas. 

4.  LONDRES  ,  (LA  nouvelle)  bourgade  de  l'A- 
mérique feptentrionale  ,  dans  la  nouvelle  Angleterre,  fur 
une  rivière  que  les  Anglois  ont  appellée  la  Tamife, 
quoiqu'elle  ne  métite  pas  ce  nom,  n'étant  ni  fi  grande 
ni  fi  belle  que  la  Tamife  de  la  grande  Bretagne.  * Moll. 
Carte  de  la  nouvelle  Angleterre. 

5.  LONDRES  ,  bourg  ck  château  de  France,  en 
Languedoc,  au  diocèlé  de  Montpellier  ,  vers  les Seven- 
nes,  à  cinq  lieues  de  Montpellier ,  vers  le  nord.  *  Bau- 
drand  ,  édit.  170s;. 

LONE,  prieuré  de  France,  en  Bourgogne  ,  de  l'or- 
dre de  Cluny,  fondé  en  abbaye  par  Tierri,  roi  de  Bour- 
gogne ,  dans  le  feptiéme  fiécle ,  ck  à  prefent  uni  au 
prieuré  de  Saint-Vivant-fous-Vergy.  L'églife  du  prieuré 
ds  Lône  étoit  magnifique;  mais  elle  fut  démolie  ,  dans  le 


LON 


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fiécle  dernier ,  pour  fortifier  l'avenue  de  la  ville  de  Saint- 
Jean-de-Lône.  La  rivière  de  Sône  eft  entre  le  village  de 
Lône  ,  &c  la  ville  de  Saint-Jean-de-Lône. 

i.  LONG-CHAMP  ,  abbaye  royale  de  filles ,  en 
France ,  fituée  à  deux  lieues  de  Paris  ;  en  latin  Longus- 
Campus.  Elle  fut  fondée,  l'an  1260,  fous  le  titre  de 
VHumiïaé  de  la  Vierge,  par  fainte  Elifabeth ,  fceur  de 
S.  Louis ,  roi  de  France,  fille  de  Louis  VIII,  &c  de  Blanche 
de  Caftille.  Cette  princefle,  pour  fe  vouer  entièrement  à 
Dieu,  après  avoir  refufé  d'époufer  Conrad,  roi  des  Ro- 
mains, fils  de  l'empereur  Frédéric  Barberouffe ,  &  affocié 
par  lui  à  l'empire ,  de  l'aveu  du  roi ,  fon  frère ,  choitit 
pour  le  lieu  de  cette  abbaye  la  plaine  de  Long-Champ, 
entre  le  bois  de  Boulogne  &  la  rivière  de  Seine,  vis-à- 
vis  de  Surêne  &  du  mont  Valérien ,  le  bois  n'étant  pas 
encore  fermé  de  murailles  ;  c'eft  ce  qui  avoit  donné  lieu 
à  nommer  cette  plaine  le  Coupe-Gorge ,  à  caufe  des  vols 
&  des  meurtres  fréquens  qui  s'y  commettoient ,  le  voi- 
sinage du  bois  fervant  de  retraite  aux  voleurs.  On  lit 
dans  un  afte  capitulaire  de  cette  abbaye,  qu'il  fe  fit 
une  grande  cérémonie ,  pour  jetter  les  fondemens  de 
cette  églife  &  des  autres  bâtimens.  La  première  pierre 
fut  mife  par  le  roi  S.  Louis;  la  féconde,  par  la  reine  Mar- 
guerite ,  fon  époufe ,  fille  de  Raimond  Berenger  II  du 
nom,  comte  de  Provence  ;  la  troifiéme,  par  Louis,  leur  fils 
aîné  ;  &  la  quatrième,  par  fainte  Elifabeth.  Plufieurs  fou- 
verains  pontifes  ont  confirmé  cette  fondation  par  des 
bulles  authentiques  ,  'avec  des  immunités  &  des  privilè- 
ges confidérables.  Les  religieufes  obfervent  la  régie  de 
S.  François.  Sainte  Elifabeth  fit  conftruire  pour  elle  un 
bâtiment  au  dehors  du  monaftere  ,  &  n'a  point  été  reli- 
gieufe,  peut-être  pour  éviter  d'être  fupérieure,  puisque  fa 
piété ,  fon  rang  ck  fes  bienfaits  n'auroient  pas  manqué 
de  la  faire  élire.  Pour  introduire  dès  le  commencement 
une  bonne  discipline  dans  la  maifon ,  elle  demanda  au 
général  de  l'ordre  de  S.  François  quelques  religieufes  de 
iainte  Claire  de  Rheims,  afin  que  les  nouvelles  religieu- 
fes de  Long-Champ  puffent  être  inftruites  par  elles  dans 
l'exafte  obier  vance  de  la  régie.  Ce  général  lui  en  donna 
cinq ,  dont  l'une  appellée  fxur  IfabeLle ,  futla  première  fu- 
périeure ,  mais  feulement  en  qualité  de  prieure  ;  &  ces 
cinq  religieufes  furent  incorporées  pour  toujours  dans 
cette  nouvelle  abbaye ,  par  un  bref  du  pape  ,  qui  auto- 
rifa  leur  translation.  Ce  fut  un  mercredi,  veille  de  la 
fête  de  S.  Jean-Baptifte ,  1260,  que  fe  fit  la  cérémonie 
de  l'introducfion  de  ces  cinq  religieufes  dans  l'abbaye , 
&  de  la  vêture  de  foixante  novices.  Le  roi  S.  Louis  y 
fut  prêtent ,  &c  fit  aux  nouvelles  religieufes  un  discours 
très-édifiant  &  très-pieux,  ayant  voulu  par  humilité  s'as- 
feoir  aux  mêmes  bancs  qu'elles  occupoient.  La  première 
abbeflt:  fut  fceur  Agnès  Dannery;  la  féconde,  fceur  Ma- 
haut  de  Guyencourt  ;  &c  la  troifiéme ,  fceur  Agnès  d'Har- 
court ,  dont  la  mémoire  eft  en  vénération ,  &  qui  étoit 
intimement  unie  avec  fainte  Elifabeth.  Les  abbeffes  font 
triennales,  &  ne  peuvent  être  continuées;  mais  le  cha- 
pitre les  peut  élire  de  nouveau ,  après  trois  ans  d'intermif- 
fion.  L'abbaye  de  Long-Champ  s'eft  toujours  confervée 
dans.fa  première  nobleffe  &c  dans  fa  régularité.  La  fitua- 
tion  en  eft  très-avanrageufe  &  très-l'aine.  L'églife  eft  fort 
belle  &  fort  bien  entretenue  ;  qn  y  remarque  une  dignité  8t 
une  propreté ,  qui  ne  font  guères  ordinaires  dans  les  ancien- 
nes abbayes.  Elle  a  eu  des  religieufes  non-feulement 
des  plus  illuftres  maifons  de  France,  comme  Jeanne  de 
Saint-Fargeau  ,  veuve  de  Raoul  de  Naudiere ,  feigneur 
de  Gueux,  qui  prit  l'habit  à  vingt-fept  ans,  après  avoir 
demeuré  veuve  trois  ans  ;  fa  fceur  Agnès  de  Saint-Far^ 
geau;&  fa  fille,  Marie  de  Gueux,  qu'on  élut  deux-fois  ab- 
beffe,  mais  aulft  plufieurs  pnnceffes,  l'avoir,  Marguerite 
deBrabant,  &  Jeanne  de  EraDant  fa  fceur,  toutes  deux 
filles  de  Godefroi  de  Brabant,  dont  la  fceur,  Marie  de 
Brabrantfut  femme  de  Philippe  le  Hardi,  roi  de  France, 
&  Blanche  de  France ,  fille  du  roi  Philippe  le  Long.  On 
voit  leurs  tombeaux  placés  dans  le  chœur ,  &c  dans  l'a- 
vant-chœur de  l'églife,  à  laquelle  les  rois  de  France  fuc- 
ceffivement,  &t  plufieurs  princes,  ont  fait  de  grands 
dons.  *Corneille,  Diftionnaire.  Mémoires  drefTésfur  les 
lieux  ,  en  1706. 

2.  LONG-CHAMP  ,  bourg  de  France ,  en  Norman- 
die ,  auprès  d'Heudicourt.  Il  y  a  un  prieuré  à  la  nomina- 
tion de  l'abbé  de  S.  Etienne  de  Caën ,  qui  prélente  aufli 
à  la  cure. 


89 


3.  LONG-CHAMP,  village  de  France,  en  Bour* 
gogne  ,  au  diocèfe  de  Langre^.  Une  partie  de  ce  vil- 
lage &c  le  clocher  même  font  du  bailliage  de  Dijon, 
dont  ce  village  eft  à  trois  lieues  dans  les  bois.  Il  y  a  une 
verrerie  où  l'on  travaille  proprement. 

LONG-FOND,  prieuré  de  France,  dans  le  Berri, 
au  diocèfe  de  Bourges.  Il  eft  de  l'ordre  de  Fontevrault, 
&  a  été  fondé ,  en  1 1 10 ,  dans  la  terre  du  Breuil  :  l'abbé 
de  Font-Combault  le  fonda  pour  des  religieufes. 

LONG-JUMEAU,  bourg  de  France,  dans  l'Ifle  de 
France,  à  quatre  lieues  de  Paris,  fur  la  petite  rivière 
d'ivette.  Il  y  a  une  prieuré  de  chanoines  réguliers  de  la 
congrégation  de  fainte  Geneviève;  il  n'y  a  que  cinq 
religieux  avec  le  prieur. 

LONG-PONT,  Longus-Pons ,  abbaye  d'hommes,  eri 
France  ,  de  l'ordre  de  C  îteaux ,  filiation  de  Clairvaux  , 
dans  le  Valois,  au  diocèfe,  &  à  trois  lieues  de  Soiffons, 
vers  le  midi,  près  de  la  forêt  de  Rez,  appellée  aujour- 
d'hui VW.ers-Coterets ,  fondée,  l'an  1131,  par  Joflelin  , 
évêque  de  Soifions. 

■  LONG-PRÉ,  bourg  de  France,  dans  la  Picardie,  à 
quatre  lieues  au-deflous  d'Abbeville ,  au  confluent  du 
ruifleau  de  Betencourt ,  avec  la  fomme.  Il  y  a  un  cha- 
pitre compofé  d'un  doyen  &  de  douze  chanoines  ,  à  la 
collation  du  feigneur  du  lieu.  *  PiganioL  de  la  Force, 
Descripion  de  la  France,  t.  3  ,  p.  137. 

LONGAGES,  monaftere  de  l'ordre  de  Fontevrault, 
dans  le  haut  Languedoc ,  au  diocèfe  de  Rieux. 

LONGANICO,  petit  bourg  de  la  Morée,  dans  le 
Belvédère,  fur  l'Alphée,  aujourdhui  l'EraJzno,  à  trois  ou 
quatre  lieues  de  fon  embouchure  dans  la  mer.  On  le  prend 
pour  l'ancienne  ville  d'Olympia ,  qui  donnoit  fon  nom  aux 
jeux  Olympiques.  Voyez  Olympia.  * Baudr.éà.  1705. 

LONGANUS,  en  grec,  Acjjk,^,  ancien  nom  d'une 
rivière  de  Sicile.  Polybe  ,  /.  1 ,  c.  9,  dit  :  dans  la  plaine 
de  Milazzo  ,  auprès  d'une  rivière  qu'on  appelle  Longa- 
nus..  Son  nom  eft  Ru^olino-Fiume  ;  &  comme  elle  a 
fa  fource  auprès  de  Caftro-Réale ,  de-là  vient  le  nom 
que  lui  donne  Baudrand ,  $11  Fiume  di  Cajlro-Rcale  ; 
de  même  que  les  navigateurs  étrangers,  au  lieu  de  dire 
la  Gironde ,  difent  la  rivière  de  Bordeaux ,  Se  la  rivière 
de  Nantes  pour  dire  la  Loire. 

LONGAROLA  ,  rivière  de  Turquie ,  dans  la  Morée. 
Elle  a  fa  fource  dans  la  Zaconie  ,  près  de  la  petite  ville 
de  Landano  ;  traverfe  le  Belveder  ;  &  ,  coulant  fur  les 
confins  de  l'ancienne  Elide  &  de  l'ancienne  MefTénie, 
elle  fe  décharge  dans  le  golfe  de  Zonchio. 

C'eft  ce  qu'en  dit  Baudrand ,  édit.  1705  ;  mais  il  y  a 
bien  des  fautes  dans  ce  peu  de  lignes.  La  Longarola  n'a 
point  fa  fource  dans  la  Zaconie ,  ni  près  ni  loin.  Elle  n'a 
rien  de  commun  avec  Landano.  Elle  ne  pourroit  paffer 
de  la  Zaconie  au  Belveder ,  fans  paffer  par  le  Brazzo 
de  Maina  ;  &  s'il  étoit  vrai  qu'elle  eût  fa  fource  dans  la 
Zaconie ,  Baudrand  n'auroit  pas  dû  omettre  qu'elle  tra- 
verfoit  aufli  l'ancien  pays  de  Lacédémone;  mais  il  n'en 
eft  rien.  Dans  la  Morée  de  De  Witt ,  on  voit  que  la 
Longarola  eft  une  petite  rivière  ,  qui  a  fa  fource  dans  le 
Belveder,  où,  coulant  d'occident  en  orient,  après  une  pe- 
tite courfe ,  elle  vient  fë  perdre  dans  la  mer  ,  presque 
vis-à-vis  de  fille  de  Prodano. 

LONGAS.  Voyez  Longatis  &Longon. 

LONGATICUM ,  lieu  entre  Aquilée  &  ^Ennonia, 
félon  Antonin,  hiner.  à  vingt-deux  mille  pas  du  Vipao. 
Lazius  croit  que  c'eft  Logit^ ,  village  de  la  Carniole. 

LONGATIS ,  Myïàr.ç,  contrée  de  Grèce  de  la  Béo- 
cie,  félon  Lycophron.  Tzetzès,  fon  commentateur,  dit 
que  l'on  difoif  aufli  Longas.  *  Ortel.  Thefaur. 

LONGCHUEN  ,  ville  de  la  Chine,  dans  la  province 
de  Junnan.   Voyez  LUNCHUEN.  I. 

LONGELA.  Voyez  Longula. 

LONGEMAY,  barormie  de  France ,  au  Maine,  élec* 
tion  de  la  Flèche,  dans  la  paroiffe  de  Mélèré.  Elle  ap- 
partient au  roi  ;  &  le  fieur  la  Haquaye  de  Montgiraut , 
maréchai  de  camp,  en  jouit  par  engagement. 

LONGEPlERRE,baronnie  de  France  ,  dans  la  Bour- 
gogne, au  diocèfe  de  Befançon,  à  deux  lieues  de  Seurre, 
à  trois  de  Verdun ,  à  quatre  de  Châlons.  La  rivière  du 
Doux  y  paffe. 

LONGERON  ,  bourg  de  France ,  dans  l'Anjou. 

LONGEVILLE ,  bourg  de  France ,  dans  le  Poitou  , 
au  diocèfe  de  Luçon  ,  élection  des  Sables  d'Oionne.  " 
Tome  III,     Vuuuu  ij 


g9i  LON 

LONG  FORD  ,  ville  d'Irlande  ,  dans  la  province  de 
Leinfter,  au  comté  de  Longford  ,  dont  elle  eft  la  capi- 
tale. Elle  eft  fituée  lûr  la  rivière  de  Camlin  ,  à  cinq  mil- 
les, presqu'à  l'oueft  de  Saint-Johnftown,  &  à  fix  milles 
d'Ardagh.  Elle  a  droit  de  tenir  un  marché  public,  & 
envoie' deux  députés  au  parlement;  mais  quoiquelle  ait 
titre  de  comté,  cette  ville  eft  très-peu  de  chofe.  *  Etat 
prcfent  d 'Irlande ,  p.  43. 

Le  COMTÉ  de  LONGFORD ,  petit  canton  d'Irlande, 


LON 

Que  de  cercles  au  ciel  coupent  ce  grand  ouvrage'. 
Au  milieu  la  torride  où  jamais  aucun  tems 
Par  l'excès  des  chaleurs  ne  fouffrit  d'habitans. 
Aux  deux  extrémités  font  les  deux  glaciales  : 
Entre  elles  &  la  chaude,  en  mêmes  intervales, 
Les  deux  autres  ont  place ,  &  chacune  y  reçoit 
Un  tempéré  mélange  &  du  chaud  &  du  froid. 


le  plus  au  nord-oneft  de  toute  la  province  de  Leinfter.   Il 
a  Veftméath  au  fud,  &  Eaftméath  à  l'eft  :  Letrim  ,  qui 

e^,de,La,Cv:'îCeude  Connaugh^'„&  Cava'î  '  qUA  ei1e  Ce  préjugé,  leur  faifant  regarder  la  terre  comme  inhabî- 

celle  d'Ulfter ,  e  bornent  au  nord  &  au  nord-oueft  ;  &  le  ^P  ^  S  »  d  &  au  ^  «  ^  concevoient          ,a  20„e 

Shannon ,  qui  le  fepare  de  Roscommon ,  dans  la  province  éré            C£     { fevie'nt  au  môme  dans  lg4ur  {  yftê 

de  Connaugt ,  1  enferme  a  1  oueft.     1  a^vingt-fept  milles  Ja  ferre  ^  &  .^  bea              k,s  ,                   lar       gj 

de  long ,  &  fetzeje  large.  Le  comte  eft  petit     mais  n-  fa                  fe  ^j  {       ^  d,occsiden4t  en    ^ 


che  &  agréable.  On  le  divife  en  fix  baronnies ,  favoir  : 


Longford, 
Granard, 


Ardagh, 
Moydo'ë  , 


Rathlin, 
Shrovle. 


LONGIDIDUNI.  Dans  quelques  exemplaires  de  Pto- 
lomée,   on  lit  ainfi  ce   mot,   comme  li  c'étoit  le  nom 

d'un  peuple  de  la  grande  Germanie   Dans  d'autres  exern-     r  .  f        f  ;    ^  zone  tornde  &  ^ 

p  aires  on  ht  ce  nom  fepare  de  cette  manière,  LutiDt-     .  .^  in^abita^eS- 


1s  s'accoutumèrent  donc  à  nommer  longitude  l'étendue 
d'occident  en  orient;  tk  parla  même  raiofn,  ils  prenoierit 
fa  largeur  ou  latitude  depuis  la  2one  torride  jusqu'à  la  zone 
glaciale.  C'eft  la  raifon  pour  laquelle  on  compte  les  longi- 
tudes d'occident  en  orient ,  &  les  latitudes  de  l'équateur 
vers  le  pôle.  L'habitude  étoit  prife  de  compter  aïnfi  ; 
&  cette  manière  a  fubfifté ,  quoique  l'on  foit  revenu  de 


LONGINI  FOSSATUM,  A.ni«f«™r,  c'eft-à- 
dhelefofff  deLongm.  Procope  ,  Mdific.  1.  3  ,  c.6;  dit 
que  Juftinien  y  fit"bàtir  un  fort  nommé  le  fort  de  Noce, 
W'vy~i  n/icj»,  &  non  pas  le  bourg  de  Noê,  comme  le 
rend  Coufin.  Voici  le  paffage  de  fa  traduction  à  cela 
près.  Il  fit  encore  bâtir  à  gauche  ,  vers  le  feptentrion , 
tin  fort  qu'il  appella \efort  de  Noce,  dans  un  endroit  qui  a 
été  nommé  le  foffi  de  Longin,  à  caufe  que  ce  capitaine , 
qui  étoit  Ifaurien  ,  y  campa  autrefois  avec  les  Romains 
qu'il  commandoit ,  lorsqu'il  faifoit  la  guerre  auxTzaniens. 
Ce  fofle  étoit  ou  dans  leur  pays,  ou  aux  frontières. 

LONGISARIA,  félon  Baudrand;  Longifaria  ,  fé- 
lon d'autres;  &LUNGIFARIA  félon  quelques  interprètes 


Les  anciens  géographes ,  dont  les  ouvrages  ou  les  noms 
font  parvenus  jusqu'à  nous ,  ont  é.té  ou  des  Egyptiens , 
ou  des  Grecs ,  ou  des  Romains.  Il  étoit  naturel  qu'ils 
connufîènt  mieux  les  parties  occidentales  de  notre  con- 
tinent ,  que  celles  qui  font  à  l'extrémité  orientale  ,  qui 
n'a  été  connue  des  Européens ,  qu'avec  le  tems ,  &  après 
de  longs  voyages.  Ils  ont  donc  commencé  par  l'extré- 
mité la  plus  connue,  &  ont  pris  de-là  leur  longitude  , 
c'eft-à-dire  qu'ils  ont  commencé  de-là  à  compter  les 
parties  de  la  longueur  de  la  terre. 

L'hémisphère  fupérieur  ,  par  rapport  à  nous ,  eft  na- 
turellement divifé  par  l'équateur ,  ou,  ce  qui  eft  la  même 
chofe ,  par  la  ligne  que  le  foleil  décrit,  dans  le  tems  des 
équinoxes.  Si  donc  on  fuppofe  qu'une  ligne,  formée  par 


de  Ptolomée,  petite  ville  d'Afrique ,  à  la  pointe  orientale     l>ornbre  d'un  fil  tendu  à  plomb  ,  au  point  jufte  de  midi , 
du  golfe  de. la  Sidre.     Quelques-uns  croient  que  c'eft     " 
L'APTUCHl'FANUM  de  la  Pentapole. 

LONGITUDE.  Ce  mot  qui,  dans  la  lignification  ori- 
ginelle, ne  fignifie  que  longueur ,  a  une  lignification  par- 
ticulière en  géographie  ^  &C  fignifie  la  diftance  du  méri- 
dien d'un  lieu  propofé  à  un  autre  méridien ,  que  l'on  con- 
sidère  comme  premier  méridien   à  l'éeard  de  celui-là. 

Nous  traitons  au  mot  Méridien  les -différentes  manières     nTth'd'uniîêu  dont  on  peïrt  fàvorf la' làtiïdi?eft-a^dire7d 
'     géographes  cho ;i(i  lient  feur  pj-emjer  mendien  ,  &     point  du  c;ej  f  qu;  eft  précifementau-deiïus  de  ce  lieu-là  ; 

& ,  comme  nous  l'avons  expliqué  ailleurs,  cet  éloigne- 

ment ,  compté  depuis  l'équateur ,  eft  ce  que  l'on  appelle 

rv * ~A..i    \-t  j;a-.««  j.»  «rtu  x  1»/ — 


foit  prolongée  d'un  pôle  à  l'autre ,  cette  ligne  fera  une 
véritable  méridienne ,  plus  ou  moins  vraie  à  proportion 
que  l'on  aura  choifi  avec  jufteffe  le  point  précis  du  midi, 
pour  l'obferver.  Cette  méridienne  eft  coupée  par  l'équa- 
teur en  deux  parties  ,  <k  à  diftances  égales  des  deux  pôles  j 
&  il  ne  manque  point  de  marques  auxquelles  on  peut  con- 
noître  dansleciell'éloignement  qu'ily  adel'équateur  auzé- 


nous  y  donnons  la  manière  de  les  réduire  à  un  même  cal 
cul.  11  eft  queftion  d'expliquer  ici  ce  que  c'eft  que  les  lon- 
gitudes ,  &  quelle  eft  la  véritable  manière  de  les  com- 
pter. 

Les  connoiffances  des  plus  anciens  géographes  ne  s'é- 
tendoient  pas  fort  loin  vers  le  nord  ;  &  ilscroyoient  que 
la  zone  la  plus  proche  du  pôle  ,  c'eft-à-dire  la  zone 
glaciale ,  &  la  zone  la  plus  proche  de  l'équateur ,  c'eft-à- 


la  latitude.  D'un  autre  côté,  la  diftance  du  pôle  à  l  equa- 
teur,  eft:  précifement  un  quart  de  cercle ,  c'eft-à-dire  une 
diftance  de  nonante  degrés  ;  6c  comme  il  eft  aifé  de  fa- 
voir par  les  inftrumens  de  combien  de  degrés  &  de  mi- 
nutes le  pôle  eft  élevé  fur  l'horizon ,  il  eft  facile  par-là 
de  favoir  quelle  eft  la  latitude  du  lieu ,  puisque  cette  la- 


t',ui,l''M  ^ —  ,/     •  •       1     1  *     ui  y  r  îavuir   queue  cil  la  iduuiuc   uu  ucu ,    [jliis^uc  lcllc 

dire  la  zone  torride  ,  n  etoient  point  habitables,  a  caufe     titude  &  cette  élévation  ne  font  qu'une  même  chofe. 


de  l'horrible  froid,  ou  des  chaleurs  étouffantes.  Ovide._ 
Metamorpk.  1.  I ,  v.  45  &  feq-  marque  très-bien  ce 
préjugé  : 

Utque  dua  dextrâ  calum  totidemquejînifirâ. 
Paru  fecant  {once ,  quinta  ejl  ardentior  Mis. 
Sic  omis  inclufum  numéro  dijlinxit  eodem 
Cura  Dei  :  toddemque  plaga  tellure  premuntur. 
Quarum  que  média  ejl ,  non  eft  habitabilis  œjlu. 
Nix  tegitalta  duas  :  tàtidem  inter  utramque  locavit , 
Temperiemque  dédit  mixtâ  cum  figure  fiammâ. 

Corneille  traduit  ainfi  ces  vers  : 

Et  comme  au  lieu  célefte  où  brille  fon  palais , 

Cinq  zones  tout  autour  par  qui  fa  fphère  eft  ceinte  , 

Deux  à  droit ,  deux  à  gauche,  en  traverfent  l'enceinte, 

Et  que  la  plus  ardente  échauffe  le  milieu  ; 

Même  ordre  eft  pour  la  terre  obfervé  de  ce  dieu. 

Autant  de  régions  en  bornent  le  partage, 


Il  n'en  eft  pas  de  même  de  la  longitude.  Comme  le 
ciel  tourne  ou  femble  tourner  autour  de  la  terre ,  il  n'y 
a  aucun  point  fixe  dans  le  ciel  d'où  l'on  puifle  commencée 
à  la  compter  :  il  faut  donc  prendre  ce  point  fixe  fur  la 
terre;  ck  ce  point  fixe  eft  un  premier  méridien,  d'où  fe 
prennent  les  diftances  d'occident  en  orient ,  c'eft-à-dire 
la  longitude  du  lieu  que  l'on  examine  par  rapport  à  ce 
point  fixe. 

Nous  avons  remarqué  que  les  latitudes  fe  comptent 
jusqu'au  nombre  de  nonante  degrés ,  parce  qu'il  y  a 
précifement  cette  diftance  de  l'équateur  jusqu'au  pôle, 
qui  eft  un  terme  fixe ,  auquel  aboutiflent  toutes  les  lignes 
que  l'on  peut  tirer  de  l'équateur  au  point  de  ce  pole- 
Mais  il  n'y  a  rien  de  pareil  d'occident  en  orient;  ainfi 
on  compte  le  cercle  entier ,  parce  que  l'on  ne  trouve  rien 
dans  le  ciel ,  qui  puifle  fixer  ;  &  ainfi  on  parcourt  de  fuite 
trois  cents  foixante  degrés  ,  qui  ramènent  précifement 
au  point  fixe  d'où  l'on  eft  parti. 

Après  cette  explication,  une  perfonne  ,  qui  commence 
à  étudier  la  géographie  ,  ne  s'étonnera  plus  de  voir  que, 
dans  les  cartes,  les  degrés  de  latitude,  marqués  de  bas  en 
haut  pour  l'hémisphère  feptentrional ,  &C  de  haut  en  bas 


LON 


pour  l'hémisphère  méridional,  foient  toujours  bornés  à 
nouante  degrés  au  plus  ;  au  lieu  que  ceux  de  longitude  , 
qui  (ont  marqués  fur  le  bord'd'en-haut  &  d'en-bas  de  la 
.carte  d'occident  en  orient,  s'étendent  depuis  un  degré 
jusqu'à  trois  cents  foixante ,  parce  qu'il  faut ,  pour  con- 
noître  la  longitude,  favoir  de  combien  de  degrés  le  lieu 
en  queftion  eft  éloigné  du  point  fixe ,  ou  du  méridien 
d'où  l'on  commence  à  compter  la  longitude. 

Nous  avons  déjà  averti  que  rien  n'eft  plus  aifé  que 
d'obferver  la  hauteur  du  pôle  ;  5c  l'aftronomie  en  four- 
nit plufieurs  opérations.  Ce  n'eft  pas  ici  le  lieu  de  les 
marquer  ;  nous  remarquerons  feulement  que  cette  facilité 
eft  fondée  fur  ce  qu'il  y  a  des  points  fixes  dans  le  ciel , 
par  exemple,  les  deux  pôles ,  qui  fervent  de  bafe  à  l'opé- 
ration ;  mais ,  en  fait  de  longitude  ,  il  n'y  a  rien  de  pareil. 
L'aftre  que  l'on  voit  près  de  l'horizon  au  couchant  ,  ne 
paroîtra  bientôt  plus ,  6c  s'enfoncera  dans  l'hémisphère 
du  ciel,  qui  eft  inférieur  par  rapport  à  nous  ;  5c  il  fera 
remplacé  par  d'autres  qui  disparaîtront  à  leur  tout.  De-là 
vient  qu'il  n'eft  pas  fi  aifé  de  déterminer  les  longitudes. 
Les  géographes  ont  pourtant  trouvé  le  moyen  de  s'en 
aflurer,  Se  voici  comment.  Lefoleil  n'éclaire  pas  tout-à- 
la-fois  le  globe  de  la  terre.  Il  n'en  illumine  que  la  moitié , 
tandis  que  l'autre  moitié  eft  dans  les  ténèbres ,  &  il  ré- 
pand lùcceflîvement  fa  lumière  à  tout  le  globe  ;  de-là  vient 
l'alternative  des  jours  Se  des  nuits.  Il  parcourt  le  cercle 
.entier  en  vingt-quatre  heures  :  or  le  cercle  étant  de  trois 
cents  foixante  degrés  ,  il  faut  qu'il  parcoure  quinze  de- 
grés en  une  heure  ;  d'où  il  s'enfuit  qu'il  fe  levé  d'une  heure 
plutôt  dans  un  lieu  que  dans  un  autre ,  qui  fera  de  quinze 
degrés  plus  occidental. 

L'aftronomie  avant  trouvé  l'art  de  calculer  les  éclip- 
ies ,  on  s'en  eft  fervi  pour  connoître  la  longitude  des 
lieux  ;  car  ,  fi  l'éclipfe  eft  obfervée  en  divers  lieux,  avec 
toute  la  précifion  dont  eft  capable  un  aftronome  pourvu 
de  bonnes  pendules  bien  vérifiées,  &  que  les  obfervateurs 
marquent  le  tems  jufte  &  exact ,  auquel  a  commencé  & 
fini  l'éclipfe ,  la  différence  qui  eft  entre  ces  tems ,  mar- 
quera celle  qui  eft  entre  les  méridiens  de  lieux  où  l'ob- 
fervafîon  s'eft  faite  ;  &  par-là  on  faura,  dansla  plus  grande 
exattitude  poffible,  quelle  eft  leur  longitude,  pourvu  que 
l'on  connoiffe  celle  de  l'un  ou  de  l'autre  de  ces  lieux. 

Quelques-uns  ont  voulu  déterminer  les  longitudes  fur 
l'eftime  des  voyageurs  &  des  pilotes;  mais  les  uns  Se  les 
autres  font  fujets  à  de  fi  grandes  méprifes ,  qu'ils  ont  jette 
dans  d'extrêmes  erreurs  les  géographes  qui  les  ont  voulu 
fuivre;  &  depuis  un  fiécle  ,  la  géographie  eft  occupée  à 
les  réformer  par  lefecours  de  l'aftronomie.  Les  anciens , 
à  la  vérité,  comme  le  remarque  De  Vallemont ,  Elèmens 
de  l'HiJl.  1. 1 ,  c.  3  ,  ne  régloient  la  longitude  des  villes , 
que  par  la  mefure  actuelle  Se  des  diftances  itinéraires. 
Les  Romains,  qui  avoient  toujours  en  tête  de  devenir 
maîtres  de  toute  la  tetre  ,  en  faifoient  faire  des  descrip- 
tions avec  tout  le  foin  poffible.  En  Italie  ,  où  la  chofe  fe 
faifoit  avec  plus  d'exactitude  ,  on  marqua  les  diftances 
par  milles,  le  long  des  côtes ,  Se  fur  les  grands  chemins. 
Enfin,  dit  Caffmi ,  dans  fon  excellent  Discours  fur  l'o- 
rigine Se  le  progrès  de  l'aftronomie  ,  ce  ne  fut  que  fous 
l'empire  d'Augufte ,  que  la  description  du  monde,  à  la- 
quelle les  Romains  avoient  travaillé ,  durant  deux  cents 
ans,  fut  achevée  fur  les  Mémoires  d'Agrippa,  Se  fut 
mife  au  milieu  de  Rome ,  dans  un  grand  portique  bâti 
exprès;  Se  l'Itinéraire  que  l'on  attribue  à  l'empereur  An- 
tonin,  peut  parler  pour  l'abrégé  de  ce  grand  ouvrage  ;  car 
cet  Itinéraire  n'eft  en  effet  qu'un  recueil  de  diftances 
qui  avoient  été  mefurées  dans  toute  l'étendue  de  l'em- 
pire Romain. 

On  fait  à  Ptolomée  l'honneur  de  dire  que  ce  fut  lui 
qui,  ayant  réduit  les  diftances  de  tous  les  lieux  de  la  terre 
en  degrés  Se  en  minutes,  rangea  ces  mêmes  lieux  dans 
des  cartes  géographiques,  félon  ladiffé-ence  de  leur  lon- 
gitude &  latitude  ,  telle  qu'on  les  lui  fourniffoit.  D'au- 
tres y  avoient  travaillé  avant  lui  ;  &  il  y  a  bien  de  l'ap- 
parence qu'il  ne  fit  que  recueillir  &  perfectionner  ce  qui 
étoit  déjà  fait  de  fon  tems.  Il  ne  s'en  tint  pas  aux  diftan- 
ces itinéraires ,  qui  peuvent  être  incertaines  à  caule  de 
la  rencontre  des  rivières  &  des  montagnes ,  qui  obligent 
les  voyageurs  de  fe  détourner.  Il  prit  pour  fondement  de 
la  nouvelle  géographie  les  obfervations  aftronomiques , 
faites  dans  les  principales  villes  des  différentes  provin- 
ces ,  depuis  l'Irlande  jusqu'à  la  Chine  ;  Se, ce  qui  fait  hon- 


LON  8PJ 

ne'ur  à  l'aftronomie  ,  c'eft  que  par-tout  où  les  obferva- 
tions aftronomiques  lui  ont  manqué ,  il  s'eft  beaucoup 
éloigné  de  la  vérité  géographique. 

L'expérience  a  fait  connoître ,  dit  le  favant  Caffinï , 
auffi-bien  que  la  raifon  ,  que  cette  méthode  de  dispofer  les 
pays ,  félon  leurs  parallèles ,  6e  leurs  méridiens  par  l'ob- 
fervanon  des  aftres  ,  eft  la  plus  exacte  Se  la  plus  affurée 
pour  la  conftruction  des  tables  géographiques.  C'eft  pour- 
quoi les  meilleurs  géographes  s'en  font  iervis  pour  mettre 
leurs  cartes  dans  l'état  où  elles  font  à  préfent. 

Comme  le  commencement  Se  la  fin  des  éclipfes  de 
lune  ,  qui  arrivent  à  fon  entrée  dans  l'ombre  de  la  terre 
Se  à  fa  fortie ,  peuvent  être  vus  au  même  inftant  de  di- 
vers lieux  de  la  terre,  éloignés  les  uns  des  autres,  on  a 
remarqué  en  divers  lieux  l'heure  de  ces  phafes ,  qui  donne 
la  diftance  du  foleil  au  méridien;  Se,  comparant  enfuite 
enfemble  les  heures  oblèrvées  en  divers  lieux  ,  ou  les 
diftances  du  méridien  qui  en  réfultent ,  on  a  trouvé  la 
différence  des  longitudes,  qui  eft  mefurée  parla  diffé- 
rence des  diftances ,  entre  le  méridien  du  foleil  5c  les 
autres  méridiens. 

Cette  méthode  eft  d'une  grande  reffource  pour  les  géo- 
graphes ;  car,  par  exemple ,  fi  l'on  fait  certainement  qu'une 
éclipfe  de  lune  ou  de  foleil  a  paru  plutôt  à  Stockholm 
qu'à  Paris  ,  on  eft  conféquemment  affuré  que  Stockholm 
eft  plus  orientale  que  Paris.  Si  cette  éclipfe  a  été  vue  une 
heure  huit  minutes  vingt  fécondes  plutôt  qu'à  Paris ,  il  en 
réfulte  que  Stockholm  eft  de  dix-lèpt  degrés  cinq  minu- 
tes plus  orientale  que  l'obfervatoire  de  Paris.  Si  enfuite 
on  veut  avoir  la  longitude  totale  de  Stockholm ,  c'eft-à- 
dire,  par  rapport  au  premier  méridien  fixé  à  l'ifle  de  Fer  , 
la  plus  occidentale  des  Canaries  ;  il  n'y  a  qu'à  ajouter  la 
longitude  de  Paris  à  cette  ifle  ,  favoir  i  h.  5e  il'  d'heure  ; 
ce  qui  fait  18  d.  à  ce  qui  a  été  trouvé  par  l'éclipfe  ,  favoir 
17  d.  <j';  cela  produit  35  d.1;',  qui  font  la  longitude  to- 
tale de  Stockholm ,  ou  la  différence  de  fon  méridien  à 
celui  de  l'ifle  de  Fer. 

Il  eft  vrai  que  les  anciens  n'avoient  guères  de  ces  ob- 
fervations des  éclipfes  de  lune ,  faites  en  même  tems  en 
divers  lieux  ;  Ptolomée  n'en  rapporte  qu'une  feule  dans 
fa  Géographie ,  entre  Arbele  5c  Carthage.  C'eft  pourquoi 
il  fut  obligé  d'établir  la  plupart  des  lo'ngiti^es  des  lieux 
de  la  terre  ,_  par  les  diftances  itinéraires  pnBs  d'occident 
en  orient,  fur  les  parallèles  à-peu-près  connus  ,  fuppo- 
fant  les  nombres  des  ftades  compris'  dans  un  degré  du 
grand  cercle  de  la  terre  ,  Se  à  proportion  des  degrés  d'un 
grand  cercle  à  ceux  de  chaque  parallèle  ;  6c  il  ne  faut  pas 
s'étonner,  fi  ayant  été  obligé  de  fe  fervir  de  cette  mé- 
thode ,  faute  d'avoir  des  obfervations  des  éclipfes  ,  il  ne 
put  éviter  de  très-grandes  erreurs  dans  l'établiffement  des 
longitudes. 

Ce  n'eft  que  depuis  environ  deux  fiécles  que  l'on  a 
vu  un  affez  grand  nombre  d'éclipfes  de  lune  ,  obfervées 
en  divers  lieux  ,  dont  une  grande  partie  a  été  comparée 
enfemble  par  le-P.  Riccioli.  On  trouve,  à  la  vérité,  par  cette 
comparaifon  ,  que  la  différence  des  méridiens  entre  deux 
villes ,  qui  doit  être  toujours  la  même ,  par  l'obfervation 
de  diverfes  éclipfes ,  5c  par  celle  de  diverfes  phafes  d'une 
même  éclipfe  ,  paroît  fouvent  différente ,  5c  que  cette  dif- 
férence monte  quelquefois  à  plufieurs  degrés.  Cela  vient 
de  ce  que  les  obfervations  ont  été  faites  négligemment  6c 
fans  aucune  précifion  ;  car  depuis  que  l'on  s'eft  accou- 
tumé a  bien  obferver  les  éclipfes  par  des  lunettes ,  Se 
qu'on  a  marqué  non-feulement  les  phafes  qu'on  obfer- 
voit  auparavant ,  mais  auffi  l'immerfion  des  taches  prin- 
cipales dans  l'ombre  ,  6c  leur  émerfion ,  des  obfervateurs 
bien  exacts ,  ne  diffèrent  ordinairement  plus  que  d'une 
ou  deux  minutes  d'heure  dans  la  détermination  des  mê- 
mes phafes ,  comme  on  peut  voir  par  toutes  les  obferva- 
tions faites  à  l'obfervatoire  de  Paris  ;  5c  comme  on  ob- 
ferve  un  grand  nombre  de  phafes  dans  une  même  éclipfe  , 
en  prenant  un  milieu  entre  les  différences ,  on  approche 
de  plus  près  de  la  vérité. 

Avant  que  l'on  obfervàt  avec  tout  ce  détail ,  on  fe  con- 
tenait d'une  attention  fuperficielle  fur  la  durée  totale  de 
l'éclipfe.  Cela  produifoit  des  erreurs  de  calcul,  qui  ont 
révoké  contre  les  obfervations  aftronomiques  ;  6c  il  le 
trouve  des  écrivains  de  réputation,  qui  ont  témoigné  pu- 
bliquement n'en  avoir  pas  une  idée  fort  avantageufe. 

»  Les  aftronomes  ,  dit  Sanfon  ,  Introduction  à  la  do- 
it graphie  ,  1.  2,  ,  c.  7  K  ont  prétendu  que  les  éclipfes  de. 


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LON 


LON 


foleil  &  de  lune  pouvoient  régler  exactement  la  lon- 
»  gitude  ;  mais  les  géographes  y  ayant  reconnu  trop  de 
t>  défauts  ,  ont  trouvé  par  expérience,  que  les  diftances 
»  itinéraires  y  font  fouvent  beaucoup  plus  sûres.  »  L'ex- 
périence eft  contraire  à  ce  qu'il  avance  ici.  Dans  les  lieux 
fort  éloignés  l'un  de  l'autre ,  il  n'y  a  point  de  diftances 
itinéraires  qui  puiffent  fervir  à  en  trouver  la  longitude. 
Les  voyageurs  les  plus  habiles  n'ont  point  de  méthode 
pour  trouver  des  longitudes  de  lieux  auflî  éloignés  que 
Paris  l'eft  de  Siam  ,  fans  s'expofer  à  une  infinité  de  fautes, 
foit  qu'on  faffe  le  voyage  par  terre ,  foit  qu'on  le  fafle 
par  mer.  Ceux  qui  voyagent  par  terre ,  fe  contentent  or- 
dinairement de  marquer  les  diftances  des  lieux  par  où  ils 
parlent,  félon  l'eftime  du  tems  qu'ils  mettent  d'un  lieu  à 
l'autre,  ou  félon  celles  des  lieues  ou  des  milles  dont  la 
mefure  eft  différente  en  différens  pays ,  fans  que  l'on  puifle 
réduire  les  unes-aux  autres  avec  aflez  de  juftefle.  On  ne 
tient  pas  compte  des  fraftions ,  qui ,  dans  une  diftance 
compofée  d'une  infinité  d'autres ,  peuvent  monter  à  une 
grande  fomme  ;  &  comme  ils  n'ignorent  pas  que  les  dé- 
tours allongent  les  chemins ,  ils  en  ôtent ,  à  discrétion , 
ce  qui  leur  i'emble  fans  aucune  régie  certaine,  &  fans  avoir 
mefure  les  angles  qu'ils  font  en  différens  endroits.  On 
ne  s'oriente  autrement  que  par  l'eftime ,  &  rarement  par 
l'aiguille  aimantée  ,  qui  d'ailleurs  eft  fujette  à  diverfes  va- 
riations ,  en  différens  lieux,  où  on  ne  les  obferve  pas  tou- 
jours. Le  plus  grand  fecours  que  l'on  puifle  avoir  pour  la 
juftefle  des  diftances ,  eft  celui  qu'on  tire  de  ce  qui  nous 
refte  des  Itinéraires  anciens  d'Alexandre  &  des  Romains , 
qui  faifoient  mefurer  la  longueur  des  chemins ,  dans  leurs 
expéditions  militaires  ,  mais  non  pas  leurs  angles ,  &  ra- 
rament  les  traverfes  d'un  chemin  à  l'autre  ;  ce  quinefuffît 
pas  pour  drefler  de  bonnes  cartes  ;  d'où  vient  qu'il  n'y  a 
rien  de  plus  informe  que  les  cartes  anciennes  ,  fondées 
fur  ces  mefures  itinéraires,  comme  font  celles  que  Peu- 
tinger  nous  a  confervées  ,  &  que  l'on  croit  avoir  été  fai- 
tes du  tems  de  Théodofe  I.  Pour  fe  fervir  avec  plu1;  d'u- 
tilité de  ces  diftances  ,  il  a  fallu  que  les  aftronomes  y  ajoû- 
taflent  les  obfervations  céleftes  des  hauteurs  du  pôle ,  fai- 
tes en  divers  lieux ,  &c  déterminées  par  les  hauteurs  du 
foleil  &  des  aftres ,  ou  par  les  étoiles  fixes  qur  rafent 
l'horizon ,  oupar  la  longueur  des  ombres  équinoxiales  , 
ou  par  l'obfÉfcration  de  la  longueur  dû  plus  grand  jour 
de  l'année ,  priur  placer  chaque  lieu  dans  fon  propre  cli- 
mat. Il  leur  a  fallu  faire  des  obfervations  du  pôle  en  diffé- 
rens lieux  éloignés ,  placés  fur  un  même  méridien ,  & 
mefurer  leurs  diftances  enftades,en  milles  ou  en  lieues, 
pour  avoir  à-peu-près  la  mefure  d'un  degré  de  la  circon- 
férence de  la  terre.  Il  leur  a  fallu  trouver  la  proportion 
entre  les  degrés  d'un  grand  cercle ,  &  ceux  de  chaque 
parallèle  ,  pour  favoir  combien  de  longitude  répond  à 
la  diftance  de  deux  lieux  qui  font  fous  un  même  paral- 
lèle ,  puisque  les  diftances  égales  fous  divers  parallèles 
répondent  à  des  longitudes  inégales. 

Pour  bien  entendre  cela,  il  faut  fe  fouvenir  que  tous 
les  cercles  ,  qui  coupent  le  globe  d'occident  en  orient , 
font  parallèles  à  l'équateur,  ik  par  conféquent  également 
diftans  l'un  de  l'autre,  5i  de  l'équateur,  dans  toutes  leurs 
parties  ;  de-là  vient  que  les  degrés  de  latitude  font  égaux 
par-tout ,  &  comprennent  une  étendue  uniforme  depuis 
l'équateur  jusqu'au  pôle.  Il  n'en  eft  pas  de  même  des  mé- 
ridiens qui  mefurent  la  longitude.  Tous  les  méridiens 
pofîïbles ,  qui  font  diftinftement  féparés  l'un  de  l'autre 
auprès  de  l'équateur,  fe  rapprochent  l'un  de  l'autre  à 
mefure  qu'ils  avancent  vers  le  pôle  où  ils  fe  raflem- 
blent  de  telle  forte  que  leur  extrémité  commune  n'eft 
qu'un  feul  &  même  point.  Il  s'enfuit  que  les  degrés  des 
parallèles  qui  les  coupent ,  font  plus  grands  près  de  l'é- 
quateur ,  &  plus  petits  auprès  du  pôle.  Si  l'on  divife  un 
grand  cercle  &  un  petit  cercle  par  le  même  nombre ,  il 
y  aura  un  nombre  égal  de  parties  dans  tous  les  deux  ; 
mais  les  parties  de  l'un  feront  plus  petites  que  celles  de 
l'autre,  à  proportion  de  l'inégalité  qui  étoit  entre  les  gran- 
deurs totales  des  deux  cercles  divifés.  Ainfi  les  degrés 
de  longitude  entre  deux  méridiens  donnés,  font  les  mê- 
mes d'un  parallèle  à  l'autte  quant  au  nombre  ;  mais  ils  dif- 
fèrent de  plus  en  plus ,  quant  à  l'espace  qu'ils  doivent  oc- 
cuper fur  l'arc  du  parallèle  ,  qui  eft  entre  les  deux  méri- 
diens. Auffi  pour  évaluer  les  degrés  de  longinHe  pu  lieues, 
il  faut,  ou  fe  borner  aux  degrés  pris  fous  lYquat  ur,  ou 
favoir  au  jufte  la  véritable  diminution  des  cegré,  depuis 


l'équateur  jusqu'au  lieu  dont  il  s'agit  ;  &  cela  demande 
plufieurs  calculs. 

On  n'a  pratiqué  que  rarement  'la  manière  de  trouver 
la  différence  des  longitudes  de  deux  lieux  éloignés  par 
leurs  hauteurs  du  pôle ,  &  leur  diftance  réduite  en  de- 
grés ;  ce  feroit  une  manière  aflez  fûre ,  fi  on  avoit  autant 
de  jufteffe  dans  les  diftances  que  dans  les  hauteurs  du 
pôle.  Les  diftances  des  lieux  très  éloignés,  prifes  fur  terre, 
neréfultent  que  d'une  infinité  de  petites  diftances  de  lieux 
entre  l'un  &  l'autre ,  qui,  étant  toutes  fujettes  à  quelqu'er- 
,  reur  inévitable  ,  les  accumulent  toutes  dans  la  diftance 
totale. 

Enfin  on  a  pratiqué  en  quelque  endroit  la  manière  de 
trouver  la  différence  des  longitudes  entre  deux  lieux  pro- 
chains ,  que  l'on  peut  voir  l'un  de  l'autre,  par  les  hau- 
teurs du  pôle  &  leurs  angles  de  pofition  ;  mais  il  en  fau- 
drait un  fi  grand  nombre  pour  la  différence  des  lieux  très- 
éloignés  ,  que  les  erreurs  imperceptibles  dans  toutes  les 
différences  particulières  des  longitudes  pourroient  faire 
une  erreur  très-confidérable  dans  la  fomme  de  toutes. 

Il  ne  faut  donc  pas  s'étonner  fi  les  deux  plus  excellens 
géographes  de  toute  l'antiquité  ,  Marin  Tyrien ,  &  Pto- 
lomée ,  fe  fondant  fur  les  mêmes  relations  de  voyages , 
&  étant  d'accord  de  la  mefure  d'un  degré  de  la  terre  ,  &C 
dans  la  proportion  des  principaux  parallèles ,  fe  font  trou- 
vés en  différend  de  47  à  48  degrés,  pour  la  longitude  des 
villes  principales  de  Sines  &  des  Seres ,  par  la  feule  dif- 
férence de  l'eftime  de  ce  qu'il  falloit  ôter  à  la  longueur 
des  chemins,  pour  trouver  les  véritables  diftances."  Les 
obfervations  modernes  favorifent  la  correction  de  Ptolo- 
mée,  qui  réduifit  les  longitudes  de  115  d.  établis  par  Ma- 
rin ,  à  187  d.  &  demi  ;  mais  elles  font  voir  auffi  quePto- 
lomée  n'en  retrancha  pas  aflez.  Il  n'y  a  qu'à  lire  le  pre- 
mier livre  de  fa  Géographie  ,  depuis  le  quatrième  cha- 
pitre jusqu'au  dix-feptiéme  ,  pour  voir  l'incertitude  des 
conjectures  dont  ces  auteurs  anciens  ont  été  obligés  de 
fe  fervir  dans  l'examen  des  voyages  faits  fans  le  fecours 
des  obfervations  céleftes ,  qui  auroient  été  néceflaires 
pour  déterminer  les  véritables  longitudes  &c  latitudes  des 
lieux  de  la  terre. 

Quoique,  depuis  ce  tems-là ,  on  ait  beaucoup  travaillé 
pour  perfectionner  la  géographie  par  les  voyages ,  &  le 
fecours  des  inventions  qu'on  a  trouvées  depuis ,  on  n'a 
presque  jamais  examiné  avec  un  peu  d'exactitude  les  car- 
tes qui  ont  été  faites  avant  l'an  1690,  qu'on  n'y  ait  trouvé 
des  fautes  confidérables.  La  France  a  eu  d'excellens  géo- 
graphes ;  les  Sanfon ,  les  Duval ,  les  Du  Treillage ,  dcc. 
qui  ont  travaillé  avec  foin  à  faire  les  cartes  de  ce  royaume  ; 
&  cependant  les  obfervations  faites  par  l'académie  royale 
des  fciences ,  ont  découvert  des  fautes  très-confidérables 
dans  la  fituation  des  villes  principales.  Les  preuves  ne 
manquent  point ,  &  le  détail  meneroit  trop  loin. 

Ceux  qui  voyagent  fur  mer,  ne  font  pas  feulement  ex- 
pofés  aux  mêmes  erreurs  que  ceux  qui  voyagent  fur  terre, 
mais  encore  à  plufieurs  autres  caufées  par  la  difficulté 
d'obferver  en  mer,  avec  la  même  juftefle  que  fur  terre," 
&  par  la  difficulté  d'eftimer  la  longueur  des  voyages ,  à 
caulè  des  courans  &  de  la  force  des  vents,  difficile  à  me- 
furer ,  quelque  foin  qu'on  y  apporte  par  des  inftrumens 
inventés  à  cet  ufage.  Les  modernes,  à  la  vérité,  ont  un 
grand  avantage  fur  les  anciens ,  à  caufe  de  l'invention 
de  la  bouflble  qui  fupplée  au  défaut  des  angles  de  po- 
fition, pourvu  qu'on  obferve  fouvent  la  variation  de  l'ai- 
mant ,  &  à  caufe  des  inftrumens  aftronomiques,  qui  don- 
nent les  hauteurs  du  pôle  par  des  opérations  fimples  & 
faciles  ;  mais  ces  inftrumens  font  petits  ;  ôr.  par  eux  on 
n'évite  pas  de  petites  erreurs,  qui,  dans  les  longs  voyages, 
s'accumulent  dans  les  longitudes  ,  &:  forment  enfemble 
une  erreur  fenfible.  C'eft  un  inconvénient  qu'on  ne  peut 
jamais  éviter  dans  les  voyages  de  terre  &  de  mer  ;  mais 
on  l'évite  par  les  obfervations  des  éclipfes ,  par  lesquelles 
on  trouve  les  différences  des  longitudes  par  une  opéra- 
tion qui  n'eft  pas  plus  compofée  pour  les  plus  grandes  dif- 
férences que  pour  les  plus  petites. 

Les  éclipfes  de  foleil  &  de  lune  avoient  un  inconvé- 
nient ;  car  outre  qu'elles  n'arrivent  pas  aflez  fouvent-  pour 
pouvoir  en  amaffer  un  grand  nombre  d'obfervations  réi- 
térées ,  leur  durée  eft  capable  de  lafier  l'obfervateur  dont 
l'attention  fe  relâche;  &  il  arrive  fouvent  que  l'air  eft  trop 
chargé ,  &  ne  permet  pas  d'obferver.  La  découverte  des 
fatellites  de  Jupiter  par  Galilée  ,  a  paru  un  incident  favo- 


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rable  ;  &  on  a  cru  qu'ils  pourroient  fervir  à  cet  ufage ,  en 
quoi  on  ne  s'eft  point  trompé.  Il  étoit  queftion  de  trou- 
ver les  régies  de  leurs  mouvemens  ;  &,  heureufement  pour 
la  géographie ,  diveriès  puiffances  de  l'Europe,  perfuadées 
de  l'importance  de  cette  méthode ,  encouragèrent  les  as- 
tronomes à  y  travailler.  Ceux  qui  s'y  appliquèrent  les  pre- 
miers, en  furent  rebutés  parles  difficultés  qu'ils  y  trouvè- 
rent ;  &c  quelque  progrès  qu'on  eût  fait  pendant  près  d'un 
fiécle ,  depuis  la  première  découverte  de  ces  aftres ,  on 
n'avoit  pas  encore  pu  reconnoître  dans  leurs  mouve- 
mens tout  ce  qui  étoit  néceffaire  pour  faire  avec  fuc- 
cès  les  premiers  efîais  de  cette  méthode. 

Il  fembloit  que  tout  cônfpirât  pour  décourager  ceux 
qui  tiavailloient  à  préparer  ce  fecours  pour  la  géographie. 
Le  père  Fournier,  Jéfuite  ,  dans  fon  Hydrographie  ,  avoit 
employé  cinq  chapitres  à  exagérer  le  peu  de  iûreté  qu'il 
y  a  à  fe  fervir  des  éclipfes  des  planettes ,  pour  régler  les 
longitudes.  Le  P.  Riccioli ,  Géogr.  réform.  1.  8  ,  c.  19  , 
n.  7,  prop.  5  ,  qui  avoit  joint  l'étude  de  l'aftronomie  à 
celle  de  la  géographie ,  ne  confîdérant  point  allez  d'où 
venoient  les  fautes  que  des  obfervations  mal-faites  avoient 
occafionnées  dans  les  ouvrages  des  géographes,  prit  la 
réfolution  de  n'aquiescer  jamais  tellement  aux  éclipfes, 
en  fait  de  longitude,  qu'il  ne  fe  fût  bien  affuré  auparavant, 
fi  la  différence  de  longitude  demeurait  dans  les  bornes 
d'une  diftance  vraifemblable  tirée  des  intervalles  choro- 
graphiques.  Il  ne  laiffa  pas  dé  donner  dans  ce  même  ou- 
vrage la  méthode  de  trouver  la  différence  de  longitude 
par  des  obfervations  des  éclipfes  de-,  fatellites  de  Jupiter, 
faites  en  deux  lieux  différens.  Il  loue  cette  invention 
comme  utile  par  elle-même  ;  il  fe  plaint  feulement,  qu'elle 
ne  puiffe  être  pratiquée  fur  la  mer  ,  à  caufe  de  l'embarras 
d'un  long  télescope ,  &  du  balancement  du  vaiffeau ,  qui 
ne  permettent  pas  de  regarder  un  feul  objet  auffi  long- 
tems  ni  auffi  furement  qu'il  le  faudroit ,  pour  faire  fonds 
fur  l'obfervation.  Sanfon  lui-même  ,  fi  prévenu  contre  les 
longitudes  trouvées  par  les  obfervations  aftronomiques , 
ne  laiffa  point  de  rectifier  ce  qu'il  avoit  dit,  &  que  nous 
•  avons  rapporté  ci-devant,  &  ajouta  ces  mots.  «  Meilleurs 
»  les  aftronomes  de  l'académie  royale  des  fciences  pré- 
tendent régler  les  longitudes  par  les  éclipfes  des  fatel- 
»  lites  de  Jupiter  ;  leur  intelligence  en  ces  matières ,  & 
i>  leur  grande  exactitude,  nous  doivent  faire  espérer  la 
»  réuffite  de  cette  entreprife.  »  Ils  ont  abondamment  ré- 
pondu à  fes  espérances ,  &  le  public  n'a  plus  rien  à  dé- 
lirer d'eux  à  cet  égard.  MM.  Caffini ,  la  Hire,  &  les  au- 
tres aftronomes  de  ce  docte  corps ,  ont  fi  bien  éclairci 
cette  matière ,  que  pour  peu  qu'un  obfervateur  foit  exercé, 
il  ne  court  point  risque  de  tomber  dans  l'étrange  méprife 
du  père  Antoine-Marie  de  Rheitha.  On  a  reproché  à  ce 
bon  père  d'avoir  pris  des  étoiles  fixes,  qui  étoient proche 
de  Jupiter,  pour  les  fatellites. 

Ces  éclipfes  font  fréquentes ,  &  peuvent  fournir  à  un 
bon  nombre  d'obfervations  répétée?.  Il  y  a  des  éphémé- 
rides  calculées  pour  le  méridien  de  Paris ,  par  lesquelles 
des  obfervateurs ,  en  quelque  lieu  du  monde  qu'ils  (oient, 
font  avertis  de  fe  tenir  prêts  pour  obferver.  Ces  éclipfes 
ainfi  annoncées  avec  une  précifion  furprenante  ,  font 
comme  un  fignal  donné  du  ciel,  au  mêmeinftant,  à  divers 
obfervateurs  placés  fur  la  furface  de  la  terre.  A  ce  fignal , 
qui  eft  comme  celui  que  l'on  ferait  en  cadhant  &  décou- 
vrant un  flambeau ,  chacun  marque  l'heure,  la  minute 
&  la  féconde  de  l'obfervation  ,  foit  par  une  horloge  bien 
réglée  fur  le  mouvement  du  ioleil ,  foit  par  la  hauteur  de 
quelque  aftre.  Si  l'heure  aftronomique  eft  abfolument  la 
même  dans  deux  obfervations  de  la  même  éclipfè ,  & 
qu'il  n'y  ait  nulle  différence  dans  les  minutes,  ni  dans  les 
fécondes  ,  c'eft  une  preuve  certaine  que  les  deux  lieux 
d'obfervation  font  fous  un  même  méridien.  S'il  y  a  de  la 
différence,  elle  donnera  celle  qui  eft  entre  les  méridiens 
ck  ces  deux  lieux;  de  manière  que  celui  où  l'éclipfe  a 
été  vue  plutôt,  eft  plus  oriental  que  l'autre. 

Depuis  que  Caffini,  de  concert  avec  fes  collègues  ,  a 
perfectionné  cette  méthode  ,  les  plus  habiles  aftronomes 
fe  font  fait  un  plaifir  de  la  mettre  en  pratique  ;  &  c'eft  ce 
qui  a  valu  à  De  l'Ifle  la  fupériorité  qu'il  a  hautement  ob- 
tenue fur  tous  les  géographes  précédens ,  parce  qu'il  a 
eu  foin  de  recueillir  6c  d'employer  dans  fes  cartes  les 
corrections  que  l'aftronomie  lui  fourniffoit  ;  au  lieu  que 
fes  concurrens ,  confervant  foigneufement  les  anciennes 
erreurs,  font  tombés  &  tombent  tous  les  jours  de  plus  en 


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plus  dans  le  décri.  Les  PP.  Jéfuites  ,  qui  font  répandus 
en  Afie  ,  en  Afrique,  ik  enAménque ,  ont  fourni  Se  four- 
niflent  encore  touî  les  ans  des  observations  correspon- 
dantes à  celles  de  l'obiervjioire  de  Paris.  Ainfi  on  peut 
dire  que  Caffini ,  en  perfectionnant  la  théorie  des  fatel- 
lites de  Jupiter,  a  fourni  à  la  géographie  un  moyeu  fur  de 
re&itierune  infinité  d'erreurs  qu'ci.e  avoit  reçues  de  l'es- 
time &  des  faux  calculs  des  voyageL-rs.  il  elt  aile  de  s'en 
aflurer,  en  examinant  le  riche  amas  d  obfervations  répan- 
dues dans  les  Mémoires  de  l'académie  royale  des  Indi- 
ces ,  dans  les  ouvrages  des  PP.  Jéfuites  &  du  P.  Feuil- 
lée,  &c.  &  en  confrontant  ces  pofitionsavec  cèdes  qu  ont 
les  mêmes  lieux  fur  les  cartes  de  Sanfon. 

Si  quelques  écrivains  allez  connus  dans  la  république 
des  lettres,  ont  eu  tort  de  mépiifcr  une  mémode  \\  utile, 
fi  nécellaire  à  la  géographie  ,  il  y  aurait  de  la  10.  e  à  en 
vanter  l'ufage  au-delà  de  la  véritable  valeur.  Caffini  avoue 
lui-même ,  que  s'il  s'agit  de  trouver  des  longitudes  de 
deux  lieux  fi  proches  ,  qu'on  les  puiffe  voir  l'un  de  l'au- 
tre, on  la  pourra  trouver  quelquefois  plus  exactement  par 
les  hauteurs  du  pôle ,  jointes  aux  angles  de  polition ,  ou , 
en  leur  place,  aux  diftances  réduites  en  minutes  de  degré, 
que  par  les  oblers'ations  des  éclipfes.  Mais  il  n'en  elt  pas 
de  même  pour  les  longitudes  des  lieux  très-éioignés ,  qui , 
par  la  première  méthode,  ne  fe  peuvent  trouver  que  par 
une  grande  multitude  d'opérations  ;  &  la  féconde  mé- 
thode n'en  demande  pas  plus  pour  une  grande  diftance , 
que  pour  une  petite. 

Que  les  obfervations  céléftes  donnent  la  longitude  des 
lieux,  d'une  manière  plus  jufte  &  p'us  certaine  que  ne  la 
peuvent  donner  les  calculs  combinés  des  voyageurs  &ç 
des  gens  de  mer,  cela  eft  démontré.  D'après  elles,,  on 
peut  réformer  promptement  ck  furement  la  géogiaphie  , 
rapprocher  ou  éloigner  des  villes ,  des  côtes  ou  des  caps 
que  la  fauffe  eftime  &  l'embarras  des  calculs  ont  dépla- 
cés. C'eft  un  grand  point  pour  les  géographes  d'avoir 
cette  reffource.  Mais  ce  ne  font  point  là  les  longitudes 
que  l'on  cherche  pour  perfectionner  la  navigation.  On 
veut  un  fecret  à  la  portée  des  pilotes  ,  praticable  fur  la 
mer;  en  un  mot,  on  veut  que,  par  cette  méthode,  un 
homme  de  mer ,  dans  fon  vaiffeau ,  puiffe ,  fans  le  fecours 
toujours  incertain  de  l'eftime,  trouver  dans  le  ciel  à  quel 
méridien  (on  vaifteau  eft  arrivé  au  moment  de  febièrva- 
tion.  Il  n'imporre  d'où  il  compte  fon  premier  méridien  ; 
il  peut,  Ci  bon  lui  (èmble  ,  compter  fa  longitude  du  lieu 
d'où  il  eft  parti ,  Se  la  compter ,  s'il  veut ,  d'occident  en 
orient,  ou  d'orient  en  occident,  félon  la  route  qu'il  fait; 
cela  ne  change  rien  au  fond  de  la  méthode.  Mais  la  grande 
difficulté  confifte  à  trouver  dans  le  ciel  une  marque  fur 
laquelle  on  puiffe,  fans  une  trop  grande  multiplicité  de 
calculs ,  l'avoir  à  quelle  longitude  le  vaiffeau  eft  parvenu, 
&  c'eft  ce  qu'on  atherché  en  vain.  Pour  obferver  les  fa- 
tellites ,  il  faut  beaucoup  d'habileté ,  un  lieu  fiable  pour 
ten'r  un  long  télescope affujetti,  de  la  tranquillité,  en  un 
mot ,  bien  des  circonftances  qui  ne  fe  trouvent  que  fur  la 
terre. 

La  France  ,  l'Espagne  ,  l'Angleterre  ,  les  Provinces- 
Unies  ont  promis  de  grandes  récorapenfes  à  celui  qui 
trouverait  cette  méthode.  Chacun  cherche  ,  perfonne  ne 
trouve  ;  &  cette  découverte  a  paru  fi  délèspérée ,  qu'on 
l'a  mife  avec  la  pierre  philofophale  ,  la  quadrature  du 
cercle  ,  la  duplication  du  cube  ,  le  mouvement  perpé- 
tuel ,  &  autres  objets  dont  on  s'eft  entêté  inutilement. 

Jean-Baptifte  Morin ,  docteur  en  médecine ,  &  pro- 
feffeur  royal  de  mathématiques  à  Paris ,  prétendit  avoir 
trouvé  cet  important  fecret.  Il  en  préfenta  les  démonftra- 
tions  au  cardinal  de  Richelieu,  qui  defiroit  qu'une  décou- 
verte fi  utile  à  la  navigation  &  au  commerce,  fe  fit  en 
France.  Des  commiffatres  furent  nommés  pour  exami- 
ner la  manière  dont  Morin  prétendoit  s'allurer  de  la  lon- 
gitude d'un  lieu.  Il  fe  fit  une  affemblée  de  tout  ce  qu'il 
y  avoit  à  Paris  de  gens  illuftçes  par  leur  naiffance,  leurs 
dignités,  &  leur  favoir  ;  Morin  explique  fon  fecret  :  on 
l'écoute  avec  attention,  on  l'approuve,  on  le  loue  ex- 
traordinairement.  Les  mathématiciens  tombèrent  fur  lui  , 
combattirent  fa  méthode.  Le  réfultat  fut  que  fon  fecret 
confiflant  uniquement  en  des  opérations  aftronomiques 
fort  compliquées,  que  l'on  ne  pouvoit  exécuter  furda 
mer,  la  navigation  ne  pouvoit  pas  en  tirer  le  fecours  u  ,e 
l'on  demande  :  ainfi  il  fallut  travailler  fur  de  nouveaux  (rais. 
Les  fouverains  de  l'Europe  ne  font  espérer  de  fi  riches 


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gratifications  qu'à  ceux  qui  trouveront  le  fecret  de  con- 
noitre  fur  mer ,  de  combien  on  s'approche  ou  l'on  s'é- 
loigne d'un  méridien  donné ,  quel  qu'il  foit.  Il  y  a  quel- 
que tems  ,  qu'un  favant  Anglois  partit  pour  un  voyage  de 
long  cours,  à  deffein  de  vérifier  une  nouvelle  méthode 
de  s'affurer  des  longitudes  fur  la  mer.  Les  aiguilles  ai- 
mantées de  toutes  longueurs,  qu'il  a  prifes  avec  lui  ,  me 
paroiffent  avoir  beaucoup  de  liaifon  avec  le  fyftême  du 
dofte  M.  Halley ,  fur  la  variation  de  l'aimant.  Nous  rap- 
portons ce  fyftême  au  mot  Variation.  Il  faut  du  tems 
pour  le  bien  affurer  de  fa  vérité;  mais  s'il  eft  conforme  à 
la  nature,  comme  on  doit  le  fouhaiter,  on  n'a  jamais  pu 
rien  inventer  de  plus  utile  à  la  navigation  ;  Se  alors  on 
pourra  dire  que  la  longitude  eft  trouvée. 

L'ufage  de  la  longitude,  dans  les  cartes,  eft  démar- 
quer combien  chaque  lieu  eft  éloigné  du  premier  méri- 
dien. Elle  fe  marque  au  haut  &£  au  bas  de  la  carte.  Dans 
les  cartes  où  la  ligne  équinoxiale  eft  tracée ,  les  degrés 
qui  la  divifent ,  doivent  être  égaux  à  ceux  de  la  latitude, 
&  peuvent  fervir  d'échelle ,  en  prenant  le  degré  pour 
quinze  milles  d'Allemagne,  ou  pour  foixante  milles  d'Ita- 
lie ,  Sec.  Mais  dans  les  pays  qui  s'éloignent  de  cette  ligne, 
les  degrés  de  longitude  diminuent  à  mefure  qu'on  s'ap- 
proche du  pôle  ;  alors  ils  ne  font  plus  propres  à  fervir 
d'échelle ,  à  moins  qu'on  ne  tienne  compte  de  la  dimi- 
nution des  degrés.  La  combinaifon  de  la  longitude  d'un 
lieu  &  de  fa  latitude,  ou ,  pour  dire  la  chofe  en  d'autres 
termes ,  la  rencontre  de  fon  parallèle  &.  de  fon  méridien  , 
font  la  voie  la  plus  courte  tk  la  plus  lûre  pour  le  trouver 
fur  le  globe  ou  fur  la  carte  ;  de-là  vient  que  ,  pour  mar- 
quer une  pofition  d'un  lieu  ,  les  géographes  diient ,  qu'il 
eft  à  tant  de  degrés  de  longitude ,  Se  à  tant  de  degrés 
de  latitude. 
LONGOBARDI.  Voyez  Lombards. 
LONGOBARDO  ,  bourg.  d'Italie  ,  au  royaume  de 
Naples ,  dans  la  Calabre  Citérieure  ,  près  de  la  mer 
Ionienne  .  à  deux  lieues  de  la  ville  d'Amantea. 

LONGOEUCO,  bourg  d'Italie,  dans  la  Calabre 
Citérieure  ,  fur  la  rive  droite  du  Trionto  ,  au-deffous 
d'Acri.   *  Magin ,  Carte  de  la  Calabre. 

LONGON  ,  place  forte  de  la  Bulgarie  ,  félon  Cé- 
drene.  Curopalate  la  nomme  Longas. 

i.  LONGONE:  Ao»«Vit  ,  petite  ville  de  Sicile,  fé- 
lon Etienne  le  Géographe  ,  qui  dit  que  les^  habitans 
étoient  nommés  LongoNjEI  ,  &  cite  le  dixième  livte 
de  Philifte  qui  a  écrit  l'Hiftoire  de  Sicile. 

z.  LONGONE  ,  ou  Porto  Long one,  port  d'Ita- 
lie, fur  la  côte  de  Toscane  ,  dans  l'ifle  d'Elbe  ,  à  l'eft- 
nord-eft  de  l'ifle.  Il  prend  ce  nom  de  fa  longueur  ;  fon 
entrée  n'a  pas  plus  d'un  demi-mille  de  largeur,  furplus 
de  trois  milles  de  profondeur.  Sa  largeur  n'eft  pas  égale 
par-tout  ;  elle  s'augmente  confidérablement  à  un  mille 
en-dedans  de  fon  entrée,  Se  fait  un  coude  à  fa  droite, 
qui  eft  un  port  '  naturel  fermé  presqu'entiérement  de 
tous  côtés ,  où  les  plus  gros  bâtimens  peuvent  mouiller 
affez  près  de  terre,  Se  y  être  en  fureté  &  à  couvert  de 
la  plus  groffe  mer  Se 'des  vents.  Le  fond  eft  bon  par- 
tout ;  il  ne  manque  à  la  droite,  en  entrant,  que  quelque 
fort,  redoute  ou  batterie  fermée,  pour  défendre  l'entrée  ; 
car  le  canon  de  la  fortereffe  ne  peut  pas  plonger  allez 
pour  cela.  Il  y  a  fur  la  gauche  un  petit  fort,  ou  château  , 
qui,  par  fa  conftruftion,  paroît  fort  ancien  ,  dans  lequel  on 
met  un  médiocre  détachement  de  la  garnifon  de  la  place. 
Il  eft  affez  bien  pourvu  d'artillerie  ;  &  s'il  y  en  avoit 
un  pareil  du  côté  droit  au-deffous  de  la  fortereffe  ,  les 
feux  fe  croiferoient  Se  rendroient  l'entrée  du  port  impos- 
able à  ceux  à  qui  on  ne  la  voudrait  pas  permettre.  *  La- 
bat,  Voyage  d'Italie,  7e  vol.  p.  109. 

La  fortereffe  eft  à  la  droite  du  port ,  fur  une  montagne 
affez  haute,  presqu'entiérement  de  rocher  ou  de  tuf,  es- 
carpée Se  inacceflible  du  côté  de  la  mer  qui  l'environne 
Se  en  fait  une  presqu'ifle  ,  qui  ne  tient  à  l'ifle  que  par  un 
front  que  deux  baillons  tiennent  aifément  ;  c'eft  le  feul 
endroit  par  lequel  la  fortereffe  peut  être  attaquée.  Ce 
front  eft  couvert  d'une  grande  demi-lune  à  flanc,  défen- 
due de  deux  contre-gardes,  d'un  double  chemin  couvert 
avec  des  foffés  fecs,  Se  des  redoutes  fur  le  glacis.  Il  fe- 
roit  aifé  d'ifoler  cette  place,  en  creufant  un  canal  auflî 
large  qu'on  voudroit,  qui  ferviroit  d'avant-fofle  au  glacis 
le  plus  éloigné  du  corps  de  la  place.  Tous  ces  ouvrages 
forment  un  amphithéâtre  ,  dont  le  coup  d'oeil  eft  très- 


beau  ,  de  quelque  côté  qu'on  le  place.  Lorsqu'on  eft  dans 
le  coude ,  fous  la  fortereffe  ,  on  voit  deux  redoutes  qui 
font  au-delà  du  dernier  chemin  couvert  ,  Se  qui  peu- 
vent incommoder ,  avec  la  mousqueterie  Se  le  canon  , 
ceux  qu'on  ne  voudroit  pas  fouffrir  en  cet  endroit. 

Quoique  la  place  n'ait  que  cinq  baftions  ,  elle  ne 
laiiîe  pas  d'être  grande  ,  parce  que  les  baftions  Se  les 
courtines  font  confidérables.  Il  n'y  a  qu'un  foffé  Se  un 
chemin  couvert ,  du  côté  de  la  mer.  Les  ouvrages  fe- 
roient  inutiles  de  ce  côté-là,  parce  qu'elle  n'y  peut  pas 
être  attaquée.  On  a  jette  tous  les  ouvrages  du  côté  de 
de  la  terre  ,  &  on  a  eu  raifon. 

Cette  place  étoit  au  prince  de  Piombino.  Les  Espa- 
gnols s'en  emparèrent  par  droit  de  bienféance  ,  Se  y  com- 
mencèrent des  fortifications  en  1577.  Ils  en  firent,  en  1606, 
une  fortereffe  régulière  à  cinq  baftions.  Elle  fut  prife ,  en 
1646,  par  les  François  &  les  Espagnols  la  reprirent  en 
1650.  Les  deux  (iéges  furent  très-meurtriers,  ck  il  y  pé- 
rit quantité  de  braves  gens  des  deux  nations.  Elie  eft 
vis-à-vis,  Se  à  quatorze  milles  de  Piombino ,  à  cinquante- 
quatre  de  Livourne  ,  à  quarante-cinq  de  l'ifle  de  Corfe, 
félon  Baudrand. 

1.  LONGONES,  lieu  de  l'ifle  de  Sardaigne,  félon 
Antonin  ,  Itiner.  entre  Elephantaria  Se  Olbia ,  à  douze 
mille  pas  de  la  première,  &  à  trente-huit  mille  pas  de  la 
féconde. 

1.  LONGONES.  Ptolomée  ,  /.  1,  c.  9  ,-écrit  ainfi  le 
nom  du  peuple  Lingones.  Voyez  ce  mot. 

LONGO-PORI ,  ancien  peuple  de  l'Ethiopie  ,  fous 
l'Egypte  ,  félon  Pline  ,  L  6 ,  c.  30. 

LONGORETUM ,  ouLongorete  ,  nom  latin  de 
Lon'REY,  abbaye  de  France,  en  Herri.  Voyez  S.  Ciran. 

LONGOSARDO  ,  petire  ville  de  l'ifle  de  Sardaigne  , 
dans  le  cap  de  Logudori,  avec  un  ancien  château,  près 
du  golfe  de  Terra-Nova.  *  Baudrand ,  édi\  1705. 

LONGOVICUS  ,  lieu  de  l'ifle  de  la  Grande-Bre- 
tagne ,  duquel  il  eft  fait  mention  dans  la  Notice  de  l'em- 
pire ,  feci.  63.  Les  habitans  étoient  nommés  Longovi- 
CARii  ;  &  apparemment  ce  lieu  étoit  Longus  Viçus. 
Cambden  croit  que  le  nom  moderne  eft  Lanchester. 

LONGOUY.   Voyez  Longt/y. 

LONGPENDU  ,  lac  de  Bourgogne  ,  fitué  dans  le 
bailliage  de  Montrenis,  à  deux  lieues  de  cette  ville  ,  Se 
à  quatorze  de- Dijon.  Ce  lac  a  une  demi-lieue  de  lon- 
gueur ;  fa  largeur  eft  moins  confidérable,  d'ailleurs  elle 
n'eft  pas  égale.  Il  en  fort  deux  rivières ,  dont  une  fe  joi- 
gnant à  quelques  ruiffeaux  qui  viennent  de  Torcy ,  forme 
la  Bourbime,  qui  ,  après  avoir  traverfé  le  Charolois, 
fe  jette  dans  l'Arroux  ,  proche  du  confluent  de  cette  der- 
nière avec  la  Loire ,  l'autre  ,  qui  s'appelle  Dekune  ,  après 
un  cours  d'environ  dix  lieues  ,  fe  jette  dans  la  Saône. 
Une  fltuation  (î  avantageufe  a  toujours  fait  regarder  le 
lac  de  Longpendu  comme  très-propre  à  faire  le  point  de 
partage  d'un  canal  qui  communiquerait  aux  deux  mers. 
On  uniroit  par  ce  moyen  la  Saône  à  la  Loire  ;  Se  la  Loire , 
communiquant  à  la  Seine  par  les  canaux  de  Briare  Se  de 
Loirg  ,  le  nord ,  l'occident  S:  le  midi  de  la  France  fe 
trouveraient  joints  enlemble  ,  &  la  plupart  des  provin- 
ces de  ce  royaume  auroient  une  communication  très- 
facile  entr'elles  ;  d'ailleurs  ce  canal  procureroit  le  débit' 
des  vins  communs  de  Bourgogne  ,  des  bleds  qu'on  re- 
cueille dans  les  plaines  fertiles  que  la  Dehune  arrofe,  du 
charbon  de  terre  qu'on  trouve  en  abondance  dans  le  Cha- 
rolois, Se  aux  environs  de  Montrenis  ,  auffi  bien  que  de 
la  quantité  de  bois  qui  fe  trouve  dans  le  bailliage  de  cette 
dernière  ville.  François  I  forma  le  projet  de  faire  cons- 
truire ce  canal;  mais  les  guerres  qu'il  eut  à  foutenir, 
Se  fes  malheurs  en  empêchèrent  l'exécution.  En  1641, 
le  cardinal  de  Richelieu  voulut  le  faire  conftruire  ;  il 
trouva  un  entrepreneur  qui  s'en  chargea  ,  moyennant 
neuf  cents  cinquante  mille  livres  ;  mais  la  mort  de  ce  mi- 
niftre  empêcha  l'entreprilè.  Louis  XIV. parut  y  fonger 
férieufement  :  il  envoya  fur  les  lieux  des  ingénieurs  qui 
lui  firent  connoitre  que  cette  exécution  étoit  facile;  mais 
les  guerres  qu'il  eut  à  foutenir ,  arrêtèrent  encore  l'exé- 
cution de  ce  projet.  En  1719 1,  M.  le  régent  envoya  le 
fleur  Thomaffin  ,  ingénieur ,  viiïter  le  lac  de  Longpendu  , 
&  obferver  fi  l'on  pourroit  y  conftruire  un  canal.  Ce 
dernier  prouva  que  rien  n'étoit  plus  facile  ,  &  en  même 
tems  plus  utile  ;  mais  la  mort  du  régent  arrêta  les  tra- 
vaux qu'on  alloit  commencer.  *Mém.  dreffés  fur  Us  lieux. 

LON- 


LON 


LÔN 


LONGRONE ,  ville  de  la  Cartille  ,  fur  l'Ebre ,  prife 
par  quelques-uns  pour  la  vieille  Juliobriga  ;  d'autres  tien- 
nent que  c'eft  Oliva.  Voyez  l'Ogrogne  ,  qui  eft  le 
vrai  nom. 

i.  LONGUAY  ,Beata  Maria  de  Longovado  ,  abbaye 
d'hommes  de  l'ordre  de  Cîteaux  ,  filiation  de  Clairvaux, 
en  Champagne  ,  au  diocèfe  ,  &c  à  cinq  lieues  au  couchant 
deLarigres,  fondée  l'an  1149. 

2.  LONGUAY ,  abbaye  de  France  ,  en  Champagne , 
au  diocèfe  de  Langres ,  ordre  de  Cîteaux ,  à  fix  lieues 
de  Langres.  Elle  rapporte  quatre  mille  livres  à  l'abbé, 
&  deux  mille  livres  aux  religieux ,  qui  font  au  nombre 
de  fix.  *Baugier,  Mem.  hift.  de  Champagne,  t.  2, 
p.  85. 

3.  LONGUAY  ,  abbaye  de  France,  en  Champagne, 
au  diocèfe  de  Reims ,  ordre  de  Prémontré.  Elle  eft  à 
une  demi-lieue  du  Chêne-le-Populeux ,  du  côté  du  nord, 
&  à  cinq  de  Méfieres,  du.  côté  du  midi.  *Baugier,  p.  50 
&  394. 

LONGUE ,  gros  bourg  &  baronnie  de  France  ,  dans 
l'Anjou.  Il  eft  remarquable  par  le  marché  qu'on  y  tient 
toutes  les  femaines,  &  par  quelques  foires  qu'on  y  tient 
tous  les  ans.  Il  eft  fitué  au  confluent  de  la  rivière  de  La- 
tan  &  de  Lauthion  ,  &  partagé  en  deux  bourgs  qui  ont 
chacun  leur  nom  ;  celui  du  nord-oueft  s'appelle  LoNGUE- 
EN-Franchise  ,  &  celui  du  fud-eft  eft  appelle  Lon- 
gue-hors-de-Franchise.  *Dt  l'IJle,  Carte  de  l'An- 
jou, 

LONGUE  AU  ,  prieuré  de  France,  en  Champagne; 
à  une  lieue  de  Châ;illon-fur-Marne.  Ce  prieuré  fut  fondé 
par  Thibaut  II ,  comte  de  Champagne,  qui  accorda  aux 
religieufes  la  liberté  de  prendre  du  bois  pour  leur  chauf- 
fage dans  (es  forêts.  Ces  religieufes  fe  transférèrent  à 
Rheims  vers  l'an  1630  ;les  lettres  patentes,  qui  confir- 
ment leurs  privilèges  &  leur  établiffement,  font  du  mois 
de  Septembre  1641 ,  regiftrées  ie  f^JaBvier  1641.  Elles 
font  toujours  appellées  religieufes  de  Longueau,  du  nom 
du  lieu  de  leur  origine  :  elles  font  de  l'ordre  de  Fonte- 
vrault  ,  au  nombre  de  trente-cinq  à  quarante  religieu- 
fes, &  jouiflent  de  cinq  à  fix  mille  livres  de  rente.  El- 
les ont  dans  leur  églife  un  autel,  qui  eft  d'un  deflein  par- 
ticulier. Il  eft  de  marbre  fait  en  rotonde  ,  avec  des  fau- 
tes femblablesà  celles  qui  font  à  l'autel  du  Val-de-Grace 
de  Paris;  ce  grand  autel  eft  accompagné  de  deux  autels 
de  marbre  ,  ce  qui  donne  à  cette  églife  un  air  de  diftinc- 
tion.  *Baugier,  Mem.  hift.  de  Champagne,  t.  2,  p  26. 

LONGUEFUYE ,  bourg  de  France,  dans  l'Anjou, 
dans  1  'élection  de  Châteaugontier. 

LONGUEPIE,  paroiffe  de  France  /dans  le  Rouer- 
gue.  II  y  a  des  mines  de  cuivre  rouge. 

LONGUES,  abbaye  de  France  ,  en  Normandie,  au 
diocèfe  de  Bayeux.  Elle  eft  de  l'ordre  de  S.  Benoît ,  & 
dédiée  fous  l'invocation  de  Notre-Dame  ;  fou  nom  eft 
Sancla-Maria  de  Longis.  Elle  fut  fondée,  l'an  I  les;  ,  ou 
ïl68  ,  par  Henri  ou  Hugues  "v7at ,  comte  du  Beffin  ,  du 
confentement  d'Henri ,  alors  évêque  de  Bayeux  :  Henri  II, 
roi  d'Angleterre,  en  confirma  l'éiabhffement.  Le  revenu 
de  l'abbé  eft  de  quatre  mille  livres. 

LONGUEIL,  bourg  de  France,  dans  la  haute  Nor- 
mandie, au  paysdeCaux,à  une  grande  lieue  de  Dieppe. 
Il  donne  fon  nom  à  une  famille  illuftre.  *Corn.  Dift. 

_  1.  LONGUEVILLE ,  bourg  de  France  ,  en  Norman- 
die. Il  eft  dans  le  pays  de  Caux ,  fur  la  petite  rivi.-re  de 
Scie,  à  neuf  lieues  de  Rouen  ,  à  trois  de  Dieppe, à  deux 
d'Arqués  &  d'Auffay.  L'églife  paroiflîale  eft  dédiée  à 
S.  Pierre.  Il  y  a  aufti  un  prieuré  clauftral  de  grands  Béné- 
dictins. Les  Réformés  de  Cluni  qu'ils  y  appelèrent,  & 
qui  en  prirent  pofTeflion  l'an  1700  ,  y  font  le  fervice  di- 
vin avec  les  anciens.  L'églife ,  qui  eft  allez  grande  &  fo- 
ndement bâtie,  porte  le  titre  de  Sainte-Foi.  Ce  prieuré 
relevé  fk  dépend  de  celui  de  la  Charité  fur-Loire.  Le 
château  élevé  fur  le  penchant  de  la  côte,  eft  grand  ,  bien 
bâti  de  briques ,  &  flanqué  de  bonnes  tours  avec  de  grands 
bâtimens  logeables.  Longueville  eft  un  fiége  royal,  com- 
pofé  d'un  baillif,  d'un  lieutenant  du  baillif,  d'un  lieutenant 
civil  &  criminel,  deplufieurs  aflefleurs,  d'un  avocat  &  d'un 
procureur  du  roi,  &  comprend  fous  fajurisdiftion  plus  de 
cent  paroifles ,  dix-fept  lieutenances ,  &  onze  fergenrenes. 
Le  baillif  eftauffi  vicomte  de  Longueville  ,  &  figne  bail'.if 
vicomtal,  &  capitaine  du  château  '&  des  chafles.  Ce  bourg 
n'eut  d'abord  que  le  titre  de  comté.  Après  avoir  été  à  divers 


>9l 


fêigneurs,  il  fut  donné,  L'an  1364,  par  le  roi  Ourles  V 
dit  le  Sage  ,  au  connétable  du  Guesclin ,  &c  paffa  enluité 
à  Olivier  du  Guescliri  fon  frère  ,  qui  le  venditau  roi  Jrnr- 
les  VI,  l'an  1391  ;  Charles  VII,fo,.  fils,  le  donna";  en  ,  443 , 
au  fameux  comte  de  Dunois,  Jean  d'Orléans,  fils  naturel 
de  Louis  de  France,  duc  d'Orléans,  &  fige  de  la  mai- 
foa-de  Longueville;  &  le  roi  Lou^s  XII  l'érigea  en  du- 
ché ,  fan  1505.  Il  fut  réuni  à  la  couronne ,  l'an  1707,  par 
la  mort  de  Marie  d'Orléans,  ducheile  de  Nemours.  * Mé- 
moires drejfés  fur  les  lieux  en  1704. 

2.  LONGUEVILLE,  abbaye  d'hommes,  ordre  de 
S.  Benoît,  de  la  congrégation  de  S.  Vannes ,  dans  le  pays 
Meffin  ,  au  diocèfe  de  Metz. 

.  LONG-VILL1ERS,  Longum  Villare,  lieu  de  France, 
dans  le  Boulonois.  Il  y  a  une  abbaye  de  Bernardins  de  la 
filiation  de  Savigny.  Elle  fjt  fondée, l'an  113",  par  Etienne 
comte  de  Boulogne ,  qui  fut  depuis  roi  d'Angleterre.  C'eft 
un  des  cent  foixante  monafteres  que  S.  Bernard  avoir  bâ- 
tis avant  fa  mort.  Cette  abbaye  eft  à  deux  lieues  de  la 
ville  de  Montreuil  ,  vers  le  nord. 

LONGUION,  petite  ville  de  France,  au  duché  de 
Bar,  fur  le  Chier,  aux  frontières  du  duché  de  Luxem- 
bourg, à  deux  petites  lieues  de  Longwy  ,  &t  presqu'au 
milieu,  emre  Stenay  &  Thionvilie. 

LONGULA  ,  ancienne  ville  d'Italie,  dans  le  Latium; 
aup'ès  de  Corioles.  Tite-Live,  /.  2,  c.  53  ,  dit  qu'un 
des  deux  conluls  mit  les  Antiates  en  déroute,  &  les  ayant 
pouffes  jusqu'à  Longula  ,  prit  cette  ville  ,  &r  celle  de  Po- 
lufia  ,  qui  appartenoit  auffi  aux  Volsques  ;  de-là  il  alla  at- 
taquer vivement  Corioles.  Il  dit,  c.  29  ,  en  parlant  de  Co- 
riolan:  il  enleva  Satricum,  Longula,  Polusca,  Se  Corio- 
les. Denys  d'HalicarnavTe,  A6,  p.  412,  dit:  Polusca  n'eft 
pas  éloignée  de  Longu'a.  Quelques-uns  lifent  dans  cet 
auteur  Longola  ,  d'autres  Longela.  Pline  ,  /.  3  ,  c.  5  ,  en 
nomme  les  habitans  Lnngulani. 

LONGUvI-PROVlONTORIUM,  cap  de  Sicile, 
dans  fa  partie  orientale.  On  croit  que  fon  nom  moderne 
eft  Lognina  ,  auprès  du  port  de  même  nom.  Voyez 
ce' mot. 

LONGUM,  en  Bulgarie.  Voyez  L6\GON. 

LONGUNTICA,  ville  maritime  d'Espagne;  Tite- 
Live,  /.  22,  c.  2D,  dit  que -les  Romains  ayant  défait  la 
flotte  des  Carthiginois  ,  firent  descente  en  Espagne  à 
Honnsca  ;  que  l'ayant  prife  ùi  pillée  ,  ils  allèrent  à  Car- 
thagène,  faccagerent  toute  la  campagne.  Si  mirent  le  feu 
aux  maifons  qui  étoient  près  de  la  porte  &  des  murail- 
les; que  la  flotte,  chargée  de  butin  ,  fe  rendit  de-là  à 
Longunrica  ,  où  Asdrubal  avoit  fait  un  grand  amas  de 
fp.irte,  forte  de  jonc  ,  qui  fervoit  à  faire  des  cordes  &c 
autres  choies  pour  le  fervice  de  la  marine; qu'ils  en  pri- 
rent ce  qu'il  leur  en  falloit,  &  mirent  le  féu  au  refte.  II 
paron  par  ce  partage  ,  que  Longuntica  n'étoit  pas  loin  de 
Cardiagène.  Quelques-uns  croienr  que  c'eft  aujourd'hui 
Guardamar ,  p'ace  fur  la  côte  du  royaume  de  Valence. 
_  LONGURUS  ,  étang,  ou  lac  de  Sicile,  félon  Phavo-, 
rin  ,  qui  prend  cela  du  Commentaire  de  Ttzetzès ,  fur  Ly- 
cophron.  *  Ortec.  Thef. 

LONGUS  VK  US.  Voyez  l'article  fuivanr. 

LONGWY,  LONGWICou  Longoit,  Longus- 
Vîcus  ,  ville  de  France  ,  au  Barrois ,  avec  un  château  ,  fur 
la  frontière  du  duché  de  Luxembourg,  du  duché  de  Bar 
ck  de  la  Lorraine,  où  il  eft  preque  enclavé,  à  quatre 
lieues  d'Arlon  ,  à  cinq  de  Montmedi  ,  en  allant  vers 
Luxembourg  &  Thionvilie.  Il  faur  diftinguer  l'ancienne 
ville  ,  qui  eft  la  balle-ville  ,  Si  la  ville  neuve  .  qui  eft  la 
ville  haute.  C'eft  de  la  première  dont  il  eft  qu;ftion  dans 
l'hiftoire,  avant  la  paix  de  Nimégue.  C'étoit  autrefois  un 
comté  indépendant,  qui  avoit  lès  comtes,  dont  le  dernier 
ne  lai fta  qu'il ne  fille  nommée  Clémence,  ou  Èrmèfende  • 
elle  apporta  ce  comté  en  mariage  à  Conrade,  comte  de 
Luxembourg,  qui  en  eut  plusieurs  enfans  :  fa  fille  Mathilde 
'eut  en  partage  le  comté  de  Long-wy,  qui  étoit  un  propre 
de  (a  mère.  Elle  l'apporta  en  dot  à  fon  mari  Godefroi  , 
comte  de  Caftel  ,  fur  la  rivière  de  Bleilîè<m\R!ew.  Henri, 
arriere-petit-fils  de  Godefroi ,  comte  de  Cartel ,  ne  faifla 
que  des  filles ,  dont  l'aînée  époufa  Renaud  de  Lorraine, 
l'un  des  plus  jeunes  fils  du  duc  Ferri  I.  La  racé  de  Re- 
naud fut  éreinte,  6c  le  comté  de  Caftel  paftà  dans  une 
'  autre  maifon  ;  mais  Longwy,  fur  la  fin  du  treizième  fic- 
elé, étoit  poffédé  paifiblement  par  Ferri  II  ,  duc  de  Lor- 
raine; Se  il  étoit  fon  propre  héritage,  lorsqu'il  le  ven* 
Tome  III.     Xxxxx 


Q  r  o 


LÔN 

dit  au  mois  de  Septembre  ce  l'an  1191,  avec  tous  fes 
fiefs  &  arriere-fiefs  à  Henri,  comte  de  Bar,  pour  18000 
livres.  Le  duc  écrivit  enfuite  à  les  vafiaux  de  la  châtelle- 
nie  de  Longwy,  leur  enjoignit  de  reconnoître  le  comte 
de  Bar,  &  de  lui  faire  hommage.^  Enfuite  de  cette  aqui- 
fition  ,  Longv.-y  fut  uni  au  comté  de  Bar,  &  engagé, 
durant  quelque  teins,  depuis  1370  :  il  ne  fut  point  aliéné. 
*  Baudrand  ,  édit.  1705  ,  Longuerue  ,  Descr.  de  la 
France,  7. part.  p.  188. 

Le  cardinal  de  Bar  en  juoifToit,  lorsqu'il  donna  fon  du- 
ché à  René  d'Anjou.  Longwy  faifoit  partie  du  baillage 
de  Saint-Mihiel  &  du  Barrois  mouvant  de  la  couronne 
de  France  ;  ce  qui  a  toujours  duré  jusqu'au  duc  Charles, 
grand-oncle  de  Léopold,  duc  de  Lorraine.  Après  la  mort 
du  duc  Charles,  l'empereur  Léopold  comprit  dans  le 
traité  de  Nimegue,  le  duc  Charles  de  Lorraine,  &  con- 
vint au  feiziéme  article,  que  la  ville  Se  prévôté  de  Longwy 
avec  fes  dépendances  demeureroit  en  fouveraineté  à  la 
couronne  de  France,  à  perpétuité,  à  la  charge  que 
Louis  XIV  en  donneroit  au  duc  un  équivalent.  Le  duc 
Charles  ne  voulut  point  accepter  ce  traité  ;  mais  fon  fils 
Léopold  accepta  celui  de  Ryswyck  couclu  ,  l'an  1697, 
où  au  trente-troilîéme  article  on  accordoit  pour  Longwy 
les  mêmes  conditions ,  dont  on  étoit  convenu  à  Nime- 
gue, l'an  1679.  Le  duc  Léopold  ayant  été  remis  en  pos- 
feffion  de  ces  états,  l'an  1698  ,  on  ne  put  convenir  de 
l'équivalent.  Il  ne  s'agiffoit  pas  feulement  de  la  ville  , 
mais  de  toute  la  prévôté  qui  s'étend  dans  le  Luxem- 
bourg, jusqu'à  fix  lieues  de  la  capitale  du  duché.  Louis  XIV 
voyant  les  grandes  difficultés  qu'il  y  avoit  à  s'accorder , 
pour  l'échange  de  la  prévôté  ,  qui  d'ailleurs  ne  lui  étoit 
pas  fort  néceftaire,  prit  la  réfolution  de  ne  garder  que  la 
ville  &  quelques  villages  aux  environs. 

L'ancienne ,  -ou  la  ville  baffe ,  eft  fituée  dans  le  fond 
d'un  vallon ,  &  entourée  d'une  vieille  muraille.  On  n'y 
remarque  qu'une  groffe  tour  ronde,  à  l'antique,  qui  eft  fort 
'  élevée.  De  Valois  dit  que  l'églilé  de  cette  petite  ville  porte 
le  nom  de  S.  Dagobert ,  &  qu'on  y  en  célèbre  tous  les 
ans  la  fête.  *  Piganiol  de  la.  Force ,  Descr.  de  la  France, 
t.  7,  p.  348. 

Après  lapaix  de Nimégue, conclue, en  1679,  LouisXIV 
voulant  oppofer  cette  place  à  celle  de  Luxembourg,  Se 
en  faire  un  boulevard  à  la  Champagne  Si  aux  trois  évê- 
chés  de  Mets,  Toul  &c  Verdun,  fit  conftruire  fur  la  hau- 
teur une  nouvelle  ville,  qui  fut  régulièrement  fortifié. 
C'eft  un  exagone  régulier ,  à  la  réferve  feulement  d'un 
de  fes  côtés,  qui  eft  plus  long  que  les  autres.  Cette  place 
eft  très-petite  ,  mais  forte ,  &  conftruire  à  la  manière  du 
maréchal  de  Vauban.  Elle  eft  compofée  de  fix  battions 
bien  revêtus  &  taillés  dans  le  roc ,  Si  d'autant  de  demi- 
lunes,  avec  cinq  tenaillons  au-devant  des  courtines.  La 
défenfe  du  grand  front  eft  raccourcie  par  deux  flancs  bas 
mis  au-devant  du  flanc.  On  a  avancé ,  pour  gagner  une 
partie  de  la  hauteur,  un  petit  ouvrage  à  corne.  Le  tout 
eft  enfermé  d'un  foffé  Se  d'un  chemin  couvert.  Il  y  a 
encore  quelques  redoutes  de  pierre.  Au-delà  du  glacis  , 
au-defTus  de  quatre  des  baftions  s'élèvent  de  grands  ca- 
valiers revêtrs.  Les  dedans  de  la  place  font  fort  régu- 
liers,'les  rues  bien  droites  ,  la  place  publique  fermée  de 
bâtimens  neufs,  &  d'une  égale  fymmétrie. 

Le  duc  de  Lorraine  fe  trouvant  à  Paris  ,  en  1718 ,  du- 
rant la  régence,  on  conclut  un  traité  avec  lui,  le  18  Jan- 
vier. Par  le  troinéme  article  de  ce  traité,  le  trente-troi- 
fiéme  de  celui  de  Ryswyck  demeure  reftreint,  &  n'aura 
lieu  que  pour  les  villes  haute  ck  baffe  de  Longwy,  Se 
les  villages  de 


LON 


Mexy, 

A  titra , 

Herferange  , 

Piémont , 

Longlavilles, 

Romain , 

Mont-faint- Martin  , 

Lexi , 

Glaba , 

Rehon , 

qui  font  cédés  au  roi  très-Chretien,  avec  tous  leurs  bancs, 
finages  Se  dépendances,  Se  tout  le  terrein  qui  peut  ap- 
partenir au  domaine  du  duc  ,  dans  l'étendue  desdits  bancs 
&  finages,  foit  qu'ils  excédent  ou  non  la  demi-lieue 
de  circonférence  de  la  place  de  Longwy.  Ces  lieux  de- 
meurent ^  incommutablement  en  toute  fouveraineté  Se 
propriété  au  roi ,  tant  en  vertu  dudit  traité  de  Ryswick, 
que  du  préfent,  pour  en  jouir  par  SaMajefté  Se  fes  fuc- 


ceffeurs ,  comme  le  duc  de  Lorraine  &  fes  prédéceffeurs 
en  ont  jour  ou  dû  jouir.  Le  bois  Mouchot ,  dont  la  com- 
munauté des  habitans  de  Longwy  eft  propriétaire,  fe 
trouvant  fituée  fur  le  territoire  du  village  de  Sonn,  dans 
■la  partie  de  la  prévôté  de  Longwy  ,  qui  demeure  au  duc 
de  Lorraine  ,  il  eft  échangé  contre  la  portion  du  bois  des 
Rrecrutes ,  qui  rentre  dans  la  partie  cédée  à  la  France  ;  de 
forte  que  cette  portion  de  la  forêt  des  Recrutes,  féparéede 
l'autre  partie  par  un  foffé ,  appartienne  aux  habitans  de 
Longwy ,  pour  leur  tenir  lieu  du  bois  de  Mouchot  que 
l'on  cède  au  duc. 

LONIBARE;  AMW£œp>i  ;  Ptolomée,  /.  7,  c.  1,  nomme 
ainfi  la  feptiéme  bouche  du  fleuve  Indus,  c'eft-à-dire  la 
plus  orientale. 

LONIGO,  petite  ville  d'Italie  ,  dans  l'état  de  la  ré- 
publique de  Vénife ,  au  Vicentin  ,  à  quatre  milles  Se 
demi,  au  couchant  d'Orgiano  ,  fur  le  bord  oriental  de 
Fiume-Novo.  Au  midi  occidental,  Se  à  treize  ou  quatorze 
milles  de  Vicence.  *  Magin.  Ital. 

LONJUMEAU.  Voyez  Long-jumeau. 

LONLAY ,  ou  Lonley  ,  Longolatum  ,  bourg  dé 
France,  dans  la  baffe  Normandie,  à  deux  lieues  de  Dom- 
front,  vers  l'occident  feptentrional,  au  diocèfe  du  Mans. 
On  y  tient  marché  trois  fois  la  femaine.  Il  y  a  une  ab- 
baye de  Bénédiftins ,  fondée,  en  iozo,  par  Guillaume, 
comte  de  Belesme;  &  on  y  reçut  la  réforme,  en  1657: 
ce  monaftere  eft  fur  la  petite  rivière  de  Graine ,  qui  va 
groffir  la  Varenne  au-deffous  de  Domfront ,  aux  fron- 
tières du  Maine.  *Corn.  Dift.  De  Cljle,  Normandie. 

LONREY  ,  Longorttum  Se  Longoreu,  monaftere  dé 
France  ,  au  Berri ,  dans  le  pays  de  Brenne.  Flaocad  ,  au- 
trement dit  Flavaud ,  maire  du  palais  royaume  de  Bour- 
togne,  fous  Clovis  II,  touché  de  l'exemple  de  S.  Siran1, 
c  réfolu  de  le  fuivre  dans  fa  retraite,  lui  donna  deux 
fonds  fur  fes  terres ,  dans  le  pays  de  Brenne ,  aux  '  ex- 
trémités du  diocèfe  de  Bourges ,  fur  les  limites  de  là 
Touraine,  pour  y  bâtir  deux  monafteres.  S.  Siran  jetta 
d'abord  les  fondemens  de  celui  de  Méobec ,  ou  Maubec, 
qui  fubfîfte  encore  aujourd'hui ,  à  trois  lieues  de  diftance,  ' 
entre  Argenton  Se  Maizieres  en  Brenne.  Quelque  terns 
après,  ce  faint  alla  bâtir  l'autre  monaftere  fur  la  rivière  de 
Claife,  dans  la  terre  de  Longoret ,  vulgairement  Lonrey^ 
au-deffous  de  Maizieres.  S.  Siran  fe  retira  dans  ce  der- 
nier, après  la  mort  de  Flaocad,  qui  s'étoit  renfermé 
avec  lui,  dans  celui  de  Méobec,  Si  qui  en  étoit  forti  pour 
retourner  au  monde.  Il  en  fut  le  premier  abbé,  après  avoir 
donné  la  conduite  de  Méobec  à  un  autre ,  Se  il  mourut 
quinze  ou  feize  ans  après,  vers  l'an  657.  Ce  lieu  quitta 
depuis,  fon  premier  nom,  pour  prendre  celui  de  S.  Siran, 
qu'il  garde  encore  aujourd'hui ,  avec  Ta  régie  monaftiqœ 
de  S.  Benoît ,  de  même  qu'à  Méobec.  Ces  deux  abbayes 
font  du  diocèfe  de  Bourges;  mais  S.  Siran  eft  de  la  Tou- 
raine ,  quant  à  la  jurisdi&ion  du  temporel. 

LONSDALE ,  bourg  _  d'Angleterre  ,  dans  le  Weft- 
morland  ;  il  a  droit  de  tenir  marché.  *Dél.  de  la  Gr.  Bret. 

LONS-LE-SAUNIER,  ou  Lion-le-Saùnier,  ou 

LlONS-LE-SAUNIER  ,  Ledo-Salinarius  ,  Leodo  ,  ou 
Leodomum,  ville  de  France,  dans  la  Franche-Comté  , 
près  du  duché  de  Bourgogne,  à  huit  lieues  de  Dole, 
Se  à  neuf  de  Châlons ,  fur  la  petite  rivière  de  Solvant 
Cette  ville  ,  que  quelques-uns  appellent  mal-à-propos 
Lion  ,  Lyon  ou  Lions  ou  Lyons  ,  prend  fon  nom  d'une 
auge  ou  mefure  d'eau  falée  ,  laquelle,  en  termes  de 
faunerie,  s'appelle  long.  Gollut.  Rer.  Sequant.  p.  ioz, 
dit  qu'un  long  contient  ving-quatre  muids.  Il  y  a  dans 
cette  ville  un  préfidial ,  une  paroiffe  ,  avec  une  fa- 
miliarité ou  fociété  d'eccléfiafiiques  habitués  ;  quatre 
couvens  de  religieux,  Se  un  couvent  d'Urfulines.  Il  y  a 
une  abbaye  de  filles  qui  profeffent  la  régie  de  S.  Fran- 
çois, fondée,  dans  le  troifiéme  fiécle.  On  y  faifoit  au- 
trefois preuve  de  nobleffe.  La  tradition  du  pays  veut  qua 
S.  Defyré,  évêque  deBéfançon,  foit  né  à  Lons-le-Sau- 
nier,  Se  qu'il  y  ait  été  enterré.  *  Baudrand,  édit.  1705, 
Piganiol  de  la  Force  ,  Descr.  de  la  France,  /.  7,  p.  .571. 

LONTIUM,  ou  LONCIUM,  ancienne  ville,  dans  la 
Norique,  fur  la  route  d'Aquilée  à  Veldidéna,  félon  An- 
tonin  ,  Itiner.  à  dix-huit  mille  pas  SAguntum. 

LONZAC  ,  bourg  de  France,  dans  la  Saintonge,  dio- 
cèfe Se  éleftion  de  Saintes. 

1.  LOO,  maifon  dechaffe  Se  de  plaifance,  aux  Pays- 
bas,  dans  la  province  de  Gueldre,  au  Veluve.  C'étoit 


LOO 


le  lieu  où  les  ducs  de  Gueldre  s'alloient  déiauer  des  fati- 
gues du  gouvernement,  &  prendre  le  divertiffement  delà 
chaire.  Cette  maifori ,  qui  eft  à  diftance  à-peu-près  égale 
du  Rhin ,  de  lTifel  &  du  Zuyderzée ,  eft  dans  l'endroit 
du  pays ,  où  il  y  a  le  plus  de  bois  &  de  collines,  &  abon- 
dance de  gibier,  tant  gros  que  menu.  Elle  a  appartenu 
au  roi  d' Angleterre  Guillaume  ÎÎI ,  qui  y  a  tait  de  grands 
embellifjemens,  tant  pour  les  bâtimens  que  pour  les  jar- 
dins. Elis  appartient  préfentement  au  prince  d'Orange, 
Stadhcuder  de  Fri.re,  Ton  héritier.  Elle  eft  entre  le  bois 
de  Witfen  &  de  Hoochforen ,  à  trois  petites  lieues  de 
Deventer. 

2.  LOO ,  bourg  des  Pays-bas ,  dans  la  Flandre ,  dans 
le  Fume-Ambaght ,  à  deux  lieues  de  Fume  ik  de  Dix- 
muyde.  Ce  font  des  religieufes,  qui  y  vivent,  fous  la 
régie  de  S.  Auguftin.  Le  canal ,  qui  va  de  Fume  à  Loo, 
eft  nommé  Loo-Gracht ,  6c  Loo-Vaïrt ,  &  communique 
à  la  rivière  d'Iferen  par  une  continuation  nommée  Ter- 
Fintele. 

LOOS  ,  abbayede  France,  dans  les  Pays-bas ,  &  dans 
la  Flandre  Françoife,  à  une  lieue  de  Lille.  Elle  fut  fon- 
dée par-Thierri  d'Alface  ,  comte  de  Flandres,  en  1146, 
félon  Baudrand,  idït.  1705.  L'auteur  des  Délices  des 
Pays-bas ,  t.  2  ,  p.  1 94 ,  dit  quelle  fut  fondée ,  l'an  1 147, 
par  Guillaume  ,  feigneur  de  Loos,  &C  dotée  par  Thierri 
d'Alface,  comte  de  Flandres,  l'an  11 52. 

Cette  abbaye  ,  qui  eft  limée  fur  la  gauche  de  la 
Deule  ,  eft  régulière  ,  5j  de  l'ordre  de  Cîteaux.  On  l'ap- 
pelle en  latin  Laus  bcatœ  Marice.  Elle  a  fix  abbayes  de 
filles  fous  fa  dépendance. 

LOOSDUYNEN,  village  des  Provinces-Unies,  en 
Hollande,  au  Delftland,  à  une  lieue  &  demie  de  la 
Haye ,  &  à  deux  de  Delft.  Il  y  avoit  dans  ce  lieu  une 
abbaye  de  filles  ,  de  l'ordre  de  S.  Bernard.  Corneille 
parle  de  ce  monaftere  comme  s'il  fublîftoit ,  ce  qui  n'eft 
pas  vrai.  Dans  l'églife  de  ce  village  eft  un  tableau ,  au- 
deffous  duquel  on  voit  deux  balfins  de  cuivre  jaune.  Le 
rableau  contient  cette  inscription  : 

Margareta  Hermanni  comitis  Henneberce 
uxor'  et  Florentii  comitis  Hollandle  et 
Zelandie.  filia  ;  cujus  mater  fuit  Ma- 
thildis  filia  Henrici  ducis  Brabantie, 
eratrem  quoque  habtjit  Guillelmum  Ale- 
manle  ducem.  hec  prefata  domina  mar- 
gareta  anno  salutis  1276,  ipso  die  paras- 
ceves  hora  nona  ante  meridiem  peperit 
infantes  vivos  promiscui  sexws  numero 
trecentos  sexaginta  quinque ,  qui  post- 
quam  per  venerabilem  d.  guidonem  suf- 
fraganeum   episcopi   trajectensis  ,    prje- 

SENTIBUS  NONNULLIS  PROCERIBUS  ET  MaGNA- 
TIBUS,  IN  PELVIBUS  DUABUS  EX  .ERE  BAPTIS- 
MUM  PERCEPISSENT  ,  ET  MASCULIS  JOANNES , 
FŒMELLIS  VERO  ELISABETH  NOMINA  IMPOSI- 
TA  FUISSENT,  SIMUL  OMNES  CUM  MATRE  UNO 
EODEMQUE  DIE  FATIS   CONCESSERUNT  ,  IN  HOC 

Losdunensi  Templo  SEPULTI  jacent.  Quod 

QUIDEM  ACCIDIT  OB  PAUPERCTJLAM  QUAMDAM, 
ÏŒMINAM  ,  QUE  EX  UNO  PARTU  GE'MELLOS 
INULNIS  GESTABAT  PUEROS  :  QUAM  REM  ADMI- 
RANS  IPSA  COMITISSA  ,  DICEBATQUE  ID  PER 
.DNUM  VIRUM  FIERI  NON  POSSE  ,  IPSAMQUE 
CONTUMELIOSE  REJECIT  :  UNDE  H.EC  PAUPER- 
CULA  ANIMO  PERTURBATA  AC  PERCULSA  PRO- 
LIUM  TANTUM  NUMERUM  AC  MULTITUDINEM 
EX  UNO  PARTU  IPSI  IMPRECABATUR,  QUOT  VEL 
UNIUS  ANNI  DIES  NUMERANTUR.  QUOD  QUI- 
DEM  PRETER  NATURE  CURSUM  OBSTUPENDA 
QUADAM  RATIONE  1TA  FACTUM  EST,  SICUT  IN 
HAC  TABULA  ,  IN  PERPETUAM  REI  MEMORIAM 
EX  VETUSTIS  TAM  MANUSCRÏPTIS  ,  QUAM  TY- 
PIS  EXCUSIS  ClIRONICIS  BREVITER  POSITUM  ET 
NARRATUM  EST. 
DEUS  ILLE  TER  MAXIMUS  HAC  DE  RE  SUSPICIEN- 
DUS,  HONORANDUS,  AC  LAUDIBUS  EXTOLLEN- 
DUS  IN  SEMP1TERNA  SECULA.   A,MEN. 


En  tibi  monftrofum  &  mcmorabik  jacîum 
Quak  nu  à  munii  condhiom  datum. 


LOP  899 

Cette  inscription  même  avertit  que  l'auteur  l'a  dreffée 
'ur  d'anciens  manuscrits ,  &  fur  des  livres  imprimés  , 
c'eft-à-dire  environ  trois  cents  ans  après  le  tems  où  l'on 
fuppofe  que  le  prodige  eft  arrivé.  On  y  a  mis  que  Gui 
qui  les  baptifa ,  étoit  fuffragant  de  l'évêque  d'Utrecht. 
Ceux  qui  ont  débité  cette  fable  les  premiers ,  avoient 
dit  qu'il  étoit  évêque  d'Utrecht  ;  on  avoit  réfuté  la  fa- 
ble ,  en  faifant  voir  que  l'évêque  d'Utrecht  d'alors  n'étoit 
pas  Gui,  mais  Jean  de  NaÛW.  Stockius ,  qui  vivoit  alors 
en  Hollande  ,  n'auroit  pu  ignorer  ce  fait ,  s'il  eut  été 
débité  de  fon  tems  ;  &  il  n'en  dit  rien.  Béka  d'Utrecht, 
qui  vivoit  le  liécle  fuivant,  n'en  parle  pas  davantage,  ni 
aucun  autre  écrivain  avant  le  quinzième  fiécle. 

Du  refte ,  ce  monaftere  fût  bâti  par  Mathilde  de  Bra- 
bant,  mère  de  l'empereur  Guillaume ,  vers  l'an  1267,  * 
deux  mille  pas  de  la  Haye  ,  vers  la  Meufe.  Florent , 
comte  de  Hollande,  en  fait  mention  dans  le  diplôme  de 
l'an  1277  ,  par  lequel  il  attefte  que  fa  tante  Marguerite  , 
comteffe  de  Henneberg ,  étant  à  l'extrémité ,  préfente  6c 
confentante,  a  donné  à  deux  femmes  de  fa  maifon  cer- 
tains biens  de  campagne ,  au  voifinage  du  monaftere  de 
Loësdun.  C'eft  préfenrement  un  aflez  beau  village  de  la 
jurisdiftion  de  la  Haye.  On  y  va  par  une  belle  &  longue 
allée  d'arbres  ,  bordée  d'un  canal  où  paffent  les  barques. 
Sur  la  route  de  la  Haye  à  Loosduynen  on  voit  de  loin 
un  refte  d'églife,  ou  un  cimetière  dans  lequel  les  Catho- 
liques fe  font  enterrer.  Le  village  même  d'Eickenduy- 
nen,  dont  cette  églife  étoit  la  paroiffe,  ne fublîfte  plus. 
1.  LOOTZ,  Looz,  Looss,  (le  comté  de)  pe- 
tit canton  des  Pays-bas ,  au  pays  de  l'évêque  de  Liège  , 
dont  il  fait  partie,  entre  la  Hasbaye  au  midi,  la  Campine 
Liégeoife  au  nord ,  le  duché  de  Brabant  au  couchant , 
&  celui  de  Limbourg  au  levant.  Jean  ,  comte  de  Lootz, 
donna  ce  comté  aux  évêques  de  Liège,  l'an  1302,  au 
cas  que  fa  poftérité  masculine  vînt  à  s'éteindre  ;  ce  qui 
arriva  en  1372.  Borckloén,  ou  Looti,  en  eft  le  chef- 
lieu.  Les  autres  lieux  principaux  font  : 


Tongres,  Herck, 

Saint-Tron,  Haflfelt , 

&  Bilfen. 

Quelques-uns  comprennent  dans  le  comté  de  Loots  la 
Campine  Liégeoife  &  le  comté  de  Horn. 

2.  LOOTZ,  ville.  Voyez  Borckloen. 

LOP.  Les  cartes  de  la  Tartarie  y  mettent  un  défert 
de  Lop.  Quelques-unes  le  confondent  avec  le  Xamo,  ou 
grand  défert  fablonneux.  Witfen  l'en  diftingue  ;  &  des 
cartes  dreffées  fur  (es  lumières  ,  mettent  une  ville  &  un 
défert  de  ce  même  nom  entre  les  fources  de  l'Irtis ,  de 
l'Obi  OC  du  Jéniscéa.  Des  cartes  plus  récentes,  &  fon- 
dées fur  des  connoiflances  prifes  de  relations  combinées, 
ne  mettent  rien  de  pareil  dans  ce  canton-là. 

LOPADIUM ,  lieu  d'Ane.  Nicetas  &  Calchondyle 
en  font  mention.  Ortélius,  qui  les  cite  l'un  &  l'autre, 
infînue  que  Lopadium  étoit  auprès  du  fleuve  Sangar.  Ce 
feroit  une  erreur.  Lopadium  ou  Lopadi  eft  préfentement 
Loubat,  fur  une  colline,  au  pied  de  laquelle  coule  le 
Rhyndacus  des  anciens  ,  que  quelques-uns  appellent  du 
même  nom  que  cette  ville.  Quelques  voyageurs  ont  con- 
fondu Loubat  avec  l'ancienne  Apollonia  ,  en  quoi  ils 
font  trompés.  Abouillona  eft  l' Apollonia  des  anciens ,  & 
Loubat  eu  le  Lopadium  du  moyen  âge ,  &  ces  deux  vil- 
les étoient  auffi  diftinftes  que  le  font  encore  aujour- 
d'hui Abouillona  &  Loubat.  Voyez  ces  deux  ar- 
ticles. 

LOPADIUS-LACUS.  Calchondyle  nomme  ainfi  le 
lac ,  qui  fe  répand  dans  la  mer  en  faifant  beaucoup  de 
détours.  C'eft  le  lac  d'Abouillona  ou  de  Loubat. 

LOPADUSA.  Les  anciens  ont  connu  fous  ce  nom 
l'isle  de  Lampedouse.  Voyez  ce  mot. 

LOPE,  ville  de  la  Chine,  dans  la  province  de  Quangfi, 
au  département  de  Taiping  ,  huitième  métropole  delà 
province.  Elle  eft  de  12  d.  5'  plus  occidentale  que  Pé- 
kin,  fous  les  23  d.  20'  de  latitude.  *  Atlas  Sïntnjh. 

LOPH1S,  rivière  de  Grèce,  dans  la  Béotie,  où  elle 
arrofoit  le  territoire  d'Haliacarte,  félon  Paufanias ,  /.  9, 
c.  33  ,  qui  raconte  une  petite  fable  fur  l'origine  de  cette 
rivière.  Ce  pays,  dit-il,  manquoit  autrefois  d'eau,  &les 
habitans  étoient  fort  en  peine.  Un  des  principaux  alla 
confulter  l'oracle  de  Delphes,  fur  le  moyen  qu'ils  de- 
Tomt  III.    Xxxxx  ij 


ooo           LOR  LOR 

voient  emDlover  pour  s'en  procurer.  La  réponfe  fut  qu'il  ou  un  peu  plus  de  hauteur.  Son  plancher  eft  couvert  de 

devoit  retourner  à  Haliacarte ,  &  tuer  le  premier  qu'il  morceaux  &  de  pouffiere  du  rocher  qui  1  environne  Ceux 

rencontreroit  en  s'en  retournant.  Un  jeune  garçon,  nommé  qui  y  entrent ,  ramaffent  de  cette  terre  qui  eft  blanche ,  & 

Loohïs   fils  de  Parthenomene ,  fut  le  premier  qu'il  trouva  dont  on  dit  que ,  par  un  miracle  particulier ,  la  quantité  ne 

dans'  fo'n  chemin  ;  il  tire  auffi-tôt  fon  épée  &  le  perce  ;  le  diminue  point.  Elle  paffe  pour  un  préfervatif  contre  le 

jeune  garçon bleffé  courut ça&  là;  &  par-toutoùiltomba  venin,  &  guent  des  fièvres     du  mal  des  yeux  Se  d  au- 

àe  fon  fans     i'  en  fortit  des  fontaines ,  &  de-là  venoit  très  incommodités  :  on  en  fait  des  médailles  &  de  petits 

le  nomde  ce'tte  rivière.  Cette  fable  nous  apprend  au  moins  tableaux  qu'on  débite  aux  étrangers.  La  petite  éghfe ,  qui 

eue  cette  rivière  fe  formoit  de  plufieurs  fources  féparées  eft  au-deffus  de  cette  grotte ,  eft  confiderable  par  plufieurs 

S         ,    i'autre  reliques  ,  entre  lesquelles  on  montre  un  bras  de  S.  Paul. 

"lOPΠ    for'terefle  de  la  Chine,  dans  la  province  de  *  Jouvin  de  Roclufort ,  voyage  d'Italie  &  de  Malthe. 

Junnan ,  au  département  de  Juenkiang ,    qui  a  rang  de  LORACINA ,  pente  rivière  d  Italie,  auprès  d  Antium, 

feotiémè  ville  militaire  de  la  province.  Elle  eft  de  1 5  d.  félon  Tite-Live ,  /  23  ,  c.  6  ;  ou  du  moins  elle  n  en  de- 

io'  plus  occidentale  que  Pékin  ,  fous  les  23  d.  53'  de  voit  pas  être  fort  éloignée ,  puifque  le  prêteur  Lucretius 

latitude.  *  Atlas  Sincnjis.  pouvoit  encon du.re    ea  »a^m 

1  LOPING    ville  de  la  Chine  ,  dans  la  province  de  LORASTERE ,  ville  d  Afie  ,  dans  la  Perfe ,  au  Loref- 
Channfi,  au  département  de  Taiyven,  première  métropole  tan.  *Hifi   de  Tirnur-Bec  ,  1.  4,  c.  30.                       _ 
de  cette  province.  Elle  eft  de  3  d.  40'  plus  occidentale  LORBUS    ville  d  Afrique  ,  au  royaume  de  Tunis , 
eue  Pékin,    fous  les  38  d.  34'  de  latitude.  *  Atlas  Si-  en  Barbarie.  Elle  eft  ancienne,  &  fituee  dans  une  belle 

r  plaine  ,  à  foixante  lieues  de  la  ville  de  Tunis  ,  vers  le 

2  '  LOPING  ,  ville  de  la  Chine  ,  dans  la  province  de  midi  ,  du  côté  de  la  Numidie  &  de  la  Libye.  Ceux  dn 
Ouëicheu  au  département  de  Tucho,  huitième  mé-  pays  difent  qu'elle  eft  une  colonie  des  Romains  ,  qu'on 
tropole  de  'la  province.  Elle  eft  de  10  d.  3  5  '  plus  occiden-  appelloit  Turndes.  Ce  mot  Lorbus  eft  un  mot  corrompu 
taie  que  Pékin,  fous  les  26  d.  30'  de  latitude.  *  Atlas  iïVrbs.  Les  campagnes,  dont  elle  eft  environnée ,  font  fi 
Sinen/zs  fertiles  en  bled  &.  en  pâturages  ,  qu'elles  fourniffent  la 

1   LOPING ,  fortereffe  de  la  Chine ,  dans  la  pro-  ville  de  Tunis ,  &  une  partie  de  la  Numidie.  Quand  les 

vince  de  Ouëicheu     au  département  de  Pingvue  ,  qui  a  Goths  entrèrent  dans  le  pays  ,  ils  afliégerent ,  prirent  &: 

le  rang  de  troifiéme  ville  militaire  de  la  province.  Elle  Saccagèrent  cette  place ,  où  la  nobleffe  Romaine  s'étoit 

eft  de  10  d.   39'  plus  occidentale  que  Pékin  ,  fous  les  retirée.  Après  avoir  été  long-tems  déferte,  elle  fe  repeu- 

27  d    io'  de  latitude.   *  Atlas  Sinenfis.  p'a  à  la  façon  d'un  grand  village  ;  &  l'on  y  voit  encore 

4   LOPING,  ville  de  la  Chine,  dans  la  province  de  aujourdhui  les  ruines  des  anciens  édifices ,  de  grandes 

Kiangfi    au  département  de  Jaocheu,  féconde  métropole  ftatues  de  pierres  ,  des  tables  d'albâtre  avec  des  inferip- 

de  la  province    Elle  eft  de  o  d.  8'  plus  orientale  que  Pé-  tions  latines,  des  niches  dans  les  murs  qui  étoient  tous 

kin ,  fous  les  20  d.  33  '  de  latitude.  de  groffes  pierres  de  taille.  Il  y  refte  encore  un  château 

LOPOS ,  peuples  fauvages  de  l'Amérique  méridio-  où  l'on  voit  quelques  canons  de  bronze.  Le 


de  Tu- 
nis y  tient  garnifon  6c  un  gouverneur ,  tant  pour  la  fureté 
de  la  place ,  que  pour  garantir  la  campagne  des  courfes 
des  Arabes  qui  viennent  l'été  de  Numidie ,  pour  y  faire 
paître  leurs  troupeaux  ,  &  s'en  retournent  l'hyver  char- 
gés de  bled.  Entre  ce  château  &  les  deux  quartiers  qui 
font  peuplés  dans  la  ville ,  paffe  un  courant  d'eau  par  un 
canal  tait  d'albâtre.  Cette  eau ,  qui  fait  moudre  plufieurs 
moulins  ,  vient  d'une  fontaine  qui  eft  environ  à  un  jet  de 
pierre  de  la  place.  Les  habitans  font  tous  laboureurs  ou 
tiflèran  ,  &  payent  de  grands  droits  au  roi  de  Tunis. 
On  a  remarqué  qu'ils  font  amoureux  du  changement  & 
ennemis  du  travail.  *  Marmol ,  Afrique ,  t.  %  ,  l.  <$,  c,  30. 
LORCA  ,  ville  d'Efpagne  ,  au  royaume  de  Murcie  , 
Leur  ville  s'anpelloit  Lopsica.  Ce  lieu  eft  d'autant  plus  en  tirant  vers  le  royaume  de  Grenade ,  à  fix  lieues  de  la 
aife  à  reconnoître  ,  qu'il  s'appelle  encore  à  prefent  Lop-  mer  ,  fur  une  hauteur ,  au  pied  de  laquelle  coule  le  Gua- 
SICO.  dalentin.  Cette  ville  eft  honorée  du  titre  de  Cité ,  mais 

LOPSICA     &  f°rt  délabrée ,  quoique  fituée  dans  un  terrein  très-fertile. 

LOPSICO.  Voyez  l'article  précèdent.  Ses  habitans  font  presque  tous  des  Maures  convertis  &£ 

LOQUABRE;  c'eft  la  même  province  d'Ecoffc  que     baptifés,que  les  Efpagnols appellent  Chriflianos  nuevos . 
l'on  appelle  Lochabar,  Lochaber & Loquhabip  ;'    '     '"-'  --"  A-    • 

LOQUERA  ,  bourgade  d'Espagne  ,  dans  laNouvell 


nale ,  au  Bréfil.  Ils  font  voifins  des  Motayes ,  petits  de 
taille,  de  couleur  brune,  foit  hommes,  foit  femmes,  de 
mœurs  rudes  &  farouches ,  &  moins  femblables  à  des 
hommes  qu'à  des  bêtes.  Ils  fe  tiennent  dans  les  monta- 
gnes, où  ils  vivent  de  pignons  &  de  fruits  fauvages.  Cette 
contrée  abonde  autant  en  métaux,  &  en  pierres  précieu- 
fes,  qu'aucune  autre  de  cette  partie  de  l'Amérique;  mais 
elle  eft  fi  éloignée  de  la  mer ,  qu'on  n'y  peut  aller  que 
très-difficilement.  *  Corn.  Dift.  De  Lait,  Ind.  occid. 
I.  I S  ,  c.  4- 

LOPPEN,  (l'isle  de)  &  la  terre  de  Loppe. 
Voyez  Isle  &  Laponie. 

LOPS  ,  ancien  peuple  de  la  Liburnie,  félon  Plh 


Caftille",  aux  confins  du  royaume  de  Murcie ,  près  de 
Caravaca.  Quelques  auteurs  la  prennent  pour  l'ancienne 
Lacuris. 

LOR  ,  nation  d'Ane  dans  la  Perfe  ,  au  Koureftan. 
Il  en  eft  fait  mention  dans  l'Hiftoire  de  Timur-Bec, 
/.  2,  c.  61  ,  p.  431). 

1.  LORA,  ville  d'Espagne ,  dans  l'Andaloufie  ,  près 
du  Guadalquivir ,  à  fept  lieues  au-deffus  de  Séville,  à 
l'orient,  en  paffant  par  Cordon.  *Baudr.  éd.  1705. 

2.  LORA,  ville  d'Espagne,  au  royaume  de  Grenade. 
Voyez  Llora. 

LORABATTO,  gros  village  de  l'ifle  de  Malthe.  à 
demi -lieue  de  Citta  -  Vechie  ,  ou  de  la  vieille 
cité ,  félon  Corneille.  Il  n'a  pas  fu  apparemment  que  Lo 
n'eft  que  l'article ,  &  que  le  nom  du  village  eft  Ra- 
BATTO.  Quoi  qu'il  en  foit ,  il  ajoute  :  il  y  a  dans  ce  vil- 
lage une  grande  églife  toute  neuve,  à  côté  de  laquelle 
on  descend  par  plufieurs  degrés,  fous  une  plus  petite, 
dans  une  grotte  où  l'on  voit  deux  chspelles  proche  de  la 
petite  grotte  où  S.  Paul  étant  à  Malthe  fe  retiroit.  La 
grotte ,  qui  renferme  la  petite ,  eft  taillée  dans  le  rocher 
qui  lui  fert  de  voûtes  &  de  murailles.  Elle  a  environ 
trois  toifes  d'étendue  Se  une  de  hauteur.  La  petite ,  qui 
éft  à  côté,  en  façon  de  petit  cabiner ,  &  où  S.  Paul  fe 


&  dont  ils  font  fort  peu  de  ca*  ;  ce  qui  fait  que,  faute  d'ê- 
tre admis  dans  le  commerce  de  la  vie  civile  fur  le  même 
pied  que  les  vieux  Chrétiens,  ils  font  groffiers,  impolis  , 
&  peu  accueillans  ;  car  comme  ils  font  fort  méprilës  de 
ceux  qui  font  parade  de  l'ancienneté  de  leur  Chriftianif-- 
me  ,  ils  tâchent  de  fe  dédommager  en  leur  rendant  la  pa- 
reille. Autrefois  cette  ville  étoit  le  fiége  d'un  évêché  ,  fous 
le  nom  A'Eitocroca ,  mais  il  y  a  long-tems  qu'elle  ne  l'eft 
plus  ;  c'eft  Carthagene  qui  jouit  en  partage  de  cette  di- 
gnité avec  Murcie  ,  comme  nous  le  difons  ailleurs. 
Cette  ville  n'a  d'ailleurs  rien  de  fort  confiderable.  Au 
commencement  du  fiécle  pafle ,  les  Maures ,  qui  furent 
chafles  par  le  redoutable  édit  de  Philippe  III,  tâchoieut 
defe  venger  par  de  fréquentes  courfes,  le  long  des  côtes 
de  Murcie  &  de  Grenade ,  dont  les  habitans  en  étoient 
fouvent  incommodés.  Comme  la  campagne  de  Lorca 
étoit  une  des  plus  expolées  aux  incurfions  de  ces  cor- 
faires  ,  elle  en  foufiroit  extrêmement.  Un  jour  une 
bande  de  ces  miférables  s'y  étant  jettée  brusquement, 
ils  enlevèrent  un  haras  de  chevaux  avec  le  garçon  qui 
les  gardoit ,  lequel  feignant  de  ne  pas  pouvoir  courir  , 
les  pria  de  lui  permettre  de  monter  à  cheval ,  afin  de 
les  pouvoir  mieux  fuivre  ;  ce  qui  lui  fut  accordé.  A 
peine  fut-il  monté  fur  une  jument  qui  étoit  en  chaleur, 
qu'il  donna  des  deux  ,  &t  commença  de  courir  au  grand 
galop  vers  la  ville.  Les  chevaux  fui  virent  la  jument;  & 


repofoit ,  n'a  d'étendue  qu'une  toife  ,  &  qu'une  demie,     les  Maures  n'ayant  ni  des  brides  pour  les  gouverner,  ni 


LOR 


refprit  de  fe  couler  à  terre ,  furent  emporté';  à  Lorca ,  où 
ils  turent  pris  comme  des  lots.  *  Vairac ,  Etat  de  l'Elpa- 
gne ,  t.  i ,  p.  162. 

i.  LORCH  ,  Lauriacum ,  ou  Laurcacum ,  autrefois 
ville  principale  de  la  Norique  ,  dans  l'illyrie  occidentale , 
ck  le  fiége  d'un  archevêché  ,  avant  que  la  dignité  de 
métropole  eût  été  transférée  à  Saltzbourg,  6k  le  fiége 
épifcopal  à  Paffau.  Lorch,  qui  avoit  été  célèbre  du  tems 
des  Romains ,  fut  encore  la  capitale  de  la  Bavière  orien- 
tale ,  que  l'on  appelle  maintenant  Y  Autriche,  au  feptiéme 
ckau  huitième  fiécle.  S.  Rupert,  évéque  de  Saltzbourg, 
&  apôtre  de  Bavière ,  y  fit  alors  beaucoup  de  conver- 
sons. Ce  n'eft  plus  qu'un  village  fiir  le  Danube  ,  fur  le 
bord  méridional  de  ce  fleuve ,  vis-à-vis  de  Mathaufen  , 
qui  eft  fur  le  bord  feptentrional ,  &  où  Ton  pafiè  par  un 
pont.  Comme  la  Lauriacum  ou  Laureacum  des  anciens 
doit  avoir  été  l'Ens  dont  Lorch  eft  allez  éloigné ,  cela 
favorife  ie  fentiment  de  ceux  qui  croient  que  cet  ancien 
lieu  n'éroit  pas  à  Lorch  ,  mais  à  Ens.  *  Bailla ,  Topogr. 
des  Saints ,  p.  270. 

2.  LOR.CH.  Voyez  Lorsch. 

3.  LORCH  ,  Lorjacum  ,  ou  Laureacum  ,  ancienne  ab- 
baye de  l'ordre  de  S.  Benoît,  dans  le  Wurtemberg ,  en- 
tre SchorndorfFau  couchant ,  &  Gemund  au  levant.  Plu- 
fïeurs  ducs  de  Suabe,  ik  quelques  empereurs,  y  ont  eu 
leur  fépulture.  Elle  eft  aujourd'hui  Luthérienne. 

LORCHER,  château  de  France,  en  haute  Normandie, 
diocèib  de  Rouen  ,  dans  le  pays  de  Caux ,  avec  châtel- 
lenie,  en  latin  Cafrum-A.uricherium.  Il  eft  fitué  au  haut 
de  la  côte  de  la  Seine ,  fur  la  paroiflè  de  Gonfreville ,  une 
lieue  au-deïïus  de  Harfleur ,  6k  une  petite  lieue  au-def- 
fous  d'Oudale.  Ce  château  bâti  à  l'antique ,  flanqué  de 
quatre  grofles  6k  hautes  tours  quarrées  ,  avec  des  foffés 
profonds ,  ponts-levis  6k  bâtimens  logeables ,  eft  accom- 
pagné de  grandes  avenues  d'arbres  6k  d'un  bofquet  ,  au 
pied  duquel  il  y  a  une  fource  d'eau  douce  qui  forme  un 
petit  ruiffeau.  La  châtellenie  de  Lorcher  a  trois  paroiffes 
en  feigneuries  6k  patronage  dans  fa  dépendance  ,  favoir 
Gonfreville,  Rogerville  &  Angerville- Lorcher.  Cette 
dernière  eft  une  très-groffe  paroiffe  fituée  entre  Graim- 
bonville  6k  Maneglife ,  Se  compofée  de  cinq  cents  com- 
munians.  Les  terres,  qui  en  dépendent,  portent  quantité  de 
grains  ,  de  lin  &  de  chanvre.  Du  château  de  Lorcher 
on  découvre  fept  lieues  de  la  Seine ,  depuis  Quilleboeuf 
jufqu'au  Havre  ;  6k  Ton  voit  l'abbaye  de  Greftain  6k  la 
ville  de  Honfîeur  qui  font  vis-à-vis  ,  de  l'autre  côté.  En 
defeendant  du  côté  de  Harfleur,  on  trouve  à  mi-côte  une 
chapelle  de  dévotion  du  titre  de  Notre-Dame,  des  Bois , 
ck  au  pied  de  la  côte  une  autre  chapelle  fondée  en  l'hon- 
neur de  S.  Dignefort.  Ces  deux  chapelles  font  fur  la  pa- 
roiflè de  Gonfreville.  *  Corn.  Dift.  Mémoires  dreflës  fur 
es  lieux,  en  1704. 

LORDAC.  (la  forêt  de)  forêt  de  France,  en  Lan- 
guedoc ,  dans  la  maîtrife  des  eaux  6k  forêts  de  Pamiers  : 
elle  eft  de  9825  arpens. 

C'eft  encore  le  nom  d'une  barennie,  à  deux  lieues  6k 
demie  au  iùd  -  eft  de  Tarafcon.  Cette  baronnie  s'étend 
vers  les  frontières  des  diocèfes  d'Alet  6k  de  Mirepoix.  Il 
y  a  un  beau  château  qui  a  donné  l'on  nom  à  une  ancienne 
maifon  qui  fublîfte  encore. 

LORÉA  ,  ville  épifcopale  d'Afie,  dans  l'Arabie,  fous 
Boftra,  métropole.  On  la  trouve  dans  une  Notice  par- 
ticulière du  patriarchat  d'Antioche  ,  6k  dans  la  Notice 
générale  écrite  par  l'évêque  de  Cathare,  fous  le  pape 
Jean  XXII. 

LOREDO  ,  ou  Loréo  ,  Lontum  ,  petite  ville  d'Ita- 
lie ,  dans  l'état  de  Venife ,  dans  le  Dogmat,  entre  des 
marais  ,  fur  un  canal  qui  communique  du  Pô  dans  l'A- 
dige  ,  à  cinq  ou  fix  milles  de  la  côte  du  golfe  de  Venife 
au  couchant. 

LORENI ,  ancien  peuple  d'Afie  dans  la  Lydie ,  félon 
Pline,  /.  5  ,  c.  29.  Ce  peuple  a  difparu  dans  l'édition  du 
P.  Hardouin. 

LORENSIS  ;  Ortelius  dit  Lorenfis  defertum ,  interBur- 
gundiam  ,  Alemaniamque ,  Aventicœ  ditioni  adjacens. 
En  premier  lieu ,  il  a  tort  de  n'avoir  pas  mis  le  mot  d'E- 
remus  ,  au  lieu  de  Defertum  ,  qui  étant  neutre ,  s'accorde 
mal  avec  Lorenfis.  En  fécond  lieu  ,  Lorenfis  eft  une  faute 
de  copifte.  Il  faut  lire  Jurenfis.  Voici  le  paffage  de  Gré- 
goire de  Tours  ,  Vitce  Patrum  ,  c.  1  ,  p.  1 146  ,  cité  par 
Ortelius.  ffi  communi  eonfenfu  eremum  petunt,  &  acce- 


LOR  90I 

dentés  fimul  inter  illa  Jurenfis  deferti  fecreta  qua  inttr 
Burgundiam  ,  Alemaniamque  fita  Aventicce  adjacent  ci- 
vitati  ,fignaculafigunt,  proftratique Jblo  Dominum  die- 
bus fingulis  cum  pfallentii  modulamine  deprecantur ,  ckc. 

1.  LOREO  ,  ville  dans  la  partie  feptentrionale  de  l'ifle 
de  Négrepont ,  félon  Corneille ,  Dicl.  qui  dit  que  c'eft 
YOreum  des  anciens.  11  devoit  dire  Oreus.  Voyez  ce 
mot. 

Corneille  a  tort  d'appeller  cette  ville  Loreo  ;  elle  fe 
nomme  Oreo. 

2.  LOREO.  Voyez  Loredo. 

_  LOLES  ;  (les)  lhiftorien  de  Timur-Bec  nomme 
amfi  les  habitans  du  Loreftan  6k  du  Curdiftan. 

LORESTAN ,  eu  le  pays  de  Lor  ,  ou  Lour  ,  pays 
de  Perfe  ,  dans  le  Khouziftan  dont  il  faifoit  partie. 
D'Herbelot,  Biblioth.  orient,  en  parle  ainfi  :  il  ne  faut 
pas  confondre  le  pays  de  Lor  avec  celui  de  Lar  ou  le  ' 
Lariftan  ,  qui  s'étend  le  long  du  golfe  Perfique  ;  celui 
de  Lor  ou  de  Lour  eft  montagneux ,  aux  confins  des  deux 
Iraques ,  l'Arabique  6k  la  Perfierme.  Il  dépendoit  autre- 
fois du  Khouziftan  qui  eft  l'ancienne  Sufiane.  Ce  pays 
s'eft  peuplé  peu-à-peu  par  des  colonies  de  Curdes  ;  de 
forte  qu'il  eft  aujourd'hui  compris  dans  ce  que  nous  ap- 
pelions le  Curdiftan  qui  fait  partie  de  l'Affyrie.  Le  pays 
de  Lor  eft  très-abondant  en  toutes  fortes  de  fruits.  Sa 
principale  fortereffe  s'appelle  Berougierd,qu\  eft  fort  pro- 
che de  Hamadan.  Depuis  les  auteurs  que  D'Herbelot  a 
fuivis,  il  faut  que  les  chofes  ayent  bien  changé,  ou  que 
De  l'ifle  ait  été  bien  trompé  par  les  Mémoires  qu'il  a 
fuivis  dans  fa  Carte  de  Perfe,  en  1724.  Selon  lui,Bu- 
rugerd ,  qui  eft  le  Berugierd  de  D'Herbelot ,  fe  trouve 
presqu'au  milieu  de  l'Irac-Agémi,  ou  Iraque  Perfienne, 
6k  par  conféquent ,  bien  loin  de  Laureftan ,  dont  De 
l'ifle  qui  écrit  ainfi  :  ce  nom  ne  fait  qu'un  canton  très- 
petit,  qu'il  fépare  du  Choufiftan  ou  Khoufiftan  par  une 
chaîne  de  montagnes,  au  fud-oueft.  La  rivière  d  En- 
dian  ou  de  Tab  en  eft  la  borne  au  fud-eft  ,  6k  une  ligne 
imaginée  depuis  cette  rivière  jusqu'au  Zenderoud  achevé 
d'enfermer  ce  pays  vers  le  nord.  Le  Zenderoud  a  fa  fource 
dans  le  Laureftan  ,  auprès  d'une  fontaine  nommée  Ab 
Kurren  ;  plus  loin  ,  au  nord  oriental  de  cette  fontaine, 
eft  la  capitale  qui  donne  le  nom  au  pays.  De  l'ifle  la 
nomme  Laureftan  comme  le  pays.  Mais  le  nom  même 
de  Laurejlan  ou  Loreftan  ne  veut  dire  que  le  pays  de 
Lor,  ou  Laur ;  ck'LoR,  ou  Laur,  ou  Lour,  eft  le 
nom  delà  capitale.  Vers  la  pointe  méridionale  du  pays 
eft  le  mont  Adeiwan  qui  eft  un  volcan.  Sanfon  ,  mif- 
fionaire  apoftolique  ,  écrit  auffi  Laureftan  ,  6k  dit  que 
c'eft  le  royaume  des  Elamites  ,  où  Chordorlahomor 
régnoit  dès  le  tems  d'Abraham.  Il  confine,  dit-il,  à  la 
feigneurie  de  Goulpakan  à  l'orient ,  à  la  Sufiane  au  midi , 
au  fleuve  Tigre  à  l'occident,  ck  à  la  Médie  inférieure 
au  feptentrion.  Ccurmaeat  eft  fa  ville  cap;tale.  Ce 
n'eft  qu'une  fortereffe  qui  n'a  rien  de  confidérable  que 
le  palais  du  gouverneur,  6k  des  boutiques  magnifiques 
que  le  dernier  Vali  y  a  fait  bâtir.  Ce  Vali  fut  déca- 
pité à  Casbin.  Le  Laureftan  de  Sanfon  6k  celui  de  De 
l'ifle  n'ont  rien  de  commun  que  le  nom  ;  mais  celui  de 
Sanfon  paraît  plus  autorifé.  Le  millionnaire  avoit 
fait  un  long  féjour  en  Perfe;  il  avoit  même  fréquenté 
le  Vali  du  Laureftan  dans  fa  capitale ,  6k  eft  fort  croya- 
ble dans  ce  qu'il  en  dit  :  outre  cela,  l'idée  qu'il  en  donne 
s'accorde  avec  Cherefedin  Ali,  qui,  dans  l'Hiftoire  de 
Timur-Bec,  /.  3  ,  c.  32  ,  dit  :  enfuite  il  envoya  des 
partis  de  cavalerie  en  tous  les  quartiers  de  ce  royaume 
de  Loreftan  ,  pour  en  exterminer  les  perturbateurs  6k 
les  voleurs  de  grands  chemins ,  6k  faire  ceffer  les  défor- 
dres.  Timur  étant  parti  de  devant  Coram  Abad  ,  (c'eft 
Courmabat  de  Sanfon,)  marcha  du  côté  de  Toftar;  6k 
d'abord  qu'il  prenoit  fon  logement  à  la  fin  de  la  jour- 
né  ,  il  mettoit  de  braves  gens  en  embufeade  dans  des 
détroits  proche  des  chemins  ;  6k  le  foir  ,  à  mefure  que 
les  voleurs  Lores  defeendoient  des  montagnes  pour  fe 
retirer  en  leurs  cabanes ,  ils  leur  ôtoient  la  vie  à  coups 
de  cimeierres  6k  de  lances.  Ces  Lores  de  l'hiftorien 
Arabe  ne  font  aucunement  difr'érens  de  ce  que  l'Hiftoire 
dde  la  dernière  révolution  appelle  la  nation  des  Lor- 
riens.  Le  P.  du  Cerceau,  Jéfuite,  qui,  pour  le  dire  en 
paflant,  eft  l'auteur  de  dette  Hiftoire ,  dit  ,  t.  1  ,  p.  67  , 
qu'il  avoit,  à  quelques  lieues  de  la  ville  d'Ifpahan ,  deux 
nations  fort  braves ,  qui  y  vivoient  fous  des  tentes ,  à  la 


902  LOR 

manière  des  Tartares.  L'une  fe  nommoit  la  nation  des 
Loriens ,  &  l'autre  la  nation  des  Bachtilariens.  Cha- 
cune des  deuxpouvoit  mettre  fur  pied  une  armée'  de 
vingt  mille  hommes. 

i.  LORETTE ,  ville  d'Italie  ,  dans  l'état  de  l'églife, 
dans  la  Marche  d'Ancone ,  fur  une  montagne ,  à  trois 
milles  de  la  côte  du  golfe  de  Venife.  Outre  fa  fituation 
avantageufe ,  elle  elt  défendue  par  de  bonnes  murailles 
&  deux  grofles  tours  qui  font  aux  deux  portes ,  &  qui 
lui  fervent  d'arfenal.  Léon  V  &  Sixte  V  les  firent  bâ- 
tir pour  arrêter  les  courfes  des  Turcs  qui  attiraient  à 
ce  lieu  les  immenfes  richeffes  du  thréfor  de  cette  églife. 
Lorette  eft  un  fort  petit  lieu,  quoique  ce  foit  le  fiége 
d'un  évëqce.  Elle  n'eft  peuplée  que  d'eccléfiaftiques , 
de  quelques  marchands  de  chapelets ,  de  médailles  bé- 
nites &  d'autres  images ,  &  de  quelques  hôteliers  qui 
logent  les  pèlerins  qu'y  attire  continuellement  la  fa- 
meufe  Cafafanta. 

Devant  l'églife  il  y  a  une  grande  place  ornée  d'une 
belle  fontaine  remplie  de  figures  qui  jettent  l'eau  en 
abondance.  Auprès  de  la  grande  porte  on  voit  aufli  en 
bronze  la  flatue  de  Sixte  V  qui  a  le  plus  contribué  à 
l'embelliffement  de  ce  lieu.  L'églife  eft  portée  fur  de 
grands  piliers  entre  lefquels  font  plufieurs  autels  &c  des 
chapelles  ,  &  dans  le  milieu  de  la  croifée  eft  un  grand 
dôme  couvert  de  plomb. 

Le  deffein  du  portail  de  l'églife  eft  bien  inventé  & 
encore  mieux  exécuté.On  y  voit  ces  mots:  Grégorio  XIII, 
Pontifia  Optimo  Maximo  ,  Philippo  Cardinale  Wajla- 
villa Proteclorc ,  Anno  1583.  Tout  au  haut  font  les  ar- 
mes de  Sixte  V  ,  avec  cette  inscription  :  DeipaRjE 
Domus  IN  qua  Verbum  Caro  factum  est. 
Plus  bas  eft  l'image  de  Notre-Dame  en  bronze.  D'un 
côté  du  portail  on  trouve  ces  mots  :  Sixlus  F  ,Pond- 
fex  Maximus  Ecclefiam  hanc  ex  Colleùatâ  Cathedratem 
conflituit,  XVlApril.  Anno  MDLXXXVI.  Ceft-à- 
direque  cette  églife,  qui  n'étoit  qu'une  fimple  collégiale, 
devint  cathédrale  fous  Sixte  V,  qui  l'honora  d'un  fiége 
épiscopat,  le  16  Avril  1586.  Vis-à-vis  eft  cette  autre 
inscription  :  Sixtus  V  Pontifex  Maximus  Picenus  Lau- 
rentum  oppidum  epifcopali  Dignitate  ornatum  Civitatis 
juredonavit.AnnoMDLKKXVl,Pontificatus  I.  C'eft 
la  date  de  Fére&ion  de  ce  bourg  en  cité  par  le  même 
pape.  Des  deux  côtés  font  ces  mots  :  Philippus  Car- 
dinalis  Wafiovilla   Proteclor. 

L'églife,  qui  eft  du  deffein  du  célèbre  Bramante  ,  a 
été  commencée  par  Pau!  II ,  achevée  par  Pie  V ,  &  or- 
née par  Sixte  V  de  fculptures,  de  peintures  ,  &  de 
tout  ce  que  l'art  peut  inventer  de  plus  beau.  Cet  édi- 
fice ne  fert ,  pour  ainfi  dire ,  que  d'étui  à  un  autre  édi- 
fice pour  lequel  on  a  d'autant  plus  de  vénération,  que 
l'on  tient  que  c'eft  la  même  chambre  où  Jefus  -  Chrift 
s'eft  incarné ,  &  où  la  fainte  Vierge  lui  a  rendu ,  du- 
rant fon  enfance ,  tous  les  devoirs  que  fa  piété  &  fa 
qualité  de  mère  lui  infpiroient.  Peu  de  perfonnes  igno- 
rent la  manière  miraculeufe  dont  cette  chambre  fut  trans- 
portée de  la  Paleftine  dans  la  Marche  d'Ancone.  Ceux 
qui  voudront  en  être  inftruits  particulièrement  n'ont  qu'à 
lire  l'Hiftoire  qu'en  a  donnée  le  père  Turfelin.  LzCafa 
fanta  ne  confide  qu'en  une  feule  chambre  d'environ 
trente-deux  pieds  de  hauteur,  treize  de  largeur,  &  environ 
dix-fept  de  longueur.  Une  image  de  la  fainte  Vierge  en 
fculpture,  &  que  l'on  dit  être  l'ouvrage  de  faint  Luc, 
haute  de  quatre  pieds  ou  environ  ,  eft  ornée ,  félon  les 
diverfes  fêtes,  de  robes  d'un  prix  ineftimable.  Sa  triple 
couronne,couverte  de  joyaux  très-précieux,eft  un  préfent 
de  Louis  XIII ,  roi  de  France  :  elle  eft  dans  une  niche 
aux  deux  côtés  de  laquelle  il  y  a  deux  armoires  pleines 
des  anciens  ornemens.  Le  manteau  de  la  fainte  Vierge 
eft  quelquefois  orné  d'une  quantité  prodigieufe  de  pier- 
reries. Ce  ne  font  aufli  tout  alentour  que  lampes ,  fta- 
tues,  buftes  &£  autres  figures  d'or  &  d'argent.  Sans 
parler  des  candélabres  d'argent  &  de  vermeil  qui  font 
au  nombre  de  vingt-huit,  il  y  en  a  douze  d'or  maffif, 
deux  desquels  pefent  trente-fept  livres  chacun.  La  cham- 
bre du  thréfor  eft  un  endroit  fpacieux;  dix-fept  grandes 
armoires  à  doubles  battans,  en  lambriffent  les  murs, 
&  la  voûte  eft  de  ftuc  à  compartimens  dorés  &c  en- 
richis de  belles  peintures.  Ces  armoires  font  remplies 
d'offrandes  très-riches.  L'or  pur,  les  pierres  de  grand 
prix,  ôt  les  vafes  plus  précieux  encore  que  l'or  ,  rem- 


LOR 


pliffent  tellement  ces  armoires ,  qu'il  n'y  refte  point  de 
place  pour  l'argenterie  qui  eft  entaffée  dans  la  chambre 
du  thréfor.  Ces  richeffes  fe  font  accumulées  par  la  li- 
béralité de  tous  les  peuples  ,  de  tous  les  princes ,  & 
de  tous  les  états  qui  reconnoiffent  l'autorité  du  faint 
fiége. 

Il  y  a  un  palais  magnifique  tout  auprès  de  l'églife. 
C'eft  où  logent  l'évêque  ,  le  protecteur,  le  gouverneur, 
les  Jéfuites  pénitenciers  &C  plufieurs  autres.  Le  deffein 
en  fut  donné  par  Bramante,  fous  le  pontificat  de  Sixte  IV. 
L'édifice  fut  commencé  par  Jules  II,  continué  par  Clé- 
ment VII,  PaullII,  Pie  IV  ,  Grégoire  XIII,  jusqu'au 
tems  d'Urbain  VIII,  fous  lequel  il  fut  achevé. 

Le  pape  Léon  X  donna  au  bourg  de  Lorette  un  gou- 
verneur &  un  vicaire  pour  les  affaires,  tant  civiles  qu'ec- 
cléfiaftiques.  Jules  II  rendit  le  gouverneur  maître  de 
ces  deux  jurisdictions  ,  &  voulut  être  lui-même  le 
protecteur.  Sixte  IV  y  augmenta  le  nombre  des  prêtres. 
Innocent  VIII  y  mit  les  Car'mes  :  Jules  II  déclara  l'églife 
chapelle  pontificale.  Léon  X  la  fit  collégiale.  Clément  VIII 
en  augmenta  les  officiers.  Sixte  V  en  fit  une  cathédrale 
&  érigea  Lorette  en  cité. 

Le  premier  protecteur  fut  le  cardinal  Jérôme  de  la 
Rovere ,  au  tems  de  Sixte  IV.  Depuis  ,  la  protection  eft 
reliée  entre  les  mains  des  cardinaux.  Le  protecteur  choifit 
un  chanoine  qui  a  foin  du  thréfor.  Un  autre ,  qui  fait 
les  fonctions  curiales,  a  trois  clercs  qui  gouvernent  la 
fanta  Cafa.  L'évêque  prend  parmi  les  chanoines  un  pé- 
nitencier &  trois  perfonnes  qni  adminiftrent  les  facrt- 
mens  aux  pèlerins ,  de  plus  un  chanoine  qui  a  foin  du 
chœur  &  de  la  facriftie  épiscopale.  Jules  III  y  envoya 
S.  Ignace  acecompagné  de  quatorze  pères  de  fa  com- 
pagnie ,  qui  y  firent  l'office  de  pénitenciers  ;  6z  les  Jé- 
fuites ont  continué ,  depuis  ce  tems ,  avec  beaucoup  de 
fruit  &  de  confolation  pour  les  pèlerins.  Parmi  plufieurs 
fouverains  pontifes  bienfaiteurs  de  cette  églife,  LéonX, 
Grégoire  XIII ,  &  fur -tout  Sixte  V,  fe  font  fignalés. 
Parmi  les  cardinaux,  on  doit  diftinguer  le  cardinal  An- 
tonio Maria  qui  a  dépenfé  de  grandes  fommes  à  l'em- 
bellir. 

Cet  article  eft  compofé ,  en  général,  fur  les  Mémoires 
de  divers  voyageurs ,  tels  que  font  le  chanoine  Doub- 
dan  ,  Miffon  ,  &  le  Journal  du  voyage  d'un  gentilhomme 
François  en  France  &  en  Italie  ;  &  on  y  a  ajouté  ce 
que  l'on  a  appris  verbalement  de  quelques  autres  per- 
fonnes qui  ont  été  fur  les  lieux. 

2.  LORETTE ,  ou  Loreto,  ville  d'Italie,  au  royaume 
de  Naples ,  dans  l'Abbruze  ultérieure  ,  avec  titre  de 
duché,  félon  Davity  de  qui  Corneille  l'a  emprunté. 

3.  LORETTE,  (le  canal  de)  petit  bras  de  l'Ar- 
chipel. Il  fait  une  partie  de  l'Euripe  qui  fépare  Fifle  de 
Négrepont  de  la  terre  ferme.  *  Corn.  Dict. 

4.  LORETTE  ,  félon  les  Lettres  édifiantes ,  t.  5  , 
Carte,  &  p.  259  .place  de  l'Amérique  feptentrionale , 
dans  la  partie  méridionale  de  la  Californie  à  l'orient, 
au  bord  de  la  mer  Vermeille  ,  vis-à-vis  de  Fille  de 
Carmen ,  au  pays  de  Concho  ;  de-là  vient  que ,  pour 
la  diftinguer, elle  eft  nommée  dans  les  Relations  Lo- 
rette-Concho.  Les  PP.  Jéfuites  y  ont  une  miffion, 
dan;  le  département  de  laquelle  il  y  a  neuf  bourgades , 
favoir  : 

fLiGGiGÉ,  à  deux  lieues      1 

Vers  le  nordJjETTY,  à  trois  lieues  j 

(Ttjiddu  ,  à  quatre  lieues     I 

fVoNU,  à  deux  lieues  1 ,  /->      l 

Numpolo  ,  à  quatre  lieues  ^eConcha. 

tr      .       ...    Chuyenqui,  à  neuf  lieues 

Vers  Ie  midl-  Liggui  ,  à  douze  lieues 

ITripue,  à  quatorze  lieues 
[&C  Loppu  ,  à  quinze  lieues   ) 

5.  LORETTE,  village  de  Suiffe,  au  canton  d'Ury, 
dans  le  Schœchen-Tlial.  II  y  a  une  chapelle.  *  Etat  & 
Délices  de  la  Suiffe,  t.  2  ,  p.  422. 

LORETO,  ru.ffeau  d'Italie,  dans  la  Calabre  cité- 
rieure.  C'eft  le  plus  confidérable  de  ceux  qui  fe  jettent 
dans  le  Trionto.  *  Magin  ,  Carte  d'Italie. 

LORETZ ,  (  LE  )  rivière  de  Suiffe  ,  au  canton  de  Zug. 
Elle  a   fa  fource  dans  le  lac  d'Egeri ,  nommé  fur  la 


LOPv 


Lo 


Carte,  EgerîSÉE,  d'où,  ferpentant  vers  le  r.ord-oueft 
entre  les  villages  d'Unter-Egeri ,  d.  Alk-'inden ,  g.  Schoiî- 
brun,  d.  Vildeberg,  g.  Deynikon ,  d.  elle  fe  partage 
en  ■  deux  branches,  &  forme  une  ifle  allez  longue  en- 
tre les  villages  de  Blickenftorff,  d.  &  Baar,  g.  &  fe 
perd  au  nord  de  Zug  dans  le  lac  de  Zug ,  qu'elle  tra- 
verfe  dans  fa  patrie  feptentrionale  :  de-là  elle  coule  vers 
le  nord  -  oueft  en  circulant  fans  ceffe  jufqu'aux  confins 
du  canton  de  Zurich  ;  après  quoi ,  elle  coule  entre  ce 
canton  &  celui  de  Zug,  jufqu'à  ce  qu'elle  rencontre  la 
Ruff,  dans  laquelle  elle  fe  perd.  *  Scheuchçer,  Carte  de 
la   Suifle. 

LOREY,  (le)  bourg  de  France,  en  Normandie, 
dans  le  Côtentin. 

LORGHA ,  bourg  d'Irande ,  dans  la  province  de  Mun- 
îler,  au  comté  de  Tipérari,  prèsduShannon  ,  au-deflus 
du  lac  de   Berg.  *  Baudrand,  édit.  1705. 

LORGIT^E  ,  ancien  peuple  entre  les  troupes  qu'An- 
nibal  laifla  à  fon  frère  Asdrubal ,  pour  défendre  l'Espa- 
pagne  contre  les  Romains  ,  félon  Polybe,  /.  3  ,  c.  33. 
Ortélius  a  eu  raifon  de  dire  que  c'étoit  un  peuple  d'A- 
frique. Cependant  quelques  interprètes  de  Polybe  ont 
voulu  dépayfer  ces  Lorgites  pour  en  faire  des  Ilergetes , 
peuple  d'Elpagne.  Mais ,  en  ce  cas ,  Polybe  les  auroit 
déplacés  ;  car  il  dit  qu'il  lui  laifia  de  la  cavalerie  des 
Libyphceniciens  &:  d'Africains,  au  nombre  de  quatre 
cents  cinquante  maîtres ,  trois  cens  Lorgites  ,  des  Numi- 
des ,  des  Maffyles ,  des  Maféfyles  ,  de  Maciens ,  des 
Maures ,  habitans  des  bords  de  l'Océan  ,  au  nombre  de 
dix-huit  cents  hommes  de  cavalerie  ;  &  pour  l'infanterie, 
onze  mille  huit  cents  cinquante  Africains.  Julqu'ici  il 
n'a  nommé  que  des  nations  d'Afrique.  Il  pafl"e  enfuite 
aux  troupes  étrangères,  parmi  lesquels  il  mer  trois  cens 
Liguriens ,  &  cinq  cens  Baléares.  Si  les  Lorgites  étoient 
Un  peuple  d'Elpagne,  pourquoi  Polybe  les  auroit-il  nom- 
més entre  les  Africains  ? 

LORGUES,  petite  ville  de  France,  en  Provence, 
dans  une  viguerie  ,  dont  elle  eft  le  chef-lieu  ,  &  à  la- 
quelle elle  donne  fon  nom.  Il  y  a  long-tems  qu'elle  re- 
connoït  le  comte  de  Provence  pour  Ion  feigneur.  Son 
ancien  nom  ,  dans  les  Chartres  &  anciens  Régi  (1res ,  eft 
Leonicœ  ,  corrompu  depuis  en  "Léonas  ou  Lon.is  St  enfin 
en  Lorgnes.  Cette  ville  eft  aviez  grande  &  allez  peu- 
plée. Elle  eft  fituée  près  de  la  rivière  d'Argens,  à  deux 
lieues  de  Draguignan  ,  à  cinq  de  Fréjus,  ck  à  quatorze 
d'Aix.  Il  y  a  une  collégiale  du  titre  de  S.  Martin , 
fondée  fous  le  potificat  de  Martin  V-,  l'an  142.1  ,  à  la 
prière  de  Gilles  de  la  Fond,  évêquede  Fréjus,  ducon- 
fentement  du  chapitre  de  fa  cathédrale.  Cette  ville  a 
droit  d'entrée  aux  affemblées  du  pays.  *  Longuerue,DeC- 
cription  de  la  France , part. première ,  p.  363.  Baudrand, 
édit  1705. 

La  Viguerie  de  LORGUES  eft  à  l'orient  de  celle 
de  Barjols ,  &  de  fort  petite  étendue.  Elle  ne  contient 
que  la   ville  de   Lorgues  ,   &  deux  villages. 

LORI  ou  LoRÉ  ,  place  d'Afie,  dans  la  Géorgie, 
au  Carduel ,  &  aux  confins  de  la  province  d'Erivan  , 
fur  la  petite  rivière  d'Acaftalfa  ,  qui,  coulant  de-là  vers 
le  nord -eft,  va  fe  joindre  avec  le  Machéméri  ,  &  fe 
perdre  enfuite  dans  le  Kur.  De  l'Ifle  dit  Loré,  &  nomme 
Cafac-Loré  le  canton  où  eft  cette  place.  Davity  &  Cor- 
neille dilent  Lori.  L'un  &  l'autre  remarque  que  cette  place 
étant  tombée  au  pouvoir  des  Turcs  ,  fous  Amurath  III, 
ce  Sultan  fit  réparer  fes  vieilles  murailles,  creufer  des 
folTés  ,  &  fortifier  fon  château ,  garniflant  le  tout  de 
trois  cents  pièces  d'artillerie.  * Robert  deVaugondi ,  Atlas. 

LORIA  VILLA  ,  maifon  de  campagne  en  Italie  , 
dans  la    Tofcane  ,    fur   la  voye    Aurélienne.    Aurehus 
Viftor  dit  qu'elle  étoit  à  vingt-deux  mille  pas  de  Rome. 
C'eftune  erreur  qu'Eufebe,  Eutrope,  Jules- Capitolin  ont 
corrigée,  en  ne  la  mettant  qu'à  douze  mille  pas ,  comme 
le  remarque   Ortélius  ,    Thcfaur.    Antonin    appelle   ce 
même  lieu  Lorium,  &  le  met  de  même  fur  la  voie  Auré- 
lienne,  à  douze  mille  pas  de  la  capitale    du   monde. 
C'eft-là  qu' Antonin  Pie  avoit  été  élevé,  &  il  y  mourut. 
On  lit  dans  Jornandès  in  Sualoris  ;  c'eft  une  faute  d'un 
copifte  ignorant,  il    faut   lire   in  fua  Loria,  dans   fa 
terre  de  Loria. 
LORIGNAC,bourg  de  France  ,  dans  laSaintonge. 
LORIOL.  Voyez  Lauriol. 
LORIPEDES.  Voyez  Himantupodes. 


LORKIAN  ou  Lourkian  ,  petite  ville  de  Perle , 
au  Kourcftan.  L'air  y  eft  mauvais  ;  &  l'eau  indigefte. 
Le  pays  abonde  en  railins.  *  Manufcrics  de  la  bibiiotk. 
du  roi. 

LuRME,  bourg  de  France  ,  au  Nivernois ,  aux  con- 
fins de  la  généralité  de  Moulins  &  de  celle  de  Paris. 

LORNE  ,  forterefte  d'Afie ,  aux  confins  de  la  Mé- 
die  &de  la  Babylonie,  au  voifinage  du  mont  Zagrus, 
félon  Ammien  Marcellin  ,  cité  parOrtélius. 

LORN  ,  contrée  d'Ecolle ,  dans  la  partie  méridio- 
nale ;  c'eft  proprement  la  partie  fep'entrionale  de  la 
provinced'Argyle  ,  &  c'eft  le  pays  le  plus  fertile  &  le 
plus  agréable  de  cet'e  province.  Il  donnoit  autrefois 
le  titre  le  lord  à  l'aîné  de  la  famille  d'Argyle,  à  qui 
cette  province  échut  par  mariage  avec  une  héritière  de 
la  famille  des  Stuarts  qui  en  étoient  propriétaires.  On 
y  trouve  le  château  de  Dunftafage  ,  fur  le  lac  Erif. 
C'étoit  autrefois  une  des  mailbns  royales.  Le  bourg,  qui 
l'accompagne,  eft  le  lieu  le  plus  remarquable  de  ce  can- 
ton. *  Etat  préfent  de   la  Gr.  Bretagne,  r.  I ,  p.  162. 

LORON,  vallée  de  France,  da:is  les  Pyrénées,  fur 
les  frontières  de  l'Arragon.  Elle  a  titre  èarchiprêiré.  On 
voit  dans  cette  vallée  ,  ou  dans  celle  de  Larbouii ,  une 
trentaine  de  paroiffes. 

LOROUX,  Oratorium,  abbaye  d'hommes,  en  France, 
de  l'ordre  de  Cîteaux  ,  dans  l'Anjou  ,  au  diocèfe  d'An- 
gers ,  à  trois  lieues  au  nord  de  Saumur ,  fur  la  petite 
rivière  de  Latan  ,  fondée  en  1 121  ,  le  13  Septembre, 
par  Foulques  V  ,  comte  d'Anjou,  &  par  Aremburge  du 
Maine  fa  'femme.  Elle  rapporte  cinq  mille  cinq  cents 
livres  de  revenu  à  l'abbé.  *  Pig^mol  de  la  Force  , 
Defcription  de  la  France ,  t.-j,  p.  88. 

LOROY  ,  Locus-Regius  ,  abbaye  d'hommes  ,  en 
France,  de  l'ordre  de  Cîteaux,  filiation  de  la  Cour- 
Dieu  ,  dans  le  Berry,  au  diocèfe  &  à  cinq  lieues  au  nord 
de  Bourges,  fondée  ,  l'an  1125  ,  par  Wulgrain  ,  arche- 
vêquede  Bourges. 
_  LORQUI ,  village  d'Espagne  ,  au  royaume  de  Mur- 
cie  ,  fcx  au  couchant  de  la  capitale  ,  fur  la  rive  fepten- 
trionaie  de  la  Segura.  C'eft  l'ancien  Ilorcis. 

LORRAINE.  Sous  ce  nom  onc;  mprend  aujourd'hui 
la  plus  grande  partie  du  territoire  des  "anciens  peuples 
Mediomatrices ,  Leuci  &  Veruni  ,  qui  fal l'oient  partie  le 
la  première  Belgique,  dont  Trêves  eft  la  métropole. 
Il  n'eft  fait  mention  du  dernier  de  ces  peuples ,  que  de- 
puis le  commencement  du  cinquième  fiécle  ;  mais  les 
deux  autres  font  connus  dans  les  Commentaires  de  Cé- 
far ,  dès  l'entrée  des  Romains  dans  les  Gaules.  Ces 
peuples  étoient  puiftans ,  6i  leur  territoire  comprenoit 
plus  de  pays,  que  les  diocèfes  de  Metz,  Toul  &  Ver- 
dun n'en  comprennent  aujourd'hui ,  quoique  très-grands. 

Le  premier  fort  de  ces  peuples,  depuis  que  les  au- 
teurs en  font  mention  ,  fut  de  fubir  le  joug  des  Ro- 
mains ,  comme  les  autres  Gaulois.  Ils  obéirent  à  ces 
maîtres  du  monde  ,  jufqu'au  commencement  de  l'établif- 
fement  de  la  monarchie  Françoil'e.  Jufqu'à  ce-te  époque 
ils  fouffrirent  beaucoup  des  courfes  des  Barbares ,  fur 
la  route  de  la  plupart  desquels  ils  fe  trouvoient.  Ils 
commencèrent  à  refpirer  un  peu,  vers  le  milieu  du  cin- 
quième fiécle,  fous  la  domination  des  François.  Ces 
nouveaux  maîtres  les  préferverent  des  incurliom.  des  Bar- 
bares, qui  continuèrent  d'infefter  les  provinces  Romai- 
nes. 

Ce  pays  fit  la  plus  confidérable  partie  du  royaume 
d'Auftrafie  ,  qui  fe  forma  dans  les  partages  des  entàns  du 
grand  Clovis  &  du  grand  Clotaire.  La  ville  de  Metz 
étoit  capitale  de  ce  royaume.  Il  ne  prit  le  nom  de  Lor- 
raine, &  n'eut  le  titre  de  royaume,  que  fous  le  régne 
du  jeune  Lothaire,  fils  de  l'empereur  Lothaire.  Dans 
la  fuite,  la  Lorraine  ceffa  d'être  royaume.  Elle  fut  divi- 
fée  en  deux  grands  duchés ,  qui  conlerverent  tous  deux 
le  nom  de  Lorraine,  avec  cette  différence,  que  l'un 
s'appelloit  Lorraine  Supérieure  ,  ou  Loraine  Mojellane  , 
&  l'autre  Lorraine  inférieure,  ou  Lorraine-fur-la-Mcufe. 
Enfin  la  Lorraine  fut  réduite  à  une  très-petite  portion 
du  pays  qui  avoit  porté  ce  nom,  &C  ne  fut  plus  con- 
nue que  fous  la  fimple  dénomination  de  duché  Je  Lor- 
raine. Il  faut  donc  diftinguer  la  Lnrraine,  royaume,  la 
Lorrrine  fupér'uure  ou  haute  Lorraine  ,  la  Lorraine  in- 
férieure ou  baffe  Lorraine ,  &  la  Lorraine  ,  état  fouve- 
rain, 


LOK 


504 

LORRAINE,  (le Royaume  de)  regnum  Lotha- 
rii; c'eft-à-dire  le  royaume  de  Lotkaire.  L'an  843',  les 
trois  fils  de  Louis  le  Débonnaire  partagèrent  entr'eux 
les  états  de  leur  père.  Louis  eut  la  Germanie  ,  avec  la 
Bavière  &  la  Pannonie,  &  quelques  terres  en-deçà  du 
Rhin.  Charles  eut  la  France  ;  &  Lothaire,  Faîne  des 
trois,  à  qui  Louis  le  Débonnaire  avoit  donné  le  royaume 
de  Lombardie ,  &  la  ville  de  Rome ,  avec  le  titre  $  em- 
pereur, eut  encore  un  royaume  qui  féparoit  les  états 
de  fes  deux  frères,  &c  comprenoit  les  provinces  fimées, 
d'un  côté,  entre  le  Rhin  ôc  les  Alpes, &  de  l'autre, en- 
tre les  Ardennes ,  l'Efcaut ,  la  Meufe  ,  la  Sône  &  le 
Rhône,  avec  les  comtés  Se  les  villages  ,  tant  au- deçà 
qu'au-delà  de  ces  neuves.  Dans  ces  bornes  étoient  corn- 
prifes  l'Auftrafie ,  la  plus  grande  partie  du  royaume  de 
Bourgogne  ,  &  la  Provence.  *  -Hadr.  Valef.  Notit. 
Gall.  page  283. 

Dans  l'année  %^  , l'empereur  Lothaire,  en  mourant, 
laifla  à  un  de  lés  fils  ,  aufli  appelle  Lothaire ,  un  royaume 
auquel  ce  dernier  donna  fon  nom  :  Charles  eut  la 
Provence ,  avec  le  duché  de  Lyon  ;  &  Louis ,  fpn  fils 
aîné,  qu'il  avoit  affocié  à  l'empire ,  eut  le  royaume  de 
Lombardie,  avec  la  ville  &  le  duché  de  Rome.  Quelques 
écrivains  ont  avancé  que  le  royaume  de  Lothaire ,  Lo- 
tharii  regnum ,  tiroit  fon  nom  de  l'empereur  Lothaire. 
Mais  comme  ce  prince  pofledoit  le  royaume  de  Lom- 
bardie ,  une  partie  confidérabîe  de  l'Italie ,  la  ville  &  le 
duché  de  Rome  ;  en-deçà  des  Alpes ,  l'Auftrafïe  ,  la 
Provence ,  &  prefque  tout  l'ancien  royaume  de  Bour- 
gogne ,  on  ne  voit  pas  pourquoi  tous  ces  états  n'au- 
roient  point  été  appelles  le  royaume  de  Lothaire.  Il  eft 
bien  plus  naturel  de  dire  que  le  roi  Lothaire ,  fils  de 
l'empereur  Lothaire,  donna  fon  nom  à  ce  royaume  qui 
fut  le  feul  qu'il  pofféda ,  &c  qu'il  pofféda  pareillement 
feul ,  durant  quatorze  ans  qu'il  régna  après  la  mort  de 
Ion  père. 

Pour  qu'il  ne  refte  aucune  difficulté  fur  cet  article , 
j'ajouterai  que  ,  dans  Un  traité  fait  en  870.,  entre  les 
rois  Louis  &  Charles  ,  on  lit  jusqu  à  deux  fois  ces 
mots  :  Regnum  Hlotharii  régis;  que  dans  le  partage  du 
royaume  de  Lothaire ,  entre  ces  deux  princes  ,  il  eft 
dit  :  Regnum  qjwd  Hlotarius  habuit ,  &  que  dans  les 
Annales  de  S.»3ertin  on  trouve  également  Regnum 
Lotharii  régis ,  &C  regnum  quod  Lothanus  habuit.  Or 
on  auroit  dû  dire  ,  regnum  Lotharii  Augufii  ou  regnum 
Lotharii  imperatoris ,  s'il  étoit  vrai  que  ce  fût  de  cet 
empereur  ,  plutôt  que  de  fon  fils ,  que  le  pays  eût  tiré 
fon  nom.  Dans  la  fuite  de  ces  mots  regnum  Lotharii , 
on  fit  Lotharingia ,  &  de  Lotharingia  on  fit  en  vieux 
François  Loherregne.  Depuis,  pour  Loherregne,  on  a  dit 
Lorrene  ,  &  enfin  Lorrain:.  Les  Allemands  écrivent 
quelquefois  Loringen  ,  quelquefois  Lolharing,  deux  mots 
qui  ont  tous  deux  la  même  origine  que  le  nom  françois 
■Lorraine.  Autrefois,  pour  Lotharingi,on  diioit  en  France 
Lotherenes,  d'où  nous  avons  fait  Lorrains  ,  comme  de 
Flaminei ,  nous  avions  iiw.Flamen.zs ,  &  depuis  le  nom 
F/amans. 

Le  royaume  de  Lothaire  contenoit  un  grand  nom- 
bre de  villes  célèbres  ;  Utrecht,  Cologne,  Tongres, 
Trêves,  Metz,  capitale  du  royaume,  comme  elle  avoit 
été  la  capitale  de  l'Auftrafie ,  Toul ,  Verdun  ,  Cam- 
bray,  Strasbourg,  Befançon  ,  Bafle  ,  Laufanne  ,  Belley, 
Moutiers-en-Tarantaife  ,  Sion ,  Genève  ;  dans  la  fuite, 
cependant,  le  roi  Lothaire  donna  à  l'empereur  Louis 
Genève,  Laufanne  &  Sion;  &  il  céda  à  fon  frère 
'Charles  ,  roi  de  Provence ,  Moutiers-en-Tarantaife  & 
Belley.  C'eft  pourquoi  dans  le  partage  qui  fut  fait 
du  royaume  de  Lothaire,  en  870,  il  n'eft  fait  au- 
cune mention  de  ces  cinq  villes.  Lyon,  Vienne,  Vi- 
viers ,  Ufès  ,  fe  trouvent  dans  la  même  divifion  du 
royaume  de  Lothaire.  Mais  quoique  ces  quatre  villes 
euffent  appartenu  à  ce  prince,  elles  ne  faifoient^  point 
partie  du  royame  de  Lothaire  ,  puisqu'elles  lui  étoient 
échues  feulement, en  863  ,  parle  partage  qu'il  fit,  avec 
l'empereur  Louis ,  des  états  de  Charles  ,  roi  de  Pro- 
vence. 

Après  la  mort  de  Lothaire  ,  fon  royaume  échut  à 
Louis  le  Germanique;  fk  après  l'abdication  de  Charles 
le  Gros  ,  il  paffa  à  Arnould,  neveu  de  ce  dernier  prince. 
Arnould  l'ayant  laiffé  à  fon  bâtard  Zuintibold,  les  peu- 
ples fe  révoltèrent.   Us  appelèrent ,  pour  régner  fur 


LOR 


eux  Louis  ,  fils  légitime  d'Arnould.  Zuintibold  fut  tué 
dans  un  combat ,  l'an  900.  Après  la  mort  de  Louis , 
les  peuples  obéirent  à"  Charles  le  Simple  ,  -qui  les  fit 
gouverner  par  Gifelbert.  Ce  gouverneur  défendit  le  pays 
contre  les  entreprifes  des  empereurs  Allemands.  Mais* 
lorsqu'il  fut  mort,  l'empereur  Henri  l'Oifeleur  profitant 
des  troubles  dont  la  France  étoit  alors  agitée  ,  l'enva- 
hit; &,  pour  gagner  l'affection  des  Lorrains,  il  fit  de 
grandes  libéralités  aux  églifes.  Il  donna  les  terres  aux 
principaux  feigneurs,  &  ne  tetint  que  les  villes  d'Aix- 
la-Chapelle  &.  de  Nimégue.  Louis  d'Outremer  tenta 
en  vain  de  rentrer  en  poffeffion  de  ce  pays.  Lothaire, 
fon  fils ,  fut  plus  heureux  ;  mais  par  le  traité  qu'il  fit , 
l'an  980 ,  avec  l'empereur  Othon  II ,  il  le  lui  céda  en- 
tièrement ,  contre  l'avis  des  grands  du  royaume.  *  D'Au- 
difret,    Geogr.  anc.  &  modem,  t.  2  ,  p.  345. 

Peu  après  ce  traité ,  la  Lorraine  fut  défoiée  par  les 
coudes  des  Hongrois.  Lorsqu'ils  eurent  défait  &  tué  Con- 
rad, duc  de  Vormes,  qu'Otton  y  avoit  mis  pour  gou- 
verneur, ils  mirent  tout  à  feu  &  à  fang.  Après  ce 
malheureux  événement.  Brunon  ,  archevêque  de  Colo- 
gne s  îk  frère  d'Otton,  eut,  en  945  ,  le  gouvernement 
fuprême  là  L  traîne  ,  avec  le  titre  de  duc.  Ce  pré- 
lat, à  ■'  .ijjebert  donne  le  titre  d'archiduc,  choifit 
pour  :  nenant  général  Ferry  ou  Frédéric  d'Alface, 

qui  pr  "iLialité  de  duc  de  Lorraine,  en  959.   Il  mou- 

rut en  984,  &  laifla  de  Beatrix ,  fœur  de  Hugues  le 
Grand ,  comte  de  Paris ,  Thierry  qui  ne  lui  fuccéda 
qu'au  gouvernement  de  la  Lorraine  fupérieure,  parce 
qne  l'empereur  Otton  II  avoit  inverti  de  la  Lorraine 
inférieure ,  Charles  de  France ,  fils  puîné  de  Louis  d'Ou- 
tremer. Voyez  Lorraine  supérieure  &  Lorraine 

INFÉRIEURE. 

LORRAINE  SUPÉRIEURE,  (la)  ou  haute 
Lorraine;  ce  fut  l'un  des  deux  grands  duchés,  dans 
lesquels  fut  partagé  le  royaume  de  Lorraine  :  on  \i 
nomma  aufli  la  Lorraine  LoJ'ellane.  Sigebert  écrit  tou- 
jours ducatus  Mojellanorum  ;  6k  Wippon  ,  Vit.  Chun- 
radi  Salici,  dit  Lotharingorum  ducatus,  pour  fignifier  ■ 
la  Lorraine  proprement  dite. 

Ferry  ou  Frédéric,  fils  de  Thierry,  &  petit-fils  de 
Ferry  I,  dont  il  vient  d'être  parlé,  fuccéda  à  fon  père 
dans  le  gouvernement  de  la  Lorraine  fupérieure.  Mais 
étant  mort,  en  1017,  fans  enfans  mâles,  l'empereur 
Conrad  donna  ce  gouvernement  à  Gothelon  ,  qui  avoit 
déjà  celui  de  la  baffe  Lorraine.  L'empereur  Henri  le 
Noir  donna  le  gouvernement  de  la  Mofeilane  à  Albert 
de  Namur ,  en  1045  ;  &  après  la  mort  de  ce  dernier 
gouverneur  ,  tué  dans  une  bataille,  en  1048  ,  par  Go- 
defroi ,  fils  de  Gothelon  ,  ce  gouvernement  fut  donné 
par  le  même  empereur,  à  titre  de  duché,  à  Gérard  d'Al- 
face,  comte  de  Caftinach  ,  qui  pofledoit  déjà  de  grands 
biens  vers  la  Saare  ,  dans  le  pays  que  l'on  a  appelle 
depuis  Lorraine  Allemande.  Ce  Gérard  d'AIface  étoit 
d'une  des  plus  nobles  races  du  pays  :  il  étoit  même  on- 
cle de  l'empereur  Conrad,  félon  un  auteur  contempo- 
rain. (Herman.  Contrai!.}  C'eft  de  ce  prince  qu'eft 
descendue  en  ligne  direfte  mafeuline  la  dernière  maifon 
qui  a  régné  en  Lorraine.  Cette  maifon.  a  produit  di- 
verfes  branches ,  dont  les  principales  font  Vaudemont, 
Mercceur ,  Guife ,  Joyeufe  ,  Chevreufe  ,  Mayenne  , 
Aumale,  Elbeuf,  Harcourt,  Armagnac  &C  Lillebonne. 
Voyez  Lorraine  ,  état  fouverain. 

Il  y  a  plus  de  quatre  cents  ans  que  les  ducs  de  la. 
Lorraine  fupérieure  font  leur  réfîdence  à  Nancy  ;  ce  qui 
a  fait  que  quelques  écrivains  ont  donné  le  nom  de 
duché  de  Nancy  à  la  Lorraine  Mofeilane  ou  fupérieure. 
Jean  de  Paris  ,  in  Memorial-i ,  nous  apprend  que  les 
bornes  de  la  Lorraine  Mofeilane  avoient  changé  :  So- 
ldat ,  dit- il ,  à  Bracbantiâ  usque  ad  Rhenum  ,  &  à 
finibus  Campaniœ  Gallicce  usque  ad  Leodium  ,  Lotha- 
ringia dici  ,  continens  quatuor  ducatus  Jcilicet  Bracban- 
tiâ, Sovanii ,  Nancy  &  Mojellanorum ,  _  comitatusque 
plures.  Sed  nunc  ftricliùs  Jumitur ,  feilicet  à  Valle-Colo- 
ris  &  à  Mofœ  fiuminis  curfu  verfùs  Franciam  ,  usque 
ad  initium  diœccjîs  Treverenjîs ,  continens  Verdunum  , 
Tullum  &  Mettis  urbes ,  partemque  diœcej'eon  Treveren- 
jîs ,  Leodeenfis  &  Remenjls  ,  ducatum  feilicet  Loihirin- 
gice  Jeu  Nanceii,  comitatum  Barri  cum  aliis  ,  Hasba- 
niam  &  Arduennam.  *  Had.  Valef.  Notit.  Gall.  p.  184. 

Quoique  les  bornes  que  donne  cet  écrivain  ne  foient 
peut- 


LOR 


"jieut-êtrè  pas  dans  la  dernière  exactitude  ,  il  eft  néan- 
moins confiant  qu'il  ne  le  trompe  point  en  ce  qui  con- 
cerne les  villes  de  Metz ,  Toul  ,  Se  le  duché  de  Bar. 
En  effet,  dans  l'année  1009,  Sigebert  attribue  la  ville 
de  Metz  au  duché  de  la  Lorraine  Mofellane  ;  Se  dans 
les  années  1036  Se  10375  '1  attribue  à  la  même  pro- 
vince la  ville  de  Toul  Se  le  château  de  Bar.  Cepen- 
dant on  peut  dire  que  Jean  de  Paris  fe  trompe  en  deux 
points.  De  deux  duchés  il  en  fait  quatre  ;  car  le  duché 
de  Nancy  Se  le  duché  de  la  Lorraine  Mofellane  ne 
font  qu'un  feul  duché ,  comme  le  duché  de  Louvain 
8e  le  duché  de  Brabant  ne  font  que  le  même  duché. 
C'eft  la  Lorraine  fupérieure  ou  Mofellane  qui  a  con- 
fervé  le  nom  général  de  Lorraine.  Elle  eft  aujourd'hui 
compofée  des  états  du  duc  de  Lorraine  &  des  Trois- 
Ëvêchés. 

Il  y  a  quelques  cartes  qui  divifent  la  Lorraine  Mo- 
fellane en  Lorraine  feptentrionâle  Se  méridionale ,  ou 
bien  en  haute  Se  baffe  Lorraine.. 

LORRAINE  INFÉRIEURE,  (la) ou  basse  Lor- 
raine :  on  entendoit  par  ce  nom  le  fécond  grand  du- 
ché ,  qui  fut  formé  du  royaume  de  Lorraine.  Il  eft  beau- 
coup moins  connu  aujourd'hui  que  la  Lorraine  fupé- 
rieure. Quelques  écrivains  modernes  l'ont  appelle  du- 
catus  Mofellanus  ;  à  caufe  de  fa  fituation ,  comme  les 
anciens  écrivains  avoient  nommé  Mofellane  la  Lorraine 
fupérieure.  Sigebert  ne  l'appelle  point  autrement  que 
ducatus  Lotharingie.  Wippon,  in  Vitâ  Chunradi  Salie. 
la  nomme  dueatus  Ribuariorum.  Ces  Ribuarii  font  les 
bas  Lorrains ,  qui  habitoient  entre  le  Rhin,  la  Roer  Se 
la  Meufe,  aux  environs  de  Nuys  ,  Cologne  ,  Bon,  Zu- 
lïckjDuren,  Juliers  Se  Andernach.  C'étoit-là  la  de- 
demeure  des  anciens  Ripant  ,  que  des  écrivains  du 
moyen  âge  ont  appelles  Ripuarii  Se  Ribuarii.  *  Hadr. 
iValef.  Notit.  Gall.  p.  187. 

Toutes  ces  villes  appartenoient  au  duché  de  la  Lor- 
raine inférieure.  Diverfes  Chroniques  portent  que  les 
villes  de  Saint-Thrond  ,  avec  l'avocatie  de  l'abbaye 
de  même  nom,  Aix-la-Chapelle,  le  château  de  Rode, 
l'abbaye  de  Gemblours,  Bruxelles,  Anvers,  Nimégue,  Sec. 
appartenoient  aufîi  à  la  Lorraine  inférieure. 

On  voit  dans  Sigebert  ,  que  le  premier  duc  de  la 
Lorraine  inférieure  fut  Charles,  fils  de  Louis  d'Outre- 
mer ,  fit  frère  de  Lothaire  :  Anno  967  ,  dit-il ,  ducatus 
Lotharingie  datur  Karolo  ,  fratri  Lotharii  régis  Franco- 
rum,  Sec.  Dans  l'année  1046, l'empereur  Conrad  le  Sa- 
lique  donna  la  Lorraine  inférieure  à  Henri  II,  comte 
de  Luxembourg  ;  Se  vers  l'an  n  86,  Henri  deLimbourg 
qui  avoit  été,  pendant  fix  ans,  duc  de  la  Lorraine  infé- 
rieure ,  fut  dépoffédé  de  ce  duché ,  pour  crime  de  léfe- 
majefté.  Ce  duché  fut  donné  à  Godefroi  I ,  comte  de 
Louvain,  qui  fe  trouve  quelquefois  (a)  appelle  duc  de 
Louvain  ,  Se  quelquefois  comte  de  Louvain.  Quelquefois 
suffi  on  le  nomme  indifféremment  (b)  duc  de  Lorraine 
Se  duc  de  Louvain.  En  1 142 ,  Godefroi  II,  fils  de  Go- 
defroi I,  Se  auffi  duc  Lorraine  ,  mourut  de  mort  fu- 
bite  ,  dans  la  quatrième  année  de  fon  règne.  Godefroi  III, 
fon  fils,  âgé  d'un  an  ,  lui  fuccéda,  &  fut  inveftidu  du- 
ché, par  le  roi  Conrad.  Godefroi  III  eft  furnommé  le 
Jeune  (c)  dans  les  anciens  titres,  Se  qualifié,  tantôt  duc 
de  Lorraine,  tantôt  duc  de  Louvain.  Cette  ville  corn* 
mença  à  être  la  réfidence  des  ducs  ,  fous  le  régne  de 
Godefroi  I  ,  Se  continua  à  l'être  fous  les  autres  Gode- 
froi. *(a)  Anfelm.  Abb.  Gemblac.  (b)  Appendix  Gemblac. 
(c)  Monach.  Affligemens. 

Quand  les  ducs  de  Lorraine ,  de  la  maifon  de  Lou- 
vain ,  laifferent  le  nom  de  comtes  de  Louvain  ,  ils  pri- 
rent d'abord  le  titre  de  ducs  de  Lorraine  ;  enfuite  ils  fe 
qualifièrent  ducs  de  Lorraine  &  de  Brabant.  C'eft  de-là 
que  les  rois  d'Espagne  de  la  maifon  d'Autriche ,  qui 
avoient  fuccédé  aux  ducs  de  Bourgogne  dans  ces  du- 
chés ,  fe  qualifioient  ducs  de  Lorraine  &  de  Brabant. 

Cette  partie  de  la  Lorraine  a  confervé  long-tems  le 
nom  àeLothier,  d'où  fes  fouverains  prirent  &  prennent 
encore  aujourd'hui  la  qualité  de  ducs  de  Lothier.  Les 
provinces  qui  la  compofent  ont  pris  différens  noms. 

LORRAINE,  pays  de  l'Europe,  avec  un  gouverne- 
ment particulier  Se  titre  de  duché.  La  Lorraine  peut 
avoir  quarante  lieues  d'orient  en  occident ,  depuis  Biche 
jusqu'à  Sainte-Ménéhoult,  Se  près  de  cinquante  du  fud- 
oueft  au  nord-eft, depuis  la  Marche  jusqu'à  Cbombourg, 


LOR  9o* 

Elle  eft  bornée  à  l'orient  par  le  Pala'tinat  du  Rhin  & 
1  Alface  ,  au  feprentnon  par  le  Luxembourg ,  à  l'occi- 
dent parla  Champagne,   Se  au  midi  par  la  Franche- 


Comté.  *  Geogr., 


mod.  &  hifl.  t.  2 ,  p.  3  50. 


On  a  vu  à  l'article  de  Lorraine  supérieure,  que 
1  empereur  Henri  le  Noir  avoit  donné  cette  province ,  à  ti- 
tre de  duché,  àGerard  d'Alface.  J'ajouterai  ici, que  les  pre- 
miers descendans  de  ce  prince  ne  pofféderent  qu'une 
très-petite  portion  du.  pays  ,  parce  que  les  évêques  de 
Metz ,  Toul  Se  Verdun  avoient  reçu  de  la  libéralité  des 
premiers  rois  d'Auftrafie  Se  des  empereurs ,  de  très-grands 
domaines.  Les  abbayes,  la  plupart  fouveraines  ,  poffé- 
do.ient  de  grands  domaines.  Les  ducs  de  Bar  y  avoient 
auffi  une  étendue  de  pays  allez  confidérable ,  Se  les 
comtes  de  Champagne  plufieurs  terres. 

Les  fréquentes  guerres  que  fe  faifoient  les  Allemands 
Se  les  François,  Se  dont  ce  pajs  étoit  fouvent  le  théâ- 
tre ;  les  guerres  qui  s'allumoient  entre  les  différens  prin- 
ces de  cette  contrée,  auffi -bien  que  celles  qui  s'éle- 
yoient  quelquefois  entre  les  prélats  même  ,  obligèrent 
ces  derniers  dé  chercher  des  protecteurs,  que  l'on  ap- 
pelait alors  ADVOUES  ,  advocati  ;  ils  leur  donnoient 
des  terres  en  fief,  Se  les  avoués  leur  faifoient  hommage. 
La  continuation  de  ces  guerres  obligea  les  prélats  à  faire" 
des  aliénations  confîdérables ,  en  faveur  de  plufieurs  fei- 
gneurs  ,  qui  leur  fourniffoient  de  l'argent  pour  en  foute- 
nir  les  frais. 

Entre  les  feigneurs  qui  profitèrent  de  ces  différens  évé- 
nemens  ,  les  descendans  de  Gérard  d'Alface  en  eurent 
la  meilleure  part,  pour  ne  pas  dire  qu'ils  profitèrent  de 
tout.  Mais  ce  qui  a  peut-être  le  plus  contribué  à  l'aug- 
mentation des  domaines  de  cette  maifon  ,  c'eft  qu'elle 
a  fourni  nombre  d'évêques  aux  trois  églifes  de  Metz 
de  Toul  Se  de  Verdun ,  Se  que  ces  prélats  fe  font  moins 
embarraffés  de  la  confervation  des  biens  de  leur  églife  t 
que  de  l'augmentation  des  domaines  de  leur  famille. 

La  poftérité  de  Gérard  d'Alface  fe  perpétua  de  mâles 
en  mâles  jusqu'à  Charles  I,  qui  ne  laiffa  qu'une  fille 
nommée  Ifabelle.  Cette  princeffe  porta  le  duché  de  Lor- 
raine à  René  d'Anjou  ,  roi  de  Sicile,  vers  l'an  1430. 
Mais  Antoine  de  Vaudemont ,  petit-fils  du  duc  Jean  \ 
s'en  empara  l'année  fuivante.  Yoland,  fille  du  roi  René 
fuccéda  à  Antoine  ,  l'an  1473  '■>  elle  wt  mère  de  René  II' 
bifaïeul  de  Charles  II.  Celui-ci  eut  plufieurs  enfans' 
entr'autres,  Henri  duc  de  Lorraine ,  &  François ,  comte* 
de  Vaudemont.  Henri  fut  père  de  Nicole  mariée  avec 
Charles ,  comte  de  Vaudemont  ,  fon  coufîn  germain 
qui  prit  le  titre  de  duc  de  Lorraine,  en  1624,  après  la 
mort  de  Henri,  fous  le  nom  de  Charles  Iy\  fi  connu 
par  fes  disgrâces.  *  La  Forêt,  Géogr.  hift.  t.  \  ,  p.  287. 

La  légèreté  Se  l'inconftance  de  ce  prince  attirèrent 
fouvent  dans  fon  pays  les  armes  de  Louis  XIII,  roi  de 
France,  qui  le  dépouilla  de  fes  états,  en  1634,  après 
l'avoir  fait  déclarer  criminel  de  léfe-majefté  ,  félonie 
Se  rébellion.  Le  même  duc  fit  un  traité  avec  Louis  le 
Grand,  le  10  Février  1662.  Par  ce  traité  il  lui  cédoit  Se 
transportai^  après  fa  mort,  les  duchés  de  Lorraine  Se  de 
Bar;  ce  qui  fut  confirmé  par  un  autre  traité  du  dernier 
Août  de  l'année  fuivante,  Se  figné  le  lendemain.  Mais- 
ce  prince  naturellement  inconftant  cabala  contre  la  France 
jusqu'à  fa  mort  arrivée  en  1675.  Le  roi  de  France  pré- 
tendit que  les  duchés  de  Lorraine  Se  de  Bar  lui  appar- 
tenoient, en  vertu  du  traité  de  1662.  Cependant  il  s'obli- 
gea par  le  traité  de  1679,  conclu  entre  la  France  &£ 
l'empire  ,  de  tendre  au  prince  Charles  de  Lorraine  les 
états  dont  jouiffoit  fon  oncle  Charles  IV,  lorsqu'il  en 
avoit  été  dépoffédé ,  à  la  réferve  de  Nancy  Se  de  fa 
banlieue.  Mais  ce  prince  n'ayant  pas  voulu  accepter  ces 
conditions ,  le  roi  demeura  toujours  pofîèffeur  de  la  Lor- 
raine. Il  la  garda  jusqu'en  1697 ,  qu'il  fut  obligé,  par  la 
paix  de  Rrwick,  de  la  rendre  au  duc  de  Lorraine ,  Léo~ 
pold  I;  mais  elle  eft  revenue  à  Louis  XV  ,  en  confé- 
quence  de  la  ceffion  qui  lui  en  a  été  faite,  en  1736,  par 
feu  François-  Eiienne  de  Lorraine  ,  qui  avoit  époule 
l'héritière  de  la  mailon  d'Autriche,  Se  qui  éroit  empe- 
reur Se  grand-duc  de  Toscane.  Le  feu  roi  Stanillas  ayant 
cédé  fon  droit  fur  la  Pologne,  au  roi  régnant,  a  joui, 
fa  vie  durant ,  de  ce  duché  Se  de  celui  de  Bar ..  6V  a  pris 
le  titre  de  duc  de  Lorraine  &  de  Bar.  Depuis  la  mort 
de  ce  prince  ,  arrivée  en  1766  ,  la  Lorraine  eft  réunie 
au  royaume  de  France, 

Terne. II/.   Yyyyy. 


9o6  LOR 

Autrefois  les  ducs  de  Lorraine  recevoient  l'invefliture 
des  empereurs  pour  le  duché  de  Lorraine,  &  ils  ont  été 
long-tems  princes  de  l'empire.  Ils  fe  font  rais  peu-à-peu 
en  liberté,  &  fe  font  exemptés  de  la  foi  &  hommage, 
qu'ils  rendoient  à  l'empereur.  On  croit  pouvoir  fixer  à- 
peu-près  cet  événement  au  tems  de  Philippe  le  Bel ,  roi 
tle  France.  Depuis  ce  tems,  les  ducs  de  Lorraine  s'atta- 
chèrent aux  intérêts  de  cette  couronne  ,  ce  qui  leur  fa- 
cilita les  moyens  de  fe  féparer  de  l'empire  ;  fous  le  ré- 
gne de  l'empereur  Charles  V,  ils  furent  reconnus  pour 
Souverains,  &  déclarés  n'être  plus  obligés  aux  frais  com- 
muns de  l'empire ,  en  qualité  de  ducs  de  Lorraine.  Cet 
accord  fe  fit  malgré  les  prétentions  &  proteftations  des 
Impériaux ,  qui  foutenoient|  que  la  Lorraine^  étoit  une 
principauté  de  l'empire ,  &  qu'elle  avoit  été  comprife 
fous  le  cercle  du  haut  Rhin  ,  dans  l'inftitution  des  cer- 
cles de  l'empire ,  par  Maximilien  I. 

Ces  différends  furent  terminés  par  une  tranfaction  pas- 
fée  à  Nuremberg,  l'an  1542,  entre  Ferdinand,  roi  des 
Romains ,  au  nom  de  Charles  V ,  du  confentement  de 
tous  les  états  de  l'empire,  d'une  part  ;  &  Antoine,  fils 
de  René  II,  duc  de  Lorraine,d'autre  part.  Cette  transaction 
fut  confirmée,  l'année  fuivante,  par  l'empereur  Charles  V. 
La  patente  fut  donnée  à  Spire.  Il  fut  déclaré  par  ces  actes, 
que  le  duché  de  Lorraine  étoit  libre  St  indépendant, 
fans  être  fournis  à  la  chambre  impériale,  ni  aux  taxes  , 
ni  aux  décrets  impériaux  ;  qu'il  feroit  reçu  fous  la  pro- 
tection de  l'empereur  &  de  l'empire  ,  &c  obligé  feule- 
ment d'entretenir  la  paix  &c  la  tranquillité  publique.  _  En 
conféquence  de  cette  protection  ,  le  duc  fe  fournit  à 
payer  les  deux  tiers  de  la  taxe  d'un  électeur.  Depuis  ce 
tems-là  le  duc  de  Lorraine  a  été  reconnu  pour  fouve- 
rain  dans  les  différens  traités  de  paix ,  où  il  a  eu  quel- 
que intérêt ,  comme  à  celui  de  Nimégue,  6c  à  ceux  de 
Rysvck ,  de  Raftadt  &t  de  Baden. 

Les  ducs  de  Lorraine  rendoient  anciennement  eux- 
mêmes  la  juftice  à  leurs  fujets  ;  &  quoiqu'ils  gouvernas- 
fent  abfolument ,  ils  ne  pouvoient  rien  réfoudre,  en  cer- 
tains cas ,  fans  le|  confentement  des  états  &  de  l'an- 
cienne nobleffe  du  pays.  Les  états  confiftoient  en  trois 
ordres,  le  clergé,  la  nobleffe  &  les  bourgeois.  L'an- 
cienne chevalerie  étoit  compofée  de  deux  fortes  de  gen- 
tilshommes ;  de  ceux  qu'on  appelloit  gentilshommes  de 
l'ancienne  clievalerie.  Ils  étoient  pris  des  douze  anciennes 
maifons  ;  du  Châtelet ,  deLigneville,  de  Haraucourt,  de 
Lenoncourt,  de  Vaubecourt ,  deLudris,  de  Beauveau  , 
de  Baffompierre,  &  des  pairs  fieffés ,  qui  étoient  au  nom- 
bre de  cent  ou  de  fix  vingt.  Ils  jouiffoient  les  uns  &  les 
autres  de  plufieurs  beaux  privilèges  ;  ils  tenoient  les  as- 
fifes  dans  les  bailliages  ,  &  jugeoient  fouverainement 
toutes  affaires  qui  regardoient  les  fiefs.  Les  autres  affai- 
res reffortiffoient  au  conléil  ducal ,  ou  à  la  chambre  des 
comptes  de  Nancy.  Le  roi  Louis  XIII  cafïa  les  affiles, 
par  fa  déclaration  du  5  Septembre  1634,  tx  ordonna 
que  toutes  les  affaires  feroient  jugées  par  un  confeil  fou- 
verain ,  qu'il  établit  à  Nancy  ;  &c  afin  de  ne  pas  priver 
entièrement  les  gentilshommes  de  leurs  privilèges ,  il 
déclara  par  (es  lettres-patentes,  que  le  baillif  de  Nancy, 
qui  préfidoit  aux  affifes ,  auroit  féance  au  confeil ,  im- 
médiatement après  le  plus  ancien  confeiller ,  avec  trois 
autres  gentilshommes  de  la  chevalerie,  lesquels  n'y  en- 
trent que  par  femeftre. 

La  Lorraine  eft  divifée  en  terres  de  domaines,  &  en 
terres  annexées.  Les  terres  du  domaine  fe  divifè  en  qua- 
tre grands  bailliages  qui  font  : 

Le  BAILLIAGE  DE  NANCY  OU  le  BAILLIAGE  FRAN- 
ÇOIS. 

Le  BAILLIAGE   DE  VOSGE  ; 

Le  BAILLIAGE  ALLEMAND  ; 

Le  BAILLIAGE  DE  BassiGNY.  Chaque  bailliage  eft 
fubdivifé  en  plufieurs  prévôtés ,  dans  l'ordre  fuivant  : 

(Nancy, 

IGondreville , 
Amance, 
~  ,  Lunéville, 
Nancy.  {  Rofieres-aux-Salines  , 

Ein  ville, 
Pemi  ou  Preni, 
Raon, 
Saint-Dié. 


LOR 


■n  ....  j      {Mirecourt, 

Bailhage    de  hch 

VosSe-  (Châtenois. 

f  Gondrecourt  ^ 
ILa  Marche, 
Bailliage  de  jChâtillon, 
Baffigny.  jConflans, 

I  la  Motte ,  fénéchauflee  ; 
iBourmont ,  fénéchauflee. 

fVaudrevange ,  prévôté  ; 

IBeaurain ,  feigneurie  ; 
Bouzon ville,  feigneurie; 
Bolshen, 
mand.     "  {Sirck  ou  Sirques  ,  prévôté; 

Chombourg,  prévôté; 
Guémonde,  prévôté» 
Bitch,  comté. 

Terres  annexées. 


Dans  le  bail 


(Dieufe, 

Sarbourg  ou  Kaufmans-Sarbourg  : 
Albe  ou  Saralbe, 


,     !  Fauquemont ,  feigneurie  ; 
liage  Allemand.     Saim.Avold; 

(Hombourg , 
VSaverden,  comté. 

(  Espinal , 

I  Rembervillers , 

_     ,     ,     ,        Deneuvre,  prévôté; 
Enclavées  dans  Blam  £mi 

les  deux  premiers  Châtillon-fur- Vezoufe,  feigneuriej 
bailliages.  Bacara  ,  feigneurie  ; 

I  Turqueftin  ,  feigneurie  ; 

^Nomeni ,  marquifat. 

Tous  ces  pays  font  arrofés  d'un  grand  nombre  dé  ri- 
vières ,  tant  grandes  que  petites.  Les  plus  confidérab  es 
font  la  MofeÙe ,  la  Meufe  ,  la  Seille  ,  la  Meurte  ,  la  Ve- 
zoufe ,  la  Saône  ,  la  Sarre  ,  la  Nid  ,  &c.  La  partie  orien- 
tale du  duché ,  &  la  province  de  Vosge ,  qui  occupe  pref- 
que  toute  la  partie  méridionale  ,  font  couvertes  de  mon- 
tagnes chargées,  la  plupart,  de  bois.  Le  refte  eft  un  pays 
allez  uni ,  mais  où  il  y  a  auflî  beaucoup  de  bois  :  les  prai- 
ries n'y  manquent  point.  La  Lorraine  produit  abondam- 
ment du  bled ,  de  l'orge  ,  de  l'avoine  &  du  vin  ;  il  y  a 
plufieurs  falines.  C'eft  un  fort  bon  pays  de  chaffe ,  rem- 
pli de  gibier  ;  les  rivières  &£  les  étangs  ont  beaucoup  de 
poiffon. 

Les  Lorrains  paffent  pour  être  vaillans  :  ils  en  ont  fou- 
vent  donné  des  preuves.  Ils  font  laborieux  ,  Sr.  aiment 
beaucoup  leur  liberté.  Ils  font  attachés  à  la  religion  Ca- 
tholique. L'étude  des  belles  lettres  n'eft  pas  du  goût  du 
plus  grand  nombre.  Il  ne  laiffe  pas  d'y  avoir  quelques  per- 
fonnes  qui  y  réufliffent.  Les  payfans  font  fobres  ;  &  tous 
font  très  -  fidèles  à  leurs  princes.  Les  gentilshommes  & 
bourgeois  vivent  à  la  françoife  :  &C  tous  parlent  fran- 
çais ,  à  l'exception  des  peuples  du  bailliage  allemand. 

LÔRREY ,  bourg  de  France  ,  au  Gâtinois ,  au  diocèse 
de  Sens,  élection  de  Nemours.  Il  y  a, dans  ce  bourg  une 
prévôté  royale. 

LORRIS ,  ville  de  France  dans  l'Orléanois ,  à  fix  lieues: 
de  Montargis ,  dans  des  marécages.  Philippe  Augufte  lui 
accorda  plufieurs  exemptions  &  privilèges ,  l'an  1 1 97,  en 
confédération  de  ce  qu'elle  avoit  été  brûlée.  Ceux  qui 
croient  que  cette  petite  ville  a  une  coutume  particulière  , 
font  dans  l'erreur  ;  car  on  ne  trouve  point  de  coutume 
locale  de  Lorris  ;  &  tout  ce  que  l'on  en  dit ,  n'eft  fondé 
que  fur  ce  que  Lorris  étant  une  des  châtellenies  du  bail- 
liage d'Orléans  ,  la  coutume  de  ce.  bailliage  y  fut  rédi- 
gée par  écrit.  Quant  au  proverbe  qui  dit  :  IL  eflde  la  cou- 
tume de  Lorris ,  où  le  battu  paye  L'amende  ,  il  doit  être 
entendu  de  cette  manière  ;  que  fi  un  habitant  de  Lorris 
étant  créancier ,  ne  pouvoit  prouver  fa  dette  par  témoins , 
il  avoit  droit  de  le  prouver  à  duel,  &  par  combat  à  la 
main  ,à  coup  de  poing  feulement ,  fans  ferrement  ;  &  fi 
le  prétendu  detteur  étoit  vaincu ,  il  payait  la  dette  au  créan- 
cier ,  &  cent  fols  d'amende;  mais  fi  le  créancier  étoit  baitu  , 


LOT 


LOT 


il  perdoh  fon  dit ,  &  payait  cent  fols  d'amende.  Ainfî  le 
battu  payoït  toujours  l'amende ,  fuivant  le  proverbe.  Guil- 
laume de  Lorris  avoit  pris  le  furnom  de  Lorris  ,  parce 
qu'il  étoit  natif  de  cette  ville.  Fauchet  Se  la  Croix  du 
Maine  difent  qu'il  étoit  jurisconfulte ,  Se  qu'il  entreprit 
de  compoler  le  roman  de  la  Rofe ,  pour  plaire  à  une  dame 
qu'il  aimoit  :  il  mourut  vers  l'an  1 260 ,  fans  avoir  achevé 
cet  ouvrage  ,  qui  a  été  continué  par  Jean  de  Meun ,  fous 
Philippe  le  Bel.  *  Piganiol  du  la  Force  ,  Defcr.  de  la 
France ,  t.  6. 

LORSCH  ,  ou  Lorsh  ,  ou  Lorch  ,  ou  Laures- 
HAM  ,  ou  LAURISHEIM  ,  ville  &  monaftere  d'Alle- 
magne ,  au  palatinat  du  Rhin.  S.  Chrodegang ,  évêque  de 
Metz ,  eut  grande  part  à  ce  monaftere ,  qui  eft  fitué  au  dio- 
cèse de  Worms ,  Se  fondé  par  une  dame  de  fes  parentes. 
Ce  fut  à  la  prière  de  la  fondatrice,  qu'il  en  prit  foin  ,  quoi- 
qu'il n'en  fût  point  Févêque  diocéfain  ;  &  l'on  prétend 
qu'il  y  établit  la  régie  de  S.  Benoît ,  vers  l'an  760  :  il  y 
mit  le  corps  du  martyr  S.  Nazare  ou  Nazaire  ,  qu'il  avoit 
reçu  du  pape  Paul  I ,  des  cimetières  de  Rome  ,  vers  l'an 
765.  *  Baillet ,  Topogr.  des  Saints  ,  p.  278. 

LORSCH  ,  eft  encore  remarquable  par  la  victoire  que 
le  maréchal  de  Villars  y  remporta,  en  1707,  fur  l'armée 
des  ennemis ,  dont  il  fit  prifonnier  le  général  Janus ,  avec 
plus  de  deux  mille  hommes. 

LORVANO ,  ancien  monaftere  de  Bénédiftins  ,  en 
Portugal ,  dans  la  province  de  Béira  ,  à  deux  lieues  de 
Coimbre.  II  eft  occupé  ,  depuis  le  commencement  du 
troifiéme  fiécle  ,  par  des  religieufes  de  l'ordre  de  Cî- 
teaux. 

LORYMA  ;  Ka^y.a.  ,  ancienne  ville  d'Ane,  dans  la 
Carie  ,  félon  Etienne  le  Géographe.  Elle  eft  nommée 
Lorîmna  ,  dans  la  Table  de  Peutinger.  Strabon  ,  /.  14, 
p.  552  ,  n'y  met  point  de  ville ,  Se  dit  Amplement  Lory- 
ma ,  rivage  hérifle  de  hauteurs  ,  Se  montagne  la  plus  haute 
de  toutes  celles  de  ce  canton-là  ;  au  fommet ,  eft  la  for- 
terefle  Phœnix.  Pline ,  /.  •)  ,  c.  8 ,  nomme  Amplement 
Loryma  un  lieu ,  Loryma,  loctts.  Cette  ville ,  dont  Etienne 
parle  ,  fut  une  ville  épiscopale  ,  Se  eft  nommé  Hylanma , 
•ixa.%«iJ.x  dans  la  Notice  de  Hiéroclès.  Au  concile  nommé 
Qidmfextum ,  il  eft  fait  mention  de  George ,  évêque  d'Hy- 
larima  ,  dans  la  Carie  ,  'EotV^ot©-  tlahiùs  'Ttes.!(iuv 
'Enci.f,xiaç  K-x.zla.f-.  Cette  ville  étoit  vis-à-vis  de  l'ifle  de 
Rhode  ,  Se  à  vingt  mille  pas  de  la  ville  de  ce  nom. 

1.  LOS,  ifle  de  l'Archipel ,  fur  la  côte  de  Theflalie, 
Etienne  le  Géographe  ,  qui  en  fait  mention  ,  cite  l'Epi- 
iome  d'Artémidore. 

2.  LOS.  Voyez  LootSi 

LOSA,  ancien  lieu  de  la  Gaule,  dans  l'Aquitaine,  fur 
la  route  d'Aftorga  ,  à  Bordeaux.  Antonin ,  Itiner.  le  met 
entre  Segofa  Se  Bon  ,  à  douze  mille  pas  de  la  première  , 
&  à  fept  mille  pas  de  la  féconde ,  Se  compte,  de  cette  der- 
rière à  Bordeaux ,  feize  autre  mille  pas. 

LOSANNE.  Voyez  Lausanne. 

1.  LOSDUNUM.  Voyez  Loosdtjyn. 

a.  LOSDUNUM.  Voyez  Loudun. 

LOSERE,  (la  montagne  de)  Lefurai  montagne 
de  France,  au  Languedoc  Se  au  Gévaudan,  aux  Confins 
du  Vivarais  &  du  bas  Languedoc ,  où  eft  la  fource  dé  la 
rivière  du  Tarn,  dans  les  Sevennes  ,  dont  elle  fait  partie  j 
à  fept  lieues  de  Mende  ,  au  levant  d'hyver,  en  allant  vers 
Alais  Se  Ufez.  *  Baudrand,  édit.  1705. 

1.  LOSON  ,  rivière  de  France,  en  Béarn  :  elle  a  fa 
fource  dans  les  montagnes  qui  (éparent  le  Béarn  du  Val, 
d'Azun  Se  de  la  Bigorre  ,  S:  ferpente  vers  le  nord,  dans 
la  vallée  d'Affon.  Elle  arrofe  deux  forges ,  celle  de  Haut 
&  celle  de  Nogaret ,  Si  fe  perd  dans  le  Gave,  au-deflus 
de  Nay.  *  Davity.  Corn.  DicL 

De  l'ifle  marque  allez  bien  le  cours  de  cette  rivière; 
mais  il  en  omet  le  nom. 

2.  LOSON  ,  petite  rivière  de  France  ,  dans  le  Cotan- 
tin.  Elle  fe  forme  de  plufieurs  ruifleaux  ,  qui  viennent  de 
Cametours  &  Carantilly,  Se  arrofe  les  paroifles  de  Ma- 
rigui  Se  de  Lorey ,  où  elle  reçoit  le  rufleau  de  Cancer- 
neur  ;  de-là  elle  pafle  à  Hauteville-le-Guichard  ,  lieu  de 
la  naiflance  de  ces  fameux  Normands ,  qui  conquirent  la 
plus  grande  partie  de  l'Italie  ,  la  Sicile  ,  Naples ,  la  Cala- 
bre  Se  la  Pouille.  Elle  va  de-là  à  îvlon'ani ,  à  Mesnilvry 
&  à  Romilly  ;  Se  après  avoir  recule  ruifleau  de  Vauloue  , 
qui  a  fa  fource  au  pied  de  Monteveft ,  elle  va  fe  perdre 


907 

près  de  Tripehou  ,  dans  la  rivière  de  Tante.  *  Corn.  Di£t. 
Vaudom.  Maniifc.  geogr.  de  la  France. 

1.  LOSSE ,  (la)  rivière  de  France ,  en  Guienne.  Elle 
a  fa  fource  dans  î'Aftarac ,  aux  confins  de  la  Bigorre ,  d'où , 
prenant  fon  cours  vers  le  nord,  elle  entre  dans  l'Arma- 
gnac ,  arrofe  Montesquiou ,  Se  y  reçoit  le  Lizet ,  ruifleau. 
Au-defious  de  Siourac ,  elle  fe  tourne  vers  le  nord-oueft  , 
reçoit  un  autre  ruifleau  ,  puis  la  rivière  de  Guiroué  ;  coule 
à  Fesenfac  ;  entre  dans  le  comté  d'AIbret ,  Se  fe  perd  dans 
la  Gélife,  *  Rob.  de  Faugondy ,  Atlas. 

2.  LOSSE  ,  ou  Lossie  ,  en  latin ,  Lnxa ,  rivière  d'E- 
cofle.  Elle  coule  dans  la  province  de  Murray,  où  elle  ar- 
rose Elgin  ;  Se  un  p;u  au-deftous  de  cette  place ,  elle  fe 
perd  dans  le  golfe  de  Murray. 

LOSSENSÏS  comïtatuSj  nom  latin  du  comté 

DE  LOOTZ. 

LOT  ,  (  LE)  rivière  de  France.  Il  prend  fa  fource  dans 
le  Gévaudan  ,  au-deflus  de  la  ville  de  Mende.  Ses  noms 
latins  font  ,  félon  Baudrand  ,  Olda ,  Oldus ,  Olindls  , 
Olitis ,  auxquels  il  ajoute  Lotus.  Il  porte  le  nom  d'Olt  , 
depuis  fa  fource  ,  qui  eft  dans  les  Sevennes ,  jusqu'à  En- 
traigues ,  dans  PélecYion  de  Villefranche.  Dans  cet  espace 
il  court  vers  l'occident  ;  pafle  au  nord  de  Mende  ;  fe  re- 
combe vers  le  midi ,  au  couchant  de  cette  ville  ;  reçoit 
deux  ruifleaux  ;  reprend  fon  cours  vers  le  couchant  ;  pafle 
à  Chanac  ,  bourg  ;  Se ,  ferpentant  vers  le  nord-oueft  ,  en- 
tredans  le  Rouergue ,  pafle  à  S.  Gêniez ,  d.  à  S.  Côme  , 
d.  à  Espaliou  ,  g.  à  Eftain  ,  à  Entraigues  ,  où  il  fe  groflït 
par  les  eaux  du  Truyeire ,  qui  descend  des  montagnes 
d'Auvergne.  De-là  il  change  fon  cours,  vers  le  midi  Se  vers 
le  couchant  ;  baigne  Caienac ,  g.  Caïare ,  g.  enferme  Ca- 
hors à  l'orient ,  au  midi  Se  au  couchant  ;  pafle  à  Luzetz  , 
g.  à  Caftel-Franc ,  g.  à  Pui-1'Evêque ,  g.  à  Duravel ,  g.  à 
Fumel ,  g.  à  Villeneuve  d'Agénois  ,  g.  à  S.  Liorade,  à 
Caftelmoron,  d.  à  Chirac,  g.  Se  fe  jette  dans  la  Garonne 
à  Aiguillon.  Il  commence  d'être  navigable  à  Cahors. 
Quoiqu'il  ne  le'foit  que  par  des  écluses  ,  fa  navigation 
eft  très-utile,  tant  pour  faire  remonter  les  vins  du  Querci , 
jusqu'à  Entraigues  ,  d'où  on  les  transporte  fur  des  mulets 
dans  le  haut  Rouergue  Se  en  Auvergne  ,  que  pour  faire 
descendre  depuis  Cahors  jusqu'à  Bordeaux  ,  des  vins ,  des 
eaux-de-vie ,  des  châtaignes  Se  des  charbons  de  terre  , 
que  l'on  tire  de  l'éleftion 3e  Villefranche.  *  Sanfon ,  Atlas. 
Piganiol  de  la  Force  ,  Cefcription  de  la  France ,  t .  4  , 
p-  448  ,  450  &  fuiv. 

LOTEVA.  Voyez  Lodeve. 

LOTHARINGIA.  Voyez  Lorraine. 
_  LOTHIANE ,  Laudar.ia ,  province  de  l'Ecofle  mé- 
ridionale ,  fur  la  mer  d'Allemagne.  Elle  eft  bornée  au 
feptentrion  par  le  golfe  de  Forth  ,  qui  la  fépare  de  la  pro- 
vince de  Fife.  Elle  a  la  mer  au  nord-eft,  les  comtés  de 
Mers  Se  de  Tiviotsdale  au  fud-eft,  Tveda'.e  au  midi  , 
Clydsdale  au  fud-oueft ,  Se  Sterlin  au  nord-oueft.  C'eft 
de  toute  l'Ecolie  la  plus  belle ,  la  plus  fertile  Se  la  plus 
peuplée.  Elle  produit  toutes  fortes  de  grains  ,  Se  le  fro- 
ment y  vient  parfaitement  bien.  Sa  longueur  d'occident 
en  orient ,  eft  confidérable  ;  de-la  vient  qu'on  la  divife 
en  trois  parties  principales  ;  l'une  orientale  ,  l'autre  occi- 
dentale ;  Se  la  troifiéme  eft  celle  du  milieu  ,  nommée  par 
cette  railonMiD-LoTHlAN.  C'eft  dans  cette  partie  qu'eft 
Edimbourg  ,  capitale  de  l'Ecoife.  *  Allard ,  Atlas. 

Il  y  a  dans  cette  province  plufieurs  ports  ,  dont  les  plus 
confidérables  font  : 


Leith , 

Cockeny, 

Muflelbourg, 

Prefton-Pans , 

Dumbar , 

BorrovftownnefT. 

La  nobleflè  y  a  plufieurs  belles  maifons  de  campagne» 
Les  principales  familles  font  les  Hamiltons ,  Douglas , 
Hays ,  Mawels ,  Kers ,  Maitlands  ,  Seatons  ,  Scots^  El- 
phinftons,  Napers  ,  Cranftons,  Drummonds  ,  Sinclairs, 
Ramfeys  ,  Johnftons  ,  Hepburns,  Dundafles  ,  Preftons  , 
Fletchers ,  Edmonftons ,  Cockburns  ,  Lauders ,  Forref- 
ters ,  Sec. 

(  (Dumbar, 

•  j     Dans  la  partie  IHaddinsjton, 

I  orientale.  )  L'ifle  Se  le  fort  de  Ba(T, 

La  provin-{  V.Le  château  de  Tentallon.1 

Tome  III,    Yyyyy  ij 


po8 

ce  de  Lo- 
THIANE  a 


LOV 


LOU 


(Edimbourg  •, 
Dans  la  partie]  Leith  , 
du  milieu.  Wiuffelbourg, 

(Dalkeith. 

■  ,.          .  (Lilintgov, 

Dans  la  partie^     a=outre  ce]aune  mai_ 
'^occidentale.         |    fon  royale> 

LOTH1ER.  Voyez  Lorraine. 

LOTHOPHAGES.  Voyez  Lotophages. 

LOTIEN,  ville  de  la  Chine ,  dans  la  province  deHu- 
quang,  au  département  deHoancheu,  cinquième  métro- 
pole de  la  province.  Elle  eft  de  2  d.  25'  plus  occiden- 
tale que  Pékin  ,  fous  les  31  d.  41  '  de  latitude.  *  Atlas 
Sinenfis. 

1.  LOTING ,  ville  de  la  Chine  ,  dans  la  province  de 
Pékin  ,  au  département  de  Jungping ,  huitième  métropole 
de  cette  province.  Elle  eft  d'un  degré  30'  plus  orientale  que 
Pékin  ,  fous  les  39  d.  35'  de  latitude.  *  Atlas  Sinenfis. 

2.  LOTING  ,  ville  &  fortereffe  de  la  Chine  ,  dans  la 
province  de  Quantung ,  où  elle  a  le  rang  de  grande  cité. 
Elle  eft  de  5  d.  9'  plus  occidentale  que  Pékin ,  fous  les 
23  d.  25'  de  latitude.  *  Atlas  Sinenfis. 

Le  département  de  cette  ville  comprend  trois  cités  : 

Loting  ,  0  Tunggang  , 

Sining. 

LOTOA ,  AarJa. ,  ifle  de  la  mer  Ionienne ,  entre  Cé- 
phalonie  &  Zante.  C'eft  la  Letoia  de  la  Pline.  *  Pio- 
lom.  1.  3  ,  c.  14. 

LOTOPHAGES  ,  peuple  d'Afrique  ,  auprès  du  golfe 
de  la  Sidre.  Hérodote  ,  /.  4 ,  c.  178  ,  dit  :  les  N4achy.es 
font  le  long  de  la  mer ,  au  voifinage  des  Lotophages  ,  & 
fe  nourriffent  de  Lotos ,  comme  eux.  CssLotophages 
font  fans  doute  les  A»Top«V»'  A/Éu«  ^onr  parle  Scylax 
dans  fon  Périple;  &  leur  pays  étoit  la  côte  des  Lotopha- 
ges, qui,  au  rapport  de  Pline ,  L  5  ,  c.  4  ,  étoient  nom- 
'  mes  Alackroës  Cette  côte  étoit  au  fond  du  golfe ,  pro- 
che de  l'autel  des  Silènes.  In  intimofinufuit  ora  Lotopka- 
gon  quos  quidam  Vlaehroas  dixere  ad  Phdtznorum  aras. 

LOTOPHAGITES  INSULA  ,  rifle  Lotophagite ,  ou 
des  Lotophages.  Ptolomée  ,  /.  3  ,  c.  4,  place  cette  ifle  fur 
la  côte  d'Afrique  ,  dans  le  même  golfe ,  &  dit  qu'il  y  avoit 
deux  villes  ,  favoir  ,  GERRA  &  MENINK.  On  croit  que 
c'eft  préfentementl'ille  deZerbi,que  nous  appelions  rifle 
de  Gerbes.  Voyez  GERBES  &  MENINGE. 

LOTUNG ,  ville  de  la  Chine  ,  dans  la  province  de 
Queicheu ,  au  département  de  Tucho  ,  huitième  métro- 
pole de  la  province.  Elle  eft  de  10  d.  10'  plus  occidentale 
que  Pékin  ,  fous  les  26  d.  5  '  de  latitude.  *  Atlas  Sinenfis. 

LOVANDO.  Voyez  Loango. 

LOVANGIRI ,  ou  Loangiri  ,  contrée  d'Afrique , 
dans  la  bafle  Ethiopie  ,  au  royaume  de  Loango.  Elle  eft 
au  bord  de  la  mer ,  entre  la  province  de  Cilongo  ,  &  le 
royaume  de  Cacongo ,  entre  les  rivières  de  Quita  &  de 
Loango-Louife.  Du  côté  des  terres ,  elle  eft  bornée  par 
la  province  de  Loango-Mongo  ,  ou  Lovango- 
MONGO.  Ce  pays  eft  arrofé  de  petites  rivières ,  qui  le 
rendent  très-fertile  &  très-peuplé.  Les  habitans  fe  nour- 
riffent de  poiffon ,  &  s'occupent  à  faire  des  draps  &  des 
toiles  ;  &:  ce  travail  n'empêche  pas  qu'ils  ne  foient  plus 
propres  à  la  guerre  que  leurs  voifins.  *  De  la  Croix ,  Rela- 
tion de  l'Afrique,  t.  3. 

LOVANGO  -  MONGO ,  ou  Loango  -Mongo  , 
contrée  d'Afrique  ,-dans  la  baffe  Ethiopie.  Elle  eft  conti- 
guë  à  la  province  de  Lovangiri ,  &  a  à  peu  près  les  mê- 
mes bornes  au  nord  &c  au  midi.  On  ignore  celles  de  l'O- 
rient. Elle  eft  grande  ,  pleine  de  coteaux  &  de  palmiers  , 
qui  y  produifent  de  l'huile  en  abondance.  L'occupation 
ordinaire  des  habitans ,  c'eft  de  fabriquer  des  draps  Se 
des  toiles.  Depuis  que  les  rois  de  Lovango  ,  ou  Loango, 
fe  font  rendus  puiflans  par  les  armes,  &  qu'ils  ont  réduit 
leurs  voifins  fous  leur  puiffance ,  ils  ont  fait  leur  demeure 
ordinaire  dans  cette  province.  *  De  la  Croix,  Relation 
de  l'Afrique,  £.3.  » 

LOVANGO.  (  le  royaume  de  )  Voyez  Loango. 

LOVANIES.  Voyez  Montuniates. 

LOVANIUM.  Voyez  Louvain. 


ï.  LOU  ANS,  ou  Louancey,  bourg  de  France, 
dans  la  Touraine ,  élection  de  Loches. 

2.  LOU  ANS  ,  en  Bourgogne.  Voyez  Loiians. 
LOVAT ,  rivière  de  l'empire  Rumen  ,  dans  le  duché 
de  la  grande  Novogorod  ,  au  midi  oriental ,  du  lac  II- 
men  ,  qu'elle  forme  conjointement  avec  la  Salona.  A  fon 
embouchure  dans  le  lac  ,  eft  la  ville  de  Staraïa  Ruffa.  * 
Rob.  de  Vaugondy  ,  Atlas. 

LOUBAT  ,  village  d'Afîe  ,  dans  la  Natolie.  Spon  , 
Voyages ,  t.  1  ,  p.  169  ,  le  nomme  Loupadi ,  &  dit  :  le 
foir  nous  arrivâmes  à  Loupadi ,  petite  ville  presque  dé- 
ferte ,  fituée  de  l'autre  côté  de  la  rivière  ,  qui  fort  du,  lac , 
&  va  fe  jatter  au-deffous  dans  le  Granique.  C'eft  le  lac 
&C  la  rivière  d'Ascanius  ;  mais  nos  cartes  placent  ce  lieu- 
là  au  bord  du  lac ,  quoiqu'il  en  (bit  à  trois  lieues  au-def- 
fous ;  &  ils  pofent  le  lac  affez  proche  de  la  mer ,  bien 
qu'il  en  foit  éloigné  d'une  journée  de  chemin.  Il  y  a  plu- 
fieurs  remarques  à  faire  fur  ce  peu  de  lignes.  1.  Loubat 
&  Loupadi  eft  fltué  fur  une  rivière  qui  fe  jette  dans  là 
mer ,  &  qui  n'a  rien  de  commun  avec  le  Granique.  Ni 
la  rivière  ni  le  lac  n'ont  rien  de  commun  avec  le  lac  As- 
C  ANIUS,  comme  on  le  fera  voir  dans  la  fuite.  Pourfuivons. 
Cette  ville  ,  continue  le  voyageur  cité ,  eft  affurément 
ancienne ,  comme  on  le  reconnoît  à  ks  marbres  &  à  fes 
colonnes ,  mis  confufément  dans  la  fabrique  des  murail- 
les ,  qui  fonfun  ouvrage  des  empereurs  Grecs ,  avec  des 
tours  rondes  &  pentagones  de  vingt  en  vingt  pas.  Nicé- 
tas  Chômâtes ,  qui  a  écrit  dans  le  treizième  fiécle  ,  appelle 
cette  ville  Lopadium.  Ferrari  dit  qu'elle  s'appellôit  an- 
ciennement ApOLLONIA  ;  mais  ce  qu'il  ajoure  eft  évi- 
demment faux  ,  quand  il  dit  qu'elle  eft  près  du  mont 
Olympe  ,  dont  nous  étions  éloignés  d'une  journée.  Spon 
pouvoitbien  dire,  fans  rien  risquer,  queLoupadined  point 
Apollonia.  Il  eft  affez  bien  relevé  par  Paul  Lucas ,  dans 
fon  troifiéme  voyage  ,  l.  i,t.  i3Jd.  129,  qui  parle  ainfi, 
premièrement  du  lac  ,  &c  enfuite  du  village  de  Loupa  où 
Loupadi.  Après  fept  heures  de  marche,  nous  pifïàmes , 
dit-il ,  près  d'un  lac  ,  que  Strabon  appelle  Apolloniate  , 
parce  qu'il  étoit  près  de  la  ville  d'Apollonie.  Le  fleuve 
Rhyndacus  qui  eft  auprès ,  &f  que  nous  paffâmes  fur  un 
méchant  pont  de  bois ,  en  eft  une  preuve  certaine.  On 
fait  que  ce  fleuve  ,  qui  fépare  la  Bithynie  de  la  Myfie  ,  va 
fe  jetter  dans  la  Propontide ,  auprès  de  Cyzique.  Après 
avoir  traverfé  le  village  de  Loupa  ou  Loupadi  ,  qui  eft 
habité  par  des  Turcs  &  par  des  Chrétiens ,  nous  arrivâ- 
mes à  Minalaiche  ,  qui  eft  un  gros  cafabas ,  à  une  lieue 
de  Loupadi ,  où  l'on  voit  encore  beaucoup  de  ruines  qui 
font  croire  que  ces  deux  lieux  voifins  formoient  autrefois 
une  ville  considérable  ;  &  je  ne  doute  point  que  ce  ne 
fût  celle  d'Apollonie.  Ferrari  confirme  mon  fentiment  , 
(  c'eft  toujours  Paul  Lucas  qui  tâche  de  foutenir  fa  con- 
jecture, )  en  difant  que  Loupadi ,  que  Nicétas ,  qui  écri- 
voit  dans  le  treizième  fiécle  ,  appelle  Lopadion ,  s'appel- 
lôit anciennement  Apollonie.  Ainfi  Spon  pourroit  bien 
s'être  trompé ,  en  confondant  ce  lac  avec  celui  d'Asca- 
nius, &  leRhindacus  avec  la  rivière  d'Ascanius,  puisqu'on 
trouve  le  lac  dont  je  parle  ,  avant  que  de  paffer  le  Rhin- 
dacus.  Il  refte  encore  dans  Loupadi  des  débris  d'un  vieux 
château ,  dont  les  murailles  flanquées  de  groffes  tours  ron- 
des &  pentagones,  paroiffoient  avoir  été  très-bien  bâties  , 
auffi-bien  que  celle  d'un  temple ,  dont  on  voit  les  ruines. 
Paul  Lucas  reprend  fort  bien  Spon  ;  mais  il  eft  lui-même 
dans  l'erreur ,  lorfqu'il  dit  que  Loupadi  pourroit  bien  être 
Apollonie.  Il  confond  des  chofes  très-différentes.  Il  y  avoit 
dans  le  lac  même  une  ville  nommée  Apollonie ,  fur  une 
ifle  où  eft  aujourd'hui  le  village  d'Abouillona  ,  qui  en 
conferve  le  nom.  Elle  donnoit  au  lac  le  nom  d'Apollo- 
niates  ouApolloniatide  ;  la  rivière ,  qui  fort  de  ce  lac ,  eft 
le  Rhindacus  des  anciens.  Dans  le  moyen  âge  les  empe- 
reurs de  Conftantinople  ayant  bâti  une  ville  hors  du  lac, 
&  au  couchant  de  la  rivière ,  ils  la  nommèrent  Lspadion  ; 
&  le  lac  &  la  rivière  en  prirent  le  nom.  Voyez  Ab  ou  1L- 
lona  ,  Apollonie  8 ,  &  Lopadium. 

LOUBENS  ,  baronnie  de  France,  dans  le  haut  Lan- 
guedoc, au  comté  de  Carmang.  Elle  appartient  à  la  mai- 
ion  de  Verdale  ,  qui  a  donné  un  grand-maître  à  Malthe. 
LOUBERT ,  terre  de  France ,  dans  l'Angoumois ,  avec 
titre  de  baronnie.  Elle  a  quantité  de  mouvances ,  dont  une 
des  plus  confidérables  eft  Manot ,  où  eft  un  château  de 
M,  le  marquis  de  Fénelon ,  à  qui  cette  terre  appartient. 


LOU 


LOU 


);LOUBRISSAC,  bourg  de  France,  au  Querci,  dans 
l'élection  de  Figeac. 

^  LOUDEAC  ,  lieu  de  France  ,  en  Bretagne  ,  au  dio- 
cèfe  de  S.  Brieux.  On  y  fait  un  grand  commerce  de  fil , 
&  il  y  a  des  forges  de  fer. 

i.  LOUDUN  ,  ville  de  France  ,  en  Poitou  ,  en  latin  , 
Caftrum  Laufdunenfe  ,  Lofdunum  ,  Laucfdunum  &  Lau- 
dunum.  Macrin  &  les  frères  Sainte-Marthe  font  les  pre- 
miers qui ,  par  une  licence  poétique  ,  ont  donné  à  cette 
ville  le  noiin  de  Juliodunum  ,  que  Chevreau  Êr  quelques 
autres  ont  tâché  de  lui  conferver.  Il  y  a  dans  cette  ville 
un  bailliage  &  fiége  royal ,  qui  a  fa  coutume  particulière , 
&  eft  du  reffort  du  préfidial  de  Tours ,  de  même  que  l'é- 
leftion  eft  de  la  généralité  de  la  même  ville.  On  trouve 
à  Loudun  beaucoup  d'éc'.éfiaftiques  &  de  moines  ;  le  cha- 
pitre de  fainte  Croix ,  les  paroiffes  de  S.  Pierre  du  Mar- 
tray  &  de  S.  Pierre  du  Marché ,  des  Carmes ,  des  Cor- 
deliers  &  des  Capucins.  Le  couvent  des  Carmes  eft  grand, 
&  affez  beau.  Il  y  a  auffi  un  couvent  d'Urfulines,'un  de 
filles  de  la  Vifitation  de  fainte  Marie  ,  un  de  religieufes 
du  Calvaire ,  une  communauté  de  filles  de  S.  Thomas 
de  Villeneuve ,  qui  gouvernent  les  pauvres  de  l'Hôtel- 
Dieu  ;  une  maifon  de  filles  de  l'Union  Chrétienne,  une 
fociété  de  Dames  de  la  Miféricorde ,  établies  depuis  quel- 
ques années,  pour  vifiter  les  pauvres  £>c  les  fouiagerdans 
leurs  miferes  ;  &  une  fociété  d'éccléfiaftiques ,  qui  accor- 
'dent  les  différends ,  &  terminent  les  procès ,  fans  les  porter 
en  juftice  réglée.  Cet  établiffement  s'eft  fait  en  1700. 
*  Piganiol  de  la  Foret ,  Defcr.  de  la  France  ,  t.  5 ,  p.  104. 
Loudun  étoit ,  avant  l'an  1000  ,  la  principale  place 
du  Loudunois ,  qui  étoit  anciennement  fous  l'ebéiffance 
des  comtes  d'Anjou  ,  comme  on  le  voit  par  plufieurs  ti- 
tres ;  ce  pays ,  avec  le  Mirebalais  ,  ayant  été  donné  en 
fief  par  Guillaume,  comte  de  Poitiers ,  duc  d'Aquitaine  , 
fils  du  duc  Tête-d'Etoupes ,  à  Geoffroi  Grife-Gonelle  , 
comte  d'Anjou  :  ce  qui  fut  confirmé  par  le  fils  du  même 
Guillaume ,  qui  accorda  de  nouveau  ce  pays  en  fief  à  Foul- 
ques Nere ,  fils  &  fucceffeur  de  Grife-Gonelle.  C'eft  ce 
qu'Aimar,  moine  d'Aneouléme,  nous  apprend  en  fa  Chro- 
que  ,  où  il  dit  que.ee  comte  Guillaume  avoit  donné  à 
Foulques,  comte  d'Anjou ,  le  château  de  Loudun  ,  &  quel- 
ques autres  places  en  Poitou  ,  avec  la  ville  de  Saintes,  en 
fief.  Caflrum  Lofdunum  cum  aliis  nonnullis  in  Piclavo- 
rum  Solo-  Sanlonas  quoque  urbem  cum  quibufdam  cap- 
tellis  conetfferat  &  pro  beneficio.  Les  fucceffeurs  de  Foul- 
ques Nere  tinrent  les  mêmes  terres  de  Poitou  à  foi  & 
hommage  des  ducs  de  Guienne  ,  jufqu'au  tems  où  les  com- 
tes d'Anjou  ,  qui  étoient  devenus  ducs  de  Normandie  & 
rois  d'Angleterre  ,  devinrent  auffi  ducs  de  Guienne ,  & 
comtes  de  Poitiers,  par  le  mariage  d'Aliénor  avec  Hen- 
ri II,  roi  d'Angleterre.  Loudun  étoit  des  dépendances  de 
l'Anjou  ,  fous  le  régne  de  Louis  VIII  ;  de  forte  qu'il  fut 
poffédé  par  Charles  ,  frère  de  S.  Louis  ;  &  lorfque  ,  l'an 
1366 ,  Charles  V  ,  roi  de  France ,  régla  le  partage  de  fon 
frère  Louis,  duc  d'Anjou,  la  châtellenie  de  Loudun  lui 
fut  cédée  ,  &  fes  héritiers  en  ont  joui  jusqu'après  la  mort 
du  roi  René,  que  Loudun  fut  réuni  à  la  couronne  avec 
l'Anjou ,  par  Louis  XI.  Depuis  ce  tems  ,  quoique  Loudun 
ait  été  quelquefois  engagé  ,  il  a  toujours  fait  partie  du 
domaine.  Henri  III ,  roi  de  France  ,  érigea  le  Loudunois 
en  duché  ,  en  faveur  de  Françoife  de  Rohan  ,  dame  de 
la  Garnache ,  après  la  mort  de  laquelle  le  duché  fut  éteint. 
DuValn'a  pas  pu  dire  dans  fa  Defcription  de  la  France,  que 
Loudun  avoit  le  titre  de  duché.  L'on  remarque  dans  des 
titres  de  Fontevrault ,  que  ,  l'an  1 1 17  ,  il  y  avoit  un  Gil- 
bert de  Loudun  ,  &  plufieurs  autres  de  ce  nom  ;  ce  qui 
ne  doit  pas  faire  croire  qu'ils  tuffent  feigneurs  de  Loudun  : 
ils  en  étoient  feulement  les  vaffaux,  &  obligés  d'en  gar- 
der le  château  en  tems  de  guerre  ;  c'eft  pourquoi  ils  étoient 
auffi  nommés  chevaliers  de  Loudun.  Loudun  a  été  la  pa- 
trie de  plufieurs  perfonnes  diftinguées  par  leur  efprit  Se 
leur  favoir  ;  Scévole  &  Abel  de  Sainte-Marthe,  frères  ju- 
meaux, nés  à  Loudun  le  20  Décembre  1^71.  On  a  d'eux 
l'Hiftoire  généalogique  de  la  maifon  de  France ,  le  livre 
intitulé  :  Gallia  Chrifliana  ,  &  plufieurs  autres  ouvrages. 
Ils  moururent  à  Patis;  Scevole  ,  le7  Septembrei6s;o  ;  & 
Louis  ,  le  29  Avril  1656.  Urbain  Grandier ,  curé  &  cha- 
noine de  Loudun  ,  homme  de  lettres,  plus  connu  encore 
par  le  malheur  qu'il  eut  d'être  brûlé  vif,  par  fentence  du 
18  d'Aoûtt634,  étant  accusé  du  crime  de  magie,  de  malé- 
fice ,  &pcjJe(Jîon  arrivée  par  fon  fait ,  es  perfonnes  d'au- 


909 

cunts  religieufes  Urfulir.es  de  Loudun,  &  autres  ficu- 
lieres.  Cette  cruelle  exécution  paiia  pour  un  effet  de  ref- 
fentiment  d'un  miniftre  que  Grandier  n 'avoit  pas  affez 
ménagé  ;  &  l'on  douta  que  le  crime  fut  bien  réel,  &  bien 
prouvé.  Théophrafte  Renaudot,  médecin  de  Paris,  & 
premier  auteur  de  la  Gazette  ,  père  du  fameux  Enfebe 
Renaudot ,  l'un  des  plus  doftes  abbés  de  notre  fiécle. 
Ifmaël  Bouiilaud  ,  né  de  parens  Proteftans  ,  l'an  1605  î 
fon  éloge  fe  trouve  dans  le  dictionnaire  de  Moreri ,  ik 
entre  les  hommes  illuftres  de  Perrault.  Urbain  Chevreau, 
né  à  Loudun  le  11  Mai  161 3  ,  &  mort  au  même  lieu,  lé 
1  s;  Février  1701.  On  a  de  lui  fes  Œuvres  mêlées ,  les  Cht- 
yraana;  fes  Poèfiës;  &  l'Hiftoire  du  Monde*  Longueme, 
Defcr.  de  la  France ,  I  part. 

2.  LOUDUN  ,  petite  ville  de  France  ,  au  bas  Langue- 
doc ,  fur  la  rivière  de  Tave  ,  à  deux  lieues  de  fon  embou- 
chure dans  le  B.hône.  *  Baudrand  ,  édit.  17CK. 

3.  LOUDUN.  Voyez  Loo,bux. 
LOUDUNOIS.  (le)  Voyez  Loudun. 

LOUE ,  bourg  de  France,  dans  le  Maine  ,  entre  Ar- 
gentré  &  le  Mans. 

LOUELLLE  ,  bourg  de  France,  dans  l'Anjou,  élec- 
tion de  la  Flèche. 

LOVENTINUM ,  ou  Luentinum  ,  ville  de  l'ifle  Al- 
bion ,  félon  Ptolomée  ,  a  érimr.  C'étoit  une  des  deux 
villes  des  Démètes ,  félon  le  même ,  qui  la  met  près  de 
l'embouchure  de  la  rivière  Tuérobus.  On  croit  qu'elle  a 
été  abîmée  par  un  tremblement  de  terre ,  &  qu'elle  étoit 
dans  l'endroit  du  pays  de  Galles ,  où  eft  préfentement  le 
lac-,  Lin-Savatan  ,  auprès  de  la  rivière  de  Lleveny,  qui 
fort  préfentement  de  ce  lac,  enBïecknockshlteSCjmbden, 
Britan. 

LOVENTIO ,  montagne  de  la  Ligurie  ,  près  de  Gè- 


felon 


que  1  on  y  conferve  ,  au  1 


pott  d'Ortelius,  Tlufaurus. 

LOUERVE  ,  bourg  de  France,  en  Anjou  ,  éleftion 
de  Saumur. 

LOUGAN  ,  ville  de  la  Chine  ,  dans  la  province  de 
Suchuen.  Elle  en  eft  la  feptiéme  métropole.  Le  P.  Mar- 
tini lui  donne  12  d.  io'  latitude  ,  &  32  d.  45'  de  longi- 
tude. On  compte  trois  villes  dans  cette  métropole. 
Lougan,  Kyangien,  Xéciven. 

LOUGH-BRÈAGH,  baronnie  d'Irlande,  dans  la  pro- 
vince de  Connaught.  C'eft  une  des  dix-fept  qui  com- 
pofent  le  comté  de  Gallway.  *  Etat  prifent  de  l'Ir- 
lande. 

LOUGBOROUGH,  bourg  d'Angleterre,  en  Leices- 
tershire,  à  trois  lieues  de  la  ville  de  Leicefter,  du  côté 
du  nord.  On  doute  fi  c'eft-là  qu'il  faut  mettre  Laclodu- 
rum  des  anciens,  ou  à  Ster.ijlraford,  dans  le  comté  de 
Buckingham.  * Baudr.  édit.  170*. 

LOUGHLIN,  ville  d'Irlande,  dans  la  province  de 
Leinfter.   Voyez  Laghlin. 

LOUGNÉ,  boergue  France,  en  Anjou,  éleftion  de 
Château-Goniier. 

LOUGNON,  rivière  de  France,  dans  la  Franche- 
Comté.  Elle  afafourceau  montdeVauge,  fur  les  fron- 
tières de  la  Lorraine;  &,  coulant  au  fud-oueft,  elle  paife 
vers  Lure  &C  du  côté  de  Befançon  ;  puis  fe  rend  dans  la 
Sône  ,  près  de  Pontaillé  ,  entre  Gray  &  Auxonne. 
*  Baudrand ,  édit.  1705. 

LOUHANS.  Voyez  Loans. 

LOVIA;  quelques-uns  lifent  ainfi  dans  Antonin,  au 
lieu  de  Jovia  ,  lieu  de  Pannonie. 

LOUIS,  (saint)  ifie  &  fort ,  fur  la  côte  occiden- 
tale d'Afrique  ,  à  l'embouchure  de  la  rivière  du  Sénégal , 
&  au  fud  de  Portendic.  C'eft  le  fécond  établiffement  des 
François  fur  cette  côte.  La  fituation  du  fort  eft  très- 
avantageufe.  Il  n'avoit  d'abord  pour  défenfe  qu'une  pa- 
liffade  avec  un  mur  de  boue  (a)  ,  &  trois  batteries  de 
canon  ;  mais  à  ces  murs  on  en  a  fait  fuccéder  de  plus 
folides  avec  plufieurs  ouvrages  avancés.  L'artillerie  eft 
d'environ  trente  pièces ,  &  la  garnifon  convenable  à 
l'importance  de  la  place.  (a) Relation  deBarbot.*Labat, 
Afrique  occidentale,  vol.  2. 

LOUIS.  Voyez  Fort-Louis,  Mont-Louis, Port- 
Louis,  Sar-Louis. 

LOUISIANE.  Voyez  LOUYSIANE. 
LOU  LE,   petite  ville  de  Portugal,  dans  la  province- 
d'Algarve  ,  au  nord-oueft  de  Faro  ,.  fur  la  côte  mériî 


-'9  î  3 


LOU 


lOU 


dionale.  Elle  n'a  rien  de  fort  remarquable  ;  que  le  titre 
de  comté,  qu'elle  porte.  *  Délices  de  Portugal,  p.  811. 

LOUNI,  ville  d'Afie,  dans  l'Indouftan,prèsdeDehli. 
*  Hi.fi.  de  Timur-Bec,  1.  4 ,  c.  17.. 

LOVOLOTRENSE  -  CASTRUM.  S.  Grégoire  de 
Tours,  Hijl.  Franc.  1.  3  ,  c.  13  ,  dit  :  Lovolautrum  au- 
tem  caflrum  hoftes  expugnant,  Proculumquepnsbyterum, 
qui  quondam  J'anclo  Quintiano  injuriant  intulerat  adal- 
tarium  ecclefia  miferabiliter  interjïciunt.  Il  dit  ailleurs  : 
tune  &  Proculus  illt  presbyter  inruptis  Lovolautrenjîs 
caflri  mûris ,  ab  ingredienlibus  hojlibus  ante  ipfum  eccle- 
fia  altare  gladiorum  icl'tbus  in  frujla  discerptus  ejl.  C'eft 
une  répétition  de  la  même  hiftoire  dans  le  premier  pas- 
fage  ;  au  lieu  de  Lovolautrum  ,  un  manuscrit  porte  No- 
volotrum,  dont  la  fituation  eft  incertaine,  au  fentiment 
de  D.  Thierri  Ruinart ,  éditeur  de  Grégoire  de  Tours. 
De  Valois  ,  Notit.  G  ail.  croit  que  c'eft  le  lieu  nommé 
VoLORRE,  auprès  de  Thiern ,  bourg  d'Auvergne.  Gré- 
goire de  Tours  parle  de  ce  château  comme  d'une  place 
qui  avoit  été  imprenable  jusques-là ,  &  que  Dieu  fem- 
bla  n'avoir  livrée  aux  ennemis  que  pour  le  châtiment  du 
prêtre  Proculus ,  qui  s'y  étoit  réfugié. 

LOUP,  (le)  petite  rivière  de  France,  en  Provence. 

LOUPADI,  rivière  d'Afie,  dans  la  Natolie,  où  elle 
a  fa  fource  au  mont  Olympe.  Elle  traverfe,  de  l'orient 
à  l'occident,  le  lac  de  Loupadie  :  en  fortant  de  ce  lac, 
elle  mouille  la  ville  de  même  nom  ;  6c,  prenant  fon 
cours  vers  le  nord,  en  ferpentant,  elle  fe  joint  à  la  r> 
viere  de  l'Artachi ,  rk  va  fe  perdre  dans  la  mer  de  Mar- 
mora,  près  de  Palonne.  C'eft  le  Rhyndacus  des  an- 
ciens. 

LOUPE ,  (la)  bourg  de  France  ,  dans  la  Beaace , 
diocèfe  6c  élection  de  Chartres. 

LOUPELANDE ,  bourg  de  France ,  dans  le  Maine. 

LOUPIAC  ,  bourg  de  France,  en  Guienne,  dans 
l'Armagnac,  à  la  fource  de  la  Gélife. 

LOUPIAN ,  bourgade  de  France ,  au  bas  Languedoc* 
au  diocèfe  d'Agde ,  fur  l'étang  de  Thau.  Les  auteurs 
de  la  France  en  font  une  ville.  *  Robert  de  Vaugondy, 
Atlas. 

LOURDE ,  ville  de  France ,  en  Gascogne  ,  fur  le 
gave  de  Pau ,  dans  le  Lavedan ,  dont  elle  eft  la  ville 
unique  &  le  chef- lieu,  à  quatre  lieues  deBàgnieres.  Le 
château  eft  fur  un  rocher.  On  en  attribue  la  ftruéture 
aux  Romains ,  auffi-bien  que  celle  d'une  partie  des  murs 
de  la  ville.  Sa  fituation  eft  affez  importante,  puisqu'elle 
ferme  l'entrée  de  la  vallée  du  côté  de  la  Gascogne.  Elle 
a  eu  autrefois  fes  feigneurs  particuliers  ;  &c  ayant  été 
enfuite  poffédée  par  les  comtes  de  Bigorre  ,  elle  vint 
avec  ce  comté  aux  maifons  de  Foix  &  d'Albert.  *Pi- 

faniol  de  la  Force,  Descr.  de  la  France,  t. 4,  p.  585. 
.onguerue ,  Descr.  de  la  France ,  />.  2.05. 
Scaliger  avoit  cru  que  Lourde  étoit  l'ancienne  La- 
pur  dum  ;  mais  ne  fait,  à  ne  pas  entourer,  que  c'eft 
Bayonne. 

LOURE.  Vovez  LuRE. 

1.  LOUROUX,  (le)  bourg  de  France',  en  Toù- 
raine,  élection  de  Loches. 

2.  LOUROUX,  (le)  bourg  de  France  *  dans  l'An- 
jou, élection  d'Angers.  Voyez  LoROUX. 

LOUROUX  DE  BOUBLES,  village  de  France, 
dans  le  Bourbonnois ,  élection  de  Gannat.  Son  furnom 
vient  de  la  petite  rivière  de  Boubles ,  fur  laquelle  il  eft 
fitué.  Il  y  a  beaucoup  de  bois  de  haute-futaie ,  qui  ap- 
partiennent au  roi  ;  ce  bois  fert  à  une  verrerie  où  l'on 
ne  fait  que  du  verre  commun. 

LOUS.  Voyez  jEas  2. 

1.  LOUTH  ,  petite  ville  d'Irlande,  dans  la  province 
de  Leinfter,  dans  le  comté  auquel  elle  donne  ion  nom. 
Elle  eft  fituée  à  fept  milles  au  fud-oueft  de  Dundalk  , 
&  à  fix  milles  au  nord  d'Atherdée.  Elle  a  droit  de  te- 
nir marché  public ,  &c  donne  le  titre  de  baron  à  la  fa- 
mille Catholique  de  Plunket.  *  Etat  préfent  de  V  Irlande, 
p.  66. 

2.  LOUTH,  canton  d'Irlande,  avec  titre  de  comté, 
dans  la  province  de  Leinfter.  Il  étoit  anciennement  ap- 
pelle Lova  &  Luda  ,  en  irlandois  Iriel.  Il  a  le  canal 
de  S.  George  à  l'eft  ;  Monaghan  à  l'oueft  ;  Armagh  & 
la  baie  de  Carlingford,  qui  le  fépare  de  Down,  au  nord; 
&  Eaftméath  dont  la  Boyne  le  fépare  ,  au  fud-eft.  Il  n'a 
que  vingt-cinq  milles  de  long ,  £c  treize  de  large.   C'eft 


un  pays  rempli  de  pâturages,  &  affez  fettile.  On  le  divife 
en  quatre  baronnies  qui  font: 


Dundalk, 
Louth , 


Atherdée  ; 
Ferrand. 


Il  y  a  dans  cette  petite  étendue  cinq  villes ,  favoir  : 

Carlingford,  Louth, 

Dundalk,  Atherdée, 

&  Droghéda  ou  Trédach. 

3.  LOUTH,  bourg  d'Angleterre,  dans  la  province 
de  Lincoln.  On  y  tient  marché  public ,  félon  1' 'Etat pré- 
fent de  la  Gr.  Bretagne ,  t.  I . 

LOUVAIN,  vilie  des  Pays-bas,  dans  le  Brabant,où 
elle  eft  la  capitale  d'un  duché,  dont  nous  parlerons  dans 
la  fuite  ;  6c  elle  eft  encore  la  première  à  î'affemblée  des 
états  de  Brabant.  Louvain  eft  fituée  fur  la  Dyle ,  à  qua- 
tre lieues  de  Bruxelles  6c  de  Malines ,  &  à  trois  de  Til- 
lemont.  Son  ancien  nom  latin  eft  Lovonum  ou  Lovo- 
nium ,  changé  depuis  en  Lovanium ,  &c  en  flamand  L(E- 
VEN.  Il  n'en  eft  fait  aucune  mention  avant  le  régne  des 
petits-fils  de  Louis  le  Débonnaire.  L'auteur  des  Annales 
de  Metz  marque  un  lieu  nommé  LovON  ,  dans  le 
royaume  de  Lothaire  ,  à  l'année  886:  Locum  Lovon 
in  regno  Lotharii.  Les  Annales  de  Fulde  difent  que  les 
Normands  fe  fortifièrent  dans  ce  lieu  là,  l'an  891  :  Nor- 
mani  prope  jluvium  Dila  ,  loco  qui  dicitur  Lovonnium', 
Il  y  avoit  un  château  nommé  Loven  ,  où  s'arrêta  la 
courfe  de  ces  Normands.  Ils  avoient  ravagé  la  plus 
grande  partie  du  pays ,  &  vinrent  camper  fur  la  Dyle, 
dans  la  plaine  de  Louvain.  Ils  fe  retranchèrent  auprès 
du  château ,  &c  bâtirent  des  cabanes  pour  mettre  leur 
butin  à  couvert.  Jufte-Lipfe  croit  que  ce  fut-là  le  com- 
mencement de  la  ville  de  Louvain.  Ce  ne  fut  d'abord 
qu'un  château,  auquel  fe  joignit  un  bourg  que  le  duc 
Godefroi  fit  entourer  de  murailles,  en  1 1 51,  félon  l'abbé 
de  Longuerue,  ou,  en  1165,  félon  l'auteur  du  Grand 
Théâtre  profane  de  Brabant.  Cette  ville  s'aggrandit  6c 
fe  rendit  célèbre  par  le  commerce  &  les  manufactures. 
Le  nombre  des  habitans,  qui  venoient  de  tous  côtes  pour 
s'y  établir ,  obligea  d'en  étendre  considérablement  l'en- 
ceinte, l'an  1356;  6c  cet  ouvrage  fut  achevé  fous  Veu- 
ceflas,  duc  de  Luxembourg,  6c  fous  la  ducheffe  Jeanne, 
fa  femme.  Ce  commerce  cefla^l'an  1381.  Les  tifferands 
6c  autres  gens  de  métier  fe  révoltèrent  contre  Venceflas, 
duc  de  Brabant ,  &  jetterent  cruellement  par  les  fenêtres 
de  l'hôtel  de  ville  dix-fept ,  tant  échevins  que  confeil- 
lers.  Ils  prirent  enfuite  les  armes  contre  leur  prince ,  &C 
défolerent  le  Brabant  ;  étant  enfin  affiégés ,  ils  implo- 
rèrent fa  clémence  ,,  &  obtinrent  leur  pardon  à  l'ins- 
tance d'Arnould  de  Horne,  quarante-neuvième  évêque 
de  Liège.  Les  plus  coupables  furent  néanmoins  punis;  & 
les  tifferands,  auteurs  de  cette  révolte,  exilés.  Ils  fe  reti* 
rerent,  pour  la  plupart,  en  Angleterre,  où  ils  furent  reçus 
à  bras  ouverts.  Jean  IV,  duc  de  Brabant ,  pour  rétablir 
cette  ville,  presque  dépeuplée  &  fans  commerce,  y  fonda^ 
l'an  1426,  du  confèntement  du  pape  Martin  V,  l'univer- 
fité ,  qui  y  eft  devenue  depuis  fi  célèbre.  Louvain  eft 
maintenant  du  diocèfe  de  Malines  pour  le  fpirituel;  mais 
avant  l'érection  de  cet  archevêché  ,  la  moitié  de  Lou- 
vain étoit  fous  l'évêché  de  Liège ,  &  l'autre  fous  celui 
de  Cambray.  Il  y  a  huit  portes,  la  vieille,  &  la  nouvelle 
porte  de  Bruxelles  ;  cette  dernière  étoit  autrefois  nom- 
mée la  porte  de  Vilvorde;  celle  de  Malines,  celle  d'Ars- 
chot,  autrement  dite  la  porte  de  l'eau;  celle  de  Dieft, 
celle  de  Tirlemont  ;   celle  du  Parc  ck  celle  de  Heverlé. 

Les  bâtimens  publics  font  magnifiques.  La  maifon  de 
ville  eft  d'une  architecture  fort  chargée  d'ornemens.  La 
première  pierre  fut  mife  en  1440,  &  le  bâtiment  ne  fut 
achevé  que  dix  ans  après.  On  Fa  fort  embellie  en-dedans, 
depuis  1710. 

Les  églifes  font  fort  belles.  La  principale  eft  la  collé- 
giale de  S.  Pierre ,  qui  eft  une  des  plus  magnifiques  du 
pays.  Un  gros  vent  en  emporta  la  tour ,  en  1606  ;  c'é- 
toit  un  chef- d'oeuvre  ;  elle  avoit  533  pieds  de  haut , 
6c  étoit  accompagnée  de  deux  belles  tours  latérales  ,  qui 
en  avoient  chacune  430.  Lambert,  duc  de  Brabant,  qui 
fit  bâtir  l'églife,  vers  l'an  1045,  y  fonda  dix-huit  prében- 
des, qui  ont  pour  dignités  un  prévôt,  un  doyen,  6c  un 


LOU 


LOU 


chantre.  Ces  canonicats  font  annexés  à  des  profeffeurs, 
tant  en  théologie  qu'en  droit.  Il  y  a  dix  autres  canoni- 
cats ,  d'une  féconde  fondation ,  en  faveur  des  profeffeurs 
en  d'autres  fciences.  Au  milieu  du  chœur  eft  le  tombeau 
de  Henri  IV,  duc  de  Brabant,quiy  fut  enterré  l'an  133  y. 
Dierriere  le  chœur ,  eft  une  chapelle  où  repofe  le  corps 
de  la  bienheureufe  Marguerite  de  Louvain  ,  affaffinée  , 
Fan  1215  ,  par  des  fcélerats  qui  la  voulaient  violer. 

Les  autres  églifes  font  S.  Michel,  bâtie  l'an  116^; 
S.  Jacques ,  qui  eft  une  collégiale  ,  avec  un  doyen  Si 
onze  chanoines.  Ils  s'y  établirent,  l'an  1454  ,  ayant  été 
premièrement  fondés ,  l'an  1036,  au  village  d'Incourt, 
dans  le  Brabant.  Sainte  Gertrude  ,  abbaye  ducale  de 
chanoines  réguliers  de  S.  Auguftin,  fondée  en  1206,  par 
Henri  I  ,  duc  de  Brabant;  avant  l'an  1449,  ce  n'étoit 
qu'une  prévôté.  Les  religieux  ,  avant  que  d'y  entrer , 
doivent  prouver  huit  quartiers  de  nobleffe  ;  Si  enfin 
S.  Quentin. 

L'églife  des  Jéfuites  eft  très-belle  ;  c'eft  une  architec^ 
ture  moderne.  La  bénédi&ion  s'en  fit  le  24  Février 
16(16.  La  chaire  de  prédicateur  eft  d'une  ftrufture  fin- 

fjliere ,  Si  d'une  fculpture  admirable.  L'établiffement 
e  ces  pères  eft  de  l'an  1542.  Il  y  a  auffi  à  Louvain 
des  Dominicains  fondés  en  122S  ,  des  Récollets  établis 
en  123 1  ;  des  Carmes  mitigés,  en  1617  ;  des  chartreux, 
en  1489  :  ces  pères  ont  un  beau  cloître  ,  où  il  y  a  des 
vitres  peintes  d'une  grande  beauté.  Les  Auguftins  y  font 
depuis  l'an  1280.  Outre  ces  couvens  ,  il  y  a  le  prieuré 
de  S.  Martin  ;  ce  font  des  chanoines  réguliers ,  fondés 
en  1433  des  Capucins  ;  deux  couvens  de  Carmes  dé- 
chauffés ,  des  Minimes  ,  des  PP.  de  l'Oratoire  ,  des  Ré- 
collets, des  Dominicains  Anglois,  Si  des  Alexiens. 

Les  monafteres  des  religieufes  font  ;  l'abbaye  de  la 
Vignette,  ordre  de  Cîteaux;  les  Dames-Blanches,  de 
l'ordre  de  S.  Auguftin  ;  les  religieufes  dites  fur  la  Half- 
Straete  ,  Si  les  Dames  Angloifes  du  même  ordre  ;  les 
Annonciades,  les  Clarifies,  les  Dominicaines,  les  Car- 
mélites chauffées  ,  Si  les  Carmélites  déchaufïées  ,  les  Pé- 
nitentes ,  les  Sœurs  Noires ,  les  Hospitalières ,  les  Urfu- 
lines,  deux  Béguinages,  outre  un  grand  nombre  de  cha- 
pelles. 

L'univerfité  de  Louvain  a  toujours  été  féconde  en  hom- 
mes de  mérite.  Elle  a  compté  un  pape  ,  plufieurs  cardi- 
naux ,  archevêques ,  Si  évêques ,  entre  (es  doâeurs  ou 
disciples.  Le  pape  Sixte  IV  lui  accorda,  l'an  1483,  le 
privilège  de  nomination  fur  les  collations  des  prélats, 
chapitres  ,  Si  autres  perfonnes  eccléfiaftiques ,  dont  les 
bénéfices  font  fitués  aux  Pays-bas.  En  vertu  de  ce  droit, 
les  profeffeurs  Si  les  étudians  de  Louvain  obtiennent  les 
prébendes  Si  les  cures  du  pays.  Le  même  privilège  fut 
accordé,  l'an  1^13,3  !a  faculté  des  arts,  en  particulier,  par 
le  pape  Léon  X,  qui  l'étendit  encore  fur  les  prébendes  Se 
autres  bénéfices  du  pays  de  Liège.  Les  papes  Adrien  VI, 
Clément  VII  >  Grégoire  XIII  ,  &  Paul  V  *  ont  con- 
firmé, dans  la  fuite  ,  toutes  ces  prérogatives;  Se  les  prin- 
ces du  pays  les  ont  toujours  maintenues. 

Le  première  leçon  fe  donna  dans  l'univerfité  nais- 
fante,  le  1er  Septembre  1626  ;  cinq  ans  après,  le  pape  Eu- 
gène IV  permit  d'y  enfeigner  la  théologie  ,  qui  n'étoit 
pas  comprime  dans  la  première  inftitution. 

Il  y  a  plus  de  quarante  collèges ,  dont  la  lifte  feroit 
inutile  ;  nous  parlerons  feulement  des  plus  confidérables. 
Il  y  en  a  quatre  où  l'on  enfeigne  la  philofophie ,  qui  font 
le  Lis  ,  le  Château ,  le  Faucon  ,  &  le  Porc.  Tous  quatre 
font  fondés  dès  la  création  de  l'univerfité  ,  Se  retien- 
nent encore  les  noms  des  enfeignes  des  maifons  où  ils 
furent  établis.  C'eft  hors  de  ces  quatre  collèges ,  qu'on 
déclare  annuellement  le  premier  de  la  promotion,  c'eft* 
à-dire  l'écolier  qui  a  furpaffé  les  autres  en  diligence  , 
en  favoir,  &  en  bonnes  études.  Cette  cérémonie  fe  fait 
le  dimanche  après  la  S.  Martin.  La  théologie  ,  le  droit , 
la  médecine  &  les  mathématiques  s'enfeisjhent  aux  hal- 
les ,  qui  furent  bâties  en  1 3 17  ,  pour  l'ufage  des  drapiers. 
On  les  a  magnifiquemenr  rebâties  en  1685  ,  pour  y  en- 
feigner ces  fciences.  L'hébreu ,  le  grec ,  J'hiftoire  Si 
la  langue  françoife  s'enléignent  au  collège  des  Trois- 
Langues,  fondé  en  1517,  par  Jérôme  Buyfieyden  ,  pré- 
vôt d'Aire,  Si  confeiller  de  l'empereur  Charles  V.  La 
dignité  de  refteur  eft  donnée  pour  trois  mois  de  fuite, 
après  lesquels  on  le  continue  ordinairement  pour  trois 
autres  mois.  On  le  choifit  fucceflivement  du  corps  des 


911 


cinq  facultés  ;  la  théologie ,  le  droit  canon ,  le  droit  ci- 
vil, la  médecine  j  Si  les  arts;  Son  tribunal  a  la  jurisdic- 
tion  fur  tous  ceux  qui  dépendent  de  l'univerfité.  Outre 
fon  refteur,  l'univerfité  a  un  confervateur  des  privilèges, 
dignité;  éleftive  Si  un  chancelier,  dignité  annexée  à 
celle  de  prévôt  de  l'églife  de  S.  Pierre. 

Le  commerce,  qu'on  fait  à  préfent  à  Louvain,  n'en: 
pas  confidérable  :  fon  principal  débit  confifte  dans  la 
bière ,  qui  eft  fort  bonne  ,  Si  que  l'on  transporte ,  en 
quantité ,  d'autres  villes.  Louvain  étoit  autrefois  la  plus 
grande ,  la  plus  riche  Si  la  plus  marchande  de  tout  le 
pays.  Son  principal  commerce  confiftoit  en  draps  Se 
en  laines  ,  Si  étoit  fi  floriffant ,  qu'on  y  a  vu,  au  com- 
mencement du  quatorzième  fiécle  ,  fous  Jean  III ,  plus 
de  quatre  mille  maifons  de  drapiers,  Si  plus  de  cent  cin- 
quante mille  ouvriers.  On  voit  encore  dans  fes  Annales, 
que  lorsque  cette  foule  de  tifferands  revenoit  de  l'ouvrage, 
il  falloit  fonner  la  grande  cloche ,  afin  que  les  mères  re- 
tiraffent  les  enfans  des  rues ,  de  peur  qu'ils  ne  fuffent 
écrafés. 

C'eft  pour  cette  raifon  que  le  magiftrat  y  eft  plus 
nombreux  que  dans  les  autres  villes  ;  car  outre  deux 
bourg-meftres  ,  fept  échevins  ,  deux  pensionnaires ,  fix 
fecretairés  ,'  Si  quatre  receveurs  ,  il  y  a  encore  vingt-un 
confeillers  du  large  confeil,  dont  onze  font  pris  de  la 
nobleffe ,  Si  les  dix  autres  font  les  doyens  des  métiers. 
Ces  dix  choififfent  le  premier  bourg-meftre  ;  les  autres 
onze  choififfent  celui  des  bourgeois ,  Si  le  fouverain 
nomme  les  échevins.  Il  y  a  fix  familles  patriciennes  , 
dont  fe  prend  le  magiftrat,  favoir,  Uytenlimmingen, 
Van-den-Calftre  ,  Van-Redinghen  ,  Van-den-Steenen  , 
Verufalem  ,  Gillis ,  Si  Van-Rode. 

Le  Château  eft  fitué  hors  de  la  vielle  ville  de  Lou- 
vain ,  fur  une  colline ,  proche  la  Dyle.  Qjelques  écri- 
vains ,  chez  qui  les  conjectures  paffent  pour  des  démons- 
trations ,  ont  prétendu  que  c'eft  un  ouvrage  de  Jules  Cé- 
far.  Jufte-Lipfe  fe  moque  de  cette  conjecture,  Si  fait 
voir  ,  que  bien  loin  que  l'architeclure  de  ce  châ- 
teau foit  du  tems  de  Jules  Céfar ,  on  y  reconnoît  une 
maçonnerie  barbare ,  fans  aucune  trace  du  goût  Ro- 
main. D'autres  ,  comme  Grammaye  foupçonnent  que 
c'eft  un  château  bâti  par  Arnulphe  ,  qui  l'éleva  pour  ar- 
rêter les  Normands,  Si  qui,  dans  la  fuite,  les  en  chaffa. 
Ce  château  a  été  iong-tems  la  réfidence  des  ducs  de 
Brabant ,  ou  de  Louvain  ,  dont  nous  parlons  à  l'article  de 
Lorraine.  On  prouve  par  des  ordonnances  datées  de 
1040  Si  1080,  que  les  comtes  de  Louvain  y  faifoient 
leur  réfidence.  Ce  château  fut  réparé  par  le  comte 
Heni  I ,  qui  y  fiit  affaiîiné  en  1038.  Ce  château  fut  re- 
bâti en  1375  ,  par  un  décret,  Si  aux  dépens  du  magis- 
trat. Sous  les  premiers  ducs ,  la  nobleffe  de  Brabant  y 
tint  fou  vent  fes  affemblées.  Thierri,  comte  de  Hollande, 
Si  Renaud  ,  comte  de  Fauquemont ,  eurent  ce  château 
pour  prifon.  L'empereur  Charles  V  étant  enfant,  y  fut 
élevé  avec  ks  fœurs  ;  Si  fon  père  Phrippe  y  fit  quelque 
tems  fa  réfidence.  Edouard  ,  roi  d'Angleterre  ,  ayant 
paffé  la  mer,  pour  faire  la  guerre  à  Philippe,  roi  de 
France  ,  y  paffa  un  hy  ver  avec  la  reine  ,  fa  femme  ;  Si 
Philippe  ,  comte  de  S.  Pol,  y  mourut.  Ce  château  tombe 
préfentement  en  ruine. 

La  ville  eft  grande ,  mal  fortifiée  ,  Si  n'eft  pas  peuplée 
à  proportion  de  fon  enceinte.  Cependant  elle  fe  glorifie 
de  n'avoir  jamais  été  prifepar  les  armes.  Martin  Roffem  , 
général  des  Gueldrois,  l'attaqua  inutilement  en  1542;  Si 
Guillaume,  prince  d'Orange,  fut  réduit,  en  1572,  d'en 
lever  le  fiége  :  Louvain  dut  fon  lalut  à  la  vigoureuié  ré- 
fiftance  des  bourgeois  fécondés  des  étudians.  On  y  cé- 
lèbre, tous  les  ans,  le  premier  dimanche  de  Juillet,  une 
fête  en  mémoire  de  la  délivrance  de  la  ville;  lorsqu'en 
163'),  les  Hollandois  Si  les  François  y  mirent  le  fiége 
qu'ils  furent  obligés  de  levet  peu  de  tems  après ,  à  caufe 
de  la  famine  qui  étoit  dans  leur  armée.  Enfin,  le  5  d'Août 
1710,  les  François  conduits  par  le  partifan  Dumoulin  , 
entrèrent  dans  la  ville  par  furprife  ;  mais  ils  furent  re- 
pouffés  par  les  bourgeois,  Si  obligés  de  fe  retirer  en 
contùfion.  Cette  bravoure  des  habitans  leur  valut  une 
clef  d'or,  que  leur  envoya  l'archiduc,  depuis  empe-eur 
&  déjà  maître  alors  des  Pays-bas  ,  que  fes  alliés  lui 
avoient  conquis.  Ce  prix  de  leur  fidélité  eft  confervé  à 
la  maifon  de  ville,  comme  un  monument  de  la  bien- 
veillance du  fouverain.  Lambert ,  comte  de  Mons ,  qui 


LOU 


Si* 

avoit  époufé  Gerberghe  ,  fille  de  Charles  le  Gros ,  duc 
de  la  haute  &  baffe  Lorraine  ,  c'eft-à-dire  duc  de  Lor- 
raine &  de  Brabant ,  rut  premier  comte  de  Louvain. 
Il  étoit  fils  de  Reginerus  ou  Reinier ,  comte  de  Mons, 
&  vivoit  fur  la  fin  du  dixième  fiécle.  Ses  fucceffeurs  fu- 
rent comtes  de  Louvain  ,  &  enfuite  ducs  de  la  balle 
Lorraine  ,  de  Lot  hier  ,  ou  de  Brabant,  L'ancien  Brabant 
n'avoit  pas  la  même  étendue  que  le  duché  de  ce  nom 
a  aujourd'hui,  parce  que,  dans  l'origine ,  le  Brabant  n'é- 
toit  que  le  comté  de  Louvain  ;  car  tout  ce  qui  eft  au  nord 
jusqu'à  la  baffe  Meufe  étoit  du  comté  de  Taxandrie,  ou 
Toxandrie,  qui  eft  toujours  diftingué  de  celui  de  Bra- 
bant dans  les  anciens  aftes  ;  &c  au  contraire ,  on  voit 
que  le  pays ,  qui  eft  au  midi  de  Louvain  jusqu'à  Cam- 
brai ,  a  quelquefois  été  compris  dans  le  Brabant. 

Cet  article  eft  recueilli  de  divers  Mémoires,  &  prin- 
cipalement de  la  Description  de  la  France  ancienne  & 
moderne  de  l'abbé  de  Longuerue,  du  Grand  Théâtre  pro- 
ane  de  Brabant ,  &  des  Délices  des  Pays-bas, 

Le  quartier  de  Louvain  eft  borné  ,  au  nord ,  par  celui 
d'Anvers,  &t  par  la  Campine  Liégeoife;  à  l'orient ,  par 
l'évêché  de  Liège;  au  midi,  parole  comté  de  Namur; 
&  au  couchant ,  par  le  quartier  de  Bruxelles.  Ainfi  c'eft 
la  partie  la  plus  occidentale  du  Brabant:  On  le  divife 
en  dix-huit  mairies ,  ou  quartiers  ,  dont  quelques-unes 
font  du  Brabant  Vallon.  Ces  mairies  font: 

Héverlé ,  baronnie  auprès  de  Louvain. 

Hérent ,  fur  la  route  de  Louvain ,  à  Malines. 

Arschot,  ville  fur  la  Demmer. 

Lubbeck ,  au  levant  de  Louvain ,  à  la  fource  de  la  Vinge. 

Saint  Aglitenrode.  Del'Ifle  dit,  le  Rouge  S.  Achten; 
il  falloit  d'ire  le Sainte  Agathe.  Ce  lieu  eft  au  con- 
fluent de  la  Lane  &c  de  la  Dyle* 

Cacchevin. 

Sichem  ;  ville  fur  la  Demmer. 

Halen,  ville  au  confluent  de  la  Velpe  Scde  laGeete. 

Tillemont ,  ou  Tirlemont ,  ville  fur  la  Géete ,  entre 
Louvain  &c  Saint-Tron. 

Leau ,  ou  Leeuve ,  fur  la  Géete. 

Gheten: 

Cumptich,  au  couchant  de  Tillemont. 

Geft  à  Gerompont  ;  De  l'ifle  écrit  Giefl  à  W'urom- 
pont ,  auprès  de  Ramilies; 

Judoigne  ,  ville  fur  la  Géete. 

Orp-le-Grand  ,  fur  la  Géete.  _ 

Incoutt ,  au  couchant  de  Dogelbert  &  de  Judoigne. 

Jandrain,  eu  Jandren,'au  midi  d'Orp-le- Grand. 

Hannut,  ou  Hannuye  y  ville  entre  Judoigne  &Huy. 

Il  y  a  à  Louvain  un  receveur  du  roi  ,  &  un  de  la 
part  des  états  de  Brabant ,  pour  la  recette  de  ce  quartier- 
là.  On  voit  dans  le  territoire  de  cette  ville  plufieurs 
monafteres  confidérables. 

L'abbaye  du  Parc ,  ordre  de  Prémontré  ,  fondée  par 
Godefroy  le  Barbu  ,  duc  de  Brabant ,  qui ,  l'an  1119  , 
changea  fon  parc  ,  où  il  nourriffoit  des  bêtes  fauves ,  en 
un  monaftere  qui  a  pris  fon  nom  de  ce  parc.  L'abbé  porte 
le  titre  d' ' archichapelain  du  duc  de  Brabant. 

L'abbaye  de  Vlierbeeck  fut  d'abord  prévôté  ,  fondée 
parle  même  Godefroy,  vers  l'an  1115  ,  &  annexée  à 
l'abbaye  d'AfBigem  ,  jusqu'à  ce  que  ,  par  l'autorité  du 
pape  AlexandreTV,  les  religieux  ont  obtenu,  l'an  1159, 
le  privilège  de  choifir  un  abbé  de  leur  mailbn.  Cette  ab- 
baye eft  de  l'ordre  de  S.  Benoît. 

Le  prieuré  de  Terbane  ,  religieufes  de  Cîteaux  ,  fon- 
dées par  Henri  IV  ,  duc  de  Brabant,  en  il  16. 

L'abbaye  de  Valdau  ,  religieufes  du  même  ordre  ,  fon- 
dée en  1130,  par  le  même. 

L'abbaye  du  Part  des  Dames,  fondée  au  village  de 
Wefemaël ,  peu  après  la  précédente  ,  par  le  même  duc. 
Sa  fille  Marguerite  en  a  été  la  première  abbeffe. 

L'abbaye  de  Florival,  fondée  en  1200,  pour  des  Bé- 
nédictines. Dix-huit  ans  après  ,  elles  prirent  la  régie  de 
S.  Bernard. 

Isa  prévôté  de  Ghempe,  religieufes,  ordre  de  Prémon- 
tré ;  on  la  nomme  auffi  l'isle  DU  DUC  ,  fondée  en 
JZI9,  par  Reinier  d'Udechem. 


LOU 


Le  prieuré  des  Célejlins  à  Héverlé,  fondé  en  '1511^ 
par  une  ducheffe  de  Croy.  C'eft  l'unique  monaftere  dé 
cet  ordre  ,  qui  fdit  aux  Pàys-bas.  Dans  leur  églife  font 
les  tombeaux  dès  deux  maifons  de  Croy  &  d'Arschot  \ 
&  dans  le  choeur,  leur  généalogie  imaginée  depuis  Adam 
jusqu'à  préfent,  avec  leurs  portraits  &  leurs  armes.  Il 
y  a  près  de  ce  cloîtré  un  beau  château  appartenant  à  là 
mai  fon  d'Arschot. 

.  Le  prieuré  de  Bethléem,  fïtuéàù  village  de  Hérent,  à 
demi-lieue  de  la  ville  ,  eft  de  chanoines  réguliers  de 
S.  Auguftin  ,.  fondé,  l'an  1407,  par  Godefroi  de  Curia, 
curé  d'Ofterhëym. 

LOU VAME  ,  bourg  de  France ,  en  Anjou  ,  diocèfè 
&  élection  d'Angers. 

LOU  V AT  ;  De  l'ifle ,  dans  fon  Atlas  ,  écrit  Lovât, 
rivière  de  l'empire  Ruffien.  Elle  a  fa  fource  dans  un  lac 
de  la  province  de  Rzeva  ,  aux  confins  de  la  Pologne  ;  &r, 
coulant  vers  le  nord-oueft  ,  puis  vers  le  couchant ,  elle 
arrive  à  Velikiélouki  ;  fe  tourne  vers  lé  nord  ;  coule  quel- 
que tems  entre  la  province  de  Rzevâ  ,  &  le  duché  de  la 
grande  Novogorod ,  vers  l'eft-nord-eft ,  puis  vers  le  nord- 
eft  ;  elle  paffe  à  Chelm  ,  fe  tourne  enfin  vers  le  nord  ,  Si 
va  tomber  dans  le  lac  d'Ilmen  ,  au  coucliant  de  Siaraïà- 
Rujja ,  ou  de  l'ancienne  Ruffa, 

1.  LOUVE,  (la)  rivière  de  France,  en  Franche- 
Comté.  Elle  a  fa  fource  dans  le  bailliage  de  Pontarlier  , 
d'où  elle  paffe  d'abord  au  bailliage  d'Ornans  au  couchant, 
en  ferpentant  vers  le  nord  ;  tràverfe  Villafans  &  Ornans  ; 
circule  beaucoup  dans  le  baillage  de  Quingey,  qu'elle  bai- 
gne ;  entre  dans  Celui  de  Salins ,  où  elle  arrofe  Rêne  ; 
remonte  auffi-tôt  vers  le  nord,  pour  couler  entre  ces  deux 
derniers  bailliages ,  puis  entre  celui  d'Arbois  &  celui  dé 
Dô!e;  &,  continuant  de  ferpenter  dans  celui-ci  qu'elle 
coupe  ,  elle  fe  jette  dans  le  Doux,  aû-déffous  de  Dôle. 
Elle  eft  très-rapide  Sr.  très-pbifforineufe ,  &,  outre  Cela, 
très-utile  pour  le  flottage  du  bois.  *  Jail'lot,  Franche- 
Comté;. 

i.  LOUVE,  (LA)  rivière  de  France.  Elle  a  fa, fource 
au  Béarn,  au  village  de  Louboux  ;  &£,  courant  vers  le  nord, 
elle  paffe  à  Caftelnau,  &  va  fe  perdre  dans  l'Adour,  uni 
peu  au-deffous.  *  Atlas  de  De  l'ifle. 

LOUVENSTEIN.  Voyez  Lœwenstein. 
LOUVERNAY,  bourg  de  France  >  dans  lé  Maine  ,' 
éleftion  de  Laval. 
LOUVESE  ,  (la)  village. 

LOWICZ  ,  ou  LowiEci  ,  du  LôWiTZ  ,  Lovicium'% 
ou  Lovitium  ,  ville  de  Pologne  ,  au  palatinat  de  Rava*  , 
ôc  entre  Rava1  au  rflîdi ,  &  Ploczko  au  nord ,  fur  le  ruis- 
feau  de  Bzurà.  C'eft  la  réfidence  des  archevêques  de 
Gnesne ,  dont  lé  château  fitué  au  milieu  des  marais  ,  eft 
orné  de  beaux  édifices.  Les  chanoines  &  quelques  ci- 
toyens y  ont  auffi  des  maifons.  Laroflas  j  archevêque  de! 
Gnesnë  éleva  cette  fortereffe ,  &  la  bâtit  de  pierres  d© 
taille ,  de  même  que  la  ville  qu'il  fortifia.  Il  y  a  de  bel- 
les cours ,  de  beaux  jardins ,-  une  cathédrale  fort  riche 
en  argenterie  &c  en  o'rnèmens ,  trois  églifes  paroiffiales  ,' 
deux  monafteres ,  &c  quelques  couvens.  Il  y  a  ,  tous  les 
ans,  plufieurs  foires  fameuiès  dans  le  pays.  Les  habitans 
font,  ou  marchands,  ou  artifans  ,  qui  imitent  l'induftrie  de 
ceux  de  Nuremberg.  C'eft  dans  le  territoire  de  cette  ville 
que  l'on  prend  les  Jniegels ,  c'eft-à-dire  oifeaux  de  neige  , 
parce  qu'ils  ne  fé  prennent  que  dans  le  tems  des  neiges  , 
&  durant  l'hyveri  ils  font  d'un  goût  très-excellent ,  plus 
gros  que  des  moineaux  ,  &  ne  fe  prennent  ni  ne  fe  voient 
que  là.  L'hôtel-de-ville,  &t  les  autres  édifices  publics  ,  où 
s'adminiftre  la  juftice ,  méritent  d'être  vus.  On  porte  une 
baguette  devant  l'archevêque  ,  quand  il  marche  ;  &£  les 
trompettes  &  les  tymbalesfe  font  entendre,  quand  il  fe 
met  à  table;  honneur,  qui  d'ailleurs  eft  réfervé  au  roi 
feul.  Quelques-uns  mettent  cette  ville  dans  le  pa'a  inat 
de  Mazovie  ;  mais  Starovolski  la  place  dans  celui  de  Rava, 
où  elle  eft  effectivement.  *  Andr.  Cellar.  Descr.  Polon. 
p.  136. 

LOUVIERE,  commenderie de  Màlthe,  dans  l'ifle  de 
France ,  au  doyenné  de  Magny. 

LOUVIERS ,  ville  de  France ,  dans  la  haute  Nor- 
mandie ,  avec  titre  de  comté  patrimonial  à  l'archevê- 
que de  Rouen  ,  en  latin  Luparia.  Elle  eft  fituée  à  quatre 
lieues  d'Evreux,  à  deux  du  Pont-de-l'Arche  ,  &  à  une 
au-deffous  de  l'embouchure  de  la  rivière  d'Iton  ,  dans 
l'Eure,  à  Acquigny ,  en  une  plaine  fertile  en  bons  grains , 

accom- 


LOU 


LOU 


accompagnée  de  coteaux  couverts  de  vignes  &  d'une 
forêt  fur  la  montagne.  Cette  ville ,  dont  les  murailles 
font  détendues  de  bons  foffés  ,  a  un  gouverneur ,  trois 
portes  ,  trois  fauxbourgs ,  une  douzaine  de  rues  bien 
pavées ,  _'&'  environ  mille  feux  ,  &  renferme  dans  fon 
enceinte  une  chapelle  du  titre  de  S.  Martin,  un  hôpital 
pour  les  fains  &  pour  les  malades ,  un  monaftere  d'Ur- 
fulines ,  un  de  religieufes  de  S.  François ,  nommées  filles 
'de  S.  Louis  &  defiainte  Elifabéth,  un  couvent  de  Pé- 
nitens ,  &C  la  paroiffe  de  Notre-Dame,  deffervie  par  deux 
curés ,  avec  un  clergé  nombreux.  Cette  églife,  où  il  y  a 
une  mufique  entretenue,  &  une  bonne  fonnerie  dans  la 
tour  de  fon  grand  portail,  eft  une  allez  grande  fabrique 
avec  un  corridor,  Si  un  rang  de  chapelles  des  deux  cô- 
tés. La  pyramide  du  clocher ,  qui  eft  fur  là  croifée  du 
milieu ,  eft  greffe ,  fort  haute  &  toute  couverte  de  plomb. 
Les  paroiffes  de  S.  Jean  &c  de  S.  Germain,  qui  font  hors 
de  la  ville,  donnent  le  nom  à  deux  de  (es  fauxbourgs. 
Louviers  eft  du  diocèfe  d'Evreux  ,  &  a  une  haute  jus- 
tice qui  relevé  de  la  chambre  des  haut-jours  ,  établie 
dans  le  palais  archiépiscopal  de  Rouen.  Il  y  a  un  maire , 
deux  échevins  &  autres  officiers  de  ville ,  &c  une  com- 
menderie  de  l'ordre  de  Malthe.  Son  commerce  confifte 
principalement  en  draperies,  dont  la  manufacture  eft 
Confidérable;  &  l'on  y  a  établi  un  magafinàfel.  *  Corn. 
Diét.  Mémoires  drejjésfiur  les  lieux. 

A  un  quart  de  lieue  de  Louviers  ,  fur  le  chemin  d'E- 
vreux ,  on  trouve  un  fécond  couvent  de  Pénitens ,  ap- 
pelle defiainte  Barbe  ;  &c  l'on  voit  de  l'autre  côté  de 
la  rivière  d'Eure ,  la  garenne  de  Pinterville ,  dont  les 
lapins  font  fort  eflimés. 

A  une  lieue  de  la  même  ville  eft  un  couvent  de  Car- 
mes déchaufles,  fous  le  nom  deDéfert.  Ce  monaftere, 
iîtué  dans  la  forêt,  eft  un  lieu  où  les  religieux  de  cet  or- 
dre vont  faire  des  retraites  particulières  dans  la  foli- 
tude  &  dans  le  filence. 

LOUVIGNÉ,  prieuré  de  France,  dans  le  Maine, 
au  diocèfe  du  Mans.  Il  dépend  de  Mârmoutiers. 

LOUVIGNE,  bourg  de  France,  en  Gascogne  dans 
les  Lanes. 

LOU  VO ,  ou  Louveau  ,  ville  d'Afie ,  au  royaume 
de  Siam  ;  Kémpfer  écrit  Livo,  &  les  Siamois  l'appel- 
lent NOCCHEBOURY.  Cette  ville  eft  dans  le  royaume 
de  Siam,  ce  que  Verfailles  eft  en  France.  Lès  anciens 
i  rois  de  Siam  y  avoient  une  maifon  de  plaifance  ;  mais 
il  y  avoit  plus  de  cent  ans  qu'elle  étoit  abandonnée , 
lorsque  le  prince,  qui  régnoit  en  1686,  la  fit  rebâtir. 
Cette  ville  eft  fituée  dans  une  plaine  du  haut  pays,  où 
les  débordemens  n'arrivent  point.  Elle  peut  avoir  une 
demi-lieue  françoife  détour;  fon  plan  eft  presque  quarré, 
&  fon  enceinte  n'eft  que  de  terre  revêtue,  d'espace  en 
espace ,  de  quelques  battions  de  brique.  Durant  les  inon- 
dations du  pays ,  elle  eft  presqu'entourée  d'eau  ;  en  tout 
autre  teins,  elle  n'eft  arrofée  que  d'un  côté,  par  un  petit 
bras  de  la  grande  rivière  ,  qui  n'eft  pas  affez  profond 
pour  porter  de  grands  bateaux.  La  fituation  eft  fi  agréa- 
ble ,  &  l'air  qu'on  y  refpire  fi  pur  ,  qu'on  ne  la  quitte 
jamais  fans  peine.  Elle  eft  éloignée  de  la  capitale ,  de 
quatorze  lieues  par  la  grande  rivière  ;  mais  pat  un  canal 
que  ce  même  roi  a  fait  faire,  elle  ne  l'eft  que  de  neuf 
ou  dix.  Il  avoit  pris ,  pour  la  fortifier,  des  arrangemens 
que  fa  mort  a  renverfés.  Les  dedans  en  font  très-propres, 
&  tout  y  eft  bien  entretenu.  Si  l'on  n'y  voit  pas  des 
édifices  auffi  beaux  que  dans  la  capitale ,  on  y  trouve 
des  jardins  &  des  promenades ,  qui  ne  font  pas  moins 
agréables.  Toutes  les  commodités  de  la  vie  y  font  en 
abondance;  mais  comme  elle  eft  fort  peuplée  ,  les  vi- 
vres font  plus  chers  qu'en  aucune  autre  ville  du  royaume. 
On  y  manque  de  bonne  eau  ,  pendant  quatre  ou  cinq 
mois  de  l'année, que  la  rivière  eft  baffe  ;  car  les  chevaux 
&C  les  éléphans ,  qui  s'y  lavent ,  la  rendent  fi  fale ,  qu'il 
n'y  a  pas  moyen  d'en  boire  ;  alors  on  a  recours  au*  puits 
&  à  l'eau  qu'on  s'eft  réfervée,  pendant  l'inondation,  dans 
de  grands  vafes  de  terre,  faits  exprès  pour  la  purifier.  Le 
palais,  que  ce  roi  y  a  fait  bâtir  fur  le  bord  de  la  rivière,  en 
fait  le  plus  bel  ornement.  Il  n'eft  pas  fi  beau  que  celui  de 
Sijouthia ,  ou  de  Siam  ;  mais  il  a  quelque  choie  de  plus 
gai  ;  il  eft  fermé  d'affez  bon  murs,  &  fon  plan  eft 
beaucoup  plus  long  que  large.  La  partie ,  qui  regarde  la 
ville  ,  eft  divifée  en  trois  cours  toutes  différentes  ;  cha- 
cune a  fes  beautés  particulières  ;  on  voit  à  la  droite,  en 


entrant  dans  la  première,  une  petite  fale  où  font  jugés  les 
criminels  de  léfe-majefté ,  &  deux  prifons  à-peu-près 
de  même  grandeur,  où  ils  font  renfermés  jusqu'à  ce  que 
leur  procès  foit  inftruit  ôi  leur  fentence  prononcée.  A 
la  gauche ,  il  y  a  un  grand  réfervoir  qui  donne  de  l'eau, 
à  tout  le  palais.  C'eft  l'ouvrage  d'un  François  &C  d'un 
.Italien  plus  favans  dans  l'hydraulique  ,  que  plufieurs 
étrangers  qui  y  avoient  travaillé  avec  les  plus  habiles 
Siamois,  pendant  dix  années  entières,  fans  avoir  pu  en 
venir  à  bout  ;  aufli  furent-ils  bien  recompenfés.  A  trente 
pas  de-là,  il  y  a  un  jardin  divifé  en  quatre  quarrés ,  qui 
fait  face  à  un  petit  falon  fort  agréable  ,  par  la  vue  de 
plufieurs  jets  d'eau  qui  l'environnent  ,  .&  la  proximité 
d'une  pagode  qui ,  fans  être  fuperbe  ,  ne  laifie  pas  de 
contribuer  à  l'agrément  de  ce  lieu.  Un  petit  bocage, 
qui  remplit  le  refte  de  cette  première  cour,  donne  en- 
trée à  la  féconde,  qui  eft  incomparablement  plus  belle. 
Sa  porte  eft  entre  deux  pavillons  qui  font  deftinés  pour 
loger  quatre  éléphans  du  fécond  ordre.  Sa  figure  eft  quar- 
rée;  (es  murailles,  qui  font  d'une  blancheur  à  éblouir, 
font  ornées  d'une  fculpture  à  la  Moresque,  fort  délicate,  &c 
divifée  par  de  petits  compartimens ,  qui,  dans  de  certains 
jours  de  cérémonie,  font  garnis  d'un  grand  nombre  de 
porcelaines  de  la  Chine  ;  deux  petites  fales  fort  baffes 
fe  trouvent  à  l'entrée ,  vis-à-vis  un  grand  corps  de  lo- 
gis ,  qui  a  deux  pavillons  à  fa  droite  ,  où  font  les  élé- 
phans du  premier  ordre.  On  voit  à  la  gauche  un  fuperbe 
bâtiment  au-deffus  duquel  s'élève  une  pyramide  à-peu- 
près  femblable  à  celle  qui  eft  fur  le  palais  royal  de  la 
capitale.  C'eft  à  une  des  fenêtres  de  ce  bâtiment  du  mi- 
lieu, qui  eft  plus  large  &  plus  élevé  que  les  autres,  que 
le  roi  donne  audience  aux  ambâffadeurs  des  princes,  fes 
voifins.  Pendant  tout  le  tems  qu'il  y  paroît ,  ils  fe  tien- 
nent dans  les  deux  petites  fales ,  profternés  la  face  con- 
tre terre,  avec  tous  les  feigneurs  les  plus  qualifiés  de  la 
Cour,  qui  les  accompagnent.  Les  ambâffadeurs  de  là 
Chine  &  des  premiers  fouverains  font  conduits  en  cé- 
rémonie à  la  fale  d'audience,  qui  eft  fous  la  pyramide. 
Cette  fale  n'a  que  trois  ou  quatre  toiles  de  long  fur 
deux  de  large.  Elle  a  trois  portes ,  une  grande  au  mi- 
lieu ,  fk  une  à  chaque  côté  ;  fes  murailles  font  couver- 
tes de  ces  belles  glaces,  qu'on  envoya  de  France, -avec 
les  Mandarins  qui  y  vinrent  ;  &£  le  plafond  eft  partagé 
en  quatre quarrés  égaux,  enrichis  de  fleurons  d'or  artis-- 
tement  travaillés  à  jour,  S  garnis  de  cryftaux  de  la  Chine, 
qui  y  font 'le  plus  bel  effet  du  monde.  *Gervaife,  Hift, 
de  Siam  ,  p.  ^z. 

Dans  le  fond  de  cette  fale ,  s'élève  de  terre  ,  à  la  hau- 
teur de  quatre  ou  de  cinq  coudées ,  un  thrône  magnifi- 
que ;  le  roi  y  monte  par  derrière  ,  fans  qu'il  puiffe  être 
vu,  par  l'escalier  d'un  appartement  fecret,  contre  lequel 
il  eft  adoffé.  Un  peu  plus  loin  ,  en  descendant  quinze 
ou  vingt  marches,  on  trouve  la  troifiéme  cour,  où  eft 
l'appartement  du  roi.  Il  confifte  en  un  corps-de-logis , 
d'une  allez  grande  étendue  ;  l'or  y  brille  de  tous  côtés, 
auffi-bien  que  dans  ceux  de  la  féconde  cour  ;  &  comme 
il  eft  couvert  de  tuiles  jaunes  verniffées  ,  quand  le  fo* 
leil  y  donne ,  il  faut  avoir  de  bons  yeux  pour  en  pou- 
voir foutenir  l'éclat  :  il  eft  entouré  d'un  parapet,  quia 
à  fes  quatre  coins  quatre  grands  baflins  remplis  d'une 
eau  très-pure,  où  le  roi  de  Siam  avoit  coutume  de  fe 
laver  fous  de  riches  tentes  qui  les  couvroient.  Celui  de 
ces  baffins ,  qui  eft  à  droite ,  eft  proche  d'une  petite 
grotte  artificielle,  couverte d'arbriffeaux  toujours  verds, 
Se  d'une  infinité  de  fleurs  qui  la  parfument  en  tout  teins  ; 
il  en  fort  une  claire  fontaine,  qui  diftribue  fes  eaux  à 
chacun  de  ces  baffins. 

Autour  de  ce  parapet,  font  bâties  de  petites  chambres 
'affez  propres  ,  où  fe  retirent  les  pages  &T.  les  mandarins 
qui  font  de  garde  ;  &  un  peu  plus  loin  ,  fur  la  gauche, 
il  y  a  un  parterre  rempli  de  fleurs  les  plus  rares  des 
Indes.  De-là  fe  découvre  un  fort  grand  jardin ,  qui  fait 
face  au  bâtiment  ;  il  eft  planté  de  gros  orangers,  de  ci- 
tronniers,  &  de  plufieurs  autres  arbres  du  pays,  fi  touf- 
fus ,  qu'ils  donnent  de  la  fraîcheur  en  plein  midi.  Les  al- 
lées font  bordées  d'un  petit  mur  de  brique ,  à  hauteur 
d'appui  ;  6c  d'espace  en  espace,  on  y  voit  des  fanaux  de 
cuivre  doré,  que  l'on  a  foin  d'allumer  toutes  les  nuits; 
&c  entre  deux  fanaux,  il  y  a  une  espèce  de  foyer,  ou  d'au- 
tel ,  où  l'on  brûle  quantité  de  pa'ftilles  &  de  bois  odo-r 
riférant,  qui  répandent  fort  loin  leurs  partums. 
Tome  III.    Zziiz, 


LOU 


914. 

A  une  lieue  de  Louvo  le  même  roi  avoit  fait  bâtir  un 
palais  fort  fpacieux  :  il  eft  entouré  de  murailles  de  bri- 
ques ,  affez  hautes  ;  le  dedans  n'eft  fait  que  de  bois.  Le 
lieu  eft  fort  agréable  par  la  fïtuation  naturelle.  H  y  a 
une  grande  pièce  d'eau ,  qui  en  l'ait  une  presqu'ifle ,  où 
étoient  deux  frégates.  Au-delà  de  ce  canal ,  eft  une  fo- 
rêt qui  a  quinze  ou  vingt  lieues  d'étendue,  pleine  d'é- 
léphans,  de  rhinocéros  ,  de  tigres,  de  cerfs  ck  de  ga- 
zelles. 

LOUVRE.   Voyez  Paris. 

LOUVRES ,  bourg  de  France ,  dans  l'Ifle  de  France  , 
6k  plus  particulièrement  dans  le  Parifis ,  entre  Paris  6k 
Senlis  ,  environ  à  quatre  lieues   de  l'une  6k  de  l'autre. 

LOUX  ,  petite  rivière  de  France.  Elle  a  fa  fource 
dans  le  Béarn ,  d'où,  coulant  vers  le  nord-oueft,  elle 
paffe  au  midi  d'Hagémeau,  6k  va  -fe  perdre  dans  l'A- 
dour,  au-deffus  deDacqs,dans  la  Chaloffe  qu'elle  tra- 
verfe.  *  Robert  de  Vaugondy ,  Atlas. 

LOUYSBOURG,  ville  capitale  de  l'Ifle-Rôyale  , 
dans  la  Nouvelle  France ,  avec  un  bon  havre  fermé,  que 
l'on  appeîloit  autrefois  le  Port  ■  à  -  l'Anglois.  Voyez 
îsle  -  Royale. 

LOUYSIANE,  grande  contrée  de  l'Amérique  fep- 
tentrionale,  6k  qui  laifoit  autrefois  partie  de  la  Floride. 
Elle  eft  bornée,  au  nord,  par  la  rivière  des  Illinois,  qui 
vient  du  Canada  ;  à  l'occident,  par  le  nouveau  Mexique, 
la  nouvelle  Biscaye ,  6k  quelques  polies  Espagnols  qui 
en  dépendent  ;  à  l'orient ,  elle  a  pour  bornes  une  partie 
de  la  Penfylvanie,  le  Mariland,  la  Virginie  ,  la  Caro- 
line, la  nouvelle  Géorgie  ,  la  Floride  Espagnole  ;  6k  au 
fud,  le  golfe  Mexique.  Sa  longueur  du  feptentrion  au 
midi  eft  depuis  le  39e  degré  jusqu'au  19e  ;  mais  fa  largeur 
eft  fort  inégale.  Le  long  de  la  mer ,  on  ne  peut  la  pren- 
dre que  depuis  Penfacole  jufqu'à  la  baie  de  S.  Ber- 
nard, c'eft-à-dire  depuis  les  179  jusqu'aux  289  degrés  de 
longitude;  mais  elle  s'élargit  toujours,  en  remontant  au 
nord ,  quoiqu'il  n'y  ait  point  de  limites  réglées  ni  à  l'o- 
rient ni  à  l'occident.  Le  fleuve  Miffiflïpi  la  traverfe  pres- 
que par  le  milieu  ,  du  nord  au  fud  :  ce  qui  a  trompé  plu- 
fieurs géographes ,  qui  font  remonter  la  Louyfiane  beau- 
coup plus  au  nord  ,v  c'eft  qu'ils  n'ont  pas  fçu  que  tout 
le  cours  de  ce  fleuve  ,  jusqu'à  l'endroit  où  il  reçoit  les 
eaux  de  la  rivière  des  Illinois  ,  eft  du  gouvernement 
général  de  la  nouvelle  France,  6k,  par  conséquent,  ap- 
partient au  Canada. 

Les  Espagnols  font  les  premiers  des  Européens  ,  qui 
ont  mis  le  pied  dans  ce  pays  :  Fernand  de  Soto  l'a  par- 
couru tout  entier  ;  il  a  pallé  6k  repaffé  planeurs  fois  le 
Miffifiïpi ,  que  fon  hiftorien  appelle  toujours  :  Cucagua; 
il  mourut  près  de  l'endroit  où  la  rivière  Rouge  le  jette 
dans  ce  fleuve.  Après  fa  mort,  6c  la  retraite  de  Moscofo, 
fon  fuccefféur ,  l'Espagne  n'a  fait  aucune  tentative  de 
côté-là ,   &  n'y  a  jamais  eu  aucun  établiffement  fixe. 

Par  le  commerce  que  les  François  du  Canada  avoient 
eu,  dès  les  commencemens  de  cette  colonie,  avec  quel- 
ques nations  fauvages  de  l'oueft  6k  du  fud ,  6k  fur-tout 
avec  les  Illinois,  ils  eurent  quelques  connoiflances  du 
Miffiflïpi  ;  mais  ce  ne  fut  qu'en  1672,  que  le  P.  Mar- 
quette, Jéfuite,  &  le  fieur  Joliet,  le  découvrirent.  Ils 
y  entrèrent  par  la  rivière  Ovisconfing,  qui  s'y  décharge 
par  les  43  degrés  de  latitude  nord  ;  Se  ils  les  descendirent 
jusqu'aux  Akanfas,  qui  l'ont  par  les  33  d.  &  demi.  Dix 
ou  onze  ans  après ,  M.  de  la  Sale  acheva  cette  décou- 
verte jusqu'à  la  mer  ;  donna  au  fleuve  le  nom  de  faint 
Louis  ,  qu'il  n'a  point  gardé  ,  6k  à  tout  le  pays  celui 
de  Louyfiane.  Ayant  rendu  compte  de  fon  voyage  à  la 
cour  de  France ,  6k  affuré  que  le  Miffiflïpi  fe  dechar- 
geoit  dans  le  golfe  Mexique,  il  obtint  quelques  navi- 
res ,  pour  y  retourner ,  par  mer  ,  6k  y  faire  un  établiffe- 
ment ;  mais  il  manqua  l'embouchure ,  6k  entra  dans 
la  baye  S.  Bernard ,  qu'il  nomma  la  baie  S.  Louis; 
fit  plufieurs  coudes  dans  le  pays,  pourtâcher  d'avoir  quel- 
ques lumières  fur  ce  qvi'il  cherchoit  ;  s'éleva  au  nord  , 
jusqu'au  Cénis ,  &  y  fut  tué  par  lès  gens ,  en  1687. 

En  1699,  M.  d'Iberville,  gentilhomme  Canadien  ,  ca- 
pitaine de  vaiffeaux ,  6k  un  des  plus  grands  officiers  de 
mer  qu'ait  eu  la  France  fous  le  régne  de  Louis  XIV, 
reprit  le  deffein  que  M.  de  la  Sale  avoit  manqué ,  & 
réuffit.  Il  entra  dans  le  Miffiffipi ,  &  remonta  jusqu'aux 
Natchès,  qui  font  environ  à  cent  vingt  lieues  de  l'em- 
bouchure de  ce  fleuve  ;  le  roi  lui  ayant  donné  le  gou- 


LOU 


vënïëntent  de  la  Louyfiane ,  il  y  fit  plufieurs  voyages, 
6k  quelques  établifièmens  peu  conlïdérables.  Il  aban- 
donna même  presque  le  fleuve.  Ceux  qu'il  y  laiffa  pour 
commander,  firent  de  même:  ils  s'arrêtèrent  au  Biloxi, 
à  l'Ille-Dauphine ,  6k:  à  la  rivière  de  la  Maubile,  où 
ils  fe  contentèrent  de  commercer  avec  les  Espagnols, 
qui ,  trois  mois  avant  l'arrivée  de  M.  d'Iberville  ,  étoient 
venus  fe  pofter  dans  le  baie  de  Penfacole  ,  éloignée 
de  quatorze  lieues  à  l'eft  de  l'Ifle-Dauphine,  6k  de  vingt- 
huit  de  l'embouchure  du  Miffiflïpi.  Plufieurs  années  après, 
le  vice-roi  du  Mexique  fit  faire  un  pareil  établiffement 
dans  la  baie  de  S.  Bernard;  6c  les  Espagnols  ont  en- 
core occupé  quelques  autres  poftes  plus  proches  du  côté 
de  la  rivière  Rouge. 

Enfin,  dans  les  années  1718,  1719  &  1720,  laFrance 
parut  vouloir  faire  un  grand  établiffement  dans  la  Louy- 
fiane ;  elle  accorda  des  conceffions  à  plufieurs  particu- 
liers ,  qui  y  envoyèrent  afiez  d'hommes ,  pour  peupler, 
en  peu  de  tems ,  ce  grand  pays.  On  bâtit ,  lùr  le  bord  du 
Miffiffipi ,  à  trente  lieues  de  Von  embouchure  ,  une  ville, 
qui  fut  nommée  la  nouvelle  Orléans  ;  mais  ce  grand  fra- 
cas aboutit  à  très-peu  de  chofe.  En  1722  ,  la  plupart 
des  conceffions  étoient  réduites  presqu'a  rien.  Les  hom- 
mes avoient  péri  de  mil'ère  ,  ou  étoient  retournés  en 
France;  6k,  à  l'exception  de  la  nouvelle  Orléans,  du 
fort  S.  Louis,  fur  la  Maubile  ,  &  du  Biloxi,  où  étoit 
le  quartier  général  ;  de  quelques  habitations  aux  Natchès, 
6k  des  deux  côtés  du  fleuve  ,  cinq  ou  fix  lieues  au-deffus 
6k  au-deffous  de  la  nouvelle  Orléans ,  la  colonie  de  la 
Louyfiane  étoit  auffi  peu  avancée  que  vingt  ans  aupar 
ravant.  En  1722,  le  quartier  général  fut  transporté  â 
la  nouvelle  Orléans,  qui,  depuis  ce  tems,  eft  devenue 
confidérable.  Ony  a  établi  des  Capucins,  qui  del  erveirt 
la  cure;  desjélùites,  qui  fourniffoient  des  miffionaires  à 
plufieurs  nations  fauvages,  des  Uriùlines,  qui  ont  foin 
de  l'hôpital ,  6k  de  l'éducation  des  filles  Françoilès. 

En  faifant  ce  changement ,  on  ne  laiffa  qu'un  déta- 
chement au  Biloxi;  mais  le  fort  S.  Louis  de  la  Maubile 
fut  confervé;  6k  il  y  a  toujours  un  lieutenant  de  roi, 
qui  y  commande.  Il  y  a  encore  un  fort  aux  Illinois  , 
aux  Natchitoches ,  fur  la  rivière  Rouge  ;  un  autre ,  avec 
desmagazins,  à  l'Ifle-Touloufe  ,  ou  de  la  Balife,  à 
l'embouchure  même  du  Miffiffipi,  6k  quelques  autres 
moins  confidérables  aux  Alibamons  ,  du  côté  de  la  Ca- 
roline ,  6k  ailleurs  ;  mais  le  nombre  des  habitans  n'aug» 
mente  pas  beaucoup. 

En  171 2,  le  roi  avoit  cédé  le  domaine  de  la  Louy- 
fiane,6k  le  droit  de  commerce  exclufif  pour  ving-teinq  ans, 
à  M.  Croizat,  qui  le  remit,  quelques  années  après,  à 
Sa  Majefté  ;  alors  le  roi  en  fit  ceffion  à  la  compagnie  des 
Indes  occidentales.  Les  changemens,  arrivés  dans  cette 
compagnie  ,  n'en  produifirent  point  d'autres  dans  la 
Louyfiane  ,  que  de  retarder  le  progrès  de  cette  colonie. 
La  compagnie  des  Indes ,  qui  fuccéda  à  celle  d'occident, 
conlèrvafes  droits,  jusqu'en  173 1,  qu'elle  les  remit  au 
roi. 

La  même  année  1717,  que  le  pays  des  Illinois  fut 
uni  6k  incorporé  au  gouvernement  de  la  Louyfiane  , 
M.  le  Moine  de  Bienville  fut  nommé  commandant  gé- 
néral ,  6k  fes  provifions  font  du  20  Septembre;  11  étoit 
demeuré  dans  le  pays  ,  depuis  que  M.  d'Iberville,  fon 
frère  ,  y  étoit  entré  ,  6k  avoit  eu  la  meilleure  part  à  ce 
qui  s'y  étoit  paffé  jusques-là.  En  1726,  la  compagnie  lui 
donna  pour  fuccefféur  M.  du  Perrier  ;  6k  lorsqu'elle  eut 
rétrocédé  au  roi  fa  conceffion  ,  Sa  Majeflé  remit  le  lïeur 
de  Bienville  en  poffeffion  de  ce  gouvernement ,  lequel 
eft  tout-à-fait  indépendant  de  celui  de  la  nouvelle  France. 
Pour  le  civil  ,  la  Louyfiane  a  un  confeil  fupérieur, 
établi  fur  le  pied  des  autres  colonies  Françoifes,  6k  un 
commiffaire  ordonnateur,  qui  fait  l'office  d'intendant, 
6k  qui,  en  cette  qualité,  exerce,  dans  le  confeil,  les 
fonctions  de  préfident.  Quant  au  fpïrituel ,  cette  colo- 
nie eft  du  diocèfe  de  Québec. 

La  Louyfiane  eft  un  des  meilleurs  pays  que  l'on  con- 
noiffe  dans  toute  l'Amérique ,  lbit  pour  la  bonté  des 
terres ,  foit  pour  la  douceur  du  climat  :  le  pays  des  Il- 
linois produit  déjà  quantité  de  froment  ;  le  déborde- 
ment du  Miffiffipi  engraiffe  les  terres  ,  tous  les  ans , 
l'espace  de  trois  quarts  de  lieue,  des  deux  côtés  du  fleuve; 
ces  terres  peuvent  porter  deux  récoltes  de  ris,  6k  quan- 
tité d'autres  légumes,  qui  y  font  d'une  très-bonne  qua- 


LOY 


LUB 


îitc.  Tout  ce  qui  n'eft  pas  défriché  eft  couvert  de  très* 
belles  forêts.  On  y  voit  des  arbres  de  toutes  les  espè- 
ces, ck  d'une  hauteur  prodigieufe,  fur-tout  des  cyprès, 
des  copalmes  ,  des  lauriers  à  tulipes,  des  chênes  verds, 
des  noyers ,  des  pacaniers ,  ck  tous  ceux  que  nous  con- 
noiffons  en  Europe.  Le  coton  y  vient  fans  peine  ;  les 
mûriers  blancs  y  font  communs  ,  l'indigo  y  eft  naturel; 
&  celui  qu'on  y  a  transplanté  d'ailleurs,  y  a  fort  bien 
réuffi ,  de  même  que  le  tabac  :  les  orangers  ,  les  citron- 
niers ,.  les  grenadiers  y  font  en  plein  fol  ;  la  terre  ne 
fe  refufe  à  rien. 

Après  le  Miflîflîpi  ,  les  plus  grandes  rivières  de  ce 
pays  font:  la  Maubile  ,  dont  nous  parlerons  ailleurs;  la 
rivière  rouge ,  qui  fe  décharge  dans  le  fleuve  ,  du  côté 
de  l'oueft  ;  celle  des  Akanfas,  la  Miffoury ,  du  même  côté  ; 
&  du  côté  de  l'eft  ,  celles  des  Illinois  ,  des  Kas- 
KASKIAS,  d'OuABACHE  &  des  Yasous.  Voyez  ces 
mots.  *  Le  P.  Charlevoix  ,  Hift.  de  la  Nouvelle  France. 

LOWER-ORMOND,  baronnie  d'Irlande  ,  dans  la 
province  de  Munfter.  C'eft  la  quatorzième  ckla  plus  fep- 
tentrionale  du  comté  de  Tippérari.  *  Etat  prefent  de  La 
Gr.  Bretagne ,  t.  3 . 

1.  LOXA,  rivière  de  1'ifle  d'Albion,  dans  fa  partie 
orientale,  félon  Ptolomée  , /.  2,  c.  3.  Cette  rivière  con- 
fervs  encore  aujourd'hui  l'on  nom,  &  s'appelle  Losse. 
Voyez  Losse  2. 

2.  LOXA  ,  ou  LOJA,  (lapronciation  eft  la  même,) 
ville  d'Espagne ,  au  royaume  de  Grenade ,  à  fix  lieues 
de  la  capitale ,  au  bord  du  Xénil ,  au  pied  des  monta- 
gnes. Elle  eft  affez  grande  :  fon  terroir  eft  planté  de 
beaux  jardins  ck  de  vergers  ,  où  l'on  recueille  en  abon- 
dance toute  forte  d'herbes  ,  de  fleurs  ck  de  fruits.  Les 
montagnes  voifines  ont  de  très-bons  pâturages,  &  font 
couvertes  de  troupeaux  de  brebis  ,  qui  donnent  de  la 
laine  ck  du  lait ,  dont  on  fait  du  beurre  ck  du  fromage 
fort  délicats.  Les  habitans  vont  toutes  les  femaines  au 
marché  de  Grenade,  où  ils  vendent  leurs  denrées.  Ou- 
tre les  troupeaux  ,  dont  les  montagnes  de  cette  ville 
font  remplies,  elles  font  encore  peuplées  de  lièvres  ck 
lapins ,  que  l'on  prend  par  le  moyen  des  chiens  ck  des 
têtes  dreffées  à  cette  chaffe.  *Z>e'/.  d'Espagne,t.^,p.  514. 

3.  LOXA  ,  ville  de  l'Amérique  méridionale,  au  Pé- 
rou ,  dans  l'audience  de  Quito ,  fondée  ,  en  1 546 ,  par  le 
Capitaine  Alonfo  Mercadillo.  Elle  eftfituée  au  confluent 
de  deux  petits  ruiffeaux,  qui ,  groflîs  par  plufieurs  autres, 
forment  la  rivière  de  Z/àmora  ,  appellée  plus  bas  Sant- 
iago ,  à  feize  lieues  de  Cuença,vers  le  fud,  ck  envi- 
ron cent  lieues  de  Quito.  Son  terrein  eft  d'environ 
onze  cens  toifes  au-deffus  du  niveau  de  la  mer ,  ck  qua- 
tre cents  plus  bas  que  le  terrein  de  Quito.  Les  chaleurs 
y  font  quelquefois  incommodes.  Outre  l'églife  paroiffide, 
il  y  a  des  couvens  de  Dominicains  ck  de  Cordeliers , 
&l  un  de  religieufes ,  avec  un  collège  de  Jéfuites ,  ck 
un  hôpital.  Latitude  auftrale  4  d.  *  Voyage  dans  L'A- 
mérique ,  par  M.  De  La  Condamine. 

C'eft  clans  ce  canton  que  croît  le  fameux  fpecifique 
contre  les  fièvres  intermittentes ,  connu  fous  le  nom  de 
quina-quina  ck  de  cascarilla  de  Loja.  M.  de  Juffieu  fit 
exprès  un  voyage  à  Loja,  en  1739  ,  pour  obferver  de 
près  de  cet  arbre  fi  précieux ,  ck  dont  l'écorce  eft  tou- 
jours en  grande  réputation.  Il  a  compofé  ,  fur  ce  fujet, 
une  favante  Differtation.  On  trouve  encore  à  Loja  la 
cochenille  ou  grana,  qu'on  allure  être  de  la  même  efpece 
que  celle  de  Oaxaca ,  ck  dont  on  fe  fert  avantageufe- 
ment  dans  le  pays. 

LOXAN  ,  ville  de  la  Chine ,  dans  la  province  de 
Honan  ,  au  département  de  Juning ,  huitième  métro- 
pole de  la  province.  Elle  eft  de  3  d.  o'  plus  occidendale 
que  Pékin,  fous  les  33  d.  21'  de  latitude.  *  Atlas  Si- 
nenjïs. 

LOYANG  ,  ville  de  la  Chine  ,  dans  la  province  de 
Quangfi ,  au  département  de  Taiping  ,  huitième  métro- 
pole de  la  province.  Elle  eft  de  1 1  d.  3  5  '  plus  occidentale 
n  que  Pékin,  fous  les  23  d.  16'  de  latitude.  *  Adas  Si- 
nenfis. 

1.  LOYE  ,  ville  de  la  Chine,  dans  la  province  de 
de  Konan ,  au  département  de  Queue,  féconde  mé- 
tropole de  la  province.  Elle  eft  d'un  degré  44'  plus  occi- 
dentale que  Pékin ,  fous  les  34  d.  4}'  de  latitude.  *  Adas 
Sinenjis. 

2,  LOYE  ,  (la)  ville  de  France,  au  gouvernement 


9tf 

de  Bourgogne  ,  dans  la  Breffe,  fur  la  rivière  d'Ain.  C'eft 
le  fiége  d'un  mandement ,  &  elle  députe  aux  aftem- 
blées  de  la  Breffe.  Route  de  la  pofte  ck  de  la  ména- 
gerie de  Lyon  à  Genève. 

i  LOYETTE ,  bourg  de  France ,  dans  le  Bugey  ,  à 
1  embouchure  de  la  rivière  d'Ain  ,  dans  le  Rhône;  mai- 
rie ;  bureau  des  traites  ,  fous  la  juftice  des  traites  fo- 
raines de  Nantua  ;  communauté  de  F  élection  de  Belley 
ck  du  mandement  de  S.  Sorlin. 

LOYRON,  prieuré  de  France,  dans  le  Maine ,  au 
diocèfe  du  Mans.  Il  dépend  de  Marmoutier. 

LOYSA,  ou  Loysach  ,  rivière  d'Allemagne  dans 
la  Bavière.  Elle  prend  fa  fource  dans  le  Tirol ,  d'où 
elle  entre  dans  la  Bavière;  paffe  à'Partenkirch  ,  qui  dé- 
pend de  Freifingen  ;  6c,  ferpentant  vers  le  nord,  va  fe 
joindre  à  l'Ifer.  *  Zeyler ,  Bav.  Topogr.  Robert,  Carte 
de  Bavière; 

LOYTZ ,  ville  d'Allemagne ,  ,  au  cercle  de  la  haute 
Saxe  ,  dans  la  Poméraine  citérieure  ,  fur  la  Pêne ,  en- 
tre Demin  ck  Gutzkov.  Les  géographes  du  pays  lui 
donnent  38  d.  de  longitude,  ck  54  d.  de  latitude.  Les 
hiftoriens  la  nomment  en  latin  Lutitia  ck  Leutitia ,  & 
prétendent  que  c'eft  un  refte  des  anciens  Lutitii.  Voyez 
ce  mot.  Les  Poméraniens  la  prirenr,  en  premier  lieu,  aux 
comtes  de  Gutzkow  ,  ck  enfuite  aux  princes  de  Mec- 
kelbourg,  l'an  1327.  Il  y  a  quatre  foires  par  an  ,  favoif 
le  lundi  qui  précède  le  Carême,  le  lundi  avant  la  Pen- 
tecôte ,  quinze  jours  après  la  S.  Jean,  &  quinze  jour» 
après  la  S.  Michel.  Zeyler,  Pomer.  Topogr./;.  73. 

LOYUEN,  ville  de  la  Chine,  dans  province  de'Fo- 
kien,  au  département  de  Focheu ,  première  métropole 
de  la  province.  Elle  eft  de  3  d.  16'  plus  orientale  que 
Pékin  ,  fous  les  26  d.  20'  de  latitude.  *  Atlas  Sïnenfis* 

LOZAIN,  ou  Los ain,  (le)  ruiffeau  de  France, 
en  Champagne.  Il  y  a  fa  fource  au  nord  du  village  de 
Vougray  ,  d'où  ,  coulant  vers  le  nord  un  peu  occi- 
dental ,  il  va  fe  jetter  dans  la  Seine.  On  le  paffe  affez. 
près  de  fon  embouchure,  quand  on  vadeTroyes  à  Bars 
le  long  de  la   Seine.  *  Robert  de  Vaugondy ,  Atlas.     ' 

LU,  montagne  de  la  Chine  ,  dans  la  province  de  Ho- 
nan. Elle  eft  auprès  de  la  ville  de  Lux  an  ,  à  qui  elle 
donne  fon  nom.  *  Atlas  Sinenjis. 

LUAN  ,  petite  place  d'Italie  ,  dans  l*état  de  Gènes  l 
dans  fa  partie  orientale,  avec  titre  de  principauté ,  dans 
la  famille  de  Doria.  Elle  eft  fituée'  dans  une  plaine  , 
&  fermée  de  murailles.  Il  y  a  une  garnifon.  On  y 
voit  quantité  d'églifes  ;  ck  les  promenades  ,  qui  font  à 
l'entour ,  font  très-agréables ,  non-feulement  par  les  mai- 
fons  de  plaifar.ee ,  qu'y  ont  des  particuliers ,  mais  encore 
par  la  beauté  naturelle  de  la  (ituation  du  lieu.  *  Journal 
d'un  Voyage  de  France  &  d'Italie. 

LUANGI ,  Avct-ya  ,  ancien  peuple  de  l'Espagne 
Tarragonnoife ,  félon  Ptolomée,  l.  z ,  c.  <j.  Il  ne  leur 
donne  qu'une  ville,  favoir  Mcrua,  Ms^ia. 

LUBAENI,ancien  peuple  de  l'Espagne  Tarragonnoife 
félon  Ptolomée, ,/.  2  ,  c.6.  Il  leur  donne  une  ville  uni' 
que  ,  favoir  Cambertum ,  ouCambœtum  ,  félon  les  divers 
exemplaires. 

1.  LUBAN  ,  petite  ifle  de  l'Océan  oriental ,  en  Afie, 
entre  les  Philippines  ,  au  couchant  de  Manille  ,  ck  au 
nord  de  Mindoro.  C'eft  moins  une  ifle  qu'un  écueil. 
*  Robert  de  Vaugondi ,  Atlas. 

2.  LUBAN,  village  de  l'empire  Ruffien  ,  dans  I* 
Livonie.  Il  n'eft  remarquable  que  parce  que  c'eft  un  pas-  . 
fage  fur  la  rivière  de  Peddes ,  ck  qu'il  donne  Ion  nom 
à  un  lac  appelle  Lubanifche  fée  ,  qui  eft  formé  par  les 
rivières  de  Rofita  6k  ck  le  Heup  ,  ck  fe  perd  dans  le 
Peddes,  à  l'orient  de  ce  village.  *  De  Wit ,  Atlas. 

LUBAR.  S.  Epiphane  nomme  ainfi  la  montagne 
d'Arménie,  fur  laquelle  l'arche  de  Noé  s'arrêta,  après 
le  déluge.  Tzetzès  dit  que  c'eft  le  nom  que  lui  don- 
nent les  Chaldéens  ck  les  Arméniens.  *  One!.  Thefaur, 
.  LUBBEN,  petite  ville  d'Allemagne,  au  cerclç  de  la 
haute  Saxe  ,  dans  la  baffe  Luface ,  avec  un  fort  joli 
château  fur  la  Sprée.  C'eft  la  capitale  du  pays ,  ck  où 
eft  la  régence.  Elle  appartient  au  duc  de  Merïebourg; 
On  dit  en  latin  Lubbena.  *Hubner,  Gcogr.  p.  Ç96.  "* 
LUBEC,  ville  d'Allemagne,  dans  le  cercle  do  la  baffe 
Saxe,  au  confluent  de  laTrave,  du  Wackenitz  ck  du 
Steckenitz,  qui  mêlent  leurs  eaux  dans  fes  foliés,  à  qua- 
tre lieues  de  Travemunde  ck  du  golfe  de  Lnbec ,  dans 


Ton:e  W 


.ZZZZ   JJ 


LUB 


916 

la  Vagrie ,  aux  confins  duStomar  &  du  duché  de  Lawen- 
bourg.  Elle  eft  ,  félon  Pierre  Appien  ,  à  28  d.  io'  de 
longitude,  &  à  54  d.  48'  de  latitude.  Selon  Bertins, 
Rer.  Germ.  p.  5  93 ,  la  latitude  eft  la  même  ;  mais  il  met 
la  longitude  de  31  d.  45'.  La  ville  de  Lubec  n'eft  pas 
précilément  la  même  que  l'ancien  Lubec  ou  Lubecke  , 
comme  l'appellent  les  Chroniques  ;  Se  l'on  ne  convient 
pas  du  premier  lieu  de  fa  fondation.  Il  eft  certain  que 
Lubec  a  été  anciennement  auprès  de  la  rivière  de  Schwar- 
tow;  mais  il  y  a  tout  lieu  de  douter  s'il  y  a  été  long-tems. 
Bangert ,  in  Chron.  Slavor.  1.  1,  c.  <J7  &  58,  p.  137, 
prétend  qu'en  examinant  bien  les  anciennes  Annales,  on 
trouvera  que  la  première  fondation  de  Lubec  fut  au  même 
lieu  où  eft  cette  ville  ;  qu'on  la  transporta  au  bord  du 
Schwartow,  6c  qu'enfuite  on  la  remit  en  fon  premier 
lieu. 

On  ne  fait  pas  au  jufte,  ni  quand,  ni  par  qui  cette  ville 
fut  fondée,  George  Fabricius ,  Rer.  Saxon,  anno  1041  ; 
Henning ,  Tab.  geneal.  p.  292  ;  Jean  PeterfTen ,  Chro- 
nic.  Holfat.  p.  30,  croient  que  ce  fut  Godefchalc  qui  la 
fonda.  L'auteur  d'une  Chronique  manuscrite  de  Lubec, 
/.  1 ,  c.  1 ,  dit  :  il  eft  incertain  fi  Godefchalc  ,  prince 
qui  fut  à  la  fin  très-bon  Chrétien ,  a  fondé  l'ancienne 
Lubec,  qui  étoit  déjà  de  fon  tems;  car  avant  lui  il  ne 
s'en  trouve  nulle  part  aucune  mention.  11  dit  ailleurs  : 
c'eft  pourquoi ,  fi  on  trouve  écrit  dans  les  Annales ,  que 
Henri  bâtit  Lubec  ,  cela  doit  s'entendre  de  nouveaux 
ouvrages  qu'il  y  ajouta,  &  non  de  la  première  fonda- 
tion. L'auteur  d'un  Discours  fur  l'ancien  Lubec ,  {Eras- 
mus  Sarcerlus)  dit  :  ceux-là  fe  trompent ,  qui  croient 
que  Godefchalc  en  fut  le  fondateur,  puisqu'il  eft  certain 
que  cette  ville  eft  plus  ancienne  que  lui  ,  &  que  fon 
aïeul  nommé  Mifievoius  ',  commandoit  dans  l'ancien 
Lubec  ;  nous  ne  nions  pas  que  cette  ville  n'ait  com- 
mencé fous  Godefchalc,  ce  brave  &  fameux  Vandale, 
à  devenir  une  place  considérable  ;  au  lieu  qu'avant  lui 
on  n'en  parloit  presque  pas.  Ce  prince  y  rétablit  des 
monafteres  deftinés  à  l'inftru&ion  de  la  jeuneffe  ,  ôt 
qui  tomboient  en  ruines.  Reimar  Koch,  dans  fa  Chro- 
nique manuscrite  de  Lubec ,  dit  la  même  chofe. 

Quelques  autres  écrivains  avancent  que  Lubec  fut  fondé 
par  Vicbole  ou  Vikbod  ,  Danois.  De  ce  nombre  eft  Ire- 
nicus,  German.l.  11,  fol.  216,  qui  dit:  Lubec  (Lubecum) 
eft  une  ville  disputée  par  trois  royaumes ,  bâtie  par  le 
capitaine  Vicbold  :  elle  fut  nommée  Buccena  par  les  Van- 
dales ,  &  augmentée  par  le  prince  Kitton ,  l'an  1 103 .  Hart- 
man  Schedel ,  Chrome,  de  JEtatibus ,  ann.  1493  ,  eft  du 
même  avis.  Lubec ,  dit-il ,  ville  fameufe  de  Saxe  &  im- 
périale ,  bâtie  autrefois  par  Vikbod  ,  chef  des  Cimbres  , 
auprès  de  la  Chersonnèfe  Cimbrique  ,  dans  le  lieu  que 
les  Venedes  ou  Vandales ,  qui  occupoient  encore  une  par- 
tie de  la  Saxe ,  appelèrent  Èuccow.  Elle  fut  accrue  par  un 
prince  nommé  Kitton  ou  Truton ,  l'an  1 104.  Raphaël 
Volaterranus  dit  dans  fa  Géographie,  l.j,p.i^c,  :  Lu- 
bec ,  (  Lubicum  )  ville  impériale  ,  bâtie  par  Umbodus 
Vitigus ,  chef  des  Cimbres ,  dans  le  lieu  que  les  Venedes , 
encore  maîtres  d'une  partie  de  la  Saxe  ,  appelleront  Luc- 
conie.  Elle  s'eft  accrue  de  telle  forte ,  que  les  rois  de  Da- 
nemarck  ont  fouvent  imploré  le  fecours  des  Lubécois , 
pour  mettre  leurs  fujets  à  la  raifon.  Albert  Krantz  ,  Van- 
dal.  1. 4 ,  c.  1 ,  parle  ainfi  du  lieu  &  du  fondateur  de  cette 
■ville ,  l'an  1 1 40  de  notre  falut.  Adolphe  ,  comte  de  Hols- 
tein  ,  déjà  maître  de  la  Vagrie ,  jusqu'au  lac  de  Vackenitz  , 
voyant  les  murailles  d'une  ville  que  le  chef  des  Cimbres, 
&  enfufte  Criton  le  Vandale  ,  avoient  commencée  entre 
le  lac  &  la  rivière  ,  fur  une  colline ,  &  qu'ils  avoient  été 
forcés  d'interrompre,  à  caufe  des  guerres  dont  ils  avoient 
été  occupés ,  fut  le  troifiéme  qui  jetta  les  fondements  de 
cette  ville  ;  &  il  transporta  ,  du  lieu  de  Swartow,  en  un 
endroit  plus  haut  ,  la  ville  de  Lubec  ,  qui  eft  devenue  fi 
floriffante  de  nos  jours ,  qu'elle  eft  au-deflus  de  la  jaloufie 
des  princes  &  des  villes  du  voifinage.  Cela  eft  copié  par 
l'auteur  de  la  Chronique  latine  manuscrite  de  Lubec  , 
Lz,  C  i ,  qui  ajoute  :  il  eft  vraifemblable  qu'avant  qu'on 
élevât  une  ville  en  ce  lieu ,  il  y  avoit  quelques  hutes  de 
pêcheurs ,  dont  le  principal  &  le  maître  s'appelloit  Luba. 
Nicolas  Mareschal,  Annal.  Herul.  &  Vanial.  dit  auffi 
que  Lubec  ,  dans  les  tems  les  plus  reculés  ,  fut  habitée 
par  des  pêcheurs  ,  &  qu'il  fut  connu  des  Romains  ;  qu'il 
fut  enfuite  embelli  par  Godschalc  ,  roi  des  Hérules  ou 
Obotrites ,  qui  y  bâtit  le  premier  un  fort  &C  une  chapelle 


LUB 


domeftique  ;  &  il  fut  nommé  Buté ,  foit  à  caufe  de  Bu- 
tes ,  fils  de  Godschalch  ,  foit  par  d'autres  allufions ,  que 
rapporte  cet  auteur,  &  qui  ne  méritent  pas  d'attention. 
Cet  auteur,  pour  le  dire  en  parlant,  étoit  conlëiller  deHenri, 
duc  de  Mecklenbourg  ,  &  protefte  qu'il  a  drefié  fon  His- 
toire fur  les  monumens  des  ancêtres  de  ce  prince.  D'au- 
tres chercheurs  d'étymologies ,  attribuent  fa  fondation  à 
un  certain  Lubemar  ,  prince  de  Rugen  ou  des  Vendes. 
D'autres  prétendent  que  fon  nom  vient  d'un  mot  qui  , 
dans  la  langue  Efclavone  ,  fignifie  une  couronne.  Cette 
opinion  ,  qui  n'a  peut-être  d'autre  fondement  que  le  pré- 
jugé favorable  de  ces  auteurs  pour  leur  patrie ,  a  donné 
lieu  à  Lindeberg  de  faire  entrer  ce  mot  dans  l'éloge  de 
cette  ville  : 

Gens  humana  ,JIlus ,  commenta ,  littora ,  mores  , 
Mars  ,  toget  ,  divines  ,  curia  ,  religio  , 

Arcloas  inter  claras  yirtutibus  urbes  , 
Efpciunt ,  tollat  tanta  Lubeca  caput  ; 

Et  decus  Europœ  &  lumen  jit  totius  anja  , 
Et  Jit  Vandalici  pulchra  corona  foli. 

Quoi  qu'il  en  foit,  de  l'origine  de  ce  nom ,  Criton  ayant 
été  mis  fur  le  trône ,  après  la  mort  de  Godschalc ,  qui 
avoit  été  afTaffiné  par  les  Salves,  vers  l'an  1066  ,  ajouta 
une  citadelle  à  la  ville.  II  fut  tué  en  no;,  par  Hen- 
ri ,  l'un  des  fils  de  Godfchalc.  Henri  abandonna  le 
lieu  où  avoit  été  la  réfidence  dé  Criton  ,  &  transporta 
la  ville  de  Lubec  à  Schwartow  ;  &  c'eft  en  ce  fens-là 
qu'il  en  eft  appelle  le  fondateur  par  Helmold  ,  Chronic. 
Slav.  I.  1 ,  c.  57.  Elle  n'y  fut  pas  long-tems  ;  les  fréquentes 
incurfions  du  peuple  de  Rugen  ,  qui  cherchoit  à  venger 
fon  prince  ,  ne  laiflerent  pas  la  liberté  d'en  faire  une  ville 
auflï  grande  ,  aufîi-bien  pourvue  de  fofTés  &  de  murailles  , 
qu'elle  auroit  pu  l'être.  Ils  démolirent  Lubec ,  fous  le  régne 
de  Zuentopolc ,  prince  des  Obotrites ,  &  le  faccagerent 
entièrement,  du  tems  de Pribiflaes.  Racé  &  les  fiens  dé- 
truisirent ce  qui  reftoit  encore  de  la  ville  &T.  du  château  , 
eni  139.  Le  comte  Adolphe  aida,  l'année  fuivante,  aux  Lu- 
bécois à  relever  leur  ville  ;  &  Helmold  dit  bien  exprefTé- 
ment ,  c.  57,  que  ce  comte  trouva,  au  lieu  nommé Bucu, 
le  foffé  de  la  ville  ruinée  ,  que  Crucon  (ou  Truton)  avoit 
bâtie.  Cette  opinion ,  fur  le  lieu  où  étoit  l'ancien  Lubec, 
eft  bien  nettement  confirmée  par  l'auteur  de  la  Chroni- 
que manuscrite  de  Lubec ,  en  Allemand.  Cet  écrivain  étoit 
Cordelier  ,  lefteur  ;  &  il  travailla  à  fon  hiftoire ,  par  l'or- 
dre deThomas  Moëtkerken ,  &  d'Herman  Langen,  bourg- 
meftres  ,  l'an  1385.  Il  dit  positivement  que  Lubec  étoit 
en  premier  lieu,  entre  la  Trave  &  le  Wackénitz  ,  &  il 
allure  qu'il  a  pris  cela  de  la  plus  ancienne  Hiftoire.  Ce 
qu'il  dit  eft ,  d'autant  plus  digne  d'être  rapporté ,  qu'il  mar- 
que en  abrégé,  de  quelle  manière  &  combien  de  fois  Lu- 
bec a  changé  de  lieu.  «  Sous  l'empire  de  Henri  IV,  dit  cet 
»  auteur  ,  fut  tracée  &  bâtie  la  ville  de  Lubec ,  qui ,  dans 
»  ce  tems-là ,  étoit  auprès  de  Swar-Swartow  ,  &  qu'on 
»  appelle  encore  le  Vieux-Lubeck.  Auparavant,  cette  ville 
»  avoit  été  entre  la  Trave  6k  le  'NVokénifTe  ,  où  elle  eft 
»  encore.  Dieu  la  conferve  éternellement.  Les  Chroni- 
»  ques  ne  nous  apprennent ,  ni  quand  elle  fut  bâtie ,  ni 
»  combien  de  tems  elle  y  fubfifta;  mais  j'ai  lu  dansquel- 
»  ques  Hiftoires ,  qu'elle  occupa  fucceflivement  plus  d'un 
»  terrein  ,  &  qu'on  la  transporta  d'un  lieu  à  un  autre.  Elle 
»  étoit,  en  premierlieu,  renfermée  dans  la  même  place  où 
»  elle  eft  aujourd'hui  ;  enfuite  on  la  transporta  près  du 
»  Swartow ,  au  lieu  qu'on  appelle  le  Vieux-Lubeck.  On 
»  la  rebâtît  enfuite  dans  l'ancienne  place.  A  quelque  tems 
»  de-là  ,  on  la  faccagea  ;  &  elle  fut  transportée  de  l'autre 
»  côté  du  "WakénifTe  ,  &  s'appelloit  en  cet  endroit  Lou- 
»  wenjîad.  Les  bourgeois  y  demeurèrent  quelque  tems 
»  malgré  eux,  parce  que  les  vaifleaux  ne  pou  voient  re- 
»  monter  la  rivière.  La  ville  ,  en  cet  endroit,  futexpofée 
»  à  de  grandes  viciffitudes ,  tantôt  aux  ravages  des  en- 
»  nemis  ,  qui  la  faccagerent ,  tantôt  aux  inondations  qui 
»  y  firent  de  grands  dégâts ,  tantôt  aux  incendies  qui  la 
»  réduifirent  en  cendres. 

De  tous  ces  paffages ,  il  paroît  que  la  plus  ancienne  fon- 
dation fut  faite  par  Truton  ,  au  lieu  où  eft  aujourd'hui  cette 
ville  ,  que  l'on  peut  appeiler  la  troifiéme.  La  féconde  étoit 
fur  le  Swartow ,  rivière  qui  vient  du  nord  ,  &  tombe 
dans  la  Trave  ,  au  -  deffbus  de  Lubec  ;  la  troifiéme,  au 
même  lieu  où  avoit  été  la  première.  Que  ce  foit  Gods- 


LXJB 


LUB 


chalc,  ou  tel  autre  prince  Obctrhe  que  Ton  voudra,  qui 
en  ait  jette  les  premiers  fondemens ,  certainement  Lubec 
ne  doit  fa  fondation  à  aucun  roi  de  Pologne  ,  quoique 
difent  les  hiftoriens  de  ce  royaume.  Gaguin  prétend  que  Vi- 
iimir ,  roi  de  Pologne  ,  ayant  défait  Sivard  ,  roi  de  Da- 
nemarc  ,  s'avança  jusques-là  ,  &  bâtit  Lubec ,  Vifmar  &C 
Dantzig  (a).  Un  écrivain  (b)  ,  qui  a  laiiîé  l'Hiftoire  du  ré- 
gne de  Sigismond,  inférée  au  fécond  tome  de  Piftorius  , 
dit  :  dans  un  golfe  de  la  mer  Baltique ,  eft  Lubec ,  ville 
de  l'empire  ,  riche  &  puiffante  ,  bâtie  autrefois  par  les 
ancêtres  des  Polonois.  Elle  rut  nommée  Buccovetium. 
Crommer  affure  pofitivement  que  cette  ville  fut  fondée 
par  quel  qu'un  des  fils  ou  descendans  de  Lesko  II.  Tous 
ces  témoignages  copiés  les  uns  des  autres ,  ck  qui  ne  fe 
trouvent  que  dans  des  écrits  des  Polonois ,  ne  font  d'au- 
cune autorité.  Le  premier  dit  Amplement ,  par  les  ancê- 
tres des  Polonois.  Les  Polonois  étoient  un  peuple  Slave. 
Lubec  fut  bâti  par  les  Obotrites ,  qui  étoient  auffi  d'entre 
les  Slaves  ;  mais  les  Obotrites  &  les  Polonois  étoient  des 
peuples  très-différens.  Quoiqu'ils  fifTent  partie  du  peuple 
des  Slaves  ,  qui  contenoient  fous  eux  des  nations  très- 
diftinftes ,  les  Obotrites  &  les  Polonois  avoient  des  prin- 
ces &C  des  pays  très-différens  les  uns  des  autres.  Les  O- 
botrites  &.  les  Vagriens  avoient  leurs  princes  particuliers , 
long-îems  avant  qu'il  fût  queftion  de  Lubec.  Qui  doute 
que  ce  font  eux  qui  ont  bâti  les  anciennes  villes  &  forte- 
refles  de  leur  pays ,  comme  Lubec  ,  Mecklenbourg,  ville 
ruinée ,  au  midi  de  Vilmar ,  Altenbourg ,  "Werle ,  Kiffim  , 
ckc  ?  Quand  même  un  roi  de  Pologne  fe  feroit  avancé 
jusques-là,  en  faudroit-il  conclure  qu'il  y  ait  fait  un  allez 
long  féjour,  pour  y  bâtir  des  villes  ?  Si  quelque  roi  de  Polo- 
gne avoit  bâti  une  ville  dans  ces  quartiers-là ,  comment 
Helmold  ,  fi  bien  inftruit  des  antiquités  de  fon  pays ,  au- 
roit-il  ignoré  cette  circonftance  ?  *  (a)  Rer.  Polonic.  t.  I. 
(t>)  Joloc.  Ludov.  Decius. 

La  troifiéme  ville  de  Lubec  ,  dont  nous  venons  d'exa- 
miner la  fondation  ,  avant  été  ravagée  par  les  Vendes  , 
&  fort  endommagée  par  le  feu,  en  1158  ,  fentit  que  la 
protection  d'Adolphe  II,  Comte  de  Schouwenbourg  , 
devenu  comte  de  Holftein  ,  ne  lui  fuffifoit  pas  contre  un 
voifin  auffi  puilTant  qu'étoit  Henri  le  Lion ,  duc  de  Saxe. 
Ce  dernier  fe  plaignoit  de  Lubec ,  dont  les  progrès  appor- 
taient du  préjudice  au  commerce  de  Bardevic ,  ôc  que  le 
revenu  des  falines  de  Lunebourg  étoit  diminué  ,  par  le 
transport  que  les  Lubécois  faifoient  du  fel  de  Todefloë. 
Adolphe  employa  inutilement  les  remontrances.  Henri 
le  Lion  enfermoit  Lubec ,  lui  ôtoit  toute  communication  , 
&  avoit  gâté  les  fources  d'où  l'on  droit  le  fel  :  le  comte 
de  Holftein  fut  réduit  à  céder  au  plus  fort.  C'eft  ainfi 
que  Henri  le  Lion  s'en  rendit  maître.  La  ville  profita  de  ce 
changement.  Les  magiftrats ,  protégés  par  le  duc  de  Saxe , 
obtinrent  facilement  de  Woldemar,  roi  de  Danemarck, 
la  liberté  de  commercer  dans  fes  états.  En  1163  ,  l'évê- 
ché ,  dont  nous  parlerons  enfuite  ,  fut  transféré  d'Alten- 
bourg ,  où  il  étoit  auparavant ,  à  Lubec  ,  qui  étoit  deve- 
nue une  ville  allez  confidérable.  Henri  le  Lion  ayant  été 
mis  au  banc  de  l'empire  ,  Lubec  fut  affiégé  &  pris  par 
l'empereur  Frédéric  I ,  &c  devint  ville  impériale.  Elle  ra- 
cheta un  fort ,  qui  étoit  aux  comtes  de  Wagrie  ,  fur  la 
Trave ,  avec  la  navigation  libre  de  cette  rivière  ,  &  l'e- 
xemption de  tous  péages.  Après  la  mort  de  cet  empereur , 
Lubec  fut  rendu  à  Henri  le  Lion  ,  après  la  vie  duquel  , 
il  fut  pris  par  Voldemar,  frère  de  Kanut,  roi  de  Dane- 
marck; ainfi  il  fut  fournis  aux  Danois ,  qui  ne  ménagèrent 
pas  beaucoup  les  habitans.  Ceux-ci ,  pour  s'en  délivrer , 
s'adrelTerent  à  Frédéric  II,  &  fe  donnèrent  de  nouveau 
à  l'empire ,  à  condition  qu'il  leur  rendrait  les  avantages 
de  ville  libre  &c  impériale.  Depuis  1127,  Lubec  a  con- 
fervé  fa  liberté  ,  &  eft  une  véritable  république  ,  fubor- 
donnée  à  le'mpire. 

La  régence  eft  compofée  de  nobles ,  de  praticiens ,  dont 
quelques-uns  font  gradués ,  &  quelques  autres  négocians. 
Les  bourgmeftres  font  au  nombre  de  douze  ;  les  artifans 
n'y  font  point  admis.  Un  père  &  un  fils ,  &  deux  frères 
ne  fauroient  pofl'éder  en  même  tems  les  charges  de  la 
régence  :  nous  avons  parlé  de  Lubec  fuffifamment ,  en 
qualité  de  ville  hanféatique ,  au  mot  Hannse  ,  &c  à  l'arti- 
cle Hambourg.  C'étoit  chez  elle  que  reffortiffoient  les 
appels  des  jugemens  des  autres  villes  de  la  hanfe.  Elle  a 
un  territoire  allez  étendu ,  qui  renferme  quelques  petites 
villes ,  &:  divers  bailliages  dans  lesquels  on  compte  cent 


9\y 

trois  villages.  Elle  a  rang  au  banc  des  villes  impériales  , 
à  diére  de  l'empire;  &  elle  y  alterne  pour  la  préféance 
avec  la  ville  de  Worms. 

La  ville  eft  plus  longue  que  large.  Sa  longueur  eft  d'en- 
viron deux  mille  cent  cinquante  pas  ,  &  fa  largeur  de  treize 
cents.  Elle  a  de  très-belles  rues  ,  dont  la  plupart  font  gar- 
nies de  tilleuls.  Entre  les  édifices  publics  on  diftingue  , 
i°  la  maifon  de  ville,  où  fe  gardent  les  archives  de  la 
Hanfe,  dont  Lubec  a  toujours  eu  le  directoire;  20  l'ar- 
cenal,  très-bien  pourvu  de  groffe  artillerie  &  de  toutes 
fortes  d'armures  ;  30  la  tour  d'eau  ,  bâtiment  quarré  , 
d'où  les  eaux  de  la  rivière  de  Vagenitz  fe  diftribuent  par 
plufieurs  tuyaux  dans  tous  les  quartiers  de  la  ville  ;  40  la 
fameufe  cave  dont  Olaùs  Magnus,  Rer.  Sepunt.  1.  13  , 
c.  21  ,  fait  mention,  &  où  l'on  garde  des  vins  de  deux 
cents^  ans.  Les  murs  de  la  ville  font  fort  élevés ,  fur-tout 
du  côté  de  Holftein.  Elle  fut  paffablement  fortifiée  en 
1604 ,  mais  beaucoup  mieux  quatre  ans  après.  Elle  a  trois 
portes  principales  ;  une  au  nord ,  s'appelle  la  porte  Royale; 
une  au  midi  ,  nommée  Mullerthor ,  ou  h  porte  du  Meu- 
nier ;  &  la  troifiéme  au  couchant,  du  côté  de  Holftein. 
On  y  voit  encore  les  reftes  d'un  camp  ,  d'où  les  princes 
de  Holftein  affiégeoient  la  place.  Il  y  a  trois  autres  portes 
beaucoup  plus  petites  ;  l'une  vers  le  couchant,  &  fe  nomme 
la  porte  Neuve  ;  une  autre  vers  l'orient ,  appellée  Hexen- 
thor ,  ou  la  porte  du  Sorcier  ,  à  deux  tours ,  du  haut  des- 
quelles on  voit  par  quelle  méchanique  l'eau  de  la  rivière 
de  Vagenitz  eft  élevée  ,  pour  être  conduite  dans  tous 
les  quartiers  ,  &  même  dans  les  principales  maifons  de 
la  ville. 

Comme  Lubec  eft  fitué  entre  la  Trave  &  le  "Wackenits  , 
fon  terrein,  plus  élevéau  milieu ,  s'abaiffe ,  de  chaque  côté, 
vers  ces  deux  rivières.  Ses  deux  principales  rues  vont  de- 
puis la  cathédrale  &:  la  porte  du  Meunier ,  jusqu'à  la  porte 
du  château  ,  ou  la  porte  royale.  Ces  deux  rues  font  cou- 
pées par  d'autres  rues  de  traverfe  ,  qui  aboutiffent  à  l'une 
ou  à  l'autre  rivière ,  ou  aux  murs  de  la  ville.  Le  penchant 
qu'a  le  terrein  de  ces  rues ,  y  entretient  la  propreté. 

Les  églifes  remarquables  de  Lubec  ,  font  Notre-Dame  , 
autrefois  la  cathédrale  ,  &  maintenant  première  paroifle 
de  la  ville.  C'eft  un  bâtiment  fort  élevé ,  &  d'une  belle 
ftruchire ,  foutenu  de  hauts  piliers ,  dont  chacun  eft  d'une 
feule  pierre.  Derrière  le  chœur  eft  une  Vierge ,  avec  l'En- 
fant Jefus  entre  (es  bias ,  &  qui  paffe  pour  un  chef-d'œu- 
vre de  fculpture.  Il  y  a  auffi  dans  cette  églife  un  cruci- 
fix, parfaitement  bien  travaillé  ,  en  bois.  Entre  un  grand 
nombre  d  epitaphes ,  celle-ci  eft  finguliere  : 

Quid  hanc  procul  tabulant ,  viator ,  adjpicis  ? 
Quœris-ne  galeam  &  clypeum  ?  Noflra  injîgnia  , 
Aut  gcfla  geftis  feire  ?  En  cranium  hoc  ,  ojfaque  , 
Hœc  galca  &  hic  clipeus  ;  notant  inflgnia  lixc 
Nos  univerfos  unius  ejfe  jlemmatis. 
Fis  gefta  ?  Peccavi  ego  ,  peccârunt  cateri  ; 
Hinc  par  ad  unum  omnes  tulimus  Jlipendium. 

Cette  églife  a  un  très-beau  clocher,  revêtu  de  plomb  doré. 
Il  en  eft  de  même  des  églifes  de  S.  Pierre ,  de  S.  Jacques 
&  de  quelques  autres ,  dont  les  clochers  font  de  loin  un 
bel  aspect.  L'églife  de  S.  Jean  fut  commencée  fous  Henri 
le  Lion  ;  les  guerres  civiles  ne  lui  permirent  pas  de  l'a- 
chever. Ce  fut  Henri  ,  troifiéme  évêque  ,  depuis  la  trans- 
lation de  l'évêché  à  Lubec ,  qui  y  mit  la  dernière  main  , 
&  fonda  ,  pour  la  deffervir  des  moines ,  qui  furent  en- 
fuite  transférés  à  Cismar  ,  dans  la  Wagrie ,  &  auxquels 
fuccéderent  des  religieufes.  Le  monaftere  de  fainte  Ca- 
therine fut  fondé  par  des  gentilshommes  nommés  les  Cris- 
pins,  qui  accompagnèrent  l'empereur  Frédéric  I ,  dans  fa 
croifade,  &  fe  diftinguerent  contre  les  Sarrafins.  Le  Luthé- 
ranisme ,  qui  eft  la  religion  dominante  à  Lubec ,  a  changé 
l'ufage  de  ces  monafteres.  Cependant  ily  a  encore,  au  mo- 
naftere de  S.  Jean ,  des  filles  qui  s'engagent  à  cette  maifon 
pour  toute  leur  vie. 

En  échange,  les  hôpitaux  ont  été  bien  confervés.  Le 
grand  hôpital ,  avec  l'églife  du  S.  Efprit ,  font  des  monu- 
mens  de  la  piété  des  feigneurs  de  Morgemvege  &  de  Mor- 
ketke  ;  il  y  en  a  un  pour  les  vieilles  gens,  de  l'un  &  de 
l'autre  fexe  ,  auprès  de  l'églife  de  la  Magdelaine.  C'étoit 
anciennement  un  château  ,  d'où  les  bourgeois  chafferent 
la  garnifon  Danoife  ;  &  enfuite  ils  le  convertirent  en  hô- 
pital. Celui  de  fainte  Annefert  à  l'entretien  des  orphelins , 


LUB 


918 

&  des  enfans  des  pauvres  bourgeois  :  on  les  y  élevé  avec 
foin ,  &  on  leur  fait  apprendre  un  métier  ;  une  partie  de 
cet  édifice  fert  de  maiCon  de  force  ,  où  l'on  renferme  les 
libertins ,  &  même  les  fainéans.  Deux  autres  hôpitaux  font 
deftinés  au  foulagement  des  pauvres  voyageurs.  Ceux  qui 
arrivent  malades ,  y  font  pourvus  de  tous  leurs  beloins  , 
jusqu'à  ce  qu'ils  foient  morts  ou  rétablis.  Ceux  qui  fe  por- 
tent bien  s'y  délaffent  pendant  trois  jours ,  au  bout  des- 
quels on  les  renvoie  avec  une  paffade. 

La  plus  riche  fondation  de  cette  nature ,  c'eft  le  cloître 
de  S.  George ,  devant  la  Mulherthor ,  où  l'on  retire  prin- 
cipalement les  artifans  qui  ont  vieilli  fans  avoir  pu  amaffer, 
par  leur  travail ,  de  quoi  fubfifter  durant  leur  vieilleffe.  Ils 
y  font  abondamment  pourvus  de  tous  leurs  befoins.  Cette 
maifon  avoit  autrefois  une  églife  ou  grande  chapelle ,  qui 
a  été  abbatue  pour  faire  place  aux  nouvelles  fortifications. 
Devant  la  porte  dn  château,  ou  Royale,  eft  l'hôpi  tal  de  fainte 
Gertrude,deftiné  aux  peftiférés.Dans  la  rue  desFondeurs  ily 
a  quantité  de  jolies  maifons ,  quela  communauté  des  mar- 
chands a  deftinées  pour  le  logement  des  pauvres  veuves  de 
leur  corps ,  &  où  elle  leur  fournit  tous  les  befoins  de  la 
vie  :  il  y  a  encore  plufieurs  autres  petites  rues ,  dont  tou- 
tes les  maifons  fervent  aux  veuves  des  pauvres  bourgeois. 

L'évêché  de  Lubec  fut  anciennement  fondé  à  Alten- 
bourg  ,  ville  autrefois  confidérable  dans  la  Vagrie ,  au 
bord  de  la  mer ,  par  l'empereur  Othon  I ,  furnommé  h 
Grand ,  qui  travailla  beaucoup  à  la  converfion  des  Ven- 
des. Marcon ,  fon  chancelier ,  fut  premier  évêque  de  ce 
fiége  ;  il  fut  remplacé  par  Egu-ard  ou  Edward,  vers  l'an 
964 ,  dont  le  fucceffeur  fut  Wagon ,  beau-frere  de  Bilug , 
prince  des  Vendes.  Après  celui-ci ,  le  fiége  fut  occupé 
par  Ezich  ,  &  enfuite  par  Volkward  ,  qui  eut  la  douleur 
de  voir  une  grande  partie  des  Vendes  apoftafier  ,  à  la 
perfuafion  de  l'impie  Miftevoïus ,  leur  prince.  Il  eut  pour 
fucceffeurs  Rembert ,  Bennon ,  Meinher ,  Abelin.  Ce  der- 
nier fut  contemporain  du  pieux  Godschalc  ;  &  les  foins , 
fécondés  par  un  fi  bon  prince  ,  firent  refleurir  la  religion^ 
Chrétienne  dans  tout  leur  pays.  Après  fa  mort,  le  diocèfe 
d'Altenbourg  ayant  paru  trop  étendu  aux  archevêques  de 
Hambourg ,  dont  il  dépendoit ,  fut  divifé  en  trois ,  (avoir, 
Altenbourg  ,  Ratzebourg  ck  Meckelmbourg.  Cette  der- 
nière ville  ayant  été  détruite  ,  le  fiége  en  fut  transporté 
à  ScWerin.  Ezon  ,  nommé  au  fiége  d'Altenbourg  ,  vit 
la  religion  Chrétienne  prefque  entièrement  détruite  par 
les  ravages  de  Crucon  ,  que  nous  avons  déjà  rapportés 
ci-deffus.  La  Vagrie  refta  fans  évêque ,  depuis  l'an  1066  , 
jusqu'à  l'an  1149,  qu'Aarftt'ic  ,  archevêque  de  Brème  , 
dont  le  fiége  avoit  ufurpé  la  primatie  de  Hambourg ,  nom- 
ma Vicelin  évêque  d'Altenbourg.  Ce  prélat,  dont  l'églife 
fait  la  fête ,  mourut  en  1 1 54 ,  &  eut  pour  fucceffeur  Ge- 
rold.  Ce  rut  fous  ce  dernier  que  Henri  le  Lion ,  maître 
de  Lubec  &  de  la  Vagrie ,  voyant  cette  ville  floriffante  , 
y  fit  transférer  le  fiége  de  l'évêché ,  &  fit  bâtir ,  à  ce  def- 
fein  ,  l'églife  de  Notre-Dame  ,  dont  il  fonda  le  chapitre. 
Ce  fut  vers  la  fin  du  douzième  fiécle ,  que  l'évêque  de  Lu- 
bec eut  rang  entre  les  princes  éccléfiaftiques  de  l'empire. 
Derler  Reventlau,  quarantième  évêque  ,  y  introduiiit  la 
confeffion  d'Augsbourg,  l'an  1535.  Jean  Adolphe,  fils 
d'Adolphe ,  duc" de  Holftein-Gottorp  ,  obtint  cet  évêché 
en  1 5S7  ,  tk  le  réfigna ,  dix  ans  après ,  à  fon  frère  ,  qui 
le  pofiéda  jusqu'au  3  Septembre  1634.  Ce  dernier  avoit 
choifî  pour  co  adjuteur  Adolphe  ,  fils  puîné  de  Jean  Adol- 
phe ,  duc  de  Holftein-Gottorp  ;  leurs  fucceffeurs  ont  tous 
été  pris  de  la  maifon  de  Holftein ,  qui  s'eft  ainfi  approprié 
lesrevenusdel'évêchédeLubec,quipaffetoujours  du  frère 
au  frree  ,  de  l'oncle  au  neveu  ,  &  du  coufin  au  coufin.  L'é- 
leftion  qu'en  font  encore  les  chanoines ,  n'eft  qu'une  forma 
lité  &  une  ombre  de  l'ancien  droit.  L'évêque  n'aaucune  ju- 
risdiâion  fur  la  ville  ;  fon  domaine  n'eft  guères  étendu. 
Il  exerce  la  jurisdic~tion  épiscopale ,  par  un  grand  vicaire  , 
pour  le  clergé  Catholique,  &c  par  un  confeil confiftorial 
pour  les  Luthériens  ;  il  fait  fa  réiîdence  à  Eutin  ,  lieu 
fitué  fur  un  lac.  Voyez  ce  mot. 

Schleswick,  né  en  1710,  fils  de  Chriflien-Augufte  , 
évêque  de  Lubec ,  ayant  été  élu  évêque  de  cette  ville,  en 
1727  ,  a  été  déclaré  héritier  préfompiif  de  la  couronne  de 
Suéde, en  1749,  &  élu  roi  de  Suéde,  eniy^i.Son  frère, 
Fréderic-Augufte,  fut  élu  fon  coadjuteur, ^1743 .,  dans 
l'évêché  de  Lubec ,  qu'il  poffode  aujourd'hui. 

I.LUBEN  ,  petite  ville  de  Silélîe,  au  duché  de  Lignits  , 
fur  le  ruiffeau  de  Kaltzbach.  Elle  a  un  diftrift  affez  étendu , 


LUB 


&  fait  un  cercle  à  part.  Entre  cette  ville,  Rauden  &  Bol- 
kowitz ,  ou  Pulkwifs,  il  y  a  beaucoup  de  bois.  Elle  eft  à  trois 
milles  de  cette  dernière  place ,  &  à  pareille  diftance  de 
Parckwitz,  fur  la  route  de  Breflau  à  Francfort-fur-l'O- 
der,  &  à  Berlin.  Boleflas  le  Long  l'augmenta  &  la  for- 
tifia. *  Zeyler  ,  Bohem.  Topogr.  p.  160. 

2.  LUBEN  ,  dans  la  baffe  Luface.  Voyez  Lubben. 

LUBEMTHAL ,  Lcovalliitm  ,  bourg  de  Siléfie  ,  dans- 
la  principauté  de  Javer, entre  Fridberg  ôtLahn  ,  presqu'à 
égale  diftance.  Il  y  a  une  riche  abbaye  de  Bénédictines, 
dont  l'églife  eft  fous  l'invocation  de  S.  Materne. 

LUBÈRAS  ,  petite  ville  d'Allemagne  ,  au  cercle  de 
la  haute  Saxe  ,  dans  la  baffe  Luface  ,  auprès  de  la  forêt 
nommée  le  Sprkwald.  *  ZeyUr ,  Saxon,  fuper.  Topogr. 
/>.  130. 

LUBIANA.  Voyez  JiMONA  &  Laubach. 

LUBIENI ,  peuple  lauvage  d'Afie  ,  dans  les  montagnes 
qui  font  entre  l'Ibérie  &  l'Albanie  des  anciens ,  félon  Pline, 
/.  6,  c.  10. 

LUBIENSES  ,  ancien  peuple  d'Espagne  ,  voifin  des  La- 
cétaniens,  félon  Pline,  /.  3  ,  c.  3.  Le  P.  Hardouin avoue 
qu'on  ne  fait  ce  que  c'eft  que  cette  nation ,  à  moins  qu'elle 
ne  foit  la  même  que  les  Levienfes  ,  nommés  dans  les  Dé- 
crets du  pape  Hilaire  ,  avec  les  Calaguntani ,  Se  les  Caf- 
canienfes. 

LUBLIN  ,  ville  de  la  petite  Pologne ,  capitale  d'un  pa- 
latinatde  même  nom,  fur  la  Byftrzna,  qui  va  fe  joindre  en- 
fuite  avec  le  Viépers.  Il  y  a  un  ancien  château  fur  une 
colline  :  elle  eft  affez  belle  ,  affez  peuplée  pour  le 
pays ,  &  fituée  à  trente-fix  milles  de  Cracovie  ,  &  vingt- 
quatre  de  Varlbvie  ;  à  quatorze  de  Sanclomir ,  &  à  ibi- 
xante-dix  de  Vilna  :  c'eft  une  des  principales  villes  du 
royaume.  Quoique  fon  enceinte  ne  foit  que  médiocre ,  elle 
furpaffe  néanmoins  les  autres  villes  par  l'agrément  de  fa 
lîtuation  ,  par  la  bonté  de  l'air ,  la  fécondité  du  terroir  , 
&  par  l'abondance  de  toutes  les  choies  propres  aux  be- 
foins ou  aux  plaifirs  de  la  vie.  Les  murs  en  font  hauts  , 
les  foffés  profonds,  les  édifices  ordinairement  beaux.  La 
citadelle  eft  jointe  à  la  ville  par  un  pont.  *  Andr.  Cdlar. 
Descr.  Polon.  p.  193. 

Entre  les  égliiês  de  la  ville ,  on  diftingue  celles  de  Notre- 
Dame  ,  accompagnée  d'un  monaftere  de  filles  ,  appelle 
fainte  Brigitte  du  Triomphe  ;  l'églife  de  la  converfion  de 
S.  Paul ,  où  eft  un  monaftere  de  Bernardins  ;  celle  du  Saint 
Efprit ,  qui  eft  de  pierre  de  taille  ;  le  beau  collège  des 
Jéfuites,  avec  l'églife  fous  l'invocation  de  S.  Jean-Baptifte, 
qui  eft  ancienne  ,  s'il  eft  vrai  qu'elle  ait  été  bâtie  par  Lesko 
le  Noir ,  'prince  de  Pologne.  On  la  nommoit  ancienne- 
ment S.  Michel  ;  mais  comme  elle  étoit  fort  ruinée  par  le 
rems,  les  magiftrats  l'ont  tait  réparer.  Elle  avoit  une  haute 
tour,  d'où  l'on  voyoit  à  peu  de  diftance  le  couvent  des  Do- 
minicains ,  où  eft  l'églife  de  S.  Staniilas  ;  mais  cette  belle 
églife  des  Jéfuites  ,  ainfi  que'leur  collège ,  ont  été  brûlés 
en  1752.  Tout  auprès,  &  au  bas  de  la  ville,  eft  l'églife 
de  S.  Adalbert ,  avec  un  hôpital.  Enfuite  eft  l'églife  de 
S.  Nicolas  ;  &  une  autre  fort  vieille  ,  où  l'on  permet  aux 
Ruffiens  du  rite  grec  de  faire  le  fervice  divin  félon  leur 
ufage  ;  on  nomme  ce  lieu  vulgairement  Cze.RLIE-w. 

Le  palais  a  une  belle  tour  qui  s'élève  dans  la  place.  C'eft 
dans  cette  maifon  que ,  durant  cinq  mois  de  l'été,  on  expé- 
die tous  les  procès  de  ce  palatinat.  Ce  n'eft  pas  pour  la 
ville  de  Lublin  un  petit  ornement ,  que  le  palais  du  pala- 
tin Marc  Sobieski.  Il  y  a  beaucoup  d'autres  édifices  fort 
beaux.  Les  Juifs  font  en  grand  nombre  dans  les  fauxbourgs  : 
ils  y  ont  une  fynagogue  la  plus  belle  du  royaume.  Le  ter- 
roir des  environs  eft  d'une  grande  fécondité  ,  tant  pour 
les  grains ,  que  pour  les  fruits.  On  tient  à  Lublin  trois 
foires,  dont  chacune  dure" tout  un  mois;  il  y  vient  des 
marchands  de  tout  pays  ,  des  Allemands ,  des  Grecs ,  des 
Arméniens  ,  des  Mofcovites  ,  des  Turcs  ,  des  François  , 
des  Italiens  &  des  Anglois.  Comme  c'eft  à  Lublin  que 
font  les  grands  tribunaux  judiciaires  de  toute  la  Pologne, 
les  affaires  y  attirent  beaucoup  de  noblefîe. 

Romain  ,  Czar  de  Ruffie  ,  affiégea  la  citadelle  de  Lu- 
blin inutilement  durant  un  mois,  en  120s.  Les  Tartares 
brûlèrent  la  ville,  en  1 240  ;  &  après  qu'on  l'eut  rétablie ,  le 
Czar  Daniel  la  prit  par  furprife;  &  l'ayant  fortifiée,  la  garda. 
Les  Ruffiens  l'ayant  pafladée  cinquunte-fept  ans  ,  la  perdi- 
rent Ibus  Vencellas ,  roi  de  Pologne.  En  1606 ,&  1607, 
elle  fut  affligée  d'incendies  ;  &  la  même  année  ,  la  no- 
bleffe  Polonoife  oppofée  au  roi ,  &  à  ceux  qui  tenoient 


Lue 


LUC 


fon  parti ,  s'àffembla  à  Lublin ,  comme  on  peut  voir  dans 
les  hiftoriens  de  Pologne.  En  1646,  les  étudians  de  l'aca- 
démie de  Lublin  entrèrent  de  nuit  dans  dix-neuf  mailbns 
de  Juifs ,  les  pillèrent ,  y  tuèrent  huit  hommes  ,  &  en  bles- 
ferent  cinquante  ;  le  roi  envoya  des  commiflaires  pour 
punir  cette  infâme  aftion.  *  Piafec.  Chron. 

Le  palatinat  de  Lublin  ,  province  de  la  petite 
Pologne ,  à  l'orient  de  la  Viftule.  Il  prend  fon  nom  de  fa 
capitale.  Il  eft  borné  au  nord  par  la  Mazovie  &  la  Podla- 
<[uie  ;  à  l'ojient ,  par  laLithuanie  ,  &  par  le  palatinat  de 
Rufîîe  ;  au  midi ,  par  celui  de  Sandomir  ;  &  au  couchant , 
par  le  même  palatinat,  dont  la  Viftule,  &C  un  bout  de 
la  rivière  de  Viépers ,  le  féparent.  En  y  comprenant  le 
territoire  de  Lukow,  ce  palatinat  comprend  environ  deux 
mille  châteaux  ,  ou  maifons  de  gentilshommes.  L'évêque 
de  Kiow  fait  fa  réfidence  à  Lublin  ,  depuis  que  cette  der- 
nière ville  eft  en  la  puiffance  des  Moscovites.  Il  y. a  deux 
fénateurs,  favoir  ,  le  palatin  &  le  caftellan.  Les  princi- 
pales rivières  font  la  Viftule,  qui  borne  le  palatinat  de 
Lublin  au  couchant;  Se  le  Viépers,  qui  le  coupe  du  fud- 
eft  au  nord-oueft  d'abord ,  &  enfuite  du  levant  au  cou- 
chant. *  Andr.  Cdlar.  p.  191. 

LUBLINECZ ,  ou 

LUBUNITZ  ,  petite  ville  de  Siléfie,  dans  la  princi- 
pauté d'Opelen  ,  en  tirant  vers  Rofenberg  ,  &r_  vers  les 
frontières  de  Pologne.  *  Zeyler ,  Bohem.  Topogr.  p.  160. 

LUBNEN ,  contrée  d'Afie  ,  dont  parle  Sérapion.  Or- 
telius ,  Thzfaur.  foupçonne  qu'elle  étoit  voifine  de  l'Inde. 

LUBOLO  ,  pays  d'Afrique ,  dans  l'Ethiopie  orientale, 
au  royaume  d'Angola ,  entre  la  rivière  de  Coanza  &:  le 
royaume  de  Benguela.  On  entend  par  ce  nom  deux  pays 
d'une  étendue  bien  différente.  Quelques-uns  y  compren- 
nent les  provinces  de 

Quifama ,  Tambà , 

Lubulo  ,  propre  ;  Rimbâ  , 

Cabéfo ,  Sumbi  , 

Oacco ,  Scella  , 

Et  la  haute  Bembé. 

D'autres  bornent  ce  nom  à  la  province  de  Lubolo ,  pro- 
prement dite.  *  Labat ,  Ethiopie  occid.  /.  1  ,  p.  84. 

LUBOLO  PROPRE  ,  pays  d'Afrique  ,  dans  l'Ethio- 
pie occidentale ,  au  royaume  d'Angola.  Elle  eft  bornée 
au  nord  ,  par  la  Coanza ,  qui  la  fépare  de  la  pro- 
vince de  Mofeche  ;  à  l'orient  ,  par  celle  de  Cabefo  ; 
au  midi  ,  par  celle  de  Rimba  ;  Se  au  couchant  ,  par 
celle  de  Quifama.  C'eft  le  repaire  d'une  infinité  d'a- 
nimaux fauvages  &  carnaciers  ,  félon  les  apparences, 
parce  qu'ils  y  trouvent  abondamment  de  quoi  vivre. 
Elle  eft,  pour  ainfi  dire,  couverte  de  chèvres  fauva- 
ges ,  ck  de  cerfs  qu'on  appelle  gulongo  ,  dans  le  pays. 
On  y  cultive  une  espèce  de  palmiers  qui  donnent  de 
l'huile  &  du  vin,  qui  font  très-rares  ailleurs.  Les  feigneurs 
les  font  cultiver  avec  beaucoup  de  peines  &  de  grands 
foins  ,  par  curiofité. 

LUBRA,  bourg  d'Italie,  félon  un  exemplaire  manus- 
crit de  Frontin ,  allégué  par  Ortélius ,  Thef.  Il  eft  parlé 
de  ce  même  lieu,  dans  le  Martyre  de  S.  Abundius.  Il 
devoit  être  autour  de  la  voie  Flaminienne,  à  XII,  M.  Vi 
de  Rome. 

LUBSCHUTZ  ,  petite  ville  de  Siléfie,  dans  la  prin- 
cipauté de  Jagerndorff,  au  nord  oriental  de  Troppaw , 
dans  une  belle  campagne,  qui  paffepourle  meilleur  ter- 
roir de  toute  la  Siléfie.  *  Zeykr ,  Bohem.  Topogr^ 
p.  161. 

1.  LUC,  ancienne  ville  de  France,  au  Dauphiné,  fur 
la  Drome ,  dans  le  Diois ,  fur  la  grande  route  des  Alpes , 
cornme  ils  paroît  par  les  anciens  Itinéraire,  qui  la  nom- 
ment Lucus  Augujii.  Il  y  a  quelques  fiécles  qu'un  rocher 
étant  tombé  dans  la  Drome, au-deflbus  de  cette  rivière, 
en  boucha  le  lit ,  &  caufa  une  inondation  dont  la  ville 
fut  fubmergée  &  détruite.  Il  eft  refté  de  cette  inonda- 
tion deux  lacs  au-defifus  de  Die.  On  a  bâti  au-deffous 
de  ces  deux  lacs  le  nouveau  Luc,  qui  n'eft  qu'un  village 
ou  un  bourg  tout  au  plus.  *  Longuerue ,  Descr.  de  la 
France,  p.  335. 

a.  LUC  ,  bourg  de  France  ,  en  Dauphiné.  Voyez 
l'article  précédent. 

3.  LUC,  bourgade  de  France,  dans  la  Normandie. 
Les  Carmes  y  ont  un  couvent  où  l'on  a  trouvé  une  ins-. 


919 


cnption  en  l'honneur  de  Jules-Céfar ,"  &  ce  monument 
fait  juger  que  ce  lieu  eft  ancien. 

4.  LUC,  (le)  bourg  de  France,  en  Provence,  à 
fix  lieues  de  Fréjus ,  en  allant  vers  Aix ,  &  à  quatre  de 
Draguignan.  C'eft  un  comté,  6t  il  donne  à  la  maifon 
de  Vintimille  le  titre  de  comtes  du  Luc. 

5.  LUC,  (saint  Vincent  du)  S.  Vinccntius  de. 
Luco;  abbaye  d'hommes,  en  France ,  de  l'ordre  de  S.  Be- 
noît dans  le  Béarn  ,  au  diocèfe ,  tk  à  deux  lieux  d'O- 
Ieron.  L'abbé  a  entrée  aux  états  de  Béarn. 

6.  LUC,  bois  de  France,  au  comté  de  Foix,  dans 
la  maîtrife  des  eaux  tk  forêts  de  Pamiers.  Il  eft  de  huit 
cents  vingt-cinq  arpens. 

LUCA  ,  abbaye  d'hommes ,  ordre  de  Prémontré  , 
dans  la  Moravie ,  au  cercle,  Si  près  de  la  ville  de  Znaym. 

LUCiE,  nom  latin  de  Loches. 

LUC  AIES.  Voyez  Lucayes. 

LUCALA ,  rivière  de  l'Ethiopie  occidentale,  au  pays 
d'Angola.  Elle  a  fa  fource  aux  montagnes  ,  qui  féparent 
Dembo^Quingengo ,  de  Dembo-Angonga  ;  côtoie  ce 
dernier  pays  ;  entre  dans  celui  deLembo,  ou  de  la  baffe 
Ilamba,  qu'elle  fépare  du  royaume  deMatamba;  entre 
dans  le  pays  de  Mofeche  ,  &  fe  perd  dans  la  Coanzaau, 
près  de  Massingano  ,  fortereffe  Portugaife.  *  Carie 
d'Angola. 

LUCANIE  ,  (la)  ancienne  contrée  de  l'Italie,  nom- 
méeLucania  par  les  Romains,  &  Aîvy.ana  par  les  Grecs. 
Elle  étoit  bornée  au  nord  par  le  Silaris  ,  aujourd'hui  le 
Silaro ,  qui  la  féparoit  des  Picentins,  &£  par  le  Branda- 
nus  qui  la  féparoit  de  la  Pouille  ;  à  l'orient,  par  le  golfe 
deTarente;  au  midi,  par  leLaiis,  aujourd'hui  leLaïnOy 
qui  la  féparoit  du  pays  des  Brutii  ;  &  par  le  Sibaris , 
aujourd'hui  le  Cochile  ;  &  à  l'occident ,  par  la  mer  d'E- 
trurie.  Pline, /.3,c.  5;  & Strabon, /.  5,  difent  que  les  Lu- 
caniens  tiroient  leur  origine  des  Samnites.  Ces  derniers 
les  établirent  dans  le  pays  ,  après  en  avoir  chaffé  les 
GEnctri  ;  &  ils  eurent  de  longues  guerres  à  foutenir  con- 
tre les  Grecs.  Du  tems  de  Strabon,  ils  étoient  fi  affoiblis, 
qu'à  peine  leurs  villes  étoient-elles  reconnoiffables. 

Pomponius  Mêla  étend  la  Lucanie  jusqu'au  promon- 
toire de  Minerve  ,  tk  renferme  dans  ces  bornes  les  Pi- 
centins que  Pline  ,  Ptolomée  &  Strabon  en  reculent. 
Il  y  a  des  géographes  qui  comprennent  dans  les  bornes 
de  la  Lucanie  jusqu'au  golfe  Scylaceus.  Mais  les  bornes 
que  donne  Strabon  ,  font  voir  que  cette  côte  apparte- 
noit  aux  Brutiens.  Lucania  ,  dit-il ,  efl  intrà  oram  ma- 
ris Tyrrluni  ac  Siculi  ,  illïc  à  Silaro  usqut  ad  Laum 
amnem  :  hic  à  Metaponto  usque  ad  Thurios  :  in  conti- 
nente autem  à  Samnitibus  usque  -  ad  ifthmum  ,  qui  à 
Thuriis  ad  Cerillos  pertinet.  *  Cellarius  ,  Geogr.  antiq. 
/.  i,  c.9. 

Pour  Ptolomée ,  il  ne  connoît  point  de  Lucaniens  fur 
la  côte  du  golfe  de  "Parente  ;  il  attribue  tout  ce  quartier- 
là  à  la  grande  Grèce.  Cela  vient  de  ce  qu'il  ne  diftingue 
point  ordinairement  l'état  ancien  d'un  pays ,  de  l'état 
où  il  fe  trouvoit  de  fon 'tems.  Quant  à  la  côte  de  la 
mer  d'Etrurie,  il  eftaffez  d'accord  avec  Strabon  &  avec 
Pline.  Voici  les  villes  qu'il  donne  aux  Lucaniens  fur 
cette  côte  ;  elles  marquent  les  bornes  du  pays  de  ce 
côté-là,  fous  l'empire  des  Romains  : 


Silari  fiuv.  OJtia, 
Pccftum  , 


Velia, 
Buxentum. 


Le  P.  Briet  divife  la  Lucanie  en  Lucanie  en-deçà  de 
V Apennin ,  &  en  Lucanie  au-delà  de  l 'Apennin.  Sous 
la  première  il  comprend  le  pays  des  anciens  Pofidonia- 
tes ,  aujourd'hui  une  partie  de  la  principauté  citérieure, 
&  une  partie  de  la  Calabre  citérieure.  Sous  la  féconde 
il  comprend  l'ancien  pays  des  Sybarites  ,  aujourd'hui 
une  grande  partie  de  la  Bafilicate ,  Si  une  partie  de  la 
Calabre  citérieure. 

Lucanie  en-deçà  de  l'Appennin. 

(Templum  Junonis  Argivœ,  Torre; 

I  Portas  Alburnus ,  Alfùrno  ; 
Villes    marifi- \Pozjlum  ou  Pojidonia,  ville  ruinée  ; 
mes  des  Pofido-  \  Velia,  Hclia :&  Hyele ,  Caftel-a-Mare 
niâtes.  1     délia  Brucca  ; 

\  Palinurus-Portus ,  Palinuro; 

^Buxentum ,  Polycaffro. 


LUC 


p20 

Villes  dans  les  Ç  Adnum ,  Ateno-; 
terres.  \Sontia ,  Sanza. 


Luc 


Montagnes. 


\Alburnus ,  monte  di  Poftiglione  ; 
"jCatamadus ,  Monte  di  Cappacio. 


tS'darus  ,  Selo  ou  Silaro  ; 
VTadagar,  Negro; 
\Calor ,  il  Calore  ; 
Fleuves  des  Vo-)Scagnum-Salfam  ,  Fiume  falfo; 
fidoniates.  ~\Elea  ad  Fdiam ,  Pisciota; 

\Haks  ou  Hekes,  Halente; 
IMelphes ,  Molpha,  Melpha  ou  Molpaj 
[Laiis,  Laino. 

-*.  .  Ç  Polidium  ,  capo  di  Licofa  ; 

Promontoires.    \pJaanurum  .  capo  di  palinurô. 

fPœjlanus  ou  Pofidoniates  ,  golfo   cK 
Golfes  des Po-1     Salerno; 
fidoniates.  \Eleates  ou  Vdiuus-i 

\Laiis,  golfd  di  Policaft.ro-, 

Lucanie  au-delà  de  l'Apennin-, 


rMetapontum  ou  Mtcab 
mariti-i     Mare; 
J  c 


Torre  di 
Villes 
mes  des  Syhaù-'iSiris,  Torre  fan  Bafilio  ; 
tes,  'iSybaris ,  Thurium ,  Thuriœ,  &  Copis^ 

*     Torre-Brodogneto. 

'Potentla,  Poténza; 

Abdlinum  Marjicum ,  Marfîco; 

Langaria ,  Nogara  ou  Nocara  ; 
,  Acalandra ,  ou  Calafarna ,  Salandra; 
I  Cœlianum ,  Cigliano  . 


Villes  dans  les 
terres. 


|  Grumetum ,  Clarimonte  ; 
\Opinum ,  Opido, 


SBradanus  ou  Brada ,  „ 
Cafuentum  ,  Bafiento  ; 
Alcandrum,  Salandrella  ou  Salandra; 
Clyftarnus,  Racanello  ;  _ 
barites.  \  Adrïs  ou  Aàdios ,  Agrij 

I S  iris,  Senno  J 
iSybaris,  Cochile; 
\.Crathis,  Crati. 

ïfles  fur  la  côte  de  Lucanlëi 

(Éhclris  ouFebra,  aujourd'hui- incon- 
I     nue , 

J-  .   r,       \Pontia,  Pontia; 

\(Enotridesinfulœ,  ^^  Ifada; 

\-LeucoJia  ou  Lcucafio  ,  la  Licofa. 

Bochart,  dans  fon  Chanaan ,  /.  I ,  c.  33  ,  paroît  prou- 
ver fort  bien  que  la  Lucanie  comprenoit  autrefois  le  pays 
des  Bruttiens  ;  d'ailleurs  Strabon  dit  que  Crimijfa,  qu'il 
«îiftingue  expreflement  de  Pecilia  ,  étoit  une  ville  de  la 
Lucanie.  *  D.  Mattheo  Ègicio,  Lettres  à  M.  Lengletdu 
IJresnoy.  ,         _ 

Je  ne  touche  point  à  cette  lifté  du  P.  Briët  ;  mais  on 
verra  fous  chaque  article  particulier,  qu'il  n'a  pas  toujours 
bien  rencontré  pour  le  nom  moderne. 

LUCANUS  ,  ou  Lucaniacus-Fundus  ;  lieu  de 
France,dont  il  eft  parlé  plufieurs  fois  dans  les  Epîtres  d'Au- 
fone,  &  dans  celles  de  S.  Paulin.  Ce  lieu  devoit  être  au- 
deflus  de  Libourne  &c  de  Condate,peu  loin  de  laDordo- 
gne  ;  &  Vinet  dit  qu'on  ne  fait  ce  que  c'eft  à  moins  que 
ce  lieu  n'ait  quitté  fon  ancien  nom  de  Lucanus  ,  pour 
prendre  celui  de  S.  EMILION. 

LUCAY,  bourg  de  France  ,  dans  le  Berri ,  élection 
de  Châteauroux.  11  appartient  à  la  fainte  Chapelle  de 
Bourges,  en  vertu  d'une  donation  que  lui  en  fit  Jean  , 
duc  de  Berri. 

LUCAYES ,  (les  isles)  ides  de  l'Amérique  fepten- 
trionale,  dans  la  mer  du  nord,  aux  environs  du  tropi- 
que du  cancer  ,  à  l'orient  de  la  presqu'ifle  de  la  Flo- 
ride, au  nord  des  ifles  de  Cuba  &  de  S.  Domingue. 
Comme  celle  de  Bahama  eft  une  des  principales,  quel- 


ques-uns appellent  ces  ifles  les  ifles  de  Bahama,  LeùÂ 
grandeurs  font  très  -  différentes  ;  celles  de  la  première 
grandeur  font ,  en  commençant  au  nord-oueft, 

Bahama,  AndroiT, 

Lucayoneque ,  Cigate-o. 

Celles  de  la  féconde  grandeur  font  : 

Abacoa  ou  la  Providence ,       Yumeta^ 
Guanahani^  Sainana', 

Mayaguana. 


De  la  troifiéme  grandeur  font , 

Yuma  ou  Exuma, 
Caîcos , 


Ynagua , 
Triangulo, 


Il  y  eh  a  un  aflez  grand  nombre  de  petites  ,  qui  font 
moins  des  ifles  que  des  écueils ,  ou  des  bancs  de  fable  j 
qui  ne  s'élèvent  guères  au-deflus  du  niveau  de  la  mer. 
On  ne  les  fréquente  guères  ;  2k  il  n'y  va  presque  point 
d'autres  vaifleaux  d'Europe,  que  ceux  qui  y  font  en- 
traînés par  le  vent  :  tes  bancs  de  fable  &  les  dangers 
dont  elles  font  environnées ,  en  rendent  l'accès  difficile  ; 
de-là  vient  que  l'on  en  a  peu  de  relations.  Herrera  dit 
que  les  Espagnols  demeurent  dans  quelques-unes  ;  Lins- 
chot  dit  qu'elles  font  toutes  inhabitées  ;  &  Baudrand 
aflure  qu'elles  font  encore  actuellement  aux  naturels  du 
pays.  Les  Anglois  prétendent  qu'elles  leur  appartiennent. 

Ces  ifles  font  du  nombre  des  Antilles  dont  elles  font 
la  partie  feptentrionale  :  elles  font  aujourd'hui  presque 
toutes  défertes.  C'eft  par  ces  ifles  que  le  nouveau  monde 
a  été  découvert  ;  Chriftophe  Colomb  ayant  reconnu  d'a- 
bord celle  de  Guanahani ,  St  en  ayant  pris  poflëflîoa 
au  nom  des  rois  Catholiques ,  en  découvrit  enfuite  plu- 
fieurs autres ,  avant  que  tie  palter  à  Cuba ,  &  à  l'ifle 
Espagnole.  Ce  fut  ce  même  navigateur  ,  qui  donna  à 
toutes  ces  ifles  le  nom  de  Lucayes ,  parce  qu'il  apprit 
des  habitans  de  Guanahani  ,  que  tous  ces  infulaires  fe 
nommoient  Lucayes.  Les  Espagnols  les  ont  presque  touJ 
tes  dépeuplées ,  pour  faire  travailler  les  habitans  aux  mi- 
nes de  S.  Domingue.   *  Nous  du  P.  Charlevoix, 

LUCAYONEQUE,  ifle  de  l'Amérique  feptentrio- 
nale ,  dans  la  mer  du  nord ,  entre  les  ifles  Lucayes.  Le9 
François  la  nommèrent,  en  105,  la  grande  Lucaye.  Les 
habitans  l'appelloient  auparavant  Vacaïouque ,  ou ,  félon 
Merrerea ,  Lucayoneque  &  Yucdiontque.  Elle  eft  au  fud- 
eft  de  l'ifle  de  Bahama,  au  nord-oueft  de  l'ifle  de  Ci- 
gateo ,  &  au  midi  du  grand  banc  de  Bahama.  Elle  eft  en-, 
tourée  d'écueils  ,  au  nord ,  à  l'orient ,  Se  au  couchant. 

1.  LUCCA.  Voyez  Lucques. 

2.  LUCCA  ,  ou  Luka,  petite  ville  d'Allemagne; 
au  cercle  de  la  haute  Saxe  ,  dans  l'Ofterland ,  entre  Al- 
tenbourg  Se  Pégau.  Elle  eft  remarquable  par  la  fameufe 
bataille  qui  s'y  donna,  en  1308,  entre  Frédéric,  mar- 
grave de  Misnie,  &  les  Impériaux  ;  ceux-ci  furent  dé- 
faits. Cette  ville  fut  presqu'entiérement  hurlée  en  1644» 
Baudrand  la  nomme  LucCAU.  *Zeyler ,  Saxon.  Topogri 
p.  130. 

3.  LUCCA  ,  ou  Luckaw  ,  ou  Lucken  ,  petit© 
ville  d'Allemagne  ,  dans  l'état  de  l'élefteur  de  Saxe  , 
dans  la  bafle  Luface ,  entre  Calau  ci  Sonwaldt.  Elle  efî 
médiocrement  fortifiée  :  les  Suédois  la  prirent  en  1641, 
&  la  rendirent  en  1644,  par  compofition,  au  baron  d'En- 
kenfort ,  général  des  troupes  de  l'élefteur. 

LUCCAU  ,  petite  ville-  d'Allemagne  ,  au  cercle  de 
haute  Saxe  ,  en  Misnie ,  dans  l'Ofterland  ,  dans  l'état  de 
la  maifon  de  Saxe-Gotha,  à  deux  milles  allemands  de 
Zeitz,  &c  à  quatre  de  Leipfig.  *  Baudrand,  édit.  1705. 

LUCÉ  ,  bourg  de  France,  dans  le  Maine,  élection  de 
Château-du-Loir ,  au  nord  de  la  forêt  de  Berfay  ,  vers 
la  fource  d'un  ruiffeau  ,  qui  tombe  dans  le  Loir ,  à  l'o- 
rient de  Château-du-Loir.  C'eft  une  baronnie ,  dont  la 
jurisdiftion  s'étend  fur  dix-fept  paroifles. 

Dans  le  Diftionnaire  de  la  France ,  ce  bourg  eft  donné 
pour  une  ville.  Il  paroît  que ,  parmi  les  auteurs  de  ce 
livre  ,  il  y  a  eu  un  Manceau,  qui  a  pris  à  tâche  d'éri- 
ger en  villes  tous  les  bourgs  du  Maine,  &  en  bourgs 
tous  les  villages  de  ce  pays-là. 

LUCÉA,  ville  d'Italie,  dans  la  Pouille,  Diodore  de 
Sicile, 


LUC 


LUC 


(Sicile,  /.  19  ,  dit  que  les  Romains  y  envoyèrent  une  co- 
lonie. Ortélius,  Thefaur.  avertit  que  ce  lieu  n'eft  point 
différent  de  Lucérie  où  Titè'-Live  dit,  que  cette  colo- 
nie fut  envoyée. 

1.  LUCENA  ,  ville  d'Espagne  ,  dans  l'Andaloufie  , 
fur  la  rivière  de  Tinto  ,  fk  dans  une  grande  plaine ,  vers 
Moguer ,  à  deux  lieues  de  la  côte  du  golfe  de  Cadix , 
au  royaume  de  Cordoue  ,  fur  la  droite  du  chemin  de 
Valna  à  Alcala-Réal.  Elle  n'a  rien  de  fort  remarquable  , 
quoiqu'elle  ait  le  titre  de  cité.  Son  terroir  abonde  en  fro- 
ment ,  en  huile,  &c  en  vin.  C'eft  de-là  qu'étoit  forti 
S.  Séver  de  Tobar,  premier  fondateur  des  Capucins, 
dans  la  Caflille.  *  Baudrand,  édit.  1705  ,  Délices  de 
l'Espagne  ,  p.  1 14. 

2.  LUCENA ,  bourg  d'Espagne ,  dans  l'Eftramadure, 
entre  Alcantara,  &  Mérida.  Les  géographes  le  prennent 
pour  l'ancienne  Luciniana. 

LUCENA Y-L'ÉVÊQUE ,  bourg  de  France ,  en  Bour- 
gogne ,  au  diocèfe  d' Autun  ,  fur  la  route  d'Autun ,  à  Sau- 
lieu ,  à  trois  lieues  de  la  première ,  dans  un  petit  vallon. 
C'eft  une  baronnie,  dont  les  hameaux  font  écartés  en  d'au- 
tres lieux.  Il  y  paffe  le  Taflenay ,  ruiffeau ,  qui  mêle 
fes  eaux  avec  celles  de  l'Arroux  ;  va  fe  perdre  avec  cette 
rivière  dans  la  Loire ,  auprès  de  Digoin. 

LUCENI,  ancien  peuple  de  l'Hibernie  ,  vers  le  midi, 
félon  Orofe  &  jEthicus.  Cambden  croit  qu'ils  tiroient 
leur  origine  des  Lucenfd ,  peuple  d'Espagne.  11  occupoit 
le  comté  de  Kerry. 

1.  LUCENSES  ,  furnom  diftinftif  d'une  partie  du 
peuple  CALL.ECI.  Voyez  ce  mot.  .Pline  les  nomme 
Callaïci  Lucinsii. 

_  2.  LUCENSES  ,  félon  Pline  ,  /.  3 ,  c.  11  de  l'édi- 
tion du  P.  Hardouin ,  peuple  ancien  d'Italie,  au  pays 
des  Marfes.  Il  droit  fon  nom  du  bourg  Lucus  ;  &  ce 
bourg  étoit  ainfi,  appelle  à  caufe  d'un  bois,  le  même  que 
Virgile  nomme  Angitia  nemus.  Ortélius  lit  Luctntes  , 
&  les  donne  au  peuple  Peligni ,  c'eft  une  erreur.  Pline  , 
qu'il  cite,  dit  qu'ils  étoient  des  Marfes. 

3.  LUCENSES  ,  ou  Lucil  ,  ancien  peuple  de  la 
Gaule  ,  félon-  L.  J.  Scoppa  ,  dans  fes  Recueils  cités  par 
Ortélius 

LUCENSIS  CONVENTUS,  l'af emblée  deLugos. 
Pline  ,  /.  3  ,  c.  3  ,  nous  apprend  que  l'Espagne  étoit  di- 
vifée  en  fept  départemens ,  ou  jurîsdicfions  ,  qui  avoient 
chacune  leur  reffort  féparé.  Les  deux  derniers  fe  nom- 
moient  Lucenfis  ôt  Bracarum.  Tous  ces  noms  de  Lu- 
cenfis ,  Luccnfes ,  Lucenfii,  viennent  de  Lu  eus,  aujour- 
d'hui Lugo  ,  alors  capitale  de  ce  peuple  ,  Sr.  même  des 
autres  peuples  qui  étoient  de  ce  département.  Pline,  à 
l'endroit  cité  ,  met  feize  nations  dans  celui-ci. 

LUCENTIA,  félon  Pomponius  Mêla,  /.  2,  c.  6. 

LUCENTI ,  AxmtoI  ,  félon  Ptolomée,  l.  z,  c.  6. 

LUCENTUM,  félon  Pline ,  /.  3  ,  c.  3,  ancienne  ville 
d'Espagne  ,  fur  la  côte  de  la  mer  Méditerranée  :  nous 
avons  remarqué  au  mot  Alona  ,  que  quelques-uns  ont 
cru  trouver  Alicante  dans  Alona  ;  nous  remarquerons 
ici ,  qu'elle  convient  fort,  pour  le  nom  &t  pour  la  fitua- 
tion  avec  Lucenti ,  ou  Lucenria,  ou  Lucentum.  Les  Ara- 
bes y  ont  ajouté  leur  article  AL  C'étoit  une  ville  peuplée 
de  Latins ,  ou  gratifiée  du  droit  de  bourgeoifie  Latine. 
Bien  des  auteurs  fe  font  trompés ,  en  difant  que  c'eft  Lu- 
cena. 

LUCEOLIS  CASTRUM  ,  place  d'Italie,  fur  la  route 
de  Ravenne  à  Rome.  Paul  Warnefrid  ,  de  Geflis  Lan- 
gobard.  1.  4 ,  c.  3  5  ,  dit  que  l'eunuque  Eleuthère  ,  pa- 
trice  qui  avoit  ufurpé  l'empire  ,  fur  tué  par  les  foldats 
fur  cette  route,  in  Cafl.ro Luceolis.  Quelques-uns  croient 
que  c'eft  préfentement  Ponte-RicciOLI. 

LUCERA  ,  ville  d'Italie  ,  au  royaume  de  Naples.  On 
la  nomme  en  latin  ,  Luceria,  Nocera,  Nuceria,  Luceria 
Paganorum  ,  ou  Nuceria  Saracenorum ,  ci  en  italien , 
Lucera  delli  Pagani  ;  ce  furnom  vient  de  ce  que  l'em- 
pereur Confiance  l'ayant  ruinée,  l'empereur  Frédéric  II 
la  donna  aux  Sarrazins  pour  demeure  ,  à  condition  de  la 
réparer.  Charles  II ,  roi  de  Naples,  les  en  chaffa ,  à  la  ré- 
ferve  de  ceux  qui  voulurent  bien  fe  rendre  Chrétiens, 
ïl  la  fit  nommer  cité  de  fainte  Marie,  à  caufe  de  l'églife 
de  fainte  Marie  de  la  Vi&oire  ,  qu'il  y  bâtit  ;  mais  enfin 
fon  ancien  nom  de  Lucera  lui  fut  rendur  Elle  eft  dans 
la  Capitanate  ,  à  huit  lieues  de  Manfrédonia.  C'eft  le 
fiége  du  gouverneur  de  la  province ,  ôr.  d'un  éyêque  iùf- 


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fragant  de  Bénévent.  Elle  eft  confidérable  par  fes  bel- 
les laines.  Voyez  Nuceria. 

LUCERNARIA.  Adon  de  Vienne,  cité  par  Orté- 
lius,  femble  nommer  ainfi  une  ville,  ou  une  contrée 
d'Afrique. 

LUCERNE,  ville  de  Suiffe,  au  canton  de  même 
nom.  Elle  eft  fituée  à  l'endroit  où  la  rivière  de  Rufffort 
du  lac  de  Lucerne.  Elle  eft  bien  bâtie,  &fpacieufe;  mais 
elle  n'eft  pas  peuplée  à  proportion  de  fon  étendue ,  à 
caufe  de  la  grande  quantité  de  jardins  qui  font  renfer- 
més dans  fon  enceinte.  La  Ruff  la  fépare  en  deux  par- 
ties inégales  ;  &  ces  deux  parties  font  jointes  par  trois 
ponts ,  un  grand  qui  eft  long  de  trois  cents  pas  ,  &  deux 
petits  ;  les  rives  de  la  RufT  font  bordées  de  belles  mai- 
fons.  Outre  ces  trois  ponts ,  il  y  en  a  un  quatrième,  d'en- 
viron cinq  cents  pas  de  longueur  ,  fur  un  bras  du  lac  , 
par  lequel  on  traverfe  de  la  grande  vilie  à  l'églife  de  S.  Lé- 
ger. De  ces  ponts,  les  deux  grands ,  &  l'un  des  petirs  font 
de  bois ,  couverts  ,  &  ornés  de  beaux  tableaux ,  dont  les 
uns  repréfentent  des  hiftoires  de  l'écriture  fainte,  d'au- 
tres des  hiftoires  de  la  Suiffe,  &  un  la  danfe  des  morts. 
Ce  dernier  eft  accompagné  de  vers  allemands.  Ces  ponts 
font  les  promenades  ordinaires  des  habilans.  Il  y  a  dans 
Lucerne  divers  beaux  édifices  publics ,  qui  méritent  d'ê- 
tre vus.  *  Les  Délices  de  la  Suifle,  pag.  277. 

L'églife  collégiale  de  S.  Léger  eft  richement  ornée  ; 
il  y  a  un  jeu  d'orgues  magnifique ,  &  dans  ces  deux  clo- 
chers un  très-beau  carillon.  Il  y  a  un  couvent  d'Urfu- 
lines  ,  &  un  de  Cordeliers  ,  qui  fut  fondé  l'an  1223  ; 
les  Jéfuites  y  ont  un  très-beau  collège  avec  une  belle 
églife,  fous  l'invocation  de  S.  François  Xavier,  fondée 
en  1677.  L'hôtel  de  ville  eft  au  bord  de  la  rivière  ,  dans 
la  grande  ville  ;  on  y  montre ,  entr'autres  curiofités  ,  la 
figure  d'un  géant ,  dont  on  trouva  les  os  fous  un  vieux 
chêne ,  l'an  1 577  ,  au-deffous  de  la  ville  ,  près  du  vil- 
lage de  Reyden  ;  un  habile  anatomifte  de  Bafle,  nommé 
Plater ,  ayant  examiné  ces  os  ,  &  les  ayant  comparés 
avec  ceux  d'un  fquelete  entier ,  il  trouva ,  toutes  propor- 
tions obfervées ,  que  le  géant  devoit  avoir  eu  dix-neuf 
pieds  de  haut.  Dans Tarfenal,  qui  eft  affez  bien  fourni, 
on  montroit  autrefois,  avec  beaucoup  d'affeftation ,  «ne 
douzaine  de  canons  que  les  Lucernois  gagnerenr  fur  les 
Bernois  ,  à  la  bataille  de  Filmerguen,  l'an  1658,  &c  le 
chapeau  de  M.  d'Erlach  ,  mort  avoyer  à  Berne  ,  qui  com- 
mandoit  alors  l'armée  Bernoifè.  lis  n'ont  plus  tant  d'em- 
preffement  à  les  montrer ,  depuis  les  dernières  guerres 
civiles.  La  tour  de  l'eau  ,  ou  Wafferthurn ,  n'eft  remar- 
quable pour  fon  antiquité.  Elle  eft  à  l'endroit  où  la  RufT 
fort  du  lac ,  &  elle  borde  l'un  des  grands  ponts.  On  dit 
qu'elle  fervoit  anciennement  de  phare ,  &  qu'on  y  allu- 
moit  de  nuit  un  fanal,  pour  éclairer  les  bateaux  :  on  pré- 
tend même  ,  que  c'eft  de-là  que  Lucerne  a  tiré  fon  nom 
£k  fon  origine.  Aujourd'hui  elle  fert  à  garder  les  archives. 

Lucerne  eft  la  réfidence  du  nonce  ,  &  de  l'ambaffa- 
deur  d'Espagne.  Les  Lucernois  &  tous  leurs  fujets  font 
zélés  Catholiques  ;  leur  gouvernement  civil  eft  Ariftocra- 
tique ,  &  fort  approchant  de  celui  de  Berne.  L'autorité 
fouveraine  eft  entre  les  mains  d'un  grand-confeil  de  cent 
perfonnes  ;  de  celui-ci ,  on  en  tire  un  confeil  ordinaire 
de  trente-fix  perfonnes ,  dont  dix-huit  gouvernent  l'état, 
durant  fix  mois  ,  après  lesquels  ils  font  remplacés  par 
les  dix-huit  autres.  Le  chef  de  l'état  s'appelle  avoyer , 
en  allemand  fchùltheiff.  La  ville  eft  partagée  en  plu- 
fleurs  corps  de  métiers ,  où  chaque  maifon,  tant  foit  peu 
confidérable,  eft  immatriculée,  comme  en  autant  de  tri- 
bus ;  &  c'eft  de-là,  que  l'on  tire  les  membres  de  l'état. 
Ils  ont,  outre  cela,  quelques  autre?  chambres  pourl'admi- 
niftration  de  la  juftice  ck  de  la  police.  Quant  au  gouver- 
nement eccléfiaftique  ,  les  Lucernois  dépendent  de  lé- 
vêque  de  Conftance  ;  &  les  nonces  du  pape  y  exercent 
auffi  l'autorité  de  laquelle  ils  font  revêtus.  Les  Lucernois 
fe  fervent,  à  la  guerre, d'un  cornet  d'airain,  qu'ils difent 
leur  avoir  été  donné  par  Charlemagne. 

Il  y  a  dans  une  maifon  illuftre  de  Lucerne  une  pierre 
de  dragon,  qui  eft  une  des  plus  grandes  raretés  qu'on 
puiffe  voir.  Un  payfan  la  trouva,  vers  le  milieu  du  quin- 
zième fiécle ,  dans  le  tems  qu'il  fauchoit  un  pré  ;  ayant 
vu  un  dragon  horrible ,  qui  paffa  dans  l'air  à  côté  de 
lui ,  il  en  tomba  en  défaillance  ;  s'étant  relevé  ,  il  vit  du 
fang  caillé  ,  que  ce  dragon  avoit  répandu  ,  &  au  milieu 
de  ce  fang  une  pierre  qu'il  ramaffa.  Elle  demeura  dans  fa 
Tome  III.    Aaaaaa  , 


LUC 


922 

maifon,  durant  trois  générations  ;  &  depuis  elle  fut  à  un 
bourgeois  de  Lucerne.  Elle  eft  plus  dure  que  le  marbre , 
&  aucun  fer  n'y  peut  faire  la  moindre  brèche.  Elle  eft 
ronde ,  à-peu-près  comme  un  globe  partagé  en^  trois  zo- 
nes ,  dont  les  deux  extérieurs  font  bruns ,  ou  d'une  cou- 
leur noirâtre,  tirant  fur  le  rouge;  &c  celui  du  milieu  eft 
blanc  ,  tirant  fur  le  jaune ,  &£  marqueté  de  diverfes  cou- 
leurs. Elle  eft  du  poids  de  neuf  onces.  Elle  a  des  pro- 
priétés admirables  pour  guérir  diverfes  maladies  ,  comme 
la  pefte  ,  les  pertes  de  fang,  &_  toutes  fortes  flux.  On  a 
de  tout  cela  des  preuves  authentiques  ,  qui  ne  laiffent  au- 
cun lieu  de  douter  de  la  vérité  de  ce  que  je  viens  de 
dire. 

L'an  1701 ,  il  arriva  un  accident  bien  funefte  à  Lucerne. 
Le  30  de  Juillet ,  à  deux  heures  après  midi ,  le  tems  étant 
ferein ,  on  vit  à  l'orient  une  nuée  noire ,  d'où  partit  un 
coup  de  foudre  ,  qui  fans  faire  un  grand  bruit ,  tomba 
fur  une  tour  de  la  ville ,  où  il  y  avoit  deux  cents  cinquante 
quintaux  de  poudre  ,  &  y  mit  le  feu.  Le  haut  de  la  tour 
fauta  en  l'air  avec  un  fracas  horrible  ,  &  tomba  par-des- 
fus  la  ville  dans  le  lac.  Le  refte  de  la  poudre  ,  qui  n'étoit 
pas  encore  allumé  ,  étant  tombé  au  fond  de  la  tour ,  y 
prit  feu  ,  &£  alors  la  tour  fut  enlevée  jusqu'aux  fonde- 
mens ,  &  fauta  en  l'air  avec  un  nouveau  fracas,  qui  ébranla 
toute  la  ville  ;  il  n'y  eut  heureufement  que  fix  perfonnes 
tuées,  &  quelques  autres  bleffées. 

L'églife  collégiale  ,  de  laquelle  il  eft  parlé  dans  cet  ar- 
ticle ,  étoit  anciennement  un  monaftere.  On  voit  par  une 
patente  de  l'empereur  Lothaire,  rapportée  par  Guiliman, 
&C  donnée  à  Strasbourg ,  dans  la  onzième  année  du  ré- 
gne de  ce  prince,  le  26  Juillet  ,  indi&ion  13  ,  que  ce 
prince  avoit  vu  des  lettres  de  l'empereur  Louis  fonpere, 
qui  affuroient  que  le  roi  Pépin  avoit  donné  le  monas- 
tère nommé  ^Luciaria ,  qui  eft  Lucerne  ,  à  l'abbaye  de 
Murbach  ,  fondée  en  Alface,  à  l'honneur  de  S.  Léger, 
de  S.  Pierre  ,  &  de  la  Vierge  :  ce  monaftere  de  Lucerne 
fut  depuis  changé  en  une  églife  collégiale ,  fur  laquelle  les 
abbés  de  Murbach  fe  réferverent  leur  jurisdiftion  ;  lors- 
qu'ils aliénèrent  Lucerne  en  faveur  de  l'empereur  Al- 
bert ,  duc  d'Autriche  ,  fils  de  l'empereur  Rodolphe  ,  l'an 
1295.  Albert  donna  à  l'abbé  quatre  villages  en  Alface  , 
avec  deux  mille  marcs  d'argent,  qui  feryirent  à  payer 
les  dettes  de  cette  abbaye.  Les  Lucernois  furent  fort  mé- 
contens  de  ce  changement  ;  car  ils  avoient  joui  d'une 
entière  liberté,  &  franchife  fous  la  feigneurie  des  abbés 
de  Murbach  ,  qui  leur  avoient  donné  de  grands  privi- 
lèges ,  &  principalement  celui  de  ne  pouvoir  être  alié- 
nés du  domaine  de  cette  abbaye.  Après  s'être  oppofés 
en  vain  à  cette  aliénation  ,  ils  furent  forcés  de  fe  fou- 
mettre  à  la  domination  d'Albert  &  de  fes  fucceffeurs, 
fck  on  leur  promit  de  leur  conferver  leurs  loix  &  coutu- 
mes. Albert  prit  pofleflion  de  Lucerne,  en  1307.  Les  Lu- 
cernois furent  vingt-fix  ans  fous  la  maifon  d'Autriche  , 
&,  durant  ce  tems-là,  contraints  d'être  presque  continuel- 
lemenr  en  armes  contre  les  alliés  de  Schwitz,  Uri ,  &  Un- 
derwald,  ennemis  de  la  maifon  d'Autriche,  qui  d'ailleurs 
leur  donnoit  des  officiers  qui  les  maltraitoient.  Ils  fe  las- 
ferent  de  tant  fouffrir  pour  des  maîtres  qui  les  ména- 
geoient  fi  peu,  &  prirent  le  parti  de  fecouer  le  joug  dont 
ils  étoient  opprimés.  Ils  fe  réconcilièrent  avec  les  trois 
cantons,  &  entrèrent  dans  leur  ligue,  l'an  1333.  *  Lon- 
guerue  ,  Descr.  de  la  France,  p.  vjo. 

Le  canton  DE  Lucerne  tient  le  troifiéme  rang 
entre  les  treize  cantons  du  corps  Helvétique  ;  &  véri- 
tablement ce  rang  lui  eft  dû ,  fi  l'on  en  juge  par  fa  gran- 
deur ;  car ,  comme  il  n'a  pas  l'étendue  de  celui  de  Zuric, 
ck  beaucoup  moins  encore  celle  du  canton  de  Berne ,  auffi 
eft-il  plus  grand  qu'aucun  des  autres.  C'eft  pourquoi , 
comme  la  Suiffe  eft  divifée  par  la  différence  de  religion 
en  deux  grands  partis ,  Lucerne  eft  le  chef  de  celui  des 
cantons  Catholiques. 

Ce  canton  eft  borné,  à  l'orient,  par  ceux  d'Underwald , 
de  Schwitz ,  &  de  Zug  ;  &  aux  trois  autres  côtés ,  par  le 
canton  de  Berne  ,  excepté  qu'à  un  coin  du  nord  ,  il  a 
auffi  les  provinces  libres.  Ce  qui  eft  au  midi  de  Lucerne, 
eft  un  pays  de  montagnes ,  &  c'eft  le  commencement 
des  Alpes.  Ce  qui  eft  au  nord,  eft  un  pays  de  champs, 
de  près  &i  de  bois;  mais  il  n'y  a  point  de  vignes.  Du 
refte,  le  pays  y  eft  affez  fertile  en  bled  ,  &  les  Lucernois 
en  ont  de  quoi  fournir  aux  petits  cantons  de  leur  voi- 
finage  ,  qui  vont  ordinairement  faire  leurs  provifions  dans 


LUC 


les  marchés  de  Lucerne  :  le  lac ,  qui  mouille  la  ville  8c 
les  cantons ,  leur  fournit  du  poirfon  en  abondance.  Les 
Lucernois  tirent  aufli  beaucoup  de  profit  de  leurs  bes- 
tiaux ,  particulièrement  dans  le.  mont  de  Pilate  ,  &  dans 
la  contrée  nommée  Entlibouch.  On  dit  qu'ils  ont  une 
mine  de  fer  ,  dans  une  de  leurs  montagnes ,  qui  s'ap- 
pelle BUixen  ,  de  la  paroiffe  de  Schurpffen. 

Les  bailliages  du  canton  de  Lucerne  font; 

Villifaw,  Habsbourg, 

Rothebourg ,  Malters , 

Entlibouch,  Et  Littau, 

Ruffwyl ,  "Wceggis  , 
Krientz. 

S.  Michel-Ampt ,  avec  le  bourg  Se  l'abbaye  de  Muns- 
ter ; 

Ruffeck  ou  Ruffegg,  &  Horb  ou  Horw  ; 

Méaischwanden ,        Knut-Weil, 
Buren ,  Ebicken , 

Tringen,  "Wicken, 

Et  Heidegg. 

De  tous  ces  lieux ,  il  n'y  a  que  deux  villes  ,  Villifaw 
&  Rothebourg  ;  tout  le  refte  font  des  villages.  Outre 
cela,  il  y  a  dans  le  canton  deux  villes,  Sempach  &  Sur- 
fée  ,  Se  la  riche  abbaye  de  S.  Urbain  ,  qui  font  fous  la 
protection  de  Lucerne  ;  Se  le  bourg  de  Gerfau  ,  aux  fron- 
tières de  Lucerne  Se  de  Schwitz  ,  eft  fous  la  protection 
des  quatre  cantons  voifins  du  iac. 

Lucerne,  (lac  de)  ou  lac  des  quatre  cantons,  en 
allemand ,  Vier-Waldjletten-Sk  ,  parce  que  quatre  can- 
tons font  fur  fes  bords  ;  Lucerne  au  nord  ,  Uri  au  midi , 
Schwitz  à  l'orient,  Se  Underwald  à  l'occident.  Ce  lac 
eft  formé  par  la  Ruff ,  qui  vient  du  canton  d'Uri ,  & 
reparoît  à  Lucerne.  Ce  lac  a  à-peu-près  la  figure  d'une 
croix  j  Se  eft  fort  étroit  vers  fon  milieu.  Sa  longueur  eft 
de  huit  lieues  ,  Se  fa  largeur  de  deux  Se  plus.  Il  fournit 
beaucoup  de  poiffon  ,  Se  eft  bordé  ,  dans  quelques  en- 
droits ,  de  rochers  qui  font  le  repaire  des  chamois  ,  che- 
vreuils, &  autres  bêtes  fauves. 

Il  y  a  deux  ou  trois  petits  lacs  dans  le  canton  de  Lu- 
cerne ,  entr'autres ,  celui  de  Sempach  ou  de  Surfée  ,  & 
celui  de  Heidegg.  Il  fe  trouve  dans  ces  lacs  des  écreviffes 
de  couleur  bleuâtre ,  plus  greffes  ordinairement  que  les 
communes  ;  quand  on  les  cuit ,  elles  ne  deviennent  point 
rouges,  mais  prennent  une  couleur  livide.  De  même  ,  on 
trouve  dans  le  ruifîeau  nommé  Wlnon ,  proche  de  Neu- 
dorff,  de  greffes  écreviffes  ,  qui  ne  prennent  jamais  la 
couleur  rouge ,  quand  on  les  fait  cuire  ;  mais  elles  de- 
meurent noires. 

Les  terres  de  Lucerne  n'ont  pas  beaucoup  d'étendue 
autour  du  lac.  Entre  Lucerne  Se  Schwitz ,  il  y  a  les  lieux 
nommés  Habsbourg,  Meggen  ,  Lut^elau  ,  Se  Woeggis. 
Entre  Lucerne  &  le  canton  d'Underwald ,  il  y  a  Krientz, 
Se  le  mont  de  Pilate. 

LUCHÈ  ,  bourg  de  France,  dans  l'Anjou,  élection 
de  la  Flèche. 

LUCHEU ,  ville  de  la  Chine ,  dans  la  province  de 
Kiangnan,  ou  Nanking,  dont  elle  eft  la  neuvième  mé- 
tropole. Elle  eft  de  o  d.  8'  plus  occidentale  que  Pékin, 
fous  les  33  d.  4'  de  latitude.  La  fituation  de  cette  ville 
eft  des  plus  agréables ,  Se  le  pays  d'alentour  eft  très- 
fertile.  Elle  a  fous  elle  huit  villes ,  qui  font  presque  tou- 
tes célèbres  Se  fituées  fur  un  lac  nommé  Çao.  Ces  villes 
font  : 

Lucheu ,  Çao  , 

Xuching,  Logan  0,* 

Lukiang,  Jugxan, 

Vuquei  ©  ,  Hoxan. 

Anciennement  Lucheu  faifoitpartiede  la  province  Yang- 
cheu  ,  fous  la  famille  Cheva;  tout  le  pays  fut  un  état  li- 
bre ,  que  l'on  appelloit  le  royaume  deLucuj  mais  peu  de 
tems  après,  les  rois  de  Çu  s'en  emparèrent.  Sous  la  famille 
impériale  Hana,  il  porta  le  nom  de  Lukiang.  Enfin 
l'empereur  Suy  lui  donna  le  nom  qu'il  porte  aujourd'hui. 
Cette  ville  eft  fàmeufe  dans  toute  la  Chine,  parce  que 
ce  fut  à  fon  côté  oriental ,  que  le  roitelet  Jangus  battit 


LUC 


LUC 


l'empereur  Kieu  ;  après  quoi ,  il  s'empara  de  l'empire. 
.*  Atlas  Sinenjis. 

LUCHEUX ,  bourg  de  France ,  dans  la  Picardie  , 
éleftion  de  Péronne. 

LUCHING  ,  ville  de  la  Chine  ,  dans  la  province  de 
Channfi ,  au  département  de  Lugan ,  quatrième  métro- 
pole de  la  province.  Elleeftde4d.  10' plus  occidentale 
que  Pékin,  fous  les  37  d.  13'  de  latitude.  *  Atlas  Si- 
nenjïs. 

LUCHO  ,  petit  bourg  d'Afrique,  au  royaume  de  Barca, 
fur  le  cap  de  Lucho.  Baudrand  ,  qui  dit  que  les  anciens 
nommoient  ce  cap  Catœonium  promontorium  ,  affure 
que  le  bourg  étoit  autrefois  une  ville  de  la  Marmarique, 
nommée  Acropolis ,  Antipyrgus  Se  Tetrapyrgia.  Ce  font 
dumoins  les  noms  latins  qu'il  joint  au  nom  moderne. 

LUCI ,  abbaye  de  religieulès ,  de  l'ordre  des  Camal- 
dules ,  en  Italie ,  au  diocèfe  de  Florence. 

LUCIE,  (l'isle  de  Sainte)  ifle  d'Afrique,  une  de 
celles  du  Cap-Verd ,  à  l'oueft  nord-oueft  de  celle  de 
S.  Nicolas ,  dont  elle  eft  éloignée  de  quatre  lieues. ,11  y 
a  deux  fort  bonnes  baies,  l'une  au  fud-oueft  ,  l'autre  au 
fud-eft  de  l'ifle.  Les  chèvres  &  les  ânes  y  font  en  grand 
nombre  ;  mais  il  n'y  a  pas  d'autres  habitans  ,  comme  le 
difentBarbot,  dans  fa  Description  de  la  Guinée,/;.  538, 
&  Corneille  dans  fon  Diftonnaire.  *  Voyage  de  Roberts , 
p.  446. 

LUCIFERI  FANUM  ;  lieu  d'Espagne,  dans  la  Bé- 
tique:  Strabon  ,  /.  3  ,  p.  140,  dit  qu'on  le  nommoit 
suffi  Lucem-dubiam,  deux  mots  latins  qu'il  écrit  en  ca- 
ractères grecs  AaKi^cÇiu.  Florien  d'Ocampo  croit  que 
c'eft  aujourd'hui  fan  Lucar  de  Barameda. 

LUCII.  Voyez  Lucenses  3. 

LUCI  ^MAGNENSIS ,  fiége  épiscopal  d'Afrique.  En- 
tre les  évêques  qui  affilièrent  à  la  conférence  de  Carthage, 
on  voit  Primilien,  évêque  de  cet  endroit,  Prlmilianus 
episcopus  Lucimagnenjis.  Mais  on  ne  fait  dans  quelle 
province  étoit  ce  fiége. 

LUCINjE  ,  en  grec  E<x«0vi'a; ,  Elithyas ,  ancienne 
ville  d'Egypte  ,  félon  Etienne  le  Géographe.  Eufebe , 
/.  3  ,  en  fait  auffi  mention  dans,  fa  Préparation  évangé- 
lique.        ,, ...  '     . 

I  LUCINI  PORTUS,lieu  d'Italie.  Caffiodore,  Variât.  1 
adSabinian.  en  fait  mention.  Uneancienne  édition  por- 
toit  Sicini.  Ortélius  ,  Thefaur.  conjecture  que  ce  lieu 
étoit  tout  auprès  de  Rome. 

LUCIO  ,  (génitif,  onis,)  nom  latin  de  LUÇON. 

LUCINIANA,  nom  latin  de  Lucena  ,  bourg  d'Es- 
pagne ,  dans  l'Eftramadure  ,  différent  de  Lucena  ,  ville 
de  l'Andaloulle. 

LUCIOLE.  Voyez  Luceôlis. 

LUCKEWALD,  cercle  d'Allemagne,  dans  le  duché 
de  Magdebourg.  Il  s'étend  dans  fa  partie  orientale,  &£ 
tire  fon  nom  d'une  très-petite  ville. 

LUCKO  ,  Luccovïa.  Cromer  la  nomme  Luscum  , 
ville  de  Pologne ,  dans  la  Volhinie ,  dont  elle  eft  la  prin- 
cipale. Elle  eft  grande  &  aiTez  peuplée  ,  félon  Baudrand , 
qui  dit  que  les  Allemands  la  nomment  Lufuc  ,  mot  qui 
relTemble  aiTez  au  nom  latin  de  Luscum.  Elle  eft  fur  la 
droite  de  la  rivière  de  Ster ,  &  a  une  citadelle  où  l'é- 
vêque  Latin  ,  fon  chapitre ,  &C  les  Jéfuites  font  logés. 
L'évêque  Ruffien  ,  du  rit  grec  loge  dans  la  ville.  Luckp , 
en  1074,  fut  affiégée  près  de  fix  mois,  &  prife  enfin  par 
Boleflas ,  fécond  roi  de  Pologne.  En  143 1  ,  une  guerre 
inteftine  entre  les  deux  frères  Vladiflas  &  Suidrigellon, 
y  caufa  un  incendie  ,  dont  pourtant  la  citadelle  ne  fe 
reftentit  point.  L'évêque  eft  fuffragant  de  Gnesne.  Selon 
Niger ,  cette  ville  eft  la  Leinum  de  Ptolomée. 

LUCO  ,  bourg  d'Italie ,  au  royaume  de  Naples ,  près 
du  bord  occidental  du  lac  de  Célano ,  dans  l'Abruzze 
Ultérieure.   *  Baudrand,  édit.  1705. 

LUCOGEUS.  Voyez  Leucoceus. 

LUCOMÈRIE,  province  d'Ane,  dans  l'empire  Rus- 
iîen  ,  au  nord  de  la  Sibérie  ,  à  l'orient  de  l'Oby.  On 
la  nomme  préfentement  VObdorie  ;  elle  fait  partie  du 
pays  des  Samoiiedes.  *  Robert  de  Vaugondy ,  Atlas. 

1.  LUÇON,  Luciu  ,  ville  de  France,  dans  le  bas 
Poitou,  dans  des  marais,  à  deux  lieues  de  la  mer.  Ce 
n'eft ,  à  proprement  parler ,  qu'un  bourg  qui  n'eft  point 
muré ,  ck  qui  ne  trouve  fa  place  entre  les  villes ,  que 
parce  que  Jean  XXII  en  érigea  l'abbaye  en  évêché,  l'an 
13 17.  S.  Mathurin  eft  la  feule  paroiflè  qu'il  y  ait  dans 


92  3 

Luçon;  mais  il  y  a  un  féminaire,  un  couvent  de  Capu- 
cins, &  un  d'Lîrlùhnes.  Quoique  Luçon  foit  fi  peu  de 
chofe  ,  &  que  l'air  y  foit  mal-fain  ,  la  ville  ne  Iaifle  pas 
d'être  le  fiége  du  fénéchal  du  bas  Poitou.  Luçon  doit  fon 
origine  à  un  très-ancien  monaflere  ,  qui  fut  fondé  dans 
le  même  lieu,  par  uc  disciple  de  S.  Philibert.  Ce  fonda- 
teur, nommé  Lucius  ,  donna  fon  nom  à  cette  abbaye, 
qui  ayant  fublifté  plufieurs  fiécles ,  &  embrafle  la  régie 
de  S.  Benoît ,  le  pape  Jean  XXII  y  érigea  un  fiége  épis- 
copal,  en  1317,  dont  il  créa  premier  évêque,  Pierre  de 
la  Voirie,  dernier  abbé  de  Luçon.  Les  Bénédi&ins  com- 
p  ferent  toujours  le  chapitre  de  la  cathédrale,  jusqu'au 
régne  de  Louis  XII.  Ce  fut  à  la  prière  de  ce  roi,  que 
le  pape  Paul  III  les  fécularifa  en  1468,  &c  changea  leur 
monaftere  en  un  chapitre  de  chanoines.  L'évêque  eft 
feigneur  temporel  ,  &  prend  la  qualité  de  baron  de  Lu- 
çon. Un  des  plus  illuftres  évêques  de  Luçon  a  été  le  fa- 
meux cardinal  de  Richelieu.  Ce  diocèfe' renferme  deu:c 
cents  trente  paroiffes ,  divifées  fous  trois  archidiaconés. 
Le  chapitre  de  la  cathédrale  eft  compote  d'un  doyen  , 
d'un  grand  archidiacre,  d'un  chantre,  des  archidiacres 
d'AlsENAY&de  Parede,  du  prévôt  de  Luçon,  de  ceux 
de  Fontenay ,  de  Parthenay ,  &  des  Eflars  ;  d'un  chan- 
celier ,  d'un  fou-doyen ,  d'un  fou-chantre ,  &  de  vingt- 
neuf  chanoines.  Les  ides  de  Chauvet  &f  de  Noirmou- 
tier  font  de  ce  diocèfe.  *  Piganiol  de  la  Force ,  Descr. 
dejla  France,  t.  5  ,p.  80,  6-  119.  De Longuerue, Descr. 
de  la  France,  p.  153. 

2.  LUÇON,  ifle  d'Afie,  dans  l'Océan  oriental,  en- 
tre les  ifles  Philippines ,  dont  elle  eft  en  même  tems  la 
plus  feptentrionale  &  la  plus  grande.  On  la  nomme  auffi 
Manille  ,  du  nom  de  fa  capitale.  Son  extrémité  orientale 
eft  au  13e  d.  30' ,  Sr.  fon  extrémité  feptentrionale  s'é- 
tend jusqu'au  19e  degré.  Quant  à  fa  figure,  elle  relTemble 
à  un  bras  plié,  inégal  pourtant  dans  fon  épailTeur;  puis- 
que, du  côté  de  l'orient,  on  peut  la  traverfer  en  un  jour, 
&  que ,  du  côté  du  nord ,  elle  s'élargit  fi  fort ,  que  fa 
moindre  largeur,  pour  aller  d'une  mer  à  l'autre,  eft  de 
30  à  40  lieues.  Toute  fa  longueur  eft  de  160  lieues  Es- 
pagnoles,  &  fon  circuit  eft  d'environ  350.  *Gemelli> 
Carreri,  Voyage,  t.   5  ,  p.  73. 

Dans  le  coude  de  ce  bras  ,  il  y  a  une  grande  rivière 
qui  fe  rend  dans  la  mer ,  &C  forme  une  baie  de  trente 
lieues  de  circuit.  Les  Espagnols  l'appellent  Bahia,  àcaufe 
de  la  rivière  du  grand  lac  de  Babi  ,  qui  eft  à  dix-huit 
milles  de  la  ville  de  Manille.  Les  Indiens  avoient  en 
cet  endroit  leur  principal  village,  qui  étoit  d'environ. 
3800  maifons.  Ils  avoient  derrière  eux  plufieurs  marais, 
qui  forlinoient  naturellement  la  place,  &  un  terrein  qui 
produifoit  en  abondance  tout  ce  qui  eft  néceflaire  pour 
la  vie  ;  c'eft  ce  qui  engagea  Michel  Lopès ,  le  premier 
qui  a  conquis  cette  ifle  ,  de  fonder  en  cet  endroit  la  ville 
principale,  à  qui  il  donna  l'ancien  nom  de  Mauille.  II 
exécuta  cedefTein,en  1571  ,1e  jour  de  la  S.  Jean  ,  &cinq 
jours  après  fa  conquête.  Ill'avoit  faite  ainfi  le  19  de  Juin, 
jour  de  fainte  Potentiane  ;  c'eft  ce  qui  fit  qu'on  choifit 
cette  fainte  pour  la  patrone  de  l'ifle. 

A  trois  lieues  dé  la  ville  de  Manille,  dans  la  même 
baie,  eft  le  port  de  Cavité;  la  baie  eft  profonde  pres- 
que par-tout ,  &  fort  poiflbnneufe  ;  {es  rives  font  bor- 
dées de  villages  &  de  quantité  d'arbres.  A  fon  entrée,  à 
huit  lieues  de  Manille  ,  on  trouve  Maribelles,  qui  a  trois 
lieues  de  circuit,  &  qui  eft  très -haute.  Il  y  a -dans  cet 
endroit  un  officier  enfermé  avec  fix  foldats  de  garde. 
L'officier  fait  auffi  l'office  de  corrégidor  dans  un  village 
de  cinquante  maifons  ,  qui  eft  du  côté  de  Manille.  Son 
plus  grand  profit  vient  des  Noirs ,  qui  lui  apportent  quan- 
tité de  bois ,  pour  un  peu  de  tabac  &C  de  riz.  Il  vend 
enfuite  ce  bois  bien  cher  à  Manille.  Il  y  a  trois  partages 
pour  entrer  dans  la  baie.  Celui  qui  eft  entre  l'ifle  Ma- 
ribeles  &  la  pointe  du  Diable  eft  le  plus  fréquenté ,  parce 
qu'il  eft  le  plus  profond  ,  &:  qu'il  a  une  demi-lieue  de 
largeur  ;  le  fécond  a  un  quart  de  lieue  de  large  ,  entre  la 
côté  oppofée  &  l'écueil  des  Chevaux.  Il  n'eft  pas  fort  fur, 
à  cauîe  du  peu  de  fond  &  de  quelques  petits  rochers 
fous  l'eau  ;  le  troifiéme ,  qui  a  trois  lieues  de  large  ,  eft 
entre  l'écueil  des  Chevaux,  îk  la  pointe  de  Marigoudon. 
Il  eft  rempli  de  lèches,  &  l'entrée  en  eft  dangereufé. 

En  fortant  de  la  baie  fur  la  gauche ,  par  lu  route  qua 
prennent  les  vaifTeaux  de  la  nouvelle  Espagne,  on  trouve 
après  quatorze  lieues  de  chemin  la  baie  de  Balayan^  Sç 
Terne  III.    Aaaaaa  ij 


924         LUC  LUC 

Bombon  ,  qui  a  trois  lieues  de  tour ,  &  derrière  laquelle  fituée  fur  les  bords  de  la  rivière  Bigan  ;  le  gouverneur 
il  y  a  un  lac  avec  beaucoup  d'habitations.  En  allant  vers  Guido  de  Laccazarris ,  fucceffeur  de  l'adélantado ,-  y 
l'eft,  on  paile  la  pointe  du  Soufre  ,  &  l'on  entre  dans  fonda,  en  1574,  la  ville  Fernandine.  Cette  province 
la  baie  de  Batangas  ,  qui  eft  habitée  par  des  Indiens;  ne  s'étend  pas  plus  de  huit  lieues  dans  les  terres. 
auprès  de  la  pointe  ,  il  y  a  la  petite  ifle  de  Cafa ,  qui  eft  On  entre  enfuite  dans  la  province  de  Pangasinan  , 
remplie  de  gibier.  Entre  cette  ifle  &  la  pointe  eft  le  dont  la  côte  a  quarante  lieues  d'Espagne  de  longueur. 
port  de  Malcaban ,  où  le  gouverneur  Gomez-Perez  de  Elle  eft  à-peu-près  dé  la  même  largeur  que  celle  d'I- 
las  Marinas  fut  affaffiné  avec  plufieurs  autres,  fur  la  ca-  LOCCOS.  C'eft  fur  la  côte  de  la  province  de  Pagafi- 
pitane,  par  des  rameurs  Chinois.  nan,qu'eft  le  port  de  Bolinao,  de  même  que  laPlaya- 

Après  avoir  pafle  à  la  baie  de  Batangas,  on  trouve  Onda,  endroit  fameux  dans  les  Philippines, par  la  vic- 
ies villages  de  Lovo  &  de  Galban ,  dans  le  voifinage  toire  que  les  Espagnols  remportèrent  fur  les  Hollan- 
desquels  on  voit  des  marques  de  mines.  C'eft  en  cet  en-     dois. 

droit  que  finit  la  province  de  Balayan,  qui  commence  à         La  province  de  PAMPANGA ,  où  finit  le  diocèfe  de 
Maribelles,  &  clans  laquelle  demeurent  environ  deux  mille     la  nouvelle   Ségovie,    &  où  commence  le  diocèfe  de 
cinq  cents  Indiens,  qui  payent  tribut.  Onentre  enfuite  dans     l'archevêque  de  Manille  ,  fuit  la  province  de  Pangalinan. 
celle  de  Calilaya,  ou  Tayabas  ,  qui  s'étend  jusqu'au  cap         La  province  de  Bahi,  qui  eft  à  l'orient  deBahi,  eu 
de  Bondo  ,  &  dans  les  terres  jusqu'à  Maubun,  fur  la  côte     importante  pour  la  conftru&ion   des  vaiffeaux. 
oppofée  de  l'iile.  Elle  eft  plus  grande  &  a  pius  d'habitans         II  y  une  province  nommée  Bulacan ,  fituée  entre  Pani- 
que la  première.  panga  &  Tondo.  Elle  eft  très -petite,  &  habitée  par 
On  parle  enfuite  dans  la  province  de  Camarines ,  où     les  Tagales  :  elle  abonde  en  riz  &c  en  vin  de  palme.  Elle 
font  compris  Bondo  ,  Paffacao ,  Ibalon,  capitale  de  la     eft  habitée  par  trois  mille  perfonnes  qui  payent  tribut, 
jurisdiétion  de  Catanduanes  ;  Bulan  ,  où  fe  perdit  le  vais-         Après  avoir  fait  le  tour  de  Manille ,  il  refte  encore  • 
ieau  de  l'Incarnation ,  revenant  de  la  nouvelle  Espagne  ,     à  dire  quelque  chofe  d'une  petite  province ,  qui  eft  pro- 
en  1649;  Sorfocon,  ou  Bagatao,  port  où  l'on  bâtit  les     chede  l'embouchure  du  canal ,  &  que  j'ai  omife  ex- 
gros vaiffeaux  du  roi  ;  &  Albay ,  qui  eft  une  grande  baie     près  ;  car  quoique  fa  capitale  foit  fur  les  terres  de  Ma- 
Jiors  du  détroit,  proche  laquelle  il  y  a  un  volcan  très-     nille  ,    le  refte  eft  compofé  de  plufieurs  petites  ifles, 
haut ,   que  les  navires,  qui  viennent  de  la  nouvelle  Es-     comme  CATADUANE  ,  Masbate  &  Bourias. 
pagne  ,  apperçoivent  de  fort  loin.  Il  y  a  dans  cette  mon-         Dans  toute  l'ifle  on  trouve  de  l'or  ,  beaucoup  de  cire  , 
tagne  quelques  fources  d'eau  chaude.  On  en  remarque     de  la  civette,  du  coron,  dufoufre,  de  la  cannelle  fau- 
une,  entr'autres,  qui  convertit  en  pierre  tout  ce  qu'on  y     vage ,  du  cacao ,  du  riz  ;  les  montagnes  même  fournis- 
jette,  foit  bois,  os,  feuille,  étoffe,  ou  animaux.  Au     fent  de  toutes  ces  chofes.  Outre  cela, on  a  de  bons che- 
village  de  Tivi ,  à  deux  lieues  du  pied  de  la  montagne  ,     vaux,  des  vaches ,  des  bufles ,  &,  fur  ïes  montagnes,  àes 
on  trouve  une  grande  fource  d'eau  tiède  ,  qui  a  auffi  la     cerfs,  des  fangliers  Se  des  bufles  fauvages. 
propriété  de  pétrifier  jusqu'aux  animaux,  comme  écre-      ;   LUCOPIDIA,  ancienne  ville  de  l'ifle  d'Albion  (c'eft- 
viffes,  ferpens  ,  crocodiles,  &c.  Les  bois  de  Molaye,     à-dire  de  la  grande  Bretagne ,  )  félon  Ptolomée,  l.i, 
de  Binanuyo  ,&  de  Naga ,  fe  pétrifient  plus  vite  que  toute     c  3.  Neubridge  ,  Talbot   &  Humfred   difent   que  c'eft 
autre  matière.  On  voit  de  pareilles  chofes  dans  les  au-     préfentement  Carlile,  (Cabrleol:')  ce  dernier  ajoute  qu'elle 
très  ifles.                                                                                    eft  nommée  Luguballia  par  Antoriin  ;  fa  mémoire  l'a 
Au-delà  d'Albày  *  vers  l'orient ,  eft  le  cap  de  Buy-     trompé  :  il  devoit  dire  que  Bede  nomme  Luguballia 
faygay  ;  &C  dans  cet  endroit ,  la  côte  remonte  vers  le     ce  qu'Antonin  appelle  LuGUVALLUM.  Cambden  a ,  fur 
nord,  en  biffant  à  droite  les  ifles  de  Catanduanes,  qui     ce  mot  Lucopidia,  une  penfée  qui  n'eft  pas  à  méprifer, 
en  font  éloignées  de  deux  lieues.  Enfuite,  en  côtoyant     Je  ne  fçais,  dit-il,  où  je  dois  chercher  Lucopidïa.  Ce- 
l'ifle ,  on  trouve  la  rivière  de  Bicor ,  qui  vient  d'un  lac,     pendant  ce  lieu  doit  être  le  fiége  épiscopal  que  Bede 
&  baigne  la  ville  de  Caqeres  ,  fondée  par  don  François     appelle  candida  CASA  ,   la  mai/on  blanche  ;  les  An- 
deSande,  fécond  gouverneur  &  propriétaire  de  ces  ifles.     g'°is  &:  les  Ecoffois  le  nomment ,  dans  le  même  ferrs, 
L'évêque  du  nouveau  Caqeres  y  fait  fa  réfidence  ;  &  les      wHlTTEP.N.   Ns    fe  pourroit-il  point  que   Ptolomée 
provinces  de  Calilaya,  de  Camarmes  &   d'Ibalon  font     trouvant  ce  lieu  vommé  en  latin    candida  c.rfa ,  l'au- 
fous  fa  jurisdiâion.                                                                  roit  traduit  en  fa  langue  par  AtVKi  oiy.iha,  c'eft-à-dire 
De  la  province  de  Camarines  on  entre  dans  celle  de     les  demeures  blanches ,  au  lieu  de  quoi  quelque  copifte 
Paracale,  où  font  de  riches  mines  d'or,  d'autres  mines     mal-adroit  auroit  fourré  Leucopidia. 
de  divers  métaux  &C  de  la  meilleure   pierre  d'aimant.  LEUCOTETIA.  Voyez  Lutetia  &  Paris. 
Il  y  a  dans  cette  province  environ  7000  Indiens  payant         LUCQUES,  ville  d'Italie,  capitale  de  la  république 
tribut.  Le  terrein  eft  bon  &  plat.   Il  produit  des  arbres  de     de  ce  nom,    en   latin  Luca  &  Lucca.    Il  y   avoir  un 
cacao  ,  &i  des  palmiers  dont  on  tire  beaucoup  d'huile  &      évêché  qui,  en  1726,  fut  érigé  en  archevêché  qui  ne 
de  vin.  Après  trois  jours  de  chemin  le  long  de  la  côte,     relevé  que  du  faint  fiége    (a).    Elle  eft  fituée  fur  la  ri- 
on  trouve  la  baie  de  Mauban ,  dans  le  pli  du  bras.  Les     viere  de  Serchio ,  à  cinq  lieues  de  Pife ,  au  milieu  d'une 
vaiffeaux ,  qui  viennent  de  la  nouvelle  Espagne,  ont  quel-     petite  plaine  environnée  de  coteaux  agréables.  Son  cir- 
quefois  laiffé  de  l'argent  dans  cet  endroit ,  pour  qu'on  le     cuit   n'eft  que  de   trois  milles;   mais  fes  maifons  font 
transportât  à  Manille.   Au  dehors  de  la  baie  eft  le  port      fort  élevées,  &  le  nombre  de  fes  habitans  eft  affez  grand, 
de  Lampon ,  qui  eft  femblable  à   celui  de  Mauban.           Il  y  en  a  de  fort  riches  par  le  trafic  des  foies  dont  ils 
^Depuis  Lampon,  jusqu'au  cap  del  Engano,   la  côte     font  des  étoffes,  avec   tant,  d'adreffe,  que  la  ville  en 
n'eft  habitée  que  par  des  infidèles  &C  des  barbares.  C'eft     a  été  appellée  Lucca  l'indufiriofa.  Les  rues  font  pavées 
en  cet  endroit  que  commence  la  province  &  la  juris-     de  grandes  pierres  qui  les  rendent  nettes  en  tout  tems.  EI- 
diftion  de  Cagayan  ,   qui  eft   la  plus  grande  qui   foit     les  ne  font  ni  fort   droites  ni  fort  larges,   mais  telles 
dans  ces  ifles  ;  elle  a   quatre-vingt  lieues  de  longueur ,     qu'on  les  voit  .dans  la  plupart  des  anciennes  villes  d'I- 
&  quarante  de  largeur.  Sa  capitale  eft  la  nouvelle     talie.  La  place  de  S.  Michel  &  celle  de  S.  Martin  font 
SÉGOVIE.  Voyez  ce  mot.   Le  cap  le  plus  feptentrio-     remarquables.  L'églife  de  S.  Michel,  qu'on  trouve  dans 
nal  eft  celui  del  Engano  ,  ■  qui  eft  fort  dangereux ,   à     la  première  ,  a  plufieurs  petites  colomnes  qui  en  foutien- 
caufe  des  vents  du  nord  Se  des  grands  courans.                 nent  les  dehors,  &  marquent  fon  antiquité.  Sur  l'autre 
_  Après  avoir  fait  quinze  lieues,  le  long  de  la  côte  d'o-     place  eft  la  cathédrale  qui  porte  le  nom  de  S.  Mania, 
rient  en  occident ,  on  trouve  l'autre  pointe  qu'on  ap-     ou  de  fainte  Croix  ,  parce  qu'on  y  conferve  un  cru- 
pelle  le  Boxcader,  (  Bojador.  )  Ce  cap    étant   paffé  ,      cifix  dont  la  face,  dit-on,   fut  faite  par  un  ange.  On 
en  fuivant  la  côte  qui  va  au  midi,  au  bout  de   vingt     l'appelle  il  fanto  Folio.  Ce  crucifix  eft  de  bois  de  cé- 
lieues  finit  la  province  de  Cagayan ,  &C  commence  celle     dre ,  couvert  d'une  robe  très-riche ,  &  a  fur  la  tête  une 
d'iLOCCOS.  Les  Cagayans  ,  qui  payent  tribut,  peuvent     couronne  toute  brillante  de  pierres  précieufes.  Il  eft  dans 
être  au  nombre  de  neuf  mille,  fans  compter  ceux  qui     une  chapelle  de  marbre ,  à  gauche  en  entrant  ;  cette  cha- 
ne  font  pas  fubjugués.                                                             pelle  eft  en  forme  de  dôme,  fermée  de  grilles  de  fer,  & 
La  province  dlLOCCOS  paffe  pour  une  des  plus  ri-     éclairée,  nuit  &  jour,  parplufieurs  lampes  d'argent.  Ala 
ches  des  ifles.  Elle  a  quarante  lieues  de  côte  ,  &  eft    troifiéme  chapelle,  on  voit  une  cène  du  Tintoret,  &au- 

(a)  Le  Serchio  court  à  un  quart  de  mille  loin  de  la  muraille  de.  S.  Quiric, 


LUC 


LU 


u 


Ç)2S 

nomme  le  pont  de  Manano ,  ck  l'autre  le  pont  délia. 
Madalena.  On  y  trouve  auffi  des  bains  chauds  ck  ialu- 
taires  (a). 

LUCQUOIS  ,  (  LE  )  en  italien  il  Luchefe ,  de  l'état  de 
la  république  de  Lucques ,  petit  pays  d'Italie.  Il  eft  bordé, 
au  nord,  de  la  partie  de  Garfagnana,  qui  reconnoît  le 
duc  de  Modène  ,  avec  le  lieu  de  Bargua  ,  qui  appar- 
tient au  grand  duc;  il  a ,  au  couchant,  l'état  du  prince 
de  Mafia ,  ck  la  mer  de  Toscane  ;  au  midi ,  le  Piian  qui 
appartient  au  grand  duc;  Se  au  levant,  le  lac  de  Eion- 
tina  ,  la  Pefchia,  &  le  territoire  de  Piftoye.  Cet  état 
a  de  diamètre  ,  d'un  côté,  trente  fck  un  milles,  &  de  l'au- 
tre vingt-cinq  ,  fck  merae  beaucoup  plus ,  en  compre- 
nant les  lieux  écartés.  Lucques  eft  fa  ville  capitale.  Ses 
autres  lieux  les  plus  remarquables  font  du  côté  de  la 
principauté  de  Mafia;  Camajora,  ville  belle  &  forte, 
avec  Montagnofo ,  fck  proche  de-là  fur  la  mer  de  Toscane, 
le  pont  ou  plutôt  la  plage  de  Fiaregio.  Cette  ré^ 
publique  a  encore  deux  places  féparées  du  refte  de  fon 
état ,  Cafliglione ,  ck  Vïcaria  di  Minucciano.  Caftiglione 
eft  fitué  dans  la  Garfagnana,  près  de  Caftel-Nuovo, 
place  appartenante  au  duc  de  Modène  :  il  fait,  avec  les 
villages  qui  en  dépendent ,  un  diftrict  connu  fous  le 
nom  de  viguerie  de.  Cafliglione  ;  c'eft  une  place  des 
plus  fortes.  Vicaria  di  Minucciano  eft  un  petit  état  fitué 
dans  la  Lugiane ,  allez  près  du  Vivizzano ,  fck  peu  éloi- 
gné de  l'Apennin,  auffi -bien  que  de  Caftiglione,  qui 
eft  au  fud-eft  de  Minucciano.  Le  pays  de  la  républi- 
que de  Lucques ,  étant  montueux ,  fournit  affez  de  vin 
pour  la  provifion  de  ceux  qui  l'habitent  ;  mais  comme 
ordinairement  ils  ne  recueillent  pas  affez  de  bled  pour 
la  moiiié  de  l'année  ,  ils  en  font  venir  par  mer  ;  ôc 
c'eft  à  quoi  leur  fert  le  port  de  Viaregio.  Ils  ont  quan- 
tité d'olives,  ce  qui  leur  donne  de  l'huile  en  abondance» 
Ils  ont  auffi  force  lupins ,  fck  faféoles ,  un  grand  nom- 
bre de  châtaignes ,  dont  vivent  les  payfans ,  auffi-bien 
que  de  miletj  fck  quelque  peu  de  citions.  Ils  recueillent 
auffi  quantité  de  lin.  On  a  toujours  reconnu  dans  les 
Lucquois  une  inclination  portée  au  bien  fck  à  l'équité. 
Ils  font  honnêtes  aux  étrangers  ,  ck  très-attachés  à  la 
confervation  de  leur  liberté  ,  qu'ils  ont  maintenue  avec 
prudence  ,  contre  mille  attaques.  Ils  font  d'ordinaire  vê- 
tus de  noir;  les  plus  riches  ont  des  habits  de  foie, 
mais  fans  fuperfluké.  Leurs  femmes  font  auffi  fort  mo- 
deftement  vêtues.  Lorsqu'ils  font  dans  leurs  maifons 
de  campagne  ,  où  ils  demeurent  depuis  le  commence* 
ment  de  Mai  jusqu'à  la  fin  de  Juin ,  les  hommes  por- 
tent des  habits  de  couleur  ;  les  dames  ont  de  fort  jo- 
lies juppes ,  fck  s'y  divertiffent  les  unes  avec  les"  autres  , 
foit  à  danfer  ,  foit  à  fe  régaler  chacune  à  fon  tour.  Ils 
ont  l'office  de  l'abondance ,  qui  prend  de  l'argent  à  cinq 
pour  cent  des  particuliers ,  fck  le  négocie  en  gra:ns  & 
en  toutes  fortes  de  marchandifes  ,  en  Flandres,  en  Hol- 
lande ,  en  Angleterre  ;  ce  qui  rapporte  un  grand  revenu 
à>  la  république.  L'état  prête  du  bled  à  ceux  qui  en  ont 
befoin,-  fck  s'en  indemnité  peu-à-peu.  Tcus  les  fours 
font  à  la  république ,  qui  oblige  d'y  cuire  tout  le  pain 
qui  fe  mange  à  Lucques. Les  Lucquois  vendent,  tous  les 
ans,  pour,  plus  de  quatre  cents  mille  écus  de  foie.  Us 
reconnoifient  l'empereur  pour  leur  prote&eur.  Ils  vivent 
néanmoins  en  forme  de  république  gouvernée  par  les 
feuls  nobles,  fuivant  la  loi  Martinienne,  fuivant laquelle 
le  peuple  perdit  toute  fon  autorité  ;  de  forte  que  cet 
état  auparavant  Démocratique,  ou  populaire,  devint  Aris- 
tocratique. Le  chef  de  leur  république  eft  nommé  gon- 
falonnier. Il  eft  afliflé  de  neuf  feigneurs  que  l'on  ap- 
pelle anciens  ,  fck  qui  fe  font  traitet  à' excellent} (fîmes.  On 
les  change  de  deux  en  deux  mois  ,  de  même  que  le 
gonfalonnier  ;  &  pendant  ce  tems,  ils  fe  tiennent  au  pa- 
lais de  la  feigneurie.  La  ville  de  Lucques  eft  divifée  en 
trois  terriers,  de  S.  Paulm  ,  S.  Sauveur  fck  S.  Martin. 
Le  gonfalonier  eft  élu  du  tercier  de  S.  Paulin  pour 
Janvier  &  Février.  Enluite  il  eft  pris  des  terciers  de  S.  Sau- 
veur ,  &  de  S.  Martin  ;  après  quoi ,  on  recommence. 
Ce  gonfalonnier  porte  un  bonnet  ducal ,  de  couleur  de 
cramoifi ,  bordé  d'une  frange  d'or  ;  une  robe  de  velours 
ou  de  clamas  cramoifi ,  avec  la  cornette  de  velours  de 
même  couleur.    Quand  il  marche  en  cérémonie,  il  a 

(a)  Lucques  eft  fituée  à  43  d.  'jo'   de  latitude,    fck  à  31   d.  4'  de  longitude,  félon  les  obfervations  quq 
M.  Caffini  a  faites  de  Pife  fck  de  Livourne  ,  l'an  1694. 


près  un  beau  tombeau  de  marbre  de  la  famille  de  Gui- 
nigi.  Sous  le  portique  à  gauche ,  eft  un  bas-relief  de  mar- 
tre, que  l'on  eftime  beaucoup.  11  eft  de  Nicolas  Pifan. 
Dans  le  même  portique,  à  main  gauche  en  entrant, 
l'on  voit  un  médaillon  rond ,  avec  un  autre  bas-relief, 
que  l'on  croit  le  portrait  de  NïcoLo  Picenino ,  capitaine 
très-renommé  des  ducs  de  Vifconti,  fck  qui  fut  autrefois  le 
libérateur  de  Lucques.  Les  chanoines  vont  au  chœur  en 
rochet  fck  en  camail.  On  dit  qu'il  leur  a  été  accordé  de 
porter  des  chapes,  des  mofettes  violettes  &  des  mitres 
de  foie  blanche ,  à  la  manière  des  cardinaux.  Il  y  a  des 
ialuftres  de  marbre  devant  le  grand  autel.  Dans  l'égiilé 
de  Notre-Dame  delli  Miracoli ,  on  voit  un  tableau  de 
la  vierge  qui  eft  en  grande  vénération  parmi  les  bour- 
geois de  Lucques.  La  bafilique  fck  la  chapelle  de  S.  Fri- 
dan  font  fort  eftimées.  C'eft  en  ce  lieu  qu'eft  le  tombeau 
de  Richard  ,  roi  d'Angleterre ,  qui  mourut  à  Lucques , 
en  allant  à  Ro'me,  pour  vifiter  les  lieux  des  laints  apô- 
tres. On  trouve  beaucoup  des  chofes  dignes  de  l'atten- 
tion des  voyageurs,  dans  plufieurs  autres  églifes  de  la 
même  ville.  Il  y  a ,  entr'auttes,  dans  l'églife  de  S.  Ro- 
main deux  très-beaux  tableaux  ;  l'un  repréfentant  une 
affomption  de  la  Vierge,  du  chevalier  Guidotti;  l'autre 
eft  un  tableau  du  chevalier  Vanni.  A  S.  Pierre-Civoli, 
il  y  a  un  tableau  de  Lanfranc;  à  fainte  Marie,  une  affomp- 
tion ck  une  famte  Luce  du  Guerchin.  L'arfenal  pour- 
roit  fournir  de  quoi  armer  plus  de  vingt  mille  hommes. 
Il  n'eft  point  permis  de  porter  l'épée  à  Lucques;  &  en 
entrant,  on  demande  aux  étrangers  leurs  piftolets  ck  leurs 
armes,  qu'ils  retrouvent  à  la  porte  par  laquelle  ils  doi- 
vent fortir.  *  Corneille  ,  Dictionnaire. 

Cette  ville  eft  fort  ancienne.  Elle  fut  déclarée  colo- 
nie Romaine  ,  vers  l'an  de  Rome  576.  Ce  fut-là  que  fe 
fit  le  premier  triumvirat  entre  Jules -Céfar  ,  Pompée 
ck  Craffus.  A  la  décadence  de  cet  empire ,  elle  tomba 
au  pouvoir  des  Goths,  fck  fut  enfuitefoumife  aux  Lom- 
bards ,  qui  la  gardèrent  jusqu'au  régne  de  Charlemagne. 
Des  feigneurs  particuliers  ,  comme  Boniface  ,  père  de 
la  comteffe  Mathilde ,  ck  Caftracani  ,  la  gouvernèrent 
pendant  qnelquetems;  après  quoi,  elle  fut  vendue  à  Gé- 
rard Spinola  de  Gènes ,  par  les  gens  de  l'empereur 
Louis  de  Bavière.  Elle  fut  auffi  vendue  aux  Florentins, 
fous  l'obéiffance  desquels  elle  demeura  jusqu'à  ce  qu'un 
cardinal  François  ,  que  l'empereur  Charles  IV  y  avoit 
laifie  pour  gouverneur ,  donna  la  liberté  aux  Lucquois. 
Us  1a  perdirent  de  nouveau  par  les  entreprifes  d'un  de 
leurs  citoyens,  appelle  Paul  de  Guinigi  ;  ck  l'ayant  re- 
couvrée ,  vers  l'an  1450-,  il  l'ont  confervée  depuis  ,  avec 
grand  foin  ,  fous  la  proteftion  de  l'empereur.  La  ville 
de  Lucques  eft  affez  bien  fortifiée.  Didier  ,  dernier  roi 
des  Lombard1;, l'avoir  fait  environner  de  murailles,  par- 
tie de  briques  fck  partie  de  pierres  ;  mais  les  habitans 
les  firent  abbarre  ,  en  1616,  fck  la  rirent  revêtir  d'onze 
baftions  de  briques ,  qui  la  rendraient  très-forte ,  s'ils 
étoient  couverts  par  des  dehors.  Ses  remparts,  qui  font 
planté1; ,  fervent  de  promenades  aux  bourgeois.  Les  ar- 
bres en  font  fi  touffus ,  que  ceux  qui  ne  voient  cette 
yille  que  de  loin  ,  auraient  de  la  peine  à  •  croire  que 
ce  fut  autre  choie  qu'un  petit  bois.  On  ne  découvre 
que  la  pointe  du  clocher  de  la  grande  églife.  On  dit  à 
l'avantage  des  Lucques ,  que  lorsqu'il  s'agit  de  juger  un 
procès  de  conféquence ,  on  fait  venir  des  jurisconsultes 
étrangers ,  qui  n'en  font  pas  moins  éloignés  que  de  cin- 
quante milles  ,  afin  que  ces  juges  n'étant  portés  ni  par 
amour  ni  par  haine  ,  pour  nuire  aux  parties  ,  ou  pour 
les  favbrifer  ,  rendent  leur  fentence  avec  équité. 
■  Dans  la  ville  de  Lucques  on  voit  les  reftes  d'un  am- 
phithe  itre  ;  iX  hors,  de  la  ville  ,  à  une  diftance  peu  con- 
fidérable,  fur  le  penchant  d'uri  mont  qui  borde  le  lac 
Mafffcucoli  font  les  reftes  d'un  temple  qu'on  croit  avoir 
été  conlacré  à  Hercule.  On  croit  que  ce  temple  étoit 
autrefois  fur  bord  de  la  mer,  dont  il  eft  aujourd'hui  éloi- 
gné de  plufieurs  milles.  Entre  les  choies  curieulès  qu'on 
remarque  autour  de  Lucques,  on  compte  le  pont  de 
Seftri,  qu'on  dit  avoir  été  bâti  par  le  diable,  fck  ce- 
lui de  Borgo-Nuovo.  Ils  lont  tous  deux  fur  le  chemin 
de  Modène.  Il  y  en  a  deux  autres ,  fur  la  rivière  de 
Serchio,  qui  lbnt  admirables  par  leur  hauteur  ;  l'un  fe 


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LUC 


LUC 


devant  lui  deux  hommes  qui  portent  un  manteau  rouge  Ç 
lemé  de  bandes  fatin  blanc,   &  deux  enfans ,  dont  l'un 
porte  fon  épée  ,  &  l'autre  celle  du  viguier,  qui  va  après 
■lui.   Ce  premier  entant  (a)  ,  qui   porte  l'épée  du  gonfa- 
lonnier, eft  toujours  fon  fils  ou  fon  parent  ;  il  porte  aulfi 
\\n  bonnet  qui    pend  derrière ,  attaché  au  col  avec  un 
•cordon  où  eft  repréfenté  l'aigle  de  l'empire  ,  tout  cou- 
Vert  de  perles.   Plufieurs  trompettes   marchent   devant 
avec  la  mufique  entretenue  par  la  république.   Le  prince 
eft  fuivi  des  viguiers  ou  vicaires,  de  fix  gentilshommes 
conduftturs  ,  de  l'office    des   revenus   de  la   cour  des 
marchandifesi  de  l'office  de  l'abondance  ,    &  de  celui 
de  la   bonne  garde.  Quant  aux  anciens  ,  ils  portent  des 
"robes  à  grandes  manches  de  velours,  ou  de  damas  noir* 
&  la  cornette  de  fatin  cramoifi.  On  en  prend  trois  de 
chaque  tercier;  tk  les  neuf  enfemble  ont  un  comman- 
deur ;  c'eft  le  plus  ancien  du  premier  terdier.  Ce  comman- 
deur, qui   porte  le  fceau  trois  jours,  le   remet  au  plus 
ancien  du  fécond   tercier,   &  celui-ci  au  plus   ancien 
du  troifiéme;  ce  qui  recommence  toujours  tour-à-tour. 
Il  y  a  fix  chanceliers ,  qui  font  éius  indifféremment   de 
tous  les  terciers.  Ils  reftent  en  charge,  tant  qu'ils  s'en 
acquittent  bien,  &C  demeurent  au  palais  pendant  tout 
le  jour.  La  nuit, il  n'y  a  que  le  principal  &  le  moindre 
qui  s'y  tiennent.   Leur  fonction  eft  d'écrire  &  d'énfé- 
giftrer  tous  les  actes.  L'état  eft  gouverné  par  le  grand 
confeil  des  fix- vingt,  dont  quarante  font  pris  de  cha- 
que tercier.  Ceux-ci  demeurent  une  année  en  charge , 
&  font  renouvelles  au  moisde  Mars.  Ce  font  eux  qui 
décident  toutes  les  affaires  importantes  de  la  république. 
Il  y  a  encore  un  moindre  confeil,  compolé  de  trente-fix 
perfonnes ,  qui  font  en  charge  pendant  fix  mois  ,  &  qui 
élifent  les  trente-fix  qui  doivent  leur  fuccécler,  Les  con- 
feils  s'affemblent  ordinairement  le    mardi    &  le   ven- 
dredi   de    chaque   femaine  ;    ceux  qui  manquent  à  s'y 
trouver, font  mis   à  l'amende.  L'office  de    l'abondance 
eft  compofé  de  fix   gentilshommes,  élus  par  le  confeil 
général.  Ils  ont  leur  chancelier  tk  leur  thréforier,    &£ 
ont  foin  de   pourvoir  la  ville  de  bleds  pour  fept  ans. 
Ils  ont  auflî  foin  de  faire  cuire  le  pain  ,    &c  font  tenir 
trois  grandes  boutiques  ouvertes  où  les  bourgeois  vont 
l'acheter.   Un  particulier,  qui  cuiroit  du  pain  chez  lui, 
payeroit  cent  écus  d'amende.    L'office  de  la  munition 
ftable  des  vivres  eft  compofé  de  fix  citoyens  qui  font 
l'amas  de  feigles ,  de  fèves  ,   de  farine ,  de  millet ,  de 
pois-chiches ,  de  riz ,  &  de  faféoles.  Il  y  en  a  fix  pa- 
reillement ,  qui  compofent  l'office  de  la  bonne  garde  de 
la  cité ,  &  qui  font  obligés  de  porter   aux  feigneurs  du 
palais  tous  les  noms  des  étrangers  qui  entrent   dans  la 
ville.   Un  autre  office ,  qui  eft  auffi  de  fix  perfonnes , 
eft  chargé  de  toutes  les  armes  de  la  ville ,  &  des  mu- 
nitions de  guerre (b).  Il  y  a,  outre  cela,  un  vicaire  ou 
podejlat,  qui  porte  une  verge  d'argent,  longue  d'un  pied, 
avec  le  mot  de  la  ville  Libertas ,  &  une  panthère  au- 
deffus.  Il  eft  juge  criminel ,  mais  étranger.  Il  y  a  qua- 
tre autres  juges  étrangers  pour  le  civil.  Ils  logent  tous 
au  palais,  6t  font  appelles  juges  de  la  rote  (c).  En  cha- 
que lieu  de  l'état ,   on  a  établi  un  commiffaire  gentil- 
homme ,  avec  un  notaire  ou  deux  qui  fervent  de  greffiers. 
Le  commiffaire  a  tout  pouvoir  ;  il  prend  connoilîance  de 
toutes  les  caufes ,  &  les  juge  félon  les  ftatuts  de  Lucques. 
Ces  mêmes  commiffaires  font  obligés  de  faire  marcher 
toute  la  milice  pour  le  fecours  de  la  ville,  fi-tôt  qu'ils 
voient  le  fignal  du  fanal  de  la  tour  du  palais ,  &  ceux  des 
autres  tours ,  qui  avertiffent  les  villages. 

LUCREilLIS,  montagne  d'Italie,  dans  la  Sabine. 
Horace,  /.  1,  od.  17,  eh  fait  mention. 

Velox  amœnutn  fapè  Lucrelilem 
Mutât  Lycao  Faunus  : 

Acron,  fon  commentateur  ,  dit  qu'elle  étoit  auprès  de 
Gabies. 

LUCRINUM  ;  c'eft  ainfi  que  quelques-uns  lifoient  ce 


mot ,  comme  s'il  y  eût  eu  dans  la  Pouille  Daunienne  une 
ville  nommée  Lucrinum.  Mais  Pintianus ,  Ortélius ,  (k au- 
tres favans  critiques,  ont  bien  vu  que  ce  mot  étoit  pour 
Larinitm. 

LUCRINUM-SAXUM,  la  roche  du  Lutrin.  Ortélius 
femble  en  faire  un  lieu  particulier ,  &  cite  Ju  vénal ,  fat.  4, 
v.  141  ,  dont  voici  les  vers.  Il  s'y  agit  d'un  homme  qui , 
en  mangeant  une  huitre  ,  connoiffoit  au  goût  en  quel  lieu 
elle  avoit  été  pêchée. 

Circœis  nata  forent ,  an 
Lucrinum  adfaxum  ,  Ruiupinove  édita  fudo 
OJlrea  ,  callebat  primo  deprendere  morfu. 

On  voit  bien  qu'il  s'agit  ici  des  huitres  du  lac  Lucrin  : 
elles  avoient  la  réputation  d'être  bonnes. 

LUCRINUS  LACUS  ,  lac  d'Italie  ,  dans  la  Campa- 
nte,  auprès  de  Bayes ,  de  Pouzzol ,  &  dti  lac  d'Avernë. 
Mêla  &  Pline  en  font  mention.  Le  premier ,  /.  2 ,  c.  4  , 
■"cite  Putéoli ,  Lacus  Lucrinus  ,  St  Avernus ,  Ba'ut ,  Mi- 
fenum.  Pline  renverfe  cet  ordre  ,  &  dit,  /.  3  ,  c.  5  ,  Mi- 
fenum ,  portus  Baairum  ,  Bauli ,  Lacus  Lucrinus  &  Aver- 
nus . .  .  dein  Puteoli.  Les  Romains  mettoient  les  huitres 
de  ce  lac  au  nombre  des  mets  les  plus  délicieux.  Horace 
parle  du  Lucrin  eu  plufieurs  endroits  ;  dans  fes  Epodes 
il  dit  : 

Non  me  Lucrina  juverint  conchylia. 

II  dit ,  /.  2  ,  od.  15,  à  l'occafion  des  étangs  &  des  vi- 
viers que  le  luxe  faifoit  creufer  dans  les  maifons  de  plui- 
fance  :     ■ 

Undiqut  latins 
Extenta  vifentur  Luçrino 
Stagna  lacu. 

On  verra  bien-tôt,  de  tous  côtés ,  des  étangs  plus  large* 
que-le  lac  Lucrin.  Dacier  remarque  très-bien  qu'Augnfte 
joignit  ce  lac  avec  celui  d'Avernë  ,  &  en  fit  un  port ,  qui 
fut  appelle  le  Port- Julien.  Voyez  Portus-Julius.  Le  29 
Septembre,  jour  de  S.  Michel  de  l'an  1538,  un  tremble- 
ment de  terre  dérangea  ce  lac.  Il  s'éleva  du  fond  une  mon:a- 
gne , que  l'on  appella  alors  MONTE-NUOVO  Dl  Cenere^ 
la  nouvelle  montagne  de  Cendres.  Elle  eft  décrite  par  Jules 
Céfar  Capacci ,  dans  fes  Antiquités  de  Pouzzol ,  c.  20.  Ce 
qui  reft e  de  cet  ancien  lac ,  autour  de  cette  montagne  * 
n'eft  plus  qu'un  marais  fanguex  ,  &  plein  de  rofeaux  ; 
ce  marais  s'appelle  Licosa.  Voyez  ce  mot. 

Le  Lucrin  étoit  célèbre  pour  la  pêche ,  &  on  en  efti- 
moit  les  huitres.  En  153e,  il  fut  presque  tout  comblé  : 
la  terre ,  après  plufieurs  fecouffes ,  s'ouvrit  &  jetta  des 
flammes  &  des  pierres  brûlées  en  fi  grande  quantité ,  qu'en 
vingt-quatre  heures  detemsil  s'éleva  une  montagne,  de 
figure  à  peu  .près  conique,  qu'on  appelle  Monte-Nuevo  , 
ou  il  ne  croîtpoint  d'herbes.  Voyez  Portus-Julius  *D. 
Matkco  Egitio  ,  Lettre  à  M.  Lenglet  du  Frefnoy. 

LUCRINUS  SINUS  ;  ce  lac  étant  percé  &  joint  au 
lac  d'Avernë ,  devint  un  port ,  &  pouvoit  bien  s'appeller 
un  golfe. 

LUCTUS.  Voyez  ClauthmOn.  L'un  &  l'autre  mot 
veut  dire  des  pleurs.  Le  premier  eft  latin,  le  fécond  eft 
grec. 

1 .  LUCULLANUM ,  château  d'Italie  ,  dans  la  Cam- 
panie.  Ce  fut-là  qu'Auguftule ,  fils  d'Orefte ,  fut  relégué 
par  Odoacre ,  au  rapport  de  Jofnandès.  *  Ortel.  Thef. 

Ce  lieu  s'appelle  aujourd'hui  Caftel  del  Ovo. 

2.  LUCULLANUM:  il  y  avoit  un  autre  lieu  de  même 
nom  ,  plus  près  de  Rome  ;  ck  quelques-uns  croyoient  que 
c'étoit  la  même  choie  que  Tusculanum  ,  à  ce  que  re- 
marque Frontin  ,  dans  fon  Traité  des  aqueducs,  /.  t. 

LUCULLARUMCASTRUM,  lieu  dont  parle  CaffiV 
dore ,  1.  8.  Variât,  ad  Joan.  V.  S.  dans  ce  qu'il  écrit  à  un. 
certain  Jean  ,  à  qui  Athalaric  faifoit  préfent  d'une  mailba- 
dans  cette  place.  Ortélius  ,  Thefaur.  avoue  qu'il  ne  fait 
où  étoit  ce  lieu ,  à  moins  qu'il  ne  tut  aux  environs  de  la 


C)  L'eftoc  que  l'on  porte  au-devant  du  gonfalonnier ,  eft  un  préfent  que  le  pape  Urbain  II  a  fait  à  cette 
république. 

(°)  Il  y  a  un  autre  office  ,  qu'on  appelle  délia  Fjce ,  qui  a  l'inspeâion  fur  tout  ce  qui  regarde  le  port  de  Via- 
reggio  :  il  y  a  auffi  d'autres  offices ,  qui  ont  la  fur  intendance  de  la  rivière  de  Serchio  ,  &  autres. 

(*;)  Le  podeftat,  avec  les  curiaux,  font  logés  dans  un  palais  public,  fur  la  place  de  S.  Michel,  différent  de 
celui  du  gonfalonnier. 


LUD 


maifon  de  campagne  de  Lucullus.  Il  ajoute  que  l'ancienne 
édition  de  Caffiodore  porte  LUCULLANUM. 

LUCULLI  HORTI ,  ou  les  jardins  de  Lucullus ,  jar- 
dins d'Italie  ,  dans  la  Campanie  ;  il  en  eft  fait  mention 
xlans  fa  Vie  écrite  par  Plutarque  ;  &  l'on  croit  qu'ils 
étoient  à  l'endroit  qu'on  nomme  aujourd'hui  Cento-Ca- 
2HERELLE.  On  peut  voir  ce  qu'en  dit  Mazella  dans  fes 
Antiquités  de  Pouzzol. 

i.  LUCULLI  VILLA  ,  ou  la  maifon  de  campagne  de 
Lucullus.  Elle  eft  nommée  Luclllana  Villa  ,  par 
Suétone,  in  Tiber.  qui  dit  que  l'empereur  Tibère  y  mou- 
rut. Dion  Caffius ,  l.  58 ,  p.  638  ,  dit  que  Tibère  mourut 
à  Misène.  Tacite ,  L  6 ,  c.  50 ,  fournit  de  quoi  les  mettre 
d'accord ,  &  dit  que  Tibère  mourut  près  du  promontoire 
de  Misène  ,  dans  la  maifon  de  campagne  de  Lucullus.  On 
croit  que  le  lieu  où  étoit  cette  maifon ,  s'appelle  préfen- 
tement  Bagni  d'Agnano. 

2.  LUCULLI  VILLA.  Ce  même  Lucullus  ,  le  plus 
riche  &  le  plus  magnifique  de  tous  les  Romains ,  avoit 
une  autre  maifon  de  campagne  dans  le  Latium.  Le  comte 
Marcellin  l'appelle  Lucullanum  Cajldlum  ,  au  rapport 
d'Ortélius ,  Thef.  qui  confond  cette  place  avec  le  Lucul- 
lanum d'Augufte  ;  cependant  il  dit  que  le  Biondo  &c  Léan- 
dre  croient  que  c'eft  Frascati. 

LUCULLIANUS  COLLIS  ,  colline  d'Italie  ,  félon 
André  Bacci ,  qui  dit  qu'elle  eft  auprès  de  Naples ,  au 
bord  du  golfe  ,  fur  la  droite  ;  &  qu'on  l'appelle  prélève- 
ment Pirro-Falcone. 

LUCUNDIU.  Voyez  Leuci  Camini. 

LUCUS  ;  ce  mot  eft  latin ,  <k  lignifie  un  bois  ;  &  l'an- 
tiquité payenne  avoit  l'ufage  de  confacrer  les  bois  aux 
divinités  ;  de-là  vient  qu'il  y  a  tant  de  noms  de  divinités 
joints  avec  le  mot  Lucus.  La  flaterie  y  a  joint  quelque- 
ibis  des  noms  d'empereurs. 

1.  LUCUS  AUGUSTI  ,  ville  de  la  Gaule  Narbon- 
noife.  Elle  étoit  alliée  des  Romains  ,  félon  Pline ,  /.  3  , 
c.  4.  C'étoit  la  ville  de  Luc  en  Dauphiné.  Elle  eft  nom- 
mée Lucus  Voconûorum  par  Tacite ,  Hijl.  1.  1  ,  qui  n'en 
fait  qu'un  municipe. 

2.  LUCUS  AUGUSTI ,  ancien  lieu  d'Espagne ,  fur 
la  route  de  Brague  à  Aftorga  ,  félon  Antonin  ,  Ltiner.  entre 
Mania  &  Timalinum. ,  à  feize  mille  pas  de  la  première , 
&  à  vingt-deux  de  la  féconde. 

3.  LUCUS  AUGUSTI,  lieu  de  la  haute  Allemagne  , 
fi  l'on  en  croit  une  infcnption  gravée  fur  le  marbre  ,  & 
rapportée  par  Smétius.  Ellefe  trouve  auffi  dans  la  Géogra- 
phie ancienne  de  Cellarius ,  dans  le  Recueil  de  Gruter.  M, 
p.  302 ,  8c  dans  les  Mifcellan.  Erudit.  Antiquh.  de  Spon , 
p.  810,  n.  10,  p.  188. 

LUCUS  ANGITLE.  Voyez  Angitie. 

LUCUS  ASTURUM  ,  nom  latin-  d'Oviédo  ,  ville 
d'Espagne  dans  l'Afturie. 

LUCUS  DIANjE  JUL1ENSIUM.  Hygenus ,  cité  par 
Ortélius ,  nomme  ce  lieu  ,  mais  fans  défigner  en  quel  pays. 

LUCUS  FERALIS  ;  Junius ,  in  Batav.  nomme  ainfi 
un  bois  voifin  de  la  Haye  en  Hollande ,  &  qui  étoit  inac- 
ceflïble  ,  à  caufe  de  l'horreur  dont  on  étoit  faifi  en  y  en- 
trant. Le  bois  de  la  Haye  n'a  plus  rien  de  pareil ,  fuppofé 
que  Junius  ait  dit  vrai. 

LUCUS  FERONLE.  Voyez  Feronie. 

LUD  ,  ou  Lod.  Voyez  Lydda. 

LUDAY  ,  ville  de  la  Turquie  ,  en  Afie  ,  dans  la  Na- 
tolie  ,  au  Begfangil.  Elle  eft  réduite  à  un  fort  petit  nom- 
bre d'habitans.  Baudrand  la  nomme  en  latin  Ludaïa  , 
Alydda  &  Aludda. 

LUDE  ,  (le)  ville  de  France ,  en  Anjou ,  aux  fron- 
tières du  Maine ,  dans  l'éleftion  de  Baugé ,  au  bord  du 
Loir ,  à  quatre  lieues  de  la  Flèche.  Elle  a  un  bon  château. 
Elle  fut  autrefois  érigée  en  duché-pairie  en  faveur  de  Henri 
de  Daillon ,  grand-maître  de  l'artillerie.  Cette  pairie  eft  à 
préfent  éteinte  ,  &  la  terre  appartient  au  duc  de  Roque- 
laure.  Sa  jurisdiftion  s'étend  fur  huit  paroiffes. 

LUDERS  :  les  Allemands  nomment  ainfi  l'abbaye  de 
Lure. 

LUDIANORUM  INSULTE.  Voyez  Ludinorum. 

LUDIAS  ,  ABj\af ,  rivière  de  Macédoine,  dans  le  voi- 
finage  de  Pella  ,  félon  l'Epitome  de  Strabon ,  /.  7.  On  la 
nommoit  auffi  Lœdias,  Voyez  Lydius. 

LUDIC/E  ,  &vt,nut\  ,  ville  de  Thrace ,  dans  la  pro- 
vince nommée  Europe,  félon  Procope ,  sEdijic.  1.  4. 

LUDIM ,  peuple  descendu  de  Ludim,  fils  de  Miraïm. 


LT7G  927 

Jofeph  a  prétendu  que  les  descendans  de  Ludim  ne  fub- 
nftoient  plus,  il  y  avoit  long-tems ,  èk  qu'ils  avoient  été 
détruits  dans  les  guerres  d'Ethiopie.  Le  paraph-afte  Jéro- 
folomitain ,  traduit  Ludim  par  les  habitons  de  la  Miréote  , 
partie  d'Egypte.  Bochart  foutient  qu'il  faut  lire  le  pays  di 
Mené,  ou  de  Miroite.  Le  paraphrafte  Jonathan  le  tra- 
duit par  ceux  du  canton  de  Neut  ou  Neout ,  dans  l'E- 
gypte ;  l'Arabe  ,  par  ceux  de  Tenefe  ,  près  de  Pélufe.  Ezé- 
chiel  met  les  Ludim  avec  Chus  &  Phui  ;  &  ail'eurs  ,  avec 
Phut  Se  P haras ,  ou  peut-être  Pathros.  Ces  peuples  étoient 
dans  l'Egypte  ;  mais  il  n'eft  pas  aifé  de  marquer  précifé- 
ment  le  lieu  de  la  demeure  des  Ludim.  *  (a)  D,  Calmée. 
Dift.  Ç^Genef.c.  10,  v.  17. 

LUDINORUM  INSULTE ,  ifles  d'Afie ,  aux  environs 
de  la  Lydie ,  félon  Varron  de  Re  rufi.  ad  calcem.  Il  faut 
dire  Lydïorum  ;  &  Fulviu's  Urfinus  l'a  corrigé  ainfi.  Sca- 
liger  aime  mieux  Ludianorum.  Voyez  l'article  Cala- 
mine. 

LUDLOW" ,  ville  d'Angleterre  ,  en  Shropshire  ,  aux 
frontières  du  pays  de  Galles.  Elle  eft  fermée  de  murailles  , 
&  défendue  par  un  château.  C'eft  à  LudW  qu'on  tenoit 
la  cour  des  Marches  du  pays  de  Galles ,  pour  le  jugement 
des  caufes  de  fon  reflort ,  jusqu'à  ce  qu'elle  fût  fupprimée 
par  aile  de  pralement ,  fous  Guillaume  III.  *  Etat  préfent 
de  la  Gr.  Bretagne  ,  t.  I ,  p.  104  &  ioï. 

Cette  ville  a  féance  au  parlement. 

LUDON ,  (le)  rivière  de  France ,  en  Gascogne.  Elle 
a  fa  fource  dans  le  Marfan ,  aux  confins  du  bas  Armagnac  , 
à  Loubens  ;  d'où ,  paffant  à  Hontans ,  & ,  ferpentant  vers 
le  nord-oueft,  elle  Ce  jette  dans  le  Midou ,  avec  lequel 
elle  arrive  au  mont  de  Marfan.  *  Robert  de  J^aueondv  , 
Atlas.  S      J  ' 

LUFAN ,  ville  de  la  Chine  ,  dans  la  province  de  Q.iei- 
cheu  ,  au  département  de  Queiyang  ,  première  métro- 
pole de  la  province.  Elle  eft  de  il  d.  9/  plus  occidentale 
que  Pékin ,  fous  les  25  d.  23  '  de  latitude.  *  Atlas  Sinenfis. 

LUG  ,  rivière  d'Angleterre.  Elle  a  fa  fource  au  pays 
de  Galles ,  en  Radnoshire  ;  de-là  elle  entre  Herefordçhire  , 
&;  va  enfuite  mêler  fes  eaux  avec  celles  de  la  Vye ,  au- 
defTous  de  la  capitale  de  cette  province. 

LU  GAN,  ville  de  laChine,  dans  la  province  de  Channfi, 
la  quatrième  ville  métropolitaine  de  cette  province. 
Elle  eft  de  4  d.  20'  plus  occidentale  que  Pékin ,  fous  les 
37  4:  J3'  de  latitude.  L'empereur  Yu  unit  ce  pays  à  la 
province  de  Kicheu.  La  famille  Cheu  y  établit  enfuite  un 
roi ,  qui  donna  le  commencement  au  royaume  de  Liheu. 
Lorsque  les  rois  Han  s'en  furent  emparés  ,  ils  lui  donnè- 
rent le  nom  de  Ckao.  Après  l'extinction  de  tous  les  rois, 
le  premier  empereur  de  la  famille  de  Cin  appella  cette 
ville  Xantang.  La  famille  de  Tarn  la  nomma  Chaoy;  celle 
de  Sum  lui  donna  le  nom  de  Chaote  ;  &  le  nom  de  Lu- 
gan,  qu'elle  porte  aujourd'hui,  luia  été  donné  par  celle  de 
Taminga.  Un  des  empereurs  de  cette  famille  y  établit  un 
de  fes  parens,  avec  le  titre  de  roi,  &  lui  fit  bâtir  un  pa- 
lais magnifique  ;  ce  qui  rendit  la  ville  riche  &  puiflante, 
*  Atlas  Sinenfis. 

Elle  eft  fituéelur  la  rive  feptentrionale  du  fleuve  Chang, 
dans  un  endroit  fort  agréable.  Son  territoire  n'eft  pas  des 
plus  grands  ;  mais  fa  petiteffe  eft  récoinpenlée  par  la  beauté 
du  pays.  Elle  ne  cède  en  rien  à  aucune  autre  ville  ;  & 
on  trouve  dans  fon  territoire  tout  ce  qui  eft  néceffaire  pour 
fe  nourrir  &  pour  le  vêtir.  On  éompte  huit  cités  de  fa 
dépendance  : 

Lugan  ,  Luching  , 

Changée  ,  Huquan  , 

Tunlieu  ,  Liching  , 

Siangheng ,  Pingxun. 

LUGANA ,  vallée  d'Italie.  C'eft  le  pays  des  anciens 
Luganiens ,  dit  Corneille ,  qui  ne  nous  donne  d'autre  auteur 
de  ces  anciens  Luganiens.,  que  de  Seine  ,  libraire  Fran- 
çois ,  étab  :  à  Rome ,  &  auteur  d'un  Voyage  d'Italie.  Cette 
vallée  a ,  dit  ce  dernier  auteur,  dix-huit  milles  de  longueur 
&  deux  de  largeur,  6c  eftdan«  l'étar  de  la  république  de 
Vcnife  ;  au  bon-  de  cette  allée ,  fur  les  hauts  monts  de  Pri- 
molano  ,  qui  font  la  féparationde  l'icalie  d'avec  l'Allema- 
gie  ,  eft  le  fort  de  la  ScALA,  que  les  Vénitiens  entre- 
t  ennen:  dan;  un  paffage  important,  où  peu  de  gensarrê- 
teroient  une  armée  d'étrangers.  *  Cor/:.  Dift.  di  Seine  , 
Voyage  d'Italie. 


9i8  LUC 

i.  LUGANO  ,  petite  ville  d'Italie  ,  en  Lombardie, 
dans  le  Milanez.  Elle  avoit  autrefois  un  château  qui  a  été 
démoli.  Elle  a  paiTé  de  la  domination  Milanoite  a  celle 
des  Suiffes  ;  &  c'eft  à  préfent  une  ville  de  Suiffe  ,  &  la 
même  que  celle  de  l'article  qui  fuit. 

2.  LUGANO  ,  ville  de  Suiffe ,  dans  les  bailliages  d  l- 
talie.  Les  Allemands  la  nomment  Lavis  &  Lawer.  Elle 
eft  fituée  dans  un  bailliage ,  auquel  elle  donne  fon  nom  , 
&  dont  elle  eft  la  capitale ,  à  la  tête  de  la  branche  fep- 
tentrionale  d'un  lac ,  dans  une  fituation  fort  agréable.  Elle 
eft  médiocrement  grande  :  on  y  voit,  entr'autres,  deu  xégli- 
fes  ;  l'une  dédiée  à  S.  François ,  eft  tout  au  bas  de  la  ville  ; 
l'autre  fituée  fur  une  hauteur  qui  commande  la  ville ,  eft 
dédiée  à  S.  Laurent  ;  &  un  vieux  château,  qui  eft  la  ré- 
fidence  des  baiUifs.  *  Etat  &Dél.  de  la  Suife ,  t.  3  ,  p.  208. 

3 .  LUG  ANO ,  bailliage  d'Italie,  dans  la  Suiffe ,  aux  con- 
fins du  Milanez ,  au  nord  du  lac  de  Mendrifio.  Il  y  a  un 
grand  lac  ,  d'une  figure  finguliere  ,  approchante  de  celle 
d'une  croix  ,  dont  la  pointe  occidentale  eft  recourbée. 
La  tête  de  ce  lac  ,  avec  tout  le  pays  qui  l'environne ,  eft 
du  duché  de  Milan  ;  mais  fes  deux  branches ,  &  le  refte  , 
font  du  bailliage  de  Lugano.  Ce  lac  fe  vuide,  à  l'occident , 
par  une  rivière  nommée  TRES  A  ou  Tressa  ,  qui,  après 
un  cours  de  deux  heures  ,  va  fe  jetter  dans  le  lac  Majeur. 
Le  bailliage  de  Lugano  eft  fort  grand  ,  &  contient,  outre 
la  ville  de  même  nom  ,  foixante-un  bourgs  ou  paroiffes , . 
&  cent  cinq  villages  fort  peuplés.  On  y  voit ,  entr'autres , 
CoDELAGO  ,  bon  bourg,  fitué  à  la  tête  de  la  branche 
méridionale  du  lac.  C'eftauflï  de-là  que  lui  vient  fon  nom , 
en  italien  bâtard  ,  Cô-de-Lago  ,  pour  Capo  ddLago.  De 
Codelago  à  Lugano,  il  y  a  huit  milles  d'Italie  ;  ce  qui  eft 
la  diftance  de  l'un  des  bras  du  lac  ,  jusqu'à  l'autre  ;  du 
refte ,  ce  lac  eft  étroit ,  &  n'a  guères  qu'un  quart  de  lieue 
de  large.  Il  y  a  près  de  Codelago  une  montagne  qui  eft 
creufe  en  plufieurs  endroits.  Il  fort  perpétuellement  du 
vent  de  fes  cavernes ,  &  les  habitans  mettent  ce  vent  à 
profit ,  bâtiffant-là  leurs  caves  ,  pour  y  tenir  leur  vin  au 
frais.  Les  principaux  villages  de  ce  bailliage  font  : 


LUG 


Milli , 

Novogio 

Cafaro  , 

Bironico 

Sonvigo ,  . 

&c. 

3 .  LUGANO  :  (le  LAC  de)  nous  en  avons  parlé  affez 
dans  l'article  précédent. 

LUGDE  ,  Luda  fk  Lugda,  lieu  d'Allemagne,  en 
Weftphalie  ,  dans  Févêché  de  Paderborn  ,  fur  l'Emmer. 
Il  eft  nommé  Villa  Luidï ,  dans  la  Vie  de  Charlemagne, 
publiée  par  Pithou  ;  Lutundi,  dans  les  Annales  de  Canifius  ; 
&  on  lit  dans  Reginon  ,  ad  ann.  784,  Linhidi ,  au  lieu 
de  Liuhidi.  Il  eft  appelle  Liuithi  dans  un  ancien  afte  rap- 
porté dans  les  Monumenta  P  aderbonenjia ,  p.  198  ,  de 
Ferdinand  de  Furftenberg ,  évêque  ;  &  Lugethe ,  dans  un 
autre  afte.  Ce  lieu  étoit  qualifié  ville  dans  ce  même  livre  ; 
&  on  y  dit  que  fes  premiers  feigneurs  furent  comtes  de 
Hallermund  ,  desquels  Verner ,  feigneur  de  Hornbourg  , 
donna,  en  1003  ,  fa  fille  Adélaïde  en  mariage  à  Sifroy, 
comte  d'Eberftein ,  &  lui  accorda  Lugde  pour  dot.  La 
maifon  d'Eberftein  en  fut  long-tems  en  poffeffion.  Albert 
d'Eberftein  étant  accablé  de  dettes,  l'an  12 12,  l'offrit  d'a- 
bord à  l'abbé  de  Corwey ,  qui  ne  s'en  foucia  point  ,  & 
la  vendit  enfuite  à  l'évêque  de  Paderborn.  Les  comtes  de 
Spiégelberg ,  de  la  Lippe  ,  de  Gleichen  &  de  Valdec  , 
ont  fouvent  disputé  le  comté  de  Pyrmont ,  &  le  bailliage 
de  Lugde  ;  mais  enfin,  après  bien  du  fangverfé,  rkbiendes 
dépenfes  ,  les  chofes  furent  accommodées  en  1668  ;  Se 
Lugde  avec  fa  feigneurie ,  ck  le  comté  de  Pyrmont ,  fu- 
rent déclarés  appartenir  à  l'évêché  de  Paderborn.  Les  eaux 
de  Pyrmont  font  tout  auprès  de  Lugde. 
LUGDUNUM  ,  Lugodinum,  Lugdunus,  Lu- 

GUDUNUM,  LYGDUNUM  ,  LUGODUNUM  ,  LUCDU- 
NUM  ,  nom  commun  à  plufieurs  anciennes  villes.  Ce  nom 
a  été  écrit  fi  différemment ,  &  a  été  donné  à  tant  de  vil- 
les ,  que  nous  croyons  en  devoir  faire  un  article  féparé. 

Hadr.  Valef.  Noùt.  Gai.  p.  292 ,  interprète  le  mot  Lug- 
dunum  ,  en  tant  qu'il  lignifie  la  ville  de  Lyon ,  par  Mons 
dejîderatus  ,  c'eft-à-dire  ,  la  Montagne  délïrée.  Plutarque 
le  Géographe  ,  de  Fluminib.  dit  que  Lugodunum  lignifie  , 
dans  la  langue  des  Gaulois  ,  la  Montagne  du  corbeau  ; 
il  ajoute  que  cette  ville  fut  ainfi  nommée ,  parce  que,  quand 
on  jetta  fes  fondemens ,  on  vit  dans  ce  lieu  une  grande 


quantité  de  corbeaux.  Dion  écrit  Lugodunum ,  &  d'an 
ciennes  inferiptions  portent  Lugudunum.  Dans  un  Res- 
cript de  l'empereur  Confiance,  {ad  Cerialem')  Lygdu- 
num  eft  dit  pour  Lugdunum  ;  &  Cujas  ,  Obferv.  1.  27 , 
c.  33  ,aflure  que  dans  le  manuscrit  des  Pandettes  delà  bi-» 
bliothéque  de  Florence ,  on  lit  Lygdonenfes  ,  pour  Lugdu- 
nenfes  ;  d'où  fans  doute  on  aura  fait  dans  la  fuite  Lyon 
&  Lyonnois.  Enfin  l'auteur  de  la  Vie  de  S.  Germain  écrit 
Lugdunum ,  &  veut ,  avec  affez  peu  de  vraifemblance  , 
que  ce  mot  foit  formé  du  latin  Lucidus  ,  &  du  gaulois 
Dun  :  comme  qui  diroit  Lucidus  mons  ;  c'eft-à-dire ,  la 
montagne  brillante  ou  la  montagne  lumineufe.  Ce  qu'il 
y  a  de  certain ,  c'eft  qu'il  n'eft  guères  de  montagnes  qui 
méritent  moins  ces  épithètes ,  que  la  montagne  fur  laquelle 
la  ville  de  Lyon  fut  bâtie  en  partie  ;  car  les  eaux  du  Rhône 
&  de  la  Saône  ,  qui  fe  joignent  en  cet  endroit ,  y  rendent 
l'air  épais ,  &  y  caufent  des  brouillards  très  -  fréquens. 
D'autres  préfèrent  Lucdunum  ,  pour  dire  Luciodunum  , 
c'eft-à-dire ,  la  montagne  de  Lucius ,  parce  que  Lucius  Mu- 
natius  Plancus  y  conduiflt  une  colonie  ,  comme  on  le  peut 
voir  dans  les  Remarquesde  Meziriac,  fur  le  mot  Lugdunum 

D'après  ces  mêmes  remarques ,  l'origine  du  mot  Lu- 
gdunum peut  être  regardée  comme  certaine  ,  par  rapport 
à  la  ville  de  Lyon  ,  qui  a  porté  ce  nom  anciennement  ; 
mais  il  refte  de  grandes  difficultés  par  rapport  aux  autres 
villes  ,  qui  ont  été  appellées  de  la  même  manière.  Peut- 
être  pourroit-on  dire  que  ce  nom  leur  a  été  donné  ,  à 
caufe  de  leur  fituation  fur  des  montagnes  ou  fur  des  colli- 
nes, ou  feulement  par  imitation. 

A  l'égard  de  la  province  de  la  Gaule ,  à  laquelle  la  ville 
de  Lyon  donnoit  le  nom  de  Lugdunensis  ,  Lyonnoife  , 
voyez  au  mot  Gaule  les  divifions ,  les  peuples  Se  les 
villes  de  cette  province. 

LUGE  AT,  bois  de  France,  dans  lé  comté  de  Foix, 
dans  la  maîtrife  des  eaux  &  forêts  de  Pamiers  :  il  eft  de 
huit  cents  quatre  vingt-feize  arpens,  &  trente-deux  perches. 

LUGEUS  LACUS ,  Aiyior  marais  ou  lac  de  la  Pan- 
nonie  ,  félon  Strabon,  l.J,p.  314.  Lazius  croit  que  c'eft 
le  Zirnit^er-Sée. 

LUGI ,  ancien  peuple  de  Pille  de  la  Grande-Bretagne  , 
félon  Ptolomée  ,  /.  2  ,  c.  3.  C'eft  le  même  que  Logi. 

LUGIDUNUM,  ville  de  la  grande  Germanie  ,  félon 
Ptolomée,  /.  2  ,  c.  11.  Joachim  Cursus  croit  que  c'eft 
Glogau ,  en  Siléfie. 

LUGIENS.  Voyez  Ligiens. 

LUGIO  ,  ou  Legio  ,  ancien  lieu  de  la  Pannonie ,  fé- 
lon Antonin  ,  Itiner.  Simler  croit  que  c'eft  Bath ,  ville  de 
la  baffe  Hongrie. 

LUGIONUM ,  ville  de  la  baffe  Pannonie ,  félon  Pto- 
lomée, /.  2  ,  c.  16.  Lazius  croit  que  c'eft  la  légion  d' An- 
tonin ,  fur  le  Danube. 

1.  LUGNI,  bourg  de  France,  en  Bourgogne,  fur  un 
petit  ruiffeau  nommé  le  Bourbon. 

2.  LUGNI ,  chartreufe  de  France  ,  en  Champagne  ,  au 
diocèfe  de  Langres.  Elle  fut  fondée  en  11 62,  par  Gau- 
thier ,  évêque  de  Langres  ,  oncle  de  Hugues  III  du  nom  , 
duc  de  Bourgogne.  Ce  prélat  quitta  enïuite  fon  évêché 
pour  s'y  faire  religieux ,  &  y  mourut ,  l'an  1 174 ,  le  jour 
des  Rois.  *  Baugier ,  Mém.  de  Champagne  ,  t.  2  ,p.  91. 

1 .  LUGO ,  bourg  d'Italie  ,  dans  l'Etat  de  l'Eglife  ,  au 
Ferrarois  ,  entre  Ravenne  Sr.  Bologne.  Il  donne  le  nom. 
à  la  forêt  de  Lugo  ,  nommée  anciennement  Litana 
SlLVA.  Voyez  ce  mot. 

2.  LUGÔ ,  ville  d'Espagne  ,  dans  la  Galice.  Les  an- 
ciens l'ont  connue  fous  le  nom  de  Lucus  Augufii  ;  ainfi 
elle  eft  ancienne.  C'eft  le  fiége  d'un  évêché.  Elle  eft  fituée  au 
bord  du  Minho ,  un  peu  au-deffous  de  fa  fource.  Elle  étoit 
autrefois  beaucoup  plus  grande  qu'elle  ne  l'eft  aujourd'hui , 
comme  il  paroît  par  la  circonférence  de  fes  murailles ,  fur 
lesquelles  ,  à  ce  qu'on  affure ,  deux  charrettes  peuvent  bien 
aller  de  front.  Du  tems  des  rois  Suéves,  cette  ville  étoit 
métropolitaine  ;  mais  il  y  a  long-tems  qu'elle  ne  l'eft  plus. 
En  569,  on  y  tint  un  concile  pour  régler  les  limites  des 
diocèfes  de  Galice  &  de  Portugal.  Il  n'y  a  guères  d'évê- 
chés  en  Espagne  dont  la  date  de  l'érection  foit  fî  incer- 
taine que  celle  de  l'évêché  de  Lugo.  Quelques  auteurs 
croient  que  le  roi  Alphonlé  le  Catholique ,  le  fonda  en 
746  ;  mais  ils  fe  trompent  ;  car  il  eft  confiant  qu'un  nommé 
Nitigius ,  qui  en  étoit  évêque  ,  affûta  à  un  concile  qui  y 
fut  tenu  en  5  69 ,  dans  lequel  Théodomir ,  roi  des  Sue ves , 
propofa  d'ériger  une  nouvelle  métropole  Se  de  nouveaux 

évêchés , 


LUI 


LUL 


éVêchés ,  aftn  que  les  évêques  puffent  vifiter  leurs  dio- 
cèfes  tous  les  ans ,  tk  que  l'obligation  de  fe  trouver  au 
concile  provincial  ne  les  engageât  pas  à  des  voyages  fi 
longs  ;  fur  quoi  les  évêques  rélblurent  que  l'évêque  de 
Lugo  ferait  métropolitain  ,  &  lui  attribuèrent  pour  fuffra- 
gar.s  les  évêques  de  Coïmbre  ,  de  Viféo ,  de  Lamégo  , 
d'Egitania,  d'Orenfe ,  d'Aftorga ,  d'Iria,  de  Mondonédo 
ck  de  Tuy;  mais  cette  métropole  ne  fubfifta  pas  long- 
tems  ;  car  dans  un  concile  tenu  à  Mérida,  en  666  ,  ce  qui 
avoit  été  déterminé  dans  celui  de  Lugo ,  fut  annuité  ;  tk 
l'évêque  de  Mérida  rentra  dans  fes  droits  de  métropoli- 
tain des  neuf évêchés  que  l'on  vient  de  nommer.  Le  cha- 
pitre de  Lugo  eft  compote  d'onze  dignitaires ,  de  vingt-cinq 
chanoines  tk  de  douze  prébendiers.  Le  diocèfe  s'étend  fur 
fcixante  paroiffes.  *  Vayrac ,  Etat  préfent  de  l'Espagne , 
t.  i  .p.  280  ;  &z  t.  z,  p.  363. 

.  LUGODINUM ,  Axyôïum  ville  des  Bataves ,  dans 
la  Gaule  Belgique ,  félon  Ptolomée ,  /.  2. ,  c.  9.  Quelques 
exemplaires  portent  Longodinum  \  teyfrfuior.  C'eft 
la  même  ville  qu'Antonin  appelle  Lugdunum  ,  chef  des 
Germanies ,  aujourd'hui  Leyde.  Voyez  ce  mot. 

LUGUBALLIA.  Voyez  Lucopibia. 
.    LUGURENSIS  ,  fiége  épiscopal  d'Afrique,  dans  la 
Numidie.  On  trouve  dans  la  Notice  épiscopaie  d'Afrique , 
Donat ,  évêque  de  ce  lieu  ,  Donatus  Lugurenfis. 

LUGUVALLIUM ,  ancien  lieu  de  la  Grande-Breta- 
gne. Antonin  le  met  entre  CaJiraExploratorum  tk  Voreda, 
à  douze  mille  pas  du  premier  lieu  ,  &  à  quatorze  mille 
du  fécond.  Gale  croit  que  c'eft  Old-Carldl ,  entre  Boul- 
neffe  tk  Périth.  Fordun  dit  dans  fa  Chronique,  que  Carleil 
avoit  été  détruit  par  les  Pietés ,  &  n'avoit  point  encore 
été  rétabli  de  fon  tems.  Cela  doit  s'entendre  de  l'ancien 
Carleil  ;  car  le  nouveau  fubfiftoit  du  tems  de  Fordun.  Il 
y  a  donc  eu  deux  Carleil ,  l'ancien  &  le  nouveau  ;  l'un 
étoit  plus  éloigné ,  l'autre  plus  proche  ;  o:  c'eft  afîéz  ,  pour 
les  diftinguer  ,  qu'Antonin  en  ait  appelle  un  Luguvallium 
adVallum.  Gale  compte  douze  mille  pas  àzBUtum-BuL- 
giztm  à  Luguvallium  ,  (avoir  fept  milles  à "Wigton,  &  cinq 
autres  à  Carleil.  Le  cadavre  de  cette  dernière  ville  fe  voit 
encore  fur  la  rivière  de  "Wize  ,  &  eft  nommé  Old-  Carleil. 
Elle  eft  auffi  à  quatorze  mille  pas  de  Voreda ,  qui  eft  Pen- 
reth,  &  fe  trouve  fur  un  grand  chemin  ou  voie  militaire. 
On  y  voit  beaucoup  d'inferiptions ,  de  ftatues  équeftres , 
tk  autres  preuves  de  fa  grande  antiquité.  L'autre  Lugti- 
vallium  ,  n'étoit  pas  ad  Vallum  ,  auprès  du  foffé  ,  &  eft 
nommé  Amplement  Luguvallium  par  Antonin ,  qui  donne 
la  route  depuis  Londres  ,  jusqu'à  cette  ville  ,  &  met  Lu- 
guvallium. à  vingt-deux  mille  pas  de  BROCAVUM ,  Brou- 
gham.  Voyez  Lucopibia. 

LUHLA_,  ou  Luhlea.  Voyez  Lula. 

LUICHtU  ,  ville  de  la  Chine  ,  dans  la  province  de 
Quangtung  ,  dont  elle  eft  la  neuvième  métropole.  Elle  eft 
de  6  d.  20'  plus  occidentale  que  Pékin  ,  fous  les  28  d.  58' 
de  latitude.  *  Adas  Sinenjzs. 

Cette  ville  eft  fituée  dans  une  campagne  agréable  Se 
fertile  ,  tk  fur  le  bord  de  la  mer  qui  baigne  fes  murs  du 
côté  de  l'orient.  Elle  tire  fon  nom  du  tonnerre,  qui  tomba 
fur  la  montagne ,  d'où  il  rit  fortir  une  belle  fontaine  ,  Ce 
où  les  habitans  ont  élevé  un  temple  qu'ils  ont. dédié  à 
l'Efprit ,  autrement  au  dieu  du  1  onnerre.  Les  Chinois  s'i- 
maginent qu'il  y  a  un  esprit  qui  prélide  au  tonnerre  ;  que 
le  bruit  du  tonnerre  eft  l'effet  du  coup  que  l'on  frappe  avec 
un  marteau  fur  un  grand  tambour  ;  &  que  lorsqu'il  tombe , 
c'eft  une  partie  du  marteau  qui  fe  cafle.  Ce  qu'il  y  a  de  cer- 
tain ,  c'eft  que  le  tonnerre  gronde  presque  toute  l'année 
dans  ces  quartiers. 

Le  lac  de  Lohn  eft  à  l'occident  de  Luicheu  ;  (es  eaux 
font  conduites  dans  cette  ville  par  un  canal ,  où  elles  for- 
ment un  autre  lac. 

Cette  ville  a  dans  fa  dépendance  trois  cités,  qui  font  : 


Luicheu , 


Suiki . 


Anciennement  le  pays  s'appelloit  Gao  ;  fous  la  famille 
H.in  ,  il  fe  nomma  Siûiun  ;  fous  la  famille  Leur. ,  ii  eut 
le  nom  A'Hocheu;  tk  fous  celle  de  Taminga ,  on  lui  donna 
celui  qu'il  porte  aujourd'hui. 

LUIGNÉ  ,  ou  Saint  Aubin  de  Luigné  ,  paroifte 
de  France  ,  en  Anjou.  Il  y  a  des  mines  de  charbon  de 
terre. 


: 

LUII ,  grande  nation  de  la  Germanie.  Strabon  ,  /.  7, 
dit  qu'elle  fut  domptée  par  le  roi  Maroboduus.  . 
de  l'apparence  qu'il  faut  lire  Lygii. 

LUINES ,  ou  Sainte  Geneviève,  &  Saint  Ve- 
nant deLuines,  ville  de  France,  dans  laTourainâ 
Elle  fe  nommoit  ci-devant  Maillé ,  &  avoit  été  érigég 
en  comté ,  en  1 572  ;  elle  fut  enfuite  acquife  par  Charles 
d'Albert ,  grand  fauconnier  ,  &  enfuite  grand  connétat  le 
de  France.  Louis  XIII  l'érigea  en  duché-pairie  ,  en  faveur 
de  ce  favori,  en  1619.  Cette  duché-pairie  eft  cpmpofée 
de  deux  comtés  tk  de  trois baronnies.  Voyez  Mailla. 

LUIS  A  ,  rivière  de  l'A  mérique ,  dans  Fille  de  E  :  :;  -  -  -  - . 
Elle  a  fa  fource  au  pied  du  mont  Goyame  ,  quinze  ou 
feize  lieues  à  l'eft  de  la  ville,  principale  de  Me  ,  &  des- 
cend ,  du  côté  du  nord,  par  un  canal  qui  reçoit  plufieurs 
petites  rivières,  jusqu'au  mont  Cauvas,  où,  fè  féparant  en 
deux  branches  ,  l'une  coule  le  long  de  la  colonie  Luisa  , 
<k  l'autre  prend  le  nom  de  Toa.  Il  y  a  dans  cette  même 
ifle  un  port  nommé  auffi  Lui/a.  *  Corn.  Dift.  De  Lièt , 
Ind.  occid.  /.  .1 ,  c.  2. 

LUITITII,  nom  latin  d'un  ancien  peuplede  Germanie , 
dont  le  pays  eft  la  Luface ,  félon  l'opinion  commune  ; 
mais  Spener  ,  Noiit.  Germ.  p.  388  &  389  ,  fait  voir  que. 
c'eft  une  erreur  ,  tk  que  la  Luface  a  été  nommée  Pagus 
Lu^orum  ,  &  non  pas  Luticiorum  ;  que  Luticïi ,  Lundi 
tk  Luitid  font  un  peuple  tout  différent.  Les  Luititiens  ou 
Luticiens  fàifoient  partie  du  peuple  Vende  ,  avec  les  Vê- 
lâtes &  les  "Wiltfes.  Ils  étoient  au-delà  de  l'Oder,  vers  le 
moyen  âge.  A  l'égard  du  peuple  Lucid  ou  Ludd ,  qui 
occupoit  la  Luface,  voyez  Lusace. 

1.  LUKI ,  ville  de  la  Chine ,  dans  la  province  de  Hu- 
quang ,  au  département  de  Xincheu  ,  douzième  métro- 
pole de  la  province.  Elle  eft  de  7  d.  40'  plus  occidentale 
que  Pékin,  fous  les  29  d.  52'  de  latitude.  *  Adas  Sinenjls. 

2.  LUKI ,  ville  de  la  Chine  ,  dans  la  province  de 
Kiangfi  ,  au  département  de  Kienchang ,  fixiéme  métro- 
pole de  la  province.  Elle  eft  d'un  degré  10'  plus  occidentale 
que  Pékin  ,  fous  les  27  d.  43'  de  latitude.  *  Atlas  Sinenjzs. 

1.  LUKIANG ,  ville  de  la  Chine  ,  dans  la  province  de 
Kiangnan  ou  Nanking,  au  département  de  Lucheu,  neu- 
vième métropole  de  cette  province.  Elle  eft  de  o  d.  2' plus 
occidentale  que  Pékin  ,  fous  les  25  d.  ai'  de  latitude. 

*  Atlas  Sinenjzs. 

2.  LUKIANG ,  forterefte  de  la  Chine  ,  dans  la  pro- 
vince de  Junnan  ,  au  département  de  Jungchan.?,  huitième 
ville  militaire  de  la  province.  Elle  eft  de  18  cl.  15'  plus 
occidentale  que  Pékin,  fous  les  25  d.  21'  de  latitude. 

*  Atlas  Sinenjzs 

3 .  LUKIANG ,  ville  de  la  Chine ,  dans  la  province  de 
Junnan ,  au  département  de  Jimgchang  ,  huitième  ville 
militaire  de  la  province.  Elle  eft  de  17  d.  56'  plus  occi- 
dentale que  Pékin ,  fous  les  24J.  49'  de  latitude.  *  Atlas 
Sinenjzs. 

1 .  LULA ,  rivière  de  la  Laponie  Suédoife.  On  la  nomme 
auffi  Luhla  tk  LUHLEA  ;  elle  fe  forme  de  trois  lacs 
favoir  le  lac  de  Vas ,  celui  de  Salle ,  tk  celui  de  Rockie! 
Leurs  eaux  s'amaflènt  dans  le  lac  de  Lula, d'où,  cetteriviere 
ferpentant ,  tantôt  vers  l'eft ,  tantôt  vers  le  fud  ,  vient  fe 
perdre  dans  le  golfe  de  Bothnie ,  auprès  de  Luhlea ,  ville 
que  l'on  a  rapprochée  de  là  mer.  *  Robert  de  Vaugondy  , 
Atlas. 

2.  LULA,  ou  Luhlea,  (le  petit)  rivière  delà 
Laponie  Suédoife.  Elle  a  fes  fources  dans  le  lac  de  Raute  , 
d'où,  coulant  de  l'orient  méridional,  elle  fe  groffit  des 
eaux  que  lui  envoient  encore  les  lacs  deTarra  tk  de  Kiange, 
qu'elle  porte  dans  la  grande  rivière  de  Lula ,  2uprès  dé 
Jochmoth.  Ces  deux  rivières  coupent  le  tropique,  &  don- 
nent le  nom  de  Lutta  ,  ou  Luhlea  ,  ou  Luia-Lapmarck  , 
à  la  province  qu'elles  arrofent. 

3.  LULA  ,  ou  Luhlea  ,  ville  de  la  Laponie  ,  au  bord 
du  golfe  de  Bothnie ,  au  nord  de  l'embouchure  de  la  ri- 
vière dont  elle  porte  le  nom.  Elle  étoit  autrefois  plus  au 
couchant  ;  tk  l'on  voit  encore  la  vieille  Luhlea,  bourgade, 
à  l'occident  de  la  nouvelle.  Voyez  l'article  Laponie. 

LULINGSTON  ,  bourg  d'Angleterre  ,  au  pays  de 
Kent ,  près  de  la  rivière  de  Darent ,  qui  coule  à  Dartford. 

LULOA,  petite  place  de  Suéde,  dans  la  Bothnie  orien- 
tale ,  près  de  Torna.  *  Baudrand,  édit.  170*). 

LULUM  ,  abxov  forterefte  d'Afie,  dans  la  petite  Ar- 
ménie ,  auprès  de  Tarie ,  fur  une  colline.  Zonare  .  Por- 
TomcIIJ.    Bbbbbb 


93o  LUN 

phyrogénete  ,  Curopalate  &  Cédrene,  cités  par  Ortélius , 
Thtfaur.  en  font  mention. 

1.  LUMA  ,  A^a.  ville  de  l'Arabie  deferte ,  félon  Pto- 

2.  LU  M  A' ,  ville  d'Afie ,  proche  le  Méandre ,  félon  Ni- 
cétas ,  cité  par  Ortélius ,  Thtfaur.  ( 

i.  LUMBARIA ,  nom  latin  de  Lombez,  ville  episco- 
pale  de  France ,  en  Gascogne. 

x.  LUMBARIA.  Voyez  Lumbier. 

LUMBARIENSE  CONCILIUM.  Voyez  Lombers. 

LUMBERITANI ,  ancien  peuple  d'Espagne ,  dont  la 
ville  de  Lumbier  conferve  encore  le  nom.  *  Pline  , 

'  LUMBIER,  ou  Lomeier  ,  petite  ville  d'Espagne, 
<3ans  la  haute  Navarre ,  fur  la  rivière  d'Irato ,  où  elle  reçoit 
le  torrent  d'Ochagavie  ,  dans  la  Mérindade  de  Sangueffa  -, 
&  à  une  lieue  de  Sangueffa.  Le  nom  latin  eft  Lumbaria  : 
le  peuple  eft  nommé  par  PlineLumberitani.  *  Baudrand, 
édit.  1705. 

LUME-DIEU,  abbaye  de  France.  Voyez  Favars.  i. 

LUMELLO  ,  ou  Laumello.  Voyez  Laumellum. 

LUMMÉ-AA  ,  ou  la  rivière  de  Lumme  ,  petite 
rivière  de  Suéde  ,  dans  la  Schône  ,  félon  Pontanus  ,  cité 
par  Baudrand,  édit.  1705. 

LUMMERSUM  ,  baronnie  enclavée  dans  le  duché  de 
Juliers.  Elle  relevé  immédiatement  de  l'empire. 

LUMONE ,  lieu  d'Italie  ,  dans  la  Ligurie ,  entre  Al- 
bintimilium ,  &  le  fommet  des  Alpes ,  fur  la  route  d'Arles , 
félon  Antonin ,  ltiner. 

LUMSA ,  ou  Lomsa  ,  petite  ville  de  Pologne ,  au  pa- 
latinat  de  Mazovie,  au  bord  méridional  de  la  rivière  de 
Narew  ,  aux  confins  de  la  Poldaquie.  *  Robert  de  Vau~ 
gondy,  Atlas. 

LUN,  (le)  rivière  d'Allemagne,  au  cercle  de  baffe 
Saxe ,  dans  le  duché  de  Brème.  Elle  paffe  à  Achftède  , 
qu'elle  arrofe  ,  vers  la  partie  méridionale ,  &C  va  fe  joindre 
au  NVefer.  Zeyler.  D'Audifrst  ,  Géogr.  t.  4. 

i .  LUNA ,  ancienne  ville  &  port  de  mer  d'Italie.  La 
ville  étoit  dans  l'Etrurie,  au  bord  oriental  de  la  Macra  , 
près  de  fon  embouchure.  Il  ne  faut  pas  confondre  la  ville 
&  le  port  de  Luna  :  nous  parlerons  enfuite  du  port  ;  il  eft 
ici  queftion  de  la  ville  ;  il  n'en  refte  plus  que  les  ruines  : 
elle  étoit  petite  ;  elle  eft  ancienne  &  remarquable  par  fon 
port.  Pline ,  l.  3  ,  c.  "J ,  dit  :  Primum  Etruriœ  oppidum 
portu  nobile.  Elle  éroit  effeéfi  veinent  la  première ,  quand , 
en  venant  de  la  Ligurie  ,  on  avoit  paffé  la  Macra ,  qui  en 
faifoit  la  féparation.  On  en  appelle  aujourd'hui  les  ruines 
Luna  distrutta.  Cependant  elle  donne  fon  nom  à 
un  canton  appelle  la  Lunégiane, 

2.  LUNA-SILVA ,  forêt  de  la  grande  Germanie.  Elle 
étoit ,  félon  Ptolomée ,  /.  1 ,  c.  1 1  ,  au-deffous  des  Qua- 
des,& au-  deffus  du  peuple  Baemi,  qui  s'étendoient  jusqu'au 
Danube.  Cellarius  juge ,  par  cette  pofition  ,  que  la  forêt 
de  Luna  étoit  dans  la  Moravie  ,  à  la  fource  de  la  rivière 
de  Morave. 

3 .  LUNA  ,  bourg  d'Espagne ,  en  Aragon ,  à  huit  lieues 
de  Saragoffe.  C'étoit  le  lieu  de  la  naiffance  de  Pierre  de 
Luna ,  qui ,  étant  élu  pape ,  le  22  Septembre  1394 ,,  prit 
le  nom  de  Benoit  XIII ,  &  mourut  dans  fon  fchifme  , 
en  1424 ,  après  avoir  été  anti-pape  durant  trente  ans.  On 
met  communément  à  Luna  l'ancienne  ville  des  Vafcons , 
nommée  Forum  Gallorum.  Zurita  la  place  à  Gurrea , 
autre  bourg  de  l'Aragon ,  fur  le  Gallégo  ,  à  cinq  lieues  de 
Saragoffe. 

4.  LUNA  ,  ouLunna  ,  lieu  de  la  Gaule  Lyonnoife ,  à 
dix  lieues,  ou  quinze  milles  pas  de  Mâcon,  félon  l'Itiné- 
raire d'Antonin.  Simler  dit  que  c'eft  Clugni ,  &  qu'il  faut 
peut-être  lire  dans  cet  auteur  CLUNIA. 

LUNjE  INSULA ,  petite  ifle ,  au  détroit  de  Gibraltar. 
H  y  avoit  un  temple  dédié  apparemment  à  la  Lune;  car 
Feftus  Avienus ,  Ora  mark.  v.  367 ,  dit  : 

Sedjî  voluntas  forù  quem  fubegerit 
Adiré  fanum  ,  properet  ad  lunœ  infulam 
Agere  carinam ,  Sec. 

1.  LUNiE  MONS ,  SfXwç  Ipis  âicpov  ,  cap  &r.  monta- 
gne de  la  Lufitanie ,  félon  Ptolomée  ,  /.  2  ,  c.  5.  Le  nom 
moderne  eft  EL  Cabo  DELARocA,àfix  lieues  de  Lis- 
bonne. Voyez  Cap  de  la  Roche. 

2.  LUN-E  MONS.  Ptolomée,  /.  4,  in  fine,  fur  une 


LUtf 


tradition  peu  fondée ,  place  des  montagnes  de  ce  nom  bien 
au-delà  de  l'équateur,  &y  met  les  fources  du  Nil.  Qu'il 
y  ait  des  montagnes  en  ces  quartiers-là ,  cela  eft  affez  vrai- 
femblable  ;  mais  il  eft  certain  que  les  fources  du  Nil  font 
bien  en  deçà  de  l'équateur ,  &  n'ont  rien  de  commun  avec 
ces  montagnes.  Les  anciens  connoifToient  très-peu  ce  pays- 
là  ;  ils  conjefturoient  feulement. 
s  LUN£  PORTUS  ,  golfe  de  la  mer  Méditerranée  : 
c'eft ,  dit  Strabon ,  /.  5  ,  un  très-grand  &  très-beau  port , 
qui  enferme  plufieurs  ports ,  qui  ont  tous  affez  de  profon- 
deur auprès  du  rivage.  Silius  Italicus ,  /.  8,  v.  481 ,  dit  : 

Tune  quos  à  niveis  exegit  luna  metallis  , 
Infignis  portu ,  quo  non  fpatiojior  alter  , 
înnumeras  cepijje  rates  &  claudere  pontum. 

1.  LUN.E  PROMONTORIUM  ,  promontoire  de  la 
Lufitanie.  Voyez  LUN.E  MONS.  1. 

2.  LUN.E  PROMONTORIUM  ,  promontoire  d'Ita- 
lie, auprès  du  port  de  Luna ,  félon  Ptolomée  ,  /.  3  ,  cl  1. 
Il  étoit  de  quarante-cinq  minutes  plus  méridional  que  la 
ville  même  de  Luna. 

LUNAN  ,  fortereffe  de  la  Chine  ,  dans  la  province  de 
Junnan ,  au  département  de  Chingkiang ,  cinquième  mé- 
tropole de  la  province.  Elle  eft  de  13  d.  49'  plus  occi- 
dentale que  Pékin  ,  fous  les  24  d.  3 1  '  de  latitude.  *  Atlas 
Sinenjis. 

1 .  LUNDEN  ,  félon  Baudrand ,  en  latin  ,  Laudiunm 
Scanorum,  ville  de  Suéde ,  dans  la  province  de  Schône , 
dont  elle  eft  la  capitale.  Elle  a  été  autrefois  beaucoup  plus 
confidérable  qu'elle  ne  l'eft  à  préfent  ;  &c  c'étoit  le  fiége 
d'un  archevêché ,  qui  avoit  fîx  fuffragans  en  Danemarck , 
dont  la  province  de  Schône  faifoit  partie  ;  mais  en  1658  , 
les  Danois  la  cédèrent  aux  rois  de  Suéde  ,  qui  l'ont  gardée 
depuis  ce  tems-là ,  quelques  efforts  que  le  Danemarck  ait 
fait,  en  toute  occafion ,  pour  s'en  reffaifir.  Le  roi  de  Suéde  , 
Charles  XI ,  y  érigea  une  univerfité,  en  1668  ;  Se  on  y  a 
vu  d'affez  grands  hommes,  entr'autres,  le  célèbre  Samuel 
Puffendorff.  Elle  n'eft  pas  bien  peuplée ,  Se  eft  fans  mu- 

illes  ;  au  lieu  du  fiége  archiépiscopal ,  dont  elle  jouiffoit 


dec 


le  commencement  du  douzième  fiécle ,  elle  n'a 


qu'un  fimple  évêque ,  qui  eft  de  la  confeffion  d'Ausbourg , 
la  feule  religion  qui  foit  foufferte  en  Suéde.  Ce  fut  près 
de  cette  ville  que  Chriftian  V,  roi  de  Danemarck  ,  fut 
défait ,  en  bataille  rangée ,  par  Charles  XI ,  roi  de  Suéde , 
le  14  Décembre  1676. 

2.  LUNDEN  ,  petite  ville  ou  bourg  d'Allemagne  ,  au 
cercle  de  la  baffe  Saxe ,  dans  le  Ditmarfe ,  à  l'orient  de 
la  ville  de  Toninghen ,  aux  confins  du  Sleswig  ,  affez  pro- 
che de  Leyder.  Elle  appartient  au  duc  de  Holftein.  *  Zeyler, 
Saxon,  fuper.  Topogr.  p.  165. 

LUNE,  baronnie  d'Irlande ,  clans  la  province  de  Teins- 
ter  ;  c'eft  la  plus  méridionale  des  onze  qui  compofent  le 
comté  d'Eaftméath.  *  Etat  préfent  de  L  Irlande,  p.  38. 

LUNEBOURG  ,  ville  d'Allemagne ,  au  cercle  de  la 
baffe  Saxe,  dans  un  duché  particulier  ,  dont  elle  eft  la 
capitale  ,  &  auquel  elle  donne  le  même  nom.  Il  y  auroit 
ici  moyen  de  fatiguer  le  lefteur  le  plus  patient  ,  en  lui 
rappportant  toutes  les  opinions  d'un  nombre  infini  d'écri- 
vains ,  fur  l'étymologie  du  mot  Lunebourg  ;  mais ,  outre 
que  la  plupart  de  ces  étymologies  font  ridicules ,  aucune 
n'eft  appuyée  fur  des  autorités  fufHfantes. 

Le  duché  de  Lunebourg  n'étoit  pas  habité  par  le* 
Cherusques ,  comme  bien  des  auteurs  l'ont  dit ,  mais 
par  le  peuple  nommé  Cauci  majores.  Ce  ne  font  ni  les 
uns  ni  les  autres,  qui  ont  bâti  Lunebourg.  Le  nom  de 
Cauci  fe  perdit  peu-à-peu  ;  &  le  pays  fe  trouva  ,  avec  le 
tems,  fous  la  domination  des  Saxons,  qui  s'accrut  beau- 
coup par  l'appui ,  &  les  bienfaits  qu'ils  reçurent  des 
François  ,  pour  leur  avoir  aidé  à  mettre  à  la  raifonHer- 
menfrid  ,  roi  de  Thuringe.  Les  Saxons  devenus  puiffans , 
bâtirent  des  villes  ,  qui  devinrent  grandes  &  bien  peu- 
plées. Il  y  a  bien  de  l'apparence  ,  qu'ils  élevèrent  une 
fortereffe  au  Kalckberg  ,  &  peut-être  cette  fortereffe 
fut-elle  employée  par  les  François  ,  pour  réprimer  les 
Linons.  Dans  les  Annales  de  France  ,  il  eft  parlé  de 
ces  Linons  à  l'année  808.  L'annalifte  anonyme,  que  Pi- 
thou  a  publié;  Réginon,  abbé  de  Pruim  ,  &  Eghinart 
en  parlent  auffi.  Albert ,  abbé  de  Stade  ,  les  nomme  mal 
Lilones,  6c  Adam  de  Brème  Lingones.  Ces  Linons 


LÙN 


LUN 


a  là  vérité,  étoient  au-delà  de  l'Elbe,  fous  le  régne  -de 
Charlemagne ,  &  occupoierït  un  canton  du  Meckel- 
bourg.  Bangert ,  dans  les  doctes  Notes  fur  la  Chronique 
d'Helmond  ,  croit  qu'ils  parlèrent  l'Elbe  ,  puisqu'il  les 
«xphque  par  le  peuple  du  pays  de  Lunebourg.  Ces  Li- 
nons furent  fans  doute  compris  fous  le  nom  de  Slaves, 
que  domptèrent  Henri  I,  roi  de  Germanie,  Se  fon  fils 
Henri ,  Se  enfin  Henri  le  Lion. 

Albert  Crantz,  Fondai.  1.  4,  c.  16  ,  attribue  la  fon- 
dation de  Lunebourg  à  Herman  Biling ,  nouveau  duc  de 
Saxe,  créé  par  Otton  I.  Munfter ,  Cosmogr.  1.  3,  l'a 
fuivi,  &  plufieurs  autres  de  même.  Crantz  ajoute  qu'Her- 
man  bâtit ,  non-feulement  le  château ,  mais  encore  un 
monaftere  du  titre  de  S.  Michel,  dont  le  premier  abbé 
fut  Louis  tiré  du  monaftere  de  S.  Pantaléon  de  Colo- 
gne, fous  la  régie  de  S.  Benoît.  Il  le  dit  encore  dans 
l'on  Hiftoire  des  Métropoles  ,  /.  3  ,  c.  19.  Irénicus  , 
Exegef.  Germ.  1.  1 1  ;  Chytraus,-  Saxon  ,1.  13  ,  ad  ann. 
1133;  Bertius  ,  Comment.  Rer.  Germ.X.  3,  Se  quantité 
d'autres  le  difent  auffi.  Sagittarius  croit  ce  monaftere  bien 
plus  ancien  ,  &  rapporte  un  hiftorien  ,  qui  en  met  la 
fondation  à  l'an  906  ,  Se  l'attribue  à  Otton  ,  duc  de  Saxe, 
père  de  Henri  l'Oifeleur  ;  Chytraeus  lui-même  dit  dans 
le  même  livre  que  j'ai  cité,  que  long-teras  avant  Henri 
le  Lion,  la  fortereffe  Se  la  ville  de  Lunebourg  fubfis- 
toient,  &  ajoute  que  le  monaftere,  qui  eft  fur  la  mon- 
tagne, avoit  été  d'abord  bâti  par  S.  Suibert,  évêque  de 
Ferde  ,  Se  enfuite  orné!  par  Otton  le  Grand ,  duc  de 
Saxe.  Herman  Biling  lui  fit  fans  doute  du  bien  ,  puis- 
qu'il y  fut  enterré ,  en  1473.  Il  y  mit  même  des  religieux, 
au  rapport  de  Loffius  : 

Inclytus  hic  fanclos  Biling  Hermannus  in  arce , 
Injlkuit   cœtus  :  Benno  pojl  inclytus  auxit , 
Tertius  hinc  prœjlans  Bcrnliardus  munit  &  auget , 
P radia  dans ,  reditus,  fylvas ,  aurique  tahtllam. 

Ce  morceau  nous  apprend  que  non  -  feulement  Her- 
man Biling ,  mais  encore  fon  fils  Bennon  ,  Se  fon  petit- 
fils  Bernard  ,  embellirent  Se  dotèrent  à  l'envi  ce  monas- 
tère. Il  s'y  forma  même  une  école  célèbre  ;  &  Adam  de 
Brème  dit  que  Gbdescalc  ,  fils.  d'Udon ,  roi  des  Slaves , 
y  fut  inftruit  dans  les  feiences. 

Ce  monaftere  de  S.  Michel,  &  le  château  auprès  du- 
quel il  étoit ,  font  les  commencemens  de  Lunebourg. 
La  ville  fe  forma  peu-à-peu,  au  pied  delà  montagne; 
ôc  c'eft  apparemment  une  de  ces  villes,  qui  furent  for- 
tifiées dans  la  Saxe  Se  dans  la  Thuringe ,  fous  le  régne 
de  Henri  l'Oifeleur  ,  qui  avoit  commandé  qu'on  fermât 
de  murailles  les  villes  ,  afin  d'y  retirer  les  biens  Se  les 
habitans  de  la  campagne  ,  Se  qu'ainfi  l'on  prévînt  des 
ravages  pareils  à  ceux  que  les  Hongrois  venoient  de  faire 
en  Allemagne.  Quoique  les  hiftoriens  ne  nomment  point 
Lunebourg  parmi  ces  villes ,  on  peut  néanmoins  juger 
qu'elle  en  étoit  une  ,  puisqa'aufTi-tôt  après  le  régne  de 
cet  empereur  ,  la  ville  Se  les  falines  de  Lunebourg  com- 
mencèrent à  acquérir  de  la  réputation  ;  car  Otton  I  donna 
la  dîme  des  falines  au  monaftere  de  S.  Michel.  Ditmar 
de  Mersbourg  nomme  cette  ville  LuiNBERG  ,  à  l'occa- 
fïon  d'un  abîme,  qui  s'y  ouvrit  fous  l'empire  de  Henri  II, 
l'an  1013.  Le  duc  Bernard,  petit  -  fils  d'Herman  Biling  , 
étoit  alors  maître  de  Lunebourg.  Bennon ,  fon  père  ,  à 
qui  il  avoit  fuccedé,  étoit  mort  en  1010  ;  Se  lui-même 
il  mourut  en  1062  ;  fa  régence  fut  trop  inquiète  pour 
être  avantageufe  à  fes  fujets ,  Se  la  ville  ne  fit  pas  de 
grands  progrès,  durant  la  révolte  de  Bernard  contre  l'em- 
pereur. Son  fils  Ordulfe  plus  pacifique  ,  n'eut  que  quel- 
ques démêlés  avec  l'évêque  de  Brème  Se  les  Slaves  , 
dont  il  fe  tira  afi'ez  mal.  Magnus,  fils  d'OrduIfe  ,  réfi- 
doità  Lunebourg,  quand  Butue,  fils  de  Godscalc , prince 
des  Obotrites  ,  vint  implorer  Ion  fecours  contre  Crucon, 
prince  de  Rugen,  qui  l'avoit  dépouillé  de  fon  état.  «  Je  ne 
puis  vous  accompagner  moi-même  en  perfonne ,  parce 
que  je  fuis  retenu  ici  par  mes  propres  afFaires ,  dit  Ma- 
gnus ,  au  prince  des  Obotrites  ;  mais  je  vous  donnerai 
les  Bardes  (ou  habitans  de  Bardewic,)  les  Stormariens , 
les  Holfates,  &  les  Thetmarches,  dont  les  forces  vous 
aideront  à  foutenir  quelque  tems  l'effort  de  vos  ennemis; 
Se  moi-même,  s'il  le  faut  ,  je  vous  fuivrai  de  fort  près.» 
Ce  pafTage  fait  voir  que ,  non-feulement  Magnus  poffé- 
doit  Lunebourg  5c  Bardewic  ,  ville  alors  grande  Se  puis- 


931 

fante,  mats  encore  le  Stormar,  le  Ditmarfe,  Se  le  Hols- 
tein.  Ces  empêchemens  qui,  arrétoient  Magnus,  font  ex- 
pliqués par  Adam  de*  Brème.  Il  étoit  à  la  veille  de  fe 
marier  ;  Se  ce  mariage  donne  lieu  de  croire  que  l'ancien 
■palais  ducal  de  Lunebourg  fut  bâti  ,  ou  au  moins  com- 
mencé à  cette  occafion.  Les  querelles  de  Henri  IV,  con- 
tre les  princes  de  la  maifon  de  Saxe  ,  querelles  qui  dé-1 
générèrent  en  une  guerre  très-faglante  ,  donnèrent  lieu 
à  la  conférence  que  Henri  eut  avec  Suénon  ,  roi  de  Da- 
nemarck  :  plufieurs  mettent  cette  entrevue  à  Lunebours. 
Sagittarius  prouve  que  cela  ne  fe  peut  pas ,  6c  que  ce 
fut  à  Bardewic.  L'empereur  ne  prit  Lunebourg  qu'après; 
Il  ne  garda  pas  long-tems  cette  ville  ;  Se  Herman  ,  oncle 
de  Magnus,  la  reprit,  Se  délivra  fon  neveu  ,  que  l'empe- 
reur tenoit  prifonnier.  Lunebourg  étoit  déjà  une  fort 
grande  ville,  oppidum  maximum  ,  en  1073  5  ^e'on  's 
témoignage  de  Lambert  d'Affchaffenbourg.  Cela  détruit 
le  témoignage  des  auteurs ,  qui  veulent  que  Henri  le  Lion, 
fils  de  Henri  le  Superbe ,  duc  de  Bavière ,  ait  fait  bâtir  Lu- 
nebourg ,  en  1 1 90  ,  des  ruines  de  Bardevic  ,  puisque  fept 
ans  avant  la  deftru&ion  de  cette  ville,  Lunebourg  étoit 
déjà  une  vùye  très-confidérable.  Tout  ce  qu'on  peut 
accorder,  c'eff  qu'elle  s'accrut  des  ruines  de  fa  voiune  - 
Se  qu'elle  profita  de  fes  habitans  Se  de  fon  commerce. 
Il  fallut  peut-être  alors  augmenter  l'enceinte,  Se  faire 
de  nouveaux  murs  ;  mais  ce  n'eft  point  là  fonder  une 
ville. 

Magnus  étant  mort  fans  enfans,  en  1106.  Henri  V 
donna  le  duché  de  Saxe  à  Lothaire ,  comte  de  Supplin- 
bourg,  qui  fut  roi  de  Germanie,  après  lui.  Ce  fut  ce 
Lothaire,  nommé  en  latin  Luderus,  Se  en  allemand  Lut- 
ter ,  qui  rebâtit  entre  Brunswic  Se  Helmftadt  le  monas- 
tère nommé  monajlerium  Regio- Lutteranum  Koni<?a- 
Lutter ,  déjà  fondé  par  fes  ancêtres  ,  mais  dont  il  aug- 
menta confidérablement  les  biens  ;  en  forte  qu'il  peut 
en  paffer  comme  le  fondateur.  L'adte  de  la  fondation  eft 
du  1"  d'Août  1135.  Lothaire  étant  parvenu  à  la  fuprême 
dignité  de  l'empire  ,  donna  le  duché  de  Saxe  à  fon  gen- 
dre de  Bavière,  firnommé  U  Superbe ,  l'an  1136; 
mais  Conrad  III ,  duc  de  Suabe ,  ayant  fuccédé  à  Lo- 
thaire ,  en  dépouilla  Henri ,  Se  conféra  le  duché  de  Saxe 
à  Albert  l'Ours,  qui,  entr'autres  villes  Se  forterefles,  en- 
leva au  duc  de  Bavière  Lunebourg.  en  11 38  ,  avec  Bar- 
devic  Se  Brème  (3).  Il  n'en  jouit  pas  long-tems  ;  car 
Henri,  aidé  par  l'impératrice  ,  fa  belle  mère  ,  s'en  reffaifit 
affiégea  Lunebourg ,  le  prit ,  Se  fe  rendit  maître  de  toute 
la  Saxe.  Il  mourut,  en  1139,  Se  fut  enterré  auprès  de 
fon  beau-pere  ,  au  monaftere  de  Konigs-Lutter.  Son  fils 
Henri  le  Lion  lui  fuccéda:  c'eft  le  même  qu'un  gros  d'é- 
crivains érigent  mal  -à  -propos ,  en  fondateur  de  cette 
ville  (b).  Il  demeuroit  à  Lunebourg  avec  Clémence  de  Zse- 
ringen,  fa  femme  ,  bien  des  années  avant  la  dettruefion 
de  BardeVic ,  en  1 170  ;  il  fit  un  voyage  de  Terre-fainte 
pour  un  vœu  qu'il  avoit  fait ,  Se  fut  accompagné  par  Ber- 
thold ,  abbé  de  Lunebourg  :  il  mit  deux  ans  à  ce  voyage. 
Les  conquêtes  Se  les  guerres  de  ce  prince  n'appartien- 
nent point  à  notre  plan  ;  je  remarquerai  feulement ,  que 
l'empereur  Frédéric,  avec  qui  il  fe  brouilla,  lui  prit  Lu- 
bec  ,  Se  vint  devant  Lunebourg ,  où  il  ne  fit  point  de 
dégât ,  parce  que  la  ducheffe  fit  voir  que  cette  ville  lui 
tenoit  lieu  de  douaire.  L'empereur  ne  laiffa  pas  d'y  en- 
trer ;  car  Henri  fe  voyant  réduit  aux  dernières  extrémi- 
tés ,  l'y  vint  trouver  fous  un  fauf-conduit.  L'on  convint 
des  préliminaires;  Se  la  réconciliation  fe  fit  à  Erfort, 
moyennant  quoi,  on  lui  rendit  l'on:patrimoine,  c'eft-à- 
dire  ,  ce  que  Lothaire  avoit  polïedé ,  avant  qu'il  obtînt 
le  duché  de  Saxe.  Lunebourg  étoit  fans  doute  de  ce  pa- 
trimoine. On  voit  même  ,  que  les  villes  de  Brunsvic  Se 
de  Lunebourg  font  exceptées  de  ce  qu'on  lui  ôta.  Une 
des  conditions  de  l'amniftie  que  l'empereur  lui  accor- 
doit,  c'eft  que  pour  calmer  les  troubles,  qui  étoient  très- 
grands  ;  il  fe  retireroit,  pendant  trois  ans,  hors  de  fes  états  ; 
il  les  alla  parler  en  Angleterre  chez  le  roi  ,  dont  il  avoit 
époufé  la  fille  Mathilde  en  fécondes  noces.  Avant  que  ce 
tems  fût  expiré  ,  il  revint  chez  lui  pour  empêcher  que 
fes  ennemis ,  profitant  de  l'oit  abfence  ,  ne  s'emparaffent 
de  tous  fes  biens.  En  1 189 ,  il  aftîégea  Se  prit  la  ville  de 
Bardewic,  que  Bernard,  duc  de  Saxe,  lui  avoit  enlevé-. 
L'infolence  de  la  garnilbn  ,  durant  le  fiége ,  l'irrita  à  tel 
point,  qu'il  jura  la  perte  de  cette  ville.  Se  la  détruifit 
en  effet,  Ce  fut  Tannée  fuivante ,  qu'il  fit  à  Luneboun* 
Tome  III.    Bbbbbb  ij 


93'-  LUN 

1 -s  augmentations  qui  ont  donné  lieu  à  l'en  croire  le  fon- 
dateur. *  C)  Kranq  ,  Saxon.  /.  6,  c.  y,  &  Métrop.  /.  6, 
c.  16.  Q>)Helmoid,  Chron.  Slav//.  i ,  t.  70  6-  71.       _ 

La  ville  a  trois  choies  avantageufes  ;  la  montagne  qui 
fournit  beaucoup  de  chaux  pour  bâtir,  d'où  lui  vient  fon 
nom  de  Kalckterg  ;  le  pont  fur  l'Elmenow  ,  où  eft  une 
douane  d'un  grand  revenu  ;  fck  les  fontaines ,  dont  on 
rire  une  eau  propre  à  faire  du  fel.  Il  y  a  deux  falines  ; 
la  vieille ,  qui  eft  attenant  la  ville  ;  fck  la  nouvelle  ,  qui 
eft  milieu.  Dans  l'une  fck  l'autre ,  on  tire  l'eau  d'un  ré- 
fervoir  :  on  la  partage  par  des  tuyaux  en  divers  lieux  , 
où  l'on  la  cuit  dans  des  chaudières  de  plomb;  fck  le  tel 
qu'on  en  tire ,  le  diftribue  dans  le  voifinage.  L'eau  n'y 
manque  point ,  ni  le  bois ,  parce  que  les  forêts  voilî- 
nes  en  fournirent  en  abondance  ;  ce  qui  fait  un  revenu 
conlîdérable  fck  folide.  On  a  affigné  fur  le  produit  des 
falines ,  les  penfions  qui  fe  payent  aux  hommes  en  charge, 
aux  gens  d'églife ,  ck  à  ceux  qui  enfeignent  dans  les  éco- 
les ;  de  forte  que  ce  qui  eft  ailleurs  un  honoraire  ,  eft 
véritablement  un  falaire  à  Lunebourg.  Il  y  a  trois  égli- 
fes  principales ,  l'une  dédiée  à  S.  Jean  Baptifte ,  une  au- 
tre à  S.  Lambert ,  auprès  des  falines  ,  fck  la  troifiéme  à 
S.  Nicolas. 

La  ville  de  Lunebourg  eft  la  capitale  d'un  duché  que 
poftédoit  une  branche  de  la  maifon  de  Brunswic.- Voici 
les  villes  fck  autres  lieux  principaux  que  renferme  ee  duché 
de  Lunebourg  : 

Lunebourg  , 

Zell, 

Harbourg , 

Ultzen  , 

Gifhorn , 

Burgdorf , 

Datmeberg, 

Bardewick  , 

Ebsdorf , 

Veihaufe ,  fck  Gorde ,  f  Hitzacker,  ou  Hitger , 

Soltau  ,  <  Schnackenbourg  j 

Siverhaufen  j  l  Luchow. 

Stubekeshorn,  ou  Stipshorn, 

fceu  d'où  étoit  la  famillle 

des  Biling. 
Drommeling  ,  forêt  près  de 

GifForn. 
Partie  des  comtés  de  Die- 

pholt ,  fck  de  Hoye. 

Le  dernier  duc  de  Lunebourg  réfidoit  à  Zell  ;  de-là 
vient  qu'on  appelloit  ordinairement  le  duc  de  Zell.  II 
avoit  époufé  une  dame  Françoife  ,  de  laquelle  il  n'eut 
qu'une  fille.  Cette  princeffe  époufa  George  I ,  roi  d'An- 
gleterre ,  électeur  de  Hanovre  ,  qui  hérita  du  duché  de 
Lunebourg  ,  après  la  mort  de  fon  beau-pere. 

LUNEDO,  (Sainte  Marie  de)  abbaye  régulière 
de  la  congrégation  du  mont  Caffin ,  dans  le  Véronèfe  , 
au  diocèfe  de  Vérone. 

LUNEGIANE  ,  (  la  )  petit  pays  d'Italie ,  clans  la 
Toscane  ,  le  long  de  la  rivière  de  la  Magra,  fck  au-delà 
jusqu'à  fon  embouchure.  C'étoit  le  territoire  de  l'an- 
cienne ville  de  Luna.  Il  eft  divifé  en  deux  parties,  dont 
la  plus  grande  qui  eft  à  l'orient  ,  eft  fujette  au  duc  de 
Maffa  ;  fck  la  moindre,  à  l'occident ,  où  eft  Sarzane,  ap- 
partient à-  la  république  de  Gènes.  *  Baudrand ,  édit. 
1705. 

LUNEL  ,  petite  ville  de  France ,  en  Languedoc ,  au 
diocèfe  de  Montpellier ,  aux  confins  du  diocèfe  de  Nî- 
mes ,  au  couchant ,  ck  à  peu  de  diftance  du  Vidourle , 
allez  près  de  MafTillargues.  Il  y  a  fur  le  Vidourle  un 
pont  que  l'on  appelle  le  pont  de  Lunel.  Elle  eft  à  qua- 
tre lieues  de  Montpellier.  Les  Proteftans  de  France  la  te- 
noient,  fck  l'avoient  fortifiée.  Elle  fut  prife  par  Louis  XIII. 
Elle  étoit  autrefois  presque  toute  habitée  par  des  Juifs. 
Il  y  a  cinq  ou  fix  fiécles  qu'ils  y  avoient  une  école  cé- 
lèbre ,  où  a  enfeigné  le  célèbre  rabbi ,  Salomon  Jarchi , 
ainfi  que  fon  contemporain,  Jofeph  Benjamin  ,  l'aflure 
dans  fon  Itinéraire.  Lunel  a  eu  autrefois  fes  ièigrieurs 
particuliers  ,  dont  le  dernier  nommé  RonfoLin  ,  donna 
la  moitié  de  la  feigneurie  de  Lunel  à  Raymond  Gauce- 
lin  ,  feigneur  d'Utèz  ;  à  l'égard  de  l'autre  moitié  ,  elle 
avoit  été  fubftituée  par  Raymond  Gaucelin  ,  père  de 


LUN 


Ronrolin  ,  à  Gerard-Amy,  feigneur  de  Châteauneuf, 
l'an  1195.  Enfuite  le  fénéchal  de  Beaucaire  rendit  une 
fentence ,  pour  la  récompenfe  de  Guye  fck  de  Raymonde, 
fœur  de  Raymond  Gaucelin  ;  ck  to.us  les  prétendans  étant 
fatisfaits,  Lunel  fut  uni  au  domaine.  Le  roi  Charles  le 
Bel  donna  la  feigneurie  de  Lunel  àAlphonfe  de  la  Cerda  , 
de  la  maifon  royale  de  Caftille ,  fck  à  fon  fils  Charles  , 
qui  fut  depuis  connétable  de  France.  La  fille  du  con- 
nétable ,  nommée  Marie  ,  époutà  Charles  d'Evreux , 
comte  d'Eftampes  ;  fck  ils  eurent  pour  héritier  leur  fils 
Louis  ,  auffi  comte  d'Eftampes ,  lequel  vendit  cette  fei- 
gneurie à  Louis,  fils  de  France,  duc  d'Anjou;  fck  ce 
prince  Louis  la  céda  en  1385  ,  à  fon  frère  Jean,  duc  de 
Berri.  Ce  duc  conlentit,  par  un  traité,  l'an  1400,  que 
Lunel  fût  réuni  à  la  couronne,  fck  il  le  fut  effectivement. 
Nonobftant  cela,  François  I  voulut  démembrer  Lunel, 
qu'il  donna  à  Marguerite  de  Foix,  l'an  15 17;  mais  le 
procureur- général  de  Touioufe  s'étant  oppofé  à  cette 
aliénation ,  le  parlement  rerufa  de  vérifier  le  don ,  après 
qu'on  eut  prouvé  par  une  enquête ,  que  ce  don  étoit 
préjudiciable  à  la  couronne.  *  De  Longuerue ,  Descr. 
de  la  France  ,  p.  254. 

LUNEN,  ou  Luynen,  petite  ville  d'Allemagne ,  en 
Veftphalie ,  au  midi  de  la  Lippe  ,  au  confluent  de  la 
rivière  de  Sifeke  fck  de  la  Lippe.  Au  nord  de  cette  place, 
de  l'autre  côté  de  la  Lippe  eft  une  bourgade,  appellée 
V ancienne  lune,  OLD-LUNEN;  aux  confins  du  comté  de 
Verne.  *  Jaillot ,  Atlas. 

LUNERA  ,  ou  Alumera  ,  anciennement  Leuco- 
gœus  coUis  ,  montagne  d'Italie  ,  clans  la  terre  de  La- 
bour ,  entre  Naples  fck  Pouzzol.  On  dit  que  cette 
montagne  renferme  quantité  de  foufre  ck  d'aiun  ,  fck 
qu'il  en  fort  des  fontaines  propres  à  guérir  les  bleffures. 
*  Baudrand,  édit.  1705. 

LUNÉVILLE  ,  Lurue  Villa  ,  ou  Lunaris  Villa, 
ville  ,  prévôté  de  France  ,  dans  le  duché  de  Lorraine  , 
diocèfe  de  Toul ,  cour  fouveraine  de  Lorraine.  Cette 
ville  eft  fituée  fur  la  petite  rivière  de  Vézouze ,  dans  une 
belle  campagne,  fertile  ck  agréable.  Elle  eft  ancienne, 
ck  portoit  titre  de  comté,  dès  le  dixième  fiécle  qu'elle 
étoit  poffédée  par  une  branche  cadette  de  Lorraine  ;  ce 
comté  a  été  réuni  au  duché ,  en  1 167 ,  par  Mathieu  I. 
Le  duc  y  a  un  palais  très-magnifique,  où  il  faifoit  fou- 
vent  fa  réfidence.  Son  églife  paroiftiale  eft  dédiée  à 
S.  Jacques  :  la  cure  eft  à  la  collation  des  chanoines  ré- 
guliers de  l'abbaye  de  S.  Remy  de  Lunéville  ,  qui  y 
nomment  un  chanoine  de  leur  communauté  ,  pour  là 
deffervir.  Il  y  a  dans  l'églife  paroiff.ale  la  chapelle  de 
S.  Barthelemi ,  à  la  collation  de  l'abbé.  L'abbaye  de 
S.  Rémi  de  Lunéville  a  été  fondée  en  999  ,  par  Fol- 
mar ,  comte  de  Metz  ,  pour  des  religieux  de  l'ordre  de 
S.  Benoît ,  auxquels  on  (ubftitua  des  religieufes  ,  qui  cé- 
dèrent leur  place,  en  1 135  ,  aux  chanoines  réguliers  de 
l'ordre  de  S.  Auguftin  ,  de  la  congrégation  de  S.  Sau- 
veur. Cette  abbaye  étoit  hors  des  murs  de  la  ville  ;  mais 
ayant  été  ruinée  en  1587,  par  les  paflàges  des  troupes 
Allemandes  ck  Proteftantes  en  France  ,  on  l'a  rebâtie 
dans  la  ville  ;  elle  eft  en  régie.  La  manfe  abatiale  eft 
de  trois  mille  livres,  ck  la  conventuelle  de  fix  cents  li- 
vres ,  outre  la  cure  qui  eft  unie ,  ck  qui  èft  de  mille  li- 
vres. Cette  abbaye  a  la  dispofition  pure  ck  fimple  de 
toutes  les  chapelles  ,  qui  font  dans  toutes  les  églifes  , 
tant  paroiffiales  qu'abbatiales  de  la  ville ,  par  déclaration 
de  M.  Louis  d'Haraucourt ,  évêque  de  Toul,  en  1438. 
Il  y  a  à  une  Lunéville  une  commenderie  de  l'ordre  de 
S.  Jean  de  Jérufalem ,  qui  ayant  été  ruinée  en  1587, 
fut,  dans  la  fuite,  unie  àla  commenderie  deS.  JeandeVié- 
lâtre  de  Nancy.  Il  y  a  un  hôpital  général ,  que  le  duc  a 
fait  conftruire  hors  la  ville  ,  par  le  fecours  d'une  loterie  , 
en  1707  ,  pour  tenir  la  place  de  l'ancien  hôpital,  qui  étoit 
ruiné;  l'on  y"a  transféré  les  biens  de  l'ancien,  fck  uni  la 
chapelle  de  S.  Nicolas  de  Maixe  ,  en  1708  ,  fck  celles  de 
S.  Sebaftien  ck  de  fainte  Catherine  de  Tantimont ,  du 
S.  Sacrement  d'Ogeviller ,  ck  de  S.  Fiacre,  auffi-bien 
que  les  hôpitaux  d'Ogeviller,  fck  d'Einville-au-Jard,  en 
1709.  Il  y  a  un  couvent  de  Minimes,  un  de  Carmes, 
un  de  Capucins  ,  un  de  Sœurs  grifes ,  fondé  en  148 1 , 
par  René  II ,  duc  de  Lorraine  ,  Se  un  autre  de  filles  de 
la  congrégation  de  Notre-Dame],  qui  y  furent  reçues,  le 
5  Novembre  1619.  La  paroifie  de  Lunéville  a  pour  an- 
nexes la  communauté  d'Huviller ,  fck  celle  de  Cianteheu  ; 


LUN 


LUP 


de  cette  dernière  dépendent  les  villages  de  Ménil ,  Mé- 
hon  ,  Moncel,  6c  Viller  ,  qui  ont  chacun  une  chapelle 
ou  églife. 

Ce  Folmar  dont  on  a  parlé ,  eut  deux  fils ,  Godefroi 
Si  Hermans  :  leurs  descendans  mâles,  comtes  de  Metz  , 
jouirent  de  Lunéville ,  dont  ils  fe  difoient  comtes  ;  ce 
que  firent  encore  leurs  fucceffeurs.  Le  dernier  d'entr'eux 
s'appelloit  Folmar ,  dont  la  fille  Clémence  époufa  Folmar, 
comte  de  Chaftel ,  qui ,  à  caule  de  fa  femme  ,  eut  la  fei- 
gneurie  de  Lunéville  ;  ci  que  Ruir ,  auteur  des  Antiqui- 
tés de  Vosge,  prouve  par  une  Charte  du  monaftere  de 
Beaupré,  datée  de  l'an  1173  ,  donnée  par  le  comte  Hu- 
gues ,  fils  de  Folmar  ;  &  ce  comte  Hugues  de  Lunéville, 
par  une  autre  charte  de  1 1S4 ,  dit  qu'il  étoit  fils  du  comte 
de  Chaftel.  Le  dernier  feigneur  de  Lunéville,  que  l'on 
trouve ,  eft  ce  Hugues  ,  ou  un  autre  de  même  nom ,  qui 
vivoit  l'an  12.04  ■>  &  étoit  en  poffeffion  de  cette  feigneu- 
rie ,  dont  les  feigneurs  ont  porté  la  qualité  de  cornus. 
Après  lui,  les  ducs  de  Lorraine  unirent  à  leur  domaine 
Lunéville  &  fes  dépendances  ;  &£  Ferri  II  lui  donna  des 
privilèges ,  avec  la  loi  de  Beaumont-en-Argonne ,  comme 
à  Nanci ,  à  Part ,  à  Amance  ;  Se  elle  eft  chef  d'une  châ- 
tellenie  ou  prévôté  du  bailliage  de  Nanci.  Charles  III , 
duc  de  Lorraine,  fit  fortifier  Lunéville,  &C  démolir  l'an- 
cienne églife  de  S.  George ,  qui  étoit  hors  de  la  ville  , 
dans  un  champ  que  Folmar  avoit  donné  anciennement 
aux  Bénédiftins  de  S.  Remy.  Cette  églife  nuifoit  aux 
fortifications  que  Charles  faifoit  bâtir.  Ces  fortifications 
ne  fubfiftent  plus  ;  &  elles  furent  démolies ,  lorsque  les 
François  eurent  occupé  la  Lorraine.  Il  y  a  quelques  an- 
nées que  le  palais ,  que  les  ducs  de  Lorraine  ont  à  Lu- 
néville, fut  brûlé  par  accident.  Le  feu  duc  l'a  rebâti  bien 
plus  magnifique  ,  qu'il  n'étoit. 

Le  roi  Staniflas  a  établrà  Lunéville  une  académie  pour 
les  jeunes  gentilshommes ,  &  une  autre  académie  defeien- 
ces  &  de  belles  lettres,  accompagnée  d'une  nombreufe  bi- 
bliothèque. 

1.  LUNG,  ville  de  la  Chine,  dans  la  province  de 
Quangfl ,  au  département  de  Taiping  ,  huitième  métro- 
pole de  la  province.  Elle  eft  de  12  d.  51'  plus  occiden- 
tale que  Pékin,  fous  les  23  d.  12'  de  latitude.  *  Atlas 
Sinenfis. 

2.  LUNG ,  fortereffe  de  la  Chine ,  dans  la  province 
de  Xenfi  ,  au  département  de  Jungciang ,  féconde  mé- 
tropole de  la  province.  Elle  eft  de  9  d.  45'  plus  occi- 
dentale que  Pékin,  fous  les  36  d.  25'  de  latitude.  *  Atlas 
Sinenfis. 

3.  LUNG  ,  fortereffe  de  la  Chine,  dans  la  province 
de  Quangfi  ,  au  département  de  Tiencheu,  onzième  mé- 
tropole de  la  province.  Elle  eft  de  11  d.  9'  plus  occi- 
dentale que  Pékin,  fous  les  24  d.  16'  de  latitude.  *  Atlas 
Sinenfis. 

1.  LUNGCHUEN ,  ville  &  fortereffe  de  la  Chine  , 
dans  la  province  d'Iunnan ,  où  elle  a  fon  gouverneur 
particulier.  Elle  eft  de  18  d.  28'  plus  occidentale  que 
Pékin,  fous  les  24  d.  16'  de  latitude.  *  Atlas  Sinenfis. 

2.  LUNGCHUEN ,  ville  de  la  Chine ,  dans  la  pro- 
vince deQuangtung,  au  département  de  Hoëicheu,  qua- 
trième métropole  de  la  province.  Elle  eft  de  2  d.  31'  plus 
occidentale  que  Pékin  ,  fous  les  23  d.  45'  de  latitude. 

*  Atlas  Sinenfis. 

1.  LUNGCIVEN,  fortereffe  de  la  Chine,  dans  la 
province  de  Queucheu  ,  au  département  de  Xécien , 
cinquième  métropole  de  la  province.  Elle  eft  de  9  d. 
55'  plus  occidentale  que  Pékin,  fous  les  28  d.  25'  de 
latitude.   *  Atlas  Sinenfis. 

2.  LUNGCIVEN ,  ville  de  la  Chine ,  dans  la  pro- 
vince de  Chékiane,  au  département  de  Chucheu  ,  fep- 
tiéme  métropole  de  la  province.  Elle  eft  de  2  d.  19' 
plus  orientale  que  Pékin ,  fous  les  17  d.  19'  de  latitude. 

*  Atlas  Sinenfis. 

3.  LUNGCIVEN,  ville  de  la  Chine,  dans  la  pro- 
vince de  Kianfi,  au  département  de  Kiégan  ,  neuvième 
métropole  de  la- province.  Elle  eft  de  3  d.  il'  plus  oc- 
cidentale que  Pékin  ,  fous  les  27d.cZ  de  latitude.  *  Atlas 
Sinenfis. 

1.  LUNG  G  AN,  ville  de  la  Chine  ,  dans  la  province 
de  Suchuen ,  dont  elle  eft  la  feptiéme  métropole.  Elle 
eft  de  12  d.  10'  plus  occidentale  que  Pékin,  fous  les 
32  d.  45  '  de  latitude.  Cette  ville  eftfituée  vers  la  fource 
du' fleuve  Feu.  Ce  n'eft  pas  fans  raifon  qu'on  nomme  ce 


933 

lieu  la  clef  de  toute  la  province  ;  car  il  eft  fort  propre 
pour  en  défendre  l'entrée  aux  ennemis.  Elle  n'a  que 
trois  villes  dans  fa  dépendance  ,  favoir  : 

Lunggan,  Kiangyeu, 

Xéciven. 

Elle  pofféde,  outre  cela,  un  grand  nombre  de  fortereffes. 

L'empereur  Yvi  unit  ce  pays  à  la  province  Leang  ; 
la  famille  de  Cin  l'unit  au  pays  de  Kiang  ;  la  famille 
Hana  donna  à  la  ville  le  nom  d'Inping;  la  famille  Tanga 
lui  donna  celui  de  Lungmuen  ;  &  la  famille  Taiminga. 
l'appella  Lunggan,  nom  qu'elle  porte  aujourd'hui.  *  Atlas 
Sinenfis. 

2.  LUNGGAN,  ville  de  la  Chine  ,  dans  la  province 
de  Quangfi ,  au  département  de  Nanning,  feptiéme  mé- 
tropole de  la  province.  Elle  eft  de  10  d.  51'  plus  occi- 
dentale que  Pékin ,  fous  les  13  d.  20'  de  latitude.  *  Atlas 
Sinenfis. 

1.  LUNGLI,  ville  de  la  Chine,  dans  la  province  de 
Queicheu  ,  au  département  de  Liping  ,  feptiéme  métro- 
pole de  la  province.  Elle  eft  de  8  d.  56'  plus  occiden- 
tale que  Pékin  ,  fous  les  27  d.  9'  de  latitude.  *  Atlas 
Sinenfis. 

z.  LUNGLI ,  ville  de  la  Chine,  dans  la  province  de 
Queicheu,  où  elle  a  le  rang  de  quatrième  ville  militaire. 
Elle  eft  de  11  d.  9'  plus  occidentale  que  Pékin  ,  fous 
les  26  d.  27^  de  latitude.  Cette  ville  eft  à  l'occident  de 
ceUe  de  Sintien  ;  &c  elle  a  dans  fon  département  deux 
châteaux  ,  favoir  : 

.    Pingfa  ,  Tapingfa. 

Les  habitans  des  montagnes  du  voifinage ,  par  le  com- 
merce fréquent  qu'ils  ont  eu  avec  les  Ghinois  ,  ont  pris 
pen-à-peu  quelque  choie  de  leurs  mœurs.  Cependant  en- 
core aujourd'hui  ils  marchent  toujours  armés.  Ils  font  très- 
belliqueux  ,  &  font  grand  cas  des  armes.  Au  fud  -  oueft 
quart  de  fud  de  cette  ville ,  on  trouve  un  beau  pont  de 
pierre  ,  appelle  QuANGCY.    *  Atlas  Sinenfis. 

1.  LUNGMUEN,  montagne  de  la  Chine,  dans  la 
province  de  Pékin.  Lungmuen  veut  dire  porte  du  dragon. 
Ce  nom  lui  a  été  donné  ,  parce  qu'une  rivière,  qui  vient 
de  la  Tartarie ,  paffe  dans  cet  endroit ,  au  pied  de  la  mon- 
tagne. ,  &  entre  dans  la  Chine ,  par  la  grande  muraille. 

*  Atlas  Sinenenfis. 

2.  LUNGMUEN  ,  petite  fortereffe  de  la  Chine,  dans 
la  province  de  Pékin ,  au  département  de  Siven ,  ville  mi- 
litaire de  cette  province.  Elle  eft  d'un  degré  29'  plus 
occidentale  que  Pékin  ,  fous  les  40  d.  50'  de  latitude. 

*  Atlas  Sinenfis. 

3.  LUNGMUEN,  ville  de  la  Chine,  dans  la  pro- 
vince de  Quangtung ,  au  département  de  Quangcheu  , 
première  métropole  de  la  province.  Elle  eft  de  3  d.  10' 
plus  occidentale  que  Pékin,  fous  les  23  d.  35'  de  lati- 
tude. *  Atlas  Sinenfis. 

LUNGNAN  ,  ville  de  la  Chine,  dans  la  province  de 
Kiangfi  ,  au  département  de  Cancheu,  douzième  métro- 
pole de  la  province.  Elle  eft  de  2d.  18'  plus  occidentale 
que  Pékin,  fous  les  25  d.  8'  de  latitude.  *  Atlas  Sinenfis. 

LUNGNIEN  ,  ville  de  la  Chine ,  dans  la  province  de 
Fokien  ,  au  département  de  Changcheu  ,  troifiéme  mé- 
tropole de  la  province.  Elle  eft  de  o  d.  35'  plus  orientale 
que  Pékin  ,  fous  les  24  d.  52'  de  latitude.   Atlas  Sinenfis. 

LUNGONI ,  ancien  peuple  de  l'Espagne  TaYrago- 
noife,  félon  Ptolomée,  /.  2,  c.6,  qui  leur  donne  pour  ville 
unique  Pelontium. 

LUNGPING ,  ville  de  la  Chine  ,  dans  la  province  de 
Pékin  ,  au  département  de  Chinting,  quatrième  métro- 
pole de  cette  province.  Elle  eft  de  2  d.  6'  plus  occiden- 
tale que  Pékin,  fous  les  38  d.  15'  de  latitude.  *  Atlas 
Sinenfis. 

LUNGTE  ,  ville  de  la  Chine,  dans  la  province  de 
Xenfi,  au  département  de  Pingléang,  quatrième  métro- 
pole de  la  province.  Elle  eft  de  10  d.  13'  plus  occiden- 
tale que  Pékin  ,  fous  les  37  d.  10'  de  latitude.  *  Atlas 
Sinenfis. 

LUNGYANG ,  ville  de  la  Chine  ,  dans  la  province 
de  Huquang,  au  département  de  Changte,  onzième  mé- 
tropole de  la  province.  Elle  eft  de  5  d.  51'  plus  occiden- 
tale que  Pékin,  fous  les  29  d.  32'  de  latitude.  *  Atlas 
Sinenfis. 


«34  LUP 

LUNGYEU  ,  ville  de  la  Chine  ,  dans  la  province  de 
Chékiang,  au  département  de  Kiucheu,  fixiéme  métro- 
pole delà  province.  Elle  eft  d'un  degré  48' plus  orientale 
que  Pékin,  fous  les  28  d.  54'  de  latitude.  *  Atlas  Sinenfis. 

LUNGYNG ,  forterefle  de  la  Chine,  dans  la  province 
de  Quangfi,  au  département  de  Taiping,  huitième  mé- 
tropole de  la  province.  Elle  eft  de  11  d.  56'  plus  occi- 
dentale que  Pékin ,  fous  les  13  d.  42'  de  latitude.  *  Atlas 

LUNGYO  ,  forterefle  de  la  Chine  ,  dans  la  province 
de  Suchuen  ,  au  département  de  Jungning  ,  autre  forte- 
refle de  la  province.  Elle  eft  de  15  d.  26'  plus  occiden- 
tale que  Pékin ,  fous  les  27  d.  24'  de  latitude.  *  Atlas  St- 
nenfîs. 

LUPADI.  Voyez  Loubat. 

LUPANNA  ,  ifle  de  la  mer  Adriatique  ,  dans  l'état  de 
la  petite  république  de  Ragufe ,  proche  de  Ï'ifle  de  Mezo. 
Elle  a  un  port  affez  grand  &c  affez  fur ,  Se  fait  près  de  fept 
cents  feux.  Les  Ragufois  l'ont  embellie  de  plufieurs  beaux 
édifices.  Quoique  fa  plus  grande  partie  de  fon  terroir  foit 
pierreux  ,  les  habitans  l'ont  cultivé  avec  tant  de  foin  , 
qu'ils  l'ont  rendu  des  meilleurs  ,  par  leur  induftrie  ;  on  y 
voit  force  jardins  Se  vergers  pleins  de  toutes  fortes  d'ar- 
bres, de  vignes,  figuiers ,  oliviers,  orangers  Se  citronniers. 
Il  y  a  auflï  des  vignes  qui  produifent  3u  vin  excellent , 
avec  quantité  de  caroubiers  ,  dont  le  fruit  eft  nommé  com- 
munément h  pain  de  S.  Jean.  La  mer,  qui  environne 
ï'ifle  ,  abonde  en  poiflbn  de  plufieurs  fortes.  *  Corneille  , 
Dictionnaire. 

LUPARA ,  nom  latin  du  Louvre ,  palais  des  rois  de 
France ,  à  Paris. 

LUPAR^E.  Voyez  Louvres 

LUPARIA.  Voyez  LuPERA. 

1.  LUPARIA ,  ou  Lupparia  ,  auciénne  ville  de  l'Es- 
pagne Tarragonoife ,  félon  Ptolomée ,  au  pays  du  peuple 
Oretani ,  entre  Caftulon  Se  Mentifa. 

2.  LUPARIA ,  nom  latin  de  Louviers ,  en  Normandie. 
LU  PATI  A  ,  ville  d'Italie ,  dans  la  Pouille.  Elle  eft  pré- 

fentement  détruite  ;  6c  on  a  élevé  en  fa  place  Alt  amura  , 
ville  du  royaume  de  Naples,  dans  la  province  de  Bari, 
félon  Holfténius  ,  cité  par  Baudrand ,  édit.  1705. 

LUPÉ ,  bourg  de  France ,  aux  frontières  de  l'Auvergne , 
au  diocèfe  de  Limoges  ,  élection  de  Combrailles ,  entre 
des  montagnes.  Les  habitans  font  commerce  de  moutons 
Se  de  brebis.  . 

LUPERA ,  ou  LUPARIA ,  nom  latin  de  SAINT  JUST , 
abbaye  de  France ,  au  diocèfe  de  Beauvais ,  ordre  de  Pré- 
montré. 

LUPERCAL  ,  lieu  particulier  de  la  ville  de  Rome  , 
près  du  Tibre ,  au  pied  du  mont  Aventin.  Il  étoit  dédié 
au  dieu  Pan  ,  dont  les  facrifices  étoient  appelles  Luper- 
calia  ;  Se  les  prêtres  ,  Luperci. 

LUPERCIANA ,  fiége  épiscopal  d'Afrique  ;  on  ne  fait 
en  quelle  province.  On  fait  feulement  que  Pélagien ,  évê- 
que  de  cette  ville  ,  Pelaginus  episcopus  à  Lupercianâ  , 
aflifta  au  concile  de  Carthage,  tenu  fous  S.  Cyprien. 

LUPERSAT ,  bourg  de  France ,  aux  frontières  de  l'Au- 
vergne ,  au  diocèfe  de  Limoges,  élection  de  Combrailles , 
entre  des  montagnes.  Il  y  a  un  bois  taillis.  Les  habitans 
font  la  plupart  maçons ,  cardeurs  de  laines  ,  Se  peigneurs 
de  chanvre ,  Se  vont  travailler  dans  les  autres  provinces. 
Il  y  a  dans  ce  lieu  un  petit  commerce  de  brebis  &  de 
moutons. 

LUPFURDUM  ,  Ab^oçcTok  ,  ville  de  la  grande  Ger- 
manie ,  félon  Ptolomée,  /.  2 ,  c.  1 1.  Appien  Se  Bircheimer 
veulent  capricieufement  que  ce  foit  Meiffein ,  capitale  de 
la  Mifnie.  Ortélius  trouve  que  LEIPSIC  y  conviendroit 
mieux ,  pour  le  nom  Se  pour  la  fituation. 

1.  LUPIA,  nom  latin  de  la  Lippe  ,  rivière  d'AIle- 


LUPLE  ,  félon  Pomponius  Mêla  ,  L  2  ,  c.  4 , 
félon  Strabon ,1.6,  p.  282.  LuSPiJE  ,  félon  Ptolomée  , 
/.  3  ,  c.  1  ;  Se  Lupia  ,  félon  Pline  ',  l.  X  ,  c,  11,  ancienne 
ville  d'Italie  ,  dans  la  Calabre ,  fur  la  côte  de  la  mer  , 
entre  Brindes  &  Otrantes.  Elle  eft  nommée  Luppia  dans 
la  Table  de  Peutinger  ;  Se  Frontin ,  de  Coloniis  ,  met 
dans  la  Calabre  ,  Ager  Lyppienjls.  Ce  témoignage  de 
Frontin  marque  que  c'étoit  une  colonie  Romaine.  Cela 
eft  encore  confirmé  par  une  inscription  rapportée  par 
Gruter,/.  374,  n.  5 ,  dans  laquelle  on  lit  :  Patr.  Col. 


LUR 


LUPIENSIXJM.  Ce  lieu  eft  préfentement  appelle  la  Tour 
de  S.  Catalde.  Voyez  Lecce. 

LUPIENSES.  Voyez  l'article  précédent. 

LUPO-GLAVO ,  petite  ville  de  l'Iftrie ,  vers  les  mon- 
tagnes de  la  Véna,  à  fix  lieues  de  Saint-Veift ,  vers  le 
couchant.  Elle  appartient  à  la  maifon  d'Autriche.  Le  nom 
latin  eft  Lupolium. 

LUPOLIUM.  Voyez  l'article  précédent. 

LUPONDUM.  Béatus  Rhénanuslit  aiufi  ce  nom  dans 
ce  vers  d'Aufone  : 

Hqftibus  exaclis  ,  Nicriim  fuper  &  Lupondum. 

Se  d'autres  lifent  : 

Et  Lupo  Nudum. 

Cet  auteur  croit  qu'il  s'àgit-Ià  d'une  forterefle  nommée 
Luis  ,  près  de  la  fource  du  Danube.  Lazius  eft  du  même 
fentiment  *  Ortel.  Thef. 

LUPOSINA  ;  quelques  auteurs  ont  écrit  que  Louvairi 
a  été  ainlî  appelle.  Ortélius  croit  qu'on  a  voulu  dire  Lu- 
pojina,  mot  barbare  qui  fait  allufion  à  Loup-fin  ,  que  quel- 
que mauvais  railleur  aura  dit ,  au  lieu  de  Louvain. 

1.  LUPPIA.  Voyez  Luppia. 

2.  LUPPIA,  ancienne  ville  de  l'ancienne  Germanie, 
félon  Ptolomée,  l.  2,  c.  11. 

Quelques-uns  croient  que  c'eft  aujourd'hui  Lyppjladt. 

LURA ,  lieu  de  la  Gaule  Belgique ,  félon  un  fragment 
de  la  Table  de  Peutinger ,  vu'  par  Ortélius ,  Se  non  encore 
publié.  Celui  qui  eft  publié  ,  porte  Jura. 

LURDA ,  rivière  d'Afie  ;  elle  tombe  du  mont  Taures  , 
félon  un  paflage  du  fécond  livre  de  Salufte ,  rapporté  par 
Prifcien. 

1.  LURE  ;  les  Allemands  difent  Ludders  ,  en  latiri 
Lut/ira  h-Ludera,  abbaye  de  France,  en  Franche-Comté, 
au  diocèfe  de  Befançon.  Elle  fut  fondée  fous  l'invocation 
de  S.  Paul,  par  S.  Déicole,Déjols,  ou  Déol,  ouDiel, 
fon  premier  abbé ,  qui  étoit  disciple  de  S.  Colomban  , 
vers  l'an  611,  fous  le  régne  de  Clothaire  II ,  roi  de  France 
&  de  Bourgogne.  Ce  monaftere  fut  pillé  par  les  Huns ,  Se 
rétabli  quelque  tems  après  par  Hugues ,  comte  d'Alface  , 
qui  s'y  confacra  à  la  vie  monaftique  ,  avec  deux  de  {es 
fils.  L'abbé avoit  rang  entre  les  princes  de  l'empire;  mais 
cela  n'eft  plus,  depuis  qu'elle  eft  fous  la  domination  de  la 
France. 

L'abbaye  de  Lure ,  qui  eft  de  l'ordre  de  S,  Benoît ,  & 
où  il  faut  faire  preuve  d'une  nobleffe  de  feize  quartiers  , 
eft  aujourd'hui  unie  avec  Celle  de  Murbach,  en  Alface  , 
8e  gouvernée  par  le  même  abbé  ,  qui  eft  éleftif. 

2.  LURE ,  montagne  de  France ,  en  Provence,  à  deux: 
lieues  de  Sifteron.  On  la  nomme  autrement  le  mont  Lo- 
tker'e  ;  Se  par  corruption ,  Lonerio  Se  Lure.  S.  Donat , 
jeune  homme  d'Orléans ,  ayant  embraffé  la  vie  monafti- 
que ,  vécut  en  folitaire  dans  cette  montagne.  Il  y  a  encore 
aux  environs  de  Lure ,  un  petit  territoire  appelle  la  Combe 
de  S.  Donat  ;  Se  l'on  conferve  dans  le  voifinage  les 
reliques  disperfées  de  ce  faint  anachorète,  qui  vivoit  dans  ■ 
le  fixiéme  fiécle. 

3.  LURE  ,  abbaye  d'hommes ,  ordre  de  S.  Benoît ,  ert 
Provence  ,  au  diocèfe  de  Sifteron ,  au  pied  de  la  mon- 
tagne de  la  Haye.  Il  fe  forma  un  monaftere  au  lieu  que 
S.  Donat  avoit  habité.  Ce  monaftere  ayant  été  détruit 
parles  guerres,  Adélaïde  ,  comtefle^de  Forcalquier ,  le 
céda  ,  dans  l'onzième  fiécle ,  à  l'évêque  Géraud  ;  mais 
Foulques  d'Alfon ,  Fulco  de  Alfonicis ,  Se  plufieurs  autres 
feigneurs  commencèrent  à  le  rétablir,  avant  l'an  1170. 

LUREY,  bourg  de  France  ,  dans  le  Bourbonnois ,  dio- 
cèfe de  Nevers ,  éleftion  de  Moulins. 

LURGERSHAL  ,  bourg  d'Angleterre,  dans  la  pro- 
vince deVilts.  Renvoie  des  députés  au  parlement.  *Etat 
préfent  de  la  Gr.  Bretagne  ,  t.  1 . 

LURI ,  ancien  bourj,  de  Ï'ifle  de  Corfe ,  entre  la  pointe- 
du  cap  de  Corfe,  Se  les  Villes  de  la  Baftie  Se  de  S.  Fiorenzo. 

LURINUM ,  ancienne  ville  de  Corfe,  félon  Ptolomée, 
/.  3  ,  c.  2.  C'eft  aujourd'hui  le  bourg  de  Luri. 

LURY ,  petite  ville  de  France  ,  dans  le  Bejrj.  Elle  eft 
murée  Se  entourée  de  fofies.  Il  y  avoit  autrefois  un  châ- 
teau que  les  Anglois  ont  détruit  en  1 196.  Elle  a  appartenu 
aux  feigneurs  de  Vierzon  pendant  long-tems ,  desquels, 
après  avoir  paffé  par  d'autres  familles ,  elle  eft  parvenue 


LUS 


à  Jean ,  duc  de  Berri ,  qui  l'a  donnée  à  la  cathédrale  de 
Bourges,  dont  elle  n'eft  qu'à  fix  lieues.  Cette  ville  eft  des 
plus  petites  de  cette  province  ;  fa  châtellenie ,  cependant , 
eft  d'une  grande  étendue.  Son  terroir  eft  fertile  en  toutes 
fortes  de  bleds,  &  rapporte  beaucoup  de  foin  :  il  s'y 
trouve  des  bois  taillis. 

LUS  ,  bourg  de  France ,  dans  la  Gascogne. 

LUS  ACE  ,  (la)  province  d'Allemagne ,  dans  la  Saxe. 
Elle  eft  bornée  au  nord  par  le  Brandebourg  ;  à  l'orient ,  par 
la  Siléfîe  ;  au  midi ,  par  la  Bohême  ;  &  au  couchant ,  par 
la  Mifnie.  Ditmar,  hiftorien  d'Allemagne ,  décrit  le  pays , 
qu'il  appelle  Luci7J.  pagus ,  d'une  manière  qui  convient, 
fort  à  la  Luface.  On  fait  que  les  Sorabes  ,  Sorabii  &  Serbii , 
étoientun  peuple  d'entre  les  Slaves.  Ces  Sorabes ,  voifins 
des  Bohémiens ,  avoient  auprès  d'eux  un  peuple  nommé 
MlLCENI ,  ou  MlLCIANI ,  qui  peut-être  faifoit  partie  de 
leur  nation.  Ce  peuple  Milàanï ,  étoit  féparé  des  autres , 
en  ce  qu'il  étoit  renfermé  dans  le  canton  que  Dubravius 
d'Olmutz  appelle  pagus  Nijeni ,  &  Budefin  ;  d'où  eft 
venue,  dans  la  fuite ,  la  Marche  de  Batjtzen  ,  en  latin  , 
Marchia  BudiJJincnJis ,  du  nom  de  Bautzen  Budiffa ,  capi- 
pitale  de  la  haute  Luface.  Cela  fait  voir  que  ce  peuple 
Mikiani, occupait  la  haute  Luface.  Henri l'Oifeleur  ,pre 
mier  prince  Saxon,  qui  ait  été  roi  de  Germanie,  fatigué  des 
fréquentes  incurfions  des  Slaves  ,  inftitua  la  Marche  de 
Mifnie ,  pour  les  réprimer  ,  &  arrêta  ,  par  ce  moyen ,  tout 
l'effort  des  Polonnois  &  des  Lufaçois.  Il  fit  plus  ;  il  dompta 
&.réduifit  ceux-ci  fous  les  loix  Germaniques  :  aufîî  lit-on 
dans  l'Hiftoire  de  Ditmar  de  Mersbourg  :  exed  (urbe  St  mar- 
chia Mifnenfi  )  Mi/~e,7os  fuœfubaclos ditioni  ,  cenfum per- 
folvere  coëgit.  Ce  peuple  étant  vaincu,  fon  pays  devint  une 
marche ,  c'eft-à-dire  une  frontière ,  Si  eft  appelle  dans  les 
actes  de  ce  tems-là ,  Marchia  Mil^avia  ,  ou  Milchna , 
ou  Budijjinenjïs.  Ce  n'étoit,  à  proprement  parler,  qu'un 
gouvernement ,  que  les  empereurs  établirent  pour  affurer 
la-tranquillité  de  l'empire  ;  &  les  premiers  gouverneurs 
ne  prirent  d'abord  que  le  titre  àe  préfets.  Chriftian ,  fils 
de  Ditmar  I ,  comte  de  Vettin  ,  &  petit-fils  de  Witiking 
le  jeune ,  fut  créé  margrave  par  l'empereur  Otton  I  ;  fa 
poftérité  en  jouit  fans  interruption,  jusqu'à  Otton  qui 
en  fut  le  dernier  margrave  ,  &  mourut  en  1301.  Dedon  , 
fon  coufin  ,  lui  fuccéda  ;  mais  l'empereur  Henri  IV  le 
priva  de  la  haute  Luface ,  qu'il  donna  à  Uladiflas  II ,  alors 
duc,  (k  enfuite  premier  roi  de  Bohême.  Il  ne  refta  plus 
à  Dedon  que  la  baffe  Luface ,  à  qui  feule  refta  le  nom  de 
marche,  on  margraviat  de  Lujace.  Henri,  fon  petit-fils, 
mourut  fans  en  fans  ,  l'an  1115.  Vipper  &  Henri  III, 
comtes  de  Groïtfch  ,  obtinrent  la  baffe  Luface ,  qu'ils  gar- 
dèrent peu  ;  car  l'empereur  Lothaire  II  la  rendit  enfuite 
à  Conrad ,  margrave  de  Mifnie  ,  dont  les  descendans  la 
conferverent  jusqu'à  Frédéric  le  Mordu ,  à  qui  Waldemar , 
furnommé  Ylllujire ,  électeur  de  Brandebourg ,  le  dernier 
de  la  maifon  d'Anhalt ,  l'enleva  ,  en  1317.  Waldemar 
étant  mort  deux  ans  après  fans  enfans  ,  l'empereur  Louis 
de  Bavière  donna  le  margraviat  de  Luface  à  Jean  de  Lu- 
xembourg ,  roi  de  Bohême  ,  fils  de  Henri  VII ,  fon  pré- 
déceffeur  dans  la  dignité  impériale.  Jean  de  Luxembourg 
s'obligea  de  conferver  tous  les  privilèges  de  la  Luface  ;  &C 
fes  fucceffeurs  la  pofféderent  aux  mêmes  conditions.  Char- 
les fon  fils ,  qui  fut  roi  de  Bohême  après  lui ,  &  empereur 
après  Louis  de  Bavière,  incorpora  la  Luface  au  royaume 
de  Bohême,  du  contentement  des  états  de  l'empire, 
affemblés  à  Nuremberg,  en  1355;  &  elle  fut  fi  bien  re- 
gardée comme  une  annexe  de  la  Bohême  ,  qu'elle  paffa 
aux  princes  de  la  maifon  d'Autriche  ,  par  le  mariage  de 
Ferdinand  I  avec  Elizabeth  ,  fœur  de  Louis  ,  roi  de  Bo- 
hême &  de  Hongrie. 

Tant  quela  Luface  fut  attachée  au  royaume  de  Bohême, 
elle  eut  toujours  le  droit  Saxon,  fck  des  coutumes  conformes 
à  cette  jurfcprudence  ;  &  elle  porta  long-tems  les  appels 
à  la  chambre  de  Magdebourg  ,  où  étoit  établi  un  tribunal 
fouverain  qui  jugeoit ,  félon  le  droit  Saxon ,  les  caufes 
des  pays  voiftns  &  des  provinces  étrangères.  Ferdinand  l 
ayant  défendu ,  fous  peine  de  profeription  ,  les  appels  à 
la  chambre  de  Magdebourg  ,  fut  obligé  d'inftituer  à  Pra- 
gue une  chambre  des  appels  ,  pour  juger  les  procès  en 
dernier  reffort  ;  &  ce  tribunal  ne  connoiflbit  pas  feulement 
des  affaires  de  la  Bohême  ,  mais  encore  de  celles  de  la 
Luface.  Lorsque  cette  province  revint  à  l'électeur  de  Saxe , 
il  tut  réglé  que  ces  appels  reflbrtiroient  à  l'électeur  même, 


LUS         93j 

fans  qu'ils  puffent  être  portés  à  aucun  tribunul  étranger  , 
pas  même  à  la  chambre  impériale  de  Spire. 

Sous  les  princes  de  la  maifon  d'Autriche,  la  Luface  fut 
aufîî  long-tems  paifible,  qu'ils  la  gouvernèrent  avec  mo- 
dération. Mais  lorsque  la  Bohême  fut  déchirée  par  les 
guerres  civiles ,  en  1618 ,  fous  le  régne  de  Ferdinand  II , 
à  qui  les  Proteftans  oppofoient  Frédéric ,  électeur  pala- 
tin ,  qu'ils  avoient  élu,  Jean-George  I ,  électeur  de  Saxe , 
fauva  la  Luface  ,  &  employa  tout  fon  crédit  auprès  de 
Ferdinand ,  pour  conferver  à  cette  province  (es  privilè- 
ges^,  fes  droits  ,  &  fur-tout  fa  liberté  de  religion  ,  dont 
ïï  s'agiffoit  dans  cette  guerre.  Il  avoit  mis  l'empereur  hors 
d'état  de  lui  rien  refuïer  à  cet  égard.  Il  l'avoit  trop  bien 
fervi  d'hommes  &  d'argent  dans  cette  guerre  ;  aufîî  en 
eut-il  la  Luface  pour  fon  rembourfement ,  à  la  charge  de 
la  tenir ,  comme  un  fief  de  la  couronne  de  Bohême  ;  & 
depuis  l'an  1636,  que  cette  reftitution  fe  fit  au  traité  de 
Prague  ,  la  Luface  eft  demeurée  à  l'électeur  de  Saxe.  Il 
ne  jouit  guères  que  "de  la  haute.  La  baffe  eft  partagée  entre 
divers  maîtres ,  comme  on  va  voir  dans  leur  divifion.  La 
religion  dominante  eft  la  Luthérienne  ;  il  ne  laiffe  pas 
d'y  avoir  quelques  monafteres  Catholiques.  La  Luface  fe 
diyife  en  haute  &  baffe. 

La  haute  Luface  confine  à  la  Bohême.  Ses  principaux 
lieux  font  : 


Bautzen  , 
Gorlitz , 
Zittau , 
Locbau  , 


Lauben  , 
Camenitz  , 
Mofcau , 
HoyerfVerda. 


Et  deux  monafteres  de  religieufes  ,  favoir ,  Marien- 
TI-ial  ,  entre  Zittau  &  Gorlitz  ;  &  Marientern  ,  près 
de  Bautzen.  Aux  environs  de  Bautzen  &  de  Lobau ,  il  y 
a  une  lifière  de  pays  qui  traverfe  la  haute  &  la  baffe  Lu- 
face,  jufques  dans  la  Marche  de  Brandebourg.  Le  peuple, 
qui  y  .habite,  eft  un  refte  des  anciens  Vandales.  Ils  confer- 
verit  leur  langue  particulière  entr'eux  ,  &  leurs  habille- 
mens ,  qui  paroiffent  ridicules  à  leurs  voifins.  J'ai  vu  un 
pareil  refte  de  ce  peuple  en  Meckelbourg.  C'eft  aufîî  une 
lifière  qui  s'étend  jufques  dans  la  Poméranie.  Ils  ufent  en- 
tr'eux d'un  langage  fi  peu  articulé,  qu'ils  pourroient  par- 
ler, quand  ils  n'auroient  ni  lèvres,  ni  dents,  ni  langue. 
Ce  n'eft  qu'un  fon  informe  qui  fort  confufément  de  leut 
gofier.  Leurs  habillemens  ne  diffèrent  point  de  ceux  des 
autres  payfans  qui  les  environnenr.  Cette  lifière  va  d'oc- 
cident en  orient,  &c  n'a  qu'une  affez  petite  étendue  en  lar- 
geur. 

La  baffe  Luface  eft,  comme  nous  avons  dit,  partagée 
entre  plufieurs  maîtres. 

I.  Le  duc  de  Merfebourg ,  de  la  maifon  de  Saxe ,  y 
pofféde 

Luben ,  Lucca , 

Guben  ,  Finfterwald  , 

Fortz ,  Dobrilock , 
Spremberg. 

II.  Le  roi  de  Pruffe  y  pofféde 

Cotbus  ,  ou  Cotvitz  ,        Storckau  , 
Pefcau  ,  Peitz , 

Sommerfeld. 

III.  Sorau  appartient  aux  comtes  de  Promnitz. 

IV.  Sonnewalde  appartient  à  une  branche  de  la  mai- 
fon des  comtes  de  Solms. 

V.  Senfterberg,  ville  &C  château,  avec  quelqnes  petits 
lieux ,  appartiennent  à  l'électeur  de  Saxe  ;  &:  même  il  y 
a  des  gens  qui  comptent  Senftenberg  entre  les  villes  de 
Mifnie. 

Cet  article  eft  tiré  ,  pour  ce  qui  regarde  l'Hiftoire ,  de 
la  differtation  de  Schurtzfleifch  fur  la  Luface  ,  &  des 
hiftoriens  cités  en  mjrge;  &  pour  la  divifion,  de  la  géo- 
graphie Allemande  de  Hubner ,  excepté  ce  qui  regarde 
les  Vandales  de  Meckelbourg,  dont  je  parle  en  témoin 
oculaire. 

LUSARCHE  ,  bourg,  bailliage  &  châtellenie  de  l'Ifle 
de  France ,  à  huit  lieues  de  Paris ,  au  nord  oriental  ds 
cette  ville ,  à  l'orient  d'hyver  de  Beaumont-lùr-1'Oife  , 


LUS 


936 

&  au  midi  de  la  forêt  d'Hérivaux  ,  à  deux  lieues  de  Sen- 
tis  fur  la  route  de  Paris  à  Creil  &  à  Amiens.  La  paroiffe 
eft  fous  l'invocalion  de  S.  Damien.  On  y  fabrique  beau- 
coup de  dentelles. 

LUSERNE ,  bourg  ou  village  de  France ,  dans  la  baffe 
Normandie  ,  à  trois  lieues  de  Granville ,  &  à  quatre  d'A- 
vranches ,  vers  la  côte  de  la  mer.  Ce  lieu  eft  remarqua- 
ble par  une  abbave  de  Prémontrés  réformés.  Cette  abbaye, 
conlacrée  à  la  fainte  I  rinité ,  eft  en  régie ,  6c  tut  fondée 
par  Aftulphe  de  Subligny  ,  l'an  1143.  La  paroiffe  de  la 
Luferne  eft  un  titre  de  baronnie. 

LUSI,  ou  Lussi.  Voyez  Luticii. 

LUSIGNAN  ;  on  difoit  anciennement  Lezignen  ; 
en  latin  Le{iacum  cajlrum.  Piganiol  de  la  Force , 
Dcfcr.  de  la  France ,  t.  ?  ,  p.  no  ,  dit  Liciniacum 
CASTRUM,  château  de  France,  en  Potiou,  fur  la  Vonne, 
au-deffus  de  Saint-Maixant.  Ce  lieu  eft  connu  dès  le  com- 
mencement de  l'onzième  fiécle  ;  il  avoit  alors  fes  fei- 
gneurs  particuliers-,  qui,  dans  la  fuite,  devinrent  comtes  de 
la  Marche  &  d'Angoulême.  Le  château  de  Lufignan  pas- 
foit  pour  imDrenable.  Les  auteurs  Romanesques  affurent 
qu'il  fut  bâti  par  une  fée ,  moitié  femme  ,  moitié  ferpent , 
appellée  Mélufine  ;  mais  il  eft  fur  qu'il  le  fut  par  Hugues  II , 
fei'gneur  de  Lufignan,  furnommé  le  Bien-aimé.  On  a  d'ail- 
leurs remarqué  qu'il  n'y  a  point  eu  de  femme  du  nom  de 
Mélufine  dans  les  branches  de  la  maifon  de  Lufignan  éta- 
blies en  France  ;  &  quant  à  ce  qu'on  dit  que  le  nom 
de  Mélufine  eft  compofé  de  celui  des  terres  de  Melle  Ô£ 
de  Lufignan ,  dont  elle  étoit  dame  ,  il  n'y  a  rien  de  fi  aifé 
à  réfuter ,  puisque  la  terre  de  Melle  n'a  jamais  appartenu 
à  la  maifon  de  Lufignan.  On  doit  donc  conclure  que  Jean 
d'Arras ,  auteur  du  Roman  de  Mélufine ,  Jean  Bouchet , 
en  (es  Annales ,  &  frère  Etienne  de  Lufignan  ,  dans  l'His- 
toire de  la  maifon  de  Lufignan ,  n'ont  pas  été  plus  forciers 
que  Mélufine ,  dout  ils  rapportent  tant  de  fables.  Brantôme 
même  ,  tout  enthoufiasme  qu'il  étoit  de  chevalerie  ,  n'a 
pu  s'empêcher  de  reconnoître  pour  des  fables  la  plupart 
des  chofes  qu'on  difoit  de  Mélufine.  El  bien  que  ce/oient 
fables  ,  dit-il ,  fi  ne  peut-on  dire  autrement  que  tout  beau 
&  bon  d'elle.  Le  château  de  Lufignan  étoit  fitué  fur  une 
montagne  entourée  d'autres  montagnes  qiii  fervoient  à  le 
défendre.  Téligni  le  furprit  pour  les  Proteftans ,  l'an  1 569; 
mais  Louis  Bourbon  IIe  du  nom  ,  duc  de  Montpenfier , 
l'affiégea  ,  l'an  1575  ,&,  s'en  étant  rendu  maître,  après 
quatre  mois  de  fiége  ,  le  fit  rafer  de  fond  en  comble.  Ecou- 
tons un  moment  Brantôme  ,  fur  le  fiége  &  la  prife  de  ce 
château.  Le  fiége  de  Lufignan ,  dit-il  ,fut  long  &  de  grands 
combats  ,  j'en  parlerai  poffible  ailleurs.  Il  fut  pris  ;  &  de 
Montpenfier ,  pour  hernîfer  fa  mémoire  ,  preffa  &  impor- 
tuna tant  le  roi  Henri  III ,  nouveau  venu  de  Pologne , 
qui  le  voulut  gratifier  en  cela  ,  qu'il  fit  rajer  de  fond  en 
comble  ce  château;  ce  château,  dis-je  ,  fi  admirable  &  fi 
ancien  ,  qu'on  pouvoit  dire  que  c  étoit  la  plus  belle  marque 
deforterejfe  antique  ,  &  laplus  noble  décoration  vieille  de 
toute  la  France.  Ce  château  ayant  été  rafé  fous  Henri  III , 
comme  Brantôme  le  rapporte ,  Corneille  n'a  pu  dire  que 
Louis  XIII  le  fit  démolir. 

La  ville  de  Lufignan  eft  petite ,  &  fituée  fur  la  route 
de  Bordeaux ,  à  la  Rochelle.  Il  y  a  uu  fiége  royal ,  une 
maréchauffée  &:  un  maire  perpétuel.  La  ville  n'eft  pas 
riche  ,  &  le  bourg  eft  ce  qu'il  y  a  de  meilleur.  Les  caba- 
retiers  y  font  bien  leurs  affaires.  La  ville  eft  au  bas  d'une 
colline  ,  fur,  laquelle  le  bourg  eft  fitué.  Dans  la  ville  eft 
une  fontaine,  où  le  peuple  croit  que  Mélufine  febaignoit. 
La  maifon  de  Lufignan  produifit  non-feulement  des  comtes 
de  la  Marche  rk  d'Angoulême  ,  mais  encore  des  rois  de 
Jétufalem  &  de  Cypre.  Philippe  le  Bel  réunit  à  la  cou- 
ronne les  biens  de  ces  comtes.  Lufignan  ayant  été  uni  au 
comté  de  Poitou ,  a  fuivi  le  fort  de  cette  province. 

LUSITAN1A  ,  ancien  pays  dont  nous  traitons  au  mot 
Lusitanie  ;  &:  comme  une  partie  de  la  Lufitanie  an- 
cienne répond  aujourd'hui  au  Portugal ,  on  nomme  au- 
jourd'hui le  Portugal  en  latin  Luftania,  quoiqu'impro- 
prement  les  bornes  n'étoient  pas  les  mêmes ,  comme  on 
je  peut  voir  par  la  comparaifon  des  articles  Lusitanie 
ck  Portugal. 

1  LUSITANI,  (les)  anciens  peuples  de  l'Espagne ,  dans 
la  Lufitanie.  Presque  tous  les  écrivains  conviennent  qu'ils 
tiroient  leur  nom  de  Liifius  ou  Lyfa ,  préfet  de  Bacchus. 
Ptolomée  comptend  parmi  ces  peuples  les  Turditani ,  les 


LUS 


Cdiui  &  les  Vergones.  Il  donne  aux  Luftani  propresles 
villes  fuivantes. 

Villes  maritimes  : 

Barfrarium  promontor.        Luniz  montis  premontor. 
Oliofipon ,  Munda.  fluv.  Ofiia  , 

Tagifluv.  Ofia,  Vaci  fluv.  Oflia, 

Fontes  fluv.  Doriœ  fluv.  Ofiia, 

Fontes  fluv. 


Villes  dans  les  terres: 


Lavara  , 
Aritium  , 
Selium , 
Elbocoris , 
Araducla  , 
Verurium  , 
Velladis  , 
Minimum , 
Chretina , 
Arabriga , 
Scalabiscus  -, 
Tocubis , 
Concordia, 
Talabriga  , 
Rujlicana, 


Mendeculia  , 

Caurium  , 

Turmogum , 

Burdua , 

Colarnum  , 

Ifallœ-cus , 

Ammœa  , 

Ebura , 

Norba  Cccfarea, 

Licinniana , 

Augufia  emerita, 

Evandria, 

Geraa , 

Cecilia  Gemillina, 

Capafa. 


Les  Luftani  aimoient  mieux  faire  des  courfes  fur  leurs 
voifins  ,  ik  vivre  de  brigandage  ,  que  labourer  la  terre  , 
quoiqu'elle  fût  très-fertile  dans  leur  paye  Leur  manieie  de 
vivre  étoit  d'ailleurs  aiîez  fimple  ;  ils  fe  chauffbient  avec 
des  cailloux  qu'ils  faifoient  rougir  ;  ils  fe  baignoient  <lans 
de  l'eau  froide  ;  ils  n'ufoient  que  d'un  feul  mets  à  leur  repasy 
&  ils  mangeoient  fort  fobrement.  Leur  habillement  étoit 
noir.  Au  lieu  d'argent  monnoyé,  ils  faifoient  des  échanges  ; 
quelques-uns  fe  fervoient,  pour  leurs  achats,  ds  lames 
d'argent ,  dont  ils  coupoient  des  morceaux.  Comme  les 
Egyptiens ,  ils  expofoient  leurs  malades  dans  les  chemins  . 
publics ,  afin  que  les  paffans  qui  fauroient  des  remèdes  à 
leur  maladie,  puflent  les  leur  indiquer.  Enfin  ces  peuples 
étoient  pleins  de  valeur  ;  &C  les  Romains  les  fournirent 
moins  par  la  force,  que  par  la  rufe  &  l'artifice.  *  Strab.  1.  3. 

LUSITANIE  :  (la)  c'étoit  anciennement  une  des  trois 
provinces  qni  compofoient  l'Espagne.  Les  limites  ne  fu- 
rent pas  toujours  les  mêmes.  Suivant  Strabon,  /.  3  ,  elle 
s'étendoit  depuis  le  Tage  ,  en  tirant  vers  le  feptentrion  ; 
à  Tago  in  ftptentrionem  Luftania  patebat.  En  effet  les 
anciens  géographes  ont  donné  le  Tage  pour  la  borne  mé- 
ridionale 'de  la  Lufitanie  ;  fcV,  du  côté  du  feptentrion  ,  ils? 
pouffoient  les  limites  de  cette  province  jusqu'à  l'océan 
Cantabrique ,  eu  du  moins  jusqu'au  promontoire  Celtique  , 
Nérius  ou  Artabre  ;  cependant  le  pays,  qui  étoitentrele 
fleuve  Anas  rk  le  Tage ,  fe  nommoit  la  Celtique ,  comme, 
l'a  obfervé  If.  VolTius ,  Obferv.  in  Pomp.  Mel.  Mais  lors- 
que les  Romains  fe  furent  rendus  maîtres  de  toute  l'Espagne, 
Augufte  fit  une  nouvelle  divifion  des  provinces  ;  &  la  Lu- 
fitanie fut  bornée  alors  au  nord  par  le  fleuve  Durius ,  au 
midi  par  le  fleuve  Anas  ;  &  toute  l'étendue  des  terres,  qui 
eft  entre  le  Durius  &:  l'océan  Cantabrique ,  fut  ajoutée  à 
la  province  de  Tarragone.  *Pomp.  Mêla,  1. 3  ,  c.  6.  Cellar. 
Geogr.  ant.  /.  2  ,  c.  1. 

Pline ,  /.  4 ,  c.  n,  fait  commencer  la  Lufitanie  au  Du- 
rius ,  limites  que  lui  donne  pareillement  Ptolomée  ;  mais 
les  bornes  que  les  géographes  marquent  du  côté  des  peu- 
ples Vetomes  &  Carpetani ,  ne  font  pas  toujours  les  mê- 
mes. Cette  différence  vient  de  ce  que  l'on  a  confondu  la 
province  de  Lufitanie  avec  le  pays  qu'habitoient  les  Luf- 
tani, proprement  dits,  quoique  la  province  fiit  beaucoup 
plus  étendue.  Outre  le  pays  des  Luftani ,  elle  oomprenoit 
plufieurs  autres  peuples.  Pline  nomme  les  Celliques ,  les 
Turduli  &  les  Vettones ,  &  Ptolomée  y  ajoute  les  Tur- 
detani.  Enfin  cette  différence  eft  encore  venue  des  chan- 
gemens  que  les  divers  empereurs  firent  aux  limites  des  pro- 
vinces ,  félon  qu'ils  le  jugèrent  à  propos  ;  de  forte  que,  du 
teins  de  Pline,  les  bornes  de  la  Lufitanie  pouvoient  n'être 
pas  les  mêmes  que  du  tems  de  Ptolomée. 

On  a  vu,  dans  l'article  précédent,  de  quelle  manière 
Ptolomée  a  divifé  les  villes  des  Luftani.V oici  la  divifion 
de  la  Lufitanie  proprement  dite ,  félon  le  P.  Briet. 

Àugufla. 


LUS 


LUT 


r^tugufta  emtrita, 

Merida. 

Scalabifcus  , 

Santaren. 

Fax  Aumfia.)  ou  Pacen- 

fis,Col. 
Ebora  ,    ou   Liberalitas 

Badaïos. 

Julia  , 

Evora. 

Norba-Ccefarea , 

Alcantara. 

Olyfippo  ce  Ulifippo, 
Liciniana ,  ou  Ciniana , 

Lisbonne. 

La  Lifeda. 

Lavara,  ou  Layare, 

Aveïro. 

Verrunum , 

Vifeu. 

Vacus,  Vaca,  ou  Facua, 

Vouga ,  fleuve. 

Munda,  ou  Mulias, 

Mondego ,  fleuve. 

jEminiunz , 

Agada,  ou  Aquida. 

Conimbrica,  ou  Conim- 

briga , 

Condexa-Veï'a. 

Vatea,  ou  Baceia, 

Ponte-Vougà. 

Concordia , 

Tomar. 

Caflra-Ctecilia, 

Caceres  ,   ou  fainte  Marie 

de  Guadeloupe. 

Metallina,  ou  Metallien- 

Jzs,  Col. 

Metelin. 

Tagi-OJiium , 
LuTHZ-Promont. 

La  bouche  du  Tage. 

Le  cap  de  Sintra. 

La  Lufïtanie  produlfoit  autrefois  beaucoup  d'or.  Pline 
dit  que  cette  province ,  avec  celles  de  Galice  Se  des  Aftu- 
ries ,  payoient  vingt  mille  livres  d'or  tous  les  ans  ;  Se  il 
eft  confiant  que  l'on  trouve  encore,  de  nos  jours,  des  pail- 
lettes d'or  dans  le  Tage.  Elle  étoit  auffi  très-fertile.  Athé- 
née ,  /.  8 ,  remarque ,  après  Polybe  ,  qu'un  cochon  de 
cent  livres  pefant  ne  Ce  vendoit ,  dans  cette  province  ; 
<jue  •)  dragmes  ;  qu'un  veau  étoit  du  mê;ne  prix  ;  qu'on 
donnoit  une  brebis  pour  deux  dragmes  ;  un  talent  de  fi- 
gues ,  pour  trois  oboles  ';  un  bœuf  capable  de  tirer  la  char- 
rue ,  pour  dix  dragmes  Se  que  les  animaux  ,  que  l'on  tuoit 
dans  les  forêts  ,  fe  donnoient  pour  rien. 

LUSITANUS-FLUVIUS.  Martianus  Capella  croit 
qu'il  y  avoit  une  rivière  de  ce  nom  dans  la  Lufitanie  ; 
car  il  dit  que  ce  pays  eft  traverfé  par  une  rivière  qui  porte 
le  même  nom.  Ortélius  demande  ,  à  cette  occafion  ,  fi 
c'eft  le  Tage  ?  &  il  ajoute  que  Henri  de  Portugal ,  fort 
ami ,  aimeroit  mieux  dire  que  c'en1  l'Anas. 

LUSIUS  ,  rivière  du  Péloponnèfe ,  félon  Suidas  ,  au 
mot  a\.ios. 

LUSO ,  petite  rivière  d'Italie ,  dans  l'état  de  l'églife  , 
dans  la  Romagne.  Elle  a  fa  fource  vers  le  Monte-Feltre  , 
près  le  duché  d'Urbin ,  Se  Ce  jette  dans  le  golfe  de  Ve- 
nife ,  près  de  <>ayi°nan  ,  presqu'au  milieu ,  entre  Rimini 
&  Cervia.  Elle  n'eft  remarquable  que  parce  que  c'eft 
l'ancien  Rubicon ,  dont  les  auteurs  ont  tant  écrit ,  ainfi 
que  le  prouvent  Malatefte  Porta,  Céfar  Clémentin  ,  Se 
Jacques  Villani  qui  en  fait  une  differtation  fort  curieufe. 
*  Baudrand ,  édit.  1705. 

LUSONES ,  Atr'a-ofee  ^  ancien  peuple  d'Espagne,  fur 
l'Ebre  ,  dans  le  voifinage  de  Numance,  félon  Appien. 
Strabon ,  in  Iberic ,  1.  3  ,  dit  qu'ils  s'étendent  jusqu'aux 
fources  de  l'Ebre. 

LUSPA  RI  A ,  ancienne  ville  de  l'Espagne  Tarragonoife. 
Voyez  Lupparia. 

LUSPLE.  Ptolomée  nomme  ainfi  la  ville  de  Calabre , 
nommée  Lupïa  par  Pline  ,  Se  Lupis.  ,  par  Mêla  Se  par 
Strabon. 

LUSSA  ,  Avira  ,  ville  de  la  Paleftine.  Elleappartenoit 
aux  Arabes,  félon  Jofeph ,  /.  14,  c.  2.  C'étoit  une  des 
douze  villes  qu'Alexandre ,  père  d'Hircan  ,  avoit  enlevées 
aux  Arabes,  Se  qu'Hircan  s'obligea  de  rendre  à  Arétas , 
roi  des  Arabes,  en  faveur  de  (on  réiabliliement.  Ptolo- 
mée ,  /.  5  ,  c.  17 ,  nomme  cette  ville  Lyfa ,  dans  l'Arabie 
pétrée. 

1.  LUSSAC,  ville  de  France,  dans  le  Poitou,  au  dio- 
cèfe  ,  Se  dans  l'éle&ion  de  Poitiers. 

2.  LUSSAC ,  bourg  de  France  ,  dans  le  Berri ,  élection 
de  Blanc. 

LUSSAN,  bourg  de  France,  dans  l'Armagnac,  dio- 
cèfe  d'Auch  ,  élection  d'Armagnac. 

1.  LUSSl.VovczLuTt en." 

a.  LUSSi,  village  du  Péloponnèfe,  dans  l'Arcadie, 
félon  Paufanias,  /.  8,  c.  18  ,  qui  dit  que  Lufli  étoit  au 
territoire  AeCliiorium.  On  rapporte  qu'un  certain  Agéfilas 
de  Lufi  rempor"1  la  pahns  aux  jeux  Fythiens,  céléir~<: 


917 

par  ordre  des  Amphiclions ,  pour  avoir  gouverné  un  che- 
val indompté.  Paufanias  ajoute  que,  de  fon  tems,  il  ne  res- 
tait pas  feulement  les  ruines  de  cet  endroit  ;  qu'il  y  avoit 
Un  temple  de  Diane  ,  où  Mélampe  avoit  fait  entrer  les 
filles  de  PrsetUs,  Se  les  guérit  ;  c'eft  par  rapport  à  cette 
guérifon,queCallimaque  dit,  dans  l'Hymne  à  Diane,/»,  511 
alterum  autem  in  Luflis  Hcmerefl ,  Tirs  hï  Ak'«w<  'h^mu 
Polybe ,  /.  4 ,  c.  18  ,  dit  auffi  Lufi,  &  parle  de  Diane  en 
plufieurs  endroits  ;  il  dit,  entr'autres  chofes  ,  /.  9  ,  c.  29, 
&  '•_  4,  c.  15  ,  que  Ti-riée  pilla  ce  temple  ,  Si  que  les 
Etoliens  le  ravagèrent aufii  à  leur  tour.  Callimaque  Si  Pau- 
fanias difent  Lufi.  Polybe  Se  le  ichoiiafte  de  Callima- 
que  difent  Lufli. 

LUSSO  ,  rivière  d'Afrique ,  en  Barbarie ,  au  royaume 
de  Fez.  C'eft  le  Lix  de  Ptolomée.  On  la  nomme  auffi  la 
rivière  de  Larache. 

LUSSON1UM,  ville  de  la  baffe  Pannonie ,  félon  Pto* 
lomée  ,  l.  2. ,  c.  16  ,  Se  la  Notice  de  l'Empire  ,fect.  57; 
Se  Luftunium ,  félon  l'Itinéraire  dAntonin  Elle  eft  nom- 
mée Lufio  ,  onis ,  dans  la  Table  de  Peutinger. 
LUSTARIA.  Voyez  Ossonaba. 
LUSTIUS ,  akVW  ,  peuple  de  la  tribu  CEnéïde  ,  fé- 
lon Héfyche. 

>  LUSTRICA  ,  Uflica,  ifle  de  la  mer  de  Sicile,  & 
l'une  des  ides  de  Lipari,  dont  elle  eft  un  peu  éloignée 
au  couchant.  Voyez  Ustica.  *  Baudrand,  édit.  170$. 
LUSUC.  Voyez  LuCKO ,  ville  de  la  Pologne,  dans 
la  Volhinie. 

LUSY ,  bourg  de  France  ,  dans  le  Nivernois  ,  dans 
une  plaine ,  à  fix  lieues  de  la  Loire. 
>  LUTACH,  villaged  Allemagne,  au  Tirol,  fur  la  rivière 
d'Aicha,  environ  à  quatre  lieues  de  Bruneck  ,  du  côté  du 
nord.  Il  n'eft  remarquable  que  parce  qu'on  y  cherche  la 
Littamum  des  anciens ,  qui  étoit  dans  la  Norique. 
LUTANA.  Voyez  Lodevh. 

LUTABURGIUM,  colonie  des  Tarbelliens  ,  félon 
Gohzius,  qui  rapporte  une  inscription  où  il  eft  fait  men- 
tion de  ce  peuple.  *  Ortel.  Thef. 

LUTENBERG  ,  bourg  d'Allemagne ,  au  cercle  d'Au- 
triche,  darf!  la  biffe  Stirie ,  dans  la  Hongrie  ,  fur  le  Muer  , 
à  fix  lieues  de  Canife.  On  foupçonne  que  ce  peut  être  l'an- 
cienne Lentudum  de  la  haute'Pannonie. 

LUTE  i  IA  ,  nom  latin  qu'avoit  la  ville  de  Paris.  Elle 
ne  le  conferve  plus  qu'en  latin  ;   car   en  françois  elle  a 
quitté  ce  nom,  pour  prendre  celui  du  peuple  a  qui  elle 
appartenoit.  Les  anciens  nommoient  le  peuple  Parijîi  , 
Se  la  ville  Lutelia  ;  la  ville  fe  nomme  préfentement  Paris» 
LUTEVA  ,  ancien  nom  de  Lodeve. 
LUTEVAÎnT,  habitans  de  Lu'eva.,  oïl  de  Lodeve. 
LUTI,  a"to/,  qui  &  Buri  BB~0/ ,  dit  Ptolomée^ 
/.  2. ,  c.  1 1 ,  ancien  peuple  de  ia  grande  Germanie.  Cet 
auteur  met  deux  peuples  nommés Luti  dans  la  Germanie, 
favoir  ceux-ci  qui  étoient  furnommés  Buri.  Voyez  B'URii  ; 
&  d'autres  furnommés  Omani  ,  oVa»oh  Les  premiers 
s'étendoient  vers  la  Viftule  ;  les  autres  étoient  voifins  des 
Longidîdudini ,  vers  l'Algow. 

LUTIA  ,  ancienne  Se  riche  ville  d*Espagne ,  au  pays 
des  Arevaques  ,  à  trois  cens  ftades ,  c'eft-à-dire  ,  à  douze: 
ou  treize  lieues  de  Numance,  félon  Appien  ,  in  Ioericis. 
LUTIC1I ,  ancien  peupie  d'Allemagne  ,  entre  les  Sla- 
ves. Us  faifoient  partie  des  Wiltfes ,  peuple  qui  habitoit 
au  bord  de  la  mer ,  entre  l'Oder  &  les  Obotrites,  c'eft- 
à-dire  ,  la  partie  de  la  Poméranie  qui  eft  entre  l'Oder 
6k  le  duché  de  Meckelbourg.  On  nommoit  les  divifions 
de  ce'  peuple  ?  Wilt^i ,  Wclatabi ,  Se  Luticii,  ou  Luti- 
tii,  ou  Lutici,  ou  Ludici.  Ceux  qui  mettent  ces  derniers 
au-delà  de  l'Oder,  font  dans  l'erreur,  au  jugement  de 
Spener,  Notit.  Germ.  média,  1.  4,  p.  391.  Quelques- 
uns  les  confondent  mal-à-propos  avec  le  peuple  Lwi-'i 
qui  étoit  dans  la  Lulàce.  Celui  dont  il  eft  ici  queftioa 
en  éroit  bien  loin.  1 

LUTIR1US-AGER  ;  c'eft  le  même  que  Linceritjs; 
LUTISBOUPiG,  ou  Lutispurg,ou  Lutenspurg* 
château  de  Suiffe ,  dans  le  Tockenbourg.  C'eft  un  lieu* 
d'importance;  il  y  a  un  pont  fur  leThour,  Se  ce  pont  eft 
la  communication  du  haut  Tockenbourg  Se  du  bas.  Quel- 
ques auteurs  en  mettent  la  fondation  au  tems  de  Conrad  de 
Buffûang,  abbé  de  S.  Gall  ;  d'autres  croient  cette  fortereffe 
plus  ancienne.    Etat &  Délices  delà  Suifle ,  t.  3,  p.  -;j.o. 
LUTITIA  :  quelques-uns  nomment   ainfi   en  latin* 
Lii-ti,  bourg  d'Allemagne ,  en  Poméranie.  *  Corn.  Dicl» 
Tome  III.    Cccccc 


91 


LUT 


LUX 


LUTKENBOURG,  petite  ville  d'Allemagne,  au 
cercle  de  baffe  Saxe ,  dans  la  Wagne,  à  deux  mil  es  de 
la  mer  Baltique.  Son  nom  marque  la  petitefle.  Lutke  eft 
un  vieux  mot  Saxon ,  qui ,  joint  à  celui  de  bourg,  lignifie 

'TuTOMAGUS.  Baudrand,  édit.  1682  ,  dit  :  bourg 
de  la  Gaule  Belgique,  {oppidum,)  chez  lesMonns,  du- 
quel Antonin  fait  mention.  Cluvier  l'explique  mainte- 
nant parMONTREUlL,  place  fortifiée ,  dans  la  province 
de  Picardie ,  fur  la  Canche  ,  aux  frontières  de  l'Artois, 
à  moitié  chemin,  en<re  Hesdin  &  la  côte  de  la  Manche, 
à  trois  lieues  de  l'une  &  de  l'autre.  D'autres  le  cherchent 
à  Brimeu,  village  de  Picardie,  près  d'Abbeville. 

Il  y  a  bien  de  l'inexactitude  dans  cet  article.  Perfonne 
avant  Baudrand  n'a  jamais  dit  que  LuTOMAGUS  fût 
chez  les  Morins.  Ce  nom  de  Lutomagus  eft  mconnu  à 
Antonin  ,  qui  n'en  a  pas  la  moindre  trace.  C'eft  dans  la 
Table  de  Peutinger  que  l'on  trouve  Luttomagus,  à  qua- 
torze mille  pas  de  Bologne.  Cette  diftance ,  dit  Cluvier, 
German.  ant.  1.  2 ,  c.  27,  &  la  route,  font  voir  que  ce 
lieu  doit  avoir  été  fur  la  Canche  &  à  Montreuil  ;  car, 
ajoûte-t-il ,  le  mot  MaGUS  fignifie  paffage  de  rivière. 
Du  refte  il  ne  dit  point  que  cette  place  fût  in  Morinis  ; 
auffi  n'y  étoit-elle  pas.  Il  en  parle  dans  le  chapitre ,  où 
il  traite  des  peuples  Briani  &t  Oromansaci. 

LUTON  ,  bourg  d'Angleterre  ,  dans  la  province  de 
Bedford.  On  y  rient  marché  public  *Etat  préfent  de  la 
Gr.  Bru.  t.  I. 

1.  LUTRA  ou  Lothariâ.  Voyez  Lutter. 

2.  LUTRA ,  nom  latin  d'une  rivière ,  dont  le  nom 
vulgaire  eft  la  Lauter.  Voyez  ce  mot. 

LUTRA-CjESAREA  ;  c'eft  le  nom  latin  que  Bau- 
drand donne  à  KeyserslauteRN.  On  diroit  beaucoup 
mieux  Cefarea  ad  Lutram. 

LUTRl ,  petite  ville  de  Suiffe ,  au  pays  de  Vaux ,  au 
bord  du  lac  de  Genève ,  au  canton  de  Berne  ,  au  bout 
d'une  jolie  plaine.  Elle  a  été  autrefois  plus  confidérable, 
qu'elle  ne  l'eft  aujourd'hui.  Il  y  avoit  un  prieuré  qui  fut 
réuni ,  dans  le  quinzième  Siècle  ,  à  la  manfj  épiscopale 
de  Laufanne.  *  Etat  &  Délices  de  la  Suiffe ,  t.  2,  p.  270. 

1.  LUTTER,  (Kônigs)  Konigt-Lutter,  monaftere 
d'Allemagne,  enhtm  monaJleriumliegio-Lutkeranum.  Il 
prend  ce  nom  de  Luder  ou  Lutter,  roi  de  Germanie,  fon 
fondateur.  C'eft  le  même  prince  que  nous  appelions 
ï 'empereur  Lothaire  ,  duc  de  Saxe.  Voyez  l'article  de 
LuNEBOURG ,  où  je  parle  de  ce  monaftere  par  occa- 
sion. C'eft  maintenant  une  petite  ville  fameufe  par  fa 
bière  ,  qu'on  appelle  titchjlein.  *  Hubmr,  Géographie , 
p.  517. 

2.  LUTTER ,  petite  ville  d'Allemagne ,  au  duché  de 
Brunswig  ,  aux  confins  de  Tévêché  de  Hildesheim.  Elle 
eft  furnommée  am  Bdrembcrge ,  c'eft- à-dire  à  lamonta- 

fne  aux  ours.  Elle  eft  à  deux  lieues  de  Goffar ,  &  célé- 
re  à  caufe  de  la  victoire  que  Tilli ,  général  des  impé- 
riaux ,  y  remporta  contre  le  roi  de  Danemarck  ,  Chnf- 
tianlV,  l'an  1616.  *  Baudrand,  édit.  1705. 

LUTTERBERG,  félon  Hubner,  bourg  d'Allemagne, 
dans  la  baffe  Saxe  ,  dans  l'électorat  d'Hanover,  affez 
près  d'Oftenrode.  C'étoit  anciennement  un  comté  célè- 
bre, quia  eu  long-tems  fes  feigneurs  particuliers,  aux- 
quels il  donnoit  le  titre  de  cornu  de  Lutterberg.  Le  der- 
nier, nommé  Hejjon,  étant  mort  vers  la  fin  du  treizième 
fiécle,  les  ducs  réunirent  fon  comté  à  leur  domaine.  Les 
ducs  de  Brunswig-Grubenhagen ,  dans  le  partage  de  qui 
il  étoit ,  le  donnèrent  enfuite  aux  comtes  de  Hohenftein, 
après  lefquels  ils  l'ont  incorporé  de  nouveau  à  leurs  états. 
Corneille  met Oftenrode  dans  ce  comté;  c'eft  une  faute, 
Oftenrodeeftde  la  principauté  cieGrubenhagen.  *D'Au- 
difret,  Géogr.  t.  3. 
LUTTERBURG,  forêt  de  France,  dans  la  baffe  Alface. 
LUTTERV/ORT  (a)  ,  bourg  d'Angleterre  ,  en  Lei- 
cerftershire  ,  aux  confins  de  Wanrickshire.  On  y  tient 
marché  public.  Il  n'eft  remarquable  que  par  fon  curé , 
Jean  "Wiclef,  qui  y  mourut  paisiblement ,  en  1384.  Il 
s'étoit  déclaré  hautement  contre  la  doctrine  reçue  dans 
l'églife  Romaine;  de-là  vient  que  les  Froteftans  le  comp- 
tent entre  leurs  plus  zélés  réformateurs  (b).  Ce  fut  en 
cette  qualité  que  le  concile  de  Confiance  condamna  fes 
dogmes,  le  flétrit  de  la  qualification  d'héréfiarque ,  & 
ordonna  que  (on  cadavre  feroit  déterré  &  brûlé;  ce  qui 
fut  exécuté,  l'an  I4i5,c'eft-à-dire  trente  &  un  ans  après 


fa  mort.  (s)  Etatvréfent  de  la  Gr.Bret.î.l.  ^Hifloirc 
du  concile  de  Confiance. 

LUTTICH  ;  les  Allemands  nomment  ainfi  la  ville 
de  Liège. 

LUTTERSHAUSEN ,  lieu  fortifié  d'Allemagne,  dans 
la  baffe  Saxe  ,  à  un  mille  &  demi  de  Hambourg.  Le 
général  Tilli  l'emporta  d'emblée,  en  1617. 

1.  LUTZEL,  petite  rivière  de  Suiffe,  dans  la  prin- 
pauté  de  Porentru ,  dans  la  feigneurie  de  Zuingen.  Elle 
fe  joint  dans  le  territoire  deLauffen,  affez  près  de  cette 
ville,  avec  la  Byrfe,  qui  porte  fes  eaux  dans  le  Rhin. 
*Etat  &  Délices  de  la  Suiffe. 

2.  LUTZEL  ,  Lucis-Stella,  abbaye  de  France,  dans 
la  haute  Alface,  au  diocèlè  de  Bafle  ,  ordre  de  Cîteaux. 
Cette  abbaye  eft  en  régie,  &  a  été  autrefois  fondée  par 
les  comtes  de  Ferrette  ,  vers  l'an  1 1 24.  Voyez  la  copie 
d'un  manufcrit  à  la  fin  de  ce  Dictionnaire. 

LUTZELBOURG.  Voyez  Luxembourg. 

LUTZELSTEIN  ,  ^  petite  ville  de  France  ,  dans  la 
baffe  Alface,  au  diocèfe  de  Strasbourg,  avec  titre  de 
comté  anciennement,  &  de  principauté  aujourd'hui ,  fur 
les  confins  de  la  Lorraine  Allemande.  Cette  ville  eft 
fituée  fur  une  montagne ,  &  eft  défendue  par  un  boa 
château,  à  fix  milles  de  Strasbourg. 

Cette  principauté  appartient  à  l'électeur  Palatin,  fous 
la  fouveraineté  de  la  France. 

La  principauté  de  Lutzelstein  confifte  en  une 
vingtaine  de  villages  ,  ck  avoit  titre  de  comté ,  qui  a  eu- 
fes  comtes  avant  l'an  1000  ;  Se  quoique  l'on  ne  fâche 
ni  leur  fuite  ni  leur  généalogie,  on  voit  que  Lutzelnein 
a  toujours  eu  fes  feigneurs  durant  cinq  fiécles.  Ils  ont 
été  de  différentes  familles.  Henri,  comte  de  Lutzelftein, 
mourut  fans  çnfans ,  fur  la  fin  du  quatorzième  fiécle.  Il 
ne  reftoit  plus  alors  de  tous  les  mâles  de  fa  famille,  que 
Burchard ,  élu  évêque  de  Strasbourg,  qui  quitta  l'évêché 
à  fon  compétiteur  Guillaume  deDieftj  pour  fe  marier. 
Il  laiffa  deux  fils  Jacques  6c  Guillaume  ;  ceux-ci  ayant 
exercé  de  grandes  violences  contre  leuts  voifins,  furent 
dépouillés  de  leur  comté,  &  chaffés  du  pays  par  Frédé- 
ric le  Victorieux,  électeur  Palatin,  qui  laiffa  ce  comté 
à  fes  fucceffeurs  ;  mais  Otton-Henri ,  électeur  Palatin  ^ 
étant  mort  fansenfans,  l'an  1559,  donna  par  teftament 
Lutzelftein  au  Palatin  George- Jean ,  de  la  branche  de 
Veldens,  dont  les  fucceffeurs  ont  toujours  joui  de  cette 
petite  principauté  comme  libres  ,  jusqu'à  l'an  1680,  que 
le  confeil  d'Alface  rendit  un  arrêt,  pour  obliger  ce  prince 
à  faire  hommage  ,  comme  tous  les  autres  feigneurs  & 
gentilshommes  de  1?.  baffe  Alface.  Ce  Palatin  ,  qui  fut  le 
dernier  de  fa  branche,  étant  mort  fans  héritiers  mâles, 
Lutzelftein  eft  retourné  à  l'électeur  P?.!atin,  qui  en  jouit 
fous  la  Souveraineté  du  rci  de  France.  *  Lo/iguerue,  Des- 


LUTZEN ,  petii 
Saxe,  dans  l'évêché  de  Merfebourg,  à  deux,  milles  de 
Leipfic,  entre  celte  ville  St  Weiffenfels.  Elle  a  été  en- 
tièrement ruinée  par  les  guerres.  Son  nom  eft  célèbre 
dans  l'hiftoire,  à  caufe  de  la  bataille  qui  fe  donna  pro- 
che de  fon  terrein  ,  entre  les  Impériaux  &C  Suédois  ;  du 
côté  de  ceux-ci,  le  roi  de  Suéde,  Guftave- Adolphe,  le 
prince  Erneft  d'Anhalt,  &  quantité  d'officiers  distingues 
par  leur  valeur,  demeurèrent  fur  la  ïplace.  Du  côté  de 
ceux-là  le  général  comte  de  Pappenheim  fut  bleffé  à  mort, 

LUTUENSES  ou  Lutevani,  nom  latin  des  habi* 
tans  de  Lodeve. 

LVOV.  Voyez  Léopol. 

LUX-DUBIA.  Voyez  Luciferi-FanUW. 

1.  LUXAN ,  ville  de  la  Chine  ,  dans  la  province  de 
Honan  ,  au  département  de  Juning  ,  métropole  de  la 
même  province.  Elle  eft  de  5  d.  35'  plus  occidentale 
que  Pékin,  fous  les  34  d.  45'  de  latitude.  *  Atlas  Si~ 
nenfis. 

2.  LUXAN  ,  ville  de  la  Chine,  dans  la  province  de 
Suchuen,  au  département  de  Yacheu  ,■  Sixième  grande 
cité  de  la  province.  Elle  eft  de  14  d.  13'  plus  occiden- 
tale que  Pékin  ,  fous  les  30  d.  46'  de  latitude.  *  Atlas 
Sinenjls. 

3.  LUXAN,  fortereffe  de  la  province  de  Queicheu,' 
au  département  de  Queiyang ,  première  métropole  de 
la  province.  Elle  eft  de  11  d.  40'  plus  occidentale  que 
Pékin,  fous  les  25  d.  30'  de  latitude.   *  Atlas  Sinenfis. 

l.VXI  f  ville  .de  la  Chine,  dans  la  province  de  Ho-: 


criptio_n_de  la  France  ,  ï.  part.  p.  236. 

ire  ville  d'Allemagne,  dans  !a  haute 


LUX 


LUX 


mn,  au  département  de  Honan,  fixiéme  métropole  de 
la  province.  Elle  eft  de  6  d.  iS'  plus  occidentale  que 
Pékin  ,  fous  les  35  d.  4'  de  latitude.  *  Atlas  Sinenjîs. 

LUXEMBOURG  ;  quelques-uns  écrivent  LuXEN- 
BOURG  par  une  N.  On  l'appelloit  anciennement  Lut- 
ZELBOURG,  en  latin Luxenburgum,  Lut^elburgum,  Luce- 
burgum,  ville  des  Pays-bas,  au  duché  qui  porte  fonnom, 
fur  la  rivière  d'Elfe,  qui  la  fépare  en  haute  ck  baffe  ville, 
au  49e  d.  40'  de  latitude  ,  6c  au  25e  d.  50'  de  longitude. 
Cette  ville  ,  qui  eft  capitale  d'une  des  dix-fept  provin- 
ces des  Pays-pays ,  a  été  fondée  par  le  comte  Sigefroi , 
avant  l'an  1000.  L'ancienne  ville  eft  fur  une  hauteur, 
&  presqu'environnée  de  rochers.  La  ville  neuve  s'é- 
tend dans  la  plaine.  Louis  le  Grand,  ayant  pris  Luxem- 
bourg, l'an  1684,  en  fit  augmenter  les  fortifications,  de 
manière  qu'elle  eft  devenue  une  des  plus  fortes  places  de 
l'Europe.  II  la  rendit  au  roi  d'Espagne,  Charles  II ,  par 
le  traité  de  Ryswick,  conclu  l'an  1697.  Les  François 
la  reprirent  en  1701  ,  ck  l'ont  cédée  depuis  à  la  mai- 
fon  d'Autriche ,  par  la  paix  d'Utrecht.  C'eft  dans  cette 
ville  qu'eft  le  liège  d'un  confeil  provincial  ,  dont  il  y 
a  appel  au  confeil  fouverain  de  Malines  ;  mais  ce  tribu- 
nal de  Luxembourg  n'a  pas  préfentement  une  juridic- 


tion auffi  étendue 


qu 


dois ,   depuis  qu'une  partie  du 


duché  a  été  cédée  à  la  France ,  par  le  traité  des  Pyré- 
nées, de  l'an  1659.  Il  y  a  dans  cette  ville  une  abbaye  de 
Bénédictins  ,  ck  un  collège  de  Jéfuites.  *  Longutrue , 
Description  de  la  France  ,  1,  part.  p.  ni. 

Le  duché  de~  Luxembourg  eft  borné  au  nord, 
•  par  l'évôché  de  Liège  ck  le  territoire  de  Stavelo,  ab- 
baye qui  donne  à  fon  abbé  la  qualité  de  prince,  de  l'em- 
pire ;  à  l'orient,  par  FEyfFel  ck  l'électorat  de  Trêves  ;  au 
midi,  il  a  la  Lorraine;  au  couchant  d'hyver,  la  Champa- 
gne; ck  vers  l'occident,  il  s'étend  jusqu'à  la  Meufe,  ck 
eft  borné  par  le  pays  d'Entre-Sambre  &  Meufe. 

La  province  de  Luxembourg  comprend  la  plus  grande 
partie  de  la  forêt  d'Ardenne ,  qui  a  confervé  l'on  ancien 
nom.  Sous  les  Romains  une  partie  de  cette  forât  étoit 
du  territoire  de  Trêves  ,  &  l'autre  du  territoire  desTon- 
grois;  ck  comme  on  n'a  point  érigé  de  nouveau  iiége 
dans  la  province  de  Luxembourg,  il  y  en  a  une  partie 
&  auffi  une  partie  de  l'Ardenne,  qui  eft  du  diocèfe  de 
Trêves ,  ck  l'autre  de  celui  de  Liège.  Cette  partie  fut 
mile  par  les  empereurs  Romains  ,  fous  la  féconde  Ger- 
manie ,  ck  l'autre  fous  la  première  Belgique  ,  après  la 
divifîon  de  la  Gaule  Belgique  en  deux  provinces. 

Ce  pays^fut  occupé  des  premiers  par  les  François  ; 
&  depuis  1  hierri ,  fils  de  Clovis ,  il  a  toujours  été  du 
royaume  d'Auftrafie  ou  de  Lorraine.  Dans  le  dixième 
fiécle,  les  ducs  de  Lorraine,  ck  fur-tout  ceux  de  la  bafle 
y  ont  commandé  ,  mais  peu  de  tems;  car  les  comtes 
d'Ardenne  le  rendirent  libres  èk  irudépendans  d'autres 
princes  que  des  feuls  rois  ou  des  empereurs.  Godefroi, 
comte  d'Ardenne,  avoit  un  frère  nommé  Sigefroi  ;  ce- 
lui-ci voulant  le  fortifier  dans  ce  pays  ,  acquit  de  Wic- 
ker,  abbé  de  S.  Maximin  de  Trêves,  le  château  deLus- 
CILINBOURG,  aujourd'hui  Luxembourg,  dans  le  pays 
de  Mecingov,  ck  dans  le  comté  du  comte  Godefroi, 
en  lui  donnant  en  échange  la  feigneurie  de  Wilwa,  en 
Arderne ,  fituée  dans  le  comté  du  comte  de  Gislebert. 

Cm  voit  par  la  charte  d'acquiiïtion,  datée  de  l'an  963, 
qu'alors  Luxembourg  n'étoit  pas  dans  l'Ardenne,  mais 
dans  un  autre  comté ,  nommé  Mecingow  ;  &  ce  n'étoit 
alors  qu'un  château  bâti  fur  un  rocher  de  difficile  accès. 
André  Du-Chesne  a  bien  prouvé,  dans  fon  Hiftoire  de 
Luxembourg,  jointe  à  celle  de  Dreux,  que  la  poflérité 
masculine  de  Sigefroi  a  tenu  Luxembourg  ,  avec  le  titre 
de  comte,  jusqu'à  l'an  1 1 3 Ç ■;  car  Conrad  II,  comte  de 
Luxembourg,  avoué  des  abbayes  de  S.  Maximin  &  d'Ep- 
ternac  ,  vivoit  encore  alors;  mais  il  mourut  peu  après, 
6k  eut  pour  héritière  de  fon  comté  fa  tante  Èrméfende 
ou  Ermenlon ,  fœur  du  comte  Guillaume  ,  père  de  Con- 
rad XI,  &  fille  de  Conrad  I.  Elle  étoit  alors  mariée  à 
Godétroi,  comte  de  Namur  ;  elle  mourut  l'an  11 3 9, 
&  eut  pour  héritier  fon  fils ,  Henri  de  Namur,  dit  l'A- 
veugle. Ce  comte  Henri  n'eut  qu'une  fille  à  qui  on  dis- 
puta l'héritage  de  Namur,  mais  non  pas  celui  de  Luxem- 
bourg ,  ni  celui  de  la  Roche-en-Ardenne  ck  de  Durbuy. 
Elle  époufa  Walleran  II,  duc  deLimbourg,  ck  marquis 
d'Arlon.  Leur  fils  aîné  fut  Henri  le  Grand" ou  leBiond, 
,*uti  gouverna  les  étais  de  fon  père  Se  de  fa  jnere. 


939 

Après  la  mort  du  duc  Walleran,  arrivée  Pan  1216, 
le  comte  Henri  de  Luxembourg  fe  croifa  pour  la  Terre- 
fainte,  &  mourut  dans  ce  voyage,  l'an  1270.  Sesenfans 
quittèrent  le  nom  de  Limbourg,  ck  prirent  celui  de  Lu- 
xembourg ,  que  les  aînés  &  les  cadets  ont  également 
porté  ,  Se  fous  ce  nom  ils  ont  été  très  -  illuftres  ;  car 
Henri  III,  comte  de  Luxembourg  fut  élii  empereur,  Se 
nommé  Henri,  l'an  1308:  il  mourut  l'an  1313,  ck  eut 
pour  fucceffeur  au  comté  de  Luxembourg  fon  fils  Jean  „ 
qui  fut  roi  de  Bohême,  ayant  époufé  Ifabeau ,  fille  ck 
héritière  du  roi  S.  \V'enceflas.  Il  tut  tué  combattant  pour 
Philippe  de  Valois,  à  la  bataille  de  Crécy  ;  il  eut  pour 
fucceffeur  au  comté  de  Luxembourg,  fon  fils  Venceflas, 
frère  de  l'empereur  Charles  IV,  qui  érigea  ce  comté  en 
duché ,  en  faveur  de  fon  frère  qui  époufa  Jeanne  ,  du- 
cheffe  propriétaire  de  Brabant  ck  de  Limbourg,  dont  il 
n'eut  point  d'en  fans ,  &  mourut  l'an  1383.  L'empereur 
"Wenceflas. hérita  du  duché  de  Luxembourg,  qu'il  enga- 
gea à  fa  nièce  Elifabeth  ,  fille  de  fon  frère  Jean  de  Gor- 
litz,  marquis  de  Luface  ,  pour  la  fomme  de  (ix-vingt 
mille  florins.  Cependant  on  voit  que  Joffe  de  Luxem- 
bourg ,  marquis  de  Moravie  ,  étoit  reconnu  duc  de  Lu- 
xembourg ,  l'an  1391  ;  mais  Joffe  étant' mort  fans  en- 
fans,  ck  Elifabeth  ayant  acquis  encore  les  droits  de  fort 
oncle  l'empereur  Sigismond ,  elle  jouit  paifiblement  de 
ce  duché  avec  fon  mari  Antoine  de  Bourgogne.  On  pré- 
tend qu'elle  n'étoit  qu'ufufruitiere.  Quoiqu'elle  eût  été 
Jnariée  deux  fois ,  elle  n'avoit  point  d'enfans;  &  lès  fu- 
jets,  qui  la  mépnibient,  appellerent  pour  être  leur  duc, 
Guillaume  duc  de  Saxe,  fck  là  femme,  petite-fille  de 
l'empereur  Sigismond.  La  ducheffe  appella  à  fon  fecours 
Philippe  le  Bon,  duc  de  Bourgogne,  qui  chaffa  les  Sa- 
xons, ck  la  rétablit.  Elle  donna  la  propriété  du  duché 
de  Luxembourg  au  duc  de  Bourgogne ,  qui  unit  ce  du- 
ché à  les  autres  grands  états.  Les  Saxons  faifoient  la 
guerre  pour  l'empereur  Sigismond  ,  qui  vivoit  encore, 
ck  avoit  droit  de  retirer  le  duché  de  Luxembourg,  en 
rendant  fîx-vingt  mille  florins  ,  pour  lesquels  il  étoit 
engagé. 

Sigismond  n'eut  qu'une  fille  Elifabeth  de  Luxembourg  , 
reine  de  Bohême  &  de  Hongrie.  Elle  époufa  l'empereur 
Albert  d'Autriche  ,  qui  vécut  peu  ,  ck  laiffa  trois  enfans  ; 
Ladiffas  ,  roi  de  Bohême  ck  de  Hongrie  ,  qui  mourut  fans 
poflérité  ,  l'an  1457  ,  ck  deux  filles  héritières  de  leur 
frère;  Anne  mariée  à  Guillaume,  duc  de  Saxe,  &  Ifa- 
beau mariée  à  Calimir ,  roi  de  Pologne,  desquelles  Char- 
les le  Hardi  ,  duc  de  Bourgogne,  acquit  les  droits  après 
la  mort  de  fon  père  Philippe.  Ainfi  Charles  jouit  paifi- 
blement de  ce  duché  ;  ck  Marie  de  Bourgogne  ne  fut 
point  troublée  dans  la  jouiffance  de  Luxembourg  qu'elle 
laiffa  à  Ion  fils  Philippe  d'Autriche ,  dont  le  fils  Charles  , 
qui  fut  depuis  empereur,  porta,  étant  fort  jeune,  le  titre  de 
duc  de  Luxembourg.  Ce  duché  poffédé  par  les  rois  d'Es- 
pagne ,  fucceffeurs  de  Charles  V,  a  été  cédé  à  la  mai- 
fon  d'Autriche  d'Allemagne ,  par  les  traités  d'Utrecht,  de 
Raftad ,  &  de  Bade  ;  de  forte  que  préfentement  Char- 
les VI ,  empereur  ,  en  eft  le  fouverain  abfolu. 

Cependant  une  partie  de  ce  pays  a  été  cédée  à  là 
France, par  la  paix  des  Pyrénées.  Elle  comprend fix  pré- 
vôtés : 

Thionville  ,  Chevanci-le-Châtel , 
Montmedi ,  Carignan,  ou  Yvoy, 
Marville  ,  Damvilliers. 

Quelques-uns  y  ajoutent  le  duché  de  Bouillon.  Le 
Luxembourg  François  eft  du  gouvernement  militaire  de 
Metz  ,  &:  de  Verdun  ,  tv  du  parlement  de  Metz. 

1 .  LUXEU,  ou  Luxeui  L,  Luxovium  ;  abbaye  d'hom  ! 
mes ,  de  l'ordre  de  S.  Benoît ,  dans  la  Franche-Comté  , 
diocèfe  de  Belançon  ,  au  pied  du  mont  de  Vosge,  fur  la 
rivière  de  Lantone  (a).  Le  premier  établiffement  s'en  fit 
par  S.  Colomban ,  Irlandois ,  qui  étoit  venu  de  (on  pays 
avec  l'es  disciples  S.  Diel,  S.  Gai,  ckc.  vers  l'an  590} 
ils  commencèrent  à  fe  loger  à  Luxeu,  fan  592  ,  après 
avoir  abandonné  le  lieu  d'Anegray ,  qu'ils  avoient  habité^ 
Si  qui  étoit  litué  à  quelques  lieues  de-là ,  aux  confins  de 
l'Aufirafie.  Ce  fut  le  chef-lieu  de  l'ordre  monaftiqueeti 
France  ,  jusqu'à  ce  qu'on  y  eût  introduit  la  régie  de  S.  Be- 
noît. S.  Colomban  donna  la  fîenne,  qui  fut  reçue  de  beau- 
coup de  monafteres ,  tant  en  France  que  dans  les  pays 
étrangers  ;  Ô£  elle  rut  obfervée  à  Luxeu  ,  durant  plufîeurs 
Twit  IÎI,    Cccccc  ij 


94-0  -L  U  £j 

liécles.  Mais  enfin  elle  a  été  abolie ,  &  celle  de  S.  Be- 
noît a  prévalu.  Il  y  avoit  dans  ce  monaftere ,  des  le  fep- 
tiéme  fiécle.  une  célèbre  école  pour  lanobleffe  du  royau- 
me ,  &  pour  les  enfans  de  famille  ;  &  cette  abbaye  pro- 
duifit  un  bon  nombre 'de  prélats  &  autres  perfonnages  de 
grand  mérite  ,  que  i'églife  honore  comme  famts.  S.  At- 
tale  s'y  vint  mettre  fous  la  discipline  de  S.  Colomban, 
qu'il  fuivit  en  Italie ,  où  il  fut  fécond  abbe  de  Bobbio. 
S.  Euftafe  fut  abbé  de  Luxeu,  après  S.  Colomban,  qui 
s'étoit  retiré  à  Bobbio  ,  ik  mourut  en  625.  S.  Walbert, 
ou  Gaubert ,  lui  fuccéda,  &  mourut  en  66j.  Entre  les 
faims  qui  ont  été  élevés  à  Luxeu  ,  on  compte  S.  Ayl, 
ou  S.  Agile ,  premier  abbé  de  Rebais  ;  S.  Orner ,  évêque 
deTérouenne;  S.  Bertin,  Scfes  deux  compagnons,  S.  Ma- 
molein,  évêque  de  Noyon ,  &c  S.  Ebertran  ;  S.  Vallery, 
abbé  en  Vimeu  ;  S.  Bercaire  ,  abbé  de  Hautvilliers ,  puis 
de  Montirendé  ;  S.  Romaric  &C  S.  Amet,  abbé  de  Remi- 
remont  ;  S. Nivard ,  évêque  de  Reims;  S.  Cagnou ,  évê- 
que de  Laon  ,  frère  de  S.  Baron  ,  &  de  fainte  Fare  ; 
S.  Acaire,  ou  Achar,  évêque  de  Noyon,  prédécefieur 
de  S.  Eloy  ;  S.  Urficin,  disciplie  de  S.  Colomban  ,  fon- 
dateur du  monaftere  d'Elifange ,  entre  l'Alface  &  la  Fran- 
che-Comté ,  Se  nommé  depuis  S.  Urfu^  de  fon  nom  ; 
S.ïJFrobert ,  abbé  près  de  Troyes  ,  &c.  Les  abbés  de 
Luxeu  (b)  ne  reconnoiffoient  anciennement  au-deffus 
d'eux  ,  pour  fouverains,  que  les  empereurs ,  &  ils  ont  eu 
pour  gardiens,  ou  protefteurs,  les  comtes  de  Champagne  , 
qui  furent  troublés  dans  ce  droit  de  protection ,  par  les 
ducs  &  les  comtes  de  Bourgogne,  fe  fondans  fur  un  don 
de  l'empereur  Frédéric  II,  fait  à  Etienne ,  qui  étoit  comte 
d'Auffonne ,  &  feigneur  d'une  partie  du  comté  de  Bour- 
gogne. Les  rois  de  France ,  qui  avoient  fuccédé  aux  droits 
des  comtes  de  Champagne  ,  prétendoient  avoir  la  garde 
de  cette  abbaye  ;  mais  Charles  Vil  fut  obligé  d'y  re- 
noncer par  le  traité  d'Arras  ;  après  quoi,  les  comtes  & 
les  ducs  de  Bourgogne  fournirent  cette  abbaye  &  fon 
territoire  au  parlement  de  Dole  ,  qui  a  été  transféré  de- 
puis à  Befançon.  L'abbaye  eft  fous  l'invocation  de  faint 
Pierre ,  &  eft  à  préfent  de  la  congrégation  de  S.  Van- 
nes. *  (^YB  ailla  ,  Topogr.  des  Saints ,  p.  179.  (b)  Lon- 
guerue  ,  Descr.  de  la  France  ,  p.  302. 

2.  LUXEU ,  ou  Luxeul  ,  ou  Luxeuil  ,  ville  de 
France  ,  en  Franche  -  Comté ,  auprès  du  monaftere  de 
même  nom ,  auquel  elle  doit  fon  origine ,  au  pied  du 
mont  de  Vosge ,  à  fix  lieues  de  Vefoul ,  &  à  fept  de 
l'abbaye  de  Lure.  Auprès  de  cette  ville  ,  il  y  a  des  eaux 
minérales  très-eftimées.  Cette  fontaine  avoit  donné  lieu 
de  bâtir  un  château ,  que  Thierri ,  duc  de  Bourgogne  , 
donna  à  S.  Colomban  ,  lequel  en  fit  la  fameufe  abbaye 
dont  on  vient  de  parler. 

La  feigneurie  ,  ou  jurisdiéYion  de  Luxeu,  eft  enclavée 
dans  le  baillage  d'Amont,  dont  elle  ne  dépend  point, 
reconnoiffant  immédiatement  le  parlement  du  comté. 

LUXI ,  ville  de  la  Chine ,  dans  la  province  de  Ho- 
nan  ,  au  département  de  Honan  ,  ftxiéme  métropole  de 
la  province.  Elle  eft  plus  occidentale  que  Pékin  ,  de  6  d. 
28',  par  les  35  d.  4'  de  latitude.  *  Atlas  Sincnjîs. 

LUXIM  ,  ou  Lyxim  ,  petite  ville  de  la  principauté 
de  Phaltzbourg ,  en  latin  Luximum.  Elle  eft  entre  la  Lor- 
raine &  l'Alface  ,  à  quatre  lieues  de  Saverne  ,  à  l'occi- 
dent ,  &  à  trois  de  Luzelftein ,  au  feptentrion.  *  Corn. 
Dift. 

LUXOVIUM.  Voyez  Luxeu. 

LUYK. ,  nom  que  les  Flamands  donnent  à  la  ville  de 
Liège. 

LUZ.(S.jAENDE)Voyezau  mot  Saint  l'articleS.  Jean. 

1.  LUZA  ,  petit  canton  de  la  Paleftine,  affez  près  de 
la  ville  d'Hebron.  Elle  étoit  aux  Cananées  ,  félon  Rufin , 
dans  fa  traduction  de  Jofeph  ;  mais  comme  le  remarque 
Ortélius  ,  au  lieu  de  Lu/a ,  il  y  a  dans  le  grec  Drus  , 
ùfit  ,  qui  veut  dire  un  chêne.  Luza,  dit  Dom  Calmet, 
eft  l'ancien  nom  de  Béthel.  GeneJ.  c.  18  ,  v.  19. 

2.  LUZA  (a)  ,  ville  de  l'A  rabie-Pétrée.  Elle  fut  bâtie 
par  un  homme  de  Béthel  (b),  qui,  pendant  que  ceux  d'E- 
phraim  affiégeoient  Béthel  ,  leur  montra  une  entrée  fe- 
crette ,  par  le  moyen  de  laquelle  ils  prirent  la  ville  ;  ce 
qui  fut  caufe  qu'on  lui  donna  la  vie,  à  lui  &C  à  toute  fa 
famille.  Il  fe  retira  dans  le  pays  des  Héthéens,  &  y  bâ- 
tit Lusta  ,  autrement  appellée  Lussa  ,  Lésa  ,  ou  Lasa. 
.*(>)  D.  Calma,  Dift.  (b)  Judic.  c.  1 ,  v.  15. 

LUZARA  ,  bourg  d'Italie  ,  dans  la  Lombardie ,  au 


LYC 


duché  de  Mantoue ,  fur  la  petite  rivière  de  Croftolo  \ 
près  de  fon  embouchure  dans  le  Pô.  Ce  lieu  eft  remar- 
quable par  la  bataille  qui  s'y  donna ,  le  1 5  d'Août  1702  , 
&  où  Philippe  V  ,  roi  d'Espagne ,  fe  trouva  en  perfonne. 

LUZARCHE.  Voyez  Lusarche. 

LUZAY.  Voyez  Bois-Aubry. 

LUZERNE.  Voyez  Luserne. 

LUZETZ  ,  bourg  de  France  ,  en  Quercy ,  fur  le  Lot, 
au-deflous  de  Cahors.  Corneille  ,  St  les  auteurs  du  Dic- 
tionnaire de  la  France  en  forit  une  ville.  De  rifle  n'en 
fait  qu'un  village. 

LUZZI,  bourg  d'Italie ,  au  royaume  de  Naples,  dans 
la  calabre  Citérieure  ,  près  de  la  rivière  de  Craté ,  à 
une  lieue  de  Boffigniano  ,  du  côté  du  midi.  *Baudrand, 
édit.  1705. 

1.  LY,  fortereffe  de  la  Chine,  dans  la  province  de 
Quangfi ,  au  département  de  Suching  ,  grande  cité  de  la 
province.  Elle  eft  de  12  d.  27'  plus  occidentale  que  Pé- 
kin ,  fous  les  24  d.  17'  de  latitude.  *  Atlas  Sinenjîs. 

2.  LY  ,  fortereffe  de  la  Chine,  dans  la  province  de 
Suchuen  ,  au  département  de  Jungning ,  autre  fortereffe 
d=  la  province.  Elle  eft  de  14  d.  15'  plus  occidentale 
que  Pékin  ,  fous  les  29  d.  45'  de  latitude.  Le  quartier, 
où  eft  fituée  cette  fortereffe  ,  ne  dépendoit  pas  ancienne- 
ment de  la  Chine  :  les  Chinois  s'en  rendirent  les  maî- 
tres, du  tems  des  rois.  *  Atlas  Sinenjîs. 

3.  LY  ,  ville  de  la  Chine,  dans  la  province  de  Pékin, 
au  département  de  Paoting,  féconde  métropole  de  cette 
province.  Elie  eft  d'un  degré  26'  plus  occidentale  que 
Pékin  ,  fous  les  39  d.  5'  de  latitude.   *  Atlas  Sinenjîs. 

LYBADLA.  Voyez  Lebadia,  &  Livadie. 

LYBETHRA.  Voyez  Libethra. 

i.  LYBIE ,  province  d'Egypte  :  D.  Calmet  croit  qu'elle 
a  été  peuplée  par  les  descendans  de  Lahabim  ,  fils  de  Mes- 
raïm ,  Genef.  10,  v.  13.  Cette  province  s'étendoit  de- 
puis Alexandrie  jusqu'à Cyrène  ,  &  peut-être  encore  plus 
loin  ;  car  on  ignore  les  anciennes  bornes  du  pays  des 
Lahabim  ou  Lubim.   *  Nahum.  c.  3  ,  v.  9. 

2.  LYBIE ,  dans  le  fens  de  toute  l'Afrique.  Voyez 
Libye.  / 

3 .  LYBIE ,  ville  de  l'Espagne  citérieure.  Antonin  , 
hiner.  la  met  fur  la  route  de  Sarragoffe ,  Cœfar-Augujca, 
à  Virovesca.  On  lit  ainfi  dans  l'exemplaire  du  Vatican  ; 

Ctzjarea-Augufia,  M.  P.  XLVI. 
Cascanto ,  M.  p.  l. 
Calagorra,  M.  P.  XXIX. 
Verela  ,  M.  P.  XXVIU. 
Aritio  ,  M.  P.  XVIII. 
Libia,  M.  P.  XVIII. 
Segafa-Mundo ,  M.  P.  VIi; 
Veronesca  ,  M.  P.  XI. 

Au  lieu  de  ces  noms ,  on  lit  dans  l'édition  de  Suritta  Ct- 
J'ar-Augrifiam ,  Cascantum  ,  Calagurrim ,  Variant ,  Tri- 
tium-Olbiam ,  Segefa-Mundum ,  Virovescam.  Ainfi  Ly~ 
bia  ou  Libia ,  devient  Olbia.  Ortélius ,  Thsf.  remarque 
que  ce  ne  peut  être  la  JuLIA  LlBYCA  de  Ptolomée. 
LYBISSE,   ville  d'Afie,  dans  la  Bithynie.    Voyez 

LlBYSSA. 

LYBORUM  REGIO  ,  A116&  ;  Tzetzès ,  commenta- 
teur de  Lycophron,  dit  que  c'étoit  un  canton  de  Grèce, 
dans  la  Béotie  ,  6c  il  y  place  le  fphynx. 

LYCA.  Voyez  Lycastris. 

LYCABETHUS ,  montagne  de  Grèce  ,  dans  l'Atti- 
que  ,  félon  Pline  ,  /.  4,  c.  7,  qui  écrit  LYCABETTUS, 
Stace  dit  dans  fa  Thébaïde  ,  /.  12 ,  -y.  620  : 

Parnesque  benignus 
Vidbus  ,  &  pingui  melior  Lyeabe£us  oliva. 

Cette  montagne  étoit  à  l'oppofite  de  la  citadelle  d'Athè- 
nes ;  ce  que  Meurfius ,  Reliq.  Attic.  1.  7  prouve  ;  &  Pla- 
ton ,  inCritia,  le  confirme,  lorsqu'il  dit  que  l'ancienne 
ville  d'Athènes  touchoit  aux  ruiffeaux  l'Eridan  &  l'Ilis- 
fus  ,  St  renfermoit  le  mont  Lycobatus. 

LYCADIUM,  ou  Cycladium  ,  golfe  du  bosphore 
de  Thrace ,  félon  Pierre  Gilles ,  qui  s'appuie  fur  l'au- 
torité de  Denys  de  Byfance.   *  Ortel.  Thef. 

1.  LYCjEA,  ville  du  Péloponnèfe,  dans  l'Arcadie, 
felou  Théopompe,  enfon  feiziéme  Livre,  cité  par  Etienne 


LYC 


le  Géographe  ,  qui  ajoute  que  Ménélaiis  la  nomme  Ly- 
catha.  Paufanias ,  1.8 ,  c.  30 ,  fait  mention  d'une  campagne 
d'Arcadie,  qu'il  nomme  Lycaates  ager ,  le  champ  Ly- 
céate  ,  à  l'occafion  de  l'Hélifibn ,  rivière  qui  l'arrofe. 

2.  LYCiEA ,  lieu  dont  parle  Orphée  dans  lés  Argo- 
nautes, où  il  dit  qu'il  y  avoit  une  maifon  confacrée  à 
Cérès.  Ortélius  juge  que  ce  lieu  devoit  être  vers  l'océan 
Atlantique. 

LYCiEATES  AGER.  Voyez  Lyc^a  i. 

1.  LYOEUM,  lieu,  ou  ville  de  la  Theffalie,  félon 
Ortélius. 

2.  LYCjEUM  ,  lieu  de  Rome ,  que  nous  appellerions 
LyCjEUM  ,  dit  Denys  d'Halicarnafïe.  Voyez  Lupercal. 

1.  LYCjEUS  MONS  ,  montagne  de  Péloponnèfe  , 
dans  FArcadie.  Horace ,  l.  1 ,  ode  17  ,  dit  : 

Velox  ameenum  fapè  Lucretikm  , 
Mutât  Lycao  Faunus. 

Virgile  ,  Géorgie.  1.  1 ,  v.  16 ,  dit  : 

Ipfe  nemus  linquens  patrium  faltusque  Lycœi  , 
Pan  ovium  eujios. 

Se  Georg.  1.  3  ,  v.  2  : 

Vos  Sylva,  amnesque  Lyçmi. 

Paufanias,  qui  parle  fort  au  long  de  cette  montagne, 
/.  8,  c.  39  ,  dit  qu'on  lanommoit  auffi  Olympe  ,  &  mon- 
tagne faerée ,  &  fommet  d'Arcadie.  Une  tradition  veut 
que  Jupiter  y  ait  été  élevé.  Il  y  a  dans  le  Lycée  un 
champ  nommé  Cretea ,  à  la  gauche  du  bois  confacré  à 
Apollon  furnommé  Parrhafien.  Les  Arcadiens  préten- 
dent que  c'eft-là  que  Jupiter  a  été  élevé ,  &  non  pas 
dans  l'ifle  de  Crète.  Ils  nomment  trois  nymphes  qui  en 
eurent  foin  ,  favoir,  Thifoa  ,  Neda,  &î  Hagno.  La  pre- 
mière, dit  cet  auteur,  donnafon  nom  à  une  ville,  autre- 
fois fort  peuplée  aux  frontières  des  Parrhaliens,  quoique 
ce  ne  foit  plus  à  préfent  qu'un  village,  qui  fait  partie  du 
territoire  de  Mégalopolis.  La  féconde  donna  ton  nom  à 
une  rivière ,  qui  a  fa  fource  dans  la  montagne  ,  &  la 
troifiéme  à  une  fontaine  qui  coule  dans  le  mont  Lycée. 
Paufanias  s'étend  enfuite  fur  les  vertus  de  cette  fontaine  ; 
parle  du  temple  de  Pan  6c  des  autres  merveilles  de  la 
montagne ,  entr'autres  ,  d'une  plaine  confacrée  à  Jupiter 
Lycéen,  ckqui  eftinacceffible  aux  hommes.  Si  quelqu'un 
au  mépris  de  la  défenfe ,  franchit  le  pas  ,  il  meurt  dans 
l'année.  ,11  rapporte  un  autre  prodige  ,  c'eft  que  les  ani- 
maux ,  tant  hommes  que  bêtes,  qui  y  entrent  par  ha- 
zard  ,  ne  font  plus  d'ombre  avec  leur  corps  :  un  chafïeur, 
qui  y  pourfuit  l'on  gibier,  ne  l'y  prend  point  ;  &  quand  il 
en  eft  Ibrti ,  il  voit  que  fon  corps  ne  jette  plus  d'ombre 
autour  de  lui.  Au  fommet  de  la  montagne  eft  une  éléva- 
tion de  terre ,  d'où  l'on  peut  voir  tout  le  Péloponnèfe , 
&  fur  laquelle  eft  un  autel.  Devant  cet  autel ,  font  deux 
piliers  furmontés  par  des  aigles  dorées.  Le  temple  d'A- 
pollon Parrhafien  eft  à  l'orient.  Le  champ  de  Thifoa  eft 
au  nord. 

z.  LYCEUS,  lieu  de  Grèce,  dans  l'Attique.  Stra- 
bon  ,  /.  9,  p.  400,  dit  que  c'eft  d'où  fortoit  l'iliflus.  Ce 
lieu  ne  doit  pas  être  différent  de  la  promenade  où  les 
disciples  d'Ariftote  disputoient  :  Qui  erant  cum  Arifiotele, 
dit  Cicéron ,  Acad.  Quœ/l.  1.  1  ,  c.  4.  Peripatetici  dlcli 
funt  quia  disputabanl  inambulantes  in  Lycao.  Diogene 
Laërce,  au  commencement  de  la  Vie  d'Ariftote  ,  dit  qu'il 
prit  pour  lui  la  promenade  du  Lycée.  îhlcQaj ,  wseiWr  v , 
lit  iv  Av/.eit?.  Harpocration  dit  :  n  tZv  w«p  hSieianm 
yv/j-vKniMarri  A"''-""'  ;  Ie  Lycée  eft  un  des  collèges  d'A- 
thènes. 

3.  LYCjEUS  CAMPUS,  campagne  d'Afie,  aux  en- 
virons d'Héraclée  ,  ville  du  Pont ,  félon  Memnon  cité 
par  Ortélius ,  Thefaur. 

LYCAMBETUS.  Voyez  Lycabethus. 

LYCANDUM.  Voyez  Lapara. 

LYCAONIE,  (la)  province  de  l'Afie  mineure,  en- 
tre la  Pamphilie  ,  la  Cappadoce,  la  Pifidie  ,  &  laPhry- 
gie,  félon  Cellar.  Geogr.  ant.  I.3  ,  c.  4.  Ptolomée  fait 
mention  des  peuples  Lycaones ,  qu'il  place  clans  la  Phry- 
gie.  Mais  ces  peuples  ne  diffèrent  nullement  de  ceux  qui 


LYC  941 

habitoient  la  Lycaonie  ,  proprement  dite,  dont  il  donne 
ailleurs  le  nombre  des  villes. 

Il  y  en  a  qui  tirent  le  nom  de  cette  province ,  du  fleuve 
Lycus.  Mais  duquel  fleuve  entendent-ils  parler  ,  puisqu'il 
y  a  plufieurs  fleuves  de  ce  nom  ?  Seroit-ce  d'un  fleuve  de 
Cappadoce  ?  Seroit  -  ce  d'un  fleuve  de  Phrygie  ?  car  les 
autres  font  trop  éioignés.  Mais  dans  un  de  ces  deux  cas  , 
il  feroit  toujours  vrai  de  dire  que  ni  l'un  ni  l'autre  de 
ces  fleuves  n'a  aucun  rapport  avec  la  Lycaonie  propre. 
D'autres  (a)  vont  chercher  l'origine  de  ce  nom  dans 
l'Arcadie  ,  où  le  nom  de  Lycaon  étoit  célèbre.  Rien  de 
plus  incertain  que  cette  origine ,  pour  ne  pas  dire ,  rien 
de  plus  fabuleux,  à  moins  que  Ton  ne  convienne  que  (b) 
les  habitans  de  la  Lycaonie  dcîCindoient  des  peuples  Ly- 
caones, qui  habitoient  fur  les  bords  du  fl.uve  Lycus,  dans 
la  Phrygie,  du  côté  qu'elle  confine  à  la  Lycie.  *{*}Eus- 
tathius  ad  Perieges.  verf.  857.  (b)  Guill.  Hilla  ,  Com. 
in  Perieges.  p.  300. 

La  Lycaonie  (a)  voifine  du  Taurus,  quoiqu'en  partie 
fituée  dans  cette  montagne  ,  fut  réputée  appartenir  à 
l'Aile,  au-dedans  du  Taurus  (Afia  intrà  Taurum.)  Les 
Romains  1~  regardèrent  comme  elle,  du  tems  de  la  guerre 
contre  Antiochus.  [Is  avoient  ôié  à  ce  prince  les  terres 
qui  étoient  en-dedans  du  Taurus.  Le  traité  de  paix  por- 
toit  (b)  :  Excedito  urbibus ,  agris ,  viçis,  cafidlis ,  cis 
Taurum  montem  usque  ad  Halyn  amnem ,  &  à  vallt 
Tauri  usque  ad  juga ,  quà  in  Lycaoniam  vergit.  Mais 
quoique  ces  lermes  femblent  exclure  la  Lycaonie  ,  la 
fuite  fait  voir  qu'ils  ne  doivent  pas  être  pris  dans  ce 
fens;  car  lorsque  les  Romain*  donnèrent  au  roiEumenès 
la  Lycaonie  qu'ils  avoient  ôtée  a  A.niochus  :  Adjecerunt, 
dit  1  ne-Live  ,  c.  39  ,  in  Ajii  Phrygiam  utramqut .  .  . 
&  Myjiam  quam  Prufias  rex  aiemeiat,  ei  reflituerunt , 
&  Lycaoniam  &Myhda  &  Lyaiam.  Euftathe.  ad  Perie- 
ges. verf.  62.0  ,  confirme  la  choie  par  ces  paroles  :  AJla. 
quœ.  imrà  Taurum  efi.  complecli'.ur  Lydos ,  Cares ,  Lycao- 
nes, ckc.  *(a)  Cellar.  Geogr.  ant.  L.  3  ,  c.  4.  (b)  Th.  Liv. 
1.  38,  c.  38. 

Cette  province  étoit  divifée  en  certaines  parties ,  dont 
Pline  ,  /.  5;  ,  c.  27  ,  en  appelle  une  tetrarchia  ex  Ly- 
caonià  ,  quâ  parte  Galance  enntermina  eft ,  Sr.  il  dit 
qn'elle  avoit  quatorze  villes.  Strabon  veut  que  l'Ifaurique 
t:t  une  partie  de  la  Lycaonie  ;  6c  Ptolomée,  au  contraire, 
comprend  une  partie  de  la  Lycaonie  dans  la  Pamphilie. 
Voici  les  villes  que  ce  dernier  place  dans  la  Lycaonie; 

Adopiffus,  Paralais, 

Canna,  Corna, 

Iconium,  Casbia, 

Baratha. 

La  Notice  de  l'empereur  Léon  le  Sage  ,  &  celle  de 
Hiéroclès ,  s'accordent  pas  fur  le  nombre  des  villes  qui 
étoient  épiscopales  dans  la  province  de  Lycaonie.  Voici 
celles  qu'ils  donnent  l'un  &i  l'autre  : 


Léon  le  Sage. 

Iconii , 
Lyftiorum, 
Anal'adœ, 
Amdadorum, 
Larandorum, 
Eeretes , 
Derbes , 
Hydes, 
Sabatrorum , 
Cani , 

Berinopolis , 
Galbanorum, 

docialis , 
Helittxorum, 

Pertorum. 


aEù- 


Hiérocles. 

Iconium  metropolis; 

Lyftra, 

Myfthea, 

Amblada, 

Vafada , 

Umanada, 

Liftra, 

Luranda  , 

Derbae, 

Baratœ, 

Hyrle, 

Kauropolis  ; 

Corna, 

Sabatra, 

Pterna, 

Carna, 

Glauama, 

Rignum. 


Cette  province  eut  l'avantage  d'avoir  S.  Paul  &  faint 
Barnabe  pour  apôtres.  Il  eft  marqué  dans  les  Aftes, 
c.  14,  v.  16,  que  ces  deux  apôtres,  confttgerunt  ad  ci" 


ç,j,2  LYC 

vitales  LyCttonîe,  Lylram  &  Derben  ,  &  univerfam  In 
cïrcuitu  'regionem  ,  &  ubi  evangdifantes  erant. 

LYCAONIENS.  Outre  les  habitans  de  la  province 
de  Lycaonie  ,  Denys  d'Halicarnafle  ,  Antiq.  Roman. 
1.  i,  c.  4,  fournit  des  peuples  Lycaoniens,  dilférensdes 
Afiatiques;  &  il  obferve  qu'ils  turent  quelque  tems  fur- 
nommés  jEzei  A.'fwoi.  Ceux-là  paflerent  en  Italie,  où 
ils  furent  nommés'ŒNOTRiENS.  Sylburge  croit  qu'au 
lieu  d'Ai'Çiici  ,  il  faut  lire  AÇins.  Quoi  qu'il  en  foit  de  fa 
correction,  qui  ne  me  paroît  pas  fort  jufte,  ce  peuple  ne 
tiroir  pas  fon  origine  de  la  Lycie .  ni  ("on  nom  du  Ly- 
cus ,  comme  Ortélius,  Thefaur.  femble  avoir  lu  dans 
Denys  d'Halicarnafte.  Celui-ci,  dit  au  contraire,  en  par- 
lant d'GEnotrus ,  qu'il  étoit  fils  de  Lycaon,  dont  l'aïeul 
maternel  étoit  Efée  ,  fils  d'un  autre  Lycaon.  Il  ajoute 
que  ce  fut  fous  Lycaon  II ,  qu'une  colonie  d'Arcadiens 
palla  en  Italie,  ckqu'Œnotrus ,  fon  fils,  s'en  fit  le  chef, 
parce  qu'il  prévoyoit  qu'il  n'auroit  pas  un  patrimoine 
fuffifant;  car  fon  père,  qui  avoit  vingt-deux  enfans,  n'a- 
voit  que  l'Arcadie  à  leur  partager. ...  Le  pays ,  dont  il 
s'empara  en  Italie  ,  fut  appelle  (Enotrie  ;  &  les  peuples 
qui  lui  furent  fournis  changèrent  de  nom,  pour  la  troi- 
sième fois.  Ils  fe  nommoient  EJïens ,  fous  le  régne  d'È- 
fée  ;  Lycaoniens,  fous  celui  de  Lycaon  ,  qui  lui  fuccéda; 
&  après  qu'Œnotnas  les  eut  établis  en  Italie,  ils  prirent 
le  nom  (ÏCSnotriens.  Ce  peuple,  qui,  félon  cet  hiftonen, 
venoit  d'Arcadie,  n'a  aucun  rapport  avec  le  Lycus  & 
avec  la  Lycie  ,  fleuve  &  province  d'Afie,  où  apparem- 
ment iis  n'avoient  jamais  été. 

LYCAPSUS ,  Auza-^bs  ,  village  d'Afie  ,  au  voifinage 
de  la  Lydie ,  félon  Etienne  le  Géographe,  qui  cite  Eu- 
phorion. 

LYCARISUS  ,  montagne  d'Afie  ,  félon  Ortélius.  Il 
cite  pour  fon  auteur  Joan.  Lydus  de  Philadelphie. 

i.  LYCAS,  ville  ou  bourg  d'Afie,  fur  le  Lycus,  fé- 
lon Vibius  Sequefter. 
2.  LYCAS.  Voyez  Lycastris. 
LYCASPUS,  Avxxtnni.  Héfyche  nomme  ainfi  une 
■ville,  &£  ne  dit  point  en  quel  pays  elle  étoit.  Ortélius 
foupçonne  que.c'eft  peut-être  ouïe  Lycapsus  d'E- 
tienne, ou  le  Lycastum  de  Pline. 

LYCASTIA,  ville  d'Afie,  dans  la  Cappadoce,  félon 
Apollonius.  C'eft  apparemment  la  même  que  Lycas- 
TUM.  Voyez  ce  mot. 

LYCASTRIS  ,  rivière  de  Fille  de  Cô.  Elle  arrofoit 
la  ville  de  Lyca  ,  félon  Vibius  Sequefter. 

LYCASTUM,  ancienne  ville  d'Afie ,  dans  la  Cappa- 
doce, auprès  du  fleuve  Halys.  Pomppnius  Mêla,  /.  i, 
c.  19,  dit,  fecundkm  Halyn  urbs  ejl  Lycajlo.  Il  met  le 
nom  au  nominatif.  Pline ,  l.  6,  c.  3  ,  dit  Lycaflum,  & 
dit  que  la  contrée  de  Thémiscyre  commençoit  en  cet 
endroit  là.  Le  fcholiafte  d'Apollonius  dit  :  il  y  a  trois 
villes  dans  le  champ  de  Doëas ,  où  les  Amazones  ont 
habité ,  favoir  Lycaftie  ,  Thémiscyre  fk  Chalybie.  Ly-. 
cajlo  de  Mêla,  Lycajiutn  de  Pline,  &  Lycaftie  du  Scho- 
liafte  n'eft  qu'une  même  ville ,  fituée  peut-être  fur  le 
Lycus ,  fleuve  ,  qui  ,  traverfant  le  pont  Polémoniaque 
d'orient  en  occident ,  va  fe  perdre  dans  l'Iris. 

LYCASTUS ,  ville  de  l'iile  de  Crète.  Pomponius 
Mêla,  /.  2,  c.  7,  la  met  entre  les  fameufes  villes  du 
pays  :  urbium  notijfima  Gnofos ,  Gortyna ,  Lyclos,  Ly- 
cajlos ,  &c.  Homère ,  Catalog.  v.  154,  nommant  des 
villes  de  Crête ,  nomme  àpyivor/ra.  avucctIov  ,  Lycaftos , 
dont  la  terre  eft  blanchâtre  ;  &C  c'eft  fur  ce  témoi- 
gnage d'Homère,  que  Mêla  a  parlé  de  cette  ville,  car 
de  fon  tems  elle  ne  fubliftoit  déjà  plus  ;  &  les  Gnos- 
fiens  en  polïédoient  la  campagne  ,  après  avoir  détruit 
la  ville.  C'eft  Strabon,  /.  10,  p.  479,  qui  nous  l'ap- 
prend. Ainfi,  quand  Pline  parle  de  cette  ville,  fans  y 
joindre  le  mot  ^«'r,  comme  c'eft  la  coutume,  lorsqu'il 
nomme  des  villes,  qui  n'exiftent  plus  ,  c'eft  qu'il  a  été 
trompé  par  Mêla ,  qu'il  a  fuivi. 
LYCATES.  Voyez  Licatii. 
LïCEE.  Voyez  Lycâ;us. 

LYCES  ,  rivière  de  la  Scythie ,  en  Europe.  Valérius 
Flaccus  dit  dans  fon  poème  des  Argonautes ,  /.  4  : 

Quas  Tandis  flavusque  Lyces    Hypanisque  .   No- 
masque. 
.  jiddat  opes. 


Vie 


Ortélius  prétend  que  l'on  doit  lire  Lycus  ,  comme  Ptolo- 
mée  &  Hérodote  nomment  cette  rivière.  Voyez  Lïcys. 

LYCET1S.  Galien,  dans  fon  Traité  de  Sanitatetuenaâ , 
dit  :  in  Lycetis  apud  nosfunt  aquee  calida.  Dans  ce  pas- 
fage ,  apud  nos  ,  fignifie  à  Peraame. 

LICHE  ,  petite  ville  de  la  Turquie ,  en  Afie  ,  dans  la 
Syrie ,  avec  un  port ,  fur  la  mer  Méditerranée ,  au  pied 
du  mont  Liban ,  entre  Antioche  Si  Tripoli.  C'eft  la  même 
queLADic,LADiiu&cLADiKiA.  Voyez  Laodicée  3  , 
&  Lataquié. 

LYCHNIDUS  ,  ville  de  Macédoine  ,  félon  Ptolomée  > 
l.  x  ,  c.  13  ,  d'Illyrie  ,  félon  Tite-Live.  Tous  conviennent 
qu  elle  étoit  au  peuple  nommé  les  Dajjaietes.  Etienne 
dit  Actsezaycu  Ibau  h^uaas ,  les  Daflarètes  ,  peuples  d'Il- 
lyrie. Il  dit  ailleurs  :  Lychnide,  ville  de  l'Illyrie.  Tite-Live  , 
/.  43  ,  c.  1 1 ,  dit  de  même  :  confid  Hofiilius  Ap.  Clau- 
dium  in  Illyricum  . .  .  mijit ..  .qui  ...  peragrald  omnied 
regione  ad  Lychnidum  DaJJ'aretorium  conjèdit.  Il  dit  , 
/,  27,  c  32  :  dividenti  preedam  captivosque  .  .  .  nuncius 
ex  Macedonid  venie  :  EropUm  qucmdam  corrupto  arcis 
prcefidiique  prafecîo  Lychnidum  cepijfe.  Tenere  &  Dajfa- 
rewrium  quosdam  vicos  &  Dardanos  etiam  concire.  Il  en 
f.iut  conclure  qu'elle  étoit  aux  confins  de  l'un  &c  de  l'autre 
pays.  Le  nom  moderne  eft  Ochriia  ,  félon  Sophien.  Elle 
étoit  voifine  d'un  lac  que  Polybe  nomme  Auxas-Ti»  ,  ôt 
Etienne  le  Géographe  L  Y  chnit  us.  Voyez  l'article 
Achride  :  c'eft  la  même  ville.  Ortélius  croit  que  ce  lac 
eft  le  même  que  Y  Ascaris  de  Florus  ck  de  Tite-Live. 
Cela  eft  fort  incertain.  Voyez  ASCURIS;. 

LYCHNITIS  ,  marais  de  la  grande  Arménie  ,  félon 
Ptolomée  ,  /.  5,  c.  13.  Etienne  le  Géographe  nomme 
ainfi  un  canton  du  même  pays.  C'eft  aujourd'hui  le  lac 
Giaguni ,  qui  fe  décharge  dans  l'Araxe. 

LYCHNOS.  S.  Jérôme  donne  ce  nom  à  un  lieu  d'E- 
gypte ,  aux  environs  de  Pélufe.  C'eft  dans  la  Vie  de  Saint 
Hilarion. 

LYCI-SALTUS ,  lieu  du  Peloponnèfe,  dans  la  Méfie-  ' 
nie  ,  félon  Paufanias  ,  /.  4; 

LYCIA,  félon  Cellarius,G«)£r.  ant.l.  3,c.  3, province 
maritime  de  l'Afie ,  en-deçà  du  Taurus ,  entre  la  Carie 
&  la  Pamphylie;  celle-ci  à  l'orient,  &  la  première  à 
l'occident.  Ptolomée  augmente  confiérablement  cette  pro- 
vince, du  côté  du  nord;  car  il  y  joint  deux  provinces  , 
Milyades  Se  Carbalia.  Mais  les  autres  géographes  retran- 
chent de  la  Lycie  la  Milyades  ,&  la  Carbalia.  Il  y  en  a 
même  qui  donnent  à  la  Pifidie  quelques  villes  que  Pto- 
lomée place  dans  les  terres.  Le  même  géographe  attri- 
bue auflî  à  la  Lycie  ,  du  côté  de  l'occident ,  des  villes 
que  d'autres  mettent  dans  la  Carie.  Pline  ,  /.  5  ,  c.  37,  dit 
que  les  Lyciens  a  voient  trente-fix  villes.  Strabon ,./.  14  ^ 
leur  en  donne  vingt-trois  ;  &£  il  en  nomme  fix  ,  qu'Arté- 
midorè  appelle  de  très-grandes  villes  ,  favoir ,  Xantus  i 
Patara  ,  Pinura  ,  Olympus  ,  Myra  ,  Tlos.  Il  loue  fort 
l'équité  des  habitans  &  la  bonté  du  gouvernement  de 
toutes  les  villes  de  la  Lycie.  En  effet ,  la  modération  avec 
laquelle  ils  exerçoient  la  piraterie ,  leur  mérita  la  confir- 
mation de  leur  liberté  de  la  part  des  Romains. 

Les  anciens  géographes ,  qui  ont  traité  de  la  Lycie  ," 
connoiflbient  moins  le  dedans  des  terres ,  que  les  côtes. 
Ils  ne  nous  ont  guères  laifle  que  le  nom  des  villes.  Le 
fleuve  Xantus  div;(bit  la  province  en  deux  parties,  dont 
l'une  étoit  en-deçà  de  ce  fleuve ,  &  l'autre  au-delà.  Pto- 
lomée ,  /.  5  ,  c.  3  ,  donne  les  limites  de  la  Lycie  ,  &  la 
fituation  des  villes.  La  Lycie  ,  dit  -  il ,  eft  terminée ,  au 
feptentrion  &  au  couchant,  par  l'Afie  proprement  dite; 
à  l'orient ,  par  la  partie  de  la  Pamphilie ,  qui  prend  depuis 
l'extrémité  de  l'Afie ,  jusqu'à  la  mer  ;  &c  au  midi ,  par  la 
mer  de  Lycie.  Enfuite  il  donne  cette  description  du  rivage 
de  la  mer  : 


maritimes. 


Villes 

Calinda  , 
Chydœ, 
Carya , 

Dasdala,  'lieu; 
Telmeflùs, 
Xanthi ,  Jleuve-; 
Patara , 
Antiphellus, 


Villes  dans  les  terres. 

Cydna , 
Sembra, 
Oûapolis  , 
Coinba, 
Sidyma , 
Pinara  , 
Ara.ia, 
Tlos, 


LYC 


Villes  mariâmes. 


Andriace, 
Limyri ,  fleuve  ; 
Apirse , 
Hiera  ou  facra  pro- 

montoria, 
Olympus,  ville; 
Phafelis , 
Cragus  ou  Cragas, 

montagne. 


IJles  fur  la  côte  de  Lycie. 

Maxima  infula  ,  ou  la  grande  ifle 
Dolichifte,  infula; 
Chelidonise,  ce  font  cinq  écueils. 


Villes  dans  les  iérrèsi 

Xanthus, 
Coydalla., 
Sagalafïus  , 
Rhodia, 
Trebenda  , 
Phellos  , 
Myrra , 
Lymira. 


_  La  Notice  de  l'empereur  Léon  le  Sage  met  trente-huit 
villes  épiscopales  dans  cette  province  ;  St  la  Notice  de 
Hiéroclès  n'en  marque  que  trente ,  comme  on  le  voie  dans 
les  deux  tables  fuivantes  : 


Léon  le  Sage. 

Hiéroclès. 

Myrae, 

Phafydes, 

Maftauromm, 

Anapus , 

Telmeiï, 

Gaga, 

Limyra , 

Acalifus, 

Araxes , 

■  Elebefus  j 

Aprilorum  , 

Lymyra, 

Pedalise , 

Arycnada, 

Orycandorum  , 

Podalia  , 

Taporum  , 

Chôma, 

Arnéorum , 

Rencylias,. 

Sitymorum  , 

Mcera,  métropolis 

Zenopoleos,. 

Arnea , 

Olympi , 

Cyaneœ, 

Cotlorum , 

Aperla, 

Corydallorum , 

Phellus, 

Canni  oaAlcese, 

Antiphellusj 

Acraffi , 

Candyba , 

Xanthi , 

Eudocias  , 

Sophianopoleos  , 

Patara , 

Marcianœj 

Xanthus  , 

Uniodum  , 

Combe , 

Chomatis, 

Mifas  Pinara , 

Candanorum , 

Didomaplo  , 

Phelli , 

Telmifus, 

Antiphelli , 

Caunus  , 

Phafihdis, 

Arana , 

Rodopolis , 

Bubon  , 

Acalifi, 

Henvanda, 

Lebifi  , 

Balura , 

Licandorum  , 

Gomiftaraos» 

Paliotarum  , 
Eudochialis, 
Catarorum , 
Comborum , 
Nyforum , 
Barburorum  , 
Meloïtarum , 
Coancorum. 

Eufebe  ,  in  Chronic.  &  Eutrope ,  l.  j ,  nous  apprennent 
que  laLycie  fut  réduite  en  province  ,  fous  Vefpafien.  C'eft 
pour  cela  que  la  Cosmographie  ,  attribuée  à  jEthicus , 
ÔC  l'ancienne  Notice  des  provinces ,  manuscrite  ,  de  plus 
de  neuf  cents  ans  ,  confervée  dans  la  bibliothèque  pala- 
tine ,  mettent  la  Lycie  au  nombre  des  provinces  fepten- 
trionales.  Les  Actes  des  apôtres  font  auffi  mention  de  la 
Lycie ,  c.  xxvij  :  &  pelagus  Cilicia  &  Pampkylia:  navi- 
gantes ,  venimus  Lyftram  ,  qmz  eji  Lycia. 

LYCIAS  &c  Ly'cius  ,  Liais  6c  Lycus  ,  rivière  de  la 
Rhétie ,  félon  Ptolomée  ,  l.  z  ,  c.  12.  C'eft  prél'entement 
le  Lech.  Voyez  ce  mot. 

LYCIDE  ,  ville  d'Afie  ,  cbr.s  la  Myfie  ,  félon  Pline , 
î.  J  ,  c.  30  ;  il  la  met  entre  H.iliferne  &  Parlhenium. 

LYCIDENSIS ,  iïée;e  épisconal  d'Afrique.  Le  comte 
Marcellin  fait  mention  d'un  éveque  nommé  Laurent,  Lau- 
nntius  Lycidenfis.  *  Ortel.  Thef. 


LÏC  p43 

LYCfENS  ,  habitans  de  Lycie.  Voyez  Lycia. 

LYCIMNA  ,  fortereffe  de  Grèce  ,  au  Péloponnèfe  , 
dans  l'Argide ,  à  douze  ftades  ou  quinze  «ents  pas  de  Nau- 
plia ,  félon  Strabon  ,  L  8  ,  p.  373. 

LYCIORUM  PORTUS ,  le  port  des  Lyciens.  On  avoit 
donné  ce  nom  à  un  port ,  fur  le  Bosphore ,  au  rapport  de 
Pierre  Gilles ,  cité  par  Ortélius ,  Thifaur. 

LYCIRNA ,  village  de  Grèce ,  dans  l'Etolie  ,  félon 
Strabon,  /.  10, p.  459. 

.    LYGIUM ,  lieu  de  TheiMs  ,  félon  le  grand  Etymo- 
logique. Phavorin  en  fait  une  ville. 

LYCIUS ,  rivière  ;  c'eft  aujourd'hui  le  Lech.  Voyez 
Lech  &  Lycias. 

^  LYCOA ,  aûho*.  j  ville  du  Péloponnèfe ,  dans  l'Arca- 
die,  félon  Paufanias,  l.  8,  c.  36,  ik  Etienne  le  Géographe. 
Suidas  en  parleauffi  au  mot  AApiuc  Paufanias  dit  qu'il  n'en 
reftoit  plus  que  les  ruines ,  Si  un  temple  de  Diane  ,  fur- 
nommé  Lycotide. 

LYCOCAPER.  Siméon  Méfaphrafte ,  dans  ce  qu'il 
écrit  des  miracles  de  S.  Michel,  archange ,  dit.  que  le  Ly- 
eocaper  &  le  Cyphus  coulent  clans  la  Lycie ,  &  que  leurs 
embouchures  font  éloignées  l'une  de  l'autre.  11  nomme , 
fans  doute  ,  Lycocaper  la  rivière  qui  fe  forme  du  Lycus 
&  du  Caper,  dans  l'A  fie  mineure.  Voyez  Caper  2. 

LYCOMEDIS-LACUS  ,  le  lac  de  Nicomede ,  lac  d'A- 
frique ,  félon  Pline  ,  /.  5  ,  c.  4  ;  &:  Ptolomée ,  /.  4  ,  c.  5. 
Le  premier  dit  qu'il  eft  entouré  de  déferts  ;  le  fécond  le 
met  dans  la  Marmarique.  Ils  ne  s'accordent  pas  entr'eux 
fur  la  fituation  de  ce  lac.  Leurs  interprètes  ne  laiîîent  pas 
de  s'accorder  à  dire  que  c'eft  le  lac  de  Linsano. 

1.  LYCON,  ville  d'Egypte,  félon  Strabon.  Ce  mot 
Lycon  eft  un  génitif  p'urier  Avy.m' ,  c'eft-à-dire,  des 
loups ,  en  fous-entendant  ni»it  la  ville;  on  la  nommoit 
auflî  LYCOPOLIS.  Strabon  ,  l.  8  ,  p.  S02  ,  nomme  deux 
villes  LYCOPOLIS  ;  Tune  dans  le  diftricT:  de  Sebennyte  , 
& ,  par  conféquent ,  dans  le  Delta.  Ortélius  s'eft  trompé, 
quand  il  a  dit  que  c'étoit  de  cette  ville-là  qu'Antonin  par- 
loit  dans  l'Itinéraire  :  il  n'a  pas  fait  réflexion  que  la  Ly- 
eon  d'Antonin  étoit  dans  la  Thébaïde,  au-deftus  A'Oxy- 
rinchon  &ç  Sliermupolis  ;  ce  qui  fe  trouve  bien  claire- 
ment expliqué  ,  tant  dans  la  route  que  fuit  Antonin  ,'  que 
dans  le  texte  même  de  Strabon ,  p.  813.  Cette  Lycon  , 
qu'Ortélius  confond  mal  avec  la  féconde  Lycopolis  ou 
Avzuv  wtA/f  de  Strabon  ,  donneit  le  nom  au  Nome  Ly- 
copolite ,  dont  elle  étoit  la  métropole.  Cette  ville  ,  félon 
Ptolomée,  /.  4,  c.  1  ,  étoit  dans  les  terres,  c'eft-à- 
dire  ,  à  une  allez  grande  diftance  du  Nil ,  au  couchant  de 
ce  fleuve. 

2,  LYCON  ,  ancienne  ville  d  Espagne ,  félon  Tite- 
Live ,  /.  37',  peut-être  dans  la  Luiitanie.  Un  favant  d'Es- 
pagne ,  ami  d'Ortélius ,  lui  mandoit  qu'elle  s'appelle  au- 
jourd'hui LOBON  ,  tk  qu'elle  eft  quaire  Leuss  au-deffus 
de  Mérida. 

_  1.  LYCONE,  montagne  du  Péloponnèfe  ,  dans  l'Ar- 
gie.  Elle  étoit  couverte  d'arbres  ,  parmi  lesquels  i!  y  avoit 
beaucoup  de  cyprès ,  au  rapport  de  Paufanias ,  /.  2 ,  c.  24. 

2.  LYCONE  ,  bourg  de  Thrace  ,  félon  Etienne  1$ 
Géographe. 

LYCOPOLIS  ,  ville  d'Evpree.     ( 

LYCOPOLITESNOMOS,pro-  \  Voyez Lycon.i,, 
vince  d'Egypte.  ( 

LYCOREA  ,  rue  de  la  ville  de  Delphes,  en  Grèce, 
dans  la  Phocide.  Paufanias ,  /.  10 ,  c.  6  ,  dit  qu'un  certain 
Pamafius  inventa  l'art  de  découvrir  l'avenir  par  le  vol  des 
oifeaux  ,  &  qu'il  bâtit  ville  qui  fut  fubmergée  par  L-  dé- 
luge arrivé  ibus  Deucalion.  Ceux  qui  ne  furent  point 
furpris  par  les  eaux,  fuivirent  le  hurlement  des  loup;,  Se, 
guidés  par  ces  animaux,  fe  réfugièrent  fur  les  fommets 
du  Parnafïe;  cV,  par  cène  raiion  ,  ils  appellerènt  Lycorée 
la  ville  qu'ils  bâtirent  en  cet  endroit.  Il  rapporte  encore 
d'autres  traditions  à  ce  fujet.  Mais  ceci  fjfnt  pour  faire 
entendre  que  Lycorée  étoit  un  quartier  de  Delphes  ,  & 
le  refte  d'une  ville  qui  avoit  été  de  beaucoup  antérieure 
à  la  ville  même  ,  dont  elle  étoit  devenue  partie.  Etienne 
le  Géographe  dit  que  c'étoit  un  village  du  territoire  de 
Delphes.  L'auteur  du  grand  Etymologique  dit  :  Lycorée, 
ville  de  la  Deiplnde,  dans  laquelle  Apollon  étok  honoré. 
Lucien  ,  dans  ion  Dialogue  du  Mif„nthrope  ,  dit  que  Ly- 
corée étoit  une  montagne  fur  laquelle  Deucalion  fut  à 
couvert  du  déluge.  Voyez  LycuïUA. 


944  LYC 

LYCORMAS  ,  rivière  de  Grèce ,  dans  l'Etoile.  On 
la  nomma  enfuite  EvENUS.  Son  nom  moderne  eft  la 
FiDARI.  Oitéli*!  ajoute  ces  remarques-ci.  Hygm  écrit 
que,  de  l'on  tems,  on  nommoit  cette  rivière  Chryjorrhoas; 
c'eft  le  Calydonius  amms  d'Ovide.  Le  Lexique  de  Ro- 
bert Etienne  porte  qu'elle  étoit  appellée  Centaums  ;  & 
elle  eft  nommée  Centuureus  au  quatrième  livre  de  la  1  he- 
baîde  de  Stace. 

LYCOS ,  rivière  de  la  Paleftme ,  félon  Ortehus.  Voyez 
Lycus  16.  ,  , 

LYCOSTEN'E,  fendir*,  ville  dAfie,  dans  la  Ly- 
die ,  félon  Etienne  le  Géographe.  Une  médaille  rapportée 
par  Goltzius,  en  fait  une  métropole. 

LYCOSURA ,  ville  du  Péloponnèie,  dans  1  Arcadie, 
fur  le  mont  Lycée.  Paufanias,  l.  6  ,  c.z,  croit  que  c'é- 
toit  une  des  plus  ancien.ies  villes  qu'il  y  eut  au  monde, 
foit  dans  le  continent ,  loit  dans  les  ifles  ,  Si  que  Ciitor 
y  établit  l'a  cour,   Si  lui  donna  l'on  nom  ,  en  l'appellant 

LYCOZIA,  ville  de  Thrace,  félon  Etienne  le  Géo- 

LYCTOS  ,  ou  Lyttus,  ou  Lyctus  ,  ville  de  Me 
de  Crète.  Homère  en  fait  mention,  /.  i ,  v.  154: 

A"'r.Tcv,  MiWro'y  ts, 

Mêla , ,  l.  z  ,  c.  7,  en  parle  comme  d'une  ville  fubfis- 
tante  de  fon  tems  ;  mais  Strabon,  qui  vivoit  avant  Mêla, 
dit,  /.  10,  qu'elle  ne  fubfiftoit  plus  de  fon  tems.  Pto- 
lomée ,  /.  3  ,  in  fini,  la  met  dans  les  terres  comme  fub- 
fiftante.  '  ,       „. 

LYCUNTES  ,  village  du  Péloponnefe,  dans  1  Arca- 
die, félon  Paufanias  ,  /.  8,  ç.  23  ,  fur  la  route  de  Ca- 
phyes  à  Piophide. 

1.  LYCURGIUM,  village  du  Péloponnefe,  dans 
l'Argie,  félon  Strabon ,  /.  8  ,  p.  376. 

2.  LYCURGIUM,  montagne  du  même  canton,  fé- 
lon le  même.  Polybe  la  nomme  Ligurgium. 

LYCUR1A.  Plutarque  fembie  nommer  ainfi  un  lieu 
dans  fon  Traité  fur  la  queftion  :  Pourquoi  la  Punie  ne 
rend  plus  d'oracles  ?  Ortélius  croit  que  c'eft  le  même 
lieu  que  Lycorée. 

LYCUS  ;  ce  mot  eft  de  la  langue  greque ,  &  veut 
dire  un  loup.  On  l'a  donné  à  quelques  rivières  par  allu- 
fion  aux  ravages  qu'elles  caufoient  lorsqu'elles  tbrtoient 
de  leur  lit. 

1.  LYCUS,  (le)  rivière  de  Sicile  ,  félon  Diodore 
de  Sicile,  /.  16.  Les  uns  prétendent  que  c'eft  aujour- 
d'hui Platïna  ;  d'autres  ,  comme  Fazel,  difent  que  c'eft 
Platani.  Le  Lycus ,  dont  il  s'agit  ici ,  eft  le  même  que 

a.  LYCUS  ,  fontaine  de  Sicile  ,  dans  le  territoire  de 
Léontini ,  félon  Piine,  /.  31  ,  c.  2,  ou  plutôt  félon  fes 
éditeurs.  Voici  le  partage  :  Necare  aquas  Thcopompus 
&  in  Tkracid  apud  Cychros  dicit  :  Lycus  ira  Leominis 
tertio  die  quam  quis  biberit.  Ortélius  trompé  par  l'In- 
dex de  Pline,  a  cru  que  Lycus  étoit  le  nom  d'une  fon- 
taine ;  au  lieu  que  c'eft  le  nom  d'un  hiftorien  -,  comme 
le  P.  Hardou'm  le  remarque.  Ce  n'eft  pas  une  fontaine 
nommée  Lycus,  qui  produit  l'effet  dont  il  eft  parlé; 
c'eft  un  hiftorien  appelle  Lycus  ,  qui  rapporte  cet  effet. 
Cn  a  fait  encore  la  même  faute,  au  fujet  du  nom  Lycos, 
employé  par  Pline  dans  fon  trente-uméme  livre,  c.  z. 

3.  LYCUS,  rivière  de  la  Sarmatie,  en  Europe,  fé- 
lon Ptolomée,  /.  3  ,  c.  •).  Elle  étoit  yoifine  de  la  ville 
d'Hygris ,  &  tombe  dans  les  Palus  Méotides. 

4.  LYCUS ,  rivière  de  Macédoine ,  dans  le  voiîïnage 
du  'peuple  les  Daftarètes.  Plutarque  en  fait  mention  dans 
la  Vie  de  Flaminius. 

5.  LYCUS,  ruifieau  de  Thrace  ,  auprès  de  Conftan- 
tinople,  félon  Cédrène,  qui  rapporte  qu'Apollonius  de 
Thiane  le  contraignit  de  ne  point  faire  de  mal  aux  By- 
zantins. 

6.  LYCUS  ,  rivière  de  l'Afie  mineure,  dans  laPhry- 
gie.  Laclicée,  fituée  au-deffus  de  l'on  embouchure  dans 
le  Méandre,  en  prenoit  le  nom  de  Laodick  fur  le  Ly- 
cus. Voyez  LaodiGÉE.  i.  La  jonction  du  Lycus,  du 
Caper  &  de  l'Albpus  fe  faifoit  à  Laodicée  ;  &  le  Ly- 
cus, (Voyez  Caper  2.)  prenant  alors  le  nom  de  Ly- 
cocaper,  (Voyez  cet  articie,)  portoit  i'es  eaux  dans  le 


LYC 


Méandre,  auprès  de  Coloffes.  C'eft  en  arrivant  à  cette 
ville,  qu'au  rapport  d'Hérodote ,  /.  7,  c.  30,  le  Lycus 
fe  cache  dans  une  ouverture  qui  eft  dans  la  terre  ;  Si  ,  le 
montrant  à  cinq  ftades  de-ià ,  il  fe  perd  dans  le  Méan- 
dre. Pline,  L  z,  c.  103  ,  dit  de  cette  même  rivière: 
Subeunt  terras ,  rurfusque  redduntur  Lycus  in  JJiâ , 
Erafinus  inArgolicà,  Tigris  in  Mefopotamia.  Ovide, 
/.  15,  v.  173,  dit  dans  les  Métamorphofes  : 

Sic  ubi  terreno  Lycus  efi  epotus  hiatu , 
Exif.il  procul  hinc  ,  atioque  renascitur  oré. 
Sic  modà  combibitur,  tacito  modo  gurgite  lapfust 
Redditur  Argolicis  ingens  Erafinus  in  arvis. 

Ce  fleuve  Lycus  n'a  rien  de  commun  avec  celui  qui  fuit. 

7.  LYCUS  ,  rivière  de  l'Afie  mineure  ,  dans  la  Ca.- 
rie.  Elle  a  fa  fource  dans  le  mont  Cadmus  ,  forme  un 
lac,  un  peu  avant  l'on  embouchure ,  dans  le  golfe  nommé 
par  les  anciens  Latmicus  Jinus.  De  l'Ifle  nomme  cette 
rivière  Latmus  feu  Lycus.  Son  cours  eft  d'orient  en  oc- 
cident. 

8.  LYCUS ,  rivière  de  l'Afie  mineure ,  dans  la  My- 
iîe,  au  canton  de  Pergame.  Elle  a  fa  fource  au  mont 
Draco  ;  Si,  coulant  vers  le  nord-oueft ,  elle  paife  auprès 
des  ruines  deThyatire,  &  fe  jette  dans  le  Caïque.  Pline, 
/.  5,  c.  29,  dit  :  intus  &  Thyatird  adluitur  Lyco,  Pi' 
lopia  alïquando  &  Euhippa  cognominata. 

9.  LYCUS,  rivière  de  l'Alie  mineure,  au  pays  des 
Maryandini ,  près  d'Héraciée  :  Arrien  parle  de  cette  ri- 
vière Si  de' la  ville  d'Héraciée,  Si  les  éloigne  de  vingt 
ftades  l'une  de  l'autre.  Voyez  HÉRACLÉE  25. 

10.  LYCUS ,  rivière  de  l'Afie  mineure ,  enBithynie; 
c'eft  la  même  que  le  BJiyndacus.  Pline,  /.  J,  c.  32,- 
dit  :  Rhyndacus  ante  Lycus  vocalus. 

11.  LYCUS,  rivière  de  l'Afie  mineure,  dans  le  Pont 
où  elle  mêlé  (es  eaux  avec  celles  de  l'Iris.  Pline,  7  6, 
c.  3  ,  dit  :  Lris  flumen  deferens  Lyciim.  Strabon,  /.  12, 
dit  que  Pompée  trouvant  au  confluent  du  Lycus  Si  de 
l'Iris  une  ville  commencée  ,  l'acheva ,  lui  donna  des 
champs  &  des  habitans,  Si  la  nomma  Magnopolis.  Pline 
avant  le  partage  déjà  cité ,  avoit  dit  que  Néocéfarée  étoit 
fur  le  Lycus.  De  Tournefort  parle  ainfi  de  cette  rivière, 
dans  fon  Voyage  du  Levant,  lettre  21,  page  17J  :  la 
rivière  qui  pafle  par  Tocat  n'eft  pas  l'Iris  ou  le  Cafal- 
mac,  comme  des  géographes  le  iiippofent  ;  c'eft  le  7b- 
fanlu  qui  pafle  auili  à  Néocéfarée ,  Si  c'eft  fans  doute 

le  loup,  dont  Pline  fait  mention  ;  (nous  avons  remar- 
qué que  Lycus  eu  Lycos  lignifie  un  loup  en  grec,)  Si 
qui  va  lé  jetter  dans  l'Iris.  Cette  rivière  fait  de  grands 
ravages  dans  les  tems  de  pluie,  Si  lorsque  les  neiges  fe 
fondent.  Ainfi  le  Lycus  eft  l'ancien  nom  ,  Tofanlu  eft 
Je  nom  moderne  ;  Se  comme  cette  rivière  pafle  à  To- 
cat ,  on  la  nomme  aulii  la  rivière  de  Tocat. 

12.  LYCUS,  rivière  d'Afie ,  dans  la  Cappadoce, ou 
plutôt  dans  le  Pont  Cappadocien,  félon  Ptolomée, /.  5, 
c.  6.  C'eft,  félon  lui,  une  des  branches  de  rAblbrrus,qui 

'  tombe  dans  le  Pont-Euxin. 

13.  LYCUS,  rivière  d'Afie ,  dans  l'Aflyrie.  Polybe 
en  fait  mention,  /.  5,  c.  51.  Ptolomée  ,  7.  6,  c.  1,  la 
nomme  Leucos,  Mvxn ,  &  dit  qu'elle  fe  jette  dans  le 
Tigre.  Bochart,  /.  3,  croit  que  c'eft  le  Zates  de  Xéno- 
phon  ,  dans  le  Retraite  des  dix  mille.  Ninive  n'en  étoit 
pas  fort  éloignée. 

14.  LYCUS,  rivière  d'Afie,  dans  la  Syrie  ,  près  du 
golfe  d'Iilus.  Pline,  /.  5 ,  c.  27,  dit  :  Flumina  Andri- 
cus  ,  Pinarus  ,  Lycus  ,  Jinus  LJJicus. 

15.  LYCUS,  rivière  d'Afie,  dans  l'ifle  de  Cypre. 
Ptolomée  en  met  l'embouchure  entre Curium ,  ville,  Se 
le  promontoire  Curia,  fur  la  côte  méridionale  de  l'ide. 

16.  LYCUS,  rivière  d'Afie,  dans  la  Phénicie  ,  en- 
tre Palcebyblos  ou  l'ancienne  Byblos,  &  Béryte ,  félon 
Strabon,  /.  5  ,  c.  14.  Une  infeription  trouvée  entre  Bé- 
ryte StSidon,  Se  rapportée  par  Spon,  (1.  16  Miscelt. 
erud.  antiq.  p.  271,)  clans  fes  Mélanges,  fembie  prou- 
ver que  le  Lycus  coule  entre  ces  deux  villes  ;  car  on  y 
lit  ces  mots  : 

MONTIBUS  IMMLNENTIBUS  > 

LYCO  FLUMINI  CjESIS  , 

fiam  Dilaiavit. 


LYD 


LYD 


li  y  eft  queflion  d'Antonin  Pie,  qui  fit  élargir  le  che- 
min entre  ces  deux  villes  ,  en  coupant  les  montagnes , 
au  pied  desquelles  coule  le  Lycus.  Pline  ,  /.  5  ,  c.  20; 
&  Mêla,  /.  1 ,  c.  12,  en  font  mention.  C'eft  aujour- 
d'hui la  rivière  du  Chien. 

17.  LYCUS.  Quinte-  Curfe  fait  couler  à  Célènes  , 
dans  la  Phrygie,  une  rivière  nommée  Lycus.  Il  fe  trompe  ; 
c'eft  le  Marfyas. 

18.  LYCUS,  foffé d'Egypte ,  qui  établiflbit  la  com- 
munication des  eaux  du  Nil ,  avec  celles  du  lac  Maréo- 
tide.  Il  en  eft  parlé  dans  l'Hiftoire  de  Calhfte,  /.  8, 
c.  41  ;   &  dans  l'Hiftoire  tripartite. 

LYDA.  Voyez  Chyda. 

LYDDA  (a) ,  en  hébreu  Lud,ou  Lod,  engrec  Lydday 
ou  Diospolis ,  ancienne  ville  de  la  Paleftine ,  fur  le  che- 
min de  Jérufalem  à  Céfarée  de  Philippe.  Elle  étoit  à  l'o- 
rient de  Joppé  ,  &  à  quatre  ou  cinq  lieues  de  cette  ville; 
cette  ville  appartenoit  à  la  tribu  d'Ephraïm.  Il  femble 
qu'elle  fut  habitée  par  les  Benjamites  (b)  ,  au  retour  de  la 
captivité  de  Babylone.  Lydda  eft  une  des  trois  topar- 
chies ,  ou  feigneuries ,  qui  furent  démembrées  de  la  Sa- 
marie  (c),  pour  être  données  aux  Juifs.  S.  Pierre  étant 
venu  à  Lydde  (d),  y  guérit  un  homme  paralytique, 
nommé  Enée.  Baudrand  dit  que  cette  ville  fubfifte  en- 
core fous  le  nom  Rama  ,  Se  que  les  Arabes  l'ont  rebâtie 
depuis  le  tems  de  Mahomet  :  d'autres  voyageurs  l'ont 
dit  avant  lui  ;  cependant  la  chofe  n'en  eft  pas  plus  vraie. 
Le  P.  Nau,  Jéfuite  ,  les  diftingue  très-bien ,  &  met  Rame 
(  c'eft  ainfi  qu'il  nomme  Rama  dans  fon  Voyage  nou- 
veau de  la  Terre- fainte ,  1.  I  ,  c.  6,  p.  32,)  à  plus  de  trois 
lieues  de  Jafa ,  qui  eft  la  même  que  Joppé  ,  comme  nous 
le  dilbns  ailleurs.  Il  dit  dans  le  chapitre  fuivant ,  p.  41  : 
comme  nous  étions  à  Rame  le  Métoualli  du  faint  fépulcre, 
ayant  appris  que  M.  l'ambafladeur  étoit  arrivé ,  Se  qu'il 
avoit  deflein  de  vifiter  Lydde  ,  lui  envoya  témoigner  la 
joie  qu'il  auroit  de  l'y  voir.  Nous  partîmes  l'après-dînée , 
&c  nous  nous  y  rendîmes  en  une  heure  de  tems.  Il  y  a 
donc  une  heure  de  chemin  de  diftance  entre  ces  deux 
■villes.  Lydde  eft  aujourd'hui  appellée  Leudde,  félon  le 
même  voyageur.  Il  remarque  qu'elle  tenoit  le  cinquième 
rang  entre  les  onze  toparchies  de  la  Judée.  On  y  voit 
encore  une  églife  de  S.  George  :  ce  n'eft  pas  celle  que 
l'empereur  Juftinien  avoit  fait  bâtir,  &  qu'il  avoit  pris 
plaifir  d'orner  richement.  Les  Mahométans  l'abbatirent  à 
l'arrivée  de  Godefroi  de  Bouillon,  &  des  autres  fei- 
gneurs  croifés  ,  de  peur  qu'ils  ne  fe  îerviffent  de  cet  édi- 
fice contre  eux.  Celui  dont  on  voit  aujourd'hui  les  reftes, 
fut  depuis  bâti  en  fa  place.  Il  n'a  plus  rien  d'entier  qu'un 
peu  du  fond  de  la  nef,  où  les  Grecs  ont  fait  un  autel  à 
leur  manière  :  ce  fond  de  nef  même  eft  ruineux ,  &  ne 
réfiftera  pas  long-tems  aux  pluies  &  aux  orages  de  l'hy- 
•ver.  Devant  la  cloifon  qui  cache  l'autel,  on  a  élevé  un 
quarré  de  pierre  ,  où ,  dit-on  ,  étoit  autrefois  la  tête  de 
S.  George  ,  avant  qu'on  la  transportât  à  Rome ,  où  elle 
eft  dans  une  églife  qui  porte  le  nom  de  ce  faint.  Le  re- 
venu, qui  fe  tire  de  cette  ville  &  de  toutes  (es  dépendan- 
ces eft  affigné  en  partie  pour  l'entretien  de  l'hôpital  de 
Jérufalem ,  en.  partie  pour  quelques  frais  de  la  caravane 
de  la  Mecque.  Le  Métoualli  du  làint  fépulchre ,  (c'eft-à- 
dire  celui  qui  en  a  l'intendance,)  a  foin  de  recueillir  ces 
revenus,  &  il  ne  le  fait  pas  fans  peine;  car  il  a  affaire 
à  des  payfans  &t  à  des  Arabes  indociles  qui  ne  donnent 
pas  volontiers.  Il  y  a  même  des  montagnes  allez  peu- 
plées ,  qui  bornent  les  plaines  de  Leudde,  d'où  le  Turc, 
tout  habile  qu'il  eft  à  tirer  de  l'argent  de  tout,  ne  peut 
avoir  que  peu  de  chofe.  Les  payfans,  qui  les  cultivent, 
&qui  ont  leurs  Sckeïckhsou  Meschahkhs,  (c'eft  ainfi  qu'on 
nomme  les  principaux  de  la  nation  ,  principalement  ceux 
qui  gouvernent ,  )  favent  manier  l'épée  aulfi-bien  que  la 
charrue;  &  ils  reçoivent  ceux  qui  leur  viennent  deman- 
der plus  qu'ils  n'ont  envie  de  donner ,  d'une  manière  qui 
fait  perdre  l'envie ,  ou  du  moins  la  hardieffe  de  les  in- 
quiéter. Ces  montagnards  s'appellent  Aouahed,  du  nom 
de  leur  principale  demeure  qui  eRAkoud.  *(a)  D.  Calmet, 
DicT:.  (b)  Esdras,  1.  2 ,  c.  il.  (c)  Maccab.  1.  I  ,  c.  II. 
Jofeph.  Antiq.  /.   14,  c.  8.  (d)  As.  Ap.  c.  9,  v.  33. 

LYDIA,  ou  MœoniA  ,  province  de  TAfie  mineure. 
Presque  tous  les  géographes  conviennent  que  la  Mœonia. 
&  la  Lydia  font  la  même  province,  &  que  les  Lydiens 
font  ceux  qu'Homère  appelle  ïinnaç ,Méorias,  Méoniens, 


94-J 

Hérodote  ,  L  1 ,  c.  7  ,  nous  apprend  que  tous  les  rois . 
qui  régnèrent  dans  ce  pays  ,  étoient  descendus  de  Ly- 
dus ,  fils  d'Atys ,  qui  avoit  donné  fon  nom  à  tout  le 
peuple  que  l'on  appelloit  auparavant  Mœones  ,  les  Méo* 
niens.  Strabon,  L  13  ,  dit  que  les  Lydiens  qu'Homère 
appelle  Mœonas,  furent  nommés  dans  les  fiécles  fuivans 
Mœones. 

Cependant  Ezech.  Spanheim  {Ad  Callimach.  Hymne 
in  Del.  vers.  2J0,)  a  obfervé  que  quelquefois  on  avoit 
diftingue  les  Meones  des  Lydiens  ;  que  la  Lydie  fupé-1 
rieure  avoit  anciennement  éré  appellée  Méonïe  propre  , 
dans  laquelle  fe  trouvdit  le  mont  Tmolus  ,  &  où  pre- 
noit  fa  fource  le  fleuve  Pa&ole  ;  que  cette  diftinftion 
avoit  fait  que  Callimaque  avoit  donné  le  furnom  de 
MœoniusML  Paftole  ;  qu'Homère  avoit  dit  que  les  Méo- 
niens  habitoient  le  Tmolus  ;  &  Denis  le  Périegete  place 
la  Méonie  au  pied  du  mont  Tmolus.  II  ajoute  que  Jes 
Lydiens  avoient  habité  la  Lydie  inférieure ,  fayoirla  par- 
tie du  pays ,  qui  tiroit  du  côté  de  la  mer,  &  que  c'étoit 
par  cette  raifon  qu'Hérodote ,  lib.  1,  c.  142,  avoit  avancé, 
en  parlant  d'Ephèfe ,  de  Colophone  ,  ik  de  Lébédos  , 
que  ces  villes  étoient  dans  la  Lydie. 

Il  eft  vrai  qu'on  parloit  anciennement  de  la  forte  ;  mais 
ce  ne  fut  pas  un  ulâge  confiant.  Les  habitans  de  la  baffe 
Lydie  furent  auflî  quelquefois  appelles  Méoniens,  &  on 
nomma  Lydii  ceux  qui  habitoient  la  haute  Lydie.  Dans 
la  fuite,  la  colonie  des  Ioniens  s'étant  multipliée,  infen- 
fiblement  le  nom  des  Méoniens  fe  perdit.  La  Lydie  infé- 
rieure prit  le  nom  A'Ionie  ,  &  la  Lydie  fupérieure  retint 
le  nom  de  Lydie  ;  ce  qui  fut  obfervé  du  tems  des  Grecs , 
&  même  du  tems  des  Romains,  auff.-bien  que  dans  le.s 
notices  des  églifes  6t  des  évêchés. 

La  Lydie  inférieure  ne  fut  pas  diftinguée  non  plus  de 
l'Ionie.  C'étoit  le  royaume  des  Lydiens  ,  principalement 
des  derniers  rois.  Il  s'étendoit  depuis  le  fleuve  Halys  » 
jusqu'à  la  met  jEgée.  Dans  une  lettre  de  Darius  à  Alexan- 
dre ,  on  lit  Halys  amnis  qui  Lydiam  terminât,  Curtius  , 
/.  4,  c.  11.  ■ 

Pline,  lib.  5 ,  c.  39,  donne  les  bornes  futvantes  à  la 
Lydie  prife  dans  toute  fon  étendue  :  «  Du  côté  du  Le- 
»  vant,  dit-il,  elle  eft  voifine  de  la  Phrygie  ,  de  la  Myfie 
»  du  côté  du  nord  ,  &  de  la  Carie  du  côté  du  midi. 
»  Ptolomée  décrit  les  villes  de  cette  province  de  la  forte  : 


Pepere  , 
Mofteni , 
Hiero-Ca;farea . 
Nacrafa  , 
Thyatira , 


Juliogordus  , 
Aëgara , 
Hypaîpa  , 
Sardis , 
Philadelphie  , 


Magnefia,  pris  de  Sipylum,   Jovis  Fanum. 
Metroplis. 

Les  Notices  eccléfiaftiques  ajoûtentTripoli,  que  Pto- 
lomée place  dans  la  Carie.  Les  Notices  de  l'empereur 
Léon  le  Sage  &  de  Hiéroclès ,  diffèrent  aulîi  entr'elles  ; 
l'une  met  vingt-fept  évêchés  dans  la  Lydie  :  l'autre  n'y 
en  met  que  vingt-trois.  Les  voici  toutes  deux  : 


Selon  Léon  le  Sage. 

Sardenfium , 
Philadelphiae, 
Tripoleos, 
Thyatirorum, 
Settoxum  , 
Aureliôpoleos  , 
Gordorum  , 
Troallorum  , 
Salorum , 
Silandi , 
Mœonia;  , 
Apollinis-Fanî  , 
Arcanidis , 
Mullines  , 
Acrafi, 
Apolloniadis, 
Attalia;, 
Bages , 
Balandi, 
Mefotimoli  s 


Selon  Hiéroclès. 

Sardis , 
Philadelphia  , 
Tripolis, 
Thiatera  , 
Sitae  , 
Masonia, 
Julianopolis  , 
Tralles , 
Aureliopolis, 
Attalia  , 
Hermocapelia  , 
Ocrafus  , 
Apollinis-Fanum  , 
Talaza , 
Bagis, 

Cerafe-Mefo, 
Tymellus  , 
Appollones  , 
Hierocaftellia  ," 
Myftene , 
Tome  III.    Dddddd 


94-6 


LYG 


LYM 


Selon  HUrocles. 

Sataleon , 
Gordos, 
Moftina. 


Selon  Lion  le  Sage. 
Hierocaefarese , 
Dalles, 
Stratonicaeœ  , 
Cerafeorum  , 
Satalorum  , 
Gabalorum, 
Hermocapelia;. 

1.  LYDIENS  ,  (les)  habitans  de  la  Lydie,  en  Afie. 

2.  LYDIENS  ,  (  les  )  Lydi-,  ancien  peuple  ,  qui, 
étant  Yenu  s'établir  en  Italie ,  bâtit  quelques  villes  en 

LYDIUS-FLUVIUS  ,  rivière  de  Macédoine.  Elle  fé- 
paroit  la  Macédoine  &  la  Bottiée,  félon  Ortélius.  Pto- 
lomée,  /.  3  ,  c.  13  ,  en  met  l'embouchure  après  celle  de 
l'Axius,  au  commencement  delà  Piérie;  après  quoi,  il 
place  Pydna ,  Sx  tout  de  fuite  l'embouchure  de  l'Aliac- 
mon.  Il  nomme  Amphaxitide  ce  que  d'autres  géogra- 
phes appellent  Bottiée,  parce  qu'en  effet  elle  etoit  des 
deux  côtés  de  l'Axius.  En  ce  cas ,  cette  rivière  Lidms 
n'étoit  point  différente  de  I'Astrjeus,  qui  terminoit  la 
Piérie  au  nord  ;  de  façon  que  Pydna  étoit  entre  le  Ly-. 
dius  ou  VAjirœus  Sx  Ï'Aliacmon.  Cette  dernière  rivière 
termine  au  midi,  mais  plus  avant  dans  les  terres,  l'E- 
mathie  ou  la  Macédoine  propre.  Cela  n'eft  pas  tout-à- 
fait  conforme  à  ce  que  dit  Hérodote ,  /.  7,  c.  27.  Xer- 
xes  étant  venu  à  Therma,  s'y  arrêta  ;  Sx  fon  camp  oc- 
cupoit  tout  ce  qu'il. y  a  de  terrein  le  long  de  la  mer, 
depuis  Therma  Sx  la  Migdonie ,  jusqu'au  Lydias  Sx  à 
Ï'Aliacmon,  qui,  joignant  leurs  eaux  dans  un  même  lit, 
terminent  la  Bottiée  &  la  Macédoine.  J'ai  déjà  expliqué 
comment  ces  deux  rivières  bornent  ces  deux  provinces 
du  royaume  de  Macédoine.  Il  n'eft  pas  fi  ailé  de  com- 
prendre comment  Hérodote  a  pu  dire  que  ces  deux  rivières 
à  qui  Ptolomée  donne  des  embouchures  distinguées  par 
un  affez  grand  espace ,  la  ville  de  Pydna  ,  Sx  quelques 
autres  entre  deux,  ont  pu  joindre  enfe.mble  leurs  eaux, 
à  moins  qu's«  ravro  pU&efV  ,  in  eundem  alveum,  ne  s'en- 
tende du  golfe Therméen,  aujourd'hui  de  Theffalonique, 
qui  peut  être  regardé  comme  l'embouchure  commune , 
non-feulement  de  ces  deux  rivières  ,  mais  encore  de 
l'Axius,  du  Pénée  &  de  plufieurs  autres.  Le  nom  de  Ly- 
dius  ,  changé  en  celui  de  Lydias  ,  ne  fait  aucune  diffi- 
culté ;  l'abbréviateur  de  Strabon  le  dit  de  même;  & 
Efchine ,  dans  fes  Harangues ,  ne  le  nomme  pas  autre- 
ment.  Aujourd'hui  ce  fleuve  s'appelle  Cajloro. 

LYE  ,  bourg  de  France  ,  dans  le  Bléfois  ,  au  diocèfe 
de  Blois ,  généralité  d'Orléans ,  élettion  de  Romoren- 

LYGAMATjE,  ancien  peuple  de  laLybie  intérieure, 
félon  Ptolomée,  /.  4,  c.  6.  L'exemplaire  de  la  Biblio- 
thèque Palatine,  &  l'ancien  éditeur  Latin ,  portentiy/z- 
xamatce  ou  Lyn^amâta  ;  Sx  ce  qui  fait  croire  que  Liji- 
xamatce  eft  le  vrai  nom  ,  c'eft  que  ce  peuple  a  beau- 
coup de  rapport,  pour  le  nom  ,  Sx  même  pour  la  filia- 
tion, avec  îa  ville  de  Lynxama  ,  AU>|«^a,  que  Ptolo- 
mée place  dans  le  même  canton. 

LYGDANUM,  ville  d'Alie,  dans  le  Troade,  félon 
Pline  /.  5  ,  c.  30.  Quelques  éditeurs  difent  Lygda- 
NUM.  Le  P.  Hardouin  ,  in  Plin.  dit  Lygdamum  ,  fur 
la  foi  des  manuscrits,  Sx  il  ajoute  qu'il  croit  qu'elle  de- 
voit  ce  nom  à  Lygdamis,  celui  qui  prit  la  ville  de  Sar- 
des ,  Sx  dont  Strabon ,  l.  1 ,  p.  61 ,  a  parlé. 

LYGII,  Ligii,  Lugii  &  Logiones,  ancien  peu- 
ple de  la  grande  Germanie.  Tacite ,  de  Mor.  Germ.  dit 
qu'au-delà  d'une  chaîne  de  montagnes,  qui  coupe  le  pays 
des  Suèves,  il  y  a  plufieurs  nations,  entre  lesquelles  les 
Lyçiens  font  un  peuple  fort  étendu  ,  Sx  partagé  entre 
plufieurs  cantons.  Qu'il  fuffife  ,  pourfuit-il  ,  d'avoir 
nommé  les  Aries  ,  les  Helvecones  ,  les  Mammi  ,  les 
Elyjii,\es  Naharvali...  Au-delà  des  Lygiens,  font  les  Go- 
dions, qui  ont  un  roi  particulier.  Il  les  nomme  ailleurs 
Ligiens.  Strabon,  /.  7,  fait  mention  des  Luiens,  Avitç, 
vaincus  par  Maroboduus ,  Sx  dit  que  c'étoit  un  grand 
peuple  ,  litya.  *£3rof  »  Les  éditeurs  ont  changé  le  mot 
Aiï«<  en  AttyUt,  Ptolomée,  /.  2,  e.  11  ,  a  fans  doute 
aufli  parlé  de  ce  peuple  ,  &  on  y  trouve  A2to<  'op*ni  , 


tàtoi  àifwi,  asto/  BBpe*.  Lud  O'mani  ,  Luti  Biduhi, 
Luti  Burii.  D'habiles  critiques  ont  très-bien  remarqué 
que,  dans  ce  mot  Aorror ,  le  T  s'eft  gliflé  mal- à  pro- 
pos pour  un  r ,  changement  fort  aile  à  concevoir  ;  de 
forte  qu'au  lieu  de  Liai  ,  il  faut  lire  Lugl  ou  Logi. 
Aufli  dans  plufieurs  exemplaires  de  Ptolomée  y  a-t-il 
LongiDiduni,  hoyyoi  £,/c(VVoi,  SxLongi  Omani,  A'>>o/ 
'onavoi ,  qui  s'écarte  peu  de  a*j,o/,  Lugi  ou  Logi.  Zo- 
fime,  /.  1,  les  nomme  LOGIONES,  My'uMtt,  au  i'ujet  de 
la  guerre  que  leur  fit  l'empereur  Probus.  Leur  pays  fait 
prélentement  partie  de  la  Pologne,  en-deçà  de  la  Viftule, 
en  y  comprenant  encore  la  Suéfie  qui  répond  ,  à  ce 
que  l'on  croit,  au  peuple  Elyjii ,  Sx  une  partie  de  la  Bo- 
hême. Arrien ,  Alexand.  1. 1,  nomme  Lyginus  une  ri- 
vière qu'Ortélius  ,  Thef.  in  voce  ClABRUS,  conjecture 
être  la  même  que  la  Morave.  Il  fe  fert  du  mot  forte, 
peut-être. 

LYGOS  ,  ancien  nom  de  Byfance ,  félon  Pline,  /.  4, 
c.  11. 

LYLA,  ville  du  Péloponnèfe ,  dans  TArcadie,  félon 
Etienne  le  Géographe.  Ortélius  ,  Thefaur.  doute  fi  ce 
ne  feroit  pas  la  même  que  Lil^EA  ,  hu^u*. ,  de  Ptolo- 
mée. 

LYLvEUS,  rivière  d'Afie,  dans  la  Bithynie ,  félon 
Pline,  /.  5,  c.  32.  L'édition  du  P.  Hardouin  porte  Li- 
L51US. 

LYMAX,  Au^f-,  rivière  du  Péloponnèfe,  dans 
l'Arcadie  ;  elle  baignoit  la  ville  de  Phigalée ,  &  fe  dé- 
gorge dans  le  Néda,  dit  Paufanias ,  /.  8,  c.  41. 

LYMBACH ,  place  de  la  baffe  Hongrie ,  fur  une  mon- 
tagne, aux  frontières  de  la  Stirie,  &  à  un  mille  d'Alle- 
magne de  la  rivière  dé  la  Mure,  félon  Baudrand.  Il  y 
a  deux  places  du  nom  de  Lymbach  ;  on  les  diftingue 
par  les  noms  d'OBER-LïMBACH  ,  le  haut  Lymbach; 
Sx  de  Nider-Lymbach  ,  le  bas  Lymbach.  Il  y  a  qua- 
tre lieues  de  diftance  de  l'un  à  l'autre.  Les  Hongrois 
appellent  le  bas  Lymbach  Asolindua  ;  Sx  on  croit 
qu'il  exiftoit  du  tems  des  anciens,  fous  le  nom  d'Oly- 
macum.  Il  eft  à  fix  milles  du  laç  Balaton  ,  6c  à  quatre 
de  Canife.' 

LYMCHILL ,  montagne,  & 

LYME,  rivière.  Voyez  LEMANUS. 
•  LYME,  ou  Lyme  Régis,  ville  d'Angleterre,  erl 
Dorfetshire  j  aux  confins  de  Devonshire ,  fur  une  petite 
rivière  de  même  nom ,  de  laquelle  il  eft  parlé  dans  les 
anciens  hiftoriens,  qui  difent  que  le  roi  Kinulphe  donna, 
en  774 ,  à  l'églife  de  Scireburne ,  du  terrein  pour  bâtir 
une  maifon,  près  du  bord  occidental  de  la  rivière  de 
Lyme  ,  à  peu  de  diftance  de  fon  embouchure  ,  dans 
là  mer,  afin  que  l'on  y  cuisît  du  fel,  pour  fubvenir  aux 
néceffités  de  cette  églilé.  Lyme  a  un  havre  qui  n'eft 
guères  fréquente  que  par  les, pêcheurs  ;  ce  fut- là  que 
le  duc  de  Monmouth  prit  terre  ,  lorsqu'il  arriva  de  Hol- 
lande ,  pour  fe  mettre  à  la  tête  des  rebelles ,  qui  voU- 
loient  le  couronner  au  préjudice  de  Jacques  II.  La  ville 
même  eft  fur  une  éminence  ;  on  y  tient  marché  public, 
Sx  elle  envoie  fes  députés  au  parlement.  *  Corn.  Dift. 
Etat  préfent  de  la  Gr.  Bret.  t.  I  ,  p.  59., 

LYMEN.  Cambden,  Britann.  croit  que  c'eft  le  nom 
Breton  de  LlMNOS,  petite  ifle  voifine  de  la  Grande- 
Bretagne  Sx  de  l'Irlande  ,  entre  ces  deux  ifles. 

LYMFIORD,  ou  Limfiord,  Limicus finus ,  félon 
Baudrand ,  petit  golfe  du  Danemarck  ,  dans  le  Scager- 
Rack.  Il  s'avance  d'occident  en  orient ,  dans  le  Nord- 
Jutland,  qu'il  fépare  en  deux,  à  la  réferve  d'environ 
quatre  milles  qu'il  laiffe  entre  lui  Sx  la  mer  d'Allema- 
gne. Il  y  a  quelques  ifles  dans  ce  golfe  ,  ckon  voit,  fur 
fes  bords,  de  petites  places,  entr'autres,  Lemrick.  Al- 
borg  n'eft  pas  loin  de  l'entrée  du  Limfiord.      . 

LYMINIS,  ville  de  Cappadoce.  Le  comte  Marcel- 
lin  ,  dans  fa  Chronique,  dit  que  l'empereur  Zenon  en- 
voya Bafilisque,  avec  fa  femme  Sx  fon  fils,  en  exil  à.Ly- 
minis  ,  &  qu'ils  y  périrent  de  faim  'Sx  demifére.  Ponv 
ponius-Laîtus  lit  Lemnis.  Jornandes  dit  Slemnium, 
ik  Cédrene  racontant  le  même  fait  ,  dit  que  ce  fut  à 
Cucusum.  Il  faut  ,  dit  Ortélius  ,  ou  que  ces  noms 
foient  fynonymes,  Sx  fignifient  un  feul  Sx  même  lieu, 
ou  que  les  hiftoriens  ne  foient  point  d'accord. 

LYMNE,  lieu  d'Angleterre.,  C'étoit  autrefois  une 


LYO 


ville  du  royaume  de  Kent  ;  c'eft  préfentement  un  vil- 
lage fur  le  détroit  nommé  U  pas  de  Calais ,  où  il  y  avoit 
un  port  que  les  fables  ont  comblé. 

LYMNOS.  Voyez  Limnos. 

LYMPHORTA ,  ancienne  ville  d'Afie ,  dans  l'Ane. 
Elle  appartenoit  au  peuple  Gedrufi,  félon  Pline,  /.  6, 
c.  23. 

LYN  ,  x>u  Lyn-Regis  ,  vdle  d'Angleterre ,  dans  la 
province  de  Norfolck,  à  l'embouchure  de  l'Ôufe,  où 
elle  a  un  grand  port  de  mer.  Elle  eft  grande,  riche,  bien 
peuplée,  défendue  par  un  grand  foffé  &  par  deux  forts. 
On  y  tient  marché  public ,  &  elle  envoie  fes  députés 
au  parlement.  *  Etat  préfent  de.  la  Gr.  Bret.  t.  i,  p.  91. 
Baudrand. 

LYNCAÉE ,  AvyKai» ,  ville  de  Macédoine  ,  félon 
Héfyche.  Voyez  LyncuS. 

LYNCjEA.  Voyez  LYRCIA. 

LYNCjEUS  ,  ruiffeau  ou  fontaine  de  l'Argîe ,  au  Pé- 
loponnèfe.  Stace,  Thebaïd.  1.  4,v.  117  &feq.  dit: 

Qui  ripas  ,  Lynctze  ,  tuas  ,  tua  littora  multo 
Vomere  fufpendunt ,  fluviorum  duclor  Achivûmy 
lnache. 

On  peut  croire  qu'il  faut  dans  ce  paiTageLYRcaîE;  car 
le  même  poète  dit ,  v.  jn  : 

Aret  Lerna  nocens ,  aret  Lyrceus  ,  &  ingens 
Inachus. 

C'efl,  fans  doute,  la  même  rivière  qu'il  nomme  diffé- 
femment.  Lutatius  Placidus  en  fait  une  rivière  de  l'E- 
tolie.  Je  ne  vois  point  d'apparence  que  Stace  eût  été 
prendre  une  rivière  d'Etolie  ,  pour  l'affocier  avec  deux 
autres  de  l'Argie ,  au  Péloponnèfe. 

LYNCESTjE  ,  peuple  de  la  Macédoine.  Leur  pro- 
province, nommée  LYNCESTIDE,  étoit  au  couchant  de 
ï'Emathie  ou  Macédoine  propre  ,  &  prenoit  fon  nom 
de  Lyncus  qu'Etienne  le  Géographe  met  fort  mal-à- 
propos  dans  l'Epire.  Encore  cite-t-il  Strabon  à  faux.  Il 
eût  mieux  fait  de  citer  Thucydide  ,  /.  4,  p.  333  ;  & 
L  3,  p.  169,  qui  dit  en  plus  d'un  endroit  que  les  Lyn- 
ceftes  étoient  dans  la  Macédoine.  Strabon  dit  Lyncis- 
TJ£;  tk  Ptolomée,  /.  3 ,  c.  13,  ne  leur  donne  qu'une 
feule  ville  ,  favoir  HÉRACLÉE  ;  peut-être  qu'alors  LYN- 
CUS, dont  la  province  &  le  peuple  portoient  le  nom  , 
étoit  ou  entièrement  détruite,  ou  fi  déchue  ,  qu'il  n'a 
pas  cru  qu'elle  valût  la  peine  d'être  comptée  pour  quel- 
que choie. 

LYNCEUS  ,  OU  LYNGEUS  ,  Av.yK.iot  OU  Avyyèo'.,  ri- 
vière d'Italie ,  félon  Tzetzès ,  commentateur  de  Lyco- 
phron.  Les  eaux  en  font  chaudes  &  très  -  bonnes  pour 
les  yeux.  Ortélius  ajoute  ;  c'eft  peut-être  dans  la  Tos- 
cane ,  &  peut-être  a-t-il  voulu  parler  du  bain  de  Cor- 
feno  ,  qu'André  Bachi  allure  être  excellent  pour  guérir 
les  yeux  malades. 

LYNCISTjE.  Voyez  Lyncest*:. 

1.  LYNCUS,  ancienne  ville d'Epire,  félon  Etienne 
le  Géographe ,  mais  véritablement  dans  la  Lynceftide, 
qui  étoit  de  la  Macédoine.  Elle  deyoit  avoir  été  im- 
portante ,  puisque  le  peuple  &  la  province  en  portoient 
le  nom  ;  cependant  Ptolomée  n'en  fait  aucune  mention; 
mais  Tite-Live  en  parle,  /.  26,  c.  25. 

2.  LYNCUS,  ou  Lyncos,  ou  Lyngos  ,  chaîne  de 
montagnes  d'Epire,  entre  ce  pays,  la  Macédoine  &  la 
ThelTalie,  félon  Tite-Live,  /.  32,  c.  13.  Elle  eft  cou- 
verte de  forêts ,  les  fommets  ont  de  vaftes  plaines ,  ik 
il  y  a  des  fources  d'eaux  vives ,  qui  ne  tarifent  point. 

LYNGEUS.  Voyez  Lynceus. 

LYNNE.  Voyez  Lyn. 

LYNX  ,  Avyh]  ,  ville  de  la  Libye ,  auprès  du  détroit. 
C'eft  la  même  que  LlXUS. 

LYNXAMA  &  Lynxamat;e.  Voyez  Lygamat\e. 

LYON  ,  Lugdunum  ,  Lugudunum ,  Lugdunum  Segu- 
jianorum,ia  Lugdunum  Ccltarum.  Voyez  l'article  LUG- 
DUNUM. Lyon,  villede  France,  dans  le  Lyonnois,  dont 
elle  eft  la  capitale,  au  confluent  du  Rhône  &  de  laSône, 
&  une  des  plus  belles  &  des  plus  confidérables  villes 
de  l'Europe,  par  fa  fituation ,  fa  grandeur  ck  fes  riches- 
fes. 

Lyon  fut  fondée,  l'an  de  Rome  711  ou  712,  dans  la 


LYO  P47 

quarante  &  unième  ou  deuxième  année  avant  l'ère  de 
Jefus-Chrift,  par  Lucius  Munatius  Planais,  qui  étoit  con- 
ful  avec  jEmilius  Lepidus  ;  il  la  bâtit  fur  la  Sône ,  au 
lieu  où  elle  (e  jette  dans  le  Rhône,  &  la  peupla  d'une 
colonie  Romaine  ,  qui  avoient  été  chaflee  de  Vienne 
par  les  Allobroges.  Lyon  conferva  le  nom  Gaulois 
Lugdun ,  qu'.on  avoit  donné  à  la  montagne ,  fur  laquelle 
elle  fut  fondée.  Ce  mot  lignifie  ,  en  langue  Gauloife, 
montagne  du  corbeau ,  comme  nous  l'apprenons  de  l'an- 
cien auteur  Vibius  Sequefter  ,  dans  le  livre  des  Fleu- 
ves. * Longutrue  ,  Descr.  de  la  France, part.  1,  ^.268. 

On  a  une  inscription  où  il  eft  parlé  de  l'établiffement 
de  cette  colonie.  Elle  eft  conçue  en  ces  termes  dans 
Gruter  : 

L.  Munatius.  L.  F.  L.  N.  L.  Pron.  Plancus. 

COS.  ACENS.  IMP.  ITER.  VII.  VIR.  EpUL.  TRIUMP. 
EX  RH.ET1S  JEDEM  SaTURNI  FECIT,  DE  MaNIBIS 
AGROS  D1V1S1T.  IN  J.TALIA  BeNEVENTI.  IN  GaL- 
LIA  COLONIAS  DEDUXIT  ,  LUGDUNUM  &  RaU- 
RICAM. 

M.  de  Valois  ,  Notit.  Gall.  p.  291  ,  la  rapporte  ainfi: 
L.  Munàcio.  Planco.  &  Deamo.  Junio.  Bruto.  Cojf. 
L.  Munacius  L.  f.  L.  n.  L.  p.  Plancus.  Cof.  Imp.  iter. 
VII.  vit.  epulonum.  triumph.  ex  Rhœtis.  adem.  divijit. 
in.  Italia.  Beneventi.  in  (rallia,  colonias.  dtduxit.  Lug- 
dunum. &  Rauricam.  On  trouve  auffi  quelques  anciens 
marbres  ,  fur  lesquels  on  lit  :  Col.  Lugd.  ou  Col. 
Rom.  Lugd.  c'eft-à-dire  ,  coionia  Lugdunum,  &.  co- 
lonia  Komana  Lugdunum. 

Dans  une  ancienne  inscription  on  trouve  ces  mots  : 
Cohors  XX.  Segujîanorum  &  Cohors  IX.  Lugdunenjis  ; 
ce  qui  a  fait  croire  à  M.  de  Valois,  qu'il  y  avoit  faute  dans 
cet  endroit  de  Tacite  ,  Hijl.  1.  1  ,  où  il  eft  dit  :  Cohortes 
XV III.  Lugduni  folitis  ibi  hibernis  relinqui  placuit.  Il 
voudroit  qu'on  lût  CohortemIX,  au  lieu  de  CohorusXVIII. 
En  effet ,  il  n'eft  guères  vraifemblable  qu'une  colonie 
Romaine  fût  chargée,  tous  les  hyvers,  de  dix-huir  cohortes, 
fur- tout  dans  un  tems  où  il  n'y  avoit  aucun  trouble  dans 
le  pays. 

Après  qu'Augufte  eut  retranché  des  Celtes  plusieurs  peu- 
ples qu'il  joignit  à  l'Aquitaine  ,  il  voulut  que  Lyon  fût 
la  capitale  de  la  Celtique  ;  &c,  pour  cela,  cette  province 
fut  nommée  la  Lyonnoife.  Enfuite  Lyon  ,  fous  les  empe- 
pereurs  Romains  ,  devint  une  ville  des  plus  confidérables 
de  tout  l'empire.  Lorfque ,  dans  le  cinquième  iiécle ,  les 
Gaules  furent  envahies  par  plulîeurs  nations  barbares , 
Lyon  fut  pris  pai  les  Bourguignons ,  dont  le  roi  devint 
feudataire  de  Clovis  I ,  fur  la  fin  du  même  lîécle  ,  comme 
Alcime  Avitus  le  renonnoît ,  dans  (à  lettre  au  dernier 
prince,  en  des  termes  très-expreflîfs  :  domnum  meumfua 
quidem  gcntis  regem  ,  fcd  militent  vejlrum  ;  mais  les  fils 
de  Clovis  détruilirent  enfuite  cet  état  des  Bouiguignons  , 
8t  fe  rendirent  maîtres  de  Lyon. 

Dans  le  partage  que  firent  les  enfans  de  Louis  le  Dé- 
bonnaire ,  Lyon  ,  avec  la  plus  grande  partie  du  royaume 
de  Bourgogne ,  échut  à  l'empereur  Lothaire ,  qui  le  laifla 
à  fon  fils  Charles  ,  dont  le  frère ,  nommé  aulîî  Lothaire  , 
fut  héritier.  Après  la  mort  de  ce  dernier  ,  Charles  le 
Chauve ,  fon  oncle ,  s'empara  du  royaume  de  Bourgogne , 
au  préjudice  de  l'empereur  Louis  II ,  frère  des  rois  Lothaire 
6c  Charles,  &  lailîa  tous  ces  états  à  fon  fils  Louis  le  Bè- 
gue ,  qui  vécut  fort  peu.  Celui-ci  étant  mort ,  un  feiglieaf 
appelle  Bofon ,  fe  fit  proclamer  roi  de  Bourgogne  ,  à  Man- 
tale  ,  près  de  Vienne  ,  l'an  879  ;  ce  qui  excLa  de  grandes 
guerres  entre  cet  ufurpateur  &  les  enfans  de  Louis  le  Bè- 
gue ;  de  forte  que  Lyon  changea  plufieurs  fois  de  maître 
jusqu'au  régne  de  Louis  d'Outremer.  Le  détail  de  ces  évé- 
neminî  appartient  plutôt  à  l'Hiftoire  des  rois  de  France  , 
qu'à  cet  ouvrage  ;  &c  il  nous  fufEt  de  dire  ici ,  que  le  roi 
Lothaire ,  fils  de  Louis  d'Outremer ,  céda  Lyon  à  Con- 
rad, roi  de  Bourgogne  ,  en  lui  donnant  Mathilde  fa  fceur, 
en  mariage.  Conrad  eut  un  fils  nommé  Rodolphe  dit 
le  Lâche ,  qui  laiffa  ufurper  toute  fon  autorité.  On  voit 
que  ,  fur  la  fin  de  la  vie  de  ce  roi ,  Burcard ,  archevêque 
de  Lyon  ,  s'étoit  rendu  maître  de  la  ville  &  du  pays  voi- 
fin ,  &£  que  l'empereur  Conrad  le  Salique ,  inftitué  premier 
héritier  par  le  dernier  roi  Rodolphe,  mort  l'an  1032  ,  fut 
obligé  d'employer  la  force  des  armes,  pour  foumettre  l'ar- 
chevêque Burcard ,  qui  ne  lui  fit  hommage  que  l'an  1034 , 
comme  nous  l'apprenons  du  chroniqueur  Hermannus  Con- 
tra&us ,  qui  vivoit  dans  ce  tems-là. 

Tome  ÛI,    Ddddddij 


Ç)48 


LYO 


LYO 


Il  y  avait  néanmoins  alors  un  comte  à  Lyon  ;  mais  il 
n'étoit  que  le  fécond  feigneur  ;  car  en  cette  ville ,  &  dans 
les  autres  de  fon  voifinage ,  les  évêques  étoient  les  pre- 
miers feigneurs  ,  les  comtes  n'ayant  en  ce  tems  "  la  1ue 
fort  peu  ,°ou  point  d'autorité ,  dans  les  cités  épiscopales. 

Il  y  eut  de  grands  différends  entre  les  archevêques  de 
Lyon  &  les  comtes  de  Lyonnois ,  pour  la  junsdi&ion  ; 
fur  quoi  le  pape  Alexandre  III  fit  faire  un  accommode- 
ment ,  l'an  1167,  entre  Guichard  ,  alors  archevêque  de 
Lyon,  &C  Gui,  comte  de  Lyonnois.  Par  cetkccommo- 
ment ,  on  régla  les  limites  de  la  cité  de  Lyon ,  di?nt  la  pro- 
priété avoit  été  confirmée ,  l'an  1 1 57 ,  à  l'archevêque  Hé- 
raclius ,  par  Frédéric  Barberouffe.  Cet  empereur  avoit 
déclaré  que  tous  les  droits  de  régale ,  ou  les  droits  réga- 
liens ,  jura  regalia ,  lesquels  font  différens  des  droits  de 
régale  ,  appartenoient  à  l'archevêque  de  Lyon  ,  dans  fon 
archevêché  ,  où  il  ne  reconnoiffoit  aucun  fupérieur  au 
temporel ,  que  l'empereur  ;  enfin  le  comte  de  Forez  quitta , 
pour  toujours  ,  à  l'archevêque  Guichard  ,  l'an  1 173  ,  le 
comté  de  Lyonnois  ;  &C  les  comtes  de  Forez,  qui  avoient 
reçu  une  récompenfe  pour  le  comté  de  Lyonnois ,  n'en 
prirent  plus  le  titre.  _ 

Cet  accord  fut  confirmé  par  le  pape  Lucius  III,  1  an 
1180,  &  même  par  Philippe-Augufte ,  roi  de  France, 
que  le  comte  de  Forez  reconnoiffoit  alors  pour  fouverain 
&  feigneur  féodal. 

11  n'en  étoit  pas  de  même  des  archevêques  de  Lyon , 
qui  reconnoiffoient  dans  le  même  tems  les  empereurs  , 
puisque  l'archevêque  Jean  de  Bellefmains  fit  hommage  de 
fon  tempotel  à  l'empereur  Frédéric  Barberouffe  ,  l'an 
1184.  Ces  prélats  avoient  un  grand  nombre  de  vaffaux 
au-delà  de  la  Saône  &  au-deçà  du  Rhône  ,  St  ils  étoient 
feigneurs  fuzerains  d'Annonay  &  d'Argental ,  qui  font  fur 
les  confins  du  Vivarais ,  du  Lyonnois  ,  &  dans  le  diocèfe 
de  Vienne.  Ces  feigneuries  étoient  poffédées,  l'an  1131, 
par  André  de  Bourgogne  ,  dauphin  de  Viennois  ,  qui  en 
fit  hommage  à  Robert  d'Auvergne  , archevêque  de  Lyon. 
Le  dauphin  avoit ,  à  caufe  de  ces  feigneuries ,  une  place  de 
chanoine  honoraire  dans  le  chapitre  de  S.  Jean;  il  voulut 
conferver  cet  honneur  à  perpétuité  aux  dauphins,  (es  fuccef- 
feurs,  en  uniffant  pour  toujours  les  mêmes  baronnies  au 
comté  d'Albon  ;  ce  qui  néanmoins  ne  fut  pas  fuivi.  Le 
Dauphiné ,  le  Viennois  &  le  comté  d'Albon  parlèrent  de 
la  maifon  de  Bourgogne  à  celle  de  laTour-du-Pin  ;  &  la  fei- 
gneurie d'Annonay  vint  aux  feigneurs  de  Villars  en  Breffe, 
dont  les  feigneurs  de  Lévis,  depuis  ducs  deVentadour ,  hé- 
ritèrent. Dans  le  treizième  fiécle ,  qui  eft  celui  où  vivoit 
l'archevêque  Robert  d'Auvergne ,  l'empereur  Frédéric  II 
ayant  été  excommunié  &  dépofé ,  le  pouvoir  impérial 
demeura  anéanti  à  Lyon ,  &  dans  une  partie  du  royaume 
d'Arles.  Les  habitans  de  la  ville  de  Lyon  s'étant  mis  en 
pleine  liberté  ,  contraignirent  l'archevêque  d'implorer  la 
protection  des  rois  de  France  ,  S.  Louis  ,  Philippe  le 
Hardi ,  &  Philippe  le  Bel.  Le  dernier  voulut  avoir  la  fou- 
vetaineté  de  Lyon ,  qui ,  comme  on  a  vu  ,  avoit  encore 
appartenu  aux  derniers  rois  de  la  féconde  race.  Il  y  trouva 
de  grandes  oppofitions  de  la  part  du  pape  Boniface  VIII 
&  de  l'archevêque  Beraud  de  Goût  ;  &  quoique  Henri 
de  Villars ,  qui  fuccéda  à  Beraud ,  fît  ferment  de  fidélité 
au  roi  ,  ce  différend  ,  qui  fit  grand  bruit ,  dura  jusqu'à 
l'an  130°;.  Ce  fut  alors  que  Louis  de  Villars,  archevêque  de 
Lyon  ,  fe  mit  fous  la  garde  &  la  prote&ion  de  Philippe  le 
Bel.  Ce  prélat  reconnut  même  la  fouveraineté  du  roi ,  à 
la  charge  que  les  caufes  d'appel  de  la  juftice  de  l'arche- 
vêque ne  feroient  portées  que  devant  le  roi  ou  à  fon  par- 
lement ;  on  convint  que  le  gardien  qui  feroit  établi  à  l'a- 
venit  dans  la  ville  de  Lyon ,  par  le  roi ,  feroit  changé  tous 
les  ans  ;  &  l'archevêque  s'obligea  de  faire  ferment  de  fi- 
délité aux  rois  de  France.  Cet  accord  fut  ratifié  par  Phi- 
lippe le  Bel ,  qui  en  donna  des  lettres  authentiques ,  l'an 
1307;  &  dans  le  même  tems  il  érigea  la  feigneurie  de 
Lyon  ,  qui  n'étoit  qu'une  baronnie ,  en  comté  qu'il  laiffa  , 
avec  la  juftice  ,  à  l'archevêque  &  au  chapitre  de  S.  Jean  ; 
c'eft-là  l'origine  du  titre  de  comtes  de  Lyon ,  queprennent 
les  chanoines  de  cette  églife. 

Les  habitans  de  Lyon  ,  qui  n'aimoient  pas  ces  feigneurs 
eccléfiaftiques .  s'oppoferent  à  cet  accord.  Il  y  avoit  même 
des  gens  d'églife  ,  &C  fur  -  tout  des  abbés  qui  s'en  plai- 
gnoient  ;  de  forte  que  le  roi  Philippe  le  Bel  paffant  à 
Lyon  ,  l'an  1 3  1 1 ,  fut  obligé  de  donner  une  déclaration  en 
faveur  des  abbés  d'Ainai ,  de  l'Ifle-Barbe  &  de  Savigny  , 


&  des  nobles  du  pays ,  fans  néanmoins  vouloir  rompre 
l'accord  de  l'an  1307  ,  pour  ce  qui  regardoit  la  ville  de 
Lyon.  Dans  le  même  tems,  Ph  lippe  deSrvoye,  arche- 
vêque de  Lyon  ,  échangea  la  feigneurie  &  la  juftice  de 
cette  ville  avec  le  roi ,  qui  lui  donna  un  équivalent  ;  ce 
qui  fut  confimé  par  Louis  Hutin  ,  l'an  1315. 

Philippe  le  Long,  frère  &  iùcceffeur  de  Louis,  preffé. 
par  le  pape  Jean  XXII ,  remit  cette  feigneurie  &  la  jus- 
tice de  Lyon  aux  archevêques ,  à  la  charge  qu'ils  la  tien- 
draient fous  la  fouveraineté  des  rois  de  France. 

Il  y  avoit  toujours ,  nonobftant  cela ,  à  Lyon  un  gardien 
royal,  dont  l'archevêque,  Pierre  de  Savoye  ,  fe  plaignit 
à  Philippe  d,' Valois  ;  ce  qui  ne  fervit  de  rien  à  ce  prélat ,. 
ayant  été  débouté  de  fa  demande,  par  arrêt  de  la  cour, 
rendu  au  mois  de  Juillet,  l'an  1328. 

Cinq  an.s  après  ,  le  comte  palatin  ,  Henri  ,  s'engagea; 
de  faire  céder  par  tout  l'empire  le  droit  que  les  empereurs 
avoient  fur  la  ville ,  l'églifè ,  les  régales  &  le  territoire 
de  Lyon ,  en  cas  qu'il  fût  élu  roi  des  Romains  ;  ce  qui  n'eut 
aucune  exécution  ;  car  cette  élection  ne  fut  pas  faite  ;  mais  I 
depuis  ce  tems-là  ,  les  empereurs  n'ont  plus  foutenu  leurs 
prétentions  fur  Lyon. 

Le  roi  Charles  VI  avoit  alors  des  juges  dans  la  ville  de 
Lyon,  qui  y  furent  maintenus  contre  les  pourfuites  de  l'arche- 
vêque Philippe  de  Turrey,  par  arrêt  du  confeil ,  rendu 
l'an  1394.  Les  différends  ont  été  fréquens  entre  les  officiers 
royaux  &  les  archevêques  ;  ceux-ci  ont  cependant  con- 
fervé  la  feigneurie  &  juftice  de  leur  ville,  jusqu'à  l'an  1563. 
Sous  le  régne  de  Charles  IX ,  Antoine  d'Albon ,  étant 
archevêque  de  Lyon ,  on  fit  en  France  une  grande  alié- 
nation du  temporel  de  l'églifè,  à  caufe  des  guerres  civi- 
les ;  le  droit  de  juftice,  que  l'archevêque  avoit  à  Lyon,  fut 
expofé  en  vente,  &  adjugé  au  roi ,  dernier  enchériffeur  ; 
depuis  ce  tems,  toute  la  juftice  a  été  etatre  les  mains  des 
officiers  du  roi ,  dans  la  ville  de  Lyon  ,  où  Henri  II  avoit 
établi  un  préfidial ,  dès  l'ani  5  5 1.  Les  anciens  juges  royaux, 
ou  gardiens  de  Lyon,  étoient  fubordonnés  au  baillif  deMâ- 
con  ,  qui  étendoit  fa  jurisdiction  ,  pour  les  cas  royaux  , 
fur  le  Lyonnois ,  &  les  autres  pays  limitrophes  du  Mâcon- 
nois,  dès  le  tems  de  Philippe  le  Bel,  &  des  rois  fes en- 
fans.  Sous  Philippe  de  Valois ,  l'an  1334,  y  ayant  eu  une 
guerre  entre  les  habitans  de  Lyon  Ci  ceux  de  Vienne , 
le  baillif  de  Mâcon  protégea  les  Lyonnois.  Philippe  de  Va* 
lois  s'empara  de  Sainte  Colombe,  bourgade  fituée  vis-à- 
vis  de  Vienne ,  fur  le  bord  occidental  du  Rhône  ;  &  le 
même  roi  ,  en  cette  année  ,  unit  à  fa  couronne  ce 
lieu  -  là  avec  tout  le  territoire  qui  étoit  du  même  côté  , 
&  qui  relevoit  de  Vienne  pour  le  temporel  &  le  fpirituel  ; 
ce  que  ce  prince  fit  fans  oppofiîion  ,  parce  qu'il  avoit 
attiré  dans  fon  parti  Bertrand  de  la  Chapelle  ,  archevê- 
que de  Vienne;  il  contenta  les  habitans  de  la  ville,  en 
leur  accordant  quelques  franchifes  ;  c'eft  depuis  ce  tems- 
là  ,  que  ce  qui  eft  à  l'occident  du  Rhône ,  fut  cenfé  Fran- 
çois ;  car ,  quoique  les  officiers  royaux ,  long-tems  aupa- 
ravant ,  eùffent  foutenu  que  le  Rhône  appartenoit  à  la 
France ,  on  n'en  avoit  pu  jouir  entièrement. 

Pour  revenir  à  Lyon  ,  il  fut  fondé  d'abord  fur  la  mon- 
tagne où  eft  Forvières.  Peu  après  la  ville  s'aggrandit  le 
long  des  collines ,  fk  fur  le  bord  de  la  Saône  ,  la  fituation. 
de  ces  quartiers  étant  plus  commode  pour  le  commerce  ; 
mais  dans  l'espace  ,  qui  eft  entre  le  Saône  &  le  Rhône  , 
il  n'y  avoit  que  des  prairies  &  des  jardins. 

Lyon  devint  bientôt  une  ville  des  plus  floriffanres.  Sa 
fituation  avantageufe  la  rendit  l'entrepôt  d'un  très-grand 
commerce.  Il  n'y  eut  rien  de  plus  célèbre  dans  les  Gaules  , 
après  que  les  Romains  les  eurenr  conquifes ,  que  ce  tem- 
ple ,  que  foixante  peuples  des  Gaules  firent  bâtir  à  Lyon, 
en  l'honneur  de  la  ville  de  Rome  &  d'Augufte.  Ces  peu- 
ples donnèrent  autant  de  ftatues  ,  avec  leurs  inscriptions , 
pour  orner  l'autel  qu'ils  y  avoient  fait  ériger  à  ce  prince. 

Lorsque  Caligula  eut  reçu  à  Lyon  l'honneur  de  fon 
troifiéme  confulat ,  il  établit  dans  cette  ville  toutes  fortes 
de  jeux ,  &  cette  fameule  académie ,  qui  s'affembloit  de- 
vant l'autel  d'Augufte  ,  où  les  plus  excellens  orateurs  al- 
loient  disputer  le  prix  de  l'éloque'nce,  &  fe  foumettoient 
à  la  rigueur  des  loix  que  le  fondateur  avoit  établies.  Ce 
temple  Sf.  cet  autel  étoient  dans  l'endroit  où  eft  l'abbaye 
d'Aifnai ,  qu'on  a  ainli  appellée  <S Athanaum  ,  nom  que 
l'on  donnoit  à  cette  académie.  Dans  Grégoire  de  Tours, 
lib.  deGLoriâ  Martyr,  c.  49 ,  ce  lieu  eft  nommé A thanacum 
tkAthenawm;  6c  d'autres  écrivent  Atanatum.  Voyez  'Ai-; 


LYO 


NAY.  Environ  cent  ans  après  fa  fondation,  la  ville  de 
Lyon  fut  confumée ,  en  une  nuit ,  par  le  feu  du  ciel  ;  Se 
Sénèque,  Epijl.  gi ,  dit,  en  parlant  de  cet  embrafement, 
qu'il  n'y  eut  qu'une  nuit  entre  une  grande  ville  ,  &  une 
ville  qui  n'étoit  plus  :  inter  magnam  urbem  &  nullam  , 
nox  una  interfuit.  Néron  envoya  une  fomme  considé- 
rable d'argent ,  pour  rétablir  cette  ville  ;  &  en  moins  de 
vingt  ans,  Lyon -le  trouva  en  état  de  faire  tête  à  la  ville  de 
Vienne  ,  qui  fuivoit  le  parti  de  Galba  contre  Vitellius. 
*  Piganiol,  Defcript.  de  la  France  ,  t.  6 ,  p.  160  &fuiv. 

On  voit  encore  à  Lyon  les  reftes  des  magnifiques  ou- 
vrages dont  les  Romains  avoient  décoré  cette  ville.  Le 
théâtre,  où  le  peuple  s'aflembloit  pour  voiries  fpectacles , 
étoit  fur  la  montagne  de  Saint  Juji ,  dans  le  terrein  qui 
eft  occupé  par  le  couvent  ik  les  vignes  des  Minimes.  Il 
ne  refte  de  ce  monument  ,  que  quelques  arcades  presque 
ruinées,  &  un  amas  de  pierres.  Onyavoit  fait  conftruire 
des  aqueducs  pour  conduire  de  l'eau  du  Rhône  dans  la 
ville ,  Se  même  pour  y  en  faire  venir  de  celle  de  la  rivière 
de  Furan  en  Forez.  Ces  derniers  aqueducs  avoient  fept  ou 
huit  lieues  d'étendue  ,  Se  venoient  aboutir  au  même  quar- 
tier de  Saint  Jujl.  Onen.vqit  encore  plufieurs  arcades  près 
de  Forvières  ,  Se  dans  les  villages  de  Sainte.  Foi  Se  de 
Chaponoft.  Les  réfervoirs ,  pour  recevoir  ces  eaux ,  fe  re- 
marquent en  plufieurs  quartiers  de  la  ville ,  principale- 
ment dans  le  jardin  du  monaftere  de  la  Déferle  ,  Se  dans 
une  vigne  desUrfulines  ,  fur  la  montagne  de  Saint  Jufl  ; 
on  y  trouve  un  de  ces  réfervoirs  tout  entier  ;  on  le  nomme 
aujourd'hui  la  Grotte  Berelle. 

Le  palais  des  gouverneurs  Se  des  empereurs  étoit  fur 
le  penchant  de  la  même  montagne  ,  dans  le  terrein  qu'oc- 
cupe aujourd'hui  le  fécond  monaftere  des  reiigieufes  de 
la  Vifitation  ,  nommé ,  à  caufe  de  ce  monument ,  le  cou- 
vent de  V Antiquaille. 

Lyon  eft  la  fecon.de  ville  de  France ,  Se  ne  cède  qu'à 
Paris.  Elle  eft  comme  au  centre  de  l'Europe  ;  Se  par  le 
moyen  de  fes  deux  rivières ,  elle  peut  faire  un  commerce 
très-florifïant.  On  tient  qu'il  y  a  dans  Lyon  environ  cinq 
mille  maifons  ,  le  plus  grand  nombre  de  quatre  étages, 
plufïeurs  de  cinq  ,  Se  même  jusqu'à  fix  ;  on  y  compte 
près  de  cent  cinquante  mille  habitans , -tinq  églilés  col- 
légiales ,  treize  paroifies ,  quatre  abbayes,  quatre  prieurés , 
environ  cinquante  maifons  régulières,  deux  hôpitaux, 
fix  portes  ,  Se  quatre  fauxbourgs  ;  celui  de  Vaize ,  fur  la 
rou*e  de  Paris  ;  celui  de  la  Croix-Roufle,  vers  la  Breffe  ; 
celui  de  la  Guillotiere  ,  vers  le  Dauphiné  ;  Se  celui  de 
Trion  Se  de  S.  Irénée  ,  fur  le  chemin  de  Montbrifion. 

La  ville  de  Lyon  eft  partagée  en  trente-cinq  quartiers 
nommés  pénonages.  Voici  ce  qu'il  y  a  de  plus  remarqua- 
ble dans  ces  quartiers. 

L'églife  primatiale  eft  célèbre  par  fon  antiquité.  Elle 
porta  d'abord  le  nom  de  S.  Etienne  ,  qu'elle  quitta  en- 
fuite  pour  prendre  celui  de  S.  Jean.  Elle  eft  grande ,  St 
fort  éclairée.  Le  grand  autel  eft  au  milieu  du  chœur.  On 
voit  à  côté  la  fameufe  horloge  ,  faite  par  Nicolas  Lippius 
de  Bade,  l'an  I^S  ,  Se  rétablie  en  1660,  par  Guillaume 
Nourifîon  ,  habile  horloger  de  Lyon  ,  natif  d'Ambert , 
en  Auvergne  ;  ce  morceau  eft  à  préfent  bien  dérangé.  Le 
chapitre  de  S.  Jean  de  Lyon  étoit  anciennement  com- 
pofé  de  foixante-douze  chanoines  ;  mais  en  1311  ,  il  fut 
réduit  à  trente-deux ,  fans  compter  le  roi  qui  en  eft  le 
premier  chanoine.  Il  y  a  huit  dignités  &  vingt  -  quatre 
chanoines.  Les  dignités  font,  le  doyen  ,  l'archidiacre, 
le  précenteur ,  le  chantre ,  le-chamarier ,  le  facriftain  ,  le 
grand  euftode  &  le  prévôt.  Ces  trente -deux  chanoines 
font  comtes ,  Se  doivent  faire  preuve  de  noblefie  de  feize 
quartiers ,  tant  du  côté  paternel ,  que  du  côté  maternel. 
Le  doyen  ne  prend  pas  la  qualité  de  duc ,  comme  l'a  dit , 
après  du  Val ,  Martineau  Dupleffis ,  dans  fa  Géographie. 
Outre  ces  trente-deux  comtes ,  le  clergé  de  la  cathédrale 
eftcompofé  de  pareil  nombre  d'officiers,  qui  l'ont  quatre 
euftodes,  huit  chevaliers,  dont  le  dernier  eft  théologal , 
6c  vingt  perpétuels.  Les  lept  premiers  chevaliers  doivent 
être  gradués  ,  parce  qu'ils  ont  été  inftitués  pour  être  le 
confeil  du  chapitre ,  dans  lequel  ils  ont  entrés ,  mais'fans 
voix  délibérative.  Le  théologal  n'eft  point  du  corps  du 
chapitre,  Les  perpétuels  font  principalement  inftitués  pour 
chanter  l'office  ,  Se  leurs  places  font  deftinées  aux  enfans 
de  chœur.  Il  y  a  encore  plus  de  foixante  habitués,  y  com- 
pris fix  diacres  ,  dix-huit  clercs  ,  &  vingt-quatre  enfans 
de  chœur.  Les  revenus  de  l'églife  de  S.  Jean  montent 


LYO  949 

jusqu'à  quarante  mille  écus.  Les  biens  du  comté  en  font 
les  deux  tiers  :  le  refte  confifte  en  cent  une  prébendes  , 
ou  commiffions  de  méfies ,  ou  en  fondations. 

L'églife  S.  Etienne  eft  réunie  à  celle  de  S.  Jean  ,  dont 
elle  fait  partie.  Elle  eft  deflervie  par  un  euftode  ,  qui  a  le 
titre  de  facrijlain  de  S.  Etienne  ,  Se  par  des  éccléfiafti- 
ques  de  l'églile  primatiale.  On  y  conferve ,  entr'autres  re- 
liques ,  les  chefs  de  S.  Etienne  &C  de  S.  Irénée.  Lorsque 
la  S.  Jean  concourt  avec  la  Fête-Dieu  ,  on  célèbre  dans 
cette  églife  une  espèce  de  jubilé.  Le  concours  de  ces  deux; 
fêtes  arriva  en  1666  Se  en  1734  ;  la  célébration  dû  jubilé 
fut  continuée  pendant  trois  jours  Se  trois  nuitc.  Le  faint 
Sacrement  fut  expofé  ,  durant  ce  tems,  au  jubé,  qui  eft  au- 
deffus  de  l'autel  qui  fépare  la  nef  du  chœur.  Le  chapitre 
fit  frapper  des  médailles  de  bronze ,  pour  en  conferv'er  la. 
mémoire;  Se  l'on  publia  plufieurs  écrits,  dans  lesquels 
on  n'allégua,  en  faveur  de  ce  jubilé,  qu'un  ufage  obfervé 
depuis  plufieurs  fiécles ,  toures  les  fois  que  ces  deux  fêtes 
fe  font  rencontrées  le  même  jour. 

S.  Nifier  eft  une  belle  églife  paroiffiale  Se  collégiale,' 
presqj'au  milieu  de  la  ville.  Son  portail  eft  d'ordre  do- 
rique ,  Se  du  deffein  de  Philibert  de  Lorme  ;  mais  il  n'eft 
pas  achevé. 

_  L'églife  collégiale  de  S.  Juft  avoit  été  bâtie  par  S.  Pa- 
tient ,  archevêque  de  Lyon. Elle  étoit  magnifique ,  comme 
il  paroït,  par  la  description  qu'en  a  faite  Sidonius  Apol- 
linaris  ;  elle  fut  détruite  par  les  Proteftans  ,  en 1  <j6l.  En- 
viron cent  ans  après,  on  employa  une  partie  des  maté- 
riaux à  bâtir  la  nouvelle  églife  de  S.  Juft,  qui  eft  dans 
la  ville ,  au  lieu  que  l'ancienne  étoit  hors  des  portes  ;  en 
1703  ,  les  chanoines  de  S.  Juft  firent  bâtir  la  nef  Se  la  fa- 
çade de  leur  églife  ,  fur  les  defleins  du  fieur  de  laMonce, 
avec  beaucoup  de  goût  Se  de  régularité. 

L'églife  de  S.  Irénée  eft  une  des  plus  anciennes  ,  & 
étoit  une  des  plus  magnifiques,  avant  Fan  1561  ,  qu'elle 
fut  détruite ,  en  partie ,  par  les  Proteftans.  Par  des  le'tres 
patentes  de  Tan  1702  ,  cette  églife,  Se  les  places  cano- 
niales, ont  été  unies  Se  incorporées  à  la  congrégation 
des  chanoines  réguliers  de  fainte  Geneviève.  On  y  mon- 
treune  partie  de  la  colonne  où  notre  Seigneur  fut  arra- 
ché pendant  qu'on  leflagelloit,  le  fépulcre  de  S.  Irénée, 
Se  l'autel  de  S.  Polycarpe. 

S.  Paul  eft  une  collégiale  ,  auprès  de  laquelle  eft  l'é- 
glife paroiffiale  de  S.  Laurent ,  que  MM.  de  Mafcarani 
firent  relever  en  1639.  On  remarque  dans  cette  églife  le 
tombeau  du  célèbre  Jean  Gerfon  ,  chancelier  de  l'uni-* 
verfité  de  Paris  ;  il  mourut  à  Lyon  ,  en  1429. 

Il  y  a  dans  cette  ville  deux  collèges  pour  l'inftruftion 
de  la  jeunefTe  ;  l'un  fitué  fur  le  quai  de  Retz  ,  appelle  le 
collège  de  la  Trinité  ,  defTervi  par  les  prêtres  de  la  con- 
grégation de  l'Oratoire;  l'autre,  fitué  rue  du  Bœuf",  ap- 
pelle le  collège  de  Notre-Dame ,  deiTervi  par  un  princi- 
pal ,  un  préfet  Se  des  profefîeurs  féculiers.  L'adminiftra- 
tion  de  ces  deux  collèges  a  été  confiée  ,  par  édit  du  mois 
de  Février  1763  ,  à  un  bureau  créé  par  le  même  édit, 
enregiftré  au  parlement,  le  5  Févrieri763  ,  fuivi  de  lettres . 
patentes  du  29  Avril  fuivant ,  enregiftrées  au  parlement 
le  même  jour. 

La  maifon  des  prêtres  de  l'Oratoire  eft  belle  Se  bien 
bâtie.  Elle  eft  fituée  fur  la  colline  de  la  Croix-Roufte. 
On  descend  à  l'églife  par  un  escalier  à  triple  étage. 

A  la  place  de  Confort ,  on  voit  une  pyramide  érigée 
à  l'honneur  du  roi  Henri  le  Grand,  Se  fur  laquelle  le  nom 
de  Dieu  eft  gravé  en  vingt-quatre  langues.  Elle  eft  pla- 
cée fur  un  piedeflal  triangulaire,  furmontée  d'une  croix 
dorée,  Se  enrichie  de  plufieurs  ornemens  de  même. 

Le  chœur  de  l'églife  des  Dominicains  eft  iacrufté  de 
marbre.  La  chapelle  de  l'apôtre  S.  Thomas  eft  fuperbe. 
On  remarque  un  tableau  qui  repréfente  S.  Thomas,  con- 
vaincu à  la  vue  de  Jefus-Chrijl.  Il  eft  du  Salviati ,  Se 
d'un  prix  ineftimable.  Les  princes  Jacques  Se  Pierre  de 
Bourbon  ,  père  Se  fils  ,  qui  furent  tués  à  la  bataille  de 
Brignais ,  ont  leur  tombeau  dans  le  chœur  de  cette  églife. 
Leurs  épitaphes  difent  que  cette  bataille  fe  donna  en  1362. 

Les  Cordeliers  ont  dans  leur  églife  le  chef  de  faint  Bo- 
naventure.  On  y  voit  encore  fa  chambre  changée  en  cha« 
pelle  ,  Se  des  peintures  de  Stella  Se  de  Vanmus. 

Les  Céleftins  ont  un  fort  beau  bâtiment ,  dont  la  fa- 
çade principale  donne  fur  la  rivière  de  Saône  ;  ils  pofTé- 
dent  le  cœur  de  Louis ,  duc  de  Savoye  ,  &  celui  du  car- 
dinal d'Amboii'e. 


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9;o 

Les  filles  de  la  Vifitatiori  de  fainte  Marie  ont  le  cœur 
de  S.  François  de  Sales  ,  qui  mourut  dans  la  petite  mai- 
fon  du  jardinier  de  ce  monaftere  ,  l'an  1622.  Ces  reli- 
gieufes  ont  deux  autres  couvens  dans  Lyon  ;  celui  de  1  An- 
tiquaille ,  &  celui  de  fainte  Marie  des  Chaînes. 

Sainte  Elifabeth  eft  un  grand  &  fpacieux  monaftere. 

S.  Pierre  eft  une  abbaye  de  filles ,  avec  un  magnifique 
bâtiment ,  dont  la  principale  face  donne  fur  la  place  des 
Terreaux.  „-,..>•*  i  *■ 

Le  couvent  des  Récollets  eft  fitue  a  mi-cote ,  au-de(lus 
de  fainte  Croix.  On  y  admire  une  voûte  fort  hardie.  Ce 
morceau  d'architefture  a  été  fait ,  em648  ,  par  le  frère  Va- 
lérien  ,  religieux  du  même  ordre. 

Le  couvent  des  Carmélites  a  été  fondé  par  la  maifon 
'de  Villeroi.  Rien  n'eft  plus  beau  que  leur  édifice.  La  cha- 
pelle de  Villeroi  eft  un  chef-  d'oeuvre  de  fculprure  ;  & 
les  différens  maufolées  qu'elle  renferme ,  font  des  pièces 
parfaites.  .  ,.'.','- 

Le  grand  Hôtel- Dieu  de  Notre  -  Dame  de  pitre  fut 
fondé ,  vers  le  milieu  du  fixiéme  fiécle ,  par  le  roi  Chil- 
debert ,  St.  la  reine  Ultrogothe  fa  femme.  Ce  bâtiment  a 
plufieurs  fois  changé  de  face.  La  grande  infirmerie  a  560 
pieds  de  longueur.  Elle  eft  dispofée  en  forme  de  croix 
Grecque  ,  au  milieu  de  laquelle  eft  placé  un  autel  à  la 
Romaine ,  fort  élevé ,  pour  que  les  malades  ,  qui  font  dans 
les  trois  rangs  de  lits  de  fer  ,  placés  dans  chacune  des 
aîles  ,  puiffent  aifément  y  entendre  la  meffe.  Cet  aurel 
ne  prend  jour  que  par  Un  dôme  ,  qui  fait' le  milieu  des 
quatres  aîles  de  ce  bâtiment.  L'églife  répond  à  la  magni- 
ficence de  cet  édifice  ;  &C  le  portail  de  cette  maifon  eft 
du  fieur  la  Monce,  qui  y  a  employé  l'ordre  Dorique  avec 
goût  ci  élégance.  Cette  maifon  eft  adminiftrée  par  qua- 
torze citoyens ,  qui  fervent  pendant  deux  ans.  Il  y  en  a 
deux  qui  préfident  ;  un  officier  de  la  cour  des  monnoies 
&  un  avocat. 

L'hôpital  de  la  Charité  a  été  fondé  des  libéralités  de  M. 
de  Marquemont ,  archevêque  de  Lyon ,  de  MM.  les  cha- 
noines-comtes de  Lyon  ;  de  M.  d'Halincourt  ,^  gouver- 
neur ,  &c  de  plufieurs  perfonnes.  Il  eft  compote  de  neuf 
baffes-cours  ,  autour  desquelles  font  de  grands  corps  de 
bâtimens ,  deftinés  au  logement  des  pauvres  ,  qui  font  fé- 
parés ,  fuivant  leur  âge  &  leur  fexe.  Ceux  qui  font  en  état 
de  travailler ,  font  employés  aux  manufactures  de  foie  & 
fec  de  laine  établies  dans  la  maifon.  Il  renferme  près  de 
trois  raille  perfonnes  de  l'un  tk  l'autre  fexe ,  de  tous  âges , 
tant  mendians  ,  que  bâtards  &  adoptifs  ,  fans  compter 
les  diftributions  confidérables  qui  fe  font  au  -  dehors ,  en 
pain  ou  en  argent ,  à  plus  de  quinze  mille  perfonnes.  Le 
clocher  de  la  Charité  eft  remarquable  par  fa  hardieffe  &c 
fa  légèreté  ;  il  a  été  confirait  fur  les  deflèins  du  chevalier 
Bernin.  Au  fond  de  l'églife  on  remarque  des  tombeaux 
élevés  à  la  mémoire  de  Jacques  Moyron ,  lieutenant  gé- 
néral de  la  fénéchauffée  de  Lyon  ;  de  Simon  Fornier  , 
marchand  de  Lyon ,  &  de  Marc  Paniffod  ,  tréforier  de 
France ,  qui  laiflerent  leur  fuccefîïon  à  cet  hôpital.  La  di- 
rection eft  commife  à  feize  recteurs ,  qui  font  deux  ans 
en  fonction  ;  les  préfidens  de  ce  bureau  font  toujours 
un  chanoine- comte  de  S.  Jean,  un  tréforier  de  France 
&  un  avocat. 

Il  y  a  une  place  magnifique  ,  appellée  autrefois  Belle- 
Cour  ,  &  à  qui  on  a  donné  le  nom  de  place  de  Louis 
le  Grand ,  en  1713.  Cette  place  eft  un  quarré  de  450  pas 
de  longueur ,  fur  environ  moitié  de  largeur ,  entouré  de 
banquettes  de  pierre  :  elle  eft  terminée  ,  à  l'orient  &  au 
couchant  ,  par  deux  façades  chacune ,  de  cinq  grandes 
maifons  fymmérriques ,  & ,  du  côté  du  midi ,  dans  fa  lon- 
gueur ,  par  plufieurs  rangs  d'arbres  plantés  en  allées.  Au 
centre  de  la  place  eft  la  ftatue  équeftre  de  Louis  le  Grand  , 
élevée  fur  un  piedeftal  de  marbre  blanc  ,  d'un  beau  des- 
fein ,  enrichi  d'ornemens  de  bronze,  au-deffous  duquel 
font  deux  grandes  ftatues  de  bronze  couchées  ,  reprélèn- 
tant  le  Rhône  &  la  Saône  ,  faites  par  Couftou.  Le  tout 
.  eft  enfermé  dans  une  baluftrade  de  ter.  Dans  l'espace  qui 
eft  entre  cette  ftatue  cV  les  maifons .  il  y  a  deux  grandes 
fontaines  j.ùlliffantes ,  avec  leurs  badins  figurés.  La  place 
des  Terreaux  a  auffî  fa  beauté.  L'abbaye  de  S.  Pierre  & 
la  mai'on  de  ville  en  font  le  principal  ornement.  L'hôtel 
de  ville  eft  un  des  plus  beaux  morceaux  de  l'Europe  en 
ce  genre  ;  il  tut  commencé  en  1647 ,  &  achevé  en  165  s;. 
C'eft  un  grand  bâtiment  quarré  ,  long  ,  compofé  de  la 
façade  qui  regarde  fur  la  place  des  Terreaux ,  &  de  deux 


LYO 


aîles  en  refour,  qui  ont  foixante-dix  toifes  de  longueur.' 
La  façade  eft  décorée  au  milieu  par  une  tour  quarrée , 
terminée  en  coupole  ,  &ç  aux  angles  ,  par  deux  gros  pa- 
villons en  avant  -  corps.  La  grande  porte  eft  ornée  de 
deux  colonnes  Ioniques ,  &  conduit  à  un  grand  veftibule 
voûté,  où  l'on  remarque  les  buttes  de  Philippe  le  Bel  , 
de  Charles  VIII ,  &  de  Henri  IV.  Le  premier  de  ces  rois 
établit  le  confulat  à  Lyon  ;  le  fécond  l'honora  du  privi- 
lège de  la  noblefte  ;  &C  le  troifiéme  le  réduifit  à  un  pré- 
vôt des  marchands ,  &J  à  quatre  échevins.  On  voit  auflï 
dans  ce  veftibule  une  table  antique  de  bronze ,  partagée 
'en  deux,  &  fur  laquelle  eft  gravée  la  harangue  que  l'em- 
pereur Claude ,  n'étant  encore  que  cenfeur ,  fit  au  fénat 
de  Rome  ,  en  faveur  des  Lyonnois.  Cette  table  fut  trou- 
vée en  1 5  28  ,  en  creufant  dans  la  colline  de  S.  Sébaftien  » 
pour  chercher  les  eaux  d'une  fontaine.  La  place  du  Change 
eft  moins  confidérable  par  fa  grandeur  ,  que  parce  que 
les  marchands  s'y  affemblent  tous  les  jours ,  ik  y  font 
presque  tous  le  commerce  du  royaume  &c  des  pays  étran- 
gers. La  Loge ,  autrement  le  Change,  n'eft  pas  fort  grande. 

La  maifon  des  Chartreux  eft  une  des  belles  de  l'ordre. 
Leur  cloître  eft  fort  étendu  ,  &  leur  éghfe  de  fort  bon 
goût  :  l'on  y  voit  un  dôme  terminé  par  une  coupole  ;  le 
tout  d'une  architecture  affez  légère. 

On  compte  à  Lyon' quatre  ponts  ,  un  fur  le  Rhône  , 
&  trois  fur  la  Saône.  Le  pont  du  Rhône  eft  compolé  de 
vingt  arches.  Il  fut  bâti  par  les  foins  du  pape  Innocent 
IV  ;  fon  plan  n'eft  pas  en  droite  ligne ,  il  fait  un  angle 
ou  espèce  de  courbure  ,  dont  la  convexité  s'oppofe  au 
courant  des  eaux.  On  l'avoit  d'abord  fait  fi  étroit ,  qu'il 
n'ypouvoit  paffer  qu'une  charrette  à  la  fois.  Pour  remé- 
dier à  cet  inconvient ,  on  éleva  un  autre  pont  femblable, 
tout  joignant  ,  &£  pour  donner  à  ces  deux  ouvrages  la 
foliditénécedaire,  on  fit  paffer  d'un  côté  à  l'autre  de  cha- 
que arcade  des  barres  de  fer  ,  avec  des  clefs  à  chaque 
bout.  Enfin  ,  comme  les  arcades  n'étoient  pas  fort  gran- 
des ,  &  qu'il  arrivoit  fouvent  que  celle  du  milieu  fe  bou- 
choit ,  il  y  a  environ  foixante-dix  ans  qu'un  architecte  , 
plus  hardi  que  les  autres ,  fit  couper  la  pile  du  milieu  , 
&  de  deux  arches ,  n'en  fit  qu'une.  Il  n'y  a  eu  que  le  iùc- 
cès  qui  ait  pu  juftifier  cette  entreprife.  De  trois  ponts , 
fur  lesquels  on  parlé  la  Saône  à  Lyon  ,  il  y  en  a  un  de 
pierre ,  qui  eft  étroit ,  compofé  de  neuf  arches  ,  dont  une 
eft  fort  eftimée  des  connoifl'eurs ,  par  fa  largeur  &  fon 
élévation  ;  &  deux  de  bois,  donr  le  premier  eft  étroit, 
ferré  ,  peu  folide ,  &  difficile  à  monter  pour  les  car- 
roffes  &  les  voitures  ;  il  eft  compofé  de  quatre  arches  , 
auxquelles  des  rochers ,  qui  viennent  au-deffus  de  l'eau  , 
fervent  naturellement  de-tondement.  Le  pont  de  S.  Vin- 
cent eft  affez  eftimé,  à  caufe  de  fa  hardieffe.  Il  eft  com- 
pofé de  trois  arches  ;  mais  les  voitures  n'y  paffent  pas. 

Les  quais  font  le  plus  bel  ornement  de  la  ville  ,  prin- 
cipalement celui  qui  régne  depuis  le  pont  du  Rhône,  jus- 
qu'au fort  S.  Clair  ;  &  celui  qui  s'étend  le  long  de  la 
Saône  ,  depuis  les  greniers  d'abondance,  jusqu'à  la  bou- 
cherie des  Terreaux. 

Lyon  eft  ,  à  proprement  parler ,  la  feule  place  fortifiée 
dans  la  province.  Comme  elle  étoir  frontière ,  avant  l'ac- 
quifition  de  la  Breffe  ,  on  y  éleva  une  citadelle ,  fous  le 
régne  de  Charles  IX  ;  mais  elle  fut  détruite  fous  Henri  III. 
On  voit  aujourd'hui  à  Lyon  trois  forts  ,  le  château  de 
Pierre-en-Sci[e,\s  boulevard  de  S.  Jean,  &  le  fort  de  S. 
Clair.  Voyez  Pierre-fn-Scize. 

Le  roi  a  dans  Lyon  un  arcenal ,  qui  eft  commode  pour 
l'embarquement  des  munitions  fur  le  Rhône  &c  la  Saône  ; 
mais  d'ailleurs  les  magafins  ne  font  pas  affez  grands  ,  &C 
font  trop  expofés  aux  accidens  des  maifons  voifines.  II 
y  a  audi  une  falle  d'armes  bien  garnie,  qui  occupe  le  pre- 
mier étage  du  bâtiment  deftiné  pour  les  bleds  de  l'abon- 
dance ,  au  bout  du  quai  d'Halincourt. 

De  tout  tems ,  les  bourgeois  de  Lyon  ont  eu  la  garde 
de  leur  ville ,  &  l'ont  encore  pendant  la  nuit  ;  mais ,  du- 
rant le  jour ,  pour  ne  pas  être  détournés  de  leurs  affaires  , 
ils  la  font  monter  par  une  compagnie  franche  de  foixante 
hommes  du  régiment  de  Lyonnois.  La  garde  de  la  ville 
confifte  à  occuper  deux  corps  de  gardes  ,  depuis  neuf  à 
dix  heures  du  foir  ,  jusqu'à  deux  heures  après  minuit.  L'un 
de  ces  corps  de  garde  eft  en-  deçî  de  la  Saône,  fk  l'autre  au- 
delà.  Outre  cette  garde  ,  qui  fut  établie  en  fjo^  ,  il  y  a  un 
chevalier  du  guet  qui  commande  une  compagniede  cinquan- 
te hommes,  pris  la  plupart  parmi  les  artifans.  Il  y  a  aufli  un 


LY'O 


LYO 


major  &  un  aide-major  ;  tous  deux  ,  de  même  que  le  che- 
valier du  guet,  font  pourvus  par  le  roi;  mais  ce  dernier 
eft  nommé  par  le  corps  de  ville. 

Les  prévôt  des  marchands  &  échevins  de  Lyon  gar- 
doient  autrefois  les  clefs  de  la  ville  ;  mais  depuis  environ 
quatre-vingt  ans,  c'eft  chez  le  gouverneur  qu'elles  font 
portées  ;  &  ce  n'eft  qu'en  fon  abfence  que  le  prévôt  des 
marchands  £k  les  échevins  en  font  les  maîtres. 

En  1707,  au  mois  de  Juin  ,  MM.  du  confulat  de  Lyon 
firent  démolir  un  monument  ancien  ik  célèbre ,  appelle 
le  tombeau  des  deux  amans.  Il  étoit  dans  le  fauxbourg 
de  Vaife  ;  l'origine  de  ce  tombeau  ou  petit  temple ,  avoit 
fort  exercé  les  favans  ,  mais,  fans  beaucoup  de  fuccès  , 
parce  qu'il  ne  reftoit  point  d'inscription  ,  &  qu'aucun 
auteur  ancien  n'en  avoit  parlé.  Ce  monument,  qui  avoit 
.  échappé  à  la  fureur  des  peuples  barbares ,  a  péri  enfin  par 
les  mains  de  ceux  même  qui  dévoient  fe  faire  une  gloire 
de  le  conferver. 

Il  y  a  dans  la  ville  de  Lyon  une  fénéchauffée  &  fiége 
préfidial  ,.  qui  reffortiffent  au  parlement  de  Paris.  Les 
officiers  ont  le  privilège  de  porter  la  robe  rouge  dans  les 
jours  de  cérémonie. 

La  confervaûon  des  foins  de  Lyon  fut  d'abord  attribuée 
au  fénéchal.  Dans  la  fuite  on  l'attribua  à  un  juge  particu- 
lier. En  165:4,  la  ville  de  Lyon  acheta  la  charge  de  ce 
juge  ;  & ,  l'année  fuivante ,  il  y  eut  un  édit  de  réunion  de 
cette  jurisdiftion  à  là  jurisdiftion  confulaire. 

Le  confulat,  ou  échevinage ,  étoit  établi  dès  l'an  1260  ; 
la  forme  n'en  a  pas  toujours  été  la  même.  Da'bord  ce 
furent  des  fyndics ,  enfuite  des  confuls  ;  Henri  IV  établit 
en  1597,  un  prévôt  des  marchands  &  quatre  échevins  ; 
dès  l'année  1495  ,  le  confulat  de  Lyon  an'nobliffoit ,  par 
conceffion  du  roi  Charles  VIII.  Ce  privilège  a  été  con- 
firmé de  régne  en  régne ,  même  avec  faculté  aux  descen- 
dans  de  continuer  le  commerce  en  gros  fans  déroger. 

La  jùrisdicVion  de  la  police  fut  établie  par  un  édit  du  mois 
d'O&obre  1699,  portant  création  d'un  lieutenant  général 
de  police  ,  d'un  procureur  du  roi  ,  d'un  greffier  ,  de  dix 
commiffaires  &  fix  huiffi_-:s.  Cette  jurisdiftion  fut  réunie 
au  confulat  de  Lyon  ,  en  1700. 

Le  département  du  grand  maître  des  eaux  &  forêts 
comprend  le  Lyonnois ,  le  Forez ,  le  Beaujolois  ,  l'Au- 
vergne ,  le  Dauphiné  &  la  Provence. 
_  Le  bureau  des  tréforlers  de  France  eft  un  des  plus  an- 
ciens; il  y  a  un  premier  préfident,  vingt-trois  tréforiers, 
dont  les  quatre  plus  anciens  ont  le  titre  depréfidens  ;  deux 
avocats  ,  un  procureur  du  roi ,  &c  un  greffier  en  chef.  La 
généralité  de  Lyon  n'eft  compofée  que  de  cinq  élections  : 

Lyon  ,  Montbriffon , 

S.  Etienne  ,  Rouanne  , 

Villefranche. 

La  cour  des  monnoies  fut  créée  en  1704  ,  &  unie,  en 
Ï701),  à  la  fénéchauffée  &  préfidial  de  Lyon. 

Il  y  a  encore  dans  cette  ville  une  maîtrife  des  ports , 
une  jurisdiftion  de  la  douane  ,  &c. 

Les  marchands  Suiffes,  &  ceux  des  villes  impériales,  font  ' 
exempts  de  la  douane  de  Lyon ,  &  de  tous  droits  d'en- 
trée ,  pour  les  marchandifes  originaires  de  leur  pays.  On 
croit  que  ce  fut  Louis  XI,  qui  accorda  ce  privilège  aux 
Suiffes  ;  cependant  on  n'en  trouve  point  de  preuve  par 
écritdans  le  traité  qu'ils  firent  avec  François  I,  l'an  1516. 
L'exemption  des  Allemands  fut  accordée  par  le  même  roi, 
en  1715. 

Le  grand  commerce  de  Lyon  fe  faif  principalement  avec 
l'Espagne ,  l'Italie ,  la  Suiffe  ,  l'Allemagne ,  la  Hollande , 
l'Angleterre ,  &c.  Les  marchands  y  envoient  des  dorures , 
des  draps,  des  toiles,  des  futaines ,  du  fafran ,  du  papier,  Sec. 
On  reçoit  d'Espagne  des  laines,  des  foies,  des  drogues  pour 
la  teinture  ,  des  piaftres ,  &  des  lingots  d'or  &  d'argent. 
On  envoie  de  Lyon  en  Italie  quantité  de  draps  &  de 
toiles,  quelques  étoffes  de  foie,  des  étoffes  &  des  den- 
telles d'or  Se  d'argent;  des- livres  ,  de  la  mercerie  ,  fur- 
tout  des  parures  Se  des  modes.  L'italie  ,  de  fon  côté ,  en- 
voie à  Lyon  des  foies  ,  des  velours ,  des  damas ,  des  bro- 
catelles,  des  fatins,  des  taffetas,  du  riz.  On  envoie  aux 
Suiffes  beaucoup  de  gros  draps,  des  chapeaux,  du  fafran  , 
des  vins ,  des  huiles ,  des  favons  Si  de  la  mercerie  ;  & 
l'on  tire  de  chez  eux  des  fromages  ,  des  toiles ,  Se  en 
tems  de  guerre,  des  chevaux,  Les  grandes  villes  d'Aile- 


magne  font  acheter  à  Lyon  les  mêmes  marchandifes  que 
les  Suiffes ,  &  de  plus  des  étoffes  d'or  Se  d'argent ,  &£ 
beaucoup,  de  dorures.  Lyon  tire  plus  de  marchandifes  da 
la  Hollande  ,  qu'elle  n'y  en  envoie.  L'avantage  qu'elle 
y  trouve ,  c'eft  la  négociation  des  lettres  de  change  à  Ams- 
terdam ;  car  les  Lyonnois  reçoivent  fouvent  des  pays 
étrangers ,  &  même  des  provinces  du  royaume  ,  des  let- 
tres de  change  en  payement  fur  Amfterdam.  On  envoie  en 
Angleterre ,  pour  deux  ou  trois  millions  de  marchandifes  ; 
& ,  à  un  quart  près  ,  tous  les  retours  fe  font  en  argent» 
La  ville  de  Lyon  fait  encore  un  commerce  très-conlîdé- 
rable  avec  les  autres  provinces  du  royaume. 

Dans  l'année  1419  ,  on  établit  deux  foires  dans  cette 
ville.  Charles  VII  &  Louis  XI  voulurent  que  ,  pendant 
leur  tenue ,  on  pût  faire  fortir  de  Lyon  toutes  fortes  de 
marchandifes,  fans  payer  aucun  droit  de  fortie.  A  ces 
deux  foires,  Charles  VIII  en  ajouta  deux  autres,  qu'il 
transféra  de  Bourges  à  Lyon.  Son  édit  eft  de  l'an  1498. 
Ces  foires  durent  vingt-cinq  jours  chacune  ;  la  première 
commence  le  lundi  d'après  les  Rois  ;  la  féconde  le  lundi, 
d'après  la  Quajimodo  ;  la  troifiéme,  au  mois  d'Août  ;  & 
la  quatrième ,  le  3  du  mois  de  Novembre. 

^  L'amour  des  belles  lettres  donna  lieu  à  l'établiffement 
d'une  académie  de  littérature  à  Lyon ,  en  1700.  Cette 
académie  doit  fon  origine  aux  liaifons  d'amitié  &  de 
feience,  qu'il  y  avoit  entre  le  père  de  S.  Bonnet,  Jéfuite, 
Se  M.  Broffette  ,  avocat.  Ils  s'affocièrent  un  autre  Jéfuite, 
Se  quatre  féculiers ,  &  commencèrent  à  former  des  affem- 
blées  régulières.  La  mort  du  père  de  S.  Bonnet ,  arrivée 
en  1702,  &  un  voyage  que  fit  le  fécond  Jéfuite,  inter- 
rompirent les  affemblées  ;  cependant  cette  académie  nais- 
fante  reprit  bientôt  après  fes  exercices ,  &  fut  augmentée 
de  quelques  membres.  En  1709  ,  M.  de  Trudaine  ,  pour 
lors  intendant  à  Lyon,  lui  donna  un  nouveau  luftre  ;  il 
augmenta  le  nombre  des  académiciens ,  fixa  les  jours  des 
affemblées,  &  fouhaita  qu'elles  fe  tinffent  dans  fa  mai- 
fon  ,  &  en  fa  préfence  ;  de  forte  que  ce  magiftrat  eft  re- 
gardé comme  le  fondateur  de  cette  académie.  M.  de  Tru- 
daine ayant  été  appelle  à  d'autres  emplois ,  l'académie 
continua  fes  affemblées  fucceflîvement  dans  différentes 
maifons.  Enfin  M.  François  Paul  de  Neuville-Villeroi, 
archevêque  de  Lyon  ,  voulut  être  proteâeur  de  cette 
académie ,  &  permit  qu'elle  tînt  (es  affemblées  dans  fon 
palais.  Elle  porte  le  titre  d' 'académie  des  feience  s  &  Belles- 
leicres.  Elle  eft  compofée  de  vingt- cinq  académiciens. 
En  1736,  il  s'eft  encore  formé  une  académie  des  beaux 
arts ,  compofée  de  trente  perfonnes  :  elle  fe  rend  célèbre 
par  fes  exercices.  L'une  &  l'autre  tient  une  féance  par- 
ticulière chaque  femaine  ,  &C  deux  affemblées  publiques 
par  année.  La  ville  de  Lyon  a  établi  une  bibliothèque 
publique ,  ouverte  deux  jours  de  chaque  femaine  :  elle 
eft  compofée  d'un  grand  nombre  de  volumes ,  &  l'on  a 
deftiné  un  fonds  annuel  pour  fon  augmentation  Se  fon 
entretien.  On  y  a  joint  une  colleftion  confidérable  des 
médailles  les  plus  anciennes  :  on  travaille  journellement 
à  en  accroître  le  nombre. 

Il  y  a  une  académie  à  monter  à  cheval.  Le  manège 
eft  un  des  plus  beaux  qu'il  y  ait  en  France. 

L'églife  de  Lyon  a  été  une  des  plus  célèbres  de  laChrétien= 
té.  Son  é  vêque  Potin,ou  Photin,fouffrit  lemartirefous  l'em- 
pire de  Marc-Aurele,  Si  eut  pourfucceffeur  le  grand  S.  Iré-> 
née,  qui  avoit  vuS.  Polycarpe,  disciple  de  S.  Jean  FEvange- 
hfte.  Les  avantages  de  la  ville  de  Lyon,  autrefois  capitale  de 
la  Celtique ,  n'engagèrent  pas  fes  prélats  à  étendre  fort  loin 
leur  pouvoir  Scieur  jurisdi&ion  durant  plufieurs  fiécles  ; 
maisGébuin,  archevêque  de  Lyon  ,  ayant  fait  entendre 
au  pape  Grégoire  VII ,  que  les  papes ,  fes  prédéceffeurs  , 
avoient  donné  airx  archevêques  de  Lyon  la  primatie  fur 
quatre  provinces  des  Gaules  ,  dont  ils  avoient  joui  pai- 
fîblement ,  il  obtint  de  Grégoire  une  bulle  en  fa  faveur. 
Voyez  Primat.  *  Longuerue,  Descr.  de  la  France,/».  173. 

Outre  la  primatie ,  on  diftingue  encore  deux  chofes 
dans  l'archevêché  de  Lyon  ;  la  jurisdiiftion  archiépisco- 
pale ou  métropolitaine ,  ck  le  diocèfe. 

La  jurisdiftion  archiépiscopale  s'exerce  fur  les  ëvâ-> 
ques  fuffragans ,  qui  font  au  nombre  de  cinq  : 

Autun ,  Châlon- fur-Saône, 

Langres ,  Mâcon , 

Dijon, 


9Si  LYO 

L'archevêché  vaut  cinquante  mille  livres  ouenviron. 
Ouand  il  eft  vacant ,  l'évêque  d'Autun  en  a  l'adminis- 
tration. Se  jouit  de  la  régale.  Immédiatement  après  la 
mort  de  l'archevêque,  l'adminiftration  Se  la  regale  font 
dévolues  au  chapitre  de  S.  Jean  de  Lyon;  & .  1  eveque 
d'Autun  eft  obligé  de  venir  en  perionne  ,  lui  en  taire 
la  demande.  C'eft  feulement  ce  jour-là  qu'il  entre  en  pos- 
feffion  :  ce  qui  eft  échu  auparavant ,  eft  au  profit  du  cha- 
pitre. *Piganiol,  Descr.  de  la  France  ,  t.  5  ,p.  no. 

Lorsque  l'archevêque  de  Lyon  eft  facre ,  Se  qu'il  a 
"demandé  ou  fait  demander  par  procureur  l'adminiftra- 
tion ,  l'évêque  d'Autun  la  remet  au  chapitre  de  S.  Jean  ; 
Se  l'archevêque  prend  alors  poffeflion.  Pendant  l'admi- 
niftration de  l'évêque  d'Autun ,  le  chapitre  ne  lui  per- 
met aucune  des  fondions  épiscopales. 

L'archevêque  de  Lyon  a  auffi  l'adminiftration  du  dio.- 
cèfe  d'Autun  pendant  la  vacance;  mais  il  ne  jouit  pas 
de  la  régale,  parce  qu'en  1310  Philippe  le  Long  remit 
à  l'archevêque  de  Lyon  la  juftice  que  Philippe  le  Bel 
avoit  acquife  en  1311;  6c  l'archevêque  en  échange  lui 
céda  la  régale  de  l'évêché  d'Autun ,  ne  fe  réfervant  que 
l'adminiftration  fpirituelle.  Il  ne  faut  paspaffer  fous filence, 
que  cette  adminiftration  réciproque  n'étoit  pas  encore 
établie  pour  l'évêque  d'Autun  feul,  en  1082.  On  voit 
dans  le  recueil  qu'a  fait  M.  Balufe  de  diverfes  pièces  an- 
ciennes ,  une  lettre  qui  commence  ainfi  :  Agano  Augus- 
todunenfis  episcopus  ,  Robertus  Lingonenfa  ,  Gual- 
terius  Cabilonenfis  ,  Landrïcus  Maiicenjis ,  vice-pri- 
mads  curam  gerentes  ecclejîa  Lugdunenjis.  On  ne  peut 
pas  fixer  précifément  le  tems  où  cette  adminiftration  a 
commencé  à  appartenir  au  feul  éyêque  d'Autun  :  on  fait 
feulement ,  que  dans  une  transaction  de  l'an  1286  ,  il  eft 
dit  que  cette  adminiftration  eft  fondée  fur  un  long  ufage  : 
■Quia,  hactenàs  ità  de  longâ  &  approbatâ  confuetudine 
txtitii  obfervatum. 

Le   diocèfe  de  Lyon  comprend  quatorze  abbayes 


LYP 


qui  fut  faite  du  royaume  de  France  fous  Chîrlemagne , 
dans  la  Vie  de  Louis  le  Débonnaire ,  dans  le  partage  du 
royaume  de  Lothaire,  &  dans  beaucoup  d'autres  en- 
droits.  *  Had.  Val.  Notit.  Gall.  p.  294. 

Ce  pays  produit  fuffilàmment  du  bled ,  du  vin  ,  des 
fruits ,  6c  des  marrons  excellens.  On  prétend  même  qu'il 
y  a  des  mines  d'argent  ;  mais  jusqu'à  prélent  on  les  a 
entièrement  négligées  ,  foit  parce  qu'elles  ne  font  pas 
aiïez  abondantes,  foit,  à  ce  que  quelques-uns  croient , 
parce  que  le  confeil  ne  permet  ces  fortes  d'entrepriles 
qu'à  des  conditions  très-onéreufes.  Les  feules ,  qui  font 
de  quelque  utilité,  font  celles  de  charbon  de  terre.  *Pi- 
ganiol,  Descr.  de  la  France  ,  p.  216  &  fuiv. 

Les  rivières,  qui  arrofent  ces  provinces,  Se  les  rendent 
fi  propres  pour  le  commerce  ,  font  le  Rhône  ,  la  Saône  , 
6c  la  Loire.  Outre  ces  grandes  rivières ,  il  y  en  a  plu- 
sieurs petites ,  qui  ne  laiflent  pas  d'avoir  leur  utilité  ;  le 
Furan ,  le  Lignon ,  le  Rhin  ,  l'Azergue.  ' 

Il  y  a  dans  ce  gouvernement  un  fenéchal  8c  deux  bail- 
lifs  d'épée  ;  le  premier  eft  le  fenéchal  de  Lyon ,  qui  a 
trois  mille  livres  de  gages  fur  les  tailles  ,  Se  cent  cin- 
quante-fept  fur  le  domaine  ;  les  deux  autres  font  le  bail- 
lif  de  Forez  &  celui  de  Beaujolois,  qui  ont  auffi  des  ga- 
ges fur  le  domaine.  Les  fonctions  des  uns  Se  des  autres 
ne  confiftent  qu'au  droit  qu'ils  ont  d'aflifter  aux  affiles, 
de  commander  l'arriere-ban  de  la  nobleffe  ,  6c  de  faire 
rendre  la  juftice  fous  leur  nom ,  chacun  dans  fon  diftrief.. 

Le  commerce ,  qui  fe  fait  dansTétendue  du  gouverne- 
ment, confifte  en  marrons,  papier,  clincailleries ,  canons , 
fufils ,  piftolets  ,  8e  toutes  fortes  d'outils  lie  fer.  Ce  com- 
merce eft  affeZ  confidérable  ;  cependant  il  eft  effacé  par 
celui  qui  fe  fait  à  Lyon. 

Pour  les  trois  provinces  qui  compofent  ce  gouverne- 
ment ,  il  n'y  a  qu'un  gouverneur- général ,  un  lieutenant- 
général  ,  6c  deux  lieutenans  de  roi.  Les  charges  de  ces 
deux  derniers  ont  été  créées  en  1691 ,  6c  ont  chacune 


treize  chapitres,  6e  un  très-grand  nombre  de  paroiffes.    leur  département.  Un  de  ceux  qui  en  font  revêtus  ,  eft 
Les  abbayes  font  :  lieutenant  de  roi  ,  du  Lyonnois  6c  du  Beaujolois  ;  1  au- 

tre l'eft  du  Forez 


Ainay , 
L'ifle-Barbe  ', 
Savigny , 
Joug-Dieu , 
Ambournay  , 
S.  Rembert, 
S.  Oyan  de  Joux  ,  ai 
jourd'hui  S.  Claude . 

Les  chapitres  font: 


S  S.  Jean  de  Lyon . 
S.  Juft  , 
S.Paul, 
Lyon  ,  "jForvière, 
ceux  de/S.  Nizier , 


S.  Pierre  de  Lyon, 
La  Chaffaigne  , 
Val-Benoifte  ,._ 
La  Beniffon-Dieu, 
Bonlieu , 

Lieu-Notre-Dame  , 
Belleville. 


/L'ifle  Barbe , 
l  S.  Chaumont , 
Dans  le\  Notre  -  Dame  de 
diocèfe,]     Montb:ifon, 
ceux  de^Notre  -  Dame  de 
Villefranche, 
'Beaujeu, 
,Aigue-perfe. 


1.  LYONNOIS,  (le)  grande  province^  Se  l'un  des 
gouvernemens  de  France.  Il  eft  borné  du^côté'du  nord 
par  le  Mâconnois  6c  la  Bourgogne ,  du  côté  de  l'orient 
par  la  Saône  Se  le  Rhône ,  qui  le  féparent  de  la  Brefle  Se 
du  Dauphiné;  du  côté  du  midi,  il  a  pour  bornes  le  Viva- 
rais  6c  le  Vélay  ;  6e  du  côté  du  couchant ,  les  montagnes 
le  féparent  de  l'Auvergne.  Il  eft  compofé  de  trois  pays  ; 
du  Lyonnois  proprement  dit ,  du  Beaujolois  Se  du  Fore~. 
*Longuerue ,  Descr.  de  la  France  ,  p.  268. 

Les  peuples  de  cette  province  s'appelloient  ancienne- 
ment Segufîani.  Céfar  en  fait  mention  dans  fes  Commen- 
taires, affurant  qu'ils  étoient  clans  la  dépendance  des 
sEdui ,  c'eft- à-dire  de  ceux  d'Autun,  in  clientèle  JE  duo- 
rum  ,  Se  qu'ils  étoient  les  premiers  au-delà  du  Rhône , 
6e  les  plus  proches  de  la  province  Romaine.  Ils  furent 
rendus  indépendans  des  Aïdià  ou  Autunois ,  fous  l'em- 
pire d'Augufte  ;  c'eft  pourquoi  Pline  les  nomme  Segu- 
Jiani  liberi. 

Dans  les  anciennes  Annales  du  régne  de  Philippe  ,  le 
LYONNOIS  eft  appelle pagus  Lugdunenfis  in  reg/ioBur- 

mdice  ;  6c  on  lui  donne  le  même  nom  dans  la  divifion 


Il  y  avoit  autrefois  dans  ce  gouvernement  un  prévôt 
général  à  Lyon ,  un  prévôt  à  Montbrifon ,  un  prévôt  à 
S.  Etienne  ,  6e  un  à  Roanne  ;  mais  par  la  déclaration  du 
roi ,  du  9  Avril  1720 ,  il  n'y  a  plus  qu'un  prévôt  géné- 
ral à  Lyon,  un  lieutenant  à  Montbrifon ,  Se  un  autre  à 
Roanne. 

2.  LYONNOIS'proprement  dit ,  (le)  petite  province 
de  France  ,  bornée  au  nord  par  le  Beaujolois.  Elle  a 
environ  douze  lieues  de  long  ,  fur  fept  de  large  ;  les 
principaux  lieux  font  : 


Lyon, 

S.  Chamont. 

Tarare  , 

Condrieu  , 

La  Brefle  , 

Ance. 

■n'i. 


3.  LYONNOIS ,  (le  franc)  pays  de  France,  pri- 
vilégie Se  non-taillable,  joint  à  la  province  du  Lyonnois. 
Il  eft  divifé ,  en  deux  parties  féparées  de  la  châtellenie  de 
Trévoux  en  Dombes  ,  8c  contient  onze  communautés 
ou  paroiffes:  Neuville-fur-Saône,  nommé  autrefois  Vincy, 
en  eft  la  capitale  8e  le  lieu  où  fe  tiennent  les  aflemblées 
générales  du  pays.  C'étoit  anciennement  une  républi- 
que ,  dont  les  habitans  fe  voyant  moleftés  par  leurs  voi- 
fins ,  fe  mirent  fous  la  protection  des  ducs  de  Savoye  , 
qui  promit  de  les  protéger  8e  de  les  maintenir  dans  leurs 
privilèges  ,  moyennant  cent  livres  de  cire  qu'ils  promi- 
rent de  lui  payer  chaque  année  ;  mais  ce  duc  ayant 
voulu  ,  par  la  fuite ,  exiger  quelque  chofe  de  plus ,  ils  re- 
noncèrent à  fa  protection ,  6c  implorèrent  celle  du  roi  de 
France,  moyennant  un  don  gratuit  de  trois  mille  livres  , 
tous? les  huit  ans;  ce  qui  s'eft  toujours  obfervé  jusqu'à 
préfent.  La  première  partie  eft  bornéeS-E.  parla  Saône, 
E.  par  le  Lyonnois ,  N .  par  la  Dombes ,  O.  par  la  Brefle  ; 
la  féconde  O.  6c  S.  par  la  Saône  ,  N.  Se  E.  par  la  Dom- 
bes. *  Mém.  drejjésfur  les  lieux. 

LYPERUS  ,  montagne  d'Afie  ,  dans  la  Bythinie ,  au- 
près de  la  ville  de  Zipœtium ,  félon  Ortélius  ,  Thef.  le- 
quel cite  Memnon ,  hiftorien  Grec ,  qui  vivoit  du  tems 
d'Augufte  ,  Se  dont  il  refte  des  fragmens  confervés  par 
Photius. 

LYPO,  ville  de  la  Chine,  dans  la  province  dèQuaiigfij 


LYR 


LYS 


au  département  de  Kingyuen ,  troifiéme  métropole  de 
la  province.  Elle  eft  de  10  d.  2.5'  plus  occidentale  que 
Pékin,  fous  les  24  d.  51'  de  latitude.  *  Atlas  Sinenfis. 
LYPPIENSIS  AGER.  Le  livre  des  Limites  met  un 
champ  de  ce  nom  en  Italie  ,  dans  la  Calabre.  Ortélius , 
Tlufaur.  foupçonne  que  ce  mot  eft  corrompu,  6t  n'a 
point  d'autre  origine  que  LupIjE.  Voyez  ce  mot. 

1.  LYRA  ,  lieu  d'Aiîe ,  dans  la  Bitbynie  ,  où  Orphée 
fuspendit  fa  lyre.  11  étoit  quelque  part  vers  le  Pont,  en- 
tre l'iile  Thynia  6c  le  fleuve  Parthénius.  Apollonius  en 
fait  mention  au  fécond  livre  de  fes  Argonautes. 

2.  LYRA,  nom  latin  de  Lyre,  village  deFrance,en  Nor- 
mandie, aux  frontières  du  Perche,  près  de  Verneuil.  Il  n'a 
rien  de  remarquable,  finon  d'avoir  été  la  patrie  du  favant 
Cordelier  Nicolaus  de  Lyra  ,  dont  la  Glofe  fur  l'Ecriture 
fainte  étoit  entre  les  mains  de  tous  les  théologiens ,  avant 
les  nouveaux  commentaires  qui  l'ont  fuivi.  Quelques  fa- 
vans  critiques  fe  font  trompés ,  6c  ont  avancé  que  cet 
auteur  n'étoit  point  François ,  parce  qu'ils  ne  connois- 
foient  point  le  village  de  Lyre  en  France  ,  &  qu'ils  con- 
noiffoient, au  contraire,  des  lieux  nommés ainfi  hois  de 
la  France.  Ce  font,  comme  le  remarque  très-bien  M.  Si- 
mon ,  Lettre  29  ,  t.  4 ,  des  étrangers  qui  ignorent  que 
fon  épitaphe  eft  dans  le  grand  couvent  des  Cordeliers  de 
Paris.  El;e  eft  de  fa  façon  ,  6c  décifîve.  On  la  trouve 
auffi  dans  les  Inscriptions  de  Paris,  pag.  791  &  793.  Il 
y  fait  fon  hiftoire  en  raccourci  : 

-   Lyra  brevis  viens  Normanna  in  génie  celebris  } 
Prima  mihi  vitee  janua  forsque  fuit. 
Nulla  dià  ir.undi  tenuil  vefania  natum  j 

Frotinùs  eyafi  religione  minor. 
Vernolium  adnufit  currenlem  ad  fiera  tyronemj 
Et  Chrifti  decuit  me  domilare  jugo  ,  6tc, 

Ce  lieu  eft  remarquable  par  fon  abbaye.  Voyez  Lyre. 
LYRBÉ,  ville  dé  l'Ane  mineure,  au-deffus  de  Cy- 
bire.  Denyj  le  Periégete;  Euflhaie,  v.  8^9;  oc -Feftus 
Avienus ,  in  Dyonis,  Perieg.  en  font  mention.  Le  pre- 
mier la  met  dans  la  Pifidie,  6c  la  nomme  avec  Ther- 
miffus  ,  v.  1022  ;  &  le  fécond  dit  qu'elle  étoit  au  deffus 
de  Cybire.  Le  troifiéme,  en  copiant  Denys  le  Perié- 
gete, dit: 

Tum  Pijîda  ferox  exercet  pinguia  çulta , 
Thermejjusque  dehinc  urbs  eminet  ;  iminel  arcem  , 
Indita  per  nabes  altollens  mœnia  Lyrbe. 

Priscien,  qui  s'écarte  moins  de  l'original,  dit  plus  Ample- 
ment .  v.  809  : 

Pofi  kas  PiJIdium  pinguijfima  rura  coluntur, 
Teimiffus ,  Lyrbe ,  nec-non  clariffima  Selge. 

Voyez  Lyrope. 

LYRCEA.   Voyez  Lyrcia. 

LYRCEIA-TELLUS  ,  canton  ,  où  le  fleuve  Inachus 
prend  fa  fource,  félon  Onélius,  qui  cite  lequatriéme  livre 
de  Flaccus.  G'eft  fans  doute  !e  Lyrceïus-Mons  ,  dont 
Callimaque,  Etienne  le  Géographe,  Phavorin  6c  Hé- 
fyche  font  mention.  Voyez  auffi  Lynceïus,  où  jepenfe 
qu'il  faut  lire  Lyrceus. 

LYRCIA ,  ville  du  Péloponnèfe  ,  en  grec  At/p»««. 
Paulanias  ,  in  Corinthiac.  en  fait  mention  ,  6c  dit  qu'on 
la  nommoit  auparavant  Lyrcea. 

LYRE,  ou  Lire,  Lira  ,  abbaye  d'hommes,  de  l'or- 
dre de  S.  Benoît,  réforme  de  S.  Maur,dans  la  haute  Nor- 
mandie ,  au  diocèfe  d'Evreux  ,  fur  la  rive  droite  de  la 
ville  ,  à  près  de  trois  lieues  de  l'endroit  où  elle  fe  perd , 
ck  à  neut  lieues  au  fud-oueft  d'Evreux.  Elle  doit  fa  fon- 
dation à  Guillaume,  fils  d'Osberne,  6c  Alix  fa  femme, 
l'an  1043.  L'abbé  jouit  de  dix- huit  mille  livres. 

LYRICANTUS  ,  nom  latin  de  l'ARCHANT,  dans 
l'Ifle  de  France  ,  6c  de  S.  MatHURIN  DE  l'ARCHANT  , 
dans  le  Gâtinois. 

LYRIS.  Voyez  Liris. 

LYRNATIA ,  petit  pays  &  presqu'ifle  d'Ane  ,  dans 
la  Lycie  ,  félon  Etienne  le  Géographe.  C'eft  la  même 
que  Lyrkutia  ou  Lirnutia  ,  que  le  même  auteur 
donne  fur  d'autres  autorités  à  la  Pamphilie. 


951 

LYRNEA ,  ou 
LYRNESUS ,  ou 

1.  LYRNESSUS  ,  ville  d'Afîe  ,  dans  le  territoire  de 
Troye  ;  en  grec  Kv^namt .  Le  champ  où  elle  étoit,  por- 
toit  le  nom  d'une  ville  nommée  ThebÉ  ;  6c  Homère  , 
Iliad,  1. 3,  v.  691,  fait  mention  des  deux  villes  dans  un  feul 

verset  Ai/piKs-iX  <fV«7pop3;tc7»ç  jyy  -réyta.  ®y,C-au 
TuC?ùe-ft"^dire:  renverfant  Lyrneffus  6c  les  murailles  de 
tf  a  Kon  S'en  tient  à  ,a  Notice  d'Hiéroclès ,  Lyr- 
ne[fus  eft  l'ancien  nom  à'Adramyntium  ;  &  au  con- 
traire,  félon  1  Etymologique ,  Airamyntium  a  lùccedé 
al  ancienne  Thébé.  Celîarius  reprend  Héfyche  d'avoir 
dir  fans  autorité  &  fans  fondement,  que  Lyrneffus  eft  la 
même  chofe  que  l'ifle  de  Ténédos.  Si  Héfyche  a  voulu 
parler  de  cette  Lyrneffus,  il  a  été  trompé  par  lareflem- 
blance  du  mot  Na««  ,  qui  veut  dire  une  ifle  avec  A„'f  „ilw  - 
car  pour  plus  de  refîemblance  il  dédouble  le  i  de  A„> Wîos-, 
&  écrit  Avpwç,  c'eft-k-dus  Lyrnefus ,  aulieudeLYR- 
NESSUS.  Lyrneffus,  dont  il  eft  ici  queftion  ,  n'étoit  pas 
dans  une  ifle,  mais  enterre  ferme,  comme  le  témoigne 
Strabon,  /.  13,  expliquant  ce  qu'Homère  a  entendu  par 
la  ville  du  prince  Mynes ;  le  géographe  parle  ainfi  :  Ho- 
mère n'entend  pas  thébé  ,  c?.r  c'étoit  la  ville  d'Eétion  ; 
il  eft  ici  queftion  de  Lyrneffus.  Ces  deux  villes  étoient 
fituées  dans  le  champ  qu'on  appella  enfuite  le  chimp 
de  Yhébé.CzR.  de  cette  Lyrneffu:  que  Pline,/.  5  ,  c.  30 
dit  :  l'Evénus,  rivière  fur  les  bords  de  laquelle  étoient 
Lyrneffus  &  Mitet ,  villes  détruites  dans  le  canton  de 
Scepfis.  Etienne  le  Géographe  dir  Lyrneffus  ,  ville 
Troyenne  ;  &  le  P.  Hardouin  dit  qu'Adramytte  s'étoit 
formée  des  raines  de  cette  ville. 

2.  LYRNESSUS  ;  Héfyche  n'a  pas  eu  tort  de  dire 
que  Lyrneffus  étoit  la  même  ifle  que  Ténédos.  Pline  , 
L  3,  c.  3  1  ,  le  dit  auffi  :  Extra  Hellespontum  adverfa  Si~ 
gtzo  littori  adjacet  Tenedus  Leucopluis  diila  &  Pkcenice, 
&Lymefjos.  Toute  la  faute  d'Héfyche,  c'eft  de  l'avoir  con- 
fondue avec  l'ancienne  Lyrneffus  qui  étoit  en  terre  ferme 

3.  LYRNESSUS,  ville  d'Afie,  dans  la  Pamphilie. 
Elle  étoit  fur  la  même  rivière  qu'Olbia;  6c  cette  rivière 
eft  nommée  Catarracles  par  Pline  ,  l.  5  ,  c.  27.  Strabon  , 
/.  14 ,  p.  667 ,  nomme  auffi  Lyrnejjiis  6c  Olbia  dans  ce 
canton. 

Lx  ROPE  ,  AupOTtu  ,  ville  de  la  Cilicie  montagneufe  ' 
félon  Ptolomée  ,  /.  6  ,  c.  <;  :  quelques  exemplaires  por- 
tent Lyrbé ,  qui  eft  le -vrai  mot. 

1.  LYS.  (l'isle  du)  Voyez  Giglio. 

2.  LYS,  (le)  abbaye  de  France,  ordre  deCîteaux,' 
diocèfe  de  Sens  ,  près  de  Melun.  Elle  fut  fondée,  l'an 
1230,  par  la  reine  Blanche  6c  par  S.  Louis,  6c  fe  reffent 
de  lés  fondateurs.  On  y  conferve  le  cœur  de  cette  reine  ; 
6c:  on  y  admire  un  foleil  garni  de  foixante  diamans ,  dont 
la  reine  Anne  d'Autriche  a  fait  préfent.  L'abbaye  eftfou- 
mife  à  l'ordinaire  ,  6c  a  quarante-cinq  religieufes. 

LYSA  ,  ville  de  FArabie-Pétrée.  C'eft  la  même  que 
Lussa. 

LYSENE  ;  lieu  maritime,  félon  Procope ,  Gothor,  1. 1, 
vers  la  Dalmatie.  Ortélius  croit  que  cet  auteur  a  entendu 
parler  de  l'ifle  de  Liesina. 

LYSER  ;  rivière  d'Allemagne.  Elle  a  fa  fource  dans 
l'évêché  de  Saltzbourg  ,  d'où ,  entrant  dans  la  Carinthie  , 
elle  fe  charge  -du  ruiffeau  de  Leuben  à  Leubeneck  ;  en  res- 
fortauffi-tôt;  retourne  dans  l'évêché  de  Saltzbourg;  fe 
groffit  de  quelques  ruifieaux  auprès  de  Gemind;  renrre 
dans  la  Carinthie  ;  paile  au  village  du  Lyfereck ,  dont 
Corneille  fait  une  ville  ;  reçoit  les  eaux  du  iac  de  Myl- 
ftadt  ;  baigne  Spitall,  6c  le  jette  dans  la  Drave ,  à 
Ortnbourg.  *Sanfon,  Atlas. 

1.  LYSIAS  ,  ville  du  Péloponnèfe,  dans  l'Arcadie^ 
félon  Ptolomée  ,  /.  3  ,  c.  7.  Xénophon  ,  Cyrrac.  1.  7, 
la  nomme  Lujias ,  Awnaf,  &  Niger  dit  que  le  nom  mo- 
derne eft  Crêpa. 

2.  LYSIAS  ,  ville  d'Afie,  dans  la  Carie,  félon  Pline,' 
L  1 ,  c.  ic).  Strabon  ,  /.  11 ,  p.  576 ,  en  parle  auffi  ;  ck 
Ptolomée ,  /.  s, ,  c.  1 ,  la  met  dans  la  grande  Phrygie. 
Dans  les  Notices  eccléfiaftiques,  elle  eft  comptée  entre 
les  villes  épiscopales  de  la  Phrygie  falutaire. 

3.  LYSIAS,  ville  de  Syrie,  près  d'Apamée,  au-delà 
du  lac.  Srrabon;  /.  6  ,  6c  Jotéph  ,  Ant'up  1.  14,  c.  4, 
en  font  mention, 

TcmtlU,    Eeeeee 


9;  4  ^  X  S 

i.  LYSIMACHIA ,  Aw/Wc;«  ,  ville  de  la  Thrace  ; 
félon  Ptolomée  qui  dit  que  ,  de  fon  tems ,  on  la  nom- 
moit  Hcxamilium.  C'eft  ce  nom  qu'elle  a  gardé;  &  on 
l'appelle  aujourd'hui  HexaMILI  ,  félon  Sophien  ,  ou 
Policastko  ,  félon  Nardus.  Etienne  dit  qu'on  la  nom- 
moit  auparavant  Cardia.  Voyez  ce  mot.  Ptolomée, 
1 3,  c.  ii  &  i2,  diftingue  Cardiopolis  &  Lysi- 

MACHIE. 

2.  LYSIMACHIA  ,  marais  qu'on  appelloit  aupara- 
vant Hydr  a,  auprès  d'une  ville  nommée  Lysimachie, 
qui  nefubfiltoit  plus  du  tems  de  Strabon,  /.  io,  p.  460, 
qui  parle  de  l'un  &  de  l'autre. 

3.  LYSIMACHIA  ,  villed'Afie,  dansl'jEolide.  Pline, 
/.  5  ,  c.  30  ,  en  parle  comme  d'une  ville  déjà  détruite. 

LYSIMELIA,  marais  de  Sicile.  Théocrite  &  Thucy- 
dide ,  /.  7  ,  en  font  mention.  Fazel ,  &  quelques  autres, 
croient  que  c'eft  préfentement  PANTANELLA  ,  au  terri- 
toire de  Syracufe. 

LYSINA ,  ville  d'Afie,  dans  la  Pamphylie  ,  entre  Co- 
inana  &  Cormafa  ,  félon  Ptolomée,  /.  5  ,  c.  5.  Voyez 
l'article  qui  fuit. 

LYSINOÉ  ,  Auovo'm  ,  ville  d'Afie ,  vers  la  Pamphi- 
lie.  Tite-Live  ,  /.  38  ,  &  Polybe  ,  in  Fragment,  en 
font  mention.  Ortélius  doute  fi  ce  n'eft  pas  la  Ly  finit 
de  Ptolomée. 

LYS1RIS  ,  fortereffe  de  la  Lazique.  Les  Authentiques 
en  font  mention. 

LYSIS  ,  rivière  d'Afie ,  vers  la  Pamphylie,  félon  Tite- 
Live,  /.  38.  C'eft  apparemment  XzLofis  Avais  d'Antigo- 
nus ,  in  Mirabil. 

LYSMO.  Voyez  Clysma. 


LYZ 


LYSTRES  ,  ville  d'Afie,  dans  la  Lycaonie.  Quelques 
exemplaires  de  Ptolomée  placent  cette  ville  dans  l'Iiau- 
rie  ,  l.j  ,c.  14,  &  la  nomment  Lyjira  au  pluriel;  d'autres 
portent  Aujira.  A  &f  a  en  grec  ont  pu  être  facilement 
confondus  par  des  copiftes.  Pline ,  /.  5  ,  c.  32. ,  en  nomme 
les  habitans  Lystreni-  Elle  eft  appellée  ville  de  Lycao- 
nie. ,  dans  les  Aftes  des  apôtres ,  c.  14.  C'étoit  la  patrie 
de  S.  Timothée.  Les  apôtres  S.  Paul  &  S.  Barnabe  y 
ayant  prêché ,  &  y  ayant  guéri  un  homme  boiteux  de- 
puis fa  naiflance ,  y  furent  pris  pour  deux  divinités.  Cette 
ville  étoit  épiscopale.  Paulus,  fonévêque,  fousctivitau 
concile  de  Conftantinople ,  tenu  l'an  381  ;  &  Tibérius 
à  celui  de  Nicée ,  l'an  325. 

LYTjE  ,  petite  contrée  de  Theflalie  ,  félon  Etienne 
le  Géographe  :  elle  étoit  aux  environs  du  fleuve  Pénée  , 
où  fut  enfuite  Tempe. 

LYTARMIS,  promontoire  de  l'Europe,  fur  l'océan 
Scythique  ,  félon  Pline ,  l.  6 ,  c.  1 2.  Ortélius  croit  que 
c'eft  préfentement  Wardhuys,  dans  laLaponie,  fur  la 
mer  Blanche. 

LYTH.  Voyez  Leith.      ,     . 

LYTCHAM,  bourg  d'Angleterre,  dans  la  province 
de  Lincoln.  On  y  tient  marché  public.  *  Etat  prèfent 
de  la  Gr.  Bret.  t.  I . 

LYTTUS.  Voyez  Lyctus. 

LYXEA  ,  ville  de  la  Grèce ,  dans  l'Acarnanie  ,  félon 
Etienne  le  Géographe. 

LYZIMENS1S,  fiége  épiscopal  d'Afie,  dans  la  Pi- 
fidie.  Il  en  eft  fait  mention  dans  le  concile  de  Nicée  , 
cité  par  Ortélius. 


Fin  du   Tome  III. 


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