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LE GRAND
DICTIONNAIRE
GÉOGRAPHIQUE,
HISTORIQUE
■ •
ET
CRITIQUE.
P. G. Le Mercier* Imprimeur-Libraire , rue S. Jacques.
J. L. N yon , Libraire , Quai des Auguftins.
A. B o u d E T > Imprimeur du Roi , rue S. Jacques.
G. J. B. B auche , Libraire , Quai des Auguftins.
Ch. Saillant, Libraire , rue S. Jean de Beauvais.
P. N. De Lormel, Imprimeur-Libraire , me du Foin.
Chez < P h. V I n c E n x , Imprimeur-Libraire , rue S. Severin.
P. A. LePrieur, Imprimeur du Roi , rue S. Jacques.
M. Lambert , Imprimeur-Libraire, rue des Cordeliers.
N. D e s a i N t , Libraire , rue du Foin.
P. E. G. D u R a n d , rue S. Jacques.
J. Th. Hérissant, fils, rue S. Jacques,,
. N. A. Del al Ain, rue S. Jacques.
LE GRAND
DICTIONNAIRE
GÉOGRAPHIQUE,
HISTORIQUE
E T
CRITIQUE,
Par M. BRUZEN DE LA MARTINIERE,
Géographe de Sa Majeflé Catholique Philippe V.
Roi des Efpagnes ôC des Indes.
Kouvelle Édition, corrigée & amplement augmentée.
PTOME TROISIÈME.
G-L
A PARIS,
CHEZ LES LIBRAIRES ASSOCIÉS.
M. D- CC LXVIII
AVEC APPROBATION ET PRIVILEGE DU ROI.
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LE GRAND
DICTIONNAIRE
GÉ OGRAPH IQUE,
HISTORIQUE ET CRITIQUE.
«
ggga— ,
GAA
GAB
IfH
rili
AANA , ville d'Ane dans la Céléfyrie ;
félon Ptolomée ,1. 5 , c. 15.
1. G A AS , ( a) montagne de la Pa-
lestine , dans le lot d'Ephraïm , au nord
de laquelle étoit Thamnat-Saré , lieu
célèbre parle tombeau de Jo(iié(lt). Eu-
febe dit que de fon tems on montroit
encric le tombeau de Joiué , près de Thamnas.* (a)
D. Calmet, Dift. (b) Jqfué , c. 24, v. 30.
s.. G A AS ( Torrent ou Vallée de ). Il en eft fait
men'.ion au livre II de= Rois, c. 13 , v. 30, à l'occa-
fion de Heddai , l'un des trente braves de David , qui
écoit de la vallée de Gaas , pour parler comme D. Cal-
met. L'Hébreu dit Hiddaïs des torrens de Gahas. La
Vulgate dit Heddai , du torrent de Gaas. Ce même
homme eft nommé Hurai , dans les Paraliponienes ,
1. 1 , c. 1 1 , v. 3a , où on lit aufli , du torrent de Gaas ;
l'Hébreu porte des torrens. Comme un torrent n'eft
pas un lieu propre à être la patrie d'un homme , on a
lieu de croire que ce nom ne fignifie que la vallée, où
couloit un torrent qui, fortant de la montagne de ce
nom , fe rendoit dans la mer près de Joppé.
1. GAB A, ville de la Paleftine , dans la tribu de
Benjamin , félon Jofué , c. 18 , v. 24. La Vulgate porte
Gabèe , dans Jofiié , où l'Hébreu porte Gala. Ce nom
fe retrouve écrit Gaba dans le texte Hébreu , au pre-
mier livre d'Esdras , c. 2 , v. 16. La Vulgate le nomme
auffi Gabba , en cet endroit. Dans le chapitre VI. du livre
de Néhémie , que nous appelions le fécond d'Esdras ,
v. 31, la Vulgate lit Nebo , au lieu que l'Hébreu porte
Gaba.
En conférant ce dernier paflage avec celui qu'on
lit au livre III. d'Esdras, c. <j , v. 34, où la Vulgate
porte Gabca , &£ le Grec Yxtdi on ne doit pas être
lùrpris fi je cite quelquefois des livres quel'Eglife retran-
che du corps des faintes écritures , Comme apocryphes :
ce feroit une propbanation que de les employer en ma-
tière de foi : mais je crois qu'il eft permis aux géogra-
phes & aux hiftoriens d'en faire ufage avec les précau-
tions nécerTaires.
2. GABA, ville de la Paleftine, au pied du mont
Cannel , entre Ptolémaïde & Céfarée. Jofeph, de Bcllo ,
i.j,c.ï, dit qu'on l'appelloit auflî la Ville des Cava-
liers , parce qu'Herode l'avoit donnée pour retraite à
fes cavaliers vétérans. Reland , Palœjl. p. 769 ,
obferve que la traduftion latine de Rufin , porte Gabat
qu'on lit Gabla dans le manuscrit de la bibliothèque de
Leipfig, & GamaU dans les exemplaires imprimés.
Jofeph parle auffi de cette Gaba dans l'hiftoire de fa
vie , & écrit que Be^ara eft fituée aux confins du ter-
ritoire de Ptolémaïde , & à vingt ftades de Gaba. Il eft:
probable , dit Reland , que c'eft la même ville qui
fut nommée dans la fuite Caipha, Se Hepha, Se qu'elle
eft fituée au pied du Carmel , du côté de Ptolémaïde.
Etienne le Géographe dit Gaba, ville de la Galilée ,'
& cite le Ve. livre des Antiquités de Jofeph. Il en eft
effeftivement parlé au chapitre fécond de ce livre: mais
il n'y eft pas queftion de Gaba , puifque c'eft au fujet
de l'hiftoire du Lévite, rapportée à l'article de Gabaa;
or Gaba, au pied du Carmel, n'a rien de commun avec
Gabaa de la tribu de Benjamin , où arriva l'hiftoire ra-
contée par Jofeph. Mais rien n'empêche que Gaba n'ait
été de la Galilée : cependant il eft clair qu'Etienne ou
fon abréviateur a confondu Gaba Se Gabaa. Berkelius
en convient.
3. GABA. Voyez Gabé 2.
4. GAB A,riviere d'Afrique, au royaume de Bénin près-;
que fous l'équateur. Voyez GABON.
1. GABAA , en Hébreu , fignifie une colline ; ainfion
ne doit pas être furpris de voir dans un pays de mon-
tagnes , comme la Judée , un fi grand nombre de lieux
nommés Gabaah , Gabaon , Gabbata,Gab-
Bathon , Gabbat , Gabé , &c. tout cela ne
fignifie qu'une hauteur. Quelquefois même les noms
propres que le texte Hébreu exprime par Gabaa, font
rendus dans les traductions latines par les hauteurs, ou
les collines. Par exemple: Zacharie, c. 14, v. 10, dit,
Revertetur omnis terra de colle Remnon ad àujlrum Jeru-
falem; on traduit : toute la terre reviendra de la colline à
Remnon, au midi de Jcrufalem. L'Hébreu porte , depuis
Gabaajufquà Remnon. Gabaa, qui eft marquée au fé-
cond livre des Rois , c. 7 , v. 1 , comme une ville .
n'eft que la hauteur de Cariât - îarim. * D. Calmet %
Dia.
Tome III.
2 GAB
2. G AB A A , ville de la Paleftine, dans la tribu de Ben-
jamin. C'étoit la patrie de Saiil, premier rqi des enfans
d'Israël. Saint Jérôme , expliquant le cinquième chapitre
du prophète Ofée , dit : Gabaa, où Saiil naquit, &
Rama , qui eft auprès de Gabaa , à fept milles de Jéru-
falem. Du tems de ce Père , elle étoit détruite : il le
dit dans fon commentaire fur Sophonie , chap. I, Ga-
baa la ville de Saiil , a été rafée jusqu'aux fondemens.
Il l'aflùre encore dans l'épitaphe de Paule : elle s'arrêta
un peu à Gabaa , qui étoit détruite de fond en comble ,
6k fe reflbuvint du péché que cette ville commit , de la
femme violée , 6kc. Cette ville eft la même que Gabath-
faule, r*Ç«£ir*''A» dont parle Jofeph , de Bello, l.6,c. 2 ,
qui dit qu'elle étoit à trente ftades de Jérufalem. Elle eft
nommée GABÉEdans Jofué, c. 18, v. 24.
1. GABAAT , ville de la Paleftine , dans la tribu de
Benjamin , au midi de Gabaa. Il en eft fait mention dans
le livre de Jofué, c. 18, v. 2§. D. Calmet croit que
c'eft la même que Gabaa , dont il eft parlé clans l'article
précédent. Mais Jofué la diftingue de GabÉE , 6k ces
deux places étoient dans la tribu de Benjamin. C'eft fans
doute dans l'une de ces deux Gaba, que le crime fut
commis envers la femme du Lévite ; mais il n'eft pas
aifé de dire laquelle. Il eft toujours certain que Gabaat
ck Gabie étoient différentes l'une de l'autre.
2. GABAAT , de Phinées , ville de la Paleftine, dans
les montagnes d'Ephraïm. Elle fut donnée en partage à
Phinées fils d'Eléazar , 6k fat le lieu de la fépulture du
grand prêtre Eléazar. Jofué , c. 24 , v. ult.
GABADANIA, contrée d'Afie, dans la Cappadoce.
Selon Strabon,/. 12, p. 540, ce pays, quoique plat 6k
méridional , au pied du mont Taurus , ne produit pres-
que point d'arbres fruitiers , 6k n'eft bon que pour les
pâturages. Xilander ne trouvant ce nom en aucun autre
endroit , a cru qu'au lieu de Gâbadania , il falloit lir?
Cataonia ; mais Cafaubon a démontré qu'il s'eft trom-
pé , puisque Strabon parle expreflement de la Cataonie
d'une manière très-différente. Cafaubon juge qu'il eft là
queftion de BAGADAONIA, pays dont le même Stra-
bon , 1. 2 , p. 53 , dit que l'air ni le terroir ne valoient
rien , non plus que dans l'endroit , dont le nom eft
contefté.
1. GABAE. Voyez GABÉ.
2. GABAE, ville d'Afie, dans la Perfique, félon Pto-
lomée , 1. 6 , c. 4.
3 . GABAE , contrée d'Afie , fituée entre les Mefla-
getes 6k la Sogdiane , félon Amen, /. 4, dans l'hiftoire
d'Alexandre. Voyez GABAZA.
1. GABALA ," ville de la Syrie. Ortelius rapporte di-
vers fentimens fur fon nom moderne. Selon Volaterranus
6k Guillaume de Tyr c'eft Gibel; Margad, félon
Niger ; Aman félon Juftal. C'eft fans doute la même
ville que quelques voyageurs nomment JebilÉE, d'au-
tres Jubaye. de la Roque dit] Gebail. Lucien ,
dans fon traité de la Déeffe de Syrie , nomme cette ville
Byblos. Elle a été fameufe chez les payens , à caufe
du culte d'Adonis. Voyez les articles ByblOS 6k Ju-
BAYE. J'ajouterai ici la description qu'en fait le miniftre
Maundrell. Jebiléeeft bâtie furie bordde la mer, 6k envi-
ronnée du côté de la terre, d'une plaine très-fertile. C'eft
aujourd'hui peu de chofe. On y voit encore des débris qui
font connoître qu'elle a été autrefois fur un meilleur pied.
Son ancien nom, dont elle tire celui qu'elle porte aujour-
d'hui étoit Gabala. Strabon , 6k d'autres anciens géogra-
phes , en font mention fous ce nom. C'étoit un évêché
au tems des empereurs Grecs. Severien , le grand adver-
faire de Saint Chryfoftome , 6k un des principaux de
ceux qui conspirèrent contre lui , en a autrefois occupé
le fiége. On n'y trouve rien de remarquable qu'une
mosquée , 6k un hôpital à côté , bât,is l'un 6k l'autre par
fultan Ibrahim ; fon corps repofé dans cette mosquée ,
6k fon tombeau eft en grande vénération parmi les Turcs.
Il femble que Jebilée ait été autrefois commode pour la
navigation; l'on y voit encore une chaîne de grandes
pierres carrées , qui s'avancent un peu dans la mer , 6k
qui femblent avoir été plus loin , 6k y avoir formé un
mole. Proche de ce lieu , font plufieurs grands piliers de
marbre granité, dont les uns font dans l'eau, 6k les au-
tres font reftés fur le bord. Il y en a d'autres dans un
jardin voifin avec des chapiteaux de marbre blanc , très-
bien taillés. Ce qui annonce davantage l'ancienne fplen-
GAB
deur de cette ville , ce font les ruines d'un très-beau
théâtre , à la porte feptentrionale de la ville. Il paffe parmi
les Turcs pour un vieux château. Selon la manière d'exa-
gérer des Afiatiques , ils prétendent que ce château a été
d'une hauteur fiprodigieùfe, qu'un cavalier auroit pu avan-
cer pendant une heure de tems , fous fon ombre , au foleil
levant. Ce qui refte de ce grand bâtiment n'a pas plus
de vingt pieds de haut. Les Turcs en ont fait fauter une
partie avec de la poudre à canon , 6k ils prétendent en
avoir tiré une grande quantité de marbres , dont ils ont
orné leurs bains , 6k la mosquée dont.il a été fait men-
tion. Il n'en refte plus rien à préfent qu'un demi-cer-
cle. Il a trois cens pieds d'étendue d'une pointe à l'au-
tre. Il paroît , dans un demi-cercle , une rangée de dix-
fept fenêtres rondes , presque à rez de terre , 6k il y
avoit tout à l'entour , entre ces fenêtres ," fur de grands
piedeftaux de grands piliers fort maffifs , en forme 3'arcs-
boutans, contre la muraille, 6k qui fervoient de rap-
port , auffi-bien que d'ornement à l'édifice : mais ils
font presque tous renverfés. Il eft difficile de mefurer
l'arène, parce que les Turcs l'ont remplie de maifons.
On voit encore à l'occident les fiéges des fpeftateurs
affez entiers , 6k les caves ou voûtes , qui régnoient au-
tour du théâtre. La muraille extérieure a plus d'onze pieds
d'épaiffeur : elle eft bâtie fur de grandes pierres fort foli-
des , fa force l'a fauvée jusqu'à préfent des ravages du
tems , 6k de la deftruftion générale que les Turcs por-
tent dans la plupart des lieux où ils paffent.
Ortelius s'eft trompé à l'égard de cette Gabala, car il
applique le nom moderne de Gibel à la ville que Ptolo-
mée nomme Gabala; mais cette Gabala, à laquelle le
nom de Gebail , ou Gibel, ou Gebilée, ou Jubayet
convient , eft nommée par Ptolomée , /. 5 , c. 15,
par fon nom grec qui eft Byblos. Il la met très-bien
entre Botrys ck Btryte , aujourd'hui Patron 6k BerooU
La ville de Gabala , dont nous venons de parler , eft
différente des deux autres villes de Gabala , dont Ptolo-
mée a parlé.
_ 2. GABALA , ancienne ville de Syrie , entre Lao-
dicée , Paltos , 6k les embouchures de l'Oronte 6k du
fleuve Eleuthere , félon Ptolomée , 1. 5 , c. 15. C'eft
celle que Pline , /. 5 , c. 20 , appelle Gabalé. Strabon,
/. 16, p. 753 , la nomme aufli Gabala. L'un 6k l'autre
la mettent auprès de Laodicée. Le P. Hardouin fe
trompe , lorfqu'il dit que cette ville eft préfentement Ja-
BLI. Ce nom eft celui d'une Gabala que Pline n'a cqn-
nue que fous le nom de Byblos , 6k de laquelle il parle
dans le même chapitre. Cette Gabala étoit épiscopale,
6k eft placée avec Laodicée 6k':Paltos , entre les Sièges
de la Théodoriade, dans la notice de Léon le Sage. On
trouve l'évêque de cette ville , Dominus Gabalenfis ,
entre les évêquesquifoufcrivirent au concile de Conftan-
tinople.
3. GABALA , ancienne ville de Syrie , dans la Phoej
nicie , auprès de Palœbyblos ou de l'ancienne Byblos,
félon Ptolomée , /. 5, c. 15. Celle-là n'étoit pas mari-
time , mais dans les terres , en tirant vers Céfarée de
Panias. Ortelius s'eft trompé à l'égard de cette Gabala,
lorsqu'il a dit que c'eft la Gamale de Pline. Voyez Ga-
MALA. La Gabala eft fans doute la même que Gaba 2.
Voyez ce mot.
Afin d'en mieux fentir la différence , je joindrai les
pofitions de ces trois villes, félon Ptolomée.
Longit. Lat.
Byblos ( ou Gabala I . ) 67 d.40'. 33 d. ç6'.
2. Gabala (de Syrie) 68 20. 34 56'.
3. Gabala (de Phœnicie)67 if. 33 10.
4. Ces trois Gabala font différentes de la ville de Ga-
hala , ou Gamala dont parle Pline. Voyez Gamala.
f. GABALA , contrée de l'Arabie , félon Etienne le
géographe. Par l'Arabie , il entend le pays que l'on a
aufli appelle la troifiéme Paleftine.
6. GABALA, ancienne ville épiscopale d'Afie , dans
la Lydie. Elle eft nommée Gabakna Civitas , dans les
aéles du concile de Chalcedoine. Ortelius écrit Lyci
pour Lydie; fi c'eft une faute d'impreffion, elle fe trouve
également dans la belle édition d'Anvers l^qô, 6k dans
celle de Hanau 161 1. Polycarpe, évêque de Gabala,
fouscrivit à ce concile de Chalcedoine , 6k à la lettre
GAB
fynodale. La notice de Léon le Sage met entre les évê-
chés de la Lybie Gabalorum génitif du neutre pluriel
Gabala. Celle de Hierocles ne l'y met pas.
. 7. I! devoit y avoir un lieu nommé Gabala dans l'Idu-
mee. Voyez G-ABALENE..
GABALAECA , ancienne ville de l'Espagne Tarra-
gonoife , à quelque diftance de la mer au pays des Var-
dules , félon Ptolomée , /. a , c. 6.
CABALE , ville méditerranée de la Médie , félon le
même , /. 6 , c. a.
GABALENA CIVITAS. Voyez Gabala 6".
GAB ALENE. Saint Jérôme, in Loc. Hebr. dit :
Allus contrée de l'Idumée , on l'appelle préfentement
Gabaknc. C'eft apparemment la même chofe que ce
qu'il dit en parlant de Zophaïm , contrée des princes
d'Edom , laquelle eft préfentement appellée Gabalene.
C'étoit fans doute un pays de montagnes.
GABALENÏ , nom des habitans de Gabala. Marais,
in Jofuam , dit que ce font les habitans de Byblos, c'eft-
à-dire de Gabala i.
i . GABALENSIS , fiége épiscopal d'Ane. Voyez Ga-
bala a.
a. GABALENSIS Ager , nom latin du Gévaudan.
.Voyez ce mot.
CABALES, ou '
GABALI , ancien peuple des Gaules. Strabon, /. 4,
p. io 1 , 6k Pline , /. 4 , c. ao , les nomment ainfi : mais
le P. Hardouin dit avoir trouvé GABALES dans tous
les manuscrits. Cependant Jules Cefar , commentaires ,
I..7, c. 64 6k 75 , dit GABALI. Ptolomée, /. a , c. 7 ,
dit de même rïîGiWfti Gaballi, par deux 11. Quelques
éditeurs prenant le r pour un T , ont lu TabalLi par er-
reur. Les anciennes notices des Gaules nomment Civi-
TAS GABALUM , dans la première Aquitaine , fous la
métropole de Bourges; 6k Amplement Gabalum , &
Civitas Gabelluorum. Cette ville , félon Catel
dans fon hiftoire du Languedoc, /. %,p. 306, étoit à
l'endroit où eft le bourg de Javoux , à quatre lieues de
Mende; pour le peuple, on ne doute point que ce ne foit
le Gévaudan qui en conferve lenom. * Scheljirate, Antiq.
Ecclef. t. a , p. 640 , 64a 6k 646.
' GAB ALI A. Voyez Cabalia i 6k a.
GABALICUS Pagus. Pline, l. 11 , c. 41 , parlant
des bons fromages, fait mention de celui de Lcfurœ , Ga~
balicique Paei , c'eft-à-dire , du mont de Lofere 6k du
Gévaudan ou eft cette montagne, 6k dont les fromages
ont encore de la réputation , félon Catel", dans fon hif-
toire du Languedoc, /. a, c. y, p. i.<)j.
GABALUM, & (vovezGABALES
GABALUS. ^ voyez cabales.
i . GABAON , félon D. Calmet , étoit la capitale des
Gabaonites, qui fortoient de la race desHevéens, anciens
habitans de la terre de Chanaan. Les Gabaonites allèrent
trouver Jofué 6k les anciens d'Israël , leur perfuaderent
qu'ils étoient d'un pays fort éloigné , leur demandèrent
à faire alliance avec eux ( a ). Jofué 6k les anciens eurent
l'imprudence de leur accorder cette demande , fans con-
sulter Dieu : mais ils connurent bientôt leur faute , firent
venir les Gabaonites, leur reprochèrent leur fupercherie;
& pour les en punir , fans manquer à la promeffe qu'ils
avoient faite de les conferver,ils les condamnèrent à porter
l'eau 6k le bois au tabernacle du Seigneur , comme des
esclaves pris en guerre. Ils relièrent toujours dans cette
fervitude , jusqu'à l'entière disperfion des Juifs. Trois
jours y et oient à peine écoulés depuis cet accord, qu'A-
donifedech , roi de Jérufalem ; Oham , roi d'Hebron ;
Pharan , roi de Jérimoth ; Japhia , roi de Lachis ; ck
Dabir , roi d'Eglon réunirent toutes leurs forces pour
attaquer la ville de Gàbaon. Les Gabaonites , épouvan-
tés, allèrent demander du fecours à Jofué. Il fe mit auftî-
tôt à la tête de l'élite des troupes d'Israël , marcha toute
la nuit , attaqua les cinq rois dès le matin , les battit ck
les pourfuivit jusqu'à la descente de Bethoron. Dieu fit
alors tomber fur eux une grêle de pierres qui en afîbmma
une partie. Jofué, craignant que la nuit ne lui dérobât les
avantages de fa victoire , pria Dieu d'arrêter le cours du
foleil. Sa prière fat exaucée : il continua de pourfuivre
& de détruire les ennemis. Les cinq rois furent pris ,
tués ck pendus à des poteaux où ils relièrent jusqu'au
foir. Jofué, c. 9 , v. 3 & feq. On trouve dans les Dis-
cours de Saurin fur la Bible, t. I , p. 79 , une favante
GAB 3
differtation de Gravefende fur les difficultés géogra-
phiques ck aftronomiques que l'on peut faire au fujet du
miracle de Jofué. Elle eft curieufe, mais trop longue
pour être inférée ici.
Les Gabaonites poffédoient quatre villes dans la terre
de Chanaan : Caphira , Beroth , Cariatiarim , ck Gà-
baon. Elles furent données à la tribu de Benjamin ,
excepté Cariatiarim qui tomba en partage à celle de
Juda. Les Gabaonites furent toujours fidèles 6k fournis
aux Israélites , 6k l'on ne fait ce qui porta Saùl à en faire
périr un très-grand nombre. (Reg. 1. a , c. ai , v. 1 6k
feq. ) II s'imagina, fans doute, que fon devoir deman-
doit qu'il exterminât tous les reftes des Chananéens. Le
Seigneur, en punition de cette cruauté, envoya, fous le
règne de David , une grande famine , qui défola tout le
pays , 6k dura trois ans. David, touché des maux de fon
peuple , s'adreffa au Seigneur; 6k les_ prophètes lui dirent
que ce mal continueroit toujours jusqu'à ce qu'on eût
vengé les Gabaonites de la cruauté que Saùl avoit exer-
cée contre eux , au préjudice de l'alliance que Jofué 6k
les Princes du peuple avoient faite avec eux au nom du
Seigneur. Aloss David demanda aux Gabaonites quelle
fatisfa&ion ils déliraient ; ils répondirent : qu'on nous
donne fept fils de Saùl , 6k nous les ferons mourir, pour
venger le fang de nos frères. David leur livra donc deux
fils que Saiil avoit eus de Respha , 6k cinq que Mérob
fille de Saùl, avoit eus d'Hadriel. Les Gabaonites les
crucifièrent devant le Seigneur. Cela s'exécuta au com-
mencement du printems. Respha, concubine de Saùl ,
demeura près de ces corps , 6k y coucha , les gardant
contre les oifeaux , 6k contre les animaux carnaciers ,
depuis le commencement de la moifïon , jufqu'à ce que
Dieu , fléchi par ce facrifice , envoya de l'eau fur la terre
6k lui rendit fa fécondité.
Depuis ce tems,il n'eft plus fait mention dans l'écri-
ture des^ Gabaonites, comme compofant une espèce de
peuple à part. Mais D. Calmet croit qu'on doit les en-
tendre fous le nom de NathinÉENS , ou donnés, (a >
qui étoient des esclaves publics deftinés au fervice du
temple : dans la fuite on joignit aux Gabaonites ceux
des Chananéens que l'on affujétit, 6k à qui on voulut
bien conferver la vie. On voit par l'écriture , que Da-
vid (b),Salomon ( c ), 6k les princes de Juda en donnè-
rent un bon nombre au Seigneur; 6k que ces Nathi-
néens, ayant été menés en captivité avec la tribu de
Juda 6k les Lévites, il en revint un grand nombre avec
Esdras , Zorobabel & Néhémie, 6k qu'ils continuèrent y
après la captivité , à lërvir au temple , fous les ordres des
Prêtres 6k des Lévites. * ( a ) Paralip. 1. 1 , c. 9, v. a.
(b) Esdras, 1. 1 , c. 8, v. ao. (c) Ibid. c. a, v. 58;
6k Rcg. 1. 3 , c. 9 , v. ao.
Gabaon étoit fur une hauteur , comme fon nom mê-
me le dénote , à quarante ftades , ou à 5000 pas de Jé-
rufalem, félon Jofeph, Antiq. 1. 7, c. 10, c'eft-à-dire
environ à deux lieues de cette ville, vers le nord. Elle eft
nommée Gabaa , au deuxième livre des Rois , c. a, v.
a1) , comparé avec le premier livre des Paralipomenes ,
c. 16, 39. Gabaa 6k Gabaon ont la même lignification
littérale : il eft parlé dans quelques endroits "de l'écri-
ture , de la fontaine 6k de la piscine de Gabaa , qui
étoient apparemment au bas du coteau fur lequel étoit
bâtie Gabaon.
On ignore quand , par qui , à quelle occafion le taber-
nacle 6k l'autel des holocauftes que Moïfe avoit faits
dans le défert, furent tranfportés à. Gabaon; mais on fait
certainement qu'ils y étoient fur la fin du règne de Da-
vid ( a ) 6k au commencement de celui de Salomon. Da-
vid ayant vu l'Ange du Seigneur fur l'Aire d'Ornam, en
fut tellement effrayé , qu'il n'eut pas la force d'aller jus-
qu'à Gabaon , pour y offrir ion facrifice. Mais Salomon
étant monté fur le trône de David , alla à Gabaon pour
y facrifier , (b) parce que c'étoit-là le plus conficîérable
de tous les hauts lieux du pays , où les facrifices étoient
alors tolérés , parce que le temple n'éroit pas encore bâti.
(a) Paralip. 1. 1 , c. ai , v. a9 , 30. (b) 3. Reg. c.
3 , v. 4.
D. Calmet ' a eu raifon de remarquer que Gabaon
eft nommée Gabaa dans quelques endroits de l'écriture;
mais il y avoit plus d'un lieu de ce nom dans la tribu de
Benjamin; il y avoit Gabaa 6k Gabaon. Le P. Bonfre-
rius le marque dans fa carte delà Terre-fainte. Jofo;->b ,
Tome III. A ij
GAB
GAB
dans un endroit , met Gabaon à quarante flades de Jéru-
falem , & ailleurs à cinquante ; il a , fans doute , voulu
parler de deux villes diftinètes. Cette reffemblance de
noms pour des villes différentes , & cette différence de
lettres en nommant le même lieu , ne peut que caufer de
l'embarras, fur-tout quand il s'agit de lieux fitués dans
une même province , & dont il ne refte aucune trace que
dans des écrivains qui ne s'expriment pas d'une manière
nette & uniforme.
2. GABAON. Voyez Gabaoth.
§. GABAOPOLIS , OU GaBAOUPOLIS , Ttt£a.im\,ç
ville de la Galilée , félon Etienne le géographe qui cite
Jofeph ; mais on lit préfentement raCawwoAis dans cet
auteur.
GABAOTH, lieu de la Paleftine , à vingt ftades de
Jérufalem. S. Epiphane , de Vitis Prophu. p. 239, dit :
il eft à l'orient de Sion , qui a une avenue par où l'on
arrive de Gabaoth, à vingt ftades de la ville; il ajoute
que cette avenue étoit fi pleine de détours , que peu de
gens la favoient. Ce ne peut! être GlBEON , ( dit
Reland , Palczjl. p. 770 , qui , à la manière des Protes-
tais , lit , félon la ponctuation des Juifs modernes ) car
la fituation de, ce lieu marqué par faint Epiphane, ne
convient point avec celle de Gibeon qui étoit à plus de
vingt ftades, de Jérufalem ; &C de plus ce Saint , en par-
lant de Gibeon , ( /. 2 , adverf. Hœref. p. 702 , ) le nom-
me Gabaon. La Chronique Paschale nomme auffi ce lieu
Gabaon, & dit : Salomon arrangea les fépulchres de
David, i d'une:. manière qu'ils faifoient face à l'orient de
SionJ qui a une avenue depuis Gabaon à vingt ftades
loin de la,yilie , & il fit cette avenue fi cachée & fi dé-
tournée , que perfonne ne s'en appercevoit , de manière
qu'encore aujourd'hui la plupart des prêtres &C tout le
peuple n'en;ont point de connoiffance.
GABARA , neutre pluriel. Cette ville étoit une des
trois principales de la Galilée ; les deux autres étoient
Sephoris _ &L Tibériade. Reland foupçonne que le nom
de Gadara plus connu des copiftes que Gabara , lui a
été quelquefois fubftitué dans le texte'de Jofeph. Vespa-
fien étant parti de Ptolémaïde avec fon armée , fe rendit
fur les frontières de la Galilée ; & Jofeph,qui étoit campé
affez près de Sipporis ou Sephoris , fit fa retraite vers Ti-
bériade ; alors Vespafien prit la ville des Gabariens , fit
enfuite le fiége de Jotapata ck des autres villes de la Ga-
lilée. On lit à préfent , T*P*pîuv au lieu de TctGapîav
qui eft pourtant le vrai mot , & qu'il faut remettre dans
ce paflage. Jofeph dit dans fa vie , que la ville de Gis-
cala fut prife par les peuples voifins les Gadartniens ,
les Gabaraganiens , & les Ty riens ; que pour lui il prit
deux fois la ville de Sephoris , celle de Tibériade qua-
tre fois , &L une fois celle de Gabara , et que les habi-
tans de Galilée ne laiflbient pas de l'aimer , quoiqu'il eût
pris leurs villes ; il faut lire dans ce paflage Gabara , &
non pas Gadara. On peut juger de la fituation de Ga-
bara par ce que dit Jofeph dans fa Vie , au fujet de la
marche de Jonathas qui , allant de Judée en Galilée ,
pana à Japha , à Sephoris , à Afochis &: à Gabara ', il y
avoit quarante ftades ou cinq mille pas de cette dernière
ville à Jotapata. Reland fournit une corre&ion im-
portante d'un paflage de Jofeph dans fa Vie. Euttewcc
lait 7r«3-Èiri we«* 2a>ai'MV y.(.y/iij. î<nitâcu kp-Gav i-niyytsa)/
â'.otri rai-'ia: J'ordonnai au peuple de Cuivre ju/qu'à Sogane,
village des Arabes, éloigné de-là de vingt flades. Au lieu
d'Ap*6»v , il lit r»e«'pa>i'&: alors ce paflage fignifie : J'or-
donnai au peuple de fuivrejufqu'à Sogane village éloigné
de Gabara de vingt ftades. En effet , 1 Arabie étoit bien
loin de-là; &c le changement de ra'^'pw- en hpiCav a
pu fe faire facilement par le retranchement d'une lettre ,
6c par la tranfpofition de deux autres.
GABARDAN , ou Gavardan , petite contrée de
France , en Gafcogne , dans le Condomois , à l'orient
du Marfan , & au nord de l'Eaufan ; elle prend fon nom
de Gabaret, ou Gavaret, nommée en latin Gavarretum.
On ignore les noms des vicomtes de ce pays fous les ducs
de Gascogne; on voit feulement que, l'an io^o, Roger
étoit vicomte de Gabaret , ou de Gavardan. Pierre pe-
tit-fils de Roger ayant éponfé Guiscarde fœur de Centu-
le , vicomte de Béarn , joignit la vicomte de Gavardan
à celle de Béarn , ci elles ont toujours été depuis fous
les mêmes Seigneurs. Ce fut pourquoi Germaine de Foix,
reine douairière d'Arragon , ayant demandé pour fa part
des biens de fa maifon , la vicomte de Gabardan , avec
celle de Turfan & de Marfan , ii.it déboutée de fes pré-
tentions l'an 1 517, par arrêt du parlement de Paris : ces
vicomtes ont été depuis réunies à la couronne fous le
règne de Henri IV , unique héritier des maifons de
Foix &: d'Albert. * Longuefue , Defc. de la France ,
I. part. p. 188.
GABARET , ou Gavaret , ville de France , en
Gascogne, aux confins du Condomois & de l'Armagnac
fur la Gelife , entre Condom au levant & Roquefort de
Marfan ; cette ville eft capitale du Gabardan , ou
Gavardan , & eft à fix lieues de Condom. * Baudrand
éd. 1705.
( GABAROTH, village de laPaleftine, dans la Gali-
lée ; on croit que c'eft la même chofe que Gabara.
1. GABATHA, ou Gabaath , lieu de la Paleftine,
dans la partie méridionale de Juda , à douze milles d'E-
leuthéropolis. On y montroit autrefois le fépulchre du
prophète Habacuc. Eufebe & S. Jérôme écrivent ce nom
Gabaas. Jofeph , ( Antiq. 1. 6 , c. 5 , & 1. 13 , 0 1 , )
fait mention du bourg de Gabatha ; mais il faut lire
NADABATH, N«(T«âv5 ; Etienne le géographe met Ga-
batha , ville de Galilée , &c cite Jofeph au livre fix des
Antiquités : elle eft différente du village en queftion. On
croiroit aifément que ce dernier doit être le même que
Kela & EcHELA , où Eufebe dit qu'on voyoit le fépuf-
chre d'Habacuc : car , félon cet auteur , Kela étoit à
huit milles à l'orient d'Eleuthéropolis , en allant à Jéru-
falem , & Gabatha étoit à douze milles de Jérufalem : or
cette dernière ville étoit à vingt milles d'Eleuthéropolis ;
ce qui faitjufte le produit des deux diftances; favoir,
huit & douze : de cette manière Gabatha & Kela étoient
des lieux très-voifins l'un de l'autre , à pareille diftance
entre Jérufalem &c Eleuthéropolis, c'eft-à-dire à huit
milles de l'une , & à douze de l'autre. Le fépulchre du
prophète étoit entre Gabatha St Kela , de manière qu'on
pouvoit le voir également de ces deux endroits : c'eft
ainfi que Reland concilie cette difficulté.
2. GABATHA, ville de la Galilée, félon Etienne le
géographe.
3. GABATHA. Voyez Gabaa.
4. GABATHA ; Eufebe met un village de ce nom ,"
aux confins de Diocefarée ; mais , comme Reland
le remarque , il y a une grande confufion dans le grec
en cet endroit.
GABAZA.Quinte-Curce, /. 8,c. 14, nomme ainfî
ce qu'Arrien appelle Gabae. Voyez Gabae 2. Arrien
en faitune place forte,&Quinte-Curce en fait une contrée.
GABBA. Voyez Gabé 2.
GABBATHA : il eft parlé dans l'évangile , d'un lieu
du palais de Pilate , d'où ce préfident prononça la fen-
tence de mort contre Jefus-Chrift , & qui s'appelloit en
hébreu Gabbatha, qui vaut autant qu'en grec LlTHOS-
TROTOS , c'eft-à-dire pavé de pierre; c'étoit apparem-
ment une éminence ou une terrafle , ou même une gale-
rie , ou un balcon , qui étoit pavé de pierre, ou de mar-
bre, &c élevé; car Gabbatha fignifie principalement élé-
vation. * D. Calmet. Dift.
1. GABÉ; dans le prophète Zacharie, 0 14, v. 10 ,
on lit vagi , au lieu de J/33 : C'étoit une petite ville de la
Paleftine à feize milles de Cefarée auprès du grand champ
de Légion , félon Eufebe , Onomafl. ad vocem TaSaTÛv
il ne faut pas la confondre avec celle qui fuit.
2. GABÉ , ville de Syrie. Pline ayant parlé des villes
de la Décapole, dit qu'elle eft environnée &C entrecou-
pée de tétrarchies dont chacune eft une contrée & une
espèce de royaume ; il met de ce nombre Gabé. C'eft la
même que Jofeph , de bello, l. 2 , c. 17 , appelle Gaba.
Pline,/. 12, c. 17, lui-même la nomme Gabba. Etienne
le Byfantin dit aufli Gabba ville de Syrie. Il eft fait men-
tion de Pierre évêque de ce lieu Gabbi , dans la lettre
fynodale de la première Syrie , à l'empereur Léon , au
concile de Chalçédoine. .,.,.,'_., „
GABELIUM , lieu particulier fur la Meufe ; il en efi
fait mention dans la vie de S. Hubert évêque de Liège ;
Ortelius croit qu'il doit avoir été dans le voifinage de
Maeftricht. . ,
GABELLA , place forte de la Dalmatie , dans 1 Hert-
ze<rovine, fur le bord oriental de la rivière de Narenza,
vis°-à-visde la fotterefle dépeint, au-deflus delà ville
de Narenza. *Baudra.nd ," éd. 1705.
GAB
GAB
GABELLUS , ancien nom d'une rivière cl* Italie; c'eft
préfentement la SECHlAqui le mêle avec le Pô, dans
la Mantouan. * Plin. 1. 3 , c. 16.
GABENA , r«'.<W , ville d'Afie , dans la Medie , fé-
lon Ptolomée , 1. 6 , c. 2. Elle étoit trop éloignée du
Pafitigris , pour être la capitale du pays dont parle Plu-
tarque;!dans l'articta fuivant.
GABENE , ou Gabiene , car les exemplaires va-
rient : Diodore de Sicile, /. 19, nomme ainfi une con-
trée de laPerfe. Plutarque , In Eumene , parle auflï de la
province des Gabeniens, peu éloignée du fleuve .Pauti-
gris ; ainli ce nom ne peut venir de la ville nommée dans
l'article précédent.
1. GABENI, fiége épiscopal de la féconde Paleftine,
félon les notices grecques où on lit r«'C« • Anaflafius
en étoit évêque , comme il paroît par les aftes du con-
cile de Jérufalem, tenu l'an 536. * Harduin. Collée.
Conc.
2. GABENI , peuple de Syrie , dans la Cyrrheftique ,
félon Pline, 1. 5 , c. 23. Il y avoitun fiége épiscopal; 6k
Baflonus fon évêque eft nommé, entre les pères du con-
cile de Nicée , Baffbnus Gabenus.
GABER , colline de la Paleftine , auprès de Jablaam ;
elle n'étoit pas éloignée de Mageddo ; car Ochozias
bleffé par l'ordre de Jehu, s'enfuit, 6k alla mourir dans
cette ville. 4. Reg. c. 8 , v. 27.
GABIAN, village de France , dans le bas Languedoc,
au diocèfe de Beziers. Ce territoire, qui appartient à l'évê-
que de Beziers , eft remarquable par des mines de char-
bon 6k de vitriol , plus encore par la fontaine de pétrole ;
c'eft l'unique qui.lbit en France. Elle lort d'un rocher.
L'huile y fumage toujours l'eau qui l'entraîne. Cette
huile fut découverte en 1608. On enramafla, pendant
plus de trente ans , plus de 36 quintaux par an. Aujour-
d'hui le fermier en recueille environ 400 livres par an.
Cette huile appaife les douleurs de la goutte , de la feia-
tique , de la colique , des' dents , ckc. Mém. par M. Ri-
vière , dofteur en médecine de Montpellier.
; GABIANA , province d'Afie , près de la Sufiane; elle
appartenoit aux Elyméens , félon Strabon ,1. 16 , p.
74Ï-
GABIANO , ancien bourg d'Italie dans le Montferrat,
près du Pô , à une lieue au-deffus de Verrue.* Baudrand,
éd. 1701;. '
GABIENE. Voyez Gabene.
GABIES, ancienne ville d'Italie. Denys d'Halicar-
nafie , 1. 4 , c. 53 , en parle ainfi : Il y avoit une ville du
pays Latin à cent ftades de Rome , fur le chemin qui
mené à Prenefte ; elle étoit habitée par une'ancienne co-
lonie d'Albains , 6k elle fe nommoit Gables ; elle efi\au-
jourd'hui déferte , 6k le peu d'édifices qui reftent, ne font
que des hôtelleries pour la commodité des voyageurs ;
cette décadence de Gabies eft très-bien marquée par ce
vers d'Horace. 1. 1 , Epift. 2 :
ScisLebedus quàmjît G abus defertior,
c'eft-à-dire , vous favez que Lebede eft encore plus
déferte que Gabies. Properce , 1. 4 , Eleg. 1 , dit dans le
même fens :
Quippe fuburbante parvâ minus urbe Bovillcc ,
Et qui nunc nulli , maxima turba , Gabi.
Autrefois , ajoute Denys d'Halicarnaffe , elle étoit très-
peuplée , 6k elle ne cédoit en rien à aucune ville de tout
le pays. On peut juger de fon étendue pat les vaftes rui-
nes de fes bâtimens , ck par l'enceinte de fes murs , dont
une grande partie fubfifte encore à préfent. Cette ville
réfifta long-tems aux efforts des Romains , ck fut enfin
fubjuguée , mais par la fourberie de Sextus , fils de Tar-
quin le fuperbe : il feignit d'être mal avec fon père , s'y
réfugia, gagna la confiance des Gabiens par quelques vic-
toires que fon père , d'intelligence avec lui , favoit lui fa-
ciliter ; il trahit leurs intérêts , ck les livra aux Romains ,
après en avoir fait périr les principaux pour des crimes
luppofés. Les habitans étoient nommés en latin Gabini ,
ck la ville Gabii. Pline ,1. 2 , c. 94 , dit : Il y a des ter-
res qui tremblent fous les pas de ceux qui marchent. Tels
font deux cens arpens qui tremblent fous les pieds des
chevaux dans le territoire de Gabies. Ortelius reprend
Sefvius d'avoir attribué cette ville à ia Camoanie.
GABIM, lieu de la Paleftine. il en eft jjarlé dans le
prophète Ifaïe, c. 10 , v. 31 ; queique;-un- trsduifent
Medemena s'eji enfuyi : habkzns de Gabim, ra(J'urc\~
vous. On ne fait quelle étoit la lîtuation de G^bim : plu-
fieurs, prennent ce mot pour des hauteurs en général , ck
rendent ainfi ce paffage^nv^ à Medemena : Habitans des
hauteurs, fauvez-vous. * D. Calmer. Diâ.
GABIN, petite ville de la grande Pologne, fur le
suiflèau de Bzura , au Palatinat de Pvava , entre V/arfovie
oc "WladifW , à trois lieues de Plosko , vers le midi.
* Baud. éd. 1705.
GABIO,(Campo)lieu de la Campagne de Rome, Vers
Paleftrine.On croit que c'eft la place deT ancienne Gables*.
GABITHA , ville de la Paleftine , dans le Voifinage
de Boftra , vers l'Arabie , félon Cedrene , cité par Orte-
lius. Thefaur.
GABIUSA Aqua , eau du territoire de Rome. Son
nom moderne eft Marana, félon Baccius , dans fon traité
de Thermis , cité par le même.
^ GABLAN , petite ville de France dans la généralité
d'Aufch , éle.ftion de Rivière- Verdun , avec une juftice
royale. C'eft à tort que le petit dictionnaire géographi-
que portatif met cette ville dans l'Armagnac : l'Armagnac
n'eft qu'une élection dans laquelle ne peut pas être celle
de Rivière- Verdun , parce qu'une éleft ion n'eft pas plus
dans une autre qu'une province dans une autre. Mém.
drejjïs fur les lieux.
_ GABLE , rivière d'Afrique. Elle coule dans l'Ethio-
pie , 6k va le rendre dans la mer , auprès de Monbaze.
* Corn. Dift.
GABOE , ou
GABON , rivière d'Afrique , au royaume de Bénin.
Elle a fafourceà 35 d. de longitude, 6k à I d. 30' de
latitude feptentrionale ; 6k ferpentant vers le couchant ,
elle va fe perdre fous l'équateur , dans le golfe de Gui-
née, vis-à-vis de l'ifle de Saint Thomas. Le pays où coule
cette rivière eft nommé royaume de Pongo ou de Ga-
bon. Elle eft nommée Gaba par Linschot. La pointe
feptentrionale de fon embouchure , que les pilotes appel-
lent le cap de Sainte Claire,eftune côte afléz haute ; mais
le terroir n'en vaut rien. Ce cap reffemble fort à celui de
Saint Jean ; mais lorsqu'on approche du rivage , on y
voit une pièce de terre blanche comme une voile , ce
qui n'eft pas à celui de Saint Jean. L'embouchure de
cette rivière' a quatre milles de large. Elle fe rétrécit in-
fenfiblement, 6k n'en a que deux près de Fi (le de Pongo.
Vers fa pointe méridionale le rivage eft bas , 6k cou-
vert d'arbres ; mais quelques lieues plus avant vers le
midi , il y a des dunes mêlées de taches blanches qu'on
nomme Sernijfes. A l'oppofite du côté du nord il y a
quelques plaines entre lesquelles la mer écume avec beau-
coup de violence. Quoiqu'il y ait un banc de fable vers
le fud , il y a néanmoins encore auez d'espace pour na-
viger entre deux. Du même côté , environ trois ou qua-
tre milles au-dedans , il y a un autre cap que les Hollan-
dois appellent le coin du fable Zand-hoeck. La rivière de
Gabon nourrit quantité de crocodiles 6k d'hippopotames.
A cinq lieues de fon embouchure , elle forme deux pe-
tites ifles , l'une que les Nègres nomment Pongo , 6k
les Européens l'ifle du roi , parce que le roi du pays y
fait fa réfîdence : l'autre eft appellée l'ifle des perroquets,
à cairfe du grand nombre de ces oifeaux qu'on y trouve.
* Dapper, Afrique, p. 318.
Corneille fait un royaume de Gaboe , près de la
rivière de Bénin , 6k un royaume de Gabon , dans le
pays de Biafar. Dans l'un 6k dans l'autre de ces articles,
il n'eft queftion que du pays qu'arrofe cette rivière près
de fon embouchure : car l'intérieur des terres nous eft
peu connu.
GABOWINA. Voyez Barbowina.
GABRA , ville d'Afie , dans la Perfide , dans les ter-
res , félon Ptolomée , 1. 6 , c. 4.
GABRANTONICORUM, ou Gabrantuicorum
PORTUS SALUTARIS, félon Ptolomée, 1. 2, c. 3. Le
premier eft des exemplaires dont s'eft fervi Ortelius , le
fécond eft de l'édition de Ptolomée par Bertius ; ancien
port de l'ifle d'Albion. C'eft préfentement Sucrby, félon
Cambden.
GABRE, commanderie de l'ordre de Malthe, dans
le haut Languedoc , diocèfe de Rieux.
GAB
GAD
GABRETA Silva. Voyez Gabrita':
GABRI, ancien peuple delà Sarmatie,près desPalus
Méotides, félon Pline, 1. 6, c.7.
GABRIANUM, c'eft une épithete nationale queGahen
donne à une forte de vin , prife d'un endroit d'Italie. Or-
telius croit qu'il faut peut-être dire Gabinum , ou plutôt
G aurianum.
GABRIL , place de Perfe , autrefois très-importante,
au royaume de Lar. C'étoit une forterefle presque im-
prenable, appeliée Gabril, du nom d'une fort haute
montagne, au fommet de laquelle elle avoit été bâtie. Elle
étoit fortifiée d'une grotte muraille de pierres de taille ,
dont les mines , qu'on voit encore aujpurd'hui, font
connoître qu'elle occupoit toute la pointe de cette mon-
tagne ; de forte qu'elle contenoit une grande_ place , ca-
pable de loger une garnifon , allez nombreufe pour com-
mander toute la campagne voifine , avec une très-belle
citerne au milieu. Hors des murailles du fort , au plus
haut de la montagne , étoit anciennement le village de
Benaru , beaucoup plus peuplé que n'eft celui qui eft
aujourd'hui en bas ; toutes ces maifons étoient comme
de grandes cavernes , taillées dans le roc, dont la pierre
eft "fi tendre, & fi maniable, qu'on la travailloit fans
peine. Cette pierre foutient cependant des édifices auffi-
bien que les plus fortes voûtes. Ces cavernes avoient
plufieurs chambres différentes , où les habitans pouvoient
trouver toutes leurs commodités , fk vivre avec une en-
tière fureté , tant par l'avantage de leur affiette, que parce
que le fort qui étoit en haut , & qui commandoit par-
tout, les pouvoit défendre de leurs ennemis , en les em-
pêchant de monter. Àufli voit-on encore à préfent tout
le haut de cette montagne qu'occupoit le fort, percé de
tous côtés, & ces trous fervoient à ces anciennes &
fûres maifons. Tous les voleurs & les criminels du
royaume de Lara , dont le village de Benaru eft la der-
nière place , avoient coutume de chercher un afyle dans
ce fort ; & comme les rois n'avoient pas affez de force ,
pour les y forcer , ces brigands faifoient des courfes dans
le pays, & voloient les caravanes qui y paffoient , fe
retirant enfuite au fort de Gabril. Alaverdy Géan , ful-
tan de Schiras , qui avoit deffein de fe rendre maître du
royaume de Lara, voulant réprimer -Pinfolence de ces
voleurs , alla les afliéger avec fix ou fept mille hommes ,
tant de pied que de cheval Se beaucoup d'artillerie. Il leur
étoit facile de lui renfler , en fe défendant dans leur fort :
. mais ils eurent la témérité d'en fortir avec toutes leurs
forces , & de venir attaquer ce capitaine , qui avoit choifi
un pofte avantageux pour le combat dans une grande
plaine , avec un plus grand nombre de gens l &C des fol-
dats aguerris. La cavalerie du fultan les mit en défordre ,
tailla en pièces les plus opiniâtres , & contraignit les autres
de prendre la flûte. Comme les meilleurs hommes étoient
demeurés en ce combat , & que les autres s'enfermèrent
dans le fort , abandonnant leurs cavernes qui leur pou-
voient lèrvir de dehors , &c où ils euflent pu faire une lon-
gue réfiftance , ils perdirent courage presqu'aufli-tôt; fur-
tout quand ils virent qu'il n'y avoit point de vivres pour
tant de personnes inutiles qui s'étoient réfugiées dans le
fort. Enfin ils fe rendirent à Alaverdy , avec cette forte-
refle que les Perfes auraient trouvée imprenable , fi elle
eût été gardée par des gens qui euflent fu' fe défendre.
Alaverdy , après avoir fait mourir les plus criminels ,
commanda aux autres d'aller demeurer au pied de la mon-
tagne, & d'y bâtir le village qu'on nomme Benaru, fai-
fant démolir le fort dont les murailles étoient fi épaifies
& fi dures , qu'il fallut employer beaucoup de jours à
cette démolition ; encore y laifla-t-on quantité de gros
morceaux de ciment, pour que ces débris marquaflent la
force de celui qui l'avoit détruit. * Corn. Dift. Relation
de ['ambaffadi de D. Garcie de Sylva Figueroa.
1 . GABRIS , ville de la Médie , félon Ptolomée, 1.6,
c. 2 , qui donne à celle-là 83 d. de longitude , &C 41 d. 1 5'
de latitude. Elle étoit au milieu des terres.
2. GABRIS, autre ville de la Médie, félon Ptolomée,
qui donneà celle-ci 87 d. 40 de longitude, &4od. 20' de
latitude. C'étoit aufli une ville méditerranée.
3. GABRIS. Ortelius trouve dans untroifiéme morceau
non publié de la table de Peutinger,'qu'il y avoit une petite
ville de ce nom dans les Gaules. Il eut bien fait de marquer
en quelle province de la France , où , 6c du inoins à quelle
diftîmee de quelque lieu plus connu,
GABRITA Sylva ou Gabreta.. Ptolomée,!. 2',
c. 1 1 , eft pour la première orthographe, & Strabon pour la '
féconde r ièrn*. Le premier dit : au pied des monts Sudetes
eft la forêt Gabrita, entre laquelle &t les montagnes des
Sarmates eft la forêt Hercynie. Il dit plus loin : après les
Variftes eft la forêt Gabrita . . . au-deflbus de cette forêt
font les Marcomans. Strabon, 1. 7, p. 292^ dit : il y a
encore une grande forêt nommée Gabreta : enfuite le
pays où les Suéves font établis , puis la forêt Hercynie
que les Suéves occupent aufli. Lazius croit que cette forêt
eft la partie occidentale de la forêt de Bohême, & qu'on la
nomme à préfent FrieJletterwaldSon fentiment eft adopté
par les interprètes de Ptolomée. Spener , Not. Ger-
man. ant. 1. 2 , c. 3 , p. 89 ck 90, prétend que c'eft au-
jourd'hui la forêt de T\mx\n°t{Duringer-7prald') & qu'elle
s'étend jufqu'à la montagne de Fichtelberg. La rivière de
Nau , qui y a la fource , va tomber dans le Danube.
GABROSENTUM, ville de la Grande Bretagne ,"
félon le livre des Notices de l'Empire, Secl, 63 . Cambdeni
l'explique par Gateshead.
G ABRUMAGUM , ville ancienne delaNorique. An-
tonin en fait mention dans fon Itinéraire , & la met fur
la route d' Aquilée à Lorch ( Lauriaeum ) entre Sabatinca
& Tutatio , à trente mille pas de la première , & à vingt-
un mille pas de la féconde. Lazius croit que c'eft Grob-
ming.
GABUS , montagne dont Damafe parle dans la Vie
du pape Silveftre. Voici le paflage tel qu'Ortelius , Tke-
faur. le rapporte. Fundum Laurentum &■ omntm agrunt
adportamSeffurianam : ufque ad viam Prœnejîinam, à
via itineris Latines uf<pit ad montem Gabum. Il doute
s'il ne faudrait point lire Gaurus, pour GABUS.
GABYRA, ou Gabira. Voyez Diopolis.
GAD , (tribu de ) l'une des douze tribus du peuple de
Dieu ; compofée de la poftérité de Gad , fils de Jacob 6c
de Zelpha, fervante de LiahvLa tribu de Gad fortit
d'Egypte au nombre de quarante-cinq mille cinq cens
cinquante hommes. (a) Après la défaite des rois Og &C
Sehon , (b) Gad &c Ruben , & la moitié de Manafle de-
mandèrent à Moïfe qu'il lui plût leur donner leur partage
dans ces pays nouvellement conquis , alléguant le grand
nombre de beftiaux qu'ils avoient. (c) Moiieleleur accor-
da , fous la charge &£ à condition qu'ils accompagne- •
roient leurs frères clans la conquête du pays de de-là le
Jourdain , que le Seigneur leur avoit promis. (d) Ainfi
Gad eut ion partage entre Gad au midi &c Manafle au
nord , ayant les montagnes de Galaad à l'orient, & le
Jourdain à l'occident. Voilà le fentiment de D. Calmet ;
voici ce que Reland , Palcejl. p. 162, dit de cette
tribu. Elle s'étendoit depuis l'extrémité de celle de Ruben
peu loin d'Hefebon jufqu'à la rivière de Jabbock , & à
l'extrémité de la mer de Cenereth (c) & depuis Macha-
naïm (Manaïm) ville fituée aux confins de la tribu de
Gad , &: de la demi-tribu de Manafle , (f) elle s'éten-
doit jufqu'à Dabir. Les foixante & dix , au lieu de Dabir ,
qui eft dans l'hébreu, difent Aœ/2-.ïi' qui eft la même
que Dibon, ville de la tribu de Ruben qu'eux-mêmes
appellent Daibon, (S) on ne voit point que les enfans de
Gad l'ayent habitée. Les villes de cette tribu furent entre
autres , félon le livre des Nombres , c, 32, v. 34 fk fuiv.
Selon la vidgate , Selon l'hébreu ,
Dibon , Dibon ,
Ataroth, Ataroth,
Aroer , Aroer ,
Roth, Atroth-Sophan,
Sopham,
Jazer , Jaëzer ;
Jegbaa , Jogbeda ,
Bethnamra,' Bethnimra^
Beth-aran , & Bethhatan,
Au lieu d' Atroth-Sophan , le Grec porte Sophar, & au
lieu de Bethnimra , Namram. Reland , attribue aux
enfans de Gad les villes fuivantes ,
Jaezer , Beth-hafam ,
Ramath Hammitzpe , Beth-nimra }
Betonim , Succoth ,
Machanim , Saphon.
Il remarque que Ramath, Machanaim , Chesbon ( Hefe-
bon ) & Jaezer , furent démembrées en faveur des Lé-
vites : (J>) que Chesbon étoit enclavée dans une por-
CAD
CAD
tîoft de la tribu de Ruben , mais fur les frontières de cette
tribu, & de celle de Gad : ( ' ) que quelques exemplai-
res grecs portent Ramoth , au lieu de Ramath ,&C qu'en-
fin Ramath (k Ramoth , font des noms d'une même ville.
Il obferve (k) encore que les villes de cette tribu n'étoient
pas toutes au nord de la tribu de Ruben , Se qu'il y en
avoit au midi,&c à l'orient des Rubenites.(a) Genef. c. 30,
v. 9 & feq. (b) Num. c. 1 , v. 20 & 21. (c) Ntun. 32 ,
v. 1 & feq. (ci) Ibid. v. & 29. (e) Jofué, c. la , v. 26
& 27. (f) Ibid. v. 50. (6) Ibid. v. 17. (h) Jç/àZ, c. 21 ,
v. \?8. (') J&rf. c. 13 , v. 26. 0) />. 582 , 650 , 735.
GAD ABIT ANI, peuple barbare, en Afrique, près
de Tripoli. Procope en fait mention au ftxiéme livre de
Ces édifices.
GADAGALE, ville de l'Ethiopie , fous l'Egypte,
félon Pline, 1. 6, c. 29.
GADAGNE , bourg dans le diocèfe d'Avignon. Il
a titre de duché papal.
GADAMALIS,lieu de la Médie, félon Diodore de Si-
cile , I. 19. Quelques-uns lifent Gadarlis.
GAD ANOPYDRES , ancien peuple de la Carmanie
déferte, félon Ptolomée, 1. 6, c. 6. Quelques exem-
plaires portent GANANBANOPYDN.E.
GADAONE , lieu de la Gaule Narbonoife , félon
l'itinéraire d'Antonin. On croit que c'eft aujourd'hui Exi-
les. Voyez ce mot.
GADAR, ville d'Afie , dans la Parthyene, à cinq
fcheenes de la ville de Nifée , &c à pareille diftance de
Siroc , félon Ifidore de Charax, Manjion Parthic.p. 7,
édit. Oxon.
1 . GADARA , félon Reland , Palajl.p. 773 , ancienne
ville de la Paleftine , dans la Perée , ou dans la_ féconde
Paleftine. Pline , /. 5 , c. 16, dit qu'elle étoit fituée fur
le fleuve de HieramaCe. C'étoit la métropole de la Pe-
rée , félon Jofeph , de Bello , /. 5 , c. 3 , qui nous ap-
prend auffi qu'elle étoit fituée au levant de la mer de Ti-
bériade , à foixante ftades de la ville dont cette mer por-
toit le nom. Gadara donnoit elle-même fon nom à un
canton nommé GADARIS , & REGIO GADARENA ,
qui bornoit la Galilée à l'orient, (a) Le nom de GADA-
RIS eft auffi connu deStrabon , qui dit que fon eau ma-
récageufe faifoit tomber le poil , les ongles , & les cor-
nes aux beftiaux, qui en buvoient. Il femble que ce foit
la même que Pompée rétablit, (fa) Elle avoit un des cinq
Synedrins, qui étoient dans la terre d'Israël. (c) Ce fut
une des villes qu'Augufte rendit à Hérode ; (d) elle étoit
auffi l'une des villes où la langue grecque étoit en ufage ,
n«'x«f EW.w/<fef & qui ne dépendoient point d'Arche-
laiis; mais elle étoit annexée à la Syrie. Reland foup-
<;onne qu'on lit quelquefois dans Jofeph Gadara pour
Gabara. Voyez G AB ARA.* (a) de Bello , l. 3 , c. 2. (t>)
Antiq. I. 14 , c. 8. (c) Ibid. I. 14, c. 10; & de Bell. I. 1 ,
c. 6. (d) Antiq. I. 1 5 , c. 11; de Bello. I. I , c. l <J.
Saint Marc , c. 5 , v. 1 , dit que Jefus - Chrift ayant
paffé la mer de Tibériade , vint dans le canton des Ga-
dareniens , &c. C'eft ainfi que porte le grec imprimé.
Saint Luc , c. 8 , v. 26 , lit de même dans le Grec. Saint
Matthieu , c. 8 , v. 28 , porte des Gerafeniens. Origene
croit qu'il faut lire Gergejbnorum. Voyez les variantes de
Mil/. &c le commentaire de D. Calmet fur faint Mat-
thieu , VIII, 2?.
Etienne le géographe attribue cette ville à la Célefy-
rie , ajoutant qu'on la nommoit auffi Seleucie & Antio-
che. Saint Epiphane en loue les eaux minérales , & dit
qu'on y célébrait une fête tous les ans ; que les hommes
& les femmes s'y baignoient enfemble, & que l'eau
guériffoit de plufieurs genres de maladies. L'itinéraire de
faint Antonin martyr , différent de celui d'Antonin , fou-
vent cité dans ce livre, nomme la ville Gaddi
& Gabaon, & dit que les eaux minérales s'appelloient
Thermes Hélice , qu'elles guériffoient de la lèpre , qu'il y
avoit une rivière d'eau chaude nommée Gadarra , qui
alloit groffir le Jourdain. Tranjîvimus Jordanem in ipfo
'oco , & venimus in civitatem que vocatur Gaddi , quœ
Gabaon diàtur (il devoit dire Gad ARA ) inparte ipfius
civitatis milliario tertio funt aquœ calidœ quœ appellan-
tur Thermo HELIvE, ubi leprofi mundantur ibi
ejl etiam fluvius calidus qui dicitur GADARRA , & des-
cendit torrens & in t rat Jordanem , & ex ipfo ampliatur
& major fit. Eunapius, dans la vie de Jamblique, dit que
les bains de Gadara tiennent le premier rang après ceux
de Bayes. ïl raconte enfuite que les deux moindres ferla
taines étoient nommées , l'une Erota £ m -a & Taufrê
Anterota,'An-'pu-!a. Cette ville a eu fes évêques , quel-»
ques-uns font nommés dans les conciles. Gadeira eft
dans les notices une des villes épiscopales de la fécondé
Paleftine. Gaianus , évêque de Gadara , affifta au con-
ci le de Nicée : Eufebe à celui d'Antioche , tenu en 34Tb
Théodore fouscrivit au concile d'Ephefe ; & Jean avuê
actes du concile de Chalcedoine , qui eft le quatrième
concile général, '\u-wt Y-iH^r c'eft-à-dire de Gadara,
de la féconde Paleftine. Dans le moyen âge, ce nom de
Gadara fut corrompu en celui de Cedar, ou KebaR,
& on fe figura mal-à-propos , que c'étoit l'ancien paya
de Cedar, dont il eft fait mention dans l'écriture. C'eft
ainfi que dans la chronique de Freculfe , évêque de Li*
fieux , on lit Abella Cedar; mais Polybe , /. ié , & Jo~
feph,l. 13 , mettent Abila & Gadara, AÙ\x £ vâS'aça..
2. GADARA , ville de la première Paleftine ; il y en
avoit une dans la Célefyrie , félon Etienne le géographe S
Reland , PaUftince , L 3 , p. 778 , croit que c'eft la
Gadara de Perée , dont nous venons de parler dans
1 article précédent ; mais le même Etienne met une autre
Gadara dans la Paleftine , & dit que Porphyre en a fait
mention dans le treizième livre de 1 Hiftoire de la philo-
fophie. Cette ville ne devoit pas être loin d'Azoth. Stra-
bon, /. 16 , dit : entre deux, il y a Gadaris que les
Juifs veulent s'approprier, enfuite Azoth & Ascalon.
Reland , croit que Gadaris fignifie plutôt la con-
trée que la ville, comme dans Jofeph, il eft dit que
Gadaris £ c'eft-à-dire la contrée de Gadara ) borne la
Perée à l'orient. Il ne faut pas confondre cette autre con-
trée de Gadara avec celle dont il eft ici queftion, com-
me, a fait Strabon. Cafaubon l'en blâme avec juftice.
Cette ville eft nommée tantôt Gaz ARA, comme on
verra , fi l'on compare divers paffages des Machabées ,
',c.k V.28&35;!.. c.7,y.4î;l,i,c.9,
/ 5 ' . K '• 1 , c 13 , v. 54. Il y en a un qui marque
fafituation aux confins d'Azoth, (1. 1 , c. 14, v. 34; &
1- 2 , C. 10, v. 32. ") Jofeph, Antiq. I. f , c. I , dit
qu elle^borne la tribu d'Ephraïm, au couchant : cela con-
firme l'opinion de ceux qui croyent que c'eft le même
lieu que Geser. Voyez ce mot. Jofeph la nomme fou-
vent Gazara, &: dit qu'elle étoit aux confins d'Azoth,
& il^ la joint trois fois avec Joppé & Jamnia. Cette ville
a été épiscopale ; & dans les anciennes Notices , elle eft
nommée avec Azoth , comme étant l'une & l'autre des
villes de la première Paleftine.
3. GAD ARA, ancien village de la Grèce, dans la
Macédoine, félon Etienne le géographe. Ortelius entait
une ville : Etienne dit K»V» village.
GADARENUS Lacus , lac de la Paleftine , félon
Strabon, 1. 16. Ortelius demande fi ce ne ferait point le
Meltha de Guillaume de Tyr.
GADARIS. Voyez Gadara 2.
GADARLIS. Voyez Gadamalis.
GADARONIT.E , ifles de l'océan feptentrional ;
félon Ortelius , qui cite un ouvragé non imprimé d'Eti-
chus le Sophifte. Cet ouvrage étoit différent de la Cos-
mographie publiée par Simler.
GADASENA. Voyez Gadiana.
GADDA, contrée de l'Arabie , félon Etienne le Géo-
graphe. Il eft fait mention de Gadda dans Jofué, c. iv,
v. 27 ;' & quelques-uns croyent que c'étoit une ville de
la tribu de Juda : Eufebe dit Gadda , dans la tribu de
Juda : c'eft encore à préfent un village à l'extrémité de
Daroma. Saint Jérôme , après avoir traduit ces paroles ,
ajoute celles-ci : vers l'orient , au-deffus de la mer Morte.
Les Notices de l'Empire mettent auffi Gadda dans le dé-
partement du commandant de l'Arabie. Reland croit
qu'il faut lier ce nom avec le précédent , & lire Chat^ar-
Gadda, ou comme nous dirions Hazer-Gadda.
GADDIR. VoyezTARTESSUS.
GADEBESCH , petite ville d'Allemagne dans le
Duché de Meckelbourg , avec un château. Elle eft
remarquable par la victoire fignalée que le général Sué-
dois remporta en 171 2 fur Frédéric IV , roi de Dane-
marck.
GADELONITIS, r*JWm-,f, contrée d'Afie au-delà
de l'embouchure du fleuve Halys , félon Strabon ,1. 1 z,
p. 546. Elle droit fon nom de Gadilon ,r«cT;A«;', qui
eft peut-être le même lieu que Ptolomée, 1. 5; , c. 4 ,
s
CAD
CAD
appelle Galoron , raAW(yi<. Mais le lieu dont parle
Ptolomée doit être en-deçà de l'Halys ; au lieu que le
Gadilon de Strabon devoit être au-delà.
GADEMIS, contrée d'Afrique, dans le Bildulgerid
.propre. C'eft , dit Marmol , Afrique , l. 7 , c. 59 , t. 3 ,
p. 39, une grande habitation , où il y a plufieurs châteaux,
ck de grands villages. Elle eft à cent lieues de la mer
méditerranée , du côté du midi. Les habitans font riches
en dattes , & en argent , parce qu'ils trafiquent avec les
Nègres. Ils ont iui commandant , & ils payoient autrefois
tribut aux Arabes du défert ; à prélent c'eft aux Turcs ,
qui y font fouvent maltraités , particulièrement quand
ceux du pays fe joignent aux Arabes. On trouve en ces
quartiers peu de bled ck de viande , ck ce qu'il y en a
eft fort cher.
GADENI , ancien peuple de l'ifle d'Albion , félon
Ptolomée. Cambden croit qu'il faut lire Ladeni. Il a
été aifé de changer a en un y. Le P. Briet , Parall.
2 ,part. l.zfp. 1 8 5 , a adopté le mot Ladeni , & dit que
ce peuple occupoit la Lothiane , les Marches , & Tifedal.
ïl lui donne pour ville Cafirum Alatum : Edimbourg ck
Colanïa Coludi. d'Audifret , Geogr. t.\ 1 , eft d'un
autre fentiment : il place les Gadenes dans les provinces
de Lennox, d'Argyle, ck de Strathern.Cambden^/v'ta/z/z.
prétend que les Gadeni , ou Ladeni , habitoient l'espace
qui eft entre l'embouchure de la TVede , ck le Forth à
Edimbourg , ck qui eft préfentement divifé entre les petites
contrées de TeifidaU Twcdak Merch , ck Lothien , en
Latin Lodeneium , nom qui dans les écrits du moyen âge,
les comprenoit toutes.
1 . GADER , ancien lieu de la Paleftine. Le roi de
Gader fut pris ck mis à mort par Jofué (c. ll,v, 13.)
D. Calmet croit que Gader eft aparemment le même que
G ad OR des Paralipomenes , 1. 2 , c. 4 , v. 3 9. Gaderot
du même livre, c. 28, v. l8;GEDOR, dont parle Jofué ,
c. 1 5 , v. 58 ; & Gazer, Gazera , oumême Gadara,
ou Gadera , dans les Machabées , ck par conféquent la
même que Gadara 2. ,
2.-GADER, rivière des Indes dans les états du grand
Mogol : elle prend fa fource un peu au nord de Patan,
traverfe le royaume de Necbal , dont elle arrofe la capitale.
Elle entre enfuite dans celai de Jefuat , coule à Rajapour,
ck va fe rendre dans le Gange au-deffous de la ville de
Patna. De rifle , Robert, Atlas.
GADEROTH. Voyez Gader i.
GADES , ifle & ville d'Espagne , fur l'océan , auprès
du détroit , qui en prenoit le nom de Gaditanum
Fretum. Pline , 1. 4 , c. 32 , dit : à la tête de laBetique ,
à vingt-cinq mille pas de l'entrée du détroit eft l'ifle de
Gadis, longue de douze mille pas , félon Polybe , ck large
de trois mille pas. Elle eft éloignée de la terre ferme par
l'endroit le plus voifin , d'environ fept cens pieds, ailleurs
elle en eft a plus de fept mille pas Elle a une
ville peuplée de citoyens Romains , ck que l'on apelle
Augusta Urbs Julia Gaditana. Du côté de
l'Espagne , à cent pas environ eft une autre ifle, qui a trois
milles de longueur ck à-peu-près autant de largeur , dans
laquelle étoit anciennement la ville de Gades. Ephorus ck
Phihftide l'appellent Erythia : Timée ck Silène l'appel-
lent Aphrodisias , (c'eft-à-dire l'ifle de Venus i) les
naturels du pays la nomment l'iSLE DE JuNON.Timee dit
qu'ils donnent à la plus grande le nom de COTINUSSA ;
les nôtres l'appellent Tartessus ; les Carthaginois la
nomment Gadir; ce mot lignifie chez eux une HAYE. Le
nom d'Erythie (qui eft la plus petite de ces deux ides) eft
venu de ce que lesTyriens,de qui descendoient les premiers
habitans, venoient, dit-on, de la mer Erythrée.Quelques-
uns croyent qu'elle a été habitée par les Gérions , dont
Hercule enleva les troupeaux. Il y a des écrivains (Pom-
ponius Mêla ,1. 3 , c. 6,) qui croyent que c'étoit une
autre ifle autrefois nommée de même , ck qu'ils placent
devant la Lufîtanie. C'eft' ce que dit Pline , à l'endroit
cité. Solin, c. 23 , l'abrège à fon ordinaire, ck dit: à la
tête de la Betique , où eft la dernière borne du monde
connu , eft une ifle féparée du continent par une diftance
de fept cens pas._ Les Tyriens venus de la mer Rouge ,
donnent à cette ifle le nom d'ERYTRÈE. Les Carthaginois
la nomment en leur langue GADIR , c'eft-à-dire une
haye; VU lignifie une cloifon. Les anciens , entre autres
Scylax, Peripl. p. I, ck <i, éd. Oxon. Teconnoiffent
deux ifles en cet endroit, dans l'une desquelles étoit une
ville. Pline , comme on l'a vu , dit que cette ville étoit
dans la plus grande. L'ifle ck la ville font apellées Gadira
par Marcien d'Heraclée , Peripl. p. 40, edit. Oxon. Une
inscription au recueil de Gruter , p. 358, n. 4, porte
Mun. Aug. Gad. C'étoit le chef-lieu d'un département
particulier , ou d'une de ces affemblées juridiques , dont
j'ai parlé dans l'article d'Espagne. Les Romains s'étant
rendus maîtres de cette ville , l'augmentèrent d'une neuve,
bâtie, par Balbtts Gaditanus , homme "onfulaire. Cette
ville neuve Neapolïs , ck la vieille , furent apellées Gemina,
Mun , c'eft-à-dire double ou gemelle.
Il eft hors de doute que la grande eft préfentement l'ifle
où eft fituée Cadix. Voyez ce mot. La petite , nommée
Erythie , n'eft pas fi facile à trouver.
GADGAD , montagne d'Arabie , dans le défert de
Pharan. Les Hébreux y campèrent dans leur voyage du
défert. Elle eft entre Benejacan èijetebatlia* D. Calmet ,
Dift. Numer. c. 33 , v. 32.
GADI , lieu d'où étoit natif Bonni , un des braves de
David. D. Calmet croit que c'étoit aparemment le même
que Gadda , ou Ha^er-Gadda , dans la partie méridio-
nale de Juda* * Reg. 1. 2 , c. 23 , v. 36. Jofué , c. 15,
v. 27.
GADIANA, ville de la Cappadoce, dans la Chamane,
qui en étoit un canton , félon Ptolomée , /. 5 , c. 6 ; quel-.
ques exemplaires portent GADASENA.
GADILON. Voyez Gadelonitis.
. 1 . GADIR. Voyez Gades.
2. GADIR. Egefippe appelle' ainfî la montagne qu'il
nomme ailleurs Garisim. Voyez GariSIMA.
GADIRA , lieu de la Paleftine. C'eft aparemment le
même que Gader. * Jofué, c. 15.
GADIRI. Jofeph , Antiq. 1. 1 , c. 7 , nomme ainfî un.
peuple de l'Europe Tx^(Kt 5-;, la terre des Gadires. C'eft
l'ifle de Gades ck fes environs.
GADIRICUS. Platon appelle ainfî une partie del'ifle
Atlantide , auprès des Colomnes d'Hercule ; mais ce qu'il
en dit n'eft pas affez géographique pour y ajouter beau-
coup de foi.
GADIRIDjE PORT.E : c'eft la même chofe qu'Abyla:
GADIROTH , ouGaderoth. Voyez Gader.
GADIRTHA , ancienne ville de l'Arabie déferte ,'
félon Ptolomée, /. 5 , c. 19. Elle étoit vers l'Euphrate.
GADITANA Provincia , ancienne Province d'Es-
pagne , dont Cadix étoit la capitale , félon Tite-live ,
/. 28.
GADITANUM Fretum ; les anciens apelloient ainfî
le détroit que nous apellons aujourd'hui de Gibraltar. H
tiroit alors fon nom de la ville de Gades,
GADITANUS Oceanus ;■ Ortelius dit que c'eft
préfentement GoLFO DE LAS Yeguas.
GADITANUS PoRTUSckic'eftlePoRTcklaBAYE
GADITANUS Sinus /de Cadix.
GADOR. Voyez Gader.
i.GADORA, village de la Paleftine , dans le canton
d'JElia , c'eft-à-dire de Jérufalem , près du Terebinte.
Eufebe nomme ce lieu Gadeira. * Reland, Palaft.
2, part. p. 781.
2. GADORA , ville de la Célefyrie , félon Ptolomée ,
1. 5 , c. 1 j. Il la place entre Dium , ck Philadelphia.
GADROSIA. Voyez Gedrosie.
GADROSII , Peuple des Indes aux confins duquel
étoit la ville de Palimbrota, félon Arrien , in Indicis. Ce
font les Gedrofiens de Ptolomée.
GADVAD , lieu dont il eft parlé dans le Misna, Ne-
gaïm. VII. 4. cité par Reland.
1 . G AEA , ville de l'Arabie heureufe , félon Ptolomée ,
1.6, c]. Elle étoit dans les terres. Ammien Marcellin la
nomme Geapolis..
2. GAEA, PontiÀ ck Misynos font les noms de
trois ifles que Ptolomée, /. 4, c. 3 , décrit dans la grande
Syrte.
G AEB A , lieu de la Paleftine , peu loin de Scythopolis
ck Dothamr H eft dit dans le livre de Judith, c. 3 , v. 1 1.
qu'Holopherne campa entre Gaeba & Scythopolis , affez
près de Dothaïm.
GAESA, ancienne ville de l'Arabie heureufe dans les
terres , félon Ptolomée , /. 6 , c. 7.
GjESATES (les) en latin GjESATI, en grec r«ir«T«.
Quelques-uns ont cru que ce nom défignoit un peuple
particulier d'entre les Gaulois; mais Polybe nous apprend
que
CJET
GAG
que l'on appelloit ainfi entre les Gaulois , ceux qui ne fai-
foient la guerre que pour de l'argent. Gcefati e re dicti qubd
&ra bellando mereri foliti. Id enim vox Ma propriè figni-
ficat, {Polyb. 1. 2 , c. 22.) Ces Gaefates habitoient entre
le Rhône & les Alpes. Plutarque , in Marcello , dit : Les
Lifubriens , nation Celtique , qui habitent en-deçà des
Alpes, & qui font très-puiffans par eux-mêmes , appellent
encore à leur fecours les forces de leurs voifins , & fur-tout
celles des Gaulois qui vendent leurs fervices à ceux qui veu-
lent les acheter , & font appelles Gesates. Ce nom
venoit de Gœfum qui veut dire un trait à la manière des
Gaulois fk des peuples qui habitoient les Alpes. Virgile ,
sEneid.l. 8, v. 66 1, dit:
Duo quisque Alpina corufcant
Gœfa manu, f cutis protecli corpora longis.
GjESION-G ABER. Voyez As iotf-G aber.
GjESUM , rivière de l'A lie mineure , auprès de Priene,
où elle fe jette dans un étang, félon Ephorus. Voyez
Athénée. Hérodote, /. 7, parle d'un lieunommé G^ESON
qui ne devoit pas être fort loin de Milet.
GAETE. Voyez GAIETE.
GjETULI , ancien peuple de la Lybie intérieure , ha-
bitans de la Gtetulie. Us étoient au midi de la Maurita-
nie, & c'eft où Ptolomée les a placés ; mais dans la
fuite ils s'avancèrent dans la Mauritanie fk la Numidie ,
de forte que leurs limites ne font pas faciles à marquer.
Pline , /. 5 , c. 4 , parlant de - l'aucienne Gaetulie , la
borne au midi par le Niger, qui, dit-il , fépare l'Afrique
de l'Ethiopie. Àgathemer , /. 2 , c. <; , dit : La Gaetulie
eft au-deffous des Mauritanies. Les géographes difent au-
dejjous pour dire au midi , parce qu'ils commencent par
le nord. Pline , /. <f , r. 2 , dit de la Gœtulie annexée à
l'ancienne & plus étendue : Entre les peuples de la Tin-
gitanie , le plus important étoit celui des Maures , d'où
elle a pris fon nom de Mauritanie , & plufîeurs les appel-
aient Maurujii. Ils avoient pour voifins les Maffefyïes ,
nation qui a auffi été détruite. Ce font maintenant les
peuples Gaetules , fçavoir les Banjures £k les Autololes
qui font les plus puiffans de tous. Ainfi , félon cet auteur ,
les Autololes s'avancèrent dans la Mauritanie Tingitane,
& le long des côtes de l'Océan. Le même Pline, /. 5 ,
c. 1 , dit au fujet de la navigation de Polybe : Il nous a
appris que le port de Rutubis eft à CCXIII mille pas de
Lixus ; que de-là on arrive au promontoire du foleil ,
puis au port de Rufadir, &qu'enfuite on trouve les Ga-
rnies Autololes. Il dit , /. 6 , c. 3 1 : On ne connoît pas
mieux les ifles de Mauritanie ; on fait feulement qu'il y
en a quelques-unes vis-à-vis des Autololes ; que Juba les
a trouvées , Se qu'il y avoit établi la teinture que l'on
appelle pourpre de Gaetulie. Selon le même auteur, /. 5 ,
c. 1 , |le luxe engageoit des hommes à parcourir les
écueils de Gaetulie , pour y chercher les poifîons dont
on tiroit la pourpre & l'écarlate. Dans un autre endroit
il donne le nom de Gaetulien au rivage de l'Océan. On
ne peut douter que l'ancienne Gœtulie, ou la Gaetulie
méridionale ne s'étendît jufqu'à l'Océan Atlantique.
Les Gaetules ne fe contentèrent pas d'envahir la Mau-
ritanie Tingitane ; ils occupèrent auffi la Cefarienfe , où
étoient les Maffefyïes. Pline, /. 11 , c. 13, le dit for-
mellement , lorfqu'en parlant des rayons de miel veni-
meux, il ajoute qu'il s'en formoit dans la Perfide & dans
la Gaetulie de la Mauritanie Cefarienfe voifine des Mas-
fefyles. Il faut dire la même chofe de la Numidie. On
le prouve par le furnom à&femi-Gœtulus , ou demi-Gae-
tule , qui fut donné à Apulée qui étoit de Madaure. En
prolongeant la Numidie, du côté du midi, au-de'à des
Syrtes , quoiqu'à une jufte diftance, on y trouve des Gae-
tules. Strabon, /. 17, fub fin. range ainfi les peuples
voifins de la Syrte & de la Cyrenaïque , mais plus dans
les terres : Premièrement , dit- il , font les Nafamons ,
enfuite les Pfylles fk une partie des Gaetules , puis les
Garamantes.Voilà une vafte étendue depuis l'Océan jus-
ques-là , en tirant vers l'orient. Ce furent apparemment
des Gaetules de ces contrées que Marius gratifia , foit en
leur donnant des terres meilleures que celles qu'ils avoient
auparavant , foit en leur accordant de nouveaux privilè-
ges , fk c'étoient leurs descendais qui abandonnèrent le
parti de Juba , pour fe donner à Jules Celar. Strabon ,
/. ÇÇ , parle des lieux montagneux de la Gaetulie qui
avoient été joints à l'Afrique proconfulaire , fk l'étoient
encore lorfqu'il écrivoit : or l'A 'rique proconfulaire étoit
alors fort avancée au midi. * Hirtius, Bell. Afric. c. 52,
La partie méridionale de la Gaetulie proprement dite
qui tiroit vers le Niger étoit occupée par les Melano-
Garnies , c'eft-à-dire , par les Gaetules noirs. Ptolomée ,
/. 4 , c. 6 , les place entre les monts Sagapola fk V far-
gala, de forte qu'ils avoient le Niger au midi. Cella-
rius, Geog. Antiq. I. 4, c. 8 , p. 220 , croit qu'auprès
d'eux, mais au-delà du Niger, étoient les Gaetules fur-
nommés Darœ , que Pline met avec les Ethiopiens occi-
dentaux. Voici fes paroles prifes dans Polybe , /. 5 ,
c. 1. Enfuite eft le fleuve Salfum au-delà duquel font les
Ethiopiens Perorji, fk derrière eux les Pharufii : à ces
peuples fe joignent les Gaetules Dam qui habitent l'inté*
rieur du pays. On peut conclure de - là que ce peuple
Darae étoit fort éloigné de l'Océan , fk que les derniers
Gaetules méridionaux faifoient partie des Melano-Gatuli,
ou Gaetules noirs. Mais Les Banjures Gaetules , comme
Pline , c. 2 , les appelle , & les Autololes , habitoient le
rivage de la Mauritanie. La Gaetulie renfermoit , fans
doute , de grands peuples comme les Vefunes ou Nefu-
fenes de qui le même auteur dit qu'après avoir fait partie
des Gaetules ils devinrent une nation indépendante , &C
qu'ils s'étoient rangés du côté des Ethiopiens.
Ortélius croit que les Gaetules n'occupoient pas tout
le pays qu'on vient de dire ; mais que c'étoit une nation
errante tantôt dans un lieu , tantôt dans un autre ; ce
qui eft conforme à ce que dit Silius Italicus, /. 3 , v. 287:
Vos quoque déferas in cajlra mapalibus itis,
Mifceri gregibus Gatulia fueta ■ ferarum ,
Indomitisque loqui &fedare leonibus iras :
Nulla domus plaujîris habitant : migrare per arva
Mos atque errantes circum veclare pénates.
Ils ne fe fervoient point de brides , & leurs chevaux
étoient conduits à la baguette.
Hinc mille Alipedes turmte , velocior Eilris , v. 292.'
Et doclus virgœ fonipes in cajlra ruebat.
Claudien , Bell. Gildon. v. 43 9 , dit par la même raifon.
Virgaregi
Sonipes ignarus habence .
Silius Italicus parle enfuite des Pfylles, des Banjures &
des Autololes , qui , comme on a vu , étoient d'entre
les Gaetules. Il nomme les premiers Marmarides , mais il
les caraftérife allez par leur familiarité avec les ferpens.
Marmdridd , medicum Vulgus , ftrepuere cateryis:
Ad quorum cantus ferpens oblita veneni ,
Ad quorum taclum mites jacuere cerafia:.
Tum Chalybis pauper , Banjunt crudajuventus x
Contenu parcâ duraffe haft'dia Jlammà ,
Mifcebant avidi trucibusfera murmura linguis.
Nec non Autololes levibus gens ignea plantis ;
Cui Sonipes curfu , cui cejferit incitus amnis ,
Tanta fuga eft : tenant pennte ; campumque volulK
Cùm rapucre pedum frujïra veftigia quaras.
GiïLÏETiïL ; c'eft la même chofe que les Gœfates.
GAGjE. Voyez Gage.
GAG ALICA. Voyez Heraclée, ville de Syrie.
GAGARA. Voyez Gangara.
GAGASMIRA, ville de l'Inde , en-deçà du Gange,'
félon Ptolomée , /. 7, c. 1. Le nom & la pofition con-
viennent à la ville d'As MER, dans l'Indouftan.
GAGAUDES, ifle fur le Nil, félon Pline. Ortélius
croit que cette ifle étoit dans l'Ethiopie fous l'Egypte.
GAGE, félon Pline, /. <j , ç. 27, ancienne ville dAfie,
dans la Lycie. Etienne qui écrit Gag^E, dit qu'on la
nommoit auffi PaLjEONTYCHOS , c'eft-à-dire vieux
murs . Le P. Hardouin écrit auffi Gagœ. Cette ville a
été épiscopale , fk on trouve dans les notices Gaga entre
les évêchés de la Lycie.
GAGES , rivière d'Afie , dans la Lycie, félon Pline ,
/. 36 , c. 19 , qui dit qu'on y trouvoit une pierre qui ea
prenoit le nom de Gagates. Diofcoride , /. t , c. 40 ,
Tome III. fi
ïo GAI
dit la même chofe. On appelle, dit-il, Gagas le lieu Se
la rivière , à l'embouchure de laquelle on trouve cette
espèce de pierre. Ce que ces auteurs appellent pierre eft
tme forte d'ambre , car étant froté il levé la paille , Se
£ on le met au feu il brûle comme de l'encens.
GAGHETTI, province d'Afie , dans la Géorgie,
félon Baudrand qui dit qu'on l'appelle auffi quelquefois
Kacheti. Voyez^CAKET.
GAGLIANO , bourg de Sicile , dans la vallée de De-
mona , fur une montagne , au nord de Saint Philippe
d'Argiron , Si au fud-eft de Nicofia , à-peu-près à dis-
tance égale de l'une Se de l'autre. C'eft la Galari a des
anciens" Ce lieu a titre de vicomte. * De l'Ifle , Sicile.
GAGO , royaume d'Afrique , dans la Nigritie ; i\ eft
fitué au couchant de celui de Guber , dont il eft féparé
par un grand défert de cent lieues , que de l'Ifle
appelle plaines fablonneufes. Il eft borné au nord par le
pays de Meczara , au couchant par celui des Foules , &
au midi par la côte d'or. Le géographe déjà cité dit que
l'on en apporte l'or à Maroc , Se place Gaco , fa capi-
tale , for une petite rivière qui , ferpentant vers le nord,
va groffir le Sénégal. Du refte il n'y marque aucun lieu.
Dapper , Afrique, p. 114 , dit : La principale habitation
qui donne fon nom à toute la contrée eft à cent cin-
quante lieues de Tombut , entre le midi Se l'orient , à
3 5 d. de longit. Se à 8 d. 30'; de latitude. De l'Ifle
s'écarte beaucoup de cette pofition : car il met Gago au
19 d. de longitude Se à 10 d. de latitude. Dapper ajoute
que cette ville n'a ni murs ni fortereffe , quoiqu'on y
trouve quelques maifons affez commodes.
Le pays abonde en bled, en riz, en troupeaux Se en
herbages ; mais il n'y a point d'autres fruits que des
melons , des concombres Se des citrouilles : on trouve
beaucoup d'or dans ce royaume , ce qui y attire les mar-
chands de Maroc. Pour faire ce voyage , qui dure d'or-
dinaire fix mois , ils forment une caravane de deux ou
trois cens perfonnes ; Se comme ils ont à traverfer pen-
dant l'espace de deux mois des déferts fablonneux Se inha-
bitables, où l'on ne trouve point de chemin battu Se où
l'on n'a pour lé conduire que le foleil , la lune Se les
étoiles , ils courent grand risque de s'égarer Se de mou-
rir de faim Se de foif. Les corps de ceux qui meurent en
chemin ne fe corrompent pas; mais étant féchés par la
chaleur du fable , ils deviennent ce que nos droguiftes
appellent des momies.
La ville en e-ft la feule habitation confidérable. : le refte
n'eft que des villages où demeurent des laboureurs Se des
gens qui vivent comme des fauvages , s'habillent l'hyver
de peaux , & l'été vont nuds Se lans fouliers , tant hom-
mes que femmes , avec quelque méchant tablier à la
ceinture , Se quelquefois des bas de cuir de chameau.
Ce peuple eft fi groffier & fi ignorant, qu'un homme qui
fait lire & écrire y paffe pour un favant homme, Se
il ne s'en trouve pas un en cinquante lieues de pays.
Leur prince a été tributaire du roi de Maroc.
GAGUARITENSIS ou Gaguaritanus , fiége
épiscopal d'Afrique. Selon le P. Hardouin on ne fait dans
quelle province il étoit fitué. La notice d'Afrique fait
mention de Rogatus qui en étoit évêque.
GAï. Voyez Jé-AbariM.
GAID-HAB ou mieux Aid-HAB, ville d'Egypte, fur
le bord occidental de la mer Rouge , au nord de Suaquen
dont elle eft éloignée de fept journées. Cette ville a us
port affez fréquenté où s'embarquent les caravanes des
pèlerins qui vont par mer d'Egypte à la Mecque, qui eft
vis-à-vis de l'autre côté de la mer Rouge.Ceux qui parlent
d'Egypte dans la province d'Iémen en Arabie , pour y
faire commerce , vont par mer de Gaidhab, en Fille de
Dehelek , qui n'eft qu'à trente milles de la terre ferme
de l'Iémen. * D'Herbdot , Bibl. Orient.
GAIDUROGNISî , petite ifle de la Méditerranée, au
midi de l'ifle de Candie Se de Gîrapetra. Les anciens
l'ont connue fous le nom de Chryfa , félon de l'Ifle ,
Carier, de la Greee.
GAIETE ou Gayette , Caieta , ville d'Italie , au
royaume de Naples, & dans la province de Labour, à
quatre milles de Mola , félon Bauclrand.; Miffon ,
Voyage d'Italie, t. 3 , p. 385 , compte cinq milles par
terre , Se trois par mer. Le pays eft extrêmement beau
& fertile. Gayette, dit-il ibid. t. 2 , nous aparu d'affez
tiilbnnable grandeur & bien fortifiée. Son port eft bon ;
GAI
Se la fituation de la ville fur un haut rocher , la rend de
difficile accès. On y voit le tombeau de Charles de
Bourbon, connétable de France, qui fut tué au fiége de
Rome , Se fur la montagne voifine l'ancien monument
de Munatius Plancus , par l'avis duquel , félon Suétone ,
Octavius Cefar préféra le furnom d'Augufte à celui de
Romulus , que quelques autres lui vouloient donner
comme au reftaurateur de la ville de Rome. On y tient
deux foires par an; une le 22 Mars ( qui dure trois
jours ) ; l'autre le premier de^Septembre, qui dure quinze
jours. Elle eft fituée fur un promontoire , partie fur le
penchant, partie fur la plaine. Il n'y a guères qu'une
grande rue qui régne le long de la mer : fon port qui eft
grand Se à l'abri du promontoire , eft défendu par un
fort château , dont le dedans paroît fort ancien : l'auteur
déjà cité l'appelle le monument de Munatius Plancus.
Ferdinand, roi d'Aragon, l'a fortifiée depuis ; Se après
en avoir chaffé les François , il lit bâtir les belles mu-
railles Se les autres fortifications de Gaieté. Au lieu le
plus élevé du promontoire il y a une belle fontaine Se
quelques maifons affez bien bâties aux environs de la
grande place à laquelle aboutiffent plufieurs petites rues
très-étroites , qui vont en montant du côté de la cita-
delle. L'évêché de Gaieté reconnoît pour métropolitain
l'archevêque de Capoue, mais à préfent il ne relevé que
du Saint Siège. L'églife épiscopale n'eft pas fort grande ;
mais fes chapelles font enrichies de plufieurs tableaux Se
de colomnes d'un marbre très-rare. En montant au cou-
vent de la Trinité , on voit dans la fente d'un rocher ,
fur lequel il eft élevé , Se qui fait une partie du promon-
toire, une petite chapelle bâtie fur un morceau de ce
rocher , qui eft demeuré au milieu de cette ouverture
faite par un tremblement de terre , ou , fi l'on en croit la
vieille tradition du pays , au tems que Jefus-Chrift fouf-
frit la mort pour la rédemption du genre humain. Cette '
ouverture a une toife de largeur en quelques endroits ,
plus ou moins en d'autres ; mais fa ,hauteur en a plus de
vingt -cinq, Se fa longueur environ la moitié : on voit
à travers la mer qui bat le pied du rocher. Le epuvent
en eft éloigné de cinquante pas ; Se en montant encore
plus haut, on trouve la citadelle. Le port eft bordé de
murailles , Se il n'y a qu'une porte fur le petit quai , où
fe déchargent les barques qui y arrivent. Pour bien voir
les fortifications de Gayette , il faut aller hors la porte
de Mola , qui eft la feule par laquelle on puiffe fortir
de la ville par terre. * Corneille , Dictionnaire. Longi-
tude 31 d. 12'. Latitude 41 d. 15'. Jouvin de Roche/on,
Voyage d'Italie. Baudrand, édit. 1705.
J'ai déjà parlé de cette ville au mot CAIETA.
Le golfe de Gayette , partie de la mer Méditerranée ,'
fur la côte de la province de Labour , au royaume de
Naples , proche de la ville de Gayette. Baudrand , édit.
1705 , dit qu'il eft fort petit , Se n'y comprend que le
petit golfe où font Gaieté Se Mola , au couchant de
Trajetto. Mais la plupart des géographes l'étendent depuis
Monte Circello jufqu'à Capo de Mifeno ; de forte que
ce golfe eft entre la terre ferme Se les ifles de Ponza ,
de fainte Marie délie Botte , de Ventotieno Se d'Ischia ,
Se de Procita.
GAILDORF , ville d'Allemagne dans la Suabe.
Voyez Geildorff.
• . GAILLAC , ville de France , dans le haut Langue-
doc , en Albigeois, fur la rivière de Tarn , au-deffous
de la ville archiépiscopale d'Albi , du côté de l'occi-
dent , Se à pareille diftance de Lavaur , au fepten-
•trion. On y trouve une abbaye de l'ordre de Saint
Benoît, qui a été fécularifée : l'églife eft fous l'invo-
cation de Saint Michel. Le terroir de Gaillac produit
les feuls vins de l'Albigeois qui fe peuvent transporter.
Il s'en faifoit autrefois un grand commerce par le Tarn ,
qui commence en cet endroit à être navigable. On les
conduifoit à Bordeaux pour les Anglois. Aujourd'hui
ces vins fe confomment dans le pays , ou aux envi-
rons. Mémoires dreffés fur les lieux. * Baudrand, édit.
1701;. Mémoires manusc. Corn. Dift.
GAILLAC-TOULZA,pour le diftinguer de Gailiac en
Albigeois , petite ville de France , dans le haut Langue-
doc ,^ au diocèfe de Rieux. Elle députe à fon tour aux
états du Languedoc.
. GAILLEFONTAINË, bourg de France, en Nor-
mandie, avec haute juftice. Il eft fitué à une lieue de
GAI
CAL
"Forges Se à pareille diftance de l'abbaye des Bernar-
dins de Beaubec , à la fource de la Béthune, Ce bourg
a une feigneurie confidérable. Latitude 49 d. 36'. Lon-
gitude 19 d. 12'. * Co/vzei/A:, Dictionnaire. Mémoires
dreffés fur les lieux en 1703.
GAILLON, bourg de France, en Normandie, dans
le diocèfe d'Evreux, à une petite demi-lieue de la Seine,
à trois de Vernon , à deux d'Andely , Se à neuf de
Rouen. L'archevêque de cette dernière ville y a une
ires-belle maifon de plaifance , fituée fur le penchant
d'une montagne. C'eft un palais complet , qui con-
tient trois cours de bâtimens Se autres accompagne-
snens Se dépendances. Rien n'eft plus digne de la curio-
fité des voyageurs. Il forme un très- bel aspect par tou-
tes fes faces, Se particulièrement du côté de la rivière
d'où l'on peut le confîdérer dans toute fon étendue ,
avec fa grande galerie percée de foixante Se. dix arca-
des de chaque côté. Ce palais eft magnifique dans toutes
fes parties , tant au-dedans qu'au dehors. Les jardins ea
font très-beaux , Se le parc eft fort étendu.
Ce fut le cardinal George d'Amboife , archevêque
de Rouen , 8c miniftre d'état fous Louis XII , qui fit
bâtir ce château. La chapelle eft flanquée à une de fes
encognures. Le chœur qui eft hors d'oeuvre , porte un
clocher tout à jour , revêtu de plomb , orné de plu-
sieurs figures du même métal , Se affez fingulier dans fon
defTein. La pierre de marbre qui forme l'autel , les figu-
res des do.uze apôtres en relief , les ouvrages de fculp-
ture, les chaifes du chœur qui font d'un bois rare ,
avec des ouvrages de pièces rapportées , les vitres , Se.
tout ce qui paroît au dedans Se au dehors , attirent
l'admiration des étrangers. Le cardinal de Bourbon ,
auffi archevêque de Rouen , fit bâtir la grande galerie
dont les fondemens fervent de terraffe pour foutenir le
terrein où eft planté le parterre , à quoi plufieurs de fes
fucceffeurs ont ajouté quelques bâtimens hors d'œuvre.
M. Colbert archevêque de Rouen , a changé presque
tous les dedans du château, Se l'a rendu beaucoup plus
commode qu'il n'étoit : il l'a meublé , orné de pein-
tures ; Se pour lui donner une troifîeme cour de bâti-
mens , il a fait transporter quantité de terres qui étoient
élevées en montagne : il a fait bâtir Se fournir d'arbres
une belle orangerie , changer les canaux par lesquels les
eaux étoient conduites ; percer Se ouvrir les arcades de
la grande galerie du côté du parterre qu'il a fait renou-
veiler à la moderne , Se réduire au niveau de la gale-
rie , à préfent ouverte des deux côtés : d'ailleurs les
rampes gazonées Se bordées d'arbres , qui mènent de
cette galerie au grand jardin qui eft au pied de la mon-
tagne , les réparations du grand parc qui étoit ruiné , Se
plufieurs autres travaux , font des deffeins qu'il a médités ,
■& que l'on continue d'exécuter.
L'églife du bourg eft une petite collégiale compofée
de quatre chanoines qui ont un chantre pour chef; elle
a auffi un curé qui n'eft point chanoine ; l'archevêque
de Rouen nomme à ces quatre canonicats , aux trois de
la chapelle du château , à la cure du bourg , Se à celles de
S. Aubin , de Notre-Dame de la Garde , Se de Sainte
Barbe , principales paroifTes de la feigneurie de Gaillon ,
qui achâtellenie Se haute juftice reffortiffante à la Cham-
bre des hauts jours , établie dans le palais archiépiscopal
de Rouen.
Gaillon eft fîtué dans un lieu agréable , d'où l'on dé-
couvre quatre lieues du cours de la Seine, qui fépare
en cet endroit le diocèfe de Rouen de celui d'Evreux.
On voit auffi le Château-Gaillard d'Andely, un grand
nombre de villages , beaucoup de vignobles , de vaftes
campagnes, des prairies , un bosquet, une garenne Se
plufieurs beaux païfages.
Entre ces divers objets, la chàrtreufe de Gaillon eft
un des plus dfftingués par fa beauté ;' cette chàrtreufe
bâtie dans la plaine , un quart de lieue au-deflfous du
château, eft une des plus riches Se des plus confidé-
rables de la France. L'églile,que fit conftruire le cardinal
de Bourbon , eft d'un allez beau defTein ; le chœur en eft
grand Se clair , avec fon autel enrichi de marbre ; fon
portail paffe pour un beau morceau d' architecture ; Se
l'on voit dans une grande chapelle de cette , églife à
main droite du chœur , le magnifique tombeau des
comtes de Soiflbns- Bourbon, repréfentés en marbre
blanc. Le grand cloître des religieux eft compofé de
ÏI
quatre galeries qui ônt^chacune cinquante petites arca-
des; les vitres du petit cloître qui eft près du chœur,
font peintes. Tous les bâtimens de cette maifon font fort
commodes ; Se fon enceinte , qui eft d'une fort grande
étendue , eft toute fermée de bonnes Se hautes murailles»
Longitude 18 d. 55'. Latitude 49 d. 8'.
GAIMERSHEIM , bourg d'Allemagne , en Bavière ,
à un mille d'Ingolftadt , dans la jurisdiftion de Voburg,
Se au département de Munich. Longitude 19 d. Latitude
48 d. 47'. * Zeyler, Bavar. Topogr.
GAINSBOROUG, Voyez Ganesboroug.
GAIOLA, petite ifle de la mer de Toscane, dans le
golfe deNaples, entre la capitale Se Pouzzol. On croit
que c'eft l'Eupltea dont parle Stace.
GAISENFELD, félon Baudrand; GeisenFEL»,ou
Geysenfeld , félon Zeyler , Bavar. Topogr. p. 76.
Voyez Geisenfeld.
GAISTING , village d'Allemagne , en Bavière , près
du Danube , à quatre lieues de Ratisbonne , du côté du
levant. Selon Baudrand , c'étoit anciennement une pe-
tite ville de la Vindélicie nommée Augustana Cas-
tra : c'eft Lazius qui avoit dit que le nom moderne
RAueufiana Cafira , étoit GASTANIUM ; mais il le
met dans le Norique , Se non dans la Vindélicie : il le
nomme un lieu, Se non une ville. Ortélius, Tkef. ad vocem
Augustana Castra , dit que ce lieu eft célèbre par
fes mines 8c par fes eaux chaudes.
GAITIA , ou Jaitza , nom latin de la capitale de la
Bosnie , félon Laonic cité par Ortélius.
GALA AD, montagnes de la Paleftine, à l'orient du
Jourdain ; elles féparoient les pays des Ammonites Se des
Moabites , des tribus de Ruben , de Gad Si de Manaffé,
Si de l'Arabie déferte. Souvent Galaad eft mis pour
tout le pays de de-là le Jourdain ; Eufebe dit que le mont
de Galaad s'étend depuis le Liban au nord, jusqu'au
pays que poffédoit Sehon roi des Amorrhéens, Se qui
tut cédé à la tribu de Ruben : ainfî cette chaîne de
montagnes deyoit avoir plus de foixante Se dix lieues
de long, du midi au feptentrion ; Se elle comprenoit les
montagnes de S«hir , de Bafan, & peut-être celles de
la Trachonite, dAuran Si d'Hermon. Jérémie, c. 22,
v. 6 , femble auffi dire que Galaad eft le commencement
du Liban : Galaad, tu mihi caput Libani.* D. Calma
Dift.
Jacob , à fon retour de la Mefopotamie arriva , en fîx
jours aux montagnes de Galaad ( c. 31 , v. 21 & Jcq.)
Laban, fonbeau-pere ,1e pourfuivit Si l'atteignit, com-
me il. étoit campé fur ces montagnes : après quelques
reproches affez vifs de part Se d'autre, ils firent alliance
au même endroit , y drefferent un monceau de pierres
pour monument de leur alliance , & lui donnèrent
chacun un nom fuivant la propriété de fa langue. Laban
l'appella Jegar-Schahaddutah , le monceau du té-
moignage , Se Jacob Gal-HAED, d'où eft venu le
nom de Galaad.
Ces montagnes étoient couvertes d'arbres réfineux ,"
Se l'écriture vante beaucoup la réfine de Galaad. (Jerem.
c. 8 , v. 21 ; c. 46 , v. 1 1 , c. 5 1 , v. 8. ) Les mar-
chands , qui achetèrent Jofeph , venoient de Galaad , &
portoient de la réfine en Egypte. Genef. c. 27 , v. 15;
Voyez Galada,Galadena, 8cGaladttis.
GALABRII. Strabon , /. 7, nomme ainfi une nation
de la Dardanie voifine de la Thrace. Ortélius doute
fi ce ne font pas les Galadr^E d'Etienne le géo-
graphe.
1. GALACTOPHAGES , ancien peuple de l'Euro-
pe , quelque part vers la Myfie , félon Ortélius qui
cite Homère , Iliad. 1. 13 , init. Mais dans ce poëte
vxrtftotpi.yw eft une épithete desHippomolgues, peuple
qui fe nourriffoit de lait , Se c'eft ce que cette épithete
fignifie.
2. GALACTOPHAGES ; Hérodote (Thalia) donne
ce nom à un peuple de la Lybie.
Ces noms de Galaclophages , ou Galaclopotœ, ne
lignifient que des mangeurs ou des buveurs de lait ; ainfi
il convient généralement à tous les peuples qui menant
la vie paftorale , vivent du lait de leurs beftiaux.
GALACUM. Voyez Calatum.
GALACZ, ou Galatz , ville de la Turquie en Eu-
rope , dans la Moldavie , près du Danube , entre les
embouchures de la rivière de Pruth Se du Seret ou
Tome III. B ii
CAL
CAL
12
Moldava. Lazius croit que c'eft l'ancienne Axlopolls. communique par le bras mort. C'etoit : où aboutiffoit
De flfle écrit Galasi, & la' met au nord de Bra- un canal qui traverfe la v.guene de Tarascon Se le
r:j ' diocèle d Arles. Ce canal , au - défions d Arles , eft
' GALADA contrée de l'Arabie ; Etienne le géo- parallèle au Rhône ; c'eft la fameufe foffe de Marius.
graphe la nomme GALADENE. Jofeph parlant du monu- Baudrand édit.jiyqS , croit que fon nom eft Ga-
ment de la réconciliation de Jacob Se de Laban, /. I , lanjon. C'etoit , dit-il , un canal que Caïus Manus tira
c. 19 , dit que la colline en prit le nom de Galades , & du Rhône à la mer Méditerranée : .1 cfommençoit à
le navs celui de GaladeNA Terra; c'eft le pays de quelques heues au-deffous de la ville d Arles , Se abou-
Galaad. Il dit ailleurs qu'Antiochus ayant été appelle au tiffoi t a un Pfm gote nomrr^leport de Galajon qu,
fecours de Laodice
alors la guerre aux
: des Galadéniens , qui faifoit
Parthes , mourut en combattant cou-
rageufement pour elle. Les Hébraifans lifent Gilead ,
■ la terre de Gilead : cette terre , qui , comme nous 1 a-
vons dit, fignifioit la partie de la Paleftine , qui eft au-
delà du Jourdain , Se qu'occupoient les tribus de Ruben
eft entre les embouchures du Rhône Se la mer du Mar-
tigues. Ce canal a été bouché par les fables. Il femble
que celui dont parle Baudrand , ne foit que le bras
mort. L'entrée de l'étang ou golfe de Galajon eft appellée
Gras de Fos.
GALAM , royaume d'Afrique le long de la rivière du
de Gad Se la demi-tribu de Manaffé , étoit diftinguée de la Sénégal , borne au nord Se au nord-eft par ces deferts
terre de Chanaan qui étoit toute au couchant de ce fleuve : fablonneux qu on appelle defert de Barbarie , al eft Se
l'autel, qu'élevèrent ces trois tribus,eft,dit-on, à l'oppofite au nord-eft par le royaume de Kaffan a 1 oueft par les
du pays de Chanaan. Jofui, c. 22 , v. il. Il paroît par Foulis , Se au fud par les Mandingos. Son étendue de
le verfet io, que cet autel étoit auprès du Jourdain, lefU 1 oueft, eft d environ quarante-cinq heues ^depuis
quoiqu'au -delà; ce _que porte le 9e eft encore plus for- ' ' " ' ""' " "~
Ghilda,à deux cent quarante lieues de la barre du Sénégal
jufqu'au rocher de Felu. Le roi de Galam prend le titre
de Tonka qui veut dire roi. Ses fujets font inquiets Se
turbulens , capables de déthroner leur roi,fous le moindre
prétexte : pareffeux d'ailleurs , Se peu portés à s'éloigner
de leur pays , leur commerce eft avec Jaga , dont -ils
tirent des esclaves , Se Bambuck dont ils apportent de
or. Les principaux lieux de ce royaume font Ghilda
riiel : les enfans de Ruben, de Gad, Se la demi- tnbu
de Manaffé partirent de Silo , au pays de^ Chanaan ,
pour fe rendre dans la terre de Galaad qu'ils dévoient
pofféder : voilà les pays de Chanaan Se de Galaad oppo-
fés l'un à l'autre ; la même diftinftion fe retrouve au
verfet 3 2 , où il eft dit que Phinée ayant quitté les enfans
de Ruben Se de Gad , revint avec les princes du peu- ,
pie, du pays de Galaad au pays de Chanaan , vers les au bord feptentnonnal du Sénégal Tuabo , qui eft à
enfans d'Israël , Se leur fit fon rapport. 1 oppofite , Tafal.sga , Dramanet , &c. Voyage de Brut
Le pays de Galaad eft nommé GERAS A, Se ReGIO en Afrique
GERASENAparlesArabes,qui,parcenom,défignoient GALAMA. Voyez CALAMA.3
le pays que les Israélites poffédoient ' au-delà du Jour-
dain. C'eft ainfi qu'au Livre des Juges, c. 20, v. 1 , tout
le pays eft divifé en deux parties : alors tous les enfans
d'Israël fe mirent en campagne , &C fe trouvèrent aflem-
blés, comme un feul homme, depuis Dan uisqu a Ber- ,, , ,
fabéé ( c'eft-à-dire , tout ce qui eft au couchant du Jour- qui en parle , dit qu elle fat abîmée auffi-b.en que la
dain) Se de la terre de Galaad , (tout ce qui eft au le- vflle de Gamalé. La terre engloutit non-feulement ces
vant de ce fleuve) devant le Seigneur, à Maspha. vilks maisauffi leurs champs.
Le pays de Galaad n'eft pas toujours pris en ce fens GALAPHA, r««»«, ville de la Mauritanie Tm-
fi étendu; quelquefois il ne fignifie qu'une partie : témoin gitane , félon Ptolomée, /. 4, c. 1. Elle étoit dans le
ce paffage du quatrième Livre des Rois , c. 10 , v. 33 : milieu des terres. Marmol la nomme Garcis , ou Ga-
Depuis le Jourdain vers l'orient , il ruina tout le lapa. Voyez Garcis. Simler croit que c'eft la Gala
pays de Galaad , de Gad, de Ruben Se de Manaffé ; de l'Itinéraire d'Antonin ; mais pour y trouver Gala,
depuis Aroer , qui eft le long du torrent d'Arnon , Se il faut qu'il défigure le motCALAB. Cependant la fîtuatiort
Galaad , Se Bafan : dans ce verfet le mot Galaad eft àttGalapha de Ptolomée, convient afîëz au Calab d' An-
pris d'abord dans un fens très-étendu , Se pour tout un tonin ; Se quoique Galapha foit de la Mauritanie Tin-
vafte pays ; Se il ne fignifie la féconde fois , qu'un petit gitane, Se Calab de la Mauritanie Cefarienfe , celane fait
canton , favoir le pays de Galaad propre ; ce petit point de difficulté ; car elle étoit aux frontières de l'une
canton dent nous ne favons guères les juftes bornes , 8e de l'autre.
GALAN , petite ville de France dans l'Armagnac ,'
entre Tarbes Se Comminges , près de la Bigorre Se
du Nebouzan ,au bord oriental de la rivière de la Baize.
C'eft un des fiéges royaux de la judicature de Rivière.
GALANIS , ville de la Phœnicie. Pline , /. 2. c. 91 .
étoit différent d'Aroer , de Bafan , des tribus de Gad
Se de Ruben , Se de la demi- tribu de Manaffé , qui fai-
foient tous partie du grand pays de Galaad.
Eufebe , Onomaft. au mot GALAAD , dit qu'on nom-
înoit ainfi la montagne où vint Jacob, Se qu'elle eft
fituée derrière la Phœnicie Se l'Arabie , qu'elle eft con-
tiguë à celle du Liban , s'étend par le défert , jusqu'au
pays où Sehon habitoit au-delà du Jourdain , Se qu'elle
'tomba en partage aux tribus de Ruben, de Gad, Se de
la demi - tribu de Manaffé. S. Jérôme , ad E^echiel 47 ,
dit : Du milieu de Galaad montagne qui fe joignant
GALAPIE , contrée de la Syrie. Elle a eu fon roi
particulier, qui fut vaincu par Raimond, félon Ortéliu»
qui cite le moine Robert.
GALARIA, Se
GALARINA. Voyez Galeria.
GALASA, ville de la Céléfyrie, félon Pline, /. ?;
c. 18. Le P. Hardouin affure que tous les manuscrits
portent Galafa ; mais il avoue qu'un paflàge où Jofeph ,
/. 2 , c. 10 , nomme les mêmes villes que Pline nomme
avec celle - ci , fait voir qu'il faudroit lire Gerassa.
GALASSUS, Degalassus, Dagolasson, an-
Liban , échut pour partage à la tribu de Ruben Se de cien lieu de la petite Arménie, fur la route d'Arabiffus
Gad, Se à la demi -tribu de Manaffé, Se qui eft der-
rière la Phœnicie Se l'Arabie ; quand Etienne le géo-
graphe dit que Qalada , ou le pays de Galaad eft une
contrée de l'Arabie , c'eft que l'on a quelquefois donné
le nom d'Arabie à tout le pays d'au-delà le Jourdain.
GALADENE, ou GaledenaRegio; c'eft le même
pays dont il eft parlé dans
celui de Galaad.
GALADITIS , autre nom du même pays.
GALADRjE, ville de la Macédoine dans la Pierie ,
félon Etienne le géographe. Il appelle une montagne
GALADRUS Mons , Se une plaine GALADrŒUS Ca M-
PUS. La ville , la montagne Se la plaine étoient fans
doute voifine , Se prenoient leur nom l'une de l'autre.
Voyez Chaladra Se Chalastra.
GALAICA. Voyez Briantica.
GALAJON, ou Galejon, (le) petit golfe de
à Satala , entre Zara Se Nicopolis , à xx. m. p. de la
première , Se à xxiv. m. p. de la féconde. Mais ce nom
varie , félon les exemplaires de l'Itinéraire. L'édition des
Juntes 1519 , celle d'Aide 15 18, portent de GalaJJb ;
celle de Simler Se quelques manuscrits confuîtés par
Zurita , Se l'exemplaire du Vatican ont Dagalafîb.
article précédent, Se dans L'édition de Zurita Se celle de Bertius ont Dagolaffon.
Ortélius en fait une ville. Antonin ne Sit pas que c'en
fût une.
GALASO , petite rivière d'Italie, au royaume de Na-
ples , dans la terre d'Otrante. Elle a fa fource dans l'A-
pennin , près de la ville cPOria , Se fe jette dans le golre
auprès de la ville de Tarente. Les anciens l'ont connue
fous le nom de Galéfus. Voyez ce mot.
1. GALATA, montagne de Grèce , dans la PHocide.
Plutarque dir dans la vie de Phocion (a) : Les deux par-
tis arrivèrent en même tems auprès de Polypercon ,
France , en Provence , à l'orient du Rhône , auquel il comme il traverfoit avec le roi un bourg de la Pho-
CAL CAL u
çide nommé Pharuges, qui eft au pied du mont Acro- Gaulois qui fe font établis dans cette contrée, s'appel-
non quon appelle aujourdhu, Galate. (») Fie des lent Tolifiobog, , Foturi & Ambitui. Ceux qu habitent
nom. illujt. t. 6 , p. 404. r
î. GALATA. Voyez Calathe. •
3 . GALATA , fouxbourg de Conftantinople.
GALATANI , ancien peuple de la Sicile , félon Pline ,
/. 3 , c. 8. Simler croit que leur ville étoit la GALEATE
d'Ântonin , qu'il dit être la même que la Calacta
de Ptolomée. Voyez Calacta. Ce peuple eft le même
que les Calatini de Cicéron. Voyez ce mot. Le nom
moderne eft Galati , félon le P. Hardouin.
GALATjE. (les) Ce nom a été commun à plufieurs
peuples. Il lignifie proprement les habitans de la Gala-
tie; mais Appien Alexandrin , in Iberic. p. 255. donne
aux Celtes les ftimoms 'de Galates & de Gaulois. Sur
quoi il fout remarquer que,fous le nom de Celtes,les plus
anciens, hiftoriens, comme Hérodote, comprennent aufli
les Germains. Ajoutons ce que dit Jofeph , /. 1 , c. 6 :
Japhet , fils de Noé , eut fept fils. Leur demeure, à com-
mencer des monts Taurus & Amanus, s'étendit en Afie
jufques au Tanaïs , &c en Europe jufques à Gades en des
pays qui n'étoient point encore occupés , d ou il arriva
que les peuples, qu'ils y formerent,prirent leurs noms ; car
ceux que les Grecs nomment préientement Galates ,
furent nommés Gomarites, & descendoient de Gomer.
- Voilà le nom de Galates donné à diverfes nations
très-différentes. On peutdire cependant que fon principal
ufage eft de lignifier les Gaulois habitans de la Gaule ,
& plus ordinairement encore les Gaulois , habitans de
la Galatie. C'eft de ces derniers que D. Calmet expli-
que les Galates de Jofeph. Ortélius , Thefaur. l'en-
tend des Galates de l'Europe tk des Celtes. Voyez Ga-
LATIE.
GALATEA , nom allégorique que Virgile , Eclog.
f , v. 37, donne à la ville de Mantoue; fur quoi le
P. Catrou obferve que ce mot eft dérivé de Gala ra-ha.*
qui lignifie du lait, parce que le Mantouan eft un pays
de laitage.
GALATHEA , ville à 150 M. P. de la ville de
Conftantinople. Grégoire de Tours , de Glor. Martir.
dit que l'on y confervoit la tunique de notre Sei-
gneur.
GALATI, village de Sicile dans la vallée de De-
mona , à fix lieues de la ville de Patri , vers le midi.
C'étoit autrefois une petite ville, lèlon Baudrand. Voyez
Galatani.
GALATI A, ancienne colonie de Sylla, fur le grand
chemin de l'Appienne , dans la terre de Labour , pres-
que à l'endroit où eft Mataloni que le roi a honoré du
titre de ville en 173 5. Il ne fout pas confondre Galatia
avec Calatia , aujourd'hui Ciazzo , dans la même terre
de Labour.
1. GALATIE, (la) pays de l'Ane mineure. C'étoit
la partie feptentrionale de la Phrygie. Elle prit fon nom
des Gaulois qui s'en emparèrent ; &: comme ils s'y trou-
voient mêlés avec les Grecs, on l'appella Gallo-Gre-
cia. Pline , /. «f , ci'^z, fe fert du nom de Galatie. Tacite
dit la Galatie &c les Galates. Tite-Live dit la Gallo-
Grece , Annal. 1. 13 , c. 34; & 1. 15 „c. 6. Strabon
emploie ces deux noms : il dit , /. 37 , c. 8 ; & l. 38 ,
c. 18 : La partie de la Phrygie occupée par les Gallo-
Grecs , s'appelle Galatie. Tite-Live parlant de la guerre
de la Gallo-Grèce , fe fert presque toujours du nom de
Gaulois, qui étoit communaux Gaulois d'Europe , &
aux Gaulois Asiatiques.
Les Grecs comprenoient fous le même nom la Gaule
Se la Galatie : ils prirent dans la fuite -l'habitude de dis-
tinguer cette dernière par la petite Galatie. Socrate dans
fon Hiftoire eccléfiaftique,/. 6,c. 18, dit : Léonce, évêque
d'Ancyre, qui eft de la petite Galatie Aut-rios HyKv&t
t»< )jix.&<; r***r/aç Themifte dit ■• r«**-r/« Tfi'fcttw/JV
in GalatiaGrœcanica,dansla.Gaule grecque, Orat. 18.
Delà vient que les Galates font nommés s w^oj, ***•]<«
par Suidas , in voce r\-)>:vp .
Les Galates étoient bornés par la Phrygie , la Cap-
padoce, la Paphlagonie & la Bithynie. Strabon dit,
/. 1 1 : Les Galates font au midi des Paphlagons. Pline ,
après avoir décrit la Phrygie, ajoute, /. 5 , c. 3 z : Il fout
parler en même tems de la Galatie qui eft au-deffus ,
& dont la plupart des terres font de la Phrygie. Elle
avoit autrefois pour capitale Gordium. Ceux d'entre les
un canton de la Méonie & de la Paphlagonie , font les
lrocmi Elle a au feptentrion & au levant la Cappa-
doce , dont la plus fertile partie a été envahie par les
leclojages Se les Teutobodiaci. Le même auteur ajoute
peu après : la Galatie touche auffi à la Cabalie qui eft
de la Pamphylie , au petit canton de Milye qui eft aux
environs de Bans , au quartier Cyllantique , à celui d'O-
roanda qui eft de La Pifidie, enfin à l'Obigene qui feit
partie de la Lycaon.e. On peut voir aux articles
particuliers Tolïflobogi, Voturi, Ambitui, Trocmi, Te-
dojages & Teutobodiaci, ce que c'étoit que ces peuples.
.Les rotun & les Ambitui ne font guères connus , non
plus que ceux que Ptolomée appelle Profeilemeniue &
Btyii : on fait feulement qu'ils étoient voifins des
J-ycaoniens , ou peut-être mêlés avec eux. Strabon ne
connoit que trois nations entre les Galates ; les Trocmi
a ,le5 J.oliJlobogcs , qui portoient le nom de leurs chefs ,
& les Tecïofagi, peuples de la Gaule.
Ptolomée donne une étendue différente à la Galatie.
selon lui , elle etoit bornée au couchant par la Bvthi-
ne au nord par le Pont-Euxm , à l'orient Par la Cap-
padoce. Mais il ajoute que ce qui eft auprès de cette
mer, eft occupe par les Paphlagons. Il n'étend la Gala-
tie jusqu au Pont-Euxm , qu'en y comprenant la Paphla-
gonie ce qui revient au même. Ainfi il faut diftinguer
la Ualatie propre qui avoir la Paphlagonie au nord , Se la
Oalatie qui s étendoit jusqu'à la mer.
On peut voir dans Tite-Live , /. 8 , c. il , & feq.
les guerres qu'ils s'attirèrent contre -les Romains , pour
avoir donné du fecours à Antiochus. Il raconte même
a cette oeçaffon , c. 16, de quelle manière ils étoient
venus en Afie. Ces Gaulois , dit-il , peuple très - nom-
breux^ avancerent,dans l'espérance du butin,jusques dans
c aj- me' la conduite de Brennus. Ils étoient
periuades qu aucun peuple n'oferoit s'oppofer à leur pas-
foge;; mais il y eut, en cet endroit, de la méfinteliigence
entr eux : vingt mille fe détachèrent de Brennus 8c pri-
rent leur route vers la Thrace, fous la conduite de
Leonorius & de Lutanus,£:s'avancerent jusqu'à Byfance
renverlant ceux qui s'oppofoient à leur partage. Ils pillè-
rent la Propontide , arrivèrent à l'Hellespont', voulurent
paner le détroit qui fépare l'Ane , dont on leur avoit
vante la fertilité ; mais ils fe diviferent encore : Leo-
nonus s en retourna à Byfance & en emmena une par-
tie avec lui. Lutanus envoya des Macédoniens à Anti-
pater fous prétexte de négociation, mais en effet pour
épier les moyens de réuffir dans fon projet : il enleva
deux bàtimens couverts & trois felouques, & s'en fervit
pour transporter fes troupes de l'autre côté , en fort peu
de jours. Peu après , Leonorius aidé par Nicomede, roi
de Bithynie, fortit de Byfance. Les Gaulois fe réunirent
alors, & fervirent Nicodeme dans la guerre qu'il eut
avec Zybée qui occupoit une partie de la Bithynie. Ce
tut par leur valeur que Zybée fut défait , &: toute la Bi-
thyme foumile à Nicomede. Ils avancèrent vers le cœur
de 1 Afie ; &c quoiqu'ils ne fuffent que dix mille com-
battans, de vingt mille qu'ils avoient été, ils ne laiffe-
rent pas d inspirer une fi grande terreur aux peuples qui
(,0"ten,:^e9à du montjTaurus, que, foit qu'ils y allaffent,
oit qu ils ny allauentjpas , tout fe foumettoit à eux. A
% ,"«' ,comme iIs étoient partagés en trois nations , les
Tolifiobou , les Trocmi & les Tecïofagi , ils diviferent
* "f er> trois nations. Les Trocmi eurent la côte de
lHellespont, les Tolijloboii , l'Eolide &: l'Ionie; les
TeUofages eurent le milieu de l'Afie : ils foifoient con-
tribuer tout le pays jusqu'au mont Taurus, &c s'établi-
rent aux environs du fleuve Halis. ta crainte , que leur
nom feul répandoit, étoit fi puiffante , fur-tout après
qu ils fe furent multipliés , que les rois de Syrie fe fou-
rnirent à leur payer le tribut. Le premier des princes qui
le leur rerufa, fut Attale , père du roi Eumene. Il tût àuez
hardi pour leur foire tête ; &, contre toute espérance il
eut le bonheur de remporter quelques avantages fur eux.
Mais ils ne turent pas affez grands pour les foire renon-
cer a la fupenorité qu'ils prétendoient. Cela dura jusqu'à
la guerre d Antiochus contre les Romains : & mêmeaprès
la défaite , ils conierverent l'espérance de fe maintenir
dans leur liberté, parce qu'étant éloignés de la mer
ils esperoient que les arméef Romaines ne les viendroient
14
GAL
GAL
pas chercher. Hsfe trompèrent, & l'on peut voir les dé-
tails de cette conquête dans l'auteur que je viens de copier.
Durant la guerre de Sylla Si de Mithridate , ce -der-
nier s'empara de la Galatie ; & (bus prétexte que quel-
ques feigneurs -de ce pays , mécontens de fa conduite,
avoient conspiré contre lui, il-en fit égorger beaucoup,
& réduifit la Galatie en une province , à laquelle il donna
des gouverneurs particuliers. Les Romains h lui cédè-
rent avec quelques autres pays , par un traité ; mais enfin
Pompée reconquit tout ce que ce roi avoit poffédé , &
la Galatie y fi.it comprife. Les Romains la biffèrent
quelque tems à Dejotarus leur ami; mais enfin elle fut
réunie à l'Empire , comme province Romaine , fous Au-
eufte. * Appian. Mithridat. pag. 209 & 117. Dio Cajf.
f. 53. Sext. Ruf. Breviar. Tacit. Hift. 1. 1 , c. 9.
La Galatie reçut de bonne heure les lumières de l'E-
vangile. Saint Pierre y prêcha aux Juifs , faint Paul , peu
après , aux Gentils. Ce fut apparemment la différence
de fentimens qui étoit entre les Juifs inftruits par faint
Pierre, Scies Gentils inftruits par faint Paul, qui fut cauie
des troubles au fujet desquels faint Paul écrit aux Galates,
Dans la Notice des Hiérocles , la Galatie eft divifée
en trois provinces, qui font la trente - troisfiéme , la
trente-quatrième ck trente-cinquième , favoir ,
fPagra, ou Gangraj
LaprovincadePAPH-| s°™pel0p° IS *
LAGONIE .,fousuncor-< Amaftrium,
redeur, a fix villes. |junopol;s>
^Dadybra.
f Ancyre , métropole t
La province de la Ga-L*^
LATIE PREMIERE > I Qnna
fous un confulaire , as. R ' l;
fept villes. JReiemnefus,
iHéliopolis.
fPifinus,
I Maurecium ,
La province de la Ga- Petinefus ,
latie Salutaire, |Aeor.um,
âufvmePséfldent ' aiReïe"ôcade,ouRegnetnoanade,
'.Eudoxias,
I Myracion , .
^Germia.
2. GALATIE : ( la ) ce nom fe trouve employé par
quelques anciens hiftoriens Grecs pour fignifier la Gaule.
Voyez Gaule.
3. GALATIE, ville de la Phrygie, félon Zofime,
l. 4, cité par Ortélius, Thefaur.
GALATIS , ville de la Céléfyrie, félon Ortélius qui
cite Polybe, /. 5 , qui, fans nommer une ville , dit
qu'Antiochus ayant mis les Arabes dans fon parti , s'a-
vança dans la Galatide , dont il fe rendit maître , ré-
duifit Abila, ( capitale de l'Abilene ) pcc. Il s'agit ici
de la Galatie, ou pays de Galaad. Voyez Galada.
GALAVA , ou Gallava , ancienne ville de la
Grande Bretagne félon l'Itinéraire d'Antonin -, fur la
route àe-Glanoventa (Gebrin ) à Mediolanum, (Mei-
vod ) entre Glanoventa & Atone , c'eft-à-dire entre Ge-
brin &c Whitley-Caftle , à dix-huit mille pas de la pre-
mière , Se à douze mille de la féconde. Gale conjec-
ture' que c'eft Walwick; & cependant il avoue que la
«Malice de ce lieu ne convient pas aux chiffes marqués
par Antonin, entre Gala va & les deux places voifines.
Cambden croit que c'eft Kellenton.
GALAVEYS, peuple d'Afrique , dans la Nigritie ,
au voifinage des Quojas , dont ils font fujets. Ils de-
meurent aux environs de la feurce du fleuve Mava,
ou Maffa , à trente ou quarante lieues de la côte , au
levant d'une grande forêt qui a huit ou dix journées de
cheminen longueur. Ils s'appellent Galaveys, parce qu'ils
font iflus des Galas, & qu'ayantétéchaffésde leurpayspar
les peuples de Hondo, ils fe vinrent habituer fur les terres
des Veys;&L le compolë de ces deux nations s'appella dans
la fuite Galaveys. Au-delà de ce grand bois,près des con-
fins de Hondo tx de Mpnou, demeurent les Galas ,
qui obéiffent à un gouverneur que le roi de Manoë leuf
envoie. * Dapper , Afrique, p. 253.
GALAULES , ( les ) ancien peuple d'Afrique. Pru-
dence , in Simmach. I. 2 , r. 8 , c . 6, qui en fait men-
tion , ne dit point en quelle partie du monde ; car il
nomme de fuite plufieurs nations très-éloignées l'une de
l'autre :
Vivere commune ejl, fed non commune mereri.
.Denique Romanus , Daha , Sarmata , Vandalas ,
Hunnus ,
Gmtulus, Garamas, Alamannus , Saxo, Galaulast
Unaomnes gradiuntur humo; cœlum omnibus unumejî.
Ce peuple eft du nombre de quantité d'autres Barba-
res de ce tems-là, que nous ne connoiffons plus. Cella-
rius, in Prudent, p. 477, dit qu'Ifon le place dans l'o-
rient; mais pour lui , il croit qu'il étoit plutôt en Afri-
que. Orode dit : Au midi font les familles des Auloles r
que nous appelions à préfent GaLmks , &c qui s'éten-
dent jusqu'à l'Océan occidental. Cela prouve qu'ils fài-
foient partie des Gîetules , dont les Auloles faifoient
auffi partie.
GALAVRE , ( le ) petite rivière de France , dans le
Dauphiné , dans la Valoire. Elle fe jette dans le Rhône
près de Saint Valier, à fix lieues au-deffous de Vienne,
vers le midi. * Baudrand , édit. 1705.
1. GALAXIA , lieu particulier de la Grèce , dans la
Bceotie. Plutarque en parle dans le Traité de la Pythie ,
fit il explique pourquoi elle ne rendoit point d'oracles.
2. GALAXIA , lieu de la Mauritanie Céfarienfe ,
félon la carte de Peutinger, Segm. l.
GALBAATH. Voyez Naiboth.
.1. GALBiE CASTRUM , ou la fortereffe de Galba,
ville d'Afrique , dans la Numjdie. Au concile de Car-
tilage , tenu fous faint Cyprien , un des Pères qui di-
rent leur fentiment , eft nommé Lucius à Cajlro Galba.
Cette place , félon l'obfervation de Dupin, eft nommée
Cajlrum Gilba par faint Auguftin , par Victor d'Uti-
que , au concile de Mileve , & dans le concile tenu à
Carthage , fous Boniface. Il eft fait mention de Victor
Gibbenfis dans la conférence de Carthage, p. 284, édit.
Dupin. Mais on ne fait fi c'eft de ce fiége ou d'un au-
tre ; car entre les évêchés de Numidie , il y avoit deux
fiéges de même nom. La notice d'Afrique , n, 40 & 90 ,
fournit Félix Gilbtnjh & Donatus Gilbenfis.
2. GALBEE CASTRUM, ouïe Camp de Galba. Jule
Cefàr , dans fes Commentaires de la guerre des Gaules,
/. 3 , mit, parle d'un camp où Galba fe fortifioit , Se
où il fe défendit avec une extrême bravoure. On en
voit encore les reftes entre Saint-Maurice Sr. Saint-
Jean-le-vieux., &C on le nomme la Motte des Sarazins.
* Ortel. Thef.
GALE. Voyez Galle.
GALEAGRA , tour de Sicile , près du port des Tro-
giles , félon Tite-Li ve. On la nomme préfentement S cala
Grteca. Ce port eft immédiatement au nord de Syracufe.
GALEATjE. Voyez Galatani.
GALEMBOULE, Guallenboulou , ou Ghal-
LEMBOULLOU, anfe de la côte orientale de l'ifle de
Madagascar. La première orthographe eft la plus ordi-
naire ; la féconde eft de de l'ifle , &C la troifieme de
Flacourt dans fon Hiftoire de Madagascar , p. 24. Cette
anfe eft à deux lieues au nord de la rivière d'Ambato ,
à 17 d. & demi de latitude fud. Elle eft.très-grande, &C
il y a un mouillage d'une barque à l'abri d'un iflet ; mais
les roches, qui font fous l'eau , rendent le fond dange-
reux ; d'ailleurs la mer y eft très-orageufe , à moins que
l'on ne fe toue jusqu au coin de l'anfe où il y a
fureté par une petite barque. Ce pays eft fi fer*
tile , qu'on y fait une récolte de riz , deux ou trois
fois par an. Le peuple y eft fort adonné à la géomance
qu'ils nomment /quille. Ce font, du refte, les meilleures
gens de l'ifle ; ils ne font ni traîtres , ni enclins au meur-
tre. Si quelque Nègre a dérobé , ils le rachètent , plutôt
que de permettre qu'on le tue. Ils s'habillent de pagnes
faites d'une herbe qu'on nomme moufia, de laquelle ils
ont quantité. La rivière de Mananghourou eft à l'extrémité
de la même anfe, à quatre lieues de Ghallembeullou.
GALENIRUS, lieu de la haute Potamie, dans l'A-
fie mineure. Il en eft parlé dans la vie de S.Théodore,
GAL
CAL
abbé. C'étoit un canton de la Galatie , du coté de la
Bithynie.
i . GALEOTjE , ancien peuple de la Gréce,dans l'At-
tique , félon Etienne le géographe.
2. GALEOTjE. Voyez Hybla Parva.
i . GALEPSUS , ancienne ville de Thrace , félon
Etienne, qui l'étend beaucoup trop de ce côté-là; elle étoit
de la Macédoine, dans le golfe Toronaïque, félon Hé-
rodote , 1-1,0. 122, qui nomme de fuite Torone ,
Galepfus , Sermila, &c. villes qui étoient dans ce golfe.
Thucydide , /. 5 , p. 346 , la nomme Galepfus , colo-
nie des Thafiens ; mais l'interprète Latin écrit Gampfus,
quoiqu'il y ait dans le grec r,x-A~\.cv comme il doit y
-avoir. Berkelius a bien vu que l'article d'Etienne étoit
tronqué , &C qu'on en a retranché ce qu'il y dit du fon-
dateur de cette ville. On trouve qu'elle portoit le nom
de Galepfus , fils de Thafus & de Télépha. L'étymolo-
gie le marque ainfi ; &C fans doute Etienne le difoit
de même. C'eft fa manière de chercher l'origine des
villes dans quelque généalogie fabuleufe du héros dont
elle portoit toujours le nom. Jamais les Grecs n'étoient
embarrafles fur ce chapitre. Au lieu que les héros au-
raient dû bâtir des villes, c'étoient au contraire les villes,
dont les noms faifoient imaginer des héros qui méri-
taient d'en être les fondateurs.
2. GALEPSUS , lieu maritime de l'Eubée , félon
Plutarque , dans fes Propos de table ,7 où il en donne
une agréable description; mais Ortélius a fait connoître
que le nom doit être changé en AZdepfus.
1 . GALERA , ville d'Espagne , au royaume de Gre-
nade. Elle eft fur un rocher; Se c'étoit , dit Davity ,
t. 1 , p. 178 , la principale forterefie des Maures en Es-
pagne , au tems de leurs rebellions.
2. GALERA , bourg d'Italie , dans le Patrimoine de
faint Pierre, fur la rivière d'Arone, entre Rome & Brac-
ciano.
3. GALERA , (Punta délia ) cap dans l'Océan orien-
tal, aux Philippines. C'eft le plus occidental de l'ifle de
Mindanao.
Le cap le plus oriental de l'ifle de la Trinité , qui eft
entre les Antilles , porte le même nom.
GALERIA, ou Galaria, félon Diodore de Si-
cile , ancienne ville de Sicile. Phavorin la nomme Ga-
lerina. Etienne le géographe dit Galarina Urbs pour
(îgnifier la ville, &C Galaria pour le pays. C'eft préfen-
tement Gagliano.
GALES , lieu particulier d'Afrique , dans l'Ammonie.
Victor d'Utique en parle dans fon premier 'Livre de la
perfécution des Vandales.
GALESE. Voyez Gallese.
GALESIUM. Voyez Gallesium.
GALESUS , rivière d'Italie, dans le territoire de Ta-
rente , félon Vibius Sequefter. Virgile en parle au qua-
trième livre de fes Géorgiques. Polybe , /. 8 , c. 28 , qui
la nomme GaLjEUS raXo-'oi' dit avec Tite-Live , /. 25,
qu'Annibal ayant laifle des troupes pour garder la ville
& le nouveau mur qu'il avoit élevé , alla camper près
de la rivière , qui eft à cinq milles de Tarente. Cette
rivière eft nommée GaLjEUS ( Galefus ) par quelques-
uns, & Etjrotas par d'autres. Ce dernier nom, pour-
fuit-il, lui a été donné à caufe de l'Eurotas , qui baigne
la ville de Lacédémone ; & il y a beaucoup de noms
femblables, tant dans la ville , que dans le territoire de
Tarente , parce que les Tarentins font une colonie de
Lacédémoniens , ckc. Si nous en croyons Niger , le
nom moderne de cette rivière eft VALENTO ; elle eft
appellée Galafo dans les différentes cartes. Ligorius dit
que c'eft Bagrada. Jean Scoppa , in Collecta*, cité par
Ortélius, dit que cette même rivière eft aujourd'hui
reconnoi fiable par un village nommé Galaso , tk par
une églife appellée Santa Maria de Galaso. Vir-
gile , "Georg. I. 4 , v. 1 26 , dit :
Qua niger humectât Jlaventia culta Galefus.
Cette épithete, noir , fignifie ou que fes bords étoient
ombragés par les arbres qui les couvroient; 5t cela fe
rapporte à ce vers de Properce , /. 2 , Eleg. 34 :
i;
Umbrofi fubtir fpintta Galefi ■
ou que fes eaux paroifloient noires , à caufe de leur
profondeur.D'autres lifent piger , lent, parefieux; ce
qui eft conforme à la lenteur du couk de cette rivière
dont la pente eft très-douce.
GALFANACAR, ancien bourg de l'Afrique propre ,
au royaume de Tripoli , fur le golfe de Capes, entre la
ville de Capes, & l'ifle de Gerbes. Voyez Gichtis.
Baud.. éd. 1705.
GALGAL , félon D. Calmet , Dici. lieu célèbre &t
enfuite ville de la Paleftine , au couchant du Jourdain ,
environ à une lieue de ce fleuve , tk à pareille diftance
de Jéricho. Les Israélites y campèrent long-tems après
avoir pafle le Jourdain. On y bâtit depuis une ville
confidérable, qui eft devenue fameufe par plufieurs évé-
nemens, dont l'hiftoirenous a confervé le fouvenir. Ce
nom de; Galgal lui fût donné, à l'occafion de la circon-
cifion que le peuple reçut en cet endroit. Après cette
opération, le Seigneur dit : (a) j'ai ôti de. detfusvous,
aujourd'hui, l'opprobre d'Egypte. A la lettre, Tai roull
de. de fus vous , tkc. Car Galgal fignifie roulement.
Comme 1 arche avoit été long-tems à Galgal , ce lieu
devint fameux dans la fuite , & le peuple continua, pen-
dant long-tems , à y aller en pèlerinage. (>>) On croit
que Jéroboam , ou du moins quelques-uns de fes fuc-
ceueurs, rois d'Israël , y mit un des veaux d'or qu'il
fabriqua , tk qu'il fit adorer par fon peuple. (c)
Il femble que dès le tems d'Aod, juge d'Israël, il y
avoit déjà à Galgal des idoles , puisqu'il eft dit qu'Aod(d)
ayant offert fes préfens au roi , s'en alla jusqu'à Gal-
gal , que de-là il revint , & feignit d'avoir à lui décou-
vrir quelque fecret de la part de Dieu , comme s'il avoit
reçu quelque oracle à Galgal. Ce fût au même endroit(e)
que le peuple s'aflembla pour confirmer le royaume à
Saiil ; & enfin ce fut à Galgal que Sai.il eut le malheur
d encourir la colère de Dieu (f) , en immolant des vic-
times avant la venue de Samuel. C'eft là qu'il reçut la
lentence de fa réprobation (S ) , pour avoir épargné le
roi dAmalec, avec ce qu'il y avoit de meilleur & de
plus précieux dans leurs dépouilles. Saint Jérôme , in
rPAlTl: P0aulx, Epift- 62, dit que Sainte Paule paffa
a Galgal, & y vit le camp des Israëlires , le monceau
des prépuces , & les douze pierres que Jofué y avoit
fait mettre. * (a) Jofué, c. 5 , v. 2 & feq. Q>) o/ée ,c4,
v. 15 , & c. 15 , v. 12. Amos, c 4, v. 4, e. $ , y. ï.
(C ) 3- R«g- c 12, v. 29. LXX. Interpret. Cvrill. Alex.
in Ofée V. ( d ) Judic. c. 3 , v. 19. (e) /. Reg. c. 1 1 ,
v. 14 & 15- (f) /• Reg. c 15. (S) ). Reg. eTiK.
1. GALGÂN, ville de la Chine, à un quart de lieue
de la grande muraille , qui enferme cet empire , du côté
de la Tartarie. Corn. DicL Adam Brand, Voyage de
Moscovie , tk. de la Chine.
2. GALGAN , (S.) abbaye d'hommes de l'ordre de
Cïteaux, en Italie, dans la Toscane, au diocèfe de
Volterra.
GALGAVIA. Quelques-uns ont lu mal-à-propos es
nom dans Solin , au lieu de Scandinavia , qu'il y faut lire.
GALHAC. Voyez Gaillac.
GALIBA. Voyez OgaLiba.
GALIBI , peuple tk montagne de l'ifle de Tapro-
bane , félon Ptolomée , /. 7 , c. 4. Il les met dans la
partie orientale , vers le nord.
GALIBIS , ( les) peuple de l'Amérique méridionale,
dans la Guiane, fur la côte. Le Févre de la Barre, dans
fa Description 'de la France équinoxiale, p. 36, dit : Les
Galibis^ font la nation la plus puiffante de la côte , &
disperfée dans une grande étendue de pays. Il y en a de
notre connoiffance trois ou quatre habitations dans la
rivière d'Aprouaque , une dans celle d'Unia , deux dans
l'ifle de Cayenne , quatre ou cinq en celle de Macou-
riague , trois ou quatre en celle de Karrou, deux à Ma-
namanorry, quatre eu cinq à Sinamary, & autant à
Canonama. Je ne fais combien à Marony , mais un grand
nombre à Surinam. Mais ils font fournis aux Hollan-
dois. Autrefois ils étoient fi puiflans , qu'ils ont imprimé
la terreur aux François établis à Cayenne. Ils font à
préfent fi diminués , que tous ceux qui habitent depuis
Aprouaque jusqu'à Marony , ne peuvent pas mettre en-
femble vingt pirangues de guerre , armées chacune de
vingt-cinq hommes , ce qui eft arrivé , tant par des ma-
ladies , que par diverfes rencontres, où ils ont été battus
par les Palicours.
ï6
CAL
GAL
GALICE , ( la) province d'Espagne ; elle a à 1 orient
l'Afturie dont elle eft féparée par la rivière d'Avia &C le
royaume de Léon ; au nord 5c au couchant la mer
Océane , & au midi le Portugal , dont elle eft féparée
par le Minho. Sa longueur eft d'environ cinquante lieuss
& fa largeur de quarante.
Quoiqu'elle tire fou nom des anciens Call^ECI , ou
Callaici , elle ne comprend pas tout leur pays comme
on peut voir dans l'article Callaici.
Située à l'extrémité de l'Espagne , & environnée de
deux côtés de l'Océan , elle , eft de toutes les parties qui
compofent la monarchie d'Espagne , celle qui a le plus
de côtes maritimes &: de ports de mer : on lui donne
cent lieues de côtes, &C quarante-huit ports , tant grands
que petits, dont les meilleurs St les plus renommés font
Ferrol & la Corogne. * Vayrac, Etat préferit de l'Espa-
gne , p. 270.
L'air y eft tempéré le long des côtes; mais humide,
froid & mal-fain dans le cœur du pays , tant à caufe
tles fréquentes pluies , qui y tombent , que du grand
nombre de fources d'eaux froides & chaudes , qui s'y
tronvent , d'une infinité de petits ruiffeaux , & d'envi-
ron foixante-dix-fept petites rivières , dont les plus gran-
des font,
Mais la plupart des villes de ce pays font de peu de
conféquence. Les principaux lieux , le long «le la côte ,
depuis l'Afturie jusqu'au Minho , font
Rivadeo, La Corogne.
Vivero , Mongia ,
Santa Marta, Finifterre,
Ferrol , Muros ,
Padron ,
Pontevedra,
Vigo,
Bayona.
L'Ulla ,
La Tambra,
Le Mandeo ,
Le Rio-Mayor ;
&; Vallinadares.
Les autres font peu confidérables , Se la plupart fe jettent
dans l'Océan feptentrional.
Le terroir eft inégal , montueux , & on y voit fort
peu de plaines. C'eft pourquoi ce pays eftunoins peuplé
que le refte de l'Espagne , fi on en excepte les côtes. La
plus grande récolte qu'on y faffe , confifte en feigle , en
vin , en lin , en citrons ; les pâturages rapportent un
très-grand profit, par le grand nombre de troupeaux
qu'on y nourrit. On y trouve des mines d'or , de cui-
vre , de plomb , de fer &C de vermillon. La mer y four-
nit de bon poiffon , fur-tout des fardmes , qui font fort
cftimées pour leur délicateffe , des faumons & une espèce
de poiffon qu'on appelle Beçugos.
Les Galiciens ne s'appliquent guères aux arts mécha-
niques , ni au commerce ; mais ils vivent fi frugalement,
qu'avec une piftole ils font plus riches qu'un Caftiilan
avec dix. Ceux qui n'ont rien du tout fe répandent dans
quelques autres contrées opulentes de l'Espagne , où ils
fe metttent en fervice , & exercent fouvent les emplois
les plus vils. C'eft ce qui a rendu le nom Galicien fi
méprifable , que lorfque quelqu'un veut faire connoître
qu'il a été maltraité , il dit, hefido tratado como fi file-
ra un Galleço , c'eft-à-dire : on m'a maltraité comme fi
j'étois un Galicien. Cependant , ils font très-bons fol-
dats , & réfiftent conftamment à la fatigue.
La Galice fut érigée en royaume, l'an ioéo par , Fer-
dinand , roi de Caftille & de Léon , qui donna_ cette
province en partage à fon fils , félon l'abbé de Vairac.
Le P. Briet fe trompe , en difant que ce fut Alphonfe V.
Il étoit mort dès l'an 1018. Ce fût lui qui réunit la Galice
à la Caftille. Elle fut par la fuite donnée à Henri I ,
comte de Portugal ; mais on ne fait fi ce fut en tout ou
en partie. C'eftfurquoi. fe font fondés quelques Portugais ,
pourprétendrequela Galice étoit une annexe duPortugal.
Avant le tems de Ferdinand le Catholique, & de la
reine Ifabelle , les Galiciens renfermés dans leurs mon-
tagnes , n'avoient aucun refpeft pour leur roi, & fe
moquoient des gouverneurs qu'il leur envoyoit. Les
gentilshommes tranchoient des Souverains , exerçoient
une tyrannie effroyable fur leurs fujets, & pilloient im-
punément les étrangers qui avoient le malheur de paffer
fur leurs terres._ Mais Ferdinand le Catholique fit ceffer
ces abus , réprima l'audace de ces petits tyrans , &: fit
refpeâer l'autorité royale par tous les Galiciens.
On compte foixante- quatre villes dans la Galice ,
parmi lesquelles foixante font murées , félon le P. Briet,
îept font honorées du titre de Cité , lavoir ,
S. Jacques de Compoftelle,
T»y ,
Lugo,
Mondonogo
Qîenfe;
La Corogne
Batançot.
La NOUVELLE GALICE , contrée de l'Amérique
feptentrionale , que les Espagnols appellent aufli Gua-
DALAJARA , de fa ville capitale , & qui conftitue au-
jourd'hui un reffort juridique particulier , félon la parti-
tion nouvelle , qu'ils ont faite. Elle a pour limites ,
vers l'eft &£ le nord-eft, le port de la Navidad & lé
marais de Chiapala qui la fépare de la nouvelle Espagne ;
vers l'oueft, le golfe de Californie , &t vers le nord-
oueft & le nord , elle s'étend dans de grands pays peu
connus , où fes bornes font indéterminées. On dit que
ce qui eft cultivé par les Espagnols , a plus de cent
lieues de large , Se trois cens ou environ , du port de
la Navidad , fur la côte de la mer. Le gouvernement
de la nouvelle Galice embraffe plufieurs provinces »
dont les principales font , Guadalajara , Xalisco , lo»
Zacatecas , Chiametla , Culuacan ,• Cinaloa , &£ Neuv»
Biscaya. L'air eft fain &c tempéré dans quelques-unes
de ces provinces , Ôc l'on y voit beaucoup de vieillards.
Les mois de Juin , de Juillet &c d'Août font fort ora-
geux. Le ciel eft ferain dans les autres tems. Il s'en-
gendre en ces lieux une grande quantité de mouche»
rons fk de punaifes , aufli groffes que de fèves , St dont
les morfures font élever dès puftules de la groffeur d'una
noix. Il y a aufli des feorpions , mais la piquûre n'en
eft pas mortelle , quoiqu'elle caufe de grandes douleurs
pendant vingt-quatre heures. On en guérit avec un fuc
de pommes de coing , qui font très-communes , auffi-
bien que les poires , les abricots , les figues , & les
autres fruits de l'Europe. Les oliviers n'y rapportent
point d'olives , parce que les fourmis en mangent let
racines. Les pies ne font pas moins nuifibles : elles ne
font guères plus groffes que des moineaux , mais fi
nombreufes , qu'elles foulent tout un champ , fans qu'au-
cun cri les puiffe obliger à fuir. La terre eft plus mon»
tueufe que plate, fablonneufe en fa plus grande partie,
& quelquefois argilleufe. Elle rend fouvent foixante boif-
feaux de froment pour un. Le maïs y abonde : les ha-
hitans , qui font peu de cas du feigle Se de l'orge ,
cultivent avec grand foin les légumes de l'Europe,
* Corn. Dift. De Laet. Ind. Occid. 1.' 6 , ci & 2.
A quatre lieues de la ville de Guadalajara , le long
du chemin qui va à Zacatecas , eft une montagne fort
haute , &c inacceflible aux bêtes de charge. Sa montée
& fa descente font d'une lieue ; les autres montagnes
dans tous ces quartiers font âpres , pleines de pins, & de
chênes fort hauts. Il s'y trouve beaucoup de mines d'ar-
gent &C de cuivre , fort peu de fer & d'acier , & point
du tout d'or. La plus grande rivière de la nouvelle
Galice , eft Barania , qui fortant du lac de Mechoa-
can , court rapidement vers le nord-oueft , &C fe préci-
cipite à quatre lieues de Guadalajara , du haut d'un faut
de dix braffes , fe jette dans la mer du fud. On paffe ce
fleuve fur des radeaux faits de cannes &c de courges ,
fur lesquels les hommes s'affeyent , & mettent leurs
hardes. On tient les chevaux auprès dans l'eau , &c les
fauvages les pouffent à la nage de l'autre côté. Les na-
turels de cette province changent leurs demeures pour
la plus légère caufe , & fort fouvent , pour s'exempter
des tributs : ils fe retirent dans les forêts , où ils re-
prennent leurs anciennes coutumes. Ils font un peu
plus grands de corps que les Mexicains, fe couvrent
de chemifes de coton , & de manteaux carrés , tiflus de
maguey , qu'ils attachent fur leurs épaules avec deux bou-
cles. Ils n'ont aucun defir des richeffes , & cultivent feu-
lement quelque peu de terre qui leur produit le maguey.
Ils aiment la danfe , paffent les jours entiers au fon
d'un rude & enroué tambourin de bois. Ils aiment à
fe peindre le corps , & à s'orner de divers plumages.
Ils portent des pierres vertes, & de fort belles coquilles
de mer autour de leurs bras &C de leurs jambes. Ils re-
gardent comme un grand déshonneur d'être tondus , &•
veulent pajlçr nour vaillans.. La liqueur du maguey eft;
le\#
GAL
CAL
leur boiffon ordinaire , Se ils en boivent fouvent jus-
qu'à s'enyvrer. Ils ont auffi un breuvage qui eft com-
pote de cacao Se de maïs. Ils labouroient autrefois la
terre avec des pieux de bois ; mais les Espagnols leur
ont appris l'uiage des hoyaux : ceux qui demeurent dans
ces provinces , s'adonnent pour la plupart aux mines Se
au trafic. Quelques-uns s'occupent à nourrir des vaches ,
des brebis , Se à cultiver la terre. Quoique les cannes
de fucre y erpiffent abondamment , ils ne les cultivent
pas, non plus que les Tunas, dont on trouve des forêts
toutes entières , Se une, entr'autres, que l'on dit avoir plus
de cinquante lieues d'étendue. On en tireroit une quan-,
tité infinie de cochenille , fi on les cultivoit.
GALILÉE, (la) province de la Paleftine. Elle s'é-
tend principalement au-delà de la plaine de Jezraël ou
du grand champ, Se fe divife en HAUTE Se BASSE.
La BASSE contenoit les tribus de Zabulon & de
Nephthali , au-deçà du Jourdain , Se au couchant de la
mer de Tibériade.
La haute , GALILEE , s'étend piincipalement au-
delà du Jourdain , vers la Trachonite , le Liban , Se la
Batanée. On Fappelloit la Galilée des Gentils ,
parce qu'elle étoit occupée par des peuples Gentils , mêlés
avec des Juifs, Se qu'elle confinoitavec des peuples Gentils,
comme font les Phceniciens , les Syriens , les Arabes.
Voici comment D. Calmet prouve que la Galilée s'é-
tendoit au-delà du Jourdain.
Judas le Gaulonite eft appelle Galiléen dans les ac~tes,(a)
Se dans Jofeph : (b) or Gaulon étoit au-delà du Jourdain.
La Galilée s'étendoit donc dans ce pays. De plus , Jo-
feph (c) met Betzaïde au-delà du Jourdain : cette ville
étoit fûrement de la Galilée : ceux des Apôtres , qui
étoient de Betzaïde au-delà du Jourdain , font qualifiés
Galiléens; donc la Galilée s'étendoit au moins en partie
au-delà du Jourdain. Eufebedans fon commentaire fur
Ifaïe , (d) dit nettement que la Galilée étoit au-delà du
Jourdain. Les Septante dans Ifaïe (e) traduifentBafan par
la Galilée. Or perfonne ne doute que Bafan n'ait été
au-delà du Jourdain. Saint Jérôme , dans fon commen-
taire fur cet endroit d'Ifaïe , a mis le nom de la pro-
vince pour un lieu de la province ; il croyoit donc que
Bafan étoit dans la Galilée. D. Calmet renvoie enfuite
pour ce fentiment à Ligtfoot (() Se à Cellarius ; (S) &
pour le fentiment contraire à Reland , (h) dans fon livre
de la Paleftine, Se à fa differtation fur la Géographie
Sainte , qu'il a mife à la tête du Commentaire fur Jofué.
* (a)c. <;, v. 37.(b)Ant. 1. 10, c. 3. (c) De Bellol. 2, c. 13 ;
& Plin. 1. 5 , c. 1 5. (^ In If ai* 9. (e) c. 33 , v. 9. (Q
Chorog. in Marc. Se Hor. Talmud in Matthai , c. 14 ,
V. 13. (<0 Cellar. Geogr. Ane. (h) de Bello ,1. 3 , c. 2.
Voici comment Jofeph marque les limites de la Gali-
lée : elle eft terminée au couchant par la ville de Ptolé-
maïde, Se par le mont Carmel, qui n'en font pas. Du
côté du midi elle eft bornée par le pays de Samarie Se
par Scythopolis , qui eft fituée fur le Jourdain ; à l'o-
rient elle a pour limites les cantons d'Hippos , de Gada-
re, 8c de Gaulan. Enfin, du côté du nord, elle eft bornée
par les confins des Tyriens.
La baffe Galilée s'étend en longueur , depuis Tibé-
riade jusqu'à Chabulon ou Zabulon, frontière de Pto-
lémaïde ; Se fa largeur s'étend depuis Chaloth , fituée
dans le grand champ , jusqu'à Berfabée ; & la largeur de la
haute Galilée commence à Berfabée jusqu'au bourg de
Baca , qui la fépare de la province des Tyriens. Sa lon-
gueur s'étend depuis Telia , bourg fitué fur le Jourdain,
jusqu'à Meroth. Mais comme la fituation précife de
Berfabée, de Chaloth, de Baca, de Telia, de Meroth,
n'eft point connue , on ne peut marquer au jufte l'éten-
due de la haute Galilée.
Jofeph dit- que les Galiléens font naturellement bons
guerriers, hardis, intrépides; qu'ils ont toujours géné-
reufement réfifté aux nations étrangères qui les envi-
ronnent : que ce pays eft très-fertile , Se très-bien cul-
tivé , les peuples très-laborieux Se très-induftrieux ; que
le nombre des villes Se des bourgs y eft très-grand , Se
que tous ces lieux font fi peuplés , que les moindres bour-
gades ont quinze mille habitans. ,
Toutle monde fait:que Notre Sauveur Jesus-Christ
a été fumommé Galiléen , parce qu'il avoit été élevé à
Nazareth , ville de Galilée. Ses disciples Se les chrétiens
en général ont auffi été nommés Galiléens ( AS. Apoft.
\'7
c. i , v. 7, ) parce que les Apôtres étoient de Galilée.
S. Matthieu , c. 4 , v. 1 5 , applique à la prédication
du Sauveur ces paroles d'Ifaïe , c. 9 , v. 1 Se 2, la terre
de Zabulon Se de Nephthali , le chemin de la mer au-
delà du Jourdain , la Galilée des Gentils : ce peuple ,
qui étoit dans les ténèbres, a vu une grande lumière.
Les Galiléens ne paffoient pas pour gens fort éclairés
en fait de religion , Se les Juifs ne croyoient pas qu'il
fortît des prophètes de Galilée. Joan. c. 7, v. 41 Se 52;
Le langage des Galiléens , Se leur accent étoient difte-
rens de ceux des autres Juifs du pays. On reconnut faint
Pierre pour Galiléen à fon accent. Matth. c. 6, v. 73;
La mer de GALILÉE : on la nommoit auffi mer
de Tibériade , lac de Généfar , ou de Géné^areth , Se
lac de Cénéreth. Voyez Cenereth.
GALIM. Voyez Giscala.
GALINDvE , ancien peuple de la Sarmafie Euro-
péenne, félon Ptolomée, 1. 3 , c. 5. Voyez l'article
fuivant.
GALINDIE , province du royaume de Pruffe , ent»e
le Hocherland, la Varmie, la Bartonie, SelaMazovie.
Le bourg d'Ortelborg en eft le feul lieu remarquable :
le refte ne confifte qu'en quelques villages. Il eft remar-
quable que Ptolomée ait placé au même endroit un
peuple nommé les Galindes. * Homan. Carte de la
Pruffe.
GALINHAS , ( Rio ) ou M AGUALBARI , rivière d'A-
frique , dans la haute Guinée , à onze lieues de celle de
Scherbro. La côte entre deux eft baffe , plate, marécageufe,
Se couverte d'arbres , mais inhabitée. La rivière prend
fa fource dans le pays de Hondo, Se fe jette à la mer,
après avoir traverfé le pays de Karadabo -monou, Se
Quilliga-monou. Elle forme deux petites ifles à fon em-
bouchure. Les habitans appellent cette rivière Magual-
ban , Se les Portugais Rio-Galinhas , à caufe de l'abon-
dance de poules , Se d'autres volailles dont fes bords font
remplis. Les Européens en tirent des cuirs fecs, Se des
dents d'éléphant. * Barbot, p. 107, Côte de Guinée , par
Bellin.
GALIPSUS pour GALEPSUS. Voyez ce mot.'
GALISTEO , bourg d'Espagne, dans l'Eftramadure,"
près de la ville de Coria. Il avoit autrefois titre de Du-
ché. * Baud. éd. 1705.
GALITE, (la) ifle d'Afrique, dans la mer Médi-
terranée, fur la cote de Barbarie, au royaume de Tunis.
On la nomme auffi Galata. Elle eft vis-à-vis , Se à
cinq lieues de l'ifle de Tabarca , qui eft à fix milles du
cap deMascarez. Baudrand, éd. 170^ , met dix lieues
entre les illes de Tabarca Se de Galita. Il ajoute qu'elle
n'a guères plus de trois lieues de tour. * Dapper, Afri-
que, p. 199.
GALITZA , lieu dans la feigneurie des Ruffiens , fé-
lon le continuateur de Glycas Se Nicétas , cités par Or-
télius. Curopalate nomme ainfi une partie de la petite
Ruffie; Se Baudrand , éd. 1705, dit : Galit^a , pro-
vince de la Tauro-Scythie ; elle avoit auparavant fon
prince particulier.
GALLA , ville de l'Afrique intérieure , Se l'une de
celles que Cornélius Balbus fournit à la domination Ro-
maine , félon Pline, 1. 5 , c. 5.
2. GALLA, ville de la Médie, dans les terres, félon
Ptolomée ,1. 6, c. 2.
GALLABA, ville d'Afie, dans l'Osrhoëne , félonies
Notices de l'Empire , feit. 15.
GALLAECI. Voyez Callaeci.
GALLANA. Voyez Galava.
GALLANIS, fiége épiscopal d'Afie, dans la Pales-
tine , fous la métropole de Scythopolis , félon Ortélius ,
qui cite Guillaume de Tyr.^ Je trouve dans une ancienne
Notice du patriarchat de Jérufalem, fous la métropole de
Scythopolis, un fiége nommé Clima Galanis , SÎ dans
une autre Notice Clima Gablanim ( à l'accufatif; ) c'eft le
même fiége.
GALLÀPAGOS , ides de la mer du fud , fous l'équa-
teur : quelques-unes font plus au midi , Se quelques autres
font plus vers le nord. Voici ce qu'en dit Dampier, t. 1 ,
c. 5 , p. 131. On trouve fous la ligne , Se aux deux côtés
de la ligne plufieurs ifles affez étendues , mais défertes ,
qui portent le nom de Gallapagos. La plus orientale eft
environ à cent dix lieues de la terre-ferme. On les met à
181 d. de longitude , s'étendant à 176 d. versl'oueft; Se
Tome III. C
GAL
GAL
par conféquent , leur longitude d'Angleterre eft d'envi-
ron 60 d. du côté de l'oueft. Mais je crois que nos
hydrographes ne les éloignent pas afléz de l'occident.
Les Espagnols qui les ont découvertes, 6k qui feuls les
ont miles dans leurs cartes , difent que le nombre en eft
grand , & qu'elles s'étendent depuis l'occident de la ligne
jusques à <; d. du feptentrion ; cependant nous n'en
vîmes pas plus de quatorze ou quinze. Quelques-unes
ont iépt à huit lieues de long^, trois à quatre de" large ,
& font allez élevées. La plupart font plates 6k unies
au fommet. Quatre ou cinq des plus orientales font pier-
reufes , ftériles & montueufés , 6k ne produifent ni her-
bes , ni pâturages , ni arbres que des dildos , fi ce
n'eft du coté de la mer. Le dildo eft un arbriffeau
verd , 6k plein de piquans , qui croît de la hauteur
d'environ dix à douze pieds , 6k ne produit ni
feuilles ni fruits. Il eft de la groffeur de la jambe d'ut,
homme, depuis le pied jusqu'à la tête, plein de piquans
rangés en rayons fort près à près. Cet arbriffeau n'eft
pas même bon à brûler. On trouve près de la mer
de petits arbres nommés bortons , qui font fort bons à
brûler. Cette forte d'arbre vient en divers lieux dans
les Indes occidentales , & principalement dans la baie
•de Campêche , 6k les ifles Sambales. Je n'en ai jamais
vu fur ces mers , qu'aux ifles de Gallapagos. Il y a , entre
les rochers de ces ifles ftériles , des lacs & des foffés où
il y a de l'eau. Quelques aunes de ces ifles font unies
6k baffes. Le terroir en eft fertile , 6k produit diverfes
fortes d'arbres qui nous font inconnus. Quelques-unes
des plus occidentales ont neuf à dix lieues de long, 6k
fix à fept de large ; la terre y eft profonde 6k noire.
Elles produifent de grands arbres , principalement des
mammets , & on y voit des bois qui ne font com-
pofés que de ces arbres. Il y a dans ces grandes ifles
des rivières affez larges , 6k dans les autres de moin-
dre étendue, des ruiffeaux de bonne eau. Lorsque les
Espagnols en firent la première découverte , ils y trou-
vèrent quantité de guanos & de tortues de terre , 6k les
nommèrent les ifles de Gallapagos. Je ne crois pas
qu'il y ait de pays où ces animaux foient plus com-
mus. Les guanos y font très-gras , 6k fi familiers, qu'on
en peut affommer vingt , avec un bâton , en..une heure
de tems. Les tortues de terre y font en fi grande quan-
rfié , que cinq ou fix cents hommes pourroient en fub-
fifter pendant plufieurs mois , fans aucune autre forte
de provifions. Elles font très-graffes & très - délicates.
On en trouve qui pefent jusqu'à deux cents livres. Il y
a encore dans ces ifles des ferpens verds ; ' mais je n'y
-ai point vu d'autres animaux terreftres : il y a beau-
coup de tourterelles , 6k très-privées.
On trouve entre ces ifles des canaux où les vaif-
lèaux peuvent paffer. L'eau y eft baffe en certains en-
droits qui produifent beaucoup d'herbe à la tortue ; auflî
y en a-t-il beaucoup de vertes.. Il y a de quatre fortes
de tortues de mer ; les grofles , ou tortues à bahu , les
groffes-têtes , les bec-à-faucon , 6k les tortues vertes.
L'air de ces ifles eft affez tempéré , vu le climat. Il
s'élève tous les jours, fans interruption, un petit vent
de mer , 6k la nuit un vent froid ; mais la chaleur n'y
eft pas fi violente , que dans la plupart des lieux près
de la ligne. Les mois de Novembre , de Décembre
6k de Janvier font pluvieux. Le tems eft alors fom-
bre , orageux , mêlé de quantité de tonnerre 6k d'é-
clairs. Quelquefois , avant 6k après ces mois , il y a de
petites pluyies rafraîchiffantes ; mais le tems eft toujours
fort beau durant les mois de Mai, de Juin, de Juillet Se
d'Août.
Le capitaine Woodes Rogers , Anglois ,( dit , t. 1 ,
p. 366 : les Gallapagos font en fi grand nombre , que
nous en comptâmes, en deux fois, jusqu'à cinquante ;
mais aucune ne paroît avoir d'eau douce. Les relations
Espagnoles prétendent qu'on en trouve dans celle qui
eft firuée fous le premier d. 30' de latitude méridionale.
D'un autre coté , Morel m'a dit qu'un vaiffeau de guerre
Espagnol, qui croifoit furies Pirates , avoit touché à
une ifle fituée fous le premier degré 10' ou 30' de lati-
tude méridionale , appellée Santa. Maria de l'A-
QUADA , où l'on trouve quantité de bois , d'eau dou-
ce , de tortues de- mer 6k de terre , du poiffon , une
bonne rade, ckc. & qu'elle eft environ à 140 lieues à
l'oueft de i'ifle Plata. Je crois qu'on peut y ajouter du
moins trente lieues de plus , & que c'eft la même où
le capitaine Davis, Anglois, prit des rafraîchiffemens.
Au refte , pour l'indiquer , il dit feulement qu'elle eft à
l'oueft de ces ifles , qui ne peuvent être que les Gallar
pagos.
Le capitaine Covley , autre Anglois , a parcouru ces
ifles qu'il nomme Gallapagos , ou Isles enchan-
tées. Je joindrai ici le récit qu'il en fait dans fon
voyage , qui eft à la fuite de Dampier. t. 4 , p. 210 ;
mais j'avertis que les noms , qu'il s'avifa de leur donner
alors , ne font, tout au plus , que des marques de fon
respect. , ou de fon amitié pour les perfonnes dont il donna
les noms à ces ifles. Les Espagnols , à qui ces ifles appar-
tiennent , n'ont aucune connoiffance de ces noms , 6k
n'en font pas ufage.
La première ifle , dit-il , que -nous apperçûmes , étoit
à un degré 30' de latitude méridionale; nous étions à
fon nord , 6k le vent fouffloit du fud ; ce qui nous em-
pêcha d'y aborder. Elle eft haute , 6k je la nommai
I'ifle du roi Charles ( fon vrai nom eji l'ijlc MASCARIN. )
Nous en vîmes trois autres au nord de celle-ci. Je nom-
mai la plus proche Fille de Croflman : celle qui venoit
enfuite , BrattLes ; 6k la troifiéme , I'ifle du chevalier
Antoine Dean. ( L'une de ces trois ifles eft fifle du Ta-
BAC. ) Nous en vîmes plufieurs autres à l'oueft, à l'une
desquelles je donnai le nom SEures , celui de Dafjignï
à une autre , & celui de Bindlos à une troifiéme.
( La plus méridionale des trois eji I'ifle de SANTÉ ; plus
à l'ouefl, eji I'ifle AU Diable. ) Nous mouillâmes en-
fuite dans un fort bon havre , qui eft à l'extrémité la
plus feptentrionale d'une belle ifle fous la ligne , où il
y avoit quantité de poifl'ons 6k d'excellentes tortues de
mer 6k de terre , dont quelques-unes pefoient plus de
deux cents livres. On y voyoit une infinité d'oifeaux , de
flemmmgos , & de tourterelles qui étoient fi familières ,
qu'elles venoient fe percher fur nous , ck que nous les
prenions en vie. Mais lorsque nos gens eurent tiré deffus" ,
elles devinrent plus craintives. J'impofai le nom du Duc
d'Yorck à cette ifle ( c'eft , je penfe , I'ifle de Saint
Barnabe ; ) celui du Duc de Norfolck , à une autre qui
étoit ronde ck jolie, fituéè à fon eft, ck celui du Duc
d'Allemarle , à une troifiéme , fort agréable , fituée à
fon oueft. Il y avoit à la première une baie ou un ha-
vre bien commode, où l'on pouvoit être à l'abri de
tous cotés ; ck devant cette baie paroiffoit une autre
ifle , à qui je donnai le nom du chevalier Jean Nar-
boroug. Entre I'ifle d'Yorck ck celle d'Albemarle , il y
en a une petite , qu'il me vint dans l'esprit de nommer
I'ifle enchantée de Cowley , parce qu'en la regardant fous
différens points de la boufiole , elle me préfenta tou-
jours de nouveaux aspects. Tantôt c'étoit une fortifica-
tion ruinée , tantôt une grande ville , ckc. Je nommai
le havre de I'ifle d'Yorck, la baie d'Albanie , 6k un autre
endroit , la rade d'Yorck : on y trouve d'excellente eau
douce , du bois ck une riche veine de minéral. Nous
courûmes enfuite vers le nord où nous vîmes trois au-
tres jolies ifles. . . Il y avoit fur toutes ces ifles où1 nous
fûmes, ou dans leur parage, quantité d'oifeaux, de tortues ,
de poiffons , ck de gros alguanas ou guanos de très-
bon goût ; mais nous ne trouvâmes d'eau douce , que
fur I'ifle d'Yorck.
Dampier, t. I , p. 118 , parle auifi d'une de ces ifles,
fituée fous la ligne : ce doit être celle de faint Barnabe ,
& d'une autre qui en eft à deux lieues de diftance. Elle eft ,
dit-il , également pierreufe ck ftérile , ck a cinq ou fix
lieues de long 6k quatre de large : il mouilla au nord
de I'ifle à un quart de mille de terre , 6k à feize braffes
d'eau. Le long de la côte eft d'un accès difficile , 6k
on ne peut ancrer qu'en ce feul endroit. La rade eft
médiocre; car le fond eft fi escarpé , que fi l'ancre
lâche une fois , elle ne s'accroche jamais ; 6k le vent
vient d'ordinaire de la terre , fi ce n'eft durant la nuit
qu'il eft plus à l'oueft : car il fouffle tout le long de la
terre, mais fort doucement. Il n'y a d'eau, que dans les
lacs 6k dans les trous de rochers. L'endroit où nous
mouillâmes d'abord , a de l'eau du côté du nord ; elle
tombe , comme un torrent , de rochers hauts 6k escarpés ,v
fitués dans une baie fablonneufe. Dans les ifles fituées
à l'oueft de celle-ci , il y a des lieux fort commodes pour
caréner, de bons canaux entre ces ifles & plufieurs
lieux propres à ancrer. Il y a auffi force ruiffeaux de
CAL
CAL
ïrjniK eau douce , ck affez de bois à brûler , y ayant
quantité d'arbres bons à plufieurs ufages. Quelques-unes
de ces ifles ont quantité d'arbres de mamma & d'affez
grandes rivières. Ces ifles font grandes ; le terroir en eft
gras , ck auffi fertile que celui des ifles de Jean Fernando.
la partie feptentrionale de la féconde ifle ( dontil eft
parlé dans ce paflfage de Dampier ) eft à vingt-huit mi-
nutes au nord de la ligne. Les ifles de Gallapagos font
fort abondandes en fel.
De l'Ifle les nomme GalAPES.
GALLARATO , félon Corneille , bourg du Mila-
nez, que les Latins nomment Gallorum Arca, ck Gla-
reaeum. Il eft fitué à huit lieues de la ville de Milan ,
du côté de l'occident , en tirant vers Sefto. * Maty ,
DicL d'Holl. 1701.
GALLARDON , petite ville de France , dans la
Beauffe , au pays Chartrain , fur le ruiffeau de Voife ,
à quatre lieues de Chartres , en allant vers Paris , entre
Chartres ck Nogent-le-Roy. C'eftune Châtellenie. *Baud.
édit. 170?.
GALLE , Punta de Galle , ou Ponte de
Galle , félon le Grand , dans fa traduction de l'His-
toire de Ceïlan , par Ribeyro , Ponto DE GalÉ , fé-
lon la Carte de Robert Knox; ck Ponte-Gale par les
Hollandois , ville de l'ifle de Ceïlan , clans fa partie
méridionale ; c'eft une fortereffe qui appartient préfen-
tement aux Hollandois , qui en ont chalfé les Portugais
en 1640. Jacques Kofter, qui commandoit l'armée Hol-
landoife , mouilla dans la baie le huit de Mars , mit
pied à terre le même jour , Se la força de fe rendre le
13 du même mois. La fituation de cette ville eft beau-
coup meilleure que celle de Colombo , fa baye eft plus
grande ; mais elle eft expofée aux vents d'oueft , qui
agitent fort les navires. La ville eft fur une hauteur ,
. entourée d'un foffé large ck profond , de bonnes mu-
railles garnies de trois battions ; l'entrée du port eft très-
dangereufe & pleine de rochers. Elle eft détendue par
des forts garnis de grofle artillerie ; tout le terrein eft
pierreux, c'eft ce qui lui a fait donner le nom das Gra-
VAYAS. C'eft ce que remarque l'abbé le Grand , /. 2 ,
p. 96. Ribeyro, fon auteur, la décrit ainlî, p. 89. La
fortereffe de Galle eft fur une pointe de terre , & la mer
bat au pied, du côté du nord. C'eft un rocher fort escarpé,
qui n'a pas befoin de fortification. Du côté du fud, on
s'étoit contenté d'y planter un rang de paliffades ; mais
<iu côté de terre , il y avoit une muraille flanquée de trois
gros bâfrions , ck une porte au milieu, avec un pont-
levis ck un foffé. Deux cents foixante familles Portu-
gaifes s'y étoient établies , & environ fix cents de gens
du pays , tous Chrétiens ; ce qui avoit fait donner à cette
pJace le nom de ville , quoique ce ne fût qu'une forte-
refle. Il y avoit une paroiffe , un couvent de S. Fran-
çois , une mailbn de la Miféricorde , un Hôtel-Dieu ,
une maifon de la douane, un commandant, un adju-
dant, un commiffaire ou intendant, ck un écrivain.
Dès que les Hollandois furent maîtres de cette place ,
ils la fortifièrent à la moderne, firent le foffé plus large &c
plus profond , ck la mirent en état de faire une vigou-
reufe réfiftance , en cas d'attaque.
Le Brun , Voyage par la Pérfe , ckc. p. 332 ,
qui y pafla à la fin de 1705 , en fait cette description :
Elle eft très-forte par fa fituation , étant environnée , du
côté de la mer, de bancs de fable ck d'écueils, qui dé-
fendent le port, qui fait une demi -lune à l'eft de la
ville , ck qui eft bien pourvu de canon. Elle a aufîi de
bonnes murailles ck de bons retranchemens , taillés dans
le roc , ck des battions à plufieurs angles , dont fes
principaux portent le nom du foleil , de la lune ck des
étoiles , entre lesquels font les portes de la ville. Il y
a plufieurs autres pointes fortifiées , comme celles des'
Matelots , d'Utrecht , de Vénus , de Mars , d'Eole , ck
le rocher du Pavillon. Il n'y. a qu'une porte à l'eft, qui
eft celle du rivage. La ville a environ une demi - lieue
de tour en dedans , car on ne le fauroit faire en dehors.
Les rues ne font point pavées , mais maçonnées , avec
d'affe2 belles maifons , &C particulièrement celle du com-
mandant , qui eft fpacieufe ck remplie de beaux apparte-
mens , bâtie fur une hauteur, vis-à-vis du magazin de
la compagnie , lequel eft fort grand ; mais les murailles
de côté , qui donnent fur l'eau , en font fort humides ; ck
le haut de l'édjfice, qui eft de bois , eft pourri ck mangé
tô
de fourmis blanches , qui abondent en ce pays. Un des
bouts de ce magazin , dont l'entrée eft dans la porte de
la ville , fert d'églife aux Hollandois le matin , ck aux
Smgaies (Chingulaïs) l'après- dîné.' Les dehors delà
ville (ont remplis de jardins ck d'arbres qui forment de
belles allées. Les montagnes, qui font à l'eft, font cou-
vertes de bois , ck l'on peut aller facilement de-là au
port , le long du rivage. Ces bois font remplis de boucs
îauvages, de lièvres ck d'oifeaux; cependant on ne trouve
guères de gibier au marché. Les autres provifions y font-
à-peu-près à auffi bon marché qu'à Cochin , à la réferve
du beurre qui eft cher , fans être bon. On n'arbore le
pavillon, que quand on voit paraître un vaifTeau en mer ;
ce qui fe fait fur un vieux bâtiment fitué fur un rocher
où l'on tient toujours une garde. On profèffe , dans cette
ville comme dans tous les Etats de la compagnie Hol-
landoife, aux Indes orientales, la même religion qu'erl
Hollande & à Genève.
1. GALLEGO , nom qu'on donne en Espagne à un
habitant de la Galice.
> 2. GALLEGO, (le) rivière d'Espagne , au royaume
d'Aragon : elle a là fource dans les Pyrénées , aux
confins de la Bigorre, près de Viesca : de-là ferpentant
vers le fud-oueft, ck le iûd-fud-oueft , elle patte à Huesca,
& tombe dans l'Ebre, vis-à-vis de Sarragoce. * Dciljh
& Jaillot , Atlas.
3. GALLEGO , bourg ou village du Portugal ,
dans l'Eftramadure , près de Leiria. Voyez Aka-
BRICA.
GALLEN , baronnie d'Irlande , dans la province de
Connaught. C'eft une des neuf baronnies du comté de
Mayo. * Etat préfent de la G. Bret. t. 3.
GALLERI Villa , métairie d'Italie , dans le terri-
toire de Rimini , félon Pline , /. 10 , c. 21 , qui , racon-
tant quelques prodiges que l'on avoit publiés , met entré
autres , qu'un coq parla en cet endroit. Le P. Hardouiu
écrit Galerii Villa.
1 . GALLES , ( les ) peuple d'Afrique , dans l'Ethiopie ,
a 1 orient, au midi ck au couchant de l'Abiflinie. C'eft
delà qu on diftingue
Les Galles Orientaux.
Les Galles Occidentaux.
Les Galles Méridionaux.
Voici l'origine de ce peuple. Dans le tems qaÈtand.
Denghel , furnommé David , roi d'Abiffinie , étoit occupé
à taire la guerre au roi d'Adel , un feigneur nommé
Mathieu, du royaume de Bali , petit pays enfermé entre
l'Abiflinie ck le royaume d'Adel, aux deux côtés du
Hawafch, fut abandonné, en 1537, de plufieurs esclaves
qu'il avoit traités avec la dernière dureté. N'espérant
de lui aucun pardon , ils s'aflbeierent avec tous les ban-
dits ck les fugitifs qu'ils purent ramaflèr , ck exercèrent
mille brigandages. Les habitans de Bali ne furent point
attez forts pour les réduire ; ck le refte de l'Abiflinie
occupé de la guerre d'Adel , les méprifa d'abord com-
me des gens qu'il ferait aifé de réprimer quand on lé
voudrait. Ces esclaves , qui , félon le P. Tellez , étoient
Galles de nation , après avoir brifé leurs chaînes , re-
tournèrent parmi leurs compatriotes , qui habitoient la
côte orientale d'Afrique , ck les lieux voifias de la mër
des Indes. Ils leur firent connoître l'Abiflinie qu'ils vé-
noient de quitter , ck les contrées qu'ils ert connoiA
foient : encouragés par le fuccès & par le butin , ck accrus
de jour en jour par les renforts qui leur arrivoient , ils
s'emparèrent de la province de Bali, ravagèrent les can-
tons voifms ; ck voyant que des conquêtes faites par la
violence, ne fe pouvoient conferver que par la force
ils firent entre eux des loix propres à multiplier leu£
nation, èkà y conferver une féroce intrépidité. Ils né
s'abftiennent point du mariage , comme Pline, /. f , c. 8
le dit des Garamantes ; mais auffi ils ne vivent pas
pêle-mêle avec des femmes , quoiqu'il foit permis à
chacun d'en époufer autant qu'il en veut avoir. Les jeu-
nes gens n'ont la liberté de fe couper les cheveux , qu'a-
près qu'ils ont tué quelque ennemi ou quelque animal
féroce , ce qui les excite à fe lîgnalef par leur bravoure t
afin d'acquérir une marque d'honneur qui diftingue les
braves d'avec les lâches. Dans leurs feftins on met le
meilleur plat au milieu; ck quiconque s'en empare, deit
Tome III. C ij
2.0
GAL
CAL,
être le premier à affronter le danger. Chacun, fans balan- Gtdma, à'Angota , de Dawara , de -Weda , de Fa-
-cer , le hâte d'y mettre la main ; c'eft un morceau que tagar , à'Ifaea , de Garagœa. , de Ganui , dé Conta. ,
l'on fe dispute. Pour prouver qu'ils ont tué un ennemi , de Damota, de Walck , de Bituma , Se d'une partie
ils en apportent la tête ; mais comme il arrivoit quelque- de Schtwa, outre plufieurs cantons enclavés dans ces
fois, que faute de barbe, on conteftoit que la tête appor- provinces. Ils auraient fart de plus grands progrès, fi
tée 'fût celle d'un homme, ils apportent des parties plus la discorde- ne les avoit défunis. Ils font partagés en plu-
■décifives , les comptent Se les entaffent en préfence de fieurs tribus : on dit qu'il y en a au moins LXX ; mais
l'armée. Mais ces lignes barbares de leur vi&oire ont on diftingue principalement deux grandes nations ,• les
■encore un inconvénient , c'eft qu'ils ne font point con- Orientaux Se les Occidentaux. J'ai fuivi jusqu'à pré-
noître fi les perfonnes tuées étaient amis ou ennemis , fent le favant Ludolf dans fon Hiftoire d'Ethiopie ,
<e que la tête aurait fait connoître. '• i3 é. 16. Je lui joindrai quelques autres auteurs pour
Ce qui foutient leur courage , c'eft' qu'ils font la guerre le refte de cet article,
pour eux-mêmes , Se partagent également le butin. En Les GALLES ORIENTAUX s'étendent depuis la
marchant au combat , ils font réfolus de vaincre ou de province de Bali, leur première conquête, jusques-dans
mourir , Se fe battent avec opiniâtreté. Ils font mal l'intérieur de l'Abiflinie , dont nous avons dit qu'ils ont
armés. De loin ils fe fervent de fagayes ou de flèches ; conquis plufieurs royaumes , comme ceux de Gan , d'I-
de près ils emploient la maffue Se des perches, dont fat , de Gedem, d'Ângot, Sec. Ludolf ne s'accorde pas
le bout eft durci au feu. Leurs boucliers font de cuir avec foi-même ; car dans l'hiftoire même il prétend
■de bœuf ou de bufle. Autrefois ce n'étoit presque que que les Galles Orientaux font appelles Boren Galla
de l'infanterie , à préfent il y a beaucoup plus de cava- par les Abiflins, Se les Galles Occidentaux Bertuma
lerie ; mais leurs chevaux ne valent pas ceux des Abiflins. Galla. Dans fa carte , c'eft tout le contraire ; Boren
Cependant ces derniers, quoique mieux montés Se mieux Galla. font les Galles Occidentaux; Se Bercuma Galla,
■armés , n'en peuvent foutenir le choc. font ceux de l'Orient. Il y a certainement de l'er-
Un peuple à qui la guerre eft fi néceffaire , ne hait reur dans l'hiftoire ou dans la carte ; mais il n'eft pas
rien tant que les arts qui naiffent dans la paix. Ils ai- aile de déterminer dans laquelle. Ludolf s'en tient à
ment mieux enlever les richeffes de leurs voifins , que l'hiftoire, Se appelle Bertuma Galla les Galles Occi-
d'en acquérir à la fueur de leur corps. Ils mangent dentaux. Danvule , qui a copié la carte de Ludolf, met
avec plaifir le pain qu'ils trouvent aux Abiflins ; mais Boren Galla , pour ces Galles de l'oueft.
ils ne fe donnent point la peine d'en faire. L'agricul- Les GALLES OCCIDENTAUX s'étendent le long
ture n'eft point de leur goût ; ils fe contentent de leurs de la rivière de Maleg , Se fe font emparés des royau-
troupeaux. Soit en paix, foit en guerre, ils les chaffent mes de Bizamo, de Goyame^Sec. Ainfi ils ont féparé
devant eux dans d'excellens pâturages. Ils en mangent de l'Abiflinie , les royaumes d'Enarca Se de Cambate ;
la chair fouvent crue, fans pain : ils en boivent le tellement que les tributs , que le roi en tire, n'arrivent à
lait , Se fe nourriffent ainfi , foit au camp, foit chee fon tréfor, qu'après avoir couru de très-grands dangers,
eux. Ils ne fe chargent point de bagage ni de meu- ce qui entretient une guerre continuelle entre ces peu-
bles de cuifine , Se n'ont que des gamelles pour rece- pies. Il n'y a pas d'apparence que les Abiflins viennent
voir le lait. Une nation de ce caraftere fait trembler à bout de les foumettre , tant qu'ils feront mal disci-
des peuples civilifés , à qui les richeffes ont amolli le plinés , qu'ils n'auront pas d'habiles chefs , Se qu'ils n'eV
courage. Elle eft toujours prête à envahir leurs biens , tabliront pas de forts fur leurs frontières,
fans crainte de repréfailles , dont la pauvreté la met à Les Galles Méridionaux font proprement ceux qui on<
couvert. C'eft ainfi qu'on a vu autrefois les Cimbres , un roi ou Lubo. Us habitent au midi du royaume de
les Gofhs , les Vandales Se les Normands , répandre Cambate , Se font plufieurs peuples qui demeurent fous
la terreur chez les nations les plus policées de l'Europe , J' ;r' ■" J" '- -:-:— A • '7-;k;- " <■
Se les Tartares Orientaux fe rendre maîtres de la Chine.
Dès que les Galles fe l'entent les plus fbibles contre les
Abiflins, ils fe retirent avec leurs beftiaux dans le fond
des terres , Se mettent un défert entre eux Se leur
ennemi. Ce peuple , ennemi du repos Se de la paix ,
revient tous les ans à fes brigandages.
- Ils choififfent un chef qu'ils appellent Luva ( le père
Jeronimo Lobo écrit Lubo ) qui eft en charge pendant
huit ans , au bout desquels ils en élifent un autre ;
mais il ne commande que pour ce qui regarde la guerre.
Son premier exploit eft d'affemWer le peuple , de fon- en pari
dre iur l'Abiflinie, pour y acquérir de la gloire , Se y
faire du butin.
Les Galles ont un langage particulier , qui ne reffem-
Lle à aucun dialecte de celui de l'Abiflinie. Ils parlent
pourtant tous la même langue , ce qui fait voir qu'ils
font étrangers, Se d'un même pays. La circoncifion eft
pratiquée chez eux , foit qu'ils ayent cet ufage dès l'an-
des tentes , à l'orient de la rivière de Zébée. Voici leurs
noms , en allant du nord au fud.
Les Adias,
Les Gajasos,
Les Dudas , ,
Les Arbores ou Asbores*
Les Arvisas ,
Les Bresomas.
Le P. Jérôme Lobo. Relut, hijl. eCAbfJlnu, p. n J
parle ainfi : Ces Galles ruinent ordinairement les
lieux par où ils paffent ; ils ne font aucun quartier , Se
ne respectent ni le fexe ni l'âge ; ce qui les a rendus
redoutables , quoiqu'ils ne foient pas en fort grand nom-
bre. Ils élifent un roi de huit ans en huit ans , Se ils
appellent leur roi Lubo. Ils mènent leurs femmes ave©
eux, Se n'en font pas fort jaloux. Us fe foucient de même
très-peu de leurs enfans. Ils les expofent dans les bois ,
cien t'ems, comme beaucoup de'nations payennes , foit Se il eft défendu, fur peine de la vie, à aucun du camp
•qu'ils l'avent pris des Arabes Se des Abiflins. d'en prendre foin. Ils vivent ainfi , tant qu'ils font fol-
Ils n'ont point d'idoles , ni presque aucune teinture dats ; mais lorfqu'ils ne portent plus les armes , &
■de religion. Si on leur parle de Dieu ou d'un Etre fu- qu'ils font circoncis , ils reconnoiffent les enfans qui
preme, qui gouverne l'univers avec tant de fageffe , naiffent d'eux, Se en prennent foin. Ils mangent de la
ils répondent que c'eft le ciel qui environne Se embraffe vache crue , Se ne vivent d'autres chofes. Lorsqu'ils tuent
tout. Us ne lui rendent aucun culte. Ils ne laiffent pas une vache , ils en ramaffent le fang Se s'en frotent unç
d'avoir de l'humanité ; ils ont de l'esprit , Se appren- partie du corps. Ils mettent les entrailles autour de leur
lient ce qu'ils veulent avec autant de dispofition que les cou en guife de fraife ; Se après qu'ils les ont portées
Abiflins. Le père Tellez dit que plufieurs avoient em- quelque tems, ils les donnent à leurs femmes. Tous ces
Galles ne vivent que de leurs troupeaux Se font grands
voleurs.
L'auteur de la Description de l'empire du Prête- Jean ;
dit , p. 27 , d'après Antoine Almeïda , Jéfuite , Se un
manuscrit d'Alfonfe Mendez, patriarche d'Ethiopie,
que les Galles font venus des Juifs qui ont été dispersés
en divers tems , 'comme au tems de Salmanafar , de
l'Etat d'Abiflinie , qu'il refte à peine au roi la moitié Nabuc Se de Tite ; Se quils fe font établis proche du
des p.ays que fes ancêtres ont poffédés. Etant fortie du royaume de Balle. Ce font les plus puiffans ennemis
royaume de Bali , elle s'eft emparée des provinces de de l'empire des Abiflins a Sec. On voit parce que noue
braflé le Chriftianisme , Se y periévéroient conftam-
ment. L'Abiflin Grégoire, fur les Mémoires de qui Lu-
dolfa écrit foi> Hiftoire d'Ethiopie , racontoit que , fous
le régne de Bafile , quelques milliers d'entre les Galles
s'étoient convertis à la foi , Se avoient reçu le bap-
tême.
Telle eft cette nation terrible qui a fi bien affoibli
GAL
GAL
Hvons dit dans cet article, ce qu'il falloit dire du royaume
de Bali , à l'égard de ces Galles. Leur origine Judaïque
eft apparemment fondée fur l'ufage de la circoncifion
irae les Israélites pratiquoient , 6c que des payens pra-
tiquent encore , fans en faire une cérémonie religieufe.
• 2. GALLES , ( la Principauté de ) pays de la grande
Bretagne , au couchant du royaume d'Angleterre. Quoi-
que ce pays foit rempli de montagnes , il fournit cepen-
dant de quoi fubfifter à fes habitans ; 6c en quelques
endroits , il eft aufti fertile qu'aucune partie de l'Angle-
terre. C'eft le pays qu'on appelle en latin Cambrïa ou
Cambro-Britannia , & que les anciens Romains appel-
aient Britannia ftcunda ; car ils divifoient la Bretagne
en trois parties , Britannia prima, qui eft le fud de
l'Angleterre; Britannia fecunda, le pays de Galles; 6c
Maxima Cœfarienfis , les parties feptentrionales d'Angle-
terre. Le pays de Galles étoit habité alors par les peu-
ples Silures , Dimetx & Ordovices. La plupart des Bre-
tons s'y retirèrent , pour y être à couvert des Saxons
qui avoient envahi l'Angleterre ; & il a toujours été
habité depuis par les Gallois , leur poftérité. Quelques
auteurs croient que le nom de Galles vient à'Idwalla ,
fils' de Cadv/allader , dernier roi des Bretons. * Etat préf.
de la Gr. Brct.t. I , p. 132.
Elle eft à l'occident, regarde l'Irlande; fon orient
touche à Cheshire , Shropshire , Herefordshire en An-
gleterre , & fon occident à la mer d'Irlande. Son étendue
eft d'environ la cinquième partie de l'Angleterre , 6c
furpafle à peine l'étendue de fes quatre provinces mari-
times du côté de l'orient, favoir Norfolk, Suffolk , Eflex
& Kent i, étendue qui comprend 75 1 paroifles , cinquan-
te-huit bourgs à marché , & plus de 300000 âmes , qui
payent pour la taxe des terres 43752, livres fterling; ce
qui fait voir qu'ils égalent presque la moitié du peuple
d'Ecofle j & qu'ils payoient à-peu-près autant que toute
l'Ecoffe , quoiqu'ils fuiîent moiiw chargés de taxes , 6c
que l'excife y foit plus modérée qu'en Ecofle avant
l'union.
L'air y eft bon & fubtil : le bétail y eft petit ; mais
les vivres y font bons Si à bon marché. U y a quan-
tité de chèvres , qui fe plaifent naturellement dans les
montagnes. Le bois , le charbon & les tourbes y font
en abondance. Le havre de Milford-Haven , eft très-fûr
èc très-étendu ; mais il manque de bonnes rivières. Il
contient tant de petits golfes , de baies 6c de rades pour
les navires, que quelques-uns prétendent qu'il tire fon
nom de Milford - Haven., de ce que mille navires y
peuvent être en fureté , 6c hors de la vue l'un de l'au-
tre. Ce fùt-là que débarqua Henri VII , quand il vint de la
cour de Bretagne en France , pour détrônerj , comme
il fit , Richard III. Il y a aufli dans ce pays plufieurs rivières,
particulièrement la Dée, la "Wye, l'Usk, le Convay ,
la Cluyd 8c le Tivy, &C plufieurs autres moins remar-
Huables , outre la Saverne , qui prend fa fource en ce pays,
Divijion du pays de Galles.
'Septen-
trional ,
où font
Le pays de
Galles fe
«livife en
Méri-
dional ,
où font
( Anglesey ,
j Carnarvanshire ',
s Denbighshire,
'.Flintshire,
I Merionetshire ,
imontgomeryshire j
( Brecknockshire ,■
Cardiganshire,
JCarmarthenshire j
jElamorganshire ,
|Pembrokeshire>
tRADNORSHIRE.
_ Autrefois Montmouthshire , qui eft à préfent une pro-
vince d'Angleterre , faifoit partie du pays de Galles , 6c
les habitans en retiennent encofe le langage. Cette par-
tie de Shropshire , qui eft à Foccident de la Saverne ,
etoit aufli regardée comme appartenant au pavs de Galles ,
jusqu à ce qu'elle fût incorporée avec l'Angleterre : en
un mot , la partie îrçéridionale de ce pays conteno'it autre-
fois les provinces de Monmouth 6c d'Hereford, qui font
a préfent deux provinces d'Angleterre , 6c toute cette
partie de Shropshire qui eft au-delà de la Saverne, avec
2t
la ville de Shrevsbury. Des douze provinces du pays dt
Galles , il n'y a que celles de Montgomery , Radnot 6c
Brecknock , qui ne foient pas maritimes. Celles de Pem- .
brok , Carmarthen 6c Elamorgan au midi , Denbigh 6c
Mongomery dans la partie feptentrionale , font les plus
fertiles. Il y a quatre évêchés dans le pays de Galles , qui
dépendentde la province de Canterbury, favoir S. David,
Saint-Afaph , Bangor 6c Landaff.
Les Gallois font descendus des anciens Bretons qui fe
retirèrent dans ce pays, du tems de la conquête des
Saxons. Leur langage eft l'ancien Breton , 6c c'eft peut-
être la langue de l'Europe où il y a moins de mots étran-
gers. Elle eft guturale , ce qui en rend la prononciation
rude & difficile. Ils parlent pour être forts 6c robuftes.
Les Romains avoient tant de peine à retenir les Bre-
tons de ce pays dans l'obéiflance , que de trois légions
quils entretenaient fur pied dans la Bretagne , ils
étoient obligés d'en tenir deux fur les frontières du pays
de Galles , l'une à Caer-Leon , dans la province de Mon-
mouth, 6c l'autre à Chefter. Ils furent aufli incommodes
aux Saxons , qui conquirent l'Angleterre , jusqu'à ce
qu'Ethelftan , roi Saxon , les eût fournis dans le dixième
fiécle. Dans le douzième ils fe révoltèrent contre
Henri II , 6c dans le treizième fiécle contre Edouard I ,
qui enfin les réduifit entièrement. Sous le régne de Henri
IV , ils eflayerent encore de fécouer le joug , fous la
conduite d'Owen Glendover ; 6c ils en feroient venus
à boht , s'ils n'avoient pas eu affaire à un homme cou-
rageux. Enfin ils ne réitèrent tranquilles , que lorsqu'ils
virent le thrône occupé par Henri VII , qui étoit Bre-
ton , né dans le château de Pembroke. * Etat préf. dt
la Gr. Bret. t. I , p. 145.
On a toujours repréfenté jusqu'ici les Gallois comme
un peuple colérique , qui prend feu aifément , 6c s'appaife
de même. Us ont eu des favans parmi eux; Gildas ,
furnommé le Sage , GeorTroi de Monmouth , 6c Giral-
aus Cambrenfis , hiftoriens ; en ces derniers tems , Guil-
laume Morgan , qui a traduit la Bible en Gallois , le
chevalier Jean Prince, grand antiquaire, ôc Owen cé-
lèbre par fes Epigrammes.
On loue beaucoup les Gallois , d'avoir confervé la
lumière de l'évangile , qu'ils avoient reçue de Lucius ,
pendant que le refte de l'Angleterre s'étoit replongée
dans- l'idolâtrie.
On peut voir les détails aux articles particuliers de
chacune des douze provinces dont j'ai donné la lifte ci-
deffus. Je pafle aux révolutions générales du pays, telles
que les fournit l'auteur de l'Etat préiènt de la grande Bre-
tagne , t. 1 , p. 149. Il a pafle légèrement fur les tems
fabuleux, pour s'arrêter à ce que l'hiftoire fournit de
plus certain.
Cadwallader, dernier* roi de Bretagne, alla à Rome,
& y prit l'habit de religieux des mains du pape Serçius ,
dans le feptieme fiécle. Son fils Idwallo fut déclaré roi
de Galles, 6c eut pour fuccefleur Rodrigue, Conan 6i
Mervin. A ce dernier fuccéda Rodrigue fon fils , furnom-
mé le Grand. Ce Rodrigue eut trois fik , à qui il par-
tagea le royaume. Amaraud l'aîné , eut la plus grande
partie du pays feptentrional de Galles ; Cadel , le fécond ,
la plus grande partie du pays méridional ; 6c Mervin , le
plus jeune , le pays de Pov/is , contenant les provinces
de Montgomery 6c Radnor, avec partie de celles de
Denbigh , Flint , 6c tout le Shropshire , au-delà de la Sa-
verne , avec la ville de Shaewsbury. Mais il ordonna
que les deux cadets 6c leurs fucceflèurs tiendraient leurs
États en fief des rois de la partie feptentrionale de Galles ,
comme étant les aines , &c leur en rendraient hommage.
Ses fucceflèurs , imitant fon exemple, fubdiviferent leurs
petits Etats en plufieurs parties; de manière que de huit
princes tributaires , qui tirèrent à la rame le bateau du
roi Edgar , fur la rivière de Dée , il y en avoit cinq du
pays de Galles. Ainfi le pays feptentrional de Galles fut
poflecté par plufieurs générations de la première branche,
jusqu'à l'an 1282, que Llevellen II le perdit avec la
vie , 6c en fut dépouillé par Edouard I , roi d'Angle-
terre. Llevellen exerça quelques hoftilités qui lui attirè-
rent fur les bras toutes les forces d'Angleterre. Ce prince
fe trouvant trop foible pour combattre Edouard; 6c
Edouard de fon côté n'ayant point d'envie de combattre
contre des montagnes , il fut convenu enfin , par des
commiflaires nommés de part 6c d'autre , que Llevellen
GAL
jouiroit "d'une partie du pays , avec le titre de prince
dînant la vie, Si que l'autre partie leroit , dès ce items ,
mife entre les mains du roi d'Angleterre , qui devien-
drait porTeffeur du tout, après la mort de Llevellen. Par
ce traité, David frère de Llevellen, & trouvant exclus
de la iucceffion, porta fon frère & les Gallois à fe
revoter L'iflue de cette révolte fut fatale aux deux prin-
ces ; car David fut pris Si exécuté par les mains de la
Juftice- & Llevellen fut tué, comme il le cacnoit ,
après il défaite de lbn armée, dans les montagnes de
Kadnor. Sa tête ayant -été mile au bout d un pieu avec
une couronne de papier, fut portée en triomphe par un
cavalier dans les rues de Londres. Ainfi la prédiction de
la forciere fut malheureufement accomplie, Si la ligne
des princes Bretons finit en Llevellen ,| après avoir re-
fifté, pendant plufieurs fiécles, à la puiffance d Angleterre.
Les princes du .pays méridional, furent dépouilles de la
plus grande partie de leurs pays par des Anglois qui les
■ attaquèrent de leur propre chef. Bernard de Neymark,
feigneur Normand , eut pour fa part la province de
Brecknock. Robert Fitz-Haymon , joint a d-autres, le
faifitde celle de;Glamorgan. Une grande partie de celle de
Montgomery tomba entre les mains d Arnulphe de Mont-
gomery, & une partie des provinces de Cardigan StMont-
mouth tomba entre celles du comte de Warren Si du
lord Mortemer ; de forte qu'il ne refta d entier au prince
du pays méridional de Galles, que la province de Car-
mathen , qui étoit trop foible pour foutemr fes droits.
Il eft vrai que Gryffith, le dernier de ces princes , recou-
vra une partie de fes Etats; mais ni lui ni les liens n en
jouirent pas long-tems : il mourut bientôt après ; ci les
' deux fils , Cymmerick & Meredith , furent faits pnfon-
niers par Henri II. Les Gallois firent encore des tentati-
ves pour recouvrer leur liberté ; mais ils furent entière-
ment fubjugués par le roi Edouard. IW-Land, ou le
pays de PoVis , tomba, comme on 1 a-deja dit, en par-
tage àMervin, le plus jeune des trois frères, qui etoit
un prince vif & vaillant : il demeura long-tems tout en-
' fes descendais. Mereditbap Blethen fut. le dernier
GAL
hommes font élevés , auffi-bien que les Anglois , au rang
de pairs du royaume , Si ils envoient vingt - quatre
membres ou députés à la chambre des communes ; un
pour chaque province , Si un pour chaque ville capi-
tale , excepté Merioneth, qui n'en envoie.qu'un , pour
la province feulement. Celle de Pembroke envoie deux
membres pour deux de fes villes , Pembroke Si Haver-
ford-Veft. Henri VIII , pour la commodité de fes fujets
Gallois , établit une cour pour l'adminiftration de la jus-
tice , à Ludlow en Shropshire , fur le modèle des cours
de Weftminfter ; Si il y a eu , pendant long-tems ,. un
■gouverneur général du pays de Galles ,^ fous le titre de
Lord Préfident. Le dernier , qui a porté ce titre , étoit
Charles , comte de Maccleffied. Après fa mort , fous le
règne du roi Guillaume , fa majefté jugea à propos de
partager ce gouvernement entre deux pairs du royaume ,
avec le titre de lieutenant, l'un du pays feptentrional ,
&t l'autre du pays méridional de Galles : ce règlement
fuhfifte encore aujourd'hui.
GALLES , ( le Nouveau Pays de ) contrée de •
l'Amérique. Les Anglois ont voulu donner le nom de
pays de Galles , à cette contrée qui eft partagée par le
détroit de Hudibn. Ils ont appelle le pays fitué au nord
de ce détroit New Northwalles , Si ce qui en eft au
midi New Southwalles. Ce dernier s'appelle fur les
cartes la terre de Labrador, Si on nomme ifle de
Jacques , l'ifle qui borde le détroit de Hudfon vers le
nord.
GALLESE, château Si bourg d Italie, dans l'état
de l'églile , fur le Tibre , dans la province du Patri-
moine, aux confins de l'Ombrie,avec titre de duché,
dans la maifon d'Altemps , entre Citta Caftellana , au
midi , & Orti, au feptentrion, environ à cinq milles de cha-
cune, Si à vingt-cinq milles de Rome, vers le norcL
Voyez Fescennia. Quelques-uns écrivent Galefe* Bau-
drand, édit. 170^.
GALLESIUM , ville des Ephéfiens ; félon Etienne!
le géographe , qui nomme auffi de même une montagne;
Phavorin en fait auffi mention; mais il écrit rahwmi
tier à les descenaans. rviereuiu^ ,,*...«... .~ „ - -- *
hnl 1p noffédi tout entier. Ce prince imitant le mauvais par un *.
èmple de Rodrigue le Grand , le partagea à fes deux _ GALLESIUS MONS , r*»<f«.f , montagne dont pari*
fils. Madock mourut à Winchefter fous le règne d Hen-
ri II; Si Gryffith fut fait , par le roi , lord Powis : e
litre de prince fut aboli. Celui de lord demeura a la
famille , pendant quelques . générations. Mais enfin ayant
été éteint par la mort d'Edouard , dernier lord Powis
de la race de Mervin , du côté des femmes , le roi Char-
les I , le renouvella dans la perfonne du chevalier Guil-
laume Herbert de Red-Caftle, descendu d'un comte de
Pembroke. A la fin du treizième fiécle , le roi Edouard I ,
fubjugua entièrement le pays de Galles, leréduifiten
comtes , ou provinces, à la manière d'Angleterre , en eta-
bliffantfur chacune un gouverneur Anglois. Mais un jour
ayant témoigné qu'il avoit deffein d'établir un feul gou-
verneur fur tout le pays , & voyant que la chofene leur
■plaifoit pas , il fit venir la reine à Carnarvan , où elle
accoucha d'un prince. Enfuite il envoya quérir les fei-
gueurs Breton? , & offrit de leur donner un gouverneur
né dans le pays de Galles, qui ne parloit pas un mot
d'Anglois, & dont la vie étoit fans reproche. Ces fei-
•gneurs ayant déclaré qu'un tel gouverneur leur plairoit
beaucoup, le roi nomma Edouard, fon filsnouvelle-
-ment né , pour être leur gouverneur ; ci depuis cetems-
là , les fils aînés du roi d'Ang'eterre ont toujours porté
le titre de princes -de Galles , Si le pays celui de prin-
cipauté. Les Gallois fâchés d'avoir perdu leur liberté ,
11e purent fe tenir dans les bornes d'une entière obéif-
•fance. Sous le régne d'Henri IV , ils prirent tous les ar-
mes, comme je l'ai déjà dit, fous la conduite de leur
fameux chef Owen Glendover , Si il fut difficile de les
réduire. Mais ils fe fournirent fans difficulté à Henri VII ,
qu'ils regardoient comme du fang Breton , Si en qui ils
•voyoient s'accomplir la prophétie de Cadwallader der-
nier roi de Bretagne , Que le fang Breton régnerait en-
•core en Angleterre. Sous le règne fuivant , qui fut celui
d'Henri VIÎI , les Gallois furent , par acte du parle-
-ment , déclarés une même nation avec FAngloife , fujette
aux mêmes loix , capable des mêmes emplois , Si jouis-
sant des mêmes privilèges; de manière qu'il n'y a pré-
fentemérït aucune différence entre l' Anglois Si le Gal-
lois , que pour le nom Si le langage. Leurs gentils-
Gregoras , Cité par Ortélius. Ce dernier foupçonne qu'elle»
devoit être aux environs de Conftantinople.
GALLETI. Voyez Caletes.
GALLEVA. Voyez Calleva.
GALLEVESE , ou la Brie pouilleufe ~, petit paysl
de France, dans la Brie, près de la rivière de Marne,
entre la Haute-Brie , la Baffe-Brie , le Rémois Si le Sois-
fonnois, a pour ville principale Château -Thierri. Bau-
drand, édit. 1705 , dit qu'il feroit impoffible d'en bien
marquer les bornes , parce qu'il y a long-tems qu'on n'en
fait pas mention. Ce pays répond à-peu-près au peuple
Vadicajjii de Ptolomée , Si en tire fon nom. Cet auteur
ayant parlé de Meldœ , peuple dont la capitale , nommée
alors Jatinum , a pris le nom, avec le tems , ajoute
qu'après les Meldes , vers la Belgique , étoient les Va-
dicaffiens , dont la ville étoit Nœomagus , Niii)xayo;>
que fes interprètes prennent pour Nemours. Voyez No-
viomagus Vadicassium. Il eft aifé de voir le che-
min que ce nom a fait. De Vadicaffes s'eft formé Va-
dicafjîni; enfuite, en transpofant ces deux lettres v &
c , ou a dit CadivaJJini, Si enfin le d a été changé en
/, comme dans Vadenjis, Cicada, Sic. dont font venus
Valois , Cigale , Sic.
( La Gallevese , ou Gallevese , comprend au-
jourd'hui un pays qui eft en partie du diocèfe de Meaux,'
en partie de celui de Soiffons ; mais la plus grande par-
tie eft du diocèfe de Châlons. Hadrien de Valois , Notit.
G ail. en conclut que Noviomagus Vadica(Jium ne peut
être que la ville même de Châlons. Voyez Vadi-
CASSES.
\. GALLI, nom latin des Gaulois , peuples qui ha-
bitaient tous les pays connus fous le nom de Gallia ,
tant en Afie , qu'en-decà Si en-delà des Alpes. Voyez
Gallia &c Gaule.
2. GALLI , trois petites ifles ou rochers que les an-
ciens nommoient Syrenum Scopuà , Petra quas Syrenes
habitavere. Us font auprès du cap de la Minerve , appelle
autrefois Promontorium Syrenum , ou Syreharum , parce
qu'auprès de Sorrento , ou dans la ville même, il y avoit,
au teins de Strabon , un temple dédié aux Syrenes , 8s
GAI
GAL
à caufe des trois écueils dont je viens de parler, qui
font du côté du golfe de Salerne. Le cap portoit encore
le nom de Promontorium Minerva , à caufe d'un temple
dédié à cette, déeffe. C'eft ce qu'on appelle aujourd'hui
Capo di MaJJa , vis-à-vis l'ifle de Capri. * D. Mattheo
Egitio à M. l'abbé Langlet du Fresnoy.
GALLIA : quoique ce nom latin iîgnifie proprement
la Gaule, il ne laide pas d'avoir des lignifications bien diffé-
rentes dans les auteurs Latins qui l'ont employé pour dé-
figner des pays très-éloignés les uns des autres. Je ren-
voie au mot Gaule les diviiîons de la Gaule propre-
ment dite. Je remarquerai feulement ici , de quelle ma-
nière les Romains divifoient ces différens pays.
i. GALLIA, lorsqu'il eft queftion de l'Allé, fe doit
entendre de cette partie de l'Afie mineure , que l'on ap-
pella enfuite la Galalie , du nom que les Grecs don-
noient à toutes les Gaules. Elle eft auffi nommée Gallo-
Gmcia. Voyez Galatie.
2. La Gaule comprife entre les Alpes , les Pyrénées ,
l'Océan Se le Rhin étoit la Gaule_ propre , &C ce que
les Romains appelloient Gallia Transalpïna.
On la divifoit en Gaule Narbonnoife , Gallia Nar-
BONENSIS; Gaule Aquitanique, GALLIA AqUITANI-
ca; Gaule Lyonnoife, ou Celtique, LuGDUNENSISTzVe
Celtica ; & en Gaule Belgique , Gallia Bel-
GICA.
2, Les Romains fournirent d'abord la Gaule Narbon-
noife. Ses habitans portoient une forte de haut-de-chauffe
nommé Bracae ou Braccce , d'où eft venu le mot de
Braies , encore ufité en quelques provinces de France.
Cela donna lieu d'appeller ce pays Gallia. Braccata. Ils
réduifirent cette partie en province Romaine ; c'eft pour
cela qu'elle eft nommée Provincia Romana.
4. Les trois autres parties de la Gaule Transalpine font
proprement ce que Céfar appelle la Gaule , dans laquelle
îl ne comprend point la province Romaine , ou la Gaule
Narbonnoife. Comme les habitans de ces parties de la
Gaule laiffoient croître leurs cheveux, on appella leur
pays Gallia Comata , ou la Gaule Chevelue.
s . Les Gaulois , comme nous l'avons dit ailleurs ,'
parlèrent les Alpes , & fe rendirent maîtres d'une partie
de l'Italie , à laquelle ils donnèrent leur nom. Cette
Gaule ht nommée Cisalpine , Gallia ClSALPlNA,
c'eft-à-dire en-deçà des Alpes , par rapport aux Romains
qui lui donnèrent ce nom.
6. Le Pô partageoit cette nouvelle Gaule en deux par-
ties , ce qui donna lieu de la divifer en deux , favoir en
Gaule au-deçà du Pô , par rapport à Rome , Gallia
ClSPADANA , &C en Gaule au-delà du Pô , GalLia
Teanspadana.
7. Les habitans de cette 'Gaule Italienne portoient,
comme les Romains , une forte de robe longue que l'on
appelloit toge , & les habitans de la véritable Gaule
portoient des habits courts. Ce fut l'origine du nom de
Gallia Togata , que l'on donna aux provinces d'en-deçà
les Alpes , par oppofition au furnom de Braccata , donné
à la Gaule Narbonnoife.
8. On diftingua auffi ces deux Gaules par les noms de
Citérieure & Ultérieure.
Gallia Citerior fignifie" la Gaule Cisalpine , & Gallia
Ulterior eft la Gaule conquife enfuite , &C iîtuée au-delà
des Alpes.
On peut voir au mot GAULE les anciennes divifions de
la Gaulé qui eft entre les Alpes , le Rhin , l'Océan &.
les Pyrénées.
GALLIACUM, nom latin de Gaillac, petite ville de
France , dans l'Albigeois.
GALLIANI SALTES : c'eft ainfi que le P. Hardouin
lit dans Pline, /. 3 , c. 15 , & non pas GallianiSaltus ,
comme a lu Ortélius, fk quantité d'autres. Il s'agit d'un
peuple nommé Galliani Saltes , & appelle auffi Aqui-
nates , &C non pas d'un bois. Ce pays étoit dans la hui-
tième région de l'Italie. Léandre croit que c'eft préfente-
ment Galeata, & Hermolaiis ajoute que ce lieu eft voifin
de Forli. * Ortel. Thef.
GALLIATA , nom latin d'une abbaye d'Italie , aux
confins de l'Emilie, au bas de l'Apennin. Saint Ilar, né
en Toscane , fe retira, vers l'an 498 , âgé de dix-fept ans ,
dans une folitude du mont Apennin, prés de la rivière
de Bedcfe , fur les confins de l'Emilie , maintenant la
Romagne. Il s'y fit une grotte &c une églilé au-deffus.
^3
Un riche feigneur de Ravenne qu'il avait guéri d'une
poffeffion , & converti à la foi , s'étant retiré auprès
de lui , avec fes deux fils , lui donna quelques terres qu'il
avoitdans le voifinage de fa folitude, pour bâtir & doter
un monaftere. Voilà l'origine de la célèbre abbaye de
Galliata , qui étoit le nom du village le plus proche de
cet hermitage; il s'eft appelle depuis Saint-Ilar, du nom
de fon fondateur. Elle eft devenue fi riche & fi puiffante,
dans la fuite des tems, qu'on a vu jusqu'à trente-fix
groffes paroiffes dans fa dépendance , & que labbé étoit
feigneur de presque toute la vallée , & d'un très-grand
nombre de bourgs & de villages. De-là vint le relâche-
ment, puis l'extin&ion de l'esprit d'humilité, de péni-
tence & de pauvreté , que le fondateur Ilar y avoit fait
régner. Les abbés s'étant faits commendataires , fe regar-
dèrent comme des princes temporels , jusqu'à lever des
troupes, & faire la guerre fous leur bannière; mais enfin'
l'abbaye fut remife dans la régularité au quinzième fiécle ,
& donnée aux Camaldules. * Bailla , Topogr. des
Saints.
GALLICA, ancienne ville de Bithynie, dans l'Afie
mineure. Voyez Gallica.
GALLICA FLAVIA, ancienne ville de l'Espagne
Tarragonoife , au pays des Ilergetes , félon Ptolomèe ,
/. 2 , c. Ô.JVoyez Fraga & Gallicum.
GALLICA VIA , grand chemin public , en Italie."
Frontm , Stratag. I. 2 , c. 6 , en fait mention. Il
étoit dans la Campanie, & traverfoit les marais Pon-
tains.
GALLICE PALUDES. Vitruve , fi nous en croyons
Marius Niger, nomme ainfi le fond du golfe Adriatique,
où Venife eft fituée. Ortélius croit que ce font les Lagu-
nes de Venife.
GALLICANA STATIO , lieu particulier de la Bi-
thynie. Metaphrafte dit dans la vie de faint Artemius r
que Confiance , femme de l'empereur Gallus , mourut
en cet endroit. Voyez GALLICA &: CjENOS Gallica-
NOS. * Ortel. Thef.
GALLICANO , bourg de l'état de l'églife , en Italie :
dans h Campagne de Rome, à deux lieues de cette ville,
du côté de l'orient , entre Paleftrine , Zagarolo & Ti'
voli. Il a titre de principauté , & a appartenu à la mai-
fon des Colonnes , puis à celle de Rospigliofi. * Baud.
édit. 1705.
GALLICANTUS , nom d'un monaftere d'Espagne ,'
en Catalogne , près des murs de Gironne. Il eft de l'or-
dre de S. Benoît. * Marca Hisp. p. 485.
GALLICANUS, Massicus &c Gaurus , font trois
noms fynonymes d'une montagne d'Italie , dans la Cam-
panie heureufe. ' On l'appelle préfentement Gerro , au
royaume de Naples, dans la terre de Labour. Les noms
de Mafjîcus & de Gaurus fe trouvent employés par
Ciceron, Agrar. 2, c. 25 ; Tite-Live , /. 22 , c. 14;
Stace , & Vibras Sequefter. Plutarque , dans la vie d'An-
nibal , fait mention de Mons Gallicanus ; &: Ciceron ,
pro Qjiinclio , dit Gallicanus Saltus ; mais Tite * Live
place une montagne , nommée Callicula , dans ces
cantons , auprès de Bafdlnum. Voyez MASSICUS.
GALLICII. Voyez CallvEci.
GALLICINUM , ou Galliniçum; Voyez Calli-
NICON.
GALLICUM. Antonin met, entre Sarragoce & Hues-
ca , un lieu nommé Gallicum ou Galligum ; c'eft dans la
route d'Aftorga à Tarragone.
Ccefarea. Augujla ,
Gallicum, M. P. XV.
Boninam, M. P. XVIII.
Ofcam , M. P. XII.
Ce n'eft pas proprement un lieu , mais une rivière nom-
mée Flumen Gallicum ou Gullicus Flavius , aujourd'hui
le Gallego , qui paffe à Huesca & coule au midi pour
fe rendre dans l'Ehre , près de Sarragoce. Cette rivière
n'a rien de commun avec Gallica Flavia , fi cette der-
nière eft préfentement Fraga , comme on le croit. Ce
ne peut être non plus fin' les bords de cette rivière qu'étoit
le Gallorum Forum d'Antonin.
GALLICUS , ( le grec porte Galaticus Sinus , )
golfe de la Méditerranée , le long des côtes de la Gau-
le , où eft l'embouchure du Rhône. Les anciens
4
CAL
CAL
appelaient ainfi le golfe de Lyon; mais ils diftmguoient
le grand golfe & le petit. Ils appelloient grand golte ,
Gallicus Sinus major , ce golfe pris dans toute fon
étendue; & petit golfe GuUicus Sinus minor , la par-
tie de ce golfe qui eft voiline des~~Pyrénées. * Strab.
GALLIENI Sepuixhrum : le tombeau de l'empe-
reur Gallien étoit en Italie , dans la voie Appienne , à
neuf milles de Rome, felon l'Hiftoire mêlée, citée par
Ortélius.
i. GALLIM ou jEgallim ou Agalla ou Agal-
XA , ville de la Paleftine , au-delà du Jourdain , à l'o-
rient de la mer Morte , dans la terre de Moab. Eufebe ,
Onomufi. la met à huit milles d'Ar ou d'Aréopolis , vers
le midi & la nomme Agallim. * Ifaie. c. <j , v. 8 ; ÔC
Reg. 1. I , c. 25 , v. 44. Jofeph. Antiq. 1. 14 , c. 2.
2. GALLIM , village de la Paleftine , au voifinage
d'Accaron. .
i.GALLINARIA Insvla , nom latin d un rocher
leurs dômes couverts de plomb qui font un fort bel aspeft,
avec les minarets ou hautes tours , d'où ils appellent les
Turcs à la prière , Se avec leurs beaux cyprès qui font
plantés entre les maifons ; mais les maifons font baffes ,
Ô£ ne font que de bois & de terre. Les rues font étroites
& fouvent couvertes de bois pour les défendre du foleil.
La ville n'a point de murailles , comme toutes les villes
de Turquie , qui ne font pas frontières. Elle eft feulement
défendue par une vieille tour quarrée. Il y a d'excellens
melons d'eau , &£ en quantité. Le bazar ou le bézeftein eft
une maifon à plufieurs dômes couverts de plomb : il
paffe pour le plus bel édifice de la ville. * Tournefort ,
Voyages, t. I , p. 177.
Gallipoli fut la première ville où les Turcs fe canton-
nèrent en Europe. La fituation de cette place eft fi favo-
rable pour paffer en Thrace , que les princes , qui ont eu
des vues fur cette province, ont toujours commencé par fe
rendre maîtres de cette ville. (Elle eft ancienne , & les
Grecs l'ont connue fous le nom de Callipolis. Voyez
ou d'une petite ifle de la mer de Gènes, aux côtes de la Callipolis 5. L'Itinéraire d'Antonin le met à xxn
Lisurie nrès de la ville d'Albeneue , d'où lui eft venu p. d'Aphrodifiade , &£ compte de Galhpolis , où l'on pas-
le nom d'IsOLETA D'ALBENGA. C'eft le lieu de la
traite de S. Martin , durant l'exil de S. Hilaire. * Bailla ,
Topogr. des Saints , p. 598. Sulpic. Sever. Vita S. Mar-
tini.
2. GALLINARIA Silva , forêt d'Italie , en Cam-
panie , dans le golfe de Cumes. Strabon , l. j , p. 243 ,
dit qu'elle étoit fans eau 6c fablonneufe ; & Ciceron
dit dans une de fes Lettres , liv. 9 , Epifi. 23 : J'arrivai
hier à Cumes. . . Marcus Casparius étant venu au-devant
de moi , dans la forêt Gallinaria. C'eft par rapport à
cette forêt que Juvenal , Sutir. 3 , r. 307 , dit Gallina-
ria Pinus. Cette forêt dont Strabon parle comme d'une
retraite à voleurs , fubfifte encore , &c s'appelle la Peneta
de Patria. .
GALLINAS , ( l'Ifle des ) ifle fur la cote occidentale
d'Afrique, à l'oueft de l'ifie de Bulam. C'eft une des îfles
Bilïagos. Les Portugais lui ont donné ce nom , parce
qu'elle produit beaucoup de volaille ; elle eft d'ailleurs
très-fertile & très-peuplée de Nègres. Les Portugais s y
font établis. Cette ifle eft gouvernée par un chef revêtu
de l'autorité fouveraine , ainfi que les autres îfles Biffa-
gos ; tous ces petits monarques font indépendans
les uns des autres , & fe font fouvent la guerre.
1. GALLIPOLI, -ville d'Italie, au royaume de Na-
ples , dans la terre d'Otrante , fur la côte du _ golfe de
Tarente ; elle eft petite , mais forte , étant fituée fur un
rocher escarpé , & environnée de la mer de tous côtés :
elle ne tient à la terre ferme que , par un pont de pierre ,
au bout duquel il y a un bon fort. Elle a un évêché fuf-
fragant de l'archevêché d'Otrante , & un port qui a été
autrefois fort bon , mais que l'on a gâté , depuis plus de
deux fiécles. Elle eft près de Nardo , à vingt-cinq milles
d'Otrante , au couchant ; & à trente-fix de Tarente , au
levant d'hyver. On fait dans cette ville un grand com-
merce d'huile , & d'affez bonnes mouffelines. Long. 3 5 d.
45'. Laiit. 40 d. 12'. * Baudrand, édit. 1705.
2. GALLIPOLI , ville de la Turquie , en Europe ,
dans la Romanie , fur le détroit auquel elle donne fon
nom, à l'embouchure de la Propontide. Elle eft fituée
dans une presqu'ifle qui a deux ports , l'un au fud , l'au-
tre au nord. On y compte environ dix mille Turcs; trois
mille cinq cents Grecs , un peu moins de Juifs , felon
Tournefort , Voyages, t. 1 , p. 178. Selon "Wheler ,
Voyages, t. 1 , p. 134, il y a douze mille Turcs &
quatre à cinq mille Grecs, & beaucoup de Juifs. Gemelli
Carreri , Voyage , t. 1 , p. 240 , dit que le nombre de
fes habitans ne fe monte qu'à fix mille , tant Grecs ,
Juifs, que Turcs, qui s'occupent presque tous à faire des
flèches dont on fait afléz de cas. Thevenot , Voyage du
Levant, p. 33 , dit qu'on n'y voit quafi perfonne que
dans les marchés. Elle eft habitée, felon lui ,par quelques
Grecs, qui, pour la plupart, vendent durakiou eau-de-vie:
les portes de leurs maifons ne font hautes que d'environ
deux pieds & demi , afin que les Turcs n'y puiffent entrer
à cheval , comme ils font ailleurs , quand ils font yvres ,
&£ où ils renverfent tout. La ville eft accompagnée de
deux baies au nord & au fud, pour les galères &c pour
les vaiffeaux. Elle eft plus belle dehors que dedans, comme
la plupart des villes de Turquie , car les mosquées & les
Befeftains, ou places où l'on vend les marchandifes , ont
foit le détroit , jusqu'à Lampfaque en Afie , LXX ftades de
trajet. Cette ville étoit épiscopale : elle eft marquée dans
la Notice de Hiéroclès Se dans celle de Léon le Sage,
entre les évêchés de l'Europe, province de Thrace. Cons-
tantin Porphyrogenete la marque dans la même provin-
ce. Elle fut le partage des Vénitiens , après la prife de
Conftantinople par les Latins ; mais Vatace , empereui
des Grecs , qui faifoit fa réfidence à Nicée , étant en guerre
avec Robert comte de Courtenai, quatrième empereur
François , l'affiégea , la prit , & la mit à feu & à fang, en
1225. Il y a certainement erreur dans cette date. Robert
de Courtenai , avec qui fon dit que Vatace étoit en guerre,
lorsque cette ville fut prife , mourut en 1228. Il faut
mettre en 1225. Les Catalans, qui fe fignalerent en tant
de rencontres dans la Grèce , fe fortifièrent à Gallipoli ,
en 1 306, fous Roger de Flor , vice-amiral de Sicile. Après
la mort de ce général, affaffiné à Conftantinople , contre
la foi donnée, & le ferment que l'empereur Andronicavoit
fait fur l'image de la Vierge peinte par faint Luc , les Espa-
gnols affommerent la plupart de; bourgeois de la ville , Se
s'y retracherent fi bien, que Michel Paléologue, fils de
l'empereur , fut obligé d'en lever le fiége.' Remond Mon-
taner &. les femmes des Catalans , dont les maris étoient
à l'armée qui tenoit la campagne , s'y défendirent fi gé-
néreufement contre Antoine de Spinola, qui forma un fé-
cond fiége , par ordre de l'empereur , que les Génois fu-
rent contraints de fe retirer : enfin les Catalans perfuadés
qu'ils ne pourraient fe foutenir long-tems dans Gallipoli ,
en raferent les fortifications en 1307. Ainfi Soliman, fils
d'Orcan , n'eut pas de peine à la prendre. L'empereur Jean
Paléologue , pour fe confoler de fa prife , dit qu'il n'avoit
perdu qu'une cruche de vin & une étable à cochons , fai-
sant fans doute allufion aux magazins de vivres &£ aux
caves que Juftinien y avoit fait bâtir pour l'entretien d'une
forte garnifon , & pour les troupes qui dévoient garder le
pays. Dans la même vue, cet empereur , felon Procope,
jEdific. 1. 4 , c. 10 , fit revêtir Gallipoli de très-bonnes
murailles. Bajazet I, connoiffant l'importance de ce pofte,
pour paffer de Prufe à Andrinople , qui étoient en ce tems-
là les deux capitales de l'empire Othoman , fit réparer Gal-
lipoli en 1391 , la munit d'une groffe tour, & y fit faire
un bon port pour l'entretien de fes galères. Muftapha, qui
étoit un de fes fils , ne manqua pas de s'en faifir après la
mort de Mahomet I , afin de barrer l'entrée de l'Europe à
Amurath II , fon neveu, & légitime fucceffeur à l'empire ;
mais celui-ci reprit Gallipoli rk Andrinople où il fit pen-
dre Muftapha. Les Génois facilitèrent à Amurath le pas-
fage du canal. Ducas , c. 25 & 27, rapporte que ce fut
fur les vaiffeaux de Jean Adorne , podeftat de Phocée-la-
neuve ; mais ce podeftat, malgré fa jeuneffe, profita de
l'occafion en habile homme. Au milieu du paffage, il de-
manda au fultan l'exemption du tribut que les Génois
payent tous les ans pour l'alun de Phocée, &C il l'obtint :
Chalcondyle, /. 5 , ne parle pas de l'alun; mais ilaffure
que ce partage ne fe fit qu'à force d'argent ; & Leunclave,
Pandecl. Hijl. Turc. c. 89, ajoute qu'Amurath ne donna
pas moins d'un ducat ou deux pour chaque foldat. * De.
Themat. 1. 2. Themat. 1 ; Pachimer. 1. 13 , c. 24.
GALLIS , municipe d'Italie , felon Frontin, de l'exem-
plaire de Nanfius. Ortélius conjecture que c'eft la même
chofe
CAL
CAL
chofe que CALLES. Voyez au mot AD l'article Ad Ca-
lem.
GALLITjE , peuple d'entre les Alpes , Se l'un de
■ceux dont Augufte triompha , félon Pline , /. 3 ,
c. 20.
GALLITALUTiE , ancien peuple de l'Inde, au voi-
finage de l'Indus , félon le même , l. 6, c. 20.
1. GALLO. ( l'Isle de) Voyez Isle.
2. GALLO, (Monte) ou Santa Maria inGal-
10 , bourg d'Italie , dans l'état de l'Eglife , dans la Mar-
che d'Ancone , vers les fources du Tronto Se les mon-
tagnes de l'Apennin, à trois ou quatre lieues au couchant
d'Ascoli. * Baudrand, édit. 170V
3. L'Isle ou les Isles de GALLO. Voyez G al-
11 2.
GALLO-GRjECIA. Voyez Galatie.
' GALLO-LIGURES Se Lygyje , félon Strabon , /. 4,
p. 203 , ancien peuple de la Gaule Narbormoife» Ils
occupoient la Provence Se partie du Languedoc; car Sui-
das leur donne Agde , qui eftde cette dernière province.
Ariftote, in Admirandis , les nomme CELTOLIGYI.
GALLORA ou Gallera, lieu de la Toscane, fur
«ne rivière du même nom.
1. GALLOWAY,province méridionale d'Ecoffe,avec
titre de comté ; en latin Gallovidia ; elle eft une des
plus considérables provinces de ce royaume , fur la mer
d'Irlande , (a) qui fa baigne au midi Se au couchant ; les
provinces de Carrick Se de Kyle la bornent au nord ,
ôc celle de ■Nithsdale à l'orient ; ( b ) elle eft fertile en
bleds Se en pâturages , Se remarquable pour la bonté de fa
lame, Se pour (es chevaux , qui , quoique petits , font de fa-
tigue; l'avoine, qu'elle pi oduit, eft petite, mais ferme; fes
lacs font remplis de poiffons , Se abondent fur -tout en
anguilles. (a) Allard, Atlas. (b) État préf. de la G. Bre-
tagne, t. 2 , p. 230.
L'air , en général , y eft fain , Se le pays plein de colli-
nes ; il n'y a que trois montagnes aflez hautes , Cra-
NES-Moor , à l'embouchure de la Crée, Marrock
^ui n'en eft pas loin , Se Crefold à l'embouchure du
Nith : cette province a donné le titre de comté à une
branche de la famille des Stuarts.
Les meilleurs ports de la province de GalloWay font ,
KiTckubright , Locg-Rian ,
. • Garvellan, Port-Patrick.
Le premier eft parfaitement bien fitué fur la côte méri-
dionale , à l'embouchure de la Dés. Allard écrit ce nom
Mirkuberigt.
Les autres villes les plus remarquables font ,
Wigton , Witehom ou Withern ,
Se Stanraver.
2. GALLOWAY, ou
GALLWAY , contrée d'Irlande, dans la province de
Connaught , avec titre de comté : elle eft bornée à l'eft
par une partie du comté du Roi , Se de celui de Tippe-
rary dont le Shannon le fépare , Se par une partie de Ros-
commond ; à l'oueft, par l'océan ; aunordSe au nord-eft ,
par Mayo Se Roscommond ; Se au fud, par Thomond. Sa
longueur eft de quatre-vingt-deux milles , Se fa largeur
de quarante-huit ; ce pays eft abondant en grains Se en
pâturages : on le divife endix-feptBARONlES, favoir ,
2f
Ballinananen ,
Roffe,
Moycullin ,
Clare ,
Donnamore ,
Ballimore ,
Kiliehanne ,
Tiaquin ,
Kilconnel,
Clon-Mac-Owen ,
Lough-Breagh ,
Kiltartan ,
Les deux ifles d'Arran.
Il y 'a dans ces deux ides deux villes & trois bourgs
qui achèvent le compte. Les principales villes de ce
comté font :
TVam archevêché, Athenrée ,
Gallway capitale , Clonefàrt
6c Portumny.
La baye de Galway eft un grand golfe d'Irlande", au
fond duquel eft (ituée la ville qui lui donne le nom : ce.
golfe eft de l'océan occidental , au couchant de l'Irlande.
On trouve, à l'entrée de cette baie , les ifles d'Arran ; Se
on y- entre par deux panes principales ; celle qui eft au
midi des deux ifles eft nommée Souih-Sound , c'eft-à-
dire la paffe du fud; celle qui eft au nord, s'appelle la
paffe S. Grégoire , Sant Gregoris Sound. * Etat préfent
de l'Irlande, p. 28.
GALLWAY , ville d'Irlande , dans la province de
Connaught, au comté de Gallway , dont elle eft capitale:
on la nomme auffi Gallive. Elle a un fiége épiscopal ,
un marché public , Se envoie fes députés au parlement ;
elle eft fituée à dix-fept milles au fud de Twam , Se à cent
deux milles à l'oueft de Dublin. C'eft une ville très-forte,
propre Se riche , qui paffe pour la troifiéme , ou même
pour la féconde d'Irlande : elle eft presque ronde Se res-
semble à une tour bâtie de pierres de taille ; elle eft
près de l'endroit où le lac Corbes ( Corrib ) fe jette
dans la mer, Se tout auprès d'un vafte & bon port qu'on
nomme la baie de Gallway , Se qui peut contenir une
nombreufe flotte de gros vaiffeaux ; elle eft fi bien fituée
pour le trafic , qu'on la regarde comme la meilleure
ville marchandé qu'il y ait dans tout le royaume : on dit
qu'un étranger demanda un jour à un Irlandois en quel
endroit, de Gallway . étoit l'Irlande. Guillaume III créa
Maffué , plus connu fous le nom du marquis de Puivigni ,
d'abord vicomte , Se enfuite comte de Gallway : à neuf
milles , à l'eft de cette ville , eft Athenrée. * Etatpréf. de.
l'Irlande , p. 29.
GALLUCILM, lieu d'Italie. Platine , dans la Vie des
papes , dit qu'après la mort de Guillaume , duc de la
Pouille , Se Fextin&iôn de toute la poftérité de Guillaume
de Guiscard , Innocent II déclara la guerre à Roger, fils
de Roger roi de Sicile , qui vouloit envahir cette fucces-
fion : ce prince étoit venu camper auprès de San^er-
mano ( au mont Caffin; ) il l'en fit partir, prit cette ville,
Se afliégea Roger in Gallucio , ou Galucio : mais Guil-
laume , duc de Calabre, arrivant avec des troupes, livra
une bataille, délivra fan père , Se prit le pape avec tous
les cardinaux , qui étoient à l'armée : ce lieu de Gallu-
cium devoit être peu éloigné de S. Germain Se du mont
Caffin.
GALLURA ; on appelloit ainfi autrefois un canton
de laSardaigne, qui avoit fes princes particuliers, fous
le titre de Juges ; c'eft préfëntement la partie orientale
de la province de Lugodori : il y a encore deux petites
contrées qui ont confervé le nom de Gallura , favoir ,
Gallura de Geminis,
6c Gallura de Posada.
GALLUS , ancienne rivière de l'Afie mineure : elle
tombe dans le fleuve Sangar ; mais les anciens ne s'ac-
cordent pas fur le nom de la province où elle coule.
Claudien, in Eutrop. 1. 2 , v. 261 , dit:
Dîndyma fundunt
Sangarium , vitrei puro qui gurgite Galli
AuHus , Amaitomi defsrtur ad ofiia Pond.
Pline dit qu'il étoit de la Galatie : outre les rivières
que j'ai nommées , on trouve encore dans cette province
le Sangar Se le Gallus , dont les prêtres de Cybele ont
pris leur nom de Galles. Herodien , 1. I , c. 1 1 , dit : au-
trefois les Phrygiens célébraient à Peffinus les orgyes, fur
le bord du Gallus , qui coule auprès de la ville, Se du-
quel tirent leur. nom les prêtres de la déeffe, qui font châ-
trés. Etienne le géographe dit que le Gallus eft une rivière
de la Phrygie ; il ajoute qu'on le nommoit autrefois Térias,
T,i'/iia}. Ovide, I.4, V..363 , dit dans fes Faftes:
Inttr , ait , viridem Cybeltn aliasque Celœnas
Amnis it infana , nomine Gallus , aqua.
or il eft certain que la ville de Celœnce , étoit dans la
Phrygie : il explique auffi-tôt l'épithéte d'injéuji'e , qu'il
donne à l'eau du Gallus , par ces mots :
Oui bibit , inde furit.
Tome III. D.
26
GAM
GAM
Quiconque en boit entre en foreur : c'étoit en buvant de
ces eaux , que les prêtres de Cybele devenoient furieux ,
& fe privoient des parties confacrées à la ^génération.
Strabon ,1. 1 1 , parlant du Sangar , dit : c'eft dans ce
fleuve que fe perd le Gai lus , qui a fa fource auprès de
Modra , dans la Phrygie de PHellespont , la même que
la Phrygie Epicfete , ou ajoutée ; cela ne nous en apprend
guères mieux la pofition , car Modra elle - même n'eft
guères connue.
Le Gallus , félon Pinet , cité par Baudrand , s'appelle
aujourd'hui Garippo ; ck eft bien différent du Sangar
avec lequel Otter , Voyage du Levant, le confond mal-
à-propos.
GALMODROESI , ancien peuple de l'Inde , au-delà
du Gange, félon Pline, 1. 6, c. 19.
GALMOY , baronie" d'Irlande , dans la province de
Leinfter. C'eft une des onze qui compofent le comté de
Kilkënny. * Etat prêf. de l'Irlande , p. 41.
GALONATIS Fundus, ou Gaionatis, château
d'Afrique , quelque part vers la Mauritanie Tingitane ;
Ammien Marcellin en fait mention , 1.519.
GALOPE, ( LA ) ou la Gulpen ; elle a fa fource
au duché de Limbourg , au village de Gulpen , dans le
ban de Monzèn , d'où ferpentant vers le nord , elle tra-
verfe le grand chemin de Maftricht à Aix-la-Chapelle ,
& fe jette enfuite dans la Gueul , rivière qui tombe dans
la Meufe, au-deffous de Maftricht : le vrai nom eft Gul-
pen. * Sanfon , Carte de Limbourg.
GALOPES , peuple de l'Arabie heureufe, félon Pline,
1. 6, c. 28 :1e P. Hardouin lit GAULOPES.
GALOPEGOS. Voyez Gallapagos.
GALORUM, ancienne ville de l'Afie mineure, dans
la Galatie, près de l'embouchure du fleuve Zaliscus,
félon Ptolomée , 1. 5 , c. 4. Ses interprètes l'expliquent
par Garipo ; le nom grec eft raXwpu;.
GALOTZA. Ortélius met un fiége épiscopal de ce
nom , fous le patriarche de Conftantinople , St cite Bal-
famon.
GALTELLI, village de Sardaigne, fur la côte orien-
tale de Pille , environ à vingt lieues d'Alghieri & de Bofa;
Galtelli étoit autrefois une ville épiscopale dont l'évêché
a été uni à l'archevêché de Cagliari : cette place eft au
midi du lac d'Oliéna , ck au nord oriental d'Aquilaftro :
ce fiége eft nommé Galtellinensis , dans la Notice
de l'abbé Milon. * Baudrand , édit. 1705.
GALTH1S. Jornandes , de_ Reb. Getic. c. 17 , nomme
ainfi une ville où il dit qu'il fe livra un rude combat, au
bord de la rivière d'Aucha : Lazius croit que c'eft la Ga-
LATIS de Strabon. Ortélius la met dans la Mcefie.
GALUMBATS, ou Columbatz , ville de la Tur-
quie , en Europe , dans la Servie, furie Danube , entre
Belgrade & Sémendria. * Baudrand , édit. 1705.
GALIBE, ville de l'Afrique propre , félon Ptolo-
mée, 1. 4 , c. 3 ; elle étoit entre les deux Syrtes , félon
cet auteur.
GAM. C'eft la même que Jama ville d'Ingrie : elle
étoit autrefois à la Suéde : mais Pierre le Grand a fournis
tout ce pays à l'empire Ruflîen.
GAMABRIUNI. Voyez Gambrivii.
GAMACHES, bourg de France, fur la Brefle, aux
confins de la Normandie &£ de la Picardie , entre les-
quelles il eft partagé : il a titre de marqui'fat : la partie
qui eft de la Picardie , eft du diocèfe d'Amiens , à trois
lieues de la ville d'Eu , avec un chapitre de fix chanoi-
nes , &t un prieuré de huit cens livres de rente. Le châ-
teau de Gamaches, eft beau & bien fitué : il a été bâti
par des princes du fang de la maifon de Dreux. R-obert
de Dreux avoit eu Gamaches par fon mariage avec Eléo-
nore de S. Valeri , en 1207. Jeanne de Dreux l'apporta
dans la maifon d'Amboife de Thouars : le dernier de
cette maifon le transporta à Joachim Rouaut , dont les
descendans en jouiffent encore :.elle a été érigée eh mar-
quifat, en 1622 ; il s'y tient',un grand marché franc le pre-
mier mardi de chaque mois : cette partie a 905 habi-
tans.
Celle qui eft en Normandie, a 268 habitans, ckeft du
diocèfe de Rouen. Le favant François Valable étoit de
Gamaches : outre le marché franc de chaque mois , on
en tient un autre tous les mercredis. Longitude 19 cl. if.
Latitude 49 d. fë.
1. GAxMALÂ , ville de la Paleftine, dans la Galilée :
elle étoit furnommée la. Ville des Cavaliers.Voyez GaBA.
* D. Calmet, Dift.
2. GAMALA , autre ville de la Paleftine , au-delà du
Jourdain , dans la Gaulanite ; elle étoit nommée Gama-
la, parce qu'elle imite la forme d'un chapeau: elle étoit
dans le royaume d'Agrippa ; mais n'ayant pas voulu fe
foumettre à ce prince , elle fut affiégée, premièrement par
Agrippa , enfuite par l'armée Romaine , qui , après un
long fiége , la prit ck la faccagea. * Jofeph. de Belloi 1. 4,
c. 1.* D. Calrnet. DicL
GAMALIBA, ville de l'Inde , en-decà du Gange , fé-
lon Ptolomée.
GAMANODURUM, ancienne ville du Norique , fé-
lon Ptolomée, 1. 7 , c. I. Lazius, 1. 2, c. \^,inR. P.
R. dit que c'eft Gamartingen : mais je trouve dans
Ptolomée , Gavanodurum.
GAMAPIUS Vlcus : l'auteur delà vie de] S. Eloi
appelle àinfi GENAPE. * Ortel. Thef.
GAMARGA, petite contrée de la Médie, félon Diq-
dore de Sicile, 1. 19.
GAMARINGA , lieu dont il eft fait mention dans un
diplôme de Charlemagne : on croit que c'eft Gemar en
Alface , au midi de Scheleftadt.
GAMARTINGEN. Voyez Gamanodurum.
GAMBALO. Voyez Gamboulo.
GAMBEA , Gambée ou Gambie : il y a en Afri-
que un royaume ck une rivière de ce nom. De la Croix ,
Hijl. d'Afriq. t. 2 , parle ainfi de ce royaume.
GAMBEA , royaume d'Afrique , dans la Nigritie. Il
eft fitué près de la rivière du même nom , ck de petite
étendue. On y entre au fortir du royaume de Zenéga , en
tirant vers le midi. Quoique la rivière de Gambéa (bit
guéable proche du village de Tinda , les Nègres n'ofent
lapaffer.àgué, à caufe des crocodiles. La côte, où elle a
fon embouchure eft fi baffe, qu'on a peine à la diftin-
guer de la mer , quand le teins n'eft pas ferein. La côte
eft plus élevée au midi , ck pleine de grands arbres. Elle
s'étend du nord-eft au fud-oueft , produit , par fon débor-
dement, la même fertilité que le Nil. Elle afurfes bords
plufieurs villages très-peuplés. Celui de Bara eft à fon em-
bouchure. Il êft ainfi appelle, à caufe que tous les vais-
feaux qui viennent mouiller dans cette côte , font obligés
de donner une barre de fer au roi de Borfalo. A un quart
d'heure de chemin , au-deffus de la pointe méridionale
de cette côte, eft le village deNABARE. Celui deiJiN-
TAM , qu'habitent quelques Portugais , eft à quatre lieu»
de la côte, vers le midi, proche d'un petit torrent, qui
fe décharge dans le Gambéa. En remontant la rivière , du
même côté , à trente lieues de la mer , on trouve le vil-
lage de TANKERVAL, 8t, un peu plus loin,celui de Ton-
DEBA , où il y a quelques cabanes. En avançant dix- huit
lieues , on trouve un tourbillon d'eau marqué par deux
têtes de cheval marin , afin qu'on l'évite. Le village de
Jagre en eft tout proche. Deux lieues au-deffus de ce
tourbillon, eft celui de Jambai. De l'autre côté de la
rivière , à une petite lieue d'un autre tourbillon d'eau , pro-
che d'une croix de bois, eft le village de Mansibaer ,
où fe tiennent quelques pauvres Portugais , avec une fa-
mille de mulâtres. Quand on eft à Barraconda , la
marée ne remonte plus; OC ceux qui veulent aller plus
avant, font obligés de voguer à force de rames, contre le
courant de l'eau. Il faut plus de dix jours pour arriver à
Tinda , parce que la chaleur eft fi grande, qu'on ne peut
ramer vers le milieu du jour. La bourgade Joliet , eft
au-deffus de Tinda : à fix journées eft celle deMuNKB AER:
près de Joliet eft une place nommée Serrambras ; les
Nègres affurent que l'on trouve une bourgade qu'on ap-
pelle Jaye. En s'avançant dans le pays , on vient à la
ville de SEL TCO, place très-marchande. Sur le rivage
feptentrional du Gambéa, environ à cent vingt-deux lieues
de fon embouchure , eft le village appelle petit Caftan , &c
à quatre de la rivière, le grand Caftan, où le roi de
Caffan fait fon féjour. Outre ces villages dont le Gambéa
eft bordé , il forme encore plufieurs ides, dont une eft à
dix-huit lieues de Lomdeba , & à une petite lieue du tour-
billon d'eau , qui eft près de Jagre , à main gauche de ce
fleuve. Elle a trois quarts de lieue d'étendue ; ck le bras
de la rivière , qui la fépare de la terre ferme , n'a que
cinq cens pas de largeur. Après trois heures de chemin ,
on en trouve quatre autres petites du même côté ? ck une
autre encore , trois lieues au-deffus de Manfibaér. Le lit
GAM
CAM
de la rivière eft fi étroit vers le midi, ck elle coule fi ra*
pidement, qu'on ne fàuroit la palier que dans le beau
tems, ou lorsqu'on eft porté par la marée. Proche du vil-
lage de Nabare , ce fleuve fe fépare en deux bras presque
égaux, & forme une ifle; entre ion embouchure 6k Cran-
toron trouve celle des Elephans,oÙ ces animaux font
fort communs. Le tabac vient fort bien près de la rivière"
de Gambéa , 6k les Portugais de Juala 6k de Catcheo
en emportent des chaloupes chargées. Le bétail 6k le
gibier y font à fi grand marché , qu'on peut acheter une
bête de trois ou quatre cens livres , pour une barre de
fer , au lieu que près du cap Verd , elle en coûte quatre
ou cinq. On n'y feme que deux fortes de grains : du mil-
let & du riz , 6k l'on y recueille beaucoup de coton.
On voit , fur la côte , des arbres d'une grofieur extraordi-
naire ; mais ils ne font pas fi hauts à proportion. Il y en
a qui ont jusques à dix-fept pas de tour , & qui n'en ont
que vingt de hauteur. Entre Tankerval 6k Tondeba, les
deux côtés de la rivière font bordés de grands arbres ,
qui croiflent dans un fonds marécageux. Il n'y a d'auTres
artifans le long de ce fleuve , que des tifferans 6k des
forgerons.
Le P. Labat a très-bien défigné le cours de cette ri-
vière, d'après les Mémoires de Brue , directeur général de
la Conceffion Françoife duSenéga. Voici ce qu'il en dit:
Le Niger 6k le Senéga ne font qu'une même rivière,
connue fous deux noms ; 6k la rivière de Gambie eft une
branche de celle du Niger ou Senéga. On doit s'en rap-
porter au témoignage des Nègres 6k des marchands Man-
dingues , qui remontent cette rivière tous les jours, préfé-
rablement à celui de plufieurs auteurs qui n'en parlent que
d'une manière fort incertaine, 6k fans l'avoir vue. Or le
témoignage de tous ces marchands eft uniforme : ils con-
viennent tous, qu'elle fort du Niger, au-deflus d'une chute
confidérable , où le fleuve fe partage en deux branches ;
& celle qui eft du côté du fud , eft conftamment la rivière
de Gambie. Il eft vrai qu'ils ne donnent pas une idée
afiez jufte des détours de cette rivière, ni des pofitions
des lieux qui en font voifins , pour pouvoir drefler une
carte géographique de ces endroits : mais ils ne favent
pas prendre les hauteurs , 6k connoiflent encore moins
les longitudes. Ils ne marquent les diftances, que par leurs
journées de marche , ce qui eft trop équivoque 6k trop
incertain pour pouvoir rien fixer, parce que leurs mar-
ches ne font pas toujours égales. D'ailleurs ils fe détour-
nent fouvent de leur chemin ordinaire , 6k font obligés
de prendre des détours, foit pour éviter la rencontre de
Certains peuples errans , qui ne. vivent que de rapines ,
foit pour s'exempter de payer clés droits confidérables ,
que les princes , fur les terres desquels ils font obligés de
pafier , ne manquent pas d'exiger d'eux. Ces détours ,
ces démarches inégales , 6k autres accidens , inféparables
de leurs voyages , répandent une obscurité fur leurs ré-
cits, au travers de laquelle iln'eftpas aifé de découvrir,
au vrai , la jufte diftance des lieux , quoiqu'elle ne nous
laine pas ignorer le cours , l'origine , la jonction & le
partage des rivières.
•_ Ce qui pourroit faire douter que le Niger fût le prin-
cipe & la fource de tant de rivières confidérables , qui
en fortent , c'eft la prodigieufe quantité d'eau qu'il lui
faut fuppoier, même à quatre ou cinq cens lieues avant
qu'il fe perde dans la mer * mais il faut obferver que l'A-
frique n'eft pas toute fi féche, fi aride , 6k fi dépourvue
d'eau qu'on fe l'imagine ; il eft très-poffible qu'il y ait
des fontaines , des rivières , des marais , des torrens ,
dans tout l'espace immenfe de terrein qui eft entre le lac ,
où l'on prétend qu'eft la fource du Niger, 6k la mer ; ce
qui fait , félon l'opinion commune , une diftance de
mille à douze cens lieues. Cela eft d'autant plus proba-
ble, que ces pays font extrêmement peuplés, comme il
paroît par le grand nombre d'esclaves qu'on en enlevé
tous les jours , fans compter ceux qui font tués dans les
guerres continuelles , que ces peuples fe font les uns aux
autres , 6k ceux qui meurent de mort naturelle. Comme
ces peuples ne peuvent pas vivre fans eau, il faut con-
clure que toutes ces eaux , après avoir arrofé leurs pays ,
s écoulent ck font ramaffées dans le Niger, ck qu'elles pro-
du'ifent la quantité d'eau que ce fleuve ck fes branches por-
tent continuellement à la mer. * Relat. de l'Afrique occi-
dentale, t. 4, p. 259.
Les Nègres Mandingues , qui font , de tous les peuples
2?
Noirs , ceux qui voyagent , 6k qui font les plus habiles
commerçons, diiènt que le Niger étant arrivé à u"n lieu,
nommé Baracotta, fe partage en deux branches; que celle
qui court vers le fud , eft appellée Gambéa, ou Gambie-
laquelle, après un allez long cours, fe perd , ou du moins
femble fe perdre dans un lac marécageux , rempli d'herbes
6k de rofeaux fi forts, & fi preffés, qu'il eft impénétra-
ble ; qu'elle en fort à la fin , & reprend la forme de ri-
vière , telle qu'on la voit au village de Baraconda , où
les Anglois 6k les Portugais , établis fur cette rivière ,
viennent faire leur traite avec les marchands Mandingues»
Les canots peuvent aller de Baraconda jusqu'au lac des
rofeaux , mais les barques ne le peuvent faire , même
dans la faifon des grandes eaux, à caufe d'un banc de
roches , qui borne toute la rivière entre ces deux en-
droits , & qui ne laiffe que de petits chéneaux étroits ,
qui fuffifent à peine pour le partage d'un canot , quoi-
que d'ailleurs affez profonds pour des barques.
La rivière de Gambie entre dans la mer , entre le cap
Verd 6k le cap Rouge , ou le cap Sainte-Marie au fud ,
ck l'Iflet-aux-Oifeaux au nord, ck, quand on eft plus
avancé, entre la pointe de Barre au nord, ck la pointe
de Bagnon au fud. Le milieu de fon embouchure eft
par les 13 d. 20' de latitude feptentrionale. L'Wet-aux-
Oifeauxeft éloigné de trente lieues de l'ifle de Goerée,
ce qui ne s'accorde pas avec l'abbé Baudrand , qui ne l'é»
loigne du cap Verd , que de vingt-cinq lieues. On donne
environ cinq lieues de largeur à cette rivière , entre l'Iflet-
aux-Oifeaux , 6k le cap Sainte-Marie. Cet Met eft envi-
ronné d'un banc de fable , qui s'étend presque jusqu'à la
rivière de Salum , ck dont la pointe méridionale avance
plus de deux lieues en mer. On l'appelle le banc Rouge.
Il y a , du côté du fud , un autre banc , vis - à - vis la
pointe de Bagnon , qui s'étend jusques dans l'Iflet-aux-
Oifeaux. Sa figure lui a fait donner le nom de Talon-de-
Bagnon. Il ny a, fur ce banc, qu'une brafle ou une
brafle ck demie d'eau , avec des pointes de rochers , où
r>mn\ fe briie affez fort P°ur les faire remarquer de loin.
C eft a ces marques , ck à trois arbres qui font fur la
pointe du cap Pelé, qu'on connoît l'embouchure de la riviè-
re, quand on vient du large. La diftance, qu'il y a entre ces
deux bancs ck entre le Talon ck la pointe de Bagnon ,
forme deux pattes ; celie du fud , qu'on appelle la petite ,
ne peut fervir que pour des barques , des canots , ck au-
tres bâtimens , parce qu'elle n'a qu'une brafle ck demie
de profondeur. La grande , qui eft celle du nord , entre
le Talon-de-Bagnon ck l'Iflet-aux-Oifeaux , eft propre
pour toute' forte de bâtimens. Elle a, dans fon milieu ,
depuis la pointe méridionale du Banc-rouge , jusqu'à la
pointe de Barre, fix, fept, huit, ck jusqu'à neuf bradés
d'eau. Le détroit , entre les pointes de Barre ck de Ba-
gnon , en a dix ou douze ; & de-là jusqu'au fort Jacques ,
ou Guillaume, qui appartient aux Anglois, on trouve
par-tout depuis fix jusqu'à neuf brades d'eau.
Les deux côtes de cette embouchure font bordées de
bancs , les uns de vafe , ck les autres de rochers qui
avancent aflez confidérablement dans la rivière , fur les-
quels les canots des Nègres , & même les chaloupes , ne
laifient pas de naviger pendant les marées ordinaires.
On compte dix lieues de l'embouchure de la rivière,"1
c'eft-à-dire de l'Iflet-aux-Oifeaux, jusqu'à l'Ifle-aux-Chiens ;
deux de cette ifle à la pointe de Lamay : deux de - là à
Albreda; ck d'Albreda à Gilfray, qui eft devant le fort
des Anglois , feulement une demi - lieue.
En entrant dans la rivière , on remarque , à gauche ,"
une pointe fur laquelle il y a une grofle toute d'arbres ,
au milieu desquels il y en a un beaucoup plus grand 6k
plus haut que les autres , que l'on appelle le Pavillon du
Roi de Barre. Les Anglois , fi fiers avec des nations qui
valent infiniment mieux que des Nègres , fe font abfiffes
jusqu'à fâluer avec le canon , toutes les fois qu'ils panent ,
ce prétendu pavillon ; 6k ils y ont fi bien accoutumé ce
roi Nègre , qu'il exige cette foumifîïon de toutes les na-
tions qui entrent dans la rivière, faute de quoi, il leur in-
terdit la traite, & leur fait tout le mal qu'il peut. Les
Etats de ce prince n'ont que dix-huit lieues de longueur,
de l'occident à l'orient, fur le bord fèptentrional do là
rivière de Gambie. Il eft renfermé entre cette rivière , 6k
celle de Guinac, qui eft une des branches ou des embou-
chures de celle de Salum.
Tome III. D ij
28
GAM
GAM
Avis i
Navigateurs.
Quoique la rivière de Gambie foit profonde, comme
il eft aifé de le voir par les fondes qui font marquées
fur la carte que Damville en a dreflée , tant en général ,
que de fon embouchure en particulier, on doit toujours
avoir la fonde à la main , dès qu'on y eft entré , ck obier-
ver de fe tenir toujours plus près des bancs du nord,
que de ceux du fud, à caufe d'une pointe, qui eft aux
environs de la pointe de Barre , fur laquelle il n'y a que
trois braffes d'eau. Une infinité de vaifleaux y ont échoué
pour avoir négligé cette précaution. Il eft vrai que^ce n'eft
qu'une vafe molle , fans rochers , 6k qu'à moins d'être en-
gagé fort avant fur cette pointe , 6k fort près de terre , il
n'y a rien à craindre; mais il faut beaucoup travailler pour
fe touer , 6k attendre la marée , pour fe tirer de ce mau-
vais pas. On doit avoir encore foin, dès qu'on approche de
l'Ifle-aux-Chiens , de tenir le milieu de la rivière , pou»
éviter une pointe de cailloux , qui s'étend environ un"
quart de lieue dedans , 6k (ur laquelle il ferait dangereux
d'échouer , à caufe de la violence de la marée , qui pour-
rait, à la fin, faire crever le bâtiment , à force de le faire
tanguer.
Ce danger parlé , 6k l'Ifle-aux-Chiens étant doublée ,
on peut ranger la côte du nord , dont le fond n'eft que
■ de vafe , 6k mouiller vis-à-vis d'Albreda , ou Gilfray ,
par les fix ou fept braffes d'eau , fur un fond de bonne
tenue , où il n'y a aucun danger à craindre.
On reconnoît ces deux villages , à de grands arbres
qui font dedans , 6k à une petite ifle , qui eft environ au
milieu de la rivière fur laquelle les Anglois . ont bâti un
fort , avec des retranchemens 6k des batteries qui en
occupent tout le terrein , dont la fituation eft avantageu-
se : mais il n'y a ni eau, ni bois , ni citerne fur ce petit
morceau de terre ; de manière que les Anglois font tou-
jours à la discrétion des Nègres , chez lesquels il faut
qu'ils aillent acheter le bois 6k l'eau dont ils ont be-
La rivière de Gambie eft d'une largeur confidérable
devant Albreda 6k Gilfray, & jusqu'à cinquante lieues
plus haut. On lui donne à Guiachor plus d'une lieue de
large , 6k devant Albreda 6k Gilfray, plus de deux lieues
ck demie : fa profondeur donne moyen aux vaifleaux de
la remonter jusqu'à deux cens cinquante lieues de fon
embouchure. Un navire de quatre canons , 6k de trois
cens tonneaux , la peut remonter jusqu'à Guiacher, qui
eft à cinquante lieues de la mer ; ck un de cent cinquante
tonneaux peut aller jusqu'au deffous de Baraconda , qui
en eft à deux cens cinquante. Le flot porte jusques-là de-
puis le mois de Décembre , jusqu'aux mois de Juin 6k
Juillet ; mais la rivière devient impraticable le refte de
l'année , à caufe des inondations qu'y caufent les pluies
qui rendent le courant fi violent, qu'il n'y a pas moyen
de le furmonter à la voile , quand même on auroit le
vent à fouhait ; & d'ailleurs , il n'eft pas poflîble de faire
haller les bâtimens à la cordelle , parce que tous les bords
étant fous l'eau ck remplis d'arbres, couverts d'eau 6k
Mondes en" tout ou en partie, il n'y a point de che-
«îin où les hommes puiffent marcher en tirant les bâ-
La rivière de Gambie eft en cela bien différente du
Niger, que l'on ne peut remonter pour aller à Galam ,
çjue dans le tems des inondations , parce qu'alors les pla-
çons, ck les bancs de roches font aflez couverts d'eau ,
pour y faire parler les barques.
Les deux bords de la rivière de Gambie font partagés
entre plufieurs feigneurs Nègres, qui prennent tous la
qualité de rois , quoique les Etats de quelques-uns foient
fi petits , qu'ils, en peuvent parcourir plufieurs fois la lar-
geur, pendant le jour , fans le fatiguer.
Nous ne parlerons que de ceux qui font depuis la
pointe de Barre, jusqu'à deux cens cinquante lieues ou
environ , en remontant la rivière. Ceux qui font au-delà ,
l'ont peu connus pour le préfent ; peut-être que les éta-
bliffeinens , que la compagnie fait au pays de Bambouc ,
en donnera, dans la fuite, une connoiflance plus étendue
&; plus certaine.
Etats Jituès au bord [eptcnlrional de la rivière deGambte,
Les royaumes } qui font fitués fur le bord feptentiional
de la rivière de Gambie , font celui de Bahre , qui jj
comme on l'a déjà dit ci-devant , a dix-huit lieues d'é-
tendue , le long de la côte , à compter de la pointe de
Barre : après le royaume de Barra , on entre dans celui
de Badelu. Le royaume fuivant eft SanjaUi , qui , quoi-
que petit, eft indépendant. Plus loin on trouve celui de
Burfali ou Burfalum , qui s'étend , le long de la rivière ,
l'espace de quinze lieues. Après Burfali, vient celui de
Yani , que Labat appelle Guiania. Celui de TToolli fuc-
céde : il eft appelle Oubi par Labat.
Ces fix royaumes comprennent cent foixante ck dix-
neuf lieues d'étendue , en les mefurant en droite ligne ,
auxquelles, fi on en ajoute foixante ck onze, pour les con-
tours confidérables que la rivière fait dans cet espace de
terrein , on aura deux cens cinquante lieues de cours de
la rivière , depuis la pointe de Barre , jusqu'à l'extrémité
du royaume d'Oubi ( "Woolli. )
Etats foués au bord méridional.
En retournant à l'embouchure de la Gambra, pour
fuivre la rive du fud , on trouve d'abord , vers la mer , le
royaume de Kumbo , qui s'étend depuis le cap Sainte-
Marie, jusqu'à la rivière de Kabata. Le pays fuivant fe
nomme Fonia , ck s'étend depuis la rivière de Kabata
jusqu'à celle de Bintam , c'eft-à-dire , l'espace de fept
lieues. Après le pays de Fonia , on entre dans celui de
Kaèn la rivière de Bintam entre deux. A l'eft de Kaën,
on trouve Jagra. On entre enfuite dans la pays A'Ya-
mina , qui eft fùivi par le royaume SEropina, d'où l'on
entre dans celui de Jemarrow. Après Jemarrow, on trouve
Tomani. Au-delà de" Tomani , commence le royaume de
Kantor. Ce fut-là que Moore finit fon voyage. Il compte
depuis Kolar, ville de ce dernier royaume, cinq cens milles
jusqu'au cap Sainte-Marie , qui fait la pointe du fud de
la Gambra, à fon embouchure.
On dit que des marchands de Dieppe ck de Rouen
furent les premiers Européens qui découvrirent la rivière
de Gambie. Ils en étoient en pofleflion , avant que les
Portugais navigeaffent en Afrique ; mais ces marchands
négligèrent ce pays , parce qu'ils trouvèrent la Guinée
plus avantageufe. Les Portugais , à leur exemple , s'éta-
blirent en Afrique ; & les Anglois , à leur tour , y portè-
rent leur commerce. Ces trois nations , Françoife , Por-
tugaife ck Angloife, trafiquent dans la rivière de Gambie:
la dernière y a eu un fort qui a été pris , démoli 6k re-
bâti plufieurs fois : on l'a appelle le fort Jacques ck le
fort Charles , du nommes rois fous lefquels on y a
travaillé. J'en ai déjà marqué les défauts. On y manque
d'eau ck de bois.
GAMBLE. Voyez Carleby.
GAMBOAS , ( Rio de ) rivière d'Afrique dans la haute
Guinée, entre la baie de Sainte- Anne ck la rivière de
Scherbro. Elle vient de fort loin , du côté du nord , ck
fe rend dans la mer, deux lieues au fud des illes de Som-
breros. L'embouchure eft fermée par une barre; les cha-
loupes cependant fe font un paffage, & remontent jufqu'à
quinze lieues. * Côte de Guinée , par Bellin.
GAMBON, petite rivière de France , en Normandie.
Elle à fa fource au village d'Arcancey , éloigné de neuf
lieues du gros bourg d'Ecouj^. Ce n'eft qu un ruiffeau
peu profond , ck large de dix à douze pieds feulement.
Il pafîe par un village nommé la Rivière, traverfe le
grand Andely , où il fait tourner quelques moulins , ck
entre dans le petit Andely, où il fert au même ufage',
ck fe jette enfin dans la Seine. * Corn. Diftion.
GAMBOULO, ou Gambalo, en latin Gambo-
latum , Campolatum , ou Ad Columnas , ou dua Co-
lumnce , bourg d'Italie , au duché de Milan , dans la
Lomeline , à deux milles de Vigevano.
GAMBREIUM,ou Gambrium. Etienne le géo-
graphe, nomme G A M BREIU M une ville d'Ionie ; 6k
Xenophon , Hijl. Grive. I. 3 , p. 481 , parlant de deux
frères , Gorgion 6k Gongyle , dit' que l'un poffédoit
Gambrium & Palœgambrium , c'eft-à-dire les villes de
Gambrium , l'ancienne & la nouvelle ; 6k l'autre, Myrina
6k Grynium.
GAMBREVES , ancienne ville de FEthiapie, fous
l'Egypte , félon Pline , 1.6, c. 19.
GAMBRIVII, ancien peuple de la Germanie. Tacite,
German. ç. 2 , dit : On donne à Mannus trois fils , dont
GAM
GAN
les noms payèrent aux Ingaevons , voifins de l'Océan ;
aux Herminons , qui habitaient au milieu ; Se aux Iftse-
vons , qui occupoient le refte de la Germanie. Quelques-
uns affurent que ce dieu eut un plus grand nombre d'en-
fans , desquels descendoient les Maries, les Gambriviens ,
les Suéves , les Vandales , Se que cas noms font vrais Se
anciens. Tacite ne donne ceci , que comme un extrait des
chanfons qui tenoient lieu d'hiftoires aux Germains. Ce
pafiage fait voir que les Gambrivii étoient un peuple
nombreux , mais compofé de plufieurs autres. Ces affem-
blages de nations font fujets à changer de nom , parce
qu'il y en a toujours quelqu'une qui prévaut fur l'autre.
C'eft ainfi que le nom de Saxon s'eft confondu en An-
gleterre avec celui d'Anglois ; celui d'Alains avec celui
de Goths , Sec. Ainfi il eft arrivé qu'un ou plufieurs
d'entre les peuples compris fous le nom de Gambriviens ,
ont illuftré leur nom qui a fait perdre infenfiblement
celui qui étoit commun à tous. Dès le terns d'Agufte:
Se de Tibère , ces Gambriviens n'étoient plus qu'une
petite nation; c'eft Strabon, 1. 7, p. 2.91, qui le dit:
il les nomme GamabRIUNi , ru^aCel^/t,. ( Il faut lire
fans doute Ta.jx<t ''"Imii, ou même ra/j,Ce/«ni, ) il les
joint avec les Chérusques , les Chattes Se les Chattua-
riens. Les géographes poftérieurs , comme Pomponius
Mêla , Pline , Ptolomée Se les autres ne les connoiflent
pas. Tacite lui-même , qui fe contente de les nommer
comme une nation dont les chanfons des Germains fai-
foient mention, n'en dit pas un mot dans ks annales ni
dans fes hiftoires. Ils ne paroiffent nulle part dans les
guerres des empereurs Romains en Germanie.
Cela fait voir le ridicule de quelques favans qui ,
croyant trouver quelque reffemblance de lettres , ont
voulu leur trouver un pays. Althamer les cherche ( à
Cambrai ; d'autres les confondent avec les Sicambres ,
8e les confinent dans la Gueldre ; d'autres enfin en font
-Hambourg, faute de favoir que Hambourg s'eft formé
d'une fortereffe bâtie par Charlemagne , pour l'oppofer
aux courfes des Nations barbares au - delà de l'Elbe.
Cluvier , German. ant. 1. 3 , plus fage qu'eux , avoue de
bonne foi , qu'on ne fait ce que c'etoient que les Gam-
brivii, ni quel étoit le pays qu'ils habitoient.
GAMBRIUM. Voyez Gambreium.
GAMBS , bailliage delà Suifle , enclavé dans la baronie
d'Altfax. Il y a un bourg fitué à deux lieues , à la gauche
du Rhin. Il eft fournis aux cantons de Schwits Se de
Glaris.
GAMBUA , rài£*a. , ancienne ville d'Ane , dans la
grande Phrygie, félon Ptolomée , 1. 5, c. 2. L'interprète
Latin, Se quelques manuscrits, entr'autres , celui de la
bibliothèque Seguier portent GAMMAÙSA, faunxSts*.
GAMMACE , ville d'Arachofie , félon Ptolomée ,
I. 6, c. 20. ra^t//«Kii.
GAMMACORURA , montagne d'Afie , dans l'ifle
de Ternate, l'une des Moluques ; on la nomme auffi le
volcan de 1 ernate , parce qu'elle jette des flammes.
L'auteur de l'hiftoire de la conquête des Moluques , t. 5,
p. 112, raconte qu'au commencement de Juillet 1608,
le tems Se la mer étant calmes , l'eau commença tout-
à-coup à s'agiter ; l'orage devint affreux ; les vagues
furent terribles , & firent périr deux gros vaiffeaux fiol-
landois. Quelques jours après , la montagne fit un bruit
plus épouvantable que n'en feraient neuf ou dix gros
canons enfemble. Elle jettoit des flammes , fuivies
d'une épaiffe fumée qui tournoyoit dans l'air. Un voya-
geur, dont cet hiftorien rapporte le fentiment , p. 378,
dit que plufieurs gens fe font vantés d'avoir monté fur
le fommet de la montagne de Ternate , mais qu'il ne
peut le croire. Ce n'eft pas feulement , dit-il , par la diffi-
culté de paffer au travers des rofeaux pointus , qu'on
nomme canna-canna , dont le haut de cette montagne
eft environné , Se par la difficulté de furmonter des
rochers très-escarpés , mais par la prodigieufe quantité
de cendres & de pierres calcinées qui bouchent les pas-
sages. Pour la hauteur du volcan , elle n'eft pas extraor-
dinaire. Ceux qui l'ont mefurée le plus exactement , ne
la font aller qu'à trois cens foixante toifes Se deux pieds.
Baudrand, édit. tyoS , dit qu'elle fut presque toute ren-
verfée en 1673.
GAMMALAMME , ville des Indes, dans l'ifle de
Ternate , l'une des Moluques. C'eft où le roi de Ternate
tient fa cour ; elle eft fituée fur le rivage de la mer , Se
29
ne^ contient qu'une rue , le long de l'eau , qui eft à-peu^
près la longueur dont étoit Amfterdam , depuis la porte
de Harlem d'alors , jufqu'à la Réguliere-Porte. Cette rue
n'eft point pavée. L'églife Se quelques maifons font de
bois , les autres font de rofeaux. Il n'y a point de rade
pour mouiller devant la ville , parce qu'il y a trop peu
de profondeur , Se que le fond eft pierreux. Sur les bancs
Se les baffes qui y font , les pêcheurs vont de baffe eau
pêcher de petits poiffons qui fe tiennent dans les creux
entre les pierres. Ils en pèchent auffi de gros. L'eau eft
fi claire dans ces parages , qu'on peut fort aifément dis-
cerner les ancres en des endroits très-profonds , Se voir
les poiffons nager; même par-tout où il y a fond, on le
découvre, Se le fond femble fouvent n'être qu'à un ou
deux pieds de profondeur, quoiqu'il y ait fouvent quinze,
feize, ou dix-fept braffes d'eau. Les habitans ont fait
devant le port une jettée de pierre, avec une entrée au
bout , afin de fe mettre à couvert des furprifes. Voilà
ce qu'on en dit dans le fécond voyage des Hollandois
aux ifles Orientales : l'hiftoire de la Conquête des Mo-
luques ajoute ce qui fuit.
Les Portugais qui ont poffédé les Moluques , Se qui
les perdirent , parce que les habitans , mécontens de leur
domination , les chafferent , avoient à Gammalamma un
château où le roi logeoit , une églife dédiée à S. Paul ,
un couvent de Dominicains, un baftion revêtu de pierres,
& trois ou quatre maifons qui en étoient toutes bâties.
Je ne fais fi ce château étoit différent du /fort de Gam-
malamma , où , fous la domination des Espagnols , il y
avoit une garnifon de deux cens Espagnols , de quatre-
vingt-dix habitans des Philippines , trente familles Por-
tugaifes , foixante Se dix du quatre-vingts familles Chi-
noifes , de toutes fortes de métiers , Se cinquante à foi-
xante familles des naturels du pays, qui avoient embraffé
le Chriftianisme. Cette fortereffe fut démolie après que
les Espagnols l'eurent abandonnée. Elle étoit différente
du fort de Saint-Pierre Se Saint-Paul , fitué fur une hau-
teur. Cette ville & l'ifle de Ternate font préfentement
aux Hollandois. * Voyages de la Compagnie Hollandoifi
des Indes orientales , t. 1 , p. 5i% ; & t. 3 , p. 30 , 14g
GAMPHASANTES , ancien peuple de la Libye.
Pomponius Mêla, I. 1 , c. 4, n. 25 , en parle comme
d'un peuple très-fauvage , fans toît ni maifon , qui alîoit
tout nud , qui n'avoit aucunes armes , qui n'en con-
noiffoit pas même l'ufage , Se, par cette raifon, fuyoit
la rencontre des autres hommes ; il n'avoit d'entretien
qu'avec ceux qui avoient les mêmes mœurs Se les mê-
mes manières. Pline, 1. s; , c. 8, a dit la même chofe,
en moins de paroles : Gapfamantes nudi prtzliorumqut
expertes, nulli externo congregantur. Solin Se Martianus
Capella ont pris de ces deux auteurs ce qu'ils difent fur
ce fujet.
GAMPHELAS. Voyez Malea.
GAMPSELI , r«HJi> /, ville de la Macédoine , félon
Héfyche. Voyez GALEPSUS. i.
GAMRON , ou Gomrom. Voyez Bander-
Abassi.
GAMUNDE. Voyez Gemund.
GAMUNDIA. Charlemagne nomme dansun diplôme,
Haubtrtinga, Erelinga,Adalunga, & Gamundia, comme
autant de lieux du duché d'Allemagne. L'ancienne Alle-
magne , proprement dite , étoit la Suabe ; on y trouve
encore Gemund fur le Rems , EJlingen fur le Necker ,
Sec. Voyez Swabïsche Gemund , au mot Gemund.
1. GÀN, royaume d'Afrique, en Ethiopie, dans la
partie méridionale de l'Abiffinie. Les Portugais le nom-
ment Ganhe. Il eft fitué aux deux côtés de la rivière de
Haouache, Se a le royaume d'Ifat au nord, celui de Bali
à l'orient, celui d'Ogge au couchant, Se il a au midi le
royaume des Galles, dont il eft devenu la proie.* Ludolph.
Hiftoire Se Carte de l'Ethiopie.
2. GAN, royaume de la grande Tartarie. Au nord-eft,
il confine au royaume de Tum-Jan; à l'occident, au
fleuve Tcin-hin-ho. Sa capitale eft O-lan-mi-tching. C'efl
l'ancien pays de Ki, l'un des cinq royaumes de Kam-kin,
fous les Han. On y compte quarante villes, Se cent vil-
lages. * Hiftoire générale des Huns , t. 2 , p. 73.
3. GAN , ville de la Chine , dans la province de
Suchuen , au département de Chingtu , première métro-
pole de la province. Elle eft plus occidentale que Pékin,
3°
GAN
GAN
de 1 3 d. 8' , par les 3 1 -d. 16' de latitude. Atlas S'mtnfts.
4. GAN , ville de la Chine , dans le Pékéli, au dépar-
tement de Paoting , féconde métropole de la province.
Elle eft plus occidentale que Pékin de 1 d. io' , par les
39 d. il' de latitude.* Atlas Sintnfis,
GANA , ville de l'Arabie heureufe , fur le haut d'une
montagne , au milieu du pays , à foixante lieues de Mo-
cha, au feptentrion , & autant de Xaël, félon Baudrand,
édit. 1705.
GANABARA , rivière de l'Amérique , au Brefil.
C'eft la même que RlO-JANEÏRO. * Baudrand, édit.
1705.
GANACHE, ou la Garnache, petite ville de
France , dans le Poitou, aux confins de la Bretagne, à
deux lieues de Machecou , & à trois de la mer. * Maty
& Corn. Dift.
GANADIS. Métaphrafte nomme ainfi la patrie de
fainte Samone ; ce lieu devoit être vers la Méfopo-
tamie , peu loin d'Edefïe , fuivant la conjecture d'Or-
télius.
GANAH, ville d'Afrique. D'Herbelot , Bibliothèque
orientale , la décrit ainfi : Ganah , ville capitale du pays
des Soudans , c'eft-à-dire des Nègres , fituée entre le
premier climat & la ligne équinoxiale, fur une rivière
femblable au Nil d'Egypte , qui la fépare en deux parties
presque égales : la partie feptentrionale eft habitée par
des Mahométans ; la méridionale n'eft peuplée que de
Cafres & d'infidèles. Il y a , aux environs de cette ville ,
plufieurs mines d'or très- pur & très-fin ; mais celui des
rivières le furpaffe encore en bonté. Abdelmoal & Ednflï,
géographes Orientaux , la placent entre les villes du pre-
mier climat, & difent qu'il y a auprès de Ganah un lac
d'eau douce, & un château très -fort, fur le bord du
fleuve, qui fut bâti l'an 510 de l'hégire, par un prince
de la maifon de Saleh , fils d'Abdallah , lequel , quoique
de la race d'Ali & de Huffain , ne laiffoit pourtant pas
de reconnoître le Khalife de la maifon des Abbaflides ,
qui réfidoit à Bagdet. . . .
Entre le pays de Ganah & la Barbarie , qui eft fur la
côte d'Afrique, il n'y a qu'un fort grand défert, nommé
Sahara , ou Sahra, au bout duquel eft la ville de Gou-
gah , après un mois Se demi de chemin. C'eft tout ce
que d'Herbelot dit de la ville de Ganah , qu'il tire des
géographes Arabes. Edriffi qu'il cite , & qui eft plus
connu fous le nom de géographe de Nubie , nomme la
double ville Ghana. Voyez ce mot. Ce royaume s'appelle
aufli Caffena. Voyez CassenA.
GAN ARAH , vihe d'Afrique , dans la Nigritie. D'Her-
belot , Bibliothèque orientale , dit qu'elle eft forte &
peuplée , fituée fur le Nil des Nègres ( c'eft-à-dire fur le
Niger. ) Il ajoute qu'elle eft des dépendances de Ganah ,
& qu'elle obéit à fon roi. Le géographe de Nubie , ipart.
clim. 1. ». 12, compte onze Jlations , entre Reghébil
& la ville de Ghanara , &. de cette dernière à Ghana
onze autres. Cette mefure n'eft pas régulière , puisque les
lieux , où l'on peut s'arrêter , ne font pas également éloi-
gnés les uns des autres ; cependant une ftation peut être
évaluée à-peu -près à vingt- cinq mille pas. Ainfi onze
ftations valent deux cents vingt- cinq mille pas. Il obferve
de plus que Reghébil eft fur le rivage d'un grand lac , &
que Ghanara eft au bord du Nil,(il nomme ainfi le Niger,)
& qu'elle eft fortifiée d'un bon fofTé, & qu'enfin le peu-
ple y eft fort &£ très-nombreux. Cette diftance égale de
Reghébil à Ghanara , rk de Ghanara à Ghana , ne s'ac-
corde pas avec la pofition de De rifle , qui met Ouangara
ou Ghanara , beaucoup trop au couchant, &c au-deffus de
Ghana.
GANCHING , ville de la Chine. Voyez Ganking.
GANCHOANG, forterefle de la Chine, dans la pro-
vince de Queicheu, au département de Lungli , quatrième
ville militaire de la province. Elle eft plus occidentale
que Pékin de 12. d. 23', par les 26 d. a' de latitude.
* Atlas Sintnfis.
GAND , ville des Pays - bas Autrichiens , au comté
de Flandres , dans le quartier auquel elle donne fon nom.
Elle eft la capitale du comté de Flandres , & l'une des
grandes villes des Pays-bas. Le canton , où elle eft , fut
premièrement habité par les anciens Gorduni ou Gondu-
ni , cliens des Nerviens , & enfuice par les Romains , que
Jules-Céfar y mit en garnifon. Les Vandales , les Francs ,
les Germains s'en emparèrent fjjçççffivernent, Ces der-
niers étoient des Saxons , que Charlemagne fit parler
clans ce pays. Cette ville eft remarquable pour fa gran-
deur , fk pour la beauté de fa fkuation , à caufe des ri-
vières , des ruiffeaux, des fontaines qui l'arrofent , des
prairies , des collines qui l'environnent , & la douceur de
l'air que l'on y respire. Elle a Anvers au nord-eft , Ma-
lines à l'orient , Bruxelles au fud-eft , &C Middelboug au
nord occidental. Tous ces lieux font à-peu-près à la
même diftance d'environ onze lieues , excepté Bruxelles,
qui eft un peu moins éloignée que les autres. Sa longitude
eft de xi d. 35' ; &£ fa latitude'eft de 51 d. 3' ; l'aspecî
en eft beau , ck elle n'eft qu'à quatre pas de la mer. On
lui donne trois milles d'Allemagne de tour. * Sanderi ,
Flandr. illuftrat. t. 1 , p. 81./. Cafar, Comment, de B.
Gall. 1. 5. Meyer Annal. 1. 1.
Les rivières , qui l'arrofent , font l'Escaut , qui vient
d'Oudenarde, la Lys qui vient de Courtray; elles fe joi-
gnent à Gand : la Liéve ne s'y rend que par les travaux
que l'on a faits pour l'y conduire , en la groflîvfant de
quelques ruiffeaux , & la Moëre , qui vient de Moër-
beck. Le canal que l'on a ménagé entre Gand & le Sas
de Gand , établit, avec la mer, une communication très-
avantageufe à la ville & au pays. On le commença l'an
1537 ; & on le pouffa jusqu'à la digue , que fon perça
en 1562. L'autre canal, qui mené de Gand à Bruges,
&C de-là à Oftende , fut commencé en 161 3 , fous le gou-
vernement d'Albert 6c d'ifabelle. Les rivières , dont on
vient de parler , entourent &t coupent la ville de telle
manière, qu'elles y forment 26 ifles , & la rendent d'au?-
tant plus forte, qu'enfermant les éclufes, on peut inon-
der les environs jusqu'à. la diftance d'un mille. La der-
nière enceinte qu'on a faite contient de circuit en de-
dans 45640 pieds, mefure d Anvers , ce qui revient à
plus de fept milles d'Italie ; mais en mefurant par dehors ,
' il y en aura plus de neuf, ce qui fait au moins trois
lieues. Mais dans cette enceinte, il y a des espaces qui ne
font ni bâtis ni habités.
Charles-Quint , qui naquit dans cette ville , y fit bâtir
une citadelle au même lieu où étoit auparavant le fa-
meux monaftere de S. Bavon. Elle fert à tenir dans le
respeft les habitans , dont Fhiftorien de Serres ne parle
pas trop favorablement. Il dit d'eux, dans la Vie de Char-
les V, & dans celle de Louis XI : Ceux de Gand, peuple
naturellement motif , ( c'eft-à-dire inquiet ,) parlant de
Gand , il ajoute : Grande ville & autant groffe, d'humeur
chagrine & querelkufe ; & il qualifie les habitans , de
peuple remuant , & fécond en inconftance aux Liégeois.
Il donne des preuves de leur penchant à la révolte dans
la Vie de Charles VI. Ils chafferent un comte , leur fei-
gneur héréditaire , au fujet d'un braffeur de bière. Charles
le Hardi les affujétit; mais Charles V régna fur eux, èc
les brida par la citadelle dont ort vient de parler. De la
tour du béfroi , nommée Belfort , ( en latin de Bella-
forte ) on a la vue fur la ville & fur le château ; on y
monte par cinq cents marches ou degrés, & elle contient
une cloche nommée Roland, qui fonne les heures, pefe
onze milliers, &: qui a fouvent fervi à fonner le toefin ;
c'eft ce qui eft exprimé en deux vers qu'on y lit. * Iti-.
nerar. Belgico. Gallic. p. 19:
Rolant , Rolant, als ick kleppe dan is't brant ,
Als ick luye dan is 't Oorlogein Vlaenderlant.
C'eft-à-dire que l'on tinte cette cloche pour avertir en
cas de feu , &£ qu'on la met en branle pour fonner l'alarme,
quand la guerre eft en Flandres. Au haut de cette tour
eft un dragon de cuivre doré , de la groffeur d'un taureau.
Il a les ailes étendues. Il fut envoyé de Conftantinople ,
du tems de Baudouin, comte de Flandres. 2?/aeK,Theatr.
Urb. Belg.
Les édifices de Gand, en général, font magnifiques ,'
à proportion les uns des autres. Laurent Surius dit avoir
vu en cette ville fept égliiès bâties par autant de rois ;
mais ii n'en marque ni les noms ni les époques.
On compte dans l'enceinte de la ville vingt-fix ifles
formées , comme il a été dit , par les rivières & par les
canaux , Se occupées par des maifons tant publiques que
particulières. Sans parler de quantité de petits ponts , il
y en a quatre-vingt-dix-huit, affez grands, pour que des
bateaux chargés de provifions , ou de marchandifes ,
pùiffent pafîer commodément deflous. Il y a fix moulins
à l'eau j 6c plus de lis vingts à vent,
GAN
CAN
Là ville contient treize places publiques ou marchés.
Le plus important eft der freydags marck, ou le marché
du vendredi , parce que tous les vendredis on y tient
un marché public. C'eft dans cette place que l'infante
Ifabelle érigea une ftatue à Charles V, fon aïeul , avec
ces injctiptions : D. Carolo V*, Imp. Caf. Aug. Pio.
Fdici. Turc. German. Gall. liai. Hisp. Sic'd. & Indiar.
Régi. Flandria Comiti. P. P. Sac. I/rw. Vindici , quit-
us , Auspici. D. tf. Principi potentijf. viclori ac tnum-
phatori perpetuo, Magno : Max. univerji Chrifiiani Orbis
bono, Deo volente, cœlo f avenu , huic urbi fax Flandr.
Max. féliciter innato. Sur l'autre côté ort lit ;
Alberto Aujlriaco , Maximiliani II. Imp. F. & If li-
bella Clara Eugenia Philippi II. Hisp. Régis filia ,
Auftria. Archiducibus. Belgia P. P. hanc urbem lœtiff.
civium applaufu ingredientibus , annofalutis Chrifti. CI3
ioxcix. &c. Coff. S. P. Q. G.
On devoit mettre tout au long ces mots , Turcico, Ger-
mamco, Gallico, Italico , comme les anciens donnoient
à leurs généraux les furnoms des nations qu'ils avoient
vaincues. En ne mettant point les mots entiers, on peut
lire Turciœ, Germania, Galliœ, Italia, Hispanice ,Si-
cilia & Indiarum Régi , &C croire que Charles V avoit
conquis la Turquie , l'Allemagne , la France , l'Italie , &
qu'il y régnoit de même qu'en Espagne , en Sicile &C aux
Indes; ce qui eft bien éloigné de la vérité.
Il y a à Gand un ancien château, nommé la Cour du
Prince, où font trois chambres. On en montre une qui
n'a pas plus de trois aunes en quarré , &t qui a été le pre-
mier appartement qu'ait occupé Charles - Quint , avant
qu'il fût empereur.
La maifon de ville eft compofée de deux bâtimens ,
dont un fut commencé l'an 1481 , &c l'autre en 1600.
On voit au Commet A & I couronnés ; ce font les let-
tres initiales des noms d'Albert & d'Ifabelle : au-defïbus
le foleil & la lune avec ces mots,femel tkfemper.Les
chambres & la chapelle font ornées de ftatues, de ta-
bleaux & d'inscriptions.
On compte lv édifices publics , foit églifes , monafte-
res, hôpitaux, tk autres maifons de- pié.é ; les quatre
ordres mendians y ont leurs couvens. La principale églife
étoit dédiée fous l'invocation de S. Jean-Baptifte ; mais
l'empereur Charles V ayant élevé une citadelle fur l'ab-
baye de S. Bavon, où il avoit été baptifé en 1 500, trans-
féra l'abbé & les moines , avec leur revenu , à l'églife
S. Jean, qui a pris depuis le nom de S. Bavon, qu'elle
porte dans tous les aftes publics. L'abbaye 6c l'ordre
de S. Bavon furent fécularifés en 1537, Semis en cha-
noinie- Philippe II, obtint du pape Pau! IV, qu'elle fût
érigée en cathédrale, & que Gand, qui étoit du diocèfe
de Tournai , fût un évêché fuffragant de Malines ; mais
Corneille Janfénius , qui en fut premier évêque , n'y fit
fon entrée, qu'en 1568. Cet évêché comprend fept
doyerînés, favoir,
J»
Evergem ,
Termonde ,
Waës,
Oudenarde 3
Hulft,
Deinze ,
ck Thielt.
On y compte 183 paroiffes , dont fept font dans la ville:
les principales font celles de S. Bavon ck de S. Michel.
Il y a cinq belles abbayes, entre lesquelles celle de fàint
Pierre de Blandinberg , tient préfentement le premier
rang , par fon ancienneté & fa grandeur , & par fajuris-
diftion éccléfiaftique tk temporelle , qui s'étend fur plu-
fieurs villages. S. Amand, qui a été depuis évêque de
Maftricht (a) , étant dans le cours de fes millions , bâtit
à Gand deux monafteres vers l'an 63 5 , fous le nom de
S. Pierre. L'un fut appelle depuis du nom de S. Bavon ,
le compagnon des travaux apoftoliques de S. Amand ,
&: il vécut ck mourut en cet endroit ; l'autre fut appelle
Blandinberg , à caufe de fa fituation fur la montagne de
Blandin ( in monte Blandinio. ) L'abbaye de Bodelo (b)
ordre de Cil eaux, fut commencée l'an 1 197 ; ce nom eft
abrégé de Balduini locus ou lucus , ou laus. L'abbaye
de Drongene , en latin Trunchinium , ordre de Prémon-
tré , fut bâtie , vers Tan 633 , fur la Lys , en un lieu qui
étoit auparavant un château. Elle fut détruite en 883 par
les Normands; Eaudouin, comte de Flandres, la rebâtit
deux ans après, faint Livin , évêque Irlandois , venant de
fon pays, 1 an 653 , le retira d'abord dans l'abbaye où
S. Bavon venoit d'être enterré. H paiïa de-là en Brabant.
Il fut enfuite martyrifé près d'Aloft en Flandres , l'an
656; fon corps fut transporté , vers l'an 1020, à Gand
dans l'abbaye de S. Bavon. faint Macaire d Arménie *
archevêque au Levant, termina tous fes voyages dans la
ville de Gand, & mourut l'an loi 2, dans l'abbaye de
S. Bavon , où il s'étoit retiré avec fes. compagnons. II
fut enterré dans l'églife de Notre-Dame, bâtie exprès
pour lui dans cette abbaye , qui a été depuis ruinée Se
changée en chapitre , & enfin rafée en 1541 , pour faire
place à la citadelle. Il y eut plufieurs corps faints , trans-
portés à Gand , de divers pays , par les foins d Arnould
le Grand , marquis de Flandres , entr'autres, ceux de faint
Bertoul, de S. Valouay, de S. Gouau, de S. Vandril-
les , abbé de Fontenelles , de S. Ansbert , évêque de
Rouen. Celui de fainte Amelberge, vierge , fut aufli trans-
porté dans la même ville , & dépofé dans l'églife de
S. Pierre de Blandinberg ; mais ceux d'Abbeville croient
pofféder celles de S. Ulfran , évêque de Sens , celles de
S. Vandrilles, de S. Ansbert, évêque de Rouen. L'abbé
& les moines de S. Bavon de Gând, feigneurs de la terre
& de l'églife de Wintershove , enlevèrent de-là les re-
liques de S. Landoald , fondateur du lieu , de S. Adrien
Meffager, fon difciple, de S. Amance ck de quelques
autres , & les transportèrent dans leur églife, l'an 890.
Ce monaftere de Blandinberg eft le même que celui
dont il eft parlé au titre de Blandigni. Voyez ce mot.
* Baillet Topogr. des Saints , 1 part. (b) Sander, Fland.
Illuftr. p. m
Outre ces abbayes , il y a une Chartreufe , des Do-
minicains , des Auguftins , des Récollets , des Capucins ,
des Carmes, des Jéfuites , des Jéfuites Anglois , &c. ÔC
quantité de monafteres & couverts de filles.
La ville a huit portes dont 'Voici les noms,
Mùy de Porte,, ou la porte du Sas. La première & là
féconde.
La porte d'Anvers , qui eft auprès de la citadelle,
La porte Impériale.
La porte de faint Lievin.
Heuverspoort.
PeurffûLe Poort.
Brughfe Poort.
On y compte environ trente-cinq mille maifom. Le
gouvernement de la ville a été changé en diverfes occa-
lîons ; & les Gantois , par leurs révoltes , ont fouvent
perdu de leurs privilèges. La ville eft gouvernée par un
magiftrat choifi dans les principales familles , auquel on
joint un grand bailli ( hoog-baitju. )
Longuerue , dans fa Description de la France , deu-
xième partie, p. 62, dit. que le quartier de Gand eft
le centre de la province de Flandres. Gand & fon ter-
ritoire étoient déjà connus dans le feptiéme fiécle ,
comme on le voit par Baudemond , dans fa Vie de faint
Amand, & par S. Ouën, qui a écrit celle de S. Eloi;
l'un & l'autre marque Ganda & Pagus Gandenjls. On
appelloit auffi cette ville Ganda , dans le neuvième fiécle ,
comme on le voit par l'autorité d'Eginhard , dans 1»
Traité qu'il a fait fur les faints martyrs Marcellin & Pierre,
& dans les Annales qui lui font attribuées ; mais dans la
fuite , le mot Ganda fut changé en Gandavum , qui étoit
déjà en ufage vers la fin du dixième fiécle , comme on
le voit par une patente du roi Lothaire, qui fait men-
tion du lieu Gandavum vicum , où l'Escaut & la Lys
fe joignent, ubi Lagia & Scaldis Jlumina confiuunt. Les
écrivains du douzième 5f du treizième fiécle , & ceux
qui les ont fuivis , le fervent du même nom Gan-
davum.
Nous avons déjà remarqué ailleurs , que la Flandres
ne contenolt point le pays , ni le territoire de Gand ,
qui étoit alors une dépendance du Brabant , du tems de
Charlemagne &£ de Louis le Débonnaire, comme on le
voit par les lettres de ces deux empereurs , où il eft fait
mention de Ganda , in pago Bragbando , ou Brach-
bantenji.
Marlien ck Sanfon , voyant qu'on appelle en flamand
ou en allemand cette ville Ghent , fe font imaginés
qu'elle appartenoit au peuple CentRONES , marqués
dans les Commentaires de Céfar, fe fondant fur une
32
GAN
GAN
(impie rèffemblance de nom. Mais les pins anciens ont
appelle cette ville Ganda , dans lequel nom il ne fe
trouve -qu'une feule lettre de Centrones. Ainn il eft au-
jourd'hui impoflîble de (avoir la véritable fituation des
CtntTones &£ des PUwnofîi, marqués dansées Commen-
taires de Jules-Céfar. Ce qui eft certain, c'eft que Gand,
& la plus grande partie de la Flandre, appartenoit aux
peuples Ncrvii , qui étoient des plus puiflans d'entre les
Belges , & qu'il s'éteitdoit le long de l'Océan , comme
-on le voitpar la lettre de S. Pauïin à Vi&rice , évêque
de Rouen, qui, le premier, prêcha la foi à ces peu-
ples , & par la Notice de l'Empire , où il eft fait men-
tion , en plufîeurs endroits , de la côte Nervienne , Nervi-
canum Littus. \
Gand fut donné par Charles le Chauve a fon gendre
Baudouin , premier comte de Flandres : elle devint
dans la fuite la plus grande des villes des Pays-bas. Les
habitans , qui étoient en grand nombre , & fort riches ,
fe gouvernoienf en république , & n'obéifloient que fe-
1180. Leur fils , Hugues de Sotenghien , n'eut point d'en-
fans ; &t fon héritière fut fa feeur Marie de Sotenghien ,
qui époufa Hugues , feigneur d'Antoing & d'Epinoi. Ils
eurent une fille nommée Ifabeau d'Antoing , qui époufa
Jean , vicomte de Gand ; & cette châtellenie entra dans
la maifon de Melun d'Epinoi. Cette châtellenie a encore
aujourd'hui beaucoup de dépendances & de droits fei-
gneuriaux. Elle eft diftinguée de la châtellenie SAudcn-
bourg, ou du vieux bourg de Gand , compofée de quaran-
te-fix villages, fitués au-delà de l'Escaut , & des canaux ,
dont le plus gros eft le bourg de Sommerghem. Ce terri-
toire étoit fous les empereurs , depuis Othon le Grand.
Mais après la mort de Thierri , comte d'Aloft , arrivée
l'an 1 174. Philippe d'Alface , comte de Flandres, fe faifît
. du vieux bourg de Gand , & l'unit au territoire de la
même ville ; et ce comte &î fes fuccefleurs tinrent dans
la fuite le tout en fief des rois de France , jusqu'au tems
de Charles V. Outre cette châtellenie du vieux bourg de
Gand, il y a les quatre bailliages qu'on nomme les qua-
lon° leur" caprice à leurs princes auxquels ils ont fou vent tre Offices. Voyez Ambachten , qui font des dépendan
faitla guerre.- Ils oferent fe révolter contre l'empereur - ! ' ' ! " ~'; ' .1 • i- n ...
Charles V , qui , ayant paffé au travers de la France ,
avec la permiffion de François l , châtia les Gantois , l'an
1 540 , Se les brida enfuite par une citadelle qui fubfifte
encore aujourd'hui. ■■ • " •
Quoique l'étendue de la ville de Gand foit la même ,
elle a cependant fort déchu , Se n'eft pas peuplée rela-
tivement à fa grandeur. C'eft le fiége du confeil pro-
vincial de Flandres, où reflbrtiflent tous les .lièges fubal-
terr.es. Il fut établi d'abord dans la ville de Lille , l'an
1385 , par Philippe le Hardi, duc de Bourgogne , &
comte de Flandres. Son fils , le duc Jean , le transféra
à Gand , l'an 1409. Il en a été quelquefois retiré à caufe
des révoltés des. Gantois *l<& des guerres civiles du pays.
Mais il fut fixé en cette^yille, pour la dernière fois , l'an
1584, fous le régne de Philippe II, après que fon gene-
{ral,'lediic de Parme , l'eut prife.' On .pouvoir fe pour-
voir , contre les jugemens de ce confeil , au parlement de
Pays ; mais Charles V ayant féparé la Flandre de la
France , Se l'ayant, rendue indépendante , fournit ce
confeil provincial au grand jconfeil ou parlement de Ma-
lines. La chambre des comptes, qui avoit été établie
par le duc Philippe-le-Hardi , dans la ville de Lifle , fut
transférée à Gand, l'an 1667, par Charles II, roi d'Espa-
gne , après que Louis XIV eut pris la ville de Lille.
La plus grande partie.des dépendances de Gand font
dans la Flandre Impériale.
Ce pays, qui fut mis fous l'empire, ou royaume de Ger-
manie, par Othon le Grand, vers le milieu du dixième
fiécle , s'étendoit jusqu'aux portes de la ville. La pofles-
fion en fat affurée àOthon,du tems de Louis d'Outremer ,
roi de France , qui fit alliance avec lui ; & on voit que
ces deux monarques fe trouvèrent enfemble , l'an 948 , au
concile d'Ingelheim auprès de Mayence. Othon voulant
fortifier la province de l'Empire contre le comté de Flan-
dres , fit bâtir, l'an 949, une fortereffe qui fat nommée le
Neuf - CHATEAU , pour brider la ville de Gand. Les
empereurs y établirent des commandans, qui portèrent
le nom de Comtes , Se qui en furent les maîtres jus-
qu'à l'an 1000. Baudouin le Barbu , comte de Flandres ,
s'étant rendu maître de cette place, & en ayant chaffé
les Impériaux , y établit un châtelain nommé Lambert ,
dont les fuccefleurs furent dans la fuite feigneurs héré-
ditaires Se propriétaires de leur châtellenie. L'empereur
S. Henri fit la guerre en Flandres , pour la défenfe des
limites de l'Empire , & il reprit ce château ; mais quel-
que tems après, il revint à l'obéiflance du comte de
Flandres, & du feigneur châtelain. Folcard, fils de Lam-
ber, St fes fuccefleurs , jouirent de fa châtellenie, depuis
le tems de Baudouin de Lille , comte de Flandres , quoi-
qu'ils aient été quelquefois inquiétés par les empereurs.
Folcard eut pour héritier fon fils Lambert, qui fut châ-
telain de Gand , Se eut plufîeurs enfans. Venmar, châte-
lain de Gand, fat père d'Arnoul de Gand, comte de
Guipes , dont le fils aîné Baudouin lui fuccéda au comté
de Guines; & Siger,- un de fes cadets, fut châtelain de
Gand , comme du Chêne le prouve par Phiftorien Lam-
bert d'Ardres , & par plufîeurs autres titres. Les fucces-
ieurs mâles de Siger ont tenu la châtellenie jusqu'à Hu-
gues, châtelain de Gand, qui eut pour héritière fa fille
Mûris qui époufa Gérard 3 feigneur de Sotenghien , l'an
ces de Gand , & qui étoient de la Flandre Impériale.
Ce fut dans cette ville que fe fit , en 1 576 , le fameux
traité que l'on appella la pacification de Gand , qui tert-
doit à calmer les troubles des Pays-bas. Cependant lés
Gantois ne purent refter tranquilles , St fe donnèrent au
prince d'Orange; mais l'an 1584, ils fe fournirent de
nouveau au roi d'Espagne. Louis XIV , roi de France ,
prit cette ville en 1678 ; & par le traité de Nimégue , il
la rendit à l'Espagne , qui la garda jusqu'à l'an 1706,
que les Alliés s'en emparèrent après la bataille de Ra-
millies. Les deux couronnes s'en reflaifirent en 1708 ; mais
on la perdit la même année , après la prife de Lille : la
France ne fat point en état de garder cette acquifition.
Louis XV la prit en 1745 , & ,1a rendit par la paix
d'Aix-la-Chapelle.
Le Sas de Gand. Voyez Sas.
1. GANDA , nom latin de Gand. On dit préfentement
Gandavum.
2. GANDA , rivière qui coule à Gandersheim.Voyez
Gandersheim.
GANDAMUS , ville de l'Arabie heureufe , fur la mer
Rouge , félon Pomponius Mêla , /. 3 , c. 8 , n. 41.
GAND ARA , ville des Indes , félon Etienne le géo-
graphe , qui nomme le pays Gandarica , Se le peuple Gan-
darici. Strabon , /. l'y, p. 697 , dit que le Choaspe tra^-
verfe la Gandaritc. Cela fait voir que ce pays étoit diffé-
rent des Gangarides de Pline & de Ptolomée, qui étoient
vers les bouches du Gange.
GAND ARII , ancien peuple de Perfe , félon Hérodo-
te , /. 3 , c. 91. Il dit, /. 7 , c. 66 , que les Parthes , les
Chorasmiens , les Sogdiens, les.Gangariens & les Dadi-
ques étoient armés de la même façon que les Bac-
triens.
GANDASTOGES ( les ) peuples de l'Amérique fep-
tentrionale , dans le Canada , entre la côte orientale du
lac Erié & la nouvelle Yorck. Ce peuple eft compris fous
les Iroquois. * Baud. édit. 1701;.
GANDELU , bourg de France , avec titre de mar-
quifat , dans la Brie , à cinq lieues de Meaux , vers le
levant d'été.
GANDERSHEIM , Gandersum , ville d'Allema-
. gne , au cercle de la baffe Saxe , dans le duché de Bruns-
wig, peu, loin de Goflar. Ce lieu eft remarquable à caufe
de fon abbaye, qui fat fondée l'an 852, xv. indi&ion ,
par Ludolphe , arriere-petit-fils du fameux Witikind.
Il fit le premier établiflement , à l'inftance d'Oda fa
femme , au lieu où eft préi'entement le monaftere de
Brunshaufen ; mais ce lieu étant trop étroit , on com-
mença, l'an 856, à faire un fécond établiflement plus bas,
à l'endroit où eft aujourd'hui l'abbaye , dans l'enceinte
de la ville de Gandersheim , qui tire fon nom de la
rivière de Ganda ou Gande, qui l'arrofe. Le duc
Ludolphe étant mort à Ludolffsfdd , vers l'an 859, avant
l'entière exécution de fon deflein , fut enterré à Bruns-
haufen où étoit alors l'abbaye. La nouvelle églife abba-
tiale fut confacrée l'an 881, le 1 Novembre , par Wig-
bert qui étoit alors évêque de Hildesheim ; Chriftine ,
troifïéme abbefle , Se fille du fondateur , gouvernoit
alors cette maifon , Se fit apporter dans cetle églife de
Gandersheim les corps de fon père & de fe? deux
feeurs Hadmod 6c Gerberg , qui avoient été abbeties.
Celui.
GAN
GAN
Celui de Ludolphe fut dépofé dans la chapelle de faint
Etienne , & celui des deux abbeffes dans le caveau ab-
batial. La fameufe RofVeide, religieufe de cette abbaye,
& dont on a les. écrits, eft une preuve que l'on y cul-
tivoit la piété & les fciences au-delà de l'ufage commun
des monafteres de filles. L'abbelîe de Gandersheim avoit
autrefois de grands avantages , & comptoit entre fes
vaflaux les ducs de Brunswick, de Saxe, & les mar-
graves de Brandebourg. Elle eft à préfent fous la pro-
tection du duc de Brunswick- Wolfenbutel , qui y fait
vivre l'abbelîe & quatre chanoinefles Luthériennes.
L'abbeffe prend le titre de par la grâce de Dieu, abr
beffe de l'abbaye impériale , & féculiere de Ganders-
heim. * Zeyler , BrunfVic. Topogr. p. 89. Souverains
du monde, t. 1 , p. 301.
Le bailliage de Gandersheim eft une ancienne partie
ck dépendance de l'état de Wolfenbutel. Le château, q«e
l'on y voit encore à préfent , fut commencé fous Henri
le Jeune , duc de Brunfwick & de Lunebourg, en 1530 ,
pour y réfider; mais il ne fut achevé que fous le duc
Jules. Il eft arrofé par la petite rivière de Ganda , qui
a fa fource au nord- eft, & coule auprès de la maifon
du bailli , & , après avoir fait tourner quelques moulins ,
fe perd vers le couchant dans la Leina. Outre l'abbaye ,
dont nous venons de parler , il y a encore dans ce bail-
liage deux monafteres , favoir , Clofter C L A U S S &
Clofter Brunshausen, & vingt villages. Il a en-
viron deux milles de circuit.
GANDICOT, ou Gandicote , ville de la pref-
qu'ifle de l'Inde , à l'extrémité méridionale du royaume
de Carnate , aux confins des terres de Chila-Naiken ,
dans l'angle que les deux fources de la rivière de Palaru
forment à leur jonction. Tavernier, Voyage des Indes,
l. 1 , c. 18, en parle ainfi : Gandicot eft une des fortes
villes du royaume de Carnatica ; elle eft bâtie fur la
pointe d une haute montagne :on ne peut y arriver que par
un mauvais chemin pratiqué dans la montagne , qui n'a
que woiiiï pieds de large, & 7 en quelques endroits.
A la droite de ce chemin , il y a un précipice effroya-
ble , au bas duquel coule une grande rivière. 'Quand on
eft fur la montagne , on trouve une petite place d'une
demi -lieue de long, ck d'un quart de lieue de large.
Elle eft toute femée de riz ck de millet , 6k eft arrofée
de plufieurs petites fources. Au haut de la plaine qui
eft au midi , ck où la ville eft bâtie fur une pointe , il
n'y a que des précipices à l'entour, avec deux rivières
qui'font au bas, ck qui forment cette pointe ; de. forte
que pour entrer dans la ville , il n'y a qu'une porte du
côté de la plaine : elle eft fortifiée , en cet endroit , de
trois bonnes murailles de pierre de taille , avec des fofles
à fond de cuve , revêtus de la même pierre; de forte
qu'en cas de fiége , la ville n'a à garder qu'un espace de
quatre ou cinq cens pas. Il y a dans Gandicot une pa-
gode qu'on tient pour une des principales des Indes ,
ck où il y avoit plufieurs idoles dont quelques-unes étaient
d'or , les autres d'argent. Entre ces idoles , il y en avoit
fix de cuivre , dont on en voyoit trois affifes fur les ta-
lons , ck les trois autres étaient d'environ dix pieds de
haut.
GANDIE , ville d'Espagne , au royaume de Valen-
ce, fur la rivière d'ALCOi , que de Vayrac nomme d'^4-
lory , entre le Xucar ck Dénia , ck à l'orient de Xativa.
Elle a une univerfité , ck fut honorée du titre de duché
par D. Martin, roi d'Aragon, en faveur d'Alfonfe d'A-
ragon, comte de Ribagorfe , fils de D. Pedro d'Aragon,
comte de Prades ck d'Ampurias , & de Donna Jeanne
de Foix , petit-fils de D. Diego II, roi d'Aragon ; mais
comme il mourut fans enfans, en 141 5 , Hugues deCar-
dona fon neveu, fils de Donna Jeanne d'Aragon fa foeur,
& de D. Jean-Raimond Folck , fécond comte de Car-
dona , lui fuccéda. Jean de Cardona , fils de Hugues ,
ayant pris le parti de D. Carlos, prince d'Ujane, contre
D. Jean , roi d'Aragon Se de Navarre , fon père , fut
privé de ce duché, en punition de fa révolte, par le toi, qui le
réunit à la couronne ; mais quelque tems après , il en fut
démembré & donné, en 14^5 , par le roi D.Ferdinand
le Catholique à D. Pedro-Louis de Borgia, famille de-
venue illuftre par D. Alfonlè de Borgia , proclamé pape
en 1455 , fous le nom de Calixte III. Une des niè-
ces dupape époufa D. Godefroy Lenzoli , qui prit
le nom de Borgia , Se fut père du pape Alexan-
33
drë VI. On peut voir plus. au long la généalogie de cette
illuftre famille dans l'auteur cité. François de Borgia IV
duc de Gandie , après la mort de Donna Eléonor de
Caftro, fe fit Jéfuite ,- fut le troifiéme général de cette
compagnie, mourat le 30 Septembre 1571 , ck fut cano-
nifé cent après : il laiffa une nombreufe poftérité qui a
formé plufieurs branches , dont l'aînée poflede ce duché.
* De l'IJle &c Jaillot , Atlas. Vairac, Etat préf. de l'Es-
pagne , t. 3 , p. 82.
GANDOVA, rivière d'Afrique, dans l'Ethiopie, aux
confins du royaume de Sennar. Les caravanes la traver-
fent entre Giefim ck Gondar. Elle eft profonde & rapi-
de , ce qui rend ce paiîage fort dangereux. Elle n'eft pas
tout-à-fait fi large que la Seine à Paris , Se descend des
montagnes, avec tant de rapidité , que dans fes déborde-
mens elle entraîne tout ce qu'elle trouve. Elle fe décharge
dans le Tékéfel , qui veut dire épouvantable ; & ces deux
rivières unies enfemble vont fe jetter dans le Nil. * Pon-
cée , Voyage en Ethiopie.
GANDRI , peuple des Indes , félon Etienne le géo-
graphe. Ce font les habitans de Gandara. Voyez ce mot.
GANDRIDjE. Plutarque , dans fon Livre de la for-
tune d'Alexandre , nomme ainfi le même peuple
GANEA DE JESU. Voyez Ganeta.
GAN-EDEN : le texte hébreu , parlant du paradis
terreftre , le nomme pj/3 ÎJ Ganbeeden. Quelques fa-
vans ont rendu cette lettre 2 par la prépofition in , dans:
c eft fa lignification ordinaire ; de forte qu'ils ont traduit
Paradis enEden,comme fi Eden était le lieu où étoit le pa-
radis.Mais comme l'ancienne Vulgate traduit différemment;
ceux qui ont voulut juftifïer cette verfion, ont obfervé'
que la lettre 2 fignifie auffi la qualité & l'état d'une cho-
fe ; & ils allèguent en preuve , qu'il eft dit , ( Genef. c. 3 ,
v- 19. ) njf-n Besceth, in fudore , a la SUEUR de vo-
tre vifage , ck nrnua Bemirmah , in dolo , AVEC FRAU-
DE. Ils concluent que cette exprefïîon Gen-Eden fignifia
paradifum in voluptate , un paradis dans les délices; ce
qui jufMe la Vulgate, qui traduit paradifum voluptatis,
un paradis de délices En effet , dit le P. Hardouin , dans
fon Traite du paradis terreftre , il paroît que c'eft le
fens naturel du texte hébreu , puïsqu'au verfet iï de ce
même deuxième chapitre , .ck au verfet 23.uk 24 du fui-
vârtt ,. &- dans tous les endroits où il eft parlé de ce pa-
radis de volupté , on voit partout py M Gan-Eden fans
la lettre 2 y & c'eft: auffi ce qui fait qu'on trouve dans le
grec riags'JW»? t«V Tfi/piïf. Voyez Paradis terres-
tre.
GANEORUM , fiége épisCopal d'Egypte , félon les No-
tices grecques. Harpocras , fon évêque , fouscrivit à la
lettre adreffée à l'empereur Léon. * Hardouin , Collek.
conc.
GANESBOROUG , ( Baudrand & Corneille écrivent
Gainsboroug , conformément à la prononciation )
ville. d'Angleterre , en Lincolnshire , fur la rivière de-
Trent, aux confins du comté de Nottingham , à iirhifles
de Lincoln, ck à 115 de Londres, félon l'Etat préf. de
la Gr. Bret. t. 1 , p. 85 : c'eft une des principales villes
de la province. On y tient marché public.
GANETA DE JESU, ou Ganea de Jesu , lieu
d'Afrique , en Abiffmie , au royaume de Dambée , à
l'orient de l'extrémité feptentrionale du grand lac de
Tzana, ou mer de Dambée. Les PP. Jéfuites y avoient
une églife & une million. L'auteur de la Description de
l'empire du Prête-Jean en- parle ainfi , p. 20. Il y a auffi
une ville fort confïdérable appellée Ganea de Jefu , ou
Paradis de Jefus. Elle eft bâtie dans un bas , ce qui eft
rare en cet empire. La fituation en eft agréable , elle a
de l'eau en abondance. Il y a une églife où l'on enterre
les empereurs des derniers tems. On y a bâti depuis peu
une églife pour les Jéfuites , à la façon dont on les bâtit
en Europe , & un palais pour les empereurs . par les foins
du P. Pierre Pays, de la même fociété. Cette ville eft à douze
lieues Portugaifes , de trois milles d'Italie chacune , de
Dancation , Se à autant de la nouvelle Gorgone. Ludol-
phe, qui parle , 1. 4 , c. 4 , § 29 , de cette fépulture, nom-
me ce lieu Ganeta Jefu, Oppidum. Le père Lobo,
qui parle du palais impérial , dans fa Relat. hift. de l'A-
biffinie,p. 116, nomme le lieu Ganete Ilhos.
GANETA GHIORGHIS , ou Ganata Ghtor-
ghis, canton d'Afrique, dans l'Abiffinie, dans lerbyaùme
d'Amhar.
Tome III. E
34
GAN
GAN
GANFAY,(S. Sauveurde) abbaye d'hommes,ordre de
S. Benoit , en Portugal , dans la province , entre Duero-e-
Minho , fur le bord méridional de Minho, près de Valença.
GANFO , ville de la Chine , dans la province de
Kiangfi, au département de Kiégan. Elle eft de 3 d.
10' plus occidentale que Pékin , &; fa latitude eft de 27 d.
55'. Près de Ganfo vers l'occident eft une montagne qui
occupe huit cens ftades de terrein. Il y a auffi le lac
MlE, c'eft-à-dire , de Miel, ainfi nommé à caufe de la
bonté des poinons qu'il nourrit. * Atlas Sinenjîs.
1. GANGA, ou GanGites , nom d'une petite ri-
vière de Thrace. Appien. De Bell. Civil, p. 651 , la fait '
couler dans la plaine où étaient campés Brutus §i Caffius ,
peu loin du Strymon.
2. GANGA , rivière de l'Indouftan. Elle a fa fource
dans les montagnes de Balagate , au midi desquelles elle
coule vers l'orient , puis vers le nord-eft , & borne les
royaumes deBérar & d'Orixa qu'elle fépare l'un de l'autre;
St coulant à l'extrémité feptentrionale de ce dernier
royaume , elle fe jette dans le golfe de Bengale , affez près
de la bouche occidentale du Gange. Il ne faut pas
la confondre avec le Gange. *De l'IJle , Cartes des Indes.
GANGAM A , Xa.yydy.tn , Strabon , /. 7 , en parle au
fujet d'une pêche que l'on faifoit fous la glace, vers le Pa-
lus Méotide , près du Bosphore Cimmerien : Xylander
&c Bonaccioli croient que Gangama eft le nom particulier
du lieu où fe faîfoit cette pêche; mais Cafaubon foupçonne
que ce mot ne fignifie qu'une forte de filet ; ainfi , félon lui ,
ce n'eft pas un mot géographique.
1. GANGANI, ancien peuple d'Irlande, félon Pto-
lomée, 1,2, c. 2. Il répond, félon le P. Briet , Paraît.
2. part. I. 3 , p. 186, au comté de K.ERRY , & partie
de Lymmerik. Cambden, Britann. qui dérive de ce
nom celui de la province de Connaught , croit que c'eft
le même que Concani , qui lignifie un peuple d'Espagne
d'où il fait venir les Gangani , ou Concani d'Irlande ,
de même que ceux d'Espagne venoient de'Scythie, fur
quoi il cite les vers de Silius Italicus, /. 3 , v. 360 :
Necqui Majfageten monftransferitateparcntem
Cornipedis fusd fatiaris , Concani , vend.
2. Il y avoit auffi un peuple Gangani ou Cangani,
dans rifle d'Albion.
3. GANGANI. Voyez Tangani.
1. G ANGARA, ancienne ville d'Ane, dans l'Alba-
nie , félon Ortélius , Tkefaur. qui cite Ptolomée , 1. 5 ,
c. 1 2 ; mais je trouve dans cet auteur va.ya.gy. 7ii\iç.
Le manuscrit de la bibliothèque Seguier {Bibliot. Coijlin.
p. 699,) porte r^T«,n» Gœtara. Ortélius, Tkefaur. avoue
lui-même l'avoir lu ainfi dans des manuscrits ; mais il les
traite de corrompus , & blâme Niger de les avoir fuivis.
Niger croit que c'eft préfentement Bachu , d'autres que
c'eft Citracu.
2. GANGARA, royaume d'Afrique, dans la Nigritie.
Jean Léon écrit Guangara , & Gnangara. Ce pays ,
dit-il, 1. 7, c. 14, eft contigu au pays de Zanfara, du
côté du fud-eft ; il eft très-peuplé , & a fon roi particu-
lier, qui entretient fept mille hommes armés de flèches ,
& cinq cens chevaux pour fa garde : fes revenus font
confidérables. On n'y trouve qu'un village remarquable.
Ses habitans font riches , & trafiquent fans cefle avec les
peuples voifins. Il confine au midi à une contrée où l'on
trouve beaucoup d'or. Dans le tems que cet auteur écri-
voit, il ne pouvoit trafiquer avec les étrangers, parce
qu'il étoit ferré de tous côtés par fes ennemis : Ischia le
ravage au couchant , &: le roi de Bornou au levant. Lors-
que j'étais à Bornou , le roi Abraham ayant aflemblé une
nombreufe armée, avoit entrepris de détrôner le prince de
Guangara ,&. l'auroit fait, fi Homar , prince de Gaoga, ne
s'était jette fur les terres de Bornou , ce qui força ce roi
à abandonner fon entreprife pour fecourir fon pays. Lors-
que les marchands de Gangara vont à cette contréechercher
de l'or, comme les chemins font trop mauvais pour les cha-
meaux , ils chargent leurs marchandifes fur le dos de leurs
esclaves, & tout chargés qu'ils font, ils font une traite
de dix ou douze milles. J'en ai même vu qui la faifoient
deux fois en un jour. Outre les marchandifes, ces mifé-
rables portent encore des vivres pour leurs maîtres &
pour l'escorte qui les accompagne. De l'Ifle nomme ce
royaume Ouangara, £k le place au couchant de celui de
Bornou. Il dit qu'on en tire de l'or , du féné & des es-
claves. Il lui donne pour capitale une ville qu'il nomme
Ouangara. , ou Ghanara. On voit bien qu'il a pris ce
nom a Ouangara du géographe de Nubie, 2. part. Clim. 3 ,
p. 1 1 & 1 2 , qui met dans le voifinage de Ghana un
pays nommé Vancara Terra , & riche par l'abondance
& la bonté de fes mines d'or. Il ajoute que le royaume de
Ghana confine avec le pays de Vancara , du côté de l'o-
rient ; que la ville de Ghana eft à huit journées de che-
min des premiers confins de ce pays ; que ce dernier pays
eft une ifle de trois cens milles de long , & de cent cin-
quante de large, que le Nil l'environne toute l'année
( c'eft-à-dire le Niger , ) mais qu'au mois d'Août , lorsque
ce fleuve fe déborde , il en couvre la plus grande partie ,
qui demeure fous l'eau jusqu'à ce que l'inondation cefle ;
qu'après que ce fleuve s'eft retiré , les Nègres reviennent
chacun dans fon lieu, égratignent la terre, &cy trouvent
allez d'or pour les payer de cette peine ; qu'enfuite ils
vendent cet or aux marchands de Vareclan , & à d'au-
tres peuples plus occidentaux. Ce qui fuit, ne s'accorde
pas bien avec ce qu'on vient de lire de la diftance de
Ghana, aux premiers confins de Vancara. Car le géographe
Arabe,après avoir dit qu'elle eft de huit journées de chemin,
n'en compte que fix de Ghana à Tirca , ville de Vancara.
C'eft une faute du géographe ou de fes traducteurs Latins.
GANGARA, Ghanara, Ouangara, Guanga-
ra, Gnangara, &c Vancara, font un feul & même
nom. Le géographe de Nubie nomme le pays Vancara, Se
la ville capitale Ghanara. Il fait ce pays contigu au royaume
de Gliana.De l'Ifle met le royaume de Zegzeg entre deux.
GANGARIDjE , ancien peuple de l'Inde , auprès de
l'embouchure du Gange , félon Ptolomée , 1. 7 , c. I ,
qui leur donne pour capitale une ville nommée Gange.
Quinte-Curce les met au-delà du Gange , en quoi il fe
trompe. Il y avoit le peuple Gangaridat Amplement ,
dont quelques-uns étoient au-delà du Gange , & entre fes
embouchures. Il y avoit les Gangarides Calinges , dont
la capitale étoit Parthalis , félon Pline , 1. 6,0 19.
Voyez CalinGjE. Ces derniers avoient beaucoup d'élé-
phans , comme Pline le marque ; & c'eft ce qu'a voulu
marquer Virgile , Georg. 1. 3 , v. 27: •
In foribus pugnam ex aure , folidoque elephanto
Gangaridum faciam.
GANGAVIA : ce nom , dans les éditions de Solin i
a été mis au lieu de Scandinavia , qu'il faut lire.
1. GANGE, Tay-.K, ville de l'Inde, à l'embouchure
du Gange, capitale du pays des Gangarides , félon Pto-
lomée, 1. 7, c. 1.
2. GANGE , ( le ) grand fleuve de l'Inde. Il a été peu
connu des anciens , parce que les Macédoniens ne péné-
trèrent point jusques-là. Strabon , 1. 1 5 , le regarde com-
me le plus grand de tous les fleuves que l'on connoifloit
de fon tems. Pline , 1. 6 , c. 18 , parle de fa fource, avec
incertitude : quelques-uns , dit-il , veulent qu'il foit com-
me le Nil , dont on ne connoît point l'origine ; d'autres
ont dit qu'il descend des montagnes de la Scythie. Stra-
bon décrit ainfi fon cours : le Gange descend des mon-
tagnes , St , lorsqu'il a gagné la plaine , fe tourne pres-
qu'imperceptiblement , fi ce n'eft dans une partie de for*
cours. Ptolomée lui compte fix embouchures. La première
eft appellée Cambufum , la féconde, //.-y», Magnum, ou la
grande, latroifiéme, Cambericum, la quatrième, Tilogra-
mmum , la cinquième, Pfeudojlomurn, ou la faune embou-
chure ; la fixiéme , Antibole , ou l'embouchure oppofée.
A préfent il y en a deux principales , &c plufieurs petites.
Pline dit qu'il y a xxi rivières qui fe jettent dans le
Gange , & met au nombre de celles qui s'y rendent en
deçà du lomanes, qui coule dans le pays des Palibro-
thes, VErannoboa, qu'Arrien, in Indiç. c. 10, dit fe
mêler avec le Gange, près de la ville de Palibrotha ; &
le Cainas. Pline nomme auffi le Condockates , le Cofoa-
gus , le Sonus : il ne nomme point les autres , & dit
qu'elles font toutes navigables. Arrien dit que le Caina ,
le Condockates , YErennoboa , le Sonus , le Co/foanus
( qui eft apparemment le même que le Cofoagus dé Pline)
\aSittocatis,hSolomatis, le Sambus, le Magon , l'A-
çoranis , fk l' Omalis , s'embouchent dans le Gange. Voilà,
à quoi fe réduifent les connoiflances que les anciens ont
eues du plus grand fleuve de l'ancien monde.
GAN
GAN
Les Indiens modernes croient que le Gange n'a pas fa
fource dans les entrailles de la terre comme les* autres
fleuves. Il eft , difent-ils , descendu du ciel dans le pa-
radis de Devendre , & de-là dans l'Indouftan. On peut
voir dans ma Differtation fur les moeurs & fur la reli-
gion des Bramines , c. 14, p. 72, toutes les fables qu'ils
ont imaginées fur ce fleuve. Tout ce qu'on y peut obfer-
ver , c'eft qu'elles apprennent que le Gange prend fa
fource dans une montagne appellée Chlmavontam , qui
fait partie du mont Imaiis , Se fourniflent l'explication
des trois noms que les Indiens donnent au Gange ; pre-
mièrement ils l'appellent Rivière cèkftc , parce qu'ils
fuppofent qu'il eft effectivement descendu du ciel : en fé-
cond lieu ils l'appellent Jennadi , ou Fleuve, de la cuijfe ;
îroifiémement ils le nomment Bagireti, du nom de ce-
lui qui l'obtint des dieux.
Akbar, ou Akébar, empereur Mogol , voulut connoî-
tre l'origine du Gange. Voici ce que le P. Catrou \Hifl.
ginér. du Mogol. p. 138 , ) en dit fur les Mémoires de
Manouchi : Ce fleuve , le plus oriental de l'Indouftan ,
coule du feptentrion au midi , & fait, à fon embouchure,
dans le royaume de Bengale , presque les mêmes effets
que le Nil en Egypte. En certains tems de l'année , il
fe déborde en quelques endroits , Se le limon qu'il ré-
pand fur les terres,. y produit la fécondité. Les idolâtres
l'adorent , 8c regardent fes eaux comme capables de re-
mettre les péchés. Sa fource a toujours été la matière de
la dispute des Brachmanes d'aujourd'hui , Se des Gym-
nofophiftes d'autrefois. Du tems d' Akébar , on l'igno-
roit encore comme on ignorait , il y a près d'un fiécle ,
l'origine du Nil. L'empereur fit donc tous les frais né-
ceffaires , pour connoître la' fource d'un fleuve qui fai~
foit la principale, richeffe de fes Etats , députa des gens
qui , fuivant fes bords , remontaffent enfin jusqu'à fa pre-
mière origine. Il leur donna des vivres , des chevaux ,
de l'argent , &c des lettres de recommandation , pour
palier impunément fur toutes les terres que le Gange
arrofe , &t qui n'étoient pas de fa dépendance. On s'a-
vança toujours du côté du nord ; Se plus on approchoit
de la fource , plus le lit du fleuve s'étrécifloit. On tra-
verfa des forêts inhabitées , où il fallut fe faire des che-
mins nouveaux. Enfin on arriva à une haute montagne ,
qui fembloit taillée par l'art, en forme d'une tête de vache.
De-là coule une grande abondance d'eaux qui femblerent
aux députés être la première origine du Gange. On ne
pénétra pas plus avant. On revint , après avoir couru de
frands dangers, faire à l'empereur le rapport du voyage.
,a relation des députés fut inférée dans la Chronique
d'où Manouchi l'a tirée. Cependant on peut dire qu'ils ne
rapportèrent rien de nouveau. Long-tems avant Akébar,
on étoit perfuadé, aux Indes, que le Gange prend fa fource
dans une montagne, dont la figure approche d'une tête de
vache. C'eft pour cela, difoit-on , que ces animaux font,
depuis long-tems , l'objet de l'adoration des Indiens. En
effet , la principale espérance entr'eux du bonheur de la
vie future , conlifte à pouvoir mourir dans les eaux du
Gange , en tenant une vache par la queue.
Ces remarques de l'auteur cité s'accordent très-bien
avec la tradition. Les Indiens donnent au dieu Eswara ,
qui laiffa couler ce fleuve fur la terre , pour voiture fym-
bolique, le bœuf, comme les payens donnoient l'aigle à
Jupiter. Cette montagne, taillée en tête de vache1, a été
ainfî dispofée pour repréfeiïter Esvara , qui reçoit fur fa
tête le Gange , dont les eaux viennent de plut haut ,
c'eft- à-dire, du ciel , félon les Indiens , ou plutôt des
hautes montagnes qui font au midi de la Tartarie. Le P.
Catrou pourfuit ainfi. Depuis Akébar on a pouffe les dé-
couvertes plus loin , & l'on a trouvé que le Gange fait
une cascade fur la montagne d'où l'on croyoit qu'il tiroit
fa fource , mais qu'elle étoit bien plus avant dans les
terres au fond de la Tartarie. Je crois qu'il y a de l'excès
dans cette expreffion. Nous ne connoiffbns point de Re-
lations qui portent la fource du Gange au-delà des mon-
tagnes qui bordent le petit Tibet au midi oriental. C'eft
la même mafle de montagnes qui envoie le Sihuu Se le
Gehon ( qui font le Jaxarte Se l'Oxus des anoiens , au
nord-eft) arrofer la Tartarie des Usbecs, Le Sinde ou
l'Inde Se le Gange y ont auffi leurs fources , environ à
douze lieues l'une de l'autre , Se coulent, l'un vers le midi
occidental, l'autre vers le midi oriental.
Le Gange trouve d'abord des montagnes qui le re-
VS
jettent vers le fud-eft , puis vers l'eft , enîuite un partagé
entre les montagnes de Nangracut qui le ramènent vers le
midi. Il forme une aflez grande ifle à la rencontre d'urtë
rivière qui vient de l'eft où elle arrofe le royaume du
grand Tibet ; puis il ferpente tantôt vers le fud , tantôt
vers l'oueft ou vers le fud-oueft , dans le pays de Siba ,
Se au-deflbus de Sirinagar il reprend la route du fud-
eft , toujours en ferpentant jusqu'à Jambâ , dans le pays
de même nom ; arrofe Becaner, au pays de Bacar , re-
çoit la rivière de Perfilis , g. Se celle de Halabas qui
vient d'Agra; celle de Narvar , d. au pays du même nom ,
vis-à-vis de Benares , g. celle de Gouderafou , d. puis
une autre au-deffùs de Patna qu'il baigne, d. Énfuite il
fe charge de la rivière de Cadet , g. qui vient de Patan ,
des ruifîeaux de Ratara Se de Martnadi. C'eft à l'embou-
chure de cette rivière que commence le royaume de
Bengale. Au-deflbus de Ragemehale il fe fépare en deux
branches , Se forme une ifle à la pointe feptentrionale
de laquelle eft la ville de Cafembazar.
La branche occidentale reçoit plufieurs petites riviè-
res , l'une qui vient de Bamreflbr, une autre qui tombe
entre Chinchora Se Ougli, Se une troifiéme qui vient
de Mandracour. La branche orientale partant au nord
de Cafembazar , fe partage en deux , Se forme une ifle
à l'oueft deDaca, une autre au midi de cette ville , re-
çoit la rivière de Laquia, qui vient du lac de Chamay, & fe
jette dans le Gange par trois embouchures. Entre Daca
Se Ougli , il y a un canal qui communique d'une branche
à l'autre, Se enferme, au fud-eft, l'ifle où nous avons
dit qu'eft fitué Cafembazar. Celle qui refte à l'orient Se
au midi de celle-ci , eft vis-à-vis d'Ougli .Se de Chart-
dernagor : on y trouve Colcota. Elle eft bordée , à l'o-
rient, par la-branche occidentale du Gange qui fe fépare
en deux bras au-deflbus de Daca , & forme une ifle trian-
gulaire ; le bras qui coule vers le midi, après avoir formé
un angle aigu, le replie vers le nord-eft, & va retrou-
ver l'autre, avec lequel il fe rejoint , Se ils vont enfem-
ble baigner la ville de Chatigan , avant que de le perdre
dans la mer.
A l'entrée de l'embouchure occidentale eft l'Ilho de
Gale : entre cette embouchure Se la ville de Chatigan ,
qui eft à l'autre embouchure , le terrein eft entrecoupé
de canaux qui y forment un grand nombre d'ifles. J'ai
parlé de ces ifles , Se de l'oifeau Meina qu'on y trouve
à l'article de Bengale* •
Thevertot , Voyage des Indes , c. 40 , p. 201 , dit que
les Indiens Gentils regardent les eaux du Gange comme
facrées : ils ont' auprès des pagodes qui font les plus
belles des Indiens. Les deux principales font Jaganat. Voyez
Jagrenate; (elle eft à une des embouchures du Gange,
vis-à-vis 'de Chatigan) 'Se celle de Banarous , ou Be-
nares, qui eft auflî fur le Gange, mais beaucoup plus
haut ; celle de Caiî eft auffi fur le Gange ; c'eft la même
que le P. Bouchet , Lettres édifiantes, Recueil 14, p. I2
nomme Cachi ; elle eft à douze lieues d'AjOT-jA'
autre lieu fameux , qui eft plus vers le nord. Les Indiens
font fi perfuadés de la fainteté du territoire • de Cafi •
qu'ils croient que tous ceux qui y meurent , jouiffent du
privilège qu'Eswara a autrefois attaché à ce lieu-là. Lors-
qu'ils lbnt à l'agonie , il ne manque point de leuf ve-
nir fouffler dans l'oreille droite , Se de les purifier ainfî
de tous leurs péchés ; c'eft pour cela que les hommes Se
les bêtes meurent couchés fur l'oreille gauche. Si quel-
qu'un s'étoit imprudemment couché fur 1 oreille droite
il ne manquera jamais , difent-ils , de fe tourner de l'au-
tre côté, lorsqu'il fera prêt d'expirer. Cela fut confirmé
par un Mogol , qui , doutant de la vérité de ce miracle ,
voulut l'éprouver lui-même. Il avoit un 'cheval qui
n'en pouvoit plus , il le fit lier par les quatre pieds, & cou-
cher fur le côté droit : mais lorsqu'il fut prêt à mourir,
les cordes, qui lui attachoient les pieds , fe briferent , Se
il fe tourna fur l'oreille gauche. Comme les âmes de
ceux qui meurent à Cafi ne doivent plus retourner fur la
terre, leurs corps fe changent en pierres. Telle eft la
fuperflition indienne à l'égard de Cafi furie Gange. Celles
de Monger 8c de Patna font auffi près du Gange.
* Dijfert.fur les mœurs &fur la religion des Bramines,
P- 70.
Thevenot, p. 201 , dit qu'il n'y a rien de û beau que
ces pagodes , à caufe de la quantité d'or & de pierreries
dont elles font ornées: il s'y fait des fêtes de plufieurs murs
Tome III. E ij 3
J6
GAN
GAN
(k il y vient des cent mille perfonnes des autres pays des
Indes. Ils portent leurs idoles en triomphe, & l'on y
voit toutes fortes de fuperftitions. Elles font entretenues
par les Bramens , qui font en grand nombre , & qui y
trouvent leur compte.
Le Mogol boit ordinairement des eaux du Gange , à
caufe qu'elles font beaucoup plus légères que les autres ;
& cependant (dit le même auteur) j'ai vu des gens qui
affurent qu'elles caufent le flux de ventre, & que les
Européens qui font obligés d'en boire, la font bouillir.
■ Selon De l'Ifle , la fource du Gange eft vers 96 d. de
longitude , ckle 35 d. de latitude , & fon embouchure
occidentale vers le 106 d. de longitude, &c le n d. 15'
de latitude ; fon embouchure orientale eft vers le 108 d.
25' & par le Z2 d. de latitude.
Jofeph, Antiq. 1. 1 , et 2 , parlant du Phifon, l'un
des quatre fleuves du paradis terreftre , dit que c'eft le
même que les Grecs ont nommé le Gange. Cette opi-
nion a été fuivie par Eufebe , de Loas Ebraic. par faint
Ambroile , de Parad. c. 3 ; par S. Epiphane , Ancorat.
c. 58 ; par S. Jérôme, Epift. 4, ad Rufiic. c. 1. &
Qiiceft. Ebr. in Genef. par S. Auguftin , de Genefl ad
Litter. 1.8, c. 7 ; par plufieurs autres , & par la plupart
des interprètes &C des théologiens modernes. Elle l'a été
par les Indiens mêmes ; & c'eft fur quoi ils fe font fondés
pour croire que le Gange eft faint , qu'il efface leurs pé-
chés , & les fanftifie , lorfqu'ils s'y baignent , & qu'il
les fauvera après leur mort ; fi l'on y plonge leurs
corps.
Cette opinion , dit Huet , évêque d'Avranches , s'eft
principalement établie fur la beauté , les richeffes , &
les commodités de ce fleuve dont les livres des voya-
geurs font pleins : car encore qu'Arrien , Expedit. Alex.
L. 5 „ ait écrit que tous les Indiens , chez qui Alexandre
porta la guerre , étoient fans or , il y en avoit pourtant
dans leur terre , & -Moife a eu égard à la nature du pays ,
& non aux mœurs des habitans. Il eft certain que le
Gange a de l'or dans fes fables , fk fur fes rives ; qu'on
le met au rang des fleuves qui donnent des pierres pré-
cieufes ; que les royaumes de Golconde Se de Bisnagar
qui font fur la côte occidentale du golfe de Bengale, ou
le Gange fe décharge , font abondans en perles & en
pierres précieufes , &; que ne paroiffant pas vraifembla-
ble que de médiocres rivières fortifient d'un lieu pré-
paré fk embaili de la main de Dieu , on ne pourroit
attribuer cet honneur qu'aux plus fameux fleuves du
monde. Ainfi la beauté fk les richefles du Gange ont
fait croire qu'il venoit du paradis , fk cette croyance l'a
fait eftimer faint ; mais de plus , comme ceux qui veulent
que le Phifon foit le Gange , veulent que le Géhon foit le
Nil , on découvre un autre motif qu'ils ont eu d'entrer dans
ce fentiment. C'eft ce paffage de l'Ecléfiaftique, où il eft
dit que Dieu emplit tout de fagejfe comme le Phijon &
comme le Tigre au renouveau : qu'il remplit Fentendç-
ment, comme l'Euphrate, & comme le Jourdain , au tems
de la moiJJ'on :■ qu'il fait briller la doctrine ainji quune
lumière , & comme le Géhon au tems de la vendange.
Les pères, en lifant ce pafiage, fe font perfuadés que, l'auteur
a commencé le dénombrement de ces fleuves par l'orient,
fk l'avoit fini à l'occident , fuivant la coutume des Hé-
breux de regarder l'orient dans leurs descriptions géo-
graphiques , fk de mettre par conféquent le feptentrion
à leur gauche, fk le midi à leur droite, fk qu'ainfi le
Phifon étant le plus oriental de ces cinq , il ne pou-
voit être autre que le plus noble des fleuves d'Orient ,
qui eft le Gange. Le Tigre vient après , comme le plus
oriental des quatre autres ; puis l'Euphrate , le Jourdain
eniuite , fk enfin le Géhon , qui devoit être le plus
fameux des fleuves d'Occident , comme le Gange de
ceux d'Orient , & ils n'en ont point trouvé de préférable
au Nil.
Lorsque l'on a établi que le Phifon eft le Gange,
on n'a pas fait attention à la diftance de fa fource fk
lie des ■
qui
venoient du même
lieu ; ce qui auroit fait le jardin presque auiïi grand que
la terre. On a eu recours à des conjectures frivoles ,
ou à des fixions fans preuves , ou au miracle qui eft le
refuse ordinaire de ceux à qui la raifon ne fournit point
de dévenfe , fk un moyen fur pour foutenir les opinions
les plus bizarres. On avoit ouï dire ( ce qui eft faux )
que k Tigre &: l'Euphrate fortoient d'une même fource,
& qu'allez près de leur fource , ils fe plongeoient
fous là terre & reparoiffoient bientôt après , ce qui eft
véritable. On n'a point examiné la longueur de cette
courfe cachée , & on a prodigieufement allongé une
étendue qui eft de peu de lieues. On a dit que cette
prétendue fource avoit partagé fes eaux en quatre fleu-
ves , &r que ces fleuves s'étoient enfuite cachés fous la
terre, & qu'après de longs détours fecrets fk inconnus
qu'ils avoient faits fous divers pays & fous diverfes
mers, ils étoient allés renaître au bout du monde. Sur
ce principe on a choifi les fleuves qu'on a voulu pour
en faire le Phifon fk le Géhon ; fk fleuve pour fleuve ,
on ne pouvoit mieux choifir que le Gange.
^ Mais le Phifon ne fauroit être le Gange qu'en vertu
d'une fuppofition fans fondement. Il eft bien plus natu-
rel de croire , avec le père Hardouin , que le Phifon
& le Géhon étoient des fleuves de l'Arabie. Voyez
Phison.
Plutarque , dans fon Traité des Fleuves , dit que le
Gange a été anciennement nommé Chliaros , & raconte
à ce fujet cette fable. Une fille Indienne eut un fils par-
faitement beau , qui , étant un jour pris de vin , fk pres-
que endormi , eut commerce avec fa mère fans le (avoir.
Ayant enfuite appris de fa nourrice _ quel crime il avoit
commis , il fe jetta de défespoir dans le fleuve Chlia-
ros , qui perdit fon nom pour prendre celui de ce jeune
homme. Il ajoute, fur le témoignage d'un certain Callis-
théne qui avoit écrit de la chaffe , qu'au bord du Gange
il croît une herbe pareille à la buglofe , laquelle étant
broyée , on en exprime le fuc, &: dans l'obscurité de la *
nuit on en va frotter tout à l'entour les endroits où les
tigres fe retirent ; ce fuc a la force de les arrêter , de
manière qu'ils ne peuvent fortir, fk meurent dans cet
endroit. Le Gange fe déborde en certains tems , nourrit
des crocodiles , fk reffemble au Nil en plufieurs chofes.
Voici l'idée qu'Apulée , Florid. c. 6 , nous donne du
Gange qui coule chez les Indiens : Ganges apud nos om-
nium amnium maximus.
Eoïsregnator aquis in flumina centum
Discurrit , centum valles illi , oraque centum ,
Océanique fretis centeno jungitur amni.
Ces vers font une preuve que de fon tems on ne con-
noiflbit pas ce fleuve fort exactement. Ethicus qui , dans-
fa Cosmographie , parle auflî du Gange , en fait un gah-
mathias qui ne mérite pas d'être rapporté.
3. GANGE, (le) rivière de fille de Taprobane ,
félon Ptolomée ; c'eft vraifemblablement la rivière de
Triuquilimale, dans l'ifle de Ceïlan.
GANGEA, ville de Perfe, dans la Geirgie, entre
la ville d'Irvan & celle de Scharnaehie. Le, P. Avril ,
Voyage de Tartarie , L t., p. 65 , en parle ainfî: Gan-
géa , une des meilleures villes de la Perle , eft fituée
dans une agréable plaine de plus de vingt-cinq ou trente
lieues d'étendue. La quantité de ruiffeaux qui s'y rendent , ;
&: dont on fe fert pour arrofer les jardins qui occupent
une bonne partie de la ville , rendent le terroir .d'alen-
tour fertile. Nous y arrivâmes au milieu du printems ,
& jamais fpeftacle ne m'a plus frappé que cette multitude de
maifons entrecoupées d'une infinité de bocages , que for-
mulent alors les arbres également chargés de fleurs fk de
feuilles, qu'un beau verd naiffant rendoit encore plus agréa-
bles : aufïï les Perfans n'appellent-ils point autrement ce
canton enchanté , que le parterre de l Empire. Les bazars
ou marchés , qui font dans le centre de la ville , font les
plus beaux fk les plus magnifiques de tous ceux que j'ai
vus dans l'Orient : outre leur étendue extraordinaire ,
ils font très-bien voûtés , fk chaque espèce de marchan-
dife y a fon quartier marqué. Comme la fituation de
Gangéa eft extrêmement avantageufe pour le commerce,
on y voit en tout tems une très - grande foule d'étran-
gers.
GANGELA , royaume d'Afrique , dans la baffe Ethio-
pie , vers le royaume d'Angola, félon Baudrand , édit.
1681 , qui cite Jean Léon l'Africain : mais Jean ne parle
aucunement de la baffe Ethiopie qu'il ne connoiffoit
pas.
GANGES , nom latin du Gange.
GAN
GAN
37
G ANGES , petite ville de France, au bas Languedoc , très-marchande. Elle a un port affez commode que forme
dans le haut diocèfe de Montpellier , aux confins de ce- l'embouchure d'une rivière que la mer fait Couvent refou-
lui d'Alais , fur la rivière d'Aude , à fept lieues de Mont- 1er. A l'orient de la ville, eft un magnifique pont de pierre
pellier , au feptentrion; à quatre lieues d'Andufe , au cou- noire , de deux cents cinquante pas de long, foutenu fur
chant , & à dix-neuf d'Avignon , en allant vers Lodéve. plufieurs arches. * Atlas Sinenfis.
r.iwurivr -n_ ' i-rt:
* Baud. édit. 1705.
GANGETICATELLUS. Lucain, Pharfal. I. 4 , v. 64,
nomme ainfi le pays qu'arrofe le Gange.
GANGETICUS Sinus. Les anciens nommoient
ainfi le golfe de Bengale. Il a quitté le nom du fleuve
pour prendre celui du royaume où ce fleuve arrive à la mer,
GANHIANG, ville ce la Chine, dans la province
de Huquang , au département d'Yocheu. Elle eft de f d.
46' plus occidentale que Pékin, fous les 30 d. 2' de la-
titude. * Atlas Sinenfis.
GANHOA, ville de la Chine, dans la province de
Huquang, au département de Changxa. Elle eft plus occi-
1. "GAN GIN , ville de la Chine, dans la province de dentale que Pékin de 6 d. 10' , par les 28 d. 58' de lati-
Kiangfi, au département de Jaocheu , qui en eft la fe- tude. * Atlas Sinenfis.
conde métropole. Elle eft de 18' plus occidentale que GANI Montes, montagnes de iThrace', félon Gré-
Pékin , à 19 d. de latitude. * Atlas Sinenfis. ' goras : Nicétas les place vers la Macédoine. Suidas parle
2. GANGIN , ville de la Chine , clans la province de auffi d'une montagne qu'il nomme Ganos , vâvcç , de
Huquang, au département de Hengcheu, dixième me- Ganiada, lieu de Thrace, ravi*?*, Pline /. 4, c.11,
tropole clé la province. Elle eft plus occidentale que Pékin parle d'une ville nommée Ganos , qui ne mbfiftoit déjà
de4d. 50', parles 25 cl. 47'de latitude. * Atlas Sïntnjis. plus de fon tems. Quelques éditions portent GONOS ,
GANGINES , peuple de l'Ethiopie , félon Orofe , qui étoit une faute. * Ortel. Thefaur.
1.1. Orté\'ms,Thefaur. dit que c'eft préfentement la Gftiéç.. GANIADA. Voyez l'article précédent.
GANGI NUOVO, bourg de Sicile, au pied des GANIATTANI , félon Corneille, Dict. De l'Ille ,
montagnes dé Madonia , à la fource de la rivière Carte de Cdlan, écrit Ganatam , bourgade de l'ille
de Salfo, clans la vallée de Démona. Il atitre de principauté.
A deux milles, & au midi de ce bourg, on voit les rui-
nes de Gangi Vecchio, où eft encore une abbaye de
Bénédictins. Gangi Nuovo tient à-peu-près la place de
Ylmachara des anciens ; Se. Gangi Vecchio tient lieu de
leur Engyum, félon Del'Ifle.
GAnGIR, (le cap de ) cap d'Ane, dans la Syrie, àl'entrée
du golfe d'Aïazzo, entre la ville d'Alexandrette Se l'embou-
chure de la rivière qui baigne Antioche. * Baud. éd. 1705.
GANGLUDE, village aux environs de la Meufe ; à
de Ceilan , au royaume de Candy-Uda , près d'Yattonor.
GANIPOTES. Voyez Sitones. '
GANKI , ville de la Chine , dans la province de Fo-
kien, au département de Civencheu , féconde métro-
pole de cette province : elle eft d'un degré 34' plus
orientale que..Pékin , à 25 d. 4' de latitude. * Atlas Si-
nenfis.
GANKIE, ville de la Chine, dans la province de
Chékiang , au département de Hucheu , troifiéme métro-
pole de la province. Elle eft plus orientale que Pékin de
huit lieues d'Aix-la-Chapelle. Eginhart en parle dans l'his- 2 cl. 16' , par les 3 1 d. 3 ' de latitude. * Atlas Sinenfis.
toire des faints martyrs Marcellin & Pierre. GANKLIEU , ville de la Chine , dans la province de
1. GANGRA, viyy^ félon Strabon , GANGRE,fe- Channton , au département de Cincheu , quatrième
Ion Pline , ancienne ville d 'Afie , dans la Paphlagçmie. métropole de la province. Elle eft plus orientale que
Nous la nommons Gangres en françois , quoique le Pékin d'un degré 48' , par les 36 d. 23' de latitude,
nom moderne foitCANGRl. Cette ville eft remarquable * Atlas Sinenfis.
fur-tout clans l'Hiftoire eccléfiaftique, par le concile qui . GANKING, ville de la Chine , dans la province de
s'y eft tenu vers l'an 342, pour condamner ceux qui fou- Kiangnan , ou de Nankin: elle eft de 20' plus orien-
tenoient que le mariage n'eft pas un état faint Se agréa- taie que Pékin , Se fihiée à 3 1 d. 20' de latitude , au
ble à Dieu. Strabon , /. 12 ,p. 562, dit que ce n'étoit bord ftfptentrional du grand fleuve Kiang ; c'eft une des
qu'une petite ville , avec un château. Pline la nomme plus belles villes de la province : elle eft riche , très-mar-
fimplement Gangre ; une Notice de Léon le Sage chande ; car c'eft la première par où paffe tout ce que
donne à Gangra le 15e rang entre les métropoles. Elle l'on porte à Nank'n ; Se elle eft aux confins des trois
étoit effectivement la métropole delà Paphlagonie; Se provinces, Kiangnan, Huquang , ck Kiangfi. Elle a un
dans la Notice générale du même empereur , on lit Gan- yiceroi , qui eft placé par le gouverneur de la province
GRORUM pour le premier fiege , les autres font Junopo-
leos , Dadybrorum , ck Sorarum. La Notice des Hiéro-
cles met fix évêchés dans cette province.
Pagra, ou Gangra,
Pompeïopolis,
Sora,
Amaflrium ,
Junopolis ,
Dadybra.
il entretient une nombreufe garnifon au fort d'Haymuen,
qui défend le lac de Poyang, ck le fleuve Kiam, où la
famille de Tanga éleva une colonne de fer, haute de trois
perches, grotte à proportion, Se toute d'une pièce. Le
territoire de cette ville eft bien expoiè , agréable, &
fertile ; on y compte fix villes ,
Cette métropole perdit le 15e rang , Se né fut plus que
la 18e, félon la Notice du vieux Andronic Palœologue.
Son archevêque ne laifla pas d'être compté entre les Hy-
/>ert/raej,outrès-honorables.*Cizr<z/z£tfSummaConcil.p.96,
Ganking ,
Tungching j
Cienxam ,
Taihu,
Softmg ,
Se Yangkuns
Cette contrée s'appelloit autrefois Von. La famille de
S. Macédonius , patriarche de Conftanfmople , exilé à Tanga la nomma Jucheu; Se celle de Sunga l'appella
Euchaites. fe réfugia à Gangres, pour s'y mettre à couvert Ganking. * Atlas Sinenfis.
del'incurfion des Huns, Se y mourut l'an 516; S. Hy- GANLUNG, forterefle delà Chine, -dans la province
patins , qui, à fon retour du concile de Nicée ,fut tué par de Quangfi , Se la féconde en rang. Elle eft plus occi-
îes Novatiens , étoit évêque de Gangres. Thevet dit que dentale que Pékin de 12 d. 57' , par les 24 d. 4' de
Gangres fut nommé auffi Pompeïopolis. Hiérocles les
diftingue, comme on vient de voir. Belon dit qu'elle a
été nommée Theodosia Gangrorum , Se qu'on a
fait de ces deux noms celui de ToTIA , qui , félon lui ,
eft le nom moderne. Le P. Hardouin femble ftùvre ce
fentiment. Le nom moderne eft GANGRI. Ce lieu fe
trouve clans l'Anatolie, vers la fource du Sangari, entre
Chiutaye Se Chiangare.
latitude. * Atlas Sinenfis.
1. GANNAN , ou Annan. Voyez Annan.
2. GANNAN, forterefle de la Chine, dans la province
de Iunnan , au département de Lingan , troifiéme métro-
pole de la province: Elle eft de' 13 d. 50' plus occidentale
que Pékin , fous les 23 d. 21 ' de latitude. * Atlas Sinenfis.
3. GANNAN, forterefle de la Chine, dans la pro-
vince de Queicheu , au département_de Lungli , qua-
C'eft Gangra, ville du Pont, nommée parNicetas; triéme ville militaire de la province. Elle eft plus oc
Ottélius femble les dift
2. GANGRA , ancienne ville de l'Arabie heureufe ,
félon Etienne le géographe.
G ANGUEL /bourgade d'Afrique. Voyez BlYURT.
GANHAY , forterefle de la Chine , clans la province
de Fokien. Elle eft de 2 cl. 3' plus orientale que Pékin,
6e fa latitude eft de 24 d. 45'. Elle eft forte , riche Se
dentale que Pékin de 12 d. 45' , par les 25 d. 41' de la-
titude. * Atlas Sinenfis.
GANNARIA ExTREMA , cap de l'Afrique, fur l'o-
céan. Quelques exemplaires portent Ch aux aria. Quel-
ques auteurs croient que Ptolomée nomme ainfi le cap
de Non. * Ptolom. I. 4, ç. 6.
GANNAT, petite ville de France, dans leBourbonnois:
38
G AN
CAN
& la dernière du côté de l'Auvergne, à une lieue au
nord de Montpellier. Il y a un chapitre , un Couvent de
Capucins,un d'Auguftins , Se un de Filles de Notre-Dame.
On y compte cinq cens habitans , & cinq cens foixante
& dix feux. C'eft une des. dix-neuf cliâtellemes qui dé-
pendent du bailliage & (enéchauffée de Moulins ; il y a
éleftion , grenier à fèl , bureau d'entrée Se de fortie. De
Lonsruerue , Défi, dé la France , p. 13 1 , dit que la por-
tion du Bourbonnois , où (ont la ville de Gana (Gan-
nat ) & le bourg de V"ichi, eft du diocèfe de Clermont,
Ôc a été détachée de l'Auvergne.* Piganioldela Force ,
Defc. de la France, t. 5 , p. 25a Se 263. .1
GANNINGO , ville de la Chine , dans la province
d'Iunnan , au département d'Iunnan , première métro-
pole de la province. Elle eft plus occidentale que Pékin
de 14 d. 41' , par les 24 d. 45' de latitude. * Atlas Si~
nenfzs.
GANNODURUM, ou
GANODURUM, ancienne ville des Helvétiens, fur
le Rhin , félon Ptolomée , /. 2, c. 8. Les modernes dis-
putent fi c'eft Constance, Zurzach, ou Lauf-
FENBERG; cependant on a employé Ganodurum dans le
moyen âge , pour fignifier Confiance.
GANOS. Voyez Gant.
1. GANPING, ville de la Chine, dans la province
de Quangfi , au département de Taiping , huitième mé-
tropole de la province. Elle eft plus occidentale que Pékin
de 12 d. 24', par les 23 d. 38' de latitude. * Atlas Si-
nenfis.
2. GANPING , ville de la Chine, dans le Pékéli , au
département de Chanting, quatrième métropole de la
province. Elle eft plus occidentale que Pékin d'un degré
32', par les 38 d. 43 ' de latitude. * Atlas Sinenjls. '
GANSAY, ville de la Chine, dans la province de
Xenfi , au département de Jengan , huitième métropole
de la province. Elle eft plus occidentale que Pékin de
8 d. io', par les 37 d. 32' de latitude. * Atlas Sï-
nenjls.
GANSIE , ( le- royaume de ) eft l'ancien pays des Par-
thes. Il eft fitué à l'oueft des Ta-jeu-chi, proche le fleuve
Goei-chom , ou Gihon. Dans la fuite ils ont fournis le
Tiao-Tchi ou Perfe. Les géographes des premiers Han
lui donnent pour capitale Ta ville de Fantéou-tching ,
éloignée de Siganfou de 11600 lieues; au nord , ce pays
confine au Kamkiu ; à l'eft , au pays d'Ou-y-chan-li ; à
l'occident , à la Perfe. Les géographes des féconds Han
appellent fa capitale Hototching, qu'ils placent à 25 milles
lieues de Lo-yam , & difent que ce pays confine, au midi ,
a celui d'Ou-y-chan-li. Ils ajoutent qu'il eft d'une très-
grande étendue , Se qu'il y a plufieurs centames de villes.
Ils en nomment une Mo-leu-tching , que l'on appelle la
petite Ganjit , éloignée de vingt mille lieues de. Lo-
yam.
Ces différentes capitales viennent de ce que les rois
Parthes ont changé de capitale, à mefure qu'ils ont
étendu leurs Etats. Les Ganfies ont des monnoies d'or
6c d'argent, qui ont d'un côté l'empreinte du roi , de
l'autre la figure d'un homme ; c'eft ce que l'on voit fur
la monnoie des Parthes. * Hifioire générale des Huns ,
t. 11 , p. 50.
GANSO, ville de k Chine , dans' le Pékéli , au dé-
partement de Paoting , féconde métropole de la pro-
vince. Elle eft plus occidentale que Pékin d'un degré
16', par les 39 d. 20' de latitude. * Atlas Sinenjls.
1. GANT. Voyez Gorduni.
2. GANT , bourg de France , dans le Béarn , fur la
petite rivière de Nés , à deux lieues de Pau , du côté du
midi. Pierre de Marca , dont l'excellent livre intitulé
Marca Hispanica , a fourni tant de lavantes obferva-
tions à ce Di&ionnaire , naquit en cet endroit, le vingt-
quatre Janvier 1594 : il fut confeiller d'Etat, Se marié.
Etant devenu veuf, il fe fit éccléfiaftique , fut évêque de
Conferans , Se enfuite archevêque* de Touloufe; Se il
étoit nommé à l'archevêché de Paris , lorsqu'il mourut le
29 Juin 1661.
1. GANTING, ville de la Chine, dans 1a province
de Xenfi , au département de Chunchang , cinquième
métropole de la province. Elle eft plus occidentale que
Pékin de 11 d. 21', par les 37 d. 9' de latitude. * Atlas
Sïnenfc.
2. GANTING, yille de la Chine , dans la province
de Xeufi , au département de Jengan, huitième métro-
pole de la province. Elle eft plus occidentale que Pékin
de 8 d. 18' , par les 38 d. 8' de latitude. * Atlas Si-
nenjls.
GANTOIS, (les) habitans de Gand.
GANTUNG , ville de la Chine , dans la province
de Kiangnan , au département de Hoaigan , huitième mé-
tropole de la province. Elle eft de 2 d. 46' plus orien-
tale que Pékin, fous les 34 d. 36' de latitude. * Atlas Si-
nenjis.
GANXUN, cité de la Chine, dans la province de
Queicheu. Elle eft de 12 d. 6' plus occidentale que Pé-
king , Se compte 2 5 d. 3 5 ' de latitude. Elle n'a dans fon
diftricl: que deux fortereffes , NlNGCO Se SlPAO. On
prétend qu'elle appartenoit à la feigneurie d'Hoang-fo. La
famille de Juen la bâtit, Se l'annexa à la province de
Junnan : celle de Taiminga l'unit à" la province de
Queicheu. O y compte trois ponts , l'un au levant , &
l'autre au couchant de la ville ; le troifiéme , furnommé
Tienseng , c"'eft-à-dire naturel, a plus de mille perches
d'étendue , Se touche aux murs de la ville ; l'eau paffe
par defïbus ; Se le chemin eft fi bien creufé des deux
côtés , qu'il reflemble à l'arche d'un pont. * Atlas Si-
nenfis.
Cette cité a au levant une montagne nommée NîÈN-
CUNG, qui eft très-haute , quoiqu'elle n'ait que dix ftades
de terrein.
1. G AN Y, ville de la Chine, dans la province de
Kiangfi , au département de Nankang , quatrième mé-
tropole de la province. Elle eft d'un degré 48' plus occi-
dentale que Pékin , fous les 29 d. 41 ' de latitude.
2. GANY, ou GaGNY , en latin Vadiniacum , village
de France, au Vexin, fur la rivière d'Epte, à un grand
quart de lieue de l'endroit où elle fe décharge dans la
Seine, entre Vernon Se la Roche -Guyon, au diocèfe
de Rouan. On croit que S. Nigaife, S. Quirin ou Cerin ,
S. Scuvicule ou Egobillc, S. Pienche , Se quelques autres
y furent martyrifés. L'un des plus célèbres eft S. Cler ,
qui a donné le nom au bourg de Saint-Cler, lieu de fa
première fépulture , Se de fon culte , proche de-là , fur la
même rivière. C'eft le même que Gasny. Voyez cet ar-
ticle. * Baillet, Topogr. des Saints, p. 599.
GANYE , ville de la Chine , dans la province de
Channfi, au département de Pingyang, féconde métro-
pole de la province. Elle eft plus occidentale que Pékin y
de 6 d. 40' , par les 36 d. 20' de latitude. * Atlas Si-
nenfis.
GANYNËN , ville de la Chine , dans la province de
Kianfï, au département de Cancheu, douzième métro-
pole de la province. Elle eft d'un degré 5 5 ' plus occi-
dentale que Pékin , fous les 25 d. 12' de latitude. * Atlas
Sinenjls.
GANZ, royaume'd' Afrique, dans la partie méridio-
nale de l'Abiffinie, au nord d'un lac qui fe décharge dans
la rivière de Béto, tombe enfuite dans le Nil. Il eft voi-
fin du royaume de Gafat. Ludolf, FUJI. Ethiop. I. 1 ,
c. 3 , obferve que quelques-uns trouvant ce nom avec
celui de Bali ,«■ autre royaume , clans les titres du roi
d'Abifîinie , en ont fait mal-à-propos un nouveau royaume
qu'ils ont nommé BALEGANZ.
GANZO , ou Gamzo , ancienne ville de la Pales-
tine , dans la tribu de Juda. Les Philiftins la prirent fous
le règne d'Achaz. * Paralip. I. 2, c. 28 , v. 18.
GAOGA, ou KaucHA , royaume d'Afrique , dans
là Nigritie , à l'extrémité orientale. Il eft borné , au
couchant, par le royaume de Bournou; au nord, par le
pays de Berdoa, Se confine à l'Egypte par un coin. Au
nord-eft , il a pour bornes la Nubie ; au fud-eft, Bar-el-
Abiad , qui fe jette dans le Nil ; Se au midi , le royaume
Se les déferts de Gorhan. Sa longueur Se fa largeur font
d'environ cinq cens milles. Ce pays n'eft habité que par
des Barbares qui vont tout nuds , Se n'ont qu'un peu de
peau pour couvrir ce que la bienféance ne permet pas
de laiffer voir ; leurs cabanes ne font que des bran-
chages Se des feuillages : ils ont des troupeaux nom-
breux , Se en ont grand foin. * J. .Léon , Defcr. Afric.
1-7, '■ 16.
Ils ont vécu libres affez long-tems-; mais ils ont été
fubjugués par un Nègre du pays , qui ma fon maître ,
prit tous fes effets, s'enfuit dans fou pays, qui n'étoit pas
éloigné ; affembla plufieurs autres Nègres , leur acheta
CAP
CAR
des chevaux , les exerça à la courfe , pilla les environs.
Son parti augmentant tous les jours, il fe fit reconnoître
fouverain. Son fils , qui lui fuccéda , fuivit fes traces , &c
régna quarante ans, après quoi , il laiffa cette couronne à
fon frère Moïfe , dont le petit-fils nommé Homar , regnoit
encore , lorsque Jean Léon écrivoit.
Le Lac de GAO.GA, lac d'Afrique , au royaume
de même nom, par le 34 d. de longitude, & le 16 d.
de latitude feptentrionale. * De l'IJle, Atlas.
La Ville de GAOGA, ou Kaucha, ville d'A-
frique , en Nigritie , dans le royaume du même nom ,
au nord du lac de Gaoga ; c'eft la feule ville qu'on con-
noiffe dans ce royaume ; car Kucu eft au nord-eft du
pays de Kovar qui eft la partie feptentrionale du royaume
de Gaoga.
GAORIS. Voyez Goaris.
GAOXA , ifle de la Chine , fur la côte de la pro-
vince de Quantung. Corneille dit , après le P. Kircher ,
qu'on y voit un animal qui eft poiffon à écailles une par-
tie de l'année , ck oifeau à plumes pendant une autre
{ai fon.
GAOYANG, ville de la Chine, dans le Pékéli, au
département de Poating , féconde métropole de la pro-
vince. Elle eft plus occidentale que Pékin d'un degré 15',
parles 39 d. 3' de latitude. * Atlas Sinenfis.
GAP, en latin Vapincum, ou Vapingum, ville
de France en Dauphiné , dans le Gapençpis , aux con-
fins de la Provence , fur la rivière de Bene. Elle eft au
pied d'une montagne , & commence à fe rétablir du fac
qu'elle fouffrit en 1691. Elle eft médiocrement grande ;
fa cathédrale eft un édifice nouvellement réparé : la mai-
fon de l'évêque n'a rien de remarquable. Cet évêché eft
ancien : les noms de fes trois premiers évêques ne nous
font pas connus ; mais le quatrième , appelle S. Conjlamin,
aflifta au premier concile d'Orange. Il y a dans ce dio-
cèfe deux cens vingt-neuf paroiffes. Le chapitre de la
cathédrale eft compofé d'un doyen , de trois perfonnats ,
& de treize chanoines en tout. Il y a quelques maifons
dans la ville qui font affez pafTables. Les murailles font
fort peu de chofe. Les cordeliers font hors de la ville ,
& leur églife eft affez jolie pour le pays. Charange
eft la rnaifon de plaifance de l'évêque. Elle eft affez éle-
vée , mais fort peu de chofe par elle-même. * Piganiol
de la Force , Descr. de la France, t. 3 , p. 250 6k 263.
Long. 23 d. 44'. Latit. 44 d. 35'.
GAPACHI, ancien peuple de l'Ethiopie , fous l'E-
gypte , félon Ptolomée , /. 4, c. 7.
GAPENÇOIS , ( le) pays dé France , en Dauphiné :
la Provence le borne au levant & au midi ; le Diois ,
au couchant, & le Graifivaudan au nord. Gap en eft la
capitale. Les peuples de ce pays s'appelloient autrefois
Tricorii : leur pofition eft exa&ement marquée par
Tite-Live qui raconte au 1 liv. de la 3 e Dec. qu'An-
nibal entra dans le territoire des Tricaftins, c'eft-à-dire,
dans le diocèfe de Saint-Paul-Trois-Châteaux ; que de-là
il s'avança jusqu'à l'extrémité des Vocontiens , où eft la
ville de Die , d'où il entra dans le territoire des Tri-
coriens; à l'égard de la ville nommée Vapincum ou
Gap , aucun ancien géographe , ni hiftorien n'en a fait
mention; mais on la trouve dans l'Itinéraire d'Antonin,
dans celui de Bourdeaux à Jérufalem , 6k dans la Carte
de Peutinger. * Longuerue , Descr. de la France , part. 1 ,
p. 327.
Le premier évêque de Gap , ou Vapincum , qu'on
connoiffe , eft Conftantius qui affifta au concile d'E-
paune , fous Sigismond , roi des Bourguignons , à qHi
les Gapençois obéiffoient alors : peu après, ce pays vint
au pouvoir des François Mérovingiens. Sous les Carlo-
vingiens, il fit partie du royaume de Bourgogne; fut
poffédé enfuitepardes princes de différentes maifons, 6k
presque tout diffipé fous le règne de Rodolphe le Lâche.
Dans ce tems , Guillaume Taillefer , comte de Touloufe ,
poffédoit tout ce qui eft entre le Rhône , 1'Ifere , 6k la
Durance : il époufa , vers l'an 1000 , Emma , fille de
Guillaume , comte de Forcalquier , 6k prit la qualité de
marquis de Provence. L'arriere-petit-fils du comte Guil-
laume 6k d'Emma , n'eut qu'une fille , Adelaïs , qui époufa
Ermengaud , comte d'Urgel , en Catalogne , & le fit
comte de Forcalquier 6k de Gap ; fon arriere-petit-fils
n ayant pas voulu faire hommage à l'empereur Frédéric
Bacberouffe , fut mis au ban de l'Empire , l'an 1 1 62. Guil-
39
laume fut rétabli deux ans après ; 6k , Fan 1 1 78 , le même
comte fit hommage à Alfonfe , roi d'Aragon , comme
comte de Provence.
Du tems de Guillaume , comte de Forcalquier 6k de
Gapençois , l'évêque de Gap obtint la feigneurie entière
de la ville & du territoire, fans cependant fe féparer du
comté de Forcalquier , qui fut depuis uni à celui de Pro-
vence. André de Guigues , en époufant Béatrix de Claus-
tral , eut le comté d'Embrunois 6k de Gapençois , de-
puis le pont de Buech , près de Sifteron , & au-deffus ,
en remontant la Durance ; ce qui ne lui donna aucune
fupériorité fur l'évêque de Gap. Au contraire , le Dau-
phin André fit hommage , l'an 1 13 2 , de ce qu'il poffédoit
dans le Gapençois , à Guillaume de Sclapon , évêque de
Gap. Le Dauphin Guigues , fils d'André , rendit les mê-
mes devoirs à Othon, évêque de Gap. Ce prélat , pour
mettre à la raifon les habitans qui l'avoient arrêté pri-
fonnier, affocia à la feigneurie de cette ville Charles
d'Anjou premier du nom , roi de Sicile , & fes fucceffeurs,
aux comtés de Provence 6k de Forcalquier, dont ce pré-
lat étoit auparavant vaffal fidèle, comme fes prédéceffeurs
l'avoient été. Geoffroi de Lyoncel, fucceffeur d'Othon,
reconnut tenir fa ville de Gap 6k une partie de fon tem-
porel, de Robert roi de Naples 6k comte de Provence,
au mois de Décembre de l'an 1309; Se Dragonet, évê-
que de Gap, rendit à ce roi, comte de Provence, le
même devoir au mois de Juillet 13 19.
Les fucceffeurs de Robert au comté de Provence,
jouirent paifiblement des mêmes droits fur Gap , jufqu'à
l'an 1447. Ce fut alors que le Dauphin Louis , depuis
roi de France , chaffa de Gap l'évêque Guillaume de
Ceirefte, qui s'étoit oppofé au paffage de fes troupes. Ce
prélat fut rétabli peu après , à la prière du pape , 6k de-
manda pardon au roi Charles VII, 6k au Dauphin fon
fils; l'évêque fut même contraint de fouffrir que tes dio-
céfains fùffent compris dans l'impofition que les Etats du
Dauphiné firent par feu fur cette province. Enfuite le
Dauphin fe rendit maître abfolu de la ville de Gap ;
mais ayant reconnu qu'elle appartenoit au roi René ,
comte de Provence, 6k à l'évêque Gaucher de Forcal-
quier, il la leurreftitua; ainfi ce ne fut qu'après l'union
de la Provence à la couronne, & après la mort de Char-
les du Maine , neveu & fucceffeur de René , que Louis
XI, 6k fon fils, Charles VIII, eurent la fouveraineté de
la ville 6k de l'évêché de Gap.
Dans le fiécle fuivant, le Gapençois reconnut la juris-
diftion du parlement de Grenoble. Le procureur-général
du parlement d'Aix intenta, à ce fujet , procès à celui
de Grenoble , devant le roi François I 6c fon confeil
d'état , qui , par un arrêt rendu , l'an 1 53 5 „ adjugea Gap
aux Provençaux. Cet arrêt ne fut point exécuté. Le par-
lement de Grenoble , 6k les officiers du Dauphiné font
demeurés en poffeftion de Gap.
Cette ville eft aujourd'hui peu confîdérable , ayant
fouvent été ruinée , durant les guerres civiles 6k
étrangères , & fur-tout dans l'invafion que les ennemis
de l'Etat firent en Dauphiné, l'an 1692. Les évêques de
Gap , dont la ville avoit été mife fous la féconde Nar-
bonoife , ont toujours reconnu pour métropolitains ceux
d'Aix , depuis que ces derniers prélats ont joui de
la dignité archiépiscopale, après le concile de Franc-
fort.
GAPHARA , ancien village d'Afrique , dans la Mar-
marique, félon Ptolomée, 1. 4, c. 5. Il étoit dans les
terres , 6k à quelque diftance de la mer.
GAPSELUS. Voyez Galepsus.
GAR , ville d'Afrique , dans la province de Tripoli,
le long de la côte , près de la capitale. Elle eft toute ou-
verte comme un village. On y voit encore quelques rui-
nes de murailles & de tours. Quelques-uns la nomment
la Citerne , à laquelle Ptolomée donne 43 d. 25' de lon-
gitude , 6k 3 1 d. 20' de latitude. ( Il parle de Cijlernce ,
& met 43 d. 1 5' de longitude. ) Marmol ajoute : Elle eft
habitée des Béréberes , qui étoient fujets du feigneur de
Tacore, lorsque Tripoli étoit aux Chrétiens. Il y a aux
environs quantité de palmiers de grand rapport, & quel-
ques terres où l'on feme de l'orge. Les habitans vi-
vent de ces fruits 6k de la pêche. * Marmol, Afrique ,
1. 6 , c. 48.
GARABUS A , petite ifle de la mer Méditerranée , avec
un fort, .dans un port de même nom, lùr la côte occidentale.
4o
GAR
GAR
de l'if.e de Candie, au territoire de la Canée, près du
cap de Bufo. Les Turcs s'en emparèrent par furprife , au
commencement de 1692, & l'ont gardé, par la paix de
Carlowitz. * De Wit, Carte de Candie. Baud. édit.
1705.
GARACK, ifle du golfe Perfique, l'une des plus con-
fidéiables qu'on y trouve. Elle eft également éloignée
des côtes de Perte , & de l'Arabie , à dix-huit lieues ou
environ de l'embouchure de l'Euphrate. Elle a la ville de
Berderrich au nord, & l'ifle de Baharem au midi. Lors-
que le golfe Perfique étoit partagé entre plufieurs petits
ibuvera'ins, l'ifle de Garack appartenoit aux Juifs, &
l'on voit erwore les ruines de la ville qu'ils habitoient ;
elle a dû être fort grande Se fort belle, fi on en juge par
les monumens qui en reftent. La fynagogue , bâtie en
forme de pyramide , fert aujourd'hui de mosquée aux
Mahométans ; mais tous ces petits Etats ont été fujets
à bien des révolutions. Après que les Portugais fe furent
rendus maîtres d'Ormus , ils les réduifirent fous leur do-
mination, &C en furent eux-mêmes chartes parCha-Abas
roi de Perfe. Ce fut la dernière révolution des ifles du
golfe Perfique , dont les villes habitées préfentement par
les Arabes , ne coniérvent plus que quelques vertiges de
leur première grandeur. Cela paroît principalement en
l'ifle de Garack : au lieu d'une ville fuperbe qu'on y
voyoit anciennement , on n'y trouve plus qu'une bo.ur-
gade bâtie des débris des édifices , qui en failbient l'or-
nement. Elle eft fur un coteau dont la vue eft fort agréa-
ble. Le terroir eft fec &; pierreux , brûlé par les ardeurs du
foleil , élevé par le milieu , & presque tout découvert.
Les troncs énormes, &£ les racines qu'on y voit encore,
font connoître qu'il y avoit un bois. Du côté de l'orient ,
on trouve quelques bocages épais , aflez frais , &C quel-
ques palmiers plus beaux à peindre , pour repréfenter
Garamantes. Il dit , Edog. 8 , v. 44: Extremi Ga
tes : ces deux partages ne font point connoître la pofition
de ces peuples. Pline, A 5 , c. 5 , eft presque le feul qui
en ait donné des détails. Voici ce qu'il en rapporte : au-
delà il y a des déferts : Matelgœ , bourg des Garaman-
tes ; Débris , où eft une fontaine qui , depuis midi jus-
qu'à minuit, eft brûlante ; & depuis minuit jusqu'au midi
fuivant , elle eft d'un froid à glacer ; la fameufe GARAMA,
capitale des Garamantes. Tout ce pays a été dompté par
les armes des Romains , &c Cornélius Balbus en a triom-
phé... . & dans fon triomphe , outre les villes de Cidame
& de Garama , on porta les noms & repréfentations de
toutes les nations & villages qui marchèrent dans cet
ordre : Tabidium , petite ville ; Niteris , nation ; Negli-
gemela , bourg ; Bubcïum, nation ou bourg; les Enipi ,
peuple ; Thuben , bourg ; la Montagne noire ; Nitïbrum
&c Rapfa , bourg; les Disceri , peuple ; Débris, bourg;
le Nacabur , rivière ; Tapfagum , bourg ; les Nannagï ,
peuple; Botn, bourg; Pige, bourg; le Dafibari, ri-
vière : enfuite on voyoit ces bourgs, Baracum, Baluba,
AlaJi,Balfa, G alla , Maxala, Zi^ama , le Giri, mon-
tagne , où un écriteau marquoit qu'il y croît des pierres
précieufes. On n'avoit pu encore trouver le vrai chemin
pour aller aux Garamantes , pourfuit l'auteur cité ; car
les coureurs de cette nation couvrent de fable les puits ,
qu'il ne faut pas creufer bien profondément , quand on
connoît le pays. Pendant la dernière guerre que l'on a
laite contre les habitans d'Œea, fous Vespafien, on a
trouvé un chemin plus court, qui n'eft que de quatre
jours ; ce chemin s'appelle le long de la pointe du rocher.
Ptolomée , /. 4 , c. 6, dit : les Garamantes s'éten-
dent depuis les fources du Bragadas , jusqu'aux marais
de Nuba.
Les nations & les villes , ou bourgs , que Pline nomme
lieu qui a quelque chofe d'affreux & d'agréable tout à la dans le triomphe de Balbus , n'étoient peut-être pas toutes
fois , qu'ils ne font commodes aux habitans. Cette ifle
où s 'eft confervé un aqueduc de pierre de taille , qui tra-
versât l'ancienne ville , feroit peu importante , fi l'on n'y
faifoit la pêche des perles. Elle en fournit à l'Europe &:
à l'Afie , & les connoifTeurs conviennent que ce font les
plus belles. * Carre, Voyage des Indes, t. I , p. 130
& fuiv.
GARADA , ancien lieu de la Syrie. Varron , de Re
rujl. c. 48 , parle avantageufement de fa fertilité.
GARjE , lieu par où parte d'abord le Méandre , avant
que de traverfer l'Ionie , où il fe jette dans la mer. * Tu.
Liv.l. 38.
GARjETIUM , château d'Afrique , au pays des Mes-
foles. Il fut attaqué par Calpurnius Craflîis , au rapport
de Plutarque. * Parall. Hifl. Rom. & Gmc.
GARAISON , ( Notre-Dame de ) lieu célèbre pour la
dévotion à. la Vierge , dans la Gascogne , au pays des
Quatre-V allées , dans celle de Magnoac. Cette chapelle
eft deffervie par quinze prêtres qui font beaucoup de fruit
dans le canton.
GARAMA. Voyez l'article GARAMANTES.
G ARAM/EI , ancien peuple de l'Aflyrie, félon Ptolo-
mée, l. 6, c. 1. Ils étoient vers le milieu , entre l'Arra-
pachitide , & la Sitacene.
GARAMANTES, ancien peuple de la Lybie , dans
l'intérieur de l'Afrique , félon Ptolomée, A4, c.;6. Stra-
bon, /. 17, dit : au-deftus de la Getulie, eft le pays des
Garamantes , qui lui eft parallèle. Il l'éloigné des Ethio"
piens , & des habitans du rivage de la mer , de neuf ou
des Garamantes. On ne fait celles qui en étoient , ou des
pays voifins. Ce même auteur nomme une forte de pierre
précieufe Garamantites ; peut-être venoit-elle de la mon-
tagne Giri , de laquelle il fait mention dans le partage
cité.
GARAMAS, montagne d'Aile. Vibius Sequeftery met
la fource du Phafe.
GARAPHA , ville maritime dei' Afrique propre , félon
Ptolomée, A4, c. 3. Les ruines, que l'on voit à Gar,
pourraient bien être celles de cette ville.
GARAPHI Montes , montagnes de la Mauritanie
Céfarienfe, félon Ptolomée , A4, c. 2.
GARAS , autre montagne du même pays , félon le
même auteur.
GARATES, ruifleau du Péloponnefe, dans l'Arca-
die , félon Paufania's , A 8 , c. 54.
GARAUP ou la Garoupe. ( Cap de ) Voyez au
mot Cap.
GARAZU, petite ville de l'Amérique méridionale,
au Brefil , dans la capitainie de Fernambouc , fur la côte,
à fix lieues espagnoles d'Olinde. Les Hollandois la fur-
prirent au mois de Mai 1632 , &£ l'ont perdue avec le
refte du Brefil. Corneille , Diction, a eu tort de dire
qu'ils en font aujourd'hui les maîtres. * Baud. éd. 1705.
G ARBATA , ràpÇœra , montagne de l'Ethiopie , fous
l'Egypte, félon Ptolomée, A 4, c. 8. Elle étoit à l'orient
du Nil.
GARBENSIS, fîége épiscopal d'Afrique, dans la Nu-
midie. La Notice d'Afrique met entre les evêques de
dix journées de chemin, &£ de quinze d'Ammon; mais Numidie Félix de Garbe {Félix Garbenfù.) Il eft parlé
d'un autre Félix de Garbe dans la Conférence de Car-
thage, p. 288, éd. Dupin. Viftor de Garbe eft nommé
dans les Aftes du concile de Cirtha, ck dans S. Optât,
' g'aRBOLANGI. Voyez Hyccara.
GARCIA , (ifle de Diego-) ifle de la mer des Indes ,
au nord-eft de celle de Roquepire, ouRoquepic. Long. 86.
Latit. mirid. 7 d. 30'.
Cette ifle, qui a dix ou douze lieues de longueur , eft
fort agréable , 6c capable de donner toutes fortes de
Les Romains d'alors -ne connoifloient rien au-delà des rafraîchiflemens ; mais l'accès en eft difficile. Elle eft
ne donne cette diftance , que pour un ouï-dire. Il 1
paroît pas que, fous Augufte, on eût une connoiflance fort
diftinfte de ce peuple. Virgile , JEneïd. 1.6, v. 794, dit
que ce prince étendra fon empire fur les Garamantes &
les Indiens. Cela peut avoir deux fens , c'eft-à-dire, fur
les peuples'.les plus reculés de l'Afie cV. de l'Afrique:
Super & Garamantas & Indos
Proférée imperium.
Indes, en Afie , ni
que.
-delà des Garamantes, en Afri-
Cela peutauffi s'entendre de deux peuples rapprochés,
en expliquant ces Indiens par les Ethiopiens que l'on a
appelles auflï Indiens , & qui étoient peu éloignés des
couverte de cocotiers, & fi remplie d'oifeaux-, qu'ils
y forment continuellement une efpece dénuée. * Robert,
Carte d'Afie , 175 1 Voyage du ch. Michelburne, iôoy.
GARCILUIN , ville d'Afrique , en Barbarie , au
royaume de Fez , dans la province de Chaus , au pied
1 des.
GAR
CAR
des montagnes , du côté du midi. Les anciens Africains
la bâtirent fur la rivière de Zis , qui a fur fes bords
beaucoup de moulins , & des jardins où il y a une fi
grande abondance de pêches , qu'on en garde quantité
de féches toute l'année. La ville de Garciluin fut ruinée
par les Almohades , quand ils dépofféderent les Almora-
vides. Les Bénimérinis, l'ayant rebâtie enfuite, la repeu-
plèrent Se l'embellirent de fuperbes édifices. Elle a di-
minué peu-à-peu : il n'en refte que les murailles Se
quelques méchantes maifons ; de forte qu'il y a peu
d habitans ; encore font-ils ■ très-pauvres. Ils cultivent
quelques terres du côté du nord ; le refte n'eft que rochers
ftériles. Le pays ayant été quelque tems fans roi, après
la mort d'Abdulac , dernier des Bénimérinis , les Arabes ,
dont elle empêchoit les courfes , s'attachèrent à la ruiner.
Les anciens Magaroas de la tribu de Zentélas , s'étant
rendus maîtres de cette ville , la fortifièrent pour défendre
le paflage aux Lumptunes ; mais cela leur fut inutile ,
puiique les Lumptunes entrèrent d'un autre côté , l'an
1534. Le chérit" Muley - Hamet la prit fur le roi de Fez,
qui la recouvra enfuite, après quoi le chérif s'en rendit
maître tout de nouveau , ce y mit gamifon. * Marmot ,
Afrique, liv 4, c. 118.
GARCIS , petite ville d'Afrique , en Barbarie , au
royaume de Fez , dans la province de Chaus. Elle eft
fur la rivière de Mulacan , à cinq lieues de Teuret. Les
anciens Africains , de la lignée des Bénimérinis , la bâ-
tirent fur un roc , pour leur fervir de forterefTe , Se pour
y ferrer leurs bleds , pendant qu'ils demeuraient dans
les déferts. Lorsqu'ils furent parvenus à l'empire , ils la
cédèrent à leurs parens ; & Abuhanum , cinquième roi
de cette famille j la détruifit , parce que les habitans
s'étoient révoltés. Elle a été depuis repeuplée de pau-
vres gens , à caufe qu'il y a , au pied du roc , des bonnes
terres labourables , Se quelques jardins pleins de treilles
de vigne Se de fruits , dont on fait grand cas dans ces
déferts. C'eft le feul trafic que faffent les habitans : ils
gardent , dans des creux fous terre , le bled des Arabes
-dont ils font v'aflaux , à caufe que , .dans la ville , il n'y
a aucune maifon qui ait un plancher. Ce ne font que de
méchantes étables couvertes de paille Se de branches
d'arbres , avec de la terre par-defïiis. Ptolomée nomme
cette ville Galafa , Se la met dans les cartes de la
Libye, à 1 1 d. de long. & 331 d. 40' de lat. * Marmol.
1. 4, c. 109.
GARCOPA. Voyez Gorcopa.
GARCUS ou Carcus , félon les divers exemplaires
de Ptolomée , ifle de la mer des Indes , avant que d'ar-
river à Fille de Taprobane. Cette fituation ne convient
à aucune ifle que nous connoiffions.
1. GARD (le) ancien nom de la rivière du Gardon ,
en Languedoc. Voyez l'article GARDON. C'eft delà que
vient le nom d'un des plus fameux ponts qu'il y ait en
Europe : en voici la defcription.
i. Le Pont du GARD , pont de France , en Lan-
guedoc , fur le Gardon , à trois lieues de Nîmes. Il fut
conftruit , félon les apparences , peu de tems après
l'amphithéâtre de Nîmes , pour y porter l'eau de la ri-
vière d'Eure , qui eft auprès de la ville d'Uzès. Il tra-
verfe la rivière du Gardon , Se eft entre deux montagnes ,
dont il fait la jonftion. L'aqueduc , deftiné à conduire
les eaux , fait tant de contours à travers des montagnes
& des rochers, qu'il a près de neuf lieues de long. Il eft
porté par le pont du Gard dont je parle. Ce fuperbe
monument eft compofé de trois ponts l'un fur l'autre.
Le premier eft foutenu par fix arcades , dont chacune a
cinquante-huit pieds dans oeuvre. La longueur de ce
premier pont eft de quatre cens trente-huit pieds , Se
fa hauteur eft de quatre-vingt-trois. Le fécond eft porté
par onze arcades , chacune desquelles a cinquante-fix
pieds de diamètre , Se foixante-fept de haut. Ce qu'il
y a de plus remarquable en ce fécond pont, c'eft que,
pour rendre le partage libre aux gens qui font à pied ou
à cheval , on a échancré les pilaftres ; de manière qu'il
foutient , fur le point d'un cylindre , tout le poids du
troifieme pont qui eft au-deflus, lequel a trente- cinq
arcades , de dix-fept pieds de diamètre chacune
^11 a cinq cens quatre -vingt pieds Se demi de long.
L'aqueduc , qui eft porté par ce dernier pont , a trois
pieds de haut ; Se les trois ponts enfemble en ont cent
quatre-vingt-deux ou environ. On ne fait en quel tems
41
Se par qui il a été conftruit. On ne voit que trois lettres
gravées fur ce pont, A. JE. A. L'explication , qu'on en
en donne , n'eft rien moins que fatisfaifante. L'aqueduc
eft voûté & pavé de très-bonne maçonnerie , Se foutenu ,
dans les lieux bas , par des arcades; il eft ruiné en quel-
ques endroits. * Piganioi de la Force. , Defcription de la
France, t. 4, p. 98.
Cet aqueduc fe partage en trois conduits, dont le
premier portoit l'eau dans l'amphithéâtre , le fécond dans
la fontaine de Nîmes ; Se le troifieme la diftribuoit dans
les maifons de plufieurs particuliers. On voit un de ces
aqueducs presque entier dans l'enclos de Fournier. Outre
ces trois différens conduits , il en dérivoit de petits qui
conduifoient l'eau dans plufieurs maifons de campagne
des environs de Nîmes. Les débris de plufieurs de ces
petits aqueducs , que l'on voit encore , en font la
preuve.
3. GARD, (le) Gardum, abbaye d'hommes en
France, de l'ordre de Citeaux, filiation de Charlieu ,
au diocèfe d'Amiens en Picardie , fur la rivière de
Somme, d'où vient qu'on l'appelle Gard- fur- Somme,
à une demi-lieue de Pecquigny, fondée, l'an 1139, par
Gérard vidame d'Amiens , qui mourut fous le règne de
Philippe-Augufte , en une expédition faite en Orient
contre les infidèles. Son tombeau fe voit dans le cloître
de cette abbaye , près les degrés du cloître d'où l'on
monte à Féglife.
1. GARDA ou Garde , ville que les Norvégiens
avoient bâtie fur la côte orientale du Groenland. Elle
avoit un port Se un évêché fuffragant de Drontheim ;
mais ils l'ont abandonnée , Se il n'en refte plus rien.
1. GARDA ou Garde, ville d'Italie. Voyez Garde.
GARDAFUI ou Guardafui. (le Cap de) Voyez
Guardafuy.
GARDAMANIS , Dargamanis , Dorgamanes ,
Darcomanes, rivière de la Ba&riane. Ces noms font
diverfement écrits dans les différens exemplaires de
Ptolomée.
GARDAUCRETjE ou Gardauvet* Prefectura ,
contrée de la Cappadoce. Voyez Garsauria.
1. GARDE , ville d'Italie , dans l'état de la répu-
blique de Venife , au Véronois , fur le bord oriental du
lac de Garde, à cinq milles de l'Adige au couchmt, à
feize de Vérone , 5c à dix de Peschiéra. Long. 18 , 16'.
Latit. 45 d. 35'.
z. Le Lac de GARDE, en Italie, dans l'état de
la république de Venife , entre le Brefian Se le Véro-
ne fe, en italien Lago di Ga^da. Sa longueur du nord au
fud eft d'environ trente milles. Sa largeur d'occident en
orient eft fort inégale : au midi , elle eft d'environ dix
milles ; mais ce lac va en retréciffant vers le nord. Riva ,
évêché de Trente , eft à l'extrémité feptentrionale. En
fuivant le lac vers l'orient Se le midi , on trouve Tor-
bole , qui eft aufTi de cet évêché. De-là , en avançant
vers le midi , on voit Malféféna , premier bourg du
Véronefe ; Garde eft au fond d'un petit golfe : elle donne
le noni au lac. A la pointe du fud-eft , à l'endroit où le
Men^o ou Mincio fort du lac , eft la ville de Peschiéra.
Vers le milieu de la côte méridionale du lac , eft une
langue de terre qui s'avance vers le nord , au bout de
laquelle eft Sermione. Au-delà de cette langue eft Ri-
voltella , bourg du Breflan : au fud-oueft du lac eft Dé-»
fenzano , autre bourg de la même province. En remon-
tant vers le nord, on trouve un petit golfe, au fond
duquel eft le village de Malbiano , puis un autre golfe
plus grand , fur la côte méridionale duquel eft le bourg
de Salo. A l'extrémité de la pointe qui fépare ces deux
golfes , eft l'Ifle des Frères Mineurs , Ifola di Fratï Mi-
nori. Depuis ce golfe jusqu'à Riva, ce lac reçoit plufieurs
ruifîeaux ; mais il tire principalement fes eaux du lac de
Léder, de la rivière de Riva , Se de la Sarca, qui vient
d'Arco. Les Romains l'ont appelle Benacus. De Seine,
dans fon nouveau Voyage d'Italie , obferve que ce lac
eft fujet à des tempêtes , qui font fouvent périr ceux qui
navigent défais ; qu'il y a beaucoup d'anguilles ; que tout
le rivage eft couvert d oliviers , de figuiers , d'orangers ,
de citronniers Se d'autres arbres fruitiers , qui font fort
expofés aufoleil , Se que les montagnes tiennent à couvert
des vents du nord Se de la bife.
3. La GARDE, feigneurie de France, dans l'évêché
de Metz. Elle confine avec celle de Fribourg. Le château
-TonallI, F
42 GAR
fut bâti, vers l'an 1360, par Adéraar de Monteil ,
évêque de Metz , qui fit fermer de murailles les villes
de Nomenie & de Saint-Avod. Les évêques de Metz
reconnoiffent, en vertu du traité de Munfter , le roi de
France pour fouverain , à caufe de ces châtellenies ou
fàgnemles.* Longuerue, Description de l?.France,2e part.
p. 170.
GARDE -BIAUR, (la) petite ville de France,
dans l'Albigeois , fur la rivière de Biaur , d'où elle tire
fon nom.
La GARDE -DIEU, abbaye d'hommes, en France ,
de l'ordre de S. Auguftin , dans le Querci , au diocèfe
-<3e~Cahors.
' GARDEI, peuple de la Sarmatie , en Afie , félon
Pline , /. 6 , c. 7. Le P. Hardouin lit Ufcardei.
GARD ELEBEN, félon Baudrand rk Corneille, Gar-
DELEGEN', en latin Gardelcgia, félon Hubner. Gard-
leben félon Zeyler, Brandenb. Topogr. p. 57 , petite
ville d'Allemagne , dans la vieille Marche de Brande-
bourg. Elle étoit anciennement nommée Ifoburgum , à
caufe du culte que l'on y rendoit à la déeffe Ifis , félon
la conjecture de quelques favans. On prétend que fa
ftatue étoit hors de la ville , dans un vieux château que
poffede la maifon d'Alvenslében. On la nomma enfuite,
à caufe de Ces fortifications , Ifernburg , comme fi elle
eût été de fer. Les Vendes la nommèrent Iferen Schnippe,
c'eft-à- dire portes de fer , fauces ferrez. Quelques-uns
veulent que , fous l'empire de Tibère , les Romains y
établirent un fort,pour mettre leurs légions à couvert;mais
les Romains n'ont jamais étendu leurs conquêtes au-delà
de l'Elbe. D'autres difent que le nom moderne vient de
la beauté du lieu , & eft pris de la quantité de fes jardins.
Viffcher, dans fa Carte du Brandebourg, nomme Bife
la rivière qui coule à Gardeleben. Werdenhagen dit qu'elle
eft fïtuée à la fourc» de la Milde ou de la Bife. Le ter-
Toir d'alentour eft fablonneux , excepté la campagne du
côté de Calb, fur la Milde , qui eft très-fertile , & a de
belles prairies. Les environs de la ville font des hou-
blonnjeres, dont on transporte le houblon en Danemarck.
La Mère de Gardeleben parle pour excellente , & fait un
bon commerce pour la ville,dont les armes font trois écha-
las chargés de houblon.
Elle a beaucoup fouffert durant les longues _ guerres
d'Allemagne , fk même durant celle qui finit à la paix
de Ryswick.
GARDGEH , canton du Khoraffan , qui porte auffi le
nom de GardgijJ'an , à 99 d. de long. &C à 36 & d.
de lat. Il contient cinquante villages. Il y a dans ce canton
de forts châteaux , des montagnes ci des gorges difficiles
à pafier. Les pommes, poires, figues & grenades y
font bonnes. Le peuple paffe pour groffier. * Manuscrits
de la bibl. du roi.
1. GARDICHI, village de la Morée, dans la Za-
conie , à trois ou quatre lieues de Longanico. On croit
qu'il tient la place de l'ancienne ville CLITORIUM. Il
prend le nom de la rivière qui l'arrofe. Voyez Cli-
TORIUM.
1. GARDICHI , (le) rivière de Grèce , dans la Morée.
Les anciens l'ont connue fous le nom de Clitor. Elle a
fa fource près de Cartena, coule vers le nord-oueft ,
puis vers l'oueft , &£ enfin vers le fud-oueft ; paffe à Gar-
dichi , & fe perd dans la Dimizana.
GARDIC1UM , ville épiscopale , fous le patriarchat
de Conftantinople. Elle eft fous Lâriffe qu'elle reconnoît
pour métropole. Elle eft nommée avec Démétriade,
Zéiton &: quelques autres qui font fous la même métro-
pole : ainfi elle doit être dans la Janna, fk par confé-
quent différente de Gardichi qui eft dans la Morée.
* SchdflraU , Antiq. Ecclef. t. 1 , p. 788.
La GARDIOLE , petite ville de France , dans le
haut Languedoc, au diocèfe de Lavaur. Elle a titre de
baronie , qui donne à fon feigneur droit d'entrée aux états
du Languedoc.
GARDON, (le) rivière de France , au bas Languedoc.
On diftingue le Gardon d'Alais , & le Gardon d'An-
dufe. Le premier vient de plufieurs fources qui fe joignent
au nord-eft d'Alais , &: fe jette dans l'autre proche le Vez :
le fécond a fa fource dans les Cévennes , pafïe à Saint-
Jean de Gardemagne , puis à Andufe ; & ayant reçu le
Gardon d'Alais, ils vont enfemble à Bocoiran , à Saint-
Anaftafiers , fous le pont de faint Nicolas , où il reçoit
GAR
VAl^on qui vient dlJzez, rk enfuite YEyffene; puis
coulant fous le pont du Gard , il fe jette dans le Rhône ,
vis-à-vis de l'iile de Valabregues. Voyez la description du
pont du Gard, au mot Gard. * Coulon , Rivières de
France, 2 e part. p. 181.
GAREATjE , ancien peuple du Peloponnefe , dans
FArcadie , félon Paufanias , /. 8 , c. 45. C'étoit une tribu
des Tégéates.
GAREATES , ruiffeau d'Arcadie', le même que Ga-
râtes.
GAREATHYRA, petite ville ou bourg d'Afie , dans
la Cappadoce, félon Strabon, /. 11 , c. 568. Elle étoit
aux confins de cette province & de la Lycaonie.
GAREB , colline de la Paleftine , auprès de Jérufalem.
Dans la Misne , il eft dit que de Garab ou Gareb à Silo
il y avoit trois milles , fk que là étoit l'éphod de Micha ;
maisGareb marqué par Jérémie ne peut être fi éloignée de
Jérufalem , puisque le prophète dit que Jérufalem s'étendra
jusqu'à la colline de Gareb : or de Jérufalem à Silo il y
avoit environ douze lieues. * D. Calmet, Dift. Jeremia ,
C. 31 , v. 38. Sanhédrin , fol. 103 , 2.
GARED , ville de Barbarie , au royaume de Maroc ,
dans une plaine de la province de Suz, à une lieue de
Técéut, & à la fource d'un ruiffeau qui arrofeles cannes
de fucre , près des moulins que l'on a bâtis pour ce fujet.
La ville & les moulins furent bâtis par le chénf Abdala,
qui régnoit encore , lorsque Marmol écrivoit. Ce même
ruiffeau fait moudre fix moulins à bled , Se va fe rendre
dans la rivière de Suz qu'on nomme de Técéut en cet
endroit. Cette ville a été bâtie pour fervir de défenfe à
ces moulins : elle eft environnée de plufieurs terres labou-
rables , qu'on arrofe par le moyen de ce ruiffeau. Les
habitans font laboureurs fk gens de campagne , qui tra-
vaillent aux moulins à fucre, avec quelques esclaves chré-
tiens. Il y a d'ordinaire dans la ville un gouverneur avec
trois cens chevaux , logés dans les villages d'alentour,
* Marmol, Afrique, /. 3 , c. 23.
GARELA , ou Garella. Les Notices, qui font men-
tion de cet archevêché , difent qu'il n'avoit aucun évêché
fous lui , &c n'en apprennent point la pofition, Il étoit
dans le patriarchat de Conftantinople. Ortélius croit que
ce fiége étoit quelque part dans l'A fie mineure.* Scheljirate,
Antiq. Ecclef. t. 2, p. 670 âk: 73 ^.
GÀRENjEI, ancien peuple dans la Sérique , félon
Ptolomée, 1.6, c. 16. Ils étoient à l'orient des Anni-
biens.
GAREOTH. Voyez Garioch.
GARESCI. Voyez Gariscus.
GAR.ET, contrée d'Afrique, dans la Barbarie, au
royaume de Fez, dont elle eft la fixiéme province. Elle
a , au couchant , celle d'Errif & la rivière de Mélude , qui ,
descendant du grand Atlas , entre Télar &C Dubudu , fe
va rendre dans celle de Mulucan. Au levant, elle a le
royaume de Trémécen , fk cette même rivière qui fé-
pare cet état de celui de Fez-, & par conféquent la
Mauritanie Céfarienne, de la Tingitane. Elle a la mer
Méditerranée au feptentrion , & au midi une partie des
montagnes qui font dans les déferts voifins de la Numi-
die. Elle aboutit encore en cet endroit à la rivière de
Mulucan , & s'étend quelquefois , vers le couchant, jus-
qu'aux montagnes de Cuz , descendant toujours fur la
rivière de Nocor jusqu'à la mer; de forte qu'elle com-
prend toute la côte qui eft entre cette rivière & celle
de Mulucan , laquelle entre dans la mer près de la ville
de Caçaça. Tout ce pays eft rude fk fée , femblable à
celui des déferts de la Libye intérieure. * Marmol, Afri-
que , /. 4 , c. 96 & fuiv.
Les auteurs Africains divifent cette province en trois
parties : l'une comprend les villes avec leur territoire ;
une autre , les montagnes qui font peuplées de Béréberes
fort belliqueux , 6c la troifiéme les déferts. Les villes de
la côte font ,
Melilla , Tézote ,
Caçaça, Mégée.
Les montagnes font ,
Mequebhuan , Azgangan ,
Beny-Sayd , Teuzin ,
& Guardan.
Il y a beaucoup d'habitans.
GAR
CAR
Les déferts commencent à la ,côre de la mer , & s'é-
tendent , vers le midi , jusqu'à ceux qui bornent la pro-
vince de Cuz. Ces déferts ont au couchant les mon-
tagnes-. Au levant , où ils s'étendent plus de lëize lieues ,
ils ont la rivière de Muluye. 11 y a dix lieues du fepten-
trion au midi ; mais par-tout il y a peu d'eau , particu-
lièrement vers la mer, fi ce n'eft la rivière de Muluye ;
& tout eft rempli de fërpens &c de bêtes farouches ; ce
qui n'empêche pas que le pays ne for! fort peuplé. L'été
il y a beaucoup d'Arabes qui errent le long de ce fleuve,
Si de grandes communautés de Béréberes de Batalife ,
qui font fort vaillans, & qui ont quantité de chevaux &
de chameaux , & grand nombre de gros & de menu bé-
tail. Ils ont toujours démêlé avec les Arabes touchant la
pûffeffion des plaines.
GARFAGNANA. Voyez Grafignana.
GARGA. Voyez Gargaphia.
GARGALIS. Dorothée, cité par Ortélius, Thefaur.
nomme ainfi le lieu où naquit le prophète Elifée. D. Cal-
met dit qu'il étoit d'Abel-Meula.
GARGAN , montagne d'Italie , au pays nommé au-
trefois la Pouillt Daunienne , Si maintenant la Capita-
nate , au royaume de Naples. Pomponius Mêla , l. 2 ,
c. 4 , n. 40; & Pline , /. 3 , c. 1 1 , le nomment Garga-
nus mons; Ptolomée rJpyn&v "o&s , qui eft une faute
des copiftes pour raf yunv "o&'ç. Il étoit couvert de fo-
rêts de chênes :
Aquilonibus
Querceta Gargani laborant ,
Horacce, Odar. I. 2. Od. 9 , Au /. 2. Epift. 1 , v. 202 , il
compare le grand bruit du théâtre au mugiffement de ces
forêts lorsque le vent y fouffloit :
43
Garganum mugire putts )
: aut mare
Tufcum.
Cette montagne s'avance dans la mer Adriatique , & y
forme un promontoire. Lucain, /. 5 , v. 380, dit:
Appulus Hadriacas exit Garganus in undas.
C'eft la pointe de cette montagne que Pline appelle pro-
montorium montïs Gargani. Strabon , /. 6 , dit qu'elle
avance dans cette mer l'espace de trois cents ftades vers
l'Orient. L'extrémité orientale de ce cap eft préfentement
nommée Capo VUfliu. Elle tire ce nom de Viefle ville.
Voyez ce nom.
Cette montagne a pris le nom de Saint-Ange , Monte
-di Sant-Angdo , parce que S. Michel, félon une tradi-
tion populaire , y apparut en 493 , ou 488. Cet événement
l'a rendue fi célèbre par le culte qui s'y eft établi , qu'il
s'y eft formé une ville appellée comme la montagne , le
Mont Saint- Ange , Monts, di Sant-Angdo. Elle a été
érigée en archevêché * Bailla. Topogr. des Saints ,
p. 205.
GARGAN VILLE, petite ville de France, dans l'Ar-
magnac. * Baud. édit. 1705.
GARGANUM, ville de l'Ane mineure, fur le fleuve
Halys , félon Jornandes , de Reb. Getic. c. 7. Il dit des
Amazones : Algin Fluvium qui juxta Garganum civi-
tatem prœterfluit , tranfeuntes , Armeniam , Syriam , Ci-
liciamque , Galatiam , Pifidiam , omniaquc AJïce oppida ,
cequdfilicitate domuerunt.
GARGAPHIA Valus , vallée de Grèce, en Béotie.
Ovide , Metam. I. 3 , dit qu'A&éon y fut dévoré par fes
chiens :
Vallis erat pieds & acuta denfo cupreffu
Nomine Gargaphia , &C.
On trouve aufli Gargaph YE dans la Thébaïde de Stace ,
/. 7 , v. 274 , 8>C il en parle comme d'une fontaine. Hé-
rodote , l. 9 , connoît une fontaine de Garaphie , dans
la Béotie , au voifinage de Platées. On lit dans Vibius
Sequefler, que Garga (c'eft Gargaphia qu'on a eftropié;
on a encore mis Euboée pour Bœetia , ) étoit une fon-
taine de YEuboée , où AcVon rut déchiré par fes chiens.
1. GARGARA, ville de la Troade, au mont Ida :
c'étoit une colonie des ./Eoliens , félon Pomponius Mêla ,
/. 1 , c. 18. Strabon, /. 13 , p. 583 , la met dans une
des parties fupérieures du mont Ida; il y a un lieu nommé
Gargarum, oùeRà prêtent Gargara,vïlle Eolique. Il dit,
p. 606, que le promontoire, où Gargara étoit iituée, étoit
un de ceux qui forment le golfe d'Adramytte.Plus loin il dit;
après Scepfis il y a Andéira Si Pionia & Gargaris Ce
font des lieux que les Léleges ont poffédés , Si qui font
aux environs d'Affos. Auffi Pomponius Mêla a-t-il jouit
Afjos Si Gargara dans l'endroit cité.
2. GARGARA, promontoire du mont Ida, dans la
Troade, Si l'un des quatre qui, partant de cette mon-
tagne, s'avancent dans la mer. Les trois autres font Pha-
Ucra , Leclum Si Pergamum , félon Iface fcholiafte de
Lycophron, cité par Ortélius.
GARGARENSES,rap>ttPfo;, anciens peuples d'Ane,
dans la Scythie , au voifinage des Amazones , Si au pied
du mont Caucafe, du côté du nord , félon Strabon , /. 1 1 ,
p. 504. Ils étoient féparés des Amazones par une mon-
tagne , où ils montoient avec elles, à certains jours mar-
qués : après des facrifices , chacun prenoit celle que le ha-
zard lui préfentoit, fans choix, ci jouifïbit d'elle en ca-
chette, feulement pour avoir lignée , après quoi il la ren-
voyoit ; s'il naiffoit une fille , la mère la gardoit ; fi c'é-
toit un garçon , on le donnoit aux 'Gargariens pour l'é-
lever; & chacun fe fàifoit un plaifir de lui fervir de
père , dans l'ignorance où il étoit fi ce n'étoit pas fon
fils. Strabon parle enfuite d'une expédition que les Gar-
gariens firent avec les Amazones , Si que l'on peut lire
dans cet auteur.
GARGARIDjE. Denys le Périegéte , v. 1144, d*
que c'étoit un ancien peuple des Indes , attaché au culte
de Bacchus, ci qui habitoit auprès de FHypanis qui roule
de l'or , 6c d'une autre rivière nommée Megarfus. Rufus
Feftus Aviénus , Descr. orbis terra , v. 1349 & fiq. rend
ainfi en vers- latins ce que eut le poëte Grec :
Gargaridcs rurfum , gens hœc obnoxia Baccho ,
Et glebamj'ulcant , & ritibus orgia ludunt ,
Hic Hypanis , lateque trahens vaga terra Cymander
Magnus uterque modi dimittitur.
Il nomme Cymander la rivière que Denys appelle Me-
garfus, u'ya-pax. Eùftathe dans la paraphralë fur la Pé-
riegefe dit Magarfus , Hxyxpeot ; Si PriscLm , Periegefis ,
v. 1050, & J'eq. qui a auffi mis en vers latins la Perié-
gefe de Denys , dit :
Gargaridœque truces , auri quà pondus honefium
Devolvens Hypanisqut vehit , rapidusque Magarfus.
Ortélius dit que ce ne font pas les Gandaridx de Ptolo-
mée , comme quelques-uns le penfent. Il eft vrai que ce
géographe les met entre le Suaftus Si l'Indus , Si que
Denys met les fiens auprès de FHypanis ; mais FHy-
panis des Indes ci le Suaftus ont leurs embouchures dans
l'Indus , afTez peu diftantes l'une de l'autre , pour qu'un
même peuple ait pu être voifin de ces fleuves.
1. GARGARUM. Voyez Gargara i.
2. GARGARUM, bourg au territoire de Lampfaque ,
ville de FAfie mineure , félon Etienne le géographe.
3. GARGARUM, autre bourg dans l'Epire, parle
même.
4. GARGARUM , autre bourg en Italie , félon le même.
Il a voulu peut-être dire Garganum. Voyez l'article
fuivant.
5. GARGARUM, r*p>a£«i' "o^ç. On lit ainfi dans
Ptolomée pour Y*fy*vov "Opsf. Voyez Gargan.
GARGAZA , ville que Diodore de Sicile place près des
Palus Masotides , 1. 20. Ortélius doute fi ce ne ferait
point la ville de Gcrufa que Ptolomée , 1. Ç , c. 9 , place
au levant de cette mer , dans la Sarmatie Afiatique.
GARGE , peuple de la Lybie , félon Etienne.
GARGETTUS , bourg de Grèce , dans l'Attique ,
de la tribu jEgéïde ; il prenoit fon nom d'un héros
nommé Gargettus , dont parle Paufanias. Euryfthée y
avoit fon tombeau. C'étoit la patrie d'Epicure, félon
Cicéron , Diogene-Laërce , Stobée , jElien & Suidas.
Il étoit arrofé par un ruiffeau nommé Gargetias.
TaaytiTÎas xfivn. * Spon , Voyages, t. 2, p. 324. Ortel.
Thef.
GARGILIANjE THERM.E , bains en Afrique , à Car-
tilage. Saint Auguftins , Brevic. Collât, en fait men-
tion,
Tome III. F ij
GAR
44
GARGOGILUM , ou
GARGOILUM. Voyez Jargeau.
GARIANNONUM, ancienne ville de la grande Bre-
tagne. 11 en eft parlé dans la Notice de 1 Empire. Son
nom marque qu'elle était fituee lur la rivière Ganen,
nom latin de YYarc , qui coule dans la province de
Nortfolk , & qui donne prélèvement fon nom a la ville
d'Yarmouth. Selon Cambden, cette ville neft pas affez
ancienne pour avoir été bâtie parles Romains : d ail-
leurs le lit de la rivière eft change a fon embouchure.
Le petit village de Cafter , ou elle paffoit , eft , fins
doute, le refte d'un camp Romain , fitue a embouchure
du Garien Les vents du nord ont bouche de fables cette
ouverture , & peut-être caufé la deftruftion du Cafter ;
au lieu qu'Yarmouth , fituée fur le nouveau ht , s eft
accrue des ruines de l'ancienne Garianonum. Quelques-
uns mettent Garianonum à Burghcajlle , heu finie fur
l'Yare , au-deffus & au couchant d'Yarmouth.
GARIB. Voyez Gareb.
GARIDECH, commandenedeMalthe, dans le haut
Languedoc , au diocèfe de Touloufe.
GARIGA', ancienne ville d'Afie, dans 1 Ane, félon
Ptolomée , 1. 6 , c. 17. Quelques exemplaires portent
Sariga. . . ."„ ,.
GARILLAN , ( le ) Ga.ngha.no , rivière d Italie , au
royaume de Naples. Elle a fa fource dans l'Abbruzze
ultérieure , entre les villages de Cicoh & de Capado-
cia, d'où coulant tantôt vers l'orient , tantôt vers le midi ,
ou vers le fud-eft, elle fort de cette province, entre dans la
terre de Labour , paffe à l'orient de Sora , reçoit le Fil-
breno par deux embouchures qui forment une ifle trian-
gulaire , au-deffous de laquelle il en fait encore une autre ,
nommée finalement VIfola. Enfuite coulant vers le midi,
entre la campagne de Rome & la terre de Labour, il
reçoit le Sacco , à l'embouchure duquel il y a 1 ifle nom-
mée l'Ifoletta. Il fe groffit des eaux du Me e ou Melfa ,
puis d'un ruiffeau qui paffe à Monticello , d un autre qui
vient d'Aquino , fe tourne vers l'orient , puis vers le
midi, s'accroît par beaucoup de pentes* rivières , &
fe jette dans la mer , près de la tour de Pandolfe , al o-
riem de Gaëte. Les anciens ont connu cette nvisrefous
le nom de Lins. Le nom de Glanes, que les anciens ,
au rapport de Pline , donnoient à cette nviere, a trompe
Cluvier & Bochard , qui ont confondu le Uamus 6c le
Liris. D. Matt. Egitio à l'abbé Langlet. * Magin ,
GARINDjEI , ancien peuple de l'Arabie heureufe ,
vers le coin du golfe Arabique. Ils habitoient le pays des
Maranites , qu'ils avoient égorgés par une tromperie.
Strabon ,1. 16.
GAR
GARIOCH , petite contrée d'Ecoffe , dans la pro- le nom de Comté.
l'Orbélie, félon Ptolomée, 1. 3. c. 13. Pline , I.4, c. 10,
en nomme les habitans Garesci.
GARISIMA , r*p«n>», beu de la Paleftine , à vingt
ftades , ou à deux mille cinq cens pas de Séphoris. Ce lieu
ne fauroitpar conféquent être le mont Garizim. * Jofeph ,
deVita fuâ,p. 1029.
GARITES , (les ) ancien peuple de la Gaule Aquitani-
que , félon Céfar , pe Bell. G ail. 1. 3 , c. 27 , qui les
nomme entre plufieurs peuples qui fe rendirent aux Ro-
mains, Tarbelli, Bigerriones , Preciani , Vocates , Ta-
rifâtes , Elufates, Gantes , Au/ci , Garumni, &c. Quel-
ques-uns ont cherché les Garites à Agen , cVautres à Lee-
toure; mais Nicolas Sanfon a 'trouve que ce fondes ha-
bitans du pays de Gaure , en quoi le P. Briet l'a fuivi,
Sanfon , dans fes Remarques fur l'ancienne Gaule , s'ex-
prime ainfi , p. 2.1 , Garites. Je les ai expliqués , peuples
du comté de Gaure, pour deux raifons. L'ancien &c le
nouveau nom ont beaucoup de reffemblance , ôc Céfar
ayant mis de faite Vocates , Tamfates , Elufates , Gari-
tes , Aufchi : Vocates , ou, comme dit Pline , Bofabocates ,
répondent à ceux de Bafas ; Tarufates à ceux de Turfan,
dont Ayre a été la capitale ; Elufates à ceux d'Eaufe ,
& Aufchi à ceux d'Aux (Auch.) Garites étant dans Cé-
far entre Elufates Se Aufci , ne peuvent répondre qu'au
comté de Gaure qui eft entre Eaufe & Aux , tirant vers
Le&oure ; ainfi l'amette de ces peuples , fuivant notre
explication , eft dans le même ordre que celle de Céfar.
Voici , ajoûte-t-il , l'explication que les PP. Monet 8c
Labbe ont donnée à Garites. L'un & l'autre ont voulu
cenfurer mon ancienne Gaule , & donner un échantillon
de leur grande capacité en cette matière.
Le P. Monet parle ainfi dans fa Géographie de la
Gaule. Garites feu Gaurites incolcefunt G aura convallis
apud Convenus ( Comté de Gaure ) cujus oppida queedam
hodie cenfentur , fed ignota Romanis, ut Baumontium^
Granata , Gimondum : de quibus egimus in Conyenis.
Il y a ici de quoi admirer l'excellence de la Géographie
du P. Monet. Gaurites eft un nom fuppofé , Cefar étant
le feul des anciens qui ait cité ce peuple , il ne nous eft
pas permis d'en changer une feule lettre , fans de for-
tes raifons. Gaurts Convallis apud Convenus. Il n'y a
point de vallée de Gaure dans le diocèfe de Comminges ,
mais bien la vallée d'Aure. Comté de Gaure ; le comté
de Gaure, qui eft près de Le&oure, eft fort éloigné de la
vallée d'Aure , qui eft engagée dans les Pyrénées & dans
le diocèfe de Comminges. Cujus oppida Baumontium ,
Granata , Gimondum. Toutes ces places ne font ni dans
le comté de Gaure , ni dans la vallée d'Aure , non pas
même dans le Comminges , en quelque forte que l'on
puiffe l'entendre , foit fous le nom de Diocèfe , foit fous
vince de Buchan, dont elle fait partie : elle eft au nord
du Don ; c'eft un pays très-peuplé. Innérun eft fameufe
par la bataille que Robert Bruce y remporta. * Etat de
laGr. Bru. t. 2,, p.xjz.
GARIOFILUM, bourg de Toscane. Il en eft parle
dans un décret de Didier , roi des Lombards , rapporté
par Annius de Viterbe , & par conféquent très-fuspeft.
* Ortel. Thef.
GARIPO. Voyez Calipo. ■
GARIPPO , petite rivière d Aile , dans la Natohe.
Elle a fa fource près de Chiangare , ck fe décharge dans
le Sangari , près de Peffm. C'eft le Gallus des anciens.
* Baud. édit. 1705. .
1. GARïS, lieu bâti par l'empereur Juftimen , dans
le territoire d'Eupolis , félon Ortélius ^Thefaur. qui cite
l'Hiftoire mêlée. Il doute fi ce lieu n'ètoit pas dans la
Méïopotamie.
2. GARÏS , ville de la Paleftine, dans la Galilée, fé-
lon Jofeph , De Bello.
3 . GARIS , autrefois ville , ck préfentement village
de la baffe Navarre , à une ou deux lieues de Saint-Pa-
lais, du côté du couchant. * Baud. édit. 1705.
De Marca , plus croyable , fur cette partie de l'Eu-
rope , que Baudrand , nous apprend que c'eft un bourg
nommé Carafa , dans l'Itinéraire d'Antonin, ck il écrit
Garris.
GARISif.l, peuple dont parle Corippus , dans l'Eloge
deJuftin le Jeune, cité par Ortélius, Thefaur. Ce peuple
ft connu que par foia bon vin,
Le Phare de l'ancienne Gaule du P. Labbe eft pref-
qu'auffi fautif. Garites feu Gaurites Moneto , aliifque •
peuples de Val & comté de Gaure , pays de Gavardan :
quod non fuâ caret verifïmilitudine. Gaurites , comme
nous avons dit , ( c'eft toujours Sanfon qui parle ) eft
un nom fuppofé par le P. Monet. Aliifque ; je ne crois
pas que le P. Labbe puiffe montrer un feul auteur , après
le P. Monet , qui ait ofé changer Garites en Gaurites.
Le Val & Comté de Gaure. Il fuit , & tombe dans la
même faute que le P. Monet, confondant la vallée d'Aure,
qui eft au diocèfe de Comminges , avec le comté de
Gaure, qui eft du diocèfe d'Aux, mais près de Leftoure.
Pays de Gavardan. Le P. Labbe n'a pas ici fuivi la der-
nière partie du P. Monet : il veut mettre du fien &c
montrer qu'il ignore que le Gabardan , dont la princi-
pale place eft Gabarret, eft différent du comté de Gaure,
& que le comté de Gaure & le Gabardan font bien
différens de la vallée d'Aure. Le Gabardan eft entre
Eaufe &C Bafas , & le comté de Gaure eft entre Aure
ck Leftoure ; la vallée d'Aure eft entre le Bigorre &
le Commingeois , enfoncée dans les Pyrénées , & à la
fource de la Neftes , qui tombe dans la Garonne , près
de Montregeau , non loin de Saint-Bertrand de Com-
minges. Voilà de mes cenfeurs , conclut Sanfon.
GARIZIM, félon D. Calmet, DiB. montagne de la
Paleftine , près de Siehem , de la tribu d'Ephraïm , &C
dans la province de Samarie. La ville de Siehem étoit
au pied des montagnes d'Hébal qui étoit très-ftérile , & de
Garizim qui étoit très-fertile. Dieu avoit ordonné qu'a-
GARISCUS, ville de Grèce, en Macédoine, dans près le paffage du Jourdain les Hébreux- iroient aux
CAR
CAR
monts Hébal Se Garizim , (a ) Se que l'on partagerait les
douze tribus ; que fix feraient fur le mont Garizim , &
fix fur le mont Hébal. Les premières dévoient pronon-
cer des bénédictions en faveur de ceux qui obiërvoient
la lpi du Seigneur , Se les autres des malédictions con-
tre ceux qui la violeroient. Après le paflage du Jour-
dain, Jofué (b) exécuta ce que le S.igueur avoit ordonné.
Il alla avec tout le peuple au mont Hébal , y bâtit un
autel , y offrit des holocauftes , Se partagea le peuple ,
félon l'ordre du Seigneur. * (a) Diuur. c. 1 1 , v. 29 ,
c. 27, v. 12. (b) Jofuc , c. 8 , v. 33.
Eufebe , in Lacis ; S. Jérôme, Se après eux Procope
de Gaze in Deuter. Se Scaliger in Eufcb. ont cru que
ces monts ne font pas près de Sichem , mais à l'orient
de Jéricho & de Galgal , & que ceux qui portoient ce
nom près de Sichem , n etoient pas ceux que Moïiè avoit
défignés dans le ûeutéronome. Saint Epiphane , Hxref.c).
place , fans fondement , ces montagnes au-delà du Jour-
dain. Garizim étoit fi près de Sichem , que Joatham ,
fils de Gédéon , parla du Commet de la montagne au
peuple de Sichem , affemblé au pied de Garizim , Se
fe fauva fans qu'ils puflent le pourfuivre. Judic. c. 9,
V.7.
Tant que les Hébreux demeurèrent bien unis , Se qu'une
feule religion régna parmi eux , le Garizim n'eut rien qui
le diftinguât des autres montagnes du pays : on ne voit
pas même que, fous les rois d'Israël, il fe foit fait re-
marquer par aucun endroit; les Livres des Rois Se les Pa-
ralipomenes n'en parlent point. Mais , depuis que les
Chutéens furent établis dans la province de Samarie ,
Esdras, de retour de la captivité, pourfuivit par-tout
l'idolâtrie , 6c fit chafler par Néhémie , Manafle , fils de
Joïada , Se petit-fils du grand-prê.re Eliafib , pour avoir
époufé la fille de Sanaaballat , gouverneur de Samarie.
S. Epiphane, Harcf. 9 , Se Procope , in Dtuttron.
difent qu'alors les Samaritains ôterent les idoles qui étoient
au-dellus de leurs maifons , & les mirent dais une ca-
verne du mont Garizim , Se qu'ils continuèrent à les
adorer fecrettement , en fe tournant toujours de ce côté
dans leurs prières ; & depuis que Manafle , gendre de
Sannaballat, eut bâti fur le Garizim, par la permiflîon
d'Alexandre le Grand , un temple au vrai Dieu , les
Samaritains allièrent le culte du vrai Dieu à celui des
idoles cachées fous le Garizim ; ce qui vérifie cette pa-
role de l'Ecriture. Ils continuèrent à adorer les idoles
des nations d'où ils tiroient leur origine , quoiqu'ils ado-
raftènt aufli le Seigneur. * Jofeph, Antiq. 1. 1 1, c. 8. Reg.
1. 4, c. 17, v. 33".
Mais cette tradition des idoles cachées fous le mont
Garizim n'eft fondée ni fur l'Ecriture , ni fur Jofeph , ni
fur les hiftoriens Samaritains. Ces derniers , dans leur
Chronique , afTurent que Joliié bâtit un temple fur le Ga-
rizim, qui fut deffêrvi par des prêtres de la famille d'Aaron,
dont le premier grand-prêtre fut nommé Rus , duquel
font descendus tous ceux qui ont fervi fur cette montagne
jusqu'aujourd'hui. Cette Chronique porte une tradition
faune qu'il eft inutile de réfuter , même de citer. If faut
s'en tenir à J ofeph : voici ce qu'il dit , Ant. Lu,
c. 8 , fur l'origine du temple de Garizim. Manille , petit-
fils du grand-prêtre Eliafib, Se frère de Jaddus, grand-
prêtre des Juifs , ayant été chafle de Jérufalem , Se fouf-
frant impatiemment de fe voir privé de l'honneur Se des
avantages du facerdoce , Sannaballat , fon beaupere s'a-
drefia à Alexandre le Grand , qui aflîégoit alors Tyr ,
& lui ayant prêté obéiflTance pour la province de Sa-
marie , dont il étoit gouverneur , lui offrit encore huit
mille hommes de bonnes troupes ; ce qui dispofa Alexan-
dre à lui accorder ce qu'il lui deinandoit pour fon gendre
& pour un g-and nombre d'autres prêtres, qui, s'étant
trouvés engagés , comme lui , dans des minages con-
traires à la loi, avoient mieux aimé quitter leur patrie
que leurs femmes, Ses'étoient venus joindre à Manafle dans
Samarie. Le temple fut donc bâti fur le Garizim , &C
confacré au Dieu d'Israël ; Se comme la montagne étoit
fort haute , on y fit plufieurs degiés pour la commodité
du peuple. Lorsque le roi Antiochus-Epiphanes eut com-
mencé la perfécution contre les Juifs , les Samaritains
lui écrivirent pour le fupplier de permettre que leur
temple de Garizim, qui jusqu'alors avoit été confacré à
un Dieu inconnu Se fans nom , fût dédié à Jupiter le
Grec; ce qu'il leur accorda facilement. On trouve une
4ï
médaille où ce temple eft repréfenté avec plufieurs des, es.
Procope, in Dcur.ron. dit qu'il y en avoit fi j cens
mille un ; mais un voyageur ancien, qui vivoit fous
l'empire de Conftantin , n'y en met que trois cens.
^ Jofeph, Antiq. L 13 , c, 6, raconte une dispute qui
s éleva en Egypte , fous le règne de Ptolomée-Philo-
métor , entre les Juifs Se les Samaritains, au fujet de;
leur temple : les Samaritains foutenoient que celui de
Garizim étoit le feul vrai temple du Seigneur , Se les
Juifs prétendoient que c'étoit celui de Jérufalem. La
dispute fut portée devant le roi. On nomma des avo-
cats de part Se d'autre. On convint que ceux qui dé-
fendraient mal leur cauïë , Se qui perdraient leur procès ,
feraient condamnés à mort. Ils promirent réciproque-
ment de ne produire que de; témoignages de la loi.
Andronique, avocat des Juifs , parla le premier, &
prouva fi bien l'antiquité du temple de Jérufalem ,' par
les Ecritures, par la fuite des pontifes, Se par la confi-
dération que les rois d'Afie avoient toujours eue pour ce
faint lieu , pendant qu'ils n avoient pas même penfé au
temple de Garizim, que le roi Se fes amis lui donnè-
rent gain de caufe , Se ordonnèrent qu'on mit à mort
Sabbœus S: Théodofius , avocats des Samaritains. Si ce
récit de Jofeph eft vrai , les Samaritains abandonnèrent
bientôt le culte de Jupiter Grec , qu'ils avoient reçu par
politique , fous Antiochus-Epiphanes ; car toute cette
dispute fuppofe qu'il étoit adoré à Garizim Se à Jéru-
falem ; Se Ptolomée - Philométor régna depuis l'an du
monde 3,814, jusqu'en 3801 , Se Antiochus-Epiphanes
depuis l'an du monde 3828, jusqu'en 3840.
Le temple de Garizim fublifta , fous l'invocation de
Jupiter le Grec ou l'Olympien , jusqu'au tems de Jean
Hyrcan , Machatée qui le détruifit, Antiq. L 13 , c. 17.
Gabmius ^gouverneur de Syrie , le rérablit, en réparant
Samarie , à qui il donna fon nom : (a) ce fait n'eft pas
bien diftmftement dans l'hifbire. Il eft cependant cer-
tain que , du tems de Notre-Seigneur , ce temple fub-
hitoit, &e que le vrai Dieu y étoit adoré, puisque la
Samaritaine lui dit, en lui montrant le Garizim : (b) « Nos
» pères ont adoré far cette montagne , Se vous dites
» que c eft à Jerulalem qu'il faut adorer. On affûte
qu'Herode le Grand , ayant rebâti Samarie , Se lui ayant
donné le nom de Sibaflt , en l'honneur d'Augufte , voulut
obliger les Samaritains à venir adorer dans le temple
qu'il y avoit érigé ; mais ceux-ci reruferent conftamment
d'y aller, Se ont continué jusqu'aujourd'hui à adorer le
Seigneur fur cette montagne. * (a) M. Afric. in Syncdli
Ckronico. (s.) S. Aun , c. 4, v. 10.
GARMAA , r*.,^; Ortélius dit : Il fcmble que ce
foit un bourg de Thrace , Se cite Procope au quatrième
Livre des Edifices.
GARMIEN, ancienne ville fur les frontières de l'Inde.
Abulgafi-Kan en fait mention dans fon Hifioire ginialo-
giqm dts Tatars, p. 280 ; Si fon tradufteur dit , à la
note de la même page , qu. d'à itres hiftoriens Orientaux
la nomment Ga^na ; qu'on n.' la connoît plus fous ce
nom , Se qu'elle doit avoir été fituée quelque part fur les
frontières des Indes , vers les 33 d. de latit. , entre Cau-
dahan Se Caboul , ou Hami.
GARNACA , rufj.% k», ville ancienne de la petite
Arménie, au département de la Muriane, félon Ptolomée '
l. J , c. 7. »
GARNACHE , (la) ville de France , au bas Poitou ;
fur les confins de la Bretagne : elle a un ancien château
aflez bon , Se eft à deux lieues de Machécou au midi ,
en allant vers les Sables , Se à fept de Montaigu au cou-
chant , en paflant vers fille de Bouin. * Baudrand,
édit. 1705.
GARNIE , port de mer d'Italie , dans la mer Adria-
tique , auprès du mont Gargan , félon Pline , /. 3 ,
c. 11. Holfténius croit que c'eft le même port qu'on
appelle Redia.
GARNATHAH : c'eft ainfi que les Arabes écrivent
le nom de Grenade , ville d'Espagne. Chez eux , Gar-
nathi veut dire un Grenadin; Se ils appellent ainfi en
Afrique les familles Arabes qui y ont pâlie d'Espagne,
parce que le royaume de Grenade y a fubfiité plus
long -tems que les autres royaumes que les Maures y
pollédoient.
GARNERET, golfe de la mer Adriatique. Corneille
dit qu'il eft vers la côte d'Iftrie , Se cite Wheler. C'eft
4^
GAR
GAR
îe même que le Quarner. Voyez CARNERO. i.
GARNESEY. (l'ifle de) Les Anglms prononcent
<omme nous ferions, fi ce motétoit écrit Guernejey,
ifle de la Manche , fur la côte de France , vis-a-yis de
îa Normandie. Elle a la forme d un luth , félon quelques-
uns ; d'autres lui donnent celle d un jambon. Cette die a
reçu autant de noms françois fck latins, quil y a eu
d'auteurs qui en ont fait mention. On ne doute point
que ce ne foit la Sarnia de l'Itinéraire d Anronm.
Le P. Briet, Paraît, i part, L 6 ,j. 358, en con-
vient, Camalis, de re G allie. Penoche 5, p. 161 M.
reclo, dit Grenezeium, vulgà Grenesay; le P. Po-
meraye Ghernecium j Ferrari 6k Baudrand Garnejeia ;
Lucas Chartier Garnfey : Froiffard Grénéfie , Charles
de Bourgueville Jarne^i: M. de Thou Grenefia injula :
Corneille dit qu'elle étoit autrefois du diocèfe de Cou-
tance , aufli-bien que Geffey ; Cœnalis la met de celui
d'Avranches. Comme i-I en étoit évêque, fon autorité
eft de quelque poids. Elle a environ trente mille pas
de long, contient dix paroiffes , un port capable de
contenir un grand nombre de vaiffeaux. La petite ville
de Saint-Pierre , avec le château Cornet qui eft fur fa
côte orientale, fck vers le canal dit le petit Ruau, qui
la fépare au levant de Fille de Herms , fck le petit canal
de ouque du Val la fépare , à l'orient d'été , de Me du
clos de Val. Elle faifoit autrefois partie du duché de
Normandie; mais elle eftreftée aux Anglois, avec celles
de Jerfay fck d'Aurigni. Ces ifles dépendent préfentement
de Hantshire , province d'Angleterre. Garnefey n'eft qu'à
dix-huit milles de l'iile de Jerfey , au couchant d^été , à
vingt-cinq de la plus prochaine côte du pays de Côtentin,
& à quarante-cinq milles de Saint-Malo vers le nord.
Cette ifle ne produit aucun animal qui foit venimeux ;
fck la nature l'a fortifiée d'un rempart de rochers , entre
lesquels on trouve la pierre d'émeril , dont les orfèvres fe
fervent pour nettoyer les pierreries , fck les vitriers pour
tailler leur verre. L'air y eft moins fain , fck le terroir
moins fertile qu'à Jerfey; cependant elle eft plus riche
par le commerce qu'y attire la commodité de les ports.
Mauger, archevêque de Rouen, y fut relègue en 1055,
après avoir été déclaré indigne de 1 episcopat. 11 s y
adonna à la magie, fck périt dans la mer. * Corn.
Dift. Coulon. Descr. de i'Anglet. 6k Vaudôme , Ma-
nufe. Géog. ,i-i
GAROCELI, ancien peuple de la Gaule. Marhenle
met au Mont-Cénis; Vigenere , dans la Morienne. Sanfon,
dans un de fes Ouvrages, les avoit expliqués pour la
partie du Briançonnois , où font Oulx , Exilles , 6kc.
parce que Céfar dit : Ab Ocelo quod eft citerions pro-
yincice extremum oppidum, in fines Vocontiorum ulterioris
provincice die feptimo pervenit inde Allobrogum fines , ab
Allobrogibus in Ses.uji.anos exercitum ducit. Ce chemin
de Céfar mené de Sufe à Briançon parle Mont-Geneve,
qui eft l'ancienne Alpis Coda , 6k de Briançon descend
à Embrun , à Gap , fck de-là pane chez les Vocontiens ,
où eft Die ; remonte dans le Viennois 6k le Lyonnois ,
fcke. Dans ce chemin, entre Sufe Scie Mont-Geneve,
font Oulx 6k Exilles,qui eft l'ancienne Océlus de Céfar 6k
- de Strabon, que celui-ci dit être Cottiœ terra finis ,
l'extrémité de la terre Cotienne ; 6k l'autre , extremum
citerions provinciœ oppidum , la dernière place de la
province citérieure. Le Mont-Cénis 6k la Morienne ne
pe rencontrant point dans le chemin de Céfar , pourfuit
fSanfon, j'ai placé Garoceli dans une partie du Briançon-
nois. L'opinion, continue-t-il , de Vigenere peut être
fuivie , parce que Céfar met Garoceli entre Centrones ,
qui font ceux de la Tarentaife , fck Caturiges , qui font
ceux d'Embrun fck de Gap ; la Morienne étant entre
les deux , fe peut prendre pour Garoceli. J'ai , dit - il ,
fùivi cette opinion dans la carte préfente, pour faire
voir que l'une & l'autre explication fe peut retenir.
Lorsque deux opinions fe contredifent fur la fihiation
d'un lieu , c'eft une preuve qu'elle eft indéterminée. Celle
de Vigenere paroît de quelque poids , puisque Sanfon
paroît l'adopter.
GARODE, ifle de l'Ethiopie fous l'Egypte, dans le
Nil , félon Pline , l. 6,c. 30. Il y avoit une petite ville
de même nom.
GAROEAS , rivière de l'Inde , où elle fe jette dans
le Cophene , félon Arrien , in Indic.
GARON, (le) en latin Calarona, petite rivière
de France , dans le Lyonnois. Elle pane à Brignais, fck
fe rend dans le Rhône au-deffous de Grigny, à moitié
chemin de Lyon à Vienne.
GARONNE, (la) grande rivière de France : les
Latins l'ont connue fous le nom de Garumna. Ptqlo-
mée , l. 2. , c. j , la nomme Tapu'ia Garuna ; les co-
piftes ont pu oublier un fj.. La carte de Peutinger porte
Garunna ; le copifte peut avoir pris l'm pour une n.
Céfar , de Bell. G ail. 1. 1 , c. 1 , met la Garonne pour
borne , entre l'Aquitaine fck la Gaule propre ou la Cel-
tique ; mais lorsqu'Augufte eut étendu l'Aquitaine, la
Garonne la divifa en deux parties. Cependant Pompo-
nius Mêla , /. 3 , c. a , qui vivoit fous l'empereur Clau-
dius , fuit l'ancienne divifion de la Gaule. A Pyrenad
ad Garumnam Aquitania , ab eo ad Sequanam Celta ,
inde ad BJienum pertinent Belgœ. C'eft-à-dire , depuis
les Pyrénées jusqu'à la Garonne , c'eft l'Aquitaine ; de-là
jusqu'à la Seine, ce font les Celtes; fck de la Seine jusqu'au
Rhin, ce font les Belges. Céfar avoit dit : Les Gaulois
fontféparés des Aquitains par la Garonne , fck des Belges
par la Marne 6k la Seine. Les Gaulois de Céfar dans
ce paffage font la même chofe que les Celtes de Mêla.
Ce dernier dit : La Garonne eft long-tems guéable fck
incapable de porter des bateaux , fi ce n'eft lorsqu'après
les pluies de l'hiver , ck la fonte des neiges , elle fe groffit ;
mais lorlqu'elle approche de l'Océan , fck que la rencontre
de la marée en fait rebrouffer les eaux avec les fiennes ,
elle s'enfle ; ck plus elle avance , plus elle s'élargit.
Elle a fa fource au val d'Aran dans les Pyrénées. Elle
fe groffit de quelques ruifleaux ck de plufieurs torrens qui
tombent des montagnes , entr'autres, de l'Unola qui vient
de Bajergue, d. ck des eaux d'Aigue-negre , qu'elle reçoit
à Biella ou Vieille , g. Au-deflbus d'Arros , elle reçoit le
Barrados , d. puis le Joucou auprès de Caftell-Leon , g.
d'où coulant vers le nord, elle prend quelques ruifleaux,
entr'autres, le Touran, d. au-deflus de Canejan, fck le
Terme au-deflôus , g. C'eft à ce ruifleau que commence
le Comminge. De-là , coulant à Saint-Beat , g. fck enfuite
à Marignac , elle reçoit la petite Nefte ; pafle à l'orient
de-Saint Bertrand , 6k reçoit les eaux de la Nefte ; coule
au pied de mont Rejeau; fe tourne vers l'orient fepten-
trional; pafle entre Valentine, d. fck S. Gaudens, g.
reçoit le Ger , d. pafle à Saint Martory , fck plus loin le
charge de deux rivières ; la gauche s'appelle la Noue ;
la droite eft le Salât qui vient de la vallée de Couferans.
La Garonne baigne enfuite Cazerez , g. reçoit le Bolp ,
ruifleau qui vient du comté deFoix, d. arrofe Saint Julien,
g. entre dans le Languedoc, où elle fe groffit delà Rife ,
d. qui vient de Montesquiou fck de Rieux , fck qui a fort
embouchure vis-à-vis de Carbonne : de-là elle court vers
Muret , fck au-deflbus de cette ville prend la Louge ,
traverfe Touloufe , fe retourne vers le nord occidental ,
fck reçoit la Touche , g. l' Auflbnelle , puis forme une ifle ,
reçoit encore un ruifleau vis-à-vis cette ville , fck la
Grenade au-deflbus. Plus loin elle eft acrue par la rivière
de Margaftaud , g. 6k au-deflbus de Verdun , g. par le
ruiffeau de Pontarare, par la Deve près du Mas-Garnier,
par la rivière de Bouret , par la Gimone fck par la Cete :
le Tarn , qu'elle rencontre entre Moiflac fck Saint-Nico-
las de la Grave , la détermine à couler vers l'Occident.
Elle côtoyé donc la Lomagne 6k lAgénois qu'elle fépare ;
elle prend avec elle plufieurs rivières , entr'autres , l'Ai-
roux , g. le Camefon , g. l'Arrate , g. une autre qui vient
de la droite 6k tombe entre Valence 6k la Magiftere.
La Groue , g. la Séone , d. le Gers qui vient de Lairac,
la pedte rivière d'Agen , g. deux autres , l'une à la droite
entre Clermont 6k le port Sainte-Marie , 6k l'autre vis-à-
vis, à la gauche la Baife, g. le Lot qui y tombe auprès
d'Eguillon , d. Elle coule- enfuite à Toneins , à Mar-
mande , à Sainte - Bazeille , à la Réole fck à Gironde ;
toutes places fituées à la droite , fck entre lesquelles elle
rencontre d'autres rivières , dont le Drot eft la plus
confidérable. Au-deffous de Langon qui eft fur la gauche ,
elle reçoit le Giron, pafle à Cadillac , à Rions , d. reçoit
le Garmort à Caftres, fck arrive enfin à Bourdeaux , où
elle forme un des plus beaux ports de mer qu'il y ait en
France. Au-deffous de cette ville , elle forme beaucoup
d'ifles , reçoit la Dordogne , avec laquelle elle perd fon
nom : toutes les deux s'appellent la Gironde.
Cette jonction fe fait à cinq lieues au-deffous de
Bourdeaux , au bout d'une langue de terre qu'on appelle
GAR
GAR
U bec d'Ambe{ ; & le choc de ces deux rivières , dit
l'abbé de'Vairac, dans fes Notes fur les Commentaires
de Céfar , eft Ci violent , que leurs flots agités deviennent
terribles aux pilotes les plus expérimentés , à caufe des
écueils & des bancs de fable qui le forment par leurs
courans.
On ne fait fi c'eft la Dordogne qui entre dans la Ga-
ronne , ou la Garonne dans la Dordogne : elles perdent
leur nom fi-tôt que leurs eaux font mêlées , & forment
une grande plage qu'on appelle la Gironde , laquelle va
fe décharger dans la mer , à quinze lieues du Bec d'Am-
bez , après avoir coulé majeftueufement entre la Sain-
tonge qu'elle laiffe au feptentrion , & le Médoc qui eft
litué à fon midi. Blaye , Mortagne, Tallemont & Royan ,
font fitués fur fa côte , du côté du nord. Elle entre dans
la mer, près de la fameufe tour de Cordouan, par deux
embouchures , dont celle qui eft à fa droite , le nomme
le pas des AJnes , ÔC celle qui eft à fa gauche le pas de
Grave.
Il y a huit ponts de pierre fur la Garonne ; à L'ez, à
Foz, à Saint-Béat, au-deffus de Saint-Bertrand, à_Ma-
zeres , près de Saist-Gaudens , à Saint-Martori , à Tou-
loulè : on voit encore les reftes d'un neuvième à Agen ,
aux tours de la ville , &t aux murailles des anneaux de
fer où l'on attachoit les bateaux ; ce qui marque qu'an-
ciennement la rivière lui fervoit de foffés , ' & qu'elle s'eft
retirée vers le couchant, du côté du Condomois.
La- Garonne forme beaucoup d'ifles. Un peu avant
d'arriver au Bec d'Âmbez , on trouve celle de Macau
fur la gauche ; vis-à-vis le Bec , celle de Çafaux fe fait
diftinguer par fa grandeur &c par fa fertilité , auflî-bien
que celle d'Iffan &c des vaches : la première eft à l'occi-
dent , & la féconde au nord. Celle de Carmels , qui eft
à une demi-lieue plus loin, ne cède à toutes celles-là ,
ni en grandeur , ni en fertilité , non plus que celle de
Poyane , autrement dite iile Bigorée. Sous la citadelle de
Blayes , on en découvre une feptiéme , où l'on a bâti un
fort pour empêcher les descentes des ennemis, Un peu
plus bas , paroît celle d'Argenton 3 ôt enfuite celle de
Pâtira.
La Garonne commence à être navigable au-deffus de
Touloufe, d'où jusqu'à Bourdeaux elle, porte les plus gros
bateaux , Si de Bourdeaux jusqu'à la mer , les plus gros
navires marchands. Le flux de la mer qui arrive deux
fois en vingt-quatre heures , repouffe fes eaux jusqu'à
Saint-Macaire qui eft vis-à-vis de Langon, à vingt-neuf
grandes lieues de fon embouchure. C'eft peut - être du
nom de ce lieu de Saint-Macaire que l'on a donné le nom
de Macaret à ce refoulement des eaux de la Garonne >
lorsque le flux s'engorgeant dans fon embouchure ,
oblige ce fleuve à remonter impétueufement jusqu'à ce
lieu. Dans la Seine &c autres grandes rivières, on appelle
cela la Barre.
A l'égard du nom de Gironde que la Garonne porte
à fon embouchure , on ne convient pas du lieu où elle le
prend. Jofeph Scaliger dit que c'eft à Blayes. Olivier, qui
a fait des notes fur Mêla , dit au contraire que c'eft au-
deffus de Bourdeaux, en un lieu où fe joignent ce fleuve
Si la Gironde. L'un &C l'autre fe trompent , car la Ga-
ronne ne fauroit prendre fon nom d'une rivière qui n'e-
xifte pas ; &c il n'eft pas vrai que la Garonne commence
à être appellée Gironde vis-à-vis de Blayes , ou auprès de
Bourdeaux , mais au-deflus de Blayes &£ de Bourdeaux ,
c'eft-à-dire , vis-à-vis de Gironde & de la Réole. Gi-
ronde eft un village au confluent de la Garonne &; du
Drot , au voifmage de la Réole. Adrien de Valois croit
que ce lieu s'appelloit anciennement Garunda , & que
c'eft de-là que la Garonne a été appellée d'abord Garunda,
puis Géronde ; mais cet auteur , ainfï que Lurbée &£
Maffon , trouvent ridicules ceux qui difent que la Ga-
ronne a pris de ce village le nom de Gironde , depuis
Bourdeaux jusqu'à la mer. Car Symmaque, /. 9, Epifl.
écrivant à Aufone qui , étant de Bourdeaux , devoit bien
connoître le nom de cette rivière dit : G allicanœ facun-
dia haujlus requiro , non qubd his fieptem montibus elo-
quemïa Latiaris excefiît ; fed quia prcecepta Rhaoricte
peclori meo fenex olint Garunda. alumnus immuljît. EJl
mihi cum fcholis vejlris per doclortm jujla cognatio.
Qitidquid in me ejî , quod fcio quant fit exiguum cœlo
tuo debeo. Il entend par ce paffage l'école de Bourdeaux
qui étoit alors très-célébre , comme cela fe prouve d'ail-
47
leurs par Aufone ; & il appelle Gerundtz àïumnus un
homme qui avoit étudié à Bourdeaux. Les Annales de
S. Bertin, aux années 767 & 768 , nomment auffi Garun*
da. Henri Knigton , qui écrivoit l'Hiftoire d'Angleterre
avantl'an 1400 , dit : Applicuerunt (les Anglois) in Vafi
conia apud Cajhllon (Caftillon de Médoc j qua filuatur
in littorefiuminis de Gerunde : deduquefe eis dominus
urbis & profecli furu ufque Burdeux ( Bourdeaux ) qutè
difiat per V. leucas ab urbe Blaive ( Blayes ) manfie-
runtquein oppofito civilatis illius infi.um.ine ^Gerundé
per duos dies. Les Annales de France , fous le régne de
Philipe le Bel , font mention de Rions fur la Gironde ,
&: de la Réole fur la Gironde. Proprement parlant , c'eft
à Gironde que la Garonne doit commencer à s'appeller
la Gironde.
GARPHETI , fontaine de l'Arabie heureufe , félon
Ortélius , TheJ'aur. qui cite Pline : mais cet auteur, /. 6 ,
c. 28 , félon l'édition de Dalechamp , dit que la fontaine
s'appelloit GoRALUS,/o/zs Goralus, Garphéti , înfiulœ-,
Aku & Amnamethu; de forte que Garphéti fignifieroit
un peuple de l'Arabie , Se que Goralus feroit le nom de
la fontaine. Le P. Hardouin retranche le nom de Gar-
pheti, & rend au nom de la première ifle, la première
lettre , qui eft un C. fons Goralus. Infulœ Celœu , &
Amnamethu. De quelque manière qu'on life ce pafface ,
Garphéti n'eft point le nom d'une fontaine, comme Or-
télius l'a cru.
GARRA. Voyez Garrha.
^ GARRAF , bourg d'Espagne , en Catalogne, fur la
côte , entre Barcelone & Tarragone , à fix lieues de la
première , & à neuf de l'autre. Il y a près de ce bourg
une montagne qu'on appelle la Costa de Garraf ,
&r_ que l'on croit être le lieu appelle anciennement Scalte
Annibalis. * Baud. édit. 1705.
GARRHA', ville de la Mauritanie Céfarienfe , felori
Ptolomée, /. 4 , c. 2. Un fragment de Vi&or d'Utique,
cité par Ortélius , fait mention d'un fiége épiscopil
nommé Garriensis : c'eft peut-être le même qu'occu-
poit Viftor de Gor, Victor à Gor , qui affifta au con-
cile de Carthage , tenu fous S. Cyprien. On n'en voit au-
cune trace dans la Notice d'Afrique , à moins que Can*
didianus Catrenfis , ne foit une faute pour Garrenfis. Ce
qui eft probable , puisqu'on ne trouve point ailleurs d'é-
vêque qui ait été Catrenfis; & l'on fait d'ailleurs que
Garra, ou Garrha, étoit épiscopale, & dans la
même Mauritanie.
GARRIA, ville épiscopale d'Afrique, dans la Biza-
cene. La Notice d'Afrique fait mention de Secundinus
fon évèque. * Harduin. Collect.. Conc.
GARRO (Monte) ou Gerro , montagne du
royaume de Naples , dans la terre de Labour , au nord
de Seffa. Baudrand la nomme en latin Mons Gaurus, ou
Vallicanus.
GARROÇAN, ou Notre-Dame de Garrocan.
Corneille dit': bourg ou village de France , dans le comté
de Comminges , à quatre lieues de la ville de Saint-Ber-
trand , du côté du nord. Il y a des géographes qui le
prennent pour l'ancienne Aquce Oneliorum , ou Convena-
rum;\\ cite Maty, qui le dit effectivement au mot Bagneres.
GARRYENUS , ancien nom de la rivière d'YARE ,
qui coule en Angleterre , &i à l'embouchure de laquelle la
ville d'Yarmouth eft fituée. Quelques-uns croient que
c'eft I'Ouse , ce non pas I'Yare. Voyez Garianno-
NUM. * Ptolom. l.i, c. 3.
GARSABORA, lieu de la Lycaonie, quelque part
vers la Galatie , félon Strabon, /. 12,^. 568. Ce lieu
étoit voifin de Soatris , village auffi grand qu'une petite
ville , dans un terroir où l'on manquoit d'eau, & où l'on
n'en pouvoit avoir que par des puits très-profonds.
GARSAURIA, contrée d'Àiïe, dans la Cappadoce ,
félon Ptolomée , /. 5 , c. 6. Quelques exemplaires por-
tent Gardatjvet,E , d'autres GaRDAUCRET.E, Cegéo-
graphe y met les lieux fuivans :
Phreata, c'eft-à-dire les Puits,
Archelaïs ,
Neanefius , ou NaneJJus ,
Diocéfarée ,
Salamboria , ou Salambria.
Tetrapyrgia.
48
CAS
GAS
GARSIDjE , ancien peuple de la Gédrofie. Quelques
exemplaires de Ptolomée , /. 6 , c. 21 , portent Parsirje.
Il confinoit à la Carmanie.
GARSIS, bourg d'Afrique, en Barbarie , au royaume
de Fez. Voyez Garcis.
GARSTANG , bourg d'Angleterre , dans la province
de Lancaftre. On y tient marché public. * Etat pref. de
La Gr. Brct.
GARTACH : il y a en Allemagne , dans la Suabe ,
deux endroits de ce nom. L'un nommé Klein-Gartach ,
eft une petite ville à l'occident du Néker , à la fource
d'un ruiffeau qui tombe dans cette rivière , aux confins
du Wurtemberg & du Palatinat , l'autre Gros^-Gartack ,
n'eft qu'un village. C'eft fans doute un de ces deux lieux
tf'ue Corneille appelle Garthart , ville d'Allemagne ,_ fur
le Neckar , dans le duché de Wirtenberg. Il a fuivi de
mauvaifes cartes. Quoi qu'il en foit , Zeyler dit que le
petit Gartach eft un lieu muré , mais une très-petite ville
appartenante au duc de Wirtenberg , auprès du Heu-
chelberg, à une heure & demie de chemin d'Eppingen.
Il ajoute : peu loin de-là eft le grand Gartach , qui étoit
■ci-devant un des plus beaux bourgs du Wurtenberg, mais
dont à préfent la moitié eft réduite en cendres. Il y a
tout auprès un vignoble , qui produit d'excellent vin.
* Zeyler, Suev. Topogr. p. 19 ck 30.
GARTAMPE , rivière de France, dans la Marche.
Elle tire fa fource des étangs de la commanderie de
Maifommey ; £k paffant au pied de Gartampe , ^ elle lui
donne fon nom. De-là elle paffe à Salagnac , à Mont-
rhorillon 6c à Saint-Savin , & tombe dans la Vienne.
Sanfon Se De l'Ifle décrivent autrement cette rivière ,
qu'ils nomment Gartempe , ck ne mettent fur fes bords
aucun lieu de ce nom. La Gartempe a fes deux fources
dans la Marche de Limofin ; elles fe joignent auprès de
Château-Ponfac. Ce n'eft encore qu'un ruiffeau qui coule
vers le couchant feptentrional , ck que l'on paffe fur un
pent à Rançon ; plus loin il reçoit la Sève , d. puis le
Vinçon,g. qui vient de Belac ; au-deffous de cette jonc-
tion , il y a un autre pont , ck la Gartempe ferpentant
vers le nord-oueft , paffe aux villages de Samt-Sornin ,
de pont Saint-Martin , d. de port de Vonzailles , de Bus-
fieres , où fe tournant vers le nord , elle entre dans le
Poitou , reçoit un ruiffeau à Saint-Romois , d. coule à
Plaifance , bourg , g. à Sauge , village , g. à Montmoril-
lon , qu elle traverfe , à Concife , g. de-là , continuant
de ferpenter vers le nord, elle prend un autre ruiffeau
qui vient de Journée , d. paffe aux villages de Touhe ,
d'Antigni , g. de Saint-Germain-du-Puis , d. de Saint-
Savin, du mont Saint-Savin , g. de Naillers, d. de la
Buxieres , g. de Saint-Pierre de Maillé, d. & enfin à
celui de Vie, ck reçoit l'Anglin , rivière qui vient d'In-
grandes, d. & dont elle porte les eaux avec les fiennes
dans la Creufe , au midi de la Roche-Pozay. Elle perd
fon nom dans la Creufe ,, & n'arrive dans la Vienne , que
par le lit de la Creufe , à laquelle elle fe mêle. * Corn.
Dift.
GARTANENSIS, fiége épiscopal d'Afrique , félon Or-
télius , qui cite la conférence de Cartilage. Je l'y ai cher-
ché en vain. Peut-être a-t-il eu quelque exemplaire, où
ce mot étoit au lieu de Car'uinenfis.
GARTHARD. Voyez Gartach.
GARTHE^E. Athénodore nomme ainfi les Gétules ,
au rapport de Villeneuve.
GARTZ, ville d'Allemagne, dans laPoméranie, aux
confins de la Marche de Brandebourg. C'eft un des pas-
fages de l'Oder. Les géographes du pays lui donnent
38 d. 45' de longitude, & 5 3 d. 13' de latitude. C'eft
4 d. de longitude de trop. Ce fut Barnime I, duc de
Poméranie, qui en fit une ville murée , l'an 1258, ck
lui donna des terres. Ceux qui ont porté la guerre en
Poméranie, ont toujours tâché de s'emparer de cette place,
à caufe de fa fituation. La prévôté de ce lieu a fous fa
jurisdiftion huit paroiffes. On y tient diverfes foires du-
rant l'année. Elle a beaucoup fouffert par les longues
f uerres d'Allemagne.' Elle eft préfentement au roi de
'ruffe, élecleur de Brandebourg.
GARZA , rivière d'Italie , dans le Breffan , où elle
prend fa fource vers le nord, près de Binzago, d'où
coulant au fud , elle arrofe Breffe , Se va grofiïr enfuite
les eaux de la Mêla. * Alagin, Robert Atlas.
GASAgELA, On met une -ville avec un pays de ce
nom dans l'Abiffinie , entre le lac de Zaflan ck les mon*
tagnes de la Lune , celui-ci vers le nord , & celle-là vers
le midi. * Mati , Dift.
GASCOGNE (la) grande province de France. Ce
nom ne fignifie pas toujours la même étendue de pays ,
ck il faut diftinguer la vraie Gascogne , ou la Gascogne
proprement dite , la Gascogne improprement dite , & la
Gascogne très-improprement dite.
LA GASCOGNE proprement dite , n'eft pas
aifée à déterminer ; les auteurs l'étendent plus ou moins.
Comme ce pays a eu fes ducs , qui avoient leur état parti-
culier, quelquefois on donne le nom de Gascogne à tout
le pays qu'ils poffédoient , & ony comprend les BAS-
QUES , les Landes , le Chalosse , le Tursan , le.
Marsan, le pays d'ALBRET, 1' Armagnac , le Com-
MINGES , ck la Bigorre. Le Béarn Se la Navarre ont
été auffi de l'état de Gascogne , Sr. en ont été démem-
brés par des princes particuliers. Quelquefois on refferre
beaucoup plus la Gascogne , Se on la borne à ce qui de-
meura à fes ducs , après les démembremens qui furent
faits, tant en faveur des cadets que pour d'autres feigneurs
qui relevoient de leur domaine. En ce cas , la Gascogne
ne comprend que les Landes , le Turfan , le Marfan &C
le pays d'Albret. On peut voir ce que je dis de ces can-
tons à leurs articles particuliers.
Quelquefois auffi on entend par le nom de Gascogne
tout ce qui eft entre les Pyrénées , l'Océan & la Ga-
ronne ; mais en ce cas on y comprend le Bordelois qui eft
de la Guyenne. L'abbé de Longuerue , Defcr. de la Fran-
ce, i.part. p. 184, dit : on entend par Gascogne le pays
qui eft entre la Garonne , l'Océan ck les Pyrénées , Se
qu'on nomrnoit autrefois NoVEMPOPULANIE. Il a pris
ce nom , continue-t-il , des Gascons ou Vascons , peu-
ples Espagnols qui habitoient dans le voifinage des Py-
rénées , vers Pampelune ck Calahorra, lesquels avoient
confervé leur ancien langage. Ces Gascons ayant paffe
les Pyrénées, s'établirent, fur la fin du fixiéme fiécle,
dans le pays qui eft au nord de ces montagnes. Leurs
fucceffeurs ont toujours depuis occupé ce pays ; ck c'eft
à caufe qu'ils tirent leur origine des Vascons d'Espagne,
qu'on les nomme Basques ou Vasques. Ils fe maintinrent
en ces quartiers , malgré les efforts des François & de
leur roi Gontrand, qui envoya contre eux Oftrovalde ,
l'an 587, comme nous l'apprenons de Grégoire de Tours.
Les Vascons s'emparèrent de la Novempopulanie , &
leurs progrès contraignirent les rois Théodebert Sr.
Thierri à unir contre eux leurs forces : ils les attaque-
querent fi vivement , que ces peuples furent contraints
de fe foumettre , l'an 602. Ils fe continrent dans leur de-
voir , durant vingt-cinq ans ; & ce ne fut que fur la fin
de la vie de Clotaire II, qu'ils fe révoltèrent, l'an 627;
mais trois ans après , ils furent fubjugués par le roi Ari-
bert , frère de Dagobert I. On ne voit point qu'ils fe
foient fouftraits à l'obéiffance des rois de France , jusqu'au
tems de la mort de Pépin , maire du palais , l'an 714.
Ce fut pour lors qu'Eudes , qui étoit duc d'Aquitaine ,
s'étant rendu abfolu Se indépendant , les Gascons l'imi-
tèrent; Se fe joignant à fa révolte, ils demeurèrent en
cet état jusqu'à l'année 768 , que le roi Pépin acheva de
conquérir l'Aquitaine Se la Gascogne jusqu'aux Pyrénées.
Sous Charlemagne , lorsque Louis le Débonnaire fon
fils, gouvernoit l'Aquitaine avec le titre de Roi, les
Gascons fe révoltèrent encore , & ne cédèrent à Char-
lemagne , qu'après s'être bien défendus.
Dans le fiécle fuivant , la Gascogne étant gouvernée
par des ducs , fut ravagée par les Normands , qui dé-
truifh'ent la plupart des villes de cette province , fous les
règnes de Louis le Débonnaire , ck ds fon fils Charles le
Chauve.
Après l'abdication de l'empereur Charles le Gros , la
divifion s'étant mile dans le royaume qu'il avoit quitté,
les Gascons, qui avoient choifi pour leur chef ou duc un
homme de leur nation , nommé Sanche Mitarra , com-
mencèrent à fe rendre presque indépendans, ne recon-
noiffant les rois de France que de nom feulement, tant
à caufe de l'éloignement de ces peuples que de la foi-
bleffe des rois Carlovingiens , qui ne furent presque plus
confidérés depuis Charles le fimple.
Quelques-uns ont dit que ce Mitarra étoit comte de
Caftille. Us n'ont pas fait attention qu'il n'y avoit point
algrs çle comtes de Caftille, Il eft bien plus naturel de
CAS
CAS
croire qu'il étoit originaire des Pyrénées , Se c'eft ce
que fignirie Ton nom de Mitarra, qui, en langue Bas-
que , veut dire , qui vient des montagnes.
Sanche Mitarra eut un fils nommé Garde , furnommé
le Courbé , qui 'rut duc de Gascogne , fous le règne de
Charles le Simple Se de Raoul. Il laiffa trois fils , Sanche ,
Guillaume Si Arnaud. Les deux cadets eurent en partage
le comté de Félénfac , qui fut donné à Guillaume, le plus
âgé des deux , Se celui d'Aftarac qui fat cédé à Arnaud.
Sanche qui étoit l'aîné des trois frères payant eu la plus
grande partie des états de fon père , fat appelle comte
fie Gascogne ; & quelquefois on lui donnoit le titre de
duc &£ de marquis. La race masculine de Garcie le
Courbé pofîèda cet état jusqu'au duc Sanche , qui mou-
rut fans enfans mâles , l'an 1030; Se après fa mort, :1 y
eut de grandi troubles pour la fucceffion.
Quelques-uns ont prétendu que Sanche-Major, roi de
Navarre , avoit eu le duché de Gascogne ; ce qui ne fe
prouve ni par les bons monumens del'Hiftoire de France,
ni par ceux de Navarre. C'eft ne rien dire que d'alléguer
une certaine épitaphe de ce roi Sanche, où il eft qualifié
roi des Monts-Pyrénées Se de Tolofa; car il ne s'enfuit
pas de-là qu'il ait été fouverain de Touloufe , ville dont il
n'a jamais été maître, mais de Tolofa dans la province
de Guipuscoa , qui étoit alors des dépendances du royau-
me de Navarre. Après le duc Sanche, un feigneur nom-
mé Bélenger, qui prétendoit descendre des princes Gas-
cons parles femmes, poiïeda pendant quelque tems la Gas-
cogne Se la ville de Bourdeaux ; Se après fa mort ,
Othon fils de Guillaume duc d'Aquitaine , Se de Bris-
que fœur du dernier duc Sanche , fat comte ou duc de
Gascogne & de Bourdeaux. Il ne jouit pas paifiblement de
cet Etat; Se dans une guerre qui s'éleva, il fat tué , l'an
1039, ce qui donna occation à Bertrand furnommé Tu-
mas Paierais , comte d'Armagnac , de s'emparer de la
Gascogne. Il en jouit , durant quelques années , jusqu'à ce
que Georroi-Gui , prince d'Aquitaine , frère du duc Guik
laume V du nom , attaqua Bernard, le vainquit Se le
força à lui céder la Gascogne , & à fe faire moine. Le
prince Geofroi-Gui ayant fuccédé pour le duché d'Aqui-
taine à fon frère Guillaume , le duché de Gascogne fat
uni à celui d'Aquitaine , comme il l'a toujours été de-
puis , excepté ce qui avoit é\é démembré , dans le dixième
îiécle, du duché de Gascogne, par les partages qui en
avoient été faits.
Ce duché, pourfuit Longuerue, comprenoit le Bafa-
dois avec les vicomtes de Marfan & de Turfan , & tout
le pays des Landes , avec celui de Labour ; Se outre
cela les ducs avoient la fouveraineté des feigneuries voi-
ftnes.
Selon le géographe du Val , dans fa Defcription de la
France, p. 194, la Gascogne propre eft entre le Béarn,
l'Armagnac , la Guyenne Se les Landes. La ville de Saint-
Sever y eft vulgairement appellée Cap de Gascogne ,
( c'eft-à-dire la capitale de cette province ; ) celle du
Mont-de-Marfan eft le grenier du pays , Aire la rélideace
d'un évêque , Roquefort une ancienne baronie. Ainfi il
appelle Gascogne le pays de ChaloiTe , où eft Saint-Se-
ver ; celui de Marfan, où font Mont-de-Marfan Se Ro-
quefort ; le Turfan , où eft Aire.
Les auteurs du Diftionnaire de la France ( Introduc-
tion, p. 16,) divifent la province de Gascogne en cinq
petits pays , iàvoir ,
I. Le pays des Landes ou des Lanes Se d'AuRi-
BAT , où font les villes d'Acqs capitale , Tartas ,
Peirehourade Se Haftingue.
IL Le pays de Chalosse , qui a pour villes Saint-
Sever , qu'on nomme auffi Cap de Gascogne Se
Tolofette.
49
Tolofe.
I. Le Tu
El. Le Tu RS an , où font Aire, Grenade & Ca-
zeres.
IV. Le Marsan ou Mont-de-Marfan.
V. Le pays d'Albret n'a que le bourg de Labrit , félon
ces auteurs.
La Gascogne improprement dite ajoute à
ces pays le Basque , le Béarn , la Bigorre , le Commin-
ges , l'Armagnac, le Condomois , le Bazadois & le
.Bourdelois , c'eft-à-dire tout ce qui eft au-delà de la Ga-
ronne, ou, ce qui revient au même, toute l'Aquitaine
de Céfar , qui , félon cet auteur , étoit enfermée eiïtre la
Garonne , l'Océan Se les Pyrénées.
LaGascognetrès-impropremenT dite com-
prend de plus le Languedoc Se toute la Guyenne entière,
par un abus qui s'eft introduit d'appeller Gascons tous les
peuples de France , dont l'accent approche du Gascon.
Quelques-uns appellent Gascogne tous les pays qui font
au midi de la Loire. Cette erreur eft venue apparemment
de ce que fous , Augufte , l'Aquitaine, bornée auparavant
par la Garonne , fat étendue jusqu'à la Loire ; Se comme
onafuppofé que "Us Gascons avoient remplacé les Aqui-
tains, ce qui eft vrai en partie, on a appelle Gascogne
tout ce qui avoit porté le nom d'Aquitaine.
Les Gascons, en général, pafTent pour des gens d'es-
prit, adroits , entreprenans , bons foldats , patiens Se
courageux , mais un peu fanfarons , comme les Espa-
gnols leurs voifms.
Les Gascons ont apporté d'Espagne l'habitude de con-
fondre le V & le B. C'eft ce qui a donné lieu à cette plai-
fanterie de Scaliger : Felices populï quitus Bibere efi Vi~
Je réferve à l'article de la Guyenne tout ce qui con-
cerne celui de la Gascogne. Je me contente d'ajouter ici
quelques remarques nécefîaires. La Gascogne eft comprife
lous le gouvernement de Guyenne, dont elle fait partie.
Si l'on prend la Gascogne pour tout ce qui eft entre la
Garonne Se l'Océan, ce fera alors la partie méridionale
de la Guyenne, Se ce que les habitans appellent le HaI,t
Pays, félon du Val.
GASMAP*A , ville de la Mauritanie Céfarienfe, fé-
lon Ptolomée. Elle étoit différente de Casmare, autre
ville delà même province.
GASNY , bourg de France , dans le Vexin-Normand ,
avec titre de baronie , fur la rivière d'Epte , entre Bau-
demond Se Giverny , à une demi-lieue de la Roche-
Guyon. L'Eglife paroifliale eft fous l'invocation de feint
Martin , Se il y a un prieuré fimple, du titre de S. Ouen,
ck une chapelle de S. Adrien. L'églife du Mesnil eft fac-
curfale de Gasny.* Corn. Dicî. Mém. drefles fur les lieux
en 1703. Long. 19^0. Latit. 49 3.
Ce lieu eft le même que Gany. Voyez ce mot.
GASORUS , tU™Ps, , ville de Grèce, dans la Macé-
doine , dans l'Odomantique , félon Ptolomée. Etienne le
géographe écrit ia'Çsjxx.
_ GASPENSIA. Eginhard, dans fon livre de la Tranfla-
tion des faints martyrs Marcellin Se Pierre, nomme ainlx
un ruifleau d'Allemagne, qui fe jette dans le Me'm* Ortel.
Thef.
• GASPÉ , ou Gachepé , baie Se pointe fur la côte
orientale de la nouvelle France. Quelques géographes
mefurent de la pointe de Gaspé la largeur de l'embouchure
du fleuve S. Laurent, Si lui donnent' quarante lieues ; mais
ils fe trompent.
Le P. le Clerc Récolet, donne à ce pays le nom de Gas-
péjîe, Se Gaspé/îens aux habitans. Aucun peuple n'habite
cette prétendue Gaspélîe. Les Sauvages , qui y vont faire la
pêche ou la charte , font ceux qui habitent l'Acadie Se
la côte voilîne. La description, que le P. le Clerc en fait,
eft remplie de fautes. * Hifl. de la nouvelle France , par
le P. Charlevoix.
GASSAN , ancienne ville d'Afie, de Syrie, dans un
terroir qui étoit abondant en fontaines Se en ruiflèaux.
Il étoit pofledé par des Arabes nommés Dhagâcmah qui
s'y étoient établis , lorsqu'il iùrvint d'autres Arabes qui
étoient de la famille d'Azad, Se de la poftérite de Kahe-
lan , fils de Saba , fils d'Iaschhab , fils d'Iârab , fils de
Cahtan , qui eft le Joftan fils du patriarche Eber ou Hé-
ber. Ces derniers Arabes , quittant l'Arabie, après l'inon-
dation ou déluge d'Irem , vinrent en Syrie , châtièrent de
GafTan les autres Arabes qui y étoient déjà établis , Se
fe mirent en leur place. Ce font les Gassanides dont
il eft parlé dans l'hiftoire. Le premier de leurs rois s'ap-
pelloit Giafnah , , fils d'Amrou , fils de Thaalebah , qui
tiroit fon origine d'un roi de Hirah, furnommé Madah,
à caufe qu'il déchiroit tous les jours l'habit qu'il portoit
pour le donner à quelqu'un. Le dernier de ces rois ri.it
Giabalah, fils d'Aihem , lequel fe fit Mufulman, du tems
d'Omar, fécond calife, Se enfuite Chrétien, mais par
dépit. Il faifoit le voyage de la Mecque avec Omar :
une querelle , qu'ils eurent enlèmble , fut caufe qu'il le
quitta la nuit fuivante , traverfa la Svrie avec cinq cens
Tome lit. G
GAS
des Gas-
i /ant la naifïance
félon
les nomme
5°
chevaux, &fe rendit à Conftantinople, où il embraffa
le Chnftianisme. * D'Herbelot, Biblioth. Orient.
La plupart des rois de Gaflan portoient le titre de
Hareth , d'où les Grecs & les Latins avoient formé ce-
'lui S Autos. Ces rois Arabes ont fouvent été déclares par
les empereurs , chefs de leurs armées en Syrie. Il y en
avoit un qui commandoit dans Damas, du tems de faint
Paul , comme il paraît par la féconde Epître de cet apô-
tre aux Corinthiens, c. n ,v. 32. La dynaft
fanides a porté ce nom plus de 400 ans
de Mahomet. ,„.,.*',
GASSANDI , peuple de l'Arabie heureufe
Diodore de Sicile, 1. 3. Pline, 1. 6 , c. 28
Gaff'ani.
GASSEY, bourg de France, en Normandie , au dio-
cèfe de Lifîeux, entre Saint -Evroul , Hiefme & Ar-
gentan.
GASTAL. C'eft le même pays que Gafitl, G âfter ou
Gafteren. Voyez Gaster.
GASTANIM, félon Corneille, c'eft le Gaisting de
Baudrand.
GASTANIUM. Lazius donne ce nom comme le nom
moderne d'AuGUSTANA Castra. Voyez Gaisting.
Ortélius parle des bains de ce lieu à l'article Auguftana
Cafira. Voyez l'article qui fuit.
GASTEINBAD , ruiffeau d'eau minérale , en Alle-
magne , au cercle de Bavière , au-deffus de Saltzbourg ;
il a là fource entre Gaftein & Raurifs , dans une haute
montagne. Les eaux en font chaudes , & ont beaucoup
de vertu pour guérir quantité de maladies dont Zéyler
fait un long dénombrement, p. 62. Elles ne font pas
bonnes à boire , mais Amplement à fe baigner. Cet au-
teur ajoute que les plus riches mines de Saltzbourg font
dans ces deux endroits , favoir Gaftein & Raunts : ces
mines Se ces eaux médicinales font aflez voir que c eft
le même lieu que le Gaftanium de Lazius ck d'Orté-
lius. Mais il eft bien loin du Danube Se de Ratisbonne ,
où Baudrand le place dans fon article Auguftana Cafira. ,
de l'édition latine de 1682 : il avoit dit beaucoup mieux
à l'article de Gafianïum de la même édition , que ce lieu
eft dans le pays de Saltzbourg. Il eft étonnant que dans
l'édition Françoifè, il ait remis ce lieu fur le Danube dont
il eft éloigné.
GASTER , en latin Cafira Rhetla , quelques-uns di-
fent Gaftal , Gafter; Corneille dit Gafial, ou Gafieren
dans un article tiré de Maty , ck Gafiern , dans un autre
article tiré de Davity , comme fi c'étoient deux pays
différens. Gafier , Gafial, Gafiern, ou Gafteren, eft une
contrée delà Suiffe dans le bailliage de Gafter , dans la dé-
pendance des cantons de Schwitz & de Glaris. C'eft un Touraine
r 1 o_ _/.._•,. i 1' : .. j„ i„ _:..:„_„ A„ T ;„►%, n/.c-n™.
GAS
fens dans les anciens A&es (a). De Vaftum les Latins
a voient fait Vaflare , ravager, détruire; nos vieux Fran-
çois en firent les mots de Gaft, Guafi, Guafter , d'où
lbnt les mots de dégafi 6k de gâter. Dans le moyen âge,
on a dit Vafiitas pour défert : on lit Guafia , damna , ck
incendia dans Pierre des Vignes ( b ). Le Cartulaire
d'Abfîe déjà cité, porte , fol. 127 : Et terras omnes in
quitus vinea funt , & omnes alias Jive guaflas five ex-
cultas , foit déferres , foit cultivées. Innocent III, 1. 15,
Epift. 179 , dans une de fes Lettres , emploie le mot de
Gastina. Gaftine fe trouve dans la Coutume d'Au-
vergne. Dans la convention paffée entre le duc de Bra-»
bant, ck le chapitre de fainte Vaudra, à Mons , l'an 1 209,
ck rapportée par Aubert le Mire (c), on lit : Omnes Vas-
TIN/E qua terrai felveftres dicuntur ; 6k dans une autre
de l'an 1247, p. 173 : In omni terra quœ vulgariter Vas-
TINA dicitur. Il eft arrivé qu'après que des lieux ont com-
mencé à être cultivés , on leur a confervé le nom de
Guatine , comme on voit dans une Charte de Robert ,
comte de Flandres, de l'an 1089 , tirée des Archives de
Saint-Quentin en l'Ifle ,fol. 51 , verfo : Omnem decima~
tionem nova terra, qua vulgô WaSTINA vocatur. VAS-
TINA fe prend donc pour une forêt que l'on a détruite ;
ck c'eft en ce fens qu'il faut entendre ce nom , à l'égard
des articles fuivans. * (a) Monafiic. Anglic.t. i,p. 529;
& t. 2, p. 204. (b) Petrus à Vineis , 1. 5. Epift. 112.
(c) Diplom. Belgic. p. 160.
1. GASTINE, (la) petit pays de France, félon Bau-
drand, dans le haut Poitou, aux environs de Parthenay
qui en eft la capitale. Il n'eft pas aifé d'en marquer les
bornes air jufte. On y compte environ foixante paroiffes,
mais je ne fais aucun auteur qui les nomme toutes. Cor-
neille , Dicl. dit , après Davity , qu'il confine d'un côté
au Niortois par la châtellenie de Coudrai - Sallebart , &k
de l'autre au Touarfois , Si au territoire de Fontenay &C
de Saint-Loup : du côté d'Anjou , il s'étend jusqu'auprès
de Chiévres ; ck vers Poitiers , il a le bourg de Cramaud.
Il eft long de quatorze lieues , ck large de neuf. Le
comté de' Secondigni , les châtellenies ck les feigneuries
de Chandenier , de Bécéleu, d'Amaillon , la Fréfeliere
& quelques autres avec l'abbaye d'Abfîe , font dans les
enclaves de la Gaftine. Le pays eft montueux , plein de
ruiffeaux , d'étangs ck de bocages.
2. GASTINE, (la) petit pays de France , dans 1»
Touraine, aux environs de la paroiffe &C de l'abbaye de
faint Laurent : c'eft un pays fec ck de très'difficile cul-
ture.
Il y a en France plufieurs villages ou lieux qui portent
le nom de GASTINE , comme la Gâtine , village de
pays long ck étroit, à l'orient de la rivière de Linth ,
qui s'étend du nord-oueft au fud-eft , entre les lacs de
Zurich ck de Wahleftatt. Il a la Linth ck une partie de
ces deux lacs en front, ck le Tokebourg à dos , au nord
le canton de Zurich, ck au fud-eft le comté de Sargans.
Les principaux endroits de ce pays, font
Wefen , Utznach ,
Schennis , ( Grynaw ,
6c Schméricken.
Il eft partagé en deux bailliages, dont l'un porte le nom
du pays Gafter , ck l'autre celui &Ut(nach. Quand il y
a un bailli de Schwitz dans l'un , il y en a un de Glaris
dans l'autre. Anciennement le pays de Gafter s'appelloit
auffi Windegg, à caule d'un château de même nom qui
étoit au bord de la Linth, ck qu'on a laiffé tomber en
ruine, dès l'an 1450. Le nom de Gafter corrompu du
latin Cafira Rhetica , lui a été donné par les Grifons
établis dans ces quatiers-là. La religion y eft mixte ,
comme dans les contrées voifines.
GASTINE , l's ne fe prononce point , ck quelques-
uns écrivent GâTlNE : ce nom fignifioit anciennement
ure forêt, un bois de haute futaie rempli de bêtes fau-
ves , (î nous en croyons Corneille. Il lignifie au contraire .
les htux d'une forêt où le bois a été abbatu, ou les lieux
qui font fans arbres. C'eft dans ce fens que le Cartulaire
de l'àbbaie d'Abfîe , dit : Concéda fratribas de Abfie 10-
tum planum , vel ut vulgô dicitur , totum Gurfium quod
modo eft ', vel in pofterum ait in Bosco meo , &c. Les
mots de Wafta U de Waftum font pris dans ce même
éleftion de Tours , Saint-LAURENT de LA
Gastine ck Saint-GERMAiN de la Gastine , dans
la Beauce , diocèfe & éleftion de Chartres , &c.
3 . GASTINE , ( la ) Gaftineta , abbaye de France , en
Touraine , à quatre lieues de Tours , ordre de faint Au-
guftin, de la congrégation de fainte Geneviève. Elle fut
érigée en abbaye par Hugues, archevêque de Tours ,
l'an 1138.
1. GASTINES. Il y a en France , dans le Maine, une
verrerie de ce nom.
2. GASTINES , bourg de France , en Anjou , au dio-
cèfe d'Angers,élecl:ion de Château-Gontier : il a huit cens
quatre vingt-dix-fept habitans.
GASTINOIS , province de France. Elle eft partagée
entre deux gouvernemens militaires ; une partie eft fous
celui de l'Ille de France , &i l'autre fous celui de l'Orléa-
nois. Il a eu les comtes particuliers dans l'onzième fiieie ;
mais ces comtes devinrent comtes d'Anjou. Géofroi Fé-
role , comte de Gaftinois , époufa Hermengarde , feeur.
de Geotroi Martel , comte d'Anjou, &c en eut deux fils,
favoir Geofroi le Barbu, & Fouques furnommé le Ré-
chin , ou le Rechigné. L'aîné fuccéda à fon oncle po'.:r
le comté d'Anjou , Se y joignit le Gaftinois ; mais i! fut
dépouillé de l'un & de l'autre , & on le confina dans
une prifon où il mourut. Fouques. craignant d'être châtié
par Philippe I, roi de France , le gagna, en lui cédant
le comté de Gaftinois , qui étoit l'ancien patrimoine de
la maifon de ce comte. C'eft ce que nous apprenons d'un
hiftorien contemporain, au quatrième tome de Duchefne ,
pag. 85. C'eft ainfi que le Gaftinois fut réuni à la
couronne. * Longuerue ? Descrip. de la France , part. 1 ,
pag. iço.
GAT
GAT
Dans les anciens titres latins, ce pays eft appelle Pa-
gus Vajlintnjis. De Longuerue en conclut que ce nom
lui a été donné par les Francs-Germains ; ce mot Vajl
en langue Teutonique lignifiant un lieu défère; ce qui
convient parfaitement bien au Gaftinois , où il y a de
très-grandes forêts , &C dont le terroir eft fablonneux &C_
presque partout ftérile.
Piganiol de la Force, Dtscr. de la France, e.z,p. 3 17,
dit que le Gaftinois a pris fon nom des Sables que ceux
du pays appellent Gajlin.es. ( Il vaut mieux s'en tenir à ce
que nous avons remarqué au mot Gastine. )
Ce pays eft , dit-il , borné au feptentrion par la Beauffe ,
au midi par l'Auxerrois , à l'orient par le Sénonois ,
& à l'occident par le Hurepoix , ck la rivière de Ver-
nufe. On le divife en Gajlinois François, &£ Gajîinois
Orléanois.
Le Gaftinois François comprend un nombre affez con-
fidérable de villes & de châteaux, entr'autres ,
Nemours ,
Moret ,
Courtenay,
Eftampes.
Valéry , Chat.
Dourdan ,
Montlhery ,
Le Gaftinois Orléanois comprend ,
Montargis ,
Château-Renard ,
Milly,
Chaftillon-fur-Loing ,
Briare ,
Gien.
Les deux gouvernemens fe difputent la ville d'Es-
tampes , chacun prétendant qu'elle eft de fon dépar-
tement. Le Gaftinois Orléanois renferme de plus le pays
de Puifaye où font ,
Blesneau , Saint-Fargeau ,
Saint-Amand, &c.
Il n'y a que la moindre partie de Melun qui foit du
Gaftinois. Ii y a beaucoup de vignes dans cette provin-
ce, & des noyers dont le fruit eft propre à faire de
l'huile. Les forets abondent en gibier. Les étangs &c les
rivières fourniflent quantité de poiffon. On y fait d'ex-
cellent beurre. Les grais à paver les grands chemins ,
& les bois propres à bâtir font transportés de-là à Paris
& ailleurs par le canal de Briare , &t par la rivière du
Loing, qui tombe dans la Seine. On y receuille auffi d'ex-
cellent fafran. * Corn. Dift. & divers Mém.
GASTOUNI, ville de la Morée , à quinze milles de
Caftel-Torhefe , &c à cinq milles de la mer ; elle eft de
médiocre grandeur , &£ fur une rivière que Spon, Voyages,
t. i , p. 3 , croit être le Pénée. Il fe trompe. Le Penée
eft bien plus au nord. La rivière , qui coule à Gaftouni ,
eft la même que celle qui eft formée de l'Erymante , du
Ladon Se de l'Alphée.
GASTRONIA , contrée de Grèce , dans la Macé-
doine , félon Théopompe cité par Etienne le géogra-
phe. Ortélius , Thefaur. croit que c'eft la même que
la Grestonie , contrée de Thrace.
GASULES , ( les ) peuples qui habitent aux envi-
rons des montagnes de Laalem-Gafula , dans la province
de Sus , au royaume de Maroc , en Afrique. Les chérifs
de Fez & de Maroc les ont choifis pour la garde de
leur perfonne , à cauië de leur fidélité & de leur cou-
rage. * Marmol. de l'Afrique , 1. 5.
GATE, (les montagnes de) longuechaîne de mon-
tagnes en Afie,dansla presqu'ifle,en-deç_à du Gange,qu'elle
diviié en toute fa longueur en deux parties fort inégales.
Son cours du nord - nord - oueft au fud-fud-eft, eft
presque parallèle au rivage occidental de cette pres-
que (le qui eft triangulaire : ce qui eft au couchant, eft
appelle !a côte de Malabar; ce qui eft au levant , eft tra-
verfé par diverfes branches qui partent de la tige. Cette
tige s'étend, {Lettres édifiantes, t. 15 , p. <ç, ) depuis le
isiont Ima au nord, & fe termine au cap de Comorin
qui eft à la pointe méridionale de cette presqu'ille , au
Concan & au royaume de Vifapour. De fille , & autres
féographes nomment ces montagnes les montagnes de
'alagates^ Se réfervent le nom de Gâte pour ce^qui eft
au midi de la rivière de Mondoa qui a fon embou-
chure à Goa. D'autres donnent le nom de Gâte à cette
chaîne dans toute fon étendue. Varénius,dans fa Géographie
générale, l. i,c. 10, prop. z, prétend qu'elle traverfe
le royaume de Bengale , ceux de Pégu & de Siam , &
toute la presqu'ille de Malaga. Il y a de l'excès. Nous ne
connoiffons (ous le nom de Gâte , que les montagnes qui
fe fuivent du nord au midi , le long de la presqu'ille de
Malabar.
Tavernier , Voyage des Indes , t. 1 , c. 4 , donne le
nom de Gâte à un (impie défilé par où l'on pafîe cette
montagne , entre Dongri & Nader , fur la route de Bram-
pourà Agra. Mais le paffage , dont parle Tavernier , eft
hors de la presqu'ille , affez près d'Agra. Il prouve bien
que les montagnes de Gâte s'étendent au-delà de la pé-
ninfule; mars nous ne parlons ici que de la chaîne prin-
cipale où il n'eft pas.
Les voyageurs s'accordent à nous dire de ces monta-
gnes une circonftance que l'expérience feule peut avoir
apprife ; c'eft que le pays qu'elle fépare a deux faifons très-
différentes dans le même tems. Sur la côte de Malabar
l'hyver commence vers la fin du mois de Juin , avec le
vent du fud-oueft qui vient du côté de la mer , & règne
quatre mois le long de cette côte , depuis Diu jusqu'au
cap de Comorin ; pendant tout ce tem-slà non -feule-
ment la mer n'eft point navigable ; mais il y a peu de
havres où les navires puiffent être en fureté Se à couvert
des orages mêlés de tonnerres & d'éclairs effroyables.
Dans le même tems , la côte de Coromandel , qui eft dans
la même presqu'ille & au même degré d'élévation , &c
qui , en quelques endroits , n'eft éloignée que de vingt
lieues de celle de Malabar , jouit d'un agréable -prin-
tems & de la plus belle faifon de l'année. Cette diver-
fité de faifon dans un même tems , & en des lieux fi
voifins , n'eft pas une chofe qui fe trouve uniquement
dans cette presqu'ille. * Mandejlo, l. z , p. 164.
De ces montagnes il fort un grand nombre de rivières,'
dont les principales , qui ont leur embouchure à l'occi-
dent, font,
La rivière de Nerdaba , qui coule à Baroche.
Celle de Tapti , qui paffe à Surate.
Celle de Kalewako , qui paffe à Daboul.
Celle de Mondoa , qui enferme Goa.
Les autres , qui font en grand nombre , ne font pas (i
remarquables ; celles qui fe jettent à l'orient, font ,
La Ganga ,
La rivière de Coulour , qui porte le nom de la ville
de Coulour.
Celle de Palaru , qui baigne Gandicot.
Celle de Coloran , qui fe partage en quantité de bran-»
ches.
Et celle de Vaighei , qui coule à Maduré.
GATHEjE, TvMcu, ancienne ville du Péloponnefe;
dans l'Arcadie, félon Etienne le géographe, qui cite le
huitième livre de Paufanias. Cet auteur parlant elfeftive-
ment du ruiffeau GathÉATAS, /. 8, c 34, dit qu'il
prend fa fource à Gathées , & fe jette dans l'Alphée. Pau-
fanias ne dit point fi c'étoit une ville ; fon traducteur La-
tin ajoute au texte le mot de village. L'auteur dit qu'il
étoit dans la Cromitide.
GATHEATAS. Voyez l'article précédent.
GATH-RIMMON. Il y a eu trois villes de ce nom;
La première appartenoit aux Lévites de la famille de
Keath , tk étoit ville de refuge dans la tribu de Dan.
*Jofué. 19,45, XXI, 14.
La féconde étoit à l'occident de la tribu de Manafle,
en-deçà du Jourdain. Elle étoit auffi ville de refuge don-
née aux mêmes Lévites. On l'appelloit auffi Baleax ou
Jeblaan. * Jofué , 11 , 15.
La troifiéme étoit au milieu de la tribu d'Ephraïm,
I. Chron. VI, 69.
GATHYNIA, ville bâtie proche de la mer, par le
roi Lacon, comme le remarque Cédrénus. * Nicol. Lloyd.
GATIANENSIS. Voyez Gattianensis.
GATO. Baudrand, édit. 1705 , dit : ville d'Afrique,
capitale du royaume de Bénin , en Guinée , iùr la rivière
de Formofa, qu'on appelle auffi de Bénin, à dix-huit
lieues au-deffus de fon embouchure dans la mer de
Guinée,
Tome III, G ii
GAU
Il ne fe trouve aucune, ville de ce nom fur cette ri-
vière. La capitale eft Bénin , au couchant de cette rivière ,
à laquelle on donne le nom de Formofa, qui lui vient
des Portugais , ou celui de Rio Bcmn , que les naviga-
teurs emploient,de même qu'ils difent la rivière de Rouen,
de Nantes ou de Bourdeaux , pour dire la Semé , la Loire
ou la Gironde. A une journée au-deflbus de Bénin &
de Coffo , qui eft vis-à-vis, on trouve Agaton , le troi-
fieme village en remontant. Bofman , 21 , Lettre, p. 459.
le feul qui ait parlé pertinemment de la Guinée , dit :
Le troifieme village qu'on appelle Agaton , a été ci-devant
uii des principaux endroits pour le négoce ; mais il a tant
fouffert par les guerres , qu'il eft prefque ruiné : il eft bâti
fur un coteau qui avance dans la rivière , ck qui ne tient
prefque pas à la terre ferme. A en juger par les ruines que
l'on voit encore , c'a été un fort grand village , beaucoup
plus agréable 8c plus fain qu'aucun autre ; ck c'eft pour
cela aufli que les Nègres commencent à le rebâtir de
toutes leurs forces. Il eft environné de plufieurs fortes
d'arbres fruitiers. Il y a , dans le pays d'alentour , quan- .
tité de petits villages, dont les habitans viennent au marché
qui s'y tient tous les cinq jours. De l'Ifle a fuivi cet
auteur , ck placé Agaton où il doit être dans fa Carte de
la Barbarie , de la Nigritie & de la Guinée.
GATONISI. De l'Ifle , Carte de la Grèce , écrit
Gaitoinifi; ck Berthelot , dans fa Carte de la Méditer-
ranée , écrit Gradoin , petite ifle de l'Archipel , au midi
de celle de Samos , près de la côte de Natolie , à la
hauteur de Mélaffo : c'eft l'ille appellée par les anciens
Argennos ou Trogilium.
GATOPOLI. Baudrand dit : Petite ville de la
Turquie d'Europe , dans la Romanie , fur la côte de la
mer Noire , entre la ville de Salamidi & l'embouchure
de la rivière de même nom. Il prétend que le nom latin
eft Gatopolis ck Andriaca. Pour ce qui eft de Gatapolis ,
c'eft un nom barbare , qu'aucun bon auteur Latin n'a em-
ployé. A l'égard & Andriaca, Niger, Ortélius ck Bau-
drand croient que c'eft préfentement Gatopoh ; en quoi
ils fe trompent. Il eft très-clair que le nom de Gatopoli
eft une corruption JAgathopolis , ville de Thrace , voi-
fme , mais différente d! 'Andriaca. Cette dernière eft pré-
fentement Ayade , village ck port fitué au midi d'Agatho-
polis , que les Turcs nomment préfentement Ataboli , ck
les Grecs Agaflopoli. Cette dernière eft au fond d'un petit
golfe , au feptentrion du port d' Ayade , ôk à l'embouchure
d'une petite rivière.
GATTESAW , ancienne abbaye de l'ordre de S. Be-
noît , en Suabe , au marquilat de Bade , à une lieue au cou-
chant de Dourlach, fondée en 11 10. Elle eft aujourd'hui
fuporimée, ckfes revenus unis au domaine du margrave.
GATTIANENSIS , fiége épifcopal d'Afrique , dans la
Byzacene. Januarius, fon évêque , fouferivit à la lettre
écrite à l'empereur Conftantin. La Conférence de Car-
thage fait aufli mention de Victor Gattianenfis.
G ATTON , petite ville d'Angleterre, dans la province
de Surrey : elle n'eft plus fi confidérable qu'elle a été au-
trefois , quoiqu'elle envoie toujours fes députés au parle-
ment. On y a trouvé plufieurs médailles romaines.
GATULCO , port de la mer du fud , au Mexique.
Voyez AGUATULCO.
GAVACHE.Voyezla remarque après les articlesGAVE.
GAVANODURUM. Quelques-uns ont cru que Saltz-
bourg a été appelle ainfi. Ptolomée, /. 1, c. 14, ayant
donné ce nom à une ville du Norique , les uns l'ont ex-
pliqué par Salt{bourg; d'autres, comme Lazius, par Lamer-
dmg;& autres enfin par _/z/<iii/z£o#rg,,aurapportdeBaudrand.
GAVANTIS TUMULUS. Lycophron appelle ainfi
un lieu où l'on fuppofe que fut enterré Adonis , que les
Cypriots nommoient G.ivante , fi nous en croyons Isaac
Tzetzès, commentateur de ce poëte Grec. * Ortd. Thef.
GAVARA, ouGabara, félon les divers exemplaires
de Ptolomée,/. 5, c. 19, ancienne ville de l'Arabie déferte.
C-AVARDAN. (le) Voyez GABARDAN.
GAVARET. Voyez Gabaret.
GAVAS , (le) ou Gabas , rivière de France : elle a
fa fource dans le Bëain , auprès de Ger , aux confins de la
Bigorre; de-là, ferpentant vers Je nord-oueft, sïle entre
dans le Turfan , qu'elle arrofe , paffe à Roquefort de Tur-
fan , d. à Arboucave , _ g. reçoit le ruifleau de Bas , d.
baigne Tolofette , 6k fe jette un peu après dans l'AJour.
* De rifle, Béarn.
GAU
GAVAT A, montagne d'Afrique, au royaume de Fez,
dans la province de Chaux , félon Davity : elle s'étend de
l'eft à l'oueit environ huit milles , ck la la-geureft de cinq.
Cette montagne a des chemins fort étroits , & il eft très-
difficile d'y monter. On y trouve près de cinquante grands
villages , ck les fources de deux rivières.
GAUDIABENSIS , fiége épiscopal d'Afrique , dans
laNumidie. La Notice d'Afrique fournit un évêque de
ce lieu,, qu'elle nomme Victor Gaudiabenfis; mais quel-
ques exemplaires portent Gandiabenfis.
GAUDIACUM, nom latin d'un village de France,
en Touraine. Grégoire de Tours en parle dans fon Livre
des Miracles de faint Julien , c. 39 , p. 878. D. Thierri
Ruinart obferve qu'il y a en Touraine , fur le Cher, un
lieu nommé Joyacum , en françpis Joué ou Jouay ; que
c'eft peut-être le Gaudïacum dont il s'agit ici.
Urfinus , dans la' Vie de faint Léger , fait auflî mention
de Gaudïacum ; mais il le met dans le diocèfe de Chartres.
Surius , dans la Vie de faint Thierri abbé , met un autre
lieu Gaudïacum , dans le Rhémois. * Ortd. Thef.
GAUÛINO , abbaye de religieufes Bénédictines, dans
le Bergamasque , au diocèfe de Bergame.
GAUDIOSA. Voyez Joyeuse.
GAUDO, ( le territoire de ) campagne d'Ita-
lie , au royaume de Naples , entre les villes de Ca-
poue, dePouzzol, ck les ruines de Cumes. Quelques-
uns , à caufe de la fertilité de cette campagne , ont
étendu ce nom jusqu'à toute la province de Labour.
1. GAUDOS. Voyez Gozzi.
2. GAUDOS. Voyez Gaulos.
GAVE : ( le) ce nom eft commun à plufieurs ri vie»
res du Béarn , qui toutes ont leurs fources dans les Py-
rénées , aux confins de l' Aragon.
Le GAVE d'Aspe a deux fources , l'une au port de
Aragues , Si l'autre auprès de Sainte-Chriftine, à peu de
diftance de la fource de l'Aragon ; de-là ferpentant vers
le nord , il reçoit les rivières d'Anfave & de Sanshefe ,
qui fe joignent auprès de Lescun , g. ck continuanfde tra-
verfer la vallée d'Aspe , qui lui donne fon nom , il fê
charge de quelques ruifleaux , comme le Vert , d. la ri-
vière de Bourdios , ck arrive à Oleron , qu'il fépare de
Sainte-Marie.
Le GAVE d'Ossau prend fa fource au port d'Offau,
traverfe la vallée de ce nom, du fud au nord ; arrivé à
Arudi il circule , ck fe détourne vers le couchant , puis
vers le nord-oueft , pour arriver à Oleron , qu'il fépare
de Marcadet. Au nord d'Oleron , il rencontre le Gave
d'Aspe , avec lequel il fe mêle : alors ces deux Gaves per-
dent leurs noms particuliers , ck prennent celui de Gave
d'Oleron.
Le GAVE d'OLERON , ainfi formé des Gaves d'Aspe
ck d'Oflau , fe groflit de quelques autres rivières, favoir,
le Vert , g. la Lorune , g. le Jos , d. paffe à Navarreins ,
reçoit YArancar, paffe aSauveterre, reçoit la rivière de
Soûle, appellée le Su^on, ou'plutôt le CeJJon , g. puis une
autre rivière qui vient de Salliez , d. fe joint enfin à Sor-
des au Gave de Pau , avec lequel elle tombe dans l'Adour.
Le GAVE de Pau a diverfes fources dans les Pyré-
nées , aux confins de 1 Espagne ; la principale eft au port
de Vie , aux environs de Gabarnie ; une autre eft auprès
de Notre-Dame de Héas , d. ck une troifieme vient de
la gauche. Auprès de Luz , il reçoit le ruifleau de Barege ;
ck continuant de couler vers le nord, il traverfe la val-
lée de Lavedan ; au-defliis de Villelongue , il fe détourne
vers le nord-oueft , reçoit une rivière qui vient du port
de Cautères, g. ck plus loin une autre qui , traveriant le
val d'Azun , fe charge en partant du torrent de Bun.
Groffi de quelques ruifleaux, il fe tourne vers le nord
jusqu'à Lourde , d. puis vers le couchant, ck pafle au-
près de Peiroufe , reçoitquelques autres ruifleaux , paffe
à Nay, g. ck forme plufieurs ides au-deffus de Pau, ca-
pitale du Béarn , où il reçoit la Gourgue , qui vient de
Pontac , d. forme encore d'autres ifles avant que de re-
cevoir la Blaiffe , puis le Laa , baigne Orthez , d. ck
Belloc, ck la Hontan , g. arrive à Sordes, où il ïe joint
avec le Cave d'Oleron , lix lieues au-deffous d'Orthez , fck
douze au-deflbus de Pau.
La rapidité de ces Gaves eft caufe qu'ils ne portent
point de bateaux. Au refte , ils font très-poiflbnneux ; on
y pêche des truites , des brochets , des faumons , èk des
îaumonneaux , appelles toquaas , qui font d'un goût
CAU
CAU
excellent. * Piganiol de la Force , Descr. de la France ,
2e édit.cle Paris, t. 4 , p. 412.
Les habitans du pays qu'arrofent ces Gaves , ont donné
lieu au nom de Gavaclu, que les Espagnols donnent aux
François; c'eft un terme de mépris, dont ils ne fe fer-
vent que quand ils font en colère.
GAVELLENSIS. Honorius d'Autun , parlant de l'é-
vêque Sévérien , le qualifie évêque d'un fiége nommé
Gavdknfis. Un autre exemplaire de cet auteur porte
Ganelicenfis , & un autre Gabalenjis , qui eft le vrai nom ,
fuivant Ortélius Thefaur.
GAVEORUM, (gériitif pluriel de Gavea) fiége epis-
copal d'Egypte. Il en eft fait mention dans une lettre
des évêques d'Egypte à l'empereur Léon , inférée dans le
Recueil des conciles.
GAVER, félon D. Calmet , Dicl. lieu de la Paleftine,
près de Jérufalem. C'étoit un défilé où Ochofias , roi
de Juda , fut blefte à mort par Jéhu , Reg. I. 4 , c. 9 ,
v. 27.
GAUGAENA; r*vycu*<, ou GAUiUENA,rW^/.'«,
ancienne ville de la Cappadoce, dans la préfecture de
Sargaraufene , félon Ptolomée, /. 5 , c. 6.
■ GAUGAL1US MONS , montagne de la Syrie, dans
le territoire d'Edeffe. Sozomene, & Califte, /. 9, c. 15,
en font mention. * Ortel. Thef.
GAUGAMELLES, ou Gaugamela, nom d'une
ville de Perfe qui , félon Strabon , lignifie maifon du
chameau , ou, félon d'autres , le tribut du chameau. Plu-
tarque dit que ce fut en ce lieu qu'un ancien roi de Perfe
s'étant fauve fur un chameau , impofa un tribut fur les
habitans pour nourrir cet animal. ( Arrianus , Strab. Plu-
tarq. Plin. Bochart.) Strabon , 1. xvi , dit que c'eft un
fcourg dans l'Aturie , région de la Perfe , où Darius
vaincu perdit (es états. Ce lieuétoit deftiné pour la nour-
riture des chameaux fatigués qui paffoient en Scythie , &t
c'eft de-là qu'il a pris fou nom. Les Macédoniens voyant
que ce lieu étoit peu confidérable, & qu'Arbellês, ville voi-
fine, étoit fort connue , aimèrent mieux marquer la ba-
taille & leur victoire par ce nom. Ce récit de Strabon
paroît d'autant plus vraifemblable, qu'Arrien dit la même
choie fur le témoignage d'auteurs contemporains qui
obfervent qu'Arbellês étoit éloignée de fix cens ftades
du champ de bataille & de Gaugamelles.
GAUGDjE , ancien peuple de Thrace , vers l'Ifter ,
félon quelques éditions de Pline, 1. 4, c. 11. Le P. Har-
douin lit Gaudœ.
GAVI, petite ville d'Italie, dans l'état delà républi-
que de Gènes, fur le ruilfeau de Lemo , au pied du
mont Apennin , fur la frontière de Moutferrat & du du-
ché de Milan. Elle a été autrefois allez forte ; mais on
a rafé fes fortifications ; elle eft presque au milieu , entre
Gènes au midi , & Tortone au feptentrion.
GAVIRATIUM. Voyez Ghivira.
GAVIS , ancienne colonie d'Italie. Frontin en parle ,
mais fans dire dans quel lieu. Quelques-uns ont cru qu'elle
étoit dans la Sabine, à 13000 pas de Rome. D'autres,
comme Holfténius, croient que ce mot eft pour Gabii.
GAULALES , ou Galaules , ancien peuple d'A-
frique , les mêmes que les Auloles , félon Orole , cité par
Ortélius, Thefaur.
GAULAN, ou Gaulon, ou Golan, ville an-
cienne de la Paleftine , de-là le Jourdain. Elle étoit cé-
lèbre , & donnoit le nom de Gaulanite , ( ou Gaula-
nitide ) à une petite province. Elle fut donnée à la de-
mi-tribu de Manaffé de de-là le Jourdain (a). Elle fut
cédée aux Lévites de la famille de Gerfon ( b ) pour
leur demeure , & devint une ville de refuge. Eufebe dit
que de l'on teins la ville de Gaulon étoit encore confi-
dérable dans la Batanée , ou dans le pays de Bafan ; mais
il n'en marque pas précifément la fituation. Il eft éton-
nant, dit D. Calmet, qu'on fâche fi peu la pofition
d'une ville fi célèbre. Elle étoit dans la haute Galilée ,
au-delà du Jourdain , (k Judas' de Gaulon chef des Gali-
Iéens , ou des Hérodiens , en étoit natif. * (a) Deuteron.
c 4> v. 43. (b) J0fui, c. 2I s v. „.
^Ortélius diftingue Gaulak, ou Gaulant ,Tav\âm ,
qu'il met dans la Syrie, de la ville de Gaulon, qui étoit
de^la tribu de Manaffé. Roland &C D. Calmet n'en font
qu une ville.
GAULANITE, ou Gaulanitidè, ou Gauloni-
tide, contrée de la Paleftine (a). Elle s'étendoit depuis
n
la mer de Tibériade jusqu'aux fources du Jourdain , &
avoit la Batanée à l'orient ; on y comprenoit quelquefois
la Gamalitique. Reland (b), qui ne veut pas que la Gali-
lée fe foit étendue au-delà du Jourdain, diftingue la Gau-
lanitidè de la Galilée. En vain D. Calmet avoit allégué
deux paffages ; l'un où Judas eft nommé Galiléen, &
Gaulonite; l'autre, où Betzaïde ville de la Galilée, fé-
lon l'écriture, eft placée par Jofeph au-delà du Jourdain.
Ces raiibns ne lui paroilfent pas luffifantes pour déranger
d'aftez grands pays. Qui empêche , dit-il , que Judas n'ait
eu le furnom de viiles différentes , l'une où il fera né ,
une autre où il aura été élevé ? Jofeph lui-même, qui dis-
tingue la Galilée & la Gaulanitidè , appelle ce Judas
Galiléen (c) & Gaulanite M); h ville de Gamala ,
patrie de Judas , étoit de la Gaulanitidè (e) , félon Jo-
feph , qui met la Gaulanitidè à l'orient de la Ga-
lilée (f) , & fait aflez entendre qu'elle en étoit féparée
par le Jourdain. Elle avoit à l'orient la Batanée , ou le
pays de Bafan propre. Il diftingue (?) de la Pérée ces
quatre pays plus feptentrionaux , la Gamalitique, la Gau-
Ionitide, la Batanée & la Trachonite (h). Il dit que Se-
LEUCIE, SOGANE & Gamala étoient dans la Gaulo-
nitide, ce qui ne peut être vrai qu'en y enfermant la
Gamalitique. Il dit ailleurs, 1. 3 , c. 2, que l'Hippene,
la Gadarite Se la Gaulonitide ( c'eft-à-dire les territoires
d'Hippon , de Gadara Se de Gaulon ) terminoient la
Galilée au levant ; d'où il s'enfuit ce que nous venons
d'avancer , que la Gaulonitide s'étendoit le long du Jour-
dain jusqu'à fes fources , ou jusqu'à l'extrémité fepten-
trionale de la terre d'Israël ; & que ni la Batanée , ni la
Trachonite n'approchoient point de ce fleuve. Jofeph parle
encore de ce pays (') , & dit que les Juifs facagerent Ga-
dara, Hippon , & la Gaulonitide, lorsqu'ils turent maî-
tres de Philadelphie, de Gebonite, deGeraia, de Pella
& de Scythopolis. Il divifé (') la Gaulonitide en haute &
en baffe : Sogane étoit dans la haute , & Gamala dans
la baffe. Enfin dans l'hiftoire de fa vie , il dit que la
Gaulanitidè fe donna au roi Agrippa jusqu'au villa-e de
Solyme. Reland femble préférerle nom de Golan, comme
le véritable , & celui dont les autres avoient été fo-més
* (a) Rdand, Palaeft. t. 1 , 1. 1 , c. 23. (b) ïhid ] 1
c. 31. O Antlq. 1. 20, c. 3. (<<) 1. 18 , c. 1. (=) ml
(f) De Mello, 1. 3 , c. 2. (S) De Bello, 1. 3 , c. 1 (V>
De Bello , 1. 2, c. 25. (i) De Bello, 1. 2 , e. 19. (i) Dc
Bello , 1. 4, c. I.
GAULE, grand pays d'Europe, remarquable par fa
fituation heureufe , par fa fécondité , par le courage &
le génie de fes habitans. Quelques auteurs, je ne fais fur
quel fondement , ont imaginé que les Gaulois furent au-
trefois nommés Gomérites , de Gomer fils àmë de Ja-
phet. Les autres ont dit qu'ils étoient Aborigènes , &
qu'ils avoient emprunté le nom de Gaulois, de Galates ,
fils d'Hercule. C'eft l'opinion de Diodorê de Sicile. Elle
n'en eft pas pour cela moins ridicule. Ammien Marcellin
dit qu'ils furent appelles Celtes , du nom d'un de leurs
rois; & Gaulois, de celui de la mère de ce prince. Stra-
bon croit que ce nom leur fut donné à caufe de leur
bravoure & de leur réputation. Saint Jérôme & Ifidore
font venir ce nom du mot grec ; ix? , lait , parce que les
Gaulois avoient le corps blanc comme du lait. Cluvier
tire le nom de nos premiers Gaulois , de l'ancien verbe
celtique , Galleno , qui veut dire voyager. Quoi qu'il en
foit , il eft du moins fur qu'on leur donnoit déjà ce nom ,
du tems de Tarquin l'Ancien , cinquième roi de Rome ,
vers l'an 591 avant J. C.
Le pays , qu'ils occupoient, a été diverfement borné &
divifé fuivant les différentes dominations. Afin d'éviter
la confufion , nous commencerons par une divifion géné-
rale des pays auxquels le nom de Gaule a été com-
mun.
Il y avoit la Gaule Asiatique. C'étoit la même
que la G alatie. Voyez cet article.
Il y avoit la Gaule en Europe , qui étoit partagée
en deux parties par les Alpes , favoir ;
La Gaule Cisalpine par rapporta Rome, étoit au
midi des Alpes; & comme le Pô la partageoit en deux,
une partie s'appelloit Gaule Cispadane , Se l'autre
Transpadane.
La Gaule Transalpine eft la feule qui ait con-
fervé le nom de Gaule; en effet, c'eft ion nom propre;
et les- autres ne l'avoient que par communication; l'on
GAU
SA-
trouve dans celle-ci l'origine des nations qui avoient
porté le nom de leur patrie dans les pays quils avoient
conquis , foit en Italie , foit en Afie. .
Nous n'avons aucune hiftoire ancienne qui nous dé-
crive avec foin quel étoit l'état de la Gaule dès les pre-
miers tems de la réDiiblique Romaine. ^ Tout ce qu'on
en fait, fe recueille 'de quelques mots échappés aux au-
teurs de l'Hiitoire Romaine , à l'occafion des Gaulois éta-
blis au midi des Alpes.
Ccfiit, félon Tite-Live, 1. 5, c. 34, fous le règne
du vieux' Tarquin qu'une troupe de Gaulois Tranlal-
pins , c'eft-à-dire du nord des Alpes, parlèrent les monts,
fous la conduite de Bellovefe. Ce chef étoit neveu d'Am-
bigate. Les Bituriges dominoient alors entre les Celtes
qui font un tiers de la Gaule , ck c'étoit eux qui nom-
moient le roi. Ambigate avoit fi bien vue de fon pouvoir ck
de celui de la nation,que le peuple s' yétoit tellement accru ,
qu'il y avoit tout fujet de craindre des guerres civiles.
Il fe voyoit âgé ; ck afin de prévenir les révoltes qu'il
craignoit , il prit le parti de décharger le pays , ck d'en-
voyer Bellovefe ck Sigovefe , deux jeunes hommes , fils
de fa fœur , chercher de nouvelles terres. Il leur permit
d'emmener avec eux affez de monde pour faire tête à
ceux qui voudroient leur barrer le chemin. Les deux
frères tirèrent au fort les pays où ils dévoient fe rendre.
La forêt Hercinienne échut à Sigovefe, voilà l'origine des
Bon , en Allemagne. Son frère Bellovefe eut pour fou
partage l'Italie. Ce dernier prit aveclui ce qu'il y avoit
cle trop entre le* Bituriges , les Arverniens , les Séno-
nois, les Aiduens, les Ambarres, les Carnutes , ck les
Aulerques. Avec une petite armée d'infanterie ck de ca-
valerie , il s'avança vers les Alpes qui lui parurent impra-
ticables , n'y .ayant point encore de chemins faits. Sur ces
entrefaites, les Maflïliens venus par mer, de Phocée , ville
de la Grèce Afiatique, vouloient s'établir dans le pays
des Salyïns , qui tâchoient de les en empêcher. Ils aidèrent
à ces nouveaux venus à s'affurer la demeure qu'ils étaient
venus chercher de fi loin. Voilà l'origine de Marfeille ,
colonie grecque. Pour eux , ils panèrent les Alpes , ck
ayant battu les Toscans qui s'oppofoient a eux , affez
près du Téfm , ils apprirent que le lieu où ils étoient ,
s'appelloit le Champ des Infubriens ; nom pareil à celui
des Infubriens , canton des iEduens : ils prirent cette res-
•femblance pour un préfage ; ck fe fixant en cet endroit,
ils y bâtirsnt une ville qu'ils nommèrent Milan. Ce nom
étoit celui d'une ville de la Gaule. Pline, 1. il, c. 1 ,
nous apprend que ce qui fit naître aux Gaulois l'envie
de paner en Italie , ce fut un Helvétien nommé Hèlicon
qui , ayant travaillé quelque tems à Rome , en qualité de
charpentier , apporta dans fon pays des figues fé«hes ,
des raifins , du vin ck de l'huile , dont la bonté donna
envie à ces peuples de palier en un pays qui produifoit de
fî excellentes chofes.
Plutarque , Fies des hommes illuftres , t. ï , p. 114,
raconte la chofe autrement. Les Gaulois étoient une na-
tion Celtique. On dit qu'à caufe de leur grande multitu-
de , ils quittèrent leur pays qui ne poùvoit pas les nour-
rir, ci qu'ils cherchèrent des terres plus fertiles. Ils
étoient des millions d'hommes capables de porter les
armes , & il y avoit encore un plus grand nombre de
femmes ck d'enfans. Les uns allèrent du côté de l'Océan
feptentrional , paflerent les monts Riphéens , ck occu-
pèrent les extrémités de l'Europe. ( Cette exagération
bien appréciée veut dire qu'ils pafTerent dans la Germanie
que Plutarque ne connoiffoit pas affez , ) ck les autres
s'établirent entre les Pyrénées ck les Alpes , près des Sé-
nonois & des Celtoriens où ils demeurèrent long-tems.)
( Plutarque entend le féjour qu'ils firent au pays des Sa-
LYENS, près de Marfeille; nous ferons voir ci-après
que ce tems fut court.) Mais un jour, pourfuit-il, ayant
goûté , pour la première fois , du vin qui leur avoit été
apporté d'Italie , ils furent fi charmés de cette boiffon,
qu'ils prirent leurs femmes ck leurs enfans , & fe jetterent
du côté des Alpes pour aller chercher la terre qui por-
toit un fi excellent fruit. Le premier qui leur apporta du
vin, ce les excita à paffer en Italie, fut un Toscan
nommé Aruns , homme de grande naiffance , ck qui
n'étoit pas d'un méchant naturel , mais à qui il étoit
arrivé un fort grand affront, dont il cherchent à fe ven-
ger. Il étoit tuteur d'un jeune orphelin , appelle Lucu-
mon , le plus riche de la ville , ck le plus célèbre car fa
CAU
beauté. Ce pupille avoit été nourri dans fa maifon , dès
fon enfance; 64 étant devenu grand, il n'en voulut pas
fortir , faifant femblant d'aimer fon tuteur , ck de ne pou-
voir iè paffer de fa compagnie. Pendant long-tems , il fut
affez heureux pour cacher la paffion qu'il avoit pour la
femme d'Aruns , ck celle que cette femme avoit pour lui ;
mais enfin leur paffion devint fi violente , que ne pou-
vant ni la vaincre ni la cacher , Lucumon entreprit d'en-
lever fa maîtreffe , & de la retenir publiquement. Le mari
le cita en juftice ; mais il fuccomba par le crédit , par les
amis ck par les largeffes de Lucumon. De défespoir il
quitta fon pays , ck ayant ouï parler des Gaulois , il las
alla trouver, ck fe mit à leur tête pour les mener en
Italie.
D'abord les Gaulois s'emparèrent de toutes les terrés
que les Toscans avoient tenues anciennement depuis les
Alpes jusqu'à l'une ck l'autre mer ; ck une marque cer-
taine que toute cette contrée étoit de la Toscane , ce
font les noms qui reftent ; car la mer Supérieure , ou fep-
tentrionale eft appellée Adriatique , du nom de la ville
d'Adria bâtie par les Toscans ; 6k la mer inférieure , ou
méridionale,eft encore appellée la mer de Toscane.'! out le
pays eft planté d'arbres,pleindepâturages,ck arrofé de plu-
sieurs rivières. Il y avoit de plus dix-huit grandes villes où
le commerce Se le luxe régnoient à l'envi. Les Gaulois
en chafferent les Toscans, & s'en rendirent maîtres ; mais
cela étoit arrivé long-tems auparavant ( c'eft à-dire long-
tems avant Camille dont Plutarque décrit la vie. )
Tite-Live, 1. 5 , c. 33, attribue auffi au charme du
vin l'irruption des Gaulois en Italie; mais il accompagne
ce récit d'un on dit : reprenons le récit des migrations des
Gaulois.
Quelque tems après, une bande de CÉnomans , con»
duits par un chef nommé Elitoyius , marchant fur les
traces des premiers , paflerent les Alpes par le même che-
min, furent aidés par Bellovefe , le même qui étoit
parti de la cour de fon oncle Ambigate , ck qui avoit
amené les Gaulois par la Provence dans le Milanez. Il
en faut conclure qu'il n'y avoit donc pas féjourné aufli
long-tems que le dit Plutarque. Ces derniers venus s'ar-
rêtèrent aux lieux ou font préfentement Bresce ck Vé-
rone; après eux, les Salluviens, auprès de Latves, qui
étoient Liguriens, ck'qui habitèrent aux environs duTéfin.
Après ces deux migrations , fe fit celle des Boïens &C
des Lingons qui vinrent par le grand Saint-Bernard , 8c
qui trouvant déjà occupe tout l'espace qui eft entre les
Alpes ck le Pô , pafferent ce fleuve , ck chafferent les
Ombriens auffi-bien que les Etrusques; ils fe tinrent néan-
moins en-deçà de l'Apennin. Enfin les Sénonois, qui arri-
vèrent les derniers fe placèrent depuis le Montone ( ab
Utente ~) jusqu'à l'Efino. Tite-Live, l. 5 , c. 33 , dit bien
expreffement que, parmi ces Gaulois , il y avoit autant de
colonies que de nations différentes dans le peuplé dont
ils tiroient leur origine. Il femble diftinguer de ces Gau-
lois les VÉNETES qui habitaient autour du golfe. Mais
ces Vénères étoient Gaulois d'origine , auffi-bien que les
autres peuples qui donnoient leurs noms aux divers pays
de la Gaule Cifalpine.
Il y avoit donc , dès les premiers tems de Rome , di-
vers peuples dans l'ancienne Gaule , qui portoient déjà
les mêmes noms que l'on retrouve dans leur patrie, long-
tems après qu'ils l'eurent quittée. Pour ne rien dire de
ceux qui font nommés par rapport aux migrations dont
on vient de parler , il eft aifé de voir que
Les Bituriges habitaient le Berri.
Les ARVERNIENS , f 'Auvergne.
Les SÉNONOIS, Sens, Auxerre , Troyes , ckc. jus-
qu'à Paris.
Les Eduens , la Bourgogne.
Les AMBARRES,les environs de Châlons-fur-Saone.
Les CARNUTES , lepays Chartrain.
Les AULERQUES , partie dans la Normandie ck dans
la Bretagne.
Les INSUBRIENS , un canton de la Bourgogne.
Les SALYENS , la Provence.
Les CÉNOMANS , le Maine.
Les Salluviens , le long du Rhône.
Les BOÏENS ,1e Bourbon noi s.
Les LlNGONS , le pays de Langres.
Les VÉNETES , dans la Bretagne 3 vers Vannes.
CAU
Tels font les peuples Gaulois qui eurent part aux établis^
mens en Italie. Il y en avoit fans doute bien d'autres , dont
rhiiloireneparlepas.*Z>0///<z/',Suppl. dePaterculusjp.2,3 5.
Environ trois cens ans après les premiers établilfe-
mens de ces Gaulois Cifalpins , ils attirèrent les Trans-
alpins , Si leur donnèrent entrée fur les terres des Ro-
mains. Ils marchèrent contre la capitale qu'ils prirent ,
et dont ils ne firent qu'un monceau de ruines. Sans Man-
lius, le capitole aurait été pris ; et fans Camille , on alloit
leur payer de grandes contributions. Après avoir ainfï
manqué leur coup , ils ne purent plus s'oppofer à l'ac-
croiilement de la puiffance Romaine , contre laquelle ils
fe maintinrent quelque tems ; mais enfin ils en furent ac-
cablés. Lorsque Pyrrhus taifoit la guerre en Italie, lçs Gau-
lois détachèrent, fous la conduite de Brennus , un corps de
troupes qui palfaen Macédoine, où ils firent des conquêtes.
Ce même peuple pénétra jusque dans la Thrace, & alla fon-
der dans l'A fie le royaume de Galatie. Voyez ce mot.
Malgré cet affoibliftément , ils fe conferverent libres
allez long-tems ; les nouveaux renforts , qu'ils recevaient
de la Gaule Tranfalpine, rempliffoient le vuide que pou-
voit laitier parmi eux le départ des différens corps qui fe
répandirent dans l'illyrie Se la Pannonie. Ceux qui étoient
reliés en Italie, étoient toujours oppofés aux Romains.
La république n'avoit point d'ennemis auxquels ils ne fe
joignirent pour la traverfer. Ils parvinrent à former une
nombreufe armée de Gaulois tant d'en-deçà que de delà
les Alpes. Ils demandoient aux Romains quelques terres
de plus que ce qu'ils avoient , quoiqu'ils fuffent maîtres
du Picenum , ou de la Marched'Ancone où Sinigaglia
porte encore leur nom. Les confuls trop foibles pour les
refufer, & risquer de perdre une bataille , les renvoyèrent
au Sénat. Les négociations traînèrent en longueur ; Si
pendant ce tems , la méfmtelligence étant furvenue en-
tr'eux , ils fe détruifirent les uns les autres , &t fe mirent ,
par leurs propres armes , hors d'état de conferver le Pice-
num que les confuls leur enlevèrent, & partagèrent entre
leurs foklats. Cette perte fit faire aux Gaulois de nouveaux
efforts. Les Boïens &c les Infubriens firent venir de la
Gaule Tranfalpine de nouveaux fecours, & fe flatoient
que leurs ennemis , attaqués alors en Espagne , ne pour-
roient fuffire à tant d'affauts à la fois., ils furent trompés :
les Romains cédèrent aux Carthaginois tout ce qu'ils vou-
lurent ; firent marcher tout ce qu'ils purent avoir d'hom-
mes capables de porter les armes ; formèrent une armée
de plus de trois cens mille hommes de pied , & foixante
& dix mille chevaux , ci après plufieurs victoires , qu'ils
payèrent allez cher , pouffèrent les Gaulois jusqu'au-de-
là du Pô , qu'ils pafferent pour la première fois , prirent
Milan et fubjuguerent l'Infubrie. Les luccès d'Annibal et
fon paffage en Italie ranimèrent l'espérance des Gaulois ,
ck fe joignant à lui , firent un dernier effort pour leur
liberté. Us eurent part aux revers de cet allié; Si Rome
maîtreffe de Cartilage fa rivale , & de Corinthe qui lui
.avoit fait la guerre , tourna lès forces contre eux. Les Ro-
mains s'étendirent jusqu'aux Alpes, Si enflés de ces luc-
cès , pafferent cette barrière , & conquirent le pays des Sa-
lyens , qui eft la Provence. Sextius, leur général , y éta-
blit une colonie (Aix, ) Aqua Sextia, ) qui, dans fon
nom latin, conferve encore fon nom. Cette conquête fut
réduite en province Romaine ; Si comme Narbo'nne y
étoit comprife , on appella cette partie de la Gaule ,
Gaule Narbonnoife , première partie de la Gaule Trans-
alpine , Si qui n'entre point dans la divifion que Céfar fait
de la Gaule en trois parties , parce qu'il a regardé celle-ci
comme pays Romain. Domitius défit les Auvergnats,Fabius
dompta les Allobroges; les troubles qui agiterentRome,par
l'ambition de Sylla, ne permirent pas de conferver ce
qu'ils avoient acquis;on le reperdit après de rudes défaites :
l'honneur defujuguer les Gaules étoit réfervé à Jules-Céfar.
Après que les Gaulois au midi des Alpes, ou Cifal-
pins , furent fournis , il furent incorporés dans le peuple
Romain, Si en prirent l'habit ou la toge; de-là vint à
la Gaule Cifalpine le furnom de Togata. On la nomma
aufli Gallia citerior par rapport aux Alpes.
La Gaule conquiiè au-delà des Alpes, Si réduite en
province Romaine , conferva fon ancienne manière de
s'habiller , Si on lui donna le furnom de Braccat.z , à
cauiè d'une espèce de haut de chauffe appelle Bracctz ,
par oppufuion à la Cifalpine. où la toge, c'eft-à-dire
l'habillement Romain, étoit en ulàge.
CAU
Sî
Dans la Gaule qui étoit à conquérir avant Céfar, on
laiffoit croître les cheveux , au lieu que les Romains les
avoient fort courts. Cela lui fit donner le furnom de Co*
mata ou chevelue ; on peut voir dans les remarques de
l'abbé de Vairac, furies Commentaires de Céfar, d'au-
tres lavantes étymologies de ces noms. Il vaut mieux y
renvoyer le lefteur que de les inférer ici.
La Gaule Chevelue, oula Gaule de Céfar. ou,
fi l'on veut, la Gaule proprement dite , fe divifoit en trois
parties. La première, au feptentrion, étoit habitée parleî
Belges ; la féconde par les Aquitains ; Si la troifiéme ,
c'eft-à-dire la partie du milieu , par les Celtes ou Gau-
lois. Tous ces peuples , dit Céfar , font différens de lan-
gage , de coutumes Si d'ufages. Les Gaulois font fépa-
rés des Aquitains par la Garonne , Si des Belges pat la
Marne Si par laSeine. Voyez les articles particuliers de ces
trois parties aux mots Aquitaine, Belgique &t Lyox-
NOISE ; car c'eft le nom qu'Augufte donna àla Celtique.
Voici une lifte des peuples dont Céfar fait mention
dans fes Commentaires : nous n'y joindrons point le nom
moderne , parce qu'il y en a plufieurs dont il n'eft peut-
être pas encore affez décidé ; Si d'ailleurs on en trouve
l'explication aux articles particuliers.
Lijle des peuples nommés par Jules-Cifir*
Aduatici , Latobroci ,
jEdui, Lemovices ,
Albici, Lepontii,
Allobroges, Leuci ,
Ambarri., Levaci ,
Ambialites , Lexovii ,
Ambiani , Lingones ,
Ambibarri , Mandubii ,
Andes, Menapii ,
Antuates , Morini ,
Arecomici , partie des Namnetes ,
Volcae , Nantuates ,
Armoricae Civitates , Nemetes ,
Arverni , Nervii ,
Atrebates , Nitiobriges ,
Aulerci , Ofismii ,
Auscii , Psemani ,
Batavi, Parifii ,
Belgae , Petrocorii ,
Bellocaffes , Piftones ,
Bellovaci , Pleumofii ,
Bigerriones , Preciani ,
Bituriges , Rauraci ,
Boïi , Rhedones ,
Brannovices , Rhemi ,
Cadetes , Ruteni ,
Cadurci , Santones ,
Caerelî , Sebuiîani , ou Segufîani ,'
■ Caletes, Seduni ,
Carnutes , Segni ,
Caturiges , Senones ,
Cenomani , partie des Sequani ,
Aulerci , Sefùvii , ou Sefui ,
Centrones, en Taren- Sotiates, ou Sontiates ,
taife , Sueffiones ,
Centrones,<^.v.Pay.s-£<«,Tarbelli,
les mêmes qu'Eburones,Tarufates ,
Cocofates , Teéf ofages , partie des.
Condrufi , Volcas ,
Curiofolitœ , Tolofates,
Diablintes , partie des Treviri ,
Aulerci , Tribocci ,
Eburones , Tullingi ,
Eburovices ^partie des Turones ,
Aulerci, Vangiones,-
Elufates , Vellauni ,
Effui , Vellocaffes ,
Gabali , Unelli ,
Garites , Veneti ,
Garocelli , Veragri ,
Garumni , Veromandui ,
Garduni , Vocates ,
Grudii , Vicontii ,
Heleuteri , Volca; , divifes en Tcclo~
Helvetii. Agwô Arecomici.
Helvii ,
56
CAU
GAU
Il eft aifé de voir que plufieurs de ces peuples ft'é-
toient pas de la Gaule bornée par le Rhin, entr'autres,
N émeus Se Vengiones qui étoient au - delà , 8c a infl de
quelques autres. Mais Çéfar lui-même compte LXXXVII ,
ou Lxxxvillpeuples , tant grands que petits, & pas plus de
xxvm villes dans toute la Gaule, dont il excepte tou-
jours la Narbonnoife.
Céfar fournit à l'empire Romain toutes ces trois par-
ties de la Gaule, 8c pouffa même fes conquêtes au-delà
du Rhin. Ainfi , à la mort de Céfar, toute la Gaule étoit
Romaine , & confiftoit en quatre parties principales , au
nord des Alpes. Ces quatre parties étoient
La Gaule Narbonnoise ,
La Gaule Aquitanique,
La Gaule Celtique ,
La Gaule Belgique.
Etat des Gaules fous Augufte.
Après la mort de Jules-Céfar 8c la fin du Triumvirat ,
Augufte devenu arbitre lbuverain de Rome 8c de tout
l'empire , s'appliqua à régler ce qui concernoit les pro-
vinces. Il donna fes premiers foins à l'Italie , Se paffa
enfuite dans la Gaule , où il fit quelque féjour pour la
diviièr commodément. Il la partagea en quatre grandes
régions ou parties,ausquelles il conferva les anciens noms ,
hormis celui de Celtique , qui , paroiffant appartenir à la
Gaule entière , fat abrogé , Se cette partie fat nommée
la Lyonnoife. Et parce que ces parties étoient trop iné-
gales, il ôta à quelques-unes pour donner à d'autres.
Voici la table que le P. Briet a dreffée des peuples
diftribués entre ces quatre provinces.
ITECTOSA- r^rto.Narbonne, *? tie occid. 1
| ges. \Tolofa , Touloufe , y
{
fdu Languedo
vARECOMiCi{ iVwnfla/âijNismes, l partie orient, j
Helvii , le Vivarais , Alba Augufta , Viviers.
Allobroges, la Savoye, le Ûauphiné, Sec. Vienna , Vienne.
Sagalauni, le duché de Valentinois , Valentia, Valence,
j CENTRONES , la vallée de Maurienne , Forum Claudd , Mouftier en Tarentaife,
I Caturiges, le Gapençois, Vapincum, Gap.
i SEGUSINI , le marquifat de Sufe & le Btianconnois , Stgufium , Sufe.
JEbroduntu, le diocèfe d'Ambrun ; Ebrodunum , Ambrun.
Les Peuples de Datiani , les diocèfes de Glandeves , Vence Se Graffe; Antipolis , Amibe*,
la Gaule 'Vocontii, le Diois, les Baronies, 8cc. Vajio , Vaifon.
Narbonnoise^ Tricastini, le diocèfe de S. Paul; Augufta, S. Pol de Tricaftjn.
étoient
Cavares ; le Comtat , Sec. Avenio , Avignon.
MlMENI, les diocèfes de Sifteron, de Digne, 8cc. Durio , Sifteron.
Salyi, les diocèfes d'Aix 8e d'Arles ; Aqua Sextice , Aix en Provence,
Anatili , la Crau 8c la Camargue ; Maritima, Martegue.
CoMMONi,les diocèfes de Marfeille, de Toulon Se de Fréjus; Maffilia , Marfeille;
Salassi, le Vald'Aofte, Se partie du Piémont; Augufta Pretoria, Aofte.
Lepontii, partie des Sujets des Suiffes Se du Milanez; Oscella, Domo d'Oscella.
Veragri , partie occidentale V , R v , ■ ( Ociodurus , Martinacb.
Seduni, partie orientale C du vaiais- \Sedunum, Sion en Valais.
Vediantii
Libicii, le Verceillois, laLaumeline & partie du Montferrat ; Vercellœ , Verceil.
| Taurini, bonne partie du Piémont au-delà du Pô , 6c partie du marquifat de Saluées .
Augufta Taurinorum , Turin,
tes fept derniers peuples , qui faifoient partie de la
Gaule Narbonnoife , ne font plus cenfés de la Gaule ,
c'eft-à-dire, de la France , non plus que les Centrons , Se
partie des Allobroges. Ainfi le roi de Sardaigne , en qua-
lité de duc de Savoye &c de prince de Piémont , poffede
une partie considérable de la Gaule fous Augufte.
( Tarbelli , le Béarn 8c les Basques ;
Aquœ Tarbellicce , Bayonne ou Acqs.
Convenu , la Bigorre , le Cominge ,
le C.onkxzns;Lugdunum,S. Bertrand.
Datii , le diocèfe d'Acqs ; Tafta,Acqs.
* On voit par-là, que le P. Briet pen-
choit à croire quAqute Tarbellicce eft
Bayonne, 6c non point Acqs, puis-
qu'il rend Tafta par Acqs ; ileft vrai
qu'il écrit Dax , mais il met ailleurs
Dax ou Acqs , comme noms fynoni-
mes.
«| Auscn, diocèfes d'Ausch,de Le&oure
16c d'Ayre ; Augufta , Ausch.
Bituriges Vibisci , le Bourdelois ;
Burdigala , Bourdeaux.
IVasates , le Bazadois ; Cojjio, Bazas.
Nitiobriges , VAeénms; Aginnum ,
Agen.
Cadurci , le Querci ; Deveona , Ca-
{ hors.
. Heleuteri, l'Albigeois:
J Albi.
Les peuples de
I'Aquitaine
étoient
Albigat
Rutheni , leRouergue; Segodunum;
Rhodez.
Gabali , le Gevaudan ; Anderïdum ,
Mende.
VELAUNi,leVélay; Revefio, lePuy,
Arverni , l'Auvergne 8c le Bourbon-
nois ; Gergobia , Clermont.
BiTURiGES~CuBi,leBERRi; Avari-
cum, Bourges.
Lemovices , le Limofin ; Ratiaftum ,
Limoges.
PETROCORII, lePérigord; Fefuna ,
Périgueux.
Santones, la Xaintonge; Mediola-
nium , Xaintes.
PlCTONES , le Poitou; Limonum , Poi-
\ tiers.
f Segusiani , le Lyonnois, Sec. Lug-
diinum , Lyon,
Helvetii , lesSuis-1
fes , j qui étoient de la
Rauraci , l'évêché^ Germanie.
de Balle. J
Sequani, la Franche-Comté;^7/o/z//0,
Befançon.
Lingones , le diocèfe de Langres,
Andomatunum , Langres.
Vadicasses , le Nivernois ; Novio-
Nevers.
CAU
GAU
jEdui , le duché de Bourgogne ; Augus-
todum , Autun.
SENONES , les diocèfes de Sens & d'Au-
xerre ; Agendicum , Sens.
Trecasses , le diocèfe de Troyes ;
Augujlomana , Troyes.
MelDjE , le diocèfe de Meaux; Jati-
num, Meaux.
Parisii, le diocèfe de Paris; Lucote-
fia, Paris.
Carnutes , les diocèfes de Chartres
& d'Orléans; Autricum , Chartres.
Velocasses, le diocèfe de Rouen ;
Rotomagus , Rouen.
CÀletes , le pays de Caux; Juliobona.
Lexovii, le diocèfe de Lifieux; No-
viomagus , Lifieux.
fEBUROVICES, le diocèfe
I d'Evreux; Mediolanium,
• Evretix.
Cenomani, leMaine;
AuLERCI^ Vindunum , le Mans.
57
Les peuples de
la LYONNOISE J
étoient
j Diablintes , le Perche ,
' ou l'évêché de Dol ; No-
I vidunum , Nogent-le-Ro-
V. trou, ou Dol.
SESSUI , le diocèfe de Séez ; Vagori-
tum, Séez.
Biducasses , le diocèfe de Bayeux;
Bayoca, Bayeux.
Unelli , le diocèfe de Coutance ; Co-
fedice, Coutances.
Abrincatui , le diocèfe d'Avranches ;
Ingena, Avranches.
Rhedones , les diocèfes de Rennes ,
de S. Malo, Sec. Condau, Rennes.
OsiSMii,les;diocèfes deS.Pol & deTré-
guier; Vorganium , S. Pol de Léon.
CuriOSOLITjE, Cornouailles ; Curio-
folitœ, Kimper-Corentin.
VenetI , le diocèfe de Vannes ; Dario-
rigum, Vannes.
Nannet^E , le comté de Nantes , Con-
divincam , Nantes.
Andecavi , l'Anjou ; Juliomagiis, An-
IS , la Touraine ; Cafarodu-
Tours.
IBellovaci , les diocèfes de Beauvais
ckdeSenlis; Cœf.uomagus , Beauvais.
Ambiani, le diocèfe d Amiens; Sa-
Imarobriva , Amiens.
Veromandui, leVermandois ; Au-
!gujla Veromanduorum , Vermand.
Morini , le diocèfe deTérouenne; Te-
ruanna , Térouenne.
NERVilJeHainautj&c.SagiZCM/ra, Bavai.
Menapii , la Flandre , le Brabant ;
ICajlellum Menapiorum , Cartel.
Toxandri , la Zélande ; Hélium Cas-
ttllum , Briel.
Batavi , la Hollande & la Gueldre ;
la iJELGIQUE j Lugdunum, Leyden.
étoient > Tungri , le pays de Liège ; Vatuca ,
Tongres.
Treviri , le pays de Trêves ; Augufii
Trevirorum , Trêves.
Vangiones, le pays de Mayence;Z?or-
bttomagus, Worms.
Nemetes , l'évêché de Spire ; Nœo-
magus , Spire.
Tribocci, diocèfe de Strasbourg ;Ar-
gentoratum, Strasbourg.
Mediomatrices , le pays Meflïn;
Divodurum , Metz.
Leuci , les évêchés de Toul & de Ver-
dun; Tullum , Toul.
Rhemi, le diocèfe de Rheims , &c.
Durocortorum , Rheims.
SUESSlONES, le diocèfe de Soiffbns ;
V Augujla. Sucfiionum , Soiffbns.
La divifion de la Gaule en quatre provinces par Au-
gufte eft atteftée par tant d'auteurs , qu'il y auroit de la
folie à en douter. Dion Caffius , Ammien Marceilin , (k
quantité d'autres anciens en ont parlé. Il paroît cependant
que dans la Gaule même , on perfifta à ne compter que
les trois provinces de Jules-Céfar , & que l'on continua
d'exclure la Narbonnoiie. Le doâe Spon , Antiq. urbïs
Lugdun. p. 1 28 , allègue des inonumens inconteftables ;
favoir, des inscriptions où il n'efl: fait mention que des
trois provinces de la Gaule : il ajoute une médaille de
l'empereur Galba; d'un côté on voit cet empereur à
cheval , avec ces mots : Servius Galba Imperator :
de l'autre , on voit trois têtes , & ces mots au bas, très
Galli^e : chacune de ces trois têtes a devant elle un
épi , fymbole de la fertilité. Il prétend que ces trois pro-
vinces de la Gaule durèrent jusqu'à l'empire de Conftan-
tin. Mais ce qu'il ajoute ne me paroît pas fort jufte : il
dit que les géographes ajoutèrent une quatrième partie à
ces trois , favoir , la Belgique. Ce ne font point les géo-
graphes qui ont mis la Belgique dans la Gaule ; c'eft
Jules-Céfar lui-même qui la met pour troifiéme partie ,
& qui retranche de la Gaule divifée en trois , la Nar-
bonnoife , dont il n'étoit plus queftion , puis qu'avant lui
elle étoit devenue province "Romaine. Ce fut vers le
tems de Conflantin qu'il fe lit un nouveau partage des
Gaules : nous en avons une ancienne Notice publiée par
le P. Sirmond, dans les conciles de l'églife Gallicane,
par Duchêne,dans lès Ecrivains de l'hiftoire de France,
& par Hadrien de Valois , dans la préface de fa Notice
des Gaules : on croit qu'elle a été drelTée vers le tems
d'Honorius , lorsque c'étoit l'ufage de diftinguer les Gau-
les des fept provinces; comme on le verra par la No-
tice même:
PROVINCIA LUGDUNENSIS PRIMA,
ou LA PREMIERE LYONNOiSE.
Metropolis Civitas Lugdunenfium , Lyon.
Civitas .iïduorum , Autun. %
Civitas Lingonum , Langres.
Caftrum Cabilonenfe , Chdlons-fur-Saone.
Caftrum Matisconenfe , Mûcon.
PROVINCIA LUGDUNENSIS SECUNDA.
ou LA SECONDE LYONNOISE.
Metropolis Civitas Rothomagenfium, Rouen.
Civitas Baiocaffium , Bayeux.
Civitas Abrincatum , Avranches.
Civitas Ebroicorum , Evreux.
Civitas Sagiorum , Sée^.
Civitas Lexoviorum , Lifieux.
Civitas Confiantia , Coutances.
PROVINCIA LUGDUNENSIS TERTIA;
ou LA TROISIÈME LYONNOISE.
Metropolis Civitas Turonum, Tours.
Civitas Cenomannorum , le Mans.
Civitas Redonum , Rennes.
Civitas Andicavorum , Angers.
Civitas Nannetum , Nantes.
Civitas Coriofopitum , Cornouailles.
Civitas Cenetum, Vanna.
Civitas Offismorum , Saint-Pol.
Civitas Diablintum. Voye~^ DlABLlNTES.
PROVINCIA LUGDUNENSIS SENONIA,
ou LA LYONNOISE SENONOISE.
Metropolis Civitas Senonum , Sens.
Civitas Carnotum, Chartres.
Civitas Autifidorum , Auxerre.
Civitas Tricaffium, Troyes.
Civitas Aurelianorum , Orléans.
Civitas Pariiîorum , Paris.
Civitas Melduorum, Meaux.
PROVINCIA BELGICA PRIMA,
ou LA PREMIERE BELGIQUE.
Metropolis Civitas Treverorum , Trêves.
Tome JII. H
GAU
y8
Civitas Mediomatncum ; Mettis , Met^
Civitas Tullorum ; Tullo , Tout.
Civitas Cerodunenuum , Verdun.
PROVINCIA BELGICA SECUNDA.
ou LA SECONDE BELGIQUE.
Metropolis Civitas Remorum , Reims,
Civitas Sueflîonum , Soifons.
Civitas Catuellanorum , ou Catellauno-
rum., Chilons-fur-Marne.
Civitas Ceromanduorum , Vermand.
Civitas Atrebatum , Arras.
Civitas Cameracenfium , Camhray.
Civitas Turnacenfium , Tournay.
Civitas Silvaneftum, Sentis.
Civitas Bellovacorum , Beauvais.
Civitas Ambianenfium , Amiens.
Civitas Morinum, Terouanne.
Civitas Bononienlîum , Boulogne.
PROVINCIA GERMANIA PRIMA,
ou LA PREMIERE GERMANIE. .
Metropolis Civitas Mogunciacienftum , Mayence.
Civitas Argentoratenfium , feu Stratiburgo, Strasbourg.
Civitas Nemetum, ideft, Spira, Spire.
Civitas Vangionum, ideft, Vormacia, Wormes.
PROVINCIA GERMANIA SECUNDA ,
ou LA SECONDE GERMANIE.
Metropolis Civitas Agrippinenfium, Cologne.
Civitas Tungrorum , Tongres.
PROVINCIA MAXIMA SEQUANORUM ,
ou LA GRANDE PROVINCE DES SEQUANIENS.
Metropolis Civitas Chryfopolinorum, ou Vefoncien-
fiuin , BefançonÇ
Civitas Equeftrium, hoc eft , Novidunus , Mon.
Civitas Elviciorum , hoc eft , Aventicus , Avenches.
Civitas Bafilienfium , Bajle.
Caftrum Vindoniffenfe , Vindisch. ,
Caftrum Ebredunenfe , Yverdun, en Suijfe.
Caftrum Rauracenfe , Augft.
Portus Abucini , le Porc de la Louve.
PROVINCIA ALPIUM GRAJARUM, & PENNINA-
RUM,
ou LES ALPESDE LA SAVOYE , ET DU VALLAIS.
Civitas Centronum, id eft, Tarentafia, Mouftiers en
Tarentaife.
Civitas Vallenfium, id eft, Octodurum, S. Maurice
en V.allais.
PROVINCE VII.
ou LES SEPT PROVINCES.
PROVINCIA VIENNENSIS ,
ou LA VIENNOISE.
Metropolis Civitas Viennenlîum , Vienne en Dauphiné.
Civitas Genavenfîum , Genève.
Civitas Gratianopolitana , Grenoble.
Civitas Albenfîum , Alps.
Civitas Deenfium , Die.
Civitas Valentinorum , Valence.
Civitas Tricaftinorum , S. Pol de Tricajîin,
Civitas Vafîenfium , Vaifon.
Civitas Arauficorum , Orange.
Civitas Cabellicorum, Cavaillon.
Civitas Avennicorum, Avignon.
Civitas Arelatenfium , Arles.
Civitas Maffilienfium , Marfeille.
PROVINCIA AQUITANIA PRIMA,
ou LA PREMIERE AQUITAINE.
Metropolis Civitas Biturigum , Bourges.
Civitas Arvernorum , Cltrmont.
Civitas Rutenorum , BJiodeT.
GAU
Civitas Albienfium , Alby.
Civitas Cadurcorum , Cahors.
Civitas Lemovicum , Limoges.
Civitas Gabalum , Javoulx en Gèvaudan.
Civitas Vellavorum , le Puy en Vélay.
PROVINCIA AQUITANIA SECUNDA,
ou LA SECONDE AQUITAINE.
Metropolis Civitas Burdigalenfium , Bourdeaux.
Civitas Agennenfium , Agen.
Civitas Ecolismenfium , Angoulême.
Civitas Santonum , Saintes.
Civitas Pi&avorum , Poitiers.
Civitas Petrocoriorum , Périgmux.
PROVINCIA NOVEMPOPULANIA ,
ou LA NOVEMPOPULANIE.
Metropolis Civitas Elufatium , Eaufe.
Civitas Aquenfium , Acqs.
Civitas Leftoratium , Lccloure.
Civitas Convenarum, Comminges.
Civitas Conforanorum , Couferans.
Civitas Boatium , Buchs.
Civitas Benarnenfium , Béarn , ville détruite.
Civitas Aturenfium , Ayre.
Civitas Vafatica , Ba^as.
Civitas Turjja ubi Caftrum Bigorra , Bigorre , ville
ruinée.
Civitas Elloronenfium , Oleron.
Civitas Ausciorum , Ausch.
PROVINCIA NARBONNENSIS PRIMA,
ou LA PREMIERE NARBONNOISE.
Metropolis Civitas Narbonenfium , Narbonne.
Civitas Tolofatium , Touloufe.
Civitas Beterrenlîuin , Béliers.
Civitas Nemaufenfium ,. Nîmes.
Civitas Lutevenfium , Lodew.
Caftrum Ucecienfe , U%_eç_.
PROVINCIA NARBONNENSIS SECUNDA ,
ou LA SECONDE NARBONNOISE.
Metropolis Civitas Aquentium, Aix en Provence.
Civitas Aptentium , Apt.
Civitas Reienfium , Riei-
Civitas Foro-Julienfium, Frejus.
Civitas Vappincenfium , Gap. .
Civitas Segefteriorum , Sijleron.
Civitas Antipolitana , Amibes.
PROVINCIA ALPIUM MARITIMARUM ,
ou LES ALPES MARITIMES.
Metropolis Civitas Ebrodunenfium, Ambrun. -
Civitas Dinienfium , Digne.
Civitas Rigomagenfium. /'oyq^RlGOMAGUS.
Civitas Solinienftum.
Civitas Sanitienfium , Séne^.
Civitas Glannativa, Glandeve.
Civitas Cemelenenfium , Nice.
Civitas Vincienfis , Vence.
Selon cette diftribution il y avoit dix-fept provinces
& cent quinze cités , dont feize jouifloient du rang de
Métropoles. Avant Conftantin on ne connoiflbit que qua-
tre métropoles dans les Gaules , favoir Lyon dans la
Lyonnoife , Arles dans la Narbonnoife , Bourges dans
l'Aquitaine , Se Trêves dans la Belgique.
Avant que la Gaule fut partagée de la manière que
l'on vient de voir dans la Notice , on ne comptoit
que quatorze provinces. La première & la quatrième
Lyonnoife n'en faifoient qu'une , & la féconde & la
troifieme en faifoient une autre , de manière qu'il n'y
en avoit que deux. De même la première & la troi-
fieme Viennoife étaient unies en une feule province.
Il feroit à fouhaiter, dit le P. Briet, que les papes &
les rois de France euflent laiffé ces anciennes pro-
vinces dans leurs bornes; majis le changement qu'a
GAU
GAU
caufé dans la géographie ecciéftaftique , Fére&ion des
nouveaux évêchés &c archevêchés, joint à celui du gou-
vernement civil des provinces que l'on a unies ou dé-
membrées , en introduiiànt de nouveaux noms , a em-
brouillé la géographie de la Gaule. J'ajouterai encore
une ancienne Notice que Schelftrate a publiée dans Tes
Antiquités eccléfiaftiques , S: qu'il dit être copiée fur
l'original que le pape Adrien donnai Charles, roi de
France &c de Lombardie , &C patrice Romain , lorsque
ce prince fut à Rome.
PROVINCIA LUGDUNENSIS PRIMA.
Civitates numéro V.
Metropolis Civitas Lugdonenfium.
Civitas Eduorum, hoc eft, Aguftedunum.
Civitas Linguonum.
Civitas Maticentium.
Caftrum Cabilonenfium.
PROVINCIA LUGDUNENSIS SECUNDA.
Civitates numéro VII.
Metropolis Civitas Rodomagenhum.
Civitas Belocafum.
Civitas Ebricatum.
Civitas Ebroïcorum.
Civitas Saïorum.
Civitas Lexoviorum.
Civitas Conftantia;
PROVINCIA LUGDUNENSIS TERTIA.
Civitates numéro vm.
Metropolis Civitas Toronorum.
Civitas Cennomanorum.
Civitas Andegavorum.
Civitas Nannetuin.
Civitas Chorifoporum.
Civitas Venotum.
Civitas Oscimorum.
Civitas Diablentum.
PROVINCIA LUGDUNENSIS QUART A,
Civitates numéro VIA.
Metropolis Civitas Sennonum.
Civitas Carnotum.
Civitas Antifioderenfis.
Civitas Auticum. . . . .
Civitas Trecaffium.
Civitas Aurelianorum.
Civitas Parifiorum.
Civitas Melduorum.
PROVINCIA LUGDUNENSIS QUINTA,
SEQUANORUM.
Civitates numéro LX.
Metropolis Civitas Craffopolinorum , hoc eft Vefon-
tium.
Civitas Equeftrium , hoc eft Nogduno.
Civitas Elvitiorum , hoc eft Aventico.
Civitas Bafilienfiurn.
Caftro Vendonenfe.
Caftro Ebrodinenfe.
Caftro Argentarienfe.
Caftro Rauracinenfe.
Portus Abicini.
PROVINCIA BELGICA PRIMA;
Civitates numéro IV.
Metropolis Civitas Trevororum.
. Civitas Mediomatricûm , hoc eft Mediomatricum.
S9
Ci vitas Leucorum , hoc eft Tullo.
Civitas Verdonenfium.
PROVINCIA BELGICA SECUNDA.
Civitates numéro XII,
Metropolis Civitas Remorum.
Civitas Sueflionum.
Civitas Cadellaunorum. -
Civitas Veromandorum,
Civitas Atrabatum.
Civitas Camarocenfium.
Civitas Turiacenfium.
Civitas Silvanetum.
Civitas Bellocavorum.
Civitas Ambinenfium.
Civitas Morinum.
Civitas Bononienfium.
PROVINCIA GERMANIA PRIMA:
Civitates numéro IV.
Metropolis Civitas Mongontiacenfium.
Civitas Argentoracenfium , hoc eft Stratispurgo;
Civitas Nemetum , hoc eft Spira.
Civitas Evagionum , hoc eft Varmacia.
PROVINCIA GERMANIA SECUNDA.
Civitates numéro 1 1.
Metropolis Civitas Agrippineniïum , hoc eft Colonia."
Civitas Tungrorum.
PROVINCIA VIENNENSIUM PRIMA.
Civitates numéro XIV,
Metropolis Civitas Viennenfium.
Civitas Genavenfium.
Civitas Gratianopolitanorum.
Civitas Albenfium , hoc eft Belilio.'
Civitas Attenfium.
Civitas Valentinorum.
Civitas Tricaftnorum.
Civitas Valentorum.
Civitas Aurafinorum.
Civitas Carpentoracenfium , nunc Uniclaufa.
Civitas Cavellicorum.
Civitas Avennicorum.
Civitas Arlatenfium.
Civitas Malïïenflîum.
PROVINCIA VIENNENSIS SECUNDA:
ALPIUM MARITIMARUM.
Civitates numéro VIII.
Metropoli Civitas Ebrodunenfium.
Civitas Dignenfium.
Civitas Rigomagenfium.
Civitas Sollinienfium.
Civitas Sanicieniîum.
Civitas Planatica.
Civitas Semelenlîum.
Civitas Veniienfium.
PROVINCIA VIENNENSIUM TERTIA ALPR7M
GRAIARUM ET PENNINARUM.
Civitates numéro IL
Metropolis Civitas Ceumetranium , hoc eft Derantalîa.
Civitas Valentium, hoc eft Oftodoro.
PROVINCIA IN AQUITANIA PRIMA.
Civitates numéro VIII.
Metropolis Civitas Betorigorum.
Tome III. H ij
6o
GAU
CAU
Civitas Arvernorum.
Civitas Rutinorum.
Civitas Albigenfium.
Civitas . Cadorcorum.
Civitas Leviciovicum.
Civitas Gabelluorum.
Civitas Bellavorum.
PROVINCIA IN AQUITANIA SECUNDA.
Civitates numéro VI.
Metropolis Civitas Bordogalenfiurn.
Civitas Agenenfîum.
Civitas Ecolisnenfium.
Civitas Santonum.
Civitas Piâavorum.
Civitas Petrocovierum.
PROVINCIA NOVEMPOLITANA AQUITANIA
TERTIA.
Civitates numéro XIV.
Metropolis Civitas Elufavium.
tas Auficorum.
tas Laquenfuim.
tas Lafturacium.
tas Convinanim.
tas Conioranorum.
tas Boatium.
tas Beranenfium.
tas Aturenfium.
tas Vafatica.
tas Turba, ubi Caftrum Bogorra.
tas Elonorenfium.
tas Elatacium.
tas Albopenenfium.
PROVINCIA NARBONENSIUM PRIMA,
Civitates numéro VIII,
Metropolis Civitas Narbonenfium.
Civitas Tolofacum.
Civitas Agatenfîum.
Civitas Betervenfium.
Civitas Magalonenfium.
Civitas Lutevenfium.
Civitas Ufiacenfium.
PROVINCIA NARBONENSIS SECUNDA.
Civitates numéro VII.
Metropolis Civitas Aquenfmm.
Civitas Regenfium.
Civitas Atenfium.
Civitas Foroiulenfium.
Civitas Vapincenfvum.
Civitas Segeftiorum.
Civitas Antiopolitana.
En tout cxxv cités.
J'ai cru devoir rapporter ces deux Notices , parce
qu'on en peut tirer plufieurs avantages confidérables
pour la connoiffance de la Gaule , tant par rapport à
l'histoire politique , que par rapport à l'hiftoire ecclé-
fiaftique. Par la première , on voit quelle étoit la divi-
fion de la Gaule vers la décadence de l'empire, &
les fiéges épiscopaux , dont la jurisdiftion avoit les mê-
mes bornes que les gouvernemens civils.
Par la féconde , on voit la corruption des noms dans
des fiécles où l'ignorance^ &t la barbarie regnoient pres-
que généralement. Peut-être que quelques le&eurs ver-
ront avec chagrin tous ces noms défigurés , & fouhaite-
ront que je les euffe rétablis : cela eût été très-aiié ;
mais on fera peut-être bien aife de voir comment ces
noms font écrits dans les actes de ce tems-là. Ce qu'il y
a de furprenant , c'eft que dans ces deux Notices , la
ville d'Arles , qui avoit été regardée long-tems comme
métropole , n'eft plus qu'une fimple cité , fubordonnée
à la métropole de la première Viennoife, qui eft Vienne.
Il eft pourtant de fait qu'Arles étoit la métropole de la
Gaule Narbonnoife , du tems de faint Cyprien. Voyez
Schelftrate, t. z, Differt, 4, c. 8 ,/;. 2.98, dans fes Anti-
quités eccléfiaftiques.
Ces Notices diffèrent encore entr 'elles , en ce que la
féconde omet l'évêché de Nismes , dont la première fait
mention. Mais en échange elle ajoute quelques cités , qui
ne font pas dans la première, favoir,
'Autlcum, dans la Lyonnoife.
Cajlro Argentarienfe , dans la cinquième Lyonnoife.
Civitas Carpentoracenjium , dans la première Vien-
noife.
Civitas Elatacium , dans la troifiéme Aquitaine.
Civitas Albopenenfium , dans la même province.
Civitas Agatenfîum , &£
Civitas Magalonenfium , dans la première Narbon-
noife.
Je n'entrerai pas dans un plus grand détail fur la
Gaule ; on peut voir aux articles particuliers , ce qui
regarde les parties de ce pays ; favoir la Gaule Narbon-
noife , Y Aquitaine , la Celtique , la Belgique , aux mots
Narbonne , Aquitaine , Belgique , & Lyon-
no ise. Voyez auffi l'article France.
Ceux qui auront examiné les Tables &c les Notices
précédentes , verront aifément que les Pays-bas , une
lifiere d'Allemagne , une partie de la Suiffe , la Savoye
& le Piémont font détachés de l'ancienne Gaule. Ainfî
la France d'aujourd'hui ne comprend pas toute l'an-
cienne Gaule , encore moins toute la France de Char-
lemagne.
GAULENDA, montagne de l'ifle de Céïlan , au
royaume de Candie , auprès de la ville de Dégligineur.
Elle n'eft acceflible que par une avenue qui eft défen-
due par trois forts. Le roi la fit fortifier pour s'y reti-
rer en cas defédition.* Baud. édit. I7CK.
GAULON. Voyez Gaulan.
GAULOS, félon Mêla, /. 2, c. 7,n. 21 , & Pline,'
/. 3 , c. 8. Gaudos , félon Strabon, 1.6, p. 277, ifle
de la mer Méditerranée : elle eft voifine de l'ifle de
Malte , dont elle n'eft féparée que par un court trajet.
Son nom moderne eft Gozzo. Voyez ce mot.
GAUMELLUM. Voyez Laumellum.
GAUNA , ville d'Afie , dans la Médie , félon Ptolo-
mée ,1. 6, c. 2.
GAUNARITANUS, fiége épiscopal d'Afrique. Voyez
Gauvaritanus.
GAVOT , ( le pays de ) petite contrée de Savoye ,
dans le Chablais , dont elle eft la partie orientale , le
long du lac de Genève , depuis la rivière de Dranfe ,
jusqu'au mont de Morgues , au couchant , & les fron-
tières du Valais au levant. Ses principales places font
Evian & Saint-Gigo.
GAUR , ou Gour. Ce mot lignifie proprement une
plaine , & un pays plus bas que les autres. Mais il fe
donne à plufieurs provinces de l'Afie. Celle de Tahmah
en Arabie porte fouvent ce nom , à caufe qu'elle eft plus
baffe que les autres contrées de ce grand pays. Il y en
a pourtant qui veulent que Gaur foit entre FYémen &
Tahmah. En Syrie le pays que les anciens nommoient
l'Auratinide , où Hircan le grand pontife des Juifs fut
fait prifonnier , &C où Antipater , père d'Hérode , fut
tué , eft nommé Gaur par les hiftoriens Arabes. Ce
pourroit être la Phcenicie, ou la Céléfyrie, car ce mot
fignifie la Syrie Creufe. Mais la plus grande de toutes
les provinces qui portent ce nom, eft celle qui s'étend
entre le Khoraffan du côté de la ville de Hérat , & le
pays de Gaznah. Cette province de Gaur n'eft féparée
des Indes que par le pays de Raver , & elle eft fort
célèbre par la montagne des turquoifes , que les Perfans
appellent FlROUZ - GOUCH , où il y a une fortereffe
qui porte le même nom , & qui paffe pour être la meil-
leure de toute l'Afie. Ce fut dans les montagnes de Gaur ,
que la poftérité de Zohar , tyran de Perfe , fe réfugia ,
Se y établit. une principauté. Sam -ebn- Souri , chef &
fondateur de la dynaftie des Gaurides , prétendoit tirer
fon origine de cette race. * D'Htrbelot , Bibliothèque
orientale.
GAU
GAU
61
GAURA , montagne d'Aflyrie , félon Plutarque le
géographe , de Monùb.
GAURA , anciennement Cythnus , ifle de l'Archipel ,
vers le détroit de Negrepont , entre Fifie de Sdilles ck
celle de Zéa. Elle eft petite, montagnëufe ck mal peu-
plée. Baud.
GAUfLENA. Voyez Gaucena.
GAURANA , 6k
GAURANUS. Voyez. Gaurus.
GAURANUM PROMONTORIUM , promontoire
d'Aflyrie, près de l'embouchure du Tigre, félon Plutar-
que le géographe.
GAVRAY, bourg de France, en Normandie, avec
titre de vicomte : il eft à quatre lieues de Coutance vers
le midi ; à cinq d'Avranches vers le nord. A l'extrémité
de ce bourg , vers l'entrée de la forêt , il y avoit autre-
fois un château parfaitement bien fortifié fur une émi-
nence , dont on voit encore des ruines. C'étoit une
place qui a long-tems fervi de retraite aux ennemis de
l'état. En 1354 le roi de Navarre y avoit une forte gar-
nifon contre Jean , roi de France. Le connétable du
Guesclin ayant pris ce château fur les Anglois en 1378 ,
en fit démanteler une partie. Alain Charrier témoigne
qu'en 1449, c'étoit encore une forte place, que le duc
de Bretagne prit fur les Anglois du tems de la réduc-
tion de Coutance , de Saint-Lo , tk autres villes de ce
canton. * Corn. Dic~t. Vaudomt , Manuscrits géogra-
phiques.
GAURE , montagne d'Italie , au royaume de Naples.
Les Latins l'ont connue fous le nom Gaurus.* Juvénal ,
Saur. 9 , v. 57; Stace, Silv. I. 3 , in Herc.furr. & 1. 4,
in vitâ Domit. en parlent.
Pline, /. 14, c. 6, parle non feulement de cette mon-
tagne , mais encore des vins qu'elle produifoit. Pluiieurs
auteurs cités par Ortélius ,. Thefaur. croient que c'eft
préiéntement Monte Barbara. Il en eft parlé dans l'His-
toire des Slaves par Arnold de Lubec. Si nous en croyons
Scipion Mazella , Napolitain , cette même montagne
avoit trois noms différens. La partie occidentale s'ap-
pelloit Gaurus ; la partie orientale Majjïcus , & la par-
tie feptentrionale Fakrnus : ainli ce que l'on prend pour
trois montagnes n'en étoit qu'une feule , dont les parties
avoient chacune leur propre nom. Corneille , Dict. en
parle ainfi , fur la garantie de Pompeïo Sarnelli , dans
fon livre , Guida de forajrieri per Po^joli. Les limites
de .cette montagne , peu éloignée de Pouzzol, s'éten-
dent jusqu'au territoire de dîmes & au lac Averne ,
touchant d'un autre côté celui 'Je Bayes. Après avoir été fi
fertile tk fi renommée , elle eiî devenue presque ftéri-
le; néanmoins ceux de Pouzzol oit commencé à en
cultiver une partie; ils y ont planté des vignes, avec des
arbres fruitiers qui rapportent beaucoup. Au fommet de
la montagne il y a un couvent de religieux de l'ordre
de S. François , d'où l'on voit Gaieté , la Piage Ro-
maine, & d'autres endroits. fort éloignés; il n'y arien
de plus beau que cette vue. A l'oppofite de ce mont on
en voit un autre qui n'eft guères moins beau , tk qui a
de circuit environ trois milles. Son extrémité s'étend
du côté du midi vers la mer, du côté du feptentrion
jusqu'au lac Averne; & elle le joint au mont Barbaro
vers l'Orient. Cette monragne eft appellée le nouveau
mont, à caufe qu'elle fut formée en une feule nuit en
1538, au mois de Septembre. Il fortit , par une grande
ouverture qui fe fit en ce lieu - là , des exhalaifons de
feu, accompagnées de tant de fable 6k de tant de
pierres que la terre vomifloit incefTamment , qu'il s'en
accumula une montagne qui couvrit quantité d'édifices,
ck enfevelit un grand nombre d'hommes 6k d'animaux:
il fe fit alors un furieux tremblement de terre , qui fit
retirer la mer en arrière de plus de cent pas.
GAUPvE , (le pays de) pays de France , dans la Gas-
cogne , entre Ausch & Leftoure , avec titre de comté.
Voyez Garites.
GAVRE , château des Pays-bas Autrichiens , avec ti-
tre de principauté dans la maifon d'Egmont, à deux
lieues au - deflbus d'Oudenarde , en allant vers Gand ,
ièlonBaud. édit. 1705.
GAURÉE, petit pays de la baffe Ecoffe, dans la
province de Perth , félon le même.
GAURES, (les) ou Guebres, ou Parsis, peu-
ple disperfé dans l'Afie, tk principalement dans la Perfe
fk^dansles Indes. Ondes appelle auflî Ignlcoles , parce
qu'on les accufe d'adorer le feu. C'eft un refte des an-
ciens Perfes , ck ils ont confervé l'idolâtrie de leurs
ancêtres. Voici ce qu'en difent J. B. Tavernier, Voyagt
de Perfe , tk d'Herb. Bibll. orient. Ceux qui habitent
aux Indes font tous gens de métier, ck la plupart tour-
neurs en yvoire. Ceux de Kerman , en Perfe , travail-
lent en laine. A quatre lieues de-là ils ont un principal
temple où leur grand-prêtre fait fa réfidence. Tous les
Gaures font obligés d'y faire un pèlerinage une fois en
leur vie.^ Il y a aufli des Gaures à Ispahan.
Ils prétendent que le père de leur prophète étoit Franc
de nation, qu'il s'appelloit A^er , tk qu'il étoit feulp-
teur ; qu'il fortit de fon pays pour venir habiter le leur
qui étoit alors la ville de Babylone , où il prit une femme
qui fe nommoit Dogdon : que cette femme ayant été
vifrtée par un ange que Dieu lui envoya du paradis ,
fut remplie d'une lumière célefte , ck enfuite fe trouva
groffe, d'où naquit le prophète qu'ils nomment Ebrohim-
Zer-Ateucht ; que les aftrologues de ce tems-là connu-
rent , par la contemplation des aftres , que cet enfant
devoit bientôt venir au monde , ck qu'ils en donnèrent
avis au roi nommé Neubrout , qui commanda qu'on tuât
toutes les femmes qui fe trouveroient enceintes dans l'é-
tendue de fon royaume : mais que la groffeffe de la mère
de leur prophète ne paroiffant pas , elle échappa à la
mort , ck enfanta le prophète en fon tems. Le roi de
Babylone , difent-ils , fut la naiffance de cet enfant ; ck
l'ayant fait apporter en fa préfence , il voulut le tuer
d'un coup d'épée ; mais Dieu le punit fur le champ,
ck lui fit fécher le bras. Ce prince irrité fit allumer un
grand feu pour y brûler l'enfant , qui y repofa comme
fur un lit de rofes. Ceux qui commencèrent alors à ado-
rer ce petit prophète , prirent du feu qu'ils gardent, di-
fent-ils , en mémoire de ce grand miracle , tk qu'ils ont
en grande vénération. Le roi n'étant point touché de
ces deux miracles fit préparer de nouveaux fupplices au
petit enfant : mais Dieu châtia fon incrédulité , ck envoya
des moucherons fi dangereux que tous ceux qui en étoient
piqués mouroient peu de tems après. Un de ces mou-
cherons entra dans l'oreille du roi, & le fit mourir comme
enragé. Son fucceffeur , nommé Cha-Glochtes , voulut
aufli perfécuter le petit prophète ; mais il fe rendit enfin
aux miracles qu'il faifoit , & l'adora comme tout le peu-
ple. Ce prophète ayant fait pluiieurs prodiges , fe cacha
aux yeux du monde ck disparut. Quelques-uns affurent
qu'il fut élevé au ciel en corps ck en ame ; d'autres di-
fent qu'ayant trouvé un cercueil de fer auprès de Bag-
dat il fe mit dedans , tk fut emporté par les anges. Ils
croient que tous les peuples recevront un jour la reli-
gion de leur prophète , èk qu'alors fe fera la réfurreftion
univerfelle. Il eft aile de juger que ces Gaures ont une
connoiffance confufe de la religion chrétienne, qu'ils ont
défigurée par des fables.
Lorsqu'Ebrahim-Zer-Ateucht fut monté au féjour de
la gloire , ils reçurent , difent-ils , par fon moyen fept
livres que Dieu leur envoya pour les inftruire dans la
véritable religion. Ils en reçurent enfuite fept autres qui
contenoient l'explication de tous les fonges , ck enfin fept
autres où étoient écrits tous les fecrets de la médecine.
Mais Alexandre le Grand , ayant conquis leur pays, fit
brûler les fept livres qui traitoient de leur religion, parce
qu'ils étoient dans une langue que perfonne n'entendoit,
6k emporta les autres pour s'en fervir. Quelques prêtres
6k docteurs qui s'étoient fauves dans les montagnes , fe
raffemblerent après la mort d'Alexandre, ck compofe-
rent un nouveau livre fur ce que la mémoire put leur
fournir de ce qu'ils avoient lu dans les livres envoyés
du ciel. Ce livre eft écrit d'un cara&ere bien différent
de celui des Perfes , des Arabes ck des Indiens. Aujour-
d'hui les prêtres des Gaures ne l'entendent que par les
explications qu'ils trouvent dans d'autres livres de leurs
docteurs.
Les Gaures ne reçoivent point la circoncifion ; mais
ils lavent leurs enfans nouveaux-nés dans de l'eau où ils
font bouillir quelques fleurs , ck les prêtres accompa-
gnent cette cérémonie de quelques prières. Voilà tout
leur baptême. Pour la cérémonie du mariage , le prêtre
lave le front de l'époux tk de l'époufe avec une eau fur
laquelle il a fait quelques prières. Les Gaures peuvent avoir
cinq femmes;mais il y en a une qui eft la maîtreffe des autres.
GAU
62
Les Gauresne rendent pas au feu les honneurs qu'on
pourrait s'imaginer, fous ce titre d adoration. Ils recon-
■noiffent un fcul Dieu T créateur du ciel Se de la terre ,
& ils ont feulement de la vénération pour le feu, au
milieu duquel leur prophète fut preferve Leurs prêtres ,
qu'ils nomment G^i, leur diftnbuent de ce feu facre
une l'ois le. mois. Ils le prennent pour témoin de leurs
fèrmeas ; Se perfonne n'ofe en faire de faux devant ce
feu qu'ils appellent cèUftt. •'"',., . , ,
Chardin," t. 9, p. '-33 & fin* donne une idée un
peu différente de ces peuples, de leurs mœurs & de
leur région. Comme il a fait un long fejour dans^ce
pays les particularités qu'il en rapporte peuvent être
plus exactes que celles des voyageurs qui n'ont fait quy
PaCes" relies des anciens Perfes , dit-il, font disperfesen
divers endroits de la Perfe & en quelques endroits des
Indes , vers le fleuve Indus ik dans la province de Gu-
zerat. Lorsque les Arabes envahirent la Perfe fous Omar,
ceux qui ne voulurent pas vivre fous leur domination,
fe retirèrent vers les parties défertes de leur empire ,
vers le fleuve Indus , & comme ils y_ furent encore
attaqués, plufieurs pi Q '■ ■-■ ,«* ce neuve >
où les Indiens les reçurent &. les f ou nrent depuis ,
parce que leur milére Se leur {implicite empêche qu on
ne fonge a eux. On les appelle aux Indes Parfis , de
'leur ancien nom , & en Perfe Gudr.zn ou Guebres ,
du mot arabe Gaur , qui veut dire mlidele ou idolâtre;
nom que les Turcs donnent aux Chrétiens & a tous
ceux qui ne font pas de leur relig-on. Ce terme peut
venir de Gau , qui veut dire excrément , pour marqt
ce peuple eft la lie Se l'excrément d
GAU
livre inconnu, dont on difoit pourtant des merveilles ;
qu'Abraham , par exemple , en étoit l'auteur , & qu'il
contenait les prophéties des plus grandes révolutions qui
dévoient arriver jusqu'à la fin du monde ; ce prince ,
dis-je , tâcha par toutes fortes de moyens de le recou-
vrer, jusque-là qu'il fit mourir le grand-prêtre , Se quel-
ques-uns des principaux de la nation ; mais il ne put ja-
mais en venir à bout. Ils perfifterent toujours à dire
qu'ils ne l'avoient point , qu'il falloit qu'il fût perdu , Se
qu'ils avoient délivré tous leurs livres au roi même. Ces
livres qu'ils lui donnèrent font dans la bibliothèque du
château d'Ispahan , au nombre de vingt-fix. Je ne fais
fi c'eft tout, mais on le dit ainfi. Ils font écrits en ca-
ractères de l'ancien Perfan. J'ai eu -en mon pouvoir plus
de trois mois le grand livre qu'ils ont à préfent où toute
leur religion eft écrite , avec beaucoup d'autres chofes
qui y font mêlées. Un Guebre qui paffoit pour le plus
docte d'entr'eux à Ispahan , venoit m'en Tire tous les jours.
Ce livre eft tait du rems de Yesdegird IV , le dernier
des rois idolâtres de Perfe , avec des commentaires que
l'on y avoit ajoutés. Il parle beaucoup du règne de ce
dernier roi , Se de bien d'autres matières que de celles
de la religion. L'on y trouve des prières qu'il faut faire ;
un rituel pour garder le feu facré ; les éloges des dieux
inférieurs ; des traités d'aftrologie & de divination , Sec.
Pour dire maintenant quelle eft leur créance, autant que
je l'ai pu reconnoître , ils croient , ou font femblant de
croire qu'il y a un Etre fuprême , Se qu'il eft au-deffus
des principes Se des caufes. Ils l'appellent Ye{d , mot
qu'ils interprètent par celui de Dieu , ou à' Ame éter-
nelle. Cependant ils attribuent tant de pouvoir aux prin-
cipes , qu'ils femblent ne laiffer rien à faire à ce Souve-
rain ; ce qui- me fait penfer qu'ils n'en confeffent un que
par bienféance , Se pour ne fe pas faire abhorrer des Ma-
hometans , grands Déïftes , auprès desquels cette impiété
achèverait de les détruire. Ils croient que les corps cé-
leftes font des êtres animés par des intelligences , qui fe
mêlent de la conduite des hommes. Le ibleil eft , félon
eux, la grande Se la première intelligence, Se le père
<le toutes les productions fenfibles. La lune eft la féconde
intelligence, Se puis les autres planettes. Us croient aufïï
comme tous les autres Gentils des Indes , que les éclipfes
arrivent parce que la lune eft opprefïee & violentée par
quelque intelligence fupérieure , qui la réduit dans ce trifte
ie les Arabes , Se l'on peut croire que ceux-ci pn- état Oseraient, qu'outre ces intelligences, il y a des anges ,
rent leur façon de s'habiller lorsqu'ils eurent conquis leur qu ils appellent des Dieux tubalternes , commis a la garde
navs En Perfe ils l'ont tous laboureurs , manœuvres , des créatures inanimées , chacun félon fon département,
foulons & ouvriers en poil; pas un ne s'applique aux Et enfin ils veulent qu'il y ait deux principes des cho-
arts liber ux ou au commerce. Leur grande profeflion fes, parce que comme les chofes font bonnes ou mau-
eft l'aericulture ; leurs prêtres leur enfeignent que l'action vaifes , elles ne peuvent avoir le même principe. Ces
la dIus vertueufe ik la plus méritoire eft d'engendrer des deux principes font la lumière , qu'ils appellent Ormous
entans, & enfuite de cultiver une terre en friche & mot^de feur langue ancienne , qu'ils interprètent par ce
de planter un arbre. '
Ces anciens Perlans ont les mœurs douces 6e fimpl
que
la terre.
Quelques-uns le font venir de Gau , qui lignifie une
vache , à caufe que ces peuples rendent a la «« - ■
culte .qui. vient originairement
des Indiens ,
paffé chez les Egyptiens. Les Perfans appellent auffi les
Guebres Alechpores , adorateurs du feu; ce qui répond
au nom Slgnicolu, Ces Perfes idolâtres ne font pas fi
bien faits ni fi blancs que les Perfes d amourd hu, Les
hommes font cependant, robuftes Se d une aflez belle
taille ; les femmes font groflieres, d un tenu olivâtre Se
obscur, ce qui vient peut-être de leur mifere. Ils ont,
hommes Se femmes , très - mauvaife grâce ;_ Se "en ne
paraît plus éloigné de la galanterie. Us font habilles
* '_ l~- A^U» ftr Prtn neuf fînirp nilft CeUX-Cl Dri-
lui de Kaddim , terme arabe , qui revient à celui des
Hébreux , que nous interprétons Anciens des jours ; Se
le ténèbres qu'ils appellent Ariman, Dieu créé. Ce font
ces deux Dieux ou Principes des Mages, un bon Se un
mauvais , qu'il eft dit dans les anciens auteurs que les
Mages , qui font les théologiens des Perfes , établis-
sent fous les noms SAramen Se de Ye^d. Ils ajoû-
ils vivent fort tranquillement fous la conduite de leurs
anciens , dont ils font leurs magiftrats , Se qui font confir-
més dans leurs charges par le gouverneur Perfan; ils
boivent du vin : à l'exception du bœuf Se de la vache,
ils mangent de toutes fortes de chairs , de quelques mains
qu'elles foient apprêtées ; mais du refte ils font fort par- tent que ces intelligences. , ces anges Se ces principes
ticuliers Se ne fe mêlent guère avec les autres peu- font tous fubordonnes a Dieu qui en dispofe félon fon
■ bon plaifir. L'on ne fauroit douter qu'ils ne reconnoiffent
deux fortes de nature dans ces intelligences , comme dans
les créatures fublunaires , l'une bonne Se l'autre mau-
vaife; aufîi Tertullien écrit formellement qu'ils reconnois-
ticuliers, Se ne te mêlent gu_.
pies, fur-tout avec les Mahométans. La bigamie 6e le
divorce ne font point foufferts dans leur religion , 8c
ils ne peuvent fe marier à des femmes d'une autre créance
que de la leur ; principe adopté par tous les idolâtres.
J'ai dit que -les Guebres ne répudient point leurs fem-
mes ; mais en cas de ftérilité pendant les neuf premières
années de mariage , ils .en peuvent prendre une féconde
avec la première. Je n'ai vu que des gens ignorans parmi
eux. Toute l'érudition de leurs prêtres , qui font en petit
nombre , fe réduit à un peu d'aftrologie , à une légère
ôe grofliere connoiffance du Mahométisme , Se à une
connoiffance encore plus imparfaite de leur propre reli-
gion , dont ils débitent des maximes , qui n'ont ni ap-
parence ni fondement. Il ne faut pas s'en étonner, parce
qu'ils vivent depuis plus de mille ans dans l'oppremon
Se dans la baffeffe. L'on dit communément qu'ils ont
un livre célèbre qui contient leur religion & leur his-
toire, Se qui eft intitulé Zcnd pofend vofta ; mais je
n'en ai jamais pu avoir de nouvelles. Le grand Abas ,
excité par des curieux qui mouraient d'envie d'avoir ce
fent des anges Se des diable
Tout le monde généralement croit qu'ils adorent le
feu ; cependant il eft fort difficile de les faire expliquer
nettement là-deffus , Se de favoir fi ce culte qu'ils lui ren-
dent eft relatif ou direct : s'ils tiennent le feu pour Dieu ,
ou feulement pour l'image de Dieu. Je crois que c'eft
moins pour en faire un myftere , que par ignorance , Se
pour n'entendre pas ce qu'on leur demande. Le feu, di-
fent-ils , eft la lumière ; la lumière c'eft Dieu. Voilà ce
qu'ils difent nettement ; mais ils fe jettent enfuite fur les
louanges du feu , de la lumière Se de Dieu, Se font là-
deffus un discours confus où l'on n'entend rien , Se où
ils fe perdent eux-mêmes. Néanmoins ils difent tous una-
nimement qu'ils gardent le feu , dans des lieux confacrés ,
depuis le tems de Keyomerfe premier roi de Perfe, mort
il y a plus de 3 600 ans , fuivant le calcul de la chronologie
GAU
GAU
«î
Perfane , Se qui lui rendent le culte fuprême , Se c'eft géographe Jacut , il y en avoit quelques-uns où le fea
ainlî que tout le monde en parle; mais il n'y a pas s'-entretenôit depuis fept ou huit cens ans, comme il le
moyen de voir dans ce lieu (acre , ni leur autel, ni leur rapporte dans fon livre ; que Kirman , qui eft une des
lèrvice , ce qui me fait croire que tout ce qu'ils difent plus grandes villes de la province , eft encore une des
de cet ancien feu qui brûle toujours , eft une pure iliu- principales habitions des Guebres ; que le nom même
lien ; car je n'ai jamais vu d'homme qui ait olé m'affu- de la province vient du culte que l'on y rendoit au
ju'il l'eût vu. Les Guebres des Indes difent que ce feu.
éternel n'eft point parmi eux , mais qu'il eft en Les Guebres font divifés entr'eux fur la patrie de ce
Perle; Se ceux de Perle, ne convenant po nt entr'eux célèbre perlbnnage Zerdoucht, ouZoroaftre, les uns lé
du lieu où il doit être , difent tantôt que c'eft Kirman , faifant Babylonien , ou Chaldéen , Se les autres Indien,
tantôt que c'eft Yc^d , Se tantôt que c'eft une certaine Ce Zerdoucht, ou Zoroaftre , eft le premier quia ré-
rer qu i
montagne dans ce pays- là. L'on trouve de ces gens qui
affinent qu'on le montre aux Guebres qui vont par dé-
votion au lieu où il eft , Se d'autres foutiennent qu'on
ne le montre point , par la crainte qu'ils ont des Ma-
hométans. Enfin tout ce qu'on en peut apprendre eft fi
mal fondé , qu'il eft aifé de juger qu'il n'y a rien de
certain dans tout ce qu'on en dit. Quant au feu commun
& ordinaire , le culte que les Guebres lui rendent con-
fifte , dilént-ils , à l'entretenir d'une matière qui ne falle
point de fumée ni de puanteur, à n'y jetter rien de
l'aie ni aucune forte d'ordure , à ne le laiffer jamais
digé par méthode les fciences & la religion des Pertes-,
Les Guebres en content mille fables , Se en font un hom-
me tout divin. Ils aflurent qu'il reçut un livre du ciel ,
où la religion Se les fciences qu'il enfeignoit aux hom-
mes , étoient écrites ; conte qui fent fort le Mahomé-
tisme, Se que ces pauvres idolâtres, qui n'ont plus d'é-
rudition , pourraient bien avoir forgé fur l'opinion des
Mahométans , que tous les vrais prophètes Se législateurs
recevoient du ciel le livre de la doctrine qu'ils doivent
enfeigner. Les Mahométans font grand cas de Zoroaftre $
Se tiennent auffi qu'il a été l'inftituteur de la fefte des
éteindre
a ne
le pas allumer avec la bouche , de peur Mages , qu'ils appellent Magoutk , c'eft-à-dire homme
de lui faire fentir quelque chofe de mauvais Se de
fefter; de forte que fi par hazard il s'éteint, il faut en
aller chercher chez un voilin , ou l'allumer avec un
éventail. Ce culte, ajoûtent-ils , confifte encore à ne
toucher jamais de feu qui ait été nourri Se entretenu
d'os , de bouze , ou de quelque autre ordure que ce foit.
Ils font communément leurs prières en préfence du feu,
Se lui rendent d'autres cultes extérieurs. Leur principal
temple eft auprès de Yezd , dans une montagne qui en
eft à dix-huit lieues. C'eft leur grand Atechgat , comme
l'appellent les Perfans , c'eft-à-dire leur Pyrée , ou le
foyer du feu éternel , félon le mot^grec. Ce heu eft auffi
fans oreilles , pour infinuer que leur docteur avoit puile
toute fa feience dans le ciel , Se qu'il ne l'avoit pas
apprife par l'ouïe , comme les autres hommes. Au refte
il paraît que ces Ignicoles Perfans ont quelque connois-
fance d'Abraham , foit par eux-mêmes , loit par les Ma-
hométans ; car les uns & les autres en font des contes
femblables, difant, par exemple, que quand Nembroth,
qu'ils prononcent Nimrod , eut fait mettre Abraham fur
un bûcher , le feu ne voulut pas s'allumer. Je ne fais fi
ce conte ne viendrait pas plutôt de Manès , qui ayant
appris des Mages la philolbphie , Se des Chrétiens la re-
igion , compofa de ces doubles Se différentes idées une
leur oracle Se leur académie. C'eft où ils fe communi- théologie pleine de rêveries Se de fables , qu'il fema
quent leur religion, leurs maximes, 8c leurs espéran- dans l'Arabie _ Se dans la Perfe, jusques dans les par-
ces. Leur fouverain pontife y demeure toujours, & fans ties les plus éloignées de cet empire. Les Guebres ont
en fortir. On l'appelle Dejtour Dejlouran , c'eft-à-dire une opinion fort contraire à celles des autres Gentils ;
ré^le des régies : comme pour dire qu'il eft aux prêtres, car ils croient que non feulement il eft permis de tuer les
ce°que les prêtres font aux autres hommes, favoir ur;e infeftes Se tous les autres animaux inutiles, ce qui eft
régie vivante de la créance qu'il faut tenir, Se un mo- rejette & condamné par les autres Gentils , mais que c'eft
dele de la vie qu'il faut mener. Ce pontife a avec lui même une action agréable à Dieu, Se une oeuvre méri-
plufieurs ' prêtres Se plufieurs étudians qui compofent toire , parce que ces méchantes créatures ne pouvant
une espèce de féminaire. Les Mahométans le lbuffrent, avoir été produites que par un mauvais principe, c'eft
parce crue cela ne fait point de bruit, Se qu'il en revient témoigner de la complaiiànce pour lui , que de fourfrir
de boiis préi'ens aux officiers. Ces prêtres font propre- ces productions , de forte qu'il faut les étouffer ,^ Se les
ment ce que les Veftales faifoient à Rome. Ils entre- détruire, pour mieux témoigner l'averfion qu'on lui
tiennent le feufacté, s'il eft vrai qu'il y en ait; & ils porte. Si l'on fe fouvient ici de ce que j'ai dit, que ces
empêchent qu'il ne s'éteigne. Ce feu , fi on les en veut gens le font un point de religion de la culture Se de l'a-
croire brûle depuis environ 4000 ans, ayant été mi- mélioration de la terre , on ne s'étonnera pas qu'ils fe
raculeulèment allumé fur cette montagne par leur pro- faffent une vertu d'exterminer ce qui eft lî contraire à fes
phéte Zoroaftre. Ils fe tournent vers le foleil quand ils productions. Je n'ai rien trouvé de plus fenfé dans leurs
prient , Se prétendent que toute oraifon , qui n'eft pas enfeignemens , que le mal qu'ils difent d'Alexandre le
faite les yeux tournés au foleil , eft une idolâtrie. Ils ne Grand. Au lieu de l'admirer , Se de révérer fon nom ,
font point de prières la nuit , du moins qui foit d'ob!
gation. Ils en doivent faire cinq durant le jour , Se en-
tre les deux foleils. Us regardent le vendredi'comme .le
jour de la femaine le plus propre à vaquer à la reli-
gion. Mahomet pourrait bien avoir pris d'eux fes cinq
prières , Se fon jour de repos ; car c'eft à-peu-près la
même chofe. Ils ont des jeûnes Se des fêtes de tous les
élémens. La ptincipale arrive le fécond mois de leur
époque, qui dure lix jours; Se c'eft la fête du feu Se de
la lumière. Une de leurs plus confiantes traditions, c'eft
que leur religion reprendra le delTus , qu'elle deviendra
comme font tant d'autres peuples, ils le méprifent, le
détellent Se le maudiffent , le regardant comme un pi-
rate , comme un brigand, comme un homme fans jus-
tice Se fans cervelle , né pour troubler l'ordre du mon-
de , Se pour détruire une partie du genre humain. Ils fe
difent à l'oreille la même chofe de Mahomet, Se ils les
mettent tous deux à la tête des méchans princes ; ils
connoiflent affez que leur perte vient de ces deux ulur-
pateurs.
Chardin rapporte quelques particularités fur la façon
finguliere dont ces peuples enterrent leurs morts. Mais
fupérieure Se dominante en Perle, Se que l'empire leur comme il ne paroît pas bien allure de ce qu'il en dit , Se
fera -rendu. Ils s'entretiennent eux Se leurs enfans de que le contraire lui a été attefté par des Guebres de bonne
cette espérance. Zoroaftre , qu'ils appellent Zerdoucht ,
eft leur prophète Se leur plus grand dofteur. Il fut le
chef de la fefte des Mages , Se vécut du tems des rois
de la féconde race , environ treize cens ans après le dé-
luge , félon la chronologie Perfane. Nos auteurs le l'ont
pour la plupart plus ancien, prétendant que c'eft Cham ,
le fils de Noé. D'autres tieunent que c'eft Moïfe; d'au-
tres croient qu'il ne vivoit que du tems du prophète Da-
niel. Tous les auteurs Mahométans le font originaire de
Chis, ville de la province d'Azerbéyan,.qui eft la Mé-
die, à préfent affez petite , habitée de Curdes ou Chal-
déens. Il eft certain que les plus célèbres temples des
Ignicoles étoient dans cette province ; que du tems du
foi , nous n'entrerons point dans ce détail.
Il n'y a plus qu'un village près d'Ispahan ou les Gue-
pres foient connus pour tels , Se jouiflent de la liberté de
conscience. * Voyage de Otter en Perfe, t. 2.
GAURIANENSIS , ancien liège épiscopal d'Afrique ,
dans la Numidie. La Notice d'Afrique , n. 09 , met entré
les évêques de cette province Janvier , qu'elle nomma
Januarius Gaurianenjîs.
GAURIES , bourgade des Pays-bas, dans le Hainaut,
félon Corneille : Jaillot dit Gevryes, ou GlVRY, Se
De fille Gevri. Ce lieu fe trouve fur la route de Bavay
à Binche. Quelques-uns y cherchent le l~odgoriaas:ii
d'Antonin.
64
GAU
GAU
GAXJRIUM, lieu particulier de fille d'Andros. Xe- Laurent de Keimis.
nophon, Hift. Grac. L i , /• 44°. ditAcibade débar-
qua fes troupes à Gaurie , qui eft dans 1 ifle d Andros.
Ce doit être la même que le port nommé par Tite-Live,
/.3I,c.45. Gaureleos.
GAURUS , montagne d Italie , dans la Campame.
Il eft nommé Gaurani Montes , & Gaurani Sahus par
quelques anciens. Voyez Gaura. Symmaque parle dans
une de fes lettres, /. 8 , Ep. 23 , d'un lieu nomme Gau-
rana. Il paraît par la fuite de l'on discours que c'étoit une
terre fituée au Mont Gaurus , dont elle prenoit fon nom.
Illorum deinde arbitrant Legi oram qute Formias & Cu-
manum littus ïnurjacet. Nunc mutuis invitationibus aut
in Baulos aut in Nicomachi Gaurana migramus. Ce font
tous des lieux voifins.
GÀUSAPHNA, Taveâwa, ancienne ville de 1 Afri-
que propre , félon Ptolomée, /. 4, c. 3. C'étoitle même
lieu que GAZAUFALA. Voyez ce mot.
GAUSENNIS, ou Caucennis; quelques exem-
plaires de l'Itinéraire d'Antonin portent GoFENNIS , ou
Gauvennis. Ce lieu étoit dans la grande Bretagne, fur
la route de Londres à Luguvallium , entre Durobivis ck
Lindum , à XXXV mille pas de l'une , & à XXVI mille
pas de l'autre. Talbot l'explique ainfi : La partie cité-
rieure de Lincolnshire s'appelle vulgairement Cayfeven:
il y avoit peut-être en ce canton quelque ville nommée
Caufenna. , ou Cafiennce , qui a donné le nom aux lieux
circonvoifïns. Gale, in Antonin. Itiner. p. 95-, l'ex-
plique'autrement , Se va chercher dans les étymologies
Bretonnes l'origine du nom , ck la fituation du lieu. Ce-
ven , dit-il , ck Covennce & Gobenna , font des roches
unies les unes aux autres. En Yorckshire, les roches
d'auprès Ottelly , font appellées the Cheven ; au comté
de Kent , le bourg de Sevennoc ou Cevennoc , prend ce
nom des roches voifines. Gevenny eft le nom d'une mon-
tagne ck d'une rivière , en Monmouthshire , d'où eft
venu le Gobanium d'Antonin. C'eft pourquoi, continue
Gale, je lis Caufennis , & j'entends par ce nom Nottin-
gham. Cambden dit de cette ville , qu'élevée fur des
roches escarpées , elle voit couler au midi la petite ri-
vière de Léan , ck que la fortereffe eft en haut fur le
rocher. Je ne doute point , pourfuit Gale , que ces grot-
tes , ces cavernes , ces fouterrains taillés dans le roc ne
foient des monumens de la magnificence des Romains ,
comme on en convient à l'égard de quelques autres qui
fe trouvent ailleurs. Ajoutez à cela que le calcul de la
diftance de Confirma à Durobrivœ, c'eft-à-dire de Not-
tingham ck de' Brigcafterton , s'accorde bien avec les
chiffres d'Antonin, de même que la diftance qui doit
être entre ce même lieu &c Lindum, ou Lincoln. Les
Saxons nommèrent ce lieu en leur langue Snottengaham,
c'eft-à-dire la maifon aux cavernes : les anciens Bretons
difoient Kafftsi Kaou , pour dire. une caverne , une grotte.
Si cette conjecture, qui dérive Gauvennœ de Ceven ne
plaît pas , c£ que l'on aime mieux le tirer de K-aff ou
de Kaou , cela ne change rien à la fituation du lieu qui
tirera toujours foiv origine des cavernes.
GAUTALFWEEN , félon Baudrand , ou Gothelba ,
félon De Fine, rivière de Suéde , à l'extrémité de la Go-
thie.Voyez GoTHELBA.
GAUTIGOTH , nom d'un peuple barbare, que Jor-
nandes place avec quelques autres dans la Scandinavie ,
dont il fait une ifle.
GAUTUNNI , ancien peuple que Vopiscus met entre
ceux que l'empereur Probus défit. Ortélius , Tkefaur.
foupçonne que c'étoit le même peuple que les Gothunni
de Claudien , ck que ce nom eft compofé de celui des
Goths ck de celui des Huns.
GAUVARITANUS, ancien fiége épiscopal d'Afri-
que. La Notice dAfrique met entre les évêques de la
Byzaceue Victor G auv aritanus ; ck la Conférence de
Carthage nous fait connoître Rogatus Gaguaritanus.
C'étoit le même fiége. * Harduin. Coll. conc.
GAUVATERI, ifle de 1 Amérique méridionale. Elle
eft fituée avec trois autres plus petites au-deflus d'une
rade, qui eft à Foueft de l'embouchure de la rivière de
"Wia. Cette ifle a un port profond de quatre ou cinq
braffes , fort fur Se capable de recevoir plufieurs navi-
res. L'ifle eft habitée de Sauvages nommés Shebayos ,
ik abondé en fangliers ck autres bêtes fauvages , en oi-
feaux fie -en toutes fortes de vivres , félon le rapport de
qui l'entoure eft fort fa-
blonneufe. Les trois autres ides qui font vers l'oueft en
forme de triangle , dont elles ont pris leur nom , nour-
riflent les mêmes animaux & foumiffent les mêmes vi-
vres. Il y a auffi une rade ; mais on ne peut la comparer
qu'au port de Gauvateri.
Corneille a tiré cet article de Laët , Ind. occid. /. 17 ,
c 9 ; man ne fâchant où placer cette ifle , il l'a mife dans
la mer du Préfil , dans l'Amérique feptentrionale. Il y a
deux fautes ; l'une que la mer du Bréfil fernble dire que
cette ifle eft fur la côte du Bréfil, ce qui n'eft pas vrai;
l'autre que l'Amérique feptentrionale ne comprend pas
la Guiane. L'Amérique eft diftinguée en feptentrionale
ck méridionale , non point par l'équinoxe , comme
l'a cru Corneille , qui a répété cette erreur autant de
fois qu'il en a eu l'occafion , mais par l'ifthme de Da-
rien.
Le capitaine Keïmis dans fa Relation de la Guiane ,
dit : Les Sebaïos habitent l'ifle de Gowateri ; on trouve
dans la baie , au côté de l'oueft , de fort bonnes rades ,
fous de petites ifles, ck beaucoup de poiflon , d'oifeaux,
de fruits & de gibier, ckc. fur-tout à l'endroit où la
Cayane fe jette dans la mer ; & dans fon Etat des peu-
ples qu'il a trouvés dans la Guiane, il place
Num. 10. Via , grande rivière : le peuple s'appelle
les MawORias.
• 1 1. CAYANE , grande rivière : le peuple s'ap-
pelle les Wiacas.
GowATERIA, ifle où il y a les Se-
BAYOS.
Il eft certain auffi que la rivière de Via & celle de
Cayenne , ont leurs embouchures voifines de cette ifle.
Le capitaine Keïmis voyageoit en 1596. Les François
iè font établis à Cayenne en 1635 , ck ont changé le
nom de Govateria en celui de Cayenne , qui n'étoit pas
le nom propre de l'ifle, mais celui d'une rivière voi-
fine.
GAUZACA. Voyez Gazaca.
GAUZANIA, ville de la Médie, félon Ptolomée,
1.6, c. 2. twâ*.
GAUZANITIS , contrée de la Méfopotamie , félon
le même, /. 5 , c. 18. Elle n'avoit rien de commun que
lareffemblance du nom avec la ville de Gauzanie.
GAXACA. Voyez Guaxaca.
GAYDARONISI , petite ifle de Grèce, dans le golfe
d'Engia , fur la côte de la Livadie , à quatre milles du
cap des Colomnes , au couchant. Spon , Antiq. de la ville
d'Athènes , au t. 2 de fes Voyages , p. 155, dit com-
mençant par le Cabo Colomne , à quatre milles au-deçà
du cap eft l'ifle Patrocleïa que quelques-uns nomment
encore de même ; mais le nom le plus vulgaire eft Gay-
doronifî.
GAYRA , rivière de l'Amérique méridionale , au
gouvernement de Sainte-Marthe ; elle eft fort large &C
eft capable de porter de grands navires. Cette rivière
descend d'une affez haute montagne qu'on voit toujours
blanche de neige , ck va fe décharger dans la mer. Les
Sauvages difent que fon eau n'eft pas bonne à boire.
* Corn. Dift. De Lait, Ind. occid. 1. 8 , c. 21.
GAZA, ville de la Paleftine, pofledée par les Philis-
tins , ck attribuée par Jofué à la tribu de Juda. Elle
étoit une des cinq fatrapies des Philiftins , fituée à l'ex-
trémité méridionale de la terre promife. Dans le texte
hébreu elle eft nommée A^a ou Hara, fftj^par un ]}
que les Septante expriment quelquefois par un G. Etienne
le géographe dit que de fon tems les Syriens l'appelloient
encore A{a. Elle eft fituée entre Raphia ck Ascalon. La
fituation avantageufe de Gaza a été caufe de beaucoup de
révolutions, ausquelles elle a été fujette. * Jofué , c. 15,
v. 45 ; &; 1. Reg. c. 6 , v. 15.
Elle fut d'abord aux Philiftins, puis aux Hébreux.
Elle fe mit en liberté fous le régne de Joathan ou d'A-
chaz. Ezéchias la reconquit. Elle obéit aux Chaldéens ,
vainqueurs de la Syrie ck de la Phénicie. Enfuite elle
tomba fous lapuilTance des Perlés. Ils en étoient les maî-
tres lorsqu' Alexandre le Grand l'affiégea, la prit & la
ruina. Elle fe rétablit , au moins la petite ville de Gaze ,
fituée fur la mer , appellée autrement Majuma.
Elle fut enfuite pofledée par les rois d'Egypte. (n) An-
tiochus
GAZ
GAZ
tiochus le Grand la prit ck la faccagea (b). Les Asmo-
néens ou Macchabées la prirent plus d'une fois fur les
Syriens (c). Alexandre Jannée, roi des Juifs, la prit ck
la défola. Gabinius la rétablit , ck on trouve des mon-
noies frappées en cette ville (d). Augufte la donna à Hé-
rode le Grand (e); mais elle n'obéiffoit point à Arché-
laiis fon fils (f). Saint Luc dit que Gaza étoit déferte de
fon tems ; mais il veut apparemment parler de la grande
ville de Gaza, fîtuée'fur une montagne à vingt milles de
la mer (S) ck non pas de Majume ou de la petite Gaza,
qui étoit très-peuplée. L'empereur Conftantin donna à
Majume le nom de Conjiantia en l'honneur de fon fils,
ck lui accorda les honneurs ck les privilèges de ville in-
dépendante de Gaza ; mais l'empereur Julien lui ôta ce
nom ck fes privilèges.
Ceci a befoin d'être expliqué ,.mais il faut auparavant
que j'avertifTe que j'ai copié jusqu'ici D. Calmet qui fe
trompe , lorsqu'il cite Arrien , comme fi cet hiftorien
d'Alexandre avoit dit que Gaza étoit à vingt milles de
la mer , ce qui ferait près de fept de nos lieues. Cela n'eft
pas ainfi, ck Arrien (h) ne met que vingt ftàdes ou
deux milles & demi de Gaza à la mer.*(a) Jofeph, Antiq.
1. 13, c. 21. ( b ) Polyb. in excerpt. ( c J Maccab. 1. 1 ,
c. 11, v. 16; fck Jof.Ant. I. 13, c. 21. (A)Jojeph, An-
tiq. L 13 , c. 21. (e) Ibid. 1. 14, c. 10. ({) 1. 15, c. 11.
(8) Arrian. 1. 2 , de Expedit. Alex. (h) Arrïa.n. de ex-
ped. Alex. 1. 2, n. 26, p. 102, édit. Gronov.
La nouvelle Gaza étoit ce que les anciens appelloient
Navale , ou le port de la ville de Gaze. Il étoit ordi-
naire aux villes qui étoient à quelque diftance de la mer
d'avoir un port , où étoient les magazins , ck par où fe
faifoit le commerce de la grande ville. Fleuri racontant
l'Hiftoire des Martyrs , à l'an 362 de Gaze, dit de Ma-
jume : c'étoit l'arfenal de Gaze , dont Conftantin avoit
lait une ville féparée, parce qu'elle étoit fort attachée au
Chriftianisme : il lui avoit donné le droit de cité & le
nom de Conjiantia , ne voulant pas qu'elle fût fujette de ,
Gaze où l'idolâtrie regnoit. Julien par la même raifon
ôta à Majume tous fes privilèges , lui rendit fon ancien
nom ck Ja remit fous la dépendance de Gaze , ce qui
fubfifta pour le gouvernement temporel; mais pour le
fpirituel, Majume eut toujours fon évêque particulier,
fon clergé, les fêtes de {es martyrs, la mémoire de
fes évêques , ck les bornes de fon territoire diftin-
guées. ^*,
Il y avoit donc deux villes de Gaze ; l'une ancienne
l'autre nouvelle , furnommée Majume ck Conjiantia.
Cette dernière étoit maritime ; la première étoit à une
petite lieue de la mer tout au plus. Cela s'accorde avec
ce qu'en dit un voyageur moderne. La ville de Gaze eft
éloignée de la mer d'environ deux milles. Corneille
change ces milles en lieues ; ce qui eft très - différent ,
ck pourtant il cite ce même auteur. Cette ville , pour-
fuit Thévenot , étoit autrefois fort illuftre , comme on
peut voir par Tes ruines , car tout y eft plein de colom-
nes de marbres de tous côtés , ck même j'y ai vu des
cimetières , dont tous les fépulcres étaient entièrement
de marbre. Entr'autres, il y en a un fermé de murailles,
qui appartient à quelque famille particulière des Turcs,
lequel eft rempli de beaux fépulcres , faits de grandes
pièces , de. fort beau marbre , qui font des reftes ck des
témoignages de l'ancienne fplendeur de cette ville : c'é-
toit une 'des cinq fatrapies des Philiftins à qui Samfon
fît tant de mal , ck même il emporta un jour fur fes
épaules les portes de cette ville , èk les laiffa fur une
petite montagne éloignée d'un mille de cette ville. Pro-
che de la ville eft le château qui eft tout rond, avec
quatre tours ; favoir , une à chaque coin , le tout en bon
ordre. Il a peu de- circuit & a deux portes de fer.
Auprès de ce château eft le ferrail des femmes du Bâ-
cha , ck au-deffus , près de ce ferrail , un refte de mafure
qui eft fi bien liée qu'on n'en fauroit rien rompre avec
le marteau. C'eft le refte du château des Romains. La
ville eft fort petite, il y a un béfeftein en affez bon or-
dre. Il y a une églife des -Grecs affez grande , dont l'ar-
cade du milieu eft foutenue par deux gros piliers de mar-
bre , avec leurs corniches d'ordre Corinthien. Ils difent
que la Sainte Vierge y fut trois jours lorsqu'elle s'enfuit
en Egypte. Il y a encore une églife d'Arméniens. On
voit à Gaza proche du château , derrière un cimetière
où nous étions campés , le lieu où étoit le palais des
Philiftins que Samfon fit écrouler, écrafant avec lui tous
ceux qui étoient dedans. Ce n'eft plus qu'un monceau de
terre. Il y a hors de la ville plufieurs belles mosquées ,
toutes bien revêtues de marbre en dehors. Je crois que
toutes ces places étoient de la ville ancienne. * ihéve~
not, Voyage du Levant, 2. part. c. 36, p. 361.
Les environs de Gaze font plantés d'un grand nom-
bre de palmiers , ck ornés de jardins. Son terroir eft
très-fertile , mais il produit peu de vignes. Longitude
56 d. 10'. Latitude 32 à.* Mff.de la bibliothèque du roi.
GAZABA. Voyez Gabaza.
GAZABIANENSIS, fiége épiscopal d'Afrique. On ne
fait dans quelle province. La Conférence de Carthage fait
mention de Saturninus Ga^abianenjis. * Harduin. Coll.
Conc.
1. GAZACA, ra^Ka, ville d'Afie, dans la Médie ,
félon Ptolomée , /. 6 , c. 2 , ck Etienne le géographe ;
ce dernier femble dire que c'étoit la plus grande ville de
la Médie. Ammien Marcellin, /. 23 , c. 23 , la compte
entre les trois plus confidérables villes de ce canton. Les
deux autres étoient Zombis &£ Patigran. Voyez Gaza-
CUM.
2. GAZACA , ville d'Afie , dans le Pat opamife , félon
Ptolomée ; mais il n'eft pas fur que ce fut une ville , car
Ptolomée la met dans une lifte qui contient indiftmfte-
ment des villes ck des villages. Quelques exemplaires
portent Gauçaca.
GAZACENA, petit canton de la Cappadoce, du côté
de la Paphlagonie , félon Strabon , /. 1 2 , p. 5 5 3 .
GAZACROEN. Vovez l'article fuivant.
GAZACUM, Yatyxèv, ancienne ville de la Perfide.
Elle fut prife par Héraclius, félon Cédrene. Il y avoit un
temple du foleil , ck les tréfors de Crcefus , roi de Ly-
die. Ortélius croit que c'eft la même que la Ga^aca de
Ptolomée , apparemment celle de Médie. l'Hiftoire mê-
lée, 1. 18, rapporte que Gai_enjîum ck Ga^acroen, villes
de la Perfide , furent prifes par Héraclius.
GAZACUP ADA. Voyez Zagacupada.
GA.ZJE , ville de l'Arménie , dans la contrée nommée
Otene, félon Pline, /. 6, c. 13.
GAZjEORUM Navale ; c'eft la nouvelle Gaza que
l'on nommoit auflî Majuma , Voyez l'article de Gaza.
GAZALINA, ancienne ville de la Cappadoce, dans
le Pont Polémoniaque, félon Ptolomée , /. 5 , c. 6. Quel-
ques exemplaires, au lieu de Ya.ty.tim , portent YotyXma..
Voyez Gazelotus.
GAZALUITIS. Voyez Zagillonitis.
GAZANENSIS , fiége épiscopal d'Afrique , dans la
Byzacene, félon Viâor d'Utique cité par Ortélius. Ce
dernier obferve que quelques exemplaires portent Gatia-
nenjîs : dans les notes géographiques qui accompagnent
l'édition de S. Optât par Dupin, p. 283 , n. 368 , il eft
dit que , félon le même Viâor , vers la fin du troifiéme
livre, il eft fait mention de Boniface Gatianenfis ; c'eft
le même qu 'Ortélius a eu en vue. On ajoute qu'il eft
différent de Secundinus Garrianenfis , qui eft nommé
dans la Notice d'Afrique , entre les évêques de la Byza-
cene ; je ne le crois pas. Le même fiége a eu auffi pour
évêque Janvier qui eft qualifié Ecclefice GattianenfisEpis-
copus , ck qui fouscrivit à la lettre fynodale des évêques
de la Byzacene , rapportée au concile de Latran , tenu
fous le pape Martin. Entre les Pères de la Conférence
de Carthage on voit Victor episcopus Gatianenfis. Voyez
Gattianensis , qui eft le fiége dont on parle ici.
GAZANEALA. Voyez Gazaufala.
GAZARA. Voyez Gadara 2.
GAZARENI , ratyfwù , ancienne nation entre les
Babyloniens , félon faint Epiphane cité par Ortélius ,
Thefaur.
GAZARI , peuple de la première Sarmatie , félon
l'Hiftoire mêlée.
GAZAT M , ancien peuple de Syrie , dans la Cyrrhes-
tique, félon Pline, /. 5, c. 23.
GAZAUFALA , ancien fiége épiscopal d'Afrique ,
dans la Numidie. La Notice épiscopale d'Afrique nom-
me dans cette province Augentius Gaçafulenjis , félon
l'exemplaire du Vatican, ck Gaïaufalenjzs, félon d'autres.
Dans le concile de Carthage tenu fous S. Cyprien, on
trouve Salvien de Gau{afala , félon l'auteur de la Géo-
graphie facrée , imprimée devant le S. Optât, de l'édi-
tion de Dupin. Ortélius cite S. Auguftin , S. Cyprien
Tome III. ' I
66
GAZ
GEA
ckle concile de Carthage , ck écrit GazanfalA. Il a)oute
qu'un fragment de Viftor d'Utique porte Gazatjfula.
Dans la Géographiefacréed' Afrique, quejeviens de citer,
on lit que cette même ville eft nommée Ga^auphna par
Ptolomée, Gaiophila par Procope , ScGaçaupala dans
la Carte de Peutinger.
GAZAUFULA. Voyez l'article précédent.
GAZELUM , ancienne ville de la Cappadoce , félon
Pline , /. 6 , c. 2. Le P. Hardouin penie que c'eft peut-
être la même ville que Galoron , r**.u>esv de Ptolo-
mée, /. 5, c. 6, entre Sinope ck l'embouchure du fleuve
JHalys.
GAZELOTUS, r«ÇiiM»«t, lieu ou canton de la Ga-
latie, iélon Strabon , l. \z, p. 560. Ortélius ck Câfau-
bon foupçonnent que ce pourroit bien être la GAZALI-
NA dont parle Ptolomée qui la met dans les terres , ck
à peu de diftance de la mer. Voyez Zagillouitis.
GAZENA, ville de la grande^ Phrygie , félon Ptolo-
mée , /. 5 , c. 2. Ortélius dit qu'il en eft parlé an con-
cile de Chalcédoine. Auroit-elle eu un fiége épiscopal ?
les Notices n'en font point mention.
GAZER. Voyez Gadara 2. & Gader.
GAZERON. Voyez Assaremo ck Gadara 2.
GAZETICAVina, ou
GAZETUM VlNUM. Cafliodore, Variar. l.u,c. il,
vante un vin qu'il nomme Ga^etum vinum , ck Sidonius
Apolinaris , carm.ij, v. 15, dans un petit poëme par
lequel il invite Ommatius à un repas , lui dit :
Vlna mihi nonfunt Ga^etica, ChlaFalcrna,
Quagut Sarepiano palmite mijfa bibas.
Sur quoi le favant P. Sirmond, p. 153 , dans fes Notes
fur cet auteur , obferve que Ga^etum vinum , félon Ifi-
rlore , eft ainfi nommé du pays d'où on l'-apporte , c'eft
à- dire de Gaza de Paleftine, comme Sareptanum vinum
eft du vin de Sarepta, au pays de Sidon. Ces deux vins
font célébrés par Corippe, /. 3 , ck par Fortunat, /. 4 ,
dtvitâS. Martini. Ga^ttum fe trouve au ffi dans Grégoire
de Tours , de Glorid Confejfor. 65. Voyez Gaza.
GAZIURSA , ra&Bpo-a, ville d'Ane , vers la Cappa-
doce , félon Dion Caflïus , l. 3 5 , p. 5 • Pline, /. 6 , c. 2 ,
dit Gaziura fans f, & c'eft ainfi qu'il faut écrire ce
nom. Strabon , /. 12 , p. J^J ck 547 , dit de même , que
Gaziura étoit anciennement une ville royale ; elle étoit
fur le fleuve Iris.
GAZNA , ou Gaznah , ou Gaznin , ville d'Afie ,
dans la Perfe ck dans la province de Zableftan. Naffir
Eddin ck Ulug Beig lui donnent 104 d. 20' de longitude ,
& 33 d. 35' de latitude. Ces auteurs la placent dans le
troifiéme climat , auffi-bien qu'Abdelmoal dans fa Géo-
graphie perfienne , qui dit néanmoins que quelques-uns
la mettent dans l'Indouftan , ck qu'elle n'eft éloignée
que de huit journées de la ville de Bamian. Gazna, dit
le même auteur, eft une ville qui n'a ni arbres ni jar-
dins , ck qui n'eft recommandable que par la dynaftie
qui y eft établie. Le fultan Mahmoud , fils de Sébefte-
gin , qui la fonda, prit le furnom de GaznÉVI , & le
laiffa à toute fa poftérité. Il eft pourtant vrai que le
même Mahmoud fut auffi furnommé Zabcli , à caufe que
cette ville eft de la province de Zableftan , d'où étoit
fortie fa mère , fille d'un prince de ce pays. Cette ville
devint auffi la capitale des fultans de la dynaftie des
Gaurides qui dépouillèrent les Gaznévides de leurs états ,
elle fut pillée ck brûlée par Gihanfouz.
GAZNAH, ( Saarah al Gaznah) c'eft-à-dire le
défert de Gazna ; défert d'Afie , dans la Tranfoxane.
La ville de Zamin eft fituée entre ce défert èk la montagne
d'Osrouschnah.
GAZNAVIAH , en arabe , ck Gaznévian en per-
fien. Nous difons en francois les Gaznévides ; ce fût
une dynaftie célèbre dans la Perfe ck dans les Indes. Elle
avoit commencé par un gouverneur de Gazna , d'où lui
vintfon nom. J'en parle fuffifamment à l'article IndOUS-
TAN. Cette dynaftie a régné 213 ans fur la Perfe, &C
dans une partie des Indes , félon Ben-Schonah cité par
d'Herbelot ; cependant ce dernier ne commence le régne
de Madmoud, que l'an 495 de l'hégrie, Se finit celui
<le Khosrou Schah en 550. Il ajoute que le calcul de
Ben-Schonah qui donne deux cens treize ans à cette dy-
naftie , lui paroît plus jufte.
GAZOLA , petite ville de Barbarie , dans le royaume
de Fez , fur la côte de la province de Héa ; Molet , .
in PtoloiiKZum, L 4, c. 1, dit que c'eft laTAMUSlGA
de Ptolomée, qu'il ne faut pas confondre avec Tamu-
lida du même auteur , que Melot dit être Tefdfdc.
1. GAZORUS. Voyez Gasorus.
2. GAZORUS, rdÇaefi, ancienne ville de la Pa-
leftine, félon Ptolomée, /. 5 , c 16. Elle étoit à l'orient
du Jourdain , félon cet auteur , qui là diftingue ainfi de
Gadora.
Longit.
Latit.
Gadora
67 d.
45'-
21 d.
3o'
Gasorus
67 d.
30'.
31 d.
iî;
GAZOS. Voyez Pazus.
GAZULENA , ancienne ville épiscopale d'Egypte ,
comme il paroît par une lettre des évêques d'Egypte à
l'empereur Léon , inférée dans le Recueil des Conciles ,
& fouscrite par Maximus Ga^ulenus. * Ortélius Thi-
faur.
GAYE , doyenné de France , en Champagne. C'étoit
un ancien monaftere de l'ordre de S. Benoît , dans lequel,
en l'année 11 14, il y avoit un nombre confidérable de
religieux. Il eft fitué à deux lieues de Sézanne, &c à dix
lieues de Troyes , dans une belle plaine remplie de fleurs ,
& arrofée de plufieurs fources d'eau. Il y a un affez bon
village, au bout duquel, du côté de Sézanne, eft ce mo-
naftere entouré de hautes murailles &c d'eau. L'églife eft
d'une belle & antique ftrufture, toute de pierres de taille;
le chœur eft ruiné , il n'y refte plus que les pilliers , le
cloître eft démoli auffi-bien qu'une grande partie des lieux
réguliers qui furent brûlés par les Huguenots en 1567.
Il n'y a à préfent que trois ou quatre religieux non ré-
formés. * Bauginr, Mémoires Hift. de la Champagne ,
t. 2, p. 236.
GE
GÉA, ville de l'Arabie , près de Pétra, félon Etienne
le géographe qui cite les Antiquités arabiques , écrites par
Glaucus.
GÉAMAGIDID , ville d'Afrique , dans la province
de Maroc, proprement dite. C'eft h même que GéMAA-
IÉdid. Corneille les diftingue mal-à-propos. Voyez GÉ-
MÉA.
GÉANS ; (les) nous appelions ainfi les hommes d'une
taille démefurée , auprès desquels les autres hommes pa-
roiiTent petits. L'écriture fainte ne permet pas de douter
qu'il y ait des géans. Les écrivains facrés ck profanes ,
les anciens & les modernes s'accordent à dire qu'il y en
a eu & qu'il y en a encore. On ne peut le nier , dit
D. Calmet, Dicl. di La Bible, fans s'inscrire en faux
contre l'écriture , contre les hiftoires les plus certaines ,
àc contre la tradition de tous les peuples. Les Israélites
qui avoient parcouru la Terre-fainte , dirent à leurs frè-
res qu'ils avoient vu dans ce pays-là des géans de la
race d'Enac (a) qui étoient fi démelùrément grands , que
les autres hommes n'étoient devant eux que comme des
fauterelles. Moïfe parle du lit d'Og, roi deBafan, qui
avoit neuf coudées de long, fur quatre de large , ( i> )
c'eft-à-dire quinze pieds quatre pouces de long. Goliath
Sc) avoit fix coudées & une paume de haut , c'eft-à-dire
ix pieds fept pouces. Ces fortes de géans étoient en-
core communs fous Jofué & fous David , dans un tems
où la vie des hommes étoit déjà fi fort abrégée , & où
l'on peut préfumer que la grandeur &: la force des corps
étoit auffi fort diminuée. Homère (d) parle des géans
Othus &Ephialtes, qui, à l'âge de neufans,avoient déjà-
neuf coudées de groiTeur, Sttrente-fix de hauteur. Il nous
décrit auffi la grandeur du Cyclope Polypheme (e) , dont
la force étoit telle, qu'il remuoit aifément & fans le
moindre effort , une roche que vingt chariots à quatre
roues auroient à peine pu foulever de terre. Je ne donne
pas cela (dit ce favant fiénédiftin ) pour une hiftoire cer-
taine,' mais {amplement pour une preuve de l'ancienne
tradition des peuples qui ont toujours cru qu'ancienne-
ment les hommes étoient beaucoup plus grands ck plus
forts qu'ils ne le font depuis plufieurs fiécles ; opinion
qui fe voit répandue dans tous les anciens poètes ck
autres écrivains. * (a) Numer. c. 13 , v. 33 fck 34.
(t) Dmur. c. 3 , v. 2. (c) Reg. 1. 1 , c. 17, v. 4.
GEB
GEL
(d) Odif 1. ii , v, 306. (e) Odif i. 9, v. 240.
Le témoignage de S. Auguftin, de Civit.Dei, 1. i$_,
c. 8 ; de Plutarque , inSertorio. de Simon , auteur du Dift.
delà Bible, t. I , p. 513 , ne permet pas de révoquer en
doute l'exiftence des géans. Voyez la Differtation de D.
Calmet fur les géans , Si ce qu'ont écrit pour Si contre
Guillemeau Sr. Halicot , chirurgiens de Paris , & Jean
Riolan ; & les Relations de voyageurs modernes qui affu-
rent avoir trouvé des hommes d'une taille gigantesque
dans l'Amérique méridionale & ailleurs, comme Fréûer,
Voyage de la mer du fud , t. 1 , p. 148. Antoine Piga-
fet, Barthelemi-Léonard d'Argenîbla, 1. 1 de l'Hiftoire
de la conquête des Moluques, & 1. 3. Olivier deNoort,
Sic. fourniffent de nouvelles preuves de cette vérité.Voy.
les articles Patagons , Ville de Nembrot St Les
TRIGONES.
La Vallée des GÉANS. Voyez Raphaïm.
GÉAPOLIS. Voyez Gjea i.
GEARON , ville d'Ane , dans la Perfe , entre Schi-
ras & Bander Congo. Un voyageur Italien la décrit ainfi :
cette ville reffemble à une forêt , à caufe que les mai-
Ions font toutes environnées de palmiers toufus dont les
dates font d'un grand revenu étant les meilleures de
Perfe. Elle eft fituée dans une plaine fablonneufe en-
tourée de hautes montagnes : quoiqu'elle foit petite, Si
qu'il y ait peu de maifons , elle ne laiffe pas d'avoir fon
vifir , dont la jurisdiftion eft fort étendue. Les eaux vi-
ves, qui arrolent les jardins, les rendent frais &c abon-
dans en fruits excellens , grenades , raifin , Si coings.
Les maifons font presque toutes de pierres Si de chaux ,
ce qui n'eft pas commun en Perfe , où elles ne font ,
pour la plus grande partie , que de terre. Il y a beaucoup
de perdrix dans ces campagnes. Elles font de deux espè-
ces ; une qui reffemble à celles que nous connoiffons ,
Si une autre qui eft de la groffeur des cailles , & dont
les plumes font colorées comme celles de la gorge d'un
faucon. Corneille le Brun nomme cette ville, Iaron.
* Gemelli Careri , Voyage , t. 2 , p. 271. Corneille le
Brun, Voyage de Moscovie Si de Perfe Sec. p. 314, dit
que les maifons de cette ville , ou plutôt village , font
toutes de terre, ci éloignées les unes des autres. Il ajoute
qu'il y a vu deux pauvres petites mosquées où l'on faifoit
le fervice.
GÉAUNE. Corneille dit : Géaune ville de France ,
en Guyenne , capitale du marquifat de Caftelnau; elle
eft voifine du pays d'Armagnac, reffortit à S. Sever,
capitale de la Chaloffe, & eft arrofée du ruiffeau de Bas qui
vient de Béarn , Si qui ne tarit jamais. De l'Ifle nomme
ce lieu Geune , en fait un bourg , le met à quelque dis-
tance du Bas , dont la fource , félon lui , n'eft pas dans le
Béarn , mais dans le Turfan où eft aufli Geune.
GEBADjEI , ancien peuple de l'Arabie , mais au cou-
chant de la mer Rouge , félon Pline , 1. 6 , c. 29.
1. GÉBAL : ce terme , dit D. Calmet , ne fe trouve
que dans le Pfeaume 82 , v. 8 , GebalAmmon Si Ama-
lech; mais, comme le remarque ce {avant Bénédiâin,
le Chaldéen & la Verfion Samaritaine mettent quelque-
fois le mont Gébal au lieu du mont Séïr. Jofeph, An-
tiq. I. a , parle auffi des Gabilites , au midi de la Pales-
tine , & Etienne le géographe , de la Gabalene dans l'A-
rabie , & qui eft la même que le pays d'Amalech. Enfin
Eufebe Si S. Jérôme, dans leurs Livres des lieux Hé-
breux, aux mots Idumtza , Seïr, Abiud, Mabfard , Si
Jether , font fouvent mention de la Gebalene , ou Gaba-
lene qui eft dans l'Idumée , Si dont Pétra eft la capitale.
Tous ces caractères montrent vifiblement que le pays
nommé Gébal, ou Gabalene eft au midi de la tribu de
Juda , Si dans l'Idumée méridionale. Ce terme Gébal
lignifie une montagne; Si la dénomination de Gabalene
n'eft point ancienne , puisqu'elle ne paraît que dans le
Pfeaume 82, que nous croyons avoir été écrit du tems
de Jofaphat roi de Juda.
Cet article éft entièrement de D. Calmet , D'ici.
2. GÉBAL. ville de la Phœnicie , c'eft la même que
Byblos, &Gabala i.
i. GEBALA, ancienne ville de l'Espagne Tarrago-
noife , dans les terres , au pays des Vardules , félon Pto-
lomée , 1. 2 , c. 6.
2. GEBALA. Etienne le géographe dit que l'on nom-
moit a'mfi la trcifieme partie de la Paleftine, Si cite Jo-
feph. Il en forme le nom de Gebalenus , ci ajoute la
67
Gebalene ; ci I'Ha;manitide a été le nom d\m canton
des Iduméens. Berkélius fon commentateur croit , qu'E-
tienne a eu dans l'esprit la Gobolite qui étoit effective-
ment un canton de l'Idumée.
GEBANITjE , ancien peuple de l'Arabie heureufê.
Pline ,1. 6, c. 28 , les diftingue des Catabani , comme
deux peuples différens. Il dit que ces premiers avoient
beaucoup de gros bourgs, Pluribus oppidisfed maximis.
Il nomme enfuite Nagia Si Tamna où étoient foixan-
te-cinq temples. Mais quoique les Catabani Si les Ge-
banita. fuffent deux nations distinguées , il eft vraifem-
blable qu'elles étoient ûibordonnees l'une à l'autre ; car
Tamna , ou Thomna qui , félon Pline , appartenqit aux
Gébanites , Si étoit leur capitale , eft nommée la capi-
tale des Catabaniens par Eratofthene , cité par Strabon ,
/. 16 , p. 768. Ce peuple étoit voiiin de l'entrée du golfe
Arabique , félon Strabon , quoique Ptolomée l'ait mis à
l'embouchure du golfe Perfique.
GEBBETHON , ancienne ville de la Paleftine, dans
la tribu de Dan. D. Calmet dit : c'eft apparemment la
même que Gabbata. Bafa , ufurpateur du royaume d'Is-
raël , tua Nabab , fils de Jéroboam , dans la ville de Geb-
bethon , qui étoit alors aux Philiftins. * Jofué, c. 19,
v. 44. Reg. 1. 3 , c. 1 5 , v. 27.
^ GEBCHUMAL, bourg d'Afie, dans la Perfe, entré
l'Iraque & le Courdiftan , à 82 d. 40' de longitude , ci à
36 d. de latitude. * Hifl. de Timur-Bec, l. 3 , c. 21.
GEBEL-EL-HADICH, anciennement Phocra , mon-
tagne d'Afrique, en Barbarie, au*royaume de Maroc,
dans la province de Héa , aux confins de celle de Ma-
roc Si de Duccala , félon Baudrand , édit. 170^. Elle
s'étend du midi au nord le long de la rivière d'Afifnual,
& forme le cap qui eft à l'entrée méridionale du golfe
d'Azafia , ou de Zafi. Cela s'accorde avec la Carte
du royaume de Maroc par Sanfon , de qui cette description
eft prife.
GEBELLE , ancienne petite ville de Syrie , félon Bau-
drand. C'eft la même que Gébail, Gabli , Jébïlée , &
GABALA. i.
GÉBENNA, &
GEBENNICI MONTES. Céfar , de Bell Gall. I. 7;
c. 8 , nomme Gebenna une montagne qui féparoit les At-
vernes ou Auvergnats des Helviens. Quelques éditions ,
entr'autres , celle de Cambridge , portent Cebenna. Mons
Cebenna qui Arvernos ab Helviis discludit. Quelques
manuscrits portent Helvetiis , mais c'eft une faute. Cette
montagne a confervé fon ancien nom , & s'appelle les
Cévennes , ou Scvennes. Les Grecs ont un peu changé
ce nom , & ont dit Cemmenus Mons, &i Cemmenï Montes.
Sanfon , dans fes Remarques fur fa Carte de l'ancienne
Gaule , dit : les Sévennes ont premièrement féparé les
Celtes de laprovince des Romains, puis l'Aquitaine pre-
mière d'avec la Narbonnoife. Voyez l'article Cemmenus
Mons , dont je crois que Gebenna , ou Cebenna de Cé-
far , n'étoit qu'une partie.
GEBEONFŒ,pour GABAONiTjE.Voyez Gabaon.
GEBES , rivière d'Afie, dans la petite Phrygie , félon
Pline, /. 5 , c. 32.
GEBHA, ville de Barbarie , au royaume de Fez ,
dans la province d'Errif. C'eft , dit Marmol , /. 4 , c. 70 ,
une petite ville qui a de bonnes murailles , Si qui a été
bâtie par les anciens , Africains le long de la côte , à
huit lieues de Vêlez, du côté du levant. Elle eft toute
ruinée, quoique quelques Béréberes s'y retirent, à caufe
de quelques jardins &c de quelques vignes qui y font ,
& des eaux qui viennent des bois d'alentour. Tout le refte
du pays eft fec Si ftérile, fans porter aucun bled. Ils
demeurent là , quand ils ont quelques troupes pour le»
défendre ; autrement ils fe retirent dans les montagnes ,
où ils font plus affurés que dans leurs murailles. Il y a ,
à l'entrée occidentale du golfe de Mézemma un cap
que l'on croit être YOleafbum Promontorium desanciens,
ou cap des oliviers ainfi nommé à caufe de la multitude
des oliviets fauvages qui y font. Ptolomée lui donne 9 d.
de longitude , Si 34 d. 56' de latitude.
GEBISE , ou LÉBUSSE : c'étoit autrefois une ville
nommée Lybiffa , où le fameux Annibal s'empoifonna
Si futenfeveli. Ce n'eft plus qu'un village de Natolie , fur
une petite rivière de même nom , entre Nicomédie Si
Chalcédoine. Baud. édit. 1705.
GÉBLOVA , petite ville de l'empire Ruflien. Bau-
Tome III. I ij
68
CED
GEG
drand dit qu'elle eft fur la rivière de Mologa, dans le du-
ché de Biela-Ozero , & aux confins de celui de Jeroflaw.
De l'Ide la nomme GoLOLOBOVA Sloboia; ce mot Slo-
boda ne veut dire qu'un bourg ; il la met à la rencontre
de la rivière Mologa & du Wolga. La Mologa la fépare
"d'une ville nommée Mologa , Ô£ dont elle eft comme
un fauxbourg. Cette ville de Mologa eft au duché de
Roftow , au lieu que Gololoboya eft au duché de Biela-
Ozero.
GÉBOLE. Carré , dans fon Voyage des Indes orien-
tales , nomme ainfi la ville de Syrie, que d'autres nom-
ment Jébilée, Gébail, &c. Elle eft, dit-il , entre Alexan-
drie & Tripoli. Elle appartient aux Turcs qui y ont une
grande & belle mosquée avec des reftes de ftatues qu'ils
ont rompues. C'étoit autrefois une ville célèbre &; très-
ornée , tant au-dehors qn'au dedans. Il y a au devant une
grande place , avec une belle fontaine au milieu , plantée
d'arbres toujours verds. Les murailles de la nouvelle ville
font beaucoup plus étroites que celles de l'ancienne qui
étoit grande & bien bâtie. Il n'y a plus aujourd'hui que dix
ou douze familles qui ont bien de la peine à vivre.L'avarice
desTurcs achevé de dépeupler ce lieu de même que presque
tous les autres qui font fous leur domination.
GEBONITIS , lieu de la Syrie , félon Jofeph , de Bello
• Juda'ic. I. 2 , c. 14, cité par Ortélius Thef.
GÈBRENI : on lit dans Dicris de Crète, à la fin du
cinquième livre : Fitque princeps amicitiœ ejus , Rex Ge~
brenorum Œnides. Ortélius doute s'il ne faut pas lire Ce-
brenorum.
GEBTHON ; le même que Gebbethon.
GÉCHAO , ville de la Chine , dans la province de
Channton, au département de Cincheu, quatrième mé-
tropole de la province. Elle eft plus orientale que Pékin
de 2 d. 4' , par les 3 5 d. 45 ' de latitude. * Atlas Si-
nenfis.
GEDANUM, nom latin de Dant^ig.
GEDANENSIS SINUS, nom que les Latins moder-
nes donnent au golfe de Dantzig.
GEDDA. Voyez Gioddah.
GEDERA : ces mots Gedera ,Gederot , Gederothaïm,
Gedor , Gadera , Gagera , Gaderoth , Gafer, Ga^eroth,
ne marquent qu'une même ville , félon D. Calmet.Voyez
Gader.
GEDNE , ville de l'Afrique proprement dite , félon
Ptolomée, /. 4, c 3.
GEDOR. Voyez Gedera.
GEDRANLT7E , ancien peuple de l'Arabie heureufe,
félon Pline , l. 6 , c. 28.
GEDROSIE , ( la ) grande province d'Afie. Ptolomée,
/. 6, c. 21 , la borne ainfi : elle avoit la Carmanie an
couchant ; la Drangiane & l'Arachofie au nord ; la par-
tie de l'Inde, qui eft le long de l'indus, la terminoit à
Forient,(k l'océan Indien au midi : ainfi elle s'étendoit affez
loin le long de cette mer , depuis la Carmanie jusqu'à l'In-
de , & avançoit beaucoup vers le nord. Les habitans ont été
nommés Gedroji & Gedrufi par Pline , /. 6 , c. 2.0 & 23.
Les Grecs ont dit répara &i"êiTp»V;e;,&:mêmeraJ>f-V/(».
Denys de Sicile dit par un K ktff mit. Suidas prend le
mot YLttyutsla. pour un nom de ville , faute d'avoir fu que
ce nom ne fignifioit que la Gédrofie pays. A l'imitation
de ces Grecs , Ammien a dit la Cédrojie , &. non la Gé-
drofie ; MM. de Valois ont bien vu qu'il n'y falloit rien
changer.
La Gédrofie avoit quelques fleuves : le principal eft
nommé diverfement Arbis , Arabius , Artabis &: Arta-
bius. Les peuples, qui en habitaient les bords,étoient nom-
més Arabiia. C'eft aujourd'hui l'Ilment, & De Mie
met à fon embouchure un lieu nommé Arabia. Pli
Içhthyophages avoient un pays de près de mille ftades ,
ou cent vingt-cinq milles ; cela fait en tout quatre cens
cinquante milles de côtes maritimes.
Les principaux lieux que Ptolomée range fur cette côte„
font la plupart des noms obscurs ; favoir ,
Rhapava ou Ragirava ,
Le Port des Femmes ,
Boyamba, ou Coyamba,
&: Rhizana.
Voici les peuples qu'il place dans la Gédrofie.
Vers la mer, les Abérites , ou Arabites.
Près de la Carmanie les Garsides.
Près de l'Arachofie, les Musarinéens.
Au cœur du pays , eft le canton nommé la Par-
DENE.
Au-deffbus , eft la Parisiene.
Et au voifinage de l'indus, IesRHAMNES.
Les villes & les villages de fe Gédrofie font, félon
Cuni ,
Badara ,
Mufarna,
Cottobara ,
Sosxetra , ou Soxljlra ,
Oscana ,
Eajis, ou Parfis, métropole,
Omifa,
Arbis , ville.
Les ifles adjacentes de la Gédrofie font,
Ajlhma, ouAJlkala,
Codane.
La Gédrofie eft préfentement le pays de Mekran, qui
en renferme la plus grande partie.
GEELMUYDEN, ou Geelmuyen, ouGelmui-
DEN, anciennement Manarmanis Portas , petite ville
des Pays-bas , dans l'Overiffel , au pays de Salland
entre Vollenhoven ck Hafîèlt, à une lieue de l'une & de
l'autre , & à pareille diftance de Campen, à l'embou-
chure du Wecht dans le Zuyderfée. Il y avoir autrefois
un. bon château, qui fut détruit dans les guerres civiles
de la République naiffante , contre les gouverneurs Espa-
gnols. * Mémoires communiqués.
GEERTRUYDENBERG. Voyez Gertruiden-
berg.
GEERVLIET, ci-devant petite ville , à préfent bourg
de moyenne grandeur, aux Pays-bas, dans la Hollande
méridionale , dans Me de Putten , à l'endroit où fe
joignoient autrefois le Wahal & la Meufe. La commo-
dité de (a fituation au confluent de deux grandes ri-
vières, Se le voifinage de la mer, donnent lieu de croire
que ce heu étoit fort confidérable : il y avoit une doua-
ne , où payoient toutes les barques. Ce bourg eft à une
lieue & demie de chemin ôt au fud-eft de la ville de
Briel. Le château de Geervliet eft préfentement la réfî-
dence du Ruaart de Putten ; c'étoit autrefois celle des
feigneurs de Putten & de Stryen. * Mémoires communi-
qués.
GEGENBACH, ville libre impériale d'Allemagne,
au cercle de Suabe , dans l'Ortenau. Zeyler , Suev.
met a ion embouchure un heu nomme Arabia. Pline, Descr.p. 33 , écrit Gengenbacfz, petite ville impériale
/. 6 , c. 23 , fait couler dans la Gédrofie une rivière qu'il dans le Mordnav , vis-à-vis du Rhin , à un mille d'Of
nomme le Nagre dont il eft le feul qui ait parlé, & fenbourg, fur le Kintzig , & à trois mille de Strasboun
qu'il dit avoir été navigable. Les peuples les" pi
marquables de la Gédrofie étoient les Arbies , Arbites ,
ou Arabites; les Ornes, &c les Içhthyophages , ou man-
geurs de poiffons. Arnen , in Indic. partage ainfi le pays
entre ces peuples , & nous apprend en même tems quelle
en etoit 1 étendue. Depuis l'embouchure de l'indus jus-
quà celle de l'Arbis , ou Arabius , les Arbies ou Ara-
bles occupoient environ mille ftades , ce qui répond à
cent vingt-cinq mille pas. Depuis cette rivière, les Orites
s'étendoient l'espace de feizeeens ftades, qui font deux
cens milles. De-là jusqu'aux frontières de Carmanie les
fenbourg , fur le Kintzig , tk à trois mille de Strasbourg.
Pirmin, évêque de Strasbourg, bâtit à Gegenbach, l'an
742 , un monaftere , où l'on n'admit que de la noblefle.
L'abbé obtint de l'empereur Rodolphe I, l'an 1278,
qu'aucun fujet ni vaffal ne pût appeller de fes jugemens.
Long. 25 d. 46'. Latit. 48 d. 28'.
GEGITANUS , liège épiscopal d'Afrique , dans la
Mauritanie Sitifenle. On trouve dans la Conférence de
Carthage , p. 267 , édit. Dupin , Quadratus Episcopus
Plebis Gegitanœ ; &i la Notice épiscopale d'Afrique , met
entre les évêques de la Mauritanie Sitifenfe , Conjlantius
Gegitanus.
GEH
GEH
69
de Ta
GÉHAN-ABAD. Voyez Dehli. fleuve n'efi noire, que parce quelle eft pleine de la
GÈHAN-NUMAI, palais d'Afie , clans l'Indouftan , à bourbe d'Egypte, dont le terroir eft noir, ce qui lui a
deux lieues de Dehli. * Hift. de Timur-Bec , l. 4, .'fait donner 1 épithete de p^^uMe , la Verfion de iaint
I7_ Jérôme, qui traduit trouble , peut fubfiftér , en prennant
' GE'rlAN - PÉNAH : c'eft l'une dés trois villes qui l'effet pour la caufe. Peut-être les Septante dans la mê-
me vue, avoient-ils écrit CS~a>ç, yÀ'm , t 'eau terreufe , l'eau
bourbeafe; ce qui a depuis dégénéré en v-aûi. Je ne l'as-
fure pas néanmoins , puisque quelques anciens interprètes
de la Verfion des Septante , ck les pères de Fégliié , qui
citent ce partage, lifent conftamment r«îy.
Depuis que le Nil a paffé pour le Géhon, les Egyp-
tiens , nation fort fuperftitieuf'e , l'ont fait descendre du
ciel , ck lui ont rendu toutes fortes de culte. Les Turcs ck
les Juifs ont adopté leurs fuperftitions. Homère qui
avoit voyagé , &C étudié en Egypte , y avoit pris cette
do&rine ; car il a appelle le Nil STn'i-n , c'eft-à-dire ,
venu de Jupiter. Mais presque tous les poètes attri-
compofent la ville de Dehli. * Hift.
I. 4, c. 20.
GÉHAVER , bourg d'Afie , dans la Perfe , au Courdis-
tan , dans une plaine de même nom. * Hift. de Timur-Bec,
L ■$, C. ZÇ).
GÉHENNA. Voyez l'article qui fuit.
GÉHENNON , ou Vallée d'Hennotî , ou Ge-
henna , ou Vallée des enfans dTïennon <a) ,
vallée de la Paleftine , joignant Jérulalem. Voyez 1 O-
1. GÉHON, (le) fleuve dont parle Moïfe dans la
Description, du paradis terreftre. Voici ce qu'il dit ,Ge- ^ _
nef. c. 2 , x„ 13 ; & le nom du fécond fleuve eft Gehon: iuant i>or;gme des rivières aux eaux du ciel, les appel-
c'eft celui qui tournoie dans toute la terre de Chus. i0;ent TaCi jes dieux. C'a été apparemment dans la vue
On fait que l'explication des quatre fleuves a partage d'attribuer au Nil quelque chofe de divin , que Nonnus
les favans. Ils ont extrêmement dispute fur le Phifon a feint ^ Ja demeure des Dieux dans le ciel eft au-
& fur le Géhcn. Huet a recueilli un grand nombre deflùs du Nl[_ Les Brachmanes en difent autant du Gan-
recuei
de ientimens différens dans fon Traité de la fituation
du paradis terreftre. Il a paffé , dit-il , chez les uns ,
pour le Gange , chez les autres , ck particulièrement
chez les Arabes , pour F Oxus. On l'a pris pour YJraxe,
pour le Nakar-Malca , qui eft un des canaux faits à la
main, qui joignent l'Euphrate au Tigre; pour le Na-
harfarés , qui eft le plus occidental de ces canaux ck
pour le torrent du même nom de Géhon , qui eft pro-
che de Jérufalem. Je paffe d'autres opinions, pourfuit
ce (avant , pour venir aux deux qui ont le plus de par-
tifans ; je veux dire celle qui foutient que Géhon eft
le Nil , ck celle qui foutient que c'eft le canal le plus
occidental des deux qui partagent le Tigre ck l'Euphrate fes anciens
ge , que les Egyptiens du Nil , ck ils l'appellent Ri-
vière Ciltfte , comme on a appelle le Nil Rivière venue
de Jupiter : ck les Mahometans pour la même railbn
attribuent la même origine à l'Oxus , qu'ils appellent
Géhon , au Tigre , ck à l'Euphrate. Ils l'attribuent auflï
au Jaxarte , qu'ils appellent Sichow ; dont je ne vois
point d'autre raifon que la proximité de ces fleuves,
Oc de leurs branches , qui font croire à ces peuples qu'ils
partaient d'une même fource , Si partant que l'un ne
pouvoit venir du ciel , fans que l'autre en vint auffi.
Peut-être ont -ils confondu ce Sichon avec un autre
fleuve du même nom , qui eft en Cilicie. C'eft celui que
géographes Grecs appellent Cydnus. Un au-
j oints enfemble. . . . tre fleuve de la même province, nommé Géhon, a con-
La première de ces opinions qui veut que Gehon toit tribué à leur errem._ c>eft ,e pyramus des ancjens ; il
le Nil eft de Jofeph, de la plupart des pères de IL- paffe par la viUe d'Adana dont j'ai parlé ci-devant. Le
glife , & d'une infinité d'interprètes de la fainte een- nom d'Adana eft le même que celui d'Eden. Il n'en a
ture. Les Abiffms même s'en flattent , & ne connoiflent pas fauu davantage , pour periuader à cette nation, que
aujourd'hui le Nil que fous le nom de Gichon , par une cet gden étoit le lieu où étoit fitué le paradis , ck que
erreur femblable à celle qui leur a fait dire que la reine ces fleuves en venoient. Abulféda , géographe Arabe, a
de Saba avoit régné dans leur pays , ck que leurs rois cru fauffement que ces deux rivières fe joignoient près
font fortis de Salomon ck d'elle, ck que Memnon d'Adana, & entroient conjointement dans la mer. D'ail-
étoit leur compatriote. Cette opinion s eft établie pre- jeurs ;[s av0;ent ouï parler d'une autre rivière de la
miérement fur le paflage de l'Eccléfiaftique , c. 24 , v. 3 5 même province, nommée Paradis; Pline l'a remar-
&Jeq. où il eft dit de Dieu qu'il emplit tout de fagefie , qué , &: quelques autres encore. Toutes ces idées con-
comme le Phifon ck comme le Tigre au renouveau ; mfeSj jointes à la grofîiereté des Mahometans, leur ont
qu'il remplit l'entendement comme l'Euphrate & corn- fait dire qiie la. rivière de Sichon venoit du ciel,
me le Jourdain, au tems de la moiffon ; qu'il fait briller L'ignorance de la vérité n'a pas feulement rendu
la doftrine , ainfi qu'une lumière , ck comme le Géhon commun le nom de Géhon entre le Nil ck l'Oxus; mais
au tems de la vendange. Comme on a cru que 1 auteur e[[e a encore rendu commune entre ces fleuves , une des
ayant commencé le dénombrement de ces fleuves par pius mémorables aventures qui foient arrivées fur le Nil;
l'orient , il falloit que le Phifon fût le Gange , on a cru je veux dire cene de Moïfe , lorsqu'il y fut expofé. Té-
auffi qu'il l'avoit fini par ^occident, ck partant quelle xff;ra en rapp0rte une pareille de Darab , roi de Perfe.
Géhon étoit le Nil. On s'eft perfuadé de plus que c'é- \\ d[t que ia re;ne fa mere mt forcée de l'expofer dans
toit le fentiment des Septante, parce que dans le fécond un berceau fur l'Oxus ; qu'il en rut retiré par un homme ,
chapitre de Jérémie , v. 18 , ils ont rendu le mot hé- qui t (iirpris de fa beauté , ck touché de fon infortune,
breu TirW Shichor par celui de Géon rWi\ . \t fit nourr;r par fa femme , ck qu'il parvint enfin à la
Ce paffage mérite quelque confidération. Dieu repro- royauté par fon mérite,
che aux Isrëalites qu'ils ont oublié la confiance qu'ils Je v;ens a l'autre opinion qui approche plus près de
lui doivent pour chercher l'appui des Egyptiens ck des ]a vérité, prenant pour le Géhon le canal le plus occi-
Affyriens. Que prétendez-vous , leur dit Dieu, prenant dental des deux que font le Tigre, ck l'Euphrate joints
le chemin d'Egypte pour aller boire l'eau du Nil? enfemble , lorsqu'ils fe féparent pour entrer dans la mer.
Les Septante ont traduit »<r«p yxtot l'eau de Géhon; Se C'eft le fentiment des docteurs de Louvain, deScaliger,
S. Jérôme , InJerem. c. 2 , &C Epift. 27 , l'eau trouble. De Emend. temp. lib. 5 , & de la plupart des interprètes
Shichor ne fignifie point proprement trouble : il lignifie modernes, qui tous en cela ont fuivi Calvin. Leur prin-
noir , & on a donné ce nom au Nil , parce que fes eaux cipale raifon eft la même qu'ils ont eue pour prendre le
font noires : les Egyptiens pour cette raifon le peignoient canal oriental pour le Phifon. Car ayant pofé cela, c'é-
de couleur noire fous la perfonhe d'Ofiris, ck les^ Grecs toit une conféquence de leur fyftême de dire que le
l'appelloient Mê*.«ç noir , ck les Latins Melo ; d'où quel- Géhon étoit le canal occidental. Ils ont eu encore une-
ques-uns veulent que fe foit formé le mot Nilus. Us autre railbn particulière , en prenant la province de Chus
fe trompent. Ce nom vient de celui de Nuchul, que lui que ce fleuve arroiè , pour l'Arabie , & n'en con-
donnoient ceux qui habitoient fur les bords , comme noiffant point d'autre de ce nom , que l'Arabie , & l'E-
nous l'enlèignent les géographes Mêla., 6k jEthicus. Nu- thiopie.
ckuleRh même chofe que l'hébreu TU , Nachal, qui Huet tâche de prouver qu'ils fe font abufés. Il pré-
fignifïe torrent , comme l'appellent fouvent les auteurs tend que le Géhon eft le canal oriental des deux qui
facrés, à caufe de fes inondations ordinaires, caufées divifent l'affemblage de l'Euphrate Se du Tigre. Or,
par les pluies. Comme de Nachal, ou Nuchul s'eft for- pourfuit-il, comme du fyftême de ceux qui prennent le
mé Nilus, ainfi de Shichor s'eft formé Siris ck Sirius , Phifon pour le canal oriental, il s'enfuit que le Géhon
qui font les noms du Nil. Cependant , comme l'eau de ce eft l'occidental ; il s'enfuit aufli du nôtre qui pofe le
yo
GEH
G EH
Phifon pour Je canal occidental & Chanlah, que le
Phif'on arrofe, pour la première province que Ion trouve
à l'occident de l'embouchure de lEuphrate; il s enfuit,
dis-je , de ce fyftême , que le Géhon eft le canal orien-
tal, & que la province que le Géhon parcourt, eft la
première province que l'on trouve à l'orient de 1 embou-
chure de l'Euphrate.
Ce canal partant de l'Euphrate , comme le Phifon ,
& tombant dans la même mer , eft fujet aux mêmes
accroiffemens , & aux mêmes débordemens, mais non
toutefois fi grands , parce que les rives ne font pas fi
.baffes. Ces débordemens lui ont fait donner le nom de
Géhon , ou , comme l'écrivent & le prononcent les Hé-
breux, Gichon, du verbe H1J Gouach , qui lignifie s'é-
couler. Ce petit courant d'eau , qui étoit proche de Jéru-
falem , a eu le même nom , pour la même caufe , parce
qu'il arrofoit . les jardins voifins. On l'appelloit autre-
ment Siloé , TVf?&. L'Evangile , ( Job. 9 , 7 , ) expofe ce
mot par celui d'*Vt«r*A/«W > HW Schaluach, c eftr
:à-dire , envoyé, échappe, détourné, conduit pour arro-
fer les terres. De -la vient que lorsque que le para-
phrafte Jonathan a trouvé le mot Géhon dans le texte
hébreu du premier Livre des Rois , il l'a traduit par le
mot Si/a. Je ne m'amuferai point à rapporter toutes les
autres étymologies de ce mot , que les pères , les inter-
prètes , tk. les rabbins ont imaginées. Je m'arrêterai feu-
lement à celle que propofe Jofeph. Il explique Géhon ,
iiv «V T»s ùvcno?S\ç waS-iïliJui'iw , qui eft produit , qui
■s'écoule de l'Orient. Il ajoute que c'eft le Nil , fuivant
l'erreur des anciens qui confondoient les Indes & l'Ethio-
pie, &les croyoient, ainfiquelafourceduNil, à l'orient
de l'Egypte. lia fait voiren cet endroit , comme en beau-
coup d'autres , que pour être Juif, il n'en étoit pas plus
favant en hébreu. Car il dérive le mot rea>, du verbe
!"!J3 , qui lignifie luire , éclater , d'où vient H3J Nogah ,
Lucifer , l'étoile du matin tk HM Noghi , la lumière
du jour, tk MU Giah, l'éclat, la fplendeur , &c le Sy-
riaque KfUO Magaha , l'aurore , le matin. Et de TVi
Giah, Jofeph a cru que fe formoit le mot pn>3 Gihon,
ne fâchant pas que le mot hébreu eft |inU Gichon, tk
non pas ?inU Gihon ; ou s'il le favoit , ne fâchant
pas que pnU Gichon a une origine plus naturelle , &
moins forcée. Quoi qu'il en foit , fi cette origine a lieu ,
elle confirmera mon opinion , & marquera la fituation
de ce canal , du côté du levant , à l'égard du Phi-
fon , qui eft du côté de Ponent. * Jofeph , Antiq.
1. 1 , c. 2.
J'ai déjà dit que Moïfe a moins appofé de marques
au Géhon qu'au Phifon, parce que ce dernier étant
connu, la fituation feule des autres fuffifoit pour les
faire connoître. Car le Phifon fe rencontrant le premier
à l'égard de l'Arabie pierreufe , où Moïfe écrivoit , le
fécond, qui étoit le Géhon , ne pouvoit être autre que
celui que l'on trouvoit enfuite , favoir , le canal oriental
des deux qui divifent l'Euphrate ; car de l'aller chercher
plus loin , c'eût été contrevenir aux paroles de Moïfe ,
qui marquent expreffément que ce fleuve étoit joint aux
trois autres dans le paradis. On en étoit fi perfuadé ,
que rien, à mon avis, n'a plus contribué à faire croire
que le Nil fortoit de l'Euphrate , comme Paufanias tk
Philoftrate nous affurent qu'on le croyoit , que l'opinion
où l'on étoit que le Géhon étoit le Nil , tk que d'ail-
leurs il paffoit pour confiant que le Géhon étoit un
bras de l'Euphrate. Peut-être le Géhon auroit-il été plus
reconnoiffable par les >eftiges de fon nom , fi la pos-
térité les avoit confervés ; mais il eft demeuré obscurci
fous les noms de Phifon & de Pafitigre , qui fe font
étendus, &c l'ont enveloppé , comme je l'ai montré.
C'eft ainfi que ce favant évêque, prévenu que le para-
dis terreftre étoit auprès du Tigre tk de l'Euphrate , cher-
choit le Géhon dans un des bras de ces deux fleuves , unis
dans un même lit.
Le Clerc perfuadé , au contraire , que le paradis terres-
tre étoit vers la fource du Jourdain , croit que le Géhon
eft l'Oronte dont la fource n'eft pas fort éloignée de
celle du Jourdain ; & par la terre de Chus que le Géhon
arrofoit , il entend la Cafilotide. Il trouve dans le mot
Chus l'origine du nom de Cafius ou Cafïius. Ce qui fa-
vorife ma conjecture , dit - il , c'eft l'ancien nom du
fleuve Oronte, que les Grecs ont appelle pl%M&ft,t, parce
que fon cours eft très-rapide , lorsqu'il fort de fa fource
& lorsqu'après avoir coulé fous terre , il recommence
à paroître ; ce qui eft parfaitement exprimé par le nom
de p>i dérivé de niJ. Le Clerc trouve cette conjecture
plus fiiffifante que celle de Bochart, tk que les autres qu'il
avoit fans doute examinées.
Le P. Hardouin a un fentiment particulier. Il donne
un fens nouveau à ces paroles du texte latin : Et flu-
vius egrediebatur de loco voluptatis ad irrigandum pa-
radifum : qui indh dividhur in quatuor capita. C eft-
à-dire|il fortoit de ce lieu de délices un fleuve pour arro-
fer le paradis , qui de-là fe divife en quatre têtes , ou
fources. Il trouve , avec raifon , qu'il n'eft pas commode
de fuppofer que les quatre fleuves , favoir , le Phifon ,
le Géhon, le Tigre &c l'Euphrate fuffent autant de bran-
ches dérivées du fleuve qui fortoit du lieu de délices.
De Saci a mal rendu ces mots in quatuor capita par
ceux-ci en quatre canaux : il n'eft point queftion là de
canaux , mais des fources des quatre fleuves qui font
nommés enfuite. Or comment peut-on diré^me ces qua-^
tre fources fi éloignées l'une de l'autre , étoient des di-
vifions d'un fèul fleuve ? Avoir recours , comme quelques
interprètes l'ont risqué , à des communications fouterrai-
nes, c'eft embarraffer la queftion fans nécefïïté. La dif-
ficulté disparaît, quand, avec le P. Hardouin, on rap-
porte ces mots qui eft divifé , ou qui ejl partagé , non
pas au fleuve duquel il ne s'agit plus , mais au paradis.
C'eft comme fi Moïfe eut dit : tk de ce lieu de délices
fortoit un fleuve pour arrofer le paradis , dont la beauté
ne fubfifte plus entièrement ; mais on en voit encore
des reftes autour des fources des quare fleuves, favoir,
tkc. On peut voir fon fentiment entier dans fa differta-
tion fur la fituation du paradis terreftre, imprimée en
latin après le VI livre de Pline , clans l'édition in-fol.
tk en françois au premier tome des Traités hiftoriques
Se géographiques pour faciliter l'intelligence de l'écriture
fainte , imprimés à la Haye en l'année 1730.
Comme il place le paradis terreftre au haut du Jour-
dain, il croit que Moïfe a nommé quatre fleuves voi-
fins du paradis terreftre. Le Tigre & l'Euphrate font
connus. Ce père croit que le Géhon eft \eflumen fal-
fum de Pline , tk que le Phifon eft YAchana du même
auteur. Sur ce qu'il eft dit que le Gehon coule autour
de tout le pays d'Ethiopie , on fait voir que ce ne peut
être l'Ethiopie proprement dite que les Juifs ne connois-
foient pas , mais une autre Ethiopie qui étoit dans l'A-
rabie , tk la même que la terre de Madian. Abacuc ,
c. 3 , v. 7 , dit : Pro iniquitate vidi tentoria Ethiopien :
Turbabuntur pelles terra. Madian. La féconde femme de
Moïfe eft nommée Ethiopienne , en hébreu Chufith ,
fittO; & au livre fécond des Paralipoménes , c. 21,
v. 16 , on lit que Dieu fuscita contre Joram l'esprit des
Philiftins tk des Arabes qui habitent près des Ethio-
piens. Ces quatre fleuves pouvoient être facilement con-
nus des Israélites à qui Moïfe parloit. Ils étoient à une
diftance à-peu-près égale du lieu où il écrivoit la Ge-
nèfe ; de façon que , par rapport à ce même endroit ,
félon le P. Hardouin, le Tigre & l'Euphrate étoient
placés au feptentrion , le Phifon & le Géhon au midi.
Moïfe , dit-il , fait ici mention de ces quatre fleuves ,
parce qu'il vouloit apprendre aux Israélites que cette terre,
oùillesconduifoit, avoit été autrefois le lieu du paradis ,
comme elle l'étoit encore dans le tems qu'il écrivoit , 8c
qu'aucune autre contrée ue lui pouvoit être comparée ,
foit qn'on fe tournât du côté du midi , où le Géhon &C
le Phifon arrofent l'Arabie heureufe , foit que l'on fe
tournât du côté du feptentrion , où font les fources de
l'Euphrate tk du Tigre , puisqu' aucune de ces contrées
n'avoit en elle-même que la quatrième partie de la beauté
qui fe trouvoit ramaffée dans le lieu de délices & dans le
paradis , c'eft-à-dire dans cette partie de la Terre-fainte ;
& fi ce n'eût nas été là l'intention de Moïfe, il foi-
droit dire qu'il ne convenoit pas plus de faire mention ,
dans cet endroit , du Tigre & de l'Euphrate , & des au-
tres fleuves, que du Rhin &C de la' Seine. Mais il en fait
mention, parce que les Israélites favoient parfaitement
qu'on leur parloit de pays très- agréables , en leur indi-
quant les contrées arrofées par les commencemens de ces
quatre fleuves.
Si je me fuis un peu étendu fur ce fleuve , c'eft que
j'ai cru que la matière étoit affez importante pour devoir
être examinée , & affez obscure pour ne devoir pas
CEI
CEL
choifir de moi - même entre ce grand nombre de con-
jectures. J'avoue pourtant que celle du P. Hardouin a de
très-grands avantages , qu'elle eft très-vraifemblable , êk
que fon explication fauve de mille difficultés géographi-
ques dont il n'eft pas aile de fe tirer, en fuivant l'inter-
prétation ordinaire.
2. GEHON. (le) on a vu dans ce que j'ai cité de
Huet dans l'article précédent , que les Arabes appellent
Gehon , l'Oxus des anciens. D'Herbelot écrit Gihon ,
ck le décrit fous le nom à'Amou. Voyez Oxus.
3. GEHON : (le) le même Huet met dans la Cili-
cie un fleuve nommé Gehon; c'eft , dit-il , le Pyramus
des anciens : il pafle par la ville d'Adana. Le nom cYA-
dana eft le même que celui d'Eden. Il n'en a pas fallu
davantage pour perfuader à cette nation , que cet Eden
étoit le lieu où étoit fitué le paradis. Il rapporte enfuife
l'opinion d'AbuIteda, géographe Arabe ,part. 5 , climat. 4,
p. 196. Jetrpuve dans le géographe El-Èdrifli , que la ville
de Maflifla fituée à XL mille pas de Scanderons , a été
nommée par les Grecs Mameflera. Elle eft , dir-il , par-
tagée en deux villes fttuées fur les deux bords de la ri-
vière de Gihan. Cette rivière de Gihan tire fa fource
du pays des Romœens, arrofe d'abord Maflifla, enfuite
le territoire de la forterefle d'Almolauan , ck enfin fe
décharge dans la Méditerranée. La ville de MaJJîffa eft
apparemment la même que Mécis de Paul Lucas , & par
conféquentle Gihan , ou Gehon du géographe El-Edrifli ;
ck c'eft par conféquent le Ckagan différent de la rivière
d'Adana qui eft le Choquen , ck c'eft ce dernier qui eft le
Pyrame des anciens.
Le Choquen n'eft pas le Pyramus des anciens qui ont
connu fur cette côte trois rivières , favoir le Cydnus , ie
Sarus , ck le Pyramus. La première , qui arrofoit la ville
de Torfe, fe nomme, félon Paul Lucas, Meribafa, ou
Sinduos. On fait que le Pyramus eft appelle aujourd'hui
Malmifira. Nous ne connoiflbns , entre Malmiftra ck Me-
ribafa , que la rivière de Choquen , qui doit être le Sarus
des anciens.
4. GEHON, ou Gihon , fontaine de la Paleftine , au-
près de Jérufalem. Voyez GlHON.
GEHOUAL , bourg d'Afie , dans l'Indouftan , entre
Lahor ck Dipalpour , au midi du fleuve Biah. * Hijl. de
Timur-Bec , l. 4 , c. 1 3 .
_ GEHROM, ville d'Afie, dans la Perfe, dans la pro-
vince de Fars. Les géographes Arabes lui donnent 89 d.
de longitude , ck 28 d. 30' de latitude.
GEHUD, ville d'Afie , dans l'Indouftan, ck dans la
province de Halabafs , fur la rive gauche du Send , au
fud-eft d'Agra. Longitude 95 d. 15'. Latitude 24 d. 56'.
* Thevenot , Voyage des Indes. Robert Atlas.
GEILDORFF, Gaildorff, ou Geylendorff , petite
ville d'Allemagne , dans la Suabe , avec un château,à trois
milles de Schondorff, ck à trois heures de chemin au midi
de Hall en Suabe, près de la rivière deKocher. Il n'y a
qu'une églife , où prêchent deux miniftres de la Confes-
fion d'Augsbourg. Le château eft tout auprès , ck dans la
ville ; il eft beau ck aflez grand pour loger deux cours ;
mais il n'a point de fortie vers la campagne. Près de la
ville , commence un vignoble, dont le vin eft mince 6k
aigre. La ville appartient aux feigneurs de Limpurg.
* Zeyler, Suev. Topogr. p. 33. Long, 27 d. 24'. Latit.
48 d. 57'.
GEIRAN - CAMICH, c'eft-à-dire les Rofeaux des
Daims, ville d'Afie, dans le Capchac , à quinze jours
ck quinze nuits de marche, en partant de Kech. Timur-
Bec la furprit 6k la pilla. * Hijloire dt Timur-Bec ,
l.T.,c,tf.
GEISA. Voyez Geiss.
GEISENFELD , ou Geyfenfeld , bourg d'Allemagne ,
dans la haute Bavière , dans le bailliage de Pfaffenho-
ven , au département de Munich , fur la rivière d'Ilm ,
entre Pfafenhofen au midi , ck le Danube au nord. Quel-
ques-uns croient que c'eft l'ancienne Vallatum. Il y a uu
monaftere de filles , 6k une riche abbaye de l'ordre de
S. Benoit. *Zey/er,Bavar. Topogr. p. 76. Long. 29 d. 12'.
Latit. 48 d. 40.
GEISENHAUSEN , bourg d'Allemagne , en Bavière,
a deux ou trois milles de Landshut , fck fous le dépar-
tement ; il a fa juftice particulière.
GEISLINGÉN, ouGeylengen, petite ville impériale
dans la Suabe, fur le {Cocher, au-deflbus de Hall. Elle
prend fon nom du château de Gtyfelflein, qui étoit an^
ciennement fur la hauteur pleine de roches , qui en con-
ferve encore le nom , 6k qui eft fur la gauche , quand on
vient d'Ulm. On ne fait ni qui l'avoit bâti , ni par qui
il tut détruit. Geidingen eft une jolie ville aflez bien bâtie.
Quelques-uns la mettent dans le Filfz-Thal. Dans le voi-
fmage eft le bourg d'Altenftatt , que Crufius croit avoir
fait autrefois partie de la ville de Geiflingen , ce qui
n eft pas vraifemblable ; car ce bourg n'appartenoit pas
ci-devant aux comtes de Helfenftein , propriétaires de
Geiflingen , mais aux comtes de Spitzenberg , dont un
eft encore dépeint avec fes armes dans une chapelle , à
Altenftatt. Geiflingen a quatre portes ck deux églifes ,
dont une , favoir la paroiffe , eft dédiée à Notre-Dame ,
l'autre s'appelle l'églife de l'hôpital. A environ une heure
de chemin de la ville, eft le village à'Uberkingen , où
font des eaux minérales que l'on boit, ck dont on fe
fert aufli pour les bains. Longitude 27 d. 18'. Latitude
49 d. 8'.
GEISMAR, petite ville d'Allemagne, au landgraviat
de Hefie-Caflel. Zeyler, Haffiœ, Topogr. p. 40, écrit
Geifmar, Hove-Gismar , ou Hoff-GeiJ'mar ; peut-être,
ajoûte-t-il, eft-ce pour la diftinguer du village de Geiff-
mar qui eft près de Franckenberg. Lupus Servatus , dans
l'Hiftoire de S. Wigbert , abbé de Frietzlar, nomme Geis-
mar Villa Geismari. L'an 724, S. Boniface y vint ,
ck y renverfa un arbre prodigieufement gros que les
payens adoroient pour Jupiter ; ck il bâtit à la place
une chapelle fous l'invocation de S. Pierre.
Le nombre des habitans s'accrut chaque année ; ck ce
lieu, qui n'étoit qu'un village , devint un bourg. La cha-
pelle fut augmentée , ck l'on en fit une grande églife.
Geismar eft préfentement une ville de la bafle Hefle ,
ck le chef-lieu d'un bailliage. On y voit encore des mu-
railles qui enfermoient une petite ville nommée Nord-
Geismar, ou la Geismar feptmtrionale. Il y a eu aufli
un château nommé Schonberg , qui fut démoli en 1590
ôc 1591 , ck dont les matériaux ont été portés à Saba-
bourg. Ce château étoit la réfidence de la maifon de
Schonenberg,^ dont la feigneurie étoit formée des envi-
rons de ce château.
GEISMEER , félon Corneille ', ville des Indes , dans
le pay5 des Hendowns , à vingt-huit lieues de Tourry
a un château très-fort , gardé par trente grofles pièces de
canon. Il cite enfuite Davity , Etats du grand Mogol.
Davity, Afie, p. 519 , écrit Gifeemer. C'eft la même
chofe que Jeffelmere. Voyez ce mot.
GEISS, ou Geifa, ville d'Allemagne, dans l'État de
l'abbé de Fulde, près de l'Ulfter, fur une hauteur. Louis
landgrave de Hefle , la prit en 1467. Elle a aufli beaucoup
fouffert durant les guerres civiles d'Allemagne. * Zeyler,
Hafliœ 1 opogr. p. 40.
GELA, ou Gella , petite ville de Sicile , félon Etienne
le géographe , ainfi appellée de la rivière Gelas qui l'ar-
rofoit. Virgile , Alneid. I. 3 , y. 70 , dit dans le même
fens :
Immanisque Gelafluvii cognomint dicta.
ck Silius, /. 14, v. 219, qui le copie presque tou-
jours , dit :
Venu ab amne trahens nomen Gela,
Le nom moderne de la Gelas eft Fiume di Terra-"
Nova. Pline , 1. 3 , c. 8, dit : Oppidum Camarina flu-
vius Gelas, Oppidum Acragas. A la droite de fon em-
bouchure dans la mer, il y a une ville nommée Terra-
Nova, qui, fans doute, eft l'ancienne Gela. C'étoit une
belle ville , grande ck puiflante; c'eft pourquoi Virsile la
nomme Immanis. Les habitans font nommés Geloi ,
TtXuzi , par Thucydide , /. 6 , Itin. Cicéron , Frument,
c. 43 , les nomme Gelenses. Virgile , ALneïd. /. 3 ,
v. 701 , en nomme le territoire , à la manière des Grecs i
Apparet Camerina procul , Campique Geloi.
GELACA. Voyez Selga.
GELjE, peuple d'Afie ; Pline, 1. 6 , c. \6 , dit que
les Grecs les appelloient Cadufiens. Gela quos Graci Ca-
dufios appellavere. Caftald croit que ce font les peuples
7*
GEL
GEL
du GlLAN. Mais le P. Hardouin prétend que les Cadu-
fiens ici nommés , font différens de ceux qui étoient
voifins de l'Albanie ; qu'ils font dans la Sogdiane , au-
delà de la mer Caspienne , & furnommés Gela. Ptolo-
mée ,1. 6, ci, met un peuple nommé Geloi reTiao'i,
&c des Cadufiens dans la Médie. Il paroît que ce font les
mêmes que les Gela de Pline. Denys le Périégete,v. 1019,
v. 941 , met auffi dans la partie feptentrionale de la
Médie les Gelés & les Mardes rs.vw n M«f<f«» n. Priscien
l'exprime par Geli & Mardi.
GELjEI. Cédrene nomme ainfi une nation , chez la-
quelle les femmes commandoient à leurs maris. Glycas
la nomme Agilei. Ortel. * Thefaur.
GELAGIENSIS : les manufcrits de Vibius Sequefter
varient : quelques-uns portent GELAGIENSIS, Gela-
GIENSUS , & GELAGENSUS : toutes ces diverfes leçons
font également mauvaifes. Voyez Genusus. C'eft le nom
propre de cette rivière qui fépare Dyrrachium d'Apol-
îonie.
GELALI , défert d'Ane, dans la Tartarie , entre la
montagne de Joud , & le fleuve Indus. On le nomme
auffi défert de Gérou. * Hijloire de Timur-Bec , /. 4 ,
t. 32.
GEL ANUS , ville de la Lybie intérieure , félon Pto-
lomée, 1. 4, c. 6 , qui la place vers la fourcedu Cinyphe.
GELAS, rivière de Sicile, fur la côte méridionale de
Sicile. Voyez Gela.
GELAS1UM PHILOSOPHIANiE : quelques exem-
plaires d'Antonin nomment ainfi un lieu de la Sicile.
D'autres portent Gela five Fivofofianis. Simler lit Gela,
five Philofophiana ; Zurita Selam,fiye Sophianas; l'e-
xemplaire du Vatican , Gelajîum Philofophianis ; l'édi-
tion des Aides & celle de Juntes y font conformes.
Quoi qu'il en foit , ce lieu étoit entre Sapitonïana &
Petiliana,k xx mille pas de la première, ck à XXVIII mille
pas de la féconde.
GELBE. Voyez Gerbes.
GELBIS : Aufone nomme ainfi une des rivières qui fe
jettent dans la Mofelle ;
Te rapidus Gelbis , te marmore clarus Erubrus
Fejlinant famulis quàm primiim adlambere lymphis:
Nobilibus Gelbis celebratur piscibus.
C'eft aujourd'hui la Kylb , félon Cellarius. Elle coule
à Gerolftein , &c à Kylbourg , qui en prend le nom.
Baudrand écrit KlLL.
GELBOË , montagne de la Paleftine. Elle eft célèbre
par la défaite & par la mort du roi Saiil , &t de fon fils
Jonathas, ( Reg. I. 1, c. 31.) Eufebe Se S. Jérôme
nous apprennent que cette montagne étoit à fix milles de
Bethfan , autrement Scythopolis , & qu'on y voyoit en-
core un gros lieu nommé Gelbus. Guillaume de Tyr ,
/. 22 , c. 26 , dit qu'au pied du mont Gelboé , il y aune
fource qui coule près de la ville de Jezraël. David,
dans le Cantique lugubre qu'il fit en l'honneur de Saiil
&; de Jonathas , infinue que cette montagne étoit fer-
tile. Monts de Geliboé , que ni la rofée ni la pluie ne
tombent jamais fur vous, & qu'on n'y voie jamais de:
champ qui prbduife des prémices , puisque fur vous a été
jette le bouclier de Saiil, &c. ( Reg. I. 2 , c. 1 , v. 6. )
On dit qu'aujourd'hui ces montagnes fontfeches & ftéri-
les.*Z>. Calmet, Dift.
GELBUS , bourg de la Paleftine , au pied du mont
Gelboé , à fix milles de Scythopolis. Eufebe & S. Jé-
rôme en font mention.
GELDA , ancienne ville d'Afie , dans l'Albanie , entre
l'embouchure du fleuve Gherrus , & du fleuve Cafius ,
dans la mer Caspienne , félon Ptolomée, 1. 5, c. 12.
GELDENACUM ; quelques-uns nomment ainfi Ju-
DOIGNE en latin.
GELDRIA , nom latin de la ville &c de la province
que nous appelions Gueldrc en françois.Voyez Gueldre.
1 . GELDUBA, fortereffe de la Belgique , fur le Rhin ,
à l'extrémité du pays des Ubiens. Tacite en parle au
quatrième livre de fes Hiftoires , c. 26. La treizième lé-
gion, dit-il, fe joignit à ceux qui étoient entrés dans
la place de Nuys ( Novefium. ) Herennius Gallus futaflb-
cié à Vocula pour partager fes foins ; comme ils n'o-
ferent s'avancer jusqu'à l'ennemi , ils campèrent en un
lieu nommé Gelduba. Il dit ailleurs; la nouvelle en étant
venue au camp qui étoit à Gelduba , &c. Et plus loin ;
les 'cohortes marchèrent jusqu'à Gelduba. Pline fait en-
tendre que Gelduba étoit une forterefle. Tibère , dit-il ,
mit le chervi en réputation , par le foin qu'il avoit d'en
faire venir tous les ans d'Allemagne. On trouve le meil-
leur à Gelduba forterefle fur le Rhin : on voit par-là , que
Gelduba étoit une forterefle au bord du Rhin. Anto-
nin nous apprend qu'elle étoit à neuf lieues de No'vefium.
Novejium, Leg. v.
Geldubam , Leg. IX.
Calonem, Leg. IX.
Cette diftance convient au village de Gelb , qui eft
dans l'éleftorat de Cologne , au-deflbus de Nuys, &C au-
deflus d'Ordinghen.
2. GELDUBA , ancienne ville de Thrace. Il en eft
parlé dans le Martyrologe d'Ufuard, ad XIII. Cal. Ja-
nuar.
GELES , les Gelés & les Leges, peuples de l'Afie.
Plutarque , dans la Vie de Pompée , t. 5 , p. 457 , de la
Traducl. de Dacier , dit : on rapporte que les Amazones
descendirent des montagnes qui font près du fleuve
Thermodon & combattirent pour ces Barbares Elles
habitent la partie du Caucafe , qui aboutit à la mer
d'Hyrcanie , & elles ne font pas limitrophes des Alba-
nois ; car elles en font féparées par les Gelés Se les Le-
ges , avec lesquels elles vont paffer deux mois , toutes les
années fur les bords du Thermodon , après quoi elles
fe retirent dans leur pays , où elles vivent à part , fans
homme. Les Leges & les Gelés étoient des peuples de
Scythie. Strabon, 1. 11 , p. 503 , dit : Theophane, qui
avoit fuivi l'armée de Pompée , en Albanie , rapporte
que les Gelés &c les Leges, peuples Scythes , habitoient
entre les Amazones & les Âlbanois. A l'égard de leur
commerce avec les Amazones, on peut voir l'article
Gargares & GeLjE.
GELESITANA , félon Ortélius , fiége épiscopal d'A-
frique. S. Auguftin en fait mention dans fa 162e lettre.
Je n'en trouve aucune trace dans les Notices.
GELISE, (la) rivière de France, dans la Guienne.
Elle a fa fource dans l'Armagnac , auprès de Loupiac ,
coule vers le nord, & enfui te vers le nord-oueft , 6c entre
dans l'Eaufan. Près d'Eaufe, elle fe replie vers le nord,
puis au nord-eft; au fortir de l'Eaufan , elle reçoit Hau-
te , qui borde cette contrée à l'orient ; auprès de Pon-
dénas , elle fe charge du Laufon , puis de la Lofie à Au-
diran , & enfin fe mêle avec la Baife à Lavardac. * De
l'Ifle , Atlas.
1 . GELL A , ancienne ville de l'Espagne Tarragonoife ,
au pays des Vaccéens. Zurita croit que c'eft la même que
Tela de l'Itinéraire d'Antonin.
2. GELLA. Voyez Gela.
GELLjE , peuple d'Afie , dans l'Albanie , félon Zo-
nare, /. 2. Seroit-ce le même peuple que les Gelés de
Plutarque ?
GELEENSES , habitans de Gella , ou de' Gela.
GELHEIM. Baudrand, édit. 1705 , dit Geelheim,
ouGellinheim, village d'Allemagne, au Palatinat du
Rhin , au pied de la montagne de.Ûonesberg; c'eft où
l'empereur Adolphe de Naflau fut tué par Albert d'Au-
triche, fon compétiteur, qui lui fuccéda, l'an 1298. Heifs
dit que ce combat fe donna entre GEINHEIM , & le
Cloître de Rofendal. La plupart des hiftoriens difent que
ce fut auprès de Spire.
GELLI; Mammertin, dans le Panégyrique de Maxi-
mien , fait mention de ce peuple , mais fans marquer fa
fituation. * Ortel. Thef.
GELLUS, torrent d'Italie. Voyez Vergellus.
GELMON , Gelon , ou Gilon , ville de Juda , lieu
de la naiffance d'Achitophel. * D. Calmet, Dift. Jofeph ,
Antiq. /. 5. Reg. I. 2 , c. 23 , v. 34.
GELNHAUSEN, Geilnhausen, ville impériale
d'Allemagne. Elle eft dans la Wétéravie , à une journée
de Fulde ; cependant on la met dans le cercle du bas
Rhin. La rivière de Kintz , ou KlNTZlG , qui vient
du monaftere de Schluchter baigne cette ville. Elle patte
auffi à Steinav, à Saalmunfter, à Hanaw, St à Keftat,
où elle fe perd dans le Me'm. Gelnhaufen eft auprès
d'une montagne , joignant la forêt de Speflart. Elle a
des vignobles , des vergers , de belles églifes , & des
monafteres.
GEM
GEM
monafleres. Le château a été bâti par l'empereur Fré-
déric I. On le nomme die Bur'd; il eft féparé de la
•ville. L'an 1401, elle fut comptée entre les autres villes
impériales à la diète de Nuremberg. A un mille de
cette -ville , fur une haute montagne , eft le château de
ROKNEiiOURG , autrefois réfidence des comtes d'I-
fénbourg, à qui il appartenoit. * Zeyler , Haftias, &CC
Il
Topogr.
""..(les
GELON. Voyez GelMon.
;EL0FES. (les) Voyez Jalofes.
GELON , fontaine de l'Âne mineure, dans la
Phrygie , allez près de la ville des Célene's, félon Pline ,
/. 3 1 , c. 2. Voici le paffage qui eft remarquable : à peu
de diftance de la vilie des Cé'enes , il y a deux fon-
taines nommées Cljeon ck Gelon , à caufe des effets
marqués par ces noms grecs. Dans cette langue KAoi «y
{\gri\he pleurer , &Cli^îvrire. La première fontaine nom-
mée Clœon faifoit pleurer, & la féconde nommée Gelon,
faifoit rire. Tel eft le fens de Pline, qui feroittrès-obfcur,
fi ces deux noms n'étoient pas expliqués.
GELONIUM Stagnum , étang de Sicile. Son odeur
étoit fi mauvaife qu'elle chaflbit ceux qui en vouloient
approcher. C'eft ce que dit Solin , c. 5 , éd. Salmaf. Or-
télius Th'.f. & Saumaife, In Solin. p. 126, croient qu'il
prenoit ce nom de la ville de Gela.
GELONS , (les ) Geloni, ancien peuple de la Sar-
matie , vers le Boryfthene , félon Pline , /. 4 , c . 12. Ils
étoient Grecs d'origine , Herodot, A4, c. 108 , & voi-
fins des Budins , &des Agathyrfes, mêlés avec lesBudins,
originaires de la Sarmatie ; ils fe confondirent fi bien en-
femble, que la ville des Budins, qui étoit bâtie de bois
fut nommée GELONUS. Ces deux peuples avoient cepen-
dant un langage particulier , comme le remarque Héro-
dote. Ils prirent quelques manières des Barbares ; entre
autres , la coutume de fe peindre le corps, Virgile ,
Georg. I. 2 , v. 115, dit :
Eoasque domos Arabum piclosque Gelonos.
Servius entend par cette peinture des cicatrices qu'ils fe fai-
foient fur la peau : ce qui s'accorde avec ce que dit Clau-
dien, In Rujin. I. 1 , v. 315.
Membraque qui firro gaudel pinxijfe Gelonus.
GELONUM , ville de la Sannatie , en Europe , fé-
lon Etienne le géographe : Ortélius la croit différente de
Gelonus , ville des Budins, laquelle étoit bâtie de bois,
au rapport d'Hérodote. Vovez Gelons.
GELOS, port de mer d'Afie, dans la Carie, félon
Pline , cité pir Ortéims , Thef.
GELUCHALAT . félon Kaudrand , éd. 1705 , ma-
rais ou lac de l'Arménie , vers les frontières de la Géor-
gie : il eft affez étendu , comme un grand lac où il entre
quatre rivières : on dit qu'il a plus de trois journées de
circuit. Voyez Actamar.
GELVES. Voyez Gerbes.
GELYS, peuple ancien dont parle Afînius Quadra-
tus, au rapport d'E.ieune le géographe.
GEM A A , petite vilie d'Afrique, dans le royaume
de Fez. Ptolomée lui donne le nom de Gontiane, la
met à 7 d. 3.0' de long. & à 34 d. 30' de latit. Elle eft
fituée au pied de la montagne de larhon , & a été bâtie
par les anciens Africains, fur un tertre qui eft affez re-
levé; elle eft fortifiée par l'art & la nature. Elle étoit
habitée par des voleurs , dont on ne put jamais arrêter
les brigandages , ce qui engagea Abufaid, pénultième
roi des Bénimérinis , à la détruire : elle n'a point été re-
peuplée depuis : tout le pays d'alentour eft habité par de
pauvres Arabes, qui vivent de bridandage. * Ma.rm.ol,
t. 2, 1. 4,c. 33.
GEMAA-EL-CAR.VAX, petite ville du royaume de
Fez , dans la province d'Asgar. Elle a été bâtie par Ja-
cob, roi des Bénimérinis, fur le bord d'une rivière
nommée Huet Erguilo. , &c dans une phine fur le grand
chemin de Fez à Larache. Elle étoit riche , fort peuplée
du tems de ce prince, & fous le régne de fes lùcces-
feuns; mais ayant été détruite dans les guerres de Siyd,
elle ne s'eft point repeuplée depuis : les Arabes d'Ibni-
Mélic-Sofian poffédent le pays qui eft aux environs, &
ferrent leurs bleds dans des caves de la ville : il les
portent fnoudre à deux mot-lins qui font fur la rivière
d'Huet-Erguila, qui entre dans une autre que l'on ap-
pelle Gorgor, qui fe décharge dans celle d'Omm.ribi ,
& toutes enfemble fe rendent dans l'Océan , près de la
ville d'Azamor. * Marmot, t. 2 , 1. 4 , c. 39.
GEMAA-EL-HAMEM , félon Corneille , Ditt. tiré
de Marmol , 1. 4, c. 19, ville ancienne d'Afrique , dans
la province de Fez propre , fur le grand chemin dé
Tedla à Fez. Les hiftoriens du pays diient qu'Abdulmu-
men , roi des Almohades , la fit bâtir à cinq lieues de
Miquenez , dans une grande plaine où il y a un bain
naturel. Ptolomée la nomme Gontiane , félon les Tables
modernes , & la met à 7 d. 40' de long. & à 33 d-.
30' de latit. Elle fat détruite dans lss guerres de Sayd ;
on ne l'a point repeuplée depuis : il n'en refte plus fur
pied que les tours & les murailles : on tient un marché
tous les Dimanches , à demi-lieue de cette ville, &c tous
les Arabes & les Béréberes du pays y vont vendre leurs
grains & leur bétail , leur beurre , leur laine , leur cire ,
&c. On l'appelle le marché de Hat- Tarda : toires les
campagnes d'alentour font poffédées par les Arabes d'Ibni-
Mélic - Sofian , qui n'ont point fouffert qu'on l'ait re-
bâtie.
* Marmol oublie qu'il a déjà placé Gontiana à Gemaa.
Ptolomée n'en marque qu'une qui ne fauroit répondre â
deux villes diverfementjituées.
GEMAAJEOID, place forte en Afrique, fur une
haute montagne , appellée SlCSlVE , qui en a encore d'au-
tres aux environs , dans la province de Maroc propre.
Elle a plus de douze cens habitans , la plupart mar-
chands , ou artifans , & affez civils , à caufe du voifi-
riagè de Maroc ; ils ont un juge , des notaires & un
alfaquis : ils font bien vêtus à leur manière , leurs places
& leurs boutiques font bien rangées ; il y a un quartier
pour les Juifs, parmi lesquels (ont plufieurs marchands
& artifans : les femmes font belles , & les hommes fort
jaloux. Au milieu de la vilie eft une grande Se belle mos-
quée , avec le palais du prince , qui m;t fur pied trois
mille chevaux , & quarante mille fantalfins , dont il y a
plufieurs tireurs. Dans les vallons d'alentour, font de
beaux vergers , où l'on recueille toute forte de fruits :
il y a aufîî plufieurs terres qui portent de l'orge , du
lin du chanvre & du millet. La ville de Gemaajedid ,
eft à vingt-cinq milles de Maroc , & doit fa fondation
aux Hentetes de la tribu de Muçamoda qui s'y habituè-
rent , il y a plus de deux fiécles. La rivière d'Eciièlmel
prend fa fource au bas, & tire fon nom du mot Afri-
cain qui veut dire bruit , à caufe qu'elle en fait beau-
coup en fe précipitant du haut d'une montagne ; elle
forme enfuite un étang large &C profond , d'où elle coule
paifiblement dans la plaine. Quand les chérifs commen-
cèrent à régner, Muley Idris étoit maître de cette ville,
& fe faifoit appelîer roi de la montagne, paice que la
plus grande partie relevoit de lui ; auffi prétendoit-ii à la
couronne d'Afrique , comme descendu des Almohades.
Ceux de cette maifon font à demi-Maure* , & ont la
couleur de coing cuit : ils font de la fecte de Mohaydin ,
qui eft en grande vénération dans tout le pays. On
nourrit force troupeaux de chèvres en la montagne , 6c
c'eft une des plus riches habitations du mont Atlas ;
elle paye tous les ans avec fes villages trente-cinq mille
piftoles de tribut à fon prince. * Corn. Dift. Se Marmol ,
1. 3 , c. 36.
GEMAN , TiijU'V, village de la Paleftine, dans le grand
champ de Samarie , félon Jofeph. De Bell. Judaic. 1. 2 ,
c. 11. Lat. c. 21. Gr.
GEMAR, Gemer (prononcez Guemar) ou GUE-
MER, Gamaringa, bourg de France, en Alface, au côté
gauche du bras de l'IU, qui paffe à Schéleftadt; auprès
de la jonction de la rivière de Strenbac avec l'IU. Cor-
neille en fait une ville. * Sengre, Carte de l'Alface.
GEMBlACUU. Voyez l'article f.-.ivant.
GEMBLOURS, petite ville des Pays-bis , avec titre
de comté, dans le Brabant. Baillet dit, GEMBLOU, ou
GEMBLOURS, GlBLOU, OU GlBLEU, en latin GEM-
MELAUS, & GeMBLACUM. Il eft, dit-il , dans le_ Bra-
bant Wallon , à trois lieues de Namur, ai à fix de
Louvain. Aubert le Mire , Origin. Cxnob. Belgic. p. oÇ ,
dit en latin GeMBLACUM , ou félon les anciens GeM-
MELACUM , très-ancienne ville du Brabant, autrefois du
diocèle de Liège , &. pt «lentement de Namur , à tos
Tome III, K
74
CEM
CEM
milles de Louvaîn & de Bruxelles, & à trois de Namur.
L'auteur du petit Dictionnaire .géographique des Pays-
bas, -fait les lieues plus petites, & en compte fept de
Gemblours àLouvain, & quatre à Namur. Dans la ville
.eft une belle abbaye de l'ordre de S. Benoît , fondée par
"S. Guibert, nommé Gilbert dans le Martyrologe Ro-
main , 'le 13 Mai. Il étoit de l'ancienne race des rois
d'Auftrafie , Se ayant quitté le inonde par les exhortations
•de S. Erluin , il confacra à Dieu Se à l'apôtre S. Pierre
l'on château de Gemblours. ( GEMMELAUS , five Gem-
BLACUM ) y bâtit un monaftere à fes dépens , Se y éta-
blit Erluin premier abbé. Platine fait mention de cette
fondation dans la Vie du pape Etienne VII ; l'année
eft marquée dans ces deux vers qu'on voit encore gra-
vés fur une pierre.
Unvm T>fcribis , C quatuor X bis & I bis.
Dam Clauflrum per te fit Gemblacenfe Guibertc.
C'eftl'année MCCCCXXii.On voulut, dit Baillet, lui
en faire une affaire ; on prétendit qu'il n'avoit pu dispo-
fer de ce fonds , parce que c'étoit un fief de l'empire ,
Se qu'on ne l'avoit donné à fes ancêtres qu'à titre de bé-
néfice ; mais l'empereur Othon I , confirma cette dona-
tion , Se donna des lettres , l'an 946 , pour fétabliffement
du monaftere. Le pape Benoît VII, l'autorifa trente-fept
ans après , Si fournit l'abbaye de Gemblours immédiate-
ment au faint Siège , du confentement des évêques de
Liège , dans le diocèfe desquels elle étoit avant l'érec-
tion de l'évêché de Namur. Les abbés obtinrent de grands
privilèges : ils avoient anciennement le droit de battre
monnoie. L'abbé Arnulphe entoura la ville de foffés Se
de murailles l'an 11 53, mais l'abbé Arnold, l'an 1503,
fournit fon monaftere au chapitre de Bursfeld. L'abbaye
de Gemblours eft encore très-remarquable , par fon an-
cienneté Se par fa bibliothèque , Se l'abbé jouit du titre
de comte , Se tient le premier rang dans les états de
Brabant ; elle a donné plufieurs hommes illuftres à l'é-
glife ik à la république des Lettres , entr'autres Sigebert
de Gemblours, Sigebertus Gemblacenjis , auteur d'une
Chronique continuée par Lambert , abbé du même mo-
naftere. Ce fut auprès de Gemblours que D. Juan d'Au-
triche, gouverneur des Pays -bas , remporta une vic-
toire fur l'armée des Etats Généraux , le 31 Janvier
1578. '* Auben Mimus , Orig. 1. c. Dicl. Géogr. des
Pays-bas.
GEMEAU , bourg de France, en Bourgogne , au bail-
liage de Dijon , à quatre lieues de Dijon , Se à une de
Tréchâteau , Se d'Is-lur-Tille : on y tient marché deux
fois la femaine , Se deux foires dans l'année , l'une le
Mercredi des cendres , & l'autre à la fainte Catherine.
L'églife paToiffiale eft dans l'enceinte du château , qui
eft vers le haut d'une côte : le bourg eft bâti fur le pen-
chant de la même côte , d'où fort une fontaine d'eau
claire Se très-abondante. A trois quarts de lieues de - là ,
fur la rivière de Tille, on voit le château de LuCE bâti
en une belle plaine fertile en vins , en grains Se en chan-
vres.* Corn. Dicti Mém. drejjés fur les lieux.
1. GEMELLA ; on lit dans le trél'or de Goltzius,
qu'une médaille de l'empereur Claude, porte cette ins-
cription : Colonia Augusta Gemella Legioxxv.
On prétend que ce nom ne regarde pas en foi la ville ,
dit l'auteur de la ft.ience des médailles, p. 381, mais
les légions qui étoient venues peupler la colonie , & que
la colonie étoit appellée Gemella , quand elle avoit été
peuplée par des foldats tirés de quelque légion qui por-
toit le titre de Gemella , Se que ce titre fe donnoit à
celles qui avoient été recrutées en y incorporant une
autre légion qui avoit perdu fon nombre , faifant ainfi
de deux une légion complette ; telles étoient la vu , la
X, la xni Se la xiv. Mais Appien dans fon Hiftoire
des guerres d'Espagne, p. 193 , nomme trois villes, fa-
ovir, Escadia, Gemella , ci Ôbolcola , dont
Servilien fe rendit maître. Il la nomme Amplement
Gemella , au lieu que Tucci eft nommée par Pline, &
dans une infeription , Gemella Augujla Colonia , nom
qui n'étoit pas encore du teins de la guerre de Viriate.
Voyez Tucci.
2. GEMELLA , ancienne ville d'Afrique , dans la
Numidie , aux confins de la Mauritanie Sititenfe. Antonin,
iàntr, la met à XXV. M. P. de Sitifi. Dans deux routes
différentes, à XXII. M. P. de Nova Petra , Se à XXvn.
de Nova Sparfa. Cette ville étoit épifcopale , Se Liclœus
fon évoque fut un de ceux qui affilièrent au concile de
Carthage, tenu fous S. Cypnen : on trouve EurcatonEpïJ-
copus Gcmelkiifis , dans la conférence de Carthage ,
.p. 286 , édit. du Pin.
GEMELLIACUM , ancien lieu de France , dans le
Périgord. S. Euficey naquit. * Baillet, Topogr. des Saints,
p. 600.
GEMENE , Gemma ou Geminy , (la) rivière d'Afie ,
dans l'Indouftan, Voyez ce dernier mot.
GEMENOS, bourgade de France, dans la Provence,
près d'Aubagne , à deux lieues , au levant de Marfeille.
Il y a dans fon territoire une chapelle dédiée à S. Jean,
pour lequel les peuples ont une grande dévotion. La cha-
pelle Se le terrein où elle eftfituée, s'appelle le Gardiez:
ce dernier nom de Gardie^ eft très-ancien , puifqu'il en
eft fait mention dans une infeription du tems de l'empe-
reur Antonin Pie , l'an 140: de Jefus-Chrift, eile eft gra-
vée fur une pierre qui fert d'autel à la chapelle de No-
tre-Dame du Plan , dans le même territoire de Geme-
' nos ; il y avoit auffi en ce lieu un monaftere de filles de
l'ordre de Citeaux , dédié à S. Pons.
GEMESTARIUM, ancien nom d'un lieu d'Efpagne :
Antonin le marque fur la route de Bragues, à Aftorga.
Nemetobrigam
Forum M. P. XIX.
Gemefiarium M. P. XVIII.
Bergidum M. P. X.
Et il compte x. M. P. de Gemefiarium à Aftorsa.
GEMETHAILLON , fauxbourg du Caire, félon Dap-
per , dans fon Afrique.
GEMIELNICK, abbaye d'hommes, ordre de Ci-
teaux , dans la haute Silène , en la principauté d'Oppe-
len. Les ducs d'Oppelen la fondèrent en 1280.
GEMI.NA Urbanorum. Voyez Urso.
GEMINI , village dont Théophile , évêque d'Alexan-
drie fait mention. Il étoit peut-être vers l'Egypte , à ce
que croit Ortelius , Thefaur.
GEMINIACUM, ancien lieu de la baffe Germanie.
Antonin dit :
Bagacum M. P. XVIII.
Vodgoriacum M. P. XII.
Geminiacum M. P. X.
Aduocam Tongrorum. M. P. XXII.
On croit que Bagacum eft Bavay, Geminiacum Gem-
blours ; Perviciacum Pervis , Sec.
GEMINY, (le) ou Gemene, ou Gemna. The-
venot, en fon voyage des Indes, croit que c'eft le Jo-
MANES de Pline ; ce qui eft très-vraifemblable. Cette
rivière a, dit-il , c. 19, p. 95 , fa fource dans des monta-
gnes qui font au feptentrion de Dehli , d'où prenant fa
pente vers cette ville , Se recevant dans fon lit plufieurs
ruiffeaux qu'elle rencontre, elle fait un fleuve fort confi-
dérable , pafle à Agra , traverfe plufieurs pays , Se va
fe rendre dans le Gange, à la grande ville de Halabas.
GEMMA, ruifleau d'Afrique, eu Ethiopie, dansl'A-
biffinie , Se la province de Sabla : il coule d'Orient en
Occident , Se va fe perdre dans le Nil , proche de fa
fource. Quelques-uns écrivent Jema. Ludolphe eft de
ce nombre.
GEMMACUM , ou Gemonatium , nom latin de
Jametz , viile du duché de Bar.
GEMMARURÏS , ancienne ville de l'Idumée , félon
Ptolomée, 1. 5 , c. 16. '
GEMMELACUM. Voyez Gemblours.
GEMMETICUM , nom latin de Jumieges.
GEMMI, montagne de Suifle, entre le Valais Se le
bailliage de Frutingen. Auprès de cette montagne , font
les bains Se le village de Leuck : de ce village , dit l'au-
teur de l'Etat Se des Délices delà Suide, t. 4, p. 189 ,
pour aller en droiture au canton de Berne , on monte le
mont Gemini , qui eft fort efearpé ; d'où peut-être on
l'a appelle Gemini , parce qu'il fait gémir ceux qui y paf-
fent. On voit affez que cette étymologie eft un badinage.
On la monte par de petits chemins étroits , courbes ,
GEM
CEN
taillés dans le roc ; Se dans les endroits où le roc man-
que , ce font des poutres mifes en travers , en guife de
ponts , tellement que ceux qui font fujets au tournoye-
ment de tête n'ofent s'y expofer ; Se l'on ne fe feroit
jairfais avifé de faire là un chemin , fi ce n'eût été pour
aller aux bains de Leuck. Cette montagne a 1147 toifes
d'élévation fur le niveau de la mer.
GEMMINGEN, petite ville d'Allemagne, dans le.
Palatinat du Rhin , dans la préfe&ure de Bretten , entre
Heilbron Se Philipsbourg , à trois lieues de la première ,
fec environ à neuf de la féconde , félon Baudrand ,
édit. 1705.
GEMONA , Glemona , place d'Italie , au Frioul , &
dans l'état de la république de Venife, fur le Tajamento,
environ à trois milles d'Allemagne, du pied des Alpes,
ôe des frontières de l'Allemagne , Se presque autant d'U-
dine , en allant vers Villach. * Baudrand, édit. 1705.
GÉMP , abbaye de filles , dans le Brabant Autrichien ,
entre Archot Se Tillemont. Elle eft de l'ordre de Pré-
montré. * Dicl. géogr. des Pays-Bas.
GEMUE , ville d'Afrique , dans la province de Fez
propre , fur le chemin de Miquenez à Fez , félon -
Corneille , qui cite de la Croix. C'eft la mé"me chofe
que Gemaa. Voyez cet article.
1 .GEMUND , ville de la haute Autriche, fur la Drauii;
Elle tire fon nom de fa pofition. Les Allemands appel-
lent fouvent Gmund , Gemund, Gmuind ou Mund , les
lieux qui font à l'entrée ou à la fortie d'une rivière. Le
mot Mund lignifie bouche, ou embouchure. Tels font Uker-
mund, dans la Marche ; Travemund dans le Holftein , Sec.
à caufe de leur fituation fur l'Oker , Se fur la Frave. Cette
ville , fans être grande , eft belle Se bien bâtie. Les
falines qui font à Halftadt, en font la richeffe. On con-
duit le fel à Ifchel, de-là à Gemund, le long du lac de
Traun. Sur le bord de ce lac , affez près de la ville , au
nord-oueft, eft le château Orth qui a appartenu à l'Em-
pereur , enfuite aux barons de Polheim , puis au comte
Adam d'Herbeftorff ; enfin le comté Se le château font
venus en la poffefuon du baron de Breyfîng , chanoine
de Ratisbonne.
2. GEMUND , ville impériale d'Allemagne , dans la
Suabe. Henri le Lion , duc de Bavière & de Saxe la mit
au ban de l'Empire , Se elle fut foumife au duc Fridéric
le Vieux, ou à fon fils Fridéric le Borgne , ducs de Suabe ,
vers l'an 1090. Ce fut ce Fridéric le Borgne qui l'entoura
de murailles, enfuite l'empereur Conrad 111. Et Fri-
déric BarberoufTe l'augmenta , Se lui donna le droit de
bourgeoifie, Se des franchifes. Elle s'apella d'abord Key-
ferfeereut , , Se enfuite Thiersgarten , ou Le Parc; Se le
ruiffeau qui coule au marché , eft encore nommé Thie-
RAICH ou XAbbrevvoir. Le nom qu'elle porte aujour-
d'hui, lui eft venu de ce que quantité de ruiffeaux s'y vien-
nent perdre dans la rivière de Rems. On y a autrefois
donné des fêtes très-célebres. Le foffé qui eft au-deffous
du couvent des Auguftins , s'appelle en allemand der
Turnier graben , ou le fojjé du Toutnois. Les environs
de la ville portent le nom de Remsthal, ou la vallée
de la rivière de Rems , qui , dans les plus grands hy vers ,
ne fe gelé point. Comme ce n'eft point une ville de paf-
fage , qu'il n'y a point de rivière poiffonneufe , ni de
vignobles , ni aucun terroir fertile , les bourgeois font
leur principal commerce de chapelets que l'on envoie
fort loin. Il y a à Gemund des couvents d'Auguftins , de
Dominicains , de Frères mineurs , 8e hors la ville une
Chartreufe Se un monaftere de filles , où il y a eu autre-
fois plus de cent religieufes. Il y a , en outre , dans la ville
une belle églife fous l'invocation de Notre-Dame : les
églifes de S. Jean , de S. Weit, de S. Sebald; celle de
l'hôpital , Se deux chapelles , Se un couvent de filles qui
ont foin des malades. La religion catholique eft la feule
que l'on fuive dans Gemund. * Zeyler, Suev. Topogr.
p. 31.
3. GEMUND, Gmin, ou Gmina , petite ville
d'Allemagne , au cercle de Franconie , dans l'évêché de
Wurtzbourg , fur le Meyn , au confluent de cette rivière
&e de la Sale , au-deffous de Carlftadt. L'armée com-
mandée par le duc de Saxe-Weymar , la prit en 1643.
Zeyler , Francon. Topogr. p. 25.
4. GEMUND , ou Neckergemund , bourg du
Palatinat du Rhin, fur le Necker, au-deffus, Se à IV
71
rient de Heidelberg , à l'endroit où la rivière d'Elsats
fe perd dans le Necker. * Zeyler, Palat. Rheni Tabula.
s. GEMUND , Gemunde , ou Ge m une , petite
vilje d'Allemagne, dans le Nachgov, au Palatinat, affez
près de Bingen. On l'a appellée ci-devant en latin Caput
'" '■'■•", parce que c'eft- là que commencent les mon-
tagnes du Rhin , entre lesquelles coule ce fleuve. Vers
l'an 1612 , cette ville appartenoit à la maifon de Schmid-
berg.
6. GEMUND , ou Sahr-GemuNde , petite ville
Se château en Lorraine , fur la Saare , entre Saarbruck
& Saralben , félon Zeyler , dans fon Supplément à la
Topographie du Palatinat , p. 9.
7. GEMUND , bourgade d'Allemagne , dans le comté
de Gorice, à l'endroit où l'on parle le Vipao , félon l'I-
tinéraire d'Antonin, qui la place à 35 milles d'Aquilée,
Se la nomme Ad Cajlra. * Cluvier , p. ,gg
GEMUNDER-SEE , lac d'Autriche, auprès de la
ville de Gemund en Autriche. Voyezl'article Gemund i.
GEMUNE. Voyez Gemund 5.
Dans ces noms , il faut lire la fyllabe Ge comme fi
elle étoit écrite Ghe. Cela eft commun à tous les noms
allemands.
GEN , ville de la Chine , dans la province dé Chann-
ton, au département de Tungchang, troifieme métro-
pole de la province. Elle eft de 33 minutes plus occiden-
tale que Péking , fous les 37 dégrés 28 minutes de lati-
tude. * Atlas Smenjîs.
1. GENABUM, ancienne ville delà Gaule , fur la
Loire, au pays des Carnutes. Sanfon , dans fes
remarques fur fa carte de l'ancienne Gaule , dit Gena-
BUM Orléans. Ce nom s'écrit tantôt avec le G , comme
dans Cefar , dans Strabon , &c. tantôt avec le C , comme
dans Ptolomée , dans l'un Se dans l'autre Itinéraire Ro-
main , dans Orofe , Sec. ce qui me fait croire , pourfuit
ce favant géographe, que les anciens prononçaient quel-
quefois le C , presque comme le G. La pofition de Gena-
bum fe prouve à Orléans par les Itinéraires qui la décri-
vent entre Ccefarodunum , Tours ; Lutetia, Paris ; Asen-
duum, Sens ; Nevirnum Nevers ; par les diftances Se par
la luite de ces chemins , Genabum tombe abfolument à
Orléans , Se non pas à Gien. ( Paradjn Se Vige-
nereavoient voulu établir l'opinion en faveur de Gien, Se
Ortélius femble s'y ranger. ) Gien d'ailleurs ne peut 'être
Genabum oppidum Carnutum , ville des Chartrains.
Ces peuples Carnutes n'ont compris que ce qui eft au-
jourd'hui dans les diocèfes de Chartres Se d'Orléans.
Gien n'eft ni dans le diocèse d'Orléans , ni dans celui
de Chartres ; mais dans celui d'Auxerre qui a fait partie
du diocèse de Sens. Gien donc , fuivant notre méthode,
auroit été in Senonibus Se non in Carnuùbus , Se ainfî
il ne pourrait avoir été le Genabum que les anciens ont
fait
ibus. J'ajouterai ici que le fenti-
ment de Sanfon eft fuivi par les favans modernes ,
entr'autres par l'abbé de Longuerue , Dde. de la France ,
1. part. p. 108. Baillet, dans fa Topographie des
Saints,/;. 600, dit: Genabum, ancien nom de la ville
d'Orléans , auquel a fuccédé Aurelianum.
2. GENABUM , pour Genève. Ce nom fe trouve
quelquefois écrit dans Antonin Ccnabum , Se quelque-
fois Cenava ; c'eft le G changé en C. Céfar l'écrit par G.
GENABUS , ancienne ville épifcopale d'Afie, dans
la Phrygie. Il en eft fait mention dans les réponfes des
patiiafches d'Orient, félon Ortélius, Thefaur. Je n'en ai
trouvé aucune trace dans les Notices.
GENADEL, montagne d'Afrique, aux confins de
l'Egypte Se de la Nubie, fur le Nil, à douze journées
d'Alovane ( Affuan ) ou de Siene en Thébaïde. C'eft-
là qu'eft la grande cataraâe du Mil, Se où l'on tranf-
porte les marchandées des vaiffeaux fur le dos des cha-
meaux pour les voiturer de Nubie en Egypte, Se dé
cette province dans les autres. * D'Herbelot , Biblioth.
orient.
GENADIUM. Lazius, dans fa Carte de Hongrie ,'
nomme ainfï en latin la ville de C.HONAD.
GENAP , Genape, ou GENEPPE, petite ville fran-
che, &<? mayerie des Pays-bas, dans le BraDant Autri-
chien, à une lieue _de Nivelle. Elle a un ancien château
où eft établi un tribunal qu'on appelle la cour de Lothier.
Louis XI, roi de France, n'étant encore que dauphin,
Tome III. K. ij
76
GEN
GEN
y demeura plus de cinq ans avec fa femme. Les environs
font fort agréables, &C c'eft un pays de chaffe. Cette
ville eft fur la Dyle, à fept lieues au-deflus de Lou-
vain , & à fix de Bruxelles, félon Baudrand , éd. 1705.
* Dïâ. gîoqraph. des Pays-bas.
GENAVE, rivière des Indes. Elle coule dans 1 In-
douftan, & fe décharge au-deflus de Multan , dans
le Rave , qui va groiïir le Sinde. * Hift. de Timur-
Bec.
GEN AUNI & Gerauni. Voyez Leuni.
GENBA. Corneille dit: province des états du Mo-
gol ; elle eft à l'eft de celle de Pengab , & on y trouve
une ville de ce nom. Voyez Jamba. _
GENDIVAR , village au milieu de 1 îfle de Cinyna :
il n'eft remarquable que parce qu'on croit que c'eft un
refte de la ville àt.Cinyria; mais Pline en parle comme
d'une ville déjà détruite de fon tems.
GENDOS , rivière. d'Ane, dans la Bithynie: on la
nommoit auffi CHRYSORHOAS , au rapport de Pline ,
/. 5 ; c. ult.
GENE A. Etienne le géographe nomme ainfi un
village d'auprès de Corindie. -,
GENEBIERNES. Corneille nomme ainfi une
rivière de France, qui fe jette dans l'Adour , & qui, félon
lui , eft nommée par les habitans du pays le Gave de Pau.
Ce nom a quelque rapport avec celui de Gabarme ,
bourgade fituée prefqu'à la fource de ce Gave. Voyez.
Gave. ,."..'.• , ,
GENEHOA , pays d'Afrique , dans la Nigntie , le long
du Niger. Dapper , dans fon Afrique , p. 110 , écrit
Gheneoa, ou le royaume de Guinée, en avertiflant que
ce n'eft pas ce que nous appelions les côtes de Guinée
Il fuit , dit-il , la province de Gualata , quoiqu il y ait
entre-deux cent foixante lieues de défert ; Gualata étant
au leptentrion, Tombut au levant, & Meih vers e
midi. La Guinée s'étend plus de . quatre- vingt lieues le
long du Niger , & une partie eft à fon embouchure. Un
ne trouve dans le pays, ni ville, m château : le Sei-
gneur demeure dans un grand village, avec les Alra-
quis ckles habitans les plus honorables : les maifons en
font comme des cabanes de terre, tk couvertes de paille.
Le Niger,qui fe déborde en même tems que le Nil.rorme
une Me de ce village aux mois de Juillet, Août & Sep-
tembre ; &c quand l'eau commence à croître, les mar-
ia Neers 8t de la Meufe. Les Provinces-Unies la prirent
le 27 Juillet 1641 , par accord fur les Efpagnols qui l'oc-
cupoient. Le marquis de Chamilly la prit pour le roi de
France l'an 1672, &c le roi la rendit deux ans après à
l'éleàeur de Brandebourg , à qui elle eft auffi-bien que
tout le duché de Cleves. * D'Audifru, Géog. Hift.
GENES , ville d'Italie , capitale d'une république :
elle étoit autrefois la ville de commerce des Liguriens.
Les Grecs l'appelloient tî™* , les Latins Genua ; les
Italiens modernes l'appellent Genoa ; les François Gènes.
Dans le moyen âge on défigura le nom latin Genua ,
l'on en fit Janua , & l'on fe perfuada que Janus en
étoit le fondateur. Elle eft ainfi nommée dans Procope,
dans Luitprand , &C le Livre de la paix de Confiance t
mais le véritable a prévalu. Etienne le géographe , dit,
fur l'autorité d'Artémidore , qu'elle s'appelloit Stalia de
fon tems. Cluvier, Ital. ant. I. 1, p. 70, & feq. croit
qu'il faut lire Janua ; Si Berkélius , commentateur d'E-
tienne, approuve la correftion. Tite-Live, 1. 28,. in fin.
& 1. 30, fait mention de Gènes, dès la féconde guerre
Punique. Elle devint enfuite ville municipale des Romains,
comme il paraît par une ancienne inscription , dans la-
quelle on lit DECUR. GenU£. Valere Maxime, /. 1,
fi.
nomment ain:
6 , 8t Pomponius Mêla , /. 2 v
Voici un abrégé des progrès, &c de la décadence de
Gènes , tiré de la tradu&ion françoife de Pufenddrff.
Magon , frère d'Annibal , ayant paffé en Italie avec
une flotte , furprit la ville de Gènes , &: la détruifit entiè-
rement. Spurius Lucrétius la rebâtit , & elle demeura aux
Romains jufqu'à la décadence de leur empire. Les Gorhs
s'en emparèrent &c la gardèrent jusqu'au tems où Narsès
les chaffa d'Italie. Rotarès, roi des Lombards la dé-
truifit. Charlemagne la rétablit , & l'annexa à l'empire
François , fous lequel elle fut gouvernée par un comte
particulier. Le premier ', nommé Audemar , défit les Sara-
zins , & conquit l'ifle de Corfe. Les Sarazins eurent leur
tour, dans le dixième fiécle : ils prirent Gènes , panèrent
tous les hommes au fil de l'épée , emmenèrent les fem-
mes & les enfans efclaves en Afrique. La ville fe réta-
blit pourtant de cette perte.
Ses habitans s'adonnèrent au commerce, s'enrichirent^
& devenus auffi fiers que puiflans , chafférent leurs
comtes, & s'érigèrent en république. La liberté, les
richefles & les autres avantages de la navigation mirent
chands de Tombut chargent leurs marchandifes fur des ce peuple en état de donner de grands feçours aux prin-
barques & des canots. ces, armés dans les croifades. Baudouin, roi de Jérufalem^
Ce pays abonde en orge , en riz , en troupeaux 8c
en poiffons ; mais il n'y vient point de fruits , & on y
porte des dates de Gualata 6c de Numidie : on y recueille
beaucoup de coton , & les habitans échangent les toiles
qu'on en fait , contre des draps de l'Europe qu'on leur
porte de Barbarie, Se contre du cuivre, du léton & des
armes , &C d'autres chofes dont ils ont befoin. Ils s'ha-
billent de toile , de coton noire ou bleue.
Ce pays a été fous la domination des Lumptunes , &
leur payoit tribut fous le règne de Soni-Heli -, mais fon
fucceffeur Yfchia ayant vaincu le roi de Ghénéoa, l'em-
mena prifonnier à Gago où il mourut , réduifit la con-
trée en province , y mit un gouverneur , & tranfporta
à Tombut une grande foire qui fe tenoit dans la prin-
cipale habitation qui eft fur le Niger,
donna aux Génois deux rues de Jérufalem & de Jafta 1
avec une partie de la douane qu'on établit à Céfarée ,
à Alep & à Ptolémaïde. Vers l'an 11 25, les. Génois 5î
les Pifans eurent une fanglante guerre entr'eux , au fujet
de l'ifle de Corfe ; ceux de Pife prétendoient au droit de
difpofer des évêchés de cette ifle. L'avantage de cette
guerre fat du côté des Génois. Us payoient au faint fiege
une contribution annuelle pour l'ifle de Corfe ; le pape
Lucius II les en affranchit.
L'empereur Frédéric l'ayant fournis leMilanez, força
les Génois à lui jurer foi Se hommage , & s'établit enfuite
juge entr'eux &c les Pifans. Ils fe difputoient la propriété
de l'ifle de Sardaigne. Il la leur partagea fur le pied qu'ils
l'avoient déjà poffédée en commun, & les mit d'ac-
cord.
La forme du gouvernement républicain de Gènes }
GENEK, Vilaeti, ou la province de Genek ; les
Turcs appellent ainfi la Cappadoce , & le Pont qui en fouffrit divers changemens. On établit d'abord des con-
eft la partie feptentrionale. La ville maritime qu'ils ap- ?">-■ »""< • «n ,,..,U>! ,.- 1 „uAi ,™ ,'.,,„, „,-„,, ,,,-,„: „.,r
pellent Taraboran , & que nous appelions Trébifonde ;
tk celle d'Amalie où le Sangiak-Bey , & quelquefois le
Beglier-bey de l'Anatolie réfide , font cenfées être de
cette province , félon la Notice de l'empire Turc. *D'Her-
btlot , Biblioth. orientale.
1. GENEP, petite ville des Pays-bas, dans le Bra-
bant Autrichien. C'eft la même que GenaPE.
2. GENEP. Zeyler écrit Gennep, en latin Genna-
plum , petite ville d'Allemagne , dahs le cercle de Weft-
phalre , au duché de Cleves , fur les frontières de la
Gueldre, avec un château &c titre de comté. Elle eft fituée
far la Neers , qui fe jette dans la Meufe , peu loin > de-là.
Cette ville eft commodément placée entre les villes de
Nimegue & de Wenlo , à trois milles de l'une &T. de
l'autre. Ses portes font Nierfport , fur la rivière ,' Niewe-
port , Maesport Si Sandport. Le château ou la rrtaifon
appellée Ginnerperhuys eft détachée , mais peu loin de
fuis , enfuite un podeftat ; tantôt on étoit gouverné par
des Confuls , tantôt par un podeftat , félon qu'on étoit
content de ceux qui fortoient de charge.
Les Pifans fe mirent en tête de partager l'ifle de Corfè^
comme celle de Sardaigne. Ce fat la matière d'une guerre
de dix-fept ans, qui fat terminée par une trêve de cinqï
Ce fat , durant cette guerre, que les Génois achetèrent lô
marquifat de Gavi , &c la petite ville de ce nom , pour
la fomme de quatre cens mille livres. Cette place étoit
d'autant plus importante pour eux, qu'elle eft fur les confins
du Montferrat & du Milanez. Ils fe brouillèrent avec
les Vénitiens, en voulant appuyer le comte de MalIéV
qui vouloit envahir l'ifle de Candie ; mais on les récon-
cilia par une trêve de cinq ans , qui fat prolongée plu-
fieurs fois.
Les Génois prirent le parti de Grégoire IX , contre
l'empereur Frédéric II que les Pifans favorifoient : ils
eurent plus d'un échec dans cette guerre ; on leur priç
CEM
GEN
Savone , 6c leur flotte fat battue; cependant ils réparè-
rent ces pertes , &£ ne contribuèrent pas peu à ruiner en
Italie les affaires de l'empereur. Après fa mort, oh tra-
vailla à réconcilier les Génois Se les' Pifans ; la plus
grande^ difficulté regardoit les deux places de Lérice ■&
de Trébiano , qui demeurèrent aux Génois par l'arbitrage
des Florentins. Les Pifarts n'ayant pas voulu s'y fou-
mettre , prirent les armes , & turent battus.
L'an iljj, le podeftat fat dépofé, Se le peuple reprit-
toute l'autorité qui avoit été juiques-là entre les mains
de la noblefle , Se fè donna à Guillaume Boccanegra ,
fous le nom de capuan.
Ce que les Génois poffédoient en Orient , donna
lieu à une nouvelle brouillerie entr'eux &C les Vénitiens.
Ils fe difputerent l'églife de faint Saba à faint-Jean-d'A-
cre. Chacun prétendoit lapofféder entière. Le pape leur
avoit commandé de s'en fervir en commun ; les Génois
mécontens de la fentence , employèrent la force , & fas
rent battus : on les raccommoda , à condition que les
Vénitiens rendroient deux mille prifonniers fans rançon ,
& que tant que dureroit la trêve , les Génois n'iroient
point à Saint-Jean-d'Aere. Cette trêve fat rompue , lors-
que Michel Paélologue chaffa Baudouin de Conftan-
tinople. Pour s'attirer l'appui des Génois , il leur céda
Smyrne & Péra , fauxbourg de Conftantinople. Les Vé-
nitiens favorifoient Baudouin , & cette diverlîté de parti
brouilla de nouveau les deux républiques.
Le capitan Boccanegra ne jouit que quatre ans de fa
dignité. La noblefle reprit le gouvernement , & fe par-
tagea entre les deux faftions des Guelfes & des Gibe-
lins , qui prirent naiffance alors. Les Grimaldi Se les Fief-
ques fe rangèrent pour les Guelfes ; les Doria St les
Spinola qui étoient Gibelins , furent les plus forts , Se
chaflerent leurs ennemis qui fe réfugièrent à la cour de
Naples. Le pape ménagea leur retour.
En i z8o , la guerre fe ralluma entre les républiques
îd,e Venife , de Pife & de Gènes ; mais . les Vénitiens
ayant perdu cinq galères , renvoyèrent les prifonniers
Génois fans rançon , & firent la paix. Ceux-ci livrèrent
lui combat naval aux Pifans , leur prirent tant de prifon-
niers , qu'on difoit qu'il y avoit plus de Pifans à Gènes
qu'à Pile. Les. vaincus ne purent jamais fe relever après
cette défaite, ni empêcherla perte d'Elbe & de Livourne:
ils furent réduits ,] pour avoir la paix , à céder ce qu'ils
avoient dans l'ifle de Corfe , &c une grande partie de la
Sardaigne , & à fabir d'autres conditions onéreufes.
La paix avec les Vénitiens avoit peu duré ; les Génois
remportèrent fur eux une viftoire qui les mit en état de
ftipuler par le traité de paix, que de treize ans les Vé-
nitiens n'enverraient de galères en Syrie.
Les Génois débarraffés des guerres étrangères , furent
agités par de nouvelles fa&ions ; l'empereur Henri VII
y rétablit la tranquillité ; mais après fa mort , les trou-
bles recommencèrent : les Guelfes reprirent le deffus,
& tranfporterent la fouveraineté de Gènes à Robert ,
roi de Naples , premièrement pour dix ans , enfuite pour
fix autres. Pendant ce tems , Gènes fut une annexe &t une
dépendance de ce royaume ; mais les Gibelins firent chan-
ger ce gouvernement. Ils élurent Simon Boccanegra pour
duc de Gènes. Celui-ci abbatit le parti des Guelfes, &
fit exclure de la régence la noblefle qui , à fon tour , le
démit de fa dignité. On ne vit plus , pendant quelque
tems, qu'une funefte alternative de l'Ariftocratie , & de
la Démocratie , jufqu'à ce que tout fut pacifié par le duc
de Milan que l'on prit d'abord pour arbitre , Se enfuite
pour fouverain ; mais après cinq ans, ils chaflerent le
gouverneur qu'il leur avoit donné , fe choifirent un nou-
veau duc , Se par forme de dédommagement ^ promirent
' au duc de Milan une contribution annuelle de quatre
mille ducats , ÔC l'entretien de quatre cens hommes à
fon fervice.
La cérémonie du mariage du jeune roi de Cypre ,
fervit de prétexte à une nouvelle rupture avec les Vé-
nitiens. Les miniftres de Gènes, & ceux de Venife fe difpu-
toient le pas. Celui de Gènes voulant faire plier fon ad.
verfaire , arma fon monde ; l'autre averti , fit entendre à
la. cour, que les Génois en vouloient à la perfonne du
roi : les Génois furent égorgés. A ce fujet de'haine, le
hazard en joignit un autre. Calojen , empereur de Grèce ,
donna aux Génois l'ifle de Lesbos , & Celle de Ténédos
aux Vénitiens, Andfomç fon fils , peu fatisfait de cette
77
donation , anima les Génois à fe faifir de cette dernière
ifle. Ces deux peuples en vinrent aux mains : les avan-
tages furent contre-balancés. Les Vénitiens perdirent d'a-
bord quinze galères , 2800 prifonniers , Chioza & Ma-
lamocco, aux portes de Venife. Ils demandèrent la paix;
& ne pouvant l'obtenir , le défefpoir leur tint lieu de
courage. Ils livrèrent un combat naval , ruèrent l'amiral
Génois, prirent & brûlèrent la flotte Génoife, firent
plus de 3000 prifonniers , dont la rançon paya les frais
de la guerre. On fit la paix ; & l'ifle de Ténédos refta
aux Vénitiens , par un traité conclu en 1 379.
Gènes n'en fat pas plus tranquille. Les Adorni & les
Fregoles, familles nobles, difputoient à qui gouverne-
rait la république qui , fatiguée d'être la viéfime de
leurs cabales , le donna à Charles VI , roi de France.
D leur donna le maréchal de Boucicaut , dont la bonne
conduite ne les empêcha point de fe donner un nou-
veau maître, quoiqu'il leur eût acquis le port de Livourne.
Us prirent le tems qu'il étoit occupé à faire la guerre au
duc de Milan , maflacrerent les François , & fe donnè-
rent au marquis de Montferrat , quoique Porto Génère i
Lmu & Sarfandlo faflent au pouvoir de la France.
Cette couronne, pour les punir , en fit prêtent aux Floren-
tins.
Leur foumiflion au marquis de Montferrat ne dura que
quatre ans. Il s'accommoda avec eux, Se confentit qu'ils
éludent un autre duc , moyennant une indemnifation de
vingt-fix mille ducats. En faveur de cet accord , les Flo-
rentins leur rendirent les trois places qu'ils avoient eues
de la France. Les fa&ions des Guelfes & des Gibelins ,
& la désunion des principaux Génois épuiferent tellement
le tréfor de la république , qu'elle vendit Livourne aux
Florentins pour cent mille ducats: Elle eut enfuite la
guerre contre Alfonfe le Superbe, roi d'Aragon, qui
pnt Cal vi dans l'ifle de Corfe, & afliégea S. Boniface ;
mais on lui fit lever le fîége avec perte , & on fe ref-
faifit de Calvi.
En 1442 , les Génois, las d'être libres , fe donnè-
rent -au duc de Milan, qui voulut les facrifier. Ils fe
révoltèrent en 1456 ; Se après avoir éprouvé , pendant
deux ans, combien il leur étoit impoflîble de jouir en paix
de leur liberté , ils fe fournirent à Charles VII roi de
France, en 1478 , enfuite à Jean duc d'Anjou; fe révol- "
terent contre René fon facceffeur , chaflerent de Gènes
tous les François , & en égorgèrent plus de zÇoo.
Louis XI , roi de France , transporta tous les droits , qu'il
avoit far Gènes & Savonne , à François Sforce , duc
de Milan, à condition qu'il tiendrait ces deux villes
comme fiefs de. la couronne.
Sforce, en vertu de cette tranfaclion , fe rendit maître
de Gènes qu'il gouverna affez tranquillement ; mais fous
fon fils Galéaz , les Génois furent très-malhëureux.
Mahomet II leur enleva Carra , & les autres places
qu'ils poffédoient far la mer Noire.
Galéaz les traita avec tant de dureté , qu'après là
mort, ils ne voulurent plus de maître étranger. Ils fe
brouillèrent peu après avec les Florentins, au fujet de
Serezana , far laquelle ces derniers formoient quelques
prétentions ; ils leur enlevèrent même Pietra Santa &
Serezanella. Cette guerre fat bientôt étouffée par les
foins du pape, 'Se Pietra Santa demeura aux Florentins,
à condition qu'ils renonceraient à Serezana & Sereza-
nella ; mais cet accord ne fut pas de longue durée ; ceux-ci
tirèrent en longueur la reftitution de Serezanella , & fe
faifirent même de Serezana. Cette dernière place revint
pourtant aux Génois , par la trahifon du gouverneur que
Charles VII y avoit laifle , & qui la leur vendit vingt
mille ducats. En 1491 , la ville de Gènes fe donna en-
core une fois au duc de Milan ; & un an après, Louis XII
roi de France , ayant dépouillé Louis Sforce , Gènes
rentra ainfî fous la domination Françoife. Au bout de
huit ans , la populace fe révolta, hacha en pièces la gar-
nifon du château , contre la parole donnée , & fe choi-
fît pour duc un teinturier en foie , nommé Paul de
Novi. Louis XII marcha en perfonne, fit exécuter le
duc & fes complices , & rentrer la ville dans fon de-
voir il lui ôtamême les privilèges. Elle n'obtint le pardon
qu'à ce prix: pour en conferver la fouveraineté, le roi
fe réferva la nomination d'un gouverneur François de
nation : il ordonna que les Génois lui prêtoient ferment
de fidélité. Cette précaution ne les empêcha point de
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GEN
CEN
chaffer encore la garnifon Frariçoife , 6c de rafer le fort
Lanterne. Ils Ce cUoitirent Oètavien fregofe, qui prit le
titre de Duc , Se s'accommoda avec frrancois 1 , qui
lui céda cette dignité , & le déclara adminiftratcur de
tout l'état de Gènes , pour la couronne de France , à
laquelle Frégofe jura foi Se hommage , &c donna une
place forte pour otage de fa conduite.
Les Génois furent fidèles a la France , )u(qu a ce que
Prolper Colonne , & le marquis de Pefquairc vinrent
i'e préfenter devant la ville. Ils fervoient la couronne
d'Efpagne qui pofîédoit le royaume de Naples. Les pof-
tes éfoieiit mal gardés pendant que l'on traitoit pour la
capitulation; les Elpagnols en profitèrent ,fe faifirent
de la ville , & mirent tout au pillage. Frégofe fut du
nombre des prifonniers. André Doria reconquit l'état de
Gènes au profit de la France ; Se cette couronne l'auroi't
confervé , fi elle avoit fçu ménager ce .ggmd homme.
Le roi de France voulut établir à Savonne un com-
merce préjudiciable à la ville de Gènes, &C en donna la
douande au connétable de Montmorenci , qui par-là Ce
trouvoit intéreflè à foutenir ce projet. Doria qui étoit Gé-
nois , Se qui aimoit la patrie, voulut s'oppofer au tort qu'on
lui vouloit faire ; cela joint à d'autres mécontentemens ,
l'engagea à retourner du côté de Charles V , l'ennemi
juré de la France. Aidé des galères impériales, il fepré-
fenta devant Gènes , ik la prit ; le château tint quelque
tems ; mais il fe rendit ik fut rafé aufli~tôt. Doria refiifa
la fouveraineté qui lui fut offerte : il fe contenta d'avoir
procuré la liberté à fon pays. Les Génois reprirent Sa-
vonne , en ruinèrent les murailles, ce en comblèrent le
port. Ils fe rendirent maîtresid'Ovadà , de Novi &C de
Gavi. Vers l'an 1614, elle acheta le marquisat de Zuc-
carel qui lui fut d'abord contefté , puis cédé par le duc
de Savoie, Se après le traité d'Utrecht en 1713 , elle a
été mile en pofleflion du marquifat de Final que l'em-
pereur lui avoit vendu.
Louis XIV, mécontent des Génois, fit bombarder
leur ville en 1684; mais le roi Louis XV fon arriere-
petit-fils , les a foutenus en 1747 contre la maifon d'Au-
triche, & les a empêchés d'être fubjugués par cette maifon.
La ville de Gènes, capitale de cet état, eft presqu'au
milieu du pays , auquel elle donne fon nom ; elle eft
lituée, partie dans une plaine , Se partie dans une colline:
elle s'étend en longueur ; mais elle eft fort preflee dans
fa largeur , d'un côté , par la montagne qui règne prefque
tout le long de la ville , 6c de l'autre par la mer ; ce qui
forme une perfpecYive naturelle , Ôc fort agréable. Son
circuit eft de cinq milles , 5c elle eft fermée de mu-
railles très-fortes ; du côté du Septentrion elle eft cou-
verte des montagnes. Elle eft très-bien peuplée , Se la
plus marchande de l'Italie, après Venife. Ses étoffes de
foie , comme velours , latins , 6cc. fe répandent dans
toutes les parties du monde. On la nomme Gènes la
fuperbe : auffi rien n'eft plus beau que les dehors de Ces
palais , &c rien n'eft plus commode que le dedans. Les
rues en font fort étroites , ce qui oblige les Génois à
fe fervir de litières. * Journal d'un voyage de France &
d'Italie , p, 157.
Entre les édifices publics , on vante l'églife de l'An-
nonciade, deffervie par des religieux de l'ordre de faint
François. Monconis , Voyages , t. 1 , p. loi , la décrit
ainfirc'eft une allez grande nef qui aune aile de chaque côté.
Les colomnes de marbre blanc Se rouge font cannelées ,
& la moulure eft de marbre blanc ; tout le refte de la
Voûte eft de plâtre en compartimens : on voit dans les
vuides de très-beaux tableaux ; Se tous les ornemens,
feftons , cadres Se bas-reliefs font dorés Se ouvragés ;
en forte qu'il n'y a qu'or, azur Se marbre. A droite de
la coupole , eft une chapelle qui a quatre colomnes tories
qui forment l'autel : elles font d'un marbre qui reflemble
à l'agate. Le couvent eft fpacieux , fuperbement bâti ,
6e on y monte de l'églife par dirférens degrés. Il y a cloî-
tre fur cloître, Se au-deffes des jardins pleins d'orangers;
& epeore plus haut un rélèrvoir d'eau. * Journal d'un
voyage de France & d'Italie, p. 160.
L'églife Métropolitaine eft fous l'invocation de faint
Laurent : elle furpaffe les autres églifes en grandeur ,
mais elle n'égale pas en be.mté celles de faint Ambroile
8e de l'Annonciade. Le chœur eft de memùferie , à piè-
ces rapportées , qui forment de très-beaux tableaux de
fi jures e& 4$ .oejrfpecïives fans peinture. En haut dans
la- muraille, font les quatre évangéliftes de marbre,
plus grands que nature ; la fculpture en eft excellente.
A côté de la coupole , dont la voûte , aufli-bien que
celle du chœur, eft de marbre, il y a plulieurs fcul-
ptures très-belles contre la muraille. Au-defïus des qua-
tre évangéliftes, 6e dans le fond du lambris, eft repré-
fenté le martyre de faint Laurent. Parmi plulieurs belles
chapelles, on remarque celle de faint Jean-Baptifte , à
gauche en entrant : elle eft de marbre , enrichie tout au-
tour de figures de marbre , de colomnes St de baluf-
tres : on y garde , dit-on , les cendres de ce faint pré-
curleur. Le portail Se le clocher au-dehors eft tout de
marbre blanc Se de pierre noire , Se tout le portail eft
garni d'une infinité de hautes colomnes de marbre dé-
liées , Se qui font Une agréable architecture. On dit que
le plat dans lequel Hérodias préfenta la tête de faint
Jean à fa mère , fe trouve clans le tréfer de cette églife ,
avec un vaiè d'émeraude d'un prix ineftimable , apporté
de Célarée en Paleftine. Une tradition nationale afl'ure
que c'eft un badin, Se que c'eft le même dans lequel
Jefus-Chrift mangea l'agneau pafchal avec fes difciples.
L'églife de faiut Ambroile eft deffervie par les Jéfui-
tes ; c'eft une des plus magnifiques de la ville : fa gran-
deur , fes peintures exquifés , fes belles colomnes font
admirables. Ses piliers font d'un marbre dont la couleur
eft très-vive, Se leur groflèur eft prodigieule. La chaire
du prédicateur eft toute de marbre, aulli-bien que fon
efcalier. Le maître -autel eft orné de colomnes de mar-
bre , entre lefquelles fon: les ftatues de faint Pierre 8c
de S. Paul de même matière. Les chapelles font artiftement
décorées de colomnes Se de baluftres , le tout de mar-
bre , d'un bout de l'églife à l'autre. Le lambris eft couvert
de peintures excellentes , 8c le pavé eft d'un marbre par-
faitement beau. La quantité de marbre que ce pays four-
nit, donne une grande facilité à le rendre lî commun
dans les églifes. Celle de faint Cyr en eft remplie : les
piliers qui foutiennent la .nef , les colomnes des cha-
pelles , le chœur , l'autel , les marche-pieds Se les baluf-
tres , tout y eft de marbre. Au couvent des Théatins ,
on voit cloître fur cloître , dortoir fur dortoir ; au-deflus
de tout cela , il y a des jardins remplis d'orangers Se de
citronniers , où les eaux coulent abondamment Se en diffé-
rentes manières. On monte par dégrés en trois différens
jardins qui font les uns fur les autres ; 8c au-deflus , on
trouve un moulin à l'eau Se une citerne ; il y a encore au-
deflus de tout cela , une plate-forme , de laquelle on voit
toute la ville. L'églife de faint Mathieu eft remarquable
par les reliques que l'on y vénère ; celle des Domini-
cains à caufe de fon dôme. La maifon des pères de la
million eft grande Se belle. Dans l'églife de fàinte Ma-
rie de Carignan, on voit de très-belles ftatues ; la plu-
part font du Puget : il y a fur-tout un faint Sébaftien
qui, pour la force Se l'expreffion , égale Michel-Ange,
Se toute l'antiquité. L'églife de Notre-Dame de la Vigne ,
celle des Cordeliers , Se quelques autres n'ont rien de
remarquable qu'une profufîon de marbres.
Le palais du Doge eft un des plus beaux 8c des plus
grands bâtimens de l'Europe ; mais il n'eft pas tant orné
de marbre que ceux des nobles. D'une grande cour on
monte dans une fale magnifique , au-dehors de laquelle
on voit les deux fameufes ftatues d'André Doria, Se de
Jean André , les libérateurs de la patrie. A côté de cette
fale , il y a plufieurs appartemens, avec leurs cours par-
ticulières , embellies de colomnes de marbre. En mon-
tant deux efcaliers , on trouve la fale du grand confeil
pour l'éleftion du Doge , Se à côté , le collège pour les
affaires du gouvernement , où s'aflemblent ving-fept
fénateurs ou procureurs ; ces derniers ne donnent point
leurs avis dans toutes les affaires publiques. De l'antre
côté, font les appartemens du Doge , aflez fpacieux non
feulement pour lui , mais pour tout autre fouverain.
* Voyages de Gcmelli Carréri, t. 6 ,p. 438.
Le Doge eft élu du corps des fénateurs, Se gouverne
deux ans , après quoi on en élit un autre : on le traite de
ferinité , Se les fénateurs êC excellence. Quand le Doge
fort de charge , on lui députe une perfonne qui lui dit :
votre férénité a fait fon tems , votre excellence peut fe
retirer chez elle.
La boude eft aflez grande ; mais elle n'a rien de ma-
Le palait du prince Doria eft hors de la porte de faint
GEN
GEN
Thoffîas : il eft grand , Si garni de plufteurs terraffes
baluftrées de marbre, desquelles on deicend dans un fort
grand jardin devant le palais. Au milieu eft une très-
telle fontaine de marbre blanc , ornée de quantité d'ai-
gles tout autour du baiiin, qui eft de quatre à cinq pieds
de hauteur ; & au milieu , eft un grand Neptune qui
gouverne trois gros chevaux. À main droite eft une vo-
lière , dans laquelle il y a de gros arbres , chênes verds
Si autres , avec deux badins de fontaine : elle a cent trente
pas de long , & vingt-deux de large , toute fermée , &
couverte en deffus de (ils de fer qui tiennent à des barres
de fer grofles comme le bras , Si de plus de vingt pieds
de haut. Au bout du jardin , vis-à-vis des terraffes, on
monte à d'autres qui aboutirent fur la mer. Tout le
palais eft peint à frefque, dedans & dehors, par Perin del
Vago.
Le grand palais du duc de Doria eft le premier & le
plus beau de la Strada-Nova : il eft tout de gros quar-
tiers de marbre au-dehors. On monte à une très-grande
cour par pkifieurs degrés ; après avoir traversé cette cour ,
on rencontre au bout , vis-à-vis du premier , un pareil
efcalier, qui mené dans les appartemens du maître, par
une galerie qui fait tout le tour de la cour. Sur la porte
eft écrit, nulli certa domus ; Si à la maifon vis-à-vis ,
venturi non immemor avi.
Proche de ce dernier palais , on voit le palais de Bri-
noles , dont les arcades inférieures font foutenues de
treize colomnes ; les efcaliers ornés d'excellentes ftatues,
& les chambres de meubles précieux.
Saint-George eft le palais où fe garde le tréfor de la
république. En bas eft la douane ; & dans les chambres
au-deflus, on trouve la fale ancienne, avec environ
quinze ftatues de nobles Génois qui ont rendu fervice à
leur patrie ; elles font placées contre le mur. La fale
nouvelle , où les bourgeois s'aflemblent quelquefois pour
affaires , au nombre de quatre cens , eft tort grande , Si a,
le long de les murailles , les ftatues de marbre de quelques
bons citoyens. On pafle de cette fale dans celle où eft
la magiftrature , compofée de huit fénateurs , qui déter-
minent les affaires de la banque , Si ce qui regarde les
droits de la ville. Ce palais eft fur le bord de la mer.
* Gémelli Carréri. Monconis.
UAlbereo, qui eft fur la montagne , eft un des plus ma-
gnifiques de l'état de Gènes. Pour le conftruire , il a fallu
remplir des précipices , Si applanir des montagnes. Il y
a deux grands chemins qui conduifent, depuis la première
porte, à un portique, d'où l'on pafle par deux autres
chemins piu^ magnifiques , au devant de la maifon , où
l'on trouve quatre ftatues de ftuc des bienfaiteurs du lieu ,
avec leurs inferiptions , outre quatre autres que l'on voit
fur les montées. Les murs de l'églife font incruftés de
marbre , avec huit ftatues. Le grand autel a fept colom-
nes , Si une image de la Vierge , fculptée par un ex-
cellent maître. Avant que d'entrer dans l'églife , on voit fur
la droite plulieurs coridors , avec des chambres , Si un
jardin pour les honnêtes femmes & filles ; car celles qui
font condamnées , Si en pénitence , vivent dans un
endroit féparé au-deflus de l'églife : il y a jusqu'à fix
cens cinquante femmes. Par derrière l'autel , Si par le
premier portique , on peut monter à divers apparte-
mens , l'un pour les jeunes gens , un autre pour les vieil-
lards , Si un troifieme pour les enfans : il y a des cham-
bres où l'on travaille pour les befoins de la maifon. Tous
ces appartemens, à caufede l'éminence du lieu , font les
uns derrière les autres, Si font de loin comme une perf-
pecYive de théâtre : ce qui eft fort agréable à voir de
deffus les balcons. Le tout eft adminiftré avec ordre Si
économie : .on y nourrit les pauvres , Si'on y élevé les or-
phelins : on donne des dotes aux filles qui s'y marient.
* Gémelli Carréri.
Il y auflî à Gènes un grand hôpital , où l'on a foin
de quatre cens malades des deux fexes. Au rapport de
M. Spon , Fbyages , t. \,p. 20, Gènes a cela de par-
ticulier Si d'avantageux fur les autres villes d'Italie , que
tous fes palais fuivent , fans être joints avec des maifons
ordinaires.
Le port eft tout ouvert du côté du midi, Si a de petites
roches couvertes d'eau , qui le rendent mal sûr, quand
il vient quelque bourafque. Il a un peu plus d'un mille
de longueur, avec un fanal du côté du ponant, Si de
bons ouvrages qui défendent deux arfenaux, dont l'un
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eft pour les galères , Si l'autre pour les barques au vin.
La tour du fanal, dont on vient de parler , eft rema-qua-
ble; on y allume trente-trois Ia:npes la nuit, afin de
guider les vaifieaux, Si oa'i!, puiflènl; entrer plus faci-
lement dans le port : elle a un ei'cal:er de trois cens
douze marches, Si eft fituée fur un rocher. Il y a de
gros canons autour , Se le long de 1a courtine. * Gémelli
Carréri.
Il faut diftinguer I'Etat de Gènes de la CÔTE de
Gènes. Ce dernier pays n'eft qu'une partie du premier.
L'Etat de GENES comprend ,
La Côte de Gènes,
L'Ifle de Corse ,
L'Ifle de Capraia , fur la Côte-de Tofcane.
Il comprenoit encore l'Ifle de Lesbos ou de Métêlin ,
celle^ de Chio , Caffa , dans la petite Tartarie, Si Pera
auprès de Conftantinople. Les Turcs en ont dépouillé
les Génois.
La Côte de GENES , en latin Llgufëca Lictora ,
province d'Italie : elle s'étend en long fur la côte de la
mer Méditerranée au midi , entre l'état du grand duc
de Toscane , Si le duché de Mafla à l'orient , le comté
de Nice , la principauté de Monaco, Si les Alpes ou
les montagnes de Tende à l'occident , Si les duchés de
Milan , de Montferrat Si de Parme au feptentrion ; ainfi
fa longueur, du levant au couchant, eft de près de cent
quarante mille ; mais fa largeur eft fort étroite entre la
mer Si l'Apennin, n'y ayant prefque que la côte , Si quel-
ques vallées , fur-tout vers Savonne , Si dans la rivière de
ponant, aux frontières du Montferrat. Elle eft plus large
dans la rivière de levant , Si vers Brugneto , Si plus
étendue vers Gavi Si Novi , où elle s'étend jufqu'à
vingt-cinq milles de large , Si de-là l'Apennin , où font
ces deux places , avec quelques autres lieux. * Baudrand,
édit. 1705.
On l'appelle quelquefois la rivière de Gènes , non pas
qu il y ait aucune rivière de ce nom , mais parce qu'on
divife ordinairement ce pays-là en deux parties ; celle
qui eft à l'orient de la ville de Gènes , Si jufqu'aux
frontières de l'état du grand duc de Tofcane , Si du duc
de Mafla , eft nommée la rivière de levant , Si par fes
habitans la riviera di Genoua di levante ; elle peut avoir
foixante milles de long; les lieux les plus conhdérables ,
font Seftri de levant , Rapallo , Chiavari , Porto Vé-
nère , Brugneto , Si Sarzane dans la Luuégiane.
La partie de cette côte , qui eft à l'occident de la
ville de Gènes , Si qui s'étend jusqu'à Monaco , Si au
comté de Nice, eft appeliée la rivière du ponant y
&i par les habitans la riviera di Genoua di ponente ,
où font les villes de Savonne , qui en eft la principale ,
Albengue , Noli, Vintimille , Saint Reme Si Port Mo-
rice ; mais le marquifat de Final , Si la principauté d'O-
neille y font enclavés. La république de Gènes a acheté
le premier, comme nous avons dit; l'autre eft au roi Je
Sardaigne , duc de Savoie. Toute cette côte eft extrê-
mement fertile le long de la mer , fi cultivée Si fi rem-
plie de belles maifons de campagne, fur-tout proche de
Gènes , qu'on diroit en plulieurs endroits que c'eft une
ville, quoique le pays foit fort rude , Si qu'il y ait quan-
tité de rochers ; mais les lieux qui font plus éloigné~ de
la mer, Si plus dans la montagne, font affez peu cul-
tivés, fi ce n'eft quand on a pafle l'Apennin Si vers
Gavi.
Je n'entrerai point dans un détail des hommes illus-
tres que la ville de Gènes a produits ; mais un homme à
qui les géographes doivent beaucoup, c'eft Chriftophe
Colomb , Génois , qui a eu le courage d'aller découvrirun
nouveau monde , comme je le dis à l'article de l'Amé-
rique.
Il court en Italie un proverbe peu honorable aux Gé-
nois : montag ne fen~va legni , mare J'eni-i pefci , huo->
mini feniçi Je Je , Donne fen^a vergojna ; c'eft-à-dire,
des montagnes fans bois, une mer (ans poiflon, des
hommes fins foi , Si des femmes fans pudeur. Ce pro-
verbe eft faux.
GENESA , ville de la Laconie , félon Etienne le géo-
graphe.
GENESAR, ou
GENESARETH. (le Lac de) Voyez Cenereth,
to
GEN
GEN
GENESIUM , lieu maritime du Péloponnèse , dans
le royaume d'Argos , félon Paufanias. _ _
GENESSAI. Le P. Avril nomme amli la nyiere de
\a Tartane que nous appelions Jeniscea. Voyez ce
mot. , .
GENESSANO , -ou Cenessano , en latm Juven-
ùanum , bourg d'Italie, dans "la Campagne de Rome ,
entre Frefcati & Paleftrine , à deux ou trois lieues de
l-'une Se de l'autre. * Baudrand, édit. 1705,
GENESTON , Geneftum. Abbaye d'hommes , en
Prance , de l'ordre de faint Auguftin , en Bretagne , au
diocèse de Nantes , à cinq lieues au midi de cette ville ,
près du lac de Grandlieu; elle fut fondée l'an 1163.
GENESUS , ou GENUSUS, riviere.de la Paleftine,
félon Vibius Sequefter.
GENETS, Se
GENET jEUM PROMONTORIUM. Appollonius ,
/. 2 , nomme ainfi un cap de la Cappadoce , fur la mer
Noire , entre les villes Jafonium Se Cotyorum. Valerius
Flaccus , /. 5 , v. 147, place après les Chalybes , peuples
de ce pays-là , une roche confacrée à Jupiter Genetéen.
Pline, /. 6. c. 4 , joint les Genetes aux Tibaréniens.
Arrien , Peripl. Se Etienne le géographe , y mettent -un
port Se une rivière de ce nom.
GENETHLIUM, village du Pelopponnefe , au
ïoyaume d'Argos , félon Paufanias , in Arcadic. Le
même auteur dit , in -Corinthiac. que Thefée naquit dans
le village de ce nom.
GENEVE,Geneva,-Gàiava,oxi Cenava,en latin ; Geuf,
en allemand , eft la capitale d'une petite république fituée
à l'extrémité du lac de Genève, nommé par les anciens
Léman. Elle eft au 45 e d. 13' de lat. Se au 23 d. 50' de
long, entre la France , la Savoie Se la Suiffe. Sa por-
tion fait fa sûreté , parce que fes voifins la mettent à
couvert des usurpations les uns des autres. Jules - Céfar
-en parle au commencement de fes commentaires (a) :
elle étoit très-confidérable , lorsque ce conquérant parut
dans les Gaules , Se appartenoit aux allobroges(b). Après
fa mort , les peuples voifins de Genève fe révoltèrent ;
mais la ville refta toujours fidèle aux Romains, qui, en
reconnoiffance , lui accordèrent de grands privilèges. Sous
l'empereur Marc Aurele , cette ville fut brûlée ; il la fit
Tebâtir, Se y permit le libre exercice de la religion
chrétienne qui y avoit été prêchée : ce fut , fans doute ,
en reconnoiffance de ce bien fait,qu'elle prit le nom à' Au-
rélia. Lors de la décadence de l'Empire Romain , elle
fut fouvent ravagée par les Barbares , principalement par
les Bourguignons. Elle pana fous la domination des Francs.
Charlemagne s'y arrêta en allant en Italie , 8c confirma
fes privilèges. Il donna le titre de comtes de Genève à
Loton Se à Beltram qui lui avoient amené fept cents
hommes lorsqu'il faifoit la guerre aux Lombards , & qui
s'étoient beaucoup fignalés. Leurs defcendans conferve-
rent cette dignité jusqu'en 887, que le roi Bofon
réunit les deux comtés en la perfonne de Pierre qui
defcendoit de Beltram.
Les Genevois fe fournirent à Rodolphe , qui fut pro-
clamé roi d'une partie du royaume de Bourgogne , en
888 , Se à fes defcendans jusqu'à Rodolphe III , qui laiffa
fon royaume, par teftament , à l'empereur Conrad le Sali-
que, lequel eut pour fucceffeur Henri le Noir, fon fils qui
créa le duc de Zeringen, gouverneur de la Bourgogne
Transjurane. L'empereur Frédéric BarberoufTe donna au
duc Berthold IV le haut domaine fur les villes de Ge-
nève , Lausane Se Sion , quoique , par une bulle donnée
au commencement de fon règne , il eût confervé à f'é-
vêque Ardutius tous les droits temporels de l'églife fur
la ville de Genève , même ceux qui appartenoient à
l'Empire , fe réfervant Amplement les droits honori-
fiques , dont même il ne jouiroit que lorsqu'il iroit en
perfonne à Genève. Par un traité de l'an 1 153 , conclu
entre le comte Se l'évêque, confirmé par le pape Adrien
IV, en 11 "Î7, le comte de Genève étoit fidelis advocatus
tcclepce, féal avoué de cette égliiè. Il ne tiroit fon
droit d'inveftiture fur la ville , que de la donation que
l'évêque Gui , pour rendre fa mailon plus puiffante , en
avoit faite au comte Amé fon frère. Humbert de Gram-
mont, fucceffeur de Gui, à l'évêché de Genève, vou-
lut faire caffer cette donation. L'archevêque de Vienne,
métropolitain de Genève , Se légat apoftolique , ter-
mina ce différend en 11 24.
Les comtes profitèrent des troubles , Se des guerres
fùrvenues entre les empereurs Se les papes, pour fe rendre
fouverains. Alors le peuple eut recours aux évêques pour
défendre fes droits. Ceux-ci profitèrent de l'occafion pour
s'ériger en feigneurs temporels de la ville , s'en firent
même donner la commiffion par les empereurs , & ne
biffèrent aux comtes , que la fouveraineté du pays ap-
pelle Genevois. L'évêque , qui étoit élu par le peuple 6e
par le»clergé , étoit obligé de jurer, après fon élection,
qu'il garderait les privilèges , Se les franchifes de la ville.
Il ne décidoit rien d'important , fans le confentement
du peuple qui avoit part au gouvernement. Le tribunal
fuprême étoit l'affemblée de la nation compofée de tous
les chefs de famille,
Les ducs de Savoie employèrent la rufe Se la force
pour fe rendre fouverains de Genève. Les Genevois fè
voyant fur le point de fuccomber , firent alliance avec
les cantons de Berne Si de Fribourg, le 25 Février 1526.
Huit députés de Genève allèrent jurer cette alliance à
Berne Se à Fribourg , Si huit de Berne Se de Fribourg
vinrent en faire autant à Genève. L'évêque Se le clergé
ne virent cette alliance qu'avec chagrin , parce qu'ils
prévirent que les Genevois ne manqueraient pas d'em-
braffer le Calvinisme , à l'exemple de ceux de Berne ,
leurs nouveaux alliés. Leur crainte éroit fi bien fondée ,
, que presque tous les habitans changèrent de religion en
1535 ; Se le 27 Août de l'année fuivante, on porta une
ordonnance par laquelle il étoit enjoint à tous les habi-
tans de faire profeffion de la religion Protefîante , Se
l'exercice de la Catholique étoit défendu. Le chapitre de
l'églife cathédrale de faint Pierre fe retira à Annecy ;
les religieux Se les religïeufes furent chaffés : les villages
embrafferent bientôt la même doctrine que h viile ,
Se tout l'état de Genève devint Calvinifte. Les Fribour-
geois qui étoientzélés catholiques, rompirentleur alliance
avec les Genevois ; mais les Bernois la reflétèrent d'avan-
tage ; Se ceux de Soleure , quoique Catholiques , voyant
combien la ville de Genève étoit importante à tout le
corps Helvétique , firent alliance avec elle r enfin tous
les cantons reçurent folemnellement les Genevois au
nombre de leurs alliés en 1584.
Malgré cette alliance , le duc de Savoie n'abandonna
pas le deffein qu'il avoit de fubjuguer Genève ; il penià la
furprendre par efealade la nuit du 21 Décembre en 1602.
On y célèbre encore tous les ans une fête en mémoire
de cette efealade manquée, Se l'on confervé dans l'ar-
fenal les échelles , les lanternes fourdes , Se les pétards
dont les foldats du duc fè fervirent.
Après l'abolition de la religion catholique , on fonda
une école à Genève en 1536. Peu après, on y éta-
blit une académie où l'on mit des protèffeurs en grec,
en hébreu , en philofophie , deux de théologie qui furent
Jean Calvin Se Théodore de Beze. Ce dernier fut le pre-
mier refteur de cette académie , dont on publia les
ftatuts dans l'églife de faint Pierre en 1559. On a depuis
augmenté le nombre des profeffeurs. La ville avoit au-
trefois pour devife un foleil avec ces mots : Poji tene-
brasfpero lucem. Après les ténèbres , j'espère la lumière.
Quelque-tems après avoir embrafîé le Calvinifme , elle
changea la légende , Se mit : Port tenebras lux. La
lumière après les ténèbres. On l'a mife depuis dans les
inferiptions publiques, Se fur la monnoie. (a) Longuerue,
Defcript. de la France , 2. partie, p. 308. (b) Etat & Dé-
lices de la Suiffe , t. 4 , p. 225 , &fuiv.
Genève occupe les deux bords du Rhône qui la partage
en deux parties inégales ; la plus grande , qui eft pro-
prement la ville de Genève , occupe le côté gauche de
la rivière , Se c'eft pour cette raifon qu'elle faifoit ancien-
nement partie de la province des Allobroges. Là elle
eft bâtie, en partie fur une colline qui va s'é levant jus-
qu'au haut du quartier qu'on appelle la Cité. La pente en
eft affez douce en quelques endroits , mais rude en d'au-
tres. * Délices de la Suiffe, t. 4, p. 748.
L'autre partie de la ville , qu'on appelle faint Gervais,
à caufe du faint de ce nom , patron de la paroiffe , eft
fur le côté droit du Rhône , Se fur les anciennes bornes
de la Suiffe. Entre ces deux parties de la ville , le Rhône
fe partage en deux bras , Se forme une iile de 702 pieds de
long, Se de 200 de large, qui eft toute habitée. Les deux
parties de la ville font jointes à l'ifle par deux grands
ponts de bois, Cette ville eft grande , Se fi peuplée qu'on y
compta
CEN
CEN
fcompîe quinze mille âmes. La religion Protefiante ck
îe commerce y ont attiré quantité de familles. Elle eft
«■emplie d'anciens habitans, de réfugiés Italiens, qui y
allèrent de Vemfe & de Luques , dans le feizieme fiécle ,
du nombre desquels font, entr' autres , les Calandrins ,
Turrettins, Michell , &c. Jk des réfugiés François qui
«'y retirèrent durant les troubles de France du îeizieme
fiécle , & lors de la révocation de ledit de Nantes , en
1685. C'eft un féjour agréable , par la douceur du gou-
vernement , par la bonté de l'air & la fertilité du terrein.
La ville eft fort belle , & fe remplit tous les jours de
plus en plus de beaux & de fupetbesbâtimens , foit pu-
blics , foit particuliers. Le temple de S. Pierre, qui étoit
autrefois la cathédrale , eft bâti à l'antique ; il eft fort
fpacieux , &c repréiente une croix. On y voit les ftatues
des douze apôtres , devant lesquelles on a plufieurs fois
furpris des Catholiques à genoux. On prétend même que
l'évêque titulaire de Genève , qui fait fa féfidence à
Annecy en Savoie, y va dire une méfie baffe une fois
en fa vie.
Près ce temple , font deux chapelles : dans l'une on
enfeigne la philofophie , & la théologie dans l'autre.
Celle-ci fert de temple aux Italiens & aux Allemands.
Les familles venues d'Italie à^ Genève, dans le feizieme
fiécle , ont toujours confervé une bourfe & un minif-
tere , (bit pour leur ufage , foit pour celui de ceux qui
viennent de tems en tems d'Italie. Leur affemblée fe
fait tous les jeudis. L'églife Allemande y fait les fiennes
le dimanche & les jours de fête , & fe fert de belles
orgues pour le chant des pfeaumes. Outre l'églife Alle-
mande , qui eft Calvinifte , il y en a une autre de la
même nation, qui eft Luthérienne , & qui a été intro-
duite dans Genève, depuis peu d'années. Elle s'affemble
dans une maifon particulière.
Outre le temple de S. Pierre , il y en a deux autres
dans la grande ville , qui fervent aux aflemblées ordi-
naires , fçavoir , la Madelaine &c Saint-Germain ; & un
dans le quartier de Saint-Gervais. On voit dans ce der-
nier le monument des dix-fept bourgeois qui perdirent
la vie dans l'affaire de l'efealade l'an 1601 , en combat-
tant courag:urement contre les Savoifiens pour la confer-
vation de^leur patrie. On y a joint une infcription la-
tine, qui marque leurs noms & fumoms.
A quelques pas du temple de S. Pierre , on trouve
la maifon de ville, où l'on a fait de très-belles répara-
tions depuis quelques années. On y monte par un efea-
lier qui eft tout uni , "Sr pavé de petits cailloux, (k fait
de telle manière , qu'on y peut monter jufqu'au toit à
cheval & en carroffe. On y voit à l'entrée, & dans le
veftibule , divers tableaux avec des inicriptions curieu-
fes.. Une fur l'efealade :
D. O. M. S.
Çjuo non Alloerogas Rapit
FUROR ET CuplDITAS SUA
TRANS VERSOS, &C.
Une autre fur l'alliance perpétuelle que la ville de
Genève contrafta , l'an 1584, avec les deux cantons de
Zurich & de Berne.
On voit aulïi dans ce même veftibule quantité d'urnes
anciennes où l'on renfermoit les os &t les cendres des
morts, dans le paganisme. On les a trouvées la plupart,
l'an 1659, dans le fofie du Ravelin de la Noue. On a
auffi déterré une très- grande quantité de médailles , de
pièces antiques , et des inferiptions , monumens de la
fplendeur ancienne de Genève.
Près de la maifon de Ville , on voit l'arfenal qui eft
très-beau , &: garni d'armes & de munitions de guerre
en abondance : on dit qu'il y a de quoi armer douze
mille hommes.
D'un autre côté'de la Ville on voit le collège où eft
la bibliothèque qui a été remife en bon état , Se aug-
menté confidérablement depuis quelques années. Il y a
beaucoup de manuferits curieux , & diverfes raretés.
De la bibliothèque on va voir l'hôpital général qui a
été rebrki magnifiquement depuis quelques années : il y a
bien des familles bourgeoifes dans Genève , qui ne font
pas , à beaucoup près , aulh proprement logées & entre-
tenues que les pauvres lefont là. Ce font de grandes cham-
bres, longues, larges, hautes, dans chacune desquelles font
8L
quatorze lits fort propres, & tout le re^e à pr^f
le bâtiment a coûté plus de deira ;us. Le
machines hydrauliques qu'on y a fait nouvellemen . en
encore dignes de la curiofué d'un voya -eur. !i l'y - < . t l
auparavant qu'une fontaine ou deux da,;s G.- sve : on
alloit quérir toute l'eau dans le Lac ou dan< le I
On a fait des fontaines dais toutes les rue , '.- 'js
canaux pour conduire l'eau dans les maifons - a :. n e-
res qui en voudraient. Pour cet effet on a conduit au
bord du Rhône des mach'nes à-rouages, dont un ingé-
nieur François , Parifien , nommé l'Abeille, a donnéle
deffein, & eu la direction. Ces machines élèvent l'eau ,
& la font tomber dans des aqueducs d'où elle fe diftri-
bue par toute la ville.
L'ifle du Rhône eft ornée d'une tour antique , & qu'on
croît avoir été bâtie par Jules-Cé.ar ; du moins elle en
porte le nom. L'an 1678, on trouva, au pied de cette
tour, une vieille infcription Romaine faite par des ba-
teliers payens :
D E O SllYAKO.
Pro Sainte Ratiariorum, &c.
Il y a dans le Lac une grofTe pierre qu'on appelle la
pierre de Neyton ou de Niton, (c'eft-à-dire de Neptune)
qui, dans le pagani'me, a fervi d'autel ou ! on facrifi it
aux divinités des eaux. Elle eft creule au-deffus , & il
paroît que ce creux y a été coupé exprès. I! y a trente
à quarante, ans qu'on y trouva des couteaux ck autres
inftrumens de facririce , tou* d'airain.
Genève a pou; armes une aigie & une clef-, c'eft
pourquoi la feigneurie entretient toujours un certain-
nombre d'aigles qu'on nourrit dans des cages. C'eft
quelque chofe de curieux que de les voir déchirer les
chats, & aurres anijnaux qu'on leur donne quelquefois.
Enfin ce qu'il y a d~ beau à remarquer dans Genève,
ce font lés fortifications qui, fervant à la défenfe. de la
ville, en font auffi l'ornement & l'agrément, par les
belle; promenades qu'on y trouve. Le port & tou es les
avenues font bordés de doubles ce trpies rangs de
gros pieux plantés dans l'eau , qui ne la lient qu'un paf-
lage étroit aux bateaux pour entrer dans le port q û
eft fermé exactement de groffes chaînes , toutes les nuits.
Du côté de terre , ce font de bons baftions &£ autres
ouvrages , avec des foliés profonds ; il y a un de ces
baftions qu'on appelle le bafiion de Hollande , parce
qu'il a été bâti de l'argent que L. H. P. contribuèrent
généreufement pour le conftruire : auffi a-t-on eu foin
d'en conferver le fouvenir par cette infcription qu'on y
voit : Ex MUKIF1CEMIA Illustriss. et
Prjepot. Ordinum Fœderati Belgii. Oa
voit une autre infcription au boulevard de S. Jean:
Munlta faits fit , fi bene merata civitas.
Ipfique cives annati fatis , fi bene animati.
Et ambo fecura nimis , fi cura numinis
Excubet, &c.
Aux portes de la ville on a la promenade de PUin-
Paluis, qui eft une grande plaine, avec un grand jeu
de mail bordé d'une allée d'arbres , fait par les foins du
duc de Rohàn.
A Fégard du gouvernement . l'autorité foUveraine eft
entre les mains d'un grand confeil de deux cens perfon-
nes , quoiqu'il y ait encore au-deffus des deux cens l'ai-
femblée générale de la bourgeoide ; mais comme cette
affemblée ne fe fait que de cinq en cinq ans, l'autorité
eft proprement entre les mains des deux cens. De ce
grand confeil on en tire un petit cdS'pQ'fé. de vmgt-
fept confeillers , dom il y en a feize qui font les chefs
de la république , "qu'on nomme Jy.ndics ; mais ils ne
préfident pas tous à la fois : il n'y en a jamais que
quatre qui tiennent le timon du gouvernement durant
une année, & quatre autres, l'année fuivante, Se ainfi
fucceflivement -, de forte que le tour de chacun d'eux
revient régulièrement de quatre en quatte ans. Outre
cela, il y a le confeil des Soix te .
examiner les affaires importantes qui demand. nt d;l lecrét t
& de la promptitude. Il eft compofé de ving iè,)t coi\j
feillers, ikde trente-trois perfônnes du ;r.u,cî confeil.
Tome III. L
GEN
CEN
Chaque année , au mois de Janvier , ton renouvelle premier héréditaire ; mais il eft fur qu'Albert étoit
les charges; Se toute la bourgeoifie affemblée au tem- comte de Genevois avant l'an 1000, Se que fa femme
pie de S. Pierre , élit fes magiftrats , Se rtgrabdle fur Eldegarde fonda , l'an iooi , l'églife de Verfoi dans le
ceux qui font en place. Il y a encore diverfes autres
loin , qu'il s'en fallut peu que les bourgeois n'en v
aux mains , Se ne s'égorgeaffent les uns les autres
territoire de Gex.
Les defeendans mâles d'Albert Se d'Eldegarde ent
poffédé ce comté environ 4c» ans , jufqu'à la fin du qua-
torzième fiécle, dans lequel Guillaume III, comte de
Genevois , fit hommage , l'an 1 3 1 3 , à Pierre de Focigny
évêque de Genève , du comté Genevois , Se en parti-
culier des mandemens de Terni , près de Genève , de
Balleyfon , de Remilly en Albanois , de Montfalcon , des
tillon , Se de ce que
ce comte pofledoit fur le Rhône Se l'Arve.
Amé III , fils du comte Guillaume , laiffa quatre fils ,
dont aucun n'eut de poftérité. Le dernier fut Robert ,
cardinal , qui fut élu pape, fous le nom de Clément VII,
contre Urbain VI , ce s'étant retiré à Avignon , y mou-
rut l'an 1394.
Il avoit plufieurs fœurs , dont l'aînée Marie , femme
de Humbert , lire de Villars Se de Thoire , fut comteffe
de Genevois qu'elle laiffa à fon fils Humbert. Ce comte
de Genevois, qui mourut fans enfans mâles, l'an 1400,
Les Genevois fe lièrent plus étroitement que jamais laiffa ce comté, par fon teftament , à fon oncle paternel
aux Bernois, l'an ï^6, par un traité de comboureeoific Oddo de Villars.
perpétuelle , Se l'an 1 584 ils recherchèrent auffi , Se ob- Oddo ne jouit qu'un an de ce comté : il s'en accom-
tinrent l'alliance de Zurich ; Se ces trois villes la folem- moda avec Amé VIII, comte de Savoye, qui avoit des
niferent enfemble , avec beaucoup de pompe. Ils l'ont prétentions fur les Genevois , parce que Guillaume III ,
renouvellée de tems en tems , Se, en dernitr lieu, l'an comte de Genevois, duquel defeendoit la femme de
1^07. Humbert , lire de Villars Se de Thoire , l'avoit ufurpé
La RÉPVBLIQUE DE GENEVE poffede aux fur fon neveu Ebal qui fe retira eh Angleterre où il fie
environs une petite étendue de pays , qui contient onze fon héritier Pierre de Savoye, qui étoit pour lors dans
paroiffes, fçavoir
chambres pour l'aclminiftration de la juftice Se de la
police : la juftice y eft bien administrée , les vices févé-
rement réprimés , Se il n'y a guêre5 de ville mieux po-
licée que Genève. Le peuple y eft fort jaloux de^ (a
liberté : des gens avides de nouveautés en abuferent, l'an
1707, Se infirmèrent au peuple, que le magiftrat le dé-
pouilloit injuftement de fes privilèges, Se le porta à la
K'olte contre la magiftrature. Les troubles allèrent fi Echelles , des dépendances de Châtillon , Se de
' .dent
Mais
la prudence du magiftrat, aidée des foins officieux des
députés de Zurich Se de Berne , calma tout heureufe-
ment. Il en coûta la vie à deux ou trois des auteurs de
la {édition , Se le banniffement à quelques autres.
Au gouvernement épifcopal on a fubffitué un confif-
toire où les minières ont beaucoup de crédit. Ils font
plus confidérés , à Genève , que dans tous les autres
états Proteftans.
Seligny, Cartigny,
Jantou, Peney,
Juffy, Boffey, Se Aunay,
Sacconay, Vandœuvre , Se Cologny,
Sattigny, Se Bourdigny, Chancy Se Valciry,
Et enfin Cheines.
Néanmoins Blanche, fille du comte Humbert, pré-
tendit fuccéder à fon père , qui n'avoit pu la deshériter
fans caufe, Se elle fe préfentapar procureur à. Guillaume,
de Lornai évêque de Genève, l'an 1402, pour lui de-
mander l'inveftiture du mandement de Remilli , en quoi
confiftoit alors prefque tout le comté de Genevois , le
refte en ayant été diftrait par des partages : on lui ré-
pondit que ces terres étoient dévolues à féglife, Se qu'en:
Les trois premières relèvent purement Se abfolumerit outre Amédée , comte de Savoye , avoit déjà demandé
de la fouveraineté de Genève, avec quelques villages l'inveftiwre de ce comté, avec l'offre de faire hommage,
des autres, comme Cologny, 8ec. Les autres dépendent, à l'évêque.
en partie, de la jurifdi&ion de Genève, Se en partie Le comte Amedée eut l'avantage dans ce différend ,'
de celle de fon altefle royale de Savoie. Les unes font Se fut reçu à faire foi Se hommage à l'évêque Se à
appellées terres de chapitre, parce qu'elles appartenoient l'églife de Genève, dans l'églife de S. Pierre, devant le
à l'ancien chapitre de la cathédrale de Genève; Se les grand autel, l'an 1404; car c'étoit l'ancienne coutume
autres ont le nom de terres de S. Victor, parce qu'elles de faire en ce lieu l'hommage dû à l'églife de Genève;
appartenoient anciennement à Un prieuré qui étoit dans Se quand on le rendroit ailleurs , c'étoit avec une per-
un fauxbourg de ce nom , à Genève. Chacune de ces million particulière de l'évêque , donnée pour des caufes
terres a fon châtelain Se fa juftice , qui relevé de la ré- raifonnables.
publique. De-là les appels fe portent à Carrouge en Quelques années après , le comte Ame fut créé duc
Savoye, à une juftice qui eft compofée , moitié de juges par l'empereur Sigifmond , Se fes fuccefleurs fe difpen-
Savoyfiens, Se moitié de Genevois ; Se de-là, en der- ferent de rendre- hommage aux évêques qu'ils voulurent
niere inftance, ils font portés par-devant le parlement de fubjuguer avec la ville, laquelle leur réfifta comme nous
Chambery. Mais pour ce qui regarde le fpirituel , le avons dit.
militaire Se tous les autres appanages de la fouveraineté,
ces terres dépendent entièrement de Genève.
Tout ce pays eft fort fertile , fort beau , Se fort peu-
plé. Les villages y font grands Se bien bâtis, Se les pa-
roiffes ornées de belles maifons qui appartiennent à des
bourgeois de Genève. On y recueille quantité de bons
Lçs ducs ne voulurent plus reconnoître cette églife
pour Gex, Se même pour Terni, que l'évêque Se fon
chapitre avoient quitté à Girard de. Terni , pour le tenir
en fief du comte de Savoye Se de Genevois, Se en
arriere-fief de l'églife de Genève.
Le duc Charles de Savoie donna en appanage à fon
fruits : le vin blanc y eft petit ; mais on y a d'excellent frère Philippe le comté de Genevois ; Se ce prince
vin rouge. A l'égard du grain , on n'y feme que du porta , en France , le titre de duc de Nemours. Il mourut
froment. La république entretient perpétuellement un l'an 1533 ; fon fils Jacques lui fuccéda, Se conferva le
grand Se riche magâfin de bled, dont on fubvient aux Genevois , quoique fon oncle, le duc Charles, eût "été
befoins de la bourgeoifie , dans les tems de difette , en chaffé de fes états par François I. Ce duc de Nemours
le leur vendant à un prix équitable ; Se dans le tems prit le titre de duc de Genevois , que fes fuccefleurs ont
d'abondance , on le débite, en obligeant les cabaretiers toujours confervé. Les deux derniers ont été Charles-
Sc les boulangers, de le prendre, mais à un prix modi- Amédée tué à Paris en 1652, fans laiffer d'enfans mâles,
que, tellement qu'ils peuvent encore y gagner. Se fon frère Henri mort l'an 1.659, fans enfans; après
Le Lac de GENEVE. Voyez Léman. quoi, le duché de Genevois a été réuni au domaine
Le GENEVOIS eft au nord de la Savoye, vers ducal de Savoye.
le couchant, Se féparé du Bugey par le Rhône. Il a II y avoit autrefois clans le Genevois une fortereffé
pris fon nom de Genève. Les comtes ont été long-tems appellée le fort de Sainte-Catherine , bâtie par le duc de
vaflhux dss évoques de Genève , comme les comtes Savoye , pour brider Genève , d'où elle n'étoit qu'à
d'Allon, dauphins de Viennois, l'ont été des archevê- trois lieues; mais Henri IV, roi de France, ayant pris
ques de Vienne. cette place fur le duc Charles-Emmanuel l'an 1600 , la
Ces comtes font très-anciens ; Se on en voit la fuite fit rafer jufqu'anx fondemens.
depuis le dixième fiécle, Se le régne de Conrad le i.GENEVRE, rivière de l'Amériqu
Pacifique. On ne fçait pas avec certitude, qui a été le Janeiro.
Voyez,
GEN
GEN
?
ï, CENE VRE , montagne des Alpes , entre la France
<k l'Italie. On y pane , lorfque l'on va du Dauphiné ou
de Briançon à Sézane , & de-là à Suze ou à Pignerol.
C'eft dans cette montagne que la Doria prend fa fource.
MM. Baudrand , Maty & Corneille attribuent à la France
& au Dauphiné cette montagne ; mais cela a été réglé
autrement par le traité d'Utrecht , entre Ja France & le
duc de Savoye. Par le quatrième article , Sa Majefté très-
chrétienne a cédé à ce duc la vallée de Pragelas
Les vallées d'Oulx , de Sézane , Bardonache & de Châ-
teau-Dauphin , àc tout ce qui eft à l'eau pendante des
Alpes, du côté de Piémont, &c. Ainfi cette montagne
& tout le refte de cette chaîne, que l'on comprend fous
le nom de mont Vifo , mont Genevre , <kc. fert de borne
entre les deux états , de forte que la féparation eft à leur
fommet. Ce qui eft à l'orient des fommités , pour parler
comme MM. les plénipotentiaires , eft au Piémont ; Se
tout ce qui eft au couchant , eft à la France.
GENGEN. Voyez Giengen & Rhiusiava.
GENICHEHER : M. Corneille dit : ville d'Ane dans
la Bithynie , fituée proche de Nicée. Ortélius & Busbeq
la nomment Geni S AR : ce mot Genicheer, veut
dire Fille-neuve : on l'appelloit anciennement Neapo-
1 1 S. Ortélius , dans fa carte de la Turquie , met Genifar
ville au levant d'été d'Ifnich , qui eft l'ancienne Nicée.
Busbeq, Epifi. i , p. 79, écrit G e n Y S a R : Profccti
Nïcaâ venimus Jenyfar : ex Jenyfar Ackbyuck , Sec.
Ortélius parle bien "de Genichissar; mais c'eft,
dit-il, le nom moderne d'un cap du Bofphore de Thrace,
du côté de l'Europe , nommé parles anciens Romains Her-
maum Promontorium , &t par les Grecs d'aujourd'hui Néo-
cajlre. Ce cap n'a rien de commun avec la ville dont il eft
queftion dans cet article. M. de l'Ifle , dans la carte qu'il
a dreflee fur les mémoires du fieur Lucas , nomme cette
ville Jeni-CHER, au couchant d'été de Broufie, 6c
entre deux le village d'Arnaji, qui eft au midi d'un lac,
au nord duquel la ville de Nicée étoit fituée. Le voya-
geur lui-même décrit ainfi le chemin de Nicée , à Jeni-
cher, i.part. c. 11, p. 72. Je fortis de Nicée le 25 au
matin ; nous eûmes le lac à notre main droite , 8c nous
le côtoyâmes pendant une bonne heure &c demie : en-
fuite nous commençâmes à monter de fort hautes mon-
tagnes ; le chemin nous en parut des plus rudes , Se nous
dura près de deux heures : au plus haut fommet, nous nous
reposâmes environ une heure dans un village appelle
DlVRAlN, qui n'eft habité que par des Grecs : enfin
nous defcendîmes par une pente fort douce dans une
plaine des plus agréables ; Se après y avoir marché pen-
dant deux heures &c demie, nous arrivâmes à Jenicher.
La ville eft fort petite , mais jolie : tous les vendredis il
fe tient un grand bazar : on y vend presque de tout ;
mais le principal commerce eft des chevaux que les Tar-
tares y amènent.
GENICHISSAR. Voyez Hermmm.
GENILLÉ , bourg de France , en Touraine , éleftion
de Loches.
GENITE ; Diftys de Crète, de Bell. Trojan.ï. 2 ,
nomme ainfi une ville amie de Troyens.
GENITH , bourg de France , dans le Limofin , élec-
tion de Brives.
GENLADE , rivière d'Angleterre. Bede en fait men-
tion dans fon Hiftoire eccléfiaftique , c. 8.
GENLIS, GenCiacum, bourg de France, en Picardie,
au diocèfe de Noyon , à une lieue au nord de Chauny ,
avec titre de marquifat. Il y a près des bois une abbaye
de Prémontrés réformés , qui étoit autrefois des filles de
l'ordre de S. Auguftin.
GENNABAR , village d'Ane , vers l'Arabie Pétrée.
EgeGppe, /. 4, c. 16, haJofeph. de Bill. Jud. 1. 5 , c. 4,
en font mention.
GENNELA , ville de France , dans la Gafcogne , au
diocèfe d'Acqs : elle a 1416 habitans.
1. GENNES, ou S. Veterin de Gennes,
bourg de France , en Anjou , dans l'éleftion de Saumur.
2. GENNES ; il y a quelques villages de ce nom en
France , dans les provinces de Franche-Comté , d'Anjou,
de Bretagne.
3. GENNES, ville d'Italie. Voyez Gènes.
GENOjEI, ancien peuple de Grèce, entre les
Moloffes, & aux confins de l'Epire .& de la Thefta-
fie , félon Etienne le géographe , qui cite le quatrième
livre de Rbianus , de l'Hiftoire de The^a'onique.
♦ GENONIA. Voyez Si n uni a,
GENOSA, bourg d'Italie au royaume de Naples ,
dans la province d'Otrante , aux frontières de la Bafili-
cate fur un torrent qui tombe dans le Brandano , environ
à dix milles de la côte , félon M. Baudrand , à onze de
Torre de Brandano , félon Magin»
GENOVESATO, nom italien de l'état de Gènes,
pays d'Italie. Voyez G en ES.
GENOUILLAC, ville de France, dans le bas Lan-
guedoc , au Diocèfe d'Ufez.
GENOUILLAT, bourg de France, dans la Marche,
dans l'éleftion de Gueret.
1. GENOUILLÉ, bourg de France, en Saintonge,
dans l'éleftion de S. Jean-d'Angely.
2. GENOUILLÉ, bourg de France, au pays d'Aunis,
éleftion de la Rochelle.
3. GENOUILLÉ, prieuré de France , dans le Poitou,
éleftion de Niort.
GENOUILLY, bourg de France , en Berry, dans
l'élection d'Ifibudun. Il appartient au chapitre de la
fainte chapelle de Bourges , à laquelle Jean duc de Berry
le donna en 1404.
GENOZZAR; c'eft la même chofe que Gênez a-
RETH, & CENERETH.
GENPING, ville de la Chine dans la province de
Quanton , au département de Chaoking, fixieme métro-
pole de la province. Elle eft de quatre degrés quarante-
neuf minutes plus occidentale que Pékin , par les 12 d.
40' de atitude. Atlas Sinenjls.
G E N S A C , Gentiacum , bourg de France dans la
Guienne , au Bafadois fur la Dordogne.
GENSIMA, ifie du Japon-, à l'eff du royaume d'Oxu ,
ôc la plus feptentrionale du Japon , environ à cent cin-
quante milles au large. Il y a , dit-on , deux ides dont les
Japonois font extrêmement jaloux, & dont ils n'ont ja-
mais voulu donner connoiffance à perfonne. La plus
éloignée &c la plus fepteptnonale eft nommée Gen-
fima , c'eft-à-dire ifle d'argent , l'autre qui eft la plus
grande , s'appelle kinfima , ou ifle d'or. On prétend qu'en
1620, Philippe II, roi d'Efpagne, envoya un vaiiïeaa
pour les découvrir , mais fans fuccès. On ajoute que les
Hollandois ont fouvent tenté la même chofe , fans réuf-
fir. S'il eft vrai , comme le P. Charlevoix l'a écrit dans
fon Hiftoire du Japon, d'après Kœmpfer, que les vaiffeaux
qu'on fabrique aujourd'hui au Japon , ne peuvent aller
plus de trois lieues en pleine mer, St qu'il n'eft pas
permis d'en fabriquer d'autres , on en pourroit conclure
que ces ides font chimériques.
GENSORA, ancienne ville de l'Ethiopie, foi:s
l'Egypte, félon Pline, /. 6 , c. 29.
G É N S U I , Genfuinus fk Mêlas , grande rivière
d'Afie, félon Baudrand qui la nomme Chalib , ou
COBACQUE. Sanfon la nomme Chalig : ils fe trom-
pent tous d'eux , en difant qu'elle palfe a Angouri , qui
eft l'ancienne Ancyre , traverfe la grande Caramanie,la
Ladulie, Se fe jette dans l'Euphrate. Il n'y a point de
rivière à Ancyre ; & quand il y en auroit , ce ne peut
être le Mêlas qui avoit les fources allez près de Céfarée
en Cappadoce, & fort loin d'Angouri. Le nom de
Mêlas lui venoit d'un mot grec qui fignifie Noire ,
les Turcs l'appellent Carafou , qui veut dire la même
chofe. Malatiah , qui eft l'ancienne Mélitene étoit à fon
embouchure. Ptolomée , Cellarius & M. de l'Ifle, dans
fes cartes latines, font le cours du Mêlas de la moitié
plus court que Sanfon &C Baudrand.
GENTA, ancienne ville de l'Inde , au-delà du Gange,
félon Etienne le géographe.
G ENTÉ, bourg de France, dans l'Angoumois,
éleftion de Cognac.
GENTERIA, ville d'Egypte, félon Métaphrafte,
dans la Vie de S. Paphnuce. * Ortel. Thefaur.
GENTIADA. Diofcpride parlant d'une plante
nommée Teucrion , dit qu'elle croît dans les cantons
de Gentiade &: de Ciflade qui font de la Cilicie.
* Ortel. Thefaur.
GENTIANUM, nom latin de G:n?ano.
GENTICI , ancien peuple de la Gaule, Narbonnoife,
félon Feftus Avienus. * Ortel. Thefaur.
GENTILLI, village de France, à une lieue de
Paris, fur la rivière de Biévre, en latin Gentiliacum al
Tome III. L ij
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Beveram. Ce village eft fort ancien : il a pns fon nom
de Gentil, l'un de (es anciens feigneurs. Il avoir appât*
tenu à nos rots , avant que d'être à S. Eloi qui tut en-
fuite évêque de Noyon. Il leur revint même dans la lutte,
puifque l'an 762, le roi Pépin y partout l'|»ver> &
y célébra les fêtes de Noël &c de Pâques. Le même
prince y affembla un -concile en 766 pour terminer les
difputes qui s'étoit élevées fur la famte Trinité ci fur les
images. On voit dans un chartulaire manulcrit ûe\ eglife
de Paris , qui finit en l'an 1 281 , qu'il y avoit eu à Gen-
tilli une tour ronde , qui étoit apparemment un refte de
l'ancien palais des rois. Auprès deGentilli eft le château
de BlCESTRE. * Piganiol de la Force, Defcr. de la
France 1. 2 , 2. part. p. 655 , idit. Par.
GENTIL-LIEU , magnifique monaltere de 1 ordre des
Céleftins dans le diocèfe d'Avignon , au voifmage du
pont de Sorgues.
GENTINUS , ville d'Ane dans la Troade , félon
Etienne le géographe. . ,
GENTUNG , forterefle de la Chine dans la pro-
vince de Channfi , au département de Gueiyven , pre-
mière forterefle de la province ; elle eft plus occiden-
tale que Pékin de 6 d. 16' , par4o d. de latitude. Atlas
Sinenfis.
GÉNUA , nom latin de Gènes.
GENUATES , nom latin des Génois.
GENUA Urbanorum. Voyez URSO.
GENUCLA , ville des Gétes fur l'Ifter , ou , ce qui
eft la même chofe fur le bas Danube, félon Dion-
Caflïus, /. 51. ■; ' „
GENUENSIS Ditio, nom latin de letat ae Gènes.
GENUNII , ancien peuple de Bretagne. Ils étoient
alliés du peuple Romain , félon Paufanias , in Arcadicis ,
c. 43 , p. 689. Ils conquirent une partie du pays des
Brigantes qui les attaquèrent. _
GENUSINI, ancien peuple d'Italie , dans la Pouille,
félon Pline, /. 3, c. 11. '
GENUSINUS Ager; Frontin, p. 127, éd. Goefi,
dans fon Livre des Colonies , le met dans la province
de Calabre. Il prenoit fon nom de Genufmm , qui eft
aujourd'hui Genofa. _
GENUSUS , rivière de l'IUyne, entre Apfus & Apol-
lonie. Céfar , /. J , c. 75, dit, à l'occafion de fon voyage,
depuis l' Apfus à Apollonie ; lorsque l'on fut arrivé au
Genulé , dont les bords étoient embarraffés ; & , c. 76 :
Céfar ayant fait paner le Genufe à fon armée , reprit fon
ancien camp vis-à-vis à'Afparagium. * Lucam , /. 5 ,
v. 461 , dit :
Prima Duces viditjunclis concurrerc Callris
Tellusquam volucer Genufus, quant mollior Apfus
Circumeunt ripis.
Le P. Briet dit que le nom moderne eft Y Agença.
GENZANO , village d'Italie , dans la Campagne de
Rome , au midi de la Riccia , fur le penchant d'une col,
line , à dix-huit milles de Rome , du côté de Terra-
cine. Sa fituation eft charmante , & on y arrive parades
allées à perte de vue. Quelques-uns difent qu'on l'ap-
pelloit autrefois Cynthianum , à caufe de Cynthia , ou
Diane qui y étoit adorée. Genzano appartient à la mai-
fon de Céfarini. Le vin, qui croît dans fon territoire eft
auflî bon que celui dAlbano ; aufli eft-ce le même ter-
roir. Ces vins font blancs St doux. * Baûdrand , édit.
17c;.. Corn. Dift.
GEOARIS , ancien nom d'une des îfles Efchmades ,
que nous appelions préfentement les Curzolaires. * Plin.
1. 4, c 12.
GEOGONADI, rivière d'Afie dans les Indes ,
où elle arrofe le pays d'Agra , félon M. Thévenot.
* Voyage dis Indes , p. 118 , c. II.
GEOGRAPHIE, (la) feience qui nous enfeigne à
conncître le globe terreftre. Ce mot eft formé de r» terre,
& de !■/>«*«•/, décrire. Ainfi géographie ne fignifie que
description de la terre.
On appelle géographie proprament dite la feience
qui fait connoitre la terre , Ci hydrographie , celle qui fait
connoitre l'eau. Mais comme l'eau couvre une partie de
fa lurface , on ne peut étudier la géographie fans lui
affocier plus ou moins d'hydrographie. ^
L'hydrographie qui fe borne à connoitre le cours , la
profondeur , la largeur Si la nature des eaux , en tant
qu'elles font partie de la lurface du globe , n'eft pas une
feience à part : elle eft eflentielle à la géographie , & ne
devient feience particulière , que lors qu'examinant les
befoins de la navigation , elle fournit aux gens de mer des
régies , pour fe fervir avantageufement & favamment de
fon fecours , ci que leur montrant les périls de leur pro-
feffion , elle leur enfeigne à les éviter.
La géographe s'attache donc au globe entier ; Si pour
éviter la confufion , elle le divife en plufieurs manières.
Le première Si la plus fimple eft la diftin&ion de la
terre Se de l'eau ; Si c'eft ce qui partage la géographie en
géographie propre Si en hydrographie. Les deux feien-
ces enfemble confiderent le globe entier que nous appel-
Ions GLOBE TERRAQUE , orbis terraqueus ; ce dernier
mot eft compofé de terra Si Saqua.
Cette* mafle eft appellée ainfi , parce que fa figure ap-
proche de la rondeur. Une des preuves les plus fenfibles
que la terre eft ronde , c'eft que fon ombre marquée fur
la lune , dans le tems des éclipfes , eft ronde. Or l'ombre
d'un objet angulaire on carré ne fera jamais ronde.
Les eaux répandues fur la furface de la terre en entou-
rent deux grandes parties , par des mers fort étendues ;
& ces deux parties font appellées continens , parce que
toutes les terres s'y tiennent fans être interrompues par
aucune mer. Il y a d'autres parties moins confidérables qu e
la mer environne de tous côtés , Si on les appelle ((les.
Ces deux continens avec leurs ifles, forment ce que l'on
appelle X ancien Si le nouveau monde. L'ancien eft celui
que les anciens ont connu , Si comprend trois grandes
parties ,
L'Europe, au nord;
L'Afrique , au midi ;
& L'Asie , à l'orient des deux autres.
Leurs noms & leurs bornes ont varié , comme on le peut
voir dans leurs articles particuliers.
Les navigations entreprifes depuis quelques fiécles , ont
découvert un grand continent , qu'on appelle le nouveau
monde , ou 1' 'Amérique. Voyez Amérique. Mais tout
n'eft pas découvert , 6c il y a encore,vers les deux pôles,
de quoi découvrir : cela fait deux autres nouvelles par-
ties , qui font les terres inconnues Arctiques , c'eft-à-dire
feptentrionales , Si les terres Auftrales ou Antarctiques,
c'eft-à-dire méridionales. Cette divifion partage le monde
en fis parties , qui font :
r L'Europe.
Dans l'ancien monde < L'Afrique.
C L'Afie.
Dans le nouveaiynonde [ L'Amérique.
Dans le monde
C Les terres Ar&iques.
■^ Les terres Auftrales.
Les uns font expofés à d'extrêmes chaleurs , les autres
aux froids les plus affreux. Les uns voient le foleil fe le-
ver à leur gauche & fe coucher à leur droite ; les autres
le voient fe lever à leur droite , & fe coucher à leur
gauche ; Se tous connoiffent qu'après avoir avancé jul-
qu'à un certain point du ciel , il s'en retourne vers la
partie oppofée. On a donc infenfîblement marqué des
cercles dans le ciel , à mefure qu'on a obfervé que le
foleil & les planettes les parcourent dans leurs cours.
L'aftronomie s'eft fervi utilement de ces cercles imagi-
naires , mais qui ont une efpece de réalité, par le grand
ufage dont ils font. La géographie a emprunté ces cer-
cles , Si les a appliqués au globe de la terre. Ainfi il s'eft
fait une efpece de communauté de biens entre l'aftro-
nomie & la géographie , dont s'eft formée la géogra-
phie a/lronomique ; c'eft elle qui nous fournit les méri-
diens Se les parallèles dont la rencontre marque préci-
fément le lieu que chaque endroit, doit occuper fur le
globe, par rapport au ciel.
La nature même a fait des divifions dans la furface du
globe , foit par les mers qui avancent dans les terres T
&: qui féparent un pays de plufieurs côtés , comme l'Ef-
pagne , l'Italie , la Scandinavie , foit par de grands fleu-
ves , comme le Nil , l'Inde , l'Euphrate , &cc. foit par
de longues chaînes de montagnes , comme les Pyrénées ,
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GEO
les Alpes , les monts Krapack , le Caucafe , ITmaiis, <kc
l'étude du globe , par rapport à ces diverfités que la
nature y a attachées , s'appelle la géographie naturelle.
Les hommes , en le multipliant , ont formé des fo-
ciétés. Il y a eu entr'eux des gens qui, par le befoin qu'on
avoit d'eux,ou par d'autres raifons , font devenus les chefs
de ces fociétés ; de-là eft venu ce qu.'on appelle princi-
pautés , royaumes , empires , &c. D'autres peuples ,
laffés du gouvernement abfolu, ont voulu le gouverner
eux-mêmes par des magiftrats qui fuiient fournis aux mê-
mes loix que les autres fujets du même état , & voilà
l'origine des républiques. Ces fouverainetés , ces répu-
bliques n'ont pas toujours eu les mêmes bornes. Les
guerres les ont tantôt aggrandies , tantôt diminuées ; plu-
sieurs peuples ont entièrement difparu ; d'autres fe l'ont
illuftrés après des commencemens très-obfcurs. Un lieu
commode pour une maifon de chaffe, a donné occalîon
de bâtir un château , puis un village qui , avec le tems,
eft devenu une ville floriffante. 1 el défert a femblé pro-
pre à des Solitaires pour y fuir le monde ; c'étoit le
fond d'une forêt; ils s'y eft formé un monaftere qui s'eft
enrichi ; & les fucceffeurs de ces pauvres reclus font de-
venus fouverains d'un beau pays qui s'eft cultivé aux
dépens de la forêt , & qui contient d'ordinaire une
bonne ville. C'eft à la GEOGRAPHIE hiftorique à tenir
regiftre de tous ces détails.
La GEOGRAPHIE HISTORIQUE a plufieurs branches.
Elle doit marquer les divers états de chaque lieu ; par
exemple , une ville eft fouvent venue d'un village. Elle
doit marquer aufli les changemens de maîtres ; par exem-
ple , Riga a appartenu à l'ordre des chevaliers de Pruffe ;
la Suéde l'a poftédé long-tems ; & cette ville eft pré-
sentement à l'empire Ruffien avec le refte de la Livo-
nie. Ainft la géographie fimple dira que Riga eft une
ville de Livonie ; mais la géographie hiftorique doit dire
à quel fouverain appartient la Livonie , & marquera que
c'eft préfentement à la Rulîîe. Les villes & les provinces
frontières font fujettes à changer de maîtres. La diffé-
rence eft grande entre Tournai , ville de France & fiége
d'un parlement François ; & ce même Tournay , ville
des Pays-Bas Autrichiens , & cédée aux Provinces-Unies
pour leur fervir de barrière , &: y avoir leurs troupes
en earnifon.
La géographie civile ou politique eft celle qui décrit
les fouverainetés , & leurs diverfes parties , par rapport
au gouvernement civil & politique.
La géographie eccléjiajlique eft celle qui décrit les par-
tages de la jurifdièfion eccléliaftique , félon les pattiar-
chats , les primaties , les diocèses , les paroiffes , &c.
par rapport au gouvernement eccléfiaftique.
* On pourrait ajouter une dernière efpece , favoir la
géographie phyfique. C'eft fous cette claffe qu'il faudroit
ranger les auteurs qui ont recherché les changemens que
le déluge a caufés fur la furface de la terre , comme Bur-
net , Woodvard , & autres , &: les écrivains qui ont
traité des caufes qui produifent des plantes , des miné-
raux , des eaux médicinales , &c. en certains endroits
plutôt qu'en d'autres. Le monde fouterrein du P. Kir-
cher appartient à la géographie phyfique. Ces recherches
peuvent entrer pour quelque choie dans l'étude de la
géographie propre ; mais c'eft un acceiïbire dont cette
ïcience peut fe paffer.
La géographie T telle que nous venons de l'expliquer ,
n'eft qu'une partie de la cofmographie , qui eft ladefcrip-
tion de tout l'univers , comme je l'ai dit au mot COS-
MOGRAPHIE ; mais quoique la géographie & l'aftro-
nomie foient deux feiences féparées , la géographie ne
peut lé paffer de l'aftronomie entièrement. La ligne équi-
noxiale , les tropiques , les pôles , les zones , les méri-
diens , les parallèles font des emprunts néceffaires ; c'eft
pourquoi la géographie ordinaire doit être toujours pré-
cédée de quelque connoiffance de la fphère ; mais lors-
qu'on veut pouffer les découvertes , il faut entrer plus
avant dans la théorie des planettcs. Par exemple , les
anciens aftronomes ne connoiffoient point d'autres éclip-
fes que celles du foleil &C de la lune qui font fenfibles à
tout le monde. Les aftronomes modernes ont trouvé
que Jupiter avoit lui-même lès lunes , &c que fes lunes
s'éclipfent plus fouvent que la nôtre. Cela a donné lieu
de faire des obfervations plus fréquentes , qui ont fervi
à perfectionner les longitudes. Voyez Longitude.
H
Ces obfervations font donc néceffaires à la géographie
puifqu'elle en retire un fi grand bien , & c'eft par-la qjè
quelques cartes nouvelles font devenues iî différentes aes
anciennes , à caufe des reformations auxquelles les obfer-
vations ont donné lieu.
Si la géographie n'eft qu'une partie à l'égard de la cof-
mographie , elle devient elle-même un tout à l'égard de
la CHOROGRAPHie , qui eft la defeription d'un can'o :
particulier; & cette dernière a fous elle la TOPOGRA-
PHIE qui décrit un fimple heu , comme une ville , u i
village , un paylage , un champ de bataille , &c. D'ex-
cellentes partes topographiques étant affemblées félon
1 art , il s'en forme une bonne carte chorographique , &
ùçde plufieurs chorographiques exaftement faites , il en
réfulte une générale très-bonne ; s'il y a peu de ces der-
nières , c'eft qu'il exifte beaucoup de pays &t de lieux
particuliers dont la géographie n'a pas encore afl'ez étu-
dié la fituation. Cependant,pourne point laifferde vuide,
on les remplit comme on peut.
GEOLE; (la) on appelloit ainfï anciennement un
petit canton de Me de France , où eft le bourg de Dam-
Martin , avec un château & titre de comté. On en ignore
l'étendue & les limites. * Corn. Dift. C'eft la même
chofe que la gouelle.
GEONENSIS. Siège épifcopal dans la Pamphylie.
Trodus , fon évêque , aflîfta l'an 381 au concile de
Conftantinople.
GEOPHANUM , nom latin de Gifoni , bour°- du
royaume de Naples. Voyez Gifoni.
GEORGENBOURG , ville du royaume de Pruffe ,
fur la rive feptentrionale de la Prégel , au confluent de
cette rivière avec le Goldap. * Zeyler. Pruff. topog. p. 9.
GEORGIE , pays d'Alïe , aux environs du mont Cau-
cafe ,r entre la mer Noire &: la mer Caspienne. Elle eft
b°rnee au nord par la Circaffie , à l'orient par le Da-
gheftan &: le Schirvan , au midi par l'Arménie,& au cou-
chant par la mer Noire. Elle coirrorend la Colchide &
1 Ibene des anciens. Le Dagheftan & le Schirvan for-
ment a-peu-près l'ancienne Albanie. Les montagnes divi-
sent ce pays en deux parties ; l'une orientale ou font les
royaumes de Caket au nord , & de Carduel au
midi ; l'occidentale comprend au nord les Abcasses
la MlMGRELIE , l'iMIRETTE & le GURIEL. Voye\
ces noms â leurs articles particuliers . C'eft dans cette
partie occidentale qu'il faut chercher les Laziens , & la
Lazique dont je parle en fon lien.
Les Orientaux appellent ce pays GURGISTAN , & les
Géorgiens Gurges ou Kurges. M. d'Herbelot dit :
les Géorgiens , peuples qui habitent les environs du mont
Caucafe , au couchant de la mer Cafpienne, ont tou-
jours été Chrétiens , quoiqu'environnés de tous côtés par
les Mufulmans. Du tems des Samanides, Abon-Naffer roi
de Géorgie, qui avoit été iubjugué par le fultan Nouh liis
de Man for , avoit remis fes états entre les mains de Schah-
Schar l'on fils , 8t vivoit en particulier à la cour de ce
prince : Mahmoud fils de Sebect eghin , fultan des Gazne-
vides , fit la guerre à Schah-Schar qui fut défait par Al-
tun-Tach, général des armées de ce fultan, & envoyé pri-
fonnier à Mahmoud qui lui rendit la liberté , & le réta-
blit dans fes états , à condition qu'il y vivrait en bon &
fidèle vaffal ; mais il fe révolta encore , fut défait & ren-
voyé une féconde fois au fultan Mahmoud qui le fit
fouetter, & l'enferma dans un château où il mourut.
Ainfi finit la dynaftie des Schars , au rapport de Khon-
demir , qui dit , fans fondement , que ce nom de Schar
étoit commun à tous les rois de Georiie.
H s'éleva bientôt une autre dynaftie de rois dans le
Gurgiftan , qui foutinrent une longue guerre contre les
Selgiucides fucceffeurs des Gaznevides. Alp Arflan le Sel-
giucide remporta de grands avantages fur les Géorgiens
dont il dompta une grande partie qu'il rédmfit en efcla-
vage , les obligeant de porter un fer à cheval pendu à
l'oreille pour marque de leur fervitude.
Malek-Schah fultan de la même race , continua à faire
des progrès dans la Géorgie où il prit le fort château
de Miriam-Nifchin.
Les Khovarezmiens , qui fuccederent aux Selgiucides,
firent aufli la guerre à ces peuples , fans pouvoir les affu-
jettir entièrement. Gelaleddin, Mank-Berni fit de grands
exploitsen cepays, fans les dompter.
AbuUàrage veut que les Gurges ou Georjiens foient
86
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les mêmes que les Khozares ; mais les Khozares Tiabitent
au feptentrion de la mer Cafpienne ?, Se confinent avec
les Turcs orientaux ou Tartares. La capitale des Khoza-
res eftBalangiar, fituéeà85 d. 20' de longitude, Se a
46 d. 30' de latitude; au lieu que Teflis oulifiis capi-
tale de la Géorgie eft à 83 d. de longitude , Se a 43 d.
de latitude.
Le voyageur Chardin , qui a parcouru la Géorgie, en
a fait cette defcription , t. x , p. 122. Nous avertirons
■qu'il n'eft pas fort exact, fur l'ancienne géographie. C eft
un pays où il y a beaucoup de bois 8e de montagnes qui
renferment quantité de belles Se longues plaines , mais
étroites. Le milieu de la Géorgie eft plus plein & uni que
le refte. Le fleuve Kur , que la plupart des géographes ■
appellent Cyrus Se auffi Coras, paffe au milieu. Il a fa
iburce dam le mont Caucafe , à une journée Se demie
d'Acalziké , comme l'on a dit , & fe jette dans la mer Caf-
pienne. Ce fleuve a un avantage par-demis tous les autres
fleuves de Perfe , c'eft qu'il porte bateau un allez long
efpace de pays ; ce qu'on ne voit faire à aucun autre ,
Se qui eftfortparticulier Se fort remarquable en un empire
de fi grande étendue.
J'ai vu , pourfuit ce voyageur , de vieilles geographies
Perfiennes qui mettent la Géorgie ^dans l'Arménie ma-
jeure. Les modernes en font une province particulière
qu'ils appellent Gurgiftan , Se qu'ils divîfent en quatre
parties. L'Imirette dont nous parlerons en fon lieu ; le
pays de Guriel où l'on comprend tout ce qui eft dans le
gouvernement d'Alcalziké ; le royaume de Caket , qui
s'étend fort loin dans le mont Caucafe , Se qui eft pro^
prement l'ancienne Ibérie ; Se le Carthud , qui eft la
Géorgie orientale , Se que les anciens nommoient Alba-
nie Aliatique. Nous avons averti que l'Albanie des an-
ciens comprenoit le Dagheftan Se le Schirvan. Le royau-
me de Caket & le Carthuel font dans 1 empire de Perfe ;
c'eft ce que les Perfans appellent le GuROISTAN. Les
Géorgiens ne fe donnent point d'autre nom que celui
de CAUTHUELI , qui n'eft pas nouveau. On le trouve ,
quoiqu'un peu corrompu , dans S. Epiphane qui , en
parlant de ces peuples, les nomme toujours Cardiens._ On
dit que ce font les Grecs qui leur ont donne celui de
Géorgiens , du mot Georgoi , qui en leur langue fignifie
laboureur; d'autres veulent que ce nom vienne de
S. George , le plus grand faint de tous les Chrétiens
dii rit grec ; mais c'eft une fàuffe étymologie , puisqu'on
trouve le nom de Géorgiens dans des auteurs bien plus
anciens que S. George , comme Pline , entr'autres , Se
Pomponius Mêla.
Toute la Géorgie a peu de villes ; le royaume de Ca-
ket en a eu plufieurs , qui font maintenant toutes ruinées,
à la réferve d'une nommée auffi Caket. J'ai ouï-dire ,
étant à Tifîis , que ces villes avoient été grandes 8e
fomptueufement bâties ; Se c'eft l'idée que l'on en con-
çoit, quand on regarde ce qui n'en a pas été tout-à-fait
détruit, Se les ruines. Ce font les peuples feptentrionaux
du mont Caucafe , ces Alanes , Suanes , Huns , Se ces
autres nations célèbres pour leur force &t pour leur cou-
rage ; Se au rapport de beaucoup de gens , c'eft auffi une
nation d'Amazones par qui ce petit royaume de Caket
a été ravagé ; les Amazones en font proches au-deffus ,
du côté du feptentrion. Je parle ailleurs de ces Ama-
zones.
L';
durant .
Mai ; mais il dure jufqu'alafin de Novembre. Les terres
y font fort féches ; Se lorsqu'on les arrofe , elles produi-
fent abondamment toutes fortes de grains, de légumes Se
de fruits. La Géorgie eft un pays fertile autant qu'il fe
peut ; on y vit délicieufement, Se à bon marché. Le pain
y eft très-bon , & les fruits excellens. Aucun endroit de
l'Europe ne produit de meilleures poires Se pommes;
aucun lieu de l'Afie,de plus excellentes grenades. Le bé-
tail y eft en abondance, fk très-bon , tantj le gros que le
menu. Le gibier eft incomparable. Il y en a de toutes
fortes , principalement de volatiles. Le fanglier y eft en
auffi grande quantité,Se auffi délicat qu'en Colchide. L'au-
teur ne parle ici que de la Géorgie orientale ; car l'occi-
dentale eft la même que la Colchide. Le commun peu-
ple ne vit prefque que de cochon. On en voit par toute
la campaane. Les gens cttl Pavs affurent qu'on n'en eft
jamais incommoeé, quelque quantité qu'on ea mange. Je
?a'ir y eft fec , très-froid durant l'hiver , Se fort chaud
int l'été. Le beau tems n'y commence qu'au mois de
crois que cela eft vrai ; car quoique j'en mangeafte pres-
qu'à tous les repas, il ne m'a jamais fait de mal. La mer
Cafpienne qui eft proche de la Géorgie , Se le Kur qui la
traverfe , fournifîênt tant de poiffon de mer Se d'eau
douce , qu'on peut affurer qu'il n'y a point de pays où
l'on puiffe en tout tems faire meilleure chère qu'en ce-
lui-là.
Il n'y en a point auffi où l'on boive tant de vin , ni de
plus excellent : les vignes croiffent autour des arbres
comme en Colchide. On tranfporte toujours de*Tirlis
une grande quantité de vin en Arménie , en Médie Se à
Ifpahan , pour la bouche du roi. La charge de cheval, qui
eft de trois cens pefant,ne coûte que huit francs : je parle
du meilleur vin ; car d'ordinaire on a le commun pour
la moitié : tous les autres vivres font à proportion. La
Géorgie produit de la foie en quantité , mais beaucoup
moins que quelques voyageurs l'ont dit. Les gens du
pays ne la favent pas bien travailler. Ils la portent en
Turquie , à Erzerom Se aux environs où ils ont beau-
coup de commerce.
Le fang de Géorgie eft le plus beau de l'Orient , 8e je
puis dire du monde. Je n'ai pas remarqué un vifage laid
en ce pays dans l'un Se l'autre fexe ; mais j'y en ai vu
d'angéliques. La nature y a répandu fur la plupart des
femmes des grâces qu'on ne voit point ailleurs, Je tiens
pour impoffible de les regarder fans les aimer. L'on ne
peut peindre de plus charmans vifages ni de plus belles
tailles que celles des Géorgiennes. Elles font grandes ,
dégagées , point gâtées d'embonpoint , Se extrêmement
déliées à la ceinture ; ce qui les gâte , c'eft qu'elles fe
fardent. ■
Les Géorgiens ont naturellement beaucoup d'efprit :
ils deviendroient favans s'ils étudioient ; mais on ne
leur donne aucune éducation. Ils font fourbes, frippons ,
perfides , traîtres , ingrats , fuperbes , Se foutiennent le
faux, avec la dernière effronterie. Ils fe mettent difficile-
ment en colère ; mais lorfqu'ils haiffent quelqu'un , c'eft
pour la vie : ils s'adonnent à l'ivrognerie Se à la luxure
avec excès , parce que ces vices ne font point en horreur
en Géorgie. Les gens d'églife , comme les autres , s'eni-
'vrent , Se tiennent chez eux de belles efclaves , dont ils
font leurs concubines. Perfonne n'en eftfcandalifé, parce
que la coutume en eft générale , 8e même autorifée. Le
gardien des Capucins m'a affuré d'avoir ouï dire au Ca-
tholicos, (on appelle ainfi le patriarche de Géorgie ) que
celui qui, aux grandes fêtes , comme à Pâques Se à Noël ,
ne s'enivre pas entièrement , ne paffe point pour chrétien,
Se doit être excommunié. Les Géorgiens font extrême-
ment ufuriers. Ils ne prêtent guères que fur gages ; Se le
moindre intérêt, qu'ils prennent , eft de deux pour cent
par mois. Les femmes font auffi vicieufes , auffi mé-
chantes Se auffi lubriques que les hommes. Pour le refte,
les Géorgiens ont de la civilité Se de l'humanité, Se de
plus ils font graves 8e modérés. Leurs mœurs Se leurs
coutumes font un mélange de celles de la plupart des peu-
ples qui les environnent. Cela vient , je crois , du com-
merce qu'ils ont avec beaucoup de diverfes nations , Se
de la liberté que chacun a en Géorgie de vivre dans fà
religion Se dans fes coutumes , d'en difeourir , Se de les
défendre. On y voit des Arméniens , des Grecs , des
Juifs , des Turcs , des Perfans , des Indiens , des Tarta-
res , des Mofcovites Se des Européens.
Les Arméniens y font en fi grand nombre , qu'il paffe
celui des Géorgiens. Ils font auffi les plus riches , Serem-
pliffent la plupart des petites charges Se des bas emplois.
Les Géorgiens font plus puifTans , plus fuperbes , plus
vains 8e plus faftueux. La différence qu'il y a entre leur
efprit , leurs mœurs , 8e leur créance , a caufé une forte
haine entr'eux. Ils s'abhorrent mutuellement , Se ne s'al-
lient jamais enfemble : les Géorgiens particulièrement
ont un mépris extrême pour les Arméniens , Se les con-
fiderent, à-peu-près , comme on fait les Juifs en Europe.
L'habit des Géorgiens eft prefque femblable à celui des
Polonois ; ils portent des bonnets pareils. Leurs veftes
font ouvertes fur l'eftomac , Se fe ferment avec des bou-
tons Se des gances. Leur chaufTure eft comme celle des
Perfans. L'habit des femmes reffembk entièrement à celui
des Perfanes.
Les logis des grands Se tous les lieux public font
conftruits fur le modèle des édifices de Perfe. Ils bâtifïènt
à ioa marché i car ils put le bois , la pierre, le plâtre,
CEO
GEP
Sk !a chaux en abondance. Ils imitent auflî les Perfarîs
"en leur façon de s'afleoir , de fe coucher Se de manger.
La nobfeiTe exerce fur fes fujets un pouvoir plus tyran-
nique qu'en Colchide. I!s font travailler leurs payfans des
mois entiers , & tant qu'ils veulent , fans leur donner ni
paye ni nourriture. Ils ont droit fur les biens , fur là
liberté Se fur la vie de leurs vaflaux. Ils prennent leurs
enfans , Se les -vendent , ou les gardent efclaves. Ils ven-
dent rarement le monde au-deiïus de vingt ans , fur-tout
les femmes. La créance des Géorgiens eft à-peu-près
lemblable à celle des Mingreliens. Les uns Se les autres
la reçurent dans le quatrième fiécle , Se par une femme
efclave. Voyez l'article d'iEERlE. Enfin on trouve en-
core à peine chez eux des traces du chriftianifme. Les
Géorgiens toutefois gardent mieux le jeûne , Se font de
plus longues oraifons que les Mingreliens. Voyez l'article
MlNGRELIE.
Il y a plufieurs évêques en Géorgie , un archevêque Se
Un patriarche qu'ils appellent Catholicos. Le prince , quoi-
que Mahométan de religion , remplit les prélatures , Se
y met ordinairement fes parens. Le patriarche eft fon
frère. Les gentilshommes s'arrogent le même pouvoir
fur leurs terres ; donnent les bénéfices , puniffent Se em-
prifonnent les gens d'églife , comme les autres particu-
liers. On fe fert d'eux à toutes fortes de corvées ; on
enlevé leurs enfans , Se on les vend quelquefois eux-
mêmes aux Mahémetans qui viennent acheter des efclaves.
Les églifes de Géorgie font un peu mieux entretenues
que celles de Mingrelie. On en voit dans les villes d'afiez
propres ; mais à la campagne , elles font fort fales. Les
Géorgiens , comme les autres peuples chrétiens , qui les
environnent au feptentrion , ou à l'occident , ont une
coutume affez étrange de bâtir la ptûpart des églifes fur
le haut des montagnes , en des lieux reculés Se prefque
inacceffibles. On les voit Se on les falue en cet éloigne-
iment , de trois ou quatre lieues ; mais on n'y va prefque
jamais ; & l'on peut bien affurer que la plupart ne s'ou-
vrent pas une lois en dix ans. Les Géorgiens font pré-
venus que quelques péchés qu'ils aient commis , ils en
c! ;r. i;ent le pardon.en bâtiffant une petite églife. L'au-
teur croit qu'ils choiiuïent exprès des lieux inacceffibles ,
pou-- éviter de les orner Se de les entretenir.
Ce que Chardin dit de la Géorgie doit s'entendre de
la Géorgie Periane , qui contient le -royaume de Caket
Se le Carthuél.
On peut divifer la" Géorgie , I. en Géorgie prife dans
un feus étendu ; alors elle renferme , comme nous avons
dit , la partie orientale Se l'occidentale ; Se a les bornes
que nous lui avons données au commencement de cet
article. II. en Géorgie propre ; alors on en détache l'A-
voc3Î:e, ou les Abcaifes , (k la Mingrelie qui contient
l'Imirete . la Mingrelie propre Se le Guriel. Il ne refte
plus que le Caket (k le Carthuél. Cette divifion eft
néceffaire pour fhifloire ; car il a été untems que toute
la Géorgie étoit foumife à un roi , qui avoit fa cour
à Cotaris , félon M. Luitz, Introd. ad Geogr. p. 504.
Cette Géorgie, proprement dite , a été conquile par le
roi de Perle qui y établit un viceroi , & ce prince n'ob-
tient cette dignité que par une profeffion publique du
Mahométifme. Voyez les articles Caket , CARTHUEL,
Guriel, Imirete, Mingrelie.
Géorgie ( nouvelle ) colonie angloife de l'Amérique
Septentrionale dans la Floride, entre les 30 & les 31
dégrés de latitude nord , mais qui n'a pas cette largeur
fur la côte de la mer, y étant bornée au Sud par la
rivière d'Alatamaha , Se au nord par celle de la Sa-
vanah qui la fépare de la Caroline. Elle n'a que 60 à
70 milles de largeur en cet endroit , depuis les 3 1 dé-
grés 30 minutes de latitude, jufqu'aux 31 dégrés 45 mi-
nutes ; fon étendue en longueur 'jusqu'aux montagnes
d'Apalache eft de 3000 milles, Se elle s'élargit à mefure
qu'elle s'éloigne de la mer. Le climat y eft fort doux ,
& fort fain , Se on peut juger de la bonté des terres
par la quantité , Se la nature des arbres dont elle eft cou-
verte. Les plus confklérables font les chênes , les cèdres ,
les châtaigners , les lauriers d'une hauteur extraordinaire ,
dont quelques-uns font d'un rouge foncé. On y trouve
auffi quantité de pins , dont la plupart ont cent pieds
de haut. Les bois de charpente , Se fur-tout les chênes
blancs , y font eftimés les meilleurs de toute l'Amérique
feptentrionale.
87
Ce pays étoit tout entier, compris dans la Floride fran-
çoife, M. de Ribaut ayant bâti Charlesfort, dix lieues
plus au nord , & M. de Landoniere la Caroline , en-
core plus loin au midi ; mais les Efpagnols , en le ren-
dant les maîtres de la Caroline qu'ils ont nommée Sxn
Mattheo prétendoient que toute la Floride françoife leur
appartenoit , Se s'ils ne fe font point oppofés à Féta-
bltfïement de la Caroline angloife qui en occupe une par-
tie , ils n'ont pas foufFert aufli patiemment celui de la nou-
velle Belgique qui rapprochoit les Anglois de San Mat-
theo , Se "de S. Auguftin.
Les Anglois commencèrent à s'établir dans la nou-
velle Géorgie au mois de Janvier 1732 , Se s'établirent
à dix milles de la mer fur la Savanah. On commença
d'abord à y faire de la foie, avec beaucoup de fuecès ,
les mûriers blancs étant fort communs dans ce pays.
Les Anglois comptoient bien de tirer encore de cette-
nouvelle colonie du chanvre , du lin Se des huiles ;
mais la foie feule fuffit pour l'enrichir.
GEOUGEN (les) tartares orientaux, ils habitoient
dans le défert de fable. Sous le régne de Lievi, prince
des Tartares Topa, un cavalier avoit un efclave nommé
Mo-ko-lu , c'eft-à-dire chauve , lequel" eut fa liberté ,
à caufe de fa lînguliere valeur , Se tût fait cavalier : mais
un jour qu'il ne s'étoit pas rendu à l'affemblée géné-
rale , il fut condamné à avoir la tête tranchée , Se pour
échapper au fupplice , il alla fe cacher dans le défert ou
il hit joint par une centaine d'hommes qui le recon-
nurent pour leur chef. Son fils Tiche-lan-hoei , étant
devenu le fouverain de plufieurs hordes tartares , donna
à fa nation le nom de Geougen. Lin de fes defcendâns à
la fixieme génération , nommé Toulun , qui étoit de*-
venu très puiffant , alla attaquer les Tartares Kaotche ,
entra fort avant dans leur pays , fournit plufieurs hordes ,
Se mit la difeipline dans fes troupes. Il fe vit maître de
grands Se vaftes états qui étoient bornés au nord-oueft
par différentes hordes de Xuns ; du côté dé l'occident,
ils s'étendoient jufques vers l'Irftich ; à l'orient jusqu'à
la Corée; ainfi ils poffederent l'ancien pays des Xuns.
Toulun, après avoir fournis plufieurs autres peuples , fe
fit proclamer Khan, Se c'eft la première fois que ce
mot eft employé chez les Tartares. Il commença à ré-
gner l'an 402 , de J. C. Les Turcs les battirent l'an 554,
s'emparèrent de leur pays , Se l'empire des Geougen fut
détruit. Ils pafTerent en Europe , où ils furent connus
fous le nom $ Avares. Voyez ce mot. * Hijl. général»
des Xuns ; par M. de Guignes , t.\ , p. 187.
GEPHES , Tnçàe , ancien peuple de l'Afrique pro-
pre , félon Ptolomée , l. 4, c. 3.
GEPHRUS, ri?fcf, ville de la Syrie, félon Polybe.
Voyez l'article qui fuit.
1. GEPHYRA, Tiçv&, ville delà Syrie , dans la Se-
leucide, félon Ptolomée, /. 5 , c i^.Seroit-ce la ville
que Polybe, c. <j, c. 70, p. 577. appelle Gephrus , Se
qui fe rendit à Antiochus ?
1. GEPHYRA. Ortélius , Thefaur. cite le cinquième
livre de Polybe , où il trouve que Gephyra étoit une
ville d'Afrique, voiiïne de Carthage, Se fituée au bord
du fleuve Macros.
GEPIDES, (le») étoient du nombre de ces Bar-
bares qui fe jetterent fur les terres de l'empire Romain,
dans le tems de fa décadence. ]om3.nàes,dc Reb. Getic,
c. 17, dit qu'il eft indubitable qu'ils tirent leur origine
des Goths. Ces derniers , ajoûte-t-il , fortirent de Fine
Scauzia (c'eft la Scandinavie que l'on prenoit alors peur
une ifle , ) fous la conduite de Berich leur roi .^fur trois
vaifleaux , dont un arriva après les autres , d'où l'on
donna à ceux qu'il portoit le nom de Gepides, du mot
Gepanta , ou Gepaïra , qui dans le langage de ces peu-
ples fignirle pareffeux. D'ailleurs ils étoient effective-
ment lourds Se pefans. Les Gépides piqués de cette rail-
lerie , fe féparerent des Goths , fe retirèrent dans une ifle
que formoit la rivière de Vifela, ( la Viftule ) Se l'a-
bandonnèrent bientôt , attaquèrent les Burgundions , Se
s'emparèrent de leur pays. Ils' fe brouillèrent avec les
Goths qui les battirent. Paul-Diacre , hift. des Lombards ,
dit qu'ils eurent fouvent guerre avec les Gépides. Il y
a cependant" des auteurs qui confondent ces deux nations.
Saumaife, au rapport de Hugues Grotius,atrouvé dans les
extraits de quelques manuferits grecs TiwtuStt c\iyi/unrci
AvyyoCxf£<;iic'eii-i-&\K les Gépides que l'on appelle Lom;
88
GER
GER
bârd's. Conlkntin Porphyrogénete-, dans un de Tes ex-
traits de l'hiûoire de ï héophine , dit que les Lombards,
par une méiimelligence lont fouis des Gépides, &£ que
les Vandales , les Oftrogoths , les Werftrégoths , les Gé-
pides & les Lombards descendent du canton de la Scan-
zie ( Scandinavie ) occupé par les Sucous , qui depuis ont
été appelles Normands. Procope dit que les Oftrogoths ,
les \ îfigoths, les Vandales & les Gépides avoient entr'eux
une reiiémblance de mœurs & de langage , & que le
prince des Gépides s'appelloit OJlrogoth. Ces peuples
embrafferent presqu'en même tems le chriftianiime ;
mais iis furent inftruits par des prêtres Ariens qui les
infefterent de l'Arriànifine. Cependant plus de cinquante
ans après la converfion desGoths, Salvien de Marieille,
De Gubernat. Dei. Edit. Baluf. p. 89 , parle des Gépi-
des comme d'un peuple cruel , barbare & fort éloigné
du chiiftianifme par lés mœurs. Gens Saxonum fera.
e(l , Francorùm infidelis , Gepidarum inhuma.ua , Chu-
norum impudica, & plus bas : fi f allât Chunus vd Ge-
pida quld mirtim ejl , qui culpam penilks fialfitatis ig-
norât r & dans un autre endroit : numquid Scytharum
aut Gepidarnm inliumaniffimi fitus in maledi&um atque
bLijphemiam nomen Domini Salvatoris inducunt.
Sous l'empire de Juftimen (a) , on les trouve en Hon-
grie , auprès de Sirmich, félon Prpcope. Ils firent (b)
allez bonne coinenance jusqu'au régne d'Alboin , roi
des Lombards. Us avoient leur roi particulier nommé
Turij'ende , qui eut pour fucceffeur Cunimund. Ce der-
nier fe brouilla avec les Lombards, & ranima les an-
tiennes querelles que l'on prédéceffeur avoit affoupies.
.Alboin , de fon' côté , s'allia avec les Avares , & s'é-
tânt affuré d'eux par un traité, il marcha Contre les
Gépides: tandis que ceux-ci venoient au-devant de lui ,
les Avares fe jetterent fur leur pays comme ils en étoient
convenus avec Alboin. Cunimund fut confterné en ap-
prenant cet^e nouvelle , Se exhorta fes troupes à com-
battre, premièrement contre les Lombards, après quoi
ils iraient chafler de leur pays les Avares. Les Lombards
furent vainqueurs , &£ la déroute des Gépides fut com-
plette, à peine en échappa-t-il un petit nombre. Cuni-
mund y périt. Alboin lui enleva le crâne , & s'en fit
faire une coupé pout les feftins. Il prit entr'autres , pri-
fonniers de guerre , Rofimonde fille de ce malheureux
roi , & comme fa femme Clotfionde, fille de Clothaire,
toi de France , étoit morte , il époufa cette princeffe :
dans un jour de débauche , il la força de boire dans le
crâne de fon père. Cette cruauté lui infpira tant d'hor-
reur pour lui, qu'elle le fit afîamner. Quant aux Gé-
pides', ils forent fi abbatus par ce revers, qu'ils ne pu-
rent jamais fe relever. Ils n'eurent plus de roi , rkeeux
qui ne périrent point dans la bataille, furent fournis
aux Lombards , ou réitèrent fous le joug que leur im-
poferent les Huns , qui s'étoient emparés de leur pays.
Il eft certain qu' Alboin en emmena quelques-uns en Ita-
lie, où après de grandes conquêtes il les établit dans
un village, que l'on appella de leur nom Gepidi. Paul
"V/arnetrid le dit exprelïèment. Certum ejl autem tune
alboin muhos fecum ex diverfis quas , vel alii reges vel
ipfie c:pirat , gentibus ad Italiam adduxiffe , unde uf-
que hodit eorum in quibus habitant vicos , Gepidos ,
Bulgares , Sarmatas , Pannonios , Suavos , Noricos , five
aliis hujufumodi nominibus appellamus. * (a) Goth. Hilt.
1. I . cVHift. Arcan. (b) De Gefi. Longobard. 1. 1 , c. 17.
Les étyinologiftes Grecs dérivent ce nom de Gépi-
des Tmaiïtç de Tti'matS-iç, c'eft-à-dire , les enfaus des
Cétea.
GEPPING, ville d'Allemagne, clans la Suabe,^ au
duché de Vurfeuberg, for la rivière de Y/ ils, qui fe
perd dans le Néker, au-defius d'Eflingen. La carte de
Zeyler n.'en fait qu'un village , celle de Sanfon ,
un bourg, fk celle de Corneille une ville: il écrit
ce nom GOi PlNC en, par un o adouci, c'eft-à-dire ,
qui
V ou Gerra , vîile d'Arabie , félon Ptolo-
2. C ERAj petite ville d'Allemagne, au cercle delà
haute Saxe , dans le Voigtland , fur l'Elfter, entre Zeitz
& Plaven. Elle fut bâtie par Vipert , comte de Groitz ,
vers l'an 1086 , & à la place de l'ancien château d'Of-
terfrein : on en éleva un neuî fut l'Elfter pour loger les
. ,1 1:,.. ru, ., or,pn„„.„, 0„r.y„e ^ 1, „,,;/■,,;,
dé Reuffen , feigneurs Luthériens , qui y ont fondé un
beau collège. Cette ville fut ravagée par les Bohémiens,
durant la guerre des deux frères de la maifon de Saxe ,
l'an 1449. * Zeyler, Saxon. Topogr. p. 36.
GERABR1CÂ. Voyez Ierab rica.
GERjE. Cafaubon croit qu'il faut lire ainfi ce nom au
lieu d'ERj£, que l'on trouve dans Strabon pour un
ville d'Ionie. Voyez ERjC.
GERjEA, ancienne ville de la Lufitanie, félon Pto-
lomée, /. x,c. 5. Quelques-uns croyent que c'eft au-
jourd'hui Caceres , à neuf lieues de Mérida &C de Co-
ria, dans l'Eftramadure. * Baudrand , éd. l63z.
GERjEI , peuple de FArabieJaeureufe , félon Ptolo-,
mée. Quelques exemplaires portent Gerr£I : il leur
donne trois villes ;
Magindana , Géra ou Gerra }
& Bilcena ou Bilbana.
GERjESTIUM , contrée du Peloponnefe , dans l'Ar-
cadie , félon Phavorin , Lexic.
GERjESTUS „ ville & port de l'Eubée , félon Pto-
lomée,/. 3 , c. 15. Pomponius Mêla, l. 2. c. 7, dit que
Gerestum étoit un des Promontoires de l'Eubée , au
midi : & Pline, /. 4. c. il. parle de la ville & du pro-
montoire. Ce promontoire regardoit l'Attique -, ce Stra-
bon, /. 10, init. dit que Geraeile & Pétalie étoient à
l'oppofite de Sunium. * Tite-Live , /. 3 1 , c. 45 , dit : le
relie de la flotte demeura à Gersefte , fameux port de
. l'Eubée.
Il y avoit donc de ce même nom une ville avec un
port de mer Si un promontoire , où les eaux de la mer
fe brifoient avec imp"étuofité ; c'eft pourquoi Euripide,
dans fon Orejle , nomme les flots de Geraefte écumeux.
Il y avoit un fameux temple de Neptune ; &: c'eft par
alfufion à ce temple qu'Ariftophane, dans fa comédie
des chevaliers , dit : 0 Gereflien , fils de Saturne ! Un
vol fait dans ce temple , & un autre à Olympie , ville
d'Elide , donne oeçafion à Lucien de railler deux dieus
en même tems. Jupiter Olympien avoit une ftatue d'or
avec une grande barbe , on la lui avoit coupée. Quoi !
lui dit Neptune , dans un des dialogues de Lucien , le
vainqueur des Titans, le dieu armé de la, foudre fe laifle
tondreà Olympie, &n'ofepas feulement crier au voleur J
Jupiter lui répond : Hé ! ne fçavez- vous pas que nous n'a-
vons pas toujours le pouvoir de punir les facriléges ? Ô£
fi nous l'avions , auriez-vous fouffert que l'on vous eût
impunément dérobé votre trident à Gerefte. Gerefte
étoit fort déchue avec le tems , & Etienne le géogra-
phe ' n'en fait qu'un village. Demofthene la nommé
Geraste. Voyez Geresto.
GERAFITANUS , fiêge épifcopal d'Afrique , dans la-
Mauritanie Sitifenfe. La notice d'Afrique nomme Victor
Jerafitanus ; & la conférence de Cartilage fournit Ficlor
Ep'ïfcopus PUbis Jufiunjïs ; peut-être ce mot 's'eft-il
gliffé pour Jerafitenfis ou Gerafitenfis. * S. Optât. Open
p. 263. édit. Dupin.
GERAHEM , montagne d'Afie, dans l'Arabie lieu-
reufe , environ à trois milles de la Mecque. Les Mu-
fulmans difent que l'on voit dans cette montagne une
grotte où Eve fe retiroit , mais que le 'véritable lieu de là
fépulture eft à Gidda , ville firuée for la mer Rouge , qui
fert de porta la Mecque. * D'Iferbelot , Biblioth. orient»
GERANDRUM , ville de rifle de Cypre , où fe
trouve la pierre nommée CarijUus, félon Apollonius t
in Mirabil.
GER ANDRYUM. Clément d'Alexandrie, ai Gcntesi
& Eufebe, de Prccpar. Evangd. nomment ainfi un lieu
finie dans un défert fablbrineux où étoient un oracle & un
chêne. L'oracle finit lorfque le chêne fécha. Ils ne di-
fent point en quel pays. Il y a apparence que c'étoit en
Afrique" où étoit l'oracle de Jupiter Airimoh. Les fables
favorifent cette conjecture qui eft d'Orrélius.
1. GERAN1A, ville de Thrace. Solin, c. 10, éd.
Salmas dit qu'elle étoit nommée Catkïçon parles Bar-
bares; mais il n'eft que le copifte &C 1'abbréviateur de
Pline, qui dit, /. 4 , c. 1 1 , que c'étoient les Pyginées
qui étoient nommés Cattuzi par les Barbares. Voici
le paffage : Gerania , ubi Pygmaorum gens fui(Je prodi-
lùr , Cattuços Barbari vacant , creduntque à Gruibusfu-
"ttos. Le nom de Gerania a donné lieu à cette fable ,
GER
\in Salin, p. 164.) al TÎ&.voi veut dire des grues. Sati-
maife croit que Gerania étoit le lieu d'où les grues par-
taient pour faire la guerre aux Pygmées , & que Cattu^a
étoit la demeure *de ces derniers, qui , par cette raifon,
étoient nommés CaeturJ par les Barbares. Comme le
même mot fignifioit des oifeaux, qu'on appelle grues-, ôk
les habitans de la ville , appellée Gerania , les Poètes
ont faifi l'occafion de leurs combats contre les pygmées
leurs voifins pour les charlger en oifeaux , ck ils ont
feint que les Pygmées étoient très-petits, afin de ren-
dre la partie égale.
a. GERANlA-, ville dePhrygie, félon Etienne ïe
géographe.
3. GERANIA ou Gerenia , ancienne ville du Pé-
loponnefè, dans la Laconie, aux confins de laMeffénie.
Ptolomée,/. 3, c. i6,écrit Gerenia Tfptaiài ck Paufanias ,
/. 3, c. 21, la met entre les villes des Laconiens libres
ou Eleuthérolacones. Pline, /. 4, c. 5, écrit Gerania ,
Paufanias , Laconrin . dit que les limites réglées entre
les MefTeniens & les Laconiens pafToient auprès de Ge-
rania ; de-là vient qu'Etienne met cette ville dans la
Mefîenie.
On croit que c'eft aujourd'hui Chrifto, bourgade de
la Morée.
4. GERANIA ou Geranea , en grec reg^W, mon-
tagne de Grèce , dans la Mégaride , vers l'Iflhme dû
Péloponnefè. Pline nàmme Amplement Geranea,fans dire
ce que c'étoit. Etienne le géographe dit que c'étoit une
montagne entre Mégare ck Corinthe. Thucydide, /. 1,
p. 70, fait entendre que c'étoit un pafïage fortifié par les
Athéniens. Il n'y avoit point, dit-il de sûreté pour eux
{ les Lacédémoniens*) de pafler par Géranie , parce
que les Athéniens étoient maîtres de Mégare &k de Peges;
car outre que Géranie étoit très - difficile à palier ,
les Athéniens y avoierit toujours des troupes.
GERANIDiE , ancien peuple de Grèce, dans la
Phocide, félon Héfyche.
GERANTHJE. Etienne le géographe dit que c'étoit
une ville de la Laconie , ck cite Paufanias dans le livre
duquel on lit GERONDRJE, Ti(/rS-gfi.
GERANUS , lieu du Péloponnefè , dans l'Elide, félon
Strabon , /. 8.
GERAPETRA. Voyez Girapetra.
GERARDI Mons : ce nom fe trouve dans des
a&es de 1096, pour lignifier un Bourg du pays-bas,
au comté d'Aloft. Les Flamands l'appellent Geersbergen ,
ck les François Gramons Ou Grandmont.
GERARDI Villa : les écrivains de l'hiftoire de
Normandie , appellent ainfi Graville. Jean de Paris ,
dans le Mémorial des hiftoires, l'appelle Grandis-Villa ;
elle eft près de la rivière de Seine, entte Haifleur 6k
& le Havre de Grâce.
GERARE , félon D. Calmer, Dicl. ou Gerara,
ville des Philiftins , au midi des terres de Juda. Elle
avoit des rois nommés Abimeleck , du tems d'Abra-
ham & d'Ifaac ; ck ces deux patriarches ayant été obli-
gés de demeurer quelque tems à Gerare , furent obli-
gés pour conferver leur vie, de dire que leurs femmes
n'étoient que leurs feeurs, Genef c. 21. & 26.
Gerare étoit fort avancée clans l'Arabie Pétrée, à
vingt-cinq milles d'Eleuthéropolis, (^au-delà du Daroma,
ou de la partie méridionale du pays de Juda. Moyfe ,
f b) dit qu'elle étoit entre Cadès ci Sur. Saint Jérôme ,
clans fes traditions hébraïques , fur la Genefe , dit que
de Gerare à Jerufalem , il y a trois jours de chemin. Il
y avoit près de Gerare un bois , dont il eft fait mention
<lans Théodoret, in 1. Parai, queft. 1. ck un torrent
fur lequel étoit un monaftere d'hommes , dont parle
Sozomene, Hift. Ecclcf. 1. 6, c. 32, 1. 9, c. 17. Moyfe
parle aulu (c) du terrent ou de la vallée de Gerare.
Sozomene. cite une petite ville de Gerres , à cin-
quante ftades de Pélufe , (voyez l'article fuivant, ) ck
on lit des Maccabées que Judas fut établi gouverneur de
t ji'.te la côte , depuis Prolémaïde jufqu'aux Gerréens.
(') On a confondu Gerare avec Berfabée, (f) avec Af-
calon, (S) avec Aluz , (h) avec Arad, Q) félon D.
■Calmet. * (*) Eufeb. in Locis Hieronym. (b) Genef.
c. 20. v. I. f) Genef. c. 26, v. 27, (<*) 1. 8, c. 19. ( e)
Maccab. 1. 2, c/13, v. 24. (f) Cyrill. mslmos.i}) Syncell.
in Chronic. ck vers. Samarit. ('') Arab. in Genef. c. 26 ,
Y. I. (') Targum Jerojolimit. ad Genef. c. 20, v. 1 , fck 2.
GER. 89
1 GERAS , liai d'Egypte , félon Théophile d'Alexan-
drie , cité parOrtélius, Thifaur. Sozomene, dans fon
hiftoire eccléfiaftique , /. 8. c. 19. en fait une ville ma-
ritime. Théophile ( d'Alexandrie ) s'enfuit lui-même
(de Conftantinbple, ) & fit voile pour l'Egypte avec ie
Moine Ifaac, au commencement de Fhy ver : il fut pouffé
par un vent favorable à Géras , petite ville diftante
d'environ cinquante ftade; de Pélufe. Vévêqae de
cette petite ville étant mort, Sec. Elle n'éloit donc
.qu'à fix milles ck un quart, c'eft-à-dire à deux bonnes
lieues de Pélufe , par conféquent différente ck fott éloi-
gnée de Gerare & en Egypte.
GERASA ou Gergesa, félon D. Calmet, Dut.
ville de la Paleftine , au- delà ck à I orient de la mer
. Morte. Elle eft attribuée par les uns à la Céléfyrie ,
par d'autres à l'Arabie ; ck on la met parmi les villes
de la Décapole. S. Matthieu , c. 8 , v. 28 , dit que
Jefus-Chnft étant paffé dans le pays des Géraféniens ,
deux poifédés qui demeuroient dans des fépulcres, vin-
rent au-devant de lui , ck lui dirent : Jefus fils de Dieu,
qu'y a-t-il entre vous ck nous ? Etes-vous venu ici pour
nous tourmenter avant le tems ? Ils ajoutèrent : fi vous
nous châtiez d'ici , envoyez-nous dans ce troupeau de
pourceaux , qui eft proche. Jefus leur répondit : allez ;
ck étant fortis , ils entrèrent dans ces pourceaux qui fe
précipitèrent auffi-tet dans la mer , ck s'y noyèrent.
Le grec imprimé de S. Matthieu, au lieu de Géraféniens,
porte Gergéfénitns ; ck quelques exemplaires grecs Iifent
Gédaréniens. S. Luc ck S. Marc Iifent de même. Origene,
in Johan. croit que la vraie leçon n'eft , ni Gerafa , ni
Gedara, puifque ni l'une ni l'autre de ces villes-n'eft au
voifinage de la mer, ck n'a auprès de foi des précipis,
comme il y en avoit près de la ville où Jefus-Chrift guérit
les deux pofTédés. Il croit donc qu'il faut entendre, en
cet endroit*, la ville cîe Gergefa , fur le lac de Tibénade,
où l'on montroit, de fon tems, les rochers ck lesprécipices
d ou les porcs fe précipitèrent dans le lac. Voyez Ger-
GESA. La ville de Gerafa fut épifcopale dans le tems du
Chnftiamfme ; ck elle eft nommée Gerafa , ville épif-
copale d'Arabie , dans la Notice de Léon le Sage : celle
de Hieroclès l'appelle Gerafa. On lit Ieraffon dans quel-
ques autres. Elle eft préfentement détruite.
GERASTE. Voyez Ger^estus.
GERATA , montagne de Grèce, dans l'Attique J
proche de laquelle l'ancienne ville d'Éleufis étoit fituée:
on la nommoit autrefois Kerata ( c'eft-à-dire les cornes)
à c'aufe de deux rochers qui font dans le haut , & qui
paroiffent comme deux cornes. Sur l'une de ces pointes,
on voit une tour que les Grecs appellent Gerata Pierga;
il n'y a qu'une plaine d'environ une lieue de chemin à
traverfer, pour arriver de-là à Mégare. * Wheler , Voyag.
tom. 2.
GERAW , ( le ) petit pays d'Allemagne , au cercle du
haut -Rhin, près de la rencontre de ce fleuve avec le
Mein , au-deflus dé Mayence. On le nomme autrement
le haut comté de Cat7j.nelnbogtn ; & il eft entre le
comté d'Erpach au levant , l'Iéectorat de Mayence au
feptentrion ck au midi , ckle basPalatinat au couchant.
Il prend ce nom du bourg de Gera-w ; mais fa princi-
pale place eft à préfent Darmftadt où réfide une des
branches de la maifon de Heffe , qui porte le nom de
Heffe-Darmftad , d'où il eft plus connu fous le nom dé
pays de Darmftadt. * Baudrani, édit. 1705.
GERBADECAN, ville d'Afie, en .Perte , dans^ lé
Couheftan : elle eft auffi appellée Ghilpakghan. Les géo-
graphes Orientaux lui donnent 85 d. 25' de longitude ,
ck 34 d. de latitude. * Hift. de Timur-Bec, l. 2, c. 60.
GERBEDISSUS , lieu d'Afie , dans la Comagene ^
félon Antonin , Itiner. fur la route de Nicopolis à EdefTe,
entre Aliaria ck Doliche , à quinze mille pas de la pre-
mière , ck à vingt mille de la féconde.
GERBEROY, Gerboredum , Gerberacum , ville de
France , dans le Beauvoifis , à cinq lieues de Beauvais.
Elle eft fituée fur une haute montagne , dans la géné-
ralité de Paris , & a un chapitre , tk une juftiee ou
vidamé. Le chapitre confifte en treize prébendes ,
dont une eft affectée au doyenné , qui eft électif , quand
il vaque par mort. L'évêque de Beauvais confère les
prébendes 'comme tenant la place des vidâmes de Ger-
beroy , qui en font fondateurs. Le chapitre nomme un
officiai ck un promoteur pour ceux de fa compagnie;
Tome III. M
9°
GER
GER
avec un bailli , un lieutenant , un procureur filial &
un greffier , tant pour le civil que .pour le criminel ,
dans fa juftice temporelle, qui eft haute, moyenne &
Si baflèpour tous les vaflaux, qui font dans la ville & a
la campagne , à caule du grand nombre des fiefs qu'il
pofTede. La cathédrale eft fous l'invocation de S. Pierre. .
Il y a pluiieurs chapellins qui font nommés par les cha-
noines. Le 28 de Juin, à midi jufqu'au foir du lendemain ,
fête de S. Pierre, le chapitre a toute la juftice du vida-
mé. Ses officiers tiennent le palais , Si connoiffent des
cau'fes. Le géoiier leur apporte les clefs des priions , &
les portiers celles de la ville : ils vont chez les marchands
examiner les poids Si les mefures : ils font les maîtres
de la chafle & de la pêche , Si prennent connoiffance
de tout ce qui peut arriver pendant cet intervalle. Ce
chantre a droit de prendre ,' tous les ans , fur l'abbaye
de Chalis , ordre de Cîteaux , proche Senlis , fept cens
onze mines de bled , pinte de Paris , & huit cens vingt-
neuf mines & demie d'avoine, pinte, chopine, Si demi-
feptier de Paris , fuivant la réduction de la mefure de
Gerberoy à celle de Beauvais, faite en 1654, ^par arrêt
du grand - confeil. Plufieurs chanoines de l'églife de
de Ôerberoy fe font diftingués par leur piété Si par leur
érudition , Si entr'autres le célèbre Claude d'Efpenfe qui
fe fit admirer dans le concile de Trente & dans le fa-
meux colloque de Poifli , après avoir été employé uti-
lement par François I , par Henri II & par François II ,
en plufieurs négociations importantes. 11 y a eu dans cette
églife un chantre du bas-chœur , appelle Pierre le Grand,
qui , quoiqu'âgé de plus de cent ans , portoit encore la
chape , ci aflîftoit régulièrement à l'office :- il mourut en
1707 , après quatre-vingts ans de fervrce en la même
églife. Au bas de la ville paffe la rivière nomméeTERRAlN :
elle ne gelé jamais; & on n'ofe s'ybaigner l'été, à caufe
de la trop grande fraîcheur de l'eau* ; ce qu'on attribue à
la quantité de fources dont elle eft remplie. * Corn. Dicti
La fituation de Gerberoy a toujours paru fi avantageufe,
que dès le neuvième fiécleon la fît fortifier pour arrêter
les courfes des Normands. Comme ce peuple devint plus
redoutable dans la fuite , Charles VII , pour conferver
le pays contre ces Barbares, répara les anciennes fortifica-
tions de Gerberoy, Si en fit faire de nouvelles, l'an 1435,
par Pothon , feigneur de Xaintrailles , grand - écuyer
de France , ' & la Hire , capitaine général de tout le
pays qui eft au-delà de la rivière de Seine. Les Normands ,
alarmés de ces nouveaux ouvrages , prièrent le comte
d'Arondel , général des Anglois , qui paffoit avec fon
armée par Gournay-fur-Epte , pour aller dans le Ponthieu,
de ne pas avancer qu'il n'eût renverfé les travaux qui
étoient déjà faits , &C qu'il n'eût mis les François hors
d'état de les continuer. Cela lui parut d'une telle con-
féquence , qu'il réfolut de rafer la pla* ; Si , dans le deflein
de la furprendre , il s'avança la nuit avec une partie de
fes troupes , donnant ordre aux autres delefujvre: étant
arrivé à huit heures du matin dans une vallée éloignée de
la ville d'un quart de lieue , il s'y retrancha en attendant
qu'il y eûr» été joint; mais. Pothon Si la Hire , qui com-
mandoient dans la place, firent des forties fi vigoureufes,
que le comte d'Arondel fut défait &c blefte d'un coup
de coulevrine , dont il mourut peu de tems après. Son
nom eft demeuré au champ de bataille , qu'on appelle
encore la vallée d'Arondel. Guillaume le Conquérant y
affiégea , en 1078 , fon fils Robert Courtebotte , à qui
Philippe I , roi de France , avoit accordé cette ville
pour retraite &C pour lieu de fureté : il fe fit de part 8c
d'autre de très-belles actions pendant ce fiége ; Si Robert,
dans une fortie , eut le malheur de blefler fon père au
bras , fans le connoître , Si de le renverfer par terre ;
mais fi-tôt qu'il eut entendu fa voix , il le releva , & lui
aida à remonter à cheval. Henri II affiégea la même
ville, en 1 160, & s'en rendit maître ; mais il ne put pren-
dre un fort où Louis VII avoit mis des troupes qui le
repoufferent plufieurs fois , félon Robert du Mont , dans
fa Chronologie de Normandie. Les Anglois ayant fou-
rnis Gerberoy, au mois d'Oftobre 1437 , conferverent
cette place jufqu'en 1449 , que le feigneur de Moni ,
gouverneur de la province , accompagné de Pierre de
Bouflers , d'Antoine de Crevecœur & de plufieurs autres
gentilshommes de Picardie , la prit d'aflàut , & tailla
en pièces tous les Anglois qu'il y rencontra. Deux ans
après , toute la Normandie ayant été réduite à l'obéif-
fance du roi , les habitans de Gerberoy commencèrent
à refpirer ; mais à peine goûtoient-ils quelque repos \
qu'ils fe virent expofés tout de nouveau aux courfes &c
aux ravages des Bourguignons, en 147*. Cependant les
maux qu'ils en fouf&irent n'approchent point . de ceux:
qui .les accablèrent pendant le tems de la ligue des der-
nières guerres civiles. L'es habitans de Beauvais , qui te-
noient pour le duc de Mayenne, attaquèrent Gerberoy, .
qui s'étoit rangée du parti de Henri IV, y mirent le feu,
pillèrent l'Egliiè , profanèrent les vafes facrés Si les ima-
ges des faints , maffacrerent plufieurs perfonnes , ' fans,
même épargner les prêtres , démolirent toutes les forti-
fications , enlevèrent l'artillerie ; mais ces malheurs n'é-
branlerent point la fidélité des bourgeois de Gerberoy.
Cette fermeté dans leur devoir, éprouvée en plufieurs oc-
caiions importantes, étoit fi connuede Henri IV, qu'ayant
été blefle d'un coup de piflolet aux reins, dans un combat
qu'il donna auprès d'Aumale, contre Alexandre Farnefe,
diic de Parme , il fe fit porter à Gerberoy comme dans
un lieu fur pour fa perfonne. Ce grand prince marqua une
autre fois fa confiance en ceux de Gerberoy , d'une ma-
nière auffi fenfible. Il y pafla au retour du fiége de la
Fere ; & ayant demandé à goûter du vin qui lui avoit
été préfenté par les bourgeois , fon échanfon lui en verfa
dans un verre Si en fit l'effai ; ce que le roi ayant vu ,
il jetta le vin qu'on avoit mis dans le verre , & en fit
verfer d'autre de la même bouteille qu'il but après avoir
dit : A quoi bon cette cérémonie , il n'y a rien à craindre
pour nous ici. Ce fut dans la ville de Gerberoy, que Louis
IV, dit d'Outremer , roi de France , Harold , roi de Da-
nemafck, Si Richard, {innommé Sans-peur , duc de Nor-
mandie , s'aflemblerent, l'an 948 , cour figner le traité de
paix entre le roi de France Si le duc de Normandie.
• De Longueiue (Defc. de la France , 1, part. p. 22,)
dit que Gerberoy eft une petite ville , Si chef d'une fei-
gneurie de grande étendue , des dépendances de Fevêché
&£ comté de Beauvais. Cette place étoit bâtie Si avoit
un feigneur, nommé Fulco ou Foulques , fous le règne
de Robert. Les feigneurs de Gerberoy prirent , cent ans
après , le titre de vicedominus ou de vidante , parce qu'ils
tenoient leur château Si feigneurie comme vaflaux de
l'évêque de Beauvais , qui etoit leur feigneur fuzerain.
Les vicedomini ou vidâmes étoient des officiers établis
par les évêques pour adminiftrer Si défendre les biens de
l'églife , Si on choifit des chevaliers ou feigneurs puif-
fans qui fe rendirent héréditaires , Si leurs évêques leur
donnèrent en fief de grandes terres. Tels font les vidâmes
d'Amiens , de Laon , de Chartres , du Mans , de Châlons
Si de Meaux. Pour les vidâmes de Rouen , ils ont pris
le nom delà terre Si feigneurie d'Efneval, qui leur a été
donnée en fief. Les vidâmes de Gerberoy n'ont jamais
eu aucune fonction en l'adminiftration des biens de l'évê-
que, comte de Beauvais. La race mafeuline de ces fei^
gneurs vidâmes de Gerberoy, ayant fini fur la fin du dou-
zième fiécle, l'évêque, Philippe de Dreux, réunit Ger-
beroy à fon évêché Si comté. Clémence de Gerberoy,
fille de Guillaume , Si nièce de Pierre , dernier vidame,
prétendit hériter de fon oncle , Si troubla , avec foa
mari, Enguerrand de Crevecœur , l'évêque Philippe , qui
néanmoins fe maintint en pofleffion. Ce différend fut af-
foup.i, l'an 1240, par une tranfaction paffée entre l'évêque,
Robert de Creflonfac , Si Jean de Crevecœur, fils d'En-
guerrand Si de Clémence de Gerberoy. Depuis ce tems
les évêques de Beauvais ont joui paifiblement du vida-
me de Gerberoy, & ont pris le titre de Vidame , quoi-
qu'il foit au-defious d'eux , puifqu'il eft proprement leur
vaffal ou officier.
GERBES, (les) Gerbi , Zerei ou Gleves, ifle
d'Afrique , au royaume de Tunis , dans la mer Médi-
terranée , fur la côte de Barbarie. On ne fait fi c'eft le
Gibra, I'Egimurus, le Zeta, le Glaucon des
anciens. Marmol dit qu'elle s'appelioit Méninge , d'une
ville du même nom. Les Arabes l'appelloient autrefois
Gémira: ils lui donnent à préfent le nom A'Algdbcns, Si
les Efpagnols celui de' Gelves. Elle eft fituée à l'embou-
chure du golfe de Capes, à deux cens pas des petites fyrtes
ou bancs de fable , Si fi près de la terre ferme , que Pline
affure qu'elle y étoit jointe par un pont que les Barbares
rompirent pour fermer le partage à l'ennemi. Elle n'a
que îix lieues de tour , Si eft fous 1, z d. de latitude Si vers
le 39e de longitude. Ptolomce Si Pline difent qu'il y
GER
GER
avoit deux villes dans cette ifle, Meninx ,_du côté du
continent d'Afrique , & Gerra à fon oppofite à l'autre
extrémité. Les Romains s'en étoient rendus les maîtres
Ô£ y avoient élevé des forts ; mais lorfque les Sarralins
s'en emparèrent ils ruinèrent les villes & les fortereffes
dont on trouve encore des débris. On dit qu'un roi de
Sicile s'en empara l'an il 59 , & démolit une ville qui
fubfiftoît encore, fous le nom de Sïb'dlt. L'an 1x84,
Roger de Lorie , amiral du roi d'Arragon, la conquit,
91
Pinveftiture de l'Empereur, fe font attribué la fouverai-
netéde Gerenrode. Elizabeth, comteffe de Wild, qui
en étoit abbeffe en 15 21 , y introduifit le Luthéranifme.
Hubner écrit ce nom Gernrode.
GERES , vif»: , nom d'un peuple pauvre & chauve,
dans la Chaonie , félon Suidas.
GERESHEIM ou Gerensheim ou Gerltzheim ,
petite ville d'Allemagne, furie Rhin, dans l'électorat
de Mayence, entre "Worms et Oppenheim , à moitié che-
fes defcendans en ont été les maîtres pendant plufieurs min , quand on y va par eau , en tirant vers le Bergftrafs,
années. Les Turcs s'en emparèrent par la fuite, & l'ont & à côté vers Darmftadt. La ville, qui eft accompagnée
toûjoursconfervéedepuis.Elles'eftrepeupléepar hameaux, d'un château , eft dans un fond marécageux. C'eft appa-
On y trouve quelques villages qui font défendus par une remment la même choie que Gerlet^on de Davity & da
tour qui eft fur le bord de la mer , &: qui fut bâtie par les Corneille. * Zeykr , , Mogunt. Topogr.o. 14.
Catalans. Les habitans parlent l'ancienne langue d'Afri- GERESPA , Ttpitntx , ancienne ville dAfie , dans la
que , & dépendent du Pacha de Tripoli. Les terres y font Médie , félon Ptolomée , /. 6 , c. 2 : quelques exemplai-
légeres , & l'on n'y recueille que de l'orge , encore en res portent Gerepa , d'autres Geresa. Elle étoit dans
très-petite quantité , & à force de les labourer &£ de les l'intérieur du pays.
arrofer. En récompenfe il y a beaucoup de figues, d'olives, GERESTÔ, Gerestus , petite ville de l'Archipel,
& quantité de raifins que les habitans font fécher & en- dans l'ifle de Négrepont , près du cap de Memello , fur
voient à Alexandrie &£ ailleurs. Il s'y tient une foire toutes la côte méridionale de l'ifle où elle fe tourne à l'orient,
les femaines , où fe trouvent des Turcs , des Maures &c environ à quinze milles de Carifto , ou Château-Roux ,
des Chrétiens qui y vont chercher des cuirs de vache, vers le midi, &£ un peu plus de l'ifle d'Andro au cou-
des laines & des raifins fecs. On trouve fur la côte de chant. Toute l'ifle eft au Turc. * Baudrand , éd. 1705.
l'ifle cet arbre que les anciens appelloient lothus , dont GERET./E , ancien peupte de l'Inde , félon Pline. Le
le fruit eft jaune comme du fafran , & de la groffeur d'une P. Hardouin croit qu'il faut lire Gereat^E , &: qu'il eft
fève. Le goût en eft fi agréable, lorfqu'il eft mûr , que les queftion des habitans de Geria. Voyez Geria.
Grecs difoient que ceux qui en avoient goûté', oublioient GERGEAU. Voyez Jargeau.
leurpatrie.Lespoëtesontimaginéqu'Ulyffeyfutjettéavec GERGENTI, ville épifcopale de Sicile, dans la vallée
fes compagnons , & qu'ayant mangé du lothus , ils per- de Mazare , près la côte méridionale , au bord de la ri-
dirent le defir de retourner dans leur patrie ; de-là vient viere de S. Blaife , fur une colline, avec un bon château.
qu on appelloit cette ifle Lothophagites , &C fes habitans Syracufe étoit autrefois fa métropole ; c'eft aujourd'hui
Lothophagts. Les Italiens nomment ce fruit Bagolaro. Palerme. On n'y peut aborder que par un feul endroit ;
* Dapper. Afrïq. p.zoï; Marmol. Afriq. 1.6, c. 41,/. 2, ce qui la rendaflez confidérable. Elle a été autrefois une
GERBEVILLER , petite ville de Lorraine dans la
prévôté , & au couchant de Deneuyre. Elle a titre de
marquifat : il y a un couvent de Carmes-DéchauiTés ,
& une maifon religieufes des filles.
GERBO , village de l'Ethiopie , fous l'Egypte , près
du Nil, à l'orient, félon Ptolomée, /. 4, c. 7.
GERBOREDUM , nom latin de Gerberoi.
GERCELVIN. Voyez Garciluin.
des plus confidérables de l'ifle. On la nommoit alors
Agrigente.
GERGESA. Voyez Gerasa.
GERGÉSÉENS (les) anciens peuples de la terre
de Chanaan , Se deicendant de Gergefeus , cinquième
fils de Chanaan. La demeure de ces peuples étoit au-delà
de la mer de Tibériade , où l'on trouve des veftiges de
leur nom dans la ville de Gergefe , fur le lac de Tibé-
riade. Les docteurs Juifs ( Gemar. Jerqfofym. in Sche-
GERCI , abbaye de filles , ordre de S. Benoît , dans biith. c. 6. Maimonid. Halas. Mel. c. 6. ) enfeignent que
l'ifle de France , au diocèfe de Paris , à une lieue au les Gergéféens, à l'entrée de Jofué dans la terre de^Cha-
couchant de Brie. Elle fut fondée par Alfonfe , comte de naan , abandonnèrent leur pays , plutôt que de fe fou-
Poitiers & de Toùloufe , 6c par Jeanne fa femme. Elle mettre aux Hébreux. Les rabbins croient que Jttfué pro-
fut habitée par des chanoinefîes de S. Auguftin , jufqu'au pofa aux Chananéens trois conditions, la fuite, l'affu-
feizieme fiécle. jétiffement , oulaguerre. Les Gergéféens prirent la fuite ,
GERDICA : Curopalate nomme ainfi un fiége épif- & fe retirèrent en Afrique. Les Gabaonites fe fournirent
copal , in Officiai. Gonflantinop. Ortélius foupçonne que à la fervitude , & les autres Chananéens firent là guerre.
ce pourroit être Serdica , ou Sardiqut en Thrace. Le G _ C'eft une ancienne tradition que plufieurs Chananéens
&t l'S ont fouvent été changés l'un pour l'autre.
GEREATjE. Voyez Gerat^e.
GERE AT IS , lieu d'Afrique, dans la Martinique,
félon Antonin , Itiner. Il le met entre Jucundia & le
mont Catabathmos, à xxxn. M. Y. du premier, tk à
xxxv. m. P. de l'autre.
GEREN , ville tk village de Pille de Lesbos, félon
Etienne le géographe.
f. GERÊNIA, ville du Péloponnefe, danslaLaconie.
Voyez Gerania 3.
2. GERANIA , ville d'Italie. Voyez Gerunium.
GERENIUS , rivière du Péloponnefe , dans l'Elide ,
félon Strabon , /. 8.
GERENRODE , félon Zeyler , Saxon. Topograph.
/>.86, ou Geringerode , petite ville de lahaute Saxe,
dans la principauté d'Anhalt , aflez près de la petite ville purent contefter leur fuite ,
d'Ermfleben. Il y a à Gerenrode une abbaye de dames, d'être condamnés,
fondée par le duc Geron. Spangenberg, dans faChroni- Ceci , continue D. Calmet , n'eft qu'un conte des
que; Mansfeld, c. 141, dit que ce duc, n'ayant aucun fils rabbins , qui prouve la perfuafion où ils font que les
ni héritier, fonda cette abbaye, & y laiffa pour première Gergéféens fe retirèrent du pays de Chanaan lorfque
abbeffe Edwige, veuve de fon fils. Il mourut Fan 965 , Jofué y entra. Il eft pourtant certain qu'il en demeura
comme il paroît par fon épitaphe que voici : Gcro dux , beaucoup dans le pays , puilque Jofué lui-même , c. 24,
fundatorçcck[iœSaxonum,dnnoDomini<)6*l.-x.lv. Kal. y. 1 1 , nous apprend qu'il vainquit les Gergéféens; &:
Julii obiit illuflriffimus dux & marchio , liujus eccle/îœ ceux qu'il vainquit étoient certainement au-deçà du Jour-
fundator , cujus anima requiej'cat in pacc. L'abbeffe a eu dain. Il fe peut donc faire que ceux qui fe fauverent en
rang parmi les prélats du banc de "Weftphalie; mais cela Afrique fuffent des Gergéféens de de-là de la mer de
n'eft plus. Les princes d'Anhalt qui étoient les avoués Tibériade, & que les autres foient demeurés dans le pays,
de cette abbaye , &C en avoient ce que les Allemands On peut voir la differtation de D. Calmet fur le pays où
appellent die Bogten , ou la prévôté , dont ils reçoivent fe retirèrent les Chananéens chaffés par Jofué. Elle
* " Tome IH. Mij
fe retirèrent en Afrique, lorfque Jofué entra dans la terre
promife. Procope dibdl. Mandai, le dit formellement.
Les dofteurs Hébreux ( Talmud , Parek , Chekt , )
racontent que les Gergéféens vinrent porter leurs plaintes
devant Alexandre le Grand , lui demandant la reftitu-
tion de leur pays qu'ils foutenoient avoir été ufurpé par
les Hébreux. Alexandre fit citer les Juifs pour répondre
à cette aceufation. Ceux-ci comparurent, & foutinrent
que loin qu'ils duflent aux Gergéféens, ces peuples étoient,
au contraire , des efclaves fugitifs qui dévoient leur être
rendus avec tous les dommages que leur avoit caufés une
fuite de tant de fiécles.
Ils prouvèrent que les Gergéféens étoient efclaves pat
l'arrêt que Noé prononça contre Chanaan Gcnef. c. 9,
24. Malediclus Chanaan ,fervus fervorum erit. Us ne
fe retirèrent, craignant
92 GER
eft dans notre Recueil des Traités hiftoriques & géo-
graphiques.
i. GERGETHA , ancien village dans la Myfie ,
auprès des fources du Caïque ,_ félon Strabon, /. 13,
p. 616, qui dit qu'Attale y conduifit les Gergéthiens de la
Troade , après qu'ils eurent perdu leur ville:
2. GERGETHA, ancienne ville de la Troade. Stra-
bon dit que dans le territoire de Lampfaque eft un li§u
bien planté de vignes, nommé Gergethion, où a
fubfifté une ville \ nommée GERGETH£ , bâtie par les
Gergéthiens du territoire de Cumes. Car il y en avoit
une autre , nommée Gergethes au pluriel 6c au féminin ,
qui étoit la patrie de Céphalon Gergethien-. Voilà bien
des lieux diftin&ement marqués par Strabon dans ce
partage.
§. 1. Un lieu nommé Gergethion , qui étoitun vigno-
ble , dans le territoire de Lampfaque.
2. Une ville , nommée Gcrgctha au même canton.
3. Une ville, nommée Gergethes dans le territoire de
Cuma , ville de l'jEolide , dans le golfe Elaïtique. C'eft
de cette ville qu'étoient les Gergéthiens , qui bâtirent
celle de Gergetha , près de Lampfaque.
4. Si on y ajoute le partage cité dans l'article précédent j
il y avoit une autre Gergetha , qui n'étoit qu'un village
affez avant dans les terres , près des fources du Caïque ,
félon le même Strabon.
Voyons maintenant auquel de ces lieux conviennent
les partages d'Etienne , de Xénophon , d'Hérodote 6c
de Pline ,' que le P. Hardouin applique à un feul &
même endroit. Le partage d'Hérodote , c. 43 , au VII
livre , porte : dès qu'il fut jour , il partit de-là & ferrant
fur la gauche la ville de Rhoition, Ophryneon Se Dar-
danus qui eft voifine d'Abidos , à fa droite les Gergithes
ôc les Troyens ( Teucros ). Il eft clair qu'il eft queftion
là des Gergéthiens du territoire de Lampfaque , 6c non
pas de ceux du territoire de Cyme ou Cumce , qui étoient
dans fOEolide bien lbin de-là. Je dis la même chofe du
paflage du cinquième livre. Hymées , p. 122, ayant
pris Cios , ville de la Myfie , fur la Propontide , Se ayant
appris que Daurife, quittant l'Hellefpont,marchoit vers la
Carie , il abandonna la Propontide , conduifit fon armée
Vers l'Hellefpont , prit tous les jEoliens qui habitent la
côte d'Ilium ; il prit aufli les Gergithes , qui étoient un
refte des anciens Troyens (Teucn). Il pouffa enfuite fa
conquête jufqu'à la ville de Troade , où il mourut. L'Hel-
lefpont eft trop bien marqué dans ce paflage. Lampfaque
6e Gergiéie étoient le long de l'Hellefpont. Les jEoliens
étoient les habitans de ce pays , originaires de l'jEolide.
Il paraît au contraire par tout ce qui précède le partage
de Xénophon , Hijl. Grcec. I. 3 , p. 482 , qu'il s'y agit
de la Gergethes de Strabon , qui étoit dans l'^Eolide. Il
eft hors de doute que la Gergitos de Pline, qui ne fubfiftoit
déjà plus de fon tems , étoit dans l'jEolide, pitifqu'il la
nomme avec Elée , Pitane & autres villes de cette pro-
vince. Le partage d'Etienne regarde Gergis ou Gergithus
dans la Troade. Voyez Athénée au fixieme livre.
GERGINA , ancienne ville d'Afie , dans la Phrygie ,
au pied de mont Ida, felun Athénée , qui dit qu'on l'ap-
pelloit aufli Gergitha. * Ortel. Thefaur.
GERGIS , ■)
GERGITHA, C Voyez Gergetha 5c GERGINA.
GERGITHUS, i
GERGITHIUM. Voyez Marpessus.
GERGOBIA , &c
GERGOBINA. Voyez GfrgoviA.
GERGOIE , en latin Gergovius mons, montagne de
France , dans l'Auvergne , près de la ville de Clermont.
On voit fur cette montagne les mafures de l'ancienne
Gergovie , ville des Gaulois Boyens. Clermont a été
bâtie de fes ruines , 8c lui a fuccédé pour le fiege épifco-
pal. * Baudrand , éd. lJO%.
GERGOVIA, Gergobia, Gergobina : les fça-
vans difputent s'il y a eu deux villes nommées Gergovia,
ou une feule ; leur doute eft fondé fur quelque variété
qu'il y a entre les expreffions de Cefar, dans fes Commen-
taires. Voici les partages 5c les opinions : le lefteur en
jugera.
Cefar, debell. G ail. l.j, c. 9, dit que Vercingétorix
ramena fon armée dans le Berri , 6c alla attaquer Gergobia t
ville des Boyens que Cefar y avoit placés Se annexés
aux vEduens, après les avoir vaincus dans un combat livré
GER
aux Suiffes. On lit enfuite que Cefar, ayant parte la Loire
à Orléans , traverfa le Berri pour venir chez les Boyens au
fecours de cette place. Voilà pour ce qui regarde lzGer-
gobia ouGergovia des Boyens.
D'un autre côté, il eft dit que Cefar partagea fon armée
en deux corps ; qu'il donna quatre légions à Labïenus pour
fe rendre dans le territoire de Paris. 6c dans le Sénonois ,
qu'il en garda fix avec lefquelles il avança dans l'Auvergne j
vers Gergovia , le long de l'Allier. Les détails qu'il fait
enfuite du fiége annoncent que la ville étoit fituée
fur une montagne 6c dans la même fituation que les ma-
fures de Gergoie , auprès de Clermont. Ainfi on ne doute
nullement que cette Gergovia d'Auvergne n'ait été fur
cette même montagne , qui en conferve encore le nom.
Il s'agit de favoir fi elle étoit unique , 6c fi la Gergovie
des Boyens eft, la même que celle d'Auvergne. Sanfon
le prétend, dans fes Remarques fur fa Carte de l'ancienne
Gaule: la pofition As Gergovia eft, dit-il, fort difputée,
parce que Cefar met une fois Gergovia in Boiis , 6c tou-
tes les autres fois Gergovia in Arvernis : il y en a qui en
font deux places différentes , expliquant l'une Moulins
en Bourbonnois, 6c l'autre Clermont ou Gergoie,
près de Clermont en Auvergne. Je crois qu'il n'y a eu
qu'une Gergovie , 5c que c'eft Clermont en Auvergne.
Deux villes capitales de deux peuples ne peuvent porter
le même nom fans quelque diftinftion ; de plus , aucun
auteur ancien ne cite d'autre Gergovia que celle d'Au-
vergne. De-là on peut conclure que Cefar a placé une
fois Gergovia in Boiis , 6c toutes les autres in Arvernis ,
parce que les peuples Boii ayant été placés entre Aiiui ,
Arverni , 5c Bituriges , il s'en mêla quelques-uns , félon
toutes les apparences , avec les Arverni dans. Gergovia.
Cette ville a porté fucceffivement trois noms ; le premier
Gergovia , qui eft tiré de la langue celtique : Auguflone-
metum lui a été donné, lorfque toute la Gaule fut réduite
en province , 6c fujette aux Romains. Elle a pris enfuite
celui d'Auvernum du nom Arverni, peuple qui habitoit ce
pays dont elle étoit capitale. Or il eft inconteftable qu'Au-
vent ou Arvernum municipium, eft Augujlonemetum, 6c
qu' ' Augujlonemetum eft Gergovia. Si quelque montagne
voifine porte le nom de Gergoie , c'eft parce qu'elle étoit
proche Gergovia, qui le lui a communiqué ; 6cs'il y a quel-
ques ruines de bâtimens'tfur la montagne, c'eft que les guer-
res auront été caufe que les uns 6c les autres s'y feront for-
tifiés, 6cc. Grenade en Efpagne s'eft autrefois appelle
Elvire , 6c a communiqué fon nom à la montagne voi-
fine ; mont à'Eliberis. Ce nom s'eft corrompu , les Es-
pagnols difent la Sierra d'Elvira. Gergovie aura ainfi
communiqué le fien à la montagne voifine qui s'appelle
aujourd'hui Gergoie.
Sanfon fe contente d'établir que Gergevia in Arvernis
eft la même que Vercingétorix voulut affiéger , qui étoit
habitée par les Boyens, enfin qu'elle eft la même qu'^a-
verni dans le moyen âge. Il devoit apporter des preuves;
car on eft. certain que c'étoient deux villes différentes ,
dont l'une s'eft accrue des ruines de l'autre. Voyez
Clermont. Il donne pour preuve l'opinion que Gre-
nade a été appellée Eliberis. Cette opinion a befoin
d'être elle-même prouvée.
Voici des fentimens oppofés à Sanfon.
Cefar , en parlant de la Gergovia in Boiis, dit qu'elle
étoit annexée aux iEduens ; c'eft ce qu'on ne peut pas
dire de Gergovia in Arvernis , qui étoit aux Auvergnats.
Les habitans de la première Gergovie tenoient pour
Cefar, 6c c'eft pour cela que Vercingétorix les vouloir,
affiéger : Cefar vint au fecours , 6c l'ennemi quittant le
fiége , laiffa la ville aux Romains. Les habitans de Ger-
govie d'Auvergne n'étoient rien moins que partifans de
Cefar ; 6c il lui encoûta bien des fatigues pour la foumettre.
Si c'étoit la même , pourquoi n'étoit-elle plus dans les
intérêts de Cefar ? Comment avoit-elle époufé ceux de
Vercingétorix ? On convient que les Boii occupoient le
Bourbonnois. C'étoit fon chemin pour venir au fecours
de Moulins. Les Boyens 6c les Auvergnats étoient diffé-
rens peuples , qui empêche que chacun d'eux n'ait eu une
ville nommée Gergovia qui n'avoit rien de commun que
le nom ?
Il y avoit deux Gergovies , félon Cefar qui les diftin-
gue très-bien ; car pourquoi auroit-il varié , s'il n'y en
eût eu qu'une ?
La première, chez lès Boïens , affiégée par Vercingéto*
CER
xîx , félon le premier pafTage , Se c'eft préfentement Mou*
Uns en Bourbonnois. Son nom eft diverfement écrit ;
•quelques manuscrits portent Gergoviam , d'autres Gergo-
biam , d'autres Gergcbinam ; Se la verfion gréque des
ommentaires de Cefar , porte tipyj&itâah
L'autre Gergovie chez les Auvergnats , affiégée par
Cefar lui-même , eft préfentement détruite. CÏermont
que Sanibn croit être en la même place , en eft à une
lieue , dans un terrein très-di fférent.
Sanibn, aurefte, n'eft pas le premier qui ait contefte
cette premier Gergovie. Scaliger le fils avoit entermé ce
mot entre deux crochets, comme lui étant fufpecL Mais fon
autorité ne prouve rien. Ce hardi Critique a tait bien des
prétendues corrections qu'on a été obligé de rétablir fur
les manufcrits. La raiibn qu'allègue Sanfon ne prouve
pas davantage, quand il dit : ce nom n'aura pas été donné
à deux villes capitales de deux peuples voifins , fans y
mettre quelque diftinftion. Qui lui a dit que ce fuflent
deux capitales ? Pourquoi n'y auroit-il pas eu deux Ger-
govies ? Il y avoit bien trois Noviodunum dans la Gaule ;
quelle autre diftinftion falloit-il que celle-ci Gergovia
Boïorum Se Gergovia jirvernorum. Ortélius a été du
même fentrment que Sanfon. Après avoir dit que Ger-
govia in Boris Oppidum eft Moulins , félon Belleforêt
& Paradin, ou plutôt Monduçon ou.Nery , où il y a des
bains Se des antiquités Romaines , félon Vigenere , il
ajoute; je crois que ce mot eft mal écrit Se que c'eft la
même Gergobia que Cefar donne aux Boyens, Se Strabon
aux Auvergnats. Cela feroit bon, fi Cefar n'eût parlé que
delà Gergovie des Boyens. Mais il parle aufli de celle de
Strabon. Il la met , comme lui , dans l'Auvergne Se en
fournit toutes les différences ; c'eft ce qui rend inutile la
conjecture d'Ortélius.
GERIA , ville des Indes , félon Etienne le géogra-
phe. Pline nomme un peuple des Indes Gereiœ. Le P.
Hardouin croit qu'il faut lire Gcreatte , de la Gertia ou
peria, n/peta, d'Etienne.
GERINE, lieu d'Afie, entre Pergame ScThyatirej
félon Antonin.
GERION. Voyez Gerunium.
GERIONA. Voyez Gerunda.
GERIS A , ancienne ville de l'Afrique proprement dite,
félon Ptolomée , /. 4 , c. 3 . Elle étoit entre les deux
Syrtes.
GERIZE , ou Gerizet-ber-Omar , ville d'Afie ,
dans la Mélbpotamie , fur le Tigre , à 75 d. 30' de lon-
gitude , & à 37 d. de latitude. * Hijl. de Timur-Bec, t. 3,
c. 36.
GERMA, ville d'Afie , fur l'Hellefpont , auprès de
Cyzique, félon Etienne le géographe , Se Socrate le fcho-
liafte. Selon Ptolemée, Germa étoit une colonie que
les Gaulois Toliftoboïens avoient fondée dans la Gala-
tie. Voyez Germe , Girmasti Se Hiera-Germa.
GERMAINS , (les) anciens peuples qui habitoient la
Germanie , ou l'Allemagne d'aujourd'hui. Voyez Ger-
manie.
GERMALUM , quartier de Rome. Feftus Pompeius
nomme Cermalus , par un C , une des montagnes de la
ville. Plutarque,dans laVie de Romulus, trad. de M. D acier,
t. 1 , p. 1*5 , nomme Germicum un lieu qu'on appelloit
autrefois Gennanum , à caufe des deux frères Romulus
ck Remus ; mais il ne dit pas que ce tut une montagne ; au
contraire , c'étoit un lieu bas , au bord du Tibre , Se au
pied du mont Palatin , où les eaux portèrent le berceau de
Romulus Se de Remus.
GERMANES : c'étoit moins un peuple qu'une fefte
de philofophes , dans la Carmanie. On les nommoit
auflî Hylobiens , félon Strabon, /. 15. Ortélius trouve
qu'ils font mal nommés Sarmanes Se Allobiens par Clé-
ment d'Alexandrie , Se que ce font les Germanii d'Hé-
rodote.
GERMANI , Tipuâvu, ancien peuple, fur les Palus-
Méotides , félon Denys le Periégete. Voyez ORETANI.
GERMANICI SALTUS. Voyez Hercinie.
GERMANICIA , ancienne ville d Afie, en Syrie, dans
la Comagéne , auprès du mont Aman , félon Ptolomée ,
/. 5 , c. 1 5 ; Se Antonin , hiner. décrit deux routes qui
partoient de cette ville pour fe rendre à Edeffe , l'une
par Doliche 8c Zeugma , Se l'autre par Samofate. Cette
ville eft devenue fameufe dans l'hiftoire ecsléfiaftique ,
CER ...... 9j
parce qu'Eudoxe, (M hérétique, en étoit éVêque, Se
qu'elle étoit la patrie (b ) de Neftorius , autre hérétique
célèbre. Théodoret , /. 2, c. 2.5 , dit : Germanicie eft
une ville de l'Euphratenfe. C'eft ainfi qu'on appelle cette
province : elle eft aux confins de la Cilicie , la Syrie & la
Cappadoce. Elle a porté le nom de Cefarée , qui ne fe
donnoit qu'à des villes d'un rang peu commun. C'eft
dans cette ville que Percennius prit la pourpre impé-
riale. * (a) Socrat. Hift. Ecclef. I, z,c. 27. (b) Ibid.
/. 7, c. 29.
GERMANICIANA , ville de l'Afrique propre, fur là
route de Thévefte àTufdrum , .entre Aquœ-regice &Elices,
à vingt-quatre milles du premier lieu , Se à feize milles du
fécond. S. Cyprien fait mention de Begermaniciana dans
le Concile de Cartilage. Le feptiéme nomme un évêque
Abbintanus epifeopus , aliàs G ermanicianorum,
1 . GERMANICOPOLIS, ville de l'Afie mineure,felon
Pline , /. 5 , c. 32 : elle étoit voifine de la rivière de Ge-
bes aux confins de la Bithynie Se de la Mcefie. Pline dit
qu'on la nommoit auffi Helgas Se Boofcoete. Sur quoi le
P. Hardouin obier ve que le premier de ces deux noms
eft barbare , Se le fécond grec : v,oh r-or* veut dire le
lit du bœuf. Cette ville étoit très-différente de celle dont
il eft parié dans l'article qui fuit.
2. GERMANÏCOPOLIS, ville d'Afie , dans l'Ifaurie.
Ammien Marcellin , /. 27 , c. 9 , en fait mention ; Se
Valois obferve que, fous Valentinien Se Valens , l'an
368, l'Ifaurie étoit partagée entre les Romains Se les
Barbares , Se avoit deux capitales ; Séleucie pour les Ro-
mains , Se Germanicopolis pour les Barbares ; Se cite
ConftantinPorphyrogénete, lib. 1 , de Provinciis , c. 13 ,
qui le dit dans la Notice des évêques qui fouferivent au
Concile de Chalcédoine. Le premier des évêques de
de l'Ifaurie eft Bafile de Séleucie, le dernier eft Tyran de
Germanicopolis , Germanicenjis. Les Notices de Léon le
Sage , de Hieroclès Se du patriarchat d'Antioche mettent
Germanicopolis pour une des villes épifcopales d'Ilàurie?
celle de l'abbé^ Milon la place dans l'Arménie qu'elle
étend jufques-là ; Se elle la nomme dans cette province ,
avec Irénopolis , Se les autres villes Subordonnées à Sé-
leucie.
3 . GERMANICOPOLIS. Juftinien , Novell. 29 , c. 1 ,
nomme fix villes de la Paphlagonie , Germanicopolis ,
Pompeïopolis , Dadybri , Tumuli , Amaftridis Se Iono-
polis. La Notice de Hieroclès met aufli dans la Paphla-
gonie fix villes , Gangra , Pompeiopolis , Sora , Ama-
Jlrium , Junopolis Se Dadybra ; mais elle ne fait nulle
mention de Germanicopolis. Ptolomée , /. 5 , c. 4 , place
Germanbpolis dans la Paphlagonie. C'eft la même ville
que nomme Juftinien , Se qu'il met entre les fix villes
que la Paphlagonie avoit originairement , c'eft-à-dire ,
avant qu'on y eût joint l'Honoriade.
GERMANICUM CASTRUM, nom latin de
Germigni.
GERMANICUM MARE. Les ? anciens appelaient
ainfi l'Océan depuis la Viftule jufqu'au Texel.
GERMANIE : ce nom a été commun à la Germanie
proprement dite , Se à une partie de la Gaule Belgique.
Pour ne point faire de contufion , nous les traiterons fé-
parément , en commençant par la Germanie propre, ul-
térieure , ou Transrhenane , nommée aufli la grande
Germanie ; Se nous parlerons enfuite de la Germanie ci-
Cisrhenane ou Belgique.
De la grande Germanie.
GERMANIE, (la) grand pays de_ l'Europe, au
centte de cette partie du monde , autrefois habité par
divers peuples , ausquels le nom de Germains étoit com-
mun. Comme ce pays n'a pas toujours eu les mêmes
bornes , nous examinerons ce que les anciens géographes
nous en apprennent en divers rems. Nous ferons obligés
d'avoir recours aux Grecs & aux Romains , parce que
les Germains ayant long-tems mené une vie féroce Se
guerrière , ont négligé eux-mêmes le foin de leur hiftoire ,
Se en confioient les principaux événemens à une tradi-
tion qui ne fubfiftoit qu'à la faveur de leurs chantons.
Les Germains étoient un mélange de différens Bar-
bares qui inondèrent fucceffivement la Germanie. Du
tems de Cefar, les Sueves étant les plus puiffans Se les plus
94
GER
GER
belliqueux parmi les Germains, ce célèbre -écrivain a cru
qu'il iuffifoit de faire connoître leurs mœurs, pour don-
ner une idée de tous les autres en général. Ils font, dit-il ,
de belL G ail. L^,c. i , i, 3 , diftingués en cent can.
tons , dont chacun fournit tous les ans mille hommes
pour faire la guerre, & le refte demeure dans le pays pour
le cultiver ; mais l'année fuiv-ahte,il va à la guerre à fon
tour , fans interrompre le travail des armes , ni de l'agri-
culture. Nul ne poflede d'héritage en particulier , 8c ne
. demeure en même lieu , deux ans de fuite. Ils vivent de
laitage & de la chair de leurs troupeaux , plutôt que de
pain , s'occupent principalement à la charte ; ce qui joint
à leur manière de fe nourrir , à un exercice continuel ,
augmente leurs forces , Se leur donne une corpulence
énorme. Ils' vivent dans une entière indépendance , Se
n'apprennent aucun métier. Dans les lieux les plus froids,
ils ne s'habillent que de peaux qui , étant étroites , leur
laiffent une partie du corps expofée aux injures de l'air. Ils
ne fe baignent que dans les rivières.
Ils donnent entréechez eux aux marchands , plutôtpour
vendre le butin qu'ils ont fait à la guerre , qu'afin qu'on
leur porte des marchandifes. Ils ne fe foucientpoint qu'on
leur mené de beaux chevaux dont les Gaulois font beau-
coup de cas ; ils fe fervent de ceux de leur pays , quoi-
que mal-faits &c vilains ; Se à force de les faire travail-
ler , ils les -endurcifient à la fatigue. Dans les com-
bats qu'ils donnent à cheval , ils mettent fouvent pied
à terre , 6c accoutument leurs chevaux à demeurer en la
même place, afin qu'au befoin ilspuiffent les retrouvera
l'inftant. Rien n'en: plus lâche ni plus honteux , à leur
-gré , que de fe fervir de felle 8c de harnois. En quelque
petit nombre qu'ils foient , ils ont le courage d'attaquer
quelque nombre que ce foit de cavaliers bien enharnachés.
Ils ne permettent point qu'on leur porte du vin ; ils croient
que cette liqueur amollit le courage , 8c rend les hommes
-efféminés , Se incapables de fupporter les travaux.
Ils font gloire de voir leurs frontières bornées par de
vaftes folitudes : ils penfent que c'eft une marque que
quantité d'états voifins n'ont pu foutenir leur effort , ÔC leur
ont abandonné cet efpace par crainte. C'eft pourquoi on
dît que, d'un côté de leur pays, il y a environ fix cens mille
pas deterrein inhabité. Cefar parle enfuite de Ubiens.
Cette defeription que Cefar fait des Sueves convient à
tous les anciens habirans de l'Europe. On le voit dans
la defeription des mœurs des anciens Italiens, que fait
Virgile. Mezence parle ainfi dans l'Enéide, /. 9 ,r. 603.
Sec.
Natos adflumina primum
Defirimus Javoque gelu duramus &• un dis.
■Venatu invigilant pueri , jîlvaf que fatigant .*
■Fleclcre ludus equos & fpicula tendere cornu
At patiens operum parvoque affueta juventus
Aut raflris terram domat , aut quatit oppida belle.
Omne avumferro teritur verfaque juvencûm
Terga fatigamus hajla. Nec tarda feneclus
Débilitât vires animi, mutatque vigorem.
Canuiem galea premimus : ftmperque recentei
Conveclare juvat prxdas, & vivere rapto.
Ces mœurs guerrières 8c féroces ont été générales;
mais les Germains les ont confervées plus long-tems que
les Gaulois 8c les Italiens. ' -
Le pays des Germains n'étoi t guères connu des Romains,
même du tems de Néron. On peut juger de leur igno-
rance à cet égard, par lé faux portrait qu'en fait Séneque.
Les Germains ont , dit-il , un hyver perpétuel , un ciel
trifte , une terre ftérile , nulle habitation , point d'autre
demeure que celle que la laflitude leur permet de fe faire
le foir jusqu'au lendemain , une mauvaife nourriture
qu'ils n'acquièrent qu'avec peine, des corps prefque nuds,
Sec.
LA GERMANIE,
SELON STRABON.
Après la conquête de la Gaule par Jules Cefar , les
Romains fe contentèrent d'une lifiere de la Germanie ,
-feulement par rapport à la Gaule , 8c autant que le voi-
finage les engageoit néceftairement à ces guerres. Une
ou deux viûoires aquéroient le fumom de Germanique
au général qui les avoit remportées : les Ubiens étoient
glutôt aliés que, fujeis du peuple Romain} fir, Yarus, qui
voulut s'avancer jufques dans le pays que nous appelions
aujourd'hui laWeJlphalie , y perdit la vie Se fon armée.
On ne doit donc pas s'étonner de ce que Strabon , /. 1 .
dit : Alexandre nous a ouvert une grande partie de l'Alie,
Se les parties feptentrionales de l'Europe juiqu'au Danube.
Mais les Romains nous ont ouvert toute la partie occi-
dentale de l'Europe jufqu'à l'Elbe qui coupe_ la Germa-
nie par le milieu. Ce partage fait voir que, du tems de ce
géographe , qui a vécu fous Augufte Se fous Tibère , les
Romains ne connoiflbient de la Germanie, même impar-
faitement, que ce qui eft en-deçà de l'Elbe. Ce qui eft
au-delà de l'Elbe , le long de la mer , pourfuit-il , nous
eft entièrement inconnu, Se nous ne favons pas que per-
fonne ait navigé le long des parties orientales jufqu'à la
mer Cafpienne ; mais ni les Romains n'ont jamais été
au-delà de FElbe, ni perfonne n'a jamais fait ce chemin
à pied. Pour bien entendre ce partage de Strabon , il faut
favoir que quelques anciens ont cru que la mer Cafpienne
communiquoit au nord à l'Océan Scythique par un bras
de mer affez long. Peut-être avoit-on pris l'embouchure
duVolga pour une communication de cette mer aune autre.
Ainfi Strabon croyoit qu'on pouvoit pafler de la mer que
nous appelions aujourd'hui mer d'Allemagne , continuée
par la mer Baltique , dans la mer de Scythie ; Se delà
dans la mer Cafpienne, par cette communication que l'on
fait à préfent être chimérique. Strabon ne connoiflbit de
la Germanie, que ce que les guerres d' Augufte, de Drufus,
de Germânicus 8c de Tibère en avoient découvert. Il la
borne au couchant par le Rhin-, depuis fa fource jufqu'à
fon embouchure, 8e dit, /. 7, que quelques-uns de ceux;
qui hàbitoient le long de ce fleuve , avoient déjà été
tranfportés dans la Gaule par les Romains, (il entend
les Ubiens Se une partie des Sicambres ; ) que quelques-
uns s'étoient retirés plus avant dans le pays , comme les
Marfes, Se qu'il n'étoit demeuré que peu de Sicambres
près du Rhin. Entre le Rhin 8c l'Elbe qui ont un cours
égal vers l'Océan , il place l'Ems , fur lequel Drufus
donna un combat naval aux Brufteres. Il dit que , dif
côté du midi , la Germanie touche aux Alpes , Se qu'il
y a des montagnes de même nom , qui s'étendent vers
l'orient , quoique moindres que celles d'Italie. Il met
dans la Germanie la forêt d'Hercinie , 6e les peuples
Suives dont quelques-uns habitent dans la forêt, &
les autres dehors. Il place enfuite.
Les COLDULES , entre lesquels étoit Boviaf-
mum , réfidence du roi Maroboduus ;
Se les Marcomans qui y avoient été trans-
férés par ce roi.
Il y ajoute les nations que ce prince avoit vaincues ,
favoir,
Les Lun , Les Mugilones ,
Les Zumi , Les Sibini ,
Les Butones , Se les Semnones ,
peuple d'entre les Suéves.
Car, félon lui , la nation des Suéves étoit très-grande ,
Se s'étendoit depuis le Rhin jusqu'au de-là de l'Elbe ,
Se confinoit avec les Getes. Il y avoit au de-l^de l'Elbe ,
Les Hermundures , 8c les Lanc osargi.
Ce dernier nom eft corrompu , c'eft Langobardi. Stra-
bon dit qu'ils vivoient à la façon des Nomades. II fait
aufli mention de quelques moindres peuples de la Ger-
manie, favoir,
Les Cherusques,
Les Chattes,
Les Gamabrivii ,
Les Chattuarii,
Il range le long de l'Océan ,
Les Sugambri, Les Ombres,
Les Chaubi , Les Cauci , 1
Les Bucteri , Les Caulci ,
Se les Campsiani.
Il donne un même cours à l'Ems , au "Wéfer Se à la
Lippe ; mais il fe trompe: les deux premières fe perdent
dans l'Océan, Se la troifieme dans le Rhin. D nomme
GER
GER
auffi la rivière de Sala , 6k dit que Drufus mourut entre
la Sala & le Rhin. Entre les ifles qui bordent la Germa-
nie , il dit que Burchanis fut prilè par Drufus. Mais
dans la defcription du triomphe de Drufus , lorfqu'il fait
le dénombremeht des peuples vaincus , /. 7, p. 192 , il
change quelques noms., Il appelle Catheïlci ceux
qu'il avoit auparavant nommés Caulci ; il y nomme
Ampsani ceux qu'il appelle ailleurs Camafiani j 6k
aux Buclerts , Cherufques , Canes 6k Catturi , il ajoute
des nations dont il n'avoit rien dit , favoir ,
95
Nusipi .
6k SUBATTII.
Landi,
ïl compte entre l'Elbe 6k le Rhin une diftance de trois
mille ftades en droite ligne ; dit qu'au milieu delà forêt
d'Hercinie , eft une contrée très-habitable > auprès de la-
quelle font les fources du Danube & du Rhin , qui ont
'entr'elles des marais ; où les eaux du Rhin fe répandent;
que le lac a plus de trois cens ltades de circuit , & près
de deux cens de trajet ; ' que clans ce lac il y a une ifle
dont Tibère fe fit un lieu de retraite au combat naval
qu'il donna contre les Vindéliciens ; car, comme ce lac 6k
la forêt d'Herciniefontplus avancés au midi que les fources
du Danube , il faut néceffairement que quand de la Gaule
on veut aller à cette forêt , on paffe ce lac , enfuite le
Danube , & que l'on traverfe des pays plus commodes
pour les voyageurs, 6k des plaines entrecoupées de mon-
tagnes, pour arriver à la forêt. Tibère étant parti du lac ,
'après une marche d'un jour , arriva à la fource du Da-
nube. Les Rhétiens confinent un peu au lac ; les Hel-
vétiens ck les Vindéliciens y confinent davantage. Après
cela, eft le défert desBoïens jusqu'à laPannonie. Tous,
principalement les Helvétieus 6k les Vindéliciens , habi-
tent des plaines accompagnées de montagnes. Leshabi-
tans de la Rhétie ck du Norique s'étendent jufqu'au
fommet des Alpes, /vers l'Italie, 6k confinent les uns
avec les Infubriens, les autres avec les Carniens, 6k aux
lieux voifins d'Aquilée. •
Il y a aulïi , pourfuit ce géographe , une autre grande
forêt nommée Gabreta , après laquelle on^ trouve
les Suéves , puis la forêt d'Hercinie que les Suéves oc-
cupent auflî. On voit par tous ces détails , avec quelle
confufion la Germanie étoit connue fous Tibère. Voyons
le tableau qu'en fait Pomponius Mêla.
LA GERMANIE,
SELON MÊLA.
Après avoir décrit le cours du Rhin, depuis fa fource
jusqu'à l'embouchure nommée Fkvus , il pourfuit ainfi ,
L. 3 , c. 3 . La Germanie eft bornée par la rive de ce
fleuve, depuis là jufqu'aux Alpes, au midi par les Alpes,
à l'orient par les nations Sarmates , 6k au feptentrion
par l'Océan. Les habitans font grands , féroces & cou-
. rageux ; ils entretiennent leur courage par des guerres
continuelles , 6k accoutument leurs corps à la fatigue.
Dans le plus grand froid , ils font tout nuds, avant qu'ils
ayent atteint l'âge de puberté , 6k chez eux on y par-
vient affez tard. Les hommes font vêtus d'un feutre gref-
fier, ou d'écorces d'arbres, au fonde l'hyver; ils aiment
avec paffion à fe baigner. Ils font la guerre contre leurs
voifins , Si en font naître les prétextes , .félon leur ca-
price. Leur droit confifte dans la force : ils n'ont point
de honte de voler , 6k le contentent d'être bons envers
leurs hôtes , 6k doux à l'égard de ceux qui les fu'pplient.
Ils mangent de la chair crue, fe contentent de la mortifier
dans ion cuir, avec les mains 6k les pieds. Le pays eft
entrecoupé de rivières , hériffé de montagnes , 6k im-
praticable en beaucoup de lieux , à caufe des bois 6k des
marais. Les plus grands marais font Sucjîa, Eflia.h. Mel-
Jîagum : les forêts les plus confidérables font l'Hercinie
6k quelques autres qui ont des noms particuliers ; mais
celle-là occupe un terrein de deux mois de chemin ; 6k
comme elle eft la plus grande, elle- eft la plus connue.
Les plus hautes montagnes font Taunus 6k Rliuico : les
autres ont des noms qu'un Romain ne fauroit pronon-
cer. Les rivières, qui coulent de-là en d'autres pays , font
le Danube 6k le, Rhône ; celles qui tombent dans le
Rhin, .font le Mein 6k la Lippe ; celles qui fe rendent
dans l'Océan, font l'Ems , le Wéfer 6k l'Elbe qui font
très-célébres. Au-delTus de l'Elbe eft le golfe Codanus,
rempli d'iiies , tant grandes que petites . . . c'eft dans ce
golfe que font les Cîmbres 6k les Teutons ; & au-delà
d'eux , les Hsrmons , les derniers de tous les Germai.
Voilà à quoi fe réduit ce que l'on favoit de la Germa-
nie fous Claudius.
LA GERMANIE,
selon Pline.
Pline, qui vivoit fous Vefpafien, eut occafion d'en ap-
prendre davantage ; car félon une des lettres de Pline ,
le jeune , /. 3. Epiji. ad Marcum , il fervit en Germanie
6k écrivit en vingt livres les guerres des Romains con-
tre les Germains. Cet ouvrage , qui eft perdu , lui fer-
vit, fans doute , beaucoup pour la géographie inférée
dans fonHiftoire naturelle. Il n'en parle cependant qu'a-
vec une réferve fort louable. Après avoir dit qu'il n'é-
tait pas aifé de connoîtrè la vraie étendue de la' Ger-
manie , à caufe de la différence des fentimens de ceux
qui en ont parlé , il ajoute qu'Agrippa, en y joignant
la Rhétie 6k le Norique , lui donnoit DCLXXXVI. m. p.
de longueur 6k cclxviii. M. P. de largeur. Il obferve
enfuite que ce prince s'étoit trompé , en donnant à ces
trois pays enfemble moins de largeur que n'en avoit
la Rhétie feule, qui avoit été fubjuguée vers le tems de
fa mort ; au lieu , pourfuit-il , que la Germanie n'a été
connue que quelques années après ; encore ne l'eft-elle
pas entièrement ; mais s'il eft permis de conjecturer , il
ne s'en faut pas beaucqup que la côte de Germanie n'ait
l'étendue que lui donne l'opinion des Grecs , c'eft-à-
dire vingt-cinq fois cent mille pas , 6k que la longueur
marquée par Agrippa, ne foit vraie.
Les Germains font diftribués en cinq grandes nations :
ÎLes BURGUNDIONS.
Les Varins.
Les Carins.
Les Guttons.
tt (Les ClMBRES.
III. f
ISTyEVONS <
; du Rhin. (
Les
près
Les Hermions.
Les ClMBRES Midherranéts eiî
faifoient partie.
!Les Suéves.
Les Hermondures.
Les Chattes.
Les Cherusques.
(Les Peuctns.
Les Peucins. <Les Bastarnes , contigus aux
l . Daces.
Les rivières célèbres qui fe perdent dans l'Océan , font,
félon cet auteur ,
L'Oder, Guttalus , Le "Wêfer ,
LaViftule, L'Ems,
L'Elbe, Le Rhin,
Et la Meufe.
Je rends Guttalus par l'Oder , pour me conformer au
fentiment de plufieurs grands nommes. Il ne me paroît
cependant pas vraifemblable que Pline qui , dans cette
énumératiou , fuit l'ordre naturel de ces fleuves , ait
nommé l'Oder avant la Viftule. J'expliquerai dans un
moment , pourquoi on trouve ici la Meule qui n'a rien
de commun'avec là vraie Germanie, puifqu'elle coule
en-deçà du Rhin.' Pline pourfuit : dans l'intérieur du
pays , il y a la forêt Hercinie , l'une des plus fameufes
de l'univers.
LA GERMANIE,
selon Tacite.
: Corneille Tacite , contemporain de Pline, mais plus
jeune , fut procurateur de la Belgique fous Vefpafien : il
eft vrai qu'il ne mit pas le pied dans la Germanie Trans-
CER
GER
rhénans, c'eït-à-dire dans la Germanie au-delà du Rhin;
mais il étoit à portée de s'informer de [miUe chofes
dont il a tait un livre particulier , intitulé des mœurs des
Germains. Sans répéter ici ce qu'il rapporte de la ma-
nière de vivre de .ces peuples, nous nous contenterons
de renvoyer à fon livre ceux qui s'en veulent inftruire ,
& nous nous bornerons à ce qu'il y a de géographique :
le voici en fubftance.
Dans la Gaule étoient les HABITANS de Trêves
Se les Nerviens venus des Germains d'au - delà du
RhiK.
Le long du Rhin étoient ,
Les Vangions , Les Nemetes $
LesTRiEOCci, Les Ubiens,
Se les Bataves.
Il auroit pu y ajouter les SlCAMBRES qu'il dit ailleurs
avoir paflë dans les Gaules. Voilà pour les Germains
établis en-deçà du Rhin Se dans la Gaule. Voici pour
ceux qui étoient dans la véritable Germanie au-delà de
ce fleuve. Outre ceux qui cultivoient les champs Décu-
mates au-deiàduRhin Se du Danube, étoient au couchant,
Les HelvetiENS, entre la forêt Hercinie, le Rhin
Sc'le Mein : ils étoient Gaulois d'origine. _
-Les Cattes , dont la demeure commençoit à la
forêt Hercinie , Se à qui fe joignoient
Les Matiaci qui étoient à la droite du Rhin, amis
des Romains , égaux aux Bataves.
A l'endroit où le Rhin coule fans détour, les UsiPIEWS
ôe les Tencteres : auprès de ceux-là , les Bructeres
à la place desquels Tacite dit que les CHAMAV1S 8c
les AnGRIVARIENS vinrent s'établir.
Derrière ceux-ci étoient les Dulgibini Se les ChA-
SUARIENS. Devant eux étoient les grands Se les petits
Frifons, qui s'étendoient , dit-il, le long du Rhin jusqu'à
l'Océan , autour de certains grands lacs où les Romains
jentroient avec leurs flottes.
Aunord, dans la Germanie , font les CHAUCI , les
Cherbsques Se les Cimbres , voiflns de l'Océan.
Il met enfuite les SuÉvES qui occupoient alors la plus
grande partie de la Germanie. L'intérieur du pays étoit
aux peuples fui vans; .
Les Semnons , qui avoient Les Varin S j
cent cantons , Les Eudons ,
Les Lombards , Les Suardoks ,
Les Reubingi , peut-être Les Nuitons j peut-
Thuringi. être les TuiTONS ou
Les Avions, Teutons,
Les Angles,
Les Suéves le long du Danube étoient,
Les Hermundures , Les Narisces ^
Les Boïens , originaires de Les MarcomanSj
la Gaule , Les Quades.
Derrière ceux-ci étoient,
Les Marstngi,
Les Gothins,
Les Osi j
Les Burii.
Ces Suéves entre les montagnes au-delà desquelles étoient
les Suéves nommés Lygiens , entre lesquels il y avoit,
Les Arii, Les Manimi,
Les Helvécones , Les Elysiens,
Se les Naharvali.
Au-delà des Lygiens , Tacite met ,
Les Gothons , Les Lemoviens;
Les Rugiens ,
Enfuite les Suions qui étoient dans l'Océan, Se au-delà
desquels eft la mer qu'il nomme parcjfeufi , au rivage de
laquelle , à la droite , font les Estiens , chez qui croît
l'ambre. Après les Suions font les Sittons qui font
suffi de la Suévie. Il ne fait s'il doit donner à la Ger-»
manie , ou à la Sarmatie les Peucins , ou Bastarnes,
les Vendes Se les Fennes. Il ne nomme point de villes
dans tout ce grand efpaee de pays , parce qu'en effet il.
n'y en avoit aucune de fon tems. Il le dit expreffément,
dans le paflage que je rapporterai plus bas.
Les Romains pofledoient fi peu de chofe dans la Ger-
manie, que, dans Ja divifion qu'ils firent faire de l'empire ,
râ Germanie n'eft pas même nommée. Appien Alexan-
drin , qui vivoit alors, 8c qui, dans fa préface , donne uii
état de l'empire Romain , dit : en quelques endroits au-
delà du Rhin Se du Danube , les Romains commandent
à quelques-uns des peuples de la Germanie Transrhé-
nane , Se aux Gétes qui font au-delà du Danube, Se qu'ils
appellent Daces ; c'eft-à-dire que les Romains avoient
quelques lifieres.
Les Romains n'ayant pufubjuguer la véritable Germa-
nie , s'en firent une nouvelle en-deçà du Rhin , aux dé-
pens de la Belgique. Nous en parlerons dans la fuite ;
mais ne perdons point de vue celle dont il eft queftion
dans cet article , c'eft-à-dire la grande Germanie qui
n'avoit rien de commun avec la Gaule , que le Rhin qui
les féparoit l'une de l'autre ; de-là vient que Ptolomée ,
contemporain des Antonins , ne fait point d'article par-
ticulier pour la Germanie, fupérieure ou la Germanie in-
férieure ,| qu'il traite fous le titre de la Belgique à laquelle
elles appartenoient ; mais il en fait un pour la grands
Germanie , Se traite ce pays féparément.
LA GERMANIE,
selon Ptolomée.
Cet auteur eft le premier qui ait donné une defeription
détaillée de la Germanie , Se fa defeription a été fuivie
par presque tous les géographes qui l'ont fuivi. S'il fe
trompe quelquefois , il rencontre jufte en bien des cho-
fes. Il n'avoit point vu les lieux dont il parle ; mais il a
travaillé fur d'affez bons mémoires. Il y a bien de l'ap-
parence qu'il a pu confulter les cartes qu'on avoit du
tems d'Augufte , Se les tables qui étoient expofées dans
les portiques de Rome ; car c'étoit un uiage chez les
Romains d'expofer aux yeux du public des repréfenta-
tions des pays vaincus. Éumene le Rhéteur l'attefte. La
preuve que Ptolomée y a pris ce qu'il dit de la Germanie,
eft qu'il la décrit j non telle qu'elle étoit de fon terns^
mais telle qu'elle avoit été autrefois. Il place les Lom-
bards fur la rive gauche de l'Elbe; Se l'on fait d'ailleurs
que , dès le tems de Tibère , ils avoient été reculés au-
delà de ce fleuve. Il place les Sicambres dans la Germa-
nie propre , Se Tacite dit formellement qu'ils avoient
déjà été tranfportés dans la Gaule ; ils y étoient encore
aux environs du Vahal , du tems de Sidonius Apollinaris.
Çarm. 13.
Et tonfus Vahalim bibat Sicamber^
Tacite he les nomme même pas dans fa Germanie;
Ptolomée les met cependant dans la Germanie de l'au-
tre côté du Rhin ; ce qui fait voir qu'il à pris cette
fituation dans des mémoires antérieurs à leur partage du "
Rhin , qui arriva fous Augufte. Je donne de plus gran-
des preuves de ce fentiment, dans les Réflexions furies
principaux géographes anciens Se modernes.
En outre Ptolomée place un allez bon nombre de villes
dans fa grande Germanie où, de fon tems, il n'y en avoit
pas une , non plus que du tems de Tacite. Ce dernier dit
bien expreflernent , que les peuples de Germanie n'a-
voient aucune ville ; qu'ils ne fouffroient pas même que
les maifons fuflent jointes l'une à l'autre, ils habitent ,
dit-il , féparément , félon qu'ils trouvent une fontaine j
une campagne , un bois , qui leur plaît. Ils difpofent
les rues autrement que nous ; les édifices ne fe tiennent
point , foit qu'ils aient peur du feu , foit qu'ils ne fâ-
chent pas mieux bâtir. Ils n'ont aucun ufage de la ma-
çonnerie ni des tuiles. Ils emploient les matériaux in-
formes , fans choix ni beauté : ils fe creufent des caver-
nes fouterreines , Se les couvrent encore de fumier par-
deffus , pour s'y mettre à couvert durant l'hyvêr, Se ga-
rantir les gr.iins de la gelée-, Sec.
Julius Capitolinus, dans laVie de Maximin ,■ p- 196,
édit. Rob. Steph. 1544, dit qu'étant entré dans la Ger-
manie
GEB.
GER
manie Transrhénane , il y incendia beaucoup de villages:
le latin porte, bignjfus igitur Germaniam Transi hena-
nam pcr CCC vel CCCC milita. , Barbarie foli vicos
incendie , &c. Saumaifè a trouvé cet efpace de trois à
quatre cens mille pas , exorbitant , & le réduit à trente
ou quarante mille.
Selon Ptolomée, l.z, c. il, la Germanie eft termi-
née au couchant par le Rhin , & au nord par l'Océan ,
qui en prend le nom de Germanique.
Après les embouchures du Rhin , eft le port de Ma-
narman ; fuit l'embouchure du Vecht , celle de {'Ems ,
ceile du Wéfer , ci celle de Y Elbe, après quoi eft la pref-
au'ijle Cimbrique , l'embouchure du Chalufe, (la Trave,)
àa Suive, (la Sprée,) du VÏadc, (l'Oder,) & celle de
la Viftule.
La borne méridionale de la Germanie eft une par-
tie du Danube dont notre auteur décrit le cours: il ter-
mine la Germanie par une ligne tirée depuis le Danube
jufqu'aux montagnes de la Sarmatie , c'eft-à-dire , au
mont Krapac, & de-là jufqu'à la Viftule, qui depuis fa
fource jufqu'à la mer , achevé de limiter la Germanie, au-deffous de laquelle eft
Les montagnes de la Germanie les plus connues, font
celles que l'on appelle Sarmatiques , & qui ont le même
aiom que les Alpes , ïk au pied desquelles eft la fource
du Danube : il y a outre cela les monts êiArnobes, (le
Stetgerwald,) Mélibcque, (Hartswald.) &au-deffbus
de ce;; montagnes la forêt Semana , ( que l'on croit être
la Pacenis de Céiàr) 2-: Afciburgium ; puis les monts
Sudites , fous lesquels eft la forêt de Gabrita : la forêt
d'Hercinie eft entre celle-ci & les monts Sarmatiques.
Les peuples qui, fJ.on lui, occupent la Germanie, à
commencer au nord le long du Rhin , font ,
97
core au-deffus de ceux-ci , au pied du mont Afcibur--
gius , &c de-là jufqu'à la Viftule, les CORCONTI ck les
Luïioeburi : fous ceux-là on trouve premièrement
les Sidones , puis les Cogni & les Visburgii , au-
deflus de la forêt d'Hercinie.
A l'endroit où commencent les monts d'Abnobe, au-
deflus des Suéves , habitent les Cafuari , puis les Nerte-
reanes, enfuite les Danduti , au-deffous defquels font
les Turorii Se les Marovingi.
Sous les Chamaves font les Chattes & les Tubctntes ,
& au-deflus des monts Sudetes , les Thcuriochemce ; au
pied de ces montagnes les Varïfti, après quoi eft la forêt
de Gabrcta.
Sous lesMarovinges font les Curions, puis les Chcstuori,
& jufqu'au Danube , les champs appelles ParmtB campi.
Au-deflbus de la forêt de Gabréta , font les Marco-
mans, au-deffous defquels font les Sudini , &: jufqu'au
Danube, les champs nommés Adrebx campi.
Au-deflbus de la forêt d'Hercinie, font les Qi:ades,
fous lefqueis font des mines de ter ; & la forêt de Luna,
grand peuple , nommé
tlaemi , jufqu'au Danube. Près de ce fleuve , cette na-
tion eft limitrophe à celle des Teracatria. ; puis enfin les
Racatœ voifins des plaines. Ptolomée donne enfuite une
lifte de ce qu'il appelle des villes , & qui , comme nous
l'avons remarqué ci-defliis , n'en étoient pas.
Dans le climat feptentrional.
Phvum -,
Siatutanda ,
Tccdia,
Phabiranum ,
Treva,
Lepkana,
Lirimiris,
Marionis ,
Marionis altéra .
Coenanum ,
Aftuia ,
Alifus, _
Laciburgium .
Bunitium, '
Virunum t
Rugium ,
Scurgum,
Afcaucalis ,
le climat au-deflbus de celùi-lL
Dans le climat au-deffous du précédent;
Les petits BuSACTERES (ouBrufteres.)_
Les Sycambres au-deffous desquels étoient les
Lombards.
Enfuite entre le Rhin & les monts ABNOBES , les TlN-
GRi (ou Tencteres,) &£ les InGRIONS.
Puis les Intuergi, les Vargions, 8r.lesCARiTNi.
Au-deffov.s d'eux les VlSPl, rk le défert des Helve-
TIENS , jufqu'aux Alpes dont on a parlé. Afciburgium, Mefvium ,
Dans la partie qui eft le long de l'Océan, au-deffus des Navalia , Argelia ,
Bufactcres, font les Frisons jufqu'à l'Ems ; après eux les Meiiolanium , Calegia. ,
petits GAUCHI, jufqu'au Wéfer, et de-là les grands G AU- Teuderium , Lupfurdum t
CHI, jufqu'à l'Elbe; puis à l'entrée de la Cherfonefe Bogadium , Sufudata,
Cimbrique, les SAXONS. Il nomme enfuite les peuples Seereontium, Calancorum,
qui habitoient cette prefqu'ifle , favoir les SlNGULO- Munitium , Lugidunum ,
NES, au couchant au-deffus des Saxons; les Sabalin- Tulipkurdum, Stragona,
GIENS & les Cobandes , au-delà defquels étoient les Afcalingium , Limiofaleum,
Ch ALI, 5c plus au couchant les Phundusi; les Cha- Tulifurgium, Budorigum,
RUDES étoient Jplus à l'orient, & les ClMBRES les plus Phcugarum, Leucarjfius,
feptentrionaux de tous. Canduum , Arfonium ,
Après les Saxons depuis le fleuve CHALUSUS , (la Tropktza Drufi , Calijia,
Trave,) jufqu'au SuÉvus , (la Sprée,) les Pharodeni, Luppia, Sctidava.
enfuite les Sideni (jufqu'à l'Oder,) & les RuTICLII,
jufqu'à la Viftule.
De toutes les nations qui font dans les terres & dans
le cœur du pays , les plus grandes font les Suevi-An-
GILI ; ils font plus orientaux que les Lombards , & s'é-
tendent vers le feptentrion , jufqu'au milieu de l'Elbe.
Les Suevi-Semnones commencent enfuite, & s'éten-
dent depuis l'Elbe jufqu'à la Sprée ; après eux font les
BUGUNTI , qui occupent l'efpace qui fuit jufqu'à la Wif-
tule.
Entre les petits Gauchi Scies Suéves, lespetitsBv-
SACteres, au-deffous defquels font les Ch£M£, fe
trouvent de petits peuples ; entre les grands Gauchi , &C
les Suéves, les Angrivariens, puis les Laccobardi,
au-deffous defquels font les DuLGUMNH : entre les
Saxons 5c les Suéves, font les Tetjtonoari St. les Vi-
RUNi : entre les Pharodènes 5c les Suéves , font les
Teutons & les Avarpi : entre les Ruticlei & les
Bugunti , les jElvéons. Au-deffous des Semnons, ha-
bitent les Lingje ; fous les Bugunti, lesLouGOlOlO-
MANI ; depuis ceux-ci jufqu'au mont Afciburgius , les Tarodunum, Brodentia,
Longididuni : au-deffous des Lingœ , font ^des deux Arœ Flavie , Seguacatum,
côtés de l'Elbe les Calucones , &c depuis eux jusqu'au Rinftavœ, Usbium,
mont Mélibocus, les ChÉRUSQUES c£ les Chama- Alcimœnnis , Abiluum}
VES : à leur orient jufqu'à l'Elbe, font les Bono- Camiœbis , Phurgifatis,
CHEMi , au-deflùs defquels font les Batini : 6c en- Bibacum , Coridorgis ,
Tome UL
Alifo,
Budoris ,
Matdacum ,
Artaunum ,
Nuœfium,
Bergium ,
Mencfgada ,
Bicurgium ,
Marobudum,
Redintuinum ,
Meliodunum ,
Cafurgis,
Dans la partie qui refte le long du Danube.
Melocabus ,
Gravionarium ,
Locoritum ,
Segodunum ,
Dex .ma ,
Strevinia y
Hegctmatia ,
Budorgis ,
Eburum ,
Arjicua ,
Parienna,
Setuia ,
Carrodunum ,"
98
GER
GER
Midoûanium ,
Philecia,
Rhobodunum .
& Anal
Anduatium ,
Cdcmantïa ,
Singone ,
Ptolomée parle enfuite des ifles de la mer de Germanie:
il en compte trois à l'embouchure de l'Elbe, & les nomme
les ifles desSaxons; trois au nord de la prefqu'ifle Cim-
brique, qu'il nomme Alociœ; quatre à l'orient de la pref-
qu'ifle , qu'il appelle Scandite , favoir trois petites , (ce
font aujourd'hui les trois ifles du Danemarck; ) & félon
lui , la quatrième , qui eft la plus orientale , eft très-
grande . Se s'étend jusques vis-à-vis l'embouchure de
l'Elbe. 11 entend la Scandinavie que les anciens prenoient
pour une ifle ; ainfi Ptolomée compte le Danemarck,
& au moins les provinces méridionales de la Suéde , pour
des annexes de la grande Germanie : comme il" borne
ce vafte pays au midi par le Danube , il s'enfuit que la
Rhétie, le Norique , <k les Pannonies , qui étoient au
midi de ce fleuve , n'étoient pas de la Germanie ; auffi
les traite-t-il dans des chapitres particuliers. Je n'ai mis
ni les noms modernes , ni les longitudes, ni les latitudes
qu'il donne à tous ces lieux : quant aux noms modernes ,
je rapporte dans les articles de ces lieux ce que les fa-
vans ont conjecturé ; mais il n'y faut pas faire grand
fond. Des habitations faites fans maçonnerie , des ha-
meaux de quelques hutes groflieres ne pouvoient réfifter
à ces torrens de Barbares , qui venant du nord , traver-
sent la Germanie, 5c en entraînoient avec elle les peu-
ples vers les provinces de l'empire, qui leur étoient ou-
vertes par la foibleffe des empereurs , &c par les fréquen-
tes divifions des armées.
Nous avons dit que Ptolomée s'étoit fervi de mémoi-
res anciens , & drefies long-tems avant lui. Il eft indu-
bitable que les trophées de Drufus, dont il parle , ne fub-
fiftoient plus. Il n'eft pas probable que des nations fî
jaloufes de leur gloire & de leur liberté, euflent laiffé fub-
lîfter des monumens qui éternifoient leurs défaites : il a
trouvé cela dans des mémoires compofés fous Augufte ;
mais il n'y ipas trouvé les deux Germanies qu'il place
en-deçà du Rhin : nous parlerons de ces deux Germa-
nies à la fuite de cet article.
La Germanie n'a pas toujours eu le même nom ni les
mêmes peuples. Strabon, /. 7, trouvant beaucoup de con-
formité entre les Gaulois &. les Allemands , croit que le
nom de Germains a été pris pour lignifier qu'ils étoient
frères des Gaulois , parce que le mot latin Germanus
lignifie frère. (*) Quelques modernes l'ont dérivé de Car,
ou de Ger qui iignifie/ôri, entier , ferme , & de mann,
homme, comme nous dirions un homme fort, un homme
entier , ou un homme ferme ; c'eft le fentiment d'Altha-
mer & de "Willichius (D). PhilippeMelanchton, dansfon
Traité des noms des pays &£ des peuples, prétend que ce-
lui à'Hermann , fignifie un guerrier, & croit que c'eft
dans ce fens qu'il a été donne à ces peuples ; mais il n'ofe
décider fi ce font ces peuples qui l'ont pris, ou fi les Ro-
mains, voyant que ce mot fignifioit un homme de guerre,
parmi les peuples , le leur ont donné. Ce qui favorife
ion opinion, c'eft que dans le moyen-âge, on a dit He-
rimanni & Arimanni , pour lignifier des foldats , &
qu'encore aujourd'hui Gerttimadur , ou German (c) figni-
fie un homme de guerre dans laGothie Suédoife. Une an-
cienne tradition, confervée dans leurs chanfons, & rap-
portée par Tacite* fuppofe que Tuifton dieu né de la
terre, eut pour fils Mann, & que l'un & l'autre furent
l'origine & la tige de toute la nation. Elle donne àMann
trois fils, dont les Ingévons , les Hermions , &leslfta>
vons portoient les noms. Le docte Rudbeck (d) dé-
rive le nom de Germant , de Mann. Leibnitz (e) ne
s'en écarte pas beaucoup ; mais il prend l'origine de ce
nom , dans celui d'Hermion , fils de Mann. Je crois ,
dit-il , que les Herminons , partie des peuples Teutoni-
ques , ont donné le nom à toute la nation , comme au-
jourd'hui vous appeliez les Teutons Allemands, quoique
cela n'appartienne proprement qu'aux Suéves & aux Hel-
vétiens. Il eft allez ordinaire que l'afpiration s'affoiblit
ou fe fortifie ; car lorfqu'elle eft renforcée l'A parle eng-;
& le contraire arrive, quand le gfe change en h: ainfi
de Wiûraha, les Romains ont fait Vifurgis ; &ciïllle-
raha , ils ont fait Ilargus. Au lieu de Gammarus nous
difons Hummer , une écreviffe de mer. Et les Efpagnols
'changent Germanos en Hermanos. Au refte Tacite dit
exprès, que le nom d'un peuple a été donné à toute la
nation. * (a) Voyez Spener. Notit. German. Ant. 1. 3 ,
c. 4, §. 8 , p. 133. (b) Tacite in German. c. 2. (c) Pe-
rinskiold , Annotât, in Vitam. (d) Atlantic, c. 13.
(e) Mifcellanea Leibnitiana , p. 83.
Leibnitz croyoit que les Herminons , les Hermun-
dures & les Germains étoient des noms lynonymes et
équivalens. Il jugeoit qu'une partie des Herminons , ou
Germains , avoit conquis une partie de la Gaule , &
avoient rendu leur nom fi célèbre , que les autres peu-
ples leurs alliés fe firent honneur de le prendre. Selon
lui , Tacites'eft trompé en ce qu'il fuppofe que ce font
les Gaulois qui ont donné ce nom aux Germains. On a
tâché de trouver une origine plus fpécieufe. On a pré-
tendu que les Tungri avoient été appelles auparavant
Germains. Tacite le dit : le nom de Germanie eft nou-
veau , ci donné à ces peuples depuis peu. Parce que les
premiers qui, ayant pafîé le Rhin , chaflerent les Gaulois ,
s'appelloient alors Germains , on les nomme préfente-
ment Tongrois. Ainfi le nom d'une nation particulière
a gagné infenfiblement le defius. L'ancien nom des Ton-
grois étoit donc les Germains , félon Tacite.
Quelle quefoit l'origine de ces noms Germains & Ger-
manie , ils ne furent guères en ufage après la chute de
l'empire Romain. Les nations feptentrionales , avançant
vers le midi , produifirent de grands changemens dans
ce vafte pays. Les Lombards , refferrés d'abord aux en-
virons de l'Elbe , s'avancèrent jufques dans l'Italie , où
avec le tems ils fe formèrent un royaume. Les Suéves
fe jetterent fur les Gaules , & de-là dans l'Efpagne où
ils érigèrent une domination rivale dé celle des Goths.
Ces derniers, après avoir traverlè la Germanie , occupè-
rent une partie de la Gaule. Les Burgundions y fondè-
rent lé royaume de Bourgogne ; les Francs y avoient
déjà le leur. Les Saxons s'avancèrent jufques dans la
Weftphalie. Les Vandales , après s'être étendus dans ce
qu'on appelle aujourd'hui la haute & la bafievSaxe , avan-
cèrent vers le midi ; infulterent l'Italie , firent des con-
quêtes en Efpagne , fk parlèrent en Afrique. Leur pays,
entre l'Elbe & la Viftule, fut la proie des Vendes ou Vene-
tes qui s'en emparèrent, & fe firent appeller Slaves, &c.
" Tous ces peuples n'abandonnèrent pas entièrement
leur pays ; il y en reftoit quelques-uns ; mais leur petit
nombre ne les mettoit pas en état de réfifter à ceux
qui fe préfentoient pour le conquérir. Ainfi nous voyons
les vaftes pays que les Suives avoient occupés paffer en-
fuite en d'autres mains ; Se le nom de Suevie confervé
à peine à un petit canton qui eft aujourd'hui la Suabe ,
entièrement obfcurci par celui <£ Allemagne , qui n'étoit
d'abord que celui d'une contrée beaucoup plus petite;
Voyez l'article Alemanni.
Les Saxons entre l'Elbe &C le'Wefer, où ils étoient
- encore au commencement du régne de Charlemagne ,
y avoient pris la place des Francs. Nous avons vu que
les Saxons étoient d'abord de l'autre côté de l'Elbe ; mais
les Francs s' étant avancés vers le midi , & s'étant de-là
répandus dans la Gaule , où ils jetterent les fondemens
du Royaume de France , il en refta une partie au-delà
du Rhin , & de-là vint la divifion de France occiden-
tale , qui eft la véritable France , & de la France orien-
tale , dont la Franconie a tiré fon nom.
Alors il ne fut prefque plus queftion des noms de
Germains & de Germanie , que dans les ouvrages de
quelques auteurs qui les employoient en latin. Encore
voit-on que les auteurs Latins de ce tems-là préféroient
fouvent les noms de Tkeodifci , Teuùfci , &c Teutones à
celui de Germanie. La loi Lombarde , cit. 14,/. 15,
dit Teudifça lingua. Nithard , Hifl. 1. 3 , dir Lodhuvi-
cus Romana , Karolus vero Teudifcà Linguà jurave-
runt. Frodoard appelle Teotifca lingua la langue que l'on
parloit au-delà du Rhin. Othon de Frifingen , Chron. 1»
6, c. 1 1 , dit, Arnolfus totam orientalem Franciam, quai
modo Teutonicum regnum vocatur , id eft Boîoariam ,
Sueviam , Saxoniam , Thuringiam , Frijïam , Lotharin-
giam , rexit. C'eft dire bien positivement que le royau-
me Teutonique ou la France orientale comprenoit la Ba-
vière , la Suabe , la Saxe , la Thuringe , la Frife & la
Lorraine. Le même auteur , /. 7 , c. 3 5 , nomme impera-
tores Teutonici les empereurs d'Allemagne. Le nom de
Germains paroifîbit entièrement aboli dès le tems de
CER
GER
Procope. Le Rhin , dit-il , fe jette dans l'Océan ; il y
a là beaucoup de marais , où anciennement habitoient
les Germains , nation barbare , qui étoit d'abord peu
confidérable , Se que l'on appelle à préfent les Francs.
S. Jérôme , in Vit. Hilar. dit : entre les Saxons Se les
Allemands , il y a un peuple peu étendu , mais très-puif-
fant. Les Hiftoriens les appellent les Germains : ou les
nomment maintenant les Francs. A la lin l'ufage a voulu
que la plupart de ces noms Saxons, Suabes, Francs, Vanda-
leSj&c. fiuTent particuliers à certains cantons ; à l'égard du
nom général , les habitans ont préféré celui de feu/fc/i
pour lignifier un homme de leur pays , Se celui de Teuf-
chland pour défigner leur patrie : nous prêterons celui
cI'Allemans Se d' Allemagne , Se les Italiens difent
comme nous Alemagna & Alemanni ; ils difent
auffi Tedeschi Se Germania. Lorfque l'on parle
latin, l'ufage général eft de dire Germani , & Ger-
mania.
Voyez les articles Alemanni & Alemagne. Voyez
auifi les articles particuliers des peuples Se des villes
dont il eft lait mention dans ces articles. Je renvoie au
titre PASUS , ce qui concerne les anciens Pagi des
Germains. J'ai parlé jufqu'à préfent de la grande Ger-
manie ; il eft tems de venir à la Germanie citérieure
par rapport au Rhin.
De ta Germanie citérieure.
Nous avons obfervé à l'article GAULE que la Belgi-
que en étoit la troifiéme partie du tems de Céfar , De
Bell. Gall. 1. z. Il dit que la plupart des Belges étoient
iffin des Germains ; qu'anciennement ils avoient été
amenés en-deçà du Rhin , que, charmés de la fertilité du
terroir , ils s'y étoient établis Se eu avoient chafle les
Gaulois. Il dit auffi que les Condru.fi , les Eburons ,
les Ccerafi Se les Pamani étoient appelles Germains , Se
que ce nom leur étoit commun. Il dit enfin que les
Segni Se les Cor/drufi, qui font de larace de; Germains ,
iont entre les Eburons Se les Treviri , c'eft-à-dire entre
les pays de Liéje Se de Trêves. Et plus nettement encore ,
il nomme au 6e livre les Germains d'en-deçàle Rhin.
Ce conquérant , ayant réfoiu de ruiner abfofument les
Eburons , Se ceux qui les avoient affiliés , les Segni ,
&e les Condrufi le prièrent de ne les pas traiter comme
ennemis , Se de ne pas confondre dans une feule prof-
cription tous les Germains qui étoient en-deçà du Rhin;
que pour eux , ils n'avoient point fongé à lui faire la
guerre, ni envoyé nC'cun fecours à Ambiorix. Pline, 1.
jj , c. 13, décrivant la mer qui baigne la Germanie , y
comprenant la mer Baltique , Se la mer d'Allemagne
ajoute : tout le long de cette mer jufqu'à la rivière dç
l'Efcaut, le pays eft habité par des nations germaniques.
. Dans un chapitre où il traite de la Gaule en Général , il
il dit : ceux qui habitent le long du Rhin font des na-
tions de la Germanie dans cette même Province ( la
Belgique) , favoir les NEMETES , lesTRIBOCHI , en-
fuite les Ubiens , Cologne , les Gugernes . les Ba-
TAVES , Se ceux que j'ai dit qui demeurent dans les
ifles du Rhin. Il veut dire les CanineFATES , les Fri-
fons , Sec.
Tacite , German. c. 18 , dit que les TreverOÎS &
les Nerviens afïéctoient avec paffion de vanter leur ori-
gine germanique , comme fi par- là ils fe fufîent distin-
gués de la nonchalance des Gaulois. Il ajoute que les
bords du Rhin font indubitablement habités par des peu-
ples Germains ; les Rangions , les Tribocci , Se les Ne-
metes. Les Romains tranfportérent quelques peuples de
la Germanie. Suétone , in Auguflo , c. 11, dit qu'Au-
gufte fit pafTer les Suéves Se les Sicambres , qui s'étoient
fournis, dans la Gaule Scies établit proche le Rhin. Stra-
bon , /. 4 , dit qu'Agrippa amena en- deçà du fleuve , les
Ubiens qui y confentirent. Tacite , Annal. 1. 17, c. 2 , dit
a-peu-près la même chofe. Tacite, German. c. 19 , dit que
les Bataves qui habitoient au bord de ce fleuve , étoient
originairement un peuple d'entre les Cattes , Se que , chaf-
fés^ de chez eux par une guerre civile, ils s'étoient refu-
fiés dan? une contrée où ils étoient devenus partie dt
empire Romain ; que pour cette raifon , on les avoit
maintenus fur l'ancien pied d'alliés; qu'on ne les rabaif-
foit point par des tributs, Se qu'ils n'étoient point tyran-
nifés par les exacleurs des deniers publics ; qu'ils étoienç
99
éteints ae toutes charges Se contributions ; qu'on les
réfervoit feulement pour s'en fervir dans les batailles.
Suétone dans la Vie de Tibère , c. 9, dit que ce prince
n'étant encore que gendre d'Augufte , pendant la guerre
contre les Germains , en tranfporta dans la Gaule qua-
rante mille de ceux qui fe rendirent à lui , Se Ieuraffigna
des demeures le long du Rhin. Eutrope , Breviar. 1. 7,
c. 5, écrit qu'il y avoit quarante mille prifonniers. En
voilà allez pour donner lieu aux Romains de nom.ner
Germanie un canton de la Gaule. C'étoit la feu'e qu'ils
euflent véritablement conquife ; car Varus qui s'avança
un peu trop dans le pays que nous appelions aujourd'hui
la Wifiphalie , y périt avec fon armée. Les Ubiens qui
étoient d'abord au-delà du Rhin , furent fi odieux aux;
autres peuples de- la Germanie , pour avoir reçu le joug
des Romains , qu'ils pailerent de l'autre côté du fleuve.
Les armées Romaines fubjuguerent néanmoins quelques
peuples, dont le pays étoit en partie au-delà du Rhin,
comme les Nèmetes qui étoient aux environs de Spiàje,
les Vangions aux environs de Worms , les Tribocci aux
environs de Mayence. Comme ces peuples étoient prin-
cipalement, Se par rapport à leurs capitales , dans la
Gaule Se au couchant du Rhin, on les rangea fous le
gouvernement de la Gaule, Se on les joignit à la Belgique.
Il y eut donc une partie de ia Belgique , qui, jointe à
une hfiere de la grande Germanie , porta le nom de Ger-
manie ; Se cette partie fut divifée en Germanie su>-
PÉRIEURE Se INFÉRIEURE. Cette divifion a é-'é auffi
employée par Dion Caffius pour la grande Germanie. Il
appeUe fupérieure la partie voifine des fources du Rhin ,
Se inférieure celle qui la fuit jufqu'à l'embouchure de ce
fleuve. Mais je ne vois pas dans les anciens , que cette
divifion ait été fort,imitée.
Celle qui regarde la Germanie Belgique eft plus con-
nue ; beaucoup d'auteurs en ont parlé. Ptolomée, entr'au-
tres, les fépàre par la rivière <SObringa. Voyez ce mot.
Voici comment il les diftribue.
De la Germanie inférieure.
La partie du pays , (de la Belgique,) qui eft près du
Rhin , depuis la mer jufqu'à la rivière d (jbringa, s'ap-
pelle la Germanie inférieure , clans laquelle font les vil-
les fituées au couchant du Rhin , favoir :
Batavodurum , Bonna ,
Fêtera , Legio I.
Legio xxx. Ulpia , Trajana ,
Agrippinenfis , Mocontiacum.
De la Germanie supérieure.
Ce qui eft au midi de la rivière d'Obringa , pourfuit
Ptolomée , eft appelle la Germanie fupérieure. En com-
mençant à cette rivière , on y trouve les villes ,
Des Nemetes.
Neomdgus, Rufiniana.
Des Vangions.
Borbetomagus , Legio vm Augufia,
Argentoratum ,
Des Tribocci.
Breucomagus , Elcebus.
Des Rauriques.
Augufia Rauricorum , Argentuariaî
Des Longons.
Andomatunum.
Et au-deflus du mont Jura, les HelvïTIENS auprès du
Rhin. Leurs villes font ,
Gannodurum « Forum Tiberii.
Tome III. N ij
ïoo GER.
Les Romains gouvernèrent long-tems cette Germanie
citérieure par deux préfidens. On trouve dans Tacite ,
Hift. I.4, ci 55, Julius Tutor établi par Vitellius, Se
dans Suétone , in Domitian. c. 6, Lucius Antonius, pré-
sident de la Germanie fupérieure.
Après le règne deTrajan, la Germanie, étoit gouver-
née par des hommes confulaires : on les appelloit alors
duces , Se ils avoient pour les aider des officiers nom-
més comices. Mais Conftantin changea cette difpofition.
Il fit gouverner l'Occident par deux préfets du prétoire ,
mit à Trêves le préfet du prétoire des Gaule»; Se ce ma-
giftrat avoit fous lui celui qui commandoit à Mayence,
avec le titre de dux : il avoit en outre fous fes ordres
onze lieutenans militaires, qui font Spécifiés dans la No-
tice de l'Empire.
Il faut ajouter que ces Germains de la Belgique n'é-
toient pas tous d'une même condition ; car quelques-uns ,
comme les Bataves , étoient traités en alliés. Les autres
étoient incorporés à l'empire , Se jouiflbient du droit
municipal.
Outre la divifion dont nous venons déparier, les No-
tices en fourniffent une autre , qui revient à la même
chofe , favoir en première Se en féconde Germanie ; elle
eft poftérieure , Se on ne fauroit dire au jufte fi la même
rivière SObringa ou Abrica, qui , au rapport de Ptolo-
mée Se deMarciend'Héraclée, féparoit la Germanie fu-
périeure de V inférieure , étoit auffi la borne entre la pre-
mière Germanie Se la féconde. Comme ces notices,
dont je parle , n'ont été faites que par rapport au gou-
vernement eccléfiailique , elles ne font mention que des
villes épifcopales.
De la première G
GER.
Elle avoit quatre villes , dont la métropole étoit
Mayence , les trois autres Strasbourg, Spire Si Worms,
De la féconde Germanie»
Elle n'avoit que deux villes, dont la métropole étoit
Cologne. L'autre ville étoit Tongres.
GERMANIE , ville d'Afie. Elle étoit épifcopale, fous
le patriarche de Conftantinople , Se étoit la fokante-
fêprieme en rang entre les métropoles.
GERMANIENSIS, fiége épifcopal d'Afrique, dans la
Numidie. La Notice d'Afrique fait mention de fon évê-
que , qu'elle nomme Crefcentianus Germanienfis ; Se dans
la Conférence de Carthage, Optât. Oper. p. 261 , édit.
de Du-Pin , on trouve Innocentius epifeopus ecclefice Ger-
manienfis. Il ne faut pas confondre ce fiége avec celui
de Germanitia&a, qui étoit dans la Bizacene.
GERMANII , nation d'Afie , dans la Perfe , félon
Hérodote. Voyez Germânes.
GERMANIQUE ; ( le corps ) on appelle ainfi tous
les différens Etats qui compofent l'empire d'Allemagne,
pris enfemble.
GERMANOPOLIS , ville d'Afie , dans la Paphlago-
nie. Voyez GermaniCOPOUS 3.
GERMANORUM Castra , lieu maritime d'Afri-
que , dans la Mauritanie Céfarienfe , félon Ptolomée ,
l.4,C2.
GERMANORUM Oppidum, nom htin àefaim
Gourou Gower. Voyez au mot Saint, l'article Saint-
Gower.
GERMANO-SCYTHE. VoyezCELTJCA 2.
GERMANUM. Voyez Germalum.
GERMASTE. Voyez Girmasti.
GERME ou GERM.E, ville d'Afie, dans l'Hell es-
pont. Antonin _, Itiner. la met entre Pergame & Thya-
tire, à vingt-cinq mille pas de la première, Se à trente-
trois de la féconde. La notice de Hieroclès la nomme
TtpfMu , GermvE. Celle de Léon le Sage , Germes au
génitif. Elle tient le vingt-huitième rang entre les arche-
vêchés fournis au patriarche de Conftantinople dans
une autre Notice. VoyezGERMA Se Girmasti.
GERMEN, lieu de la Morée, fur une montagne de
la Zaconie , environ à une lieue de Chielefa , du côté du
nord. Quelques-uns croient que c'eft l'ancienne Gerenià,
que d'autres mettent à Paffava.
GERMERSHEIM, félon Hubner, Géogr. p. 452,
petite ville d'Allemagne, au Palatinat du Rhin. Se chef-
lieu d'un bailliage de même nom. Baudrand, éd. 170,,
la donne à la France , fous prétexte qu'elle a autrefois
été de la baffe Alface. Elle eft à un mille d'Allemagne,
au-deffus de Philisbourg , Se à deux au-deffus de Spire,
en allant vers Haguenau. Elle étoit autrefois ville libre
& impériale!; mais l'empereur Charles IV l'engagea à
Robert comte Palatin , pour une fomme d'argent ; Se
depuis ce tems-là , elle eft demeurée annexée au Pala-
tinat.
Le bailliage de Germersheim eft fous-divifé en cinq
diftrifts , qui font :
Germersheim, Akenftat,
Seltz , Hagenback ,
&t Godramftein.
Il y a cent quarante paroiflês. Il a été fort endommagé
durant les guerres d'Allemagne, fur la fin du fiécle der«
nier.
1. GERMIA, ville d'Afie, dans la Galatie falutaire,
félon la notice de Hieroclès. Elle eft nommée Germo-Co-
lonia, dans la Notice de Léon le Sage, Se marquée en*
tre les évêchés qui étoient indépendans , félon une autre
Notice.
2. GERMIA : Laonic Calchondyle nomme ainfi une
ville de Thrace , voifine d'Andrinople ; Se Leunclave
dit que c'eft préfentement Kermen dans la Romanie.
* Baudrand, éd. 1682.
1. GERMIAN, (le) petit canton de laNatolie, dans
les terres : il a leDurgut-lli au nord , félon De l'ifle dans
fon Atlas , la Caramanie au levant , l'Aidin-Ili au midi ,
Se le Sarchant au couchant. Le Madré, qui eft le Méan-
dre des anciens , le traverfe dans fa longueur. Les princi-
paux lieux font,
Eski-Hiffar3
Neftie ,
Aphiom Cara-Hiffar,
Les ruines de Coloffes, Sec.
1. GERMIAN , (le) montagne de la Natolie , à la
fource du fleuve Sangari. C'eftle Dindyntjs. *Bau~
drand, éd. 1705.
GERMIANA, ville de la Mauritanie Céfarienfe , fé-
lon Ptolomée , /. 4, c. 2.
1. GERMIGNI ou G er M ini, village de France,"
en Champagne , dans la Brie, au diocèse de Meaux, à
trois lieues de cette ville, fur la Marne. Ce lieu eft re-
marquable par la belle maifon de campagne que les évê-
ques de Meaux y pofledent : on en admire les jardins Se
la terraffe.
2. GERMIGNI, en hsmGermanicum caflrum. Suger,
dans la Vie de Louis le Gros, parle de ce château, Se le
met inpartibus Bituricenfum, dans le Berri. Il dit qu'il
étoit très-fort , Se appartenoit à Haimon , feigneur de
Eourbon. Le roi s'en étant rendu maître , força Haimon
Se les châtelains à fe foumettre. Ce Germigni eft pré-
fentement dans le Bourbonnois , entre Dun-le-Roi Se Ne-
vers , à cinq ou fix lieues de Bourbon-l'Archambault.
3. GERMIGNI, en latin GermaniacumouGerminîa-
cum , village de France, en Champagne, près de Rheims.
On lit que Thierri , roi d'Auftrafie , en fit donation à
Thierri Abbé.
4. GERMIGNI, en latin Gtrminiacum, village de
France, au diocèse d'Orléans, fur la Loire , près de l'ab-
baye de Fleuri. Letald en fait mention dans fon livre des
miracles de S. Maximin abbé. Et il s'y eft tenu un
concile en 843. * Mabillon , De re Diplom. /. 4.
Charles le Chauve a fait quelque féjour dans ce lieu;
ce qui a fait croire à Dom Michel Germain que nos
rois y avoient un château.
GERMIUM , village de Lorraine. C'eft la patrie de
S. Guibert. Voyez fa Vie. * Ortel. Thef.
GERMUE. Voyez Yarmouth.
GERN , bourgade d'Allemagne, dans la baffe Bavière :
elle eft prefque contigue au bourg d'Eggenfelden, dont
elle eft féparée par la Rotte , rivière qui fe perd dans
l'Inn. Corneille Dicl. en fait une ville.
•GERNIA , bourg de l'ifle de Mételin , dans l'Archipel,
vers la côte orientale de l'ifle , au nord de la ville de Mé-
telin. Il a fuccédé à l'ancienne JEgirum.
GERNICOURT, Gerniaca curtis, village de Cham-
pagne , au diocèse de Rheims , où mourut S. Rigebert ,
GER
GER
archevêque de cette ville , au retour de fon exil , le 4 jan-
vier 733.
GERNIUM , (ou plutôt Gernus) lieu de la Gaule
Narbonnoife , en allant de la Vénus-Pyrénée, ou Port-à-
.Vendre àTaralcon. * Strab. 1. 4, p. 179.
GERNSEY. Voyez Gaunesey.
GERNSHEIM, petite ville d'Allemagne, dans le cer-
cle électoral du Rhin , au landgraviat de Darmftadt, fur
le Rhin. Elle eft accompagnée d'un bon château, au
midi delà ville de Darmftadt. * Baudrand, édit. 1705.
GER.ODA, ancien lieu d'Ane , dans la Céléfyrie :
Antonin , Itiner. le metiur la route de Baumaris à Na-
ploulè , entre la première^: Damas, à quarante mille pas
de Tune & de l'autre.
GEROLATA. Voyez GerulatA.
. GEROLDS-ECK, feigneurie d'Allemagne, en la
Suabe, eftfituée dans l'Ortenau, fur le Rhin, vis-à-vis
de Strasbourg , & a titre de comté. Elle a eulong-tems
des comtes de même nom , &C a pafle enfuite à la mai-
fon de Cronberg, qui eft préfentement éteinte. * Hubner,
Géogr. p. 413. C'eft la maifon de Linde, qui le poflede
depuis 1704. ■
GEROLSTEIN, petit bourg d'Allemagne , dans le
cercle électoral du Rhin , au comté de même nom , fur
la rivière de Kyl , à dix lieues de Trêves vers le nord.
Le comté de GEROLSTEIN eft presque enclavé
dans l'archevêché de Trêves. La rivière de Kyl le tra-
verfe, & le coupe en deux parties inégales. Les comtes
de Gérolftein étoient iffus d'une famille très-ancienne ,
qui' pofledoit de grands biens le long de la Mofelle : elle
finit en Marguerite , qui porta cet héritage aux comtes
de Blanckenheim , desquels il a pafle à ceux de Man-
derscheid. * D'Audifret, Géogr. 1. 1, p. 396.
1. GERON, rivière duPéloponnefe : elle couloit au-
près de Pylos, félon Strabon , Le, p. 340.
2. GERON, dafert d'Ane, dans le voifinage du fleuve
Indus : il eft furnommé Tehol-Célali. * Hift. de Timur-
Bec, l. 4, c. 9.
GERONIUM. Voyez Gerunium.
GERONSART, abbaye de chanoines réguliers , dans
les Pays- bas, au comté de Namur, fur la droite de la
Meute, à un quart de lieue de Namur.
GERONTHA, ifle, entre les Sporades , félon Pline,
/. 4, c. 11. Il eft le feul ancien qui en ait parlé.
GERONTIS , fiége épifcopal d'Egypte , félon des
Notices grecques. On trouve dans le concile de Chal-
cédoine, tenu l'an 451, Stcphanus Gerontis. *Harduin.
Colleci. conc,
GERONTIUS , montagne du Péloponnefe , félon
Paufanias , in Arcadic.
GERONTnN PORTUS , c'eft-à-dire le pondes
vieillards , port de l'ifle de Chio , félon jElien , de Ani-
mal. 1. 12, c. 10.
1. GERRA ou Gerrum, ville d'Egypte. Voyez
Gerare.
1. GERRA, ville de l'ifle deLotophagite, fur la côte
d'Afrique. Voyez Gerbes. * Peolomée, 1. 4, c. 3.
3. GERRA , ville de Syrie : Ptolomée , l. <f ,c 15, y
en met deux ; l'une qu'il nomme Gerrhe , 8c qu'il donne
à laCyrrheftique, vers l'Euphrate ; 8c l'autre près du
mont Àlhadamus, chez les Arabes Trachonites.
4. GERRA, ville de l'Arabie heureufe , fur la mer,
félon Pline ,1.6, c. 18. Elle donnoit fon nom au golfe
Gerraicu.% linus. Il dit qu'elle avoit cinq milles de cir-
cuit , & des tours bâties de mafles de fel carrées. Stra-
bon , /. 16, lui donne des maifons de fel. Il ajoute
que fes habitans s etoient enrichis par le commerce. Il
ne faut pas confondre ces Gerréens avec les Gerréens
ou Gerréniens dont il eft parlé dans les Machabées ,
l. i, c. 13 , v. 24, s'il eft vrai , comme le croit D. Cal-
met , que ce foient les habitans de Gerara. Voyez Ge-
Rare. Pour revenir à ceux dont il eft queftion dans cet
article, Diodore de Sicile, /. 3 , c. 42, dit qu'eux 8c les
Minéens portoient de l'encens & autres parfums de la
haute Arabie.
GERRHA & Gerrhe. Voyez Gerra.
GERRHjE , peuple de la Scythie , en Europe , au
midi du Danube, félon Denys le Périegete. * Ortel.Thei'.
GERRHI, ancien peuple de la Sarmatie Afiatique,
félon Ptolomée, /. 5, c.9. Selon cet auteur, ils n'étoient
pas loin de la mer Calpienne.,
IOÎ
GERRHUM. Voyez Gerra i. .
GERRHUNIUM ou Gerrunium, château ou place
forte de Grèce , dans la Macédoine, à l'extrémité, du côté
d Antipatrie, félon Tite-Live, /.31, c. 27.
1. GERRHUS , rivière de la Sarmatie , en Europe,
félon Ptolomée , /. 3 , c. 5 , qui met fon embouchure
dans les Palus-Méotides , entre les villes d'Acra & de
Cremni ou Cneme : Hérodote, A4, c. 56, dit qu'il
prend fon nom d'un lieu appelle aufli Gerrkus ; qu'il
iepare les Scythes Nomades ou Vagabonds d'avec les
Scythes rovaux , 8c qu'il tombe dans l'Hypacaris.
2. GERRHUS, fleuve d'Afie, dans l'Albanie, félon
Ptolomée, /. \, c. 12, qui met fon embouchure entre
les villes de Téléba 8c de Gelda.
GERRY , bourg d'Efpagne dans la Catalogne , fur la
rivière de Noguéra, Les anciens l'ont connu fous le nom
à'Acerris.
GERS , (le) rivière de France , en Gafcogne : elle a
fa fource au Manhoac ; coule au feptentrion par le pays
d'Aftarac qu'elle partage deux , par le comté d'Arma-
gnac; pafle près d'Auch, de Caftelgeloux, de Florence
& deLeitoure ; puis, traverfant la Lomagne , elle fe rend
dans la Garonne, deux lieues au-deflus d'Agen.
GERSAW , bourg de Suifle. Il eft au bord du lac de
Lucerne , entre ce canton & celui de Schwitz, & forme
une efpece de petite république fouveraine, ne dépen-
dant de perfonne, de tems immémorial ; il eft feulement
des quatre cantons voifins du lac, favoir Lucerne, Uri,
Schwitz 8c Undervald : on y a même des aftes authen^
tiques, de l'an 1359, qui font foi que cette année , ces
quatre cantons firent alliance avec les bourgeois de Ger-
faw , comme d'égaux à égaux , 8c les reçurent dans le
corps de leur alliance. * Etat & Délices de la Suiffe,
t. 2, p. 403.
GERSBACH ou Gertsbach , petite ville d'Alle-
magne, au cercle de Suabe , dans le haut margraviat de
Bade, fur la rivière de Murg , au levant de la ville de
Bade.* D' A udifret , Géogr. t. 3. Vaugondy , Adas.
GERSTEN , abbaye d'hommes , ordre de S. Benoît , en
Allemagne dans la haute Autriche, proche la villede Srevr
GERSY, abbaye. Voyez Jersy. ' *
GERTICOS , ville de Lufitanie , ainfi appellée du
tems des Goths ; 8c on la nomme préfentement Vamba,
félon Ortélius , Thefaur. qui cite Morales 8c Beuterus.
GERTRUIDENBERG , ville des Pays-bas, au Bra-
bant Hollandois &i de la Hollande méridionale. Elle eft
fituée à l'embouchure de la rivière de Dongen , qui
tombe dans le Biesbos , 8c fur le bord de ce golfe qui
eft entre cette ville 8c celle de Dordrecht. Ce font les
triftes reftes d'une afrreufe inondation, arrivée le ^No-
vembre 1421. Les digues du Vahal & de la Meufe n ayant
pu foutenir le débordement impétueux de ces deux ri-
vières , leurs eaux fubmergerent foixante 8c douze villa-
ges , &C firent périr plus de cent milles âmes. Voyez
BlESBOS. * Janiçon, Etat préfent des Provinces-Unïes,
t. 2, p. 261.
Les auteurs ne s'accordent pas fur l'étymologie du nom
de S. Gertruidenberg ; je rapporte celle d'Alting , qui
me paroît la plus vraifemblable. Il dit que, ne voyant
aucune hauteur autour de cette ville , il croit qu'elle" tire
fon nom de Gertruide, tante de Pépin, père de Charles
Martel , qui s'étant confacrée à Dieu , fe retira dans cet
endroit, à caufe du voifinage de la cellule de faint Amand,
qui lui fit regarder ce lieu comme une forterefle où elle
feroit à l'abri des tentations. Comme elle y mourut en
odeur de fainteté , 8c qu'on lui attribua de grands miracles
après fa moft , cette ville a pris le nom de la montagne
dejainte Gertrude ; cependant on l'a aufli appellée dans
la fuite mons littoris, c'eft-à-dire montagne du rivage.
Quoiqu'il en foit , cette ville eft fi ancienne , qu'on
ne fait à qui en attribuer la fondation. Son afliette fur les
limites entre le Brabant 8c la Hollande, a cauiè de grandes
guerres entre les habitans de ces deux provinces , qui
prétendoient de part 8c d'autre que cette ville leur ap-
partenoit. Leur opiniâtreté alla li loin , que les Bra-
bançons faifoient prêter ferment à leur duc , le jour de
fon inftallation , qu'il feroit tous (es efforts pour réunir
cette ville au Brabant ; Se les Hollandois ,de leur côté,
obligeoient leur comte de jurer qu'il n'épargneroit rien
pour fe la conferver. Les fondemens du château , qui
étoit dans l'enceinte de la ville, furent jettes en 13 21 ;
GER
102
& ce château fubfifta jûfqu'ën 1410 , qu'il fut prefque
entièrement détruit par les habitans de Dordrecht , a
l'occafion dj la guerre entre Jean de Bavière & la com-
ieffe Jaqueline. La plus grande partie de la ville fut auffi
brûlée avec l'églife ; Se le château , depuis ce tems , a
été entièrement démoli. Cette ville a auffi beaucoup
fouffert par la guerre qui a régné fi long-tems entre les
Hoeks &C les Cabbelljaus , 6c dans la révolution des pays-
bas. En 1 573 , les confédérés la prirent fur les Efpagnols ;
•mais en 1589, le prince de Parme la reprit, par la per-
fidie de la garnifon Angloife qui la lui vendit. Le prince
Maurice la prit en 1593 , après un fiége de trois mois ;
& le prince Frédéric-Henri fon frère , qui avoit affifté
à ce fiége , fut fait gouverneur de la place , quoiqu'il
«'eût alors que neuf ans. Depuis ce tems-là , eiïe a tou-
jours été fous la domination de la république , Se eft un
des principaux boulevards de la Hollande. Cette ville ,
avec tout fon territoire , eft une feigneurie qui a paffé
dans la maifon de Nauffau-Orange , en même- tems
que la baronnie de Bréda ; Se elle eft encore fous l'ad-
miniftration du confeil des domaines.
Cette ville a la figure d'un croiffant , 6e eft très-forte.
Son rempart a environ un quart de lieue de circuit ; il eft
flanqué de cinq baftions du côté de la terre , environné
d'un foffé large 6c profond , 8c défendu par une bonne
contrefcarpe. Elle fut ainfi fortifiée après la pacification
de Gand , par Guillaume I , prince d'Orange , pour fer-
vir de barrière à la Hollande , avec fes autres feigneuries
de ce côté-là. Sa fituation la rend encore plus forte ; car
d'un côté elle eft affife fur le bord du Biesbos , Se de
l'autre arrofée par la rivière de Dongen , qui peut inon-
der tous les environs.
Cette ville eft allez jolie , 8c percée de dixrues , dont
la plus longue 8c la plus large va d'une extrémité de la
ville jufqu au havre qui eft affez commode. Il y a deux
à trois cens maifons , Se environ mille habitans. L'églife
eft au milieu d'une place ronde , 8c deffervie par deux
pafteurs de la claffe de Dordrechet , entretenus par le
ifeigneur. Les Catholiques Romains ont une chapelle où
les habitans de la campagne vont entendre la meffe. La
maifon de ville eft un affez beau bâtiment , fitué au
milieu de la grande rué. On y a bâti un palais , pour y
loger le prince Frédéric-Henri , dans le tems qu'il fut fait
gouverneur de la place. C'eft aujourd'hui la demeure
du commandant ; 6c dans un autre corps de logis , qu'on
appelle la petite cour , demeure le receveur du feigneur,
qui prend en même tems le titre de châtelain. Le ma-
gazin eft à une extrémité de la ville, 6c fous la direction
d'un commis , établi ôc entretenu par les confeillers
députés des états de Hollande.
La régence eft compofée d'un bailli , de deux bour-
guemeftres , 6c de cinq échevins , avec un tréforier ôc
un fecrétaire. Le bailli eft le chef de la police 6c de la
juftice , 8c eft établi à vie par le feigneur , qui change
ou continue tous les ans les bourguemeftres 8c les éche-
vins , fur une double nomination du bailli. Ces magif-
trats font obligés de fe conformer aux loix 6c aux cou-
tumes qui s'obfervent en Hollande ; 8c l'on appelle de
leurs fentences , dans les affaires civiles , à la cour de
juftice de Hollande à la Haye. Le fecrétaire 6c le rece-
veur des domaines font établis à vie par le feigneur. Les
confeillers députés des états de Hollande y établiffent
un autre receveur pour la perception du verponding , 8c
d'autres droits , qui rend fes comptes au receveur-gé-
néral des fept Provinces à la Haye. Les droits de con-
somption , 8c autres taxes , fe donnent en ferme à ceux
qui en offrent le plus. L'amirauté de Roterdam y a un
receveur 6c un controlleur , avec quelques commis des
recherches , pour les droits d'entrée 6c de fortie.
Il eft à remarquer que la ville de Gertruidenberg avoit
autrefois féance 6c voix dans l'affemblée des états de
Hollande , Se fes députés y parurent en 1581 ; mais elle
demanda à être difpenfée de cette députation dont elle
vouloit épargner les frais ; fa demande lui fut accordée :
elle s'en eft repentie , mais trop tard, 8c a perdu fon droit.
Cette ville eft fameufe par l'abondance de faumons ,
d'efturgeons 6c d'alofes qu'on pêche aux environs de
fa côte. Elle jouit du droit d'étape pour tous ces poif-
lons. C'eft auffi là le principal commerce des habitans qui
envoient ces poiffons, frais ou fumés, dans toutes les villes
vpifines.Ce lieu eft aufli devenu célèbre parles conférences
GER,
quî s'y tinrent en 1710 , entre le maréchal d'Huxelles 6c
l'abbé de Polignac , enfuite cardinal , plénipotentiaires
du roi de France , 8c MM. Buys 8c Vander-Duflen,
penfionaires d'Amfterdam 6c de Goud§,, 8c députés des
états généraux ; mais ces conférences , qui durèrent de-
puis le 9 Mars , juiqu'au 25 Juin , n'eurent aucun fuccès.
Les armes de cette ville font d'or au lion de gueules ,
tenant entre fes pattes une hache à la danoife d'argent.
GERTUNS , ville de Grèce , dans la Darétide ,
contrée de Macédoine , félon Polybe, /. 5.
GERUA , ou Terua ; la reffemblance du G Se du
T a rendu l'orthographe de ce nom incertaine : c'eft une
ancienne ville delà grande Arménie proche l'Euphrate r
félon Ptolomée , /. 5 , c. 13.
GERULATA , ancien lieu de la Pannonie. Il en eft
fait mention dans la notice de l'Empire, Se8.$S , 6t
elle y eft nommée Gerolata. Antonin , Itiner la met
à XIV , M. P. de Carnuntum. C'eft préfentement
Kerlbubg à ce qu'on croit. Voyez ce mot.
GERUNDA , ancien nom de Gironne. Voyez ce
met.
GERUNIUM , ancienne ville d'Italie , félon Etienne
le géographe , qui la nomme auffi Gerenia. Polybe
dit qu'elle eft dans la Pouille à dix ftades de l'Aufide,
c'eft-à-dire de l'Offante , Se à deux cens de Lucérie.
Celfus Cittadinus écrivoit autrefois à Ortéiius qu'il y avoit
faute dans Polybe , Se qu'il falioit lire Fiternum au lieu
à'Aufidum, parce que cette ville étoit à plaideurs lieues
de l'Offante , près de Larina 6c de Civitare. Il auroit pu
prouver fon fentiment par l'autorité deTite-Live , l. 22 ,
c. 24 , qui la nomme Geronium in ag<-o Lann.iti.
Cette ville, qui a été épiicopale ,eft, félon le plus com-
mun fentiment, Dragonara ou Tragoncra, village dans la
Capitanate.
1. GERUS. Voyez Gerrhus.
2. GERUS, abbaye d'hommes, ordre de Prémontré en
Allemagne , dans la Bavière.
CEFxUSA , ville de la Sarmatie Afiatique , félon Pto-
lomée , /. 5 , c. 9.
GERIONIS Monumentum ; Ortéiius croit que
c'étoit une fortereffe bâtie fur une ifle ou fur on écueil
du golfe de Cadix , 8c cite Mêla. Mais le paffage de
ce géographe rétabli par les critiques plus récens , 1 , 3.
c. I, n. 25, porte : in ipfo mari monumentumCœpionisfco*
pulo magis quàm infulce impojïtum.
Feftus Avienus fait mention de Geronte en ces
quartiers- là; 6c il en parle comme d'une citadelle éle-
vée , de laquelle on prétendoit que Geryon eût pris fort
nom. Ora Marit. v. 26 1 .
Inde ellfani prominens ,
Et qutz vetufium Grœciœ nomen tenet ,'
Gerontis arx ejî eminùs : namque ex eâ
Geryonâ quondam nuncupatum accepimus'.
Il fait allufion à la lignification qu'à le mot grec Geron ^
un vieillard. C'eft ce qu'il entend par vetufium nomen
Gracia. Il faut lire à caufe du vers 8c du lens :
Indefanum efi prominens.
Ce qui a engagé dans l'erreur ceux qui ont lu dans
Mêla Geryonis pour Capionis , c'eft que d'anciens géo-
graphes parlent de Géryon à l'occafion d'Erithie , entr'au-
tres,Denys le Periégete , v. 55 s; , & feq. 6c Euftathe
fon commentateur, ind. L 6c Pomponius Mêla lui-même,
/. 3 , c. 6 , n. 1 1 , dit : dans la Lufitanie eft Fifle d'I-
rythie que nous l'avons avoir été habitée par Geryon ,
Sec. On lit dans Suétone que Tibère aliant en Illyrie , Se
paffant à Padoué confulta l'oracle de Geryon , geryonis
oraculum. Quelques commentateurs ont doute s'il ne
falioit pas lire Regîonis au lieu de Geryonis. Alors ce ne
feroit plus que l'oracle du pays. Mais le nom de Géryon
eft autorifé par une infeription rapportée dans le Re-
cueil de Gruter. Voyez Grcevius dans fa Note fur ce paf-
fage de Suétofie.
GERZI ; il eft dit dans l'écriture ( Reg. 1. 1, c. 27 ,
v. 8 , ) que David , pendant fon féjour à Siceleg, faifoit
des courfes fur les pays de Geffuri , de Gerçi & d'A ma-
lech. Les Septante lifent Gejiri au lieu de Gcffuri , 6c ne
font point mention de Gerçi. L'hébreu nomme trois
GES
GES
peuples fur lefquels David Si Ces gens faifoient des cour-
tes; le Geffurite", le Gifrite , & FAmalécite ; la vulgate
dit ; 6- agibj.ni prœdas de Gejfuri , de GerfL & de Ama-
leciùs. Ces Gerzi ^toient au midi de la Judée , dans le
voifînage de Geffur , (voyez Gessur i .) & des Ama-
léckes dont la demeure eft connue. C'étoit des relies
d;s Chananéens.
GESjEMA; Gédrene nomme ainfi l'Arabie vcifme de
l'Egypte. * Oiul. Thef.
GESARGEL , fiége épifcopal d'Afie , dans l'Armé-
nie , & dans la province d'Ararath : il eft immédiate-
ment fournis à Eczmiaiîn. * Commanville , Tab. alpha-
bet, des Archevêchés.
GESEKE , Gessene Cessera , petite ville d'Al-
lemagne , dans le cercle de Weftphalie , à peu de diftance
de la rivière de la Lippe Si de la ville de Buren , de
l'évéché de Paderborn. Elle appartient à l'élefteur de
Cologne : e!le fut prife eii 1501 , au nom de Geb-
hard électeur de Cologne. On y garde le chef de Saint
Cyr. La chade d'or où étoit fon corps a été enlevée par
le comte d'Oberftein. * Zeyler, Topogr. Weftphal. p. 84.
GESEM. Voyez Gessen.
GESHEN , roche d'Afrique , dans l'Abiffinie , au
royaume d'Amhar , auprès du mont Ambacet. Le Père
Tellez , /, i.c, 17, la décrit ainfi. Aux confins d'Amhar ,
du côté de Sheva , eftfitué Amba-Geshen , ( Amba
veut dire une roche; ) c'eft une montagne efearpée de
tous côtés , très-haute , Si qui reffemble à une forte-
reffe taillée dans le vif de la roche. Son fommet a une
demi - lieuë portugaife d'étendue , il faut une demi-
journée pour en faire le tour à pied. D'abord la pente
en eft allez douce ; enfuite elle eft difficile Si fi roide, que
les bœufs d'Abiffinie , qui d'ailleurs font accoutumés à
franchir les précipices, comme des chamois , ont befoin
d'y être élevés avec des cordes. Les rois d'Abiffinie
reléguoient leurs frères ; coutume qui s'étoit établie vers
l'an 1160. Elle eft abolie depuis plus de deux fiécles , *
M. le Grand , féconde Diflertation fur l'hiftoire de l'E-
thiopie.
GESHIL , baronnie d'Irlande dans la province de
Leinfter , c'eft une des onze qui compofent le comté de
Kingfcouhty. * Etat préfent de £ Irlande , t. 3.
GESOCRIBATE , lieu de la gaule Lyonnoife , peu
loin de la mer , félon la Table de Peutinger , Segment. 1.
On lit ailleurs Befocribate. Ce lieu eft marqué à XLV
M. P. àe. Fergtum. Il n'en eft pas plus connu pour cela.
GESODUNUM, ville de la Nonque, félon Ptolomée,
/. a, c. 14. C'eft préléntement Salt^bourg , félon Villa-
novanus , ou Gajlentall , félon Lazius. le crois qu'Or-
télius fe trompe en attribuant à Villanovanus d'avoir pris
Gefodunutn pour Salt^bourg ; car cet auteur , dit au
contraire , que c'eft Gavanodurum dont Sabbourg tient
la place.
GESSABONE ; l'anonyme de Ravenne , /. 4 , c. 30 ,
nommeainfi une ville d'Italie auprès des Alpes. Il nomme
de fuite Alpedia, GESSABONE, Occellio, Fines Taurinis.
On ne connoît guéres aujourd'hui ni la première , ni la
féconde. Les trois autres font Exiles , Veillane Se Turin.
GESSACES, montagne. TrebelliusPollion qui eft peut-
être le feul ancien qui enait parlé , dit dans la vie de
Gallien , que les Scythes vouloient fe retirer à cette
montagne. Il ne détermine pas allez en quel endroit elle
eft. Cependant Lazius dit que c'eft préléntement Schékel
en Hongrie. * Ortd. Thefaur.
GESSATES. C'eft ainfi que Plutarque Si Polybe
appellent quelquefois les Allobroges , parce que ce peuple
fe fervôit d'un dard nommé geffa.
GESSEN , ( a ) ou Gessem , ou Gosen ; la terre de
Geflem , canton de l'Egypte que Jofeph fît donner à fon
père & à fes frères, lorfqu'ils vinrent demeurer en Egypte.
( t> ) C'étoit l'endroit le plus fertile du pays ; Si il fèmble
que ce nom vienne de l'hébreu Geffem , qui fignifie la
pluie , parce que ce canton étant fort près de la Méditer-
ranée étoit expofé à la pluie, qui eft fort rare dans les
autres cantons , Si fur-tout dans la haute Egypte. Dora
Calmet ne doute pas, que Go^en ou Go/en, que Jofué
attribue à la tribu de Juda (c) , ne foit la même que la
terre de Gefem , que Pharaon , roi d'Egypte , donna à
J.u.jb & à lés fils (<') ; qu'il eft certain que ce pays de-
voir être entre la Paleftine & la ville de Tanis, & que
le partage des Hébreux (e) s'étendoit du côté du midi,
1C3
jusqu'au Ni!. * (») D. Calma, Dict. Q>) Gtritf. XLVII, 6.
C) Jo/ùéX, 41; XI, 16; XV, 51. (tyGenef.XLVl, là.
GESSGN^E , peuple dé l'Inde, vaincu par Alexandre
le Grand , feionOrofe & Juftin ,1.1%, c. 8, cités par Or-
téiius, Thefaur. Bongars lit Hiacenfanos , fur l'autorité
de quelques manufents. Grtélms doute s'il ne faut pas
lire Acéfine. Mais l'édition de; Juntes qui a fuivi les ma-
nufcrijts-, porte ainfi les noms des peuples vaincus par
Alexandre, & nommés par Juftin à i'endroit cité : An-
dra/leas, ASSACENOS, Prajzos, Gandarias : en ce cas,
au lieu de Gefjons , peuple inconnu , on aura les AU aCeni
qui habitoient entre le fleuve Cophe & l'indùs , félon
Strabon Si Amen , Si dont la capitale étoit Mafjaga.
Cependant on a abandonné cette leçon, Si les éditions
de GrKvius, de le Févre , de Thyfius, Sic. portent
Adreaflas ou Adreftas , GeSTEANOS , Pmfidas, Gan-
daridas , Sic. & la traduction françoife de D. L. M. y
eft conforme..
GESSORIACUM , ancien nom latin de Boulognè-
fur-Mer. Voyez BOULOGNE à la preuve que nous y
apportons que cette ville eft la même que Gejjoriacum
de Suétone & de Ptolomée; on peut ajouter la^Table de
Peutinger , dans laquelle on lit Gejjoriacum quod nuftt
Bononia.
GESSORIACUS Pagus : Pline, /. 4, c. i7, ap-
pelle ainfi un ancien canton qui répond au Boulenois.
GESSORIENSES , ancien peuple de l'Efpagne Tar-
ragonoife , auprès de Gironne , félon Ptolomée, /. 2, c. 6.
1. GESSUR ; Jofué Si le premier livre des Rois, c.zj,
v. 8, parlent d'nn Geffur voifin des Philiftins & des Ama-
lécites. Sa demeure étoit entre le pays des Philiftins Se
l'Egypte. Mais comme ce pays , qui anciennement étoit
habité , fut enfuite réduit en folitude, ainfi que l'écriture
le marque , on ne peut qu'au hazard marquer la fituation
de ces Geffuriens. * D. Calmet, Dift.
2. GESSUR, (a) au-delà du Jourdain, dans la demi-
tribu de ManaiTé. (b) Ces Geffuriens font joints avec
ceux de Machatie ; Q) & il eft dit qu'ils demeurèrent
dans leur pays , & n'en furent pas chaffés par les Ifraë-
lites. (d) lsboseth , fils de Saiil , fut reconnu roi par ces
Geffuriens , Se par les Ifraëlites de Galaad. Rc<r. 1 2
c. 2, v. 8. * C) D. Calmet, Did. (b) Deut. c. 3, v. 14!
(c) Jofué, c. 12, v. 5. (d) Jofué, c. 13, v. 13.
3 . GESSUR (a) , dans la Syrie , avoit fon propre roi
indépendant, dont David avoit époufé la fille, de la-
quelle il eutAbfalon (b). Abfalon, après le meurtre d'Am-
non fon frère , fe retira chez le roi de Geffur , fon ayeul
maternel (c). Il y a toutefois lieu de douter que ce roi
& ce pays de Geffur foit différent de celui de Geffur de
de-là le Jourdain , puifque dans les Paralipomenes (d) il
eft dit que Jaïr prit Geffur Si Aram, (ou Geffur de Sy-
rie) Si les Avoth, ou les bourgades de Jaïr. * (a) D. Cal-
met, Dift. (») 2. Reg. 15, 37. (<) 2. Reg. H, 37.
(d) l.Par. 11, 23.
GESSUS, rivière d'Afie, dans l'Ionie, près du pro-
montoire Trogylien , félon Pline, /. 5 , c. 29. C'eft le
G.ESUM d'Hérodote. Voyez ce mot.
GESTE ou Geijle , petite rivière d'Allemagne au du-
ché de Brème. Elle a fa fource dans un lac, près d'Old-
Lunebergen , d'où , ferpentant vers le couchant , elle fe
perd dans le Vêler à fon embouchure , Si donne fon
nom au village de Geftendorf.
GESTEANI. Voyez Gesson.e.
1. GESTILEN, en latin Caftellio fuperior. C'eft un
grand village de Suiffe , dans le haut Vallais , au départe-
ment de Goms. Il y a une paroiffe ; Si il eft firué au
pied du mont Grimfel , qui fépare ce pays-lâ d'avec le
canton de Berne. * Etat & Délices de la Suiffe , r. 4 ,
p. 171.
2. GESTILEN, en allemand Unter-Gestilen ,
en latin Cafletlio inferior , autre village de la Suiffe , dans
ce département , Si au-deffous de Raren. On y voit les
reftes du vieux château de la Tour , réfidence des an-
ciens barons de ce nom. Ils poffédoient différentes
feigueuries dans le pays ; mais après qu'Antoine de la
Tour eut affaffiné Guifchard , évoque de Sion , ils fu-
rent vaincus Si dépouillés de leurs biens, Si on rafa toutes
leurs fortereflës. MM. Zur-Lauben de Zoug fe difent
iiTusdeces barons. * Délices de la Suiffe, t.^,p. 171 & 186.
GESTRAW, petit canton d'Allemagne, dans la baffe
CES
Ï04
Saxe, au duché de Meckelbourg; c'eft à-peu-près k
même chofe que le bailliage de Butzow , qui en eft le
GESTRICIE , province de Suéde , dans fa partie fep-
tentrionale ; elle eft bornée au nord par la petite rivière
de Tynnéa qui la lépare de l'Helfingie ; à l'orient par
le golfe de Bothnie , au midi par la rivière de Dala qui
la lépare de FUplande , Se au couchant par une cligne
inwinée entr'elle & la Wefterdal. Gafle ou Gévalie
en eft la capitale. La rivière de Hafunda la fépare en
deux parties. Les autres lieux font ,
GET
Borne,
Hamrung .
KLebo,
Valbo ,
Lofafen ,
& Hafen.
Cette province a des mines de fer ; elle eft d'ailleurs affez
ftérile , & ne fournit de grains que ce qu'il en faut pour
fes habitans. * De. l'ifle , Couronnes du nord. Zeyltr ,
Sueciae defeript.
GESVE. Voyez Geve.
GESULA, province d'Afrique , fur la côte de Barba-
rie, au royaume de Maroc. C'eft, félon Marmol, Afri-
que, t. 1, l.^,c. 51, />. 75» un pays fort peuplé de Bé-
réberes de la tribu de Muçamoda : la province de Dara
le borne au levant ; Se la montagne de Laalem , dans
la province de Sus , au couchant, s'étend prefque vers le
nord jufqu'au pied du mont Atlas. Les habitans s'efti-
ment les plus anciens peuples de toute l'Afrique , pour
avoir confervé le nom de Gélules. Ils ont peu d'argent
& de bled , mais quantité d'orge & de troupeaux. Il y
a dans leurs montagnes plufieurs mines de fer &l de cui-
vre ; & la plupart des habitans font chaudronniers , qui
vont fur la frontière échanger leurs marchandises contre
d'autres , outre qu'on tranfporte le cuivre de-là à Maroc
ci à Turudan , pour faire de l'artillerie. Il n'y a ni ville,
ni bourg fermé dans toute la province ; ce ne font que
de grands villages de mille habitans & plus. Ils ie gou- dans la Carte qu il a drefiee de 1 Alie pour le moyen-age
collées fur la chair; elles ne viennent que jufqu'aux ge-
noux, Se n'ont nimanche ni collet. Ils mettent par-deflus
unecalaque de bure, emportent de longs poignards, faits
en faucille, qui coupent des deux côtés, & font fort poin-
tus. En tout le refte , ils reffemblent à-peu-près à ceux
de Héa.
GESVINKA Kamen , montagne d'Afie , dans la
Tartane, eft entre Solikamskoi, qui eft la dernière ville
de la Ruflie , & Verkaturia qui eft la première de la
Sibérie , de ce côté. Elle eft fort haute , ck fon fommet
fait une plaine de quatre werftes de diamètre. On y
trouve beaucoup de minerai d'argent très-pur ; mais juf-
qu'ici il a été impoffible d'y faire travailler , à caufe de
la bile du nord , qui y fouffle quafi pendant toute l'an-
née, avec tant de violence , qu'on ne fauroit en garantir
les travailleurs. Auffi ne fait-il pas trop bon s'arrêter
long-tems fur le fommet de cette montagne qu'on pré-
tend être la plus haute de toute cette chaîne , dont elle
fait partie , & qui court depuis la mer Glaciale vers le
Sud , en traverfant la 1 artarie par diverfes branches.
C'eft le Caucafe qui s'étend de-là jufqu'à la nier Cafpienne.
* Hijl. des T art ares ,p^l-
GETÉ , pays de Tartane , dans la grande Bucha-
rie , fur la rivière d'Amu. Tamerlan le ravagea plu*
fieurs fois. Le rraduéteur François de Fhiftoire de ce
conquérant , dit , t. ï , liv. z , c. 7. Geté , royaume
qui a pour limites orientales le Turqueftan , pour méri-
dionales le fleuve de Sihon , pour occidentales le Cap-
chac, pour feptentrionales une autre partie du Turquef»
tan. Il étoit , pourfuit-il , le partage de Zagataï - Kan ,
fils de Genghiz-Kan. Cet auteur dit auffi le pays des Gé-
tes , en parïant du même pays. On' fait d'ailleurs , que la
grande Bucharie Si la Chorafmie étoient des Etats de
Zagataï , & que les pays de fa domination quittèrent
leurs anciens noms , pour prendre celui de leur prince ;
de forte que l'on a dit depuis le pays de Zagataï , pour
lignifier la Tranfoxane. Voyez Zagataï. De l'ifle,
vernoient autrefois en république fans aucun feigneur ni
chef : c'eft pourquoi ils étoient toujours en guerre les
uns avec les autres ; mais ils faifoient trêve pour le trafic
trois jours de la femaine , après quoi ils s'entre-tuoient.
Cet ordre avoit été établi entr'eux par un Morabite qui
leur étoit en fi grande vénération, qu'ils Font gardé depuis
inviolablement. On y tient tous les ans une foire dans
une grande plaine entre des montagnes. Elle dure deux
mois, pendant lefquels on nourrit gratuitement les étran-
gers. Le lieu où Ton s'aflemble eft gardé jour & nuit par
des foldats , fous le commandement de deux capitaines,
pour empêcher les vols & les autres crimes. Les crimi-
nels, & particulièrement les voleurs, qui font pris fur le
fait , font tués à coups de lance , Scieurs corps jettes aux
chiens. Chaque parti nomme fes capitaines , lorfque la
foire approche. Les marchands font partagés en divers
quartiers , félon les diverfes marchandises , d'un côté ,
ceux qui vendent des draps ou de la toile ; d'autres les
merciers ; en un coin les troupeaux , en d'autres les vi-
vres fk les boutiques font rangées d'ordre , &C par rues.
C'eftune chofe admirable que dix mille marchands étran-
gers qui fe trouvent à cette foire , tant du pays des Nè-
gres , que d'ailleurs foient nourris aux dépens du public
met le pays des Gétes , ou le Geté plus au nord , entre
le Capchac au couchant ; la Valaquie au nord ; le
montlmaiis, ou Gebel-Caf , à l'orient ; & le Turkeftan
au midi ; car , comme nous le difons ailleurs , il y avoit
une Bulgarie , une Hongrie & une Valaquie en Afie au-
delà du Wolga; & comme les Huns & Bulgares, auflî-
bien que les Valaques , font originairement des Scythes
qui font venus s'établir aux environs du Danube , Se
que les Gères , nommés dans les anciens , demeuroient
dans le voifinage de ce fleuve, jen'ai pas de peine à croire
que le Geté Afiatique eft l'ancienne partie des Gétes ,
dont les Romains ont parlé. Voyez l'article fuivant.
GETES , (les) ancien peuple de la Scythie , ou de la
Tartarie (a) , tiroient leur origine des Yeuchi St des
Kaotch, peuples Tartares. Ils habitèrent long-tems à
l'occident de l'Yrtich &. des monts Altai , paflerent en-
fuite dans, la grande Bucharie , s'établirent au midi du
fleuve Amu , étendirent leur domination dans le Maoua-
rennehar , fondèrent un empire, fous le nom de royaume
de Him. Les Huns les attaquèrent & les battirent, l'an 161
avant J. C. Après cette défaite , les Gétes fe diviferent
en deux bandes. Une partie fe retira dans les montagnes
qui font au nord du Tibet, où elle s'établit & fe fortifia
avec leur attirail , tout le tems qu'ils y font , Stmangent au point qu'elle rentra par la fuite dans la grande Bucha-
fous des feuillages proches de grandes tentes où les vi- rie, y fit des conquêtes, & y devint fipuiiTar.te, queTa-
vres font apptêtés par des gens qu'on députe pour ce merlan eut beaucoup de peine à la ibumettre. L'autre
fujet ; mais ils regagnent au double fur leurs marchan- bande remonta vers le nord-oueft , fur les bords de la
difes , ce qui leur en coûte. On obièrve un ordre admi- rivière d'Yli , pana dans le Charifme , attaqua fouvent
rable à cette foire ; Se tout s'y pane fans bruit , quoique
ce foient les peuples les plus brutaux &t les plus turbu-
lens de toute l'Afrique. Elle commence le jour qu'on
célèbre la nailTance de Mahomet , qui échet au troifieme
mois des Arabes , qu'on nomme Maulud ou Jafar. Les
Géfules font fort bien traités depuis que les chérifs ré-
gnent dans Maroc , parce qu'ils s'en fervent de gardes
à pied, qui portent des arquebufes , &£ qu'ilsles ont tou-
jours trouvés fidèles , outre qu'ils rendoient de bons fer-
vices au chérif Mahomet , lorfqu'il étoit roi de Tarudan.
Il y a entr'eux de bons forgerons ; &r. ce font les premiers
qui ont fu fondre le fer & le mettre en boule , lorfque
le chérif Hamet régnoit dans Maroc ; ce fecret étoit
alors inconnu aux Africains. L'habit ordinaire de ces
peuples font des fayes ou chemifes de laine fort étroites,
les Parthes , pénétra dans le Choraflan. Elle remonta
enfuite les bords occidentaux de la mer Cafpienne, s'ap-
procha du Pont-Euxin, pana les Palus-Méotides, tra-
verfa la petite Tartarie , & s'établit fur le Danube. Les
Gétes adoroient Fo ou Boudka , que plufieurs écrivains
croient être le même que Wodan ; il paroît même que
ce furent eux qui établirent dans le nord le culte de cette
divinité. (a) Hift. gén. des Huris , par M. de Guignes.
Les Getes étoient déjà établis fur le Danube , dans
le pays que nous appelions la Walachie , lorfqu'Augufte
exila Ovide à Tomi, fur le Pont-Euxin. Ce poëte com-
mence ainfi fa première élégie de Ponto :
Nafo Tomi fana jam non novus incola terra,
Hoc cibi de Gttico liceore mittit opus.
CET
Il fait d'étranges defcriptions du naturel de ces peuples,
ibid. EUg. 2, v. 2.y, & fi nous l'en croyons, il n'y avoit
ni arbres ni feuillages pour le mettre à couvert.
Adde loci fac'um nec fronde nec arbore tecli ,
Et quod incrs hyemi continuatur hyems.
GET
i Un hyver étoit à peine paffé , qu'un autre recommen-
cent; quoique le lieu, où il étoit relégué foit à-peu-près
ibus le parallèle de Bordeaux , il le dépeint comme
s'il étoit dans le climat de la Norvège ou de la Lapo-
nie, Trijl. I. 3 ; EUg. 10, v. 13.
Nix jacet : & jaclam nec foi pluviceve refolvunt ;
Indurat Boreas perpetuamque farit.
Ergo ubi delicuit nondum prior , altéra venit ;
Et folit In multis bïma manere loris.
Tantaque commoli vis efi Aquilonis , ut allas
Aiquet liomo turres , teclaque rupta firat.
Pellibus & futis arcent mala frlgora braccis,
Oraque de toto corpore fola patent.
Scep'e fonant moti glacie pendente Capilli.
Et nitet induclo candida barba gilu.
Nudaque confiflunt formam fervantia tejlce
Kina ; nec haujla meri , fed data frufta bibunt.
Ces glaces perpétuelles ne conviennent guères au cli-
mat. Ces vents qui renverfent les toits ; là néceffité de
s'habiller chaudement durant l'hyver pour fe garantir du
froid, font des chofes communes à plufieurs climats;
ces- vins gelés qui ne fe buvoient que par morceaux , ck
qui conlérvoient la forme du vafe où ils avoient été ,
ne font pas des chofes impofTibles dans un rude hyver ;
mais Ovide s'ennuyoit dans ce pays là , & chargeoit fes
descriptions de tout ce qu'il jugeoit plus capabk -d'exci-
ter la pitié.
Quoiqu'Augufte fut maître des places de ce pays , ces
Gétes , les Beffi, leurs voifins , èk les autres Scythes , n'é-
toient pas fournis aux Romains ; & ils leur donnoient
fouvent des allarmes. C'étoit même une des grandes pei-
nes d'Ovide qui avoit toujours évité de fe trouver
dans les armées , ck n'avoit manié des armes , que pour
-badiner : il étoit obligé de s'armer pour repouffer ces
Barbares qui enlevoient jufqu'aux portes de la ville ceux
qu'ils pouvoient faire prifonniers, Trijl. 1. 4,Eleg. 1, v. 69.
V'were jquàm miferum ejl inter Beffbfque Getrafque
Illi qui populi femper in ore fuit !
Quàm miferum porta vitam , muroque tueri ,
Vixque fui tutum viribus ejfe loci !
AJpera militia juvenis cirtamina fugi ,
Nec niji lufura movimus arma manu :
Nunc fenior gladioque la tus feutoque Jînijlram ;
Canitiem Galece fubjicioque meam.
Nam dédit ï fpeculâ euftos ubi Jigna tumultus ,
Induimus trépida protinàs arma manu , ckc.
Durant l'été , ces Gétes & les autres Scythes étoient
au-delà du Danube, Tnft. I. z; EUg. 1, v. 191.
Jauges & Colchi , Metereaque turba , Getœqut
Danubii mediis vix prohibentur aquis.
Ils ne laiffoient pas de le paner quelquefois; mais l'hy-
ver ils le traverfoient à la faveur des glaces , Trijl. I. 3 ;
EUg. 10, v. 5.
Sauromatœ ring int fera gens, Befflque , Getgque,
Qiiàrr non in y.nio nomina digna meo !
Dum tamen aura tepet , medio defendimur IJlro ;
IIU fuis iiquidus bella repellit aquis.
At càm triftis hyems fquallentia protulit ora ,
Terraque marmoreo candida facla gelu.
Dum patet & Boreas & nix injecta fub arclo ,
Tum liquet has génies axe tremente premi.
On voit par ces paffages , que les Gétes n'étoient pas
-encore alors établis en-deçà du Danube , &. qu'ils n'ar-
rivoient dans la baffe Moefie , que par des courfes qu'ils
faifoient fur les terres des Romains ; car l'empire Ro-
main ne faifoit en ce tems-là que d'arriver jufqu'au Da-
nube. Ovide dit pofitivement qu'il étoit à l'extrémité de
l'empire; qu'au-delà il n'y avoit que des glaces Se des en-
nemis, Trijl. l.%,v. 197.
Haclenùs Euxini pars ejl Romana Jlniflri :
Proxima Bajlernce Sauromatteque tenent.
Hœc ejl Aufor.io fub jure noviffima, vixque
Hxret in imperii margïne terra lui.
Ilparoît que les Gétes parlèrent le Danube fous Claude.
Mêla, l. 1, c. 2, /z. i8,fon contemporain, après avoir
parlé du mont Hsmus Se des Thraces , dit qu'ils étoient
différens de noms & de mœurs; que quelques-uns étoient
fauvages , & comptoient leur vie pour rien , particuliè-
rement les Gétes. Pline , /. 4 , c. 1 1, parlant aufiî du mont
Ksmus , pourfuit de la forte : à l'autre côté de cette
montagne , Se en defeendant vers le Danube , demeurent
les Mcefiens , les Gétes , les Aorfes , &c. Il dit ailleurs
que les Gétes étoient nommés Daces par les Romains.
Voilà donc bien nettement les Daces Se les Gétes dé-
clarés un même peuple. Spartien, dans la Vie de Cara-
calla ,^ p. 187, idit. Rob. Stzph. 1544, rapporte un bon
motd'Helvius Pertinax, à l'égard d'Antonin, meurtrier
de Géta. Cet empereur avoit pris des lùrnoms formés
des peuples qu'il prétendoit avoir vaincus. Il fe faifoit
nommer Germanicus , Parthicus , Arabicus , Alemam-
cus. Pertinax, en lui reprochant ton fratricide, vouloir,
qu'on ajoutât à les titres , celui da Geticus. Surquoi Spar-
tien obferve , que les Goths étoient appelles Gétes ; quàd
Gotti Geta. dicerentur. Je crois que cet hiftorien fe
trompe , Se que les Goths éteient des peuples de la Ger-
manie feptentrionale ; au lieu que les Gétes étoient ve-
nus de la Scythie Asiatique , dont je parle clans l'article
précédent. La reffemblance de quelques lettres en cet
deux noms, a été un prétexte de la faute qu'on a faite en
les confondant. Ptolomée n'eft pas tombé dans la même
erreur. Il ne place point les Gétes dans la baffe Myfie
ou Moefie, auffi n'y étoient-ils plus. 11 étoient remontés
plus loin de l'embouchure du Danube. Il eft vrai que
le nom de Gétes , ne fe trouve point dans fon livre ;
mais il décrit exactement la Dacie ; & comme nous
avons vu dans Pline que les Gétes étoient nommés
Daces par les Romains , Ptolomée nous a laiffé les dé-
tails du pays que ce peuple occupoit de fon tems. II
paroît , félon Hérodote , qu'ils avoient autrefois pane le
Danube ; les Gétes , dit-il ,. liv. 4 , les plus braves &C
les plus juftes d'entre les Thraces. Du tems de Zeuthès,
roideThrace, ils pénétrèrent jufques dans la Grèce , &
mirent plufieurs villes à contribution , félon Thucy-
dide, /. 1. Mais ce n'étoient vraifemblablement que des
incurfions qui n'avoient pas été fuivies d'un établiffe-
ment fixe. Strabon , /. 7, qui a vécu partie fous Augufte,
ck partie fous Tibère , range les Gétes , comme faifant
partie des Thraces ; auffi s'étoient-ils fixés en-deçà du
Danube , dans le tems qui s'écoula entre celui d'Ovide,
& celui du géographe qui éenvoit vers l'an 18 de Ti-
bère.
Il eft certain que Strabon eft le feul des anciens, qui
ait bien marqué les divifions des Gétes , & qui nous
apprenne les détails de cette nation. Voici en fubftance
ce qu'il en dit. Alexandre le Grand, /. 7, p. 301 , fit une
campagne contre les Thraces d'au delà du mont Hœmus,
ck fe jetta fur les Tribalhens dont il favoit que le pays
s'étendoit jufqu'au Danube & jufqu'à fille Peucé , qui
eft dans ce fleuve. Il favoit de plus, que l'autre bord du
fleuve étoit occupé- par les Gétes. Il ne laiffa pas,'
dit-on , de s'avancer jufques-là. Il ne put paffer dans
l'ifle, faute de vaiffeaux.... CarSytmus, roi des Tribal-
liens, s'y étoit réfugié, Se rendit inutiles les efforts qu'il
faifoit pour y aborder ; mais Alexandre paffa au pays des.
Gétes, avec moins de difficulté, prit leur ville, écs'en
retourna au plutôt , ayant reçu des préfens de Syrmus &C
de ces peuples. Dromichstes , roi des Gétes , & con-
temporain des rois fucceffeurs d'Alexandre , ayant fait
Lyfimachus prifonnier , fe contenta de lui faire remar-
quer la pauvreté de fa nation , l'exhorta à fe contenter
de fa fortune , l'avertit de ne fe point attirer de tels en-
nemis fur les bras , mais de rechercher plutôt leur amitié;
& après l'avoir bien traité, il le renvoya. Sont-ce-là des
Barbares, tels qu'Ovide les dépeint? Strabon, p. 303,
après une digrelfion fur les Scythes , revient ainfi aux
Tome III. O
GET
100
:Gétes : de notre tems , dit-il , JElius Catus fit paffer dans
la Thrace cinq mille hommes d'entre les Gétes qui de-
meuraient dans le pays de de-là le Danube ; c'eft, pour-
fuit-il , un peuple qui a le même- langage que les Thra-
-ces. Ils y demeurent encore à préient, & font appelles
Myfiens. . . . Bcerébifte, Géte de nation , ayant accepté
le commandement fur tout ce peuple , répara les grandes
pertes qu'il avoit faites, l'accoutuma fi bien au travail,
à la fobriété & à la diligence , qu'en peu de tems il fe
•forma un grand royaume, fournit une partie des nations
voifines, infpira la terreuraux Romains, paffa hardiment
le Danube , ravagea la Thrace jufqu'à la Macédoine &
à l'IUyrie , &£ détruifit les Boyens que commandeur. Cri-
tafire & les Taurifques. . . Ce Bcerébifte fut tué dans une
fédition , avant que les Romains envoyaffent des troupes
contre lui. Ses fucceffeurs partagèrent le royaume en
plufieurs ; & lorfque Céfar Augufte fit marcher des trou-
pes contr'eux,* ils étoient divifés par quarante ou cin-
quante mille. Les uns font appelles Daces , & les autres
Gétes. Les Gétes font vers le Pont-Euxin à l'orient. Les
Daces , au contraire , font plus du côté de la Germanie
ck des fources du Danube. Strabon dit enfuite, qu'il croit
que les Daces ont été anciennement les Daves ; &. il fe
fonde fur ce que le nom de Dave &C de Gtta. étoient
communément des noms d'efclaves [chez les Athéniens
qui donnoient aux leurs le nom de leur pays. Au refte ,
pourfuit Strabon , cette nation portée par Bcerébifte à
un fi haut degré de puiffance, eft extrêmement déchue,
tant par leurs divifions que par les armes des Romains. Elle
peut néanmoins mettre encore quarante mille hommes
fur pied. Voyez' les articles Daces & Dacie. Horace,
/. 3, od. 24, fait des Scythes en général , Se des Gétes
nommément un éloge qui leur fait beaucoup d'honneur.
GETH ou Gath, ancienne ville de la Paleftine,
fur une montagne, près de la mer de Syrie , à quatre
lieues de Joppé , ' du côté du midi , félon Baudrand ,
édlt. de 1705. D. Calmet, Dicl. en parle ainfi : c'étoitune
des cinq fatrapies des Philiftins. (a) Elle eft fameufe
pour avoir donné naiflance à Goliath. (b) David en fit
la conquête au commencement de fon régne fur tout
Ifraël ; (c) &c cette ville demeura foumife aux rois fes
fucceffeurs jufqu'à la décadence ou l'affoibliflement du
royaume de Juda. Roboam la rebâtit , (d) ou la fortifia.
Le roi Ozias la reconquit (e) , &c Ezéchias la réduifit
encore une fois fous le joug. (f) Jofeph l'attribue à la
tribu de Dan ; (S) mais Jofué ne la marque pas dans
la diftribution des villes qu'il donna aux tribus d'Ifra'él.
Croyons , pourfuit ce père, que METCA, marquée dans
Moïfe (h) , eft la même que Meteg , marquée au fécond
Livre des Rois (') , &c qu'il faut traduire : David prit Mé-
teg ■& fa mère ; au lieu de, il prit le frein du tribut ; ce
qui eft expliqué dans les Paralipomenes , /. 1, c. 18, v. I,
par: il prit Geth & fes filles. Geth étoit la mère; Mé-
teg étoit la fille. Selon cette hypothèfe , la ville de Geth
des Philiftins, mère des Géans (k), devoit être affez avan-
cée, dans l'Arabie Pétrée & vers l'Egypte ; ce qui eft dit
dans les Paralipomenes , le confirme /. i,c.j, v.zi : les
fils d'Ephraïm étant encore en Egypte, attaquèrent la ville
de Geth &y furent taillés en pièces. * (a) Reg. 1. 1, c. 6.
(b) Reg.li,c. 17, v.4- (.c)R'g- 1. *, c. 8^v. 1. (d) Pa-
ral. 1. 2, c. 1 1 , v. 8. (e)/o/é/7A.Ant.l.o,c.ii. (f) Parai.
1. a, c. 26. (8) Antiq. 1. 9, c. 13. (h) Numer. c. 33 ,
v. 28, (') c. 8, v. 1. (k) Reg. 1. 2, c. 20, v. 20.
S. Jérôme , in Michai 1 , dit qu'il y avoit un gros
bourg nommé GETH , fur le chemin d'Eleuthéropolis
à Gaza ; Se Eusèbe , in lotis , parle d'un autre lieu de
même nom , à cinq milles d'Eleuthéropolis, fur le che-
. min de Lidda , & par conféquent , différent de celui de
S. Jérôme. Eusèbe met encore un lieu nommé Geth ,
ou Gettha, entre Jamnia &t Antipatris. S. Jérôme,
Prafat. in Jonam , en parlant de Geth-Opher , patrie
du prophète Jonas , dit qu'on, la nomme Geth-Opher ou
Geth , du canton d'Opher , pour la diftinguer des au-
tres Geth , que l'on montroit de fon tems aux environs
d'Eleuthéropolis 6c de Diospolis: ad dijlinclionem alia-
rum Geth urbium , quee juxta Eleutheropolim,Jive Dios-
polim hodie quoque monflrantur.
Geth étoit la plus méridionale des villes des Philiftins,
comme Accaron étoit la plus feptentrionale ; enforte
qu'Accaron 8t Geth font mifes comme les deux termes
de la terre des Philiftins. Geth étoit voiûne de Maréfa,
GET
F'oye^i.Par.X.ljË; fk Mich.l, 14, dans l'hébreu; ce
qui revient affez à S. Jérôme qui met Geth fur le che-
min d'Eleuthéropolis à Gaza. Eleuthéropolis eft au voi-
finage de Maréfa ou Morafthi ; & avant Eusèbe £■£ S. Jé-
rôme , Eleuthéropolis n'eft guères connue dans la géo-
graphie. Geth étoit puiffante fous les prophètes Amos ,
c. 6, y. 2, & Michée, c. i,v. 106*14, & indépendante
des rois de Juda. Mais, comme nous l'avons déjà remar*
que , elle fut prife par Ozias, roi de Juda, fous le pro-
phète Amos 3 & enfuite par Ezéchias , fous le prophete_
Michée. Gèthaïm marqué, 2 Reg. IV, 3 , & i.Esdr.XIrf 3 ,'
eft, fans doute , la même que Geth. David avoit une
compagnie de gardes Géthéennes dont Ethaï étoit le
capitaine. Geth ou Gath iîgnifië xmpreffoir. Ainfi il n'eft
pas étonnant que l'on trouve dans la Paleftine plus d'un
lieu du nom de Geth. Reg. 1. 2, c. 15, v. 18 , & c. 18,
v. 2.
GETHAIM. Voyez l'article précédent.
„ GETH-EPHER ou Geth - Opher , ou Geth du
canton d'Opher, dans la Galilée, étoit la patrie du pro-
phète Jonas. {Reg.l. 4, c. 14, v. 25.) Jofué, c. 19, v.,13,
attribue cette ville à la tribu deZabulon; &S. Jérôme,
clans fa préface fur Jonas , dit qu'elle étoit à deux milles
de Séphoris , autrement Diocéfarée.
GETHIUM. Voyez Gythium.
. 1. GETH-REMMON, ville de la Paleftine , dans
la tribu de Dan. S. Jérôme la met à dix milles de Dios-
polis , fur le chemin d'Eleuthéropolis. Elle fut donnée
aux Lévites de la famille de Caath. * Jofué, c. 19, v. 45.
2. GETH-REMMON , ville de Paleftine , dans la
demi-tribu de Manaffé , au-delà du Jourdain. Elle fut
donnée aufli aux Lévites de la tribu de Caath. * Jofué,
c. 21 , v. 25.
3. GETH-REMMON, ville de la Paleftine, dans la
tribu d'Ephraïm. Elle fut aufli donnée aux Lévites de la
tribu de Caath. Parai. /. 1, c. 6, v. 69.
GETHRONE ; l'édition du P. Hardouin porte Ge-
thont, ancien nom d'une ville de la mer vEgée , dans
le voifinage de la Cherfonèle de Thrace , des ifles de
Samothrace ck de Hallonèfe, félon Pline, I.4, c. 12.
GETHSEMANI , village de la Paleftine , dans la
montagne des Oliviers : ce nom fignifie le prejfoir de
P huile ; ce qui marque que l'on y faifoit de l'huile avec
les olives que la montagne fourniffoit. C'étoit le lieu
où JesUS-Christ prioit quelquefois pendant la nuit ;
c'eft dans un jardin de ce village qu'il fit fa prière , qu'il
fua fang &eau, qu'il fut arrêté. * Matth. c. 26, v. 36,
&feq.
Le P. Michel Nau , Voyage nouv. de la Terre-fainte ,
l. ^ , c. 3 , qui a examiné les faints lieux , avec une ex-
trême attention , parle ainfi de ce pays. Le jardin des
oliviers étoit vraifèmblablement un grand verger plein
d'oliviers , fous lesquels on alloit librement fe prome-
ner & fe repofer ; il refte huit arbres du nombre , à ce
qu'on dit , de ceux qui étoient là du tems du Sauveur.
Leur antiquité les rend exemts du tribut que l'on prend
depuis plufieurs fiécles en ce pays fur chaque pied d'ar-
bre: les pères de la Terre-fainte ont acheté le champ où
ils font , &c ils les gardent comme un grand tréfor. Ils
ne perdent rien des olives qu'il en recueillent ; ils en
tirent une huile de bénédittion , qu'ils diftribuent aux
perfonnes de qualité, qui contribuent par leurs aumônes .
à la confervation des faints lieux : les noyaux , qui en ref-
tent, fervent à faire des chapelets qui font extrêmement
recherchés des Catholiques. Il eft défendu , fous peine
d'excommunication , de couper des branches de ces oli^
viers , Srd'en rien prendre ; on accorda à M. le marquis
de Nointel, ambaffadeur de France , par une faveur très-
particulière , la permiflïon d'en faire couper une bran-
che. Pour retenir les Chrétiens des nations féparées de
la communion de Rome , qui n'appréhendent pas ces
cenfures , les pères y entretiennent un Mahométan pour
fermier, qui fait faire payer fi cher ce qu'on en dérobe,
que perfonne n'ofe s'y rifquer. .
Les évangeliftes racontent, (S. Luc, c. 21, & 21,) que
lorfque le Fils de Dieu étoit à Jerufalem, il paffoit la plus
grande partie du jour dans le temple, s'employant à l'inf-
truûion des Juifs, & que la nuit il l'alloit paffer en priè-
res à la montagne des oliviers ; c'étoit dans le jardin dont
on vient! de parler. S> Jean dit bien exprefféinenr , c. 8 ,
que Judas y amena les foldats , parce qu'il favoit le lieu,
GEV
GEV
tpf
Jçfûs s'y étant Couvent rendu avec fes difciples ; il leur by , auquel on a donné pour fiifFragantFévêché deMende
répétoit , fans doute , les leçons qu'il avoit faites le jour qui eft celui des anciens Gabali. * Longuerue , Defcr.
dans la ville. Le jour qu'il fut arrêté, 'il laifla une partie de la France, i. part. p. 263.
de les apôtres dans le village de Gethfémani , qui (fe- Ces peuples tombèrent , dans le cinquième fiécle, fous
Ion notre auteur,) étoit à- deux ou trois cens pas de-là la puiiïànce des Wifigoths : Clovis les conquit avec l'A-
vers le midi, 6k dans un endroit plus bas. quitaine. Les ducs &c les comtes s'en rendirent proprié-
II y a dans la partie la plus haute de ce jardin une ro- taires au dixième fiécle. On ignore les noms .des prê-
che un peu élevée , & d'une largeur confidérable. Elle miers. On fait feulement que dans l'onzième fiécle ce
eft proche d'un grand chemin par où l'on monte aux comté appartenoit à Gilbert , comte de Millaud , qui
fépulcres des prophètes. Ce fut là que notre Seigneur époufa Giburge , héritière du comte de Provence : leur
fille Douce époufa le comte de Barcelone , à qui elle
apporta en mariage fes droits fur le Gevaudan 6k le
Rouefgue.
Jaques I, roi d'Aragon, 6k comte de Barcelone, refti-
rua l'an I221;, à Etienne, évêque de Mencle, & à l'on
églife , la feigr.eurie de Gevaudan; &: ce roi reconnut
dans ta fuite tenir de l' évêque la terre de Credon ou Gre-
don , {Grêle.') 6k toute la terre de Gevaudan ; ce qui
fait voir que l'évêque étoit déjà en poffefiion de la prin-
cipale feigneurie du comté de Gevaudan , dont néan-
moins le roi d'Aragon fe réferva alors le domaine utile ;
fepul
donna ordre aux trois apôtres de veiller : on y voit
core une figure grofliere de trois corps couchés. L'auteur
laifie indécis, fi c'eft un jeu de la nature 6k du hazard,
ou fi la Providence a voulu l'y imprimer comme un monu-
ment de la pareffe humaine.
Il y avoit afiez près de-là un chemin fouterrein qui
conduifoit dans une grotte profonde , éloignée du lieu
des apôtres, d'un bon jet de pierre : cette grotte qui a
maintenant fon entrée près du fépulcre de la fainte
Vierge , eft longue de trente-huit palmes , 6k large de
vingt-huit ; fa figure eft irréguliere & approchante de la
ronde: la voûte e/l comme celle des carrières , delà puisquepar la tranfaftion pafféeavecS. Louis, l'an 1255
pierre même , & il y a trois gros piliers de même ma-
tière, qui la foutiennent. Cette voûte eft ouverte par un trou
iêmblable à celui/ des citernes , par où la. grotte reçoit
un peu de jour , aufïï-bien que de la porte qui en eft
proche. Il y a deux autels pratiqués dans la roche même ;
l'un eft tourné à l'orient , 6k l'autre au feptentrion : c'eft
non-feulement le roi d'Aragon renonça à fes droits
la terre de Credon ouGrédon , mais lurtout le Gevau-
dan.
L'ancienne capitale du Gevaudan eft appellée Jnde-
ritum ou Anderidum ; 6k ce nom eft marqué dans Pto-
lomée, dans la Carte de Peutinçer, 6k dans la Notice
dans l'efpace qui eft entre deux , que la tradition porte de l'empire Romain , faite fous Honorius dans le cin-
que le Sauveur fit fa prière , & fua du fang. Quelques quieme fiécle; l'évêque s'appelloit Gabalitanus ; ce que
mots latins qui font fur le paroi , femblent Tattefter
Voici ce qu'on en peut lire :
Hic Rex Chrijlus fudavit fanguinem.
Sape morabatur dû C.
Mi Pater , fi vis, transfer calïcem hune à me.
la plupart des évêques des autres fiéges ont fait dans les
Gaules, lors .même que leurs villes épilcopales avnient
des noms diftingués de celui du peuple. On voit que
le diacre Génialis, quiaffifta, l'an 314, aupremier con-
cile d'Arles, eft appelle diaconus chitatis Gabalitanœ;
oh ne fait donc pas précifément leterris où ce nom An-
dentum ceffa d'être en ufage ; mais nous pouvons dire
Le P. Nau obferve que l'écriture eft effacée, 6k qu'il n'y que ce rut vers la fin du cinquième fiécle; car, depuis
a que dû avec un titre 6k un grand C; ce qui apparem- ce tems ,^on ne le trouve nulle part. Cette cité des Ga-
felon Etienne le
bali ou Gavais,- eft marquée dans tous les monumens,
tant eccléfiaftiques que profanes , jufqu'au dixième fié-
cle ; 6k ce n'eft que depuis l'an 1030, que fes évêques
ayant transféré , pour toujours, leur fiége à Mende ou
Memmate , furent appelles Mimaunfcs. Quant à l'an-
cienne cité de Gavais, dont le nom a été corrompu en
Javouls , comme celui de Gabaldan ou Gavauldan en
Gevaudan, elle n'a plus de marques de fon ancienne
grandeur ; car ce n'eft qu'un village dans la baronnie de
Peyre , à quatre lieues de Mende, qui , depuis fept cens
ans, eft la capitale du Gevaudan , 6c le fiége de l'évêque.
Le Gevaudan eft de difficile accès, rempli de monta-
gnes , qui font partie des Cévennes, & où il y a fouvent
GETTA , ville' de la Paleftine, félon Pline, /. 5 , de la neige ; c'eft pourquoi Sidonius Apollinaris appelle
f. 19. C'eft peut-être la même que GlTTA de Polybe. ce pays terrant G abalum falis niviofam. Le nom Gabals
Le P. Hardouin dit que ce ne peut être la GlTH ou ou Gavais a été altéré dans la fuite enGavacks ; 6kBel-
Geth , d'Eusèbe 6k de S. Jérôme. leforêt fe fert de ce nom Gavaches , comme les Efpa-
GETULIE. Voyez Getuli. gnols qui ont appelle , il y a long-tems , Gavackos ceux
GETA, ville de la Libye intérieure , félon Ptolo- de Gevaudan, qui, habitant un pays rude 6k Jlérile eri
ment veut dire dum clamant.
GETHUSSA , ville de la Lybie
géographe.
1. GETIA, le pays des Gétes , félon le même.
2. GETIA, ville de l'Albanie, dans l'Illyriè, félon
Chalcondyle , /. 7. Leunclavius dit que les Turcs la
nomment CotzARUCK.
GETIGAN, félon Baudrand, ville 6k royaume des
Indes , dans Tille de Célèbes. Sanfon le nomme Ge-
ir&EN.
GETINI : Arrien appelle ainfi les GETES.
GETONE, ifle d'Afie, fur la côte de laTroade , fé-
lon Pline, l. 5, c. 31
mee , /. 4 , c. 5
GEVALIE , ou Gevel , ou Gafle, ville de Suéde
dans la Geftricie , dont elle eft la capitale : elle eft fituée
à l'embouchure de la rivière de Hafunda , que Ton y
pafle fur un pont , 6k qui forme un golfe qui lui donne
un port fur le golfe de Bothnie.
GEVAUDAN, (le) ouïe Givaudan, province
beaucoup d'endroits , alloient tous les ans en Efpagne ,
pour gagner de l'argent aux travaux les plus vils & les
plus pénibles ; ce qui les faifoit méprifer par les Ëfpa-
gnols qui donnent le même nom aux voifins du Ge-
vaudan, qui panent aufîî les Pyrénées pour le même
deflein. Voyez l'article G AVE. Covarruvias , dans fori
tréfor, a fort bien expliqué Tétymologie du mor Gavachs,
France , en Languedoc. Elle fait une des trois parties & dit que ces Gavachs rapportent tous les ans beaucoup
des Cévennes , 6k eft la plus grande dans les montagnes d'or 6k d'argent de TEfpagne , qui vaut des Indes à ces
vers les fources de l'Allier , du Lot Se du Tarn : elle gens fi méprifés.
a pour frontières au feptentrion l'Auvergne , leRouergue Au refle , comme le Gevaudan appartenoit, pour la
au couchant ; le bas Languedoc au midi ; le Vivarais 6k plupart , au roi d'Aragon , il eft naturel que les habitans
le Vêlai au levant. * Baudrand , éd. de 1705. ayent été chercher à gagner leur vie dans les états de
Le Gevaudan a pris fon nom des peuples Gabali ou leurfeigneur; que le gain qu'ils y faifoient, ait attiré leurs
Gavali, Se le mot de Gevaudan , qu'on écrivoit autre- voifins à les imiter, ck ait fait donner à ceux-ci le nom
fois Gavauldan ou Gabauldan , eft mis pour Ga-
baiitanus. Cefar , dans fes Commentaires , fait mention
de ces peuples qui dépendoient des Auvergnats : ils
étoient du nombre des Celtes qu'Augufte joignit à l'A-
quitaine, lorfqu'on divifa cette province en deux. Les
commun de Gavaches.
Piganiol de la Force, Defcr. de la France, t. 4, p. 312,
édit. de Paris, dit : le Gevaudan eft un pays de montagnes
dont les unes font ftériles , ck les autres ne produif'ent
que des feigles 6k des châtaignes : les payfans ont presque
Gabali furent mis dans la" première Aquitaine, 6k fous tous chez eux des métiers, 6k font des cadizek des fer-
la métropole de Bourges , dont ils ont toujours dépendu ges, 6k autres petites étoffes qu'ils vendent à bon mar-
pour le îpirituel. jtfiu'à l'érection de l'archevêché d'Al- ché ; néanmoins toutes ces petites manufactures ne laif^
Tome III. Oij
io8
GEX
GEZ
fent pas de produire plus de deux millions ; & on trans-
porte ces étoffes en Suiffe , en Allemagne , à Malthe ,
fur la côte d'Italie , & même jutqu'au Levant. Les mar-
chands qui les ramafiént & les tont teindre, demeurent
à Mende , & à Sainc-Leger , & en retirent le plus grand
profit. Dans la paroiffe de Vabron , il y a une mine
d'étain que Ton pourroit rendre utile : dans la paroiffe de
Pompidou, il y en a de jayet, & une de fouffre à Saint. Ger-
main de Calberte : l'on ramaffe fouvent de petites perles
fines dans les rivières de Fraiffmet &c de Plantats. ^ Le
bailliage du Gevaudan eft partagé entre le roi &£ l'évê-
que de Mende : quand c'cft le tour du roi , la juftice fe
rend à Maruejols ; <k à Mende, lorfque c'eft celui de
l'évêque. Je parle des Etats particuliers du Gevaudan ,
dans l'article des Etats du Languedoc.
GEUDIS, nom d'une rivière, félon Nonnus cité par
Ortélius : on ne dit point où elle coule.
GEVE ouGesves, rivière d'Afrique , danslaNigri-
tie , aux pays des Mandingues , d'où elle coule vers l'oc-
cident , &: paffe au midi de Gesves , où tournant vers
le fud-oueft , elle reçoit celle de Kurbali , avec laquelle
elle va fe rendre dans un golfe où font les ifles des Bif-
fagos. Cette rivière eft extrêmement rapide; la marée
en defcend avec une fi furieufè violence , que les va-
gues s'élèvent comme autant de montagnes, ce qui la
rend dangereufe.
GEVE ou Geves, ville d'Afrique, dans la Nigri-
tie , fur le bord feptentrional de la rivière de même nom.
Elle n'a ni murs ni enclos ; les maifons font de terre ,
blanchies en dehors, & couvertes de paille. On y compte
quatre mille habitans , parmi lesquels il y a quatre ou
cinq familles de blancs. L'églife paroiffiale eft fort belle,
& gouvernée par un prêtre, envoyé de Sant-Jago. 11 s'y
fait un commerce, tous les ans, de deux cents cinquante
efclaves. Le refte du commerce confifte en ivoire &c en
cire. * Voyage de Brue en Afrique, 1701.
GEVE D'OSSAN. Corneille, DiBion. faït un arti-
cle fous ce titre , comme fi c'étoit une rivière différente
du Gave d'Offan, déguifé par une mauvaife orthographe.
GEVINI ou Gyvini , peuple ancien de la Sarmatie,
en Europe , félon Ptolomée , /. 3 , c. <f.
GEVIO , village de Suiffe , dans la vallée de Madia ,
qui fe jette dans la rivière de Locarno. Corneille , Mati
& Baudrand, édit. de 1705 , en font mal-à-propos une
ville dans le Milanez.
GEVISSI, ancien peuple de la Grande-Bretagne , dans
le voifinage de "Weffex , vis-à-vis de l'ifle de Wight ,
félon Bede cité par Ortélius.
GEUL, rivière des Pays-bas, au duché de Limbourg.
Elle prend fa fource âu-deffus de Walhorn , où elle paffe
d. puis elle coule à Herkemet d. à Calmine , g. à More-
zent , g. à Bufdal , g. à Méchélem , d. à Vittem , g. à
Cartiels , d. à Vilre, d. à Shinop , d. à Fauquemont, à
Brouchen, d. àSaint-Ghirlack, d. à Houtem, d. àMoé'r-
zen , d. à Hardenftein , d. & tombe dans la Meufe au-
deffous de Caftergeul.
GEUYANG , fortereffe de la Chine , dans la pro-
vince de Gueicheu , au département de Liping, feptieme
métropole de la province. Elle eft plus occidentale que
Pékin de 8. d. 4s/, par les %-j degrés , 6' de latitude.
* Atlas Sïnenfis.
GEX , félon Piganiol de la Force, Defcr. de la France,
t. 3 , p. 5 41 , édit. de ijzz , petite ville de France, dans le
pays ou dans la baronie de Gex , au pied du mont
Saint-Claude , qui fait la féparation du pays de Gex de la
Franche-Comté. Cette ville eft à prélent compofée de
trois parties. La première eft fur une hauteur à l'occi-
dent , dans l'endroit où étoit autrefois un château fort
& confidérable. La féconde eft proprement la ville de
Gex. Elle eft fermée, du côté du couchant, par quelques
reftes d'anciennes murailles , &: par tout ailleurs par les
clôtures des jardins des particuliers. Elle a trois portes
& trois fauxbourgs. La troifieme partie de la ville eft au
nord du château , & à deux cens pas de diftance ; on
l'appelle Gex-la-Vieille. L'églife de S. Pierre & de
S. Paul eft la leule paroiffe qu'il y ait. Les Carmes ont
un couvent à Gex , comme auffi les Capucins & les Ur-
fulines. On y établit, en 1681 , une maifon de filles de
la propagation de la foi , qui élèvent un grand nombre
de filles , nouvellement converties , à la religion Catholi-
que , Apoftolique 6c Romaine. Cette maifon ne fubfifte
que par les bienfaits du roi. Il y a auffi des filles de la cha-
nté , un hôpital fort pauvre, (k une efpecede petit col-
lège. Le fiége du bailliage du pays eft à Gex ; les appella-
tions font portées à Dijon , ou à Bourg , au cas de l'édit.
Le pays et la seigneurie de Gex , féparé du
Bugey par le grand Credo , eft entre le mont Jura , le
Rhône, le lac de Genève &c la Suiffe. Cette feigneurie
étoit autrefois membre du comté de Genevois , dont
les comtes étoient feudataires de l'églife de Genève.
* Longuerue, Defcr. de la France , part. 1 , p. 303.
La feigneurie de Gex fut donnée en partage à Amé ,
par ion frère Guillaume comte de Genevois. Son père,
le comte Amé , avoit reconnu qu'il étoit fidelis advo-
catus , fidèle avoué , fous Ardutius , évêque de Genève ,'
contemporain de S.' Bernard. Ce premier feigneur de
Gex eut pour héritier fon fils Amé , qui n'eut qu'une fille
nommée Lyonnette , qui époula Simon de Joinville,
frère de Jean fire de Joinville , fénéchal de Champagne,
auteur de la vie de S. Louis. Pierre de Joinville , fils de
Simon & de Lyonnette , laiffa deux fils Hugard & Hu-
gues , fucceffivement feigneurs de Gex. Hugues fe rendit
vaffal du Dauphin de Viennois : comme il n'avoit point
d'enfans , il fit fon héritier Hugues de Genevois , fon
beau- frère, mari de fa fceur Eléonor de Joinville, dite
Eléonor de Gex, à la charge de faire hommage au Dau-
phin , feigneur de Faucigny ; ce qui fut exécuté , &
donna occafion à Amédée , comte de Savoye , appelle
le comte Verd , d'entrer avec des troupes dans la terre
de Gex , de la confifquer , &c de l'unir à fon domaine,
l'an 1353. Le Dauphiné étoit alors poflédé par Char-
les , fils aîné du roi Jean ; mais les différends avec la Sa-
voye , furent accommodés peu après , à l'avantage du
comte Verd.
Les comtes ou ducs de Savoye ont joui depuis , de la
feigneurie & du bailliage de Gex , jufqu'au traité de
Lyon 1601, par lequel ce pays a été cédé à la France.
Louis XIII l'a donné en échange de Château- Chinon,
à Henri de Bourbon, prince de Condé, avec Montluel.
Ce petit pays de Gex eft du gouvernement de Bour-
gogne, & du reffort du parlement de Dijon. Gex,
qui lui donne fon nom , eft une ville qui n'a rien de
confidérable; & Verso Y, qui en dépend, fur le lac de
Genève , a été demandé par les Genevois qui furpri-
rent cette place fur les Savoyards, l'an 1 ">89- Il n'y a
rien d'important dans le pays de Gex , que le pas , ou
paffage de l'Eclufe ou de la Clufe , qui défend l'entrée
du Bugey & de la Breffe , par un fort creufé dans le roc,
qui fait partie du mont Jura efearpé en cet endroit , 5c
borné par le Rhône qui coule au pied.
La république de Genève eft en poffeffion de plufieurs
villages enclavés dans le pays de Gex , lefquels étoient
autrefois de la Manfe , capitulaire de l'églife cathédrale
de S. Pierre , ou du domaine du prieuré de S. Viftor
de Genève , de l'ordre de Cluny. Tous ces villages ont
été unis au domaine de la ville , depuis le changement
de la religion.
GEYERSBERG, château d'Allemagne , dans laCa-
finthie , auprès de la haute Styrie , au-deffus de la ville
de Friefach. Voyez FRIESACH.
GEYL , (la) rivière d'Allemagne , dans la haute Ca-
finthie. Elle a fa fource dans un lac au pied des monta-
gnes , qui féparent cette province du Tirol , aux confins
des Etats de Venife ; & de-là ferpentant vers l'orient , •
elle fe charge de quantité de ruiffeaux , fe recourbe vers
le nord, ôcfejettedanslaDrave àl'orient de Villach: San-
fon & quelques autres géographes , l'appellent la Geyt.
GEYTAPOUR, ville des Indes, au royaume de Dé-
can, fur la côte, au midi de Rajapour. * Vaugondy, Atlas.
GEZA , ancienne ville d'Egypte , fur le bord occi-
dental du Nil, vis-à-vis du grand Caire , félon Marmol,
/. il, c. 16, p. 193. Elle eft fort peuplée, & il s'y fait
un grand trafic de bétail que les Arabes y amènent des
déferts de Barca &c d'ailleurs , pour la provifion du Caire^
Pour n'être point obligés de paffer le Nil , ils tiennent
là leur marché , on l'y vient acheter ; Se on l'amené
fur des barques , afin de le revendre en gros ou en dé-
tail. On voit à Geza des palais fuperbes , Se des maifons
de plaifance , bâties par les Mamelucs , pour être hors
de l'embarras du Caire ; plufieurs marchands & artifans
y demeurent. Sur le bord de la rivière, eft la grande mos-
quée , environnée de beaux jardins & de quantité de
GEZ
GHÂ
pf.imiers. Les habitans du Caire viennent tous les jours
à Geza, pour acheter des vivres, 6k s'en retournent la
nuit. Pour aller aux pyramides , il faut parler par Geza: '
il n'y a au-delà que des déferts de Tablons. Toutefois
comme on trouve en chemin plufieurs puits ck mares,
que laifîe le Nil en fe retirant , on y va, fans beaucoup
de peine ,"avec un bon guide.
Cette ville eft nommée GuiSSE , dans la Carte du
cours, du Nil , depuis les cataractes jufqu'au Caire , in-
férées dans les Voyages de Paul Lucas, 6k beaucoup
mieux Gize dans celle du Délia ; m.iis l'auteur , qui eft
le même voyageur, dit, T. 4, p. 340, que Gize eft un
gros village à l'occident du Nil, du côté des pyramides.
GEZAIRA ; Baudrand dit , pays d'Afrique dans la
Ba/barie : c'eft une des trois provinces du royaume d'Al-
ger. Elle eft bornée au levant par celle de Bugie , à
Foccident par celle de Tenez, au feptentrion par la mer
Méditerranée, le long de laquelle elle s'étend au midi,
par les montagnes qui la féparent de Bilédulgérid. Elle
a pour capitale la ville d'Alger, d'où on la nomme plus
fouvent la province d'Alger.
GEZAIRA : les Européens ont ainfi défiguré le mot
arabe Al-Gtfair , qui fignifie une ifle , 6k que (a) les
Mahométans donnèrent à la ville de Céfarée en Mauri-
tanie, lorfqu'ils en firent la conquête fur les Romains,
dans le feptieme fiécle. C'eft Alger. Il y avoit devant
cette ville une ille dont on fit le port qu'on voit en-
core à préfent ; ck on la nomma de-là Al-Gefdir, l'Isle.
(a) Laugier de Taffi, Hift. d "Alger.
GEZAR. Voyez Gadara 2. ck Gader.
GEZATORlGUS, contrée d'Afie, dans la Gàlatie,
vers la Bithynie , félon Ortélius, Tkefaur. Strabon,;. 12,
p. ^62 , parlant de ce pays , dit : la partie qui confine à
la Bithynie , eft appellée TlMONITE de Gezatorix. On
voit que le nom Timonite eft celui de la contrée , en
grec Ttpm'nn , félon Strabon , ck Tifj.ayi-nt x»est : félon
Ptolomée Gezatorix eft apparemment le nom du prince
qui la gouvernoit : Geyatorïgos eft au génitif.
GEZERÔN \Yoyez Gadara 2, 6k Gader.
GEZIRAH : ce mot eft arabe , ck fignifie ifle ; mais
lés Arabes s'en fervent aufîi pour exprimer une pres-
qu'isle. Ainfi ils nomment Gezirat Abdelaziz-BEN-
Omar, ouGezirat-beni-Omar, la ville de Gezira
qui eft effectivement bâtie dans une ifle du Tigre ; Ge-
ZILAT-Masshiki , c'eft-à-dire l'ifle du Maftic, l'ifle de
Chio ou Stankaio ; Gezirat-Suaken , l'ifle de Sua-
quen dans la mer Rouge , ckc. qui font de véritables
ifles ; mais ils appellent Gezirat-al-Arab , ou l'ifle
des Arabes , lArabie qui n'eft qu'une prefqu'ifle. Ils ap-
pellent Al-Gefirah la Méfopotamie, qui eft entre l'Eu-
phrate ck le Tigre. Voyez MÉSOPOTAMIE.
GEZIRAH Abdelaziz-ben-Omar , c'eft-à-dire
l'ifle des enfans d'Omar, ou Gezirath-BENI-Omar ,
ville d'Afie , dans une ifle fur le Tigre , au-deffus de
Mouflal ou Moful , bâtie par les defeendans d'Omar.
Ebn-Batrix dit qu'elle eft fituée dans le quartier de la
Méfopotamie , nommé Diar-Rabiat , que l'on nomme
aufli la terre de Tamanln ou des quatre- vingt , à caufe
qu'il fortit un pareil nombre de perfonnes de l'arche
de Noë, qui s'arrêta, dit-il, fur les montagnes de Gioud
en ces quartiers. Tavernier , Voyage de Perfe , l. 3 ,
c. 4, la nomme GezirÉ , à quatre jours de Diarbékir.
On y pâlie , dit-il , le Tigre fur un beau pont de ba-
teaux ; c'eft le lieu où s'afTemblent les marchands qui
vont prendre la noix de galle , ck le tabac au pays des
Curdes, ck ceux qui viennent du même pays pour Alep.
La ville eft fous l'obéiffance d'un Bey. De Geziré à
Amadié , il y a deux jours de chemin. * D'Herbelot ,
Bibliot. orient.
GEZIRAT -EDDEHEB, ifle d'Egypte. Dapper,
Afrique, p. 54, en parle ainfi: à une lieue du Nil, au-
delà de Fuoa , il y a une ifle qu'on appelle Ge^jirat-Ed-
dehen , autrefois l'ifle de Nathos ou l'ifle d'or. Il y a
beaucoup de villages ck de palais magnifiques ; mais on
a peine à les découvrir de loin , à caufe de l'épaiffeur
des forêts.
GEZIRAT-HIAT ou l'ijle des ferpens ; ifle fabu-
leufe , dont il eft fouvent parlé dans les romans Perfiens
ck Turcs. * D'Herbelot, Biblioth. orient.
ÏOC)
GEZIRAT-KHESCHK, c'eft-à-dire ['ifle fiche. Les
^Orientaux appellent ainfi le continent ou la terre ferme,
à l'imitation des Hébreux qui la nomment Iahafchab ,
comme il paroît par le paffage de la Genefe : & vocavit
aridam terram. * D'Herbelot , Bibl. orient.
GEZIRAT-MASTHIKI ou rifle de Maftic. Les Ara-
bes appellent ainfi l'ifle de Chio , que les Turcs nom-
ment en leur langue Sacki^-Adafji, qui fignifie la même
chofe ; parce que les arbres , dont on tire la gomme que
nous appelions maftic, croiffent dans cette ifle. * D'Her-
belot , Bibl. orient.
GEZ1RAT-THARECK; les Arabes nomment ainfi
l'ifle de Gibraltar. * D'Herbelot , Bibl. orient.
1. GEZIRÉ. Voyez Gezirah Adelaziz-ben-
Omar.
2. GEZIRÉ, ifle d'Afrique , au royaume de Fez,
fur le Licus , félon Dapper , Afrique , p. 155. Il la met
à trais- milles de la mer , ck à feize de Fez , 6k dit que
les Efpagnols la nomment Gratiofa : il a tort de dire
que c'eft peut-être la Cerné de Ptolomée. La Cerné de cet
auteur eft en pleine mer ; 6k celle dont il eft queftion,
eft éloignée de la mer de quatre lieues , 6k au-deffùs de
la Rache.
GEZRE. Voyez Sarrit^E.
GHACHOR. Voyez Achor.
GHALEMETH ; c'eft ainfi que le Chaldéên lit an
lieu de Bahurim. Voyez ce mot.
GHALUA , ville d'Afrique , dans la Nubie , fur le
Nil , près de l'Egypte , félon Corneille.
GAHMKI, liège épifcopal d'Afie , dans l'Arménie ,
fous le patriarchat de Sis. Il eft inconnu , ou bien il ne
fubfifte plus , félon de Commanville.
GHAMMAS, grande rivière de la Tartane, au qua-
trième climat , félon Edrifi , Geograph. Nubienf. p. 3 13.
Il parle du royaume des Kaïmachites , où il dit qu'il y a
feize villes, quoiqu'il n'en nomme que neuf, 6k ajoute:
toutes ces villes font firuées fur le grand fleuve Gham-
mas , qui fortant des montagnes de Bengiar, coule vers
l'orienta la ville Aftur, fituée fur la rive méridionale;
de-là il paffe à la ville de Sifîa, qui eft au nord, fe rend
à la ville royale, nommée Chacan , qui eft au midi de
fon cours. II fe tourne enftdte vers le feptentrion , 6k
arrive à la ville de Mofthanah , bâtie fur fa rive occiden-
tale. Il y reprend fon cours vers l'orient , jufqu'à ce
qu'il fe perde dans la mer. L'auteur du livre des Mer-
veilles dit que ce fleuve nourrit un poiffon duquel les
médecins de l'Inde 6k de la Chine compofent le plus
mortel poifon que l'on connoifle. Il eft dans le fiel de ce
poiffon, nommé Sangia, 6k il conferve fa qualité du-
rant quarante ans.
On foupçonne que ce fleuve eft le même que le
fleuve Amur. Il n'y a point d'autre fleuve à qui ce cours
convienne fi bien , quoiqu'on ne fâche guères où retrou-
ver les villes que nomme le géographe de Nubie.
GHANA , ville d'Afrique , dans la Nigritie , fur le
Niger , qui la fépare en deux , en entrant dans un affez
grand lac ,' nommé lac de Sigifmes 6k lac de Guadre.
Le géographe de Nubie, p. 10 , 2. part, climat. 1, dit:
Ghana eft une double ville fur les deux rivages d'une
mer d'eau douce. C'eft de tous les pays des Nègres la plus
peuplée 6k la plus marchande. Il s'y rend de riches mar-
chands , des pays voifins, 6k de toutes les parties de l'Occi-
dent. Ses habitans font Mufulmans ; 6k le roi tire, dit-on,
fon origine de Saleh , fils d'Abdalla , fils de Hafan , fils
de Hofaïn , fils d'Aali , fils d'Abi-Taled, oncle de Maho-
met. Il eft abfolu, quoiqu'il rende hommage à l'empe-
reur des Mufulmans , qui eft Abbaffide. Il a un palais
fur le rivage du Nil, (l'auteur appelle ainfi le Niger,)
6k c'eft un château très-bien fortifié 6k très-bien pourvu
de tout. Les logemens font ornés de fculptures 6k de
peintures, 6k les fenêtres font vitrées. Ce palais fut bâti,
l'an 510 de l'hégire. Ses états confinent au pays de
Wançara, qui eft riche en mines d'or. L'auteur cité,
parle fort avantageufement de la juftice' du roi de Ghana,
de fon tems. Cette ville au refte eft la capitale d'un
royaume , que l'on appelle royaume de Ghana , 6k
royaume de Cajféna. Voyez CassÉNA.
GHANAMIN : Arias Montanus prétend que l'écri-
ture nomme ainfi les Troglodytes.
GHARUS, évêché d'Afie, en Arménie, fous le pa-
GHï
no
triarche de Sis. Il eft inconnu ; & on ne fait s'il fub-
fifte encore, au rapport de l'abbé de Commanville.
GHAZECA , pour Ayca. Voyez Azeca.
GHEDI, petite ville d'Italie au Breffan, dans l'état
des Vénitiens , félon Corneille. Magin dit que ce n'eft
qu'un village fur le Naviglio. _
GHEL , contrée d'Ethiopie , dans l'Abiffinie , au
royaume d'Amhar, félon Ludolf. * Hift. JEthlop. 1. i , c. 3 .
GHELE , bourgade des Pays-bas , en Brabant. Elle
eft célèbre par le culte de fainte Dympne , vierge mar-
tyrifée par fon père. On a bâti fur fon tombeau une églife
de fon nom , dont on a fait un chapitre de Chanoines
dans lefeizieme fiécle.
GHEMPE ou l'Isle du Due, prévôté de religieu-
fes, ordre de Prémontré dans les Pays-bas , à deux lieues
de Louvain. 1
GHENDGÊ, ville d'Afie, dans le Chirouan, félon
le tradufteur de l'hiftoire de Timur-Bec , /. 5 , c. 37.
C'eft une ville de Perfe, dans le Schirvan.
GHENDGIAN-FOU, ville d'Afie, dans la Chine
feptentrionale , félon le même , /. 5 , c. 4.
GHERA d'Adda. Voyez Ghiara.
GHERMIAN - LILI , province de la Turquie , en
Afie , dans la Natolie. C'eft la même chofe que le Ger-
MIAN.
GHEROM, ville de Perfe, dans le Fars-. Les géo-
graphes Orientaux lui donnent 89 d. de longitude ,
& 28 d. 30' de latitude.
rUrCU. datî ") contrées d'Ethiopie, dans l'Abiffi-
fcTHraF'r™. au royaume d'Ambar , félon
&: GHt-iHU. 5Ludolf_ Hifi.Mthiop. 1. 1, c. 3.
GHEUCSALl , village delà grande Tartarie , au pays
de Gété. * Hijl. de Timur-Bec , l. 3 , c. 5.
GHEUCSERRAI , palais des empereurs de la grande
Tartarie ; c'eft dans ce palais que réfidoitTimur-Bec , lorf-
qu'il eut fait Samarcande la capitale de fes états. .
GHEUCTOPA, colline de la grande Tartarie ,
au pays de Geté. Les géographes Orientaux lui donnent
101 d. 209' de longitude, Se 43 d. *5' de latitude. *HiJi.
de Timur-Bec , /. 3 , c. 1 9.
GHEUL FERKETI, lieu de la grande Tartarie ,
auprès de Bokhara. Timur y éleva plusieurs petits bâti-
mens à dôme pour loger' les feigneurs Se dames de fa
cour ; il fe fervit pour cela de plufieurs reftes d'édifices
ruinés qui s'y rencontrèrent ; &. , comme il y a de fort
beaux étangs , où fe trouvent une infinité de toutes fortes
d'oifeaux , Se principalement des cygnes , il y fit une
chaffe fort agréable , dont les détails fe trouvent dans fon
hiftoire , /. 3 , c. 7.
GHEVEYAR , bourg d'Afie , en Tartarie , au Mogo-
liftan. Hiftoire de Timur-Bec , l. 3 , c. 6.
GHEZ-SETAM , village d'Afie , dans le Diarbeck ,
GHI
entre Anna Se Tecrit. * Hiftoire de Timur-Bec, L
lit »•
GHIANON , ou Ghiannon , rivière d Afrique
au fud de celle du Sénégal. Elle prend fa fource
dans le pays des Mandingues verst les mines d'or de
Bambouc ; 6k , prenant fon cours vers le îlord , elle fe
rend dans le Sénégal à l'eft de Dramanet. Elle a plus de
quarante lieues de cours, & porte des canots. * Cartes du
cours du Sénégal , Falemé , Ghianon , levé fur les lieux
par Compagnon.
GHIARA D'ADDA , petit pays d'Italie , en Lom-
bardie , entre la rivière. d'Adda , Se le Serio. Il s'étend
jufqu'aux montagnes de Bergame, Se eft appelle Ifola Ful-
chéria par Merula aux livres VI & VIII de fon Hiftoire
des Vifconti. Il eft large , uni Se bien peuplé. On y
trouve beaucoup de métairies , de villages Se de bourgs.
Trevilio , Caravaggio en font les principaux lieux.
Léandre , Defcriuione di lutta Vital, p. 408 , diftingue
pourtant Trevilio , fille de Folcheria Se Caravaggio ; Se
il en parle d'une manière à faire connoître que cette ifle
ne comprenoit pas tout ce que nous connoiffons aujour-
d'hui fous la Ghiara d'Adda. Ce pays , félon Baudrand ,
éd. de 1705 , faifoit autrefois partie du Bergamafque ; mais
il eft demeuré au Milanez , par plufieurs traités de paix.
* Ma^in Irai. Tab. '
GHlBBON ; c'eft la même ville que Gabaon.
GHIEGUM , évêché arménien , fous le patriarche
de Sis. Il eft inconnu , Se on ne fait s'il fubfifte , félon
l'abbé de Commanville.
GHILAN , province d'Afie , dans l'empire des Pèrfès «
au bord de la mer Cafpienne , Se au nord du Khoueftan.
D'Herbelot étend fa longitude depuis le 74e degté
jufqu'au 76 & fa latitude , qu'il prend du nord au fud ,
depuis le 3 5 jufqu'au 36. Il dit que fes habitâns recueil-
lent peu de bled , mais beaucoup de riz dont ils font du
pain qu'ils mangent avec d'excellent poifîbn que la
mer leur fournit en abondance. Cette province donne
fon nom à la mer Cafpienne , que les Arabes , les Perfans
Se les Turcs nomment mer de Ghilan. On n'y trouve que
deux villes confidérables , qui font Rafcht ou Refchut ,
fur la mer , Se Lakhfchan que l'on appelle auffi Ghilan ±
fituée plus avant dans les terres. Quelques géographes,
comprennent dans le Ghilan le Mazandéran qui eft à fon
orient , Se qui confine avec le Thabareftan. L'auteur
de l'Hiftoire des Tatars , écrit Gilan , Se Kilan ,
p. 329 , que cette province eft fituée au fud-oueft dé
la mer Cafpienne , s'étend depuis l'embouchure de la
rivière d'Ifperutli jufqu'aux landes de Mockan. La mer
Cafpienne Se la province de Mazandéran la bornent à
l'eft ; la province d'Yérack, au fud ; celle d'Adirbeïtzan ,
à l'oueft ; Se les landes de Mockan , au nord : c'eft pré-
cifément l'Hyrcanie des anciens , comme il eft aifé de
voir par la defcription que Quinte-Curce nous en donne.
Rien n'eft li beau que la fituation de cette province ; elle
a d'un côté la mer , le long de laquelle elle s'étend en
demi-cercle ; Se de l'autre , elle eft environnée de fort
hautes montagnes qui la féparent fi bien de tout le
refte de la Perfe , qu'on n'y peut entrer du côté de la
terre ferme , que par des paffages fort étroits Se faciles à
défendre. Les Perfans les appellent encore Pila , ou
Portes* Les montagnes , <lont on vient de parler , font ,
du côté de la Perfe , d'affreux précipices Se rochers ; &
du côté de la province de Gilan , elles ont la pente là
plus charmante du monde , toute couverte de citron-
niers , d'orangers , d'oliviers , de cyprès , de figuiers ,
Se de mille autres fortes d'arbres fruitiers ; enforte qu'il
femble que ce pays foit bordé de tous côtés de grandes
forêts d'une verdure perpétuelle. On y trouve toutes
fortes de bêtes fauvages , comme ours , loups , léopards ,
tigres , Sec. Ces derniers fur-tout y font en fi grande abon-
dance , qu'on les amené par douzaines dans les villes
voifines pour les vendre , lès Perfans poffedant le fecret
de les apprivoifer de telle forte qu'ils peuvent s'en
fervir à la chaffe , de la même manière que nous faifons
avec nos chiens ; Se dès qu'ils y font une fois drefTés ,
ils fe tiennent fort tranquillement aflis en croupe derrière
quelque cavalier , jufqu'à ce qu'on trouve à propos de
les lâcher après le gibier.
Le pays de Gilan eft fort beau Se tout uni : il eft
entrecoupé d'une quantité de belles rivières qui , fortant
de tous côtés des montagnes , vont fe décharger dans la
mer Cafpienne. Cette mer eft fi poiffonneufe fur cette
côte Se toutes les rivières qui viennent y apporter leurs
eaux de ce côté , que la couronne tire par an un revenu
confidérable de la ferme de la pêche de cette province.
Comme le pays eft fort marécageux vers le rivage de
la mer , on y a pratiqué par-tout des foffés , pour deffé-
cher les terres ; ce qui fait qu'il ne reffemble pas mal en
ces endroits à la comté de Flandre ; Se pour la commo-
dité du paffage , qui étoit très-pénible auparavant par-
les terres greffes Se marécageufes d'un pays où il pleut
beaucoup , le grand Schah-Âbas a fait faire une chauffée
élevée de huit pieds au deffus du niveau ordinaire du
pays , qui traverfe toute la province , depuis la rive occi-
dentale de la rivière d'Ifperuth du côté qu'on y arrive de
Ferabath jufqu'à la ville d'Aftara.
' Le pays de Gilan eft la plus belle Se la plus fertile
province de toute la Perfe : elle produit de la foie , de
l'huile , du vjn , du riz , du tabac , de très-beaux fruits
de toute efpece , . & en fi grande quantité , qu'elle en!
fournit une partie de la Perfe , Se plufieurs pays étrangers.
On y trouve en plufieurs endroits des forêts entières de
mûriers ,-de buis Se de noyers ;. & la plupart des meu-
bles de bois qu'on voit en ce pays , font faits de bojs de
noyer , ou de buis : chaque payfan , dans quelque petite
chaumière qu'il puiffe habiter , ne manque pas d'avoir
un jardin auprès de fa maifon , où l'on ne voit qu'oran-
gers , citronniers , figuiers , vignes de tous côtés ;
çk il n'eft pas rare de voir en ce pays des ceps de vigne;
GHI
anffi gros' qu'un homme de taille ordinaire.
Les habitans font Mahométans de la ie&e d'Omar ;
ils font braves , fiers & induftrieux. Comme ils connoif-
fent tous les avantages de leur pays , ils ne font pas fi
aifés à mener que le refte des Perlàns ; & ils jouiffent
■même encore actuellement de plufieurs exemptions &
privilèges qu'ils ont grand foin de maintenir, quoiqu'on
ait pris la précaution de les défarmer en quelque manière.
Ils font d'une taille haute & robufte , & plus blancs que
les autres Perfans : leurs habits font à-peu-près les mêmes
que ceux du refte des Perfans , excepté qu'ils font plus
courts & plus fimples , & que leurs bonnets font pointus.
Ceux d'entr'eux qui habitent aufud de la ville de Kesker,
•vers les frontières de la province de Mazandérsn , s'ap-
pellent KlLEK ; & les autres qui habitent au nord de
cette ville , portent le nom de Talisch. Les femmes
de ces derniers font fans contredit les plus belles & les
mieux faites de toute la Perfe : elles ne font pas , à la
vérité , fi parées que les autres Perfannes ; mais en revan-
che elles font d'un grand fecours à leurs maris dans le
ménage , parce qu'on les trouve rarement oifives , ce
qu'on ne voit nulle part dans le tout refte de la Perfe.
Cette pravince a pour capitale la ville de Refcht qui
eft au 37e degré de latitude, & à deux lieues de la mer.
Elle eft fort agréable. Quoique grande & affez bien peu-
plée , les maifons y font fi couvertes de toutes fortes
d'arbres fruitiers , qu'en y arrivant on croit entrer dans
une forêt ; & il eft impoffible de s'appercevoir qu'on
entre dans une ville , avant qu'on fe trouve au milieu.
Elle eft toute ouverte , & les toits des maifons font cou-
verts de tuiles & de lattes , de même que les nôtres , parce
qu'il pleut beaucoup en ces quartiers. Les autres villes
principales de ce pays font Kesker & Aftara.
La province de Ghilan a été cédée à la Ruffie avec
toutes fes dépendances , par le traité conclu à S. Peters-
bourg en 1723 , entre le feu empereur de Ruffie &c le
Schah ; mais il ne paroît pas que la Ruffie en ait
pris poffeffion jufqu'à prefent. * Voyez les Voyages
d'Oléarius.
GHILDA , ville d'Afrique au royaume de Galam ,
fur le bord feptentrional du Sénégal , & vis-à-vis de
Tuabo. C'eft la' première ville de ce royaume qu'on
rencontre en remontant le Sénégal; latit. nord, 14 d.
57'-
GHILGAL. Voyez Galgal.
GHINGHIN, ville, ou plutôt grand village d'Afrique
au royaume de Jéréja dans le pays desFlups, à la fource
d'un ruiffeau qui fort de la rivière de Kafamanka , & qui
tombe dans celle de San-Domingo , trois lieues au-deffus
-de Kachao , dont Ghinghin n'eft qu'à cinq lieues. C'eft
un lieu bien peuplé en partie de Portugais qui s'y-font
établis ; le pays eft agréable ; il- porte des fruits en
abondance ; & de toutes parts on y voit des abeilles :
les linges y font auffi en grand nombre. Lemaire appelle
ce lieu Guangïàn. * Voyage de B rué en Afrique.
GHIR , rivière d'Afrique. Elle a fa fource au mont
Atlas qui borne le pays de Trémécen au midi ; coulant
vers le midi, entre les tentes de quelques Arabes, elle ar-
rive au pays habité par les Bénigumi , dans le royaume
de Tafilet. Elle fe tourne enfuite , en ferpentant vers le
fud-efi , dans la province de Touet ; entrant enfin dans
les déferts de Haïr , elle fe perd dans un grand lac. Cette
rivière & quelques autres de ces cantons ont cela de
particulier, qu'elles s'éloignent de la mer, enseloignant
de leur fource. Ainfi elles rendent ce proverbe faux : >t Si
» tu veux arriver à la mer, prends une rivière pour t'y con-
» duire. * De l'IJle, Carte de la Barbarie.
GHIOMO ou Ghiomray, peuple d'Afrique, qui
habite le cap Apollonia. Loyer & Defmarchais nous
aporennent qu'ayant été fouvent en guerre avec les Mi-
nois , & toujours vainqueurs , ils obligèrent ceux-ci à
quitter la contrée d'Iffini, qui eft à dix lieues au-delà du
cap, & qu'on appelle encore le grand IJpni, pour aller
habiter le pays d'Asbini , & la rivière qui a pris leur
nom.
GHISTEL ou Ghistele , bourgade des Pays-bas,
dans la Flandre Autrichienne , aune petite lieue d'Ouden-
bourg, & à deux de Bruges. C'eft une ancienne baronnie.
Elle eft célèbre par le culte de fainte Godelieve , dame
du lieu, martyrifée par font marj, On y a bâti une églife
GHN 1 1 1
en fon nom , avec un monaftere de religieufes , fous la
régie de S. Benoît. * Le P. Boujjingaùt , Voyage des
Pays-bas. Bailla , Topogr. des Saints , p. a 10.
GHiVIRA, petite ville d'Italie, au Miianez, à trois
lieues d'Anghiera, fur le lac auquel elle donne fon nom;
& qui prend auffi celui de lac de Brandrone. Il fe dé-
charge dans lelac majeur par la petite rivière de Bozzo.
* Baudrand, édit. de 170"). Magin. Ital. Tab.
GHNASNEVIDES , (les) branche de Turcs qui ont
régné dans le Khorafan. C'étoient des efclaves achetés
parles princes Mahométans, introduits dans lesferrails,
de-là dans les confeils , & parvenus enfuite aux plus
grandes dignités , tels que furent les Thoulounides, les
Mameluks, &c. Les Ghnasnévides tirent leur origine de
la ville de Ghazna , capitale de leur empire.
Un certain Alpteghin , efclave d'Ipmaîl , fécond ful-
tan des Samanides établis dans le Khorafan & le
Maouarennahar , ayant été affranchi , prit le parti des
armes, de dignités en dignités parvint à celle de géné-
ral des armées & de gouverneur du Khorofan où il
ufurpa la puiflance fouveraine , & établit fon féjour à
Gahzna. Il donna fa fille en 'mariage à un de fes efcla-
ves , quiétoit auffi Turc , & lui laifîa (es états à fa mort.
Celui-ci , par fa prudence , fe fit aimer de fes fujets ;
& par fon courage il fe fit craindre de (es ennemis. Après
fa mort, fon fils Mahmoud luifuccéda. Il pourfuivir &c
accomplit les projets de fon père , c'eft-à-dine qu'il abba-
tit entièrement les Samanides , & s'éleva fur leurs rui-
nes : après plufieurs grandes victoires, il fe trouva maître
du Khorafan Se d'une partie de la Tranfoxane. Alors
il prit le titre defultan; 6t il eft le premier des princes
de l'Orient qui l'ait porté. Avant lui ils ne portoientque
celui de Malek. L'ambition de Mahmoud augmentoit
avec la puiflance. Il entra dans l'ipide ; il remporta plu-
fieurs victoires contre différens rois , ttaverfa enfuite fes
états , porta les armes dans le Kharifme dont il s'em-
para , repouffa le Kan des Turcs qui venoit pour l'at-
taquer ; & le Ghion fervit de limites entre les deux
empires : il repaffa dans l'ipide qu'il fournit prefqu'en-
tiere, &fubjuga la Perfe. Il remporta de toutes fes expé-
ditions des richeffes immenfes : les hiftoriens prétendent
que Mahmoud a été le pius riche des princes Turcs. Il
mourut enfin, regretté & admiré de tous fes fujets en gé-
néral. Les richeffes immenfes , qu'il avoit apportées de
Flpide, devinrent funeftes à fes defeendans qui, voulant
en acquérir autant , négligèrent leurs états dans la Tar-
tarie , & portèrent toutes leurs forces du côté de l'ipide.
Les Seljoucides' profitèrent de leur imprudence , leur en-
levèrent plufieurs provinces Se les Ghourides, autres
efclaves Turcs, parvenus comme les Ghaznevides,
montèrent fur le trône. Ainfi fut anéantie la branche
Turque des Ghaznevides, l'an 1182, après avoir régné
pendant 113 ans. * Hijl. générait des Huns, par M. de
Guignes , t. 3 , p. 183.
GHNIEF, ville de la Pruffe Polonoife, auPalatinat
de Culm,fur la Viftule. Le nom Polonois s écrit Gniew.
Le chevalier de Beaujen, Mémoires , p. 189, écrit Ghi?
NIEF , félon la prononciation. Les Allemands l'appellent
Meve , fur quoi j'avertis que tous les lieux de la Pruffe
ont deux noms. Ghnief eft à deux lieues de Nové, Se
à quatre de Grodens. C'eft une ftaroftie du roi ; & So-
bieski y tenoit une partie de fes tréfors , bien loin de la
portée des incurfions des Tartares. La ville Se le châ-
teau font de briques. André Cellarius , dans fa Defcription
de la Pologne, nomme cette ville en latin Meve, Mcva,
Mena, Gnievum&Gnevum. Elle eft , dit-il , NovaDefcr.
Regni Polon.p. 491 , fituée au-deffous du confluent de
la rivière de Fers Se de la Viftule. Sa citadelle apparte-
noit à Meftovin, prince de la Poméranie ultérieure, qui
en fit don à l'ordre Teutonique. D'autres prétendent
qu'il ne donna à ces chevaliers que le territoire de Meve
ou de Ghnief, & qu'ils y bâtirent la citadelle. Elle fut
prife enfuite par les Polonois, & reprife par les cheva-
liers, en I4H- ^es Polonois revinrent à la charge,
en 1463 ; après une longue défenfe , elle fe rendit à eux,
l'an fuivant. La religion Proteftante ayant été quelque
tems la dominante dans cette ville , les Catholiques fe
reffaifirent de la grande églife, l'an 1596. Guftave Adol-
phe prit Ghnief par compofition , l'an 1616, Se battit les
Polonois qui étoient venus faffiéger. L'an 1655, les
1 1 2 GIA
Suédois la prirent encore ; mais ils ne la gardèrent que
jufqu'au mois d'Août fuivant. * Dan. Cromer. Chron.
Pomeran. c. n', Mari. Cromer. Rer. Polon. 1. io.
GHOGUONIUM, éveché d'Arménie, fous le pa-
triarche de Sis : on ne fait ni où il eft ,<ni s'ilfubfifte,
.félon l'abbé de Commanville.
GHORI, ville d'Afie, dans la Géorgie. Voyez Gotu.
GHOUR , petit pays de l'Inde , au nord-oueft de
Ghazna. Les princes defcendus des anciens rois de Perfe ,
■s'y étoient retirés, & y vécurent dans l'indépendance,
jufqu'à l'an ioio, que les Turcs Ghaznévides le conqui-
rent-. * Hifioire générale des Huns , t.-}, p. 164.
GHUB1TTARUM , évêché Arménien , fous le pa-
triarche de Sis. On ne fait ni fa place ni s'il fubfifte ,
félon l'Abbé de Commanville.
GHUL-HISSAR, ville de la Turquie , en Afie,dans
la contrée de Roum au nord. Les Tartares appellent les
états du Turc , l'empire de Roum , qui eft le nom Ro-
main corrompu , parce que les Romains poffédoient au-
trefois en Afie ce que les Turcs y poffedent aujour-
d'hui. *H:fi. de Timur-Bec,\. 5 , c. 50.
GHUL1STAN, isle d'Afie, dans la province de Ha-
mid-Eîli , au milieu du lac Falac-Abad. * Hifi. de Ti-
mur-Bec , L "j, c. s; 9.
GHUL-LOUDJA, bourg d'Afie, dans le Curdiftan.
*Hifi. de Timur-Bec, 1. 3 , c. 18.
i. GHUZEL-HISSAR, ville de la Turquie , en Afie,
dans la Natolie , près de Tiré ; ces deux villes étoient
fîtuées fur le Madré ou le Méandre. Il ne faut pas la con-
' fondre avec celle qui fuit. * Hifi. de Tïmur-Bcc ,. 1. 5 ,
C' 2.' GHUZEL-HISSAR, ville de la Turquie , en Eu-
rope: Bajazet, furnommé le Tonnerre, l'avoit bâtie vis-
à-vis de Conftantinople. * Hifi. de Timur-Bec, 1. f,
.c.38. ^ „'-.■■
Comme le mot Hifar, en langue Turque, lignifie
.château , je ferais porté à croire que les lieux où ce
nom fe trouve, n'étoientque des châteaux; mais le fa-
v-ant traducteur de l'hiftoire de Timur-Bec. dit dans fes
notes, bien pofitivement, qu^les lieux ci-deffus nommés
étoient des villes.
GIABECCARUM , évêche de leghfe Arménienne ,
fous le patriarche de Sis. On ne fait pas s'il iubfifte en-
core , félon l'abbé de Commanville.
GIACHAS , peuple d'Afrique , dans la baffe Ethio-
pie. Le père du Jarric , Hiftoire des Indes orientales,
X. part. c. 5, les place auprès du premier lac leplus mé-
ridional des deux , d'où le Nil prend fa fource , c'eft-
à-dire auprès du lieu où l'on fuppofoit que le Nil
prenoit fa fource avant que l'on, eût découvert là vé-
ritable origine. -Voici comment il dépeint ce peuple :
«Ils font fort cruels &C barbares , ne vivent d'ordi-
». naire que de voleries & de larcins , à la façon des
» Arabes ou des Numides. Ils font anthropophages, c'eft-
» à-dire mangent la chair humaine ; ils ne reconnoif-
» fent aucun roi ni feigneur , n'ont aucune demeure fixe,
» vont tantôt d'un côté , tantôt d'un autre , ck logent
» en des cabanes qu'ils fe font de branches d'arbres, ou
» en des tentes qu'ils portent avec eux. Leurs armes of-
» fenfives font un poignard ou une maffue , l'arc, les
» flèches & le javelot ; les défenfives font un long bou-
» clier, affez large au milieu pour couvrir un homme;
» 8c de-là jufqu'aux extrémités , il va en s'étréciffant :
» au bout d'en-bas , il y a une pointe qu'ils plantent en
» terre ; ainfi il leur fert de rempart. » Ces peuples en
ravageant le pays arrivèrent jufqu'au Congo où ils en-
trèrent par la province de Bâta. De l'Ifle les nomme
Jagas , & les met le long de la- rivière de Coango,
au nord du royaume de Matamba , à l'orient du Congo ,
& au couchant du Monog mugi , dont le P. Jarric dit
qu'ils font Stipendiâmes. Il .met encore au nord du Mo-
.nomoëmugi les Jagas anthropophages, dont les terres
font très-fertiles ; mais l'air y eft fort mal-fain. Ceux-ci
ont au nord les Etats du roi de Gingijo. Ces GlACHAS
font nommés JAGOSpar Dapper : il les croit venus de
Nigritie; d'autres les confondent avec les Galles, na-
tion barbare au midi de l'Abiffinie.
GIAFARIAH , ville d'Afie , dans l'Iraque Arabique.
Xe Kalife Motavakel la fit bâtir , &: y transféra le fiége
de l'empire des Mufulmans, qui étoit alors à Samarah. Il la
GIA
fit appeller Giafarie , de fon nom propre qui étoit Gia-
farouGiafer. Montaffer, fon fils & fon fucceffeur, ayant
abandonné cette ville, elle fe ruina en fort peu de tems.
* D'Herbelot, Bibl'toth. orient.
GIAGANIAN , nom que les Perfans donnent à la
ville de Saganian. * Voyez Saganian.
GIAGANNAT , ville des Indes. Voyez Jagre-
NATE.
GIAGMIN, ville d'Afie, dans la province deKho-
varefme.
GIALALEKAH. Les Arabes nomment ainfi la Ga-
lice, province d'Efpagne. '
GIALOULAH, lieu d'Afie, dans la province de Kho-
raffan, où les Perfans furent défaits par les Arabes, pour
la féconde fois , après la bataille de Cadéfie , fous le
Khalifat d'Omar I. * D'Herbelot , Biblioth. orient.
G1ALOUS , isle de la mer des Indes , dont les habi-
tans font nègres , marchent nuds , & s'entre-mangent les
uns les autres. Elle eft éloignée de deux journées de na-
vigation de celle S Albinoman. Ces deux isles font au
midi de celle de Rami , qui , félon Edriffi , a fept cens
lieues de long , Se eft peu éloignée de celle de Sarendib
que nous croyons être Zéïlan ou Sumatra., Si cette der-
nière eft Sarendib , l'isle de Rami fera Bornéo , félon
les conjectures de D'Herbelot. Mais fi Sarendib eft Céïlan,
comme peu de gens en doutent, pourquoi l'isle de Rami
ne pourrait -elle pas être Sumatra? Ces noms arabes,
qui ne font accompagnés ni de diftances déterminées , ni
de descriptions qui caraftérifent le lieu , font d'autant
plus difficiles à fixer, qu'ils conviennent à plufieurs ifles ,
parce qu'il y en a beaucoup dans les mers dont il eft
queftion. Il en eft de même de la ville , dont parle le
même auteur dans l'article qui fuit. * D'Herbelot , Bibl.
orient.
GIAMCOUD ou Giamcout , ville fituée fous la
ligne équinôxiale , vers l'orient. Abdelmoal , géographe
Perfien , dit qu'elle eft à l'extrémité du pays habité.
D'Herbelot y ajoute une explication qui n'éclaircit rien.
GIANB1TAH, nomarabe d'une ville, qui paffe pour
être la plus grande de tout le pays de Hahafchah , qui
eft l'Ethiopie (ou plutôt l'Abiffinie ,) quoiqu'elle foit
iâtie en quelque façon au milieu d'un défert. Elle eft
fort peuplée , & a plufieurs villages fitués fur une ri-
vière qui prend fa fource au-delà de l'équateur, & fe
rend dans le Nil , en coulant vers le couchant d'été ,
auprès d'une ifle ck d'une ville qui font toutes deux nom-
mées Ialak. 11 y a des géographes , dit Edriffi dans la
cinquième (partie de fon premier climat , qui prennent
le fleuve qui paffe à Gianbitah pour le Nil ; mais ils fe
trompent. Voici ce qu'en dit le géographe de Nubie:
cette cinquième partie du premier climat comprend pref-
que toute l'Abiffinie, & plufieurs contrées de ce pays.
La plus grande de fes villes eft Genbita , qui eft fort
peuplée , mais dans un défert , & éloignée des habita-
tions. Ses villages &t fes campagnes font le long d'un
fleuve qui , traverfant l'Abiffinie , fe jette dans le Nil ;
& elle (c'eft-à-dire l'Abiffinie) a fur les bords de ce
fleuve les villes de Marcata &c de Nagiagha. La.
fource de ce fleuve eft au-delà de la ligne équinôxiale ,
à l'extrémité de la terre habitée du côte dû. midi ; & il
coule entre l'occident & le feptentrion , (c'eft-à-cire au
nord-oueft) jufqu'à ce qu'il arrive dans la Nubie où il
fe décharge dans le bras du Nil qui baigne la ville de
Jalac , comme nous avons dit : ce fleuve eft grand ,
large & profond ; fon cours eft lent , & fes bords habi-
tés par les Ethiopiens. La plupart de ceux qui naviguent
fur cette rivière, croient que c'eft le Nil, parce qu'ils y
ont remarqué les mêmes débordemens , & dans le même
tems. On eft cependant certain que ce font deux fleuves;
différens , &c que celui dont il eft ici queftion , fe jette dans
le Nil , auprès de la ville de Jalac. Cela eft rapporté
par Ptolomée de Pélufe , dans fon Livre intitulé de la
Géographie; ckHafan, fils d'AImondher , dans le Livre
des Merveilles , à l'endroit où il traite des rivières , de
leur origine ci de leur embouchure.
Ces derniers mots font voir qu'Edriffi fe trompe lui-
même , en fuivant Ptolomée & un auteur Arabe. Pto-
lomée , quoiqu'il ait fait fes obfervations à Alexandrie,
ne connoiffoit guères les fources du Nil., IL nous en à
donné les idées qu'on en avoit de fon tems'; & toutes
GIB
GIB
"3
les Cartes, où l'on n'a que trop bien copié fesfautesà ce mot que notre tradutteur, (il entend l'auteur de laver
fujet , nous mettent une rivière imaginaire qui a fa fource fion Angloife ) a tourné tailleurs de pierre , en hébreu
bien au-delà de l'équateur. On peut préfentement affu- D'^J Giblim ou GlBLlTES ; &C dans les foixante Se
rer qu'il n'y a aucune rivière qui vienne de l'équateur dix Interprètes Bu'iSwo; , c'eft-à-dire les hommes de By-
dans l'Abiffinie , encore moins dans la Nubie _; mais blos : les premiers fe fervant du nom hébreu, &le$
on ne le favoit pas encore du tems d'Edriffi, qui écri- derniers du nom grec de ce lieu. (Notre vulgate porte:
voit en Sicile au milieu du douzième fiécle. GlBlLlï praparaverunt ligna & lapides, &c. c'eft-à-dire,
GIANICH , ville de la Natolie , dans l'Amafie. On ceux de Giblos , ou de Gebal , ou de Gabala.) On
croit que c'eft Fanoienne Nicopolis. Quelques-uns écri- trouve , continue le miniftre Anglois , la même diffé-
vent Janich. rence dans Ezéchiel , c. 27, v. 9, où il eft fait mention
GIANKOVA , ville de la Chine , félon d'Herbelot , du même lieu. La verfion angloife dit : les anciens de
part. 9, Climat. 1, p. 3 <j, qui lit ainfi dans Edriffi ; car Gabal, en fuivant l'hébreu , au lieu de quoi on lit dans
dans l'édition latine, publiée par Gabriel Sionite, & par les foixante &C dix oî Trp^SCn^uTii/Sxi^it , les anciens de
Jean Hefronite , on lit Gianecu , à huit journées de che- Bybli , ou de Byblos. (Notre vulgate dit de même:
min de la ville de Chanécu. fents Giblii.)
GIANUTI, (l'ifle de) félon Michelot , Portulan de GIBLET. Voyez GlBALA 1.
la Méditerranée , p. 106 , ifle de l'Italie , dans la mer de GIBLII, -jhabitans de Gabala i. Voyez Gl-i
Tofcane , près de la côte du Siennois , à huit ou neuf GIBLIM, fBALA 1.
milles au fud-fud-eft de l'ifle de Giglio ; mais elle eft GIBLOU. Voyez GEMELOURS.
plus baffe & plus petite , & habitée par quelques pê- -GIBRALEON , petite ville d'Efpagne , dans l'Anda-
cheurs ; Baudrand , édit. de 1705 , dit qu'elle eft petite , loufie , au bord de la rivière d'Odiel, qui y eft affez
& remplie de montagnes , 'prefque déferte à caufe des grande pour porter de petites barques de pêcheurs. Le
pirates , n'ayant qu'un feul village , avec un ancien châ- territoire eft arrofé d'une fontaine , & il y a un beau
leau fur une montagne , fous la puiffance du grand duc château où demeure le feigneur du lieu. Il y a cinq cens
de Tofcane. Elle eft environ à huit milles de monte Ar- feUx partagés en deux paroiffes , un couvent de Carmes
gentaro au midi. Quelques-uns écrivent Januti ou même gt un de religieafes Dominicaines. Quelques - uns
Jianuti. C'eft la même que hDianium de Pline. Voyez croyent que c'eft l'ancienne Onoba, fondée par lesTur-
DlANIUM 2. dules. Les Maures l'ayant conquife, la nommèrent Gibra-
GIAPAN , &C)V T. léon, c'eft-à-dire la montagne de Léon. Alfonfe le Sage,
GIAPONE. \ V°yez JAPON- roi de Caftille , la reprit fur eux, l'an 1257, & la repeu-
GIAPARA. Voyez Japare. pla de Chrétiens. C'eft le chef-lieu d'un marquifat dont
GIAQUES. Voyez GlACHAS. le titre fut érigé par l'empereur Charles V, en faveur de
GIASSEM, ville d'Afie, aux confins delà Syrie &£ D. Alonzede Zuniga , fils aîné du Duc de Béjar. * Rodr.
de la Paleftine , entre les villes de Damas &: de Tibé- Mende^Silva, Problacion général de Efpanna,g. 105
riade , félon d'Herbelot , Bibl. orient.
GIAVA. Les Italiens écrivent ainfi le nom de Java
iVoyez ce mot.
1. GIBADOU , ville d'Afrique , au défert de Barba-
lie , dans le royaume de Gibadou. Elle eft prefque fous
p. IC
GIBRALTAR , ville d'Efpagne , dans I'And
loufie , fur la côte feptentrionale du détroit qui fait la
communication de l'Océan & de la mer Méditerranée.
C'eft le nom d'une ville , d'une montagne , d'un dé-
troit. A l'extrémité orientale du détroit , au dernier
le' tropique du cancer , vers les 30 d. 50' de longi- coin de la terre qu'il y ait en Europe , entre l'océan &
tude. * De l'ifle , nouvelle Carte de l'Afrique. la Méditerranée , s'élève une montagne qui a une bonne
2. GIBADOU, (le royaume de) contrée d'Afrique, demie-lieue de hauteur , lequel forme un promontoire
en Barbarie. Il eft borné au nord par celui du Faifan, qui s'avance trois quarts de lieues dans la mer, par une
& le petit pays de Gadume , qui le ieparent du royaume langue de terre de deux cens pas de longueur , fi étroite ,
de Tripoli. Il a au levant le défert des Berdoa ; au midi que de loin la montagne paroît une ifle. C'eft cette mon-
les montagnes SAmedede , & le royaume d'Agades ; & tagne que les anciens ont connue fous le nom de
au couchant celui à?Ayr. Lesprincipaux lieux duroyaume CalpÉ ; mais lorfque les Maures firent leur invafion en
de Gibadou font Catrone au nord , Méféraut au midi &C Efpagne , un de leurs généraux , nommé Tarik ayant
débarqué au pied de la montagne , s'y cantonna d'a-
Tegerti , bourgade entre Gibadou &l Catrone.
GIBBENSIS, fiége épifcopal d'Afrique , dans la Nu-
iriidie. La conférence de Carthage fait mention de
ViclorGihbenfis. * Harduin. Collect. conc.
1. GIBEL. Voyez Gabala.
2. GIBEL. Les Arabes fe fervent de ce nom , pour
iignifier une montagne : il vient de l'hébreu H33 Gaba,
qui fignifie une hauteur.
3. GIBEL. Voyez Gabala i.
GIBEL-CIANTOR , montagne & lieu de plaifance
dans l'ifle de Malthe , au midi oriental de l'ifle , vis-à-
vis de l'ifle de Farfara. Il y a un jardin 6c une petite
églife , avec une grotte par-deffous , dans laquelle on
voit une belle fontaine proche d'une table , &c des bancs
de pierre pour la commodité de ceux qui viennent s'y
divertir. 11 s'élève de-là un chemin très-rude & très-
efearpé , qui , par plufieurs détours , conduit de la plaine
pli
bord , & s'y maintint malgré tous les efforts des Goths ,
en mémoire de quoi les Maures appellerent cette mon-
tagne , en leur langue Gibel-Tarik , c'eft-à-dire la mon-
tagne de Tarik , d'autant que Gibel en arabe fignifie
montagne , & de Gibel-Tarik fe forma par coruption
le nom de Gibaltar , tk enfin celui de Gibraltar. * Vay-
rac , Etat prefent de l'Efpagne , t. 1. p. 242.
Cette montagne a été dans tous les fiécles fameufe , à
caufe de fa hauteur , de fon cap avancé , de fa fituation,
qui fépare l'Océan de la Méditerannée , 5c de la char-
mante vue dont on y jouit. On grimpe fur fon fommet,
avec beaucoup de peine ; mais quand on y eft arrivé , on
y trouve une affez belle elplanade d'où l'on découvre
jufqu'à quarante lieues fur la Méditerranée ; ce qui fait
la plus agréable perfpeftive du monde. Le rocher eft
tellement efearpé de ce côté qu'on . ne peut regarder
ne peut rega
jusqu'au plus haut de la montagne ; enfuite on trouve en bas fans frayeur. La pente n'en eft pas fi rude du côté
un autre chemin, qu'on fuit pour aller au bofquet (ou de l'Océan, mais auflî la vue n'y eft pas fi étendue
Bofchetto*) qui eft la magnifique maifon de plaifance du étant bornée par une montagne appellée la punta del
grand-maître. * Dapper , Afrique, p. 519. Carnero , c'eft-à-dire le cap ou la pointeau Mouton ,
GIBELAY. Voyez Gabala &; Gibile, qui n'eft qu'à trois lieues de-là. Cela n'empêche pas
GIBELIN , petite ville d'Afie , dans la Terre-fainte , qu'on ne voie de ce bel endroit deux mers & cinq
au pied des montagnes , à huit mille pas de Gaza au le- royaumes , qui font la Barbarie , Fez & Maroc .en
vant : elle eft à demi-ruinée. On croit que c'eft
cienne Berfabée.
GIBILE. C'eft apparemment , dit le miniftre Maun-
drell , le pays des Giblites , dont il eft fait mention dans
le Livre de Jofoé, c. 13, v. 5. Le roi Hiram fe fervit du
peuple de ce lieu pour préparer les matériaux du tem-
pie de Salomon , comme il paroît par le premier Livre elle allume autant de feux qu'elle apperçoit de yaifleaux.
(c'eft-à-dire le troifieme) des Rois, c. s. v. 18, où le A l'extrémité de cette montagne, on a conftruit un châ-
Tomc III. P
Afrique , &. les royaumes de Séville &: de Grenade en
Efpagne.
On a bâti fur cette efplanade une tour fort élevée
qu'on appelle cl Acho , dans laquelle il y a toû]ours une
fentinelle pour découvrir les vaiffeaux qui font voile dans
le détroit , & pour avertir auifi-tôt qu'ils paroiffent :
GIB
ïi4
reau qui commande la ville , & lui fert en même tems
de défenfe.
Là ville eft au pied de la montagne du cote du cou-
chant. Elle eft paffablement grande , fort jolie , très-
bien fortifiée , & revêtue de murailles avec de bons
baftions & quelques autres ouvrages. Au bout du rocher
qui avance dans la mer , & à un quart de lieue de la
ville , on voit un grand fort muni de canons , qui couvre
un mole qu'on y a fait en forme de port, de 300 pieds
de long , pour faciliter aux vaiffeaux de mouiller en toute
fureté. Du côté de la terre on voit un autre mole qui
couvre le pert , défendu auiîi par un fort conftruit en
forme de tour , ÔC plus avant on trouve deux petits ou-
vrages avancés.
On a regardé long-tems cette place comme imprena-
ble , parce que les gros vaiffeaux n'en peuvent appro-
cher qu'à 500 pas , fans courir rifque de périr , foit en
en échouant dans le fable , où l'eau eft baffe , foit en
touchant contre les rochers dont quelques-uns font
cachés fous l'eau , & quelques autres élevés à fleur d'eau ;
mais ayant été attaquée en 1704, & n'ayant que 80
hommes de garnifon , elle fut obligée de le rendre à la
flotte d'Angleterre Se de Hollande ; elle a refté en
commun au pouvoir de ces deux nations , jufqu'à ce
qu'elle fat cédée à l'Angleterre feule , par le traité de paix-
conclu à Utrecht.
Les alliés du traité de la quadruple alliance , conclu à
Londres le i d'Août 1718 , avoient minuté un traité en-
tre l'Efpagne &t l'empereur ; & il paroît par le Manifefte
de la France contre l'Efpagne , que Sa Majefté très-Chré-
tienne s'étoit engagée d'obtenir pour Sa Majefté Catho-
lique la reftitution de Gibraltar. Le roi d'Efpagne ne
figna dans la fuite le traité , que dans cette efperance ;
mais les longueurs de la négociation , la mort imprévfce
du duc d'Orléans qui avoit promis la choie au nom du
roi , celle du roi George I , qui avoit apparemment donné
lieu à cette promeffe , ayant empêché cette reftitution ,
l'Efpagne affiégea Gibraltar l'an 1728. La paix que l'on
ménageoit en France , & la fignature des préliminaires à
Paris firent lever le fiége ; & enfin le traité de Séville
affura Gibraltar aux Anglois.
La baye de Gibraltar a environ fept milles d'ouver-
ture , ci près de huit d'enfoncement. La pointe de l'oueft
eft le cap Carnero , & celle de l'eft le mont Gibraltar.
Environ quatre à cinq milles vers le nord quart de
nord-eft de la pointe du cap Carnero , il y a une petite
ifle , Se entre cette diftance il y a deux tours de garde
fur le bord de la mer ; un peu en dedans de cette ifle
eft le village du vieux Gibraltar fitué fur le bord
de la mer , devant lequel on peut mouiller avec toutes
fortes de bâtimens. Mais il ne faut pas s'approcher de
cette côte du côté de l'oueft , parce qu'il s'y trouve des
rochers fous l'eau qui gâtent les cables ; & lî l'on s'en éloi-
gne , on y trouve une grande profondeur d'eau. * Miche-
lot , Portulan de la Méditerranée , p. 9.
La ville 'de Gibraltar le neuf, petite ville affez bien
fortifiée , fïtuée du côté de l'oueft du mont Gibraltar ,
fur le bord de la mer ; & le mont Gibraltar eft une
haute montagne efearpée prefque de toutes parts , qui
de tous côtés paroît ifolée. Sur la pointe du fud de ce
mont qui vient en abaiffant , &: qui eft fort efearpé ,
il y a quelques fortifications à l'antique , qui viennent
jufqu'aux murs de la ville , pour défendre tous les en-
droits & les avenues où l'on pourrait débarquer & en
approcher. A la pointe de la ville du côté du fud , atte-
nant les fortifications, il y a un bout de mole qui s'avance
vers le nord-oueft environ quatre-vingt toifes , ce qu'on
appelle le MOLE NEUF , par rapport à un autre qui eft
fort ancien , dans lequel on pourroit mettre quatre galè-
res , ou fept à huit , étant connillées , en fâifant deux
rangées , elles auroient la prouë à la mer vers le nord-
oueft : on en pouroit mettre deux autres le long du
mole. H y a cinq à fix braffes d'eau devant le mole ,
qu'on peut ranger à diferetion ; mais pour être bien pofté
avec une galère , il faut s'écarter un peu de la tête du
mole pour pouvoir mieux tourner <k prendre le pofte.
Environ un mille vers le nord , il y a nn autre bout de
mole prefque femblable au premier ; mais il n'a que fept
à huit pieds d'eau de pleine mer , fuivant les endroits. Il
eft encore bon d'avertir que depuis le mok neuf au
GIB
vieux , il ne faut pas approcher la côte , parce qu'il y
a plufieurs roches plates , qui s'avancent fort loin dans
la mer , fur lefquelles il y a très-peu d'eau. Sur le bout
du vieux mole qui eft devant la ville , il y a un petit
fort armé de cinq à fix canons , au bout duquel font quel-
ques roches , dont une partie découvre de bafle mer.
Lorfqu'on vient de l'oueft , & que l'on veut aller mouil-
ler à Gibraltar le neuf , ayant évité la pointe du cap
Carnero , on peut venir librement mouiller par tout le
cap de la baye , par dix , douze , quinze & vingt braffes
d'eau ; mais le meilleur mouillage , principalement pour les
galères , eft de venir au nord-oueft de la tête du mole,
environ quatre à cinq cens toifes , où l'on fera par trois
braffes d'eau de baffe mer , &c quatre ou quatre &: demie
de pleine mer , fuivant les marées ; car il faut fçavoir
que par tout l'Océan où il y a flux & reflux , la mer
augmente à la pleine mer , ci diminue à la baffe mer ,
ce qui change encore dans le tems des équinoxes ; les
marées les plus voifines des équinoxes font auflî plus
fortes que dans les autres mois qui en font éloignés. Les
marées font dans ce lieu presque nord quart de nord-eft
pour la fituation , autrement trois quarts d'heure le jour
de la nouvelle & pleine lune. Ordinairement la mer y
baiffe & augmente de cinq à fix pieds à plomb , chaque
marée. Lorfqu'on vient du côté de l'eft , pour aller
mouiller devant Gibraltar , on en peut ranger la pointe ,
en fe donnant cependant garde des courans qui pour-
raient porter deflus. On va mouiller en fuite aux lieux
dont on vient de parler. Il faut remarquer qu'il eft bien
plutôt pleine mer dans le milieu du détroir ou à mi-canal
qu'à la rade de Gibraltar ; outre cela , il y a plufieurs
courans dans cette baye , qui ne font pas tout-à-fait régu-
liers , non plus que les marées ordinaires ; & on voit
par expérience que les marées perdent leur régularité ,
paffé le détroit de Gibraltar , elles continuent pourtant
encore jufqu'à Malaga , où elles font presque impercep-
tibles. Lorfqu'on mouille devant le vieux roole de Gi-
braltar , il faut avoir deux ancres en mer , l'une à l'eft-
fud-eft , & l'autre à l'oueft-nord-oueft à-peu-près. On
fait de l'eau dans quelques jardins qui font proche de la
ville, dans un bas terrein, proche trois moulins à vent,
fur le bord de la plage. Le traverfier eft le vent de fud-
oueft qui donne droit dans la baye : le vent de nord-
oueft y eft extrêmement rude , auffi-bien que l'eft-nord-
eft, quoiqu'il vienne par-deffus les terres.
Dans le fond de la baye de Gibraltar il y a deux peti j
tes rivières vers le nord-oueft , qui viennent entre deux
montagnes ; ce qui eft caufe que le nord-oueft vient quel-
quefois violemment, ôc le vent d'eft-nord-eft qui vient
par-deffus une plage de fable fort bafle , qui eft entre
les montagnes de la côte du nord & le mont Gibraltar.
Lorsqu'on vient de l'eft pour fortir du détroit , on
découvre d'environ quarante milles loin ou plus, fuivant
les tems , le mont Gibraltar qui paroît comme une ifle,
lequel eft un peu plus haut du côté du nord que du fud,
parce que dâ côté du nord , ce n'eft qu'une grande plage
& des dunes de fable fort baffes qu'on appelle la Mal-
BAYE. Et comme environ trois à quatre milles vers le
nord du mont Gibraltar , il y a de hautes montagnes ,
cette terre baffe qui fe trouve entre deux , fait que plu-
fieurs vaiffeaux , de nuit, ou dans des tems obfcurs, pren-
nent ce défaut de terres apparent pour l'entrée du dé-
troit , prenant le mont Gibraltar pour le mont au Singe
qui eft en Barbarie , & du côté d'Efpagne pour le mont
Gibraltar ; ce qui les fait échouer fouvent vers la Mal-
baye. On voit auffi presque en même tems le mont au
Singe , qui eft une haute montagne , faite en pain de fu-
cre, à la côte de Barbarie , qui paroît de loin auffi ifolée ,
par la raifon qu'elle eft plus haute que celles des envi-
rons; &: comme du côté du fud de cette montagne, il
y a encore un grand abbaiffement de terrein , les vaif-
feaux prennent fouvent le mont au Singe pour le mont
Gibraltar ; ce qui les fait échouer dans la baye de Té-
touan , donnant dans cette fauffe-paffe qu'ils prennent
pour l'ouverture du détroit. Pour éviter cet accident , il
faut plus ranger la côte d'Efpagne , que celle de Barba-
rie , & prendre bien garde à l'air de vent qu'il fait pour
donner dans le détroit. De la pointe du mont Gibral-
tar jusqu'à Eftepone, la côte court au nord-nord-eâ
vingt-deux milles,
cm
6IE
2. GIBRALTAR, gros bourg de l'Amérique, dans
la province de Venezuela , au midi de Barracoa , fur le
Lord oriental d'un grand golfe qui s'étend nord & fud
à l'embouchure de la rivière de Mérida. Oexmélin , Hijî.
■des Avantur'urs, t. i , p. 170, dit que cette baye eft or-
dinairement nommée la. baye de Maracaïbe ; car, dit-il,
ils corrompent aufli le nom propre de Maracaibo en ce-
lui de Marecaye. Lui-même, il la nomme la baye de Vi-
m\uda. Il dit , p. 173 , que le bourg qu'il appelle Gi-
braltar, eft bâtit fur le bord du lac: proche de ce bourg
font quantité de belles habitations, où l'on fait le tabac
de Maracaibo , tant eftimé en Efpagne. On y fait auffi
"quantité de cacao. C'eft le meilleur 6k le plus excellent
qui croiffe aux Indes Espagnoles. Il s'y fait aufli affez de
fucre pour entretenir le pays , où il s'en confomme une
grande quantité. Ce bourg a communication avec plu-
sieurs villes qui font au-delà de très-grandes montagnes,
toujours couvertes de neiges, qu'on nomme/Bo/zre^ de Gi-
braltar. La ville qui a le plus de commerce avec ce bourg ,
eft Mérida , dont le gouverneur commande auffi à ce
bourg. Tout le pays d'alentour eft plat Se arrofé de très-
belles rivières , Se le terroir produit les plus beaux ar-
bres du monde ; des acajoux, forte de cèdres du tronc
desquels pnfait des vaiffeaux tout d'une pièce , qui pour-
raient portée en mer vingt-cinq à trente tonneaux ; 6k
ces arbres font communs en ce pays. Il y a de 'toutes les
efpeces d'arbres qu'on trouve dans les Indes ; Se les Efpa-
gnols ayant foin de les cultiver , ils fourniffent toute
l'année de diverfes fortes de fruits, Se autant qu'ils en
' ont befoin. Le poiffon 6k la viande n'y manquent pas
non plus que toutes les autres chofes qui font néceffai-
res à la vie. Dans ce pays agréable , l'air eft mal-fain
& fiévreux pendant les pluies; aufli n'y refte-t-il alors
que les gens de travail , propres à cultiver la terre. Tous
les marchands fe retirent à Mérida , ou à Maracaibo.
Les marchands 6k les riches bourgeois , dont cette der-
nière ville eft remplie , ont leurs terres à Gibraltar.
Mérida eft à qunrante lieues de-!à dans les terres.
Ce bourg eft défendu par un petit fort , fur lequel
on peut mettre fix pièces en batterie de front. Malgré
cette fortification , des avanturiers François prirent , pil-
lèrent 6k réduifirent ce bourg en cendres, l'an 1679.
GIBRAMEL. Maty, Dicl. géograph. nomme ainfi
un bourg du royaume de Bugie , partie de celui d'Alger
en Barbarie. Il eft , dit-il , entre Gigeri Se Colle fur le
cap de Gibramel que l'on prend pour l'AuDUM PRO-
MONTORIUM de Ptolomée. Baudrand, édit. de 1681,
in voce Auius , rend auffi Auduni promontorium , par
Capo-Gibramel. C'eft le cap qui eft entre Gigeri Se
Collo , au levant de la première , Se au couchant de la
féconde. Berthelot , dans fa Carte marine de la Ivlédiy
terfanée , nomme ce cap le CAP de Bugamonie.
GICHTHIS , ville de l'Afrique propre , félon Pto-
lomée , /. 4, c. 3. r,yQ,ç, C'eft la Gîta d'Antonin.
Voyez Gîta & GlRGÏS.
GIDDAH, ouGeda, ou Gioddah, ou Dgiud-
da. Voyez Gioddah.
GIDEROTH. Voyez Gaderoth.
. GIEBIGENSTEIN , château d'Allemagne , avec un
bailliage de même nom , dont il eft le chef-lieu , au du-
ché de Magdebourg, affez près de Wettin. * ' Hubner ,
Géogr. p. 556.
GIEIHUN. Voyez Gihun Se Oxus.
GIELSPERG , château en Suiffe , un peu au-deffus
du confluent des rivières du Thour Se de la Glatt. Il a
autrefois appartenu àNune famille noble, nommée de
Giekn. * Etat & délices de la Suiffe , t. 3 , p. 323. .
GIEN , félon Pi^aniol de la Force, Defcr. de la
France, t. 6, p. 146, édit. de Paris, ville de France,
dans le Hurepoix , félon quelques-uns; auGaftinois, fé-
lon quelques autres ; en latin Gicmum Cajlrum ou Gie-
macum. Elle eft fur la Loire qu'on y paflè fur un pont
de pierre , trois lieues au-deffous de Briare , eh dépen-
dant vers Gergeau. Cette ville eft du diocefe d'Auxerre,
a une églife collégiale dont le chapitre confifte en un
chantre , un tréforier & neuf chanoines , des couvents
de Capucins , de Cordeliers Se de Minimes. C'eft un
comté dont l'abbé de Longuerue , Defcr. de la France,
part. 1 , p. 1 j 8 , parle ainfi : Il appartenoit autrefois aux
^ëigneurs deDonzy, Se relevoit des évoques d'Auxerre,
a qui les ieigneurs en faifoient hommage. Hervé ; fei-
? \ :
gheùr de Donzy , Se fon frère Renaud cédèrent à Phi-
lippe- Augufte la propriété de Gien ; & Hugues . évê-
que d'Auxerre, céda l'an 12.03, au roi l'hommage qui
lui appartenoit ; ck pour récompenfe , Philipe - Aiigufte
lui céda Se à fon églife certains droits de proenrarion
qu'il avoit fut Ion évêché , 6k l'exempta du droit de
régale dans la fuite ; il jouit encore aujourd'hui-dé cette
exemption. Ce comté de Gien fut donné depll parles
rois à divers princes du fang. Louis XI le donna à fa
fille Anne , dame de Beaujeu , pour elle & pour fes
enfans mâles 6k femelles : fa fille Suzanne époufa le
connétable de Bourbon , dont elle n'eut point d'enfans.
Louife de Savoye , mère de François I , s'empara des
biens de Suzanne ; ck après la mort de Louife de Sa-
voye , Gien fut réuni au domaine; ck les rois LsuisXIII
ck Louis XIV ont -vendu ou engagé le comté de Gien
au chancelier Séguier.
GIENGEN , ville libre & impériale d'Allemagne ,
dans la Suabe , fur la rivière de Brentz, entre Ulm ck
Nordlingen, à diftance égale. On y fuit la confeflion
d'Augsbourg. Les environs font agréables ck fertiles : la
rivière de Brentz fournit d'excellent poiffon. Avant que
la guerre ck les incendies Feuffent faccagée , c'étoit une
afîez jolie ville ; ck il y avoit nn bon hôpital. Le mo-
naftete d'Herbrechtingen y avoit anciennement droit de
patronage; mais les habitans deGiengen ayant pillé 6k
brûlé ce monaftere, tandis que Henri"Hitzler de Mer-
gelftette en étoit abbé , ils forent cités à compatoître à
Rome; Se cette pourfuite dura jusqu'au l'an 1453 ■> 1ue
Louis, comte Palatin du Rhin, accommoda cette affaire.
La ville de Giengen fouffrit beaucoup , durant les lon-
gues guerres d'Allemagne , qui finirent par la paix de
Wer&T\* ZVkr> Sueviœ ToP°âr-JP- 34-
GIENNA, ou
GIENNIUM, ou Oningis , nom' latin de Jaén,
ville d'Efpagne.
GIENZÔR, ville d'Afrique, dans la Barbarie, au
royaume de Tripoli , à quatre lieues de la capitale , du
cote du levant , Se le long de la côte. Elle n'eft pas fer-
mée i; il y a plufieurs marchands & artifans ; le pays
abonde en dates , en grenades , en coins Se autres fruit-, i
mais il y a peu de froment Se d'orge ; S: quand Tripoli
étoit aux Chrétiens , les habitans' y portoient vendre
force fruits , Se quelque bétail aux jours de marché.
Marmol , Afrique , i: 2 , 1.6, c. 51, p. «71, là
met au royaume de Tunis ; c'eft qu'il regarde Tripoli
comme une des quatre provinces qui compofoient autre-
fois le royaume de Tunis ; mais à préfent Tunis Se Tri-
poli font deux états féparés , qui ont leur régence parti-
culière.
GIEPiACE, ville du royaume de Naples , dans la
Calabre ultérieure , avec un évêché fufrragant de Reg-
gio. Cet évêché y a été transféré ou uni à celui de Lo-
cri , qui n'en eft qu'à un mille. Cet évêché eft du neu-
vième fiécle. Le nom latin eft Hieracium. On l'appelle
auffi fancla Syriaca. La ville eft fituée fur une montagne
à trois milles de la côte de la mer de Grèce , auprès
d'un ruiffeau qui fe perd dans cette mer Se à quarante
milles de Squillace au midi , entre le cap Spartivento au
midi , Se le cap de Stilo qui la fépare au feptentrion du
golfe de Squillace. * Baud. édit. de 1705. Commanville,
Lifte des archev. Se évêch.
. GIERA- PETRA , ville de l'ifle de Candie , fur fa
côte méridionale , Se au territoire , à vingt-cinq milles de
Sitia au couchant. Il n'en refte plus que le château ,
avec le port proche du mont Malaura ; l'on évêché a
été uni à celui de Sitia. Mais elle eft à préfent fous la
puiffance des Turcs. * Baud. édit. de 1705;.
GIERS , f le) Voyez Gers.
GIESE, (la) rivière de France, en Normandie, au
diocefe de Coutances. Elle reçoit le ruifîeau de Chef-
Frêne, paffe à Perfi, court deux lieues Sefe perd dans
laSiéne auprès de l'Orbe-Haye.
GIÈSIM , bourgade d'Afrique , dans le pays de Sen-
nar , à mi-chemin de la capitale Se des confins de l'E-
thiopie , au 10e degré de latitude feptentrionale, félon
Pobfervation du P. Brevedent, Jéfuite : on fe défait là
de fes chameaux, à caufe des montagnes qu'il faut tra-
yerfer , Se des herbes qui empoifonnent ces animaux.
Cette bourgade eft fituée , au bord du Nil , au milieu
dune foret dont les arbres font très-hauts, Scli gros, en
Tome III. P ij
1 16
GIG
GIG
même tems, que neuf hommes enfemble ne les pourraient
embraffer. Leur feuille eft à-peu-pres femblable a celles
du melon, & leur fruit, qui eft tres-amer, reffemble aux
courges. * Voyage a" Ethiopie de Jacques Poncet , dans
les Lettres édifiantes , t. 4, p. 48.
GIESSEN , ville d'Allemagne , dans la haute Heile ,
avec un château fur la rivière de Lohn: elle eft dans le
partage d? la maifon de Darmftadt. La ville eft paffa-
bîèment grande , Si affez fortifiée. On dit que ce n'é-
toit autrefois qu'un village nommé DEWUNGEN qui
étoit placé dans un marais ; Se parce qu'aux tems de
pluie , l'eau y débordoit de tous côtés , de-là eft venu
le nom de Giessen , qui veut dire verfer. On ne fait
pas quand elle a été bâtie. On prétend néanmoins
qu'elle l'étoit dès le tems de fainte Elifabeth ; car le
landgrave Otton lui accorda des privilèges, en 1315 ,
tant pour les habitans de l'enceinte de la ville , que pour
ceux des fauxbourgs. Trithème parle quelque part d'une
ville de Gieffen , prife par un archevêque de Mayence.
On lit dans les Annales de Trêves, par Guillaume Ki-
riandre, que, l'an 1327 , Baudouin, archevêque de
Trêves , aida Matthias , archevêque de Mayence , à
prendre la ville de Zuden Giessen ; mais on n'eft pas
fur que ce (bit cette Gieffen de Heffe. Louis le Jeune ,
landgrave de Heffe, y érigea, l'an 1607, une univerfité
à laquelle l'empereur Rodolphe accorda de grandes
franchifes. Cette ville eft fituée dans un affez bon air ,
à un mille de "Wetzlar , à deux de Gnmberg , à trois de
Marpourg, Se à fix de Francfort, fur le grand chemin
de Francfort à Spire. Il y a quatre portes & autant de
grandes rues , au milieu desquelles eft la place ou le
marché. On peut fe promener autour des foffés , qui
ont une heure de circuit. Il n'y a qu'une grande églife
dédiée à S. Pancrace, & placée au milieu de la ville,
avec une haute tour Se de belles cloches. A l'orient eft
un château où réfide le commandant. Il y a un affez bel
arfenal. Le terrein eft affez fertile pour nourrir fes ha-
bitans. Il a des manufactures des draps. Elle eft gouver-
née par un confeil Se par un magiftrat ," outre les offi-
ciers du prince. Il y a une foire tous les ans , qui dure
huit jours , entre Pâques Se l'Afcenfion. Autour de la
ville font quelques châteaux , entr'autres Gleiber ,
Solms, K.ONIGSBERG , Fetzbourg. A un mille de
Gieffen , du côté de Butzbach eft la petite ville de
GROSSEN-LlNDEN où étoit autrefois un château que
le tonnerre brûla en 1560. * Zeyler , Hafs. Topogr.
p. 43. Abraham Saur, inparvo Theatro urbium.']
GIESSENBOURG , ancien château des Pays -bas,
dans la Hollande méridionale , entre Gorcum 8c Dorth,
à deux lieues de l'une & de l'autre, fur le Vahal. Clu-
viér le prend pour l'ancienne Caspingium. Voyez ce
mot.
GIF, abbaye de filles , de l'ordre de S. Benoît, dans
rifle de France , fur la rivière d'Yvette , au diocefe de
Paris , à fix lieues de la capitale vers le couchant d'hy-
ver. Elle a été appellée Notre-Dame de Clisse.
Maurice de Sully, évêque'de Paris, la fit réparer. * Corn.
Dift.
GIFISSIA. Spon écrit GipHISSIA, {Voyages, t. z,
p. 182,) village de Grèce , dans le pays d'Athènes, à
deux milles de Pentéli. II eft affez grand , Se a presque
retenu fon ancien nom de Cephisia. Voyez ce mot.
GIFONI, bourg Se château d'Italie, au royaume de
Naples , dans la principauté citérieure , environ à cinq
milles au levant de Salerne. Il a été autrefois plus con-
sidérable. Ceft ce qu'on appelloit autrefois templum
Junonis Argivce , que Cluvier place très-mal à l'embou-
chure du Silaris , faute d'entendre Strabon : Gifoni eft
dans les terres , Se en-deca du Silaris , c'eft-à-dire dans
les Picentins. * D. Mattheo Egitio à l'abbé Langlet du
Fresnoy. Baudrand, édit. de 1705.
GIGAMjE , ancien peuple de l'Afrique : il confinoit-
avec les Adyrmachides , &e habitoit vers l'océan , où il
avoit pour voifins les Asbytes jufqu'à Tifle d'Aphrodi-
fiade, félon Hérodote, Melpomtne. Voyez GILIGAMB.E.
GIGAMARCELLJE. Ortélius lit ainfi le nom d'un
ancien évêché de Numidie. Le vrai étoit de Giru Mar-
celli , pour le diftinguer d'un autre Giru , nommé de Giru-
Tarait. Voyez Marcellaniensis ; c'eft le même
fiége.
GIGANDUM, lieu quelque part dans l'Afie, entre
Cyrrhus & Edeffe , félon l'Itinéraire d'Antonin. Dans
quelques éditions on lit fans titre de route , Se fans chif-
fres des diftances :
CUivfi
Veurmat ,
Gh'ando ,
Abarraia ,
Zimna, Sec.
L'exemplaire du Vatican omet tous ces noms. Zurita a
trouvé dans la Bibliothèque royale de Saint-Laurent de
l'Efcurial un exemplaire où les diftances de ces lieux
font marquées ainfi ;
Cili^a , Jive Urma Giganéi , M. P. XII.
Abarara - - - - M. P. X.
Zeugma, - - m. p. xxii.
de manière que les trois premiers noms qui , dans pres-
que tous les autres manuferits , font divifés par ces let-
tres M. P. comme fi c'étoient des lieux différens ,. ne ligni-
fient qu'un même lieu, dont le vrai nom étoit Ciliça,
& le furnom Arma Giganton , car c'eft ainfi que lit
Zurita, au lieu à'L/rmaGigami. Quel qu'ait été ce lieu,
il étoit â douze mille pas , c'eft-à-dire à quatre lieues de
Cyrrhus , capitale de la Cyrrhéftique.
GIGANEUM, r,ydnav, ville de la Colchide , fé-
lon Ptolomée, /. 5, c. 10. Quelques exemplaires grecs
portent Giganeum , d'autres Siganeum , & le tra-
ducteur Latin ditTlGANEUM. Niger, p. 480, dit : in.
Cyaneï Jlio Siganeum oppidum ubi- onunt Sevaflopolis.
Il fe trompe : Sevajîopoli n'eft pas Siganeum , mais
Diofcurias, qui,, au rapport de Ptolomée s'appelloit auffi
Sibaftopolis. Elle n'a point changé de nom,
GIGANTES. Voyez les Geans.
GIGANTUM Valus. Voyez Raphaïm.
. GIGARTA , ville d'Afie , au pied du Liban , félon
Pline, t. 5 , c . 20. Strabon, /. 16, p. 755 , la nomme
Gigarton, rlyarav.
GIGARTHO , fontaine de l'ifle de Samos , félon
Pline, /. 5, c. 31.
GlGAS, promontoire d'Afie, dans l'Hellefpont , en-
tre'Dardanus Se Abidos. Voyez Olyssas.
GIGAY , petite ifle d'Ecoffe , entre les Wefternes ;
au couchant de Kintyre. Elle a fix milles de long , Se
un Se demi de large. Il y a une églife où font inhumés
les Mackneils qui en font les propriétaires. On y trouve
une fource d'eau médicinale. * Etat préfent de la Grande-
Bret. t. 2 , p. 289.
GIGEAN , petite ville de France , dans le bas Lan-
guedoc au diocefe , Se au fud-oueft de Montpellier, à
trois lieues de l'abbaye de Vallemagne. Il y a une ab-
baye de filles de l'ordre de S. Benoît , mais qui n'eft
compofée que d'un petit nombre de religieufes.
GIGEMORUS, montagne de Thrace, félon Pline ,
l. 4, eu. Il la diftingue de l'Haemus, de Rhodope Se
des autres montagnes.
GIGERI , village d'Afrique , fur la côte cle,Barbarie, au
royaume d'Alger. 11 eft fitué à cinquante lieues communes
de France , à l'eft d'Alger , où il y a une fortereffe qui
commande un grand territoire qui étoit autrefois une
province dépendante du royaume de Bugie. Barberouffe
la conquit, Se la réunit au royaume d'Alger, en 15 14,
eft bâti fur une langue de terre qui avance dans la mer,
Se forme , avec des rochers qui s'y trouvent , deux havres
affez commodes , l'un à l'eft Se l'autre à l'ûueft. Il
n'y a point de ville ni d'habitation fermée dans le terri-
toire qui en dépend , Se les habitans ne s'y tiennent que
dans des adouars ou villages. Ce territoire enferme une
haute montagne de vingt-cinq à trente lieues de longueur ,
appellée le Mont-Aurax d'un accès extrêmement diffi-
cile. Elle eft habitée par des Arabes nommés Cabev-
LEZEN , fiers , jaloux de leur liberté, Se indomptables,
à caufe de quelques endroits inacceffibles de la monta-
fne , où ils fe retirent pour fe mettre à l'abri des infultes.
,es François y établirent un comptoir ; mais ayant voulu,
en 1664 élever un fort fur la met1 , les Arabes, qui leur
avoient laiffé faire le commerce tranquillement , prirent
les armes , les attaquèrent , les forcèrent d'abandonner
leur entreprife , Se les chafferent entièrement du pays.
Depuis ce tems , les Cabeylezen pillent tous les vaif-
feaux qui font naufrage fur leurs côtes. Si ce font des
GIH
SVÎalioinétans , ils les f envoient avec les provifions nécef-
ïaires pour fe conduire jufqu'en un lieu où ils puifTent
trouver du fecours. Ils font efclaves les Chrétiens , les
Grecs Se les Juifs , quand même'Ia régence d'Alger ferait
en paix avec la nation à laquelle le bâtiment échoué
appartient ; le dey d'Alger n'en.peut rien tirer que com-
me ami, ci non comme fouverain. Il n'en eft pas de
même lorfque les bâtimens d'une nation amie de la régence
d'Alger , échouent fur les autres côtes de ce royaume.
Alors le dey, le beyr ou les agas , obfervent de leur
donner tous les fecours néceffaires. Mais quelquefois
avant que les commandans des villes voifines en foient
informés, pour envoyer des fauve- gardes, les Maures
de la campagne pillent les vaiffeaux. * Laugier de Tafjî,
Hift. du royaume d'Alger, p. 134.
GIGIA , ancienne ville de l'Èfpagne Tarragonoife ,
félon Ptolomée , /. 6 , c. 6. Il la met entre les places du
peuple Lanciad. Voyez Dijon qu'on croit être le nom
moderne.
GIGITANUS , fiége épifcopal d'Afrique , félon Viftor
d'Utique , cité par Ortélius : c'eft le même que Gegitanus;
& il étoit dans la Mauritanie Sitifenfe.
GIGIUS , montagne de l'Afrique propre , félon Ptolo-
mée , /, 4, c. 3 , qui lui donne 40 d. 30' de longitude ,
& 26 d. 30' de latitude. C'eft une partie de cette chaîne
de montagne qui fépare le royaume de Tripoli au midi ,
&L celui du Faizan au nord.
GIGLIO , ifle d'Italie : fon nom bgrnftê l'ifie du lys.
Elle eft fur la côte de Tofcane , au nord-oueft de l'ifle
d'Elve , Se fait partie dei'état de Sienne ; eft remplie de
montagnes , avec un feul village & un château pour la
défendre des corfaires. Elle a été connue des anciens fous
le nom d'iGILIUM ou jEGILIUM , &c eft à dix milles
de la côte du montArgentaro , félon Baudrand. Miche-
lot, dans fon Portulan de la mer Méditerranée,/». 105,
l'appelle l'ifle de Giglio ou Julli. Il dit qu'elle eft
environ à douze milles à l'oueft-fud-oueft de la pointe
de l'oueft d'Argentaro ; qu'elle a environ fix ou fept mil-
les de long ; qu'elle eft très-haute. Il ajoute qu'il y a
une fortereffe & quelques maifons de pêcheurs.
GIGLUA. Voyez Gilua.
GIGNAC , ville de France en Languedoc , au diocèfe
de Béziers. Elle eft chef d'une viguerie royale , près de
la rivière d'Eraud , <k a féance aux états du Languedoc.
GIGNI , monaftere de France , au Lyonnois , du côté
de la Bourgogne. Il fut bâti par le bienheureux Bernon ,
(qui fut depuis premier abbé de Clugni ,) dans un fonds
de fon patrimoine , vers l'an 890 , vingt ans avant la
fondation de Clugni. Bernon en fut le premier abbé :
cette abbaye eft réduite maintenant en prieuré. * Bailla,
Topogr. des Saints ,p. 200. Gigni dépend aujourd'hui du
diocèfe de Saint-Claude.
- GIGONUS , ville de Thrace , dans le voifinage de
Pallenne , félon Etienne le géographe. Le promontoire ,
qui eft entre la Macédoine ck la Thrace , auprès de
Pallenne , étoit appelle GlGONlDE ; & Artémidore y
met une ville du même nom. Etienne le géographe dit
qu'elle tenoit ce nom de Gigon , roi d'Ethiopie ,
■vaincu par Bacchus. Le fcholiafte de Thucydide ad. I. 1,
fait connoître que c'étoit plutôt un château qu'une ville.
Hérodote décrivant la route que fit la flotte de Xerxès ,
dit, /. 7, /Z..123 : après avoir paffé la côte de Pallene,
elle arriva au lieu marqué, & prit des foldats des villes
voifines de Pallenne & du golfe Therméen , dont voici
les noms ; Lipaxus , Combrea , Lijfa , GlGONUS ,
Campfa , Smila & JEnée , dont le pays s'appelle auffi
Crossée.
GIGURI. Voyez Egurri.
GIHLOWA. Voyez Iglav.
1. GIHON. Voyez Gehon.
( 2. GIHON ou Gion, fontaine de la Paleftine , à
l'occident de Jerufalem. Salomon (a) y fut facré roi
par le grand-prêtre Sadoc ci le prophète Nathan. Ezé-
chias Qb) fit conduire le canal fupérieur de Gihon
dans Jerufalem , afin que les ennemis venant affiéger la
ville, ne profitaffeiit pas des eaux de cette fontaine. Voyez
SlLOÉ. *(a) Reg. 1. 3, c. 1, v. 33.cifeq.(b) Paralip.
1. 3, c. 22, v. 30.
GIHUN, Gihon ou Amù , eft le fameux Oxus des
anciens : il prend fa fource au nord-nord-eft du royaume
de Cachemire ; vers la frontière de Bucharie , dans ces
CIL 117
hautes montagnes qui féparent les états du grandMogol
d'avec la grande Tartane , à 39 d. 30' de lat. Il tra-
verfe toute la grande Bucharie , en courant de l'eft à
l'oueft , & , continuant fon cours fur la même ligne , il
partage en deux bras dans le
.
de Charasme .
à quarante lieues de fon embouchure. Celui de la gauche
pourfuit fon cours vers l'oueft , & va fe jetter dans la
mer Caspienne , aux frontières du pays d'Astarabat qui
eft fous la domination du roi de Perse , à 48 d. 20' de
latitude. Celui delà droite paffoit autrefois devant la ville
d'Urgens , & alloit aufli fe jetter dans la mer Caspienne
à douze lieues au nord du premier ; mais depuis unfiéde,
il a^ quitté fon ancien lit à fix lieues de l'endroit où il
fe fépare du bras gauche , va fe jetter au nord-oueft dans
la rivière de Khefell de l'autre côté de la petite ville de
Luk. Son ancien canal qui paffoit devant Urgens s'étant
defféché , a laiffé le territoire de cette ville û atride ,
qu'il ne rapporte. prefque plus rien ; d'où la ville s'eft
tellement dépeuplée qu'elle eft prefque déferte. Le Gihon.
ou Y Amù eft abondant en poiffons de toute efpece ;
fes bords font charmans : il y croit des melons & d'au-
tres fruits qui font très recherchés en Perfe & en Ruffie ,
à caufe de leur grande bonté. * Hift. généalogique des
Tatars, p. 57.
_ GIJON , petite place d'Efpagne , dans l'Afturie d'0=
viédo, fur la côte, en forme depresqu'ifle, avec un ancien
château, à cinq lieues d'O viédo, vers le nord, & à
treize des frontières de la Galice à l'orient : on croit que
c'eft l'ancienne GlGIA de Ptolomée. * Baud.éà. de 1705.
C'étoit anciennement la capitale des Afturies , &c la de-
meure du roi Pelage & des Ces premiers fucceffeurs.
GILAN. Voyez Ghilan.
t. & 2. GILBA, ville d'Afrique dans la Numidie. Il
y en avoit deux épiscopales de même nom dans cette
province. La Notice d'Afrique compte entre les évêques
de Numidie , Félix Gilbenfis qui eft le quarantième ,
& Donatus Gilbenfis qui eft le quatre-vingt-dixième.
Le nom de Gilbenfis étoit commun à ces deux villes ,
dont l'une nommée Gilba, n'eft connue que par les monu-
mens eccléfiaftiques ; & l'autre eft nommée Gilba par
S. Auguftin, par Victor d'Utique, parle concile de Milève,
& au concile de Carthage , tenu fous Boniface : c'eft le
même fiége dont l 'évêque Lucius à Cajiro Galba parla
au concile de Carthage , fous S. Cyprien. Voyez Galss.
Castrum ck Cilua.
GILBENSIS. Voyez l'article précédent.
GILDA , ville de la Lybie , félon Etienne , qui cite
le troifieme livre de l'Hiftoire de Lybie par Alexandre.
Voyez Silda.
GILDODIANUS Optâtes. Ortélius a cru que c'é-
toit un nom pris de quelque ^ieu ; mais il eft certain
que cet évêque d'Afrique , nommé Optatus ne fut iur-
nommé Gildodianus , qu'à caufe de fon attachement au
parti de Gildon , de la fecte des Donatiftes. Optât étoit
évêque de Thamagade. *AuguJlin.Epift. 165 , èdit.vet.
GILEAD. Voyez Galaad.
GILFIL, rivière de la Dacie , félon Jornandes. C'eft
la CEILEen Tranfilvanie , félon Lazius. *Ortc/Thef.
GILGENBOURG, ville de Pruffe dans le^ cercle de
Hockerland, aux frontières de la Pologne. L'an 1410,
les Teutoniques, après avoir faccaçé cette ville, y mirent
le feu. *D. Lugoff. p. 236". De l'Ille, Atlas.
GILIGAMBÂ , peuple de la Lybie , félon Etienne le
géographe , qui cite le quatrième livre d'Hérodote , où
ce nom ne fe trouve point , mais bien celui de Gi-
GAM.E.
GILKUPRUCK , petite province fituée au fud du
bras méridional de la rivière d'Amù , fur les confins des
provinces de Chorafan & d'Affurbath , laquelle eft cen-
sée faire à préfent partie du pays de Kharisme. * Hift.
généalogique dis Tatars , p. f1)1-
GILLIUS , l'ancienne traduction de Ptolomée lit
ainfi, au lieu de Gigius. Voyez ce mot.
GILO , ville ancienne de la Paleftine , dans la tribu
de Juda : il en eft parlé au Livre de Jofué , c. ij,v. 51,
&. dans le premier des Rois , c. 15, v. 12, & c. 23 ,
v. 34. Il eft dit que c'étoit la patrie d'Achitopel.
1. GILOLO^ATCOHINEouFZ/Z^kA/o^, grande
ifle d'Afie à l'orient & près des Moluques ; elle a deux cents
cinquante lieues de circuit , & foixante de longueur : elle
eft traverfée dans fa largeur par l'équateur , &: dans une
îi8
CIM
GîN
partie de fa longueur par le méridien du 145' d. Sa partie de la montagne , ck y fait une fontaine médicinale. On
fèptentrionâle T'appelle Gilolo ; la méridionale eft nom- y trouve auffi quantité de pierres rares 6k curieufes, qu'on
m'ée la Bateh'mt. Ces deux parties font des Péninfules peut appeller talc cryjlallin , les unes blanchâtres , les
attachées chacune par un Ifthme au corps de l'ifle, au autres tranfparentes & fans couleur, ck quelques - unes
milieu de laquelle eft une montagne où eft la ville de tranfparentes avec des traits noirs qui les coupeur à an-
Toto. Elle a la grande ifle des Célèbes au couchant , gles droits. Il y a dans lat même montagne deux autres
l'ifle de Céram au midi ; la nouvelle Guinée ou terre cavernes, ou creux , qui font percés de haut en bas ; l'une
des Papous à l'eft-fud-eft. Les ifles Moluques de Ter- au milieu de la montagne , & l'autre au fommet. La
iiate Tidor , Motir , Machian , Bachian est Cayoua première eft fi profonde , que quand on y jette une pierre,
la bordent au couchant ; ck l'ifle de Morotay y eft pref- on l'entend réfonner durant l'efpace de cinq minutes,
que jointe au levant Septentrional. Le gens du pays difent qu'on ne peut* rien jetter dans la
Le nom de cette ifle varie dans les relations des féconde , que cela ne produite une tempête. * Etal &
voyageurs. Celle du voyage de la flotte de Naffau, t. 5, -Délices de laSuife, t. 3, p. 109.
p. 80 , la nomme HAREMANEHA. L'hiftorien de lacon- GIMONE , (la) rivière de France , dans la Gafco-
quète des ifles Moluques , t. 1 , /. 2 , p. 146 , donne le gne. Elle a fa fource auprès de Genfan dans le Magnoac,
nom de Batochine à toute l'ifle. Elle a, dit-il, deux d'où, coulant vers lenord-eft, elle paffe à Bologne, d.
cents lieues de tour , ck eft fous la domination des rois dans le bas Comminge , ck ferpentant vers le nord ,
de Gilolo èk de Loloda. Ce dernier eft plus ancien que coule quelque tems entre cette province ck l'Eftarac
tous ceux des Moluques , ck même que tous les autres qu'elle fépare ; de-là traverfant l'Eftarac , elle baigne
de cette mer. Il a été autrefois le plus puiflant , & eft de- Ville-Franque ck Simmore , bourgs qui font fur fa gau-
venu le plus foible. Les peuples de Batochine qui habi- che, puis Saramon ville ci abbaye , d. au- deflus de
tent la côte du nord font fauvages, &C vivent dans des laquelle elle reçoit le ruiffeau de ÉCRG3NE, d. & au-
lieux déferts , fans loi , fans roi , fans habitations fixes ; défions celui de la Laufe. Elle fe rend enfuite à Gimont
mais ceux qui demeurent à l'orient, ont des villages Se qu'elle traverfe , puis à Touget où elle fe groffit de la
des bourgs bien peuplés au bord de la mer. Quoique Marcaone , d. puis, entre Solomiac ckMaubec, elle
leur langage {"oit différent , ils s'entendent tous. prend le Sarampion ; ck fe détournant vers Foueft-
Cet auteur ne réferve pas le nom de Morotay à une nord-oueft , elle coule à Beaumont , & traverfant enfin
ifle particulière. On a , dit-il , nommé cette cote Mo- la rivière de Verdun , elle fe perd dans la Garonne.
ROTIA , qui eft comme fi on difoit Mort de terre , 6k GIMONT, ville de France, dans la Lomagne, fur la
les autres ifles qui font à l'oppofite Morotay , qui Gimone. Baudrand, éd. de 1705 , qui la donne à la ri-
veut dire More de mer; les habitans de toutes ces ifles viere de Verdun , dit qu'elle eft à quatre lieues de la
des Mores font des gens groffiers, fourbes 6k lâches ; il ville d'Auçh au levant , en allant vers Touloufe dont
n'y a que la feule ville de MOMOYA où ils foient befli- elle eft à fept lieues. Il y a une abbaye de l'ordre de
queux. Tous ces peuples n'ont jamais eu de loi , de Citeaux, filiation de Berdoues , fondée , l'an 1 1 1 4 ; elle -
poids , de mefures , de monnaie d'or , d'argent, ni d'au- vaut 9000 livres. Cette ville eft du diocefe de Lombez
tre métal. Ils ont des vivres , des armes 6k des Idoles : & de la judicature de Verdun.
fourniflent les Moluques de plufieurs chofes néceflaires ■ GIMOUX, (le) petit pays de France, dans la Gaf-
à la vie. Les femmes cultivent la terre. Chaque village cogne Touloufaine , lùr les confins du Condomois.
reconnoît un fupérieur qui eft élu par les babitans. Ils GIN, ville de la Chine dans la province de Péking,
ne lui payent aucun tribut; mais ils ont quelques égards au département de Xante, cinquième métropole de la
pour fes enfans , les élifant pour chefs plutôt que d'au- province ; elle eft de 2 degrés 42' plus occidentale que
très , après la mort du père. Les rois des Moluques ont Peking fous les 37 d. 56' de latitude. * Atlas Sinenfis.
conquis ces ifles , 6k chacun en a pris ce qu'il a pu. GINJIA , village de la Paleftine , dans une plaine ,
Cela étoit ainfi, lorfque les Portugais poffédoient les vers les confins de Sa marie , félon Jofeph, de Bell. A3,
Moluques ; mais ils en ont été dépoffedés par les Hol-
landois.
Le continuateur de cette hiftoire qui a décrit la con-
quête des Moluques par les Hollandois , t. 3, p. 8,
donne de cette ifle une idée un peu différente. Voici
ce qu'il en dit.
Gilolo, qui fe nomme auffi Maurica & la Ba-
tochine, eft une fort
de riz 6k de fagu. La mer,
Egéfippe lit Eleas. * Ortel. Thefaur.
GINCLARIUM , pour Gincularium. Voyez ce
mot.
GINDANES, TivS-clvic, ancien peuple de la Libye;
tité de tortues. Les habitans font d'une taille Bien pro-
portionnée , farouches ck cruels , ayant même été an-
thropophages , ainfi que ceux de Célèbes. Elle a trois
pointes qui font comme trois ifles féparées par deux
golfes, ck elles fe joignent par un bout. Une de ces poin-
tes , (la méridionale , ) fe nomme Batochine ; celle du
félon Hérodote , /. 4. Ils étoient vokins des Lotophages ;
ck leurs femmes fe faifoient une gloire d'avoir quantité
d'amans , à chacun defquels elles demandoient une forte
ifle qui produit beaucoup de frange qu'elles mettent à leur robe , pour faire con-
'environne, fournit quan- noître le nombre de leurs conquêtes.
GINDARA. Voyez l'article qui fuit.
GINDARENI , peuple ancien de la Syrie , félon
Pline , /. 5, c. 23. Strabon, /. 16, p. 751, dit : GlNDA-
RUS, forterefle delà Cyrrheftique. Etienne le géogra-
phe dit : GlNDARA , village près d'Antioche. On peut
de-là conclure que ça été une forterefle, une ville, en-
lieu GAMOCARONA ; Si l'autre (la feptentrionale) fuite un village. Dans le premier concile de Nicée,
fe nomme proprement Gilolo. . p. 5 1 , fon évêque , Petrus Gindannfis , eft nommé en-
2. GILOLO , ville des Indes , capitale de l'ifle de tre^ les évêques de la Céléfyrie. Ptolomée nomme le
même nom , dans fa partie occidentale , à fix lieues de même lieu Gindarus , ck le met dans laSéleucide.
Fille de Ternate , une des Moluques. GINDARUS. Voyez l'article précédent.
GILSATENUS, fiége épifcopal dans la Pamphylie : GINDES ou Gyndes , rivière d'Afie, félon Tacite,
Néon fon évêque fouferivit à la lettre adreflee à l'empe- Arri. I. 12 ; elle fervoit de bornes entre le peuple Dahiz
reur Léon. *Harduin. Collect. conc. & les Ariens.
GILUA, colonie d'Afrique, dans la Mauritanie Ce- GINECRATUMENIENS. Voyez Gynaicratu-
farienfe , entre Crifpa ck Ctjlra Puerorum ; à v. M. P. de
la première & à XXIII. M. P. de la féconde. Cette ville
étoit maritime. * Antonin Itiner.
GIMAS , montagne. Voyez MlMAS.
GIMMOR ou Gamor , montagne de Suiffe, (dans
le canton d'Appenzell,) du nombre de celles qui fépa-
rent le pays d'Hérifave d'avec le Rheintal. Il y a une
caverne dont l'entrée eft très-étroite ; mais elle s'élargit
au-dedans,au point qu'elle a quinze pieds en quelques en-
droits , 6k. en d'autres feulement de quatre ou cinq , &
haute de trois ou quatre pieds en quelques lieux , tk en
d'autres de dix ck de vingt. On trouve au fond une fource
MENIENS.
GINERCA , petite ville de l'ifle de Corfe , près de la
côte , entre le golfe de Calvi ck l'embouchure du Li-
mone , dans un petit golfe , que l'on nomme , à caufé
d'elle, le GOLFE de Ginerca. * Baud. éd. de 170^.
GINESITENSIS ,^ fiége épifcopal d'Afrique , félon
Ortélius. C'eft peut-être le même que Gernijuanus. La
lettre des prélats de la Byzacene , au concile. de Latran,
tenu fous le pape Martin , fait mention de Félix epifeopus
municipii à Gernijls.
I. GINGI, royaume d'Afie, dans la prefqu'ifle de
l'Inde, en-decà du Gange. Il eft borné au nord par le
d'eau abondante, qui va couler dans le Rheintal, au pied royaume de Carnate , aux environs de la rivière de Ps-
GIN
CIO
jàru , &: au midi par le bras feptentrional du Coloran ;
à l'orient pailla mer; au couchant par les terres de Chila-
Naïken , & au fud - oueft par le royaume de Maduré.
Il a pour capitale la ville de Gingi , qui eft dans les ter-
res fur la côte. Pondichéri qui eft aux François ,. en eft
Ja principale place. Les Hollandois ont une logeàPorto-
Novo : les Anglois ont la leur à Couclelour.
2. GINGI , ville & forterefîe des Indes , capitale
d'un royaume de même nom. Le fiécle parte , le fameux
Sévagi s'en étoit rendu maître , & par conféquent de
tout le pays; car c'eft une chofe confiante aux Indes,
que les terres qui environnent une rorterefle en font in-
féparables. Le fils de Sévagi la conferva quelques, années ;
mais Aurengzeb après la conquête des royaumes de Gol-
conde & de Vifapour , y envoya une armée , dont les
efforts furent d'abord inutiles. L'empereur Mogol ne fe
rebuta point ; il mit à la tête de fon armée un général
de réputation, nommé Julfakarkan. Ledeilein du géné-
ral étoit de prolonger le fiége , parce qu'il trouvoit fon
intérêt dans fa durée. Mais Daourkan , un de fes officiers
fubakernes , prefTa fi vivement de fon côté l'attaque ,
qu'il emporta la place, & mit par cette conquête tout le
royaume fous la puiffance d' Aurengzeb.
La nature même a fortifié ce lieu ; trois montagnes
fe font rencontrées , & forment une efpece de triangle.
On a bâti un fort fur la cime de chaque , d'où l'on peut
abymer à coups de canon ceux qui fe feroient emparés
de la ville , qui eft au bas des montagnes qui s'unifient
entr'elles par des murailles 8c par des tours placées
d'efpace en efpace. Un de ces forts communique à un
bois épais , qui favorife le fecours qu'on peut faire entrer
aifément dans la place. La hauteur du pôle de Gingi eft
de 12 d. 10' ; la longitude d'environ ioo. d. félon le
P. Bouchet , Lettres édifiantes, t. 18 , p. 76, en 1719.
Cette longitude eft excefïïve de 2 degrés.
GINGIN, village de Suiffe, au bailliage de Bon-mont
ou Bo-mont, l'un des trois que les Bernois ont le long
du mont Jura. * Délices & Etat de la Suife, t. 2, p. 289.
GINGIR-BOMBA ou Gingiro, royaume d'Ethiopie,
au nord de la ligne équinoxiale , & au midi occidental
de l'Abiffinie , qui le borne au nord-eft. Les Galles &
la rivière de Zébée le terminent a l'orient ; le royaume
de Monoëmugi au midi, celui de Macoco au fud-oueft,
celui 'de Mujac au couchant , & celui de Gorrham au
nord occidental. Tout ce qu'on fait de ce pays , c'eft
que vers le nord il y a de hautes montagnes que l'on
appelle Gança.
GINGLA , félon quelques exemplaires de Pline ,/.;,
c. 24, ville d'Ane, à l'extrémité de la Comagene. Le
P. Hardouin lit CinnUa ; c'eft la Cecilia de Ptolomée.
GINGLYMOTE, ùyy^jAÔn, ville de la Phénicie,
félon Etienne le géographe qui cite Hécatée.
GINGUNUM , montagne d'Italie , dans l'Ombrie ,
félon Strabon. Léandre croit que c'eft monte Cerognone ;
Xilandre & Ortélius croient que c'eft VInginium de_Si-
lius Italicus ; mais ils fe trompent , car le mot Inginium
a été corrigé avec fondement en celui à'Iguviune , nom
latin de Gubio.
GINHOA, ville de la Chine dans la province de
Quanton au département de Xaocheu , féconde métro-
pole de la province , & la troifieme en rang. Elle eft
de 3. d. 49' , plus occidentale que Péking fous les
35 d. 7' de latitude. * Atlas Sinenfis.
GINISUVANGH, fiége épifcopal d'Arménie, à huit
lieues d'Erzerum dont il eft fuffragant , fous le patriar-
che d'Exksmiazin , félon l'abbé de Commanville , Lijie
des archev.
GINKIEU , ville de la Chine, dans le Pékéli , au
département de Hokien , troifieme métropole de la pro-
vince. Elle eft plus occidentale que Pékin de 3 2', par
les 39. d. 6' de latitude. * Atlas Sinenfis.
GINNABRIS , village de la Paleftine , dans le terri-
toire de Samarie. Jofephe , de Bcllo , 1. 5 , c. 4 , en fait
mention.
GINOPOLI, petite ville d'Afie , dans la Natolie pro-
pre , fur la mer Noire , entre le cap de Pilëllo & la ville
de Sinope , au couchant du bourg de Lefti. C'étoit au-
trefois la ville de Cimolis ou Cinolis : elle a été le fiége
d'un archevêché.
GINXEU , ville da la Chine dans la province de
Suchuen , au département de Chingtu , premier métro >
119
pôle delà province. Elle eft plus occidentale que Pékin
de 12 d. 26' , par les 30 d. 40' de latitude. * Atlas Si-
nenfis.
GlOBLAH , ville de l'Arabie heareufe , entre Aden
S: Sanaa , feion Abulféda. Elle eft dans les montagnes ,
tk fur deux rivières , d'où elle a été nommée Medinah
Alnahrain ou ville des deux rivières. C'efi une ville
allez moderne , bâtie par les Alfalihiyunis , lorsqu'ils eu-
rent conquis l'Yémen. Allebab écrit que l'Yemen eft un
grand & vafte pays , dont les habitans font appelles
Yéminis ou Yéménites , & que fon nom lui vient de ce
qu'il eft lîtué à la droite de la terre , comme la Syrie
l'eft à la gauche. La terre fignifie ici la Mecque & fon
territoire que les Mahométans eftiment être le centre du
monde , & cela par émulation de ce que les anciens
Juifs & Chrétiens ont cru la même chofe de la ville de
Jerufalem , autorifés par quelques pafïàges de l'écriture
qui femblent favorifer cette oppinion. Allebab ajoute que
félon des auteurs dignes de foi , Gioblah eft éloigné de
Tafirdoum d'environ une journée de chemin , & qu'elle
eft à l'orient de Tiz , en tirant un peu vers le nord. * La
Roque , Defcription de l'Arabie , p. 312.
GIODDAH , Dgiudda; Gidda , Giuddah , ou
Geda , ville &; port de mer célèbre , à une demi-journée
de la Mecque. C'eft le rendez-vous des pèlerins qui
vont de la Mecque à Medine. Les Mufulmans croient y
avoir le tombeau d'Eve. Il s'y fait un très grand com-
merce , parce que les vaifTeaux qui reviennent des Indes ,
y mouillent ; mais les Chrétiens n'ont pas la liberté de
s'y établir , à caufe du voifinage de la Mecque. Le grand-
feigneur y entretient ordinairement trente gros vaifTeaux
pour le transport des marchandifes. Les galères du Turc ,
qui ont coutume d'hyverner à Suez , dans le fond du
golfe Arabique , viennent décharger dans ce port les
provifions qu'on apporte d'Egypte , & charger les mar-
chandifes du pays , comme cuirs , marroquins , gommes ,
café &£ autres drogues d'Arabie. Tout y eft fi cher , à
caufe du grand concours de vaifTeaux qui y abordent ,
qu'une pinte d'eau , mefure de Paris , vaut trois fols , parce
qu'on l'apporte de quatre lieues loin. Les murailles de
la ville 'ne valent rien ; &: la forterefle , qui eft du coté
de la mer , ne pourrait pas foutenir un fiége. La plû-
partldes maifons font de pierres ; 5c au lieu de toit , elles
ont des terraffes à la manière des Orientaux, Les environs
font fort defagréables. On ne voit que des rochers ftéri-
les , &c des lieux pleins de fable. La rade eft aflez sûre ,
quoiqu'elle ait le nord-oueft pour traverfier. Le fond er
eft afiez bon en certains endroits , & les petits vaifTeaux
y font à flot. Mais les gros font obligés de refter à une
lieue. * Abulféda , Géographie. De la Roque , Defcript.
de r Arable , p. 315. iJ'Herbelot. Bibl. orient. Poncet ,
Lettres édifiantes , t. 4 , p. 174.
1 . GIOIA , bourg d'Italie , au royaume de Naples ,
dans la terre de Barri , aux confins de la terre d'Otrante ,
au midi de la ville de Barri , 6c à la diftance de feize
milles. * Jaillot , Atlas.
2. GIOIA , bourgade d'Italie au royaume de Naples ,
dans la Calabre citérieure , fur la côte occidentale , à
deux lieues &: demie , & au midi de Nicotere , auprès
d'une petite rivière , à l'embouchure de laquelle eft une
tour nommée torre di Gioia. * Jaillot , Atlas.
Le Golfe de GIOIA , golfe de la mer de Naples ,
f»r la côte occidentale de la Calabre ultérieure. Il a au
nord le golfe de Sainte-Euphémie , dont il eft féparépar
le Capo Vaticano , & s'étend jufqu'à Sciglio , qui eft
voifm du Fare de Meffine. Ce golfe n'eft point nommé
fur les cartes ; mais il y eft tracé.
GIOIOSA , ( la. Motta ) petit lieu du royaume de
Naples , fur la côte orientale de la Calabre ultérieure.
C'étoit autrefois la ville de Myftia. Voyez ce mot.
GION. Voyez Gi h on.
GIORASH , ville de l'Arabie heureufe , dans l'Yé-
men. Il y a des palmiers , dit Abulféda , Se elle eft ha-
bitée par des familles des tribus de l'Yémen. On en tire
beaucoup de peaux & de cuirs. Selon Alazizy , Giorasli
eft une fort jolie ville , aux environs de laquelle il y a
une infinité de ces arbres nommés Karad , dont l'écorce
fert à apprêter les peaux ; & il y a pour cela beaucoup
de manufactures. Cette ville eft à 17 d. de latitude. Edrili
marque que Giorash & Nagr'an , ou Nedgeran , font deux
villes aiTez fembhbJ.es : l'une &C l'autre ont aux environ:
GIP
120
des villages Se des terres cultivées. La diflance d'entre
ces deux villes eft de fix ftations. * La Roque , Defcr. de
l'Arabie , p. 322.
GIORSA , grande plaine d'Afîe : c'eft la même que
la plaine de Bargu.
GIOSTAH , ville d'Afrique , dans le pays de Mofan-
bique , que les Arabes appellent Sephalat al Dhahab , la
plaine ou la campagne de l'or , proche de la ville de
Sofala. Gioftah eft petite ; elle eft au fond d'un golfe
fort fpacieux , où il y a un fort bon mouillage pour les
vaiffeaux. * D'Herbelot , Biblioth. orient.
GIOTTA , ville de Perfe , dans le Khoufiftan , ou la
Sufiane. On la nomme auflî Gioubba. Elle appartient à la
ville de Baffora. * D'Herbelot , Biblioth. orient.
GIOUD , Giouda & Gloiiiï , montagne d'Afie : les
Orientaux nomment ainfi celle où ils dilent que s'arrêta
GIR
l'arche de Noé , au pays de Mouffal ou de Diar-Rabiah ,
en Méfopotamie , au pied de laquelle il y a encore un
village nommé Thamanin & Corda. Ce font les monts
Gordiens, que l'écriture fainte nommé Ararath. * D'Her-
belot , Bibl. orient.
GIOUD eftauffi une chaîne de montagnes qui , s'étend
le long des pays de Zableftan & de Gaur * D'Herbelot ,
Biblioth. orient.
GIOUEH , ou Giou ah , ville d'Afrique , au pays de
Berbera,quieftfurlacôte de Cafrerie, ouïe Zanguebar ,
plus méridionale de deux journées , que Carcounah qui
appartient au même pays , & fort proche de celle de
■Bathah en Ethiopie.
. GIOVENAZZO , ville d'Italie , au royaume de
Naples , dans la terre de Barri. Elle eft petite & peu
confidérable , quoique fiége d'un évêque fuffragant de Barri.
Elle a titre de duché , & eft fïfuée fur une montagne
que la mer Adriatique environne presque toute , mais
fans port , avec une fimple plage , à trois milles feule-
ment de Molfetta à l'orient , &c à dix de Trani , en allant
vers Barri , dont elle n'eft pas plus éloignée. On écrit
aulîî Gïovinaiip. Son nom latin eft Juvenatium. * Bau-
drand , éd. de 1705.
GIOUF : les Arabes appellent ainfi la partie maritime
de l'Egypte que le vulgaire appelle le Chouf. * D 'Herbe-
lot , Biblioth. orient.
GIOUL , ou Soûl, ville d'Afie , au pays de Giorgian ,
c'eft-à-dire dans le Kovarefme , dont Giorgian eft la
capitale.
1. GIOUND , ville d'Afie , dans le Turkeftan , de
laquelle font fortis plufieurs gens de lettres. * D'Herbelot ,
Bibl. orient.
2. GIOUND , ville de l'Arabie heureufe , dans la-
quelle il y a un Mefged-Giamé , c'eft-à-dire une mofquée
principale , bâtie par Moaz-ben-Gebal , pour les feftai-
res d'Ali , qui y font en très-grand nombre. Cette ville
eft plus feptentrionale que Sanaa , capitale du pays , d'où
elle eft éloignée de près de quatre-vingt lieues. * D'Her-
belot , Bibl. orient.
GIOUR , ville d'Afie , dans le Fars , ou la Perfe pro-
prement dite , à feize parafantes de Karzoun , dans un
terroir fort agréable , rempli de jardins , & arrofé d'une
grande abondance d'eaux. Ses foffés &C (es murailles la
rendent confidérable pour fa force. * D'Herbelot, Bibl.
orient.
GIOURA , petite ifle de l'Archipel , entre celles de
Zéa , d'Andro , de Tine , ôcc. C'eft la Gyaros des an-
ciens. Voyez.ce mot.
GIPEDjE , pour GEPID.E. Voyez l'article Gefides.
GIPLONSII , Vnt\iysini , peuple de l'Afrique propre ,
félon Ptolomée , /. 4 , c. 3. Il leur donne pour voifins les
Cinithiens &t les Achemenes. Quelques exemplaires
grecs portent TrnKÙmc, ; d'autres -ziytTihâaioi , Sigi-
plofii.
GIPPIDANA PLEBS , églife d'Afrique. S. Auguftin en
parle clans une de fes lettres, Epift. 236.
GIPTIUS. Ciofanus , dans fa Defcription de la ville
de Sulmone , dit que les anciens nommoient ainfi la
rivière qui arrofe le territoire de cette ville : il devoit
dire laquelle de ces rivières on nommoit ainfi ; car ce
territoire en a plufieurs qui le traverfent.
I. GIR. Ptolomée, qui nomme ainfi un fleuve de la
Libye intérieure , /. 4 , c. 6 , dit qu'il s'étend depuis la
vallée des Garamantes jufqu'au mont Ufurgala , & qu'a-
près cela il s'abîme dans la terre , 5c produit un autre
fleuve ; il femble que ce nouveau fleuve foit le Niger dont
il parle enfuite. Le Gir de cet auteur eft le Niger d'au-
jourd'hui ; ôc le Niger dont il parle , eft le même fleuve
dans fa partie occidentale , qui porte le nom de Sénégal.
Voyez le mot Niger. A comparer les cartes dreuëes
fur Ptolomée , ck le cours du fleuve Ghir dans quel-
ques cartes modernes , on feroit tenté de croire que c'eft
le même fleuve ; mais la latitude qu'il donne au Niger ,
favoir 16 , 17 ou 18 d. tout au plus, ne peut convenir
au Ghir , qui vient tomber dans un lac fitué au nord du
i6cd. D'ailleurs le Niger eft connu par les ouvrages des au-
tres géographes anciens.
2. GIR , ou Ghir. Voyez Ghir.
1. GIRA , ville ancienne , métropolitane de laLybie ,
intérieure , fur le fleuve Gir , félon Ptolomée , /. 4 ,
c. 6.
2. GIRA , ancien lieu de Grèce , en Macédoine , dans;
la Chalcidique. Diodore en fait mention : quelques-uns
veulent qu'on life ZeïRA.
GIRACE. Voyez Giera.ce.
GIRACUNDA , ou Cacagioni , petite ville d'Afie ,
dans la Tartarie Crimée , fur la côte. Elle eft fituée au
couchant du cap de Carofqui. Quelques-uns croient
qu'elle ocupe la place de Charax , ville de la Cherfonèfe
Taurique. En ce cas ce feroit Charax i. Elle ne devoit
pas en être fort loin.
GIRANA , village d'Afrique , en Ethiopie , au royaume
de Sennar , fur la route de Sennar à Gondar , entre Seo"
que & Chelga. Il eft fitué au haut d'une montagne , d'où
l'on découvre le plus beau pays du monde. * Poncée ,
Voyage d'Ethiopie. Lettres édif.p. 54.
GIRAPETRA , Gerapetra , ou Gieràpetra ,
petite ville , fur la côte méridionale de Candie , à huit
lieues de la ville de Séria vers le couchant méridional,
fur un cap & un golfe de même nom. Cette ville a été
ruinée , & il n'en refte plus que le château , avec le
port , près du mont Mélaura. Elle étoit epifcopale avant
que d'être fous la domination des Turcs , & fon évê-
ché a été uni à celui de Sitia. * Baudrand , édit. de 170Ï.
Corn. Diâ.
GIRATHA. Voyez Goeratha.
GIRBA , ville epifcopale d'Afrique , dans la pro-
vince Tripolitaine. Dans la conférence de Carthage on
trouve Quodvultdeus epifeopus Girbitanus , félon la cor-
rection de Baluze ; car dans le manuferit il y a Givit. Au
concile de Carthage , tenu fous S. Cyprien , on trouve
entre les evêques Monnulus à Girbâ ; au concile de Cabar-
fuffi , tenu en 394 , on voit Proculus Girbitanus epifeo-
pus. A celui de Carthage , tenu fous Bonifàce l'an 525 ,
il y avoit Vincent , évêque plebis Gervitana , ou Gir-
bitance , député de la province Tripolitaine. Dans la
Notice de la même province on lit Fauftinus Girbitanus ;
& enfin on a encore une preuve que ce lieu étoit de
la Tripolitaine , dans la Notice de l'Empire. Cette Girba
étoit dans l'ifle qui porte encore aujourd'hui le nom de
Gerbes.
Il eft remarquable que dans le concile de 525 , tenu à
Carthage , fous Bonifàce , on trouve deux evêques quali-
fiés Gerbitani ; ce qui fait juger qu'il y avoit deux villes
epifcopales de même nom ; mais on ne peut dire de quelle
province étoit ce fécond fiége : du tems des Donatiftes
cela n'auroit point fait de difficulté ; beaucoup de villes
avoient deux evêques , l'un Catholique , l'autre Donatifte ;
mais ce concile eft poftérieur de plus d'un fiécle à la
deftruftion du parti de ces hérétiques : ainfi la difficulté
demeure.
GIRCONA , petite ville de la Turquie , en Afie ,
dans la Natolie , fur le golfe de Smyrne , entre la ville
de Smyrne & la rivière de Girmafti. Cette ville eft la même
que Gyrina , ville de l'Eolide. Voyez ce mot. * Baudrand ,
édit. de 1705.
GIREFT, ville de Perfe, dans leKerman, dont elle
eft la capitale , & la plus grande ville. D'Herbelot ,
Bibl. orient', dit : fon terroir eft fertile en palmiers , en
citronniers & en orangers : il s'y fait un grand commerce
de toutes les marchandifes du Khoraffan Se du Ségeftan ;
& elle n'eft éloignée d'Ormus , que de quatre journées.
Les Tables aftronomiques, qui la nomment Siraf&cSire/t,
lui donnent 88 d. de longitude, &29d. de latitude. Il devoit
remarquer que'la ville de Siraf,qu\ a cette longitude & cette
latitude dans les Tablesdç Naffir-Eddin fit d'Ulug-Beig,
GIR
GIR
eft , félon ces deux auteurs , dans le Fars ou la Ferfe
propre , & non pas dans le Kirman ; mais ces mêmes
géographes Arabes mettent Jiroji dans le Kirman
ou Carman, &: lui donnent 93 d. de longitude, &27d.
30' de latitude. Tavernier met Girefc à 73 d. 40' de
longitude & à 31 d. 10' de latitude. Cette ville, dit ce
voyageur , /. 3 , c. dern. eft une des plus grandes de la
province de Kerman , & toute environnée de marais.
On trouve proche de -là diverfes pierres à aiguifer des
couteaux , des rafoirs , des canifs & des lancettes ; il
s'en trouve même de propres pour donner le fil & le
tranchant à chacun de ces différens infini mens , félon
qu'il en eft befoin. Tout le commerce de cette ville
confifte en froment que les Arméniens recueillent en
quantité, n'y ayant qu'eux qui cultivent la terre ; & il
y croît peu de feigle. Ils ont auffi des dattes dont ils peu-
vent faire part à leurs voifins. La longitude de cette ville
î dey; d. 30', & la latitude de 2.7 d. 30'.
GIRENS1S , fiége épifcopal d'Afrique dans la Numi
die , félon la Notice d'Afrique , où il eft parlé de Mar-
tïalis Girenfis. * Harduin. Collect. conc.
GIRGÉ , ville de la haute Egypte , dont elle eft la capi-
tale, félon Paul Lucas, dans l'on Voyage du Levant, 1. part.
c. 10, qui la meta un mille du fleuve. Elle a fept grandes
mofquées qui ont des minarets : huit grands bazars cou-
verts , où l'on vend toutes fortes de marchandifes, n'en
font pas le moindre ornement. On y compte vingt-cinq
mille habitans , & environ quatorze à quinze cents Chré-
tiens Cophtes : il y a auffi quelques Juifs. Son principal
négoce eft en bled , lentille , fèves , toiles , laines &
caize, dont on tire de l'huile. Les arbres de ce pays
font dis palmiers , lefcmp , qui produit une graine avec
quoi l'on tanne les peaux ; le pom , qui donne un fruit
gros comme le poing, dont le noyau eft fort dur, mais
fort doux à manger. Les habitans y font pauvres , &
très-mal habillés ; il n'y a que les puiffances qui domi-
nent , qui font riches. On y cultive des vignes dont le
raifin eft mûr dans le mois d'Août, & refte fur la vigne
jufqu'au mois de Janvier. Quelques Turcs & quelques
Chrétiens y font du vin paffable ; mais qui feroit beau-
coup meilleur , s'ils le favoient faire. On fait de l'eau-de-
vie affez bonne du fruit de palmier , que l'on nomme
datte. Il fe tient tous les vendredis une foire où l'on
vend particulièrement des toiles &: des légumes. On
vit en ce pays à fi bon marché , que pour un loi de pain,
un homme en a affez pour vivre trois jours ; on a trois
livres de viande pour dix -huit deniers ; quarante œufs
pour un fol ; une groffe poule ne vaut qu'un fol ; deux
pigeons de même, & ainfi du refte. Cette ville étoit
autrefois bâtie de brique , comme on le voit encore par
plufieurs ruines qui reftent.
GIRGENTI ou Gergenti, ville épifcopale de Si-
cile , dans la partie méridionale de la vallée de Mazare.
Elle a pris fon nom de la ville A'Agrigente , des ruines
de laquelle elle s'eft formée , quoiqu'elle ne foit pas pré-
cifément fur le même terrein. Elle eft à trois milles de
la mer, près de la rivière de S. Blaife , fur une colline ,
avec un château Se un évêché. On n'y peut aborder que
par un feul endroit; ce qui la rend ferte. Le pays aux
environs eft fertile en bled, dont elle fait un grand com-
merce , par le moyen de fon port , qui eft à cinq milles
de-là au couchant. Baudrand , èdit. de 1705 , iemble
croire que c'eft la même ville qu'Agrigente; cependant
elle a changé de lieu , comme il eft marqué à l'article
8 Agrigente. Cette ville de Girgenti eft , félon cet au-
teur, à cinquante-cinq milles de Païenne, à foixante-quatre
de Trapani au levant , & à foixante du cap Paffaro.
GIRGIO , ville d'Afrique , dans la haute Egypte , fé-
lon Baudrand. C'eft la même que GlRGÉ. Voyez ce
mot.
GIRGIRIS , montagne de la Libye intérieure , félon
Ptolomée, /. 4, c. 6. C'eft la même que le mont de
Gyr, {morts Gyrï) de Pline. II dit qu'au tableau porté
dans le triomphe de Cornélius Balbus, on voit marqué
que cette montagne produifoit des pierres précieufes.
GIRGIS , ville d'Afrique , auprès de la petite Syrte.
Procope , de Aidific. I. 6 , c. 4 , ayant parlé de Leptis
& du paysvoifin, dit : il y a deux villes à l'extrémité
de ce pays, defquelles l'une s'appelle Tacape, & l'autre
Gigeri : au milieu eft la petite Syrte. Il y a bien de l'ap-
parence que c'eft la Gichtis de Ptolomée , &c la Gitca
Ï2I
des Notices eccléfiaftiques. Je dis Gigeri avec Çoufin j
mais Ortélius nomme Girgis.
GIRIBUMA, ouGiricomea, ou Giringeomba,
contrée d'Afrique , dans l'Ethiopie. C'eft le même pays
que Gingirbomba ou Gingiro. Voyez GlNGIRO.
1. GÏRMASTI ou plutôt Germaste , bourg de la
Turquie , dans la Natolie , au pays de Chiangare , fur
le Sangari , environ à huit lieues au-deffous de Peffi-
nunte. C'eft la même chofe que Germa ouGermia, ville
de Bithynie , rangée dans les Notices eccléfiaftiques ,
entre les évêchés de la féconde Galatie. * De rifle,
Atlas.
2. GÏRMASTI , petite ville de Turquie , dans la Na-
tolie , fur la rivière de Chiai , qui eft le Caïcus , l'une
des rivières qui couloient à Pergame , Se qui toutes en-
femble ont leur embouchure commune vis-à-vis de l'ifle
de Métélin. Baudrand , édit. de 1705 , donne le nom
de Girma/li à la rivière ; il la nomme auffi Chiais qu'il
dit très-bien être le Caïcus de Pergame ; mais au mot
Chiais il tranfporte cette rivière auprès d'Ephèse , bien
loin de-là , par une erreur que nous réfutons à l'article
Chiais.
GIRNEGO ou Groengho , ancien nom d'un châ-
teau maritime de l'Ecoffe feptentrionale , dans la pro-
vince de Cathnefs, dont il eft le principal lieu, au voi-
finagedu bourg deVich. Je remarquerai, en paffant, que
dans la Carte de cette province , le midi Se le fepten-
trion font marqués l'un pour l'autre ; ce qui eft , fans
doute , arrivé par la faute des graveurs. * Atlas de Blaeu.
GIROLA, bourgade d'Italie, dans le Milanez, dans
la Lauméline , entre Pavie & Valence. Quelques géo-
graphes y cherchent I'AcerRjE des anciens. Voyez ce
mot.
GIROLLE , petit bourg d'Italie , au bord de la mer ,'
& où l'on ne voit que des pêcheurs. Il n'eft célèbre qu'à
caufe d'un emeifix dont la beauté va encore au-delà
de fa réputation. C'eft un ouvrage fort recherché, & fi
touchant , qu'on voit un très-grand nombre de pèlerins
arriver en ce lieu d'une infinité d'endroits. On en rap-
porte beaucoup de miracles , & les marques en font
attachées de tous côtés.
Cet article eft de Corneille , Dicl. qui cite les mé-
moires & plans géographiques ; mais il ne dit point en
quelle province d'Italie eft ce bourg.
GIROMANI, lieu de France, dans la haute Alface ,"■
remarquable par fes mines. Voyez ce mot dans la lifte
des mines.
GIRON, (le) Coulon donne ce nom à une petite
rivière de France dans le haut Languedoc , qu'on ap-
pelle Girou. Voyez ce mot.
GIRONDA ou Yeronda : le premier de ces deux
noms eft employé par Berthelot , Carte mark, de la Mé-
diterr. le fécond par De l'Ille , Carte de la Grèce. Ils
nomment ainfi un port de Turquie , fur la côte méri-
dionale de la Natolie, dans la Caramanie , au couchant
du cap Chélidoni.
GIRONDE, (la) rivière de France : on appelle ainfî
la Garonne au bas de fon cours, &C au-deffus de fon
embouchure. Voyez GARONNE.
GIRONE , ville épiscopale d'Espagne , dans la Cata-
logne , en latin Gerunda ; elle eft ancienne. Pline , /. 3 ,
c. 3 , en nomme les habitans Gerundcnfes, & les place
dans le département de Tarragone. Ptolomée la nomme
auffi Gerunda, & la donne au peuple Authetani. Elle
devint le fiége d'un évêché, en 247, & S. Narciffe en
fut le premier évêque , félon la plus commune opinion,
quoiqu'il y ait des hiftoriens oui établifient l'époque de
fa fondation du tems des apôtres ; mais fans aucune
preuve. L'abbé de Commanville en met l'érection vers
l'an 500, ce dit qu'en 1017, on voulut démembrer de
fon diocèfe le bourg de Befalu , qu'on érigea en évê-
ché ; mais fur l'oppofnion des évêques de Girone , il
fut presqu'auffi-tôt fupprimé. Ce qu'il y a de certain,
c'eft que du tems de Prudence, elle étoit petite , à la vé-
rité , mais riche en reliques des faints martyrs ; elle pos-
fédoit , entr'autres , celles 'de S. Félix, diacre, dont
l'églife honore la mémoire le 18 Mars.
Parva Feticis decus exhibebit
Artubus fanBis locuples Gerunda. PRUDENT.
HymnoIV, v. 19.
Terne III. Q
GIS
m
Elle eft fituée fur une colline , au bord d'une petite
rivière nommée Onha , qui fe jette de-là dans le Ter ;
Se ces deux rivières , joignant leurs eaux , fervent de fof- .
(es à la ville. Elle eft médiocrement grande, de figure
triangulaire , ayant une grande rue qui la traverfe dans
toute fa longueur. Elle eft affez bien fortifiée : fa cathé-
drale, dédiée à Notre-Dame, eft belle Se richement or-
née ; fon grand autel eft tout brillant d'or Se de pierre-
ries ; Se l'image de la fainte Vierge eft d'argent maffif.
Son chapitre eft compofé de huit dignitaires, qui font
l'archidiacre mayor , qu'on appelle archidiacre de Gi-
rone , l'archidiacre de Befalu , l'archidiacre de Silva ,
l'archidiacre à'Ampurias , l'abbé àefaint Filiu , le doyen,
le facnftain, le chantre, de trente-fix chanoines, & de
foixante Se feize bénéficiers. Le diocèse s'étend fur trois
cents trente-neuf paroiffes , fur douze abbayes , Se fur
quatre prieurés. Quoique la ville ne foit pas grande , le
commerce y eft floriffant. Elle a toujours été fi confï-
dérée , que les fils aînés des rois d'Aragon prirent le
titre de cornus , Se enfuite de princes de Girone. Elle eft
capitale d'une viguerie de fort grande étendue , qui
pafle pour la partie la plus fertile de toute la Catalogne ,
& qui comprend plufieurs villes , dont la plus confidé-
rable eft Ampurias. En 1653, le maréchal d'Hocquin-
court leva lé fiége de Girone , après foixante-dix jours
d'attaque. En 1684, le maréchal de Bellefonds fut obligé
d'en faire autant. * Vayrac, Etat préfent de l'Efpagne ,
t. I, P. lîO; & t. !,"/>. 346.
GIRONNE , rivière de France , en Gafcogne , félon
Corneille; il falloit dire Gimone.
GIROST. Le traducteur de l'hiftoire deTimur-Bec,
l- 3, c. 68, nomme ainfi la capitale de la province de
Kirman. C'eft la même que Gireft.
GIROU , (le) petite rivière de France , dans le haut
Languedoc ; elle a fa fource à Péchaudiere, près dePui-
laurens , Se fe jette dans le Lers.
GIRPA, ville d'Afrique. Ce nom fe trouve dans le
concile de Carthage , tenu fous S. Cyprien. Ortélius
Thefaur. croit que ce doit être GiBRA.
GIRREADEGEN , ville de Perfe , félon Tavernier,
/. 3 , c. dern. Le vulgaire la nomme Paygon. Elle eft
fituée à 75 d. 35' de longitude, Se à 34 d. 15' de lati-
tude. Il y a quantité de bons fruits en ce lieu-là.
GIRVIC , village d'Angleterre , dans le Northum-
berland , fur la rivière de Tine. On croit que c'eft le
lieu où l'on a bâti depuis la ville de Newcaftel. Il eft
nommé Girviorum regio , dans l'Hiftoire eccléfiaftique
de Bede, /. 4, c. 6 & 19. Ce lieu étoit fa patrie; il y
naquit vers l'an 671, Se mourut le 26 Mai 73 5, après
avoir été l'ornement de l'Angleterre Se de l'ordre de
S. Benoît, dont il fut abbé.
GIRU-MARCELLI, ville épifcopale d'Afrique, dans
la Numidie , félon la Notice d'Afrique , où on trouve
Frucluofus de Giru-Marcdli. * Harduin. Colleft. eonc.
GIRU-MONTENSIS , fiége épiscopal d'Afrique , dans
la Mauritanie Céiarienfe. On trouve dans la Notice ecclé-
fiaftique , n. 9 , entre les évêques de cette province Repa-
ratus Giru-Montenfis.
GIRU-TARASI , ville épiscopale d'Afrique , dans la
Numidie. La Notice épiscopale d'Afrique , n. izi , met
entre les évêques de cette province Félicien de GlRU-
Tarasi.
GISARA ou Bisarchium , noms latins de Bifar-
chio , village de Tille de Sardaigne. C'étoit autrefois
une ville nommée Brefurgia , dans le cap de Lugodori.
Son évêché , qui étoit fuffragant de Torré , a été uni à
celui d'Algheri.* Commanville, Lifte des archevêchés.
GISARDI-MONS, montagne d'Egypte , près du lac
Sirbon-, félon Guillaume de Tir, cité par Ortélius.
^ GISBORN , bourg d'Angleterre , dans le comté
d'Yorck. On y tient marché public. * Etat préfent de là
G. Bretagne , t. I .
GISBOROUGH, ou GlSBURG, autre bourg d'An-
gleterre , dans la même province , au nord , fur une
petite rivière qui fe jette .affez près de-là dans la mer.
* Allard. Atlas.
GISCALA , félon D. Calmet , DIB. ou GiSCHALA ,
ville ancienne de la Paleftine , dans la Galilée. Jofeph
en parle fouvent dans fes Livres de la guerre clés Juifs ,
l. 4 , c. 4. : il dit c. I , qu'il l'a fit fortifier , & que ceux
de Gabares , de Gabarages Se de Tyr la prirent de force.
GIS
Reland, Palafl. 1. 3 , p. 813, croit que c'eft la même
dont il eft parlé dans les Livres des Juifs fous le nom
de Gufck-Caleb , Se qui eft placée entre Morom Se Ca-
pharanan.
GISCHIN. Voyez Gitschin.
GISCONZA, village d'Efpagne , en Andaloufie, fur
la Guadalette , entre Xeres de la Frontera Se Arcos. On
croit qu'il tient la place de l'ancienne Sàgontïa. Voyez
ce mot. * Baudrand , éd. de 1705.
GISE, village d'Egypte, proche du Boulac. Il y a un
évêché Cophte. * Commanville , Lifte des archevê-
chés.
GISIPENSIS , fiége épiscopal d'Afrique , dans la pro-
vince proconfulaire. Ce nom eft écrit Giripenjis dans
la Notice épiscopale d'Afrique, n. 24, où l'on lit Charis-
fimus Giripenjis; mais dans la conférence de Carthage,
p. 272. , éd. AtDupin , on YitJanuarius episcopus ecclèjîœ
Gifipenfis^ majoris. A.u concile de Carthage , tenu fous
Bonifacel'ari 5 25, on trouve Redemptus Gifipenfis; Se
Mellofe, évêque du même fiége, fouferivit à la lettre des
évêques de la province proconfulaire au concile de La-
tran,fous le pape Martin.
Ce mot majoris feroit foupçonner qu'il y avoit deux
fiéges de même nom , Se qu'on les diftinguoit par le
furnom de grand ou de petit ; mais je n'ai trouvé aucune
trace de Gifipenfis minor.
GISIRA, ville de l'Afrique propre, félon Ptolomée,
/. 4,c. 3. Elle étoit voifine d'Adrumete.
5 GISLENGHIEN , Gislegemium, abbaye defilles de
l'ordre de S. Benoît , dans le Haynaut , au diocèfe de
Cambray , entre Enguien au levant, & Ath au couchant :
elle fut fondée , l'an 1 126 , par Ide veuve du feigneur de
Chiévres : on n'y reçoit que des filles qui font preuve de
nobleffe.
GISM A , ville d'Afie , dans la grande Arménie , félon
Ptolomée, /. 5 , c. 13.
GISORS , ville de France , en Normandie , dans le
Véxin Normand , dont elle eft la principale , dans un
bailliage auquel elle donne fon nom. Elle doit fon ori-
gine à un château que fit bâtir Guillaume le roux, Roi
d'Angleterre, Se duc de Normandie, l'an 1097, comme
l'aflure Orderic Vital , au dixième Livre de fes hiftoires,
où il nomme cette place Gifors , Se au génitif Gifortis. Les
écrivains qui font venus après , l'ont nommé Gifortium.
D autres pour lui donner une origine ancienne, l'ont appel-
lée Cœfortium , ou même Cafarotium, pour Cœfaris olium,
comme fi Céfar y eût fait quelque féjour. Le bailliage de Gi-
fors eft un des fept grands bailliages de Normandie , qui ont
chacun leur coutume particulière , outre la générale. Il y
a quatre fiéges royaux dans ce bailliage. Celui d'Andely
eft le premier , où eft lé préfidial. Les trois autres font
ceux de Gifors , de Lions , . Se de Vernon-fur-Seine. La
ville de Gifors a eu anciennement titre de comté : elle
eft fituée fur la rivière d'Epte , cinq lieues au-deffous de
Gournay en Bray , trois au-deflus de Saint-Clair ,
Se environ à pareille diftance d'Eftrepagny Se de Chau-
mont. Elle a trois portes , trois fauxbourgs , trois cou-
vents de religieux , quatre de religieufes , Se une feule
paroiffe dédiée à S. Gervais SeS.Prptais. Cette églife, bâtie
en croix, eft grande , belle , large , très-dégagée dans
fon deflein : elle a quarante-deux piliers , fans y com-
prendre ceux qui féparent les chapelles. La nef eft plus
belle que le chœur : fa voûte faite de pierre choifie, eft
fort élevée , Se d'une belle ordonnance. Un rang de
chapelles régne tout à l'entour , avec un double corri-
dor bien voûté. Les fept piliers qui féparent le double
corridor font tous de divers defleins , travaillés fort
proprement; mais on en diftingue principalement un gros
de figure carrée , qui eft fous une tour avec un corps
d'architeffure Se de (culture à quatre faces devant une
chapelle voûtée en dôme. Les figures qui repréfentent
dans cette chapelle la généalogie de Notre-Seigneur ,
font un affez grand travail. Celle des autres chapelles Se
leurs bas-reliefs font auffi fort remarquables : . il y a fept
chapelles de chaque côté de la nef , fans comp-
ter celles que l'on trouve autour du chœur. On
eftime fortune grande vitre de cryftal , qui eft fous la
voûte du corridor , près du fépulcre de Notre-Seigneur,
Se fur laquelle font peints tous les myfteres de la fainte
Vierge. Les chaires du chœur , tant au dedans qu'au
dehors de la grande baluftrade , font d'un deflein affez
GIT
GIU
lîngulier. Les curieux regardent suffi avec plaifir la tri-
bune qui porte l'orgue ; le portail qui eft au croifillon
du côté dunord; la belle tcuréievéefur la gauche du grand
portail , & où il y a de fort bonnes cloches ; 6k le commen-
cement de la magnifique tour, demeurée imparfaite , fur
la gauche du même portail. Ils admirent la délicateffe du
travail fait fur le pilier qui fépare les deux côtés de la
grande porte , où chaque pierre paroit un corps d'ou-
vrage d'architecture & de fculture en petits perfonnagas ,
en manière de chàiTe à reliques. On attribue plufieurs de
ces beaux ouvrages au fameuxJean Goujon. Entre îestrore
couvens de religieux , qui font à Gifors , il y en a un de
Récollets : celui des religieux de la Trinité dits Mathu-
rins, eft hors de la ville. 11 y a auffi des religieufes de
l'Annonciade , gouvernées par des Cordeliers ; des Béné-
dictines , des Ùrfulines , 6k des Carmélites , L'églife de
ces dernières eft bâtie à la moderne; mais petite èk enri-
chie d'architecture 6k de fculture. Le grand "autel en
eft beau, 6k allez richement orné : le fijnt Sacrement y
eft fuspendu dans un ciboire d'or ducat , fous une
«ftode d'argent doré , avec des pendans maiïifs du même
métal auffi doré.* ' Longuerut , Description de la France,
i . pure. 72 1 , Corn, Dict. Mémoires dreffés fur les lieux
en 1704.
Gifors eft entre Paris 6k Rouen , à quatorze lieues ou
environ de l'une 6k de l'autre. Il y a un gouverneur ,
un lieutenant de police , un maire , trois échevins , une
maifon 6k horloge de ville , un Hôtel-Dieu pour les
malades , un hôpital 6k un collège. Il y auffi un châ-
teau , un grand bailliage royal , qui reffortit au préfidial
d'Andely , une prévôté des maréchaux de France , une
vicomte , un grenier à iel , & une élection qui com-
prend cinquante-deux paroiflfes. Cette ville eft bien peu-
plée, bien pavée , 6k féparée en deux par l'Epie, qui
lave une partie de fes murailles , 6k remplit une partie
de fes foflés, groffie des eaux d'une petite rivière qui a
fa fource au-defîus de Chaumont en Vexin. Ses envi-
rons font de vaftes campagnes de terres très-fertiles en
bons bleds. Gifors eft un duché-pairie érigé en 1742,
fous le nom de Gifors-Bellijle en faveur de Charles-
Louis- Augufte Maréchal de Beliifle. Aujourd'hui il ap-
partient au roi.
GISSA , ifle de la mer Adriatiq , uefelon Pline , I. 3 ,
c. 21 ; on la nomme préfentement l'ifle de Pago.
.Voyez ce mot.
GISSEN. Voyez Giessen.
GISSORIACUM. Voyez Gessoriacum.
GISTAM , bourg d'Elpagne , dans l'Aragon , entre
les Pyrénées , aux confins de l'Armagnac. 11 donne le
nom à une valée où coule un ruifîeau qui tombe dans ,
la Cinca , encore voifine de fa fource. * Jaïllot , Carte
de l'Espagne.
GITA. Voyez Gitti.
GITANTE , bourg de l'Epire , à dix milles de la mer ,
fclon Tite-Live , /. 42 , ,
G1THIHA. Voyez Gitta.
GITLUI, ville d'Afrique, dans la Mauritanie Céfa-
rienfe , félon Ptolomée. Quelques exemplaires portent
Giglua. C'eft le même lieu que Gilva d'Antonin ; 6k
comme c'étoit le fiége d'un évêché , l'évêque
étoit furnommé Gilbtnjis. Voyez GlLUA 6k GlL-
EENSIS.
GITSCHIN , Gutfchin , Gytfchin , Gacçin , Gifchin ,
perite ville de Bohême, fur le Gzidlina, auprès de Sta-
rehrady ou Altembourg. On trouve dans l'hiftoire des
Huffites , que , Tan 1442, elle fut faccagée par les Bohé-
miens, comme un repaire de brigands .: elle fut pourtant
rétablie enfuite , 6k fouffrit beaucoup durant la longue
guerre des Suédois, en Allemagne. * Zeyler, Bohem.
Topogr. p. 29. Elle eft àpréfent affez belle ; les Jéfuites y
ont un collège avec un ïeminaire.
1. GITTA , ancienne ville de la Paleftine , félon
Etienne le Géographe. S. Clément pape, dit que c'étoit
un village du pays de Samarie , à fix fcheenes de cette
ville. Zonare dit après S. Juftin , que c'étoit la patrie
de Simon le Magicien ; mais cet auteur la nomme Git-
thon. Jofeph l'appelle Ghhcha Pline,/. 5 . c. 19, fait
■ mention d'une ville qu'il nomme Geti
mande fi ce ne feroit pas la Gitta d'Etienne. .
in Exçerpt. fait mention de cette Gitta de Paleflmg.
123
2. GITTA, ou
GITTI , municipe d'Afrique , dans la province Tri-
politame. Antonin le met entre Agma ou Fulgurïta.
villa 6k Pontt?inta, à vingt-cinq mille pas de la première ,
6k à ^ trente-cinq mille de la féconde. Je crois que ce
lieu étoit le fiége épiscopal appelle Gitttnfis dans la con-
férence de Carthage , où Catulin eft nommé episcopus
plebis GlTTENSIS.
GITTENSIS. Voyez l'article précédent.
GIfZER ou Jezer. Voyez Gizera.
GIVA, petite ville de l'Afie mineure, dans le Men-
téféli, fur le golfe de Macra : on croit que c'eft laZyiœ
de Ptolomée. Voyez ce mot.
GIVAUAH. Corneille , Dict. en fait une ville d'Afie,
dans la province de Berbera, 6k cite la Bibliothèque de
D'Herbelot, qui ne dit rien de pareil. Le pays de Ber-
bera eft en Afrique. Voyez Gioneh.
GIVAUDAN. Voyez Gevaudan.
GIUBBA , (le détroit de) petit détroit de la
mer Adriatique , entre la côte de Dalmatie 6k l'ifle de
Pago, félon Lucius cité par Corneille.
GIUBELHADID, c'eft -à- dire montagne de Fer ,
félon Marmol , /. } , c. 19 , p. 27 , montagne d'Afrique,
au royaume de Maroc. Elle commence à l'Océan , du
côté du nord , s'étend vers le midi le long du Tanfift,
fépare cette province de celle de Duquela , enfuite de
celle de Maroc. Quoiqu'elle foit de la province de Héa,
elle ne fait pas pourtant partie du mont Atlas , 6k eft
peuplée d'une ancienne race d'Africains , de la tribu de
Muçamoda , nommée Recrée. Il y a par-tout beaucoup
de fontaines 6k de bocages épais d'arbres fruitiers. Le
trafic eft de miel, de cire, de l'huile d'Erquen 6k quel-
ques chèvres. On y recueille peu de bled ; mais on n'en
manque pas , à caufe du voifinage de Duquela qui en
abonde. Ce font des gens pauvres , fort religieux : il y
a parmi eux quantité d'Hermites , qui fe retirent dans
les roches les plus affreuiès , où ils vivent , d'herbes 6k
de fruits champêtres. Le peuple y eft fort civil 6k facile
à croire ce qu'on lui dit , pourvu qu'on le paye de rai-
fon. Marmol dit qu'y étant, l'an 1^42, 6k leur patiant
de religion , il leur fit une peinture de l'abftinence 6k
des mortifications de S. François ; ce qui les toucha au
point qu'on ne pouvoit , fans crime, malparler de ce
grand faint, en préfence des Alfaquis ou religieux. En
un mot, ils font fort dociles. Ils font plus de douze mille
combattans ; ce qui n'empêche pas qu'ils n'ayent payé
en même tems tribut aux rois de Fez , de Maroc , 6k
quelquefois même au roi de Portugal , pour fe garantir
des Arabes fujets de la couronne de Portugal ; mais à
préfent que les royaumes de Fez 6k de Maroc font fous
un même fouverain , 6k que le Portugal n'a plus rien.
à commander à ces Arabes , ces peuples ne font plus
obligés à ces tributs.
GIUBELEYN, montagne d'Afrique, au royaume de
Fez. C'eft, dit Marmol, t. 2, £4, c. 130,/'. 314, une
partie des montagnes de Tezar, qui eft fort haute 6k fort
froide , 6k contient vingt lieues de long , fur cinq de
large. Elle eft à dix-huit lieues de la ville de Tezar, du
côté du midi , 6k a au levant les montagnes de Du-
budu, 6k au couchant celles de Jagaza. La cime de
ces montagnes eft couverte de neiges toute l'année.
Elle étoit autrefois habitée par un peuple riche 6k bel-
liqueux, qui fe maintenoit en liberté; mais fes brigan-
dages 6k fes tyrannies lui attirèrent la haine de fes voifins ,
qui s'étant joints enfemble, entrèrent par force dans ces
montagnes , 6k mirent tout à feu 6k à fang , fans qu'el-
les fe (oient jamais repeuplées. Il n'eft demeuré qu'une
petite habitation au fommet parmi les neiges , laquelle
n'avoit point eu de part à leurs voleries. On leur par-
donna donc , parce qu'ils vivoient comme des Alfaquis
ou religieux ; 6k ceux qui y reftent , vivent encore fort
bien, fans faire tort à perfonne : chacun les refpefte;
6k même le roi de Fez les favorife , parce qu'il en fort
des dofleurs très- habiles.
GIUDDAH. Voyez Gioddah.
GIUDECA, ifle d'Italie , dans l'état de Venife, au-
près de la capitale , dont elle n'eft féparée que par un ca-
nal. De faint Disdier dans la Defcription de Venife,/». IÇ,
la nomme la ZUEOUE , 6k dit qu'elle tait une partie
de Venife , quoiqu'elle en foit entièrement détachée :
Tome III. Q ij
GIV
124
il femble que ce foit une grande demi-lune , & une
eontre-garde qui couvre plus de la moitié de la ville ,
du côté du midi ; s'étend depuis l'endroit qui fait face à
la place de S. Marc , jusqu'à l'extrémité occidentale ,
laiffant un "canal qui l'en fépare de plus de trois cents pas
de large. Cette ifle étoit autrefois habitée par les Juifs
qui lui donnèrent le nom de Jtjdeque, (Giudtca,) Si en-
fùitepar corruption, celui de Zueque.Elle eft d'une largeur
égale par-tout , d'environ trois cents pas ; Si du côté de
la ville, elle a un quai fort fpacieux, qui eft bordé de plu-
fieurs églifes magnifiques , Sr. de quantité de très-belles
maifons qui ont des jardins fur le derrière , qui s'éten-
dent jusqu'aux Lagunes. Comme cette ifle eft coupée
par fept ou huit canaux qui la traverfent , il y a autant
de grands ponts qui en continuent le quai , dont l'afpect
eft auffi beau que celui de la Zueque l'eft du côté de
la ville ; & fi le moindre vent n'empêchoit les gon-
doles de traverfer à toute heure en fureté fon grand ca-
nal , la Zueque feroit , fans doute , le plus agréable fé-
jour de Venife. Son circuit , qui eft de deux milles ,
eft remplie de plufieurs maifons de plaifance , accom-
pagnées de jardins délicieux : il y a douze ou quatorze
églifes. Dans celle de S. Catalde eft le corps tout en-
tier de fainte Julienne de Padoue , décédée en izi6.
Celle du Rédempteur , dont le portail eft beau , Si qui
eft deffervie par les Capucins , fut bâtie par l'ordre du
fénat, l'an 1576. Sur la porte font ces paroles :
Christo Redemptori,
clvitate gravi pestilentia liberata ,
senatus ex voto.
La ftru&ure en eft agréable , & elle eft bien propor-
tionnée dans fa hauteur , fa longueur Si fa largeur. Sur
le maître-autel il y a un grand crucifix en bronze , Si
les ftatues de S. François Si de S. Marc , qui font à les
côtés. Les chapelles en font d'un beau marbre, ornées
de peintures très-exquifes. L'Afcenfiori , la Nativité St
l'Affomption , font trois chefs-d'eeuvres du Baffan , de
même que la Flagellation de notre Seigneur , qui eft dans
la facriftie ; mais la Vierge qui tient le petit Jefus , eft
du Titien. On en voit une autre de Cartlelin , dans une
chapelle auprès de l'églife, Si deux petits enfans aux deux
côtés jouent des inftrumens. Dans l'églife de S. Jacques,
occupée par les Servîtes , il y a un crucifix miraculeux;
& derrière le maître-autel, on admire les belles eolom-
nes & une Affomption très- bien faite. * Journal d'un
voyage de France & d'Italie , p. 841.
GIVET, petit ville de France, aux Pays-bas. C'étoit
autrefois deux petits villages du comté de Namur, aux
deux côtés de la Meufe , auprès de Charlemont. On en
a fait , depuis un demi- fiécle , deux petites villes fépa-
rées l'une de l'autre par la Meufe. Celle qui eft fous
Charlemont, s'appelle Givet-Saint-Hilaire ; Si l'autre qui
eft au-delà delà rivière, s'appelle Givtt-Notre-Dame.
On y a conftruit de beaux bâtimens , des rues droites ,
larges & bien percées , & tout ce qui fait aujourd'hui
rembelliffement de nos villes : c'eft un ouvrage du ma-
réchal de Vauban. * Dictionnaire géographique des Pays-
bas. Piganiol Je la Force , Defcr. de la France , t. j ,
p. 363 , édit. de Paris.
L'empereur Charles V, ayant obtenu de George d'Au-
triche , bâtard de l'empereur Maximilien I , alors évê-
que de Liège , la terre d'Agimont, fous promeffe d'un
équivalent , qu'il ne lui a jamais donné , en prit poffef-
fton, en 1555, Si fit bâtir dans cette terre, au-deffus
du bourg de Givet , une fortereffe , qu'il nomma , de
fon nom , Charlemont. On établit une cour de juftice à
Givet , qu'on nommoit la cour d 'Agbnont ; Si cela fub-
fifta jusqu'en 1680, que la place de Charlemont fut re-
mife à Louis le Grand , en exécution de la paix de
Nimegue. Il y eut enfuite de grands différends entre les
François Si les Efpagnols , pour les dépendances de
Charlemont , qui furent enfin réglées par le traité de
Lille, conclu en 1699, par lequel les deux Givetsdeçk
Si de-là la Meufe , ci tous les villages qui font au midi
du ruiffeau d'Erméton , furent cédés à la France , avec
les villages de Pvanffene, Vireu-le-Valeran , Hebbes &
Hargnies , qui font au-delà de la Meufe. Les François
ont fait fortifier les deux Givets , qui font fous Charle-
GIV
mont , comme on va le voir par la defcripfiôn , au lieu
qu'ils étoient tous ouverts auparavant. A l'égard de l'an-
cien château d'Agimont , les François ayant obligé ,
l'an 1680, les Efpagnols à en fortir , ils le ruinèrent.
* Longuerue , Defcript. de la France, z. part. p. 133.
_ Givet-saint-Hilaire confifte en un petit canton
de maifons mal bâties , qui ont tout l'air d'un village
antique , Si en plufieurs rues neuves qui occupent un
terrein cinq ou fix fois plus grand que ce village ; on y
remarque, entr'autres , la place qui eft des plus grandes &
des plus régulières. Elle a été taillée en plein drap , s'il
eft permis de parler ainfi ; & il falloit bien employer
le terrein vague qui étoit entre Givet Si Charlemont.
L'ancienne place publique eft affez belle Si affez régu-
lière ; mais on. doit remarquer par-deffus toutes chofes
des cazernes qui font des plus beaux édifices , Si de
grands corps de bâtimens qui font très-confidérables.
On. entre dans Givet par deux feules portes ; l'une vient
de Bouvines ; Tautre répond au pont de bois nouvelle-
ment conftruit , & qui fert de communication à l'autre
Givet. L'enceinte eft compofée de cinq grands baftions,
trois desquels font chargés de cavaliers. Trois des cour-
tines de la place font couvertes par des tenaillons. Dans
le fofle , qui eft fec &: taillé dans le roc , font placées
fix grandes demi-lunes à flanc. Celle qui couvre la porte,
eft retranchée d'un réduit , ou petite demi -lune envi-
ronnée d'un petit foffé. La demi-lune fuivante eft cou-
verte d'un grand ouvrage à corne , dont le front eft cou-
vert d'une demi-lune. Tous ces ouvrages font entourés;
à l'ordinaire , d'un foffé , d'un chemin couvert avec fes
traveriës & place d'armes , Si d'un glacis : l'enceinte ;
qui eft fur la rivière, n'eft qu'une {impie muraille; mais
bonne Si folide , Si dont le pied eft dans l'eau , accom-
pagnée de quelques petits baftions dont les flancs font
tïès-petits , des plus camus , en un mot , de la nature de
ceux que nos ingénieurs appellent des moineaux. Le long
de la muraille , en dedans , au pied du rocher fur lequel
eft bâti Charlemont , eft un grand , beau Si magnifique
corps de cazernes , qui confifte en trois gros pavillons.
De ce côté de la Meufe , il y a fur une hauteur une
redoute qui pourroit en un befoin commander la ville.
C'eft un ouvrage remarquable : fa figure eft oftogone ,
Si percée de deux ou trois étages d'embrafures : il eft:
entouré d'un petit foffé fec.
Givet-Notre-Dame a deux enceintes qui forment
deux manières de villes , haute ci baffe. La partie haute
eft un terrein vague que l'on a enfermé feulement pour
s'emparer des hauteurs. L'enceinte , qui eft d'une forme
très-irréguliere , confifte en quatre grands baftions , affu-
jettis à l'irrégularité du terrein.' L'efpace qui eft entre
chacun de ces baftions , eft formé par quelques angles
rentrans ci faillans. L'enceinte qui fépare la hauteur
d'avec la baffe ville , eft auflî compofée de plufieurs
angles faillans & rentrans, avec quelques tours. Le-côté
de la rivière n'a pour défenfe qu'un rocher efearpé Se
inacceffible. Il y a auflî fur le bord de la rivière , à l'en-
droit où tombe une ravine qui vient du rocher , une re-
doute carrée, d'une bonne conftru&ion, revêtue en dedans
■ Si -en dehors. A un de fes angles , eft une guérite carrée
qui donne fur cette rivière. La partie de l'enceinte où
l'on a pu pratiquer un foflé , eft couverte de deux demi-
lunes , l'une defquelles eft contre-gardée , le tout acom-
pagné à l'ordinaire de fon chemin couvert avec fes tra-
verfes , places d'armes Si glacis. La partie qui s'étend
depuis la rivière jufqu'à la ravine , a feulement un petit
fofle taillé dans le roc. La ville baffe eft féparée en deux
par une petite rwiere. Ces deux parties font l'ancienne Se
les acroiffemens : l'ancienne n'eft proprement qu'une rue
affez large ; les acroiffemens , au contraire , font confidé-
rables. On y voit des rues régulières. Celle qui vient du
pont , eft des plus larges , des plus droites , Si des mieux
percées. La place d'armes eft affez grande , Si eft fituée
fur le bord de la petite rivière , Si non pas au milieu
de la ville , comme prefque dans toutes les villes nou-
velles. On y entre par trois différentes portes. L'enceinte
confifte en cinq baftions , dont trois font chargés, de
cavaliers. Le foffé eft petit , mais plein d'eau. Une petite
demi-lune couvre une des portes , Si au-delà eft une
grande nappe d'eau. Le canal de la petite rivière a été
élargi Si revêtu de quais de bonne maçonnerie des deux
GIU
GLA
côtés , en forme de canal qui s'élargit par pluiîeurs Mes \
fur l'une defqueiles eft un petit château carrérlong , flanqué
de quatre tours rondes à l'antique. De l'autre côté , eft
une porte d'eau , ou éclufe. Dans la campagne on a placé
fur des hauteurs , des redoutes , tant carrées que pentagona-
les , & difpofées d'efpace en efpace.
GIUIRTENSIS , lïége épifcopal d'Afrique , félon
Ortélius , qui cite la Conférence de Carthage , où je ne le
trouve point : c'eft peut-être le même que Giutsitensis.
.Voyez ce mot.
GIULA , ville de la haute Hongrie , aux frontières
de la Tranfilvanie , 'fur le Keres blanc , au nord-oueft
& à dix lieues communes ( d'une heure de chemin ) de
la ville d'Arad , & au fud-oueft & à pareille diftance du
grand Varadin , félon de l'Ifle , Carte de Hongrie. Elle
fut prife en 1566 , par les Turcs qui l'engagèrent quel-
que tems après au prince de Tranfilvanie , dont ils
Î2S
lignèrent la lettre fynodale des pères dé la province
proconfulaire au concile de Latran , tenu fous le pape
Martin.
GIUTSITENSIS ,.. autre fiége épifcopal d'Afrique .*
dans la Conférence de Carthage , on trouve Procure
évêque plebis Giutfitenjls Salaria. Ou ne fait da'is quelle
province étoit cet évêché.
GIZAMA , ville de la Méfopotamie, félon Ptolomée <
/,;,(. 18.
GIZERA , rivière du royaume de Bohême , dans lé
cercle de Bunezel. Elle a fa fource aux montagnes qui le
féparent de la Siléfie , d'où , ferpentant vers le fud-oueft ,
elle fe charge de plufieurs ruifleaux .m chemin , paffe à
Boleilaw ou Iung Bunezel , qu'elle baigne , & fe jette
dans l'Elbe au vieux Bunezel , vis-à-vis de Brandeifs.
* Jaillot , Atlas,
GLACIAL. Ce mot fignifîe ce qui eft (ujet à la gla
la retirèrent depuis , & la pofféderent jufqu'au mois Ce qui eft extrêmement froid : nous nous en fervons pour
de Janvier 1695 , que les impériaux s'en rendirent maî- marquer la même chofe que ftptemrional ; car à notre
très ', & la conservèrent par le traité de Carlowitz , égard, & à l'égard des peuples fitués en-deçà de l'équa-
en 1699.
I. GIULA P , rivière d'Afie , dans le Diarbeck ; elle
fort des .frontières de l'Arménie , d'où coulant vers le
midi , elle y reçoit quelques rivières , 8c fe rend enfin
dans l'Euphrate'au-deflbus de la petite ville de Giulap ,
qu'elle arrolé vis-à-vis des limites de l'Arabie déferte.
Baudrand croit que c'eft fe Ch ABORRAS. Voyez ce mot.
%. GIULAP. , petite ville d'Afie , dans le Diarbeck ,
fur une rivière de même nom.
teur , plus nous avançons vers le nord , plus nous trou-
vons les hivers longs & rigoureux. Plus un pays eft fep-
tentrional , plus il eft froid. A l'égard des peuples fîmes
de l'autre côté de l'équateur , ii en eft de même de la partie
auftrale , qui peut être appellée glaciale. A.;.û nn-.is ap-
pelions Océan glacial , ou la mer. glaciale , cette mer
qui eft au nord * & où nos navigateurs onttrouvé d'effroya-
bles glaces* qui ont interrompu leur navigation. Les
anciens , qui ont partagé le globe en cinq zones ou ban-
GIULIANA , en latin Juliana , petite ville de Sicile , des , ont auffi appelle glaciales les plus voifines du pôle.
dans la vallée de Mazare , fur un rocher efearpé ; ce qui
en rend la fituation très-forte. Elle eft à environ trente-
cinq milles de Palerme au midi , en allant vers Sacca ,
dont elle n'eft qu'à quinze milles & autant de la côte
de la mer d'Afrique. * Baudrand. éd. de 170^.
GIULIA NOVA, ville d'Italie , au royaume de Naples ,
dans l'Abbruzze ultérieure
Voyez Mer glaciale, & Zone.
GLACERIMA. Quelques éditions d'Antcnin portent
ce mot au , lieu de Glatena , qu'il doit y avoir.
GLADBAÇ , . abbaye d'hommes , ordre de S. Be-
noît, dans le duché de Juliers , fur les frontières del'éiec-
torat de Cologne , à cinq lieues au couchant de Nuys ,
Venife. Elle a titre de Duché , & eft à environ dix-
huit milles de Peûna au feptentrion , & à vingt de la ville
d'Afcoli de la Marche , au levant. * Baudr. éd. de 1705.
GIUND , ville d'Afie , dans la grande Tartarie , au
Turqueftan , au-delà de Bokharah , &: vers le Sihon , qui
eft le Jaxarte des anciens. Abulféda lui donne 78 d.
45' de longitude , & félon quelques-uns 43 d. 30' de
latitude feptentrionale. C'eft de ce heu-là , où Selgiuk
s'établit d'abord , que les Selgiucides font venus , &
la côte du golfe de proche la rivière, de Miers. Elle eft riche, & fut fondée
dans le dixième fiécle
GLAMBULCPIENSIS , fiége épifcopal de la Syrie.
Le P. Kardouin cite Villelmus qui étoit évêque de ce
lieu. *Harduin. CollecT:. conc.
GLAMNATENA , pour Glanatica. Voyez ce
mot.
GLAMORGAN, (le comté de) où
GLAMORGANSHIRE , province delà Grande-Bre-
tagne, dans la principauté de Galles. Elle eft au levant de
d'où ils partirent pour entrer en Perfe. * D'Herbelot. la province de Carmarthen , êedans le diocèse deJLan-
Biblioth., orient. daf. Elle a cent douze mitles de tour , ck contient en-
GIUNEIN , lieu d'Afie , dans l'Arabie. Il eft devenu viron cinq cents quarante mille arpens , & neuf mille fis.
fameux par la bataille que Mahomet y donna la même cents quarante-quatre maiforis. La partie feptentrionale
année qu'il prit la Mecque , qui fut la huitième de l'hé- eft pleine de montagnes; mais la méridionale eft fi lèr-
gire. Ce lieu que quelques-uns appellent Honain , eft une tile qu'on l'appelle le jardin du pays de Galles. Elle
vallée où les Haovafeniens &lesTakififienss'affemblerent contient cent dix-huit paroiffes & neuf villes ou bourgs
après la prife de la Mecque , fous la conduite de Malec- où l'on tient marché, Cardif eft la capitale ; Landaff
Ben-Auf-Mahomet , qui avec douze mille hommes les eft le fiége d'un évêché ; Suanzey a un havre fort fré-
attaqua. Ses gens plièrent d'abord ; mais ils ne laifTerent quenté , & à Newton , il y a Une fontaine; qui groffit
pas de remporter la victoire , & de faire un très-grand lorfque la mer fe retire , & baille lorfque la marée
butin , qui les encouragea fi fort , qu'ils allèrent de-là monte.
attaquer la ville de Tayef dans l'Yemen
1. GIVRI , ville de France , en Champagne , dans le
Rémois.
2. GIVRY , baronnie de France dans le Nivernois.
Elle relevé de l'évêché de Nevers ; & le baron de Givri
eft tenu de porter l'évêque le jour de fon entrée.
3. GIVRI , petite ville de France dans le duché de
GLAN, ancien nom d'une rivière d'Angleterre. Voyez
Glanoventa.
GLANAR.OGHTY , baronnie d'Irlande dans la pro^
vince de Munfter ; c'eft la plus méridionale des huit,
qui compofent ■ le comté de Kerry. * Etat préfent ds
l'Irlande, p, 50.
GLANATICA, ville des Alpes maritimes , félon la
Bourgogne. Le vin de Givry eft l'un des meilleurs du Notice des provinces , dan-; les Ac~t.es eccléfiaftiques :
Châlonois. * Garreau , Defcript. de la Bourgogne ,/>. 494 , quelques exemplaires portent Cla;nnatena. C'eft la même
"éd. de 1734. • que Glandate & Glandeves. Cette ville eft du moyen-
II y a quelques autres villages de même nom. âge ; elle n'exiftoit point du tems des empereurs Ro-
GIUSTANDIL , ville delà Turquie, en Europe , & mains. Les débordemens du Var , fur lequel elle eft
non pas en Afie , comme ledit Corneille. Elle 'eft lituée fituée, l'ont détruite. Elle fe trouve nommée dans di-
fut une colline près du lac d'Ocrida. C'eft ÏAchriius vers monumens de l'églife de France , ciyitas Glan-
des anciens , nommée enfuite jufiiniana prima. Voyez date, Glandatum , Clanmuera, Glannativa,Clana-
Achride. C'eft de ce nom de Jujliniana corrompu que leva, Glannateva , civitas Glamnateva. C'étoit autre-
s'eft formé le nom moderne. Elle eft à vingt-cinq lieues fois un comté, ci le fiége d'un évêché , dont on croit
de Durazzo , & eft afiez grande <k fortifiée. C'eft le que S. Fraterne fut premier évêque. Mais le terrein de
fiége d'un archevêque Grec ëc d'unSangiac* Baudrand, cette ville ayant été en partie emporté par les inonda-
éd. de 17c"). tions du Var, les habitans fe retirèrent de l'autre côté
GIUTRAMBACARIENSÏS , fiége épifcopal d'Afri- de la rivière, dans une petite ville appellée Entrevaux ,
que dans la province proconfulaire. Bencnatus Epifcopus qui n'eft éloignée des ruines de Glandeves, que d'un
fanclce ecclejza Giutrambacarienfs eft un des prélats qui quart de lieue, Une refte presque plus rien de l'ancienne'
126
GLA
GLA
ville de Glandeves , que la maifon de l'évêque , qui eft
fuffragant d'Embrun. Le chapitre a été^transféré à En-
trevaux ; il eft compofé d'un prévôt, d'un archidiacre ,
d'un facrïftain , d'un capifcol &c de cinq chanoines. On
compte environ cinquante paroiffes dans ce diocèse. Il
y en a une dont le nom eft devenu immortel , parce
que M. de Pcirefc, l'un des plus doef.es & des plus ver-
tueux hommes de ion tems , l'a porté. * Piganiol de la
Force, Defcr. de la France, t. 4, p. 96 & 180. Longue-
rue , Defcr. de la France , 1. parc. p. 368.
GLANCHERY,baronnie d'Irlande, dans la province
de Munfter. C'eft une des fix qui compofent le comté
de Waterford. * Etat prifenx.de la G. Bret. t. 3.
GLANDELACUM ou Bistagna , ville autrefois
épifcopale en Irlande , dans la province de Leinfter.
Son évêché florifloit en 559. Il a été uni à celui de
Dublin dans le douzième fiécle , fous le régne de Jean-
fans-Terre. Ce n'eft plus qu'un village , dans le comté
de Dublin. Baudrand le nomme Glandeleur ou Glan-
delach.
GLANDELEUR. Voyez l'article précédent.
GLANDESVES , ou
GLANDEVES , ville de France , en Provence , éri-
gée durant le moyen-âge , & enfin ruinée. Elle étoit
fur le Var , au pied des Alpes , aux confins du comté de
Nice. Voyez Glanatica.
GLANDIERES , Chartreufe de France , dans le Li-
moufm , à deux lieues de la ville d'Uzerche."
GLANDOMIRUM , rWyî?©» , ville del'Efpagne
Tarragonoife , au pays des Callaici Lucenfes , félon Pto-
lomée , l. 2 , c. 6. Elle eft nommée Grandimirum dans
l'Itinéraire d'Antonin, fur la route de Brague à Aftorga,
en fuivant la côte de la mer.
GLANFEUIL, en latin Glanna tk Glannafolium ,
abbaye de France., en Anjou, au bord méridional de la
Loire , entre Angers & Saumur , à quatre grandes lieues
de la première. Elle porte à préfent lemom de fon fon-
dateur ; & on l'appelle Saint-Maur-fur-Loire.
1. GLANIS, rivière de l'Ibérie ou d'Efpagne, félon
Iface fur Lycophron cité par Ortélius. C'eft la même
que Clanis 3.
2. GLANIS. Voyez LiriS.
GLANIUS. Voyez Clanius.
GLANNA ou Glannafolium. Voyez Glan-
feuil.
GLANNIBANTA, ville de l'ifle de la Grande-Bre-
tagne, félon la Notice de l'empire , fut. 63. Cambden
croit que c'eft Bainbrig. Ortélius doute fi ce n'eft pas
la même que Clamovtnta m d'Antonin. C'eft ainfi qu'il
trouvoit ce mot écrit dans l'Itinéraire , au lieu de Gla-
NOVENTA.
GLANOVENTA, lieu de la Grande-Bretagne. An-
tonin, Itlner. le met à dix-huit milles de Galava, en al-
lant vers Mediolanum. Gale , in lùner. p. 116, dit que
c'eft peut-être Gebain nommé par Becle. C'étoit au-
trefois une maifon royale qui a la vue fur Anterchefter,
lieu voifin. Le nom & les ruines marquent aflez de tra-
ces du tems des Romains; ck il y a apparence que Ge-
brin eft venu de ces ruines. La rivière que l'on appelle
préieutement BovENT , s'appelloit autrefois Glan ou
Glaîn, rk c'eft de-là que toute la vallée a pris le nom
de GUndale. Il eft vrai , pourfuit le favant Anglois , que
la Notice de l'empire met Glanibenta fur la ligne du
rempart des Romains ; mais il en eft à trente - quatre
milles.
GLANUM Livii , ville de la Gaule , félon Pline ,
/. 3 , c. 4. Ptolomée , /. 2 , c 5 , met v^dni au pays des
Salyens. Antonin , Itiner. qui l'appelle Clanum, la met
à feize mille pas de Cavaillon. Cette diftance à per-
fuadé Bouche , l'hiftorien de la. Provence , A3, c. 3 ,
p. 136, que ce lieu eft à préfent S. Remy , entre Arles
ôcCavillon. Voyez Clanum i. Cénalisa tort de douter
fi ce n'eft pas Glandeves , qui n'exiftoit pas encore du
teins de ces anciens auteurs. Joannes Poldus fait encore
pis; car il veut qu'on life Glandanum., & l'explique
par Gap.
GLAOGAW. Voyez Glogaw.
GLAPHYRjE, THufuçgl , ville de la Theffalie, fé-
lon Etienne, qui cite le fécond livre de l'Iliade. Eufta-
the , expliquant le vers d'Homère , où il en eft pailé , dit
qu'il y a en Cilicie un village de même nom.
GLARENZA. Voyez Cyllene.
GLARI , lieu de l'Arabie heureufe , félon Pline ,1.6.
c. 28.
1. GLARIS, bourg de Suifle. Il eft beau & grand,
presqu'au milieu du canton ■ du même nom , dans une
jolie campagne , au pied de montagnes fort hautes &
efearpées ; il y a de grandes & de belles maifons , bien
entretenues, avec quelques édifices publics , entr'autres,
deux églifes , l'une au milieu du bourg , & l'autre au de-
hors , fur une hauteur. La Lint parle tout auprès , ck
contribue à la fertilité des campagnes voifines. Sur la
hauteur il y a une caverne fort profonde. Les afiemblées
générales du canton fe tiennent tous les premiers di-
manches de Mai à Glaris : on y prête les fermens fur
le livre du pays ; & tous les habitans mâles , de l'âge de
feize ans , font obligés d'affifter fans diftinftion d'origi-
naires & de nouveaux habitués. Glaris eft compofé d'ha-
bitans de deux religions , qui vivent paifiblement en-
femble. *Etat & Délices de la Suijfe , t. 2 , p. 471 .
Ce bourg qu'arrofe la rivière de Sarnef , étoit autre-
fois une petite ville impériale , qui fe tira de la dépen-
dance de l'empire , pour s'unir aux autres cantons,
en 1352: elle n'eft qu'à dix-huit mille pas d'Altorf, au
levant d'été , & autant de Schutz au levant d'hyver.
Onla nomme erilatinGLARONAouCLARONA, * Baud.
éd. de 170*). •
2. GLARIS , (le canton de) en latin Glaronenfis ,
Glareanus pagus , eft le huitième entre les treize can-
tons SuifTes. il eft borné à l'orient , par les Grifons &
par 1e comté de Sargans ; au nord , par le bailliage de
Gafter, & par le lac deWahleftatt ; à l'occident, par le
canton de Schwitz ; &C au midi , par le canton d'Urie ,
& par la ligue haute des Grifons. Ce pays étant entiè-
rement dans les Alpes , eft montueux. Il eft partagé en
trois parties générales. *Elat & Délices de la Suijfe, t. 2,
p. 466.
Le quartier d'en-bas, où font les villages de Ni-
der-Urnen, Ncefds, Mullis , tkc.
Le quartier du milieu, où font les bourgs de
Glaris &c de Schwanden,
Et le QUARTIER D'EN-HAUT OU DE DERRIERE,
compofé de deux vallées ; la grande qui eft la vallée de
la Lint , où font les villages de Lintthal tk de Betfch-
wanden , & la petite qui eft la vallée de la Sernf , où
font les villages paroiffiaux Matt Jk Ebn.
Les SuifTes s'emparèrent, fur la fin de l'année 13 51,*
du pays qui forme aujourd'hui le canton de Glaris, qui
appartenoit aux Autrichiens : dans la crainte que les
troupes de l'Archiduc ne fiflent par cet endroit une ir-
ruption fur les autres cantons , lorsqu'ils en furent maî-
tres , ils imitèrent la fage conduite des anciens Romains,
en admettant dans leur alliance & dans leur amitié ceux
qu'ils avoient vaincus. Par ce moyen Glaris fut uni aux
cantons.
Celui de Glaris, qui peut avoir environ huit milles de
longueur , n'eft acceffible que par un feul endroit. L'on
y trouve par-tout de bons pâturages pour le bétail : les
habitans y font un gros commerce d'un certain fromage
particulier au pays , on l'appelle vulgairement Schab^i-
ger; il eft fait de lait & d'une certaine herbe qui croît
dans le canton. On envoie de ces fromages presque
dans toute l'Europe ; il eft agréable au goût &c très-
fain. On trouve fréquemment dans les montagnes de ce
canton , de grandes cavernes que la nature a difpofées
de façon qu'il en fort perpétuellement un vend chaud ,
qui fait d'abord fondre la neige qui tombe en Automne
ck au printems. Le pays eft fujet aux tremblemens de
terre. On en a compté trente-fept depuis le mois d'Août
de l'année 1701 , jusqu'en Janvier 1703.
Il y a un aflez bon bailliage dans ce_ canton à Wer-
denberg , & il envoie de trois ans en trois ans un bailli à
Wartau. Il poffede en commun , avec le canton de
Schv/itz , les bailliages SUt^tnach Se de Gafter : il n'a
point perdu , comme les autres 'petits cantons , fes droits
fur celui de Bade ; parce qu'il ne prit aucun parti , &
rv.fta neutre dans la guerre de 171 2 : enfin il. a part dans
les bailliages communs d'Italie.
Le gouvernement de ce pays fut donné , environ
l'an 500 , à S. Fridolin, qui eft encore le patron du can-^
ton : on le voit dans les armes du pays , qui font de
gueule à un pèlerin d'argent , ayant le bourdon à la
CLA
GLÂ
main. S.Fridolin y bâtit une églife , la donna enfuite,
avec' tout le pays , à une abbaye de filles , qu'il fonda à
Seckingen : l'abbeiTe alloit tous les ans à Glaris, pour y
faire adminiftrer la juftice par douze juges qu'elle pre-
noit dans le pays. Mais dans le douzième fiécle , l'em-
pereur Frédéric - BarberoufTe donna un protecteur à ce
pays , qui avoit l'adminiftration de la juftice pour le
criminel , avec tous les émolumens qui en dépendent.
L'abbefle établiffoit un maire qui avoit le gouvernement
civil du pays , & qui recevoit les droits de l'abbaye. La
maifon d'Autriche acquit dans la fuite les jurifdiftions
du protecteur & du maire ; mais les habitans prirent les
armes pour recouvrer leurs droits , firent alliance avec
ceux de Zurich , de Lucerne & des trois petits cantons
voifins, l'an 13 ^z. Aujourd'hui le gouvernement de Gla-
ris eft démocratique ; &c les habitans , quoique partie
Proteftans , partie Catholiques , font fort unis" : ils font
l'office tour-à-tour dans la même églife. Ulrich Z\cin-
gle fut curé de Glaris, en 1506. Il eft regardé comme
■l'auteur de la réformation.
Le pays eft partagé pour le gouvernement en quinze
parties qu'ils appellent Tagwe-n , c'eft-à-dire corvées ;
lavoir,
127
Glaris,
Elm,
Malt & Engl ,
Ena-Lind û Ruthi,
Lindtkal,
Bettschwandtn ,
Diesbach ,
Hatt^ingent
& Haslen ,
Mitfuren ,
Bilun & Korent^cn ,
Sdïwandcn ,
Soohl & Mitlodi,
Enneda ,
Netftall,
Mullis,
Nafels ,
Obcr & Nidcr-Urnm.
Chacune de ces parties a Ces prairies publiques & fes fo-
rêts , fk fournit quatre fénafeurs : Glaris en fournit fix
des deux religions. Lorsqu'un fénateur meurt , il eft
remplacé parjes lùffrages publics de' fa corvée , ou par le
fort ; enforte que le fénat du canton eft toujours de
foixante-deux membres , fans y comprendre les préfi-
dens 8t les officiers de la république. Les préfidens font
le land-amman ; Se le proconful , appelle vulgairement
le lands-jlatthalur : ils exercent alternativement ces
deux charges ; les Proteftans pendant trois ans , ck les
Catholiques pendant deux ; & quand le land-amman eft
d'une religion , il faut que le proconful foit de l'autre.
L'une & l'autre religion a fes cours de juftice particu-
lières. On en compte deux , la cour des cinq & la cour
des neuf: la première juge les affaires mobillaires &
• immobihaires ; la féconde les falaires , les prétentions
de ceux qui ont été commandés de prendre les armes
pour quelque expédition , les penfions , les calomnies
& les injures. Mais (ï les perfonnes, qui font en procès ,
fe trouvent de différente religion , on forme pour lors
la cour des cinq ou celle des neuf d'un égal nombre de
juges de chaque religion , de façon néanmoins que l'ar-
bitre foit de celle de la partie lélée ou aceufée.
Les Proteftans ont un confiftoire particulier pour les
caufes matrimoniales , qui eft compofé de deux minif-
tres & de fept laïques : l'amman ou le proconful y pré-
fide. Les juges des cinq ou des neuf font élus dans les
affemblées générales de la république ; mais les affef-
feurs du confiftoire le font dans le fénat. Toutes ces
cours jugent fans appel. Quelquefois cependant le fénat,
fous prétexte de révifion , apporte quelque modération
ou quelque éclairciffement à la fentence.
On tient tous les ans deux diètes ou affemblées ordi-
naires, appellées ordinari landsgemeiden : l'une eft en
quelque manière particulière , chaque religion s'affem-
blant féparément ; l'autre eft générale 4 étant compofée
de toute la république. Toute perfonne qui a atteint l'âge
de feize ans, eft obligée de s'y trouver le fabre au côté.
La première fe convoque par les Catholiques , le der-
nier dimanche d'Avril , entre les villages de Netflal &
de Nafels ; & à Schwanden , par les Proteftans. On y
délibère fur les affaires qui font propofées , & l'on y fait
les élections par le fort.
L'affemblée générale des deux religions fe tient tous
les premiers dimanches du mois de Mai ; & après que
l'on y a fait la lefturedes loix fondamentales , les pré-
fidens & le peuple y jurent une union mutuelle. Outre
ces affemblées ordinaires , on peut en convoquer d'au-
tre en tout tems , toutes les fois qu'il furvient des affaires
d'importance.
La république de Glaris s'oblige par ferment à l'ob-
fervation d'un certain nombre de ftatuts qu'elle a éta-
blis pour fa confervation. 1. Chaque particulier s'en-
gage par ferment , de féparer &: de faire fes efforts pour
réconcilier les perfonnes qu'il verra fe battre. 2. Qui-
conque en aura injurié un autre , eft tenu de faire ré-
paration d'honneur à I'effsnfé , par-devant la cour des
neuf, ou en particulier devant quelques témoins. 3. Si
un créancier a demandé en vain à fbn débiteur le paye-
ment d'une dette, il lui eft permis d'eftimer une partie
de fes biens fuffifante pour payer la dette Sr. un tiers de
plus pour les frais. 4. Lorsqu'il naît un enfant bâtard ,
un fénateur fe transporte avec un appariteur & le greffier
chez la mère ; & après lui avoir fait approcher ion en-
fant de fa mammelle gauche , il l'oblige de déclarer , fous
la religion du ferment, le nom du père. 5. Il y a une
loi contre toute fortes de jeux , auxquels on peut perdre
ou gagner de l'argent ; on peut cependant parier à
l'exercice.
Le nombre des habitans de Glaris monte à trois mille
quatre cents hommes ou environ. Les Proteftans, qui font
le parti le plus puiffant , ont en leur particulier le comté
de "Werdenberg, qui eft une fort belle & grande terre,
le long du Rhin , &: la feigneurie de "Wartau , dans le
comté de Sargans.
Ceux de Glaris & de Sclrwitz font arbitres des diffé-
rends qui furviennent dans leToggenbourg, par une con-
vention expreffe, arrêtée l'an 1336. Ce droit n'emporte
aucune fupériorité ; c'eft proprement un titre , pour fe-
courir ceux de Toggenbourg , & qui donna lieu aux
troubles de 171 2.
GLARIUM, lieu particulier d'Afie, fur leBofphore,
félon Pierre Gilles. * Bofp. confi.
GLASCHON. Ortélius foupçonne que Cédrene a
voulu défigner par ce nom une ville quelque part vers
la Méfopotamie. Jean-Baptifte Gabius lit Chlascum dans
Curopalate , qui parle du même lieu.
GLASCOV, ou Glaskov, ou Glasco , ou Glas-
QUOU , en latin , Glafcua & Ghfcovia ; ville de
l'Ecoffe méridionale, dans la province de Clydfale , fur
la Clyde , aux confins des provinces de Cuningham &
de Lenox. (a) C'eft la plus belle & la plus confidéf
rable de la province ; le plus grand négoce des parties
occidentales de l'Ecoffe s'y fait. La Clyde porte les
vaiffeaux jufqu'à cette ville , dont le port eft New-Glas-
CO¥, à l'embouchure de cette rivière , avec un havre
capable de recevoir les plus grands navires.. Glascow
a un très-beau pont de pierre à huit arcades. La plus
grande partie de la ville eft dans une plaine où elle
fait prefque un carré ; & au milieu eft le Toll-booth ,
magnifique bâtiment de pierre de taille , avec une fort
haute tour & un carillon : il eft le centre des quatre
principales rues qui divifent la ville en quatre parties ,
& qui font ornées de plufieurs édifices publics. La grande
églife qu'on appelle S. Mungo , & qui étoit autrefois la
cathédrale , eft tout au haut de la ville : elle eft d'une
grandeur fk d'une ftructure admirables. Elle contient
deux églifes l'une fur l'autre (b). Macolme III établit l'évê-
ché en 1046. L'archevêque d'Yorck le prétendit de fa
province ; mais Celeftin III l'en déclara exeint par une
bulle cl el'an 1 1 91. Sixte IV l'érigea en métropole , Fan 1471 .
Ce liège a été aboli avec lepiscopat en Ecoffe,par le
Presbytéranisme. Proche de l'églife eft le château qui
étoit autrefois le palais de l'archevêque : il eft environé
d'une haute muraille , bâtie de pierre de taille ; mais
le plus grand ornement de cette ville eft Funiverfité :
c'eft un très-beau bâtiment où il y a diverfes cours ,
& dont la façade qui eft du côté de la ville, eft de
pierre de taille , avec des ornemens dignes d'un habile
architecte. Plufieurs favans y ont eu leur éducation , en-
tr'aimes , le fameux Buchanan. * (*) Etat prJfent de la
G. Bru. t. 2 , p. 256 , (b) Commanvilk , lifte
des arch.
GLAS-HUTTEN , ou Glasitten , pourg de la haute
Hongrie, à un mille de Hongrie , ou à fept milles Anglois
de Schemnitz : ce lieu eft remarquable par l'or qu'on y a
tiré des mines relies font très-riches , au rapport d'Edouard
Brown , qui dit dans fon voyage de Kamara, p. 137,
ii8
GLA
GLA
qu'on Fa perdue ; & il n'y a perfonne qui ait] pu favoir
ou en étoit l'entrée , depuis que Bethlem-Gabor vint faire
descourfes dans ce pays , & qu'il obligea les habitans de
s'enfuir ; celui à qui elle appartenoit , y laiffa pourtant
guelques marques , par le moyen desquelles on pourrait
la retrouver avec les figures de fes inftrurnens , qu'il fit
graver fur des écorces d'arbres. On a déjà trouvé fes
inftrurnens , en creufant en terre ; & l'on ne doit pas
tarder à trouver une pierre fur laquelle un vifa'ge eft
gravé : elle eft fur une autre qui bouche la mine.
Cette place eft fort fréquentée , à caufe de fes bains
chauds : il y en a cinq très-bons , avec des descentes
fort jolies ; & ils font très bien couverts : les fources en
font fort claires , &C le fond en eft rouge & verd : il y
a dans l'eau des endroits où on peut s'afleoir : l'ar-
gent prend la couleur d'or , lorsqu'on l'y laine long-tems.
Le plus eftimé de tous ces bains eft celui qu'on appelle
le bain fuant : les fources, en font fort chaudes , & les
eaux, venant d'une montagne , tombent dans le bain
qu'on a bâti exprès pour l'es recevoir. A Tin bout de
ce bain, en montant, on entre dans une cave, dont on
a fait une fort bonne étuve , par le moyen de ces bains:
il y a des places pour s'afleoir fort commodes ; & , en fe
-mettant ou plus haut ou plus bas , on fent ou plus ou
moins de chaleur ; ce qui eft fort commode , parce qu'on
ne fue qu'autant qu'on veut : cette cave , aum-bien que
les côtés du bain , eft couverte d'une très-grande quan-
tité de fleurs de toutes fortes de couleurs , qui font fort
belles & fort agréables à la vue , &£ que la chaleur con-
tinuelle des bains fait croître.
Glas-Hitten appartient au comte de Lippey , de la
famille duquel étoit le favant Polycarpus Procop'ms Bo-
canus , que l'archevêque de Presbourg chargea autrefois
de faire un rapport fidèle de toutes les raretés de ces
pays ; mais fa mort l'empêcha de faire part au ^ public
de toutes fes obfervations qui auraient fans doute été fort
curieufes.
Tollius, Epifi. iùnzr. F.p_. 169, dit que les Hon-
grois donnèrent le nom de Teplit^ à ce lieu , à caufe
des bains , Se les Allemands celui de GLas-Hutun qui
lignifie des verreries. Il y a trente ou quarante fontaines
qui bouillent naturellement: il donne enfuite des détails
curieux de ces eaux , &c des diverfes incruftations qu'elles
forment ; mais nous renvoyons le lecteur au livre même
de ce voyageur : il y a auffi Glafs-Hutten en Saxe. Voyez
Glass-Utt.
GLASSENBURI , ou Gl astenburi , ou Glaston ,
bourg d'Angleterre, au. comté de Sommerfeth : c'étoit
autrefois une ville & une abbaye célèbre. (a) Si l'on
en croit les mémoires de cette abbaye , c'étoit la plus
ancienne églife d'Angleterre : elle avoit eu pour fonda-
teur Jofeph d'Arimathie : elle étoit fituée dans le comté
de Sommerfeth , qui faifoit partie du royaume de "Weft-
fex , ou des Saxons Occidentaux. (b) On dit qu'elle
eut pour premiers habitans des folitaifes que S. Patrice
engagea à vivre en commun , à l'imitation des pères
d'Egypte. (c) Saint-Patrice y mourut ; ce qui a donné lieu
de croire qu'elle pofledoit les reliques de S. Patrice ,
apôtre d'Irlande. Dans le feptiéme fiécle , elle reçut la
régie commune des monafteres du pays , félon le témoi-
gnage de S. Adelme 6c les Actes de S.Boniface, tous
deux religieux de la province de 'Weftfex. Britwald eft
le premier abbé Anglois de Glaftenburi ; le roi Kyne-
valque lui donna quelques terres : il eut pour fuccefïeur
Heinsgifel , que le roi Kentwin établit abbé , l'an 678 ,
à la prière de S. Hede , & des religieux de la commu-
nauté. Ce prince fit encore d'autres grâces à leur monas-
tère , 6i leur permit d'élire à l'avenir leur abbé , félon
la régie de S. Benoit : il fut enterré dans leur abbaye ,
pour laquelle il avoit une grande vénération , l'appel-
ïant la mère des faims. Quelques rois , comme Etwin,
& fur-tout Ina , fon fucceffeur , quittèrent la couronne, &
embrafferent la vie monaftique. (d) Ina fit rebâtir lemo-
naftere de Glaftenburi , le combla de grâces Se de bien-
faits. Cependant , dès le commencement du dixième fié-
cle (e) , ce monaftere étoit occupé par des Irlandois qui
y inftruifoient h jeu nèfle : il n'y avoit plus de moines,
& les rois s'en étoient approprié les domaines. S.Dunf-
tan, qui étoit né auprès de ce lieu, l'an 924, y étudia;
& ayant enfuite embrafte l'état monaftique , il devint
le reftaurateur de ce monaftere ; il y employa fon patri-
moine , & obtint du roi Edelftan tout ce qui étoit dû
domaine du roi à Glaftenburi. Il commença auffi-tôt à
y jetter les fondemens d'une églife magnifique, & à y
bâtir des lieux réguliers : il y affembla une grande com-
munauté de moines , dont il fut le premier abbé ; &C
cette abbaye fut long-tems une des plus célèbres de l'An-
gleterre. (f) Plufieurs rois , entr'autref, le roi Artur , y
furent inhumés. * (a) Hift. de l'ordre de S.Benoît, t. 1 ,
l. 3. §. 4. Q>) Monaft. Anglic. p. 1, & feq. (c) Bslland.
ry.Mart. p. 583. m Hift. de l'ordre de S. Benoît, ;. 2,
/. 4, c. 60. §. 2. (e) Fleuri, Hift. eccléf. t. 12, p. 46.
(f) Etat préfent de la G. Bret.
GLASS-HUTTE , petite ville de la haute Saxe , à
trois milles de Dresde , proche de Pirna : il y avoit au-
trefois une bonne mine d'argent qui la rendoit plus con-
fidérable qu'elle n'eft; à préfent. * Zeyler, Saxon, fuper.
topogr. p. 88.
GLASTENBURG, bourg d'Angleterre , dans la pro-
vince de Sommerfet : il a droit de tenir marché public.
* Etat préfent de la G. Bret. t. I.
GLATOV, petite ville de Bohême , au cercle de Pil-
fen. Zeyler la nomme Klatow dans fa Carte ; mais
il écrit Glatow' dans fa Topographie : elle eft entourée
de plufieurs autres petites villes , Schwihof , Zinkow ,
Kafegowitz , Planitz & Klenow. Tous ces lieux font
vers les confins de la Bavière , & qualifiés villes dans
les régiftres du royaume. Théobald , frère du roi Uladis-
las, qui fervit fi bien Frédéric- Barberoufïe en Italie, eft
enterré à Glatow, dans le couvent des Dominicains,
qu'il, avoit fondé : en 1622 , cette ville fut pillée par les
Polonois.
Derrière Glatow, fur un rocher élevé , eft le château
de Raby, avec un bourg que quelques Cartes marquent
comme une petite ville. Jean Zifchta, général des Huf-
fites, s'étant rendu maître du bourg, & voulant, au point
du jour, du 29 Mars 1421 , donner l'aflaut au château,
y perdit le feul œil qu'il eût bon , & fut aveuglé d'un
coup qu'il reçut à cette attaque. * Voyez Théobald , Hif-
toire des Huffites, i.part. p. 179.
GLATZ, -au comté de même nom, dont elle eft la
capitale : elle eft fituée fur le bord de la Neifle, à vingt
milles de Prague, & à dix-huit d'Olmutz. On croit affez
communément que le comté de Glatz eft le pays qu'occu-
poient les Marjigni , ancien peuple de la Germanie, &
qu'alors la ville même s'appelloit LUCA. Il y a diverfes
opinions fur l'origine de ce nom moderne ; mais elles n'ont
pas plus de fondement les unes que les autres. Melchior
Goldaft , dans fon Livre du royaume de Bohême , /. 1 ,
c. 1 5, écrit que Glatz eft nommé Closcum parles Polo-
nois, Glozium par les Bohémiens, & GozLIUM par
les Efclavons. Les habitans de Glatz difent que cette
comté étoit anciennement un membre impérial de l'em-
pire d'Allemagne , & qu'après la mort du dernier
comte, il ne vint aux ducs ou aux rois de Bohême,
que par la faveur des empereurs ou Vois d'Allemagne ,
qui leur en donnèrent l'inveftiture ; & qu'enfin il n'y a
dans tout le royaume de Bohême aucune autre feigneu-
rie qui ait le titre &: la dignité de comté ; car les com-
tés d'Egre , d'Elnbogen & de Paflaun font comtés de
l'Allemagne , &C non pas de la Bohême. La principauté
de Rofemberg fut bien érigée par Rodolphe II ; mais
c'étoit une dignité perfonnelle , qui ne fut point portée
dans le régiftre public , & elle s'éteignit avec la vie du
feigneur qui en étoit honoré , parce qu'alors les Bohé-
miens ne connoiflbient point dans leur royaume de
dignité au-delà de celle de baron. * Zeyler , Bohem.
Topogr. p. 31.
jElurius dit que Glatz & fon territoire , après avoir
appartenu à l'empire , parlèrent quelque tems fous la
domination des Polonois à qui les Bohémiens les pri-
rent; car on trouve, qu'en 1074 & 11 14 , ces lieux
étoient à la Bohême. Ce comté fut enfuite aux ducs de
Siléfie , & peu après retourna à la Bohême , puis à la Si-
léfie qui en jouit , jusqu'au tems de l'empereur Henri IV,
qui s'en reftàifit. Il demeura à fes fucceffeurs , jusqu'au
roi George , qui donna à fes fils les villes de Glatz ,
Munfterberg 5c de Franckenftein. L'empereur Fridé-
ric IV les fit ducs de Munfterberg &: comtes de Glatz ,
& confirma la donation, l'an 1463. L'an 1500, les ducs
de Munfterberg vendirent le comté de Glatz à Ulric ,
comte de Hardegg ; fes defeendans le revendirent à
l'empe^
GLA
GLE
Î29
pereur Ferdinand I, l'an 1^37; &ce prince le con- au couchant de Makhe. Ainfi c'eft la même que l'ifle de
fera à la maifon de Bernftein de qui Erneft , duc de
viere, l'acquit, en ?549; & après la mort de ce dernier,
qui fut en 1 560 , il revint de nouveau à la Bohême.
L'empereur Ferdinand II, en gratifia , l'an 1613 , fon
frère Charles , archiduc d'Autriche ; mais après la mort
de ce prince , ce comté retourna à la Bohême ; puis il
fût. remis à la Siléfie , & cédé au roi de Pruffe par les
Gozzo.
GLAUCONNESOS. Voyez Glauci Insula.
GLAUCOP1UM , montagne de l'Attique , félon
Strabon. Euftathe , fur le troifiéme livre de l'Odyflee ,
dit que l'on appelloit ainfi la citadelle d'Athènes.
1. 2. GLAUCUM , promontoire du Nome de la
Libye , aux confins de la Marmarique &: de l'Egypte ,
traités de Breflau de 1742, & de Dresde de 1745. Ce félon Prolomée, A4, c. 5. Au midi de ce promonto;re
comté peut avoir vingt-quatre milles de tour , huit de plus avant dans les terres , il y avoit une ville quiportoit
longueur & cinq de largeur en quelques endroits. On y le même nom.
parle allemand. Ses villes, félon la Carte d'Allemagne I. GLAUCUS, ri viere du Peloponnefe, dans l'Achaie,
' ille de Patras , félon Paufanias ,
voifinage de la
1.7, c. 18.
HabeWerd , On croit que cette rivière s'appelle aujourd'hui Leucos.
Mittefvalde , Voyez ce mot , n° 1.
Viefenberg , 2. GLAUCUS , rivière d'Afie , dans la Carie , felon
Pline, /. 5, c. 27, qui dit qu'elle reçoit le Telmeffe , &
avec plus de cent villages. II y a aûfli dans- cette contrée porte fes eaux à la men Quintus Calaber , /. 4 ,y. 6 , le
douze fources d'eaux minérales ; on y trouve du fer, du met aux confins de la Cane &C de la Lycie
de De Lille , font
Glatz, qui eft la capitale,
Neurode ,
Reinertz ,
.infi c'eft !
charbon de terre , des mines d'argenr, beaucoup de bois,
de gibier , du bétail en quantité , & des aigles fur les
montagnes.
Glatz a de beaux fauxbourgs , une belle maifon de
ville, & un bon château fur la montagne. Autrefois les
deux religions y étoient mêlées : la prévôté ou l'égiife
collégiale érigée par Erneft , archevêque de Prague , a
toujours été aux Catholiques ; & l'an 1527 , du confen-
tement de l'archevêque de Prague , elle fut vendue par
par le prévôt Chriftophe rvirmifern aux Jéfuites. L'égiife
paroiffiale, où cet archevêque & plufieurs ducsde'Muns-
terberg font enterrés , a été quelque terns poffédée par
ceux de la Confeffion d'Augsbourg ; mais, l'an 1621,
ils en furent exclus , 01 de tout le comté de Glatz ; &
cette églilé , où il y a deux tours & une cloche de cent
neuf quintaux , fut rendue aux Catholiques. Cette ville &
fon territoire fouffrirent beaucoup durant les longues guér-
ies civiles de Bohême.
GLAUCANKLE. Arrien, Exped. Alex. 1. 5 , c. 20,
p. 211 , ayant dit qu'Alexandre entra dans le pays d'un
peuple voifin du royaume de Porus , ajoute : ce peuple felon Hefiode qui lui donne le fur
étoit nommmé Glaucanicœ , felon Ariftobule , ck Glaujïz ,
felon Ptolomée ; je m'embaraffe peu , pourfuit-il , quel
étoit fon véritable nom.
GLAUCE, lieu maritime , avec un havre , dans l'Io-
nie , au territoire de Mycale , felon Thucydide , /. 8 ,
p. 607. C'eft peut-être la Glaucia d'Etienne.
GLAUCHEN , ou Glauchau , petite ville & châ-
teau d'Allemagne , partie dans la Mifnie , & partie dans
le Voigtland , fur la Mu'de , en tirant vers Zuickau , à
neuf milles de Leipfig. Le château eft agréable : il appar-
tient aux barons de Schonburg qui font membres de l'Em-
pire , & qui tiennent à fief de la couronne de Bohême
les biens qu'ils poffedent dans la Mifme fk dans le Voigt-
land , (avoir Glauchen Waldenburg, Hartenjlàn , Lesnifi
&c Grefslas. Cette ville fouffrit beaucoup en f 640^ à caulé
du voifinage de Zuickau , qui n'en eft qu'à un mille de
diftance. * Ziyler , Saxon, iùper. Topogr. p. 88.
GLAUCI-INSULA , l'ifle de Glaucus : Pline , l. 4 ,
c. 12 , la nomme GLAUCONESUS , ifle de l'Archipel.
Paufanias ,/. 6 , c. 10, dit que Glaucus athlète célèbre, y Thuringe, pour laPaleft
même rivière que l'on peut attribuer également à ces deux
Provinces.
3. GLAUCUS , félon Strabon, port de mer dans une
petite baye à l'embouchure du Glaucus , dans le terri-
toire des Rhodiens en terre ferme. Le Glaucus , dont
il s'agit ici , eft celui de l'article précèdent.
4. GLAUCUS , rivière d'Afie , dans la Colchide ,
où elle fe jette dans le Phafe , felon Pline , /. 6 , c. 4 ,
& Strabon , /. 11 , p. 498. C'eft le Cyaneus de Pto-
lomée.
GLAUDIOMAGUM. Voyez Claudiomagus.
GLAUSjE. Voyez Glaucanic.e.
GLAUSEN , ville d'Allemagne , dans le Tirol , fur
l'Adige. Son château, fans flanc, n'eft autre choie qu'un
réduit en carré , fermé de murailles. Il eft placé fur la
pointe d'une roche affez éloignée de la ville. C'eft le
Clausen de Baudrand. * Corn. DicL Mém. & Plans
géograph.
GLEBA Rubra , ou Sacra. Voyez Hiera-Bolos.
GLECO , V' -'y.'jv , lieu de Grèce , dans la Fhocide,
v^Turri-
gera , qui porte des tours , ou bien fortifiée. Cela
le trouve dans deux vers que Strabon rapporte , /. 8 ,
GLElCHEN , contrée d'Allemagne , dans la haute
Saxe en Thuringe , au couchant du territoire d'Erfiirth.
Elle a titre de comté , &c eft fituée aux environs d'Er-
furth & de Gotha. Ce pays étoit dune étendue qui en
faifoit un état important & avoit fes comtes particuliers ;
mais leur famille s'étant éteinte , les princes de Saxe &
de "Weymar , qui étoiet voifins , en prirent chacun leur
part. Les comtes de Hatzfeld en eurent Gleichen &
Blanckenheim ; fk les comtes de Hohenlohe en ont eu
la ville d'ORTRUFF , qui eft à un mille au deflbus dé
Gotha. Ce pays prenoit le nom d'un château 'finie fur
la rivière d'Or qui fe joint a\cc la Géra avant d'arriver à
Erfurth. Sur la montagne nommée Petenbcg } à Erfurth ,
il y a un château fortifié , ik un monaftere dans lequel
on voit un tombeau remarquable d'un comte de Gleichen.
Ce feiçneur partit, l'an 1227, avec Louis, landgrave de
x our laPaleftine , où il fin fait prifonnier par
étoit enterré. Plme en parle comme d'une ifle qui avoit les Sarazins.' La fille du feigneur entre les mains de qui il
étoit tombé eut pour lui une tendre compaffion ; elle lui
procura les moyens de s'enfuir, à condition qu'il l'épou-
quelque réputation.
GLAUCI-SALTUS , le bois de Glaucus ; lieu de
Grèce , dans la Béotie , près de la mer , dans le voifinage
d'Anthédon , felon Paufanias , 7. 9 , c. 22.
GLAUCI-TRIBUS , la tribu de Glaucus , peuple
d'Afie , dans la Lycie , felon Etienne le Géographe. Il
prenoit peut-être ce nom du fleuve Glaucus.
1. GLAUCIA, petite ville ou bourg de l'Ionie, felon
Etienne le Géographe. C'eft peut-être la GLAUCE que
Thucydide met auprès de Mycale.
2. GLAUCIA , rivière de Grèce , dans la Béotie ,
au voifinage du fleuve Inachus. Sa fource eft nommée
AxîtTaira , félon Plutarque , Quœft- Grtec.
GLAUCONIS CIVITAS , "&
GLAUCONIS INSULA : les exemplaires latins de préfent Gemona dans le Fnoul.
Ptolomée nomment ainfi une ville , & une ifle voifine de GLENI & CoSLA ^ lieux fitués fur la montagne de
l'ifle de Malthe , fur la côte d'Afrique. Le grec ordinaire Vosges , ainfi nommés à caufe des eaux , felon Sitruis ,
n'en parle point. On trouve cependant dans quelques S. Remigii Vita. . ,
exemplaires rxctv'wn nco, yy tto/.h , &: ils la mettent GLEfrlS , rivière d'Angleterre , (ch^n Bede cite par
To:ne III.. R
feroit, & l'acompagnant dans fa flûte , fe fit Chrétienne.
Il revint dans fa patrie avec elle. La comtefTe fa femme
eut plus d'égard au fervice que cette dame avoit rendu
au comte , qu'aux fentimens de jaloufie ; le comte de
fon côté fut affez équitable pour ne pas payer d'ingrati-
tude une femme à qui il devoit la liberté , & il fut a fiez
bon mari pour ne pas méprifer la comtefTe qui étoit
moins belle. Ces deux femmes le partagèrent durant leurs
vies ; &C il eft enterré au milieu d'elles , fous le même
tombeau. Le mariage de la dame Sarazine fut ftérile.
* Habner , Géogr. p. 580.
GLEMONA. Voyez BiliGA. On croit que c eft a
130 GLS
Ortelius. Son nom moderne eft Bowent ; mais autrefois
on l'apelloit Glan ou Glain , £f elle a donné le nom
de Glendale à la vallée quelle arrofe. De nom de
GlANOVENTA en vient aufiï. Voyez ce mot.
GLENLUZ , bourg crEcoJTe , lur la côte du comté
de GahWay , & dans la baye de Glenluz à laquelle il
donne (on nom. * Baudrand, édit. de 1705.
Le Golfe de GLENLUZ, petit golfe d'Ecoffe , fur
la côte du comté de Galloway , entre le cap de Galloxiay
Se la ville de Vitern. Il prend l'on nom du bourg de
Glenluz. * Baudrand, éd. de 1705.
GLERENUM , petite ville cFItalie , dans la Pouille ,
félon Plutarque ; mais Ortelius obferve que c'eft une faute ,
& qu'il faut lire GERUNIUM.
GLER.OLE , château en Suiffe , fitué fur des rochers
au bord du lac de Genève , proche de S. Saphorin , une
des quatre paroiffes du pays que l'on appelle la. Vaux ,
entre Laufanne Se Vevay. Il a été bâti par l'un des^ der-
niers évoques de Laufanne. Ce château n'eft habité que
par un concierge que les Bernois y tiennent. * Etat &
Délices de la Suiffe , t. 2 , p. 272.
GLESSARIA. Pline , /. 4 , c. 13 , dit : il y a vingt-trois
ides, qui font connues à caufe des guerres des Romains.
Les plus remarquables font Burchania que les nôtres
appellent Fabaria , à caufe d'un grain qui y vient naturel-
lement, Se qui reffemble aux fèves ; de plus Glessaria ,
appellée ainfi par lesfoldats à caufe Je l'ambre. Les Barba-
res la nomment Austrania ; outre cela, il •y&AB.ania.
Cellarius. Geogr. ant. \. i, c. 5 , p. 491 , dit que l'on
ignore où eft cette Glejfaria , à moins que ce ne (bit
une des Eleârides , qui ont été nommées de la forte à
caufe de l'ambre. Il croit qu'il y avoit plufieure ifles
ainfi nommées , les unes occidentales dans la mer d'Alle-
magne où doit être cette Glellarie ; les autres orientales
dans là Baltique , à l'embouchure de la Viftule , fçavoir ,
Frisch-Nerung, & Curisch-Merung,oùen effet la mer jette
de l'ambre. Le P. Hardouin , in Plin. 1. 4 , fecl. 30 ,
ne connoit pour Gleffaries que les ifles d'Oeland &: de
Gotland ; & il prétend que ce .font \'AuJlrania & Achmia
de Pline. Si cela eft , il faut avouer que Pline a fait un
étrange faut & que dans une fi grande quantité d'ifles
qui fe trouvent dans les mers d'Allemagne & Baltique ,
il n'eft pas aifé de deviner comment il a choifi ces trois
pour les mettre de fuite , malgré le grand intervalle qui
les fépare.
GLETES , nation de l'Ibérie en Europe , félon Etienne
le Géographe , c'eft-à-dite de l'Efpagne : elle eft voifine
des Cynetes.
GLETSCHËR , monta.gnes de Suiffe , dans le Canton
de Berne , au Grindervakl. Les François les nomment ,
les glacières. Il fe trouve en divers endroits des monta-
gnes de glace , qui ne fe fondent jamais , Se qui vont
toujours en croifiant , à mefure qu'il tombe de nouvelle
neige , tellement qu'elles s'étendent peu- à-peu au long &
au large, &C ruinent le pays qui les envirronne. Cesmonta-
gnes de glace font la plupart d'une profondeur immenfe ; Se
. ilarriv : quelquefois qu'elles fefendentduhauten bas; cequi
fe fait avec iin bruit fi horrible , qu'il femble que toute la
montagne va fauter en pièces. Ces fentes font plus ou
moins larges , & profondes : il s'en lait de deux , trois ,
Se cinq pieds de large , & de trois à quatre cents aunes
de profondeur ; & fi un homme y tombe , il eft perdu ;
car il eft bientôt gelé ou noyé dans la neige fondue.
Cependant il faut nécefTairement paflèr par ces monta-
gnes de glace ; car en bien des endroits , il n'y a point
d'autre chemin ; & quand il s'y trouve de la neige
nouvellement fondue , on court rifquede tomber : fouvent
même la neige couvre tellement ces horribles fentes
dont je viens de parler , que les voyageurs y perifTent.
Pour éviter un pareil malheur , on prend des guides ,
qui , avec de longs bâtons & des perches à la main , /vont
fondant le chemin pour découvrir s'il n'y aura point de
fente ; Si quand ils en rencontrent quelqu'une , il faut
fauter par deffus , ou étendre une planche qu'on porte
exprès , ik l'on pair; par deflus : la difficulté augmente ,
quand il y a de la neige fraîchement tombée ; car alors
on ne voit aucune trace de chemin ; & il faut , en ce
cas , fuivre à la vue certaines perches , ( les Grifons les
appellent Sta^as ) que l'on plante de diftance en diftance ,
pour reconnoitre le chemin. Mais en bien des lieux , les
habitans n'en plantent point ,- afin que les voyageurs tbie.-.t
GLO
obligés de les prendre pour guides , ôk de les bien payer.
Dans toutes ces différentes ocafions , il faut mettre à fes
fouliers des fers à glace , pour ne pas gliffer , ck marcher ,
avec bien de la circonfpeftion. Quelquefois il fe détache,
de ces montagnes de gros quartiers , qui tombant avec
impétuofité , renverfent tout ce qui fe rencontre fur leur
paffage, & bouchent tellement les chemins, qu'on ne
peut ni avancer ni reculer. Il fe parle bien du tems
avant qu'ils foient fondus , quoique ces fortes d'accidens
n'arrivent que dans la plus chaude faifon.
Les eaux , qui découlent de ces montagnes de glace ,
font les meilleures & les plus faines que l'on puiffe
boire. Un voyageur qui paffe par les Alpes , ne peut
boire d'autres eaux, s'il eft_ échauffé , fans courir risque
de gagner quelque maladie mortelle ; mais on peut boire
celle-ci fans danger , foit à jeun , foit après avoir mangé ;
& même elles ont une efpece de vertu balfamique ,
pour délaffer ck pour fortifier. C'eft un fait notoire par
une confiante expérience. Les habitans des Alpes ne
font point même d'autre remède dans les diarrhées,
dans les dyffenteries , ck dans les fièvres , que de boire
de celte eau de Gletfcher ; Se un Médecin célèbre re-
commande auffi ces fortes d'eaux pour le mal de dents.
* Etat & Délices de la Suiffe , t. 1, p. 30, 35 Se 43 .
GLIKÉON, petite ville de la Turquie Européenne, dans
la baffe Albanie , fur la rivière de Gliki , dont elle a pris
fon nom. Elle eft épifcopale fous la métropole de Janna.
GLIKI , rivière de la Turquie Européenne , proche
la ville de Glikéon , dans la baffe Albanie.
GL1NDITIONES, ancien peuple de la Dalmatie ,.
félon Pline. Appien les nomme Clintidiones ; ce font les
Igletes de Strabon , & peut-être les Idetes d'Etienne le
Géographe. * Ortelius , Thefaur.
GLISAS. Voyez Glissas.
GLISKQWATZ , ville de la Turquie, en Europe,
au royaume de Servie, dans une grande plaine , au pied
des montagnes , fur la rivière de Veterniza. * Baudrand,
édit. de 1705. .- -
GLISMA. Voyez Gisma.
GLISSAS, ancienne ville de Grèce, dans la Béotie,'
près du fleuve Thermodon , félon Hérodote , /. 9, c. 42.
Homère en fait auffi mention clans le fécond livre de
l'Iliade , Se la nomme Gliffd , tout Amplement , fans s
finale. Strabon , /. 9, p. 412, n'en fait qu'un village.
Paufanias , /. 9, c. 19, dit qu'au-deffus de Glifas eft
une montagne nommée Hypatos , c'ett-k-dire fupréme ,
fur laquelle il y avoit un temple de Jupiter , avec le
même furnom,.
GLIUBOTIN, montagne de la Turquie , enEurope,
félon Baudrand : elle s'étend fort du levant au couchant ,
Se étoit autrefois connue fous le nom du mont Scardus.
GLOCESTER, ville d'Angleterre, dans le Glocef-
tershire ou le comté de Glocefter , dont elle eft la ca-
pitale. C'eft le Claudia Gajîra Se le Glevum des anciens.
Cette ville eft fituée fur la Saverne , à quatre-vingt mil-
les de Londres , à i'oueft , tirant vers le nord. Elle eft
grande Se bien peuplée , & on y compte douze paroif-
fes. Elle étoit autrefois fortifiée d'une bonne muraille
Se d'un château de pierres de taille; mais tout cela eft
tombé en ruine. Henri VIII en fit un fiége épifcopal, ou
plutôt il le rétablit ; car c'étoit un évêché du tems des
anciens Bretons. L'églife cathédrale eft fort belle. Ro-
bert , fils aîné de Guillaume le Conquérant , & le roi
Edouard II , deux princes infortunés , y ont leur fépul-
ture. Cette ville a deux marchés par femaine , Se adonné
le titre de duc à plufieurs princes du fang. Quelques-
uns prétendent, ditBaillet, Topogr, des Saints ,. p. 602,
que Glocefter eft le lieu de la mort Se de la fépulture
de S. Luce, premier roi Chrétien des Bretons, fous les
Romains.
GLGCESTERSHIRE , province Méditerranée d'An-
gleterre , le long de la Saverne qui la traverfe. Elle eft
terminée au nord par le comté de "Worcefter , à l'eft
par celui d'Oxford , à l'oueft par ceux de Hereford Se
de Monmouth , Se au fud par ceux de Wilft Se de Som-
merfet. Cette province a cent trente milles de tour, Se
contient environ huit cents mille arpens , & vif-'-
mille fept cents foixante-quatre maifons. Elle - '
fertile. Du côté de l'eft il y a de petite
q [' ipp Mie Cotsv/old , où paiffentunr1 :
peaux de brebis dont la laine eft for.
GLO
eft un pays plat, traverfé parla Saverne, qui co'ntribue
à la grande fertilité. A l'oueft il y a beaucoup de bois ,
particulièrement la forêt de Déan , qui étoit autrefois
plus garnie qu'elle n'eft préfentement , les mines de fer
en ayant fait confumer une grande partie. Les vergers
GLO i3i
partie de l'Allemagne.) La ville a cinq grandes portes &c
deux petites ; les principales font celle de Bruft , celle
de Pologne , ck celle de l'hôpital. Elle n'étoit autrefois
entourée que d'un double mur ck d'un fbffé ; mais de-
puis les guerre^ d'Allemagne on y a ajouté de nouvelles
fournifTent une grande quantité de cidre. Cette province fortifications. Il y a à Glogau une éelife colléeiale . dont
_l 1» t-i.j i_:_- i_ • r__ __ ._:._ :i _ 1*1 1'. -li..fli_».-Di , s, ... =. » , ,
abonde en bled , en laine , en bois , en fer , en acier _
en cidre ck en faumon. Entre fes manufactures, celle de
laine eft la plus confidérable. On y fait aufli de fort bons
fromages , dont il fe fait un grand débit , fur-tout à Lon-
dres. * Baudrand, éd. de'1705, Etat préfent de la
G. Bretagne , p. 66.
Ses villes ck bourgs où l'on tient marché font :
Glocefter capitale
Cirencefter,
Tewksburi ,
Berckley,
Durfley,
Lechlade ,
Marshfield ,
Colford ,
Dean,
Fairfold,
Hampton ,
Campden ,
Newnham ,
Stroud ,
Chiltenham ,
Sadbury ,
Panswick,
Stow,
Stanley,
Tedbury ,
"Wickware',
Northleech,
Newent ,
Morton ,
Thornburi ,
Winchcomb ,
ck Wotton.
GLOCIACENSES , peuple de la France, félon Or-
télius , qui dit qu'il en eft parlé dans la vingt-cinquième
épître d'Yve.
GLODITANA ; ce nom fe trouve ainfi écrit dans
le Livre de l'anonyme de Ravenne , /. 4, c. 1 5. Le P. Por-
cheron obferve très-bien qu'il faut lire Clodiana.
GLOGAU ; il y a deux villes de ce nom en Siléfie,
ck on les diftingue par les furnoms du grand ck du petit
Glogau.
Le grand GLOGAV, ville de la baffe Siléfie, au
duché de Glogau , fur la rivière de l'Oder. Cursus ,
dans fa Chronique de Siléfie, croit que cette ville eft la
Lugldunum de Ptolomée, ck que Glogau eft bâtie fur
les ruines de cette ancienne ville ; félon lui, l'ancien nom
étoit dérivé de celui du peuple Lygii ou Lui ; que le
nom allemand de ce lieu étoit Luenau , dont les étran-
gers formèrent Luiunum ou Lugidunum , pour l'accom-
moder à leur langue. Si nous en croyons Dlugofs, l'un
des hiftoriens de Pologne , il n'eft point fait mention de
Glogau, avant l'an 1104. Il dit néanmoins que lorfque
l'empereur Henri V l'affiégea , elle étoit tort peuplée,
quoique fes murailles fuffent tombées de vieillerie. Le
nom qu'elle porte aujourd'hui , eft pris de la langue des
Vendes, ck fignifie un buiffon d'épines : il y en a encore
à préfent plufieurs dans cet endroit. On trouve affez près
le village à'Hokrich , qui en efclavon lignine buiffon. Il
appartient à la ville. Au commencement la ville étoit au
nord , Se de l'autre côté de l'Oder , & non pas en-deqà
ck au midi , comme elle eft à préfent. Ce fut le duc
Boleflas le Crépu qui la transféra. L'églife collégiale fut
fondée , en 1 1 20 , par Boleflas III , roi de Pologne. Elle
étoit auparavant au même endroit où l'on a bâti enfuite
le couvent des Dominicains. En 1260, Conrad duc de
Glogau en fit une véritable ville , y appella les Allemands ,
leur donna les loix d'Allemagne , ck y bâtit un château.
Après Breflaw , il n'y a point dans toute la Siléfie de
ville mieux fituée. C'eft en quelque façon l'étape & le
grenier qui fournit des grains à plulieurs peuples. Le ter-
ritoire circonvoifin eft très-fertile , & on y nourrit quan-
tité de bétail. L'Oder ck les étangs des environs fournif-
fent du poiffon en abondance. Du côté du midi il y a de
hautes montagnes , entr'autres le Schwalnberg. L'air y
eft meilleur qu'à Breflau. La bière y eft agréable ck nour-
nffante ; mais elle eft trouble , épaiffe ; cette boiffon
caufe beaucoup de goutte & de rhumatifmes. On y eft
auffi fort fujet aux maux de reins à caufe du lard , du
bœuf falé , du fromage , de la fauerkraut , ck autres
nourritures ordinaires à ce pays. (La fauerkraut nVft
autre chofe que des choux hachés , mis dans un baril,
avec quelques ingrédiens, où ils aigriffent ck prennent un
goût fort défagréable pour quiconque n'y eft pas accou-
tumé ; c'eft pourtant un régal exquis dans la plus grande
il a été parlé : elle eft bâtie hors de la ville , ciu côté de
l'eau , dans une agréable ifle que l'Oder environne ; une
églife paroiffiale dans la ville : c'eft un ancien édifice ,
fur une hauteur , vers le midi , & qui a la tour la plus
grofte & la plus haute de toute la Siléfie. On ne fait ni
quand elle a été bâtie , ni quand elle a perdu fa flèche.
Il y a en outre trois couvens qui font dans la ville , la-
voir un de Religieufes au bord de l'Oder, un deFran-
eifeains, qui a été autrefois à des Bernardins, au nord;
ôc un de Dominicains au couchant, au lieu où étoit au-
trefois la collégiale. Enfin Glogau a un collège au bord
de la rivière : cet édifice étoit occupé par les ducs de
Glogau. Selon Baudrand , Glogau eft à treize milles de
Breflau, vers le nord, à quatre au couchant de Guhrau ,
à cinq de Sprotrau, à fept de Gromberg (Grunberg) ck
à dix de ScWisbuffein. * Zeyler , Silef.'Topogr. p. 142.
Le DUCHÉ DE GLOGAU , contrée du royaume de
Bohême , dans la Siléfie , aux confins de la' Pologne.
Il faifoit autrefois un état féparé , avoit fes ducs particu-
liers , ck étoit bien plus étendue qu'à préfent ; car
toute la principauté de Sagan , Prybus ck Naumbourg
en dépendoient , de même que; Steinau , Croffen , Zulli-
chaw, avec une lifiere de la Pologne. Les ducs de Glo-
gau étoient une branche de la maifon royale des Piaft
en Pologne , ck defeendoient de Henri le Barbu , qui
poffédoit toute la Siléfie, en 1201 , ck avoit fa cour à
Glogau. Un de fes defeendans, nommé Henri III, mou-
rut l'an 1309, laiffa trois fils qui partagèrent fon pays:
le plus jeune, nommé Primijlaùs II , eut pour fon'lot
Glogau , avec les bailliages de Croffen ck de Freiftadt.
Il mourut lans enfans , & {es frères Jean & Henri IV,
partagèrent en deux la ville de Glogau. Jean vendit fa
part à Jean , roi de Bohême ; Henri ayant voulu garder
la fiennë , fans dépendre du roi de Bohême , fut chaiié ;
ck toute la ville fut foumife au roi de Bohême, durant
plus de vingt ans. L'empereur Charles IV, étant roi de
Bohême, donna, en 1360 , la part de Henri IV à
Henri V, furnommé Henri de Fer, duc de Sagan , ck
mit un bailli dans le château. Henri mourut, en 1369,
ck laiffa trois fils nommés Henri. L'aîné fut Henri VI,
le fécond Henri VII , furnommé Rappolt , n'eut point
de fils , ck fa fucceffion paffa à fon autre frère Henri VIII,
qui fut furnommé Sperling ou le Moineau , à caufe de la
fécondité de fon mariage. Les hiftoriens l'appellent en
latin Henricus Paffer. Jean , fon fils aîné , eut en partage
le pays de Sagan, qui fut ainfi détaché de celui de Glo-
gau, ck eft demeuré depuis une principauté particulière.
Vers la fin du feiziéme iiécle , Wencellas , roi de Bo-
hême, donna la moitié de la ville de Glogau à Boleflas,
duc de Tefchen , à qui elle demeura avec le château ,
durant bien des années. Henri X , qui poffédoit toute la
principauté de Glogau , excepté la moitié de la ville ,
qui , comme on a dit , avoit été cédée à la maifon de
Tefchen , étoit le plus jeune fils de Henri le Moineau.
Il laifïa , en 1467, un fils unique qui fut Henri XI , duc de
Glogau, qui mourut à Freiftadt fans poftérité , l'an 1476.
Sa femme Barbe , fille d'Albert , éleefeur de Brande-
bourg, s'empara du duché de Glogau, que fon mari lui
avoit tranfporté. Mais le plus jeune fils de Jean , duc de
Sagan , fils aîné de Henri le Moineau , prétendit à la
lucceflion de Glogau, en qualité de plus proche parent;
quoiqu'il n'eût dans le fond aucun droit fur cette fuc-
ceffion , dont fon père s'étoit démis ; d'ailleurs il ne pof-
fédoit aucun territoire , ayant vendu la principauté de Sa-
gan à l'élect eur Erneft de Saxe, ck à Albert fon frère;
il alla trouver Matthias , roi de Hongrie , qui lui ayant
donné du fecours ck des troupes, le mit en état de fe fai-
fir de la principauté de Glogau. Il affiégea la ville , que ia
douairière de Felchen occupoit, ck Fobligea de fe ren-
dre , en 1480. L'an fuivant , il s'accommoda avec le roi
Matthias , de façon qu'il fut unique pofteffeur de toute
la ville ; ce qui n'étoit point arrivé à lès ancêtres depuis
cent cinquante & un ans. La même année, il tranfigea
avec Albert , él'efteur de Brandebourg , pour les préten-
tions de la douairière Marguerite; ck l'électeur eut pour
" Tomt III. Rv
GLU
*3*
fureté Zullichaw, Croffen, Sommerfeld & Bobersberg.
Par l'accord fait avec le roi de Hongrie , il étoit réglé
que le duc Jean auroit la principauté de Glogau fa vie
durant ; ce prince auroit bien voulu la laiffer à fes filles
qui avoient époufé en même tems , l'an 1488 , les trois
frères Albert, George Si Charles, fils de Henri, duc de
Munfterberg. Mais Matthias avoit d'autres vues , &t def-
tinoit ce morceau à Jean Corvin , fon fils naturel. Ce
fut la matière d'une guerre. Le roi ayant fait affiéger la
ville , le duc Jean qui s'imagina que les magiftrats te-
noient le parti de ce monarque , les fit enfermer dans
une tour , pilla la maifon de ville , s'empara du tréfor ,
révoqua les franchifes , fit élire de nouveaux magiftrats.
Il trouva le moyen de fortir de la ville , avant qu'elle fe
rendît , alla en Pologne , puis à Oppelen , &t enfin à
Glats , où il fe tint quelque tems dans une petite mai-
fon ; après y avoir vécu dans la mifere , le Margrave
lui permit de demeurer quelque terns à Francfort , d'où
il partit pour Rome. A fon retour , il obtint de fes gen-
dres la feigneurie de Wolau pour fubfifter. Il s'occupa le
refte de fa vie à la chymie , Si mourut fort pauvre ,
l'an 1504, avec un fincere regret de fes fautes. Il fut le
dernier de l'ancienne maifon de Glogau , Sagan Si Crof-
fen. Matthias pofféda la ville & la principauté de Glo-
gau; ci après fa mort, cet état & toute la Silène retour-
nèrent à la Bohême. "NVladiflas roi de Bohême, donna,
l'an 149 1 ,' Glogau à fon frère Jean-Albert , qui y mit
pour commandant Jean Cervicow, furnommé le Pola-
que; ce fut un très-cruel tyran. L'an 1498, cette prin-
cipauté fut donnée à Sigismond , frère du roi ; &c il s'y
rendit lui-même, en 150a, embellit la ville , Si fit re-
fleurir le pays. Mais comme il devint roi de Pologne,
en 1 506 , ce pays revint à la Bohême, qui y mit des gou-
verneurs. Il fut partagé , ci ce qui étoit de la dépendance
de Freyftadt en fut détaché. Le refte demeura à la cou-
ronne de Bohême , jusqu'au tems de l'empereur , Ferdi-
nand II , qui conféra à fon général Albert de Walftein
les duchés de Glogau , de Sagan Si de Fridland. Ce
favori étant disgracié , fut afTaffiné par l'ordre même de
l'empereur ; ci ce qu'il avoit pofledé revint à l'empe^
reur, comme roi de Bohême.
Le duché de Glogau a pour villes J
GLY
Freyftadt,"
Guhrau ,
Sprottau,
Grnnberg ,
Schwibuffen .
Beuthen ^
Pulkwitz ,
Koben,
Neuftadt ,
Wartenberg ,
Primnikau.
Dans cette principauté , les filles, au défaut de fils,
héritent des fiefs préférablement aux autres parens &
collatéraux. * Wtrner. in Praft. Obferv. p. 188.
Le petit GLOGAU , ville de Siléfie , au duché
d'Oppeln ,* entre Ziilch 8i Cofla , fur le ruifleau de Brun-
ding. Quelques-uns l'appellent Ober-Glogau ou Glogau
d'en-haut , parce que le ruiffeau fur lequel il eft fitué ,
tombe dans l'Oder bien loin au-deffus du grand Glogau.
Les troupes de Saxe-"Weimar le prirent en 1617.
GLOS , bourg de France , en Normandie , près
d'Evreux , dans le pays d'Ouche , entre l'Aigle , Lyre
& S. Evroul. On y tient marché toutes les femaines, &
une foire tous les ans. Les rivières de Rille & de Ca-
rentonne coulent aux environs de ce bourg. * Corn. Dift.
GLOSEDUM. Voyez Metiosedum.
1 . GLOTA, ancien nom de la Cluyd.Tzàte, Vit. Agri-
col. c. 23 , la nomme ainfi. Ptolomée , /. 2 , l'appelle
Clota , K^a-ra ; quelques hiftoriens Anglois l'ont appel-
lée Cluda Si Clid. Son embouchure eft appellée en latin
Glotcc Atfluariiim , en anglois The Firth of Clid. Elle
donne à la vallée , cpi'elle arrofe , le nom de Glotiana
en latin, & de CluydesdaU en anglois. Voyez Cltjyd.
*Oru!.TheC.
2. GLOTA , nom latin d'une des ifles Britanniques.
Cambdem croit que c'eft préiéntement l'ifle A'Arran ,
à l'embouchure de la Cluyd. Voyez Arran i.
GLOVERNIA. Quelques écrivains ont ainfi nommé
la ville de Glocejler. C'eft la même que Clevum. Voyez
ces deux articles.
CLUCKSBOURG, Ltjxbourg ou Luckspourg,
petite ville du Danemarck, au duché de Siesv.-ick". C'eft
le chef-lieu d'un bailliage de même nom , dans le petit
pays d'Angeln. Ce bailliage étoit autrefois à un monnf-
tere nommé BJiue Clofhr. Woldemar évoque de Slef-
■wig , &t prince du fang royal , l'avok d'abord fondé
dans le Holm , avant que la ville de Sleswig fût bâtie ,
d'où on l'appella Guldcnholm. Mais Févêque Nicolas
fon fucceffeur , trouvant que les moines s'étoient relâchés ,
& fcadalifoient par leurs déréglemens , les éloigna de
Sleswig ; & au lieu des biens qu'ils avoient , leur en donna
d'autres dans le pays de Sundcwit , Si dans celui d'An-
geln. Les moines qui étoient de l'ordre de S. Bernard,
délogèrent donc avec leur abbé , & allèrent bâtir un
nouveau monaftere à l'endroit où eft à préfent la ville
de Lucksbourg , Se l'appellerent RJiue Clojler. Le roi
Eric VII, furnommé Clipping , les en fit fortir, l'an
1280, on ne fait fous quel prétexte; cependant ils y
revinrent quelque tems après , & y demeurèrent jufqu?à
la révolution qui établit la Confeflion d'Augsbourg dans
ce pays là. L'an 1544, lorfque le pays fut partagé, ce
monaftere fe trouva du partage de Chriftian III, & le
roi Frédéric fon fils en congédia les mpines , le donna
au duc Jean qui , fur les ruines du monaftere , éleva la
belle fortereffe de Glucksbourg ou Luckïbourg. Ce bail-
liage étoit autrefois du territoire de Husbikarde , qui
fàilbit partie de celui de Flensbourg. Une partie eft cou-
verte de forêts pleines de gibier ; le refte confifte en
terres labourables , qui font propres à toutes fortes de
grains, fi on en excepte le froment. * Hermannid. Dan.
Norveg. Defcr. p. 843.
GLUCKSTADT , ville d'Allemagne en baffe Saxe,
dans le Holftein , ci comprilè dans la Stormarie , fur
le bord oriental de l'Elbe , près de l'embouchure d'un
petit ruifleau nommé le Rhin. Dans ce fleuve , Chris-
tian IV , roi de Danemarck , fit bâtir cette fortereffe ,
l'an 1620; c'étoit auparavant un lieu inculte &. délèrt,
mais propre à faire un port. Ce prince le fit entourer
d'un rempart Si y éleva une ville qu'il nomma Glucks-
tadt , c'eft-à-dire la ville heureufe : elle eft dans un fond
bas Si marécageux, où o nne peut -arriver que par une chaus-
fée de pierre , longue de trois quatts de mille , du côté
de Kremp. Les géographes feptentronaux , lui donnent
42 d. 45' de longitude , Si 53 d. 52' de latitude , Elle eft
à un petit mille de Krempe , à deux d'Itzehoe , 5c de
"Wifter, à fept de Hambourg, à huit de Rendsbourg ,'
à dix de Kiel , à onze de Gottorp , & à douze de Lubec.
Elle occupe l'angle occidental duStomar, ce au nord la
ville de Krempe , Si au midi l'Elbe. Lorfque les Im-
périaux prirent fur le roi de Danemarck la plus grande
partie du Holftein, ils ne purent fe rendre maître de
cette ville , quelque effort qu'ils fiffent , ne pouvant l'in-
veftir de tous côtés ; au lieu que le roi avoit fur l'Elbe
fes vaiffeaux de guerre , ci embarraffoit fort les Impé-
riaux, à qui cet avantage manquoit. LeroideDannemarck
qui comprit le fervice que cette place lui avoit rendu,
ne fut pas plutôt rentré , par la paix , en poffeffion du
Holftein Si du Jutland , qu'il l'amplifia &t la fortifia de
plus en plus , l'an 1629; donna des franchifes Si des
privilèges à quiconque s'y viendrait établir ; ci par-là il
en fit une des bonnes villes de fes états. Il y établit une
douane à laquelle font fujette; toutes les marchandifes
qui remontent ou defeendent l'Elbe. * Hermannid. Dan.
Norv. Defcript, p. 1146.
GLUNICK, Glunicom , abbaye d'hommes, ordre
de S. Benoit , dans la baffe Autriche , à la droite de l'Ems,
fur les frontières de la haute Autriche.
GLURENS , en latin Glorium , petite ville , ou bourg
d'Allemagne , au Tirol ,fur l'Adige , dans le "Winfchgow ,
ou Val de Venofta, aux confins des Grifons , qui le brû-
lèrent , en 1488 , félon Baudrand, éd. de 1705 ; il eft
au pied du grand Brenner , environ à trente milles de
Bolzano , au couchant en allant vers Coire. * Zeyler,
Tirol. Topogr. p. 152.
GLURINEN, (en latin Glurina) village de Suiffe, dans
le département de Goms. II eftun deceuxqui forrn lient
anciennement le comté de Graniols ; les habitans jouiffent
il y a long-tems , de leur liberté. Ils ont aujourd'hui le
privilège de nommer leurs juges dans leurs affaires civiles ;
mais pour les criminelles , c'eft le juge d'Amen qui en con-
noît. * Délices de la. Suiffe, no'iv. edit. t. 4, p. 173.
GLYCERIUM ou Santa Glyceriœ In/ula, petite ifle
de la Propontide : il en eft fait mention dans les conftitu-
GNE
GNI
33
tions de l'empereur Emmanuer Comnene, & dans la que la Pologne à un aigle pour armes. Gnesnes étoit
autrefois la capitale de la Pologne ; mai* elle n'a aujour-
d'hui rien de confidérable que l'on archevêque qui eft
primat du royaume & légat né du Saint fiége. Il eft régent
de l'état pendant l'interrègne , ôc le premier fenateur :
il couronne les rois & les reines. Benoît XIV lui a accor-
dé en 1749 , le droit de porter la robe rouge comme
les cardinaux.
GNIDE, ancienne ville de l'Ane mineure, dans la
Vie de S. Ntccetas. * Ortel. Thef.
GLYCIAS , village de Grèce , félon Suidas , voifin de
la ville de Pellene. Paufanias dit qu'il y avoit peu de
fonttaines d'eau douce.
GLYCINERO ou Glykinero , nom moderne d'une
petite rivière de Grèce , que les anciens ont connue fous
fous le nom d'ATHYRAS. Voyez ce mot.
GLYKI ou Glykeon. Baudrand , édit. de 1705
dit que Glycinero eft une petite ville de Grèce fur la Donde , qui taifoit partie de la Carie. Les latins la nom-
riviere de même nom, & que nous l'appelions Grand-Pont, inoient Gnideis : les grecs Kk'JW. On trouve cepen-
Voyez à ce fujet l'article d'Athyras. Glykeon eft le' nom dant dans Pline & dans le Mêla de Voffius Gnia'us. Scylax
dont fe fert Spon , Voyages, t. 1 ,p. 83 , pour défigner la nomme une ville Gréque ïio^iç v>t.mif Pomp'onms
cette ville , qui eft épiscopale &fuffragante de la Jannina Mêla, l.i , c. 16, dit quelle étoit à la pointe de la
métropole. Le diocefe de Glykeon s'étend depuis Para- péuinfule. Ptolcmée , /. 5 , c. 2 , donne le même nom
nythia jufqu'à Parga , fortereffe des Vénitiens , au bord
de la mer. C'eft la ville d'Athyras , port de l'Epire.
I.GLYCUS. Voyez l'article précédent.
GLYCUS 2. village' d'Ane, dans la Troade, félon
Suidas , in voce PoLEMON.
GLYMPESUS , T*-jp7ii<!cç , ancien lieu de Grèce , au
Peloponnefe , félon Polybe , /. 5. Ortélius dit que c'eft la
même choie que GLyppia , que Paufanias dit avoir été
un village de la Laconie.
GLYPHIUM, Héfiche nomme ainfi une montagne &
une caverne.
GLYPPIA. Voyez Glympesus.
GLYS , bourg de Suiffe , du département & au def-
fous de Brieg , dans une fituation agréable ; il y a une
très-belle églife. Ce lieu a été la patrie de ce célèbre
Vallaifan, George Superfaxo ou auf der F Lue , homme
a la ville & au promontoire. Pline avoit dit de même :
fur le promontoireeft Gnide , ville libre, nommé Trwpia,
enfuhè Pegufa & Stadia; c'eft-là que commence la Do-
ride. A l'égard de l'ancien nom Triopia , Diodore de
Sicile, /. 5. Biiliot, le fait venir du roi Triopa ; de-là
vièht que l'on trouve Appollo Triopius, Tempium Trio-
pium , & Mare Triopium , pour l'Apollon de Gnide ,
le temple de Gnide , & la mer qui baigne le territoire
de Gnide. Scylax de Caryande met dans la Carie un
promontoire, qu'il nomme AxfaTa'e'o» Uo- > <- 'mr , Se
ajoute Gnide, ville grecque. Le Scholiafte de Théocrire ,
ad IdylL xvil. v. 69, appelle ce même promontoire
Triopon , & dit que les Doriens célèbrent à frais com-
muns , dans le promontoire TV/o/wm , (z/2 Triopo) des jeux
en l'honneur des Nymphes , d'Apollon, de Neptune ;& ces
jeux font nommés jeux Doriens , comme ledit Ariftide:
puilTant par fon crédit & par fes richeffes , & qui fit Triopon eftlepromontoiredeGnide, ainfinoinmé à caufe
beaucoup parler de lui au feizieme fiécle , dans les guerres de Triope , fils d'Abas. Hérodote /. 1 , c. 144 , tait mention
des François en Italie. Il fit chaffer du pays le cardinal de ces jeux , & des combats en l'honneur d'Apollon.
Matthieu, dont il é.toit mortel ennemi. Le cardinal le fit Tous les Doriens n'étoient pas admis à ces jeux , mais
auffi chaffer à fon tour , & il mourut en exil à Vevai , l'an feulement la pentapole Dorique, ou les cinq villes,
1529. Il avoit fait élargir l'églife du bourg, & y bâti dont quatre étoient dans les ides de Rhode & de Cos!
une chapelle pour .fa fépulture & celle de fa maifon ; La cinquième étoit Gnide , la feule qui fût en terre
mais il n'y fut pas inhumé. On y voit un tableau où ferme , après qu'on eût retranché Halicarnaffe , qui jouif-
il eft repréfenté avec fa femme , & vingtt-trois enfans , foir auparavant de ce droit ; & fon exclufion fut caufe
douze fils &C onze filles qu'il eut d'elle feule : ces por- qu'au lieu d'Exapole, ou de fix villes, ce fut la Penta-
traits font de grandeur naturelle , & fort beaux ; & les pôle, ou les cinq villes qui fut admife à ces jeux fa-
habitans , qui avoient vu les origineaux , difoient qu'ils crés.
étoicncbien reffemblans. Au-deffous de Glys on rencon- Paufanias, in Phocic- c. 11 , nomme Triope le fon-
tre les relies d'une muraille qui tient depuis la montagne
en largeur jufqu'au Rhône : on croit , dit l'auteur des
Délices de la Suiffe , qu'elle avoit été bâtie ancienne-
ment , pour garantir le pays contre les invafions des habi-
tans du bas Vallais , où il y avoit beaucoup de nobleffe
ambineufe Se remuante. * Etat & Délices de la Suiffe ,
P- 17^
GNA , colonie & rivière de la Mauritanie Tingitane,
félon quelques exemplaires de Pomponius Mêla, in fine;
mais au lieu de ce nom , les critiques ont rétabli celui de
Zilia, qui eft le véritable.
GNADENTHAL , c"eft-à-dire le Val-de-Grack ,
Vallis-Gradarum couvent de Suiffe , au deffous de Brem-
garten : il fut fondé en 1 371 , &c eft de l'ordre de Citeaux.
* Etat & Délices de la Suifle t. 3 , p. 14a.
GNAI-TUNG-HO , nviere de Tartarie. Elle eft au
nord-eft de Kai-Guen , à fix mille lieues. Elle prend fa
fource dans la montagne qui eft à l'Orient de la ville de
Lan-tcheon. Elle coule vers l'eft , & fe jette dans la mer :
* Hijloire générale des Huns, t. 4. impartie p. 4.
GNATIA. Voyez Egnatia.
GNEB ADEI , peuple Arabe , entre les Troglodytes ,
dans l'Ethiopie, félon Pline, l. 6.
GNES , peuple des Rhodiens , félon Etienne , il les
nomme auffi Gnetes , & Ignetes, dit Ortélius, Thefaur.
Gnes eft le iingulier, ck Gnetes le pluriel. Voyez Igné.
GNESNES , ville de Pologne , au Palatinat de Kalifie ,
à fept milles au levant de Posnanie, dans une plaine , en-
tre des étangs &t des collines. Quelques-uns la nomment
Gnesna, Gnejin, &C Gnifen. C'eft la première ville que
l'on ait bâtie en Pologne. Leck I. duc des Polonois, en dernier, pa
550, pour fixer fes gens qui n'habitoient que dans des
dateur de Gnide. Les auteurs ne conviennent pas fur
l'origine de cet homme , comme l'avoue Diodore de
Sicile , /. 5 , c. 61 , qui dit que Triope vint dans le
canton de Gnide , où il bâtit la ville de Triopium à
laquelle il donna fon nom. On n'eft pas sûr fi Triopium
& Gnide étoient précifément deux noms de la même
ville , comme Pline femble l'affurer , ou fi ce font deux
villes qui ont exifté fucceflivement , 6c dont l'une s'eft
formée des débris de l'autre. Cette ville avoit deux portes ,
&£ étoit jointe par un pont à une ifle voifine , de ma-
nière que Gnide, félon Strabon, étoit une double ville.
Paufanias, in Elia. 1. 1 , c. 24, dit que la partie la
plus confidérable de la ville étoit en terre ferme , & que
l'autre étoit dans l'ifle. Outre les fêtes d'Appollon & de
Neptune , dont nous avons parlé , il y avoit à Gnide
un culte particulier de Venus furnommée Gnidienne &
Doritide , dit Paufanias , in Attic. c. 1 . La ftatue de cette
déeffe , ouvrage de Praxitèle, étoit un chef d'oeuvre fi
admirable, que Pline dit ,/. 36, c. 5, qu'on al loit exprès à
Gnide pour la voir, & que Praxitèle avoit anobli Gnide
par ce bel ouvrage. Horace, /. 3. Ode 28, fait mention
du culte de Venus à Gnide.
Quct Cnidon ,
Fulgenlefque taict Cycladas, & Paph.on.
Juncîis vifu olonbus.
Le favant Meurfius a mal-à-propos placé une ville de
Gnide dans l'ifle de Cypre : il a expliqué trop Iitérale-
ment un vers de Tzetzus_ poète Grec du bas empire. Ce
de Ctéfias l'hiftorien , dit :
0<Ti KTII<7I£££ 1
Ef»p,7.»V»of m
if KirepiW.
chariots, & les avoir toujours auprès de lui , en cas de be-
foin , conftruifit une maifon de poutres mal arrangées ,
qu'il environna de plufieurs habitations auffi groliiére-
ment conftruites. On nomma ce lieu Gnasdo qui veut dire C'eft-à-dire : or Ctéfias , le médecin , fils de Ctéliochus ,
nid , parce qu'on y trouva un nid d'aigle, : c'eft de-là originaire de la ville de Gnide la Cypriennc. C.vte épi-
i34 GOA
théte eft relative à Venus que les poètes ont appellée
Cypris , & non pas à l'ifle de Cypre. Aucun ancien
hïltorien ou géographe n'a fait mention d'une autre
Guide que de celle de la Carie. Strabon parlant de Gnide
en Carie , dit bien nettement : c'eft de-là qu'étoit ori-
ginaire Ctéfias, médecin d'Artaxerxe , auteur d'une hii-
toire d'Affyrie & de Perfe.
Le promon toire de Gnide s'appelle prefentement Capo
Crio dans la Carte de Sophien , oc le Cap de la Croix dans
les cartes des François.
GNIEV. Voyez Ghnief.
GNIEWKOV , bourg de Pologne , dans le Palatinat
de Cujavie. * And. Cell. p. 249.
GNIHING , ville de la Chine , dans la province de
Kiangnan , au département de Changcheu , cinquième
métropole de la province. Elle eft de zd. 38' plus orientale
quePéking, fousles3id. 17'. de latitude. * Atlas Sïnenfîs,
GNOSSOS, ou, félon Strabon , Cnossos. Voyez
l'article qui fuit.
GNOSSUS , ou Gnosus ancienne ville de l'ifle de
Crète. Strabon , /. 6 , nous apprend qu'on la nommoit autre-
fois CjERATUS,du nom de la rivière qui l'arrofe. Laftance,
/. 1 , e. ï 1 , rapporte une tradition fuivant laquelle Jupiter
avoit été enterré dans l'ifle de Crète , et que l'on tombeau
étoit dans la ville de Gnoffe. Paufanias, in Atàc. c. 27 , dit
qu'il y avoit à Gnoffe un labyrinthe. Polybe , /. 4, c. 54 ,
parle des ravages que cette ville fouffrit pendant la guerre
qu'il décrit. Elle avoit un port nommé Heracleum ,
dont elle étoit affez éloignée , étant fituée dans l'in-
térieur du pays. Gnoffus étoit la réfidence de Minos ,
l'un des anciens rois qui ayent régné dansll'ifle. La Table
de Peutinger met Gnofos à xxiii. M. P. de Gortyne vers
l'orient. Lucain , /. 3 , v. 185 , dit :
Creta vêtus populis , Cnofafquc agitare pharetras
Docia. •
Et l'on trouve des médailles qui font mention des Gnof-
fiens KNQSiEfiN , par une feule S. Quelques-uns croient
que cette ville étoit au même lieu que GlNOSA , petit
village de l'ifle de Candie ; d'autres la cherchent à Cas-
tel Pediana.
GOA , ville d'Afie , (a) aux Indes orientales , dans
une ifle qui a neuf lieues de tour fur la rivière de Man-
doua , qui entre dans la mer , à fix lieues au-deffous. Cette
ville eft fituée dans lazone torride. C'eft une des plus riches ,
des plus marchandes , etdes plus confidérablesque lesPor-
tugais aient dans ce pays. Alphonfe d'Albuquerque la prit en
1 5 10 , pour le roi de Portugal qui y a un viceroi ; fit
baptifer les filles Indiennes , les donna en mariage aux
Portugais , afin d'unir les Indiens à fa nation , et de
n'être pas obligé de dépeupler le Portugal pour avoir
des foldats.
(b) Le port de Goa eft un des meilleurs ôt des plus
beaux des Indes. La nature et l'art -fe font réunis pour
fortifier ce lieu. Les Portugais l'ont fortifié de plufieurs
tours , bien pourvues d'artillerie. (c) Lorfqu'on y aborde
par mer , on trouve à l'embouchure de la rivière Man-
doua deux forts conftruits au pied des montagnes , et
bien garnis de canon , qui en défendent l'entrée , la quelle
eft fort étroite , parce que les montagnes fe rapprochent
en cet endroit. On voit fur la gauche , à la pointe de
l'ifle de Bardes le fort de VAguada qui a de bons ouvrages
avec une batterie à fleur d'eau. Sur la hauteur de la mon-
tagne , proche du canal , il y a une longue muraille toute
garnie de canon ; St vis-à-vis eft le fort de Notre-Dame
du Cap , bâti dans l'ifle de Goa. Après avoir fait deux
milles dans le canal , on trouve fur l'ifle des Bardes le fort
de Los Reyes , avec de bons ouvrages &t une batterie à
fleur d'eau ; c'eft où les vicerois prennent poffeffion de
leurs gouvernemens. A deux milles de ce fort , on trouve
celui de Gafpar Dia7; lorsqu'on a parte ce dernier fort,
le canal qui étoi<: fort large , devient plus étroit , n'ayant
quelquefois qu'un mille de largeur , quelquefois deux. Ses
bords font remplis de maifons agréables , des plus beaux
arbres fk fruits des Indes ; ce qui forme une vue char-
mante. Sur le bord de cette rivière , vers le milieu , on
trouve le palais , nommé Paffo de Vogi , où les vicerois
tenoient autrefois leur cour. Il fert à prefent de cazerne.
En cet endroit commence un large mur qui a deux
milles de long , fur lequel paffent les gens de pied dans
GOA
le tems de la haute mer. On y ramaffe beaucoup de
fel. Le canal , qui forme le port , s'étend dans les terres
& coupe le pays en plufieurs petites ifles. Outre le port
dont on a parlé , il y a encore à Goa celui de Murmugon
qui forme un autre canal qui court entre l'ifle de Goa et
la prefqu'ifle de Sahette. Les vaiffeaux s'y retirent lorf-
que celui de Goa eft fermé par les fables qu'entraîne la
rivière de Mandoua ; ce qui arrive ordinairement au mois
de Juin , et dure jufqu'en Octobre , parce que les pluies
l'enflent extraordinairement. Ce font ces deux canaux
qui , fe joignant à Saint-Laurent forment l'ifle de Goa
qui a vingt-fept milles de circuit et contient • trente
villages.
Les montagnes qui environnent Goa , y caufent des
chaleurs exceflives ; ce qui fait qu'elle n'eft aujourd'hui
prefque pas peuplée : d'ailleurs fon commerce a diminué
depuis que celui de Surate eft augmenté. Le viceroi et
l'inquifiteur y ont chacun un palais magnifique. On y
voit un affez bel hôpital qui eft fort riche. La grande rue ,
qu'on nomme la rue droite , a plus de quinze cens pas
de long : elle eft bordée de boutiques de lapidaires , d'orfè-
vres , de maifons de banquiers St de riches négocians.
Au milieu de la rue droite , on trouve une belle place ornée
de plufieurs beaux bâtimens , parmi lefquels font le tribu-
nal de l'inquifition , qui eft fort févére , la maifon de
ville , & le palais de l'archevêque, qui eft à coté d'une
très-belle églife de Cordeliers , Se du plus beau couvent
qu'ils aient dans le monde. Les Jéfuites y ont quatre
maifons , &t un collège où il y a près de deux mille
écoliers Ils inftruifent et nouriffent à celle du nom de
Jefus les infidèles qui défirent embraffer la religion Chré-
tienne. (d) Ils ont dans leur maifon-profeffe le corps de
S. François-Xavier qui mourut, en 1552. , dans l'ifle
de Sancian qui eft à 23 lieues des côtes de la Chine , où
il alloit prêcher la foi. Son corps fut apporté , en 1554 ,
à Goa. Enfin on trouve dans cette ville beaucoup de
belles églifes , et d'affez beaux couvens de différens
©rdres de religieux. Elle fut érigée en archevêché vers le
tems de la mort de S. François-Xavier , & l'archevêque
eft le primat des Indes.
Il n'y a pas à Goa plus de 10000 habitans , tous de
nations St de religions différentes. Les Portugais font le
plus petit nombre. Le quart de la ville eft peuplé de
mulâtres , parce que la plupart des blancs , pour faire
fortune , époufent des Canarines. Les Canarins font Chré-
tiens , et noirs comme les Ethiopiens ; mais ils ont les
cheveux longs et le vifage bien fait. Les uns font prêtres ,
les autres procureurs , avocats , notaires , ou folliciteurs
de procès , et font avec beaucoup d'intelligence &c
d'exactitude ce qu'on leur recommande. Ils tirent leur
origine dediverfes races de Gentils , et s'occupent , félon
la nobleffe , ou la baffeffe de leur extraction. La plus
grande partie vient des Brachmanes , Banianes et
Charados. Ceux-ci font fpirituels , fins , vifs et intelli-
gens ; auflï perfonne n'en veut avoir d'autres pour domef-
tiques. Ceux d'une baffe naiffance , comme les Langoli ;
font fourbes , voleurs & pareffeux. Ils vont tout nuds ,
couvrant feulement ce qu'on doit cacher , d'un linge qu'ils
font paffer entre leurs cuiffes et qu'ils attachent à une
corde qui leur fert de ceinture. Ils labourent la terre ,
portent la litière et font ce qu'il y a de plus vil & de
plus bas. Ils dorment le jour et la nuit tout nuds fur la
terre. Us fe nourriffent d'un peu de riz , &t ne goûtent de
pain que lorfqu'ils font à l'extrémité. Lorfqu'ils s'en croient
affez pour paffer la femaine ils ne travaillent plus. Il y
a en outre un grand nombre de Cafres ou Noirs que les
vaiffeaux de Lisbonne ou de la compagnie achètent à
Monbaze , à Mozambique ou à Senna , Si autres endroits
de la côte orientale d'Afrique , St viennent vendre à
Goa &C dans toutes les places des Portugais. Goa a d'élé-
vation du pôle 15 d. 31' ; fa longitude eft de 93 d. 55'
(a) Gemelli Carreri , Voyage du tour du monde , t. 3 ,
p. 77. (b) Voyages de favernier. (c) Le P. Boucha ,
Lettre édifiantes , t. 15 , p. 48. (d) Notes du P. Char-
GOAFFI , bourg d'Afrique , dans la Nigritie , aux
confins de la Guinée , nord-oueft de Gago. De l'ifle ,
Carte d'Afrique , le met fur une petite rivière qui va tomber
dans le fleuve de Senéga.
GOAGA , ( LE Lac DE ) lac d'Afrique , dans la Nigri-
tie. Dapper , Afrique , p. 230, parlant du Senéga , dit :
GOB
GOD
les fources de ce fleuve , félon le fentiment de quelques
géographes , font deux lacs vers le levant , que Ptolomée
appelle les lacs Chélidoniens , & dont l'un fe nomme pré-
fentement h lac de Goaga , Si l'autre celui de Nuba ou le
lac de la rivière de Ghir.
GOARENE , Si
GOARIA. Etienne nomme ainfi un canton voifin de
Damas. Ptolomée , /. <j , c. 1 5 , met en Syrie , dans le
Palmyrene , une ville nommée Goaria.
GOARIS , rivière de l'Inde , en de-çà du Gange , fel on
Ptolomée , /. 7 , c. 1. Quelques exemplaires portent
Gaoris.
GOATHA. Voyez Golgotha ,
GOAVE , & non pas GoUAVE. On diftingue dans
l'ille Efpagnole deux Goaves ; le grand & le petit. Ce
font deux efpeces de bayes à la côte occidentale de Fifle.
Le grand Goave eft quatre lieues fous le vent de Léo-
gane : le petit eft à une du grand , Si n'a rien de confi-
dérable : l'autre eft un fort bon port ; mais l'air y eft
mal-fain Si le terroir mauvais. La commodité de fou port
l'a fouvent fait préférer à tous les autres quartiers de la
colonie Françoife , pour y établir le quartier général ;
& on y a conftruit un fort avec une petite bourgade :
on en voit le plan dans le douzième livre de l'Hiftoire de
S. Domingue , par le P. Charlevoix.
GOB , plaine d'Afîe , dans la Paleftine , dans laquelle
fe donnèrent deux combats entre les Hébreux & les Phi-
liftins. Dans le premier , Sobocaï tua Sapli , de la race
des Géans , Rcg. 1. 2 , c. 21 , v. 18 , & 19. Dans le
fécond , Elcanan tua le frère de Goliath. Au lieu.de Gob
dans les Paralipomenes , /. 1 , c. 20 , v. 4 , on lit Ga-ter.
Les Septante , dans quelques exemplaires , portent Nos
au lieu de Gob , Si dans d'autres , Geth.
GOB/EUM. Ptolomée nomme ainfi un Promontoire
de la Gaule Lyonnoife : plufieurs croient que c'eft aujour-
d'hui le cap de S. MahÉ , c'eft-à-dire de S. Matthieu , qui
eft en Bretagne.
GOBAN1UM ou Gobankium , ancien nom d'une
place de la grande Bretagne. Antonin dans fofi Itinéraire
la met entre Burium Si Magnis , à douze mille pas de
la première , Si à vingt-deux mille de la féconde. L'ano-
nyme de Ravenne écrit Bannio. Ce lieu cofiferve
encore fon nom , ck s'appelle Abergawen , ck eft à
dix milles anglais de Brubege , qui eft le Burrium des
anciens.
GOBEL. S. Jérôme , in loc hebraïc. dit que c'étoit
le nom hébreu de Byblos.
GOBELINS , (les) maifon de Paris ; elle eft fituée
au bout du fauxbourg S. Marceau, ck a pris fon nom d'un
excellent teinturier en laine , nommé Gilles Gobelin ,
qui l'occupoit fous le règne de François I, avec plufieurs
autres de la même profeflion. Il trouva le fecret de teindre
la belle écarlate qu'on a nommée depuis ce tems-là
Vècarlalt des Gobelins. On tient que la petite rivière de
Bièvre , qui pafle auprès de cette maifon , ck qu'on
appelle d'ordinaire rivière des Gobelins , a une vertu par-
ticulière pour cette teinture. La maifon des Gobelins eft
remplie aujourd'hui des plus habiles ouvriers qu'il y ait
en tapiflerie , en orfèvrerie ck en fculture , fous la direction
du furintendant des bltimens , arts ck manufactures de
France. * Corn. Dift.
GOBINAN , petite ville de Perfe , en Ane , dans la
province de Sigiftan , au midi de la capitale. Quelques
modernes y cherchent l'ancienne Ariafpi , ville de la
Drangiane. * Baitd. édit. de 1682.
GÔBOEA , port de l'Arabie heureufe , vers l'orient,
félon Pline , l. 6 , c. 28.
GOBRYA , r«£puV, rivière d'Afie , au pays des
Paropanifades , félon Ptolomée , qui dit qu'elle fe mêle
avec le Dorgamanes , qui vient de la Baftriane.
i- GOBY : (les déferts de) les Chinois les nomment
Han-hai ouCha-mo; ils couvrentles frontières occidentales
de la Chine , depuis le fonds du pays de Tangnt vers les
32 d. de latitude jufqu'à-peu-prèsaunord de la ville de
Pékin vers le 34e d. de latitude , de manière que pour
aller de cette ville à celle de Selinginskoy on eft obligé de
frifer la pointe feptentrionale de ces déferts , qui ont trois
cents lieues de longueur; mais la largeur en ef! fort inégale.
En quelques endroits elle a plus de foixante' lieues , Si en
d'autres elle n'en a pas plus de vingt-cinq à trente. Toute
cette grande étendue de pays n'eft qu'un table noir ck aride
î3j
qui ne produit rien du tout , ck coule comme une rivière
au gré des vents. Il y a cependant trois endroits qu'il fem-
ble que la nature s'eft fait un devoir de ménager , pour
fervir de communication à la Chine avec les pays qu'elle
a à l'occident ; on trouve un de ces paffages vers les 42 d.
de latitude à l'oueft-nord-oueft de Pékin , un autre vers
le 38e d. de latitude à l'eft de la ville de Chamili fur les -
frontières du Tibet , 6k le plus méridional vers les 35 d.
de latitude à l'oueft de la province de Xienfi ckde la fin
de la grande muraille : ces trois paffages , qui font dans des
chaînes de montagnes qui viennent de la grande Tartarie ,
ck fe joignent à celles qui bordent la Chine à l'occident,
ont par-tout des vallons très-fetriles ck de très-bonne eau;
mais hors de ces paffages , il eft impomble de traverfer
les déferts , à moins qu'on n'ait ries proviiions pour
les hommes ck les bêtes. * Hifl. généalogique des Tueurs ,
p. 416.
2. GOBY, province d'Afrique, au royaume de Loango,
dans la baffe Guinée. De Eïflè met Gobby , pays iitué à
un degré de l'équateur, vers le midi : vers les fources des
rivières de Sarnafias ck deEernand Vaz. Dapper , Afri-
que, p. 323 , écrit suffi Gobby , ck dit qu'entre le pays
de Sette ck ie cap de Lopez-Gonfalve eft la province de
Gobbi , qui eft entre-coupée de plufieurs lacs Si rivières
portant canots. Ces rivières noumflent beaucoup de
poiffon , ck même des hippopotames. La principale habi-
tation du pays eft à une journée de la côte : non feule-
ment la polygamie y eft permife ; mais même lorfqu'un
ami en vient vifiter un autre , Sk qu'il couche chez lui ,
l'ami chez qui il eft lui offre une de fes filles pour lui tenir
compagnie. Un nouveau marié n'eft point eftimé dans
fa famille jufqu'à ce qu'il ait bien battu fa femme. Ils
font prefque toujours en guerre avec leurs voifins de
Comma, qui demeurent entre eux Si le cap de Lopez-
Gonfalve. Leurs armes font la fagaye , l'arc Si les
flèche-. Les Hollandois y tranfportent des moufqnets ,
de I- coudre à_ canon , des chauderons de cuivre poli St
de draps greffiers. A l'égard de la langue , des fuperfti-
..ons ck des coutumes , ils reffemblent fort à ceux de
Loango.
GOCH , petite ville d'Allemagne , au duché de Cle-
ves , fur la rivière de Neers , au midi Si à environ huit
milles de Cléves. L'an 1 ^99 , les Efpagnols s'en rendirent
maîtres ; mais les Hollandois la prirent fur eux l'an 16 14.
Elle pafla enfuite en d'autres mains , mais ils la reprirent
en Janvier 1725 ; ils la poflédoient encore en 1640. Elle
eft à préfent au roi de Pruffe , électeur de Brandebourg ,
comme tout le refte du pays de Cleves. * Zeyler , Veftphal.
'Top. p. 28.
GOCHI , ville de la Chine dans la province de
Suchuen , au département de Xunking troi/iéme métro-
pole de la province. Elle eft plus occidentale que Pékin
de 10 cl. 29' , par les 30 d. 48' de latitude. * Atlas.
Sincnjîs.
GOCIANO , petite ville de l'ille de Sarchigne , dans
la province de Logudori Si fur la rivière de 1 liirfo , affez
loin de la côte. Elle donne le nom à un comté de grande
étendue , dont les rois d'Aragen prenoient même le titre ,
Si eft à trente mille pas d'Alghieri , vers le levant. *Bau-
drand, édition de 1705.
GODAH , ville d'Afie , dans l'Indouftan , à quelques
journées de Brampour. Thomas Rhoë , Anglois , dans les
Mémoires de fon ambaiTade au Mogol , en parle ainfi :
je trouvai le roi dans une ville fermée de murailles ,
nommée Godah , fituée dans le plus beau pays du monde :
c'eft une des plus belles villes des Indes. If y a beaucoup
de maifons à deux étages , ce qui eft fort rare dans ce
pays. Il y a des rues pleines de boutiques de toutes fortes
de marchandifes , aufli riches que celles de nos meilleurs
marchands : on y voit plufieurs bâtimens fuperbes Sk
faits d'une belle pierre de taille , qui fervent pour rendre la
juftice ou pour les autres affaires publiques : il y a aufli des
étangs environnés de galeries foutenues d'arcades de pieri e
détaille, Se revêtues de la même pierre, avec des degrés qui
régnent tout à l'entour , Si qui defcendetit jufqu'au fond de
l'eau pour la commodité de ceux qui y vont puifer , ou qui ,
veulent prendre le frais. Sa filiation eft encore plus belle ,
car elle eft dans une grande campagne où , de courte en
courfe, on trouve des villages. La terre y eft extrêmement
fertile en bleds, en coton Si en pâturages, j'y vis ni
beau jardin qui a bien deux milles de long k un gu I -s
i36
GOE
GOE
côtés
depeti
,1. . I
bâtis
en vou
qu'il
à pal
et fa vi
nulle de large , planté de mangues , de tamarins; ck d'au-
tre! arbn i Fruitiers, ck divifé par allées, il y a (le tous
. ou pagodes ; pludeujis foni tine i ,
& des pavillons de pierre de taille,
agréablement qu'imut que j'avoue
nie au monde qui ne fût ravi d'avoir
(i beau lieu. Celte ville étoit autre-
loi', beaucoup plus floriflante qu'elle n'eftâ préfent ( l'au-
tcui écrivoil fous l'empereur de Gehan-Guir, qui mourut
en 1617; ainfi il y a plus d'un (îécle,) parce qu'elle étoit
la demeure ordinaire du prince Raja ou Rasboi , avant
?u'Ecbarshn l'eût conquilc avec le relie de les états.
I, 'auteur Anglois femble avoir ci 11 que Raja ou Rasboi
étoit le nom du prince. C'cft une erreur ; Raj'a cil le titre
d'un petit fouverain , ik ne veut dire que prince , tk
Rasbot cilla même choie que Rageputt OU liiM.it. Les
foldats Rageputcs pauoient aux [nues pour des hommes
mini nuint.il, les, dit le P.Catrou, Hijl. duMagol, p. [3:
Ecbarshaeft le même qtfjikehar , père de Géhan-rGuif ,
donl j'ai parlé.) .h- remarquai même, poùrfuit L'auteur
Anglois , qu'en plufieuts endroits les plus beaux bâtimens
de cette ville tombent eu ruine, parce qu'ils ne prennent
pas foin île les entretenir, vu qu'ils retournent au roi api es
leur mort.
CODAI, MIN, bourg d'Angleterre dans la province
de, Su
.■y mr la rivière de Wcy. Il a droit de tenir mar-
ché public. Etat priftnt ./•■ /.' G. Breiag/u, t. 1.
(.Ol) AN A , ville d'Alie , dans l'Ane , félon Prolo-
nge , /. 6 , c. 17.
(.Ol >ASA , ville de la petite Arménie , félon Ptolo-
mée, /. •) , c. 4, Elle étoit dans l'intérieur du pays, vers
les mqiltagnes. v l'eft peut-être la même que la Gundofa
d'Antonin , Itiner,
GODEARIA , pour CoCHLF.AKiA. Voyez ce mot.
GODERVILLÉ , bourg .le France , en Normandie ,
au pays de Çaux . avec haute juftice, Il e(l litué au milieu
.l'une nlaine fertile en bons grains, e 1:1e Beauté & Cre-
tOt , ilans la route .le \ almont à " Uuili villcrs , dont le
vicomte vient tenir féanee avec lés ollieiers a Goder-
ville , une fois en quinze jours , le mardi , jour .l'un grand
marché qu'on y tient. On y tient auffi quatre foires tous
les ans , ce qui rend ce bourg renomme en Normandie.
.Son églife paroiffiale portele titre à&Sainte-Magdeleine.
GODING on HonONIN, ville de Bohême, dans
le niarquilat .le Moravie , aux contins de la Hongrie,
dont elle cil féparée par la rivière .le Moravie , par une
ille aile/, longue, qui cil dans celte rivière, ok au milieu
de laquelle ell la féparation de la Moravie & de la
Hongrie. De l'autre côté, c'eft-à-dire au couchant de
Godmg, il y aune petite rivière qui lin m ■ un lai avant
que de lé jetter dans la Morave. Cette petite ville a
d'un cote un étailg profond , de l'autre un grand in. nais ,
au troifiémeun bois, 5c au quatrième une belle plaine.
(elle place cil lituée A l'oppofite du Sluliez , qui ell
de la Hongrie, & étoit plus importante qu'elle ne ['efl
à piélcut, loifque les royaumes de Hûjlgrie & de Bo-
hème app.utcnoiciil à des fouveiains diil'éreu ., ' ....',,
Morav. Topogr. p. .)7.
GODMANCHESTER, bourg dans la province de
Huntingtonshire , vis-a-vis de Huntington , capitale de
la province, fur la rivière d'Oufe, que l'on patte fur un
pont .le pierre. Voyez l'article DuROUPONS.
GODOSALARA.ou
GODOZALABA ou Codosalaba , ou CoduzAt
t An\, félon les divers exemplaires de l'Itinéraire d'An-
tonin, lieu delà petite Arménie, fur la route de Cé-
i.ux\- à Anazarbe, entre Artaxate ck Coinane , à vingt-
quatie mille pas de la première, ck à vingt-flX mille pas
.le la féconde.
GOEITEON ; petit royaume du tems des premiers
Huns : il eft litué au midi de ceux de Kuento , ck de
kicoufmn. Leprincipal campement , ou la capitale , ell
dans une vallée qui porte le même nom. On y comp-
toit alors trois cents familles , deux mille trois cents per-
fonnes, & huit cents foldats.» Hijl. générale des Huns,
ÊANTOS, château dont parle Cédrcne. Or-
télius conjecture qu'il étoit dans le voilinage de v 'ouf-
bius lit Léon d.ms Curopolate
'Vil A , roiefW , ville de l'Arabie heu-
reufe, félon Ptolomée, /. 6, c. 7. Quelques interprè-
tes Latins écrivent Giratha. Elle étoit dans l'intérieur. .
I^GÔERÉE, petite ille des Provinces-Unies , dans
la Zuide-lloll.uide , ou Hollande méridionale, entre
l'ide de Voome ck celle de Schpwen au couchant fep-
ten i.d de l'ifle d'Overflakée. Entre cette dernière
ille ck celle de Voorn. Il y a devant l'ide de Goerée
une fort bonne rade pour les plus grands vaiflèaux. Les
Hollandois prononcent Gourée. Et le nom écrit Goerée
lignifie chez eux bonne rade. Corneille dit que l'ifle
a pris l'on nom d'une petite ville qui s'y trouve ; laquelle
n\i ni muraille ni remparts ; qu'il en paroit cependant
quelques vclliges en divers endroits , èk qu'elle a une
tour fort haute qui fert de phare aux vaill'caux qui veu-
lent entrer dans la Meule. Cette ille n'a point de ville;
mais un village nommé OuT-Doui' , cèeft-à-dire le
vieux village. On lui donne aulli le nom de VJJlt. \u
nord de l'ifle elhin grand banc de fable nommé le Hin-
d.er: il ell aulli long qu'elle. Entre l'ifle çk ce banc cil un
palîagc nommé le pacage de Goret, 011 eu côtoyant l'ifle
on trouve fond par cinq , fix ck huit bradés d'eau, ce
qui continue jufqu'à la rade. C'eft cette rade qui a
donné le nom à l'ifle èk au village.* Mémoires com-
'""'"SOERÉE , village de la Hollande méridionale,
dans l'ifle de même nom. ,
3. GOERÉE, ille de l'Océan, fur la côte d'Afrique.
Les Hollandois, qui l'ont poiï'é .fée lui ont donné le nom
'l'une .les ifles de leur pays. Les François l'ont nommée
Curée. Le P. Labat, Relat. de l'Afrique occid. t. 4 , c. 7,
p. )<)(>, en parle ainli : les Hollandois appellent Goé-
réc fille que nous appelions Amplement Corée. Ce mot
dans leur langue lignifie bonne rade : en effet , c'eft
uniquement ce qu'elle a de bon; car elle ell petite, èk
tout-à-fait llénle. Elle manque abfolument d'eau fck de
bois ; &C quand les citernes fuit à léc, les habitans l'ont
obligé d'aller chercher à la terre ferme le bois ck l'eau
dont ils ont befoin; 6k comme on ne peut tirer ces
choies d'Europe, les rois Nègres de la terre ferme des
environs exigent fou vent des préfens pour permettre à
ceux de l'ifle' de prendre des vivres fck des marchandées
fur leurs terres.
Cette ille qui n'a qu'environ quatre cents vingt toiles
de longueur (ur cent ou cent vingt de large, euVfituée
à 14 d. 15' de latitude (eptentrionale , environ à une
portée de canon de la terre ferme- nord -quart nord-
oued tk fud-quart-fttd-eft. Elle eft toute environnée de
rochers, tk inaccellible , excepté dans une petite anfè .1
l'efl nord-éfi , d'environ cent vingt toiles de large fur
Ibixante de profondeur, renfermée entre deux pointes,
dont l'une qui ell aile, élevée s'appelle \.\ pointe dl
tiere, ck l'autre qui eft beaucoup plus plate efl corne;.:
par un, banc de fable où la mer brife aflTez considérable-
ment pour le faire remarquer de fort loin.
Le mouillage cil exeelent autour de cette ifle, mais
fur-tout dans l anfe dont on vient de parler; ck entr'elle
ck la terre ferme , on eft à couvert des plus groffes lame;;
cet endroit eft un port naturel &J très-affuté.
Il efl certain que cette ille a été connue, & peut-êrre
pofTédée parles Normands, lorfqu'ils étoient feuK i. .
maîtres de tout le commerce des côtes d'Afrique , depù
le cap Cantin au moins, ou lecap blanc, jufqu'aux extré-
mités les plus méridionales ; mais les guerres civiles :k
étrangères qui ont li Couvent troublé là France .
mis le défordre dans leur commerce, ils furent contraints
d'abandonner prefque tous leurs établiffemens , & les
Anglois , Hollandois ck Portugais partagèrent entr'eux
leurs dépouilles ; le fort ck l'habitation du Sénégal font
patîes aux Anglois par le dernier ti ùté de paix.
Les Hollandois commencèrent à liéquenter les cites
d'Afrique, vers la lin du \\ fiécle : ils s'établirent en
quelques endroits de la côte de Guinée , ck traitèrent
avec Biram roi du Cap-Verd , en 1617, qui leur céda
cette petite ille. La compagnie l'ollandoife y rit .l'abord
bâtir un fort qu'ils nommèrent A ■,'/'.■ .an uord-oueft , fur
une montagne alie/ haute 8. efearpée de tous cet.'";. Ce
fort ne défendant pas l'atterrage & le débarquement dans
faille, ils en firent bâtir un lecond fous le nom de fort
d'Orange; mais il n'étoitquede pierres liées Amplement
avec de la terre , au lieu que celui de la montagne étoit
de très-bonne maçonnerie.
GOE
GOE
Ils demeurèrent paiflbles poflefTeurs de cette ifle juf-
qu'en 1663, que le capitaine Holmes Anglois , attaqua
1'ifle, renverfa à coups de canons lesmauvaifés muraille', du
fort de l'Ance , contraignit le commandant Se la garnifon
de lui livrer l'ifle Si le fort de la montagne. Les Anglois étant
établis fur la rivière de Gambie, voifine de cette ifle,
fe feraient trouvés , par cette conquête, maitres abfolus
du commerce de toute la côte ; mais ils n'en jouirent
pas long-tems. Ils négligèrent de réparer le fort de la
rade ; Se Ruyter amiral Hollandois , vint l'année fui vante ,
avec une flotte nombreufe, renverfa les murs du fort de
l'Ance, & contraignit George Abercrom , qui en étoit
gouverneur, de rendre l'ifle ; il fut conduit avec fes offi-
ciers Se fa garnifon à Gambie , comme il avoit été accordé
par la capitulation. La compagnie Hollandoife y mit
pour commandant Jean Cellarius, avec une garnifon de
cent cinquante hommes. Cet officier fit travailler auffitôt à
réparer les brèches, Seenfuiteàmettre en mortier de chaux
Se de fable tout le refte du mur du fort de l'Ance ; il fit
augmenter les fortifications du fort de la montagne, Se
mit ces deux places en état de faire une bonne cljfcnfc.
Tout cela n'empêcha point le comte d'Eftrées vice-
amiral, Se depuis maréchal de France, de s'en rendre
maître , en allant pour la féconde fois tenter la pnfe de
l'ifle de Tabago, une des antilles de l'Amérique. Il arriva
le3oOcl:obre 1677 a la vue de l'ifle de Goerée , fit
mettre pavillon Hollandois à toute fa flotte , afin de ne
point épouvanter les vaiffeaux de cette nation, s'il y en
avoit quelqu'un mouillé fous l'ifle. Le commandant Hol-
landois n'eut pas plutôt apperçu cette flotte, qu'il fit met-
tre pavillon à fes deux forts, Si fit faire les fignaux de
reconnoiffance, dont il étoit convenu avec les vaiffeaux
de fa nation ; comme on n'y put répondre, parce qu'on
ne les lavoitpas, il fentit qu'il alloit être attaqué, Se fe
prépara de fon mieux à fe défendre ; mais il fut attaqué
ii vivement, qu'il fe rendit à diferétion.
Le comte d'Eftrées n'ayant pas ordre de conferver cette
conqu !te , fit entièrement démolir le fort de la montagne
& détruire la plus grande partie de l'enceinte de l'Ance, Se
mit à la voile avec fon armée. M. Du Caffe étoit alors fur
la côte d'Afrique, avec le vaiffeau l'Entendu, de quarante-
quatre canons , Se de deux cents hommes d'équipage. Il
apprit à Gambie, ce qui étoit arrivé à l'ifle de Goerée; il
s'y rendit le 15 Novembre 1677, Se en prit pofleflion
au nom de la compagnie du Sénégal , Se y établir les
commis qu'il avoit fur fon bord. Il alla de-là à Rufisque,
à Joal Si à Portudal où étoient les comptoirs de la com-
pagnie Hollandoife, que le comte d'Eftrées avoit ruinés.
Il fit des traités d'alliance Se de commerce avec les rois
de ces contrées , Se convint de leur faire payer par les
commis les mêmes coutumes que les Hollandois leur
payoient, à condition que le commerce ferait libre pour
les François dans toutes les terres de leur dépendance,
à l'exclufion , Si privarivement à tous autres. Ces traités
furent arrêtés Se publiés avec les folemnités ordinaires
chez les Nègres, dans le mois de Décembre 1677.
M. Du Caffe étant venu rendre compte i la cour de ce
qu'il avoit fait en Goerée Se fur la côte , fut renvoyé à
cette ifle avec des préfens magnifiques pour les rois du
pays. Il y arriva au mois de Mai 1678. Il trouva que les
commis de la compagnie jouiffoient tranquillement des
avantages du commerce qu'il leur avoit procuré par les
traités, Se diftribua aux rois du pays les préfens que la
compagnie leur envoyoit. Ces libéralités achevèrent de
mettre ces princes dans les intérêts de la compagnie :
on s'appliqua enfuite à mettre les forts en état de faire
une bonne défenfe , en cas qu'ils fuffent attaqués; mais
la paix ayant été conclue entre la France Si les Provin-
ces-Unies, le 10 d'Août 1678, les François demeurè-
rent propriétaires des conquêtes qu'ils avoient faites fur
les côtes d'Afrique ; en forte que la compagnie du Séné-
gal fe voyant en paifîble pofleflion de cette ifle Se des
forts , Se fans crainte d'y être troublée, elle né [ligi 1 ,
fuivant la coutume invariable des compagnies, de con-
tinuer les travaux qui étoient commencés, Se ne fongea
qu'à fon commerce. Les Hollandois firent quelques ten-
tatives, pour retirer ce commerce des mains des Fran-
çois ; Se quelques-uns de leurs vaiffeaux allèrent fuccef-
hvement à cette côte. Le 10 Janvier 1679 , le capitaine
Hapfac, le même qui étoit gouverneur de Goerée, lors-
que le maréchal d'Eflrées s'en rendit maître, en 1677,
137
s y rendit à bord d'un gros vaifîeau de fa nation. Il anima
les princes Nègres, parde magnifiques \> • ■.
pre avec les François : en effet le xo Mars fui
roi de Baol, fit arrêter les commis du comptoir de IJ'>r-
tudal , Se piller toutes les marchandées. Le roi
en fit autant à Joal; Se fans un accident, la même chofe
alloit être exécutée àRufisque. M.Ducafle qui n
fut
d'y remédie
'
dans la rivière de Gamine ; il en partit aufli-tôt, Si eut
le vent fi favorable, qu'il arriva à Goerée-. -
dix heures, quoiqu'il y ait trente lieues de diflance, Se
qu'il faille pour l'ordinaire trois ou quatre jours pour
faire ce chemin , à caufe des vents Si des çourans qui
font presque toujours contraires. Il fit defeente chez les
Nègres , en tua un grand nombre , fit quantité d'efclaves,
brûla tous les villages à deux ou trois lieues dans les
terres, pilla Se ravagea tout le pays , Se yjetta une telle
conftemation , que le roi Tin fut contraint de lui en-
voyer les deux plus confidérables feigneùrs <
Se fit la paix à des conditions très-avantageu!
les principales étoient que toutes les côtes de la mer du
royaume de Baol, avec fix lieues dans les tel
tiendraient pour toujours, & en toi e proj ,, 1 .
compagnie Françoife du Sénégal ; que les
ladite compagnie jouiraient (èuls à l'avenir, Se feraient
tout le commerce du royaume, à l'exclufion de toute
autre nation ; que les François ne
aucun tribut ni coutumes au roi alors régnant . ni
à fes fucceffeurs , Sec. Il donna de-. <
beffin fit le même accord , Se le roi Damel s'y fournit
à leur exemple. La compagnie , dont non ,
ne dura que quinze ans ; Se la euerre de
tellement hn commerce Se fes efpél
Goerée fut abandonnée , Se le fort du Sénégal furpris par
les lis. Cinq ou fix mois après , le fiei
les en dépofta, après quoi on fe remit en pofleflion de
l'ifle de Goerée. Cette comp
autre formée Se autorifée par lettres-patentes du roi , au
mois de Mars 1696.
M. Bruë ayant été nommé directeur Secomn
néral, arriva au Sénégal, le 10 Aoûl (697,
premiers foins fut de rétablir l'ifle de Goerée, Se le com-
merce de la côte qui en dépend. Il alla en Goerée, &
trouva les deux forts de cette ifle en Ii mauvais état,
que les magafins étoient découverts & pi '
les employés de la compagnie réduit, ...
trémité, faute de vivres Se de mar, :
qu'ils avoient été obligés de vendre jusqu'à
aux pentures Se aux verroux des portes , pour avoir du
mil, afin de fubfifter.
Comme il connoifïoit l'importance de ce pofte , tant
à caufe de fa fituation , que de la bonté Si de la fureté
de la rade , où toutes fortes de navires peuvent être en
fureté Se faire facilement, l'eau Si le bois dont ils ont
befoin, Se trouver à la terre ferme, qui efl (i voifine,
tous les vivres Se les rafraîchiflemens nécefïaires pour
les voyages de long cours ; il en pour for-
tifier cette petite motte de terre, de manière qu'elle fût
à couvert de toute infulte. Le fort de la montagne qui
avoit été rafé par le comte d'Eflrées , Se qui avoit été
en partie relevé fvx fes anciens tondemens par la précé-
dente compagnie , Se appelle le fort S'* Michel , n'eft
qu'une lofange aflez grande , flanquée de d ..
Les murs font bâtis de grandes pierres , Se foi
On pourrait, avec une dépenfe médiocre, en
place presqu'imprenable, vu la fituation Se 1 1
de conduire dans un lieu fi éloigné les hommes Se les
autres chofes néceflaires pour en faire le fiége. M. Bruë
y fit mettre feize pièces de canon en batterie , Se huit en
trois autres batteries faites en 1er à cheval. Il fit aufli répa-
rer le fort de l'Ance , appelle fore de S. François : il y
fit faire des logemens pour les officiers , Se des cafernes
pour les foldats; des captiverics pour mettre i
en attendant les embarquement ; des magafins , des for-
ces, Se généralement tous les bâtimens néceflaires pour
la commodité Si la défenfe de ce pofte. Il In |
torze pièces de canon fur les demi-baiiions q :
dotent l'Ance , Se quatorze autres pié
ries qui fe croifoient, pour défendre l'Ance &
la defeente; enforte qu'il mit cinquante-dein
canon fur cette ifle, de 1% , iz, 8 Se 6 livres de balles.
Tome III. S
i38
GO
GO'
Son deffein étoit d'environner toute 1 Ance, depuis la
pointe du cimetière jusqu'à celle du ter a cheval ,d un
double retranchement ; mais cela n a point ete exécute.
Le déoartement de Goeree comprend fix royaumes
en terre ferme , favoir ceux de Cayor de Baol , de
Bourfin , de Brufalum , de Joal & deBaore. On trou-
vera leur defcription à l'article du Sénégal.
Cette ifle eft célèbre par les oblervations agronomi-
ques de Des Hayes , Varin Si de Glos que Louis XIV,
y envoya dans cette vue. La différence méridienne en-
tre Goerée & Paris , fe trouva de 19 d.15', & la lati-
tude de 14 d. 40'.
Ces aftronomes obferverent aufli que les plus nautes
Se les plus baffes marées y arrivent, un jour ou deux
après la pleine lune , 6c fon changement ; la différence
que Gog. On connoît au midi du Caucafe la GoGA-
RENE , province d'Ibérie.
Enfin la plupart croient , avec beaucoup de fonde-
ment , que Gog Si Magog marqués dans Ezéchiel Si
dans l'Apocalyple , fe doivent prendre dans un Cens allé-
gorique , pour des princes ennemis des faints & de l'é-
glife. Ainli plufieurs prennent <jo°rd'Ezéchiel, pour An-
tiochus Epiphanes , periécuteur des Juifs attachés à leur
religion-, & celui qui eft marqué dans l'Apocalypfe pour
l'antechrift , ennemi de l'églife Si des fidèles.^ D. Cal-
met , dans une Differtation imprimée à la tête d'Ezé-
chiel, a elfayé de faire voir que Gog étoit le même que
Cambyles , roi des Perfes ;, & fur l'Apocalypfe , il a pré-
tendu que Gog & Magog délignent tous les ennemis qui
perfécuteront l'églife jusqu'à la fin des fiécles.
1 . GOGA , ifle des Indes , au royaume de Décan , à
,m-
des marées eft d'environ cinq pieds.
4. GOERÉE. Les Hollandois nomment aïnfi le cap environ un tiers de lieue de la terre terme ; on y voit
ri N h V Nebo une torterelie bâtie proche de la mer, a notre manière,
GOESouTer-Coes, (prononcez Gous Si Ter- félon Davity qui en parle fur l'autorité de Bartheme
GOUS,) ville desProvinces-Unies en Zélande, dans la
partie teptentrionale de Suyd-Beveland , à un quart
d'heure de chemin d'un bras d'eau , qui fépare cette ifle
de Volfers-dyk : elle communique à ce bras deau pal-
un canal qui eft bordé, de deux forts ; l'un s'ap.pelle le
Wejler-fort , c'eft-à-dire le fort du couchant , & 1 autre
YOfter-fore ou le fort du levant. Cette ville eft à quatre
lieues de Middelbourg , Si à cinq de Berg-op-Zoom ,
entre l'une Si l'autre ; elle eft fortifiée , affez grande Si
affez belle, Si la feule place importante de l'iile. Ce fut
la feule qui échappa à l'inondation de l'année 1532.
* Divers Mémoires.
' GOESGHEN, (prononcez Gheusghen,) village
de Suiffe , au canton de Soleurre , Si chef-lieu d un des
huit bailliages extérieurs de ce canton. Il y aune paroifle
& un château qui eft la réfidence du bailli. Il eft litue
fur une crête de rocher, Si fort élevé; de forte qu'on le
voit de loin. Le village de Goesghen eft entre la ville
d'Olten Si Arace , fur la gauche de l'Aare. Dans ce bail-
liage eft le village de Schoenewerd , fur la rive droite
de "l'Aare , 011 il y a un riche Si ancien collège de cha-
noines , dont l'églife eft dédiée à S. Léger, fous la pro-
tection de MM. de Soleurre. Ce n etoit autrefois
qu'un petit hofpice , dédié à S. Paul , qui, dans le huitième
fiécle, appartenoit à la prévôté de Moutier-grand-Val ,
dont les chanoines rendent à Delemont. Dans le même
bailliage eft auffi le village de Loftorf , où eft un bain
d'eau minérale qui charrie du cuivre , de l'alun Si du
foufre. Il eft bon pour guérir diverfes maladies , comme
obftruftions , paralyfie , débilité de nerfs , afthme , Sic.
*Etat & Délices de la Suiffe, t. 3, p. 83.
GOEZANUM. Voyez Gozan.
GOFNA. Voyez Gophna.
GOG Si Magog; quelques-uns regardent ces noms
comme fignifiant deux peuples : (a) l'Ecriture joint ces
deux noms pour l'ordinaire. (b) Moyfe (c) parle de
Magog , fils de Japhet ; mais il ne dit rien de Gog.
Gog étoit prince de Magog, félon Ezéchiel. Magog ligni-
fie le pays ou le peuple, Si Gog le roi de ce pays. La
plupart des anciens faifoient Magog , père des Scythes
ou des Tartares. Plufienrs interprètes ont trouvé beau-
coup de traces de leur nom dans les provinces de la
grande Tartarie , comme dans celles de Lug & Mungag ,
de Cangigu & de Gingui , dans les villes de Gingui Si
de Cugui , de Corgangui Si de Caigui. * (a) D. Cal-
mée, Dift. (b) Ezéchiel , c. 38 , v. 2 Si 3 ; Si c. 39 ,
v. 1 Si 2, Sic. Apocal. c. 20, v. 7. (c) Genef. c. 10,
v. 2. Voyez Paralip. I. 1 , c. 1 , v. 5.
D'autres ont cru que les Perfes étoient les defeendans
de Magog. Suidas Si Cédrene difoient qu'on les nomme
encore Magog dans leur pays. On y trouve des peuples
nommés Magujiens, Si des philofophes appelles Mages.
Quelques-uns fe font imaginé que les Goths étoient
defeendus de Gog Si de Magog, Si que les guerres dé-
crites par Ezéchiel , Si entreprifes par Gog contre les
faints , ne font autres que celles que les Goths firent au
cinquième fiécle contre l'empire Romain. * S. Ambrof.
defiir ad Gratianum, 1. 2, c. 4.
Bochart a placé Gog aux environs du Caucafe. Il dé-
rive le nom de cette fameufe montagne de l'hébreu
GOG-CHASAN , fortcrejje de Gog. Il montre que Pro-
méthée attaché au Caucafe par Jupiter , n'eft autre chofe
qui y voyagea au commencement du leizieme fie
a , lans doute , changé de nom ; Si ces marques
fent pas pour la reconnoître.
2. GOGA , petite vilie des Indes , au royaume de
Cambaye , fur la côte occidentale du golfe de Cam-
baye , Si au bord méridional d'une pente rivière qui
tombe dans ce golfe , vis-à-vis de Baroche qui eft de
l'autre côté du gui te à l'orient. Mandeflo , Voyages des
Indes, 1. 1 , dit qu'elle eft affez peuplée ; que les habi-
tans en font la plupart Banians , Si gens de marine ou
tiiferands ; qu'elle n'a ni portes ni remparts , mais feule-
ment une muraille de pierres de taille , du côté de la
mer où les frégates des Portugais ont leur rendez-vous pour
l'efcorte de leurs vaiffeaux marchands jusqu'à Goa. * De
rifle , Atlas.
3. GOGA, ville d'Afrique , dans l'Abiffînie , à dif-
tance égale du lac de Dambéa qui eft au couchant , &
du royaume de Bagember qui eft à l'orient. Ludolfe qui
la marque fur fa Carte , n'en fait point mention dans ion
hiftoire. L'auteur de laDefcription de l'empire du Prête-
Jean , dit qu'elle a été autrefois le féjour de l'empereur
d'Abiffinie.
GOGANA , contrée de la Perfide , fur le golfe Per-
fique, où coule la rivière d'Aréon, Apsvi/ , lelon Arrien,
in Indic. Ptolomée, /. 6, c. S, nomme Gogana une
ville de la Carmanie ; mais il ne la met pas aux confins
de la Perfide : au contraire, il la place hors du golfe Per-
fique , fur la côte méridionale de cette province. Quel-
ques exemplaires portent Rhogana.
GOGAREN A , contrée d'Afie , dans l'Arménie , fé-
lon Strabon, l.li,p. 528. Elle étoit contigue à la Sa-
caffene , contrée qui s'étendoit jusqu'à l'Albanie Si jus-
qu'au fleuve Cyrus. Tout ce pays , dit -il , abonde en
fruits, en bons arbres", qui ont une verdure perpétuelle.
Elle produit de l'huile d'olive. Elle étoit au-delà du Cy-
rus, Si avoit appartenu aux Ibères à qui les Arméniens
l'enlevèrent , félon le même auteur.
GOGARI , ancien peuple de la Sarmatie, félon Pline,
1.6, c7.
GOGDEN, (LE PAYS de) pays d'Afrique, dans la
Nigritie : il confine au défert d'Azarad. Ce pays eft ex-
trêmement aride , Si on y fait quelquefois neuf journées
fans trouver de l'eau. Le défert dAzarad, au contraire, a
un affez grand lac formé par les pluies , Si quelques puits.
Ce pays de Gogden eft par les 18 Si 19 d. de longitude,
Si le 21e d. de 'latitude feptentrionale. * De rifle, Atlas.
GOGHSHEIM ou Gotzeim , village d'Allemagne,
dans le Palatinat du Rhin , fi nous en croyons Corneille
&z Baudrand , qui diiènt qu'il eft fur la rivière de
Creicht , à cinq lieues de Philipsbourg , à l'orient , Si à
fix deHeidelberg , au midi. Voyez la Topographie du
Palatinat par Zeyler.
GOG1AREI, peuple de l'Inde, félon Pline, /. 6,c. 20.
GOGIDENE ou GuiGlNA , montagne d'Afrique,
au royaume de Maroc , dans la province de Hascore.
Elle eft contigue à la montagne' de Tenfites , habitée
du côté du feptentrion , Si déferte vers le midi. * De la
Croix , Relat. d'Afrique , t. I , p. 416.
GOGNA, (la) Agonia, petite rivière d'Italie, au
duché de Milan ; elle a fa fource près du lac majeur,
vers Arone , d'où coulant au midi par le Novarefe f elle
paffe près de Novara , Se de-là par la Lomehne , où elle
COL
ferend dans le Pô, au-deflbus de 5aint-Nazaire , entre
Baffignano 6k Pavie. * Baudrand , éd. de 1705.
GOHAVA, ou Lares de Gohava, ou Guavba.
Voyez Lares.
GOIAME, royaume d'Afrique , dans FAbiffinie , à
l'extrémité méridionale du lac de Dambée. Il eft presque
enfermé de tous côtés par le Nil , comme le remarque
le Grand , dans fa Relation hiftorique de FAbiffinie ,
p. 202 ; d'où , félon lui , les Jéfuites qui ont été dans ce
pays, ont cru que ce royaume étoit Fille Meroé des an-
ciens ; mais Ludolfe dit que le royaume de Goiame, n'a
rien qui convienne à ce que Diodore de Sicile , Strabon
6k Pline ont dit de Fifle Meroé. La plupart des autorités
qu'il allègue font plutôt voir fon érudition, qu'elles n'ap-
puient fon fèntiment, Solin dit que Meroé eft la prc-'
miere ifle que forme le Nil ; qu'elle eft éloignée de la
mer de fix cents milles : fi Fon en croit le P. Jérôme
Lobo , il y a vingt journées de la mer à la fource du Nil ;
& on compte depuis Maçua jusqu'aux Agaus , plus de
cent cinquante lieues de Portugal , qui valent fix cents
milles d'Italie. Mêla corrigé par Saumaife, parle à-peu-
près comme Solin. Paufanias dit que les Grecs 6k les
Ethiopiens qui ont été au-delà de Syéne 6k de Meroé ,
rapportent que le Nil entre dans un grand lac , en fort 6k
traverfe toute l'Ethiopie : tout cela convient très- bien
;i la prefqu'ifie de Goiame. Voffius qui ne croit pas que
Goiame foit Meroé , dit que la rivière , que les anciens
appellent Afiaboras , eft celle que nous nommons au-
jourd'hui Marti , 6k que la capitale de Meroé eft la ville
de Earoo ou Baroa , fous le feiziéme degré 23 ' de latitude
fcptentrionale , où le Bahr-Nagafch fait fa demeure ordi-
naire. Le voifinage de Siris ou Syéne pourrait fortifier le
fèntiment de Voilius , parce que pour aller d'Egypte à
Meroé , on parle par Syéne qui en eft éloignée d'un peu
plus de deux cents lieues communes de France ; mais
Voffius fe trompe quand il dit que le Mareb fe jette
dans le Tacafe. Le Mareb , comme on le remarque en
fon lieu, fe perd dans les fables ; 6k il feroit plus vrai-
semblable de croire que l'AJlufapes de Pline , /. 5 , eft
le Mareb quod latends fîgnificat'wnem adjicit. Mais fi
l'Aftaboras eft à la gauche du Nil , comme le marque
le même Pline , il y a allez d'apparence que c'eft la ri-
vière du Melec ; & en ce cas, le fèntiment du lavant P. Har-
douin, qui met Fifle ou plutôt la péninfule de Meroé entre
la rivière du Melec 6k le Nil , feroit plus vraifemblable que
celui de Voffius. Mais les anciens ont fi peu connu cette
partie de l'Ethiopie , ils ont parlé fi différemment 6k fi
confufément de Fifle de Meroé , qu'on peut dire avec
autant de raifon que c'eft le royaume de Goiam , qu'on
le peut nier. C'eft ce que dit l'abbé le Grand , dans le livre
cité. Voyez l'article Meroé. Ludolf , Hifl. JEthiop.
I. 1, c. 3 , prétend qu'il faut prononcer Gojam à la ma-
nière françoife , c'eft-à-dire que YI eft J confone. Il
blâme ceux qui l'écrivent par y, & dit que Godigno a
encore plus mal fait de l'appeller Goroma, 1. 1, c. 4,
p. 15. Ce royaume, pourfuit-il, eft devenu célèbre de-
puis la découverte des foùrces du Nil : fa fituation eft
merveilleufe ; car le Nil l'enferme presque entièrement
comme une prefqu'ifie. Godigno le divife en vingt con-
trées dont il ne nous apprend point les noms.
GOILLE , Gollia. Abbaye d'hommes, en.France, de
l'ordre de S. Auguftin, dans la Franche-Comté, au dio-
cèfe de Befançpn , à un quart de lieue de Salins. Ce
n'étoit d'abord qu'un prieuré conventuel de Chanoines.
Gaucher de Bourgogne , Vienne-lire de Salins , l'érigea
en abbaye Fan 1199.
GOITO , bourg ou petite ville d'Italie , au duché de
Mantoue , entre le lac de Mantoue & celui de Garde ,
vers les confins de Venifé , fur la rivière du Mincio,
que Fon y pafle fur un pont. * Baudrand, édit. de 1705.
GOK.INAI. Voyez Teuse.
GOLAN. Voyez Gaulan.
GOLBA. Cromer nomme ainfi une petite ville de
Prude ; 6k Hennenberg l'appelle une forterefle , quoi-
qu'il faffe mention des bourgeois qui l'habitoient ; 6k
tous les deux racontent diverfes avantures qui y font ar-
rivées. Les acr.es publics mettent dans le pays de Culm ,
fur la Dribentz , entre Strasbourg 6k Thorn , en tirant
vers Libna , un lieu célèbre nommé Golup ou Gohib :
Zeyler Borujf. Topogr. p, 28 , dit qu'il eft indubitable
que c'eft la même çhofe que Golba, parce que, dit -il,
GOL î39
les hiftoires rapportées s'y accordent ; & Hennenberg
qui parle de Golba , ne dit rien de Golup. Voyez Golup.
5 1. GOLCONDE, château d'Afie, dans la prefqu'ifie
d'en-deçà du Gange , au royaume de Golconde. Le roi
y, tient ordinairement fa cour. TheVenot, Voyages des
Indes, p. 290, dit qu'il eft à deux lieues de Bagnagar.
Ce fut Cotup-Cha 1 , qui le nomma ainfi , parce que
cherchant après fon ufurpation un lieu où il pût bâtir
une place forte , , un berger lui offrit de lui en montrer .
un , & le conduifit par un bois à une montagne. Le mo-
narque trouva ce lieu propre à remplir fon deffein , y
fît bâtir un château , qu'il nomma Golconde , du mot
Golcar, qui en langue Telengui, lignifie un berger : toute
la campagne de Golconde n'étoit alors qu'une forêt»
dont on a défriché la terre peu-à-peu, après avoir brûlé
les bois. Cette place eft au couchant de Bagnagar : la
plaine qui y conduit , en fortant du fauxbourg , fournit
une très-belle vue , à laquelle Fafpecr. de la montagne
qui s'élève en pain de fucre au milieu de ce château,
qui a tout autour fur fon penchant le palais royal , con-
tribue beaucoup par fa perfpeftive naturelle. Cette for-
terefle a un grand circuit, & on peut l'appeller une ville:
fes murailles font bâties de pierres longues 6k larges de
trois pieds , 6k elles font entourées de foffés profonds ,
partagés en tanquie{ (ou étangs,) qui ont de belles 6k
& bonnes eaux. Mais au refte , il n'y a aucune pièce de
fortification que cinq tours rondes , qui ont , auffi - bien
que les murailles de la place , beaucoup de canon pour-
leur défenfe : quoiqu'il y ait plufieurs portes à ce châ-
teau , on n'en tient que deux ouvertes , 6k ponry entrer on
paffe par-deffus un pont qui eft bâti fur un grand tanquïéy
6k enfuite par un lieu fort étroit entre deux tours , qui
conduit en tournant à une grande porte gardée par des
Indiens , affis fur des relais de pierre , avec leurs épées
auprès d'eux. Aucun étranger n'y entre fans une per-
miffion du gouverneur, ou fans être connu de quelqu'of-'
ficier. Il n'y a dans ce château , outre le palais du roi ,
que les logis de quelques officiers , qui foient bien bâtis ;
mais ce palais eft grand & bien fitué pour le bon air 6k
la bonne vue ; 6k un chirurgien Flamand . qui eft au fer-
vice du roi , m'a dit que la chambre où il voyoit le roi,
a un kiock, d'où l'on découvre tout le château , la cam-
pagne , tout Bagnagar, 6k que Fon paffe par douze portes
avant que d'être à l'appartement de ce prince. La plu-
part des officiers logent dans ce château, quia plufieurs
bons bazars , où l'on trouve tout ce dont on a befoin ,
particulièrement pour la vie ; tous les omras & autres
grands feigneurs , y ont des hôtels , outre ceux qu'ils
ont à Bagnagar. Le roi veut que les bons ouvriers y
demeurent , 6k leur y fait donner des logemens gratis:
il y fait même loger des jouailliers ; il leur confie les
pierres de conféquence, en leur défendant de dire à per-
fonne quel travail ils font, de peur que lorsqu'il fait mettre
en œuvre des pierres de grand prix , Aureng-Zeb ne le
fâche , 6k ne les lui faffe demander : les ouvriers du châ-
teau font occupés aux pierreries communes du roi , qui
en a une fi grande quantité , que ces gens-là ne peuvent
prefque travailler pour aucune autre perlonne. Us taillent
les faphirs avec un archet de fil d'archal : pendant qu'un
ouvrier fait agir cet archet , unautre verfe continuellement
fur la pierre , de. la poudre d'émery blanche , détrempée
avec beaucoup d'eau, & réduite en boue fort liquide ; &
de cette manière ils font leur travail fans peine. Cet émery
blanc fe trouve par pierres dans un lieu particulier du
royaume, 6k s'appelle corind en langue Télenguy : on
le vend un écu ou deux roupies la livre ; lorsqu'on s'en
veut fervir, on le met en poudre. Quand ils veulent cou-
per un diamant pour en ôcer quelque grain de fable, ou
autre tare qui s'y rencontre , ils le (tient un^ peu au lieu
où il le faut couper , 6k l'ayant enfuite pofé fur un trou
qui eft à un morceau de bois , ils appliquent un petit
coin de fer fur l'endroit qui eft fcié ; 6k pour peu qu'on
frappe ce coin , il coupe le diamant jufqu'au bas. Le roi
a grande provifion d'excellens bezoars : les montagnes
où paillent les chèvres qui les portent , font au nord-eft
du château , à fept ou huit journées de Bagnagar : ils ie
vendent ordinairement quarante écus la livre. Les longs
font les meilleurs : on en trouve dans quelques vaches ,
qui font beaucoup plus gros que ceux des chèvres ; mais
on n'en fait pas tant de cas ; 6k ceux qui font les plus
eflimés de tous.fe tirent d'une cfpecc de linges qui fout
Tome III. S ij
14-0
GOL
GOL
un peu rares ; ck ces bezoars font petits ck longs. La fé-
pulture du roi qui a bâti Golconde , 6k celles de fes cinq
premiers fucceffeurs font environ à deux portées de mof-
quet du château : elles font fort fpacieufes. On fort par
la porte du couchant pour y aller ; c'eft par-là qu'on y
porte le corps, des rois , des princes 6k de tous ceux
qui meurent dans le château. Les tombeaux des fix rois
font accompagnés de ceux de leurs parens, de leurs fem-
mes 6k de leurs principaux eunuques. Chacun eft au mi-
lieu d'un jardin ; 6k quand on les vilîte , on monte d'a-
bord par cinq ou fix marches fur un perron qui eft bâti
de ces pierres , qui font femblables à la Thébaïde. La cha-
pelle qui enferme le tombeau , eft entourée d'une gale-
rie percée en arcades : elle eft carrée , 6k élevée de fix
à fept toifes. Elle a plufieurs ornemens d'architecture ,
ck eft couverte d'un dôme , qui a à chacun des quatre coins
une tourelle. On n'y laiffe entrer que peu de perfonnes,
parce que l'on fait parler ces lieux pour facrés : il y a des
Santons qui en gardent l'entrée ; 6k je n'aurois pu y en-
trer, fi jen'avoi's fait connoître que j'étois étranger. Le
pavé eft couvert de tapis ; & il y a fur le tombeau une
«ouverture de fatin , parfemée de fleurs blanches : elle
traîne jufqu'à terre. Il y a un dais de même étoffe à la
hauteur d'une toife , 6k le tout eft éclairé de plufieurs
lampes. Les tombeaux des fils 6k filles du roi font d'un
côté , 6k on voit de l'autre tous les livres de ce roi fur
des fiéges plians ; 6k ce font pour la plupart des Alco-
rans avec leurs commentaires , 6k quelques autres de la
religion Mahométane. Les tombeaux des autres rois font
de m^me que celui-ci , finon que la chapelle des uns eft
carrée en dedans comme en dehors ; Se celle des autres
eft en croix. Les unes font revêtues de cette belle pierre
dont j'ai parlé , les autres de pierre noire , oc quelques-
uns de pierre blanche , avec un vernis luifant qui les fait
paroitre de marbre fin ; & il y en a qui font revêtues de
carreaux de porcelaine. Le tombeau du roi dernier mort,
eft le plus beau de tous : fon dôme eft verniffé de cou-
leur verte. Les tombeaux des princes leurs frères , 6k de
leurs autres parens, 6k même ceux de leurs femmes , ont
une même forme que les leurs ; mais il n'y a pas de
croiffans fur ce dôme , comme fur ceux des rois. Les
fépultures des principaux eunuques font baffes & couver-
tes en terraffe fans aucun dôme ; mais elles ont chacune
leurs jardins. Toutes ces fépultures fervent d'afyle ; 6k
quelque criminel que foit un homme , s'il peut y entrer,
il eft en fureté. On y fonne le gary , aufli-bien qu'au
château , 6k toutes chofes y font réglées entre les offi-
ciers, avec la dernière exactitude. Ce gary eft affez agréa-
ble , quoiqu'on ne le fonne qu'avec un bâton , dont on
touche un grand plat de cuivre que l'on tient en l'air ;
mais le fonneur le touche avec art, ck il y a de l'harmo-
nie : ce gary fert à marquer le tems. Aux Indes le jour
naturel fe partage en deux , une partie commence au
point du jour , ck l'autre à l'entrée de la nuit , ck chacune
de ces parties eft divifée en quatre quarts , ck chaque
quart en huit parts , qu'ils appellent gary.
Ce que Thévenot décrit ici , n'eft pas la ville de Gol-
conde d'aujourd'hui , qui eft à deux lieues de cette for-
tereffe. Voyez l'article qui fuit.
2. GOLCONDE, ville de l'Inde , dans la prefqu'ifle
d'en-deçà du Gange , 6k capitale d'un royaume de même
nom. Le P. Bouchet , (Lettres édifiantes, t. ij,p. 57,)
dans une lettre écrite à Pontichéri , le 1er Avril 17 19 , en
parle ainfi. La ville qu'on nomme aujourd'hui Golconde ,
n'étoit autrefois qu'un jardin agréable , à deux lieues de
la fortereffe qui portoij, ce nom. On la nomma d'abord
Bagnagar , ck dans la fuite le nom de Golconde lui eft
demeuré : elle eft à-peu-près de la grandeur d'Orléans.
Sa fituation eft agréable , ck les' rues en font belles. La
rivière qui y paffe , 6k qui va fe jetter dans la mer de
Mafulipatan , eft large , 6k roule des eaux fort claires ;
on y a bâti un pont qu'on dit être auffi beau que le
pont-neuf à Paris. Le palais du roi eft magnifique : de-
puis que cette ville eft devenue la conquête du Mogol ,
elle n'eft plus fi confidérable qu'elle l'étoit auparavant.
Aureng-Zebla pilla entièrement avant de prendre la for-
tereffe. Cette ville eft la même que Bagnagar. Voyez
cet article. Selon le P. Catrou , dans fon Hiftoire du Mo-
gol , on place ordinairement Bagnagar , la principale ville
de Golconde par les 19 d. 40' de latitude , 6k par les
124 d. 40' de longitude.
3. GOLCONDE , (le royaume de) eft dans la
prefqu'ifle de l'Inde , en-deçà du Gange. Il eft à préfent
fous la domination du Grand-Mogol. La province de
Berar , le borne au nord par la rivière de Narfepille qui
le (epare du royaume d'Orixa , au nord-eft le golfe de
Bengale , au fud-eft la rivière de Couleur , qui le fépare
des royaumes de Carnate 6k de Vifapour , au fud 6k au
fud-oueft ; enfin leTalingas , ou, ce qui revient au même,
la rivière de Narbeder , qui étoit anciennement les limi-
tes de ce royaume 6k du Mogol , le borne au nord-oueft.
La partie méridionale de ce royaume eft fort peuplée ,
ck coupée de quantité de routes qui aboutiffent à la ca-
pitale. Il a deux ports, Narfapour 6k Mafulipatan. Les
principales rivières qui l'arrofent font celles de Narfe-
pille qui le borne au nord-oueft , celle de Venéron qui
fe jette dans la mer par deux embouchures , dont l'une
paffe à Narfapour ; celle de Nerva qui, après avoir arrofé
la capitale , reçoit la rivière de Moufi , puis celle de
Quachgna , avec lefquelles elle a une embouchure com-
mune ; 6k enfin la rivière de Coulour , qui le fépare du
royaume de Carnate , 6k près des embouchures de la-
quelle eft la ville de Bezoar. C'eft auflî près de cette
dernière rivière que font les fameufes mines de diamans
qui font la plus grande richeffe du royaume de Golconde.
Ce fut ce qui porta Aureng-Zeb à conquérir ce royaume.
* De l'IJle , Carte des côtes de Malabar 6k de Coro-
mandel.
Le royaume de Golconde étoit anciennement une par-
tie d'un vafte empire , dans les Indes , dont le fouyerain
s'appelloit V empereur de Bisnagar , 6k comprenoit pres-
que toute la presqu'ifle depuis l'extrémité feptentrionale
d'Orixa jusqu'au cap de Comorin : il poffédoit toutes
les terres qui font fur la côte de Coromandel , 6k plu-
fieurs places maritimes fur la côte occidentale des In-
des. Les Patanes , venus du nord , le dépouillèrent d'une
partie de fes états ; une autre lui fut enlevée par les
Mogols qui avançaient toujours vers les parties méri-
dionales. Le dernier empereur de Bisnagar avoit confié
le_ commandement de fes armées à quatre généraux , qui
faifoient profeflion du Mahométifme : chacun d'eux
commandoit un corps de troupes confidérables , dont
ils fe fervirent pour envahir les états de ce malheureux
prince. Le plus puiffant de ces généraux demeura à Gol-
conde , 6k y fonda le royaume de ce nom. Le fécond
fixa fa demeura à Vifapour , 6k fe fit nommer le roi de
Decan ; 6k ainfi des deux autres ; mais le Mogol a tout
englouti , 6k ce royaume fait préfentement partie de fon
empire.
1. GOLDACH , petite rivière de Suiffe , dans l'état
de l'abbé de Saint-Gall : elle s'eft creufé un vallon étroit
6k extrêmement profond , nommé Martins-Tobel. On
le paffe à demi-lieue de la ville de faint Gall , fur un
pont d'une ftrufture admirable, bâti l'an 1467, qui a
cent dix pieds de long , quatorze de large , ck quatre-"
vingt-feize de haut. * Etat & Délices de la Suiffe, t. 3 ,
p. 185.
2. GOLDACH , village de Suiffe , dans les terres
de l'abbaye de Saint-Gall , près du rivage occidental du
lac de Confiance ; on y profeffe la religion Catholique.
Scheuczer en met deux fort voifins de même nom dans
fa Carte de. la Suiffe.
1 . GOLDÂP , rivière de Pruffe : elle a fa fource
aux confins de la Lithuanie , auprès du village deGerbas,
ferpente vers le nord , reçoit la décharge de quelques
lacs , comme de Hohenfée 6k de Schon Jarken , fe re-
courbe vers l'occident , traverfe le lac de Romitten ,
paffe à Goldap , ferpente quelque tems vers le midi ,
jusqu'à ce qu'elle arrive au bord de la Sùdavie qu'elle
termine au nord ; 6k côtoyant cette province d'orient en
occident , elle fe perd dans l'Angerap. Zeyler la nomme
Goldorp , dans l'article fuivant. * Homan , Carte de
la Pruffe.
x. GOLDAP, petite ville de Pruffe , dans la Sùda-
vie, fur la rivière de Goldorp, dans le territoire d'An-
gerbourg , quoiqu'elle dépende' du bailliage de lufter-
bourg. On commença de la bâtir en 1564. * Zeyler,
Boruff Topogr. p. 28.
1. GOLD'BERG, ville de Bohême , enSiléfie, dans
le duché de Lignitz , fur la rivière de Katzbach. Cette
ville, avec les bourgs 6k les villages de fa dépendance ,
fait un cercle particulier , qui a appartenu aux ducs d;
GOL
Lignitz ; .5e Goldberg , qui eft le chef- lieu de ce cer-
cle , n'eft pas fort loin de Lignitz. La bière de Gold-
berg Se celle de Troppau paiTent pour excellentes.
L'an 1417, les Huffites de Bohême égorgèrent tous les
enfans qui étoient aux écoles , Se les prêtres qu'ils trou-
. verent dans les églifes. L'an 1469, la ville fut incendiée
par le duc Henri de Munfterberg , parce qu'elle avoit
quitté !e parti ce George , roi de Bohême , fon père ,
pour prendre celui de Matthias , roi d'Hongrie. Elle eut
encore le malheur d'être brûlée en partie , l'an 1554,
le 17 Juillet; Se l'école, qui feifoit le plus bel ornement
de la ville , Se qui avoit été fondée par Frédéric II , duc
de Lignitz , fut transférée pour quelque tems- à Lignitz.
Elle a fouffert encore quelques autres incendies, en 1576
& en 161 3, & perdit beaucoup aux guerres des Sué-
dois en Allemagne. * Zeyler, Silefiae , Topogr./. 147.
2. GOLDBÈRG , petite ville d'Allemagne , dans le
duché de Meckelbourg; elle eft chef-lieu d'un bailliage ,
& a été la réfidence des anciens ducs des Vandales.
GOLDINGEN , petite ville de Curlande , avec un
beau château , fur la rivière de "Wéta , Se fur la route de
Konjgsberg en Pruffe à Riga enLivonie , au 56e d. 45'
de latitude. Cette ville a un grand territoire , 5c étoit
autrefois dans la ligue des villes Hanféatiques : elle eft
fort déchue depuis le tems où les grands-maîtres de l'or-
dre de Livonie y faifoient leur réfidence , Se y tenoient
le chapitre. Elle appartenoit encore à l'ordre Teutoni-
que, en 1560; mais elle fut cédée , avec "Windau , au
roi de Pologne , pour les fommes qu'il avoit prêtées du-
rant la guerre des Mofcovites. * ZeyUr , Silef. Topog.
GOLE , ( le) eft une des principales rivières de l'ifle
de Corfe : elle fort du lac Ino vers le milieu de l'ifle,
pafié vers les ruines de Mariana , fe jette dans la mer
de Tofcané , fur la côte occidentale de l'ifle.
GOLFE. Voyez Golphe.
GOLGI, Se Golgum , Se Golgus , ville d'Afie,
dans l'ifle de Cypre : elle étoit dédiée à Venus. Paufa-
nias , in Arcai. c. K , dit qu'avant qu'Agapenor eût mené à
Paphos une colonie , & y eût bâti un temple de Venus ,
3es Cypriots adoraient cette déeffe à Golgi , petite ville.
Àlais, félon la remarque de Cellarius , l'ancienne Paphos
avoit un temple très- ancien, fur quoi il demande fi Golgi
êe l'ancienne Paphos ne feraient point une feule Se même
ville ? Il eft vrai que Pline , /. 5, c. 31, les diftingue ;
mais Strabon Se Ptolomée , qui parlent des deux Pa-
phos , ne font aucune mention de Golgi; Se au contraire,
ceux qui parlent de Golgi , comme Etienne le géographe,
Se les poètes , ne nomment qu'une feule Paphos. On ne
peut rien dire de certain là-deffus , non plus que fur ce
que dit Erienne', que Paphos fut anciennement nommée
Erythra. Il dit encore : Golgi , ville de Cypre , ainfî
nommée de Golgus , chef d'une colonie de Sicyoniens.
Beaucoup d'auteurs ont parlé du culte que l'on y ren-
doit à Venus. Catulle , Carm. 37, dit de cette déefle :
Quœque Anconam , Cnidumque arundinofam
Colis , quœque Amathunta , quœque Golgos.
Et dans l'épithalame de Pelée , Carm. 6$, v. 96 :
1 Quaqut régis Golgos , quaque Idalium frondofum.
Lycophron, Akxand. v. 588 , dit de même : ils vien-
dront dans le pays de la déefle qui régne à Golgi ; Se
Théocrite, dans fa quinzième Idylle , v. 100, dit auffi à
Venus : Déefle qui avez auffi aimé Golgum Se Idalie.
Etienne , qui dit Golgi au pluriel , ajoute que l'on dit
auffi Golgon au fingulier , Se que Venus en prenoit le
furnom de Golgienne , Venus Golgia.
GOLGOTHA , Goata , ou Golgoltha , ou
Gulgulta. Ce mot fignifîe un crâne KfTCM- On
donne ce nom à une montagne voifine de Jerufalem , au
couchant Se au nord de cette ville , ou à caufe de fa
forme, qui approchoit du crâne humain , ou pareequ'on
y exécutoit les criminels , ou parce qu'on croyoit que la
tête du premier homme y avoit été enterrée ; c'a du
moins été une tradition commune dès les premiers fié-
cles de l'églife. ( S. Ambrof. in Luc. 1. 13. S. Hieron. in
Ephel. c. ">, v. 14, idem Èpijr. ad Marcellam fub no-
mine Pauls & Eujlochii, Origines in Matthœum, Épi-
COL 141
phan. Haîref. 46. Bajïl. in Ifaias , c. f. Chryfoflom. in
Johann. Homil. 84. Augufûnus de Civit. De; j /. 16,
c. 32.) Cette montagne eft la même que le Calvaira ,
d un nom dérivé de Calvaria , qui figrntic le crâne ,
comme Golgathaen hébreu, ou en Syriaque. Jefus-Chnft
y tut crucifié , Seenfeveli dans le jardin de Jofeph d'Ari-
mathie , dans un tombeau creufé dans le roc. L'empe-
reur Adrien , en rétabliffant Jerufalem fous le nom d'^£-
lia , profana le facré tombeau du Sauveur , en le faifant
comble^, Se mettant par-deffus des figures d'idoles les
plus infâmes. Mais Dieu ayant infpiré à l'impératrice
Hélène , mère de Conftantin , la dévotion de rendre à
ces faints lieux l'honneur qui leur eft dû , elle fît net-
toyer le tombeau du Sauveur , Se fit bâtir par-deffus une
éghfe magnifique, qui fubfifte encore au ourd'hui , félon
D. Calmet , Dicl. de la Bible, Voyez l'article Cal-
vaire.
GOLISANO , place du royaume de Sicile , dans la
vallée de Demona, avec un ancien château vers Termini ,
environ à dix milles de la côte de Tofcane , Se à vingt
de Cefalu au midi. Fazel croit que Golifano eft le Paropus
de Ptolomée. * Baudrand , édit. de 1705.
f GOLLENBERG , montagne de la petite Pologne :
c'eft une panie des monts Tatari , qui commencent aux
frontières de Hongrie , Se s'étendent vers le fepten-
tnon jufques vers la rivière de Varfe. * Baudrand édit.
de 1705.
GOLNOW , ville d'Allemagne , dans la Poméranie
ultérieure , qui dépend du roi de Pru.'îe : auprès de cette
ville eft une longue bruyère , qui a quatre milles d'étendue
jufqu'à Dam , Se dans laquelle un duc de Poméranie
tua , vers le milieu du fiécle paffé , un grand cerf, dont
le bois avoit trente-quatre endouillets , en mémoire de
quoi il fit élever à un quart de mille du chemin une ftatue
avec une infeription. Golnow, à 53 d. 32' de latitude'
Se 30 d. 16' de longitude , c'étoit la dixième Se la der-
nière des villes Hanféatiques. Bogiflas II. en fît une ville
mutée , en 1 180. Elle eft plus riche en bois qu'en terres de
abour : elle a de grands privilèges Se avantages , tant pour
la chalie , lesbois Se les eaux , que pour la pêche. Il y
a une prévôté , de laquelle relèvent neuf paroiffes. Elle
étoit d'abord affëz floriffante ; mais elle a été ruinée
plufieurs fois par le feu du ciel. On la réîablitde nouveau
l'an 1615 : quinze cens perfonnes y moururent de la pelle.
Le roi de Suéde la prit cinq ans après. Les impériaux
qui i'ayoient occupée quelque tems , lavoient pillée Se
faccagée, puis abandonné. Elle fouffrit beaucoup de toutes
ces guerres. Il y a trois marchés par an. Comme elle eft
fituée fur la rivière d'Ina , qui fe rend dans l'Oder , Se
qui porte bateaux , elle en tire un grand avantage , aufli
bien que des bois dont elle eft environnée. * Zeyltr
Pomer. Topog. v. 39.
GOLO. ( LE ) Voyez GOLE.
GOLOE , r.Ao» , lieu dont parlent Cedrene Se Curo«
palate. Ortélius croit qu'il eft de la Thrace.
GOLONIS. Voyez Calone i.
GOLOTINA , ville de la Tartarie Moscovite au gou-
vernement d'Archangel dans la province de Jugorikï en
deçà du cercle polaire. * De l'Ille , Carte de l'Ane.
GOLPHE. Ce mot vient du grec \Ixtiq< , Colpos
en IdXmJinus , en françois fein. Les Grecs avec le tems
ont changé le 77 en <? Se ont dit KoApo* , d'où les Latins
du moyen-âge ont formé Gulfus. Guillaume de Baldenfel,
Hodoeporic. p. 104, dit : Pojlquam tranfi\i Sinum , Jeu
mare Adriadcum quod liodie Gulfus Venetiarum appel-
Luur. Willebrand (l'Oldenbourg , in Itinerar. dit : Intra-
vimus Sinum ponuofum Antiochia. quem Franci Gulphum
Andochice appdlant. On trouve Gulphus Satalia ; le gol-
phe de Satalie , dans Guillaume de Tyr , /. 16 , c. 26,
clans Roger Howeden , pag. 708 , Se dans Brompton ,
p. 1 165 ; & 1215 , Se le Gaufre deSatellie dans l'Hiftoire
de Louis VII, c. 14. Quelques écrivains de la baflè latinité
fe font fervis du mot Gaufra dans la même lignification.
Vincent de Beauvais , /. 3 1 , c. 142 , dit : Sr.tellia ubi eil
Jînus maris qui did'.ur gaufra Satelliœ. Ville-Hardouin ,
parlant de JNicemédie , dit : &jî jiflfor ungoffrcd-: ;.::r ,
en parlant du golphe qui a été nommé AJlacenus par les
Latins. A prêtent le mot goaffre lignifie toute autre choie.
11 eft pris pour dire abîme , foit {ne terre , foit fur mer. Les
Italiens difent Golfo ;lesEfpagnols Golfo de Mar ;
les Portugais GOLFO DO Mar ; les Anglois Gulf ;
I4i
COL
GOL
les Hollandois Golf , Zeeboezem , Se Inham ; les une autre qui eft ronde. II. eft terminé au nord , par le
Allemands Meer-BUSEN. cap Martin; mais ce n'eft pas un golphe , à parler exafte-
Le Golphe eft une partie de la mer qui s'avance dans ment. Il prend fon nom de la ville d'Alicante. Voyez
les terres où elle eft enfermée tout à l'entour , excepté du ce nom
côté de ion embouchure.
Les golphes qui font d'une étendue confidérable , font
appelle" mers. Telles font la mer Baltique , la mer Médi-
terranée , la mer de Marmora , la mer Noire , la mer
Rouge , la mer Vermeille.
On diftingue les golphes propres , 8e les golphes
impropres , les golphes médiats , Se les golphes immé-
diats.
LES GOLPHES PROPRES , font féparés de l'Océan ,
par des bornes naturelles , Se n'ont de communication
avec la mer à laquelle elles appartiennent , que par quel-
que détroit , c'eft-à-dire par une ou plufieurs ouvertures
LE GOLPHE D'AMAPALLA. Voyez Amapaixa.
LE GOLPHE D'ANDRAMITI. Voyez l'article
Adramyttenus Sinus.
LE GOLPHE ANGLOIS , petit golphe, dans le
détroit de Magellan, en Amérique , dans fa partie occi-
dentale.
LE GOLPHE" D'APALACHE , partie du golphe
Mexique , fur la côte de la Floride , Se du pays d i'Apa-
lache.
LE GOLPHE D'APENRADE , petit golphe de la
mer Baltique , devant la ville d'Apenrade , à laquelle il
donne le nom , qui ne lignifie autre cjiofe que rade
moins larges que l'intérieur du golphe. Telles font la ouverte , Open Reede. Voyez ApENRADE.
Méditerranée , qui n'a de communication à l'Océan .
que par le détroit de Gibraltar ; la mer Rouge , qui
communique à l'Océan , par le détroit de Babel-Mandel ;
le golfe perfique , qui n'a de fortie que par le détroit
d'Ormus ; la mer Baltique , qui a pour entrée les détroits
du Belt Se du Sond ; le golphe de Kamtfchatka , à l'ex-
trémité orientale de la Tartarie ; la mer Blanche , Se le
golphe de Venifë , Sec.
LES GOLPHES IMPROPRES , font plus évafés à
l'entrée , & plus ouverts du côté de la mer dont ils
font partie. Tels font le golphe de Gafcogne , ■ Se le golphe
de Lyon , en France. Le golphe de S. Thomas en Afri-
que , les golphes de Cambaye , de Bengale , Se de Siam
en Ane. Le golphe de Panama en Amérique.
LE GOLPHE IMMEDIAT , eft celui qui commu-
LE GOLPHE D'ARABIE , ou la Mer Rouge.
Voyez au titre Mer, l'article delà mer Rouge.
LE GOLPHE DES ARABES , petit golphe de la
Méditerranée , fur la côte de Barbarie , entre les côtes de
Barca Se l'Egypte.
LE GOLPHE DE L'ARC ADIE. Voyez Arcadi e. «
LE GOLPHE D'ARGUIN , golphe de l'Océan ,
fur la côte d'Afrique. Il eft allez grand , Se prend fon nom
d'une iile qui y eft fituée. Il commence au cap blanc , Se
finit au cap Ciric , à l'embouchure de la rivière de Saint-
Jean. Ces deux caps font éloignés l'un de l'autre de près
de quarante lieues fud-eft nord-oueft , Se laiffent entre
eux une ouverture des plus fpacieufes , fi elle n'étoit pas
fermée par un banc de près de vingt-cinq lieues de large ,
fur lequel la mer eft toujours grofie , Se où il n'eft pas
nique immédiatement à l'Océan , fans autre golphe entre permis de pafïer , même aux vaideaux médioc-es. Il eft
deux ; comme la mer Baltique , la mer Rouge , le golphe vrai qu'il y a une pafle enrre le cap blanc Se la pointe du
Perfique , Sec. Le golphe immédiat eft celui qui eft féparé nord de ce banc , laquelle a environ quatre lieues de large :
de l'Océan , par un autre golphe, foit qu'il en taffe partie , elle a au milieu douze à quatorze brades de profondeur ,
comme le golphe de Venife , le golphe de Smyrne; le gol- jufqu a une petite diftance au-delà du détroit , qui eft
phedeSatà~lie;lesgolphesd'Engia,de Volo,deSalonichi_, entre le banc Se le cap blanc ; car pafie cette diftance,
&c.quifontpartie'delaMéditeri;anéeoudePArchipel,foit on ne trouve plus que fix brades qui diminuent à me-
qu'il forme une mer à part , refferrée dans les propres limites fure qu'on s'avance vers la pointe de la Saline , par le
que la nature lui a marquées, comme la Propontide ou mer travers de laquelle on ne trouve plus que deux à trois
de Marmora , qui communique avec l'Archipel , ou la mer brades. Entre le bout méridional du grand "banc , Se la
Noire, qui communique avec la mer de Marmora. pointe de l'oueft d'un autre, qu'on appelle le banc du.
Le golphe diffère de la baye , en ce qu'il eft plus grand, fud ou de S. Jean, parce qu'il s'étend jusqu'à l'embou-
II y apourtant des exceptions à faire ; 8e l'on cônnoît chure de cette rivière , il y a une pade d'environ une
des bayes plus grandes que certains golphes; Se on devroit, lieue de large, affez profonde pour desbâtimens médio-
par conféquent , les appeller golphes. Telles font la baye de cres ; mais il eft rare qu'on y paffe , parce que le dedans
Hudfon , la baye de Baffin , Sec. Cela eft venu de ce
qu'on leur a donné cette qualification de baye , avant que1
d'en avoir découvert l'étendue ; Se d'ailleurs les naviga-
teurs , qui font les premières découvertes , ne cherchent
pas tant de jufteffe dans les dénominations.
L'Ance , eft audi une efpece de golphe , mais plus
petit encore que la baye.
Les petits golphes des illes Françoifes de l'Amérique ,
font appellées Cul-de-fac. Voyez ce que nous avons remar-
qué au mot Baye.
Les golphes font en fi grand nombre , qu'il feroit très-
difficile d'en dreffer une lifte exafte Se complette. Nous
fuivrons ici celle que Baudrand a ébauchée ; Se nous y
du golphe eft tout femé de bancs , de battures , d'iiles
défertes Se de récifs qu'il eft difficile de parer , quand
une extrême néceffité a forcé un bâtiment de chercher
fon falut clans cet endroit. Ce grand nombre de bancs
Se de petites ifles de fable , ces hauts-fonds couverts
d'herbes , Se le peu de gens qui fréquentent ces endroits ,
y attirent une fi grande quantité de poidons , qu'on n'en
peut diminuer le nombre , quoiqu'on en enlevé continuel-
lement. * Le P. Labat , Relat. d'Afrique Occidentale,
i. i , P. 58.
LE GOLPHE D'ARMIRO ; c'eft le même que le
golphe de Volo.
" LE GOLPHE DEL'ARTA , petit golphe delaMé-
reftifierons plufieurs choies , tant .pour l'ordre que pour diterranée , fur la côte d'Albanie. Il fait partie de la
la defeription : nous avertirons feulement , que dans la
mer Méditerrannée , le nom de golphe fe donne , à
ce qui ne feroit appelle ailleurs qu'ance ou baye tout
au plus.
LE GOLPHE D'AGIOMAMA , ou d'Ajomama.
Voyez A jomama ; Se Toromaïcus Sinus.
LE GOLPHE D AGOSTA , ou d'Agousta , petit
golphe de la mer de Sicile , fur la côte occidentale de
Pifle Se de la vallée de Noto , près de la ville qui lui donne
le nom. Voyez AGOSTA.
LE GOLPHE D'AGROPOLI. Voyez Agropoli.
LE GOLPHE D'AJAZZO, oud'Adiazzo ; golphe
d'Italie , fur la côte occidentale de l'ifle de Corfe , près
la ville qui lui donne le nom.
le Grèce , Se s'avance beancoup dans les terres. Il eft
fort reflèrré à fon embouchure , entre les ifles de Cor-
fou , de Leucade Se de Sainte-Maure. Il prend aujour-
d'hui fon nom, delà ville de l'Arta, Se portoit autre-
fois celui de la ville à'Ambracie. Voyez Ambracius
Sinus.
LE GOLPHE D'AYNAN. Voyez Haynan.
LE GOLPHE DEBALLONE. Voyez B^liona.
LE GOLPHE DE BALS ARA, Baisera ou Bal-
SORA ; c'eft le même que le golphe Perfique. Voyez
cet article.
LE GOLPHE DE BAYONNE. Voyez Bayonne. r.
LE GOLPHE DE BENGALE , grand golphe d'A-
fie , dans la mer des Indes dont il fait une partie confi-
dérable , entre les deux prefqu'ifles qui font en-delà Se
LE GOLPHE D'ALICANTE , golphe de la Médi-
terranée, fur la côte d'Efpagne, Se du royaume de Valence, en deçà le Gange. Il eft bordé au couchant , par 1<
ïl eft borné au fud par le cap de Palos , ou le cap S. Paul , côtes de Coromandel , de Gergelin Se d'Orixa ; au
qui eft de moyenne hauteur , Se fort uni à fon extrémité , nord , par le royaume de Bengale ; au levant , par les
8e fur lequel il y a une tour carrée , pour faire fignal ; Se royaumes dAracan , d'Ava, de Pégu Se de Siam. îa
du côté de l'oueft de cette tour , Se fort près , il y en a profondeur eft depuis environ les 7 d, jusqu'au 21 ! d. 45 '
GOL
GOL
de latitude feptentrionale. Sa largeur eft d'environ 16 d.
en longitude , & va toujours en retréciflant vers le nord,
jusqu'aux bouches du Gange. Dans ce golphe font l'ide
de Ceylan , celles du Gange & quantité de petites , en-
tr'autres,celles des Andamans , de Tenafferim , de Junfa-
lam & de Nicobar , qui font le long des côtes d'Ava,
de Pégu & de Siam.
LE GOLPHE DE LA EOIANE , petite partie du
golphe de Venife. C'eft le même que le golphe que le
Drin forme à fon embouchure.
LE GOLPHE DE BONE , petit golphe en Afrique,
fur la côte de Barbarie , au royaume d'Alger , proche de
la ville de Bone, entre l'ifle de Tabarque à l'orient, &c
le capo Ferrato à l'occident.
LE GOLPHE DE BOTHNIE. Voyez Bothnie.
LE GOLPHE DE BUCARIZE , petit golphe de
Hongrie , dans la Croatie , dans le golphe de Venife
dont il fait partie.
LE GOLPHE DE BUTRINTO , petit golphe de
la mer Méditerranée, fur la côte de la baffe Albanie,
près de Butrinto & de l'ifle de Corfou.
LE GOLPHE DE CADIX. Voyez Cadix.
LE GOLPHE DE CAGLIARI. Voyez Cagliari.
LE GOLPHE DE CALAMATA. Voyez Coron
ck Messeniacus Sinus.
LE GOLPHE DE CALHAT , partie de la mer
d'Arabie , fur la côte méridionale deFYemen , pref-
qu'au milieu , entre la mer Rouge fie le golphe Per-
fique.
LE GOLPHE DE CALVI. Voyez Calvi. 4.
LE GOLPHE DE CAMBAYE. Voyez Cambaye.
LE GOLPHE DE CAPES. Voyez Capes.
LE GOLPHE DE CARIDIE , partie de l'Archi-
pel , fur la côte de Romanie : on l'appelle auffi le gol-
phe de MegariJ'e , & il eft proche des villes de ce' nom,
& s'avance le plus au levant , vers la mer de Mar-
mora.
LE GOLPHE DE CARNER. Voyez Garneret.
•LE GOLPHE DE CARTHAGE. Voyez Car-
THAGE.
LE GOLPHE DE CARTHAGENE. Voyez Car-
THAGENE.
LE GOLPHE DELLI CASTEDLI. Voyez Gol-
ÏHEDE SQU ILLACE.
LE GOLPHE DE CASTEL A MARE , petit gol-
phe de l'ifle de Sicile , dans fa partie feptentrionale. C'eft
dans ce golphe qu'eft le port & la petite ville de Caf-
tel à Mare qui lui donne le nom.
LE GOLPHE DE CASTEL RAMPANI ou de
CoLOCHINA eft fur la côte méridionale de la Morée.
On le nommoit anciennement Laconicus Sinus; Ces noms
modernes lui viennent de deux places qui y fontfituées. Il a
au couchant le cap de Matapan , &;au levant le cap de
Malée & l'ifle de Cerigo.
LE GOLPHE DEC AT ANE, golphe de Sicile, fur la
côte orientale de cette ifle , clans la vallée de Démone ,
devant la ville de Catane qui lui communique fon nom.
11 eft affez petit ; & c'eft-là que les François défirent,
le il Avril 1716, la flotte combinée des Efpagnols &
des Hollandois, qui y perdirent Michel de Ruyter leur
grand-amiral.
LE GOLPHE DEL-CATIF. Voyez le Golphe
Persique.
LE GOLPHE DE CATTARO , ou le canal de Cat-
taro, petit golphe qui fait patrie du golphe de Venife,
fur la côte de Dalmatie , près de la ville de Cattaro ;
on le nomme auffi le Golphe de Castel-Novo , &c
le Golphe de Rizano , aux environs de ces deux
villes : il communique avec la mer Adriatique, , par un
canal étroit, nommé la Bouche DE Cattaro.
LE GOLPHE DE CEPHALU , petit golphe de
Sicile, fur la côte (feptentrionale de l'ifle & delà val-
lée de Démone , proche de la ville dont il porte le
nom.
LE GOLPHE DE CHESAPEACK. Voyez parmi
les bayes au mot Baye.
LE GOLPHE DE CHITRA , golphe de la mer du
Sud en Amérique , fur les côtes de-la nouvelle Efpagne ,
vers Guatimala.
LE GOLPHE DE CLUYD : les Anglois difentTHE
firth of Cluyd; en latin GlotTjE jEstuarium,
143
golphe d'Ecoffe , fur la côte occidentale d'Ecoffe, à l'em-
bouchure de la rivière de Cluyd.
LE GOLPHE DE COCH1NCHINE. Voyez Co-
CHINCHINE.
LE GOLPHE DE COL , petit golphe de la mer
Méditerranée , fur la côte de Barbarie , au royaume d'Al-
ger , dans la province de Bugie , près de la ville de
Col.
LE GOLPHE DE COLOCHINE ; c'eft le même
que le golphe de Caftel-Rampani.
LE GOLPHE DE COMIDIE , petit golphe d'Afie,
dans la mer de Marmora; les anciens l'ont connu fous
le nom à' AJlacenus Sinus , qui faifoit partie de la Pro-
pontide , fur laquelle étoit la ville de Nicomédie , de
laquelle il porte le nom eftropié.
LE GOLPHE DE CONTESSE, golphe de Grèce,
dans l'Archipel, fur la côte feptentrionale de Macédoine,
entre Monte-Santo & l'ifle de Taffo : les anciens le nom-
moient STRIMONICUS Sinus , à caufe du Strimo'n qui
y a fon embouchure.
LE GOLPHE DE CORINTHE , ancien nom du
Golphe de Lepante. Voyez cet article.
LE GOLPHE DE CORO. Voyez Venezuola.
LE GOLPHE DE CORON. Voyez Coron &
Messeniacus Sinus.
LE GOLPHE DE CURLANDE. Voyez Curisch-
Haff.
LE GOLPHE DE DANTZICK. Voyez Dantzick.
LE GOLPHE DE DARIEN. Voyez Darien 2.
LE GOLPHE DOLCE , partie du golfe de Hon-
duras en Amérique.
LE GOLPHE DU DRIN , petit golphe de la Médi-
terranée , dans la haute Albanie , à l'embouchure du
Drin ; quelques géographes ignorans l'appellent gol-
phe de Lodrin , confondant àirifi l'article &C le nom de
la rivière.
LE GOLPHE D'EDIMBOURG. Voyez Edim-
bourg & FORTH.
LE GOLPHE D'ENGIA. Voyez Engia.
LE GOLPHE D'EK-ELENFORD , petit golphe de
la mer de Dannemarck , dans le Sleswic.
LE GOLPHE D'EL-TOR, golphe delà mer Rouge,
qui, dans fa partie feptentrionale, fe fépare endeux golphes :
le plus occidental avance vers Suez : le plus oriental eft
le fameux Golfe £ Elj.no. , l'jEnaticus Sinus des anciens.
En traduifant les anciens , on le nomme le GoLPHE
d'ELANA ; mais pour les voyages & les cartes des mo-
dernes , on peut l'apeller également le Golphe d'EiLA,
à caufe du village qui conferve le nom fk les reftes de
l'ancienne JElana. ou le golphe de Tor , à caufe de Tor,
ou avec l'article El-Tor , qui eft fitué au nord de l'en-
trée de ce golphe.
LE GOLPHE D'ENO. Voyez le golphe de Me~-
GARISE.
LE GOLPHE D'ERQUICCO. Voyez Adule , &
Adulicus Sinus.
LE GOLPHE D'ESTORE , petit golphe de la nier
Méditerranée , fur la côte de Barbarie , au royaume d'Al-
ger , auprès d'Eftore.
LE GOLPHE DE FASSIO ; Baudrand nomme
ainfi une partie de l'Archipel, fur la côte de la Macédoine.,
proche de Faffio. Il ajoute qu'on l'appelle auffi le Gol-
phf; de Doari , &: fouvent le Golphe de Monte-
Santo. Voyez le golphe de Monte Santo.
LE GOLPHE DE FINLANDE. Voyez Fin-
lande.
LE GOLPHE DE FLENSBOURG. Voyez Flens-
BOURG.
LE GOLPHE DE LA FLORIDE. Voyez Flori-
de 1.
LE GOLPHE DE FRANCE. Voyez France.
LE GOLPHE DE GAYETE. Voyez Gayete.
LE GOLPHE DE GANG ou plutôt de Cang, golphe
de l'Océan oriental , fur les côtes de la Chine , entre ce
royaume & la Corée : c'eft le même que le golphe de
Nanquin Voyez ci-après le Golphe deNanquin.
LE GOLPHE DE GENARCA., ou deGiNARCA,
petit golphe de la mer Méditerannée , fur la côte occi-
dentale de l'ifle de Corfe , entre les golphes d'Adiazzo
& de Calvi.
LE GOLPHE DE GIERACE , petit golphe d'Italie,
i44 GOL
dans le royaume de Naples , fur la côte de Calabre ,
auprès de la ville qui lui donne fou nom.
LE GOLPHE DE GIOA. Voyez Gioia z.
LE GOLPHE DE GIONITA , petit golphe de l'Ar-
chipel , fur la côte de Natolie , vers San-Pietro , Se à
peu de milles de Stanchio : il n'eft pas confidérable.
LE GOLPHE DE GRIMAUT , petit golphe de
la mer Méditerranée fur la côte de France , proche de
S Tropès Se de Grimant qui lui donne le nom.
LE GOLPHE DE GUANAJOS , golphe de l'Améri-
que , dans la mer du nord , dans le golphe de Hondu-
ras , dont il eft la partie la plus avancée vers le couchant
Se vers la province de Honduras , commençant à la
pointe del Negro. On tranfporte fur le dos des mulets
les marchandifes de l'audience de Guatimala , dans le
golphe de Guanajos , où il arrive tous les ans quelques
navires d'Efpagne , qui viennent les charger , Se y appor-
tent les marchandifes d'Efpagne.
Ce/nom vient fans doute de Guanaja , isle du gol-
phe de Honduras.
GOLPHE DE GUERESTIO , golphe de la Nato-
tolie , Se partie de l'Archipel, près de Foca-Vechia,
vis-à-vis de l'ifle de Metelin , entre le golphe d'Andra-
miti au nord, Se celui de Smirne au midi. Les anciens
l'ont connu fous le nom d'ELAÏCUS SlNUS , de la ville
Elaea , fituée fur fes bords.
LE GOLPHE DE GUZARATE. Voyez Guza*-
rate.
LE GOLPHE DE HARLEC , baye ou golphe de
la mer d'Irlande, fur la côte occidentale d'Angleterre,
du pays de Galles, auprès de la ville de Harlec qui lui
donne le nom , entre les comtés de Merioneth Se de
Caernarvan.
LE GOLPHE DE HAINAN. Voyez Hainan.
LE GOLPHE DE HONDURAS. Voyez Hon-
duras.
LE GOLPHE DE HUDSON. Voyez au mot Baye
l'article Baye deHudson.
LE GOLPHE D'IEDO. Voyez Iedo.
LE GOLPHE DE L'INDE, partie de la mer des In-
des, à l'embouchure du fleuve Indus. C'eft le même que le
fleuve de Guzurate.
LE GOLPHE DES JUMENS , grand golphe de la
mer Atlantique , entre la côte méridionale du Portugal
ou de l'Algarve , la côte de l'Andaloufie , Se le royau-
me de Fez. C'eft dans ce golphe qu'eft le détroit de
Gibraltar.
LE GOLPHE DE KAMTSCHTAKA, grand gol-
phe d'Afie, à l'extrémité' de la Tartarie orientale. Voyez
Kamtschatka.
LE GOLPHE DE KIEL , petit golphe de la mer Bal-
tique , formé par la décharge de plufieurs lacs , Se par
la rencontre de la mer.
LE GOLPHE DE KILAN , ou plutôt h Golphe de
Ghilan , golphe de la mer Gafpienne ; dans la province
de Ghilan , qui eft de la Perfe.
LE GOLPHE DE L'AIASSE : quelques-uns écrivent
Layasse, tout en un mot, en confondant l'article Se
le nom ; d'autres encore plus mal ont pris la lettre L
avec l'apoftrophe pour un P, Se ont dit PaiaSSE, qui
eft une place fort différente. Les anciens ont connu ce
golphe fous le nom iïlflïcus Sinus. Voyez Issus
LE GOLPHE DE LEPANTE. Voyez Lepante.
LE GOLPHE DE LIVONIE. Voyez au mot Riga
l'article Golphe de Riga , qui eft le même.
LE GOLPHE DE L1VOURNE, partie de la mer
Méditerranée , fur la côte de Tofcane , près de l'em-
bouchure de l'Aine Se de la ville dont il porte le
nom.
LE GOLPHE DE LUBEC , petit golphe de la mer
Baltique , à l'embouchure de la Trave , rivière qui paffe
à Lubec.
LE GOLPHE DE LYON , partie de la mer Médi-
• terranée. Les anciens l'ont connu fous le nom de Gal-
licus Sinus ; mais les Efpagnols l'appellent Golfo Leone,
d'où quelques-uns ont cherché un rapport entre la colère
terrible du lion Se les tempêtes auxquelles cette mer ora-
geufe eft (ujette. Ce golphe s'étend fur la côte de France ,
le long d'une partie de la Provence , depuis les ifles
d'Hiere, du Languedoc Se du Rouffillon, jufqu'au cap
de Creu.
GOL
_ C'eft le golphe de Lion, 8e non pas de Lyon. On con-
vient aflez communément aujourd'hui que ce n'eft point
la ville de Lyon qui donne le nom à ce golphe connu
des anciens fous le nom de Gallicus Sinus , mais la pe-
tite ifle du Lion , qui eft fur la côte de Provence , peut-
être auffi de ce que les Efpagnols l'ont appelle Golfo
Leone , faifant alluhoh aux tempêtes qui y font fréquen-
tes. * Notes du P. Charlevoix.
LE GOLPHE DE M ACRE , petit golphe de la mer
Méditerranée, fur la côte méridionalle de la Natolie,
près de la ville de Macre. C'eft le Glaucus Sinus des
anciens.
LE GOLPHE DE MAGARISSE. Voyez plus bas
le Golphe de Megarisse.
LE GOLPHE DE MAHOMETA, petit golphe de
la mer Méditerranée , fur la côte de Batbarie Se du royau-
me de Tunis , près de la Ville de Mahometa , entre le
cap Bon au nord Se le golphe de Capes au (ùd. C'eft
YÂdrumeti Sinus.
LE GOLPHE DE MANFREDONIA , partie du
golphe de Venife , fur la côte du royaume de Naples 8c
de la Pouille , vers la province de la Capitanate, près du
mont Saint-Ange Se de la ville de Manfredonia , qui lui
donne le nom.
LE GOLPHE DE MARTABAN .partie du golphe
de Bengale, au levant' fur la côte de Pégu. On le nom-
me auffi le Golphe du Pégu. Les rivières d'Ava Se de
Pégu y ont leurs embouchures.
LE GOLPHE DE MATHIQUE, partie du golphe
de Honduras, dans la nouvelle Elpagne , au fond du
grand golphe.
LE GOLPHE DE MAZANDERAN ; partie de la
mer Cafpienne , fur la côte de Periè , dans la province
dont il porte le nom.
LE GOLPHE DE MÉACO. Vovez Méaco.
LE GOLPHE DE MEGARISSE , parne de l'Ar-
chipe! , dans la Romanie , dans laquelle il tonne la pref-
qu'ifle. Il reçoit la rivière de Marizza, qui eft i'Hebre
des anciens , le Sulduth Se le Chiourli ; au fond du golphe
eft la yille qui lui donne le nom , l'ifle de Samandraki ;
laSamothrace des anciens eft à l'entrée de ce golphe; les
anciens l'ont nommé Melanis Sinus.
LE GOLPHE DE MELINDE , partie de l'Océan
Ethiopien, fur la côte de Zanguebar , en Afrique, pro-
che de la ville de Melinde.
LE GOLPHE DU MEXIQUE. Voyez Mexique:
LE GOLPHE DE MILASSO , en latin Jaffius Si-
nus , golphe de l'Archipel , fur la côte occidentale de
la Natolie, près de la ville de Milaffo , vers le golphe
de Saint-Pierre , Se prefque entre les ifles de Samos ck
de Stanchio. Voyez Jassus ï.
LE GOLPHE DE MILAZZO , petit golphe de la
mer Méditerranée, fur la côte feptentrionale de Sicile,
8e de la province de Démone, proche la ville de Mi-
lazzo. On le nomme auffi la baye de Mila^o.
LE GOLPHE DE MONTAGNE, ou
. LE GOLPHE DE MONTANEA , partie de la mer
de Marmora ; fur la côte de la Natolie , on le nomme
auffi le golphe de Polimeur.
LE GOLPHE DE MONTE-SANTO , partie de
l'Archipel , entre le Monte-Santô , au nord-eft , Se une
longue langue de terre , qm fépare ce gobhe de celui
d'Ajomama. C'eft Singiticus Sinus des anciens.
LE GOLPHE DE MOSCOVIE Voyez le golphe
de Negropolt.
LE GOLPHE DE NANQUIN , grand golphe de
l'Océan oriental , fur la côte de la Chine. Il s'étend du
nord au fud l'efpace de plus de fix-vingt lieue1; , entre
la Chine Se la Corée. Les Portugais le nomment EnSÉA-
DA DE NfcNQUIN, parce qu'il avance près de la ville de
Nanquin. On le nomme auffi fur les cartes le golphe de
Cang; il y a plufieurs iiles confiderables.VoyezNANK.iN.
LE GOLPHE DE NAPLES, partie de la mer Mé-
diterranée , fur la côte du royaume de Naples Se de
la province de Labour, depuis l'ifle d'Ifchia jufqu'au cap
de la Minerve Se aux bouches du.Capri.
LE GOLPHE DENAPOLI DE ROMANIE , parie
de l'Archipel , lùr la côte orientale de laMorée, près de
Napoli de Romanie , entre le golphe d'Entjia au nord,
Se celui de Caftel-Rampani au midi. C'eft l'ARGOLi-
cus Sinus des anciens.
LS
GOL
GOL
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LE GOLPHE DE NARBONNE , petit golphe de irnpétuofité furprenante , ils s'approchent fi fort du cap ,
qu'ils le touchent prefque en partant , afin de ne s'aller
pas brifer contre les écueils ; ce qui oblige les matelots
de plonger danslamerles rames qui font de ce côté, Se
d'employer tout ce qu'ils ont de force pour renfler aii
flux, '&: faire aller les navires de l'autre côté. Ils ne Iaif-
fent pas de palier ce redoutable détroit en fort peu de
fems. Lorfque ce gOiphe fe groffit par le flux , il prend
la Méditerranée , fur la côte du bas Languedoc Se du
Rouffillon , près de Narbonne. Il fait partie du golphe
de Lyon.
LE GOLPHE DE NARENTA , partie de la mer
Adriatique , dans la Dalmatie , vers la prefqu'ifle de Sa-
bioncelle , Se près de l'embouchure de la rivière de Na-
renta , dont le golphe prend fon nom
LE GOLPHE DEJSŒGROPOLI , partie de la mer fa.courfe quelques milles dans la terre , principalement
'du côté du rivage de Perfe où elle eft fi baffe , qu'elle
permet aux vagues enflées de la mer de franchir fes li-
mites , de s'avancer & de fe retirer enfiiite ; de forte que
les pilotes touchent la terre avant qu'ils la voient : ils
connoiflent toutefois qu'ils font arrivés au bout de là
mer , lorfqu'ils s'apperçoivent que l'eau eft pâle Se pref-
que jaunâtre , par le mélange de celle de l'Euphrate. -
Alors ils mèfurentfla hauteur de l'eau , Se examinent s'il
y a du limon ou du fable au fond , ce qui leur apprend
jufqu'où ils font parvenus. Cette mer eft abondante en
poiffbn , Se les Arabes, qui en font vefifins , en tirent leur
principale nourriture. Us les prennent dans des filets ^
l'es font fécher au foleil , & les mangent avec des dattes ±
fans aucune autre efpece d'apprêt. On y en trouve un
que les Arabes appellent Sermahi, Se les Portugais/è/re.
Il furpaffe en groffeur les plus gros taons , eft armé de
grandes dents, Se dévore les hommes. On en porte quan-
tité de barils aux Indes , où il ne s'en trouve point. Il
y a auffi quelquefois de groffes baleines , & l'un y voit
nager nombre de ferpens , que les pluies y entraînent
de la terre ; ce qui fait que cette partie de l'Océan eft
appellée la mer des Serpens : il y naît une très-srande
quantité de corail noir , Se l'on y pêche de très-belles
perles. Cent ou deux cents barques d'Arabes Se de Per-
fans , qui habitent en différens ports de cette mer , Se qui
connoiflent les lieux où font les coquilles qui les produi-
fent , s'affemblent pour cette ;pêchë. Alors la mer étant
calme , ils defeendent au fond d'une corbeille liée à une
Hoire , dans la petite Tartarie ; quelques-uns l'appellent
golphe de Mofcovie. C'eft le Carcinites Sinus des an-
ciens.
LE GOLPHE DE NEGREPONT. Voyez Negré-
PONT.
LE GOLPHE DE NICOYA, partie de la mer dû
fud , en Amérique. Voyez NlCOYA.
LE GOLPHE D'ORISTAGNO , partie de la mer
Méditerranée , fur la côte occidentale de l'ifle de Sar-
daigne. Le nom latin eft Arborais ou Hierus Sinus.
LE GOLPHE D'ORMUS. Voyez le golphe Per-
SIQUE Se ORMUS.
LE GOLPHE DE PALATSCHIA, golphe de l'Ar-
chipel , fur la côte occidentale de la Natolie , entre
Ephèse au nord , Se Milaflb au midi , au levant de l'ifle
de Samo , & près de la ville de Palatfchia Si des ifles de
Fermaco Se de Gatonifi.
LE GOLPHE DE PALERME, en latin Panormlta-
nus Sinus. Voyez Palerme.
LE GOLPHE DE PALME , en latin Sulcitanus
Sinus, petit golphe fur la côte de Sardaigne Sî de la
province de Cagliaris , qui regarde l'Afrique , près du
château de Palma Se de l'ifle de Sant-Antioco.
LE GOLPHE DE PANAMA. Voyez Panama.
LE GOLPHE DE PARIA > golphe de l'Amérique ,
dans, la mer du nord. Il s'avance dans les terres , entre
la province de Paria au couchant , Se l'ifle de la Trinité
au levant.
LE GOLPHE DE PARITA , golphe de la mer du de ces barques , Se chargée d'une pierre , afin qu'elle puiffe
fud , dans l'ifthme de Panama , près de Nata , Se au aller en bas. Celui qui fe doit plonger dans la mer pour
couchant du golphe de Punama , dont il fait partie. amafler les coquilles , fe lie au pied une groffe pierre pour
LE GOLPHE DE PATRAS , golphe de la mer dé avoir plus de vîtefle à defeendre Se fe ceint enfuite fous
Grèce , vers la ville de Patras , fur la côte occidentale lé bras d'une corde que tiennent ceux qui font dans la
de la Morée : entre les bouches du golphe de Lepante barque. Enfin s'étant bouché les oreilles de coton , ferré
Se là cote de la Morée , au levant, Se l'ifle de Cepha- le nez avec un inftrument fait exprès , Se portant de
- lonie au couchant. l'huile dans fa bouche , il fe biffe aller tout nud au fond
LE GOLPHE DE PATI, petit golphe fur là côte de la hier, -où il délie auflï-tôt la pierre qui l'y tait tou-
feptentrionale de Sicile , dans la vallée de Demona , près jours arriver fort promptement. Après cela il ramaffe
de la ville dont il porte le nom.
LÉ GOLPHE DE PAUTSKE , en latin Putifca-
nus Sinus , golphe de la mer Baltique , fur la côte de
la Pruffe royale. C'eft proprement la partie occidentale
du golphe de Dantzick , à l'embouchure de la Viftule ,
près de la petite ville de Pautske.
. LE GOLPHE DE PEGU , c'eft le même que le
golphe de Marlaban.t
toutes les coquilles qu'il rencontre , jettant de tems en
tems de l'huile hors de fa bouche pour mieux voir au
fond ; Se lorfqu'il a rempli la corbeille , ou que l'haleine
lui manque , il branle la corde dont il eft lié ; Se ceux
qui font dans la barque le retirent hors de l'eau le plus
promptement qu'ils peuvent. Il y a quantité d'ifles dans
ce golphe : celle de la victoire appellée ainfi en mémoire
du glorieux avantage que les Portugais remportèrent fur
GOLPHE PERSIQUE , grand golphe d'Afie , entre plufieurs. galères des Turcs, qui étoiént venues de la
la perfe Se l'Arabie heureuiè ; on le peut parcourir faci- mer Rouge pour empêcher qu'ils ne s'établiffent dans
lëment en fix jours d'un bout à l'autre, avec un vent fa- l'Orient , eft auprès de Mafcutc. On trouve enfuite les
vorabie , Se le traverfer en un feul. Ce golphe corn- écueils de Suadi. L'ifle furnommée des Rats, à caufedela
mence proche du royaume de Sindi , où le fleuve Indus multitude que l'on y en trouve, eft proche de Moflandan,
fe décharge dans la mer , Se finit à l'embouchure de ainfi que l'ifle des Chèvres , ou l'on en voit en grand
l'Euphrate Se du Tigre , ayant à droite la Perfe , dont nombre; On rencontre après cela l'Arécà , près de laj
il eft nommé Perjzque, Se à gauche l'Arabie. Il fe reflerre quelle eft l'ifle d'Ormuns , qui eft caufe qu'on nomme
peu-à-peu depuis fon commencement , jufqu'au cap de communément ce golphe , le golphe d'Ormus. L'ifle de
Moflandan , Se il y a des montagnes en l'un Se en l'autre Quexomis , fort étendue en longueur, en eft voifine. Elle
rivage. Enfuite il s'étend de nouveau , Se, continuant tou- eft fuivië des ifles de Tombo , d'Angan, de Pflore ,
jours ainfi , il va fe terminer aux deux rivières qu'on a «d'Androhia , de Caïs , de Lara , de Surin Se de Carga.
déjà nommées. Les eaux font portées régulièrement <leux Ces deux dernières . font les feules habitées. Lés autres
fois par jour au golfe Perfique par le flux Se le reflux , avec étoient auffi remplies d'habitans avant la venue des Por-
une extrême rapidité. L'effet en paroît jufques dans l'Eu-
phrate qui eft fi fortement repouffé contre fon cours , qu'il
retourne en arrière environ cent milles. Les tempêtes
font fréquentes en cette mer , qui ne feroit pas navigable
fans la quantité des ports que l'on trouve aux deux ri-
vages , Se plufieurs ifles éparfes en divers endroits ; mais
au cap Moflandan , on trouve quantité d'écueils qu'on
appelle Salernas , l'un defquels s'approche tellement du
Cap , qu'à peine laiffe-t-il à la mer une ouverture de la
largeur d'un jet de pierre. La mer eft là continuellement
agitée, même lorfqu'elle eft tranquille ailleurs; Se comme
les uavires y font emportés par les vagues , avec une
tugais ; mais par leurs incurfions , ils les ont rendues dé-
fertes. La dernière de toutes , vers l'embouchure de l'Eu-
phrate , eft l'ifle de Bahren , qui leur étoit autrefois iù-
jefte , Se qui eft aujourd'hui munie d'une garnifon dé
Perfans. L'on pêche ià quantité de perles. L'on y trouve
auffi des fources d'eau très-douce , quifortent de deffbus
les eaux falées de cette mer ; ce qui fait croire que de
petites ifles où ces fources couloient, y ont été fubmer-
' gées. * Corneille , Dièlionnaire. Le P. Philippe , Voyage
d'Orient. .
Les eaux du golphe de Perfe , étant partout fort baffes
à rOueft du détroit d'Ormus , donnent à connoîtré
I4<S
COL
COL
: cft l'effet de quelque grande inondation
dclarr ^S'1ue d" Tatars,p. 8".
LE GOLPHE DE P( >IlCASrRO , Statu Uns. t
-,om \ ... ujourd'hui Sepri , qui borne la
niirrénienne. Strabon l'appelle
A,',f , . .(là l'Orient de celui de SaJerne,
fu: b r. Voyez Policastro.
LE GOLPHE DE S. MICHEL , ou la Baye du
Mont Saint Michel. Voyez au mot Bave.
LE G'oLPHE DE S. PIErvRE , partie de l'Ai
fur la cote occidentale de la Natolie, à l'endroit oi
tourne au midi, vis-à-vis l'ifle de Stanchio , 6k près du
château de S. Pierre qui lui donne le nom. Baudrand
dir que c'eft le Ceramicus Sinus des anciens.
LE GOLPHE DE S. THOMAS , golphe d'Afrique,
dans l'Océan Ethiopien , entre les côtes méridionales de
la Guinée & la côte occidentale du royaume de Bénin. II
prend l'on nom de l'ifle de S. Thomas.
LE GOLPHE DE SALE, petit golphe de l'Océan
Atlantique , fur la côte du royaume de Fez , près de la
ville de Salé.
LE GOLPHE DE S ALERNE , partie de la me '• I -
diterranée , en Italie, fur la côte du royaume de Naples
6k de la principauté citérieure , près de la ville de Salerne.
On le nomme aufli quelquefois le golphe d'Agripoli vers
l'a côte orientale. Voyez l'article Pr.CSTANUS Sinus.
LE GOLPHE DE SALINES, partie de la mer du
Sud , en Amérique , fur la côte de la nouvelle Efpagne
ck de la province de Nicaraga. Il eft allez petit. On
l'appelle aulfi le golphe de Saim-Lucar , Se le golphe de
Nicoya , à caufe qu'il eft fur la côte de ce pays-là.
Mais ce premier nom eft le plus ufité. Iln'eft qu'à quinze
lieues du lac de Nicaragua.
LE GOLPHE DE SALONA , petit golphe de
Grèce dans le Golphe de Lepante,dont il fait partie , près
de la ville de Salona.
LE GOLPHE DE SALONIQUE. Voyez Salo-
nicki 6k Therm>eus Sinus.
LE GOLPHE DE SATALIE , Voyez Attalie ck
Sataxi.
LE GOLPHE DE SCALEA , petit golphe d'Italie ,
fur la côte occidentale du royaume de Naples 5c de la
principauté citérieure. C'eft le même que le golphe de
Policaftro.
LE GOLPHE DE SIAM. Voyez Siam.
LE GOLPHE DE LA SIDRÈ , partie de la mer
Méditerranée , fur la côte de Barbarie , entre les royau-
mes deBarca ck de Tripoli. Il prend fon nom de la pe-
tite ifle de Sidra , qui eft fur la côte de Tripoli. Voyez
'lEAGOLPHE DE SITIA , petit golphe de la mer
Méditerranée, fur lacôtefeptentrionalede Pi fie de Can-
die , ck dans fa partie orientale , proche de la ville de
Sitia ou Séria.
LE GOLPHE DE SMYRNE. Cydaminus Sinus.
Voyez S.MYU NE.
LE GOLPHE DE SOLTANIE , petit golphj de la
mer de Marmora , fur la côte de Natolie , proche de
Conftantinople , ck au levant de cette ville.
LE GOLPHE DE SOLWAY , golphe de la mer
d'Irlande , fur la côte d'Angleterre : les Anglois le nom-
ment Solway Firth , qui veut dire la même choie.
Il eft près de la ville de Carlille, entre le Cumberland,
oui cil une des provinces du nord , ck celles d'Anan-
dale'ck de Nithisdale qui l'ont de l'Ecoiïe.
1 E GOLPHE DE SPARTIVENTO , petit golphe
de la mer Méditerranée , fur la côte méridionale de la
Calabre ultérieure , au royaume de Naples , près du cap
deSpartivento. Baudrand dit qu'il eft omis fur les Car-
tes, c'eft-à-dire qu'il n'y eft pas nommé.
LE GOLPHE DE LA SPECIA, petit golphe d'Ita-
lie, dans l'étal de Gènes , fur la côte du levant , entre
le v.il île Magra .i l'orient) ck Porto-Venare à l'occident.
Il s'étend vers la Tramontane, jusqu'à la Spccia qui lui
SPKDIA.
I I GOl PHE DE SPINA-LONGA, golphe fur la
côte feptentrionale de l'ifle de Candie, proche delà for-
tereflè de Spina-Longa, entre Sitia au levant cv la ville
d ( ind ■■ au i >u< int. Quelques-uns aufli l'appellent
le GOLPHE »E MlRABEL, à caul'e du château de ce
nom qui eft fur l'a cote.
LE GOLPHE DE SQUILL ACE, golphe du royaume
de Naples , furla côte orientale de la Calabre ultérieure,
proche des villes de Catanzaro ck de Squillace.
LE GOLPHE DE STORE , petit golphe de la mer
Méditerranée , fur la côte d'Alger , presque au milieu,
entre Bugie au couchant ck l'ifle de Tabarque au levant.
LE GOLPHE DE LASUDA , peut golphefur la
côte feptentrionale de l'ifle de Candie, à peu de diftance
de la Canée au levant , en paflant vers Rerimo. Il prend
le nom de la fbrterefle de laSuda, qui eft au milieu.
LE GOLPHE DE SUEZ, partie de la merRouge,
à l'endroit où elle s'avance le plus au feptentrion , près
de la ville de Suez, entre l'Arabie péttée 6k l'Egypte.
Ce golphe n'eft féparé de la mer Méditerranée que par
un ifthme , qu'on appelle Yijlhme de Suer.
LE GOLPHE DE TALWNDI , petit golphe de la
Grèce, ck partie de celui de Negrepont , fur la côte de
la Livadie ; mai, il cft fort reflerré.
LE GOLPHE DE TAL.-W O , petit golphe d'Italie,
fur la côte occidentale de l'ifle de Corfe , où elle le
courbe vers les bouches de Bonirace , fck au midi du
golphe d'Aïazzo.
LE GOLPHE DE TARENTE , partie de la mer
Ionienne , fur la côte orientale du royaume de Naples
6k de la Pouille ; il fait un grand coude le long des
provinces d'Otrante , de la Bafilicate ck de la Calabre
ultérieure , depuis le cap de Leuca , jusqu'à celui de Ro-
fuo. Il prend Ion nom de la ville deTarente , qui eft fur
fa cote feptentrionale.
LE GOLPHE DE TERRACINE, petit golphe d'Ita-
lie, dans l'état de Féglife, 6k dans la partie orientale de
la côte de la Campagne de Rome , près deTerracine,
entre Monte-Circello 6k le lac de Fondi.
LE GOLPHE DE TERRA-NUOVA , fort petit
golphe, fur la côte orientale de l'ifle de Sardaigne, 6k
du cap de Logudori , vers Terra-Nuova 6k l'ifie de Fa»
volare.
LE GOLPHE DE TRIESTE. Voyez Trieste.
LE GOLPHE TRISTE, petit golphe de l'Améri-
que , dans la mer du nord , fur la côte de Venezuela ,
près de Caraques ck des ifles de Roques 6k de Bonne-
Aire.
LE GOLPHE DE TUNIS. Voyez Tunis.
LE GOLPHE DE VALENCE , partie de la mer
Méditerranée fur la côte d'Efpagne 6k du royaume de
Valence , entre les bouches de l'Ebre au nord, 6k le cap
Martin au fud, proche de la ville de Valence,
LE GOLPHE DE LA VALLONE , petite partie
du golphe de Venife, fur la côte de l'Albanie , proche
de la forterelîè de la Vallone qui lui donne ce nom , 6k
des montagnes de la Chiméra. C'eft ÏOnaus Sinus des
anciens.
LE COLPHE DE VENEZUELA , golphe de l'A-
mérique , dans la mer du nord , entre le pays de Ve-
nezuela 6k celui de Rio de la Hacha. Il reçoit une petite
rivière qui vient de Mérida : il n'eft pas large, mais pro-
fond ; Baracca 6>t Gibraltar font fur la côte orientale ;
Macaraïbo eft fur la côte occidentale. Il eft borné au
nord-oueft par le Cap-Coquibacoa ; 6k au nord-eft
par une langue de terre où eft Coro ou Venezuela , 6k*
terminée par lecapSaint-Romain. Quelques-uns le nom-
ment le cap de Coro.
LE GOLPHE DE VENISE. Voyez les articles
Adriaticum Mare ck \ enise.
LE GOLPHE VERD : les Arabes nomment ainfi
le golphe Perfique , par oppofition au golphe Arabique,
que l'on appelle la mer Range.
LE GOLPHE DE VOLO , golphe de l'Archipel ,
fur la côte de Macédoine , près de la ville de Volo,
entre le golphe de Salonique au nord , 6k celui de Zcy-
ton au Sud. C'ell le Sinus Ptlasgictu des anciens.
LE GOLPHE D'URABA , golphe de la mer du
nord , dans l'Amérique méridionale , près du pays de
même nom. C'ell le même que le golphe de Darie/t.
\ Darien 1.
Ce golphe n'eft appelle golphe de D.irien qu'impro-
prement.
LE GOl PHE DE ZEILA, petit golphe d'Afrique.
en Ethiopie , près de la ville de Zeïla , qui n'eft qu'à
trei te lieues du détroil de Babel Mandel.
LE GOLPHE DE ZEITON, partie de l'Archipel ,
GOM
GOM
Ï47
vis-à-vis de la partie feptentfionale de l'ifle deNegreponf ,
entre la Janna au nord , & la Livadie au rriidi ; la ville
de Zeiton dont il porte le nom, eft au fond de ce golphe.
En fuivant la côte vers le nord-eft , on trouve Stalida ,
Achinou Se Acladi. C'eft le Maliacus Sinus desan-
de Grèce , fur la côte occidentale de la Morée , entre
le cap Jardan au nord , & le cap de Sapienza au fud ;
on y trouve Zonchio ou le vieux Navarin , Tille de Pro-
dano tk Navarin. Les anciens le nommoient Cyparis-
sius Sinus.
GOLOE , lieu dont parlent Cedrene 5c Curopalate ,
Se qu'Ortélius Thefaur. croit avoir été dans la Thrace.
GOLONIS. Voyez Calone. i.
GOLUNGFAN, fortereffe de la Chine , dans la pro-
vince de Queicheu , au département de Queiyang pre-
mière métropole de la province. Elle eft plus occiden-
tale que Pékin , de 1 1 d. 36', par les 15 d. 34' de lati-
tude. * Atlas Sinenjîs.
GOLUP, petite ville de Pruffe, fur la rivière de Dri-
bentz, auPalatinat de Culm , aux confins de la Polo-
gne , environ à fix lieues de Thorn , vers le levant.
Voyez l'article Golba. * Baudrand , édit. de 1705.
GOMARA. Voyez Gomora.
GOMARES. Voyez Gomer. i.
GOMATRE, Me de la mer d'Ecofte , l'une des Hé-
brides. Elle a un mille de largeur &c deux de longueur,
&; s'étend du nord au fud , félon Davity.
GOMBEDEC , village de Perfe , dans le Curcîiftan
près de Dalper , félon Fhiftorien de Timur-Bec , /. 3 ,
c. 28.
GOMBO , contrée d'Afrique , dans l'Abiffinie , au
midi du royaume de Ganz , & d'un lac d'où fort une
rivière qui , coulant vers le nord-oueft , va fe dégorger
dans le Nil. * Ludolphe , Carte de l'Abiffinie.
GOMENISE , (la) port de Turquie , en Albanie ,
fur la côte de la mer de Grèce , à vingt milles de Corfou.
* Baudrand, édit. de 1705.
1. GOMER. Les anciens habitans de ce pays s'appel-
loient GoMARES avant que les Galates s'en rendiffent
les maîtres. Le Chaldéen met Gomer dans l'Afrique. Bo*
chart l'a placé dans la Phrygie , parce qu'en grec Phry-
gia peut marquer un charbon , de même que Gomer
qu'à l'extrémité de la Mauritanie Tingitane, par où elle
confine à la Céfarienfe. Jean-Léon qui divife les Afri-
cains blancs en cinq peuples , y met ceux-ci au dernier
rang , &£ les nomme GuMERANIENS , fi nous en croyons
Dapper. Mais Léon , Afriaz 1. 1, c. 10, les nomme
Gumeres ; qui fubfusci funt colons in quinque populos
golphe de la mer partiti funt, Sanhagios , Mufmudas , Zenetos , Haoros
& Gumeros. Il dit un peu plus loin : Gumeri in mo'nti->
bus Mauritanie habitant , in eâ parte quee mari Medi-
terraneo oppofita eft ; totumque Jluvium occupant, qui
illis Ri/a appellatur.
GOMER- FONTAINE, abbaye de France, dans
l'ifle de France , au Vexin-François. Ce font des reli-
gieufes qui fuivent la régie de Cîceaux : elle eft fituéê
fur une petite rivière qui paffe à Chaumont , d'où cette
abbaye n'eft éloignée que d'une lieue. Elle fut fondée ,
l'an 1208, par Hugues de Chaumont. * Corn, Diâs fur
des Mem. manufer.
GOMERSPOEL, (prononcez Gomerspoul) iftes
de la mer des Indes auprès de Pulo-way , au nord de
l'ifle de Sumatra , Se du port d'Achem. * Voyage de la
comp. Holl. t. 2 , p. 476.
. GOMOHA , ville d'Arabie , félon la Notice de l'em-
pire ; fecl. 22.
GOMOLFOL , peuple de l'Idumée , félon Etienne,
le géographe. Ce font les mêmes que les Amalecites.
GOMORA, ville d'Affyrie , félon Ptolomée, 1.6,
c. 1. Quelquesexemplaires portent GoMARA.
GOMORRHA, To/urf*, ancienne ville de la Palef-
tine , &t l'une des principales de la Pentapole ; Genef.
c. 10, v. 19. Elle fut confumée par le feu du ciel , en
punition de fes abominations. L'hébreu l'appelle AMORA
& Homora , rnsy ; mais les Septante ont fouvênt
exprimé l'y ain, parun g. ro^ogjt, ou r^opa , ou véao'fla i
ainfi au lieu de dire a^a , ils difent ga^a, Sec. D. Cal-
met, DiB. croit que Gomorrhe étoit la plus feptentrio-
nale des cinq villes de la Pentapole , & que ce font fes
ruines que l'on dit qui fe voient encore dans la mer
Morte , aux environs d'Engaddi.
GOMPHI , ancienne ville de Grèce , dans la Thefla-'
lie. Céfar, Bell. Civil. 1. 3, c. 80, dit: il arriva à Gom-
phi , qui eft la première ville de Theffalie , quand on
vient d'Epire. Ptolomée , /. 3 , c. 1 3 , la met dans l'Eftio-
tide, qui, félon la remarque deStrabon, étoit la partie
la plus occidentale de la Theffalie. Tite-Live, /. 31 .-
bébreu & en fyriaque. D. Calmet croit que les anciens c. 41 , parle auffi de cette ville : Animander , dit- il *
ClMBRES ou CimmÉRIENS font fortis de Gomer. On confeilloit de pafler de la Perrhebie à Gomphi ; & il
peut voir la- deffus fon Commentaire fur la Genefe
c. 10, v. 2.
2. GOMER , rivière d'Afrique , en Barbarie , au
royaume de Fez. Elle a fa fource dans les montagnes
de Gomer , & fe dégorge dans la mer Méditerranée ,
près d'une place qui porte le même nom que ces mon-
tagnes & la rivière. Elle coule dans
au couchant. •* Dapper , Afrique, p
Carte du royaume de Fez, dans Marmol.
3. GOMÈR ou Gomere , montagnes du royaume
de Fez , dans la province d'Errif : il en fort une rivière
de même nom.
4. GOMER ou Gomere , ville d'Afrique , au
royaume de Fez , dans la province d'Errif, à l'orient de
l'embouchure de la rivière de Gomer.
1. GOMERE. Voyez Gomer 3 &4
dit, £32, c. 14, laprife de Gomphi effraya les Thefla-
liens. Cette ville étoit épiscopale ; car Ëuftathius fort
évêque fouferivit au concile de Rome , tenu l'an 531.
GOMROM. Voyez Bander-Abassi.
GOMS, contrée de Suiffe, & l'un des départemens
du haut Vallais : quand on va du canton d'Uri dans le
province d'Errif Vallais , on traverfe le mont de la Fourche. Au pied de
40, &C Sanfon; cette montagne, & dans l'extrémité la plus reculée du
haut Vallais , on voit deux villages aux deux bords du
Rhône, Underwasen & OBERVALD, dont les ha-
bitans tirent toute leur fubfiftance des beftiaux qu'ils
entretiennent dans leurs montagnes. Au midi de ces
villages , on voit s'ouvrir entre les montagnes une pe-
tite vallée, nommée Gerenthal ou Agerenthal,
(Agerana vallis.) On trouve enfuite Gestilen , vil-
lage paroiffial au pied du mont Grimfel , qui fépare ce
GOMERE, (la) ifle de l'océan Atlantique, une pays d'avec le canton décerne. Ulrichen ou l/lrique,
des Canaries , à fix lieues à l'oueft de Ténériffe. On lui
donne huit lieues de longueur , & environ vingt-deux
lieues de circuit : elle a titre de comté ; mais dans les
difféiends civils , les vaflaux du comte ont le droit d'ap-
pel aux juges royaux qui font leur réfidence dans l'ifle
Canarie. La ville capitale qui eft à l'eft de l'ifle , porte
le même nom. Elle a un excellent port, où les flottes
des Indes s'arrêtent volontiers , pour y prendre des rà-
eft à demi-lieue de Geftilen & du même côté. Munfter
eft à une demi-heure de chemin au-deflbus d'Ulrichen,
au milieu d'une belle & grande prairie ; plus bas eft la
Valegine , longue de deux lieues , entre de hautes
montagnes, d'où l'on a deux chemins pour pafler en Ita-
lie , l'un par le mont Nisy du côté d'Airol , dans le
Leviner-thal , & l'autre par le mont Griess du côté de
BONMATT , dans le val d'Ofcella ; au-deftous font les
fraîchiffeaiens. L'ifle fournit aux habitans leur provifion villages fuivans , Reckingen , Munfter , Glunncn , Ru-
de. grains ik de fruit. Elle n'a qu'un ingenio , c'eft-à-dire lichen ou Rh{ig , Biel , qui a un pont fur le Rhône ,
une manufacture de fucre ; mais elle produit des vignes Selbligcn & Wald. Tous ces villages font arrofés de
en abondance. Latitude nord. 27 d. * Hawkins , Voyage quelques ruifleaux , & formoient anciennement une fei-
à la mer, du fud. ° gneurie qui portoit le nom de Graniols ; mais il y a
GOMERES, (les) peuple d'Afrique ; Dapper, A/ri- long-tems que les habitans jouiffent de leur liberté, &
que, p. il, dit qu'ils fe retirent dans les montagnes du ils ont aujourd'hui le privilège de nommer kursjuges
petit Atlas, dans l'endroit où il touche à la mer Médi- dans les affaires civiles ; car pour le criminel , c'eft le
terranée , 6c s'étendent le long des limites de Ceute , jus* juge d'Arnen qui en connoît. Dans ce voifmage , auprès
Tome III. T i
148
CON
CON
d'un pont de pierre bâti fur le Rhône , on trouve le vil-
lage de MULLIBACH. Telle eft la defcription du dépar-
tement de Goms dans l'Etat & les Délices de la Suiffe ,
t. 4, p. 170, & fuiv.
GONAGUS Ager, lieud'Afie, aux environs d'Apa-
mée, félon Jean Mofcus, dans le Pré fpirituel. * Ortd.
Thef.
GONAIVES , (les) baye du port , à la côte occiden-
tale de l'Ifle Efpagnole , &C environ à dix lieues du mole
de S. Nicolas : on y trouve depuis trois jufqu'à cent braf-
fes de fond.
GONAVE , ifle déferre & ftérile , fituée au milieu
du grand cul-de-fac , de la côte occidentale de S. Do-
mingue. * Notes du P. de Charlevoix.
GONDAR, Guender ou Gonder en Ethiopie.
L'empereur d'Abiffinie y fait fa rélidence. Les uns difent
que c'eft une ville ; d'autres affurenr que ce n'eft qu'un
camp qui difparoîtra , fi-tôt qu'il plaira au Negus de
choifîr un autre lieu. Voici ce qu'en dit le médecin Pon-
cet, qui fit le voyage d'Ethiopie, en 1698 , 1699, &t
en 1700, dont la relation eft inférée dans les Lettres
édifiantes , t. 4 ; il y parle ainfi de Gondar , p. 6 1 , 77 &£
iuiv. L'étendue de Gondar eft de trois à quatre lieues :
cependant elle n'a & ne peut avoir l'agrément de nos
villes , parce que les maifons n'on qu'un étage , & qu'il n'y
a point de boutiques. Cela n'empêche pas qu'inné s'y faîTe
un grand commerce. Tous les marchands s'affemblent
dans une grande & vafte place , pour y traiter de leurs
affaires. Ils y expofent en vente leurs marchandifes : le
marché dure depuis le matin jusqu'au foir : on y vend
toutes fortes de marchandifes. Chacun a un lieu^qui lui
eft propre , où il expofe fur des nattes ce qu'il veut
vendre. L'or & le fel font la monnoie dont on fe fert
dans ce pays. L'or n'eft point marqué au coin du
prince , comme en Europe : il eft en lingots que l'on
coupe , félon qu'on en a befoin , depuis une once jusqu'à
une demi- drachme qui vaut trente fols , monnoie de
France ; & afin que l'on ne l'altère pas , il y a par-tout
des orfèvres qui en jugent à l'épreuve. On fe fert de fel
de roche pour la petite monnoie. Il eft blanc comme la
neige. , & dur comme la pierre ; on le tire de la mon-
tagne Lafta , & on le porte dans les magafins de l'em-
pereur, où on le forme en tablettes qu'on appelle Amouly,
ou en demi-tablettes qu'on nomme Courman. Chaque
tablette eft longue d'un pied , large &c épaiffe de trois
pouces : dix de ces tablettes valent trois livres de France :
on les rompt , félon le payement que l'on a à faire ; &C
on fe fert de ce fel également pour la monnoie, &pour
l'ufage domeftique.
Le palais du roi eft grand & fpacieux , ck la fituation
en eft charmante. Il eft au milieu de la ville fur une col-
line qui domine toute la campagne ; il a environ une
lieue de circuit ; les murailles font de pierre de taille ,
flanquées de tours fur lesquelles on a élevé de grandes
croix de pierre. Il y a quatre chapelles impériales dans
l'enceinte du palais. On les appelle Beit-Chrijlian, comme
les autres églifes de l'empire , c'eft-à-dire mai/en des
Chrétiens. Elles font deilervies par cent religieux qui ont
auffi foin d'un collège où l'on enfeigne à lire l'écriture
fainte aux officiers du palais. La princeffe, feeur de l'em-
pereur, a auffi un magnifique palais dans la ville. Il y a
quelques maifons à Gondar , bâties à la manière d'Eu-
rope ; mais la plupart des autres reffemblent à un enton-
noir renverfé. Il y a environ cent églifes dans la ville de
Gondar. Le patriarche qui eft chef de la religion , &
qui demeure dans un beau palais près de l'églile patriar-
chale , dépend de Féglife d'Axandrie qui le confacre. Il
nomme tous les fupérieurs des monafteres, & a un pou-
voir abfolu fur tous les moines , qui font en grand nom-
bre ; car il n'y a point d'autres prêtres en Ethiopie ,
comme il n'y a point d'autre évêque que le patriarche.
L'empereur a de grands égards pour ce chef de la reli-
gion. L'horreur que les Ethiopiens ont pour les Mahomé-
tans & pour les Européens, eft presque égale. Les Ma-
hométans s'étant rendus puiffans en Ethiopie au com-
mencement du feiziéme fiécle , s'emparèrent du gouver-
nement : les Abiflîns ne pouvant fouffrir un joug fi dur
& fi odieux , appelèrent à leur fecours les Portugais , qui
étoient alors fameux dans les Indes , où ils venoient de
s'établir ; -ces nouveaux conquérans devinrent fufpe&s
à leur tour aux Abiflîns , qui en firent un terrible carnage
dans le tems même qu'ils fe croyoient le mieux affermis
dans cet empire. Ceux qui échappèrent à ce premier
mouvement , eurent permiffion de le retirer. Il fortit d'E-
thiopie iept mille familles Portugaifes qui fe répandirent
dans les Indes , & fur les côtes d'Afrique. Il en refta
quelques-uns dans le pays ; & c"eft de ces familles que
font venus les Abiflîns blancs , qu'on y voit encore , âc
dont 011 prétend que defeend l'impératrice. On fouffre
les Mahométans à Gondar ; mais ils font dans un quar-
tier léparé, qui eft au bas de la ville : on les appelle Ge-
BERTis, c'eft-à-dire tfclaves. Les Ethiopiens ne peu-
vent fouffrir qu'ils mangent avec eux : ils ne voudraient
pas même manger de la viande tuée par un Mahométan ,
ni boire dans une taffe dont il fe ferait fervi , à moins
qu'un religieux ne l'eût bénite , en faifant le figne de la
croix , en récitant des prières , & en fouflant trois fois
deffus , comme pour en chafler le malin efprit. Quand
un Ethiopien rencontre un Mahométan dans" les rues ,
il le falue de la main gauche ; ce qui eft une marque de
mépris.
1 . GONDES , GUNDIS , ou GONTHEY , en latin
Contegium , autrefois petit boura , maintenant village
de Suiffe , dans le bas Vallais ; c'eft le chef- lieu d'un
gouvernement de même nom.
Le GOUVERNEMENT DE GONDES OU GONTHEY,
contrée de Suiffe au bas Vallais , eft le premier que l'on
trouve au-deffous de Sion. Il a pour chef- lieu Gon-
THEY-le-ChatE'.U, village qui eft un peu reculé du
Rhône , Gonthey-LE-Plan Si VeRTRUN qui font près
du Rhône. Le vil] ige & le mont Neinda, qui font de
l'autre* côté du Rhône, font auffi partie de ce gouverne-
ment. Ce petit pays apparrenoit autrefois aux barons dfe
la Tour ; mais l'inhumanité avec laquelle le baron An-
toine avoit fait périr l'évêque Guncard de Tavel ,
l'an 1375 , ayant irrité les Vallailans contre cerre -fa-
mille, on lui fit une guerre fanglante , & l'on confisqua
tous fes biens. * Etat '& Diiicts ue In Suille . t.4,p.ioi.
GONDOM , Gondonium. Abbaye d'hommes en
France, de l'ordre de Citeaux, filiation de ( adouin ,
dans l'Agénois , .au diocèse d'Agen , au nord de Clérac,
fondée l'an 1 1 23 .
GONDPuE, peuple ancien de Thrace, félon Etienne
le géographe , qui dit qu'Hérodote le? appelle auffi Cin-
dra & Ronda ; ce paffage d'Etienne eft fort cor-
rompu , & n'eft pas aile à rétablir.
GONDRECOUR , petite ville de Lorraine . au du-
ché de Bar , en latin GunJulphi-Curia. Elle eft fur la
rivière d'Ornain aux confins de la Champagne , à huit
lieues de S. Mihel, au midi, &à fept de Barle-Duc,
au levant d'hyver. C'eft une prévôté qui a eu long^eins
fes feigneurs particuliers. Elle étoit réunie au domaine
de Champagne , au tems du mariage de Jeanne , avec
Philippe le Bel , lequel donna, l'an 1304, pourrécom-
penfe à Thibaut de Bar , évêque de Liège , la terre de
Gondrecour qui devoit paffer après la mort de l'évêque,
aux comtes de Bar , qui feraient tenus d'en faire hom-
mage au roi de France, à caufe de fon comté de Cham-
pagne. Le corme de Barjouiffoit de Gondrecour, auifi-
bien que de la Môthe , lorsqu'il l'engagea, l'an 13 14, à
Ferri , duc de Lorraine, avec laMothe. Gondrecour eft
une des iix -grandes châtellenies du bailliage de Baffigni.
* Baudrand , édit. de 1705. Longuerue , Defcr. de la
France, 1. part. p. 183.
GONDREVILLE ,_ bourg de Lorraine , fur h Mo-
felle. C'eft une prévôté qui eft à l'occident de celle de
Nanci , & s'étend le long de la Mofelle. Gondreville
eft fur cette rivière à une lieue de Toul. On l'appelle en
latin Gundu! phi-Villa : elle a pris {on nom de l'on fon-
dateur que quelques-uns croient avoir été Gondulphe,
maire du palais de Théobert II , roi d'Auftrafie. Les
rois y eurenr enfuite un palais, dont il eft fait mention
ctens une charte , en faveur du monaftere de Murbachj
en Alface , donnée par le roi Thierri de rh;!les, mort
l'an 737, laquelle eft rapportée par Briffchms. Il eft fait
plufieurs fois mention de ce palais fous les rois Méro-
vingiens. Il a été célèbre jusqu'à l'an 91 j . & fut détruit
par la fuite. L'évêque de Toul y avoit droit pour le
temporel, puisque Matthieu I, duc de Lorraine, ayant
fait bâtir à Gondreville un château , & ne l'ayant pas
voulu faire démolir , fut excommunié par le pape
Adrien IV, au milieu du douzième fiécle ; &c les terres
CON
GOR
du duc furent mifes en interdit. Néanmoins depuis ce
tems-là, ce duc 6k fes fucceffeurs retirèrent le château &c
îa prévôté de Gondreville , qu'ils joignirent au bailliage
de Nanci.
GONESSE , bourg de France , à quatre lieues de Pa-
ris, & vers le nord en allant du côté de Senlis. Il eft
dans l'iile de France , fur le Crou ; en latin GauniJ/a ,
Goneffa , Gonnejfa , Gonefcha , GoneJJia &C GontJ/a.
Il en eft parlé dans les act.es du concile , tenu à Soiflons
en 8^3- Louis le Jeune , voulant gratifier les religieux
de l'ordre de Grandmont , qu'^établifloit à Vincennes ,
leur donna en 1164 , fix muids &L demi de froment à
prendre tous les ans fur fa grange de Goneffe. Dedimus
etiam & concejjîmus , dit fa charte , in perpctuam elee-
mofynam fuprà dicïis bonis hominibus fex modios &
dimidium frumenti recipiendos annuadm in grangiâ no-
Jlrd Gonejfa. Philippe-Augufte naquit dans ce bourg ;
& c'eft de-là , comme le remarquent les hiftoriens, qu'on
le furnommoit Philippe de Gonejje. Le pain de GonefTe a
pafle pour le meilleur qui fe fit en France. Aujourd'hui l'on
en fait peu de cas. Il y a deux paroiffes , S. Pierre & S. Ni-
colas, & un hôtel -dieu fondé avant l'an 1210 , par
Pierre, feigneur duTillet. * Piganiol de la Force, Defcr.
de la France, t. 2, pari. 2, p. 634.
1. GONGA, ancienne ville de la Turquie, en Eu-
rope , dans la Romanie , fur la mer de Marmora, à qua-
tre lieues de Rudifto , du côté du midi. * Baudrand,
édit. de 170^.
2. GONGA , contrée d'Afrique , dans I'Abiffinie ,
des deux côtés du Nil , qui fe recourbe vers le nord, &
va d'un cours parallèle à celui du Maleg. Ce royaume
eft entre ce dernier fleuve Se les fources du Nil. * Ludol-
phe, Carte d'Abiflîme.
GOMGALjE, ancien peuple de la Libye intérieure,
félon Prolomée, /. 4, c. 6.
GONGEL ou K.UNCKELS, montagne de Suiffe, en-
tre Damintz , village de la communauté de Flems &:
le comté de Sargans. * Etat & Délices de la Suijfe,
t. 4, p. 11.
GONGHIRU, ville d'Afrique. Voyez Cagnou.
GO VIE , fortereffe d'Afie , dans la Mingrelie , au bord
de la mer Noire , à quarante milles du Phafe ; c'eft un
grand château carré , bâti de pierres dures. & brutes d'une
malle extraordinaire. Il eft fitué au bord de la mer fur un
fond fablonneux ; il n'y a ni foliés ni fortifications. Ce
ne font que quatre murailles avec deux portes , l'une à
l'orient , qui donne fur la mer , & l'autre au feptentrion.
Chardin , Voyage , 1. 1 , p. 77 , qui fournit cette deferip-
tion , pourfuit ainfi : je n'y ai vu que deux pièces de canon ;
des Janiflaires en affez petit nombre le gardent : il y a
dedans trente maifons ou environ , petites , baffes , affez
incommodes & faites de planches. Dehors , tout proche ,
eft un village qui a autant de maifons ; prefque tous les
habitans font mariniers ; & fi l'on en croit les gens du
pays , c'eft ce qui a fait donner à cette contrée le nom
de Lazi , Laz en Turc voulant dire proprement un
homme de mer ; &c dans le langage figuré , une perfonne
rude , grojjîere & fauvagé. Chardin réfute avec raifon
cette étymologie. Voyez Lazique. Comme Gonie eft à
l'extrémité de l'empire Turc, la douane y eft très-rude pour
les Européens ; & les officiers que la Porte y entretient , fe
croient fi éloignés d'elle qu'ils en refpectent peu les fauf-
conduits & les paffeports. Chardin en fit une trifte épreuve
que l'on peut voir dans l'on livre.
GONIGA , ancienne ville de Grèce en Theffalie ,
connue fous le nom de Gonos. Voyez ce mot. Ce n'eft
plus qu'un village près du Penée, entre la ville de Lariffe
& le solphede Salonichi. * Baudrand , éd. de 1705.
GONIMI , ici jjlo c'eft , félon Etienne le Géographe ,
in voce , BiVC/iccf , le nom d'une ifle.
_ GONIUM , montagne , dans le territoire des Cartha-
ginois , félon le Livre des merveilles , attribué à Anftote.
GONNEVILLE , bourg de France , en Normandie,
au pays de Caux , entre Montiviiliers & Fefcamp , près
de S. Join , &c de la mer. Son terroir produit des grains
& des lins , ck la maifon feigneuriale eft fort agréable.
* Corn. Dift. Mem. drelTés fur les lieux.
GONNI , ville de Gré:e , d.ns la Perrhebie , félon
Etienne le géographe , qui en nomme le territoire Gonnia-
Regia. Voyez GONNUS,
149
GONNIS. Euftathe écrit ainfi le nom de la ville de
Thrace , qu'Etienne le géographe appelle Gonds.
GONNOCONDYLUM, ancienne ville de Grèce ,
en Macédoine , dans la Perrhebie. Tite Live , /. 39 , c. 25 ,
dit : après que les Theffaliens eurent parlé , le^ Perrhe-
biens prétendirent que Gonnocondylum , que Philippe
avoit appellée Olympiadi , avoit été de la Perrhebie ,
& qu'on la leur devoit rendre. Cela fait voir que cette
place étoit firuée aux confins de la Perrhebie ck de
la Theffalie propre; car, dans un fens plus étendu , la
Theflâlie comprenoit la Perrhebie , comme nous le difons
ailleurs. Voyez Gonnus.
GONNUS , au fingulier , ou Gonni au pluriel ,
ancienne ville de Grèce , dans la Perrhebie. Ptolomée ,
/. 3 , c. 13. &; Strabon , /. 9 , emploient le fingulier
Tsn'of : le premier la donne aux Pelagintes ; le fécond
dit. Olooffon & Elone font des villes de la Perrhebie, de
même que Gonnus. Lycophron, v. 906, écrit fimp'ement
Gonos , ck lui donne l'épithéte de Perrhœbica , qui déter-
mine à croire que c'eft la même ville. Tite-Livs , /. 36 ,
c. 10, dit au pluriel Gonni, & en marque ainfi h fruation :
Ap. Claudius , ( qui partoit du pays des Dafiaretes ) tra-
verfant la Macédoine à grandes journées , arriva à la
montagne qui eft au-ceffus de Gonni. Cette ville eft à
vingt miiles de Lariffe à l'entré du bois appelle Tempe.
Il employé , /. 42 , c. 54 , ce même nom au fingulier.
Il femble qu'il ait pris le pluriel de Po'ybe , dans les Frag-
mens duquel on lit , /. 17 , c. 23 : il arriva à Gonni qui eft
à l'entrée de Tempe. Etienne dit de même , Gonni ville
de la Perrhebie. De rifle qui , dans fa Carte de l'ancienne
Grèce , place très-bien Gonnus à l'entrée de Tempe , &
au nord du fleuve Penée , met au nord de la ville fur la
montagne , un château qu'il nomme Condytbn , cr qui
doit être le Gonnocondylum de Tite-Live. Cet'e ville
eft nommée Gonuffa , par Euftathe fur le fécond livre de
l'Iliade.
GONOESSA : c'eft l'extrémité de Pallene , félon Orté-
lius , Thefaur.
GONOS. Voyez Gonnus.
GONTEN , village de Suiffe , au canton d'Appenzel ,'
&c chef-lieu d'une des communautés intérieures & catho-
liques. * Etat & Délias de la Suiffe , t. 3 , p. 103.
GONTHEY le Plan , &
GONTHEY le Château , villages de Suiffe. Voyez
GONDES.
GONTIANA , ancienne ville de la Mauritanie Tingi-
tane , félon Ptolomée. Vovez Gemaa.
GONUS. Vovez Gonnus.
GONUSA,&;"GONUSSA, ville de Perrhebie , félon
Euftathe & Etienne le Géographe. Le Scholiafte de Lyco-
phron dit aufli : Gonus qui eft auflî nommé Gonufa ville
de la Perrhebie. C'eft la même que Gonnus.
GOODHURST , bourg d'Angleterre , dans la pro-
vince de Kent. Il a droit de tenir marché public. * Etat
prefcnt de la G. Bretagne , t. I .
GOPHNA , Gophnith , ou Gupiina , ville de la
Paleftine , 8t chef-lieu d'une des dix Toparchies de la
Judée. Jofeph , de Bello ,1. 3 , c. 4 , en compte onze , en
y comprenant Jerufalem : il joint ordinairement laTopar-
chie Gophinitique avec l'Acrabatene. Eufebe , in locis
ad vocem ibdpxyÇ |Wpa met la ville de Gopna , s. quinze
milles de Jerufalem , en allant à Sichem ou Naploufe.
Jofeph , de Bello 1. 6 , c. 1 , dit que Tite , venant à Jeru-
falem , paffa par la Samarie & par Gophna , & que Vef-
pafien ayant alTujetti la Toparchie de Gophna & l'Acra-
batene , prit Bethel & Ephrem. Pline, /. 5 , c. 14 , qui ne
compte que dix Toparchies dans la Judée , met Toparchia
Gophnidca , pour la fixiéme , & l'Acrabatene pour la
cinquième. Ptolomée, L *j , c. 16 , nomme cette ville
Gapna , & la nomme entre Emmaù's &: Archelaïs.
GOPHOA, ville del'Ethiophie fous l'Egypte, félon
Pline , l. 6 , c. 29.
GOPLO , (le lac de) petit lac de Pologne , dans la
Cujavie , & plus particulièrement dans le Palatinat de
Brzefcie. Il s'étend en long l'elpacede fix milles de Polo-
gne , du nord au fud ; mais il eft fort étroit. 11 efl près
du château de Kruswick , Se à fix milles de Brzefcie au
couchant, ck à huit de Leiuici vers le feptentrion. Voyez
K.RUSWICK. * Baudrand, éd. de 1705.
j. GOR, ancienne ville d'Afrique , de laquelle il eft
GOR
parlé dans les Œuvres de S. Auguftin , & dans celles
de S. Cyprien. Dans le concile de Carthage , on trouve
Viclor de Gor ( Victor à Gor ). peut-être de Garra ;
* Ortel. Thef.
2. GOR , petit royaume des Indes , dans les états du
Mogol à l'orient du Gange , aux confins du royaume du
grand Tibet j avec une capitale de même nom , fituée
vers la fource de la rivière de Perfelis qui tombe dans le
Gange. Le mont de Purbet ou du Nangracut le borne
au nord : le royaume de Jamba au couchant ; la province
de Siba au nord-oueft , & l'état de Raja Ribron au
midi.
3 . GOR , ville des Indes , capitale d'un petit royaume ,
qui fait partie des états du Mogol. C'eft la feule ville que
nous connoiffions dans ce royaume.
i. GORA , ville de l'Ethiopie fous l'Egypte, félon
Pline , /. 6 , c. 29. Il dit qu'elle étoit dans une ifle.
2. GORA , rivière de l'Ane mineure , félon Metaprafte
dans la Vie de S. Joanice. * Ortel. Thef.
GORALUS : fontaine de l'Arabie heuréufe , félon
Pline, 1.6. c. 28.
GORAMA , contrée d'Arabie , félon Etienne le Géo-
graphe.
GORAMENI , peuple d'Arabie , habitans du pays de
Gorama : félon le même auteur , ils vivoient fous des
tentes.
GORANTO , ancienne ville d'Afie dans la Natolie ,
fur la côte du pays de Macri , environ à dix lieues de
Patera , au levant de cette ville , & au couchant méri-
dional des ruines de la ville de Myrrhe , à l'embouchure
de la rivière d'Agazari. De l'autre côté de la rivière , il y
avoit une fortereffe fur une hauteur ; mais elle eft à prefent
ruinée. Voyez Andriaca. -l* Atlas de Vaugondy.
Les Monts de GORANTO , chaîne de montagnes
dans la Natolie , fur la côte du pays de Macri , au cou-
chant de la petite Caramanie , entre le golphe de Macri
&: celui de Satalie. Les anciens l'ont connue fous le nom
de Gragus & à'Anti-Cragus. Voyez Cragus i. La Chi-
mère de Lycie en faifoit partie. Voyez Chimera. 2.
* Atlas de Vaugondy.
GORBATA. Voyez GuRBATHA.
GORBEUS , ancien lieu de Galatie , fur la route d'An-
cyre à Cefarée par Nyffe , à vingt mille pas de la pre-
mière, félon Antonin» Itiner, Voyez CoRBEUNTOS.
GORCK , village de la baffe Hongrie , fur la rivière
de Sarwize , entre Albe-Royale &c Cinq-Églifes. C'étoit
anciennement une ville de Pannonie. Voyez GORSIO.
* Baudrand, éd. de 1705.
GORCOPA , ville des Indes , au pays de Canara , fur
la côte de Malabar , au royaume de Baticala , près des
montagnes de Gâte , à trente-cinq coffes de Baticala , fur
la même latitude. Il faut quarante de ces coffes pour un
degré. * De Cljle , Carte des côtes de Malabar.
GORCUM , Gorkum , ou Gorichem , en latin
Gorichemum , &c Gorcomium. C'eft une ville des Pays-
bas , dans la Hollande méridionale , fur la rive droite
de la Merve , & à l'embouchure de la rivière de Linge
qui la traverfe , & s'y rend dans la Merve. On croit que
fon nom vient de Gorren , qui fut donné aux premiers
habitans , à caufe de leur pauvreté & de leur maigreur.
Lorfque le comté de Teifterbant fut démembré , ce terri-
toire qui en étoit , vint aux feigneurs d'Arkel , qui devin-
rent ainfi les vaffaux des comtes de Hollande , vers l'an
1290. Voici l'opinion de plufieurs écrivains fur l'origine
de cette ville. On y ajoutera foi , fi l'on veut. Elle fut bâtie
par Jean feigneur d'Arkel , du tems que Florent IV étoit
fouverain de Hollande. Il y avoit alors , auprès d'Arkel ,
un château qui appartenoit à Jean VIII ; &£ dans le voifi-
nage étoient des pêcheurs , qui y vivoient du poiffon qu'ils
prenoient dans la Merve : on appelloit ces pauvres gens
Ghorkens , nom qui fignifie leur grande mifere. Le fei-
gneur d'Arkel ordonna aux habitans du village de Wolfort,
ou Wolfar , de détruire leurs maifons , Se de venir s'éta-
blir auprès du château dont on vient de parler , & d'y
former une efpece de ville. Ce château fut enluite changé
en une églife paroiffiale. On y apporta tous les ornemens
de celle de Volfar , ck le feigneur d'Arkel fit entourer le
nouveau bourg de murailles. Il bâtit à l'orient de .cette
nouvelle place un château fortifié, où lui & fes fuccefleurs
les feigneurs d'Arkel , faifoient leur réfidence ordinaire.
GOR
Les guerres que la république a eues à foutenir , font caufe
que cette ville eft régulièrement fortifiée. C'eft la huitième
des dix-huit qui députent aux états de la province de Hol-
lande. Du haut de la tour on voit vingt-deux villes murées,
fans compter un grand nombre de villages. Il y a tous les
jours à Gorcum un grand commerce de fromage , de
beurre Se autres vivres que l'on y embarque , pour les
porter dans les provinces voifines , & fur-tout dans les
autres villes de la Hollande. Elle eft redevable de tous
ces biens à la petite rivière de Linge ; car elle y apporte
tous les jours, & fur-tou*les lundis, quantité de grains ,
de lait , de volailles , de canards fauvages & de poiffon
de rivière, que l'on charge enfuite îur de plus grandes bar-
ques , pour les porter dans toute la Hollande , en Zéelande
& en Gueldre.
Gorkum a produit plufieurs hommes illuftres , entre
autres, Henri de Gorcum ,CHenricus de Gorrichem,)
théologien, vice-chancelier de Cologne, & grand phi-
lofophe : il vivoit en 1460 ; Guillaume EJlitis théologien
célèbre, mort à Douai ,1'an 1613 ; Franco Eflius , poète
fameux dans fon tems ; Thomas Erpenius , le plus favant
homme de fon tems pour les langues orientales : il étoit
né à Gorcum , le 1 1 . Septembre 1 ^74 , & mourut à Leyde
l'an 1624.* (a) Alting. Notit. German. infer. 2. part
p. 72. Pontan. Hift. Geld. /. 6. Blaew Theat. Urbium.
1. GORDA , ville de l'Arabie heuréufe , à 76 d. io'
de longitude , & à 24c!. 30' de latitude', félon Ptolomée ,
1.6, c. 7.
2. GORDA , autre ville de l'Arabie heuréufe , feion
le même , à 82 d. 30' de longitude ck , à 16 d. de lati-
tude.
3. GORDA , ville de Lycie. Voyez GordUM.
GORDAN-SCHAH , province du Kharifme , fituée
entre les villes de Kaïoulc ck Haffarafap , où il fe trouve
d'affez bons pâturages. Ce pays eft occupé par les Sartes.
* Hifioire générale des Huns , t. 4 , p. 467. Hijloire généalo-
gique des Tatars , p. 584.
GORDATUS Locus , lieu ainfi nommé par Conf-
tantin , ou , fi l'on aime mieux , par. Denis d'Utique , au
II. livre de l'Agriculture , c. 21. Ortélius , Thefaur.
foupçonne que ce lieu étoit en Arabie.
GORDENE , contrée de la grande Arménie ,• félon
Ptolomée,/. <j,c. ij.Lemêmepays eft appelle Gordyene
parStrabonckpar Plutarque dans la vie de Lucullus. Voyez
les articles Carduchi , Cordueni ck Gordiceus Mons. Les
habitans font auffi nommés Gordiani par Quinte-Curfe ,
/. 5.
GORDENLE. Voyez Gordynia.
GORDIjEUS Mons , montagne de la grande Armé-
nie , félon Ptolomée , /. 5 , c. 1 3 , fur laquelle Nicolas
Damafcene , cité par Jofeph , dit que l'arche de Noé
s'arrêta. En ce cas, ce feroitla même que le mont Ararath.
Voyez ce mot. Ptolomée donne au milieu de cette mon-
tagne la même latitude qu'aux fources du Tigre , favoir
39 d. 40'. Cette montagne donnoit le nom de Gordene ,
Gorduene , ck autres femblables au pays dont Pompée
fit la conquête ; car ce pays étoit aufli de la grande Armé-
nie , ck dépendoit du roi Tigrane. Strabon , '/. n , joint
les monts Gordiens avec le Taurus. Ils en font une con-
tinuation , ck même une partie. Ce que l'on vient de
rapporter du fentiment de Nicolas de Damas , qui croit
que l'arche de Noé s'y arrêta , joint à la commune opi-
nion que c'eft préfentement le mont Ararath , convient
fort à ce que nous apprenons que Noé , forti de l'arche ,
s'avança dans la Méfopotamie. D'ailleurs Ararath ne
fignifie ici que l'Arménie ; outre le témoignage d'Abidene
ck de Melon rapportés par Eufebe dans fa préparation
évangélique , /. 9 , c. 12 & 19 , le Chaldéen Berofe , cité
par Jofeph, /. 10 ,c. 11 , dit dèsfilsdeSennacherib , meur-
triers de leur père , qu'ils fe réfugièrent en Arménie , au
lieu de quoi Ifaïe , c. 37 , dit : dans la terre d'Ararath.
Les Septante difent comme Berofe : clans l'Arménie.
Berofe , cité par Jofeph , Antiq. L 1 , c. 4 , parlant du
déluge , ck du petit nombre d'hommes fauves clans l'ar-
che , pourfuit ainfi : On dit qu'il refte encore quelque
chofe de ce vaiffeau en Arménie à la montagne des Cor-
duéniens. La paraphrafe çhaldaïque rend le mont d'Ara-
rath , nommé dans la Genefe , c. 8 , v. 4 , par Montes
Kardu. S. Epiphane , Htzref. 18 , dit : on montre
encore les reftes de l'arche de Noé dans la contrée des
GOR
GOR
Corduéniens ; & l'Arabe Elmacin , dans fon Hiftoire des
Sarazins , l. l , c. I , dit d'Heraclius : il monta fur le
mont Goreus , & vit le lieu de l'arche. Voyez Gor-
DY.EA.
GORDIANA Regio , contrée d'Afie , auprès de la
Galatie : la ville de Gratianopolis en étoit , félon Méta-
phrafte , dans la Vie de S. Théodore abbé. Voyez Gra-
tianoplis. i. * Orttl. Thef.
GORDIANI Sepulchrum , lieu où fat enterré l'em-
pereur Gordien : il étoit aux confins de l'empire Romain ,
& de celui des Perfes ; mais les- auteurs ne convien-
nent pas bien précifément fur fa véritable poiition.
? Ortel. Thef.
GORDIANORUM Villa , la maifon de campagne
des Gordiens , en Italie , fur le chemin de Rome à Pré-
nefte , félon Julius Capitolinus. * Ortel. Thef.
GORDIEN , ville d'Afie, dans la Phrygie : Orofe,
L 3 , c. 16, parlant d'Alexandre leGrand , dit : il affiégea
& prit Gordien , ville de Phrygie , que Von appelle pré-
fentement S ARDlS. Arrien, Xenophon , & les hiftoriens
d'Alexandre le Grand font mention de Gordium , r0,.<J\0?
ville de Phrygie, fur le fleuve Sangar; & ce fut-là que
ce roi vint à bout du nœud gordien en le coupant. Juf-
tin la met entre la grande & la petite Phrygie ; mais
pas un géographe , ni aucun auteur eftimé , n'a dit qu'elle
ait été appellée Sardis. Cela fait croire à Ortélius que
ces mots , qua nunc Sardis voeatur , font une faillie
note qui a parle de la marge dans le texte. Il y a bien
une ville de Sardes , mais qui n'a rien de commun avec
Gordium. Cette ville de Phrygie eft nommée Gordicium ,
par Etienne le géographe.
GORDII Murus Totfk iSyjt ville de la Médie,
félon Etienne le géographe. Voyez Juliopolis. i.
i. GORDISCH , petite province du Kharizme , fituée
•entre le pays de Pischga &c celui deKumkant , très-fertile
à caufe de l'Amù. C'eft dans ce pays que le bras fep-
tentrional de ce fleuve a quitté fon canal qui paflbh: à
Urgens pour aller fe joindre à la rivière de Kéfel * Hift.
généalogique des Tatars , p. 5 64.
2. GORDISCH, province particulière de la grande Bou-
charie , vers les frontières du pays de Charafme , à l'oueft
de la province de Bouchara. C'eft une des provinces les
plus agréables , les plus fertiles & les plus peuplées de
la grande Boucharie. * Hiftoire généalogique des Tatars ,
p. 800.
GORDITANUM PROMONTORiuM,cap de Saf-
daigne , félon Pline , /. 3 , c. 7 ; &c Ptolomée , /. 3 , c. 3 ,
fur la côte occidentale de l'ifle : c'eft préientement, félon
le P. Hardouin , Capo di Monte- Falcone , Capo di
Argentera.
GORDIU-COME. Voyez Juliopolis i.
GORDIEIUM , & GORDIUM. Voyez Gor-
dien.
GORDOLOMA. Voyez Gordum.
GORDONA , lieu de Suifle , au pays des Grifons ,
dans le comté de Chiavene. C'eft le chef- lieu d'une
communauté. * Etat & Délices de la Suiffe , t. 4 ,
P.- J54-
GORDO-SERVORUM,ville épiscopale de lafeconde
Bithynie. Stephanus , fon évêque , affilia au concile de
Conftantinople , tenu l'an 870. * Harduin. Collecl. conc.
GORDUM , ville ancienne d'Afie. Elle étoit épisco-
pale. Socrate, /. 14, la met dans la Lydie, & Califte
dans la Lycie. Ce dernier dit que Jean, fon évêque, fut
envoyé dans la Proconnese. Yves de Chartres dans fa
dernière Lettre , citant ce paflage , change le nom de
Gordum , en Gordoloma , & celui de Proconnefe en
Prochonixum ; ce qui eft une faute. A l'égard du doute ,
ii cette ville étoit dans la Lydie où dans la Lycie , il
eft levé par les Notices épiscopales de Léon le Sage &
d'Hierodès ; la première met dans la Lydie Gordomm
au génitif, & la féconde Gordos. Le nominatif étoit Gor-
di. On trouve pourtant Gorda , ville de Lydie , nom-
mée dans le Droit oriental. C'eft la même ville, &
la même auflî apparemment que la Juflimanopolis
Gordi , nommée dans le fixiéme concile de Conftan-
tinople.
GORDUNI , ancien peuple de la Gaule Belgique ,
dans la dépendance des Nerviens. Comme Jules-Cefar ,
l. •) , c. 38, eft le feul qui l'ait nommée, & qu'il ne dit
rien qui puifîe faire conjecturer fa fituation , on ne fait
iy
préfentement quel pays il eccupoit ; &C tout ce que le*
modernes en ont dit , eft fans aucun fondement.
GORDIjEA , contrée & ville de la Perlé , . auprès
de la fortie du Tigre , félon Etienne le géographe ; ce
qu'il faut entendre, non de l'on embouchure dans la mer,
mais de fa fource. Elle ptenoit fans doute ce nom du
mont Gordizus; mais Etienne à fon ordinaire en attri-,
bue l'origine à Gordye , fils de Triptolème , qui vint'
d'Argos en Syrie pour chercher lo. Il ajoute que la
ville de Gordiée étoit près de la fource du Tigre , au
lieu des monts Gordiens entre lesquels & le Tigré étoit
l'armée d'Alexandre , félon Quinte-Curce , 1. 4. Modius
MoïtCordacos montes; &C Amen , /. 3 , dit Sogdianos.
C'eft une faute des deux parts : les Sogdiens font bien
foin de là ; èc qui que ce foit n'a jamais fait mention
des Cordaci montes. C'eft une chimère qui ne fe trouve
point ailleurs.
GORDYANI. Voyez Gordene.
GORDYNESIA , ville de la grande Arménie , félon
Ptolomée , /. 5 , c. 13.
GORDYNIA, ville de Grèce, dans* la Macédoine ,
félon Etienne le géographe. Ptolomée , /. 3 , c. 13 , la
nomme GORDENIA, rof^'ivm ôc la met dans l'E-
mathie.
GORÉE. (l'ifle de) Voyez Goerée.
GOREIRO , ifle du golphe de Vemfe , 'entre l'Iftrie
& la Dalmatie, félon l'Itinéraire d'Antonih.
GORG , fontaine de Suifle , au pays des Grifons ,
dans le village de Flims , fur la gauche du Rhein. Elle
coule continuellement , ck fait , dès fon commencement,
tourner un moulin. Les eaux de cette fource & de
celles qui font aux environs, font extrêmement froides;
& on y diftingue divers degrés de bonté & de falubrité ,
quoiqu'il ne fe trouve pas la moindre différence dans
leurs poids. Comme les cheveux des habitans du lieu
deviennent blancs de très-bonne heure, & qu'ils deviennent
chauves plutôt que les autres hommes , quoiqu'ils fe
portent très-bien d'ailleurs , on en attribue la caufe à l'u-
fage qu'ils font de ces eaux. * Etat & délices de la Suif-
fe , t. 4, p. 19, &ftuv.
GORGA , ville des Eutalites, aux frontières de Perfe,
vers le nord , félon Procope , cité par Ortélius .
Thefaur.
GORGADES , ifles de l'Océan Atlantique , félon
Pline. Voyez Gorgones.
GORG1ER, Baronie de Suifle, dans la fouveraineté
de Neuf-Chatel & de Vallengin. * Etat & Délices de la.
Suife, t. 3, p. 237.
GORGIPPI A , ropyiW/* ville de l'Inde , félon Etienne
le géographe. Ortélius , Thefaur. a «ifon de dire que
c'eft la même que Gorgippe que le même Etienne met
dans la Scythie , &c qu'elle n'eft point diférente de Gor-
gippia que Strabon met dans la Sarmatie Afiatique , près
du Pont-Euxin. Ainfi le mot à' Inde en cet endroit ne
fe doit pas prendre de l'Inde proprement due , mais
d'un lieu nommé Indica, vers le Pont-Euxin.
GORGIUM, Tt>iy,ov lieu de la Sicile, lèlon Diodiore
de Sicile , /. 20.
GORGODYLENA, lieu d'Arménie, près du mont
Niphate, félon Srabon, /. 11 , c. 527.
GORGON, & GORGONA. Voyez Urgo.
1. GORGONE, (la) petite ifle d'Italie, dansja
mer de Tofcane , près de l'ifle de Capraia, entre la côte
du Pifan au levant , &: l'ifle de Corfe au couchant. Mi-
chelot , dans fon Portulan de la Méditerranée , p. 99 , la
nomme l'ifle Gourgonc , <k dit qu'elle eft environ
trente milles à l'oueft quart de (ud-oueft du mole de Li-
vourne : c'eft , dit-il , une'grofle ifle fort haute ; elle
paroît presque ronde : il y a quelques maifons de pê-
cheurs , & on la peut ranger de toutes parts. Baudrand ,
éd. de 170J , qui l'a vue plufieurs fois, dit : fon circuit
n'eft que de dix milles ; elle eft toute remplie de mon-
tagnes , avec un feul village & un château. Elle étoit
dépendante de l'état de Pile , &: par cette raifon elle eft
au duc de Tofcane. On prétend qu'il y a eu autrefois un
grand monaftere , mais il n'en refte plus aucun veftige.
Voyez Urgo, qui eft l'ancien nom.
2. GORGONE , (la) petite ifle de la mer du fud,
fous le 3e d. de latitude feptentrionale , à cinq lieues du
continent , &£ à l'embouchure de la rivière nommée
auffi la Gorgone, à trente-huit lieues de Capo Conientes,
m
GOK
GOR
nord quart au nord-eft , Se fud quart au fud-oueft : c'eft
ainfi qu'il en eft parlé 'dans le Supplément au Voyage de
Vodes Rogers, p. *3- Dampier, Voyage , t. i , c.j ,
p. 2.z%, la nomme Gorgcnia, Se la décrit ainfi. Nous
arrivâmes à Gorgonia , qui eft à vingt-cinq lieues de
Gallo. Nous mouillâmes à l'occident de l'ifle, à trente-
huit braffes d'eau , fur un fond clair , Se à la longueur
de deux cables de terre. Cette ifle eft au 3 e d. de latitude
feptentrionale. Elle eft déiérte. On la découvre d'affez
loin , à caufe de deux collines dont le Commet reffemble
à deux (elles. Elle a environ deux lieues de long Se une
de large, Se eft à quatre de la terre ferme. A l'occident
il y a une autre petite ifle. Le pays près du lieu où l'on
mouille, eft bas : il y a une petite baye fablonneufe, Se
bonne à faire defeente : laterre eft noire & profonde dans
ce bas ; mais dans le haut c'eft une efpece de glaife rouge.
Cette ifle eft très-bien pourvue de toutes fortes d'arbres ,
qui font toute l'année verds Se fleuris : elle eft fort bien
arrofée de petits ruiffeaux qui fortent des hauteurs : il
y a grande quantité de petits linges noirs , ^quelques la-
pins des Indes , & peu de couleuvres. La côte eft extrê-
mement humide ; il y pleut beaucoup , Se les beaux
jours y font rares. On appelle la faijbn fiche celle où
les pluies font moins fréquentes ; car dans la pluvieufe ,
elle y tombe comme fi on la jettoit par un crible. Il y
a beaucoup d'eau ; & l'on ne peut ancrer autour de l'ifle,
qu'à ce (eul-endroit , vers l'occident. La marée hauffe Se
baiffe fept à huit pieds. On y trouve ? quand l'eau eft
baffe , quantité de moules Se autres coquillages. C'eft
en ce tems que les linges viennent les prendre fur le ri-
vage , & favent fort bien les ouvrir avec leurs pâtes.- On
y trouve auffi des huitres qui ont des perles.
3. GORGONE, (la) rivière de l'Amérique méri-
dionale , fur la côte de terre ferme. Elle a fa fource aux
montagnes du Popayan , Se fon embouchure dans la mer
du md , vis-à-vis dé l'ifle de Gorgone , à trente - cinq
lieues de la pointe des Mangles nord-eft Se fud-oueft. Il
croît fur fes bords quantité d'arbres bons pour faire des mâts
ou des vergues , Se au fud-eft il y a un excellent port &C
une très-bonne aiguade. Il faut mouiller près du rivage,
& y amarrer votre vaiffeau avec un cable. De ce port à
Rio de los Piles , il y a trente lieues nord-eft Se fud-oueft.
*Woodes Rogers, Voyages, Supplément, p. 23.
1. GORGONES ou Gorgades ou Gorgonum
INSULjE , c'eft-à-dire les ijles des Gorgones ; Pomponius
Mêla , /. 3 , c. 9 , dit : les ifles Gorgades , où autrefois
les Gorgones habitoient à ce que l'on raconte. Pline, /. 6 ,
c. 3 1 , ayant parlé du cap qu'il nomme Hefperium Ke-
ras, dit : vis-à-vis de ce promontoire font, dit-on , les
ifles Gorgades où demeuraient autrefois les Gorgones,
à deux journées de navigation du continent , comme
le rapporte Xénophon de Lampfaque. Hannon , géné-
ral des Carthaginois, y aborda , & dit y avoir trouvé des
femmes dont les corps étoient velus , Se qui par leur
grande vîteffe échappoient aux hommes ; que pour
preuve de fa relation , il porta avec lui deux peaux de
Gorgones , qu'il dépofa dans le temple de Junon , où
elles relièrent jusqu'à la prife de Cai-thage. Pline con-
vient qu'il y avoit beaucoup de fables dans ces relations.
Il rapporte cependant encore l'opinion de Statius Sebo-
fùs , qui difoit que des ifles des Gorgones , en côtoyant
le long du mont Atlas , on arrivoit en quarante jours
aux ifles Hefpérides , Se de ces mêmes ifles, (ai iis,)
au promontoire Hefpérien en un~jour. On ne doute
point que les Hefpérides ne foient les Canaries. Il n'eft
queftion ici que des ifles des Gorgones. Si nous avions
la véritable relation de Hannon , que Mêla Se Pline ont
vue , peut-être en pourriores-nous tirer quelque éclaircif-
fement ; mais le Périple de Hannon qui nous refte , eft
un ouvrage très- différent, Se de la composition de quel-
que Grec impofteur, comme je le prouve ailleurs, ainfi
tout y eft renverfé. Il faut donc avoir recours à ce que
Pline en a extrait. Il met les ifles des Gorgones à qua-
rante jours de navigation aux Canaries , il n'eft pas im-
poflible que des barques qui n'alloient que terre à terre,
ayent mis ce tems-Ià pour arriver aux ifles du Cap-Verd ,
où l'on arrive à préfent en cinq ou fix jours par le moyen
de la bouffole , en prenant le large , & profitant du bon
vent. De l'ifle eft du même fent'iment que Mercator ,
& croit que les ifles des Gorgones font préfentementjes
ifles du Cap-Vcrd ; Se je ne fais comment le P. rïar-
douiri , ih. Plin. a pu s'imaginer que ce devoir être l'ifle
SArguijit, fur l'autorité de" Mariana , Hift. Hifp. 1. 1,
c. l'a ; car il ne s'agit pas d'une feule ifle ; ce doit être
un amas d'ifles. Suidas Se le Scholiafte d'Apollonius ert
nomment une Sarpedonia. D'ailleurs l'ifle d'Arguin étoit-
elle affez importante , pour avoir été remarquée dans
une navigation pareille ? eft-elle à-deux journées de na-
vigation du continent ?
2. GORGONES , peuple de la .côte d'Afrique , fur
l'océan Atlantique. Myrina, reine des Amazones, leur
fit la guerre, félon Diodore de Sicile, /. 3.
GÔRGONILLA, petite ifle de la mer du fud, fur la
côte de terre ferme , entre l'ifle de Gallo Se le cap de
Mangles. Il y a uneriviere où l'on peut faire de l'eau , Se
mouiller fur le fond net. * Woodes Rogers , Supplem.
p. 14.
GORGONZOLA , bourg d'Italie , dans le Milanez,
fur le canal deMartefana, à quatre lieues de Milan, vers
l'orient feptentrional. * Baud. éd. de 1705.
GORGOPIS , marais auprès de Corinthe. On le nom-
mqit auffi Eschatiotis.
GORGORA , lieu d'Ethiopie , en Abiffinie , au
royaume de Dembée. L'empereur d'Abiffinie y" faifoit
fon féjour ordinaire au commencement du fiécle paffé;
-Se les Jéfuites y avoient une de leurs réfîdences. Mais
1 empereur quitta ce lieu , Se transporta fa cour Se la ville
à Dancafe , puis à Gondar où elle a été depuis. * Lu-
dolf. Hift. .Ethiop. 1. 2, c. 13 ; & 1. 3 , c. 11.
GORGOS , rivière d'Affyrie. Elle fe décharge dans
le Tigre , félon Ptolomée , /. 6, ci.
_ GORGOTOQUES, (les) peuple de l'Amérique mé-
ridionale , au Pérou , dans le voifinage de Santa-Cruz de
la Sierra. Ils ont une ville nommée auffi Gorgotoque ,
avec plufieurs villages & hameaux. Ces peuples font
doux , fimples Se traitables ; font grand cas de l'amitié
qu'ils ont foin d'entretenir , Se ne fe mettent jamais en
colère , quelque injure qu'on leur ïifit. Si on leur en-
levé quelque choie , fût-ce leur propre femme , ils pardon-
nent aifément , pourvu qu'on la rende. Ils ont la mé-
moire fort heureufe j particulièrement les enfans. Ils ont
une langue particulière, qui eft fort ufitée aux environs
de Santa-Cruz. * Corn. Dift. Daviij, Amer.
GORGYIA , lieu de l'ifle de Samos, dans l'Archipel j
félon Etienne le géographe.
■ GORI , petite ville d'Ane , en Géorgie, dans une
plaine entre deux montagnes , fur le bord du fleuve Kur ,
au bas d'une éminence , où il y a une forterefle gardée
par des Perfans naturels. C'eft une des quatre villes de
la province de Carthuel. Elle fut bâtie vers le commence»
ment du fiécle paffé , par Ruftan Can , général de l'ar-
mée Perfienne. Un Auguftin miffionnaire qui étoit alors à
Gori , en fit le plan. Cette forterefle n'eft pas de grande
défenfe : fa principale force vient de fa fituation : fa
garnifon eft de cent hommes. La ville qui eft au bas , eft
petite ; les maifons Se les bazars font de terre : elle n'eft ha-
bitée que par des marchands affez riches. On y trouve
abondamment Se à bon marché tout ce qui eft nécefîaire
à la vie. On dérive le nom de Gori , d'un terme qui
lignifie cochon , parce qu'il y eft abondant Se excellent.
Chardin , Voyage , t. 2 , p. 126.
GORI AN , Gorianum. Abbaye de filles en France, de
l'ordre de S. Benoît , dans le Languedoc, au diocèlé , Se à
trois lieues au midi de Lodeve , proche la ville de Cler-
mont ; elle fut fondée l'an 1 3 50 , par Anglez , feigneur
de Lorieres.
GORICE , ville d'Allemagne , dans le comté de même
nom , entre le Frioul , la haute Se la baffe Carniole ; au
cercle d'Autriche , ûir la Lifonzo. Les Allemands écri-
vent Gorii Se prononcent Gœurt^. Elle eft féparée en
haute Se baffe. La baffe ville eft grande , mais ouverte ,
Se a un collège de Jéfuites , un couvent de Francifcains ,
un de Capucins , Se d'affez belles maifons où demeurent
le bailli Se une partie de la nobleffe du pays. La maifon
des états du pays n'eft pas grande ; mais elle eft bien
bâtie. La ville haute eft appellée la forterefle , Se on y
fait bonne garde. C'eft-là que finit l'uiàge de la langue el-
clavone , Se on y parle un fort mauvais jargon , qui tire
ifur le françois Se fur l'italien , maif que les Italiens ont
peine à entendre. Dans les tribunaux on fe fert de l'alle-
mand ; Se les décrets du ibuverain y font publiés en
cettte langue , quoiqu'à la referve des nobles Se des
perfonnes
COR
GOR
ferfonnes de diftinftion , il y ait peu de gens qui la fâ-
chent. Car la langue efclavone avec la maternelle , 'qui
eft un jargon , eft plus commune ; les appellations font
portées à Gratz en- Stirie , & à la régence d'Autriche.
* Zeylcr , province Auftriac. Topogr. p. 118.
Le comté de Gorice eft un beau & bon pays : il a
d'excellens vignobles , quoique le chemin depuis la
capitale , jufqu à Laybach foit fort pierreux. Durant la
guerre de Venife , qui commença en 1507 , la vieille
ville ou la haute avec le château , tut prife par les Véni-
tiens qui la fortifièrent; mais l'empereur Maximilien I la
reprit deux ans après. Durant la guerre du Frioul en
1616 , les Vénitiens attaquèrent la ville de Gort^; mais
ce fut inutilement. Le comté de Gorice eft borné au
nord par la haute Carniole , à l'orient par la baffe Car-
niole, & les Alpes le féparentdu Frioul. Il avoit autrefois
fes comtes particuliers , dont la branche s'éteignit ; &C
l'empereur Frédéric IV s'en faifït en 1473 : ainli il ap-
partient à la maifon impériale. Quoiqu'il faffe un état
féparé , il eft regardé comme partie de la Carniole.
Les Vénitiens , dit Amelot de la Houffaye , Hifloirc
du gouvernement de Venife ,p.A<j<) , ayant perdu Candie ,
voulurent engager l'empereur a leur vendre Gorifque ,
Gradifque , Triefte , &c. pour réparer les pertes qu'ils
venoient de faire dans le Levant ; mais cette proposition
ne fut point écoutée. Les principaux lieux de ce comté,
font ,
Gorice , Gradifca ,
& Gemund.
Baudrand y met Idria qui n'en eft pas , mais de la haute
Carniole.
Lorfque le patriarchat d'Âquilée a été fupprimé en
1751, on a établi un archevêché à Gorice, pour les
pays dépendans de la maifon d'Autriche , qui relevoient
auparavant d'Aquilée , comme l'a été Udine pour ce
qui relevé de la république de Venife.
GORIDORGIS , ancienne ville de la Germanie , fé-
lon Ptolomée , qui la place vers le Danube. Elle étoit
quelque part vers le pays où eft aujourd'hui la Moravie.
GORILLARUM Insula. Le Périple de Hannon, tel
que nous l'avons préfentement dans la colleélion d'Oxford
ck ailleurs , nomme Gorilles les femmes velues &C fauva-
ges, que Pline appelle Gorgones. Il en fait un peuple
entier , où il y avoit beaucoup plus de femmes que
d'hommes, & les met dans une ifk à laquelle il donne
une fituarion différente de celles des ifles des Gorgones,
marquées par Pline. Du refte il en dit les mêmes cho-
fesquele Hannon de Pline , & y applique l'avanture des
deux femmes tuées & écorchées , & dont les peaux fu-
rent tranlportées à Carthage. Ifaac Voflius qui faifoit
plus de cas du Périple de Hannon , que nous avons , que
ce morceau ne mérite , n'a pas pris garde que c'eft un
écrit fuppofé comme je le prouve invinciblement ailleurs.
Trompé par ce préjugé , il voudrait réformer Mêla fur
le témoignage du faux Hannon. II ajoute fur l'autorité
de ce Grec prétendu Carthaginois , qu'il a mis l'ifle où
étaient les Gorgides ou Gorgones , à trois lieues de na-
vigation , au-delà de Theon Ochema , riew/'o^nu», qui
de fon propre aveu eft aujourd'hui Sierra-Liona ci par
conféquent , félon lui & le faux Hannon , il faut cher-
cher l'ifle des Gorgides ou Gorgones , fur la côte de
Guinée, trois journées au-delà de la Sierra-Liona. Ce-
pendant il ajoute que par l'ifle des Gorgones , dont
parle Mêla , il faut entendre l'ifle de Cerne , dans la-
quelle Palephate , Diodore &C autres fabuliftes difent
qu'habitoient les Gorgones , confondant , ajoûte-t-il ,
cette ifle avec la véritable ifle des Gorgones qui étoit
bien plus loin , comme on peut le conclure de la rela-
tion même de Hannon. Cette Cerne , félon Voflius ,
doit-être l'ifle cYArguin. Voilà bien de l'érudition inu-
tile , pour trouver dans un auteur une faute qui n'y eft
pas. Mêla , /. 3 , c. 8 , ne parle point d'une ifle feule ,
mais de plufieuts ifles ; Infula Gorgades domus , ut aiunt ,
aliquando Gprgonum. Pline de même dit qu'il y avoit
plufieurs ifle« , &c il n'eft point queftion de l'ifle Cerne
en cet endroit. L'autorité de Hannon fernit grande , fi
nous l'avions. Pline a pu voir fon Périple , & il le cite.
Mais ce que nous avons n'eft pas la même chofe : il n'y
eft point parlé des Gorgades , ni des Gorgones , mais
des Gorilles ; il eft vrai que Vbffius pour y trouver fon
ïT3
compte , change les Gorilles en Gorgides ; Dieu fait lur
quel fondement ! L'autorité de Palephate & des autres
Grecs fabuliftes ne fait pas une preuve en matière de géo-
graphie. Ils bâtiflbient fur les fiftions des poètes ; & l'exac-
titude des lieux eft ce dont ils s'embarrafïbient le moins.
GORK.UV1. Voyez Gorgum.
GORLITZ , Gorlhium , ( a ) ville d'Allemagne , dans
la haute Lulace , lur la Neiffe : Lupacius dan, fon Ca-
lendrier hiftonque, au 13 de Février, dit qu'ancienne-
ment cette ville s'appelloit Drcwnow , à caufe de la
quantité de bois , qu'enfuite on l'appella en lan^e bohé-
mienne Horzelecz & Zhorzelecz , qui fignine un
lieu que le feu a ravagé. Joachim Cureus écrit /dais fa
Chronique de Siléfie , que la ville de Gorlitz , déjà fa-
meuiè du tems de Boleflas III, duc de Pologne, après
avoir été fouvent faccagée , fut bdtie & fortifiée par So-
bieflas , duc de Bohême , qui avoit conquis une bonne
partie de la Lufàce. Dreffer eft de même fentirnent , &
dit que cela arriva l'an 1 13 1 , & que dans ce tems-là le
marché de Gorlitz , & celui de Neiffe furent unis. Cette
ville changea enfuite plufieurs fois de maître. Boreck dans
fa Chronique dé Bohême , première partie , vers la fin
dit que Jean roi de Bohême prit , deux fois Gorlitz ; la
première , après la mort de Waldemar , margrave de
Brandebourg ; & la féconde , fur Frédéric , marjrave de
Mifnie, à qui Gorlitz étoit engagée , parce qu'il lui avoit
renvoyé (à fille Judith. Avant ce tems-là , Louis IV , em-
pereur , avoit donné cette ville comme un fief de l'em-
pire au roi Jean , après la mort du même Waldemar,
margrave de Brandebourg ; on trouve auffi qu'Henri ,
duc de Siléfie, pofféda Gorlitz, jufqu'à l'an 1 3x9 , ck qu'a-
lorson lui donnaZittau; mais Gorlitz revintà la Bohènîé,
l'an 1351; l'empereur Charles IV , roi de Bohême , la
donna à Jean fon frère , de qui elle paffa à Joffe , mar-
grave de Moravie , ck retourna encore à la Bohême. Elle
appartient maintenant à l'électeur de Saxe avec toute la
Luface , depuis l'an 163"; , l'an 151^ ck M 16; elle em-
braffa la confeffioa d' Augsbourg. Cette ville eft affez
grande, Se a été fujette à beaucoup d'incendies, que Ton
trouve rapportés dans l'Hiftoire que Zeyler en a publiée
à la fin de fon article de Gorlitz. ( •> ) Vers le commen-
cement de ce fiécle , un nouvel embralément l'a fort en-
dommagée. L'églife qui étoit parfaitement belle , y a éïé
prefque détruite , cependant on atout réparé. Lefaint Sé-
pulcre, qui eft hors la ville , ck bâti lur le modèle de
celui de la Terre-Sainte , tel qu'il étoit il y a prè; de
deux fiécles , eft un morceau curieux. Il y a auffi dans
cette ville un beau collège. La grande églife (c) , au-
trefois fous l'invocation de S. Piètre , a une fort belle
tour , ck une grande chapelle fouterreine taillée dans le
roc. * ( a ") Zcyler , Saxon. Super. Topogr. p. 89 ; ( •> )
Hubner, Geogr. p. 594 ; ( c ) Wagenfeil ^Synopf. Geogr.
p. 311.
GORMANUM , ville des Jazyges Metanaftes , félon
Ptolomée , /. 3 , c. 7 ; il la nomme , /. 8 , Eur. Tab. a ,
Bormanum. Il dit en ce dernier endroit que le plus
grand jour y eft de feize heures.
GORM AZ , bourg d'Efpagne , dans la vieille Caftille ,
fur le Duero , à deux lieues au-deffous de Borgo d'Ofma,
On le nomme plus fouvent Sz.nt-Efievan de Gormas , Sj
il donne le nom à une très-illuftre famille d'Efpagne.
* Baudrand , édit. de 1705.
GORNACUM , nom latin de Gournay. Voyez ce
mot.
GORNEAS CASTELLUM, fortereffe d'Afie, aux
confins de l'Arménie ck de l'Ibérie , félon Tacite , Annal.
Lu, e. 4S\
GORNO , village d'Afie , à l'endroit où le Tigre &C
l'Euphrate mêlent leurs eaux. On y voit trois châteaux ;
l'un fur la pointe , où les deux rivières fe viennent joindre ,
qui eft le plus fort des trois ; le fécond eft du côté de
la Chaldée , ck le troifieme du côté de f Arabie. Quoi-
que la douane fe paye là fort exaftement, cependant
on n'y fouille pas les perfonnes. Les marées montent juf-
qu'à cet endroit: il ,n'y a plus que quinze lieues de-là à
Balfora , que l'on fait en fept heures quand on a pour
foi le vent & la marée. La fortereffe de Gorno efï
très-bonne ck bien garnie de canon. * Tavernier , voyage
de Perfe, /. z, c. 8,
GORO, (porto di) port d'Italie , dans le golfe
de Venife , à l'une des embouchures du Pô d'Ariano
Tome III. X
15*4 GOR
dans le Ferrarois : il n'eft féparé de la branche la plus
Septentrionale du Pô que par un petit golfe , nommé
la. Sacta. dï Goro , du nom d'une tour voifine. Voyez
CARBONARIA. * Baudrand , é&t. de 1705.
GOROiMA. Davity, Etats du grand Negus , p. 489,
dit que le vingt - troifiéme royaume de l'Abimnie eft.
celui de Goroma , qui eft des plus grands, Se prefque tout
entouré du Nil en forme d'ifle. Il contient vingt contrées.
Mais Davity, &£ Ton continuateur Ranchin , ont fouvent
travaillé fur de mauvais mémoires. Corneille , Dicl. dit
à peu près la même chofe, Se cite Maty : il s'eft trompé,
Maty n'en parle point. Il y a bien de l'apparence que
ceux de qui ils ont emprunté ce prétendu royaume de
Goroma , ont voulu parler du royaume de Gojame ,
qui eft près des fources du Nil. Voyez GOJAME.
GOROPIS. Voyez Eschatiotis : c'eft le même
marais.
GORRA , ville des Indes , au pays des Bubloïtes.
Le fixieme empereur Mogol après Tamerlan , s'en ren-
dit maître. Je crois que c eft la même chofe que Gor.
Voyez ce mot.
GORROCHEPOUR, félon De l'Me, Cartt des In-
des , ville d'Afie , dans Flndouftan , fur la rivière de
Gadet , au royaume de Jefuat , à l'extrémité orientale
des états duMogol, & aux confins du royaume d'Afem,
ou d'Acham : on l'appelle aufli Rajapour. Thevenot,
c. 38, p. 183 , en fon Voyage des Indes , écrhRagea-
pour. Il ne faut pas pour cela la confondre avec une
autre ville nommée aufli Rajapour , Sr. Broudra qui
eft à préfent ruinée , Se de laquelle une autre ville , à
trois quarts de lieues de celle-là , a pris le nom de Brou-
dra ; celle-ci eft dans le royaume de Guzarate; Se celle
dont il s'agit dans cet article , eft dans le Bécar , dont
le Jefuat fait partie.
GORSIO, félon Ortélius, ou Herculis Gursio,
ou GoRSIUS SIVE HERCULES , ancien lieu de la Pan-
nonie , entre Sopianœ & Acïncum , entre Vallh Cari-
niana & Infulones ; à trente milles de cette vallée , Se
à trente-cinq milles de l'autre lieu , félon Antonin , Itiner.
Lazius croit que c'eft Gorke , fur la rivière ee Sarwirra
en Hongrie.
GOKTUJE , peuple de l'Eubée , qui fe trouvoit en
Afie à la fuite de l'armée de Darius , félon Quinte-
Curfe , /. a.
GORTYNE , ancienne ville de l'ifle de Crète , au
milieu de terres , felori Ptolomée. Voici ce qu'en dit
De Tournefon , /. 1 , p. 13 & fuiv. Il en a vifité les
ruines , & en a fait l'hiftoire Sr. la description. L'origine
de Gortyne eft aufli obfcure que celle de la plupart des
autres villes. Que nous importe qu'elle ait eu pour fon-
dateur Gortyn , fils de Rhadamante ou de Taurus , ce-
lui-là même qui enleva Europe fur les côtes de Phéni-
Cte. Il eft certain qu'après la décadence de CnofTe, que
les Romains affectèrent d'abaiiTer , (a) Gortyne devint
la plus puifTante ville de Crète : (b) elle avoit même par-
tagé l'empire de cette ifle avant que les Romains s'en
fuflent emparés. Annibal s'y crut en fureté contre ces
ces mêmes Romains , après la défaite d'Antiochus. (c)
Les grandes richeffes que ce fameux Africain y porta ,
lui fiisciterent bien des ennemis ; mais il fe mit à cou-
vert de leurs infultes, en feignant de mettre fes tréfors
en dépôt dans le temple de Diane , où il fit porter
quelques vafes remplis de plomb. Quelque tems après
il repafTa en Afie avec fon or , caché dans les ftatues
des divinités qu'il vénéroit. (a) Cedrin. Compend. Hift.
(!>) Strab. 1. 10. Q Juftin. 1. 31 , c. 4.^
Les ruines de Gortyne ne font qu'à fix milles du
mont Ida, au pied des collines, à l'entrée de la plaine
delaMeffaria , laquelle eft proprement le grenier de l'ifle.
Ces ruines montrent quelle a été la magnificence de.
la ville ; mais on ne fauroit les regarder fans peine :
on. laboure, on feme , on fait paître des moutons au
milieu d'une prodigieulè quantité de marbre , de jafpe ,
ckde granit, travaillés avec beaucoup de foin. La prin-
cipale chofe que l'on découvre dans ces ruines, eft le'
refle d'une des portes de la ville ; quoiqu'on en ait dé-
taché les plus belles pierres ; il paroit encore qu'elle
étoit d'un beau ceintre : les murailles qui tiennent à cette
porte , font peut-être des reftes de celles que Ptolomée
Philopator, roi d'Egypte, avoit fait élever ;„la maçon-
en eft fort épaiffe, Si revêtue de briques. Suivant les
GO&
apparences , ce quartier étoit un des plus beaux de là
ville; nous y découvrîmes deux colomnes de granit,
de dix-huit pieds de long ; on voit encore afTez près de-
là plufieurs piedeftaux , efpacés également deux à deux
fur la même ligne , pour foutenr les colomnes du fron-
tispice de quelque temple ; on ne. découvre de tous
côtés que chapiteaux & architraves : peut-être que ce font
des débris de ce temple de Diane dont on vient de
parler, ou de celui de Jupiter, à qui Ménelaiis facrifîa
après qu'il eut appris l'enlèvement de fa femme Hélène „,
comme le rapporte Ptolomée Ephêftion , dont Phocius ,
Biblioth. 1. 5 , nous a confervé quelques extraits. Le
temple d'Apollon , dont Etienne le géographe fait
mention , étoit au milieu de la ville , & par conféquent
éloigné de l'endroit que nous décrivons : parmi ces co-
lomnes, il s'en trouve d'une grande beauté , cilindriques
& cannelées en fpirale : les plus greffes n'ont que deux
pieds quatre pouces de diamètre. Les Turcs ont enlevé
les plus belles ; il y a un village à deux portées de
moufquet de ces mafures , dont les portes des jardins
font à deux colomnes antiques , au travers desquelles on
met une claie de bois pour les fermer.
Ce village dont on vient de parler s'appelloit Alone ;.
il fut nommé le village des Dix-Saints , depuis que dix
illùftres chrétiens , natifs de l'ifle , y eurent fouffert le
martyre durant la perfécution de l'empereur Déce : ils
fe nommoient Théodule, Saturnin , Europe , Gelafe ,
Eunicien , Zetique , Cléomene , Agatope , Bafilide , Eva-
rifte.' La chapelle de ce village eft encore toute rem-
plie de colomnes antiques ; mais on n'y voit plus les
tombeaux des martyrs dont parle ce continuateur de
Conftantin Porphyrogenete , i. 1. Ces martyrs font re-
préfentés dans le tableau principal, en deux rangs, dans
la même attitude , Sr. fur la même ligne, droits & roi-
des comme des pieux. Les Grecs en font la fête le zj
Décembre , Se les Latins les ont fuivis.
On trouve dans les ruines de Gortyne des colomnes
de jafpe, rouge Se blanc, femblable au jafpe de Cosné
en Languedoc : nous en vîmes d'autres tout-à-fait fem-
blables au Campan que l'on a employé à Verfailles : à
l'égard des figures , il en refte peu ; les Vénitiens en
ont enlevé les plus belles. La ftatue qui eft fur la fon-
taine de Candie , auprès de la mosquée , au-delà du
marché, a été tirée de ces ruines; la draperie en eft
belle ; mais la figure eft fans tête : les Turcs ne fauroient
fouffrir fans horreur la repréfentation des têtes des cho-*
fes animées , fi ce n'eft fur la monnoie dont ils, font
amoureux plus que gens du monde. En fouillant dans un
champ , nous découvrîmes la moitié d'une figure de mar-
bre bien drapée; la jambe étoit articulée avec feience,
Se le bout du pied étoit fort beau.
A l'extrémité de la ville , entre le feptentrion &c le
couchant , tout près d'un ruiffeau , qui fans doute eft lé
fleuve Léthé , lequel , au rapport de Strabon Se de So-
lin , fe répandoit dans les rues de Gortyne , fe voienf
d'aflez beaux reftes d'une ancienne églife , dans le quar-
tier, appelle Metropolis. Quoique cette églife foit de
bonne architecture , il y a pourtant fur la ga'uche un
morceau de peinture à moitié effacée , mais tout-à-fait
dans le goût gothique : c'étoit apparemment la repré-
fentation de quelque hiftoire de la vierge : on y lit en-
core en gros cara&ere iMrer. Nous ne pûmes déchiffrer
une grande inscription gréque , qui eft dans le presbytère :
elle eft trop haute Se trop maltraitée. Nous crûmes pour-
tant y entrevoir le nom de Cyrille , ce qui paroît afTez
probable ; car on fait mention de deux Cyrilles, évêquesde
Gortyne, dont l'un fut martyrifé au commencement du
troifiéme fiécle, fous l'empereur Déce ; Se l'autre par les
Sarafins , dans le neuvième fiécle , fous Michel le Bègue.
Nous demandâmes quelques inftructions fur ces faints
évêques à des papas du quartier; mais ils n'en connoiP-
Cent aucun : il y en eut un d'entr'eux qui nous dit que
Tite, à qui faint Paul a écrit une épitre, étoit neveu
d'un évêque de Gortyne , en quoi il fe trompoit fort.
Tite , que S. Paul appelle fou fils bien-aimé , fut lui-
même le premier évêque de Crète ; & fuivânt toutes les
apparences , fon fiége étoit à Gortyne : c'étoit alors la
première ville du pa^s, Se dans la fuite elle fut toujours
honorée du premier évêché de rifle.
Auprès des ruines de l'églife métropolitaine , nous en
vîmes d'autres qui parurent les reftes de quelques monaf-
GOR
GOS
téres : les bergers y ont bâti de miférables retraités ,
avec de greffes pièces de marbre antique , parmi les-
quelles fe trouve un chapiteau orné de deux rofettes ,
èk d'une croix de S. Jean de Jerufalem. Sans doute
que la ville n'a été détruite qu'après fétabliffement des
chevaliers hofpitaliers, qui l'ont à préfent à Malte. Tout
proche de ces ruines , fur le bord du ruiffeau , font les
reftes d'un aqueduc , dont la voûte a fix ou fept pieds
de haut ; il y a une belie cave à côté , voûtée par ban-
oes , & qui femble avoir fervi de réfervoir pour four-
nir à un autre aqueduc , qui eft fur le chemin du vil-
lage des Dix-Saints ; le canal de cet aqueduc n'avoit guè-
res plus d'un pied de large.
Théophrafte , Varron èk Pline parlent d'un platane
qui fe voyoit à Gortyne , èk qui ne perdoit fes feuilles
qu'à mefure que les nouvelles pouffoient : peut-êtteen
trouveroit-on encore quelqu'un de cette efpece parmi
ceux qui naiffent en grand nombre le long du ruiffeau
Léthé , qu'Europe remonta jusques à Gortyne , fur le
dos d'un taureau. Ce platane , toujours vert , parut au-
trefois fi fmgulier aux Grecs , qu'ils publièrent que les
premières amours de Jupiter èk d'Europe s'étoientpaffées
fous (es feuillages. Cette avanture , quoique fabuleufe ,
donna apparemment occafion aux habitans de Gortyne
de frapper une belle médaille , qui eft dans le cabinet
du roi : on y voit d'un côté Europe affez trifte , affife
fur un arbre moitié platane èk moitié palmier, au pied
duquel eft un aigle , à qui elle tourne le dos : la même
princeffe eft repréfentée de l'autre côté, affife fur un tau-
reau entouré d'une bordure de feuille de laurier. Antoine
Auguftin, archevêque de Tarragonne, Dialog. i , parle
d'un femblable type. Pline dit que l'on tâcha de multi-
plier dans l'ifle l'espèce de ce platane , mais qu'elle dé-
généra, c"eft-à- dire que les nouveaux pieds perdirent leurs
feui'les en hiver, de même que les communs.
11 nous refle encore des médailles de Gortyne frap-
pées aux têtes de Germanicus , de Cal i gui a , de Trajan,
d'Adrien , dont la plus belle fe voit au cabinet du roi
de France : elle marque qu'on s'affembloit à Gortyne
pour y célébrer les jeux en l'honneur d'Adrien.
. GORTYNIA, ville de Grèce, en Macédoine, félon
Thucydide, /. 2 , p. 169. Elle étoit dans la partie fepten-
frionale, comme il paroît par fon récit.
GORTYNII , peuple d'Afie , vers l'Arménie , félon
Strabon , /. 2 , p. 80. L'édition que j'ai , porte GortynœL
GORTYNIUS Amnis , petite rivière du Pélopon-
nefe ; Paufanias, /. 5 , c. 7, dit qu'elle couloit auprès
de Gortyne ville de l'Arcadie , èk il la compte entre
celles qui tomboient dans l'Alphée. Il dit , /. 8 , c. 4 ,
<jue Gortys fils de Stymphale bâtit la ville deGoityne
auprès d'une petite rivière que l'on appelloit auffi Gor-
tynlus. Au iiv. 8 , c. 28 , il vante beaucoup la grande
fraîcheur de cette rivière pendant l'été. Il obferve qu'on
la nomme Lufuis auprès de fa fource , parce que l'on
avojt cru que Jupiter y avoit été lavé peu de momens
après fa naiffance ; mais qu'en s'éloignant il prenoit le
nom de la ville de Gottyne. Il nomme Rheties le lieu
où cette rivière joint fes eaux à celles de l'Alphée.
1. GORTYS , ville pu Peloponnefe, dans l'Arcadie,
au pays de Mégalopolis. Elle dégénéra par la fuite en vil-
lage. * Paufanias , liv. 8.
2. GORTYS , ville de Crète , bâtie par Taurus ravif-
feur d'Europe. * Voye^ Euftathe fur Denis le Périgete.
i.GORY. Voyez GoRi.
2. GORY, baronie d'Irlande , dans la province de
Leinfter , au comté de Wexford. Elle eft la plus fepten-
trionale de toutes celles de ce comté , èk n'a aucun lieu
remarquable. *Etat préfent de la G.Bretagne, t. 3, p. 45.
GORYA , viile de l'Inde , en - deçà du Gange ,
félon Ptolomée, /. 7 , c. 1. Elle donnoit le nom à un
pays où ce géographe place cinq villes , favoir ,
Cœfana , ou Carnafa , Gorya
Barborana , Nagara , ou Dionyfiopolis
& Drafioca.
Ce pays s'appelloit GoryjEA, nom qui a beaucoup
de rapport avec Gorydale , ville dont parle Strabon ,
l. i<>, p. 6<)j. Outre cela ces deux auteurs s'accordent
affez pour la pofîtion , qui doit être vers le pays de^Ca-
boul , aux confins de Cachemire. Arrien , /. 4 ,' dans
fa "V ie d'Alexandre , place en ces quartiers-là l'es Guriens ,
i ; . , peuple , èk une rivière qu'il nomme Gumus-
Fluvius.
GORLEA. ?v ■ ,. • , * .\ -i
GORYDALE. $Voyez l art;cle Precedent-
1. GORZA , bourg de l'Afrique propre , aux fron=
tieres du territoire de Carthage , félon Polybe , L 1,
c. 74.
2. GORZA , village de Grèce , dans le Coménoli-
tari. On croit qu'il tient la place de Gbrdihya, ville de
la Macédoine dans l'Emathie.
GORZE , abbaye de France , au pays Meftm , à qua-
tre heues de Metz vers le couchant d'hyver. S. Chro-
degand , évêque de Metz , en jetta les fondemens dès l'an
748, èkla mit fous la direêtion générale du chapitre de
Metz. Ce lieu devint célèbre dans la fuiçe par la répu-
tation de fes abbés & de fes religieux, il y avoit une
école célèbre , au dixième fiécle , pour l'écriture fainte
èk la théologie. Adalberon, evêqué de Metz, donna
cette abbaye au. bienheureux Jean, qui y entra avec fes
empannons, l'an 953 , èk y mit la réforme. 11 en fut
abbe après Einoid , fon compagnon ,'& mourut en 975.
L'ordre èk la régie de S. Benoît y fleurirent lon<*-
tems ; mats les moines fe relâchèrent fort dans les derniJrs
fiécies. Leur abbé, depuis long-tems, étoit fouverain , èk
avoit les droits régaliens. Les cardinaux de Lorraine
tinrent en commende cette abbaye au feiziéme fiécle ;
èk Charles de Lorraine, cardinal archevêque de Rh=ims,
& commendataire de Gorze, obtint une bulle de Rome
pour lecularifer cette abbaye. Elle fut exécutée après fa
mort, l'an 158 1, lorlque le cardinal Charles de Lorraine ,
fils du duc Charles IL, étoit abbé de Gorze. Les ducs de
Lotraine n'avoient d'autre deîTein que d'attribuer à leur
églile primatiale les biens de cette abbaye , defquels
ils vouloient donner une partie à l'univerfité de Pont-à-
MouiTon. On fit démolir les lieux réguliers èk même
l'églile,l'an 1609, & M- d'Arquien la Grange lieute-
nant pour le Roi à Metz, s'y oppolà en v tin. Les rois
de ï rance étoient protecteurs , & non pas touverains de
cette abbaye; de forte qu'Henri II, au traité de Cà'.eau-
Cambrefis ; èk Henri IV , au traité de Vervins
comprire.it l'abbé de Gor/e au nombre de leurs alliés.
Mais cette protection fut alors inutile ; les dncs de Lor-
raine fe rendirent les maîtres abiblus de cet'e abbaye ,
dont l'union à la primatiale de Nanci fut cinfommée
l'an 1621 , fous le duc Henri , ce qui a fubfifté dtirHit
40 ans èk jusqu'à l'an 1661. Ce fut alors que par le traité
de Vincennes , le duc Charles III céda au roi en fou-
veraineté tout le territoire de Gorze, avec les vill ;;s
qui en dépendent, èk le droit de dispofer de falihàye
qui fut diftraite de la primatiale de Nanci, à laquelle
le Roi de France confentit que l'on unît l'abbaye, de
l'Ifle-en-Barrois ; èk comme il y avoit cinq villages dont
la fouveraineté étoit indivise entte le duc de Lorraine,
tant à caufe du bailliage de Nanci , que de la prévôté
de la Chauflée èk l'abbaye de Gorze , on céda par le dixiè-
me article du traité de Paris, en 1718 , trois de ces vil-
lages en entier au roi de France , èk deux en entier au
duc. Les rois de France ont en vertu de l'induit perpé-
tuel du pape Clément IX , le droit de nomination à
cette abbaye qui eft féculiere. Au lieu de moines il y a
une collégiale. *Longuerue , Defcr. de la France , 2e part.
p. 201.
Il fe forma auprès de cette abbaye un boutg qui eft
devenu une ville avec le tems. Il eft finie fur une colline ,
à une lieue de laMolélle. L'abbaye a pris fon nom vrai-»
femblablement d'un ruiffeau iur lequel elle eft fituée , èk
qui va tomber dans la Mofelle.
GORZOPA , petit pays de la pre^qu'ifle de l'Inde,
en-deçà du Gange. C'eft le même que Gorcopa.
GOSACFIO , ancien bourg de Thrace , dans la Ro-
manie , fur la mer Noire , près de la ville de Mefem-
bria èk de la montagne d'Argentaro. * Baudr. edit.
GOSEK , ancienne abbaye de l'ordre de S. Benoît,
en Allemagne , dans la Misnie , au diocèfe èk près dé
Naumbourg ; elle eft fécularifée.
GOSEN, conttée de la Paleftine, félon Jofué, c. i<r;
v. 51. Elle étoit de la tribu de Juda. D. Calmet croit
que c'eft la même chofe que Geffem. Voyez Gessem
èk GOSSEN,
Tome III, V
ir<s
GOS
GOT
'GOSLAR , ville d'Allemagne , dans la baffe Saxe ,"
où elle eft enclavée clans le pays de Brunswig. Elle tire
fon nom du ruiflêau de Gose, qui a (a lource au iud-eft
de Celleliért qu'il arrofe ; & après avoir paffeau nord de
Goflar , il fe mêle avec l'Ocker , qui coule à "\Y olrenbutel
& à Brunswig. Cette ville eft grande & ancienne ; elle
eft toujours reftée libre & impériale, quoiquelle foit
enclavée dans l'état des ducs de Brunswicg. Elle eft
fituée entre des montagnes , dont les principales font
Steinberg, Hert{berg, Ramelsberg, Klockemberg , &c.
Ces montagnes ont des mines. Dreffer dit que Goflar
fut bâtie par Henri I , fur la rivière de Gofe , en un
endroit où étoit auparavant un village ; d'autres difent
feulement un moulin, ou une hute de chaffeur, & qu'elle
ne fut fortifiée pour la première fois qu'en 1201 , après
qu'Othon IV l'eut furprife. On l'a fouvent qualifiée de
ville Palatine , parce que les empereurs y ont fait fou-
vent leur réfidence, ck tenu les états de l'empire. Quel-
ques-uns dérivent la fyllabe Lar , du mot Loger , qui
veut dire un camp , une demeure. L'empereur Henri I y
fit bâtir un palais. Cette ville eft une de celles qui n'ont
jamais connu d'autre fouverain que l'empire. Ce n'eft
pas que les ducs de Brunswig n'aient fait diverfes ten-
tatives pour l'affujettir ; mais elle a toujours trouvé de
la proteftion auprès des empereurs , qui l'ont maintenue
dans fes droits.
Cette ville eft très-remarquablé , en ce que l'an 1354*
Barthold Schwartz moine Benédiftin y trouva le fecret
de la poudre à canon , &c par une bizarrerie de la for-
tune, environ un fiécle après , un foldat y inventa l'im-
primerie. Selon Baudrand , Goflar eft à cinq milles alle-
mans de Hildesheim. .
GOSSAU, gros bourg de Suifle , au pays de Saint-Gall ,
entre Wyl ScSaint-Gall, vers les'irontieres d'Appenzel.
C'eft la principale place d'un petit pays qui contient
quelques bailliages. * Etat & Délices de la Suifle , t. 3 ,
' GOSSEN , ou GosëN ; nous avons déjà marqué
que la terre de Gofen étoit de la tribu de Juda. En
effet Jofué y met Gofen qu'il nomme entre Anim &
Olon. Sanfon dans fon Indice géographique , croit qu'il
s'agit là d'une ville à laquelle il donne 66 d. 6' de
longitude , fur 3 1 d. 6' de latitude , à l'orient fepten-
trional des fources du fleuve nomme le torrent £ Egypte ,
& par conféquent bien loin du Nil même. Ce géogra-
phe croit que la terre de Gofen n'étoit autre que le
canton étendu aux erivirons de cette ville. Le P. Bon-
frerius eft de ce fentiment , & place cette ville de Gofen
dans le Daroma , ou la partie la plus méridionale de la
terre promife , & que la terre de Gofen que Jofué prit &
ravagea, étoit nommée du nom de cette ville. Le fen-
timent de ces deux favans écrivains eft fans doute le
plus fur. Mais Ortélius femble avoir cherché le pays de
Goflen en Egypte auprès du Nil. Il dit : Gofen ( les
Septante lifent Gefem) contrée ou ville d'Egypte , qui , à
ce que Benjamin écrit, étoit nommée de fon tems Bidi-
lir Zçalbin. Ortélius ajoute : elle eft appellée Cafan
par Artapan dans la Préparation d'Eulébe , /. 9; il paroît
que c'eft la même que Ramejfes de la Genefe , c. 47 ;
les Septante lifent Gefem; S. Jérôme Geffen : \i dit que
quelques Juifs ont appris que Gofen eft prélentement
appellée la Thébaïde. C'eft un effet de l'ignorance de
ces Juifs ; car la Thébaïde eft dans la haute Egypte ,
& Ramejfes eft dans la baffe, de laquelle encore le pays
de Gofen étoit très différent. D. Calmer étend la Palef-
tine jufqu'au Nil pour trouver Gofen auprès de ce fleuve;
mais cela n'étoit nullement néceffaire, &c Gofen en étoit
bien loin. 1 . .
GOSTYNEN , ville de Pologne, au Palatinat de R ava ,
au midi de la Wiftule ©£ de Ploczk , à deux lieues Po-
lonoifes de cette ville. Goftinen eft remarquable dans
l'hiftoire , à caufe de la longue détention de Démétrius
Suski , czar de Mofcovie , qui , ayant été fait prifonnier ,
fut enfermé dans la citadelle de Goftinen , &C y mourut
de mifere. Goftinen eft une des trois caftellanies du Pa-
latinat de Rava. * And. gellar. Regn. Polon. Defcr. p. 13 5 .
GOSZ. Gofjenfe Cœnobium , fameufe abbaye d'Al-
lemagne , dans la haute Stirie , fur la Muer , à un quart
de mille de la ville de Leuben. C'eft une abbaye de
religieufes. , ou il faut faire preuve de noblefle , &
dont l'abbeffe eft fort riche. *Reyler, Stiriae Topogr.jO.72.
GOTHA , ville d'Allemagne , au cercle de la tiau'î
Saxe , dans les états des ducs de Saxe & réfidence
d'une des branches de cette maifon; cette ville eft dans là
Thuringe ; elle n'eft ni grande ni bien bâtie; la rivière
de Leine la baigne ; elle doit fes commencemens à
Guillaume archevêque de Mayence , qui la bâtir vers
l'an 964. Elle appartint enfuite quelque tems aux com-
tes de Schwartzenbourg , ck tomba au pouvoir des Land-
graves de Thuringe : on prétend qu'avant cette ville il
y en avoit une autre bâtie par les Goths dans le tems
de leur paffage, pour fe rendre en Italie , & que l'on
a vu encore long-tems après leurs armes fur une vieille
tour. Il eft clair que le but de cette hiftoire eft de don-
ner une étymologie du nom de Gotha. Le terroir d'a-
lentour eft fertile en vin , en grains , & en garence pour
les teinturiers : la Leine paffoit autrefois auprès de la
ville;* mais Balthafar landgrave de Thuringe, la fit con-
duire dans la place pour la nettoyer. Il y avoit autrefois à
Gotha une commanderie qui a été abolie, ckles revenus
ont été appliqués à un hôpital des malades : il y a deux
églifes, celle de S. Auguftin fondée en 1216 , & celle
de fainte Marguerite , en 1494. L'hôpital a été fondé
par fainte Elifabeth. * Zeyler. Saxon. Topogr. p. 96.
Cette ville avoit une fortereflé fituée fur la hauteur,
& nommée Grimmenstein. Elle avoit été commen-
cée par le landgrave Balthafar ; enfuite continuée par Guil-
laume duc de Saxe; & enfin l'an 1530, on âvoit em-
ployé huit à neuf mille hommes qui travaillèrent envi-
ron onze ans à la fortifier. Jean-Frédéric élefteur de
Saxe ,- ayant été fait prifonnier par Charles V , cette
fortereflé fut démolie par ordre de l'empereur , par
Lazare de Schwendi ; mais l'éleéf eur ayant été mis en
liberté, l'an 1552, la releva & l'augmenta : Ion fils , de
même nom & duc de Saxe, ayant refufé de livrer
Guillaume de Grumbach , & quelques autres auiquels il
y avoit donné afyle , quoiqu'ils euffent été mis au ban
de l'empire, y fut mis lui-riiême , & aflïégé par Au-
gufte éle&eur de Saxe , exécuteur des ordres de l'em-
pereur & de l'empire. La place fut prife le 13 Avril
1567, & rafée jufqu'auxfondemens: lefiége coûta 953634
florins, & la démolition 55559. Le duc fut pris &
mené en Autriche ; fon chancelier & Grumbach furent
écartelés , & les autres décapités ou pendus. Le duc
Erneft l'a rebâtie, &£ en a fait un château nommé Frie-
DENSTEIN , ■ c'eft-à-dire le Château de la paix, par
oppofition à l'ancien nom qui fignifie le Château des
Fureurs. Gotha eft à trois milles d'Erfurt. * Hubner j
Géogr. p. 586.
GOTHEL3A , rivière de Suéde , dans la Veftro-
gothie , qu'elle fépare de la Dalie , autre province dé
Suéde , & du gouvernement de Bâhus , qui eft de la
Norwege : c'eft moins une rivière particulière que la
décharge de toutes celles qui tombent dans le lacWaener:
elle commence à "Waenersborg, & coulant vers le midi
occidental , elle forme une petite ifle , où la ville de
Bahus eft fituée, ce qui eft de la Norwege; puis après
s'être réunie , elle fe fépare auflî-tôt en deux nouveaux
bras qui enferment l'ifle de Hifingùe à fon embouchure.
* Atlas de Vaugondy.
1. GOTHENBOURG , ville de Suéde , dans la
'Weftrogothie , affez près de l'embouchure méridionale
de la Gothelba , qui lui lèrt de port : Baudrand fe
trompe lorfqu'il dit qu'elle eft dans l'ifle de Hifinge ;
elle eft en terre ferme , & féparée de cette ifle par la
rivière ; il ajoute qu'elle a un bon port à l'embouchure
de la Trolhetta : Trolhetta n'eft point le nom de cette
rivière , mais d'un village ; il îéroit plus naturel de
lui donner le nom de rivière de Bahus , fi elle n'en
avoit pas un qui eft Gothelba. Zeyler , Sueciœ Defcr.
p. 21 , parlant de cette ville de Gothembourg , la nom-
me d'abord GoCHEBOURG, & ajoute que ce devrait
être GoTTZBORG ; mais ailleurs il écrit Gotheeourg,
ck Gottenbourg. De l'ifle écrit auffi Gothebcvurg.
Baudrand écrit GOTEMBOURG , & a cru que Ven Ce
prononçoit comme dans Luxenbourg , que quelques
François écrivent mal par une m , faute que l'on fait
ordinairement dans les noms terminés en bergk on bourg;
\'n qui précède , eft prefque toujours la terminaifon d'un
génitif pluriel , comme dans Gothenbourg, la ville des
Gotbj ; Furjienberg, la montagne des princes, &c. Cette
n eft prefque muette , comme Ynt dans ces mots rran-
GOT
'cois , ils parlent , ils écrivent. Cette ville fat fondée
en 1607, fous le règne de Charles IX , & les rois de
Suéde lui ont accorî e de grands privilèges qui en ont
fait une bonne ville : elle a profité des débris d'Elfs-
BORG , qui éroit moins avantageusement Située ; les Hol-
landois y font un afléz grand commerce. Dans la guerre
de 1644 , les Danois firent divers efforts pour ruiner
cette ville ; mais on l'a fi bien fortifiée depuis, qu'elle
eft à préfent une des bonnes places maritimes du royaume:
elle eft à deux petites lieues lùédoiiès , au midi de Bahus,
Se à une de ces mêmes lieues d'Elfsborg.
Le livre intitulé, Delicia & Amanitates regnorum
Sueciic , Gothicc, &c. imprimé à Leide en 1706, par
Duvivié Se Se vérin , eft peu exact ; on y trouve là
même erreur touchant la fituation de Gothenbourg , qui
eft dans l'édition frânçoife de Baudrand ; cependant
cette Saute n'eft pas dans fon dictionnaire latin , ni dans
le dictionnaire de Mary. Charles IX , roi de Suéde , y
mourut en 1660 , fi nous en croyons Baudrand &
Maty. Mais le roi Charles IX mourut à Nikoping,
le 26 Ocfobre 161 1, Se eut pour fucceffeur fon fils
Gufrave-Adolphe , auquel Succéda Chriftine: après l'ab-
dication de cette reine , Charles - Guftave régna ; c'eft
lu: qui , ayant convoqué les états du royaume à Gothen-
bourg , y tut attiqué d'une fièvre qui régnoit alors en ce
pays , Se y mourut le 23 Février 1660.
2. GOTHbNBOURG , ville de l'Amérique Septen-
trionale , au pays que les Suédois avoient nommé la nou-
velle Suéde ; mais cette petite contrée qui s'étendoit le
long de la rivière du fad , fat enlevée aux Suédois par
les Hollandois , qui en avoient eux-mêmes un plus grand,
nommé les Pays-bas. Mais comme les Anglois poffé-
doient la Virginie au couchant méridional , Se la nou-
velle Angleterre au levant Septentrional , ils conquirent
cet intervalle , Se donnèrent une nouvelle face Se de
nouveaux- noms à ce pays : la rivière de fud où étoit
Gothenbourg , s'appelle Dellawar-Bay ; au fond eft
Niewcaflle, qui a peut-être fuccédé à Gothenbourg , de
laquelle il n'eft plus queftion.
1. GOTHIA; ce nom veut dire proprement le pays
habité par les Goths , Se en ce fens vague , il eft com-
mun à tous les pays que cette nation a poffédés : ainfi
il s'eft donné à la partie de la France que les Goths
occupèrent , Si qu'on appelle aujourd'hui le LANGUE-
DOC ; lorique l'Efpagne étoit divifée entre les Goths
& les Suéves , le pays fournis aux premiers , a pu être
appelle Gothie ; mais on s'en fert plus particulière-
ment aujourd'hui , pour défigner en latin l'ifle de
Gothland , Se la province de Gothie dans la
Scandinavie.
'1. GOTHIA : Ortélius remarque très-bien que cette
ville étoit le fiége d'un archevêque , qu'elle eft nommée
dans les réglemens des évêques d'Orient , & qualifiée
métropole de la province de Gothie , au concile de
Nicée , & enfin que Théophile en étoit évêque ; mais
il ajoute qu'il croit qu'elle étoit dans la Gaule ; il fe
trompe. La Notice de Léon le Sage , faite pour régler
les rangs des prélats Subordonnés au fiége de Conftanti-
nople , donne le trente-quatrième à Gothia , entre les
archevêchés , & la Notice de Nilus Doxapatrius lui donne
le vingt-huitième entre les archevêchés qui ne relevoient
point d'un autre fiége , Se qui n'avoient aucun évêque Sous
eux ; mais ces deux Notices mettent cette ville avec
Mefembria , & quelques autres (bus le parriarchat de
de Conftantinople. L'anonyme de Ravenne la nomme
Gothis , /. 5 , c. 12 , Se elle étoit dans la Cherfonnefe
de Thrace : la Notice d'Andronique-Paleologue le
Vieux , lui donne le quatre-vingt-troifiéme rang , 6c
dit qu'après avoir été archevêché , elle étoit devenue
métropole.
GOTHIE , ( L a) félon De l'ifle , Couronnes du nord ,
partie de la Suéde, dans la Scandinavie: elle eft bornée au
nord-oueft par la rivière de Gothelba , qui la Sépare de
la Norvège Se de la Dalie , au nord par le lac "Waener ,
Se par la rivière de Gulfpang , qui la féparent du Ver-
rneland , & par la Nericie Se la Sudermanie ; à l'orient
par la mer Baltique ; au midi par la Blekingie , Se la
Scanie ; & au couchant par la province de Halland , Se
dans un très-petit efpace par l'Océan : on la divile en
ttois parties , favoir ,
GOT k;7
L'OSTROGOTHIE , qui eft au levant ','
La "VV'estrogothie qui eft au couchant ,
ôe la Smalande , ou Gothie méridionale,
Voyez les articles Ostrogcthie , Vestrogo»
thie, Smalande , Se Goths.
GOTHINI , peuple ancien de la GERMANIE. Tacite l
Gcrman. c. 43 , dit : au-delà des Marcomans Se des
Quades , font quatre peuples , les Marfisni , Gothini ,
Ofi Se Burii. Les Marfigni Se les Burii reffemblent aux
Suéves par le langage Se la manière de s'orner. La langue
gauloife que parlent les Gothini , la langue panno-
niéne que parlent les O/i , font voir que ces peuples ne
font point Germains d'origine ; ce qui fe prouve auSîi par
les tributs aufquéls ils font fujets , car ils les payent partie
aux Sarmates , partie aux Quades ; Se pour comble de
deshonneur , les Gothini travaillent aux mines de fer.
Tous ces peuples n'habitent guères les plaines ; mais ils
occupent les forêts Se les montagnes. Les mordernes ont
conclu de ce partage , comparé avec quelques autres dé
Pline Se de Ptolomée , que les Gothini habitoient une
lifiere de la Pologne , de la Siléfie Se de la Moravie ,
aux Sources de la Viftule , de l'Oder Se de la Morave.
* Voyez Spener , Notit. German. Antiq. /. , 5. p. 103 ,
Se feq.
GOTHISGANZIA , pays habité par les Goths , dans
la Scandinavie , à ce que la composition de ces deux noms
femble dire ; cependant Jornandes , qui fournit ce nom j
diftingue Scanrja de Gothilcanzia : il prétend que de
cette ille Scanzia. .. les Goths fortirent autrefois avec leur
roi Berig ; qu'en débarquant ils donnèrent leur nom au
pays où ils arrivoient ; Se il ajoute : ce lieu , à ce qu'on
dit , s'appelle encore à prefent Gotifcan^ia. Il ne s'agit
point là de l'ifle de Gothland ; Se la Scanzia de Jor-
nandes n'eft autre que la Scandinavie , que les anciens
prenoient pour une ifle. Le pays où ces Goths abordè-
rent , étoit quelque part vers la Poméranie dans le con-
tinent , puifqu'auffi-tôt après ils marchèrent contre les
Ulmeruges , qui alors habitoient au bord de la mer l
Se les loumirent âufîi-bien que les Vandales , peuple
voifin.
1. GOTHLAND , province de Suéde , dans la Scan-
dinavie. Voyez Gothie.
.2. GOTHLAND , ifle de la mer Baltique , fur là
côte orientale de Suéde. Sa latitude s'étend depuis le
57e d. jusqu'au 68e. depuis lbn milieu qui eft coupé par
le 37e d. de longitude : elle fe termine en deux poin-
tes , dont la Septentrionale eft par les 37e d. 25' de
longitude, Se la méridionale par les 36 d. 40'. Cette ifle,
qui appartient à la Suéde, a eu autrefois lès rois particuliers.
Wagenleil , Synopf. Geogr. p. 492 , dit qu'elle a quinze
milles d'Allemagne dans Sa longueur , Se cinq dans fa
plus grande largeur. On ne convient pas de l'origine de
lbn nom. Des Roches dans fon Hiftoire de Danemarck ,
t. 1 , p. s; , dit après les écrivains Danois que Guthius
juge de Danemarck voyant Son peuple confidérable-
ment augmenté , Se le pays lurchargé d'habitans , choisît
les plus robuftes , Se les envoya l'an 2264, fous la con-
duite de l'on fils Thielvar chercher une nouvelle demeure.
Ils abordèrent d'abord dans l'ifle de Bornholm ainfi appel-
lée du nom de Beor ou Bormon qu'ils y établirent pre-
mier juge. Thielvar ne fe contenta pas d'avoir peuplé
cette ifle ; il pafla dans une plus grande avec fon armée ,
Se la nomma Guthland , ou Gothland du nom de ("on
père. Voilà , félon les Danois, l'origine. du nom de ces
deux ifles : mais Selon Des Roches , les hiftoriens des peu-
ples voifins ne font pas de ce Sentiment. L'on ne peut
guères compter fur les Chroniques des peuples feptentrio-
naux qui n'avoient ni lettrés ni monumens, il y a environ
douze cens ans. Olaus Magnus , Hijlor. Stptentr. Gent.
Breviar. I. 17, c. I , me paroît plus railbnnable quand
il explique le nom de Gothland , par bonne terre : elle eft ,
dit-il , ainfi nommée , par tous ceux qui la fréquentent ,
parce qu'elle eft fi fertile Se Si abondante , qu'on doit la
mettre entre les meilleures ifles du nord. On y trouve des
beftiaux , des chevaux , du poiffon , du gibier , de l'eau ,
des bois , des pâturages , de beaux marbres , Se toutes les
choies nécelfeires à la vie. Il y a de très-bons ports autour.
Cet auteur dit que ce fut premièrement dans cette ifle
que les Goths firent paffer leur armée, lorique leurpatrig
u8
GOT
GOT
( qu'il fuppofe avoir été la Scandinavie ) ne put pus les
contenir.
Durant le treizième fiécle , elle étoit en quelque façon
dépendante des rois de Suéde ; car cet auteur rapporte
que l'an 12S8 , Magnus roi de Suéde , appaifa une guerre
civile qui s'étoit élevée entre les habitans de Visby Se
le refte des habitans de l'ifle , ck qu'il permit aux premiers
de rétablir les murs de leur ville qui étoient tombés de
vieillerie & de la fortifier. Eric d'Upfal , Hijlor. Suecor.
]. 3 , p. 146 , ne dit point que Wisby eût eu des murs
auparavant: eodem anno , dit-il, erat guerra in Gothlan-
dia , inter cives de Wisby Si Bondones terra ,pugnave-
runtqut in menfe Aprili > vicerunt cives , tandemqut
reconciliati funt per dominum Magnum regtm Suéde. ,
& permiffum eft civibus civitatem circumdare muro &
munire. ( a) Albert II , roi de Suéde , fe voyant preffé par
Marguerite reine de Danemarck , ck abandonné par une
partie de fes fujets , engagea cette ifle à Conrad Jungingen
grand-maître de l'ordre Teutonique en 1388 ; Si Albert
ayant été depoffédé de fon royaume lâcha , tous les pirates
qu'il put affembler pour inquiéter les Danois fes enne-
mis : ils trouvèrent cette ifle mal gardée , s'en faifirent ,
& en firent l'entrepôt de leurs pirateries. La reine Margue-
rite devenue maît-reffe des trois couronnes du nord , voulut
y rejoindre l ifle de Gothland. L'ordre Teutonique refufa
de la rendre, ck elle y envoya une flotté pour la repren-
dre de force. L'empereur s'entremit : on s'accommoda ,
& l'ifle fut rendue en 1398 ; mais elle ne fut réellement
évacuée Si payée aux chevaliers , que l'an 1406. Elle
demeura aux Danois avec tout le royaume de Suéde
iufqu'à i'expulfion de Chriftierne II qui , étant revenu en
Danemark , fut détrôné par Frédéric.
(b) Alors Norby , amiral de Suéde , gouverneur de
Goth!and s'y rendit en 1 52.2, avec toutes fes forces , pour
la conferver à Chriftierne ; mais ayant appris fa difgrace ,
il ne voulut reconnoître ni Gùftave Wafa , ni Frédéric
roi de Danemarck , les traitant également d'ufurpateurs ,
prit la qualité de prince de Gothland , & donna retraite
a divers corfaires qui infefroient comme lui toute la mer
Baltique. Il fe difoit ami de Dieu & ennemi de tout le
monde. Guftave l'envoya attaquer : l'ifle fut prife ;^ Norby
arbora le pavillon Danois pour in' éreffer Frédéric qui
fit quelques efforts pour le fecourir. (c^ Les Danois la
pofTédoient en 1645 , êi la cédèrent a la Suéde par le
traité de Bromfebroe. Ils la reprirent en 1677 1 & 'a ren*
dirent deux ans après par le traité de Fontainebleau.
WlSBY en eft la feule ville., Voyez ce mot. * (a) Des
Proches , Hift. deDanem. e.4, p. 29, 31,45 ^l)\-(h)
Vertot , Revol. de Suéde , /. 2. (c) D'Audifret , Geogr.
hift. t. 1 , p. 309.
GOTHS , (les ) félon l'opinion la plus reçue , étoient
originaires de 1 ifle de Gothland. Ils conquirent une partie
du continent de la Scandinavie , fournirent plufieurs
nations : d'autres , excitées par leurs viftoires & leurs
conquêtes , vinrent s'unir à eux , prirent le nom de Goths
& ne formèrent qu'une même nation. Les anciens les
ont peu connus , lorsqu'ils habitoient l'ifle de Gothland
& la Scandinavie: ils en ont parlé d'une manière très-
vague, même jufqu'à défigurer leurs noms. Pline SiStrabon
tes appellent Gucons ou Go«/o/z.s.Ptolomée,/. 1 , c. 1 1 , les
nomme Guta.
Enfin les Goths , forts ck robuftes fe multiplioient
fans cefie : leurpays fe trouva trop petit pour les contenir ,
ck trop ftérile pour les nourrir. Ils pafferent la mer ,
s'emparèrent d'un canton de la Sarmatie , s'avancèrent
jufqu'au Danube , Si , félon de Tillemont , Hijîoire des
Empereurs, année 2.1 5 , s'établirent dans le pays que les
Getes avoiertt autrefois occupé , d'où Jornandes Si
d'autres écrivains leur ont donné le nom de Getes. Voilà
ce que j'ai pu appercevoir de vraifemblable au travers
de lobfcurité qui enveloppe le commencement de l'hit
toire des Goths. En voici la fuite : elle eft plus facile à
débrouiller. _
Les Romains ne connurent ce peuple que lorsqu'il fut
établi (ùrle bord du Danube Si, lui donnèrent long-tems
le nom de Getes. Les Goths (ont donc les Getes que
défit Caracalla en quelques légères efcarmouches ; ce qui
donna lieu au bon mot de Pertinax qui , par dérifion , lui
donr.oit le furnom de Géiique , moins pour avoir battu
ces peuples , que pour avoir affafliné fon frère Géta. C'eft
apparemment h première fois que les Romains ont trouvé
les Goths en leur chemin ; car les Gétes étoient mêlés ÔC,
confondus avec les Daces , & étoient par conféquent
fous la domination Romaine * Spariian. in Caracalla.
Il faut cependant avouer qu'ils dévoient déjà avoir
pane le Danube vers fon embouchure , fur la fin du fécond
fiécle -, car Maximin , qui fuccéda à Alexandre , fucccffeur
d'Heliogabale , fut tué en 238 , âgé de ibixante-cinq ans ,
& par conféquent il devoit être né en 177. Or Spartien
dit de lui qu'il quitta le fervice après la mort de Cara-
calla , Si fe retira dans la Thrace où il acheta des terres
au même endroit où il étoit né , & que les Goths avec
qui il entretenoit commerce , l'aimoient comme un de
leurs concitoyens. Et de- là je conclus que dès le tems de
fa naiffance, les Goths s'étoient déjà avancés jufquesdans
la Thrace , ou au moins jufques dans la V.cefie ; car
George le Syncelle le fait Mcefien. Pierre le Patrice ,
Excerpt. Leuat. rapporte qu'on donnoit tous les ans des
fommes considérables aux Goths, Si De Tillemont rap-
porte ce tribut au tems d'Alexandre empereur. Maximin,
qui lui fuccéda , étant Goth lui-même , favorifa fans doute
la nation ; mais lof fqu'il eut été affafliné en 238, Jules
Capitolin , dit que les Scythes remuèrent, il entend
vraifemblab'ement les Goths fâchés de l'avoir perdu.
Ce l'ont apparemment les Goths que Gordien III défit.
Jules Capitolin , in Gardian, dit : il partit de Rome ,
prit fon chemin par la Mcefie , mit en finie , chafla , éloi-
gna Si extermina en partant tout ce qu'il y avoit d'en-
nemis dans la Thrace. Ils le rétablirent cependant ; car
fous l'empire de Decius , ils ravagèrent la plus grande
partie de la Thrace , Si pafferent même jusqu'en Macé-
doine : vers l'an 250 , Prifcus qui en étoit gouverntur , fe
joignit à eux contre Decius , & fe fil proclamer empereur.
Decius marcha contre les Goths ck les vainquit , au rap-
port de Zozime. Il les avoit réduits à prendre la fuite ;
ils ne fongeoient qu'à fe retirer , Ik offroient de rendre
tout ce qu'ils avoient encore de butin & de prifoniers ;
mais il envoya Gallus leur fermer le paffage duTanaïs ou
plutôt du Danube. 11 vouloir, les détruire entiéiement , Se
les mettre hors d'état de jamais rentrer fur les terre; de
l'empire ; mais il fut tué , & l'on croit que Gallus s'en-
tendit avec eux , pour en délivrer le monde Se lui (accé-
der. Il fit la paix , avec eux ou plutôt il l'acheta par un
tribut qui ne les empêcha point de ravager les terres
de l'empire. Vers l'an 256 , fous l'empire de Valerien,
les Goths , les Carpes , les Burgundes Si autres Barbares ,
s'avancèrent jufques dans l'Illyrie t ck même clans ITalie,
où ils ne trouvèrent perfonne qui s'opposât à leurs effirts ;
mais enfin Aurelien tomba fur eux , fit beaucoup de pri—
fonniers , emporta un grand butin dont il enrichit la
Thrace. Ils regagnèrent le pays qu'ils avoient perdu ,
puilque fous l'empire de Valerien , félon Zofime ck
Zonare, ils s 'étoient rendus comme maîtres de la Thrace:
ils ravagèrent la Macédoine Si affiegerent 1 heff ilonique.
Une autre partie des Goths paffa le détroit de l'Hellef-
pont , faccagea l'Ane , pilla le fameux temple d'Ephefé
l'an 262. Ils ruinèrent la ville de Chalcedoine ck la
fameufe llion , repaflérent le détroit , s'arrêtèrent à
Anchiale ville de Thrace. Les Goths firent une nouvelle
irruption en Afie l'an 263 ; mais les troupes Romaines les
en chafferent , Si les firent repaffer dans leur pay-;. L'an
269 , après un an de préparatifs , ils attaquîrent la ville
de Tomi dans la petite Scythie , ck celle de Marcianople
dans la Mcefie , ils furent repouffés à l'une ck à l'autre
ville. Les Goths n'étoient pas feuls; il y avoit avec eux des
Herules, des Gepides, ck autres peuples barbares leurs a' liés.
Ils fe rembarquèrent fur lePont-Euxin , Se de-là entrèrent
dans le détroit du Bofphore , où il en périt beaucoup.
Ceux de Bifance leur ayant fait plus de réfiftance qu'ils
n'en attendoient , ils allèrent vers Cyzique qu'ils inliilte-
rent fans fuccès : ils pafferent dans lé détroit , tra<'erferent
l'Archipel , ck ayant racommodé leur flotte fur la cote de
Macédoine , ils s'arrêtèrent i\ long-tems auprès du mont
Athos , que l'empereur Claudius eut le tems de les venir
joindre. Au bruit de fon arrivée ils quittèrent Thefïaloni-
que, &,s'avançant dans les terres, pillèrent la Pelagonie,
Se les environs de Dobere dans la Péonie , où la Cava-
lerie des Dalmates leur tua quelques trois mille hommes ;
ils s'avancèrent avec le refte vers Naiffe dans la hante
Mcefie , où ils rencontrèrent Claudius qui les battit à plate
GOT
Êbuture , & leur tua cinquante mille hommes. Ce qui
échappa prit la route de la Macédoine ; mais on leur en
ferma le chemin : ils gagnèrent le mont Hemus où ils
fouffiïrent beaucoup.
Une partie détachée de leur flotte avoit été ravager la
Theffalie 6k l'Achaïe , & ils avoient fait beaucoup depri-
fonniers ; mais les villes étant bien pourvues , ils n'en
purent prendre aucune. Zonare dit que Célodeme Athé-
nien ayant amafle quelques troupes & des vaifleaux , les
vint attaquer du côté de la mer , 6k les mit en fuite : ils
allèrent pourtant jufqu'en Crète 6k à Rhode ; 6k c'eft de
cette incurfioii qu'il faut entendre ce qu'Ammien Marcel-
lin ,1. 3 1 , dit que les Scythes affiégerent les villes de Pam-
phylie.' La pefte quife mit parmi eux , les ayant extrême-
ment a'ffoiblis , ils repaflerent dans la Macédoine pour y
pafferfhyver, & lapefte acheva de les ruiner. * Zo^ime ,
h 1,0.24, & 33. .
L'an 170 , les Goths , qui s'étoient retirés fur le mont
Hemus , y furent attaqués par la pefte 6k par la famine ;
Claudius les attaqua 6k les força de demander quartier : on
en mit une partie dans les troupes Romaines ; 6k on
donna aux autres des .terres à labourer. Quelques-uns
demeurèrent en armes jufqu'après la mort de Claudius ;
peu retournèrent en leur pays , tant de ceux qui étoient
dans laThrace que de ceux qui, après avoir couru l'Ar-
chipel, s'étoient retirés en Macédoine. Les Romains fe
vantèrent d'avoir diiîipé une armée de trois cent vingt
mille Goths , 6k fait périr deux mille vaifleaux. Ceux qui
étoient reftés en armes pillèrent Anchiale, ville de Thrace,
fk tâchèrent de prendre Nicopolis, dans la baffe Mcefie,
mais les gens du pays les diffusèrent.
Les Goths après tant de défaftres ne purent demeurer
tranquilles. Cette nation inquiète 6k belliqueufe dès le
commencement de l'empire d'Aurelien , fe jetta fur la
Pannonie. Il donna fes ordres pour enfermer les vivres
dans les villes , afin d'affamer ces Barbares ; cela ne fut
point fufnfant , il fallut livrer une bataille qui dura juf-
qu'à la nuit fans rien décider ; mais pendant l'obfcurité
les Goths repaflerent le Danube , 6k envoyèrent dès le
lendemain demander la paix. Aurelien remporta fur eux
plufieurs victoires , ck on remarqua qu'il y avoit dans
leur armée des femmes qui étoient habillées, 6k combat-
'toient comme les hommes. Une médaille de l'empereur
Tacite parle d'une victoire qu'il remporta fur les Goths,
6c une infeription lui donne le titre de Gothique.
Il n'eft pas vrailémblable que , fous l'empire de Dio-
clétien 6k d'Herculius, les Goths foient demeurés tran-
quilles, lorfque les Carpes, les Bafternes & les Sarmates
prirent les armes , & furent défaits par les Romains.
Conftàntin étant venu à bout des guerres civiles qui
avoient troublé le commencement de l'on régne , livra
aux Goths plufieurs combats ; mais Eutrope ne dit point
en quel pays ils étoient alors.
Ce tut du teins de cet empereur, que les Goths reçu-
rent les lumières de l'évangile ; mais elle leur rut annon-
cée par des Ariens, qui les infectèrent de leurs erreurs,
dit Jornandes. Ils la conferverent long-tems 6k la portè-
rent dans tous les pays qu'ils conquirent. Ce peuple fe
divifa par la fuite en OJirogoths 6k Wijîçoths. Plufieurs
écrivains ont cherché en vain à nous donner la raifon
de ces deux dénominations : ils ont fait paraître beau-
coup d'érudition , Si n'ont rien prouvé. L'opinion la
plus Ample 6k la plus vraifemblable eft que ceux qui s'é-
tablirent à la gauche du Danube, fe nommèrent Ojlro-
foths ou Goths orientaux , 6k ceux qui s'établirent en-
eçà fur la droite prirent le nom de Wijigoths.
Par cette divifion ils devinrent deux nations diftini~t.es ,
dont chacune avoit fon roi. Ily avoit parmi eux, dit Jor-
nandes de Rébus Geticis, c. 19, deux familles royales,
l'une des Amales , à' A mêla , ancien roi de la nation. Elle
commandoit aux Gftrogoths , l'autre des Balthes , nom
tiré du mot Bahh qui lignifie hardiejfe ; elle comman-
doit aux "Wifigoths.
Guerre des Goths contre l'empire*
Ce fut fous l'empire de Valens , vers l'an 370, que la
divifion des Goths fe fit le plus connoître : ils obéifloient
alors à deux rois ; Fritigerne gouvernoit les Wifigoths ,
6k Athanaric les Oftrogoths : la plupart étoient encore
payens ; ck quoique Fritigerne fût allié des Romains , il
GOl ïyp
ne laiffa pas de perfécuter 6k de faire des martyrs ; mais
fous Athanaric ennemi des Romains 6k de Frit'iger -<j , 1?.
perfécunon fut bien plus grande. L'an 364, des parus des
Goths ravageoient laThrace. 11 paraît par l'hiftoire d'Am-
mien Marcellm, /. 26, qu'ils fe mêlèrent de l'affaire de
Procope , qui diiputa l'empire à Valens. Celui-ci , après
la mort de fon concurrent fe mit à la tête de fes trou-
pes , alla attaquer les Goths ; mais ils lui demandèrent la
paix ck l'obtinrent en lui donnant des otages.
Peu de tems après les Huns , fortis de la Tartane ,
vinrent tomber fur les Goths , en firent un horrible car-
nage , ck les forcèrent d'abandonner leur pays. Ceux-ci
demandèrent la permiffion à Valens de palier fur les ter-
res de l'empire : il la leur accorda, ck leur céda une par-
tie de la Thrace, l'an 377.
Un officier de Valens, nommé Lupic'm , fut chargé de
leur fournir des vivres. Sa mauvaife conduite les irrita : '
ils prirent les armes, le défirent. Valens marcha contr'eux
en perfonne ck y périt. Enflés dufuccès de cette victoire,
ils avancèrent jusqu'à Adrinople, où étoient les tréforsde
Valens, mais ils l'afllégerent inutilement. Ils acheterent
l'amitié des Huns ck des Alains qui leur donnèrent des
troupes ; avec ce renfort , ils allèrent attaquer Conftan-
tinople , la capitale de l'empire. Ils ravagèrent la cam-
pagne , ck voulurent inveftir la ville 6k la prendre d'af-
faut eu par famine ; mais l'impératrice veuve de Valens ,
ouvrit alors le tréfor public , ck anima fi bien les habi-
tans, qu'ils fortirent en bataille , repoufferent les Goths.
Us échouèrent auffi devant Périnthe ck Theflalonique :
l'on attribua la délivrance de cette dernière aux prières
de S. Afcole , qui en étoit évêque. Après avoir manqué
le pillage de ces villes , ils fe jetterent dans la Macé-
doine , la Thrace , la Scythie , la Mcefie, ck fe répan-
dirent jufqu' aux Alpes Juliennes , qui bornent l'Italie de
ce côté-là , ravageant toutes ces provinces , ck Iaiffant
par-tout des marques de leur avarice ck de leur fureur.
* Flkhier , Hift. de Théodofe le Grand , /. 1 . Zoiim.
1. 4. Ambrof. Epift. 59.
Gratien après la mort de Valens , envoya Théodofe
vers laThrace contre les Goths , les Huns , les Alains ck
autres Barbares. Fritigerne qui les aveit appelles , n'étoit
plus le maître : ils étoient divifés. Théodofe les trou-
vant en cet état , les battit , en fit un grand carnage , ck
chaffa le refte au-delà du Danube. Il porta lui-m.;me
cette nouvelle à l'empereur , qui ne la trouva pas vrai-
femblable ; on envoya des gens dignes de foi pour s'en
informer , ck ils confirmèrent par leur rapport celui que
Théodofe avoit fait ; ck Gratien par reconnoiffance l'af-
focia à l'empire.
Ils revinrent dans laThrace dès la même année 379;
carThéodofe , ayant pris pofleflion de l'empire d'Orient,
dont la Thrace ck l'Illyrie orientale faifoient partie , les
y alla joindre encore une fois. Ils s'étoient armés à là
Romaine, depuis la défaite de Valens. Fritigerne leur
avoit appris à fe rallier & à obferver quelque difeipline.
Leur armée grofliflbit tous les jours du nombre infini de
leurs compagnons , que l'efpérance d'un grand butin at-
tirait de tous côtés ; ainfi ils étoient à craindre. Friti-
gerne à qui ils avoient refufé d'obéir , les avoit aban-
donnés. Dès qu'il s'agiffoit de piller , ils n'obfervoient
plus aucun ordre ; 6k cette multitude qui venoit les join-
dre , ne faifoit qu'augmenter la confiifion 6k caufer des
divifions entr'eux pour le partage des prifes qu'ils avoient
faites. Théodofe les furprit ck les battit entièrement. Le
bruit de cette victoire s'étant répandu, d'autres Goths 6k
les Alains qui ravageoient les autres provinces , s'ajrête-
rent 6k firent la paix : plufieurs prirent parti dans fes trou-
pes, 6k les autres promirent de fortir des terres de l'em-
pire. Mais l'empereur étant tombé malade l'année fui-
vante , ils crurent avoir trouvé l'occafion de fe venger de
leurs pertes ; au lieu de fortir des terres de l'empire ,
comme ils s'y étoient engagés , ils y appelèrent de nou-
velles troupes de Barbares , 6k y firent plus de ravages
qu'auparavant. Ceux de leur nation qui s'étoient mis en
grand nombre à la lblde de l'empereur leur facilitoient
fecrétement l'entrée des provinces. La terreur fe répandit
parmi les peuples ; les gens de guerre ne recevant de la
cour que des ordres lents 6k indéterminés, ne (avoient à
quoi feréfoudre. On avertit d'abord l'empereur Gratien de
la maladie deThéodofe,6kdu péril de l'empire : quelques
officiers de l'armée , avec ce qu'ils avoient pu ramaffsT
i6o
GOT
GOT
de troupes , s'oppofoient cependant aux ennemis , &
leur difputoientles paflages ; mais le nombre de ces Bar-
bares croiffant toujours , ils le rendoient par - tout les
maîtres. Théodofe n'a pas plutôt recouvré fes forces
qu'il marche contr'eux à ia tête de fes troupes ; mais il
avoit dans fon armée beaucoup de Goths qui le trahirent
& le forcèrent de fe retirer à ThefTalonique , où il leva
une nouvelle armée. Les Goths , qui ravageoient la Ma-
cédoine & la Theffalie , ne furent pas plutôt inftruits
qu'il étoit prêt à les attaquer, que la frayeur les faifit : ils
lui demandèrent la paix qu'il leur accorda , à condition
qu'ils poferoient les armes , & jureroient de ne les plus
reprendre contre l'empire , dont ils défendraient les
frontières contre les autres peuples ; qu'ils fortiroient fans
délai hors des provinces de l'empire ; qu'ils fourniroient
certain nombre de troupes choifies, pour être diftri-
buées dans tous les corps de l'armée Romaine , ck que
l'empereur fes protégeroit auffi , oc les regarderoit comme
{es amis 8c fes alliés. Les Goths acceptèrent ces condi-
tions , & commencèrent à les exécuter de bonne foi :
ils repafierent en effet le Danube la même année , &
donnèrent à leurs compatriotes une fi grande idée de
Théodofe , que plufieurs de ces peuples recherchèrent fa
protection. Il la leur accorda ; ck quoiqu'ils n'euffent
point propofé de conditions, illeur^en fit de très-avan-
tageufes , ordonnant qu'on leur fournît des vivres en abon-
dance , ck leur affignant des terres dans quelques pro-
vinces dé l'empire.
Depuis ce tems les Goths le fervirent toujours. Il y
en eut près de vingt mille qui prirent parti dans fes trou-
pes. Le refte fe tint fur les bords du Danube, pour em-
pêcher les autres Barbares de courir fur les pays Ro-
mains.
Ils refpefterent l'empire d'Orient, tant que vécut Théo-
dofe ; mais après fa mort fes deux fils , Arcadius ci Ho-
norius fe livrant à la molleffe, les Goths eurent honte de
fe foumettre à des princes fi voluptueux : ils élurent pour
roi Alaric de la famille des Baltes ; un autre parti d'en-
tr'eux, (apparemment les Vandales,) élut pour roi Ra-
dagaife ; mais après avoir été diyifés , ils feréunirent con-
tre les Romains. Radagaife fuivi de deux cens mille Sar-
reates, (c'eft- à-dire d'une nombreufe armée , dans laquelle
les Sarmates tenoient le premier rang; ) entra en Italie ,
fcks'étant laine enfermer dans les montagnes deTofcane,
y fut affamé & battu par Stilicon qui le prit ck le fit mourir.
Ce Stilicon étoit lui-même un Barbare d'origine, qui fer-
voit fous Honorius. Les empereurs les prenoient à leur
fervice. Gainas , capitaine Goth , étoit de même tout
puiffam en Orient fous Arcadius , qui fut obligé de lui
confier le commandement de toutes fes troupes , tant de
cavalerie que d'infantetie. Il voulut même obliger l'em-
pereur à donner une des églifes de Conflantinople aux
Ariens ; & S. Jean - Chryfoftome la lui ayant refufée ,
Gainas eut l'infolence de fe révolter & de ravager la
Thrace ; mais Vides , chef des Huns , le défit &c envoya
fa tête à Conflantinople. Telle étoit la foibleffe de l'em-
- pire, qu'il ne pouvoit fe délivrer d'un Barbare, que par
le fecours d'un autre Barbare. * IJidori Chronic. Tkeodo-
ret, 1. 5, c. 31. Sorom en, 1.8, 04.
Alaric (a) ne s'effraya point du fort de Radagaife , il
voulut au contraire le venger : il s'avança vers l'Italie
qu'il fournit ; prit , pilla , faccagea Rome , &c emmena
en captivité Placidie, fceur d'Honorius. Peu après cette
expédition, Alaric mourut à Cofence. Ataulphe gouverna
après lui les Goths qu'il avoit conduits en Italie , (c'é-
toit les Vifigoths,) époufa Placidie, & fit alliance avec
les Romains, paffa clans les Gaules, qui pour lors étoient
occupées par les Vandales 8c les Alains ; mais ces der-
niers , connoifTant la valeur des Goths , ne leur difpute-
rent point le terrein, &c parlèrent les Pyrénées. * (a) Ifi-
dor. Chron.
Le premier foin des Goths fut d'affermir leur nouvel
établiffement ; ils fongerent enfuite à s'aggrandir. Les
ravages que les Vandales fàifoient en Efpagne, qui étoit
à l'empereur leur allié, fervirent de prétexte ; fous cou-
leur de délivrer ces provinces , ils les y fuivirent &c avan-
■ cerent jusqu'à Barcelone. Le Languedoc, la Provence,
le Rouffillon Se la Catalogne devinrent alors la Gothie.
C'eft ici l'hiftoire des Vifigoths.
Regeric , fuccefieur d'Ataulphe , périt bientôt après par
wneconfpiration. Valia, qui régna enfuite, étoit un roi pru-
dent. Honorius , craignant qu'il ne violât les traités faits
avec Ataulphe, ik qu'ayant vaincu fes voifins il ne vou-
lût tourner fes armes contre l'empire , envoya contre lui
Conftantin, général fameux par'plufieurs victoires, avec
ordre de tirer à quelque prix que ce fût fa fceur Placidie
de l'esclavage où elle étoit. Valia vint au-devant de lui
jusqu'aux Pyrénées ; mais au lieu de donner bataille , on
entama une négociation. Les Goths rendirent la PrincefTe,
ik promirent de fecourir l'empire en cas de befoin. Dé-
barrafTésde cette affaire, ils retournèrent contre les Van-
dales ; mais ceux-ci appelles en Afrique , par le comte
Boniface , les délivrèrent d'une guerre qui auroit pu être
funefte aux deux nations. Valia les y auroit pourfuivis ,
fi l'exemple d' Alaric ne l'eut pas retenu. Il revint à Tou-
loufe, ik eut pour fucceffeur Théodoric I, homme fage,
modéré , courageux &C d'une corpulence robufte. Il fe
joignit auxRomains pour combattre Attila , roi des Huns ,
& périt dans cette fameufe bataille , qui fut donnée dans
la plaine de Châlons, l'an 451. Thorismond , fon fils,
lui (ùccéda. C'étoit un prince fier, dur,'cruel Se féroce.
Il fut tué par fon frère Théodoric II , &c celui-ci par un
autre de fes frères nommé Euric. Ce fut fous le régne
de ce dernier que les Goths commencèrent à avoir des
loix rédigées par écrit. Jusques-là ils n'avoient que des
coutumes & des ufages qui ié tranfmettoient de père en
fils , fans le fecours des lettres. * IJïdor. Chron.
Les Oftrogoths qui étoient reftes dans la Thrace , pri-
rent les armes contre Zenon , empereur d'Orient ,
fous la conduite de Théodoric , qui étoit de la famille des
Amales. L'empereur , pour fe délivrer d'un ennemi fi
redoutable , lui fit infinuer de paffer en Italie , ik d'atta-
quer Odoacre , qui s'étoit emparé de ce pays. Théodo-
ric, charmé de cette ouverture, partit avec une multitude
innombrable de peuple qui traînoit fur des chariots des
meubles , des femmes ik des enfans. Faute de vaiffeaux
ils ne purent traverfer le golfe , & il<; en firent le tour.
Odoacre vint au devant d'eux , & aprè= plufieurs pertes ,
s'enferma dans Ravenne où il fut affiégé durant trois
ans. Il compofa enfin par l'entremiie de l'évêque , &
obtint de partager la ville avec Théodoric qui le fit mou-
rir peu après. C'eft ainfique fe forma le royaume des
Goths en Italie ; car Théodoric fe contenta du titre de
roi , & fit fa réfidence à Ravenne. * Procop. Goth.
l.t, c. 1.
Ce prince fe fit refpefter de tous fes voifins qui mé-
nagèrent fon amitié. On trouve une loi de l'empereur
Jultin contre les Manichéens , /. 1 2 , c. de Hartf, 11 ex-
clut les autres hérétiques , lesPayens &c les Juifs de toute
charge ou dignité , de peur qu'ils n'en prennent occafion
de vexer les Chrétiens , & particulièrement les évêques ;
mais il excepte exprefïément les Goths , alliés des Ro-
mains , parce qu'il ne vouloit pas choquer Théodoric
qui étoit Arien.
Union des Oflrogoths & des Vpijigoths fout Théodoric.
Tant que les Romains conferverent leur empire , ils
commandèrent dans les Gaules «tuées au-delà du Rhône ,
(c'eft-à-dire au couchant de ce fleuve;) mais quand
Odoacre eut ufurpé le gouvernement , il abandonna aux
Vifigoths toutes les Gaules jusqu'aux Alpes , qui fépa-
rent tes Gaulois des Liguriens. Après la mort d'Odoacre,
les Thoringiens & les Vifigoths appréhendant les Ger-
mains , dont la puiffance s'étoit déjà fort accrue , & qui
venoient en grand nombre , & renverfoient tout ce qui
s'oppofoit à eux, recherchèrent l'alliance des Oftrogoths
& de Théodoric. Il en fi.it charmé ; rk pour mieux ci-
menter l'union , il donna en mariage Theudichulè , fa
fille, à Alaric le jeune, roi des Vifigoths ; ck Amelo-
bergue fa nièce , fille de fa fceur Amalafride à Herme-
nefride , roi des Thoringiens. Sa protection fit peur aux"
Germains qui tournèrent leurs efforts contre les Bouri
guignons. * Procop. Goth. c. 12.
Il paroît par ce paffage & par plufieurs autres , quepat
les Germains Procope entend les Francs. Car il dit, un
peu plus haut , en parlant de la Gaule : il y a auffi plu-
fieurs marais , autour defquels les Germains avoient au-
trefois leurs demeures. Ce n'étoit alors qu'un peuple bar-
bare , dont le nom n' avoit rien d'illuftre ; mais mainte-
nant on les appelle les Francs. C'étoit donc de ces Ger-
mains ou de ces .Francs , que l'alliance de Théodoric
garanti^
GOT
COT
iSi
garantit les Wifigoths. Ils étaient d'autant plus redouta- Gothinï de Tacite. Ortélius propofe une autre conjec-
bles qu'ils avoient été renforcés par une partie de Tem- ture plus plaufible. Ce nom' eft compofé de celui des
pire. Les Aborusques , déjà Chrétiens ck Catholiques, Goths Si de celui des Huns. On a vu dans l'article des
&; fujets des Romains , n'ayant pas voulu fe foumettre Goths les. courtes qu'il avoient faites au-delà du Bos-
aux Germains, avoient confenti d'être leurs alliés; & phore, & leur union avec les Huns. Vopiscus , dans
les foldats Romains qui étaient en garnifon dans les pro- la Vie de Probus , nomme le même peuple Gau-
vinces les plus éloignées de la Gaule , ne pouvant re- TUNNI.
tourner dans leur patrie, à travers tant d'ennemis, avoient GOTL1EB , bourg & château dans le Turgow, à
mieux aimé fe donner aux Germains ck aux Aborusques une lieue au couchant de Confiance , fur le bord du
qui avoient la même foi qu'eux , qu'aux Wifigoths qui lac. Il fait partie du domaine de l'évêque de Cons-
étoient Ariens. tance.
Outre que ce fait eft apocryphe , n'étant appuyé que fur GOTO , GoTHO ou Gotto , royaume du Japon ,
un partage de Procope , c'eft qu'il ne fert point à con- compofé de cinq petites ifles, dont trois font allez peu-
noître Thiftoire des Oftrogoths. Les Francs & les Oftro- plées , & à une demi - lieue de diftance les unes des
goths rendirent aux Bourguignons , ce qu'ils leur avoient autres : elles font fituées presqu'à l'entrée de la baye
d'Omurat , à l'occident , & presqu'à la vue de Nang? _
gUUO 1C11UUC11L dU.\ UUUlî'UlgllUlO , \-C t|U 113 ICU1 d.\ K-
pris. Les Oftrogoths ne tardèrent pas à faire alliance ;
les Francs. Par ces alliances Théodoric refta paifible pof-
feffeur de l'Italie.
Fin du reyaume des OJlrogoths en Italie.
Théodoric laifla pour fuccerteur un jeune enfant, fils
de fa fœur Amalafunthe : cette princeffe , après avoir
fagement gouverné pour l'on fils , qui mourut huit ans
après , partagea le trône avec Théodat , qui la paya d'in-
gratitude & la fit mourir. Juftinien, pour venger la mort
de cette princeffe , dit Procope , envoya contre les Of-
trogoths le célèbre Béhfaire. Théodat ne régna que
deux ans , Witiges quatre : il eut pour fuccerteur Théo-
bald , qui ne régna qu'un an. Aranc ne régna que trois magnificence de le fervir tout entier avec fa peau : quand
mois, & fit place à Téjas , qui , profitant du départ de cet animal eft vieux, il fe jette dans la mer, & devient
Béhfaire, releva un peu les affaires de fa nation ; mais poiflbn. Le P. Louis Almuida, Jefuite, allure dans fes
lettres , qu'un jour qu'il étoit chez le roi de Gotto ,
on apporta à ce prince un de ces animaux qui venoit
d'être péché , & qui n'étoit encore métamorphosé qu'à
demi.
Les Gottois font fort fuperftitieux : les aftres règlent
tout chez eux , ils ont des augures , dont l'emploi eft
d'obferver les jours heureux ou malheureux , & leurs
zaqui par les 31 d. 31 bu 33' de latitude nord , ^8c
au midi du royaume ne Firando : il n'y a que la plus
grande ou eft la ville capitale , nommée Oc:i:ra , qui
foit véritablement fertile; mais la charte & la pèche y
font abondantes par- tout; & les habitan; y font un
artez grand commerce de poiffons , fur-tout cie balei-
nes & de fel. Dans une de ces ifles , il y a une mon-
tagne de fix lieues de long, toute couverte d'arbres , où
l'on trouve un animal fort finguli'er ; c'eft un quadru-
pède^ , dont la peau eft veloutée & de couleur d'or.
Sa figure approche de celle d'un chien , mais il a les
pieds beaucoup plus courts : fa chair eft très-délicate ;
& quand on le fett fur la table des grands , il eft de
l'empereur Juftinien envoya contre lui Narsès, qui le
vainquit , & mit fin au royaume des Goths en Italie.
Après cette époque , qui eft de l'an 551, il n'eft plus
queftion des Ojirosoths dans Thiftoire. Seize ans après,
Alboin vint en Italie, &£ commença le royaume des
Lombards , qui eft une monarchie différente.
Amalafunthe n'époufa point Théodat. Les lettres de
Caïîiodore en font la preuve. Le préfident Hénault , dans prêtres font, fort puiffants. Ils adorent fur-tout deux divi-
fon Abrégé chronologique, difoit qu'elle l'avoit époufé ;
mais il l'acorrigé dans l 'errata, de fa dernière édition , & a
.bien fait.
■Royaume des Wifigoths en Efpagne,
Euric , qui , comme il eft dit plus haut , tua fon frère
Théodoric II, étoit un prince courageux & entreprenant.
ïl conquit prefque toute TEfpagne. Il mourut l'an 181.
Alaric fon fils lui fuccéda ; mais il fut défait & tué par
Clovis à la bataille de Poitiers Tan «(07. Clovis , pour-
fuivant . fa victoire , conquit tout ce que les Wifigoths
poffédoient dans les Gaules. Géiklric, fils naturel d'Eu-
ric , fe fit proclamer roi des Wifigoths en Efpagne ; mais
mtes qu'on ne connoit point dans le refte du Japon,
& qui font reprtfentées fous des figures de géants : on
s'adrefle à Tune pour obtenir les biens de la vie pré-
fente ; on fait des voeux à l'autre pour obrenir d'être
heureux après la mort ; & tous les ans , au commence-
ment de l'année , on célèbre en l'honneur de la pre-
mière une fête qui dure quinze jours , pendant lesquels
il n'eft pas permis de parler de la mort , ni de l'autre
monde, de peur que quelque penfée chagrinante ne vienne
troubler la joie , que la divinité exije alors de fes
adorateurs.* Le P. de Charlevoix , Hift du Japon,/. 3.
GOTTA , ville ou bourg de la Mauritanie , fur l'o-
céan , affez près du fleuve Lixus , félon Pline. Eile ne
Théodoric , roi des Oftrogoths en Italie , envoya un fubfiftoit déjà plus de fon tems , non plus que Lixa ;
brave officier nommé Ibbas , au fecours d'Amalaric , fils mais la place en gardoit toujours le nom. Après avoir
d'Alaric, &: de fa fille naturelle Theudigote , lequel dit,/. 3, c. 5, Oppida futre LiJJ'a &Go'.ta ultra colum-
étoit en bas âge. Ibbas charta Géfairic, plaça Amalaric nas Hercidis , il dit, /. 31 , c. 1 , in Ociano , ad locum
fur le trône , défit les François Tan 508 , & remit une Mauritanice , qui Gott.i dicitur , non proculLixo Im-
partie de la Gaule fous la domination des Wifigoths. mine, &c. L'édition du P. Hardouin préfère Cotts.
Amalaric étant en état de gouverner fes états, fit alliance par un C.
GOTTESREL , abbaye d'hommes , ordre de Cî-
avec les fils de Clovis, époufa leur fceur Clotilde ; mais
comme il éroitArien, & elle Catholique, il la maltraita
au point qu'elle s'en plaignit à fon frère Childebert, &
pour preuve de fes fouffrances , lui envoya un mouchoir
teint de fonfang. Childebert à la vue de ce mouchoir,
entra en fureur , fe mit à la tête d'une armée formida-
ble, alla attaquer Amalaric , le défit & le tua Tan 531
Theudis fut proclamé roi des Wifigoths après la mort
d'Amalaric, transféra fon fiége au-delà des Pyrénées,
& les François s'emparèrent d'une grande partie de ce
que les Wifigoths poffédoient dans les Gaules. Enfin ce
royaume , après une longue fuite de rois, fut détruit par
les Mahométans vers Tan 711.
GOTHUNNI , ancien peuple barbare , dont parle
Claudien en ces vers :
Targibilum lumidum defertorefque Gothunnos ,
Utmiferas populabor oves & pace relata ,
Prijlina rejlituam Phrygias ad jlamina maires.
teaux , dans la baffe Bavière , au diocefe de Ratis-
bonne.
GOTTHENI , peuple de TA fie mineure , vers la
Propontide, félon Conftantin Porphyrogenete. Seroit-ce
un détachement desGotkunni de Claudien, qui fe feroit
établi en cet endroit? * Orul. Thef.
GOTTI. Vovez les Goths.
GOTTINGEN , Gottinga , (a) ville d'Allemagne ,
au duché de Brunswig, fur la Leyne , dans un terroir
très-fertile. Elle eft la capitale d'un pays particulier qui
eft la principauté de Brunswk-Gottingen , &: que Ton
appelle aurti ['Oberwald. Ce canton a à l'orient TEchs-
feld ; au midi , le cours de la Werra , au nord , les
villes de Northeim & d'Eimbeck. La ville eft arrofée
par la Leyne , qui la traverfe , & qui coulant de-là par la
principauté de Calenberg & par la ville de Hanover, va fe
joindre avec l'Aller , pour aller fe jetter enfemble dans le
Wefer. Comme on ne fait pas le tems de ("a fondation,
Goths. (b)
fon nom a donné occalion de l'attribuer
H n'y a point d'apparence qu'il foit là queftion des Quelques autres dérivent le mot de Gottingen de la bonté
Tome III. X
\6i
GOT
GOU
de fon terroir. Henri Meibom a exprime en trois rers ces
deux étymologies :
Ldna pater vilreo qui famine profitas urbcm,
Cui circumfufi bonitas notiflma ruris ,
Aut veteres Gothi nomen iribuerc venujlum.
Il dit ailleurs :
Sive aeri bonitas feu gens tibi Golica nomtJl'i
Goltinga , ficcrit tuum.
L'étymologie qui fait venir Gottinge de Guet , bon ,
femble autontée par des lettres écrites de la main de Fré-
déric Barberouffe, où cette ville eft nommée GuTTDlNG,
à Northen ad montes MeJJlacos ufque ai nojiram civita-
tem Guttding. François Modius de Bruges (c) raconte
fort an long que vers l'an 925 , ou félon d'autres 931, pu
933 , Henri l'Oifeleur ayant , emporté une glorieufe vic-
toire fur les Huns qui ravageoient l'Allemagne , les chaffa
jufqu'à Gottengen , ufque ad Gottungam_/?c diclam, quàd
Gothos, Hunnosque eâ expeditione fubjècifjet , Se qu'il y
célébra fon triomphe par un magnifique tournois. On y
en a donné encore quelques autres : il eft certain que
ç-étoit une ville dès le tems de cet empereur. Quelques-
uns difent quelle avoit titre de comté ; mais on ne peut
douter que fous l'empire de Henri l'Oifeleur , des trois
Othons , de Henri II , de Lothaire Se dl'Othon IV ; cette
ville ne leur ait appartenu. Quelques-uns même ont réfidé
dans le château de Grona ou Grune qui eft dans le voi-
finage. Lothaire a fait bâtir un château dans la ville, Se
y a demeuré ; Se c'eft à ces tems - là qu'elle doit fes
principaux avantages. Après divers accroiffemens , Got-
thigen étant devenue une affez grande ville en 13 19,
outre les deux églifes de S. Alban Si de Notre-
Dame , qui étoient auparavant hors de l'enceinte de la
ville , on y vit deux hôpitaux de la Sainte-Croix & du
faintEfprit; diverfes paroiffes , favoir celle de S. Jean ,
qui eft la principale , celle de S. Jacques , de S. Nicolas.
Les interprètes de Ptolomée prétendent que Gottingen
eft là Munitium dont parle ce géographe, /. 2, c. il.
* (a) Zcyltr , Brunswic. Se Luneburg. Topogr. p. 91.
(b) Dreffer. de praecip. German. Urbib. (c) Pandecl.
triumphal. t. 1, 1. 1, fol. 1.
Cette ville étoit autrefois impériale : mais elle appar-
tient aujourd'hui à la maifon de Brunswick, Se eft du par-
tage de l'électeur d'Hanover. Elle a été celui d'une au-
tre branche qui eft éteinte depuis long-tems. Il, y a un
affez beau collège : elle eft la patrie de Jean Cafelius
qui y naquit l'an 1^33, Se mourut l'an 161 3, à Helmftadt.
GOTTLIEBEN , bourg de^ Suiffe , au bord du lac
de Confiance, dans l'état de l'évêque de Confiance ,. à
Une lieue de la ville de ce nom, Se entre Confiance Se
Stein : il y a un fort château où réfide le bailli de l'é-
vêque, & où fut enfermé Jean Hufs , par ordre du con-
cile, l'an 141 5. Le bourg Se le château furent bâtis en 934,
par Conrad , évêque de Confiance, au retour de fon troi-
sième voyage de la Terre-fainte.
GOTTORP. Zeyler, Saxon. ïnfer. Topogr. p. 214,
écrit auffi Gottorff, château d'Allemagne , au duché de
Sleswig; il appartenoit autrefois à la maifon de Holftein ,
qui y faifoit là réfidence ordinaire ; mais le roi de Da-
nemarck en eft poffeffion depuis qu'il a conquis le Sles-
wig entier fur les Suédois , pendant la minorité du duc
de Holftein , Se qu'il s'en eft fait affurer la poffeffion par
les rois de France Se d'Angleterre. C'eft en même tems
une maifon de plaifance Se une fortereffe. La grande tour
fut bâtie par Adolphe , duc de Sleswig qui mourut,
Fan 1459. Un autre duc Adolphe, qu'il ne faut pas con-
fondre avec lui, améliora le château, en 15 86. Il y a une
douane qui produit un revenu confidérable ; Se il fe
trouve des années , où les bœufs que l'on fait paffer de
Danemarck en Allemagne , montent jusqu'à cinquante
mille , Se tous doivent un droit au bureau. Ce château
n'eft pas loin de la ville de Sleswig. Jean Rift , dans
fon Miroir de la guerre Se de la paix , fait un affez beau
tableau de ce lieu. Il y a , dit-il , de belle collines , de
charmans bocages , Se de magnifiques jardins. L'eau n'y
manque pas , Se la Schlye l'arrofè. Il ajoute : je ne crois
pas qu'il y ait au monde un lieu mieux fitué pour un
homme qui aime les arts Se les feiences, & particulière-
ment- la po'éfie.
GOTTSBERG, petite ville de Bohême, en Silène;
au duché de Schwidnitz. Elle n'eft remarquable que pat'
fes mines d'argent. * Zeyler, Silefias Topogr. p. 148.
GOTTSTADT, bailliage de Suiffe , dans le canton
de Berne, au pays Allemand, du côté de Bienne. C'é-
toit autrefois un couvent de l'ordre de Prémontré , fituée
fur laThiele, entre Nidau Se Buren. On en a fait un bail-
liage. * Etat & Délices de la Suiffe, t. 2, p. 177.
GOTTWEICH , abbaye d'hommes , ordre de S. Be-
noît , dans la baffe Autriche , fur une hauteur près du
Danube , huit lieues au-deffous de celle de Moelch. Elle
fut fondée en 1089, pour des chanoines , par le bienheu-
reux Altman, éveque de Paffau. Les Bénédiftins , après
fa mort , fuccéderent aux chanoines. Elle eft immédiate
du faint fiége.
GOUALEOR ouGoualiar. Voyez Gwaleor.
GOU AVE. Voyez Go ave.
. GOUAYR, petit pays de la Terre-fainte , au Ievanf
du Jourdain. Il fut autrefois le partage de la demi-tribu
deManaffé, félon Baudrand, édil. 1705, qui le nomme
terra Arabum.
GOUBOUR , royaume d'Afrique , dans la Nigritie ,
au nord du Niger , félon De l'Ifle. Dans fa Carte géné-
rale de l'Afrique, publiée en 1711, il le borne au nord
par le mont Âmédede , au nord-eft par le royaume des
Agades , à l'orient par les pays de Zanfara Se de Cano,
au midi par le Niger, Se au couchant parle royaume de
Tambouftou. Il y place une ville, nommée auffi Gou-
EOUR. Dans fa Carte de la Barbarie , de la Nigritie, Sec.
publiée en 1707 , il appelle ce même pays Guber , Se lui
donne une autre fituation. Voyez Guber.
1. GOUDA ou Goude, ville des Provinces-Unies j
dans la Hollande méridionale , fur l'Iffel , à l'embouchure
de la petite rivière de Gow, qui en remplit les foffés , Sî
lui donne le nom àzTer-Gow , prononcez Terg.iu,c'e(ï-
à-dire en latin ad Goudam ou' Goldam. Elle eft à trois
lieues de Roterdam , Se à cinq de Leyde, félon le Dic-
tionnaire géographique des Pays-bas. On ne fait préci-
fément le tems de fa fondation ; mais il eft certain que
Florent V donna à Gouda quelques franchifes l'an 1172.
(a) Il y avoit une citadelle (b) , où l'on a gardé quelque
tems les diplômes accordés à la Hollande par les fouve-
rains ; mais elle a été démolie , Se il n'en refte plus
qu'une tour. Cette ville fut réduite en cendres , le jour
de S. Louis 25 Août 1440 ; on l'a exprimé par ce chref
nographe prétendu.
fLetIbVs Id dIdICI , qVIa goVda
CreMat LVdoWICI.
L'auteur ne favoit pas apparemment que dans ces for-
tes de bagatelles , il ne faut employer aucune lettre nu-
mérale qui ne ferve ; faute d'avoir eu égard à cette ré-
gie, il a miscetévénementenl'an 3438, au lieu de 1440.
Ce qu'il y a de plus remarquable à Gouda, c'eft Féglife
qui eft très-belle, Se de quelques pieds plus grande que
la cathédrale de Cologne. Elle femble marquer que ceux
qui l'ont fait bâtir , comptoient que la ville s'acroîtroit
beaucoup plus qu'elle n'a fait. Elle avoit autrefois une
tour furmontée d'une flèche fort haute ; le tonnerre la
confuma le 12 de Janvier 1452, à neuf heures du foir;
Se ce qu'il y eut de plus furprenant , c'eft que les maifons
d'alentour qui n'étoient couvertes que de ]oncs fecs , ne
furent point endommagées. Ce malheur eft rapporté dans
un chronographe mieux fait que le précédent ; auffi eft-il
d'Adrien Junius.
LVX bIs sena fVIt IanI, hora Vespere nona,'
CVMsaCra IohannI VVLCano CorrVIt&Des.
Cet accident a été réparé , Se Féglife a été très-ornée
dans la fuite. Mais ce qu'il y a de plus remarquable, ce
font les vitres émaillées Se hiftoriées, avec un art qui ne
fe trouve point ailleurs. De grands rois Se princes , tant
féculiers qu'eccléfiaftiques , Se des communautés y ont
généreufement contribué ; Se c'eft l'ouvrage de deux frè-
res Théodore Se Gautier Cràbeth , les plus habiles gens
de leurs tems pour cette forte de travail. Ils étoient nés
à Gouda. * Alting. Germ. inf. Notit. part. 2,. p. 22.
Blaeu, Theat. Urb. Belg.
La ville eft entourée de jardins affez beaux , qui for-
cou
cou
ment une enceinte tout à l'entour. Il y a trois foires par
an , & on comptoit autrefois à Gouda trois cens cinquante
brafferies ; une bonne partie de la Flandre & de la Zé-
lande en tiroient leur bière. Il y a beaucoup de brique-
ries aux environs. L'air y eft très-fain , fur-tout à caufe
i6î
fieurs négocians ont cru que la mine étoit perdue.
GOUÈLLE , (la) petit pays de l'Ifle de France , dans
la France propre , près de Dammartin ; on ne peut pas
maintenant en déterminer au jufte ni les bornes ni l'étendue.
GOVERNOLO, bourg d'Italie, dans le Mantouan,
delà multitude des eaux courantes ; il n'y a presque point près de la jonction du Mincio ou Menzo , avec le Pô.
de maifon qui n'ait un canal, qui en emporte toutes les Baudrand donne pour nom latin Acroventum. J'ai averti
ordures dans l'Iffel. Cette ville a produit plufieurs favans, ailleurs que ce nom eft chimérique , & n'a d'autre ori-
dont on peut voir la lifte dans le Théâtre de Blaeu. Elle gine que l'ignorance des copiftes. Corneille dit fort bien
tient le fixieme rang entre les villes de la province de que Governolo eft un bourg du Mantouan ; mais il le
Hollande. . diftingue de Governo , qu'il dit être un bourg de la fei-
z. GOUDA , petite rivière des Pays-bas, dans la gneune de Venife, fur le Pô. Il ëft, dit-il, fitué à l'eu-
Hollande méridionale. Sa fource n'eft pas facile à re- droit où ce fleuve reçoit le Mincio. Governo Se Gom
marquer à caufe du canal que l'on a creufé, pour établir nolo ne font qu'un feul & même bourg du Mantouan,
une communication entre le Rhin qui coule à Alphen , fur le Mincio , près du Pô. On croit que c'eft YAmbu-
entre Utrecht & Leyde , Se l'Iflel qui coule à Gouda ; leius Ager des anciens , Se alors il étoit de la Vénétie ,
le lit de cette petite rivière ayant été non-feulement in Agro Venetûm Ambukio ; au lieu de quoi les copiftes
creufé jusqu'à fon embouchure , mais encore bien au-
delà de fa fource jusqu'à Alphen. Alting. German. infir.
z. part. p. 71, la nomme Gouda ou Golda, Se dit de la
ville de même nom: nomen adepta eft à rivo Gouda feu
Golda , qui urbem tranfit atquefub mœnibus , Iflcejungïtur
ont mis in Acroventu Mambuluo.
Governolo eft célèbre par l'entrevue du pape Léon^
avec Attila , roi des Huns.
GOVINA , cataracte d'Afrique , fur la rivière du Sé-
négal , à l'eft du royaume de Kaftan , dont même cette
GOUDERASOU, rivière des Indes, clans l'état du partie du Sénégal dépend, félon quelques voyageurs.
Ces cataractes qui font à la diftance de quarante lieues
de celles de Félu , font encore plus hautes Se plus inac-
ceflibles. * Labat , Voyage en Afrique.
GOULET 1E, (la) fortereffe d'Afrique, fur la côte
de Barbarie , au pays de Tunis. La Goulette , dit The-
venot , Voyage du Levant, c. 89 , p. 544 , n'eft autre
chofe que deux châteaux , dont l'un fut bâti par l'empe-
reur Charles V, Se l'autre par Achmeth Dey, qui voyant
Mogol. Elle a fa fource auprès de Mando , au royaume
de Malva , qu'elle traverfe en ferpentant vers le nord-
eft. Elle entre enfuite dans celui de Bengale , Se enfin
dans celui où elle va fe perdre dans le Gange ', entre Ba-
nara ou Benares Se Patna. * De l'Ifle , Carte des Indes.
GOUDET, rivière de Barbarie, au royaume de Ma-
roc. Elle a fa fource au mont Itata , vers Maroc , Se re-
çoit les rivières de Radeleyne , de Lovydin , deMephis,
de Mêle , de Lcquera Se de Mefenes , puis fe jette dans que les galères de Malte venoient prendre des vaifTeaux
l'Océan , près de Safie , félon Mouette , cité par Bau- à la rade de Tunis , fans que le canon du château leur
dranà, édit. de 170s;. fît aucun dommage, parce qu'il étoit trop haut monté,
GOUEL, (le) petite rivière des Indes, dans les états fit bâtir ce dernier qui eft fort bas , où il y a fept ou huit
du Mogol , au pays de Raja Rotas. Elle a fa fource aux grands portails , à deux pieds au-deflus de l'eau, par où
confins du royaume de Bengale , dans des montagnes ; on fait fortir des canons , qui battent à fleur d'eau. Ce
5e, après avoir coulé quelque tems vers l'eft-nord-eft , château eft rond du côté de la mer , Se celui de Char-
elle fe tourne enfuite vers le nord-eft à Jonpour qu'elle les V eft presque carré. Entre ces deux châteaux il y a
arrofe ; elle pane de-là au bourg de Soumelpour , à la trois maifons qui appartiennent à trois feigneurs. On va
forterelïe de Rotas ou Rodas ; enfuite elle reçoit une au- de-là à Tunis en bateau par un canal ou lagune , qui au
tre rivière qui vient du fud-oueft, Se elles fe vont per- commencement eft fort étroite, Se s'élargit enfuite beau-
dre enfemble dans le Gange , entre l'embouchure du coup ; il n'y a pas d'ordinaire cinq pans d'eau ; on fait
Gouderafou Se la ville de Patna. Le Gouel produit des ce chemin en quatre heures ; Se quand il fait un peu de;
diamans. Voici comment on les y cherche, félon Taver- vent, on y va en moins de deux. Il y a par terre dix-
nier, Voyage des Indes , /. z, c. 17. Après que les gran- huit milles de la Goulette à Alger.
des pluies fontpaflees, ce qui eft d'ordinaire au mois de Selon Marmol , Afrique, l. 6 , c. 16 , Barberouffe ,'
Décembre , on attend encore tout le mois de Janvier , corfaire , s'étant emparé de la ville de Tunis en 153 s;,
que la rivière s'éclaircifle , parce qu'en ce tems-là, en plu- Se en ayant chaflé Muley Halcem , fous prétexte de re-
lieurs endroits, elle n'a pas plus de deux pieds, Se qu'elle tablir le prince Arrafchid,avoit commencé cetteconquête
laifle beaucoup de fable tout découvert. Sur la fin du Jan- par celle de la Goulette ; l'année fuivante Charles V paffa
vier, ou au commencement deFévrier, tant du bourg de en Afrique , à la tête d'une armée , pour chalîer Bar-
Scumelpour , que d'un autre qui eft vingt cofles au-defius beroufle , Se rétablir Muley Hafcem , qui avoit imploré fa
fur la même rivière, (apparemment Jonpour,) Se de protection. Barberouffe voulant élargir le port de Tunis ,
quelques petits villages de la plaine , il fort environ fit ouvrir par des efclaves Chrétiens le canal de la Gou-
huit mille perfonnes de tout fe*e Se de tous âges, capa- lette , qui entre de la mer dans ce lac; Il élargit le fort pour
blés de travailler. Ceux qui font experts , connoiffent au le rendre capable de contenir quelques troupes; au lieu qu'à
fable s'il y a quelques diamans dedans, quand ils voient fon arrivée , ce n'étoit qu'une fimple tour carrée , comme
parmi le fable quelques petites pierres, qui reffemblent fi c'eût été le logis de la douane ; mais avec les fortifi-
fort à celles que nous appelions pierres de tonnerre. On cations qu'il y joignit , il en fit une place capable de fou-
commence à chercher dans la rivière , au bourg de Sou- tenir un fiége clans les formes. L'empereur l'ayant prife
melpour , Se on va toujours en remontant jusqu'aux mon- d'aflaut , la renferma dans un plus petit efpace , prit Tu-
tagnes d'où elle fort , Se qui font éloignées du bourg nis , rétablit le roi avec lequel il fit un traité , dont une
des conditions fut que la Goulette demeurerait à l'empe-
reur Se à (es fuccefleurs à perpétuité , Se que le roi Se les
d'environ cinquante coffes. Aux endroits , où l'on croit
qu'il y a des diamans , on tire le fable de cette manière.
On entoure ces endroits de pieux, de fafeines Se de
terre , comme quand on veut faire l'arche d'un pont , afin
d'épuifer l'eau, Se démettre la place à fec. Alors on tire
tout le fable , Se on fouille de la profondeur de deux pieds.
Tout ce fable eft porté Se étendu fur une grande place tre la Goulette , dont il fe rendit maître , aufli-bien que
fiens payeraient douze mille écus d'or par an pour l'entre-
tien de la garnifon , puifque c'étoit la fureté de l'état. Il
fit faire le nouveau château. Selim II , après avoir me-
ifle de Malte , tourna tout l'effort de Ces armes con-
préparée au bord de la rivière , Se entourée d'une petite
muraille, haute d'un pied Se demi ou environ. On y fait
des trous au pied ; Se quand on a rempli cette place ,
d'autant de fable qu'on juge à propos , on y jette de l'eau,
on le lave Se on le brafle , Se tout le refte fe fait comme
aux autres mines de l'Indouftan.
C'eft de cette rivière que viennent toutes les belles
pointes , qu'on appelle pointes naïves ; mais on y trouve
rarement une grande pierre. Les guerres ont été caufes
qu'on n'a rien tiré de cette rivière pendant plufieurs an-
nées ; ôc comme on n'en voyoit plus en Europe", plu-
de la ville de Tunis en 1574 , félon De Vertot.
de Malte , t. 5 , p. 14Ï.
De la Croix , dans fa Relation de l'Afrique , I. partie ,
p. z 1 6 , dit : on croit que la Goulette eft l'ille Galata , ou
Galitha de Ptolomée , ou le Goulon de Pline ; mais Sa-
nut Se un géographe Hollandois , appelle Zwart , veu-
lent que ce foient deux différentes places , parce que là
Goulette eft fituée à cinq milles de la mer , Si que ce
nom eft tiré de l'italien Gola Se Golctta , c'eft-à-dire pe-
tite gueule ou petite embouchure, Sec. Ceux qui croient
que la Goulette eft Fille de Galata ou Galitha de Ptolo-
TomilII. Xij
GOU
164.
niée , n'ont jamais lu cet auteur. Il nomme Galàthe ,
l'ifle que l'on appelle prélèvement la Galite; mais cette
ifle n'a rien de commun avec la Goulette , qui eft au
fend du golfe de Carthage , 6c à l'entrée de l'étang de
Tunis. Corneille fait de Sanut , auteur Italien _, 6ç de
Zwart , deux géographes Hollandois. De la Croix érige
une feigneurie de la Gouiette , fituée près du lac de
même nom, & qui , félon lui , renferme les villes^de
Maria , de Napoli , de Barbarie , de Cammart , d'A-
riane 6c de Carthage ; mais il ne dit point dans quel
fiécle il faut la mettre ; car il y a long-tems que la ville
de Carthage eft entièrement détruite. Il ajoute à l'égard
du lieu même , nommé la Gouktte , une hiftoire bien
différente de celle de Marmol. Les Mahométans , dit-il ,
ont jette les premiers fondemens de ce château : l'em-
pereur Charles V. l'acheva , 6c les Turcs s'en étant ren-
dus maîtres , l'ont fortifié de deux ou trois redoutes, y
ont bâti un beau port , plufieurs magazins , une douane ,
une prifon pour les efclaves chrétiens, 6c deux mof-
quées ; de forte que celte place reflemble préfentement
plus à une ville qu'à une citadelle.
GOUP'PEN , (le Mont) montagne enSuiffe , au can-
ton de Glaris , près de Schwanden : il y a eu autrefois
une mine d'argent & une de fer. Elle renferme auffi une
carrière de beau marbre noir , parfemé de veines blan-
ches. Il s'y trouve une fontaine nommée la fontaine
de Mai, quia trois propriétés fingulieres. I. Elle ne
coule que quand le printems eft venu , 6>C qu'on n'a
plus à craindre les effets de l'hyver ; de forte qu'on la
regarde comme un gage affuré du retour de la belle fai-
fon. 2. Le favon ne s'y mêle jamais avec l'eau. 3. Les
pois ne s'y cuifent point. 4. Quand on y lave du linge ,
il devient fort rude , 6c s'ufe fort vite. Il y a un creux
fort profond : fi on y jette quelque pierre , on l'entend
raifonner fort long-tems , jufqu à ce qu'elle arrive au fond ;
ce qui fait juger que la montagne eft creufe par dedans.
1. GOUR, petit royaume d'Afie , au midi de la Coras-
fane , & au couchant du Zabuleftan. Les habitans font
nommés Gouris ; c'eft la même chofe que Gaur. Voyez
ce mot. * Hiftoire de Timur-Bec , t. I , 1. 2 , 0 33.
2. GOUR , petit pays d'Ecofle , félon Davity. Voyez
Cowry.
GOURA , ou Gura ville de Pologne , fur la Wif-
tule, à quatre ou cinq lieues au-deffus de Warfovie , au
Palatinatde Mazovie. Elle prend fon nom de fafituation
fur une hauteur ; les Polonois appellent Gouri tous co-
teaux , toute montagne , tout lieu un peu élevé. Celui-
ci eft une montagne de fable en demi-ovale , 6c for-
mant une espèce d'amphithéâtre au-deffus de la prairie
de la Wiftule , applanie en terraffe , fur laquelle eft bâ-
tie la ville de Goura , dont le château n'eft que de bois ;
elle appartient à l'évêque de Pofnanie. Celui qui l'a
achetée , y a fait de grands changemens , 6c lui a même
donné le nom de Calvaire , Kalwaria , comme difent
les Polonois , par rapport aux monafteres , Se aux per-
forines dont il l'a peuplée. Elle reffemble en effet à ces
déierts du mont Liban , remplis d'hermitages 5c de cel-
lules. Ce nom eft fi fort établi en Pologne , qu'on ne
connoît prefque plus l'autre. Ce prélat donna le châ-
teau qu'il avoit bâti au fils aîné du roi , Jean Sobieski ;
6c le revenu de la terre qui n'eft pas petit , aux moines
qu'il y avoit établis. Sa pieufe manie , comme parle le
chevalier de Beau jeu , lui a fait chercher tous les lieux
particuliers du bois qui eft fur le penchant de cette hau-
teur pour y faire des oratoires , planter des croix , éle-
ver des autels ; enforte que d'une bute de fable , entou-
rée de forêts épaiffes , il en a fait une vraie Jérufalem.
* Mémoires du chevalier de Beaujeu , U 2, c. I.
GOURADOU , ifle de la mer des Indes , entre les
Maldives , à dix lieues de celle de Maie. Elle n'a qu'une
petite entrée fort difficile , de forte qu'on a befoin d'un
pilote expert pour en favoirle paflage. On n'y voit point
de villes clofes , mais feulement des maifons diftinguées
par rues 6c par quartiers. L'eau douce n'y manque pas.
* Corneille , Dift. Davity , Afie.
Cette entrée eft apparemment la même chofe que le
canal de Caridou que De l'ifle met au nord de l'ifle
de Maie.
GOURDON , petite ville de Fiance , en Quercy
GOU
qu'il y a environ deux milles âmes dans Gourde*.
* Baudrand, éd. de 1705. Piganiolde la Force , Defcrip-
tion de la France , tom. 4 , pag. 5 54. édit. de Paris.
GOURGAS, petite rivière de France, en Languedoc.
Elle a fa fource 6c fon cours au diocefe de Lodeve , 6t
entre dans la rivière de Lergue qui arrofe cette ville , 6f
qui va porter fes eaux dans l'Eraud.
GOURNA. Corneille dit : fortereffe des Indes,
qu'on trouve à une journée de Baffora ; elle eft fituée
fur une pointe de terre au confluent du Tigre 6c de l'Eu-
phrate. Il a oublié fans doute qu'il en avoit parlé plus am-
plement fous le nom de Gorno. Voyez ce mot.
1. GOURNAY , ville de France, en Normandie , au
pays de Bray ; en latin Gornacum : elle eft fituée fur la
rivière d'Epte , cinq lieues au-deffus de Gifors , à dix de
Rouen , 6c à fix de Beauvais , dans une plaine partagée
en gras pâturages , 6c en terres de labour , faciles à inon*
der par le moyen des éclufes. Elle a titre de comté ,
6c un château compofé de quatre tours qui en foutien-
nent un autre au milieu , avec des murailles dont elle eft
environnée en partie. Le refte de fon enceinte confifte en
haies vives plantées fur les bords de fes foffés remplis
d'eau. Cette ville a quatorze portes , quatre grandes rues
principales affez bien pavées , quatre monafteres 6c deux
paroiiîes, favoir Notre-Dame 6c la collégiale de Saint
Hildevert. Ces deux paroiffes font dans la ville suffi-bien
que les Urfulines : les filles de la congrégation de Notre-
Dame , dites de faint-Jojeph , 6c l'hôpital ; mais les Ca*
pucins 6c les filles de S. François font dans le faux-
bourg. La collégiale eft compofée de huit chanoines,
dont le doyen eft le chef, de deux vicaires du grand au-
tel , de quatre chapelains titulaires , 6c de fix enfans de
chœur ; le curé 6c les prêtres habitués de cette églife ne
font pas chanoines ; cependant le curé a les honneurs dit
grand autel qui eft fort propre 6c fort dégagé. On ycon-
ferve dans une chaffe d'argent le corps de S. Hilde-
vert , évêque de Meaux , dont on fait la fête , le 27 Mai.
Le chef de ce faint évêque , eft dans un globe d'or
ducat. Le grand portail eft orné de deux gros clochers r
6c les bas côtés qui tégnent autour de la même églife ,.
montrent fon antiquité. Quoiqu'on regarde celle de No-
tre-Dame comme la grande paroifle , à caufe qu'elle eft
la plus peuplée , elle n'eft que fuccurfale , 6t l'on batife à
Saint-Hildevert dont le chapitre nomme le vicaire per-
pétuel de Notre-Dame , où il y a douze prêtres , 6c dont
l'églife eft très-folidement bâtie , avec un beau clocher
qui renferme une bonn« fpnnerie. Il y a une haute juftice
à Gournay , une éleft ion , un grenier à fel , un maire ,
trois échevins , une maifon de ville accompagnée d'une
tour , d'une horloge &c d'une grande place , deux compa-
gnies bourgeoifes qui ont leurs officiers. On y tient tous
les mardis un marché célébré pour les bons beurres de
Bray qu'on y vient chercher de tous côtés. Il y a plufieurs
belles feigneuries dans fon voifinage , où l'on trouve aufli
l'abbaye de S. Germer , ordre de S. Benoît , celle
de Bellozane , ordre de 'Prémontré ; le prieuré des Ber-
nardins de S. Aubin. Le château de Vardes qui n'en
eft qu'à une lieue , tombe en ruine. Celui de Neuf-marché
qui étoit autrefois une forterefls confidérable , aété détruit
de même que celui de Beauvoir. * Corneille , Dift ion.
Mémoires, drejfés fur les lieux , en 1704.
Gournay, après avoir été entre les mains de plufieurs
feigneurs , fut réunie au domaine par Charles V , roi de
France. Charles VI , fon fils 5c fuccefleur , en fit don à
Louis fon frère , duc d'Orléans. Les grands biens de cette
maifon d'Orléans furent réunis à la couronne fous Fran-
çois I; néanmoins les rois ont donné Gournay aux ducs de
Longueville, dont les héritiers , ou ayant caufe , en jouif-
fent encore aujourd'hui , 5c ont le patronage de l'églife
collégiale de Notre-Dame. * Longuerue , Defcr. de la
France , 1. part. p. 69.
L'églife de Gournay fut dédiée d'abord , fous l'invoca-
tion de S. Guitmar , abbé de S. Riquier en Ponthieu ;
mais après qu'on y eut apporté lès reliques de S. Hilde-
vert , elle le prit pour fon patron. * Baillet , Topographie
des Saints , p. 216.
2. GOURNAY, petite ville de l'ifle de France, fur la
Marne , que l'on y pane fur un pont , environ à trois heues
deflus de Paris , 6c à trois lieues de Lagni , auprès de
près des confins du Perigord , fur le ruiflèaux de Sor , à Fabbaye de Chell
fix lieues de Cahors , 6c à quatre de Sarlat. On croit %• GOURNAY, bourg da F
j , en Pi<
GOU
GOY
diocèfe de Beauvais , fur l'Aronds , dans Félettion de
Clermont.
4. GOURNAY , village de Normandie , au diocèfe
d'Evreux , éle&ion de.Verneuil.
5. GOURNAY , village de France , en Normandie ,
au diocèfe de Rouen , élection de Montvilliers.
6. GOURNAY , village de France , en Berry , diocèfe
de Bourges , élection de la Châtre.
7. GOURNAY , village de France , au Poitou, élection
de Saint-Maixant.
8. GOURNAY , feigneurie de France , au Poitou ,
élection de Thouars. Elle eft au duc de Richelieu.
GOURO , ville des Indes , au royaume de Bengale ,
dont elle eft une des plus considérables , fous la pui (lance
du Grand-Mogol , & fur la rivière du Gange , environ à
deux cens mille pas de la côte du golfe de Bengale , au
feptentrion Se autant de Chatigan , félon Baudrand ,
éd. de 1705.
GOURSE , ( la tour de ) tour de Suiffe , au pays de
Vaud , auprès de la ville de Cully. Elle eft fituée fur un
monticule fort élevé , couvert d'une forêt de lapins , au
fommet Seau plus épais de la forêt. Elle étoit très-forte ;
mais elle eft à demi ruinée. On la nomme la tour de
Gourfe , Gourde , ou Gaufe. La tradition du pays eft que
cette tour fut bâtie pour fe mettre à couvert contre les
irruptions des Sarazins qui, s'étant nichés dans certaines
forêts du Piémont Se de la Savoye, dans le dixième fiécle,
faifoient perpétuellement des courfes dans les pays voifins
Se défoloient toute la campagne. * Etat & Délices de la
Suiffe, t. 2, p. 171.
GOURY. Voyez Gowry.
GOUTEM, ville de Perfe 374 d. 46' de longitude ,
félon Tavernier , Voyage de Perje , 1. 3 , chap. dern. Se
à 37 d. 10' de latitude. Ce n'eft qu'une petite ville , dit ce
voyageur ; Se l'occupation de la plupart des habitans eft
de faire de la foie.
GOW, ou Gou, ou Gau, canton, contrée distin-
guée par les propres bornes des cantons ou contrées du
voifinage , mais qui d'ordinaire faifoit partie d'un autre
peuple. Les anciens nommoient Pagi en latin , ce que
les Celtes , c'eft-à-dire les Gaulois , les Germains , ap-
pelaient Gou , ou Gow , ou Gau , ou même Go ; le peu-
ple entier fe nommoit Civitas , Se fe divifoit in Pagos ;
c'eft dans ce fens que Jules Céfar , de Bello Gallic. I. 1 ,
dit que les Helvetiens étoient divifés in quatuor Pagos ,
en quatre cantons. Le même auteur dit que les habitans
de Trêves apportèrent la nouvelle que cent cantons des
Suéves s'étoient arrêtés au bord du Rhin ; Pagos cen-
tum Sutvorum ad Rhenum confedijje. L'auteur anonyme
qui a écrit en vers latins l'hiftoire de Charlemagne, dit :
Sed variis diyerfa modis plebs omnis habebat,
Quot Pagos , tôt pêne Duces , velut unius anus
Corporis in diverfa forent hinc inde revulji.
■ C'eft de ce Gou ou Gow que la terminaifon eft venue
à plufieurs noms géographiques. Je remets au mot Pagus
à traiter de ce que les Romains ont entendu par-là. Je
remarquerai feulement ici qu'il avoit plus de rapport à
la portion du peuple , co.mprife Ibus ce nom qu'au pays
qu'elle habitoit ; je m'explique. Il arrivoit fouvent qu'un
peuple entier changeoit de demeure ; les Pagi dont il
étoit compofé demeuraient les mêmes ; mais il femble
que le mot Gav; , Gow ou Gou, foit plutôt attaché au
pays. Dans la Frife , entre le Zuyder-Zée Se le Lauwers,
on trouve cette diftinftion établie d'OJlergo Se de We-
fiergo, c'eft-à-dire le- canton oriental , Se le canton occi-
dental. Il faut rapporter à la même origine le nom de
Reingau , donné au canton qui eft entre Mayence Se
Baccharach ; celui de Brisgau que porte le canton , fitué
entre le Rhin , la Suabe Se la Forêt-noire ; celui de Sund-
gau , qui fignifie le pays fitué entre le Rhin , l'évêché
de Balle , FAlface , Sec. Cette terminaifon en Gou ou
Gau, eft particulière à l'Allemagne Se aux pays dont la
langue eft une diale&e de l'allemand.
Ces Gaw ou Pagi , avoient anciennement leurs chefs ,
qui tous enfemble en choififfoient un d'entr'eux qui corn-
tnandoit la nation entière. Les Francs & les Allemands
ayant établi chez eux l'état monarchique Se héréditaire,
conferverent l'ancienne coutume de donner à chaque can-
ton un chef, mais avec de nouveaux titres ; Se c'eft par
16S
cette raifon qu'avec le tems , cette première diviflon à
difparu peu-à-peu en beaucoup d'endroits, quoique dans
le fond, elle ait étéconfervé? Ibus d'autres noms , comme
de duché , de cemté , Sec.
De Valois foupçonne que le mot contrée pûurroîtbieh
avoir été dit au lieu de comté. Ménage, dans fes Origines
de la langue italienne , dérive contrata de condracla rër
gio, petit pays. Ducange, G lojf. infim. latin, donne auffi .
quelques étymologies au mot contrata.
En Fiance, où l'on a long-tems employé lalangue latine
dans les actes , les pagus , terminus Se comitatus y ont
fubfifté affez long-tems. Les Annales de S. Bertin contien-
nent une diyifion de la France Se de l'Allemagne fous
Louis le Débonnaire , où l'on trouve le mot comitatus ;
employé par-tout où les autres hiftoriens de ce tems-là
auraient mis le mot pagus ; on y lit comitatus Vallifio-
rum , comitatus Waldenfis , comitatus Genavenfis , co-
mitatus Lugdunenjis , comitatus Cavallonenfis , comita-
tus Lingonicus, comitatus Tullenjîum , Sec. Grégoire
de Tours laiffe fouvent le mot pagus fous-entendu , Se
dit fimplement Bituricum , Picl.ivum , Andccavum , Ar-
vernum,Lemovicinum, Cadurcinum , Turonicum, Suep-
fionicum. lia été imité par quantité d'écrivains, Se nous
avons adopté cette façon de parler dans la langue fran-
çoife. Nousdifons : leBerri, le Poitou, C Anjou, V Au-
vergne, leLimofin, le Querci , laTouraine , le Soijfon-
nois.
GOWRAN , ville d'Irlande , dans la province de
Leinfter , aucomtédeKilkenny, àhuit milles, Se à l'eft
de Kilkenny, Se à environ quinze milles au nord-eft de
Callen , près des frontières de Caterlagh. Elle a droit
d'envoyer deux députés au parlement , Se a donné le ti-
tre àe baron, fous le roi Guillaume III, à Jean Cuts qui
s'étoit aquis beaucoup de réputation dans les armées, Se
mourut à Dublin , en 1707. * Etat préfent de V Irlande,
p. 41.
GOWRY, petit pays d'EcofTe, dans la province dé
Perthshire. Cette province eft féparée en deux parties ^
favoirGowryaunordSePERTH au midi. Voyez Perth-
SHIRE.
GOY, royaume d'Afrique , dans le Congo ou la baffe
Guinée , félon quelques-uns. De l'Ifle le nomme Angoy
Se le borne au nord par le petit royaume de Cacongo ,
au midi par la rivière de Zaïre Se par le comté de So-
gno , Se au couchant par la mer. C'eft un fort petit can-
ton , où fe trouve la baye de Cabende , port accompagné
d'un village. De la Croix dit que la capitale du royaume
de Goy a auffi le même nom : elle eft fur la côte bien
peuplée Se fort agréable. Le pays eft bon , le millet Se
les fèves y viennent bien , Se la mer Se les rivières font
fort poiffonneufes ; mais les habitans font très-méchans,
Se infultent les étrangers. Quoique leur pays foit affez
petit, ils ne laiffent pas de faire les fiers., Se de braver
leurs voifins. * Corneille, Dift. De la Croix, Sec.
GOYLAND , (le) petit pays des Provinces- Unies, au
midi du Zuyder-Zée , dans la Suyd-Holland, ou Hollande
méridionale , aux confins de la feigneurie d'Utrecht , Se
de l'Amftel-Land. On y trouve les villes de Naerden Se de
Muyden. * Dicl. géogr. des Pays-bas.
GOZA, petite ville d'Afrique , en Barbarie , au royaume
de Maroc , dans la province de Hea , vers les confins de
celle de Ducala , fur la côte. Quelques géographes l'ap-
pellent Abet, Se croient que c'eft l'ancienne SuRlGA de
la Mauritanie Tingitane. * Baudrand , éd. de 1705.
GOZALENE. Voyez Gazalina.
. GOZAN , fleuve d'Afie , duquel il eft parié en plus
d'un endroit de l'écriture. Il paroit par un paffage du IV.
Livre des Rois, c, 17, v. 6, Si c 18 , v. 11 , Se c. 19,
v. 12. Voyez auffi 1. Parai, c. 5 , v. 3.6 , Se par un autre
d'Ifaïe , c. 37, v. 11 , que Gozari marquoit auffi une
province , ou une nation , apparemment la même où cou-
loit le fleuve Gozan. Salmanazar tranfporta au-delà de
l'Euphrate , fur le fleuve Gozan , les Ifraëlites des dix
tribus qu'il avoit fubjuguées ; Se Sennacherib fe vante
que les rois fes prédéeeffeurs ont vaincu les peuples de
Gozan , de Haran Se autres. Il ne s'agit plus que de trouver
au-delà de l'Euphrate le fleuve ou la nation de Gozan.
Ptolomée place la Gauzanite dans la Mefopotamie.
Pline dit que la province Eloncozine s'étend vers les
fources du Tigre. Il y a un canton nommé Gauz'an dans
laMedie, entre le Cyrus Se le fleuve Gamlyfe. Ptolomée
166
GOZ
CRA
met dans le même pays la ville de GauzANIE ; &
Benjamin dit , dans fon Itinéraire , que Gozan eft dans
la Médie , à quatre journées 'de Hemdan ( ou Hamadan. )
Les rabbins croient que Gozan eft le fleuve Sabbatique
■qui ne coule pas , félon, eux , tous les jours du Sabbat ,
& qui eft environné de feux ce jour-là. Voilà , dit
D. Calmet , Dicl. de la Bible , tout ce que nous trouvons
•for le fleuve GozAN.
GOZE. ( le ) Voyez Gozzo.
GOZZI , ou les Gozes , petites ides de la Méditer-
ranée , au midi de la partie occidentale de l'ifle de Can-
die , &c environ à cinq lieues marines du fort de Seiino.
Il y en a deux placées nord & fud ; la plus grande eft au
midi ,& la féconde qui eft au nord , eft nommée I'Anti-
Goze. De l'ifle les nomme l'une & l'autre les Gozes
■de Candie , pour les diftinguer de Go?<o au près de l'ifle
-de Malthe. Elles font autrement rangées par le "Witt : il
■met la plus grande qu'il nomme Gozo , avec une bour-
gade nommée Pax Munda dans fa partie orientale ; &
au couchant feptentrional de cette ifle , Y Anti-Goze , qu'il
laiffe fans nom, & qu'il accompagne d'un écueil, à l'orient.
■Le P. Franceîco Piacènza Napolitain , dans fa Defcrip-
tion de l'Archipel , p. 126 , obferve que cette ifle de
Gozzo près de Candie , a été quelquefois confondue
avec le Gozze de Malthe ; mais il me paroît qu'il le
•confond lui-même avec Paxmundo , ou Paximadi, qui
eft une ifle différente , plus à l'orient & plus près de la
côte de Candie , au golfe de Meflalie. Quelques-uns
croient que c'eft la Letoa des anciens ; mais Sophien &
■d'autres géographes difent que la même Letoa. eft Chrif-
tiana. Le Goze dont il eft ici queftion eft le Gaudos de
■Pline , L 4 , c. 1 2 , . & la Claudos de Ptolomée , /. 3 , c. 17 ,
tjui y met une ville de même nom. Elle eft nommée
Claude dans le grec des Aftes des apôtres , c. ij , v. 16.
Notre Vulgate dit : nous fumes pouffés_ au-deffous d'une
"petite ifle appellée C aude. Elle a été le iîége d'un évêque ,
félon la Notice de Hierocles.
GOZZO , ( l'ifle de ) petite, ifle d'Afrique , fur la côte
-de Barbarie , au nord-oueft de l'ifle de Malthe , &; au
midi de la Sicile. Elle a été nommée Gaulos par Pline ,
/. 3 , <. 8 , & par Mêla , /. 2 , c. 7. Diodore de Sicile ,
•l. •) , c. 12 , dit que cette ifle Gaulos, fituée en pleine
•mer , a la commodité des bons ports , & a été premiè-
rement fréquentée par les Phéniciens. Scylaxde Caryande,
Peripl. dit : Malthe ville &C port , Gaulos ville. Spon ,
Mifcell. erudit. antiq. p. 190 , rapporte une infcription
4e Malthe dans laquelle on lit :
Chrestion Aug. L. Proc.
Insularum M-elit. et Gaul.
Silius Italicus , parlant de cette ifle dit : /. 14 , v. 274 ,
Et Strato , Gaulon , fpeclabile Ponto-.
Une autre infcription de Malthe , rapportée par Spon ,
nomme les habitans de cette ideplebs Gaulitana ; cepen-
dant on les a auflî nommés Gaulonita.
Ses habitans l'appellent Gaudïfch : elle n'eft féparée de
l'ifle de Malthe que par un canal étroit appelle Freo ; ( les
Fançois , difent Frioul ) d'une lieue & demie ou deux
lieues de large , au milieu duquel font placées les petites
ifles , ou les rochers appelles Comin &c Cominot ( le plus
grand , qui eft un carré-long , eft nommé l'ifle de Cuming
par De l'ifle , l'autre n'eft qu'un écueil. ) Le circuit de
Gozzo eft d'environ huit lieues , fa longueur de trois ,
& fa largeur d'une 8c demie. Elle eft environnée de
rochers efcarpés &c d'écueils , de forte qu'on n'y peut
aborder que difficilement ; cependant le terroir en eft
allez fertile. * Vertot , Hift. de Malthe , t. 3 , p. 453.
Cette ifle étant très-près de celle de Malthe , a eu les
mêmes maîtres , & la même deftinée : elle a appartenu
fucceflîvement aux Carthaginois , aux Romains , à l'em-
pire d'orient , aux Sarazins , & enfin à Roger, Normand ,
comte de Sicile^; de forte qu'elle fut une annexe de cette
couronne jufqu'à Charles V , qui la donna avec l'ifle de
Malthe en 1 5 30 , aux chevaliers de S. Jean de Jerufalem
qui avoient été chaffés de Rhode par les Turcs. Ce que
Diodore de Sicile appelle des ports commodes , font des
Calles *; les plus remarquables font le long de la côte fep-
tentrionale , à commencer au cap de Mûrie , qui eft à
l'oued : on trouve Cailla Bazar, Calla Baida , Calla d'i
Majfaforno , Se Calla de Ramela , Se quelques autres;
La Calle à Migart eft à la côte du fud-eft , vis-à-vis
l'ifle de Cuming ; celle de Xilendi eft à la côte dufud-
oueft. Il y a par-tout des habitations. * Davity.
Lorsqu'elle fut cédée à l'ordre des chevaliers , il y
avoit environ cinq mille perfonnes , hommes , femmes
Se enfans difperfés en différens villages ; 8c pour leur
fureté contre les corfaires , on y avoit conftruit un château
fïtué fur une montagne ; mais il étoit mal fortifié , & de
peu d'importance. Au-deflous du château , il y a un bourg
affez peuplé , puifque quand les Turcs prirent cette ifle
en 1 5 5 1 , par la lâcheté Se l'imprudence de Jean d'Ome-
des , indigne grand-maître d'une ordre fi rempli de vajeur,
Sinan Bâcha y fit fix mille trois cens efclaves de tout âge
Se de différent fexe qu'il embarqua ; mais l'an 159g ,
Martin Garzez , grand-maître , Se le confeil de l'ordre ,
firent fortifier le château & l'ifle ; & comme l'on a remar-
qué que les Turcs avoient eu plufieurs fois deffein de s'en
emparer , on n'a rien négligé pour mettre l'ifle à couvert
de toute infulte ; de façon qu'en 161 3 , les corfaires
d'Afrique ayant tenté de s'en faifir , firent des efforts
inutiles. En 1709 les Turcs firent la même tentative ; mais
ils la trouvèrent il bien pourvue , qu'ils n'oferent y rifquer
-une defcente.
De l'ifle nomme cette ifle le Gor_e , Se l'abbé de Vertot
de même.
GRAjE , rotaî : Arrien , dans fon Périple , ( Periplus
maris JSàythrœi , p. 22 , édit. Oxon. ) dit que l'on nom-
moit ainfî certains fignes ausquels on connoiflbit que l'on
étoit fur la côte de la Perfide , 8c du Sinthe. On ne fait
pas trop ce que c'étoient que ces fignes ; car , comme il
dit deux lignes plus haut que l'on voyoit des ferpens , il
fe peut faire que les fignes nommés Grâce étoient des
animaux marins : il fe peut auflî que ce fût quelque autre
chofe , comme une écume de la mer , ou quelqu'autre
marque qui annonçoit que l'on approchoit de terre. En
un mot , on ne fauroit dire au jufte ce que c'étoit.
GRAAEI , ancien peuple de Thrace , vers les fources
du Strymon , félon Thucydide , /. 2.
GRAAN , ville de la Sufiane , félon Ptolomée , /. 6 ,'
c. 3. Elle ne fe trouve point dans la plupart des exem-
plaires.
GRAATANLETTRE. Entre les conciles tenus en
Angleterre , on trouve Grateleanum concilium. tenu ,
félon le P. Labbe , vers l'an 928 , fous l'autorité du roi
Athelftan , élu roi d'Angleterre en 924, & fous "Wlphelme,
archevêque de Cantorbery. Le père Labbe , dans
fa Géographie des conciles , explique Gratelea par
Graatanlettre en Angleterre , fans dire où eft ce lieu.
Corneille dit que c'eft un bourg. Je ne trouve rien d'ap-
prochant dans la lifte des bourgs d'Angleterre.
GRABAEI , ancien peuple de la Dalmatie , félon
Pline, A 3 , c. 22. Ce font peut-être les mêmes que Strabon ,
/. 7 , p. 3 16 , appelle Galabrii , Tah^Cejou
1. GRABOW , petite ville d'Allemagne , dans la baffe
Saxe , au duché de Meckelbourg , fur le ruifleau de l'Elde ,
qui vient de Schwerin & de Neuftadt , & va tomber dans
l'Elbe à Domitz. Grabow eft à près de quatre milles de
cette fortereffe , à deux de Neuftadt , & à fix de Schwe-
rin. Il y a un château qui étoit la réfidence du duc Frédéric ,
quatrième frère de Chriftian-Louis duc régnant de Meckel-
bourg-Schwerin. Frédéric fut furnommé duc de Grabow,
parce qu'il avoit eu ce château pour fa demeure : c'eft
dans ce lieu que naquirent fes trois fils Frédéric-Guil-
laume , Charles-Leopold & Chriftian-Louis. Il y mourut
en 1688. De fes quatre aines il ne reftoit plus que le duc
régnant , qui étant mort fans enfans en 1692 , laiffa fon
duché de Schwerin à Frédéric Guillaume , fils aîné de-
Frederic. Alors ce prince tranfportafacourdansle château
de Schverin , & laiffa celui de Grabow à fa mère , après
la mort de laquelle il a été la réfidence du duc Chriftian-
Louis, qui y avoit féjourné du vivant de cette princeffe, far-
tout depuis la mort de Frédéric-Guillaume , qui , étant
mort fans enfans , avoit eu pour fucceffeur Charles-Leo-
pold , leur frère , avec qui le duc Chriftian-Louis fympa-
thifoit moins qu'avec l'aîné. Ce château a été brûlé depuis
quelques années. Baudrand met Grabow fur l'Elbe, c'eft
peut-être une faute de fes imprimeurs. * Mém. drelj'is fur
les lieux.
z. GRABOW, petite ville de Pologne , fur !a rivière
GRA
GRA
16'
de Profne , au palatinat de Kalisch , & dans la grande
route de Breslaw à Varfovie. * Andr. Cellar. Regni Po-
îon. Dekr.p. 228. .,
3. GRABOW, autre petite ville de Pologne, au pa-
latinat de Ruffie, aux confins du palatinat de Belz , allez
près de la fource de la rivière de Wieperz , félon De l'Ifle.
André Cellarius , p. 347 , la donne au palatinat de Eelz.
Elle eft dans le diftrift de la ville de Chelm. Baudrand
la nomme GRABOV/IZ.E.
GRABOWISE. Voyez Grabow 3.
GRABUSE. Voyez Garabusa.
GRACAY , petite ville de France , en Berry , fur '
GRACIEUSE (la) ou Graciosa , ifle de l'océan
Atlantique, l'une des Açoras , à feptou huit lieue ;n i~
nord-oueft de Tercere. £lie n'a que cinq ou fix lieues de
tour ; mais elle abonde en fruits &c en vivres , & eft fort
agréable. Baudrand, édit. de iyo1; , dit qu'elle eft a;'"ez
peuplée ; mais il la met à quinze heues Espagnoles de la
Tercere. Cttte diftance eftexceflive. Mandeilo, Vvyrge.
des Indes, l. 3 , marque qu'il n'y a point de ville dans
cette iite , mais feulement des châteaux pour la fureté
& la défenfe des ports. La beauté de fa campagne , St
les fruits qu'elle produit en grande abondance , efjforte
qu'elle en fournit même à fille de Tercere , lui ont donné
Fouzon *à une lieue de Vatan , & à trois de Vaïençai en le nom qu'elle porte. * Premier voyage des Hollandais
allant vers Bourges , dont elle eft à neuf lieues. El'le eft aux Indes , au Recueil de la compagnie , t. 1 , p. 433.
du reflbrt d'Iiîbudun. Graçay eft entourée de murailles GRACOWATZ , village de la Bosnie, à cinq lieues
flanquées de tours. La tour du Berle eft la plus groffe ; de Tina , du côté du nord. Quelques-uns croient qu'iL
occupe la place âeBurnum, ville de laLiburnie, félon
Ptolomée. Voyez Burnum 2.
GRACURIS, Graccuris ou Gracchuris , an-
cienne ville de l'Espagne Tarragonoife, au pays des Vas-
cons, félon Ptolomée, /. 2, c. 6. On en trouve l'origine
dans l'Epitome de Tite-Live , /. 41. Tib. Sempronius
Grachus proconful , ayant vaincu les Celribériens , les
reçut à compofition; & pour laifferenEfpagne un mo-
nument de les travaux , il bâtit la ville de Gracchuris.
FeftusPompeïus allure la même chofe ; Gracchuris, dit-il,
ville d'Espagne, ainfi nommée par Gracchus Sempronius:
on la nommoit auparavant Illurcis. Cela veut dire que
Gracchus ne bâtit pas proprement cette ville , puisque
c'en étoit déjà une , appellée Illurcis ; mais il la répara,
l'augmenta & lui donna fon nom. On trouve fur quelques
anciennes médailles Graccuris. Ptolomée, /. 2, c. 6 , écrit
r&KKett , & met cette ville dans les terres , en-deçà de
l'Ebre , affez loin de ce fleuve. Antonin , Iliner. l'en
elle eft oftogone , bâtie fur une élévation , & foutenue
par quatre greffes murailles en forme d'arcades. Cette
terre a, de toute ancienneté, porté le nom de bannit, &
les feigneurs fe qualifioient Jïres , barons, princes. Ils en
ont joui jusqu'en 1371, que Regnaud de Graçay, VII
du nom, la vendit a Jean de France , duc de Berry, qui
la donna au chapitre de la Sainte-Chapelle de Bourges ,
qu'il avoit fondée l'an 1405. * Baudrand, éd. de 1705.
Piganiol de la Force , Defcr. de la France , t. 6 , part, 2 ,
p. 4S3.
GRACCHURIS. Voyez Gracuris.
GRACE , (la) petite ville de France , dans le haut
Languedoc , à fix lieues au fud-eft de Carcaffonne. Elle
contient environ mille habitans , 8c a une belle abbaye
d'hommes , ordre de S. Benoît , fondée par Charlemagne.
1. GRACE-DIEU, (la) abbaye d'hommes en France,
de l'ordre de Cîteaux, dans le pays d'Aunis, au diocèfe
de la Rochelle , & à cinq lieues de cette ville.
2. GRACE-DIEU, (la) monaftere de l'ordre de éloigne de foixante-quatre mille pas; mais il la met au-
diocèfe de delà &c au couchant de l'Ebre. Il dit dans la route d'As-
torga à Tarragone.
Barbariana,
Graccurim,
Balfionem ,
Casfarauguftam .
XXXII.
XXVIII.
XXXVI.
C'eft préfentement la ville d'AGREDA, près deTara-
Fontevraud , dans le haut Languedoc
Vieux.
3. GRACE-DIEU, (la) abbaye d'hommes, ordre
de Cîteaux, dans la Franche-Comté, au diocèse de Be-
fancon.
il GRACIA. (Puerto di) C'eft un port de la côte
feptentrionale de l'ifle Espagnole , à quinze lieues à l'o-
rient de Aîonte-Chrijlo , & un peu en-deçà de Monte di
Plata. Il fut ainfi nommé, parce que Chriftophe Colomb
y reçut en grâce Martin Alonfe Pinçon, capitaine d'une zona , aux confins del'Aragon. Auffi voit-on que les fai
de fes caravelles , qui l'avoit abandonné , &C qui le re- martyrs , nommés martyres Graccuritani , dans les an-
joignit en cet endroit : d'autres difent avec moins de ciens Actes , font appelles martyres de Agreda , dans le
vraifemblance , que c'eft parce que l'amiral obligea Pin- Martyrologe d'Efpagne. * Harduin , in P"lin. 1. 3 , c. 3.
çon de remettre en liberté quatre infulaires qu'il avoit GRACZ. Voyez Gratz.
enlevés de force. GRADACHIO , ( monte) montagne de l'ifle de
2. GE.ACIA (terre de). Chriftophe Colomb nomma Corfe , vers le milieu de Fille. On trouve fur le fommet
ainfi une terre du continent de l'Amérique , qu'il prit d'à- de cette montagne le lac de Crena, d'où fortent les
bord pour une ifle, tk qui eft à quinze lieues au nord rivières de' TaviGNANA & de LlMONE ; celle de
du golfe de la Baleine , au midi de la côte &C du golfe Golo fort du lac Pio. Ces trois rivières font les plus
deP
1. GRACIAS- A-DIOS , cap de l'Amérique , qui fait la
pointe orientale de la province de Honduras, parles 14 d.
de latitude nord. Chriftophe Colomb , qui le découvrit
le premier , le nomma ainfi , parce que quand il y fut ar-
rivé, les vents qui l'avoient long-tems contrarié, com-
mencèrent à lui devenir favorables.
2. GRACIAS-A-DIOS ou Grâces a Dieu, ville ou
bourg de l'Amérique feptentrionale , dans la province de
Honduras , au pied des montagnes , à trente lieues de
Valladolid , presque vers l'oueft. Elle fut bâtie en 1 530,
greffes du 1
GRADETSCH , autrefois bourg1, préfentement vil-
lage de Suiffe, dans le haut Valais , au département de
Siders ou Sierre , à une lieue & demie au-deffous de Si-
ders. * Etat & Délices de la Suiffe , t. 4 , p. 191.
Ce bourg étoit muni de trois fortereffes ; mais ce n'eft
plus qu'un village.
GRADIENSIS. Ortélius croit que c'étoit un fiége épis-
copal d'Afrique , mais il ne dit point en quelle province.
Il cite S. Optât.
1: GRADISCA, ville forte du royaume de Hongrie ,
par le capitaine Gabriel de Royas , pour défendre les dans la Croatie, fur la Save, aux frontières de la Bosnie ,
ouvriers que l'on faifoit travailler aux mines d'or ; mais à huit milles de Zagrab , vers Poffega. Les Turcs qui s'en
comme il n'étoit pas affez fort pour foutenir les conti- étoient emparés depuis long-tems , en avoient fait une
nuelles incurfions des fauvages , il l'abandonna ; & fix forte place ; mais ils l'ont perdue durant la guerre qui a
ans après , elle fut rebâtie par Gonçale d'Alvarado. Elle précédé le traité de Paffarowitz ; de forte qu elle eft pré-
eft bâtie fur un coteau fort rude : les habitans s'occu- lentement à l'empereur , qui en a extrêmement augmenté
pertt à cultiver les campagnes , & àfeiner du froment, les fortifications. * Baudrand, édit. de 1705. Mémoires
avec un fort grand travail , à caufe que le terroir eft très- communiqués.
dur. Ils y élèvent force mulets , dont ils fe fervent à trans- 2. GRADISCA, petite ville d'Italie , au comté d;
porterleurs bleds à la ville de San-Salvador , & aux autres Gorice , fur la rivière du Lifonzo , aux frontières du Frioul.
lieux voilins. Ils ont aufiï de fort bons chevaux. Bail- Les Allemands écrivent Gradifch. (a) Elle eft à cinq
drand dit qu'on y avoit autrefois placé l'audience royale quarts de mille de Gorice. Cluvier, Ital. ara. l.l,c. 20,
qu'on a en.'uite transportée à Guatimala; que ce lieu eft croit que les anciens l'ont nommée AD Undecimum.
fut avant dans le pays , & à plus de foixante- dix mille C'eft une fort petite ville, qui n'a rien de remarquable
pas de la côte du golfe de Honduras. Il n'en fait qu'un par elle-même que fes fortifications , fou château & l'on
bourg. * De Laet\ Ind. occident. /. 7, c. 16» arfenal. Elle appartenoit autrefois aux Vénitiens qui la
i68
GRA
GRA
fortifièrent contre les Turcs , à ce que dit Lazius ; mais
les Allemands la prirent en 1511 , & elle demeura à
l'empereur Maximilien. (b) Peu après les Vénitiens l'affié-
gerent; mais ils ne purent réuffir à la prendre. Ils firent
de nouveaux erTorts, en 1616 6k 1617, fous prétexte des
Uscoques. Mais ils y ruinèrent en vain leur armée , 6k
firent la paix l'année fuivante. Après qu'ils eurent perdu
Candie , ils propoiérent à l'empereur de leur vendre
Triefte, Goritz 6k Gradifca ; mais la proportion ne rut
point écoutée; 6k la maifon d'Autriche a gardé ces pla-
ces qu'elle poiïéde encore à préfent. * (a) Zeyler, Pro-
' " dt laHoufi'aye,
Hift.
c. Auftrac. p. 118. (b) Amelo
du Gouv. de Venife, p. 511.
1. GRADO, en latin Gradus , petite ifle 6k ville de
même nom, dans l'état de Venife , fur la côte du Frioul .,
quoiqu'elle foit partie du Dogat , à douze milles 6k au
midi oriental d'Aquilée , au levant feptentrional , 6k à
quatre- vingt milles de Venilé. Elle doit fa fondation aux
ravages que fit Attila; car les habitans d'Aquilée fe
réfugièrent dans cette ifle , où ils bâtirent une ville , après
que les Barbares eurent détruit Aquilée. De-là vint la
divifion du patriarchat d'Aquilée , en 600 , félon Vola-
terran , /. 4 Comment. Urban. ck le Biondo , Hiftor.
Candidus dans fon Hiftoire d'Aquilé , /. 3 & 4 , dit que
l'églife de cette ville devint métropole 6k capitale du
pays de Venife , fous le pape Pelage , 6k que l'empereur
Heraclius y envoya le fiége d'Y voire , fur lequel S. Marc
avoit été affis à Alexandrie , afin qu'il fût honorablement
confervé dans l'églife de Saint-Hermagoras. Léandre ,
Defcript. di ttua Ultalia , p. 487, fol. verf. dit , que ce
fiége, tout brifé qu'il eft, fe garde encore dans la facriftie
de cette églife. Dans le tems des Lombards , Paulin , vingt-
quatrième patriarche d'Aquilée , porta à Grado les tréfors
de fon églife , afin qu'ils y fufient à couvert du brigandage
de ces Barbares. Il y mourut la onzième année de fon
patriarchat , ayant donné à Grado le nom de Nouvelle
AquilÉE, félon Candidus , Comment. Aquileg. /. 3 &
/. 4. Le patriarche de Grado avoit pour fuffragans les
évêques de Giefulo , de Capruli , de Torcêllo , de Chiogia,
de Citta 6k de Caftel de Venife. Ce dernier étoit l'évêque
de Venife : il prenoit fon titre du quartier de la ville où
fon églife étoit fituée. Lorfque la république fut parvenue
au degré de puiffance où elle eft , il s'éleva fouvent des
conteftations pour la jurifdifton , entre l'évêque de Caftel
de Venife , 6k le patriarche de Grado : pour les terminer ,
le fénat demanda au pape que le patriarchat de Grado Se
l'évêché de Venife fuflènt réunis en la perfonne de celui
des deux prélats actuels , qui furvivroit à l'autre. En 1 4 50 ,
le patriarche de Grado mourut , 6k fon patriarchat fut
dévolu à l'évêque de Venife, Laurent Juftiniani que
l'églife a canonifé ; ainfi l'évêché de Venife eft devenu
patriarchat. V. Venise Baudrand, éd. de 1705, dit que
la ville de Grado eft petite , mais fort peuplée ; ck Leandre
dit qu'elle a peu d'habitans , à caufe des ravages qu'elle a
foufferts.
Le P. Coronelli, Ifolar.p. 30, parle ainfi de Grado :
dans le même tems , dit-il , que les habitans de Padoue fe
refugioient à Rivalta , ceux d'Aquilée, voulant fe procurer
une retraite pour fe mettre à couvert au cas que les Bar-
bares vinflent ravager l'Italie , fous la conduite d'Attila ,
comme il arriva effectivement enfuite , jetterent la vue fur
une petite ifle à douze milles d'Aquilée. Plufieurs familles
nobles s'y étant tranfportées y bâtirent un joli bourg, qu'ils
appellerent Grado , du nom de Fifle , qui s'appelloit alors
Aquce Gradatœ ; félon Dandolo , nom qui fe trouve dans
le bréviaire Romain , dans l'Office de S. Chryfogone
( breviar. Rom. 14 Novemb. ) ou du nom de Gandon-
Gradenigo , qui eut la meilleure part à ces nouveaux
édifices , comme le rapporte Vianoli ck autres. Aujourd'hui
on dit par corruption Grao. La crainte qu'on avoit d'une
incurfion , s'étant diffipée , le bourg fut abandonné par la
plus grande partie des habitans ; ck il n'y en refta que peu
jusqu'à ce qu'en 454 , Attila ayant ravagé laDalmatie ck
l'Iftrie , & pris Triefie, vint affiéger Aquilée. Les habitans
de cette ville , réfolus de fe défendre , envoyèrent à Grado
leurs femmes , leurs enfans ,les faintes reliques ck tout ce
qu'ils avoient de plus précieux , ck foutinrent long-tems
tous les aflauts d'Attila. Mais enfin , voyant qu'ils ne pou-
voient plus réfifter , ck que le nombre étoit fort diminué ,
ils garnirent durant la nuit les murailles de la ville avec
des ftatues , s'embarquere tous , ck eurent le bonheur
d'arriver à Grado. Les Barbares ainfi trompés , s'en
vangerent fur les ftatues ck fur la ville qu'ils ciéuuifirent.
C'eft ainfi que Grado fut peuplé. Après la mort d'Attila,
le patriarche Nicetas ck quantité d'habitans allèrent ré-
tablir Aquilée qu'ils repeuplèrent ; mais quelques-uns,
qui aimoient la liberté ck la sûreté dont ils jouiffoient
à Grado , aimèrent mieux y reftert. Les courfes des
Lombards obligèrent en 568 le patriarche Paulin à y
tranfporter de nouveau le tréfor de fon églife 6k' les
châties des faints ck faintes , Hilaire^ Cantien, Cantia,
Cantianilla, Euphemie, Dorothée , Thecle , Erasmie, 6kc.
Probin, fon fucceffeur, en reporra quelques-uns à Aquilée ;
mais enfin Elie , vingt-quatrième patriarche vers l'an 580,
voyant que Fhéréfie Arienne avoit trop prévalu en terre
ferme , transféra à Grado le fiége patriarchal. Après bien
des révolutions , Grado fut réduite en cendres , l'an 1 374 ,
ck ne s'eft jamais bien relevée depuis ce malheur. De
toute fon ancienne grandeur, il ne refte que quatre égl;fes ;
favoir , le Dôme , Saint-Jean , l'Affomption ck Samt-
Sebaftien. La première fut bâtie par le patriarche Elie,
pour être fa cathédrale , fous le titre de Sainte-Euphemie.
C'eft préfentement une paroiffe , fous l'invocation des
SS. Hermagoras ck Fortunat. Elle confervé encore des
reftes de fon ancienne magnificence , dans fon pavé à la
mofaique , la chaire patriarchale qui eit de marbre , &c
autres ornemens remarquables. Dans l'églife de S. Jean,
bâtie des libéralités des Gradenigues . on voit un ancien
baptiftere affez bien travaillé. Dans l'églife de l'Affomp-
tion , divers morceaux de mofaïque , confervés dans la
muraille, font connoître avec quelle dépenfe cet édifice a
été cpnftruit. Le clergé n'y eft pas nombreux , le Dôme
n'eft deffervi que par un curé , deux chapelains , un or-
ganifte 6k quelques clercs , tous entretenus par la com-
munauté. La république y envoie un noble Vénitien,
avec titre de comte. Une bonne partie des maifons nou-
velles font, bâties fur les débris des anciennes murailles.
Elles font entourées de lagunes , excepté du côté de l'eft-
nord-eft , où eft un petit bourg qvr prerr: foi n>i.i de
l'églife de S. Roch. Le refte de l'ifle eft remrli de jar-
dins, entre lesquels font deux chapelles dédiées, lune à
S. Vit, 6k l'autre à S. Godard , pour la commodité des
gens qui cultivent ces jardins. La ville ck l'ifle de Grado
eft entourée de plufieurs autres ifles , 6k la mer qui les
fépare s'appelle les lagunes de Grao. Le partage par le-
quel on entre du golfe dans les lagunes , pour arriver à
Grado , s'appelle porto di Grao : les anciens l'ont
nommé portas Aquikgïenfis. C'eft l'embouchure de la
Natifa.
L'auteur qu*on cite pour la translation du patriarchat de
Grado à Venife , place fort mal cette époque à l'an-
née 1451 , fous le pape Eugène IV ; ce qui ne peut être,
puisque ce pape qui fut élul'an 143 1, mourut le 2.3 Février
de l'an 1 447 ; il falloit citer fon fuccefîéur Nicolas V.
2. GPvADO , village d'Espagne, dans les Afturies ,
près d'Oviedo , du côté du midi. Quelques auteurs l'ap-
pellent MALGRADO , 6k le prennent pour l'ancienne
Maliaca. Voyez ce mot. * Baud. édit. de 1705.
3. GRADO, en italien 6k
GRADUS en latin, en fraaçois</e<jrt;, terme de géo-i
graphie 6k d'aftronomie. Voyez aufîï GRAS , GREVE &
Latitude.
GRAEA. Voyez Orupus 6k Tanagra.
GRAEAS GONU , Tfùae T°i» j c'eft-à-dire le Genou
de la Vieille ; Ptolomée , /. 4, c. 5 , nomme ainfi ua
port de la mer d'Egypte , au nome de Libye ; au levant
de P aretonium. Ortélius en fait un cap , en quoi il f»
trompe.
GRjECANICA Africa. Voyez Pentapole.
GRACIA. Voyez Grèce.
GRjECIOCHANTjE , ou, félon quelques manuferits
de Pline, Gnejiocarthœ. , peuple de laBabylonie , félon
cet auteur , l. 6, c. 2.6.
GR/ECIUM, nom latin de Gratz. Voyez ce mot.
GRjECO-GALLIA. Voyez Galatte.
GRAEEN, ville de PIndouftan , au royaume de Vifa-
pour , fur la rivière de Corfena qui eft la même que celle
de Coulour, qui tombe dans la mer à Mafulipatan , en-
tre la ville de Vifapour 6k le port de Dabul , à cinq lieues
de Mirdfy. Mandefo , Voyage des Indes, l. z, p. 2.34,
dit : il n'eft pas bien aifé de dire fi ce n'eft qu'une ville,
ou s'il en faut faire deux, parce qu'elle n'eft féparée que
par
GRA
GRÂ
par la grande rivière de Corfena , dans une diftance d'en-
viron huit cent pas ; & il y a tant de maifons de l'un &c
de l'autre côté de la rivière , que l'on en peut faire deux
bonnes villes , quoique l'une foit beaucoup plus petite
que l'autre.
GRAFENELZ. Voyez Graveneck;
GRAFENWERTH : c'eft ainfi que l'on nommoif
autrefois l'endroit où le fort Skenk fut bâti en 1586. Il
n'y avoit alors qu'une feule maifon pour faire payer les
droits aux bateaux qui descendent le Rhin. * Longuerue,
Defçr. de la France, z. part. p. 43.
GRAFIGNANA; quelques-uns difent Garfagnana,
d'autres Carfcniana, petit pays d'Italie, dans l'Apennin,
entre l'état du duc de Modene & la republique de Lu-
ques. Il prend fon nom d'un temple , dédié autrefois à
la^déeffe Feronia , ck qui étoit fitué au même endroit où
éft Pietrâ-Santa. Voyez l'article de Pietra-Santa. Ce
petit pays fut apparemment nommé d'abord Circa Ftro-
nianum , &C par abbréviation , Caferonianum. Ge petit
pays eft aux deux côtés du Serchio , & a pour chef-lieu
Cajldnuovo de Grafi'gnana ; les autres lieux font des
villages disperfés des deux côtés du Serchio. Ce pays
appartient, pour la plus grande partie, au duc de Mo-
dene ;' mais comme il effen partie enclavé dans la ré-
publique de Luques, elle en poffede auflï une partie.
GRAHAMS- HOLL , ance & port de l'ifle de Po-
mona ou de Mainland , la plus grande des Orcades. C'eft
un des quatre ports de cette ifle. * Etat préf. de la G. Bre-
tagne , t. 2.. p. 289.
GRAI. Voyez Gray.
GRAICH , (la) elle fort du lac de Graich, coule au
nord-oueft, partie dans le duché du Wirtemberg, partie
dans le Palâtinat, traverfe Golsheim, dans le Palatinat, une
petite partie de l'évêché de Spire &, de nouveau, Owes-
heim , Ypschftat & Hoch«nheim dans le Palatinat , &c
tombe une lieue au-deffous de ce dernier dans le Rhin:
l'on cours peut être en tout de huit à neuf lieues. * Sup-
plément au manufcrit de la bibliothèque de M. Corberon ,
premier préfident au confeil fouverain d'Alface.
GRAIN, petite ville d'Allemagne, dans la haute Au-
triche , avec Un château fur la nve feptentrionale du
Danube.
GRAINVILLE , la teinturière, bourg de France, en
Normandie, au pays de Caux, dans un valon , fur la ri-
vière de Pa'uelle , une lieue au-deffus de Cani, à deux de
Fouille & de Valmont, & à trois de Saint-Valeri &c delà
îtier. On y voit les reftes d'un château allez grand, entouré
de larges foiïês remplis d'eau. Ce bourg eft le fiége d'une
juftice royale. Son églife, dédiée à Notre-Dame , eft bien
bâtie &C affez grande. * Corn. DicL Mémoires drejjés
fur les lieux.
GRAIS1VAUDAN, pays de France , dans le Dau-
phiné ; ce nom eft corrompu de Gratianopolitartum ou
Pagus Gratianopolitanus ; qui ne veut dire autre chofe
que le territoire de Grenoble. Il s'étend entre les mon-
tagnes le long des rivières l'Ifere &C le Drac. Il eft borné
au nord-oueft par le Viennois , au nord & au nord- eft
par la Savoye , à l'orient par le Briançonnois , au fud-
eft par l'Embrunois , au midi par le Gapençois , & par-
tie par le Diois qui, avec le Valentinois, achevé de le
borner au couchant. Ce pays, eft très-peuplé de villages;
mais il n'a de ville confidérable que Grenoble , capitale
du Dauphiné. Les autres principaux lieux font,
La grande Ch^rtreufe , Vizille ,
Domaine, La Muré,
Lesdiguietes , Mens ,
Voiron , Le bourg d'Ôifans ,
Vorefpe, Saint-Bonnet,
Saint-Guillaume, & le Fort des Barreaux.
Ce pays n'a reconnu que les rois de Bourgogne , Se
fous leur autorité les évêques de Grenoble , jusqu'à
l'an 1040, ou environ. Ce fut pour lors que Guignes le
Vieux, père de Guignes le Gros , prit le premier la qua-
lité de comte du Graifivaudan , dont il ne jouiffbit pas
tncore du tems d'Ifarn , évêque de Grenoble. Guignes
unit donc ce comté à celui d Albon , &; le laiffa à' fes
fucceffeurs.
GRAIUM. Ortélius lit Graicum , ancien lieu de gar-
16g
nifon Romaine , dans la Pannonie , fur la Save. La No-
rice de l'Empire , fecl. 56 , marque prafeclus cla/Jïs Je-
cundœ Flavice , Graio.
GRAMATUM , ancien lieu de la Gaule , fur la routf
de Milan à Strasbourg , félon Antonin , Itiner, qui la
met à quarante &c un milles de Befançon,
Vifuntione
■VeLaludaro XXII. M. î>.
Gramato XIX. M. P.
• ' Larga XXV. M. P.
GRAMBUSIA, petite'ifle de la mer Méditerranée,'
fur la côte de Na'olie , près du cap Celidonia &; dii
golfe de Saralie. * Baudr. éd. de 1705.
GRAMES , petite ifle , au nord de FEcoffe , entre les
Orcades. Elle a deux milles de longueur , & autant de
largeur. Elle eft baffe & bordée de rochers ; elle eft fer-
tile en bled Se en pâturages. * D'Audïfret, Géogr, t, 1,
p. 143.
. GRAMMAT, bourg de France , dans le Querci j au
diocèle de Cahors , dans l'é'eclion de Figeac.
1. GRAMMITjE, ancien peuple de l'ifle de Crète:
il prenoit fon nom de la ville de Grammium qu'il habitoit.
a. GRAMMliiE, peuple auprès de la Celtique, fé-
lon Etienne le Géographe. Auroit - il quelque rapport
avec le Gramatum d'Antonin ?
GRAMMIUM, ville de l'ifle de Crète, félon Etienne
le Géographe.
1. GRAMMONT du Gerardmont; les Flamands
difent Gkeersberg, c'eft- à-dire le mont Saint-Gérard , ville
de la Flandre impériale , fur la rivière de Dendre , aux
confins du Hainaut, à trois lieues d'Oudenarde, au quar-
tier d'Aloft. C'eft une ancienne chàrellenie qui confine
avec celle de Ninove. Elle étoit fujette des anciens com-
tes de Flandres , puisque le comte Baudouin de Monts
l'érigea en ville , & lui donna fes privilèges l'an 1068.
Treize ans après, Gérard, évêque de Cambray, y transféra
les moines Eenedidtins qui étoient auparavant à Dl-
KLEVENE. L'églifeeft dédiée à S. Pierre , & p'u'ieurs
l'appelient S. Adrien , parce qu'on y transféra l'an 11 10,
les reliques de S.Adrien, martyr, du lieu nommé Rau-
licourt en Hainaut. * Dicl. géogr. des Pays-bas. L . ue-
rue; Defcr. de la France, 2. part. p. 59.
2. GRAMMONT ou Grand-Mont, grandls-Mons^
abbaye régulière en France, dans la Marche , diocèfede
Limoges , au nord de S. Léonard. C'eft le chef-lieu d'un
ordre qui en porte le nom. On y fuit une régie particu-
lière. Cet ordre fut fondé vers l'an 1076, par S. Etienne
de Thiern ou de Tiers, gentilhomme d'Auvergne , fur-
nommé de Muret, parce que ce fut fur la montagne de
Muret, affez près de Limoges, qu'il établit cette mai-
fon , qui , après fa mort , fut transférée à Grammont par
fes religieux. Cet ordre fut dabord gouverné par des
prieurs jusqu'en 13 18, que Guillaume Eelliceri fut nommé
abbé , & en reçut les marques des mains de Nicolas ,
cardinal d'Oftie. Cette abbaye eft immédiatement fou-
mife au faint fiége , & jouit d'environ dix mille livres de
rente. Comme elle eft chef-d'ordre , elle eft exceptée de
la nomination du roi par le concordat. Cette abbaye
de Grammont eft à fix lieues de Limoges, vers l'orient
d'été. * Piganiol de la Force , Defcr. de la France , t. 6,
p. 360. '
Voici une ancienne defeription de Grammont, lors-
que les premiers religieux s'y retirèrent. Grammont eft
fitué dans les montagnes , au tenitoire de Limoges. C'eft
un lieu trifte , ftérile, froid, plein de rocs & de brouil-
lards , expofé au vent. Il abonde en pierres propres à
bâtir , mais on y trouve peu. de bois à cet ufage ; car
tout le tërrein de ce canton luffiroit à pemeaubefoindel»
vie, tant il eft dénué de tout. Il y a cependant au pied de
cette hauteur quelques vignes, prés, jardins, arbres frui-
tiers 6k autres petits lieux cultivés. Du refte c'eft un vé-
ritable défèrt, propre à la folitude la plus pénitente. La
baîilique ou l'églife fut conftruite aux dépens des rois
d'Angleterre Henri I & Henri II : ce dernier n'épargna
rien pour la reftauration de l'églife de Notre-Dame, qui
avoit été d'abord fondée par des frères laïcs 6v conven-
tuels. Richard, fon fils , fiirriommé Caur-de-Lion , fie
couvrir de plomb les murs, le monaftere & l'édifice dé
la nouvelle églife, lui accorda de libertés, des privilé-
Tome III, Y
CRA
170
ges , & enfin tout droit & toute juftice. Henri III trans-
féra du feptentrion au midi le cloître rk autres édifices ,
& leur donna la magnificence^ qu'ils ont à préfent. Ce
monaftere compte auffi entre les bienfaiteurs quantité de
princes & feigneurs , dont les libéralités ont attiré , au-
près de cette abbaye , pluiïeurs familles , qui y formè-
rent la peti'e ville de Grummoizt ouGrand-Mont, * Dic-
tion laire de la France.
3. GRAMMONT, ville de France, dans la Marche.
Voyez Grand-Mont.
4. GRAMMONT , terre & feigneurie de France,
dans la Navarre. Elle fut érigée en duché-patrie pa'r let-
tres-patentes du mois de Novembre, de l'an 1648, con-
firmées par autres patentes du 11 Décembre de l'an 1663,
régiftrees au parlement de Paris le 15 Décembre delà
même année.
5. GRAMMONT, ville de France, dans le bas Ar-
magnac , au diocèlé de Leftoure , dans l'élection de
Lomagne.
GRAMOSO'WE , ancienne abbaye de l'ordre de Pré-
montré en Allemagne , dans la Pomérante ultérieure ,
au diocèlé de Cammin ; elle a été fécularifée à la paix
de Veftphalie.
GEAMPIUS Mons , montagne d'Ecoffe. Tacite en
fait mention dans la Vie d'Agricola. Hector Boethius dit
qu'il léparoit les Piftes & les EcolTois : on le nomme
Gran barns ; mais ce nom moderne ne comprend pas
toute la chaîne de montagnes , qui s'étend entre les pro-
vinces d'Argyle , de Lorn , de Braïd-Albain , de Mur-
ray, de Marre & de Mernis jusqu'à Aberdeen.
GRAMPOND ou GRAMPOUND, petite vUle d'An-
gleterre , dans la province de Cornouailles , entre Truro
ck Foye. On y tient marché public , 6c elle envoie fes
députés au parlement.
1. GRAN ou StriGONIE, Strigonium, ville archié-
piscopale de la balTe Hongrie , fur la rive droite du Da-
nube , fur lequel il y a un pont de bateaux à dix lieues
de Bucle & d'Albe-Royale. A l'oppolîte de la ville, près
d'un de fes fauxbourgs , la rivière de Gran fe jette dans
le Danube ; c'eft , fans doute , du nom de cette rivière
que les Allemands appellent cette ville Gran , & les ha-
bitans Stegran. On la divife ordinairement en deux , fa-
▼oir, en haute, qui eft au pied de la montagne, Se en
baffe , qui eft fur le Danube. Toutes deux fout fortes Se
ont de bonnes murailles avec un château. Il y a de bons
bains dans cette ville.
Le roi de Pologne & le prince Charles de Lorraine
s'emparèrent de Gran, le 27 Octobre 1 683 , après cinq j uirs
de fiége. Il y avoit cent quarante-trois ans que les Turcs
en étoient en pofleflion. La perte de cette fortereffe,
qu'il auroit été aifé au vifir de couvrir , s'il ne s'étoit pas
retiré à Effex , lui coûta la vie , dès qu'il fe fut retiré à
Belgrade où étoit le grand feigneur qui le fit étrangler.
2. GP<.AN , rivière de la haute Hongrie. Elle a fa
fource aux montagnes , qui léparent le comté de Liptow
'& celui de Gemer ; &, coulant le long des frontières de
ce dernier comté , elle borne celui de Zoll au nord-
oueft , puis le traverfe , ferpentant toujours , tantôt vers
le fud-oueft , Sr. tantôt vers le midi ; elle coule .entre
Neu-Zoll & Alt- Zoll, Se coule enfuite le long du comté
de Neitra , qu'elle borne à l'orient. Elle entre delà dans
le comté de Bars , Se fe perd enfin dans le Danube au-
près de Barckan ou Parkan , vis-à-vis de Gran auquel
elle donne fon nom. * De FIJle, Carte de la Hongrie.
GRANA , petite rivière ou torrent d'Italie : elle coule
dans le Montferrat , & fe jette dans le Pô entre Cafal
& Valence. * Baudrani , édit. de 1705.
GRANADA. Voyez Grenade.
GRANAHAR, montagnes d'Ethiopie , dans l'Abiflî-
nie. Elles ont reçu ce nom de la victoire que, les Por-
tugais remportèrent furGranhe , général du roid'Adel,
ck qui étant entré clans l'Abiffmie, y faifoit de grands
ravages. Il y fut tué, ck on voit encore un trophée élevé
parles Portugal» dans un grand chemin par où l'on va
des montagnes de Dambée au royaume , félon le témoi-
gnage d'Alméide , /. 1, c. 9 & 10. * Descr. de l'emp. de
Prête-Jean , p. 29.
GRANARD, baronie d'Irlande , dans la province de
Leinftcr. C'eft une des fix qui compofent le comté de
Longfôrd. * Etat préf. de l'Irlande , p. 43.
GRANCEY, bourg de France, en Champagne , avec
GKA
un château Se titre de comté , félon Baudrand , fur les
confins du duché de Bourgogne , environ à quatre lieues
de Châfillon-fur-Seine au levant d'hiver , & à neuf de
Dijon vers le feptentrion. Ce n'eft qu'une baronie ;
mais le comte de Grancey , fils du maréchal de Gran-
cey , & père du maréchal de Medavy , prenoient tous
leur nom de cette feigneurie , ck leur qualité de comte
d'une autre terre : auffi Grancey n'eft -il qualifié que
baronie dans les mémoires de Champagne , de Baugier.
Les auteurs du dictionnaire de la France diient : Gran-
cey-le-Chatzl , ville dans la Champagne , diocèlé de Lan-
gres, parlement de Paris, intendance deChâlons, élec-
tion de Langres , a fix cens foixante-deux habitans. Les
feigr.eurs de Grancey y ont fondé un chapitre, en 1361,
dont les canonicats ne valent que cent cinquante livres,
non compris leur logement : il eft compofé d'un doyen ,
de neuf canonicats , & de quatre demi-prébendes : c'eft
une baronie qui appartient au maréchal-comte de Me-
davy. Il s'y fabrique de bonnes ferges.
1 . GRAND : ce mot eft quelquefois ajouté à des noms
géographiques , lur-tout lorsqu'il y a pluiïeurs pays ou
lieux du même nom.
2. GR.AND, petit bourg de Champagne, au diocèfe
de Toul, dans le Batïigni. Il eft remarquable par lé tom-
beau de S. Thibée , leigneur du lieu , qui eft fous des
arcades Si des portiques fort anciens , fous lesquels on
tient que l'empereur Julien l'Apoftat lui fit trancher la
tête. Ce tombeau eft vifitépar une infinité de perfonnes
malades , pour recevoir la guérifon de maladies incura-
bles. Ce bourg a été autrefois poffédé par des feigneurs
de ce nom , qui étoient confidérables : on y voit les vef-
tiges d'un ancien château qu'ils habitoient. Il y a a: jour-
d'hui un nombre confidérable d'artifans qui travaillent à
faire des doux qu'ils vendent en gros aux marchands.
* Baugier, Mém. hift.de Champagne, t. \ ,0.3^6.
GRAND-BIGARD, (le) .bbaye de filles , ordre de
S. Benoît , dans les Pavs-bas , au voilinage de Bruxelles
1. GRAND-CHAMP, (le) Voyez au mot Champ.
2. GRAND-CHAMP, village de France , dans la
Beaufie, au diocèfe de Chartres. Il eft remarquable par
une abbaye de Prémontrés , fondée par Simon IV, comte
de Montfott : elle eft fituée à deux lieues de Montfort-
l'Amauri : on la nomme auffi l'abbaye de Gran'dvaL
GRAND- COURT, bourg de France , en Norman-
die. Corneille écrit G r an cour , ck dit d'après des Mémoi-
res dreffés fur les lieux, qu'il eft au diocè'è de Rouen,
dans le comté d'Eu , entre Envermeu & Blangy , fur
une pe:ite rivière qui a fa fource au-deffus de Fouc irmonr.
GRAND-GOURG, Grandi-Gurges , abbayed'hom-
mes, ordre de Prémontré en Suiffe, dans Tévêché de
Balle , à deux lieues de Porentru , Se dans le diocèfe de
Befançon.
GRAND-LIEU, étang de France, en Bretagne, au
pays de Retz , dans le comté de Nantes , félon Piganiol
de la Force, Descr. de la Fiance , t. 5 ,p. 22^. C'eft un
lac noir Se bourbeux , qui a environ iépt lieues détour;
il eft formé par la chute de trois petites rivières qui
font le Tenu , la Boulogne ck YOgnon. L'hiftoire de
S. Félix rapporte qu'il y avoit une ville nommée Her-
bauge , en latin Berbatilicum , dont les habitans ayant
fait quelque indignité à S. Martin de Vertou , diacre de
S. Félix, qui y prêchoit l'évangile, elle abyma, & en (à
place parut ce lac : il eft certain qu'il y a eu un comté
d'Herbauge qui comprenoit à-peu-près le pays de Retz,
(Raiz.) Le lac de Grand-Lieu appartient au marquis de
Cruz-Cotirboyer , originaire de Normandie , à qui il a
paffé par fucceffion des lèijneurs de Vieille-Vigne- Ma-
checou. On propofa de deffécher ce lac, en 1459: on
l'a auffi propofé plufieurs fois depuis, lavoir en 1534,
1572 ck 1 %73 ; mais on s'en eft toujours tenu à la (im-
pie propofition. On a ditGfîAND-LlEU par corruption,
il falloir dire Grand-Lac , Grandis- La eus , & non pas
Grandis Locus, comme le remarque Baillet, Topogr. des
Saints, p. 603.
1. GRAND-MONT, petite ville de France, dans la
Marche Limoufine : elle eft remarquable par fon abbaye,
dont nous avons parlé dans l'article de Grammont,
Se qui eft la même. Elle a été la patrie du célèbre Marc-
Antoine Muret : il y naquit en 1527, & mourut à Rome
dans un âge allez avancé : il avoit acquis une grande ,
pureté de ftyle dans la langue latine.
GRA
GRA
;. GRAND -MONT . abbaye £e Frar.ce. Voyez
Gl \MMOWX.
5 G: 4. GRAND-MONT, prieuré ce France, en
Normandie , au diocèle de Séez.
_ ieo x £e même nom dans ce (Eocèfe.
j. GRAND-MONT, prieuré de France, dans la
Franche-Comté , au diocèle de Bdànçon : il dépend
de Mo.-: »ye . il : e iiis les Alpes : il eft en com-
ruee.ce 1 .. r.ern. :.c::.:n __:e:e.
6. GRAND-MONT, prieuré de France , dans le
Eerr: . 1.: c: : :e;e rie G; erres.
GRANÛ-PC'NT :/.•-'.. s , vb:= . .' i3.Tr. -- = E ■ •
rrceer.r.e £m.; il :.:t^:: . 7u: : i-aeiviere ee :^-_ .-c . sppe.-
. • <-«r par les anciens , Se Acqua dolce par les Ita-
liens. Cette ville eft entre Conftantinople àForient, &
5;.:- ::: ic :;. c.m:.
GRAND - PRE , Grande-Pramm , ville de France ,
en Champagne , au diocèse de Rheinis , & dans Félec-
tion de Siicte-Menehoud , fur la petite rivière d°Al B .
c_ 7e e::e. i beexi:e_es eu-beceus. eacs 7A:~e. C e::
un c;; .^t: m:.;-- ;:-:;;-:■ ries £e L r.irr.pagr.e . G :i
y ; ngt-fant nets qui en relèvent. La ville a pris
nom des prés auprès desquels elle eft lîtuee. L: fût
Vulîhaire , archevêque de Kheims , qui hii don
nom, vers Fan 8 17. Elle aappareeeu i i'eec..e deRhejms,
& a eu enlûite des comtes de différentes maifons; on
■:.i rrec.e : : ru'iis sye.n: re.e'.e i~r:ec:a:e— en: -e;
archevêques de Rheims , dont les comtes de Champagne
c:: ent vaffaux. Le premier qui a porte le titre :r conte
d: Grand-Pn , eftHerman, qui vivoit dans Fonâeme
lie;-; : on ne connoit point fou origine. Après lui, ce
c :rr :e ri:" s :ie; iirr.i i. en ces cc~r.es ce r erc.er. ; ~i_;
Ebecirc. un £e ieer; ceiber.cans . ie ver. ci: . brus Cb.ae-
les VI , à Quentin le BoureiUer , qui le vendit à Henri rie
Bodèlle, originaire de Zélande, qui en jouit très-long:
ter..-. Bt le vendit enfin à Louis de Joyeafe , te:g-.eur
de Botheon , auquel Charles VIII conrlrma le titre le
coma. La maifon de Joyeuie poflede encore au'
ce comté. On a trouvé dans le voifinage de Grand-Pré
une mire d'argent : —sis pour l'expLiter , la dépeniê
furrs.i'err:: le r- G.
GRAND-SELVE . abbaye £e France . cie.= le hiu:
Languedoc , au diocèle de Touloufe : elle eft de l'ordre
ce C eaux, îc rut fondée l'an 1114. Bandrand dit qu'elle
fin : ' iee par S. Gérard , religieux de Corbie , de l'ordre
de S. Benoît , & qu'en 1 144 , elle parla dans Fordre de
Cïteaux. Ce géographe le trompe ; car S. Geraud , & non
Gérard, mourut l'an 109Î ; ainfiilnepeutpas avoir
été fondateur d'une abbaye en 1 1 14.
Je ne lois fur quel fondement D. Beaunier. dans lbn
-
GRAND-VE. Voyez Ve.
GRAND-VILLE. Voyez Grasville.
GRANDS , ou Grax , en larin Grandis. Ortélius ,
T.: '. ::.: que c'eft une ville de France , peu diftante de
Toul, & cite la Vie ce S. Eliphius. Biii Set . Topos- -'-'-'
. p. 605 , dit que Grands eu Gran . eft un e pe :
ville de Lorraine , fur les limites du Baffigni. Il ajoute
qu'on prétend , fans beaucoup de fondement , qu'elle a
e:e icrrefoisépiscopale. On croit , pourtiiit-il , que ce rut
le lieu de la naiffance de S. Alop'n , de S. Eucaire , &
de leurs trois fœurs , qui le fanctiierent dans le pays ou
e be Toul. D le trompe en ce qu'il en tait une ville ,
ce n'eft qu'un bourg ; il ne devoir pas dire en Lorraine ,
mais en C hampagr e , 5c dans le BafEgni même , à la lource
rie : - - e-e 1 . rnev.
GRaNDVILLARS , en allemand GrandwiU , ou
G-z-.i'. ....- . rcurg éx rb.cieau rr:_e eu Sur.dâav , à
trois iie:;- de Berford . tirué tur la droite de FA Haine ou
Haie, dan? une ifleque tonne cette - rare par le moyen
d'un canal qui fert à taire aller des forges & un —
d'un côté - ntieredu comté le MonroeOiard , dont elle
r-'e ; :-ee -.:; ie :: ■ eue;.
GRANENDAL . prieuré ce; Pays-bas, au Braba .
ma tner de Bruxelies . dans la forêt de Soignes , fur la
pe:i-e rivière d'Isrhe. * D.5. eéogr. u« Pan - as
GRANFEL, eu Gsanvel", : . G -:r;-V-[-
Us, abbaye d" . . i;. s. ^"albert ,
abbé de Luxeuil , envoya vers l'an 648 , une colonie de
rjnduire de S. Germain , dans le
nouveau monaftere de Granlel , au diocèle de Balle , que
171
ie . ... _"- :c_:n . i'_u ic ::::
- . ms a .- allés: , dont il lui a 1 : mé . i ces.
- ère eee;__c zî'^îzG zJ.-î~. e ic - emands
prononcent Grcnfd , 5c qu'Us norarnent plus c
" c '-" :— . :'e::-i- . . ■: . i
- aL II y établit S. Germa n e:_: prenùet abbé li _;
i - régie . ; Luxe. Dm . :
:. - .: : - - . - z ■ : ebapir-e ; ee.nc-
nesjqtdjdanslederc er fiéde, e mnspôrterent à Te. . rg
- -- ■'-'_ "■ ■ - - - - -"-.: : '.-":- . " . c : ..; -/;
Suiffes Zairgîiens établirent à GranfeL On ce r
Granfel, qui avoir toujours été du diocèle :. 7 le ...
mi_n:enm: ce reiui ce C rnieccee . ;e r_"i ■"-_--. .::-.-■-;
er.rencre ce ieisber;. S. Ge:e .;...;
encore de fon vivant de la conduire de de ua imresi
reres. :iv;.r _e eeiei ce 5. Urûn. .. ; .
: . . Je S. Paul de Werdt, ou de Fille ; ces deux maïfons
eeir.eu-een: ieng-rem; ceeeccin:;; s ;_..; __ Grieiei.
* Baîllît , Tope r- des Sa us ,j> 117.
GRANGE, (la] montagne le ... : ■ . . entrionale
de Fille Espagnole , à trois lieues à Pc . : ...
Chrifto : on lut 1 donné ee nom . parce _ e quand
on la découvre c'en peu ie:n , on la prendroît pour
nne grange __::e lùr le bord de Feau. * ... ... ..-;
Uiarù
GRANGIA. ; : '--iiii;e:i'::i".ie, dans la Lomé -c e,
au confluent de iiSr.ii . ee ce Pô. Gcie>.enon , Hift. de
Siv -ve . ee: e. ; e'e:: ie iiec ineeiie ; ennenee-- ad
GRANIPALATTUM . :'eicn Luire-rani . -_■■
GRANI THEJLSLE, feirnRineginen. V :: Nva-
C-:?.r.A : on croît ece ; e.: pré bnteme :.;... e cru- ,
en oançois A::;-ia-Chafelle.
GRANLACVJM PROMOXTORrcM , cir de Fïfle £e
Code , dans i : série méri ;£ uale . félon Ptolorr.er.
ques-uns créée: ece ;':.': e ::: T/ftstr/ijo.
Mai? Cuver r.rus i.Vcre eue c'e.r eeiec c'Ereieari.
GRANICU5. T- :vee Grakiqué
GRANI! Voyez Granni.
GRANIOLS . -ci ne ce Snifie , dans le Val
dans la (èigrteurie £e Morge . :'.:: ee hant r cher, près
de la gorge ce il vallée de Binne. Il a en autre :
_;= feigneurs e ee: ers, qui pofiedoient , le i .
Rni-ne. reeiece: vi ::: eui peeren: : : c : -, _;
n:m £e .--—.• _. _- - . ...- ce Gem.eis
pour aller à Lax , on pafié le Rhône fur un pont :' rt
élevé & cFune feule arcade , du haut duquel on ne peut
. . ces eeeie.e ceyeee. ce. pr_: . ;e- : :n-
b:e- ii vibre éc il rivière G n: recerree- : : ;.i en :.
* c S Déliées dt i. Sm ': . .a. p. 76.
GRANIONARIUM. Voyez GHATirjtfASium.
GRANIQUE : (le] e e es a : 2ns ee: e;: Gmô-
:■■■ r.-s ■>:; rivière '.- : .7 . .:
dans le mont Ida , dans le petit pays , nommé anderme-
rr.en: _i'u'-_- :.; ec Al-- ~::z . à caube d'une viliede renom.
D prend l'on cours , en ferpentant , tantô: vers le nord-
oueft & tantôt vers le lûd-eft , jul'qu'à ce qu'ee
tourne vers le nord-nord-ou-eli . èx b e::e dans !a Pro-
pontide, au golfe qui eft au couchant de.'.. ir ee b
Elle patToit auprès de la ville de S . 7 ;
dre a rendu cerre rivière fameu b. i. e travei . en allant
cembartre Darius , Se y remporta la premie : .
la nomme encore Grcuùqut , lorsque Ton parle ce- i ..
res anciennement arrivées fur fes b -; . -
Poyoges, 1. 1 , p. 170. Mais les Turcs laro—re ^ e.: Soi ic;
elleeît petite & presque i se en . eiquéfbis
ei.e b èeberbe e:rme:enen: p_^: --• r : . ï .: rbe.e n'e::
que fafclen Stgrat sr; :: a I . tres . e.: :e : —. - ■
gneux de tenir nettes les embouchures des 1 ses,
Laide prefque combler ce lie Ge e : : ce e .
qu'il ne foit n'e . le, même .-.ou il
eft aftez large. On letraveriè dnq, € s, 1 nqu'on
....
lage qui n'eft tru'à eue portée : .:....
-L ses . I' --ccr dt T.. -.--:.■ « A 7. . 1. 1, p. 13 t ,
le nomme Son - . -
. . 7 - ... .
ce village fur un pont de bois à piles de erres. Six mil-
les au-deià du village, ïc affia près . b: 7. - :
.. - ifiures .:'..- : 1 .c ..: . e.b «et ta ùr été
Akxandnfl après qu'il eut pa:e -Lucas,
r
GRA
172
1 1 p. 132, parle ainfi de ces ruines : peu de tems après
nous trouvâmes des montagnes , où l'on ne peut palier
que par un défilé fort ferré ; on avoit eu foin de le forti-
fier d'un bon château , dont on voit encore les ruines ,
Se d'en fermer le paiTage avec une bonne porte bâtie de
fort groffes pierres & foutenues d'une voûte fous laquelle
il falïoit paner. Il paroît que cette voûte, dont il refte en-
tore plus de quarante pieds de long , étoit un rempart
allure pour fermer l'entrée de laMyfie : je paffai deiibus
avec quelques-uns des plus curieux de la caravane , pen-
dant que les autres pafferent fur les ruines qui font à côté:
Ce partage fe nomme aujourd'hui Demir-capi ou Porte-
de-fer. Spon avoit dit que ce château paffoit pour avoir
été bâti par Alexandre ; Paul Lucas ne croit pasque
GRA
tord du lac. Les habitans font de la communion de Ge-
nève. Il y avoit autrefois à Granfon un couvent de
Cordeliers au bas de la ville , Se au quartier d'en-haut un
prieuré de l'ordre de S. Benoit. On a fait du premier un
magafin à fel Se un grenier , Se de l'autre un collège , &
de Ton églife un temple paroiffial. A l'extrémité du bail-
liage de Granfon , du côté de Neufchatel , il y avoit
auili au bord du lac une Chartreufe , qu'on nommoit
V abbaye de la Lance, fondée l'an 13 17. Elle fut vendue
dans le tems de la révolution , à un bourgeois de Berne ,
de la famille des Tribolets. * Etat & Délices de la.
Suijfe, t. a«5 p. 315.
La terre de Granfon étoit autrefois une baronie. Ses
barons étoient puiffans dans le quatorzième iiècle ; Se
cet ouvrage foit d'une fi grande antiquité, puisqu'il ne quelques-uns d'eux fe poufferentà la cour d'Angleterre,
nous en refte aucun veftige dans les écrits des dutia» ,
il peut être , félon lui , de quelqu'un des derniers empe-
reurs Grecs , qui, pour arrêter les progrès des Turcs , vou-
lurent leur fermer l'entrée de la Bithinie.
GRANIT ZA ou Granitia , petite ville de Grèce,
■dans la Livadie , fur un coteau affez près de Lwadia. Il
y a préfentement un évêque Grec, fuffragant d'Athènes.
* Commanville , Lifte des Archev.
1. GRANIUS ,. rivière de la Perfide ; elle traverfe la
Sufiane, Se fe jette dans le golfe Perfique , félon Pline ,
l. 6, c. 23. C'eft la même rivière qu'Arrien , in Indlc.
nomme Granide; rpavlfiiv, Se qui, félon lui , coule dans la
Perfe, auprès d'un lieu qu'il appelle Toax. Le P. Hardouin
écrit Granis. Pline dit qu'elle ne porte que de petites bar-
ques, Se qu'à fa droite habite un peuple, nommé Deximon-
tani, qui travaille le bitume. *Plolom. Homer. Se Hefych.
2. GRANIUS , nom latin de la rivière de Gran , en
Hongrie. * L.izitis de Republ. Rom.
GRANNI. Jornandes, De rébus Getic. c. 3, nomme
•ainfi un des peuples qui , étant fortis de la Scandinavie,
s'avancèrent vers la Pannonie Si la Dacie. Je ne fais fur
quel fondement Ortélius dit que ce font les mêmes que
les Carnuntïi de Pline. Il feroit bien plus naturel de les
mettre au bord de la rivière de Gran , comme fait Lazius.
GRANNONA ; la Notice de l'Empire Jcct, 61 , met
comme deux lieux différens Grannona Se Grannonum ,
in littore Saxonico , dans le canton qu'elle appelle Tractus
Armoricanus ; c'eft-à-dire fur la côte, entre la Seine Se
la Loire. De Valois Nota. Gall. p. 236 , croit que c'eft
Guerandt en Bretagne. Il n'eft pas fur que Grannona Se
Grannonum foient des lieux différens. La Notice répète
quelquefois un même lieu , Se femble .le partager en
deux ; ce qui eft certain , c'eft qu'au cas que Grannona
ce Grannonum ne foit pas un feul Se même endroit , il
faut les chercher tous les deux fur la côte , Se apparem-
ment fur la côte de Bretagne. L'un des deux pourroit
bien être Gravinum de la table de Peutinger , près de
Vannes.
GRANNOPOLIS ; c'eft ainfi qu'Ortélius a lu dans
Sidonius Apollinaris, /. 3, Epift. 14; mais le P. Sirmond
a lu Gratianopolis», qui eft le vrai mot. De Valois ob-
ferve que dans quelques manuferits, tant des Notices que
de S. Auguftin Si de Sidonius , on trouve fouvent civitas
Grannapolitana ou Grannopolitana ; il ajoute que cette
orthographe eft venue de l'abbréviation faite parles co-
piftes qui écrivoient Grdânopolis , ou mémeGranopolis
pour Gratianopolis ; Se Grââ pour Gratta ; ce que des
ignorans n'entendant pas, ils ont omis le trait qui^mar-
quoit l'abbréviation. Cependant il y a bien de l'appa-
rence que l'on a accourci dans la fuite ce mot d'une fyl-
labe, Se que Grenoble a été fait de Granopolis , mot cor-
rompu de Gratianopolis.
GRANOLLES , bourg d'Efpagne , en Catalogne ,
' dans le pays de Vallès, félon Baudrand, édit. de 1705.
GRANON. Voyez Cranon.
GRANPOUND, bourg d'Angleterre, dans la province
de Cornouailles. Il a droit de tenir marché public.
* Etat prifent de la G. Brh. t. 1 .
GRANSBERGE, château des Pays-bas, dans les Pro-
vinces-Unies , en Over-Iffd , entre Ccevorden Se Har-
denberg. * Dict. géogr. des Pays-bas.
GRANSON , petite ville en SunTe, au pays de Vaud.
Elle eft fituée fur une colline, au bord occidental du lac
de Neufchatel, à une lieue d'Yverdun. Il n'y a de re-
marquable que le château où réfide le baillif. Il eft à
l'extrémité de la ville la plus élevée , Se s'étend jusqu'au
au point, qu'il y a eu dans ce royaume quelques évêques
de la maifon de Granfon. Après eux les princes de Châ-
lons ont poffédé cette terre , Se ils la perdirent à la guerre
de Bourgogne. La ville de Granfon eft mémorable dans
l'hiftoire , par le fiége qu'elle foutint contre le duc de
Bourgogne , Se par la bataille que les Suiffes y gagnèrent
fur ce duc, l'an 1475.
Le BAILLIAGE DE GrANSON eft le dernier qui ap-
partienne à quelque canton de ce côté-là. Il confine du
côté du couchant au mont Jura , du côté du nord au
comté de Neufchatel , du côté du midi aux bailliages
d'Orbe Se fd'Yverdun , Se du côté d'orient il embralfe
toute la largeur du lac, qui lui eft oppofée , avec la pa-
roifle d'Yvonan , qui eft au bord oriental du lac. A l'é-
gard de la religion, il eft tout entier de la religion Pro-
teftante , Se contient neuf paroiffe?. C'eft un pays de
champs , de vignes , de prairies , enfin un terroir fertile.
Le bailliage de Granfon eft gouverné par les Bernois Se
les Fribourgeois. Ils y envoient , tour-à-tour des baillifs
pour cinq ans ; Se quand il y a un baillif de Berne , les
appels fe portent à Fribourg ; de même , quand il y en a
un de Fribourg , les appels vont à Berne. Lorsque les
appels fe portent à Fribourg , les feigneurs de Fribourg
établiffent les miniftres.
_ GRANTA , ville de la Grande-Bretagne. Bede Se Fé-
lix en font mention , au rapport de Leland , qui dit que
les Bretons la nommoient Cairgrant , du nom de la ri-
vière qui l'arrofe ; Se que les Anglois ou Saxons , l'ont
appellée Grantebridge. On trouve effectivement dans la
Chronique Saxone , publiée par Edmond Gibfon , ce
nom écrit Grantebrige , Grantabric, Grantkebrige, Gran-
tebryge , Se Grantebrygge ; on dit préfentement Cam-
bridge.
GRANTHAM, ville d'Angleterre, en Lincolnshire.
Baudrand n'en fait qu'un bourg ; mais l'auteur de l'Etat
préfent de la G. Bretagne , t. 1, p. 85 , dit que c'eft une
bonne ville. Elle eft fur la rivière de Witham. C'eft un
grand paffage pour ceux qui vont au nord de l'Angle-
terre , Se qui en viennent. Le clocher de fon églifè eft
d'une telle hauteur qu'il paroît courbe à ceux qui le re-
gardent. Elle a titre de comté.
GRANUA, Vpuvv'a: laVied'AnfomnlePhilofophe,
/. 1 , nomme ainfi un lieu chez les Quades. Ortélius ,
Tliejaur. doute fi ce ne feroit pas la rivière ou la ville*
de Gran en Hongrie.
GRANVELLE, château Se feigneurie de France ,'
dans la partie feptentrionale de la Franche- Comté, en-
tre le bourg de Fondremant Se celui de la Charité. Ces
trois lieux font fur une même petite rivière qui vafe per-
dre dans la Sône. Il n'y a qu'un demi- lieue de Gran-
velle à la Charité ; ce nom eft devenu fameux , à caufe
du cardinal qui l'a porté. * Jaillot , Atlas.
GRANUCOMATjE. Pline nomme ainfi deux Té-
trarchies dans la Syrie, Ce nom eft grec , Se formé de
Vf-" i-'-o^itu, c'eft-à-dire les payfans de Granus , ou
les villages de Granus.
GRANVILLE ou Grand'Ville, ville de France,
en Normandie , avec un port de mer , à fix lieues de
Coutances , Se à cinq d'Avranches. Cette place eft fituée
en partie fur un rocher d'accès' difficile , Se en. partie
dans laplaine où eft le port. Le P. du Moutier, N'eujlria pia,
dit qu'un abbé de la Luzerne, mit la première pierre du
bâtiment de cette ville, en 1440. Selon Cénalis , ce font
les Anglois qui l'ont bâtie , fous le re^ne de Charles VII.
Le rocher où eft placé Granville , appartenoit au mont
S. Michel , Se fut échangé avec le roi contre un fief Se
GRA
GB.A
■des moulins. Cénalis l'appelle Macropolis , nom grec ,
qui fignifie Longueville. Il ajoute Grandem-VUlam vul-
gus appellat gallich Granville,/? non re,faltem nbmine.
C'eft la pêche 6k le débit de la morue lèche ck de la mo-
rue verte , de l'huile ck du poiffon frais , qui fait tout le
commerce des habitans. Elle eft néanmoins beaucoup
déchue de ce qu'elle étoit ; puisqu'au lieu de trente ou
de quarante bâtimens de cent à deux cens tonneaux , qui
alloient tous les ans partie en Terre-neuve , partie fur le
Grand-Banc pour la pêche de la morue , il n'y en a que
dix ou douze qui font ce commerce. Les bâtimens qui
vont en Terre-neuve , font fécher le poiffon ck le portent
à Marfeille ou à Bordeaux , ou autres ports. Ceux qui
vont fur le Grand-Banc pèchent la morue , que l'on ap-
pelle verte , Ôk la portent d'ordinaire au Havre de Grâce
ck autres ports de la Manche. La pêche de l'huitre ek
du poiffon frais fait encore une partie du commerce de
Granville ; mais elle regarde feulement le menu peuple ,
ck les principaux bourgeois ne s'y attachent point. Cette
ville , en tems de guerre , a une gamifon. 11 n'y a qu'une
feule porte défendue de quelques fortifications qui em-
pêchent qu'on n'y puiffe entrer facilement. La grande
églife ck deux rues, qui font connoître qu'elle eft une ville
neuve, font ce qu'on y voit de plus remarquable. 11 y a
un grand mole qui met le port à l'abri de la tempête ,
& qui fert à charger ck à décharger facilement les vaif-
feaux qui abordent.
GRAN VILLLERS , bourg de France , fur la frontière
de Picardie , avec prévôté royale , mairie ck grenier à
fel. Il eft à quatre lieues de Conti , entre Aumale ck Creve-
cœur , dans une campagne fertile en grains. L'églife
paroiffiale eft fous l'invocation de S. Gilles : il y a foire le
jour de la fête , ck marché tous les lundis. On trouve
dans Granvilliers un monaftere de religieufes de S. Fran-
çois , gouvernées par des Cordeliers. L'abbé de S. Lu-
cien de Beauvais , tjui en eft feigneur , fait adminiitrer la
iuftice en ce bourg, par un prévôt patrimonial. * Corn.
Dicr.. Mémoires drejfés fur ks lieux.
GRANZEBAIN , chaîne de montagnes qui traverfé
l'Ecoffe , ck qui la fépare en deux , favoir en citérieure
cken ultérieure. Elle eft ainfi nommée par ceux du pays,
parce qu'elle fe courbe fort en quelques endroits. Elle
s'étend en long depuis l'embouchure de la Dée au le-
vant , vers Aberdeen , jusqu'au lac de Lomond au cou-
chant. C'eft une partie du mont Grampius. Voyez ce
mot. * Baud. édit. de 1705.
GRAO. Voyez Grado.
GRAOSGALA. Nicétas nomme ainfi un lieu qu'Or-
télius croit être une ville de la Phrygie.
GRAOS-STETHOS , c'eft-à-dire la Poitrine de la
Vieille , lieu particulier du territoire de Tanagre , félon
Xenophon , Hiflor. Greec. I. 5.
1. GRAS , en latin GRADUS.LesRomains, dit le père
Lubin, Merc. Géogr. p. 272, donnoient le nom de Gra-
dus aux ports qui étoient aux embouchures des fleuves
où il y avoit des efcaliers , par lesquels on pouvoit du
mole defcendre dans les vaiffeaux. Le mot de gras dont
on fe fert pour exprimer les embouchures du Rhône,
eft encore un veftige de ce nom ; ck les Efpagnols don-
nent le nom de Grao à ces fortes de defcentes , comme
à celle qui eft à Valence , anciennement appellée Gra-
dus Valendnus. Le nom de Grau que l'on donne fur
la côte de Languedoc , à l'embouchure d'un rivière vient
auflï de la même origine.
2. GRAS DU RHONE, (les) Oftia Rhodani : ce
font les embouchures par lesquelles ce fleuve fe jette
dans le golfe de Lyon , entre le bas Languedoc ck la
Provence. Il y en a fix qui fe prennent d'occident en
orient, favoir,
Le Gras-Neuf,
Le Gras d'Orgon,
Le Gras du Sauzet,
Le Gràs-Saimte-Annè ,
'Le Gras du Midi ,
Le Gras de Foz,.
Il y en avoit encore quelques autres , comme le Gras
d'Erifcr, le Gras de Pajfbn, ckc. Mais ils font bouchés
par les tables qui s'y font amaffés, ck ils font devenus
impraticables.
173
LçGras-Neuf, le plus occidental de tous, vient de la
branche occidentale du Rhône ik du canal , nommé
canal de Boucdigue , ck du vieux canal auprès de Pe-
cais.
Le Gras d'Orgon, , eft la fortie de la branche occi-
dentale dont on vient de parler.
Les trois Gras qui fuivent, font à l'embouchure de la
branche orientale du Rhône , lavoir ,
Le Gras du SauTet , eft entre la petite ifle , où eft la
tour de S. Geneft & l'ifle de Sainte-Anne.-
Le Gras de Sainte-Anne eft entre Fille de même nom
ck celle de Janâtan.
Le Gras du midi ou le grand Gras eft le plus consi-
dérable de tous , ck fe trouve entre l'ifle de Janatan ck
la pointe de la Dent.
Le Gras de Foi, .1U' e^ a^ez '°'n ^e~'à , eft à la for-
tie du bras mort , qui fe détache du Rhône , ck court, vers
l'orient, joindre le Galajon.
Selon Baudrand, il n'y a que les trois Gras du Sau-
zet , le grand Gras & le Gras-Sainte-Anne qui foient li-
bres. Voyez le Rhône.
3. GRAS , (le) petite rivière de France, dans le pays
Chartrain : elle prend fa fource à Voife , ck fe perd
dans FEure à Nogent-le-Roi. On la nomme auflï Loré,
d'où prend fon nom le Guide Loré, petit bourg à quatre
lieues de Chartres , fur le grand chemin de Paris. * Corn
Di&.
GRASSANO , (S. Victor de) abbaye- d'hommes ,
ordre de S. Benoît, dans le Montt'errat, au diocèse de
Cafal.
1. GRASSE, petite ville de France, en Provence,
Grinnicum ; c'eft le fiége d'un évêché qui étoit aupa-
ravant à Amibes , ck qui fut transféré le 19 Juillet de
l'an 12.34, félon Bosquet , dans l'es Notes fur les Epîtres
d'Innocent III, ou l'an 1239, félon Noftradamus. Voyez
Antibes. Le chapitre de la cathédrale conlîfte en un
prévôt , un archidiacre , un capifcol , un facriftain , un
archiprêtre ck fept ou huit autres chanoines. Il y a dans
ce diocèfe vingt-deux. paroiffes ck l'abbaye de Lerins.
L'évêque eft fuffragant d'Embrun. Outre l'églife cathé-
drale , qui eft aufii paroiffiale , il y a plufieurs couvens.
d'hommes ck de femmes , ck une maifon de Pères de
l'Oratoire. Cette ville eft le chef- lieu d'une viguerie ,
qualité qui lui donne entrée aux affemblées de la pro-
vince. Elle eft depuis long-tems du domaine du comté
de Provence. Elle étoit déjà connue dans le douzième
fiécle, puisqu'Adrien IV en fait mention dès l'an 1151),
dans une bulle adreffée à Pierre , évêque d'Amibes. De
Longnerue ne s'accorde pas avec les auteurs que j'ai déjà
cités fur l'année de la translation du fiége ; car il dit
qu' Antibes , qui eft au bord de la mer , ayant été plu-
fieurs fois faccagée par les corfaires de Barbarie , une
partie des habitans fe retira à G rafle , qui eft à trois
lieues de la mer, & qu'Innocent IV y transfera, l'an 1250,
le Jîége épiscopal d'Antibes ; en forte que l'églife pa-
roiffiale de Notre-Dame devint cathédrale fous l'épis-
copat de Raimond , religieux de l'ordre de S. Domini-
que. Il y a à Grafte un fiége de la Senéchauffée , établi,
l'an 1570, par Charles IX. Cet évêché , qui rapporte
dix mille livres , a été autrefois uni à celui de Vence ,
en faveur d'Antoine Godeau , dont je parle à l'article
de Dreux, fa patrie. * Piganiol de la Force , Defcr. de
la France, t. 4, p. 97 ck 178.
1. GRASSE, (la) petite ville de France , dans le Lan-
guedoc , à quatre lieues de Carcaffone , vers l'orient mé-
ridional , ck environ autant de Narbonne vers le cou-
chant ; elle eft fituée fur la petite rivière de l'Orbieu ,'
au pied des montagnes de la Courbiere. * Baudr. édit.
de 1705.
3. GRASSE (LA) on Notre-Dame de la Greffe , ab-
baye de France, en Languedoc, au diocèfe de Ç&rcas-
fone, auprès d'une ville à laquelle elle a donné fon nom.
Elle eft de l'ordre de S. Benoît. L'auteur de l'Abbrégé
de l'Hiftoire de cet ordre, /. 4,-^. 53 , dit : on ignore
l'origine de cette abbaye, que l'on appelloit ancienne-
ment Sainte-Marie-fur-Orbhu. Elle eft plus ancienne que
le régne de Charlernagne ; car il s'y trouve une donatio 1
faite par ce prince , écrite fur une écorce d'arbre de l'on
tems, l'an Soi. Sonfroi , que quelques-uns appellent /.-.-
froi ou Ninfroi , en avoit la conduite, ck faconinni.u.mé
étoit compofée de cent religieux. Piganiol de la I orée,
GRA
174
Defcr. de la France, t. 4, p. 251 , eu parle ainfi.. L'ab-
baye de hGrœJ/'e ou Notre-Dame de la Grajfe a été fon-
dée , à ce qu'on dit , par Charlemagne. Il n'y a cepen-
dant rien qui foit digne de cette augufte origine , que Je
grand autel qui eft magnifique, Se le revenu de l'abbé,
qui eft d'environ quatorze à quinze mille livres. On y
conferve dans le tréfor une chafle qui renferme le corps
de S. Maxime , évêque de Riez. A l'égard de cette re-
lique , voyez l'article de Riez.
GRASTONIA. Voyez Grestonia.
GRAS VILLE , bourg de France , en Normandie,
dans le pays de Caux , avec haute juftice Se titre de mar-
quifat il eft à une lieue du Havre Se de Harfleur. Il y
a fur le penchant de la côte , au pied du bois , un prieuré
de chanoines réguliers de S. Auguftin , de la congréga-
tion de fainte Geneviève. La nef de leur églife fert de
paroifle. Des appartemens de ce prieuré , on voit le refte
d'un ancien château de guerre , qui commandoit fur le
partage de la Seine , Se toute l'étendue du canal artificiel
d'Harfleur au Havre , avec fes trois ponts pour parler du
côté du rivage de la Seine. On voit auflî la chapelle du
titre de Notre-Dame des Neiges , deflervie par trois Ca-
pucins qui ont là un petit hospice , dépendant de leur
couvent du Havre. Le prieuré de Grasville relevé de
celui de Sainte-Barbe en Auge. * Mémoires drejj'ésfur les
lieux , en 1703.
GRASUS Se GRYMNUS , campagnes de l'Afie mi-
neure , auprès de l'ancienne Troye. Le fameux cheval
de bois confacré à Minerve , dont les poètes ont parlé ,
y fut conftruit, à ce que dit Nicandre, in Theriacis , Se
fon fcholiafte cités par Ortélius , Thefaur.
GRATAROLO, torrent d'Italie, en Lombardie, au
duché de Plaifance. On le pane à Seno , en allant de
Fiorenzuola à Borgo San-Donino. Il fe perd dans l'On-
gina, qui, coulant àBufleto, vafe jetter dans le Pô. * Ma-
gin, Irai. Se Léandre, Descr. di tuta Ital;/>. 361.
GRATECUISSE , baronie de France , en Anjou.
Elle appartient à l'évêque. Voyez Angers.
GRATE PANCHE ou Grattepanche. Voyez
Bratuspantium.
GRATI , (le) rivière d'Italie ,' au royaume de Na-
ples , dans la Calabre citérieure. Elle a fa fource dans
l'Apennin , d'où , coulant vers le nord , elle reçoit le
Baffento près de Cofence , puis le Cochile , le Torbido ,
le Mocone Se d'autres-petites rivières , après quoi elle fe
jette dans le golfe de Roflano , presqu'au milieu entre
Rofiano Se CafTano. * BauJ. éd. de 1705.
Baudrand , de qui eft cet article , devoit avertir que
c'eft la même qu'il' a décrite fous le nom de Crate. Ce
dernier nom eft celui que Magin préfère. C'eft auffi la
même que la Crathis des anciens. Voyez Crate Se
Crathis. 1.
GRATIA , lieu de l'Afie mineure , entre Claudiopo-
lis 8e Ancyre , félon Antonin , Itiner. à XXIV. M. P.
de la première. Quelques exemplaires portent CratiA.
1. GRATIANA , ville aux confins de l'IUyrie , félon
Procope, Hijl. Goth. 1. 1, c. 3.
2. GRATIANA, ville de la Scythie , félon la Notice
de l'empire , fecl. 28.
3. GRATIANA, ville de la première Mœfie , félon
la même Notice ,fecl. 30. Lazius croit que c'eft Gradisca
dans la Hongrie.
4. GRATIANA. Ortélius , Thefaur. trouve une ville
épiscopale d'Afrique de ce nom , dans la Conférence
de Carthage. Il a peut-être eu un exemplaire où il y
avoit Gratianenjis , au lieu de Gatianenjis. Voyez Ga-
ZANENSIS.
1. GRATIANOPOLIS. Voyez Grenoble.
2. GRATIANOPOLIS , ancienne ville d'Afrique ,
dans la Mauritanie Cefarienie. La Conférence de Car-
thage,/". 273 , éd. Dupin, nomme Publicius, évêque
de Gratianopolis , G ratianopolitantz plebis , Se laNotice
épiscopale d'Afrique , nomme Talajius Gratianopolita-
nus. C'eft le même fiége.
3. GRATIANOPOLIS, ville épiscopale dans la
Chalcidique de Thrace. Philaddphus , fon évêque, fous-
crivit au concile d'Ephèse , tenu l'an 431. * Èardouin.
Colhcl. Conc.
GRATIARUM MONS, lamontagne des Grâces ; Hé-
rodote nomme ainfi une montagne d'Afrique , où eft la
fource du Cinyps. Voyez Cynips. i.
GRA
GRATZ, Grœt{, Ce mot eft de l'ancienne langue es-
clavone , Se fignifie une ville ; de- là vient qu'il eft com-
mun à plufieurs villes. Il y a Grat[ , ville capitale de la
Stirie ; Windifchgrat^ , Billigrat^ , Cornigrat^. Il y a
outre cela deux Grat^ en Bohême , favoir Konigin-
Grati Se Gratin qui a été aux Rofenberg , puis aux
Schwanberg, Se -une ville de Grat^ dans le Voigtland.
1. GRATZ, ville d'Allemagne , dans la haute Saxe,
au Voigtland. Voyez Greitz ; c'eft ainfi qu'il fe pro-
nonce.
2. GRATZ , ville de Bohême. Il y en a deux de ce
nom dans ce royaume. La plus confidérable eft Konigin-
Grat^ , ainfi nommée parce qu'elle eft l'appanage des
reines , Se leur réfidence durant leur veuvage. Elle eft
du côté de la Siléfie , fur l'Elbe , Se presqu'au confluent
de la rivière d'Orlitz , dans le cercle nomme Hradcir-
kikrag. Lorsque Jean , roi de Bohême , ôta les villes de
Jaromir, de Politz Se de Maut à la reine, veuve du roi
Wenceslas l'Ancien , Se du roi Rodolphe , il lui laiflâ
Grœii pour fa réfidence. Cette dernière ville fe rendit,
l'an 1423 , à Zischka : les haoirans de Prague en furent
fi piqués, que pour fe venger ils brûlèrent les fauxbourgs
de Grœiç. L'empereur Sigismond tâcha de fe reffaifir
de cette ville ; mais il fut forcé d'en lever le fiége. jEneas
Silvius , Hijl. Bohem. c. 59 , rapporte que la veuve de
ce monarque , l'impératrice Barbe , princefle d'une lubri-
cité infatiable , mourut à Gr<et{ , apud Gracium , en 145 1.
Cet auteur dit ailleurs : & quod reginis dotale dicunc
Gracium. Cette ville eut fa part des malheurs que caulâ
à la Bohême la longue guerre d'Allemagne.
Il y a dans cette ville un évêché fondé en 1655 ■> P31
le pape Alexandre VII, fous la métropole de Prague.
3. L'autre ville de Gratç , en Bohême eft fituée aux
environs de Budweis, Se on la nomme communément
Gra'ien : elle eft petite , Se a un château qu'ont occupé
les feigneurs de Rofenberg , Se enfuite ceux de Schwan-
berg : vers le milieu du fiécle pafle , il appartenoit au
comte de Bucquoi. * Zriyler , Bohem. TopogT. p. 33
6-34.
4. GRATZ ou Gr^tz , fur la Muer , vers le 47 à.
de latitude, ville d'Allemagne, capitale de la bafTè Sti-
rie. Les favans ne font pas d'accord fur fon ancienneté.
Elle eft petite , mais afîez bien bâtie. La Muer remplit
une partie de fes foffes ; de l'autre côté cette ville s'é-
lève fur un rocher, dont le haut eft occupé par un châ-
teau , qui eft la principale défenfe de la ville. Il y a en
outre de très-bons baftions Se des tours très - folides.
Il y a dans la ville un palais , nommé die Raifirliche
Burg , qn'occupe le fouverain quand il eft à Gratz. On
y trouve une allez belle bibliothèque , Se une chambre
de raretés , entr'autres , plufieurs idoles des payens de
l'Amérique ; il y a auffi une belle galerie , où font re-
préfentées les grandes aérions de Charles V. Il y a un
tribunal de la régence d'Autriche , devant lequel reflbr-
riflent tous les appels des tribunaux de Stirie , de Carin-
thie, de Carniole , de la Windifchmarch Se de Goritz:
outre cela , les états , Se autres aftemblées , fe tien-
nent fouvent en cette ville. Elle a une académie ; deux
foires par an , l'une à la mi-Carême , Se l'autre le pre-
mier Septembre , Se chacune dure quinze jours ; une
noblefte nombreufe , Se une bourgeoifie aifée. On y
aborde de plufieurs côtés , Se même de la Hongrie.
Outre le tribunal dont nous avons parlé , qui a pour chef
le gouverneur , la ville a fon magiftrat particulier , qui
confifte en un bourguemeftre , un juge Se le confeil ; il
y a auffi des confeillers privés de l'empereur , qui y ont
une grande autorité , Se un confeil qui a l'infpeftion des
revenus du fouverain. Les églifes font : 1. la belle pa-
roiffe nommée du Sacré-Sang, auprès de la porte nom-
mée Eifenthor. 2. Un couvent des religieufes , auprès
des murailles de la ville. 3. L'églife de S. Gilles, au-
près du palais impérial. Les Jéiuites ont tout auprès un
beau collège. Derrière eft une belle églife ronde , ac-
compagnée de trois tours à l'italienne ; elle a éré bâtie
pour la fépulture des princes. L'empereur Ferdinand II,
Se l'impératrice Marie-Anne , fa première femme , 8e
leur fils aîné l'archiduc Jean- Charles y ont été inhu-
més. 4. Près de la porte de la rivière eft une églife , 8e
un couvent de religieufes de fainte Claire , où eftle corps
de l'impératrice , mère de Ferdinand IL Les Proteftans
y avoient autrefois des églifes Se une école ; mais au
GRA
GRA
mois de Septembre 1598, tout cela fut aboli. 5. Le cou-
vent des Francifcains. 6. Celui des frères de S. Paul.
7. Hors de la ville, au-delà du pont de la Muer, dans le
fàuxbourg , eft urj couvent nommé Notre-Dame de Bon-
Secours , deflervi par des frères Mineurs. 8. Il y a auffi
des Dominicains , dont l'églife eft dédiée à S. André.
Vis-à-vis eft l'hôpital des bourgeois. 9. Dans le même
fàuxbourg, niais plus loin, il y a aufli des Frères de la
Charité , de l'inftitution du bienheureux Jean de Dieu.
10. & 11. Devant la porte des Frères de S. Paul, il y a
un couvent de Capucins & un de Carmélites. A l'égard
des autres édifices , outre le palais impérial , dont on a
déjà parlé , il y a auprès un arfenal : plus loin eft le
palais où fe tiennent les états du pays ; c'eft où l'on s'af-
lèmble pour les affaires qui regardent les intérêts du pays.
Il y a auffi la chancellerie 6k le bailliage. Les états du
pays ont auffi leur arfenal bien muni d'une groffe artil-
lerie , d'armures 6k de munitions de guerre. L'hôtel de
ville eft un aflez beau bâtiment ; 6k les écuries de la
cour font fort belles. Le château , qui eft au-deffiis de la
ville, comme nous avons déjà dit , eft bien fourni de
canons de tout calibre : il y en a deux fur-tout qui font
fort grands ; l'un a été pris fur les Turcs ; l'autre a été
fondu en 1529, & a été déjà une fois au pouvoir des
Turcs , qui en ont mutilé l'image de Jefus-Chrift. Dans
une tour il y a une corne compofée de plufieurs tuyaux ,
ck dont on corne le matin 6k le foir : dans une autre
tour eft une groffe cloche que l'on fonne tous les ma-
tins à fept heures. Ce château a beaucoup de terrein ,
il renferme plufieurs cours, 6k une chapelle pour la gar-
nifon. Il*y a des moulins que l'on fait tourner à la main
& avec des chevaux. Il y a un puits fort profond que
l'on tient fermé , afin de le tenir propre , 6k s'en fer-
vir au befoin.
5. GRATZ, petite rivière de Stirie : elle coule au-
près de la ville de même nom , dont elle baigne un des
lâuxbourgs. * Mérian. Plan de la ville de Gratz.
GRATZINGEN, félon Zeyler, Suev.Topog. p. 56,
petite ville d'Allemagne, au cercle de Virtenberg, fur
ï'Aich , entre Efsling 6k Tubinge : elle a appartenu à la
maifon de Bernhaufen , qui la vendit, pour une bagatelle,
en 1337, au comte Ulric de Wirtenberg. On voit en-
core dans l'églife une tombe, avec cette épitaphe,^wzo
Domini 1281, obïit Diepoldus miles de Bernhufen.
GRAU : on appelle ainfi en Languedoc , fur la Mé-
diterranée , l'embouchure d'une rivière , de même qu'on
dit Gras . quand on parle des bouches du Rhône : ou
appelle Grau de Palavas l'ouverture par laquelle l'étang
de Thau communique aveele golfe de Lyon.
GRAVASIANI : il femble , dit Ortélius, Tkefaur.
que Caffiodore, A4, n. 38 , ait ainfi nommé un peuple
d'Italie.
GRAUCASUS pour Caucasus.
GRAUCENII, peuple de la Scythie , vers les bou-
ches du Danube, félon Apollonius, /. 4.
GRAUCOME , ville de l'Ethiopie , fous l'Egypte ,
félon Pline, /. 6, c. 19.
GRAUDENTZ, ville de Pologne , au palatinat de
Cultn , en latin Grudentum. Le chevalier de Beaujeu,
dans fes Mémoires , p. 144, écrit Grodentsr , 6k dit que
c'eft le nom allemand , 6k que les Polonois l'appellent
Grud^ianc , qui fe prononce Grodgeonc. Cette ville eft
fur la rive droite de la Viftule , au confluent de l'Ofta ,
à quatorze lieues de Dantzig , & à huit de Thorn : on
y pafTe la Wiftule dans un bac. 'La ville eft petite, &
peu confidérable par elle-même ; car elle n'eft que de
bois ; elle doit fon origine à un fort que les Pruffiéns
y bâtirent au commencement du onzième fiécle , d'où
ils faifoient des incurfions dans la Pologne. Boleslas II
en forma le fiége ; mais après bien du terns , il fut obligé
de le lever. Ce fort fubfifte encore fur une hauteur. * Cro-
mer, p. 8j. Dlugjjf. p. 2^5.
GRAVE, ville des Pays-bas , aux Provinces-Unies,
dans le Brabant Hollandois , fur la rive gauche de la
Meufe , à d'eux lieues de Cuyck , à trois de Nimegue ,
& à fix de Bois-le-Duc. Plufieurs ont cru faufîèment
qu'elle étoit la capitale du pays de Cuyck. C'eft unefei-
gneurie particulière , qui a toujours été féparée de celle
de Cuyck , 6k qui fait partie de la fuceeffion de Guil-
laume III , roi de la Grande-Bretagne. Cette place eft
très-forte , tant par fa fituation que par les ouvrages qu'on
17S
y a faits. La Meufe remplit fes folTés , qui font fort lar-
ges ck profonds , ck qui environnent les remparts flan-
qués de cinq baftions , 6k défendus de quatre demi-
lunes : outre l'ancienne muraille , ck les tours que la
rivière arrofe , l'enceinte des remparts eft d'environ un
quart de lieue. De l'autre côté de la Meufe , fur le terri-
toire du quartier de Nimegue , ck vis à-vis de la ville *
il y a un fort qui eft un ouvrage à couronne , pour défen-
dre le pafTage de la rivière. Ces fortifications font fort régu-
lières-, très-bien entretenues , ck font l'admiration des
étrangers. * Janiçon , Etat préfent des Provinces-Unies ,
Cette ville étoit autrefois un franc-aleu , qui appar-
tenoit aux anciens feigneurs de Cuyck. Au commence-
ment des troubles des Pays-bas , le duc d'Aibe la confia
qua , fous prétexte que Guillaume I , prince d'Orange ,
s'étoit révolté contre le roi d'Efpagne ; mais le 27
Avril 1 568 , un nommé Sander-Turck s'en rendit maître
par furprife , au nom du prince d'Orange. Sut cette nou-
velle , le gouvernement de Bruxelles envoya un corps
de troupes pour la reprendre ; 6k Turck fe fentant trop
foible pour la défendre , prit le parti de l'abandonner.
Le duc d'Aibe y mit alors une bonne garnifon , 6k en
donna le commandement à un nommé G afpard Gommes ,
qui maltraita fi fort les habitans , qu'en 1577 , ils réfolu-
rent de fe délivrer de fon joug tyrannique. Pour cet effet
les magiftrats l'invitèrent à une collation dans le petit
château , fur la Meufe , ou ils avoient fait venir fecréte-
ment quelques bourgeois armés. Il n'y fut pas plutôt entré ,
qu'ils levèrent le pont , le firent prifonnier, 6k quelques
jours après ils le mirent dans un bateau , pour le trans-
porter à Maeftricht. Les magiftrats en donnèrent d'abord
avis au prince d'Orange , qui leur envoya du fecours ,
pour aider les bourgeois à chaffer la garnifon Efpagnole ,
ce qui fut heureufement exécMé. La ville refta au pouvoir
des confédérés, jusqu'à ce queTe prince de Parme t'affiégea,
6k la prit en 1586. Le prince Maurice l'affiégea à fon tour,
6k la prit en 1602. ( Voyez le Journal de" ce fiége dans
Meterin , liy. 34, fol. 483. ) Depuis cetems-là elle refta
fous la domination des Etats-Généraux jusqu'à ce que les
François s'en rendirent maîtres en 1672 ; mais en 1674 ,
Guillaume III , prince d'Orange , la reprit fur eux.
Cette ville eft très-petite : elle ne contient qu'envirin
400 , maifons aflez mal conftruites , 6k quelques cafernës
où loge une partie de la garnifon. Il n'y a que neuf ou dix
rues qui aboutiflent à une place d'armes aflez fpacieufe ,
6k entourée des plus belles maifons de la ville , fi l'on en
excepte celle du prince Guillaume de HefTe-Caflèl Phi-
lipsdahl , fituée près du rempart , laquelle furpafle les
autres en beauté. IJ y a fur la place un très-beau parts. La
maifon de ville , fituée fur la place , eft l'édifice public
le plus remarquable : el'e contient , outre le tribunal de
la juftice en bas , diverfes chambres où les magiftrats s'as-
femblent ; 6k au-deflous étoit la prifonoùl'on renfermoit
les criminels.
Il y a deux églifes ; la principale eft fituée fur la place ,
6k dédiée à fainte Elifabeth , où il avoit autrefois un
chapitre de fix chanoines , avec un doyen , fondé par
Jean I , feigneur de Cuyck. Cette églife eft occupée par
les Proteftans , dont le nombre eft beaucoup plus petit
que celui des Catholiques Romains : elle eft delïervie par
deux miniftres , 6k la plus grande partie en a été détruite
par les bombes que les Hollandois y jetterent en 1674 >
lorfqu'ils aflïégerent la ville , fous le commandement du
général Rabenbaubt. Le haut dirclocher tut alors abbatu ,
mais il a été réparé. Les revenus de cette églife pour fon
entretien , outre les profits du fon des cloches S? des en-
terremens , font peu confidérables , 6k Padminiftation en
eft commife à deux kerhmeeflers ou marguilliers , qui en
rendent compte tous les ans aux magiftrats. La féconde
égliiè eft celle des François , qui fut fondée en 1686 ,
par Guillaume III , prince d'Orange, en faveur des réfu-
giés qi.i vinrent s'établir à Grave. Le miniftre étoit alors
entretenu en partie par la ville , 6k en partie par la gar-
nifon ; mais aujourd'hui il n'a que deux cens cinquante
florins que lui donne le feigneur de Grave , 6; deux cens
qu'il tire du confeil d'état. Cette églife appartenoit autre-
fois aux religieufes de S. François ; mais aujourd'hui ces
filles n'ont la penniflîon de célébrer l'office que dans une
chapelle privée , 6k ne peuvent plus paraître en public
avec l'habit de leur ordre. Elles joliment cependant de
176
GRA
GRA
tous leurs anciens, revenus , moyennant une certaine
fomme qu'elles payent tous les ans au confeil des domai-
nes. Les moines de fainte Agathe jouiflent des mêmes
droits Si ont les mêmes mefures à garder. ^ Il y avoit un
couvent de Frères Croiîiers j mais il a été aboli. Outre
la chapelle des reiigieufes de S. François il y en a une
autre pour les Catholiques Romains , defïervie par un prê-
tre Si un vicaire.
L'hôpital fubfifte encore j Si {es revenus font affeftés
au foulagement des malades Si des pauvres. Entr'autres
revenus , il jouit de la moitié des dixmes des terres nou-
vellement défrichées , qu'on nomme novalia , Si eft
fous la régie de trois provifeurs Si d'un receveur qui rend
compte tous les ans de fon adminiftration à ces provifeurs
qui (ont membres du magiftrat.
Il y avoit ci-devant derrière la grande églife une mai-
fon d'orphelins , qui fut détruite pendant le même fiége ,
Si l'on en a fait un jardin. Cependant les revenus de
cette maifon font adminiftrés par deux directeurs char-
gés de l'entretien des orphelins , Si qui rendent tous les
ans compte de leur adminiftration aux magiftrats. La bou-
cherie qui eftaflez belle , fut bâtie en 1699, fur le terrein
qui fervoit auparavant de cimetière ; mais le confeil d'Etat
à acheté ce terrein , pour en faire la grande garde qui
étoitfousla maifon de ville , Si la boucherie y a été trans-
férée. Il y a trois portes , l'une que l'on nomme la porte
de la Mcufc , Si qui conduit à Niniegue ; la féconde de
Hampoort qui conduit à Blois-le-Duc , Si la troifiéme
la Brugpoort par laquelle on paffe dans le pays de Cuyck.
La féconde eft magnifique Si à l'abri de la bombe ; elle
eft fi grande , que dans un fiége on y peut loger commo-
dément deux bataillons d'infanterie. Le magazin eftaflez
grand , Si il y a des armes à feu pour trois ou quatre mille
nommes , Si quantité d'attirails de toutes fortes d'efpece.
Ce magazin eft fous la direction d'un commis établi par le
confeil d'état.
Le grand château , qui étoit autrefois le féjour ordi-
naire du baron du pays Si de la ville , ayant été fort
endoniagé pendant le fiége de 1674 , fat entièrement
détruit quelques années après , pour augmenter les forti-
fications de la ville de ce côté-là. Il n'en refte plus aujour-
d'hui que les écuries dont on a fait le magazin des armes
& l'avant-porte qui fett de magazin à poudre Le petit
château , qui dominoit fur laMeufe , fut bâti fous le règne
de Philippe le Bel , roi d'Efpagne , à l'occafion des guerres
entre les Gueldrois Si les Brabançons ; mais il a été entiè-
rement détruit depuis qu'on a augmenté les fortifications
de ce côté. _ , _
On compte environ trois mille habitans à Grave. Le
droit de bourgeoifie étoit autrefois fi confidérable , qu'un
étranger s'eftimoit fort heureux, quand il pouvoit obtenir
en mariage la fille d'un bon bourgeois , fans autre dot , que
ce droit qu'elle lui procurait. Il y a huit corps de métiers ;
les tailleurs , les tifferands , les maréchaux , les cordon-
niers , les boulangers , les merciers , les bateliers : les
charpentiers , les maçons , les couvreurs Si les marchands
de bois ne forment qu'un feul corps. Comme les cazernes
ne fuffifent pas pour loger toute la garnifon , les bour-
geois font obligés de loger le refte des troupes. Il y a
encore parmi les Catholiques Romains fept ou huit con-
fréries qui ont chacune quelques rentes pour le foulage-
ment des pauvres. La bourgeoifie forme quatre compa-
gnies qui ont chacune un capitaine , un lieutenant Si un
enfeigne. Celle des Cleveniers s'exercent tous les ans à
tirer à l'oifeau. Les bourgeois avoient autrefois de grands
privilèges , Si prétendent être encore exempts de tous
droits fur les marchandifes Se denrées qu'ils tranfportent en
Brabant , en Gueldre , en Hollande , en Zélande Se en Frife.
La ville de Grave eft gouvernée par le grand-bailli ,
le fchout Si deux boùrguemaîtres qui ont l'adminiftra-
tion. de la police. Le fchout eft à la tête des échevins.
Le premier des boùrguemaîtres eft nommé le bourgue-
maitre du feigneur , Si l'autre le bourguemahre de la
•ville dont il garde le fceau. Les boùrguemaîtres font chan-
gés tous les ans par le confeil des domaines à la Haye ,
fur la nomination du grand-bailli. La juftice eft adminis-
trée par fept échevins. Ils jugent de toutes les affaires
civiles Si criminelles ; mais on peut appeller de leurs juge-
mens au confeil de Brabant à la Haye , par voie de réfor-
mation de la fentence. Outre ces magiftrats, il y a huit
jurés qui n'entrent au confeil que quand ils y font appelles
par" les magiftrats , lorfqu'il s'agit de quelque nouvelle
impofition fur les habitans , ou de quelque autre affaire
qui concerne toute la ville. Le fecrétaire eft établi par le
confeil des domaines. Les échevins Si .jurés le font par
le grand-bailli , avec l'approbation de ce confeil. Tous
ces magiftrats doivent être de la religion Réformée.
La jurifdiftion de Grave eft d'une fort petite étendue ,
Si ne comprend qu'un petit polder ou terrain entouré de
digues que l'on nomme Mars Si Wyth , dont le fchout
eft dyckgrave. Il y a un collège de fept confei'.lers qui
accompagnent le fchout dans les vifites qull fait des
digues , Si qui jugent des amendes qu'on doit impofer à
ceux qui ont négligé de les réparer. La chambre des fiefs eft
compofée du grand-bailli en qualité de Jlahliouder ou
çonfervateur des fiefs , de fept afTefTeurs , d'un greffier
Si d'un huiffier. Le greffier eft en même tems receveur
des droits feigneuriaux , Si en rend compte au confeil
des domaines. Quoique Grave foit une des principales
clefs de la république du côté des états du roi de Prufle ,
elle n'a point de gouverneur , mais un commandant qui
a la même autorité que les gouverneurs des autres places
de guerre ; cependant il n'en a aucune fur les magiftrats ni
fur les bourgeois. L'amirauté de Roterdam entretient à
Grave un bureau pour la perception des droits d'entrée
Si de fortie. Il y a pour cet effet un controlleur Si qua-
tre commis des recherches. Le baron de Cuyck y a pareil- -
lement un bureau pour la perception des droits de fon
péage fur la Meule. Mais la quantité de bureaux qui font
établis fur cette rivière, entre Maeftricht Si Grave , en ont
fait tomber le commerce.
Guillaume I , prince d'Orange , n'obtint de Prîilippe II
les feigneuries de Grave Si de Cuyck , que comme enga-
gifte ; de forte que fi ces pays étoient reftés fous la domi-
nation de l'Efpagne , Philippe II , ou quelqu'un de fes
faceeffeurs , auraient pu , en rembourfant la fomme prê-
tée par le prince d'Orange , rentrer en pofTeflion de ce
domaine aliéné. Les Etats-Généraux s'en étant rendus
maîtres , avoient le même droit que le roi d'Efpagne ;
mais en confidération des fervices éclatans que le
prince Maurice avoit rendus à la république , ils lui cédè-
rent ces deux feigneuries à titre de fiefs héréditaires à per-
pétuité , ne s'en réfervant que les droits attachés à la haute
fouveraineté. L'acte pafle à cette occafion eft daté du 9
Décembre 161 1. .
GRAVE , (la) baronie de France , dans le haut Lan-
guedoc , au diocefe , Si à deux lieues au-deflbus d'Albi j
fur le Tarn ; ce lieu eft encore plus remarquable par l'an-
cien monaftere deTroclar, dontfainteSigolene fut abbefle
dans le fixiéme fiécle.
GRAVEDONA. Voyez Gravidona.
GRA VELINES , ville des Pays-bas , dans la Flan-
dre Françoife , fur la côte Si à l'embouchure de la rivière
d'Aa , fur la frontière de l'Artois. Les Flamands l'appel-
lent Gre.vdin.gen. C'eft , dit Piganiol de la Force , Dejcr.
de la France , t. 7 , p. 328 , & fuiv. édit. de Paris , une
petite ville fortifiée à un quart de lieue de la mer Si fur
la rivière d'Aa, fondée par Théodoric , comte de Flan-
dres , vers l'an 1 1 60 ; car ce comte mourut , félon les his-
toriens , l'an 1168. Cette ville étoit déjà devenue con-
fidérable en 1214, puifque Rigord l'appelle Gravaringas
villam opulentam in finibus Flandria fuper mare Angli-
cum Jztam. Elle fut prife , l'an .1383 , parles Anglois qui
la brûlèrent Si la faccagerent , fat rétablie quelque tems
après, Si entourée demurailles. En 1644, Gafton de
France , frère de Louis- XIII , s'en rendit maître. L'ar-
chiduc Leopold la reprit en 165.2 ; mais le maréchal dé
la Ferté l'ayant reprilé. Eu 1658 , elle fut enfin cédée à
la France par le traité des Pyrénées. Les Elpagnols y
avoient conftruit un fort à quatre baftions appelle le fort
Philippe. Ils avoient même entrepris d'y faire un port ;
mais le fort a été rafé , Si le port n'a pas été conftruit.
L'empereur Charles V eft le premier qui ait fait travail-
ler aux fortifications de cette ville. Il y fit conftruire fix
baftions , comme on les voit encore. Il n'y a à Gravelines
que deux portes , l'une qui conduit à Dunkerque , Si l'au-
tre à Calais. Elles fe répondent à-peu-près , Si font pres-
que oppofées l'une à l'autre. Les dedans de la ville font
allez réguliers. Les rues , fur-tout les grandes , y font
pafTablement droites : la place publique eft fous le châ-
teau Si allez grande ; mais elle eft irréguliere. Il y a trois
beaux magazins à poudre voûtés de pierres d'une très- '
bonne
GRA
GRA
bonne conftruétion , Se plufïeurs corps de cazernes. L'é-
glile paroiffiale de cette ville porte le nom de S. Wille-
brord; Se l'on y remarque deux monumens de marbre
érigés à deux guerriers fameux qui ont été , en différens
tems , gouverneurs de cette place. L'un eft Valentin de
Pardieu , gouverneur de Graveluies pour le roi Catholi-
que, & l'autre Claude Berbier du Metz , gouverneur de
cette place pour le roi de France.
L'enceinte de Gravelines eft compofée de fix baftions ,
Se d'autant de courtines de la conftru&ion de Chevalier
de Ville. A un des angles de cette place eft un château qui
n'eft couvert , du côté de la campagne , que' d'un des baf-
tions de la ville. Du côté de la ville , il eft enfermé d'une
enceinte compofée de trois lignes. Aux deux angles qui le
ferment , font placées deux tours rondes entre lesquelles
eft la porte du château , qui eft entouré da côté de la ville
d'un beau Se large fofle. Le foffé de la place eft un des
plus larges Se des mieux conftruits. Il y a dans ce fofié
cinq demi-lunes de la façon du maréchal de Vauban , &
il eft entouré d'un chemin couvert avec fes traverfes Se
places d'armes à l'ordinaire. Au-delà du glacis eft un
avant-foflè d'une largeur extraordinaire. Au-delà encore
eft un grand ouvrage à corne que l'on appelle la bajft
ville , au milieu de laquelle paffe la rivière d'Aa. Il y a
une grande éclufe fur un des côtés de cet ouvrage , dont
la porte , qui donne du côté de là campagne , eft couverte
d'une petite demi-lune , Sec.
La ville de Gravelines eft bâtie au lieu où étoit aupa-
ravant le village de Saint-Willebrord. Elle fut donnée
avec Bourbourg à Robert de Caffel ; Se elle vint à la
maifon de Bourbon qui en avoit la feigneurie utile.
Charles-Quint , comme fouyerâin , la fit fortifier , comme
il a été dit. La rivière d'Aa lui fert de port. * Longuerue 3
Defcr. de la France , 2. part p. 74.
Le magiftrât de Gravelines eft compofé d'un bailli ,
d'un mayeur , de cinq échevins , d'un penfionnaire , d'un
greffier , Se d'un procureur-fyndic.
GRAVEMACHEREN , petite ville des Pays-bas ,
au duché de Luxembourg , fur la rive gauche de la
Mofelle , entre Sirk Si Trêves. * Dut. géograpk. des
Pays-tas.
GRAVENECK , château Se bourg d'Allemagne ,
en Suabe , dai»s le comté de Graveneck , donc il eft le
cher-lieu , à deux milles Se demi , Se aufud-eft de Reut-
lingen. Cette maifon eft ancienne ; Se fi l'on en croit
Bucelin , Gerwic de Graveneck , un des principaux fei-
gneurs Allemans , fe trouva à la bataille de Charles-Martel ,
fnaire du palais , contre Fiainfroi , l'an 714. Il fe trouve
dans le treizième fiécle Henri, Evrard, Albert Se Henri
comtes de Gravenech. Il paroît qu'avec le tems, leurpofte-
rité négligea ce titre ; car enfuite ces feigneurs ne furent
qualifiés que barons. Louis le Vieux obtint à? la diète
d'Augsbourg , l'an 1555 , le droit d'avoir voix Se féance
entre les états de l'empire , après avoir prouvé que , long-
tems auparavant, fes ancêtres avoient été mis par l'empe-
reur Frédéric entre les barons de l'empire. * Imhoff.
Notit. Procer. Imper.
La race de ces comtes eft éteinte ; Se c'eft le prince
de la Tour-Taflîs qui a acheté en 1713 une partie de leur
domaine.
1. GRAVESENDE, en Hollande. Voyez Gravjl-
ZANDE.
2. GR.AVESENDE , bourg d'Angleterre , au comté
de Kent, fur la Tamife , à vingt milles au-deffous de Lon-
dres , fur la route de Douvres , à fept milles de Rochef-
ter. Il y a un port fur la Tamife , Se on y tient marché
public. C'eft un paffage fort fréquenté , parce qu'il eft
îur la route de Londres à Rochefter Se à Douvres. * Etat
prefent de la G. Bretagne , t. I , p. 76.
GRAVÉSON , ou Gravaison , petit bourg de
France , en Provence , à une lieue Se demie de la Du-
rance , fur la route d'Aix à Tarascbn , fur un coteau fer-
tile , environné d'une vafte plaine , avec titre de mar-
quifat ; de forte que Ce bourg a abondamment des grains ,
du vin Se des pâturages. Il y a fur l'éminence un château
qui_ appartient au marquis. C'eft un fief de la maifon d'O-
raifon. * Mem. communiqués.
GRAVEZANDE , village des Provinces-Unies , en
Hollande, dans' le Delftland," environ à une lieue de l'enj-
bouchure de la Meufe , Se à deux de Delft Se de la Haye.
C'a été autrefois une affez bonne ville ; mais plufïeurs
177
chofes ont contribué à fa décadence. Avant l'an 125b,
Se que la cour de la Haye fût bâtie, les comtes de Hol-
lande avoient un château à Gravezande , où ils paffoient
la plus grande partie de l'été. Il y a encore des endroits
dans ce village , dont les noms confervent des traces
de cette réfidence , comme Hoflaan , l'avenue de la
cour; Hoflandt, le terrein de la cour. Les comtes ayant
préféré la Haye , leur abfence nuifit à la ville de Grave-
zande. En 141 8 , elle fut prife par les habitans de la Brille ,
qui la pillèrent Se la rédui firent en cendres. Pour com-
ble de malheur, le port qu'elle avoit, Se qui étoit un ca-
nal creufé jusqu'à l'embouchure de la Meufe , a été
comblé par les tempêtes Se par le limon que la Meufe
y a charrié ; de forte qu'il eft devenu impraticable. On.
dit que c'eft le plus haut terrein de la province de Hol-
lande. Son territoire produit de beau bled , Se on y fait
de très-bon fromage. * Janiçon , Etat préfent des Prov,
Unies.
GRAVIA , petite rivière d'Italie , dans la Tofcane ,
aux confins de l'Etat de Gènes. Elle a fa fource dans l'A-
pennin , Se tombe dans la Magra, au-deffus de Pontre-
moli. * Leandr. Defcr. di tuta l'Ital. p. -57.
GRAVIACI, ville , entre le Muer Se la Drave , félon
laTable de Peutinger : quelques-uns croient que c'eft Gurck.
GRAVIDONA ou Gravedona. Léandre dit Gra-
vidona, SeBaudrand, édit. de 1705, Gravedona , bourg
d'Italie , dans le Milanez , au bord occidental du lac de
Côme , près des confins des Grifons Se du comté de
Chiavenne , Se à deux lieues du fort de Fuentes.
GRAVII , ancien peuple dEspagne. SHius Italicus, /. 1 a
v. 235 Se 236 dit:
| Qu'ique fuper Gravios lucentes volvlt arenas,
Infernœ populis referens oblivia Lethes.
Il dit, 1. 3, v. 366.
Et quos nunc Gravios violato nomine Grajûm l
(Enece mifere domus JEtolaque Tyde.
Quelques-uns ont voulu lire Gronios, d'autres Grovios;
mais Gravios eft le plus conforme aux manuscrits. Il
paroît par ces vers de Silius , que c'étoit une colonie
Grecque , établie en Espagne. Il s'accorde en cela avec
Pline, /. 4, c. 20, qui nomme ce peuple Gravii, Se
met chez eux Cajlellum Tyde , Se avec Ptolomée , /. 2 ,
c. 6, qui met dans l'Espagne Tarragonnoife un peuple
qu'il nomme Graii , v^m Se leur donne une ville,
nommée Tudce , T«<T*/. Cette ville de Tyde eft à pré-
fent celle de Tuy , dans la Galice , aux confins du Por-
tugal. La reffemblance de ce nom avec celui de Tyde ,
avec Tydée , fils d'Œneus Se père de Diomede , roi
d'jEtolie, eft caufe que Silius attribue la fondation de
cette ville à Diomede qui avoit fait auffi quelques éta-
bliffemens dans la Fouille. Le poète fuppofe que ce Dio-
mede alla auffi en Espagne , Se y bâtit une ville à Iaj
quelle il donna le nom de fon père Tydée ; Se qu'il y
lailTa une colonie Grecque , qui fut enfuite nommée Gra-
vii , au lieu de Graii , par corruption.
GRAVILLET , petite ville de France , dans le haut
Languedoc , au diocèfe de Caftres , fur la rivière de Da-
dou. Elle dépend de la viguerie d'Alby , Se appartient à
la maifon de Crirîïbl. On y fabrique beaucoup de cha-
peaux. * Mémoires drefjés fur les lieux.
GRAVINA , ville épiscopale du royaume de Naples ,
dans la Fouille Se la. province de Barry , aux pieds des
montagnes , à neuf milles de Matera , au nord-oueft , Se
fous la métropole de cette ville : elle eft entourée de bon-
nes murailles à l'antique , Se appartient à la maifon des
Urfins , avec titre de duché : on la croit la Plera des an-
ciens. Les habitans prétendent que le nom de Gravina
vient de ce que le territoire de cette ville abonde en
grains ; mais D. Mattheo Ëgitio , dans fa lettre à Lenglet
du Fresnoi, dit qu'il vient du motfrançois ruvir.e ; d'au-
tant plus que cette ville eft aftïfe fur une grande ravine j
creufée par les eaux des pluies qui tombent des monta-
gnes. Les gens du pays appellent Gravina cette fbflej
auflî-bien que la ville. Comme il y a beaucoup cle Icr-
pens aux environs , c'eft le feul endroit de Naples où
les cigognes faffent leurs nids, parce qu'elles y trouvent
âifément de quoi nourrir leurs petits. ,* Notes du P. Char*
le voix,
tome ÏII. Z
178 GRE
GRAVÏMUM , Heu de la Gaule Belgique, félon laTa-
bîe de Peittinger. .
GRAVIONARIUM, r>* /0!.W, ancienne ville de
la Germanie , félon Ptolomée , dont les interprètes
difent que c'eft Bamberg , en Franconie : il y a long-tems
que Ton a eu cct;e opinion ; car Bamberg le trouve nom-
mée Graviortarium , dans quelques auteurs du moyen âge.
GRAVISCjE , ancienne ville de .Toscane , fur la
côte auprès de l'embouchure de la Marta. Velléïus Pa-
terculus, /. i, c. 15, & la Table de Peutinger difent
Gravifca au fingulier ; tous les autres difent Gravifca au
pluriel. Tite-Live , /. 41 , c. 16, dit: on apprit qu'à
Gravi fques , le mur & une porte avoient été trappes de
la foudre. Virgile JEncid. 1.
GR.E
184, dit:
s Gravisca.
Et Pyrgi veieres , intempefaqi
Et Silius, 1.8, v. 474.
Veteres mifere Gravisca.
C'étoit une colonie. Outre le témoignage de Velléïus,
nous avons celui deTite-Live , /. 40 , c. 29. Cette année,
dit-il, fous le confultat de P. Cornélius, rkdeM.Bcebms,
qui revient à l'an 571 delà fondation de Rome, (181 ans
avantl ère vulgaire,) on mena une colonie à Gravisques,
dans un champ d'Etrurie , qui avoit été autrefois pris fur
les Tarquins. Cette ville fut épifcopale , 6k fon fiége
étoit du quatrième fiécle ; mais Gravisques ayant été
ruinée , Févêché en a été transféré à Corneto , qui en
eft à deux milles.
GRAY, ville de France, dans la Franche - Comte ,
au bailliage d'Amont, dont elle eft le chef-lieu, & que
l'on appelle aufli le bailliage de Gray. Cette ville eft
fituée fur la Sône , qui la rend la ville de la province la
plus marchande ; car c'eft-là qu'on embarque les grains
&; le fer que l'on transporte à Lyon. Elle étoit connue
vers l'an 10^0 , & on Fappelloit Gradicum. C'étoit un
château , {Cafellum) du tems d'Odo , abbé de Beze ,
comme on le voit dans la Chronique de cette abbaye ,
écrite dans le fiécle fùivant , par le moine Jean , qui rap-
porte une charte lignée de l'abbé Odo , où il fait men-
tion de Villare près de Gradicum. Sa fituation eft fort
avantageufe; de forte que les princes de la maifon d'Au-
triche y avoient fait faire de belles fortifications. C'étoit
une des plus fortes villes de la province ; mais Louis XIV,
l'ayant prife en 1668 , il en fit rafer les fortifications.
L'univerfité, qui eft aujourd'hui àBefançon , fut d'abord
inftituée à Gray par le comte Othon IV. Il y a aujour-
d'hui dans cette ville un préfidial , un magiftrat, une
paroilîe , une églife collégiale , trois couvens de reli-
gieux, & en tout trois mille neuf-cens quatre-vingt-deux
habitans. Cette ville eft à cinq ou fix lieues de Dole ,
& l'on y paffe la Sône fur un pont de pierre. * Lon-
guerue , Defcr. de la France , 1 . part. p. 311. Piganiol de
la Force , Dekr.de la France , t. 7, p. 558.
Le BAILLIAGE de Gray OU d'AMONT , eft un des
quatre grands bailliages de la Franche-Comté , & ren-
ferme dans fon étendue huit cent trois villes , bourgs ou
villages. Les villes principales font ,
Gray,
Vefoul ,
Jonvelle,
Dampierre,
Pefmes ,
Hericourt ,
Marnay,
L'ifle fur le Dou
Baume-,
Clairevaux ,
Gy,
Champlite,
Villers-fur-Scey ,
Amance,
S. Hipolyte .
Belvoir ,
Luxeuil ,
Bouclans ,
Lure ,
Faucogné ,
Charié ,
&c.
GR.AYES , bourg d'Angleterre , dans la province d'Ef-
fex. Il a droit détenir marché public. * Etat préfent de
la G. Prêt. t. 1.
GRÉAT-BEDWIN , bourg d'Angleterre , dans la
province de Witts. Il envoie fes députés au parlement.
* Etat préfent de la G. Brct. t. 1.
GREBENUM , ville de l'Albanie , félon Chalcon-
dyle , deReb. Turc. f. 9, p.253 , édit. du Louvre , qui dit
qu'elle étoit très-forte , &que Zagan l'affiégeaen vain.
GRÈCE, (la) grand pays d'Europe, & même d'Afie.
Les Grecs ont une part fi brillante à l'ancienne hiftoire,
que la juftice demande que nous ayons une attention par-
ticulière à ce qui les regarde. D'ailleurs , leur pays a tant
de fois changé de bornes & de divifions, que pour évi-
ter la confufion , il faut traiter cette matière à plufieurs
reprifes , & divifer ce que nous avons à en dire en plu-
fieurs âges , puisque ce que nous en dirions à l'égard d'un
fiécle , ne feroit plus véritable à l'égard d'un autre. C'eft
pourquoi nous confidérerons la Grèce fous huit âges.
I. Depuis la fondation des petits royaumes , jusqu'au
fiége de Troye ; & nous l'appelions le tems hé-
roïque.
II. Depuis la prife -de Troye, jusqu'à la bataille de
Marathon.
III. Depuis cette époque, jusqu'à la mort d'Alexandre^
IV. Sous fes fucceffeurs , jusqu'à la conquête qu'ea
firent les Romains.
V. Sous la république Romaine.
VI. Sous Augufte & fes fucceffeurs , jusqu'à la divifion
des deux empires.
VII. Sous les empereurs d'Orient, jusqu'à l'irruption
des Turcs.
VIII. Sous la tyrannie des Turcs.
Nous y ajouterons un neuvième article , pour ce qui
regarde l'églife grecque.
HISTOIRE GÉOGRAPHIQUE DE LA GRÈCE,
Premier âge de la Grèce.
§. 1. De fes premiers habitans.
Lepays que nous connoiffons aujourd'hui fous le nom
de Grèce , n'a pas d'abord porté ce nom. Le texte hébreu
de l'Ecriture femble ne lui donner aucun nom particu-
lier ; mais elle nomme, (Genef. c. 10, v. 2,) Javar. entre
les fils de Japhet. Ifaïe dit , c. 66, v. 19, félon l'hébreu,
& vers Tubal & Javan , & dans les ijles éloignées ; !a
Vulgate porte : inltaliam, & Grœciam, adinfulû., longe.
Elle rend de même Javan par la Grèce , clans Eyècbiel,
c. 27, v. 13 & 19; dans Daniel, c. 11 , v. 2, & dans
Zacharie , c. 9, v. 13 : par-tout là l'hébreu porte Javan;
mais les Septante difent Hellas , qui , comme nous le di-
fons en fon lieu , fut un des noms de la Grèce ; ou
Hellènes qui fut l'un des noms des Grecs ; & notre Vul-
gate les a imités en difant toujours Grœci St Gracia. U
eft remarquable que le nom de Javan en hébreu, p> n'ayant
aucuns points qui déterminent la prononciation , eft le
même qu'Ion ; Scnous trouvons que les premiers Ioniens,
que l'on connoiflè, étoient dans la Grèce. Il y a même
lieu de croire qu'ils en furent les premiers habitans ; mais
ils n'y furent pas long-tems feuls. Les Phéniciens , grands
navigateurs de tout tems , les y allèrent trouver , & éta-
blirent des colonies. En faveur de leur commerce, ils ap-
prirent aux Grecs naturels la navigation, le commerce,
& fur-tout l'écriture, dont on leur attribue l'invention. Les
Egyptiens ne furent pas les derniers à y envoyer des peu-
plades. Ils leur communiquèrent le goût des feiences &
des arts ; &: les infectant de leur idolâtrie , non contens
de leur donner des rois, ils leur donnèrent des dieux.
§.2. De fes plus anciens fc
Le favant le Févre , dans fes Notes fur Apollodore ,
dit : la Grèce ne connoît rien de plus ancien qu'Inachus ;
& fans copier ici ce que nous avons dit à l'article Ina-
CHIA , ce prince étoit un Phénicien : ce fut le premier
roi d'Argos. Son nom fut commun à fes fucceffeurs , les
rois d'Argos , &: même à tous les rois de la Grèce. Les
Grecs , avec un léger changement , en firent un mot qui
fignifie roi , ' kvs.% , "/W«/m. De même que les fuccef-
feurs de Cefar, prirent le nom deCefar, qui eft devenu
fynonime d'empereur ; de même aufli les noms de Pha-
raon & de Ptolomée , ont été en divers tems des noms
propres à des rois d'Egypte , & appellatift par rapport à
leurs fucceffeurs. ïnachus vivoit vers l'an du monde 2127,
l'an 18^7, avantl'ére vulgaire. George le Syncelle, Chro-
nograph. avoit dit la même chofe avant le Fevre. U n'y
GRE
GRE
a rien , dit-il , dans les hiftoires des Grecs qui foit plus
ancien qu'Inachus &fon fils Phoronée , qui furent les pre-
miers roisd'Argos. Anticlide, cité par Pline, /. 7, c. 56,
regarde Phoronée comme le premier roi dé la Grèce.
Anticlides Phoronaum antiqui (Jîmum Gracia regem tra-
dit. Cela ne feroit pas vrai , s'il etoit sûr que le royaume
de Sicyone, dont on donne une fuite de vingt-fix rois,
eût commencé dès l'an du monde 1898 , puisque le régne
d'Egialée, premier roi de Sicyone, eût précédé de deux
cens ving-fept ans le régne d'Inachus. Mais la fuite de
ces rois de Sicyone eft (u jette à tant de contradictions ,
que le chevalier de Marsham a rejette abfolument dans
fon livre, CanonChronic. Algypt. où il a traité l'ancienne
179
chronologie. D'ailleurs félon cette lifte , il devoit y avoir
un roi de Sicyone du tems de la guerre de Troye ; &
Homère n'auroit pas manqué de faire mention de ce
royaume ; au contraire il dit que Sicyone étoit une des
villes fur lesquelles régnoit Agamemnon. Avec le tems it
fe forma presqu'autant de petits royaumes qu'il y avoit de
villes un peu considérables. Ces villes dévoient leur fon-
dation à une certaine fuite de héros , dont les Grecs dres-
ferent, après coup, une généalogie un peu fuspeâe, à la vé-
rité ; mais pourtant , comme elle établit une certaine liai-
fon entre ces pays, je la rapporterai, &je fuivrai en cela
le P. Bnet, qui n'a pas dédaigné de l'inférer dans fes Pa-
rallèles, z.part. /, 3 , c. 6.
S- 3- ORIGINES DES ANCIENS ROIS ET PRINCES DE LA GRÈCE»
Selon les anciens*
h
POSTÉRITÉ DE DEUCALION , roi de Theffalie.
f jEson.{Jason , chef des Argonautes.
MÉLÂMPE, époufa Iphianir fille)
d'Anaxagore , fils de Mégapenthe , roi | ANTIPHAS5
d'Argos. II guérit les filles de Proëtus, iManto,
qui étoient furieufes; & Anaxagore, / Bias ,
par reconnoiffance , le fit roi d'Ar- 1 PRONOë.
CRETHUS époufa^ gos , avec fon frère Bias. )
Tyro, fille de fon
frère Salmonée.
(rÎELLEN
DEUCA- jeut d'Or-,
LION quï\ feïde , fa ./Eolus,qui
régnoit en femme
Theffalie, I trois fils ,
lorsqu' ar-
riva le dé-
luge,nom-
mé de fon
qui don-
nerentlieu
à trois es-
pèces de
Grecs , fa-
d'ENA-
rete, fille
de Déi-
machus ,
eut cinq
filles , Ca-
nache, Al-\
BlAS partagea, avec fon frère} (Adraste-Parthe-
Mélampe , le royaume d'Ar- (T JnoPjEUS , Eriphi-
gos. De fafemmePÉRONE(1ALAUS-)LE, femme d'Am-
il eut un fils nommé , ) \phiaraus.
Pkeres.
JAdmete, ("Opheltes, aufli nommé Arche*
|Lycurgue,|more.
SlSYLHE, fondateur de Corinthe, eut del
Mérope, fille d'Atlas, )
GlAucus.{Bellerophon,
AthAMAS, roi de
Béotie , eut
De NepheleJ
j d'Ino , fille de çLéarque.
\Cadmus. "^MeLICERTE.
l'an du ( voir,l'£o-l donc, Pi
monde ) lique , le\jîdice, Ca-
Doriqde \fyce &
& l 'Ioni- Pcrimede ,
fa- & huit
avant 1ère
vulgaire.
Il eut de
fa femme
Pyrrha.
que
voir, jEo-
lus, Do-
rus, fesûh,
&/o«,fon
petit-fils.
fils, félon
Diodore.
CNelée , qui s'enfuit/NESTOR , & dix autres
. . r à Meffine. Il eut de) fils , qui furent tués par
SALMONÉE , qui 1 TYRO, femme fa femme CHLORIS, ) Hercule.
régna d'abord en 'de Crethéus. 1 fille d'Amphion. ^Pirnnjiï
Theffalie , puis j Elle avoit eui
Elide 1 de Neptune, L . de(AcASTE.
1 Theffalie.' JAlceste, fer
V \meu.
-Perone, femme de BU
mme à' Ad-
Deione, qui régna en Phocide. { Cephale , mari de Procris.
eurent l'ifle de Sériphe.
POLYDECTE,
Magnetes, dont les deux fils, <J Dictis
Mimas, qui régna) Hippotes , eut
en iEolide. jde Mélanippe,
Eole
dont la
fille
(Arne , f Eole j roi des ifles ^Eo-
)eut deviennes, près de la Sicile.
JNeptu-jBoEOTUS , dont hBéo*
(ne, \tie prit le nom.
ÎApharée ,
Leucippe,
Tyndarée ,
Icare.
Dorus , dont on ne dit rien finon que les Doriens viennent de lui.
Xutus, qui étantC AcH^EUS, qui ayant commis un meurtre involontaire, fc fauva au
chaffé par Ces fre-l Péloponnèfe , & donna fon nom à YAchaïe , que l'on appelloit aupa-
res , fe réfugia chez/ ravant ALgialce. Il retourna pourtant en Theffalie où il régna.
Erechlhée , dont il] Ion , qui régna , dit-on , à Athènes , après fon aïeul maternel ; de
(.époufa la fille. \\u\ les Athéniens furent nommés Ioniens.
IAMPHICTYON, qui après l'expulfion de Cranaùs, régna à Athènes,
Tome III. Z ij
GRE
I0O
Vers l'an du monde 1102, Ogyges jetta les fondemens
ffEUudne , dans le pays qui tut enfuite nommé VAttique.
Il régnoit dans ce canton, lorfqu'arriva le déluge , nommé
de ion nom le déluge d'Ogyges. Le favant le Clerc ,
Compend. Hifl. Univ. foupçonne que l'hiftoire de^ce
déluge & le nom de ce roi pourraient bien être
venus de là* langue phénicienne , mal entendue par les
Grecs ; car , dit-il , XV, 7133 Mab'bouL Chog peut
lignifier le débordement de l'océan.
Vers le tems où Moïfe délivrait les Ifraëlites , & les
emmenoit d'Egypte, Cecrops partit d'Egypte par mer,
& conduifit une colonie dans la Gréce'où il bâtit douze
bourgs ou petites villes , tk y établit des loix , vers l'an
du monde 2373 , 161 r ans avant l'ère vulgaire , félon
le Clerc; & l'an du monde 2426, félon le père Pétau,
ou 144a , félon de Vallemont , Elem. de CHift. t. 2.
On le regarde comme le fondateur d'Athènes & de la
monarchie des Athéniens. Ce fut à-peu-près vers ce
même tems que la Grèce fut affligée par le déluge de
Deucalion , parce que Deucalion régnoit alors en Thes-
falie. Les Grecs l'ont confondu avec Je déluge univerfel
décrit par Moïfe. Le Clerc , obferve que Noé eft
nommé dans l'Ecriture homme de la terre , c'eft-à-dire ,
laboureur , n31NH £?>X , ce qui peut auflï fe rendre
•en grec par 'âviÎ/i 7rupf«<r en latin Marïtus Pyrrha, ou
GRE
Rubrx; car Adamah fignifie également Pyrrha , Rubra.
&c Terra. : les Jurées ont pris ce mot dans le fens de
Pyrrha, & en ont fait un nom propre; ils ont dit que
Pyrrha étoit la femme de Deucalion. Il foupçonne
même que le nom de Deucalion eft un mal-entendu ,
& qu'il eft venu de W >^jn Diglê Ion , c'eft-à-dire ,
les drapeaux des Ioniens. Les pierres que l'on dit qu'ils
jettoient pour réparer le genre humain , n'ont peut-être
de fondement que le double fens du mot !3>33& Abanim
qui vraifemblablement fignifioit en phénicien , d'une
manière équivoque , des enfans & des pierres. Les fables
ont dit qu'il n'étoit refté que Deucalion & fa femme.
Juftin , /. 2 , c. 6 , dit beaucoup mieux; il n'en réchappa
que ceux qui purent gagner les montagnes, ou arriver avec
des vaifleaux auprès de Deucalion , roi de Theflalie. Il
les fecourut , & de-là vint qu'on publia de lui qu'il avoit
réparé le genre humain. Il eft certain que les Phéniciens
ayant pris le goût des colonies , preffés d'ailleurs par
Jofué qui les chaffoit du pays de Chanaan , fe répan-
dirent dans l'Europe. C'eft à ce tems qu'il faut rapporter
l'arrivée de Cadmus en Grèce , où il bâtit la ville de
Thebes. Les Grecs le font defeendre d'Inachus , dont
voici la famille , félon le P. Briet. Les Grecs ont ignoré
l'origine de ce prince. Nous avons remarqué à l'article
Inachia , d'où il venoit.
II.
POSTÉRITÉ D'INACHUS, roi dArgos.
( Belus.
ÎNACHUS,
fondateur du
royaume '
d'Argosi
(Libye,
YEpA- )eut de
Io-, ou jpHUsJNeptu- )
IsiS,eut{roi vne.
de Jupi-jd'E-
ter > Egypte-
Danaus, (
eut trente
filles, dont
vingt-neuf^
egorge-
rent leurs |
maris. \
(Acrisius.{Danaé.{Persée.
y Proetus. |LAus {Adraste.
jEgyptus eut trentef
I fils , dont vingt-neuf) LyncÉE fut épargne feul , par Hyper'
I furent tués par leursS mnejlre, fa femme.
Ifemmes. (.
TGadmus ,
^Europe.
'Cinquante fils ; qui
tous furent tués , à
la réferve de Nyg-
Pho-
I.RONÉE.
'Ca-
RES.
Nio- f
""iBÉ, !Pe- fTycaon,
qui eut | LAS- Voi (
I de Ju- GUS.
ipiter, ^
Id'Ar-
^cadié,
f A- ( Ly- (Amphi- CMela- (Parthê-
1PHI- ICUR- DAMAS, | NION , j NOPjEUS,
DAS. GUE. 4 AnCjEUS , { qui eut{ l'un des
iEpo chus, ! d'ATA- Ifept chefs
! t™ i-tic (LAï^E. I devant
Ce- IdjEus
I ^r V
JPHEE,
CaLIS-(ARCAS,
TO , qui] dont font
eut de \ venus les j
Jupiter , {Arcadiens. | EtA- 1 StenOBÉE ,
(tus. (Proetus,
Thèbes.
femme de
Ceux qui fe donneront la peine de comparer ces tables Chronograph. de Paufanias /. 2 , c. 1 5 , & de plufieurs
avec celles du P. Briet , trouveront que j'y ai fait quel- autres Ecrivains.
ques changemens qui m'ont paru néceflaires. Par exemple, L'étendue de la feuille, ne nous ayant point permis
j'ai donné à Phoronée Cares pour fils , fur l'autorité de de mettre de fuite la poftérité de Perlée & d'Agenor ,
Paufanias , /. 1 , c. 39. Je l'ai fait lui-même fils , &c non nous allons la joindre ici en deux fupplémens.
frère d'Inachus , fur l'autorité de Georges le Syncelle ,
III.
POSTÉRITÉ DE PERSÉE.
ALCÉE époufa HïPPOMONE , fillerAMPHYTRYON.
de Menœcée. \ANAXO , femme d'ELECTRYON, fon oncle.
ÎESTO époufafHlPPOTOE (TaPHIUS,
;ys, fille de Pe-< eut de Nep-\ ville de Tapi
s. (tune. .(lonie.
PERSÉE , fils de
Danaé &de Ju-
qui bâtit la(PTERELAS , que Neptune fon aïeul
lus en Cefa-< rendit immortel.
GRE
GRE
18
l'exemple de fa mère , époufa fon oncle Amphy-
pirer, délivra IElectryON époufa Ana- f Neuf fils , outre
Andromède ,lxo, fa nièce, de laquelle uYAlcmene, qui,
fille de Cepliée ,{ eut , (TRYON.
poufa , & en /
eut ilx fils tk une II eut auffi de MÉdéejLicymmus , tué par méprife par Tlepoleme , fils d'Hercule : fon père
fille. un fils naturel , nommé lavoit été tué de même par fon gendre Amphytryon. .
Sthenelus' époufa/-
NlClPE,filledePelops,\EURYSTHÉE, qu'Hercule fervit, Sien qui finit la poftéritedePerfée; de
roi d'Elide ,-de laquelle) forte que le royaume de Mycenes, paffa aux Pélopides.
il eut <•
Helas , dont on ne connoît point la poftérité.
Perses , qu'il laiffa chez Cephée , fon beau-pere. Les'Perfes prétendoient en être defcendus,
\Gorgophone époufa Perieres , l'un des defcendans de Deucalion.
POSTÉRITÉ D'AGENOR.
Cadmus,(Polydore f
époufa NYC-)
teis, fille deV
Nyfteus, *•
/•Laïus , détrônéz-CErn-
, :US>anrc,Lyc„us'/on)PEeu;
'par
père pour
chercher ;
AGENOR eut Europe, (S AnTINOÉ , qui époufa ArISTÉE.
deTELEPHAS- fceur, bà-|lNO, femme d'ATHAMAS , fils d'jEolus.
SA, fa femme ,} tit la ville Ag ave , qui époufa EcHION.
trois fils &c une de Thè- Semele , maîtreffe de Jupiter, mère de Bacchus,
'Ko
Anugone, fille;
) oncle, &enfuite)avecfa)"-°CLE ». Sl'autre,
(tué par fon fils. Wre (^OLYMCE, (_
Is fe tuèrent l'un
ihïe
,b«.
Phœnix , d'où font nommés les Phéniciens^ qui alors étoient très-puiflans en Afie. Le fiege de
fon empire , étoit à Thèbes d'Egypte,
Cilix , dont la C'diàt porte le nom,
Europe enlevée par Jupiter.
On vient de voir que Laïus fut détrôné par fon grand oncle Lycus ; voici quel lien de parenté étoit entr'eux?
V.
ALLIANCE des MAISONS de CADMUS & de NYCTEUS,
(Nycteus,(Nycteïs qui époufa f .:•',■■(
On ne fait | venu d'Eu- Polydore, fils de Cad-^LABDACUsJLAÏUS détrôné,
qui étoit J' bée , avec" j mus, ( (
leur père. ', fon frère, j
[Antiope,
^de Jupiter ,
ai eut ÇXethus , \ élevés par un pâtre : ils vengèrent leur rnere des outra-
(_Am'phion,3 ges de Dircé.
ILycus , fil eut pour femme Dircé , 8c chaffa Laïus du trône. Il prit Antiope , fi nièce , qui avoir.
frère de <époufé Epopéus ; Dircé l'ayant fort maltraitée , elle fut vengée par Zethus 6k Amphion,
vNycleus. (qui tuèrent Lycus, & attachèrent Dircé à un taureau indompté.
§.4. Anciennes fociétés de la Grèce.
Ces héros , naturellement guerriers , n'avoient pas
plutôt atteint l'âge de quitter la maifon paternelle , qu'ils
fe cherchoient eux-mêmes quelque établiiTement. Sou-
vent un exploit hardi & heureux at'tachoit à leur deftinée
quelques familles avec lesquelles ils alloient , ou conquérir
«ne ville , ou en fonder une nouvelle. Chaque fociété ,
pour ainfi dire , formoit un royaume. De Vallemont ,
Elem. de CHifl. t. 2, dit très-bien: jamais pays fi petit
na renfermé tant de royaumes & tant de républiques.
George Honorius , Arca Noè , p. 133, nous en donne
prefque tous les noms que nous mettrons ici , quand ce
ne ferait que pour la curiofité de voir dans la feule Grèce
tant de royaumes & de républiques , dont à peine les
noms font venus jufqu'à nous. On trouve , dit - il ,
jufqu'i cinquante états dirFérens , formés par les Grecs ,
favoir. ,
AUgialée , ou Sicyone ,
Les Leleges,
Les Mejjéniens ,
Les Ectenes,
Crète ,
Argos , % ^
Lacédémone , ou Sparte , Elid
Les Pe/asgues , Pylos ,
Les TheJJaliins , L'Jirçadie
LAtdque ,
La Daulide dans la Pho-
cide ,
Les Locres O^olei }
Corintke ,
Eleufine ,
Egine ,
Ithaque ,
Cephalenie -
Phïthti,
La Phocide ,
Ephyre ,
L'Eolide,
Thèbes ;
Calliftes ,
Les Etoliens,
Les Dolopes ,
L'tEchalie,
Mycenes ,
L'Eubèt ,
Minies,
Les Doriens î
Pheres,
Lolcos ,
Locres ,
Les Thraciniens ,"
Les Tresprotiens ,
Les Mirmidons ,-
Salamine ,
Scyros,
Hyperies ,
Les ijlcs de Vulcain ,
Megares ,
L'Epire *,
L'Achaïe ,
L'Ionie,
La Macédoine ,
Les ifles de la mer Egée, &£.
*Je ferai voir que la Macédoine & TEpire ne furent
de la Grèce , que long-tems après.
Il ne faut pas s'imaginer que ces pays ayent d'abord
porté les noms que nous leur donnons ordinairement ;
par exemple Corinthe s'appella d'abord Ephyre , &
ainfi de quantité d'autres ; & c'eft ce que nous avons eu
foin de marquer dans les articles particuliers. Il furlit
dans celui-ci de les défigner par les noms qui font les
plus connus.
Les familles royales n'étoient pas toujours les mêmesj
l82
GRE
GRE
Elles fe detrènoient mutuellement à la première occa-
fion , Si les peuples étoient toujours la victime du parti
triomphant. La Grèce , & iur-tout le Péloponnefe ,
éprouva fouvent les malheurs de ces révolutions. Deux
oartis célèbres l'agitèrent aflez long-tems ; c'étoient les
Heraclides &. les Pelopides.
§. 5. Origines des HERACLIDES & des Pelopides.
On a vu dans la pofterité de Perfée fils de Danaé.,
deux princes , l'un Alcée père d'Amphitryon, l'autre
Elettryon père d'Alcmene ; Amphitryon n'obtint Alcmene
de l'on oncle qu'à condition qu'il lui aideroit à faire la
guerre à (es ennemis. Amphitryon y confentit ; mais il
eut le malheur de tuer involontairement l'on beau-pere ;,çe
qui l'obligea de prendre la fuite & d'abandonner les états
(a). Il le retira à Thèbes. Son fils Hercule étoit encore
trop jeune pour lui fuccéder ; & Sthenelus autre fils de
Perlée & oncle du roi fugitif , profitant de ce malheur ,
s'empara du royaume de Mycenes que fon neveu avoit
abandonné. Il comprenoit aufli celui d'Argos. Cet état,
fondé par Inachus, avoit duré, fous la pofterité de ce
prince, jusqu'à l'an du monde 2530 , félon de Vallemont,
c'eft-à-dire jusqu'à Gelanor, fils de Sthenelus, roi d'Argos.
Danaiis, chafle alors d'Egypte par fon frère vEgyptus, vint
à Argos , s'en rendit maître , Si chafla Gelanor. C'eft de
ce Danaiis que les Grecs font fouvent nommés Danai ,
fur-tout par les poètes. Sa pofterité mafculine finit au
royaume d'Argos en la perlbnne d'Acrifius. La dureté
avec laquelle celui-ci traita Danaé fa fille , Si Perfée qu'elle
mit au monde , lui coûta cher. Perfée fut expofé & fauve.
Etant grand il fe vengea de fon ayeul , qu'il tua par firr-
prife , Si transporta la domination d'Argos à Mycenes :
ainfi Alcée, Amphitryon, fon fils , Si Sthenelus, oncle de
ce dernier , étoient rois de Mycenes y compris Argos.
Sthenelus laiffa cette couronne à fon fils Euryfthée , qui
fit faire à Hercule -un ;long apprentiffage -de patience.
Euryfthée haïfloit Hercule & fes enfans , Si craignoit qu'ils
ne repriflent une couronne dont il les avoit privés (b ). Il
les pourfuivit par-tout : les Athéniens ayant donné retraite
aux fils d'Hercule , Euryfthée alla avec une armée contre
eux : il y fut tué ave,c tes fils. Hyllusj fils d'Hercule, triom-
phoit déjà ; mais Atrée lui difputa la couronne , le vainquit
& régna. Cet Atrée étoit fils de Pelops & frère de Nici ppe ,
& oncle maternel d'Euryfthée. Pelops avoit époufé Hip-
podamie fille d'CKnomaùs, roi d'Elide, Si avoit fuccédé
à fon beau-pere. Ce fut lui qui donna fon nom au Pélopon-
nefe , aujourd'hui la Morée , qu'on nommoit ancienne-
ment Apia. Hercule privé de la fucceflîon d'Amphitryon ,
fut quelque tems errant ; Si comme il étoit d'un tempé-
rament amoureux , il ne manqua point de pofterité. De
fon nom qui étoit en grec Hp*;ai"ïr , Héraclès , fes des-
cendais furent nommés Hcraclides ; & Atrée Si Thyefte,
fils de Pelops, furent nommés les Pelopides. * (a) Paufa-
nias , 1. 9 , c. 11. (b) Diod. Sic. 1. 4 , c. 4.
§. .6. Règne des Pelopides.
Thyefte ne fut guères connu que par fes malheurs. Son
frère Atrée Si lui ont été immortalifés par les poètes , qui
ont trouvé un fujet très-tragique dans la haine implaca-
ble qui les divifa. Atrée fut père d'Agamemnon & de
Menelas. Le premier fut roi de Mycenes ; le fécond
époufa Hélène fille de Tyndare , roi de Lacédémone , &
fceur de Caftor Si de Pollux , ausquels il fuccéda pour
cette couronne. Menelas ne fut guères connu que par les
galanteries d'Helene fa femme. Elle fe fit enlever par
Paris fils de Priam , roi de la Troade , dans l'Afie mineure.
Tous les monarques de la Grèce , jaloux de la puiflance
de Troye , faifirent cette occafion pour l'abbatre : ils fe
réunirent tous contr'elles , fous prétexte de venger l'ou-
trage fait à Againemnon. La guerre de Troye a été décrite
poétiquement par Homère Si par Virgile , & hiftorique-
inent par Diftys de Crète , qui en a recueilli toutes les
anciennes traditions.
Comme toutes les villes de la Grèce étoient alors autant
de petits états qui avoient ieurs fouverains particuliers ,
chaque ville envoya_à cette guerre cîes troupes, avec des
coinmanchns. Pour faire connoître quelle étoit la Grèce
alors , nous donnons un détail des troupes, tel qu'Homère
le donne ; on y verra quelles villes étoient ious un même
chef, quel nombre de vaifleaux chaque état avoit fourni 4
St par-là on pourra juger de fa puifïance.
§. 7. Dénombrement dégroupes Greques & de Uurs
vaiffiaùx à la guerre de Troye.
Les Béotiens étoient conduits par Peneleus , Leitus ,"
Arcefilas, Prothenor, Si Clonius. Les Béorie.isqui habi-
toient Hyrie , les rochers A'Aulide , Schoene , Scole ,
les montagnes d'Eteon ,, Graie , Si les riches plaines de
Micalejjc ; ceux qui tenoient Harme , llefium Si Erythrée ,
Eleon , Hyle Si Peteon ; O calée , Medeon la bien bâtie ,
Copes , Eutrefine Si Thisbé fi abondante en colombes ,
Coronée , Si les prairies à'Aliarte , Platées Se Glyjjante.
Ceux qui habitoient la nouvelle Thèbes qui a de fi belles
murailles. Onchcjle célèbre par le beau temple de Nep-
tune, Arne fertile en vin , Midée la divine, NyJJ'a &
Anthedon qui eft à l'extrémité de la Béotie. Ils avoient
cinquante vaifleaux , Si chaque vaifleau portoit fix-vingt
hommes. * Homère , Iliad. I. 2.
Mais les Béotiens d' ' Afpledon Si d'Orchomene ville de
Minyas , étoient conduits par Afcalaphus , Si Jalmenus
fils du dieu Mars .... Ces deux chefs avoient trente vaif-
feaux.
Schedius Si Epiftrophus , tous deux fils du vaillant
Iphitus, Si petits-rilsde N.aubolus, étoient à la tête des peu-
ples de la PhocïDE qui habitoient Cypariffus , les
roches de Pytho , Crijjd , Daulis , Si Panope , Ane-
morée Si Hyampolis ; de ceux qui buvoient les eaus
du CephiJJe , Si de ceux qui tenoient la ville de LiLeà.
où ce rleuve prend fa fource.- Ils menoient quarante
vaifleaux.
Ajaxfils d'Oilée commandoit les Locriens... il menoit
les peuples de Cyne , à'Opus , de Calliare , de Beffi ,
de Scarpke , SAugée , de Tarphe Si de Thronie qui eft
fur les rives du Boagrius : il avoit quarante vaifleaux de
ces Locriens qui habitent au-delà de l'Eubée.
Les belliqueux Abantes d'Eubée qui habitoient Cha-
lois , Eretrie Si Hyjliée fertile en bons vins , la maritime
Cerinthe Si la haute ville de Dium $ Caryfle Si Styre j
étoient conduits par Elphenor^ fils de Chalcodon de la
race de Mars. Ce vaillant capitaine étoit à la tête des
Abantes qui n'ont des cheveux que par derrière , Si qui
font fi vaillans , que , méprifant l'art de lancer le javelot ,
ils joignent toujours l'ennemi, Si à grands coups dépiques
ils percent les boucliers Si les cuirafles.
Ceux qui habitoient la ville d'Athènes , la cité du
généreux Erechthée , que la terre enfanta, Si que Minerve
prit foin d'élever elle-même. . . . étoient menés par
Menefthée fils de Peteus... Il commandoit cinquante
vaifleaux.
Ajax mena douze vaifleaux de Salamim...>
Ceux qui habitoient Argos , les fortes murailles de
Tyrinthe , Hermione Si Ajine , qui ont des golfes pro-
fonds , Trefenes , Eïones , Epidaure , dont les coteaux
font couverts de vignes ; ceux d'Ane Si de Mafete
avoient pour chefs le vaillant Diomede , Sthenelus , fils
de Capanée , Si Euryale fils de Meciftée , Si petit-fils du
roi Talausi Diomede étoit le général Si commandoit
quatre-vingt navires.
Ceux de la belle ville de Mycenes , de la riche Corin-
the, de Cléone , fi bien bâtie, d'Ornées , d'Aretkurée , de
Sicyone , où Adrafte régna le premier , ceux d'yperejle ,
de Conoejfe de , Pellene Si zxMgion , ceux de toute la
côte , depuis Sicyone jusqu'à Buprafie au-deflus d'Elide ,
Si ceux des environs d'Hélice fuivoient Agamemnon fur
cent vaifleaux.
Ceux qui habitoient La-CEDEMONE , Phare , Sparte
Si Mejfé , Bryfées Si Augées , Amycles , Si la ville
maritime d'Helus , Laas & Œtylée , avoient pour chef
Menelas , frère d'Agamemnon. Il commandoit foixante
vaifleaux.
Le vieux Neftor commandoit quatre-vingt vaifleaux ,
Si étoit à la tête des peuples de Pylos , d'Arrene , de
Thruon , où eft le gué de YAlphée , de la belle ville
d'Aepy , de CyparijJ'e , d'Amphigenée , de Ptelée , d'Helos
Si de Dorie. . . .
Les peuples d'ARCADiE f&is la haute montagne de
Cyllene. . . . ceux de Bhenée , d'Orchomene , riche en
troupeaux, de Ripa , de Stratie Si d'EniJpe , toujours
battue des vents , de Tégée de Mantinée , de StymphaU
GRE
GRE
& de Parrhàfte étoient conduits par Agapenor , fils d'An-
| cée, qui commandent foixafite vaiffeaux, montés par des
foldats Arcadiens , fort expérimentés dans le métier de
I -Mars. Agamemnon leur avoit fourni les vaiffeaux tout
équipés , parce que les Arcadiens habitant au milieu des
terres , ne s'appliquoient pas à la marine.
Ceux qui habitoient Ruprafie Si l'ELIDE , c'eft-à-dire
tout le pays qui eft renfermé entre Hyrmine , Myrfme ,
la Pierre Olenienne Si Alifie , étoient fous la conduite
de quatre chers , qui avaient chacun dix vaiffeaux montés
, par des Epéens. Le premier étoit Amphimaque , fils de
Ctéatus ; le fécond étoit Thalpius , fils d'Eurytus ; le
troifiéme Diores , fils d'Amaryncée ; Si le quatrième
Polyxene , fils d'Agafthene &i petit-fils' du roi Augée.
Ceux de Dulichium Si des autres Echinades , de
t ces ifles qui font à l'extrémité de la mer , vis-à-vis de la
côte d'Elide & de l'embouchure de l'Acheloùs , avoient
à leur tête Megès , fils de Phylée , qui , ayant encouru l'in-
dignation de fon père , fut obligé de fe retirer à Dulichium.
Megès commandoit quatre vaiffeaux.
Ulyffe menoit les Cephalenïens , ceux S Ithaque Si de
la forêt de Nerite ; ceux de Crocylèe &C de l'escarpée
Aigilippe ; ceux de Zacynu Si de Samos , Si ceux du
continent au-delà des ifles. ... Il commandoit douze vaif-
feaux.
Thoas,fils d'Andramon , étoit à la tête des Etotlens
qui habitoiens Fleuron , Oient , Pylene la maritime ,
Chalcis & Calydon , ceintes de montagnes ; car les enfans
d'CEnée n'étoient plus , ni (Enée lui-même ; & Méléagre
étoit mort : ceft pourquoi le royaume d'Etolie étoit échu
. à Andrœmon , gendre d'Œnée & père de Thoas qui avoit
quarante vaiffeaux.
Ceux de Crète, qui tenoient Gnojfe , Gortyne environ-
née de fortes murailles, Lycle , Mllet Si Ly cafte, Phœfte
& Rude , enfin tous les peuples de cette ifle qui a cent
villes , fuivirent le vaillant Dioinede & Merion. Ils avoient
tous deux quatre-vingt vaiffeaux.
Les fiers habitans de l'ifle de Rhodes , partagés en trois
diftërens peuples dans les trois villes de Lir.de , de JalyJJe
& de Camire fuivoient, fur neuf vaiffeaux, Tlepoleme, fils
d'Hercule & d'Aftyochée que , ce héros avoit prife dans
Ephyre , fur le fleuve Selleïs.
Nirée menoit trois vaiffeaux de l'ifle de Sime.
Ceux qui habitoient les ifles de Nifyre , de Ca.rpath.us ,
de Cafus , de Cos , où avoit régné Eurypylus , & les ifles
Calydnes étoient fous la conduite de Pheidippe & d'An-
tiphus , fils de TheiTalus Si petit-fils d'Hercule. Ils avoient
trente vaiffeaux.
Les peuples SÂrgos Pelasgique ( ou de Tejfalie ) ceux
qui habitoient Alos , Alope Si Trachine , ceux qui tenoient
Phthie Si la Grèce ( proprement dite ) Si qui étoient
compris fous les noms de Myrmidons , d'Ackahns &
d'Hellènes , obéiffoient à Achille qui avoit cinquante vaif-
feaux . . .
Ceux qui habitoient Phylacé Si la fertile Pyrrafus con-
facréeà Cerès , Itone , riche en troupeaux, la maritime
Antrône Si PuUe , qui a de fi beaux herbages , étoient
commandés par Protefilas qui avoit mené quarante vais-
feaux , & fut tué par un T-royen en débarquant : il eut pour
fucceffeur Podarces , fils d'Iphiclus.
Ceux qui habitoient Pheres vis-à-vis du marais . de
Boibeïde , Boibe , Glaphyres Si Iolcos , fuivirent fur onze
vaiffeaux Eumelus , fils d'Admete Si d'Alcefte.
Ceux de Methome , de Thaumaàe , de Melibèe &
iïOlhone , avoient pour chef Philoftete , qu'on avoit
laiffé a Lemnos , à caufe d'un ulcère incurable qui lui étoit
venu de la piqûre d'un ferpent. Son escadre, qui confiftoit
en fept vaiffeaux, fur chacun desquels il y avoit cinquante
hommes bien dreffés à combattre à coups de flèches , étoit
commandée en fon abfence par Medon , fils naturel d'Oïlée
ôc de la Nymphe Rhena.
Ceux qui habitoient Tricca , l'escarpée Ithome , &C
(Echalie, qui étoit fous la domination d'Eurytus, fui-
voient fur trente vaiffeaux Podalire Si Machaon , fils
d'Esculape.
Ceux qui tenoient Ormenium , la fontaine d'Hypereia ,
'Aflerie &r les blancs fommets du mont Titane , étoient
commandés par Eurypyle , fils d'Evœmon qui avoit qua-
rante vaiffeaux.
Ceux <$ArgyijJa , de Gyrtone , SOnhe , SElone &
183
à'OlooJlbn , avoient à leur tête Polypoëtes , fils de
Pirithoiis Scd'Hyppodamie, qui le mit au monde le jour
même où fon père Pirithoiis punit les Centaures , &
les chaffa du mon Pelion vers les montagnes dV-i-
Polypo'étes partageoit ce commandement avec Leonteus,
fils de Coronus, & petit-fils de Coënée : ilscommandoient
quarante vaiffeaux.
Goneus menoit de Cyphos vingt-deux vaiffeaux. Il é;oit
fuivi desEniénes Si des belliqueux Perabcs. qui habitoient
aux environs de la froide Dodone , & qui cultivoient les
campagnes arrofées par le délicieux Titarefius , qui fe
jette dans le Penée, fans mêler l'es eaux avec les eaux argen-
tées de ce fleuve . . .
Prothoiis , fils de Tenthredon , commandoit les Magne-
tes qui habitoient autour du Penée & des forêts de Pelion,
Il avoit quarante vaiffeaux.
VOILA les noms des rois & des capitaines des troupes
Grecques , félon Homère. Ceft ce que le; anciens ont
appelle le catalogue des vaiffeaux ; Si ils ont donné ce
nomaufecond livre de l'Iliade ,. quoiqu'il n'en fade qu'une
partie. J'ajouterai ici quelques remarques qui aideront à
tirer de ce catalogue tout le fruit dont nous avons befoin
pour cet article.
§. 8. Remarques furie catalogue d'Homère.
On voit d'abord qu'il y avoit vingt-fept ou vingt-huit
états de la Grèce , indépendans les uns des autres_ ; mais
ligués avec Agamemnon. Ces états , quoique fubordon-
nés au chef pour cette expédition , étoient pourtant libres
pour ce qui étoit de leur gouvernement particulier ; Si ils
avoient leurs propres rois , ou leurs capitaines. Argos
n'efl: point fous le commandement d' Agamemnon ; mais
il forme un état qui avoit fes chefs particuliers : en récom-
penfe Homère lui donne plufieurs villes qui n'étoient
point du royaume de Mycenes fous la poftérité de Perfée.
On y voit Corinthe qui devoit avoir encore fes rois des-
cendus de Sifyphe ; peut-être étoient-ils alors vaffaux
d'Agamemnon. On y voit une grande partie de la côte
occidentale du Peloponnefe ; c'étoit l'héritage de Pelops.
^Atrée , fon fils , l'avoit joint au royaume de Mycenes ,
ufurpë fur les Heraclides.
Homère ne compte point la Macédoine ni l'Epire entre
les états de la Grèce.. Il la borne au nord par la Theffa-
lie Si par l'Etolie , au-delà desquelles il ne nomme rien
dans cette lifte. Mais, en échange, il donne à la Grèce
non feulement le Peloponnefe Si les ifles SEubU , de
Cephalonie Si autres fituées autour du Peloponnefe, auffi-
bien que h Crête Si les ifles qui bordent l'Afie mineure.
Il eft remarquable que dès la guerre de 1 roye , non feule-
ment les Calydnes , c'eft-à-dire aujourd'hui les iiles
autour de Stanco ; celle de Scarpanto , Sic. Si même
celle de Rhodes , étoient poffedées par les Grecs. Homère
nous apprend lui-même de quelle manière Tlepoleme, un
des Heraclides , avoit fondé trois villes dans la dernière
de ces ifles.
On dira peut-être qu'un ouvrage de poëlie , où la ficlion
a tant de part , n'eft pas allez authentique pour devoir fer-
vir de guide. Mais Strabon , l'un des plus grands géogra-
phes de l'antiquité , n'a point fait de difficulté de le nom-
irer comme le piemier de ceux qui onttraité cette feiencei
Ildit,/. 1 Itin. qu'Homereétoittrès-habile dans la géogra-
phie ; Si/. 26 , il le défend contre Eratofthene qui avoit
voulu en contefter l'autorité, fous le prétexte de les fixions
poétiques. Homère né dans la Grèce Aiiatique avoit par-
couru la véritable Grèce , Si beaucoup plus de pays qu'il
n'en a décrit dans fes poèmes. Eraftothene eft le lëul Grec
qui ait attaqué Homère fur la géographie.
Après cette digreflion, revenons à l'ufage que nous en
pouvons faire pour la connoiffance de la Grèce de ion
teins. Selon lui elle comprenoit.
La Thess alie partagée alors en divers petits états jus-
qu'au mont Olympe.
L'Etolie.
L' A c h a ï e différente de l'Achaïe du Peloponnefe.
La Ph oc IDE.
La Béotie.
L'Att i que.
Tout le Pe lo P 0 N-N E s E avec les ifles voifiues.
i84
GRE
GRB
[ ECHINADES.
I De Crète.
Lesifles. { Calydnes.
1 De R k o d e s.
^ De SCARPANTÔ.
Tel flit le premier âge de la Grèce qui , finit à la prife
de Troye ; nous l'avons appelle le tems héroïque , parce
que l'on y doit rapporter les travaux d'Hercule , de
Thefée , de Pirithoùs , les voyages des Argonautes , l'ex-
pédition des fept capitaines devant Thèbes en faveur de
Polynice , fil; d'CEdipe contre Etéocle fou frère qui vou-
loit gouverner feul la guerre de Minos avec Thefée , &
généralement tous les i'ujets que les anciens tragiques ont
célébrés.
II. AGE DE LA GRECE.
[. Ch.tn
arrivés après le fié'.
Troye
Cet âge s'étend , depuis* l'an du monde 1800 , jufqu'à
la bataille de Marathon , & comprend un efpace d'en-
viron fept fiécles : plufieurs des petites monarchies établies
durant le premier âge ne fubnftoient déjà plus. Celle
de SlCYONE qui , avoit commencé avec Jïgialée , félon
quelques-uns ; avec Adrafte , félon Homère , étoit éteinte
avant la guerre de Troye , comme nous avons vu. Celle
de Corinthé, commencée parSifyphe, avoit encore
des rois du fang de ce prince , puifqu'un d'eux regnoit
encore quarre-vingt ans après la prife de Troye : ce-
pendant il doit y avoir eu quelque interruption ; car ,
comme nous l'avons remarqué , les troupes de Corinthé
étoient dans l'armée cFAgamemnon. * Petav. Ration,
temp. part. 1.
§. z. Difperjions des Troyens.
La deftruftion du règne de Priam donna lieu à deux
fortes d'événemens. D'un côté, les Troyens qui échap-
pèrent au fac de Troye , fe réfugièrent , les uns en Italie ,
les autres en Thrace , enfin par-tout où ils purent trouver
un afyle.
§. 3. Révolutions chéries Grecs.
D'un autre côté , les Grecs vainqueurs ne furent
guères plus heureux que les vaincus. Outre ceux qui
périrent à cette guerre , plufieurs ne purent regagner leur
patrie ; d'autres n'y arrivèrent qu'après des peines infinies ;
d'autres enfin n'y furent pas plutôt qu'ils y périrent mifé-
rablement.
ULYSSE, qui avoit difputé les armes d'Achille à
Ajax , fils de Telamon , s'étoit attiré la haine de beau-
coup de capitaines : craignant qu'ils ne lui fiffent un
mauvais parti , il s'embarqua 6c fe hâta de partir. Il prit
même une fauffe route pour ne fe pas rencontrer avec
fes ennemis , de forte qu'il s'égara. Quelques-uns le
mènent jufqu'à Lisbonne , à caufe de la redèmblancè de
fon nom avec OUJlpo. D'autres plus fages fe contentent
de le promener le long des côtes de la Méditerranée;
de forte qu'il fe pana dix ans , avant qu'il revît fon iflé
d'Ithaque. * Salin, c. 23.
Ajax, fils d'Oilée, roi des Locriens , fit naufrage
auprès du cap Capharée , dans Fille d'Eubée , 6c y périt.
Voyez l'article Choerades 4.
Diomede arriva dans Argos , qui vraifemblable-
ment avoit alors un gouvernement Âriflocratique , 6c
qui étoit devenue une efpece de république , depuis la
tranflation (a) du trône à Mycenes ; mais il y trouva fa
femme qui avoit livré fa maifon , lés biens , 6c fon auto-
rité à Cyllabarus , fils de Sthenele. Trop foible pour fe
venger de cette infidélité' , il pana en ^Etolie , de-là
dans la mer Adriatique (b) , oit il fit divers établiffe-
mens dans la Pouille, entr'autres, Â'rgos Hippium, qu'il
nomma ainfi du nom de fa patrie. Il eut enfuite querelle
avec Daunus fon beau-pere ; il fut tué , & fes gens fe
jetterent dans les illes voifmes qui furent nommées ijles
de Diomede. Ils n'y panèrent qu'a la faveur des vaiflëaux
dont ils fe fervirent pour pirater , ne pouvant fubnfter
autrêlhént. De-là vint que les poètes qui , dans leur ftyle
figuré , ont comparé les voiles à des ailes , ont dit que
les foldats de Diomede furent metamorphofés en oi('eau\-.
* C) Doujat , Supplem. de Paterculus,/\ 70. (b) Srab.
l.<i,p.ïi%; 6c/. 6^,280.
IdomenÉE trouva de même que fa femme s'étoit
pourvue d'un galant nommé Lcucon , qui s'étoit emparé
du royaume de Crête. Ne pouvant chaffer ce rival , il
fut obligé de lui céder la place : il s'embarqua , & vint
dans la partie méridionale de l'Italie , au pays des Sa-,
lentins. Quelques Cretois étoient déjà venus en ce pays
après la mort de Minos. On attribue la fondation de la
ville â'Una, autrefois capitale de la MefTapie 6c celle
de Brundufes , ou Brindes à l'une ou à l'autre de ces
colonies. * Doujat , Supplém. de Paterculus , p. 71.
Philoctéte, fils de Péante , prince dé Mélibée en
Thenalie , étant chafTé de fon pays par une fédition ,
vint fonder chez les Brutiens , Pedliz 5c Crimife. Les
Pyliens qui étoient à la fuite de Neftor , après une rude
6c longue tourmente , abordèrent à l'embouchure de
lArne , fur les bords duquel ils bâtirent Pife en Tofcai'.e ,
qui fut ainfi nommée du nom de Pife-Olympie en Elide,
que les jeux Olympiques ont rendue célèbre. Meiapontus
que les Barbares appel'oient Metabus , félon Etienne le
le Géographe , écarté de Neftor , fon général , par la
violence de la tempête , aborda le pays que l'on nomme
aujourd'hui le royaume de Naples , 6c y bâtit Métaponte.
C'eft ainfi que les Grecs peu-à-peu fe firent une nouvelle
Grèce , dans la patrie méridionale de l'Italie : nous en
parlerons plus amplement clans l'article de la grande Gréée.
* Velleius Paterc. 1. I.
Dans la lifte d'Homère , il n'en, point fait mention
d'aucune nation Grecque au - delà de Crète o: de
Rhodes. Mais au retour, divers princes furent jettes du
côté de l'Afie , 6c même vers l'Egypte. Agapenor , prince
Arcadien fut porté en l'ifle de Cypre , où il fonda Pa-
phos. Menelas , jette avec Hélène , par la force des vents t
vers l'embouchure occidentale du Nil , y bâtit la ville
de Canope, en mémoire de fon pilote qui étoit mort en
cet endroit , 6c de-là il gagna Laeédémone avec beaucoup
de fatigues.
Teucer , fit de Telamon , fut mal reçu de fon père ,
à caufe du pende vigueur qu'il avoit montrée dans l'injure
faite à fon frère Ajax , pour le jugement des armes d'A-
chille. Il fe rembarqua , 6c allant aborder dans l'ifle dé
Cypre, y fonda une ville , à laquelle il donna le nom
de Salaminè , fa patrie. * Velleius Paterc. 1. 1.
Nous avons remarqué , dans la Grèce décrite par
Homère , que VEpire n'en étoit pas. Elle en fut bientôt
après : Pyrrhus, fils d'Achille, s'en empara, 6c trouva
plus de facilité à conquérir un nouveau royaume , qu'à
rentrer dans celui qui auroit dû lui appartenir. Il en dé-
tacha même la Chaonie en faveur d'Helenus , prince
Troyen , qui , tout fon captif qu'il étoit , avoit fu gagner
fes bonnes grâces ; 6c il lui fit époufer Andromaque ,
veuve d'Heftor. Virgile , jEneid. 1. 3 , v. 292 , qui pro-
fitoit de tout ce que lui préfentoit la tradition , s'eft très-
bien fervi de ce fait, & a mené fon Enée à Buthrot i
où il trouve Andromaque. Phydippe fe faifit cXEphyn
ville de la Thefprotie. C'eft ainfi que la Grèce s'étendoit
de plus en plus par des colonies. * Jujlin , 1. 17 , c. 3.
Agamemnon , jette par la tempête dans' l'ifle de
Crète , y établit trois villes , Mycenes , Tegée 8c Pergame ;
les deux premières en mémoire de deux autres villes du
Péloponnefè , 6c la troifieme en mémoire de la deftruftiotl
de Troye ; mais il n'arriva dans fon palais , que pour y
périr miféràblement. Nous avons dit qu'Agamemnon étoit
fils d'Atrée 6c neveu de Thyefte (a). Ce dernier avoit
un fils nommé Egijlhe , qui fut profiter de l'abfencé
d'Agameihnon , fe fit aimer de Clytemneftre , femme
de ce roi , 6c conjura avec elle de s'en défaire a fon
retour. Ils ie firent périr de concett , 6c Egifthe s'empara
du royaume de Mycenes. Orefte fils d'Agamemnori ,
étant devenu grand , 6c aidé par fa fœur Electre , rétablit
le royaume cï'Argos , reconquit celui de Mycenes , 6c
vengea la mort de fon père , en tuant Egifte (b). Cly-
temneftre fut la première immolée aux mânes d'Aga-
memnon. Les poètes ont fort célébré les fureurs d'Orefle.
L'hiftoire ( c ) dit au contraire , qu'il parut par la longueur
de fa vie 6c par le bonheur de fon règne , que cette
aftion étoit approuvée des dieux ; car il vécut quatre-
vingt-dix ans , 6c,en régna foixante-dix. Il hérita du
royaume
GRE
GRE
royaume de Lacédémone , qu'avoit eu fon oncle Me-
nelas (d) dont i! avoit époufé la fille Hermione , héri-
tière de ce royaume ; ainfi fes deux fils Penthile Se
Tyfamene régnèrent , l'un dans l'Argohde , & l'autre
dans la Laconie.* (a) Velleius F 'aterc. 1. i. (>>) Diclys
Cret. 1.6. C) Vdhms , 1. I . ( d ) Pau/an. 1. 3 , c. i .
§. 4. Retour des Héraclides dans le Peloponnefe.
Jufques-Ià les Héraclides , ou descendans d'Hercule ,
avoient fait de vains efforts pour rentrer en poffefïion des
états d'Amphytrion , c'eft-à-dire du royaume de My-
cenes : Hyllus 6k les autres n' avoient pu en chaffer les
Pelcpides ; mais environ fix- vingt ans après la mort
d'Hercule, quatre-vingt ans après la prife de Trôye , les
Héraclides affiliés par les Doriens lé reffaifirent d'une
fucceffion qu'ils pourfuivoient depuis fi long-tems. Les
chefs de l'entreprife furent Temenus , Crefphonte 6k
Arijhdème , descendus d'Hercule au quatrième degré.
Us vainquirent Tyfamene roi de Laconie , 6k Penthile ,
roi de Mycenes , 6k furent ainfi maîtres du levant , du
midi , 6k d'une partie confidérable du couchant du Peio-
ponnefe. Ils attaquèrent enfuite les Nélekles ou les
descendans de Neftor , puis ils partagèrent entr'eux les
royaumes de Mycenes , £ Argos , de Mécène 6k de
Lacédémone. * Velleius , 1. I .
18*
§. 5. Ils partagent
le Peloponnefe.
Arijlodhne eut le royaume de Lacédémone , 6k laifTa
deux fiis jumeaux. Comme l'aîneue ne pouvoit pas dé-
cider qui des deux devoit régner , les Spartiates ou
Lacédémoniens les prirent tous deux pour leurs rois.
De-là vinrent les deux familles royales des Euryflhenides
ck des Proclipes, des noms d'Euryfthene 6k de Procles :
elles régnèrent enfemble dans Lacédémone , comme on
le verra dans la fuite. Cresphonte eut la Meffenie. Cypfelus,
qui régnoit en Arcadie , lui donna fa fille Merope en
mariage; & en confidération de cette alliance , Tes
Héraclides le laifferent en polTeffion paifible de fon état.
Us ne firent pas la même grâce aux Sifyphides ; mais
Alethes (a) , autre Héraclide , fils d'Hippotes , tua le
devin de Nanpafte , s'empara de Corinthe , qu'il rétablit,
6c dont il fit comme une nouvelle ville. Sa poftérité
régna julqu'à Hachis (b), cinquième roi, dont les descen-
dans prirent le nom de Bachides. Temenus eut le royaume
de Mycenes , auquel Orefte avoit rejoint Argos. * (a)
Paufan. 1. 4 , c. 3. (b) Velleius Paterc. 1. 1. Paufan.
1. 2 , c. 4.
Straboh, /. 8 , p. 389, nous apprend quelle étoit la
diftribution du Peloponnefe , après le retour des Héra-
clides. Alethes à Corinthe , Phalces à Sicyone , Tyfamene
dans VAchaie , Oxyle dans YElide , Cresphonte dans la
Meffenie , Euryfthene ck Procles à Lacédémone , Temene
à Argos , 6k jEgée 6k Diophonte fur la cou de la mer,
§. 6. Athènes fe gouverne en République.
Peu de tems après ces changemens , la ville SAtlùnes
ceffa d'être gouvernée par des rois. Codrus fut le der-
nier. Ses deux fils, Medon ck Nilée, disputèrent la cou-
ronne. Les Athéniens , pour les accorder , abolirent la
royauté , en la déférant à Jupiter , ck établirent des
archontes ou magiftrats. Il y en eut treize qui le furent
fuccefiivement ck à vie ; mais on le laffa d'un terme fi
long ; on décida qu'ils feroient dix ans en charge ; au
bout de foixante-dix ans , on ftatua qu'il falloit changer
les archonte tous les ans. Les Péloponnéfiens avoient
voulu s'étendre hors de leur presqu'iile , ck étoient entrés
en armes dans l'Attique. Ce fut en les combattant que
Codrus fut tué , ck fa mort acquit la victoire aux Athé-
niens. Les Péloponnéfiens en fe retirant bâtirent la ville
de Megare. * Velleius Paterc. 1. 1.
§. 7. Les Pelopides quittent le Peloponnefe.
Les Pelopides , c'eft-à-dire les enfans d'Orefte , dé-
trônés par les Héraclides , ne trouvant plus de retraite
pour eux au Pélopomiefes'embarquerent ; ck , après avoir
été battus de pluiieurs tempêtes dans leur navigation ,
6k avoir erré environ quinze ans , ils s'arrêtèrent dans
l'iile de Lesbos.
§. 8. Nouveaux changemens dans la Grèce.
La Grèce fut bientôt agitée par le choc des peuples
qui fe pouffoient les uns les autres , comme les flots
de la mer. Les uns, trop preffés, cherchoient à s'étendre
aux dépens de leurs voifins. Les autres , chaffés de leurs
terres , paffoient ailleurs pour en trouver de nouvelles.
Les Achéens , chaffés de la Laconie , allèrent s'établir
à l'autre extrémité du Peloponnefe , à laquelle ils donnè-
rent le nom d'Achaïe. Les Pélafgues pafferent du côté
d'Athènes. Un nommé Thejfalus , Thesprotien de
nation , alla , avec une grande troupe de gens de fa na-
tion ,. s'établir par force dans la contrée que l'on nomma
enfuite Thefjalie ? on l'appelloit auparavant Cétat des
Myrmidos. Les Athéniens fe faifirent de Chalcide ck
d'Erctrie dans l'ifle d'Eubée , ck y envoyèrent des colo-
nies. Une troupe de Lacédémoniens pa'.la dans l'Afie
mineure , ck s'établit à Magnefie auprès du mont Sypile.
Les Chalcidiens , originaires d'Attique , furent quelque
tems après en état d'envoyer eux-mêmes des colonies.
Leur flotte paffa en Italie , ck y fonda Cumes , dont une
partie des habitans fe détacha enfuite pour aller fonder
une nouvelle ville , qu'on appella la Fille-Neuve , en
grec Néapolis ; c'eft l'origine de Naples.
§.9. Migration des Ioniens en Afie.
La guerre de Troye avoit donné aux Grecs l'occafiort
de connoitre l'Afie , beaucoup mieux qu'ils ne faifoient
auparavant. Leur nombre s'étoit fi bien accru que le pays
ne pouvoit plus les contenir. Les Ioniens , autrefois
établis dans l'Attique, étoient entrés dans le Pelopon-
nefe , ck s'étoient établis dans le pays qui fut enfuite.
nommé Achaïe par les Achéens qui les en chafferent,
lorfqu'ils furent eux-mêmes chaffés de la Laconie. Les
Ioniens rentrèrent dans l'Attique; ck Codrus étant mort,
6k les Athéniens ayant pris Medon , fon fils aîné , pour
archonte perpétuel : Nileus , autre fils de Codrus, partit-
avec les Ioniens fur une flotte , 6k les mena en Afie. Ils
s'emparèrent de la côte occidentale de ce pays qui fut
depuis nommée l'IONlE , 6k y fondèrent les villes
SEphefe , Milet , Colophon , Pryene , Lebede , Myunte y
Ery thres , Cla^omenes 6k Phocie. Us fe rendirent aufli
maîtres de plufieurs ifles de l'Archipel , comme de Samos t
Ch/os , Andros, Tenos , Paros , Dclos , 6kc. C'eft ce
qu'on appelle la migration Ionique , arrivée , félon,
le P. Petau , vers l'an du monde 3 184.
§. 10. Migration des Etoliens en Afie.
Elle fi.it fuivie peu après d'une autre migration , qut
n'eft pas moins fameufe dans l'hiftoire. Les Eoliens, ayant
befoin de chercher de nouvelles terres , s'attachèrent à la
fortune de Penthile , l'un des fils d'Orefte , détrônés par
les Héraclides. En fortant de la Laconie , ils fe réfugiè-
rent d'abord aux environs de la Locride , fur le mont
Phricius , s'y arrêtèrent quelque tems , pafferent en
Afie , s'établirent dans le voifinage des Ioniens , 6k y
bâtirent ou réparèrent les villes de Smyrne , Cyme ou
Cume (qui fut furnommée Eolique de leur nom, ou
Phricotide , ou Phriconide, du nom delà montagne qu'ils
avoient habitée.) Lariffe , Myrina, avec Mitylene, 6k
quelques autres villes de l'ifle de Les B OS. * Velleius
Paterc. 1. 1.
§. 1 1. Fin de la plupart des Royaumes de Corinthe , dt
Meffenie , d' Arcadie , d 'Argos , de Mycenes & de Tlùbes
Athènes ne fut pas la feule ville qui quitta le gou-
vernement monarchique , pour s'ériger en république.
Corinthe. fe laffa d'avoir des rois , 6k dépota
Theletes , dernier roi de la race des Baccliidès , 6k
dixième fucceffeur d'Alethes, 314 ans après le commen-
cement du règne de ce roi , le premier des Héraclides.
On établit , pour gouverner, des prytanes qui comman-
doient un an. Ces prytanes étoient pris de la maifon
régnante , mais avec une autorité fort courte ck fort.
Tome III, A a
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bornée. Cela dura 121 ans; Cypfele , tyran , ufurpa le
pouvoir fouverain & le conferva trente ans. La douceur
de (on gouvernement charma les Corinthiens ; & il étoit
fi sûr de leur amitié , qu'il marchoit fans gardes , dit de
Vallemont , EUm. de L'Hijî. t. 2. Hérodote , l. _ 5 , c. 5 ,
n'en dit pas tant de bien à beaucoup près. Périandre ,
fon fils, lui (uccéda ; mais il étoit dur envers le peuple,
d'ailleurs grand guerrier. Il régna un peu plus de quarante
ans. Pfammeticus , fils d'un Gordias , qu'on ne connoit
point, ne régna que trois ans; après quoi, Corinthe Ce
gouverna toujours en république , jufqu'à la conquête de
la Grèce par les Romains. Ainjl finit le rouaume de Co-
RINTHE. *Paufan.\. 2, c.^.Petav. Ration. Temp. part. 1 .
Le royaume de Messenie ne jouit pas long-tems de
la tranquillité que lui avoit procurée l'Héraclide Cres-
phonte. Epythus (a) , fon fils , qui lui fuccéda , & dont
les fucceffeurs furent nommés Alpyihides , eut pour fils
Glaucus , qui fut père d'Ithmius , Se ayeul de Dotida ,
dont le fils Phyntas eut pour fucceffeurs fes deux fils
Antiochus ci Androcles , qui régnèrent enfemble. Lacé-
démone , dont nous parlerons enfuite , étoù toujours
gouvernée par deux rois , l'un des deux nommé Telecle ,
fils d'Archelaùs , fut tué par les Meffeniens , dans le
temple de Diane , qui étoit fitué aux confins du pays des
Meffeniens , 6t de celui des Lacédémoniens. Ce meurtre
ne caufa d'abord aucune guerre ; mais fous le règne
d'Euphaës , qui fuccéda aux deux frères , commença la pre-
mière guerre entre Meffene & Lacédémone , nommée par
les hiftoriens la PREMIERE GUERRE Messeniaque (b).
Les Meffeniens, durant cette guerre, fe retirèrent fur le
mont Ithome , qu'ils fortifièrent. Après beaucoup de
pertes , vingt ans d'efforts inutiles pour réfifter aux La-
cédémoniens , ci cinq mois de fiége dans Ithome , ils
l'abandonnèrent & fe fournirent aux Lacédémoniens , qui
les réduifirent à la; plus dure fervitude ; de forte qu'on
difoit d'un homme dépourvu de toute liberté: il eft plus
efclave qu'tin Méffenien. Ils ne purent fupporter cet état
que 38 ans , au bout defquels ils fe préparèrent de nouveau
à la guerre fous la conduite d'Ariftomene. Alors com-
mença la féconde guerre Meffeniaque , qui dura quatorze
ans. Les Meffeniens ayant été vaincus, fe retirèrent fur
le mont Ira , où ils furent forcés &C accablés fans
reffource. De-là ils fe retirèrent en Sicile , s'emparèrent
de Zurich , qu'ils appelèrent de leur nom. C'eft préfen-
tement Me/fine. Les Lacédémoniens jouirent enfuite de
la Meffenie , &C s'aggrandirent confidérablement. Ainfi
finit le royaume de MESSEN1E. * (a) Paufan. 1. 4 , c. 3 ,
Ç°)Ibid. c. 6, 14 Si i^.
Le royaume d'ARCADiE finit clans le même tems.
Nous avons vu que Cypfelus , roi d'Arcadie , avoit été
épargné par les Héraclides en faveur du mariage de fa
fille Mérope avec Cresphonte , roi de Meffenie. Cette
alliance avoit formé entre les deux peuples une amitié &
une liaifon affez étroite. Tandis qu'Àriftomene faifoit
tous fes efforts pour foutenir les débris de la fortune des
Meffeniens , les Arcadiens obligèrent Ariftocrate , leur
roi ; de lui mener du fecours. Il fe laiffa corrompre par
les Lacédémoniens ; les peuples d'Arcadie en furent fi
indignés , qu'ils lapidèrent Ariftocrate , exterminèrent
toute fa maifon , ci ne voulurent plus de rois. Ainfi
finit le royaume é/'ArCADIE. * Paufan. 1. 6 , c. 8.
Le royaume d'ARGOS rétabli par Temenus n'alla pas
fi loin. Il avoit plufieurs fils , dont l'aîné s'appelloit Ci/us,
ci une fille mariée à Diophonte. La prédilection qu'il
témoignoit à fon gendre lui coûta la vie : fes fils craignant
qu'il ne lui laifTât la couronne, à leur préjudice , le tuèrent
lui-même ; de forte que Cifus régna après lui. Diophonte
qui avoit fes partifans , fe retira à Epidaure , excita contre
fon beau-frere les Argiens , qui d'ailleurs aimoient extrê-
mement la juftice &c la liberté. Ils bornèrent tellement
la puiffance royale , qu'ils ne laifferent aux enfans de
Cifus qu'un vain titre de roi. Meltas , l'un de fes descen-
dais , ayant entrepris de remettre l'autorité royale fur
l'ancien pied , irrita tellement le peuple , qu'il le dépouilla
de fa dignité, & le condamna à mort. Depuis ce tems,
il n'eft plus queftion des rois d'Argos. Ce ne fut plus
qu'une république , gouvernée par des magiftrats dont la
charge ne duroit qu'un tems marqué. Ainfi finit le royaume
CARGOS.* Paufan. 1. 2 , c. 19.
Le royaume de Mycenes réuni depuis Orefte à
celui d'Argos , fut av.ffi détruit. Les Argiens ne virent
point avec tranquillité les Mycéniens hors de leurs dépen-
dances ; ils" les attaquèrent , fe rendirent maîtres de
Mycenes , firent les habitans efclaves , les décimèrent
pour les coniacrer à Mars , & raierent la ville jufqu'aux
fondemens. Ainfi finirent le royaume & la ville de
Mycenes ; & il n'en eft plus fait aucune mention dans
l'hiftoire. * Diodor. Sicul. Lu.
Le royaume de Thebes , dans la Réotie , étoitéteint
depuis long-tems. Etéocle , fils d'GEdipe , n'ayant pas
voulu fe deffaifir de la couronne qu'il devoit pofféder
alternativement avec Polynice fon trere , celui-ci eut
recours à fes amis , Si vint afféger Thèbes , avec fîx
héros de ce tems. Ce fut l'expédition desfept, devant
Thèbes : ces iept étoient Polynice, pour qui la guerre
fe faifoit , Adrafte, roi de Sicyone, Tydée , Capanée,
Hippomédon , Parthenopéus & Amphiaraiis. Elle ne
réuiiit point ; les deux frères concurrens fe battirent 1
duel , & fe tuèrent l'un l'autre , comme nous l'avons
déjà dit. Dix ans après cette malheureufe entreprife , les
enfans des fept capitaines , qui n'avoient pu rétablir Po-
lynice , vinrent devant Thèbes , la prirent & en chaffe-
rent le roi Léodamas , fils d'Etéocle , à la place duquel
ils établirent Therlandre , qui alla au fiége de Troie,
où il rut tué par Télephe , dans la Myfie. Penélée , qui
gouverna après Terfandre , _fi.it tué par Eurypyle , fils de
Télephe. Il étoit ftreur de i yfamene , fils de Terfai tire
encore trop jeune pour gouverner par lui-même. Auté-
fion , fils deTyfamene, quitta le royaume par ordre de
l'oracle , & fe transporta dans la Doride. Il eut pour
fucceffeur Damaficton , fils d'Ophelte , ci petit-fils de
Penélée. Ptolomée , fils de Damaficton, ci Xanthus,
fils de Ptolomée , jouirent du trône de Thèbes. Xan-
thus eut une- rude guerre contre les Athéniens , les deux
peuples convinrent qu'elle fe termineroit par un duel
entre Mélanthe , roi d'Athç nés , ci Xanthus, roi ne Thè-
bes. Ce dernier fut tué par un ftratagême ; ci les 7 hé-
bains , après fa mort , réfolurent de fe paffer de roi1:. Ils
vécurent en république jusqu'à la prife de leur ville par
Alexandre le Grand qui la détruifît. Ainfi finit le royaume
de THÈBES. * Paufan. 1. 9 , c. 5.
§. 12. Suite de Lacédémone.
Pendant que les cliverfes monarchies de la Grèce fe
détruifoient , celle de Lacédémone fubfiftoit fous le gou-
vernement de deux rois qui régnoierît conjointement.
Ce qui paroît incroyable , elle a fubfifté ainfi pendant
plus de huit fiécles , & n'a été détruite que lorsque ce
gouvernement a changé.
Nous avons dit que Tyfamene avoit eu deux fils, Eu-
ryfthene ci Procles. La poftérité du premier fubfifta
long-tems : il eut pour fils Agis, du nom duquel les rois,
fes descendans , furent furnommés AGIDES : Procles
n'eut point d'enfans ; il adopta Sous qui lui fuccéda ,
& dont le fils, troifieme roi de Lacédémone, fit chan-
ger le nom de Proclides en celui d'EuRIPONTIDES.
Voici quel fut l'ordre de ces rois.
EURYSTHENE ;
Agis , fils.
ECHESTRATE, fils.
Léobote., fils.
DORISSE, fils.
Agesilaus, fils.
Archelaus, fils.
Procles ;
Sous , fils adoptif.
Euripon, fils.
Pritanis , fils.
Eunomus, fils.
Polydecte, fils.'
Charilaus , fils.
Par bonheur pour les Lacédémoniens , Charilaus ns
naquit qu'après la mort de fon père : Lycurgue, fils d'Eu-
nomus , frère de Polydecte ci oncle de Charilaus , eut
par-là occafîon de gouverner les Lacédémoniens , en
qualité de tuteur de fon neveu. Il ne s'appliqua pointa
profiter de cette puiffance pour fes intérêts particuliers;
il ne s'attacha qu'à former, chez fes compatriotes , la ré-
publique la plus parfaite. Après avoir dreffé des loix,
que tontes les nations ont admirées , il leur fit jurer de
les obferver jusqu'à fon retour : il partit effe&ivemenr;
ci non-feulement il ne revint plus ; mais même il pât
des mefures , pour que l'on ne pût jamais reporter fes
ps à Lacédémone , de peur que les Lacédémoniens ne
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fe erufîent par-là dégagés de leur ferment. Nous parlons
de ces loix à l'article particulier de Lacédémone. En-
tr'autres établiffemens de Lycurgue , .il inftitua un con-
feil de vingt-huit vieillards ou fénateurs, qui tempéroient
l'autorité des rois. * Jujlin. 1. 3 , c. z &C 3 ; &£ Plu.ta.rc.
in Lycurgo.
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Telecle , fils d'Arche-
laiis.
Il fut tué par les MefTé-
niens.
Alcamene, fils.
Nicandre , fils de Cha-
rilaiis.
Théopompe.
Ce fut fous ces deux rois que commença la première
guerre MefTéniaque, dont nous avons parlé. Sous Théo-
pompe on inftitua les épkores ou magijlrats , qui avoient
du moins aurant d'autorité que les rois ; &C cet état &
cette puifTance des éphores dura jusqu'à la défaite de
Cléomene; après quoi, ce royaume , ou fi l'on veut cette
république, ié perdit dans la monarchie de Macédoine,
& enfuite dans celle des Romains. Nous parlerons en-
fuite de l'origine & des progrès des rois de Macédoine;
il faut auparavant fuivre Fhiftoire géographique de la
véritable Grèce , que nous traitons.
Nous voici enfin parvenus à ces tems où toute la Grèce
fembla réduite à deux grandes puifTances , les Lacédé-
moniens & les Athéniens. Toutes les autres s'attachoient
à l'une des deux , félon que le voifm'age ou l'intérêt les
déterminoient à la préférence. Avant que d'aller plus
loin, reprenons quelques particularités , que nous avons
été obligés de remettre ici pour ne pas interrompre la
fuite des événemens. * Juftiri. 1. 3 , c. 2.
5.13.
rfes colonies Grecques.
r Ça) Dans le tems de la première guerre MefTéniaque ,
'Archias de Corinthe , de la famille royale des Bacchides ,
mena une colonie en Sicile , où il le rendit maître de
quatre villes, Achradine , Neapolis , Epipolis & Tyche,
auxquelles il joignit Ortygie , qui n'étoit qu'une ifle ; &.
de tout cela il en fit la feule ville de Syracufe. Il avoit
deux filles , qui portaient les noms d'Ortygie & de Syra-
cufe. On ne fait s'il donna les noms de ces filles à ces
lieux, ou s'il donna le nom de ces lieux-là à fes filles.
Un an auparavant (b), la ville de Naxos , dans fine de
même nom, avoit été bâtie parThucle (c) deChalcide,
dans l'Eubée ; & cinq ans après , le même homme, étant
allé en Sicile , habita Cutané , après en avoir chaiTé les
Sicules , qui auparavant en avoient chaffé les jEtoliens ,
(d) venus de Grèce. Cherficrate (e) , autre prince du fang
des Bacchides , fe fauvant auffi de Corinthe , fe déta-
cha d'Archias , & mena une colonie à Corfou. Eusèbe ,
Chrome, place cet établiffement fous la dix -huitième
Olympiade. (a) D'wdor. Sicul. in Excerptis Valef. p. 229.
Strab. 1. 6, p. 268. (b) Thucyd. 1. 6. (c) Ibid. 1. 5.
(d) UbboEmm. Refp. Syracuf. (e) Strab. 1. 6, p. 270.
Les Lacédémoniens , dans la guerre MefTéniaque ,
ayant perdu une fanglante bataille contre Ariftodème ,
(a) s'aviferent d'un étrange expédient , pour remplacer
les hommes qu'on leur avoit tués. Ils envoyèrent chez
eux déjeunes foldats, à qui ils abandonnèrent autant de
filles qu'ils en voulurent. De-là vint une jeunefie que
l'on furnommoit Parthenii , comme qui diroit l'ouvrage
des filles ; & trente ans après , on les envoya hors du
pays, qui étoit afTez peuplé fans eux, pour chercher de
nouvelles demeures. Ils s'embarquèrent , & firent voile
vers l'Italie, où ils bâtirent Tarente. Micyle ou Myscellus ,
felon Strabon , (b) Grec-Lacédémonien , fonda Crotone ,
& les Achéens Sybarrs (c) dans le même pays. Deux
frères Rhodiens , qui cherchoient de nouvelles terres-,
fuivant l'ordre de l'oracle, allèrent, l'un, nommé La-
cius, vers l'Orient , où il fonda Phafélide en Pamphi-
lie ; l'autre, appelle Antipheme , vers l'occident, bâtit
Geia (d) , en Sicile. Les Mégariens (e) fondèrent dans
la Bithynie AJlacus ? qui perdit enfuite ce nom , pour
prendre celui du roi Nicomcde. Une autre colonie de
ce même peuple jetta les fondemens de Chalcédoine ,
& choifit fi mal, qu'une autre troupe confultant l'oracle
fur le choix d'un lieu , eut ordre de fe placer vis-à-vis
de la ville des aveugles ('")• Elle l'expliqua de Chal-
cédoine , ik bâtit Byfance de l'autre côte du Bosphore,
Quelque tems après, Sinope (S) fat bâtie fur le rivage du
Pont-Euxin par les Miléfiens ; & Ep-dj^ne ,. nommée
^enfuite Dyrachium, fur le rivage de la mer Adriatique
par les Corcyréens ou habitans de Corfou. * (3) Juftin.
1. 3 , c. 4; & LaBant. Inftit. 1. 2, c. 20. (b) Strab. !. 6,
p. 263 &26Ç). (c)Dcujat, Supplémens de Vdlcius Pa-
*r<:.p.IO}. (d) Paufan. 1.8, c. 46. (e) Strab. 1. 12,
p. 564. (0 Voyez les articles CïECORUM civitas, ôc
BlZANCE. (S) Strab. 1. 12, p. 545, & 1. 7, c. 16.
C'eft ainfi que les Grecs fe répandoientde tous côtés ,
& fondoient de nouvelles colonies grecques , tant au cou-
chant qu'à l'orient. Toutes ces villes formoient autant
de républiques, qui confervoient un extrême atrache-
ment pour le lieu de leur origine. Elles iè réuniffoient
au befoin , lorfqu'il s'agifToit de repoufierun ennemi com-
mun. Lorfqu'elles avoient quelques guerres pour les li-
mites , le premier coup de main en décidoit, fînon les ré-
publiques voifines s'entre-mettoient pour les réconcilier.
Elles formoient enfemble des fociétés , &: faifoient des
alliances pour leur détènfe mutuelle. Souvent les plus
foibles s'attachoient aux plus puifTantes , qui étoient elles-
mêmes bien-aifes de pouvoir compter fur ce renfort en
cas de befoin. Elles avoient des temples communs à toute
la ligue , & des jours marqués pour y faire des facrifices
folemnels, ausquels toutes les villes confédérées partici-
poient : on y célébrait des jeux publics & des fêtes an-
nuelles, qui contribuoientà refierrerle iien de leur union.
C'eft ainfi que les Lacédémoniens & les Athéniens parta-
gèrent entr'eux , avec le tems , la protection des autres
moindres républiques ; & c'eft ce qui f orma entre ces
deux puifTances une jalonne qui éclatoit à la moindre oc-
casion E .les fe difputoient, l'une à l'autre , une fupériorité
que chacune, de fon côté, fondoit fur les avantages de fon
ancienneté , ou de fes fondateurs , ou de l'excellence de
fes loix. L'une vantoit Lycurgue , dont nous avons déjà
parlé; l'autre rolon, l'un des plus figes légi dateurs de
toute la Grèce. Les républiques grecques d'Ane fe par-
tagèrent auffi entre les deux républiques de la véritable
Grèce. *
Outre -la république de Lacédémone , dont le gou-
vernement étoit un mélange de la monarchie & de l'arif-
tocratie, & le royaume de Crète , c\\ù avoit peu-à-peu
abforbé toutes les petites fouverainetés de cette ifle, il
fe forma un nouveau royaume en Sicile. Syracufe s'ag-
grandit tellement , qu'elle devint plus conifidérable que
Corinthe à laquelle elle devoit fa naiffance ; elle acquit
peu-à-peu la fouverainetéde fille. Nous en parlons dans
fon article particulier.
§. 14. De la Macédoine'.
La Macédoine, comme nous l'avons remarqué, n'é-
toit pas cenfée faire partie de la Grèce , du tems du fiége
de Troye ; & même du tems de Philippe , père d'Alexan-
dre le Grand, on ne l'y comprenoit pas encore. Demos-
thene oppofe toujours la Grèce à ce roi. Cependant ce
trône étoit occupé par la poftérité de Caranus , l'un des
defeendans d'Hercule, dont il étoit éloigné d'onze de-
grés , félon Velleïus Paterculus , /. I. Il étoit parti d'Ar-
gos ( l'an du monde 3 170 , ) s'étoit emparé de la Macé-
doine, &fe vantoit, avec raifon, d'être defeendu d'Her-
cule par fon père, & d'Achille par fa mère. Alexandre le
Grand fut fon dix-feptieme fuccefleur.
Guerres des Athéniens.
SALAMINES avoit eu autrefois fes rois particuliers ;
mais cette ifle s'étoit , avec le tems , dépeuplée par fes
colonies , &t étoit dévenue un fujet de difcôrde entra
les villes d'Athènes & de Megare,qui s'en attribuèrent
la propriété. On fe battit avec tant d'acharné r :nt,que
les Athniens rebutés, défendirent, fous peine le mort,
de jamais propofer cette conquête : Solon :
alors; eutla prudence de la propofer fans danger :
& on la prit. Les Megariens, pour le ve. •'.-.
enlever les femmes des- Athéniens qui dev lien r
un facririce : on fut leur projet ; Pififtrate , •■ :<
Athéniens, les prévint, & fe fervit de leurs vain ■
furprendre Megare , par un ftratagême dorrt s
avoient eux-mêmes donné l'oeçauon : il réufîn , c-; pro-
fita de cette viftoire pour devenir le tyran de fa patrie.
Tome III, A a ij
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On peut voir les détails dans Hérodote, /. I , c. <fç &
feq. La faction de Megacles le chaffa de ce pofte ; mais
un mariage les raccommoda, & Megacles lui aida à y ren-
trer. Il en jouit environ dix-fept ans , Se le laifla à fon
fils Hipparque, qui fut chaffé. par Harmodius Se Arifto-
giton. Hippias , fon frère , tâcfia en vain de fe foutenir ;
profcrit , fugitif, il fe jetta entre les bras de Darius, 'qu'il
trouva d'autant plus difpofé à le venger, qu'il étoit déjà
réfolu de faire la guerre aux Athéniens. Ceux-ci avoient
fècouru les Ioniens contre lui , Se avoient brûlé la ville
de Sardes * Jujlin , 1. 8 , c. S.
§. ié. Guerre des Perfes contre les Athéniens.
Darius , qui ne pouvoit pardonner aux Athéniens l'in-
cendie de Sardes, accorda fa proteâion à Kippias Se
lui permit de le rétablir. Il chargea Mardonius, fon gendre,
de conduire une armée formidable contre les Grecs. Mar-
donius commença par nettoyer les villes Grecques d'Afie
de tous les tyrans'qui s'en étoient emparés , Se y rétablit le
gouvernement populaire , l'an du monde 3488. Il s'empara
enfuite de la Thrace , de la Macédoine , Se des contrées
voifines ; une flotte de cinq ou fîx cens galères , chargée
de plus de deux cens mille hommes , Se de dix mille
chevaux, & conduite par Dates , Se Artapherne , neveu de
Darius , débarqua dans l'Eubée , pritEretrie, pafla dans
FAttique , Se les troupes fe rangèrent dans la plaine de
Marathon. Une poignée de Grecs d'environ dix mille
hommes , commandés par des officiers généraux , entte
lesquels étoit Miltiade , mit toute cette armée en déroute ,
l'an du monde 3494. Hippias fut tué, Se fes enfans, qui
fe réfugièrent en Perfe, voulurent en vain le venger.
§.17 Remarques fur le fécond âge.
Ce fut dans le fécond âge de la Grèce , que fe
firent les principaux accroiffemens de la Grèce , par le
grand nombre de colonies qu'elle envoya dans l'Ane
mineure Se en Europe. Il eft encore remarquable par l'ex-
tinction de la plupart des royaumes qui divifoientla Grèce.
C'eft dans cet âge que vécurent les fept hommes illuftres ,
auxquels on donna le nom de Sages de la Grèce. La plupart
n'étoient pas feulement des philofophes fpéculatifs ; plu*
fïeurs étoient de grands hommes d'état. Thaïes de Milet
& Anaximandre, fon difciple , firent des progrès dans l'é-
tude de la phyfïque ; Se on attribue à ce dernier l'hon-
neur d'avoir obfervé le premier l'obliquité de l'ecclipti-
que.Homere Se Hefiode s'immortaliferent par leurs poëfies.
TROISIEME AGE DE LA GRECE.
§. 1. Suite de la guerre des Perfes contre les Grecs.
Darius fit de grands préparatifs , pour fe venger de la
défaite de Marathon (a) ; mais la mort arrêta fon projet.
Xerxès , fon fils Selon fucceffeur , hérita de fa haine contre
les Athéniens, il les attaqua l'an du monde 3504, avec
onze cens mille combatans; (b) d'autres difent dix-fept cens
mille , fans compter fon armée navale de donze cens
vaiffeaux. Les Lacédémoniens n'abandonnèrent point les
Athéniens dans cette occafion. Léonidas, roi de Sparte,
vint à leur fecours avec trois cens hommes ; Se ce peu
de monde s'étant Placé au pas des Thermopiles (^) , arrêta
quelque tems les Perfes à qui il tua plus de vingt mille
hommes ; mais Léonidas y périt ^avec fes gens. Thémi-
flocle confeilla aux Athéniens de s'embarquer eux Se leurs
biens ; ce confeil leur réuffit : ils avoient deux cens bar-
ques ou vaiffeaux , qui avec cent autres que leurs alliés
leur fournirent , leur formèrent une flotte de trois cens
voiles. (d) Les Perfes ne trouvant à Athènes qu'une ville
déièrte , la pillèrent Se la brûlèrent , après en avoir dé-
moli les murailles. Ce fut alors que fe donna la bataille
de Salamine où Themiftocle remporta cette viftoire fi
vantée par les auteurs. Xerxès regagna l'Hellefpont avec
frayeur, Se laifla en Grèce Mardonius avec trois cens
mille hommes. Paufanias, roi de Lacédémone, Se Ariftide
Athénien lui taillèrent cette armée en pièces à la ba-
taille de PLATÉES , l'an du monde 3505 ; Se, ce qui eft
à remarquer , la bataille fe donna le matin ; & le foir
de cette fameufe journée , les Grecs Ioniens, qui avoient
iècoué le joug des Perfes , leur tuèrent trente mille hom-
mes dans la bataille de Mycale , fous la conduite de
Xentippes Se de Léotychides. Le général , pour encou-
rager iès foldats , leur dit que Mordonius venoit d'être
défait dans la Grèce. La nouvelle fe trouva véritable ,
ou par un effet prodigieux de la renommée (e) , dit
Boffuet , ou plutôt par une heureufe rencontre ; Se tous
les Grecs de l'Afie mineure fe mirent en liberté. * (*)
Hérodote, 1. 7 init. (b) Boffuet, Difc. fur l'Hift. univ.
an de Rome 274. fc) Cornel. Nepos in Themiftocle. ( d)
Herodot. 1. 8. (e) Difc. fur l'Hift. univ.
l. Les Athè
affectent la primauté.
Les Athéniens pour conferver l'alliance des Lacédé-
moniens leur avoient toujours cédé la primauté. Quoique
l'armée qui vainquit les Perfes à Salamine , fût pres-
que toute compofèe d'Athéniens , conduits par Themis-
tocle,-on céda l'honneur du commandement aux Lacé-
démoniens , qui n'avoient fourni qu'un très-petit nom-
bre de vaiffeaux. A labataille de Platées , Paufanias , roi de
Lacédémone , eut le commandement; mais ce jour fi glo-
rieux à la Grèce lui devint fatal , dit De Toureil , pré-
face des Harangues de Demqfthene , p. 41. Athènes ne
voulut plus fouffrir la fubordination de Sparte : elle s'at-
tribua le gain de ces batailles , prétendit au premier rang ,
attira la plupart des alliés dans fon parti , décida fur les in-
térêts de la Grèce en général , s'arrogea le droit de punir Se
de récompenfer ; enfin elle devient l'arbitre de la Grèce.
Sparte lui eût volontiers cédé l'empire de la mer; mais
elle vouloit commander par-tout, Si croyoit que pour
avoir délivré la Grèce de l'oppreffion de Barbares , elle
avoit acquis le droit de l'opprimer à fon tour. Les Athé-
niens traitèrent durement les villes grecques , dont ils fe
difoient les protecteurs. Pour peu qu'un voifin les eûtof-
fenfés , il fentoit tout le poids de leur colère ; d'où vint
le proverbe rapporté par Ariftote, (RJiet. 1. 2, c. 11 :)
J^oiflnage Athénien. Ils ne fe firent pas feulement haïr de
leurs voifins : une partie de la Thrace Se les ifles de la
mer Egée fujettes à leurs loix , fupportoient impatiem-
ment le joug qui s'appefantiffoit de plus en plus. Voilà de
quelle façon Athènes fe gouverna près de cinquante ans ,
depuis la bataille de Platées.
§. 3. Les Lacédémoniens s' 'oppefent aux Athéniens.
Sparte, pendant quelque tems, ne fe donna que defoi-
bles mouvemens , pour réprimer fa rivale ; mais à la fin ,
preffée par les plaintes réitérées de plufieurs villes , contre
les vexations d'Athènes , elle prit les armes ; Se c'eft-ici
que commence la fameufe GUERRE DU PELO-
PONNESE, dont Thucydide & Xénophon ont immor-
talifé le fouvenir par Fhiftore qu'ils en ont écrite.
Lacédémone, d'un côté, fortifiée des alliés que lui don-
nèrent la juftice de fa Caufe Se l'amour de la liberté;
Athènes, de l'autre , fécondée de ceux que la crainte re-
tenoit encore dans fon alliance , mefurerent leur puiffance
& leurs armes l'efpace de vingt-fept ans, avec une valeur
qu'elles auroient pu employer ailleurs plus utilement. La
viftoire , dans le cours de cette guerre longue Se cruelle ,
ne fe fixoit point. Les Athéniens toujours maîtres de la
mer, s'y dédommageoient de toutes les pertes qu'ils fai-
foient fur terre : tout fembloit leur promettre une heu-
reufe iffue. Les ifles de la mer Egée qu'ils avoient chargées
d'un tribut le payoient régulièrement ; Se ils auroient
pu terminer la querelle avec honneur , fi la vingt-huitième
année de la guerre , lorfqu'ils avoient tant d'ennemis fur
les bras, ils n'euffent à contre-tems entrepris le fiege de
de Syracafe, Se avec tant d'ardeur , qu'Efionleur reprochât
d'avoir répandu toute Athènes dans la Sicile. Cett té-
mérité leur coûta cher : toute l'armée qui débarqua pé-
rit : la flotte entière fut prife ou brûlée ; Se les deux gé-
néraux Nicias Se Demofthene , autre que l'orateur , avec
la fleur de la jeUneffe Athénienne , demeurèrent à la
merci des peuples qu'ils ivouloient fubjuguer. A la nou-
velle de cette défaite , Athènes fe trouva presque totale-
ment abandonnée ; fes alliés , qui ne la fervoient qu'à
contre-coeur , fe rangèrent auflï-tôt du côté des Lacédé-
moniens. Ces coups réitérés ne l'abbatirent pas c •> oie ;
mais les Lacédémoniens s'allièrent avec le roi de Perfe,
qui les renforça d'une flotte nombreufe , Se leur ouvrit
fes trélbrs ; Se ils prirent à la fin tant de fupériorité fur
GRE
GRE
leurs ennemis, qu'après leur avoir enlevé cent quatre-
vingt vaiffeaux, ils affiégerent Athènes , & la forcèrent
de le rendre à difcrétion." Alors maîtres du fort d'Athè-
nes , ils affemblerent leurs alliés , pour en délibérer avec
eux & le régler de concert. La plupart , tant cette or-
gueilleufe ville avoit aigri les esprits , ce aliéné les cœurs,
vouloient la ruiner de fond en comble. Thèbes appuya
fortement cet avis : les'Lacédémoniens « plus prudens &£
plus équitables , crurent qu'on ne' pourroit avec sû-
reté abbatre un des principaux boulevards de la Grèce ,
&: qu'il y auroit de l'ingratitude à exterminer un peuple
à qui elle devoit fon faïut ck fa gloire. Ils fe contentè-
rent d'exiger que les Athéniens démoliraient leurs mu-
railles , raieraient les fortifications que Thémiftocle
avoit faites au port de Pyrée , ne pourraient avoir que
douze vaiffeaux armés , & reconnoîtroient les Lacédé-
moniens pour chefs fur mer comme fur terre. Les vain-
cus n'obtinrent la paix qu'à ce prix. Ainfi finit l'empire
d'Athènes , qui avoit commencé peu de tems après la dé-
faite des Perles , & qui dura foixante ck treize ans.
*AriJl. Rhet. 1. 3, c. 10.
Les Grecs ne firent que changer de maîtres : Sparte
reprit fa fupériorité ; mais ce nouvel empire ne paffa pas
trente années. Il auroit duré davantage , fi Sparte , fé-
lon fes anciennes maximes , l'eût borné à maintenir
chaque peuple dans la poffeffion de fe gouverner par fes
propres loix. Mais entêtée de fon gouvernement , elle
voulut abolir par-tout la Démocratie , inftituer des Dé-
cemvirs , c'efl-a-dire dix hommes en qui feuls réficlât tout
le pouvoir , & mettre dans ces places les gens qu'elle
reconnoiffoit lui être les plus affectionnés &C les plus
oppofés au gouvernement populaire. Par-là l'autorité de
Lacédémone devenoit plus abfolue & plus odieufe. Tel
qui n'ofeit s'affranchir du joug, en murmuroit; &c ceux à
qui elle n'ofoit l'impofer, en prenoient ombrage. Rien
pourtant ne précipita plus fa chute que fa profpérité , qui
la fit trop préfumer de fes forces. Elle s'imagina pou-
voir à la fois tenir tous les Grecs dans l'obéiffance , &
détruire l'empire des Perfes , ou du moins les refferrer
dans des bornes plus étroites. Agéfilas (a) , roi de Sparte,
paffa en Afie; &c fes premiers exploits permettoient de
toutefpérer, quand le roi de Perfe, qui étoit alors Ar-
taxerxès Memnon , dont les armées innombrables ne
pouvoient arrêter ce conquérant , trouva le fecret de le
chaffer par une voie bien plus sûre ; il envoya femer de
l'argent en Grèce , & acheta des ennemis à Lacédé-
mone. Les Grecs fe prêtèrent à fes defirs , avec j'oie ,
& lui vendirent allez cher une révolte qu'ils avoient ré-
folue. Tous, d'un commun accord, fe fouleverent contre
Lacédémone , qui , hors d'état de réfifler avec ce qui lui
reftoit de troupes , rappella promptement fon roi ikfon
armée. Les Athéniens , à la tête des mécontens , réfolu-
rent de tout risquer pour la liberté de la Grèce ; & fans
fonger aux dernières extrémités d'où ils fortoient , ils
oferent encore attaquer Sparte : ils furent fi bien profi-
ter des conjonctures , qu'avec la flotte du grand roi ,
(c'étoit ainfi qu'on appelloit le roi de Perfe,) &la leur,
ils défirent celle de Sparte , faifirent ce moment heu-
reux pour rétablir leurs murailles , relever leurs fortifi-
cations , & fe mirent en état de diiputer la fupériorité
à Sparte (b). Ils ne voulurent pas avoir vaincu pour eux
feuls , & ne poferent point les armes , qu'ils n'euffent,
par un traité folemnel, obligé les Lacédémoniens à re-
mettre les villes grecques en liberté. Quoique les La-
cédémoniens femblaffent s'y porter volontairement , la
fuite montra que la crainte feule les y avoit forcés, puis-
que , peu de tems après , ils violèrent leur parole par l'op-
preffion deThôbes, comprilé expreffément dans le traité.
*(a) Cornet. Nepos, m Àgefilao. (b) Idem m Conone.
Cette infraction ralluma le zélé des Athéniens qui
animèrent le refte de la Grèce à s'unir avec eux con-
tre Lacédémone. Ils l'attaquèrent de nouveau par mer
& par terre, à Corinthe , àNaxe, à Corcyre , à Leu-
cade. Quoiqu'ils n'euffent pas plus d'intérêt à cette guerre,
que les autres villes , ils ne lailTerent pas d'en faire tous
les frais. Sparte fut réduite à renouveller le traité con-
clu quelques années auparavant ; !k toutes les villes
grecques rentrèrent dans leur pleine indépendance. Dans
tout ceci , il faut entendre aufli les villes Afiatiques.
Leur liaifon avec la véritable Grèce , leur en faifoit
éprouver toutes les révolutions. * Xenophon, 1. 6.
l89
§. 4. Thèbes affecte ta fupériorité de ta Grèce.
On eût cru que la Grèce alloit jouir d'un profond re-
pos. L'égalité des deux puiffances , qui jusqu'alors l'a-
voient agitée , fembloit le promettre ; cependant ThÈ-
BES s'avifa d'afpirer au commandement.
LesThébains forts & robuftes , de plus extrêmement
aguerris , pour avoir presque toujours eu les armes à la
main , depuis la guerre du Péloponnefe , & pleins d'un
defir ambitieux , qui croiffoit à proportion de leurs for-
ces &: de leur courage , fecrurent trop ferrés dans leurs
anciennes limites. Us refalérent de figner cette paix mé-
nagée par les Athéniens, à moins -qu'on ne les reconnût
chefs de la Béotie. Ce refus non -feulement les expo-
foit à l'indignation du roi de Perfe , qui , pour agir plus
librement contre l'Egypte révoltée , avoit exhorté tous
les Grecs à pofer les armes ; mais même foulevoit'edn-
tr'eux Athènes, Sparte & la Grc,. ( rie - .-me fou-
piroit qu'après la paix. Toutes .es c iniidérarions n'ar-
rêtèrent point les Thébains : ils ri mpirent avec Athè-
nes ; attaquèrent Platées , qu'elle protégoit depuis long-
tems , & la raferent. Les Lacédémoniens crurent que
Thèbes délaiffée de fes alliés , étoit hors d'état de leur
faire tête. Ils y marchèrent comme à une victoire cer-
taine , entrèrent avec une puiiïànte armée dans le pays
ennemi , & pénétrèrent bien avant. Tous les Grecs
alors regardèrent Thèbes comme perdue. On ne favoit
pas quelle reffource elle avoit dans un foui homme. Epa-
minondas, queCiceron, Tufcul. 1. 1, regarde comme
le premier homme de la Grèce , avoit été élevé par
fon père Polymne , dont la maifon étoit ouverte à tous
les lavans , & le rendez-vous des plus grands maîtres.
On peut voir les détails de fon éducation & fon admi-
rable caractère, dans l'éloge que Cornélius Nepos en a
fait. Pour fon coup d'effai , il battit les Lacédémoniens
à Leuctre , & leur porta un coup mortel , dont ils ne
fe relevèrent jamais. Ils perdirent quatre mille hommes,
avec leur roi Cléombrote , fans compter les prifonniers
& les bleffés. * Diodor. Sicul. 1. 15.
Cette journée fut la première où les forces de la
Grèce commencèrent à fe déployer. On avoit vu Sparte,
d'ailleurs fi acharnée contre Athènes , racheter d'une
trêve de trente années huit cens de fes citoyens qui
s'étoient laiffés envelopper. On peut juger de la con-
fternation où furent les Lacédémoniens, lorsqu'ils fe vi-
rent tout d'un coup fans troupes, fans alliés, & presque
à la merci des vainqueurs. Les Thébains fe croyant in-
vincibles fous Epaminondas, traverferent l'Attique, en-
trèrent dans le Péloponnefe , pafferent le fleuve Euro-
tas , affiégerent Sparte , humilièrent les Lacédémoniens,
& les obligèrent d'alonger leurs monofyllabe^ , comme
le dilbit Epaminondas. Ce général content de les avoit
réprimés , fit réflexion qu'il alloit attirer à là patrie la
haine de tout le Péloponnefe, s'il détruifoit une fi puif-
fante république, ck borna là vengeance à relever Mef-
fene , ancienne rivale de Lacédémone. Il rapella de
de tous côtés les Mefléniens , ck leur rendit leur patrie
dont il fut le nouveau fondateur. Il n'en demeura pas là.
Cet homme fi modéré pour lui-même , avoit une amj
bition fans bornes pour fa patrie. Non content de l'a-
voir rendue fupérieure par terre , il voulut lui donner
fur mer une même fupériorité : fa mort renverfa ce projet
que lui feul pouvoit foutenir : il mourut d'une blefïïire
qu'il reçut à la bataille de Mantinée , où^ il avoit mis
fes ennemis en déroute. C'eftici que finit l'hiftoirede la
Grèce , écrite par Xenophon. * Xenophon , 1. 6. Diod*
Sicul. 1. 15.
§. 5. Trois grandes républiques dans la Grèce.
Les Thébains ne purent profiter de fa victoire : en vain
ils voulurent fe maintenir dans le degré de fupériorité
où il les avoit placés. On vit alors la Grèce partagée entre
trois puiffances rivales les unes des autres.
Thèbes tâchoit de s'élever fur les ruines de Lacédé-
mone. LACÉDÉMONElbngeoit à lé relever de fes pertes.
Athènes , quoiqu'ouvertement dans le parti de Sparte ,
fur-tout depuis que celle-ci lui avoit cédé l'empire de la
mer par un traité folemnel , étoit bien-aife de voir ans
mains ces deux puiffances , & ne penlbit qu'à les balancer ,
en attendant la première occafion d'accabler l'une & l'Stt»
GRE
190
tre. Mais une quatrième puiffance les mit toutes d'accord,
& parvint à la fupériorité de toute la Grèce. Ce fut
Philippe de Macédoine.
§. 6. Grands progrès de la Macédoine fous Philippe.
Ce royaume étoit bien éloigné de concevoir avant
Philippe les espérances de la grandeur à laquelle il s'éleva
en peu de tems. Il avoit été la première proie des Perfes
dans leurs guerres contre les Athéniens. Il en avoit été
•délivré en même tems qu'eux. Mais il avoit pour voifines
les villes de Theflalie , les ides Se les villes que les Athé-
niens pofledoient dans la mer Egée Se dans la Thrace ;
d'un autre côté , les Illyriens , les Péoniens Se autres
peuples. Philippe fut élevé à Thèbes , chez le père d'Epa-
minondas , Se eut la même éducation que ce héros : il
y étoit en qualité d'otage , quand il apprit une révolution
-arrivée dans la Macédoine. Il fe déroba de Thèbes ,
arriva dans fa patrie , Se trouva les peuples confternés
d'avoir perdu leur roi Perdiccas , fon frère aîné , tué dans
un grand combat contre les Illyriens qui étoient bien
rélbïus de pouffer leurs avantages. Les Péoniens infec-
■toient le royaume par des courfes continuelles. LesThra-
•ces prétendoient placer fur le trône Paufanias , prince du
fang royal. Les Athéniens appuyoient Argée , que leur
général Mandas avoit ordre de foutenir avec une bonne
flotte Se un corps de troupes confidérable. L'héritier légi-
time étoit Amyntas encore enfant. Dans ce befoin pres-
fant on le dépofa ; & à la place du neveu que la nature
appelloit , on mit l'oncle que la conjoncture demandoit.
Le nouveau roi , quoique âgé feulement de vingt-deux
ans , remédia Se pourvut à tout. Une profonde diflimula-
tion de fes deffeins & une politique impénétrable lui fervit
beaucoup. Il commença par facrifîer en apparence Amphi-
polis aux Athéniens. Cette ville, fituée furies confins de
fon royaume , étoit à fa bienféance ; mais pour la garder ,
il eût fallu affoiblir fon armée dont il avoit befoin ailleurs,
Se fe brouiller avec les Athéniens qui revendiquoient ce
lieu comme leur colonie. Il fe garda bien de la leur céder
purement Se Amplement : il en fit une ville libre ayant
que de la leur rendre , Se engagea ainfi cette ville à lui
fçavoir gré de fa liberté. Il défarma les Péoniens à force
de promeffes Se de préfens , fe défit de ceux qui lui difpu-
toient la couronne , ferma la porte du royaume à Paufa-
nias , marcha contre Argée (a) , l'atteignit fur le chemin
d'Ege à Methone , le défit , lui tua beaucoup de monde ,
Se fit beaucoup de prifonniers ; ils lui fervirent à faire
une paix captieufe avec Athènes. (b) Il attaqua enfuite
les Péoniens , Se les réduifit fous fon obéiffance , tourna
fes armes contre les Illyriens , les tailla en pièces , Se
les obligea à lui reftituer les conquêtes qu'ils avoient faites
fur la Macédoine. Enhardi par tant de profpérités , il
emporte Amphipolis ; mais , au lieu de la rendre aux
Athéniens , il leur enlevé encore Pydne Se Potidée ,
l'an du monde 3616 ; de-là il vient occuper Crenides que
les Thafiens avoient bâtie dans la Thrace , depuis deux
ans , Se qui dès-lors s'appella Philippes : il y ouvrit des
mines , qui chaque année lui rapportoient de quoi battre
une monnoie d'or qui portoit fon nom (c) , & dont le
produit feul montoit plus haut que tous les revenus de la
république d'Athènes. La fupériorité des finances lui
donna de grands avantages qu'il ne négligea point : il
s'en fervit à entretenir un puiffant corps de troupes étran-
gères , Se à s'acquérir des créatures dans toutes les villes
de la Grèce. Ce ne fut plus que victaires qu'il remporta
pendant les vingt-deux années de fon règne ; il s'aggran-
dit de tous côtés par fes conquêtes en ThefTalie , en
Thrace , en Epire , en Scythie Se en Eubée. Ces con-
quêtes font d'autant plus efTentielles ici , qu'en unifiant
enfuite la Grèce avec fon royaume , elles devinrent par- là
des dépendances de la Grèce.* (a) Diodor. SiculA. 16.
Orof. 1. 3 , c. 16. {}) Juftin , 1. 7. (c) Plant, in Poë-
nul. aft. 1 , fc. 1 .; Se ac~t. 3 , fc. 5 ; oc Horat. Ep. 1 .
ad Auguftin.
§. 7. Philippe fc rend maître de la Grèce.
Il étoit de l'intérêt des Grecs de s'unir plus que jamais
pour fe garantir d'un ennemi fi redoutable qui étoit à leur
porte. Ils firent tout le contraire , & fe déchirèrent plus
que jamais par des guerres civiles. On nomma cette
GRE
guerre la guerre facrèe , ou lu guerre des confédérés. En
voici le finet,, Se le fuccès en peu de mots. (a) Les Thé-
bains enivrés de leur bonne fortune , citèrent devant les
Amphictyons les Lacédémoniens Se les Phocéens. _ Il
acculbient les premiers d'avoir violé la trêve , envahi
la fortereffe de Thèbes ; Se les autres d'avoir ravagé la
Béotie. Les Amphiâyons étoient un çonfeil général de -
toute la Grèce , et un tribunal auquel toutes les caufes
de ville à ville étoient portées. Le; juges , qui craignoient
les Thébains , jugèrent en leur faveur , Se condamnèrent
les aceufés à une très-groffe amende. Les Phocéens n'ayant
pas de quoi la payer , Phiiomele leur confeiila de piller
le temple de Delphes, où .la fuperftition des peuples avoit
amaffé d'immenfes richeffes. Ils le firent. Enrichis de cette
dépouille , ils portèrent la guerre chez les Thébains. Mal-
gré l'horreur que l'on eut de leur facrilége , on eut encore
plus de haine contre les Thébains qui leur en avoient en
quelque forte impofé la néceflité. Ainfi Athènes & Lacé-
démone leur envoyèrent du fecours. Les Thefîaliens Se
les Thébains étoient unis. Philippe vit avec plaifir cette
guerre qui affoibliiToit des peuples dont il fe promettoit
la conquête : il demeura neutre jusqu'à ce que les Thefîa-
liens l'appellerent -à leur fecours. Ils craignoient , dit
Juftin , 1.8, c. 2. , que s'ils oppofoient à leurs ennemis
un capitaine de leur nation , il ne fe fervît de la victoire
pour ufurper l'autorité fouveraine. Ce qu'ils craignoient
arriva. Ils furent affez aveugles pour donner la préférence
à Philippe , qui ayant déjà de grands états à gouverner ,
leur étoit moins fuspeft. Ils ne connoiffoient pas fon
ambition. Il marcha à leur fecours , défit Si chaffa leurs
tyrans , Se par-là fe concilia pour jamais l'affe&ion des
Theffaliens dont l'excellente cavalerie , jointe à la pha-
lange Macédonienne , eut depuis tant de part à fes vic-
toires Se à celles de fon fils. Au retour de cette expédi-
tion , il attaqua Se fubjugua les Olynthiens , dont la puif-
fance avoit jusqu'alors tenu en échec celle de fes ancê-
tres , Se qui peu auparavant avoit dépouillé fon père
Amyntas. Alors il fe découvrit ; mais ce ne fut qu'après
avoir diflimulé jusqu'au bout , Se fi bien caché fes véri-
tables intentions , qu'à la veille de tomber fur les Pho-
céens , il leur perfuada qu'il en vouloit à Thèbes , Se qu'il
alloit humilier cette orgueilleufe république. Par cet
impénétrable fecret il endormit fes ennemis , féduifit fes
alliés , Se les aveugla fur leur propre intérêt ; de manière
que , fans tirer l'épée , il fe rendit maître de la Phocide ,
(b) fefit déclarer Amphiftyon , général des Grecs contre
les Perfes , vengeur du dieu Apollon Se de fon temple ;
Se, ce qui valoit mieux pour lui , il s'empara des Ther-
mopyles , paffage fameux qui lui ouvrit la porte de la
Grèce. La victoire qu'il remporta à ChéronÉe fur les
Athéniens Se les Béotiens , acheva de lui foumettre
les Grecs , le vengea pleinement des Athéniens qui , deux:
ans auparavant , lui avoient fait lever le fiége de Byzance,
Se couronna fes autres exploits. La guerre de la Phocide
Se la bataille deChéronée , où Alexandre , âgé de dix-neuf
ans , commandoit une des ailes de l'armée , font les deux
chefs-d'eeuvres de Philippe. Ainfi la Macédoine , jusqu'a-
lors foible , méprifée , fouvent tributaire , Se toujours
réduite à mendier des protections , devint tout à coup
l'arbitre de la Grèce , & la terreur de toute l'Alîe. Toute
la Grèce reconnut Philippe pour fon chef. En cette qua-
lité il forma la réfolution d'attaquer les Perfes : fon avant-
garde commandée par fes lieutenans Attale Se Parmenion ,
marchoit déjà pour cette expédition , quand la mort lui
en déroba la gloire , Se la réferva à fon fuccefîeur. Ce
fut Alexandre le Grand. Philippe fut tué en trahifon , à
l'âge de 47 ans , l'an du monde 3648 , Se laiffa à fon
fils un royaume craint Se refpefîé de tous fes voifins , une
armée disciplinée Se. accoutumée à vaincre ; Se enfin une
fupériorité univerfelle fur tous les états de la Grèce.
* (*) Jujl. 1. 8. 0) Diodor. Sic. Se Orof. 1. 3 , c. iz.
?. La Grèce foi
:andr: le Grand.
Alexandre commença par s'âfïiirer de la couronne , fe
défit de ceux qui la lui disputaient , S: punit les meurtriers
de fon père. 11 n'eut pas plutôt pourvu au dedans de fon
royaume , qu'il alla fondre iùr i'js voifins. On le vit en
moins de deux ans réduire les Thefîaliens rebelles , fub-
juguer la Thrace , Se pafTer le Danube; battre les Gétes ,
prendre une de leurs villes , Se rep3fler ce fleuve ; rece-
GRE
GRE
voir enfuite les hommages Se les ambaffades de diverfes
nations ; châtier en revenant les Illynens , Si ranger au
devoir d'autres peuples ; de-Ià voler à Thèbes qu'un faux
bruit de fa mort avoit révoltée contre la garnifori Macé-
donienne , affiéger , prendre Si rafer cette ville ; Si par
cet exemple de févérité , tenir en bride le refte des Grecs
qui l'avoient déjà proclamé leur chef. Après avoir alnfi
mis ordre au gouvernement de la Grèce , il donna tous
fes foins à l'exécution du projet de fon père contre les
Perlés. 11 partit pour l'Afie, l'an du mo.nde 3650, avec une
armée de trente mille hommes d'infanterie , Si cinq mille
de cavalerie , d'autres difent de trente-quatre milie hom-
mes de pied , Se de quatre mille chevaux. Il rraverfa l'Hel-
lespont , s'avança vers le GRANIQUE où il remporta fa
première viftoire fur les Perlés , ne donna aucun quartier
aux Grecs d'Afie qu'il trouva dans l'armée de Darius. 11
pouffa fes-cenquêtes jusqu'à Sardes qui le rendit à lui ;
c'étoit le boulevard de l'empire des Ferfes du côté de la
mer : toutes les autres villes fuivirent, excepté Milet ck
Kalicarnafie, qui feules oferent lui réfifter ; il les prit de
force ; & parcourant la côte d'Afie , il continua de fou-
mettre tout, jusqu'à laClLIOEti la Phcenicie. De-Ià
revenant par l'intérieur des terres , il fubjugua la Pam-
phylie, la Pisidie & la PhryGIE , dont Gordium
étoit la capitale ; Si enfuite la PAPHLAGONIC ck la
CAPPADOCE. Il s'achemina de-là vers les hautes pro-
vinces de l'Afie, & retourna dans la ClLICIE. Darius,
de fon côté , marchoit vers lui , avec une armée de lix
cent mille combattans ; Si voulant le joindre dans la Ci-
licie , il s'engagea dans les détroits. C'étoit où Alexan-
dre le vouloit : il l'y attaqua , lui tua plus de cent dix
mille hommes. C'eftla bataille d'Issus , l'an du monde
3651. Outre les richeffes qu'il trouva dans l'armée, il
apprit que Darius avoit laiffé à Damas tous fes équipa-
ges Si lés tréfors ; il envoya prendre poffeflion de ces
dépouilles Si de la ville. Il jugea que pour avancer plus
fûrement , il devoit s'affurer des polies maritimes. Cy-
PRE Si la Phcenicie fe fournirent à lui, l'an du monde
3652. Il n'y eut que Tyr qui risqua le hazard d'un fiége.
II en laiffa la conduite à quelques généraux , Si alla faire,
lui-même une courfe au pays des Arabes qui habitoient
l'Anti-Liban : il revint à Tyr, qu'il prit Si démolit. Gaza,
dans la Palefiine , fut prilè auffi ; Si Alexandre , maître
dé la Judée , qui ne lui coûta guères que la peine de la
parcourir , paffa en Egypte , où il fonda la ville S Ale-
xandrie , l'an du monde 3653 ; il s'avança même dans
le défert fablonneux, où etoit le temple de Jupiter Am-
mon qu'il confuita. D'Egypte il revint en Phénicie : là
Darius , dont la femme -Si la famille étoient au pouvoir
d'Alexandre, lui envoya propoler une paix, à condition
de lui payer dix mille talens pour la rançon des plafon-
niers , Si de lui donner fa fille en mariage, avec tout le
pays qui eft entre l'Euphrate Si l'Heliespont. 11 ne l'ac-
cepta point, Si marcha vers Darius. Les deux armées fe
rencontrèrent à Gaugameles , près d'drbeles , Si fc bat-
tirent : cette bataille coûta -l'empire à Darius 6k aux
Perlés. Alexandre , reconnu roi de toute l'Afie , mar-
qua fa reconnoiffance aux Grecs qui l'avoient fi bien
fervi , abolit tous les tyrans qui s'étoient élevés dans les
villes grecques auxquelles il rendit la liberté , leurs
droits 6k leurs privilèges, l'an du inonde 3654. Pour lui
jl parcourut la Babylonie ; Ecbatane , Suft , Perfcpolis
ek les autres villes le fournirent à lui. Il fit un détache-
Hyrcar.
de-là
la mer Caspienne, l'an du monde 36")'} , de-là il entra
dans la Parthïene , paffa dans la Sogdiane jusqu'au Ja-
xarte qu'il prit pour le Tanaïs. Il établit presque par-
tout là des colonies des foldats qui, accablés de fatigues,
ne pouvoient plus le fuivre. De-là vient ce grand nom-
bre A'Alexpndrics en Afie , dont nous avons marqué les
principales. Il revint enfuite clans l'Hyrcanie , Si conçut
enfin le deffein de conquérir les Indes , l'an du monde
3656. Il s'avança vers l'Hydaspe , où il bâtit Bucephalk ,
en mémoire de fon cheval Bucephale , qui mourut en cet
endroit. Il conquit les royaumes de Taxile Si de Porus :
il fe borna au Gange que fas troupes refuferent de paf-
fer. Il éleva deux autels qui furent le non plus ultra de
fon expédition. De-là defeendant le long de î'Hypafis,
il trouva en fon chemin la ville des Maïliens , au fiége
de laquelle il penfa périr. Etant guéri de fa bleffure, il
continua fa route vers l'Océan , descendant l'Iiidus , Se
foumettant les villes ck les pays par où il paffoif. Il cfut
fept mois entiers à cette descente, il continua fa mar he
par le pays des Orites , qu'il traverfa en deux mois , far-
riva lur les confins de la Gedrofie. Il y rafraîchir ,on
armée, traverfa la Carmanie, en une femaine, jusqu au
palais de Carrfiana , capital de la province, Si retourna
enfin dans la Perlé, fubjugua les Gîtfféens ou L .
peuple de la Médie, les fit égorger , fous prétexte d'ho-
norer une cérémonie funèbre qu'il faifoit en l'honneur
d'Epheftioti , fon ami. 1! entra dans Babyicne , où il
mourut, l'an du monde 3660. * Plutarq. in Alexandre.
Il eft à remarquer que les Lacédémoniens forent s
feuls Grecs de l'Europe, oui refuferent de ponti
l'expédition d'Alexandre en Afie, Si qu'il leur en man-
qua fon reffentiment, en faifant mett* cette infeription
lur les dépouilles s Perfes , 1 .1
Graniqae. Alexa ...... '■, & les Gr:cs
Se vouloir ... b - Darius. Cette
isuffe politique les fit lans le mépris.
Aie 111 t le premier qui. fit connaître les Indes
aux Européens. Il ordonna à l'on armée navale de
l'Océan, depuis le golfe, où ce fleuve a lès bou h . jus-
qu'au golfe Perfique. I! établit Néarque général „ Si
Onéficrire chef des pilotes. Ce fut dans la c
Carmanie , que ÎN'éa.-que vint rendre compte à Alexan-
dre de fa navigation.
Néarque Si Onéficrite avoient fait un journal de leur
route : ces ouvrages fubfiftoient encore du tems de
Pline, qui s'en eft fervi dans fon fixieme livre ; m 1 \];
ont été perdus depuis. Nous avons bien un Périple, qui
porte le nom deNéarque ; mais c'eft l'ouvrage d'Arrien
qui a écrit allez tard l'hiftoire d'Alexandre, & qui amis
dans fon huitième livre la conquête des Indes , d'une
manière allez farisfaifante pour la géographie. Il mérite
d'être lu avec attention, non pas dans la traduction da
Dablancour, où ilefteftropié. Ce huitième livre d'Arrién
n'eft, fans doute, qu'une compilation de ce qu'avoient
écrit les ofiîciers d'Alexandre.
C'eft à la bataille d'Arbeles que commence la grande
monarchie des Grecs. Elle s'aggrandif jusqu'à la mort
d'Alexandre. Ce héros mourut' fouverain d un état qui
comprenoit
La Thra.ce , La Grèce Asiatique,
La Macédoine, Toute I'Asie mineure,
L'Illyrie, La Phœnicie,
L'Epire, La Syrie,
La véritable Grèce , L'Egypte ,
Le Péloponnèse, L'Arabie,
Les isles de 1' Archipel, Tout l'empire de Perse
ck les Indes.
Tels furent les commencemens de la grande monar-
chie des Grecs, que bien de.« hiftoriens regardent comme
le troilîemc empire prédit par Daniel.
C'eft dans ce troifieme âge de la Grèce, qu'il faut
chercher les grands hommes qu'elle produifit, foit pour
la guerre, foit pour les feiences Si pour les arts. On
trouve dans CorncliusNepos , Si dans Plutarque d'excel-
lentes vies des capitaines Grecs de ce tems. Entre les
poètes Efchyle , Sophocle , Euripide , Sic. pour le tragi-
que ; Eupolis , Cratinus, Ariftophane , Sic. pour le co-
mique , acquirent une réputation que la pofterité leur a
confervée. Pindare , malgré la ftupidité reprochée à fes
compatriotes , porta l'ode à un degré d'élévation qui a
été plus admiré qu'imité. Parmi les Orateurs on diftin-
gue Demofthéne , Efchine, Kbcrate, Gorgias , Prodi-
cus , Lylias, Sic. Entre les hiftoriens. Hérodote , Cte-
fias, Xenophon, Thucydide , Sic. Entre les philoso-
phes , Anaxagnre , Meliffe , Empedocle, Parmenide , Ze-
non Éleate , Efope , Socrate , Platon , Diogéne , Arif-
tippe, Aiiftote , Xenophon le même que le général Si
l'hiftorien. C'eft proprement la Heur 6k la jeuneffe delà
Grèce. Methon grand mathématicien Si grand aftro-
noine à Athènes, trouva Wnncadtcaclerid; ou la fameufe
période de dix-neuf ans. Il découvrit que les différentes
mutations du foleil 6k de la lune s'accompliflent dans
GRE
192
un période de dix-neuf ans , après lesquels les aftres re-
parlent de nouveau par les mâmes dispofitions où ils s'é-
toient rencontrés auparavant. Cette découverte plut tant
aux Athéniens, qu'ils la rirent écrire en gros caractères
d'or'au milieu de la place publique; ce qui lui acquit
dès ce tems-Ià le nom de nombre d'or qu'elle garde en-
core. Tel hit le troiiieme âge de la Grèce , qui porta la
gloire de cette nation jusqu'aux extrémités du monde
connu.
QUATRIEME AGE DE LA GRÈCE. .
§. 1. SuueJJeurs d'Alexandre.
Alexandre en mourant remit fon anneau à Perdiccas ,
qui à cet avantage fut joindre celui d'être appuyé du
crédit de Roxane , veuve du monarque , & fe faifir des
rênes du gouvernement. Pour affermir fa puiflance , il
fit proclamer roi , fous le nom de Philippe , Aridée ,
frère d'Alexandre : c'étoit un imbécille qu'Olympias ,
mère du feu roi , avoit abruti par un breuvage , de peur
qu'il ne nuisît à fon fils. Perdiccas commandoit donc en
fouverain , fous le nom de Philippe ; mais les gouver-
neurs fe laiTerent bientôt de lui obéir. Chacun d'eux
voulut être maître clans fa province , & l'on vit bientôt
la vafte monarchie d'Alexandre fe démembrer. Voici la
la lifte des gouverneurs et des gouvememens.
g. 2. Divîfwn de l'empire d'Alexandre.
La MïDIE, fous Phyton.
La Paphlagonie, la Cappadoce, avec les pro-
vinces voifines , fous Eumenes. ^ _
La petite Phrygie, fous Léonat.
La grande Phrygie, laLrciE, &la Pamphy-
LIE , fous Andgonus.
La Lydie , fous Mélèagre.
La CARIE , fous Caffander.
La ClLIClE, fous Philotas.
La Syrie , fous Laomedon de Mitylene.'
L'Egypte , fous Ptolomée , fils de Lagus._
L'Epire , fous Olympias , mère du feu roii
La THRACE , fous Lyfimachus.
La Macédoine, fous Antipater.
Lacédémone confervoit toujours fes rois de Pan-
cienne race , dont la fucceiîïon n'étoit point encore inter-
rompue. Nous en marquerons' la fin, quand nous ferons
venus à ce tems-là. Il n'eft point fait ici mention de la
Pkœnicu , parce qu'Alexandre avoitdonné le royaume
de Sidon à Abdolomie , qui étoit du fang royal. A l'égard
des .provinces de la Perse & des Indes, excepté la
Medie , on en laiffa le gouvernement aux fatrapes &C
aux autres gouverneurs qu'Alexandre y avoit mis. Anti-
pater n'eut pas feul d'abord la Macédoine ; on la lui
fit partager avec Craterus qui y ramenoit dix mille vieux
foldats, congédiés par Alexandre. * Quint. Cure. \. 4.
La nouvelle de la mort d'Alexandre étant arrivée en
Grèce , y caufa une terrible révolution. Les Athéniens
furent les premiers à lever le mafque, & folliciterent
les autres Grecs à rompre leurs fers. Leofthenes , leur
général , préfenta la bataille à Antipater, le défit &£ le
força de fe réfugier à Lamia , ville de Theffalie où il
l'affiégea : de-là vient le furnom de Lamiacum bellum
que l'on donna à cette guerre. Cela arriva l'année d'après
la mort d'Alexandre , l'an du monde 3661 ; mais l'arrivée
de Craterus mit Antipater en état de battre les Athéniens
à fon tour l'année fuivante. Craterus &c lui les défirent
& les obligèrent de recevoir garnilbn Macédonienne dans
la citadelle nommée Munycia.
GRE
Guc
re les fuccejfeurs d'Alexandn
En Orient , Perdiccas voulant que tout dépendît de
lui , étoit toujours à la tête de l'armée , qui gardoit la
perfonne du roi Aridée (a). Il forma le deffein d'op-
primer fes compagnons : il fongea à (e faire un titre pour
fuccéder , en époulant Cléopatre , fœur d'Alexandre,
comptant que tous les Macédoniens prendroient fon
parti. Il alloit commencer par attaquer Ptolomée , & il
conduifoit en Egypte une armée formidable ; mais fon
orgueil infupportable l'avoit rendu odieux à fes troupes î
on confpira contre lui ; & il fut maffacré au pafTage du
Nil, Fan du monde 3662. Eumene (b) qui étoit dans
les intérêts de Perdiccas , avoit quelque teins auparavant
défait Craterus & Néoptolème. Ce Craterus eft le même '
qui étoit allé en Macédoine , & avoit aidé Antipater
à ranger les Grecs à la raifon : Antipater & lui avoient
repaffé en Afie, pour s'oppofer à l'ambition de Perdiccas.
Néoptolème étoit un ambitieux inquiet, qui ayant été
défait par Eumene , s'affocia avec Craterus & fut battu
avec lui pour la féconde fois. Ils y perdirent tous deux la
vie. Léonat étoit déjà mort. Eumene ci Aleétas , frère
de Perdiccas , furent déclarés ennemis de la couronne
de Macédoine : Antipater ck Ptolomée réglèrent le refte
comme il leur plut ; car ils s'étoient rendus maîtres de
toutes les affaires , & nepartageoient leur autorité qu'avec
Antigonus- qui , comme nous avons dit , commandoit
dans la Lycie, la Pamphyiie & la grande Phrygie, Anti-
gonus marcha contre Eumenes & Aleftas, les joignit
dans la Piiîdie , ck les défit. Antipater qui n'étoit revenu
en Afie que pour s'emparer 3e la perfonne d'Aridée,
& s'en fervir aux mêmestfages que Perdiccas avoit fait ,
vint à mourir ; il avoit avec lui fon fils Caffander ; cepen-
dant il donna à Polysperchon la tutelle du roi Aridée
& d'Eurydice fa femme, & ne laiffa à Calïànder, fort
fils, que le commandement d'un corps de mi lie hommes.
Celui-ci mécontent d'un partage fi peu conforme à fes
efpérances , rechercha la protection de Ptolomée. Cepen-
dant Polysperchon avoit repris le chemin de la Macé-
doine avec Aridée & Eurydice. Caffander l'y fuivit ; &C
Polysperchon , pour fe fortifier contre lui , rapptlla en
I.-acédoine la mère d'Alexandre Olympias, que la haine
ci' Antipater avoit obligée de fe retirer en Epire. Elle
fignala fon retour en Macédoine, par la mort d'Aridée
ck d'Eurydice , (c) ck d'un grand nombre ds feigneurs
à qui on fit. un crime' d'être amis de C'iffmder. Ce
maffacré fe fit fix ans ck quatre mois après Ja mort
d'Alexandre. Caffander fit la guerre ouvertement à Polys-
perchon ; ck la Grèce fut le théâtre de leur haine , tandis
qu'Eumenes , qui étoit dans le parti de ce dernier &
d'Olympias , faifoit la guerre à Antigonus en Afie.
Caffander fe rendit maître d'Athènes , y abolit la Démo-
cratie , ck en donna le gouvernement à Démet;, a- de
Phalere, difciple de Théophrafte, homme éloquent, &
le plus grand philofophe de fontems (d). Les Athéniens
avoient fait la folie de fe priver de Phocion , le plus homme
de bien ck le meilleur général qu'ils euffent alors. Ils
l'avoient proscrit , 6c il étoit tombé entre les mains de
Polysperchon qui le leur avoit livré ck ils le firent mourir
par un verre de jus de ciguë. Malgré les melir.es qu'avoit
prifes Polysperchon , Caffander s'empara de la Macé-
doine ; & pour s'en affurer la poffelîion , il fit mourir
Olympias , l'an du monde 3668 & époufa Theffalonice,
fœur d'Alexandre le Grand. L'année fuivante il rebâtit
Thèbes ruinée vingt ans auparavant , & fonda Caffan-
drie en Macédoine.
(e) Eumenes ayant donrfë pendant long-tems beau-
coup de peine à Antigonus , dans l'Afïe , fut enfin livré
par la trahifon des Argyraspides , ck fon ennemi s'en
défit dix ans après la mort d'Alexandre : Phyton eut le
même fort. Antigonus devenu le plus puiffant par la mort
de ces concurrens , déclara la guerre à Caffander ck à
Ptolomée. Il employa pour cette expédition Démétrius fon
fils, qui fut furnommé Poliorcète c'eft-à-dire , le preneur
de villes. Ils protefterent qu'ils ne prenoient les armes"
que pour rendre la liberté aux villes de Grèce, opprimées
par Caffander. Démétrius en rétablit plulieurs dans leur
premier état, & fur-tout celle d'Athènes, d'où il fit
fortir la garnifon , que la guerre de Lamia l'avoit forcée
à recevoir quinze ans auparavant, ck rafa la citadelle de
Munychia, qui défendoit la ville, la même année 507,
avant l'ère vulgaire , l'an du monde 3677. Ces deux
princes ck tous les autres fucceffeurs d'Aiexar.dre prirent
le titre de rois rk les ornemens de cette chg ité. Six ans
après , la puiffance d'Antigonus •& de Démétrius qui fe
rendoit trop formidable, donna de la jaloulieà ces autres
nouveaux fou verains. Séleucus, après la mort d'Alexandre,
avoit eu le commandement de la cavalerie . ck s'étoit
affuré laBABYLONlE S: enluite la Syrie. Lyfimachus,
roi deThrace , Caffander , roi de Macédoine , & lui , fe
liguèrent enfembie contre Antigonus ck fon fils ,\ l'an du
monde
GRE
GRE
monde 3681 , &£ mirent fur pied une puhTante armée
ce 74000 hommes de pied , de 10500 chevaux 6k de cent
vingt chariots armés. Antigonus 6k Demetrius avoient
70000 hommes d'infanterie , 10000 de cavalerie & .75
éléphans. La bataille fe donna près d'Ipsus en Phrygie.
Les alliés vainquirent ; Antigonus fut tué ; Demetrius
(f) s'enfuit à Athènes, qui lui ferma fes portes. Il leva
une armée , affiégea cette ville ingrate , la prit après un
an de fiége. On s'attendoit qu'il traiteroit les Athéniens
avec la dernière rigueur. Il ufa au contraire d'une
extrême modération : il fe contenta de châtier Lachares
qui s'étoit rendu le tyran de la ville , fit quelques légers
reproches aux Athéniens , 6k leur rendit tout hors la
liberté. Après avoir mis une gamifon pour s'afTurer de
cette conquête , il marcha contre les Lacédémoniens ,
les défit, 6k leur roi Archidamus : il fe difpofoit à faire
le fiége de leur capitale , quand de nouvelles efpérances
Tappellerent dans la Macédoine, l'an du monde 3686.
* (a) Dior. Sic. 1. 17. (b) Corna. Nevos 6k Plutarch. in
Eumene. (c) Diodor. Sic l. 19. (d) Plutarch. 6k Cornel.
Ncpos in Phocione. (e) Plutarch. 6k Corn. Ncpos in Eu-
mene Diodor. Sicul. 1. 19. (f) Plutarch. in Demetrio.
Caflander y étoit mort 6k avoit laiffé trois fils de
ThefTalonice. Philippe, qui étoit l'aîné, ne régna qu'un an.
Antipater 6k Alexandre , {es cadets , fe cli'fputerent la cou-
ronne après fa mort. Antipater , qui étoit gendre de
Lyfimachus , crut que fa mère étoit plus dans les intérêts
de ion frère que dans les fiens , 6k la tua. Alexandre eut
recours à Pyrrhus , roi d'Epire , qui , pour fa récompenfe
eut une partie de la Macédoine ; il avoit auffi appelle
Demetrius, qui , renonçant au fiége de Sparte , fe rendit
auffi-tôt auprèsde lui , chafla Pyrrhus , fe défit d'Alexandre,
dépouilla Antipater , 6k envahit la Macédoine quatre ans
après la mort de Caflander. * Jufl'm. 1. 16.
Ce fuccès lui enflant le courage , il voulut reconquérir
les provinces qu'il avoit perdues en Àfie. Il leva une armée
de deux cens mille hommes d'iufanterie 6k de dix mille
chevaux , 6k équipa une flotte de cinq cens voil*s.
Lyfimachus , Pyrrhus , Seleucus 6k Ptolomée unirent
leurs forces contre lui. Il fut chafTé de la Macédoine ; 6k
toutes les villes qui lui reftoient , l'ayant abandonné , il
fut fi épouvanté de l'extrémité où il fe voyoit réduit ,
qu'il fe rendit à Seleucus , l'an du monde 369 1 . Ce prince
devint amoureux de Stratonice, fille de fon prifonnier ;
ck ayant découvert que fon fils Àntiochus en étoit amou-
reux , 6k que cette paflion mettoit fa vie en danger , il la
lui céda avec une partie de fes états. Demetrius parla
le refte de fes jours à la cour de fon gendre dans une
voluptueufe obfcurité. * Plutarch. in Pyrrho 6k Demetr.
Les trois vainqueurs ne furvécurent pas long-tems.
Ptolomée, fils deLagus, abdiqua, l'an du monde 3700,
ck remit fa couronne à fon fils Ptolomée , furnommé
Philadelphe , au préjudice de Ptolomée Ceraunus , qui
étoit l'ainé. Deux ans après , Lyfimachus pafla en Afie
pour y faire la guerre à Seleucus ; mais il y fut tué dans
une bataille, à l'âge de feptante-quatre ans 6k fept mois.
Après Seleucus fut tué à Lyfimachie , en Thrace , par
Ptolomée Ceraunus, c'eiï-k-àue le Foudre , frère de Pto-
lomée-Philadelphe.Il y a deux choies à remarquer fur le
roi Lyfimachus. 1. Il avoit eu un fils nommé AgathocU
qui avoit époufé Lyfandra , fille de Ptolomée , fils de
Lagus. Arfinoé , belle-mere de ce prince , étant devenue
amoureulé de lui , n'ayant pu en obtenir l'incefte qu'elle
defiroit , elle l'accufa de l'avoir voulu corrompre. Lyfi-
machus l'écoutant trop légèrement , fit mourir Agathocle.
Lyfandra s'enfuit avec fes enfans 6k alla trouver Seleucus.
Philetere tréforier de Lyfimachus , fe retira à Pergame ,
où il fe fit un petit royaume qu'il pofTéda vingt ans.
a. Après la chute de Demetrius , Lyfimachus s'étoit
emparé de la Macédoine qu'il avoit jointe à fon royaume
de Thrace : Seleucus la lui avoit enfuite enlevée ; mais
après la mort de Seleucus , la Macédoine revint aux enfans
de Demetrius ; 6k fa poftérité y régna jufqu'à Perles , fils
de Philippe , dont nous aurons occafion de parler. * Jujiin.
1. 17. Paufan. Phoc.
§. 4. Réduction de tous ces royaumes en IV.
Ces gouverneurs ne fe contentèrent pas d'avoir la
puifiance des fouverains : ils en prirent le titre 6k les
marques; leur ambition ne fut pas encore fatisfaite : ils
Ï93
voulurent fe dépouiller les uns les autres, s'armèrent,
fe battirent & fe détruifirent mutuellement. Enfin , de
douze ou treize qu'ils étoient d'abord, ils furent réduits
à quatre , dont le premier fut celui d'EGYPTE , fondé
par Ptolomée , fils de Lagus , détruit par les Romains ,
fous le régne deCléopatre ; le fécond celui de Babylone
6k de Syrie , fondé par Seleucus ; le troifieme celui de
Macédoine 6k de Grèce, fondé par Cajfander ; 6k
le quatrième celui d'AsiE , fondé pat Antigonus.
Après la défaite de ce dernier , ces quatre royaumes
furent réduits à trois ; favoir, I'Egypte , la Syrie 6k la
Macédoine , à moins qu'on ne veuille conferver le
nombre de quatre, en comptant le royaume de Pergame ,
dont nous avons parlé.
Après cette époque , les royaumes d'Egypte Se de Syrie
ne regardèrent plus la Grèce : ce font des"états particuliers
6k indépendans. La Grèce Afiatique eft envahie par le
roi de Syrie ou par des fouverains difTérens , qui tombent
enfin, l'un après l'autre, fous la puifiance des Romains.
Nous remarquerons feulement ici , que le petit royaume
de Pergame devint conlidérable en peu de tems. L'eu-
nuque Philetere , tréforier de Lyfimachus, 6k fondateur
de ce^ royaume , avoit deux frères , Eumenes 6k Attale ,
qui régnèrent fucceffivement après lui. Attale fut le pre-
mier qui prit la qualité de roi , félon Strabon , /. 13 ; & le
dernier qui porta ce titre , fut un autre Attale , fon petit-
fils , qui inflitua le peuple Romain fon héritier , cent
cinquante - deux ans depuis le commencement de ce '
royaume.
§. 5. La Grèce après la. mort d'Alexandre.
La Grèce détachée de ce qu'Alexandre y avoit joint ;
fe trouve réduite au royaume de Lacédémone, qui futn
fiftoit toujours; au royaume de Macédoine, qui a fous
lui la TheJ/alie , YAttique , 6kc. Mais bientôt après il
s'y élevé une nouvelle république fous le nom àesAchécns.
Nous pouvons ajouter le royaume d'Epire. Eclairafions*
cela par quelques détails. Parcourons en abrégé la delfinée
de ces trois royaumes 6k celle de la nouvelle Ach'aïe
6k nous arriverons ainfi au cinquième âge de la Grèce. '
§. 6. Suite du royaume d'Epire.
Pyrrhus , dont on peut voir l'origine 6k la vie plus en
détail dans les Hommes illuftres de Piutarque , in Pirrho,
étoit fils d'Eacide , & avoit pour aïeul Arybas , roi des
Molofifes. Dépouillé de fes états dès l'enfance , il apprit
le métier déjà guerre fous Demetrius Poliorcète , qui
avoit époufé fa fœur Deidamie. Il étoit encore fort jeune ,
lorfqu'il fe trouva à la bataille d'Ipsus , que fon bean-
frere Demetrius, & Antigonus perdirent. La protection
de Ptolomée, fils de Lagus & celle de Bérénice, qui étoit
fa proche parente , lui aidèrent à rentrer dans fon royaume ,
vers l'an du monde 36S9. La même année il fut appelle
dans la Macédoine par Alexandre , fils de Caflander. Il
eut une partie de ce royaume ; mais il en fut chaffé par
Demetrius Poliorcète, fon beau-frere , qui vouloit ce
royaume entier ; ck pendant quelques années , il fit la
guerre , tantôt avec fes feules forces , & tantôt avec le fe-
cours de Lyfimachus, de Ptolomée & de Seleucus qui le
mirent en état de conquérir toute la Macédoine; mais il
n'y régna guères , & les la Macédoniens fe donnèrent à
Lyfimachus. Pyrrhus fe rendit enfuite en Italie , au fecours
des Tarentins contre les Romains ausquels il donna
deux batailles; de-ià il parla dans la Sicile & fut contraint
de fortir 6k de fe retirer dans fes états qu'il reconquit
fur Antigonus , fils de Demetrius , qui les avoit envahis.
Enfin Cléonyme , fils d'Areus , l'ayant prefle de paffer
dans le Péloponnefe , pour s'y oppofer aux entreprifes
d'Antigonus , il s'y rendit 6k fut tué dans Argos , après
un régne d'environ vingt-trois ans.
§. 7. Suite & fin du
de Macédoine.
C'efl: vers ce tems qu'il faut mettre les courfes des
Gaulois dans la Thrace 6k dans la Grèce. Paufamas en
décrit trois (a). Dans la première , ils entrèrent dans la
Thrace, conduits par Cambaules, y firent du butin , & le
retirèrent. Dans la féconde , ils fe partagèrent en trois
corps. Les uns , commandés par Cerethrius , coururent
Tome III. Bb
GRE
194
la Thrace. Brennus &: Acichonus menèrent les autres
-dans la Pannonie ; les autres ^enfin , avec Belgius , fe
jetterent.fur la Macédoine & l'Illyrie. Les Macédoniens
oierent faire tète à ces derniers ; mais ils furent battus , &
Ptolomée Ceraunus périt dans cette occafion , l'an du
monde 3705. Ce prince étoit fils de Ptolomée, fils de
Lagus , qui ne lui avoir donné aucune part au royaume
d'Egypte , & lui avoit préféré Ptolomée-Philadelphe,
fan cadet , à qui il avoit remis la couronne de fon vivant.
Sa mère étoit Er.ridice , fille d'Antipater. Il palTa dans la
Grèce, s'attacha à Lyfimachus , &r ce fut lui qui, pour
venger fa mort, tua Seleucus à Lyfimachie. Cette ven-
geance lui acquit l'amour des peuples. Il fut roi de
Macédoine à la place de Seleucus. Il défendoit ce
royaume contre les Gaulois , lorfqu'il fut tué , après un
an & cinq mois de règne. Il s'étoit accommodé avec
Antiochus Soter , fils de Seleucus, avec Eumenes,avec
Antigonus, fils de Demetiïus, & avec Pyrrhus à qui il avoit
donné fa fille en mariage : pour lui il avo:t épouie Arfinoé fa
feeur y veuve de Lyfimachus (b). fclle avoit deux fils de
fon premier mari ; lavoir, Lyfimachus âgé de ieize ans,
& Philippe âgé de treize. Apres les noces il fit mourir
les deux enfans , & exila leur mère dans l'ille de Samo-
thrace. Il mourut , comme nous avons dit., en combattant
contre les Gaulois : Méléagre, fon frère ckfon fucceffeur,
régna à peine deux mois ; Antïpater, fils de Caffander,
prit enfuite la couronne , ik n'en jouit que quarante-
cinq jours. Softhene , fur l'origine duquel Juftin n'eft pas
bien d'accord avec lui-même , foutint par fa valeur le
royaume de Macédoine. On lui décerna le diadème :
il le refufa , & fe contenta du généralat. Il fut tué ou
vaincu par les Gaulois , peut-être la même campagne.
La Macédoine auroit voulu fe donner à Pyrrhus ; mais
fes befoins demandoient qu'il s'y rendît d'abord pour la
défendre ; il étoit alors occupé à conquérir la Sicile ,
à quoi il ne put réuflir, comme nous avons dit au §. 6.
Antigonus Si Antiochus Soter prétendoient tous deux à
la Macédoine , comme à un bien que leurs pères avoient
poffédé. Antiochus étoit fils de Seleucus , qui l'avoit
envahie fur Lyfimacus ; 8c Antigonus étoit fils de Deme-
trius Poliorcète , à qui Lyfimachus l'avoit enlevée. On
le furnommoit Gonatas, àcaufe de la ville de Gone, en
Theffalie , où il avoit été élevé. C'eft par ce prince que
la couronne de Macédoine rentra dans la famille de De-
métrius Poliorcète , pour n'en plus fortir jusqu'à la con-
quête des Romains. Voici quelle fut la poftérité de De-
merrius. * (a) In Phocic. Jujlin. 1. 24 , & Dexippus,
in Colleft. Scaliger. Q>) Jujlin. I. 24.
Il eut une fille , nommée Stratonice , mariée, comme
nous avons dit, à Seleucus Nicanor , à la cour duquel
il mourut, & un fils , nommé Antigonus , furnommé Go-
natas, qui fuccéda à Antipater, fils de Caffander. An-
tigonus Gonatas, ou Antigonus I, régna quarante ans, Se
laiffa un fils Demétrius II , qui régna dix ans , & un
fils -naturel , nommé Alcyonée. Philippe II , fils de De-
métrius II , n'avoit que dix ans , lorsque fon père mourut.
Sa mère Phthia époufa Antigonus II , fils d'Alcyonée.
Ce coufin , beau-pere & tuteur du jeune roi , étant mort
au bout de fix ans , Philippe II fuccéda & régna qua-
rante-deux ans. Un an avant fa mort , il avoit fait périr
Demétrius , fon fils aîné. Son autre fils Perfée lui fuc-
céda , & après un régne d'onze ans , fut fait prifonnier
par les Romains qui fubjuguerent la Macédoine. De-
puis ce tems il n'eft plus queftion de ce royaume.
§. 8. Suite &fin du royaume éTEpire.
Les Romains étoient déjà maîtres du royaume d'Epire ;
mais pour mieux connoître quelle fut la fin de ce royaume,
il faut reprendre les chofes de plus haut. Nous avons
marqué que Pyrrhus fut tué à Argos. Il faifoit alors la
guerre contre Antigonus-Gonatas (a). Alexandre, fils &.
fucceffeur de Pyrrhus au royaume d'Epire , voulant ven-
ger la mort de fon père, attaqua la Macédoine, croyant
profiter de l'abfence d'Antigonus qui étoit occupé ail-
leurs. Il s'en empara en effet ; mais Demétrius , fils du
roi abfent , quoique jeune , raffembla les troupes , reprit
la Macédoine, & chaffa Alexandre de l'Epire. Ce prince
s'enfuit dans l'Acarnanie , & avec le fecours de fes al-
liés & de fes fujets qui le regrettoient beaucoup , il trouva
. le moyen de rentrer dans fes états où il mourut. Les
GRE
Grecs avoient apporté d'Ah'e une contagion dans les
mœurs : plufieurs fouverains avoient donné à Alexan-
dre , roi d'Epire , un exemple qu'il ne fuivit que trop.
Sa fœur Olympias étoit en même tems la femme. Il
avoit de ce mariage inceftueux deux fils , Pyrrhus &C
Ptolomée , & une fille nommée Phthia. Olympias fe
voyant veuve , s'adreffa à Demétrius II , qui réçnoit
alors en Macédoine , &£ lui donna fa fille Phthia en ma-
riage , afin de l'attacher à ks enfans dont elle étoit.tu-
trice. Demétrius (b) avoit déjà une autre femme , nom-
méeNicée, fœur d'Antiochus , roi de Syrie ; mais il la
lui renvoya, &£ fe brouilla avec ce prince par ce ma-
riage , qui en récompenfe lui attira Faffe&ion des Epi-
rotes. Les Etoliens , peuple voifin , qui confervoit en-
core fa liberté, ayant eu befoin du fecours d'Alexandre,
père des deux pupilles, lui avoient cédé pour récompenfe
une partie de l'Acarnanie : ils prirent le tems de la mi-
norité de fes enfans pour s'en reffaifir ; &c ce fut pour
être plus en état de leur réfifter, qu'Olympias, reine ré-
gente,s'étoit affurée de l'alliance deDemetrius. Les A.car-
naniens ne comptant pas beaucoup fur les Epirotes , &
ne voulant pas retomber fous la domination des Eto-
liens , fe jetterait entre 'les bras des Romains , dont la
république avoit déjà fait de grands progrès. De-là vint
la guerre d'Etolie , qui donna entrée aux Romains dans
la Grèce. Ils étoient eux-mêmes trop occupés de la
guerre que leur faifoit Annibal , pour être d'un grand
fecours auxAcarnaniens ; auffi les Etoliens (c) firent-ils
d'abord peu de cas des ambaffadeurs que Rome leur
envoya. Olympias (d) remit l'état à fon fils Pyrrhus,
dès qu'il fut en âge ; mais il vécut peu , &: fit place à
fon frère Ptolomée, qui peu après mourut auffi de ma-
ladie , comme il marchoit à la tête d'une armée contre
fes ennemis ; & Olympias , leur mère , mourut de cha-
grin de les avoir perdus. Il y avoit trois filles ; favoir,
Neréïs, mariée àGêlon, fils du roi de Sicile; Laodamie,
qui fut tuée par le peuple , auprès de l'autel de Diane,
qu'elle avoit choifi pour afyle. Nous avons dit que
Phthia avoit époufé fucceffivement Demétrius II , &C
Antigonus II , rois de Macédoine ; ainfî Philippe II,
fils de cette princeffe & de Demétrius , devoit naturel-
lement fuccéder. Cependant le royaume d'Epire ne fè
releva plus ; il effuya , dit Juftin , tous les malheurs de
la famine , caufée par la fterilité de la terre , & toutes
les horreurs des difeordes inteftines ; la nation ne fut
pas bien loin de fe voir entièrement exterminée par les
armes des étrangers. Les Etoliens y firent de grands ra-
vages (e) , l'an du monde 3766 ; ils renverferent le tem-
ple de Ûodone. Les R.omains délivrés de la féconde
guerre Punique , y vinrent à leur tour , en firent une Co~
litude ; St au rapport de Polybe , dans un livre que nous
n'avons plus , mais qui eft cité par Strabon, /. 7, p. 322,
le feul Paul-Emile en détruifit foixante-dix villes. * (a)/tf-
fiin.l. 26. (t) Ibid. 1. 28. O Ibid. I.27. (ï)Ibid.\. 28.
(e) Polyb. 1. 5, c. 9; & 1. 9, c. 29.
Il nous refte à parler du royaume de LacJdJmone, &
de la république des Achéens , pour arriver au cinquième
âge.
§. 9. Suite & fin du royaume de Lacédémone.
Nous avons vu que les Lacédémoniens ne voulurent
point contribuer à l'expédition d'Alexandre le Grand
contre Darius , & quelle fut en cela leur politique. Les
fucceffeurs de ce conquérant tâchèrent plus d'une fois de
s'approprier la Laconie , (c'eft ainfi que l'on appelloit le
pays de Lacédémone,) parce que , fans cette conquête
ils ne pouvoient faire celle du Péloponnefe. Demetrius-
Poliorcete , dont nous avons déjà tant parlé , s'étant
rendu maître d'Athènes , voulut auffi fubjuguer les La-
cédémoniens : il affiégeoit déjà leur ville , & avoit battu
Archidamus , leur roi , lorsqu'il fut obligé de voler vers
la Macédoine où Pyrrhus étoit entré : cela donna quel-
que relâche aux Lacédémoniens. On a vu que Pyrrhus
paffa enfuite en Italie , & de-là en Sicile , d'où les ar-
mes des Romains le chafferent également : il revint fort
à propos en Epire , pour délivrer ce royaume de l'ufur-
parion d'Antigonus , fils de Demétrius , qui avoit profité
de fon abfence pour s'en emparer.
(a) Les divifions qui régnoient fouvent à Lacédémone,
étoient alors très-aigries , &£ peu s'en fallut que Pyrrhus
n'en profitât pour l'affujettir, Cléomene, l'un de fes rois,
GRE
mourut après un régne de foixante ans ck dix mois , au
rapport de Diodore de Sicile, Ôk dans le tems que De-
metrius de Phalere étoit gouverneur d'Athènes. Cléo-
mene laiffa deux fils , Acrotate & Cléonyme. Le pre-
mier mourut avant fon père , & laiffa un fils , nommé
Arée. Après la mort de Cléomene , Arée & Cléonyme
fe disputèrent la couronne, Ôk l'affaire fut décidée par
le (énat en faveur d'Arée. Mais on craignoit que fon
concurrent n'entreprît quelque chofe contre la républi-
que : on le dédommagea par des honneurs éclatans, ck
en lui donna les emplois les plus confidénibles. On lui
conféra le commandement des troupes qu'on envoyoit
en Italie, pour lécourir les Tarentins, qui étoient alors
en guerre contre les Lucaniens & les R.omains. Il défit
ces premiers , & prit Tarente , qui , quoique colo-
nie de Lacédémone , avoit renoncé à l'alliance des
Lacédémoniens. L'année fuivaure , (452 de Rome,
félon Diodore ,) l'an du monde 3682, le confiai C.
Emilius s'étant rendu maître de la ville de Salente ,
les Romains battirent Cléonyme fur mer, & la flotte
errante fur les flots n'y fubfifta que de pirateries : elle
arriva enfin fur la côte du golfe Adriatique du côté
du Padouan , où elle fut très- maltraitée. Cléonyme
que Tite-Live , /. 10, appelle par erreur1, roi de
Lacédémone , eut bien de la peine à ramener dans fa
patrie la cinquième partie de les troupes. Il y refta pen-
dant plufieurs années , toujours aigri de l'injuftice qu'il
prétendoit que le fénat lui avoit faite en faeur d'Arée.
Mais il fut encore plus fenfible à un nouvel affront qu'il
reçut. Il avoit époufé Chelidone ; "k fon neveu Acrota
tus, fils d'Arée., qui en étoit devenu amoureux, s'infirma
iî bien auprès d'elle , qu'il en obtint lès dernières faveurs.
Cléonyme , à qui ce commerce ne put être caché , prit
le parti de ne plus dilfimuler fon reffentiment (b) ; il eut
recours à Pyrrhus qui venoit de reprendre l'Epire en-
vahie par Anngonus , & rengagea à porter fes armes
dans la Laconie , l'an 481 de Rome , du monde 571 1.
L'année fuivante Pyrrhus entra dans cefe province; peu
s'en fallut qu il ne s'emparât de Lacédémone , qu'il
trouva dégarnie de troupes ; mais les habitans prirent
les armes , & le chafferent. Ce prince marcha vers Ar-
gos , où Àntigonus fon ennemi le trouva aiiflï : tandis
qu'ils combattotent , une femme lui jetta une tuile fur la
tête . & le tua. Acrotatus , ayant fuccédé à fon père Arée,
qui fut tué près de Corinthe (c) , fut aufli tué lui-même
à une bataille près de la ville de Mégalopolis , par le
tyran Ariftodeme, & laiffa fa femme enceinte. Elle eut
un fils dont Léonidas , fils de Cléonyme , eut la tutelle.
Cet enfant étant mort en bas âge , la couronne tomba
à ce tuteur, dont les mœurs ne convenoient pis trop
à celles des Lacédémoniens. L'autre branche des rois
Euripontides avoit alors fur le trône Agis, jeune prince
de vingt ans. Perfuadé que la décadence de Lacédémone,
ne venoit que de ce que les loix de Lycurgue étoient
négligées, il voulut les faire revivre. Un long efpace
de tems les a-voit presque infenfiblement abolies. Il ofa
commencer par le partage des terres. Les plu; puiffans
de la ville, & Léonidas, fon collègue, s'y oppoferent :
il ne fe rebuta point ; & foutenu par les confeils de Ly-
fandre , l'un des éphores, il perfifta dans fon entrepriiè.
Cet éphore même cita le roi Léonidas , devant les ju-
ges, qui le privèrent de la couronne , ck la mirent fur
la tête de Cléombrote , fon gendre. Léonidas croyant
fa vie en danger , après cette révolution , fe fauva dans
le temple de Minerve, & s'éloigna enfuite pourfe met-
tre à couvert. D'au res éphores fuccéderent à -ceux qui
avoient condamné Léonidas , & fient citer devant leur
tribunal Lyfandre, & les autres partifans d'Agis , pour
y rendre compte de leur conduite. Les deux rois fe ren-
dirent en perfonne à l'affemblée , accompagnés d'une
nombreufe fuite , cafferent ces éphores, & en fubftitue-
xent d'autres qui étoient dans leur parti , & entr'autres
un certain Agéfîlas , homme fort riche en fonds de ter-
res , mais en même tems perdu de dettes. Ce nouvel
éphore fongeant à fes intérêts particuliers , infirma adroi-
tement à Agis, qu'il devoit faire publier quelques loix
pour le foulagement du peuple , avant que d'en venir, à
celle qui ordonnerait le nouveau partage des terres. Agis
le crut ; mais lorsqi'après la publication de ces nouvel-
les loix , il fut queftion du partage des terres , fl n'y eut
point d'adrelle dont cet Agéfilas ne fefervît, pour eu
GRE i9S
éluder l'exécution. Agis perdit ainfi la confiance du
peuple : fes ennemis, qui avoient leur cabale faite, rap-
pelèrent Léonidas^ de fon exil , & le rétablirent fur le
trône. Agis & Cléombrote furent à leur tour réduits à
fe réfugier dans les temples. On fit grâce de la vie à
Cléombrote , en faveur de fa femme Chelidone, fille de
Léonidas. Il en fut quitte pour un bannifîement , où fa
femme le fui vit, malgré fon père , qui tâcha de l'en dé-
tourner. Les éphores corrompirent les amis d'Avis : il
fortoit quelquefois du temple pour aller aux bains , ac-
compagné de quelques pet tonnes de confiance; ceux-ci
l'e .traînèrent dans la prifon, où la faction de Léonidas
après une espèce d'interrogatoire , le fit étrangler. Son
aïeule & fa mère averties^ qu'il étoit en prifon, y ac-
coururent , & eurent le même fort. Archidamus fon
ffere , fe fauva. Agiatis , femme d'Agis , étoit une des plus
riches & des plus belles perfonnes du pays. Elle avoir un
fiis qui fut nommé Eurydamas ; Léonidas la fit épou-
fer à Cléomene , fon fils , qui étoit encore fort jeune.
Elle plut infiniment à ce nouveau mari qui fe raifoit
un plaifir de lui entendre parler d'Agis ck de fes des-
feins. Léonidas étant mort quelque tems après , Cléo-
mene monta fur le trône, vers Fan de Rome 579, du
monde 3749; c'étoit un tempérament bouillant & plein
de feu, fier, brave , ck né pour la guerre. LesAchéens
étoient alors très-puiffans. Lacédémone avoit, depuis
quelque tems, été dans leur alliance ; Cléomene s'en
détacha pour prendre le parti des Etoliens. Les Achéens
bien appuyés par le roi de Macédoine , Antigonus II
beau père & tuteur de Philippe, fils de Deme°trius &
par d'autres puiffances, firent la guerre à Cléomene.' La
quinzième année de fon régne, il leur donna bataille à
Sellafia (d) ,dans la Laconie, _& fut vaincu : on le pour-
suivit à Lacédémone, où ne fe croyant point en sûreté
il l'abandonna à la difeétion de fes ennemis & fe re-
tira en Egypte , auprès de Ptolomée-Evergete , qui le
reçut affez bien ; mais Ptolomée-Philopator, qui lui fuc-
céda peu après , n'eut pas les mêmes égards pour Cléo-
mene. Il le fit arrê-er par le confeil de Sofibius , fon
premier mtniftre. Cléomene s'échappa de la prifon par
ftraragême , fortit avec treize amis , courut les rues
d'Alexandrie , y exhortant le peuple à fe mettre en li-
berté ; & perfonne ne fe joignant à.lui, (es treize com-
pagnons , ck lui , fe tuèrent les uns les autres ; pour lui
il le perça de fon épée, trois ans après fon arrivée en
Egypte. (a) Dïodor. Sicul. I. 20. Paufan. in Lacon. &
Plut.irch. in Agi & Cleom. (b) Plut.irch. in Pvrrho
(c) Piutarch. in Agi & Cleom. (?) Plutarch. ibid. ck
Polyb. 1. 5.
Les alliés des Achéens , étant maîtres de Lacédé-
mone, lui rendirent fa liberté & l'es privilèges. On donna
à Cléomene, pour fucceffeur, un certain Agéfipolis. Eu-
rydamidas , fils d'Agis, quoiqu'etffant (a), avoit ré^né
quelque tems conjointement avec Cléomene. Mais if rut
empoifonné par l'ordre de ce roi qui mit en fa place
Epiclidas , fon propre frère , qui périt dans la bataille
de Sellafia , félon Paufanias. Ils étoient fils , l'un S: l'au-
tre , de Léonidas , & petits-fils de Cléonyme. La mo-
narchie de Sparte finit avec Cléomene (>>V, car Agéfipo-
lis, fon fuccelleur , régna peu. Les Lacédémoniens fu-
rent fucceflîvement la proie de trois tyrans , Lycurgue ,
Machanidas & Nabis qui chafferent Agefîpolis de la
ville. Ce prince prit le parti d'aller à Rome , implorer
le fecours de cette république , qui commençoit à de-
venir l'arbitre de la Grèce ; mais il fut tué en chemin
par les pirates. Nabis dit tué par les Etoliens , & Ma-
chanidas par Philopcemen , général des Achéens , qui
marcha contre Lacédémone, la prit, en chaffa les Eto-
liens, aiTujettit les Spartiates, abo'it leurs loix, & ruina
les murailles de leur ville (c). Ainfi finit le royaume de La-
cédémone ; ce pays fe perdit dans la ligue "des Achéens ,
avec qui il paffa , dans la fuite , fous la domination des
Romains. * (^)Paufan. 1. 2 , c. 9. (b) Ibld. 1. 4, c. 29.
(c) Polyb. excerpt. Légat, c. 49.
§. 10. De la ligue des Achéens , & celle des Etoliens.
J'ai déjà expliqué , dans l'article de PAchaïe PRO-
PRE, qui étoient originairement les Achéens, &j'ën ai
parlé affez au long fur le témoignage de Paufanias , de
Polybe ck de Strabon, C'étoit 'la poftérité d'Achïus ,
Tomt III. B b ij
i96 GRE
arriere-petit-fils de Deucalion : elle le retira dans la par-
tie méridionale du Péloponnèfe , où elle demeura jus-
qu'au retour des Hérachdes , qui l'en chafîerent : elle
pafla alors dans le pays des Ioniens qu'elle força de le
lui abandonner : ceux-ci paflerent enlùite en Ane, avec
le fils cfOrefte : l'Ionie demeura aux Achéens , qui lui
donnèrent le nom A'Achaie.
■ Ce peuple eut lés rois, 6k après l'extinction de la fa-
mille royale , prit, comme les autres, le parti de lé gouver-
ner en republique. Il fut entraîné par le torrent , comme
tout le refte du Péloponnèfe , dans le tems que les
républiques de Lacédémone , d'Athènes 6k de Thè-
bes fe difputoient la primauté. Avec elles il fucomba
fous la puifïance des Macédoniens ; mais il profita des
régnes foibles & tumultueux des premiers fucceffeurs d'A-
lexandre le Grand , & vers le tems que Pyrrhus , roi d'E-
pire , pafla en Italie , dit Polyb , /. 2, les Achéens jette-
rent les fondemens d'une république qui fut le dernier
effort de la liberté des Grecs. Les peuples de Dyme , de
Patras , de Tritée & de Phares firent enfemble une
étroite alliance , dans laquelle plufieurs autres peuples en-
trèrent. Ils établirent pour toutes les affaires communes
un fecrétaire 6k deux préteurs , qui étoient alternative-
ment pris des villes de l'union. Vingt-cinq ans après, ils
jugèrent àpropos de n'avoir plus qu'un feul préteur. On le
créoit vers le tems que la conftellation des Pléiades com-
mencent à paroître, comme Polybe, /. 5, le rapporte;
6k il dit que le premier de ces préteurs , lorfque leur
nombre eut été réduit à un feul, fut un certain Marcus
de Caryne , 6k qu'il y avoit quatre ans qu'il étoit dans
ce pofte , lorfqu'Aratus de Sicyone commença d'acquérir
une grande réputation. Il faut donc, dit le P. Pétau,
Ration, temp. que cette republique ait commencé lai
dernière énnée de la 1 24e Olympiade qui revient à la
473 e de la formation de Rome, 6k à l'an du monde 3703 ;
car l'année fuivante Pyrrhus pafla en Italie. Il remarque
ailleurs que le royaume de Pergame 6k la république
des Achéens commencèrent à-peu-près dans le même
tems.
La valeur d'Aratus de Sicyone contribua beaucoup à
l'aggrandiflement de cette république. Ce jeune guerrier
n'avoit que vingt ans , lorfqu'il commença à fe rendre re-
doutable , la quatrième année de la préture de Marcus
de Caryne , la onzième de la première guerre Punique , 6k
la vingt-neuvième depuis la naiflance de cette republi-
que. Son premier deflein fut de rendre la liberté à toutes
les villes de la Grèce , dont la plus grande partie étoit
opprimée par des tyrans , ou par des garnifons Macédo-
niennes ; il commença l'exécution de ce grand projet
par fa propre patrie , délivra Sicyone de la tyrannie de
Nicolas qu'il en chafla , 6k fit recevoir cette ville dans
la ligue des Achéens , l'an 501 de la fondation de Rome,
l'an du monde 373 1. Plus de cinq cens exilés étant reve-
nus à Sicyone , redemandèrent les biens dont ils avoient
été dépouillés : Aratus , fur leurs plaintes , paflaen Egypte ,
ck tira de Ptolomée-Philadelphe cent cinquante talens ,
avec lefquels il fatisfit à leurs juftes demandes. Huit ans
après il fut élu préteur de la république d'Achaïe ; 6k
après un an d'intervalle , il eut une féconde fois le même
honneur. Ce fut dans le tems de cette féconde préture ,
qu'il mit Corinthe en liberté , en chaflant de la forterefle
la garnifon .Macédonienne qui y étoit commandée par
Perfée le Stoïcien. Plufieurs villes fuivirent cet exemple ,
6k entrèrent clans la confédération , vers l'an 511 de la
fondation de Rome. Lacédémone avant Cléomene étoit
aufli entrée dans cette fociété à laquelle elle demeura
ïnviolablement attachée jufqu'à ce qu'il l'en retira , 6k
la fit entrer dans ligue des Etoliens , autre confédéra-
tion oppofée à celle-ci. * Plutarch. in Arato. Paufan.
Corinth.
La vue des Achéens étoit de ne faire qu'une feule
république de toutes les villes du Péloponnèfe. Ils avoient
toujours fonhaité avec beaucoup d'ardeur l'exécution de
ce grand deflein , 6k Aratus les y encourageoit tous les
jours par (es exploits. Les rois de Macédoine , dont ce
projet bleflbit les intérêts , nefongeoientqu'àle traverfer ;
& c"eft par cette raifon qu'ils mettoient , autant qu'ils pou-
voient , des tyrans dans la plupart des villes ; ou bien ils
donnoient à ceux qu'ils y trouvoient déjà établis , des
troupes pour s'y maintenir. Aratus mit toute fon applica-
tion à chaiïer ces garnifons par la force , ou à engager
GRE
par la douceur les villes à fe joindre à la grande alliance i
fa prudence 6k fon adrefle ne contribuèrent pas peu à
l'exécution de fon projet.
Dès le vivant d'Antigonus-Gonatas fils , de Demetrius-
Poliorcete , il avoit fait prendre ce parti à plufieurs vil-
les , entr' autres , à Sicyone dont il avoit chaflé le tyran ;
& à Corinthe d'où il avoit mis en fuite la garnifon
Macédonienne ; Antigonus étant mort , 6k Demétrius ,
fon fils , n'ayant régné que dix ans , Aratus renouvella tous
fes foins pour remettre la Grèce dans fon ancienne liberté.
Il commença par l'Attique qu'il délivra du joug des.
Macédoniens, ayant gagné par des prefens considérables
Diogène quien étoit gouverneur. Il délivra enfuite Argos,.
Hermione, Phliafie 6k plufieurs autres villes dont les tyrans
fe rendoient eux-mêmes , de peur d'être prévenus par le
peuple , 6k recevoient l'alliance des Achéens.
Les Etoliens , ck Cléomene , roi de Lacédémone ,'
s'oppoferent à la rapidité de ce torrent , 6k traverferent
les defleins d'Aratus. Les premiers le firent fecrettement ,
6k y employèrent tous les artifices imaginables ; mais
Cléomene prit les armes , battit plufieurs fois Aratus 6k
les autres généraux des Achéens. Peurfe rendre le maître
de faire cette guerre comme il lui plairoit , il fupprima les
éphores , renferma toute l'autorité dans fa feule perfonne,
rétablit l'ancienne discipline de Lacédémone , la dixième
année qui fut la 518 ou 529 de Rome : n'y ayant plus
rien au dedans qui pût lui faire de la peine , il fe donna
tout entier à la guerre contre les Achéens. Ceux-ci fe
trouvant trop foibles , ck fe voyant prefles par Cléomene
qui les avoit défaits plufieurs fois , rélblurent , par les
confeils d'Aratus qui n' étoit plus en état de fupporter les
fatigues de la guerre , d'appeller les Macédoniens à leur
fecours. La Macédoine étoit alors gouvernée par Antigo-
nus II , qui gouvernoit en qualité de tuteur de Philippe II,
fils de Demétrius , comme nous avons dit.
Pour cimenter cette alliance , ils cédèrent aux Macé-
doniens la forterefle de Corinthe , 6k déclarèrent Anti-
gonus généraliflîme de toute la Grèce , tant par mer que
par terre. Cette confédération donna aux Achéens les
Macédoniens , les Epirotes , les Phocéens , les Béotiens ,
les Arcadiens 6k les Theflaliens. Antigonus partit à la tête
d'une puiflante armée. Cléomene s'avança pour lui disputer
le paflage de l'ifthme ; mais ayant appris que la ville d'Argos
avoit abandonné fon parti , il prit la réfolution de fe
tenir fur la défenfive dans fon propre pays. Les Macédo-
niens entrèrent donc dans le Péloponnèfe, 6k l'an 535
de Rome fe donna la bataille de Sdlafia. qui fut fuivie
de la fuite de Cléomene en Egypte , où il périt , comme
nous l'avons rapporté, §. 9. Antigonus donna la paix à
toute la Grèce , 6k fe retira , dit Polybe , /. 4. Un des
principaux articles du traité fut que les Etoliens ne pour-
roient faire entrer aucunes troupes dans l'Achaïe. Après
fa mort, fon pupille Philippe , qui n'avoit pas dix-fept ans,
monta fur le thrône. Il promettait beaucoup ; mais la
flatterie le corrompoit. Les Etoliens mépriferent fa jeu-
neflè ; 6k fe laflant d'une paix qui ne leur permettoit pas
d'exercer leurs brigandages , ils la violèrent ; commen-
cèrent par'ravager les terres des Mefleniens qui étoient
alors leurs alliés. Dorimachus (a) 6k Scopas comman-
doient les Etoliens. Aratus 6k les. Achéens les conjurè-
rent en vain de cefler leursjioftilités dans le Péloponnèfe ,
6k d'en retirer leurs troupes. On en vint à une rupture ,
l'an de Rome 534. La première bataille fe donna près
de Caphyes , ville d'Arcadie (b) , 6k les Achéens y
furent battus. Les Etoliens fiers de ce fuccès , continuè-
rent de ravager le Péloponnèfe. Les confédérés de la
ligue des Achéens , dans laquelle les Mefleniens venoient
d'entrer , appellerait Philippe à leur fecours ; 6k ce
prince à la prière , de tous ces peuples , déclara la guerre
aux Etoliens. On la nomma la guerre des alliés , fociale
bcllum. Elle commença l'an 534 de Rome , du monde
3764, lor/qu'Aratus étoitpréteur des Achéens. (a) Diodor.
Excerpt. Valef. Q>) Polyb. 1. 4.
Vers l'équinoxe du printems de la même année , qui
étoit la faifon où les préteurs de l'Achaïe entroient
en charge , Aratus le jeune fut mit en place au lieu de
fon père , 6k Philippe prit la réfolution de faire la guerre
aux Etoliens. Dans le même temps les Romains , fous la
conduite du coniùl Emilius ,fepréparoientà faire la guerre
à Demétrius Pharius roi d'Illyrie , qui étant vaincu, cher-
cha un afyle auprès de Philippe. Lycurgue qui , après la.
GRE
GPvE
197
mort de Cleomene s'étoit mis fur le trône de Lacédé-
mone , fit alliance avec les Etoliens , Se fe mit à rava-
ger le pays des Ache'ens. La guerre des alliés dura trois
ans , .& pendant ce teins Philippe i'e lervit des conteils
d'Aratus. Ses cou'rtifans jaloux de la déférence qu'il avoit
pour ce
que le roi fe refroidit en vers lui ; mais 11 reconnut
tort qu'on lui avoir fait , &: lui rendit ton eftime. Cepen-
dant ayant écouté de nouveau de faux- rapports , il le fit
empoifonner, vers l'an de Rome 541 , du monde 3771.
Cinq ans après la fin de la guerre des alliés , Philippe
s'étoit ligué avec Annibal. La défaite des Romains près
du lac de Traiîmene , lui avoit fait prendre la réiblution
de palier promptement en Italie pour avoir part au butin.
Il fit voile vers l'Illyrie ; mais la crainte qu'il eut des
forces des Romains , l'obligea d'abandonner alors cette
entreprife. L'an de Rome 540 , il leur déclara la guerre ,
&c voulut taire une descente dans l'Illyrie ; mais la mar-
che de Valerius Levinus Pétonna fi fort , qu'il fit retirer
une partie de la Sotte , en brûla le refte , & fe retira par
terte en Macédoine. Levinus, qui vouloir empêcher ce
prince de lui donner fouvent de pareilles allarmes , fe
ligua contre lui avec les Etoliens ; & ce traité fut con-
clu l'an de Rome 541 , du monde 3771. Les nouveaux donner aux Àchéens de féparer de leur corps, non-feu-
confédérés joignirent enfuite leurs forces à celles d'Atta- lement Laccdémone , mais encore Corinthe , Arvos ,
lus , & attaquèrent les Macédoniens &£ leurs alliés Heraclée & Orchomene d'Arcadie. Les ambafiadeurs ex-
dont les Achéens étoient les plus confidérables. Ceux-ci poferent les ordres du fénat ; &r. à peine ils s'éroient ac-
avoient pour général Philopcemen dont Piutarque a écrit quittés de leur commiflion , qu'on vit naître une fédi-
la vie. Ce fut lui qui nettoya Lacédémone du tyran tion, à l'inftiga' ion particulièrement de Critolaiis. On
Machanidas auquel Nabis fuccéda. Les Romains ne purent
foutenir cette guerre avec vigueur : Annibal étoit au
milieu de l'Italie & tenoit toutes leurs forces en échec.
Cela donna lieu à la paix que les Epirotes ménagèrent
entre les Romains , Philippe , & leurs alliés , de part Se
d'autre. Elle fe fit l'an de Rome 549, du monde 377g.
Rome ayant fait la paix avec les Caithaginois , ne garda
lus de meiures avec Philippe , & lui déclara la guerre
metrius & Perfée. Le premier avoit été en otage par
les Romains , & avoit eu le bonheur de leur plaire. La
diviûon s'étant mife entre ces deux frères , Philippe prit
de la haine pour Demetrius , que les calomnies de Per-
fée, & plus encore l'eftime des Romains lui avoit rendu
grand homme , le calomnièrent , & firent fi Bien odieux. 11 le fit mourir, l'an de Rome 574, du monde 3 §04.
- L'année fui vante Perfée monta fur le trône , & conti-
nuant ies defieins de fon père, fit la guerreaux Piomains.
Il fut défait & pris prifonnier la onzième année de fon
régne. Avec lui finit le nouveau royaume de Macédoine,
commencé par Ptolomée Ceraunus , c'eft-à-dire U
Foudre.
Les Achéens tombèrent bientôt dans la fervitude.'
Les Lacédemoniens n'étoient rentrés dans la ligue des
Achéens, qu'à contre- cœur. Ils avoient porté aux Ro-
mains des plaintes contre cette violence : le fénat de
Rome avoit choifi avec joie cette occafion , & il avoit
fouvent interpolé fon interceffion en leur faveur : la trop
grande autorité de ce parti lui donnoit de l'ombrage ;
& pour l'abbaifler , il réfolut de ie divifer fk de remet-
tre toutes les villes de la Grèce dans leur première li-
berté. Enfin , l'an de Rome 606, & du monde 3 -3 6 ,
le fénat envoya des ambafiadeurs en Grèce , pour or-
armes pour maiTacrer tous les étrangers , 8c
fur-tout les Lacédemoniens ; & ils n'auroient pas épar-
gné les ambafiadeurs Romains , s'ils ne fe fufTent fauves.
L'année fuivante, le fénat déclara la guerre aux Achéens.
Le préteur Méteilus le délie en deux batailles ; l'une
auprès de Thermopyles : Critolaiis y commandoit les
Achéens; l'autre dans la Phocide , où Dieus eroit à
leur tête. L'an de Rome 608 , du monde 3S38, le con-
an 554, de Rome, du monde 3784. Lesanciennes injures fui Memmius fe rendit maître de toute l'Achaïe , ôc fit
qu'elle en avoit reçues , & les nouveaux ravages qu'il venoit
de faire fur les terres de fes alliés , en furent un prétexte
plaufïble. Les Athéniens avoient renoncé à l'alliance de
Philippe , & s'étoient mis fous la protection des Romains.
Philippe les attaqua. Titus-Qumtus Flaminius termina
cette guerre au bout de quatre ans , par la défaite des
Macédoniens. La liberté de la Grèce fut le fruit de cette
viftoire. Lucius-Flaminius , frère de Titus-Quintus, battit
en même tems les Acarnaniens. Titus-Quintus tourna
enfuite toutes fes forces contre Nabis-tyran de Lacédé-
mone ; mais il lui accorda la paix après qu'il eut rendu
la liberté à la ville d'Argos : ainfi de toutes les villes de
la Grèce , il n'y eut que Sparte feule qui relia dans l'es-
clavage. L'an de Rome 562. , du monde 3791 , Philo-
pcemen la fit entrer dans l'alliance des Achéens, après la
mort de Nabis qui fut tué par les Etoliens. Ce fut dans
ce tems que les Etoliens fe détachèrent des Romains ,
contre qui ils voyoient fe former une puiiTante ligue dans
l'Orient. Antiochus , roi de Syrie , & Ptolomée roi ,
brûler^ Corinthe , qui en étoit la capitale. Enfuite les dix
députés du fénat abolirent l'afTemblée de la Grèce ,
réglèrent le tribut qu'elle payeroit à l'avenir , & or-
donnèrent que tous les ans on y enverroit un préteur,
pour y rendre la juftice ; & depuis ce tems elle de-
meura fous les Romains. C'eft de cette ligue que le nom
d'AcHAÏE fut donné à la Grèce , fituée hors du Péio-
ponnefe.
§. 11. Remarques générales fur le quatrième âge.
Durant cet âge , la Grèce diminuant peu-à-peu , pro-
duit encore de rems en tems quelques héros , mais rare-
ment plufieurs à la fois. Du tems de la bataille de Ma-
rathon , on avoit vu dans une même année Miitiade^
Themiftocle , Ariftide , & plufieurs autres hommes du
premier ordre ; on voit dans cet âge-ci un Phocion ,
un Aratus , & enfuite un Philopcemen , après qui la
Grèce ne produit plus un héros digne d'elle , comme fit
d'Egypte , s'étoient unis furies espérances que donnoit elle étoit épuilèe. Quelques rois, comme Pyrrhus d'E-
pire, Cleomene de Sparte , les rois de Macédoine , fe
lignaient encore par leur courage ; mais la conduite &C
la morale n'y répondent pas. Il fe trouve encore néan-
moins des philofoph.es célèbres , entr'autres, Théophrafte,
fuccefTeur d'Arifiote ; Xenocrate , fuccefleur de Platon,
& maître de Polémon, dont Cratès fut le difciple. Ce-
lui-ci forma Crantor , qui eut pour élevé Arceiîlaa;,
fondateur de la moyenne académie ; Epicure, difciple
Annibal qui s'étoit réfugié auprès d'Antiochus. Les Eto-
liens envoyèrent à ce dernier une ambaiTade ; mais ce prince
ayant été vaincu par les deux Scipions, l'an cle Rome 564,
du monde 3794, fa défaite en traîna celle des Etoliens. L'an-
née fuivante le conful Fulvius les dompta ; & la même
année , Cneius Manlius , fon collègue , réduifit la Gal-
LOGRECE ou la Galatie dans l'Afie mineure.
L'an de Rome 171 , du monde 3801 , Philopœmen
fut furpris & tué par les Meflèniens. Peu de tems avant de Cratès ; Zenon, fondateur de la fecle des Stoïciens;
fa mort , il avoit forcé les Lacédemoniens de rentrer
dans l'alliance des Achéens qu'ils avoient voulu aban-
donner : pour les punir de leur révolte, il avoit aboli
leurs loix , & raie leurs murailles. Lycortas élevé , ami
& fuccefTeur de Philopœmen, vengea cette mort, &c
força les Meflèniens & les Lacédemoniens à rentrer
dans cette alliance. Ces villes avoient bien de la peine
à s'y foumettre , & fur-tout la dernière, qui comptoit
beaucoup fur la proteftion des Romains. Ils s'en mêlè-
rent en effet , comme nous verrons dans la fuite.
Cependant Philippe , roi de Macédoine , plus irrité
que découragé de fa défaite, ne fongeoitqu'à s'en ven-
ger , & fe préparoît à la guerre. Il avoit deux fils, De-
Chryfippe SiCléanîhe, qui fuivirent lès fentimens. Str,
ton deLampfaque, Péripatétic.en , fiicceffeur de Théo-
phrafte ; Lycas , fuccefleur de Straton ; Demetrius de
Phalere , forti de la même école : archonte d'Athènes ,
l'an dumonde367'i, & deux ans après , obligé de s'enfuir
chez Ptolomée ; Diogène le Stoïcien diffèrent de Dio-
gène le Cynique ; Critolaiis, Péripatéticien; Carnéade,
Académicien; Lacyde , fondateur de la nouvelle aca-
démie , &c. Entre les poètes, on diftinaue Arafus , qui
a traité de l'adronomie en vers ; Calhmaque , po'éte
élégiaque ; Ménandre , poète comique ; Théocriie,
Bion & Moschus , poètes bucoliques. Timée , hifto-
rien ; Eratofthène , hiftorien 6c géographe , & quel-
io8
GRE
GRE
ques autres acquirent de la réputation par leurs ouvra-
ges.
CINQUIEME AGE DE LA GRECE.
Cet âge commence à l'an de Rome 608 , du monde
3838 , & dure jusqu'à l'empire d'Augufte , l'an de
Rome 724, & du monde 3954. L'intervalle eft de cent
feize ans. Les Romains ne firent pas de grands change-
mens dans les loix municipales des villes de Grèce.
Ils le contentèrent d'en tirer le tribut annuel, & d'exer-
cer la fouveraineté par un préteur. Ce gouvernement
allez doux, pour un pays épuifé par de longues guerres
civiles ; la puiiTance des Romains qui s'étendoit autour
de la Grèce , & affujettiffoit l'Afie peu-à-peu : l'inu-
tilité des efforts qu'on pourroit faire pour reprendre fa
liberté , tout cela retint les Grecs dans la dépendance
des Romains. Les vainqueurs avoient respefté les tem-
ples , & les riches offrandes qui y étoient dépofées ;
ainfi tout fut affez tranquille jusqu'à la guerre de Mi-
THRIDATE. Ce roi avoit chaffé Ariobarzane de la Cap-
padoce, & Nicomede de la Bithynie. Il s'étoit emparé
du royaume de Pergame, où il étoit. De fes deux fils,
l'aîné régnoit paisiblement dans le royaume de Pont &
du Bosphore , qui étoit l'ancien domaine de fes pères ,
& qui s'étendoit jusqu'aux déferts des Palus Méotides.
Le cadet nommé Ariarathes , à la tête d'une grande ar-
mée , faifoit la conquête de la Thrace &C de la Macé-
doine , & fes généraux avec leurs forces remportoient
pour lui des vi&oires considérables en plufieurs lieux.
Archelaiis , le plus confidérable d'entr'eux , avec une
puiflante flotte qui le rendoit maître de la mer , lui
affujettit les Cyclades , toutes les autres ifles qui font
renfermées par le promontoire de Malée , & YEubée
même ; &: s'étant emparé tf Athènes , de-là comme de
fa place d'armes , il couroit par-tout , & faifoit révol-
ter tous les peuples de la Grèce , jusqu'à l'exrrémité de
la Theffalie. II reçut quelque échec près de Cheronée :
Brutius Sura ,' lieutenant de Sentius, qui commandoit
pour les Rornains , dans la Macédoine , s'oppofa aux fol-
dats de Mithridate , qui ravageoient la Béotie ; & ayant
battu en trois rencontres Archelaiis, près de Cheronée,
il le chaffa de la Grèce , & le réduifit à fe renfermer
dans fa flotte , & à fe contenter de la mer. Sylla prit
la place de Brutius Sura , dans le tems que toute la
Grèce étoit dispofée à fe déclarer pour les Romains.
Toutes les villes envoyèrent à Sylla des ambaffadeurs ,
pour l'appeller & pour lui ouvrir leurs portes. Il n'y eut
qu'Athènes , qui, réduite fous le joug du tyran Ariftion,
fut forcée de réfifter. Sylla en fit le liège ; & comme
il manquoit de bois pour les machines , qui étoient fou-
vent brifées par le poids dont elles étoient chargées, il
n'épargna point les bois facrés. Il coupa les belles allées
de Y Académie Se celles du Lycée , qui étoient les plus
beaux parcs qu'il y eût dans les fauxbourgs. Il pilla les
tréfors facrés des temples à'Epidaure , A'Olympie , de
Delphes , &tc. auxquels ni Flaminius ni Paul-Emile , ni
les autres capitaines Romains , n'avoient ofé toucher.
Sylla prit enfin la ville d'Athènes où il permit le pil-
lage & le carnage à la difcrétion du foldat. * Plutarch.
- in Sylla.
Sur ces entrefaites Taxile , autre général de Mithri-
date, arrivé de Thrace &C de Macédoine, avec une ar-
mée de cent mille hommes de pied , de dix mille che-
vaux & de quatre-vingt-dix chariots armés , écrivit à
Archelaùs de le venir trouver. Sylla décampa, & alla
dans la Béotie : ayant été renforcé par Hortenfius , il
livra bataille aux Barbares ; &c malgré l'infériorité du
nombre , il les mit en déroute. Après la défaite d'Ar-
chelaus , il eut , peu de tems après , le même fuccès con-
tre Dorilaùs , nouvellement arrivé avec des troupes fraî-
ches. Cette féconde bataille fe donna à Orchomene. La
paix qui fui vit ces deux victoires , rendit la Grèce & la
Macédoine aux Romains. Cette guerre arriva l'an de
Rome 668, & du monde 3898.
La Grèce (buffrit beaucoup des GUERRES CIVILES
de Jules-Célàr & de Pompée. Ce fut chez elle qu'une
partie de leurs querelles fe décida. Mais elle eut cela
de commun avec toute la république Romaine. Elle ne
recouvra un élat bien tranquille qu'après les guerres qui
firent paffer l'empire entre les mains d'Augufte.
Remarques fur cet âge'4.
Le cinquième âge fut affez ftérile en grands hom-
mes_ pour la Grèce. On y trouve pourtant Métrodore,
phifoibphe Sceptique , aimé des rois Mithridate ce Ti-
grane ; Geminus , lavant mathématicien ; Diodore de
Sicile , hiftorien , & quelques autres. Les feiences avoient
pris leur cours vers Rome & l'Italie , qui produifoit à
ion tour cette foule d'écrivains illuftres , qui ont rendu
immortel le fiécle d'Augufte.
SIXIÈME AGE DE LA GRÈCE.
AUGUSTE , ayant furmonté tous fes ennemis , rendit
au fénat & au peuple Romain une ombre d'autorité. II
partagea avec eux les provinces. Il leur laiffa la difpoli-
tion de celles qui , étant éloignées des frontières de l'em-
pire, n'avoient pas befoin de troupes pour fe défendre;
&il fe réferva celles qui, étant plus expofées, avoient des
garnifons otl des armées , dont il garda pour lui le com-
mandement. La Grèce étant , pour ainfi dire , dans le
centre de l'empire , fut du partage du peuple ; & gou-
vernée par trois préteurs. L'un avoit une partie de YE-
pire , avec toute YIllyrie ; l'autre la Macédoine & une
partie de la Grèce ; le troifiéme YAchaïe, la Theffalie ,
la Béotie , Y Acarnanie & une partie de YEpire , au
rapport d'Onuphre qui met ce partage , Tan 727 de
Rome , fous le feptiéme confular d'Augufte , & le troi-
fiéme d'Agrippa. Voyez Scheljlrate , Antiquit. ecclef.
/. 2.
Sous Adrien , la Grèce fut fubordonnée à l'Illyrie.
Le département d'Illyrie avoit fous lui dix-fept provins
ces; lavoir,
Les deux NoRlQUES,
Les deux Pannonies.
La Valérie,
La Savie -,
LaDALMATIE,
La première MtESIE,
Les deux Dacies,
La Macédoine,
La Thessalie,
L'Achaïe,
La Prévalitane,
L'ifle de Crète.
La féconde Mœfïe , ou la baffe Mcefie , étoit l'une des
fix provinces de Thrace ; mais cet arrangement fut
changé fous Conftantin. Il établit quatre préfets du pré-
toire. Celui d'Illyrie avoit deux diocèfes , lavoir la Ma-
cédoine & la Dacie. Le dernier de ces diocèfes n'a de
rapport avec la Grèce que d'avoir été fous un même
préfet. Sous ce diocèfe de Macédoine , on comprenoit
fix provinces; l'avoir,
L'Achaïe ,
La Macédoine ;
La Crète,
La Thessalie,
L'ancienne Epire,
La nouvelle Epire & partie de la Macédoine
salutaire.
L'autre partie de la Macédoine falutaire étoit de la
Dacie avec la Prévalitane.
Par-tout là , le mot Achaïe ne lignifie pas feulement
le petit pays de l'Achaïe propre , mais encore tout ce
que la ligue des Achéens poffédoit , lorsqu'elle fut fou-
mife aux Romains ; ' ainfi il faut entendre fous le nom
d'Achaïe ,
L'Étolie, ' La Béotie';
L'Atttque, La Locride,'
La Mégaride ; L'Eubée ,
LaPHOdDE, Le Péloponnèse;
& les principales ifles adjacentes.
Ptolomée traite de route-la Grèce en cinq chapitres , 8c
en fait autant de parties ; favoir ,
La Macédoine , L'Achaïe ,
L'Epire, Le Péloponnèse
& la Crète.
GRE
SEPTIEME AGE DE LA GRÈCE.
La diftribution des fix provinces &C !e prétoire d'Illyrie ,
établis par Conftantin , fublifterent jusqu'au régne d'Ho-
norius ck d'Arcadius. Ainfi la Grèce étoit comprife dans
l'Illyrie orientale , ck faifoit partie de l'empire d'Orient.
Theffalonique étoit la capitale de cette Illyrie. Le pape
S. Damafe commit à S. Ascole de Thelialonique le
gouvernement des dix provinces qui compofoient alors
l'Illyrie orientale , pour y exercer fon autorité comme
fon vicaire. C'eft le même S. Ascole qui baptifa l'em-
pereur Théodofe. * Fkury , Hift. Eclef. t. 4, p. 382,
édit. de Bruxelles.
Juftinien, dont les deux pallions dominantes étoient
de faire des loix ck de bâtir , remplit la Grèce de forte-
refies , pour la garantir des courtes ausquelles elle avoit
été fouvent expofée. On peut voir dans Procope , Edifie.
1. 4, c. 2 , 3 & 4, le grand nombre de forts qu'il fit bâtir
de neuf , ou réparer , ck les villes qu'il releva , tant dans
le Péloponnefe ck YAchaie , que dans la Theffalie , VEpire
& la Macédoine. La lifte eft trop longue ck trop lèche pour
l'inférer ici.
Sous l'empire de Michel les ides de Crète ck les Cy-
clades furent envahies par les Sarrafins : ils. s'emparèrent
aufli de la Sicile. Vers l'an 819 , foixante ck trois ans
après , ils prirent la ville de Theffalonique , où ils firent
un grand carnage , fous l'empire de Léon , en 892. Crète
fut reprife fur les Sarrafins , l'an 960 ck 961 , par
Nicephore Phocas , général des troupes de l'empereur
Romain. Dix-huit ans après , fous l'empire de Bafile 6k
de Conftantin , fils de Romain , les Bulgares coururent
ck pillèrent la Thrace , la Macédoine ck la Theffalie.
Neuf ans après , ils recommencèrent leurs courfes , Se
entrèrent dans le Péloponnefe. Les troupes de l'empereur
tombèrent fur eux, ck pillèrent leur camp , l'an 1001.
Bafile reprit fur eux la Servie ck la Theffalie , ck con-
traignit Samuel , leur prince , de fe retirer à l'extrémité de
fes états.
Lorsque les François envahirent Conftantinople en
1204, & proclamèrent Baudouin empereur, l'empire
d'Orient fe trouva dans une confufion ck un trouble
affreux. Tous les officiers fe révoltèrent : les uns fe firent
proclamer empereurs , les autres ufurperent la fouve-
raineté du pays , dont on leur avoit confié la garde. L'on
vît quatre empereurs d'Orient à la fois ; un à Trébifonde ,
un à Theffalonique , un autre à Nicée , enfin celui de Conf-
tantinople. Il y avoit en outre une multitude _de fouve-
rains en Grèce. Henri , frère ck fucceffeur de Baudouin ,
voulut foumettre ces rebelles ; mais comme il n'avoit
pas.affez de force pour y réuffir, il permit aux principaux
feigneurs de fa cour d'armer contre eux , ck leur aban-
donna les conquêtes qu'ils feraient , à condition qu'ils
relèveraient de l'empire. Les Vénitiens , qui avoient aidé
aux François à faire la conquête de Conftantinople,
eurent pour prix de leur fervice la Theffalie, avec une
partie de la Macédoine. Voyant que les François éten-
doient leur domination dans la Grèce , ils conçurent le
projet de les imiter, ck donnèrent aux principaux de
leur nation le même pouvoir que Henri avoit donné à
ceux de fa cour , avec les mêmes promeffes. L'on vit
bientôt les François ck les Vénitiens envahir la Grèce ,
chaffer les Grecs des fouverainetés qu'ils avoient ufur-
pées , s'établir à leur place , fous le titre de despotes.
La nature de ce dictionnaire ne permettant pas de
donner ici les détails hiftoriques de la manière dont
toutes fes principautés furent établies , je renvoie à Pa-
chimere , Chalcondile , de Burigni. Révolutions de
Conftantinople , Sec. èk je me contente d'en donner ici
une hfte , telle que j'ai pu la faire d'après les meilleurs
hiftoriens.
La Macédoine fut en partie cédée aux Vénitiens,
comme nous l'avons dit": le refte fut divifé en despotats.
L'EPIRE , despotac.
Albasi^., despotat.
THESSALIE, royaume. Les Vénitiens le pofféderent
d abord avec une partie de la Macédoine ; mais ils le
cédèrent à Boniface de Montferrat, en échange de Pifle
de Candie ou de Crète.
ACHAÏE , despotat.
Athènes &k Thèbes , duché.
CORINTHE ck NAPOLI, despotat.
GRE ipp
LacÉDÉMONE , duché.
L'Archipel , duché. Il comprenoit les ifies de Naxe>
de Paros, d'Antiparos, de Santorini, de Nio , d'Anqfî,
de Cimolo , de Milo , de Siphanto ck de Polycandro.
L'ifle de Negrepont , despotat.
L'ambition arma tous ces princes les uns contre les au-
tres ; chacun d'eux ne fongeoit qu'à envahir les états defon
voifin : l'on nevoyoit en Grèce, que brigandages, que
viols , que maffacres, que miféres. L'empereur étoit trop
foible pour arrêter ces maux , ck appaifer ces divifions. Les
Turcs en profitoient pour étendre leurs conquêtes : enfin ,
après des coups fouvent redoublés , ils renverferent l'empe-
reur Grec, ck foumirenttoutes ces petites principautés dont
on vient de voir la lifte. Le duc de l'Archipel , après leur
avoir réfifté long-tems , fubit le fort des autres. Les Vé-
nitiens défendirent la Morée ou le Péloponnefe , pendar/f
plufieurs fiécles ; enfin leurs efforts fuccomberent à la
puiffance des Turcs , ck la Grèce entière fait aujourd'hui
partie de l'empire Ottoman.
HUITIÈME ÉTAT DE LA GRÈCE,
ou la Grèce dans son état présent.
On comprend à préfent fous le nom de Grèce plu-
fieurs pays qui n'en étoient pas anciennement; ck comme
nous fommes obligés de traiter de ces pays dans leurs
articles particuliers , il fuftira ici de les indiquer , ck de
marquer en même tems le rapport des noms modernes
avec les anciens.
1. La Romanie, ou Romelie , ou la Thrace
des anciens.
CJamboli; la première ck
SECONDEMACÈDOINEdes
anciens.
La Macédoine propre ; la
| plus grande partie de leur
2. La Macédoine. { troisième Macédoine.
ILe Comenolitari , partie
>de la troisième Macé-
doine ck de laTHESSALIE.
LaLiNlNA, la plus grande par-
V tie de la Thessalie.
(La haute , autrefois la qtja-
I trieme Macédoine, ou
I la partie occidentale de ce
3. L'ALBANIE. \ royaume.
|La basse , autrefois I'Épire.
ILe Despostat , autrefois
V l'Etolie.
fLa Livadie-PROPRE, autre-
fois la Phocid'e , la Do-
ride ck la Locride.
i La Stramulipa , autrefois la
4. La Livadie. i béotie.
Le duché d'ATHÈNES, autre-
I fois I'Attique ck la Mê-
I, GA.RIDE.
5. La Morée ; autrefois le Péloponnèse.
6. L'isle de Candie , autrefois la Crète.
7. Les isles de l'Archipel.
La Grèce eft préfentement divifée pour le gouverne-
ment politique , fous le département de deux bâchas.
Celui de Rumelie , ou Romanie , le dix-huitiéme de
l'empire Turc , eft le plus confidérable de la Turquie en
Europe. Le bâcha fait fa réfidence à Sophie , 6c a fous
lui vingt-quatre fangiacs , lavoir ,
Kiojlendil ou Juffiniana , Delvina ,
Mord ou Morea ,
Uskiup ,
Skenderi ,
Kirkkelifa,
Tirhala y
Ducakin ,
Siliftra,
Wedin,
Nigheboli %
Alagelùfar,
Uchri,
Ser^erin ,
Aulona. ,
Waltchartn ,
Janina,
Bender,
Ilba^an ,
Ahkerman ,
Tchirmen ,
Ou,
Salonica. ou
Theffalonique^
Aiak.
Wire,
GRE
200
"Tous ces fangiacs ne font pas de la Grèce , à beaucoup
près ; mais ils dépendent tous du bâcha de P«.umelie ,
ielon Ricaut , Etat préfent de L'empire Ottoman, t. I ,
1.1, C. 12.
Quoique la Mode , félon le canon ancien , fût fous
la jurisdienon du bâcha de Rumelie , elle en a été déta-
chée & a fait une partie des revenus de la Validé, ou
impératrice , mère du fultan. Elle y avoit un fermier qui
y recevoit les droits , & qui lui en tenoit un compte
exaeft. L'autre bâcha , le dix-neuviéme de l'empire , c'eft
le Cupoutan bâcha , ou , comme les Turcs l'appellent ,
ï 'amiral de la mer Blanche ou de Y Archipel. C'eft lui qui
commande toutes les forces marines du grand-feigneur.
Il a fous lui treize fangiacs ; favoir ,
CRE
Galiwoli , où il réfide ,
Egriku^ ou Negrepont ,
Karluli, _
Ainehachti ,
Rhodes ,
Medilli ou Mitylene ,
Kogia bli,
Betga ,
S Ma,
Meiefira , _
Sakis ou l'ille de Chio
Benckfche , Malvajîa.
Quelques-uns y ajoutent Nicomèdie, Lemnos &C Naxe.
Il faut faire ici la même remarque que nous avons faite
fur le bâcha de Romanie. Depuis que la Grèce eft fous
la domination du grand-feigneur, elle n'eft plus peuplée
comme elle l'étoit autrefois. Il s'en faut bien pourtant
qu'elle foit aufli déferte qu'elle le paroît , à n'en juger que
fur la plupart des cartes. Voici une lifte des habitans qui
cultivoient les ifles de l'Archipel , félon la note qui en
fut donnée au marquis de Fleuri , gentilhomme Savoi-
fien , qui s'étoit propofé de liguer enfemble ces ifles ,
vers l'an 1671, ôt d'y établir une fouveraineté indépen-
dante du Turc.
ISLES.
Habitans.
Santorin ,'
8000.
Polycandro •
1500.
Nio,
1000.
Sichino ,
2000.
Nanfi,
1000.
Eftopalia l
1500.
Nixoro ,
1500.
Pattino ou Pathmos ,
6000.
Andros ,
ï 5000.
zia, ;
4000.
Termia,
3000.
Serfou ,
2000.
Sifanto ,
3000.
Argenteria:
Miïo,
1500.
7000.
Especii,
1000.
Idra,
1000.
Engia,
2000.
Scopolo ,
5000.
Sciladroi ,
600.
San Giorgio de Scbirc
1, 3000.
Pfara ,
800.
Naxe,
7000.
Nicaria,
1000.
Xamos,
10000.
Paros ,
10000.
Antiparos ,'
800.
Micone ,
2000.
Sira,
3000.
Aijo Strati ,_
2000.
Samandrachi,
800.
Schiaro ,
1500.
Simo,
2000.
Zaora ,
3000.
Taffo,
3000.
Cazo ,
5000.
Scarpanto ^
4000.
Scarpantoni ,'
200.
Niffero ,
3O0O.
Piscopia ,
4O0O.
Amourgos,
4000.
Leros ,
3500.
Lindo ,
20OO.
En tout 43 ifles j St
145000 habitans.
On ne comprend dans cette lifte , que ceux qui payent
le charatz ou tribut de capitation. Tous ces habitans font
Chrétiens , du rit grec : il y a aufli quelques Juifs. Autre-
fois le grand-feigneur entretenoit un aga, ou un cadi ,
dans plufieurs des ifles , pour les gouverner Se y admi-
niftrer la juftice. Mais comme ces officiers ont été fouvent
enlevés par les corfaires , il fe trouve peu de gens qui
fe foucient d'accepter des emplois fi dangereux ; ainfi
le peuple fait choix de trois ou de quatre perfonnes des plus
éclairées <k des plus riches pour être leurs archontes ou
magiftrats , ausquelles ils remettent la décïfion de toutes
les affaires civiles. lis agiffent pour toute l'ille , lèvent l'ar-
gent du tribut , qu'iis tiennent prêt pour l'arrivée de la flotte
que le capoutanbachay conduit une fois l'an. S'ilfe commet
un crime capital,- on réferve le coupable jufqu'à l'arrivée
du général de la flotte , qui prononce la fentence , & la
fait exécuter. Les archontes font choiiis tous les ans , à
moins que le peuple ne confirme ceux de l'année précé-
dente ; ce qui fe fait la plupart du tems , parce qu'il y a
peu de perfonnes en ce pays-là, qui ambitionnent de com-
mander.
Voilà pour ce qui regarde les ifles de la Grèce ; à l'égard
de la MorÉE & des provinces de terre ferme , comme
I'Albanie , la Livadie , la Janina, le Comeno-
litari, la Macédoine tk le Jambôli ; on trouvera
fous leurs articles refpeftifs , ce qui regarde l'état préfent ,
& leur ancien état , fous les anciens noms de ces mêmes
pays. Il eft tems de venir enfin à l'églife Grecque.
DE L'EGLISE GRECQUE.
Il ne faut pas confondre l'églife de la Grèce , avec l'églife
Grecque ; ce font deux chofes très-différentes.
L'églife DE LA GRÈCE eft l'églife établie par S. Paul,
Se par les autres apôtres à Corinthe , à Theffalonique , &C
autres lieux .de l'ancienne Grèce , en Europe ; on peut
encore y ajouter l'églife fondée par les apôtres à Eplùfe ,
à Antioche , & dans les autres villes de la Grèce AÎîa-
tique.
Par l'EGLISE GRECQUE , nous entendons aujour-
d'hui toute cette étendue qui eft, ou qui devroit être
comprife fous le patriarchat de Conftantinople ; & même
les églifes qui adhèrent au fchisme des patriarches Grecs ,
comme l'églife Ruffienne , &: quelques autres. Voyez au
mot Patriarchat.
Avant Conftantin , l'églife perfécutée par les empe-
reurs , n'étoit occupée que de la conyerfion des payens,
& de l'édification des fidèles. Les évêques fuivoient, poul-
ie partage de leur jurisdiftion , celui qu'ils trouvoient
déjà établi dans le gouvernement politique. En un mot,
l'églife ne changea point les bornes des provinces Ro-
maines ; & lorsque dans une même province, il y avoit
plufieurs évêques , ils s'accordoient tous à reconnoître
pour fupérieur celui qui occupoit le premier fiége de la
province. Rome , capitale de l'univers , fut la réfidencedu
prince des apôtres, qui y fouffritle martyre, fous Néron:
tous les autres évêques de l'univers reconnurent en toute
occafion la primauté des fucceffeurs de S. Pierre. Avant
& fous Conftantin, il n'y avoit qu'un empire; mais
après fa mort fes trois fils partagèrent fes états. Conf-
tantin , qui étoit l'aîné , eut l'Espagne , la Gaule & tout
ce qui eft au-deçà des Alpes. Confiant qui étoit le plus
jeune, eut l'Italie , l'Afrique , la Sicile &l'Illyrie. Cons-
tantius , qui étoit le fécond , eut l'Ane , l'Orient &C
l'Egypte. Un frère de Conftantin avoit deux fils , Dalmace
& Hanniballien : Conftantin leur avoit donné leur part
de fes états : Dalmace avoit eu la Thrace , la Macédoine
& l'Achaïe ; Hanniballien avoit eu la Cappadoce , le
Pont 8t l'Arménie : ces deux frères furent maffacrés par
les foldats , à la mort de Conftantin le Grand. Cela donna
lieu à un nouveau partage. Conftantius eut la Thrace avec
la Cappadoce ; Conftantin eut l'Achaïe & la Macédoine :
ainfi la Grèce fut du partage de Conftantin qui étoit
l'aîné , & qui poffédoit aufli les Gaules , l'Espagne , &c.
Mais cet empereur ayant péri en 340, Confiant profita
de ce qui lui avoit appartenu , & le joignit à ce qu'il
poffédoit déjà ; ainfi on ne diftingua plus que deux em-
pires , l'un d'Orient , l'autre d'Occident. La Grèce
Afiatique fut confondue fous le nom d'Orient , & les
évêques â'Antioche , à'Ephfe , de Smyrne , &c. en un
mot , tous les évêques de l'Afie mineure furent diftingnés
des
GRE
GRE
201
des autres , par le nom d' 'Orientaux. Ceux d'Italie , des
Gaules , de l'Efpagne , de PIllyrie , de la Grèce & de
la Thrace furent appelles les Occidentaux. Les Orientaux
avoient leur patriarche qui réfidoit à Antioche : l'Egypte
avoit le lien qui réfidoit à Alexandrie. Jérufalem, après
fon rétabliffement , ne fut d'abord regardée que comme
une "ville nouvelle , &Ç fon évêque étoit iubordonné à
celui de Cefarée comme à fon métropolitain ; du tems
du concile de Nicée, il précédoit les autres évêques de
la Paleftine. Avec le tems , on lui accorda le titre de
Jiége patriarchal , par refpeâ pour le lieu où le Sauveur
du monde étoitmort. Tout l'Occident étoit fous le fiége
de Ro.-ne , & ne reconnoifibit point d'autre patriarche.
Les autres patriarches eux-mêmes convenoient de fa
primauté. Il n'étoit point encore queftion du fiége de
Conftantinople parmi les patriarches ; mais ceux quî
l'occupoient , fe voyant favorifés des empereurs , crurent
pouvoir en profiter, ôf donner à leur fiége un rang qu'il
n'avoit pas. Ils étoient parvenus à s'élever au-deffus de
celui d'Héraclée qui étoit le vrai ■ métropolitain de la
Thrace, comprife alors dans l'églife d'Orient. Mais au
concile de Chalcédoine, ils s'arrogèrent plus qu'ils n'a-
voient ofé jufqu'à ce tems-là. Non-feulement ils fe mirent
au rang des patriarches ; mais même ils fe firent donner
le fécond rang par le vingt-huitième canon , laiffant à
Rome le premier qu'elle avoit toujours poffédé. Ainfi
Alexandrie qui avoit eu le fécond rang ; & Antioche ,
qui jouiffoit du troifiéme , furent reculées & n'eurent plus
que le troifiéme rk le quatrième ; & Jérufalem eut le
cinquième. En vain les légats du pape , Se S. Léon lui-
même tâchèrent de maintenir l'ancien ordre , l'am-
bition d'Anatolius l'emporta. On fournit au patriarche de
Conftantinople les métropoles de Pont , d'Afie & de
Thrace. La Grèce demeura à l'églife d'Occident. Theffa-
lonique , devenue depuis long-tems la plus importante
ville d'Illyrie , fous laquelle nous avons dit que la Grèce
étoit comprife , étoit le fiége d'un métropolitain ,_ qui ,
en qualité de vicaire apoftolique, exerçoit la jurifdièrion
du S. fiége dans l'étendue de ce grand diocèfe.
Le fiége de Conftantinople n'en demeura point-là,
il étendit fa jurisdiction fur les ifles de l'Archipel ; &
ce diocèfe s'appella la province des ifles Cyclades. La
notice de Léon le Sage y met les évêchés fuivans :
Rhode,
Samos ,
Chio,
Cos,
Naxe,
Theres :
Paros ,
Leros ,
Andros .
TlNE ,
MlLO,
PlSYNO.
Ce fiége profita des courfes des Barbares en Italie , &
prit fon tems pour s'attribuer les métropoles de la
Grèce , Sr. tous les évêques qui en dépendoient. Ceux
qu'il détacha du fiége de Rome , furent :
Thessalonique .
Syracuse,
corinthe,
Rhegio,
Nicopolis,
Athènes ,
Patras,
La nouvelle Patras.
Ifli , dit la notice , fynodo & ecclejicz Conflantino-
politance , veteris Romœ papa à Gentilibus detento , funt
adjuncli. Du tems de Hierocles , la Grèce étoit partagée
en huit provinces , dont voici le rang par rapport aux
provinces de tout l'empire :
La vu, qui comprenoit la première Macédoine.
La vin, qui comprenoit la SECONDE MACEDOINE.
La IX, qui comprenoit la Thessalie.
La X, qui comprenoit la Grèce PROPRE, ou l'A-
CHAÏE, y compris le PELOPONNESE.
La XI , qui comprenoit l'ifle de Crète.
La xn , qui comprenoit 1' ancienne Epire.
La xm , qui comprenoit la nouvelle Epire.
.- La XXIX, qui comprenoit les 1SLES.
Voyons préfeutement quelles étoient les villes de
chacune.
DE LA PREMIERE MACÉDOINE.
Theflalonique,
Pella,
Europe ,
Dius,
Beroée,
Eordée,
Edeffe ,
Colla ou Cellaj
Almoépeia,
Lariffe,
Heraclée de Laocus ,
Antagnie ,
Nicedes ,
Diobore ,
Idomene .
Dragylus ou Bragylus ,
Trimula ou Primula ,
Parthicopolis ,
Heraclée de Strymnus j
Serres ,
Philippe ,
Amphipe,
Apollonié,
Néapolis ,
Achanthe ,
Berge ,
Araure ,
Clema,
Menticon & Âcontisma:'
L'ifle de Thafo ,
L'ifle de Samothr,
DE LA SECONDE MACÉDOINE,
Stoli , Bargala ,
Argos , Celenis ,
Euftraïon , Harmonia ,
Pelagonia, Zapara.
DE LA THESSALIE.
Lariffe , Caeparea ,
Demetriade , Dioclétianople ,
Thèbes , ' Pharfale ,
jEchionio, Sartoburamifium ,
Lamia , Satofibius ,
Hypata , métropole , _ les C Scopelos , •■
Tricas ou Trocae , ifles < Sciathos ,
Gomphi , de ( Peparethos.
DE LA GRÈCE PROPRE ou de L'ACHAIE.
Thespies,
Scarphia ,
Eleufine,
Boë & Drimya ,
Daulia,
Cheronée,
Lepante ,
Delphes ,
Amphiffa ,
Tithora ,
Ambrofus ,'
Anticyra,
Lebadia,
Coronie en " '
Steraës ,
Opus,
Anaftafis ,
Ecepsùs ,
L'ifle d'Eubée,
Anthedon ,
Bumelita ,
Hyttes Thyffa ,
Thèbes, métropole de Béo-
tie,
Tanagra ,
Chalce, dans l'ifle d'Eubée,'
Porthmus ,
Caryftus ,
Platées,
jEgofthene ,
Athènes, métropole de l'At-
tique ,
eotie ,
Megare,
Bag£,
Cromon ,
L'ifle d'Engia,"
Pcetoeufa ,
Cea,
Adelus,
Talamene & Thermopyle,
AU PELOPONNESE.
Corinthe , nouvelle métro- Tegée ,
pôle de la Grèce , Tarpufa ,
Sicyone, Mantinée,
Laëédémone, métropole de Pharae ,
la Laconie ,
Geronthrae ,
jEges,
Melhana,
Troëfene, .
Epidaure,
Hermione ,
Argos,
Mlh't métropole de l'Etohe.
fCefalonie,
I Panormus,
Zante,
Cythere,
I Mycone ,
Les isLESde{Strophaclie)
Melos ,
Dorula ,
I Lemnos ,
Umbros.
Tome III. Cc-
Afopolis ,
Acrea; ,
Phialea,
Mefene ,
Coronia,
Afinœ ,
Mothone ou Modon,
Cypanfia ,
2 0 2 GRE
DE L'ISLE DE CANDIE.
Gortyne , métropole , Axius ,
Inathus , Eleutherna,
Bienna , Lampœ ,
HieraPydna,' Aptera,
Camara, Cydonie,
Allyngus , Cifamus ,
Cherfonnenfus , Cantanum ?
Lyftus, Elyrus,
Arcadia , Liffus ,
Cnoffus , Phoenece ou Phœnix portus .
Subritum , Aradena ou Artacina ,
L'ifle Claudos.
GRE
La Notice ne met
point les noms de
ices évêchés. A l'é-
'gard du dernier
nombre, ilya,l'ans
doute , une faute.
DE L'ANCIENNE EPIRE.
Phénice ,
Anchiasmus,
Butrinto ,
Nicopolis, métropole,
Dodone,
Eurée ,
Acnium ,
Adrianopolis ,
Appon ,
Photice ,
L'ifle de Corfou,
L'ifle d'Ithaque.
DE LA NOUVELLE EPIRE,
Epidamus , aujourd'hui Amantia
Durazzo ,
Scappa ou Scampio
Apollonie,
Bullis .
DES
Pulcheriopolis ,
Aulon ,
Liflron ,
& Scepon.
I S L E S.
Rhode,
Cos,
Samos ,
Chio ,
Mitylene,"
Methymne
Petelos ,
Tenedos,
Profelene»
Andros,
Tine ,
Naxe,
Paros ,
Syphne,
Milo,
lus,
Thera ,'
Amorgos,
Aftypalœa.
Tel efl l'état de la Grèce , félon le grammairien Hie-
rocles. On ne fait pas au jufte, quand il a vécu; mais il
paraît que ça été entre Léon le Philofophe , &c la prife
de Conftantinople par les François , & par conféquent
dans le dixième fiécle. Cette Notice fert à faire voir
comment 6c en quelles provinces- la Grèce étoit alors
diftribuée , &c quelles villes elle avoit. Toutes n'étoient
pas épiscopales.
La Notice de Nilus Doxapatrius , qui écrivoit vers le
milieu du onzième fiécle , indique ainfi les archevêchés,
& le nombre des évêques qui en dépendoient ; favoir,
Thessalonique, en Theffalie , huit évêques. On ne
nomme point leurs fiéges.
/Damala ,
Larisse, dans la Grèce, dix-huit)
évêques.
LepantE ou Naupacîus Nicopo-
leos, neuf évêques.
Philippes de Macédoine, fept
évêques.
La NOUVELLE PATRAS , dans
la Grèce , fix évêques.
Thèbes , dans la Grèce , trois
évêques.
Serres, dans la Theffalie, LVIÏ.)
La Notice met entre les archevêques fournis au fiége'
de Conftantinople , mais qui n'ont aucun évêque fous
eux;
Lemnos , Scarpanto,
Leucade , Pharfale ,
Engia , &c.
L'état des églifes de Grèce, efl: aujourd'hui bien diffé-
rent ; voici quels font les évêchés & les archevêchés ,
félon la Notice de Thomas Smith, qui a écrit de l'état
préfent de l'églife Grecque , avec quelques corrections
que le dofteur Schelftrate y a faites :
(Cytros ,
IServia,
Campania ,'
( Thejfalonique a I Petra ,
j neuf fuffragans ^ Ardamerion ,
favoir, (Hieroffus,
Du mont Athos ,
I Plantainon ,
IPoliannina.
fTalantion ,
Scirre ,
Solon ,
Mindinir.'
Lacèdémone. fCariopoIis,'
Demetriade l
Zeiton,
Stagon,
Taumacos ,'
Gardicion,
Radobisdion ,'
Sciathos ,
Loëdoricii,
Letzœ,
Agrapha. "
L'Archevê-
que de
Lariffe, dix, {
JArgos,
CORINTHE au Peloponnefe, S£ef »
a iept eveques ; favoir , '. £ante '
I Zarneres ,
l Marne.
fEuripe ,
IDaulie ,
Coronie ,
Andros,
ATHàNES , en Grèce , onze^ P*">
évêques; favoir, ' g^;
Porthmos ,
Aulone ,
Syre & Seriphe J
Céos & Termie.
La CRETE , dix évêques fans noms des fiéges.
fLacédémone ,
PATRAS, au Peloponnefe, a! Coron '
cinq évêques ; favoir, Bolene',
Olene.'
Corinthe, un. {Damalon.
(Butrinto ,
Poan/2Îna,qnatie.<r i? .
ILa Chimarra,
CDrinopolis.
Monembafe, au-(wlo.s '
trefois kpidau-M*™,
Phanarion, imi^??'1,0™"- ?,«£
J. uni al archevêché.
i
, ancienne .
Metyn
( Olene ,
.JModon,
(Coron.
{Sans fuffragans.
Les fiéges de Thïbes, de Serres , de la nouvelle Patras,
en Theffalie , d'Eno , en Macédoine , d'Euripe , en Negre-
pont , ôiArta , de Chio , de Zia , de Siphnos , de Samos ,
de Scarpanto , à' 'Andros , de Cos , de LeuM.de , de Zucna.
en Macédoine , de Berrhoie , d'Imiros , de Santetin ,
GRE
d'Engia , relèvent immédiatement du fiége de Conftan-
tinople. Cela doit s'entendre des évêques du rit grec.
GRÈCE ASIATIQUE (la) : on a auffi autrefois
ainfi nommé la partie de l'Àfie , où les Grecs s'étoient
établis , principalement YALolide. Ylonie, la Carie, &
la Doride, avec les ides voifines. Ces Grecs Afiatïques
envoyèrent le long de la Propontide , & même jufqu'au
fond du Pont-Euxin des colonies , qui y établirent d'au-
tres colonies ; de-là vient que l'on y trouve des villes
qui portent des noms purement grecs , comme Héraclée ,
Trebisonde , Athènes , &c. Nous avons marqué les prin-
cipales révolutions de la Grèce Asiatique , dans l'hiftoire
géographique de la Grèce.
GRECE PROPRE (la). Voyez HellaS.
GRANDE GRÈCE (la) : on a ainfi appelle la partie
orientale & méridionale de la prefqu'ifle d'Italie. Dans
l'hiftoire géographique de la Grèce , nous avons rap-
porté les principales colonies que les Grecs menèrent
en Italie , & les fondations de plufieurs villes. On peut
y ajouter quantité d'autres détails rapportés par Denis
d'Halicarnaffe , dans le premier livre de Ces Antiquités
Romaines. Cette dénomination de la grande Grèce
ne s'eft faite apparemment , que quand la république
Romaine a été formée & a eu un état, dont les Latins ,
les Volsques & les Sabins faifoient partie ; car ces
peuples étoient Grecs d'origine , & leur pays pouvoit
être naturellement compris dans la Grèce Italique.
Mais comme ils avoient fubi le joug des Romains , Se
parloient une langue différente de celle des Grecs, on
réferva le nom de Grèce à ceux qui avoient confervé
leur langue originale , qu'ils mêlèrent pourtant enfuite
avec la latine , comme on voit que du tems d'Augufte
on parloit encore à Canuiè un jargon qui étoit un mélange
de grec &c de latin. * Horat. 1. i , Sat. v. 30 :
Canujîni mort bilinguis.
On peut voir la table des premiers peuples d'Italie
dans l'article d'Italie , à la première divifion. On voit
pourquoi ce pays avoit été appelle la Grèce. Mais le
furnom de grande a caufé de l'embarras à plufieurs fa vans ,
faute d'avoir connu la véritable étendue de l'ancienne
Grèce & de la nouvelle. Pline /. 3 , c. 5 , que l'on fuppofe
avoir été dans cette erreur , dit que ce nom de grande
vient des Grecs , & non pas des Romains : que les Grecs
pleins de vanité , donnèrent le nom de grande Grèce
à un affez petit canton. Jofeph Scaliger dit fur Feftus ;
il eft certain qu'elle fut ainfi nommée -, major Gracia,
par les Romains, parce qu'elle étoit plus proche d'eux
que l'autre Grèce. Il femble que Scaliger ait jugé dans
cette conjecture , félon les régies de la perspective.
Dacier a bien vu qu'il falloit .chercher une meilleure
raifon que celle-là. Il la prend de ce que quelques anciens
ont aggrandi la nouvelle Grèce. Feftus dit : Major Grcecia
dicta eft Italia , qubd eam Siculi quondam obtinuerunt ;
velqubd in ed milita magneeque civitatesfuerunt ex Gracia,
profccla : c'eft- à-dire , l'Italie a ètè appellèe la grande
Grèce , parce que les Sicules font autrefois habitée , oit
parce qu'il y avait plufieurs grands peuples venus origi~
naircment de Grèce. Athénée , /. 1 1 , c. 5 , donne ce nom
à une grande partie de l'Italie. Strabon , /. 6, p. 153 ,
appelle ainfi la Sicile , Se la partie d'Italie qui en eft
voifine. Servius l'étend depuis Tarente , jufqu'à dîmes,
&c. Dacier fe moque avec juftice , de la ridicule con-
jecture de Scaliger; comme fi, dit-il, de deux villes de
iriême nom, la plus proche pouvoit être appellèe grande ,
par la feule raifon du voifinage. D'ailleurs il n'eft pas
vrai que ce foient les Romains qui lui ayent donné ce
nom ; ce font les Grecs , comme Pline le dit très-bien.
Quant à ce qu'il les aceufe de vanité , cela ne tombe
pas fur la comparaifon de la grande avec la petite Grèce ,
mais fur ce qu'ils avoient donné le nom de grande Grèce
à un pays qui étoit petit , en comparaifon de toute
l'Italie, dont il n'étoit que la partie orientale &C méri-
dionale. Il eft pourtant vrai & démontré que la grande
Grèce en Italie eft réellement Sr. confidérablement plus
grande que la véritable Grèce ; Se cela eft exactement
vrai , fans qu'il foit befoin d'y attacher la Sicile , comme
fait Strabon, quoique cette ifle étant pleine de colonies
Grecques, pût être auffi appellèe Grèce.
De l'Ifle , dans fon excellente Juftifkation des mefures
GRE 203
des anciens , en matière démographie , a traité ce fujet
en peu de mots. Voici féV paroles : les Grecs avoient
envoyé un fi grand nombre de colonies dans cette partie
d'Italie , qu'elle en fut appellèe Grée: , comme le pays
qui a porté ce nom de tout tems. Mais les modernes
comparant l'étendue de ce pays avec- celle de la Grèce
proprement dite, qui comprenoit l'Achaïe, le Pélopon-
nefe & la Theffaiie , ils ont cru que le nom de grande
Gréeç aurait mieux convenu à cette ancienne Grèce,
qui étoit plus grande que l'autre , félon leurs hypothèfes»
Ces modernes donc , Cellarius , Geogr. ant. 1. 2 , c. 9 ,
p. 640 , entr 'autres , ne fâchant comment expliquer les
anciens dans cet endroit , attribuent cette prétendue
erreur des anciens à là vanité des Grecs ; mais ils font
juftinés par les obfervations. Le père Feuiliée , de concert
avec MM. de i'obfervatoue,a obfervé les hauteurs du pôle;,
_& les longitudes de Theflalonique, de Milo & de Candie:
j'ai recueilli auffi les obfervations de Vernon , Anglois,
à Lacédéinone, à Athènes, à Thèbës, à Coiinthe , I
Chalcis , & en d'autres endroits. Il réfulte de toutes 'ces
obfervations, que la longueur que l'on donnoit ci-devant
à la Grèce proprement dite, auffi-bien que fa largeur,
excédoit de plufieurs degrés la véritable ; enforte que
ce pays fe trouve plus petit de la moitié qu'on ne le
fuppofoit. On pourrait auffi juftifîer par les mefures des
anciens cette étendue de l'ancienne Grèce , fi différente
de celle qu'on lui a donnée jufqu'à préfent. * Mém. de
l'Acad. royale des feiences , année IJI4..
Afin de rendre cetre vérité plus fenfible , De l'Ifle
donne une carte, où l'Italie & la Grèce font repréfentées
de deux manières , l'une félon les meilleurs géographes
modernes , l'autre félon les obfervations aftronomiques
pour les lieux où l'on a pu en avoir , Se pour les autres
félon les -mefures des anciens auteurs. On ne croirait
peut-être pas , dit De Fontenelle , combien ces deux
représentations font différentes. Dans la féconde , la
Lombardie eft fort accourcie du midi au feptentrion , la
grande Grèce augmentée , la mer qui fépare l'Italie &
la Grèce, rétrécie, auffi-bien que celle qui eft entre l'Italie
& l'Afrique ; la Grèce fort diminuée. Par-là il (e trouve
que certaines chofes qui ont été dites par les anciens , ou
font vraies ou moins abfurdes qu'on ne penfoit , & affez
peu abfurdes pour avoir pu fe dire : par exemple , il eft:
vrai , contre l'opinion univerfellement reçue , que la
grande Grèce , ou la partie méridionale de l'Italie , eft
plus grande que la Grèce proprement dite.
Tite-Live, /. 7, c. 26 , regardant la Sicile comme
partie de la Grèce , nomme Grèce ultérieure la véritable
Grèce. En ce fens la Grèce citérieure étoit la même que
la Grèce Italique ; Se en effet elle étoit en-deçà par rap-
port à cet hiftorien. Cette Grèce en Italie eft nommée
Subàflva Gracia par Apulée , Apolog. Plaute , Menach.
AH. 2. , Se. 1 , V. 11, 116-13, dans une comédie
dont la feene eft en Grèce, appelle l'autre Grèce étrangère
OU barbare ; Exoticam :
Mare fuperum omne , Grœciamqu'e exoticam ,
Orasque Italicas omnis , qua adgreditur mare,
Sumus circumvecli.
Cette grande Grèce diminua infenfiblement, à mefure
que la république Romaine s'aggrandit : Strabon à l'en-
droit déjà cité , dit que de fon tems il ne reftoit plus
que Tarente , Rhege , & Nâples , qui euffent confervé
les mœurs grecques , & que toutes les autres villes avoient
pris les manières étrangères , c'eft-à-dire , des Romains
leurs vainqueurs. Elle diminua infenfiblement ; &c Pto»
lomée n'y trouve que fix villes maritimes , favoir ,
Locri , Crotone ,
Scylacium , Tliurium ,
Metapontium .
Tarente.
Et deux dans l'intérieur du pays , favoir
Petilia ,
& Abyftrum.
Cette Grèce â eu aiiffi fes hommes illuftres en affez
jrand nombre ; entre les philofophes , Pythagore ,
Parmenide , Zenon , &c ; entre les poètes , Ibicus Se
quelques autres, mais ces Grecs d'Italie s 'étant enfuite
donné à la langue Latine , s'en fervirent dans leurs poëlies.
Tome III. C c ij
GRE
2 04
Pacuvius &t Horace, tous deux nés dans la Pouille , étoient
de véritables Grecs , quoiqu'ils ibient entre les poètes
Latins. Voyez les articles particuliers , la Pouille , la
Messapie , la Calabre ancienne , les Salentins ,
les Locres , les Lucaniens , les Brutiens.
GREDONENSE Castrum. Grégoire de Tours ,
dit que S. Privât, évêque de Javoux, ou Gabales dans
le Gévaudan , dans le tems que les Allemands firent
irruption dans les Gaules , fut trouvé dans une grotte de
la montagne de Mende , où il s'occupoit au jeûne & à
la prière pendant que le peuple étoit enfermé dans la for-
terefie Gre.done.nfis Caflri. On croit que c'eft préfente-
ment Gre^e , village du Gévaudan. * Hijl. Franc. 1. 1 ,
c. 32, p. 20, eiit. Bénédictin.
GREGARI , peuple de la Sarmatie , en Afie, félon
Pline , /. 6 , c. 7. Le P. Hardouin lit Gogari , dans fon
édition.
1. GREIFFENBERG , ville de Bohême ,- en latin
Gryphiberga ; elle eft dans la Siléfie & dans la princi-
pauté de Jauer , fur la Queifs , aux frontières de la haute
Luface & de la Bohême propre. Elle eft peu confidéra-
ble.
2. GREIFFENBERG, fortereffe fur une montagne ,
près de Trarbarek. Voyez Trarbach.
GREIFFENSTEIN , château de Bohême , en Siléfie,
dans la principauté de Jauer , à l'orient de Greirfenberg.
Il appartient aux comtes de SchafFgotsch. *Hubner. Géogr.
p. 620.
GREIFFSVALDE. Voyez Gripswalde.
GREIN , Greyna ou Gru.no. , petite ville & châ-
teau d'Allemagne , en Autriche , fur le Danube , &
fur un ruiffeau que Cluvier appelle Cluna. C'eft où
étoient autrefois les limites des Quades &c des Marco-
mans. Lazius Comment.] des R. R.\. 12 , fecL 7, c. 6,
dit que Grein eft nommée Artagruna, dans une lettre
de l'empereur Louis I. Ce lieu reçut les franchifes & les
privilèges de ville , de fon feigneur , Léonard Helfrei-
chen , comte de Meggaw , chevalier de la toifon d'or ,
lequel mourut à Vienne , en 1644 , fans laiffer d'héritiers
mâles. Trois ans auparavant , le 23 Mai , elle fut réduite
en cendres , excepté l'hôpital , la paroiffe & la prifon. Le
dernier comte y avoit fait bâtir un couvent de Francis-
cains, une chapelle de Notre-Dame de Lorette, une autre
fur le modèle du S. Sépulcre , ck un Calvaire auquel il
avoit dépenfé beaucoup d'argent : tout cela fut détruit
& ravagé par le feu. La ville a été rebâtie. L'héritière
de ce comte avoit un fils, nomme le (leur ■■ Lut[ de Die-
drichflein , confeiller privé , ck préfident de la chambre
à Gratz en Styrie, lequel eut cette petite ville ck le châ-
teau de Greinbourg, pour fa part de l'héritage. * Zeyler,
Auftric. Topogr. p. 20.
GREISSÀC ou Creissac , bourg de France , dans
le Rouergue , au diocèfe de Rhodez.
GREITZ, petite ville d'Allemagne , au cercle de la
haute Saxe, dans le Voigtland ; elle a un château, ckeft
fituée fur l'Elfter. Elle appartient aux feigneurs Reuffen,
Van-Plawen. Zeyler , Saxon, fup. Topogr. p. 98 , écrit
Greit{ ck Gratç ; ce qui fait à peu près la même pro-
nonciation.
GREMELLjE , lieu particulier de l'Afrique propre ,
félon Antonin qui , dans fon Itinéraire , le met fur Iaroute
de Telepte à Tacapes , à vingt-deux mille pas de la pre-
mière. Il la diftingue de Gemilla , ainfi :
Telepte,
Gemellas , M. P. XXII.
Gremellas, M. P. XXV.
Çapfe, M. P. -XXIV.
1 . GRENADE , ville d'Efpagne , au royaume de Gre-
nade, dont elle eft la capitale. Elle eft fituée , félon les
obfervations aftronomiques , à 14 d. 15' de longitude,
ck à 37 d. 30' de latitnde, félon Lèvera, AJlronom. re-
Jlitut. 1. 1 , p. 262. , Le P.Riccioli, Geograph. reformat.
1. 9, p. 398 , ne met que quatre minutes de plus pour la
longitude. La latitude eft la même. Cette ville, dit l'abbé
de Vairac , eft une des plus grandes d'Espagne. Quel-
ques-uns ont cru que c'eft l'ancienne Illiberis ou Eliberis.
Ils ont été trompés par deux inscriptions , que l'on voit
à Grenade. L'une, félon Gruter, p. 272, n. 7, eft:
GRE
Flaviae. Valeriae. Tranquillin. Augustae.
Conjug. Imp. Ces. Gordi. Pu. Feli. Aug.
Ordo. Milit. Flopiani Illiberitani De-
votus Numini Majestatique. Sumptu
Publico. Posurr.
L'autre , félon le même , p. 277, n. 3 , eft :
Imp. Caes. M. Aur.
Probo.
Pio. Felici.
Invicto.
Aug. Numini
Majestatique
Devotus.
Ordo Illiber, de
Dicatissimus. D. P.
Quoique ces inscriptions fe trouvent à Grenade , on
n'en peut pas conclure que cette ville foit auflî ancienne
qu'elles : on peut les y avoir portées. A l'égard de l'an-
cienne Eliberis ou Illiberis, nous avons détruit l'opi-
nion de ceux qui tiennent que c'eft Gernade. Voyez
Eliberis 3. ci Elvire. Grenade eft une ville du
dixième fiécle, ck elle a été bâtie parles Maures. On ne
convient pas de l'origine de fon nom ; ck fans nous y ar-
rêter, nous parlerons à fa description, telle que la donne
l'abbé de Vairac , Etat de L'Espagne, 1. 1, p. 172; elle
eft bâtie en 'partie fur des croupes de montagnes qui
forment un amphithéâtre merveilleux , ck en partie dans
une vafte plaine. On lui donne près de douze mille pas
de circuit : la muraille eft , dit-on , flanquée de mille
trente tours , ck a douze portes , dont celles qui font pla-
cées à l'orient, ne découvrent que des lieux rudes ck
escarpés , parmi lesquels on voit deux coteaux élevés
qui laiffent entr'eux une vallée profonde où coule la
petite rivière du Darro , laquelle , après avoir traverfé
une partie de la ville , va fe jetter près l'une de fes por-
tes dans le Xenil qui en baigne les murailles , ck roule
avec fon fable des paillettes d'or ck d'argent , qui lui ont
fait donner le nom de Rio de Oro , c'eft-à-dire rivière
d'or.
La ville eft partagée en quatre quartiers qui ont cha-
cun leur nom particulier; favoir,
Grenade,
Alhambra,
Albaycin,
Antiquerula.
Le quarties de Grenade eft la principale partie de la
ville. Il occupe la plaine ck les vallons qui font entre
les deux montagnes. C'eft-là que demeurent la nobleffe,
le clergé , les marchands ck les plus riches bourgeois,
ck où fe tiennent les marchés. Tout ce quartier eft cfcné
de très-beaux édifices publics ck particuliers , & de di-
verfes places publiques avec des fontaines. Les maifons
des nobles , des eccléfiaftiques ck des marchands font
belles , vaftes , propres ,, bien bâties , fort commodes
ck accompagnées de jardins ck de fontaines. Les princi-
pales rues font voûtées , à caufe des canaux qui condui-
fent l'eau dans les maifons des particuliers. De-là vient
que les carroffes y font défendus. C'eft dans ce quartier
que fe trouve l'églife cathédrale , ck la chancellerie. La
cathédrale n'eft pas fort grande ; mais elle a un très-beau
dôme , foutenu par douze grands piliers , fupportant des
arcades , fur lesquelles régnent deux rangs de balcons
dorés. La voûte eft peinte ck dorée ; ck contre les pi-
liers paroiffent les ftatues des douze apôtres en bronze
doré , de grandeur naturelle. Près du grand autel eft la
chapelle du roi Ferdinand V, fumommé le Catholique,
qui conquit Grenade fur les Mores , en 1492 , lequel
voulut y être enterré , auffi-bien que la reine Ifabelle ,
fon époufe : leurs corps font dans deux beaux tombeaux
de marbre , à l'un desquels on voit une harpie à chaque
coin , ck un faint du côté oppofé. A la gauche du mi-
lieu de la chapelle paroiffent deux autres tombeaux où
font les corps de la reine Jeanne , leur fille , & de Phi-
lippe I, archiduc d'Autriche fon mari , roi d'Espagne,
ck père de Charles V. Au-deffous de la même chapelle,
on voit un caveau rempli de cercueils de plomb , dans
lesquels font inhumés quantité d'autres rois. Parmi les
raretés , dont la facriftie eft richement fournie, on mon-
tre la couronne du même roi Ferdinand le Catholique,
GRE
GRE
& divers ornemens d'églife , les uns à l'antique , façon-
nés de mailles d'or , les unes fur les autres ; 8c d'autres
à la moderne , & brodés de pierreries. Près de-là on
voit un ancien édifice , tout bâti en portiques , & fou-
tenu de piliers de marbre. C'étoit une mosquée du terns
des Maures. Les Chrétiens en firent une églife paroif-
fîale. A quelque diftance de-là s'élève le palais de la chan-
cellerie , auquel on va par une grande & magnifique
place dont la forme eft d'nn carré de quatre cents pieds
delongueur, fur deux cents de largeur , ornée d'une très-
belle fontaine de jaspe : les Grenadins l'appellent en
leur langue Bivarambla , c'eft-à-dire fablonneufe. Ce
palais a un très-beau frontispice, eft enrichi de colomnes
d'albâtre , & bien conftruit. On y entre par trois portes ,
dont celle du milieu eft plus élevée que les deux autres.
-Au-defïus de ces trois portes régne un beau rang de
fenêtres accompagnées de balcons dorés. L'intérieur du
bâtiment eft une grande cour , environnée de chambres
à chaque étage. C'eft-là qu'eft la tréforerie , & où s'af-
femble le tribunal fouverain de Grenade , compofé de
plusieurs miniftres , appelles auditeurs.
Vis-à-vis du palais de la chancellerie , on voit une
maifon fort longue , appellée la Alcaxeria , partagée en
près de deux cent boutiques où les marchands étalent
toutes fortes de marchandifes , &C particulièrement des
étoffes de foie. Outre la place dont on vient de parler ,
qui eft entre ces deux fuperbes édifices , on en voit en-
core une autre fort belle , qu'on appelle la plaça mayor,
au milieu de la ville : c'eft-là que fe font les courfes de
taureaux.
Le quartier de l'ALHAMBRA eft fur les montagnes ,
qui commandent le refte de la ville : on l'appelle en es-
pagnol , la ferra delfol, la montagne du foleil , parce
qu'elle eft vers le lever du foleil , & dans une très-belle
expofition : les Maures Grenadins appellent ce quartier
el Alhambra ; ce qui en leur langue fignifie rouge, foit
parce que fon fondateur s'appelloit Alhamar , foit parce
qu'il étoit rouffeau , foit à caufe de la terre rouge qui s'y
trouve , & qui s'y fait remarquer dans les édifices. Ce
quartier eft habité en partie par des Grenadins , c'eft-à-
dire par des defcendans des Mores &£ par de francs
Efpagnols , qu'on appelle dans le pays Chriftianos viejos.
C'eft-là qu'on voit deux châteaux ou palais dont l'un
fut bâti par les Mores , & l'autre par Charles V & par
Philippe II, fon fils. L'un & l'autre font fort remarquables,
tant par leur fituation admirable , que par la vue char-
mante dont on y jouit , ck par la fomptuofité de leur
ftrufture : on y monte de la ville baffe par une longue
& belle allée , fort unie , bordée des deux côtés de grands
ormeaux , ck embellie au milieu d'une très-belle fontaine
de marbre jaspé , autour de laquelle on voit quantité de
petites ftatues qui jettent l'eau plus haut que le fommet
des arbres : cette allée conduit à ces palais , en tournoyant
ck en montant toujours infenfiblement. Celui de Char-
les V fe prefente le premier : c'eft un fuperbe corps de logis
carré , qui borde une partie d'une grande de place
bâtie de pierre de taille ; les bandeaux des fenêtres font
de marbre noir : tout à l'entour de l'édifice , on voit au-
deffus des fenêtres un grand nombre de têtes d'aigles , ck
de mufles de lions qui tiennent de groffes boucles , le
tout de très-beau bronze ; le portail eft de jaspe , relevé de
trophées ck de plufieurs autres ornemens : fur-tout les
piedeftaux des colomnes qui foutiennent tout l'ouvrage ,
repréfentent différens combats gravés fur le jaspe : l'in-
térieur du palais eft une grande ck magnifique cour ronde ,
autour de laquelle régnent deux beaux rangs de porti-
ques , l'un fur l'autre , foutenus par trente-deux groffes
colomnes de marbre jaspé , chacune d'une feule pièce
dont chaque a coûté onze cens écuts , à ce que l'on pré-
tend. Les fales , les chambres , ck les quatre portes des
façades ont été richement ornées ; mais comme depuis
plus d'un fiécle on l'a fort négligé , avant même qu'il
fût entièrement achevé , il eft à prefent à demi-ruiné.
Delà on va à l'ancien palais des rois Mores , lequel eft
bâti de groffes pierres de taille carrées , environné de
bonnes murailles , fortifié de groffes tours ck de baftions
comme une citadelle , ck fi vafte qu'elle peut contenir
une garnifon de 40000 hommes. Avant que d'y arriver ,
on trouve une espèce de ravelin , où l'on tient quelques
pièces de canon pointées contre la ville : on a élevé en
2oy
cet endroit une espèce d'autel où l'on voit les figures
du roi Ferdinand ck de la reine Ifabelle : le dehors du
palais n'a aucune apparence ; mais l'intérieur eft de la
dernière magnificence ; la porte eft faite à la moresque ,
finiffant en pointe par en haut : on voit au-deffus du
portail une clef gravée fur un morceau de marbre , ck
plus haut une main en relief , auffi fur un morceau de
marbre : ces deux figures, dans l'esprit des Mores , étoient
une espèce d'hiéroglyphe myftérieux , pour lignifier
que quand la main prendroit la clef , les ennemis des
Mores prendroient le palais : le veftibule eft revêtu de
marbre; ck toutes les parties du dedans font de même,
d'une ftrufture fuperbe , Se fi fomptueufe , qu'elle fait
connoître fenfiblement jusqu'où alloit la magnificence
des Mores. Les murailles des chambres font incruftées
de marbre , de jaspe 6k de porphyre ; les plafonds ,
les poutres ck les lambris font dorés ; ck on voit par-tout
des figures hieroglyfiques , des inscriptions arabesques ,
ck divers ouvrages à la mofaïque. On entre d'abord dans
une grande cour plus longue que large , pavée de inar-
bre , à chaque coin de laquelle on voit une belle fon-
taine de marbre ; ck le milieu eft occupé par un beau
canal d'eau, vive , incrufté de marbre , fi profond , qu'on
y peut nager aifément , ck d'où l'eau eft conduite dans
les chambres & dans les fales du palais , qui ont toutes
leurs fontaines : elles font voûtées pour la plupart ; les
voûtes font découpées à jour , d'un ouvrage fi délicat ck
fi hardi , qu'il eft étonnant qu'il fe foit confervé pendant
tant de fiécles. On voit une chambre où les rois Mores
fe baignoient dans des bains d'albâtre , remplis d'eau ,
par de gros canaux qui fortent de la muraille ; ck des
bains , elle coule par de petits canaux dans d'autres
chambres ; de celle où ils fe baignoient , on entre dans
une autre où ils fe faifoient effuyer , & de celle-là ils
paffoient dans une troifiéme , ck faifoient las fîellas les
après-midi. Une des plus belles pièces de cet édifice royal ,
eft la cour qu'on appelle el guadro de los leones : elle
eft carrée & pavée de marbre , ck ornée de portiques qui
régnent tout autour , avec cent dix-fept colomnes d'albâtre
fort hautes , qui foutiennent des galeries aufll ornées
d'albâtre. Au milieu de la cour on voit une fontaine où
douze figures de lions agroupés fijpportent un grand ck
large baffin de marbre blanc d'une feule pièce , ck jettent
tous une grande quantité d'eau par la gueule , faifant tout
autant de fontaines qui coulent continuellement ; du
milieu de la fontaine fort un gros jet d'eau qui s'élève
fort haut , ck retombe dans le baffin avec grand bruit ,
d'où elle fe répand dans les chambres. A côté de la pre-
mière cour , on voit une chambre où étoient les lits des
rois Mores , ck dont les châlits fe voient encore fi larges
que fix perfonnes y pourroient coucher fort à l'aife. On
monte de-là à une chambre qui eft d'un autre étage , où
l'on voit deux pavillons , dont les châlits font de beau
marbre , ck le fond richement doré : les fenêtres ont
auffi les bandeaux Si les croifées de marbre , avec des
balcons où l'on a une vue charmante , qui s'étend fur la
campagne , fur le quartier de la ville qui eft au pied de
la montagne , ck fur les montagnes voifines qui prefen-
tent leurs cimes toujours couvertes de neiges. La cham-
bre où les reines s'habilloient , a dans un coin fept jets
d'eau qui fortent du plancher , ck qui fervoient à les
rafraîchir. On remarque auffi dans ce palais une chambre
d'une merveilleufe ftrufture , où d'un certain coin on
entend tout ce qui s'y dit , pour bas qu'on y parle : on
l'appelle par contre-vérité la chambre dufecret. Derrière
le palais on apperçoit une vallée fort agréable , bordée
de hautes montagnes des deux côtés , & arrofée par le
Darro qui la traverfe. Quantité de jardins affez bien
entretenus , un parc , une petite forêtTur le penchant
de la montagne, un petit logement pourferepofer, ck de
fort belles promenades aux deux bords de la rivière, ren-
dent cette vallée délicieufe.
En montant du palais un peu plus haut , on découvre
une belle maifon que les rois Mores avoient fait bâtir
pour aller paffer le printems ; on l'appelle en langue
arabe Xeneralife. La fituation en eft fort agréable , &
l'art a beaucoup contribué à en faire un féjour charmant ;
on y respire en tout tems un air doux ck ferein : on y
trouve quantité- de fontaines qui coulent avec un doux
murmure , dont l'une particulièrement pouffe un jet d'eau
206
GRE
GRE
de la groffeur du bras , avec tant de roideur , qu'il s'élève
beaucoup au-deffus de la muraille de la mailbn , telle-
ment que quand les rayons du l'oleil donnent deffus , d'un
certain fens on apperçoit une multitude d'iris , qui
divertiffent agréablement'la vue. Ce terreir, eft planté de
divers arbres fruitiers qui forment plufieurs petits bos-
quets , d'où l'on voit de très-beaux jardins & un parc où
l'on garde des animaux fauvages. Au Commet de la mon-
tagne" s'élève un vieux bâtiment qui fervoit de mosquée
aux Mores , & dont on a fait une églife fous le nom de
Sainte-Hdtnt , à laquelle les habitans du pays ont une
fervente dévotion. Sur cette montagne , près du palais ,
il y a une citerne publique , qu'on appelle en arabe
Algibe , creufée ( à ce qu'on croit ) par les Romains ;
elle eft fi bien faite , que l'eau ne s'y corrompt jamais ,
& y acquiert une vertu médicinale qui appaiiè les douleurs
de la colique : tout joignant le palais , il y a une colline
où l'on -voit un vieux couvent afléz joli , habité par les
Carmes déchauffés , appelle el monte de los martyres ,
c'eft-à-dire le mont des martyrs : toute cette colline eft
eft entre-coupée de creux & de cavernes fort fpacieufes ,
qui n'ont qu'une feule entrée par une étroite ouverture ,
faite en rond au-de flous ; c'eft-là où l'on dit que les
Mores descendoient les Chrétiens esclaves , pendant
la nuit , après les avoir cruellement tourmentés pendant
le jour : ces cavernes s'appellent masmorras en langue
arabique.
Le troifiéme quartier de Grenade , appelle ALBAYCIN,
n'étoit confidéré autrefois que comme un tauxbourg
féparé du refte de la ville par une muraille , dans un terrein
élevé fur deux collines , Se occupé par «fooo maifons ;
tous les habitans étoient Mores , diftingués des autres
Grenadins par leur langage , par leurs mœurs Si par leurs
habillemens ; vivant avec beaucoup de léfine , Se don-
nant à leurs femmes des habits de foie , tandis qu'ils fe
vêtoient de facs , afin d'être toujours prêts à charger fur
leurs épaules des fardeaux pour tous ceux qui en avoient
à faire : lorsque Ferdinand le Catholique eut pris Gre-
nade , les habitans de l'Albaycin excitèrent une fédition
contre le cardinal Ximenès qui les preffoit d'embraffer
le Chriftianisme ; mais fe voyant tous déclarés crimi-
nels de lèze-majefté , ils demandèrent tous le baptême ,
pour fauver leur vie ; Se , ce qu'il y a de plus furprenant ,
c'eft qu'au rapport de Filluftre Fléchier qui a écrit la
vie du cardinal Ximenès , tout ce qui reftoit d'infidèles
dans les autres quartiers de la ville , ou dans les bourgades
voifines , au nombre de 50000 fe rendirent Chrétiens
presqu'au même tems. C'eft ainfi que par la valeur & le
zèle du roi Ferdinand, le Mahométisme fut enfeveli pour
jamais dans Grenade , Se que l'empire des Mores fut
éteint pour toujours dans toute l'Espagne.
Enfin le dernier quartier de la ville que nous avons
appelle Antiquerula eft (itué dans une plaine , & peuplé
de gens venus d'Antequera , d'où lui vient le nom qu'il
porte. Presque tous fes habitans font ouvriers en foie ,
& font du fatin , du tafetas , du damas , ou teinturiers
en pourpre , en écarlate Se en autres couleurs.
Si le dedans de la ville eft beau , les dehors ne font pas
moins agréables , particulièrement du côté du midi Se du
couchant. C'eft une grande Se belle plaine de huit lieues
de long fur quatre de large , appellée la vega de Gre-
nada , c'eft-à-dire le verger de Grenade , environnée de
petites montagnes , Se couvertes d'un nombre infini de
villages. A l'entrée de la ville , du côté qu'on vient
d'Antequera , on trouve une fort grande place que l'on
appelle el Campo , où eft un hôpital royal magnifique.
Prèï de celui-là on en voit un autre fondé par S. Jean
de Dieu , inftituteur des Frères de la Charité : c'eft un vafte
bâtiment. Le portail eft enrichi de piliers de jaspe , Se au-
deffus paroit la figure du fondateur en marbre ; le cloître eft
fait en voûtes foutenues de piliers , Se au-deffus font les
chambres des malades qui y font 1er vis par des religieux.L'es-
calier par où on y monte, eft fort beau , peint aux deux
côtés , où l'on voit la vie du fondateur : la voûte eft pla-
fonnée Se dorée. Près de cet hôpital eft un célèbre cou-
vent de religieux Hieronymites , fondé par Fernand Gon-
falve , furnommé le grand capitaine. On lit fur la
muraille extérieure de Féglile cette inscription gravée fur
un morceau de jaspe*
Gonzales-Flrnando , '-'.'•
A Coeduba ,
Magno Hispaniarum Duci,
Gallorum ac Turcarum,
Terrori :
C'eft-à-dire , à Gon^ates Fernand de Cordouï , h
grand capitaine d'Espagne , la terreur des François 6-
des Turcs. Il eft inhumé clans le chœur de l 'églife de
ce couvent , & l'on voit fa ftatue fur fon tombeau qui
le repréfente armé à genoux.
Enfin le féjour de Grenade eft délicieux ; le terroir
eft très-fertile. L'air y eft fort pur Se fort doux , fans être
incommode par les chaleurs exceffives qui fe font fentif
dans les autres parties méridionales d'Espagne. On y
remarque, entr'autres choies , un joli endroit fur le bord
du Darro , dans une vallée hors de la ville , où l'air eft
fi pur , fi agréable Se fi bon pour la fanté , que plufieurs
perfonnes indispolées s'y font transporter & ont recou-
vré la faute. Les Mores trouvoient cette ville fi charmante ,
qu'ils s'imaginoient que le paradis devoit être dans la partie
du ciel qui eft au-deffus de Grenade.
L'hiftoire rapporte deux choies fort remarquables de
Boabdel furnommé el Qitichito , c'eft-à-dire le Petit , à
caufe de la petiteffe de fa taille, fils de l'infortuné Alboa-
cen , dernier roi de Grenade. 1 . Ce Prince avoit tant de
peine à quitter ce charmant féjour , que fortant de fon
palais pour fe rendre à Ferdinand, fon vainqueur, il prit
fon chemin par une porte de l'Albaycin , Se lui demanda
pour toute grâce , que jamais perfonne ne fortît après lui
par cette porte. Le monarque lui accorda cette faveur ,
Se fit murer la "porte , comme .elle l'eft encore. 2. Lors-
qu'il fut hors de la ville il s'arrêta fur un coteau pour la
voir une dernière fois. Cette vue le toucha fi vivement ,
qu'il verfa des larmes. Sa mère qui l'accompagnoit , lui dit
d'un ton infultant : C'eft avec raifon que tu pleures main-
tenant comme une femme , puisque tu n'as pas été affez
brave pour te défendre toi Se ton royaume. Ce reproche
étoit d'autant plus injufte , que , du contentement des
hiftoriens , il étoit fort vaillant ; mais il fut forcé de céder
aux nombreufes armées de Ferdinand.
Grenade eft honorée d'un archevêché , d'une chan-
cellerie , Se d'une célèbre univerfité. Il s'y fait un très-
grand commerce en foie qui. paffe pour la meilleure de
toute l'Europe , Se dont on fabrique les plus riches étoffes
qu'on voie en Espagne.
2. L'archevêché de GP«.ENADE eft le même fiége que
celui d' Eliberis. Voyez Eliberis 3. Il eft nommé dans
les anciennes Notices Eliberi , Elbenis Se Eliberis. Elvire
ayant été ruinée par les Mores qui avoient bâti Gre-
nade , ils en firent enfuite la capitale d'un royaume par-
ticulier. Ferdinand le Catholique s'étant rendu maître de
Grenade au mois de Janvier 1491 , le pape Alexandre VI ,
qui étoit Espagnol , adreffa , au mois d'Avril 1493 , une
bulle à l'évêque d'Âvila au fujet de cette conquête. Il le
chargea de taire réparer les anciennes égliiès , Se d'éta-
blir quatre cathédrales , favoir à Grenade qu'il érigeoit
en métropole écléfiaftique , comme elle étoir déjà métro-
pole d'un royaume : les trois autres fiéges étoient ceux
de Malaga , àAlmcria Se de Guadix. Le continuateur
deTHiftoire écléfiaftique de Fleuri , /. 1 17 , c. 69 ^laiffe
croire que Grenade eft métropole de ces trois évêchés.
Mais il n'y a que Malaga Se Almeria qui en dépendent.
Guadix eft fous l'archevêché de Seville. Voyez Guadix'.
D. Ferdinand de Talavera , religieux Hieronymite , fut le
premier archevêque de cette églife. Son chapitre eft com-
pote de fept dignitaires , de douze chanoines , douze
prébendiers Se plufieurs chapelains. Le diocèfe a cent
quatre-vingt-quatorze paroiffes , Se l'archevêque jouit de
quarante mille ducats de revenu. * Vayrac , Etat de l'Es-
pagne , , l. 4, p. 373.
3. GRENADE , ( le Royaume de ) province
d'Espagne , avec titre de royaume : c'eft proprement la
haute Andaloufie , comme le remarque Baudrand , idit.
de 1705. Il fait partie de la Bétique des anciens. Il a
la nouvelle Caftille au feptentrion , le royaume de Mur-
cie au levant , la Méditerranée au midi , Se l' Andaloufie
au couchant. Il a environ foixante Se dix lieues de lon-
gueur , trente de largeur Se quatre-vingt de côtes. Ses
principales rivières font le Xenil , le Guadalantin , le
GRE
Rio Frio & le Guadalquivirejo. Sur la côte de la mer ,
6c bien avant dans les terres on ne voit que des monta-
gnes fort hautes , coupées de belles vallées , de diftance
en diftance ; ce qui fait le plus agréable payfage du
monde. Entre fes montagnes font les ALpuxarras. Voyez
ce mot. * Vayrac , État de l'Espagne ,l.i, p. 164.
Toute la côte du royaume étant vis-à-vis de l'Afrique ,
& par conféquent expofée aux courfes des pirates de Bar-
barie , on y voit tout du long d'espace en espace , depuis
le détroit de Gibraltar jusqu'au Rio de Frio un grand
nombre de tours d'où l'on découvre les vaifleaux qui font
en mer.
Quoique le royaume de Grenade Toit la partie la plus
méridionale de toute l'Espagne , c'eft cependant un des
plus fains ck des plus tempérés. On y trouve presqu'à
chaque pas des fources d'eau vive , des rivières & des
ruifieaux qui, venant à fe croifer & às'entre-couper les uns
les autres en divers endroits , forment des labyrinthes
agréables , bordés de tous côtés de fleurs ck d'une ver-
dure perpétuelle. A une lieue de Grenade on trouve les
célèbres bains S Alhama; (Voyez ce mot, ) & à quatre
ceux SAlicun , qui font propres contre les maladies
qui procèdent d'une humeur chaude èk fanguine. L'eau
du Darro a la propriété de guérir les animaux qui en
boivent , & c'eft pour cette raifon que les habitans d,u
pays l'appellent le bain falut air 1 des brebis. Près tfAnte-
quera on voit une fontaine dont l'eau guérit de la gravelle.
Du côté qui regarde le midi on voit d'une part de vaftes
plaines ck des champs très-fertiles , & de l'autre des
montagnes très hautes ; mais le pays , quoique raboteux
& herille de rochers escarpés , eft tellement abondant ,
qu'il fournit ce qui eft néceffaire aux habitans , ck même
beaucoup aux étrangers. En un mot , toutes les contrées
de ce royaume font généralement fi fertiles , qu'elles
n'ont presque pas befoin de culture ni de l'induftrie des
hommes. Du tems que les Mores le pofledoient , c'étoit
le pays du monde le plus peuplé ck le plus riche : toutes
les collines étoient auffi couvertes de vignes , d'arbres
fruitiers, de bourgs ck de villages, que le font encore celles
des Alpuxarras ; mais à préfent elles ne font à, beaucoup
près , ni fi peuplées , ni fi bien cultivées : toutefois ce
pays rapporte aujourd'hui autant ou plus qu'un autre de
toute l'Espagne , fur-tout les endroits qui font arrofés
par le Xenil ck par le Darro. Généralement parlant , tout
le terrein de ce royaume eft fertile en grains , en vin ,
en huile , en fucre , en lin , en chanvre ; fes montagnes
& fes campagnes produifent toutes fortes de fruits excel-
lens , comme grenades , citrons , oranges , olives , câpres ,
figues , amandes. Le pays abonde en meuriers , par le
moyen desquels on nourrit quantité de vers à foie dont
on retire un grand profit. On y voit une infinité de forêts
qui produifent quantité de noix de galle , qui fervent à
faire l'encre , à épaiffir les cuirs , ck font propres pour la
médecine. Elles produifent encore des palmiers ; ck les
dattes qu'on en recueille , font d'un grand fecours , auffi-
bien que le gland des chênes , qui outre qu'il fert à en-
graifler les beftiaux-, eft d'un goût fi délicat , qu'il fur-
paffe celui des noifettes les plus fines. C'eft pourquoi
ceux du pays en. envoient à Madrid aux grands d'Espa-
gne , qui s'en font un régal : ainfi en fuppofant que le
gland, dont les premiers hommes fe nourriffoient, au rap-
port des anciens , fut auffi bon, ils n'étoient pas fort à
plaindre. Tout le monde fait combien on recueille de
raifins fecs dans le royaume de Grenade : on les nomme
pajferilUs ; mais bien des gens ignorent de quelle ma-
nière on les apprête : l'auteur citée l'explique.
On y recueille auffi beaucoup de miel 6k de cire.
Dans les montagnes d'Antequera , il y a plufieurs en-
droits où le fel le fait, non par le feu , mais par l'ar-
deur du foleil qui , venant à darder fes rayons fur l'eau
de la pluie & des fontaines raflemblées en certains lieux
bas , l'épaiffit ck la convertit en très-bon fel , dont on
fait un commerce confidérable. Dans les mêmes mon-
tagnes, on trouve de très -belles pierres à bâtir , Se
d'une autre forte de pierre blanche , qu'on appelle yejfo ,
qui, étant mife en œuvre, reflemble au plâtre , & produit
le même effet pour enduire & pour blanchir. Elle s'em-
ploie auffi pour faire une espèce de colle que les archi-
tectes Espagnols appellent tarras , ck qu'on emploie pour
fortifier les murailles ck les édifices : on en utè encore
GRE 207
pour boucher les vaifleaux de terre ck de bois , qu'on
envoie aux Indes ck ailleurs , . & qui font remplis de di-
verfes liqueurs. On. trouve auffi en divers endroits des
grenats , des hyacinthes & autres pierres précieufes. Le
J'umac eft très-commun dans les montagnes ; les Grena-
dins en font un grand commerce avec les étrangers , &
s'en fervent utilement dans le pays pour apprêter & pour
épaiffir les peaux de boucs , de chèvres & le marro-
quin.
Les habitans du pays font polis , doux ck d'une fociété
agréable, adroits de leurs corps ck très -propres pour
les armes. Quoiqu'ils ayent beaucoup dégénéré de l'ap-
plication ck de la vigilance de leurs pères , ils font pour-
tant les ^peuples les plus laborieux des parties méridio-
nales d'hspagne. Us font fi fobres , qu'ils ne boivent
presque point de vin, ck défendent à leurs enfans l'ufage
de cette liqueur jusqu'à un âge fort avancé. Ils aiment
aflez le commerce ck l'agriculture.
Quoique toute FAndaloufieait été fept cents quatre-vingt
ans au pouvoir des Mores , le royaume de Grenade-
n'a commencé que vers le milieu du treizième fiécle;
Abenhud , roi More , qui regnoit à Cordoue , ayant
perdu la couronne ck la vie dans une bataille décifive que
les Chrétiens lui livrèrent l'an 1136 , l'es fujets contraints
d'abandonner leur patrie à leurs vainqueurs , fe retirèrent
à Grenade, où ayant ramafte les débris de leur nation,
ils élurent pour leur roi un homme nommé Mahommad
Aben-Alhamar , de baffe extraction, mais brave; il ne
fut pas plutôt reconnu premièrement par les habitans
à'Arjona, lieu de fa naiflance , puis par ceax de Baça,
de Guadix , de Juin ck de Grenade , qu'il établit Ion
fiége royal dans cette dernière ville. C'eft ainfi que com-
mença ce royaume , le dernier que les Mroes ayent
établi en Espagne , lequel a dominé fur trente-deux
grandes villes , &. fur nonante-fept autres moins confidé-
rables , quoique fermées de murailles , l'efpace de deux
cens cinquante-fix ans, c'eft-à-dire , depuis 12-56, jufqu'à
1491 , que le roi Ferdinand le Catholique , ck la reine
Ifabelle , fon époufe , s'en rendirent les maîtres , ck l'in-
corporèrent pour toujours à la couronne de Caftille
dont il fait un des plus beaux fleurons , tant par rapport
au commerce qui s'y fait , à caufe de fes ports de mer ,
que par rapport aux revenus conlîdérables que les rois
Catholiques en tirent. Us y tiennent un gouverneur par-
ticulier , dont l'autorité eft foumife à celle du vicaire
général t$ Andaloujie , ck une chancellerie royale , qui
connoît fouverainement ck fans appel de toutes les caufes
qui lui font dévolues.
Voici quelles font les principales villes du royaume de
Grenade par rapport à leur iituation.
( Grenade,
Guadix ,
Baça ,
Les places les ! Guescar ,
plus confidéra- I Loxa ,
blés font, iSanta-Fé,
jAlhama,
| Antequera,
^Ronda.
Dans les ter-/
fSettenil,
Lora ,
Eftepa,
Vêlez de Malaga,
Albanuelas,
Cardiar ,
Taron ,
Veria ,
'Les places les Uxixar ,
moins confidéra-^ Anduxar,
\bles font, iCangivar,
Hoanez ,
Santa Cruz ,
Nerca ,
Porcena ,
Monteijcar,
Cogollos,
Monaehil ,
\Monda.
208
Sur la côte, ^
GRE
GRE
(Malaga ;
r Les places les | Almeria ,
" plus confidéra- { Muxacra ,
blés font, Vera,
[f^/f.,..U,.l
i Marbella
Fuengirola,
Molina,
Porto de Torres ,
Almuneçar ,
Salobrena,
Motril ,
Cartel Ferro,
Les places les, Beria ,
moins confidéra- \ Adra ,
Uries font, |Aladra,
^Caftel Grimaldo.
Quoique nous ayons remarqué que I'évêché de Guadix
n'eft pas fournis à l'archevêché de Grenade , mais à ce-
lui deSeville, il ne laiffe pas défaire partie du royaume
de Grenade. Voici une nouvelle diftribution des villes
de ce royaume , félon lés quatre diocèfes.
beaucoup plus blanc que dans les autres ifles, en café,
tabac, indigo, coton, riz, gingembre, miel, manioc.
L'air y eft très-fain. Elle eft très-peuplée. Il y a un gou-
verneur, état-major, & plusieurs lieutenans de roi ; en-
fin elle eft fort bien policée. Il y a beaucoup de rivières
& de fontaines. Le terrein y eft uni par-tout , & le mouil-
lage y eft fort bon pour les navires. On y trouve quan-
tité de beaux arbres , dont les uns portent d'excellens
fruits , &c les autres font propres à bâtir. Le poiffon eft
abondant fur toute la côte. Au nord-eft de cette ifle il y
en a une douzaine de petites , nommées les Grenadins ,
où la pêche & la chafle font fort abondantes , auffi-bien
que dans Fifle de Grenade. Les légumes y font en abon-
dance. Les patates , les ignames , les bananes , & les
figues d'Inde y viennent très - bien. On y trouve deux
espèces de gibier à poil ; favoir, l'acoutis & le taton,
qui font d'un afTez bon goût. Il n'y a aucune bête ve-
nimeufe. * Le P. Dutertre , Hift. des Antilles de l'Amé-
rique , /. i , c. î. Rochefort , Hift. nat. & morale des An-
tilles de l'Amérique. Le P. Labat , Voyages de l'Amé-
rique, t. %, p. 140.
7. GRENADE,
villes de. l'Amérique Espagnole, lituée fur le bord delà
Ronda ,
,
Dans I'évêché
de Malaga,
Setenil ,
Monda ,
Marbella ,
Malaga ,
Cartama,
Antequera ,
Vêlez de Malaga.
. /
'Alhama,
Boxa ,
Le ROYAUME,
de Grenade
a
Dans l'ÉvicHÉi
de Grenade, '
Santa-Fé ,
Grenade , capitale
du royaume ,
Almunecar,
Valobrenna,
iMotril.
(Adra ,
Dans I'évêché) Almeria;
d'ALMERiA, )Muxacra,
(Vera.
Dans I'évêché
de Guadix,
(Guadix ,
^Baça,
(Huesca.
GRENADE , une des plus belles Se des plus riches
Il étoit refté beaucoup de Mores dans le royaume
de Grenade ; mais comme leur converfion au Chriftia-
nisme étoit feinte , & que même non contens de ne pas
trop diffimuler leur attachement à l'ancienne erreur, leur
commerce étoit préjudiciable aux Espagnols , avec qui
ils s'allioient , & corrompoient ainfi les familles , Phi-
lippe III , préférant la pureté de la foi aux intérêts tem-
porels de fa couronne , chaffa ces Mahométans , vers
l'an 1609.
4. GRENADE , petite place de France , en Gasco-
gne, dans la banlieue de Marfan, fur l'Adour, à 'deux
lieues au-deffbus d'Aire , en allant vers Saint -Sever,
dont elle n'eft pas plus éloignée. Dans les grandes eaux,
£4 dans l'hiver , l'Adour commence à y porter des ba-
teaux.
5. GRENADE, ville de France, en Gascogne, au
comté de Gaure , & fur la Garonne , à trois lieues au-
deflbus de ïouloufe.'C'eft un des fiéges royaux de la
judicature de Rivière-Verdun , Sg. le fiége de fon élec-
tion.
6. GRENADE , (la) ifle de l'Amérique feptentrio-
nale, dans la mer du nord. Elle eft fituée par les il. d.
15' de latitude, &c les 315 d. 50' de longitude. Elle
commence le demi-cercle des Antilles. Les François s'y
établirent, en 1650, par ordre de M.Dyel du Parquet,
qui les fit pafTer de la Martinique, & qui fit cet établif-
fement à fes frais. Cette ifle appartenoit aux Sauvages
qui eurent beaucoup de peine à fouffrir que les François
s'y établiflent. Cette ifle eft très-fertile en fucre , qui eft
Nicaragua , qu'on' appelle auffi quelquefois le tac de Gre-
nade , &c à vingt- huit lieues de la mer du fud. Vers
l'an 1665 1 foixante des flibuftiers François la furprirent,
& y pillèrent quelques maifons. En 1675 , une autre
troupe plus nombreufe , & dans laquelle il y avoit quel-
ques Anglois, la prirent après avoir forcé la place d'ar-
mes où les habitans s'étoieut retranchés , après l'avoir
environnée d'une forte muraille, défendue par quatorze
pièces de canon , fix pierriers , & fix compagnies de ca-
valerie : ils menacèrent enfuite de brûler la ville, fi elle
ne fe rachetoit ; & voyant qu'on ne leur faifoit aucune
réponfe , ils effectuèrent leur menace en partie. * Le
P. Charlevoix , Hift. de S. Domingue , /. 9.
8. GRENADE , (lac de) grand lac de l'Amérique
feptentrionale , dans la nouvelle Espagne , & dans la
province de Nicaragua. II eft ainfi nommé par quel-
ques-uns , à caufe de la petite ville de Grenade qui eft
fur la côte occidentale ; d'autres l'appellent auffi le LAC
de Nicaragua. Voyez Nicaragua.
9. GRENADE ou la nouvelle Grenade, pays
de l'Amérique méridionale , dans la terre ferme. Il a
pour bornes au nord le pays de Sainte-Marthe ; au nord-
eft, celui de Venezuela ; au levant, la Guiane ; au midi,
de vaftes pays que l'on connoît peu ; au fud-oueft, le
Popayan : il eft de l'audience de Santa-Fé. Sa longueur
eft de cent trente lieues , &c fa plus grande largeur eft
de trente.
Ses principales provinces ont été de tout tems BO-
GOTA & Tunja. Santa-Fé de Bogota eft la capitale
du pays. Ces deux provinces font entourées de Sauva-
ges furnommés PANCHOS , dont le pays eft fort chaud.
Celui de Bogota , au contraire , eft un peu plus tempéré.
Les fauvages qui l'habitent , auffi-bien que le Tunja , s'ap-
pellent communément Moxes. Ces fauvages étoient gou-
vernés par divers Caciques , quand les Espagnols com-
mencèrent à découvrir ces provinces. Ferdinand de
Lugo, amiral des ifles Canaries , envoya en 1536, delà
ville de Sainte-Marthe, Gonfalvo Ximenès de Quefada ,
fon lieutenant , pour découvrir les régions (nuées le
long de la grande rivière de la Magdelaine. Ximenès
monta par terre le long du rivage , à main gauche de cette
rivière , où il s'avança avec de grandes difficultés, tant
pour l'épaiffeur des bois , que pour la quantité de ri-
vières , torrens &c marais qu'il rencontra ; mais parti-
culièrement à caufe' des courfes fréquentes des fauvages.
Il arriva à un lieu, nommé ToRA, qu'il nomma Pue-
BLA DE LOS BRACHOS , parce qu'il y avoit en cet en-
droit, quatre bras de rivières qui fe joignoient. Il y fé-
journa pendant l'hiver , ayant fait jusques-là depuis la
mer , félon fon calcul , environ cent cinquante fieues
dans le continent. Au printems il monta avec fes gens
le long d'une autre rivière jusqu'au pied des hautes mon-
tagnes , appellées Opon, larges de cinquante lieues , &
fort rudes & défertes. Après les avoir paffées , ils des-
cendirent dans un pays plat & bien cultivé , ou l'on as-
fembloit beaucoup de fel de certaines fontaines Calées ,
d'où ils pafferent dans la province du Cacique Bogota,
qu'ils
CRE
GRE
2 09
qu'ils défirent , pillèrent enfuite les villages des.Sauva- rites ifles ou écueils , fitués clans la mer du Nord, parmi
tes, où ils trouvèrent beaucoup d'or ck d'émeraudes. les Antilles, entre Saint-Vincent & la Grenade ," dont
)e-là ils parlèrent dans le pays des Pachos , feparé de ils prennent le nom. * Atlas. Robert de Vaugondy.
la province de Bogota par de petites montagnes, ck ar- GRENCHEN , village ck paroifie de Suiiï'e, dans le
rivèrent à une vallée qu'ils appelèrent trompette, haut Vallais , au département de Fischbach. * Etat &.
éloignée de quinze lieues d'une montagne fort haute, Délices de la Suiffe,t. 4, p. 183-.
& dénuée d'arbres , d'où l'on tiroit les émeraudes. Pen- GRENETIERE , (la^) Granauria; abbaye d'hom-
dant leur féjour dans cette vallée , ils firent un fort grand mes , en France, de l'ordre de S. Benoît , dans le Poi-
butin, ck amaiferent beaucoup d'or. A trois journées tou , au diocèlè de Luçon , au levant de Pabeau, fon-
de-là ils réduifirent deux autres Caciques , nommés Sa- dée avant l'an 1170 ; mais on ignore l'année de fa fon-
gamofa ck Diutima ; ck étant retournés dans la pro- dation,
vince de Bogota , ils pafferent par le terroir des Pu- GRENICUS , rivière d
ckos , ck contraignirent la plus grande partie de ces peu-
ples à faire la paix après une longue guerre. Ximenès
donna à cette province , qu'il crut allez découverte ck
allez domptée , le nom de nouveau royaume de
'Afîe mineure. C'eft la
même que le Granique. Voyez ce mot.
GRENOBLE , ville de France , au Dauphiné , dont
elle eft la capitale , dans le Graifivaudan , auquel elle
donne le nom', fur la rivière de l'Ifere , où elle reçoit
Grenade, à caule qu'il étoit de Grenade en Espagne, le Drac dans une plaine , au pied des montagnes. On
& il y bâtit la ville de Santa Fé , qui en eft la capitale, l'appelle en latin Gratianopolis , parce qu'elle fut réta-
* DeLaét, Ind. occid. /.ç>, c. 1. blie par l'empereur Gratien. Son nom précédent étoit
Les autres villes que les Espagnols y ont fondées font, Cularo ; & c'eft ainfi que la nomme Plancus dans une
felon de Laët,
Tocayma ,
La Trinitad ,
Tunja ,
Pamplona ,
Merida ,
Outre trois bourgs qui font,
Vêlez ,
Mareguita,
Ibague ,
Vittoria,
S. Juan de Los Lanosi
lettre à Ciceron, écrite Cularone in finibus Allobrogum.
Cette place appartenoit alors aux Al'lobroges , & ce né
fut que long-tems après que les Romains l'érigerent en
cité. Elle avoit un évêque dès le quatrième fiécle , puis-,
que S. Domnin , évêque de Grenoble, affifta l'an 381,
au concile d'Aquilée , où prélidoit S. Ambroife. * Lotir.
guerue , Defcr. de la France , part. I , p. 3 17.
Cette ville , dans le déclin de l'empire Romain , fut
afiujettie par les Bourguignons, au cinquième fiécle, ck
dans le fuivant'par les François Mérovingiens. Sous les
Carlovingiens elle fi.it du partage de Lothaire ; mais
après la mort de fes enfans ck celle de fon frère Char-
les , le Chauve , & de Louis le Bègue , elle obéit à Bo-
fon , enfuite à l'empereur Charles , le Gros , ck à Louis j
l'Aveugle , fils de Bofon. Cette partie du royaume de
Bourgogne ayant été réunie à celle du roi Rodolphe IL>
Grenoble vint au pouvoir de Conrad Sk de Rodolphe,
le Lâche , fon fils , qui lui donnèrent de grands privilè-
ges, auffi-bien qu'à fon évêque. Ce prélat commença à
Saint Miguel , Palma,
ck S.'Chriftophe.
Les naturels fe fervent de maïs ou de caflave au lieu
de froment. Ils ont quantité de fel dont ils font un grand
commerce. Le gibier y eft fort commun , auffi-bien que
le poiflbn. Les Bogotes ck les Tuniens font g»ands : ils
fe couvrent de manteaux noirs , blancs ck bigarrés de
diverfes couleurs , font ceints de bandes autour des
reins : ils ornent leurs cheveux de chapelets ck de fleurs être troublé dans la jouiflance de fes droits par les com-
teintes ck faites de coton , d'une manière fort induf- tes d'Albon ck de Graifivaudan , nommés enfuite Dau-
trieufe. Quelques-uns fe couvrent la tête d'un bonnet phins. Mais l'empereur Frédéric BarberoufTe, condamna
ou fe ceignent d'un rets. Il fé trouve dans ce royaume le comte, ck remit l'évêque en tous fes droits, l'an 1 161.
beaucoup de mines d'or , de cuivre ck d'acier. Il y a Cet empereur défendit , par fes lettres , à tous les fei-
beaucoup de chevaux , ck de mulets, on en mené plu- gneurs voifins, de troubler l'églifè de Grenoble & fon
rieurs au Pérou. Ce pays abonde en pâturages , en fro- évêque, qu'il appelle #/2 de fes fidèles , c'eft-à-dire va£>
ment , en autres grains ck en fruits. Les Indiens qui faux; il lui donna le titre de prince. Les différends pour
habitoient la province voifine de celle de Tunja , vi- la jurisdiction temporelle de la ville de Grenoble re-
voient de fourmis ck les nourriffoient avec foin pour commencèrent entre le Dauphin ck l'évêque , ck dure-
les manger. Les lieux que les Sauvages , nommés Coli- rent plufieurs années ; de forte qu'ils ne furent entiére-
MAS ck Musos habitent, font aux limites des proviri- ment terminés que par la tranfaftion paflëe , l'an 1313»
ces de Bogota ck de Tunja. Leur contrée , qui a vingt- entre le Dauphin Guigues de la Tour du Pin , ck l'é-
cinq lieues de long ck treize de large , eft presque par- vêque Guillaume du Ruin ; on convint alors que la ju-
tout chaude ck humide ; ils ont chaque année deux étés risdiétion feroit commune à perpétuité entre l'évêque
ck deux hivers. Leur premier été commence en Dé- ck le Dauphin , dans la ville ck le territoire de Greno-
cembre , ck dure jusqu'à la fin de Février; ck le fécond ble , ck que la juftice y feroit rendue par un juge agréé
commençant en Juin , continue jusqu'en Octobre. Les des deux feigneurs. Les évêques de Grenoble n'ont été
deux hivers occupent les fix autres mois. Ces deux fai- entièrement affiijettis, que depuis que le Dauphiné a été
fons ne font cependant diftinguées que par le béautems, donné aux rois de France.
qui dure tous les étés, 6k la pluie qui ne ceffe point les nuits Le parlement de Grenoble doit fa première origine
d'hiver. Les animaux les plus communs dans les provinces à Humbert II, dernier Dauphin de Viennois, qui créa
des Musos ck des Colim AS, qu'on appelle auffiCANA- à Grenoble un confeilDelphinal , l'an 1340, qu'ilcom-
PEYES , d'un|nom commun aux deux nations, font cer- pofa de fept confeillers fans aucun préfident , d'un audi-
tains pourceaux noirâtres, qui ont le nombril fur le dos', teur des comptes, ck d'un tréforier du Dauphiné. Il or-
ck d'autres plus petits, presque femblables aux fangliers; donna que quatre des fept confeillers enfeigneroient le
des cerfs , des dains, des guatinayas , animaux qui dif- droit dans l'univerfité , qui étoit pour lors à Grenoble,
fèrent peu de nos lièvres, des brebis, des chèvres ckcles Deux ans après, il fit un de ces officiers préfident , ck
chevaux. Les Espagnols n'y ont que deux colonies, l'une créa un avocat fifcal Delphinal. Louis XI, n'étant en-
dans la ville de la Trinitad , & l'autre dans la bourgade core que Dauphin , s'étant retiré en Dauphiné , érigea
delà Palma, qu'ils bâtirent en 1571 , à quinze lieues en 1453 ce confeil Delphinal en parlement , avec les
de Santa-Fé. Ils habitèrent d'abord la bourgade de la mêmes droits ck honneurs que les autres parlemens du
Tutela, fur le bord de la rivière de Zarbi ; mais la pro- royaume , ck en 14H) " crc^a un procureur fiscal Del-
ximité des montagnes , la grande férocité des Sauvages , phinal. Charles VIII , confirma cette érection ; ck le
ck la difficulté des vivres , les contraignirent de l'aban- parlement de Grenoble prétend , en vertu de cette con-
donner peu de tems après. La plupart fuivirent le capi- firmation , qu'on doit compter fon érection , depuis
raine Pedro d'Orfua , au voyage qu'il fit vers les pro- l'an 1453. Le parlement de Bordeaux prétend, au con-
vincesde laGuiane. La renommée de l'or lesyayant at- traire, qu'on ne la doit compter , que depuis la confîr-
tirés, ils bâtirent dans ce canton la ville de la Trini- mation de Charles VIII , parce que Louis XI, n'étant
tad , qui fut bientôt après transportée à l'endroit où elle que Dauphin en 1453 , fon édit n'a de force par rap-
eft préfenternent. port aux autres parlemens du royaume , que depuis la
pRENADINS : (les) on appelle ainfi quelques pe- confirmation de Charles VIII. Le parlement de Dau-
Torne III. D d.
I
210
GRE
GRE
beauté au cardinal le Camus , évêque de Grenoble. Les
fâlles font ornées de tableaux de prix, de la vie & de la pas-
non de Jefus-Chrift, &c des portraits des évêques de Gr~""-
phiné a néanmoins pane pour le troifieme après Paris
&: Touloufe , rk a précédé celui de Bordeaux , dans les
Semblées des Notables, tenues à Paris, à Moulins & -.,-..
à Rouen en i«7 , 1566 & 1617, ck dans la chambre ble. LesOratonensontle (emmaire; cklesJefuitesavoient
de indice' de l'an 1661. Les commiffaires de ces deux lecollege.L'hôpital-géneraleftbienbati,ayantquatrecorps
parlemens' alternèrent, l'un ayant eu la préléance un de logis & des jardins dune étendue lurrilame. Tous les
four & l'autre le jour fuivant. * Piganiol de la Force,
autres hôpitaux de la ville ne font qu'un même corps avec
Defcr. de hfrance, t. 4,
.30.
celui-ci, & font fous la même direction. L'arfenal eft
Ce parlement eft aujourd'hui compofé de dix prefi- une espèce de petite c
dens , le premier compris ; de cinquante-cinq conl'eil-
lers ; de trois avocats-généraux , fck d'un procureur-gé-
néral : tous ces officiers font diipofés en quatre cham-
bres. Les préfidens font tous à mortier , parce qu'il n'y
a point de grand'-chambre , ni de chambre des enquêtes;
& à la referve du premier prélident ck du garde des
fceaux , qui fervent toujours dans la première chambre;
les préfidens & les confeillers roulent dans les autres ,
fuivant leur ancienneté &c l'option qu'ils en font à l'ou-
verture du parlement à la S. Martin.
Le gouverneur & le lieutenant-général de la province,
ont féance au parlement avant le premier préfident. Ils
le précèdent , dans les procédions & dan^ les autres ce-
rérnonies publiques. Le premier préfident du parlement n enflamment pas la' poudre. Les peaux & les gants de
de Grenoble , ou en fon abfence le plus ancien préfi- Grenoble ont de la réputation ; mais h draperie en eft
grofiiere, quoiquon y en taile quantité. Hors de la ville
eft le couvent des Minimes , où fut enterré l'illuftre
chevalier-Rayard , dont fon oncle , appelle Laurent Al-
Leman , avojt été le fondateur.
Le diocèfe de Grenoble eft compofé de trois cens quatre
paroifles, dont deux cens quarante font en Dauphiné , ck
foixante- quatre en Savoye. Le chapitre de la cathédrale
eft compofé d'une feule dignité , qui eft le doyenné,
délie, au milieu de la ville. A
Sainte-Claire font les tombeaux de la connétable de Les-
diguieres ck de fa fille. Ils font de marbre, ck eftimés
pour la fculture. Les draperies en font parfaitement
bien jettées. Le cours eft une belle promenade. Il y a
un allez beau mail. Les fortifications de la ville font du
chevalier de Ville. On trouve , près de Grenoble , les
reftes d'une tour appellée la Tour -fans-venin , parce
qu'on n'y a jamais vu, dit-on, d'inlefte venimeux, ck
que ceux qu'on y apporte , s'enfuient fur le champ. A
trois lieues de cette ville, on trouve encore un terrein
de huit pieds de long, fur quatre de large , qui vomit des
flammes rouges & bleues de la hauteur d'un demi-pied.
Elles brûlent le papier , la paille 6c le bois ; mais elles
dent, commande dans la province en l' abfence du gou-
verneur , du lieutenant-général ck des commandans par
brevet particulier. Ce droit qui eft ancien , a été con-
firmé par des lettres-patentes du roi , du 12 Juillet 1716,
publiées à l'audience le 30 du même mois. En confor-
mité de ces lettres, M. de Treflemane étant mort en 1718,
M. de Grammont , fécond préfident du parlement de Gre-
noble , commanda jusqu'au retour du comte de Medavy
dans la province. Tous les archevêques & évêques du & de dix-huit canomeats , dont le revenu eft fort mo-
royaume ont féance & voix inftructive au parlement dique. Le chapitre nomme le doyen & les chanoines ;
de Grenoble. Le feul évêque de cette ville y a voix dé- 1 eyeque y prehde , & y a fa voix. Ce chapitre a un de-
liberative : ils fiégent avec les préfidens , au-deffus du gre de jundiftion , de laquelle on appelle al officiante
doyen des confeillers. de ' eve3ue\Le cl>aP!tr<; de S' A?dr| f a"ffi dansL Gre"
La chambre des comptes de Grenoble a été unie au noble & eft compole d un prevot & de douze chanot-
parlement , jusqu'en l'année 161 8, qu'elle en fut féparée nés : il eft en tout fournis a la nindiftion de 1 eveque.
par un édit qui l'a créée ad inftar de celle de Paris : Ce chapitre eht le prevot, les chanoines fk les chape-
elle eft compofée de fix préfidens , le premier compris; kuris. Les canonicats n ont qu'un très -petit revenu. IL
de dix-huit maîtres ordinaires, de deux correcteurs, de
fix auditeurs , d'un avocat général , ck ^d'un procureur-
général. Cette chambre connoît des mêmes afraires que
les autres chambres des comptes du royaume. Elle pré- .
tend encore avoir droit d' enregistrer les provifions des bon , qui y eft enterrée. La grande Chartreufe eft dans
«5,„Sm,0c & leur ferment de fidélité ; mais la chambre ce diocèfe. _
Selon les nouvelles obfervations, Grenoble eft a 23 d.
12' de longitude , & à 45 d. 11' de latitude.
GRENTiUS , ou Orentius , lieu d'Ane , dans la
Galatie , fur la route de Claudiopolis à Ancyre, à XXIV
M. P. de cette dernière , félon Antonin.
GRENWICH , ancien château d'Angleterre , au
comté de Kent , fur la Tamife , auprès de Deptfort.
C'eft où naquirent Henri VIII ck fa fille Ehfabeth.
n'y a point d'abbaye d'hommes dans tout ce diocèfe. Il
n'y en a qu'une feule de filles, qui eft celle DES Hayes,
de l'ordre deCïteaux, fondée en 11 63, par Marguerite
de Bourgogne , femme de Gui, Dauphin, comte d'Ai-
des comptes de Paris le contefte. La chambre des coin
ptes va après le parlement ; mais dans Féglife de Notre-
Dame & dans celle de S. André , les officiers des com-
ptes font à la droite en entrant dans le choeur, & le par-
lement a la gauche ; ce que la chambre des comptes
rapporte à l'ancienneté de fa création , qu'elle prétend
être antérieure à celle du parlement.
Le bureau des finances n'a fait qu'un même corps .......
avec le parlement, jusqu'en 1628 , qu'il en a été féparé Voyez Deptfort. Voyezaufli al article de LONDRES,
ck établi en corps de Compagnie. Il eft à préfent coin- ce qui regarde l'hôpital de Grenwich. ■
pofé de vingt-fept officiers qui font un préfident en ti- GREPHIS : félon quelques éditions de Pline , £4 ,
tre , quatre préfidens par commiffion ; vingt tréforiers c- 7 > c'étoit le nom dune ville de Grèce , dans la Beo-
généraux , un avocat ck un procureur du roi. tie. Sylburge a cru que c etoit la Cnphis de Strabon ;
La ville de Grenoble eft fort peuplée. La baftille eft mais le P- Hardou
fait voir qu'il falloit lire ACR£-
: fortereffe qui commande la ville. L'Ifere coupe Gre-
noble en deux parties inégales. La moins confidérable
eft fort ferrée par lecôteau, cks'appelle Saint-Laurent
ou la Perrière. Elle ne confifte presque qu'en une
grande rue. Saint-Laurent eft la paroifie de ce quartier.
Au-deflus eft un couvent des filles de la Vifitation , ap-
pelle Sainte-Marie d'en-haut. Le quartier de BONNE eft
le plus beau de Grenoble. Les rues y font grandes , bel-
les ck bien percées. Le palais où fe tient le parlement,
la chambre des comptes ck le bureau des finances eft un
ancien bâtiment , fitué fur une place presque ronde. La
GRESINUS , ville de laChersonnefe , félon Etienne
le Géographe , qui cite Androtion..
GRESSIC , petit royaume , avec une ville capitale de
même nom , dans l'ifle de Java, à l'oppofite de celle de
Madura , dont l'ifle de Java n'eft féparée que par un
détroit. Son roi eft le meilleur ami que les Hollandois
ayent dans tout le pays.
GRESTONIA , petit pays de Grèce aux confins de la
Thrace Se de la Macédoine. Thucydide , /. 2 , le' joint
avec Anthemus cklaMygdonie dans un paftage: lesMacé-
place , appellée la Grenelle , eft grande ck belle ; à l'un doniens ravagèrent la Mygdome , la Greftonie ck Anthe-
des bouts eft l'hôtel de ville , maifon fort fimple. L'hô- mus ; il la nomme avec Anthemus , ck la Biialtie dans un
tel de Lesdiguieres eft un ancien bâtiment , compofé de autre paffage : ces Macédoniens , dit-il , fournirent d au-
différens corps de logis joints les uns aux autres. Il très peuples qu'ils tiennent encore ious leur domination ,
forme un tout qui n'a rien de beau pour l'extérieur; &voir Anthemus , la Greftonie ck la Bifaltie. Hérodote
mais les dedans en font commodes &c magnifiques. Le écrit Crefionie. L'Echedore , dit-il , /. 7 , c. 124, a (a
jardin confifte en un parterre accompagne d'une ter- fource dans la Creftonie , ck coule à travers la Mygdome.
rafle ck en une espèce de bois. C'eft la promenade pu- H nomme auffi cette contrée, CrestONICE , Kfnçariiii.
blique de la ville. Le palais épiscopal eft beau ; il doit fa Lycophron cité par Ortélius , Thef. écrit auffi Crejlorùa,
GRI
CRI
GRETAIN , ou Grestain , bourg de France, en
Normandie , au diocèfe de Lifieux , avec une abbaye
de Bénédictins, à une lieue &c demie au-deffus de Honneur ,
& à pareille diftance du port , & de la collégiale de
S. Sanfon , • vis-à-vis du château de l'Orcher , affis de
l'autre côté de la Seine , qui a deux lieues de largeur en
cet endroit. La haute juftice de Gretain étend fa jurisdic-
tion jusques fur un des quartiers de la ville de Honfleur.
Cette abbaye avec l'églife paroiffiale eft fituée au pied
d'une côte , &c arrofée d'un ruiffeau qui tombe dans la
Seine devant fes murailles , environ à une lieue de fa
fource qui eft au-defïus de S. Pierre du Châtel que fes
eaux traverfent. Le Necrologe de l'abbaye de Gretain
regarde Odon ou Eudes , I du nom , trente & unième
évéque de Rayeux , comme l'on fondateur , quoiqu'elle
foit redevable de fa fondation à la pieté de Herluin de
Couteville fon père , à caufe feulement qu'il y avoit
confenti , &£ que vers l'an 1040 , le même Herluin , appa-
remment à la prière de fon fils , l'avoit augmentée con-
fidérablement de fes biens. Les premiers abbés ont été
Geolroi , moine de S. Sever d'Angers ; Fulchre , & Her-
bert. * Corn. Dicl. Hermant , Hiftoire du diocèfe de
Bayeux, t. 1.
GREVE, (la) Ce mot eft différemment expliqué par
les auteurs. Sanfon , dans fon Introduction à la géogra-
phie , dit : la partie de la côte que la mer couvre &:
découvre par fon flux & reflux , s'appelle grève. Ozanam ,
dans fon Dictionnaire de mathématiques , dit la même
chofe ; dans fon Traité de géographie , il ajoute : on
appelle ejlrain la côte de la mer qui eft plate &t fablon-
neufe. Ce qu'il appelle eflrain eft ce que nous appelions
grive fur la côte de Normandie. La grève eft un fond de
fable que la mer couvre & découvre , & plus haut fur
le rivage font des cailloux que l'on appelle le gallct. Mais
une preuve que cette circonftance de la mer qui couvre
& découvre n'eft pas effentielle au mot de grève ,
c'eft qu'à Paris le quartier de la grève n'a rien de com-
mun avec le flux & reflux. Il y a bien plus d'apparence
de dire que le mot de grive , fignifie un rivage de gros
fable & de gravier , & que grève &£ gravier viennent
d'une même origine. Le P. Lubin , dans fon Mercure
géographique, dérive grive de gradus ; cette étymologie
ne convient point à la grève du rivage de l'Océan de
laquelle nous avons parlé.
GREVELINGEN. Voyez GrAvelines.
GREVE -MACRE , félon Baudrand ; Grave-
Marcheren , félon le diftionnaire géographique des
Pays-bas , petite ville des Pays-bas , au pays de Luxem-
bourg , fur la rive gauche de la Mofelle , entre Sirck &c
Trêves.
GREVENBOURG , ou Greiffen'berg. Voyez
Trarbach.
GREVENBROECK , ou Grevenbruch , ou Gre-
venbruck , petite ville d'Allemagne , fur l'Erpe , au duché
de Juliers , félon Zeiler , Weftphal. Topogr. p. 81;. En
1641, les François & les Heffois, qui étoient unis enfem-
ble , l'abandonnèrent à l'approche de Jean deVerth qui
s'en empara. Elle eft à l'élefteur Palatin , comme tout le
refte du duché.
GREVENDAEL , abbaye de filles , ordre de Cîteaux ,
dans la Gueldre,au diocèfe deRuremonde, fur la rivière
de Niers.
GREZE , en latin Credo & Credonense
Castrum , autrefois place fortifiée de France , au Gevau-
dan , du tems de S. Privât , évêque du pays au III
fiécle. C'eft encore un village plus confidérable que
Javoux même qui étoit alors la ville épiscopale. * Bail-
let , Topogr. des faints , 2. part.
GRIESS , montagne de Suiffe , dans le haut Vallais ,
au département de Gomb : c'eft le chemin pour paiTer en
Italie. * Etat & Dilices de la Suifle , t. 4 , p. 173.
GRIESSEBERG , village & feigneurie de Suifle , dans
leThurgaw. * Dilices de la Suiffe, t. 3 , p. 154.
GRIET ou Grit , bourg d'Allemagne , au cercle de
Weftphalie , dans le duché de Cléves , fur le Rhin ,
entre Emeric & Rées , au nord de la ville de Calcar.
GRIETENIJE , terme particulier dont on fe fert en
Frilc pour fignifier un bailliage ; de même on appelle
grietman , ce que nous appelions en françois un bailli.
La province de Frife eft partagée en un grand nombre
211
de Grietenije ; & on en a publié une grande Carte , où
chacune a une feuille particulière.
GRIETHUYSEN ou Griethausen , bourg d'Alle-
magne , au pays de Cléves , dans le cercle de Weftpha-
lie , fur un petit ruiffeau qui va fe jetter dans le Rhin.
Ce lieu eft au nord-nord-eft , à demi - lieue de Cléves ,
au couchant méridional , & à une lieue d'Emeric au
fud-eft , <k à un peu plus d'une demie-lieue du fort de
Schenck , qui eft à la pointe du Betuve. Ce bourg a
été bâti par Jean , vingt-huitième comte de Cléves. En
1536, Griethuyfen fut pris par les Hollandois , &'
quatre ans après par les troupes Heffoifes. * Sanfon ,
Atlas.
GRIFFENBERG. Voyez Greiffenberg.
GRIFFENHAGEN ou Greiffenh agen , ville d'Al-
lemagne , dans la Poméranie Pruffienne , au duché de
Stetin , fur la rive orientale de l'Oder , au-deffus de
Stetin , & presque vis-à-vis de Gartz , qui eft fur l'oc-
cidentale. Les géographes du pays lui donnent 38d. 45'
de longitude , & 53 d. 17' de latitude. Elle ne fat érigée
en ville, que l'an 1262 ; elle eft fort baffe & fort enfon-
cée. Cette ville fut prife & reprife durant les guerres
civiles de l'empire. On la céda à la Suéde par la paix
de Weftphalie ; mais elle fat rendue à l'électeur de Bran-
debourg par le traité de S. Germain-en-Laye , en 1679.
Elle fut brûlée par accident en 1532. Il y a une prévôté
eccléfiaftique , dont la juridiction s'étend fur vingt-trois
paroiffes. On tient dans cette ville trois foires par an. La
première eft au fécond jeudi de Carême ; la féconde à la
Trinité ; & la troifiéme au 28 Octobre. Villeneuve
croit que c'eft la J^iritium , dont parle Ptolomée , /. 2 ,
c. 11,* Zeykr , Pomeran. Topogr. p. 61. Baudrand ,
édit. de 1705.
GR1FFENSÉE. Voyez Gryffensée.
GRIFSTETD , comrnanderie d'Allemagne , dans la
Thuringe , près de la rivière d'Unftrut , Se dépendante
du bailliage de Marpurg , en Heffe.
GRIGNAN , petite ville & comté de France , en
Provence, furies confins du Dauphiné. C'eft plutôt une
annexe qu'une partie de la Provence ; car il eft hors des
limites de cette province : c'eft pourquoi il eft mis avec
toutes fes dépendances entre les terres adjacentes. Les
feigneurs de Grignan, qui étoient de la race des Adey-
mars , feigneurs de Monteil ou Montelimar , fe font
long-tems maintenus dans la liberté & l'indépendance.
Enfin , l'an 1 164, Gérard Ademar , fit hommage volon-
tairement à Raimond Berenger, le jeune, comte de Pro-
vence , qui conferva à Gérard le pouvoir de battre mon-
noie , Se d'autres droits qui n'appartiennent qu'aux fou-
verams. Un autre Ademar fit hommage l'an I2s,7, à la
comteflé Béatrix, femme de Charles I, comte d'Anjou,
de la manière & aux mêmes conditions que les feigneurs
de Grignan, fes prédéceffeurs , l'avoient tait aux comtes
de Provence, depuis Raimond Berenger , le jeune. Le
dernier mâle de la race des Ademars , a été Louis Ade-
mar, lieutenant-général , pour le roi de France en Pro-
vence ; en faveur duquel la feigneurie de Grignan fut
érigée en comté, par Henri II, l'an 1550. Il mourut fans
enfans, & laiffa héritière fa feeur, Blanche , femme de
Gaspard de Caftellane , baron d'Entrecafteaux , Se par-là
ce comté entra en cette maifon ; & depuis peu la bran-
che masculine des comtes de Grignan , de la maifon de
Caftellane , a été éteinte. Il y a dans ce comté les peti-
tes villes ou bourgades de Grignan & de Colonelle ,
avec plufieurs villages. * Longuerue , Defcr. de la France,
1. part. p. 375.
GRIJALVÀ, (la) rivière de l'Amérique .Septentrio-
nale , dans la nouvelle Espagne. Elle a fa fource dans
la province de Chiapa, d'où , coulant vers le nord , elle
traverfe la province de Tabasco , & fe jette dans la
baye de Campêche. Quelques-uns la nomment la rivière
de Tabasco , du nom de la province où eft fon embou-
chure , les autres la rivicre de Gnjalya , du nom de Jean
deGrijalva, Espagnol, qui !a découvrit en i'jiS. Cor-
neille, après de Laët, Ind. occid. 1. 5, c. 30, la nomme
Grialva, Se la décrit ainfi. Elle a, dit-il ,_ au-deffus de
fon embouchure plus de huit braffes de profondeur ; mais
elle eft fort plate àtr-dedans , & l'entrée en slt difficile,
parce qu'il y brife fort à caufe du choc qu'y Km la ma-
rée contre le courant d'amont , qui eft extrêmement
Tome III. D d ij
GRI
2 12
rude. Cinq autres rivières y descendent outre quantité
de torrens. Elle le décharge dans la mer par deux bou-
ches , dont l'une a un quart de lieue de largeur , &C
coupe la côte qui s'étend en cet endroit eft & oueft ,
descendant du îùd vers le nord. L'autre court du fud-
oueft. Après cette description , Corneille, reproduit la
même rivière (bus le nom de Grijalva , fans avertir que
c'eft la même. * Baudrand, édit. 1705.
GRILLENE : c'étoit autrefois une ville de la Sar-
daigne , & ce n'eft plus préfentement que le lieu d'OR-
GOSOLO, félon Baudrand, édit. 1681, qui cite Fran-
çois de Vie.
GRIMAUT , petite ville de France , en Provence ,
«proche de la Méditerranée & du golfe de Grimaut,
dont elle eft éloignée d'une lieue , ck environ trois de
S. Tropez, au couchant. * Baudrand , édit. 1705.
Le golfe de Grimaut, petit golfe de France,
.dans la mer Méditerranée , fur la côte de Provence , près
de Grimaut , qui lui donne le nom. Il ne s'étend pas
plus de deux à trois lieues vers l'occident , & n'a point
d'autre place confidérable que la ville de S. Tropez , fur
ù côte méridionale.
GRIMBERGE ou Grimbourg , petite ville d'Al-
lemagne, dans l'éle&orat de Trêves. Jean, quatre -vingt-
iîxiéme évêque de Trêves, qui fut élu en 1190 , &
mourut en 12.12 , fit bâtir de neuf cette ville, dans le
AVefterwald. Zeyler n'en dit rien de plus ; mais Bau-
drand, édit. 1705 , dit qu'elle eft aux contins de la
Lorraine & du Palatinat du Rhin, à trois lieues de Bia-
kenfeld. Il ajoute que Grimberg eft le chef d'un des
vingt-cinq bailliages de l'archevêque de Trêves.
GRIMBERGUE , abbaye d'hommes , ordre de Pré-
montré , dans les Pays-bas , à deux lieues au nord de
Bruxelles. C'eft , outre cela , un comté qui a été érigé en
principauté , en 1730.
GRIMM , petite ville d'Allemagne , dans Féleftorat
de Saxe , en Misnie , fur la Mulde , que l'on y paffe fur
un pont à trois milles d'Allemagne de Leipfic ; entre
Wurtzen & Colditz, avec un bailliage, dont dépend
la petite ville de Lausswitz ou LAUSSWIG : le ter-
roir des environs eft très-bon : il y a un château & une
école publique , qui tient le troifiéme rang entre celles
de l'éleftorat de Saxe ; cette école fut fondée en 1550,
par l'éle&eur Maurice , au couvent des Auguftins , en
faveur de cent jeunes garçons , choifis dans les villes de
l'électorat ; &t pour cet effet on appliqua les revenus du
monaftere des religieufes de Nimpzschen , qui étoit de-
vant la ville. Ce lieu a beaucoup foufFert tant des inon-
dations que des incendies , principalement en 1429 ,
ÔC is^. En 1429 ou 1430, les Huffites en faccagerent
les environs. Dix ans après les Suédois y firent de cruels
ravages. Cette ville appartient àl'élefteur de Saxe. * Zey-
ler, Saxon, fuper. Topogr. p. 99.
GRIMMEN, petite ville d'Allemagne , danslaPomé-
ranie , au duché de Bardt , à cinq milles de Stralfund:
cette ville eft ancienne ; fa longitude , félon les géogra-
phes de ce pays , y eft de 37 d. 45', &t la latitude de
54. d. 18'. Elle fut entourée de murailles, l'an 1190.
11 y avoit autrefois un monaftere de religieufes. Elle a
dans fon département eccléfiaftique dix-neuf paroiffes
qui étoient autrefois de l'évêché de Schwerin , qui eft
du duché de Mecklenbourg , aux frontières duquel Grim-
men eft fituée, entre Tribefées SfGripswalde. On y tient
trois.foires par an, l'une au dimanche Mifericordias , l'au-
tre le famedi après l'Affomption , & la troifiéme après la
fête de fainte Elifabeth. Cette ville a été plufïeurs fois
prilé par les ducs deMeckelbourg, & reprife parles ducs
de Poméranie. * Zeyler , Pomeran. Topogr. p. 61.
GRIMMENSTEÏN , fortereffe d'Allemagne , dans
la Saxe auprès de Gotha , fur la hauteur. Elle paffoit
pour imprenable. Elle fut commencée par le landgrave
Balthazar. Enfuite augmentée parle duc Guillaume de
Saxe ; &c enfin l'an 1530 , &C les années fuivantes , on
y fit travailler huit ou neuf mille hommes pendant dix à
onze ans pour en perfectionner les fortifications : elle ne
fut pourtant point imprenable ; mais Jean-Frederic, élec-
teur de Saxe, ayant été fait prifonnierpar les troupes de
l'empereur Charles V , cette fortereffe fut démantelée
Juivant l'ordre de l'empereur , par Lazare de Schwendi ;
£i réie&eur ayant été relâché cinq ans après en 1552 ,
GRI
elle fut réparée. Son fils, de même nom, ayant protégé
mal-à-propos Guillaume de Grumbach , qui avoit été
mis au ban de l'empire , avec quelques autres , & n'ayant
pas voulu le livrer ; Augulle , électeur de Saxe , en qua-
lité d'exécuteur du ban impérial , affiégea Grimmenftein
en 1566, &c la prit le 13 Avril 1567, & la fit rafer jus-
qu'aux fondemens. Mais le duc Erneft y rebâ;it un châ-
teau qui fut nommé pRIEDENSTEIN ou le château de
la paix. L'ancien nom fignifioit le château de La fureur.
* Zeyler , Super. Saxon. Topogr. p. 96. Hubner ,
Géogr. p. 586.
GRIMMETSHbFEN , bailliage de Suiffe , au canton
de Schafhoufe. Il y a une haute jurisdi&ion. * Etat &
délices de la Suiffe , t. 3 , p. 97.
GRIMMI , ville d'Aile , clans la Géorgie , dans la
province de Gagueti ( Caket ) : elle eft allez peuplée
pour ce pays , félon Archange Lamberti , cité par
Baudrand, édit. 1705.
GRIMNITZ , château & maifon de chaffe d'Allema-
gne , dans la moyenne marche de Brandebourg , auprès
d'une grande forêt & d'un lac , aux frontières de l'Uckes-
marck. Ce lieu eft remarquable par le traité qui termina
les longues disputes qui étoient entre les maifons de
Brandebourg & de Poméranie. On y régla la fuccefïion ,
de manière qu'au cas que la maifon des ducs de Pomé-
ranie vînt à manquer d'héritiers mâles , les margraves
de Brandebourg auraient toute la Poméranie , excepté
les fiefs relevant de la Pologne. Ce traité eft de l'an 1 529.
* Zeyler , Poméran. Topogr. p. 62.
GRIMSBY , petite ville cF Angleterre, en Lincolnshire,
fur lé bord méridional de l'Humber , à huit lieues de
Lincoln vers le levant. Elle envoie fes députés au par-
lement , Se a marché public toutes les femaines. Il y a
une affez belle églife. * Etat pref. de la Gr. Bret. t. 1 ,
p. 84, & 86.
GRIMSEL , montagne de Suivie , aux confins du haut
Vallais , & du département de Goms qu'elle fépare du
canton de Berne. Le village de Geftilen eft au pied de
cette montagne. Elle eft très-haute , .& il faut quatre
heures de marche pour arriver au fommet , encore ne
peut-on y monter que par des fentiers escarpés & diffi-
ciles. C'eft par un de ces chemins que Berchtold , duc
de Zeringen, conduifit fes troupes en 121 1 , pour faire
irruption dans le Vallais. Le chemin eft ordinairement
impraticable , fur-tout en hyver qu'il eft fermé par les
neiges. Il y a fur le Grimfel deux petits lacs qui font per-
pétuellement couverts de neige & de glace. La rivière
d'Aar a fa fource dans cette montagne. * Etat & délices
de la SuiJJe , t. 2 , p. 222 ; & t. 4 , p. 172. .
GRIMSEY , petite ifle de l'Océan , fur la côte fepten-
trionale de l'Irlande. Elle eft peuplée Se cultivée félon
Baudrand.
GRINAA , bourg de Danemarck , dans le Jutlâhd
feptentrional , au diocèfe d'Arhus , fur la côte du Cate-
gat. * De l'JJle , Carte du Danemarck.
GRINAE'l , ancienne nation de la Scythie , entre le
peuple Saca , dans le voifinage des Maffagetes , félon
Ptolomée , /. 6 , c. 13.
GRIMDEDVALD, montagne de Suiffe , au can-
ton de Berne , dans l'Oberland , aux frontières du Val-
lais. Elle eft remarquable , non feulement par fa hauteur ,
mais principalement par fa glacière , ( en allemand
Gletscher ~) qui eft comme une montagne de glace , &C
qui va toujours croiffant en hauteur &: en circuit ; telle-
ment que toutes les années elle gagne toujours du terrein
fur fon voifinage qu'elle couvre d'une glace perpétuelle.
Quelquefois en été cette glace fe fend & fait des fentes
d'une profondeur immenfes ; ck quand cela arrive , ce font
des éclats pareils à ceux du tonnerre. * Etat & Délices
de la Suiffe , t. 2 , p. 221.
GRINNES , ancien village, entre les Bataves , feloa
Tacite , Hift. 1. 5 , in fine. Il n'en détermine point la
pofition ; mais la carte de Peutinger , corrigée fur Tacite
met Grinne , huit mille pas au-deffous de Carvo , &
quatre au-deffus de Leva fanum , c'eft-à-dire au lieu
nommé de Beerhuyfen , à caulé des hutes des bateliers ,
vis-à-vis du petit village de Rcmmerten , & par confé-
quent un peu au-deffus de la chauffée que Drufus oppofa
au Rhin qui rafoit un peu trop le rivage du côté de la
Gaule , ôc en emportoit toujours quelque chofe. Le
GRI
GRI
dofte Alting ne doute point que les fables enlèves de la
rive du Rhin du côté de la Gaule , étant pouffes par
la répercuflion du neuve , n'ayent été portés plus haut ,
& qu'il ne s'en foit formé des amas en forme d'ifles ;
ce qui aura donné le nom au lieu de Grinnes ; car ,
félon lui , Grinds ou Grinden lignifie des hauteurs
couvertes de verdure , qui s'élèvent dans le lit d'une
rivière. Grin veut dire verd dans la langue des Frifons ,
& Grïnd fignifie le fond. Quant au nom de Kemmerten ,
213
GRIS. D'Audifret nomme ainfi une ifle Britannique ,
entre les Orcades , & dit que ce n'eft qu'une montagne
foçt haute , en façon d'une pyramide , au couchant de
Wier. On lit dans fon livre , edit. Parif. i/2-40, t. 1 ,
p. 242 , au couchant de Gris ; mais c'eft une faute d'im-
preffion.
GRISA C , bourg de France , en Languedoc , avec ti-
tre de baronie , dans le Gevaudan. Il appartient à la
maifon du Roure, & eft conlidérable pour avoir donné
jl vient des iiles du Rhin , qui ont pouffé de l'herbe la naiflance au pape Urbain V, appelle auparavant Gull
& que l'on appelle en langu
'aarien , Warten , Weerden &C
comme des prairies
du pays Waarden ,
Werten.
GR1NNICUM , nom latin de Grasse , ville
Provence.
GRIPSWALD , ou Greiffsv.-ald , ville d'Allema-
launie deGrifac. Il fuccéda, l'an 136a, à Innocent VI,
& mourut le 19 Décembre 1370. * Corn. Dictionnaire.
GR.ISANO , ancien bourg de Grèce , dans la Thes-
falie , aux confins de la Macédoine , au couchant de La-
riffa. Voyez Ctemen^E. * Baudrand, éd. 1705.
GRISFENBERG , ville d'Allemagne , en Poméranie,
gne, en Poméranie. Les géographes du pays la mettent à félon Baudrand & Corneille : c'eft la même que Greif-
3od.o' de longitude, ckà^d. 16' de latitude. Elle afubfifté fenberg
long-tems avant que d'être fermée de murailles en 1133.
Elle dépendoit de l'abbaye d'Eldenov/. Comme les
habitans des Pays-bas y négociaient beaucoup , elle s'ac-
crut de telle manière qu'elle fe tira cle la domination des
moines. Cela porta enfuite Wratiflas ïïl , & après fa mort
GR.ISO ou Grisso , Colone , Colonie. Bourg de
Grèce, dans la Morée, fur la côte du Belveder, entre
les villes de Coron &c de Modon. * Baudrand , édit.
1705.
GRISOLLES , petite ville de France , dans le haut
fon fils Barnime, à traiter avec l'abbé d'iiïdenau pour les Languedoc, au diocèfe deTouloufe. Elle eft renommée
droits qu'il avoit fur cette ville. Ce ne fut qu'à condition
qu'il en feroit hommage à l'abbaye , & qu'il reconnoî-
troit devant le grand" autel de tenir ce lieu comme un
fief, & que pour marque de dépendance chaque bour-
geois payerait tout les ans à l'abbaye en forme de rede-
vance un denier d'argent , ce qui a été ufité durant quel-
que tems ; mais les moines fe laffant des disputes inuti-
les que leur coûtoit la perception de ces deniers , ont laiffé
tomber cet ufage , & infenfiblement la ville en eft venue
à dépendre du prince immédiatement fans aucune rede-
vance. Elle eft affez grande , quoiqu'elle ne le foit pas
tant que Strahlfond & Stetin. Elle eft vis-à-vis de l'ifle
de Rugen , à un demi-mille du fond du golfe. D'un côté ,
elle a de larges prairies , & de l'autre un grand lac d'où il fort
un canal d'une demi-lieue qui porte l'eau au golfe , &
fur lequel les marchandifes font portées jusqu'au quai de
la ville ; car les vaiffeaux ne fauroient remonter jusques-
là. Des deux autres côtés eft un pays plat , & devant la
ville il y a des fources dont l'eau fervoit autrefois à faire
du fel , comme on en fait préfentement à Lunebourg ; on
a discontinué ce travail faute de bois. Jaromar II , prince
de Rugen donna l'an 1240 , cette faline au monaftere
d'Eldenov. La ville a trois églifes paroiffiales , & deux
monaftéres dont l'un fert prefentement à l'univerfité ,
& l'autre aux écoles de la ville. Elle a d'affez belles
terres ik de grands privilèges. Dans la guerre que les ducs
par fa coutellerie. * Mémoires drejfésfur les lieux.
GRISONS , (les) peuple des Alpes , alliés des Suif-
ks. Les anciens hiftoriens en parlent fouvent , & les
nomment PJiceti, ck il n'y a point de nation voifine de
laSuiffe, dont l'origine foit plus aifée à fixer. Tite-Live,
/. 5 , c. 33 , en a écrit. Les Tofcans , (dit-il , ) qui s'é-
tendoient d'une mer à l'autre , avoient originairement
douze villes, dans cet espace de terres , au-deçà de l'A-
pennin, fur les côtes de la mer inférieure. Dans la fuite
ayant envoyé des colonies, qui occupèrent toute la con-
trée , qui eft au-delà du Pô , jusqu'aux Alpes , à l'excep-
tion de l'angle des Venetes , qui habitent autour du
golfe de la mer Adriatique , ils fe trouvèrent avoir au-
tant de villes , au-delà de l'Apennin , qu'il y avoit eu
de chefs de colonies. Il n'y a aucun doute , que c'eft-là
l'origine des nations des Alpes, principalement celle des
Rhétiens , & que les lieux qu'ils habitent , les ayant
rendus fauvages , comme ils font , il ne leur eft rien
demeuré de leur ancienne origine que la langue du pays,
qu'ils ont même corrompue. * Etat & Délices de la
Suiffe, t. 4, p. 2.
L'origine des Grifons étant ainfi fixée , il refte à dire
que leur pays , connu fous le nom latin Rhatia, eft placé
par les anciens hiftoriens dans les Alpes Lépontiennes,
aux environs des deux fources du Rhin. Il renfermoit les
vallées ck les montagnes des environs , jusqu'à l'endroit
de Poméranie , . & ceux de Meckelbourg eurent pour où les deux ruiffeaux de ce fleuve fe joignent , pour ne
l'ifle de Rugen , les habitans de Gripswald fignslerent former qu'un même lit. Et comme au^-ceffus de ces
leur zèle pour les ducs de Poméranie , qui les en récom- deux ruiffeaux , on trouve une belle plaine , que com-
penferent par des grâces & des franchifes. L'ifle d'Oe/ie , mande un petit coteau , fur lequel il y a une fortereffe
ou Oie, ou Gripswaldiscke Oie , qui eft pour la plus grande célèbre S: très-ancienne , nommée Rhœdum , ce aujour-
partie fubmergée , ckiituée à cinq oufix milles de-là dans d'hui Rkat-jins ,m\ eft à croire que c'eft-là un ouvrage
la mer , appartient à cette ville. Il y avoit autrefois dans
cette ifle un bois où l'on élevoit de très-beaux chevaux
que l'on y laiffoit fans que perfonne les gardât : on fe
contentoit de pourvoir à leur fourrage durant l'hyver. Il
y avoit auffi une chapelle où les pêcheurs fafoient dire la
jneffe avant que d'aller à la pêche du hareng , de Feftu'r-
geon , ckc. * Zeyler , Pomer. Topogr. p. 62
des premiers Rhétiens. Ce qui en fait la preuve , c'eft
que tous les hiftoriens s'accordent à dire que les Rhé-
tiens commencèrent par s'établir au-deffus du Rhin :
les reftes de plufieurs anciennes fortereffes que l'on
voit en différens endroits confirment ce fentiment. On
ne trouvera , ni dans la France , ni dans l'Allemagne
aucune contrée où il y ait autant cle châteaux ck de for-
II y a deux foires par an à Gripswald , l'une le 25 Juillet tereffes que chez les Grifons , quoique le terrein y foit
à la fête de S. Jacques , l'autre le premier Novembre à dur , ingrat Si fauvage. Sous le conlùlat de Cn. Pom-
la tête de tous les Saints. L'univerfité fut fondée en 1456, peius Strabon , père du grand Pompée, les Rhétiens
par Wratiflas IX duc de Poméranie ; & le premier rec- étendirent leurs frontières jusqu'aux territoires des villes
teur fut le dofteur Henri Rubenowen , bourg-meftre de de Trente, de Vérone Se de Corne. Dans la fuite ils
Gripswald , qui avoit été auparavant chancelier d'Eric , les pouffèrent encore plus loin. * Etat & Délices de la
roi de Dianemarck, ik avoit eu beaucoup de part à ce SmjJ'e , t. 4, p. 3.
louable établiffement. Le dernier duc de Poméranie Le pays des Grifons a pour bornes au nord , le comté
Bogiflas , XIV du nom , donna l'an 1633 ^ l'univerfité , deTirol , & le comté de Sargans; à l'occident les can-
quoi qu'avec quelques réferves, l'abbaye d'Eldenov avec tons de Glaris & d'Uri ; au midi les bailliages com-
toutes fes dépendances , villages , terres labourables , muns , que les cantons poffedent en Italie , le comté de
prairies , pâturages , moulins , pêches , bois , &c. pour
l'entretien & l'augmentation de l'univerfité , ck pour la
fubfiftance des profeffeurs. Il les en mit folemnellement
en poffefiion. La dignité de chancelier de l'univerfité a
été long-tems afiëftée aux évêques de Gammin, Cette
ville eft une des fortes places du pays.
Chiavenne & la Valteline ; & à l'orient le Tirol en-
core , ck le comté de Bormio. Il eft aujourd'hui far-
tage en trois grandes parties , qu'on nomme Ligues * en
allemand Bundt ; & de-là vient le nom de Bumner,
que les Allemands donnent aux Grifons. Ces trois Li-
gues font,
2i4 GRI
I. La LIGUE-HAUTE ou Grise , en allemand Graw-
bundt. Celle-ci, comme la plus conlîdérable, a commu-
niqué fon nom à tout le pays. _
II. La li<*ue de LA CaddÉE, (Caddea, en italien
corrompu, "pour Cafa-Dtl,) ou de la Maifon-de-Dieu ,
en allemand Gotts-haufs-bundt.
III. La ligue DES DIX COMMUNAUTÉS , en allemand
Zehen-grlchten- bundt.
Les deux premières font au midi , & la troifieme au
nord. La première eft féparée de la féconde , en partie
par la branche orientale du Rhin , 6c elle fait face à
l'occident, aux cantons d'Uri 6c de Glaris : les deux au-
tres , à l'orient 6c au nord , font face au Tirol. Ce font
comme trois cantons ou républiques , dont chacune a
fon gouvernement à part , 6c fait fes affaires féparé-
ment ; mais toutes enfemble forment un corps de ré-
publique , en qui réfide l'autorité fuprême. La longueur
de tout ce pays , du nord au fud , eft de quinze milles
d'allemagne, ou d'environ trente-cinq lieues. On a donné
aux habitans le nom de Grifons , parce que les premiers
qui, dans le quinzième fiécle, fe liguèrent enfemble , pour
fecouer le joug de ceux qui les opprimoient , portoient
des habits greffiers d'une étoffe grife , qui fe fabriquoient
dans le pays.
Ce pays a effuyé à-peu-près les mêmes révolutions
que la Suiffe ; il fut quelque tems fous la domination des
Francs ; après quoi , les Huns s'en rendirent maîtres , 6c
le ravagèrent : la fouveraineté fut enfuite partagée en-
tre l'empire 5c divers comtes particuliers ; 6c comme les
évêques de Coire furent chargés par les empereurs de
la partie qui dépendoit de l'empire , ils ne manquèrent
pas de faire leurs affaires aux dépens des princes qui
les commettoient ; ils parvinrent enfin à fe faire eux-
mêmes fouverains. Les Grifons , ayant rendu de grands
fervices aux empereurs , en obtinrent de grands privilè-
ges. Ceux qui étoient fournis aux comtes , rachetèrent
leur liberté , ou devinrent libres par l'extinction des fa-
milles de leurs feigneurs. Les évêques de Coire, perdi-
rent infenfiblement tout leur pouvoir , ^principalement
au tems de la révolution ; de forte qu'aujourd'hui ils
n'ont plus aucune part , ni aucune influence fur les af-
faires du gouvernement. Les Grifons parvinrent enfin à
l'indépendance , 6c formèrent une république Démocra-
tique , dont le pouvoir fouverain réfide entièrement
dans le peuple.
Le pays des Grifons étant tout entier dans les Alpes ,
& ne confiftant qu'en vallées plus ou moins larges ,
au pied de 'hautes montagnes , on peut aifément juger
que l'air n'y eft pas des plus doux , ni le terroir des plus
fertiles. Cependant il eft extrêmement peuplé ; 6c les
deux extrémités , qui font d'un côté la feigneurie de
Meyenfeld , 6c de l'autre le pays de Pregell , font dans
un climat allez doux , 6c ont un terroir fertile en bleds ,
en fruits 6c en excellent vin. Dans le cœur du pays on
recueille de l'avoine , de l'orge , quelques fruits , 6c en
quelques endroits du froment. Il y a auffi , par-ci par-
là , de bonnes vallées fertiles. En récompenfe on tire
des Alpes bien des avantages , par les troupeaux de bê-
tes à corne qu'on y entretient. On y a auffi le gibier en
très-grande abondance ; 6c les rivières , avec quelques
petits lacs , donnent beaucoup de poiffon.
Les Grifons gardent, à l'égard des mœurs , un certain
milieu , entre les Suiffes 6c les Italiens ; ils ont un peu
de la vivacité Italienne , 6c beaucoup de la franchife
des Suiffes. La liberté dont ils jouiffent , les rend gais ,
hardis , courageux , fiers ; mais cela même rend la po-
pulace , (qui en tous lieux abufe de tout,) farouche,
emportée-. 6c infolente. Ils font extrêmement jaloux de
leur liberté. Ils font presque tous Proteftans. L'évêque
de Coire 6c l'abbé de Difentis , avec le doyen 6c le
chapitre de Coire , 6c quelques villages difperfés dans
les trois ligues , font Catholiques ; mais les villes 6c tout
le refte du pays eft Proteftant. La Ligue haute eft celle
où il y a le plus de Catholiques. Chaque églife Protes-
tante , dans le Grifons , a le droit d'établir fes pafteurs
& de les dépofer. Les eccléfiaftiques Catholiques dé-
pendent de l'évêque 6c du chapitre de Coire , 6c de
l'abbé de Difentis pour la plus grande partie : l'évêque
de Coire eft élu par le chapitre , 6c les chanoines font
obligés de choifir un homme du pays , 6c même qui foit
GRI
de la Ligue de la Maifon-de-Dieu. L'évêque prend le
titre de prince de £ empire , à caufe des terres qu'il poffede
dans l'empire ; mais nonobftant ce titre , il n'eft rien
moins que fouverain dans fon pays ; car il eft liijet des
Ligues avec tout le clergé. ( ■
Chaque communauté , étant gouvernée par fes propres
loix municipales , 6c par fes coutumes particulières ,
choifit fes propres magiftrats, 6c tous les hommes, dès
l'âge de feize ans , ont droit de fuffrage. Et les diverfes
communautés de chaque Ligue ayant leurs diètes pro-
vinciales , compofées des députés de chaque commu-
nauté , qui choififfent le chef, 6c les autres officiers de
chaque Ligue en particulier , ces diètes provinciales ne
reffemblent pas mal aux états provinciaux des Provinces-,
Unies. Au refte la juftice eft adminiftrée , dans ce pays ,'
d'une manière très-fimple. On applique les criminels à
la queftion , comme en Suiffe ; 6c après leur exécution,
en quelques endroits, on confisque leurs biens. En d'au-
tres , comme dans les communautés du Prettlgau , la
confiscation n'a point de lieu. A l'égard des procès , il
n'y a point d'appel d'ans la Ligue des dix jurisdictions,
excepté dans la feigneurie de Meyentèld. Dans la Ligue
de la Caddée , ils font très-rares ; 6c quant à ceux de la
Ligue haute, ils fe portent ordinairement à Tron.
Pour ce qui eft des affaires générales , qui regardent
tout le corps de l'état , il y a des diètes compofées
des députés de chaque Ligue , qui s'affemblent auffi fou-
vent que la néceffité le demande , comme des diètes
provinciales , formées des députés de chaque commu-
nauté , pour les affaires de chaque Ligue en particulier.
La principale affemblée , que l'on appelle diète géné-
rale , eft compofée, outre les trois chefs des Ligues , d'un
député de chaque communauté , qui a droit de fuffrage.
Elle fe tient régulièrement une fois l'an , non tour-à-tour I
dans chacune des trois Ligues , mais dans l'ordre fuivant;
favoir en premier lieu , à llant7^ , enfuite à Coire , la (
troifieme fois à Ilant^, la quatrième à Coire encore, 6c
la cinquième h Davos. Le chef de la Ligue , où elle fe
tient, y préfide toujours ; 6c l.e tems auquel, elle fe con-
voque , eft fixé à. la fin d'Août : {es affaires principales
font, i° d'agiter 6c de délibérer fur les propofitions des
princes étrangers. i° De recevoir les deniers communs,
6c d'examiner les comptes publics. 30 De prendre fer-
ment des gouverneurs 6c des fubalternes. 40 De juger
les appels.
Outre cette diète générale , il y en a de trois autres
espèces.
La première de ces affemblées n'eft proprement qu'une
demi-diète ; auffi en porte-t-elle le nom. Elle confifte
dans la moitié [des députés qui ont droit d'affifter aux
diètes générales ; de forte que deux communautés n'en-
voient entr'elles qu'un feul député qu'elles choififfent
chacune à leur tour. Cette demi-diète n'a point de tems
fixe pour s'afîèmbler ; elle fe convoque feulement lors-
qu'on le juge néceffaire ; mais le plus fouvent à la re-
quifition des ambaffadeurs étrangers , elle fe tient tou-
jours à Coire.
La féconde affemblée eft appellée le congres. Elle
n'eft compofée que de trois députés de chaque Ligue ,
avec les trois chefs ; elle s'affemble généralement une
fois l'an , environ au commencement de Mars , pour
examiner 6c mettre en ordre les réponfes des commu-
nautés , 6c pour communiquer de nouveau le réfultat de
ces réponses aux mêmes communautés. Ce congrès fe
tient encore à Coire, auffi-bien que les autres affemblées
publiques ; mais cela fe fait pour la commodité , plutôt
que par un droit attaché à cette ville.
La troifieme eft une affemblée des trois chefs des Li-
gues feulement ; elle fe tient un peu devant la diète
générale , pour préparer les matières fur lesquelles on
doit délibérer.
Il y a encore , comme il eft dit ci-deffus , des diètes
provinciales , qui fe convoquent toutes les fois qu'on le
]uge néceffaire. Mais il faut obferver, comme règle gé-
nérale , que dans toutes ces affemblées , les députés font
tellement liés par leurs inftructions, qu'ils ne font que dé-
libérer, 6c rapportent enfuite ce qui a été délibéré à
leurs communautés qui discutent l'affaire de nouveau ,
chacune en particulier , 6c décident la queftion par la
pluralité des voix : chaque communauté envoyant fon
GRO
GRO
opinion par écrit ; Se ce qui fe trouve avoir été réfolu
par la plurali té des Suffrages , paffepour le fentiment de
toute la natii m.
On voit pi 3f-là , que la fouveraineté réfide entière-
ment dans le corps du peuple : cependant comme les
communautés choififfent généralement , pour leurs dé-
putés , les plu:; habiles gens , il arrive rarement que l'opi-
nion d'une communauté diffère de celle de fon député ;
de forte que cette république eft, en quelque manière ,
gouvernée par un petit nombre de chefs : au refte ,
ceux qui engagent le peuple dans des mefures mauvai-
fes , ou qui ne réuflîflént point , le payent quelquefois
de leur tête , comme dans les petits cantons. Les Gri-
fons font fort jaloux de leur liberté , Se ils ont une
manière finguliere , pour châtier ceux qu'ils foupçonnent
de trahifon ou de quclqu'autre crime d'état. Lorsque la
diète eft affemblée , les payfans y vont en troupe , de-
mander une chambre de juftice contre les coupables .> Se
on la leur accorde : elle eft compofée de dix juges , Se
de vingt procureurs de chaque ' Ligue ; fes procédures
font fortes Se rigoureufes , & il en coûte toujours la
vie ou de greffes amendes à quelqu'un : cependant on
a très-fouvent éprouvé que ces fortes de juftices ont
fait plus de mal que de bien au pays.
Les alliances des Grifons avec les Suiffes ont été faiites
en différens tems. L'an '1497 , après diverfes alliances
particv.iieres que quelques communautés avoient faites ,
avec deux ou trois d'entre les cantons Suiffes , la Ligue
Grife fit une alliance perpétuelle avec les fept anciens
cantons. L'année fuivante la Ligue de la Caddée fit rauffi
la même alliance avec les mêmes cantons ; l'an 1600,
Ses trois Ligues enfemble firent une alliance perpétuelle
avec les Vallaifans , Se l'an 1602, avec la ville de Be.rne ;
enfin, en 1707, elles ont négocié une nouvelle alliance
avec Zurich , & quelques-uns des cantons leurs voiSins.
Les Grifons poffedent un affez beau pays , d'une éten-
due considérable , au pied de leurs Alpes , 8e à l'entrée
de l'Italie. Il eft partagé en trois feigneuries , le comté
de BORMIO , la Valteline, Se le comté de Chia-
VENNE. Tout ce pays n'eft proprement' qu'une vallée ,
<}ui s'étend en longueur au pied des Alpes Rhétiques ;
ayant pour bornes, à l'orient leTirol ; au midi les ter-
res de Venife Se de Milan ; à l'occident Se au nord les
Grifons. Sa longueur eft d'environ foixante milles d'Ita-
lie , ou de vingt lieues de chemin ; fa largeur eft fort
inégale ; car , en quelques endroits , elle n'a pas plus de
deux lieues , en d'autres fix ou fept. La rivière l'Aclda,
qui fort du mont Braulio , descend dans le comté de
Eormio , Se paffe de-là dans la Valteline qu'elle arrofe
dans toute fa longueur , après quoi elle fe jette dans le
lac de Côme : cette rivière fait beaucoup de bien au
pays ; mais elle y fait aufli quelquefois bien du mal par
ùs inondations.
GRISSAU , Gratiafanclcs Maria , abbaye d'hommes,
ordre de Cîteaux , dans la baffe Siléfie , au duché de
Schweidnitz , fondée en 1 292 , par Boleflas , duc de
Schweidnitz.
GRISSIA , rivière de la Dacie , félon Jornandes , de
Reb. Getic. c. 22. Il dit , en parlant des Vandales Se de
leur Vifumar : ils étoient alors au même lieu où font
préfentement les Gepides , près des fleuves Marijîa,
Miliare , Gilfild Se Grifjia , qui furpaffe ceux que l'on
vient de nommer. Ces rivières font , fans doute , partie
dans la Hongrie , Se partie dans la Tranfilvanie. La pre-
mière eft le Marosch owMerisch. Lazius qui lit Crisia,
au lieu de Griffia dans Jornandes , ajoute que c'eft la
même rivière que le Chryjlus. Ce même auteur & Sam-
bucus ont cru que c'eft la rivière , nommée par les Hon-
grois Keureuz , & par les Allemands Kraiss ; ou fi
l'on veut Keres , comme il eft nommé fur nos Cartes ;
mais il y a une grande difficulté en cela : les deux ri-
vières de Keres , qui fe joignent au-deflus de Giula ,
ne font pas fi grandes enfemble , à beaucoup près , que le
Merisch; & félon Jornandes , la rivière de Grima doit
être la plus grande des quatre : c'eft à quelque favant
Hongrois à lever cette difficulté.
GRlUS. Voyez Latmus.
GROBE, ancienne abbaye de l'ordre de S. Benoît,
en Allemagne , dans la Poméranie ultérieure au diocèfe
de Cammin. Elle a été fécularifée , Se Supprimée à la
paix de Veftphalie.
US
GROBMING , village de la baffe Autriche. Je n'en
fais ici mention que parce que Lazius croit y trouver la Ga-
brumagum de IaNorique, Se dont Antonin fait mention.
1. GRODECK , petite ville de Pologne , dans la
Ruffie Rouge, entre les fources du Boug , du Niefter,
Se du San ; au couchant méridional , Se à neuf lieues Se
demie communes de Pologne de Léopold. * De l'Ifle ,
Atlas.
2. GRODECK ou Grudeck , petite ville de Po-
logne , dans le Palatinat de Podolie , fur la rivière de
Smotrziez , au-deffous de Felftin , Se au nord de Kami-
niek , qui eft fur la même rivière. Il y a une citadelle.
* Atlas. Robert de Vaugondy. And. Cellar. Polon. Defcr.
P- 351-
3. GRODECK ou Grudeck, petite ville de Po-
logne , fur la rive gauche du Niefter , Se en même tems
fur le Seret qui la traverfe , Se qui fe joignant au-deflus
de Janow à une autre rivière qui vient de la gauche
vient fe perdre dans le Niefter ; elle eft forte Se diffé-
rente de Grodeck , fituée fur la rivière de Smotrziez»
C'eft dans une de ces deux villes que Vladiilas V, roi
Pologne, nommé auparavant Jagdlon, mourut en 1434,
De l'Ifle ne la marque point dans fa Carte.
4. GRODECK ou Grudeck, pente ville ou bourg
de Pologne , au Palatinat de Kiowie , fur une rivière
qui va fe perdre dans leBorifthene , au-deffusde Kiov.
*Atlas. Robert de Vaugondy.
GRODENZ. Voyez Graudentz.
GRODNO , Grodno. , ville de Pologne , dans la
Lithuanie , fur la rive droite du Niémen , au Pala-
tinat de Troki , partie fur une montagne , Se partie
dans la plaine. Il y a peu de maifons qui foient continues
les unes aux autres , Se qui foient bâties de pierre ; la
plupart font de bois, Se fort vilaines. La ville n'a ni tours,
ni baftions , ni murailles : la citadelle , qui eft élevée ,
eft fortifiée; elle a été bâtie ou rétablie parle roi Etienne,
qui, aimant beaucoup la ch;iffe aux ours Se aux élans, ve-
noit fouyent en prendre le divertiffement dans ce lieu.
Les habitans de Grodno , avant leur converfion au Chrif-
tianisme, étoient idolâtres. On y voit encore trois tem-
ples bâtis de pierres , dont l'un fert d'églilé aux Polo-
nois , Se les deux autres aux Ruffiens du rit grec : ces
derniers en ont encore deux aiittes dans les fâiixbour^s,
l'une qui eft ronde Se bâtie de bois ; l'autre eft de pier-
res. Les autres églifes ne font que de charpente ; les cl .«
ches ne font pas dans l'édifice , mais devant la porte, dans
une tour de bois élevée exprès. La citadelle , le palais du
roi , la cour , l'écurie royale , mettent d'être vus ; le
refte eft fort peu de chofe , quoique Grodno tienne après
Vilna le premier rang entre les villes de Lithuanie. Il y
a un pont de bois fur le Niémen : il paffe pour le plus
beau de la Pologne. Ce fut le roi Sigismond qui le fit
faire. La ville a quelques couvens Se un collège de Je-
fuites. L'an 1283, l'ordre Teutonique, déjà maître de la
Pruffe , attaqua la Lithuanie , ravagea le territoire de
Grodno , affiégea la citadelle , Se la prit , après y avoir
perdu bien du monde : les Lithuaniens la reprirent en-
fuite. Les Prufliens l'afliégerent en vain en 1306; le roi
Etienne tint la diète l'an 1 ^77 à Grodno , où fe trouvè-
rent des envoyés du czar de Moscovie , avec un cor-
tège de douze cens hommes, fuperbement vêtus, quipof-
toient avec eux de riches préfens. On leur traça hors
de la ville un terrein où ils drefferent leurs tentes ;
Se ils n'ofoient fortir de ce camp , qu'ils ne fuffent ac-
compagnés d'un Polonois. 11 y vint auffi des députés des
Turcs , des Tattares Se des Valaques , que les feigneurs
Polonois placèrent en divers lieux. Grodno eut fa part
des ravages que les Moscovites firent dans ce pays ,
en 1655. Sous le régne de Michel, l'an 1673 , il tut ré-
glé que chaque troiiieme diète fe tiendrait à Grodno,
excepté la convocation générale au tems de l'interrègne,
la diète de l'élection ;- l'une Se l'autre doit fe tenir à
Varfovie , Se la diète du couronnement qui doit être à
Cracovie. Cela fut confirmé par le roi Jean III qui pro-
mit de plus , que tous^ les trois ans il réfideroit en Li-
thuanie. Le même règlement touchant les diètes de
Grodno, fe retrouve dans les conftitutions de 1677, &
même l'année fuivante la diète s'y tint , Se le rang de
cette ville étant revenu en 1685, & 'a diète ayant été
indiquée à Varfovie , Se non à Grodno , il yeut à cette
occafion de grands troubles , Se les Lithuaniens ne s'ap.
2l6
CRO
GRO
paiferent qu'après qu'on leur eut promis de nouveau
d'affluer leur droit par une nouvelle conftitution, comme
on le peut voir au commencement des conftitutions
de 1685. * Hartknock , de Repub. Polon. /. 2 , c.6,
p. 635.
GROEN, ville d'Hyeffo , félon lesHollandois. * No-
tes du P. Charlevobc.
GRONENLAND ; (le) [il fe prononce Grounland.]
Ce grand pays eft mis par beaucoup de modernes , au
nombre des terres Ar&iques ; mais la Mappemonde du
favant M. deBuache, donnée en 1755, 'e mettant à l'o-
rient 6k au nord de la baie de Baffrn , 6k l'uniffant aux
nouvelles découvertes , nous croyons qu'il doit apparte-
nir à l'Amérique feptentrionale.
Il prend fon nom de Groenland, qui en langue teutô*
nique ou allemande , fignifie terre verte , de la mouffe
qui croît fur fes côtes , & qui préfente à la vue un tapis
verd. On ne connoît point fon étendue : la partie la plus
connue par rapport à nos côtes , s'étend depuis environ
le 325e d. de longitude , jusqu'au premier méridien, 6k
de-Ià jusqu'au 12e ou 13e d. en-deçà : fa latitude com-
mence vers le 63e. On n'en connoit point les côtes au-
delà du 78e d. Il efl: fitué entre l'Europe 6k l'Amérique
dans les deux hémisphères. Il a à l'orient le Spitzberg
& l'Iflande; au midi le détroit de Forbisher , &k le cap
Farvel; à l'occident le détroit de Davis & la baie de
Baffin. On ignore totalement quelles font les terres du
côté du nord.
Le Groenland fut découvert dans le neuvième fiécle
par un nommé Eric; ce qui engagea le roi de Norvège,
à y envoyer une colonie pour le peupler : il y avoit
cependant des fauvages qui, félon toutes les apparences,
y avoient parlé de l'Amérique. Plufieurs prêtres y panè-
rent 6k y annoncèrent la foi : elle y fit de fi grands pro-
grès , qu'on trouve dans les Notices du douzième fiécle
un évêque du Groenland.
En 1348, le Nord fut affligé d'une pefte qui détruifit
une fi prodigieufe quantité d'hommes , que tous les mar-
chands 6k les matelots de la compagnie du Groenland
périrent. D'ailleurs les rois deNorvege établiffoient des
impôts très-confidérables fur les vaifieaux qui partaient
pour le Groenland , 6k punifloient de mort ceux qui y
alloient fans congé. Enfin il ne fe trouva plus perfonne
qui y allât , 6k le Groenland s'oublia. Vers le feizieme
fiécle , les rois de Danemarck , fous la puifiance des-
quels la Norvège fe trouvoit réunie , réfolurent de re-
couvrer le Groenland. Pour cet effet ils 'levèrent les dé-
fenfes rigoureufes que leurs prédéceffeurs avoient faites
d'aller au Groenland , fans leur permiffion. Plufieurs
Norvégiens en tentèrent la découverte , mais inutile-
ment. Enfin un capitaine Anglois , nommé Martin For-
bischer , le découvrit, en 1578, ci y aborda du côté de
l'orient.
Les habitans , qui étoient devenus fauvages , fe retirè-
rent dabord ; mais ils s'attroupèrent enfuite 6k revinrent
pour attaqu2r les Anglois , qui , étant fur leurs gardes, les
repoufferent. Les habitations de ces fauvages étoient des
tentes faites de peaux de veaux marins ou de baleines ,
étendues fut quatre grofles perches , 6k coufues adroite-
ment avec des nerfs. Elles avoient toutes deux portes ,
l'une à l'oueft , l'autre du côté du fud , pour fe mettre
à couvert des vents d'eft 8c de nord , qui les incommo-
dent le plus.. Enfin Chriftian IV, roi de Danemarck,
voulant rétablir le commerce du Groenland , fit venir
un habile pilote Anglois , qui connoiffoit ces mers. Il
l'envoya avec trois vaifleaux, en 1605, qui abordèrent,
6k l'on découvrit- tout le pays ; mais les fauvages ne vou-
lurent point faire de commerce avec ces nouveaux ve-
nus : le roi de Danemarck fe rebuta , & n'envoya plus
au Groenland. Des marchands de Copenhague entte-
prirent par la fuite cette navigation , formèrent une com-
pagnie qui fubfifte encore aujourd'hui fous le nom de
compagnie de Groenland. Plufieurs auteurs ont prétendu,
que ce Groenland, découvert dans le dix-fèptieme fiécle,
efl; différent de l'ancien , ce qui a donné lieu de diftin-
guer le nouveau 6k l'ancien Groenland. Quoi qu'il en
loit , on y trouve des marbres de toute forte de cou-
leur ; les pâturages y font très-bons ; il y a quantité de
gros 6k de menu bétail , des chevaux , des lièvres , des
rênes , des loups communs , des loups cerviers , des re-
gards, beaucoup d'ours blancs ck noirs , des caftor:. 6k
des martres auffi belles qu'en Ruffie. Il efl a remarquer
que tous les animaux de ce pays, tant quadrupèdes que
volatiles, ont leur graille entre la chair ck la peau, que
leur chair efl: très-maigre , plus remplie de (àng que celle
des animaux des pays chauds. Cette furabondance de
fang doit caufer une chaleur , prétendent les naturaliftes,
capable de réfifter au froid extrême du climat , ck la
graille qui enveloppe la chair , arrête cette chaleur : ainfi
ces animaux ont une conftruftion propre au climat qu'ils
habitent. On ne trouve dans ce pays aucun ferpent ni
reptile venimeux à caufe du grand froid. Parmi les oi-
feaux terreftres , il n'y a que la perdrix de mangeable :
elles efl: blanche 6k tachetée de noir fur les aîies , 6k
fes pâtes font revêtues d'un duvet fort épais. Elleamafte
fa nourriture pour l'hiver , qui efl: de l'herbe qu'elle
range par petits tas , pour n'en pas manquer , lorsque
tout efl: couvert de neige , attendu que contre la cou-
tume des autres oifeaux , elle paffe l'hiver dans le pays*.
On y voit auffi des pies , des moineaux , 6k une quan-
tité prodigieufe d'oifeaux aquatiques femblables à ceux
d'Iflande , 6k plufieurs espèces d'oies & de canards à
duvet. Les rivières font remplies de truites , d'écrevifles
6k fur-tout de faumons. La mer qui baigne ces côtes,
efl: très-poiflbnneufe. On y pêche quantité de cabéliaux,
de rayes , de foies 6k de plies. La mer de ce pays , vers
les côtes du nord de l'Europe ,• efl: remplie de baleines,,
dont quelques-unes ont près de cent pieds de long , 6k
l'on en tire jusqu'à cent vingt tonneaux d'huile. On
compte jusqu'à quinze espèces différentes de cet énorme
poiflbn. La grande baleine du Groenland a le fang
chaud, despoumons, s'accouple comme les quadrupèdes,
efl: vivipare 6k alaite fes petits : elle a un grand boyau
qui lui fert au même ufage que la bouteille d'air dans
les autres poifions , c'eft-à-dire à fe mouvoir dans l'eau
en tout fens. C'eft la cervelle de cette baleine , qu'on
appelle le blanc de baleine , en latin^raza ceti , 6k l'am-
bre-gris le trouve dans fa veine. Les Anglois , les Da-
nois , les Hollandois 6k quelques François vont tous
les ans au Groenland faire la pêche de la baleine. Voici
la manière dont cette pêche fe fait. Un homme fe met
dans Une barque ; 6k lorsque l'animal paroît fur l'eau,
il lui lance un harpon attaché à une corde. Lorsque la
baleine eft bleffée , elle fe débat , s'éloigne beaucoup des
pêcheurs qui lâchent la corde tant qu'elle tire. Elle s'en-
fonce dans la mer en mourant , 6k revient fur l'eau lors-
qu'elle eft morte. On la tire 6k on la met en pièces ,
pour en avoir_ la graine , dont on fait l'huile. Les
Groenlandois fe nourriffent de viande de poiflbn crud.
L'huile de baleine eft pour eux un breuvage délicieux :
ils ne peuvent fouffrir le vin. Leur mal-propreté , les
viandes 6k le poiflbn corrompus qu'ils mangent , leur"
caufent une puanteur qui eft infupportable aux étrangers.
Leurs habits font faits de peau de chien 6k de veau ma-
rin, 6k leurs camifoles font de peaux d'oifeaux, ornés de
plumes de différentes couleurs. Ils fe fervent d'arcs , de
frondes , d'épées , de couteaux , de javelots. Leurs jave-
lots 6k leurs flèches font armés de cornes ou de dents
aiguifées. Ils reffemblent aux Lapons ; mais ils font Am-
ples 6k ftupides, exempts de paflions brutales. C'eft peut-
être le peuple du monde le plus fingulier par fon carac-
tère : affables 6k enjoués dans la converfation , malgré
leur tempérament naturellement mélancolique ; l'envie,
la haine , les trahifons , la débauche font inconnus parmi
eux, auffi -bien que le vol , quoiqu'ils n'ayent ni loix
ni magiftrats ; mais c'eft plutôt le befoin du nécefiaire
qui les contient dans l'indifférence que la vertu ; 6k la
vie dure , qu'ils mènent, éloigne d'eux toute idée de vo-
lupté. Ils font d'ailleurs pleins de mépris pour les étran-
ters qu'ils regardent comme leur étant très- inférieurs;
l malgré leur indifférence , ils font attachés opiniâtre-
ment à leur fentiment. La forme des canots , dont ils fe
fervent pour la pêche , font fort finguliers : elle reflem-
ble à une navette de tifferand. Ils font faits de côtes
de baleines, 6k couverts de peaux ou de veaux marins.
Il y a un trou au milieu où fe place le' Groenlandois qui
fait aller le canot avec une petite rame longue de cinq
à fix pieds , plate 6k large par les deux bouts. * Hiji.
naturelle de l'Iflande , par M. Anderson , t. 2.
GROESBEC , village des Pays-bas , dans la Gueldre ,
à deux lieues de Nimegue. Il y a un château qui a donné
le nom à une famille illuftre de cette province. Prononcez
comrn^
GRO
GRO
Comme s'il étoit écrit Grousbeck. * Dictionnaire géo-
graphique des Pays-bas.
GROENSUND , c'eft- à-dire le détroit verd , petit
détroit de Danemarck , entre l'ifle de Falfter 6k la partie
méridionale de Séelande & de l'ifle de Moen. Baudrand ,
édit. de 1705 , écrit Gromfund.
GROLÉÉ , bourg de France , dans le Bugey , fur
le Rhône. Cette communauté députe aux alfemblées
du Bugey. * Garreau , Descript de la Bourgogne ,
édit. 1734.
GROLL , petite ville fortifiée , dans les Pays-bas ,
dans la province de Gueldre , au comté de Zutphen ,
fur la rivière de Slincsl , fur les confins de l'évêché de
Munfter 6k de la Weftphalie. Elle rut prife par les Fran-
çois en 1672 , 6k ils la quittèrent la même année , après en
avoir ruiné les fortifications. C'étoit l'empereur Charles V
qui les avoit t'ait commencer. * Diction, géog. des Pays-
bas. Baud. édit. 1705.
GRONA. Wittikind nomme ainfi un lieu que Lazius
croit être le même que CREMONE en Dalmatie. Voyez
CREMONE 2.* Baudrand, édit. 1705.
GRONIA, ville de Grèce , dans la Phocide, félon
Etienne le géographe.
GRONII , ancien peuple d'Espagne , aux environs
du promontoire Celtique , félon Pomponius Mêla, /. 3 ,
c. 1. Iiaac Voffius écrit Grovii. Ce font les mêmes
que les Gravii. Voyez ce mot.
GRONINGUE , ville des Pays-bas, aux Provinces-
Unies , dans une feigneurie particulière , à laquelle elle
donne fon nom. Elle n'eft pas fi ancienne que quelques-
uns l'ont écrit : ce n'eft ni le Juhonum Civitas , ni
le Grinnes de Tacite. Quelques uns , comme Gui-
chardin , Descr. des Pays-bas , ont prétendu lui donner
une origine i royenne. Le favant Alting conjecture que
c'eft la citadelle que Corbulon , général des Romains ,
fit bâtir pour s'aflurer de la fidélité des Frifons , qui
venoient de rentrer fous l'obéiffance de l'empire Romain.
(*) Getmanicus ayant deflein de faire la guerre aux
Cherusques , fitués proche du '\Yefer , partit de fifle de
Bataves , embarqua fon infanterie fur mille bateaux qui
pafferent par le canal de Drulus , 6k par l'Ifïel , dam un
. lac qui eft aujourd'hui le Zuyderzée , dont les eaux
n'étoient pas aufli répandues en ce tems-là qu'elles le
font prefentement : il entra à l'embouchure de l'Ems ,
où il fit fon débarquement. Pedo , général de la cavaletie ,
prit une autre route en traverfant la Frife , 6k le pays
de Groningue qui y étoit attachée. Ils arrivèrent tous fur
le bord de l'Ems , où étoit le rendez-vous général 6k le
lieu de raflemblée. Il y avoit là un petit port , avec un
château qui portoit le nom de la rivière , dans lequel on
laifla la flotte pendant la campagne. On confond presque
toujours, dit Basnage, ce château & cette petite ville avec
celle d'Embden , qui n'eft pas fi ancienne , 6k qui eft
devenue fameufe par fon grand commerce , pendant que
l'autre a péri ; mais ces deux villes étoient fituées des
deux côtés de la rivière dont elles ont porté le nom ; 6k
celle où Germanicus fit débarquer fon infanterie , étoit
fûrement en-deçà de l'Ems , 6k du côté de Groningue ,
puisque la cavalerie vint par terre , 6k par la Frife , join-
dre l'infanterie qui y avoit débarqué. Comme il n'y avoit
point alors de digues pour arrêter les débordemens de la
mer 6k de l'Ems , dont l'embouchure eft fort large ,
les Romains ne purent prendre fur fes bords leurs quar-
tiers d'hiver (b) , ni y avoir de fortes garnifons. Ils furent
obligés de s'en retourner , 6k fouffrirént beaucoup fur la
route , parce que la mer étoit fort grolTe 6k le vent
très-fort. Ils fe fauverent dans un village du territoire de
Groningue qui étoit plus élevé que les autres , 6k où
Germanicus , qui avoit pris les devans avec quelques
légions , les attendoit. * (a) Basnage , Delcr. des pro-
vinces-Unies , dans fon Hiftoire. (b) Tacit. Annal.
/. 2,c. 15.
La Frife 6k Groningue n'étoient pas en état de remuer
pendant que les troupes de Germanicus , qui venoient
de dompter leurs voifins , paflbient fur leurs terres ; mais
il fe fit quelque tems après un foulevement général : on
battit les armées Romaines , comme nous l'avons déjà
remarqué , 6k Corbulon fut envoyé l'an 48 . de l'ère chré-
tienne pour remettre dans l'obéiffance les peuples d'Ooft-
Frife 6k du duché de Brème. Les Frifons épouvantés à
la nouvelle de fon arrivée , 6k de la fevérité avec la quelle
217
il traitoit les rebelles , lui envoyèrent des député» ,
promirent de fe foumettre à fes ordres , 6k donnèrent des
otages de leur fidélité. Il prit cette occafion de fe rendre
maître de la Frife , la divifa en quartiers : il affigna des
portions des terres aux habitans anciens 6k aux nouveaux ,
6k bâtit une citadelle pour les tenir en bride. Alting ,
Descr. p. 48 , croit que cette citadelle fut bâtie dans le
même endroit où eft aujourd'hui Groningue , parce que
c'étoit un lieu très-commode, qui fe trouvoit dans le votfi-
nage de la petite ville d'Ems , où ce général étoit lors-
que les Frifons lui envoyèrent leurs ambafladeurs , 6k
parce qu'il pouvoit veiller de-là, en même tems, à la
conftruction de cette citadelle , 6k à la réduction des
peuples qui étoient au-delà de la rivière.
Ce qui rend cette conjecture plus probable , eft la
grande conformité qu'on remarque entre le gouverne-
ment de Groningue 6k celui de l'ancienne Rome : on y
voit un fénat revêtu d'une autorité fouveraine ; des con-
fuls , des préteurs , des cenfeurs , des édites ; 6k même
on y a créé quelquefois un dictateur , lorsque la néceflité
des tems l'a demandé ; mais fur-tout il y a pljfieurs loix
reçues daiis^ cette ville , qui paroiflent tirées de celles
des douze 1 ables. C'étoit une loi des douze Tables . que
le préteur devoir juger les procès avant midi ; que le plus
proche parent devoit fe charger de la tutelle des enfans
qui avoient perdu leurs pères pendant leur minoriré ;
qu'on ne doit point boire aux enterremsns , 6k que les
dédiions du peuple font fouveraines. Il feroit inutile de
s'étendre davantage fur cette conformité des loix , dont-
on peut mieux mger en liiant les termes originaux : je
remarquerai feulement qu'on ne trouve pas beaucoup de
monumens R.omains dans le pays de Groningue ; mais'
cette rareté vient peut-être de ce que les Romains retirè-
rent leurs troupes d'Allemagne par l'ordre de l'empereur
Claude , 6k envoyèrent leurs garnifons du côté du
Rhin.
Il eft difficile de deviner fi le château de Corbulon
devint une ville. Heda, Hifl. rapporte que les Normands,
dans l'irruption qu'ils firent l'an 837 . ruinèrent trois lieux
fameux par leur commerce 6k par les foires qu'on y tenoit ,
(avoir Anvers, auprès de l'Escaut . Vilta, proche de la
Meufe, 6k Groningue, fur les bords de l'Ems. Anvers
eft allez connu ; mais comme il n'y avoit point alors
d'autre endroit voifin de la Meufe dans lequel on pût tenir
une foire , 6k faire un grand commerce , que Vlaerding,
il femble qu'au lieu de Vilta il faudroit entendre 6k lire
VUerdinga Filtorum. L'hiftorien fe trompe aufli fur la
fituation de Groningue , qui n'eft pas, cornue il le dit,
fur les bords de l'Ems : 6k il auroit bien pu fe tromper
de même fur le nom de cette ville , qui ne devmt con-
fidérable 6k ne fut ceinte de murailles que long-tems
après cette irruption. En effet on voit une afte de dona-
tion de l'empereur Henri Iil , à l'églife de S. Martin
dUtrecht , datée de l'an 1040 , d'une terre qu'il avoit
in villa Groninga nuncupata , dans le bourg ( ou plutôt
village ) de Groningue , fuuée dans le pays de Drenthe,
avec les maifons , champs , prairies , terres incultes ou
labourées , les redevances , 6kc. Il eft certain que dans
ce tems le terme de villa fignirioit très-rarement une
ville murée, mais un affemblage de plulïeurs maifons qui
formoient un village ou un bourg.
Le lavant abbé de Longuerue , Descr. de la France ,'
2. part. p. 3 i , ne fait Groningue guères plus ancienne
que cette époque. Quoiqu'on débite , dit-il , beaucoup
de fables fur fon origine , il eft sûr qu'elle eft fort ancienne ;
6k elle étoit déjà bâtie l'an 1040 , torique l'empereur
Henri le Noir la donna à l'églife d'Utrecht. Les habitans
obtinrent de grands privilèges des évêques , 6k même
des empereurs , érant libres 6k unis à la Hanfe Teutoni-
que, 6k ils n'obéifloient aux évêques d'Utrecht que comme
il leur plaifoit , agiflant en véritables fouverains , 6k
faifant même la guerre à leurs voifins. Mais reprenons la
description de Basnage.
Pendant le onzième fiécle 6k le fuivant , Groningue
devint une ville conlidérable, 6k le mit en état de fou-
tenir un fiége ; car les habitans s'étant révoltés l'an 1 166 ,
contre Godetroi , évêque d'Utrecht, Florent, comte de
Hollande , vint à fon fecours , le délivra des mains des
habitans qui l'avoient fait prifonnier , aiïiégea la ville ,
fit de violens efforts pour la prendre , 6k ne put y réunir.
L'empereur Frédéric trouva à propos d'interpofer fon
Tome III. E e
CPvO
218
autorité pour mettre fia à cette guerre , ck réconcilia les
bourgeois avec l'évêque , ck en fui te l'évêque avec le
comte de Hollande , lesquels s'étoient brouillés fur la
poffeffion des pays qui s'étendoient depuis Gronin-
gue jusqu'à la rivière de Laver. Florent prétendoit en
être le maître abfolu , parce qu'ils lui avoient été don-
nés par quelques empereurs. L'évêque produifoit de
fon côté d'autres donnations , par lesquelles il faifoit
voir qu'il étoit légitime pofîeffeur d'une partie de ce ter-
ritoire. L'empereur décida qu'à l'avenir ils partageroient
les revenus , qu'ils choifiroient un comte qui en auroit
l'adminiftration ; & que s'ils ne pouvoient pas convenir
de la perfonne , elle ferait nommée par l'empereur ; qu'ils
fe rendroient l'un ck l'autre au mois de Mai à Groningue
pour faire le partage de la recette , ck n'y demeureraient
que fix femaines , l'un pour y faire les fonctions ecclé-
fiaftiques , l'autre pour régler les affaires civiles , ( Con-
cordia ineer episcopum Traj eclenfem & comium Hollan-
diœ fuper partes Frifitz oriœtalïs , &c. apud Hedam ,
p. 171.) Cet exemple fait, voir que Groningue étoit alors
une ville murée , capable de réfifter à une armée & de
foutenir un liège ; que les comtes de Hollande ck les évê-
ques d'Utrecht prétendoient qu'elle leur appartenoit , ck
que l'empereur devenoit le juge des différends de ce pays,
en qualité d'arbitre , ck comme feigneur féodal , parce
que les uns ck les autres ne fe l'attribuoient qu'en vertu
des donations faites par fes prédéceffeurs , fous la condi-
tion de la redevance & de Fhominage , comme cela fe
faifoit en ce tems.
La ville de Groningue devint fi riche ck fi puiffante ,
qu'elle forma le projet d'étendre fa domination fur la
Frife , ck d'y faire des conquêtes. Les vainqueurs abuferent
de leur pouvoir , ck traitèrent durement ceux qu'ils
avoient fournis. Albert de Saxe , envoyé par l'empereur
Maximilien , attaqua les Frifons ; & profitant de la divi-
sion qui régnpit entr'eux', les dompta facilement. Il
voulut reprendre fur les Gruns ( on appelloit ainfi les
habitans de Groningue ) ce qu'ils avoient ufurpé ; mais
ils lui réflfterent courageufement , & fournirent toutes les
incommodités d'un rude fiége. Enfin craignant de tom-
ber entre les mains de leur ennemi , ils aimèrent mieux
fe réconcilier à certaines conditions avec Frédéric de
Bade , qu'on avoit élu évêque d'Utrecht l'an 1490. Ils
confentoient à recevoir un juge au nom de l'évêque ,
pourvu qu'on leur biffât une entière liberté ; mais lors-
qu'on voulut les obliger à reftituer ce qu'ils avoient pris
dans la Frife ; un prêtre de grande réputation , qui étoit à
la conférence, la rompit, en foutenant qu'il valoit mieux
plier fous le joug , que d'abandonner ces conquêtes. D'un
autre côté ils trouvèrent moyen de fe défaire d'Albert ,
en aidant les Frifons qui affiégeoient fon fils Henri. Le
père laiffa les Gruns pour courir au fecours du prince
affiégé , ck mourut de chagrin. Henri , ck George , fon
frère , ne l'aillèrent pas de revenir à la charge contre les
habitans de Groningue, qui appellerent à leur fecours le
prince d'Ooft-Frife , qui étoit au-delà de l'Ems , ck le
duc de Gueldre. La guerre fut violente ; Coëverden ,
livrée au duc par la trahifon des Gruns , fut reprife par
l'évêque , qui , comme nous l'avons remarqué , ne
pouvant foutenir les droits de fon évéché , aima mieux
s'en dépouiller. Enfin Groningue fe donna à Charles V
en 1536.
La province de Groningue , qui eft la dernière de
l'union , s'étend depuis la rivière d'Ems jusqu'à celle de
Lawers , qui la fépare aujourd'hui de la Frife. Elle eft
divifée en deux corps différens : les habitans de la ville
de Groningue compofent l'un ; ceux du plat pays , qu'on
appelle les Ommelandes , forment l'autre ; & ce font ces
deux corps , affemblés par leurs députés aux états de la
province , qui en font la fouveraineté ; la moitié des
députés eft nommée par la ville , ck l'autre par les
Ommelandes.
Ces deux corps diftribuent les emplois , ck obfervent
dans cette diftribution une parfaite égalité pour le nom-
bre , ck donnent les commiffions au nom de la pro-
vince.
Ils envoient fix députés aux états-généraux , deux.au
confeil d'état , deux à la chambre des comptes de la géné-
ralité , quatre à l'amirauté de Harlingue , deux ordinai-
res , ck deux extraordinaires. Enfin ils en envoient tour-
à-tour un à l'amirauté d'Amfterdam.
GRO
Ils choififfent tous les ans huit perfonnes qui compo-
fent le collège des confeillers députés : c'eft ce collège ,
qui pendant Fabfence des états , régie les affaires de la
province , à-peu-près comme le Gecommiueerde Raad
fait en Hollande ; mais l'autorité des premiers doit être
plus grande , parce que la convocation des états de la
province eft moins fréquente : ce font aufti ces confeil-
lers députés qui les convoquent extraordinairement , lors-
qu'il y a des affaires importantes.
Ils élifent fix perfonnnes qui compofent la chambre
des finances de la province , fix curateurs qui règlent les
affaires de l'univerfité de Groningue ; ils en nomment
aufli les profeffeurs , dans laquelle on a vu paroître les
Ahings , les Desmarais , & une infinité de favans Illus-
tres , dont on peut voir ailleurs les noms , ck le catalogue
des ouvrages qu'ils ont faits.
Ils dispofent aufli des charges du confeil de guerre qui
réfide à Groningue. Il eft compofé d'un prefident ,' de
deux affeffeurs ck d'un fecrétaire. Ils nomment encore trois
perfonnes pour faire la revue des troupes ; mais cette
dernière commiflion eft à vie , ck ceux qui en font chargés
prêtent le ferment aux états-généraux.
Enfin ces deux corps donnent toutes les charges mili-
taires des troupes qui font de la répartition de la pro-
vince ; mais on le fait ordinairement par tour ; ck lorsque
Groningue a diftribué quelqu'emploi , les Ommelandes
jouiffent enfuite du même droit. Cette égalité dans la
diftribution des charges devrait entretenir une parfaite
union entre les deux corps de cette province ; mais
il arrive fouvent de violentes conteftations entre la ville
& les .Ommelandes.
Les états de Groningue s'affemblent ordinairement
tous les ans le 8. de Février , ck dans ce jour toutes les
charges annuelles deviennent vacantes ; mais on les rem-
plit auffi-tôt , foit par une élection nouvelle , foit en
continuant la jouiffance à ceux qui l'avoient déjà. Les
états font convoqués extraordinairement par les confeil-
lers députés , lorsqu'ils le jugent important ou néceffaire.
Le lieu de raffemblée n'eft fixé par aucune loi , & on
a vu fur ce fujet plufieurs conteftations entre la ville de
Groningue & les Ommelandes. Les états-généraux ftatué-
rent l'an 1 597 , qu'on pourrait convoquer cette aftem-
blée dans le lieu qu'on jugeroit à propos ; mais par un
autre règlement fait l'an 1645 (b) , on a ordonné que
par provifion on s'affembleroit dans la maifon de la
province , laquelle eft à Groningue. * (a) Réfolut. de 1 597,
art. 17. (b) Autre Réfolution de l'an 1645 , n. 2 ,
art. 17, & n. 3.
Les états affemblés délibèrent ck décident en fouve-
rains de tout ce qui regarde l'intérêt ou la fouveraineté
de la province. Il n'y a dans cette affemblée que deux
fuffrages , l'un de Groningue ck l'autre des Ommelan-
des ; un fuffrage ne prévaut point fur l'autre ; ck lorsque
les avis font différens on ne peut prendre une réfolution
décifive qu'après avoir obligé l'un des partis à convenir
avec l'autre. Ce font les penfionnaires ou fyndics , qui
parlent dans l'affemblée , ck qui font chargés de porter
l'avis de leur corps , & de le foutenir.
Groniugue étant la ville principale de la province qui
porte fon nom , tient le premier rang clans les affemblées ,
ck jouit de plufieurs privilèges. Elle eft gouvernée par
douze confeillers ôc par quatre bourg -meftres. Ces
magiftrats font élus par un corps de bourgeois , qu'on
appelle jurés. Ce corps s'affemble tous les ans .le huit
Février pour faire l'élection. Huit des anciens magiftrats
demeurent en poflèfîion de leur charge pour cette année ;
mais on en choifit huit autres qui entrent en fonction
avec les huit anciens , ck ces feize choififfent de leurs
corps quatre bourg-meftres qui prefident par quartier da
trois en trois mois. Si une place devient vacante dans le
confeil des feize, pendant le cours de l'année, par mort,
par punition , ou par démiftion volontaire , le collège
la remplit. C'eft aufli ce collège qui règle la police ck
juge de tous les procès tant civils que criminels. Enfin ,
ce confeil de feize perfonnes élit'un penfionnaire, qu'on
sppellejj'ndic , deux fecrétaires , un fifcal, les directeurs
de la chambre des Orphelins , ck dispofe de plufieurs
autres petites charges qui dépendent de la ville. Proche
de la ville eft une jurisdittion , appellée Old-Ampten ,
les bourg-meftres ck les confeillers ont le droit de
nommer le haut officier , ck fon fecrétaire. Ils établiffent
GRO
GRO
sn.1i un droflart avec deux juges dans le Twede ck le
Weflwoldir.gerland.
La ville eft belle , grande , fituée fur les rivières de
Hunnes ck d'Aa , à quatre lieues de la mer d'Allemagne.
Il y a onze églifes dont trois étoient paroiffiales , cinq
étoient à clés monafteres ck quatre à des hôpitaux. La
principale eft celle de S. Martin. Il y a une belle orgue
de la façon du fameux Rodolphe Àgricola. Les deux
autres paroiffes portent les noms d'£jl-Wralburg ck de
Notre-Dame. Les couvens étoient de Franciscains , de
Dominicains , de religieux nommés les Feres , des Cla-
rifies; le cinquième étoit un noviciat de religieufes. Les
murs de la ville font entourés d'un bon fofle , avec dix-
fept bâfrions & fept portes. L'académie ou univerfité de
cette ville fut établie l'an 1614, le 23 d'Août , jour auquel
le refteur eft inftallé. * Blaeu. Theatr.
. La Seigneurie de Groningue eft bornée à
l'orient par l'Ooft-Frife ; à l'occident par la Frife ; au nord
parla mer d'Allemagne ; au midi par FOver-Iffel ck par
le comté de Bemhem , qui eft de la \Veftphalie. Quelque-
fois dans les aûes publics , Groningue' ck les Ommelan-
des, qui font enfemble une des fept Provinces-Unies , font
deiîgnées par ces mots la province de la ville & pays.
Voyez OMMELANDES.
GRONSFELD, terre des Pays-bas, avec titre de comté,
au duché de Limbourg , à une lieue de "Wick. * Dicl.
geogr. des Pays-bas,
GRONTA , rivière de la grande Bretagne. Il en eft
parlé clans la Vie de S. Gutla hermite , écrite par Félix ,
auteur comtemporain. Il y eft fait aufli mention de l'ifte
de Crowland , qui étoit alors au royaume de Mercie ,
& eft aujourd'hui dans le comté de Lincoln. * Ortel.
Theiaur.
GROS-BOIS , maifon de plaifance , dans I'ifle de
France , auprès de Paris. Le premier préfident de
Harlay fa fort embellie. Elle confifte en trois corps de
logis , un dans le fond , ck les deux autres placés à la
droite ck à la gauche de la cour. Celui qui eft au fond
s'enfonce en forme de démi-cercle. Il eft compofé de
deux ordres d'archite&ure l'un fur l'autre , ck terminé
par un grand fronton : les deux corps de bâtimens qui
forment les deux côtés de la cour , font chacun dis-
pofés de manière que l'un tient au refte de l'édifice ck
l'autre s'avance fur la face du château. Les jardins font
fpacieux & agréables ; le parterre eft orné de quelques
ftatues ; on monte de-là dans le bois , par deux rampes
décorées de baluftrades de pierre ck d'autres ornemens
d'architefture. * Piganiolde laForce, Descr. delaFrance,
t. 2, p. 636 , édit. Parif.
GROS-BOS , Groffum-Boscum , abbaye régulière en
France , de l'ordre de Cîteaux , filiation d'Obafine ,
au diocèfe , ck à quatre lieues d'Angoulêrne au fud-oueft ,
fondée l'an 11 66 ; l'abbé en retiré 4000 liv.
GROSIO , village de Suifle , au pays des Grifons ,
dans la Valteline fur la rive gauche de l'Adda. * Etat &
dêl. de la Suifjï , t. 4 , p. 143.
GROSLAY , village de France , en Normandie , au
diocèfe d'Evreux , avec titre de baronie , entre Lyre &
Beaumont-le-Roger , fur la rivière de Rille qui perd
fes eaux , ck qui renaît dans fon voifinage. * Corn..
Dift.
GROSNE , ( la) rivière de France , en Bourgogne.
Elle a diverlés fources dans le Beaujolois , qui fe rafîem-
blent dans le Mâconnois , qu'elle traverfe du midi au
feptentrion. Au village de Mazilles elle reçoit le ruifTeau
du Repentir , qui vient de l'étang de Y Auvergnet , g.
elle parle à Clugni , g. au bourg de Cormantin , nu-
deffous reçoit la Guye , g. fe tourne vers le nord-eft ,
coule dans le Châlonnois; ck, entre l'Allceue ck la Ferté-
fur-Grosne , elle reçoit les eaux du Grifon , cl. forme
quelques ides , ck fe perd enfin dans la. Sô'.ie , au village
de Marnay , entre Châlon ck Toumus. * Atlas. Robert
de Vaugondy.
GROSSA , (Isola) ifle de la Dalmatie , dans le
golte de Veniié , au comté de Zara. Elle appartient aux
Vénitiens^ , & s'étend du couchant feptentrional au
levant méridional ; mais ellen'eft pas large à proportion
de fa longueur. On la nomme aufli Ifola grande ck Ifola
longa ck Ifola dï Sale. Elle a environ foixante ck dix'
milles , de circuit , félon le P, Coronelli ^ Ifolario part. 1 ,
2 19
GROSSETTO , ville d'ftaKé , en Tcfcane , dans
l'état de Siéne ck dans le-, Maremrr.es , avec un évêché
fuffragant de l'archevêché de Sienne. Elle eft pcri:e,or.
mal peuplée , avec un allez bon château , à trois milles
de la rivière d'Ombrone au couchant , en allant vers le
lac de Caftiglione , dont elle n'eft qu'à fis milles ck vers
Piombino , à fix milles de la côte de la mer , ck à quarante
milles de Siéne. * Baudrani , édit. 1705.
GIK.'SSEUVRE.
bourg (
• France , en " "-7-
mandie, au diocèfe d'Evreux ,avec titre de baronie, à une
lieue de la rivière d'Iton , entre Damville , Eailleul ,
S.André de la Marche , ck Garencieres. * Corn, D-c>.
GROSSOTO , village de Suifle , dans 1a Valteline ,
au pays des Grifons , fur la rive droite de l'Adda. *• Eict &
del. de là. Suijfe, t. 4 , p. 143.
^ GROSSWERDER , ifle confidérable de Prufte , à
l'embouchure de la Viftule , qui, fe féparanten plusieurs
bras à l'orient , ck au couchant , forme cette ifle , avec
le Frisch-Haff, du côté du nord-eft. Niger croit que
cette ifle a été connue des anciens fous le nom de
Latris,
GROSVYN , ville d'Allemagne , en Poméranie -,
auprès d'Aniâam. Elle iubfiftoit encore dans le douzième
fîéele. Micrtslius , Hifi. Pomeran. 1. 2 , c. 89 , dit que
dans la guerre des ducs de Poméranie contre le roi de
Danemarck en 1 183 , le roi Canut la ruina de fond en
comble. Daniel Crammer, dans fon Hiftcireeccléfiaftique
de Poméranie , /. 2 , c. 3 , écrite en allemand , dit que
cette ville détruite étoit où eft prefentement une fortifi-
cation au partage par où l'on va à Stolpe ; ck que dans
la campagne d'Anclam il y a encore à prêtent un chemin
que l'on appelle Grcjjv/inische StrafJ'e , ou le chemin de
GroflVin. * Zeylcr, Pomeran. Topogr. p. 18.
GROTE. Voyez Grotte.
GROTKAU , ou Grotka , ville d'Allemagne, en
Siléfie.Zeyler, Silef.Top.p. 148, écrit Grolka&Grotkau,
ck reprend quelques auteurs qui l'ont appellée Krotkau.
Cette ville , capitale d'une principauté de même nom , eft
petite , mais eft bien fermée ck a de bonnes portes , ck les
murs ont une enceinte d'un triple fofTé. Elle eft fituée dans
une plaine, procheunebelle forêt, ck entreles villes de Brieg
au nord , ck Munfterberg au fud-oueft , au couchant ck
à peu de diftance de la rivière de Neisl. L'air y eft
fàin, le terroir fertile : de-là vient que l'on dit en pro-
verbe : qu'en tems de paix les bourgeois de Grotkau
font à couvert de la faim ck du froid , parce qu'il n'y a
point de maifon qui n'ait allez de terre 8c de bois pour
fon befoin. Il y a une grande église paroiiîiale, un palais
épiscopal , une maifon de ville bâtie de pierre , entou-
rée d'une allez grande place ; mais les maifons bourgeoi».
fes font toutes de bois : aux environs ck dans la cam-
pagne, il y a une aîTez belle nobîefle, qui a fon capi-
taine particulier. Cette ville avec la principauté , dont
elle eft le chef-lieu, fut vendue en 13 41, par les ducs
de Lignitz ck de Brieg à l'évêque de Breshm. Grotkau
à été fujette à divers malheurs remarquable-. L'an 2490,
elle fut réduite en cendre ;' ck en 1 ^49 , le 7 d'Août , le
tonnerre la brûla de nouveau ; Péglife paroiffiaie ck
quelques maifons en échappèrent à peine. En 1438, les
Polonois , ayant fait une irruption dans la Bohême,
faccagerent Grotkau. Le duc Guillaume de Troppau la
prit en 1445 , ck elle fouffrit beaucoup durant les guerres
des Suédois contre l'empire.
La frinxipauté de Grotkau eft fituée dans !a
Silène , aux confins de la Bohême & de la Moravie:
on i'appelle aufli la principauté de Nsiffe. Voyez Neisse.
Ces deux villes font les feules places remarquables de
cette principauté. Elle a le duché de Brieg au nord ,
celui d'Oppelen à l'orient ; celui, de Munfterberg au
couchant, & la Moravie au midi.
GROTTA FERRATA, fameufe abbaye d'Italie,
dans l'état de l'églife, à un mille ou deux de FraVati,
Elle eft deflervie par des moines Grecs ou Calabrois,
qui y chantent le fervice en langue grecque. S. Barthe-
lemi , abbé , disciple de S. Nil , ck quelques moines
Grecs vinrent fe réfugier en ce lieu, dans l'onzième iié-
cle , ck vivoient dans une grotte qui fe \r9rmoic avec
une grille de fer. C'eft cie-!i que cette abbaye porte le
nom de Grotte -finie. Us avofent été établis auparavant
dans la Calabre , d'où les perféeutions de Sarrazins les
avoient chaffés. Peu après il fe fit de cette grotte un
Tomi III. E e ij
GRO
2 20
fpacieux monaftere. Le cardinal Beffarion, en étant abbé
commendataire, le reftaura. On voit au maître-autel de
l'églife une vierge que l'on dit être miraculeufe , 6k
peinte par S. Luc : à l'autel , qui eft à côté, on voit
un tableau repréfentant S. Nil Si S. Barfhelemi , abbés :
il eft du Carache. Toutes les peintures à fresque de cette
chapelle ou nef, font du Dominiquin. L'hiftoire de
S. Nil s'y trouve , ainfi , que fon entrevue avec l'empe-
reur Othon III, parmi une grande foule de courfifans,
Si de peuple pour voir cet empereur; le Dominiquin y
a peint une belle fille de Frascati qu'il aimoit. * Corn.
Dict. E. D. R. nouveau. Voyage d'Italie , t. i.
GROTTA DEL CANE ; voyez Grotte du
chien.
GROTTA ROSSA , bourg d'Italie , fur le Tibre ,
dans l'état de l'églife , à fix milles au-deffus de Rome.
Voyez au mot Minerve , l'article Castrum Miner-
ve. * Baudrand , éd. 1705.
GROTTARIA , bourg d'Italie , au royaume de Na-
ples, dans la Calabre ultérieure , fur la rivière de Pro-
teriate , à fix milles Si au nord de Gieraci ; c'eft lé Mi-
ncrvœ Caftrum. * Bandr. éd. 1705.
GROTTE , petite caverne ménagée paj l'art ou par
la nature , dans une montagne ou dans un rocher. II y
en a beaucoup dans la Paleftine. Les anachorètes Si tous
les faints folitaites qui ont peuplé les déferts , dans la
ferveur des premiers fiécles de l'églife , habitoient des
grotes. La Thebaïde , le Carmel , le Liban , Sic. en
font remplis. Les anciens Chrétiens, durant les tems de
perfécution, célébraient les faints myfteres dans des grot-
tes , où fouvent ils dépofoient les reliques des martyrs.
De-là eft venu l'ufage qui eft encore^en Italie, d'appel-
er grottes, les églifes fouterreines. Telle eft la grotta
Vaticana. Un détail de toutes les grottes, dont l'hiftoire
Si les voyages font mention , occuperoit feul un affez
grand volume. Nous nous bornerons aux plus célèbres.
GROTTE (la) d'Antiparos. Voyez Antipa-
ROSl
GROTTES (les) d'Arcy , grotte de France , en
Bourgogne , à fept lieues d'Auxerre , à deux de Ver-
manton , Si à cinq cens pas d'un village nommé Arcy,
qui eft fur le bord de la petite rivière de Cure. Au-def-
fus de ces grottes font des terres labourables ^ qui n'ont
pas plus de huit ou dix pieds de fol. Il paraît que ces
grottes ou cavités ont été faites en tirant de la pierre :
elle ont une entrée étroite , 6k environ trois cens toi-
fes de profondeur ou de long. Il y a des ceintres qui
forment plufieurs voûtes , du haut desquelles il tombe
une eau cryftalline , qui fe convertit en pierre fort bril-
lante Se très-dure , ck forme des pointes ou culs de
lampe de toutes groffeurs , Si qui descendent en bas les
unes plus , les autres moins , avec une diverfité admi-
rable. Entre ces congélations qui repréfentent une infi-
nité de chofes différentes , l'on en remarque fur-tout
une : ce font cinq ou fix tuyaux de cinq à fix pieds de
haut , Si de huit à dix pouces de diamètre , creux par
dedans , Si arrangés d'alignement l'un près de l'autre
fans fe toucher pourtant. Quand on frappe ces tuyaux
avec un bâton , ils rendent des fons différens & fort
agréables , d'où on les appelle les orgues. On trouve à
vingt ou trente toifes de l'entrée un petit lac , qui a cinq
toifes de large , fur quinze ou vingt de longueur , ck du-
quel l'eau eft très-claire. Selon toutes les apparences , il
eft formé par la partie de l'eau la plus légère, qui tombe
fans celle goutte à goutte du haut des voûtes , qui en des
endroits paroiflent avoir vingt pieds de hauteur , en
d'autres vingt-cinq , ck en d'autres trente. L'élévation ,
la largeur , rk la longueur de cette voûte , toute de pier-
res , font un écho ou retentiffement fort agréable , qui
fait durer long-tems le bruit qu'on entend rouler bien
loin dans la profondeur obfcure de cette caverne. Il y
a un endroit de cette grotte , où l'on trouve une espèce
de fale. La nature y a formé un plafond d'une terre fort
unie , couleur de caffé , Si où paroiflent mille chiffres
bizarres , qui font un effet fort agréable , de même que
quelques figures de pierres mal-formées par les gouttes
d'eau. On appelle cet endroit LA SALE DU BAL ou la
SALE de MONSIEUR LE prince. * Viganiol de la.
Force , Defcr. de la France , t. 3 , p. 401.
GROTTE (la) de Bethlehem. Voyez Beth-
LEHEM.
GPvO
GROTTE (la) de Cabreres, grotte de France,
au Querci, dans Féleftionde Cahors ; elle eft fort éten-
due ck fort finguliere. * Piganiol de la. Fora , t. 4 ,
p. 458.
GROTTE (la) du chien , en italien , grotta
del CANE ou BUCO VELENOSO ; caverne d'Italie , au
royaume de Naples , proche Puzzole & le lac d'Agnano,
au pied de la montagne Solfatara , autrefois Forum Vul-
cani Si Leucogee colles. Miffon la décrit ainfi dans fon
Voyage d'Italie , t. 2 , p. 68 : la grotte du chien eft
comme un petit commencement ou entrée de caverne,
au pied d'un coteau. Elle eft longue & profonde de
neuf à dix pieds ; large de quatre & demi , & haute de
cinq. Cela eft fans art. Le bas n'eft que pure terre , ou
pierre couverte de pouffiere comme le milieu d'un che-
min ; les côtés n'ont rien non plus qui (bit poli ni tra-
vaillé , ni aucun ornement remarquable. ... Il fort de
la terre dans cette grotte une exhalaifon fubtile & pé-
nétrante, fans aucune fumée ; cela faifit la refpiration,
ck fuffoque abfolument dans une minute. On ne la laiffe
pas ouverte. Celui qui en a la clef, entre debout autant
qu'il le peut être au milieu de la grotte : il fe baille ,
& s'agenouille peu-à-peu, tenant toujours la tête droite:
il s'aflîed fur fes talons ; en telle forte que fes mains puif-
fent toucher à terre : alors il empoigne le chien par les
quatre pâtes , Si le couche pRinptement fur le côté
contre terre. A l'inftant même , ce pauvre animal entre
en convulfion , il tourne les yeux, tire la langue, ij s'al-
longe fans crier ; il fe roidit , Si celui qui le tient, le jette
comme mort , hors de la caverne. On le met inconti-
nent dans le lac, qui n'eft qu'à vingt pas de-là. En moins
d'une autre minute, il reprend fes esprits , il fort de l'eau
en nageant^ il court, Si il crie comme en exprimant
la joie qu'il "a d'être délivré. On a fait cette expérience
fur des hommes & fur toutes fortes d'animaux , & la même
chofe eft toujours arrivée. Charles VIII, roi de France,
fit l'expérience avec un âne ; D. Pedro de Tolède, vice-
roi de Naples , avec deux esclaves qui en moururent*
De Villamont parle , dans fon Voyage , d'un gentil-
homme , nommé Tournon , qui s'étant baifle dans la
grotte , pour y prendre une pierre , fut faifi de la va-
peur, Si porté auffi-tôt dans le lac, où il reprit un peu fes
esprits ; mais il mourut quelques momens après. Il faut
cependant remarquer que cette grotte eft trop petite ,
pour qu'un homme ou un âne y puifle entrer tout en-
tier ; mais il fuffit qu'ils y entrent jusqu'à mi-corps , pour
que la vapeur les fane mourir.
A deux pieds de terre, 6k plus près même encore,
il n'y a rien à craindre : les esprits fe raréfient ck fe diffi-
pent ; mais plus on 1e baifle , plus le danger eft grand :
ces mêmes esprits font fubtils ck violens ; ils pétillent
ck fortent impétueufement ck en abondance. Le maître
de la grotte fait encore une autre expérience', il y entre
avec deux gros flambeaux allumés. Quand il en abaifle
un , un peu près de terre , non-feulement il cefle de flam-
ber ; mais il s'éteint entièrement , fans qu'il refte ni feu
ni fumée. Il le rallume avec l'autre flambeau , ck il les
éteint ainfi plufieurs fois tour-à-tour. Pline, /. 2, c. 113,
fait mention de cette grotte , ck dit que l'on nommoit
SPlRACULAckSCROBES CHARONEjE , ces grottes dont
les exhalaifons étoient mortelles ; quelques-unes, dit-il,
ne font mortelles que pour les oifeaux comme celle du
mont Sorafte ; d'autres à tous les animaux, hors l'homme ;
d'autres à l'homme même , comme dans les territoires
de Sinuefle ck de Pouzzol.
Il y a bien de l'apparence qu'on pourroit creufer fur
la même ligne plufieurs autres grottes où les mêmes ef-
fets fe feraient fentir. Ces effets , outre celui que j'ai
dit , font qu'à un pied du fol de la grotte , un piftolet
ne prend point feu , Si qu'un flambeau de poix-réfine
bien allumé s'y éte,int d'abord à la même diftance : cela
vient , fans doute , d'une exhalaifon fubtile ci pénétrante ,
fans aucune fumée , qui fort du fond de la grotte , ck
qui faifit la respiration ci caufe les mêmes effets qu'on
voit dans le récipient de la machine de Boyle , quand on.
en a pompé l'air. * Notes du P. Charlevoix.
GROTTE (la) du désert de la tentation ;
grotte de la Paleftine , dans le défert où Jefos-Chrift
fut tenté par le démon. Elle eft fur la montagne , où il
jeûna quarante jours. Le P. Nau la décrit ainfi. La mon-
tagne eft grande ; la cime en eft extrêmement élevée,
GRO
GRO
Se le fond eft un abysme très-profond : elle fe courbe
de l'occident au feptentrion , Se préfente une façade de
rochers escarpés qui s'ouvrent en plufieurs endroits , &c
forment des grottes de différentes grandeurs. * Voyage
de la Terrt-fainte , 1. 4, c. 4, p. 359,
Pour aller dans celles où le Sauveur s*enferma , on
monte d'abord un terrein affez roide , mais fans danger.
On arrive enfuite à un chemin qu'on a rendu aifé par
quelques degrés qu'on y a faits ; mais au bout , il faut
grimper pour fe mettre dans un fentier large à-peu-
près de deux ou trois pieds , qui s'étrecit encore davan-
tage en quelques endroits , Se qui n'eft bordé que de
précipices horribles. Cette vue eft fi effroyable , qu'elle
décourage la plupart des pèlerins. L'auteur cité , dé-
tourna les yeux des précipices fur le bord desquels il
marchoit; Se s'appuyant des mains au rocher, il conti-
nua fa route ; Se enfin approcha des faintes grottes. Ce
fut-là , dit-il, que le tremblement redoubla : je me trou-
vai dans un lieu fort étroit, Se je ne vis plus devant moi
qu'un rocher escarpé Se presque tout droit , haut envi-
ron de huit à neuf pieds , que l'on ne monte qu'à la
faveur de quelques pierres un peu avancées en certains
endroits , où il faut s'attacher des pieds & des mains
avec beaucoup de précaution ; car fi le pied ou la main
vient à manquer , on tombe dans un précipice épou-
vantable , Se fans un miracle on ne peut éviter la mort,
6c de fe brifêr tout le corps fur les pointes de rochers Se
fur les pierres : on trouve au-deffus une grande grotte ,
que la Providence y a ménagée pour donner lieu aux
pèlerins de respirer. L'on pafïe de-là par un chemin
tout-à-fait étroit Se effroyable , mais fort court , dans
deux belles grottes : la première en enferme une autre
plus petite Se obscure , qui eft à main droite. La féconde
eft comme la fale Se l'antichambre du cabinet de la pé-
nitence de l'Homme-Dieu. On y monte au bout de cette
grotte par quelques degrés. Ce lieu eft presque carré ,
Se n'a pas plus de douze ou treize pieds de diainetre.
La voûte naturelle , que la montagne y forme , eft fort
élevée : il y a un creux , Se comme une espèce de ni-
che , dans le fond où l'on dit que notre Seigneur fe
mettoit Se ofFroit jour Se nuit les prières qu'il faifoit
pour nous à fon Père. Quelques-uns difent_ qu'il prenoit
ion fommeil dans la grotte voifine , que j'ai nommée fon
antichambre. On a élevé une muraille droite Se forte, à
l'ouverture de toutes ces grottes , qui les fait paroître
comme un monaftere. Celle où j'ai dit que le Sauveur
prioit , eft plus ornée que toutes les autres : elle étoit
autrefois presque toute peinte , & on y voit encore les
reftes des images avec des inscriptions gréques ; mais
tout cela eft fi effacé , qu'on a de la peine à diftinguer
ce que c'étoit, Se quels faints y étoient repréfentés. On
y entrevoit pourtant une annonciation , des anges Se des
apôtres. Cette grotte n'eft pourtant qu'au milieu de la
montagne , du fommet de laquelle , on croit que le dé-
mon fit voir au Sauveur tous les royaumes du monde ,
avec leur gloire. Il y a encore fur cette cime une églife,
en mémoire de la victoire queJefus y remporta. J'ai dit,
on croit , parce que les évangéliftes S. Matthieu , c. 4 ,
v.S, & S. Luc, c. 4, v. 6 , qui nous apprennent le dé-
tail de la tentation , ne difent pas que ce fut fur la même
montagne où le Seigneur avoit jeûné ; mais feulement
que le démon l'ayant encore pris , le porta fur une haute
montagne.
GROTTE (la) de l'Estale. Voyez Estale.
GROTTE (la) de Jérémie, grotte de laPalefhne,
auprès de Jérufalem , à l'occident , Se en marchant un
peu vers le feptentrion, affez proche de la porte de Da-
mas. Elle n'a guères moins de vingt-cinq ou trente pas
en longueur , Se environ autant de largeur. Sa voûte
qui eft extrêmement haute , eft foutenue par un gros pi-
lier du roc même , comme font celles des carrières. On
voit à l'entrée, à main gauche, un endroit élevé de huit
ou dix pieds , où la pierre eft faite Se taillée en forme
de lit. Au bout le plus enfoncé de la grotte , il y a un
trou profond que ce prophète , à ce qu on croit , avoit
deftiné pour fa fépulture ; mais fon véritable fépulcre
eft en Egypte , à ce que dit Nicéphore , Hijl. 1.8, c. 30.
Cette grotte de Jérémie eft maintenant entre les mains
des Mahométans qui la laiffent voir aux Chrétiens , pour
de l'argent. * Le Père Nau , Voyage de la Terre-fainte ,
1.1, c. 16, p. W.
22Î
■ GROTTE (la) du lait, grotte de la Paleftine à
Portent de Bethléem , à un trait d'arbalète de la grande
églife. Elle eft confacrée à la fainte Vierge , Se renferme
trois grottes. La première qu'on trouve en y entrant ,
Se dont l'entrée eft fort étroite , n'a rien de confidéra-
ble. La féconde eft à main droite , quand on paffe de
celle-là dans la troifieme. Celle-ci qui fuit, eft fpacieufe,
Se fa voûte eft affez élevée : il y a au milieu un autel
où l'on va célébrer les faints myfteres ; Se à l'extrémité
la plus reculée , on voit quelques creux qui ont fervi de '
fépulcres , Se un autre affez profond , où l'on croit que
la fainte Vierge fe cacha avec l'Enfant & S. Jofeph , lors-
qu'elle s'enfuyoit en Egypte. On prétend que donnant là
à tetter au Sauveur , elle répandit fur cette terre quel-
ques gouttes de fon lait , qui la blanchirent & lui com-
muniquèrent la vertu de guérir les maladies , Se princi-
palement le défaut de lait des nourrices. L'auteur cité
ajoute que c'eft une chofe fi certaine Se fi infaillible ,
qu'elle rend le lait aux femmes qui l'ont perdu , Se en
fait venir à celles qui en ont peu, que les infidèles mê-
mes en ont eu mille fois l'expérience. * Le P. Nau t
Voyage de la Terre-fainte , /. 4 , c. 14, p. 425.
GROTTE (la) deMarcillac, grotte de France
en Guyenne , dans l'élection de Figeac. Elle va toujours
en descendant ; la longueur eft de trois mille pas : fon ter»
rein n'eft pas uni. * Piganiol de la Force , t. 4, p. 458.
GROTTE (la) deMiremont, grotte de France,
en Périgord, dans la terre de Miremont. On la nomme
aufli le trou de Cluseau. Les gens du pays difent
que c'étoit un paffage fait pour accourcir le chemin ;
mais il eft aujourd'hui inutile pour cet effet. Elle a huit
ou neuf lieues d'étendue jusqu'à un ruiffeau que per-
fonne n'a encore ofé paffer. * Piganiol de la Fora , t. 4,
p. 458.
GROTTE (la) de Naplës. Voyez le Pausi»
LYPE.
GROTTE (la) de Notre-Dame de la Balme,
grotte de France , dans le Dauphiné (a). L'ouverture en
eft haute de plus de cinquante toifes , Se large d'environ
foixante. Mais elle fe rétéreit peu-à-peu. On n'y trouve
point le gouffre , ni le grand lac dont il eft parlé dans la
Vie de François I. Cette grotte eft fur le chemin de
Grenoble à Lyon. Mezeray raconte ainfi, de quelle ma-
nière François I la vifita : je puis bien la rapporter >
après avoir averti qu'il n'y a rien de pareil dans cette
caverne. « Le roi (b) , à qui l'étude de la phyfique avoit
» donné la curiofite de rechercher les chofes rares Se
V extraordinaires, fut touché du defir d'.ntrerdans un lac
» fouterrein , qui eft fur le chemin de Grenoble à Lyon,
» auprès du lieu qu'on nomme Notre-Dame de laBaulme,
» lequel eft auflî une des merveilles du Dauphiné. Il fit
» exprès conftruire un vaiffeau plat , dont les débris fe
» voyoient , il n'y a pas encore long-tems , dans la ca-
» verne par où l'on entre dans ce lac. Autour de ce ba-
» teau il fit attacher plufieurs planches , Se fur ces plan-
» ches grand nombre de flambeaux , Se il n'oublia pas
» de faire porter des mèches Se des fufils , Se de choifir
» des bateliers qui favoient bien manier' le croc Se l'avi-
» ron. Après qu'ils eurent navigé quelque tems clans ce
»lac, ils reconnurent qu'il avoit environ une lieue de
» large. Comme ils furent près de d'eux lieues avant ,
» ils entendirent un grand bruit qui devenoit plus épou-
» ventable à mefure qu'ils en approchoient , Se ils fen-
» tirent que l'eau couroit avec* une extrême rapidité.
» Us s'imaginèrent alors qu'il pouvoit y avoir quelque
» gouffre là auprès ; pour découvrir ce qui en étoit , ils
» détachèrent une des planches où il y avoit des flam-
» beaux , laquelle ayant été emportée avec roideur ,
» puis renversée ou abysmée , ils eurent frayeur Se rame-
» nerent le roi vers l'entrée. » Ce lac fi vafte fe réduit à
un petit ruiffeau. * (a) Piganiol de la Force , Defcr. de
la France, t. 5, p. 14. (b) Hift. de France, t. 4, à l'an-
née 1548.
GROTTE (la) de Quingei , grotte de France ,
en Franche- Comté, aune lieue de Quingei , Se à cin-
quante pas du Doux. Elle eft longue Se large , Se la na-
ture y a formé des colomnes , des tombeaux , des ani-
maux de plufieurs espèces. Voici la description qu'en a
faite l'abbé Boifot , Journal des Savans du () Septem-
bre 168G. On y descend par un trou fort étroit, Se qui
n'a que dix pu douze pieds de profondeur. A quelques
GRO
Z2l
pasde-là, on trouve à main droite une voûte affez grande
& haute , pleine de chauves-fouris du haut en bas. Il ne
faut pas s'y arrêter ; car fi on inquiète ces animaux , il
s'en répand une l! grande quantité dans la belle grotte,
qu'il eft iinpoffible d'y demeurer; ckceferoit dommage
•qu'on ne la vît pas en repos.» Je ne la puis mieux com-
parer qu'à un falon , plein d'antiques & de raretés. En
■effet on y voit de grandes colomnes, qu'on diroit faites
exprès, pour foutenir la voûte, des ftatues & des figures
de toutes fortes , des cabinets , des fruits , des fleurs ,
des feftons , des trophées , enfin tout ce que l'on s'ima-
gine ; car il en eft de ce falon enchanté comme des clo-
ches. Dans l'un on voit, & aux autres on fait dire tout
ce que l'on veut. Dans le tems que j'y fus , ( vers l'an
1674,) il y avoit des orgues parfaitement bien formées;
mais c'eft une transformation continuelle. Ce qu'on y
voit aujourd'hui eft tout autre dans huit jours, & peut-
être, pourftiit l'auteur avec enjouement , que mes orgues
•font devenues quelque joueur de vielle. L'unique incom-
modité qu'il y a à vifiter cette grotte , c'eft qu'il faut
faire provifion de flambeaux & de jufte-au-corps de toile;
car on n'y voit goutte , &: l'on y gâte fes habits. Le ter-
rein eft fort inégal , félon les congélations qui s'y font
faites. Il eft même à craindre qu'avec le tems tout ne fe
rempliffe ; car il y a déjà des endroits où l'on ne peut
plus parler qu'avec beaucoup de peine , fk un, entr'au-
tres , où il faut fe tramer fur le ventre. Mais auffi ceux
qui vont au-delà en content des merveilles , foit qu'ils
difent la vérité , foit qu'ils cherchent en trompant les
autres à fe dédommager de la peine qu'ils ont prife. J'a-
voue, dit l'auteur cité , que je ne voulus pas y paffer ;
ce qui m'en dégoûta, fut un petit ruiffeau, dans lequel il
falloit presque fe coucher pour entrer dans l'autre fale.
Je me contentai d'admirer ce qui étoit dans la première,
&c certes il y avoit de très-belles chofes. Il y a plaifir de
voir l'eau dégoûtant fur toutes les figures , fe fixer, s'é-
paifîir , & faire mille grotesques. Tout cela eft blanc &
fragile , tant qu'on le lanTe dans la grotte ; mais ce qu'on
en tire s'endurcit à l'air &L devient grisâtre. Il n'y a rien
de plus joli pour faire des grottes artificielles. * Piganiol
de la Foret, Defcr. de la France, t.j,p. 503.
GROTTE (la) de sainte Pélagie , grotte de la
Paleftine , fur la montagne des oliviers , au-deffous de
l'églife de l'Ascenfion. Elle a trois diverfes chambres ;
la première , qui eft la plus grande , eft à l'entrée : on
descend de-là par dix degrés dans la féconde , qui eft
moindre , où l'on voit un fépulcre. La troifieme eft la
plus étroite. Les Mahométans ne permettent, à aucun
Chrétien d'y entrer ; & fi quelqu'un ofe le faire , il n'é-
vite la mort qu'en donnant une fomme confidérable.
* Le P. Nau, Voyage de la Terre-fainte , /. 3, c. 6.
GROTTE (la) de la Sibylle , grotte d'Italie au
royaume de Naples , auprès du lac d'A vente. Miffon,
Voyage d'Italie , t. 2 , p. So , la décrit ainfi : ce qu'on ap-
pelle communément , dit-il , la grotte de la fibylle eft
auprès de-là. La principale entrée étoit, dit-on, proche
de la ville de Cumês , à quatre petits milles de l'Averne ;
mais tout eft comblé de ce côté-là. Nous fommes donc
entrés dans cette grotte , par un paffage affez étroit &
embarrailé de ronces & d'épines , chacun portant fon
flambeau allumé. La caverne eft creufée fous les coteaux,
fans embelliffement. Elle eft large d'environ dix pieds,
tk. haute de douze. Après avoir fait deux censcinquante
pas fans détourner , la grotte fait l'équerre à droite , &
foixante & dix ou quatre-vingt pas plus loin, on trouve
une petite cellule qui a quinze pieds de long tk huit à
neuf de large : la voûte en étoit autrefois peinte , &: les
murailles étoient revêtues de mofaïque : il en refte même
quelque chofe encore. La terre eft affaiftée à quelques pas
plus loin que la chambre, le paffage eft rempli, & l'on
ne peut pas aller plus avant. L'auteur cité s'attache en-
fuite à prouver que les fibylles font une chimère , quoi
qu'en ayent dit un nombre confidérable d'hommes fa-
vans d'ailleurs , & même les pères de l'églife.
GROTTES (les.) de Siouth, grotte en Egypte,
auprès de Siouth. Voyez Siouth.
GROTTES (les) de la Thébaïde. Voyez The-
Baïde.
Voyez auffi les mots Caverne & Sépulcre.
GROTTE, ancien bourg de Sicile, dans la vallée de
Mazare, furie Salfo, à huit lieues de Gergenti, vers le
GRU
tvord> Ce bourg' eft fort déchu. Voyez He.RBessus,
* Baudrand, éd. 1705.
GROTTE, en italien, ou les grottes en fran-
çois ; village d'Italie, dans la marche d'Ancone. Il eft
litué près du château de Montalte , & n'eft remarquable
que pour avoir été la patrie du pape Sixte V, qui y na-
quit le 13 Décembre 1511 , de parens très-pauvres.
GRO VA , village d'Afrique, dans la haute Guinée,
à trois lieues à l'eft du cap Palmas , &£ à trente à l'oueft
de Tabo , à l'embouchure d'une grande rivière. Ce vil-
lage n'eft remarquable que parce que c'eft le premier
lieu qu'on trouve fur la côte d'Ivoire. * Cotes de Guinée,
par Al. Eellin, 1746.
GROUABLI, bourgade de l'ifle de Ceylan , fur la
rivière de Colombes , dans le Halvagam Corla , entré
Malwana & Sittavacca. * Atlas. Robert de Vaugondy.
GROUAIS, (l'ifle de) petite ifle de France , fur la
côte méridionale de Bretagne, vis-à-vis de l'embouchure
de la rivière de Blavet , Sa au midi occidental de Port-
Louis. La rade y eft bonne, mais à une certaine diftance;
car elle eft presque enfoncée dans un cercle de rocs auffi
dangereux pour les vaiffeaux, qu'utiles à la fureté des ha-
bitans. La pêche des congres, ou des anguilles de mer, y
eft fort abondante. * Mém. drejfésfur les lieux.
GROUCASUS , nom du mont Caucafe : il fignifie
blanchi de- neige, félon Pline , 1.6, c. 17.
GRUB : ce mot en allemand veut dire une fojje.
GRUB , village de Suifie , au pays de Prettigoew; il
dépend de la communauté du Cloître , & eft remarqua-
ble à caufe de fes eaux minérales. *Etat &■ Délices delà.
Suijje, t. 4, p. 77.
GRUBENHAG JE Qa) , ou ce qui revient au même
pour la prononciation, Grubenhagen, château d'Al-
lemagne , dans la baffe Saxe , dans les états de la mai-
fon de Brunswik , fur une montagne , à quelque diftance,
& au couchant de la Leine, au midi de la ville d'Eim-
beck (y). II eft remarquable pour avoir été la réfidence
d'une branche de la maifon de Brunswik , descendue de
Henri l'Admirable. Le. partage de cette branche a été la
principauté de Grubenhague. (a) Homan , Ducat. Bruns-
vik. Tab. (b) Hubner, Géogr. p. 514.
Cette principauté eft coupée en deux par une enclave
du pays de Hildesheim ; ainfi il y a deux parties de cette
principauté. La partie occidentale eft bornée au nord par
la principauté de Wolffenbutel , au- couchant &£ à l'o-*
rient par le pays de Hildesheim , au midi par la princi-
pauté d'Oberwaldt. Dans cette partie font ElMBECK ,
ville capitale, & le château de GRUBENHAGUE, réfi-
dence des princes de cette branche.
La partie orientale de cette principauté eft bornée
de même au nord, par la principauté de Wolffenbutel ,
au couchant par le pays de Hildesheim , à l'orient par le
Hartz , & au midi par l'Eifsfeld. On y trouve Oste-
RODE , ville ; Hertiberg, château affecté aux ducheffes
douairières; Elbingerode , petite ville ; Claujlhal ;
S. Andréas-berg &c Altenau , (ce font trois petites villes
dans les montagnes ,) & Sah{ der Helden , bourg avec
un vieux château. Ce pays eft préfentement à la maifon
de Hanover.
GRUDII, ancien peuple de la Gaule Belgique, félon
Cefar, Comment. 1. 5 , c. 38, qui le range fous les Ner-
viens , avec quelques autres peuples. Comme il eft le
feul ancien qui en ait parlé, &; qu'il fe contente de les-
nommer fans en défigner la fituation , rien n'eft plus tri-
voie que les conjectures que les modernes ont bâties
fur ce paffage unique , pour placer ces peuples.
GRUMBESTINI , ancien peuple d'Italie , dans l'an-,
cienne Calabre ; félon Pline, A3, c. il, ils étoient
dans les terres. D'anciennes éditions portent Brumbes-.
uni ; mais l'ordre alphabétique demande Grumbeftini.
GRUMENHA , bourg de Portugal , dans la province.
d'Alentejo , fur la Gaudiana . à trois lieues au-deffous
d'Elvas. * Baud. édit. 1705. Je crois que c'eft le même
que Sanfon & De l'ifle nomment Xerumena. Sa posi-
tion le fait affez connoître.
GRUMENTUM , petite ville de la grande Grèce ,
dans la Lucanie , vers le golfe de Tarente. Ptolomée ,
L 3 , c. 1 , dit qu'elle étoit .dans les terres. Tite-Live,
/. 13 , c. 37, la nomme à l'occafion de la vi&oire que
Titus Sempronius y remporta fur le Carthaginois Han-
non. Il dit, /. 2.7, c. 41. ; Hannibal vint à Grumentum
CRU
GRY
dans la Lûcanie. Pline , l. 3 , c. 1 1 , la défigne à fort or-
dinaire par le nom de les habitans Grumtntïni. Strabon
en parle auffi, /. 6 , p. 254. Antonin, dans fon Itinéraire,
& la Table de Peutinger font mention de cette ville ;
Holftenius , in Ortel. p. 89 , dit mal-à-propos, que c'eft
préfentement Agromento , fur la rive droite de la rivière
d'Agri , dans la haute Calabre. C'eft la Sapanara , dans
le diocèfe de Marfico , comme on le prouve par des in-
scriptions fk d'autres monumens trouvés aux environs.
Haftenius en avoit dit quelque chofe.
GRUMUS ; les anciens ont ainfi nommé la partie de
lApennin, que les modernes appellent Crepacore , félon
Scipion Mafella , dans fon Hiftoire de Naples. * Oritl.
Thef.
GRUNA, village de Suiffe , dans le haut Vallais , au
département de Sider ou Siers. Entre Gruna fk Ferco-
rey, on a trouvé une mine d'argent. * Etat & délices de
la Suiffe , t. 4, p. 192.
GRUNAW, Chartreufe d'Allemagne , dans la Franco-
nie , au diocèfe de Vurtzbourg , près de Wertheim.
GRUNBERG , petite ville de Bohême , en Siléfie ,
dans la principauté de Glogau. Elle eft peu confidérable.
* Hubner, Géogr. p. 614.
GRUNDE, petite ville d'Allemagne, dans la baffe
Saxe , au duché de Brunswik , dans les montagnes du
Hartz. * Hubner, p. 516.
GRUNEN , ancienne fortereffe de Suiffe , qui ne fub-
fifte plus. Elle étoit dans le quartier de Ganderschweil ,
dépendance du comté de Tokenbourg. * Etat & délices
de la Suiffe , t. 3 , p 3 20.
GRUNHAIN , abbaye d'Allemagne . dans la haute
Saxe , dans V Ert^geburgisch Kreiff , c'eft-à-dire dans le
département des mines. Elle eft préfentement réduite en
bailliage. * Hubner , Géogr. p. '573.
1. GRUN1NGEN, (prononcezGronningue) ville de
Suiffe , au canton de Zurich , avec un château où loge le
bailli. Elle eft dans une fituation agréable. Ce bailliage a
ceci de particulier , que quand il s'agit de juger un cri-
minel , ce n'eft pas un corps particulier qui en juge ,
mais tous les chefs de famille de tout le bailliage que l'on
affernble pour ce fujet ; fk c'eft ce qu'on appelle le
Lands-Gericht , c'eft-à-dire jujlice du pays. Zurich acheta
cette terre Fan 1418. * Etat & délices de la Suiffe ,
t. 2 , p. 47.
2. GRUNINGEN , ou Gruningue , ville d'Allema-
gne , au cercle de la baffe Saxe , dans la principauté de
Halberftadt , fur la rivière de Felke , à l'orient , & à un
mille fk demi de la ville de Halberftadt. Hubner, Géogr.
p. 5 58 , en vante trois ch'ofes : le château , les églifes fk
la grandeur des tonneaux.
GRUNIUM. Voyez Grynium.
GRUNO , village de Suiffe , au pays des Grifons ,
dans la communauté de la vallée de Mafox. * Etat &
délices de la Suijfe , t. 4 , p. 34.
GRUNSFELD , petite ville d'Allemagne , dans la
Franconie , fur un ruiffeau , qui , coulant vers le fud-oueft,
va fe perdre dans le Tauber à Konigshofen. Elle eft au
nord-oueft & à cinq milles de Rottenbourg , au levant ,
& à environ un mille de Bischofsheim. Elle appartient
au landgrave de Leuchtenberg , qui n'y reconnîot pas le
cercle de Franconie , mais le' cercle de Bavière duquel
ce prince relevé lui-même , quoique Grunsfeld fk fon
bailliage foient dans le territoire de Franconie , & que
même ce foit un fief de l'églife de Vurtzbourg. * Zeyler ,
Francon. Topogr.p. 25.
GRUNSTADT , petite ville d'Allemagne , dans le
Palatinat du Rhin. Elle eft fort jolie , & eft dans le
comté de Linanges , affez près du chef-lieu dont ce comté
porte le nom , dans un terroir fertile en blé fk en vin.
Elle appartient aux comtes de Linanges , & a bien fouf-
fert durant les guerres. *ZÉy/er,Palat.RhenTopogr.».62.
GRUTUNGHI,
GRUTINGI , &
GRUTUNGI , ancien peuple , qui , félon Ammien
Marcellin , habitoit au-delà du Danube. Il dit qu'on le
nommoit auffi Grutingi. L'édition de Valois , /. 27 ,
t. 5 , fk /. 3 , c. 3 , porte Greuthungi. Us font nommés
Greothingi dans la Chronique d'Idace , fk rc'3iyyci par
Zofime , /. 4 ; Claudien , de Conful. IF Honor. & in
Eutrop. 1. 2 ; & Pollion , in Claudio , les appelle Gru-
tungi. Ammien Marcellin , /. 3 , c. 3 , dit qu'ils étaient
223
voîfîns des Alains , que l'on appelloit Tandites , à caufe
qu ils habitoient auprès du Tanaïs. Il nomme une vallée
Greuthungorum Vallis au bord du Danaftre ( ou du
Dniefter , entre le Boryfthene fk le Danube. ) Il en parle
comme d'une nation belliqueufe. Il remarque , /. 27 ,
c. 5 , fk /. 3 1 , c. s; , que dans le tems que l'on permit
aux Goths , conduits par Alalive , de paner en-deçà du
Danube , les Greuthungues qui avoient pour roi "Withe-
ric avec Alathée & Sapharace , par les confeils de qui
ils fe gouvemoient , s'approchèrent du Danube , &
demandèrent la même faveur qui leur fut refufée , &
qu'Alhanaric craignant qu'on ne lui fit le même affront
fe retira auffi.
GRUYERE. , O petite ville de Suiffe , au canton de
Fribourg , chef-lieu d'un bailliage qui eft le plus confidé-
rable du canton , avec un affez beau château où demeure
le bailli fur une hauteur. C'étoit autrefois la réfidence des
comtes de Gruyère, & la capitale de leur comté (b). Ils
ont été connus dès le commencement du XIV fiécle ,
& fe font fuccédés de père en fils jusqu'à Michel , dernier
comte de Gruyère. Ils étoient puiffans , fk poilédoient
une grande étendue de pays , depuis le voifinage de
Vevay jusques bien avant dans les Alpes. Ils avoient ,
entr'autres , tout le bailliage de Sanen. Michel dont on
vient de parler, venditd'abord à fes fujets tous les privilè-
ges qu'ils fouhaitoient; car il avoit grand befoin d'argent ,
étant accablé de dettes : il fut fi preffé par fes créanciers ,
qu'il céda tous fes biens , qui furent discutés par l'arbi-
trage des cantons d'Uri , de Schwitz , de Glatis , de
Soieurre &c de Schafhoufe. Les créanciers s'étant accom-
modés avec les Bernois & les Fribourgeois , ils prirent
poffeffion du comté de Gruyère. Les Bernois unirent à
leur canton le bailliage de Sanen & quelques autres
portions qui étoient à leur bienféance , & laifferent le
refte aux Fribourgeois. Le terroir de Gruyère eft abon-
dant en pâturages , où l'on nourrit beaucoup de vaches ,
du lait desquelles on fait ces grands fromages qui prennent
leur nom de ce comté de Gruyère , en quoi confifte la
richeffe de tout le canton qui n'a point de vignes , 8c
eft peu abondant en grains. * (a) Etat & délices de la.
Suijfe , t. 3 , p. 60. (b) Longuerue , Descr. de la France ,
2. pjrt. p. 285.
GRYERS en Suiffe. Voyez Gruyère.
GRYFFENSÉE , bourg de Suiffe , presqu'au bout du
lac qui lui donne ce nom ; car Gryffenfée eft proprement
le nom du lac , & à deux lieues de la ville de Zurich. Le
lac eft petit , mais fort poiffonneux. On lui donne cinq
cens pas de long , fk la moitié de largeur. C'eft un des
bons bailliages du canton de Zurich qui acheta cette terre
l'an i402.Lechateaufutbrûléen 1444, fk rebâti l'an 1520.
* Etat & délices de la Suiffe , t. 2 , p. 47.
GRYFFENSTEIN , vieux château en Suiffe , au pays
des Grifons , proche de Felifur : il eft ruiné , tk eft une
des dépendances de la communauté d'Oberfatz. * Etat
& délices de la. Suiffe , t. 4 , p. 51.
GRYLIOS , ruiffeau de l'Afie mineure dans la
Troade , félon Pline , /. 5 , c. 30. Quelques éditions
corrompent ce mot en le joignant avec celui d'un autre
ruiffeau , fk mettent Gryliofolius ; au lieu que Pline
nomme deux ruiffeaux Amnos Grylios , Ollius.
GRYNA , ancien nom de Clazomene ville d'Ionie ,
félon Etienne le Géographe.
GRYNiEI , ou GriNjEI , peuple Scythe d'entre les
Sacœ.
GRYNjEUM Nemus , bois cl'Afie aux confins de l'Io-
nie , félon Servius fur ce vers de Virgile , Eclog. 6,v.ij%
His tibi Gryncei nemoris dicatur/origo.
Apollon à qui il étoit confacré y avoit un temple.
GRYNAW , vieux château de Suiffe , à l'extrémité
du pays d'Utznach , à l'endroit où la Linth fe jette dans
le lac de Zurich. Il y a des logis pour les étrangers , fk
un pont pour paffer la Linth , avec un port pour les bateaux.
Ceux qui viennent de Zurich , ou des autres endroits
voifins du lac , s'y arrêtent , fk de-là s'embarquent fur
la Linth jusqu'à Wefen. * Etat & délices de la Suiffe ,
t. 3 , p. 204.
GRYNIA , ville cl'Afie , dans l'Eolide , félon Pline ,
qui dit que de fon tems elle ne fublïftoit déjà plus. Héro-
dote , /. 1 , n. 149 , la nomme Gruneia- TpC/aa. Xeno-
224
GUA
GUA
phon , Hitt. Grccc. 1. 5 , P- 481 > l'appelle Gryniam ,
fpv'vi'.t , & dit que le roi de Perfe la donna avec Myrina
à Gongile. Etienne le géographe dit Gryni , rp»V« , petite
ville des Myriniens , où étoit un temple d'Apollon &
un ancien oracle. Le temple où le dieu étoit adoré , étoit
magnifique , & bâti de pierre blanche. Strabon, /. 13 , dit
née, aux confins du royaume de Grenade, entre Gibral-
tar & Marbella. * Baudr.éd. 1705.
2. GUADALAJARA ou Guadalaxara, ville d'Es-
pagne , dans la nouvelle Caftille , fur le bord oriental du •
Henares , à quatre lieues au-deflus d'Alcala , dans un
lieu élevé & un peu raboteux. Elle n'exiftoit pas du tems
.,„,-" . ".., j m- ■ petite ville , & emploie précifement les des Romains. La Caraca de Ptolomée étoit , félon ce
mêmes paroles qu'Etienne le géographe. géographe , au fud-eft de Complutum , qui eft Alcala;
GRYNIUM place d'Afie , dans la Troade ; jEmi- & Guadalaxara eft au nord-eft de la même ville. Cepen-
lius Probus dit que Pharnabal'e la donna à Alcibiade. dant quelques Espagnols ont cru , que c'étoit préfente-
Etienne le géographe met une GRYNIA dans la Troade. ment la même ville. L'abbé de Vayrac , Etat préfent de
* Diodor. Sic. 1. 17. l'Espagne , ti , 1. 1 , p. 387 , qui les a fuivis , dit que ,
GUABIS rivière de l'Amérique méridionale , au du tems des Romains , elle s appellent Arriaca ou Car-
Paracaiai ; elle fe perd dans le Paraguai ; c'eft fur le bord raca , & quetorsqu'elle fut prife par les Mores , ces in-
de la rivière de Guabis que l'on transporta en 1701 la ndeles y ajoutèrent Guadal ; de forte qu'on l'appella
miffion de S. Raphaël qui étoit auparavant à quarante Guadal- Ariaca, & que par corruption on l'a appellée
lieues de-là. Guadalaxara. Ce qu'il ajoute eft plus certain. Elle eft
GUACA petite province de l'Amérique méridionale, aflez grande , mais mal bâtie, fi on en excepte le palais
aux confins du Popayan & de Quito , qui eft du Pérou : des ducs de l'Infantado , qui en font feigneurs. En 1460,
on la trouve en fortaut de la bourgade Ipiahs , l'une de Henri IV1 honora du titre de cite , & elle a drdt d'af-
cellesde Los Paftos On y commence à voir le fameux "fter aux etats-généraux de Caftille. C'eft tout ce qu'elle
chemin des Incas, pratiqué, avec beaucoup de travail & a de plus i remarquable.
d'induftrie au travers de plufieurs montagnes tort hautes, 3- GUADALAJARA DE BUGA , ou Simplement
ck par des lieux déferts & très-raboteux. Il eft garni d'hô- BuGA , comme la nomme De l'Ifle , ville de l'Améri-
telleries par intervalles. Garcilaffo écrit que les Indiens que méridionale , dans le Popayan , vers l'eft-nord-eft,
l'achevèrent du tems du roi Huayna-Capac , que les & à quinze lieues de la ville de Popayan. Elle eft fituée
Espagnols nomment ordinairement Guaynacava. Ils dans la vallée de Buga , dont elle a pris fon furnom ,
appelaient ces hôtelleries Tambos ; elles font placées entre les hauts fommets des Andes , qui féparent la pro-
auprès du chemin royal , à cinq ou fix lieues , & quel- vince de Popayan des vallées de Neyva. Les habitans
quefois moins , les unes des autres , & fervent encore de cette ville répondent pour la juftice à l'audience de
beaucoup aujourd'hui dans le Pérou. Il y a toujours dans Quito, tk font fous le gouvernement de Popayan, dont '
chacune quelques Indiens avec leur commandeur que ils reconnoiffent l'évêque en ce qui regarde la religion,
les Espagnols appellent Alcade. Sa charge eft de fournir * De Laet Ind occid. l 9, c 17.
aux étrangers qui arrivent un Américain pour les fervir , 4- GUADALAJARA ou Guadalaxara, ville de
& pour leur fournir de l'eau , du bois & autres chofes l'Amérique feptentrionale , dans la nouvelle Espagne, &
femblables. Il leur en donne deux autres, tant pour apprê- dans la province à laquelle elle donne J'on nom,
ter à manger , que pour avoir
dans
foin de leur monture'; ce la partie occidentale de cette province. Elle fut bâtie par
20 d. 20' de latitude
qu'ils font gratuitement, & avec beaucoup de fidélité & Nuno de Gusman , 1 an 1 « 1 . ,
de promptitude. Lorsqu'ils partent , il leur fourniffent des nord, a quatre-vmgt-fept lieues & a 1 oueft nord-oueft
guides On voit dans ce même lieu , près d'une rivière , les de Mexico , & a 1 orient d hy ver de Compoftelle. Les
iriafures d'un vieux château bâti autrefois par les Incas juges royaux y ont leur auditoire , ci les autres officiers
du Pérou , pour tenir en bride les peuples nommés los &rec
receveurs du roi y font leur demeure. Son évêché eft
ment le nom de MoLINO
C'eft une large plaine , arrofée de plufieurs fources , &
voifine d'une rivière , (qui eft celle de Sant-Jago ; ) les
champs y font propres à femer ; & on y trouve de beaux
pâturages. * De Lait , Ind. occid. /. 6, c. 3.
5. GUADALAJARA ou Guadalaxara, province
coule par deffous. Les fauvages l'appellent Lumichaca ,
c'eft à-dire pont de pierre. De Guaca on va à Tufa , der-
nière bourgade des Paftos. * Corn. Di&. De La'ét. Ind.
occid. /. 10 , c. 7. v ,
GUACAPA , rivière de l'Amérique feptentrionale ,
dans la nouvelle Espagne , dans l'audience de Nicaragua ,
furlacôtedeslfalgos auprès de San-Salvador. Elle devient
grande & navigable à environ fept lieues de fa fource ; de 1 Amérique feptentrionale, dans la nouvelle Espagne.
& après avoircouru l'espcae de treize autres lieues , elle Elle eft bornée au nord par la province de Zacatecas ,
fe rend dans la mer du fud. On donne auffi le nom de au levant & au midi par le Mechoacan , & au couchant
la rivière au canton qu'elle arrofe. * Corn. Dift. reftifié par les ides de Xalisco. Au midi de cette province eft
fur de nouvelles cartes. ™ grand lac , nomme -lac de Chapala forme par Rio
GU ACDE. Voyez Gu AHEDE. Grande , qui vient du Mexique propre, & par deux au-
GUÀCHO , port de la mer du fud , au Pérou , dans très rivières. De ce lac tort la. rivière de Sant-Jago , au
l'audience de Lima , entre fille de S. Martin & le port couchant de laquelle eft GUADALAJARA, capitale de ls
de Callao. Il n'y entre que de (impies barques. Vous voyez province. Lagos , Léon & Zamora font les autres
fous le vent un cap dont il faut s'éloigner , parce qu'il y lieux les plus conhderables félon de 1 lue , Carte du Me-
a des brifans cachés fous l'eau. * Supplém. aux voyages de xiqut. De Laët , Ind. occid. I 6 ,c. 3 , y met trois yil-
JP'oda Rovers p. 46. ' les poffedees par les Espagnols ; favoir , Guadalajara,
GUAGÔCINGO,' ville de l'Amérique feptentrionale , villa de Efpiritu fanto , Zcfanta Maria de las Lagos.
dans la. nouvelle Espagne , entre Puebla de los Angeles H dit que l'air de cette province eft tres-bon. On ne (au-
& la ville de Mexico. Elle eft habitée par des Espagnols roit rien ajouter a la fertilité du terroir; qui porte le mais
& par des naturels du pays. Les habitans ont de grands &Ie froment en abondance, a.nfi que tous les truits de
privilèges , que les rois d'Espagne leur ont accordés, pour l'Europe. Cette province, pourfuit-il , eft extrêmement
avoir fecoûru les habitans de Chalco à la prière de Fer-
nand Cortez. * Gage, Voyages, ï.part. c. 12.
GUADADAR, petite rivière d'Espagne, au royaume
de Grenade. Elle prend fa fource au couchant , ck près de
Huescar qu'elle arrofe , & fe rend dans la Guadalentin à-
Lorca.
GUADAIRA, petite rivière d'Espagne , dans l'Anda-
loufie. Elle a fon cours du levant au nord-oueft; &, après
avoir coulé à Alcala de Guadaira , ell
avec le Guadalquivir au-deffous de Seville
riche en argent.
GUADALAVIAR , rivière d'Espagne , au royaume
de Valence. Ce nom , qui lui a été donné par les Mo-
res , fignifie eau pure. Les anciens l'ont nommée Turias.
Elle a fes rivages toujours verdoyans & bordés de tou-
tes fortes de fleurs , de faules , de planes , de pins Se
d'autres femblables arbres , depuis fa fource jusqu'à fon
embouchure. Elle aies fources dans les montagnes,
le (es eaux féparent la nouvelle Caftille du royaume d'Arragon : elle
coule dans ce dernier d'occident en orient , paffe à Al-
, : , ■ ■■ ■ ■■.!>•,. •< ,, MM.j.ne, dans barazin , enfuite à Terwel , où elle reçoit la rivière d'Al-
l'Andaloufie. EUe fe décharge dans la mer Méditerra- hambra ; de-là fe courbant vers le fud-ouelt , elle entre
dant
GUADALAJARA, petite rivière d
GUA
GUÀ
dans le royaume de Valence , à cinq ou fix lieues de
Tervel , ôc continue le même cours jusques aux fron-
tières de la nouvelle Caftille , qu'elle côtoyé jusqu'à
Santa-Cruz ; de-là elle ferpente, tantôt vers le fud-eft,
tantôt vers l'eft jusqu'à Valence qu'elle baigne , ÔC au-
deflbus de laquelle elle fe perd dans la Méditerranée.
*Davity, Valence. Jaillot , Atlas.
GUADALBULON , petite rivière d'Espagne , dans
l'Andaloufie ; elle a fa fource dans les montagnes , d'où
fort auffi le Guardadar , au royaume de Jaën ; 5c , cou-
lant d'orient en occident , elle pafle au midi de la capi-
tale , puis fe tourne vers le nord-oueft , 6c fe perd dans
Je Guadalquivir , au - deffus Ôc à l'orient d'Anduxar.
* Atlas. Robert de Vaugondy.
i. GUADALCANAL , petite ville d'Espagne^ en
'Andaloufîe, dans la Sierra Morena, aux confins del'Es-
tramadure , à quatre lieues Se au midi d'EUerena ; au
nord oriental , ôc à douze lieues de Seville. Il y a une
mine d'argent, d'où l'on tiroit chaque jour pour fix cents
écus de ce métal. Quelques-uns la prennent pour la
CORTICATA des anciens ; mais la fituation n'y con-
vient pas. * Corn. Dicl. ôc Atlas. Rob. de Vaugondy.
L'auteur des Délices d'Espagne, p. 445 , ôc les diffé-
rens Atlas placent Guadalcanal dans l'Eftramadure , ÔC
non pas dans l'Andaloufie.
2. GUADALCANAL, ifle de la mer du Sud, en-
tre les ifles de Salomon. Corneille , Dict. dit que les
Espagnols lui donnèrent ce nom , lorsqu'ils y pafferent
avec Pedro-Fernandes de Quiros.
GUADALENTIN, rivière d'Espagne , qui a fa fource
au royaume de Grenade , proche Guadix , de- là elle
parle à Baça ; puis , coulant vers l'orient , elle reçoit le
Guadadar à Vêlez el Rubio , paffe à Lorca, fe tourne en-
fuite vers le fud-eft , ôc fe perd dans la Méditerranée ,
à Almacaren , dans le golfe de Carthagene. * Atlas.
Rob. de Vaugondy.
GUADALETE, petite rivière d'Espagne, dans l'An-
daloufie. Elle a fa fource à Zahara , d'où ferpentant vers
l'oueft , elle pafle à Villa-Martin , à Bornos , à Arcos ,
à Xeres de la Frontera , ôc va fe perdre dans la mer au
port de Sainte-Marie qu'elle forme. Les anciens l'ont
connue fous le nom de Lahes. Les Arabes y ont ajouté
les deux premières fyllabes. Voyez LetHES. * Atlas.
Rob. de Vaugondy.
GUADALIMAR. Voyez GuadarMeNA.
GUADALMAÇAR , petite rivière d'Espagne, dans
le royaume de Grenade , vers les confins du royaume
de Murcie. Elle coule quelque tems entre les montagnes
vers le midi oriental , & fe perd dans la Méditerranée,
auprès de Vera à ("on nord. * Atlas. Rob. de Vaugondy.
GUADALMEDINA , petite rivière d'Espagne , au
royaume de Grenade. Elle a fa fource à Monda , d'où
elle ferpente vers l'orient ÔC le midi , jusqu'à Malaga ,
où elle fe jette dans la mer. * Atlas. Rob.de Vaugondy.
.1. GUADALOUPE, petite rivière d'Espagne , dans
l'Eftramadure ; elle a fa fource près d'une petite ville de
même nom , ce vient fe perdre dans la Guadiana au
midi.
2. GUADALOUPE , Aqua. Lupm , ville d'Espagne,
dans l'Eftramadure , fur un ruifleau dont elle prend le
nom , à onze lieues , ôc à l'orient d'été de Truxillo. Elle
eft, dit l'abbé de Vairac , Etat pré fent de l'Espagne,
t. 1 , 1. 1 , p. 263 , fituée dans une vallée au milieu des
montagnes de même nom ; fur le bord d'une petite ri-
vière , qui s'appelle âuffi de même ; de forte que le mot
àe Guadaloupe eft commun à une chaîné de montagnes,
à une rivière &c à une ville.
La ville eft petite , mais affez bien bâtie , ôc dans
une fituation très-avantageufe. La vallée qui l'environne
eft fertile en vin, en oranges, en figues , ÔC en autres
fruits délicieux. Ce qui contribue à cette grande ferti-
lité , c'eft le concours de quatre petites rivières , qui fer-
pentent dans cette vallée. Mais rien ne rend cette ville
fi confidérable que la dévotion des peuples à Une image
miraculeufe de la fainte Vierge , qui fe trouve dans un
couvent de l'ordre des Hieronymites , fitué au milieu de
la ville , Se bâti en forme de citadelle, d'une ftrudture
magnifique & fort vafte. On y voit une infirmerie pour
les pauvres malades, un hospice pour les étrangers, une
apothicairerie riche ôc bien fournie , deux colféges , Se
plufieurs cloîtres fort agréables, avec des fontaines Ôc
22J-
des jardins délicieux , plantés de citronniers ôc d'oran-
gers. A l'entrée on trouve un beau crucifix , ôc au milieu
fe préfente un beau jardin : de-là on pafle à l'apothicai-
rene, que deux médecins gagés ont foin de fournir d'eaux
diftillées , ôc de toutes fortes de drogues pour la guéri-
fon des malades ; ce qui coûte neuf mille ducats par an.
De cet endroit , on monte à un portique élevé où l'on
voit une fontaine qu'on y a faite par le moyen de quel-
ques machines qui pouffent l'eau de bas en haut. L'sgiue
eft digne de remarque. On y voit l'image de la Vierge ,
que l'on y trouva, îly a quatre cents ans ou environ , dans
un tombeau de marbre , où des Chrétiens , dit-on , Fa-
voient cachée fix cents ans auparavant , pour la garantir
de la fureur des Mores. Quoiqu'elle foit d'un bois cor-
ruptible , elle ne fe corrompit pas fous la terre , durant
le cours de tant de fiécles. On la voit fur le grand au-
tel ; elle eft d'une couleur tirant fur le noir , tenant en-
tre fes bras l'enfant Jefus , vêtu d'une robe blanche. A
fes côtés font fuspendus deux anges d'argent doré : au-
deffous paroiflent trois figures d'argent , qui repréfentent
trois princes ou princeffes. Les murailles de l'églife font
embellies de tous côtés de peintures à fresque , qui re-
préfentent les miracles que l'image a opérés. Les colom-
nes font chargées de voeux , de dons , de tableaux ôc de
chaînes , que ceux qui ont guéris ou délivrés , y ont ap-
porté pour marquer leur reconnoiflance. Le grand au-
tel , où eft l'image , eft bordé de cent lampes d'argent ,
fuspendues tout à l'entour , ôc données par divers prin-
ces ôc feigneurs. Les religieux qui vivent dans ce magni-
fique couvent , font au nombre d'environ cent vingt ,
ôc ont vingt-huit mille ducats de revenu , pour leur en-
tretien.
3. GUADALOUPE. (la) De l'Ifle Se Rochefort
difent Gardeloupe , ifle de l'Amérique, l'une des Antil-
les françoifes. Les fauvages l'appelloient Carucueira;
ôc les Espagnols qui l'habitoient en 1635, avant que les
François s'en rendiflent maîtres , la nommèrent Gua-
daloupe , à caufe de la reffemblance de fes montagnes
avec celle de Guadaloupe -en Espagne. Elle a l'ifle de
Saint-Dominique au midi , Marigalante au fud-eft ; la
Defirade au levant , ôc l'ifle de Montferrat au nord. La
largeur eft de neuf ou dix lieues aux endroits où la terre
s'étend le plus , ôc fon circuit eft de foixante. Elle eft
divifée en deux parties par un petit bras de la mer ; la
partie orientale s'appelle la grande terre ; l'occidentale ,
dont le milieu eft hénffé de montagnes , eft proprement
la Guadaloupe. * Atlas. Rob. de Vaugondy. Rochefort,
Hift. des Antilles, t. 1, c. 3.
Cette partie occidentale eft divifée en deux autres. La
côte orientale eft appellée Cabefterre. Celle du couchant
ôc du nord fe nomme la baffe - terre. La Guadaloupe
eft peuplée. On trouve à fon centre plufieurs hautes 1
montagnes , dont les unes font hériflées de rochers pe-
lés , qui s'élèvent du fein de plufieurs effroyables préci-
pices qui les entourent ; ôc les autres font couvertes
d'arbres qui y font voir en tout tems une agréable ver-
dure. Au pied de ces affreufes montagnes , font plufieurs
plaines de grande étendue , rafraîchies par plufieurs bel-
les rivières qui attiroient autrefois les flottes d'Espagne
par la bonté de leurs eaux ; de forte qu'en allant aux In-
des , ces flottes étaient obligées d'en venir prendre par
arrêt du confeil général des Indes. Quelques-unes de ces
rivières , en fe débordant , roulent des bâtons enfoufrés ,
pour avoir pafle dans des mines de foufre qui font dans
une montagne voifîne , à laquelle on a donné le nom
de foufriere , à caufe de la fumée qu'elle jette conti-
nuellement. Il y a auffi des fontaines d'eaux bouillantes,
qu'on a trouvées propres à la guérifon de toutes les ma-
ladies, caufées par une humeur froide.
La Guadaloupe commença à être habitée par les Fran-
çois, en 1635. MM. duPleffis ôc l'Olive, en eurent les
premiers le commandement avec égale autorité. Le pre-
mier étant mort, fept mois après fon arrivée, ôc l'autre
étant devenu aveugle , la compagnie Françoife donna le
commandement de cette colonie naiflante à M. Aubert,
l'un des capitaines de S; Chriftophe , qui étoit alors à
Paris. C'eft à lui qu'on eft redevable de la confervation
de cet établiflement. Le fieur Houel , qui fut enfuite
feigneur ÔC gouverneur de cette ifle , y attira des habi-
tans qui la peuplèrent , ÔC y établirent un bon commerce.
On y voit des plaines , fur lesquelles on fait palier là
tome III. Ff
2l6
GUA
GUA
charrue pour labourer la terre ; ce qui ne fe pratique
point aux autres ifles ; après quoi, le riz, le maïs, le ma-
nioc , dont on fait la caffave , les patates Si même le
gingembre , Si les cannes de fucre, viennent parfaitement
bien. Les Jacobins poffedent une partie de la meilleure
terre de cette ifle ; il y a auffi des Jéfuites , des Carmes
ôi des Capucins. ( ' . ' , ■
Cette ifle eft féparëe de l'autre par un ifthme , au bout
duquel eft un petit bras de mer. Cet ifthme forme deux
golfes , dont le plus feptentrional eft nommé le grand-
cul-de-fac , Si l'autre le peiit-cul-de-fac. Ils font tous
deux très-pohTonneux. On y pêche en tout tems de la
tortue , Si plufieurs autres excellens poiffons.
Le P. Labat , Voyage aux ijles , t. i , %. part, obferve
qu'il y avoit autrefois deux bourgs confidérables , l'un à
côté de la rivière des Pères , Si l'autre des deux côtés
de la rivière du Baillif. Mais le premier ayant été em-
porté deux fois par des débordemens de la rivière, dans
des tems d'ouragan , les habitans qui relièrent, ne voulu-
rent plus courir de pareil risque , &c fe transportèrent
vers le fort , où peu-à-peu ils ont fait le bourg , qui eft
à préfent le principal de l'ifle.
Le bourg qui eft des deux côtés de la rivière du Baillif,
a été aufli ruiné plus d'une fois : il a été brûlé par les
Anglois en 1691 ; Si lorsqu'il étoit presque entièrement
rétabli , il fut emporté tout entier par un débordement
furieux de la rivière. La caufe de ce malheur , fut qu'un
côté de la falaife , chargé de grands arbres , s'étant
écroulé tout-à-coup dans un endroit où les falaifes ré-
tréciffoient extrêmement le lit de la rivière, les arbres,
les brouffailles , les terres & les pierres firent une digue
qui retint les eaux , jusqu'à ce que leur poids entraînant
tout d'un côté cet obftacle , le torrent fe répandit avec
tant d'impétuofîté , qu'il entraîna à la mer toutes les
maifons du bourg, avec une partie deshabitans.il com-
mençoit à fe rétablir , lorsqu'il fut brûlé de nouveau par
les Anglois en 1703. Le bourg eft aujourd'hui accom-
pagné d'un fort, auprès de la rivière aux Herbes. Ceux
qui veulent voir un détail fort étendu de tous les quar-
tiers de cette ifle , le trouveront dans l'ouvrage du P. La-
bat , que nous avons cité.
La grande terre eft beaucoup moins peuplée. Il y a un
fort , nommé le Fort-Louis , auprès" duquel eft un an-
crage ; il y a aufli trois falines, favoir la grande faline,
à l'extrémité orientale ; la faline auprès de S. François;
& la perite faline vers le milieu de la côte. Ce font trois
étangs , où l'eau fe forme en fel , par la feule force du
foleil , fans aucun autre artifice. * Carte particulière de
la Guadaloupe.
4. GUADALOUPE , (la) ifle de la mer du fud ,
entre les ifles de Salomon ; elle fut découverte & nom-
mée ainfi par les Espagnols commandés par Pedro-
• Fernandes de Quiros. * Corn. Dift.
GUADALOUPEJO, petite rivière d'Espagne. C'eft
la même que Guadaloupe. I.
GUADALQUIVIR, (le) grande rivière d'Espagne,
dans la nouvelfe Caftille & dans l'Andaloufie. C'eft la
même que le Baetis des anciens. Voyez BvETIS. Avant
l'arrivée des Romains, les Espagnols YâppeWoient Perça,
félon l'abbé de Vairac , Etat préfent de l'Espague, t. 1,
p. 59. Les Mores s'étant emparés de l'Espagne , l'appel-
lerent Vadalcabir , d'où par corruption eft venu le mot
de Guadalquivir , qui en arabe fignifie un grand fleuve ,
félon cet auteur. Il tire fon origine de l'extrémité orien-
tale de l'Andaloufie , au-deffus d'un lieu nommé Caçorla,
vers les frontières des royaumes de Grenade & de Mur-
cie, . où s'élève le mont Orospeda des anciens , Si que
les Espagnols appellent aujourd'hui Sierra Segura. Atlas,
Rob. de Vaugondy , fait naître le Guadalquivir, dans la
Manche, affez près du village de Segura de la Pierre, Si
vis-à-vis de Caçorla ; il reçoit la rivière deGuadarmena,
& une autre rivière auprès de Baëça ; en allant vers le
couchant , il reçoit le Guadalbulon qui vient de Jaën ,
& une autre rivière à Anduxar , où il paffe de même
qu'à Cordoue , au-deffous de laquelle il reçoit la rivière
de Marbella, Si plus loin le Xenil. Après s'être chargé
de divers ruiffeaux , il fe tourne vers le fud-oueft , paffe
à Seville , forme quelques ifles , & va fe perdre dans le
golfe de Cadix , à S. Lucar de Barameda.
Il roule fes eaux fort lentement , ce qui le rend moins
dangereux pour la navigation , parce qu'il eft rempli de
barres ou de bancs de fable, qui font périr quelquefois les
vaiffeaux qui vont à Seville, où il en porte d'afiez grands
depuis fon embouchure. Mais depuis Seville en remon-
tant jusqu'à Cordoue , il ne peut porter que de petits
bateaux ; Si au-deffus de cette ville , il n'eft plus navi-
gable , étant reffèrré par les montagnes , Si bordé par-
tout de rochers. Autrefois ce fleuve , avant que d'entrer
dans l'Océan , débordoit à droite Se à gauche , à quel-
ques lieues au-deflbus de Seville , Si formoit un petir lac
que les Latins appelloient lacus Libijlinus , d'où fortant
comme d'une nouvelle fource , il fe partageoit en deux
branches , par lesquelles il fe déchargeoit dans la mer.
Ces deux branches^ s'éloignoient fi fconfidérablement,
qu'à leur embouchure elles étoient à plus de quatre lieues
l'une de l'autre. Celle qui étoit à l'occident , baignoit
une ville appellée Onoba ; Si celle qui étoit à l'orient
en avoit deux , dont l'une s'appelloit Alla , Si la féconde
Nebrijfa. Au milieu de l'ifle , que ces deux branches for-
moient, on voyoit une ville qui a été fort célèbre dans
l'antiquité, fous le nom de TarteJJus. Par la- fuite des
tems , la branche qui étoit à l'orient a été bouchée.
Un favant Espagnol a prétendu , contre l'opinion des
modernes , qu'il n'eft arrivé aucun changement confi-
dérable à ce fleuve , foutenant qu'il conferve encore au-
jourd'hui ces deux branches ; à caufe qu'au deffous de
Seville , il forme trois ou quatre ifles , dont la plus grande
a environ vingt milles de longueur , Si la féconde feize ,
Se que fe partageant en deux pour embraffer ces ifles ,
il rejoint ces deux branches au-deffous , Se va fe jetter
ainfi dans la mer. Mais la branche orientale du Guadal-
quivir eft fi bien bouchée , qu'il n'en refte que de foibles
veftiges ; Se cela eft fi vrai que les deux villes qui étoient
fur fes bords , c'eft-à-dire Nebrijfa, aujourd'hui Lebrixa,
Si AJla , qui n'eft plus qu'un monceau de ruines, fous le
nom de Mefa de AJla , fe trouvent maintenant la pre-
mière à huit milles, Si la féconde à quinze milles de ce
fleuve. Ceux qui favent les changemens , que les trem-
blemens de terre, (Si autres accidens,) ont caufé à
d'autres fleuves , ne s'étonneront pas de ceux qui font
arrivés au Guadalquivir. Il eft large d'une lieue à fon
embouchure , Si la marée y monte jusqu'à Seville. Les
Espagnols attribuent à fon eau la propriété de teindre
en rouge la laine des brebis.
GUADARMENA, félon Atlas, Rob. de Vaugondy ;
rivière d'Espagne, dansla nouvelle Caftille. Elle a fa fource
dans la Manche , dans la Sierra d'Alcaraz , d'où , ferpen-
tant entre les montagnes , elle fe groffit de quelques ruisi-
féaux , dont elle porte les eaux avec les fiennes dans le
Guadalquivir, après avoir coulé à l'orient d'Ubeda &C
de Baëça. Corneille la nomme Guadalimar.
1. GUADARRAMA , petite ville d'Espagne , dans la
vieille Caftille , aux confins de la nouvelle , dans les
montagnes , au nord-oueft de Madrid. On y trafique
beaucoup de fromages. * Davity , Espagne ; Si Corn.
Diftionnaire.
2. GUADARRAMA , rivière d'Espagne, dans la nou-
velle Caftille ; elle a fa fource aux confins de la vieille ,
au-delà d'une petite ville de même nom. De-Ià , coulant
vers le midi , elle paffe à l'Escurial , Si va fe perdre
dans le Tage, à trois lieues au-deffous de Tolède. * Corn.
Dift. Si Atlas. Rob. de Vaugondy.
GUADASSO, petite rivière d'Espagne , dans TAn-
daloufie : elle a fa fource au' midi de Jaën , Si ferpen-
tant d'orient en occident , elle arrofe Baena , reçoit
un ruiffeau au-deffus de Caflro-Rio , Si fe jette dans le
Guadalquivir , au-deffous de Cordoue. On la nomme
auffi Maibella.
GUADEL , ville du royaume de Perse , dans la pro-
vince de Mekran , fur la côte méridionale , avec un af-
fez bon port, dont l'entrée eft par les 25 d. de latitude.
* Atlas. Rob.de Vaugondy.
GUADEN , lieu d'Afrique, dans la Numidie, félon
Marmol , t. 3 , /. 7, c. 6. C'eft , dit-il , comme un grand
village fans murs, dans un défert, fur la frontière deSe-
nega. De l'ifle le nomme Guaden ou Haden, Si le
place dans le royaume de Senega ou Zanhaga. Sur quoi
il eft bon de remarquer que Marmol ne devoit pas le
ranger fous la Numidie , qui n' étoit pas auffi étendue
que la Getulie , quoiqu'il femble les confondre. Les ha-
bitans, dit-il, font pauvres Si brutaux, Sin'onr rien pour
trafiquer , fi ce n'eft quelques dattes : à peine même le
GUA
GUA
227
fournît-il leur fubfiilance ; de forte que ces pauvres voudra. Quelques Espagnols ont dit comme en énigme,
qu'ils avoient chez eux un pont, fur lequel on pouvoit
faire paître dix mille moutons fort à leur aife ; l'exagé-
ration eft un peu forte. D'autres , qui ne favoient où
prendre ce prétendu pont , l'ont cherché auprès de Me-
delin, qui eft le MetaLLinum des anciens. Us ontfuppofé
que la Guadiana y coule dix lieues fous terre ; ce qui eft
gens font fort miférables , &C vont presque tous nuds ,
ians ofer fortir à caufe des différends qu'ils ont avec leurs
voifins. Us s'exercent à la chaffe , tuent des autruches
ck des fauvagines , 6V s'entretiennent de quelques chè-
vres fort petites , dont ils font grand cas à caufe du lait.
Us font plutôt noirs que bafanés , tk font fujets aux Ara-
bes Ludayes , qui demeurent au délért , qui eft entre démenti par le témoignage de quantité d'Espagnols II
cette habitation & le royaume de Gualata , & à qui le
roi Nègre paye quelque tribut par an , parce qu'ils font
plus de quatre-vingt mille combattans. Il y a peu de
chevaux dans la contrée , h. on ne leur donne à boire
que du lait de chameau. Us font accoutumés pour cela
à fuivre les femelles , &C les tettent , quelque grands qu'ils
foient. L'auteur cité parle de cette bourgade , pour y
avoir été.
GUADIAMAR, petite rivière d'Espagne, dans l'An-
daloufie. Elle a deux fources dans la Sierra Morena; &
les ayant unies dans un même lit , elle coule vers le
midi, paffeàSaint-Lucard-Ia-Major, & vient fe jetter dans ne la fauroit mieux comparer qu'à ces ravines , où les
le Guadalquivir , vis-à-vis de la grande ifle, qui eft au- torrens laiflent après eux les pierres qu'ils ont entraînées
deffous de Seville , & auprès de Chillas. * Atlas. Rob. des montagnes. Il ne faut donc pas s'étonner , pourfuit
de Vaugondy. l'abbé de Vairac , fi l'on a cru qu'elle fe perdoit fous
GUADIANA , grande rivière d'Espagne. Les Latins terre , puisque dans la féchereffe on la perd de vue , au
l'ont connue fous le nom S Anas, auquel les Mores ont moins dans les lieux dont je parle. Cela a donné lieu à
ajouté les deux premières fyllabes du nom moderne, un bel esprit de ces derniers tems de dire au fujet des fleu-
Elle naît , félon l'abbé de Vairac , Etat prifent de l'Es- ves d'Espagne : l'Ebre l'emporte pour le nom ; le Duéro
pagne , t. 1 , p. 6 1 , dans la nouvelle Caftille , proche pour la force ; le Tage pour la renommée ; le Guadal-
de Canamarez , dans une vafte campagne , appellée par quivir pour les richefîes ; & que la Guadiana n'ayant pas
les Espagnols ElCampo de Montiel. Elle fort , dit-il, de quoi fe mettre en parallèle avec les autres , ellefe ca-
de certains lacs , qu'on appelle dans le pays lasLagunas che de honte fous terre.
de Guadiana, &C prend d'abord le nom de rioRoidera; GUADIARO ou GuADAJARA, rivière d'Espagne,"
elle fe perd fous terre un peu après , & renaît par des dans le royaume de Grenade, où elle arrofe Ronda, &C
ouvertures que l'on appelle Los Oios de Guadiana, d'où fe perd dans la Méditerranée à Eftepona. Quelques-uns
lie coule à Calatrava. Là elle fe groflît de la rivière , doutent fi elle eft la même que la Barbesola des an-
feroit plus naturel de dire qu'elle a changé fon cours
en quelques endroits. Dans le voifinage de Malagon ,
au-deffus de Calatrava , elle eft fi couverte de joncs &C
de r»chers , qu'elle ne paroît pas une rivière. Depuis
Merida jusqu'à Mertola , deux villes éloignées l'une de
l'autre , d'environ trente-cinq lieues , elle eft toute rem-
plie à droite & à gauche d'une infinité de rochers qui
empêchent qu'elle ne foit navigable , & en rendent même
le paffage très-difficile & très-dangereux. En été elle 3
très-peu d'eau , &£ le peu qu'il lui enrefte nefemble pas
tant couler que croupir fous ces rochers ; tellement qu'on
déjà formée par la rencontre des ruitTeaux de Ruz , &
de Zancara , de Xiquela & de Bedija , qui n'ont plus
qu'un même lit dès Villa-Harta. La Guadiana , formée à
Calatrava, ferpente tantôt vers le couchant, tantôt vers
le midi , le lùd-oueft & le nord-oiieft , pafîe à Ciudad-
Real ; & après avoir recueilli les eaux deRio-Bullaque,
de l'Eftena , de la Guadaranque , & de quelques autres
ciens. Voyez l'article BARBESOLA. i. * Baudrand édit.
1705.
GUADIEL , petite rivière d'Espagne , dans la nou-
velle Caftille. Elle reçoit les ruiffeaux de CuERVO ,
Escavas & Rio-Major , & fe rend dans le Tage,
près de Zurita. * Baud. édit. 1705.
GUADIL-BARBAR , rivière d'Afrique , fur la côte
ïuiffeaux , elle entre dansl'Eftramadure , paffe à Merida feptentrionale de Barbarie. Elle a fa fource auprès de
Se à Badajoz ; de-là entre dans le Portugal , où elle ar- l'Orbus, coule à Begie , & tombe dans la Méditerranée
rofe les provinces d'Alentejo &; d'Algarve , fépare cette à Tabarca. C'eft la TUSCA &: le RuBRICATUS des an-
province d'avec le Contado , qui eft de l'Espagne , & ciens. Baudrand , édit. 1705 , le trompe , quand il dit
fe jette enfin dans l'Océan , entre Caftro-Mann &£ Aya- que c'eft une branche de la Magrada. Cette dernière qui
monte. * Atlas. Rob. de Vaugondy. eft le Bagradas des anciens , n'a rien de commun avec
Autrefois , dit le même abbé de Vairac , elle fe dé- cette rivière. * Sanfon &£ Atlas. Rob. de Vaugondy.
chargeoit dans la mer par deux branches ; maïs il y en GUADIX, ville d'Espagne , au royaume de Grenade,
aune qui s 'eft perdue dans la mer, laquelle s'eft avancée à neuf lieues au levant de la ville de ce nom , &c à fept
dans cet endroit. Elle forme encore deux ou trois ifles ; au midi de Baça , près d'une des fources du Guadalen-
& à fon embouchure elle eft fi peu profonde , qu'à peine tin appellée Fardes. Les Romains l'ont connue fous le
a-t-elle deux ou trois pieds d'eau. nom d'Acci. Voyez ce mot. Elle eft fort grande &c
Nous avons remarqué qu'elle fe cache fous terre , affez fituée fur le penchant d'une colline , au milieu d'une vafte
près de fa fource , & qu'elle en fort au lieu nommé les
yeux de la Guadiana. Cela a donné lieu à diverfes con-
jectures , entr'autres , à celle-ci , que le nom d'ANAS ,
que les Latins lui out donné, & qui fignifie un canard,
vient de la reflemblance de l'immerfion de cette rivière
dans la terre , avec un canard qui fe plonge dans l'eau ,
& reparoît à quelque diftance de-là. Mais ils n'ont pas
fait réflexion que ce nom ne convient au canard qu'auno-
minatif , & qu'il eft différent dans tous les autres cas.
Cette rivière fait anas , ance, anam,ana.; au lieu qu'a-
ns , canard , fait anatis , anati , anatem &
plaine , environnée de tous côtés de hautes montagnes ,
& arrofée par quatre petits ruiffeaux ou torrens. Les
mail'ons n'y font pas bien bâties , &C il n'y a de consi-
dérable que quelques monatreres &c Féglife cathé-
drale qui font d'affez beaux édifices. Le voifinage des
montagnes fait que l'air n'y eft pas fi chaud que dans le
refle du royaume ; de-là vient qu'il n'y croît ni oran-
gers ni oliviers ; mais cela n'empêche pas que le terroir
n'y produife d'autres fruits très-délicats, de fort bon grain,
& d'excellent vin. Les vallées , qui font au pied des
montagnes , font fécondes en gras pâturages
qui eft une preuve que les anciens n'ont point fongé à la nourrit quantité de bétail , qui produit un revenu confi-
reflemblance , en nommant ainfi la Guadiana. Le favant
Bochart , Geogr. p. 2 , l.i, c. 3 ^ , a cru trouver mieux
fon compte en cherchant une étymologie arabe , dans
le mot hanafa , qui fignifie/è cacher , pour paroître bien-
tôt de nouveau ; mais quel commerce les Arabes avoient-
îls en Espagne du tems des Romains ? car le nom anas
eft de ce tems-là ; il eft vrai qu'il croit que ce pouvoit
V ai.
Etat prélènt de l'Espagne.
être aufli
auffi n'en être pas. Comme les conjectures ne lui man-
quent point , il en donne une autre : il croit que ce mot
anas pourroit bien venir iïana fc$JJ? , qui en fyriaque
fignifie brebis, parce que, dit-il, il y a beaucoup de pâ-
'turages, pour les brebis, fur les bords de cette rivière.
Ce font des conjectures dont on fera tel cas que l'on
dérable.
p.\%S-
■ Guadix eft le fiége d'un évêché fuffragant de Seville,
quoique fa fituation au royaume de Grenade femble de-
voir le foumettre au fiége de Grenade. Il y a, dit l'abbé
de Vairac, t. 2, p. 352, des Mémoires qui donnent lieu
de croire que cet évêche fut érigé du tems que les Ro-
de la langue punique ; mais il pouvoit mains dominoient en Espagne. On ne trouve pourtant,
pourfuit-il, ni l'époque de fon érection, ni les noms des
évêques qui le pofléderent en ce tems-là. S. Torquat,
martyr , dont les reliques font au monaftere de Casa-
nova, ordre de S. Benoît , paroît être le premier qui
ait gouverné cette églife. Les Mores s'étant rendus maî-
tres de Guadix , en chafferent tous les Chrétiens , 6c le
Tome III. Ffij
2l8
GUA
GUA
Mahométisme y régna jusqu'en 12^0, que Ferdinand III
la reprit & y rétablit la religion Chrétienne ; mais peu
de teins après , les infidèles s'en emparèrent pour la fé-
conde fois, & s'y maintinrent jusqu'en 1489, que Fer- .
dinand le Catholique, & la reine Ifabelle , fa femme,
les en chafferent , & y rétablirent le fiége épiscopal ,
par le miniftere du grand cardinal d'Espagne D. Pedro
Gonzales de Mendoza , archevêque de Tolède.
Le chapitre de Guadix eft compofé defix dignitaires,
de fix chanoines &. de huit prébendiers. Le diocèfe s'é-
tend fur trente- fept paroiffes. L'évêque jouit de huit
mille ducats de revenu. Jouvin de Rochefort dit , dans
fon Voyage d'Espagne , que Guadix eft fituée au bord
d'une petite rivière qui y fait de grandes prairies. Ses
rues , dit-il, foiit connoître fon antiquité. Elles font étroi-
tes &C tournoyantes , à l'exception de celle qui aboutit
à la grande place , où il y a une fontaine avec fon bas-
fin. La grande églife , dont la façade fouftent une tour
très-haute , eft à l'entrée de la ville où paffe un bras de
la petite rivière , fur laquelle elle eft affife. Le couvent
de S. .François eft affez beau.
GUAFO , nom de la ville capitale du royaume de
Commendo , en Afrique. Voyez CoMMENDO.
GUAGIDA, ville ancienne d'Afrique, au royaume
de Tremecen. Elle eft dans une agréable plaine , à qua-
torze lieues de la mer , vers le midi , &: à pareille dis-
tance de Tremecen. Vers le couchant de ces deux côtés,
elle touche au défert d'Anga , & le territoire y abonde
en bleds & en pâturages. Ptoloinée nomme cette ville
Lanigara, & la met à 12 d. de longitude , & à 33 d. de
latitude. Elle eft fermée de bons murs fort hauts , faits
à la façon de ces peuples , & entourée de jardinages &C
de vergers que l'on arrofe par des rigoles qui fe tirent
d'une grande fource au-deffous de la ville. Cette fource ,
paffant à travers , fe va rendre dans les jardins , Se de-là
dans la rivière de Muluye. Leurs hiftoriens racontent
queGuagidaa eu autrefois cinq mille habitais. Les^ mos-
quées Se les maifons y font bâties de moilon , lié avec
de la chaux. Comme elle ne voulut point fe rendre à
Jofeph , roi de Fez , de la lignée des Berimerinis , dans
une guerre qu'il eut contre celui de Tremecen , il la
ruina , &c elle ne fut repeuplée qu'en 1^15 ; quand Ho-
rux prit Tremecen ,| Guagida ayant refufé de le recon-
noître , il envoya Escander. Sur l'avis que les habitans
reçurent de fa venue , ils rompirent un pont , qui étoit
fur la Muluye , croyant que. cela fuffifoit pour les défen-
dre ; mais il fit abbatre quantité d'oliviers , dont il y a
grand nombre en ces quartiers-là , & en fit un pont
en les rangeant de travers les uns fur les autres. Après
qu'il fut paffé avec fes troupes , il prit la ville , & em-
mena plufieurs prifonniers à Tremecen. Depuis ce tems-
là elle s'eft repeuplée d'environ deux mille cinq cens Bé-
réberes. Tout le refte eft dans des parcs. Les habitans
font fort tourmentés des Turcs, & quelquefois des Ara-
bes du défert. Le peuple s'habille à la façon des Béré-
beres , mais plus proprement que ceux des montagnes.
Ils parlent la langue du pays , & preffent fi fort leurs
mots , qu'à peine font-ils entendus des autres. On trouve
là les plus belles mules d'Afrique , que l'on mené vendre
à Tremecen &: ailleurs. *Marmol, 1. 5,c. 6.
GUAHEDE, lieu d'Afrique , dans le Biledulgerid.
C'eft, dit Dapper, Afrique, />. 211 , une habitation à
trois journées de Sugulmeffe , vers le midi. Elle confifte
en trois villes & quelques villages fur la rivière de Ghir.
Les habitans font iujets des ; Arabes ils ont peu de bled ,
mais quantité de bonnes dattes , qu'ils portent vendre
dans la Nigritie.
1. GUAIRA ,| (la) province de l'Amérique méridio-
nale , dans le Paraguai , fur la rivière de Parana. La
capitale , qui eft au bord oriental de cette rivière , au-
deffus du confluent de l'Italie , s'appelloit Guaira ou
Ciudad ; mais elle eft ruinée.
2. GUAIRA, ville du Paraguai. Voyez l'article pré-
cédent.
3. GUAIRA, port de l'Amérique méridionale, dans
la province de Venezuela , avec un château fur la côte
de la mer du nord , à trois lieues de Sant-Jago de Léon.
* Baudrand, éd. 1705.
GUALATA-, royaume d'Afrique , dans la Nigritie,
avec une capitale de même nom : les habitans font
nommés Benais ou Benays. Selon De l'Ifle , ce
royaume eft borné au nord par les Derveches , au midi
par le royaume de Zanhaga , ou de Senega ; à l'orient , par
une chaîne de montagnes ; &: au couchant , par la rivière
de S. Antoine ou de S. Jean , & par les Ludayes. Selon
Dapper, Afrique , p. 219, il n'y a que quelques places
habitées, comme de grands villages ; on n'y recueille
que du riz &C du petit millet , de l'orge & des dattes :
la viande y eft extrêmement chère. Ces peuples font fort
groffiers , quoiqu'affez francs dans le commerce , &c d'un
bon naturel ; ils ont accoutumé de fe couvrir le vifage ,
tant les hommes que les femmes; ils n'ont point de ju-
ges , ni d'autres lettres que celles des Arabes , & la plu-
part mènent une vie fort fauvage Si fort miférable. Lors-
que les Senegues étoient maîtres de ce royaume 6i des
autres qui font voifins , le fiége royal étoit à Gualata,
&: grand nombre de marchands y venoient trafiquer ;
mais fous le régne de Soni-Heli , qui fut fort piaffant ,
le commerce paffa de-là à Gaogo îk à Tombut. Environ
l'an 1526, le roi de Tombut ayant conquis cet état, ce-
lui qui en étoit feigneur fe fauva dans les déferts , dans
l'intérieur du pays ; mais ce conquérant le lui rendit en-
fuite , & fe contenta de quelque tribut : ces peuples par-
lent la langue de Zungay , &£ adorent le feu.
Sanut dit qu'il y a une ville nommée Hoden , à fix
journées du Cap-blanc, à 19 d. 30' de latitude fepten-
trionale ; mais que cette place n'eft point fermée de mu-
railles, &: qu'elle n'eft. faite que pour la commodité des
Arabes , & des caravanes qui vont de Tombut en Bar-
barie. A Hoden les habitans nourriffent du bétail , ce
qui y rend la viande moins rare que dans le refte du
pays-; mais s'ils ont des chèvres, des chameaux & des
autruches , dont les œufs font bons à manger , ils font
en revanche fort incommodés des lions & des léopards.
Baudrand donne à ce royaume une ville de même
nom.
1. GUALDO , bourg & château d'Italie, dans l'état
de l'églife , &t dans la marche d'Ancone , au pied du
mont Apennin , &c aux frontières de l'Ombrie , entre
Gubio au couchant , & Nocera au levant. Ce bourg a
été bâti en 1 180 , des ruines de la ville de Tadinum ,
félon Jacobille cité par Baudrand , édit. 1682. Voyez
Tadinates.
2. GUALDO , feigneurie de Suiffe au pays des Gn-
fons ; elle appartient à l'abbeffe de Munfter , &c eft fituée
dans le Munfterthal. * Etat & Délices de la Suijfe ,
t. 4, p. 69.
GUALËOR ; quelques-uns écrivent Goualeor i
comme il fe prononce , ou Gualor , grande ville de
l'Indouftan , dans la province de même nom , dont elle
eft la capitale. Cette ville eft bâtie le long d'une mon-
tagne qu'elle a au couchant , & eft vers le haut envi-
ronnée de montagnes , avec des tours. Il y a dans cet
enclos quelques étangs que forment les pluies , & ce que
l'on y feme fuffit pour nourrir la garnifon ; cela fait paffer
cette place pour une des meilleures des Indes. Sur la pente
de la montagne qui regarde le nord-oueft , le Grand-
Mogol Cha-Jehan fit bâtir une maifon de plaifance , qui
peut fervir de fortereffe à la ville : au bas de cette maifon
font plufieurs idoles de bas-relief taillées dans le roc ,
parmi lesquelles il y en a une d'une grandeur extraordi-
naire. "La fortereffe de Gualeor eft le lieu où les rois
Mahometans , depuisqu'ils font maîtres du pays , envoient
les princes Se les grands feigneurs dont ils veulent s'affu-
rer. Aureng-Zeb y envoya le prince Morat Bakche , fon
plus jeune frère , auffi-tôt qu'il l'eut en fon pouvoir. Ce
prince y étant mort , peu de tems après , on lui fit
dans la ville une fépulture affez magnifique , dans une
mosquée qu'on bâtit exprès avec une grande place au-*
devant toute entourée de voûtes , fous lesquelles il y 3
plufieurs boutiques : c'eft la coutume des Indes , quand
on fait un édifice public , de faire auffi après une grande
place , pour y tenir le marché , avec une fondation pour
les pauvres à qui on donne tous les jours l'aumône. Taver-
nier , qui fournit ces détails , dit qu'il y paffe une petite
rivier.e. Thevenot , Voyages' des Indes , c. 41 , écrit
GuALEAR , & la comprend avec fon pays , dans la
province de Malva. Selon De Flfle , Atlas , la province
de Gualeor eft bornée au nord & au couchant par celle
d'Agra ; à l'orient & au midi. par. celle de Narva. * Taver-.
nier , Voyages des Indes , /. 1 , c. 4.
GUALID, montagne d'Afrique, au royaume de Fez j
GUA
GUA
c'eft la même chofe que Benigualid ou Beniguelid ;
Marmol la décrit ainfi,./. 4, c. 85. C'eft une montagne
fort haute ôc fi rude , qu'on a peine à y voyager ; elle
eft habitée d'un peuple riche 6c bien vêtu , qui n'eft
point chargé d'impôts. Il y a plufieurs vignes de raifins
noirs fort excellens , qu'on fait fécher , ôc dont on fait
de très-bon vin. Il y a auffi beaucoup d'oliviers , de
figuiers ôc d'amandiers. Les habitans ont ce privilège du
roi de Fez , qu'ils font confirmer à chaque changement
de prince , qu'on ne peut aller prendre un criminel qui
fe retire parmi eux : on ne leur veut pas ôter ce droit ,
parce qu'on a intérêt de les contenter ; car s'ils venoient
à fe foulever , on aurait bien de la peine à les réduire ,
à caufe de la difficulté des avenues de leur montagne ,
où il y a.foixanre bons villages , qui font plus de fix
mille hommes de combat , ôc le pays rapporte tout ce
qui eft néceflaire pour l'entretenir , fans avoir befoin
d'en aller chercher ailleurs. Lorsqu'ils trafiquent à Fez ,
ou quelqu' autre part , fi on leur fait tort , ils ne s'amu-
fent point à en demander juftice ; mais vont prendre
quelque parent de celui qui les a ofFenfés , oc ne le
relâchent point qu'on ne les ait fatisfaits : s'ils ne vou-
loient point aller à Fez , ils ne payeroient aucun tribut ,
ÔC ne payent pas trois réaies par an pour chaque feu.
Mais ceci peut avoir changé depuis que le royaume de
Fez eft fous la domination de l'empereur de Maroc.
GUALLAGA , rivière de l'Amérique méridionale. Elle
prend fa fource , ainfi que la rivière des Amazones , à
l'eft de Lima , & , prenant fon cours vers le nord , elle
fe rend dans l'Amazone , cinq lieues au-deffous de la
Laguna qu'elle arrofe. Son embouchure a environ
2.50 toifes. C'eft par cette rivière que Pedro de Urfoa
entra dans l'Amazone.
GUALTIERI , ou Gualtiere , bourgade d'Italie ,
dans l'état du duc de Modene , dans la partie feptentrio-
nale du duché de Reggio , aux confins du duché de
Guaftalla , fur la route de Guaftalla à Parme , ôc à
peu de diftance de Berfello. * Théâtre de la guerre en
Italie.
GUAM , Guan , ou Guahan , la première 6c la
plus méridionale des ifles des Larrons y ou , ce qui eft
la même chofe , des ifles Mariannes , félon le P. Gouye ,
Objervat. phyjîques & mathem. Elle a quarante lieues
de tour ,ôc la latitude feptentrionale eft de 13 d. 2Ç;
félon le P. Morales , Jéfuite Espagnol , [qui a été long-
tems millionnaire dans ces ifles : il ajoute qu'elle eft à
fept lieues de Rota ou Sarpana ; par une fupputation
inférée dans le même mémoire , la longitude de cette
ïfle eft de itfà. io'. Le capitaine Dampier , Voyages
autour du monde , c. 10 , t. 1 , p. 307 , qui a parcouru
ces ifles , les décrit ainfi : L'ifle de Guam ou de Guahon ,
comme prononcent les Indiens naturels, eft une des ifles
des Larrons , &C appartient aux Espagnols qui y ont
un petit fort avec fix canons , un gouverneur Si vingt
ou trente foldats ; c'eft-là que fe rafraîchifîent leurs vaif-
feaux des Philippines , qui vont d'Acapulco à Manille ;
mais pour le retour les vents ne leur laiffent pas aifément
reprendre cette route. Les Espagnols on auflî nommé
Guam I'Isle Marie ; elle a environ douze lieues de
long 5c quatre de large , eft fituée au nord ôc au fud , ôc
eft paflablement élevée ôc plate.
De loin elle paroît plate ôc unie ; mais à mefure qu'on
en approche , on s'apperçoit qu'elle penche du côté de
l'eft qui eft le plus élevé ; elle eft défendue par des
rochers escarpés qui arrêtent la violence de la mer , qui
y bat continuellement , étant pouffée par les vents alifés ;
an ne fauroit ancrer de ce côté-là : à l'occident elle
eft allez baffe ôc pleine de baies fablonneufes , divifées
par autant de pointes de rochers : le terroir eft rougeâtre ,
aride ôc paflablement fertile. Les principaux fruits qu'elle
produit , font du riz , des pommes de pin , des melons
d'eau , des melons musqués , des oranges , des citrons ,
des noix de Cacao , ÔC une forte de fruit .que nous nom-
mons fruit à pain.
Les gens du pays font robuftes , ôc ont les membres
gros 6c bien formés : ils font noirâtres comme les autres
Indiens , ont les cheveux noirs 6c longs , les yeux mal
proportionnés , le nez grand , les lèvres groffes , ôc les
dents paflablement blanches : ils ont le vifage long 6c
l'air féroce. Cependant nous les trouvâmes civils 6c
obligeant ; il y en a plufieurs d'incommodés d'une
229
espèce de lèpre , maladie fort commune à Mir.danao :
les Guamois font fort fains , à cela près , 6c fur-tout
durant la faifon lèche ; mais durant les humidités , qui
viennenten Juin , ô: durent jusqu'en Ocïobre , l'air
eft plus épais ôc plus mal-fain , ce qui caufe des fièvres ;
cependant les pluies n'y font ni violentes, ni longues ; car
cette ifle eft tellement à l'oueft , 6c fi éloignée des ifles
Philippines, ou des autres terres , qu'il eft rare que les
vents d'oueft lbuffient fi loin ; 6c quand ils y foufflent ,
ce n'eft pas pour long-tems ; mais les vents d'eft , qui
font fecs 6c fains , y foufflent continuellement. Il n'y s
point de gens au monde plus ingénieux que les Guamois
à faire des chaloupes , 6c ils ne font pas moins expéri-
mentés à les mener qu'à les conftruire. J'ai entendu dire
qu'ils alloient de Guam à une des ifles Mariannes , qui
en eft^ éloignée de trente lieues ; qu'ils y font leurs affai-
res , 6c reviennent en moins de douze heures. On m'a
dit qu'un de ces bâtimens ayant été envoyé exprès à
Manille , c'eft-à-dire à plus de quatre cens lieues de
Guam , il fit le voyage en quatre jours. On fe fert de
ces bateaux ou pros en plufieurs endroits des Indes orien-
tales ; mais ils ont un ventre 6c un petit bateau cha-
que côté.
Les maifons des Guamois naturels font petites , pro-
pre , 6c bien couvertes de feuilles de palmiers. Ils
demeurent enfemble du côté de l'oueft dans les villages
maritimes , 6c ont des prêtres Espagnols pour les inftnure
dans la religion Chrétienne.
A l'oueft tirant vers le midi , les Espagnols ont un
petit fort , avec fix pièces de canon , un gouverneur ,
ôc vingt ou trente foldats de leur nation. Voilà tout ce
qu'il y a d'Espagnols dans l'ifle , à deux ou trois prêtres
près. Peu de tems avant notre arrivée , les habitans
s'étoient foulevés contre les Espagnols , 6c en avoient
tué plufieurs ; mais enfin le gouverneur l'emporta avec
fa gnrnifon , 6c les chaffa du fort. Les Indiens fe voyant
fruftrés de leurs espérances , ruinèrent les plantations ôc
pafferent enfuite aux autres ifles. Il y avoit alors dans
cette ifle trois à quatre cents Indiens ; mais à préfent ils
ne font pas plus de cent , car tous ceux qui étoient de
cette conspiration s'enfuirent. Quoique ceux qui réitè-
rent , n'euffent pas de part à la conspiration , ils n'en
font pas pour cela mieux intentionnés pour les Espa-
gnols ; car ils nous offrirent de nous mener au fort , ÔC
de nous aider à conquérir l'ifle ; mais le capitaine Swan.
ne fut pas d'avis d'accepter leur propofition. Wodes
Rogers , Voyages autour du monde , t. 2 , p. Sx , en
parle un peu différemment. Cette ifle , dit-il ; peut avoir
quarante lieues de circonférence. L'ancrage eft à l'oueft
ôc vers le milieu il y a une grande anfe , avec plufieurs
maifons bâties à l'Espagnole , où les officiers ôc l'équi-
page du vaiffeau d'Acapulco fe viennent rafraîchir lors-
qu'ils retournent à Manille. Il y a environ trois cents
Espagnols fur cette ifle , ou celles du voifinage , ôc la
plupart des naturels du pays font leurs Profélytes. Us ont
huit curés ou prêtres , dont fix tiennent école , Ôr font
les tonifions curiales. Us ont auffi des maîtres d'école
Mulâtres ôc Indiens qui entendent l'espagnol , ôc qui
l'ont enfeigné à presque tous les naturels du pays. Les
Espagnols difent qu'il y a une chaîne d'ides qui courent
d'ici au Japon , entre lesquelles piufieurs abondent en
- or. L'ifle de Guam eft fort montagneufe ; ôc l'on y trouve
quantité d'excellente eau d'oranges , de limons , de
citrons ,de melons d'eau ôc musqués, dont les Espa-
. gnols y ont porté la femence. On y a des boeufs qui
font maigres , petits , ôc presque tous blancs , ôc des
cochons dont la chair eft ferme ôc excellente , parce
qu'ils ne fe nourriffent que de noix de coco. L'indigo y
croît en fi grande abondance, que fi les habitans avoient
de l'induftie ôc des chaudières pour le faire bouillir , ils
en tireraient un grand profit ; mais éloignés de tout com-
merce , ils n'en font aucun ufage ; ôc contens du fimple
néceflaire , ils ne cultivent que ce qu'il leur faut pour
fubfifter. L'argent y eft rare. Il y a environ deux cents
foldats qui reçoivent tous les ans leur paye de Manille
par la voie d'un petit vaiffeau qui leur apporte des habits ,
du fucre , du riz ôc du vin ; c'eft ce qui les a ensi?."-és
depuis peu à femer du riz dans leurs vallées , ôc à mieux
cultiver la terre. Le vent réglé y fouffle toujours du f'ud-
eft, excepté pendant la moufonde l'oueft, qui dure depuis
la mi-Juin jusqu'à la mi-Août, '
2 30
GUA
CUA
Le gouverneur demeure au - nord de l'ifle , où il
y a un" couvent , & un petit village qui eft la principale
habitation des Espagnols. Ils font obligés de fe marier
avec les Indiennes faute d'Espagnoles. Les Guamois
ont de la vigueur , la taille avantageufe , Se le teint
d'un brun olivâtre : ils vont tout nuds , à la réferve
d'un torchon qui leur pend au derrière , &t les fem-
mes portent de petits jupons. Ils font fort adroits à
tirer de la fronde , où ils mettent des pierres d'argille
de figure ovale , qu'ils féchent au feu , & qui de-
viennent auffi dures que du marbre. Ils tirent fi jufte ,
à ce que difent les Espagnols , qu'ils ne manquent
presque jamais leur but , quelque petit qu'il foit ; &
îe coup a tant de force , qu'ils peuvent tuer un homme
à une bonne diftance. Ils n'ont d'ailleurs pour toutes
armes qu'un bâton ou une lance faite de bois le plus pefant
qui fe trouve dans l'ifle.
Le fruit qui leur fert de pain, eft ce qu'il y a de plus
remarquable fur cette ifle : l'arbre qui le porte , eft fort
gros , & fes feuilles , qui reflemblent un peu à celle du
figuier , font presque auffi grandes , mais de couleur brune.
C'eft une allez groffé pomme fans noyau ; l'intérieur
refîemble à une patate féche : on le rôtit ; & quand la
croûte en eft levée , le dedans refîemble à une mie de
pain de fort bon goût. Ces arbres rapportent tant de
fruit dans la faifon , qu'on en engraiffe les cochons.
GUAMA , petite rivière de l'Amérique méridionale ,
au Brefil , dans la capitainerie de Para. Elle prend fa
fource au levant de Para , & vient fe rendre au-deffus
de cette ville , dans la rivière de Capi , qui plus bas fe
jette dans le Muju. Carte de l'Amérique méridionale par
ce la Condamine. * De Lait , Ind. occid. /. 10 , c. 21.
GUAMANGA , ville Se province de l'Amérique
méridionale , au Pérou , dans l'audience de Lima.
C'eft , dit Frefier , Voyage de la mer du fud , p. 323 ,
une ville épiscopale , à quatre-vingt lieues de Pisco. On
dit qu'elle enferme environ dix mille communians. Son
principal commerce confifte en cuirs , en boëtes de con-
fitures , de pâtes , marmelades , gelées , cotignac , &
autres qui font les plus eftimées du royaume , où il s'en
fait une confommation confidérable. On y fait auffi des
pavillons qui fervent de rideaux pour les lits , dont il y a
«ne célèbre manufacture , &c de plufieurs fortes d'ou-
vrages de cuirs étampés Sr. dorés. Elle eft fituée au pied
d'une haute montagne , dans un plat pays fort fain &
fertile en toutes fortes de denrées.
De Laët , Ind. occid. 1. 10 , c. 29 , &C 30 , en parle
ainfi : les naturels du pays font de taille médiocre , de
couleur brune , 8r_ d'un esprit pefant Se parefleux. On
tient que le nombre de ceux qui y payent tribut monte
à trente mille. La province abonde en mines , Se il s'y
en trouve d'or & d'argent , d'argent vif , de cuivre , de
fer , de foufre & d'aimant. La ville" qu'où appelle Gua-
manga , & que quelques-uns nomment S. Juan de la
Vktoria , eft fituée fur la hauteur de treize degrés de la
ligne vers le fuel , à dix-huit lieues des montagnes des
Andes , & à foixante-dix de Lima vers le fud-eft , dans
une plaine ouverte , au pied de quelques petites monta-
gnes qui s'étendent d'une fuite continue vers le fud de
la ville. Les maifons y font presque toutes de pierres , ;
& couvertes de tuiles. Il y a trois églifes & divers cou-
vents de religieux , plufieurs confréries d'Indiens &
d'Espagnols , Si une de Nègres , avec un hôpital des
plus beaux qui foient dans ces quartiers-là. L'air y eft
fort fain , & aflez tempéré. Les Espagnols ont aux envi-
rons plufieurs métairies , où ils nourriflent de grands trou-
peaux de brebis. La plus grande rivière de ce pays
s'appelle Vinoque. On voit fur les bords le refte de quel-
ques édifices anciens , que les fauvages difent avoir été
bâtis autrefois par une autre nation ; ce qui donne lieu
de le croire , c'eft que leur architecture eft fort diffé-
rente de celle que les rois du Pérou ont fuivie depuis. Les
champs voifins de cette rivière produifent une grande
quantité de froment , dont on fait d'excellent pain. A
neuf lieues ou environ de Guamanga vers le nord-oueft ,
font les fameufes mines de Guancabelica , que les Espa-
gnols appellent El Affiento de Oropefa. On en tire beau-
coup d'argent vif. Cette forte de métal étoit entièrement
inconnue aux naturels du Pérou : ils tiraient feulement
le minium , qu'ils nommoient limon, & dont ils fe pei-
gnoient le corps , comme ib font encore aujourd'hui ,
par ornement. Ils ont miné pour cela plufieurs cavernes
au dedans des montagnes par de longs espaces. Elles ont
tant de détours, qu'on a peine à en trouver la fortie, quand
on s'y eft engagé un peu avant. Les Espagnols , non
plus qu'eux , ne connoiffent pas l'argent vif qui eft con-
tenu dans les veines de ce minium. Ce fut Henriques
Garcias , Portugais , qui examinant une pierre de Limpi
qu'il avoit reçue d'un Indien , jugea que c'étoit une
mine femblable à celle dont on tire en Espagne 8t le
vermillon & l'argent vif. L'effai lui fit voir qu'il avoit
eu raifon de le croire. Les mines des Palcas , dans le
territoire de la ville de Guamanga , ayant été ainfi décou-
vertes , les Espagnols y accoururent en grand nombre
pour en tirer de l'argent vif, qu'ils transportèrent en la
nouvelle Espagne , où l'on purge la mine d'argent avec
ce métal , ce qui rendit ce lieu fort peuplé. Entre ces
mines , on eftime celles qu'on nomme d'Amador Cabrera :
c'eft un dur rocher, rempli d'une infinité déveines d'ar-
gent vif qui courent par toute la mafle : il a quatre-vingt
aunes d'Espagne de long , quarante de large , & il eft
creufé de tous côtés de quatre-vingt coudées de profon-
deur ; de forte que trois cens mineurs y peuvent tra-
vailler tous à la fois. On tire tous les ans des mines de
Guancabelica pour, un million de livres d'argent vif
qu'on mené par terre à Lima , puis à Arica , & de-là
à Potofi.
GUAN. (rifle de) Voyez Guam.
GUANABE , petite ifle de l'Amérique , au couchant
de l'ifle de Saint-Domingue , au nord du petit Gouave &î
du quartier du fud.
GUANAHANI , ( l'IslE de ) ou l'ifle de Saint-Sau-
veur , ifle de l'Amérique feptentrionale , & l'une des
ifles Lucayes , dans la mer du nord : elle eft fituée à 1 3 d.
de latitude feptentrionale. Ce fut la première terre que
Chriftophe Colomb découvrit dans le nouveau monde
le 12e Odtobre 1492 : il la nomma l'Isle DeSaint-
Sauveur , parce qu'il fauva fa vie par cette découverte ,
& fe délivra heureufement de la perfécution des Espa-
gnols qui le vouloient tuer ce jour-là même , Se s'en
retourner en Espagne fans avoir rien fait , s'il n'avoit
heureufement découvert cette terre qui eft à l'eft de
celle d'Yuma, & au nord deTriangulo Se de Guanima,
avec un aflez bon port. Les Anglois l'appellent Gum-
BOA , & ceux du pays Cuzeatelan ; mais elle n'eu
peuplée que des naturels de ces ifles. * Baudrand , édit.
1705.
GUANAIA , ifle de l'Amérique , dans le golfe de
Honduras , à fix ou fept lieues du cap auquel elle eft
oppofée vers le nord-oueft. Elle va en penchant vers le
nord , Se le rivage n'y a point de havre. Vers le fud
elle a deux ports où il n'eft pas facile d'entrer à caufe
des rochers & des bancs de fable. Cette ifle , du tems de
Laët , étoit habitée par des fauvages , 8c par quelques
Espagnols ; 8e l'on y trouve , dit-il , /. 17 , c. 18 , des
brebis , des poules Se des perroquets en abondance.
Chriftophe Colomb , qui la découvrit le premier ,
l'avoit appellée l'ifle des Pins , à caufe de la quantité de
ces arbres qu'il y vit ; mais elle a retenu jusqu'à préfent
le nom fauvage de Guanaya. De cette ifle jusqu'à celle
de Guayava , ou Guyama , ( apparemment la
même que De l'ifle appelle Ruatan ) on compte
trois ou quatre lieues , Se fix jusqu'à Utiln ? qui a cinq
ou fix lieues de circuit , qui eft toute baffe 8c pleine d«
bois. Il y en a quelques autres plus petites qui font com-
prifes auffi fous le nom d'ifles Guanayas ; favoir Gauy-
dia , Helen , 8c San-Francesco. Toutes ces ifles
rempliffent le GOLFE DE GUANAYAS qui eft dans le
fond de la baie de Hondutas ; il commence à la pointe
del Negro. On transporte dans ce golfe , fur des mulets ,
les marchandifes de l'audience de Guatimala , pour les
charger fur les vaiffeaux -d'Espagne qui ont coutume d'y
arriver tous les ans.
if GUANAPE , port de la mer du fud , dans l'Amé-
rique méridionale , au Pérou dans l'audience de Lima ,
au midi de Truxillo , * Atlas Robert de Vaugondy. De
Lait , Ind. occid. /. 10, c. 3 1.
2. GUANAPE , vallée de l'Amérique méridionale ,
au Pérou , à l'orient du port de même nom. Elle a été
fort peuplée. La bonté d'une boiffon appellée chica , qui
fe faifoit dans cette vallée, la rendoit célèbre. Les natu-
rels y font à prefent en petit nombre. Il y a un port où
GUA
GUA
les navires qui viennent de Panama ont accoutumé d'abor-
der pour prendre ce qui eft néceffaire. C'eft le même
port dont on vient de parler dans l'article précèdent.
De Lait. Ind. occid./. 10 , c. il.
3. Le Farellon de GUANAPE , Se
4. L'Isle de GUANAPE; le Supplément deWodes
Rogers , p. 39 , en parle ainfi : du port de Guanchaco
à la montagne de Guanape qui eft fous le 8e d. 30' de
latitude méridionale , il y a neuf lieues , cours nord-
nord-oueft , Se fud-fud-eft. A moitié chemin on trouve
231
une fontaine , dont l'eau fe pétrifie fi facilement Se fî
vite , que la plupart des maifons de la ville en font bâ-
ties. J'en ai vu, dit l'auteur cité, quelques pierres à Lima,
qu'on y avoit transportées. Elles font blanches, un peu
jaunâtres , légères & affez dures.
GUANCHACO ou GouancHAQ , comme écrit
De l'Ifle , Port de la mer du fud dans l'Amérique mé-
ridionale , fur la côte du Brefil , fous le 8e d. de latitude
méridionale, à quatorze lieues de Makbrigo, Se à neuf
de la montagne de Guanape. L'auteur du Supplément
avis
une grande baie avec une montagne au milieu qu'on aux Voyages de Vodes Rogers , p. 39, donr
appelle Mono de Carretas ; la côte eft faine & baffe aux navigateurs : à deux lieues ou environ en-deçà de
près de la mer. Il ne faut pas mouiller clans cette baie , Guanchaco, (en venant au nord,) vous verrez une pointe
à moins que la néceffité n'y oblige , parce que la mer de terre, qui s'élève par degrés vers le pays, Se tombe
y eft fort rude. En-deçà de Guanape on voit un gros enfuite tout d'un coup ; enforte qu'elle paroît d'abord
rocher , qu'on appelle Farellon de Guanape , & au- plus haute que ces montagnes , Se qu'il femble y avoir à
delà de ce rocher une petite ifle avec un bon canal la fin un précipice entre deux : fi vous touchez à ce ha-
entre deux , où le fond eft net. Le cap de Guanape vre , allez-y la fonde à la main ; Se lorsque vous verrez
qui eft environné de la mer Se de plufieurs petits l'églife, qui eft dans la ville , donnez fond, Se vous au-
rochers , peut avoir une demi-lieue de circonférence , rez dix brades d'eau. Lorsque vous avez la Cerra Cam-
de-là à Porto-Sanio il y a neuf lieues. On peut courir pana nord-eft-quart au nord , vous pouvez mouiller à
entre la petite ijle de Guanape Se la terre fans aucun fept , huit , neuf ou dix braffes d'eau ; mais quand vous .
danger , puisque tous les brifans qu'il y a , paroiffent êtes fur les ancres , il faut les nettoyer de tems en terns ,
au-deffus de l'eau. Si on veut aller à Truxillo , il faut parce qu'il y. a dans ce port une fi grande quantité d'her-
naviguer nord-oueft , quart au nord. Du cap xle Gua- bes maritimes , que les houles y amènent, qu'elles enter-
napo à celui de Chao il a fept lieues , nord-oueft Se reroient les unes Se les autres , fi l'on n'avoit foin de les
fud-eft.
GUANAPU , rivière de l'Amérique méridionale ,
qui, conjointement avec celle de Pacajas , forme le Rio
de los Bocas. Voyez ce mot.
GUANCABELICA ou Guancavelica , petite
ville de l'Amérique méridionale , au Pérou , dans l'au-
dience de Lima , éloignée de 60 lieues au nord de Pisco ,
Se à l'orient de Lima. Elle eft riche par la quantité de
vif-argent qu'on en tire , Se qui feule fournit tous les
moulins d'or Se d'argent du royaume. Quoique cette
confommation foit très-grande , & qu'elle dure depuis
fi long-tems , on ne s'apperçoit pas que ces mines en
foient devenues moins abondantes. On a l'obligation de
en débaraffer.
GUANCHOS ou GUANCHIOS, ancien peuple d'Afri-
que, dans les ifies Canaries. C'en font les anciens habi-
tans. Le fieur de la Croix , dans fa Relation de l'Afrique,
t. 4 , en rapporte des choies fingnlieres , fur la manière
dont ils embaumoient les corps de leurs ancêtres. On
voit, dit- il, peu de leurs descendans, Se le petit nom-
bre qui en refte , a quitté les mœurs farouches & fau-
vages , pour s'accommoder à la manière de vivre des
Espagnols. Ils font fort pauvres Se miférables.
GU ANGARA. Voyez Gangara.
GUANIBA. Voyez l'article fuivant.
GUANIMA , petite ifle de l'Amérique feptentrionale,
cette découverte, félonies uns, à Enrique Garces, Por- dans la mer du nord , Se l'une des Lucay es , au midi de
tugais , en 1566, félon d'autres , à l'Indien Novin- l'ifle de Guanahani , dont elle n'eft éloignée que de trois
copa. Il eft toujours certain que Pierre-Fernandès Ve- lieues en allant vers Samana. Chriftophe Colomb qui la
lasco fut le premier qui fut , en 1 57 1 , appliquer le vif- découvrit , la nomma Sainte-Marie de la Conception ; &C
argent à l'ufage des mines. Les rois Catholiques fe font les Anglois la nomment Fornibo ; mais elle eft peu habi-
toujours refervé ces mines, jusqu'à Philippe-Quint, elles tée par ceux du pays , Se s'étend en long l'espace de
furent gouvernées par un des magiftrats Oydors , de l'Au- douze lieues. Quelques-uns la nomment Guaniba. De
dience de Lima , qui fe fuccédoient l'un à l'autre , tous l'Ifle l'appelle Yumeta ou Long-Ilar.d. Sa partie fepten-
les cinq ans ; ils avoient le titre defurintendant. De- • trionale eft presque fous le tropique du cancer.
puis 1735 elles ont un gouverneur particulier, qui con- . GUANO, petite ifle de l'Amérique méridionale , fur
ferve le même titre. Les particuliers y travaillent à leurs
frais , Se font obligés de remettre au roi tout ce qu'ils
tirent, fous peine aux contrevenans de confiscation de
tous leurs biens , d'exil Se d'esclavage perpétuel à Bal-
divia. Le roi le paye à un certain prix fixé , qui étoit alors
à foixante piaftres le quintal fur les lieux , Se le vend à
plus haut prix comme quatre-vingt piaftres , dans les
mines écartées. Lorsqu'on en a tiré une quantité fuffi-
la côte du Pérou dans la mer du fud , à trois lieues de
Xuli , Se auprès de l'embouchure de la rivière de Nom-
bre de Dios. De l'Ifle la met beaucoup plus au midi, Se la
nomme ijle de Gouane. * Supplément de Woodcs Rogers,
p. 57 ; & Atlas. Robert de Faugondy.
GUANUCO, contrée de l'Amérique méridionale,
dans l'audience de Lima. De Laët , Ind. occid. I. 10,
:ette contrée étoit autrefois un très-
fante , le roi fait fermer l'entrée de la mine , Se perfonne grand & très-fomptueux palais , bâti de fort grandes pier-
n'en peut avoir que de celui des magafins. ' res , jointes enfemble avec beaucoup d'induftrie & de
La terre qui contient le vif-argent, eft d'un rouge blan- propreté. Pedro de Ciéca rapporte que c'étoit la cita-
châtre , comme de la brique mal-cuite. On la concaffe délie des provinces qui font depuis Caxamalca jusqu'aux
Se on la met dans un fourneau de terre , dont le chapiteau
eft une voûte en cul-de-four , un peu fphéroïde ; on l'é-
tend fur une grille de fer recouverte de terre , fous la-
quelle on entretient un petit feu , avec de l'herbe icho ,
qui eft plus propre à cela que toute autre matière com-
buftible : c'eft pourquoi il eft défendu de la couper à
vjngt lieues à la ronde. La chaleur fe communique au
travers de cette terre , Se échauffe tellement le minerai
concaffe , que le vif-argent en fort volatilité en fumée.
Mais comme le chapiteau eft exactement bouché.
Andes; qu'il y avoit auprès un temple du Soleil, avedes
Vénales, Se que ce temple étoit en fi grande vénération
fous l'empire des Incas , qu'il y avoit continuellement
jusqu'à trente mille Indiens pour y iérvir. Il y a préfen-
tement une colonie d'Espagnols , appellée Léon de Gua-
nuco , ou félon d'autres, Guan:ico de los Cavalleros , à
quarante-cinq lieues de Lima vers le nord-eft , le long
du chemin qui mené aux montagnes. Cette ville eft ri-
che , agréable Se abondante en tout ce qui eft néceffaire
piour la vie. Elle eft habitée par trois cents familles d'Es-
r,e trouve d'iffue que par un petit trou qui communique pagnols Se de plufieurs Indiens Si Nègres. Elle a fou
à une fuite de cucurbites de terre , rondes Se emboitées corrégidor , un couvent de religieux , un collège de Jé-
par le col les unes dans les autres. Là cette fumée cir- fuites, Se des maifons de nobles. Affez proche de la ville,
cule Se fe condenfe par le moyen d'un peu d'eau , qu'il paile la rivière du Maragnon , qui vient des montagnes
y a au fond de chaque cucurbite, où le vif-argent tombe de Bonbon, (ou plutôt du lac de Bonbon , qui eft au
condenfe Se en liqueur bien formée ; dans les premières midi de Guanuco ;) la terre eft fertile , Se a des mines
cucurbires il s'en forme moins que dans les dernières; d'argent. L'air y eft fort fain. Les Indiens font diligens
Se comme elles s'échauffent fi fort qu'elles cafferoient , Se dociles ; Se depuis qu'ils ont appris des Espagnols à
on a foin de les rafraîchir par dehors avec de l'eau. femer le froment, ils ont rejette leur maïs , qui nourrit
On voit dans cette ville une autre particularité ; c'eft moins Se qui fait un fang plus groflier. Le pays eft riche
23 2
CUA
GUA
en vaches, en jumens, 8e en brebis , & porte des vi-
gnes , des figuiers 6c autres arbres fruitiers étrangers Se
domeftiques. Les bois y font remplis de perdrix 6c au-
tres oifeaux , 6c les montagnes de bêtes fauvages Se
d'ours. Sous le reffort de la ville de Guanuco , font com-
pris les Conchucos, Indiens de taille médiocre Se en pe-
tit nombre , depuis que les Espagnols les ont détruits.
Les contrées de Guaila , Bonbon Se Tarama font auffi
de fon reffort : de, forte , que félon le témoignage de
Herrera , il y a trente mille Indiens tributaires entre (es
Ces
provinces appartenoient anciennement
i'..»:i:l' j.. : _„_.. i.. i>-
Lima ; mais l'utilité du royaume ayant voulu que l'on
ait bâti cette autre ville, elles lui ont été attribuées. Les
Viticos font du même diocèfe ; ils habitent au haut des
Andes , dans des lieux rudes 6c difficiles.
Le lac de Bonbon , dont on parle dans cet article , eft
le même que le lac Lauri-Cocha , ou chacun fait , qu'eft
la fource de la rivière des Amazones.
GUAPACHOS , (les) peuple de l'Amérique méri-
dionale au Paraguay, aux confins du Tucuman , 6c en-
tre les fources de Rio Vermeio 6c du Salado , qui tom-
bent l'un 6c l'autre dans le Paraguay.
GUAPAS, peuple de l'Amérique méridionale, à l'ex-
trémité orientale du Pérou , Se de l'audience de los
Charcas. * Lettres édif. t. 1 2.
GUAPAY, rivière de l'Amérique méridionale, qui
fous le nom de Rio grande , tire fa fource du Pérou , en-
tre Cochabanba 6c Misquo , coule en tournant de l'oc-
cident à l'orient, puis tourne au nord, traverse une par-
tie du pays de Chiquitos , laifTe Santa-Cruz de la Sierra
à fon occident, 6c retournant à l'occident , après avoir
reçu un affez grand nombre de rivières , entre dans le
pays des Moxes , 8c va fe jetter par les 25 d. environ 30'
de latitude auftrale , dans le Mamore. * Hijl, du Para-
guay, du P. Charlevoix.
GUARA ou Guaurà , port de l'Amérique méri-
dionale , dans la mer du fud , fur la côte du Pérou. De
Laët, Ind. occid. I. 10, c. 32, dit : il eft àfix lieues de
la Barranca ; 6c il y a des ialines qui en font peu éloi-
gnées. Olivier les met à deux lieues de-là , 8c k dix-huit
de Lima; Il dit que dans une certaine vallée où les
flots de mer ne pénètrent pas , on trouve du fel en gref-
fes pierres amoncelées enfemble. Selon l'auteur du Sup-
plément aux Voyages de Wodes Rogers, p. 45 6c 46,
ce port de Guara eftfous le 1 Ie d. 30' de latitude méridio-
nale , à une lieue de Fille de S. Martin. Au-deffous du
vent de cette ifle, il y en a une autre petite , qu'on nomme
Yijle de Lobos ou Yijle des Loups , près de laquelle il y a
une batture , dont il ne faut pas approcher non plus que
du canal qui eft entre ces ifles 6c le rivage , parce qu'il
y a peu d'eau. Pour entrer dans ce port , il faut que vous
ayez Fille de Lobos 6c. les deux vieilles murailles , qui
refTemblent à deux colomnes fituées fur le cap , à vôtre
arrière ; laifTez alors tomber l'ancre avec quelque foin,
parce qu'il y a plufieurs petits rochers pointus qui en-
dommageaient vos cables. Souvenez-vous auffi d'amar-
rer avec un grappin à terre, àcaufe des houles. Vous y
trouverez d'ailleurs de bonne eau , Se l'on peut avoir
toute forte de provifions de la ville. Il n'y a auffi qu'une
lieue de la pointe de Guara au port de Guacho. De
l'Ifle écrit Guaura.
GUARACAYO , détroit de l'Amérique méridionale
au Pérou , fur la rivière des Amazones , au-deffous de
celui d'Escurrebragas. Le lit de la rivière , refferré dans
cet endroit , entre deux grands rochers , n'a pas plus de
trente toifes de large. Il n'eft périlleux que dans les gran-
des crues. * Carte dit cours de l'Amazone , par M. de la
Condamine.
GUARAIGUAZU , rivière de l'Amérique méridio-
nale , au Brefil , dans la province de Fernanbouc , où
elle a fon cours d'occident en orient. Il y a deux riviè-
res , à-peu-près , de même nom dans la même province,
favoir celle-ci que les Portugais nomment Rio de Sant-
Antonio grande , 8c celle de Guaraitnini , qu'ils appel-
lent el Rio de Sant-Antonio menino , parce qu'elle eft
plus petite 5c moins cortfidérable que l'autre. * Corn.
Dift.
GUARANIS , peuple de l'Amérique méridionale , au
Paraguay. Les PP. Jéfuites y ont établi une million.
* Lettres édif. t. 12.
GUARAUNAS, peuple de l'Amérique méridionale,
qui occupe les ides qui fe trouvent aux embouchures de
l'Orinoque. Le caraftere de ce peuple eft la gaieté :
ami fidèle des Espagnols , jamais il n'a entrepris d'en
fecouer le joug. Voyez l'Orinoque , où nous parlons au
long de cette nation , 8c de fa façon de vivre.
GUARAYOS , peuple de l'Amérique méridionale ,
dans le voifinage des Majos otj Moxes , entre les rivières
d'Ubay Se d'Yraibi , qui tombent dans le Guazumiri ,
Se enfin dans l'Itonamas qui fe perd dans la Mamore ou
riviere.de Guapay. * Carte de la miffion des Moxes.
GUARCENUM , lieu d'Italie , dans la Campanie.
Columelle , l. i , c. 5 , dit que l'eau dont la fource étoit
dans les montagnes s'y précipitoit entre les rochers.
GUARCO , vallée de l'Amérique méridionale , au
Pérou , à cinq lieues de celle de Mala. Elle eft fort large
6c remplie d'arbres odoriférans. La terre y eft très-fer-
tile en froment 8c en maïs ; 8c toutes les autres chofes
que l'on y feme, y viennent très-bien. Les Incas, an-
ciens rois du Pérou , y avoient une fomptueufe forte-
reffe , bâtie de greffes pierres de taille , fur un coteau
qui commande fur la vallée. On descendoit de ce fort
jusqu'à la mer , par un escalier de pierre , contre lequel
fe brifoient les flots. Ce palais étoit orné de fcultures
affez belles , félon la capacité d'une nation fauvage. On
y gardoit un grand tréfor de ces rois. Ce que l'on doit
fur-tout admirer dans cet édifice , c'eft que les greffes
pierres , qui le compofoient , étoient jointes de telle
forte que fans aucun mortier, on pouvoit à peine apper-
cevoir les jointures. Le tems a fait tomber cette mafTe ;
mais les ruines font encore connoître quelle en étoit la
magnificence. Entr'autres auteurs qui en font mention ,
Garcilaffo dit, qu'au tems de i'IncaPachacutée, cette vallée
Se celles de Chilca Se de Mala furent conquifes fur un
puiflant prince de ces quartiers-là , appelle Chuquimancut
ôc jointes au royaume de Cufco. La vallée de Guarco
étoit alors peuplée de trente mille habitans , 6c les val-
lées voifines presque de la même forte. Ce nombre eft
préfentement beaucoup diminué. * De Laët , Ind. occid.
I. 10, c. 24.
De l'Ifle dit Cannete ou GuARCO. Ce der-
nier, nom eft celui de la vallée , Se le premier eft ce-
lui d'une ville , qu'on y a bâtie , à l'embouchure de la ri-
vière de Cerca, à fept lieues de Fille d'Afia. Il y a auffi
un havre. * Supplém. de Woodes Rogers , p. 5 1 .
1. GUARDA, ville du royaume de Portugal , dans
la province de Beirâ. Voyez l'article de Guardia 2.
2. GUARDA, village de Suiffe , au pays des Gri-
fons , avec une pareille qui dépend de la communauté
de la baffe Engadine. * Etat & Délices de la. Suife ,
t. 4, p. 64.
GUARDADAR , rivière d'Espagne , qui prend fa
fource dans l'Andalôufie , dans la même montagne où le
Guadalbulon prend la fienne. Elle entre enfuite dans le
royaume de Murcie, où elle va fe joindre auGuadalen-
tin , entre Vêlez el Rubio , 8e le château de Xixena.
* Atlas. Robert de Vaugondy.
GUARDAFUI ou Gardafù. Voyez page 123 ;
col. 1.
GUARDAMAR ; fortereffe. d'Espagne, au royaume
de Valence , fur la côte Se à l'embouchure de la Segura.
Voyez Alona.
GUARDAN , montagne d'Afrique , au royaume de
Fez , dans la province de Garet. Elle touche à celle de
Quizina ou Teuxin , du côté du nord , Se s'étend qua-
tre lieues le long de la mer Méditerranée , Se trois vers
la rivière de Nocor. Les habitans, gens riches , braves Se
magnifiques , font d'entre les Zenetes, Se tiennent un
marché tous les famedis près d'une petite rivière. Les
marchands de Fez y viennent avec les Arabes du dé-
fert , Se les Bereberes des montagnes , 8e ils y achètent
de la cire , de l'huile , des cuirs Se tout ce qui fert à en-
harnacher des chevaux 8c le refte de leur équipage. Ces
Bereberes n'ont point de vignes , 8e ne boivent point
de vin, comme ceux d'Errif , ne payent aucun tribut,
8e font feulement chaque année un préfent au roi de
Fez , en argent , en chevaux ou en esclaves ; 8e par ce
moyen ils ont conservé leur liberté , quoiqu'ils fefoient
réfervé le droit de le faire tel qu'ils veulent ; il va ordi-
nairement au-delà de ce qu'ils payeraient de contribu-
tion. Ils étoient autrefois valïaux des feigneurs de Vê-
lez. Mais un célèbre Alfàqui qui en étoit , fit fi bien avec
v - le
GITA
GUA
le roi de Fez , que ce prince les incorpora à la couronne,
à la charge de ce prélent. Ils font fept mille hommes de
combat , "parmi lesquels il y a plus de cinq cents chevaux,
Se plufieurs arquebufiers tous bien en ordre. * Marmol ,
Afrique, I.4, c. ioî.
1. GUARDE, (le lac de) grand lac de Nigritie
formé par le Niger. Sa partie feptentrionale eft du
royaume d'Agdes ou d'Agades , d'où il reçoit une ri-
vière , auprès de laquelle eft fituée la ville de Secmara :
là partie occidentale eft du royaume de Caffèna ou de
Ghana. C'eft par-là que le Niger entre dans ce lac qui,
dans fa partie méridionale, eft nommé lac de Sigismes.
Les deux villes de Ghana font aux deux côtés du Niger,
à fon embouchure dans ce lac. Sa partie méridionale Se
l'occidentale font du royaume de Guber. A la fortie
du Niger & au couchant du lac , eft au midi la ville de
Timby ou Tainby. Segmeda Se Mura font auffi près de
ce lac , en allant vers le nord. Sur fa côte orientale eft
Reghebil , autre ville. Ce lac reçoit auffi du midi une
petite rivière qui vient de Guber , au nord de l'embou-
chure de cette rivière eft une grande ifle. Les royaumes
de Canton Se de Gago n'y confinent pas , quoique Bau-
drand le dife. * De rifle , Carte de la Barbarie, Nigri-
tie, 8ec.
2. GUARDE ou Garde, fiége épiscopal du Groen-
land. Voyez l'article Groenland.
1. GUARDIA, village d'E' pagne, dans l'Andaloufie ,
à deux lieues Se au midi oriental de Jaén. C'étoit autre-
fois une ville épiscopale , dont le fiége eft préiëntement
à Jaén. Voyez Menteza. * Baud. éd. 1705.
2. GUARDIA ou Guarde ," ville du royaume de
Portugal , dans la province de Beira , avec un évêché
fulïragant de l'archevêché de Lisbonne , presqu'au mi-
lieu, entre Coria au fud-eft, Se Lamego au nord-oueft,
proche de la fource de la rivière de Mondego. * Baud.
éd. 1705.
3. GUARDIA, bourg de la Servie, fur la Morave,
à vingt lieues de Widdin , félon Baudrand, éd. 1705 ;
c'étoit anciennement une ville de la haute Mcefie, nom-
mée Orrhea ou Horreum Margi. Voyez ces articles.
4. GUARDIA , Se/a, rivière de la Morée , dans la
province deBelveder,fur la côte occidentale de l'ifle, &,
îërpentant vers le couchant, elle feperd dans le golfe de
Zonchio, vis-à-vis de la partie feptentrionale de la pe-
tite ifle de Prodano , au midi du bourg dont elle porte
le nom. * De Wit , Atlas.
•) . GUARDIA , Se/a , bourg de la Morée , fur la côte
occidentale , au nord de l'embouchure d'une rivière de
même nom, entre Arcadia au nord, Se Navarin au midi.
* De Wit, Atlas.
6. GUARDIA Alferez , ville d'Italie , au royaume
de Naples , dans le comté de Molife , avec un évêché
fuffràgant de l'archevêché de Benevent , fur la rivière de
Tiferno. Elle eft petite & presque déferte , à caufe du
mauvais air. Elle eft aux confins de la Capitanate, à cinq
milles , Se au couchant d'été de Larino. * Baudrand Se
Jaïllot, Atlas.
7. GUARDIA Girardo , bourg d'Italie , au
royaume de Naples , au comté de Molife , à quatre lieues
de la ville de Molife , vers le couchant , félon Bau-
drand.
GUARGA , rivière d'Afrique , au royaume de Fez.
Elle a fa fource dans la Province d'Errif , traverfe celle
de Habat ; Si enfin , après avoir bien ferpenté vers l'oc-
cident, elle entre dans le Suba, Sebu ou Sebou, qui fe
perd dans la mer à la Mamore. * San fon , Carte du
royaume de Fez.
GUARGALA , félon Robert de Vaugondy, Atlas , ou
GUERGUELA , petit royaume d'Afrique , au midi du
mont Atlas. Il eft borné au nord par le pays de Zab &
par le Bildulgerid propre ; à l'orient par le pays de Ga-
damis ; au midi par le défert de Nefifa, qui en occupe
une partie , & au couchant par le royaume de Ticarte
ou Tecort. La partie feptentrional eft occupée par des
Arabes, logés fous des tentes. Dapper, Afrique, p. 211,
nomme ce pays la feigneurie de Guargala ou de Qtier-
quelen. Voici ce qu'il dit de la capitale : la ville , qui
donne fon nom à toute la contrée , eft fort ancienne , &
on tient qu'elle a été connue fous le nom de Tamarca.
(Voyez ce mot.) Elle a été eonftruite par les Africains,
in
dans 1e-.:défert de la Numidie , au milieu du pays , fous
le37ed.'3o' de longitude, Se fous le 25e d. 50' de lati-
tude. Le terroir porte beaucoup de dattes ; mais on y
manque de bled Se de bétail , Se on s'y nourrit de chau-
de chameau Se d'autruche. La plupart des habitans font
Nègres, non à caufe du climat Se de la température de
l'air , mais à caufe qu'ils s'allient avec des esclaves Ne-
gtes , qui font des enfans qui leut reflemblent. Il y a
beaucoup d'artifans Se de gens qui s'adonnent au négoce.
Ils font francs, affables, libéraux , Se traitent bien les
étrangers , parce qu'ils leur apportent du bled , des chairs
falées , des draps , des toiles , des armes Se des couteaux.
Voyez GUERGUELA.
GUARMAY, port , bourgade Se vallée de l'Améri-
que méridionale , au Pérou , dans la mer du fud , à dix
lieues de Mongon , fous le 10e d. 30' de latitude'méri-
dionale , à l'embouchure d'une petite rivière qui coule
dans la vallée de Guarmay. Garcilaffo nomme cette val-
lée Hualmi. Elle étoit anciennement fort peuplée ; Se
ce n'eft plus aujourd'hui qu'une habitation de pâtres' qui
ynourriffent beaucoup décochons Se peu de vaches. Ils
occupent, dit de Laët , Ind. occid.ï. 10, c. 21 une
bourgade de ce même nom , proche d'un havre com-
mode Si capable de contenir plufieurs navires. Le Hol-
landois, Spilberg , y jetta les ancres l'an 161 5 , après
qu'il eut défait l'armée du vice- roi du Pérou. On voit
encore en ce lieu les ruines d'un vieux château. * Sup-
plément au Voyage de Woodts Rogcrs , p. 47
GUARMACIENSE Concilium ; ce nom fe trouve
dans le décret de Gratien. Ortélius croît très-fagement
qu'il s'agit du concile tenu à Wormes.
GUARNORUM rex : on trouve une lettre de Théo*
doric à un roi , qui étoit ainfi qua'ifîé dans les ouvrages
de Caffiodore, Varior. I. 3. Ortélius croit qu'il faut lira
Carnorum. Voyez Carni.
GUARUPA , port de la mer du nord , dans l'Amé-
rique méridionale , au Brefil , à fept ou huit lieues au
nord de l'ifle de Sainte-Catherine. On y eft à l'abri de
tous vents. Il eft difficile à connoître , parce qu'au de-
hors il ne paroît qu'une grande anfe , au fond de laquelle
eft la petite ouverture du port. * Frejler, Voyage de lae
mer du fud , t. I , />. 49.
_ GUASCO , port , rivière Se vallée de l'Amérique mé-
ridionale, fur la côte du Chili. Le port eft à 28 d. 45 *
de latitude méridionale, à quinze lieues de rifle de To-
toral. Ce havre eft bon depuis le fud jusqu'au nord-oueft.
Il eft habité ; il faut mouiller vis-à-vis de la rivière, près
d'une petite ifle baffe. La pointe du continent eft envi-
ronnée de fept ou huit rochers qui paroiffent hors de
l'eau ; Se fur une pointe , il y a une montagne de fable un
peu crevaffe , auprès de laquelle on peut auffi mouiller.
On voit deux ou trois autres petites ifles, Se la montagne
au-deffus du port eft haute , groffe Si ronde. J'ai déjà
parlé de la rivière dans l'article du Chili. De Laët , Ind.
occid. 1. 12, c. 4 , dit, que ce port eft dans une baie ou-
verte , par laquelle fe décharge une petite rivière ; elle
vient des montagnes de neige qui couvrent ce que l'on
appelle auffi Guasco , Se en arrofe les champs qu'elle
rend très-fertiles. Il y a un nombre infini de perdrix dans
cette vallée , Se elle nourrit des brebis en quantité. On
y voit auffi beaucoup d'écureuils , de couleur cendrée Se
de couleur brune , dont les peaux font d'un grand ufage.
La ville de Saint-Jacques de la nouvelle Eftramadure y'fut
autrefois bâtie. * Supplément au Voyage de Wçodes Ro~
gers, p. 65.
GUASACOALCO, ou Guazacoalco, ou Gua-
SIKWALP, rivière de l'Amérique, dans la nouvelle Es-
pagne, dans la province de Guaxaca, d'où elle va fé
perdre dans la baye de Campèche. Elle eft à huit lieues
de celle de Tondelo , Se plus profonde que celle de To-
basco , quoiqu'elle ne foit pas la moitié f\ large. Cette
■ rivière fe peut naviger un fort long espace de chemin ,
fur-tout pour les chaloupes ou pour les petites barques.
Sa barre eft une des moins dangereufes de cette côte. Il
y a quatorze pieds d'eau par-deflus, Se peu de mer. Quand
ou l'a paffée on trouve beaucoup d'eau Se un fond de
vafe. Les bords de chaque côté font bas. On y voit de
grands bois fur celui de l'eft , Se des favanas fur l'au-
tre. On y trouve quelque bétail ; mais depuis que ces
côtes ont été fréquentées par les boucaniers , les Espa-
Tomt III. G g
GUA
234
gnols ont fait paffer la plus grande partie de leurs bœufs
plus avant dans le pays. * Atlas. Robert de Vaugondy.
■Corn. Dici. Dampier, Supplément, i.part. c. 5.
GUASTALLA , ville d'Italie , en Lombardie , près
du Pô , fur la frontière du duché de Modene , 6k pres-
qu'au milieu , entre Mantoue au feptentrion , & F>.eggio
au midi : elle eft petite , mais forte. Elle a un petit ter-
ritoire qui eft poffedé à titre de duché , par une branche
de la maifon de Mantoue. Le dernier duc de Mantoue,
ayant été mis au ban de l'empire , & étant mort avant
fa réconciliation avec l'empereur , ce monarque s'eft
emparé du duché de Mantoue , au préjudice du duc de
Guaftalla, qui n'a pu encore obtenir la jouiffance de Ces
droits. Ce duché a été cédé , par le traité d'Aix-la-Cha-
pelle, de l'an 1748, à D. Philippe, duc de Parme.
GUASTECA , (la) province de l'Amérique fepten-
trionale , dans la nouvelle Espagne : on l'appelle auffi
Panuco. Voyez ce mot.
GUASTO , ville d'Italie , au royaume de Naples ,
dans l'Abbruzze citérieure. On l'appelle auffi GuaJIo
d'Almone, 6k quelquefois Vaflo, entre l'embouchure de
la rivière deTrigno &C celle de l'Afmella, -dans le golfe
de Vernie , environ à feize milles de Lanciano au fùd-
eft, en allant vers Termoli ; c'eft l'ancienne Hifîenium.
* Baudr. édit. 1705, & JailloU
GUATALCO. Voyez Aguatulco.
GUATAO , ifle de l'Amérique feptentrionale] , dans
la mer du nord, l'une de; Lucayes. Elle eft à dix lieues
de celle de Curatto , 6k s'étend en long eft-oueft. Son
extrémité orientale eft à 25 d. 46', 6k ion extrémité oc-
cidentale à 27 d. ck quelques minutes. Elle eft environ-
née d'écueils , de baffes rk de rochers. * De Laët, lnd.
occid. /. 1, c. 16.
GUATAPOIU, rivière de l'Amérique méridionale,
dans la terre-ferme , 6k dans la province de Sainte-Mar-
the. Elle descend de montagnes chargées de neiges; ce
qui rend fes eaux fi froides , qu'elles caufent diverfes
incommodités à ceux qui en boivent. Elle paffe à Ciu-
dad de los Reyes ; elle fe mêle avec Rio-Cefar, qui en
porte les eaux dans la rivière de la Madelaine»
GU AT ARIA. Voyez Guetaria.
GUATES , (les) peuple fauvage de l'Amérique mé-
ridionale , au Paraguay , fur la rivière de même nom.
GUATIMALA , province de l'Amérique feptentrio-
nale , dans la nouvelle Espagne. Elle ne comprenoit au-
trefois que celle de Nicaragua 6k de Guatimala , propre-
ment dite ; mais outre ces deux provinces particulières ,
elle enembraffe aujourd'hui onze autres ; favoîr celles de
S an-Salvador, àeSan-Miguil , àeChiapa, deSoconus-
co , de Suchilepeco , de la Vera-Pa^ , des Yçalcos , de
Honduras , de Chuluteca , de Tagusgalpa 6k de Cojla
Rita. Le Ion? de la côte de la mer du fud , elle s'étend
entre le fud-efl & le nord-oueft , plus de trois cents lieues
de long, mais félon la droite ligne entre Feft 6kl'oueft,
elle n'en a que deux cents quarante. Sa largueur où elle
eft la plus grande > eft de cent qnatre-vingt lieues. Il part
tous les ans de ces provinces plufieurs navires chargés
de cacao. Les habitans fe fervent de ce fruit pour mon-
noie , 6k on vend certaines chofes cinq , dix , trente 6k
cent cacaos. On en donne même l'aumône aux pauvres;
mais on s'en fert principalement à faire un breuvage,
qu'ils appellent chocolaté, ck qui leur, paroit fi délicieux,
qu'ils ne l'auraient vivre s'ils n'en prennent. Ces provin-
ces abondent aufli en maïs , dont ils font du pain 6k di-
verses potions mixtionnées. * Corn. Dict. Z>u Lait , lnd.
occid. /. 7, c. 1 6*9.
Les villes principales de Guatimala font , S. Jago ,
S. Salvador, Spirùu-Santo , S. Miguel, la. Trinidad,
Antequera , Xeres 6k quelques autres. Ce gouvernement
a divers ports, entr'autres, la baie de FONSECA , pro-
che de la bourgade de S. Miguel, découverte sn 1^11,
par Gil-Gonçales d'Avila , qui la nomma ainfi à l'hon-
neur de Juan Rodriguez de Fonfeca, évêque deBurgos,
qui étoit pour lors préfident au confeil des Indes , établi
en Espagne. Au dedans de la baye , il y a une petite
ifle, que le même GilappellaPETRONILLA. Onatàché
fôngHems de perluader au conseil d'Espagne , que la na-
vigation ferait plus facile 6k plus affurée de la baie de
Fonfeca au Pérou, que du port de Panama ; mais on n'y
a point eu d'égard. Fuler , pilote de Candisch , a re-
GUA
marqué qu'il y a dix ides dans cette baie, dont quatre
font habitées par des Sauvages , 6k abondent en eau , en
bois 6k en fel , 6k qu'au côté occidental de la même baie ,
il y a une bourgade d'Indiens , appellée Matal , 011 il
fe trouve du bétail en quantité. Le port d'Acaxutla, qui
eft le plus confidérable de tout le gouvernement de Gua-
timala, eft proche de la baie de Fonfeca. C'eft où abor-
dent les navires du Pérou 6k de la nouvelle Espagne. On
compte douze lieues vers l'oueft , de ce port à la baie
de Guatimala, & fept delà baie de Guatimala jusqu'à
la rivière de Xicapala. Ce gouvernement n'a aucun port
fur la mer du nord ; toutefois les marchai: Ji fes de l'Eu-
rope fe transportent par la Goljo-Dolce , du fond de la
baie de Honduras, jusqu'à une place, appellée El Puerto
de Golfo-Dolce , qui eft au-dedans du pays , & de-là par
terre, à la ville de S. Jago de Guatimala, capitale de ces
provinces , 6k aux autres villes du même gouverne-
ment.
La province que l'on appelle aujourd'hui proprement
Guatimala , & en langue des Indiens Quatumal-
LjE, qui veut dire arbre pourri , eft maritime, 6kadix-
fept lieues de long ou environ , félon la côte de la mer
du fud , ck trente de large entre le fùd ck le nord. Le
terroir eft abondant en maïs , en coton , en froment ,
en bons fruits , fur-tout en cacao qui eft d'un grand re-
venu. Elle abonde auffi en pâturages, 6k il y a beaucoup
de troupeaux. On la tient mal-faine , tant pour le grand
chaud .t.\e pour la trop grande humidité. Les vents du
fud ou du nord y font fréquens ; le premier plus que
l'autre , qui n'y dure que quinze ou vingt jours , mais
fort. froid ck impétueux. Le pays eft raboteux ck plein
de montagnes. I! eft occupé de plufieurs rivières qui,
outre toute forte de poiffons , nourriffent de grands -cro-
codiles. Les pluies y font rares ; mais quand elles tom-
bent, c'eft avec beaucoup de véhémence , principale-,
ment depuis le mois d'Avril jusqu'en Oftobre. Il y a des
vipères, desferpens, beaucoup des feorpions , ck des
vers gros ck velus , allez dangereux , ck Couvent mortels
par leur feul toucher. Les moucherons incommodent
beaucoup la nuit ck le jour.. Il y a auffi beaucoup de mou-
ches ck de guêpes ; ck l'on y trouve quantité d'abeilles
qui font leur miel blanc , ainfi que leur cire , ck dont les
piqûres ne font pas à craindre. Cette province porte
du baume 6k une autre liqueur aromatique, femblable
à l'huile, que Gomara dit couler d'une montagne. On
l'eftimc auffi extrêmement pour l'excellent] paftel qu'on
en tire. On y a une grande difette de fel : on le fait
avec beaucoup de dépense du fable que la mer a cou-
vert , 6k _ que l'on cuit dans des fournaifes à force de feu.
Au quartier nommé Nsjlupaca , il y a des lacs qui ont
des veines de foufre , ce que l'on connaît par la mau-
vaife odeur de leurs eaux , 6k par des morceaux que l'on
en trouve coagulés près de leurs rivages. Les pâturages
qui font auprès de ces lacs, 6k qui en reçoivent des ruif-
feaux, ont la propriété de rendre fort gras les chevaux,
qui font maigres 6k débiles.
Cette province eft feparée de celles de Suchitepeco 6k
de Guafàcapan , par la rivière de Michaova, qui fort du
lac Amitatan , à quatre lieues de la ville de San-Jago ,
6k qui fe précipite du haut de quelques rochers fort hauts
dans une profonde caverne , au haut de laquelle nichent
un nombre infini de perroquets 6k de groffes chauve-fou^
ris , fort dangereures , qui tuent les veaux en fuçant leur
fang , 6k qui n'épargnent pas même les hommes , quand
elles les trouvent endormis. Elles y font en fi grande
quantité, que les Sauvages ont été contraints d'abandon-
ner les censés voifines , à caufe du dommage continuel
qu'elles faifoient au bétail.
Quoique les naturels du pays ayent une langue parti-
culière, la Mexicaine leur eft fort commune. Les hom-
mes font greffiers , mais fort bons archers. Les femmes
y font un peu plus civiles , 6k favent fort bien filer. Ils
ont profité en la religion Chrétienne plus qu'aucuns au-
tres Sauvages ; mais dès qu'ils ne craignent rien , ils re-
tombent dans leurs coutumes payennes.
Les habits ordinaires des Indiens , qui demeurent aux
environs de Guatimala , font une paire de caleçons de
laine ou de toile, qui descendent jusqu'aux genoux. Ils
marchent nuds pieds la plupart du teins , fi ce n'eft quel-
ques-uns qui ont des fandales ou quelques paires de
CUA
CUA
chauffes , fans pourpoint. Ils portent une chemife fort
courte avec une mante de laine ou de toile par-deffus.
Cette mante eft nouée fur une épaule , 6k pend presque
jusqu'à terre de l'autre côté. Il y en a qui portent une
natte pour fe coucher. Ceux qui n'en ont point, paffentla
nuit fur la terre, enveloppés de leurs mantes. Ceux qui ne
portent point de fardeaux , ou qui ne travaillent point pour
les Espagnols , 6k qui demeurent dans les fetmes qui leur
appartiennent , qui trafiquent à la campagne avec leurs
mulets , qui ont des boutiques dans les villes ou dans les
villages , ou qui y font employés en qualité d'officiers de
juftice ou de police , portent du ruban au bas de leurs
caleçons , ou y font faire quelque ouvrage en broderie de
foie ou de fil , ainfi que fur la mante qu'ils ont autour
d'eux , ou l'enrichiffent de quelque ouvrage de plumes
de différentes couleurs. Il y en a auffi quelques-uns qui
ont des pourpoints de toile découpée 6k des fou'iers ;
mais il en eft peu qui ayent des bas à leurs jambes , ou des
collets autour de leur cou. Ils couchent fur des ais ou fur
des rofeaux liés ensemble , un peu élevés de terre , fur
quoi on pofe une natte fort large 6k fort propre , avec
deux petits billots de bois, qui fervent de chevet à l'homme
6k à la femme. Ils mettent leur mante & leur chemife
deffus ou d'autres hardes , au lieu de couffin , 6k fe cou-
vrent d'une autre forte de mante blanche , mais plus
froffiere que celle qui leur tient lieu de manteau. Les ha-
its des femmes ne leur coûtent pas beaucoup. Au lieu
de jupe , elle portent une mante de laine qu'elles lient au
défaut du corps, 6k qui d'ordinaire eft enrichie debrode-
rie de plufieurs couleurs , mais tout d'une pièce , fans
nulle couture , & repliée autour d'elles en dedans. El-
les n'ont point de chemifes , 6k couvrent leur nudité
avec une espèce de furplis, qu'on nomme guaipil , qui
pend depuis leurs épaules jusqu'au deflbus de la ceinture ,
avec des manches ouvertes fort larges, qui leur couvrent
feulement la moitié du bras. Ce guaipil eft orné d'ordi-
naire de quelque ouvrage de plumage ou de coton, fur-
tout à l'endroit du fein. Elles vont la plupart nuds pieds.
Celles qui font riches , portent des fouliers noués avec un
ruban fort large. Celles-là portent auffi des pendans d'o-
reille 6k des bracelets , 6k ont leurs cheveux retroufîés
avec des bandelettes , fans coëffe , ni aucune chofe qui les
couvre ; 'mais les femmes diftinguées ne fortent jamais
fans une espèce de voile de toile fine , qui leur couvre
la tête, 6k descend presque jusqu'à terre,; elles le lient
autour d'elles avec un ruban. C'eft ce qu'il y a de plus '
cher en leurs habits. * Th.Gagï,Voyage aux Indes occid.
■}.part.
Leurs maifons ne font que des cabanes couvertes de
chaume , fans aucunes chambres hautes. Ils en ont feu-
lement une ou deux baffes , en l'une desquelles ils apprê-
tent leurs viandes , faifant le feu au milieu entre deux ou
trois pierres , fans qu'il y ait de tuyau ni de cheminée ,
pour conduire la fumée hors de la maifon. Ceux qui font
pauvres , n'ont qu'une chambre où ils apprêtent leurs
viandes , où ils mangent 6k fe couchent. Comme ils
n'ont pour meubles que des pots , des cruches 6k des
plats de terre , avec des coupes pour boire leur choco-
lat, ils n'appréhendent point les voleurs. Auffi il y en a
fort peu qui ayent des ferrures à leurs portes. On ne voit
presque aucune maifon qui n'ait un bain dans la cour. Ils
s'y baignent dans de l'eau chaude, 6k c'eft presque toute
leur médecine, lorsqu'ils ont la moindre indispofition.
Dans chaque village ils font divifés entr'eux par tri-
bus , qui ont chacune un chef , à qui s'adreffent tous
ceux qui en font, quand il s'agit de quelque affaire im-
portante. Ce chef eft obligé de comparoître pour eux
devant les officiers de la juftice , & de demander répa-
ration des injures qu'on leur a faites. Lorsque quelqu'un
d'eux cherche à fe marier , le père du garçon, qui veut
prendre une femme d'une autre tribu , va trouver le
chef de la flenne pour l'avertir de ce mariage , & enfuite
les chefs des deux tribus confèrent fur les articles. Ces
conférences durent ordinairement trois mois , pendant
lesquels les parens dn garçon doivent acheter la fille par
des préfens, 6k aquitter la dépense qui fe fait à boire 6k
à manger, lorsque les chefs des tribus confèrent enfem-
ble avec les parens des deux parties ; ce qui dure ordi-
nairement un jour entier jusqu'à la nuit. Après plufieurs
jours paffés ainfi , s'il arrive qu'on ne pniffe s'accorder
fur le mariage , les parens de la fille font obligés de ren-
dre à ceux du garçon tous les préfens qu* ils orit reçus»
Lorsque ces Indiens meurent, tout ce qu'ils poffedent
de meubles 6k d'immeubles , eft partagé entre les fils
par égales portions , & les filles n'y ont rien. Si quel-
qu'un d'entr'eux n'a point de maifon , ou qu'il veuille
faire recouvrir la fienne , on en donne avis aux chefs des
tribus, qui en informent les habitans du village , & alors
chacun eft obligé d'apporter une botte de paille ou quel-
ques^ autres matériaux ; de forte qu'en un feul jour une
mailon le trouve bâtie. La plupart du tems les Pame-
RES n'ont pour leur manger qu'un plat de phaféoles
blancs bc noirs , dont il y a quantité en ce pays , 6k que
1 on conferve fecs toute l'année. C'eft une espèce de fè-
ves qu ils font bouillir avec du chilé. Quand ils n'en ont
point, leur portion ordinaire eft des lonilks. Ce font
de petits gâteaux ronds , faits avec de la pâte de mahis
qu ils mangent tout chauds , en fortant d'une terrine OÙ
ils les font cuire fur leur champ. Lorsque leur maïs eiï
encore vert 6k tendre , ils font bouillir la tige avec les,
■épis & les feuilles qui font à l'entour , & les mandent
enfuite avec du fel. Le famedi au foir , quelques-uns au.
retour de leur travail , achètent de la viande pour l'ac-
commoder en tafajos, qui font des morceaux de chair
roules 6k liés bien fort. C'eft le bœuf falé de l'Améri-
que. Après qu'ils ont coupé toute la chair de la cuiffe d'un
bœuf , bc qu ils l'ont féparée des os en forme de petites
cordelettes , ils la falent & l'expofent au vent dans leur'
cour pendant huit jours. Enfuite ils la mettent encore-
autant a la fumée, après quoi ils en font de petits rou-
leaux qui deviennent durs comme une pierre ; ek cuand-
îls en ont affaire, ils les. lavent , les font bouillir & les
mangent. Ce taflajos eft une fort bonne marchandife "
a laquelle plufieurs Espagnols fe font enrichis par le
moyen du trafic qu'ils ont fait dans les villages où l'on
ne vend point de viande, 6k où ils le trafiquent°avec les In-
diens pour du cacao. Ils vont auffi à la chaffe en de cer-
tains tems; 6k quand ils ont tué quelaue daim à coups,
de flèches, ils le laiffent toute une femaine fous des feuil-
les d arbres , jusqu'à ce que l'animal foit plein de vers
& qu il commence a (entir. Alors ils l'apportent chez
eux le coupent en pièces , 6k le font bouillir avec une
herbe qui lui ôte fa mauvaife odeur , 6k rend cette chair
auffi tendre 6k auffi blanche que celle d'un coq d'Inde
lorsqu'il eft à-demi-cuit. Ils en mettent les morceaux-
quelque tems à la fumée , les font bouillir de nouveau
quand ils en veulent manger , 6k l'apprêtent ordinaire-
ment avec un peu de poivre rouge. Ces mêmes Indiens
aiment fort les hériffons , qui font tout pleins d'aiguillons
6k piquans comme les nôtres. On les trouve dans les
bois 6k dans les champs , où ils fe retirent dans des trous J
6k ne vivent que de fourmis & de leurs œufs , de bois
pourri , d'herbes 6k de racines. Leur chair eft blanche ,
graffe comme celle d'une poule qu'on a pris foin d'en-
graiffer, 6k à auffi bon goût que celle d'un lapin. Us
mangent auffi beaucoup d'une forte de lézards, qu'ils ap-
pellent iquana. Ils font plus longs qu'un lapin , ck ref-
femblent à un fcorpion , ayant fur le dos des écailles
vertes ck noires. Les uns fe trouvent dans l'eau , 6k les
autres fur la terre : ces derniers courent auffi vite que
nos lézards 6k font fort hideux. Us grimpent fur les ar-
bres comme les écureuils, 6k emportent même les raci-
nes dans les murailles.
Les Indiens en général aiment tous les breuvages qui
enivrent, 6k principalement le chicka, qui eft plus fort que
le vin. Us le font dans de gtandes cruches qu'on leur
apporte d'Espagne. Us y mettent un peu d'eau , ck enfuite
ils rempliffent le vaiffeau de jus de cannes de fûcre »
avec un peu de miel pour le rendre doux ; 6k afin qu'il
ait de la force , ils y mettent des racines 6k des feuilles
de tabac , 6k d'autres racines qui croiffent en ce pays--ià.
Us y mettent auffi quelquefois un crapaud vivant 6k'
laiffent fermenter tout cela enfemble pendant quinze
jours ou un mois entier , après quoi ils ouvrent le vaif-
feau , 6k invitent leurs amis à le venir vuider avec eux ■
ce qu'ils font ordinairement la nuit , de peur d'être décou-
verts par le prêtre du village : ils ne ceffent point de
boire qu'ils ne foient tout à fait yvres.
Quant à leur gouvernement civil , ils l'ont emprunté
des Espagnols ; 6k dans les villages qui contiennent trois
ouquatre cents familles, il y a d'ordinaire deux alcades,
fix regidors , deux alguafils majors , & fix autres qui en
Tomt III, G g ij
GUA
236
dépendent. Il y a auffi quelques villages qui ont le pri-
vilège d'avoir un gouverneur Indien , qui eft au-deflus
des alcades ck de tous les autres officiers. Tous les ans
on nomme de nouveaux officiers : ce font les Indiens qui
les élifent , & les prennent l'un après l'autre de chaque
tribu. Ils entrent en charge le premier jour de l'année ,
fck auffi-tôt on fait favoir leur éle&ion à la cour de Gua-
timala , s'ils en dépendent ; ou s'ils ne font pas de fa
jurisdi&ion , aux principaux magiftrats ou gouverneurs
Espagnols des provinces , qui approuvent cette éleftion
nouvelle. Les officiers qui ont le gouvernement entre les
mains , peuvent faire châtier tous- les Indiens de leurs
villages , qui commettent quelque crime ou quelque
fcandale. Ils ont droit de condamner à l'amende , au
fouet 8c au banniiïement , mais non à la mort. Il faut
qu'ils renvoient ces fortes de caufes aux gouverneurs
Espagnols. La plupart de leurs églifes font voûtées en
haut , rk toutes bâties par les Indiens. L'églife , félon la
grandeur du village , a un certain nombre de chantres ,
de trompettes 8c de joueurs de hautbois , fur lesquels le
curé ou prêtre ordonne un officier appelle fiscal , qui
marche devant eux , un bâton blanc à la main avec une
croix d'argent au bout. Les dimanches 8c les fêtes , il eft
obligé d'alfembler à l'églife les jeunes garçons & les filles
devant & après le fervice , 8c de leur enfeigner les com-
mandemens de Dieu , la manière de prier , 8c tout ce
qui regarde la religion, il faut auffi que ce fiscal 8c les
autres mulïciens , auffi-bien que les Espagnols , fe ren-
dent à l'églife au fon de la cloche , pour chanter la
mefïè qu'on célèbre avec des orgues 8c d'autres inftrumens
de mufique. Ils font encore obligés de s'y rendre fur les
cinq heures du foir pour dire complies. Le fiscal & tous
ceux qui dépendent de l'églife , font exempts du fervice
que les autres Indiens rendent toutes les femaines aux
Espagnols ; mais quand il arrive quelque prêtre ou quel-
que homme de dualité dans leur village , leur devoir eft
d'aller au devant de lui , de l'accompagner avec leur
mufique , leurs trompettes rk leurs hautbois , Se de faire
dreffer des arcs de triomphe avec des fleurs & des bran-
ches d'arbres , dans les rues où ces étrangers doivent
parler. Il n'y a point de village , où chaque Indien marié
ne paye tout au moins tous les ans quatre réaies de tribut
au roi d'Espagne , tk autant au commendeur. On appelle
ainfi des feigneurs particuliers, descendus de ceux qui
ont les premiers conquis l'Amérique. Si le village dépend
feulement du roi , ils payent jusqu'à huit réaies. Ceux
qui dépendent des gouverneurs leur apportent des den-
rées qui fe trouvent fur les lieux , du maïs , du miel ,
des volailles , de coqs d'Inde , du fel , du cacao , des
mantes de coton , Se autres chofes femblables. Mais
les villages qui peuvent prouver qu'ils descendent de
l'état de Tlaxcatlan , de quelques familles de Mexico ,
ou des environs, qui aidèrent les premiers aux Espagnols
à conquérir ce pays , font exempts de ce tribut.
Les Indiens profeffent en apparence la religion Chré-
tienne ; mais dans le fond ils ne croient point les princi-
paux myfteres. Il s'en trouve qui adorent encore des ido-
les , quiobfervent la rencontre des bêtes qui traversent les
chemins , le vol Scie chant des oifeaux; d'autres croient que
leur vie eft attachée à tel animal : ils le gardent auprès deux
avec beaucoup de foin. Comme ils voient qu'on peint
divers faints avec quelque animal auprès d'eux , comme
S. Jérôme avec un lion , S. Antoine avec un pourceau ,
S. Dominique avec un chien , S. Marc avec un taureau , Ck
S. Jean avec un aigle , ils fe perfuadent que ces faints
étoient de leur même opinion, ck que ces animaux peints
auprès d'eux étoient leurs esprits familliers ; que ces faints
fe transformoient en leurs figures pendant leur vie , ck
qu'ils font morts en même tems qu'eux , de forte que
comme ils ont une grande vénération pour eux , ils en
achètent les tableaux qu'ils font mettre dans l'églife , afin
que chacun les y honore. Les églifes font pleines de ces
tableaux qu'on porte en proceffion au haut de certains
bâtons dorés , le jour qu'on en célèbre la fête. Ce jour-
là , celui à qui le tableau appartient fait un grand feftin
dans le village , ck donne ordinairement trois ou quatre
écus au curé pour fa meffe ck fon fermon , avec un coq
d'Inde , trois ou quatre pièces de volailles , ck du cacao
fuffifamment , pour lui faire du chocolat pendant toute
l'oftave de la tête. Deux ou trois mois avant celle du
faint à qui le village eft dédié , les Indiens qui l'habi-
GUA
tent , s'aflemblent tous les foirs pour fe préparer aux danfes
accoutumées en ces jours là. Il y a une maifon ordonnée
exprès ponr chaque forte de danfe , avec un maître qui
va l'enfeigner aux autres , afin qu'ils la fâchent parfaite-
ment pour le jour de la fête de ce faint. La principale de
ces danfes eft appellée toncont-in. Les Indiens qui la
danfent font du moins trente ou quarante , tous habillés
de blanc , tant pour leurs pourpoints que pour leurs
caleçons ck leurs ajates ou mantes , qui d'un côté pen-
dent jusqu'à terre. Quelques-uns en louent de tafetas
pour cette cérémonie. Leurs caleçoris Se leurs ajates font
bordés de foie ou de plumage , ou d'un beau galon. Ils
ont fur le dos de grands bouquets de plumes de toutes
couleurs , collées à une petite machine faite exprès , ck
qui eft dorée par le dehors. Ils l'attachent à leurs épau-
les avec des rubans. Ils portent encore fur la tête un
autre bouquet de plumes , mais moindre que celui-là.
Il eft attaché à leurs chapeaux , ou à une espèce de cas-
que peint ou doré qu'ils mettent fur leur tête. Ils tiennent
auffi dans la main un éventail de plumes. La plupart en
ont encore au pied en forme de petites ailes. Quelques-
uns portent des fouliers ; d'autres n'en ont point ; mais
depuis la tête jusqu'aux pieds , ils font tout couverts de
fort belles plumes. L'inftrument , avec lequel ils mar-
quent la cadence , eft fait du tronc d'un arbre creux ,
arrondi ck paré au dedans 8c au dehors , fort doux ck
luifant. Il eft quatre fois plus épais que nos violes , avec
deux ou trois longues fentes au côté d'en-haut 8c quel-
ques trous au bout. On pofe cet inftrument appelle
cepanaba^ fur un banc , au milieu des Indiens ; 8c le
maître de danfe frappe deflus avec deux bâtons , garnis
de laine par le bout , 8c couverts d'un cuir poiffé pour
tenir la laine. Quoiqu'il rende un fon lourd 8c pelant ,
celui qui en joue ne laiffe pas , parla diverfitédes coups
qu'il donne defïus , de faire entendre divers tons ; ce
qui apprend aux danfeurs les mouvemens qu'ils doivent
faire , foit en s'allongeant , foit en fe courbant , ou bien
lorsqu'il faut qu'ils fe mettent à chanter. Ils danfent tous
en rond autour de cet inftrument , fe fuivant les uns les
rutres , quelquefois tout droits , quelquefois ne faifant
qu'un demi-tour , 8c d'autres fois fe penchant; de forte
que les plumes qu'ils ont en la main , touchent la terre.
Cette danfe n'eft qu'une espèce de marche en rond ,
qu'ils continuent deux ou trois heures dans un même
lieu , après quoi ils vont faire la même chofe dans
un autre. Il n'y a que les chefs 8c les principaux du vil-
lage , qui la danfent. C'eft ce qu'ils pratiquoient avant qu'ils
fuffent Chrétiens. Rien n'y a été changé , linon qu'au
lieu des louanges de leurs faux dieux , ils chantent la
vie des faints. Ils pratiquent auffi fort fouvent une autrî
forte de danfe , dans laquelle on fe fert d'une grande
diverfité d'airs avec un petit upanaba: , ck plufieurs
écailles de tortue , ou des pots couverts de cuir , fur quoi
ils frappent comme fur le tepanabaz , qu'ils accompa-
gnent du fon des flûtes. Cette danfe eft une espèce de
chaffe de bêtes fauvages. Lorsqu'ils la danfent , ils crient ,
8c font grand bruit , les uns racontant une chofe 8c les
autres une autre fur le fujet de la bête qu'ils chaffent.
Il y en a qui font habillés de peaux peintes en forme
de lions , 8c d'autres qui en ont en forme de tigres 8k
de loups. Ils portent des bonnets faits comme la tête de
ces animaux-là , ou bien d'aigles ou d'autres oifeaux de
proie. Ils tiennent auffi des bâtons peints comme des
dards , des épées , des haches , avec quoi ils menacent
la bête qui eft pourfuivie. Cette danfe eft fort pleine d'ac-
tion. Tantôt ils courent tout autour d'un cercle , 8c quel-
quefois dehors ; tantôt ils fautent 8c frappent les inftru-
mens qu'ils ont en la main ; mais le fpe&acle qui attire
plus le peuple , eft une tragédie qu'on représente en
danfant , 8c qui bien fouvent eft la mort de S. Pierre ,
ou celle de S. Jean-Baptifte. L'on y fait paroître l'em-
pereur Néron , ou le roi Herode avec fa femme , vêtus
magnifiquement , 8c un autre perfonnage avec une lon-
gue robe , pour repréfenter S. Pierre ou S. Jean-Baptifte ,
qui , pendant que les autres danfent , marche au milieu
d'eux tenant un livre en fes mains , comme s'il lifoit quel-
ques prières. Tous ceux qui danfent font vêtus en capi-
taines ck en foldats , avec des épées , des poignards ck
des hallebardes en leurs mains. Ils danfent au fon d'un
petit tambour 8c de quelques flûtes , quelquefois en rond
ck quelquefois en avançant.
GUA
GUA
■l. GUATIMALA , ville de l'Amérique feptentrio-
naîe , dans la nouvelle Espagne , Se capitale du gouver-
nement de Guatimala : on l'appelle communément San-
Jago de Guatimala. Elle eft fituée dans une vallée , qui
n'a pas tout-à-fait une lieue de large , parce qu'il y a de
hautes montagnes qui la clofent ; mais en fa longueur ,
vers la mer du fud , elle contient un pays vafte Se tout
uni , qui s'élargit un peu au-delà du lieu qu'on nomme
encore aujourd'hui la Vicilk-Villt , Se qui en eft envi-
ron à une lieue de Guatimala. Quoique les montagnes
l'environnent de chaque côté , Se qu'il femble qu'elles
pendent deffus du côté de l'orient , les chemins qu'on y
a faits font fi commodes , que les hommes Se les bêtes
chargées de pefans fardeaux y paffent facilement. Celui
qui vient de Mexique , en le prenant par la côte de Soco-
nuçeo &c Suchuttpegue , fe rend dans la ville par le côté
du nord-oueft. Cette route eft large , ouverte Se fablon-
neufe ; mais par Chiapa il eft au nord-eft , Se fe rend à
la ville entre les montagnes. A l'occident vers la mer
du fud , le chemin eft tout ouvert au travers de la vallée ,
Se du pays qui eft tout plat en cet endroit. Au fud Se au
fud-eft le chemin eft par deffus des montagnes fort hautes
Se difficiles. C'eft par-là qu'on vient ordinairement de
Comayagua , de Nicaragua , & de Golfo-Dolce où les
navires abordent tous les ans , Se déchargent les mar-
chandifes qu'on apporte d'Espagne pour Guatimala.
Les deux montagnes qui approchent le plus de la ville Se
de la vallée, font appellées les Volcans. Elles font presque
vis-à-vis l'une de l'autre , à chaque côté de la vallée. L'une
prend presque perpendiculairement fur la ville du côté
du fud , Se les Espagnols l'appellent improprement le
Volcan de l'eau , parce que de l'autre côté de Guati-
mala il en fort plufieurs ruiffeaux , vers le village de
S. Ghriftophe. On croit qu'elle fournit de ce côté les
eaux qui entretiennent un grand lac d'eau douce, proche
des bourgades à'Amatitlan Se de Petapa. Du côté qu'elle
regarde Guatimala &e la vallée , il en fort tant de fontai-
nes d'eau douce , qu'elles font une rivière qui court en
la vallée paffant près de la ville , Se fait tourner les mou-
lins qui font à Xocotenango. La tradition des Espagnols
porte que cette rivière n etoit point connue dans le tems
de la conquête ; ck l'on prétend que vers l'an 1534, une
dame nommée Marie de Cajlille , demeuroit dans la ville
de Guatimala , autrefois bâtie plus haut Se plus proche
du Volcan , au lieu qu'on appelle encore la Vieille-Ville.
Cette femme ayant perdu fon mari à la guerre , & vu
mourir tous fes enfans dans la même année , fut telle-
ment faine de douleur , qu'au lieu de fe foumettre à la
volonté de Dieu , elle défia fa puiffance , en difant qu'il
ne pouvoit porter plus loin fa colère , puisqu'elle comp-
toit fa vie pour rien , & que c'étoit la feule chofe qu'il lui
pût encore ôter. A peine , dit la tradition , eut-elle achevé
ces mots , qu'il fortit de ce Volcan un gros torrent d'eau
qui l'emporta , Se qui , en ruinant un grand nombre de
maifons , obligea les habitans à choifir pour leur demeure
le lieu où eft aujourd'hui bâtie la ville de Guatimala. La
montagne qui eft vis-à-vis de celle d'eau , de l'autre côté
de la vallée , eft épouvantable à voir , étant couverte de
cendres , de pierres ck de cailloux calcinés , fterile &
fans aucune verdure. On n'y entend que des bruits de
tonnerre , Se de métaux qui fe fondent dans la terre ;
Se l'on n'y voit que des flammes Se des torrens de feu , qui
brûlent inceflamment , Se rempliffent l'air d'odeurs fort
puantes. Il y a plufieurs années qu'il fe fit au haut de cette
montagne une ouverture fort large, qui jetta tant de cen-
dres ardentes , que toutes les maifons de Guatimala Se
des environs en furent remplies. Si les pierres qu'elle
vomit en très-grande quantité fuffent tombées fur la ville ,
elle l'auroient ruinée ; mais elles furent jettées à côté ,
dans un fond où elles font encore aujourd'hui , Se donnent
de l'étonnement à ceux qui les voient.
Il y a environ cinq mille familles dans Guatimala , fans
compter un fauxbourg d'Indiens , nommé le fauxboug de
S. Dominique , où font encore environ deux cents
autres familles. Le plus bel endroit de la ville eft celui
qui fe joint à ce faubourg , qu'on appelle la rue defaint
Dominique , à caufe que le couvent de S. Dominique y
eft bâti. C'eft en ce lieu que font les plus riches boutiques
de Guatimala , Se les meilleurs bâtimens. La plupart des
maifons font neuves Se bien bâties. Il s'y tient tous les
jours un petit marché , où quelques Indiens vendent
157
des herbes , des fruits Se du cacao. Il n'y a qu'une feule
églife paroiffiale Se cathédrale , bâtie dans la place du
grand marché : toutes les autres églifes dépendent des
couvens des Dominicains , des Cordeliers , des PP. de
laMercy , desAuguftins , Se des Jéfuites. Les trois pre-
mières font magnifiques , Se renferment cent religieux
chacun. Le plus fomptueux eft celui des Dominicains ,
qui , par une grande allée qui eft devant l'églife , eft joint
à l'univerfité de la ville. Entre les richeffes qu'on y voit ,
font une lampe d'argent qui pend devant le grand autel ,
Se qui eft d'une telle pefanteur que , pour l'élever en haut,
on a befoin de trois hommes, Se une image de la Vierge
de pur argent , de la grandeur d'une femme de belle
taille. Elle eft dans un tabernacle fait exprès , dans la
chapelle du Rofaire. On tient tout au moins une douzaine
de lampes d'argent , continuellement allumées devant cette
image. Il y a dans le cloître d'en-bas un fort grand jardin ,
avec une fontaine au milieu , Se un beau jet d'eau d'où
fortent douze ou quinze tuyaux , qui rempliftent deux
viviers pleins de poiflbn , fur lesquels on voit nager plu-
fieurs oifeaux aquatiques. Ce couvent a encore deux jar-
dins , l'un fruitier Se l'autre potager. On voit dans l'un
un étang de deux cents cinquante pas de long , qui eft
tout pavé au fond, avec une petite muraille tout à l'en-
tour , Se un bateau dans lequel les religieux vont fe pro-
mener fur l'eau , Se pêcher lorsque le poiflbn leur man-
que d'ailleurs. Le revenu du couvent confifte en certains
villages d'Indiens qui en dépendent. Ils ont encore un
moulin à eau , une ferme à froment , une autre où l'on
nourrit des chevaux Se des mulets , une ferme où il y a
un moulin à fucre , Se une mine d'argent qui leur fut
donnée en 1633 ; ce qui monte au moins à trente mille
ducats chaque année. Il y a auffi deux couvens de reli-
gieufes , l'un appelle de la Conception , Se l'autre de
fainte Catherine. On compte jusqu'à mil'e perfonnes dans
celui de la Conception , tant en religieufes , leurs fervan-
tes Se esclaves , qu'en jeunes filles à qui elles apprennent
à lire & à écrire , Se à travailler à divers ouvrages. Les
religieufes qui font proiéfuon , y portent cinq , fix 5e fept
cents ducats de dot , Se quelquefois jusqu'à mille. Il n'y a
qu'un feul boucher qui puifte fournir de viande la ville de
Guatimala ; encore faut-il que ce foit au prix qui lui eft
fixé pour chaque livre. Il acheté par cent ou par mille
le bétail dont il croit avoir befoin. Quoique le mouton
n'y foit pas fi abondant que le bœuf, il en vient toujours
affez de la vallée de Micco , de Pirola , de Petapat y
cYXmatitlan Se d'autres endroits. En général , la ville eft
fi bien fournie de vivres , Se à fi bon marché , qu'avec
une demi-réale de cinq fols un homme peut avoir de la
viande , un peu de cacao , affez de pain de maïs , Se
bien fouvent même du pain de froment , pour toute la
femaine. Il y a un grand commerce dans Guatimala. Avec
des mulets on tire par terre les meilleures marchandises
du Mexique , de Guaxaca , de Chiapa , de Nicaraga 8c
de Coftarica. Du côté de la mer , cette ville trafique avec
le Pérou , par le moyen de deux ports de mer , dont
l'un eft le village de la Trinité , qui eft éloigné de vingt-
cinq lieues du côté du fud , Se l'autre Realejo , qui eft à
quarante-cinq lieues de-là. Elle négocie auffi avec l'Es-
pagne par la mer du nord , le Golfe-Doke n'étant qu'à
foixante lieues de Guatimala. Le gouvernement , qui ,
outre le pays des environs , comprend les Honduras ,
Soconuco , Comayaga , Nicaraga , Cojlariga , Vera-Pa^ ,
Cuckutepeques 6e Chiapa , dépend la chancellerie , ou
de l'audience de Guatimala. Cette cour eft compofée
d'un premier préfident , de deux autres préfidens , de fix
confeillers , & d'un procureur du roi.
GUAXACA , province de l'Amérique feptentrionale,
dans la nouvelle Espagne. Sa ville capitale eft ..to^tra,
évêché. Les autres font S. lldefonfo-de-los-Zapotecas ,
San-Jago Se Villa del Spiritu-Santo. L'évêché de Gua-
xaca , eft entre ceux de Tlascala , Se de Guatimala. Il
a cent lieues de longueur , félon la fuite de la côte de la
mer du fud , 8e cinquante , félon celle du nord. Sa lar-
geur entre l'une Se l'autre mer le long des limites du
diocèfe de Tlascala eft de fix-vingt lieues ; Se vers l'eft
le long de la province de Chiapa , elle n'eft que de
cinquante. Il renferme plufieurs contrées , qui font fort
confidérables. La vallée de Guaxaca eft la principale.
Son étendue eft de feize lieues en long. Elle commence
au pied de la montagne de Cocvla , au iSe d. de latitude
238
CUA
GUA
feptentrionale , & félon Herrera , à quatre-vingt lieues
de la ville de Mexico vers le fud. Elle eft très-fertile;
et il s'y trouve plufieurs mines d'or , d'argent ÔC de
cryftal. Elle porte beaucoup de froment , de maïs , de
cacao, de cochenille & de caffe. L'air y eft allez ferein
& falubre. Les Espagnols y façonnèrent d'abord de la
foie, à quoi ils étoient attirés par le grand nombre des
meuriers de la province. Ils yen ont planté depuis quan-
tité de ceux de l'Europe. On compte dans ce diocèfe
trois cents cinquante principales bourgades des naturels
du pays , outre trois cents villages ou censés , plus de
cent cinquante mille Sauvages tributaires, fix-vïngt mo-
nafteres Dominicains , &C plufieurs collèges d'eccléfiafti-
ques. Quoiqu'il y ait treize, langages fort différens l'un
de l'autre , l'idiome Mexicain eft commun à tous. Cette
province étoit fort fujette aux tremblemens de terre,
-avant que les habitans enflent embraffé la religion Chré-
tienne ; mais ils y font beaucoup moins fréquens depuis
ce tems-là ; ce que les Espagnols attribuent à S. Mar-
tial , qu'ils ont choifi pour patron de l'églife d'Ante-
quera. * De Lait, Ind. occid. /. 5 , c. 10.
GUAXARAPOS , Sauvages de l'Amérique méridio-
nale , fur le rivage d'une rivière , qui venant , comme
Ton croît , des limites du Brefil , fe mêle dans celle de
Paraguay, fur 19 d. ou environ de latitude méridionale.
Leur contrée eft baffe , ci fort fujette à être inondée ;
ce qui les oblige à demeurer fur le bord de la rivière ,
quand elle ne fort point de fon lit. Ils s'y adonnent à la
pêche , & font leur provision du poiffon qu'ils prennent.
Quand leur rivière déborde , & qu'elle couvre les terres
voifines , les Sauvages fe retirent au- dedans de la pro-
vince ; ce qui arrive presque tous les ans dans le mois
de Janvier. * De Lait , Ind. occ. 1. 14 , c. 5.
GUAXATECAS , province de l'Amérique fepten-
trionale , au Mexique ; on y paffe au fortir de celle de
Meztitlan. Elle enferme plufieurs bourgades , qui font
-«"tuées fur la rivière de Panuco , Se qui appartient à la
fille de Saint-EJlevan. Les habitans fe fervent d'un lan-
gage particulier , fort différent de celui qui eft en ufage
dans la ville de Mexico. Cette province eft nommée
Guafteca ou Panuco par De'L'IJle. Elle prend ce dernier
nom de fa principale rivière. Meztitlan n'eft point une
province, mais une bourgade, fur la route de Mexico à
Panuco. Voyez Panuco. Cette i province eft appellée
Guaxteca, parBauira.nd qui lui donne pour capitale Hue-
XUTLA.
GUAXOCINGO , ville de l'Amérique feptentrionale,
au Mexique. C'eft la même que GuACOCINGO, quoi-
que Corneille les diftingue. Voyez cet article.
GUAYAQUIL ou GuiAQUli , félon les relations
Angîoifes , ville , baie & port de mer de ^Amérique
méridionale , au Pérou , dans l'audience de Quito , par
les o d. de latitude méridionale. Dampier, Voyage autour
du monde , 1. 1 , c. 6 , p. 1 59 , dit : cette baie eft entre
le Cap-blanc, du côté du midi, &£ la pointe de Chandy,
(Chanday,) du côté du nord. Environ à vingt-cinq lieues
du Cap-blanc , près du fond de la baie, if y a une pe-
tite ijle, nommée Sainte-Claire, fituée à eft-oueft. Elle
eft paffablement longue , & paroît^ comme un homme
mort étendu. Les vaiffeaux deftinés pour la rivière de
Guiaquil paffent au fud , pour éviter les fonds bas , qui
font du côté du nord. De l'ifle de Sainte-Claire à Punta-
Arena, il y a fept lieues en tirant du côté de l'eft-nord-
eft. C'eft la pointe la plus occidentale de Puna , ifle que
nous décrivons en fon lieu. Tous les vaiffeaux qui vien-
nent de la rivière de Guayaquil y mouillent , & font
obligés d'y attendre un pilote , parce que l'entrée de la
rivière eft fort dangereufe pour les étrangers. De Puna
à Guayaquil il y a fept lieues , &C une avant que d'arriver
à l'embouchure de la rivière de Guayaquil , qui a plus
de deux milles de large. De-là en avant la rivière fer-
pente peu. Ses deux côtés font bas &c marécageux , &
pleins de mangles rouges. A quatre milles de Guayaquil,
la rivière fe partage en deux canaux , & forme une pe-
tite ifle. Les vaiffeaux peuvent monter & descendre dans
les deux canaux. Celui qui eft au fud-oueft eft le plus
large. L'autre eft auffi profond , mais plus étroit à caufe
de plufieurs arbriffeaux qui s'étendent fur la rivière , &c
du côté de la terre ferme , Se du côté de l'ifle. Il y a
aufli de gros troncs d'arbres qui font debout dans l'eau.
L'ifle a plus d'un mille de long, De la haute partie de
l'ifle jusqu'à la ville de Guayaquil , il y a près d'une
lieue , Ôt environ autant d'un bord à l'autre de la ri-
vière. Les vaiffeaux les plus chargés peuvent aifément
mouiller dans ce grand espace ; mais la meilleure rade
eft au plus près de l'endroit de l'ifle ou la ville eft bâ-
tie. Aufli ce lieu-là eft rarement fans vaiffeaux. Guaya-
quil fait face à l'ifle, & eft bâtie fur la rivière , & en
partie au pied d'une agréable montagne , dont le pen-
chant eft du côté de la rivière , qui inonde fouvent la
baffe ville. Il y a deux forts , l'un dans un lieu bas &
l'autre fur une hauteur : cette place fait une très-belle
perspective , ck eft embellie par de beaux édifices &c
plufieurs églifes.
Cette ville , dit le capitaine "Woodes Rogers , Voya-
ges , t. 1 , p. 283 , eft gouvernée par un préfident 8c
cinq ou fix oidors ou auditeurs , qui font une audience
royale , ou cour fouveraine de juftice , qui ne relevé
que du roi dans les affaires militaires. Chaque province
a le même gouvernement. Ces emplois fe vendent en
Espagne , ck les aquereurs en jouiffent pendant leur
vie , à moins qu'ils ne fe comportent mal. Le corregi-
dor eft le chef du gouvernement civil èk militaire. Son
lieutenant , que les Espagnols appellent lieutenant-eéné-
ral , vient ensuite , ck tous les autres principaux officiers
réfident à Guayaquil ou dans le voifinage. Lorsqu'il eft
queftion d'une affaire civile ou criminelle , on y affem-
ble le confeil , qui eft compofé du corregidor , de fon
lieutenant , de deux alcades ou juges , qui d'ordinaire
entendent le droit , de l'alguafil major , ck de huit re»
gidors. Ceux-ci tiennent la' place des officiers fupérieurs,
en cas d'absence ou de mort , jusqu'à ce que le roi en
ait dispofé autrement. Ils donnent leurs voix dans tou-
tes les affaires publiques , & font juges de tous les pro-
cès. H V a deux procureurs , qu'on appelle clercs de la
cour , ck quatre alguafils ou fergens ; on peut appeller
de-là à Lima. L'inquifition y eft plus févere qu'en Espa-
gne. Quatre de fes officiers réfident toujours à Guaya-
quil , outre vingt-quatre eccléfiaftiques de la ville , qui
fervent à informer contre toutes les perfonnes fuspe&es
d'heréfie. Les prévenus font d'abord envoyés à Lima.
La rivière eft navigable, quatorze lieues au-deffus delà
ville ; ck quoique le flot ne monte que vingt lieues plus
haut, les canaux & les radeaux peuvent aller beaucoup
plus avant.
Cette province eft fi fertile en bois de charpente 1
qu'il n'y en a point dans tout le pays où l'on bâtiffe
ck répare tant de vaiffeaux. On en voit toujours fix ou
fept à la fois fur les chantiers devant Guayaquil. On y
recueille une fi grande quantité de cacao , qu'on en four-
nit presque toutes les places de la mer du fud , ck qu'il
s'en transporte tous les ans plus de trente mille ballots ,
quelquefois même foixante mille , dont chacun pefe qua-
tre-vingt-une livres. Il eft enfin devenu fi commun ,
qu'il ne vaut aujourd'hui que deux piaftres ck demi le
ballot. On y trafique le long des côtes du fel ck du poif-
fon falé , qu'on tire de la pointe de Sainte-Helene , ck
dont la plus grande partie fe vend à Quito , & en d'au-
tres places éloignées dans le pays. On y charge quan-
tité de bois de charpente pour Truxillo , Chancay ,
Lima ck autres ports de mer , où il eft rare. On trans-
porte aufli de cette province du riz , du coton ck du
bœuf fumé. Il n'y a point de mines d'or ni d'argent ;
mais il y a toute forte de gros bétail , à bon marché ,
fur-tout à l'ifle de Puna. Il ne croît dans ce terroir d'au-
tre bled que du maïs ; tout le froment qu'on y con-
fomme , vient de Truxillo , ck autres ports au-deffus du
vent. Diverses étoffes de laine , les draps ck les bayes ,
leur viennent de Quito où on les travaille. Le vin , l'eau-
de-vie , l'huile , les olives , le fucre ck autres denrées y
viennent de Piscola, Nasca , ck autres places au-deffus
du Vent. Les marchandifes de l'Europe arrivent de Pa-
nama , où elles font portées de Portobello qui les reçoit
par la mer du nord. Ainfi la ville de Guayaquil n'eft
pas une des moindres places de trafic de ces quartiers-là,,
puisqu'il y arrive ou qu'iLgn part toutes les années une.
quarantaine de vaiffeaux , Tans parler de ceux qui négo-
cient le long des côtes. D'ailleurs il y a tous les jours
marché public qui fe tient devant la ville , fur des cha-
loupes et des radeaux , ck où l'on trouve en abondance
tout ce que le pays fournit.
L/auteur de l'hiftoire de l'ifle Espagnole ,. /.g, diç.
GUA
GUC
que Guavaquil eft à dix lieues de la mer , fur le bord
d'une rivière, dont l'embouchure eft dans une baie,
qui porte auffi le nom de Guayaquil , de même que cette
rivière au pied d'une montagne , dont elle tait presque
tout le tour , que les Flibuftiers la nommoient par cor-
ruption Queaquille , 6k que dans quelques mémoires elle
eft appellée la Culaite , qu'il n'y peut monter que des bâ-
timens de deux cents tonneaux au plus ; mais que les na-
vires mouillent à l'abri de Fille de la Puna , qui eft à
l'entrée de la baie , où ils font en sûreté , que Guaya-
quil eft la feule ville du Pérou , où il pleuve , & qu'il y
pleut extraordinairement les quatre premiers mois de
l'année, qu'elle eft toute bâtie fur pilotis , 6k que les édi-
fices y font même un peu élevés , à caufe des inonda-
tions qui y font fréquentes dans la faifon des pluies , 6k
qui en feraient un marais impraticable , fi on n'avoit
élevé des digues du côté de la mer ; que malgré cette
précaution , la communication n'eft libre en quelques
endroits que par le moyen des ponts. Enfin que les égli-
fes 6k les maiibns religiëufes y font d'une grande magni-
ficence & fort riches ; 6k que la principale richefle de
<ette ville eft le cacao , dont elle fournit tout le pays.
En 1685, cette ville futprife 6k pillée par des Flibustiers
François de Saint-Domingue, 6k par quelques Anglois.
Ils en emportèrent plus de quinze cens mille livres en
or, en perles , en pierreries. Ils en auraient enlevé da-
vantage , fans doute , mais ils furent prefiés de partir
par la crainte d'un puiflant lécours qui venoit de Lima.
GUAYCUR.ES , peuple de l'Amérique méridionale
dont le pays s'étend de l'occident à l'orient , presque
jusqu'au bord occidental du Paraguay. Anciennement ils
étoient tous réunis à cent lieues au nord de l'Aiïbmp-
'tion. Ils fe font féparés en plufieurs tribus , qui ont cha-
cune leur nom particulier ; mais dans les relations Espa-
gnoles on ne les connoît que fous le nom générique de
la nation, que la principale tribu s'eft rendu propre. C'eft
aufli la plus voifine de FAnbmption , dont elle a fou-
vent ravagé le territoire, 6k les habitations de la cam-
pagne. La détùnion qui s'eft fouvent mile entre les tri-
bus , a empêché de faire aux Espagnols de plus grands
maux encore. Ces Indiens ibnt braves par férocité ; on
n'en connoît guères dans le continent qui foient plus
féroces 6k plus intraitables. Dans ces derniers tems , ils
ont fait des courses jusqu'à Santa-Fé , 6k fe font ligués
avec d'autres nations plus méridionales, pour porter le
•ravage jusques-là. * Hijî. du Paraguay , par la P. Char-
levoix.
GUAYQUIRIES , peuple de l'Amérique méridionale,
qui occupe les bords de l'Orinoque vers fes embouchures.
Cette peuplade eft gouvernée par un Cacique , air.fi que les
autres Indiens , fes voifins ; mais on y obferve un ufage
particulier pour les mariages. La fille, qui eft à marier,
eft étroitement renfermée pendant quarante jours ; 6k on
l'oblige à un jeûne fi rigoureux , que lorsqu'elle fort de
fa prifon , elle refîemble à un fquelette la nuit qui pré-
cède le jour du mariage , la future épouié fubit encore
une épreuve moins longue , mais plus pénible, 6k plus
ennuyeufe. Elle eft environnée des plus vieilles femmes
de la peuplade , qui font occupées du foin de fa parure.
Au. lever dufoleil, le maître des cérémonies, fuivi des
autres Sauvages , vient danfer autour de la maifon des
deux époux. La danfe finie , la nouvelle mariée paraît
accompagnée delà plus laide femme de la nation, qui,
pour la conibler de fes tourmens paflés, lui répète fans
cefie : Ah L ma fille , Ji vous favie^ ce qu'il vous en coû-
tera pour devenir mère , vous ne vous marieriez pas. On
fe met ensuite à table , toute la peuplade eft du repas ,
6k par honneur les deux époux font placés auprès du
Cacique. * El Orinoco iUuftrado , &c. por elpadre Gu-
milla, en Madrid 174$.
GUAYRA ou Guayranie orientale, province, ou
canton du Paraguay , qui s'étend le long du Parana , jus-
qu'au Bréfil , & qui étoit autrefois habité par les Guara-
nis. Ils étoient , comme la plupart des autres peuples de
ce vafte pays, anthropophages , cruels ; mais un fond de
docilité 6k de douceur, qu'on a trouvé en eux, a beau-
coup facilité leur converfion. On en a formé une répu-
blique Chrétienne , compofée de trente bourgades, 6c
qui, depuis plus d'un fiécle, fait un des plus grands orne-
mens du Chriftianisme , 6k la plus grande reffource des
239
rois d'Espagne , pour la confervation de ce vafte pays.
* Hijl. du Paraguay, par le P. Charievoix.
GUAZACOALCO. Voyez Guasacoalco.
GUAZEVAL , petite ville d'Afrique , au royaume de
Fez, dans la province d'Errif, fur le mont Béni Gua^i-
val. Voyez ce mot.
GUBA , lieu de l'Arabie Petrée , félon Ptolomée ,
/. 5, c. 17. Il la nomme dans une lifte de villes 6k de
villages dans les terres.
GUBEN , Gubena, petite ville d'Allemagne , dansla
baffe Luface , fur la Neifs. Elle eft fort jolie, êk appar-
tient à la maifon de Saxe-Mersebourg. Elle eft à cinq
milles de-Francfort-fur-1'Oder , ck à quatre de Cotbus"
* Hubner, Géogr. p. 596.
1. GUBER, royaume d'Afrique , dans laNigritie , au
nord ck au midi du fleuve du Sénégal , qui le coupe
en deux parties d'orient en occident. La partie fepten-
trionale eft bornée au nord-oueft parle défert deGhir,
à l'oued: par le royaume de Tombuto , 6k par la rivière
du Sénégal , qui la termine auffi au midi ; au nord-eft
6k à l'eft par le royaume des Agades , 6k par le lac de
Guarde. On y trouve les villes de
Mavma , Mura ,
Beviftk, 6k Semegda.
La partie méridionale eft bornée au nord par le Séné-
gal -, 6k par le lac de Sigisme ; au levant par une Hfiere
de Ghana , ck par le royaume de Bito ; au midi par
les royaumes d'Ulcami ck du grand Ardra , 6k au cou-
chant par le royaume de Gago. On y trouve la ville de
Guber, capitale, celle de Timbi ou Tambi, presqu'au
bord du Sénégal ; 6k au midi eft le pays de Lamleir.
où font Malel ck Dau. De l'Iîle , Carte d'^J:::: :: ,
1722 , que nous avons fuivi dans cette description ,
l'appelle dans une Carte poftérieure Goubour, 6k le met
tout au nord du fleuve qui n'eft plus da-.is cette Carte le
Sénégal , mais la Gambra. Le lac de Guarde ne s'y
retrouve point. Dans la première il avoit fuivi les idées
de Jean Léon ; 6k par les changemens de la féconde,
il femble faire un aveu tacite de l'incertitude des con-
noiffances que l'on a de ce pays. Dapper , Afrique ,
p. 221, ne met que des villages dans le royaume de Gu-
ber. Cette contrée, eft, dit-il, entre de hautes monta-
gnes , 6k toute pleine de villages. Celui où le prince
tient fa cour , a environ fix mille maifons. Lorsque le
Nil fe déborde , il couvre tout ce pays; ce qui le rend
fécond en pâturages , en riz , en gros 6k en petit mil-
let. On y observe quelque police , à caufe de la multi-
tude des marchands 6k des artifans, dont la plupart font
des toiles de coton 6k autres ouvrages , qu'ils vont ven-
dre à Gago 6k à Tombuto. De la Croix , dans fa Rela-
tion d'Afrique , parle de ce pays de Guber, comme d'un
canton ravagé, 6k fort apauvri par les rois de Tombuto ,
qui, après en avoir fait le roi prifonnier, ont conquis 6k
ruiné ce royaume.
2. GULER, rivière de PrufTe , au cercle de Natan-
gen, dans le Bartenland. Elle prend fa feurce dans un
lac , un peu au nord de Rein, d'où courant, au norcl-oueit,
elle coule à Raftembourg , à Tocksdorf , Lamgarden ,
Lunebourg, 6k va fe rendre dans l'Alla, au-defTous de
Schippenpel. * Robert , Atlas. Zeyler , Pruff. Topog.
GUBIO, ville d'Italie, dans l'état de l'églife, au du-
ché d'Urbin , près de la fource de la rivière de Chias-
cio , au pied du mont Apennin , 6k aux frontières de la
Marche d'Aucone , avec un évêché fuffragant de l'ar-
chevêché d'Urbin , mais exempt de fa jurisdiélion. Cette
ville eft mal nommée Eugubio , dans la plupart des Car-
tes récentes de Magin Si des autres qui l'ont fuivi , au
jugement de Baudrand , éd. 1705. Elle eft à vingt-fix
milles d'Urbin au midi, en allant vers Affile, dont elle
eft à treize milles, 6k vers Peroufe , dont elle n'eft éloi-
gnée que de feize milles. C'eft l'ancienne Iguvium.
GUCHEU , ville de la Chine , dans la province de
Quangfi , dont elle eft la cinquième métropole : elle eft
de 6 d. 33' plus occidentale que Pékin , 6k fa latitude
eft de 24 c!. 2.' ; fa fituaîion eft d'autant plus commode,
qu'elle eft placée dans le lieu où la rivière de Ta , déia
groflie par quantité d'autres , reçoit encore les eaux du
Teng, de l'Yung, du Pinglo, 6k du Fu. C'eft la pre-
mière ville de la province , aux contins de celle deQuang-
GUE
240
tung : la commodité des rivières y fait fleurir le com-
merce ; on y recueille le cinnabre dans les montagnes
de ion territoire, où il yen a en abondance; ony trouve
de gros ferpens ; les Chinois difent qu'il y en a de dix
toiles de long : il y a auflî des rhinocéros , &l il y croît
l'arbre quanglang, qui, au lieu de moelle a une espèce
de pulpe qui ne reflemble pas mal à de la farine , &C
qui peut fervir aux mêmes ufages : on en mange , & le
goût n'en eft pas mauvais. Il y a aufli des finges faits
comme des chiens , jaunâtres , avec une face presque
îiumaine , & une petite voix qui reflemble à celle des
femmes. A l'oueft-fud-ouéft de la ville , eft la vallée de
de Pelieu , profonde , presque impraticable , dans la-
quelle eft pourtant l'unique chemin qui conduit auTon-
quin. On dit que la difficulté de la pafler eft fi grande,
&. la route fi pénible & fi dangereufe , que beaucoup
<le voyageurs y ont péri : les uns la nomment Tien-
MUEN, c'eft-à-dire la porte du ciel, parce que c'eft un
chemin étroit & difficile ; d'autres QuELMUEN , c'eft-
à-dire la porte des démons.
Cette ville a deux temples confacrés aux hommes il-
luftres. Autrefois, fous la famille de Han, on lanommoit
KlAOCHEU ; fous la famille de Léang, CHINGCHEU;
fous celle du Sui , FuNGCHEU : la famille de Tang lui
a donné le nom qu'elle porte aujourd'hui. Elle a dans
fen territoire dix villes , dont elle eft la première.
GUE
GUCHEU.
Teng,
Y-ung ,
Cengki ,
Koaicie,
Yolin ,
Pope,
Pelieu ,
Lochuen ,
Hingye.
GUDAVARI ; De l'Ifle , dans fa Carte des côtes
de Malabar & de Coromandel , écrit Godvarin ,
pointe & banc du golfe de Bengale , à l'extrémité de
la côte de Coromandel , & de la côte de Gergelin Se
d'Orixa. C'eft en cet endroit que fe fait la féparation
du royaume de Golconde , & du royaume de Cicocol,
ou Ziacola : il y a trois pagodes blanches.
GUDIMINE ou Gedemeve. Voyez Guidimive.
GUDSKES ; c'eft ainfi , félon Baudrand , que s'ap-
pellent les habitans de la province de Gothland en
Suéde.
GUDUSCANI & TiMOTTANI , anciens peuples
dont parlent les Annales des Francs , écrites par un
moine Bénédiftion , & inférées dans le Recueil de Reu-
ber ; on trouve, p. 43, à l'année 818 , qu'il vint des
députés des Abotrites & de Borna , chef des Guduscans
&desTimotiens, qui avoient quitté depuis peu l'alliance
des Bulgares. On voit peu après, que Borna étoit duc de
Dalmatie ; que les Guduscans l'abandonnèrent, & qu'il
les fubjugua de nouveau. Lucius qui a écrit une hiftoire
de Dalmatie , dit que Gudusca étoit un lieu de Bulga-
rie, & que c'eft préfentement Branicevo.
GUE DE Launay, abbaye d'hommes, ordre de S. Be-
noît, dans le Maine au diocèfe, & près du Mans. Il n'y
a plus de conventualité.
GUEBRES : (les) ce font les mêmes que les Gau-
RES. Voyez ce mot.
GUÉÇAR, petite rivière d'Espagne, dans la nou-
velle Caïlilie : elle a fa fource auprès de Palomera ,
d'où ferpentant vers le fud-eft , elle fe jette dans la Xu-
car , au-deflous de Cuença. Jaillot la nomme Cuesca.
GUEDAN-Gueri-Guetnas, félon les Perfans , ou
Guidel-Quel-Maise, félon les Turcs , petite mon-
tagne de Perfe, dans une plaine , fort proche du grand
chemin de Saxava à Com , à la vue de cette dernière
ville. On fait mille contes de cette montagne , dit Paul
Lucas , dans fon Voyage du Levant , t. 2 , c. 5 ; mais
une chofe que l'on en aflurc , eft que tous ceux qui y
vont , n'en reviennent plus ; & c'eft ce que fignifie fon
nom eu Persan & en Turc. La raifon la plus fpécieufe
qu'on lui en a dit , eft qu'il y a des tenes mouvantes
dans de certaines heures du jour, qui engloutiflent ceux
qui fe harardent d'y aller. Les gens du pays difent que
je roi de Perle y a envoyé plnfieurs personnes , & que
jamais il n'en eft revenu aucune : l'on y a fait pafler
plufieurs chameaux qui n'en font pas revenus non plus ;
l'auteur, lui-même, n'y alla point, parce que les gens
de la caravane ne voulurent pas le lui permettre.
GUECBLEN ou Guibeleyn , montagne d'Afri-
que au royaume de Fez , dans la province de Chaus ,
à feize milles de Teza : elle a treize milles de long &;
deux^de large ; à l'orient elle confine au mont Dubdu,
& à l'occident au mont Beni-Jasga, felon Dapper, Afri-
que, p. 158.
GUEGUERE, (fille de) Me d'Afrique dans le Nil,
aux confins de la Nubie & du royaume de Tigré , qui
eft de l'Abiffinie , felon quelques géographes qui la
prennent pour l'Ifle de MeroÉ. Voyez MeroÉ.
i. GUEI, (le) grande rivière de la Chine : elle a
fes principales fources dans la province de Chanfî ou
Xanfi ; fàvoir le Chang ik le Quey : elles prennent
leur cours vers l'orient , traversent la partie feptentrio-
nale de la province de Honan , où le Guey propre bai-
gne la ville de Gueihoei , &c fe grofiît de plufieurs ruis-
léaux : il entre ensuite dans le Pekeli qu'il fépare de la
province de Chanton ; &; après avoir long-tems fer-
penté entre ces deux provinces , il quitte la frontière ,
va vers le nord , recevoir la rivière de Chochang , &r
fe perd enfin dans le golfe de Cang , auprès deTiencin.
* Atlas Sinenfis.
2. GUEI , ^ ville de la Chine , dans la province de
Chanfi, au département de JLaitung, troiiîéme métro-
pole de la province. Elle eft plus occidentale que Pé-
kin , de 3 degrés , par les 40 degrés de latitude. * Atlas
Sinenfis.
3. GUEI, forterefle de la Chine , dans la province
de Xenfi , au département de Jungchang , première for-
terefle de la province. Elle eft plus occidentale que Pé-
kin de 10 d. 50'' de latitude, par les 38 d. 36' de lati-
tude. * Atlas Sinenfis.
4. GUEI, ville de la Chine, dans le Pekeli, au dé-
partement de Taming, feptiéme métropole de la pro-
vince. Elle eft de 2 d. 28' plus occidentale que Pékin,
fous les 36 d. 46' de latitude. * Allas Sinenfis.
5. GÛEI, ville de la Chine, dans le Pekeli, au dé-
partement de Quangping , fixiéme métropole de la pro-
vince. Elle eft plus 'occidentale que Pékin de I d. 42',
par les 37 d. 40' de latitude. * Atlas Sinenfis.
GUEICHUEN , ville de la Chine , dans la province
de Honan , au département de Caifung, première mé-
tropole de la province. Elle eft plus occidentale que
Pékin de 3 d. 12', par les 35 d. 14' de latitude. * At;
las Sinenfis.
GUEIFAN, forterefle de la Chine, dans la province
deQueicheu, au département de Qdeiyang , première
métropole de la province. Elle eft de 1 1 d. 32' plus oc-
cidentale que Pékin, parles 25 d. 53' de latitude. * Al-
las Sinenfis.
GUEIHAI , forterefle de la Chine , dans la province
de Chennton , au département de Ningcing , première
forterefle de la province. Elle eft plus orientale que Pé-
kin de 5 d. par les 37 d. il' de latitude. * Atlas Si-
nenfis.
GUEIHOEI , ville de la Chine , dans la province de
Honan , dont elle eft la quatrième métropole , fur la rive
droite du Guei : fon territoire , que ce fleuve arroie ,
n'eft pas extrêmement fertile : mais cette fterilité eft ré-
parée par le fecours de la navigation. Un roi de la fa-
mille de Taiming y a fait fa rélidence. Il y a fept tem-
ples remarquables , confacrés à des hommes iiluftres :
ion territoire comprend fix villes ; favoir,
Gueihoei ,
Hoékia,
Coching,
Ki,
Sinhiang ,
Hoéi.
L'empereur Vu , ayant fait mourir l'empereur Kieo ,'
qui étoit un méchant homme , & qui y réfidoit , chan-
gea le nom de cette jyille , & l'appeîla Pinan. Il y éta-
blit un roi qui fut Cangxo. Du tems des rois, elle ap-
partenoit aux rois de Guey , d'où l'on peut remarquer
qu'il y avoit un royaume de même nom que la rivière.
Sous la famille de Cin elle fut annexée au pays de Ho-
tung. La famille de Han la nomma Honui : celle de
Sung Queicheu, ce celle de Taiminga, lui donna le
nom qu'elle porte.
Au midi de la ville , eft un magnifique édifice , cons-
truit au même lieu où l'empereur Vu, rencontraLiuvang ;
grand
GUE
GUE
vang , grand philofophe , qui , par (es confeils , le mit en
état d'acquérir l'empire de la Chine. * Allas Sinenjîs.
GUEIXI , ville de la Chine , dans la province de
Honan , au département de Càifung , première métro-
pole de la province. Elle eft plus occidentale que Pékin
de 3 d. 3' , par les 35 d. 36' de latitude. * Atlas Sinenjis.
1. GUÉIYVEN, ville de la Chine, dans la province
de Xenfi , au département de Linyao , fixieme métro-
pole de la province. Elle eft plus occidentale que Pé-
kin de 11 d. 52', par les 37 d. 44' de latitude. * Atlas
Sinenfis.
z. GUEIYVEN , première forterefle de la Chine,
dans la province de Channli. Elle eft plus occidentale
que Pékin de J d. par les 40 d. 10'. * Atlas Slncnjïs.
GUELDRE ; (la) contrée des Pays-bas, eft bornée
au nord par le Zuider-Zée , & par la province d'Over-
IfTel ; au midi par le duché de Cleves , par l'électorat
de Cologne , ck par le duché de Juliers ; à l'occident
par le Brabant , la Hollande ck par la province d'Utrecht.
A l'orient, il touche par le comté de Zutphenà l'évêché
de Munfter. Cette étendue de pays étoit habitée dès
letems de Jules-Cefar , par les SlCAMBRES, les Me-
NAPIENS, lesMATTIAQUES & par les TeNCTERIENS.
Les Romains en ont poflédé une partie , jusqu'à l'ancien
bras du Rhin , ck l'avoient jointe à la féconde Germanie.
Les François & les Frifons l'occupèrent ensuite ; ck
ceux-ci ayant été vaincus , tout ce pays fut uni au
royaume d'Auftrafie , qui fut lui-même joint à l'empire
dans le dixième fîécle , fous le régne d'Othon le Grand.
Les évêques d'Utrecht ont eu le haut domaine de tout
ce qui eft au-delà du Vahal èk du Rhin , parce que cela
compofoit la plus grande partie du comté de Theyfter-
band , que l'empereur Conrad , le Salique , donna ou
Confirma à l'églife d'Utrecht, l'an 1026.
Le nom de Gueldre, Gueldres ou Gelre , n'a
jamais été connu avant le onzième fiécle : ce fut alors
qu'Othon bâtit , vers l'an 1079 , une forterefle qui
fat nommée Gelre : on ignore l'étymologie de ce
mot. On en peut voir plufieurs dans l'hiftoire de Guel-
dre par Pontanus , Hijl. Gelr. 1. 1 ; mais comme il
n'en fait pas lui-même beaucoup de cas , je me dispense
de les rapporter. Plufieurs écrivains , voulant faire de
Gueldre une ville ancienne, l'ont confondue avec Gel-
DUBA , place des Romains , de laquelle il eft fait men-
tion daas Pline, /. 19, c. 5, & dans l'Itinéraire d'An-
tonin ; mais , comme le remarque très-bien le dofte
abbé de Longuerue , Gueldres eft à quatre lieues du
Rhin; ck Geldube étoit fur ce fleuve, comme dit Pline,
cajlellum Rheno impofitum. Voyez Gelduba. i. Jus-
qu'alors il n'y avoit eu dans ce pays que des officiers ou
juges impériaux , qu'on appelloit les feigneurs ou juges
du Pont , lieu de leur demeure , lequel eft peu éloigné
de la ville de Gueldre. Othon , que quelques-uns veu-
lent avoir été frère du comte de NafTau, en Vétéravie,
fut créé premier comte de Gueldre. , par l'empereur
Henri III, l'an 1079. ^ eut Pour fuccefTeur en ce comté
de Gueldre , fon fils Gérard , qui joignit à fon patrimoine
le comté de Zutphen , qui étoit beaucoup plus ancien
que celui de Gueldre ; ck cette union fut faite , de ma-
nière que les deux comtés ne firent plus qu'un état ck
qu'une province.
Les deux derniers ducs descendans par mâles des pre-
miers comtes de Gueldre , furent Edouard ck Renaud,
qui moururent fans enfans , ck eurent pour fuccefleurs
leurs neveux Guillaume ck Renaud , fils de Marie , leur
fceur , femme de Guillaume , duc de Juliers. Les ducs
de Juliers ck de Gueldre , Guillaume ck Renaud ,
étant morts fans enfans , eurent pour fuccefTeur leur pe-
tit neveu , Arnold d'Egmond , fils de Marie d'Arkel ,
femme de Jean, feigneur d'Egmond , ck fille de Jeanne,
fceur des ducs Guillaume ck Renaud, laquelle avoit époufé
Jean, feigneur d'Arkel. Adolphe , duc de Gueldre , ayant
été emprifonné par fon fils Charles , duc de Bourgogne
ck de Brabant, s'empara de la Gueldre ; mais après la
mort d'Adolphe ck de Charles de Bourgogne, les états
du duché mirent à leur tête la princeffe Catherine , tante
de Charles d'Egmond, héritier de ce duché, qui étoit
alors, à la cour de Bourgogne. Maximilien d'Autriche ,
qui avoit époufé Marie de Bourgogne , conquit ce du-
ché, ck obligea les états à le reconnoitre ^ l'an 1485, ck
il jouit de fa conquête durant quelques années ; mais
241
Charles d'Egmond , fils du duc Adolphe , étant forti
d'une prifon , où on le retenoit en France , entreprit
de rentrer dans les états de fes pères , l'an 1492 : il en
vint à bout , malgré la puiflance de la maifon d'Autri-
che, ck il mourut en poflefïion, l'an 1538.
Antoine , duc de Lorraine , prétendant être fon héri-
tier naturel , comme descendant de fa fceur Philippa ,
femme du duc B.ené I , envoya des ambafladeurs aux
états de Gueldre, pour leur faire voir le droit qu'il avoit,
ck pour demander la fuccefllon de fon oncle le duc
Charles. Mais les états répondirent qu'il y avoit un ac-
cord pafîe entre les ducs de Gueldres , de Juliers ck de
Cleves , pour fe fuccéder mutuellement , en cas que les
mâles vinfient à manquer dans ces duchés ; c'eft pour-
quoi ils proclamèrent Guillaume , duc de Gueldres &
de Juliers, comte delaMarck, qui ne jouit de ce duché
qu'environ fîx ans ; car Charles V l'en dépouilla
l'an 1544, fous prétexte qu'il tenoit le parti de la France;
ck cet empereur fe fit reconnoître , l'an 1545, par les
états , duc propriétaire de Gueldres , ck comte de Zut-
phen. Il donna ce duché ck ce comté , quatre ans après ,
avec les autres provinces des Pays-bas, à fon fils, Phi-
lippe II , qui perdit avant fa mort le comté de Zutphen
ck le duché de Gueldre , qui prirent parti dans l'union
de la république des Pays-bas ; & il ne lui demeura que
la haute Gueldre.
Il faut donc diftinguer le duché de Gueldre, de
la province de Gueldre , ck cette province du
HAUT QUARTIER DE GUELDRE. Le duché eft tout le
pays entier, tel que nous venons d'en donner l'hiftoire
en abrégé. La province tk le haut quartier en font la di-
vifion , félon l'état préfent.
La province de GUELDRE eft une province de
l'état des Provinces-Unies, ck tient le premier rang dans
la république , fans être ni la plus riche , ni la plus puis-
fante. Basnage , Defcr. hifl. des Provinces-Unies, dit que
c'eft un duché , parce qu'elle avoit cet avantage long-
tems avant que d'être entrée dans l'union. La divifion
de toute la Gueldre , en quatre quartiers , eft ancienne.
Ces quartiers font,
NlMEGUE,
RUREMONDE.
Zutphen,
Arnheim ouleVELUVE:
La Gueldre Hollandoife , c'eft-à-dire la partie de la
Gueldre , qui conftitue la première des fept Provinces-
Unies , ne contient queNimegue, Zutohen ck Arnheim.
Toutes les quatre parties étoient entrées dans la confé-
dération ; ck même lorsque le comte de Bergues , qui
en étoit le gouverneur , fe laifta gagner par le duc de
Parme ,6k changea de parti , il remit fon gouvernement
aux alliés. Mais un Ecoftois , qui commandoit dans la
ville de Gueldre, la livra aux ennemis, pour fe venger
du comte de Lçycefter, dont il étoit mécontent, ck de
Skenck , avec lequel il avoit eu querelle. Le prince Fre-
deric-Henri fit ensuite diverses tentatives pour la repren-
dre ; mais elles furent toutes inutiles. On a plufieurs fois
conquis ces places , ck particulièrement dans la guêtre
pour la fuccefllon d'Espagne. Par le traité d'Utrecht on
en a dispofé de la manière que nous dirons dans l'article
qui fuit.
La province de Gueldre ne confifte donc qu'en trois
quartiers. Dans le premier font les villes de NlMEGUE,
Thiel ck Bommel. Dans le fécond font Zutphen,
Do'isbourg, Doetecum, Lorhem ck Groll ; ck enfin dans
le troifieme font Arnheim , Harderwyk , Wagenin-
gen , Hattum ck Helburg. Toutes ces villes envoient
leurs députés à l'afTembiée des étais de la province ,
qu'on appelle le Landdag ; ck cette aflemblée fe tient
dans les villes capitales, une année dans chacune.
Chaque quartier forme un état particulier , dont la
jurisdiclion ck les droits ne font ni confondus , ni par-
tagés avec ceux des autres quartiers. On peut voir ce qui
regarde chacun de ces quartiers aux mots NlMEGUE,
Zutphen ck Arnheim.
Le haut quartier de GUELDRE , ou le quar-
tier DE RUREMONDE , OU laGUELDRE ESPAGNOLE ,
étoit demeuré aux Espagnols , après l'éreftion de la ré-
publique des Provinces-Unies. Ce pays ayant été con-
quis par les alliés , durant la longue guerre qui fuivit la
mort de Charles II , le roi de Prude, à la bienléancs de
Tome III. H h
GUE
242
qui il étoit,le prétendit ; Se au traité de paix cPUtrerîit ,'
art. 7, entre le roi de France, autorifé par le roi d'Espagne
& le roi de Prufle , il eft dit que la partie du haut quartier
de Gueldre , dite Gueldre Espagnole , nommément la
ville de Gueldre, les préfectures , villes , bourgs , fiefs,
terres, fonds, cens, rentes, Sec. & généralement tout
ce qui eft compris dans cette partie du haut quartier de
Gueldre, occupée Se pofledée actuellement par le roi
de Prune , lui feroient cédées à perpétuité pour lui &
fes héritiers , & fuccefîeurs de l'un Se de l'autre fexe.
Par le même traité , art. §, on lui ccdoit dans le haut
quartier de Gueldre le pays de K.ESS.L Se le bailliage de
Krickenbeck. Par le traité de Barrière , art. 18, con-
clu à Anvers l'an 171 5 , l'empereur a cédé aux Etets-
généraux à perpétuité , Se en toute fouveraineté , dans
le haut quartier de Gueldre, la ville de Venlo , avec là
banlieue , Se le fort de S. Michel ; le fort de Stevens-
wert avec fon territoire Se banlieue, avec autant de ter-
rein qu'il faudra pour en augmenter les fortifications en-
deçà de la Meufe ; l'Ammanie de Montfort , dont S. M.
Imp. s'eftréfervé les petites villes de Swalme Se d'Elmpt.
•Ce qui eft cédé confifte dans les petites villes de Nieus-
tadt Se d'Echt, avec les villages d'Ohe Se Lack, Roos-
ten, Baach, Defel , Belfen , Kodorp , Pofterholt, Berg,
Lyne. Se Montfort ; avec les préfectures , bourgs, fiefs,
terres, Sec.
Ainfi le haut quartier eft préfentement poffédé par
trois fouverains. Le roi de Pruffe y poflede la ville de
■Gueldre ; la reine de Hongrie, Ruremonde Se fes dé-
pendances ; & les Etats-généraux y ont Venlo, Steven-
wert , Nhufladt Se Echt. Quoique ces deux dernières
foient qualifiées villes dans le traité de Barrière , elles ne
méritent guères ce nom.
GUELDRES, ville des Pays-bas, au duché de même
nom, & maintenant dans i'état du roi de Prufle , à deux
lieues de Venlo , dans une plaine fur la Niers , qui fe
féparant en deux bras , forme une ifle , dans laquelle
cette ville eft fituée. Elle eft plus petite que Venlo. Elle
a un ancien- château où réfidoient les gouverneurs de" la
Gueldre. Les marais , dont elle eft entourée , font une
partie de fa force. Elle eft à quatre lieues du Rhin ; Se
par conséquent elle ne peut être la même que la Gel-
DVBA des Romains. Voyez ce que nous en avons dit,
parlant du duché de même nom.
GUELDRIA , ou plutôt Castel-Gueldria, ou
feion l'orthographe Hollandoife Kastel Geldria ,
château d'Afîe, félon Sanfon , -Atlas. Baudrand, éd. 1705,
dit que c'eft une foriereflé de la presqu'iile de l'Inde ,
deçà le Gange , au royaume de Narfingue Se au pays de
Coromandel , fur la côte du golfe de Bengale ; elle a ,
dit-il , été bâtie Si ainfi appellée par les Hollandois
qui s'y font établis. Baudrand n'en a point d'autre ga-
rant que Sanfon. Ainfî il n'y a que l'autorité de ce der-
nier pour Fexiftence de ce château, comme d'une place
féparée. Il 'la met entre la rivière d'Aremogan Se Palia-
•cate , c'eft-à-dire au nord de cette ville & afTez près de
cette rivière. Les Cartes Hollandoifes ne le marquent
point , Se Jean de Raey a foin d'en avertir dans fon
Dift. géogr. Mais il remarque qu'au midi dePaliacate,
eft le fort de Gueldre, joignant cette ville , dont
les Hollandois font tout le commerce.
1. GUEMENÉ ouGuimené; principauté de France,
en Bretagne , au diocèfe de Vannes , fur la rivière de
Scorf , vers fa fource , au couchant de Pontivy.
2. GUEMENÉ, paroiffe de France, en Bretagne ,
au diocèfe de Nantes, fur la rivière de Don. Je ne mar-
que ici ce lieu, que parce que Baudrand l'a confondu avec
Guemené, principauté qui fait l'article précédent.
GUENEZERIS, montagne d'Afrique, au royaume
de Tremecen, dans la province de Tenez. Elle eft haute,
escarpée Se habitée par des peuples qui font vaillans, Se
ont toujours eu guerre contre les rois de Tremecen ,
l'ayant entretenue foixante ans à la faveur des rois de
Fez. Tout le haut n'eft que terre , qui produit quantité
de genêts , dont on fait des paniers Se des nates. Sur la
pente Se dans les lieux unis , il y a plufieurs fontaines,
dont l'eau eft très-fraîche Se de bonnes terres laboura-
bles. Les habitans font braves , Se font bien cinq mille
combattans , dont il y a deux mille cinq cents chevaux
qui favoriferent MuleyYahaya, quand il fe fit roi deTe-
ntz ; Se depuis que cet état çhaflgca de maître , ils fe
GUE
font maintenus en liberté , courant tout le pays ', comme
ils font encore aujourd'hui. C'eft sânfi qu'en parle Mar»
mol, /. î, c. 38.
GUENGA , rivière de l'Indouftan. Voyez GANGA2.
GUEPIE, bourg de France , en Languedoc , fur la
rivière de Brant, qui fe jette près de-là dans l'Aveyrou.
Corneille , Dict. dit avec Davity , que cette rivière (le
Brant,) met le château dans l'Albigeois , Se le bourg
dans le Rouergue. Sanfon , Langued. ne met point de
château ; mais il fépare le bourg aux deux côtés de la
rivière , Se met ces deux parties dans l'Albigeois , quoi-
qu'aux confins du Rouergue Se affez près de Nayac. Les
auteurs du Dictionnaire de la France en parlent autre-
ment. La Guepie, difent-ils, ville, bailliage Se châtel-
lenie dans le haut Languedoc au diocèfe d'Albi , parle-
ment Se intendance de Touloufe. Ils ne lui donnent que
nonante-fix habitans. Le dénombrement du royaume
qui la nomme la Guerpie , n'y met que vingt-un feux.
Cette petite ville, continuent ces auteurs, eft fituée au
confluent de la Veirou, (l'Aveyrou,) Se de la rivière de
Viaur. Us trouvent dans le Rouergue une autre la Gue-
pie , qui n'a que quatre-vingt-fix habitans au diocèfe de
Rhodez.
Pour mettre tous ces auteurs d'accord , il faut dire que
la Guepie eft une petite ville , fur leBirant, qui la fépare
du Rouergue , enforte que le château eft du Languedoc,
Se la ville qui eft au-delà de la rivière eft du Rouergue.
GUERANDE , ville de France , en Bretagne , dans
le comté de Nantes , à treize lieues au couchant de la
ville de ce nom , à trois de S. Nazaire , Se à une feu-
lement de Croizil Se de l'Océan, entre l'embouchure de
la Vilaine Se celle de la Loire. Il y a une églife collégiale
qui eft auffi paroiffiale, Se un couvent d'Urfulines , avec
un autre monaftere de religieufes qui gouvernent l'hô-
tel-dieu ,- hôpital pour les pauvres malades. Cette ville
eft fermée de murailles , Se a un^château , des faubourgs
Se un gouverneur particulier. La juftice , qui a un grand
nombre de paroifîes dans fon reiîort , s'y adminiftre en
langue françoife , Se les habitans font riches. Ils font un
commerce confidérable de fel blanc , tiré des falines du
territoire , que les Anglois Se les Hollandois viennent
enlever au port de Croizil. On tient à Guerande une
foire tous les ans , Se l'on y vend beaucoup de chevaux.
Ce fut à Guerande que Waroc , comte de Bretagne,
rendit hommage au roi Gontran , l'an 591. Ce fut en-
core dans ce lieu, que fe fit le traité de ^3 65, le 12 Avril,
entre les enfans de Charles de Blois Se de Jean V, comte
de Montfort, pour la fucceflion de Bretagne. * 'Mémoires
drejfis fur les lieux, en 1706.
GUERARD, bourg de France , dans la Brie, au dio-
cèfe de Meaux.
1. GUERCFIE (la) ou la Guierche , ville de
France, dans la Ton rai ne , au diocèfe de Tours , élec-
tion de Loches au bord de la Creufe , à deux lieues de
la Haye. Il y a un château , dans lequel réfidoit la belle
Agnès Sorel ou Surel , maîtrefTe de Charles VII , qui
érigea ce lieu en vicomte à caufe d'elle. Depuis , cette
vicomte a pafle par aquêt dans la maifon de Villequier,
puis en celle d'Aumont , par alliance. Le parc du châ-
teau eft orné d'une. belle allée de cyprès.
2. GUERCHE, (la) ou la Guierche , ville de
France , en Bretagne , au diocèfe de Rennes. Il y a une
collégiale, fondée 1166, par Guillaume II , feigneur de
la Guerche.
3. GUERCHE, (la) ou la Guierche, feigneurie
de France , dans le Maine , avec titre de baronie, fur la
Sarthe , à trois lieues du Mans. Elle appartient à M; Hu-
rault, marquis de Vibray. Elle étoit auparavant à la mai-
fon de Roftaing, qui l'avoit eu par alliance deTriftande
Roftaing , avec Françoife Robercet , fille du baron de la
Guerche Se de Jaqueline Hurault. Sa jurisdiftion com-
prend fix ou huit paroifles.
GUERCHY, rivière de France , dans le Nivernois,
où elle à fa fource. Elle reçoit quelques ruifTeaux , Se
va fe perdre ' dans la Loire à Mefuc , au - deflbus de la
Charité.
GUERET,en latin TTara&us,\\\h de France , dans la
haute Marche, dont elle eft la capitale, Se prétend l'être de
toute la province. Elle eft fituée près de la fource de la
Garteinpe , à dix lieues de Limoges , Se à trois de la.
Creufe (a) , à 46 d, il' de latitude. Il y a beaucoup
GUE
GUC
d'apparence , dit Pîganiol de la Force , qu'elle doit fon
origine à une abbaye qui y fut fondée vers l'an 720 , par
Lautharius , en faveur de S. Pardoux (Pardulpkus} qui
s'y retira , Se qui en étoit abbé lorsque Charles-Martel
défit les Sarazins. ( Ce Lautharius ou Lauthaire étoit
comte ou gouverneur de Limoges.) (b) Ce n'eft plus
qu'un prieuré fimple de l'ordre de S. Benoît. Quoique
cette ville foit petite , elle eft le fiége d'une fénéchauffée ,
d'un préfidial , d'une éleftion , d une officialité , d'une
maîtrife particulière des eaux Se forêts , Se d'un dépôt
pour empêcher le verfement du fel dans deux provinces
voifines , qai font fujettes à la gabelle. Il n'y a qu'une
paroiffe dont l'églife paroît avoir été celle de l'abbaye.
Les Récollets s'établirent à Gueret en 16 16. Les Barnabi-
tes y ont un collège qui a été fondé des bienfaits d'An-
toine Varillas , hiflorien célèbre. Il y naquit en 1614 , Se
mourut à Paris en 1696 , le 9 Juin. Gueret eft auffi la
patrie de Pardoux du Prat , qui a fait un Lexicon de
droit , Se plufieurs autres ouvrages de jurisprudence. Le
préfidial de Gueret fut établi par le roi Louis XIII , en
1635. La fénéchauffée a dans fon refïort les châtellenies
royales de Gueret , de Drouilles ,'d'Aubuffon , de Fel-
letin , d'Ahun , de Chenerailles , de Jarnage , de Cro-
2ant Se de Bellegarde. .Mais de toutes ces châtellenies
il n'y a plus que celles de Gueret Si de Bellegarde , qui
foient an roi , les autres ayant été données en échange
ou engagement par Louis XIV , au maréchal duc de
la Feuillade ; comme aufli plufieurs juftices feigneuriales Se
fubalterries , entre autres , Dun-le-Paluau , S. Germain ,
Malleval , la Borne , S. Julien , Châteauvert , la Feuil-
lade , le Douignon , Chdtelus , Châteaucloup , Mon-
teil-au-Vicomte , la Farge , Genouillac , le Pougi , Se
plufieurs autres moins importantes. Toute cette féné-
chauffée fe régit par la coutume de la Marche , qui fut
rédigée en 15x1. Le roi, par fon édit de Mars 1710 ,
ayant fupprimé tous les officiers des inaréchauffées du
royaume , 8e ayant établi de nouvelles compagnies de
maréchauffées , il ne doit y avoir à Gueret , fuivant la
déclaration du 9 Avril de la même année , qu'un lieu-
tenant général durprevôt de Bourbonnois. La maîtrife
particulière des eaux Se, forêts , établie à Gueret , s'étend
fur la haute -Se la baffe Marche , Se connoît de toutes
les matières attribuées à cette jurisdiclion. (a) Piganiol
de la Force , Defcr. de la France, t. 6 , p. 393 , 595 ,
397 , Se 398. (>0 Baillei, Vie de S. Pardoux , 6 Oftobre.
L'Election de GUERET contient trois cents
foixante Se dix ou foixante Se douze paroiffes. Les
appellations fe relèvent à la cour des aides de Clermont.
GUERGUELA , Huerguela , Guagala , ou
GUARCALA , OU QUER-QUELEN OU GlJARGALA ;
c'eft le même lieu. Marmol , /. 5 , c. 57 , dit que c'eft
une ville de Numidie , à cent quarante lieues d'Al-
ger , du côté du midi. Quoiqu'elle ait fix mille habitans ,
elle ne pouvoit fe défendre des Arabes ; ce qui l'engagea
de fe mettre fous la protection des Turcs Se de leur payer
un tribut annuel ; mais en ayant reçu de mauvais traite-
mens, elle fe révolta : Salharraës alla l'affiéger , Se la
força de fe foumettre ; emmena quinze chariots chargés
d'or , Se plus de cinq mille esclaves Nègres de l'un Se
l'autre fexe.
GUERNESEY. Voyez Garnezey.
GUERNICA , lieu d'Espagne , dans la Biscaye , à
trois lieues de Bilbao , dans une plaine au pied des mon-
tagnes , au bord d'une petite rivière qui , près de-là, fe
jette dans la mer. Il y a abondance de vivres , Se fur-
tout de poiffon , cinq cents habitans Se une églife paroif-
fïale. Elle eft ancienne Se fondée par les Grecs , félon
Rodrigue Mendez de Silva , Poblacion Gêner, de
Efpana , fol. 238 , verf. qui la nomme Villa DeGar-
NICA. C'eft dans ce lieu que les gouverneurs de Biscaye ,
les feigneurs Se les rois prenoient anciennement poffef-
fion du gouvernement fous un arbre que ce lieu porte
dans fes armes en champ d'argent : l'auteur cité ajoute
que cette coutume s'étoit confervée depuis le tems des
Grecs.
GUERRY , ou Gerry , bourgade d'Afrique dans le
royaume de Sennar fur le bord occidental du Nil.
Comme les caravanes qui viennent d'Egypte , parlent
à Guerry , il y a un gouverneur dont le principal emploi
tft d'examiner fi perfonne n'a la petite vérole , pareeque
cette maladie n'eft pas moins dangereufe Se ne fait pas
243
moins de ravages en ce pays que la pefte en Europe.
Le Nil n'eft point large en.cet endroit ; il eft cependant
rapide Se profond. * Poncet , Voyage en Ethiopie.
GUERVA , rivière d'Espagne , dans F Aragon. Elle
a fa fource au fud-eft de Daroca , Se circulant vers le
nord-oueft , elle paffe à Romanos , à Villa-real , puis fe
courbe vers le nord-eft , fe replie enfuite vers le cou-
chant , paffe à Magalocha Se à Muel , arrofe le bourg
de Santa-Fé , Se tombe dans l'Ebre , vis-à-vis de l'em-
bouchure du Gallego , près des murs de Saragoffe.
* Jaillot , Atlas.
GUESCAR, VoyezHuESCA, qui eft lenommoderne ;
Se Osca , qui eft le nom que les Romains ont donné à
cette ville.
GUETARIA , petite ville d'Espagne , dans la pro-
vince de Guipuscoa , avec un château Se un bon port ,
fur la côte de la mer de Biscaye , près de l'embouchure
de la rivière d'Orio , à trois lieues de S. Sebaftien vers
l'oueft. C'eft la patrie de Sebaftien Cano , célèbre navi-
gateur, qui, le premier, fit le tour du monde fur le vaiffeau
la Viftoire , fous Ferdinand Magellan , après la mort
duquel il acheva fon cours Se ramena ce vaiffeau à Seville.
Baudr. éd. 1705.
GUETE , ville d'Espagne , dans la nouvelle Caftille ,'
fur la petite rivière de Cauda , dans la Sierra. On y
compte cent vingt habitans , Se quelque nobleffe , dix
paroiffes , cinq couvens d'hommes , deux de filles ,
trois hôpitaux Se une jurisdiftion affez étendue. On croit
qu'elle eft ancienne Se que c'eft I'Opta des Grecs. Mais
on ne dit point dans quel ancien auteur ce nom fe trouve.
Rodrigue Mendez Sylva , Poblacion général de Espana ,
fol. 17 verfo , affure qu'elle fut fondée par les Celtibé-
riens , l'an du monde 3031 , ou 930 , avant Ianaiffance
du Sauveur. Ce furent les Maures qui lui donnèrent le
nom de Gueta , qui fignifie une lune. Le roi de Caftille ,
Alfonfe VI , la fit rebâtir après l'avoir conquife en
1080. Enfuite Jean II l'érigea en cité , avec les privi-
lèges de Tolède. Henri IV l'honora du titre de duché ,
dont il gratifia Lope Vasques de Acuna. Mais Ferdinand
Se Ifabelle l'éteignirent Se réunirent cette ville à la
couronne.
GUEVETLAN ou Guevatlan , petite ville de
l'Amérique feptentrionale , au Mexique , dans la pro-
vince de Soconusco , dont elle eft la capitale , fur la
côte de la mer du fud , environ à trente lieues de Guati-
mala , au couchant. * Baudr. éd. 170J.
GUEUGNON , bourg de France , dans la province
de Bourgogne , fur la rivière dArroux , qui commence
d'être navigable à cet endroit. Les forges de Villefays
à Gueugnon font magnifiques * Garreau , Description de
la Bourgogne.
GUÊUL , (la) rivière des Pays-bas , au pays de
Limbourg. Elle prend fa fource au-defïus de Valhorn ,
paffe à Valhorn , d. à Herkemet , d. à Calmine , g. i
Morezent , g. à Busdal , g. à Mechelem , d. à Vittem ,
à Cartiels , d. à Vilre , d. à Shinop , d. à Fauquemont ,
à Brouchen d , à S. Ghierlack , d. à Houten , d. à
Moërzem , d. à Hardenftein , d. Se tombe dans la Meufe ,
au-deffous de Cafter-Gueul.
GUEULE , (la) rivière des Pays-bas , dans la
Flandre Autrichienne. Elle fe rend dans la mer près
d'Oftende.
GUEUSGEN. Voyez Goesghen.
GUEYVEN ,; cité de la Chine, dans la province de
Suchuen , au département de Kiating , troifieme grande
cité de la province. Elle eft de 11 d. 38 ' plus occiden-
tale que Pékin, fous les 29 d. 38' de latitude. * Atlas
Sinenfis.
GUGERNI , ancien peuple de la Belgique , félon
Pline , /. 4 , c. 17. Il les met entre les Ubiens Se les
Bataves. L'édition du P. Hardouin , porte GuBERNI.
On ne doute point que ce ne foient les mêmes que
les Cugcrni de Tacite , Hifl. 1. 5 , qui les joint pareil-
lement aux Bataves. C'eft préfentement le pays de
Cleves.
GUGIDIME ou GuiGINA, montagne d'Afrique , ail
royaume de Maroc , province d'Escure. Elle touche à celle
de Tenfit , Se n'eft habitée que du côté du feptentrion ,
lequel eft plein d'oliviers , dont on porte quantité d'huile
dans la Numidie. On y recueille beaucoup d'orge. C'eft
la nourriture de ces peuples qui n'ont presque point
Tome III. H h ij
GUI
î44
de froment. Ils ont été long-tems libres , parce que la
montagne eft fort escarpée. Ils y nourriffent grand nom-
bre de chèvres , de mules ôc de chevaux , qui , quoi-
que petits , ne biffent pas d'être vigoureux 6c fort légers.
Quand les chérits eurent pris Fiftele , les habitans de
Gugidimefe fournirent à leur domination : ils demeurent
dans des villages & dans des hameaux , qui font disperfés
par les valices. Les maifons y font de terre , couvertes
de paille ou de branchages. Tout ce qui regarde le midi ,
dans cette montagne , eft entièrement défert. Les hifto-
riens rapportent qu'elle fut défolée par les guerres , quand
les Almohades dépofféderent les Almoravides , à caufe
que les habitans donnèrent retraite à Brahem-Ben-Ali ,
qui fuyoit devant Abdulmumen ; ce qui l'irrita fi fort ,
qu'il fit mettre tout à feu Si à fang , fans épargner ni âge
ni fexe ; de forte que ceux qui y vinrent habiter depuis ,
étant pauvres ôc foibles , ne peuplèrent 'que ce qui eft
du côté du nord , qui regarde la Barbarie ; c'eft le meilleur.
* Marmol , 1. 3 , c. 77.
GUGUAN , ille de l'Océan oriental , l'une des ifles
Mariannes. Elle a trois lieues de tour , ôc eft fituée à
fix lieues de celle de Sarighan , ôc à trois ôc demie de
celle d'Alamagan. Elle eft à 17 d. 45' de latitude , au
rapport du P. Morales, dans les Obfervations phyfiques Ôc
mathématiques , publiées par le P. Gouye.
GUIANE , (la) ou LA Goyane , grand pays de
l'Amérique méridionale , entre les rivières de l'Orenoque
& des Amazones , qui , avec la mer du nord , lui fervent
de bornes.
Voici la description que de la Barre en a donnée ;
mais il faut remarquer , dans l'extrait que nous en allons
donner , que ce qu'il appelle Guiane Jngloife eft pré-
sentement aux Hollandois , 5c poffédé par la compagnie
de Surinam , Ôc par divers particuliers qui y ont des
conceffions. Il divife tous les vaftes pays de la Guiane
*n Guiane Indienne j. Guiane Françoise , ôc
Guiane Anglicane ôc Belgique. Voici comment
il traite chacune en particulier.
La Guiane Indienne , qui n'eft habitée que d'In-
diens , contient toutes les terres qui font depuis la ligne
jusqu'au cap d'Orange ; ce qui fait à-peu-près 80 lieus.
Ce pays eft fort bas , ôc inondé vers les côtes maritimes ;
depuis l'embouchure de la rivière des Amazones jusqu'au
cap de nord , il eft très-peu connu des François. Quoi-
que celui qui eft depuis le cap de nord jusqu'au cap
d'Orange foit de la même nature , ôc que l'on ne voye
fur fes rivages aucune terre élevée , mais feulement des
arbres comme plantés dans la mer , 6c diverfes coupures
de ruiffeaux ôc de rivières qui , pour tout aspeft, donnent
celui d'un pays noyé , on ne laiffe pas d'avoir plus de
connoiffance de ces terres , parce que les barques Fran-
çoifes , Angloifes ôc Hollandoifes y vont fouvent traiter
du lamenfin , ou vache de mer , avec les Aricarets ôc les
Palicours qui habitent cette côte , dans laquelle on con-
noît les rivières d'Aricari , Unimamary ôc Caflîpouro.
La mer monte en barre defept, huit 6c neuf braffes à pic
dans les deux premières ; 6c les bâtimens qui s'y trouvent ,
font dans un grand danger , s'ils ne fe font pas mis à cou-
vert de cette barre derrière quelque ifle , ou dans quelques
anfes où les navires &c les barques demeurent à fec , après
que la mer s'eft retirée. La mauvaife qualité de l'air de
cette côte la rend inhabitable aux Européens , qui y font
presque tous malades dans leurs vaiffeaux , quand la durée
deleurtraiteles oblige d'y faire un long féjour : lesoriginai-
res y fouffrent même beaucoup , étant contraints , faute
d'y trouver des terres hautes où ils puiffent bâtir des
maifons , de placer leurs hutes fur des arbres , où elles
reffemblent mieux à des nids de gros oifeaux qu'à des
retraites d'hommes.
La Guiane Françoise , proprement France
ÉQUINOXiale , contient environ quatre-vingt lieues ,
ôc commence par le cap d'Orange , qui eft une pointe de
terre baffe qui fe jette à la mer , ÔC dont on prend con-
noiffance par trois petites montagnes qu'on voit par-deffus ;
ces montagnes font au-delà de la rivière d'Yapoco. Le
cap d'Orange pouffe un banc de vafe dix à douze lieues
à la mer ; enforte qu'à fix ou fept de terre on ne trouve
que quatre braffes 6c demie d'eau de baffe mer vis-à-vis
la pointe de ce cap. Les terres que l'on voit de l'autre
bord de la rivière d'Yapoco , font baffes , &c presque tou-
tes noyées ; mais dans celles qui font ducôté du cou-
GUI
rant , il y a plufieurs belles montagnes. Les Yaos Indiens
ont une habitation mieux cultivée qu'on ne le pourroit
attendre de ces fauvages , qui font en fort petit nombre.
A une lieue de cette rivière , 6c le long de la côte , eft la
montagne de Comaribo , qui a une belle fource d'eau
vive , avec une crique ou rivière falée au pied , où peu-
vent entrer les canots 6c les chaloupes. La côte , jusqu'au
cap d'Aprouague, eft à huit lieues de celle d'Yapoco ; 6c
à quatre d'Aprouague , eft la rivière de Canu ; à huit
autres , eft l'embouchure de celle de Wia , 6c la pointe
de l'hle de Caïenne , marquée improprement dans les
cartes, rivière de Mahuri. Toutes les terres depuis Aproua-
gue jusqu'à la rivière de "NVia , à trois lieues près des bords
de la mer , font baffes &c noyées ; mais plus avant , tout
le pays eft relevé de belles montagnes 6c collines très-
propres à faire des plantages &c des habitations. L'embou-
chure de la rivière fait une manière de port qui eft sûr
contre tous vents , 5c où il y a un bon mouillage fur trois
braffes d'eau de baffe mer. Il faut monter près de trois
lieues entre la terre ferme 6c l'ifle de Caïenne pour trou-
ver le vrai canal de la rivière , qu'on rencontre à la bandé
du fud , courant fud-fud-oueft , &c fùd-oueft , fur deux
braffes 6c demie de profondeur jusqu'à douze 6c quinze
lieues avant dans les terres qui y font relevées de grands
bois d'une hauteur 6c groffeur extraordinaire. L'embou-
chure de cette rivière , large par-tout d'une portée de
mousquet , eft défendue par la pointe de Mahuri de l'ifle
de Caïenne , où les François font bien établis. La côte
qui eft depuis l'embouchure de la rivière de Caïenne
jusqu'à la rivière de Carrou , eft de douze à treize lieues :
elle eft de fable , &c le terrein eft uni 6c fec. Dans les
terres .font de belles plaines qu'ils appellent favanas ,
qui ne font point inondées , ôc dans lesquelles on peut
nourrir plufieurs milliers de toutes fortes de beftiaux.
C'eft dans cet endroit , ôc le long des bords de la rivière
de Macouriague , à fept lieues de Caïenne , ôc. à fix de
Courrou , qu'habite les plus grand nombre d'Indiens de
toute la côte. Les Aricarets y ont quatre habitations , Se
les Galibis y en ont cinq ou fix. Les terres de cet endroit
ne font pas fi graffes que celles des collines 5c des mon-
tagnes ; cependant celles que les Indiens y cultivent , leur
produifent des vivres en abondance ; ôc les cannes de fucre
y viennent auffi-bien que le tabac. La rivière de Corrou
n'eft pas fort large ; mais elle a beaucoup de profondeur,
6c on la remonte jusqu'à trente-cinq lieues dans les terres
qui font fort bonnes. L'air y eft fain. Depuis la pointe
jusqu'à la rivière falée de Corouabo , qui en eft éloignée
de cinq lieues , il y une anfe de fable où les tortues ter-
rifient dans la faifon , en fort grande quantité , c'eft-à-dire
qu'elles viennent pondre dans le fable. A trois lieues de
Corouabo eft la rivière de Manamory , peu confidérable r
mais le long de laquelle font de bonnes terres. A cinq lieues
de-là on trouve la rivière de Sinamari , dans laquelle
peuvent entrer les petits navires. Les terres font bonnes
le long de fes bords ; 6c la pêche y eft fi abondante ,
qu'elle pourroit y nourrir une colonie de plus de cinquante
hommes. Les Anglois y venoient pêcher de Surinam
avant que les François enflent fait un port à fon embou-
chure. Conanama , qui eft à fix lieues , eft une petite
rivière , proche l'embouchure de laquelle les navires
peuvent mouiller à une portée de mousquet de terre , à
quatre ou cinq braffes d'eau ; ce qui ne fe trouve en
aucun endroit de cette côte. Ces deux rivières font habi-
tées par un nombre affez confidérable de Galibis. La
terre de Conanama eft bonne 6c faine ; mais l'on y eft
un peu tourmenté des maringoins. A cinq lieues de-là
eft la rivière de Jurague ; à cinq autres celle d'Amana ,
6c enfuite celle de Marony. A trois lieues des rivages
de la mer , depuis Conanama jusqu'à Marony , les
terres font toutes baffes , ÔC de difficile abord ; ÔC la
qualité n'en eft point connue plus loin que les bords do
la mer.
Le commencement de la Guiane Anglicane eft à la
rivière de Marony , fur laquelle les Anglois ont fait un
petit fort. L'entrée de cette rivière eft compofée de tant
de bancs de fable , ÔC qui changent fi fouvent , qu'elle
eft interdite aux bâtimens de plus de vingt tonneaux ;
6c même ceux de ce port n'y entrent qu'avec péril , ôc
touchent fouvent fur les bancs. Ses terres ne font bonnes
ÔC habitables que cinq ou fix lieues en la remontant ;
'la côte depuis Marony jusqu'à Surinam , où il y a trente-
GUI
GUI
cinq lieues de diftance, eft une terre noyée ck inhabitable ;
ck même la rivière de Surinam , principal pofte des
Anglois , n'eft habitée que cinq ou fix lieues au-deffus de
fon embouchure. C'eft une belle rivière , où l'on peut
monter vingt lieues fans trouver moins de trois brades ck
demie d'eau de bafTë mer. Les Anglois qui y font éta-
blis depuis cinquante ans , Ce font répandus le long de
cette rivière., ôk dans toutes celles qui y descendent.
Ils y ont formé leurs habitations ; ck elles embraffent
une fi grande étendue de pays , qu'il y en a d'éloignées
les unes des autres, de plus de quarante lieues , fans qu'el-
les fe puiffent communiquer autrement que par mer ,
& en parlant par la grande rivière. Ils ont l'ancien fort
des François , qui n'eft qu'une redoute qu'on avoit bâtie
de pierres, qui , en 1665 , étoit entièrement démolie ,
n'ayant point d'autre marque de fort que le baftion où
le pavillon Anglois eft arboré. Leur ville qu'ils appellent
Suinte-Pointe , eft trois ou quatre lieues plus haut , ck
confifte en foixante ou quatre-vingt maifcns peu habi-
tées , ck fans aucune clôture de murailles. Tout le terroir
que les Anglois occupent en ce lieu , eft fort bas , ck
inondé la moitié de l'année ; enforte que les cannes
de fucre , qui y font en abondance , ont le pied dans
l'eau pendant ce tems. Auffi le fucre n'en eft pas fi bon.
A dix lieues de Surinam eft la rivière de Croni , où il
y a encore quelques Anglois , puis celle de Compename
èk de Coreftye , qui ne font occupées d'aucun Européen.
Erifuite eft la rivière de Berbice , qui eft belle ck qui a
bonne entrée ck bon fond. Les terres à fix ou fept lieues
plus haut font propres pour les cannes à fucre , pour le
rocou , ck pour le coton. Après cela font Éfléquebe
& Barome , occupées par les Hollandois , ainfi que
Berbice.
La Guiane Indienne jouit de la même tempéra-
ture d'air que le refte de la côte , fi ce n'eft que les
pluies y font plus fréquentes ck plus abondantes , à
caufe de la vafte étendue des marais qui s'y trouvent ,
& qui produifent un plus grand nombre de vapeurs ,
que les endroits où les terres font relevées en collines
ck en montagne!. Elle eft habitée par les Palicours 6k
par les Aricarets. Il règne un printems perpétuel dans
■ la France équinoxiale comme dans le refte de la côte ,
jusqu'à l'Orenoque ; ck il n'y a de différence du plus court
au plus long jour de l'année , que de treize minutes qui
ne font pas un quart d'heure : le froid ni le chaud n'y
font jamais exceffifs. Quoique le foleil y foit à pic deux
fois l'année , fans qu'il y faffe aucune ombre , & que
daris les autres faifons fes rayons frappent plus à plomb
qu'ils ne font en Europe , il fe levé presque tous les
jours , à neuf heures du matin , un vent oriental qui
rafraîchit l'air. Ainfi la différence des faifons ne confifte
qu'aux féchereffes , ck au plus ou au moins de. pluie.
Ces pluies qui pourroient marquer l'automne , y com-
mencent en Novembre , mais en fi petite quantité qu'el-
les ne donnent pas encore le moyen de planter dans
une terre que quatre mois de féchereffe continuelle ont
altérée : il n'en tombe point le jour , ck peu en Décem-
bre. Elles augmentent en Janvier , en Février , ck à la
mi-Mars. L'hiver commence ck dure jusqu'aux premiers
jours de Juin. Il pleut beaucoup en ce tems , pendant la
nuit , ck même quelquefois le jour. Ce font de gros orages
qui , en moins d'une heure , couvrent d'eau la furface de
la terre. Les pluies diminuent au commencement de
Juin , ck finiffent entièrement le dixième de Juillet ; ck
depuis ce temf jusqu'au dixième de Novembre , il ne
tombe pas une feule goutte d'eau. La terre y eft commu-
nément abondante , les oranges , les citrons , les figues
ck les grenades y viennent fort bien , ck la vigne y pro-
duit de fort bons raifins. Le pâturage y eft tel que les
vaches qu'on y a apportées , y font devenues méconnoif-
fables , en fix mois , par leur graiffe extraordinaire. La
chafle y eft bonne pendant la moitié de l'année. Les
cerfs qu'on y voit en quantité , font de la même taille que
les daims en France , ck bons à manger. Il y a quelques
fangliers de deux espèces ; les uns comme ceux de France ,
mais plus petits ; ltfs autres ont un évent fur le dos. Ceux-
là ne font grands que comme de gros renards. Il y a
auffi des pacs , des tatous , des agoutis , animaux qui fe
retirent en terre comme des lapins ck des bléreaux : les
tigres qui y font en aviez grand nombre , ne font aucun
mal aux hommes. On y trouve des canards , des cer-
24T
celles , des beccaffes , des ramiers, des tourterelles, des
perroquets de plus de vingt fortes , des aigrettes , des
•flamans , des ipatules , des alouettes de mer , des per-
drix , des faifans de quatre ou cinq fortes , & une espèce
d'oifeaux presque auffi grands que des autruches , nommés
toujouj'ou par les Indiens. H y a auffi plufieurs fortes de
bons poiflbns , comme mulots , vieilles , turbots , raies ,
apalicas , ck plufieurs autres quiont des écailles. Les terres
marécageufes fourniffent de fort bonnes crabes ; ck dans
les criques ou rivières falées , ' il fe trouve des huîtres
fort graffes , mais moins falées que les nôtres. Cette
terre ne produit aucuns animaux venimeux; ck les fer-
pens , fi redoutables en plufieurs endroits de l'Amérique ,
y font recherchés comme un mets fort bon ck fort nour-
riffant. Il s'y en rencontre dans les eaux ck dans les marais ,
de dix , douze , ck quinze pieds de long , & qui font plus
gros que n'eft la cuiffe d'un homme. Le bled d'Inde appelle
communément maïs y croît en grande abondance ; ck
l'on en fait la récolte deux fois l'année , en toutes fortes
de terres. On la fait jusqu'à trois fois dans celles qui font
humides ck fort graffes. La Guiane Anglicârie & Belgi-
que, ayant plus de terres baffes que la Françoife , eft plus
fujette aux humidités & aux pluies que les terres de Vuïa ,
de Caïenne , de Co'érrou , de Sinamari , ck de Cona-
nama. Le terroir de Surinam , quoique peuplé d'un nom-
bre confidérable de familles Angloifes , peut à peine pro-
duire des vivres pour nourrir (es habitans , le manioc ne-
fe plaifant pas dans les terres baffes & marécageufes ,
dont tout le pays eft rempli. Les Indiens qui habitent ces
côtes , font divifés en diverfes nations , feavoir les
aricarets Orientaux , les Palicours , les Yaos , les
Sapayes , les Galibis , les Aricarets Occidentaux , les
Marones , les Paragotes , & les Arrouagues. Ces peu-
ples n'ont aucuns fouverains , caciques , ni feigneurs, 8c
ne reconnoiffent entfeux aucune fupériorité. Les plus
anciens dans chaque famille y font respectés en qualité
de chefs ; ck comme chaque famille habite fon canton
en particulier affez loin l'une de l'autre , il eft difficile
qu'ils puiffent former un corps en peu de tems. Ils ont
quelque fuborclination pour les commandemens de la
guerre , élifant un général qui donne le tems ck le lieu
du rendez-vous , l'ordre de la marche , ck celui de l'at-
taque ck du combat , après quoi il n'a plus d'autorité.
Ils le font par le choix des chefs des familles de leurs
nations , qui s'affemblent en un feftin qu'ils appellent
vin , où ils refolvent leurs guerres. Ils vivent fans reli-
gion , connoiffant le diable pour celui qui leur fait
du mal.
J'ai déjà dit qu'il faut prendre garde que ce qui eft
appelle Guiane Angloife , eft à préfent aux Hollandois.
Surinam appartient à une compagnie Hollandoife. Voyez
Surinam ck Caïenne.
GUIARE , ville d'Amérique , dans la terre ferme ,
fur la côte feptentrionale , affez près de la ville de Carac-
cos. C'eft,dit Dampier, Voyage autour du monde , t. 1 ,
c. 3 , p. 84, la principale place de cette côte, & une
bonne ville que la mer enferme. Quoiqu'elle n'ait qu'un
méchant havre , elle ne laiffe pas d'être beaucoup fré-
quentée par les Espagnols ; car les Hollandois fck les
Anglois mouillent dans les baies fablonneufes , qui font
par -ci par -là à l'entrée de diverfes vallées , & où
la rade eft fort bonne. La ville eft ouverte , mais il
y a un bon fort ; cependant le capitaine Wright
ck fes avanturiers prirent la ville & le fort. Elle eft
fituée à quatre ou cinq lieues du cap Blanc , du côté de
l'occident.
GUIBRAI, fauxbourgde Falaife , ville de France ,'
en Normandie. Elle pourrait paffer pour une petite ville.
En y entrant du côté de Falaife par une grande rue bien
pavée , on voit un couvent d'Uri'ulines , l'abbaye des
Prémontrés réformés du titre de S. Jean. Leur églife a
quinze piliers de chaque côté dans fa longueur. Le chœur
eft tout orné de peintures ; & le grand autel , qui a deux
faces , eft ifolé & fort propre. Un peu plus loin , eft une
chapelle de Notre-Dame dite la Guibrdi , qui donne
fon nom au fauxbourg. C'eft-là que fe tient la fameufe
foire qu'on appelle foire de Guibmi. Elle commence le
feize d'Août , & dure huit jours. On y vient de toutes
les provinces voifines ; ck le trafic y eft grand , tant de
draps Si autres marchandifes , que de toute forte de
bétail , à caufe des franchifes oc des exemptions de péage
•>4-6
CUI
GUI
6c d'impôts , accordées par Guillaume furnommé le Con-
fùrant , qui étoit né à Falaife. Il étoit fils naturel de
obert le Diable , duc de Normandie , qui l'eut de la fille
d'un pelletier de Falaife.
i. GUICHE, comté de France , dans le pays de La-
bour fur l'Adour. C'efl le titre que prennent les fils aînés
delamaifon deGrammont.
2. GUICHE, (la) Guichia. Abbaye de filles en France
de l'ordre de fainte Claire dans le Blaifbis , au diocèfe ,
Se à trois lieues au couchant de Blois. Elle fut fondée
l'an 1171 , par Jean de ChâtiHon comte de Blois , &c
Alix de Bretagne fa femme.
GUICIEING , fortereffe de la Chine dans la province
•de Queicheu , au département de Lungli , quatrième
ville militaire. Elle eft plus occidentale que Pékin de
1 1 d. 3 8 ' par les 26 d. 1 5 ' de latitude. * Atlas Sinenfls.
GUIDI. Bede , cité par Ortélius Thifaur , nomme
ainfi une ville de la grande Bretagne. Buchanan , Hijl.
Scot. 1. 1 , p. 16 , croit qu'elle étoit entre Bodotria 6c
Glotta. , c'eft-à-dire entre le golfe d'Edimbourg 8c la
Cluyd , à l'endroit où Tacite dit qu'Agricola établit une
garnifon : l'hiftorien Ecoffois ajoute après Bede , qu'il
étoit à l'angle du boulevard de Severe. Il en parle , /. 4 ,
j>. 114, comme d'une ville détruite , mais dont on
voyoit encore les ruines peu d'années avant qu'il écri-
vît ; de forte que l'on pouvoit encore connoître fes folles ,
fes murs , 6c même ks rues.
GUIDIMIVE , montagne d'Afrique , dans la Barba-
rie , au royaume de Maroc 8c dans la province de Maroc
proprement dite. Elle commence à la montagne de Cem-
mede du côté du couchant , & finit vers le levant à la
ville d'Amizimizi , ayant au midi la montagne de Tçm-
melet. Elle eft peuplée de Bereberes de la tribu de Muça-
wioda Se de la lignée des Hentetes qui font fort pauvres ,
& avoient accoutumé d'être vaffaux des Arabes , parce
qu'ils demeurent près de la plaine 8c fur la pente de la
montagne qui regarde le midi , où font les villes d'Ami-
zimizi & de Teneza. Toute la côte eft remplie d'oliviers
& de terres labourables où l'on fème de^ l'orge. D y a
des forêts de pins 8c de noyers , 8c du faîte descendent
plufieurs petits ruiffe.aux qui arrofent quelques petits coins
de -terre dans la plaine. Le peuple eft plus civil que dans
les autres montagnes , à caufe de la communication qu'il
a avec les étrangers ; car c'eft le partage de Barbarie en
Numidie.
GUIDRONISA , ou fj/le des ânes , petite ide déferte
de la Grèce , près de Capo Colonni , au fud-oueft ,
félon Wheler , Voyages , t. 2 , 1. 3 , p. 219. Elle s'ap-
pelloit autrefois Patroclea ; & quelques-uns lui don-
nent encore ce nom. Il y croît beaucoap d'ébene , c'eft
pourquoi ily en a qui l'appellent auflî Ebanonisi ; mais
les corfaires ont beaucoup gâté de ce bois. Spon compte
du cap Colonne quatre milles jusqu'à l'ifle Palrocleïa ,
que quelques-uns nomment encore de ce nom ; mais
ajoute-t-il, t. 2 , p. 155 , le nom le plus vulgaire eft
GAYD ARONISI , l'ifle des ânes , OU EBANONISI , c'eft-
à-dire l'ifle de VEbene , parce que que cet arbriffeau y
croît ; mais du tems que les Vénitiens avo'ient la guerre
en Candie , on en a beaucoup gâté. Paufanias fe trompe
de croire qu'il ne produit point de feuilles.
GUIENNE , (la) partie considérable du royaume de
France : il faut diftinguer la Guienne , province , ou la
Guienne propre , 6c la Guienne , gouvernement.
1. Le Gouvernement de GUIENNE , le plus
grand de tous les gouvernemens de France , comprend
treize provinces , favoir ,
La Guienne propre , Le Rouergue,
Le Perigord , Le Querci ,
Le Bazadois, L'Armagnac,
L'Agenois, Le comté de Cominges,
Le Condomois , Le Conserans ,
La Gascogne , Le Bigorre ;
Le pays de Soûle 7 . , , „
Se de Labour , \ P3"1"2 du Pa^s des Brés-
il renferme trois généralités, favoir,
Bordeaux, Montauban.
8cAufch.
Il eft borné au nord par le Poitou , l'Angoumois 8c
la Marche , à l'orient par l'Auvergne 8c le Languedoc ,
au midi par les Pyrénées , Se à l'occident par l'Océan.
Ce gouvernement a du midi au feptenrrion quatre-vingt
lieues de large, depuis Vie de Sos dans les Pyrénées
jusqu'à Niord en Poitou , Se environ quatre-vingt-dix
lieues de long , depuis S. Jean de Luz jusqu'au-delà de
S. Gêniez en Rouergue.
Ses rivières font ,
La Garonne,
L'Adour ,
Le Lot.
Le Tarn,
L'Aveirou,
Le nom moderne de Guienne eft corrompu de celui
d' 'Aquitaine , qui a été connu des Romains. L'abbé de Lon-
guerue , Defcr. de la France , part. I , p. 167 , dit :
Quoique les bornes du gouvernement de Guienne foient
fort différentes de celles d'Aquitaine , tant fous Jules-Cefar
que fous Augufte ; cela n'empêche pas que le nom de
Guienne ne tire fon origine de celui d'Aquitaine ; 6t
cette province , quoique moins étendue à préfent , qu'elle
n'étoit fous l'empire Romain , eft aujourd'hui la plus
grande de France. On ne voit pas , dit-il , que le nom de
Guienne ait été en ufage avant le commencement du
XIV , fiécle ; car dans ce tems Guillaume de Guyart
quiacompofé , vers l'an 1306 , une hiftoire de France
intitulée La Branche aux Royaux Lignages , ne
fe fert que du mot $ Aquitaine ; mais dans le même fié-
clé le roi Edouard , dans fes Lettres de 1360 , données
pour la paix avec la France , fe fert indifféremment des
mots Guienne ôc Aquitaine , comprenant dans la Guienne ,
le Poitou 6c les pays circonvoifins conquis par Phillipe
Augufte , 6c cédés par les Angloisau traité de l'an 1159.
Dans le quinzième fiécle le mot Guienne prévalut ; 6c
les Anglois , qui ont fort long-tems maintenu en leur lan-
gue l'ufage du mot Aquitan , ont enfin reçu celui de
Guiann , qu'on trouve dans les modernes. Dans le 13e
fiécle on diminua le duché de Guienne de près de moi-
tié , 6c on le laiffa à Henri III , roi d'Angleterre , à
•condition que lui 6c fes fucceffeurs feraient pour ce duché
vaffaux de la couronne de France ; mais Edouard qui
tenoit priformier le roi Jean , le contraignit de lui céder
la fouveraineté de ce duché que le roi S. Louis s'étoit
réfervée. La guerre ayant enfuite recommencé entre les
François 6c les Anglois fous le règne de Charles V , 6c
ayant été continuée fous les rois Charles VI 6c Char-
les VII , ce dernier chaffa entièrement les Anglois de la
Guienne l'an 14.5 3 ^ après que leur armée avec leur géné-
ral Talbot eût été taillée en pièces , près de Caftillon en
Perigord. Louis XI , après la guerre du bien public ,
céda à fon frère Charles, le duché de Guienne, l'an 1469 j
mais après la mort du prince Charles arrivée en 1472 ,
le duché de Guienne fut réuni à la couronne. Voyez
I'Aquitaine.
La Guienne eft divifée en HAUTE 6c en BASSE.
La BASSE comprend le Bourdelois , le Perigord ,'
YAgénois , le Condomois , le Bazadois , les Landes , la
Gafcogne proprement dite , 6c le pays de Labour.
La HAUTE , qui a pour principale ville Montauban ,"
comprend le Querci , le Rouergue , Y Armagnac , le pays
de Comminges ; 6c l'on y joint même le comté de Bigorre.
Ces pays qui compofent la haute Guienne , font tous du
reffort du parlement de Touloufe : il n'y a que la baffe
qui reconnoiffe le parlement de Bordeaux.
2. La GUIENNE proprement dite , contrée 8c pro-
vince de France , au gouvernement de Guienne auquel
elle donne fon nom. Elle eft bornée au nord par la Sain-
tonge ; à l'orient par l'Agénois 6c le Perigord , au midi
par le Bazadois 6c par la Gascogne , 6c au couchant
par l'Océan. Ce pays comprend le Bourdelois , le Medoc ,
le Captalat de Buch , 6c le pays entre deux mers.
On croit , dit Piganiol de la Force , Defcr. de la France ,
t. 4 , p. 535 , qu'il fut érigé en comté en 778 , par Char-
lemagne , en faveur de Seguin , dont la pofterité finit
à Brifée fœur unique 8c héritière de Guillaume Bernard ,
de Guillaume 5c de Sanche Guillaume , laquelle le porta
en mariage à Guillaume IV , duc de Guienne. Les villes les
glus remarquables de cette province font
GUI
GUI
247
Bordeaux, Libourne,"
Blaye, Fronfac,
Bourg, Coutras,
Cadillac.
3. Baudrand éd. 1705 , trouve unetroineme Guienne
qu'il appelle la province de Guienne.. Elle diffère du gou-
vernement de Guienne , comme la partie de fon tout ,
& de la Guienne propre comme le tout de la partie. C'eft
félon lui la partie feptentrionale du gouvernement de
Guienne , & elle comprend
La Guienne propre j
Le Querci ,
Le Perigord ,
Le Rouergue.
Selon lui, les principales villes font,
Bergerac , Montauban ,
Blaye, Perigueux,
Bordeaux, capitale, Rhodes,
Cahors , Sarlat ,
Figeac , Vabres ,
Milhaud , Ville-Franche en Rouergue.
GUILFORD , ville d'Angletere , au comté de Surrey ,
fur le \Vey , à vingt-cinq milles de Londtes. C'eft une
bonne ville où il y a trois paroiffes. Elle eft la capitale
de la province. On y tient marché public , Se elle envoie
deux députés au parlement. Je ne fais pourquoi Baudrand
n'en fait qu'un bourg. * Etat préfent de la Gr. Bret. t. I ,
p. 114.
GUILLEAUMES , ville de France , en Provence.
Elle eftaffez confidérable, & chef d'un bailliage qui porte
fon nom ; mais elle ne jouit de cette prérogative, que
depuis que le lieu de Puget de Theniers , qui étoit vigue-
rie , a été feparé de la. Provence , & donné au duc de
Savoye. Pour lors fa viguerie fut transéfrée à la ville de
Guilleaumes fous le titre de bailliage. Elle entre par-là
dans les affemblées générales de la province. * Piganiol
de la Force , Defc. de la France , t. 4 , p. r8o.
GUILLESTRE , ville de France , en Dauphiné , dans
l'Embrunois , au pied des Alpes , fur une rivière de
même nom , qui (é jette peu après dans la Durance , à trois
lieues au-deffus d'Embrun , fur le chemin de Pignerol.
* Baudrand , éd. 1705.
GUIMARAENS , ou Guim aranés , ville de Portu-
gal , dans la province d'entre Duero fk Minho , rk dans
la Comarca à laquelle elle donne le nom , dans l'arche-
vêché de Brague , à trois lieues & à l'orient de cette
métropole , entre les rivières d'Avé & d'Arezilla , au
pied du mont Latito , félon le langage des anciens 6k
que nous connoiffons aujourd'hui fous le nom de Santa
Maria & de Monte Largo , parce qu'il fe divife en deux.
Cette ville a eu autant de noms qu'il y a eu de peuples
qui l'ont habitée, félon le P. d'Acofta:lesuns l'ont appellée
Âradtjsa qui lignine ville des lettres , d'autres Leobriga
qui veut dire ville forte. Ceux-ci lui ont donné le nom
de Latita , qui , félon quelques étymologiftes , exprime fa
fituation , parce qu'elle eft cachée derrière une monta-
gne ; ceux-là celui de Laciis par raport au lait de la
iainte Vierge que l'on croit y pofféder dans l'églife col-
légiale ; ceux-ci l'ont nommée Colombina , à caufe du
grand nombre de pigeons qu'on y voit. Enfin quelques-
uns l'ont appellée Santa Maria , à caufe de l'image mira-
culeufe de Notre-Dame d'Oliveira pour la quelle le peuple
a une fmguliere dévotion. Les Portugais prétendent
qu'elle fut fondée par les Gaulois Celtes , cinq cents ans
avant l'ère vulgaire. Elle eft divifée en ancienne fk en
nouvelle ; l'une Se l'autre ayant été le féjour des rois de
Portugal , étant d'ailleurs comme le berceau de la monar-
chie, elles méritent qu£ nous en faffions une deferip-
tion un peu circonftanciée. * Mémoires manuferits com-
muniqués.
L ancienne VILLE fat conftruite fur un terrein fort
élevé , au fommet duquel paroît une tour antique dont la
porte a vingt-cinq pieds de haut fur douze de large : en y
entrant , on voit ces mots Via Maris , gravés fur une
pierre. Quelques étymologiftes prétendent en tirer l'ori-
gine d'un fixiéme nom qu'elle a long-tems confervé.
La ville n'avoir, que onze cents douze pas de circuit ; fes
murailles étoient baffes , foibles , & défendues par une
fimple barbacane qui exifte encore.
La nouvelle ville a été conftruite 1417 ans après
l'ancienne , à l'occafion d'un monaftére. Mumadona nièce
de D. Ramire , roi de Caftille & de Léon, & veuve de
don Hermenegilde Mendez , comte de Thui fk de Porto ,
ayant obtenu de fon mari la permiffion de difpofer de la cin-
quième partie des biens qu'il lui laiffoit, &de les employer,
à des oeuvres piesàfa volonté , elle fonda un monaftére de
l'ordre de S. Benoît dans une Quinta ou rhaifon de cam-
pagne qu'elle avoit tout près de Guimaraens pour y entre-
tenir un certain nombre de religieux , comme il parole
par deux actes authentiques rapportés par Ëftace ,
Antiq. de Portugal , c. I , & 1 , n. 4 , & n. 11 ; l'un
du 8 Juin 917 ; &c l'autre du 18 Mai 951 , figrié du roi
Ramire , de la reine dona Urraca fon époufe fk des
princes fes enfans , par lequel ce monarque confirme la
donation de la comteffe Mumadona , unit au nouveau
monaftére celui de S. Jean de Porto , fk lui fait don de
trente villages de la Quinta de Melares , finies fur
la rivière de Duero , ÔC des métairies qui en dépen-
dent.
Ce nouveau monaftére devient fi célèbre par les
miracles qu'y opéroit l'image Notre-Dame d'Oliveira,
qu'il y venoit une foule de pèlerins de tout âge , de tout
iexe fk de tout état ; ce qui engagea les religieux
à faire bâtir des maifons autour du monaftére. En fin
plufieurs perfonnes , s'y établirent : ils furent imités par
d'autres ; & les maifons fe multiplièrent au point que ce
lieu devint un grand bourg, & dans la fuite une ville affez
confidérable pour être la cour des fois de Portugal ,
comme nous allons voir.
Alfonfe VI , roi de Caftille & de Léon , ayant marié
dona Therefe fa fille à Henri de Bourgogne , & lui ayant
donné pour dot tout le pays qu'on appelle la province
d'entre Duere fk Minho , à titre de comté de Portugal ;
ce prince s'alla établir dans l'ancien Guimaraens ; mais
s'y trouvant trop à l'étroit , h. y manquant d'eau fk de
quantité d'autres chofes , il forma le deffein d'aller fixer
fa réfidence dans le nouveau. Il y fit conftruire une cham-
bre des comptes , une fale d'audience , des prifons Se
une forte tour , pour y dépofer les archives ; les titres
de la couronne y ont refté jufqu'au 13 de Mai 1511 ,
que le roi don Emanuel les fit transporter à Lisbonne ,
où ils font confervés dans la tour du Tombo. Tous ces
édifices exiftent encore ; rk leur magnificence jointe à
quantité d'autres chofes remarquables qu'on y voit , font
du vieux fk du nouveau Guimaraens une des plus confi-
dérables villes de Portugal. Sa fituation ne fauroit être
plus avantageufe , puifque , comme nous l'avons déjà dit ,
elle eft bâtie au pied du mont Latito , fk envionnée de
deux tivieres qui fertilifent fon terroir , oc font un très-
bel afpeft. Elle eft environnée de murailles fortes , cré-
nelées fk défendues par neuf tours ; fon circuit eft de
trois mille fix cents quatre-vingt-cinq pas. On y compte
cinq églifes paroiffiales , huit couvens , quinze chapelles
ou hermitages , cinq hôpitaux , quinze places , cinquante-
fept rues , huit portes , quatre ponts , & mille neuf cents
foixante & trois familles , favoir fix cents quatre-vingt-
trois dans l'enceinte des deux villes , Se douze cents quatre-
vingt-deux dans les fauxbourgs.
De toutes les rues de l'ancien Guimaraens , il ne refte
que celle du château , appellée autrefois rue de fainte
Barbe , dont la porte qui eft à l'orient porte le nom ;
de forte que tout le terrein fur lequel cette ville étoit bâtie,
n'eft occupé préfentement que par des maifons de cam-
pagne que des particuliers y ont fait conftruire , & par un
palais de forme carrée , dont Alfonfe , premier duc de
Brangance, fit jetter les fondemens , ci qui auroit furpaffé
tous ceux qu'on voit en Portugal , s'il eût pu l'achever ;
mais la mort l'ayant furpris , cet ouvrage demeura impar-
fait. Cependant quelques-uns de fes descendais y ont
fait leur réfidence. Don Duarte , duc de Guimaraens, a
été le dernier ; & dona Confiance de Moronha ,
féconde femme de don Alfonfe , dont nous venons de
parler , y mourut. Lorfqu'on y creufe la terre pour y
faire de nouveaux édifices , on y trouve des veftiges des
anciens , qui font juger que cette ville étoit fuperbe-
ment bâtie.
Le nouveau confervé encore tout fon éclat: fes rues,
pour la plupart, font longues, larges fk droites ; iss égli«-
248
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fes font fuperbes 6k richement ornées ; fes couvens font
magnifiques & bien rentes ; prefque toutes fes places font
bordées de maiibns bien bâties ; en un mot , on y remar-
que tout ce qui peut contribuer à former une ville con-
sidérable.
L'églife de S. Michel du château eft irréguliere. Son
architecture eft groffiere & irréguliere ; elle a cependant un
certain air de majefté antique , qui infpire de la vénéra-
tion. Le corps de l'églife eft féparé de la chapelle majeure
par une arcade de pierre , fur laquelle on a bâti deux
magnifiques autels , dont celui qui eft du côté de l'évan-
gile eft dédié à Notre-Dame de Grâce , & celui qui
eft du côté de l'épître à fainte Marguerite. C'eft la plus
ancienne églife de l'archevêché de Brague.
Près de cette églife on voit un hôpital, avec une très-
belle chapelle , où l'on reçoit les pauvres qui font hors
d'état de pouvoir gagner leur vie. L'abbé de Guima-
raens, qui en eft Fadminiftateur, leur fait diftribuer tous
les ans une certaine rétribution pour leur entretien , 6k une
voie de bois , la veille de Noël , à chacun.
A quelque diftance de là s'élève l'églife royale 6k col-
légiale de Notre-Dame. d'Oliveira , qui , par là fomptuo-
fité , 6k par les grands avantages qu'elle a fur toutes celles
de Guimaraens , même au-deflus de toutes celles de
l'archevêché de Brague , mériteroit d'occuper le premier
rang clans notre description. Si l'on en croit une tradition ,
c eft la plus ancienne églife de Portugal , même d'Espa-
gne. C'étoit un temple dédié à Cerès , que l'apôtre faint
Jacques détruifit , 6k y plaça l'image de Notre-Dame
d'Oliveira. Parlafuitedes tems , cette image fut transférée
à l'églife du monaftere de Mumadona , à laquelle on
donna le nom de Notre-Dame. Le comte Henri en fit
une collégiale ; & le roi don Alfonfe I , fon fils , dis-
pofa la forme du chapitre en 1139 , à-peu-près telle
qu'elle eft à prefent.
Don Jean I. qui avoit une dévotion finguliere à l'image
de N. D. ne trouvant pas que fon églife fût affez majes-
tueufe , ordonna en 142.9 , qu'elle fût rebâtie de nou-
veau , 6k que rien ne manquât à la régularité ni à la
magnificence de l'architecture ; mais fes ordres furent fi
mal exécutés par l'architecte , que quoiqu'elle ait une
nef, elle n'a que quarante-neuf pas de longueur , depuis
la porte principale jusqu'à l'arcade qui fépare la chapelle
majeure du corps de l'églife , tellement que cette cha-
pelle fut extrêmement petite jusqu'en 1670, que le roi
don Pedro la fit abbatre 6k rebâtir de nouveau. Dans
cette nouvelle conftruction, l'architecte 6k les chanoines
firent tout leur poffible pour donner à la chapelle plus
de longueur qu'elle n'avoit ; mais ayant trouvé du côté
du nord une muraille qui fondent le cloître 6k la voûte
de deux autres chapelles , ils furent contraints de le
contenter d'enrichir, autant qu'il fut poffible, l'architecture
de la nouvelle fabrique , ci de drefier une fuperbe tri-
bune au-deflus du maître-autel , dans laquelle l'image
de la fainte Vierge fut placée , à laquelle on monte
par un degré de pierre , pratiqué dans l'épaifleur de la
muraille.
Au pied du maître-autel eft un marche-pied , par le
moyen duquel on y monte : du côté de l'évangile on
voit un arc , fous lequel eft le fiége du prieur du chapitre ,
6k un autre du côté de l'épitre pour le célébrant & pour
fes affiftans ; des deux côtés de la chapelle règne un
rang de lièges qu'ocupent les chanoines pendant qu'ils
chantent l'office divin , que le même don Pedro fit faire
en 1685. Toute la façade de la chapelle eft fermée par
une grille de fer bien travaillée , peinte 6k dorée , qui fait
un bel effet.
Le corps de l'églife n'a que trente pieds de longueur ;
mais elle eft azurée presque par-tout ; 6k dans les endroits
où il n'y a pas d'azur , elle eft peinte ou dorée. Des
deux côtés on voit de grandes croifées fur les vitrages
desquelles la vie de la fainte Vierge eft repréfentée par
des peintures très-fines , avec les armes du roi don
Jean 1 , 6k de la reine fon époufe , qui font celles d'An-
gleterre.
A l'entrée du chœur on a pratiqué dans la muraille,
du côté de l'évangile , un degré de pierre, par lequel on
monte au chœur, 6k à une tour qui a cent trente pieds
de hauteur , au fommet de laquelle eft un très-beau clo-
cher , à la pointe duquel eft un ange armé , qui indique
les vents qui foufflent. Cette tour fut bâtie en 1515 , fur
les ruines d'une autre , aux dépens du docteur Pierre ,
Etienne Cogominho , auditeur des terres du duc de Bra-
gance 6k d'Élifabeth Pinheyra fa femme. Au pied de la
tour on a bâti une grande chapelle , dans laquelle on
voit deux magnifiques tombeaux de pierre , avec deux
figures de demi-corps , dont l'une repréfente le fondateur ,
6k l'autre fa femme. Ces deux tombeaux font environnés
d'une grille de fer fort haute 6k très-bien travaillée. Dans
la même chapelle il y a un autel fur lequel on dit la méfie
tous les dimanches & jours de fêtes , qu'on peut entendre
de la rue & des maifons qui font vis-à-vis , par le moyen
d'une porte grillée , au-deflus de laquelle paroiffent les
armes du fondateur.
Au pied de la tour , du côté de l'occident eft une
belle fontaine , à trois grands tuyaux , qui fourhifîent
une grande quantité d'eau excellente. Celui du milieu fert
de frontispice au perron de la porte de la chapelle : celui
qui eft à main gauche , eft d'une pierre d'une beauté fin-
guliere , 6k d'une architecture admirable , & eft orné d'une
image de la fainte Vierge, appuyée fur un olivier , qui font
les armés de la ville. Celui qui eft à main droite , eft de
la même forme , que celui qui eft à gauche , & eft
accompagné des armes de Portugal , peintes 6k dorées.
Cette -fontaine eft faite avec tant d'art, qu'il femble que
l'eau qui en fort , vienne de l'intérieur de la muraille de
la tour, dans laquelle elle eft conftruitë; 6k les étrangers
ne peuvent pas ie perfuader qu'elle puiflê venir d'autre
part. Cependant il eft confiant qu'elle y eft conduite
d'une lieue de-là par des canaux fouterreins.
A la porte principale de l'églife , on voit à main droite
un grand écu , aux armes du roi don Jean I , fon reftau-
rateur , entre deux anges , 6c pour timbre un féraphin,
qui foutient avec les mains la couronne royale , 6k au-
deflbus une pierre de marbre , avec cette infeription :
l'an MCCCC XV, & le VI de Mai cet ouvrage fut com-
mencé par ordre du roi don Jean I donné par la grâce
de Dieu à ce royaume de Portugal : ce roi don Jean ,
livra bataille au roi don Jean de Caftille , dans les
champs d'Aljubarrota , dans laquelle il fut vainqueur i
& en reconnoiffance de c'ette victoire , qu'il obtint par le
fecours de fainte Marie , il ordonna que cet ouvrage fût
fait par Jean Garcia , entrepreneur.
Cette églife a deux autres portes magnifiques ; l'une
au nord , & l'autre au midi ; 6k derrière la chapelle ma-
jeure on a pratiqué un grand cloître , où les chanoines
font leurs procefîions ordinaires. Entre l'églife 6k le cloî-
tre eft un cimetière , où l'on enterre les pauvres qui
meurent dans les hôpitaux de la Miféricorde ck de TAnge.
Autour du cloître régnent cinq grandes chapelles, ri-
chement ornées , dont l'une eft dédiée à Notre- Dame
de Pombinha , la féconde à S. Roch , la troifiéme à
S. Côme 6k S. Damien ;. la quatrième à S. Pierre , de
la confrérie des clercs de la ville ; 6k la cinquième à
S. Louis.
Près de la porte du chapitre on a bâti une autre belle
chapelle , dédiée à S. Blaife , où les chanoines font
obligés d'aller réciter , pendant cinquante jours , des
prières pour le repos de l'aine de Gonçale Romeu , de-
puis le jour de Pâques , jusqu'au dimanche de la Trinité.
Dans l'intérieur de l'églife , entre la nef 6k le chœur ,
on a ménagé une porte du côté du midi , pour . aller à
la facriftie de la confrérie du faint Sacrement ; 6k une
autre du côté du nord , pour aller au cloître 6k à la
maifon du prieur du chapitre , tout contre laquelle eft une
galerie qui conduit à la facriftie des chanoines , laquelle
eft belle 6k bien ornée. On y admire fur -tout un re-
table d'argent vermeil , qui repréfente la crèche de No-
tre-Seigneur , que donna en préfent le roi don Jean I,
en action de grâces de la victoire fignalée qu'il rem-
porta fur le roi don Jean I , de Caftille , près à'Alju-
barrota. Il y a quantité d'autres chapelles magnifiques ,
dont nous ne parlerons pas. Nous n'entrerons pas non
plus dans le détail du tréfor de cette églife. Nous nous
contenterons de dire , qu'outre une grande quantité de
pierreries, de pièces d l'or , de vermeil 6k d'argent,
qu'on ne peut pas pefer au jufte , à caufe de l'émail dont
elles font garnies , on y compte huit cents marcs d'ar-
genterie , qu'on étale les jours de fêtes folemnelles.
Cette églife a toujours été fi chère aux rois de Portu-
gal , qu'ils ont exempté de toute forte d'impôts tous ceux
qui font deftinés à la deflervir. jusqu'aux domeftiques 6k
loca-
GUI
GUI
249
locataires des chanoines. Elle eft deffervie par un cha- fe vont affeoir pour y converfer. On voit encore quel-
pitre collégial 6c royal , compofé d'un prieur , d'un tré- ques autres places , ôc plusieurs belles églifes dans les
forier , de deux archidiacres , d'un théologal , d'un ar- fauxbourgs.
chiprêtre , de quinze chanoines , de huit prébendiers, Avant que l'ancien Guimaraëns fût entièrement rainé,
de fix clercs , qu'on appelle capinhas ,. qui affiftent au il avoit une jurisdi&ion diftinfte de celle du nouveau ,
chœur avec le chapitre ; avec cette différence , que les 6c des magiftrats différens; & afin que la mémoire n'en
chanoines &• les prébendiers portent des aumuflès four- foit pas tout-à-fait éteinte, il le fait tous les ans, letroi-
rées de rouge, & que celles des capinhas ne font pas fieme dimanche de Juillet, une proceffion foleranelle qui
fourrées. va de Féglife collégiale à celle de S. Michel du châ-
Les chanoines font curés primitifs de toutes les égli- teau , à laquelle affiftent le chapitre , les veréadors, avec
fes paroifliales de la ville , & de toutes leurs annexes ; 6c leur verge, en corps de ville, accompagnes du procureur-
en cette qualité , le chapitre affifto.it anciennement à tous fyndic , du greffier & autres officiers de juftice , ducor-
les enterremens ; mais comme cet honneur leur devint regidor, du provediteur, ôc du juge de dehors. Lorsque
onéreux , ils s'en déchargèrent fur une communauté de la proceffion part de Féglife collégiale , le juge de de-
quarante prêtres , qu'ils formèrent , & qu'on appelle co- hors levé un étendard rouge , fur lequel paroît la figure
raria , l'un desquels eft le chef, fous le titre de prévôt; de l'archange S. Michel ; 6c lorsqu'il arrive au terme
ck tous les autres font obligés de lui obéir , comme à leur qui fépare l'ancienne ville de la nouvelle , il le remet
fupérieur.
Le chapitre eft indépendant de la jurisdiftion épisco-
pale , 6c ne reconnoit d'autre fupérieur que le pape.
Plufieurs archevêques de Braga ont tâché, mais inutile-
ment, de Faffujétir à leur autorité.
Le roi don Alfonse IV fit conftruire vis-à-vis de la
au plus ancien veréador , pour marquer qu'il n'eft
en droit d'entrer dans un lieu où il n'a pas de jurisdic-
tion, avec les marques qui dénotent les attributs de la
judicature.
La ville eft gouvernée , quant au civil , par un corregi-'
dor, un audueur , trois veréadors, un procureur du con-
forte principale de Féglife , & au-delà d'une place qui feil , un greffier de la chambre , un juge du dehors ,
n'en eft éloignée que de dix-fept pas , un fuperbe pa- juge des orphelins avec fon greffier , un maître des comp-
draon, dont quatre arcades appuyées fur des piédeftaux,
en foutiennent la voûte. Tous ces piédeftaux fe termi-
nent en pointe de diamant , 6c s'élèvent au - deffus du
toit de la voûte. Dans chaque flanc de la muraille de ces
arcades, on voit un écu aux armes du roi, fondateur de
l'édifice. Au milieu de l'arcade , qui eft du 6Ôté de Fé-
glife , on a bâti un magnifique autel fur lequel on a
placé une image de Notre-Dame de la Viâoire. Au pied
de l'autel on voit la figure du licencié Pedro de Lobaon ,
avocat de la ville de Guimaraëns , lequel entreprit de
priver Féglife de Notre-Dame , 6c ceux qui la de.Ter-
vent , des privilèges 6c immunités que les rois leur ont
accordés , 6c qui , dit-on , en fut puni d'une manière
furnaturelle.
La grande place eft fort proprement parée , & envi-
ronnée de bancs attachés à la muraille de Féglife , ou à
celles des maifons qui la bornent de trois côtés, lefquel-
les font foutenues par despiiiers de pierre, qui forment
de beaux portiques , qui , entre le nord 6c l'orient , font
face à Féglife collégiale , 6c entre l'occident ôc le nord ,
aux deux fuperbes édifices de la chambre & de l'au-
dience , au-defiùs desquels on a placé deux grands écus
aux armes royales , entre deux fpheres dorées 8c peinteSb
On voit encore dans l'enceinte de la ville, h place de
'Saint-Paye , où eft fituée Féglife paroiffiale de ce nom ;
quoique celle dont nous venons de parler foit appellée la
grandeplace, celle-ci eft encore plus grande, mais moins
ornée. En fortant de la ville, on trouve à l'entrée du faux-
bourg de Sainte -Croix la place appellée le champ de la.
foire. Elle eft vafte , bien peuplée 6c partagée par un ruif-
feau qui porte fon nom , qu'on patte fur un pont qui ne
s'élève qu'à niveau du terrein, &c qui a 120 pas de long
fur trente de large.
La partie de la place , qui eft au-delà du pont , eft
remplie de beaux arbres , à l'ombre defquels ont tient
une foire de beftiaux, qui commence le premier diman-
che d'Août , 6c dure trois jours.
A quelque diftance delà, on trouve la place de Saint-
Sebaftien , où eft lîtuée une églife paroiffiale , dédiée à
tes , un enquêteur , un diftributeur , un mayrinhe , deux
lieutenans de police , un alcaïde , fix tabellions , un ca-
pitaine-major 6c un .fergent- major qui commandent
quatre compagnies d'ordonnance. Les habitans de cette
ville ont reçu du roi Denys l'exemption de tous im-
pôts.
La Comafxa ou département DE Guimaraëns eft
compofée de vingt-deux villes , favoir ,
Guimaraëns ,
Conda ,
Amarante ,
Vahaon ,
Figueira ,
Monte-Longo -,
Raes,
Villabon,
Rida ,
Santa-Cruz ,
Riba-Tamaga ,
Colories de Baftc
Roufl,
Reftim,
Pedralta,
Vemieiro ,"
Tibaëns ,
Cambefes,
Gueyada ,
Capçaons ,'
Manedo.
Elle s'étend fur vingt confeils , qui font J
Conda , Colories de Baftos ,
Amarante > Roufi ,
Vulgaon, Reftim,
Figueira, Pedralta,
Monte-Longo , Vemieiro ,
Raës , Tibaëns ,
Villabon, Cambefes,
Rida, Gueyada,
Santa-Cruz, Capçaons,
Riba-Tamaga , Manedo.
Saint - Guimaraëns eft
Portugal, &C du pape S
367 jusqu'à Fan 385»
GUIN, ville de Perfe, dans
la patrie d'Alfonfe I , roi de
Damafe , qui y fiégea depuis
province de Perfe ,
ce faint : cette place eft remarquable par la beauté de proprement dite , dont néanmoins elle eft féparée par de
féglife qui la borde d'un côté , 6c de la façade de la hautes montagnes , félon Corneille , Dicl. qui cite le
douane qui régne. d'un autre ; delà en tirant entre le voyage d'Olearius. Elle eft dans une plaine de plus de
nord 6c l'occident , on va à la place du Toural. quatre lieues de long 6c de large , femée pour la plus
Elle eft bordée d'un côté par de belles maifons, dont grande partie de riz 6c de coton , 6c arrofée de plu-
ie devant eft foutenu par des arcades qui font un effet iieurs petits canaux. Quoique cette ville foit petite , l'a-
merveilleux ; 6c certains jours de fêtes , on y fait des bord 6c la vue en font fort agréables à travers les pal-
danfes au fon des trompettes 6c de plufieurs autres inf- mes 6c les autres arbres qui la font voir dans une âgréa-
trumens, qui font fuivies de tournois & de courfes aux- ble perfpeftive. En y entrant, on trouve à main droite une
quels la jeunefle de la ville 6c du voifînage s'exerce, très-ancienne m'ofquée , avec un dôme couvert d'un ou-
Ceux qui ne veulent être que fpeftateurs , font affis fur
des bancs de pierre , dreffés contre les murailles des
maifons , en forme d'amphithéâtre. Du côté du midi ,
on a conftruit une très-belle fontaine à fix gros tuyaux
terminée par une fphere de bronze doré , au bas de la
quelle font les armes royales ; le pied de la fontaine eft
vrage de marqueterie , dont les murailles de dehors font
auffi revêtues. LesPerfes prétendent que ce bâtiment a
plus de neuf cents ans : auffi eft-il à moitié ruiné, 6centr'ou-
vert de grandes crevaffes en quelques endroits. Il eft en
grande vénération aux habitans. On voit dans la ville deux
petits canaux de bonne eau vive, bordés ce chaque coté
environné de degrés de pierre , fur lesquels les habitans d'ormes ck de faules comme en Europe. Il paroît que cette
Tom III. I i
GUI
250
ville eft ancienne , 8c qu'une colonie de Perfe , l'a peu-
plée, parce que (es habitans ont plus d'efprit, & font
plus polis que les autres Arabes leurs voifins. Ils ont le
teint plus blanc , & l'habit de leurs femmes eft plus agréa-
ble. L'air y eft auffi plus tempéré , Se la façon de vivre
beaucoup moins ruftique.
GUINALA, gros village d'Afrique, dans laNigritie,
aune lieue de l'iile de Bifagues, fur la rive droite d'un
marigat , ou petite rivière qui lui donne fon nom , aufli-
bien qu'à un royaume. Ce village n'eft habité que par
des Portugais qui s'y font établis de père en fils , depuis
long-tems. Il y en a de blancs, de bazanés,de mulâtres,
de noirs. Ils font tous allez bien logés, &c paroiiTent à
leur aife ; mais on ne peut voir qu'une de leurs cham-
bres , parce que la jaloufie ne leur permet pas d'en mon-
trer davantage : cette maladie eft générale dans le pais.
Au demeurant ils font affez polis , 8c favent allier la ci-
vilité à la gravité.* Labac, Afrique occident./. j,p. 160.
Le Roi DE GUINALA réfîde dans un village à une
lieue de-là , fur le bord d'une moyenne rivière , qui vient
de l'eft , &l qui fe rend dans celle de Courbali. Tout le
terrein eft bien cultivé, il eft abondant Se gras; &c s'il
étoit en d'autres mains, il feroit d'un grand rapport. On
y peut faire un commerce très-confidérable de cire ,
d'efclaves , 8c d'ivoire. On y voit quantité d'çléphans ,
6c malgré la guerre continuelle que les Nègres leur font
pour les empêcher de gâter leurs champs , Se pour avoir
leurs dents 8c leur chair , ils ne laiffent pas de multi-
plier beaucoup. Le pays eft charmant à caufe des arbres
6c des bananiers qui environnent toutes les maifons ,
avec des tapades d'épines 8c de groffes cannes.
Le Roi de GUINALA eft le même que celui des
£iafares. Voyez BlAFARS.
GU1NCHY , ville de l'Indouftan, fur la route de
Cochin à Madrefpatan. Elle eft à dix journées de che-
min de cette ville, 6c eft peuplée deMahometans, félon
Tavernier dans fon voyage des Indes , /. I , c. 16.
GUINÉE , ( LA ) grand pays d'Afrique , entre la Ni-
gritie au nord , l' Abiffinie à l'orient , Se la Cafrerie au
midi ; nous n'en connoiflbns guères que les côtes qui
commencent à la rivière de Serre-Lionne , 8c s'étendent
jusqu'au Cap-Negre ; c'eft-à-dire environ 10 d. en-deçà
de la ligne 8c 16 d. au-delà. On la divife en haute 8c en
bajje Guinée.
La Haute Guinée eft bornée au midi par l'Océan ,
Se comprend divers pays que l'on trouve de fuite , 8c
qui font fubdi visés chacun en plufieurs royaumes. Ces
pays font ,
La côte de Malaguete, ou du Poivre.
La côte des Dents, ou d'Ivoire.
La cote d'Or,
Le royaume de Juda ,
Le royaume du grand Ardre,
6c Le royaume de Bénin.
La baffe Guinée eft le même pays que le Congo. Voyez
ce mot.
La Guinée, ditBosman, Lettre 1, eft un fort grand
pays, 6c a quelques centaines de lieues d'étendue, ren-
fermant un nombre infini de royaumes , tant grands que
petits, 8c d'autres peuples qui font gouvernés en forme
de république. Il y a plufieurs écrivains , ajoute -t- il,
qui ont cru que la Guinée étoit un puiffant état , dont
le roi ayant fubjugué plufieurs pays , en avoit fait un
royaume , 8c lui avoit donné le nom de Guinée
Mais c'eft une erreur groffiere. Le nom de Guinée n'eft
pas même connu parmi les habitans, 8c le royaume de
Guinée eft un royaume imaginaire, qui ne fe trouve pas
dans le monde. La côte de Guinée eft fituée environ à
5 d. de latitude feptentrionale ; ainfi ce climat eft fort
chaud : il ne l'eft cependant pas tout-à-fait tant que plu-
■ fleurs fe l'imaginent. Il y fait extrêmement chaud dans
les mois d'Octobre, Novembre, Décembre, Janvier , Fé-
vrier 8c Mars. Pendant les fix autres mois de l'année , la
chaleur eft fupportable ; mais il s'élève un brouillard , tous
les matins , qui eft fi épais 8c fi puant qu'on ne peut y
réfifter : à cette incommodité fe joint la mal-propreté
des Nègres qui ont l'habitude de laiffer pourrir leur poif-
fon , avant que de le manger , 8c qui font leurs ordures
dans tout le village autour de leurs maifons. Ces puan*
GUI
teurs réunies enfemble , caufent nécefiairement quantité
de maladies à ceux qui y arrivent. Les naturels du pays
n'y font pas fujets , par l'habitude qu'ils ont d'être dans
le mauvais air. Ils font cependant fujets à deux fortes de
maladies, la petite vérole qui eft plus dangereufe chez
eux qu'en Europe , 8c le ver. Ce ver s'engendre dans tou-
tes les parties.de leur corps, fur-tout aux jambes. Ce
mal eft fort douloureux 8c fort long ; 8c ils n'en font dé-
livrés que quand le ver eft forti. S'il fe rompt , en le ti-
rant, la douleur augmente; ce qui eftrefté du ver fe pour-
rit , 8c fait un apoftume dans un autre endroit. C'eft ce
qui a donné lieu à Fockenbrogh de dire : la Guinée eft
un pays où les vers de terre , de la longueur d'une aune
ou d'une pique , n'attendent pas que les hommes foient
morts Se les rongent tous vivans.
A ces incommodités près , les Nègres jouiffent engé-
néral d'une parfaite fanté ; mais ils deviennent rarement
vieux. On en voit quantité qui le paroiffent fans l'être;
ils s'abandonnent trop aux femmes; ce qui les vieillit Se
les affoiblit tellement, que lorfqu'à l'âge cîe cinquante ans
qui eft parmi eux une grande vieilleffe, ils font attaqués
de maladies, ils en meurent ordinairement; les enfans
même connoiffent cette débauche , ce qui fait qu'il ne
fe trouve pas une honnête fille parmi eux.
Les Nègres font tous en général d'un-naturel fi fourbe ,
qu'on ne peut fe fier à eux. Ils ne négligent aucune oc-
cafion de tromper un Européen , ou de fe tromper les
uns les autres. Ils ne travaillent que par contrainte. Ils
ne font fufceptibles , ni d'inquiétude ni de chagrin. Le
malheur ne les fait jamais fortir de leur gaieté. Lorfqu'ils
vont à la guerre , ils s'en reviennent toujours en fautant
8c danfant, qu'ils foient viftorieux, ou qu'ils aient été
battus. Quand ils fe trouvent à une fête ou à un enter-
rement, c'eft pour eux la même chofe. Ils ont cepen-
dant foin d'amaffer de l'argent; mais ils le perdent avec
une tranquillité extrême.
Les jeunes gens fur-tout font fort orgueilleux ; ils vou-
draient paffer pour des perfonnes de qualité , quoiqu'ils
ne foient bien fouvent que des efclaves ; ils font aufti
paroître beaucoup de vanité dans leur manière de fe pa-
rer. Ils s'ornent la tête en plufieurs endroits. Quelques-
uns portent les cheveux longs , joliment bouclés 6e at-
tachés enfemble fur la tête : d'autres font de petites bou-
cles de leurs cheveux , les frotent d'huile 8c de pein-
ture , 6c les ajuftent en manière de rofes autour de leur
tête. Ils mettent entre deux pour enjolivement des féti-
ches d'or , 6c une certaine forte de corail que nous nom-
mons conte di terra , 8e qui vaut quatre fois plus que l'or.
Ils ont encore une efpece de corail bleu , que nous ap-
pelions aigris, Se les Nègres acorri , 6c que l'on pefe au
poids de lor, lorfqu'il eft un peu gros. Ils aiment fort à
porter des habillemens comme nous , 8e ne font pas dif-
ficulté de les payer bien cher. Ils portent autour des bras,
des jambes 8c du corps , quantité d'or ou de corail pour
ornement. Leur habit ordinaire eft compofé de trois ou
quatre aunes d'étoffes , foit de velours , de foie , de
drap, 6cc. Il y en a plufieurs qui en ont de. cinquante
fortes. Ils roulent cet habit ( ou pagne} autour de leur
corps , Se le laiffent pendre depuis le nombril jufqu'à mi-
jambe. Ils portent auffi aux bras des anneaux d'ivoire
fort proprement faits; 8e quelques-uns en ont d'or,
d'argent , Sec. Ils ont au cou plufieurs colliers d'or 6c
de toutes fortes de corail, de celui même dont on vient
de parler ; 6c il y en a qui valent chacun plus de mille
livres. Ce font leurs joyaux , 6c on n'eftime nullement
ceux qui n'en ont point.
Autant que les jeunes gens ou manceos font magni-
fiques , autant les gaborecos ou vieillards font modeftes.
Ils aiment mieux paffer pour pauvres que pour riches.
Us fe contentent d'avoir une bonne pagne, un bonnette
peau de cerf, 8c à l'exemple des Ifraëlites, un bâton à
la main , avec une chaîne ou un collier de corail au cou.
Ce font tous les ornemens dont ils fe parent journelle-
ment.
Les gens du commun , comme les payfans , les pê-
cheurs, Se autres de cette forte, 's'habillent à fort peu de
frais. Quelques-uns n'ont que deux aunes d'étoffe com-
mune , Se d'autres n'ont qu'une bande pour cacher ce que
la pudeur ne permet pas de laiffer voir , excepté que les
pêcheurs ont un bonnet de peau de cerf, ou de jonc fur
la tête ; mais la plupart tâchent d'avoir des matelots un
GUI
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251
vieux chapeau ou un vieux bonnet, qui leur fert dans le treize ou quatorze pieds de l°ng, & trois ou quatre de
chaud & dans le froid Les femmes de Guinée font pi
occupées à fe bien parer que les hommes. Elles ont l'a-
dreffe- de boucler fort joliment leurs cheveux , 6k de les
orner de fétiches , de corail , & de queues d'éléphant ;
•elles portent au cou des chaînes d'or & de très-beau co-
rail , outre dix ou douze petits colliers blancs fort jolis ,
de conte de terra. &c d'or , qu'elles ont en quantité aux
bras , aux jambes , & autour du corps. Elles ont de-
puis la ceinture en bas une pagne , qui eft fouvent
deux ou trois fois plus longue que celles des hom-
mes, & qu'elles attachent avec une bande de drap rouge
ou de quelqu'autre étoffe , de la longueur de deux aunes ,
& large, d'une demie , dont les deux bouts pendent pai
large. Les Européens fe fervent des plus grands pour
tranfporter leurs marchandifes d'un lieu à l'autre , £c ils
contiennent autant que la chaloupe d'un vaiffeau mar-
chand. On fait aller ces canots à la rame : on y em-
ploie deux, trois, cinq, fept, neuf, onze, treize,
quinze ou dix-fept rameurs , félon qu'ils font longs : ils
font en nombre impair, parce qu'ils font deux à deux,
& qu'il en faut un qui gouverne. Ils ne fe fervent point
de rames comme les nôtres, mais de pelles, faites en
forme de cœur : ils tiennent ces pelles avec les deux
mains ; & les enfonçant continuellement dans l'eau der-
rière eux , ils font aller le canot fort vite. Les plus
petits bateaux leur fervent à aller pêcher , & leurs
deffus leur pagne. Celles qui font d'une condition rele- ftruir.ens de pêche font de petits hameçons , & des
vée y mettent une dentelle d'or ou d'argent; ce qui leur harpons pour tuer le poiffon qui a mordu à l'hameçon,
donne encore plus d'agrément. Elles ont en haut autour Ils ont aufli des éperviers , & de grands traîneaux qu'ils
du corps une écharpe de foie, ou de quelqu'autre jolie tendent le loir dans la mer, & qu'ils vont lever le len-
étoffe. Leurs b
d'ivoire, ckc.
arpi
étoffe. Leurs bras font garnis d'anneaux d'or, d'argent, demain. S'i
arrive que quelque poiffon mal-faifant ,
_ eradcr, s'yembarraffe, le traîneau eft tout
Elles accouchent fans beaucoup de frais, fans cet atti- déchiré dès la première fois, car ce poiffon coupe le
rail de petites hardes , béguins , langes, & autres que réfeau du traineau avec une espèce de glaive qu'il a fur
l'on a en Europe. Plufieurs femmes, vont le jour même le mufeau ; £>t c'eft ce glaive qui lui a fait donner le nom
de leurs couches, fe laver au bord de la mer. Quelques- de fwaerd-vis , ou le poiffon au glaive, dans la lan-
unes gardent le lit quelques jours, & font fort malades; gue Hollandoife. Il eft vrai que les Nègres y peuvent
mais cela eft rare. Auffi-tôt que l'enfant eft né , on va mettre ordre quand ils s'en apperçoivent. Ils y vont d'a-
chercher un fétiche ou confie ; c'eft une efpece de prêtre bord avec trois ou quatre canots, & avec des harpons
parmi eux. Il leur fait incontinent attacher autour du pour le prendre ; & comme ce poiffon eft fort grand ,
corps, du cou, des bras & des jambes, quantité décor- & que les Nègres l'aiment beaucoup, un feul les dé-
delettes de corail, & d'autres bagatelles , après les avoir dommage bien du tort que leurs filets ont fouffert.
confacrées par des cérémonies particulières ; &£ à ce qu'ils La Guinée contenant un fi grand nombre de peuples,
croient, cela préferve l'enfant de maladie, &c des autres
accidens fâcheux. Ces cordelettes fervent d'habit à ces
enfans jusqu'à l'âge de fept ou de huit ans , & alors on
leur donne une demi-aune d'étoffe pour fe bien ajufter.
Ces enfans, au refte, ne leur coûtent ni foin ni dépenfe :
ils tettent pendant deux ou trois ans. Lorfqu'ils ne tet-
tent plus , & qu'ils ont faim , la mère leur donne
un morceau de pain fec , & les envoie dehors :
ils peuvent aller où ils veulent , même fur le bord
de la mer , pour apprendre à nager , fans que la
mère ou quelqu'autre perfonne y prenne garde. Des
centaines d'enfans , depuis l'âge de quatre ans jus-
qu'à fix , courent tout nuds fur le bord de la mer, &
n'ont qu'un morceau de pain fec , dont ils font très-
la diverlîté des langues doit s'y trouver : on en jugera
par la côte d'or , qui n'en eft qu'une partie. Quoique
cette côte , dit Bosman , n'ait que foixante lieues de
long , on y parle pourtant fept ou huit langues , dont
il y a trois ou quatre qui n'ont aucun rapport enfemble.
Ceux de Jummoré , dix lieues au-deffus d'Axim , peu-
vent bien parler avec les habitans dEguira, dAbo'èroïy
( ou d'Abourou ) à'Ancober , & d'Axim ; cependant
leur langage diffère encore beaucoup de l'autre. Celui
d'Axim eft très-délagréable, celui d Ame l'eft pour le
moins autant ; le plus horrible de tous eft celui d'A-
cra, qui n'a nul rapport avec aucun des autres. La plu-
part des autres Nègres de la côte peuvent s'entendre ,
excepté ceux d'Aquamboë. Il n'y en a point dont le
contens. Ils n'ont perfonne pour les garder , ck on n'ap- langage foit plus agréable que ceux qui viennent du fond
prend pas qu'il leur arrive aucun accident. du pays , comme font les habitans de Dinkira, d'A-
Les Nègres fe nourriffent eux-mêmes à fort peu de kim , d Acanni , ck après eux ceux d'Adom. L'auteur
frais. Leur fobriété eft extrême pour le manger, quand cité dit que ceux qui entendent un peu le langage des
eux-mêmes en font la dépenfe ; car quand les Euro- Nègres y apperçoivent d'abord une différence confidé-
péens les traitent , ils font friands èk gourmands , êk rable , ck pour le moins aufli grande qu'entre le lan-
dévorent ce qu'il y a de meilleur ; mais ils font fort en- gage des Brabançons , ck celui cie ceux qui habitent au-
c'ins à l'ivrognerie : ils aiment paflîonnëment les boif- delà de la mer. Si les Nègres qui demeurent fous nos
fons fortes , ck ne manquent jamais de boire le matin forts , ck avec qui nous fommes obligés de converfer
de l'eau-de-vie , ck l'apres-midi du vin de palmier. tous les jours , parloiefit un langage plus doux , il ne
La pareffe des Nègres eft caufe qu'on trouve peu d'arts feroit pas difficile de l'apprendre dans deux ou trois
& de métiers parmi eux ; leurs principaux métiers con- ans ; au lieu que nous avons de la peine à l'apprendr»
fiftent à faire des coupes ck des vafes de bois ck de parfaitement au bout de dix ans. Il y a quelques perfon-
terre, à natter des chaifes , à faire des boëtes de cuivre nés, parmi lesquelles je meflate d'être, pourfuit-il, qui
pour y mettre de l'onguent , des braffelets d'or , d'ar- y ont fait des progrès affez confidérables pour entendre
gent, ck de dents d'éléphant, ck autres bagatelles fem- tout; mais la prononciation a toujours été très-difficile,
blables. Il n'y a rien à quoi ils s'entendent mieux qu'à parce que les mots ck les noms de certaines chofes font
forger , ck ils font tous les inftrumens qui leur font né- fi extraordinaires, que voulant les écrire, ou les pro-
cédures pour l'agriculture, pour le ménage & pour la noncer à notre manière, nous ne réuflifTons jamais;
guerre , excepté les armes à feu. Ils ne lavent ce que Si comme les Nègres ne favent ni lire ni écrire , ck par
c'eft que l'acier, ck cependant leurs fabres & leurs fer- conféquent n'ont point de lettres, il eft affez mal-aifé de
pes ne laiffent pas d'être d'une trempe fort dure, ck de connoître ckde corriger les fautes. Old Dapper, qui n'a
bien couper : il en eft de même de leurs houes, ck jamais été ici, a bien mis dans fâ description de l'Afri-
des autres inftrumens dont ils fe fervent pour cultiver que plufieurs noms ck fupputations dont les Nègres fe
la terre. Ils forgent tout cela fur une groflè pierre , qui fervent ; èk moi , qui crois en favoir un peu plus que
leur tient lieu d'enclume : ils fe fervent de deux ou trois lui , je n'oferois l'entreprendre , étant afluré d'avance
mokers , d'une pincette , ck d'un petit foufflet qui a trois que je ne rencontrerois pas mieux qu'il a fait,
tuyaux, ck quelquefois davantage. Ils ont inventé ces J'ai parlé à l'article d'Axi M des cinq degrés de qualité
foufflets , dont il fort beaucoup de vent. Ils treffent pour qui diftinguent les Nègres : il eft inutile de le repeter
les Hollandois des cordons de chapeau de fils d'or ck ici; j'ajouterai feulement qu'il n'y a point parmi les Né-
d'argent avec tant d'adreffe, que les orfèvres d'Europe grès de pauvres qui aillent mendier pour vivre ; quelque
auraient peine à les imiter. peu de bien qu'ils ayent , ils ne font jamais réduits à
La navigation des Nègres n'eft pas bien confidérable. la mendicité ; car lorfqu'un Nègre ne peut vivre de ce
Ils fe fervent de bateaux, qu'on appelle canots; les qu'il a, il s'engage à quelqu'un pour une certaine fomme
plus grands ont trente pieds de long, & fix de large , d'argent; ou bien (es parens même l'engagent, quand il
ik diminuent peu-à-peu jufqu'aux plus petits, qui ont eft dans la néceflité. Celui avec qui il s'eft engagé lui
Tome III. Ii ij
GUI
donne ce qui eft néceffaire pour fon entretien , à con-
dition qu'il fade ce- qui lui eft ordonné ; ce qui n'eft pas
fort pénible , & ne Cent nullement l'elclavage. Il n'a qu'à
fervir ion maître avec les armes , lorfqu'il a befoin de
lui , Se à travailler dans le tems qu'on feme les grains.,
à-peu-près autant qu'il veut. Il n'y a donc point de men-
dians par néceflité ; mais ils demandent tout ce qu'ils
voient, même jusqu'au roi qui n'a pas honte de deman-
der des bagatelles qu'il pourrait avoir pour un ou deux
fols. Ils font tous fi importuns, qu'on eft obligé de leur
donner quelque chofe pour s'en détaire.
Les Nègres de la côte ont une idée confufe Se grof-
fiere de l'unité de Dieu , delà Création , & de la Pro-
vidence qui conferve Se gouverne tout. Ils ne Font pas ,
dit l'auteur , ni d'eux-mêmes , ni par tradition , mais par
le commerce qu'ils ont avec les Européens : il en ap-
porte pour preuve qu'ils ne font jamais de facrifices à
Dieu , Se ne l'invoquent pas dans leurs befoins , mais
ils s'adreffent à leur fétiches , c'eft-à-dire leurs idoles ,
qu'ils fervent avec des fuperftitions , dont- on trouve le
détail dans l'auteur cité. Ils ont deux jours de la femaine
où ils s'abftiennent de vin ; ils obfervent des abftinen-
ces particulières , Se chacun a fes viandes défendues :
par exemple , l'un ne mange point du mouton , l'autre
de la chèvre , l'autre de la vache , Se ainfi des autres ;
& ce qui eft remarquable , c'eft que le fils imite en cela
le père , Se la fille fuit l'exemple de la mère , c'eft-à-
dire que le fils ne mange point de ce qui eft défendu
à fon père, ni la fille de ce qu'il n'eft pas permis à fa
mère de manger. Ils ne comptent point entre les péchés
le meurtre , l'adultère , le larcin , ni d'autres crimes de
cette nature , parce qu'ils peuvent s'en décharger pour
de l'argent : il n'en eft pas de même de manger des
viandes défendues. Ils ne font pas tous d'un même fen-
timent fur la vie à venir : la plupart croient pourtant
qu'auffi-tôt que l'homme eft mort , il va dans un autre
monde , & y vit dans la même dignité , Se avec les
mêmes honneurs dont il jouiffoit durant fa vie, & que
tout ce que fes pareils facrifient après fa mort , lui eft
rendu dans l'autre monde.
Ils ont peu de connoiffance des récompenfes Se des
peines qu'ils ont à efpérer ou à craindre après cette vie ;
excepté que quelques-uns foutiennent que le défunt eft
tranfporté auffi-tôt après fa mort fur une rivière qui eft
î>ien avant dans la terre ferme , Se qu'ils nomment Bof-
manque.; (ce qu'il faut entendre de Famé, car ils voient
que le corps demeure parmi eux ; ) que là il eft inter-
rogé par l'idole de quelle manière il a vécu. S'il n'a
point fauffé fon ferment-, qu'il n'ait point mangé de
viandes défendues , l'idole lui fait paffer doucement la
rivière, Se le mené dans un pays où il jouit de toutes
fortes de délices ; mais s'il a prévariqué dans ces chofes ,
il le précipite dans la rivière , où il étouffe , Se tombe
ainfi dans un éternel oubli. Us croient qu'il y a un diable ,
mais il n'eft pas vrai qu'ils lui rendent un culte ; ils le
Cïaignenl feulement; & il y a un certain tems dans l'an-
née où ils châtient le diable de leurs villages , ce qui fe
fait avec d'étranges cérémonies. Ils n'ont que deux fêtes
dans l'année ; l'une , quand ils font cette cérémonie , &
l'autre après la récolte des grains.
Je renvoie à Fauteur même pour ce qui regarde les
animaux, les arbres Se les plantes ; auffi-bien ce qu'il
en décrit, appartient principalement à la côte d'or; Se
ces détails me mèneraient trop loin. Mais une remarque
. afTez finguliere , c'eft que les moutons de ce pays-là por-
tent du poil au lieu de laine , Se que les hommes por-
tent de la laine au lieu de cheveux.
Les Portugais ont une manière particulière de divifer
la Guinée en haute Se en baffe. Selon leur divifion , la
haute comprend tout ce qui eft depuis la. rivière de Sé-
négal jusqu'au Congo , Se la baffe contient toute la baffe
Ethiopie. Mais les François n'appellent Guinée que ce
qui eft depuis le cap de Sierra-Leona jusqu'à la rivière
de Camerones.
La Guinée étant peuplée par de véritables Nègres ,
. eft regardée par quelques-uns comme la partie méridio-
nale du pays des Nègres. Mais ce nom de pays des
Nègres , n'eft qu'une dénomination vicieulé. Quelques-
uns l'ont employée pour fignifier la Nigritie, fur la fauffe
perfuafion où ils étoient que ce mot vient du mot Nè-
gres , au lieu qu'il vient du mot niger , comme nous le
GUI
prouvons ailleurs, aux mots Nègres, Nigritie, fie
Niger. Tous les Nègres ne font pas habitans de la Ni-
gritie, quoiqu'ils puitî'ent en être originaires.
Les Portugais prétendent être les premiers Européens
qui ayent découvert cette contrée vers Fan 1417; mais
il eft confiant que cette gloire eft due aux François ,
qui , lorfque la France commençoit à refpirer , du tems
du roi Charles V , des malheurs qu'elle avoit foufrerts
fous le roi Jean fon père , y navigerent plus de foixanta
ans avant qu'aucune nation d'Europe en eût connoif-*
fance. Les Dieppois s'étant attachés de tout tems au
commerce , équipèrent au mois de Novembre 1364 ,
deux vaiffeaux du port d'environ cent tonneaux, cha-
cun ; Se ayant fait voile vers les Canaries , ils mouillè-
rent devant Rufisque , près du Cap- Verd , dans la baie
qui conferve encore le nom de baie de France : les
noirs de ces côtes ausquels jusques-là les blancs avoient
été inconnus , accoururent de tous côtés pour les voir ,
fans vouloir pourtant entrer dans leurs vaiffeaux , jus-
qu'à ce qu'ils eurent remarqué que ces blancs les ca-
reffoient, Se qu'ils Ieup avoient apporté plufieurs baga-
telles , dont la vue les furprenoit , Se en échange des-
quelles les noirs leur donnèrent de l'ivoire , des cuirs ,
Se de l'ambre gris. Les Dieppois leur ayant fait con-
noître qu'ils reviendraient les voir les années fuivantes ,
pouffèrent plus loin , Se au fortir du Cap-Verd , auquel
ils donnèrent ce nom , ils arrivèrent àSierra-Leona, Se
pafferent devant le Cap-de-Monte avec beaucoup de fur-
prilê des habitans de toute la côte, qui croyoient que
tous les hommes étoient noirs comme eux. Ils s'arrê-
tèrent enfin à l'embouchure d'une petite rivière près de
Sextos, où eft un village qu'ils appelèrent le PETIT
Dieppe, à caufe' de la reffemblance du Havre Se du vil-
lage, fîtués entre deux coteaux. Us achevèrent de prendre
là leur charge d'ivoire Se du poivre nommé Malaguette %
8e furent de retour à Dieppe fur la fin de Mai 136s; ,
avec des profits immenfes. La quantité d'ivoire qu'ils
rapportèrent fut cause que les Dieppois s'appliquèrent à
le travailler , en quoi ils ont fi bien réuffi , qu'ils paf-
fent pour les plus excellens ouvriers en ivoire. Au mois
de Septembre de la même année , les marchands de
Rouen s'étant affociés avec ceux de Dieppe , équipe-1
rent quatre vaiffeaux , deux desquels dévoient traiter
depuis le Cap-Verd jusqu'au petit Dieppe , & les deux
autres allèrent plus avant découvrir les côtes ; mais Fua
des deux derniers s'arrêta au grand Seftre fur la côte
de Malaguette ; & y trouvant une grande quantité de
poivre , il en prit fa charge. L'autre ayant paffé la côte
des dents , pouffa jusqu'à la côte d'or , d'où il en rap-
porta quelque peu avec quantité d'ivoire. Comme les
peuples de ces deux côtes ne les avoient pas fi bien
reçus que les autres , les marchands fe bornèrent au
petit Dieppe Se au grand Seftre où ils continuèrent d'en-
voyer quelques vaiffeaux les années fuivantes, Se même
une colonie. Le grand profit qui fe trouva dans le débit
de ce poivre, donna envie aux étrangers d'aller eux-mê-
mes chercher ce qu'ils achetaient des Dieppois. Ainfi
en 1375 , ils commencèrent d'y traiter ; mais voyant que
les François y avoient par-tout des loges , comme au
Cap-Verd, à Sierra-Leona , S: au Cap-de-Monte, au petit
Dieppe Se au grand Seftre , Se qu'ils étoient fort ai-
més des Nègres , ils quittèrent ce commerce , le repri-
rent enfuite , Se ne l'ont point discontinué depuis ce
tems-là. Le profit diminuant par la grande quantité de
marchandifes que les François Se les Etrangers avoient
apportées de ces côtes ; ceux de Dieppe Se de Rouen
firent partir en 1380 un vaiffeau du port de cent cin-
quante tonneaux, qui , fur la fin de Décembre, arriva z
la rade des lieux, d'où feize ans auparavant le premier
navire avoit rapporté de l'or. Il en revint neuf mois après
richement chargé ; de forte que l'année fuivante ils y
envoyèrent jusqu'à trois vaiffeaux. L'un s'arrêta au pre-
mier lieu que Fon avoit découvert , 8e l'appellererit LA
Mine , à caufe de la quantité d'or qu'on y apportait
des environs. L'autre navire traita à Capo-Corfo Se à
Mouré, au-deffous de la mine; Se le troifieme alla jus-
qu'à Acron , ayant traité à Fantin, à Sabou, SeàCor-
mentin. Dix mois après ils retournèrent en France , Se
' furent fi bien perfuader les marchands , en leur vantant
le pays , la douceur des habitans , Se la quantité d'or
. que l'on en pqurrQi.t tirer, qu'ils réfolurent de s'y éta«
GUI
GUI
blir & d'abandonner plutôt tout le refte. En 138^ ils y
envoyèrent trois vaifleaux, favoir deux grands leftés de
matériaux propres à bâtir , & un petit deftiné à parler
au-delà d'Acron pour découvrir le refte des côtes. Lorf-
tm'ils turent à la mine, ils y firent une petite loge où ils
laùTerent dix ou douze hommes , & s'en revinrent en-
core richement chargés dix mois après leur départ. Le
petit vaiffeau qui vouloit paffer Cormentin & Acron ,
ayant été emporté par les marées , fut contraint de re-
tourner , et arriva avec la moitié de fa cargaifon avant
les deux autres , qui ne furent pas plutôt venus , qu'on
le fit partir pour porter des rafraîchiffemens à ceux qui
étoient reftés dans la nouvelle habitation de la mine :
cette habitation s'augmenta fi fort en quatre ans par la
grande colonie qui alla s'y établir , qu'ils y bâtirent une
églife qu'on y voit encore aujourd'hui. * Corn. Dicf.
Les guerres civiles ayant commencé en France en 1410,
le commerce dépérit par la mort de quantité de marchands;
& au lieu de trois ou de quatre vaifleaux qui partoient
tous les ans du port de Dieppe , à peine , pendant deux
ans, en mettoient-ils un en mer pour la côtod'or, &t un
autre pour le grand Seftre. Enfin les guerres augmen-
tant , ce commerce fe perdit entièrement. Cependant les
Portugais 'ayant formé le deffein d'aller plus loin que
les ifles du Cap-Verd , dont ils étoient maîtres , longè-
rent à s'établir à la côte d'or auffi-bien que les Fran-
çois. Dans cette vue , fous le régne du roi Jean I , ils
équipèrent un grand vaiffeau à Lisbonne pour courir
les côtes d'Afrique , où s'étant trouvés au tems des
pluies, les maladies les forcèrent d'en partir. Comme
ils vouloient regagner le vent pour s'en retourner, en
Portugal , ils furent portés ( en 1405 ) dans une ifle
fituée fous l'équateur , &c ils la nommèrent Yijle de
j'aint Thomé , à cause qu'ils y abordèrent le jour de la
fête de S. Thomas. Comme les chofes néceffaires à la
vie , s'y trouvoient en abondance , ils envoyèrent en
rendre compte au roi de Portugal qui y renvoya en 1407.
Peu de tems après ils vinrent à l'ifle du poivre , de-là
dans la terre ferme , au Bénin, d'où ils pafferent à Acron,
où ils trouvèrent de l'or ; ce qui les fit retourner à faint
Thomé , pour en rapporter de quoi faire des habitations
fur ces côtes. L'an 1433 , le gouverneur de cette ifle en-
voya des caravelles qui s'avancèrent jusqu'à la mine que
les François avoient abandonnée vingt ans auparavant à
caufe des guerres. Les Nègres apprivoifés par le com-
merce des Dieppois dont ils s'étoient bien trouvés ,
firent mille careffes aux Portugais , ck achetèrent leurs
marchandifes au prix qu'ils voulurent. Jean II , roi de
Portugal , informé de ces immenfes profits , y envoya
trois vaifleaux avec ordre exprès d'y élever un château
fous le nom. de S. George. Corneille dit que ce fut en
mémoire de ce que qtiarante-neuf ans auparavant ils y
étoient arrivés le jour de la fête de S. George. Les
Portugais difent que ce fut à caufe de la dévotion fin-
guliere que le roi de Portugal avoit pour ce faint. Ils
ajoutent que ce monarque fit conftruire ce château à
Lisbonne , &: que l'on porta les matériaux tous taillés ,
de façon qu'il n'y eut qu'à les pofer & ajufter en arri-
vant. Le château de S. George de la mine étant bâti , le
foi de Portugal forma une compagnie pour faire ce
commerce, à l'exclufion de tous autres, &c il en tira
de grands revenus.
Quelque. tems après , cette compagnie devenue puif-
fante , bâtit le château d'Axim au-delà du cap de Tres-
Puntas ; un fortin à Acron , ck une café à Âchema , à
■ caufe de la bonté du lieu qui lui fourniiToit la plupart
des ch'ofes dont elle pouvoit avoir befoin. S'étant rendue
■ ainfi peu-à-peu maîtreffe du pays , elle commença à ty-
ïannifer les Nègres qui ne s'étoient oppofés à rien ; ne
• devinant pas qu'on n'avoit bâti que pour les affujétir.
■ Elle leur fit payer des impôts , leur renchérit les mar-
chandifes ; ce qui les aigrit fi fort qu'en 1 576 , après une
poffeffion de plus d'un fiécle , avec une autorité abfolue ,
-ceux d'Acron fe révoltèrent; &c ayant attiré des mar-
chands des terres plus reculées , ils s'en allèrent au fort ,
■ fous prétexte de négocier, & y tuèrent tous les Portu-
. gais. Le général de la Mine qui en fut inftruit , y envoya
. des canots avec des foldats & des marchandifes ; mais
les Nègres ne permirent point qu'ils defeendiffent à terre ,
ainfi ils furent contraints d'expofer leurs marchandifes
• ^ le fable ; les. Nègres, qui les venojent prendre, y laif-
2J3
foient autant d'or qu'ils avoient coutume d'en payer; 5c
pour leur ôter entièrement l'efpérance d'y rentrer, ils
raferent le château de fond en comble.
Cependant les François qui commençoient à refpiret
un peu, après plufieurs guerres civiles & étrangères,
reprirent les voyages des côtes de la Guinée au com-
mencement du régne de Henri III, & vinrent premiè-
rement fur celle de Malaguette d'où ils pafferent à la
côte d'or ; mais appréhendant les Portugais qui avoient
toujours là de bons vaifleaux, ils netrafiquoient que dans
les lieux éloignés de la mine, comme à Acron où ils
arrivèrent pendant que les Nègres étoient traités fi cruel-
lement. Ce fut ce qui les porta à maffacrer les Portugais ,
& à établir parmi eux les François qui ne leur vendoient
pas fi cher leurs marchandifes , &c qui d'Acron allèrent à
Cormentin. Les Portugais voyant qu'outre les deux ha-
bitations que les François avoient déjà en ces deux en-
droits , ils avoient encore bâti un fortin à Takoray , au
commencement de la côte , & qu'ils ne pouvoient em-
pêcher les Nègres de trafiquer avec eux , ufere.it de vio-
lence contre ces Africains , en brûlant de nuit tous leurs
canots, &C en les faifant efclaves. Mais ce mauvais trai-
tement ne fervant de rien, ils s'en prirent aux François
quivenoientàMouré &à Capo-Corfo; de forte qu'ayant
fait venir deux navires de guerre en 1586, ils coulèrent
à fond un grand vaiffeau de Dieppe nommé \'Ejpîrancet
tuèrent une partie de l'équipage, & firent le refte prifon-
nier. L'an 1 591 , ils leur brûlèrent un autre grand vaiffeau
qui étoit à la rade de Capo-Corfo ; ce qui engage les.
François à abandonner ces climats.
Les profits immenfes que fâifoient les Portugais dans
ce commerce , excitèrent la jaloufie des Anglois &: des
Hollandois. Ils crurent qu'il leur feroit honteux de ne
les pas partager avec eux. Us les attaquèrent donc avec
tant de bravoure & des fuccès fi heureux , qu'ils fe vi-
rent bientôt en état de partager avec eux le commerce
d'Afrique , &c les profits de ce commerce. * Voyage
du Ch. des Marchais- en Gui
161.
Les Hollandois chafferent par la fuite les Portugais ,
des comptoirs & des fortereffés qu'ils avoient fur les
côtes, & les forcèrent de fe retirer bien avant dans le*
terres , où ils ont fait alliance avec les naturels du païs.
Voici une lifte des établiffémens que les Européens ont
à préfent fur la côte de Guinée. Us font tous fur la côte
d'or. Je joindrai à chaque heu la lettre initiale du nom
de ceux qui le poffedent. L'A fignifie Anglois; le B ,
Brandebourgeois ; le D, Danois, &. l'H, Hollandois.
Les voici dans l'ordre où ils fe trouvent en allant d'oect*
dent en orient.
Axim, H.
Frederichsbourg , B.
Acoda , }
Boutri, VA.
Saconde , )
Ekke-Tekki, H. A.
Çapo-Corso, A;
Mouré, H.
Anamabo , A.
Cormentin, ? „.
Apam, S -
Vimba, A.
S. George de la Mine, H. Acron , A. H. D.
La. Mer de GUINÉE , partie de l'Océan » depuis
le Cap-Tagrin le long des côtes méridionales de la haute
Guinée , & le long des côtes occidentales de la baffe ,
jusqu'à la Cafrerie. On y trouve les ifles de Fernand-Po ,
du prince , de S. Thomas , d'Annobon , ôc d'autres,
moindres. Le golfe de S. Thomas en fait partie.
1. GUINÉE , ( la.) ou Gheneoa., pays d'Afrique ,'
dans la Nigritie ; les auteurs s'accordent fi peu fur fa
fituation, que j'ai bien du penchant à croire que ce qu'ils
en difent , n'eft fondé que fur les fimfîes connoiffances
que l'on a eues d'abord de la Guinée. Je me conten-
terai de rapporter ce qu'en dit Marmol , /. 9 , c. 3 . La
Guinée , dit-il , que les Arabes nomment Génêoa fait
la province de Gualata, quoiqu'il y ait entre deux cents
foixante lieues de défert. Gualata étant du côté du fep-
tentrion . Tombut au levant, & Melli vers le midi. La
Guinée s'étend plus de quatre-vingt lieues le long du Ni-
ger , & une partie eft à fon embouchure. La côte de
l'Océan où le Niger fe décharge eftun pavs qui ab.mde
en orge , en riz , en troupeaux & en poiffons. On y
recueille beaucoup de coton , & les habitans échangent
les toiles qu'on en fait contre des draps de F Europe qu'otj
254
GDI
GUI
leur porte de Barbarie , &c contre du cuivre, du léton,
des armes , Se d'autres chofes dont ils ont befoin : la
monnoie de la contrée eft d'or fans être fondu; mais
ils fe fervent entr'eux de- pièces de fer, dont il y en a
qui pefent une livre, &c d'autres quatre onces. On ne
trouve dans tout le pays ni ville ni château. Il n'y vient
point de fruit , & Ton y porte des dattes de Gualata &
de Numidie. Le feigneur demeure dans un grand village,
avec les marchands , les Alfaquis & les plus honorables.
Les maifons en font comme des cabanes faites de terre ,
& couvertes de paille. Les habitans s'habillent allez bien
à leur mo«le , de toile de coton noire ou bleue dont
ils font leurs bonnets ; mais les Alfaquis les ont tous
blancs. Le Niger qui fe déborde au même term que le
Nil forme une ifle de ce village aux moi: de Juillet ,
d'Août & de Septembre ; & quand l'eau commence à
croître , les marchands de Tombut chargent leurs mar-
chandifes fur des barques longues &c étroites faites de
grands aibres que l'on fcie par le milieu , fk que l'on
•creufe en façon d'auge. Ils navigent ainfi de jour ; Se la
nuit ils mettent pied a terre , & les attachent au rivage.
( Ce font des canots. )
Ce que rapporte Dapper, Afrique, p. 220 ^du pays
de Genehoa eft un extrait affez fidèle de ce qu'on vient
de lire. Sanut, ( Géogr. l.J,p. 82 ,fol. verf. & 83 , edit.
■Venu. 1 588 , ) qui s'accorde auffi pour le gros de ces
déiails, ait de plus que c'eft un royaume au-delà du
pays dés Néges , au-delà du fleuve de Canaga ; il ap-
pelle ainfi le Senega , ou le Niger. Il lui donne deux
cents cinquante milles d'étendue le long de ce fleuve ,
à commencer à fon embouchure. Il dit que les mar-
chands l'appellent Gheneo A , & les Portugais GHINEA.
Tous ces auteurs, en fe copiant l'un l'autre, n'ont fait
que répéter ce qu'avoit dit Jean Léon l'Africain, /. 7,
c. 3 ; les cartes de Dapper , celles de Sanfon, de Nolin ,
& quantité d'autres confervent le pays de Genehoa au
nord du Niger. Dans les nouvelles cartes , ce pays eft
nommé de Senega.
3. La nouvelle GUINÉE, félon De l'ifle , At-
las , grande contrée de l'Océan oriental , à l'orient des
Moluques. On ne fait pas fi c'eft une grande ifle , ou fi
elle eft attachée au continent des terres Auftrales. Elle
eft entre le 2e d. & le 9e de latitude méridionale ; ce
entre les 146 d. de longitude, & les 162; on l'appelle
Suffi terre des Papous , du nom de lés habitans. Elle va
en fe rétrédflant vers le nord-oueft, &C en s'ëlargiflant
vers le fud-eft. Parles 1 50 d. eft une montagne couverte
de neiges nommée par les Hollandois Snéeberg. Le ca-
pitaine Dampier en parcourut toute la côte du nord- eft.
Elle eft entourée des ides des Chauvefouris , Fille
d'Arow, l'ifle Koy, Lifte de Ceram , I'ifle de Gilolo ,
fille de Schouten , celle de Hogheland , &c la nouvelle
Bretagne ; cette dernière en eft (éparée par un détroit. On
doute fi la nouvelle Guinée tient à la Carpentarie , ou
û elle en eft féparée par un bras de mer. Il eft étonnant
que ce pays étant fi voifin des Moluques , on le coa-
noiffe encore fi peu : tout ce que l'on en fait fe réduit
au gifement de la plus grande partie de fes côtes. L'au-
teur de la nouvelle Méthode pour étudier la géographie,
diflingue la terre des Papous de la nouvelle Guinée, &C
en fait deux pays differens. Il dit de la nouvelle Guinée ,
/. 3 ,p. 3 16 , edit. Parif. Ce pays fut découvert l'an 1 527,
par Alvar de Savedra qui lui donna le nom de nouvelle
Guinée , parce qu'il eft presque diamétralement oppofé à
la Guinée d'Afrique. (Cette oppofition presque diamé-
trale ne l'eft point du tout ; il s'en faut au moins fix cents
lieues que cela ne foit.) Antoine Urdanefta reconnut ce
pays l'an 1528 ; mais il n'y fit que palier non plus que
Savedra. Les relations des Ànglois aflurent que c'eft une
ifle ; mais quelques autres nations foutiennent qu'elle
fait partie du continent des terres Auftrales , & d'autres
enfin la confondent avec la terre des Papous : quoiqu'il
en foit , pourfuit cet auteur , on y a découvert les em-
bouchures de quelques rivières , dont les plus confidéra-
bles font celles des Vierges, de S. Augustin ; fon
principal cap eft celui delà Punta-Salida. Ses havres,
ports & rades les plus connus, font Aquada , S.Jacques,
. S. André, S. Jérôme, S. Nicolas, la Nativité de Notre-
Dame. Les terres de la nouvelle Guinée font affez fer-
tiles & habitées par des peuples qui ont le teint brun 5>C
bacané. Dans l'article fuivant , il parle ainfi des Papouas,
ou Papous : ils paffent pour très-vaillans Sr. très-fideles;
ce qui les a mis dans une fi haute eftime , que plufieurs
princes des ifles voifines en prennent à leur folde.
GUÏNEGATE, village de France, dans l'Artois au
territoire de Terouenne à' deux lieues au fud-oueft d'Aire.
Il eft fameux par la bataille qui s'y donna en 1 513.
GUINES (*) , petite ville de France , en Picardie,"
dans le comté à qui elle donne fon nom. Elle eft fituée
dans un pays marécageux , à deux lieues de la mer. Ce
n'étoit anciennement qu'un village dépendant de l'abbaye
de S. Bertin que Sifrid ou Sifroy , premier comte de
Guines, fit aggrandir & fortifier. Ce lieu (b) avec les
terres d'Ardres, de Mark & d'Oye fut ufurpé fur les
moines de cette abbaye par ce Sifrid , Danois , qui fut
le premier comte héréditaire de Guines, & en fit hom-
mage à Arnoul, comte de Flandres. Le dernier mâle de
cette race fut Manafsès , qui mourut l'an 11 37; & de
cette maifon de Guines, le comté pafla à celle de Gand:
Arnoul, fils de Wenemar , châtelain de Gand &c de Gil-
les, feeur du dernier comte Manafsès, en hérjta. Ar-
noul III, comte de Guines & feigneur d'Ardres, qui
descendoit en ligne directe par mâles de ces comtes de
la maifon de Gand, vendit ce comté & fes dépendan-
ces à Philippe III dit le Hardi , roi de France , l'an.
1282, (pour la fomme de trois mille livres.) Baudouin,
fils d'Arnoul , tenta en vain de rentrer dans le bien de
fon père ; mais après fa mort , fa fille Jeanne ayant époufe
Jean de Brienne , comte d'Eu , ils obtinrent du roi Phi-
lippe le Bel d'être rétablis dans la pofleffion des ter-
res de Guines & d'Ardres en 1 29^. A la mort de Raoul IL,
connétable de France , qui eut la tête tranchée en 1350,
fes terres furent confisquées par ie roi Jean, qui céda le
comté de Guines, au roi d'Angleterre , par le traité de
Brétigni. Charles VI le reconquit en 141 3. Louis XE
le donna à Charles le Hardi , duc de Bourgogne , à la
charge de foi & hommage ; mais il fut réuni au domaine
de la couronne après la mort de ce duc. Ce comté a
quatre lieues de long & autant de large , & enferme les
villes de Guines & d'Ardres. *(a) Piganiolde la Force,
Defcr. delà France , t. 3 ,p. 215. (b) Longuerue, Defcr.
de la France, i.part.p. : 59.
GUINGAMP ou Guincamp (a) , petite ville de
France , en Bretagne , dans l'évêché de Tréguier , au
duché de Penthiévre , dont elle eft le lieu le plus confi-
dérable (b). Sa fituation eft fort agréable au milieu de
plufieurs grandes prairies , fur la droite & au bord de la
rivière de Trieu qui fert de fofle aux murailles : une
grande rue la traverse d'un bout à l'autre , & dans le mi-
lieu eft fa grande églife ornée de deux hautes tours.
Cette églife a une chapelle fort renommée , appellée
Notre-Dame de Halgo'dt, célèbre par plufieurs miracles,
& par le concours de monde que la dévotion y attire.
Elle eft près de la grande place qui eft environnée de mai-
fons très-bien bâties. Il y a une abbaye de l'ordre de
S. Auguftin, fondée fous le titre Aefainte Croix, l'an 1 1 3 <jt
par Etienne , comte de Penthiévre , & Arrife de Quin-
camp , fa femme. (a) Piganiol de la Force , Defcr. de la
France , t. 5 , p. 247. (b) Jouvin. de Rochefort , Voyage
de France.
GUINGIN, village d'Afrique, dans la Nigritie , ' à
cinq lieues de Baitto, & à pareille diftance de Cachaux,
à l'extrémité d'une petite rivière qui fort de la rivière de
Cafamança , & qui tombe dans celle de S. Domingue,
à trois lieues au-deflus de Cachaux. Le village de Guin-
gin eftconfidérable, tant à caufe du nombre de fes habi-
tans naturels, qui font Bagnons, qu'à caufe des Portugais
qui s'y font établis , ou qui y ont des cafés où ils vien-
nent de tems en teins , 8t où ils entretiennent plufieurs
fervitewrs qui vont dans tous les villages acheter de la
cire. Ce pays eft très-beau , tout rempli d'arbres frui-
tiers ; ce qui y a'tire une grande quantité de finges qui y
font du defordre. Mais ils n'ofent approcher des ruches;
tk quand cela leur arrive, les abeilles ne les épargnent
pas. On fait beaucoup de cire dans ce pays-là. *LeP.L#-
bal , Afrique occid. t. 5 , p. 50.
GUIOGOU, (l'Isle de) ifle d'Afrique, dans la ri-
vière du Senega , un peu au-deflus de la Barre. Elle a
l'ifle de Son au couchant, & l'ifle de DoUROUMOUR
au levant. *Le P.Labat, Afrique, c.z,p. 124.
GUIOLLE , (la) ville de France , dans le Rouer-
gue , fur les frontières de l'Auvergne , auprès des monta*
GUI
GUI
ïSS
gnes, qui portent le même nom de GuiOLLE. * Ban- d'Avesne époufa Hugues de Châtillon , ,8e apporta cette
drand, éd. 1705. grande feigneurie à cette illuftre maifon. Leur fils Jean
. GUIOREL, gros village d'Afrique, dans la Nigritie, de Châtillon , comte de Blois , porta le nom de conte.
au royaume des Foules. C'eft l'escale de leur roi. Ce de Guife ; enfuite Charles de Châtillon qui descendoit
prince n'y a pourtant pourtant point de maifon. Ses ca- de ce comte , Se qui prétendoit au duché de Bretagne ,
{'es où il habite, font à près de dix lieues de-là à l'eft- ayant marié fa fille Marie avec Louis fils de France , duc
nord-eft , auprès d'une rivière alïez coniidérable , qui d'Anjou , il lui donna en mariage le comté de Guife. De
grofîit extrêmement dans la crue du Niger , Se qui , lé ce mariage vint Louis II , roi de Sicile qui pofféda le
débordant, forme un marais de grande étendue. La com- comté de Guife comme fon fils René. Les biens de René
pagnie de Senéga a un comptoir fixe à Guiorel. *Le furent confisqués l'an 1412, par le parti Anglois qui étoit
P. Labat , Afrique Occid. t. 3 , p. 200. maître delaperfonne de Charles VI ; & ce fut fous l'auto-
GUIPUSCOA (a) , (le) petite province d'Espagne, rite de ce roi dont l'esprit 'étoit aliéné , que Jean de
dans fa partie feptentrionale. Elle eft bornée à l'eft par Luxembourg qui descendoit de Mahaut de' Châtillon ,
le pays de Labour , Se une partie de la baffe Navarre , comteffe de S. Paul , fut mis' en poffeffion du comté de
nord par l'océan , oueft par la Biscaye , fud par la Na- Guife ; mais Charles VII , après la mort de fon père ,
varre. Elle faifoit autrefois partie de la Biscaye ; mais il confisqua les biens de Jean de Luxenbourg , Se réunit
y a long-tems qu'elle en eft féparée , Se qu'elle a fa le comté de Guilé à la couronne ; à quoi s'oppofa Char-
forme de gouvernement particulière. Elle a pour bornes les d'Anjou , comte du Maine , à qui ce comté de Guife
au levant la rivière de Bidaffoa , qui la fépare du pays appartenoit par le partage que Louis d'Anjou IIe du.
des Basques , au nord l'Océan , au couchant la Biscaye , nom , avoit fait entre fes enfans. Et même ce comte du
Se au midi la Navarre. Ses principales rivières font , la Maine fe mit en poffeffion de Guife dont il jouit , malgré
Bidaffoa , YAraxès (b) , que nous appelions Orio , du les oppofitions Si. demandes de Louis de Luxenbourg ,
nom d'un lieu fitué à fon embouchure ; VUrola qui comte de Saint-Paul , à qui Louis XI avoit promis le
coule à Azpeytia , Se enfin la Deva qui a à fon embou- comté de Guife , en le mariant 'avec Marie de Savoye fa
chure un lieu de même nom. (a) Vayrac , Etat prélént belle-fœur , ce qui n'eut aucune exécution ; car le roi
de l'Espagne , t.i, p. 307. (b) Rodrig. Mendes^ Silya , ne dédommagea pas le comte du Maine comme il s'y
Poblacion gênerai de Ëspana. étoit obligé. Ce comte eut deux enfans , Charles qui
Le pays eft entre-coupé de hautes montagnes , qui for- mourut fans poftérité , Se fit fon héritier univeriél
ment des vallons fort agréables Se très-fertiles en gros Louis XI, & une fille nommée Louife qui époufa Jacques
millet , en pommes dont on fait quantité de cidre, Se d'Armagnac , comte de Nemours. Elle fe porta pour héri-
en-fruits , mais affez ftériles en froment. Les montagnes tiere de fon frère , & jouit du comté de Guife. Leur fils
produifent beaucoup de bois , ■ Se ont des mines de fer Louis d'Armagnac mourut fans enfans l'an 1503. Safceur
dont on fait des armes excellentes Se toutes fortes de Marguerite d'Armagnac avoit époufé Je maréchal de Gié,
ferremens. Le génie des habitans eftà-peu-prèslemême delà maifon de Rohan, qui mourut fans enfans. Cepen-
que celui des Biscayens , excepté qu'ils ne font pas fi dant René, duc de Lorraine, petit-fils de René d'Anjou
fins , ni fi infinuans pour s'introduire à la cour. Ses prin
çipales villes font,
Tolofa ,
Fontarabie ',
Saint-Sebaftien ,
Villa-Franca ,'
Mondragon ,
Onnate.
disputoit ce comté de Guife ; & étant mort l'an 1 508 ,
il laiffa héritier de fes droits fon fils Claude qui portoit
alors le titre de comte d'Aumak. Enfin après plufieurs
procès contre la maifon d'Armagnac , Se contre le pro-
cureur général qui vouloit unir Guife au domaine , Fran-
çois I fit don de tout ce qui lui en appartenoit au prince
Claude de Lorraine l'an 1527. La même année il le
Créa duc de Guife Se pair de France ; Se par les lettres
d'érection , on unit à ce duché les terres de Nouvion en
Tierache , d'Aubenton , de Rumigni , Se plufieurs
autres. Le roi établit en même tems ce duché-pairie
pour les descendais mâles du duc Claude ; mais il ïtipula
nobleffe de Guipuscoa Se celle des Afturies font qu'au défaut des mâles , le duché fubfifteroit Se la pairie
La première eft dans le cœur de la province , la fécon-
de , la troifiéme Se la quatrième font fur la côte de la
mer , Se la. fixiéme vers les frontières de la province
de l'Alava. * Fayrac , Etat préfent de l'Espagne , t. 1 ,
p. 307,
La 1
les plus eftimées pour l'ancienneté , Se font réputées des- feroit éteinte. Claude eut pour héritier fon fils aîné Fran-
cendre de ce qu'on appelle en Espagne Clirijlionas vie- cois, duc de Guilé qui eutdeux fils , Henri, duc de Guife ,
gos. Les Maures n'ont jamais pénétré dans ces deux pro- tué à Blois , Se Charles , duc du Maine. La poftérité de
vinces. * Notes du P. Charlevoix. Henri a été éteinte en la perfonne de feu madenioiiélle
GUIR , petite rivière d'Afrique , en Barbarie , au de Guife , de laquelle les héritiers naturels étoient les
royaume de Fez. Elle, a fa fource dans les montagnes de descendans de Charles de Lorraine , duc du Maine , dont
Temesne, traverfe cette province, Se fe jette dans l'Océan la fille Catherine avoit époufé Charles Gonzague , duc de
à un demi-mille d'Azamor. *De la Croix , Hift de l'Afri- Nevers Se de Mantoue. Leur fille Anne époufa Edouard ,
que , t. 1. prince Palatin, qui en eut trois filles, la ducheffe d'Ha-
GUIRENS1S , fiége épiscopal d'Afrique , dans la nouer , la princeffe de Salins mariée en Allemagne , Se
Numidie ; Lucien fon évêque , episcopus ecclejîœ Gui- la princeffe douairière de Condé, qui a recueilli cette fûc-
re'njls , affifta à la conférence de Carthage. Ce fiége eft ceffion de Guife. Ainfi ce duché a paffé dans la branche
différent de celui qui eft nommé Girenfis dans la Notice cadette de la maifon de Bourbon , en faveur de laquelle
épiscopale d'Afrique où l'on trouve Martialis Girenfis. il a été érigé de nouveau en duché-pairie. Ce duché eft
fort grand : il s'étend dans la province de Picardie , Se
dans celle de Champagne. Quoique la ville de Guife ait
toujours eu fes feigneurs propriétaires , les rois y ont mis
des gouverneurs , parce qu'étant fituée fur la frontière
des Pays-bas , elle étoit comme un boulevard de la France.
* C) Piganiol de- la Force, Defc. de la France , t. 3 ,
. part.
La Table de Peutinger fait mention de Guira , en Afrique.
* S. Optât. Oper. p. 261 , éd. Dupin.
GUISE (a), petite ville de France , en Picardie , dans
la Tierache , fur la rivière d'Oife , avec un château
très-fort , qui a foutenuun long fiége contre l'armée d'Es-
pagne , commandée par l'archiduc Léopold, en 1650; la
levée de ce fiége fauva tout le pays. Les habitans de p. 204. (•>) Longuerue , Defcr. de la France .
Guife y contribuèrent beaucoup par leur vigoureufe refis- p. 62.
tance. Il y a dans cette ville une petite collégiale Se un GUISO , ou GULSA , fortereffe du royaume de
couvent de Minimes. Guife (b) ne fe trouve point mar- Mino , au Japon , dans la grande ifie Nipon. Elle étoit
quée dans aucun monument avant la fin de l'onzième l'ancien patrimoine des ancêtres du fameux Nobunanga ,
fiécle où elle eft nommée Gufia , ou Gufgia. C'étoit qui , dans le XVI fiécle , étant devenu d'abord roi de
déjà alors une feigneurie confidérable tenue par Geofroi, Mino Se de Boari , conquit enfuite la moitié du Japon ,
ou Godefroi qui avoit époufé Ade fille de Hildin comte monta fur le trône des empereurs Cubofama , Se fut tué
de Roucy. Son petit-fils Eouchard, qui vivoitfous Louis avec fon fils aîné dans une révolte , lorfqu'ili'e dispofoit
le Jeune , ne laiffa qu'une fille nommée Ameline mariée à achever la conquête de cet empire. Son petit-fils ay mt
à Jacques feigneur d'A
veue i.n
Riir
qui elle été dépouillé de tous les états de fon aïeul
iv .M'-
apporta la feigneurie de, Guife. Sa petite-fille Marie fama qui s'étoit déclaré fon tuteur , ce prince lui rendit
2|6"
GUL
GUN
ont un langage formé du Turc Se du Tartare ; ils fe
ent aufli de "
quelque tems après la forterefle de Guifo : ainfi il fe trouva
réduit à la condition de fes ancêtres. * Hifi. du Japon du
P. Charlevoix.
GUISTRES , Aquifiritz , bourg Se château de France ,
dans la Guienne , au Bourdelois ; il n'eft remarquable
que par une abaye de l'ordre de S. Benoît, dediéeà Notre-
Dame. Elle eft fituée fur la rivière , à trois lieues de i'ifle
au nord de Libourné.
GUIXOLES , (S. Félix de) abbaye d'hommes , ordre
de S. Benoît , de la congrégation de. Valladolid en
Espagne, dans la Catalogne , au diocèfe de Gironne fur
la côte.
GULACHAN , petit territoire , fitué entre Cuba ,
le Dagiftan inférieur , Se les montagnes de Schak au
bas desquelles il eft fitué du côté du levant ; comme les
montagnes font extrêmement hautes , elles l'empêchent
de recevoir des rayons du foleil ; & les bleds n'y vien-
nent pas bien : les villages même les plus près de ces
montagnes font dans l'ombre dès deux heures après midi.
Ces rochers , par leur hauteur , par les neiges dont ils
font toujours couverts , Se par l'ombre qu'ils jettent , font
frémir tous les étrangers. Les habitans de ce territoire
fervent aufli de la langue Lesgine. Ils font Mahométans ,
& fournis au Chan de Cuba qui propofe des anciens
aux villages. Six de ces villages tombèrent en partage au
Turc , lorsqu'on régla les limites. Les autres font fou-
rnis à la Ruffie depuis l'an 1716. Ils l'étoient auparavant
à la Perfe. Us font courageux , ont de bons chevaux ,
de bonnes armes à feu Se de bons fabres. La Ruffie n'en
tire aucun revenu ; mais lorsqu'elle envoie ordre au
Chan , il eft obligé de la fervir en tems de guerre , avec
fes fujets.
Lorsqu'il fut queftion de faire prêter ferment de fidé-
lité aux habitans des territoires de Cuba Se de Gulachan ,
ils comparurent ; mais quelques-uns d'entr'eux qui
avoient eu part au maflacre du Chan , craignoient qu'on
ne les pourfuivît , Se ne fe raffurerent que lorsqu'on leur
eut affirmé que l'on ne feroit mention en aucune manière
de ce qui s'étoit paffé avant qu'ils appartinffent à la Ruffie.
Us prêtèrent ferment avec les autres, Se baiferent
l'Alcoran. Quelques-uns d'entre les habitans de Cuba ,
qui étoient de bonne foi , avertirent qu'il ne fuffifoit
pas , pour les rendre fidèles , de leur faire prêter ferment
de la forte ; mais qu'il falloit leur faire confertir que ,
s'ils n'obfervoient pas leur ferment , leurs femmes fuffent
réputées putains publiques , Se que chacun fût en droit
d'en jouir ; Se ils aflurerent que cette formule les lieroit
bien davantage que cent baifers fur l'Alcoran , parce que ,
quand ils auraient prononcé ce ferment , celui qui le
romprait , feroit réputé infâme par tous ceux qui en
auraient connoiffance. Lorsqu'il fut queftion de leur faire
prêter ce ferment , ils firent beaucoup plus de difficulté
qu'ils n'avoient fait à baifer l'Alcoran : cependant on les
y contraignit , Se ils font toujours demeurés fidèles depuis.
* Defcription des peuples Occidentaux de la mer Cas-
pienne , faite fur les lieux par M. Garber officier au fervice
de la Ruffie.
GULDBORG , ou Guldeborg , petite ifle de
Danemarck , dans la mer Baltique , au nord de I'ifle de
Laland, Seau couchant de celle de Falfter , à l'entrée fepten-
trionale du détroit qui fépare ces deux ifles , Se auquel elle
donne le nom de GuLDEBORG-SUND. * Hermanides ,
DaniœDefcr./. 680.
GULDENHOLM. Voyez Glucksbourg.
GULFE , petite ifle de la mer Britannique entre les
Sorlingues ci la côte de Cornouailles , province d'An-
gleterre. On la nommoit anciennement Lissia , félon
Éaudrand, éd. 1701;.
GULLO , ou Golin , place de l'Indouftan , fur le
Gange , à cinquante lieues de fon embouchure , au
royaume de Bengale , félon Davity , Etat du R. de
Portugal en Afie. Il ajoute que les Portugais qui y
font établis , y ont un port Se une églife dédiée à Notre-
Dame.
GULPAGNIAN , ville de Perfe , dans l'Irak-Agemi fur
une rivière de même nom à 1 2 lieues au nord de Khounfar.
* D'Anville , Carte de Perfe 175 1.
GULPE, (la) ou Galope , petite rivière desPays-
fcas , au duché de Limbourg. Elle coule près de Sainte-
Croix , Se fe rend dans la rivière de Gueul à une lieue Se
demie de Fauquemont. * Baud. éd. 170^.
GULTZOW , petite ville d'Allemagne , en Pomé-
ranie. Elle appartenoit autrefois à l'églife de Cammin , Se
fut vendue par l'évêque Henri de Schmelingen en 1303 ;
elle eft à 3od. 20' de longitude , & à 53 d. 39' de latitude ,
félon Zeyler , P orner. Topogr. p. 65.
GULUS , rivière de la Mauritanie Cefarienfe , félon
Ptolomée , /. 4 , c. 2. Il en met l'embouchure dans
le golfe deNumidie, entre celle de Ampfaga (klgikili.
GUMANAPI , félon Baudrand , Corneille Se quel-'
ques autres , Gunnapi , Gunnappi , Gunoappi ,
GoENONGAPI , ou GuANAPI , félon les différentes
relations , ifle de l'Océan oriental , -Se la fixiéme des ifles
de Banda. Corneille y met une ville nommée auffî
Guamanapi , Se dit qu'elle eft fituée au pied d'une mon-
tagne qui vomit des flammes , d'où par plaifanterie on la
nomme la Grenade , Se cite Maty qui ne parle que de
la ville. Baudrand , édit. 1682 , qui ne parle point
de la ville , dit le nom de la Grenade de Banda à l'égard
de la montagne. Mais on lui prête deux articles dans
fon édition françoife , l'un de I'ifle , l'autre de la mon-
tagne. Les Holbndois , entr'autres , Rechteren , dans fon '
Voyage aux Indes orientales , t. 5 , p. 116, difent que
c'eft une montagne ardente peu éloignée de Nera ,
Se que perfonne n'y habite ; qu'elle fume jour Se nuit ,
Se vomit quelque fois des flammes , du feu &f des pier-
res. Il y avoit quelques années qu'elle s'étoit ouverte ,
Se qu'elle avoit jette prodigieufement des pierres &
même des roches entières qui comblèrent tellement le
canal d'entre cette montagne , & Nera qui avoit alors
vingt brades de profondeur , qu'il n'a plus été navigable
depuis ce rems-là.
GUMARA , ifle de la mer des Indes , dans le voifi-
nage de I'ifle de Taprobane , félon Ptolomée , /. 7 , c. 4.
GUMATHENA , ou Gym ATHENA , contrée fertile ,
dont parle Ammien Marcellin , /. 18. Ortelius , Thi-
faur. juge qu'elle étoit vers la Méfopotamie.
GUMBRIT^E , peuple de l'Inde , félon Pline ,1.6,
c. 20. Quelques exemplaires portent GUMERIT^E : le
P. Hardouin lit Umbritt.e.
GUMBSE, maifon dans le comté de Dannenberg,'
en Allemagne, entre l'Elbe Se la ville de Dannenberg,
à diftance égale , dans une plaine. C'eft la réfidence d'un
bailli. * Zeyler, Brunf. Topogr. p. 73. Corneille écrit
Gumitz , & dit que c'eft un bourg. •
GUMEL , rivière d'Afrique , au nord du Sénégal. Elle
fort du lac de Kaflan ; Se prenant de l'eft àl'oueft, elle
fe rend, après avoir fait un coude, dans le Sénégal, à Ca-
haydé au nord , Se à l'extrémité de I'ifle de Bilbas.
* Cours du Sénégal , levé en 17 18 , par un ingénieur
François.
GUMMASIS , fiége épiscopal d'Afrique , dans la By-
zacene. On trouve que Stephanus,fon évêque, fouscri-
vit à la lettre écrite à l'empereur Conftantin. * Har-
duin. CollecL conc.
GUMMEN ART ARUM , fiege épiscopal d'Afrique;
dans la province proconfulaire. Sabinianus , évêque de
ce lieu, affifta, l'an 525, au concile deCarthage. * Har-
duin. Colleft. conc.
GUMMINE , lieu de Suiffè. C'eft un paffage impor-
tant de Berne à Morat, à caufe de la Sane qu'on y pane
fur un grand pont de bois , Se couvert. Cette rivière eft
large , dangereufe Se bordée d'une chaîne de rochers
fort hauts Se escarpés. * Etat & délices de laSuiffe, t. 2,
p. 166.
GUMMITANUS, fiege épiscopal d'Afrique, dans la
Byzacene. On trouve Johannes Gummitanus dans la Con-
férence de Carthage, Se Maxime , évêque du même fiéee,
dans la Notice d'Afrique. * S. Optât. Oper. p. 289, éd.
Dupin.
GUNAGITANUS, fiege épiscopal d'Afrique , dans
la Mauritanie Cefarienfe , félon la Notice épiscopale
d'Afrique, qui nomme Auxilius Gunagitanus. Il faut
lire au lieu de ce nom GuNUGITANUS.
GUNARIA , grande plaine d'Afie , dans la Paphlago-
nie , félon Cedrene Se Curopalate , cités par Ortelius ,
Thefaur.
GUNAS , heu d'une grande fertilité, dans la Syrie,'
félon Etienne le Géographe,
GUNEZ»
GUN
GUPv
GU.NEZ , bourg, château -6c rivière d'Allemagne;
d;n\s la baffe Autriche, à cinq lieues au-deffus de Sarvar.
* Baudr. éd. 1705.
GUNDA ou PUNDA , félon les divers exemplaires
de Ptolomée, /. 5, c. 20, ville de la Babylonie.
1. GUNDELFINGEN, félon Zeyler-, Bavar. To-
pogr. p. 23 , petite ville d'Allemagne dans la Suabe , au-
deïfous d'Ulm , avec un beau château , à un mille ou en-
viron de Laugingen, fur un ruiffeau poiffbnneux, nommé
le Brent^ , qui tombe près de-là dans le Danube. Il y
a apparence que la maifon de Bavière l'acheta avec quel-
ques autres lieux, du duc Guelphe , ou de Conradin,
dernier duc de Suabe : elle a appartenu auffi quelque
temsaux ducs de Teck, puisque Frédéric, duc de Teck,
y a inftitué une foire. Lorsqu'Ulric de V/urtenberg, fils
du comte Evrard , époufa Elifabeth , fille de l'empereur
Louis IV, on lui donna,,. cette petite ville comme partie
delà dot; mais à condition de rachat. Gundelfingen re-
vint à la Bavière en 1449, comme on peut le voir dans
laChronique de Suabe, écrite par Crufius, t,. part. p. 268»
En 1 505 , elle paffa à la maifon Palatine.
2. GUNDELFINGEN , félon Zeyler , ïbU. ancien
château d'Allemagne , dans la haute Suabe. Il y avoit
autrefois une famille illuftre de ce nom. Ce château eft
tombé en ruine : la feigneurie qui en dépendoit , paffa
aux comtes de Helffenftein , Se de. cette maifon dans
celle des comtes de Furftenberg , qui la poftède à titre
de baronnie. Zeyler diftingue ces deux GUNDELFIN-
GEN ; il appelle celui-ci le haut , Se le BAS. D'Au-
difietne diftingue rien, & donne aux comtes deFurften-
ber j-Blomberg , celui qui eft auprès du Danube. Bau-
drr.nd, Mati Se Corneille l'ont fuivi : je crois qu'ils fe
trompent.
GUNDELSHEIM , petite ville ou bourg d'Allema-
gne, dans la Suabe;, au Craichgow, fur lanve droite du
Necker, au-deffous de Hailbron : mais comme il appar-
tient au grand-maître de l'ordre Teutonique , on le range
fous le cercle Je Franconie. 11 y a fur la hauteur le châ-
teau de Horneck , qui eft la réfidence d'un commandeur.
* Zeyler, Francon. Topogr. /. 71.
GUNDIS. Voyez Gondes.
GUNDOSA. Voyez Godasa.
GUNDUNI. Voyez Gorduni.
GUNELENSIS ou Gunelmensis , fîege épiscopal
d'Afrique , dans la province proconfulaire , lelon la
Conférence dejCarthage, où il eft parlé de Paschafius ,
évêque de ce lieu.
GUNI , petite ville d'Ane Cur la mer Noire , aux
confins de la Turquie Se de la Mmgrelie, félon Taver-
nier, Voyage de Perfe, 1. 3. C'eft la même chofe que
Gonie. Voyez ce mot.
GUNTERSTHAL , abbaye de filles de Tordre de
Cîteaux, dans' la Suabe , au Brisga-w,dans le voifinage de
I Fïibourg.
GUNTIA , ancienne ville de la Rhetie , fur le Da-
nube , félon Beatus Rhenanus, Rer. Gcrman. I. t),p. 340,
qui la nomme GuNTZEBURG. Voici ce qu'il remarque à
ce fujet : il y a dans la première Rhetie un bourg , Se
une rivière que l'on nomme Rha.ua ; les Allemands ,
qui envahirent ce pays , appelleront l'un Se l'autre Gunt^e-
bourg. La Notice de l'empire , feft. 59, met Guntia au
nombre des garnifons Romaines. Auprès de Guntia étoit
unpaflagedu Danube, nommé Guntknfis Trajeflus ou
Tranfitus : un ancien panégyrifte dit à 1 empereur Maxi-
mien : Et à ponte Rlunï usque Danubïi tranjitum Gun-
tienfem devafiata atque exhaujla penitus Alemania. Ce
pont du Rhin , eft le pont de Mayence. 11 y a encore à
préfent à Guntzbourg un pont fur le Danube. Antonin, Iti-
ner, parle auffi de Guntia, 6c la met à vingt mille pas
d'Augsbourg, & à feize du mont Celius. Cette route fait
voir que ce nom ne fignifie pas le bourg, mais la rivière
de Guntia , aujourd'hui le Guntz, que l'on traverse en effet
en allant d'Augsbourg à Kelmuntz fur î'Iler. Voyez Guntz,
GUNTZEBOURG.
GUNTIA , rivière. Voyez Guntz.
GUNTZ , rivière d'Allemagne clans la Suabe. Elle a
fa fource à "Wefter-Rieden , village de la principauté , Se
abbaye de Kempten , auprès du village de Gunt^berg;
Se une autre fource au village de G^qrc/^dans le même
pays : cette dernière fe groffit d'un riùfleau auprès de
Gunti , ensuite les deux fourcesfe joignent ; elle ferpente
de-là vers le nord, paffe à Babenhaùfen , reçoit une au-
tre rivière ; arrofe Ichenhaufen , Se enfin fe perd dans le
Danube à Guntzebourg. *Jaillot. Cours du Danube.
GUNTZEBOURG ou Guntzbourg , Guntia ;
petite ville d'Allemagne, au cercle de Suabe, à l'embou-
chure de la rivière de Guntz dans le Danube, à environ,
trois milles d'Ulm ; elle appartient au margraviat de
Burgaw ; Se c'eft, félon Beatus Rhenanus , le Guntknfis
Tranfitus des anciens. Il prétend que du tems de l'em-
pereur Conftantius on la nommoit Contia. Les apparte-
nons du château ne font pas fort beaux ; il y a un joli
bain, Senne grande fale, dans laquelle on vovoit avant
la longue guerre d'Allemagne , diverses hiftoires repre-
•fentées , 'fur-tout les principales aftions de l'archiduc
Ferdinand, frère de l'empereur Maximilien II, outre les
portraits de feize margraves du Burgaw : la ville eft fin
un terrein élevé ; plus bas, près de l'eau, font plufieurs
maifons Se édifices ; Se comme cette ville eft un palWe
pour ceux qui vont d'Augsbourg à Ulm , on n'y manque
pas d'auberges. * Zeyler, Suev. Topogr.
GUNTZEN, montagne de Suifie, au comté de Sar-
gans , près du .bourg de Flums. Il y a dans cette mon-
tagne trois fortes de minières , du mélange desquelles
on tire de fort bon acier : on les fond dans le village de
Quinten , & on fait l'acier à Flums : on remarque que
fi on ne mêle que deux de ces minières , il n'eu réfulte
que du fer : pour avoir de l'acier il faut fondre lés trois
ensemble en une certaine proportion, qui n'efi c
que de ceux qui y travaillent. Pour les tirer de la mon-
tagne , on y a déjà creufé plus de demi-liere de profon-
deur : cette fonderie appartient à des particuliers. La
montagne de Guntzen produit auffi du talc.
GUNTZENHAUSEN , petite ville d'Allemagne ,
dans la Franconie , fur la rivière d'Altmul , à un mille
de V/eiffenbourg , auprès d'une forêt : elle appartient
au margrave d'Anspach. En 1368", Guillaume de Secken-
dorfla vendit au.burgraye de Nurenberg : elle eft, à-
peu-près , fur la route de Nordlingen ou d'Oettingen à
Nurenberg par le Hanenkam. * Etat 6* délices de l.t
Suife , t. 3 , p. 191.
GUNUGI , ancienne ville de la Mauritanie Cefa>;
rieuse. Antonin dans ion Itinéraire , la met entre Car-
t\li Se Ctfarée , colonie, à douze mille pas de l'une Se
de l'autre. Pline, /. 5 , c. 2, la nomme Gunugi , Anto-
nin Gunugus ; l'anonyme de Ravenne , /. 3, c. 8, auiïï
Gunugus. Cette ville étoit épiscopale. La Notice d'Afri*
que nomme Auxilius Gunagitanus ; il faut lire Gunu-
gitanus. C'eft vraifemblablemcnt la CANUCCIS de Pto-
lomée. Voyez ce mot. Le P. Hardouin croit que Gunugi
eft prêïentement Mestagan.
GUOL, rivière de Corse. Voyez Gole»
GUPLO. Voyez Goplo.
.GUR;£Ï, peuple; &
GUR.EUS , rivière de l'Inde, félon Arien , Alex. 1. 4,
c. 2), qui dit qu'Alexandre la paffa en allant contre les
A[jacenii il marcha , dit ce hiftonen, à travers les Gu-
reens , Se paffa le fleuve Gurée , qui porte le même nom
que le pays : le trajet fut difficile , tant à calife de la
profondeur Se de la rapidité du fleuve , qu'à caufe des
pierres rondes qui font fous l'eau , Se qui faifoient faire
de taux pas.
GURANII , peuple d'Afie , vers l'Arménie Se la Mé-
die, félon Strabon , /. 11 , p. 531.
GURASIUM Volfanharum, ancienne ville d'Italie,
félon Diodore de Sicile, /. 14. Amiot lit Samnitum , au
lieu d'oWa- -viVv , qui eft dans le grec ordinaire, Se par
confequent met cette ville au pays des Samnites.
GURBAAL , lieu nommé au fécond livre des Para-
lipomenes , c. !26. S. Jérôme dit que c'eft Gerara , où
Abraham voyagea. *0rte/.Thef.
GURBATHA ou Gorbata , TV*'5a , ville de la
Méfoporamie, dans les terres, félon Ptolomée,/. s;,c. 18.
1. GURCK., ville ^Allemagne , dans la baffeLCa-
rinthie, fur la petite rivière de même nom : elle a un
évêehé fuffragant de Saltzbourg , érigé l'an 1073 , à
l'inftance des archevêques de Saltzbourg, qui en qualité
de patrons en., dévoient avoir la préfentation , Se en
donner l'inveftituie. Cependant Ferdinand I obtint que
de trois nominations , il y en auroit deux à l'empereur.
Tome III. Kk
2î8
GUR
GUS
Cette ville eft à fix milles de Villach , 5c à cinq de Cla-
genfurt: elle eft afiez grande. * Baudrand, éd. 1705.
Hubntr , Géogr.
2. GURCK (le) , petite rivière d'Allemagne , dans
la Carinthie : elle a fa fource dans le lac de Sepach, &c
une autre à S. Laurent ; ensuite ces ruifléaux le joignent
ck en reçoivent plufieurs autres, en fergentant vers le
fud-eft ; puis fe tournant vers le nord-eft , elle recueille
quelques ruifieaux , entr'autres, celui de Grin ; parte à
Gurck, & à Strasbourg, & lé jette dans l'Olcza, vis-à-
vis d'Altnhof. *Zeykr, Carte de la Carinthie.
3. GURCK (le), petite rivière d'Allemagne, dans
la Carniole , & glus particulièrement à l'extrémité occi-
dentale du Vindischmarck , dans une allez grande fo-
rêt : elle ferpente ensuite vers l'orient méridienal , re-
çoit quelques ruifléaux en chemin , pafle à Seifenbourg ,
où elle a un pont , reçoit un autre ruifleau à Anack, lé
replie vers l'orient feptentrional , pafle à Rudolfs-Werd,
fe recourbe vers l'orient jusqu'à Wergel, enfuite vers le
nord, puis enfin reprend fon cours vers le nord-eft;
pafle à Landftras, où elle a un pont, & fe perd dans la
Save , un peu au-deflus de Rayn , aux confins de la Croa-
tie & du comté de Glley. * Zeyler , Carte de la Car-
niole.
GURCKFELD , félon Zeyler , petite ville d'Alle-
magne , dans la baîfe Carinthie, fur la Save, un peu au-
deflùs de Rayn ; elle a été autrefois la réfidence de la
cour dû comte de Cilley. Il y a un beau château , qui
appartient à MM. de Moscou, &un couvent de Capu-
cins. Lazius , Reip. Rom, l. 1 z, fect. 5 , c. 3 , prend cette
ville pour l'ancienne Quadratum. Il y a une ancienne
inscription à la tour, où font les clochers.
GUREIGURA, montagne d'Afrique., au royaume de
Fez. Marmol, t. z, L 4, c. T,J,p. 204, en parle ainfi.
C'eft une montagne fort peuplée d'où fort le fleuve d'A-
gubel , qui va fe rendre dans le Beher vers le couchant :
elle eft près du grand Atlas , à treize lieues de Fez , dont
elle eft féparée par les plaines d'Eceïs ; mais il y en a
encore de plus grandes entr'ellé & le grand Atlas , qui
font peuplées d'Arabes fédentaires , comme les Berebe-
res Les habitans portent le nom de leur montagne ,
ck font fort riches & belliqueux ; recueillent beaucoup
de bled & d'orge , & ont quantité de gros &; menu bé-
tail : ils ont beaucoup de villages fort peuplés ; mais il
n'y a ni ville ni château , ni bourg fermé : la difficulté
des avenues leur fert de défense.
GURGAITENSIS , fiége épiscopal d'Afrique , dans
la Bysacene , félon la Notice qui nomme Primianus
Gurgaiunjis. Il faut lire , fans doute , Gurgitenfis. Dans le
concile de Carthage , tenu fous S. Cyprien, on trouve
un évêqne Félix à Gurgitibus: le lieu de fon fiége étoit
nommé Gurgites.
GURGISTAN. ( le) Voyez Géorgie.
GURGITES , lieu épiscopal d'Afrique. Voyez Gur-
GA1TENSIS.
GURGULIENSIS Locus , lieu dont parle Ives de
Chartres, dans une de fes lettres, Epijl. 69. Ortélius
croit qu'il eft de la Gaule , & avertit que fur la marge
de fon exemplaire il y avoit BuGULIENSIS.
GURGURES Montes , montagne d'Italie , dont
parle Varron , de re Rujî. 1. a , c. 4. Il femble , dit Orté-
lius , qu'elle étoit au pays des Samnites. Fulvius doute
s'il ne faut pas lire Querqueros , mot , qui félon Feftus ,
fignifie froid. Ce ne feroit donc plus un nom propre ;
mais Amplement une épithete. Viftorius a remarqué que
les anciens manuscrits portent BuRBURES.
GURIAUNA, ville de la Medie , félon Ptolomée,
/. 6 , c. z. Elle étoit dans les terres.
GURIAUNÉ , ville de la Margiane, félon le même,
L 6, c. 10.
GURIEL , province d'Alie , dans la Mingrelie, dont
pourtant elle eft féparée à certains égards ; car les prin-
cipaux de Guriel voyant que les Mingreliens avoient
fecôuélejoug du roi d'Imirete, élurent un roi entr'eux,
qui jusqu'à préfent, dit Chardin, Voyages, t. I , p. 252,
s'eft maintenu dans l'indépendance, par l'appui qu'il a
du Grand-Seigneur , à qui il paye un tribut annuel de
qu'arante-fix enfans , garçons & tilles , qu'il envoie au
Bâcha d'Acalziké. Le pays de Guriel eft petit, &C res-
femble à la Mingrelie pour les mœurs des habitans :
l'on y a la même religion , les mêmes coutumes, & le
même penchant à l'impureté, au brigandage ci au meur-
tre. Il confine au nord avec l'Imirette , à l'orient au
Caucafe , où le Kur a fa fource , au couchant à la mer
Noire , & au midi à l'état du Turc : le roi de Guriel eft
Chrétien.
GURNIGEL , (le) montagne de Suifle , au canton
de Berne , dans l'Oberland ou pays d'en-haut , au bail-
liage de Thoun. Le Gurnigel eft célèbre par un bain
d'eau foufrée qui s'y trouve. Cette eau eft chaude , & a
le goût de vitriol. On en ufe, tant en bain qu'en boiffbn.
On en porte beaucoup à Berne , où fon en fait un grand
ufage , parce qu'elle eft utile pour les foibleflés d'efto-
mac, pour les douleurs des nerfs, & autres maladies.
* Etat & délices de la Suffi, t. 2, p. 215.
GUROVAN , montagne d'Alie, en Arabie, ck dans
la province de Hegiaz , auprès de la ville de Thayef.
Elle eft très-ftérile. * D'HerbeTot , Biblioth. orient.
GURREA , petite ville ou bourg d'Efpagne , en Ara-
gon , fur le Riof Gallego , à cinq lieues de Sarragoflé ,
& environ à pareille diftance de Huesca. On la prend
pour le Forum Gallorum , ou Gallicum des
anciens.
GURSIQ. Voyez Gorsio. * Baudrand, éd. 1705.
GURTIANA. Voyez Gustiana.
GURULIS : il y avoit deux villes de ce nom dans
la Sardaigne , dans l'intérieur des terres , félon Ptolo-
mée , /. 3 , c. 3 , qui les diftingue par les noms de vieille
& de neuve..
, 3 , qui les diftingue par les noms de 1
Voici la pofition qu'il leur donne.
Gurulis , la vieille
Gurulis , la neuve ,
Longitude. Latitude.
30 d. 30'. 38 d. 30'.
30 d. 30'. 37 d. 20'.
GUSCHA , village de Suifle, au pays des Grifons ;
proche l'a ville de Meyenfeld. * Etat & délices de la
Suffi , t. 4 , p. 81.
GUSELISAR , ville de la Turquie , en Afie , dans
la Natolie. Paul Lucas , qui croit que c'eft la Magne-
fle , dans l'Ionie , en fait cette description dans fon troi-
fiéme Voyage , /. 1 , p. 159. Gufelizar n'eft aujour-
d'hui que les débris d'une des plus belles 6c des plus
anciennes villes de l'Afie. Sa grandeur paroît encore as-
fez , puisque je fus plus de deux heures à en parcourir
les ruines. Je marchai pendant plus d'une heure fur des
monceaux de pierres, où je remarquai plufieurs fouter-
reins très-bien voûtés. Il paroît que c'étoient des aque-
ducs qui conduifoient les eaux dans la ville ; on dit
qu'ils vont encore très-loin de-là. A une lieue hors de
la ville, on trouve les ruines d'un temple fuperbe , dont
on voit encore trois belles arcades qui ont chacune plus
de cinquante pieds de haut: les frifes Se les moulures
ont confervé toute leur beauté. Il y a une apparence
que l'on avoit pratiqué dans l'épaifleur du mur un de-
gré pour monter aux galeries qui font fur ces arcades ;
mais il eft détruit ou bouché par la> quantité de pierres
qui font au pied. Ce qu'il y a de plus remarquable eft
une voûte fous terre, qui conduit, à ce que l'on dit, à
plus de deux journées de-là : on ne me fut dire à quel
ufage pouvoit avoir été conftruît ce fouterrein: l'on fait
là-defius mille contes frivoles. On dit qu'un amant pour
tromper la jaloufie d'un mari , dont il aimoit la femme ,
fit pratiquer ce fouterrein pour l'aller voir dans une ville
voiiïne où elle demeurait. J'ai remarqué que ce prodi-
gieux ouvrage avoit été conftruit des ruines d'un autre
encore plus ancien , car j'ai vu du côté du couchant ,
au-deflus des arcades , fur deux belles pierres de mar-
bre deux inscriptions qui font renverfées. Il me fut im-
poflîble de tirer aucune lumière des habitans du pays :
leur tradition porte feulement que la mer venoit autre-
fois battre contre les murailles de la ville : l'on voit en
un endroit de gros anneaux , où ils difent qu'on amarrait
les vaifléaux. Cette tradition me porte à croire qu'on
avoit creusé un lac dans la plaine voifine , où les eaux
du Méandre, qui paffent à deux lieues de la ville, for-
mulent un canal qui fervoit à faire remonter les vaif-
feaux de la mer qui eft à dix- huit ou vingt lieues de-là ;
peut-être même que la mer n'en étoit pas alors fi éloi-
gnée , fes rivages ayant fouvent changé dans cette par-
tie de l'Afie. Ce qui confirme ma conjè&ure , c'eft qu'en
GUS
GUZ
labourant la terre dans cette plaine qui eft à prêtent
très-fértile & bien peuplée, on y trouve une infinité
de coquillages ; d'ailleurs Gurjil dans la langue Tur-
que veut dire un lac , 8e Elifar une fortereffe ; ainfï
Guselisar fera la même chose que la forterejfe ou la ville
du lac. Cette ville ne peut être que celle de Magnéfie
dans l'Ionie. Dans l'endroit de la ville qui eft le plus ha-
bité , & où il y a plulîeurs fontaines , on tient un mar-
ché où les Arméniens font un grand commerce de foie
& de coton filé. Tout le pays aux environs eft couvert
de colomnes de marbre ou de granité , renverfées ou
rompues pour la plupart. Voyez Magnésie. Il ajoute
qu'il faut bien diftinguer cette Magnéfie d'Ionie , dont
il eft ici queftion, de la Magnéfie de Lydie, au pied
du mont Sipyle.
GUSTAVEBOURG , fortereffe d'Allemagne , dans
le landgraviat de Darmftadt , au confluent du Meyn Se
du Rhin. Guftave-Adolphe , roi de Suéde, la fit con-
ftruire en 1632, & l'abandonna trois ans après. Elle eft
à préfent ruinée. * Baud. édit. 1705.
GUSTIANA , ville de la Pannonie , félon Antonin ,
fur la, route de Sopiar.œà. Bregeùo , entre Jovia Se Her-
culia, à xxv. M. P. de la première , Se à XX. M. P. de la fé-
conde. L'édition des Aides 1518,^.170, celle des Juntes
1519, portent GUSTIANA. L'exemplaire du Vatican ,
l'édition de Simler, celles de Zurita ce de Bertius por-
tent GURTIANA. Lazius lit Cumana, Se croit que c'eft
la Curta de Ptolomée.
GUSTROV O , ville d'Allemagne , dans la baffe
Saxe , au duché de Meckelbourg , dans la Vandalie pro-
prement dite. Elle eft nommée Gustrowe dans les
anciens aftes. On ne trouve rien de cette ville avant
l'an 1107: il en eft parlé à l'occafion d'un avantage que
Wratiflas I , duc de Poméranie , y remporta. Thomas
Kantzovius (b), dans une Chronique de Poméranie, ma-
nuscrite, dit que l'an 1128, Otfion, évêque de Bam-
berg , le même qui eft regardé comme l'apôtre des Po- '
méraniens , envoya de Poméranie des millionnaires à
Guftro'W pour inftruire Se baiiser les Obotrites Si les
Wendes , qui avoient alors plus de dispofition qu'aupa-
ravant à fe convertir. Henri Burevin II , ou le jeune
duc de Mecldembourg , augmenta cette ville en 1119
ck 1220. Il y bâtit un château, lui donna le droit de
•ville Teutonique , & y fit élever une églife. Il eft le pre-
mier duc qui y ait réfidé, après que la ville de Verle ,
eu il avoit eu fa cour eut été ruinée. On a encore vingt-
quatre des loix qu'il donna à cette ville. L'égHfe collé-
giale fut fondée en 1226 fous l'invocation de fainte Cé-
cile , dont la fête fe célèbre le 22 novembre, jour au-
quel toute cette province abjura l'idolâtrie. Guftro'W fût
encore amplifiée par Niclot ou Nicolas en 1 24.3 ; mais
elle n'étoit pas alors au même lieu où elle eft à préfent:
de la droite du ruifteau de Nebel , elle a paffé à la
gauche. Il y a environ cinq iîécles que cette ville ayant
été détruite par un incendie , les habitans à qui l'autre
côté de la rivière plaifoit davantage y bâtirent des mai-
fons neuves , 8c y formèrent la nouvelle Guftrow. La
vieille ne fut pourtant pas abandonnée entièrement , Se
on en rebâtit une partie. La nouvelle eut fon églife par-
ticulière , la vieille conferva l'ancienne , qui appartint
enlùite aux payfans du villagede Suckow. Avec le teins
elle eft tombée en ruine au feiziéme fiécle ; Se il n'en
refte plus qu'une hauteur formée de l'es débris 8c un lieu
qui porte encore le nom de l'ancien cimetière. Le refte
des ruines de l'ancienne Guftrow eft: dans quelques mai-
fons hors de la ville, dans des jardins 8c dans l'hôpital
de S. George. Guftrow appartenoit alors à une branche
particulière de la maifon de Meckelbourg , qui portoit
le titre de prince de Verle ou des Vandales ; mais cette
branche s'éteignit , Se les ducs de Meckelbourg étant
réffaifis de cette province en 1436, s'appliquèrent à taire
"fleurir Guftrow , qui pourtant effuya quelques incen-
dies. La confeffion d'Augsbourg s'y introduifit fous le
duc Henri furnommé le Pacifique. La fucceffion de
Meckelbourg s'étant trouvée réunie entre les deux frè-
res Adolphe , Frédéric 1 , 8c Jean-Albert II , ils la parta-
gèrent également : l'aîné eut la principauté de Schewerin,
8e fes annexes ; \e cadet eut Guftrow, la Vandalie,
8e pays qui en dépendent. De-!à vint la diftinftion du
duc de Guftrow Se du duc de Schwerin : cette diftinc-
ti'on ne fubfifte plus. Guftave-Adolphe , fils d'Albert II ,
2S9
étant mort en 1691 , trois ans après fon fils, n'ayant
qu'une fille ? la branche de Schwerin rentra en poffes-
iïon du duché de Guftrow. La ducheiTe douairière oc-
cupa le château jusqu'à fa mort. Ce château eft le plus
beau Se le plus riant qu'il y ait dans tout le pays. C'eft
un grand édifice à quatre faces , où pourtant un des an-
gles manque encore. Il eft accompagné d'un magnifique
jardin. Guftrow eft à quatre milles au midi de Roftock ,
à fept au levant de Wismar , à huit de même de Schwerin ,
Se à deux Se demie fud-eft de Butzow. Mémoires drejfés
fur les lieux en 1718. * MUml , Hift, Polit. Pomer.
GY
UTjE, ancien peuple de la Scandinavie , félon
Ptolomée. Ils parlèrent enlùite dans la Chersonnefe Cim-
brique, où ils donnèrent leur nom au Jutland. La pro-
nonciation du G , devant un u , Gu , diffère peu de
celle de notre Ju chez les peuples qui parlent la langue
Teutone. Voyez Goths , & Jut^E»
GUTENZÊLL, Dei Cella ou Bonacella, abbaye
de l'ordre de Citeaux , dans la Suabe , au diocèfe de
Confiance , à une lieue au nord-eft de celle d'Ochfen-
haufe'n. Cette abbaye, qui eft de filles , fut fondée en 1257.
GUTSTAT, ville de laPruffe royale, fur la rive ga»
chedel'Alla, au fudoueft d'Heilsperg. Longitude 38 d.
42'; latitude 53 d. 52'.
GUTTA , ville de la haute Hongrie , dans un lieu
marécageux , entre une branche du Danube , du Waag
Se du Swartz , à un mille de Newhausel. Cette ville ,
dit Edouard Brow , Voyage de Komara, p. 124, eft
bâtie depuis les dernières guerres , Se eft à préfent bien
fortifiée.
GUTTALUS, rivière de la Germanie , félon Pline,
/. 4, c. 14. Cluvier. Ger'man. Ant. 1. 3 , c. 49 , a &•
vain ment prouvé, contre Junius, que c'eft préfentement
YOJer. Voyez ce mot.
GUTTONES , ancien peuple de la Germanie , qui
habitoit le golfe Mentonomon , aujourd'hui le Frisc'h-
Haff , félon le plus commun fentiment. Quant aux' Gui-
tones on les a connus dans la fuite fous le noms de Goths.
Voyez ce mot.
_ GUTZKOW, ville d'Allemagne, dans laPoraéranie
citéneure , entre Loytze Se Anclam , fur la riyiere de
Peene , dans un comté dont elle eft le chef-lieu , Se au-
quel elle donne fon nom. Lorlque Otthon , évêque de
Bamberg , l'apôtre de la Poméranie , prêchpit la foi ,
Gutzkowfùt la première qui fe convertitauChnfuarmme,
Mitzlaff, fon comte, s'étant fait baptiser à la diète d'Uffdom.
C'étoit alors une ville très-diftinguée ; mais ion château
ayant été rafé par les habitans de Stralfonde Si de Grçifs-
walde en 1386, elle déchut au point qu'elle devint un
très-petit bourg. Quelques-uns lui confervent cependant
le rang de ville. Le faint évêque Otthon dî Bamberg y
a autrefois féjourné , prêché, bapt'sé, Se bâti une église,
après avoir détruit le temple des fauffes divinités. * Zeyler,
Pomeran. Topogr. p. 6f.
Le comté de GUTZKOW comprenoit autrefois
Greiffswakle , Loytze 8c l'abbaye d'Eldenow. C'étoit
même le fiége d'un prévôt Se d'un fynode , duquel quel-
ques paroiffes relevoient pour le fpirituel ; mais cela eft
changé , Se ces paroiffes font maintenant partagées entre
"W olgatz 8c Greirïswalde ; 8c Gutzkow même relevé à
préfent du fynode de GreiiTswalde. Cette ville .rut prife
Se faccagée en 1357 par les Danois Se les Rugiens. Jean,
dernier comte de Gutzkow, étant mort fans^enfans , les
ducs de Poméranie fe faifirent de ce comté , par droit de
dévolution , 8c le partagèrent entr'eux ; l'empereur
Charles leur en donna l'inveftiture. Il eft préfentement à
la Suéde.
GUYER (le) , félon Baudrand , rivière de France ,
en Dauphi'né. Elle a fa fource dans les montagnes de la
grande Chartreufe , d'où courant au nord , elle fépare
la France de la Savoye ; Se paffant au pontBeauvoiiin,
elle fe jette dans le Rhône , au-deffous de Saint-Genis-
l'Hôte , à douze lieues au-deffus de Lyon.
GUYOLE. Voyez Guiole. '
GUZABENSIS'ou plutôt Guzabetensis , fiege
épiscopal d'Afrique. Innocent , fon évêque , afïïfta à la
conférence de Carthage ; mais on ne fait dans quelle
province il étoit.
GUZARATE, Guzerat ou Guzurate, autrefois
royaume particulier de l'Indouftan-, dans la presqu'ifte
To/iu III, K k ij
î6o
GYA
GYN
d'en-decà le Gange , & maintenant province de l'em-
pire du 'Mogol. Nous obfervons ailleurs qu'il avoit été
autrefois fort étendu , & comprenoit le royaume de
Cambaye&c le Decan. Vers l'an 1545 ou 1546, Sultan
Mamoët, roi de Guzerat, étant près de mourir, confia
la tutelle de fon fils unique, &c le gouvernement général
de fon état à un grand lëigneur , dont l'ambition excita
l'envie & la révolte des grands du royaume. Pour fe
maintenir dans fon autorité , ce gouverneur eut recours
au Mogol Ecbar ou Akébar , dont il rechercha la pro-
tection, fous prétexte de la demander pour Mudater fon
pupille , qui étoit en bas âge , & dont le pouvoir n'étoit
pas afTez établi pour conferver fon tuteur, contre^ la ligue
des grands qu'il avoit irrités. Il promit de lui céder une
ville avec fon territoire. Akébar vint effectivement à fon
fecours, en 1565, & fournit tous ceux qui s'oppofoient
à lui, & que le gouverneur accufoit d'être les ennemis
de fon roi ; mais au lieu de fe contenter de la ville pro-
mife , il fe faifit de tout le royaume , &C en fit le roi &
le gouverneur prifonniers , fans que jamais ce malheu-
reux prince y pût rentrer. Il eft vrai qu'il trouva le
moyen de s'évader, & fit quelques efforts ; mais ils fu-
rent inutiles, car il fut vaincu, & pris encore une fois :
enfin le défefpoir l'obligea à s'ôter lui - même la vie.
* Thevenot , Voyage des Indes, c. 4, p. 18.
Cette province eft la plus agréable de l'Indouftan ,
quoiqu'elle ne foit pas la plus grande. Le Nerdaba , le
Tapa &c plufieurs autres rivières, qui Farrofent, la ren-
dent très-fertile; &C fes campagnes font remplies de ver-
dure , durant toutes les faifons de l'année , à caufe des
bleds tk du riz dont elles font couvertes, & des diver-
fes espèces d'arbres qui fourniffent continuellement des
fruits. Ses villes & bourgs font ,
Amadabad, capitale,
Surate ,
Cambaye ,
Beriao ,
Qucljfler,
Baroche,
Sourban ,
Debea,
Petnad ,
Soufentra ,
Mader ,
Rageapout
Goga,
Patan,
Diu, aux
Nariad ,
Se Mamadebad.
Selon Thevenot , le Guzerat paye ordinairement au
Mogol vingt millions cinq cents mille livres par an. Se-
lon le P. Catrou , Hijloire générale du Mogol, p. 349 , il
y entretient dix mille cavaliers. Ce père dit, p. 361 ,
que l'abondance des grains qu'on recueille danscepays,
& les marchandées précieufes qu'on y fabrique , lui don-
nent beaucoup de réputation. On en transporte des toi-
les d'or &c d'argent & des étoffes de foie. On y travaille
en orfèvrerie & en joyaux de toutes fortes. Il ajoute ail-
leurs qu'il renferme dans fon enceinte neuifarcas ou pro-
vinces, &C dix-neuf parganas ou gouvernemens, & qu'il
paye à l'empereur deux carols , trente-trois lacs, &
quatre-vingt-quinze mille roupies. Un carol vaut cent
lacs, c'eft-à-dire , dix millions : un lac vaut cent mille
roupies, ck une roupie vaut, à-peu-près , trente fols de
de France. Ainfi cette fomme furpaffe de beaucoup celle
que marque Thevenot.
GUZUNTINA. Baudrand appelle ainfi une partie du
royaume d' Alger , qui comprend les pays de Bugie ck de
Conftantine.
GYAROS, petite ifle de l'Archipel ; un fragment de
Pétrone en détermine la fituation auprès de Delos :
Delos jam Jlabili revincla terra ,
OLim purpureo mari natabat ;
Et moto levis hinc & ïnde vento ,
Ibat jluctibus inquiéta fummis.
Mox illam geminis Deus catenis
Hac alta Gyaro ligavit , illac
Conjlanti Mycono dédit tenendam.
Ce qui veut dire que l'ille de Delos ayant long-tems
flotté fur la mer au gré des vents , Dieu prit deux chaî-
nes , dont il l'attacha d'un côte à l'ifle de Gyaros , &
de l'autre à l'ifle de Mycone. Strabon , /. 10, p. 485 , ne
met à Gyaros qu'un mauvais village, habité par des pê-
cheurs. Tacite , Annal. I. 3 , c. 69 , dit que cette ifle
eft fauvage & peu cultivée par les hommes. Pline , /. 4 ,
c. 12, dit : Gyaros avec un bourg ; elle a environ
douze mille pas de circuit : elle eft à foixante-deux milles
d'Andros. Mêla écrit auffi Gyaros : les R.omains y re-
léguoient les criminels. Tacite, Annal. l.-$ , c. 68, dit:
Lucius Pifon opina qu'il falloit interdire le feu Si l'eau
àSilanus, & le reléguer à l'ifle de Gyaros. Juvenal ,
Sat. 1 , v. 73 , dit :
Aude aliquid brevibus Gyaris & carcere dignum t
Si vis ejje aliquis.
Elle eft fort petite en effet , encore une partie eft-elle cou-
verte de rochers ; ce qu'il exprime ainlï , Sat. 10 , v. 170 :
Ut Gyara claufus feopulis parvaque Seripho.
C'eft à préfent Joura , ifle déferte.
GYAS , contrée de Sicile , félon Plutar que , & partie da
territoire de Syracufe. Aretius tient que c'eft préfente-
ment la Cava di Giorgia ; &c Cluvier. Sicil. Ant. croit
que c'eft Longarina & Cuba.
GYFHORN , ville d'Allemagne , dans la baffe-Saxe ,
au duché de Lunebourg , fur deux rivières qui s'y ren-
contrent , favoir V Aller & Vlfe. La première vient du pays
de Magdebourg , & toutes les deux viennent du levant
jusqu'auprès du château , & fe joignent derrière la ville ,
où elles baignent de belles prairies , &r. fourniffent du
poiffotî. La ville eft peu de chofe par elle-même , &
beaucoup plus longue que large : entre autres commer-
ces des habitans , ils braffent d'excellente bière dans le
goût de la Bretagne. Le château eft fort beau. Il y en
avoit un vieux , au lieu duquel celui-ci fut bâti en 1 525 ,
par le duc François de Brunswik & de Lunebourg qui y
réfidoit ; ce château eft bien fortifié à la manière antique.
* Zeyhr , Brunsvici Topogr. p. 90.
G'YFYRA , heu dont il eft parlé au code Thedofien ,
au fixiéme titre des Préteurs & des Quefteurs. Ortélius
Thef. doute fi ce n'eft point GEPHYRA.
GYGjEUS , lac de Lydie. Quintus Calaber en fait
mention.
GYGARIUM , lieu de la Cilicie , vers les détroits du
mont Amanus, félon Curopalate.
GYGAS , promontoire d'Afie , dans la Troade , près
de Dardanus, félon Strabon , /. 13.
GYMNASIA , ville d'Afie , quelque part vers la Col-
chide, félon Diodore de Sicile , /. 14. C'eft peut-être
laGYMNIAS deXenophon, Cyr. Exped. 4.
GYMNESLE. Voyez Baléares.
1. GYMNETES. (les) Cratès de Pergame nomme
ainfi certains Indiens qui vivoient au-delà de cent ans.
Quelques-uns , dit Pline , /. 7 , c. 2 , les appellent
Macrobiens.
2. Il y en avoit d'autres de même nom , félon cet auteur ,
dans l'Afrique , à l'orient.
3. Outre cela les Gymenetes Pharufii qui s'étendoient
jusqu'à l'occident : le P. Hardouin les plaça le long du
Niger , en-deçà de ce fleuve.
4. GYMNETES , peuple de l'Espagne Tarragonoife,
félon Feftus Avienus.
1. GYNjECON Portus, port de mer , entre Ana-
ple & Leofthenie , félon Etienne le géographe. Ce port
étoit auprès de Conftantinople. * Dyomf. Anapl.
2. GYNjECON , port de mer , dans la Gedrofie y
félon Ptolomée , /. 6 , c. 21.
Ce nom veut dire kport des femmes.
GYN^COCRATUMENI , peuple Sarmate , dans
l'Afie, auprès des palus Meotides, félon Mêla,/. 1 , c. 19;
vers l'embouchure du Tanaïs , félon Pline , /. 6 , c. 7.
Ce nom leur fut donné , parce qu'après la bataille du-
Thermodon , ils fe prêtèrent aux Amazones pour avoir
commerce avec elles , & leur donner des enfans. On
les nommoit Sauromates , félon Ephorus , cité par l'au-
teur d'un Périple du Pont-Ëuxin, dont nous n'avons qu'un
fragment dans la colleftion d'Oxford,^. 2: Juxtà Eplw
rum verb vocatur Sauromatarum gens. Cum his Sauro-
matis dicunt coiffe amazones , cùm quondam venijjént à
preelio circà Thcrmodontem jluvium commiffb , quâ de
causa Sauromatœ di'clifunt Gyn^ECOCRATUMENI.
1. GYNjECOPOLIS , ville de Phenicie, félon Etienne
le Géographe.
GYR.
GYZ
t. GYNjECOPOLIS , ville d'Egypte , félon Strabon ,
l. 17 , p. 8o-$.
Ce nom lignifie la ville des femmes. Le P. Hardouin
femble croire que ces deux auteurs ont parlé d'une
même ville ; en ce cas on doit dire qu'Etienne l'a bien
déplacée.
GYÎnLECOPOLITES Nomos , contrée d'Egypte ,
félon Pline , /. 5 , c. 9 , Strabon la nomme Gynxcopoli-
tanapmfeciura. Elle étoit du côté de l'Afrique , hors du'
Delta.
GYNAICRATUMENIENS , peuples anciens de la
Sarmatie d'Europe. Ils habitoient autour du Tanaïs , &
n'avoient point de femmes chez eux , ce que leur nom
fait connoître. Ces peuples fe marioient avec les Amazo-
nes qui leur rendoient tous les enfkns mâles , retenant
avec elles ceux de l'autre fexe. * Corn. Dift.
GYNDES , rivière d'Afie , dont le cours eft ainfî
décrit par Hérodote, /. 5 , c. 52, &c /. 1 , c. 189. C'eft
le quatrième des fleuves d'Arménie que l'on paffe en
bateau. Il a fa fource dans les montagnes Matienes , _ tra-
verse le pays des Dardanéens , & fe jette dans le Tigre,
autre rivière qui, coulant auprès de la ville d'Opis , fe
jette dans la mer Erythrée. Cyrus le voulant pafler , Sr.
ne le pouvant fans bateau , un des chevaux blancs qui
étoient facrés , étant eritré dans l'eau , pour palier le
fleuve , fut emporté &C fubmergé par les flots. Cyrus pi-
qué de cette avanture , menaça le fleuve de l'arFoiblir,
fi bien que des femmes le pourroient pafler fans fe mouil-
ler les genoux. Pour cet effet il fit tirer au cordeau cent
quatre-vingt canaux , qui aboutiflbient à cette rivière de
chaque côté : l'ayant ainfi partagée , en trois cents foi-
xante rigoles , il prit le chemin de Babylone. Ammien
Marcellin le nomme avec le Choaspe qui tombe dans
le Tigre. Mais comme après les faignées que Cyrus fit
à ce fleuve , il ne paroît pas qu'il ait repris fon ancien
cours, il y a bien de l'apparence que le Gyndesd Am-
mien Marcellin n'eft pas le Gyndes d'Hérodote , mais
le Gyndes qui , au rapport de Tacite , féparoit les
Dahes & les Arriens.
GYPLE, wmas, roche de Gypie , nom d'un
lieu , dont Eschyle fait mention dans fes Suppliantes.
GYPOPOLIS , lieu de Thrace , dans le voifmage de
Conftantinople , félon Denis de Byzance , de Trat.
Bosph. p. ij,edit. Oxon. C'eft une colline de roche, à
laquelle le nom de Gypopolis a été donné , foit à caufe
de la cruauté des Thraces & des Barbares , car on dit
qu'elle a été autrefois habirée par des fujets du roi Phi-
née , gens d'une inhumanité extrême ; foit parce que
quantité de vautours fe plaifent en cet endroit.
GYPSARA, Tu\iça. , ville de la Mauritanie Cefa-
riense, félon Ptolomée, /. 4, c. 2. C'étoit un port de
mer, entre le grand promontoire, &c la ville &c colonie
de Siga. Outre cela, elle étoit épiscopale; & Germain,
fon évêque , (Germanus Gypfarienjls ,) aflifta à la con-
férence deCarthage, {p. 267, édit. Dupin.) Il n'en eft
fait aucune mention dans la Notice d'Afrique. A l'égard
du nom Gypfarienjls , il eft très-bien. La Table de Peu-
tinger & l'Anonyme de Ravenne nomment ce lieu
Gypsaria. Ce dernier le met dans la Byzacene.
1. GYPSARIA , ville d'Afrique. Voyez l'article pré-
cédent.
2. GZPSARIA , ville ou village de l'Arabie Petrée ,
félon Ptolomée , /. 5 , c. 17.
GYPSEIS , ru'4,,,5 , ifle de l'Ethiopie , où Etienne
le géographe dit que l'on trouvoit des métaux.
GYPSITIS. Voyez Gythites.
GYPSUS, lieu dont il eft parlé dans le Code, /. 2,
tic. 47. Balfamon en parle auffi in Photium.
GYR. Voyez Girgiris.
GYRjE. Voyez Choerades 4.
GYRAS , montagne dans l'ifle de Tenedos , dans l'Ar-
chipel , félon Hefyche.
l6l
GYREI , peuple de l'Arabie heureufe , félon Pline,
1.6, c. 28.
G1RES , petite rivière de l'Ane mineure , dans la
contrée de Lalacaon , félon Zonare , Cedrene & Curo-
palate cités par Ortélius , Thefaur.
GYRI MONS , montagne d'Afrique , dans la Libye
intérieure , félon Pline, L 5 , c. 5. C'eft le GlRC-IRlS
de Ptolomée. Voyez ce mot.
GYRISOENI, ri.p.«.i«, ancien peuple de l'Espagne
Tarragonoife , félon Plutarque. Morales les met aux"en«
virons de Jaën.
GYROLIMNA, lieu voifin de Conftantinople, fé-
lon Nicetas. * Ortel. Thefaur.
GYRTON Se Gyrtone, ancienne ville de Grèce ,'
dans la Theflalie. Strabon , /. 9 , in fin. dit : Larifle
Gyrtone & Pherès , font dans le canton nommé la plaine
Pelasgique. Il avoit dit peu auparavant , les Gyrtonïens
habitent aux environs du Penée &: du mont Pélion.
Tite-Live , /. 36, c. 10 : . tout le pays étoit fournis , à
la réferve d'Atrax & de Gyrtone. Il dit ailleurs : il dé-
campa , & prit fa marche vers Phalana , &C le lende-
main il arriva à Gyrtone. Etienne le géographe donne
ces deux villes à la Theflalie , &£ plus particulièrement
à laPerrhébie. Ptolomée donne Gyrtone à la Macédoine,
& la met dans la Stymphalie. Ceft préfentement Tachi
Volicati.
GYPvlJS, montagne de Grèce, dans l'Etolie, auprès
du fleuve Acheloùs : on l'appella enfuite Calydon , i'elon
Plutarque, le géographe, DeFlumin. éd. Oxon.
GYSTATÉ, ville de l'Ethiopie, fous l'Egypte, félon
Pline , l. 6, c. 29.
GYTHEATES sinus. Voyez Gythium.
GYTHITES , iv&Wi , ifle de l'Ethiopie, fous l'E-
gypte, félon Ptolomée, /. 4, c. 9. Elle eft dans la mer
Rouge. Les interprètes Latins lifent Gypjitis. Ortélius,
qui foupçonne que ce peut bien être la Gypfeis d'E-
tienne, ajoute qu'on la nomme prélèntement Genamani.
GYTHIUM , ville du Péloponnefe , dans la Laco-
nie , félon Ptolomée. (") Quelques-uns l'ont nommée
Gytheum. M C'étoit le port de mer de Lacédémone
(c) à trente ftades de cette ville (d). Paufanias, /. 4,
c. 5, en nomme les habitans Gytheata ; Pline dit Gy-
thtates. *(a) Cictr. Offic. /. 3, c. il. (■>) Strib. 1. 8.
(c) Polyb. 1. 5. (d) InLacon. c. 21.
L'auteur de Lacédémone ancienne & nouvelle , taxe
d'erreur Meurfius , pour avoir dit dans fes Miscellanea.
Laconica , que Gythéon n'étoit éloigné de Lacédémone
que de trente ftades , qui rbnt environ cinq quarts de
lieue françoife. Il croit que fon erreur vient d'un pas-
fage du cinquième livre de Polybe qui , parlant de la
marche des troupes de Philippe , roi de Macédoine, dit:
lier infiituit ad Lacedamoniorum navale qubd Gythium
vocant , habet verb portum tutum , abeftque ab urbefla-
diis tri°inta. Meurlius , & quantité d'autres favans ont
cru qu ab urbe doit s'entendre de Lacédémone , & que
la diftance de cette ville au port étoit de trente ftades ;
cela ne fe peut , puisque Lacédémone étoit à huit gran-
des lieues de la mer. C'eft la ville même de Gythium ,
qui étoit à cinq quarts de lieue du mouillage. Voyez au
mot CoLOCHINE, qui eft le nom moderne.
GYTHONS. Voyez les Goths.
GYTTA , ville bâtie en Afrique , par le Carthagi-
nois Hannon, félon le faux Périple qui porte fon nom.
GYZANTES, peuple d'Afrique , qui fàifoit du miel
avec les fleurs, félon Apollonius, In Mirabil. Euftathe,
In Perieg. Dyonif. les nomme de même. Ce font les Zy-
GANTES d'Hérodote.
GYZIS , r„y( , port de la Marmarique , félon Pto-
lomée , /. 4, c. 5. Caftald croit que le nom moderne
eft golfo de gli Arabi. Quelques exemplaires portent
Zygis.
^r&$^**ï
LE GRAND
DICTIONNAIRE
GÉOGRAPHIQUE,
HISTORIQUE ET CRITIQUE.
HAA
AAG , bourgade d'Allemagne , dans
la Bavière. Baudrand dit Haag ou
Hag , petite ville fur une petite col-
line , près de la rivière d'Inn , entre
Burchaufen &£ Freifingue , à neuf
lieues de l'une & de l'autre. Elle eft
capitale d'un comté , qui a- eu fes
comtes particuliers jusqu'en 1667, qu'elle fut réunie au
duché de Bavière par la mort de Ladiflas , dernier comte
de fa race. Les Cartes varient : les unes , comme celles
de Sanson , en font un village ; d'autres un bourg,
comme celles de Vit & de Zeyler : ce dernier en parle
ainfi , Topogr. Bavar. p. j6. Hag eft fituée affez près
de l'Inn , entre OberndorfF <k Craybourg , & eft chef-
lieu d'un comté qui eft venu à la maifon de Bavière ,
depuis la mort de Ladiflas , dernier comte de Hag , ar-
rivée l'an 1567; &: cette maifon en rend hommage à
l'empire , auffi-bien que des annexes. C'eft dans ce
comté que fe trouve le monaftere de R.AMSAW , ocupé
par des religieux mendians qui fuivent la régie de S.Au-
uftin. La faute de 1667 pour 1567, fe retrouve dans
4aty & Corneille. Une preuve qu'ils fe trompent tous,
c'eft que la chofe eft rapportée dans le livre de Zeyler ,
imprimé en 1644.
1. HAAG ou plutôt s'Gravenhague. Voyez la
Haye.
HAARLEM ou Haerlem. Voyez Harlem.
f HAB , lac de Pruffe , le plus renommé de tous ceux
que l'on y voit. Le vulgaire le nomme la nouvelle mer.
Il eft long de quinze lieues , & large de deux , entre
les villes de Mont-royal & de Dantzick. J'épargne au
lefteur le refte de l'article. Il eft de Corneille & tiré de
Davity. Je me contente d'avertir que ce prétendu lac
eft le golfe de Dant{ig , nommé le Haff. Voyez fous ces
deux noms.
1. HABAD, ville de la Paleftine , félon Guillaume
de Tyr , cité par Ortélius , Thefaur.
2. HABAD , contrée d'Afrique , au royaume de Fez.
Voyez Haseat. On la nomme auffi Algarve.
1. HABAR , ville d'Afrique , dans le royaume de
Fez, & dans la province de Fez, à deux lieues delà ca-
pitale , du côté du levant. Elle eft bâtie fur la pente d'une
haute montagne, d'où l'on découvre non-feulement celle
HAB
gM
de Fez , mais tout le pays d'alentour. Elle doit fa fonda-*
tion à un Morabite de ces quartiers , qui étoit premier
Alfaqui de la grande mosquée ; mais elle a été détruite
en la guerre de Sayd ; de forte qu'il n'en reftoit que les
murailles & les temples, du tems de Marmol, t. 3, A4,
c. 24. Sa contrée eft petite & les terres en font données
à ferme tous les ans pari' Alfaqui de la grande mosquée,
à qui elles appartiennent.
2. HABAR , ville de Perse , fur la route de Sultanie
à Kom. Elle eft ancienne & de grande étendue , mais
fort ruinée ; & il y a plufieurs Arméniens. Comme ils
font de bon vin , les voyageurs ont foin de remplir
leurs outres en cet endroit. Je crois que c'eft la même
ville qui eft nommée ABHER ou Ebher , ou Ebbe-
HER, [dans les Voyages de la Valle , fur les Cartes de
De l'Ifle, & dans celle d'Oléarius. * Tayermert Voyage
de Perse , /. 1 , c. 6.
HABASSIA. 1 ,r .
HABESSIA. | Voyez Abissinie.
HABESSUS /ville de la Lycie, félon Pline , /. 5,
c. 27, qui dit que c'eft l'ancien nom de la ville , que l'on
nommoit de fon tems AntipHelos. Hermolaiis Bar-
barus vouloit qu'on lût dans cet endroit de Pline Ede-
bejjus , au lieu de Habejfiis. Voyez EDEBESSUS.
HABID , petite rivière d'Afrique , qui , félon quel-
ques géographes , fépare la province de Hascore , de
celle de Duquela ; ce qui ne doit s'entendre que du lieu
où elle fe joint à la rivière de Tenfift, Elle a fa fource
à l'occident de la montagne Elgemuha , félon les Cartes
de Sanfon inférées dans la traduftion de Marniol.
HABOR, ouChabor, ouChaboras, fleuve cé-
lèbre dans la Méfopotamie. Il fe dégorge dans l'Euphrate.
Une partie des Ifraëlites des dix tribus^ fut transportée
fur le Habor. Ezéchiel a intitulé fes prophéties de des-
fusle Chaboras, qui eft le même que le Habor. * D. Cal--
met, Dictionnaire de la Bible. Reg. /. 4 , c. 17, v.y,&cci
18, v. 11; & Parai. /. 1, c. 5, v. 26.
HABRAN, petite ville de l'Arabie heureufe. Elle eft
■fituée en une plaine arrofée de plufieurs ruiffeaux qui
la rendent très-fertile & abondante en diverses fortes de
fruits. Les habitans font des Arabes , venus des villes de
Sanaa &: de Saada. Habran eft à quarante-huit milles de
cette dernière, & à trois journées de la première , fe-,
HAC
Ion Edrifi , dans la fixieme partie de fon premier climat.
* D'Herbelot , B'ibl. orient.
i. HABSBOURG ou Hapsbourg , ancien château
de Suifle , au bas Argow , au canton de Berne , clans le
bailliage de Lentzbourg. Ce château eft remarquable,
en ce qu'il fervoit , il*y a quatre ou cinq fiécles, de ré-
sidence aux comtes d'Habsbourg , qui font la tige de
l'augufte maifon d'Autriche. Rodolfe ., comte de Habs-
bourg , dut fon élévation à fon mérite : quoiqu'il ne
fut qu'un petit feigneur , en comparaifon de tant de
grands princes d'Allemagne , qui aspiroient à l'empire , il
fut é.u empereur l'an 1273. Ce fut lui qui rétablit les
affaires d'Allemagne , 6k en calma les troubles , fe fai-
fant redouter par les plus puifïans princes de ce varie
■corps , à caufe de fa valeur. En travaillant pour le public,
il ne s'oublia pas lui-même : il aggrandit confidérable-
ment fa maifon , 6k lui donna de grandes provinces ,
entr'autres l'Autriche , dont Ces enfans prirent le nom.
Et, ce qui eft bien glorieux pour lui , fes descendans ont
poffédé fucceffivement l'empire d'Allemagne , 6k la mo-
narchie d'Espagne, durant deux fiécles. Mais pour reve-
nir au château d'Habsbourg, il eft à une petite lieue au-
deflus de Broug , fur une hauteur, où (de quelque côté
qu'on y veuille aller , ) la montée eft fort rude : en y
allant on y croit trouver un grand ck vafte bâtiment,
qui réponde à l'idée qu'on a de la puilïance des anciens
comtes de Habsbourg , (car c'étoient les plus puiflans
feigneurs qu'il y eut en Suifle , après les ducs de Zerin-
gen ; ) mais ce n'eft point cela. Le bâtiment eft petit
ck étroit, 6k tout y respire la frugalité 6k la fimplicité.
Il eft vrai qu'il eft à demi-ruiné ; mais lés ruines annon-
cent encore ce qu'il a été. Ce qu'il y a de plus beau ,
c'eft un très- bel aspect qu'on y a de toutes parts. On
y découvre l'Aar , qui coule en ferpentant , & fe pré-
fente aux yeux de trois côtés. On voit toute la plaine
de Lentzbourg 6k le château de Bruneck , les terres de
Soleurre & de Bafle , la ville de Broug , & bien loin au-
delà jusqu'à Klingenau. Les Bernois ont un concierge
dans ce château ; 6k ils entretiennent ce bâtiment plutôt
pour fon nom, que pour l'ufage qu'ils en tirent. On m'a
dit que M. le comte de Trautmansdorf , ambaffadeur
de l'empereur en Suifle , eut la curiofité d'aller voir ce
château , il y a quelques années , & que dès qu'il fut à la
porte , il fe mit à genoux ; ck au milieu de quelques dis-
cours fur ce fujet, il baifa dévotement cette terre bénite,
qui avoit nourri & porté les pères de l'empereur fon
maître. * Délices de la Suiffé, t. 1, p. 145 & feq.
2. HABSBOURG ou Hapsbourg, ancien château
de Suifle , au canton de Lucerne , à une lieue de la ville
ck au bord du lac de Lucerne. Il ne faut pas le con-
fondre avec l'autre château de Habsbourg , qui ell dans
le canton de Berne, ek dont il eft queftion dans l'article
précédent. Il fut ruiné parles Lucernois , l'an 1352.
* Délices de la Suife, t. 2 , p. 2.84. Plantin , Abrégé de
l'hift. génér. de la Suifle , p. 539.
1. HABUS , nom latin que quelques-uns donnent
au golfe nommé le Haff , auprès de Dantzig. Voyez
Haff. ' 1
2. HABUS , nom latin de la rivière d'Angleterre,
dont le nom vulgaire eft I'Humber. Voyez Humber.
HACA-CHAN ou Hangi-Chan, province d'Afie,
dans l'Indouftan. Elle a la rivière de l'Indus au cou-
chant, félon Corneille , qui cite-Mandeflo. Il ajoute que
ce pays qu'on appelle aufli le royaume de Balochi,
n'a point de villes confidérables. Comme l'auteur cité
eft foupçonné de n'avoir pas vu tous les lieux dont il
eft fait mention dans fes Voyages , 6k qu'Oléarius , fon
éditeur, 6k Viquefort le traducteur de leurs Voyages,
y ont ajouté bien des chofes tirées des autres voyageurs
ck écrivains , rien n'oblige à compter fur lui comme fur
un témoin occulaire. Rien n'empêche, au contraire, de
croire que Mandeflo, ou ceux qui ont enflé fon livre , fe
font trompés. En effet ce royaume de Balochi n'eft
point différent des Balluches ou Bulloques , peu-
ple fur les frontières de Perse ck des Indes, vers la fource
de l'Ilmen , ck à l'occident de l'indus. Voyez Bullo-
QUES.
HACHA. Ce mot en espagnol veut dire flambeau,
ck entre dans la composition d'un nom de rivière nom-
mée par les Espagnols rio de la Hacha , ck d'une ville
qui porte le même nom que la rivière. Voyez aumotRiO.
HAD 263
HACEL-DAMA ou CHAKEL-DAM , c'eft-à-dire
héritage ou partage du fang. Voyez Aceldama.
HACHILA, montagne de la Paleftine , où David fe
réfugia lorsque Saùl le perlécutoit , ck que les habitans
de Ziph offrirent au roi de le lui livrer, Reg. I. 1, c. 23,
v. 19. ^Eufehe parle â'Echela où fe cacha David , ce qui
peut s'entendre^ SHachila , puisque Dawd ibrtoit de
.Kehiia , lorsqu'il s'y alla cacher.
HACOC ou Hucac , ville de la Paleftine, dans la
tribu d'Afer, Parai. I. 1 , c. 6, v.75. D. Calmet croit
que c'eft la même que Hucuca du livre de Jolùé, c. 19,
v. 34, ou Chuccoc, comme prononçoient :es Hébreux.
Dans Jofué : elle eft attribuée à la tribu de Nephtali.
HACOTENA ou Hacotina, ville d'Afie , à cin-
quante milles de Samolate, en venant de Sat;:hk, (elon
Antonin, Itin. Baudrand, éd. 1602, lui impute d'avoir
dit que c'eft une ville d'Arménie , près de l'Euphrate ,
vers l'endroit où il arrofe le Taurus : ce qu'il ne dit en
aucune façon. Simler vouloit que l'on lût Locotena.
L'exemplaire du Vatican porte Hacotena. Zurita,/?. 372,
lit Lacotena , en quoi ii fe fonde fur l'autorué d'Ammien
Marceliin ,^ qui dit que Conftantius ayant renvoyé Arface,
roi d'Arménie , qui l'étoit venu trouver en Cappadoce,
il prit fa route par Mélitene, petite ville de la petite Ar-
ménie , par Lacoune ck Samolate , ck paflant l'Euphrate
fe rendit à Edefte. Cette corredbon eft fondée fur des
manufcrits , dont un porte Lacotïna. Ainfi Ba: drar.d
dit vrai fur la pofition de cette ville , mais fa citatoin
eft fauffe.
HACÏARE , ville de l'ancienne Espagne, dans la
Eétique, à trente-deux mille pas d'Acci, en venant de
Caftulon , félon Antonin , Itïntr.
HACZAG , petit pays de Tranfilvanie , fur les con-
fins de la Walaquie, entre les montagnes qui en font la
ieparation, ^ ck la rivière du Maroch , qui , au nord de
cette contrée, fait un coude pour couler vers l'occident
6k fe joindre à la Teiflé. De l'Ifle varie un peu fur l'or-
thographe de ce nom , ck écrit indifféremment H—. :,
Hat~ag ck Hacrag. On l'appelle le comté ou la vallée
dHaciag. C'eft dans ce diftria que font les ruines de
l'ancienne Ulpia Trajana , desquelles il y a apparence
que s'eft formée la ville dont le pays porte le nom ,
quoique l'ancienne ville fût à quelque diftance, au cou-
chant d'été de la nouvelle.
HADADREMMON ou Adadremmon, ancienne
ville de la Paleftine. D. Calmet la place clans la vallée
deJezrahel. Le P. Bonfrérius , dans fa Carte, la met
hors de cette vallée, dans la tribu deManafie. C'eft auffi
la pofition qui lui eft donnée dans- TOnomafticon des
villes 6k lieux de l'écriture fainte , p. 6, où i! eft dit,
qu'e le étoit clans la demi-tribu de Manaflé , d'en-deçà
du Jourdain, auprès de Jezrahel, dans la çampagHe de
Magedo. C'eft-là que fe donna la fatale bataille dans
laquelle Jofias , roi de Juda, fut mis à mort par l'armée
de Néchao , roi d'Egypte. S. Jérôme , fur le douzième
chapitre de Zacharie, nous apprend qu'elle fut eniuite nom-
mée Maximïanopolis , en l'honneur de l'empereur Maxi-
mien. Elle étoit à dix-fept milles de Céfarée de Paleftine,
& à dix milles de Jezrahel, félon l'ancien Itinéraire de Jé-
rufalènv. Ce nom fignifie un écho ou le j'en, de la gre-
nade, félon l'Onomaflicon cité. D. Calmet L'explique
parmi de la Grenade du mot ~S°\T\ kidad , cris , clameurs,
6k de X2F\ rimmon , qui fignifie un grenadier, l'arbie qui
porte la grenade. C'était en même tems le nom d'un
dieu des Syriens ; de forte qu'{13"lT"in pourroit ligni-
fier l'invocation du dieu Rimmon.
HADAGïE , ville d'Afrique , au royaume de Fez ,'
dans la province de Chaùs , félon Dapper , Jfrique,
p. 157. Elle eft petite , 6k bâtie au confluent des riviè-
res de Mullule 6k Muluye , qui l'entourent comme une
ifle. Elle fut faccagée par les Arabes de Dara ; 6k depuis,
pendant la guerre de Teurert , elle fut tout-à-fait dépeu-
peuplée ; mais les Turcs l'ont remife dans fon premier
luftre, en y envoyant une colonie d'Arabes de Motti-
gia. Voici ce qu'en dit Marmol , /. 2, /. 4, c. 108.
C'eft une grande ville , bâtie par les anciens Africains
dans une ifle que font deux rivières qui enfuite fe joi-
gnent : elle eft ceinte de bons murs garnis de tours , 6k
étoit autrefois fort peuplée de Bereberes , d ; la tribu
des Zenetes ; mais quand les Arabes Mahométans
occupèrent les provinces du couchant , & fe répandirent
i6\
HAD
HAD
par les défères , ils firent tant d'infultes aux habitans , -qui
étoient auffi incommodés des armées de Fez & de Tre-
mecen, qu'ils abandonnèrent la ville pour fe retirer ail-
leurs; de forte que toutes les maifons en font fondues:
il ne refte que les murailles , 6k la campagne eft aux Ara-
bes.
HADAMAR. C'eft ainfi que les Allemands écrivent
ce nom , & non pas Hademar , comme l'écrivent queI-_
ques François, & entr'autres Baudrand , ville d'Allema-'
gne , dans' la Weteravie : c'eft la rélidence d'une bran-
che de la maifon de Naflau. Dans le partage qui fe fit
du comté de Nàffau-Diilenbourg , l'an 1606 , le 8 Oc-
tobre , par le décès du comte Jean le Vieux, Jean-
Louis , l'un de fes fils', eut pour fa part la feigneurie de
de Hadamar, Ellar 6k quelques autres bailliages & dé-
pendances. Ce comte s'étant fait Catholique, fonda un
collège de Jéfuites dans cette ville , qu'il choifit pour fa
réfidence, à quoi il fut autorifé par une conceiîion de-
l'empereur Ferdinand , 6k par une confirmation du pape.
Il affigna , pour l'entretien de ce collège, les monafteres
de filles de Dierftein 6k Befelich , comme auffi l'abbaye
de Dietz , 6k la part que la maifon de Naflau avoit au
monaftere de Thron : c'eft ce qui lm a attiré un procès
avec la maifon de Dillenbourg. Cette ville a un beau
château, & eft auWercle du haut Rhin , proche de la
rivière de Lohne. Baudrand , èdit. 1705 , dit qu'elle eft
à quatre milles d'Allemagne , à l'eft de Coblentz , & à
fept de Mayence , vers le nord. * Ziykr , Top. Haff. 6k
Vicin. reg. p. 47.
HADDASA , ou CHADASSA , ville de la Paleftine :
il en eft parlé au livre de Jofué , c. 15 , v. 37. Eufebe
dit qu'Adafa étôit de la tribu de Juda , 6k que de fon
teins c'étoit un village auprès de Taphnas. S. Jérôme
dit : Adafa , dans la tribu de Juda : il ajoute que ce vil-
lage fubfiftoit encore de fon tems auprès de Gufnœ ; ce
qui marque qu'il lifoit Gufnœ. , 6k non pas Taphnœ ,
dans Eufebe qu'il a traduit ; mais" il pourfiiit ainfi : je
m'étonne qu'il (Eufebe) ait mis le pays de Gufnœ dans
la tribu de Juda , puisqu'il eft clair par le livre de Jofué ,
qu'elle fut donnée à la tribu d'Ephraim. Le P. Bonfre-
rius obferve que S. Jérôme corige ici Eufebe ; 6k il croit
quel' Adafa dont il s'agit , n'eft pas différente des villes
d'Adarfa & Adazer. Mais il croit que l'Adafa d'Eufebe
6k de S. Jérôme , dont je viens de rapporter les fenti-
mens , 6k de laquelle j'ai parlé dans un article particulier,
lî'eft pas la même que la Hadaffa de la Vulgate , nom-
mée Adafa par les Septante , placée dans la tribu de
Juda , & mentionnée dans le quinzième chap. de Jofué ,
v. 37. D. Calmet tient , au contraire , que la ville de
Juda , nommée Hada£k , eft la même qu'Eufebe 6k
S. Jérôme ont indiquée dans les articles rapportés
au commencement de celui-ci. Il cite des Rabbins ,
in Eruvim , v. 6 , qui dilent que c'étoit une des
plus petites villes de Juda , n'ayant que cinquante mai-
ions.
HADDINGTON, ou Haddingtown, Hadina,
ville de l'Ecoffe méridionale , dans la Lothiane. On
n'en fait qu'un bourg dans l'Etat préfent de la grande
Bretagne , t. t., p. 145 , où il eft dit qu'on y tient mar-
ché ; qu'il a été autrefois entre les mains des Anglois qui
le fortifièrent , 6k y foutinrent un long fiége fous la
minorité de la reine Marie d'Ecoffe , 6k qu'il donne le
titre de comte à une branche de la famille d'Hamilton.
Cambden dit de plus que cette ville eft fituée dans une
grande plaine ; qu'elle a un foffé large 6k profond , avec
un boulevart extérieur fait de gafon , accompagné de
quatre battions aux angles , 6k d'autant au mur intérieur ,
qui eft de figure carrée. Telle fut la fortification dont les
Anglois l'entourèrent.
£e bailliage de HADDINGTON , félon d'Au-
clifret , Geogr. t. 1 , p. 10") , bailliage d'Ecoffe , dans
la province de Lothiane , à l'orient du bailliage d'Edin-
bburg. La rivière de Tyne le coupe en deux parties ; 6k
bien qu'il n'ait pas la même étendue que les deux autres
bailliages , ou fcherifsdoms de la province , il a les
mêmes avantages par la fertilité de fes campagnes , &
par le commerce de fes habitans. Les principaux lieux ,
nommés villes par les uns , ck bourgs par les autres ,
font
Dunhar , Haddington ,
& Northbenvick.
HADELLAND , Hadclia , petit pays d'Allema-
gne , au nord du pays de Brème -, affez près de
l'Elbe : on y trouve le château a" 'Ottendorff. Ce pays
appartenoit autrefois aux ducs de Saxe-Lavrembourg ;
mais après l'extinction de cette famille , l'empereur l'a
pris en ièqueftre. L'orthographe dunom du château varie ;
les uns écrivent Otttrmdorf ; 6k d'autres Olurzndorf
* Hubmr , Frag. auff. Geogr. d. <i< fck 551.
HADEMAR. Voyez Hadamar.
HADEQUIS , petite ville d'Afrique , au royaume de
Maroc , dans la province d'Hea. Marmol , r. z , 1. 3 , c. 7 ,
la décrit ainfi : c'eft une petite ville fermée de hautes
murailles ck de tours bâties de chaux ck de moilon. On
tient qu'elle a été fondée par les naturels du pays. Elle
eft dans une plaine , à trois lieues de Teculet du. côté
du midi , ck contient plus de mille maifons très-bien
■bâties. Il paffe au milieu une rivière médiocre , qui des-
cend des montagnes , ck qui eft bordée de quelques
arbres fruitiers , ck de quantité de treilles. A l'un des
côtés de la ville eft le quartier des Juifs , où il y a plus de
cent cinquante maifons , tant de marchands que d'artifans
qui ont la liberté de conscience. Il s'y tient une foire tous
les ans, qui dure quinze jours , où tous les montagnards
des environs amènent quantité de bétail avec de la laine ,
du beurre , de l'huile , de la cire , des draps non foulés ,
ck autres chofes femblables. Il n'y a point de lieu dans
la province où les femmes foient plus belles , ni plus,
blanches ck de meilleure grâce , 6k où elles fe piquent
plus de gentilleffe 6k de galanterie ; mais elles aiment
fort les étrangers , ck leurs maris font bien jaloux. Quoi-
qu'ils foient allez propres à leur mode , 6k que quelques-
uns aillent à cheval , ils font néanmoins fort brutaux ,
6k s'entre-tuent pour la moindre occafion. Nugno Fer- .
nandez d'Ataide accompagné d'Yahaia prit cette ville
d'affaut l'an 1514, tk en emmena les plus belles esclaves
qu'il y ait eu depuis long-tems en Portugal. Les Cherifs
la repeuplèrent depuis , ck les habitans font fort riches ,
depuis qu'ils ne font plus inquiétés par les courfes des
Chrétiens. Ils la bourent 6k moiffonnent en toute affu-
rance. C'eft cette grande fécurité qui fait qu'il n'y a aucune
fortification à cette ville , qui d'ailleurs n'a aucun édifice
confidérable.
HADERSLEB , ou Hatf.RSLEBDAM , lac du Dane-
marck , dans le duché de Sleswig , auprès de la ville de
Haderslebe. 11 a 1060 toifes dans fa longueur prife de
l'occident méridional à l'orient feptentrional ; 6k fa
largeur , qui eft inégale , eft de deux cents en quelques
endroits 6k de trois cents en d'autres * Hermanides , Dan.
ckc. Defc. p. 801.
HADERSLEBE , abbaye de religieufes Bénédictines
en Allemagne , dans la baffe Saxe , au diocèfe de Mag-
debourg.
~ HADERSLEBEN , ou Hatersleben , ville de
Danemarck , au duché de Sleswig. Les géographes du
pays lui donnent 55 d. 15' 30" de latitude , fur 41 d.
51' 30" de longitude. De Flfle la fait plus feptentrionale
d'un degré au moins. Quant à la longitude , elle eft exces-
fi ve de plus de douze degrés , à la prendre de l'ifle de Fer ;
6k quand même on la prendroit aux ides Açpres , le
méridien du XL degré pafferoit à l'orient de toute la
presqu'ifle de Sleswig 6k Jutland fans y toucher. Elle eft
à quatre milles d'Allemagne de Colding , à cinq de
Ripen , à trois d'Appenrade , à fept de Flensbourg , à
onze de Sleswig , à douze de Hufum , 6k à quatorze de
Rensbourg. Elle eft arrofée à l'occident par le lac de
Haderslebdam , 6k à l'orient par le canal nommé Haders-
kbfoerd , qui a fi peu de profondeur vers la ville , que
les gros viffeaux ne peuvent en approcher qu'à deux
milles. Le terroir des environs y eft très -fertile en
bleds , 6k très-bon en pâturages. Les lacs 6k le canal font,
remplis de poiffon. Entre l'un 6k l'autre eft une iile oùjcl
eft fituée la nouvelle ville avec une citadelle , commen-
cée par le duc Jeanle Vieux , 6k continuée par le roi
Frédéric. Torftenfon , général des Suédois , qui com-
mandoit clans ce pays, en 1643 6k 1644, flanqua de
quatre baftions. cette citadelle qui venoit d'être incen-
diée, 6k où il ne reftoit presque plus rien que les mu-
railles. Elle eft au côté oriental.de la ville neuve , qui
avoit ci-devant une belle 6k magnifique ^glife , dédiée
fous l'invocation de la fainte Vierge, 6k des maifons de
pierres qui, avec l'églife, furent détruites par un incendie,
l'an
HAD
HAD
26s
l'an 1617. Le temple, dont le feu avoit épargné les mu-
railles , fut rebâti peu après. L'ancienne ville eft hors de
l'ifle , au bord feptentrional du lac. Les maifohs en font
moins belles , &il y auneéglife du nom de S. Severin; èk
tout auprès, fur un coteau, on voit les ruines de l'ancienne
citadelle , que le duc Jean le Vieux détruifit , au lieu de
laquelle il bâtit la nouvelle auprès de la ville neuve,
dont on vient de parler. L'an 1257, le roi Eric étant en
guerre avec fon frère Abel, brida Hadersleben, qui étoit
alors une ville libre, (municipium,) c'eft-à-dire qui
avoit droit de bourgeoifie ; ck le roi Eric & Glippin
s'en rendirent maîtres , après en avoir chafle Eric , duc
de Sleswig. Le duc Voldemar II , l'un des descendans -
d'Abel , lui donna droit de cité , l'an 1192. Après la mort
de Voldemar Ve du nom, duc de Sleswig, une querelle
arrivée entre les habitans de Kiel ck un gentilhomme ,
nommé Henneque Lembecke , caufa de grands troubles.
Quelques 'gens de ce gentilhomme ayant été pris volant
ck pillant auprès de Kiel , on les pendit. Le gentilhomme
qui crut les devoir venger, maflacra quelques marchands
qui alloient de Kiel à Eckerenfoerd , ck en prit quelques
autres. Il avoit fa réfî Jence à Dorning dans le Slesv/ig ,
& la veuve de Voldemar le protégeoit. Adolfe ck Nico-
las , comtes de Holftein , lui déclarèrent la guerre. L'un
prit Hadersleben , ck ne put prendre Dorning qu'il affié-
gea inutilement : l'autre fe faifit de Tunder. Dans la
guerre , qui s'éleva entre le jeune duc de SleiVig & le
comte de Holftein , le roi Eric de Dannemarck , qui
étoit intervenu dans cette querelle , commença par fe fai-
fir d'Hadersleben qu'il garda. Le roi Chriftophe de Ba-
vière la rendit enfuite à Adolfe , duc de Slefiyig ck
comte de Holftein. C'eft présentement la couronne de
Dannemarck qui poffede la ville ck le bailliage de Ha-
dersleben. * Hermanides , Dan. ckc. /?. 803.
La préfecture de HADERSLEBEN, grande con-
trée du royaume de Dannemarck, au duché de SlefVig,
-aux frontières du Nord-Jutland, qui la borne au fepten-
trion. Elle eft bornée au levant par le petit Belt ; au
couchant par la mer du nord , ck au midi par la préfec-
ture d'Apenrade , Loemklofter ck la préfecture de Tun-
der. Sa longueur eft de neuf milles Germaniques ck plus,
entre les deux mers ; ck fa largeur nord èk fud, eft de
quatre ou cinq de ces mêmes milles. On la divife en
fept diftriêb , qui font,
Herdersleberharde , Froesharde ,
Tufterupharde , Kalslundharde ,
Gramharde , Guiddingharde ,
ck Norderrangftorpharde.
Le mot HARDE lignifie un dijlricl où commande un
officier envoyé par le roi ou par le fouverain. Celui
d'HAERRlT ou herrit veut dire la même chofe. Ce
bailliage eft arrofé de plufieurs rivières, favoir;
Koldingaw , Nipfa ,
Schotburgischau , Daps.
Il y a outre cela un grand nombre de ruifîeaux. Ce bail-
liage n'eft habité que par des Danois , ou par des Juthes
qui parlent Danois.
Le district de HADERSLEBEN , petite contrée
du royaume de Danemarck au duché de SlelVig , dans
la préfecture de Hadersleben. Il eft divifé en deux par-
ties , la feptentrionale ck la méridionale par le golfe ou
bras de mer, qui s'étend depuis la mer Baltique jusqu'au
lac de Hadersleben qui s'y décharge. Le terroir en eft
agréable ck fertile , & devient plus beau à mefure qu'on
approche plus de la mer Baltique. Il produit du feigle ,
de l'orge & autres grains , ck même du froment en quel-
ques endroits ; mais il n'a pas tant de forêts ni de mon-
tagnes que Tufterupherde. Il y a trois lacs très-poiflbn-
neux. Celui de Hadersleben ou Haterslebdam , celui de
Banckeldam , ck celui de Hopdrupdam. Il y a douze pa-
roiftes ou églifes , dont deux font dans la ville même de
Hadersleben , ck les autres dans le pays pour les villa-
ges , hameaux ck métairies qui en dépendent.
1. HADHRAMOUT, contrée de l'Arabie. Elle eft
comprife dans la province de l'Yemen ou Arabie heu-
reufe. D'Herbelot, Bibl, orient, dit que les anciens l'ont
connue fous le nom d'HADRAMYTHENA , ck que ce
nom eft tiré de celui d'une tribu descendue de la famille
de Hatliinnout ou Hatfarmavet, troiueme fils de Joctan,
fils de Heber .■ dont les enfans ont peuplé l'Arabie. Le
géographe de Nubie, dans la fixiéme partie du I, Cli-
mat,/». 26, donne au pays d'Hadhramout deux villes.,
nommées Sciabam èk Tarim , à une ftation de diftance
l'une de l'autre. Il ajoute que Mareb en étoit auffi, mais
qu'elle eft détruite , ck que c'étoit l'ancienne Saba d'où
étoit originaire Belcqis, femme de Salomo.n, fils cïe Da-
vid. Le même auteur Arabe dit qu'il y a dans ce canton de
vaftes plaines de fable , que l'on nomme AHCAF. L'au-
teur du livre des Propriétés, fauflement attribué à Ariftote,
èk qui eft l'ouvrage de quelque Arabe ; cet auteur , dis-
je, fait mention de Hadhramout , lieu où le vent a fait
mourir bien des hommes ; ce qui me paraît devoir être
expliqué de cette contrée de l'Arabie. D'Herbelot pour-
fuit ainfi : La ville de Saba , qui a été autrefois le fiege
des Tobais ou rois de l'Yemen , appartient au pays d'Ha-
dhramout. La ville qui porte le nom de Cabar-Houd à
cauie du fépukhre de Houd ou de Heber le Patriarche ,_'
que les Arabes y révèrent , en eft auffi. Les campagnes
fablonneufes que les Arabes appellent Ah.ca.foxi l'on trouve
de l'aloës en abondance , font dans cette province.
Cette espèce d'aloës porte le nom de fabr - alhadri
pour le dîuinguer de celui que l'on appelle foccotori qui •
le furpafîe en bonté. Les Adites, appelles dans l'alco-
ran le peuple de Houd, ont autrefois habité ce pays. Ces
Adites descendoient d'AdouAad, fils d'Amlac ou Ama-
lec, èk petit-fils de Cham, fils de Noé, félon quelques-
uns, Selon d'autres , Ad étoit fils d'Aous ou de. Hus , èk
ck petit-fils d'Aram ou Eram , fils de Sam, quieftSem,
fils de Noé , Si régnoit en la province d'Hadhramout, du
tems de Heber, le Patriarche que les Arabes appellent.
Houd. C'eft de ce prince que la tribu des Adites prenoit
fon nom. Il y a auffi clans le pays d'Hadhramout une
montagne nommée Schibam , cultivée èk couverte de
plufieurs belles bourgades , d'où l'on tire les plus belles
onyces ck agathes de tout l'Orient.
2. HADHRAMOUT, ville de F Arabie , dans le pays
de même nom. Abdalmoal , géographe Perfien , cité
par d'Herbelot , met la ville d'Hadhramout dans la pro-
vince d'Yemen , ck dit qu'elle n'eft éloignée de la mer
d'Oman , qui eft l'océan Arabique , que de quatre jour-
nées. Le géographe de Nubie ,. compte d'Hadhramout
à Saada CCXL milles , ck de la même ville à Aden ,
cinq ftations.
HADHP..AMI ou Hadhri ; furnom que les Arabes
donnent à quelques hommes , pour marquer qu'ils font
natifs ou originaires d'Hadhramout. * D'Herbelot, Bibl.
orient.
HADLEIGH, bourg d'Angleterre , dans la province
de Suffolck. On y tient marché public. * Etat pufent de
la G. Bt et. t. 1.
HADMERSLEBEN , petite ville d'Allemagne, dans
le duché de Magdebourg fur laBode. Il s'y eft confervé
un monaftere Catholique de filles Bénédictines.
HADRA , petite rivière dç. France , dans l'ifle <le
France. Elle pafîe àNonancourt , au Mesnil de l'Etrée,
ck fe jette dans la rivière d'Eure près de Motel , fi nous
en croyons Papyre Mafl'on , qui cite ce vers latin :
Hadra licet parva Francorum dividit arva ,
parce que cette rivière féparoit la France de la Norman-
die. Les Cartes appellent Aure la rivière qui pafle à
Nonancourt.
HADRAMONT, lieu où le vent a fait mourir bien
des hommes', félon l'auteur du livre des Propriétés, attri-
bué fauflement à Ariftote , ck qui eft plutôt d'un auteur,
Arabe.
HADRANUM. Voyez Adranum 6k Aderno.
HADRIA. Voyez Adria.
1. HADRIANA, ville de Lycie, félon une ancienne
inscription alléguée par Ortelius. Il trouve dans la Ly-
cie une ville marquée fur les Tables géograpl iques, nom-
mée jEliopoli. 11 cloute cependant que co I".-. 1 la même
chofe , quoiqu'Elius foit un des noms d'Adrien.
2. HADPJANA. Voyez Adriana.
HADRIANOPOLIS. Voyez Andr.nople.
Tome 111. Ll
i66
BMU
EJEM
HADRIANOTHERAS. Voyez Adrianotheras.
HADRIATICUS SINUS. Voyez Adriàticum
Mare.
- ' HADROGA , ville épiscopale , félon la Notice du
patriarchat de Jerafalem, dans le recueil de Schelftrate,
/. 2 , p. 741. Elle étoit vers la Paleftine; car la Notice
nomme
• Nazareth , Kelis ,
Thabor , Faram ,
Caraca ou Para, Htlenopolls ,
Eadroga , Mons Syna.
Àffri,
Une antre Notice du tems de Celeftin ÏIÎ , dans le
même Recueil , p. 766 , marque ce fiége avec le même
nom 6e dans les mêmes circonftances.
HADRUMETUM. Voyez Adrumette. .
■ HAEGHLAND. On nomme ainfi le pays qui s'étend
depuis Louvain à l'orient jusqu'au pays de Liège , entre
Tillemont & Sichem. * Dicl. géogr. des Pays-bas.
ULEMI-MONS &
ULEMIMONTUS , contrée de Thrace, ainfi nom-
mée à caufe du mont Haemus. Ortelius , Tkzfaur. pré-
tend que le premier de ces noms ne fignifie pas la pro-
-vince , mais la montagne même ; 6c que le fécond qu'il
écrit H.EMIMONTUM, defigne , nonla montagne , mais
la contrée où elle étoit. Il ajoute que faute de favoir
cette diftin&ion , plufieurs ont appliqué, mal-à-propos, à
la province une façon de parler qui ne convenoit qu'à
la montagne. On nomma d'abord HiEMIMONTANI
ceux qui habitoient le mont Haemus ; & dans un fiécle
poftérieur, on en forma une province nommée H^EMI-
MONTUS ; mot qui fe trouve dans Sextus Rufus, c. 9,
au nombre des fix provinces de Thrace que les Romains
avoient conquifes. La province du mont Haemus s'éten-
doit beaucoup plus loin que la montagne. (a) Elle étoit
entre la féconde Mcefie Se l'Europe , province particu-
lière, ayant la Thrace propre au couchant , la province
de Rhodope au midi , 1 Europe propre au levant , la fé-
conde Mcefie 6c la Scythie au nord. Elle étoit gouver-
née par un préfident particulier. (b) Selon les Notices
eccléfiaftiques , elle a eu fix fieges épiscopaux ; favoir ,
Hadrianopolis , métropole.
Mefembria,
So^opolis ,
Plotinopolii
Develtus ,
Anchialus.
Le métropolitain prenoit la qualité d'exarque. D'autres
Notices (c) ne comptent que cinq villes , favoir,
Adrïanopolis , Plutinopolis ,
Mefembria , Se
Sor^opoliS) Zoîdum.
D'autres (d) comptent celles-ci en pareil nombre ,
Adrïanopolis , Dibertius ,
Achialus , Plutinopolis ,
Se Tipïdes.
La métropole demeure toujours la même. On voit af-
fez que Dibertius de la troifiéme Notice eft le Develtus
de la première , Se qu'il manque dans la féconde. L'ano-
nyme de Ravenne , /. 4, c.6, le nomme Debellion; Se
ce nom eft écrit Debelium , dans quelques exemplaires
d'Antonin. Plotinopolïs 6c Plutinopolis ne font point
déguifés. La difficulté eft plus grande en ce que chacune
des deux Notices admet cinq villes , retranche deux de
la première & en fournit une nouvelle qui eft Zoîdum
Se Trépides. Comme ce nom ne fe trouve que là , on
pourrait croire qu'il éft dans la dernière Notice , au lieu
de So{opolis. Mais la féconde détruit cette conjecture ,
puisque Mefembria 6c Sozopolis s'y trouvent avec Zoî-
dum. Il vaut mieux dire que Tzoides eft inconnu , 6c
que l'on n'en fait autre choie , finon qu'on la compte
dans quelques Notices de l'Haemi-mons. Baudrand ,
édit. 1681, met mal à-propos dans l'Haemimont la ville
de Nicopolis qui étoit de la Thrace propre. (a) Carol. à
S. PauloGeo*. Sacr. p. 107. (•>) Ibid. p. 224. (c) Schel-
ftrate , t. l, p. 6S0, (d) Ibid. p. 690.
HjEMON , petite rivière de Grèce , dans la Béottei '
Elle fe jette dans le Céphife , auprès de la ville de C he-
ronée. Plutarque , in Demojlh. Se Thef. croit qu'il avoit
été autrefois nommé Thermodon. Comme cet auteur
étoit de Cheronée où paffoit cette rivière , on peut l'en
croire. Hérodote , /. 9 , c. 41 , nomme une rivière Ther-
modon dans la Béotie , Se la fait couler à Giiffa Se à
1 anagra. Il ne fe peut pourtant pas que ce (bit la même
qui couloit à Cheronée _, Se fe jettoit dans le Céphife ,
puisque pour y aller il faudrait qnielle eût rencontré au
travers de fon chemin le Céphife déjà forti du lac Co-
païs , au lieu que Cheronée étoit au-deflus. Quoi qu'il en
foit, l'Haemon n'étoit qu'un ruifieau.
LLEMONA. Voyez jEmonia.
HvEMONIA. Voyez H^Mi-MONS.
HiEMONLE, ancienne ville d'Arcadie. Elle étoit
déjà presque réduite à rien du tems de Paufanias , /. 8,
c. 44, 6c il n'en reftoit presque plus qu'un village de ce
nom. Elle avoit été fondée par Hsraon, fils de Lycaon.
HLEMONIUS FONS ou la fontaine Hemonitnnt ,
auprès du mont Offa. Elle prenoit ce nom de laThefla-
lie , qui a aufli été nommée Hcimonie ou JEmonie.
rLEMUS ; quelques-uns écrivent JEM.VS , haute
montagne de la Thrace. Servius s'eft trompé en la don-
nant à la ThefTalie, 6c en y mettant la vallée de Tempe
qui étoit bien loin de-là. Il n'a pas remarqué que Vir-
gile, Georg. I. 2, v. 485 & feq. voulant exprimer com-
bien font délicieux les vallons arrofés par des rivières ,
6c où l'on respire la fraîcheur à l'ombre des forêts, nomme
àes lieux affez éloignés les uns des autres, à favoir, le
Sperchius , rivière de Thefïalie , le Taïgete montagne
de la Laconie au Peloponnefe , 6c le mont Hremus dans
la Thrace.
Rura miki & ri gui placeant in vallibus amnes :
Flumina amem , Sylvasque inglorius. O ubi campl t
Sperchiusque & vïrginibus bacchata Laccnis,
Taygeta ! ô fui me gelidis in vallibus Hami
Siflat, & ingenù ramorum protegat umbrâ !
Une partie de cette montagne eft nommée ScoM-
BROS par Ariftote , félon le témoignage d'Ortélius ,
Thefaur. Se Thucydide , /. 2, c. 21, de la traduction
d' ' Ablancourt , nomme 2-;:u/.ùos , Scomios , la montagne
où font les fources du Strymond , de l'Oscie , l'Hebre
6c le Nèfle. Ç'efï, dit-il , une montagne haute 6c dé-
ferte , contigue au mont Rhodope. Tous les autres au-
teurs font descendre ces rivières du mont Haemus. Cette
montagne s'étend depuis le mont Rhodope jusqu'à la
mer Noire. Pline dit qu'il y avoit eu autrefois au fom-
met de l'Haemus une ville nommée A ri fée ; ce qui s'ac-
corde avec ce que Diodofe de Sicile dit qu'Ariftée , fils
d'Apollon , alla trouver Bacchus , qui étoit alors fur le
mont Haemus. Il fut, fans doute, le fondateur de cetta
ville.
Le mont Haemus peut avoir environ 1250 pas de
hauteur , félon le P. Riccioli, Geogr. reform. I. 6, c. 18,
§. 1. Tite-Live, Décade 4, l. 10, rapporte que Phi-
lippe de Macédoine ayant ouï dire à un témoin ocu-
laire, que du haut du mont Haemus on voyoit les Alpes
d'Italie , il monta un jour fur cette première montagne,
mais qu'il ne put voir les Alpes , à caufe des nuages.
Les modernes ne conviennent pas fur le nom que
porte à préfent cette montagne. Laonic la nomme Pra-
fovo. Si nous en croyons Pinet, dans fa description des
villes , elle eft nommée par les Italiens cadena del
Mondo , (c'eft-à-dire la chaîne du monde ; 6c c'eft le
nom le plus; ufité par le grand nombre, ) 6c monte Ar-
gentan ; Balhan par les Turcs , 6c Cumowit^ par les
Êsclavons. Le même Pinet dans fa traduction de Pline ,
aux endroits cités , la nomme monte de Cojlcgnas. Cus-
pinien dit Cofiegna^jo , 6c Lazius dit Krïvic^ne. Mais
ces noms n'appartiennent pas à toute la chaîne du mont
Ha:mus : ils n'en défignent 'que des parties. De l'Ifie
nomme Cofttgna^ celles qui féparent la Macédoine de
la Romanie , Se" mont Balcan celles qui. font entre la
Bulgarie 6c la Romanie. Le mont Argentaro pourrait
bien être le même que la Cliffura, l'une des parties de
l'Haemus, félon Edouard Brown. Nous fûmes fort fur-
pris, dit-il, dans fon Voyage de Vienne à LarifTe,/». 65,
HAF
HAG
267
à îa première vue de cette montagne ; car les rochers Se nom de Curon. C'eft le Haffide Curlande. Voyez au mot
les pierres y paroiflbient comme de l'argent. Lefoleil & CuRLANDE, CURISCHE-HHAFF.
HAFNIA , nom latin de Coppenhague , ville capi-
tale du royaume de Dannemarck.
HAG. Voyez Haag.
HAGANAW. Corneille met en Allemagne, dans la
Misnie, au bord de l'Elbe , une ville nommée ainfi. Elle
eft inconnue à Zçyler , qui a décrit jusqu'aux bourgades
îa lune la font fi bien reluire , qu'il n'y a perfonne qui
ne s'imaginât qu'elle eft toute couverte de verre deMos-
covie. Nous descendîmes dans un chemin fort étroit &
tout couvert de pierres , aflez proche du château de Co-
lombotz ; & nous avançâmes jusqu'à Urania, qui eft
fituée au fond de cette vallée. Il venoit de Lescoa ou
Lescovia , ville fituée fur la petite rivière de Liperitza , & aux châteaux de ce pays,
qui tombe un peu au-deffous dans la Morave. Tous les HAGANOA, nom latin de Haïn , petite ville d'Aï
noms marqués par Brovn, fe trouvent très- bien placés lemagne, en Misnie,
dans la Carte de Hongrie , par De l'Ifle , en 1703 ,
excepté celui de Clifllira. Il femble que Cliflura doit
être plutôt du mont Rhodope que de l'Haemus. Mais
Brovn s'explique : il regarde toutes les montagnes qui
font entre la Servie &: la Macédoine , comme n'étant
qu'une partie du mont Hœmus. On croit , dit-il , que ,
fous différens noms , il s'étend depuis la mer Adriatique
jusqu'au Pont-Euxin. Il marque enluite qu'il voulut éprou-
ver s'il étoit vrai ce qu'on lui avoit dit, que du haut du
mont Hsemus , on peut voir en même tems la mer Adria-
tique d'un côté , & la mer Noire de l'autre. Il ajoute
que s'étant trouvé fur ces hautes montagnes , & un peu
plus proche de la mer Adriatique que de l'autre ,
HAGEMAU : Corneille écrit Hagetmau , bourg
de France , dans la Chalofle , au nord de la rivière du
Lous , fur la route ordinaire de S. Sever à Orthès , dans
le Béarn. Le Dénombrement de la France , t. 1, p. 386,
écrit Hayetman, ou Hagetman , ville, & compte qu'avec
la Baftide il y a 636 feux. Corneille ajoute , fur la ga-
rantie de Davity , qu'elle a titre de baronnie.
HAGENOA. Voyez Haguenau.
HAGER , petite ville d'Allemagne, dans la Vétéra-
rie, à l'oueft deDillenbourg fur la Dille, & renfermée
dans la principauté de Siegen , ainfi qu'Hernborn &C
Freudenberg. * D'Audifret, Géogr. t. 3.
HAGIA , ville dans le voifinage de la Carie , félon
garda tout autour de foi , &c remarqua que les montagnes Porphyrogenete , cité par Ortéiius. Elle doit avoir été
d'Albanie bornoient la vue de ce côté-là. Peut-être n'é- vers les frontières de la Lydie , félon Leunclavius qui
toit-il pas fur la cime , d'où l'on peut voir ces deux ajoute qu'elle eft nommée Aialuni, parles Turcs. C'eft
mers.^ _ la même ville qu'EpHESE. Voyez ce mot. Ortéiius avoit
H^ERÉE. C'eft ainfi que le P. Lubin & Corneille dit fagement , juxtà Cariam. Baudrand plus hazardeux.
écrivent ce nom d'une ville de l'Arcadie , qui doit être & moins exaft , urbs Caria; ce qui n'eft pas vrai
Hem. Voyez Herée. «,,,,,.,, r ., . ,
HAESBROUK , petite ville des Pays-bas de la Flan-
dre Teutonne , à deux lieues de Çaffel. * Dicl. Géogr.
des Pays-bas.
HAESS , rivière d'Allemagne , dans la Weftphalie.
Elle part de Belfeld , pane par la ville d'Osnabruck ,
après quoi elle entre dans l'Ems près de Haflingen.
» Corn. Dift.
Cet article n'eft pas jufte ; voyez au mot Hase, qui
eft le vrai nom de cette rivière.
U.JESTM. Caffiodore , Varï'ar. 5 , nomme ainfi des
peuples fur les bords de l'Océan , d'où l'on apportoit
l'ambre. Ortéiius, Thefaur. croit que ce font les mêmes vaux & le bétail même y ont tout gratis, & n'y man-
que les JEjliens , (JEJlii,) de Tacite. Rajoute: ce quent jamais de rien.
font, fi je ne me trompe les Aljlri de Jornandes, nom- On y eft logé & traité admirablement bien. Il y a
mes Heljli, par corruption dans Callimachus Experiens. par-tout de belles alcôves bien garnies de tapis & de
Fabricius lit encore plus mal HeJJi, dans fes Commen- couffins. On y fert du riz , de la viande , du fromage
taires fur les poètes _Chrétiens , &c attribue à Altalaric & du pain. On y donne lecaflé avant & après le re-
HAGIBESTAGE , lieu de la Natolie , fur la route
de Quicher à Avanos , fur l'Ermac. Il eft très-fameux
par les pèlerinages des Turcs. Paul Lucas, dans fon
fécond Voyage, t. 1 , p. 114, dit que ce n'eft à prêtent
qu'un village affez gros ; mais autrefois c'étoit une fort
grande ville , comme la tradition du pays , & les vaftes
ruines qui s'y trouvent par- tout, l'anoncent. On y loge
dans une maifon confacrée aux voyageurs. Au fond de
ce palais ( carc'en eft un véritable) eft la mosquée où
l'on voit la fépulture du Santon Agibeftage. Tous les
allans & venans y font toujours parfaitement bien reçus.
La Mosquée a des revenus pour les nourrir : leurs che-
ce qui appartient a Théodoric , ayant été trompé , je
pense , par un exemplaire fautif. Voyez iESTIAI.
HjESUSA, rivière. Vibius Sequefter, édit. Hejfel,
j>. 51, le feul des anciens qui en fafle mention , dit Htz-
jufa Undea. finibus Apolloniœ decurrens in finum Ioni-
cum. Ce mot Undetz a embarafle bien des favans. Quel-
ques manuscrits portent Ytide, qui n'eft pas plus intelli-
gible. Quelques-uns ont cru qu'il falloit lire Judeœ ;
mais quelle rivière de la Judée pafle auprès d'Apollonie,
& tombe dans la mer Ionienne ? Bocace, p. izi , qui
s'eft attiré le nom de plagiaire , pour avoir copié cet
auteur fans :
quibusdam Eas appellalum Apollonius propinquus. Il y
a ici plufieurs chofes à remarquer. I. Le changement du
nom Hafufa en Adufa ; z. le pays où il coule , favoir
YEpire ; & 3. que c'eft la même chofe que VMas;
voyez ce mot. Baudrand, édit. 1681, dit, par conjec-
ture {forû) que c'eft préfentement la Faiufid. Cor-
neille l'affirme.
HAFA , lieu de la Sardaigne , félon quelques exem-
plaires d'Ântonin, hiner. D'autres portent Nafa.
HAFEN. Ce mot, dans la langue allemande, veut dire
un port ; un havre.
HAFF ou plutôt Frische-Haff, bras de mer dans
la Pologne , à l'embouchure des rivières de la Viftule
& la Pregel. Il, eft féparé du golfe de Dantzig par une
longue pointe , qui s'avance jusqu'auprès de Pilau ; &
c'eft entre l'extrémité de cette pointe , nommée Frifche-
Nerung , 8c cette forterefle qu'eft l'entrée de ce golfe.
Voyez Frische-Haff. Davity le nomme très-mal lac
de Hab. Ce même auteur dit auffi mal , qu'il y a dans
la Pruffe ducale un autre lac, nommé Hab , avec le fur-
pas. Enfin la magnificence &C l'agrément fe font ....
quer jusques dans les écuries , où l'orge & la paille ne
font point épargnées. J'entrai dans la mosquée du Sau^
ton : il eft dans une chapelle , couvert d'un grand drap
de velours tout bordé d'or ci d'argent : autour fe voit
un grand nombre de chandeliers oc de lampes , par-
faitement bien travaillés ; mais tout eft de cuivre. La
cuifine où l'on apprête à manger pour les allans & les
venans, eft, comme on le peut conjefturer, fort vafte ,
& toujours fort pleine de cuifiniers & de fourneaux. J'y
vis une chaudière d'une largeur & d'une profondeur
;
citer , dit Adufa Epyrrhi fiumen ejl : à prodigieufe. C'eft affurément le plus grand vaifteau que
j'aie vu de ma vie. L'on me dit que le jour de la fête ,
l'on n'y faisoit jamais cuire moins de vingt-quatre bœufs
à la fois , pour donner à manger à tout le monde. Tou-
tes ces dépenfes fe font des revenus de la mosquée ; on
peut juger jusqu'où elles peuvent aller. Cette mosquée
eft defîervie par des Dervis , qui ont une bibliothèque
magnifique que le Santon leur a léguée. Ils ont eu foin
de l'augmenter , & l'augmentent encore tous les jours,
foit des livres qu'ils achètent, foit de ceux qu'ils com-
pofent eux-mêmes. C'eft là qu'il y a de toutes fortes de
manuscrits , où l'on apprendroit fans doute bien des
chofes extrêmement curieufes dans toutes les fiences ;
mais ce font des dépôts facrés que l'on ne vend point.
HAGINOIA , contrée des pays-bas , que l'on nomme
préfentement le Hainaut: Ce nom eft moderne. Voyez
Hainault.
HAGNAUS , nom dune rivière, que l'on croit être
la Haine. Il en eft fait mention dans la vie de S. Lan-
delin.
HAGNO , fontaine du mont Lycée , en Arcadie ,
Tome III. Llii
68
HAG
HAG
ièlon Paufanias , /. 8, c. 38, qui dit que. les Arcadiens
avoient coutume d'y avoir recours dans les teins de
féchereffe. Lorsque , faute de pluie , les grains &C les ra-
cines fe féchoient , le-prêtte de Jupiter Lycéen fe tour-
noit vers l'eau de la fontaine , en récitant des prières ;
& après avoir fait les facrifices ufités en cette occafion ,
il étendoit un rameau de chêne , non pas bien haut, mais
fur la furface de l'eau , ci l'eau commençoit à s'agi-
ter : il s'en élevoit une exhalaison noirâtre, pareille à
-un brouillard, dont il fe formoit bientôt une nuée qui,
étant d'abord jointe à d'autres , couvrait tout le ciel ,
& comblait les vœux des Arcadiens par une pluie abon-
dante.
. HAGNUS. Voyez Agnos.
HAGR, Hagiar. Ce mot lignifie en Arabe une pierre.
* D'Herbelot , Bibl. orient.
HAGR. , ville de l'Arabie heureuse. Elle eft fituée
dans la province de Higiaz , & eft des dépendances de
Jemamah, dont, elle n'eft éloignée que de vingt-quatre
heures de chemin. C'eft dans cette vilie que l'on voit
les fépulcres des Schoûàa , ou martyrs , qualité donnée
.à ceux qui furent tués en combattant contre le faux
prophète Mufeilemah , lequel prétendit faire dans l'Ye-
men ce que Mahomet avoit fait dans l'Higiaz. Il publia
en effet une nouvelle loi , & eut pendant un tems beau-
coup de fe&ateurs ; de forte queAbubeker, fucceffeur
de Mahomet , craignit que ce nouveau prophète ne l'em-
portât fur le fien , & ne eaufât la mine du Mufulmanisme ;
mais enfin Mufeilemah fut défait &: tué auprès de cette
ville , qui eft apparemment celle que Ptolomée & Stra-
bon appellent Petra desertt, Se les Hébreux, Arac.
Abdelmoal la met dans le fécond climat , & Naffired-
din lui donne 83 d. 30' de longitude, ci 25 d. 15' de
latitude feptentrionale. Cette ville donne fon nom à un
pays qui eft, félon Khondemir &t tous les géographes
Orientaux , entre la Syrie &c l'Arabie ; & c'eft ce que
nous appelions aujourd'hui l'Arabie Pétrie , où le peu-
ple de Saleh , c'eft-à-dire 'les Themu dites , habitoient
autrefois : on voit encore, difent les Mufulmans , en ce
pays les rochers Sr. les cavernes où ils fe retirèrent pour
. fe garantir des maux dont le prophète Saleh les mena-
çoit : l'on y remarque auffi les terribles effets de la co-
lère de Dieu. La ville de Hagiar devint , à cause de fa
Situation avantageuse , la place qui fervit de retraite &
,• de capitale aux Carmathes , d'où ces rebelles infefterent
long-tems les états des Kalifes de Bagdad, & moles-
tèrent à un tel point les pèlerins de la Mecque , que ce
pèlerinage ceffa pendant plufieuts années. Abusaïd y bâ-
tit un palais ou château nommé HAGIARAH , que fon
fils, Abou-Thaher, fortifia extrêmement. Depuis ce tems
Hagiar paffa pour une place presque imprenable. Les
Sultans de Syrie & d'Egypte l'ont poffédée long-tems.
Les Francs la prirent à leur tour, <k changèrent le nom
de Crake qu'elle portoit alors , tiré de celui d'Arach ,
que les Juifs lui donnoient, en celui de Montréal. Plu-
sieurs de nos hiftoriens l'appellent Crake , d'où quel-
ques auteurs ont formé le nom de Cyrïacopolis qu'ils
lui donnent. On peut encore remarquer que cette ville
n'eft point Rabbat Moabitis , ou Rabba des Moabites ;
car ces peuples habitoient au-delà du Jourdain, & un
peu au-deffus de la mer Morte. Il eft vrai toutefois que
la dignité de Métropole fut transférée de Rabbat à Mont-
réal, qui a dépendu autrefois du patriarche d'Alexan-
drie , &c enfuite de celui de Jérusalem. Voyez Petra.
* D'Herbelot, Bibl. or.
HAGUE, (la) petite contrée de France, en Nor- •
mandie, dans le Corentin, félon Corn. Dicl. Sa lon-
gueur eft de dix ou douze lieues. Elle tire au nord-oueft ,
&c il n'y a aucune ville , mais des bourgs & des villages.
Huet, Origines Je Ca'én , c. 2 1 . p.' 45.1 ; dérive ce nom
de l'anglo-faxon Hacg, qui lignifie lieu fermé & for-
tifié de pieux rk de haies. Cette origine eft commune
aux lieux nommés la Haye en françois , Hag ou Haage
en allemand , Hedge en anglois , Haghe en flamand.
De Lons;ucrue , dans fa Defcr. de la France , I. part.
p. 79 , dit que le pays où Cherbourg eft fituée , eft une
presqu'ifle que l'Océan environne de trois côtés , favoir
de l'occident, du feptemrion & de l'orient, qu'on l'ap-
pelle la Hague. Il ajoute que les Anglois la nomment
Fijlc de Cojlantin.
- Cap DE LA HAGUE; (le) c'eft la pointe la plus
feptentrionale de ce pays. Il eft , félon De l'ifle , Cane
de Normandie, parles 1 5 d. 50' de longitude , & par les
49 d. 44' de latitude. Le Raz Blanchard eft vis-à-vis.
HAGUENAU, (a) ville de France , en Alface, en-
tre les deux rideaux qui régnent le long des prairies qui
font à droite & à gauche de la rivière de Motter, la-
quelle traverfe- cette ville à-peu-près par le milieu , fk la
fépare en ville vieille & ville neuve. (b) Ce n'étoit au-
fois qu'un village entouré d'une haie dans une grande
bruyère , & fon nom ne fignifie que la Haye des Bruyères.
Cependant (c) elle étoit, il y a cinq cents ans le fiége de
la préfecture ou landvogtey & Alface, fous l'empereur Fré-
déric II. Le moine Richer , auteur de la Chronique de
Sennone , & qui vivoit dans ce tems , dit /. 4 , c. 6 ,
qu'un payfan nommé Volfellus exerçoit cette prélecture ,
& commandoit dans toute la province d'Alface, où il
bâtit plufieurs villes. Erat his diebus in Hagonoijd Al-
fatiœ. prxfeclus. Dans le même tems , il y avoit un comte
Sigebert qui avoit la qualité de landgrave d'Alface ,
félon le même écrivain , c. 8 , /. 4. La ville de Hagueneau
fut fondée l'an 1164 , & fermée de murailles par l'em-
pereur Frédéric Barberoufle , qui y bâtit un palais' im-
périal , dans lequel il voulut que l'on gardât la couronne ,
le feeptre , le globe , & l'épée de Charlemagne. Le
même empereur donna de grands privilèges à cette ville.
Cet empereur Se fes fucceffeurs- ordonnèrent auffi que la
chambre & la recette des finances d'Alface y feraient
établies, & qu'elle fût gouvernée par douze échevins
desquels on choififfoit le préteur. Richard , roi d'Angle-
terre , lui accorda un privilège l'an 1257, qu'elle ne
pourrait en aucune manière, être aliénée & iéparée de
■l'empire ; ce qui fut confirmé par Charles IV , fan 1347.
Cet empereur , voyant que les douze échevins tvranni-
•foientles habitans, ordonna que Ton choififoit cl- corps
des artifans xxiv autres échevins, parmi lesquels (èroit
•pris le maréchal qui gouvernerait avec le préteur Lors-
que les empereurs établifloient un préteur , que les Alle-
mands appellent landvogt , il étoit obligé ( de quelque
éminente qualité qu'il fût) de jurer de garder, & con-
ferver tous les privilèges de la ville. * Piganiol de la
Force , Defcr. de la France , t. 6, p. 335. (b) Baudrani ,
éd. 1705. (c) Longuerue , Defcr. de la France, 2. part.
P- 13°-
Cette préfecture impériale étoit membre de l'empire,'
•fujette à la jurisdiction de la chambre impériale, & du
confeil Aulique. Après la paix de 'Weftphalie , les chofes
demeurèrent au même état jusqu'à l'an 1658 , que le
confeil ou tribunal fupérieur nouvellement établi à En-
fisheim , dans la haute Alface , voulut étendre fa jurif-
diftion , tant au civil qu'au criminel , fur les dix villes
de la préfecture de Haguenau : ces villes s'y opposèrent,
foutenant que par le traité de paix le roi de France ne
pouvoit prétendre plus de droit &£ d'autorité en Al-
sace que la maison d'Autriche n'en avoit eu ; & les plain-
tes ayant été portées aux états dî Pempire , on mit dans
la capitulation de l'empereur Léopold, que l'on ferait en-
forte que les dix villes impériales ne rectifient aucun
préjudice. L'an 1673 , le roi Louis XIV fe faifit de Ha-
guenau ; Se comme la place n'étoit pas forte , elle fut
abandonnée &: laiffée toute ouverte à celui qui fe trou-
verait le maître de la campagne ; de forte qu'elle fouf-
frit beaucoup des armées des différens partis. Ainfi quoi-
qu'elle foit toujours chef de la préfecture & du grand
bailliage, elle eft fort déchue de ce qu'elle a été autre-
fois. Les archiducs y demeurant fouvent à cause de
la chaffe , avoient pris à tâche de l'embellir ; mais en
167^ 'es impériaux en démolirent les fortifications , Se
brûlèrent plufieurs beaux édifices qui y étoient. Elle n';
présentement qu'une (impie muraille , & la plupart des
maisons n'ont point été rétablies. Elle eft toujours de-
meurée attachée fans mélange à la religion Catholique.
Les impériaux s'en emparèrent en 1704 , & elle fut
affiégée & reprise par les François _ en 1706. On ne
compte dans Haguenau que 3 ^o maisons , & environ
2.600 habitans. Ses murailles ont 15 , 18 & 20 pieds de
haut au-defïus du rez-de-chauftee. Elles font flanquées
de quelques tours peu confidérables , & percées de cré-
neaux fort éloignés les uns des autres. Elles ont un che-
min de coude en quelques endroits , pour feryir de ban^
HAI
HAI
quette à tirer par les crenaux. Ce chemin de coude eft
pratiqué fur l'épaifléur des murailles ; & aux endroits où
elle eft diminuée , on a mis des planches maçonnées
pour cet effet. Au pied de ce revêtement étoit autre-
fois une faune braie de maçonnerie, de deux pieds d'é-
paiffeur , fur fix ou fept de hauteur , qui ne fublîfte plus
que par intervalles. Au-devant de cette faufle braie , il
y a un foffé de douze , quinze , Se vingt toises en des
endroits , revêtu presque par-tout , profond de dix à
dix-huit pieds , rempli en partie d'eau , Se foutenu par
des batardeaux qui fubfiftent encore , Se font très-bons.
Le Bailliage, ou la Préfecture de HAGUE-
ÏNAU , en latin Agenoenfîs Prxfiaura. , pays de France ,
■dans l'Alface , qui étoit ci-devant partie de l'Allemand ,
£e que l'on appelle autrement landvogtei de Haguenau ,
ou la préfecture provinciale des dix villa d'Alface, Il
s'étend partie dans la haute Alface , Se partie dans la baffe,
où il y a encore un espace de pays vers Haguenau, que
l'on appelle klein-reich ou petit royaume, ainfi nommé
•de la ville de Haguenau, la première de ces dix villes.
.Les neuf autres font Colmar , Schleftat , Weiffembourg ,
Landau , Oberenheim , Rosheim , Munffer en la vallée
S. Grégoire , Caisersberg & Turcheim , lesquelles avoient
été autrefois vilies libre Se impénales; mais elles avoient
perdu leur liberté depuis long-tems , avoient été fou-
jnises à ce bailliage, & engagées en 14x3 à Louis IV,
élefteur- Palatin , pour une fomme de 50000 florins par
l'empereur Sigismond. L'empereur Ferdinand I retira ce
bailliage en 1558, Se le céda après à la maison d'Au-
triche. Les princes puînés d'Autriche en ont joui depuis
comme d'un appanage & d'un état particulier jusqu'à la
paix faite à Munfteren 1648 , que ce bailliage a été cédé
à perpétuité avec toutes fes dépendances par l'empereur,
l'empire , Se la maison d'Autriche , à la France qui en
jouit paih'blement depuis ce tems. Il faut remarquer
que ces dix villes n'étoient plus libres , il y avoit plus
de deux cents cinquante ans , Se n'avoient plus de voix
-dans les diètes ; mais elles faifoient ferment de fidélité à
leur bailli , Se lui obéiffoient en toutes chofes comme à
leurs princes , quoiqu'ayent pu écrire au contraire quel-
ques peifonnes mal informées. Ces villes font à préfent
à la France. La ville deMulhaufe, au Sundgau, «oit auffi
partie de ce bailliage; mais elle s'en fépara en l'an 1515,
&: fît alliance avec les Suiffes. * Buudrand, éd. 1705.
HAGUSTAN, montagne d'Afrique, au royaume de
Fez , dans la province d'Errif. Elle eft haute 5e froide *
■Se il en fort plufieurs fources. La pente de cette mon-
tagne eft couverte de figuiers qui produisent les meilleurs
figues de tout le pays ; Se au bas dans la plaine, font des
vergers qui portent toutes fortes de beaux fruits, pom-
mes, poires, coings, 5c pêches ; Se parmi les vignes il
y a des oliviers dont on tire beaucoup d'huile. Leshabi-
. tans font riches , à caufe qu'ils ne payent au roi que quel-
. que reconnoiffance. Ils ont un grand bourg tout ouvert,
joù font planeurs maifons d'artilans Se de marchands
qui vont trafiquer à Fez , d'où tls rapportent du lin , de
la laine , de la toile , Se les autres chofes qui leur man-
quent. Ils font trois mille hommes de combat , bien équi-
pés , parmi lesquels il y a des arquebufiers. C'eft l'idée
qu'en donne Marmol, t. 2, /. 4, c. 87.
HAHARAT. Voyez Hamen.
HAI (a) , ancienne ville de la Paleftine , près de Be-
tliel (b) , & à l'occident de cette ville (c). Les Septante
l'appellent Agaï , Se Jofeph Aina ; d'autres Aiath.
Joiué ayant envoyé contre la ville d'Haï une troupe de
trois mille hommes , Dieu permit qu'ils furent repouffés
à caufe du péché d'Achan, qui avoit "violé l'anathême
de la ville de Jéricho , en prenant pour lui quelque chofe
du butin. Mais après l'expiation de ce crime, Haï fut
prife, brûlée Se faccagée par les Hébreux. VoyezANNAi,
qui eft la même ville. * (a) D. Calmet, Di'ft. de la Bi-
ble, (b) Jofué, 07, v. 2. (c) Genef. c. Il, v. 8.
HAlA , ville de la petite Arménie , félon quelques
exemplaires d'Antonin , fur la route de Cefarée à Sa-
tala , à vingt-fix mille pas de cette dernière. On lit Haia
dans l'Antonin du Vatican ; Se cependant Simler Se Or-
félius croyoient ce mot corrompu, Se lifoient Haso ou
•Aza. Ce dernier fe trouve dans Pline , /. 6 , c. 10 , &
le P. Hardouin eft perfuadé que c'eft ainfi qu'il faut lire
dans Antonin.
HAJALON , lieu de la Paleftme , félon Jofué , c. 19,
2 69
Judic. 1 , v. 3$. C'étoit une ville dans le partage de la
tribu de Dan , & qui fut mife à part pour les Lévites.
S. Jérôme , Onomaft. dit que , de fon tems il y avoit
encore un village affez près de Nicopolis. Ses copiftes
lifent vicies alius, c'eft-à-dire un autre village , au lieu,
que félon toutes les apparences , ce père avoit mis Alus,
Eufebe, qu'il traduit, ayant mis 'A\ês. L"un Se l'autre
remarquent les Septante , au lieu de traduire AjAon (ou
II.ijjIo.-z,) ont exprimé ce mot par ceux-ci , où. étoient
les ours. Le P. Bonfrere prétend que c'eft de cet Aialon,
qu'il faut entendre le commandement que Joîué fit à la
lune de s'arrêter vis-à-vis de la vallée d'Ajaion. Il ne
convient pas avec ces deux écrivains ecclenaflîques , que
la vallée, & le précipice d'Ajalon, où la lune eut ordre
de s'arrêter , fut près de Bethel , encore moins à l'orient
de cette ville : quant à l'endroit où les Septante ont
rendu Ajalon par ces mots où étoient les ours , c'eft au
livre des Juges, c. I , v. 35.
Il femble qu'il y ait une féconde Aialon dans la tribu
de Zabulon ; du moins l'hébreu , (Judic. 12,) la nomme
ainfi : la verfion latine n'exprime point ce nom ; mais
le paraphrafte Chaldéen Se les Septante l'expriment fort
bien_, le premier par Elon , les autres par Eiim , iÈlim
Se -£lom : c'eft la même ville qu'AÏALlN d'Eufebe,
qui eft corrompu en Athalim dans le latin de S. Jérôme.
HAÏATELAH , peuples d'Afie, entre les Indes Scia
Chine. Les anciens les ont nommés Indoscytk£ : on
croit qu'ils habitent le Tombut, Tobut ou Thebet : ils
ont eu autrefois un roi fameux , nommé Kaschnaovary
qui défit Firous , fils d'Iezdegsrd , roi de Perfe , Se qui
fut ensuit défait Se tué par Noufchinran , quoiqu'il eût
rétabli Cobad , fon père. Ces peuples faifoient leur capi-
tale de la ville de Balke ; mais ils furent pour lors entiè-
rement chaffés de Perse.-* D'Herbelot , Bibl. orient.
HAICANG, fortereffe de la Chine, dans la province
de Channton , au département de Ningcing , première
fortereffe de la province. Elle eft plus orientale que Pé-
kin de 2 d. 57', par les 36 d. 57' de latitude. * Atlas Si-
"llArCHERLOCH. Voyez Haigerloch.
HAïCING , ville de la Chine , dans la province de
Fokien , au département de Changcheu , troiîiéme mé-
tropole de la province. Elle eft plus orientale que Pékin
de 1 d. 16', parles 24 d.,22' de latihide.* Atlas Sinenfis.
HAIDENHEIM. Vovez Heidenheim.
HAIDINGFELD. Voyez Heydingfeld.
1. HAIrO, ville d'Afie , au royaume de Tonquin,
dansi'ifle de Haifo.
1. HAIFO, rivie-e du Tonquin: elle entoure une ifle
que l'on nomme auiîï Haifo , Se où eft la ville de même
nom , félon Tavernier, dans la Carte qu'il a , dit-on,
dreffée fur les lieux , laquelle fe trouve au troifiéme tome
de fes Voyages.
1. HAiFÙNG, fortereffe de la Chine , dans la pro-
vince de Chekiang , au département de, Chinxan , pre-
mière fortereffe de la province. Elle eft plus orien-
tale que Pékin de 4 d. 40', par les 17 d. 15' de latitude.
* Atlas Sinenfis.
2. HAIFU&G , viile de la Chine, dans la province de
Quanton, au département de Heichen , quatrième métro-
pole de la province. Elle eft plus occidentale que Pekir»
de 2 d. <)', par les 23 d. 6' de latitude. * Atlas Sinenfis.
3. HAiFUNG, ville de la Chine, dans la province
de Channfi, au département de Cinan, première mé-
tropole de la province. Elle eft plus orientale que Pékin
de 1 d. 7', par les 37 d. 57' de latitude. * Ailes Sinenjis,
HAlGAN , fortereffe de la Chine , dans la province
de Chekiang , au département de Chinxan , première
■ fortereffe de la province. Elle eft plus orientale que Pé-
kin de 4 d. 40', par les 27 d. 45' de latitude. * Atlas
Sinenfis.
HAIGERLOCH ou Haicherloch. D'Andifret,'
Géogn t. 3, p. 192 , dit, que c'eft un bourg confidérable
d'Allemagne, dans la principauté de Hohen-Zollern ,
fur la petite rivière de Zollern , qui fe décharge dans le
Necker , à trois heures au-deffous , entre les châteaux
deSutza Se d'Eglftat : c'étoit, dit-il, un Comté qu'Ei-
tel Frédéric I , comte de Zollern aquit des archiducs
d'Autriche, en échange de la baronnie de Raetzuns, qu'A-
délaïde de Furftemberg avoit apportée en dot , à Fré-
déric II, comte de Zollern, Zeyler, Sucv, Topcy.p. 37,
haï
270
fournit de quoi rectifier ce détail. Haigtrloch eft ffne
petite ville qui dépendoit autrefois du comte de Hohen-
berg , & qui dans la fuite fut engagée aux comtes de
Zoilern à qui elle appartient encore : elle eft dans la
Suabe, proche de Sultz & de Jechingen, fur la rivière
àéTeyak, & a un doyenné. Crufius, {L.Paralip. An-
nal, f. 56,) dit la même chofe : il eft certain que d'Au-
difret fe trompe pour le nom de la rivière, que MM.
'Sanfons nomment Teyack.
HAIKEN, fortereffe de la Chine, dans la province
de Eokien , au département de Pumuen , première for-
tereffe de la province. Elle eft plus orientale que Pékin
de 3 d. 50' , parles 25 d. 50' de latitude. * Atlas Sir
nenjîs.
1. HAILBRON ou Heilbronn, félon Zeyler, Suev.
Topogr. Ville impériale d'Allemagne, dans la Suabe,
fur le Necker , qne l'on y paffe fur un pont de pierre.
Son nom qui lignifie fourus falutaires , lui vient des
eaux médicinales qui y attiroient autrefois quantité de
malades , dont les uns étoient guéris en les buvant , d au-
tres en s'y baignant. Ce n'étoit d'abord quun village ,
qui devint ensuite un bourg : on ne convient pas de
l'époque à laquelle ce lieu eut la qualité de ville ; les
uns la mettent en 1082, d'autres en 108^ ou en 11 29.
Il y a plus d'apparence que ce fut vers l'an 1240, fous
Frédéric II, eue cette ville fut entourée de murailles, &
déclarée ville'ïmpériale. Elle eft dans une avantageufe
fituation ; quatre villages , qui l'environnent , la fournifient
de tout eh abondance : c'eft Fleln , où croît le meilleur
■vin ; Bâckingen, où l'on recueille beaucoup de bleds ;
Nccker-Gartack , fameux par la pêche que l'on y fait ;
& Frauckcnback, qui fournit le gibier &t la venaifon
-abondamment. On compte dans ce territoire plus de
deux cents fources , dont la plus fàmeufe eft fous la grande
éolife, dédiée fousY invocation de S. Kihan, & qui coule
par fept tuyaux affez abondamment. On lit au - deffus
cette infeription :
Fonte faludfero Ballanteh uniique vents
Monftrani aterni mimera fancta Dei.
ïl y a deux moulins remarquables , dont un fait tourner
treize meules : il y a trois portes à remarquer ; un pont
de pierre fur le Necker, lequel joint à la ville Necker-
Geftad , qui eft de l'autre côté à l'oueft. Les édifices
publics & les maifons des particuliers ont de la beauté,
quoique l'an 1634, cette ville ait été incendiée lorsqu'elle
fut prife ; les rues font nettes , le marché eft large , la
maifon de ville affez remarquable , avec une horloge qui
reffemble en quelque chofe à celle de Strasbourg. Il y
a un couvent de Carmes, qui étoit autrefois fort déco-
ré, Stpoffédoit de bons revenus fondés fur le pèlerinage
qu'y attiroit une image de bois, qui repréfentoitlafainte
Vierge ; mais durant la guerre des payfans , les religion-
naires briferent cette image , & renverferent l'églife en
«à«. Il y a auffi un monaftere de filles de fainte Claire,
& l'on dit que le clocher eft d'une fabrique finguliere,
■qui mérite d'être vue : le magiftrat fuit la confeffion
d'Augsbourg. On a tenu plufieurs affemblées & diètes
en cette ville ; mais comme les archives ont été brû-
lées avec la maifon de ville , Munfter & Reusner n'ont
pu en recueillir autant d'antiquités qu'ils auroient fou-
haité. On trouva que l'an 1388, quelques princes de
l'empire l'affiégerent, la prirent, pillèrent tout, excepté
les biens des eccléfiaftiques ; mais à peine étoient-ils par-
tis que les bourgeois s'en emparèrent , afin de n'être pas
feu'ls malheureux. Cependant Crufius dit que ce fiége
fut inutile : peu après une pefte en emporta fix cents
perfonnes. L'an 1408, la nobleffe de Suabe y fit un tour-
nois, où fe trouvèrent des princes, des comtes & des
barons, &c. En 1631 , les Suédois laffiegerent, la pri-
rent, &c en 1634, les impériaux y rentrèrent par com-
pofition. Dans la guerre de 1688, les François étant en-
trés en Suabe , prirent Hailbron le 1 \ Oftobre ; mais ils
l'abandonnèrent peu après , &£ en démolirent les forti-
fications que le prince Louis de Eade fit relever.
2. HAILBRON , ville bien différente de la précé-
dente. Celle qui fait cet article , eft en Franconie , au
margraviat d'Anspach , fur la rivière de Schvaback. Il
y avoit autrefois une fameufe abbaye de l'ordre 1 de Cî-
teaux , qui a été changée en collège.
HAI
HAILDESHEIM : c'eft ainfi que Baudrand & fa fa*
mille géographique écrivent le nom d'une petite ville-
que les Allemands nomment Haidelsheim ou Hey-
DELSHEIM : ce n'eft qu'une petite ville au bas Palati-
nat du Rhin , dans le Craichgow , à deux milles da
Brettheim , & à un mille de Bruchfal : elle eft fituée fur
la petite rivière de Saltz , qui tombe dans le Rhin à Phi-
lipsbourg : elle fut fort endommagée par le feu, en 1622,
ôc n'eft que très-peu de chofe à préfent.
HAIMBOURG ouHainbourg, ville d'Allemagne,'
dans la baffe Autriche, au bord méridional du Danube,
vis-à-vis de l'embouchure de la Morave , dans cette ri-
vière , fur les frontières de Hongrie , à huit milles de
Vienne par eau. Les auteurs écrivent différemment
Haimberg , Hainbourg ou Haynbourg , & di-
fent en latin Hamburgum Aufiriœ. On peut juger, en
voyant &s murailles , qu'elle eft fort ancienne, &: qu'elle
a été autrefois fort grande : il y avoit aufli une prévôté
qui ne fubfifte plus , fa décadence eft venue de ce que ,
vers l'an 1200, Léopold VI, duc d'Autriche, en trans-
féra le droit d'étape & le commerce à Vienne. Haim-
bourg a été la réfidence de plufieurs princes de la mai-
fon d'Autriche. C'étoit même un entrepôt pour les mar-
chandifes que l'on transportoit de Suabe à Bude, après
que, dans l'affemblée de 1050 , à Nuremberg , il fut réglé
que la ville de Haimbourg , ruinée par le feu , durant
les guerres de l'empereur Henri III , contre Ovon , roi
de Hongrie , feroit rebâtie ; ce qui fut exécuté. Matthias
Corvin , roi de Hongrie , aflîégea Sr. prit cette ville ,
l'an 1482 ; mais en 1490 , la ville &: fur-tout le château,
fe rendirent aux gens de Maximilien I , Gabriel-Bethlem,
que nous appelions Betlem-Gabor, prince de Tranfilva-
nie, l'affiégea inutilement durant les troubles de Bohême.
Les habitans ne fubfiftent plus que de la culture des ter-
res & de leurs vignes. Il y a auffi des eaux minérales ,
mais qu'il faut faire chaffuer , pour s'y baigner. Au haut
de la montagne , nommée Hainberg , fe trouvent les
meilleurs faucons Se facres ; il y a un vieux château in-
habité , où le petit peuple s'imagine que les forciers tien-
nent leur fabat : quelques auteurs prétendent que Haim-
bourg eft la Comagenum , que les anciens mettoient dans
laPannonie. * Zeyler , Auftr. Topogr. />. 21. Bonfin.
Rer. Hungar. Decad. v. 1. I. Baudrand, édit. 1705.
HAIMUEN, ville delà Chine, dans la province de
Kiangnan , au département d'Yangcheu , feptieme mé-
tropole de la province. Elle eft de 4 d. to' plus orien-
tale que Pékin, fous les 32 d. 48' de latitude. * Atlas
Sïnenfis.
H AIN , Aïn, En ou Eïn : ces mots lignifient en hé-
breu une fontaine , & entrent dans la compofition de
plufieurs noms des villes de la Paleftine : les Arabes les
emploient auflï dans le même fens.
HAIN-EL-GINUN. Voyez Aaïn-El-Ginun.
HAIN-SEMES. Voyez En Semés.
' HAIN , ou Hayn , Hayna , ville d'Allemagne ;
dans la haute Saxe , au cercle de Misnie , fur la
petite rivière de Rheder , & environ à trois milles de
Dresde. Drefferus cité par Zeyler , Saxon. Misn. &c.
Topogr. p. 100 , dit que chez les anciens Allemands &
les Vendes , Hayna fignifie une forêt détachée , & que
le diminutif en eft Hanichen. Il y a des écrits qui font
mention de Han , ou Groffen-Han & Grofen-Haïn en
Misnie ; ôt cette place ne fe trouvant ni fur les Cartes ,
ni dans les Descriptions de ce pays , Zeyler en con-
clut que ce doit être la même chofe que cette ville. On
trouve bien les Hanischen ; & Mercator marque dans
fa Description de la haute Saxe , de la Luface & de la
Misnie , une Henischen , ou Heinischen , comme une
petite ville près de Freyberg en Misnie. Colleras danï
fon Calendrier perpétuel , marque deux foires annuelles ,
l'une au dimanche après la Pentecôte , Se l'autre à la fête
de S. Michel à Henichen : d'ailleurs on trouve Henichen
dans le cercle éleftoral de Saxe , entre Wittenbere &
Bitterfeld , à deux milles de l'une &c de l'autre de ces deux
villes. C'étoit ci-devant une jolie petite ville , & Zeyler
dit l'avoir vue deux fois en cet état ; mais elle fut ruinée
par le feu , même de fon tems. Colleras y place auffi deux
foires , l'une le jour de la Trinité , l'autre à la S. Michel :
la fituation de cette dernière , entre Wittenberg 6c
Bitterfeld , ne convient pas à Haïn , qui eft de 1 autre
côté de l'Elbe , beaucoup plus vers le midi & 1 orient.
haï
Pour revenir à Hïan
qui y exercèrent de
Ile fat ravagée par les Huflîtes ,"
andes cruautés , Se là brûlèrent
l'an 1429 , fî l'on en croit Peccenftein ; mais une chro-
nique manuscrite de Thunnge d'Adam Uriinus . allure
au contraire que les Bohémiens IV.ffiégerent en vain
l'an 1430 , en quoi elle s'accorde avec Boregk , qui , dans
fa Chronique, fol. 445 , de Bohême , dit que . Fan 1429 ,
les Huffites perdirent leurs peines devant la ville de Haïn.
Elle fat brûlée en 1538 : avant cette perte , elle avoit
beaucoup d'ouvriers en drap. Peccenftein dit qu'elle a
été autrefois la réfidence des margraves de Misnie , Se
il refte encore des ruines du château où ils demeuraient.
Cette ville a eu auffi des édifices allez beaux , & des monas-
tères que les guerres Se le changement de religion ont que cet écrivain appelle monejleriurri Al
détruits en tout ou en partie. jltum in territorio Hagnovo jzixtà Sa:nb,
HALNAN , ifle d'Aile , au nord du golfe de là Cochin- pays eft auffi appelle du
chine , Se au'midi de la Chine & de la province de Quan-
ton , dont eile eft iéparée par un bras de mer , de fept
ou huit lieues communes de large. Elle s'étend par les 19e
6e 20e degrés de latitude feptentrionale. Elle eft presque
toute remplie de très-hautes montagp.es & couverte d'an-
ciennes forêts , Si produit tout ce qui eft néceffaire à la
vie. Les Chinois n'en pofledent que les côtes ; mais le
Haï 27 î
l'Orient de la ville , Se s'eft formé d'une grande ville qui
a été abîmée , la terre s'étant ouverte.
HAINAUT ( le ) , Hannonia , Se en allemand
Henegow ( a ). Quelques - uns l'écrivoient autrefois
Henault. Anciennement on l'appelloit Pannonia , du
nom ce Pan , qui y étoit adoré , fi l'on en croit quelques
chroniques fabuleufes. C'eft une des provinces Catholiques
des Pays-bas. Leffab2us , dans fa Description du Hair.aut ,
& Trithème dans lés Annales des François , difent que
ce pays fat enfuite nommé h forée du charbonnier. Il eft
marqué pour la première fois (b) parle moine Angrade,
dans la Vie de S. Ansbert , archevêque de Rouen , qui
étoit moine du rnonatlère d'Aumont , dans le VII fiécle ,
monli.il
um. Ce
Hagnau.
On voit encore des traces de ce nom dans la Chronique
de Sigebert , où cet écrivain appelle Reinier comte de
Hainaut , comium Hagionenjium. Mais dans les Annales
de S. Berlin , ad ann. 870 , le même pays eft appelle
Hainôum , de même que dans les Capitulai res de Charles
le Chauve. Tous les anciens actes nomment ainfi ce pays;
& ce n'eft que depuis environ 400 ans, que l'on a changé
milieu eft peuplé d'une nation qui ne reçoit point les ce nom Htghoum en Hannonia. Il a été nommé Hainaut,
officiers Chinois, qui fe gouverne indépendamment, & n'a de la rivière de Haine qui le coupe par le milieu. Il eft
de commerce avec eux que pour en tirer des habits Se dit dans les anciens Capitulaires , que le Kairraut eft entre
du fel. Les Chinois afturent qu'il y a dans ces montagnes le pays de Cambrai , Pagum Cameracenfem , Se le pays
des mines d'or Se d'argent ; mais (bit politique , foit de Lomme , Pagum Lommcnfem ou LqntacenjtTÇ.. Ainfî
pareffe , on n'y travaille point : ils recueillent les paillet- non-feulement VOftervand , qui eft à l'occident de '."Es-
tes d'or que les rivières entraînent. Il ne fe trouve nulle caut , mais Valenciennes Si le pays vôifiji n'étoient pas
part ailleurs des perles en 11 grande quantité que vers le du Hainaut ; Se aujourd'hui dans le cliccèfe de Cambrai
nord de l'ifle. Les montagnes produilènt du bois d'aigle , Farchidiaconé de Valenciennes eft diftiriguë de celui de
de l'ébene , du bois derofe ou rofnrt Se du bois de Brelil Hainaut.
que les teinturiers emploient à la Chine. On y trouve
auffi des noix d'Inde , de la grande S: de la petite efpece ,
Se le jaque , -qui paffe pour le plus gros de tous les fruits.
L'ifle abonde de cerfs , de divers oifeaux , d'animaux
domeftiques & appriveifés. Vers la partie méridionale d:
l'ifle , les Chinois pèchent des baleines d<
que les Hollandois en pèchent auprès
que le P. Martini transporte affez mal-à-propos dans la
mer Baltique. Il y croît une herbe qui feroit merveilleufe,
fi elle avoit. effectivement les vertus qu'on lui attribue.
On la nomme chifung , c'eft-à-dire qui montre le vent.
Les mariniers, en l'examinant croient apprendre combien
de tempêtes il y aura durant l'année , Se en quel mois.
C'eft en comptant les nœuds : moins il en y en a , difent-
ils , moins il y aura de tourmentes ; Se ils jugent félon
l'intervalle d'ujp nœud à un autre , en quel mois chaque tem-
pête arrivera. * P. Martini Atlas Sinenfis.
Les Chinois difent que cette ifle a mille ftades. ( Bau-
drand lui donne cinquante lieues de long du levant au
couchant , Se quarante de large du nord au fad. ( Les
Jefaites y ont des églilés Se un affez grand nombre de gne, qui étoient devenus comtes du Hainaut
Chrétiens. Avant que les Chinois s'y faflent établis , ce pays —
s'appelloit G.10. Le nom cYHaïnan ne lignifie autre choie
que fa lïtuarion méridionale. La capitale de l'ifle eft
Kiuncheu , félon les Portugais, ou Kiontcheou félon notre
prononciation. Elle à fous elle douze autres villes toutes
iituées dans l'ifle , à lavoir :
Chingyu ,
Lincao,
Tingan ,
Verre hang.
Ho.eitung,
Lohoei ,
Chen ,
Changhoa .
Van ,
Lingxui,
Ya'r,
Cangen.
Ce pays contient la plus grande partie duterritoire des
Netvuns , dont la capitale étoit Bagactim , marquée par
Ptolomée comme la principale ville de ces peuples fi
célèbres dans Fhiftoire. Elle fe trouve auffi dans l'Itiné-
raire d'Antonin Se dans la Carte de Peutinger. Plufieurs
ème manière grands chemins Romains s'y rencontrent , dont on voit
Groenland , encore des reftes auffi-bien que de plufieurs monumens
de l'antiquité. * Abralz. Onelii. 1 hefaurgeograph. (b) Lon-
gueme', Description de la'France , pan. 2 , p, 97.
Le Hainaut fut pôfféde par les rois d'Auftrafie, tant
Mérovingiens que Carlovirgiens , qui établiffbient des
gouverneurs ou comtes dans le Hainaut. Ce fat le comte
Reinier, fous le règne de Charles le Simple , roi de France ,
qui en fut le premier comte héréditaire. Ses fuccefleurs,
pour être plus indépendans du royaume de France , fe
rendirent feudataires de l'empire. Il y eut même ds .; le
onzième fiécle un comte de Hainaut , qui demanda du
fecours à l'évëque de Liège pour réduire lès fujets révol-
tés , Si rendit du confentement de l'empereur foi Se
hommage à l'églife de Liège ; mais les ducs de Bourgo?
1436,
par ra mort de la comteffe Jacqueline , obligèrent l'évo-
que de Liège en 1465 , à renoncer à cette mouvance :
Se peu de tems après l'empereur y renonça auffi en
faveur de Charles lé Hardi, dernier duc de Bourgcgue.
* Piganiol de la Force , Description de là France , t. 6 ,
p- iy-
Cette province eft entrée dans la maifon d'Autriche ,
pat le mariage de Marie de Bourgogne avec Maximilien ,
dont les descendans ont joui du Hainaut jusqu'au règne
de Philippe IV , Si à celui de Charles II, rois d'Espagne ,
qui cédèrent une partie du pays à la France par les fai-
tes des Pyrénées Se de Nimegue ; enforte que le Hai-
naut fe trouve maintenant François Si Impérial , parce
que la portion qui appartenoit à l'Espagne , a été con-
quife par les alliés dans la paix d'Utrecht , Se la pos-
feffion en a été donnée à l'empereur par les traités
de Bade Se de Radftat , Si confirmée par le traité de
Vienne.
Le Hainaut impérial eft la partie feptentrionale
de ce pays , qui comprend la ville de Mons , qui en eft
la capitale avec celles d'Ath , Binche , Leffines , Saint-
Guillain , Halle , Enghien Se Braine-';e-Co< ■-
Il y a auprès de Van une montagne plus haute que les
nues. Elle eft dans l'ifle de Tocheu , qui a cent ftades
de tour. Près d'Yaï on voit une montagne très-élevée ,
nommée Hœlfung , de laquelle on dit ce que les anciens
ont écrit du mont Olympe, que les vents ni la pluie ne
fe font jamais fentir au fommet. Son nom de Hœifung
fignifie qui adoucit le vent , parce qu'en effet elle femble
le brifer. La mer qui baigne les murs de la ville de Kiun ,
eft remarquable , lelon les géographes Chinois , en ce que
le flux Se le reflux, qui eft généralement dans tous les Mons Se d'Ath , qui ("oient des places de déTenfe. * Baudr.
environs , ne s'y tait point fentir en même tems ; mais éd. 170^.
le flux y va quinze jours vers l'orient , Se, pendant les Le H.YINAUT FRANÇOIS comprend les villes de
quinze autres jours , vers l'occident. Le lac Tung eft à Vaknciennes capitale , de Bouqhain , Coudé , le Ques-
leurs bailliages Se territoires ; mais il n'-
:e celles
iyz
HAI
HAI
noy , Landrecies , Avesnes , Maubeuge , Bavay , Beau-
mont , Chimay , Philippeville , Marienbourg Se Fon-
taine-l'Evêque , avec leurs territoires , bailliages Se dépen-
dances , Se le pays d'entre Sambre Se Meufe , qui eft du
Hainaut , tout cela ayant été cédé à la France par les
traités des Pyrénées Se de Nimegue.
Le domaine du roi eft peu confidérable dans le Hai-
naut françois : il confifte principalement dans la fofêt de
de Mormall, auprès du Quesnoy, Se en quelques terres
Se prairies dépendantes du château de Loquinol , qui
peuvent rapporter environ trois mille livres par an. Les
trois quarts de la forêt de Mormall font de bois de hêtre ,
6c l'autre quart de bois de chêne. Ce bois n'étant pas
bon pour les bâtimens à caufe de l'humidité du fol , fe
débite presque tout pour le chauffage dans le Cambrefis où
il n'y en a point. On en met tous les ans cent cinquante
arpens en coupe , qui rapportent au roi environ quatre
mille florins.
Les droits établis pour le roi , dans cette province ,
font fur les fonds , les boiflons ou les entrées des denrées,
L'impofition qui fe levé fur les fonds , eft appellée dans
le pays vingùéme. Il fut établi en 1604 , par l'archiduc
Albert , qui gouvernoit pour lors les Pays-bas , Se il
confiftoit à payer le vingtième du revenu. L'argent étant
devenu plus commun qu'il n'étoit en 1604 , le prix des
fermes Se des maifons eft augmenté de moitié , Se on
levé aujourd'hui quatre vingtièmes au lieu d'un ; quoi-
que cette taille paroifle forte , néanmoins on compte que
dans fa réalité elle ne fait qu'environ la treizième ou la
quatorzième partie du revenu.
La taxe des cheminées fut établie en même tems que
le vingtième , Se ne fut d'abord que de cinq patars par
cheminées ; mais elle a été depuis augmentée jusqu'à
trente patars pour chaque corps de cheminée , foit qu'il
y ait plufieurs tuyaux ou qu'il n'y en ait qu'un.
Le droit de feu a été établi en 1635 , pour fournir à
l'étape des troupes qui paffoient dans la province. Les
bourgeois des villes , non plus que les gentilshommes
qui demeurent dans les villages , Se les eccléfiaftiques ,
n'y font point fujets. Cette taxe eft de vingt patars pour
chacun de ceux qui y font fujets. Il y a auflî une espèce
de taxe fur les chevaux Ss fur les vaches. L'on paye par
an pour chaque cheval trente patars , Se quinze pour cha-
chaque vache ou bœuf. La vifite que l'on en fait deux fois
l'année , s'appelle retrouve.
On a auffi établi un droit furies beftiaux dans le cas de la
confommation. On paye quarante patars pour chaque
bœuf que l'on tue, vingt pour chaque vache, huit pour
un porc ou pour un mouton , Se quatre pour une brebis,
un veau ou un agneau.
Les eccléfiaftiques Se les nobles font fujets à tous les
droits qu'on levé fur les terres , fur les beftiaux 8c fur
la confommation : ils ne jouiflent à cet égard d'aucun
privilège.
Des impôts qu'on levé fur les boiflons , celui de la
bière produit plus qu'aucun autre , parce que les eaux
du pays n'étant pas bonnes , les habitans ne peuvent fe
pafler de cette boiflon. L'ufage du fel gris eft défendu ,
afin d'empêcher qu'il pafle du fel en fraude dans le
Soifîbnnois Se dans la Picardie , où la gabelle eft
établie.
Le Hainaut eft un pays entre-mêlé de terres laboura-
bles , de bois Se de prairies. Les terres qui font du côté
de la Flandres , font aflez bonnes ; mais celle de Ventre-
Sambre & Meufe font bien différentes , auffi-bien que les
dépendances de Maubeuge. Il n'y croît presque point de
blé , & on y feme le feigle fur des terres dont les bois
ont été nouvellement coupés. On brûle les reftes de ce
qui n'a pas été fagoté ou mis en corde , Se l'on feme
fur la cendre épandue fans aucune autre façon. Il croit
beaucoup de houblon aux environs de Mons , & on
trouve dans cette province des forêts confidérables ,
dont celle de Mormall a dix-fept mille cinq cents foixante-
trois arpens de bois de hêtre Se de chêne. Il y a ^des
mines de fer dans la partie du Hainaut , qui joint l'en-
tre-Sambre Se Meufe , Se des mines de charbon de
terre , depuis Keuvrin jusqu'à Marimont , dans l'es-
pace d'environ fept lieues de long ce deux de large.
Toutes les villes du Hainaut François ont leur gouver-
neur particulier Se leur état-major. Les troupes de gar-
nifon ôc celles de paffage y vivent de leur folde , Se
le fourrage eft fourni à la cavalerie par des entrepre-
neurs.
Autrefois dans le Hainaut les juges fubalternes ne
jugeoient en madère civile , qu'à la charge de l'appel ;
mais en matière criminelle , lorsqu'il n'y avoit point
de partie civile , leurs jugemens s'exécutoient fans appel ,
lors même qu'ils portoient condamnation de mort.
Louis XIV , ayant conquis une partie du Hainaut , ne
jugea pas à propos de laitier un pouvoir fi abfolu aux
juges fubalternes. Il ordonna que les jugemens qui portent
peine alfli£r.ive,nes'y exécuteraient qu'après qu'ils auraient
été confirmés par arrêt du parlement pour lors féant à
Tournai , Se aujourd'hui à Douai.
Le Hainaut eft fitué au nord de la Picardie , & a au
couchant la Flandre Se le Cambrefis ; au levant le comté
de Namur , Se le duché de Brabant. Sa longueur depuis
la Capelle jusqu'à Hall eft de vingt lieues ; Se fa largeur ,
depuis Pecancourt jusqu'à Beaumont, de dix-huit. Le cli-
mat de cette province eft froid ce pluvieux , à caufe du
voifinage des Ardennes.
HAINE , ou HaiSNE (la) , rivière des Pays-bas ;
elle coule dans le Hainaut qui en prend fon nom'. Ella
a fa fource au midi d'Andrela qu'elle arrofe , pafle à
Fontaine-l'Evêque , d. reçoit deux ruhTeaux , dont l'un
vient de Binche , Se l'autre d'Eftine ; de là elle fe rend
à Havre, g. d'où, tournant vers le nord-oueft , elle recom-
mence à Nimi à couler vers le fud-oueft , où elle prend
le ruifleau de Trouillon , Se quelques autres qui fe font
aflemblés dans les marais de Mons. De-là elle traverfe
S. Guilain , arrofe BoflTut , g. Se va fe mêler à l'Escaut
qu'elle rencontre dans les fortifications de Condé. Bau-
drand , éd. 1705 , nomme en latin cette rivière Hania &c
Henius.
HAINING , ville de la Chine , dans la province de
Chekiang , au département de Hangcheu , première métro-
pole de la province. Elle eft plus orientale que Pékin
de 3d. 45', par les 30 d. 34' de latitude. * Atlas
Sincnfis.
HA 10 , ville de la Chine dans la province de Kian-
gnan , au département de Hoaigan huitième métropole
de la province. Elle eft de id. 31' plus orientale que
Pékin , fous les 3 5 d. 1 3 ' de latitude. * Atlas Sinenfis.
HAÏR , petite ville d'Afrique , dans le Zara ou
défert , félon Baudrand Se Corneille. Le premier dit
que ce défert eft dans le royaume de Targa , Se en fa
partie méridionale. Il s'étend l'espace de près de cent
lieues , vers le pays des Noirs , entre le royaume de
Lempta à l'orient , Se celui de Zuenziga à l'occident ,
félon Jean Léon l'Africain. Il prend fon nom de la
ville de Hair , environ à foixante lieues de celle de
Targa , du côté du couchant. Corneille , au contraire ,
ne met que quinze lieues entre Haïr Se Targa. J'esperois
concilier cette variété par Jean Léon lui-même ; mais
voici tout ce qu'il dit , /. 1 , c. 6 : de même Hair ,
quoique ce ne foit qu'un défert , ainfi nommé à caufe
de la bonté de l'air qui y eft fort tempéré. Il dit , /. 6 , c. 5 5 ,
qu'un certain défert , habité par le peuple Zuenziga ,
s'étend depuis Tegafa à l'occident , jusqu'au défert
d'Hair , habité par le peuple Targa ; mais je n'ai pu y
trouver rien de ce que lui attribue Baudrand , qui félon
l'apparence l'a , cité en fécond. Jean Léon , /. 6 , c. 56 ,
dit que dans le défert de Targa , on trouve allez de
bonne eau , fur-tout dans le voifinage d"Haïr ; mais il
ne dit nulle part que Haïr Se Targa loient des villes.
L'un eft le nom du défert , l'autre celui d'un peuple. De
l'Ifle celui de nos géographes qui eft le plus vrai Se le plus
exactement attaché aux Mémoires qu'il emploie, s'eft bien
gardé de mettre un royaume ni une ville de Targa dans
ce pays , encore moins une ville de Haïr. Mais il met
feulement les Targa , dont le pays eft fort tempéré , &
produit beaucoup d'herbes. Et le défert de Hair où il y
a des puits de bonne eau. L'intérieur de l'Afrique fera
toujours peu connu ; Se il vaut mieux avouer qu'on ne
le connoit guères , que de> le peupler d'imagination ,
comme ont fait la plupart des faifeurs de cartes , qui ne
haïffent rien tant que des places blanches , Se qui
aiment mieux y tracer leurs chimères , par la faufle
honte qu'ils fe font d'ignorer ce que les autres ne
favent pas.
HAIVE (la) , ou LA Heve port de l'Acadie fur la
côte méridionale de cette peninlùle à 26 ou 27 lieues
communes
HAL
HAL
communes de France , à l'occident de la baie de Chï-
bouêtou , à l'entrée d'une rivière de même nom , dans
laquelle d'affez gros vaiflèaux peuvent remonter environ
trois lieues. Cette rivière fe décharge dans une baie où
ïl y a par-tout bon , & sûr mouillage. Le port de la
Haive eft un des meilleurs de toute cette côte qui en a
plusieurs de très-bons.
HAIVON , forterefle de la Chine , dans la province
deChannton, au département de Ningcing première for-
terefle de la province. Elle eft plus orientale que Pékin
de I d. 56' , par les 37 d. 50' de latitude. Atlas
Sincnfis.
HAIYEN , ville de la Chine , dans la province de
Chekiang, au département de Kiahing , féconde métro-
pole de la province. Elle eft de 4d. zé' plus orientale
que Pékin, fous les 30 cl. 45' de. latitude. * Atlas
Smen/îs.
■HALA , ville de l'Arabie heureufe, à deux journées
de diftance de la mer , Se à huit de la Mecque. Son
port eft Konfodah , du nom d'une iile très-proche de la
terre. * Manuscrits de la Eibl. dit roi.
HALAB. Voyez l'article Syrie.
1. HALAB AS , ville d'Ane, dans I'Indouftan , fur 'le
Gange , au confluent de la rivière de Gemene Se de
ce fleuve. Thevenot , dans fon Voyage des Indes , c. 38 ,
dit : elle a été long-tems un des boulevards du royaume
des Patans , Se c'eft la ville que Pline a appellée Chryfo-
bacra. Elle tomba en la puiflance du grand-mogol 'Ecbar
(Akebar) après qu'il eut fubjugué le royaume de Ben-
gale : il y fit bâtir la forte citadelle , qui y eft fur une
langue de terre , Se la fit entourer d'une triple muraille ,
dont celle de dehors étoit d'une pierre rouge très-dure.
Ce château eft orné d'un obélisque fort antique. Elle a
plus de foixante pieds de haut , depuis fon rez de chauf-
fée, & a plufieurs inscriptions ; mais les lettres en font
fi effacées, qu'on n'en diftingue pas même le caractère.
Le palais du roi eft auflî d'une belle ftructure ; & l'on voit
encore au-deffous des lieux voûtés où l'on conferve
avec foin des pagodes que les gens du pays attribuent
à Adam & à Eve , dont ils prétendent fuivre la reli-
gion. On y voit en certains tems une afHuence incroyable
. de peuple qui y vient en pèlerinage de toutes les parties
des Indes , Se par la croyance qu'ils ont qu'Adam Se
Eve y ont été créés. Mais avant que d'approcher de ce
lieu qu'ils croient faint , il fe jettent tout nuds dans le
Gange pour'fe purifier ; Se ils fe rafent la barbe Se
les cheveux , afin de mériter l'honneur d'y être intro-
duits. Cette ville eft la capitale d'une province de même
nom.
2. HALABAS , province de l'Indoftan , fur le Gange.
On la nommoit autrefois Purop. On y comprend le Nar-
var Se le Mevat , qui ont au midi le Bengale. Il y a
beaucoup de bonnes villes dans cette province. L' auteur
cité n'en nomme que trois , favoir , HaLibas capitale ,
Narvar Se Gehud. Il pouvoit y joindre Canove , Ondée.
Narnol Se Minapour. Le Mevat Se le Narvar , qui
compofent cette province , font féparés par le Gange ;
le premier eft au-delà de ce fleuve , Se le fécond
en-deçà.
1 . HALiE , "AXat. , petite ville de Grèce , dans la
Béotie. Plutarque en fait mention dans la vie de Sylla.
* Ortel. Thef.
2. HAL/i, , ville de Cilicie , félon Etienne le géo-
graphe. Elle dpnnoit le nom à'Alefus ager à une cam-
pagne.
3. HALjE , lieu à l'oppofite de Mafetes , félon le
même ; fon abréviateur le diftingue d'un autre Haies
qu'Etienne dit être le nom d'une terre voifine du pays
d'Argos. Mais , comme le remarque Berkelius , il y a
lieu de fonpçonner que l'abbréviateur fe trompe ,
Se que c'eft la même chofe ; car Mafetes étoit dans le
pays d'Argos. Thucydide , /. 4 , dit : ils infeftoient de leurs
brigandages les territoires de Troëzene , de Haie , Se
.d'Epidaure. Voyez Halice.
HALiE .tëXÔNIDES., &
HALJE Araphenides. Voyez jExone. Spon, clans
fa lifte de l'Attique , p. 311, écrit Alœ , à l'une Se à
l'autre , Se dit : Alœ ÂLxonidcs étoient proche du bourg
jExone , de la tribu Cecropide affez proche d'Athènes :
Alœ Arafenides cle la tribu Egeïde , n'étoient pas loin
de Bauton ôe de Marathon ; Se on y voyoitun temple Se
une ftatùë de Diane Taurique , comme on le lit dans Euri-
pide , Se danb CaLlimaque.
HALALjENUS , rivière de l'ifle d'Albion , félon Pto-
lomée , /. 2 , c. 3 ; quelques exemplaires portent Alau-
nius. Ortelius , Thejàur. croit que c'eft préfentement
YAvon.
HALALE , village d'Afie , au pied du mont Taurus.
Jule Capitolin , Hifi. Auguft. dit que Fauftine , femme
de Marc-Aurele , mourut en cet endroit , Se qu'enfuite
l'empereur y envoya une colonie. C'eft apparemment
cette colonie qui devint enfuite une ville épiscopale ,
connue fous le nom de FauÇùnopolis. Voyez ce mot. ■
HALANI , peuple voifin des Perfes , /elon Ammien
rviarcellin , /. 31. Ce font les Alains , peuple Scythe ,
qui étoient fort répandus en ce tems-là.
HALAPO , ville de l'Amérique. Voyez Halpo.
HALAR, ou Hola , ou Holen , bourg d'iila'ide ;
dans fa partie fetentrionale , fur le bord oriental du
golfe de Skage, précifément fous le premier méridien,
par les 67 d. 25' de latitude. Baudrand en fait une ville.
La Peyrere, Relation de l'I/lande, c. 29, dit : il n'y a
dans toute l'Iflandeque deux villages, dont le plus grand,
qui eft celui de Holar, ne confifte qu'en fort peu de mai-
fons contiguës : il ajoute, Se comme il n'y a ni ville ni
village dans l'Iflande , il n'y a point auffi de grands che-
mins. ... Il y a un collège à Holar, .où les en fans étu-
dient jusqu'à la rhétorique , Se viennent ensuite à Cop-
penhague faire leurs cours de philofophie Se de théolo-
gie. Ils ont une imprimerie où ils ont imprimé autrefois
l'ancien teftament en Iflandois. Le nouveau ne fut point
achevé faute de papier. Holar eft néanmoins un des deux
évêchés de l'ifle. Il eft Luthérien, Se reconnoit pourfoix
métropolitain l'archevêque de Drontheim.
HALBERSTAT, ville d'Allemagne , dans la baffe
Saxe , où elle eft la capitale d'un évêché (ëcularifé , Se
réduit en principauté l'an 1648 , Se donné à la maifoft
de Brandebourg. Les auteurs ne conviennent pas de l'o-
rigine de fon nom. Gaspard Bru^chius, de Episc. Germ,
c. 13, p. 124; Schopper, Bèrtius , Se quelques autres „
ont cru qu'il venoit des noms de l'Elbe Se de l'Ora, qui
s'y rencontroient autrefois , quoique cette dernière ers
foit préfentement à fept milles. Drefler croit que cette
ville a été aiiifï appellée d'un Albert , fon fondateur»
Verdenhagen juge qu'Halberftadt lignine demi - ville,
parce que , dit-il , elle étoit autrefois plus grande ; ce
qu'il prouve par les ruines que l'on voit de fon ancienne
enceinte , vers le midi. Bertius , Comment. Rer. German*
l. 3 , p. 561 , lui donne 3 3 d. 8' de longitude, Se ^2 d. 8'
de latitude ; mais il fe trompe ,-car elle a 29 d. 4' de lon-
gitude, Se 52 d. 6' de latitude. Il ajoute : Irenicus s'eft
imaginé que c'étoit la $îu'ya.&v de Ptolomée ; mais i!
n'appuie d'aucune preuve fon fentiment qui a été fuivï
par Appjen,qui étoitun favant homme. Ptolomée donne
à fa ville de Pheugarum 32 d. 40' de longitude , Se
52 ch 15' de latitude : fur quoi Bertius observe que cette
pofitiôn convient mieux à ÔJlenp'ick. Il eft certain, pour»
fuit-il, que Charlemagne , voulant convertir les Saxons,
fit bâtir l'an 780, à Ojlcrwick une églife fous l'invocation
de S. Etienne, Se y établit éyêque un François de Cha-
înons , nommé Hildegrin , Se qu'il nomma ce lieu Seli-
genfladt ; mais on transféra ie liège épiscopal , au con-
fluent de l'Elbe Se de l'Ora., d'où fe forma le nom iïAt-
boreftadium , dont_s'eft fait enfuite celui d'Halberftadt.
Nous avons déjà fait revnarquer l'inconvénient de cette
Opinion. Il fe fert au r.efte de Halbcrfîadiutn pour expri-
mer en latin cette^ ville. Zeyler , Saxon, infer. Topogr.
p. 119 , dit Hemipolis ; ce qui revient à l'opinion "de
ceux qui expliquent Halberftadt au fens de demi-ville.
Les fuccefleuts de Hildegrin étendirent le domaine de
Cet évêché. Albert , frère de Bernard , fécond prince
d'Anhalt, y unit le comté d'Ascanie. Albert de Bruns-
vick , qui lui fuccéda, eut pour fuccefleur Louis , land-
grave deThuringe, Se margrave de Misnie, qui fut trans-
fère à l'archevêché de Bamberg. Je pafle les prélats qui
fuivent jusqu'à Albert de Brandebourg, coadjuteur d'Er-
neft de Saxe, après la mort duquel il fut élu évêque d*
Halberftadt, l'an 1^13. Il eut pour foc (Te r, en iï48 ,
fon coufin Jean-Albert, marquis de Brandebourg, fils de
Frédéric d'Anspach, auquel fuccéda Frédéric de Brande-
bourg , fils de l'électeur Joachim II. Après fa mort , cet
évêché fut conféré à Sigismond, fou frère, qui n'avok
tmt ÎIL Mm
174
HAL
HAL
que quatorze ans. Ce fut lui qui introduifit dans cet évê-
ché la religion Proteftante, qu'il profelïoit ; Scies fuc-
cefleurs l'imitèrent. Enfin au traité de Veftphalie , cet
évêché fut converti en principauté % Se cédé à l'électeur
de Brandebourg, qui en jouit. * D'Audifrst, Geogr. hift.
t. 3 , p. 3 54.
La ville eft agréablement lîruée dans un terroir fer-
tile où le bled vient plus haut qu'un homme à cheval.
Au milieu de la ville eft une hauteur , furmontée d'une
esplanade, fur laquelle font deux églifes, avec les mai-
fons des chanoines. La cathédrale , dédiée à S.Etienne,
eft de pierre de taille , avec deux tours. Elle n'eft pas
bien éclairée ; mais par dehors elle eft ornée de ftatues
remarquables. Dans l'églilé, derrière !e chœur, eft l'imags
de la Vierge , avec foixante Se douze titres d'honneur.
On a une fondation faîte , en 1489 ,.dans. cette cathé-
drale , fuivant laquelle on doit, tous les vendredis, à onze
heures du matin, fonner la groffe cloche, nommée Can-
takona , pour jfervir de lignai aux fidèles de dire un
Pater nojter, afin de remercier Jefus-Chnft de la pailion
qu'il a foufferte pour nous.
Il y a, dit Zeyler , des orgues qui font peut-être uni-
ques dans leur espèce. La facture en eft fort antique. Il
y a quelques tuyaux de plomb d'une extrême groffeur.
Les touches font plus larges que la main, en très-petit nom-
bre, creufées, & fi duras à abbaifler, qu'il faut y employer
toute la main ou même le coude ; il y a quantité de petits
foufHers. On affure qu'un homme ne fauroit refter vingt-
quatre heures auprès de ces orgues, fans être étouffé par une
vapeur d'arfenic, qui en fort iorsqu'on en joue. On pré-
tend qu'un voyageur étranger l'éprouva en 1646. Les
maifons qui font fur la hauteur ou à l'entour , font ce
qu'on appelle la ville. Ce qui eft au-defîous, eft le faux-
bourg. Outre la cathédrale il y avoit quatre églifes col-
légiales , favoir Notre - Dame , S. Paul , S. Boniface ,
S. Maurice , avec quelqu' autres églifes Se monafteres. La
paroiffe de S. Martin a deux tours qui ont la vue fur le
pays circonvoifin. Les rues font aflez belles ; la place ,
qui eft gtande , eft devant la maifon de ville : fous un
petit toit , eft la ftatue de Roland , moins grande que celle
de Magdebourg. Voyez l'article Impériales. La petite
rivière de Hotheim traverse la ville. Halberftadt a fix
portes ; favoir Harjleber thor ou la porte de Harfleben ,
celle de S. Jean, la porte de Kuhling,, la porte large,
celle de S. Burckhart , la Cioper thor , Se la porte de
l'eau.
La PRINCIPAUTÉ eft enfermée entre les duchés de
Brunsvick, de Magdebourg, & la principauté d'Anhalt.
Ses principaux lieux font,
Halberftsdt, capitale, Sch^aneberg ,
Afchersjeben ou Ascanie, Oftervick,
Hornburg , Cropperftede ,
Gruningen.
Les comtés de Hohenstein & de Reinstein en
font des annexes. On remarque .dans cette principauté
le village de StrôpKE , dent les payfans font habiles
au jeu des échets , au rapport de Hubner , Geogr. p. 558.
1. HALCYONE, ancienne ville de Grèce, dans la
Locride , fur le golfe Maliaque. On trouve une médaille
de l'empereur Severe , en petit bronze , fur laquelle on lit
AAKTONinN , des Àlcyonitns. C'eft la même qu'AL-
CYONE. Voyez ALCIONE. * Plin. 1. 4, c. 7.
a. HALCYONE , montagne de Grèce , dans la Ma-
cédoine , dans le voifinage du golfe de Therméen.
• Pline, I.4, c. 10.
HALCYONl^E Insul,£. Ortélius croit que c'étoient
des ifles de Grèce , aux environs de Pallene ; Se au mot
Pallene il cite Suidas , qui dit Amplement : Pallene
l'une des Alcyonides, & renvoie au mot Alcyonides.
Mais la verfion latine dit PALLENE, una ex Alcyonidi-
bus , Se ajoute par manière d'explication , vel ex Alcyo-
niis injidis. Mais cette explication eft toute de l'inter-
prète. Au mot Alcyonides , Suidas parle des jours Al-
cyoniens, Se dit que l'on ne convient pas du nombre;
que Simonide dit onze , Ariftote de même ; Demagoras
de Samos fept , Philochore neuf: enfin, ajoûte-t-il , Hé-
gefander raconte ainfi la fable des Alcyons. Le géant
Alcyonée eut fept filles , favoir Phthonie , Anthe, Mé-
hone, Alcippe, Pallene, Drimo Se Aiterie. Ces filles,
après la mort de leur père , fe précipitèrent, du promon-
toire Canaftre , dans la mer ; Amphitrite les métamor-
phofaen oifeaux, & elles turent appellées^/cvo/z-f , du
nom de leur père. Dans tout cela il n'y a point d'ides ,
Se l'explication latine a tout gâté : c'eft elle qui a trompé'
Ortélius. Baudrand trouvant dans ce dernier auteur des
ifles Alcyoniennes , avec un renvoi au mot Pallene Se
Phoflonia, dont le dernier eft une faute de copiftes, au
lieu de Phthonia , bâtit là-deflus ce lavant article. Hal-
cyonice infulae , dit- il , «ce font deux ifles de la Ma-
» cédoine , près de la presqu'ifle Pallene , dont l'une eft
» nommée Pallene , ci l'autre Phoflonia, par Suidas Se
»par Etienne, ou vers Halcyone , ville de Theffalie,
» au golfe Maliaque.» La citation eft doublement famTe ,
Etienne qui parie de Pallene ne dit pas un feul mot de
ces ifles. Le nom de Phoflonia lui eft inconnu , Se il ne
fait aucune mention du nom Halcyonice ; Suidas n'en dit
que ce que j'ai rapporté ci-deflus. Baudrand ne devoit
citer qu'Ortélius, puisqu'il étoit le feul qu'il eût confulté.
Il en auroit vu la méprife, s'il eût confulté Suidas ; car
pour Etienne il n'eft nommé en cet endroit , que pour
faire parade de citation. Il n'y a rien de pareil dans l'on
livre.
HALDE , ville de Norwege , au gouvernement d'Ag-
gerlaus , fur la côte de l'Océan Se du golfe d'Iddesfiord ,
où il reçoit la rivière de Teftedatile-Ëlw, aux frontières
de laSuéde , félon Samuel Pu.ffendorf cité par Baudrand ,
èdit. 1705, qui ajoute : cette ville eft près de l'ifle'd'A-
kerfund, à cinq milles de Fredericftadt au midi; mais
il fe trompe. Si elle eft auprès dAkerfund, elle ne fau-
roit être au midi ; mais elle doit être au couchant de Fre-
dericftadt.
HALDENSLEBEN, petite ville d'Allemagne , dans
le duché de Magdebourg fur l'Ohr. Il y a une colonie
de réfugiés François.
HALDENSTEIN, baronie en Suiffe , libre Se indé-
pendante , avec un beau & fort château , fitué fur un ro-
cher élevé , à un mille au-deflous de Coire ; on la voit
facilement. Cette baronie a pafle par plulîeurs mains. Au
milieu du feiziéme fiécle , elle appartenoit à Jean-Jacques
de Châtillon], ambaiîadeur de France , qui y bâtit , l'an
1 547, le beau château qu'on y voit aujourd'hui. Après
lui elle eft tombée entre les mains de MM. de Schauen-
ftein, qui la poffedent actuellement, Se qui font les plus
riches feigneurs de tous les Grifons. Ces barons font
fous la protection des Grifons , mais du refte entière-
ment libres Se fouverains dans leur terre , ayant le dou-
voir de battre monnoie, Se tous les autres droits qui ap-
partiennent à la fouveraineté. Du refte la baronie eft
petite, Se n'a pas beaucoup d'étendue, Se elle eft dans,
un terroir ftérile au pied des Alpes. L'an 1616, Thomas
de Schauenftein , à qui l'empereur Matthias donna le
titre de baron , introduiiît la religion Proteftante , dans
cette terre. * Etat & délices de la Suiffe , t. 4 , p. 46.
HALE , lieu voifin d'Argos , félon Etienne le géogra-
phe. Voyez Hale 3.
HALEA, ville d'Arcadie. Voyez Aléa.
HALEN, petite ville ou bourg des Pays-bas, dans le
Brabant Autrichien, fur la petite rivière de Géete , en-
tre Dieft Se Herck , à environ une lieue de l'une Se de
l'autre , Se à cinq lieues Se demie de Louvain.
HALENTE , petite rivière d'Italie , au royaume de
Naples , dans la principauté citérieure. Elle a la l'ource
entre Magliano Vetere Se Magliano , coule quelque
tems vers l'occident , puis fe recourbant vers le midi ,
elle reçoit beaucoup de ruifleaux , pafle au nord de Cas-
tel à Mare de la Brucca , S: fe perd enfin dans la mer
de Toscane, félon Magin. Voyez Halètes, qui eft l'an-
cien nom.
HALENTINA , ville de Sicile , félon Ortélius , qui
cite Ciceron contre Verres , /. 3 , c. 48. C'eft une faute
de copifte. Il faut lire Haluntina civitas ; c'eft la
même que HaluntiOM.
1. HALES, rivière de l'Ane mineure , près de Co-
lophone ; c'eft la rivière la plus froide de toute l'Ionie,
félon Paufanias, /. 7, c. 5, & /. 8, c. 29. Pline, /. 5;,
c. 29 , la nomme Halesus.
2. HALES; lien maritime de la Grèce, dans l'Atli-
que , où Timon le Mifanthrope fut enterré , félon
Plutarque , in Antonio.
3. HALES. Voyez Halètes.
HAL
BAL
HALESA &t Halesina , félon Cluviërj SîciLànt.
I. x,p. 287. Voyez ALESA. Phalaris , Strabon SePto-
îomée écrivent "AXaira , Aljexa ; Diodore de Sicile
Alésa , 'AKxlca , Se Antonin Alésa ; mais Ciceron
Se la Carte de Peutinger préfèrent Halesa. De même
Ciceron Se Pline en nomment les habitans HALESINI.
La rivière eftplufieurs fois nommée i 'Ahaiiros l\ot"-^U »
Alcefus fiuvius ; Columelle, deReRuJl. I. 10, la nomme
Halesus.
Et qute Sicanii fions leglfiis Haleji ,
Cùm Cereris proies , Sec.
Cluvier trouvant dans Silius Italicus , /. 14 :
Venit ab amne trahens nomen , Gela; venit & Hefa,
Et qui prcefend , Sec.
corrige ainfï cet endroit : on ne trouve nulle part , dit-il ,
«ne ville de Sicile , nommée ffefa. Silius aura , fans
doute , écrit :
Venit ab arnnt trahens nornen , Gela; venit Àlefa.
Ou avec une aspiration venit Halefa , ou avec une diph-
tongue venit Alxja. Sa correction s'eft trouvée con-
forme au manuscrit de Cologne , qui porte Halesa ,
& on l'a fuivie.
HALES1A ou âlexia. Voyez Alise 1.
HALESIjE ou Alesue , village de Grèce, au Pelo-
ponnefe, dans la Laconie , entre Therapne , ville, Se le.
mont Taygete. Ce nom lignifie les moulins , Se feroit
très-remarquable , s'il étoit vrai ce que Paufanias , /. 3 ,
c. 10, raconte comme une tradition, à favoir que Mi-
let , fils de Lelege , y enseigna le premier l'art de mou-
dre le bled , Se inventa le premier moulin.
HALESINUS. Voyez Halesa Se Alésa.
1. HALESIUS Se Alesus , montagne de Grèce au
Peloponnefe , dans l'Arcadie 'Axmioc. Il étoit fur la
route de Mantinée àTegée. Ilyavoitfur cette montagne
un bois confacré à la déene Cérès. * Paufan, 1. 8, c. 10.
1. HALESIUS ou Alesius, ville del'Elide, félon
Etienne , le géographe. Elle prenoit fon nom d'Alefius ,
fils de Seillunte , l'un des foupirans d'Hippodamie ; d'au-
tres difent d'un fils de Gargettus , l'un de ceux qui vin-
rent avec Pelops.
3. HALESIUS ou Alesius, lieu d'Epire , où l'on
faifoit beaucoup de fel , félon le même auteur.
HALESUS. Voyez Alestjs. i.
HALESWORTH, bourg d'Angleterre , dans la pro-
vince de Suffolck. On y tient marché public* * Etat
prêfent de la G. Bret. t. I.
HALETES , rivière d'Italie dans la LuCanie. Cice-
ron , {Famil. 1. 7, Êpift. 10 ; Se ad Attïc. Lié, Epifl. 7,)
nous apprend qu'elle couloit auprès de Velia, Se l'ap-
pelle nobikm amntm : c'eft la même rivière que le Ha-
LES , Helées ou I'ElÉes de Strabon, Se I'Elfa d'E-
tienne. Il conferve encore fon nom , Se s'appelle le Ha-
lente. Voyez ce mon
HALEUS, gén. Halentos, nom d'une rivière, fé-
lon Théocrite dans fa feptiéme idylle. Vinfemius , fon
interprète , croit que c'eft une rivière de l'ifle da Co.
HALENvaN. Voyez Hallewin.
HALEX ; les Grecs écrivent ce nom ALEX fans aspi-
ration ; rivière de la grande Grèce , à fon extrémité la
plus méridionale , au pays des Brutiens. Elle fervoit de
bornes entre le territoire de Rhegio Se celui de Locre ,'
Se coule, dit Strabon , /. 6 , dans une profonde vallée.
Il observe cette particularité, que les cigales qui étoient
le long de ce fleuve , du côté de Locre , avoient de la
voix , Se que celles de l'autre côté étoient muettes.
Pline ,l.n, c. 17, dit la même chofe. Elien , Hift. ani-
mal. I. 5, c. 9, raconte le fait tout autrement ; voici fes
paroles. Ceux de Rhegio Se de Locre vivent en bonne
union , partent les uns chez les autres , & y travaillent
. librement à la campagne. Les cigales n'en font pas de
même, car celles de Locre font muettes dans le terri-
toire de Rhegio , Se celles de Rhegio font auffi muettes
dans le territoire de Locre. Je ne fais point la caufe de
ce filence , Se perfonne ne la fait , fi ce n'eft quelque té-
méraire discoureur, C'eft un fecret que la nature s'eft
27
refervé : du refte cette rivière fépâre le territoire de
Rhegio de celui de Locre ; Se quoique les bords n'ayent
pas un arpent de diftance , cependant les cigales ne vo^
lent jamais d'un côté à l'autre. Cette rivière conferve
l'ancien nom Se s'appelle préfentement ALECE. Voyez
ce mot.
HALI , ville de l'Arabie heureufè , aux confins de
l'Yemen Se de l'Higiaz. * 'Abulfeda , Manufcr. de laBibl.
du roi.
1. HALIA , ville du Peloponnefe , dans l'Arcadie ;
félon Paufanias , /. 8, c. 17. Il la met dans le nombre
de celles qui formèrent la colonie de Megalopolis.
_ 2. HALIA, yille maritime du Peloponnefe, dans l'Ar-
gie , félon Thucydide, /. 1 , 1 6-4.
HALIACMON. Voyez Aliacmon Se Plata-
MONA, qui eft le nom moderne de cette rivière.
HALIACTER , lieu où les Siciliens s'affembloient *
félon Hefyche;
HALIARDI. Voyez Aliardiî,
i. HALIARTE, ancienne ville de Grèce, dans 1»
Béotie. Strabon , /. 9 , dit qu'elle ne fubfiftoit plus de
fon tems. Elle fut détruite , durant la fécond guerre des
Romains contre la Macédoine , ou , ce qui revient au
même, dans la guerre contre Perfée. Tite-Live, I.42,
c. 63 , dit : le prêteur Lucretius avoit vivement attaqué la
ville d'Haliarte ; cette ville futrafée jusqu'aux fondemens.
2. HALIARTE , ville du Peloponnefe , dans l'inté-
rieur de la Mefienie , félon Ptolomée , le feul qui eit
ait parlé. C'eft la même qu'ALIARTUS. 2.
HALICA ou Halice ; lieu de l'Argie , félon Paufa-
nias , /. 1 , c. 36, qui dit, à l'occafion du chemin dé
Ha'.y-e ; elle eft déferte à préfent , quoiqu'elle ait été
habitée • il eft certain qu'il en eft fait mention dans urt
monument tfFfpJdaure , où font gravés les remedesT
qu'Esculape a enfe^, aux malades; mats hors cela,.
je n ai jamais vu d'écrit disne de foi ; où il foit fait men-
tion ni de la ville de Halice , ni de quelque homme quï
en fut. Il y a pourtant un chemin qui y conduit Se il'
eft au milieu entre la colline Proné , Se la colline nom-
mée anciennement Thornax Se ensuite Coccygie -<
depuis que Jupiter s'y changea en coucou.
HALICANUM , H,eclitanum ou Hilicanum.:
Voyez Alicanum.
HALICARCARA , gros village d'Ane , dans laPerse^
entre Cars Se Erivan. Tous les habitans font Chrétiens;
Se les maifons y font bâties fous terre comme des ca-
ves. La deuxième journée après , qu'on a palTé ce vil-
lage, on paffe trois fois l'Araxe à gué, félon Tavernier,'
* Voyage de Perse , 1. 1, c. 2.
HALICARNASSE , ancienne ville d'Ane , dans I*
Carie , dont elle étoit la capitale. On en rapporte la
fondation à des Grecs venus d'Argos. Elle avoit ur»
port , d'excellentes fortifications. Se de grandes richenes.
Elle avoit été la réfidencê des rois de Carie , Se parti-
culièrement de Maulble , dont le fameux tombeau luî
donna un nouvel éclat. Pline , /. 5 , c. 29 , en marque;
la fituation entre deux golfes , favoir le Jafien Se le Cé-
ramique. Strabon, /. 14, dit: Halicarnaffe , réfidencê
des rois de Carie, autrefois appellée Zephyre. Pom-
ponius Mêla, /. 1, c. 16, dit : HsUcarnafie , colonie
des Argiens , Se mémorable , tant parles fondateurs que
par le maufolée , tombeau du roi Maulble , l'une des
fept merveilles du monde , Se l'ouvrage d'Artemife.
Strabon , /. 14, p. 6^6, parlant des fondateurs de cette
ville dit : fes fondateurs furent entr'autre,s , Anthes avec
les Trcezéniens. Cela eft conforme à ce que dit Paufa-
nias. Les descendaas d'iEùvïs, fils d'Antes, furent en-
voyés pour fonder une colonie , Se ils fondèrent Hali-
cainâfle fy. Mynde. On peut voir dans Arrien, de cx~
ped. Alex. I. 1 , la difficulté qu'Alexandre crouva , lors-
qu'il l'affiégea* Scylax de Cariande , Peripl. vante la
bonté de fes ports, dont l'un étoit fermé , Se l'autre au
bord de l'ifle. A l'égard de fes fortérefles , Strabon parle
de celle devant laquelle étoit fille Arconefos ; Arrien ,
dans la description du fiége, parle dune autre qui étoit
dans l'ifle, Se d'une autre nommée Salmacis , du nom
d'une fontaine ainli appellée , parce qu'elle avoit l'in-
fâme propriété de rendre voluptueux Se efféminés ceux
qui en buvoient. Cependant Strabon n'attribue pas ce
vice à la fontaine , mais au;: richeffes Se à la bonrie
chère des habitans; Vitruve , /. 2 , c. 8 , nous apprem'
r«r.'« ///. Min ij
HAL
î7<5
qu'auprès de cette fontaine de Salmacis , il y avoit un
temple de Mercure , & un autre de Venus. Il ajoute :
on croit feuffement qu'elle infecte d'une ardeur impudi-
que ceux qui en boivent : je veux bien expliquer pour-
quoi ce bruit mal fondé s'en: répandu dans le monde.
Les Grecs, charmés de la bonté de cette fontaine , bâti-
rent des hutes tout à l'entour , & attirèrent les Barbares
des montagnes voifines ; ceux-ci s'apprivoiferent peu-
à-peu , devinrent fociabtes , & perdirent leur humeur
fauva^e , prirent des mœurs plus douces & plus humai-
nes. Ovide faififfant le bruit commun , a bâti la fable de
Salmacis que l'on peut voir dans le quatrième livre des
Métamorphofes. Cette ville a donné la naifTance à deuxfa-
meux hiftoriens; l'un eft Hérodote, l'autre Denys. Elle eft
nommée métropole des Halicarnaffiens , fur une me-
<laille de Severe AAïKAPNASSEnN MHTronoAEnz. Cette
prérogative de métropole peut s'expliquer par le paffage
de Pline qui dit , qu'Alexandre le Grand donna à la
ville d'Halicarnaffe fix autres villes , lavoir ;
Tlieangela, Euranium,
Sibde , Pedafum ,
Mtdmajfa. , Telmefum.
La chofe n'eft pas fort croyable d'Alexandre le Grand,
qui ne voyoit pas cette ville de bon œil. Strabon,/. 13,
dit que Maufole y avoit transporté les habitans de fix vil-
les. Une autre médaille frappée fous Geta a pour légende
aaikapnazsesîn attonomjîN , ce qui marque que fous
les Romains cette ville fe gouverna par fes propres loix,
&i jouit de fa liberté. Ses ruines s'appellent préfentement
Tabia, félon quelques-uns, <k BoUDRON, félon d'autre*-
HALICUS , "Aa;Xoî, montagne &c contrée d* V.1I1-
cie , félon Etienne , le géographe.
HALICY.E , ville de Sicile , feW 'e même , entre
Lilybée & Entella. Thucydide , -'-7, lanommeHALiCJE,
A*,W Ciceron, in Verr. o*P»ne, l-l, c. 8, en nom-
ment les habitans Hal^nfis. Diodore,/. 14, les nomme
'kK,Kuuïo,. Il y a préfentement dans la même place le
ioure de Salemi. *Cluv. Sicil. Ant. /. 1, p. zSo-,
HALICYRNA. Voyez Alicyrna.
HALIEI. Voyez Tiryns.
HALIFAX. Voyez Hallifax.
HALIMUSII , village de Grèce , dans l'Attique , fé-
lon Strabon Si Plutarque , dans la Vie de Cimon. Voyez
AliMUS.
HALIOLA. Voyez Halle in.
HALIPEDO, lieu de l'Attique , près du Pyrée. Xe-
nophon en parle dans le fécond livre de fon hiftoire
des Grecs vers la fin.
HALIPHTORUM, ville de l'Arcadie. C'eftlamême
qu'ALiPHERA. Voyez ce mot.
HALIS , fleuve de l'Afie mineure. Voyez Halys.
HALISARNÈ ou Haliserne. Voyez Alisarna.
HALITjEA , fontaine de l'Afie mineure , dans le ter-
ritoire d'Ephefe, félon Paufanias, A 7, c. <^,p. 535.
HALIUSSA INSULA, petite ifle de l'Archipel, fur la
côte de l'Argolide , près du promontoire nommé Buce-
phalos. Il y a , dit Paufanias , /. z , c. 34 , un port fort
commode pour les navires.
HALITZ , ville de Pologne , dans la Ruine rouge ,
& dans le pays de Halitz , avec un château fur la rivière
du Nieller. Elle a été autrefois fort confidérable , &
même capitale de la Ruine rouge , Si le liège des rois
de Ruine. Elle eut ensuite un archevêché qui fut trans-
féré à Léopol en 1414, félon Starovolski. Elle eft pré-
fentement fort petite , à feize milles de Pologne , & de
Léopol, au levant d'hyver. *Baudr. édit. 1705.
Le territoire DE HALITZ , petit pays de Polo-
gne , dans la Ruine rouge , Si l'une des quatre parties du
Palatinat du Ruflie , plus étendue au midi vers la Tran-
filvanie qu'elle a au couchant , comme elle a la Valachie
au midi. Elle eft coupée en deux par le Niefter , & prend
fon nom de la capitale. Sa partie méridionale s'appelle
PoKUClE. Baudrand, pour le francifer , le déguife en
Pocouche.
HALIX, ville d'Afie, dans la Cilicie , félon Pline,
/. 5 , c. 17. L'édition du P. Hardouin porte Ale. Nous
avons dit fous ce nom , qu'elle étoit entre Selinus Si
Pedalie.
HALIZONES. Voyez Alizones.
HAL
lUt, -v
'•* S
ftnhplir. -'
HALL , en Hainaut ,
HALL, en Sa
HALL, enSuabe, V Voyez HALLS.
HALL, auTirol,
HALL, en Weftphalie,
HALLAEU , village de Suiffe , au canton de Schaf-
houfe , dans le bailliage de Neukirch. Il eft grand & bâti
comme un bourg , à la tête d'une fort belle vallée , lon-
gue de quatre ou cinq lieues, fur une de largeur, & qui
eft très-fertile & très-peuplée. Ce village a une fontaine
qui a la même propriété que celle du mont Gouppen.
Voyez ce mot.
HALLAND , contrée de Suéde , dans la Schone, le
long de la mer de Dannemarck, oui la borne au cou-
chant méridional. Elle a la Schone proprement dite au
midi. La Weftrogothie au nord ci au nord-eft , Si un
peu de la Smalande ou Gothie méridionale à l'orient.
Elle peut avoir de côtes vingt-fept lieues marines ; mais
ce n'eft qu'une lifiere le long de la mer, où l'on trouve
en côtoyant du nord-nord-oueft au fud-fud-eft,
Konigsbacka, Falkenberg.,
Warberg, Helmftad,
& Laholm.
Elle étoit autrefois à la couronne de Dannemarck ;
mais par le traité de Bromsbroo , en 1645 , elle fut cédée
par engagement ^ Ia Suéde pour trente ans , qui l'a en-
fuite garH<='e à titre de pouèfiion perpétuelle , en vertu
des faites de Roschild ci de Coppenhague. * Baudr.
Jdit. 170 5.
HALLÀTON, bourg d'Angleterre , dans la province
de Leicefter. On y tient marché public. * Etat préfent
de la G. Bret. t. I.
1. HALLE, (la) petite rivière de Suiffe, dans l'Es-
gav ? elle a fa fource allez près du Doux ; & coulant
vers le nord, elle arrofePorentruy,réfidence de l'évêque
de Bade , ci fe mêle avec d'autres ruiffeaux , de-là fer-
pentant vers le nord Si vers l'oueft , elle arrofe les bourgs
de Dattenreit Si de Granvillers , paffe à Montbeliart et
fe recourbe vers le fud , pour aller tomber dans le Doux...
On a fouvent remarqué que la Halle fe débordoit inopi-
nément , fans qu'il eût plu ni dans les lieux où elle
prend fa fource , ni dans ceux par où elle paffe. Ces
débordemens fubits viennent d'un trou que l'on ren-
contre fur fa gauche , en allant de Porentruy à Che-
nerey. Il peut avoir environ trente pieds de pro-
fondeur: l'orifice fupérieur, bordé d'un rocher escarpé,
m'a paru de trente à quarante pieds de large : il eft
presque rond. Ce trou , nommé par les habitans Creufe-
not, comme qui diroit petit creux, va toujours en dimi-
nuant jusqu'au bas : le fond en eft couvert de fable. Lors-
que j'y fus, j'y trouvai fort peu d'eau. Elle n'occupoit en
tout que quatre ou cinq pieds d'étendue , & pouvoit être
éloignée de deux ou trois pieds d'une fente fort étroite
qui me parut fe perdre fous terre en fe bi niant ; mais
que, faute de mefure, je ne pus fonder. Lorsque la Halle
doit fe déborder, on entend un mugilfement terrible; ÔC
en moins de rien ce trou, fe trouve rempli d'eau, dé-
borde dans la plaine , inonde en un inftant le vallon,
Si forme un torrent impétueux , qui , prenant fon cours
du côté de Porentruy, fe décharge clans la Halle , Se
caufe les débordemens inopinés , auxquels cette rivière
eft fujette. On croit que ces débordemens viennent de
quelque communication fouterreine du Doux avec Creu-
fenot, Si que l'embouchure de cette communication eft
plus élevée que Creufenot. Ainfi lorsque les eaux du
Doux augmentent au-delTus de cette embouchure , elles
font poulîées avec violence , par leur propre pefanteur,
dans Creufenot , le rempliffent ci débordent. * Supplé-
ment au Manuscrit de la bibliothèque de M. de Corbf
ron , premier prèfident au confeilfouverain d'Alsace.
2. HALLE , H alla , petite ville des Pays - bas
Autrichiens , dans le Hainaut , Si fur les confins du Bra-
bant. Elle eft fituée dans un pays très-fertile , Si traver-
fée par la petite rivière de Zinne (Senne) qui descend
à Bruxelles , où elle commence à porter bateau. Cette
ville prend fon nom de l'églife de Notre-Dame qui en
eft la tutelaire , ci qu'on appelle vulgairement Notre-
Dame de Hall , ou de Hau. Quelques-uns veulent que
ces grandes halles où trafiquent les marchands , ayent
HAL
Bal
contribué à lui faire donner le nom qu'elle porte. Elle
eft à dix lieues de Mons , ck à trois de Bruxelles. L'image
de la Vierge eft dans une chapelle à main gauche de
l'églife , qui eft très-belle , & deffervie par des Jéfuites :
cette image eft de bois doré , ck couronné de fin or. La
vierge porte fon fils Jeftis d'un main , & tient de l'autre
une fleur de lys. Elle a fur ion eftomac fix grofles perles ,
avec un beau rubis au milieu , &C eft vêtue ordinaire-
jnent de l'une des douze robes , que les députés des douze
villes & bourgades , qui ont fenti fa protection , lui
apportent tous les ans le premier dimanche de Septem-
bre , pour lui rendre grâces publiquement. Ce jour-là
il le fait une proceffion folemnelle , où l'image eft por-
tée dans toute la ville Se dans les faubourgs , par les
députés de ces douze lieux , qui font Ath , Bruxelles ,
Tournai , Valenciennes , Condé , Namur , Lembec ,
guievrain , Crêpin , Braine , Baufiquies ck Sain&es.
es fix Serniers ne font que des bourgades. Sur le même
autel font les douze apôtres ck aux deux côtés deux
anges qui tiennent des chandeliers , le tout eft d'argent.
Philippe le Bon , duc de Bourgogne, y fit plufieurs beaux
préfens , entr'autres , deux figures auffi d'argent ; l'une
d'un cavalier ck l'autre d'un foldat , l'un & l'autre armé
de toutes pièces. Charles , fils de Philipe le Bon , y
donna un faucon d'argent ; Se jamais on ne vit en aucun
lieu un fi grand nombre de lampes , de cottes d'armes ,
d'étendards , de croix , de calices , & enfin de figures
d'or & d'argent , que les plus grands princes & feigneurs
ont données. Jufte-Lipfe qui en a écrit l'hiftoire , pen-
dit une plume d'argent devant l'autel. Cette hiftoire
rapporte que l'image de N. D. de Hall appartenoit
autrefois à fainte Elifabeth de Hongrie , & que fa fille
Sophie , féconde femme de Henri II , duc de Brabant ,
l'ayant donnée à Mathilde feeur du duc fon mari , &
femme de Florent , comte de Hollande, leur fille Adélaïde
la porta en Hainaut, en époufant Jean d'Avênes , comte
d'Oftrevant.
3. HALLE , Hala Magdsburgia , ville d'Allemagne ,
dans la haute Saxe , au duché de Magdebourg , fur la
rivière de Saale , dans une agréable plaine , à cinq milles
de Leipfig , à huit de Wittenberg , Se à onze de Mag-
debourg. Son nom vient , dit-on , des falines que les
Hermandures y trouvèrent ; Se comme cette découverte
étoit auffi précieufe qu'une mine d'or , les Cattes leur
rirent la guerre pour en jouir , ck les en dépofféderent.
Ils nommèrent ce lieu Dobrebora , ou Dobrefala , c'eft-
à-dnefonfel. L'an 806 , Charlemagne attacha ce heu
au comté de Vettin , fur la Saale & le donna au comte
Wittikind le Jeune , qu'il avoit établi à Zerbig , Se à
qui il avoit fournis les Wendes. L'empereur Otton le
Grand le donna à l'archevêché de Magdebourg. Son
fils Otton II en 981 , bâtit en cet endroit une ville
libre , abrogea l'ancien nom , 6k ordonna que celui de
Halle feroit feul employé à l'avenir. L'an 1130., l'em-
pereur Lothaire II l'aiTiégea , Se fit faire une juftice
exemplaire de quelques feditieux , qui avoient fait mourir
fes députés , contre le droit des gens. Il y eut beaucoup
de brouilleries entre cette ville & les archevêques de
Magdebourg, fur-tout en 1164 , 1416 & 1433. Enfin
l'archevêque Erneft , qui étoit de la maifon de Saxe ,
pour les brider , fit bâtir un château neuf au lieu de celui
qui y étoit auparavant & qu'on appelloit le château noir.
Cette ville fouffrit beaucoup durant les longues guerres
d'Allemagne , ck fut prife fucceflivement par les Impé-
riaux Se par les Suédois. L'an 1637 , l'électeur de Saxe
la prit par ftratagême. Il y avoit autrefois à Halle le palais
de l'évêque , où les archevêques de Magdebourg faifoient
leur réfidence. Cette ville reçut le Luthéranisme de
bonne heure ; ck Jufte Jonas l'y établit publiquement dans
l'églife, l'an 1 541 , malgré les foins que le cardinal Albert
de Brandebourg fe donna pour l'empêcher. * 'Mémoires
drejfés fur les lieux & communiqués.
A la paix de "Weftphalie l'archevêché de Magdebourg ,
avec toutes fes dépendances , fut féculariié ck cédé à
la maifon de Bandebourg , comme nous le difons en fon
lieu; mais à condition qu' Augufte de Saxe , poftulé admi-
nistrateur , qui en étoit en poffeffion, en jouirait jusqu'à
fa mort qui arriva en 1680. Ce prince qui étoit fécond
fils de l'électeur Jean George I , ck tige de la branche
de Saxe-Weiffenfels , réfidoit à Halle en qualité d'ad-
mitiiftrateur de l'archevêché de Magdebourg ; mais après
. ï-77
fa mort l'archevêché fut évacué par fes enfans , Se cédé
pour toujours, à titre de duché héréditaire , à la maifon
Electorale de Brandebourg. Ainfi le duché de Halle *
marqué fur la carte de Saxe par MM. Sanfon , eft
une faute commife avant l'an 1680. La manière dont
d'Audifret en parle , étoit vraie alors ; mais Bau-
drand , Maty & Corneille qui ont écrit long -rems
après , ne dévoient pas dire que Halle appartient à
une branche de la maifon de Saxe , ni que cette branche
s'appelle Saxe-Hall. Halle n'a jamais eu le titre de duché ,
ck Augufte de Saxe n'y réfidoit qu'à titre d'adminiftratcijr
de Magdebourg ; la pofterité de ce prince ne s'appelle point
Saxe-Halle , mais Saxe-Weiffenfels.
Ce prince étant mort , comme nous venons de dire ,
en 1680, Frédéric Guillaume , électeur de Brandebourg ,
en alla prendre poffeffion , y fit une magnifique entrée ,
& y établit la régence du pays de Magdebourg. L'an 1 694,
l'électeur Frédéric , qui a été le premier roi de Pruffe ,
y fonda une umverfité , qui s'appelle en latin académie
Fridericana , du nom de ion fondateur. L'inftallation
s'en fit le Ier Juillet , avec de grandes folemnités. Elle s'eft
confidérablement diftinguéeenpeudetems par les grands
hommes qu'elle a eus pour profeffeurs ; on y a vu , entr'au-
tres , Chriftian Thomafius , Lud-wig , Stryck , &c.
Il y a auffi à Halle des làlines , où l'on prépare le fel de
quatre fources falées. On les nomme der Teutfche brunn ,
Gutiahr , Meterit^ ck Hacleborn ; il y a en outre 1 50
petites falines aux environs , dont quelques-unes font au
duc, les autres héréditaires à des familles particulières,
ck le refte acordé à certaines perfonnes durant leur vie.
La ville eft affez belle Se bien bâtie ; on y parle le haut
allemand très-purement. Le magiftrat de la ville étoit
confidérable , Se le premier du pays après celui de
Magdebourg. Il y avoit une école affez fameufe avant
l'érection de Funiverfité. Les églifes font affez belles.
Celle du marché eft fous l'invocation de Notre-Dame ;
c'eft la plus remarquable. On y voit de belles peintures
de Luc Cranach. On y garde auffi une bibliothèque ,
que l'on augmente de jour en jour. Il y a en outre les
paroiffes de S. Ulrich Se de S. Maurice. On gardoit
autrefois tians cette dernière le cops du B. Rhabanus
Maurus , :que le cardinal Albert , archevêque de Magde-
bourg , y avoit dépofé en 1515 ; mais il l'en retira
pour le mettre avec d'autres reliques à AschafFenbourg.
11 y a enfuite l'églife collégiale , où les Calvintftes s'af-
femblent ; ck l'églife dé l'école. L'églife françoife pour
les réfugiés eft au Moritzbourg. Aux faubourgs font les
églifes du Marché-neuf Se de Glauche. L'âdmïniftrateuc
Augufte y a fait conftruire un palais , avec des jardins
au bord de la Saale , près de-là font les auditoires , ou
fales de Funiverfité. Au marché eft la tour rouge , bâtie
de pierre de taille , haute de cent quarante aunes , &
ornée de cloches ck d'une groffe horloge. Dans le faux-
bourg de Glauche eft la fameufe maifon des orphelins ,
d'où le docteur Francken a jette les fondemens de la
feite des Piétiftes , qui fait confifter la perfection du
Chriftanisme dans un fanatisme mélancolique. Elle fit
de grands progrès au commencement de ce fiécle , ck
dérangea plufieurs cerveaux. La régence du duché de
Magdebourg ayant été transférée à Halle , comme nous
avons dit , fut rétablie à Magdebourg en 1714.
4. HALLE , ville d'Allemagne , au comté du Tirol ,
fur la rivière del'Inn , entre de hautes montagnes , d'où
on la nomme Halle dans dnntkal. Elle a eu lés fei-
gneurs particuliers. Ce n'étoit d'abord qu'un bourg , qui
appartenoit aux feigneurs de Wafferbourg. Le duc Otton
de Meran en fit une ville l'an 1102. Il y a un beau
palais , ck tout auprès une fort belle églife : l'un Se
l'autre avec le monaftere de filles furent bâtis par Ferdi-
nand I, l'an i<(3i,àla prière de la princeffe Madelaine ^
fa fille. A environ un mille de la ville , dans les mon- .
tagnes , eft une faline d'où Fon tire le fel foffije comme
de la glace. On le jette dans des folles , où Fon fait
enfuite entrer de l'eau qu'on y laifiè quelques tems ,
après quoi , on la porte dans la ville , où on la fait bouillir ;
ce qui produit un gros revenu tous les ans. * Tirol. Bef-
chreibung , p. 96.
Les mémoires ck plans géographiques ont donné lieu
à Corneille de doubler cette ville , parce qife le nom y
eft écrit Halla. Voici ce qu'on y en lit : avant un trem-
blement de terre qui l'a imfe dans un état pitoyable ,
278
HAL
HAL
elle étoit affez bien fortifiée , quoiqu'elle ne tirât fes
défenfes que de fes tours a l'antique , qui fe flanquoient
autant bien que leur figure imparfaite le permettoit. Ce
qu'il y avoit de meilleur , étoit une fauffe braie à cinq
ou fix toifes de la muraille , bien flanquée de tours comme
l'intérieur , Se d'espace en espace des caponieres , pour
défendre le foffé qui étoit bon & revêtu. Quoiqu'on ait
porté fort loin les dommages qu'elle a foufferts , on croit
qu'il n'y a eu que quelques dedans ruinés. On voit que
'auteur ne parle pas en homme bien informé du
dommage.
5. HALLE , en Bavière , dans l'évêché de Saltzbourg.
Voyez Hallein.
6. HALLE , ville impériale d'Allemagne , dans la
Suabe , aux confins du Palatinat , de la Franconie Se
du duché de Wurtemberg , fur la rivière de Kokher.
Quelques-uns la prennent pour YAlifum de Ptolomée ,
que d'autres cherchent à Hailbronn. Cette ville doit
fa fondation aux fources falées. Zeyler , Suev. Topogr.
p. 39 , en parle ainfi : tous les anciens monumens de
cette ville périrent dans l'incendie de 1376 ; mais on fait
fuffifamment dailleurs' que les environs étoient inhabités,
fc. que les bois y occafionnoient beaucoup de meurtres Se
de vols ; Se qu'au lieu où font préfentement les falines ,
étoit , il y a fix ou fept cents ans , un marais d'eaux crou-
pies , où couroient les bêtes fauvages , Se où l'eau falée
fe perdoit. Ces animaux ayant donné occafion de. la
découvrir , on bâtit quelques hutes dans ce bourbier , Se
on commença à mettre cette eau falée à profit , en la
cuifant fans beaucoup d'art. Avec le terris il s'y forma
un village , Se enfin une ville. Le fel n'eft ni fi blanc
ni fi piquant que l'autre , cependant on le porte à
Nurenberg. Dès qu'on eut commencé à travailler aux
falines , on bâtit des maifons le long du bord de la
Kocher ; Se il fè forma un hameau , qui , avec le tems ,
fut fermé de murailles ; de-là vient qu'une partie de ce
fauxbourg eft encore nommée im Weyler , ou dans le
hameau ; car la Kocher partage à préfent la ville en
deux , favoir la ville St le fauxbourg dont on vient de
parler , Se on va de l'une à l'autre par un pont. Du
côté de la ville eft cette fource falée qui a donné occa-
sion de la bâtir : on en tire l'eau avec quinze féaux, Se
on la conduit par un canal dans les chaudières , qui
font environ au nombre de cent onze. La ville ne man-
que pas pour cela d'eau douce ; il y en a^ abondamment.
Quelques gentilshommes qui vinrent s'établir dans^ ce
pays contribuèrent beaucoup à bâtir la ville :, ils y éle-
vèrent fept tours qu'on y voit encore en partie ; ( d'au-
tres prétendent que ces fept tours font plus anciennes que
la ville même , Se que c'eft un refte des Bourguignons.)
Quoi qu'il en foit , cette ville en fut appellée SlEBEN
BURCEN , c'eft-à-dire Stpt-forts. L'une de ces tours ,
placée près de l'églife de S. Michel , eft nommée Ber-
1ERHOFF : on dit que fainte Brigite , allant de Suéde à
Rome , y logea en 1363 ; Se comme ce lieu a été enfuite
habité par des Béguines , on le nomme préfentement der
Nunnènheff, ou la cour des religieufes. Ce n'étoit pas
feulement dans la ville que les nobles s'étoient établis ;
ils bâtirent des châteaux tout à Pentour , Se il y en a
encore environ quarante qui fubfiftent. Il vint aulli des
gens du peuple qui s'habituèrent à Halle. Ils obtinrent
le droit de bourgeoifie ; Se on leur donna quelque part
au gouvernement. On forma deux confeils , favoir celui
de dedans Se celui de dehors : dans le premier étoient
les nobles , Se les bourgeois étoient dans l'autre ; mais
ceux-ci étant exclus des plus importantes affaires , pri-
rent le6 armes. L'empereur Louis de Bavière fit appai-
fer cette émeute par Ulric , comte de Wurtenberg ,
l'an 1340. La condition fut que les bourgeois feroient
admis au confeil du dedans , Se peu après ils ocupoient
la moitié des places : cela dégoûta la nobleffe , qui
s'alla établir à Nuremberg , à Ulm , Se à Ausbourg. Il y
eut pour le même fujet une grofle dispute en i<fi2 ,
entre la nobleffe Se la bourgeoifie. Les nobles eurent le
deffous , Se cédèrent enfin entièrement le gouvernement
aux bourgeois. Ceux-ci ont de grands privilèges , entre
autres celui de batte monoie : on prétend que les H 'aller ,
ou Hellers , forte de petite monoie très-ancienne Se
très-commune en Allemagne , ont pris leur nom Se leur
origine dans cette ville. Cette ville étant libre, Se lituée
aux frontières de plufieurs pays , eft fouvent nommée dans
l'hiftoire à caufe que fon territoire a été le champ de
bataille où la nobleffe voifine alloit vuider fes différends
par des duels.
7. HALLE ou Hall , village d'Allemagne , dans la
haute Autriche , fur la rivière de Krems. Cluvier , Vln-
delic. & Noric. p. 30 , croit que c'eft a-peu-près en cet
endroit qu'étoit PErnotatia d'Antonin.
8. HALLE ou Hall , petite ville d'Allemagne , au
cercle de "Weftphalie , au comté de Ravensberg , à quatre,
lieues de la ville d'Hervorden , Se à deux de Bilefeld »
fondé une académie des débris de l'univerftté de
Hei!
félon Maty, qui ajoute que l'élefteur de Brandebourg
fondé «
delberg,
9. HALLE, enWeftphalie, au comté de Ravensberg,eft
un village dont Zeyler n'a pas feulement daigné nous mar-
quer le nom. Il confond mal-à-propos ce lieu avec Halle
en Saxe , ou Halle 3. Cependant cette faute eft
copiée par Corneille Se par l'éditeur François dulivre de
Baudrand.
HALLEIN ou Halle , Haliola , ou HalMa , petite
ville d'Allemagne , au cercle de 'Bavière , dans l'évêché
de Saltzbourg , fur la Saltza , entre les montagnes , à
deux milles au-deffus , ou au midi de Saltzbourg ; c'eft
la principale des villes de l'évêque. Un voyageur Fran-
çois , ( Remarq. hijl. & cric, faites dans un voyagt
d'Italie en Holl. en 1704 , t. I , p. 44 & fuiv. ) qui
la nomme Halle , dit : c'eft la richeffe du pays , puis-
que c'eft-là qu'on tire Se qu'on cuit le fel , dont le débic
fait le plus grand commerce Se le plus grand rapport des
habitans. La plus grande partie de ce fel étoit levée par
le parle au nom de l'élefteur de Bavière , qui a encore
d'autres falines qui lui font propres , peu éloignées de
Halle , dans une de fes terres , appellée Reichnoll ;
Se ces fels étoient transportés par la Bavière , Se par un
coin du Tirol , dans la Suifle , qui les payoit tous en
monnoie de France ; ce qui eft caufe , dit-on , qu'on ne
voyoit presque que de cette monnoie dans la Bavière. Le
fel fe cuit à Halle dans de grandes chaudières , comme
en beaucoup d'autres lieux ; mais la traite de Peau falée
eft différente de toutes celles que je me fouviens d'avoir
vues ailleurs. Il y a une grande Se haute montagne à
l'occident de la ville de Halle , dont la terre eft , en
plufieurs lieux , mêlée avec une espèce d'alun , ou de fel
de pierre , qui fert à faire cette eau falée. Des mineurs
cherchent ce minéral , Se font paffer de l'eau claire par-
deffus , laquelle , dans fon cours, détachant les parties de
ce fel , les entraîne avec elle , Se devient falée. Quand
ce minéral eft abondant , ils ne font qu'entourer l'espace
où ils le trouvent de terre graffe , Se remplir cet espace
d'eau douce. Elle n'y demeure pas long-tems fans fe
faler ; on la fait écouler enfuite , hors de la montagne
par des canaux de bois faits exprès , Se qui en règlent
l'écoulement où l'on veut. Il faut aufïï faire de grands
canaux pour avoir de l'eau douce ; ce qui eft caufe que
cette montagne eft , comme celle du Potofi au Pérou ,
percée en mille endroits , qu'il a fallu ouvrir , ou pour
chercher la mine de fel , ou pour la faire écouler hors
de la montagne. Ceux qui y entrent par curioflté , ont
befoin de bons guides pour ne fe pas perdre dans la quan«
tité de routes qu'il y a de toutes parts.
Cette entrée fe fait en cérémonie. II y a une églife
au-deffus de la montagne , où les curieux font leurs dévo-
tions avant que d'entrer , Se fe recommandent à Dieu
pour qu'il les garantiffe de malheur. Ce n'eft pas fans
raifon , car plufieurs perfonnes y ont péri par les éboule-
mens de terres.
La grande ouverture par où l'on entre dans cette mon-
tagne, eft auprès de cette églife ; Se ceux qui y veulent
entrer , après avoir bien déjeuné dans une aberge voifïne ,
Se s'être pourvus de bouteilles de roffolis , pour s'en
fervir au befoin , font revêtus par leurs conducteurs d'hs-
bits de groffe toile. Le dos Se le bras droit font armés de
certains cuirs , dont on verra l'ufage ci-après. Au lieu
de chapeau on prend de gros bonnets , qui ne laiffent
qu'une partie du vifage découvert , Se dont la chaleur
puiffe parer du froid qui régne dans ces antres fouterreins
Chacun prend à fa main gauche une chandelle , ou une
torche allumée pour s'éclairer ; Se les ouvriers , ou ceux
qui font deftinés à accompagner les étrangers , fe mêlent
avec eux , les uns devant , les autres après , Se d'autres
parmi la troupe ; car ordinairement on ya par troupes ,
HAL
pour encourager par le nombre ceux qui feraient plus
Susceptibles de frayeur dans ces fombres Si affreufes
cavernes. L'on parcourt enfuite de tous côtés , Si l'on
v.oit , ou les endroits d'où l'on a déjà tiré du fel , ou
ceux où l'on travaille à le découvrir , ou enfin ceux d'où
on le tire actuellement ; & parce qu'il y a des espaces
hauts Si bas par lesquels il faut pafler , on descend par
des trous quafi tous droits , fournis d'une espèce de bran-
carts de haut en bas , Si armés à côté d'une affe-z grofle
perche : après que l'on s'eft aflls fur le brancart, onembraffe
cette perche avec le bras droit , muni de cette manche
de cuir dont on a parlé , aufîi-bien que le derrière l'eft
d'une espèce de tablier de même cuir pour ne fe point
déchirer en fe laiffant couler, comme on fait de haut en
bas par ces brancarts.
Ces descentes fe font avec une rapidité fi prodigieufe ,
que les chandelles s'éteignent fouvent ; mais les guides
battent le feu promptement , Si les rallument. Il eft à
craindre de tomber l'un fur l'autre dans cette descente ,
qu'il n'eft pas facile de régler , quand on a pris la pente
fur un déclin très-rapide , quoique l'on ait mis les per-
ches fur la droite pour cet effet , afin que l'on puifie-fe
retenir avec le bras ; mais comme le plus grand danger
eft en arrivant au bas , les guides qui font arrivés les
premiers ont foin de tirer les étrangers du brancart à
mefure qu'ils arrivent , de peur qu'ils ne foient écrafés ,
ou foulés aux pieds de ceux qui les fuivent. Entre les bois
du brancart il y a un escalier fait dans la terre pour remon-
ter. Les descentes font en fi grand nombre dans les minés
de Halle , qu'on descend ainfi du haut de la montagne
jusqu'au bas , après s'être promené par mille détours que
font les ouvriers en travaillant à la recherche de la matière
qui donne la falure à l'eau. Ces détours fonr fi grands ,
& on fouille fi loin , que non feulement la montagne
en eft toute percée , mais même les montagnes voifines
le font aufii ; de forte qu'on affure qu'il y a très-peu de
diftance entre les ouvriers de Halle & ceux de Reichnoll,
qui en eft à deux milles , Si qui appartient à l'électeur de
Bavière.
On emploie cinq ou fix heures à vifiter ces curiofités
fouterreines ; & après avoir régalé les guides , on trouve
un grand diner à Halle , où l'on fait bonne chère. La
cuite du fel fe fait là comme ailleurs : on voit bouillir de
l'eau fort claire dans des chaudières de dix à douze pieds
<3e diamètre fur des brafiers épouvantables ; l'eau étant
évaporée , laiffe au fond le fel , que l'on ramaffe , Si
qu'on jette dans de petits tonneaux de lapin qui n'ont
ni fond ni couvercle ; il s'y féche , s'y durcit, Si peut être
transporté fans craindre d'en rien perdre. La Saltze qui
coule auprès de la ville eft continuellement chargée de
bateaux , qui le transportent à Saltzbourg , d'où on le dif-
tribue ailleurs. Le 30 Juin 1567 , cette rivière fe déborda ,
Se fit un grand dégât, tant dans les lieux où l'on cuit le fel ,
que dans ceux où l'on le garde. L'an 1 573 , on trouva dans
la mine, à fix mille trois cens pieds de profondeur, fur une
pierre très- dure , un homme qui devoit avoir eu neuf
empans de hauteur. * Zcykr , Bavar. Top. 24.
Vis-à-vis de. Halle, de l'autre côté de la Saltz , il y a
des forges , où l'on fond le cuivre que l'on tire des mines
qui font dans l'état de Saltzbourg.
HALLENLESBEN , monaftere Catholique de filles
en Allemagne dans le duché de Magdebourg.
HALLEW1N , village des Pays-bas , dans la châ-
tellênie de l'ifle, proche de Menin , fur la rivière de Lis.
Il donne fon nom à l'une des plus anciennes ramilles du
pays. * D'ici, sosp: des Pays-bas.'
HALLEVIONS. Voyez Hillevions.
HALLIFAX, ville d'Angleterre, en Yorckshire. On
la nommoit autrefois HoRTON. C'eft une aflez grande
ville, dont les maifons font bâties de pierre. Elle eft
fituée fur le penchant d'une colline , Si dans un terroir
ftérile. La manufacture de laine y tient le premier lieu,
& l'on y punit rigoureufement les voleurs de drap ; de-
là vient cette prière que l'on attribue aux vagabonds Si
gens fans aveu : From Hell,Hull, andHallijax , Gooi
Lord, D cliver us ; c'eft-à-dire : Seigneur Dieu, délivrez-
nous de l'enfer, de Hull & de Hallifax. Cette ville donne
le titre de comte au fleur George de Montaigu. * Etat
prcfenl 'de lu G. Bret. t. 1, p. 103 Si 324.
HALLIN , peuple ancien de Scandinavie , félon Jour-
nandes, deReb.Get. c. 3.
HAL 279
HALLUIN. Voyez Magnelay.
HALLUOS , vAkkvo<; : ce devoit être le nom d'un
ruiffeau , ou d'une fontaine ; car il eft parlé de les eaux
dans un oracle rapporté par Paufanias , in Mejjeniac.
HALLWYL, château dé Suiffe , au canton de '. erne,
à ïifiue d'un petit lac qui fe dégorge dans la petite ri-
vière d'Aa. *Etat & délices de la Suijje, 1. 1, p. 195.
HALMATIA, 'Aa^stw. Athénée , l. 9, c. 2, nomme
ainfi un lieu où il dit , que les raves naiffent fans cul-
ture. Dalechamp rend ce nom par la Dalmatie.
HALMITESTaurica, ' À^irns , heu delà Cher-
fonnefe Taurique, fur le Pont-Euxin , félon Arrien,
Peripl.
HALMONES. Vovez Almon Si Olmones.
HALMYDISSUS. Voyez Axmydissus.
1 . HALMYRIS , lac que forme le Danube , dan< la
Scythie, au-deflus d'iftropolis, à peu de difaice e la
féconde embouchure, félon Pli
, qui lui
donne foixante-trois mille pa> de tour. Il y avoit tout
auprès une ville de même nom,
_ On croit que le nom moderne de ce lac eft Carafou ,'
ainfi que les Turcs l'appellent, Si qui eft à la bouche la
plus méridionale du JDanube.
2. HALMYRIS , ville de Scythie. Elle étoit épisco-
pale, félon la Notice de Hierocles. Philflftorge , /. 10,
c.6, dit qu'Eunomius , chef des Ariens, fut exilé à
Halmyris , lieu de la Myfie , fur l'Ifter. Nicephore Cal-
lifte, /. 12, c. 79, dit la même chofe. C'eft vraifem-
blablement la même que la Salmorudis d'Antonin , dont
les copiftes trouvant Halmyridem , en ont tait Salmo-
rudem.
HALMYRIDES , lieu de l'Attique , au bord de la
mer : c'eft où l'on jetoit les cadavres , Si une espèce de
voirie.
HALMYRUS, lieu vers la Theffalie ou vers Larifle,
félon Nicetas , dans la Vie de Baudouin de Flandre.
* Ortel. 1 hefaur. ' .
HALONjE , ville de l'Afie mineure, près du Méan-
dre, félon Nicetas. Leunclavius croitqueles Turcs nom-
ment ce lieu Solba^ar. * Ortel. Thefaur.
HALONE. Voyez Alone 2. 3.
1. HALONESE ou Halonnese, (la) petite ifle
de la mer Egée , au couchant de fille de Lemnos , Si
à l'orient de l'embouchure du golfe Therméen. Elle eft
accompagnée de deux petites ifles, dont l'une eft nom-
mée Piperi , anciennement Peparrethe , Si l'autre Jura.
LaHalonefe eft préfentementappeHéeZ.j/2/5, Peias,ifiaw
Pelagnifi. C'eft la même dont il eft queftion dans les
harangues d'Eschine Si de Demofthène. N. Gerbelius,
cité parOrtélius, dit qu'elle eft nommée Nefidium ou
Niiïlhov par Harpocration ; mais ce mot ne veut dire
qu'une petite ifle ; Si Na^JW , Nefydrion par Suidas.
Toureil dit qu'elle eft prés de Peparrethe Si deSciathe,
qui , avec elle, compofoient une espèce de triangle. Il a
été trompé par de mauvaifes cartes.
2. HALONESE , ifle fort petite de la mer Egée, fur
la côte deThrace, entre fille deSamothraceSilaCher-
fonnefe , à quinze mille pas de l'une Si de l'autre. Le
P. Hardouin croit que c'eft la petite ifle dont parle Har-
pocration. Elle eft différente de la précédente. * Plin.
' 3.' HALONESE , petite ifle d'Afie , fur la côte de
l'Ionie , félon Etienne le géographe.
HALONNESI, ifles delà mer Rouge, devant la Tro-
gloditique, félon Pline , /. 6 , c. 29.
HALOPE. Voyez Alope.
HALORUS. Voyez Aloros 2.
HALORIUM, lieu du Peloponnefe, félon Strabon,
/. 8, p. 350. Il étoit dans l'Elée ; il y avoit un temple
de Diane, furnommée Etienne, dont la prêtrife dépen-
doit des Arcadiens.
HALOS. Voyez Alos i Si 2.
HALOVER , petit ifthme de l'Amérique, dans la pro-
vince de Tabasco, auprès de Sainte-Anne, Si de Rio
Palmas. Il fépare la mer d'un grand iac. Les boucaniers
Anglois qui y mettent leurs canots à léc , lui ont donné
ce nom comme nos mariniers diroient Halle à terre,
du mot haller, qui veut dire , tirer. * Dampier, fupplétn.
c.UP, 178.
HALPiLAME, lieu maritime de l'ifle de Ceilan, fur
2 8o
HAL
H AL
fa côte méridionale , dans le pays de Mature , à l'orient,
& à fix lieues & demie de Mature, au couchant d'été,
& à deux lieues & demie d'Ajalle. * Mandejlo , Voyag.
Robert de Vaugondy, Atlas.
HAJ..PO ouHALAPO, ville de l'Amérique, dans la
nouvelle Espagne, dans la province de Tabasco, & fur
la rivière de Tabasco , trois lieues au-deffus d'Eftapo.
Elle eft riche &C la principale de ce pays. Les Indiens
qui l'habitent , ne cultivent pas plus de terre qu'il ne
leur en faut pour entretenir leurs familles &c payer les
taxes. Ainfi la campagne qui s'étend d'une ville à l'au-
tre , demeure inculte. On nourrit dans ce pays une
glande quantité de volailles , comme de coqs d'Inde ,
de canards, de poules , &c. Mais quelques-uns ont des
allées de cacao ; la plupart de celui qu'on recueille en
ces quartiers, eft envoyé à Villa de Mofe , où on l'em-
barque pour être transporté ailleurs. Il y a peu de com-
merce dans ce pays. * Dampier, Supplém. c. 4, p. 166,
& c. <j,p.ijS.
HALS , bourgade de Dannemarck , à la pointe fep-
tentrionale de l'ifle de LefW, fur la côte orientale du
diocefed'Aiborg,au nord de Jutland. Il y a un bon ancrage
au nord de cette 'bourgade. * Robert de Vaugondy , Atlas.
HALSTELD , bourg d'Angletesre , dans la province
d'EfTex. On y tienO marché public. * Etat préj'ent de la
G. Bret. t. 1.
HALTEREN , petite ville d'Allemagne , .en Weft-
phalie, dansTévêché de Munfter, fur la Lippe, en ap-
prochant de Dulmen & de Kœsfeld , dans la feigneurie
de Dulmen. *Zcyler, Weftphal. Topogr.
HALVA , ville d'Afrique ,' au royaume de Fez , à
trois lieues de la capitale du côté du midi , fur les bords
du Cebu. Elle a été bâtie, dit-on, par un roi. des Zene-
tés ; mais un autre de la race des Benimerinis a conftruit,
tout proche , un beau palais fur tin bain naturel qui met
la ville en grande réputation , parce que les habitans de
Fez s'y vont baigner au mois d'Avril , &. demeurent
là à fe réjouir fept ou huit jours. Les habitans font gens
ruftiques & barbares , vivent fort pauvrement de quel-
ques terres qu'ils tiennent à rente de l'Alfaqui de la
grande, mosquée de Fez. * MarmoL, 1. 4, c. 26 , p. 196.
HALUNTIUM ou Aluntium, ville de Sicile, fé-
lon Denys d'Halicarnaffe , l. l.Ciceron, Verr.de fignis,
c. 23 , fait mention d'Archagathus , citoyen d'Halun-
tium , & nous apprend que cette ville étoit fituée fur
une hauteur dont l'accès étoit difficile. Ptolomée, /. 3,
£.4, la met fur la côte occidentale , allez près de l'em-
bouchure du Chydas, au bord de la mer. Mais ce qu'il
appelle côte occidentale , devroit plutôt être appelle
côte feptentrionale ; .car il fuppofe que l'extrémité vrai-
ment occidentale eft beaucoup plus au micli , qu'elle n'y
eft effectivement. Quoi qu'il en foit , De l'ifle croit
qu'elle étoit , à-peu-près , au même lieu où eft préfen-
tement San-Marco , au midi de Capo-Orlando. C'eft
ce qui réfulte de la comparaifon de la Sicile ancienne
& de la moderne , dont il a donné les Cartes. Fazel ,
Decad. 1 , /. 9, c. 4, croit que les ruines de cette ville
<T Aluntium font à cinq cents pas du bourg de S. Phila-
delphie, & que le Chydas eft à préfent appelle 'Rosmarïno.
Olivier qui rapporte ce fentiment , ne s'en éloigne pas.
1. HALUS. Voyez Alos 1 &: 2.
2. HALUS, ville d'Afie , fous la domination des
Parthes, félon Tacite, Annal. 1. 6 , c. 41.
3. HALUS, A lus ou Allus, lieu de la Paleftine.
D. Calmet , D'ici, de la Bible , en parle ainfi : Alus ou
Allus. Les Israélites , pourfuit-il ; étant dans le défert
de Sur, partirent de Daphca, pour venir à Alus. {Nu-
mer, c. 3J , v. 13.) De-là ils allèrent iRaphidim. Dans
le livre de Judith, c. 1, v. 8, in Gmco, on met Ckclus
ou Chalus , & Cadès comme des lieux affez voifins.
Eufebe &C S. Jérôme mettent Allus dans l'Idumée vers
la Gabnlene , c'eft-à-dire aux environs de Petra , ca-
pitale de l'Arabie déferte ; car Eufebe ik S. Jérôme pla-
cent la Gabalene auprès de Petra. On donne auffi à
Allus le nom d'ELUSA ou ChaLUSA. Elle eft placée
par les Notices dans la troifiéme Paleftine , & par Pto-
lomée entre les villes d'Idmnée. Le Tarçum de Jerufa-
lem fur la Genele, e. 2<j , v. 18, & fur l'Exode , c. 16,
y. 22, traduit le défert cle Sur par Allus.
HALUSIUM, lieu de Grèce, dans l'Epire , félon
Euftathe, fur le lécond livre de flliade. * Ortel.TheL
HAL Y, ville de l'Arabie heureufe , fur- les confins de
l'Yemen, du côté de Hégias. Êdrifi la nomme forterelTe
& petite ville maritime , fituée au nord d'Attu , à cinq
journées de chemin. Il compte une ftation depuis Haly
jusqu'au fleuve S ANC AN. * Geogr. Nubien/, part. j.jlj
cundi clim.
HALYCIA ck'HALici.E. Voyez Halycus 2.
HALYCIDON , port de mer, dans les Gaules , fé-
lon quelques éditions de Pomponius Mêla. Voyez La-
CYDON.
1 . HALYCUS , rivière de Sicile , félon Diodore ,"
/. 16, qui écrit auifi Alycos, /. 15, 23 & 24. Il y avoit
en Sicile deux rivières de ce nom , & toutes les deux;
avoient leur embouchure fur la côte méridionale. La plus
oriental des deux étoit auffi nommée Camicus , du nom
d'une forterefte allez près de laquelle elle paffoit : du
moins De l'ifle croit que le Camicus Ik le Halycus
font une même rivière ; Olivier les diftingue , & croit
que le Camicus étoit le ruifteau que De l'ifle nomme
Cena, & réferve le nom <X Halycus pour la rivière qui
avoit. fon embouchure auprès, & au couchant d'Hera-
clée. Le Halycus de l'un tk de l'autre devroit être pré-
fentement le Platani qui reçoit deux autres rivières , fa-
voir le Turbulo du couchant , & le Salso du levant.
Le nom de Salso, qui lignifie rivière falée, femble tra-
duit de l'ancien nom grec 'Aauko; , dont l'étymologie
vient du fel.
2. HALYCUS , petite rivière de Sicile. Olivier ,
Sicil.Ant. l.i,p. 229 , doute fi ce n'eft pas aujourd'hui
Fiume délie Arène. Il trouve quelque rapport entre le
nom Halycus', &C delui de Saleme que cette rivière,
félon lui , porte dans fa partie fupérieure. Il ajoute
que, fur fes bords , étoit le bourg nommé Halyc'm par
les anciens. Mais la rivière de Saleme prend fon nom
d'une ville moderne. Elle a d'ailleurs plufieurs autres
noms, favoir Deha,Billigero & Fiume di Arena.
De i'Isle ne met pas le bourg d'Halycia au bord de
cette rivière, mais fur l'Hypfa qui eft le Bélice. La
caufè de cette diverfité d'opinions n'eft autre que l'en-
vie qu'ont eu les modernes de placer , à quelque prix
que ce fût, des lieux dont les anciens n'ont pas mar-
qué la pofition d'une manière claire & fatisfaifante.
HALYDIENSES, peuple de l'Afie mineure, dans
la Carie. Quelques manuscrits de Pline , /. 5 , 'c. 29 ;
portent Alidienses; tk. le P. Hardouin conjecture
que ce font les habitans dALIND A, ville de Carie.
HALYS , grande rivière de l'Afie mineure. Quinte
Curce, l. 4, c. 1 1, dit, qu'elle terminoit la Lydie. Ha
pris cela d'Hérodote , qui dit , /. 1 , c. 72 , que l'Halys
léparoit l'empire des Médes de celui des Lydiens. Ce
dernier paroît n'en avoir pas bien connu le cours ; car
il le fait venir du midi , d'une montagne d'Arménie,
à travers la Cilicie. Il fépare presque toute l'Afie infé-
rieure, depuis la mer qui eft vis-à-vis de Cypre ,
jusqu'à la mer Noire. Ce n'eft point là le cours de
l'Halys". Arrien qui avoit été fur les lieux par ordre de
l'empereur Hadrien , a très-bien relevé cette faute d'Hé-
rodote ; & il eft étonnant que les modernes s'y foient
encore trompés. Strabon , dont l'autorité' doit être plus
grande , puisqu'étant Cappadocien il a dû mieux con-
noître que perfonne une rivière de fon pays, dit, /. 12,
p. 646 : fes fources dans la grande Cappadoce', près
de la Pontique, aux confins de la Cambyfene. De-là
coulant dans un large lit vers le couchant , il fe recoarbe
par la Galatie & la Paphlagonic, fépare celle-ci des
Leuco - Syriens. Le fcholiafle d'Apollonius , ad l. 2.
v. 366, nomme l'Halys un fleuve de la Paphlagonie. Il
a raifon , parce que l'Halys bornoit cette province :
après avoir coulé dans la Cappadoce , il couloit en-
tr'elle & la Paphlagonie. Hérodote , dit très - bien :
qu'il couloit entre la Paphlagonie & la Cappadoce;
il bornoit auffi la Galatie, comme on a vu dans le
paffage de Strabon. Ce dernier auteur ajoute que le
nom d'Halys eft tiré des falines qui étoient fe long
de. fon cours.' Tournefort , qui a été fur les lieux,
confirme le cours de l'Halys tracé par Strabon , relevé
la faute d'Hérodote, & dit : il a pris fon nom des
terres falées au travers -desquelles il pafte ; en effet,
pourfuit - il , tous ces quartiers font pleins de «Tel fos-
file ; on en trouve même fur les grands chemins 8c
dans les champs labourables ; fa falnre tire fur l'amer-
tume.
HAM
HAM
281
tume. Baudrand met affez mal-à-propo
de l'Halys dans la Galatie. II n'y a peut -
de rivière au monde fur le cours de laquelle les géo
graphes s'accordent fi peu. De l'Isle qui a eu ocafion
de la tracer dans un aflez grand nombre de Cartes ,
n'eft pas uniforme. Dans fon Théâtre de l'hiftoire d'O-
rient, il fuit Strabon : dans les Thèmes de Conftan-
tin Porphyrogénete , il fuit davantage Hérodote. ' Dans
la Carte dreltée fur les Mémoires de Paul Lucas , cette
rivière eft nommée rivière d'Ermac , & vient non feule-
ment du midi, mais du midi oriental. Ereigle, Qjdchemeti rie établie avant l'an 1188, un château bâti
.Bore, Avanos font des lieux que ce voyageur a parcourus le tifié par Louis de Luxenbourg, connu dans
la fource au diocèfe de Noyon, d'où elle n'eft éloignée que de
tre point quatre lieues ; c'eft la première ville que l'on rencon-
tre du Vermandois en quittant l'isle de France : elle
eft fituée fur la Somme, dans une plaine, au milieu
d'un marais fur lequel elle domine , ck qui pourroit
contribuer à la rendre une des plus fortes places de
la province. Il y a châtellenie , vicomte , gouverne-
ment qui a plus de trente villages qui en dépendent,
état major , un bailliage qui eft devenu royal depuis
l'avènement de Henri IV à la couronne, une mai-
v for-
îiftoire
long de cette rivière; de forte qu'Ereigle n'eft pas loin fous le nom du connétable de S.Paul, vers l'an 1470
de fa fource. Après avoir reçu les eaux de la Cheche- il y a une tour ronde, dont les murs ont trente -fix
nur , elle arrofe Ofmangioux , ck Caftamone qui eft pieds d'épaiffeur , ck laquelle en a cent en diamètre 5c
presque à fon embuchure dans la mer Noire. Pierre de hauteur. On compte à Ham trois paroifies toutes
Gille , dans une lettre qui étoit entre les mains d'Or- trois régulières , favoir celle de S. Pierre , celle de
:lius , dit que le nom moderne de l'Halys eft Cafilir- S. Martin , & celle de S. Sulpice. Il y a une abbaye de
"1 eût l'ordre de S. Auguftin. C'étoit avant le douzième liécle
une collégiale de chanoines qui avoient été autrefois
réguliers, mais qui seraient fécularifés. Bauclry , évê-
que de Noyon, y rétablit des chanoines réguliers en
1108 ; ck le pape Paièhal II lerigea la même année
en abbaye. Avant l'an 876 , Ham étoit la capitale d'un
pays appelle le Hamois. Cette ville apparter.oit , en
932, à Hebrard , frère d'Herluin , comte de Mon-
treuil. Hébert II , comte de Vermandois &C de Troyes ,
la prit la même année j-xnais Raoul, roi de France,
la. reprit auffi-tôt fur lui : etie fut encore reprife en
933 , par Heudes, fils d'Hébert. Simon étoit châtelain
de'Ham , l'an 986 ; ck il eft regardé comme le chef
de l'ancienne maifon des feigneurs de Ham. Jean IV ,
le dernier de fes descendans , mourut fans pofterité
avant l'an 1374. Depuis ce temps la feigneurie de Ham
a fucceflîvement pane dans les maifons de Couci , d'En-
guien , de Luxenbourg , de Rohan , de Vendôme , de
Navarre, & a été réunie à la couronne, lorsque Henri IV
devint roi de France. Depuis l'an 164'; , elle eft par
engagement dans la maifon de Mazarin. Les Espagnols
fe rendirent maîtres de Ham , après la bataille de S.Lau-
rent , en 1557; mais elle retourna fous la domination
de la France , deux ans après , par le traité de Cateau-
mar. Baudrand cite Pierre Gilles , comme s'
trouvé cela dans quelqu'un de fes ouvrages , & ne
nomme point Ortélius. Cafilirmar ou plutôt le Cafal-
mac , n'eft point l'Halys , mais I'Iris des anciens.
Voyez CaSalmac, ck Pytozu le nom moderne
de VHalys.
HALYZEA , ville de Grèce , dans l'Acarnanie , fé-
lon Pline , /. 4 , c. 1 . On trouve ce nom écrit Aly^ia ,
& Aly\ea. Strabon, /. 10, dit qu'elle étoit en de-çà
de Leucade, en allant de Patras vers l'Italie, à quinze
ftades de .la mer, c'eft-à-dire, à près de deux mille
pas. Ciceron dans une épitre à Tiron , /. 16, Ep. 2,
dit : le troiiîeme jour après vous avoir quittés , nous
arrivâmes à Alyzia , lieu fitué à cent vingt ftades en-
deçà de Leucade : Ptolomée lui donne la même pofî-
tion ; mais ce nom eft eftropié dans fon livre par un
renverfement de lettres; car il nomme cette ville 'AÇVxh*
Azylia. Etienne le Géographe dit 'Ax^a ville d'A-
carnanie : Sophien dit que le nom moderne eft Na-
TALICO , & félon Baudrand Alcipo.
HALYSONES , ancien peuple de laScythiej félon
Hérodote , /. 4 , c. 17. Après la ville , dit-il , où les
Boryfthenites tiennent leur marché , les premiers font
les Callipides, qui font des Scythes venus de Grèce;
. deftus font les Alyzones (les exemplaires grecs por- Cambrefis : elle fut encore afiîégée d
tent 'AxaÇweç Ala^ones) ces deux nations ont tous
les ufages des Scythes, excepté qu'ils fement du bled &
s'en' nourriffent , & qu'ils mangent de l'oignon, de
l'ail , des lentilles ck du millet : au - deflus des Haly-
zons font les Scythes Aroures , ou laboureurs qui fe-
ment aulfi du bled , non pour le manger , mais pour
le vendre. Strabon, l. 13 , /»> 603 , parle d'une ville
nommée AllazONIUS , bâtie par les Allazones, dans
laMyfie fur la Propontide, fur la rive gauche du fleuve
jEfepus. Pline, /. 5 , c. 31, parlant de la Bithynie
la ligue ,en
: la France.
595. * Piganiol de la Force , De 1er.
t. 3 , p. 18 ck 200, édit. 1712.
L'abbé#de Longuerue raconta autrement la manière
dont cette ville a changé de maîtres : felcn lui , Ham
étant réunie au domaine du roi S.Louis, il la vendit
à un gentilhomme nommé Guillaume de LonguevaL
Après avoir pafté par plufieurs mains, étant vernie à
la maifon d'Orléans, elle fut réunie à la couronne,
fous François l.
5. HAIvt (a) , abbaye de France , en Artois , air
dit "qu'elle a été appellée Cronia , enfuite TheLlie, diocèfe de Saint- Orner, au midi oriental, ck à une lieué
puis Mdiande ck Strymoms. Il ajoute qu'Homère en & dem,Te.,d AireJ,' f\ nor.d ff ldental.i ^ \
a appelle les habitans HaU^ones , parce que ce peuple
eft environné par la mer. Etienne le géographe croit
au contraire que les Halyfons d'Homère ,' ( ad vocent
Xâhvèa ), font les Chalybis , peuple voilîn du Pont-
Euxin, près du Thermodon ; mais dans un autre en-
droit il rapporte le fentiment d'Ephorus , qui croit que
es Halyfons de ce vers d'Homère {ad vpeem iAxiÇàn<;)
habitoient un canton maritime entre la My(îe, la Carie
ck la Lydie.
1. HAM, petite ville d'Allemagne, dans la haute
Saxe , au duché de Saxe - Gotha. Voyez Hayn.
2. HAM , ou Hamm , Hammona , ville d'Alle-
magne , en Weftphalie, au comté de la Marck en-
tre Werne ck Marck fur la Lippe , à trois milles de
Soëft , ck fut la frontière du pays de Munfter ; c'eft- un
partage confidérable fur la Lippe, pour entrer dans
l'évêché de Munfter : le ruiffeau de DuNKER y tombe
dans la Lippe; le pays d'alentour eft très - fertile : elle
eft à l'éleveur de Brandebourg. * Zeyler , Weftph.'
Topogn p. 69.
3. HAM -en- Ardennes , feigneurie des Pays-
bas , au duché de Luxenbourg , fur la rivière de Lè-
che : le feigneur étoit un des quatre pairs du Comté
de la Roche. * Longuerue , Defcr. de la France, i.part.
p. 119.
4. HAM, H.imum , petite ville de France , en Picardie,
euedeLillers, d'où lui vient le furnom de Ham-LÉS-
Liller (b) : elle eft de l'ordre de S. Benoît , ck fut
fondée l'an 1084, par un feigneur de Lillers, qui fit
venir des Bénédictins de l'abbaye de Charoux dans le
Poitou : cette abbaye eft en régie. * (a) De l'IJle ,
Artois. (b) Pig.-iniol de la Force, Defcr. de la France,
'• !'/'• *#■ .
Baudrand dit qu'elle eft à une lieue ck demie de
Ham ; c'eft une faute: il faut dire d'Aire.
6. HAM , ou Hem , ou Cham , pays des Zu«
ZIMS , dont il eft parlé dans la Genèfe, c. 14, v. f»
L'auteur de la Vulgate traduit : Codor Lahoinor vain-
quit les Réphaims d'Aftaroth - Cxrnaïm , ck les Zurimi
avec eux ; mais l'hébreu porte : & les Zunms dans
Hem ou dans U.A.M.. D. Calmet, de qui j emprunte
cette remarque , dit : on ne fait quelle étoit la firuâ-
tion de ce pays de Ham.
1. HAMA , montagne de Gerce , dans la Laco-'
nie , près du bourg de Lah , félon Paufanias , /. 3 ,'
c. 24-.
2. HAMÀ , ville d'Ane , dans la Syrie : c'eft la
même qu'APAMÉE 1.
HAMADAN. Voyez Amadan.
HAMiE , ancienne ville ou bourg d'Italie , dzris la
Campanie , à trois milles de Cumes , félon Tite-Live ,
/, 23 , c. 35-. Les habitans de la Campanie y avaient an
Tome UI. Nn
282 HAM HAM
facrifice réelé aui fe faifpit la nuit , & cette fête duroit Cilicie. Strabon, l. 14, p. 66c, , dît: après Coractfium
trois iours° fuit la vil!e de SJdm ■> mÇmte Hamaxia, bourgade»
HAMAH ville de Syrie , à laquelle le géographe K*to«u« , fur une colline , avec un port où l'on trans-
Abuîfeda donne 6id. & 55' de longitude , & 34d.45' porte du bois à bâtir des vaifleaux ; c'eft presque une.
de latiK le. Cette ville , félon quelques hftoriens , eft espèce de cèdre que ces lieux ont en abondance. C eft
la même dont il eft parlé dans le XXIe chapitre de Jofué la même que I'Amaxie d'Etienne le géographe,
fous le nom de Hamot. Elle échut à Mohammet ,fils HAMAXICI, peuple de la Scythe , entre le Tanais,
d'Omar dans le partage que les enfans de Saladin firent le Boryfthene , ex les Palus Méotides , félon Strabon ,
des états de leur père , <k fut renverfée par un horrible /. 2 ,p. 116.
tremblement de terre qui fit périr ja plupart des habi
tans , l'an 11 57 ; enforte qu'un maître d'école en étant
forti avant que ce tremblement arrivât , trouva à fon
retour tous fes écoliers écralés fous les ruines de fa maifon
fans que perfonne vînt s'informer de ce qu'ils étoient
devenus. On l'a rétablie depuis , & les Mogols ou Tartares
ne la détruilirent point comme ils firent plufieurs autres
villes de la Syrie. Voyez Hama&c Apamée. i. * DHer-
belot , Bibl. orient.
HAMAIGE , ou HAMAY , Hamaticum , abbaye tus , & Colonie ; on voit que
des Pays-bas , dans le Hainaut , fur les limites de Flan-
dres , à cinq cents pas du double monaftere de Marchien-
nes , bâti par S. Amand &c par fainte Riclrude , de
l'autre côté de la rivière de Scarpe , fur les confins de
l'Oftrevant ou Flandre Vallone Se du Hainaut : il y avoit
un autre monaftere de filles, appelle Hamay, ou Hamaige ,
bâti en l'honneur de S. Pierre , par Gertrude première
abbeffe du lieu , grand-mere du bienheureux Adalbaud^,
: fainte Riclrude. Ces deux monafteres furent brû-
HÀMAX1TUS, ou Amaxitus ; Ortelius dit: Ha-
MAXITIS , 'A^ccçiTîf , ville maritime aux environs de
l'jEolie, & cite Xenophon , /. 3 de l'Hiftoire des Grecs ,
& Thucydide , /. 8. Il ne s'agit , dans ces deux auteurs,
cités, que de Hamaxitos, 'Aj/afmç. Thucydide, /. 8.
p. 616. dit qu'en allant de Lesbos à Rhœteum on trou-
ve Leclum , LariJJe , ck. Hamaxitus. Xenophon , /. 8 ,
p. 481 , dit de Manie , femme de Zenis , qu'elle rédui-
fit quelques villes maritimes, ("avoir Larijfe, Hamaxi-
& l'autre parlent d'une
même ville d'Hamaxitus. Elle 11 'étoit pas de l'jEolie,
mais de la Troade. Pline , /. 5 , c. 30 , dit qu'elle
en étoit la première ville , en venant du promontoire
Leclum qui féparoit, félon lui , la Troade &C l'jEolie.
De-là vient que Strabon, l. 13, p. 604, dit: Hamaxite
eft immédiatement au- défions de Leclum. Le petit pays
d'autour de cette ville étoit nommé Hamaxitia par
le même géographe, /. 10, p. 473. 11 y avoit auprès
d'Hamaxitus la (àline de Tragefaïon , où, pendant un
lés par les Normands au IXe fiéc'.e. On tâcha de les certain tems de l'année, le fel fe formoit de liii-mê
rebâtir fous le ré?ne de Charles le Simple. Hamaige n'eft Athénée parle de cette faline : les habitans de la Troade
i„ ." , • • m j_..„ .1- a*ï_ ■ ..t i- /■ ■ j_ .
plus aujourd'hui qu'un prieuré dépendant de Mâr
chiennes. * Bailla , Topogr. des faims , p. 221. Sainte
Yfoie , ou Eufebie , étoit abbeffe de ce monaftere
l'an 649.
HAMAMET , ville d'Afrique , en Barbarie , fur un
s?olfe auquel 'elle donne fon nom. Les rois de Tunis
pouvoient fe fervir de cet fel librement. Lyfimachus
y ayant mis un impôt, le fel ne s'y trouva plus, ce
qui , ayant étonné ce prince , l'obligea à le lever , Se
le fel fe retrouva comme auparavant. Hamaxitus fut le
premier établifïement des Teucri, peuple amené de Créfe
par Callinus poète élegiaque. L'oracle leur avoit corn-
levant , fur le golfe de Cartilage jusqu'au cap c
ou de Pucro. Il y a là une forterefle d'où la mer fait un Athen. Deipn^ Animad. 3 .
l'ont bâtie (ditMarmol, 1.6, c. 22 , il y a environ deux mandé de s'arrêter à l'endroit où les habitans les atta-
cents ans.) Quelques-uns difent par corruption Mahama queroient ; ce qui leur arriva à Hamaxitus. Ils n'y
pour Hamamet. Elle eft à dix-fept lieues de Tunis par furent pas plutôt débarqués , qu'une multitude de rats
terre, du côté du levant; mais par mer A y en a plus de vint leur ronger , durant la nuit, tout ce qui étoit de cuir
foixante à compter de la Goulette ; car delà jusqu'au cap dans leur bagage & dans leurs armes ; ce qu'ils prirent-
d'Apollon , aujourd'hui Açafran , la mer forme un cercle pour l'acomplifTement de l'oracle. Ils s'établirent donc
forme de croiflant , &C s'étend enfuite fort loin vers le en cet endroit , & nommèrent la montagne voifine Ida
de Mercure du nom_ d'une montagne de Crète. * Cafaubon , in
, .9.
grand golfe , fur lequel cette ville eft affile ; ce qui fait HAMAXOBII, ancien peuple de la Sarmatie , auprès
qu'elle eft fi éloignée de Tunis par mer , Se fi proche par des Palus Méotides. Pomponius Mêla , /. 2, c. 1 , dit que
terre. Ses habitans font de pauvres gens , pêcheurs , blan- les Agathyrfes & Sauromates étoient nommés Hama-
chifleurs, ou charbonniers, quiontbiendelapeineàvivre xobii , parce qu'au lieu de maifons ils logeoient dans
à caufe des impôts dont on les charge. Le P. Hardouin des hutes portées fur des roues. Agathyrji & Sauro-
dit de l'ancienne Adrumete, que c'eft aujourd'hui Maho- inata. Qjiia. pro Jïiibus plaujlra habent dicli Hama-
META. Ce mot , comme on vient de voir , eft corrompu xobii. Ainfi ce nom n'eft pas celui d'un pays, ou
de Hamamet. Baudrand écrit Hamamethe , fk ajoute d'un peuple ,à proprement parler, mais un adjectif qui
ou MAHOMETA & donne pour noms latins, Hamame- défigne une manière de fe loger.
tha, Adrumaum &c Hadrumetum. Il prétend que c'eft HAMBIE , ou Ambie, Ambia,_ bourg de France,
une ancienne ville épiscopale , fufFragante de Carthage,
Cela eft vrai d'Adruméte ; mais cela eft faux d'Hama-
meth , ville nouvelle , bâtie tk pofledée par un peu-
ple Mahométan , long-tems après la ruine entière de
Carthage.
HAMARAC. VoyezHAMEM.
HAMARAN, grande plaine d'Afrique , au royaume
de Fez , dans la province de Cutz , entre les montagnes
ou grand Atlas. Il y a là , dit Marmol , de vaftes plai-
nes environnées de plufieurs bois de chênes , de hêtres
en Normandie', au diocèfe de Coutances , à trois
lieues de la ville de ce nom. Il y a une abbaye de Bé
nédiftins , fondée par Guillaume Paisnel en 1015 ,
comme il fe voit par la charte de cette fondation. Le
château de Hambie ou Hambuis étoit l'ancien patri-
moine des Paisnels , l'une des plus confidérables fa-
milles de la province. La maifon ^de Longueville , hé-
ritière de celle d'Eftouteville qui l'eut de Jeanne Pais-
nel par mariage , en a été depuis en pofleffion. Ce
château a -beaucoup de marques d'antiquité , de grande»
ck d'autres arbres ,&: remplies de quantité d'herbes pour fales avec de grandes cheminées. Il eft bâti fur I,
les troupeaux ; mais il faut fe donner de garde des lions ,
& reflerrer le bétail la nuit dans de grands parcs fer-
més d'épines. Quelques - uns nomment ces lieux les
Plaines d'Onzar , les autres de Iufet , ou de
Mocin ; mais le nom le plus commun eft celui de Ha-
maran & d'Azgar. * Marmol , /. 4 , c. 1 24
1. HAMAT, Amath , ou Emath. Voyez Epi-
phanie.
2. HAMAT, Amatis, ou Hemath. Voyez Apa-
MÉe.
3. HAMAT. Voyez Amathus 4.
4. HAMAT. Voyez Emese.
HAMATHÉENS. Voyez Amathéens.
HAMATICUM, Voyez Hamaige.
HAMAXIA , bourgade maritime d'Afie , dans la
hauteur d'un rocher, Se il y a un puits très-profond taillé
dans le roc. .* Corn. Dic~t. And. Duchêne, Ant. des
villes & chat, de France.
HAMBOURG, grande ville libre &: impériale d'Al-
lemagne , dans la bafle Saxe fur le bord feptentrional de
l'Elbe , dans le duché de Holftein , dont elle eft indé-
pendante , &C comptife dans la Stormarie vers le 5 3 e d.
40' de latitude, & le 27 ed. 30' de longitude. Elle doit
fon origine à Charlemagne qui , pour arrêter les cour-
tes des Slaves ou Esclavons feptentrionaux , fit conftruira
par lès lieutenans deux forts fur l'Elbe l'an 808. Celui
qui commandoit le fort, qui avec le tems eft devenu la
ville de Hambourg, s'appelloit Odon; &C 'a garnifon que
l'on y mit, étoit une compagnie de Saxons orientaux. Al-
bert de Staade dit que l'ancien nom de ce château étoit
HAM
HAM
283
HoCHEÛCHl , ou Hochburi. Lambécius obferve peine. L'an 849 , Léon IV, fucceffeur de Grégoire , en-
aue ce château avoit deux noms , un Saxon & un Van- voya à S. Anschaire une bulle par laquelle il lui accor-
fkliqile ; que ce dernier eft fort diverfement écrit dans doit , comme fon prédéceffeur , la jurisdiction fpirituelle
les anciens monumens. L'on y trouve Huobbuocki , l'ur toutes les nations fepcentrionales qu'il pourrait con-^
HoBBOUCH , HoCHBUCH , HocHBURl, BOCH- vertir à"la foi ; on y nomme les peuples Wimodii, Nor-
BURI , BUCHBURI , BuCHBORG &c BucH30RCH ; il âalbingi , Dani, Norweni , Sueni , &c. c'eft-à-dire les
fait voir que les villes de ces cantons avoient auffi deux peuples qui habitoient un canton dn pays de Brème vers
noms, & rapporte ceux de Slefwic , d'Aldenbourg &£ l'Elbe, le Holftein , le Danemarck, la Norvège &C la
de quelques autres. On dérive la fyllabe de Buch du mot Suéde. L'an 857, le pape Nicolas I unit l'évêché de
Bog ou Buh , qui fignifie Dieu , le premier en Polonois , Brème à celui de Hambourg , en faveur de S. Anschaire ;
le lècond en Bohémien. Cela s'accorde avec ce que dit de forte que la dignité de métropole demeura attachés
l'auteur de la préface de l'ancien droit civil de Hambourg, à l'archevêché de Hambourg; cela fe fit du confente-
que cette ville étoit nommée ville, de Dieu , en langue ment de Gunthier, archevêque de Cologne , duquel le
Vandalique. De-là cet auteur imagine qu'on y avoit adoré fiége de Brème relevoit comme fuffragant. Il n'eft point
Jupiter Ammon ; mais cette divinité peut-elle avoir été vrai , comme le dit Corneille , que le fiége de Ham-
adorée dans une ville fondée par un prince Chrétien ? bourg ait été transfeté à Brème. L'acte du pape Nico-
D'ailleurs Jupiter Ammon n'a jamais été connu dans le las I eft du premier Juin. Peu de tems après , les Nor-
nord. Ce que difentJoachim Vaget,/>. 258, Matthieu Dref- v/égiens ayant discontinué leurs pirateries , on commença
fer, deUrb. German. p. 304, & quelques autres, qu'Ham- à rebâtir Hambourg (/). Pendant qu'on y travailloit ,
bourg a été autrefois appellée Augufla Gambriviorum , S. Anschaire paffa en Danemarck , où il fit de grandes
ou Gambrivia , eft fans aucun fondement. Tacite qui converfions, entr'autres celles du roi Eric, ennemi dé-
parle des Gambriviens, ne dit point qu'ils euffent une claré du nom Chrétien; il paffa de-là en Suéde ; & après
ville nommée Augufla. 11 nomme feulement ce peuple
fans dire où il étoit ; & Althamer a été auffi autorité
à dire que c 'étoit l'origine de Cambrai , qu'il dérive de
Gambrcw. Ce font de pures badineries. Cluvier , Ger-
man. ant. 1. 3 , c. 17, p. 605 , s'eft également trompé,
des travaux qui l'ont fait nommer V apôtre du nord , il
revint mourir à Brème l'an 86^. Il étoit François, moine
Bénédictin deCorbie , d'où il avoit été tiré avec la co-
lonie qui fut envoyée à la nouvelle Corbie ou Corwey.
Il eut pour fucceffeur S. Rembert, Bénédictin , le coo-
quand il a dit que HAMBOURG eft préfentement la pérateur de fes travaux apoftoliques, qui a écrit la vie de
Marionis , Maeiai'ij de Ptolomée. Il a tort de chicaner ce faint prélat. Je ne fuivrai point la lifte des archevê-
à cette occafion Ptolomée , de ce que fa latitude & fa ques qu'à eus Hambourg; je remarquerai feulement que
longitude ne s'accordent point avec cette conjecture, l'églife s'étant étendue vers le nord , les archevêques de
Marionis n'eft pas plus Hambourg que Lunebourg où Cologne qui prétendoient n'avoir pas cédé entièrement
Gérard Mercator l'a placée. Voyez Marionis. leur droit fur l'églife de Brème , mais avoir feulement
Le château qu'Odon avoit bâti , étoit , à ce que jugé confenti à l'union pour fortifier l'églife de Hambourg
Lambécius , au midi de la cathédrale , & au même lieu
où, 'vers l'an 1036, l'archevêque Bezelin éleva un palais
flanqué de tours & de battions. L'^n 810 (a) , les Wil-
fes , peuple d'entre les Slaves , prirent ce fort & le ra-
ferent : l'année fuivante Charlemagne le releva Q>) , &
pour un tems , jugèrent quelle pouvoit fe paffer
fecours, & demandèrent à rentrer dans leurs droits. Adal-
gaire, alors archevêque de Hambourg, perdit fa caufe
au concile tenu à Tribut, maifon royale au-delà du
Rhin , entre Oppenheim & Mayence , l'an 895. Il
fit bâtir une églife en l'honneur de Jefus-Chrift & de y fut décidé que le fiége de Brème relevoit de Colo
a fainte Vierge. Bertius , Rer. German. I. 3 , dit que
l'églife fut d'abord dédiée à S. Pierre. Pontanus , Dan.
Chorogr. defer. p. 666 , le dit àuffi : c'eft une erreur dé-
mentie par tous les anciens monumens. Ce dernier dit
qu'Amalarius Fortunat , fut premier évêque de Ham-
bourg , & qu'Heridag fut le fécond ; c'eft une double
erreur. Louis le Débonnaire , fils & fucceffeur de Char-
lemagne , déclare le contraire dans le diplôme de la
fondation de l'évêché de Hambourg. Voici fes termes :
gne ; ce qui' fut confirmé par un acte du pape Formofe;
mais en 911 , le pape Sergius III rendit à Hambourg
fes droits fur Brème. Vers l'an 915 , les Danois fk les
Slaves pillèrent Hambourg pour latroifieme fois. La ville
fe releva encore de fes ruines , & les Ottons lui accor-
dèrent de beaux privilèges. Otton , le Grand, en 948,
fit fon expédition du Danemarck , & établit dans le
Jutland trois évêchés ; favoir, Slefwig, Rypen & Ar-
hits , qui furent fournis comme fuffragans au fiéje de
» Notre père, de glorieufe mémoire, Charles, &c. ayant Hambourg. Baronius rk Calvifius fe trompent loriqu'ils
» deffein de faire ériger ici, (à Hambourg,) un fiége mettent ces faits un an plus tard. Otton le Grand, étant
» épifcopal au-delà de l'Elbe, pour prévenir qu'aucun allé en Italie, pour remédier aux fcandales qui affligeoient
«évêque voifin ne s'attribuât ce diocefe , fit venir des l'églife, y mena avec lui Adalgag, feptieme archevêque
i> Gaules un évêque nommé Amalarius , pour confacrer de Hambourg. On y dépofa Benoît V que les Romains
s> la première églife.» Cet évêque s'en retourna àTreves, avoient élu pape en la place de Jean XII qui avoit dé-
après la confécration. Heridag demeura en qualité de po(é Léon VIII. Otton fit rétablir ce dernier ; & Benoît
prêtre, pour deffervir cette églife. Le diplôme déjà cité, ayant été traité en ufurpateur , fut confié à Adalgag
porte que Charlemagne avoit voulu faire facrer le prê- qui l'amena à Hambourg en exil. Il étoit favant & ver-
tre Heridag archevêque de Hambourg ; mais que ce tueux, digne du pontificat , s'il y fût parvenu , félon les
projet n'ayant pas été exécuté, lui empereur Louis avoit ' canons ; Léon VIII , étant mort au mois d'Avril 96s;,
établi S. Anschaire premier évêque & archevêque de on demandoit Benoît pour l'élever canoniquement fur la
l'églife de Hambourg. Le prêtre Heridag vécut à peine chaire de S. Pierre ; mais il mourut à Hambourg le trois
deux ans après fon inftallation , & mourut au plus tard,
l'an 813. JLa confécration de S. Anschaire fe fit l'an 8 3 1 .
Les deux années fuivantes , Louis fut trop occupé par
la révolte de fes enfans ; mais ayant recouvré fa liberté
& l'empire, il confirma l'érection de l'archevêché par un
diplôme du 15 Mai 834 : l'acte eft daté d'Aix-la-Cha-
de Juillet (uivant , feion l'épitaphe que l'on voit aujour-
d'hui fur fon tombeau, dans la cathédrale de Hambourg,
ou le 5 , félon Adam de Brème. Son corps repofa dans
cette églife jusqu'à l'an 999 , qu'Otton III le fit repor-
ter a Rome : fon tombeau fe voit encore dans le chceur„
* (f) Eghinard, ad ann. 810. Albert. Stad. Chronic. eodi
pelle ; ik quelques-uns l'ont confondu avec l'acte de ann. (b) Lambécius , B.er. Hamb. p. 333. (c) He'nold,
fondation, qui eft antérieur de trois ans. La même an- Chron. /. 1 , c. "j.
née S: Anschaire, accompagné de deux évêques & d'un La ville fe rétabliffoit de plus en plus . & Unwan IX ,
comte que l'empereur lui avoit adjoints par honneur, archevêque, y établit un chapitre de douze chanoines 7
alla à Pvome demander la confirmation de fon fiége, ait qui fubfifte encore , quoique la religion Luthérienne y ait
pape Grégoire IV, qui lui donna le pallium &c letitrede admis des gens mariés. Quelques années auparavant^
•légat dans tous les pays du nord. 11 s'étoit infenfiblement c'eft-à-dire Fan 1012 , Miftiwoy & Mizzudrag , pririfcès
formé une yille auprès du fort ; elle ne devoit pas 'être1 Vandales , qui avoient embraffé la religi >n Chrétienne,
fort considérable en 845 , lorsqu'elle fut faccagée par les fe voyant traités durement par le comte Bernard , qui
pirates Normands. Ils prirent le tems que le comte Ber- commandoit pour l'empereur en ces quartiers , prirent
nard , gouverneur de la ville, étoit abfent ; & remontant les armes , abjurèrent le Chriftianifme , & profiterez de
l'Elbe , à là faveur de la nuit , ils furprirent les habitans, l'embarras où Bernard s'étoit mis lui-même , en fe re-
mirent tout à feu & àfang. S, Anschaire échappa à voltant, centre l'empereur Henri It. Ils rirent par-tout;
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d'affreux ravages , fur-tout à Hambourg , qui étoit la mé-
tropole du Chriftianisme. Ils raferent i'églife de Notre-
Dame, tuèrent uns partie deshabitans, & en emmenè-
rent d'autres en esclavage. La communauté des Bénédic-
tins , que S. Anschaire avoit tirés de Corbie 6c établis
à Hambourg auprès de cette églile qu'ils delïervoient ,
pa-fla alors en-deçà de l'Elbe & s'établit à Ramefloë. Ils
avoient formé une école & tenoient lieu de chapitre à
la cathédrale ; ce fut pour les remplacer que l'archevê-
que Unvan y mit douze chanoines.
Après le quatrième foc de Hambourg , I'églife de No-
tre-Dame n'avoit été rebâtie que de bois. Bezelin ,
douzième archevêque , commença à la bâtir de pierres
de taille ; fck tout auprès au midi , du côté de l'Elbe ,
il éleva un palais muni de tours ck de baftions , ck forti-
fié commeune citadelle. Bernard, duc de Saxe, craignant
que l'archevêque ne s'en fervît pour fe rendre le plus tort
dans la ville , fit bâtir au nord de la même églife une
autre fortereiïe , dont il eft refté de notre tems quelques
vertiges. C'eft préfentement où font les écuries dufénat.
Ces deux citadelles furent commencées vers l'an 1037.
La dernière étoit fur l'Alfter , petite rivière qui fépare
aujourd'hui l'ancienne ville de la neuve. Mais l'an 1066,
les Obotrites , nation d'entre les Slaves , ayant martyrilé
Gotscalc , leur prince , fe replongèrent dans le Paga-
nisme , ravagèrent toute la Saxe d'au-delà de l'Elbe ',
prirent Hambourg ck râlèrent de fond en comble le fort
que le duc Bernard avoit élevé. Ce fut le cinquième
défaftre que cette ville fournit', à caufe de la religion
Chrétienne. Le fixiéme ck le lèptiéme arrivèrent en 1 072..
Les Payens prirent cette ville , la pillèrent, la brûlèrent
& la détruifirent presqu'entiérement.
Depuis l'an 961, les empereurs avoient confié le foin
de cette frontière à des gouverneurs qui défendoient la
Saxe contre les courfes des Barbares. Otton , le Grand,
partant pour Rome, avoit commis ce foin àHermanBil-
ling, qui, étant mort en 973 , eut pour fuccelfeur le duc
Bennon, fon fils; celui-ci mourut l'an 1010, ck fon fils
Bernard lui fuccéda au duché de Saxe , qui en jouit jus-
qu'à fa mort, qui arriva l'an 1061. Ordolphe, fon fils,
eut pour fuccelTeur fon fils Magnus , qui mourut fans
poftérité.
Le feptiéme faccagement de Hambourg étant arrivé
en 1072, comme j'ai dit , les Barbares qui l'avoient dé-
truit, s'emparèrent de tout le nord de l'Elbe, & ce pays
relia quelque tems fous leur joug. Plus de fix cent fa-
milles abandonnèrent le Holftein , ck fe réfugièrent dans
la forêt du Hartz. Enfin l'an 1100, Henri, fils de Gots-
calc, prince des Obotrites , qui, après le martyre de fon
père, s'étoit réfugié chez les Saxons , s'accommoda avec
Crucon, qui avoit ufurpé fes états ; ck ayant mis dans
fes intérêts la femme de ce tyran, en promettant de l'é-
poufer , il vint à bout de le tuer & de reprendre fon
pays. Il délivra auftï-tôt le nord de l'Elbe , c'eft- à-dire
le Holftein , qu'il rendit à Magnus , duc de Saxe. Ce duc
y mit pour le gouverner un gentilhomme, nommé Got-
frid , à titre de comte du pays. Hambourg , où ce comte
demeuroit, commençoit à fe relever de fes ruines, quand,
en 1106, un gros de Slaves s'étant jette fur leStormar,
fe faifit d'une multitude d'hommes Se de beftiaux qu'il
furprit près de Hambourg. Gotfrid accompagné de quel-
ques bourgeois armés précipitamment, courut après le bu-
tin; ck pourfuivant l'ennemi avec trop peu de précaution,
il tomba dans une embuscade ; il y fut taillé en pièces.
Le duc Magnus venoit de mourir , ck fon duché fut
donné par l'empereur Henri V à Lothaire , comte de
Supplenbotirg , qui, après la mort de Gotfrid, donna le
comté de Holftein , de Wagrie ck de Stormar à Adol-
phe, comte de Schawenbourg. C'eft ainfi que Hambourg,
capitale du Stormar, vint fous la domination des comtes
de Schawnbourg ; de manière pourtant qu'elle étoif
foumife à l'empereur , comme faifant partie du fief du
duché de Saxe. Ce Lothaire dont on vient de parler,
eft le même que Lothaire le Saxon , qui fut empereur
après la mort de Henri V.
Le comte Adolphe s'appliqua à rétablir la ville de
Hambourg, à en rebâtir la cathédrale; ck fa femme re-
leva nre forte citadelle fur les ruines de celle du duc
Bernard. Adolphe mourut en tuS. Adolphe II, fon
fils , fe mêla de la querelle de Henri de Bavière, ck d'Al-
bert l'Ours, de Brandebourg, qui fe difputoient le duché
de Saxe ; le parti du premier qu'il avoit fuivi , étant d'à*
bord le plus foible , il fut dépouillé de fes états , qui
furent donnés à Henri, comte de Badevid, qui ne comp-
tant pas les garder, lui démolit plulieurs fortereffes ,
entr'autres celles de Segeberg ck de Hambourg. Il fut
rétabli , ck fit bâtir Lubec en 11 40; il fut tué en il 64,
dans la guerre de Poméranie. Adolphe III fon fils, étoit
encore trop jeune pour gouverner , on lui donna un tu-
teur ; & lorsqu'il tut grand , il mit tous les foins à em-
bellir Hambourg , à l'exemple de fon père & de l'on
aïeul. L'an 1 181, la mélintelligence s'étant mile entre
Henri & lui , Henri le dépouilla de fes états ; mais celui-
ci ayant été attaqué , mis en fuite par l'empereur Frédé-
ric Barberouffe en 1 182 , l'empereur prit Lubec, qui de-
puis ce tems-là eft demeurée ville libre 6k impériale, ÔC
rendit au comte Adolphe le Holftein , la Wagrie ck le
Stormar. Il en jouit jusqu'à l'an 11 89, qu'il fuivit Fré-
déric Barberouffe à la Terre- fainte. La ville de Ham-
bourg lui ayant fait de riches préfens pour fon voyage ,
par reconnoiffance il engagea l'empereur à l'exempter
de tous impôts pour les guerres que les comtes de Scha-
■wenbourg entreprendroient , de douane fur l'Elbe jus-
qu'à la mer, & dans toute la dépendance des comtes;
à défendre à toute perfonne en général , d'élever ni châ-
teau fortifié ni citadelle, à deux milles d'Allemagne de
la ville ; il ajouta à cela le droit de pêcher dans l'Elbe,
deux milles au-defius ck au-deflbus de la ville , ck un
mi1 le dans la petite rivière de Billa , qui fe perd dans
l'Elbe , auprès de la ville , ckc. Après leur départ,
Henri le Lion, qui étoit en Angleterre , revint en Alle-
magne, reprit Lubéc & Hambourg, rafaBardevic, qui lui
avoit fait une longue réfiftance , ck en vendit les démoli-
tions aux Hambourgeois, qui les employèrent à bâtir un
port fur l'Elbe. Adolphe revint de la Croifade, pour dé-
fendre fon pays. On le reçut à Hambourg , d'où il châtia
la garnifon étrangère, 6k cette ville lui aida à reconqué-
rir le refte de fon pays. Mais les grands impôts qu'il mit
fur fon peuple , ci les guerres qu'il eut contre \Valde-
mar, duc de Sleswig , frère de Canut, roi de Dane-
marck, Ôk ensuite fuccefteur de ce monarque, réduifîrent
le comte Adolphe à la fîmple qualité de comte de S'cha-
wenbourg. Ce fut lui qui fit bâtir la chapelle de S. Nico-
las , dans le quartier qu'on appelloit alors la ville neuve.
Cette chapelle eft devenue ensuite une grande églife.
L'abdication d'Adolphe III arriva en 1203.
Les chapitres de Hambourg ck de Brème fe disputè-
rent long-tems la prééminence. Enfin la querelle finit
en faveur de celui de Brème. Hambourg céda à cette
églife fon droit de métropole.
Les Danois poffédoient tranquillement le Stormar 8c
la ville de Hambourg qui portoient impatiemment le joug
de l'étranger. Il fe fit quelques démarches auprès d'Adol-
phe III , qui , content de fon exil , refufa de tenter fortune
de nouveau. L'empereur Otton IV, étant venu en 121 5 ,
avec des troupes devant la ville , les bourgeois le reçu-
rent à btas ouverts , êk fe lièrent par ferment à l'empire ,
dont ils avoient , dilbient-ils , été arrachés par la force.
C'eft pour cela qu'ils fe difent préfentement immédiate-
ment fujets de l'empire. Mais l'empereur ne fut pas plu-
tôt parti , que Valdemar , roi de Danemarck , afuegea la
ville , qui réfifta d'abord courageufement , & fe rendit
enfin à compofition. Il tint mal la capitulation , fatisfit
fa vengeance avec bien de la cruauté , ck vendit la viile
à perpétuité à Albert, comte d'Orlarminde, pour fept cents
marcs d'argent. Mais Valdemar ayant été fait priibnnier
par Henri , comte de Swerin , Adolphe IV , fils d'Adol-
phe III , comte de SchaWenbourg travailla à regagner
l'héritage de fes pères. Albert avoit commencé par fo
faire chérir de fes nouveaux fujets , en les gouvernant
avec bonté ck en les faifant jouir de tous les privilèges
que les empereurs , les ducs de Saxe ck les comtes de
SchaWenbourg, fes prédeceueurs , leur avoient accordés.
Quand il vit qu'Adolphe étoit foutenu par Gérard, archer
vêque de Brème, & par Henri , comte de Swerin , il fon-
gea à tirer le meilleur parti d'un bien qu'il ne pouvoit pas'
garder ; il vendit à la ville de Hambourg pour quinze
cents marcs d'argent tous les droits qu'il avoit fur elle , en
vertu de la vente que lui en avoit faite le roi de Dane-
marck , ck ayant reçu cette fommeil la déclara ville libre
ck indépendante. Il marcha enluite contre Adolphe , qui
le fit prifonnier , & fe relîaifit du Holftein , de la
HAM
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Wagrîe & du Stormar. Il rentra auffi dans Hambourg ',
à qui il confirma tous les privilèges accordés par fes pré-
deceffeurs ; il commença par nettoyer les environs de
Hambourg des forts que le roi de Danemarck y avoit
construits pour brider la bourgeoifie , entr'autres , le fort
de Schifhcck dont on voit encore les veftiges. La pos-
térité de ce comte jouit de la ville & du pays jusqu'à
Adolphe VIII , dernier comte de Holftein , de la maifon
de Schavenbourg , mort l'an 1 4T9-
Adolphe VIII avoit une fœur Hedvige mariée à Théo-
doric-Fortunat , comte d'Oldenbourg ; & de ce mariage
étoient nés trois fils , dont l'aîné Chriftian devint roi de
Danemarck en 1448 , de Norvège en 1450 , & de
Suéde en 1458. Il y avoit encore en Veftphalie un Otton
de SchaY/enbourg à qui la fucceffion d'Adolphe appartenoit
de droit , mais le roi de Danemarck acheta fon droit
& fe rendit à Hambourg qui lui promit l'obéifTance : il
exigeoit le ferment ; mais on lui remontra que les com-
tes à qui il fuccédoit ne l'avoient pas exigé , &c l'ancien
ufage l'emporta. Zeyler , Infor. Saxon Tspogr. p. 127 ,
dit qu'on ne lui promit obéiiïance qu'autant qu'il laiffe-
roit jouir la ville de tous les privilèges antérieurement
accordés , & qu'il en maintiendroit le commerce par
terre & par mer. Ses fucceffeurs exigèrent comme lui
l'hommage qu'on leur refufa , & la ville ne les reconnut
que fauf le droit de l'empereur & de l'empire , &c les liber-
tés obtenues du trône impérial. Du vivant du roi Chris-
tian III , le fiscal impérial revendiqua la ville de Ham-
bourg , comme ville impériale : le procès fut porté à la
chambre de l'empire. Cela n'empêcha point que la ville
ne reconnût Chriftian IV , mais fans ferment , l'an 1 603 ,
& enfuite le duc Jean-Adolphe de Sleswig & de Holftein ;
& cette démarche fut excufée par l'empereur Rodol-
phe II , & par l'empire , quoique dès l'an 15 10 ; à la
diète d'Augsbourg, Maximilien I eût déclaré que Ham-
bourg étoit une ville libre & impériale , & que la mai-
fon de Holftein eût été renvoyée à la chambre de Spire ,
pour y débattre fes prétentions , félon le droit. La récep-
tion des ducs de Holftein , que cette maifon expliquoit
comme une preftation de foi & hommage , n'eft autre
chofe qu'une liaifon de protection , & la ville fe gouverne
indépendamment d'eux. * Hubner, Polit, Hift. t. 6 ,p. 3 56
I. Les magiftrats de Hambourg ont le libre gouver-
nement dans les affaires fpirituelles Se temporelles. 1. Ils
établiffent les bourg-meftres & les confeillers par une
libre éleftion , fans qu'il faille demander le confentement
ni la confirmation de la maifon de Holftein. 3. Ils con-
fèrent les poftes de prédicateur. Ils font des ftatuts &
des réglemens pour ce qui regarde la police, j. Ils exer-
cent publiquement toute jurisdicYion fouveraîne , tant
pour le civil que pour le criminel , jugent & font exé-
cuter leurs fentences , au-dedans &c au-dehors de la ville ,
fans appel , révifion , réduction ou réformation de la
cour de Holftein , &C ne reconnoiffent pour cet article
aucun fupérieur que fa majefté impériale &£ le confeil
aulique &c la chambre impériale. 6. Ils reçoivent &
excluent des bourgeois comme il leur plaît. 7. Ils dispo ■
font des emplois &c y attachent des privilèges. 8. Ils
règlent 5c impofent les contributions 6Ï les taxes. 9. Ils
lèvent des troupes & des milices dans leur diftricl. 10. Ils
font des traités Se des alliances avec qui bon leur, fem-
ble, fans confulter la cour de Holftein. il. Ils ne reçoi-
vent point fes troupes en tems de guerre. 12. Ils forti-
fient leur ville , ont leur propre artillerie , & leurs
marins ; choififfent leurs commandans , & générale-
ment tous leurs militaires. 13. Ils ont le droit de faut-
conduit 6; de fifc , & ne rendent à la maifon de Hol-
ftein aucun devoir qui foit une reconnoiffance de fou-
■veraineté.
Limneus /. 7 , c. 13 , fe trompe , quand il dit que
Hambourg eft une ville Vandalique & voifine du Stor-
mar. Lambecius fe moque d'un jurisconfulte qui dit
que les hiftoriens &: les géographes ne s'accordent point
fur la queftion , fi Hambourg eft dans le Stormar ou
dans la Saxe. Cette queftion feroit ridicule : Ham-
bo'.irr; eft dans le Stormar , province de la baffe Saxe.
C'eft en vertu de cette qualité de métropole du Stor-
mar que le duc de Holftein , à qui le Stormar appar-
tienf, excepté Hambourg & fon territoire, forme des
prétentions fur cette ville.
Les droits que les archevêques de Brème avoient côn»
forvés fur le liège de Hambourg , ont été cédés à la
Suéde par le traité d'Osnabrug , comme une annexe de
l'archevêché de Brème lèculariïe , & ont paffé à la mai*
fon de Brunswig -Hanno ver , qui jouit de ces droits.
Les rois de Danemarck ont fait tous leurs efforts pour
s'emparer de cette ville ; mais la proteftion des puiffances
voifines la. garantit de l'esclavage. Safituation fur l'Elbe
qui y fait remonter de grands vaiffeaux, lui eft très-avan-
tageufe pour le commerce. Auffi eft -elle très -riche,
&C l'une des plus belles villes du nord. Elle a terni
un rang confidérable entre les villes Hanséatiques. On
l'a fort aggrandie : l'Alfter la bornoit autrefois ; mais
on a bâti une ville neuve , de l'autre côté de cette
rivière. Il y a à Hambourg une banque dont le crédit
eft fort grand. Plufieurs grands hommes ont enseigné dans
fon école. Je me contenterai d'en donner deuxf l'un eft
Hubner, auteur de plufieurs livres fur les généalogies,
fur l'hiftoire Se far la géographie ; l'autre eft le favant
Fabricius connu par quantité d'éditions utiles & par
fes Bibliothèques , la latine & la gréque. Hambourg 3
eu depuis le commencement de ce fiécle plufieurs
alarmes qui ont troublé fon repos. Les deux principa-
les font les factions qui s'élevèrent en 1708, entre le
fénat Se la bourgeoifie; Krumholtz, prêtre féditieux ,
qui augmentoit le trouble par fes fermons , fut enlevé
& condamné à une prifon perpétuelle. Les princes voi-
fms envoyèrent leurs troupes pour appaifer le délbrdre;
6c la bourgeoifie fatiguée de les garder , s'en délivra par
un accommodement. Lapefte ravagea cette ville en 1713.
Le territoire de Hambourg comprend peu de chofe ;
car au couchant du côté d'Altena, qui eft au roi de
Danemarck, à peine a -t- elle affez de terrein pour fes
fortifications ; elle eft moins refferrée au nord Se au le-
vant. Elle poffede en commun avec la ville de Lubec,
la petite ville de Bergdorf Se ce qu'on appelle Bur~
Tandei;o\\ les Quatre-Terres. Son commerce qui eft fort
étendu, Se le grand abord d'étrangers & même des prin-
ces voifins qui y ont fouvent leurs rendez - vous , fait
la plus grande reffource de cette ville.
Elle eft affez belle au - dehors ; & fes 'fix tours font
un bel effet, quand on vient de Harbourg : elle a quatre
portes , favoir ,
Diech-Thor, Dam-Thor,"
Stein-Thor, Millern-Thor.
Les remparts en font propres & très - bien entrete-
nus. Le fénat de la ville confifte en quatre bourtr-mes-
tres & vingt confeillers , dont dix font lettrés & dis
autres gens de négoce, trois fyndics & un fecrétaire.
Ils s'affemblent ordinairement les lundis, les mercredis Se
les vendredis , & extraordinairement quand il en eft
befoin. Le chapitre qui , comme nous avons dit,
eft de la confeffion d'Augsbourg , confifte en un pré-
vôt , un doyen Se douze chanoines. Le miniftere ecclé-
fiaftique eft compofé de vingt-huit prédicateurs, à la
tête desquels il y en a un nommé par le fénat ; on le
prend entre les cinq principaux , Se on choifit ordinai-
rement le plus ancien pafteur en chef ou curé. Il y 3
cinq paroiffes, favoir ,
Saint - Pierre , Sainte - Catherine^
Saint-Nicolas , Saint - Jacques,
& Saint-Michel.
Outre cela, il y a la cathédrale &£ quelques autres égli*
fes ; favoir,
Saint - Jean , Saint - George l
Sainte - Marie-Magdelelne , Le Saint-Efprit.
La longueur de cet article ne me permet pas d'entre?
dans le détail de ces églifes : la religion Luthérienne eft
la feule que l'on y exerce librement. La Romaine & la
Calvinifte n'y font tolérées que dans des maifons privi-
légiées des miniftres publics. Les Juifs font en grand
nombre dans cette ville, & font une partie confidé-
rable du commerce.
L'hôtel de ville , la bourfe , l'arfenal & plufieurs
églifes font de très -beaux édifices.
HAMEAU , affemblage de quelques maifons, (ans
églifes ni jurisdi&ion locale ; le hameau dépend , à ces
86
HAM
HAM
deux égards , d'un village ou d'un bourg. Il vient de
h.zmellus , mot dont le font fervis les auteurs de la
baffe latinité (a) , & qui eft un diminutif de Ham ,
qui lignifie maifon , habitation, ck le trouve en forme
de terminaifon dans un grand nombre de noms propres
géographiques, fur-tout en Angleterre , où l'on voit Buc-
kinham , jpickgam , .Agmondesham , Chesham , Not-
tigham , Waltham , witham , Grandtham , Kirckham
ck quantité d'autres ; ck quoique plulieurs de ces noms
appartiennent aujourd'hui à des bourgs , à des villes ou
même à des provinces , cela n'empêche pas que la pre-
mière origine n'ait été un hameau. De même en Alle-
magne cette fyllabe eft changée ordinairement enheim,
comme dans Manheim , Gemzrsheim , Spanheim , Hil-
desheim , Lordheim , etc. quelque fois en haïn , comme
Grunhain. La langue flamande change cette fyllabe en
hem. Ce nom ham eft reconnoiffable , non - feule-
ment dans le mot françois hameau, mais encore dans
plulieurs noms , comme Ejlreham vient SCijlreham.
pour Wejlerham , qui veut dire demeure occidentale ; nom
qui marque U fituation de ce lieu , qui eft au couchant
de l'embouchure de l'Orne. (b) En Normandie on
change communément la fvllabe ham en hom , comme
le Hommet , le Hommel , Kobehomme , Brethcmmt , Su-
homme ; ces trois derniers s'appellent en iatm Roberti
Villa , Britonica Villa , Meridionalis Villa. Tel lieu
qui n'étoit qu'un limple hameau , eft devenu bourg ou
ville fans changer de nom. * (") Du Cange, GlolT.
(b) Huet, Origines de Caen, p. 451.
HAMEDANAGER, ville des Indes, dans leDecan;
d'autres la nomment Amplement Danager. C'eft la
même qu'ANDANAGAR. Voyez ce mot.
HAMEL. Voyez Hameau.
HAMEL, rivière d'Allemagne. Voyez Hameln.
HAMELA , nom latin de la rivière d'Arun , qui coule
en Angleterre auprès d'Arundel , dans la province de
Suffex, félon Speed , cité par Baudrand , éd. 1682.
HAMELBOURG , ou Hammelbourg , ville d'Al-
lemagne , fur la Saal , rivière de Franconie , qui y
reçoit un ruiffeau , ck va fe perdre dans le Meyn à Ge-
mûnd. Cette ville de Hamelbourg eft à trois milles as-
Scfvweinfurt , ck peu loin de Reineck , félon Zeyler ,
Hajf. & finitim'ar. région. Topogr. p. 49. Ainfi elle eft
véritablement dans la Franconie , fans en être : elle ap-
partient à l'abbé de Fulde , dont le petit état eft cenfé
du cercle du haut Rhin. Quelques - uns la nomment
AMMALEY-BOURG du nom d'Ammaley, fœur de Char-
lemagne , laquelle , difent - ils , bâtit cette ville , non
dans l'endroit où elle eft, mais à quelque diftance de-
là, fur une montagne allez haute, au château deSaleck,
où l'on voit encore à préfent une églife , une tour ck
t!fc foffé. Ils prétendent que l'on frère lui avoit donné
ce lieu auprès de l'abbaye de Fulde. Il paroît que ce
n'étoit qu'un bourg , lorsque Conrad abbé de Fulde le
fit fermer de murailles en 1220, ou 1221. En 1303
l'empereur Albert donna à cette ville de grands privi-
lèges, comme Munfter le rapporte. Chriftophe Brower
écrit dans fes Annales de Fulde, /.i, c. 2; ck /. 4, p. 304,
310,35^,362 5c 372, que Hamelbourg s'ap'pelloit an-
ciennement Hamalung - Bourg ; que c'étoit' un
village royal ; que le roi Pépin le donna à l'abbaye de
Fulde; & que Charlemagneibn fils y ajouta la douanne
& le territoire, que le Château de Balock apparte-
tenoit aux Abbés de Fulde; que l'abbé Conrad IIP du
nom , ck XLïVe abbé de Fulde fit une ville de Hamel-
bourg , ce qui eft exprimé par ces deux vers :
Abbas Conradus de Malkos nomine dicius ,
Halmburg circumdat mûris , & mœnia fundat.
Cette ville fuivit la confelfion d'Augsbourg dès le
tems de Luther. Mais en 1603 Balthazar de Dermbach,
abbé de Fulde , y introduifit la religion Catholique.
HAMELN , ville d'Allemagne , en baffe - Saxe , dans
la principauté de Calenberg , au confluent de la rivière
de Hamel, avec le Wefer. Cette rivière de Hamel
a fa fource au village de Hamelspring , auprès de
Munder , au comté de Spiegelbera qu'elle arrofe ; cou-
lant d'abord vers le fud - eft , enfuite vers le fud , fk
ierpentant vers lefud-oueft jusqu'au Wefer. La ville
eft dans l'angle que forment ces deux rivières en fe ren-
contrant. Elle doit fa fondation à un ancien temple de
Jupiter , qui fut détruit par Bernard , proche parent du
fameux Witikind. Après leur converlion ménagée par
S. Boniface, ils bâtirent dans le Hamelaw , fur les rui-
nes de ce temple en 712 , une églife qui a été celle
du chapitre de S. Boniface, qui fubftjje encore avec un
doyen ou prévôt , & un collège de chanoines Luthér-
riens. Cette églife fut donnée avec la métairie qui en
dépendoit'à l'abbaye de Fulde , Se la donation confir-
mée par Charlemagne. L'eglife attira .tant d'habitans
dans cette métairie, qu'il s'en forma la ville de Hameln
qui abforba dix villages fitués aux environs ; ck les pro-
priétaires de ce tems lui accordèrent diverfes franchi-
fes. Dans cette églife, derrière l'autel, on voit encore
une pierre fur laquelle font gravés ces mots. Bernar-
DUS COMES , CHRISTINA CoMITISSA ReGNI An-
GARIvE de Osten, fundarunt hanc Eccle-,
SIAM ; ce qui s'accorde avec ces deux vers :
S iptingentis annis Domini duodenis
Conditur in denjïs ecclejia tune Hamelenfis.
L'abbé de Fulde à qui cette ville avoit appartenu jus*
qu'à l'an 12J9, voulut la vendre à Wedekind , évê-
que de Minclen , fans avoir pris le contentement des
habitans ; mais lorsque l'évêque voulut en prendre pof-
fefîïon , la ville s'y oppofa , ck pour fe ggrantir de fes ar-
mes, elle fe donna à Albert duc de Brunswig ck de Lune-
bourg, qu'elle reconnut pour fon fouverain héréditaire;
ce que le duc accepta en lui confirmant fes privilèges.
C'eft en vertu de cette foumilïion que les de^cendans
de ce prince l'ont poffedée , conformément à la confir-
mation des privilèges accordés par Albert. Elle eft li-
tuée à l'extrémité du duché de Brunsvig , dont elle eft
une clef ; le Wefer coule au couchant ; & de l'autre
côté font des jardins , des prairies , des terres labou-
rables ck des bois. La rivière de Hamel qui lui donna
le nom , coule de l'autre côté ; ck devant la porte du
moulin , elle fe pattage en deux branches dont l'une
coule entre le mur de la ville ck les ouvrages extérieurs,
ck y fait tourner un beau moulin ; l'autre va tomber au
fud dans le Wefer. De ce côté font auffi d'afîez beaux
jardins , des pâturages , des terres à bled , ck des col-
lines ; de manière que l'agriculture fournit une partie de
la fubfiftance des habitans. Le Wefer leur donne la
commodité du commerce. Cette place eft la mieux
fortifiée du duché. Le mur intérieur garni de tours, eft
ceint d'un bon foffé d'eau vive, ck accompagné d'un
chemin couvert, ck d'ouvrages avancés , capables de fou-
tenir un liège avec vigueur. La ville 'qui eft à-peu-près
ronde , a trois quarts d'heure de circuit : on y entre pat
quatre portes qui font la porte du pont , celle du mou-
lin , celle' de l'orient, ck enfin la porte neuve. Il y a
deux églifes principales, fa voir celle de S. Boniface,
ck celle de S. Nicolas ; l'eglife du S. Esprit eft à l'en-
droit où eft l'hôpital. En 1542 , elle embrafla la con-
felfion d'Augsbourg. Le duc de Cumberland étoit cam-
pé aux environs , avec une armée compofée de Hano-
vriens ck d'Anglois ; mais il y fut battu le 26 Juillet
1757, par les François commandés par le maréchal d'E-
trées.
HAMEM, ck HAMARAC : Serapion nomme ainfi
des pays où il dit que l'on falfifie le musc. Ortélius ,
Thefaur. croit qu'ils font vers la Perfe ou l'Arabie.
HAMEPvSBACH. Voyez Zeix , en Suabe.
HAMI , ( la Forêt de) Selva de Hami , pe-
tit bois d'Italie, au royaume de Naples , dans la terre de
Labour, à l'embouchure du Gariglian. Il a confervé le
nom de Hama, ancienne ville , qui , fi nous en croyons
Baudrand, éd. 1705, étoit en ce lieu -là. Mais il ne
nous dit point quel ancien a nommé cette ville de Hama
que les géographes ne connoiffent point.
HAMI , pays de la grande Tartarie. Paulo le nomme
Camul ou Camoul , ck dit que c'eft une province du ■
royaume de Tangut, voifine de deux déferts , dont l'un*
eft le grand défert de fables. Selon lui , on y trouve tout
ce qui eft nécelTaire à la vie : les habitans étoient ido-
lâtres, ck forthofpitaliers, leur abandonnant leurs mai-
fons ck leurs femmes , pour les fervir en tout ce qu'ils
defiroient. Ils ne rentraient chez eux qu'après s'être af-
furés du départ de leurs hôtes. Ils s'imaginoient fe ren-
dre agréables aux dieux en proftituant ainfi leurs, fem-
mes ; Se les ordres de l'empereur Kublai-Khan ne lu-
HAM
rent pas capables de leur faire abandonner une pratique
fi fingulierc.
Ce pays eft connu depuis ïong-tems des Chinois , &
il en eft fouvent fait mention dans leurs hiftoires. Il s'ap-
pelloit anciennement Y-ou-liou , &c a fouvent fait par-
tie de l'empire de la Chine ; mais vers l'an 713 de
J. C. une famille nommée Tchin, en forma un royaume;
tkies descendans qui portoient le titre de rois, s'y main-
tinrent jusqu'à la dixième génération.
Autrefois le pays de Hami étoit rempli de villes ;
mais elles font presque toutes ruinées à préfent. La capi-
tale eft Hami ou Y-ou-lien , qui donne fon nom à la
province. Les empereurs des Ham y avoient garnifon
Chinoife. Dans la fuite, les Tarn Fappellerent Y-tchsou ,
(il eft d'ufage, dans l'empire de la Chine, que les em-
pereurs , fur-tout les fondateurs de dynafties, donnent de
nouveaux noms aux provinces &c aux villes , ce qui caufe
une grande confufion dans la géographie Chinoiiè.)
Au nord du pays de Hami , on trouve la montagne
Tun-chan ou montagne, célefle , que les anciens Huns
appelaient Ki-lo-man-chan. On l'appelle encore Sione-
than ou montagne déneige. Elle fait partie de cette lon-
gue chaîne de montagnes, qui vient de Kaschar. Au midi
de cette montagne, à deux lieues, il y a un lac nommé
Yen-uhi, qui doit être le lac Parkol.
Ma-piao-cham eft une montagne fituée au fud-eft &
fur les frontières de Hami. Dans le voifmage eft une au-
tre montagne nommée Vang-hiang-ling. Your-ho eft
une rivière fituée à 130 lieues de Hami vers l'orient.
Niang-tsu-tchuen eft une rivière ou fource à l'eft de
la rivière d'Your. Les habitans du pays l'appellent Ko-
tun-che-la.
Ho-lo-tchuen , rivière fur les frontières de Hami au
fud. Le lac Tang-tsuen-tchi eft dans le voifinage.
Kan-lo-tchuen, autre rivière à 300 lieues aunord-oueft
de Hami. * H: [faire générale des Huns , par de Guienes,
t.z, p. -/.
HAM1D. Voyez àmed &c àmid.
HAMÏD-E1LI, c'eft-à-dire le pays d'Amid.1
• HAMILTON , félon l'Etat préf. de la G. Bref. t. 3 ,
P-i\7 : ville de l'Ecoffe méridionale, l'une des plus
conudérables de la province de Clydsdale. Baudrand ,
édit. 1705, en fait un bourg de la province de Lothian.
Elle donne le nom & la qualité de duc à une illuftre
famille qui y a un magnifique palais avec un parc. Ja-
ques III, roid'Ecoffe, établit la grandeur de cette fa-
mille, en donnant fa fille aînée avec le comté d'Arranà
Jacques , chef de la maifon de Hamilton. Son petit-fils
Jacques , comted'Arran, fut lait vice-roi d'Ecoffe par le
parlement , jusqu'à ce que la reine Marie fût en âge, &
duc de Chdtelleraut en France , par Henri II. Il rut aufîî
déclaré la leconde perfonne du royaume , Si le plus
proche héritier de la couronne d'Ecofle , fi la reine Ma-
rie mouroit fans enfans. La naiffance de Jaques VI, roi
d'Ecofle & premier en Angleterre , fils de cette princeffe,
rendit cette dispofition inutile. Les comtes de Selkirck ,
d Orkney, de Ruglen, d'Abercorn & d'Haddington, les
lords Bargeny St Belhaven, &c. font des branches de
celte famille.
HAMINEA ou Hanunea. On lit dans l'Itinéraire
d Antonm ce mot diverfement écrit, fur la route de Do-
hea ou Doliche, à Seriane. L'édition des Aides, &
celle des Juntes , portent
HAM
A Doîica Seriane ,
Hanunea ,
Cyrro ,
Minniça ,
Borca ,
Androna s
Seriane ,
M. P. CXXXVIII. SU.
M. P. XXV.
M. P. XXIV.
M. P. XXIV.
M. P. XX.
M. p. xxvir.
M. P. XXVIII.
Mais ces fommes font cent quarante-huit milles , au
lieu que e total exprimé d'abord n'en promet que 138.
L exemplaire du Vatican ne met point de nombre à Ha-
nunea , & ne met que xvm milles à1 Androna à Se-
nane;te forte qu'en fuppofant que la diftance de Do-
Uca a Hanunea eft de xxv milles, comme portent les
éditions des Aides , des Juntes & de Simler , le calcul
tct.-l répond aux fommes ; 8c Har.unea fe trouvera alors
a xxv. M. P, de Dolica , &: à. xxiv milles de Cyrrhe.
. 287
Sunta & Eertius renverfent toutes ces diftances , Se met*
tent le mot Anunea avant le total.
Item à Doliche Serianem Anunea M.CXXVHI. Sic,
Cyrrhon ,
M. P. XXIV.
Minniyam ,
M. P. XXIV.
Beroam ,
M. P. XX.
Chalcida-,
M. P. XV.
Andronam ,
M. P. XXVII.
Serianem ,
M. P. XXVIII
Il eft vrai que le total eft jufte ; mais Chalcida s'y
trouve inférée , & elle n'eft ni dans' les trois éditions
des Aides , des Juntes -, ni de Simler , ni dans l'exem-
plaire du Vatican : d'ailleurs ce total n'eft que de cent
vingt-huit mille pas plus court que celui de ces quatre
eemons. Sunta avoue que dans le manuscrit de laBiblio-
theque Blandinienne, le nom àeHununea eft accompa-
gné du nombre de M. p. XXIV ; que le manuscrit de la
bibliothèque royale deNaples , où ce nom eft écrit Ha-
minea, met ce lieu à même diftance de Cyrrhe. Cette
diftance fe trouve auffi dans l'exemplaire de Chriitoph»
Longueil, publié par Henri Etienne , à Pars, 1511.
Ma penfée eft que Chalcidica eft un nom de province,
'qui a paffé de la marge où il étoit, dans le texte où il
ne devoit pas être. Aufti Surita dit-il ne l'avoir trouvé
que dans un ieul exemplaire. Je le retranche donc, &
je rétablis au mot Hanunea lafomme de vingt-cinq mille
pas que lui donne le plus grand nombre des exemplai-
res. Cela s'accorde avec la Table de Peutin?er./e^ro. 7,
où ce heu eft nommé Ckanunia, Se eft mis entre Ôyrihj
& Dohca , à virigt-huit mille pas de l'une & de l'au-
tre , c eft-a-dire à diftance égale. Antonin qui met Ha*
nunea à vmgt-cinq mille pas de Doliche , ■& à vin<*t-
quatre mille pas de Cyrrhe-, ne s'en éloigne pas beau-
coup.
HAMIREÏ , ancien peuple de l'Arabie heureufe , fé-
lon Pline, /. 6, c. 28.
HAMIZ-METAGARA, ville d'Afrique, dans la
Barbarie , au royaume de Fez , entre la capitale Se Ge>
maa-el-Harr.cm , à cinq lieues de l'une Se. de l'autre.
Elle fut détruite pendant les guerres de Sayd ; mais les
rois de Fez qui veuloient la repeupler , la donnèrent de-
puis à quelques Mbrisques de Grenade , qui y rirent plus
de deux lieuesde jardins tout à l'entour, où ils nourrif-
fent des vers à foie , St plantent quantité de cannes de
fucie. Ils furent fort maltraités durant les guerres des
chérifs ; car Mahamet s'étant campé près de cette ville,
en gâta les jardinages , & fit égorger la plupart des. ha-
bitans en fa préfence , pour intimider ceux de Fez. Il s'y
tient un marché tous les jeudis ; & elle en a pris l'on
nom , qui lignifie marché du jeudi. Ibn Alraquiq dit
qu'elle a été bâtie par les anciens Africains. Il y a de
grandes brèches aux murailles , quoiqu'elles ayent été
réparées en quelques endroits par les Grenadins; mais la
place n'eft pas bonne; & un petit château qui y étoit,
eft tout ruiné. *Mar,noî, Afrique, /. 4, c. 20.
HAMLÏSMAN. Voyez Aain-al-Ginun. '
HAMMA , rivière d'Allemagne ; elle a fa fource dans
la baffe Saxe, au duché de Lunebourg , auprès du vil-
lage de.Munfter, dans les Bruyères de Solrov. Elle raie
i'cx:rém:te fcptentrionale de la principauté de Ferden ,
entre dans le duché de Brème , en reftbrt auffi-tôt , Se
baigne une îifiere de cette principauté ; jusques-là elle
porte le nom de Len^o ; mais à la rencontre d'un rui;-
ibau qu'elle reçoit , elle prend le nom de Hamme , ar-
rofe Rotenbourg , où elle fe groffit d'un autre ruiiïeau ;
elle fe recourbe vers le nord-ouefi, pour rentrerai] du-
ché de Brème , où elle arrofe Ottersberg ; & fe tour-
nant vers l'occident , elle va en ferpentant recevoir les
eaux de la grande Se de la petite Vumme qu'elle perte
au Wefer. *C.irtes de la bafe Saxe , & cours du Wcjlr,
HAMMAEURGUM, ancien nom de Hambourg!
HAMMyEUM Littus; côte particulière de l'Arabie
heureufe , fur la mer des Indes , félon Pline , /. 6 , c. 28
qui dit qu'il y a des mines d'or. Le promontoire Am-
monium de Ptolomée étoit dans ce canton.
HAMMANIENTËS, peuple de l'ancienne Afrique,
félon Pline , /. <j, c. <f. Il dit : après les Nafamons font
les Asbyftes & les Mac* , ôc au-delà de ceux-ci les
î88
HAM
HAN
Hammanientes , à douze journées de chemin des gran-
des Syrtes , vers le couchant. Ils font entourés de iables
de tous côtés. Ils ne laiffent pas d'avoir aifément des
puits d'environ deux coudées de profondeur ; les eaux
de la Mauritanie fe ramaffent en cet endroit. Ils fé bâ-
tiffent des maifons avec du fel qu'ils taillent dans les
montagnes , comme de la pierre. Entr'eiw & les Tro-
glodites , qui font au couchant d'hyver , il y a quatre
fournées de chemin. On voit bien que ce font ces mê-
mes peuples que Solin appelle Amantes ; mais Ortélius
a eu tort de les confondre avec les Ammoniens. Boch'art
a fait la même faute après lui , comme le P. Hardouin
le leur reproche.
HAMME. Voyez H am M a.
HAMMELBOURG. Voyez Hamelbourg.
HAMMER , petite ville de Norvège ; c'eft ainfi qu'é-
crit Baudrand. De Fille écrit Hamar, & met cette ville
for la côte orientale d'un lac fort long , que forme une
rivière qu'il ne nomme point, mais qui tombe dans celle
de Glammer , au gouvernement d'Àgerhuys. Hammer
n'eft qu'à cinq lieues d'Allemagne des montagnes qui
féparent la Norwége d'avec le Vermeland , _ pro-
vince de Suéde. Cette ville étoit le fiége d'un év'êché.
Commanville , dans fa Lifte des archevêchés , dit que
l'évêché de Hammar, en latin Hammaria , a été uni à
celui d'Anflo , & qu'il eft de l'onzième fiécle. Herma-
nides, Dan. & Norveg. Disc. p. 1 114 , dit auffi que l'é-
•vêque d'Anflo a la jurisdi&ion fpirituelle fur la grande
Hammar & fur la petite, qui avoit fon évêque particu-
lier , &C fur les autres pays qui font au nord d'Anflo.
Baudrand dit que l'évêché de Hammar a été uni , il y a
fort lor.g-tems, à celui de Bergues. Il fe trompe ; il faut
dire à celui d'Anflo ; mais il parle jufte , quand il dit
que ce fiege étoit fuffragant de Drontheim. Aubert le
Mire, Not. Episcop. 1. 5 , p. 338 , le dit auffi.
HAMMERSTEIN, forterefle d'Allemagne, fur. le
Rhin , vis-à-vis d'Andernàch. Elle eft à i'éleâeur de
Trêves , félon Zeyler. Anhang {il den Ert^biflhumern.
Maynt7_, Trier, Coeln, &c.
HAMMODARA, ville de l'Ethiopie, fous l'Egypte,
félon Pline, /. 6, c. 29.
HAMMODES. Hyginus, in Ariete , nomme ainfi un
peuple d'Egypte ; &c Ortélius , Thefaur. croit que c'eft
l'^mmorcie d'Etienne , & I'Ammoniaca REGIO de
Ptolomée. Voyez ce dernier article en fon lieu.
HAMMON! Voyez Ammon:
HAMMONA. Voyez Ham 2.
HAMMONII , peuple de l'Arabie heureufe. Voyez
Ammonii.
HAMMONIS Lacus. Vibius Sequefter nomme ainfi
un lacdAfrique, qui, félon lui s'échauffe, au lever & au
coucher du foleil , & eft très-froid dans les autres tems.
Il a pris cela de Pline , A 2, c. 103 , mais d'une manière
peu exacte ; car ce dernier dit que l'étang deHamrnon,
Hamrnonis Jlagnum , étoit froid le jour , & chaud la
nuit. Quelques-uns ont mis mal-à-propos le mot As fon-
taine pour itanz, qui eft conforme aux manuscrits.
HAMMONITES. Voyez Ammonites.
HAMON ou Chamon , ville de la Paleftine, dans
la tribu d'Afer, félon Jofué, c. 19, v. 28. D. Calmet
doute fi ce n'eft pas la même que Chamon , attribuée à
la tribu de Nephtali , au premier livre des Paralipome-
nes , c. 6 , v. 76.
HAMONT , petite ville d'Allemagne , au cercle de
Weftphalie , dans l'évêché de Liège , fur les confins du
Brabant Hollandois. * Dictionnaire géographique des
Pays-bas.
HAMOTH-DOR , ville de refuge ,_ dans la Paleftine,
dans la .tribu de Nephthali , félon Jofué, c. 21 , v. 32.
D. Calmet dit : c'eft peut-être Hamach ou Chamath de
la même tribu , dont il eft parlé au Livre de Jofué, c. 19,
y. 3 , que l'on croit être la ville de Tibériade.
Le nom de Hamath ou Chamath , fe donnent ordinai-
rement aux lieux où il y a des bains d'eaux chaudes.
Voyez Amath. i.
HAMPTAB , ville d'Afie , vers la Syrie Sd'Euphrate,
félon Guillaume de Tyr , cité par Ortélius, Thefaur.
HAMPTON , bourg d'Angleterre , dans la province
de Glocefter. On y tient marché public. * Etat préfent
de la G. Bret. t. I.
HAMPTONCOURT , félon l'Etat préfent de la
Grande-Bretagne, /. 1, p. 174, maifon royale d' Angle
terre , dans la province de Middlefex , fur la Tamife ,
à onze milles de Londres. Ce palais fut bâti par le car-
dinal yolfey,fous le régne de Henri VIII. Guillaume III
fe plaifoit fort en ce lieu , & fit de grandes dépenfes
pour l'embellir. Si on achevoit ce bâtiment , l'Angle-
terre pouroit fe vanter d'avoir un des plus beaux palais
de l'Europe. Outre une avenue magnifique , il a deux
parcs. Monconis, (Voyage d'Anglettrre , p. 157,) qui
alla voir cette maifon au mois de Juin 1663 5 en parle
ainfi : le payfage eft très-beau , comme en toute l'An-
gleterre. La maifon a le devant régulier , mais le de-
dans ne l'eft point : ce n'eft qu'une quantité de tours ,
tourillons & autres colifichets qui forment une confufion
qui n'eft pas défagréable , & font paraître cela quelque
chofe de plus qii il n'eft ; car il n'y a ni architecture,
ni fculpture , ni taille. Tout eft de brique , fans orne-
ment , à un feul étage ; les planchers fort bas , excepté
une couple de fales & quelques chambres qui font d'une
petiteffe extraordinaire. On voit pourtant un parte
affez beau, fait de gazon, à la mode d'Angleterre : il
a une fontaine au milieu, compofée de quatre firenes
de bronze , affifes comme à cheval fur des poiffons,
forme de dauphins , entre les deux une coquille foute-
nue d'un pied de chèvre, orné d'architefture ; au-defiut
des firenes quatre petits enfans affis , tenant un poiffon
fur un fécond ordre; & par-deftus le tout une fort
grande figure de femme , le tout de bronze pour les
figures ; mais le corps de la fontaine & le baffin font de
marbre. D'un côte de ce parterre eft un grand berceau
de hêtre , fort toufu , & vis-à-vis une terraffe , au long
de laquelle , de la clôture de brique fortent dans le parc
plufieurs petits cabinets de diverfes figures , ronds
rés, en croix, qui font autant de petites tours. Il y a
une galerie pleine de bois de cerfs , entre lefquels eft
la peinture de celui d'Amboife , lequel a onze pieds de
haut, neuf de largeur, îk cinq & demi entre les deux
branches. Dans le logis il y a une grande quantité de
chambres , de fales & de galeries , où il y a un grand
nombre de tableaux , entr'autres dix ou douze du Man-
teigne ; ils repréfentent le triomphe de Cefar , & font
fort eftimés. J'ai déjà averti que Guillaume III avoit
embelli ce palais depuis ce tems-Ià. Baudrand joint un
bourg à ce palais.
HAMPTONWATER. Voyez Southampton.
HAMRON , bourgade d'Afrique , en Barbarie , au
royaume de Tunis , au-dedans du pays , & à deux lieues
de tripoli. Elle eft ouverte de tous côtés. Il y a quantité
de jardins , dont on recueille toutes fortes de fruits que
les habitans portoient vendre à Tripoli , avec quelque
bétail , lorsqu'elle étoit aux Chrétiens ; mais il y a peu
d'orge & de froment. * Marmol. 1. 6, c. 52.
HAMSA ; quelques-uns nomment ainfi la ville d'E-
MESE. Voyez ce mot.
HAM-TCHEOU. Voyez Hangcheu.
1. HAN, rivière de la Chine.
1. HAN, ville de la Chine, dans la province deSu-
chuen , au département de Chingtu , première métro-
pole de la province. Elle eft plus occidentale que Pékin
de 12 d. 32', par les 31 d. 22' de latitude. * Atlas Si'
nenjis.
HANAU , Hanovia , ville d'Allemagne , au cercle
du haut Rhin , dans la Véteravie, fur la rivière deKuntz,
Kuenh , à fix bons milles d'Allemagne , du Rhin , & à
deux de Francfort, dans un comté particulier, dont elle
eft la capitale. La ville eft bien fituée , bien bâtie , mu-
nie de remparts , de foffés &c de plufieurs ouvrages. On
la divife en vieille ville &: en ville neuve. Il y a un affez
beau château , accompagné d'une tour fort élevée. L' "
glife paroiffiale eft vers le milieu de la ville ; il y a une
autre églife qui fert aux Vallons & aux François. Ce lie
a eu autrefois une imprimerie célèbre, où il s'eft fait di
bonnes éditions des auteurs Grecs &: Latins.
Le comté de HANAU, félon d'Audifret, géogra-
phe, t. 3 , p. 283 , édit. in-4.0, Paris , petit pays d'Alle-
magne , dans la Véteravie. Il eft borné par le comté d'I-
fenbourg & par l'abbaye de Fulde , au feptentrion ; par
le comté de Reineck , à l'orient ; par l'archevêché de
Mayence , au midi ; & par la Véteravie, au couchant :
il a beaucoup d'étendue en longueur, Se très-peu en lar-
geur, Outre Hanau fa capitale, il y a :
Schluchter
!
HAN
HAN
Schluchterifur ta même Biedberg &Y furleGem-
icSteinaw, Sriviere de Bobenhau- (fplatz.
\Kuntz. fen. )
& Muntzenberg aux confins des comtés de Solms
ck de Nidde.
La maifon de Hanau tient depuis long-tems un rang
diftingué , entre les plus anciennes du haut Rhin. Elle
e'toit autrefois partagée en deux branches , favoir de
Muntzenberg qui finit l'an 1641 , ck celle de Lichten-
berg , qui iuccéda en vertu d'une confraternité établie
en 137J, par Ulric V, ck confirmée l'an 1610, par Jean-
Renaud, & Philippe-Louis , comtes de Hanau.
La maifon de Hanau poffede, outre ce comté, ceux de
Lichtenberg, d'Ochfenfteinckde Bitsch. *Hubner, Géo-
graphie, p. 495.
La race masculine des comtes de Hanau, s'étant éteinte
en 1736, les landgraves de Hefîe-CaiTel leur ont fuc-
cédé.
HANCHING, ville de la Chine, dans la province
de Xenfi , au département de Sigan , première métro-
pole de la province. Elle eft plus occidentale que Pékin,
de 7 cl. 36', par les 36 d. 41' de latitude. * Atlas Si-
nenfis.
HANCHUEN, ville de la Chine , dans la province
de Huquang, au département de Hanyang , féconde mé-
tropole de la province. Elle eft plus occidentale que Pé-
kin de 4 d. il', par les 31 d- 4' de latitude. * Atlas
Sinenfis.
HANCHUNG , ville de la Chine , dans la province
de Chenfi ou Xenfi , dont elle eft la troifiéme métro-
pole. Elle tire fon nom des deux rivières auxquelles le
nom de Han eft commun , ck fon territoire eft presque
entièrement entre le Han oriental , &k le Han occiden-
tal. Elle eft de 9 d. <jz' plus occidentale que Pékin , &
falatitudeeft de 34 d. io': fon territoire s'élève par-tout
en montagnes fort hautes ; elles environnent beaucoup
de vallées très-agréables , où l'on peut trouver abon-
damment tout ce qui eft néceffaire pour vivre. Il y a
fur-tout beaucoup de miel, de musc & de cinnabre. On
rencontre fouvent dans le chemin des troupeaux de
daims , des bandes de cerfs, ck quelques ours qui leur font
la guerre. Elle a été autrefois fous l'obéiffance des pe-
tits rois de Cin ; & c'eft par-là qu'ils commencèrent à
fe rendre maîtres de l'empire , ck à ruiner la famille de
Cheva. C'eft encore là que Lieupang , premier de la fa-
mille de Hana , s'étant armé contre la famille de Cin ,
quitta le titre de général, pour prendre la qualité de roi.
Ce fut lui , qui le premier nomma cette ville Hanchung.
Les familles de Tanga ck de Sunga changèrent ce nom
en celui de Hingyven ; mais celle de Taiminga lui ren-
dit fon premier nom. Cette ville eft grande ck peuplée :
les montagnes & les forêts qui l'environnent, lui fervent
de remparts. Les Chinois en ont toujours fait beaucoup
de cas en tems de guerre. On y voit cinq temples con-
sacrés aux hommes illuftres. Il y en a un , entr'autres ,
dédié à Chang-Léang , à qui on doit le merveilleux
chemin qui conduit de-là à la capitale, qui eft Sigan. Le
P. Martini dit que ce chemin eft unique dans fon espèce ,
&: le décrit ainfi.
Ce chemin étoit autrefois fort difficile , à caufe des
montagnes ck des vallées par où il paiToit : il falloit avan-
cer vers l'orient jusqu'aux frontières de la province de
Houquan, ck retourner après vers le nord, ck faire ainfi
plus de deux mille ftades , au lieu qu'en droiture il n'y
en auroit pas huit cens. Dans la décadence des empe-
reurs de la famille de Cin , ck dans le tems que Lieu-
pang dispntoit l'empire à Hyangyu , Chang - Léang ,
homme prudent ck fidèle à Lieupang , dont il étoit le
général, fit applanir toutes ces montagnes , ces détours
& ces précipices , afin de prendre le devant fur les enne-
mis qui méditoient la retrait*. Ces montagnes furent
applanies avec une promptitude incroyable , quoiqu'il y
eût beaucoup de travail ; plufieurs centaines de milliers
d'hommes y travaillèrent. Chaque corps de l'armée eut
fa portion de montagne à applanir ; on vit des murail-
les faites de la montagne même , qui s'élevoient à plomb
des deux côtés ; ck fi hautes qu'elles fembloient toucher
jusqu'au ciel , ck quoique la lumière vînt d'en-haut , on
avoit peine à y voir en marchant, Il fit faire en quelques
289
•endroits , avec des poutres couvertes de planches x de
ponts qui joignoient une montagne à l'autre : on en fie
d'autres aux endroits où les torrens , en tombant du haut
des montagnes , les creufent Se interrompent le che-
min ordinaire : mais aux lieux où les vallées étoienc
un peu larges, il y fit mettre des piliers , de façon que
le tiers du chemin fe faifoit fur ces ponts , qui font ii
hauts en quelques endroits , qu'on ne fauroit voir le
fond c'u précipice , fans horreur. Quatre cavaliers y peu-
vent marcher de front. On ne laiffe pas à préfent ce
conferver 6k de réparer ce chemin , pour la commodité
des voyageurs. Il y a en certains lieux des villages &
des hôtelleries pour loger. Tout ce chemin eft encore
couvert de la terre qu'on y a portée , avec des garde-
fous de bois &k de fer, des deux côtés du pont , pour la
fureté des paffans. Sa longueur eft depuis Hanchung,
jusqu'à la partie occidentale de Sigan. Les Chinois ap-
pellent ce pont CienXao , c'eft- à-dire le chemin des ap-
puis. Le territoire a'e cette ville en comprend feize ,
dont la capitale fait nombre ; favoir,
Hanchung ,
Paoching ,
Ch'ingcu ,
Yang,
Sihiang ,
Fung ,
Mien,
Ningkiang , 9
Léoyang ,
Hinggan, '
Pingli,
Xeciuen ,
Sinyang ,
Hanyn ,
Peho,
Cuyang.
Son département eft grand , mais affreux par les fnon-
tasnes. * Martini , Atlas Sinenfis.
"HANGCHEU, ville de la Chine, dans la province
de Chekiang , dont elle eft la capitale. Elle eft de 3 d.
10' plus orientale que Pékin ; ck fa latitude eft de 30 d.
vji cette ville qui eft très- grande , eft la même que
Marco Paolo, Vénitien, a décrite fous le nom de Quinfay,
Le P. Martini le prouve ainfi : afin, dit-il, que les géo-
graphes Européens ne s'égarent pas en cherchant la ville
de Quiniai de Marco Paolo , dont ils ont tant de fois
donné le deffein , je vais la repréfenrer telle qu'elle eft.
C'eft la même ville ; car elle eft éloignée de Singui ,.
c'eft-à-dire de Sucheu , de cinq journées de chemin de
la marche d'une armée ; autrement il y a à peine quatre
journées. C'eft cette Quinfai , où étoit, de fon tems, la
cour de la Chine, que les lettrés entre les Chinois nom-
ment King-su, ck le vulgaire Kingsay ; c'eft de-là qu'eft
venue la Kinfay du voyageur Vénitien. Mais Kingsu en
cet endroit eft un nom de dignité , qui fignifie une ville
vraiement royale. Cette ville de Hangcheu fe nommqit
autrefois Lingan , fous la famille de Sunga ; parce'tjtte
Caoçung , dixième empereur de cette famille , y établit
fa cour , comme il fuyoit devant les Tartares de Kin :
c'eft pourquoi, du tems de Marco Paolo, on la nommeit
King-fu ; ce qui arriva l'an 1135 de Jefus - Chrift. La
famille de Sunga y a aufli tenu le fiége de l'empire , jus-
qu'à ce que les Tartares occidentaux du grand Kan eus-
fent chaflé les Tartares orientaux de Kin , hors du Ca-
tay , c'eft-à-dire des provinces feptentrionales de la
Chine ; après les avoir défaits , ils portèrent leurs armes
dans le Mangin, c'eft-à-dire dans les provinces méridio-
nales de la Chine. * Atlas Sinenfis.
Cette ville a une infinité de ponts très-hauts ; Marco
Paolo en compte dix mille ; mais il faut qu'il y com-
prenne les arcs de triomphe , qu'il a pu mettre au nom-
bre des ponts , à caufe de leurs arcades ; de même qu'il
a donné le nom de lions à des tigres : il ne fe trouve
point de lions dans toute la Chine ; peut-être avffî que
pour trouver le nombre de dix mille ponts , il y a mis
ceux de la ville , ceux des fàuxbourgs ck de tout le pays ;
ck alors il pouvoit groffir le compte , tant h. quantité en
eft grande.
Le lac de Siku a quarante milles d'Italie ; car il tou-
che les murailles de la ville , ck fes deux côtés font tel-
lement couverts ck garnis de temples , de monafteres ,
de collèges , de palais ck de maifons , qu'il n'y a per-
ibnne qui ne croie être plutôt dans la ville qu'à la cam-
pagne. De plus fes bords font par-tout revêtus fck pavés
de pierres de taille carrées , & il y a un chemin fort
fpacieux pour s'y promener. Il y a auffi des chemins ck
dej ponts qui le traversent , fous lesquels les navires
Tome III. O o
HAN
290
peuvent paffer, de façon que ceux qui fe promènent, peu-
vent taire le tour de ce lac fur ces ponts : le voyageur
Vénitien les a pu aifément mettre au nombre de ceux
de la ville. De ce lac on fait entrer nombre de canaux
dans la ville.
Dans l'enceinte des murailles de Hangcheu , il y a
une montagne nommée Ching-hoang , au midi de la
ville , où l'on voit cette tour où les heures fe marquent
par le moyen d'une clepsydre ou horloge d'eau : il y a
un cadran qui les montre; les lettres en font dorées , &c
ont bien un pied & demi delongueur : &; pour parcourir
les autres marques, auxquelles on peut reconnoître dans
Hangcheu la ville de Quinfay , c'eft cette ville dont
toutes les rues font pavées de pierres carrées ; c'eft elle
qui eft fituée dans un lieu marécageux, divifée & par-
tagée par plufieurs canaux tous navigables ; c'eft elle en-
fin d'où l'empereur s'enfuit vers la mer, fur cette grande
rivière de Cientang, qui a plus d'une lieue d'Allemagne
de largeur , & parle près de la ville au midi ; de forte
qu'on trouve ici la rivière que le voyageur Vénitien
donne à fa ville de Quinsay, Scqui de-là coulant vers
le levant , fe va jetter dans la mer , n'en étant pas da-
vantage éloignée que le dit ce voyageur. Elle a plus de
cent milles dltalie de circuit , fi on y joint les fauxbourgs
qui font fort grands , &c qui s'étendent fort loin de côté
& d'autre. C'eft pourquoi on peut fort bien faire cin-
quante lis de la Chine , en fe promenant du nord au fud,
& paflant toujours par des rues fort peuplées ^Jans y
trouver de place qui ne foit bâtie , ni de maifon qui ne
foit habitée. On peut faire le même chemin d'occident
en orient. Tout cela prouve fufEfamment que Hangcheu
eft la véritable Quinsai de Marco Paolo.
Outre une infinité de très-grands ponts , on rencon-
tre par-tout des arcs de triomphe : dans la feule grande
place de la ville il y en a trois cents , qui font comme
autant de monumens de magiftrats qui ont fidèlement
exercé leur charge , ou des éloges publics des citoyens
qui ont été avancés aux honneurs &C aux dignités. L'em-
pereur en a auflî fait ériger d'autres à la mémoire de
ceux qui ont rendu quelque fervice notable au pays. Ces
monumens font bâtis dans les places de plus grand
abord , embellis de diverses fortes de gravure & de
fculture. L 'architecture & l'ordonnance eft presqu'en-
tiérement à l'antique. Ces arcs ont toujours trois arca-
des ; la plus grande au milieu , & de chaque côté une
petite , par où on entre , comme par de grandes por-
tes ; de part & d'autre il y a des lions ou autres em-
belliffemens de marbre , Se au-deffous on voit des figu-
res grotesques , des oifeaux , des fleurs & des ferpens
admirablement bien taillés. L'entre-deux des figures où
iltfi'y a rien, eft percé à jour, quelquefois orné defcul-
tùres qui femblent fe foutenir en l'air. Je me fuis fouvent
étonné, dit le P. Martini, comment ils pouvoient percer
<le la forte de fî groffes pierres ; car ils en font comme
fi c'étoit une chaîne de plufieurs anneaux. Ces arcs ont
d'ordinaire trois étages. Le devant & le derrière fe res-
femblent fi fort , que vous diriez que c'eft la même face.
Ces trois étages font bien diftingués par leur corniche
& architrave de marbre. Tout au haut de l'arc, fur une
pierre couverte & bleue , eft écrit en lettres d'or d'une
coudée de long , le nom de l'empereur , fous l'empire
duquel ce bâtiment a été conftruit. Au milieu il y a une
fort grande pierre , où fe trouvent aufîi en lettres d'or
ou d'azur , le nom , le pays , la dignité , & l'éloge de
celui à l'honneur de qui ce monument eft confacré. Mais
ft ces ouvrages étoient aux carrefours , & que les rues
réjjondiffent aux faces, on ne pourroit rien imaginer de
plus -magnifique.
On compte dans la ville quatre grandes tours à neuf
étages ; \»s temples des idoles y font à l'infini , tant de-
dans que hors la ville : on dit qu'il y a bien près de
quinze mille bonzes. Il y a environ foixante mille tiffe-
rands en foie , dans la ville Se dans les fauxbourgs. Les
autres cités , villes , bourgs , bourgades qui tirent vers
le nord , en font remplies." Il y a tant de peuple dans
cette ville , qu'il s'y confume , dit-on , tous les jours dix
mille facs de riz , & chaque fac contient de quoi nour-
rir cent hommes en un jour. On y tue mille pourceaux
par jour , fans compter les vaches , les chèvres , les
brebis , les oies , les canards &c autres animaux ; &
cependant il y a beaucoup d'habitans qui ne mangent
HAN
point de viande , parce qu'ils font d'une fefte qui n'en
permet pas l'ulàge. La quantité du poiffon n'y eft pas
moindre ; on le porte vendre par la ville tout vivant.
Les Jéluites ont une églife magnifique dans la ville , &
deux chapelles aux fauxbourgs. Telle eft la description
qu'en fait le père Martini , qui y a demeuré quatre ans.
Le P. le Comte, Mémoires de la Chine, L. 3, t. i,p. 144,
n'en parle guères moins magnifiquement. Il nomme cette
ville Hamlcheou , & la province Tchéquiam. C'eft, dit-
il , une des plus riches Ô£ des plus grandes villes de l'em-
pire. Les Chinois lui donnent quatre lieues de tour , &£
je crois qu'ils ne s'éloignent pas beaucoup de la vérité.
Il y paroît dans les rues autant de monde que dans cel-
les de Paris ; &t comme d'ailleurs les fauxbourgs en font
immenfes , &c la multitude des barques qui couvrent les
canaux infinie, je ne la crois pas moins peuplée que les
plus grandes villes de l'Europe. La garnifon eft de dix
mille hommes , parmi lesquels on compte trois mille
Chinois. L'eau des canaux n'en eft pas belle , les rues
font étroites ; mais les boutiques parodient propres , Sx.
les marchands paffent pour être extrêmement riches.
A l'orient , elle aune rivière large d'un quart de lieue,
à caufe du voifinage de la met , mais en effet peu confi-
dérable , car pour peu qu'on la remonte , ce n'eft plus
qu'un torrent inutile qui coule au travers d'une infinité
de rochers. Du côté de l'oueft, elle eft refferrée par un
étang , dont le circuit eft tout au plus de deux lieues ;
l'eau en eft très-claire , mais peu profonde ; elle fuffit
néanmoins pour porter les grandes barques que les Chi-
nois y entretiennent , comme autant d'hôtelleries flottan-
tes , où les jeunes gens de qualité fe régalent & fe pro-
mènent. Après la promenade , ils fe rendent ordinai-
rement à une petite ifle qui eft au milieu du lac. Les
Chinois y ont bâti un temple , & quelques autres mai-
fons de divertiffement. Les relations font de cet étang
un lieu enchanté. J'y ai lu que tout étoit bordé de fuper-
bes bâtimens & de palais magnifiques. Cela pouvoit être
autrefois ; mais s'il eft vrai ce qu'on en a écrit , il faut
qu'on fe foit bien attaché dans la fuite à en abolir la mé-
moire , puisqu'à préfent on n'y en remarque pas le moin-
dre veftige , fi ce n'eft qu'on mette au rang des palais
les maifons de bois &£ de torchis qui font fi ordinaires à
la Chine , 6c qui peuvent bien tomber d'elles-mêmes ,
fans que le grand nombre des années foit néceffaire pour
les détruire. Au refte , fi cette ville ne fe diftingue pas
par la magnificence de fes bâtimens , elle eft du moins
confidérable par fa fituation , l'une des plus belles qui
foit dans l'empire , par le nombre prodigieux de fes ha-
bitans, par la commodité de fes canaux, & par le com-
merce des plus belles foies du monde. J'ai cru ce der-
nier détail néceffaire pour reâifier ce qui précède.
Ce canton appartenoit anciennement aux rois d'U,
puis aux rois de Jue, & ensuite à ceux de Çu. Chin la
nomma Cient'anG; Suio fut le premier qui lui donna
le nom de Hangcheu. La famille de Tanga l'appella
Iuhang ; celle de Sunga LlNGAN : la famille de Tai-
minga lui rendit le nom de Hangcheu. Elle comprend
fept autres villes dans fon territoire.
HangcheO,
Lingan ,
Haining,
Yucien ,
Fuyang ,
Sinching,
Juhang,
Changhoa
HANEAC , montagne de l'Inde , où croît le meil-
leur nard , au rapport de Serapion , cité par Ortélius ,
Thefaur.
HAN-HAI , vaftes déferts de la Tartarie , dans le
royaume de Tangout au nord. Les fables y coulent au
gré des vents, & font périr les voyageurs. * Hifl. gèn. des
Huns, t. 2, p. xxxiij. Voyez Gobi. C'eft la, même chofe.
HAN1N , ville de la Chine , dans la province de
Xenfi , au département deHanchung, troifiéme métro-
pole de la province. Elle eft de 8 d. 41' plus occiden-
tale que Pékin , par les 34 d. 3 ' de latitude. * Atlas Si~
nenfis.
HANNIBALIS. Voyez au mot Annibalis.
HANNONIA , nom latin du Hainaut.
HANNONII Montes, nom latin de Mons, ville
du Hainaut.
HAN
HAN
HANNOVIA, nom latin de Hanau.
HANNUYE , petite ville des Pays-bas Autrichiens
dans le Brabant. Elle eft nommée Hannuye ou Han-
NUT, dans le Dictionnaire géographique des Pays-bas;
ck on la qualifie Mairie ; on ajoute : on la nommoit
autrefois le somté de Dabor , à quatre lieues de Ju-
doigne , approchant des confins de l'évêché de Liège.
Elle eft fur la Ghéte , affez près de fa fource , dans le
quartier de Louvain , entre le pays de Liège , le Namu-
rois & les mairies de Jaudrain , d'Orp ck de Landen.
HANOVER , ville d'Allemagne , dans la baffe Saxe,
dansl'électorat de Brunswig, fur la rivière de Leyne,& ré-
sidence de labranche électorale delamaifon de Brunswig,
avant qu'elle fût parvenue à la couronne de la Grande-Bre-
tagne ; de-là vient que l'on dit improprement l'électeur
d'Hanover, pour dire l'électeur de Brunswig, ck le pays
d'Hanover, pour direl'électorat de Brunswig, ou même
la principauté de Calemberg. La ville d'Hanover eft
fituée dans une plaine fablonneufe , où il y a d'affez bel-
les prairies ckdes bois d'aunes. La rivière partage la ville
en deux. A l'oueft de la ville , il y avoit ci - devant le
château de Lawerirhode , qui appartenoit à des comtes
de ce nom. Cette famille étant éteinte , le duc Henri le
Lion , en qualité de feigneur féodal , s'empara de cette
comté ck des environs , ck gratifia la ville de Hanover
de plufieurs franchifes ck privilèges. Elle eft affez bien
fortifiée ck diftinguée en ville neuve &k ancienne. On
travailloit à bâtir la neuve , lorsque Monconis y paffa.
( Voyage d'Allemagne , p. 45.) Il parle peu avantageu-
sement du palais, ck trouve que ce n'eft rien. La ville
n'eft pas fi grande , dit-il, que celle de Hildesheim ; mais
les rues en font plus larges : proche d'une des portes eft
un lieu fpacieux , où l'on court la bague & les têtes ,
& un grand cimetière. On tient à Hanover quatre foires
par an , & il s'y rend des marchands d'Allemagne ck
des pays étrangers. Il y a plufieurs églifes affez belles ,
favoir la paroiffe de S. George ôk de S. Jacques ,
l'églife de Sainte-Croix , celle de S. Gilles. L'éle&rice
douairière Sophie, mère de George I, roi d'Angleterre,
a fait bâtir en outre, dans la ville neuve , une églife pour
les François réfugiés , ck le roi Guillaume III , d'Angle-
terre, y contribua. La cour étoit autrefois un monaftere ;
mais les bâtimens ont été entièrement changés. La cha-
pelle en eft affez belle. Il y a, outre cela, une maifon des
orphelins, un hôpital dans la ville & hors la ville. II y
a auflî une machine hydraulique que fait mouvoir une
roue qui plonge dans la Leyne , ck qui élevé l'eau jus-
qu'à une certaine hauteur , d'où elle coule fous terre
jusqu'au marché , ck fournit d'eau à la belle fontaine dont
parle Monconis. Il y a auffi des puits de réferve , que
l'on peut ouvrir en cas d'incendie.
On parle beaucoup de la bière d'Hanover. Un bras-
feur nommé Conrad Breykan , du village de Stoken ,
au voifinage de Hanover, étoit allé apprendre fon mé-
tier à Hambourg : étant revenu à Hanover, en 1516,
il réuflit à faire une bière beaucoup meilleure que celle
de Hambourg. C'eft en effet un breuvage fort agréable ,
ck qui furprend , d'autant plus qu'on s'en défie moins.
Un homme qui l'avoit trouvée fort à fon gré , exprima
fa fatisfaftion par ce diftique :
Gaudia Ji fièrent , toto & convivia cœlo ,
Breihanam fuperis Jupiter ipfe darct.
La ville de Hanover a acquis un nouveau luftre, depuis
que le chef de la branche qui y réfidoit, a eu rang en-
tre les électeurs, ck a enfuite fuccédé à la couronne
d'Angleterre ; ck enfin par le fameux traité qui y fut
conclu l'an 1715, pour balancer le traité d s Vienne,
A une lieue d'Hanover , on voit HERRENHAUSEN ,
où eft une maifon de plaifance , ck d'affez beaux
jardins qui faifoient les délices de 1 électeur durant fon
féjour en Allemagne.
Le Pays d'HANOVER : ce nom s'emploie en deux
fens fort differens. Quelquefois il comprend tous les
pays fournis à la branche royale qui réfidoit à Hanover;
c'eft -à -dire,
Le Pays d'Hanover proprement dit.
Le Duché DR Zell, que poffédoit la branche de
29I
. Le Duché de Saxe-Lawenbourg , fequeftré
entre les mains du dernier duc de Zell.
Le Duché de Brème.
La Prinipauté de Ferden.
George -Louis qui unit en fa perfonne tous ces états,
dont il n'avoit d'abord que le premier , y joignit en-
fuite la Grande-Bretagne ; ce qui le mit en peu de tems
entre les plus puiffans monarques de l'Europe.
Le Pays D'HANOVER, proprement dit. On a vu
que ce n'étoit d'abord que le comté de Lawenrode , qui,
prenant fon nom d'un château où le comte de meu-
roit , enfermoit dans fon territoire Hanover, ville alors
petite ck peu confidérable ; que ces comtes étant morts,
Henri de Lion fe faifit de ce comté au douzième fiécle.
Dans le quinzième , Henri , chef d'une branche de la
maifon de Brunswig , qui portoit le titre de Wolfen-
butel , partagea fes états entre fes deux fils : Hanover ck
Gottingen furent le partage d'Eric , qui étoit le fécond.
Et comme Eric réfidoit dans un château nommé Calen-
berg, on nomma fon petit état la principauté de Calen-
berg. Cette branche s'éteignit en 1584, ck la principauté
revint à la branche aînée , qui étoit celle de Wolfen-
butel. Erneft , de qui defeend toute la maifon de Bruns-
wig d'aujourd'hui, fe fit Proteftant, [établit le Luthé-
ranisme dans fes états, ck mourut en 1546, laiffant trois
fils. L'aîné mourut jeune fans enfans : Henri forma la
branche de Danneberg , ck Guillaume celle de Zell.
La maifon de Danneberg fe partagea en trois bran-
ches principales , qui font Wolfenbutel , Brunswig &
Bever. La maifon de Zell fe divifa en deux branches ,
favoir celle de Zell, ck celle de Calenberg ou d'Hano-
ver. La branche de Zell eft éteinte depuis l'an 1705 ;
ck ce qu'elle p«ffédoit , eft revenu avec toutes les acqui-
fitions à la branche d'Hanover. Voyez l'article de Lu-
NEBOURG.
L'état particulier d'Hanover , fans y comprendre le
Lunebourg ni les autres acquisitions , comprend les vil-
les de
Hanover, Neuftadt,
Hameln , Wunftorf.
Les châteaux de
Calenberg , & Herrenhaufen.
& l'abbaye de Lockum , occupée par un abbé Luthérien.
La Principauté de Grubenhagen où font,
Grubenhagen, ville, Elbingerode,
Eimbeck, ville, Clausthal ,
Grubenhagen, château, Saint- Andréas-berg ,
Ofterode , ville , Altenau ,
Hertzberg , château , Saltz der Helden.
La Principauté d'Oberwald où font,'
Northeim ,
Gottingen ,
ck Munden , qu'il ne faut pas confondre avec Minden
en Weftphalie.
Autrefois il y àvoit dans ces cantons plufieurs CoM»
TES , comme ,
Woelpe , aux environs de Neuftadt,
Lutterberg , auprès d'Ofterode.
Eberftein en partie auprès de Bodenwerdef»
Hallermund : ce dernier a été rétabli en faveur du
comte de Platen.
Auprès d'Elbingerode eft la fameufe montagne de
Brocksberg , ou Bloxberg , où le peuple s'ima-
gine que les forciers tiennent leur fabbat.
HANOVERA , nom latin d'HANOVER.
HANOVIA , nom latin de HanaU.
HANSE : ce mot, qui fignifie une fociété de villes
qu'un intérêt commun avoit unies pour la protection
de leur commerce , vient d'un ancien mot allemand Han-
firif qui veut dire ajjocier. Hanse, dans cette langue,
O o ij Tome III,
i9i HAN
fignifie ligue , fociété. Les Allemands ont encore le
mot HANSELEN, qui vient de-là & qui veut dire ini-
tier , admettre dans une fociété ou compagnie.
Lambecius , Orig. Hamburg. ad ann. 1242 , dit que
la Hanfe Teutonique tire fon origine d'un traité que
■firent entr'elles les villes de Hambourg ck de Lubec, en
1241 , dont les conditions étoient que Hambourg net-
toyeroit de voleurs Se de brigands le pays d'entre la
Thrave , rivere qui coule à.Lubec , &C la ville de Ham-
bourg , & empêcheroit les pirates de venir faire des
courtes fur l'Elbe depuis cette ville jusqu'à l'Océan ; que
Lubec payeroit la moitié des frais que coûteroit cette
entreprife ; que ce qui concerneroit l'avantage de ces
deux villes feroit concerté en commun , &: qu'elles uni-
roient leurs forces pour maintenir leur liberté & leurs
privilèges. Il eft vraifemblable, dit Lambecius, que quand
on vit ces deux villes s'accroitre de jour en jour par le
commerce que cette union rendoit plu; fur & plus facile,
les villes de la Saxe & de la Vandalie demandèrent
à s'affocier avec elles , pour jouir des mêmes avantages.
Telle eft la conjecture du favant Lambecius fur l'origine
de cette fociété. Struve, Syntagm.juris publ. German.
p. 441, ne la blâme pas ; mais il dit que ce n'eft qu'une
alliance particulière , &il croit qu'il fautprendre l'époque
de l'interrègne. Quoi qu'il en foit , cette Hanfe devint
fi célèbre , que quantité de villes de tout pays deman-
dèrent à être admifes au nombre des Hanféatiques. Com-
me les plus confidérables étoient d'abord des villes ma-
ritimes , ou , ce qui revient au même , fïtuées fur de
grandes rivières qui leur facilitoient la navigation , quel-
ques gens fe font imaginé que leur nom à! Hanféatiques
venoit A'An-Zee, c'eft-à-dire au bord de la mer. C'eft
une erreur ; il vient de Hansa , ancien mot, & a la
même origine que le mot Hanse qui fe trouve dans
les anciens ftatuts de Paris. Voyez Du-Cange , Gloffar.
latin.
Ce commerce s'étendit fort loin ; & cette compagnie
de villes liées d'intérêts , établit des étapes en divers
royaumes (a) , favoir Bruges en Flandre, Londres en
Angleterre, gergen en Norvège , Novogorod en Ruf-
fie : c'étoient' autant de comptoirs généraux où s'amaf-
foient les marchandifes des contrées voifines pour pou-
voir être transportées plus commodément , ckdiftri-
buées par-tout' où les inrerefles en avoient befoin Q>).
Les princes qui n'y confidéroient d'abord qu'une fociété
lucrative , furent les premiers à fouhaiter que leurs vil-
les y entraffent, & en effet il ne s'agiffoit que de cela.
La protection mutuelle des libertés de chaque ville
n'étoit pas un engagement général qu'eût pris toute la
Hanfe ; & fi on trouve que quelques villes en ont protégé
quelques autres , il fe trouve auffi un bon nombre d'oc-
cafions où l'on n'a rien fait pour celles qui étoient op-
primées. La formule du renouvellement d'alliance pro-
pofée dans l'affemblée des villes Anféatiques en 1579,
a bien un article de fe maintenir refpeftivement con-
tre la violence (°). La formule de l'alliance de 1604
le porte auffi : cependant on ne trouve pas une feule
guerre que la Hanfe ait entreprife pour la défenfe d'une
ville Anféatique. * Q) Krantiii, Wandal. /. 9, c. 7. (b)
Conringius deUrb. Germ.:98. (c) Chytrœus, Chron. 7.24.
Les fouverains de divers pays , charmés d'attirer chez
eux le commerce de la Hanfe , lui accordèrent divers
privilèges. On a des lettres - patentes des rois de France,
en faveur des OSTERLINS ; c'eft ainfi que l'on nom-
moit les négocians des villes Anféatiques, du mot Ofl,
qui veut dire l'Orient , d'où vient OstsÉe , qui figni-
fie la mer Baltique.. Ces lettres font , entr'autres , de
Louis XI, en 1464 ; &£ en 1483 , peu avant fa mort;
& de Charles VIII , en 1489.
Les quatre métropoles de la Hanfe étoient Lubec , Co-
logne , Brunswig ci Dantzig. Avec le tems, Bruges ne
fut pas feule dans les Pays -bas. Dunkerque , Anvers,
Oftende, Dordrecht, Roterdam, Amfterdam ,fe trouvent
auffi fur d'anciennes liftes comme villes Anféatiques ,
auffi-bien que Calais , Rouen, Saint-Malo, Bordeaux,
Bayonne & Marfeille en France ; Barcelone, Séville
& Cadix en Espagne; Lisbonne en Portugal ; Livourne,
Meffine & Naples en Italie ; Londres en Angleterre , &c.
Plufieurs princes ayant mieux trouvé leur compte à
favoriièr le commerce particulier de. leurs fujets , il fe
forma dans leurs états des compagnies qui firent non-
HAN
feulement le commerce ordinaire , mais même des dé-
couvertes & des acquifitions en Afrique & en Améri-
que. Cela ralentit le commerce de la mer Baltique :
chaque pays fe détacha peu-à-peu de la Hanfe , & tra-
fiqua en fon particulier. D'un autre côté , Charles V ,
ennemi de toute fociété qui ne fervoit pas à fes vues
ambitieufes , vint à bout de réduire celle-ci à très -peu
de chofe. Plufiers fouverains d'Allemagne éprouvèrent
que les privilèges que leurs ancêtres avoient accordés
pour encourager le commerce , ne fervoient qu'à ren-
dre plus mutine la bourgeoifie des villes de leur dépen-
dance , & que ces villes enrichies & enorgueillies cher-
choient toutes les occafions de fe fouftraire à l'obéiffance
du fouverain : ils prirent-leur tems pour les fubjuger.
Et enfin quelques villes ne pouvant contribuer leur part
des contributions , fe retirèrent d'une fociété qui leur
étoit onéreufe. Ainfi la Hanfe qui avoit vu jusqu'à
quatre-vingt villes fur la lifte , & qui floriffoit depuis
quelques fiécles, commença à décheoir en 1500, &c fon
pouvoir diminua peu-à-peu. On parla bien, en 1560,
de la rétablir : on fit même quelques projets pour cela,
en 1 571 ; on propofa une formule de renouvellement
en 1579: cependant peu de villes y fouscrivirent. On
recommença, en 1604, un nouveau plan ; mais cela fe
réduifit à conferver le nom A' 'Anféatique , rk une om-
bre de fociété entre un fort petit nombre de villes qui
ne foutinrent. pas le commerce fur l'ancien pied. Les
rois de France ne laifferent pas de faire , de tems en
tems, des traités avec la Hanfe, jusqu'à ces derniers tems :
on a des actes en fa faveur ; de l'an 1536, fous Fran-
çois I ; de 1 5 52 , fous Henri II ; de 1604 , fous Henri IV,
confirmés. en 1655 , par Louis le Grand. Cependant
il n'y avoit plus de villes Anféatiques en France ; &t
les villes principales , que nous avons dit être de l'Al-
lemagne , avoient pris le parti de refferrer la Hanfe dans
la partie feptentrionale de l'empire ; encore en a-t-on re-
tranché , pour ainfi dire, certaines villes. La Suéde étant
devenue maîtreffe de Riga en Livonie , & de Vismar
en baffe Saxe , ces deux villes , qui étoient Anféati-
ques , font devenues Amplement des villes de guerre ,
quoique le port de Riga ait toujours fervi au commerce.
Lunebourg , qui fe gouvernoit autrefois par elle-même r
eft foumife à la maifon de Brunswig ; & l'ancien gou-
vernement Anféatique ne fubfifte plus qu'à Lubec , à
Hambourg &.à Brème ; trois villes qui confervent en-
core ce titre avec une liaifon & des ufages dont on
peut voir les détails dans l'Hiftoire de l'empire, par Heifs,
t.4,1.6, c. 26.
HANTAN , ville de la Chine , dans je Pekeli , au
département de Quangping , fixiéme métropole de la
province. Elle eft plus occidentale que Pékin de 3 d.
10' , par les 37 d. 23' de latitude. * Atlas Sinenfis.
HANTSHIRE (a) , province maritime d'Angleterre,
fur la Manche , entre Suffex à l'eft , & Dorfetshire à
l'oueft, au diocèfe de Winchefter : elle a cent railles
de tour , treize cens douze mille cinq cens arpens , &
vingt-fix mille huit cens cinquante-une maifons. C'eft
un pays agréable , abondant &c fertile en bleds & en
pâturages ; en laine , en bois St en fer : on en vante
beaucoup le miel & les jambons. Du côté de l'oueft, il
eft arrofé par l'Avon & la Stoure , qui fe rencontrent
au voifinage de la mer ; 6c vers l'eft, par la Tefe, ou
Teft , &C par l'Itchin , qui fe joignent près de Sou-
thampton. C'eft dans cette province que fe trouve la
nouvelle forêt new-foreft (b) .• Guillaume le Conqué-
rant fut fi charmé de la forêt , qui étoit alors bien plus
petite , que pour l'aggrandir il fit démolir plufieurs vil-
les & villages , avec trente-fix églifes paroiffiales. * (a)
Etatpréfent de la Gr. Bretagne , t. I , p.6j. (b) Ibid.
p. 16.
Cette province s'appelle communément HANTSHIRE,
ou Hampshire, ou Province de South amton;
fes villes &£ bourgs où l'on tient marché font ,
SOUTHAMPTON , capitale ,
( Winchefter
v Portsmouth ,
Andover,
Chrift-Church,
Lymington,
Petersfield*.
Stockbridge ,
Kingsklere ,
Kingvood,
Broding ,
♦"Withchurch,
* Newton ,
HAP
Alton ,
Farnham ,
Bàfingftoke,
Fordingbridge ,
Havant ,
Odiham ,
Rumfay ,
Waltham.
Ge qui rend cette province remarquable, c'eft fon
port de Portsmouth , l'un des plus fameux de l'Angle-
terre. L'isle de WlGTH fait partie de Hampshire.
HANTUNG , fortereffe de la Chine , dans la pro-
vince de Xenfi , au département de Jungchang , pre-
mière forterefTe.de la province. Elle eft plus occiden-
tale que Pékin de i^ d. 50' , par les 38 d. 30' de la-
titude. * Adas Siuenjis.
HANYANG, ville de la Chine, dans la province
de Huquang , dont elle eft la féconde métropole. Elle
eft 3 d. 43' plus occidentale que Pékin , à 30 d. 50' de
latitude. Elle eft pleine d'eaux dehors & dedans, de
forte qu'on peut aller en bateau par-tout ; Se diverfes
rivières arrolënt fon territoire. Quoiqu'il ne contienne
que deux villes , i'avoir
HANYANG, ôc Hanchuen,
elle eft très-fertile, Sçeft proehe_de la rivière de Han,
à l'endroit où elle fe jette dans le Kiang. Le transport
des marchandées s'y fait commodément. On prend dans
ce diftricr. quantité d'oies fauvages. Il y croît des oran-
ges Sr. des citrons de toute espèce ; il y a plufieurs édi-
fices remarquables , entr'autres, une haute tour, nommée
Xdeukoa , que l'on- dit avoir été conftruite à cette 00-
cafion. Une bru ? qui avoit un grand refpecr. pour fa
telle-mere, fâchant qu'elle devoit la venir voir , pré-
para une poule pour la régaler : la belle-mere n'en eut
pas plutôt goûté qu'elle mourut. On faifit la bru : on
L'acufa d'avoir empoifonné fa belle-mere. On la me-
noit au fupplice , quand trouvant un arbre qui porte la
grenade ; elle en faifit une branche qui étoit en fleur ,
St prononça ces paroles : « Si j'ai empoifonné ma belle-
» mère , que la fleur de cette branche meure ; mais fi
» je fuis innocente de ce crime , qu'elle porte d'abord
» du fruit. » A peine avoit-elle parlé , que la bran-
che parut couverte de grenades. Pour conferver la mé-
moire de ce prodige, on a élevé cette tour, Se on
l'a nommée Xeleuhoa, c'eft-à-dire fleur de grenade.
HANUNCA , ou
HANUNEA. Voyez Hamïnea.
1. HANXAN, fortereffe de la Chine , dans la pro-
vince de Quanton , au département de Taching , pre-
mière fortereffe delà province. Elle eft de 1 d. 10' plus
occidentale que Pékin , par les 13 d. 41' de latitude.
* Atlas Sinenfîs.
2. HANXAN , ville de la Chine , dans la province
deKiangnan, au département de Hocheu, féconde grande
cité de la province. Elle eft plus orientale que Pékin
de 41' par les 32 d. 40' de latitude. * Atlas Sïncnjis.
HAO , ville de la Chine , dans la province de
Kiangnan , au département de Fungyang, féconde mé-
tropole de la province. Elle eft de 1 d. z8' plus occi-
dentale que Pékin, fous les 34 d. 34' de latitude. * 'At-
las Sinenjïs.
HAO ARES, ancien peuple d'Afrique. Marmol , /. 4,
ci, /. 2, p. 138, dit que les Benimerinis ayant chaffé
de la province de Temecen , au royaume de Fez ,
les Arabes qui y avoient été fous le règne des Almo-
hades , ils y mirent les Xenetes Sr. les Haoares pour ré-
compenfe des fervices qu'ils leur avoient rendus à leur
établiffement. Voyez Temecen.
HAO AXE , ou AOAX , félon Bau-) Voyez Ao AXE
drand. S &
HAOUACHE, félon De l'isle. > Hawash.
HAPHARAIM, ancienne ville de la Paleftine, dans
la tribu d'Iffachar , félon Jofué , c. 19, v. 19. Eufebe
dit que de fon tems il y avoit un lieu nommé Apharaïm,
à fix milles de Légion , vers le feptentrion.
HAPON, "Awav. Voyez Aspona.
HAPPING , ou Apping , bourgade d'Allemagne ,
en Bavière, fur l'Inn, aux confins du Tirol, près du
bourg de Rofenheim. Quelques-uns croient que c'eft
I'Abudiacum des anciens. Voyez Abudiacum. *Bau-
drand , édit. 1705.
HAPSAL , petite ville maritime de Livonie , dans
HAR 293
l'Eftonie, au quartier de Vickeland , à l'orient de Pifle
d'Ormso. Baudrand 8c quelques autres écrivent Hap-
fel. Zeyler Si De fille écrivent Hapsal. C'étoit le fiége
d'un évêché Mragant de Riga , érigé dans le treizième
fiécle : il a été fupprimé , auffi-bien que fon métropo-
litain. Cette ville , qui a été long-tems à la Suéde, eft à
l'empire Ruffien , avec toute la Livonie.
HARAD, ou Harod, ou Arad , nom d'une fon-
taine de la Paleftine, dans le grand champ, au pied du
mont Gelboé. * Judic. c. 7, v. 1.
HARAN ou Charan , ville de Méfopotamie ; c'eft,
dit-on , la même que Carrhes. Voyez l'article Car-
RHjE.
HARAX, rivière d'Afie , dans la Sufiane , félon Am-
mien Marcellin , /. 13.
HARAY. Corneille , après Davity , en fait une ifle
contigue à celle de Lewes ; il falloit dire que la partie
méridionale de l'ifle de Lewis , l'une des Hébrides ou
"Wefternes, s'appelle Harries. Voyez Lewis.
HARBERT, ville d'Afie, dans 'le Diarbeck, proche
d'Amid , fous la domination du Turc. 11 y a un archevê-
que Arménien , qui réfide au monaftere de Surbalbafa-
zin , ou de la fainte Mère de Dieu , & un archevêque
Syrien. * Commanville, Lifte des archev.
HARBI , bourg d'Afie , dans la Méfopotamie , entre
Anna & Tecrite , félon le traducteur de l'hiftoire de
Timurbec, /. 3, c. 33.
HARBOROUGH, bourg d'Angleterre, dans la pro-
vince de Leicefter. On y tient marché .public. * Etat
prifent de la G.Bretagne, t. I.
HARBOURG ouHaarbourg, ville d'Allemagne,
au cercle de la baffe Saxe, au duché de Lunebourg, dans
leleftorat de Brunswig , vis-à-vis de Hambourg , fur
l'Elbe , qui , à caufe des ifles dont elle eft remplie en
cet endroit , met un mille de diftance entre ces deux
villes. Harbourg eft défendue par un château très- bien
fortifié ; c'eft un pentagone , capable d'une longue ré-
fiftance : on ne trouve point quand , m par qui cette
fortereffe a été commencée. Il y a dans la citadelle un
vieux bâtiment carré à quatre étages , dont les murailles
font fort épaiffes , Se les fouterreins profonds. Quoique
cette ville eût d'affez grands privilèges , on ne trouve
point qu'elle fe foit beaucoup augmentée avant la ré-
gence du duc Guillaume ; mais il s'appliqua à l'orner,
Sr. à y attirer des habitans , de forte qu'il s'y forma une
ville neuve qui a une affez belle églilè & des places.
Harbourg eft un grand paffage pour ceux qui viennent
de Hambourg , vers les provinces méridionales , Sr on
y prend les chariots de pofte. * Mém. drejfésfur les lieux,
en 1719.
HARCANUN , lieu d'Afie , fiége d'un évêque Ar-
ménien , fous le patriarchat de Sis. On ne le connoît
que par une Notice de Téglife Arménienne. * Commun-
ville , Lifte des archev.
HARCHIES, baronnie de France, dans le Hainaut,
à une lieue de Condé. * Dicl. glegr. des Pays-bas.
1. HARCOURT, bourg de France, en'Normandie ,
dans le diocèfe d'Evreux , avec château, titre de comté,
Se haute juftice. Il eft fitué à dix lieues de Rouen, entre
le Bec, Neubourg & Beaumont- le- Roger , près de
Brionne, Se de Tibouville, au milieu d'une belle cam-
pagne à bleds qu'on débite à fon marché, qui eft des
plus fréquentés : l'églilè paroiffiale eft dédiée à S. Ouen.
II y a un monaftere de chanoinefiës de S. Auguftin , qui
gouvernent Se qui fervent l'hôtel-dieu , hôpital pour les
malades. Le château bâti à l'antique , avec des fofles pro-
fonds, accompagné d'un donjon & d'une chapelle, eft très-
logeable, Se en'belair. Les appartenons y ont été rétablis
à la moderne, avec un jardin bien ordonné, Se fort propre.
Au pied de ce château, Si d'un parc fermé de murailles, eft
un prieuré clauftral de chanoines réguliers de S. Auguftin
de la congrégation de fainte Geneviève , fous le titre de
Notre-Dame du Parc. On y conserve des reliques
très-précieufes Se anciennes. Les chaifes du chœur de
leur églife font à l'antique Se affez belles , ck l'on y voit
un grafid candélabre de cuivre à fept branches , S: les
tombeaux des anciens comtes d'Harcourt , fondateurs du
prieuré. Une groffe tour affez baffe , bâtie hors de l'é-
glilè , renferme une bonne fonnerie , dont on dit que
la groffe cloche eft du poids de fix milliers. Les religieux
de cette maifon deffervent les cures d'Harcourt , de
2 94 " HAR
HAR
Rouge-Perier , de Bray & d'Ecardanville , 'qui font dans
le voifinage. Le comté d'Harcourt comprend vingt pa-
Toiffes. * Corn.Did.Mém.dreJfésfur les lieux, en 1704.
1. HARCOURT, Harcurtium, félon Baudrand;
Harcurfîum , Se Harcurium félon Corneille c c'eft Ha-
recortis , félon Valois, Notit. Gai. p. 241. Il vient de
sortes ou cutus , nom qu'on donnpit aux maifons de
campagne des rois de France. Arcoret futdabordune mai-
-fon de' campagne. Philippe VI , roi de France , l'érigea
en comté, en 1338. On l'écrivoit différemment. Les uns
mettoient Herecort; les autres He-recuria ; plu-
sieurs Haricuria ; Guillaume- de Nangis , dans l'Hif-
-toire de Philippe III , dit Hardicuria. Les auteurs
Anglois écrivent Harecort. C'eft un bourg de Nor-
mandie , fitué fur la rivière d'Orne , fix lieues au-deffus
de Caën , dans le diocèse de Bayeux. Il était aupara-
vant appelle Thury, Se avoit titre de marquifat, châ-
teau & haute juftice ; mais en 1700, au mois de No-
vembre, Louis XIV l'érigea en duché fous le nom d'Har-
court , en faveur de Henri d'Harcourt de Beuvron , de-
puis maréchal de France, Se capitaine des gardes du corps
de fa majefté. Le duché d'Harcourt comprend les bois
Se francs buiffons de cinq Layes ; le fief Se la feigneurie
de S. Bernin, la terre Se la feigneurie de pont d'Ôuilly;
le fief ferme de Croifilles , uni au marquifat de Thury ;
la terre , feigneurie Se marquifat de la Motte-Har court,
avec le bois de la Motte Se Grainbaut qui en dépen-
dent ; les terres Se feigneuries de S. Martin de Salons ;
celles de Beauvoir Se de Châtelier , avec tous les droits,
prérogatives Se mouvances qui leur appartiennent , Se
qui ne composent plus à préfent qu'une terre Se dignité
d'Harcourt.
HARDAM -, ville épiscopale de Syrie , fous la mé-
tropole de Damas , félon Guillaume de Tyr , cité par
Ortélius, Thefaur.
HARDBERG , village de la baffe Hongrie , aux
confins de la Rascie. Lazius croit que c'eft 1 Heorta
des Scordisques. Voyez Heorta.
HARDEBY, village d'Angleterre en Lincolnshire. Il
n'eft connu que «parce que c'eft-là que mourut, en 1 298,
Eléonore de Caftille , femme d'Edouard I , roi d'Angle-
terre.
HARDENBERG , ville des Pays-bas , dans la pro-
vince d'Over-Iffel , fur la rivière de Vecht , au-deffous
de Gransberge; longitude 24 d. 15'; latitude 52 d. 40'.
HARDERWYK, ville des Provinces-Unies , dans
la Gueldre , au quartier d'Arnheim , dans le Velaw ,
fur le Zuider-Zée , qui y gagne" de tems en tems un nou-
veau terrein. Les Annales de Gueldre en mettent la fon-
dation à l'an 1230 : elle doit être plus ancienne, au fen-
timent d'Alting , German. infer. Notit. 2. part. p. 81 , &
il en apporte pour preuve des lettres de Gérard , comte
de Holftein Se des bourg-meftres de Hambourg , datées
de l'an 1230, dans lesquelles cette ville eft qualifiée op-
pidum Felvce in orâ aujlrali lacus Flevonis transmarinâ
navigadone inclytum : elle a eu autrefois dans fes armes
une barque de pêcheur , Se un droit d'étape pour le
poiffon. Ce droit que l'on nomme den Afflagh , lui
avoit , dit-on , été accordé par Arnold , duc de Guel-
dre. Elle a maintenant dans (es armes un lion que lui
accorda Othon VI, comte de Naffau, qui floriflbit l'an
1229. On croit que c'eft en ce tems-là qu'elle fut envi-
ronnée de murailles , comme Ruremonde , Bomel &
autres villes de la Gueldre. Durant les guerres contre
l'Espagne , on ajouta à ces murs quelques ouvrages. Un
incendie la réduifit en cendres le 31 Juillet 1503, Se il
en refta à peine fix ou fept maifons entières : on l'a re-
bâtie depuis avec foin. Entre les édifices publics, l'églife
de Notre-Dame eft belle : fa tour carrée eft fort haute,
& peut fervir de phare aux vaiffeaux : fes voûtes font
dignes d'être vues avec attention : il y a un hôpital
pour les pauvres. Avant la révolution il y avoit fix mo-
nafteres , trois d'hommes Se trois de femmes. L'un des
premiers , dédié à S. Jean , étoit affez beau Se hors de
la ville : on le nommoit het Heeren loo ; il étoit fitué
dans un agréable endroit , Se fondé par Renauld , duc
de Gueldre : on l'a entièrement rafé. Les deux couvens
d'hommes qui étoient dans la ville, appartenoient l'un aux
Hieronymites , Se l'autre aux Franciscains. Ce dernier
avoit été augmenté par le duc d'Albe ; on le pilla lors-
que la ville fut ptife en 1572 ; quelque tems après, le feu
prit à l'églife de ce couvent , Se la ruina. Les trois -au-
tres monafteres étoient dédiés , l'un fous le nom de
fainte Agnes ; on y fuivéit la régie de S. Auguftin : il
n'y avoit guères que des filles de qualité ; le fécond ,
fous le nom de fainte Catherine , étoit fous la régie de
S. François , Se le troifiéme étoit de fœurs grifes ; ce
qui reftede ces monafteres , eft employé à d'autres ufa-
ges. Les orphelins font dans une maifon bâtie fur le
terrein qui étoit aux Franciscains : la maifln des fbeurs
grifes fert pour la monnoie ; d'autres couvens fervent à
la bibliothèque publique Se à l'école : cette école a été
fameufe de bonne heure ; avant le milieu du dernier
fiécîe, on l'augmenta confidërablement : on y rétablit
des profeffeurs pour les langues , pour la théologie ,
pour le droit; Se le 12 d'Avril 1648 , elle prit poffef-
fion du titre Se des droits d'une univerfité dans les for-
mes. Harderwyk eft à huit lieues d'Arnhem. *Blaeu->
Theatr. urbium Belg.
HARECORT, ou
HARECURIA. Voyez Harcourt 2.
HARENC , fortereffe de Syrie , dans la Cafîiotide ,
à douze milles d'Antioche , félon Guillaume de Tyr ,
Se Matthieu Paris , cités par Ortélius , Théfaiir.
HARES , montagne de la Paleftine , clans la tribu de
Dan , où les Danites furent refferrés par les Amorrhéens.
Judic. c. 1, v. 31;.
HARETÉ : Corneille nomme ainfi une Contrée de
ta Terre-fainte , dans la Syrie , dit-il , en latin, felon ',
Harcefta rtgio ; il ajoute : elle eft vers le Jourdain, Se
on y compte, à-peu -près , cinquante villages ou ha-
meaux que les Arabes habitent. Il ne ci e point fon au-
teur : je croîs que par-là il entend le même pays que
Philippe de la Rue , dans fa Carte de Sourie , appelle
ArdeNj ou royaume des Arabes, dont le roi a, dit-
il , (bus fon obéiffance ce qui eft de la Terre-fainte , à
l'orient du Jourdain. Caftai nomme Arden la Palmyrène",
comme nous le remarquons ailleurs.
HARETH, forêt de la Paleftine, où David fe retira
fuyant la perfécution de Saùl. *Reg. I. 1 , c. 12, v. 5.
HARFLEUR, ville de France , en Normandie ,
pays de Caux. D'anciens titres la nomment Hare-
FLOT Se Hareflou , comme nous le "remarquons ail-
leurs. Voyez l'article FLt.UR. Piganiol de la Force, Defcr.
de la France, la nomme en latin Hareflotum, Harefiuum,
Herifloium, Herijlorium Se Autiflorium. Corneille dit
Harjkvium , Harofletum Se Harflutum , qu'il explique
comme fi elle arrêtoit les flots , quafi arcens jluclus .
de qui que ce ioit que vienne cette étymologie , elle eft
puérile. Harfleur, felon des Mémoires dreffés fur les lieux,
en 1704, eft fituée fur la Lézarde , à trois quarts de
lieue de Montivilliers , à deux du Havre , à fix de Fes-
camp, à neuf de Caudebec Se à feize de Rouen. Cette
ville eft fort ancienne ; Se quoiqu'elle ait été jusqu'à la
fondation du Havre, frontière maritime de France, on
ne lit dans aucune hiftoire , ni en quelle année elle fut
bâtie, ni qui en a jette les premiers fondemens. On la
trouve entre deux montagnes , dont l'une eft à l'orient,
Se l'autre à l'occident. Du côté du midi , elle a un ma-
rias quis'étend jusqu'à la Seine,. Se qui eft fouvent inondé
par le reflux delà mer, Se du côté du feptentrion la val-
lée de Montivilliers , d'où viennent des vents qui ren-
dent fon air affez fain. On y arrive de l'Iflebonne par
une chauffée qui a cinq ou fix lieues de longueur , Se
qu'on aflure avoir été faite par les ordres de Cefar :
cette chauffée eft tirée à la ligne , Se bordée d'arbres
des deux côtés en plufieurs endroits. Depuis le régne de
François I , que le Havre eft devenu une ville confidé-
rable, Harfleur a perdu la plus grande partie de fon luf-
tre. Ses fortifications extérieures ont été rafées aufli-bien
que fes murailles , Se fon port s'eft rempli de fable. Son
commerce eft tellement tombé , que ce n'eft plus au-
jourd'hui qu'un port à barques qu'on fait remonter
avec fix ou huit pieds d'eau du reflux de la mer , dans
le canaljde la Lézarde. Cependant Harfleur jouit encore
de fes anciennes prérogatives , avec exemption de tailles
Se de gabelles. Il y a un lieutenant de police, un maire,
trois échevins Se une maifon de ville , fiége de juftice
royal, Se grenier à fel. Les fontaines y font belles Se
abondantes, Se viennent d'une montagne voifine, qui lu:
commande entièrement ; ce qui peut avoir caufé fa ruine.
Il n'y a qu'une feule paroiffe , appellée de S. Mania .•
HAR
la nef de l'églife , qui eft une grande fabrique , eft ac-
compagnée d'un double corridor ; mais le chceur n'a ja-
mais été voûté ni couvert ; Se c'eft avec déplaifir qu'on
voit ce bel édifice impartait , un cercle de chapelles au-
tour du chceur, ornées au-dehors d'une baluftrade Se de
jolies pyramides de pierres, abandonnées aux injures du
tems. On y remarque fept autels de face : les vitres font
peintes Se chargées d'un nombre prodigieux de figures
qui repréfentent les myfteres du Sauveur du monde &
de la Vierge , la vie & ie martyre de plusieurs faints. Le
clocher eft une pyramide très-belle Se très-haute portée
fur une tour ornée d'une baluftrade , d'une galerie , de
petites pyramides , Se c'farcsboutans , le tout de pierre,
&e bien ouvragé , avec de bonnes cloches dans la ville ;
il y a un couvent de Capucins Se un hôpital ; & hors
de la ville , eft une chapelle de fainte Anne au milieu
du cimetière public. On a planté des arbres au pied du
rempart, Se des deux côtés du commencement du grand
canal. Le chemin qui conduit à Montivilliers , eft à
demi à couvert, auiïi-bien que celui par où l'on va a
Notre-Dame de confolation. Du haut des montagnes
entre lesquelles la ville d'Harfleur eft fituée , on décou-
vre le Havre , la mer Se Honfleur , qui eft de l'autre
côté de la Seine , large de trois lieues en cet endroit ,
oc quelquesfois fi irritée , qu'on ne peut la traverfer
qu'avec beaucoup de danger. On tient marché à Har-
fleur tous les mercredis , Se deux foires franches par an ,
l'une à la S. Martin d'été, & l'autre à la S. Martin d'hiver :
on y fait beaucoup de dentelles ; l'onybraffe delà bière,
Se l'on fait moudre à fes moulins à eau presque tous les
grains pour l'ufage du Havre Se des lieux voifins. Son
territoire produit des grains , des fruits &C des chanvres ,
Se l'on y blanchit quantité de toiles fur le pré. Les
Anglois prirent d'aiïaut Harfleur en 141 ^ , Se faccagerent
la place un peu avant la bataille d'Azincourt.
HARGA , félon Alting , Nota. German. infir. part. 2,
p. 28 , ancien nom d'une petite rivière de Hollande entre
Schiedam Se Vlaerdingen. On la nomme aujourd'hui
la.vkille.Harc de. Oune , Harc. Theodoric V, dans un
diplôme de l'an 1083 , la nomme autrement Turlede;
&: Stockius écrit DuRLEDE.
HARGÎAH , port de mer de l'Arabie heureufe ; Abul-
féda , Descr. de l'Arab. heur. n. 1 5 dit : il y a quelques
maifons, la plupart fort petites, Se conftruites avec de
la terre Se desrofeaux. Edrifi dit qu'il y a une journée de
chemin entre Hargia Se Hirdah.
HARIARTUS. Voyez Aliartus.
HARIM, petite ville de Syrie. Il y a un château , des
arbres Se des fources. Il y pafle une rivière. Les grenades
de fon territoire font excellentes Se fans pépins. Cette
ville eft à deux journées d'Alep , Se à une d'Antioche.
* Manuscr. de la Bibl. du roi.
HARISTALLIUM. Voyez Herstal.
HARIZA. Corneille dit : ville d'Espagne au royaume
d'Aragon : elle eft fur la frontière de la Caftille. C'eft le
bourg d'ARizA. Voyez ce mot.
HÂRLAY, petite ville de France , dans la Franche-
Comté , au bord de la petite rivière de Seille. * Bau-
drand, édit. 1705.
HARLEBEC, bourg de la Flandre Autrichienne, dans
la châtellenie de Courtray , fur la rivière du Lis , à une
lieue au-deffous de Courtray en allant à Gand. Il y a une
égl.fe
laudr. édit.
70 <;•
HARLECH , ville d'Angleterre , dans la principauté
de Galles , où elle eft la capitale de Mérionetshire. Cette
ville qui étoit autrefois remarquable pour fon magnifique
château, eft à 168 milles de Londres. On y tient mar-
ché toutes les femaines. * Etat pref. de la G. Bret. t. I,
HARLEM , ville des Provinces-Unies , dans la Hol-
lande. Quelques-uns écrivent Haarlem. L'ancien nom
eft Haralhem , que l'on dérive de ce qu'elle eft fituée
dans un terrein plus fec Se moins aquatique que la plu-
part des villes de Hollande. On ne fait ni quand ni par
qui elle fut commencée. La plus ancienne trace que l'on
en trouve , eft dans un ancien inventaire des biens de l'é-
glife d'Utrecht que l'on croit être du onzième fiécle. Mais
on n'eft pas bien fur qu'il s'y agiffe de cette ville. I! y a voit
autrefois un château fortifié Se un bailliage affez ancien
qui portoient ce nom , mais ils l'ont laifié à la ville. Stoc-
kius rapporte fur debons titres, que du tems de Thierri VI,
HAR 29S
en iif5, elle étoit déjà bien peuplée, affez puiffante, Se
affez fortifiée , Se fur-tout très-fidele à fon prince. Il eft
certain que les bourgeois de Harlem accompagnèrent
Guillaume I, qui partoit pour la Terre-fainte , en 1217.
L'empereur Guillaume , par un diplôme du 23 Novem-
bre 1245 , reconnoît le courage Se la fidélité des Harle-
mois , Se leur accorde plufieurs immunités Se franchifes.
Jean I, qui rut le dernier comte de la race de Frife , la
choifit pour y paffer les reftes d'une vie languiffante , 5c
pour y avoir fa fépulture. Il y mourut en 1299. Harlem
eft dans le territoire des Marfatiens , ancien peuple, dont
le pays deKENNEMERLAND a pris fon nom. Elle a été
la capitale de ce pays , qui eft partagé entre plufieurs vil-
les ; fa partie occidentale eft toujours de la jurisdi&ion
de Harlem. Autrefois la ville étoit feulement au bord
méridional de la Spare , rivière qui fe jette dans l'Ye à
Sparendam. On a des lettres de 1 390, qui marquent que
la Spare , {Sparnam^) couloit auprès de la ville ; ce fut
vers l'an 1400, qu'on étendit Harlem au-delà de cette
rivière qui la traverfe à préfent. * Alting, Notit. German.
infer. part. 2, p.%\.
En 1249 , on amena du Levant en Europe les religieux
de Notre-Dame de Mont-Carmel , que Blaeu , dans fon
Théatredes villes des Pays-bas, prend pour une mon-
tagne d'Egypte. CarmelutB etiam à Carmelo jSgypti.
monte è quo progrejfî funt , dicîi ; on les établit de bonne
heure à Harlem ; Se Simon de Harlem leur fit préfent
d'une maifon Se de grands biens. Il mourut en 1280, &C
fut enterré dans leur chapelle devant le grand autel. L'an
1287, Florent V, fils de l'empereur Guillaume , donna
aux Dominicains dans la ville de Harlem un fonds , une
maifon Se une rente annuelle. En 13 10, les chevaliers de
l'hôpital de S. Jean de Jerufalem furent reçus à Harlem ;
Se lesTemp iers qui étoient auparavant dans le fauxbourg,
fe transportèrent à l'églife de S. Jean qui eft dans la ville,
Se lui donnèrent tous leurs biens. En 1347, la ville fut
entièrement brûlée ; quatorze perfonnes périrent dans
les flammes. Elle commençoit à fe rétablir en 13^1, quand
un fécond incendie en confirma la moine. On la rebâtit
bien promptement , puisqu'en 1400, l'ancienne enceinte
fe trouvant trop petite , on fut obligé de l'aggrandir au-
delà de la rivière.
Ce fut environ vingt ans après cette époque, que Lau-
rent Cofter, bourgeois de Harlem , inventa l'imprime-
rie. Quelques-uns retardent cette découverte de dix ans
ou même de vingt. Se la mettent en 1430 ou 40; mais
cela ne fe peut; car Rabbi Jofeph, dans fa Chronique,
dit que le plus ancien livre fut imprimé à Venife , l'an
Judaïque 5188 , qui revient à l'an 1428 de l'ère vul-
gaire; Se l'on convient que Harlem eut le fecret de l'im-
primerie avant Venife. Je fais que Mayence dispute cet
honneur à Harlem. Ce n'eft pas ici le lieu de discuter ce
procès. On eft fi perluadé à Harlem , que Laurent Cof-
ter eft l'inventeur de cet art, qu'on a mis fur la porte de
fa maifon, qui eft au milieu de la ville, cette infeription:
Mémorise Sacrum
Typographia
Ars artium optima
conservatrix
HlC PRIMUM INVENTA
ClRCA ANNUM MCCCCXL.
Un particulier érigea une ftatue publique en l'honneuï
de Cofter, avec ces mots fur le piedeftal :
M. S.
VlRO CONSULARI.
Laurentio Costero.
Harlemensi
Alteri. Cadmo. et Artis. Typographice.
clrca. annum. domini. m. ccccxxx.
Inventori. Primo.
Bene. de. litteris. ac. toto. orbe. Merito,
Hanç
Q. L. G Q.
Statuam. quia. AREAM. non. habuit.
Pro monume:-to posoit
Civis Gratissimus.
Je crois que Laurent Cofter inventa l'art de graver-
î96 HAR
les lettres fur leboïs , & qu'en même tems, ou peu après,
Jean Faufte de Mayence inventa les caractères de métal ,
dont on fe fert préfentement ; ainfî ces deux villes au-
ront également la gloire de l'invention. Harlem aura
trouvé & ébauché l'imprimerie , Mayence l'aura rendue
plus commode & plus généralement utile.
Albert de Bavière fit bâtir, en 1471, l'églife de S. Ba-
von ; mais il n'eft pas vrai , comme Blaeu le dit dans
l'ouvrage cité , qu'elle ait pu être folemnellement consa-
crée par le pape Boniface IX, puisque ce pontife étoit
mort dès l'an 1404, foixante-huit ans avant la fondation
de. cette églife. Elle eft au marché. C'eft un grand
morceau d architecture. Elle devint cathédrale, en 1559,
fous le pontificat de Paul IV, qui érigea Harlem en évê-
ché. La bulle d'éreftion afïigne à ce diocèfe douze vil-
les ou bourg? , &tous les villages compris dans cet espace.
La ville de Harlem a eu jplufieurs hommes célèbres
dans les fciences , la plupart eccléfiaftiques & théolo-
giens ; les bourgeois s'appliquoient beaucoup autrefois
aux manufactures de laine ; mais ce commerce a paffé
àLeyden, & les Harlemois s'appliquent davantage aux
toiles. Celles qu'ils pi éparent,font d'une blancheur éblouif-
fante, & fe transportent beaucoup dans les pays étran-
gers. La ville eft grande & peuplée ; mais elle ne paroît
pas affez remplie d'habitans, lorsque l'on vient d'Amfter-
<km , & que l'on compare le fracas de cette ville avec
la tranquillité de l'autre. La Spare & le vieux canal mar-
quent l'ancienne enceinte ; tout ce qui eft à l'entour jus-
qu'à la muraille, a été ajouté vers le commencement du
quinzième fiécle. L'an 1587, la ville fut en partie con-
fumée par le feu. L'églife de S. Gangoul , l'hôpital de
iainte Elizabeth , le couvent des fceurs de l'ordre de
S. François , le jardin de S. Martin Se quelques autres
lieux, furent réduits en cendres. Ce fut, en 1577, que
les Harlemois, laffés des mauvais traitemens qu'ils rece-
voient des gouverneurs Espagnols, fe donnèrent de nou-
veau au prince d'Orange.
Au dehors de la ville eft un bois fort agréable qui fert
de promenade à ceux d'Amfterdam , aufli-bièn qu'à ceux
de Harlem. C'eft dans ce bois que Laurent Cofter imagina
les premiers effais de l'imprimerie ; & Florent V, comte
de Hollande , y fit bâtir une maifon de plaifance , qu'il
nomma VoGELSANG , c'eft-à-dire , le ramage ou /*
chanedes oifeaux ; ilvenoityjouir d'une agréable folitude
& fe délaffer des foins & des embarras attachés à la
grandeur.
La Mer de HARLEM : on appelle ainfi une inon-
dation entre la ville de Harlem , dont ellaporte le nom ,
& celles d'Amfterdam & deLeyden. Elle fe forme du
concours de plufieurs ruifleaux avec la mer qui y en-
tre par l'Ye avec lequel elle à communication au moyen
d'une éclufe de forte maçonnerie. Quoique cette mer
foit commune à- ces trois villes , cependant elle n'en
approche que par le moyen de divers canaux qui abou-
tiflènt à quelqu'un de fes golfes. Dans fa partie orien-
tale eft un enfoncement long Se étroit, appelle de Nieuwe-
Meer, qui , par un canal nommé leSckinckel, aboutit
au lieu d'Overtoom , où commence le plus beau faux-
bourg dAmfterdam. Par le moyen d'une roue & des
rouleaux , on fait entrer les barques toutes chargées dans
ce canal , qui va jusques dans les rues d'Amfterdam. Au
nord eft un autre golfe, nommé le Spiering-Meer , à
l'extrémité duquel eft une éclufe qui s'ouvre & fe ferme
par le poids des eaux qui la preffent. Comme ce lieu
eft à-peu-près à moitié chemin de Harlem & d'Am-
fterdam , on y a bâti un château nommé Swanenbourg.
Il appartient en commun aux feigneurs de la régence.
Cette éclufe étant accompagnée d'une forte digue de ma-
çonnerie, arrête les barques par lesquelles on va de Har-
lem à Amfterdam : on en prend d'autres de l'autre côté
de la ville. Cette éclufe , dont nous venons de parler ,
eft la communication de la mer de Harlem avec l'Ye ,
autre mer formée par le mélange des eaux du Zuider-
Zée & de la rivière de l'Ye. Les barques , qui paffent
de ITe dans la mer de Harlem , vont chercher 1 e-
clufe qui eft à l'embouchure de la Spare , où eftle vil-
lage deSparendam , &,par une coupure ménagée, en-
trent de-là dans la mer de Harlem , fans aller jusqu'à
la ville qui communique elle-même à cette mer par
d'autres canaux , dont le plus remarquable eft à Hem-
fkede, La partie de la mer de Harlem, qui eft au fud-
HAR
oueft , coi nunique au Rhin par divers canaux , dort
un fert à u induire les barques qui viennent de Harlem
ou d'Amf? [dam. Comme le terrein eft très - précieux
en Hollart-î, & que cette mer en occupe beaucoup,
on a fong-, i à la deffécher ; ce qui feroit facile : plu-
fieurs par-, iailiers ont offert d'en faire les frais , fi on
vouloit leuir ibandonner la propriété de ce terrein ; mais
des intérêts oppofés en ont empêché l'exécution. Elle
fert de décharge , lorsque les vents du nord pouffent
avec impétuofité les eaux de la mer d'Allemagne dans
le Zuider-Zéee , & de-là dans ITe , d'où ces eaux pou-
vant s'échapper dans la mer de Harlem, ont un grand
efpace pour s'étendre ; au lieu que fi , par le defféche-
ment de cette mer , elles étoient refterrées au baffin de
l'Ye , la ville d'Amfterdam feroit en risque d'être inon-
dée, lorsque les vents aident à groffir les hautes marées.
D'ailleurs la mer de Harlem fournit du poiffon , la com-
modité de la navigation , & plufieurs autres avantages
aux villages qui font fitués à l'entour ; comment les dé-
dommager d'une firuation qui fait la fubfiftance des ha-
bitans ? & enfin cette mer eft fur divers territoires ,
dont les intérêts n'étant pas les mêmes , il ne feroit pas
facile de les accorder. Il y a au moins trois fiécles que
cette mer étoit un pays cultivé, où l'on trouvoit plu-
fieurs bons villages.
HARLEPOLE, ou plutôt Hartlepole , bourg
d'Angleterre , dans la province de Durham. Il eft fitué
fur une langue de terre qui avance dans la mer , dont
il eft tout environné , excepté du côté de l'oueft. Bau-
drand le meta quatre-vingt-fept milles de Londres. * Bau-
drand, Maty & Corn. Etat pref. de la G. Bret. 1. 1 , p. 61 .
HARLIÎnGEN, ville maritime des Provinces-Unies ,
dans la Frife , dont elle eft , après Leuwarde , la plus
grande, la plus peuplée & la plus riche. Ce n'étoit
anciennement qu'un petit hameau , fitué entre deux mai-
fons de briques , qui appartenoient à deux gentilshom-
mes , & dont l'un s'appelloit Harlïga &c l'autre Harnsi
De-là vint qu'on ne favoit quel nom donner à ce vil-
lage , de l'une ou de l'autre de ces deux maifons. Mais
îa maifon de Harliga ayant été rafée par les moines de
Ludingkerke, & le village s'étant étendu fur les ruines
de cette maifon , le nom de Harliga prévalut. La mer
rongeant peu-à-peu le rivage, couvrit une partie du ter-
ritoire , & même quelques maifons de ce village ; on en
rebâtit d'autres plus à l'orient & plus loin de la mer :
ainfi le village de Harlingen s'approcha de celui SAlmen ,
& fut fous la jurisdi&ion de Franecker. Il s'accrut avec
le tems, fit devint fi confiderable, qu'il acquit les droits
de ville, quoiqu'il n'eût point encore de murailles. On
ne fait au jufte le tems où il commença d'être enfermé ;
on fait feulement que cette ville fut fortifiée, en 1496 , par
les habitans de Groningue , qui y bâtirent au midi une
citadelle qu'ils entourèrent d'un mur de briques & d'un
bon fofîe. Trois ans après ,| Albert de Saxe y aborda
en venant de Hollande , débarqua en cet endroit , 6c
l'année fuivante y fit bâtir en fon abfence , fous les or-
dres de fon fils , une autre citadelle beaucoup plus forte
& plus grande , au bord de la mer ; ci on la nomma
lafortereffe ou le Château , cajlellum. Elle fervoit à te-
nir la ville dans le refpeft , beaucoup plus qu'à la défen-
dre. On y ajouta de tems en tems divers ouvrages ;
& elle dura aufli long-tems que le gouvernement des
princes ; mais lors de la révolution , le peuple s'en Li-
fo & la détruifit. Les fortifications autour de la ville
ne font pas fi anciennes à beaucoup près , quoiqu'on
ignore en quelle année on les a faites. Cette ville reçut
un accroiffement confiderable, en 1543 , & encore un
autre, en 1579, Se l'année fuivante par les foins de
Guillaume , prince d'Orange , qui vouloit faire de cette
place une bonne ville marchande de la Frife , & s'en
fèrvir comme d'un lieu entre cette province &C celle
de Hollande , pour le transport des troupes & des con-
vois. On fit un grand boulevard de terre , avec un fofïé
large & profond, & on y enferma tout le village d'Al-
men, dont nous avons dit que Harlingue s'étoit ap-
prochée. Le commerce s'augmentant de plus en plus ,
la ville s'accrut de nouveau ; on en augmenta l'enceinte,
en 1597, &c on en rendit le port plus commode. La
ville , dans fon état préfent , eft une espèce de carré
imparfait ; elle eft un peu plus grande que Leuvarde ,
6j eft flanquée de cinq grands battions j le terrein d'a-
lentour
HAK
HAR
lentour peut être inondé , par le moyen des eclufes.
Du refte le terroir en eft bon , fertile en pâturages &C
en bleds : le territoire a de beaux villages , & eft dé-
fendu contre les ravages de la mer, par de bonnes digues,
au nord &: au midi , entrecoupé de ruiffeaux qui en-
trent dans la ville. Ces ruifleaux font ménagés de ma-
nière qu'ils font couverts de barques , de voitures & de
*97
c'eft YÂrmaciica dé Ptrolomée dans lequel il faut peut-
être lire ' kfjjAsha. au lieu de 'AppxKW.a. , comme le con«
je&ure très-bien le P. Hardouin.
HARMATE , dans la Troade. Voyez Harmatus.
HARMATELIA, ville des Indes. Diodore de Sicile,
/. 17, c. 101, en parle, & dit que c'étoit la dernière
lie des Brachmanes , & qu'Alexandre la prit après ua
bateaux qui apportent à Harlingue les denrées des en- fiége où il eut beaucoup de peine à la réduire.
virons. Le port en eft beau & commode ; mais 1 en-
trée en eft embarraflee par un affez grand banc , qui ne
permet aux gros navires d'y entrer, qu'après avoir
été déchargés. Il y a quatre grandes portes , favoir
Zuider-poort ,oula porte du midi , Sneektr-poort, Fra-
necker - poort & BÙdpoort ; près du canal des barques
de Franecker eft une cinquième porte, mais plus petite
que ks autres. Il n'y a qu'une églife^ bâtie au lieu ""
HARMATOTROPHI, ancien peuple de la Scythie ;
Pline, /. 6, c. 16, les nomme avec les Ochanï, les
Ckomarï , les Berdiigsi , & quantité d'autres peuples
au-delà de la Margiane.
HAPvMA i US , ancienne ville de l'Ane mineure , vis-
à-vis deMethyme, dans le continent, félon Thucydide,
/. 8. C'eft de-là que prennent leur nom les Harmato-
polhtzAe. Pline, /. 5 , c. 30. Mais au lieu de ce mot, le
étoit le village d'Almen. La ville eft gouvernée par P. Hardouin met KERMOeAPELlT^:. Voyez ce mot.
fénat de huit bourg-meltres. A la fin de chaque an-
née, ils choififlent un pareil eombte de citoyens , & en
envoient les noms à Leuwarde ; enfuite la cour, tant en
fon nom qu'en celui du Stadhouder , envoie à Harlingen
tin député , pour informer fur' le mérite 6c la capacité
des huit élus , & à fon retour on choilît entre les feize
propofés , huit bourg-meftres pour l'année fuivante , foit
des anciens -, foit des nouveaux ; car cela eft libre ; &C
il arrive quelquefois qu'on en laifle quatre anciens ,
& qu'on en met quatre nouveaux , quelquefois plus ,
quelquefois moins , ou que l'on les change tous ^ ou
que tous font continués ; après cela , celui qui étoit
venu faire les informations , vient recevoir le ferment
du nouveau magiftr3t , &: l'inftalle dans l'exercice defes
fonctions. Hors de la ville font des moulins à planches &
à papier , & des fours à chaux , à tuiles &C à briques.
* Blaeu Theat. Urb. Belg. ex Ubbom Emmio.
HARLOV, bourg d'Angleterre, dans la province
d'Effex. On y tient marché public. * Etat prifent de la,
G. Bru. t. 1.
HARLSTON , bourg d'Angleterre , dans la province
de Nortfolck. On y tient marché public. * Etat prifint
de la G. Brel. t.l.
1. HARMA, Horma, ou Chorma, ville de la
Paleftine. Elle étoit de la tribu de Juda , félon Jofui ,
c. i1) , v. 3 , & c. 19 , v. 4 , & fut enfuite cédée à celle
de Siméon. C'eft la même, dit D. Calmet , ou le même
lieu à qui les Hébreux donnèrent le nom de Horma ,
c'eft- à-dire anathême , après avoir vaincu le roi d'Arad,
{ Nunur. c. 21 , v. 3.) Voyez HoRMA. Elle eft nom-
méeArama, au premier Livre des Rois c. 30, v. 30; &
elle s'appelloit Sephaath, avant que les Israélites lui euffent
■donné !e nom de Horma, ou Harma.
HARMENE , lieu maritime de la Paphlagorrie , fur
la côte méridionale de la mer Noire , à une lieue &
demie de Sinope , félon Xenophon , Retraite des dix
mille , 1. 6 , c. 1.
HARMESIA. Voyez HerMeSïA.
HARMI , ancien peuple de la Germanie , félon Pro-
cope, Goth.l.T.. Ortélius conjecture qu'ils étoient quel»,
que part vers la Saxe.
HARMONISE Monumentum. Voyez Cylices.
HARMOZICA. Voyez Osica.
HARMUSIA. Voyez Armuzaw
HARMUZ. Voyez Ormus.
HARNDAL, petite contrée de Suéde , aux confins
de la Norvège , dans les montagnes de Darrafield. Cette
vallée a été cédée à la Suéde par le traité de Brons-
broo , avec le Jempterland auquel elle confine ; il n'y
a ni ville ni bourg, mais feulement des villages. *Baudr.
éd. 1705.
HARNLAND. Voyez Harrié.
HARNSTEIN. Voyez Alison,
HARO, ville dïspagne, dans la vieille Caftille, au"
bord de l'Ebre. Jaillot , dans fa grande Carte d'Espagne,
la met au - deffous & à l'orient de Miranda ; mais Ro-
drigue Mendez Silva, Poblacion geher. de Espana,fol. 54.
la met à trois lieues de Nagera; ce qui change la fitua-
tion. Son territoire produit des grains, du vin, du jar-
dinage : on y a la pêche &: la chaflfe. Les murailles
en font bonnes , renferment fix cents familles bourgeoi-
fes Ôt quelque nobleffe ; trois paroiffes Se un couvent
de religieux de l'ordre de S. Auguftin. On y tient mar-
ché chaque femaine. Elle doit fa première fondation ,
en 900, à Fernand Laynez, fils aine de Laincalvo Juez
de Caftille. Elle dépérit avec le tems , & fut rebâtie
HARMA. Corneille dit : Stephanus fait mention en 1 168 , ou trois ans auparavant, par D. Lope Diaz
d'une autre Harma dans la Béotie ; ce lieu , pourfuit- de Haro , l'un des feigneurs de Biscaye , qui lui donna
il , étoit environné de colomnes , & fut dans une telle fon nom. On ne fait comment on l'appelloit aupara-
malédiftion depuis que la terre y eut englouti le devin Vant. Mariana qui le fait fondateur de cette ville , fe
Amphiaraiis, qu'on tient qu'on n'envoyoit jamais ap- trompe : Garibay &T. Navarre difent qu'il ne lui donna
f rocher ni oifeau ni bête. Corneille n'a point lu cela dans
tephanus. Cet auteur , que j'appelle Etienne le Géo~
graphe , dit : Harma , ville de Béotie , dans le terri-
toire de Tanagre , félon Paufanias , /. Ix. ■ elle prend
fon nom de "Ap^a-rof , c'eft-à-dire , du chariot, d'Am-
phiaraiis ; car on dit que s'y étant rendu en chariot il y
trouva un afyle , &c ne fut point rendu à fes perfécu-
teurs par les habitans. Cet auteur fournit une troifiéme
Ha
3. HARMA , ville de Grèce, dans l'Attique , proche
dePhyle, vers les frontières de la Béotie. Elle étoit ac-
compagnée d'une forferefle fur un lieu élevé , femblable lans hommes de V
pas fon nom , mais qu'il prit celui de la ville qui pafla
à fes de'scendans. Ils mettent cette augmentation qu'il
fit à la ville, en la rebâtiffant, à l'année 11 40. Sandoval
penche à croire que ce fut D. Diegue Lopez le Blanc,
en 1115. Chacun, dit Rodrigue Mendez , peut fuivre
l'opinion qui lui plaira le plus. Elle eft le chef-lieu d'un
comté , érigé par le roi D. Juan II , en faveur de D. Pe-
dre Fernandez de Velasco , tige des connétables de
Caftille , en la maifon desquels elle eft demeurée.
HAROD Q , ancien lieu de la Paleftine. C'eft le
lieu de la naiffance de Semma îk d'Hclica , deux vail-
de David (b). Dans un autre
à celle de Béotie , qui portoit le même nom proche endroit (c) Semma eft furnommé Ararite; & dans les
de Tanagre. On l'appelloit aufli les bains d'Amphia- Paralipomenes (d) , Semma Arorites ; &: dans le même
rails. Voilà , pourfuit Spon , à l'endroit cite , ce que
Stephanus en dit au mot afma. J'ai été furpris , ajoûte-
t-il , que Meurfius n'ait pas pris garde à ce partage , où
Stephanus donne précifément le titre de peuple d'Atti-
que à ce lieu , quoiqu'il ne marque point fa tribu èVJ ^
ths- 'Att-'v-nî *Affia, &c. Strabon, /. 7, en fait auffi men-
tion, en parlant del'Harma de Béotie. *Spon, Lifte de
l'Attique, p. 318.-
ivre, Sammoth de Je^er. * (a) D. Calmet, D\&. (b) Rcg.
I.2, c.23, V.lf. OR'!- l.I,C.23,V.H. (d)l.,,
c. 1 1 , v. 27 ; & c. 27 , v. 8.
HAROSETH des Gentils , ville de la Paleftine,
fur le lac de Semechon, lieu de la demeure de Sifara,
général des troupes de Jabin, roi de Hazor , Judic. c. 4»
17- 2.
HAROUC, château de Turquie , dans la Natolie,
HÂRMÀLÀ, viltecPAue, fur le Méandre, félon Ni- Près deSebafte. Il fut pris & faccagé parles troupes de Tij
cetas, cité par Ortélius, Thefaur. mur-Bec. *Hiff. de Tunur-Bcc, 1. 5 , c. 55.
HARMASTIS , ville d'Ane, dans l'Iberie , félon Pline : HARPADKJM. Voyez Hirpinum.
P p Tome III,
2<?8
HAR
HAR
HARPAGIA,ou Harpagium, lieu de l'Afie mineure,'
aux environs de Cyzique. Etienne le Géographe dit
que ce fut dans cet endroit que Ganymede fut enlevé ,
& rapporte cela comme une tradition. *«« , on dit.
KARPAGUS. Voyez Harpasus 2.
HARPALYCIA , ville d'Afie, dans la Phrygie, fé-
lon le même , qui en attribue la fondation aux habitans
de Gordiu Teichos.
HARPASA , ancienne ville d'Afie, dans la Carie,
félon le même , qui dit qu'elle prenoit fon nom de la
rivière nommée Harpafus. Pline , ' ./. 5 , c. 29, dit : Har-
pafa , fur la rivière de Harpafus , qui arrofoit auffi la
ville de Trallicon, lorsque cette ville fubfiftoit. Elle
eft épiscopale. Phanias,, fon évêque, fouscrivit au con-
cile d'Ephèfe , tenu l'an 431.
HARPASOU. Voyez Arpa-Sou & Harpasus 2.
1. HARPASUS, rivière d'Afie, dans la Carie. Les
villes de Trallicon & d'Harpafa étoient fur fes bords ,
& elle tombe dans le Méandre. Tite-Live, /. 38, c. 13,
en parle ainfi : le conful étant parti d'Ephèfe pour fe
rendre à Magnéfie , rencontra Attale. . . . Après avoir
loué ce jeune homme , il marcha vers le Méandre, &
campa Ayant parlé ce fleuve ... on vint le
deuxième jour de marche camper auprès de la rivière
d'Harpafus.
2. HARPASUS , rivière de l'Afie mineure , entre le
pays des Calybes & celui des Scythoniens qu'elle di-
vifoit. Xenophon, Retraite des dix mille, /. 4, c 6,
lui donne quatre cents pieds de large à l'endroit où les
dix milles Grecs la traverferent à leur retour de l'ex-
pédition de Cyrus. C'eft YHarpagus de Diodore de Si-
cile , /. 14.
HARPESSUS ou Arpessus, rivière de Thrace. Elle
4e perd dans l'Hebre , félon Appien , Civil. 1. 4.
HARPINNA, ville du Peloponnèfe , dans l'Elide , fé-
lon Paufanias, /. 6 , c. 21. Elle étoit au bord d'une
rivière qui en prenoit le nom de Harpinnates. Elle ne
fubfiftoit plus , & il n'en reftoit que des mafures , lors-
que cet auteur écrivoit.
HARPINNATES , rivière de l'Elide. Voyez l'arti-
cle précèdent.
HARPIS , ancienne ville de la baffe Myfie , à l'une
des embouchures du Danube , félon Ptolomée , /. 3 ,
c. 10. Voyez ArPïi.
HARPLIA, lieu du Peloponnèfe auprès de Derrhium ,
dans la Laconie , félon Paufanias , /. 3 , C. 20.
HARPYA, bourg de l'Illyrie , auprès d'Enchelées,
félon Etienne le Géographe.
HARRAN. Voyez CARRHiE. '
HARRAY. Voyez Harries.
HARRENLAND. Voyez l'article fuivanr.
HARRIE (!') , petite province de la Livonie au nord-
oueft , fur le golfe de Finlande , &C en partie fur la mer
Baltique, félon Robert de Vaugondy, Atlas, & Zey-
ler , Sueciœ , & Livon. Defcr. On l'appelle en allemand
Harrenland. Cette contrée eft bornée au nord par
le golfe ; au levant en partie par la \Vikie, &c en par-
tie par la Jervie ; au midi par la "Wikie ; &c au cou-
chant par le détroit qui eft entr'elle & l'ifle de Dag-
ho'é. Son unique ville eft Revel , dont nous parlons en
fon lieu. A l'orient de la baie où eft le port de cette
ville étoit , le monaftere de fainte Brigitte. Il y a au
couchant de Revel fur la rivière d'Affa , affez près de
fon embouchure , la fortereffe de Pats , en latin Padis,
ou Pades, ou Badis Arx. On trouve le long de cette
province les petites ifles fuivantes :
Odesholm , Nargho ,
Rago , Ulfo.
HARRIES : c'eft le nom de la partie méridionale de
de l'ifle de Lewis , l'une des "Wefternes. Voyez au mot
Isle , l'article de l'Isle Lewis.
HARTBERG, Hartismons, petite ville d'Allemagne,
dans* la baffe Stirie.
HARTENSELS , château d'Allemagne. Voyez Tor-
CAU.
HARTENSTEIN , bailliage d'Allemagne , dans la
haute Saxe, au Voigtland. Le chef-lieu, dont il prend
le nom, eft un village entre Schneebenj &c Stolberg. * Me-
nait , Carte de la haute Saxe.
1. HARTFORD, ville &
Le Comté de HARTFORD. Voyez Hertforo
& Hertfordshire.
2. HARTFORD , colonie Se canton de l'Amériqus
feptentrionale , dans la nouvelle Angleterre. Cette con-
trée avance beaucoup dans les terres au couchant de 1*
rivière de Connefticut , &c comprend les villes de
Farmington ,
Glaftonbury ,
Hadham ,
Hartford ,
Middletown ,
Simsbury ,
Waterbury,
Weathersfield ,
Windfor,
Farm,
& Windham.
La capitale qui donne le nom à cette contrée, le prend
elle-même d'une ville de l'Angleterre propre; & on
voit par la lifte précédente que les Anglois ont voulu
que dans la nouvelle Angleterre, on retrouvât des villes
qui portaffent les mêmes noms que celles de leur an-
cienne patrie. Hartford eft la plus confidérable de cette
contrée : il y a deux églifes , favoir la vieille églife, Se
l'églife neuve. Les Anglois les diftinguent ainfi , parce
qu'ils n'ont plus ufage de donner des noms de faints
aux églifes qu'ils bâtiffent.
HARTHALS, montagne de Dannemarck, au Jutland,
dans le diocèfe d'Albourg , près de l'Océan , où elle
fait une efpece de cap entre le grand banc de Jutland »
& un autre banc qui eft plus à l'orient. * Robert de
Vaugondy, Atlas.
HARTLAND Point, cap d'Angleterre , fur la côte
feptentrionale de Devonshire , aux confins du cctmté de
Cornouailles , à l'entrée du golfe de la Saverne , vis-à-.
vis de la petite ifle de Lundye.
HARTZ (le), ce mot Hart étoit anciennement
un nom . général dont les Germains fe fervoient pour
fignifier une forêt. Ce nom fe conferve encore en Alle-
magne dans celui de la forêt de Speshart , dans celui du
Hartç dont il eft queftion dans l'article fuivant ; dans
celui de Neujladt an der Hart , & en quelques autres.
Les Romains entendant dire que, depuis la Gaule Belgi-
que jusqu'à la, Scythie , il y avoit quantité de forêts ,
& les Germains fe fervant du mot Hart^en, les Ro-
mains prirent ce nom pour celui d'une feule forêt qui
couvroit cette vafte étendue de pays , Se du nom alle-
mand ils formèrent ceui à'Hercinia Silva , ou Herci-
nius Saltus , fi fameux dans leurs écrits. Voyez au mot
Hercinia Silva. Ils ne laiffoient pas de donner des
noms particuliers à diverfes parties de cette forêt , comme
nous le faifons voir en leur lieu.
Le HARTZ , n'eft pas feulement une forêt , mais un
amas de hautes montagnes : les anciens l'ont connue
fous le nom de Bacenis. Le mont Melibocus que
couvroit cette forêt, étoit une chaîne de montagnes, qui
répond à celles du Hartz , Se fon nom s'eft conferve
dans celui de Blockberg. Le nom de Harti étant
devenu peu-à-peu hors d'ufage, & le nom particulier
de ces forêts du Brunswig, on a dit également leffartç
& le Hart^wald. Ce dernier ne fignifie que la forêt-
forêt, de même qu'en Sicile on a nommé l'Ethna le
Mont Gibel, qui n'eft qu'une répétition du mot Mont.
Les montagnes &c les forêts que l'on défigne par le nom
du Harti , font dans la baffe Saxe , dans la partie de
la principauté de "Wolfenbutel , qui eft entre l'évêché
d'Hildesheim, la principauté de Halberftad, & la Thu-
ringe. Il y a dans le Hartz quatre villes , nommées les
quatre villes des montagnes , quatre Berg-Stadte , que
les maifons de Hanover &c de Brunswig poffedent eu
commun. Ces villes font,
Zellerfeld ,
Vildeman ,
Grunde ,
Lautenthal.
II y a trois chofes remarquables dans le Hartz, 1. le
château de Hartzbourg , dont nous parlerons ci-après ;
2. les falines, & 3. les mines.
Pierre Albinus croit que la mine de Wildeman fut
ouverte vers l'an 1045 , ci celle de Zellerfeld en 1070,
&c ainfi des autres. On en tire de l'argent, du cuivre,
du borax , du plomb , du vitriol , &C du foufre. On peut
voir l'hiftoire 6c les opérations de ces mines dans le
HAR
HAS
livre de Zeyler , Brunswic.& Luneburg. Topogr. p. 106
& feq. On trouva les falines auprès du vieux château
de Hartzbourg, du tems.de Jules , duc de Brunswig ck
de Lunebourg ; ck comme il la fit mettre en état de
fournir du feï, on la nomma Julus Halle. J'ai remar-
qué ci-deffus , que le nom de Halle eft commun à bien
des lieux qui ont des falines.
HARTZBOURG, autrefois Hartesburg, ancien
château d'Allemagne, dans le Hartz ; quoiqu'il foit démoli,
il y a long-tems , il mérite bien que l'on en faffe men-
tion. On ignore le tems de fa fondation ; mais il étoit
remarquable par le culte de Crodo , idole que Schedius ,
de Dits Germanis , fyngramm. 4 , c. 2 , décrit ainfi.
Crodo éjoit repréfenté comme un vieillard debout fur
un poiffon , nommé perche. Il étoit vêtu d'une che-
mife , nudspieds , avec une ceinture de lin. Il tenoit
de la main droite une corbeille remplie de fruits ck de
fleurs, ck de l'autre une roue. Le poiffon , fur le dos
duquel il étoit debout , avoit le ventre appuyé fur une
colomne. On croit affez communément que ce dieu
n'étoit que le Saturne des Latins, dieu du tems. La roue
marque fa rapidité, ck la> corbeille fait entendre que
c'eft le tems qui fait éclore les fleurs , ck meurir les fruits.
Zeyler dit que ce château s?appelloit autrefois Satur-
bourg. Il ajoute : Charlemagne ayant fait la guerre ,
en 780 , contre les Saxons orientaux , ck converti leur
roi Wittikind , fe rendit maître de Saturbourg , où étoit
un faux dieu nommé Crodo , adoré par les Saxons ,
& vint à bout de détruire l'idolâtrie de ces peuples;
ce qui ne put pourtant fe faire fans une grande effufion
de fang. Pour mieux affermir la religion Chrétienne en
ces quartiers , l'empereur Charles fonda une églife dans
la vallée de SchuUnrode , immédiatement au-deffous de
Hartzbourg ; car c'eft ainfi que Zeyler dit que Char-
lemagne nomma Saturbourg. Il met cette fondation
en 916 , cela fait une difficulté ; car cet empereur Char-
les ne peut être ni Charlemagne mort en 814, ni Char-
les le Chauve mort en 875 , ni Charlesle Gros mort
en 887 ; c'eft encore moins Charles IV , qui ne com-
mença de régner qu'en 1346. Je laiffe aux hiftoriens
d'Allemagne à éclaircir cette difficulté. Quoi qu'il en
foit , Péglife fut bâtie en l'honneur de Dieu , fous l'in-
vocation de S. Matthieu. L'empereur Henri III tira de-là
le chapitre, ck le transféra à Goslar , en 1040, dans Pé-
glife de S. Simon fk S. Jude.
L'ancien château de Hartzbourg, qui eft démoli , étoit
au haut de la montagne de Burberg ; on a bâti au bas
la faline de Julius Halle dont nous avons parlé.
HARTZGERODE , petite ville d'Allemagne, dans la
haute Saxe, dans la principauté d'Anhalt & dans les états
de la branche de Bernbourg. Zeyler écrit cenomHARTZ-
KERODE, ck Baudrand Hartzerode. Cette ville eft
fur le bord méridional de la Selke , entre Schwartzbourg
& Falkenftein , félon la carte de Homan qui écrit ce
nom Hartzkerode. Hubner écrit Hart{gerode , ck
dit qu'il y a une mine ouverte Se que c'étoit ci-devant
la réfidence du prince.
HARUDES, (les) ancien peuple delà Germanie.
Cefar , de Bell. Gall. t. 1 , ç. 3 1 , dit que les jEdui ck
les Séquaniens fe disputant la fupériorité , ces derniers
appelèrent Ariovifte à leur fecours ; que ce roi trouvant
à fon_ gré le pays des Séquaniens , s'en fit donner la
troifiéme partie , fur-tout après l'arrivée de 14000 Ha-
ludes, qui vinrent fortifier (on armée. Il dit, l.i, c. 37,
qu'après leur établiffement dans les Gaules, ils fe mirent
à harceler les jEdui; ck /. 1 , c. 51 , qu'ils étoient de
l'armée d'Ariovifte avec les Marcomans, les Triboques,
les Vangions , les Nemetes , les Sedufiens ck les Suéves,
tous peuples de Germanie. Après cela il n'en eft plus
parlé , ni dans les autres livres de Cefar , ni clans Sué-
tone, ni dans Tacite , ni dans aucun des autres hifto-
riens de Rome. On voit feulement dans Cefar, que l'ar-
mée d'Ariovifte fut battue & diffipée. Les autres peu-
ples,qui an étoient, fe retrouvent enfuite dans leur pa-
trie. Les Harudes & les Sedufiens ne fe retrouvent
plus. Ce que Cefar nous apprend des Harudes , ne fuf-
fit pas pour leur afligner une demeure fixe &C certaine
en Germanie. C'eft pourtant ce que Olivier , German.
ant. a tâché de faire. Il prétend que les Harudes oc-
cupoient une partie de la Franconie ck du haut Pala-
tinat, avec le territoire de Nurenberg ck un peu de
2 99
la Suabe. Cela s'appelle deviner. Cefar , le feul qui
ait parlé de 'ce peuple , ne dit rien' qui puiffe marquer
leur ancien pi'ys. Ils vinrent de Germanie dans les Gau-
les. Cefar ledit ! Mais il ne dit point de quel endroit.
Une partie périt 'en combattant fous Ariovifte , le refte
reparla à peine le Rhin ck regagna le gros de fa nation.
Il fe peut que les Harudes ck les' Sebufiens , trop affai-
blis pour faire chacun un corps' de' nation, fe perdirent
dans quelqu'autrq dont ils portèrent enfuite le nom. Cette
conjecture eft , cerne femble, plus raifonnable que de
les placer en Suiffe,fans qu'aucun auteur ancien fourmffe un
feul mot qui puiffe faire croire que'celafoit. Les Harudes
•s'étant ainfi fondus dans un autre peuple , il n'eft pas éton-
nant que leur nom ne fe retrouve plus dans l'hiftoire.
HARUM, ancien nom d'un château d'Italie, fur le
mont Caffm. Voyez Casinum.
HARVICH, ville maritime d'Angleterre , au comté
d'Effex , avec un port de mer à l'embouchure de la Sture ,
fur les frontières de Suffolck. C'eft où font établis (es
"paquebots qui portent les lettres de Harvich à Helvoet-
ffuis , ou à la Brille en Hollande , ck qui repaffent la
la mer aves les lettres de Hollande. Sa fituation eft fort
avantageulé, étant environnée de la mer presque de
tous côtés ; mais le havre n'eft pas propre pour de gros
vaiffeaux. * Etat préfent de la G'. Bretagne , tom.. I, p. 64,
H AS ART, fortereffe ck principauté de Syrie : il, en
eft parlé dans I'Hift'oire des Croifades. La Chronique
de Jerufalem, /. 5 ^ c. 5, 6 & 7', .fait mention djxpr.ince
de Hafart & de Ces guerres contré Brodoân, prince d'Â-
lep. On voit dans la lettre que ce .prince écrivit à G°~
defroi, duc d'Antio'che , c. 8 , n & ri, que Brôrïoan
avoit amaffé diverfes troupes auxiliaires des Turcs, ck
venoit affiéger la fortereffe de Hafart. Qu'il l'affiégea
en effet, & que Godefroi lui en fit lever le liège. Il
eft parlé du pays ck des campagnes déHafart dans cette
Chronique, c. 10.
HASAR-SUAL , ou Haser-Sual , ville de la Pales-
ne , dans la tribu de Siméon ou de Juda , félon D. Cal-
met ; Hafar ou Cha^er Suai ,_ h]}W Ti H 1 Psut Hni~
fier la
Efdr. 1.1, c. il, v. 17.
fier la demeure du renard.
rofuê ,
c. 15, v. 28; ck
HASAR-SUSIM, ou Haser-Susim, ville de la
Paleftine, dans la tribu de Siméon, {Parai. 1. 1, c.4,
v. 31.) Chaftr-Sufîm, Q'DID "li'H fignifie la demeure
des chevaux. Elle eft nommée dins Jcfué, c. I0,v. 5,
Hafer-Sufa.
HaSBAIN,Hasbaine,Haspengav,ouHesbaye;
Hasbania ou Hafpjnga ; pays d'Allemagne , dans le
cercle de Veftphalie , dans l'état de l'évêque de Liège ,
dont il fait aujourd'hui la principale partie ou province.
Liège, capitale de tout le pays , y eft fituée. Les empe-
reurs ont été très-long-tems fans aliéner ce comté ou
pays de Hasbain ou Hàspengaw ; & quoique les évê-
ques de Liège fuffent très-puiffans dans leur ville ck
dans le pays voifin , ils n'en étoient pas les véritables
fouverains. Ce qui a duré jusqu'à l'an 1040. L'em-
pereur Henri donna alors à Nitard, évêque de Liège,
ck à (es fucceffeurs , le comté de Haspinga , ou Has-
pingau, qui étoit tenu alors fous l'autorité de l'empereur
par un comte nommé Arnauld. La patente impériale,
datée du 9 des calendes de Février ou du 14 Janvier
1040, en la première année du régne de Henri, fck
donnée à Ulme , eft rapportée par Anfelme, en fon His-
toire des évêques de Liège.
Liège , Tongres , Vifet , Borch-worme , Sainf-Tron,
ck quelques autres lieux, font de la Hasbain ; 6k mêaig
Borch-worme paffepour en être la capitale, parce que
les comtes y faifoient leur réfidence , & non pas à
Liège, qui fegouvernoit par l'es magiftrats, ck que Liège
tk (à banlieue font un territoire à part.
Du refte la Habaye, Hasbain, ou Hasbaine , étoit
autrefois' de bien plus grande étendue qu'elle n'eft à
préfent ; car outre qu'elle comprenoit les comtés de
LOSS ckde Horn, il y aune partie du quartier de Lou-
vain ,en Brabant, ck du comté deNainur, qui ont été
de l'ancienne Hasbanie ; & dans la moderne , il y a
des lieux enclavés qui font du Brabant, comme Her-
STal. Voyez ce mot.
HASBAT , province d'Afrique , en Barbarie , au
royaume de Fez. Elle commence, vers le couchant, aux
marais de la province d'Asgar , s'étend , vers le k-
Tomt III. Pp ij
HAS
300
vant,' jusqu'aux montagnes d'Errif, Se comprend le» au-
tres qui font fur le détroit de Gibralrar. La rivière d'Er-
■guile la borne au midi, & l'Océan au feptentrion. Elle
a vingt-fept lieues du couchant au levant, 6k plus de
Trente - cinq du midi au nord. Cette province eft une
plaine fort fertile en bleds : elle eft arrofée par plufieurs
grandes rivières qui descendent des montagnes, & fc
Tendent dans la mer. On^ y voit une quantité prodi-
gieufe de troupeaux. Les hiftoriens d'Afrique parlent fort
ce cette province, parce que c'a été la plus illuftre de
tout le .pays &C celle qu'on nommoit la Tingitane, &r_
où il y avoit plus de villes bâties par les Romains &C
par les Goths ; mais depuis la fondation de Fez , les
meilleurs habitans de la province s'y font allés habituer,
pour éviter les délbrdres de la guerre, particulièrement
depuis que les Portugais conquirent les principales villes
de la côte. * Marmot, 1. 4, c. 42,'t. 2, p. 210.
Marmol femble croire que la province dont il eft
çpieftion , répond à la Tingitane des anciens ; mais elle
n'en comprend qu'une petite partie , puisque pour for-
mer la Tingitane , il faut prendre tout le royaume de
Fez & la plus grande partie de celui de Maroc , c'eft-
à-dire tout ce qui eft au nord ou au couchant de la
grande chaîne du mont Atlas qui s'étend depuis Sainte-
Croix par Itala Gefula , &c Garciluin jusqu'à l'embou-
chure de la Meluya , la Malva ou Mal varia des anciens,
qui féparoit la Tingitane de la Céfarienfe. Mais c'eft
dans cette province qu'étoient Tingis qui donnoit le
nom au pays , Stpta , Se autres villes poffédées par
les Romains.
Les villes qui y font aujourd'hui, font , félon Marmol ,
HAS
Se ils portent les mêmes armes que les Bcreberes des
autres montagnes de Hea. Mais depuis le règne des Ché-
rifs , ils ont quelques arbalètes &t arquebufes , & l'on
ne fait pas cas d'un Chec -qui n'a pas avec lui quelques
arquebufiers pour écarter les- Arabes. Ses villes, feloa
Marmol , font :
Almenide ,
Elemedin ,
Ses montagnes font ,
Tenendez ,
Tenfit,
Bizu.
Ifadagaz ,
Elgemuha,
Guigidime ,
Tescevin.
Ezagen,
Beni-Teudï ,
Amergue ,
Tenzert ,
Aquila,
Frixa,
Egefire ,
Bezat ,
Homara ,
Arzicle ,
Tanger,
Alcaçar-Ceguer,
Ceuta , aux Espagnols ,
Tetuan.
Les montagnes de cette province font,
Aihon ,.
Beni-Zéquer ,
Beni-Aroz ,
Beni-Telit ,
Beni-Hascen ,
Amegara,
Huat-Idris,
Beni-hued-fileh.
Quelques-uns nomment cette province Habat, Sr. Mar-
mol n'écrit pas autrement. Son nom , dans les cartes de
De l'Ifle, eft ['Algarve. Voyez Alcarve 1 Se 3.
HASBISTiE. Voyez Asbistje.
HASBOURG. Voyez Habsbourg-
HASCORE , province d'Afrique, en Barbarie, au
royaume de Maroc. Marmol , /. 3 , c. 69 & fuiv. }a
nomme EscURE , & dit que fon ancien nom eft Do-
MINET. Il la décrit ainfi : elle commence vers le fep-
tentrion à la montagne Verte , fur la frontière de Du-
quela où elle aboutit à la rivière de Tancift , Se s'étend
au couchant près de la rivière d'Ammey. Au levant
elle arrive au fleuve des Nègres ,qui la fépare de la pro-
vince de Tedla, & fe rend dans celle d'Ommirabi.
Elle a au midi quelques montagnes du grand Atlas ,
qu'elle enferme dans fon enceinte : ces montagnes font
remplies de vignes, d'oliviers, Sr. de toutes fortes de
fruits dont elles fourniffent abondamment la ville de
Maroc , qui en eft à vingt lieues du côté du couchant.
Cette province eft habitée d'Africains fédentaires , d'une
des branches de la tribu de Muçamoda , d'où elle a pris
fon nomd' 'E/cure. Ils font plus riches que ceux deDuquela,
parce qu'ils font moins inquiétés des Arabes, Se culti-
vent un bon pays, où il y a force bled, & quantité de
gros Se de menu bétail. C'eft là qu'on accommode les
beaux marroquins , dont ils font des bottines & des cou-
vertures de felle à piquer , Se toutes fortes de belles
chaufTures. On y fait auflî plufieurs fins draps , mais qui
ne font pas fi beaux que ceux de l'Europe; & on y
aborde de tous côtés pour le trafic. Les mœurs , les
habits , &c. des habitans des villes font à-peu-près fem-
blables à ceux de Maroc ; mais ceux de la montagne
font brutaux , &£ vivent comme des payfans. Il y a
entre eux plufieurs artifans & autres marchands Juifs,
Cette province a été nommée Hascore du nom de la
famille de Hascura, l'une des branches de la tribu de
Muçamoda. Un Africain de cette maifon gouvernoit
la ville d'Ifadagaz , quand le Chérif fe rendit maître du
pays.
HASE (le) , Chafua , rivière d'Allemagne , dans la
"Weftphalie. Elle fe joint à l'Ems au deflbus de Lingen.
* Alling. Bat. & Frif. ant. not. p. 3.
1. HASEL, ruiffeau. Voyez HASELFELD.
2. HASEL ou le Val-Hasel. Voyez Hasli.
HASELAC , Florentii monaflerium , ancienne abbaye
de France , au diocèfe de Strasbourg , dans la baffe
Alface , à deux lieues de Molsheim. Elle fut fondée
par Dagobert , roi d'Auftrafie , Se enfuite changée en
collégiale. Jaillot écrit Haflac , & Piganiol ASLA.C ,
dont fes imprimeurs ont fait Astac. Il dit que le cha-
pitre a été transféré à Molsheim. Hafelac n'eft qu'un
village. * Abrégé de tkiftoire de tordre de S. Benoit t
I. 3, c. 43.
HASELFELD, ou, comme on écrivoit, anciennement
Haszlefelde, petite ville d'Allemagne, dans la baffe
Saxe , dans les Etats de la maifon de Brunsvig , au
comté de Blanckenbourg , bailliage de Stiége. Quel-
ques-uns dérivent fon nom du Hafel , ruiffeau qui coule
auprès de la ville ; d'autres des coudriers , qu'on nomme
en allemand Hafel, parce que dans les environs on trouve
beaucoup de cette forte d'arbres ; Sr. ce qui favorife
cette opinion , c'eft que la ville a une feuille de coudrier
dans fes armes. Elle eft à deux milles de Blanckenberg ,
dans le Hartz , Se dans un canton très-froid ; auflî n'y
feme-t-on que les grains d'été. Elle eft ancienne , Se fes
murailles Se fa citadelle , quoique démolies , font voir
encore qu'elle étoit autrefois plus grande Se bien forti-
fiée. L'an 1559, le mardi après le dimanche de Quajl-
modo , le 4 Avril , à quatre heures , quand presque tous
les habitans étoient au bois ou à la campagne , des en-
fans en fe jouant mirent imprudemment le feu à la ville
qui fut réduite en cendres ; l'églife , la maifon de ville ,
l'école, tout fut confirmé. On l'a rebâtie depuis. * Zey-
ler, Brunswic. Topogr. p. 109.
HASELINE, petite ifle de la mer de Dannemarck,'
au nord de celle de Seelande , Se à l'orient de celle de
Syro. ■
HASELMERE , bourg d'Angleterre , dans la province
de Surrey. II a droit de tenir marché public. * Etat pré*
fine de la G. But. t. I.
HASENCALA. Voyez Calicala.
HASFURTH. Voyez Haszfurth.
HASLACH, bourg d'Allemagne, en Suabe, dans la
principauté de Furftenberg, fur la rive droite du Kintzig, au-
deffous de Haufen. * S an/on ; Robert de Vaugondy, Atlas.
HASLI, (le pays de) le Val-Hasel ou le Has-
lethal , petit pays de Suiffe , au canton de Berne ,
dont il eft la dernière partie , & l'extrémité la plus re-
culée , faifant front d'un côté au canton d'Undenrald ;
du côté d'orient à celui d'Uri , & du côté du midi au
haut Valais. C'eft un pays de valons ,Jitués entre de hau-
tes montagnes , où il y a de bons pâturages , beaucoup
d'eau , plufieurs villages, Se encore plus de maifons de
campagne disperfées çà & là. Les habitans ont beau-
coup de privilèges. Ils choififfent eux-mêmes leur chef
qu'ils appellent Amman , & qui eft toujours pris de leur
corps ; il eft confirmé à Berne , où il rend compte de
fon adminiftration. Là font les monts Grimsel , Schrek-
horn , Wetterhorn &C quelques autres femblables. Il y a
dans le même pays quelques mines de fer , qu'on y a
HAS
HAT
découvertes, il y â environ deux cents ans, ck qu'on fait
valoir parle moyen des forges. Il femble que, dans des
lieux aufîî fauvages que ceux-là , on ne devrait recueillir
aucuns fruits ; cependant en été la chaleur le concentre
dans ces vallons profonds , environnés de hautes mon-
tagnes de toutes parts, & meurit promptement les fruits
ck, la terre. On y feme au printems ; & dans dix femai-
nes ou trois mois au plus tard , on moiffonne. * Etat &
délices de la Suijfe, p. 221 Se fuiv.
HASLINGDEN , bourg d'Angleterre , dans la pro-
vince de Lancaftre. On y tient marché public. * Etal
préfent de la G. Bret. t. I .
HASNA , ville d'Afie, dans un pays queD'Herbelot
nomme Jagiouge. Il dit que les Arabes ont ainfi nommé
ce lieu, àcaufe de fon afliette, qui eft très-forte & pres-
que inacceffible , ôc que cette ville eft fituée proche la
muraille ou le rempart qui a été fait pour arrêter les cour-
fes des Hyperboréens , qui, dit-il, font les Scythes les
plus feptentrionaux. Il femble qu'il faille chercher ce lieu
aux confins de la Tartarie &C de la Chine , près de la
grande muraille. *D'Htrbelot, Bibliot. orient, aux mots
Ip.%iougi & Hasna.
"HASN-ELTAF, ville dePerse, 372 d. 32' de lon-
gitude , & à 34 d. 40' de latitude , félon Tavernier,
Voyages de Perse , /. 3, ch. dernier. Ce nom fignifie le
centre de la beauté. Quoique cette ville ait un fi beau nom,
elle eft pourtant habitée par des gens groflîers &C tout-à-
fait ruftres. Elle eft fort petite ; mais elle a été autrefois
beaucoup plus grande , & a eu pour fondateur le Kalife
Mohteffen. Aujourd'hui elle eft presque toute en ruine.
. HASNON , Hasnonium. Abbaye régulière , de l'or-
dre de S. Benoît , clans le Hainaut , au diocèlé d'Arras ,
for la Scarpe , à une lieue au fud-oueft de Saint-Amand.
L'abbaye fut fondée par Jean & par Eulalie, perfonnages
d'une grande naiffance, qui fondèrent deux monafteres,
l'un pour des hommes , qui fut gouverné par Jean ; &c
l'autre pour des filles , dont Eulalie fut la première ab-
befle , & qui , dans le neuvième fiécle , eut pour abbeffe
Ermentrude , fille de Charles le Chauve. Les Normands
défolerent ces deux maifons , Se mirent les religieux &C
les religieufes en fuite. On mit en leur place_des cha-
noines ; mais , dans l'onzième fiécle, Baudouin, comte
de Flandres , rétablit le monaftere , & y mit des moines
qu'il tira de Saint-Amand. L'abbaye jouit de cinquante mille
livres de revenu. Elle eft de l'ordre de S. Benoît. * Pï-
ganiol de la Force, Descr. de la France , t. 3, p. 153.
HASPAHAM. Voyez Ispaham.
HASPARON , gros bourg de France , au pays de La-
bour, généralité d'Auche, près la petite rivière d'His-
pide. * Mém. drejfés fur les lieux.
HASPENGOW.) ., „,
HASPINGIA. £ Voyez Hasbain.
. HASSARASSAP , ville du pays de Charasm , fur la
rive feptentrionale de la rivière de Khefell , à 40 d.
45' de latitude, St à 89 d. de longitude. Elleétoit autre-
fois confidérable ; mais elle a bien déchu depuis que les
Tartares Usbeks en font en pofleffion. * Hifl. généal. des
Tatart , p. 798.
HASSARMAUETH. Arias Montanus dit que lesHé-
breux nomment ainfi la Sarmatie ; il entend par-là
les Juifs modernes.
HASSEBROUCK, petite ville démantelée des Pays-
bas , dans la châtellenie de Caffel. * Diction, géogr. des
Pays-bas.
HASSEK , ville de l'Arabie heureufe , fur la mer ,
vis-à-vis de Zocotora. L'ancien peuple des Adites de-
meurait aux environs de Haffek, félon D'Herbelot , Bibl.
orient.
HASSELFELD , bourg de la baffe Saxe , dans le
comté de Reinftein , aux confins de la principauté d'An-
halt , entre les villes de Northaufen St Halberftadt , à
environ cinq lieues de la première , & à fept de la fé-
conde.
i . HASSELT , petite ville des Provinces-Unies des
Pays-bas, dansl'Over-Iffel, fur le Wecht , à deux lieues
de Zwol , & à quatre de Steenwyk. Son nom latin eft
Haffcletum ; c'eft une des huit villes murées de la pro-
vince d'Over-Iffel. Elle eft petite , mais affez jolie. On
ignore le tems de fa fondation : on fait feulement qu'en
1241, Henri de Vienne, évoque d'Utrecht, lui accorda
le droit de ville, une jurisdi&ion fans appel, Se le droit
jor
de condamner à mort. Tous les évêques fuivans jusqu'à
Henri de Bavière, confirmèrent ces privilèges ; Si Char"
les V, empereur 6c feigneur d'Over-Iffel , les ratifia , -
en 1527. L'églife a été bâtie fous l'invocation de faint
Etienne. La ville eft entourée de bons pâturages , & le -
Wecht lui. fournit du poiffon abondamment. * Blaew,
Theat. urb. Belg.
2. HASSELT, petite ville d'Allemagne , au pays d# -
Liège, dans le comté de Lofs, furleDemer, & à cinq
lieues de Maftricht.
x. HASSI ; quelques modernes ayant cru voir Ce nom
dans Plme, /. 4, c. 17, ou Bassi, comme porte l'édi-
tion de Venife , ie font figurés que c'étoit la Baffée, ville
de Flandres , mais le mot Hajji ne paraît plus dans les
bonnes éditions de Pline. *Ahyer, Annal. Fland. /. 10.
•2. HASS1 ; les modernes nomment ainfi, en latin, les
Hessois.
HASSIA, nom latin de h Hefe.
Ces deux noms viennent du peuple Chatti ou Catù ,
ancêtres des Heffois. Voyez Hesse & Cattes.
1. HASTA, ancienne ville delà Paleftine , félon la
Notice de l'empire , fecl. 21.
2. HASTA, ville d'Italie, félon Pline. Voyez Basta.
C'eft ainfi que ce nom fe trouve écrit dans les bonnes
éditions.
HASTEMBECKE , village d'Allemagne , au cercle
de la baffe Saxe, dans l'électorat d'Hanovre , au fud-eft
d'Hameln , remarquable par la victoire remportée par .
les François , commandés par le maréchal d'Etrées , fur
les Anglois qui avoient à leur tête le duc de Cuinber-
land, le 26 Juillet 1757.
HÀSTIER; abbaye d'hommes, ordre de S. Benoît,
dans les Pays-bas , au comté de Namur , proche celle
de Wafor à laquelle on l'a réunie.
HASTINGS , félon l'Etat préfent de la G. Bretagne,
t. 1 , p. 1 17, ville maritime d'Angleterre, dans la pro-
vince de Suffex ; c'eft un des cinq ports qui ont de grands
privilèges & dont les députés au parlement font appelles
barons des cinq ports. La ville eft ancienne, Se étoit au-"
trefois défendue par un château qui eft tombé en ruine.
11 y a deux paroiffes. Ce fut près de cette ville que fe
donna , en 1263 , la fanglante bataille entre le roi
Henri III , & les barons : la victoire fe déclara en fa-
veur de ceux-ci, Se le roi fut contraint de plier. Bau-,
drand, édit. 1705, n'en fait qu'un bourg, Se dit que
Guillaume le Conquérant débarqua au port de Has-'
rings, & que huit jours après il défit aux environs, Ha-
rald , roi d'Angleterre , qui y fut tué le 14 d'Octobre
1066, ce q ù lui acquit le royaume d'Angleterre, qu'il
a transmis à fa poftérité. D'Audifret, Geogr. kijl. t. 1,
avoue que quelques-uns y mettent le débarquement de
Guillaume le Conquérant ; cependant il ajoute : d'au-
tres juftifient que ce fut à Prevenefey, (Pevensey.)
HASUNDA, rivière deSuéde, danslaGeftricie. Elle-
arrofe Gévalie , qui en eft la capitale , & la i'épare en
deux parties. * De Clfle; Zeyler , Suev. Descript.
HASZFURTH , petite ville d'Allemagne , en Fran-
conie , dans l'évêché de W urtzbourg fur le Mein , en-
tre Bamberg Se Schweinfurth , à trois milles germani-
ques, au-deffus de la dernière. Il y a un château, ocelle
eft le chef-lieu d'un bailliage de même nom. * Zeyler ,
Francon. Topogr. p. 26.
1. HATFIELD , bourg d'Angleterre , dans la pro-
vince d'Effex. On y tient marché public. * Etal préfent
de la G. Bret. t. I.
2. HATFIELD, bourg d'Angleterre, dans la pro-
vince d'Hertford. Il a droit de tenir marché public.
* Etat préfent de la G. Bret. t. I .
HATIBONICO , rivière de l'Amérique , dans Me
Hispaniola. C'eft , fans doute, la même q\xs?Artibonite,
qui a fa feurce dans des montagnes , au milieu de Fifle ,
Se, coulant d'orient en occident, arrofe le petit pays que
les François appellent Mirabalais , Se le jette dans une
baie terminée au midi par le Morne-au-Diable. Elle a
plus de foixante lieues de cours, fans parler des détours
qu'elle fait.
HATRA, ancienne ville d'Afie , dans la Méfopota-
mie, félon Ammien Marcellin, /. 2^, c. 8. Il dit: nous
vînmes à Hatra, ville ancienne, fituée au milieu d'undé-
fert, Se autrefois dépeuplée. Trajan & Severe, princes
guerriers, ayant entrepris, en divers tems, de la détruire ,
302 HAT
faillirent eux-mêmes à périr avec leurs armées. Dion
Cafiius , L 68 , p. 785 , qui rapporte cette expédition de
Trajan , ne nomme point cette ville ; mais il en fait la
capitale desAgaréniens que l'empereur vouloit fubjuguer.
Il la met en Arabie , c'eft-à-dire dans l'Arabie qui eft en-
tre le Tigre & l'Euphrate ; voici les paroles : étant parti
de-là , (c'eft-à-dire de Ctefiphonte chez les Parthes à
qui il venoit de donner un roi ,) Se marchant vers l'Ara-
bie, il attaqua les Agaréniens qui avoient quitté le parti
des Romains , Se dont la ville n'eft ni grande ni riche:
le pays voifin eft en partie défert, parce qu'on y manque
d'eau , & que le peu , qu'on y en trouve, eft très-mau-
vais , Se parce qu'on n'y peut avoir de bois ni de four-
rage ; de-là vient qu'un peuple un peu nombreux ne
fauroit y lùbfifter , tant par cette difette qu'à caufe des
chaleurs violentes auxquelles elle eft expofée. Trajan
donc ne put la prendre, ni Severe après lui, quoiqu'ils
euffent renversé une partie de la muraille. On voit bien
par ces circonftances , que la capitale des Agaréniens eft
la même que celle dont parle Ammien Marcellin. De
Valois croit que ce nom des Agarénitns eft une faute
du copifte qui a mis 'ày^moiç, pour 'krpmoiç , ce qui
eft très-vraifemblable ; Se alors les Hatreniens feront un
peuple qui prenoit l'on nom de la ville d'Hatra. Ce peu-
ple fe trouve effectivement nommé ainfi par Hérodien
£.3. Voyez ATR.E.
HATRENI , 'AtpwkoÏ , peuple de la Méfopotamie.
Ils habitoient la vil'e d'HATRA. Voyez cet article.
.' HATTEM , Huttenum , petite villes des Provinces-
Unies des Pays-bas , au duché de Gueldre, dans le Ve-
îaw , fur la rive gauche de l'Iffel , entrer Deventer Se
Campen , à deux lieues de Zwol. Il y avoit autrefois une
forte citadelle , bâtie par Reinald , premier duc de Guel-
dre, Se augmentée de divers ouvrages par Charles, der-
nier duc. Elle foutint les rudes attaques , que George
Schenk lui donna. Elle eft maintenant détruire , Se il
n'en refte plus que les décombres. Hattem fut prife , en
1672, par les François; ils l'abandonnèrent enfuite, Se
en raierent les murailles , félon Baudrand, édit. 1705.
* Dïcl. geogr. des Pays-bas ; Pontanus , Hift. Gelric.
/. 1 , p. 40.
HATTIBONITE, grande rivière de l'ifle de Saint-Do-
mingue , que l'on nomme aujourd'hui, par corruption,
Artimte. Voyez ce mot.
HATTINGEN , petite ville d'Allemagne , au cercle
de "Weftphalie, dans le comté delà Marck, fur leRoer,
aux confins du pays de Berg. Cette ville fut prife par les
impériaux, en 1636. * ZeyUr , Weftphal. Topogr. p. 8*.
HATTON-CHATEL , bourg de France , au duché
de Bar , dans la Vaivre , entre la Meufe Se la Mofelle,
fur une montagne près du nrjffiau de Hatton, d'où
lui vient fon nom. Il eft de l'ancien patrimoine de la
ville de Verdun. Cette étymologie eft de Baudrand, qui
dit Batton-Chàteau. DeLonguerue en donne une autre,
& en même tems l'hiftoire abiégée de ce lieu. La voici:
Hatton-Chaftel a pris fon nom de fon fondateur Hatton,
évéque de Verdun, qui vivoit fous le jeune Lothaire,
vers l'an 860 , Se qui fit bâtir cette fortereffe , qui étoit
la meilleure, Se la plus importante de l'évêché. Les évê-
ques la conferverent foigneufement ; car Guillaume ,
évêque de Verdun, fous Charles VII, ayant engagé à
Jean de Luxenbourg , comte de Ligni , cette place pour
une fomme d'argent , dont il avoit un extrême befoin ,
la retira deux ans après , imitant en cela Hugues de Bar,
fon prédeceffeur, qui retira promptement Hatton-Chas-
tel des mains de Robert , duc de Bar , & de fa mère
Yoland , pour quatre mille florins. * Longutrue , Descr.
de la France, z. part. p. 199.
Jean, cardinal de Lorraine, engagea la prévôté &
châtellenie de Hatton-Chaftel à fon neveu, Antoine,
duc de Lorraine, pour la fomme de fix vingt mille francs,
l'an 1 ^40. Le duc déclara , l'année fuivante , que cet en-
gagement étoit fan fans préjudice des droits de fupério-
rité cV de reffort de l'évêché , auquel on laiffoit les fiefs
qui relevoient de cette prévôté.
Les chofes ne demeurèrent pas long-rems en cet état;
car Chrétienne de Danemarck , veuve du duc François,
& tutrice du duc Charles II , fit un échange avec fon
beau-frere Nicolas de Lorraine , évêque ou'adminiftra-
teur de Verdun , l'an 1546. L'évêque céda au duc, fon
neveu, le plein domaine Si la propriété du château , de
HAV
la ville , de la terre & feigneurie de Hatton-Chaftel y
Se des villes ou villages qui .en dépendent , à la referve
du droit de l'empereur ; Se la duchelTe céda les fix vingt
mille francs, fournis par le 'duc Antoine, & ce qui ap-
partenoit à fon fils, le duc Charles, à Rambercourt-aux-
Pots, (liir les confins du bailliage de Bar-le-Duc;) ce
qui fut confirmé, l'année luivan.e, par le cardinal Jean
de Lorra ne , à caufe du droit de regrès qu'il s'étoit ré-
fervé lur cet évêché , en le réfignant à fon neveu Ni-
colas. •
Cette aliénation fut confirmée par une transaction du
10 de Septembre 1564, paflée entre Nicolas Pfeaulme,
évêque de Verdun , Se Charles II , duc de Lorraine ; par
laquelle il fut convenu que la terre Se feigneurie de Hat-
ton- Chjftel demeureroit en toute propriété, jurisdic-
tion Se dernier reffort , Se autres droits , au duc de Lor-
raine Se à les fuccefieurs ; à quoi l'évêque Pfeaulme re"'
nonça.
Cette transaction fut ratifiée le lendemain, par le car-
dinal Charles de Lorraine, à cauîè du droit de regrès qu'il
avoit à cet évêché. Enfin ces contrats furent de nouveau
ratifiés par l'évêque Pseaulme , Se le duc Charles de Lor-
raine le 19 Janvier 1566. L'année fuivante 1567, le duc
Charles II obtint l'inveftiture des fiefs impériaux de
l'empereur Maximilien II , qui donna alors à Hatton-
Chaftel le titre de marquifat ; mais 1! mit cette condi-
tion , qu'il réfervoit à l'empire pour ce marquifat tous
les droits féodaux , & ceux de reffort , où les autres
fiefs de Lorraine n'étoient pas fournis ; ce que l'on voit
par les lettres d'inveftiture, données par l'empereur Ro-
dolphe II, au duc Henri, l'an 1609 , & confirmées par
celles de Matthias de l'an 161 3 , données au même duc,
Se par celles de Ferdinand II , données au duc Char-
les III, l'an 1617.
Le duc Charles fut rétabli , fans d:fFiculté , l'anl66l,
en poffeflïon du marquifat de Harton-Chaftel ; & il a été
rendu au duc Léopold par la même raifon , en exécu-
tion du traité de Ryswick , nonobftant l'arrêt de la
chambre de Metz , rendu pour la réunion de Hatton-
Chaftel , le 29 Mai 1680 , lequel a été cafté , comme
tous les autres , par le traité/de Ryswick.
HATUAN ou Hatwan , Haduanum, ville Se for-
tereffe de Hongrie, au comté de Ncvigrad , entre cette
ville Se Agria. Les impériaux la brûlèrent Se la ruinè-
rent, en 1685.
HATZFELD , gros bourg Se château d'Allemagne,
en Vétéravie , dans le cercle du haut Rhin. Il eft le
chef-lieu d'un comté qui donne le nom & le titre de
cornu aux comtes de Hatzfeld. Ce comté eft fitué près
de celui de V/itgenftein , Se les comtes de Hatzfeld ont
de grands biens en Thuringe , ravoir Gleichen &L
Blanckenheim , Se en Silt'fie la baronnie de Tra-
CHENBERG , &c. Le bourg de Hatzfeld eft fur la rivière
d'Eder , Se le comté n'eft pas d'une grande étendue. La
maifon qui le poffede eft une des plus anciennes de la
Heffe ; elle descend d'Everard , qui affilia au tournois
de Schweinfurt , fur la fin du treizième fiécle. Melchior
de Hatzfeld fut créé comte de l'empire par l'empereur
Ferdinand II , en récompense de fes fervices militaires.
* Hubner , Géogr. p. 496, 590 S: 626. D'Audifrety
Géogr. t. 3.
1. HAVANA ou Havaria , ville de la Paleftine,
félon la Notice de l'Empire , fiel. 21. Reland , Palefi,
p. 230, croit que c'eft i'Avara de Ptolomée.
2. HAVANA , (la) ville dans l'Amérique fepten-
trionale. Elle eft fituée fur la côte du nord de l'ifle de
Cuba, vis-à-vis de la Floride, à 13 d. de latitude. Son
port eft très-renommé, Se fi bien fortifié par l'art &e la
nature, que plufieurs le croient imprenable. Il reçoit la
mer par une embouchure fort étroite , mais affez pro-
fonde, Se s'élargit au-dedans en une grande baye , les
rivages s'éloignant infenfiblement l'un de l'autre, Se en-
fuite fe courbant en un. Il peut contenir au moins mille
navires; Se les montagnes qui l'environnent, le mettent
à l'abri des vents Se des tempêtes; en forte que. les vaif-
féaux y font comme dans un golfe fur , fans avoir be-
foin de cables ni d'ancres. Aux deux côtés de l'embou-
chure il y a deux pointes avec deux châteaux , affez bien
fortifiés, pour empêcher le paffage à une très- grande
flotte. On y a mis quantité de pièces de fonte, Se l'on
y tient une forte garnifon. Du côté de l'eft, au-deftous
HAU
HAU
du château ', on voit une haute tour, dans laquelle il y a
toujours des fentinelles,qui découvrant les navires qui s'ap-
prochent, donnent un lignai qui fait connoitre leur nom-
bre à la garnifon fk aux habitans. La ville eft encore
défendue par un fort château ; mais elle n'eft ceinte d'au-
cunes murailles. Ce troifiéme château eft beaucoup plus
grand que les deux autres , ck oppofé de telle manière
au-devant des navires qui entrent dans l'embouchure
étroite du Havre, qu'il leur peutbrifer la proue, comme
ceux des pointes peuvent leur brifer les côtés. Toutes
les flottes d'Espagne qui viennent de la terre-ferme de
l'Amérique méridionale , de la nouvelle Espagne , ck des
ides où elles fe font chargées, ont accoutumé de s'y re-
tirer ck d'y demeurer pour fe pourvoir d'eau ck des cho-
ies néceffaires , jusqu'à ce qu'elles y foient toutes affem-
blées , ou au moins la plus grande partie ; ck de-là au
mois de Septembre , divifées en deux ou toutes ensem-
ble, elles gagnent la mer du nord par le détroit de Ba-
hama , 6k vont en Espagne. La ville d'Havana , outre
la garnifon qui doit être de mille hommes , a environ
trois cents familles d'Espagnols , plufieurs Portugaises Se
un grand nombre d'esclaves. Le gouverneur de toute
l'ifle y demeure d'ordinaire , ainfi que les officiers royaux.
Cette ville furpaffe toutes celles de l'ifle , ck la plupart
des autres de l'Amérique , tant par la grandeur fck par la
fureté de fon port , qu'en richeffes fck en commerce. Les
forêts voifines fournifferrt une grande abondance de fort
bon bois , dont on fe fert à conftruire des navires. On
a effayé de travailler à quelques mines de cuivre , qui
ne font pas bien loin de la ville ; mais on l'a fait fans
fuccès. Le P. Taillandier, millionnaire Jéfuite , dans fa
lettre du 20 Février 171 1 , décrit ainfi le port de laHa-
vana. Nous entrâmes dans le port de la Havane , en
rangeant le fort du More à demi - portée du piftolet. Ce
château a plus de foixante canons de fonte. L'autre paffe
eft au milieu entre le fort du More ck un autre fort , qui
a trente-fix pièces de groffe artillerie de fonte. Le canon
porte d'un fort à l'autre. Quand on approche de la ville,
on fe trouve à la portée d'un troifiéme fort plus petit
que les deux autres : il ne peut paffer qu'un feul vaiffeau
dans chaque paffe, le refte de l'entrée étant femé de ro-
chers à fleur d'eau. Ce port, ou plutôt cette baie, s'en-
fonce une lieue au fud, ôk forme comme divers bras à
l'oueft ck à l'eft. Le mouillage en eft bon , & on y eft
en fureté contre les vents les plus violens. La ville eft
bien fortifiée. Elle a du côté de la terre plufieurs battions
avec leurs courtines : fa figure eft presque ronde , 6k il
faut environ une heure pour en faire le tour. Il y a trois
paroiffes , fix maifons de différens ordres , ck trois mo-
nafteres de religieufes. Les Anglois l'ont pris dans la
dernière guerre , y ont fait un butin confidérable ck
l'ont rendue par le traité de paix. * Corn. Dict. fck De
Lait, Ind. occid. /. l,c. ir.
HAUBERTINGA, E^elinga, Adalunga , Gamun-
dia, Sec. Ce font des lieux nommés dans un diplôme de
Charlemagne qui les nomme comme étant du duché d'Al-
lemagne. Beatus Rhenanus le rapporte dans fes Antiquités
Germaniques. Ce font aujourd'hui des lieux de Suabe,
qui confervent encore leurs noms , les uns fans aucun
changement, comme Effelingzn fck Gemund , fck les au-
tres avec un peu plus d'altération. C'étoient alors de pe-
tits monafteres que Volrad , étant chapelain de Charle-
magne , avoit fondés , & qu'il avoit demandé de les unir
lorsqu'il fut abbé de S. Denis.
HAUBERT-WILLIERS ou Aubervilliers , la
première orthographe eft de Corneille, fck la féconde eft
de Piganiol de la Force , village de France , au nord
oriental de Paris , dans la plaine de S. Denis : on le
nomme auflî Notre-Dame des Vertus , à caufe de fon
églife qui porte ce nom , fck qui eft deffervie par des
pères de l'Oratoire. C'eft un lieu où la dévotion attire
beaucoup de monde, tant de Paris que des autres lieux.
L'an 1 519 , fous le régne de François I, toutes les pa-
roiffes de la capitale du royaume s'affemblerent dans la
cathédrale , d'où elles allèrent en proceffion à l'églife
d'Haubertvilliers, avec une fi grande quantité de torches
ck de flambeaux, que ceux qui étoient vers Montlheri cru-
rent, en voyant une fi grande lumière , que le feu étoit
dans la ville. * Duchéne, Antiquités des villes de France.
HAUBOURDIN , bourg de la Flandre Françoife,
3^3
dans la châtellenie [de Lille, fur la droite de laDeule.
HAUBTSVYL , bourg de Suiffe , dans le haut Thur»
gow , avec un château appartenant à un particulier de
S. Gai. Il s'y fabrique quantité de toiles qu'on envoie clans
les pays étrangers. * Etat & délices de La Suijje, t. 3 , p. 1 66»
HÂVEL , rivière d'Allemagne ; elle a fa fource au
duché de Meckelbourg, dans un lac fitué entre les vil-
lages de Vogelfang, Éltberg, Feltborg, Furftenhagen,
Kiuffel fck Thomasdorff, fck arrofe Furftenberg dernière
ville du pays , entre ensuite dans la Marche de Brande-
bourg , où elle reçoit divers ruiffeaux , fe partage de
tems en tems , fck forme plufieurs ifles , coule à Bot-
zoti', à Orangebourg fck à Spando-w, ensuite , ferpentant
vers le couchant , fck formant beaucoup d'ides , elle paffe
à Potsdam , au vieux Brandebourg, reçoit plufieurs ri*
vieres , dont les plus confidérables font la Plun, l'Ile,
rejoint au-deffous de Ratenow une de fes branches , fck
près de Rhinow la rivière de Rhin , fck enfin , après avoir
baigné les murs de Havelberg, elle fe perd dans l'Elbe
vis-à-vis de "Werben. Un peu au-deffous du vieux Bran-
debourg , cette rivière coule entre le duché de Mag-
debourg , la moyenne Marche , fck au-deffous de Rhi-»
now, entre ce même duché fck Priegnitz.
■ Le HAVELLAND , c'eft-à-dire le pays de Havel,
s'étend aux deux bords de cette. rivière, aux environs
de Havelberg fck de Naven.
HAVELBERG, ville d'Allemagne, dans la baffe Saxe,
dans l'éleftorat de Brandebourg , fur la rivière de Havel
qui l'entoure de fes eaux. Elle eft dans le Havelberg;
mais l'églife cathédrale fck le palais épiscopal eft de l'au-
tre côté de l'Havel , dans le pays de Priegnitz , fur une
hauteur. Durant les longues guerres d'Allemagne , le roi
de Dannemarck s'empara de la ville , fit de cette hauteur
une fortereffe , & l'abandonna néanmoins en 1617. Les
impériaux qui l'alfiégerent , s'en rendirent maîtres ; les
Suédois la reprirent, en 163 1. Les impériaux fk les Sa^
xons les en dépofterent , en 1636 ; mais ils y rentrèrent
l'année fuivante , fck ne la gardèrent que jusqu'au mois
de Juillet. En 1639 ou 40, elle tut encore prife fck re-
prife, fck eft enfin demeurée à l'éle&eur de Brandebourg»
* Zeyler , Brandeb. Topogr.
L'évêché de Havelberg fut fondé par l'empereur Ot-
ton I, en 946, du vivant deGero , comte d'Altenbourg
fck de Mersbourg , burgrave de Magdebourg , margrave
de Luface , & féconde margrave de Brandebourg. Le
premier évêque fe nommoit Udo , en 1501 ; l'évêque
étoit Otton de Konigsmarc , gentilhomme , en 1513 ;
c'étoit Buffo d'Alvensleben, docteur es droits, à qui il
fuccéda, en 1 ^48 ; Frédéric , margrave de Brandebourg.
Après lui , George de Blankenberg , fut remplacé. Le
margrave Joachim-Frederic de Brandebourg , fck depuis
ce prince la maifon de Brandebourg ne s'eft point des-
faifie de cet évêché qui a été fécularifé en fa faveur,
auflî-bien que l'archevêché de Magdebourg, dontlefiége
de Havelberg étoit furFragant. La réfidence de l'évêque
étoit à Witftock , ville du Preignitz , fck quelque tems
à Plattenberg.
HAVELSBERG, petite ville de Siléfie, dans le comté
de Glats , fur la Neiffe , au-deffus de la ville de Glats.
HAVERBURG. Corneille dit : Haverburg^, ville
d'Angleterre , dans le comté de Leice/ier : on l'appelle
vulgairement Harboron ; elle eft fituée fur la rivière de
"Welland ; fck cite Davity. Cet auteur, t. 1, p. 304, met
dans la province de Leicefter Haverburg nommé vul-
gairement Harborow. L'auteur de l'Etat préfent de la
G. Bretagne , t. I , p. 8i , la nomme Harborough.
HAVÊRFORD-WEST, ville de la Grande-Breta-
gne , dans la principauté de Galles , en Pembrokeshire.
HAVERILL,bourg d'Angleterre,dans la province d'Ef-
fex. On y tient marché public. *EtatpT:f. de la G.Bret. t.i'C
HAVIZA, ville d'Afie, dans le^urdiftan, fur la ri-
vière $Ab{al, à 85 d. de longitude , & à 31 de lati-
tude. Ce mot Havifa , employé dans l'Hiftoire de Ti-
mur-Bec, /. 5 , c iz, eft corrompu d'Ahouaz, félon la
remarque du tradufteur.
H A VISC AS, grand baflïn , qui fournit d'eau la ville
de Deli , dans l'Indouftan.
HAULTON , village d'Angleterre , en Cheshire ,
entre Chefter fck Manchefter. Bauclrand dit qu'il paffe
pour un refte de la petite ville de Co
3^4
HAV
HAV
eft nommé -Concangios , dans la Notice de l'Empire,
Jtci.Gi '■> mais elle en détermine fi peu la fituation, qu'on
ne fauroit dire s'il étoit là ou ailleurs.
HAVRE : ce mot, que les Latins expriment par celui
de Portas , étoit appelle par les Grecs Ai'ft»» , Limné &C
'Ofiioi. H ne répond pas au Statïo navïum dès Latins,
-comme l'a cru le P. Lubin. Le port ou le havre, en latin
jportus , marque un lieu ou fermé , ou capable d'être
fermé. Statio navïum fignifie au contraire une rade , un
abri, un mouillage, où les vaifleaux font feulement à
couvert de certains vents. Voyez au motPoRT , où je
traite des ports plus au long. Je remarquerai feulement
ici l'ufage du mot havre , dans quelques façons de par-
ler , qui en marquent les avantages ou les inconvéniens.
On appelle havre de barre , un havre dont l'en-
trée eft fermée par un banc de roches ou de fables, &C
auquel on ne peut entrer que de pleine mer.
Le HAVRE de toutes marées eft celui où l'on
n'eft pas obligé d'attendre , pour entrer ou pour fortir,
la commodité de la marée.
Le HAVRE d'entrée fignifie la même chofe ; c'eft
un havre où il y a toujours allez d'eau pour y entrer ou
pour en fortir, même en baffe marée.
Le HAVRE brute eft celui que la nature feule a
formé , &c auquel l'induftrie des hommes n'a encore
rien ajouté pour le rendre plus fur ou plus commode.
Les François qui naviguent en Amérique , appellent cul-
de-fac un havre de cette espèce.
Quelquefois le havre eft refferré à fon entrée^par une
longue digue-, qui s'avance dans la mer , ou même par
deux, que l'on appelle des jettées. Elles fervent à plu-
sieurs ufages; i.à arrêter le gros galet, ou le fable, ou
la vafe qui pourrait entrer dans le port , c£ le combler
peu- à-peu; 2. à haller les vaifleaux qui en entrant ne
peuvent fe fervir de leurs voiles, à caufe des vents con-
traires ; 3. à rompre les vagues , &C à procurer la tran-
quillité aux vaifleaux qui font dans le port; 4. fouvent
a'ufîi à relTerrer le lit de la rivière , dont l'embouchure
fonne'le port, & à lui ménager une profondeur d'eau
fuffifante pour tenir les vaifleaux à flott; 5. fouvent aufli
la tête de ceS jettées eft fortifiée d'une baterie de canon
pour protéger & la jettée & les vaifleaux qui 1 entrent
clans le port.
Quelquefois, & fur-tout en Italie Se dans la Grèce,
au lieu de jettées , il y a un mole qui terme le port. Le
mole eft un ouvrage de maçonnerie que l'on. avance dans
la mer , ou en ligne circulaire , ou à angles , félon la
commodité du fond fur lequel on le bâtit, &£ onylaiffe
feulement une entrée fuffifante pour les vaifleaux, &que
l'onpuiffe, en cas de befoin , fermer avec une chaîne-,
qui en empêche l'entrée ou la ("ortie. ^ Ce mole , qui eft
ordinairement fortifié , fert à brifer l'agitation delà mer,
& à mettre en fureté les vaifleaux , qui n'y craignent ni
l'ennemi ni les tempêtes.
La crique eft une espèce de havre brute , où des bar-
ques Si des chaloupes fe peuvent retirer.
HAVRE DE GRACE, (le) autrefois François-
ville , Franciscopolis , ville de France , en Norman-
die , au pays de Caux, avec un port de mer : elle eft fi-
tuée à l'embouchure de la Seine , dans un lieu maréca-
geux, & un terrein uni, à douze lieues de Caën, à dix-huit
de Rouen Si de Dieppe , à huit de Fescamp Se de l'Ifle-
Bonne , à fept de Quillebceuf , & à deux de Montivil-
liers & de Harfleur. Cette ville , confidérable par la
quantité de beaux édifices , doit fon commencement au
roi Lonis XII, qui en jetta les fondemens , en 1509.
François I la fit fortifier , afin d'en faire un rempart
contre les Anglois qui défoloient les pêcheurs ; & on
y bâtit par fon ordre une très-groffe tour , qui fubfifte
encore , Se qui a un commandement particulier, avec bre-
vet de fa majefté ; on y entretient garnifon. Henri II
&c fes fucceffeurs y ont aufli fait travailler. Le cardinal
de Richelieu , auquel Louis XIII donna \e gouverne-
ment de cette place , fit faire la citadelle à fes frais, &
par ce moyen vint à bout d'arrêer les Anglois , qui ve-
ndent jusque dans la Seine, enlever les vaifleaux mar-
chands. Louis le Grand , a augmenté toutes les fortifica-
tions que le cardinal avoit faites à cette place.
Il y a dans la ville environ quarante rues , toutes pa-
vées , dont plufieurs font larges &c fpacieufes , &{ tirée*.
à la ligne : il y en a fix qui la traverfent depuis la
boulevard de la porte d'Ingouville, jusqu'au port. Ses
belles fontaines , diftribuées dans tous les quartiers & lés
carrefours , y font d'un grand ornement. On remarque,
entr'autres , celle de la grande place , où fe terminent
quatre grandes rues. Sur cette fontaine qui jette l'eau
par quatre côtés , ainfi que celle de la place du marché
ôc de Saint-François , eft élevée une figure pédeftre
de Louis XIV , repréfentée en pierre bronzée , & vê-
tue à la Romaine. La ville du Havre a trois portes ,
& à-peu-près vingt-quatre mille habitans. Outre un,
intendant de marine , il y a un commiflaire , un con-
trôleur , un capitaine , un lieutenant de port , 6k quan-
tité d'officiers de département pour les vaifleaux du roi ;
des écoles pour la marine , pour les mathématiques &c
pour l'exercice du canon , & un collège pour les hu-
manités. Il y a aufli bailliage, vicomte , amirauté , gre-
nier à fel , un lieutenant de polke , un maire , quatre
échevins, une compagnie privilégiée ,. & quatre com-
pagnies de bourgeois , avec leurs officiers. Les églifes
de Notre-Dame Si de Saint-François , Se les couvens
des Capucins &C des Urfulines , font dans l'enceinte de
fes murailles ; mais la paroiffe de S. Michel , le cou-
vent des Pénitens , l'hôpital général , & la chapelle de
S. Roch , avec les maifons des peftiférés , font dans
le fauxbourg au-delà du marais , du côté du nord , Se-
au pied de la côte. Les chapelles de la citadelle & de
l'arfenal font deffervies par les Capucins , qui ont aufli
un petit hospice du titre de Notre-Dame des Neiges ,
derrière la citadelle,, au-delà des Tuileries. M. le
prince de Conti , comme marquis de Grasville , ( De
Longuerue le donne à la maifon de Condé, ) prélènte
à la cure de S. Michel d'Ingouville , fauxbourg du
Havre , dont dépendent les églifes de Notre-Dame &
de S. François , dans la ville ; de forte que le curé de-
cette première églife gouverne toutes les trois , exerçant
fes fondions curiales dans celle de Notre - Dame , Se
mettant des vicaires pour deffervir les deux autres , avec
avec un clergé convenable. L'églife de Notre-Dame
eft bâtie en croix , grande , belle , Si ornée d'architec-
ture & de fculture. Un corridor & un rang de cha-
pelles régnent à l'entour ; celle de la Vierge , der-
rière le chœur , y attire un grand concours de dévo-
tion. Le grand portail eft un beau morceau d'architec-
ture , qui préf;nte trois portes fur la grande rue , pour
entrer fous les corridors & dans la nef. Ce portail eft,
accompagné d'une belle tour, & avec d'affez bonnes clo-
ches , Se une grofle horloge. Les deux portes de l«t
croifée font aufli ornées d'architefture 6>£ de fculture,
&c une belle baluftrade de pierre couronne en dehors
toute cette églife. Le féminaire de S. Charles eft une
grande maifon , dans laquelle plufieurs prêtres vivent en
commun avec leur pafteur, L'églife de S. François,
a un air de propreté dans toute fon étendue ; mais
elle n'eft pas encore entièrement achevée dans fon des»
fein. La maifon de ville fait face à l'entrée du port :
elle eft en bel air , affez jolie , très-logeable , 6c a une
avant-cour , ornée d'un corridor ouvert des deux côtés.,
& au-devant une grande place. La ville eft couverte d'un
côté par la citadelle, dont elle eft féparée par un double
foffé rempli d'eau ; de l'autre côté , bordée de la Seine,
Si divifée de fon fauxbourg par une longue chauffée,
aux deux côtés de laquelle on peut inonder tous les ma-»
rais , par le moyen des éclufes. Le canon de la grofle
tour terraffée , accompagnée d'une grande plate-forme ,
défend les jettées du canal d'entrée de la mer , Se la
petite rade. Le gros canon de fes baftions & de fes
boulevards plantés d'arbres , & défendus par des demi-
lunes Si des ravelins , fraifés & palifladés , pour fou-
droyer tout ce qui fort du fauxbourg pour entrer dans
la ville. C'eft tout le long de fa plus grande place que
ce port a fon étendue : il n'eft féparé du canal de la
Seine, que par une baffe muraille terraffée. Le quai eft aufli
terraffé de pierre de taille, & affez large, pavé & bord£
de maifons. La marée entre tous les jours deux fois dans
ce port, où elle apporte jusqu'à dix-huit pieds d'eau,
quand elle eft forte. En paffant fur le pont qui fépare le
port marchand d'avec le baflin du roi , Sf le quartier
de Notre - Dame de celui de S. François , on voit ce
baffin par lequel on entre par quatre grandes portes :
\ il
BAV
il eft clos pâr-tout de murailles, excepté du côté du
pont , où il eft -fermé par un treillis de fer , porté fur
un mur d'appui , afin que ceux qui panent de ce côté
puiffent voiries vaifleaux. Ce baflin, revêtu de pierres
de taille, eft de figure pyramidale, affez à, l'abri des
vents , avec un large quai qui régne tout à l'entour.
On y retient ordinairement , avec le fecours des éclu-
fes, feize pieds d'eau; & il y peut contenir à flot une
escadre de vaifleaux de guerre de différentes grandeurs.
En 1690, on y fit entrer 6k féjourner onze galères du
roi* On rafraîchit les eaux de ce baflin , en ouvrant les
éclufes , pour recevoir par le canal du port les eaux de
la marée, lorsqu'elle eft dans fon plein, & on les ren-
ferme quand elle commence à s'en retourner. Ces éclu-
fes font deux grandes portes doubles , dont l'une fou-
tient d'un côté les eaux du baffin , 6k. l'autre celles du
port. On les ouvre , 6c on détourne le deffus du pont ,
lorsqu'on veut y faire entrer 6k en faire fortir des vaif-
feaux. A droite 6k à gauche , fur les quais de ce baflin,
on voit quantité, de canons 6k d'ancres , comme en ma-
gazin , les mâts , les agrès , 6k autres pièces de vaif-
feaux défarmés. Au bout de ce baflin , il y a un grand
espace de terrein , qu'on nomme le chantier, dans le-
quel on peut en même tems tirer trois vaifleaux de
foixante à quatre-vingt canons ; mais quand ces grands
vaifleaux bâtis au Havre , en font une fois fortis , ils n'y
rentrent plus, 6k font du département de quelqu'un des plus
grands ports de France , comme de Breft, de Port-Louis,
de Toulon 6k de Rochefort. L'arfenal pour la marine
eft toujours en état de fournir tout ce qui eft néceffaire
pour l'armement 6k l'équipement des vaifleaux du dé-
partement du Havre. Cet arfenal confifte en une cour
de bâtimens. Dans le bas font la chapelle , la Sainte-
Barbe , où l'on tient l'école pour le canon , différens
bureaux pour les officiers , 6k des fales où l'on conferve
les défarmemens des vaifleaux. Au-deflus des apparte-
nons bas, on tient la jurisdiétion de l'amirauté, l'école
de la marine , & celle des mathématiques ; clans d'autres
fales font les magazins pour les armes. La corderie du
roi , où l'on fait les cordages pour les vaifleaux de
guerre, eft une longue galerie , conftruite le long de
la muraille de la ville -, du côté de la mer : fa longueur
eft de plus de cent vingt-quatre toifes : elle eft cou-
verte 6k fermée de toutes parts , 6k a fes cours 6k fes
magazins particuliers où l'on conferve les cordages. On
y entre par trois grande portes , dont celle qui eft au
bout, paroît comme le portail d'une églife. Lorsque l'on
fort du baflin , par les portes de fer qui font aux côtés
du pont, on entre fur la paroiffe de S. François. Ce quar-
tier eft entouré d'eau, ck compofé d'une vingtaine dé rues
tirées à la ligne , 6k dreflees par compartimens comme les
planches d'un parterre, à fleurs. La plus fpacieufe de fes
rues eft celle qu'il faut prendre pour aller à la citadelle.
Cette citadelle eft très-forte 6k de plus régulières
qu'on puiffe voir. Elle a quatre battions royaux , bâtis de
brique , à chaînes de pierres de taille. Ses larges foffés rem-
plis d'eau,font revêtus de pierres ck de brique, aufli-bien que
toutes les demi-lunes ck autres ouvrages de fes dehors. Il y a
dans fon enceinte cinq ou fix magazins confidérables. Les
eaux de fontainey font très abondantes , ck l'on y conferve
dans plufîeurs citernes les eaux de pluie par précaution. Sa
frande place d'armes ck fes boulevards font plantés d'ar-
res. qui forment de belles allées pour la promenade^;
le point de vue y eft fort agréable , tant fur la mer
que fur la côte. La grande jettée , ou mole , qui a cent
foixante toifes de longueur , ck vingt-quatre à trente pieds
de hauteur, fur neuf ou environ de largeur, entre les
deux parapets , eft très-folidement bâtie de greffes piè-
ces de bois , enclavées dans de fortes couliffes , arrê-
tées fur des pilotis , ck entièrement revêtues de fortes
planches des deux côtés. Elle eft remplie de gros galets
ou cailloux , 6k fermée par-deffus en manière" de coffre.
Au bout de cette jettée, qu'on doit encore prolonger de
quatre-vingt toifes , eft une tour de bois 6k une batterie
de douze gros canons , pour défendre les approches de
la ville , 6k les bords de la mer 6k de la Seine , qui
font auffi garnis de batteries de canons 6k de mortiers
à bombe. On a commencé une autre grande jettée de
pierres , pour foutenir les eaux du canal d'entrée.
Le commerce du Havre confifte principalement dans
la navigation 6k dans la manufacture des dentelles de
HAU 30;
fil , qui font fort recherchées. Ses habitans très-habi~
les 6k très-expérimentés fur mer , montent de& vaifleaux
pour aller négocier dans toutes les parties du monde.
Plufieuçs compagnies de commerce ont été établies en
cette ville. Celles d'Afrique, du Senega, de Guinée,
des ifles Françoifes , 6k plusieurs autres , y ont leur dé-
partement en tems de paix ; mais la navigation la plus
commune eft celle de Terre-neuve où l'on va pêcher
des morues dans une cinquantaine de vaifleaux de deux,
de trois 6k de quatre cents tonneaux, bâtis 6k deftinés
uniquement pour cet ufage. Toutes les fortifications du
Havre , excepté quelques ouvrages du côté de la mer ,
font du chevalier de Ville.
Le roi, pour donner un rang diftingué à la ville du
Havre, en a fait un gouvernement en chef, qui com-
prend la partie occidentale du pays de Caux, dans la
haute Normandie ; favoir la ville 6k la citadelle du Havre,
chef de Caux , la ville 6k le château de Fescamp , les châ-
teaux du Bec-Crespin , de l'Ocher , de Tancarville 6k
autres. Ce gouvernement qui s'étend plus de huit lieues
à la côte de Caux , 6k fept à huit à la côte de Seine,
jusques dans les environs de l'IUebonne, a de circuitprès
de trente lieues , 6k eft mis au nombre des gouvernemens
de province.
Le Havre eft la patrie de George de Scuderi 6k de
Madelaine de Scuderi , fa feeur. Le premier dégroflit
la tragédie Françoife , en attendant Corneille qui l'effaça
entièrement : il mourut en 1668. Madelaine de Scu-
deri, fa feeur, eft fameufe par les romans de Cyrus ,
de Clélie 6k quelques autres , 6k par plufîeurs ouvrages
de vers 6k de profe. On a d'elle quelques madnaàux
très-délicats. Elle mourut au commencement de cefiécle,
âgée de 94 ans. C'eft la Sapho fi célèbre dans les vers
de Peliffon 6k de quantité d'autres beaux esprits.
HAVRE , principauté des Pays-bas , dans la prévôté,
6k au voifinage de Mons.
HAUSEN , bourg d'Allemagne , en Suabe , dans la
principauté de Furftenberg , fur la rive gauche du Kint-
zig, entre Wolfack 6k Haslach. Sdnfon; Robert de Pau-
gondy. Atlas,
HAUSTISUS. Pline , /. 4 , c. 13 , parlant de la Quer-
fonnèfe Cimbrique , dit que le promontoire des Cim-
bres, s'avançant dans la mer, fait une presqu'ifle, nom-
mée Hauflifus, félon les anciennes impreflîons, 6k
Cartris félon les nouvelles. Voyez Quersonnese.
HAUT &t Haute : ce mot, en géographie , s'emploie
par oppofition à celui de bas pour le SUPERIOR des La-
tins , oppofé de même à inferior , afin de divifer un
pays plus commodément. Il fe prend le plus commu-
nément du cours des rivières dont le haut eft toujours
le plus près de la fource.- C'eft ainfi que la haute Saxe
fe diftingué de la baflé Saxe , félon le cours de l'Elbe.
Souvent aufli il fe prend- du voifinage des montagnes ;
comme la haute Hongrie eft entre le mont Crapack 6k
le Danube , le haut Languedoc eft plus du côté des Py-
rénées. La haute Egypte a quantité de montagnes , 6k
la baffe Egypte n'en a point.
Ce mot de haut ou haute fert donc à la divifion de
plufîeurs provinces, 6k nous en parlons aux noms pro-
pres de ces provinces dans leurs articles particuliers.
Outre cela, il eft joint inféparablement à plufîeurs autres
noms , ck devient ainfi le nom propre de plufîeurs lieux.
HAUT-CRET , Alta-Crijîa , abbaye cHiommes , or-
dre de Cîteaux , dans la Suiffe , au bailliage d'Olon ,
dans le canton de Berne. Elle fut fondée l'an 11 34;
les Réformés l'ont abolie.
HAUT-MONT , Alius mons, Aldmontïum. ; abbaye
régulière , de l'ordre de S. Benoit , dans le flainaut ,
au diocèfe de Cambray , fur la Sambre, à une lieue au
fud-oueft de Maubeuge , fondée l'an 650, par le comte
Vincent Madelgaire, dit Saint-Mauger owSaint-Vinccnt
de Soignies , mari de fainte Vaudru , lequel s'y retira
pour .s'y confacrer au fervice de Dieu. Il n'y mourut
point , parce que les importunités de ceux qui venoient
troubler fa folitude , l'avoient faif paffer à Soignies ,
dont on croit qu'il tut abbé. * Baillet, Topogr. des
Saints, 6k Hift. abr. de l'Ordre de S. Benoît.
HAUT-VILLIERS , Ahum-ViLlarc , abbaye d'hom-
mes, de l'ordre de S. Benoit, congrégation de faint Vanne,
en Champagne, au diocèfe, 6k à quatre lieues de Rheims,
vers le midi, fur la rive feptentnonale de la Marne %
Tome III. Qq
30(5
HAU
HAU
vis-à-vis d'Epernay , fur la pente d'une montagne , en
un lieu néanmoins fort élevé , ayant au-deflbus une belle
plaine & une vue charmante. Elle a été fondée en 66i ,
par S. Nivar, archevêque de Reims, qui y établit des
religieux , dont il confia la conduite à S. Berchaire qui
mourut en 696. Ce faint abbé fut gagner l'amitié des
rois & des évêques , & des grands feigneurs , desquels
il obtint des biens fk des privilèges considérables pour
cette abbaye qui , dès ce tems , avoit beaucoup de ré-
putation. Elle a eu des abbés commendataires , depuis
le concordat ; &C on ya mis la réforme le 16 Mai 1635,
depuis lequel tems les religieux l'ont entièrement re-
bâtie. Elle vaut à l'abbé plus de vingt mille livres de
tente , (st. aux religieux environ quatre mille , non
compris leurs vignes , dont ils tirent de grands avan-
tages , & qui leur fournit le moyen d'y entretenir vingt
religieux de chœur. On voit dans 1 eglife de cette ab-
baye , qui eft petite , quatre grandes chattes d'argent
doré , dans l'une desquelles eft le corps de fainte Hé-
lène , qui fut apporté de Rome par Teutgifus , prêtre
de Reims , en l'an 804. Dans la féconde^ eft le corps
de S. Nivard , fon fondateur ; dans la troifiéme le corps
de S. Sindulphe , patron du lieu ; &c la quatrième enferme
les corps de S. Polycarpe & de S. Madelou. On y voit
auiîi plufieurs autres reliques , entr'autres, de fainte Pe-
tronille & de S. Urbain , pape. Ce fut dans ce monas-
tère, que Gotescalc fut mis en pénitence : il étoit Alle-
mand , &C moine de l'abbaye d'Orbais , dans le diocèfe
de Soiflbns , connu fous le nom de Fulgenu : il apprit
par cœur un grand nombre de partages des pères de l'é-
glife. Il alla à Rome; & étant retourné en Allemagne,
environ l'an 846 , il fut accufé auprès de Raban , ar-
chevêque de Mayence , d'avoir des fentimens fur la pré-
destination contraires à la foi ; il fe défendit , & ex-
pliqua fes fentimens; l'archevêque de Mayence le con-
damna , &£ le renvoya à Hincmar, archevêque de Reims,
qui, après l'avoir examiné de nouveau^ le jugea héré-
tique 8i incorrigible , & le condamna à être fouetté &
enfermé; ce qui fut exécuté en préfence du roi Charles
le Chauve : il mourut dans fa prifon à Haut- Villiers,après
avoir refufé de fouscrire à la profeffion de foi qu'Hinc-
mar lui avoit envoyée, & qui, par cette raifon, lui fit
refufer les facremens fk la fépulture avec fes confrères.
* Baugier, Mém. hift. de la Champagne, t.i, p. 47.
HAUTE - Bruyère , monaftere confidérabte de
l'ordre de Fontevraut , en France , à deux lieues de Mont-
fort - l'Amaury. Les comtes de ce nom y avoient leur
fépulture. Il fut fondé par la fameufe Bertrade , qui s'y fit
religjeufe entre les mains du bienheureux Robert d'Ar-
briflet, & y mourut peu de tems après.
HAUTE-COMBE, Alta-Columba , abbaye d'hom-
mes , de l'ordre de Cîteaux , dans le duché de Savoye,
fur le bord occidental du lac de Bourget , à quatre lieues
au nord de Chambery , fondée Tan 1 1 iç ; félon d'au-
tres , l'an 1 1 î5 , par Amée IV, à la prière de S. Ber-
nard. Les ducs de Savoye avoient cl «"ifi cette abbaye
pour leur fépulture. Aujourd'hui elle n'eft presque plus rien.
HAUTE - Fontaine, Altus-Fons, abbaye de
France, en Champagne , au diocèfe de Châlons , avec
un village fur une colline , dont le pied eft arrofé par la
rivière de Marne, entre Saint-Dizier & Larzicourt. Elle
eft de l'ordre réformé de Cîteaux , dans un endroit des
plus agréables de toute la Champagne, & où la vue
trouve de quoi fe contenter. On ne lait pas précifement
en quel tems ni par qui elle a été fondée. On croit néan-
moins que S. Bernard la fit bâtir pour fervir de mai-
fon de fanté à fes religieux convalefcens, & qui avoient
befoin d'un air plus pur. Feu l'abbé le Roi a fait
bâtira neuf la maifon abbatiale, réparer le couvent des
religieux &c orner l'églife. *Baugier , Mémoire hift. de
la Champagne , t. 1, p. 47 , & 393.
HAUTEFORT , ancienne baronnie, aujourd'hui mar-
quifat de France , dans le Périgord , fur les frontières
du Limoufin , proche l'abbaye de Châtre. Il y a un
beau château.
1. HAUTE-Rive, Altaripa, petite ville de France,
dans le haut Languedoc , fur l'Ariege , à quatre lieues
de Touloufe, au midi, en allant vers Pamiers. * Baudr.
édit. 1705.
l. HAUTE-RlVE. Jaillot écrit AUTERIVE, village
de France, dan» leBourbonnois, élcftion de Gannat,
fur l'Allier, à trois quarts de lieue au midi de Vichi.
On y voit une fource bouillonnante d'une eau aigrelette „
qui ne diffère en rien de l'eau du petit boulet de Vichi.
A trente pas de-là, dans le lit même de l'Allier, qui fe
trouve quelquefois à fec , il y a deux fources d'une eau pi-
quante & tiède ; & qui feroit une recherche de ces fources
dans le territoire de Vichi , en pourroit trouver un grand
nombre entre celles que l'on connoît déjà 6c dont on fait
ufage. * Mcm. de l'Acad. Roy ah des Sciences, ann.
1707,/*. 130.
3. HAUTE-Rive , abbaye de Suifïe , au canton
de Fribourg , dans le comté de Gruyère ; elle eft de
Tordre de Cîteaux, fk fut fondée en 1098 , par un comte
de Glane qui y fut enfeveli en 1141, ayant été tué à
Payerne. L'abbaye eft fort riche Si poffede beaucoup
des vignes au bailliage de Laufanne, * Etat & déli-
ces de la Suiffe, t. 3 , p. 161.
HAUTE-SEILLE , Aha-Sylva , abbaye régulière
d'hommes de l'ordre de Cîteaux, filiation de Teulley, en
Lorraine , au diocèfe de Toul près de Blamont fur la Ve*
zouze, fondée l'an 1140.
HAUTEM , bourg de la Flandre impériale, au quar-
tier d'Aloft. Il eft remarquable parle martyre de S. Liwin,
apôtre du Brabant. * Baillet, Topographia des Saints ,
p.6o}.
HAUTEUR : ce mot qui fïgnifie élévation, a plu-
fieurs ufages dans la géographie.
On dit qu'un château eft fur la hauteur, fur une hau-
teur, lorsqu'il eft élevé fur une colline, & commande
une ville ou un bourg qui eft au pied ou fur le pen-
chant.
On dit , en termes de navigation : quand nous fûmes
à la hauteur d'un tel port , pour dire vis-à-vis.
On dit , en termes de géographie aftronomique , la
hauteur j ou l'élévation du pôle , pour dite la latitude;
car quoique la hauteur du pôle & la latitude foient
des espaces du ciel dans des parties différentes , ces es-
paces l'ont pourtant tellement égaux, que la détermina-
tion de l'un ou de l'autre produit le même effet & la
même connoifXance ; car la hauteur du pôle eft l'arc du
méridien compris entre le pôle & l'horizon; & la la-
titude du lieu eft l'arc de ce même méridien compris
du heu '& l'équateur. Or à méfure que le pôle dont
on examine la hauteur, s'élève de l'horizon , autant
l'équateur s'éloigne du zénith du lieu , puisqu'il y a
toujours 90 d. de l'un à l'autre : ainfi Pobfervatoire de
Pans, où la hauteur du pôle eft de 48 d. 50' 10", a fon zé-
nith à pareille diftance de l'équateur. On dit prendre hau-
teur, pour dire mefurer la diftance d'un aftre à l'horizon.
La hauteur de l'équateur eft l'arc du méridien com-
pris entre l'horizon & l'équateur: elle eft toujours -égale
au complément de la hauteur du pôle , c'eft - à - dire ,,
à ce qui manque à la hauteur du pôle, pour être de no-
nante degrés. La raifon en eft facile, par le principe
que nous avons établi , que du pôle à l'équateur la dif-
tance eft invariablement de nonante degrés. Si le pôle
s'élève, l'équateur s'abaifle ; fi le pôle s'abailTe, l'équa-
teur s'élève à fon tour. Plus le pôle eft élevé, plus fa
diftance au zénith eft diminuée ; & de même l'horizon
s'eft abaifle , & fa diftance à l'horizon eft plus petite
dans la même proportion.
La hauteur de l'équateur fe peut connoître de jour,
par le moyen de la hauteur du foleil. On la trouve fa-
cilement avec un quart de cercle bien divifé , ou avec
quelqu'autre infiniment aftronomique , & par le moyen
de la déclinaifon que l'on peut aifément connoître r-ar
la trigonométrie fpherique , après que l'on a fupputé, par
le moyen des tables aftronomiques, le véritable lieu
dans le zodiaque ; car fi cette déclinaifon eft ajoutée à
la hauteur méridienne, lorsque la déclinaifonfera méridio-
nale, ou étant ôtée de la hauteur méridienne , lorsque
la déclinaifon fera feptentrionale , on aura la hauteur
de l'équateur, qui donnera la latitude du lieu, & la hau-
teur du pôle fur l'horizon.
HAUVKSHEAD, bourg d'Angleterre, dans la pro-
vince deLancaftre; on y tient marché. public. * Etal
préfent de la G. Bref. t. r.
HAWAS , ville de Perfe. D'Herbelot la nomme
AHUAS, & l'hiftorien de Timur-Bec Havi^a. Elle eft
à 31 d. de latitude, & à 85 de longitude. Tavernier,
Voyage de Perfe, chap, dern. dit que le terrok de
HAY
eette ville porte quantité de dattes ck quelques autres
fruits , que l'on confit dans le vinaigre ck qu'on trans-
pose dans d'autres pays.
TIAWASCH, ouHaouache, ouAoaxe, rivière
d'Abifîinie. Le Grand, dans l'on Voyage hiftorique de l'A-
biflinie,/*. 213 , la décrit ainfi: l'Aoaxe n'elt pas moins
grand que le Nil dans les commencemens. Il reçoit le
Machi & le lac Zoay ; mais les peuples par où pane
l'Aoaxe , le partagent en tant de canaux , qu'il devient
à rien : on croit néanmoins qu'il va le rendre par plu-
fîeurs louterreins dans la mer des Indes. Il eft bon de
remarquer que le Maclù , ou Matshi , n'eft autre que
la décharge du lac Zoay ou Zav/aya. Ce lac & la lburce
de l'Awasch font dans ie royaume de "Wed , l'Ha-
\rasch , entre dans le royaume d'Ifat , ck le recourbant
vers le fud-eft , il va fe joindre dans le royaume de Fa-
tagar avec le Maeschi qui vient du couchant : ils pas-
fent eniémble au toyaume de Bali, & de-là au royaume
d'Adel ; là , comme dit Ludclfe , Hijl. JEthiop. I. 1 ,
c.8, n. 106 , il fournit des eaux à ce pays qui en man-
que abfolument : les habitans charmés d'un fecours II
néceffaire, ont grand foin de le recevoir en une infinité
de coupures pour fertilifer leurs terres ; ainfi à force
de faignées , il fe trouve enfin fi peu de chofe , qu'il fe
perd entièrement dans les fables , comme s'il avoit honte
de ne porter à la mer qu'un tribut indigne d'elle. * Cane
de UAbiffinie par Ludolfi.
I. HAYE, (la) lieu des Provinces-Unies, dans la
province de Hollande , autrefois réfidence des com-
tes de Hollande , d'où lui vient fon nom flamand de
s'GRAVENHAGEN, que l'on exprime en latin parHAGA
CoMITIS ou COMITUM. C'eft aujourd'hui le centre
du gouvernement de la république , la demeure des
Etats-Generaux des Provinces-Unies , des ambaflàdeurs
êtminiftres étrangers. Quoiqu'elle n'ait point de rang
parmi les villes de Hollande , elle a , par fon étendue ,
par le nombre Ôk la beauté de lés palais , par les pré-
rogatives de fes magiftrats , de quoi être mile entre les
belles villes de l'Europe. * Mémoires drejfés fur les lieux.
La Haye , félon Altmg , Notit, German. Infer. pan. 2,
p. 78, eft~~un~magnifique boutg, préférable à plufieurs
villes qui pafiént pour belles. Ce n'étoit d'abord qu'un
bois avec une fimple maifon de chafle, où les comtes de
Hollande venoient quelquefois ; Florent II s'y rendoit
de tems en tems , comme il paroît par un diplôme de
ce prince, daté de l'an 1097, ck rapporté par Boxhor-
nius. Mais l'éclat où nous la voyons aujourd'hui , ne
commença qu'au milieu du treizième fiécle, vers l'an 1250.
Jusques-là les comtes a voient eu leur réfidence ordi-
naire à deux lieues de-là, dans une ville qui en avoit pris
le nom de sGraveiande. Mais Guillaume II, comte de
Hollande, le même que les états de l'empire avoientélu
& couronné empereur, en 1248, transporta fon iéjour
à la Haye, où il commença le palais qui eft aujourd'hui
la cour. Les guerres qu'il eut contre les Frifons , ck fa
mort arrivée , en 1256, dans une bataille qu'il leur li-
vra , ne lui permirent pas d'achever le bâtiment. Floris
ou Florent V , fon fils , qui lui fuccéda , fit aggrandir la
chapelle ck tout l'édifice. Il commença à y féjourner
régulièrement, fur-tout depuis l'an 1284, ckfix ans après,
il y établit l'ordre de S. Jacques ; il faut en conclure qu'il
y avoit déjà, outre la cour, aflez de maifons pour loger
toute cette noblefie , avec fon monde ck fes équipages ;
car fans cela il eût été plus naturel de préférer Leide ou
Harlem. En 1296 , la comtefle , époulé de Florent V,
mourut à la Haye , au rapport de Stokius. La Haye étoit
déjà le chef-lieu d'un bailliage de même nom, ck il eft
parlé de ce bailliage dans un acte de 1291.
Depuis Florent V , les comtes de Hollande y firent
leur réfidence ordinaire ; ck comme leur féjour avoit
donné le nom de s Grave^ande au lieu où ils réfidoient
auparavant , ils donnèrent à la Haye celui de s'Graven-
hage par la même analogie : ces comtes ne confidére-
rent long-tems ce lieu, que comme un;teire feigneu-
riale : avec le tems il fut qualifié village. C'eft ainfi
qu'il eft nommé dans un oftroi du roi Philippe , du
10 Janvier 15:52, de même dans un autre ottroi' de Phi-
lippe d'Autriche , comte de Hollande , l'an 1485 , ck
dans un autre acle du 22 Mars 1439. D'un autre côté,
on ne manque point d'actes où la Haye eft qualifiée
ville ; entr'autres , un mandement de Masimilien £k de
HAY 307
Marie, du l" Octobre 1481 , ckdans un grand nombre
d'aftes émanés depuis le commencement 3e la républi-
que : il faut pourtant avouer que cette qualification n'eft
pas décifive ; car dans l'ordonnance du 14 Avril 1557,
où il s'agiffoit d'un impôt fur le vin , on lit ces mots ,
art. 17: Dans toutes les villes, ci-devant mentionnées, en.
comptant la Haye pour une ville ; cette explication fait
voir qu'elle ne pafloit pas pour en être une.
Guillaume de Bavière , comte de Hollande , IVe du
nom , étant devenu maniaque , ck ayant tué dans un
accès de fureur Gérard de "Watering , pour expier ce
crime , fonda un vicaire dans la chapelle de la cour ;
mais fa maladie ayant empiré , on l'enferma , 6c on ap-
pella Albert de Bavière, fon frère , pour lui ùiccéder. Ce-
lui-ci établit dans cette même chapelle un chapitre com-
pofé d'un doyen ck de douze chanoines. Ce chapitre
avoit de beaux droits tk. de grands privilèges.
Boxhornius attribue à ce même Albert de Bavière la
fondation de la grande églife ou de S. Jacques, en 1399.
Il peut y avoir fait travailler ; mais la paroifle eft plus
ancienne que la venue de la maifon de Bavière en Hol-
lande. Frère Hugues eft nommé prochipape ou curé delà
Haye; dès l'an 131 1, onaunaâe de Nicolas, abbé de
Midelbourg de l'an 1326, concernant la fondation d'un
chapelain à l'autel de la Vierge , dans la paroifle de la
Haye, ck un diplôme de Guillaume III, ( ayeul de Guil-
laume IV ck d'Albert,) pour autorifer cette fondation.
Il y a plus d'apparence qu'il eft fondateur du monaftere
de S. Vincent Ferrier : on croit qu'il commença l'édi-
fice , ck que Marguerite de Cleves , fille du duc Adol-
phe , ck veuve de cet Albert , le continua ck acheva la
fondation. L'abbé de Midelbourg la confirma, & l'atta-
cha à fon ordre , qui étoit celui de S. Dominique , en
y établiffant une communauté de religieux. Cette prin-
celTe ck divers feigneurs, entr'autres Guillaume VI, fon
fils, en aflurerent les revenus par leurs donations; ck ce
prieuré fublifta jusqu'à Pierre Bachier , dernier prieur,
en 1578.
Ce fut le. même Albert de Bavière , qui fonda , à ce
que l'on croit, l'hôpital de S. Nicolas, ck il lui donna,
en 1385 , le droit des poids &: mefures, ck de l'aunage.
Dans cet hôpital étoit le Bejaan ou Belleard, lieu où l'on
donnoit le couvert un jour & une nuit aux pauvres pas-
fans. Après la révolution , Péglife de cet hôpital ne fer-
vant plus à fon premier ufage , on en fit une halle aux
grains, & en 161 5 , le magiitrat de la Haye l'acheta, &C
en fit une boucherie.
L'école latine eut aufli patt aux bienfaits d'Albert. II
attacha la charge d'écolâtre au chapitre de Notre-Dame
de la cour , ci voulut qu'il eût la direction de l'école
publique , ck que perfonne n'en pût tenir de particulière,
fans la permiffion du chapitre.
Il eft remarquable , que la Haye s'étant accrue de tems
en tems , ck jouifiant de la prélènce d'une cour bienfai-
fante envers les eccléfiaftiques , il n'y ait eu qu'un feul
monaftere d'hommes, qui s'y (bit établi. En récompense
il y avoit jusqu'à cinq monafteres de filles. i° Le mo-
naftere de fainte Barbe , ( ou la prévôté de Bethlehem
ou les foeurs grifes , ordre de Prémontré,) étoit au
Veft-einde , au coin de la rue d'Affendelft ou le Loo-
renftraat. On ignore l'année de fa fondation ; les reli-
gieufes fe fournirent , en 1496 , à la direction de l'abbé
de Middelbourg. Dans les tems de troubles , leur mo-
naftere , qui étoit très-vafte, fervit de tribunal à l'inqui-
fiteur-général. Après la révolution il fut ver.da, I'é^iie
démolie , 6k le terrein couvert, avec le tems, de maifons
bourgeoifes. 2° Le couvent des religieufes de fainte
Agnès , du tiers-ordre de S.François, étoit auffi dans le
"Weft-einde , vis-à-vis de l'hôtel d'Âflèndelft , qui eft
aujourd'hui l'hôtel d'Espagne. Il fut changé, en 1576,
en un hôpital pour les orphelins. 30 II y avoit un autre
monaftere de fainte Agnès, dans le Thoren-ftraat , qui
aboutit au pied de la tour de l'églife de S. Jacques. Ces
religieufes vivoient fous la régie de S. Auguftin. 40 Les
religieufes de fainte Elifabeth , du tiers-ordre de S. Au-
guftin, étoient dans le Vlaming-ftraat, vis-à-vis du School-
ftraat , au bas de la rue de la Poiflbnnerie. Ce couvent
a été raie , ck l'emplacement a fervi à aggrand:r le mar-
ché verd, où le tiennent les deux marchés du lundi ck
du vendredi. 5°.Le couvent de fainte Marie en Galilée,
étoit partie dans le Pooten, ck partie fur le Spuy. Ls
Tome III. Q q ij
308
HAY
HAY
Kalvermack , le Tursmark & le Houtmarck , c'eft-à-
dire les marchés aux veaux, aux tourbes & au bois , font
préfentement fur le terrein qu'occupoient les jardins des
religieufes. Le Beginncn-Jlraat conserve encore dans fou
nom les vertiges de ce monaftere.
L'unique églife paroiffiale qu'il y eût à la Haye, étoit
celle de S. Jacques , de laquelle j'ai parlé. Elle fut brû-
lée, en 1401, et refta dans un état fort délabré jusqu'à
l'an 1434. On voit un diplôme de Philippe , comte de
Hollande , accordé la même année pour la réparer.
L'an 1 518 , Martin de Roffem, pilla & ravagea la Haye.
L'églife fut brûlée en cette occafîon. Onze ans après, le
tonnerre la brûla de nouveau ; & au mois de Mars 1702,
elle auroit eu le même fort , fans quelques citoyens qui
eurent le courage ôt l'habileté d'éteindre le feu. Les clo-
ches qui y font aujourd'hui ne font plus les mêmes qu'au-
trefois ; on prit les anciennes , en 1 57°) , pour fondre du
canon. Cette églife n'étoit déjà plus au pouvoir des Ca-
tholiques Romains , ils en avoient été privés ; & Pierre-
Gabriel , miniftre Proteftant, y avoit été inftallé dès
l'an 1566. Cette églife eft belle & affez grande , Philippe
le Bon, duc de Bourgogne, y tint en 1456, un chapitre
de l'ordre de la toifon d'or , & on y voit encore les ar-
moiries des chevaliers. Il y a des vitrages peints que l'on
conserve avec foin. Entr'autres tombeaux, ceux de l'ami-
ral d'Opdan , de Gerard-van-Randerode , dit Vander
Aa , & du prince Philippe de Heffe-Philipsthal , méri-
ritent d'être remarqués.
Si cette paroiffe étoit unique , il y avoit plufieurs cha-
pelles disperfées dans la Haye. Celle de la Vierge fur le
Pont-du-Spuy , étoit petite. Il n'en refte plus que le nom
de Kappelbrugge , que le pont où elle étoit, conferve en-
core aujourd'hui. Les revenus en ont été affignés à la
Leproferie. La chapelle de S. Jacques le Mineur , étoit
entre le Wagefiraat & le Spuy , au bout de la rue Saint-
Jacques ; l'églife neuve en occupe le terrein. La cha-
pelle de S. Corneille , joignant la Leproferie , eft à l'en-
trée de la Haye. La Leproferie eft préfentement une
maifon où des perfonnes qui aiment la vie tranquille &
retirée , achètent une place qui leur procure le loge-
ment , la nourriture )k les autres befoins jusqu'à leur
mort. La chapelle de la petite femme à la cruche, dans
le Nord-einde à l'orient , n'étoit pas fort loin du pont
de Skevelink. Il n'en refte plus que le nom. Il y avoit
enfin la chapelle du faint Sacrement ; elle appartenoit à
une confrérie , qui portoit le même nom , & qui avoit
été confirmé par l'abbé de Middelbourg , le 29 Octo-
bre 1440. Il y avoit attenant cette chapelle une maifon
où les pauvres confrères étoient reçus , pourvu qu'ils
eufïent été de la confrérie huit ou dix ans , & euffent
payé les charges auxquelles on s'obligeoit en y _ entrant.
C'eft préfentement en partie une maifon où vivent de
vieilles gens ; & l'églife eft affectée aux Proteftans An-
glois, èc aux Allemands de la religion réformée. La
chapelle de S. Antoine de la Clochette étoit dans le
Flcer-fleeg, où eft à préfent la maifon où l'on enferme
les infenfés. Il y avoit dans le bois une autre chapelle
de S. Antoine , à-peu-près au même lieu où les foldats
font l'exercice. Elle eft détruite jusqu'aux fondemens.
Charles V orna la Haye d'une charmante promenade,
que l'on appelle Voorhout , (prononcez Foreaût.) Les
arbres furent plantés, vers l'an 1536; c'étoit alors la
partie antérieure du bois , &£ c'eft ce que fon nom ligni-
fie ; c'eft préfentement un cours magnifique , dans une
vafte enceinte de maifons. Il eft fait en équerre ; tout
ce grand espace contient une promenade couverte d'ar-
bres , parfaitement bien entretenus , &c qui font un dé-
licieux ombrage pendant l'été. C'eft le rendez-vous des
grands & du peuple , qui viennent le foir y respirer la
fraîcheur. Dans la longueur de cette place eftune lon-
gue allée , jonchée de gravier , & bordée d'une bar-
rière, dans laquelle, de drftance en diftance, font ménagés
des entrées pour les perfonnes à pied ; c'eft autour de
cette barrière que fe promènent les catroffes , le refte de
cette place eft planté d'arbres en quinconce. Sur le Voor-
hout, du côté de la mer , eft l'églife du cloître , ainfi
appellée , parce que c'eft un refte du monaftere de S. Vin-
cent Ferrier, dont j'ai parlé. Après la révolution , cette
églife fervit d'écurie , &£ ensuite d'arfenal. Enfin , en
1617, on s'en fervit comme d'une églife Proteftante ;
mais on l'a fort diminuée. Elle fut cédée au magiftrat ,
en 1615, en toute propriété. Pour ce qui eft du mo*
naftere , on y garda quelque tems les privilèges , les
Chartres &r_ autres documens publics de l'état ; en 1558,
les Etats de Hollande y firent accommoder une falle
pour leurs affemblées ; mais durant les troubles qui fui-
virent , ils quittèrent la Haye , Se s'affemblerent en dif-
férens lieux , félon l'occurrence ; Se la plupart du tems
ce fut à Delft. Ils revinrent à la Haye, en 1577, tk
tinrent leurs affemblées dans le réfeftoire du cloîtré
jusqu'à l'année 1583. Dès l'année 1576, ce monaftere
avec tous les bâtimens & jardins , avoit été donné à
l'hôpital de S. Nicolas , qui en fit abbatre une partie,
& en vendit les matériaux ; mais il y eut défenfe d'en
achever la démolition.
Aujourd'hui les états- généraux , compofés des dépu-
tés de toutes les différentes parties de la république ; les
états de la province de Hollande Se de Weft-Frife , com-
potes des députés des villes de cette province le confeil
d'état ; la chambre des comptes de la généralité , la
chambre des finances de la généralité , la chambre des
monnoies de la généralité , le haut conseil de guerre ,
la haute cour de juftice ; en un mot , les divers collè-
ges qui concernent l'adminiftration de la guerre , des
finances & des loix, ont leurs féances ou leurs tribu-
naux dans la cour. Ce palais , comme on a déjà dit ,
étoit premièrement une fimple maifon de chaffe, enfuite
un château de plaifance, entouré d'un bon foffé &£ d'une,
muraille , avec des portes Se des ponts-levis ; avec le
tems , on a bâti tout à l'entour ; Si au lieu de ces mu-
railles, ce font d'un côté des maifons louées à divers par-
ticuliers , le côté qui fuit eft un long édifice , autrefois
occupé par le ftadhouder. Il eft percé d'une porte , fous
laquelle eft la grande garde. Le côté qui eft bordé par
le vivier, a la chapelle que l'on a fort aggrandie. Le
bas eft occupé par divers bureaux , & le haut eft diftri-
bué en diverfes fales , où fe tiennent les affemblées des
états & des différens collèges , dont on a parlé. Plus
loin eft la châtellenie ; prifon civile où l'on met les dé-
biteurs, tk même les perfonnes contre qui les préfomp-
tions font affez fortes pour s'en affurer ; mais quand le
crime commence à fe conftater , on les transfère dans
les prifons de la cour. Il y a apparence que ce lieu étoit
anciennement la demeure des chanoines de la chapelle.
C'a été ensuite la maifon du châtellenie ou conciergerie^
d'où lui vient fon nom de châtellenie ou conciergerie.
Pour ce qui eft de la chapelle , elle fut brûlée , en 1 642 ;
on la rebâtit ensuite ; & comme , en 1685 , la révocation
de l'édit de Nantes attira en Hollande un grand nombre de
réfugiés François , dont quantité s'établirent à. la Haye ;
cette églife fe trouvant trop petite pour les contenir , on
l'aggrandit du double. On l'appelle préfentement l'églife
Françoije. La grande falle de la cour eft ifolée de trois
côtés , & fert préfentement à plufieurs ufages. En pre-
mier lieu, c'eft le veftibule des chambres où font les tri-
bunaux de la cour. 2. Le long des murailles, font des bou-
tiques de Libraires , dont on fe fert principalement pour
les ventes publiques des bibliothèques ; & troifîémement
au milieu eft un théâtre , fur lequel on tire les loteries
auxquelles l'état a donné fon confentement. L'affemblée
générale des états fe tint dans cette falle en 165 1 : tout
le haut de cet édifice eft garni de drapeaux , d'étendards,
& de pavillons , remportés fur les ennemis.
Outre la jurisdiftion delà cour, le magiftrat de la Haye
a la fienne en particulier. La maifon de ville fut bâtie,
en 1564 & 1565. Elle n'eft féparée de la grande églife,
que par un petit terrein dont même une partie eft à l'é-
glife, & enfermée par unebaluftrade de fer : le refte eft
une place où s'exécutent les fentences que le magiftrat a
prononcées contre les criminels de fon reffort.
Le corps des chirurgiens a un profeffeur en anatomie,
qui donne des leçons publiques dans un bâtiment adoffé
à l'églife de S. Jacques.
La Haye a diverfes places , dont voici les plus confi-
dérables. Le Buytenhoff ou la cour extérieure, ainfi nom-
mée pour la distinguer de la Binnenhoff ou cour inté-
rieure , qui eft dans l'enceinte même de la cour. C'eft
au Buytenhofque les gardes à cheval montent la garde.
De cette place on va par une porte d'une ancienne ma-
çonnerie , autour de laquelle font les prifons de la cour ,
dans une autre place , nommée la place ; c'eft où s'exé-
cutent les fentences que la cour a prononcées contre les
HAY
criminels ; par un bout elle fe termine en entonnoir dans
le Noord-Einde; au bout oppofé elle eft continuée par le
Vyver-berg, lieu planté d'arbres, d'où l'on voit la cour,
de laquelle elle eft féparée par une grande pièce d'eau,
qui a une petite ifle carrée au milieu : cette pièce d'eau
eft appellée le Vivier , 6k donne le nom au Vyver-berg.
La place que l'on nomme préfentement le Pleyn , étoit
autrefois le jardin du ftadhouder. On en a fait une place,
où une enceinte de pieux enferme un grand carré planté
d'arbres , & percée par une allée en croix , pour accour-
cir le chemin de ceux qui font à pied. C'eft-là que l'in-
fanterie fait la parade , avant que de monter la garde.
Les autres places font le marché qui eft devant la
boucherie , ensuite la poiflbnnerie , par laquelle on des-
cend à une autre place où fe tient le marché les lundis
ck les vendredis. Cette dernière place s'étend jusqu'au
prince graaft ou canal du prince.
C'tft fur ce canal que l'on a bâti en dernier lieu un
grand nombre de maifons fuperbes , qui méritent le nom
de palais. On y trouve auffi le Spin-huys, maifon de
force où l'on enferme les filles & les femmes de mau-
vaife vie. Elle eft contigue à 1? banque des emprunts,
que l'on appelle communément le Lombard. Ce dernier
édifice fut bâti, en 1668, 6k a fon entrée au Varkenmark;
mais l'établitTement de la banque eft plus ancien.
Depuis environ un liécle , la Haye a été fi augmentée,
qu'elle n'eft presque plus reconnoiflable fur les plans de
ce tems- là. Ses principales augmentations fe font faites
au midi , fi l'on regarde le grand nombre de maifons ;
mais les plus fuperbes accroiffemens font le long du ca-
nal de la princeffe, dans la partie orientale , le long du
bois que l'on a reculé , pour tirer ce canal. Il eft bordé
d'hôtels magnifiques qui ont la vue fur le bois. Dans
ce quartier font deux bâtimens dignes d'être remarqués.
L'un eft la fonderie pour le canon. L'autre eft la fyna-
gogue des Juifs Portugais. A l'extrémité feptentrionale
de ce canal, eft le mail, promenade délicieufe durant la
belle faifon.
Le grand nombre d'hôtels qu'on a bâtis à la Haye ,
depuis quarante ans , ne permet pas de les marquer en
détail. Je me contenterai d'en nommer quelques-uns.
Entre la cour , le Pleyn 6k le Vy ver-berg eft la maifon
du prince Maurice de Naflau. Elle fert d'hôtel des am-
bafladeurs.
Le palais nommé la vieille cour, qu'habite l'envoyé
du roi de Pruffe. Les jardins en étoient beaux ; mais ils
font négligés depuis quelque tems.
L'hôtel d'Espagne eft entre le Wejl-Einde 6k leLakn-
frat. George Frédéric de Reneffe , baron d'Elderen,
ieigneur d'AfTendelft , le vendit, en 1677, à D. Emanuel-
Francisco deLyra , qui l'acheta au nom du roi d'Espagne,
dont il étoit envoyé extraordinaire. C'eft une grande 6k
vieille mafle de bâtimens , compofée de cinq parties
différentes, où il n'y a ni goût, ni fymmétrie; mais l'em-
E lacement eft très-beau , le jardin eft grand , mais trop
as ; de manière que Phyver il eft fous l'eau. La chapelle
eft belle & haute, 6k fa majefté Catholique y entretient
trois chapelains. Ce font les feules puiffances qui ayent
en propre un hôtel pour leurs miniftres. Les autres font
dans des hôtels de louage. Chaque ville de la province
de Hollande a fon hôtel particulier pour Ces députés : il
eft gardé par fon concierge. L'amirauté & la compagnie
des Indes ont auffi leurs hôtels en propre.
Quoique la Haye n'ait point de rang entre les villes ,
il n'y en a guères qui ait autant de maifons de charité.
Celle des orphelins fut fondée, en 1564, dans IsNobel-
firaat , d'où on les transféra au couvent de fainte Agnès,
■vis-à-vis de l'hôtel d'AfTendelft. Les orphelins de la Dia-
conie font à l'extrémité du Spuy 6k de Wykboom :
c'eft un affez beau bâtiment autour d'une cour carrée.
L'hôpital du S. Esprit fut bâti , en 1616 , fur le Pa-
villoens-Graaft , vis-à-vis du Veerkay ; mais le nom des
pvuvresdu S. Esprit étoit en ufage à la Haye dès le qua-
torzième fiécle. La maifon de Niewkoop , fur le prince
Graaft , eft un grand bâtiment en carré long , qui oc-
cupe un terrein de 400 pieds en longueur, 6k de 158 en
largeur , fondé par Jean de Bruin de Buytenwech , fei-
gneur de Niewkoop , Noorden 6k Achtinhoven. On y
donnoit le logement , la nourriture '& les remèdes gra-
tis aux pauvres ; mais les fonds ayant été diminués" en
partie par des non- valeurs , ou même difiîpés par quel-
HAY 309
ques administrateurs , on a été force de louer les appar-
temens à des familles qui y font allez bien , ck à meil-
leur marché qu'ailleurs ; ck ce qu'on en tire, fert à l'en-
tretien des bâtimens. La cour de Madame Cornelie van
Wouw, au côté occidental du Bree-flraat entre le Prince-
graafi 6k le Herdcrine-jlraat , confîfte en feize maifon-
netes, fans le logis des régens. Elle fut fondée, en 1647,
par cette dame pour de vieilles femmes ou filles de' la
religion Proteftante. Elles ont le logement , quelque ar-
gent par mois , & du chauffage tous les ans. La maifon
hérite de ce qu'elles ont au tems de leur mort. Près de-là
Barthelemi van Wouv , bâtit en 1649 ■> une maifon ;
mais comme elle ne contient que deux places, on la con-
fond avec l'autre. L'hôtel de Jean-van-Dam , au côté
feptentrional de la rue nommée Jufrow Ida. -flraat , a
eu pour fondateur Florent-van-Dam , dont le reftament
du 5 Septembre 1563 , porte que l'on bâtira douze cham-
bres pour autant de pauvres perfonnes âgées , 6k une pour
un treizième pauvre. Cette maifon s'appelle à préfent la.
cour de S. Anneland. L'hôtel de Hooghelande , fondé
en 1669, par Pierre de Hooghelande , entre le Wct-
moes-firaat 6k le Boekhorfi-jlraat , a feize logemens pour
autant de Catholiques Romains. La petite cour de Bour~
gogne , confîfte en vingt logemens. On ne fait qui en
fut le fondateur ; à la voir , il ne paroît pas qu'il ait été
fort riche. Faute de revenus pour l'entretenir, on l'a ven-
due à des particuliers qui en louent les chambres à des
gens du bas peuple.
La longueur de cet article ne me permet pas d'ajou-
ter ici les promenades , ck je les réferve aux articles de
Loosduyn, Scheveling 6k Ryswyk ; ce font
trois villages de la jurisdiftion de la Haye ; je me con-
tente de dire ici que le bois qui étoit autrefois contigu
à la cour, eft préfentement au nord-eft de la Haye. On
y entre par trois belles allées. La plus feptentrionale eft
le mail. La plus méridionale eft nommée par le peuple
le chemin de la roue de fortune , à caufej d'un cabaret
où , entr'autres jeux il y a une grande roue de charpente»
dans laquelle font ménagés des fiéges qui, quand on la
tourne, font alternativement au haut ou au bas de cette
roue , 6k toujours fuspendus à plomb. C'eft un des amu-
femens de la populace. L'allée du milieu eft le chemin
que prennent les chariots 6k les carroffes qui vont à
Leyden. Du côté de la Haye, ces trois allées font termi-
nées par le magnifique canal de la princeffe.
2. HAYE , (la) ville de France , en Touraine , fur
la Creufe, aux frontières du Poitou , à deux lieues de la
Guierche , à quatre de Châtelleraut , 6k à dix de Tours
6k de Poitiers. Elle a titre de baronnie. Il y a deux pa-
roiffes , dont l'une eft fous l'invocation de S. George.
On ne compte que cent foixante feux , 6k environ fept
cents habitans dans cette petite ville. Outre les marchés
ordinaires de la ville on y tient quatre foires par année.
C'eft la route ordinaire des gens de guerre , qui vont
en Poitou ou qui en viennent ; 6k pendant la guerre
d'Espagne , il y a paflë tous les ans onze ou douze mille
hommes, tant d'infanterie que de cavalerie. C'eft la pa-
trie du fameux René Descartes. Il y naquit le 3 1 Mars
1596 , 6k mourut à Stockholm le 11 Février 1650. * Pi-
ganiol de la Force , Defcr. de la France, t. 7, p. 67.
Baudrand , éd. 170^.
3. HAYE du Puis, (la) bourg de France, en baffe
Normandie, auWiocèfe de Coutance, entre Carentan,
S. Sauveur-le-Vicomte, Barneville ckLeflai, près de la
côte de la mer. Il a titre de marquifat , château 6k haute-
juftice. * Corn. Dift. Mém. manufer.
4. HAYE-Paisnel, (la) bourg de France, dans la
baffe Normandie, au diocèfe de Coutance, entre Ville-
Dieu 6k la Luferne.
HAYES, (les) abbaye de filles, ordre de Cîteaux,
dans le Dauphiné , au diocèfe de Grenoble.
HAYHAM : c'eft la même qu'JÏLANA. Voyez cet
article 6k celui d'AiLA.
HAYLESHEM, abbaye. Voyez Helissen.
1. HAYN, félon Zeyler, Saxon. fuper. topogr.p. 100,
ville d'Allemagne , dans la Misnie , au cercle de hauta
Saxe , fur la petite rivière de Reder , environ à trois
milles de Dresden. Dreffer dit que ce mot Hayna ,
chez les Allemands 6k les Vendes , fignifie , une forêt
folitaire 6k écartée ; 6k que Hctnischen en eft le di-
minutif. Hayn fut façcagée Se brûlée par les Huflite;,
3io HEA
en 1429; elle fut encore confumée par le feu, en 1538.
Cette ville avoit été autrefois allez floriffante , fur-tout
lorsqu'elle étoit la réfidence des margraves de Misnie.
On voit encore des veftiges de leur palais. Avant la lon-
gue guerre d'Allemagne , on y fabriquoit beaucoup de
draps. C'eft la patrie de Johannts ab Indagine.
2. HAYN ; quelques-uns difent Han , mais mal ,
comme le remarque Zeyler , Sikf. topogr. p. 150, petite
ville de Bohême, au duché de Silène , au duché de
Lignits , & à deux milles au couchant de la ville de ce
nom , à trois de Buntzel , & auprès du ruiffeau de Dei-
scha. Elle a un petit territoireoù font compris quelques
bourgs & villages qui font un cercle particulier. En 1427,
les Huffites y égorgèrent les enfans qui étoient à l'école,
les prêtres dan; lès églifes , & les bourgeois dans leurs
maifons. En 1 581 , cette ville fut incendiée par des fcé-
lérats que l'on prit deux ans après.
HAYNA , rivière de l'Amérique , dans l'ifle de Saint-
Domingue. D'Anville la nomme, par erreur, Jaina. Elle
a fa fource vers l'eft de la ville de Saint-Domingue, &
coule affez lentement. Il y a grand nombre de métairies
fur (es bords , Se fes eaux font eftimées pour leur bonté.
HAYNAM, ou
HAYNAN. Voyez Hainan.
HAYR. Voyez Haïr.
HAZA , pour Haïa. Voyez ce mot.
HAZAN Keif : c'eft ainfi que l'on dit aujourd'hui
par corruption , au lieu de Husni-Keifa , qui eft lé
nom d'une ville d'Ane , dans la Méfopofamie , fur le
bord du Tigre , entre Ainid & Moful auprès de Mer-
din. On la trouve auffi nommée Hasm-Keifa. * Hiji.
de Timur-Bec, 1. 5 , c. 30.
HAZEBROUCK. , ville de la Flandre Françoife , dans
la châtellenie de Caffel. Elle eft du diocèfe d'Ypres. Les
Auguftins y enfeignent les humanités. Il y a une fubdé-
légation de l'intendance de Lille.
HEA, province d'Afrique , fur la côte de Barbarr
HEA
Leur plus commun habit eft une espèce de robe , de
laine non foulée , dont ils s'enveloppent, Se qui eft un
peu moins grofliere que des couvertures de lit ; fur la
chair ils ont un tablier de même étoffe , qui les couvre
depuis la ceinture jusqu'à mi-cuiffe. Ils ne portent point
de chapeaux , ni de bonnets ; mais feulement des cur-
Jîes : ce font des bandes de laine de quelque demi-pied
de large, qui font cinq ou fix tours autour de leur tête,
comme des turbans ; 8c les plus belles font de toile de
coton rayées de rouge , avec des cordons qui pendent
des deux côtés , en forme de franges ou de houppes.
Les alfaquis , pour le diftinguer des autres , ont des
bonnets rouges ou de petits turbans de groffe toile. Us
ne portent point de chemife , parce qu'ils n'ont point de
lin ; & fi quelqu'un en peut avoir, cela eft fort eftimé;
car il n'y a que les gens de condition qui ont été à la
cour qui en ayent, Se les femmes galantes. qui en font
venir à Maroc &C à Safie. Ils portent auffi des hagnyfas,
qui eft une espèce de cafaque de bure , faite de groffe
laine. Les jeunes gens fe font rafer les cheveux Se la
barbe , jusqu'à ce qu'ils fe marient ; mais lorsqu'ils font
mariés , ils fe biffent venir le poil de la barbe , ôc un
toupet de cheveux au haut de la tête , par où les Arabes
difent que les Mahométans feront connus au jour du ju-
gement. Ceux qui vivent dans les villes, portent des veftes
de draps de couleur , à longues basques & demi-man-
ches , avec force boutons par-devant, & par-deffus quel-
que cafaque un peu plus fine.
Les femmes ont des veftes ou des mantes qu'elles ap-
pellent des hayques , Se qui font femblables aux veftes
que portent les Turcs & les Maures par-deffus leurs ha-
bits, quoiqu'elles ne foient pas fi fines, & quelques che-
mifes de toile fort longues & fort larges. Dans les mai-
fons, les femmes de condition s'enveloppent d'un drap
de toile rayé de foie , Se attaché fur le fein avec une
agraphe d'argent ou de léton , à la façon des boucles que
l'on met au poitrail des chevaux ; mais elles portent au
bord'dei'Ôcéân, au royaume de Maroc, dont elle " bras de gros braffelets d'argent, &C de gros anneaux au-
eft la partie la plus occidentale. Elle occupe la pointe du
grand Atlas , que les Africains appellent AYTUACAL ,
Se a au couchant &c au feptentrion l'Océan ; au midi les
montagnes du grand Atlas qui confinent avec la pro-
vince de Sus , Se au levant le fleuve d'EciFELMEL qui
la fépare de celle de Maroc. Cette rivière naît dans la
montagne de Henteta, Se court dans la plaine jusqu'à ce
qu'elle entre dans la rivière de Tanjifi, qui fépare cette
province de celle de Duquela. Dans toute cette étendue,
il y a de grandes montagnes escarpées Se fort hautes ,
Se des rochers couverts d'arbres, d'où naiffent des ruis-
feaux dont on arrofe les terres des vallons. On y voit
beaucoup de chèvres Se d'ânes ; mais peu d'autres ani-
maux , à caufe de l'aspect des montagnes. Il y vient
beaucoup d'orge , mais point de bled. Les mouches à
miel Scies chèvres font le plus grand trafic, parce qu'on
en tire quantité de cire Se de marroquins dans Safie , où
l'on vient d'Europe pour les acheter. .
Le peuple de cette province eft belliqueux , mais bru-
tal , fans aucune police. Il ne cultive ni vignes , ni jar-
dins, quoiqu'il en pût avoir de fort bons dans les vallées,
à caufe des ruiffeaux qui y coulent. Il n'y plante point
auffi d'oliviers , & l'huile , dont il fe fert , vient des
noyaux d'un certain fruit , que portent des arbres épi-
neux nommés erquen ; ce fruit eft gros comme un gros
abricot , Se quelquefois davantage , 8c n'a que le noyau
couvert d'une peau qui réluit la nuit comme une étoile,
quand il eft mûr. Les chèvres mangent de ce fruit , &
les Africains recueillent après les noyaux dans leurs ber-
geries, parce qu'ils font fi durs, que les chèvres ne les
peuvent cafter , &c les jettent tout entiers , Se c'eft de
l'amande que l'on fait l'huile d'Erquen , elle put Se eft
de mauvais goût.
Ce peuple ne fe pique point de lettres , & perfonne
n'y fait lire que quelques alfaquis. Il n'y a ni médecins ,
ni chirurgiens , ni apothicaires , ni droguiftes , Se les
maladies fe guériffent par les diètes, ou en appliquant le
feu à la partie. II n'y a que quelques barbiers , pour cir-
concire les enfans Se pour faire le poil. Quoiqu'ils foient
tous Mahométans , ils ne favent ce que c'eft que Ma-
homet 8c fa fefte ; mais ils font Se difent, à peu près ,
ce qu'ils voient faire, ou entendent dire à leurs alfa-
quis.
deffus de la cheville du pied. Celles qui n'ont pas le
moyen d'en avoir d'argent, les portent de fer ou de léton.
Elles portent auffi aux oreilles trois ou quatre grands an-
neaux d'or , d'argent, ou de fer, chacune félon fa qualité,
où font enfilés des grains de verre de couleur , avec de la
femence de perles entremêlée. Les lits ordinaires des
gens de condition , font de ces tapis à long poil , pareils
à ceux qui nous viennent d'Afrique ; ils les mettent fous
eux en plufieurs doubles , Se en laiffent pendre un grand
mourceau qui leur fert de couverture. Au lieu de draps
ils fe fervent de hayques ; Se pour chevet , d'oreillers
longs Se étroits , faits de laine ou de groffe toile. Le peu-
ple n'a d'autre lit qu'une nate de jonc, ou quelques peaux
de moutons Se de chèvre , & fe couvre de veftes & de
cafaques. Les femmes font belles , ont le teint 'fiais &
blanc , Se font fort amoureufes. Les hommes font ro-
buftes Se fort jaloux.
Leur nourriture la plus ordinaire eft de farine d'orge,
qu'ils accommodent en deux façons. Les uns en font du
pain que l'on cuit au four comme en Europe , les au-
tres de grandes galettes fort déliées , que l'on cuit au
feu dans des terrines , ou fur des têts de pots caffés Se
on les mange ainfi toutes chaudes avec du beurre ou du
miel , ou avec de l'huile d'erquen ; quelquefois avec
des étuvées de chair de chèvre hachée, ou par morceaux,
parce qu'ils n'ont point de vaches , Se que les moutons
font fort rares 8c difficiles à élever dans ces montagnes.
Ils ont d'autres mets plus ordinaires , comme le hacida,
qu'on fait d'un-morceau de pâte cuite avec de l'eau &
du fel. On met dans une terrine cette eau 8e cette pâte
cuite ; puis on y fait un trou au milieu , qu'on emplit
de beurre ou d'huile , & c'eft la fauce où l'on trempe
les morceaux : puis quand tout eft mangé , on avale
bouillon. Il y a encore le hacua , qui eft fait de farine
d'orge cuite dans du lait ou du beurre frais , qu'ils m
gent de même. La viande là plus ordinaire , dont ufent
les Africains 6c les Arabes , eft Yal-cu^cuçu , (de S. Olon
l'appelle couscous.} Ils mangent plutôt de la chair de
chèvre ou de brebis , que de mouton ou de vache , Se
ils difent qu'elle eft plus faine ; mais je crois , dit Mar-
mol , que c'eft à caufe qu'elle eft à meilleur marché. Ils
ont quantité d'œufs , Se la poule n'y vaut que huit ou
dix marayedis, & la douzaine d'çsijfe environ la moitié.
HEÂ
BEA
Quand ils veulent prendre leurs repas , ils s'affeyent par
terre , auffi-bien les femmes que les hommes ; & ayant
mis au milieu d'eux la terrine , chacun y met la main
droite ; car ils tiennent que c'eft un péché mortel que
de manger avec la main gauche , parce qu'ils s'en fer-
vent pour leurs ablutions avant la prière. Leur religion
ne leur permet pas de manger avec de cuillers : quand
ils ont fini, ils lèchent leurs doigts , fe frottent les mains
l'une contre l'autre, ou autour des bras : c'eft ainfî qu'ils
s'efluient. Ils ne fe fervent ni de napes , ni de ferviettes ,
ni même de mouchoirs ; & quand ils fe lavent les mains,
ils ne les efluient point , mais les tiennent en l'air jus-
qu'à ce qu'elles foientféches : ils font fi greffiers, qu'ayant
tant de ruiffeaux qui coulent des montagnes dans les val-
lées , où ils pourroient faire des moulins , ils occupent
leurs femmes à moudre chaque jour, à force de bras, la
farine dont ils ont befoin , dans de petits moulins de pier-
res , qui fe tournent avec une main. Ils n'ont point de
favon , & ne favent ce que c'eft ; mais ils blanchiflent
avec une certaine herbe qu'ils appellent ga^ul.
Toute cette province eft fort peuplée ; & il y a de
grands villages & de gros bourgs , pleins d'un peuple
turbulent , qui étoit dans une guerre perpétuelle ayant
l'empire des Cherifs , parce que vivant à leur fantaifie ,
ils n'obfervoient ni loi ni juftice , & ne vouloient fouf-
frir aucune puiffance pour les brider. Ils ont pour armes
trois ou quatre dards , dont la pointe eft d'acier & fort
aiguë , avec des poignards courbés en faucilles , qui cou-
pent en dedans , Se font fort pointus. Ils ont deux ou
trois frondes dont ils fe ceignent. Ils n'ont eu que fort
tard connoiflance des arquebufes & des arbalètes. Ils ont
auffi peu de chevaux , encore font-ils fort petits , mais
lî légers, que. fais être ferrés, ils grimpent fur les mon-
tagnes comme des chèvres. Leurs cavaliers portent des
lances avec de petites rondaches de cuir , Sr des coute-
las faits comme leurs poignards , & ont des felles à la
genette ; on n'en connoît point d'autres dans toute l'Afri-
que. Ils combatent écartés ; & chacun donne où il veut,
gagnant toujours le haut des montagnes &C les pafïàgcs
les plus difficiles , d'où ils lancent des pierres Se des cail-
loux . qui incommodent fort ceux qui montent. Ils atta-
quent avec de grands cris , de forte qu'on diroit qu'ils
font en grand nombre ; & ceux qui ne les connoiflfent
pas, prennent quelquefois l'épouvante. Comme le pays eft
âpre &c rude, &c qu'ils n'ont ni mules ni bœufs, ils la-
bourent les terres avec des ânes qui , quoique petits,
font forts. Il y a dans toute la province quantité de
cetfs,, de chevreuils , de fangliers , & les plus grands
lièvres qu'il y ait en toute la Barbarie.
Voilà, conclut Marmol, tout ce qui fe peut dire, en
peu de mots , des mœurs &t des façons de vivre de ceux
d'Héa, Se généralement de tous les autres peuples de
la Barbarie , qui vivent dans les montagnes ; parce qu'il
y a peu de différence , quoiqu'il y en ait de plus fauva-
ges les uns que les autres. J'ajoute qu'un fiécle peut y
avoir apporté bien du changement depuis ce tems-là.
Les villes de cette province font :
Tedneft , capitale de Tefegdelt ,
la province,
Agobel, Tegtefa,
Alguel, Eitdevet ,
Teculet , Culcyhat-Elmuhaydin ,
Hadequis ," Egue-Leguingil ,
Eufugaguen , Teftana ,
Techevit, . Amagor.
Les principales montagnes font :
Ayducal , Tenzera,"
& Giubelhadid.
HEADON, ville d'Angleterre, au comté d'Yorc.
Elle eft presque déchue de fon ancienne réputation , à
caufe de fon port bouché, & du voifinage de Hull. *Corn.
Dift. Davity
Elle eft nommée Heydon , dans l'Etat préfent de la
Grande-Bretagne.
HEAN , ville d'Ane , au Tunquin. C'eft la capitale
de la province de l'eft, &C le fiége du mandarin qui
en eft le gouverneur. Elle eft fituée à quatre-vingt lieues
de la mer, & à l'eft d'une rivière qui fe fépâranten deus
branches, dont l'une eft appellée Domia & l'autre Rokbos
fe rejoint en ce lieu. Héan peut avoir deux mille mai-
fons ; mais fes habitans font presque tous pauvres. On
y tient garnifon, quoiqu'il n'y ait ni forts, ni muraille, ni
gros canon. Les marchands Chinois y ont une rue , Se
portent de longs cheveux trèfles par derrière , comme
c'étoit la mode de leur pays , avant que les Tartares
en euffent fait la conquête. Les François y ont auffi un
comptoir ; &: le palais de leur évêque eft le plus beau
bâtiment de toute la ville , au bout feptentrional 'de la-
quelle il eft fitué , fur le bord de la rivière. Il n'eft
point permis à cet évêque François d'aller demeurer à
Cachao , capitale du Tunquin , & il ne peut même y
aller en aucun rems , fans la permiffion du gouverneur';
encore faut-il obtenir ce privilège par la faveur de quel-
qu'un des mandarins , qui y font leur réfidence , & pour
qui l'évêque ou tout autre miffionaire, doit faire quelque
forte d'ouvrage. C'eft pour cela que les miffionaires qui
font en ce pays, ont appris exprès à raccommoder les
montres , les horloges , & quelques inftrumens de ma-
thématiques ; ce que les naturels du pays ignorent en-
tièrement. * Corn. Dift. Dampier , Voyage autour du
monde, (.],£, i & ;.
HEAYE, ville d'Ane, dans la Perfe, à74d. 35'de
longitude , & à 31 d. 50' de latitude, félon Tavernier,
Voyage de Perfe , /. I , ch. dern. qui dit que c'eft un
grand village.
HEBAL (a) , montagne célèbre de la Paleftine , dans
la tribu d'Ephraïm , près de la ville de Sichem , vis-à
vis la montagne deGarizim. Voyez Garizim. * (3) D.
Calma , Dift.
HEBATA, ancienne ville d'Ane, dans laMéfopota-
mie , félon Pline , 1.6, c. 26.
HEBDOMECONTACOMETiE : ce mot eftgrec,
& fignifie les habitans àesfoixante & dix villages. Pline,
/. 6 , c. 29 , nomme ainfi un peuple de l'Ethiopie , fous
TEgypte.
HEBDOMUM, fauxbourg de l'ancienne ville de Con-
ftantinople. Ce nom eft latinifé , &c rendu par le mot
Seplimum , dans la Chronique du comte Marcellin , &C
dans THiftoire mêlée. Il étoit fur la fixiéme colline ,
qui eft pré lentement dans la ville. Ortel. The/, a cru qu'il
étoit à fepf milles de la ville de Conftantinople , ce qui
ne paroît guères poffible ; il eft plus probable que ce
nom lui eft venu de ce' qu'il étoit le feptiéme fauxbourg.
* Gilles, Topogr. ConftmtinopoL A4, c. 4.
HEBERMUNSTER, abbaye. Voyez Ebermuns-
TER.
HEBRAICA , monaflere aux environs de Conftan-
tinople : on le nommoit auffi Braca , l'eion Zonare. Il
eft mal nommé Thebraîca dans THiftoire mêlée : on
l'appelloit auparavant le monaflere de Staurace, à caufe
d'un homme de ce nom , qui y étoit enterré. * Ortel.
Thef.
KEBRE , (l') fleuve de Thrace. Quelques Grecs écri-
vent 'e2&<; , Ebros , fans aspiration. Plutarque le Géo-
graphe, Collecl. Oxon.t.Z, p. 6 , eft de ce nombre,
& dit que l'Ebre, fleuve de Thrace, prend fon nom
des tournans qu'il a dans fon cours. Caflandre , roi
de ce pays , eut de Crotonice , fa femme , un fils , nomme
Hebrus. Il la disgracia enfuite, époufa Damafippe, fille
d'Atrax , laquelle étant devenue amoureufe d'Hebrus ,
lui fit des propofitions criminelles : ce jeune prince en
eut horreur; fk pour ne la point voir, étoit toujours à
la chatte. Cette malheureufe voulant le perdre , l'accufa
auprès du roi de l'avoir forcée. Caflandre la crut, &
entrant dans la forêt, l'épée à la main , pourfuivitfon
fils, qui ne pouvant éviter la mort, &t voulant fauver
à fon père l'horreur d'un parricide, fe jetta dans le fleuve
RHOMBUS, qui prit enfuite le nom d'Hebre, comme
le rapporte Timothée au livre XI des rivières. . . Dans
ce fleuve , pourfuit le même géographe » il naît une herbe
femblable à de l'origan ; les Thraces en cueillent les
fommités, St les brûlent après le repas ; il en respirent
la fumée qui les enyvre, & leur caufe un profond foin-
meil. Pline, l. 33 , c. 3 , nomme l'Hebre entre les ri-
vières qui avoient des pailletés d'or. Il dit, A4, c. il,
que ce fleuve descend du pays des Odryfiens. Il n'y a
guères de rivières dont les anciens ayent tant parlé, &
dont ils ayent fi peu dit de chofes, Rien n'eft plus mai-
3i2 HEA
gre que ce qu'ils en difent de fuite. De l'Ifle raffemblant
ce qu'il avoit trouvé disperfé , un mot d'un côté , un
mot de l'autre , en décrit ainfi le cours.
L'Hebre a fa fource au pied du mont Scomius , qui eft
à l'orient de Sardique : de-là , ferpentant vers le midi ,
l'orient , & le feptentrion alternativement , il coule auprès
de Zyrma , aujourd'hui Bazan-gik , & fait presque le tour
de la ville de Philippopolis ; de-là , prenant ion cours
vers le fud-eft , par le pays de Celetes , il reçoit divers
ruiffeaux , Sr. arrive à Andrinople ; auprès de cette ville,
il fe groffit de deux rivières affez greffes. La première
eft le TONZUS , ou le BURGUS , qui vient de Tonzos ,
au pied du mont Haîmus, à Ordiza & à CARPUM.E-
MUM , &cfe perd dans le Hebre au-deffus d' Andrinople ;
c'eft aujourd'hui laTUNClA. L'autre eft le CoNTADES-
DUS , qui a fa fource affez près de la mer Noire , reçoit
le Tœarus , 5c enfuite l'Agrianes, dont il prend le nom
jusqu'à l'Hebre , dans lequel il fe perd au-deffous d'An-
drinople. L'Hebre, coulant de-là vers le midi , à tra-
vers le pays des Odryfiens , forme quantité de détours,
paffe auprès de Didymotychos , de Trajanopolis , de
Dyme , ci de Cypfelum ; en prenant enfuite fa route
vers le midi occidental , il entre dans la mer jEgée par
deux bouches, entre Sala &c le port d'jEnos, au nord
de l'ifle de Samothrace , à l'entrée du golfe Melanis. A
fon embouchure il féparoit les Cicones , ou Ciconiens
Doriques, des Abfynthiens. C'eft pour cela que Vir-
gile dit que les femmes des Ciconiens , irritées de fon
attachement pour Euridice , le déchirèrent, & jetterent
fa tête dans l'Hebre. Ce fleuve a toujours eu la répu-
tation d'être très-froid. Virgile, Egl. 10 , v. 65 , dit:
Nec fi frigoribus mediis Hebrumque bibamus.
Et Horace n'en parle que comme s'il étoit couvert
de neiges &c de glaces , Epit. 3 , v. 3 :
Hebrusque nivali comptai vinSus.
Il l'appelle le compagnon de l'hyver, Ode 25 , /. 1. :
Arldas frondes hyemis fodali
Dedicet Hebro.
Le nom moderne de l'Hebre eft Mariza. Voyez ce
mot-
HEBREUX : nom que l'on a donné à la poftérité
d'Heber , fils de Salé , & petit-fils d'Arphaxad , qui
étoit fils de Sera , & petit-fils de Noé. Heber fut père
de Phaleg , dont le fils , nommé Reù , fut père de Sa-
lue , & ayeul de Nachor , dont le fils Tharé fut père
d'Abraham, de qui descend le peuple que l'on a appelle
les Hébreux. Voilà l'opinion plus générale fur l'origine
du mot Hébreux. Quelques-uns prétendent que c'eft Abra-
ham qui a été le premier appelle Hébreu, rk que les
Chananéens le nommèrent ainfi , parce qu'il venoit de
de-là l'Euphrate , & que ce mot, en hébreu, lignifie
un homme de de-là. le fleuve. Les Hébreux font les
mêmes que les Juifs. Appien les nomme 'EG&iti ; les
Italiens difent encore un Ebreo , pour un Juif ; en fran-
çois , les Hébreux , ne fe dit point des Juifs modernes ,
mais de ceux qui ont vécu avant l'établiffement de la
loi nouvelle. A l'égard de la langue hébraïque, voyez
Langue. * Saci, fur le c. 11 de la Genèfe.
HEBRIDES. Voyez "Westernes.
HEBRO. Voyez Hobro.
HEBROMANI. Voyez Ebromagus.
HEBRON (a), ou Chebron, une des plus ancien-
nes villes de la Paleftine , &C même du monde , puis-
quelle fut bâtie fept ans avant Tanis , capitale de la baffe
Egypte, (k) Comme l'Egypte avoit été un des premiers
pays peuplés , après la difperfion de Babel , on en peut
conclure que Hebron étoit très-ancienne. On croit
qu' Arbé , un des plus anciens géans delà Paleftine, l'a-
voit fondée , ce qui lui fit donner le nom de Carie-
THARBÉ , ou ville d'Arbé , qui fut enfuite changé en
celui d'HEBRON. Arbé fut le père d'Enach, (c) &Enach
donna fon nom aux géans Enacim , qui demeuraient
encore à Hebron lorsque Jofué conquit la terre de Cha-
naan. Dans la traduction latine de Jofué (d), on lit
que le grand Adam y eft enterré : Adam maximus ibi
HEA
inter Enacim Jztus eft ; & S. Jérôme , dans plus d'un en-
droit , (e) témoigne que c'étoit l'opinion des Juifs , qu'A-
dam y avoit été enfeveli. Mais on peut donner un autre
fens à l'hébreu , Se traduire : le nom ancien d' Hebron ejl
Arbé. Cet homme (Arbé) eft le plus grand, le chef
des Enacim. On ne fait quand elle commença à por-
ter le nom à'Hebron.lly en a qui croient que ce ne fut que
depuis que Caleb en eut fait la conquête , & qu'il lui donna
le nom d'Hebron , à caufe d'un de fes fils, qui s'appel-
loit ainfi. Mais je crois , dit D. Calmet , que le nom
d'Hebron eft plus ancien , & que Caleb donna peut-
être par honneur à fon fils le nom de cette ancienne &T.
célèbre place. * (a) D. Calmet, Did. P>) Num. c. 13 ,
v. 23. (c) Jofué, c, 14, v. 15. (d) Jofué, c. 15, v. 13.
(e) c. 14, v, 15. H'uronym. in Epitaph. Paula &c in.
Qji. Hebr. in Genef. &i/z locis Hebr. en Arbog. & Ccwz-
ment, in Malt. 27.
Hebron étoit fituée fur une hauteur à vingt-deux milles
de Jérufalem , vers le midi (a) , & à vingt milles de
Berfabée , vers le nord. Abraham , Sara &c Ifaac furent
enterrés près d'Hebron , dans la caverne de Macphela ,
ou dans la caverne double qu'Abraham avoit achetée au-
près d'Ephron Q3). On voyoit près de-là le chêne , ou
le térébinthe d'Abraham , fous lequel il avoit reçu les
trois anges (c). Eufebe, Demonjtr. Evang. 1. 5 , c. 9 ,
Sozomene,/. I, c. 3 , ve/4, & plufieurs autres anciens,
parlent de la vénération que les Chrétiens & les payens
avoient pour ce térébinthe. On difoit qu'il y étoit là
dès le commencement du monde , comme fi ce n'eût
pas été affez exagérer , que de dire qu'il y étoit depuis
Abraham (d). D'autres difoient que c'étoit le bâton d'un
des anges , qui avoit pris racine en cet endroit. On y
avoit établi une foire célèbre dans tout le pays , Se on
croyoit que ce térébinthe étoit incorruptible , parce que
quelquefois il paroiffoit tout en flammes par le feu que
l'on faifoitautour,&tqui ne le confumoit point.* (a) Eufeb,
ad vocem ARCO. (b) Genef c. 33, v. 7 , 9. (c) Genef.
2ce"
l.i, c. 18.
c. 18
Georg. Sincell. ex Julio Afr
eronym. & Eufeb. in locis Jofeph.
p. 107 ; & Socrat. Hift.
%\
Hebron étoit dans le partage de Juda. Le Seigneur
l'aflïgna pour partage à fon ferviteur Caleb (a). Jofué
prit d'abord Hebron , & en tua le roi nommé Oham (b).
Caleb en fit de nouveau la conquête , aidé par les trou-
pes de fa tribu (c) , & par la valeur d'Othoniel. Elle
fut affignée aux prêtres pour leur demeure , & fût dé-
clarée ville de refuge (d). David y établit le fiége de
fon royaume, après-la mort de Saùl (e). Ce fut à He-
bron qu'Abfalon commença fa révolte (f). Pendant la
captivité de Babylone , les Iduméens s'étant jettes dans
la partie méridionale de Juda , s'emparèrent d'Hebron ,
d'où vient que, dans Jofeph, elle eft quelquefois attribuée
à l'Idumée (s). On croit que c'étoit la demeure deZa-
charie Se d'Elizabeth , & le lieu de la naiffance de S. Jean-
Baptifte : Hebron fubfifte encore aujourd'hui , mais fort
déchue de fon ancien éclat. * (a) Jofué, c. 14, v. 13.
Jofué, c. 10, v. 3, 23 & 37. (c) Judic. ci, v. 12
3. (d) Jofué, c. 21 , v. 13. (e) Reg.l. 2, c. 2",
v. 2, 5. (f) Reg. 1. 2, c. 15, v. 7 &feq. (S) De Bell.
1. 5 , c. 7.
Le père Nau, dans fon Voyage de la Terre- fainte,
/. 4, c. 18 , avoue qu'il n'a pu voir Hebron : il en rap-
porte ce qui fuit, fur la foi d'un de (es amis , qui y avoit
long-tems féjourné.
En partant de Bethlehèm , on prend fa route par les
pifeines de Salomon. On paffe enfuite une montagne ÔC
une forêt ; on arrive à une petite vallée qui eft culti-
vée & femée ; après cela , on trouve une plaine &c up
village nommé Ain Halhoul ; & de-là jusqu'à Hebron
ce ne font que vignes qui portent des raifins dont les
grains font gros comme le pouce , & des jardins qui
fourniffent presque toutes fortes des fruits. Hebron efl
une ville dont la grandeur approche de celle de Jéru-
falem ; mais elle eft fans remparts Scfans.murailles. Une
partie eft fur une petite montagne , & l'autre dans la
plaine qui eft au bas. Les maifons font de pierres. Ce
qui eft de plus remarquable , c'eft la grande mosquée,
qui a autant d'étendue que l'églife du S. Sépulcre à Jéru-
falem , & qui eft tout-à-fait belle & ornée. Les fépulcres
d'Abraham & de Sara font au milieu , un peu féparés
l'un de l'autre, ck couverts de riches tapis ; la vafte &
profonde
HEC
HED
313
profonde grotte , où leurs corps ont été mis , eft en cet où a-t-ii pris cette circonftance ? Pline , /. 6 , c. 15,
endroit: on n'y defcend point, on la voit feulement dit: la Parthie a pour capitale Hecatompyle, ville fituée
par une ouverture. Les Mahométans y font despéleri- à cent trente- trois mille pas des portes Caspiennes. Il
nages : ils y viennent d'Alep , de Damas, & d'au- dit, c. 25 , qu'elle étoit au milieu de la Parthie , & la
très pays , avec une ferveur admirable , fous la conduite réfidence d'Arface. Il eft certain , par la latitude, qu'elle
de leurs fantons. Cette mosquée eft deflèrvie par des ne peut être ni Yesd , ni Ispahan.
gens favans dans la loi , & qui ont nne penfion réglée. 2. HECATOMPYLUS , ancienne ville de la Libye.
A deux ou trois cens pas de-là vers l'occident, il y a Diodore de Sicile en parle ainfi , /. 4, c. 28. Hercule,
une belle mosquée qu'on nomme des Quarante Martyrs, après la mort d'Anthée , pafla en Egypte où il fit mou-
ElarbaïnScheid ; auprès il y a un grand &t vieux chêne, rir le tyran Bufiris qui fouilloit fes mains du fang de
Dans cette mosquée , il y a auflî une cave &; grotte pro- fes hôtes. Pendant qu'il traverfoit les déferts fablonneux
fonde qu'on dit aboutir fous terre à celle d'Hébron. de la Libye , il trouva un terrem frais &C fertile où il
Au-delà de cette ville , tant à l'orient qu'au midi, il n'y bâtit une grande ville , qui fut nommée Hecatompyle ,
a que des Arabes. Ils y viennent trafiquer , & y appor- à caufe de fes cent portes. Cette ville a été très-floris-
tent, entr'autres chofes , une terre qu'ils prennent à fept fante jusqu'à ces derniers tems. Les Carthaginois l'ayant
ou huit lieues de-là , dont on fait du verre à Hébron. enfin attaquée avec un grand nombre de troupes con-
Cette ville a environ douze villages qui dépendent d'elle, duites par d'excellens capitaines , la fournirent à leur do-
& le pays d'alentour eft aufli montagneux que celui de mination.
Jerufalem, mais plus couvert de bois. Voyez ArbÉ. 3. HECATOMPYLUS. Voyez ThÈBES , en
HECADEMIA. Voyez Echedamie. Egypte.
HECALE, bourg de Grèce, dans PAttique , dans la HECATONNESI (orum) , 't'aré^iK. , ifles fituées
tribu Léontide, félon Etienne le Géographe. Spon, Lifte dans le détroit qui eft entre lïfle de Lesbos & le con-
de f 'Attique , le nomme Ecali, félon la prononcia- tinent de l'Afie mineure , félon Etienne le Géographe.
tion vicieuf? de quelques écoles Eîk*ah. On y adoroit Strabon, /. 13 , p. 618, dit qu'elles étoient au nombre
Jupiter Ecalien. de vingt , &C rapporte le fentiment de Timofthène qui
HECATE, divinité des enfers dans le pagananisme , les met au nombre de quarante. Hérodote , l. 1 , fait
qui avoit fon culte & fes temples. On trouve dans la auffi mention de ces ifles. Voyez Agatonisi.
géographie ancienne certains lieux qui en avoient pris HECATONTACHEIRIA , ville nommée ensuite
leur nom. Orestiade , félon Palïephate , cité par Ortélius , tkef.
1. HECATESinsula.oul'isle d'Hécate, ifle de Ce dernier foupçonne que ce pourroit être l'Oreftis
l'Archipel , devant celle de Delos ; quelques-uns la de_Tite-Live , dans la Macédoine
nomment aufli PsaMMITE , -^a^/û-ni , félon Suidas.
2. HEC ATES ; lieu dans le voifinage de Lesbos, félon
Hélyche.
HECATESIA. Voyez iDRr as.
HECATIS NEMUS ou le bois d'Hécate , bois de la
Sarmatie Européenne , fur un promontoire qui s'avance
entre l'embouchure de l'Hypanis , & Pifthme de la pres-
que'ifle nommée la course d'Achille, félon Ptolomée,
l. 3, c. 5, qui nomme ce promontoire, fi -sot 'hxaTts «te*.
C'eft le Trivia Lucas d'Ammien Marcellin. Strabon
HECHINGEN , petite ville d'Allemagne , dans la
Suabe , au comté de Hohenzollern. Elle a eu fes com-
tes particuliers , qui étoient feigneurs d'un petit canton
dont Hechingen étoit le chef-lieu , avant qu'elle tombât
dans la maifon qui la poflede aujourd'hui. * Hubner t
Géogr. p. 417. D'Audifret, Géogr. t. 3.
HECLA , montagne &: volcan de l'ifle d'Iflande ;
fous le 2e d. de longitude , & le 65e d. 30' de latitude.
J'en parle plus au long à l'article de I'Islande.
HECTODURUM , ville de la Rhétie , félon Pto-
nomme, dans ce quartier, le bois d'Achille ; peut-être lomée- Lazius dit que c'eft EcHTAL. * Ortel. Thef. /. 2,
le nom du héros auroit-il paffé de la presqu'ifle au bois,
à caufe du voifinage.
HECATOMBÉE, Hecatombceum , lieu de Grèce, au
Pélop.onnefe , dans l'Achaïe proprement dite , auprès
de Dymé. Plutarque, inCleomen. & Polybe , /. 1,-en
font mention. Voyez HeRjEUM
HECTORIS lucus ou le bois d'Hector , bois
de l'Afie mineure, dans la Troade, près d'Ophrynium,
félon Strabon , /. 13 , p. 595.
HEDEMORA, bourg de Suéde, dans la Dalécar-
lie , fur le bord oriental de la Dala , qui fe recourbe 1
HECATOMPEDUM, ancienne ville de l'Epire, dans cet endroit, &c aux confins de la Geftricie, del'Uplande
la Chaonie, & dans l'intérieur des terres, entre Phcenice & ^e la Weftmanie. * De iljle , Couronnes du Nord.
& Omphalium, félon Ptolomée, /. 3 , c. 14. HEDETA. Voyez Edeta.
HECATOMPOLIS. Voyez Crète. HEDETANI , ancien peuple de l'Espagne Tarrago-
1. HECATOMPYLUS, ancienne ville de la Parthie, noife, félon Ptolomée, /. 2, c.6. Il le partage, félon
& capitale du royaume des Parthes , fous les Arfacides & coutume générale , en contrée maritime & en con-
qui y faifoient leur réfidence. Polybe, /. 10, c.26, trée méditerranée , ou dans les terres. La partie mari-
dit : Le roi, ( Antiochus,) ayant traverfé le défert, vint ^ms comprend
à la- ville nommée Hecatompyle , fituée au milieu de
la Parthie. Comme c'eft le centre d'un grand nombre L'embouchure de la rivière de Pallantia, aujour-
de chemins qui de-là fe répandent dans tous les pays d'hui le Aforv/Wro;
voifins , elle a pris fon nom de fes cent portes. Ptolo- L'embouchure du Turulis ,
mée, /. 6 , c. 5 , la nomme Hecatompylos, ville Et. la ville de Dianium , préfentement Dénia.
royale ,&c lui donne 96 d. de longitude , fur 37 d. ço'
de latitude. Sa Table des principales villes, publiée dans La partie méditerranée, fituée entre les Baftitains & les
la Collection d'Oxford, met 97 d. de longitude , Se 37d.
2.0' de latitude. Ne nous arrêtons ici qu'à la latitude :
ces trente minutes de différence ne font rien , en com-
paraifon de celle qui doit être entre Hecatompylos , à
37 d. 20' de latitude, &c Ispahan fituée à 32d. i<y';&c
cette différence eft fi grande, que ce ne peut être la même
■ville, comme le croit Oléarius. D'ailleurs la fondation
d'Ispahan eft bien plus nouvelle, comme nous le faifons
voirenfon lieu. Diodore de Sicile, /. 17, c. 75, dit, qu'A-
lexandre leGrandjs'avançantvers l'Hyrcanie,campa auprès
d'une ville nommée Hecatompyle , & que ce canton étoit
fort riche &. abondant , il s'y arrêta quelques jours avec
fon armée , pour la remettre de fes fatigues. Ce paflage
fait voir que ce n'étoit pas une ville Grecque ; puis-
qu'Alexandre la trouva fondée , quand les Grecs l'au-
îoient-ils bâtie? Quinte-Curse, /. 6, c. 2, dit: Heca-
tompyle, ville bâtie par les Grecs, étoit alors, célèbre:
Celtibériens au couchant , &i les Ilercaons au levant ,
comprend, félon cet auteur ,
Ccefarea Augujla, aujourd'hui Sarragoce,
Barnama ou Barnava ;
Ebora , aujourd'hui Ixar,
Belia , aujourd'hui Belehite ,
SU.
Leonica , aujourd'hui Oliete ,
Oficerda,
Etobema ,
LajJÎTa ,
Hedeta , nommée auffi Leria , aujourd'hui Liftai
Saguntum , aujourd'hui Moryiedro , c'eft- à -dire
vieux murs.
Tome III. R r
314
HEG
HEG
Les noms modernes font pris duP.Briet, Paraît, l.parl.
I. 4,p. 268, qui dit que les Edetani répondent à une partie
de l'évêché deSarragoce , Se à une partie du royaume de
Valence. Les anciens écrivoient indifféremment Ede-
tani & Hedetani. Ptolomée emploie l'un & l'autre.
Strabon, /. 3, dit, Sidetani , ïAra:» ; & Tite-Live,
/. 23 , c. 24; Se L 29, c. 2; Se /. 34, c. 20, Sedetani.
Pline, /. 3 , c. 3, dit Edetania, pour le pays qu'habi-
toit ce peuple ; mais Appien , p. 507 , dit ShJVt ca/Ut ,
Sedetania. Pline en met l'étendue depuis le Sucro ,
aujourd'hui le Xucar, presque jusqu'à l'Ebre. D'autres
la continuent jusqu'à ce fleuve, le Xucar eft donné aux
Edétains , dans ces vers de Silius Italicus , L 3, v. 371 ;
Hos inter clara Tlwracis luce nitebat
Sedetana cohors , quam Sucro rigcntibus urifis ,
Atque Altrix ctlfa mittcbat Scetabis arce.
HEDETANIA. Voyez l'article précédent.
HEDIN. Voyez Hesdin.
HEDONACUM , village de la Béotie , où étoit la
fontaine de Narciffe, félon Paufanias, L 9, c. 31. Quel-
ques-uns lifent DONACUM , comme le remarque Syl-
burge.
HEDONES ScHedoni. VoyezEDONES.
HEDONIS. Voyez Edonis.
HEDRUS ou Edros. Voyez Andros 3. 6c Edros.
HEDUA CIVITAS. Sidonius Apollinaris, /. 5, nomme
ainfi dans fa Lettre à Attalns la ville d'AuTUN ; Augu-
flodunum ou Augufta jEduorum en eft le vrai nom la-
tin. Hericus , Vita Germant , /. 1 , la nomme auffi He-
dua. Voyez jEdui & Autun.
HEDYLIUM. Voyez Edylios.
HEDYPHON, rivière d'Ane , dans l'Affyrie , félon
Strabon, I.16, p. 744. Elle couloit auprès deSéleucie,
ville de l'Elimaïde , nommée auparavant Soloce. Orté-
lius , trompé par le nom de Séleucie , a mis cette rivière
dans la Babylonie , au lieu qu'il eft ici queftion d'une
autre Séleucie. Pline , /. 6, c. 27, qui nomme cette ri-
vière Hedypnus , dit qu'elle tombe dans l'Eulée.
HEDYPNUS. Voyez l'article précédent.
HEGALEOS. Baudrand , éd. 1682 , lit ainfi dans
Stace, Thebaïd, /. 12, v. 620. L'édition de l'abbé de
Maroles, & celle de Jean-Frederic Gronovius portent
Egaleos.
Dives & Egaleos nemorum , Parnesjac benignus
Vitibus & Pingui mdior Lycabelfos oliva.
Ce font trois montagnes de l'Attique. Le bon abbé
de Villeloin a jugé à propos d'en faire autant de vil-
les. Ces fortes de fondations ne lui cou oient rien. L'E-
galée de Stace étoit une montagne couverte de bois.
HEGETMATIA ; c'eft ainfi qu'il faut lire , Se non
pas Hegetma/îa, comme il y a dans les éditions latines
de Ptolomée, /. 2, c. il. 'Hyrir^oLiia y ancienne ville
de la grande Germanie , félon Ptolomée. Quelques-uns
croient y trouver la ville de LlGNITz, en Siléfie : pour
cela , ils ont recours à une étymologie pnfe de l'ancien
allemand. Ils fuppofent que le nom grec n'eft autre
chofe que hoegc-tnatten , qu'ils expliquent par gehœgte
wufin , c'eft-à-dire des prairies entourées de haies. Ils
aflurent même , qu'au bord de la rivière qui coule à Lig-
nitz , il y a plufieurs lieux qui portent le nom de
HaGE, comme Frawen-hag, Glogauijcher-hag Se Bres-
lauifcher-kag. Cependant toute cette belle conjefture
eft détruite par deux objections auxquelles il n'y a rien
à répondre.
(*) L'une eft que la pofition de I'Hegetmatia de
Ptolomée , ne s'accorde point avec celle de Lignitz :
les voici l'une Se l'autre.
Longitude. Latitude.
Hegetmatia, 39 d. 40'. 50 d. o'.
Lignitz (b), 33 d. 50'. 52 d. o'.
La féconde obje&ion eft encore plus forte : c'eft que,
du fems de Ptojomée , la grande Germanie , ou la Ger-
manie d'au-delà le Rhin , n'avoit point encore de vil-
les. Il eft vrai qu'il le fert du nom de ville , pour expri-
mer ces habitations ; mais ce n'étoient que des bour-
gades plus ou moins grandes. *(a) Schuft\fJÙsch , Die-
iert. 60, §. 18. Q>) De Cille , Allemagne. ,
HEGGENBACH, abbaye de filles , en Allemagne,
dans la Suabe , affez près de Biberach : fon abbeffe a
rang entre les princelïes de l'empire. *Hubner, Géogr.
^7.432.
HEGGLINGEN , village de Suifie , dans les francs
bailliages freyen ampttrn , qui font entre les cantons de
Zurich Se de Berne. * Etat & délices de la Suiffe , t. 3 ,
p. i4ï.
KEGILONENSIS : le P. Hardouin met un fiege épis-
copal de ce nom en Angleterre , Se dit que Concors, en
étoit évêque, l'an 1189.
HEGOEV. Voyez Hegov.
HEGONIS PROMONTORIUM , 'Ht-m/k txxpf , cap
de la Macédoine , dans le golfe Therméen , au couchant
de l'embouchure du Chabrius. Ce doit être cette point»
qui s'avance dans le golfe , allez près Se au fud-eft de
Thefialonique. Niger ne fait ce qu'il dit quand il brouille
ce nom avec celuid\/£GOS POTAMOS, rivière qui étoit
bien loin de-là , Se diftante du promontoire Hegonis ,
de toute la largeur de l'Archipel Se de toute la longueur
de l'Hellespont jusques à l'entrée de la «Propontide.
* Ptolomée, 1. 3, ci 3.
HEGOW ou Hegowe (a) , contrée d'Allemagne ,
dans la Suabe. Bebelius nomme fes habitans Hegeji Se
Hegani. Dans le premier capitulaire (b) de l'an 806,
qui a pour titre chartre de partage du royaume de France,
entre Charles, Pépin & Louis , fils de Charlemagne, em-
pereur, on lit (c) pour le partage de Pépin : Italiam verà
quœ Se Langobardia dicitur Se Baiovariam Jîcut Tajjîlo
tenuit , excepto duabus villis , quarum nomina funt In-
goldejlat 6- Lutrahakof y quas nos quondam Tajjiloni
benepeiavimus , & pertinent ad pagum qui dicitur North-
gow & de Allemanià parlent quœ in Aujlrali ripa Da-
nubii Jluminis ejl, & de ipso jlumine Danubii , currente
limite usque ad Rhenum Jluvium in confinio pagorum
Chletgowe & Hegowe in locum qui dicitur Enge 6- indè
per Rhenum Jluvïum fursum versus , usque ad Alpes
quidquid inter hos terminos fuerit , & ad meridiem vtl
orientent respicit, unà cum ducatuCuiienfî & pagoDur-
gowe , Pippino dileclo filio noflro. On voit par ce détail,
que Charlemagne donnoit à fon fils Pépin la Lombar-
die 8e la Bavière, telle que Taflilon l'avoit pofledée,
à l'exception d'Ingoiftadt Se de Lutrahof , qui étoient
alors des feigneuries , villa dominicales , comme elles
font nommées dans un capitulaire de Louis le Débon-
naire, Se dépendoient du Nortgow. Outre cela, il lui don-
noit une partie de l'Allemagne , au midi du Danube ,
depuis ce fleuve jusqu'au Rhin , les limites parlant aux
confins du Chletgow & du Hegow, à un lieu nommé
Enge y & de-là par le Rhin jusqu'aux Alpes , compre-
nant dans fon lot ce qui eft au midi & à l'orient , Se
nommément le Turgow & le duché de Coire. Engen ,
dont il eft parlé en cet afte , fubfifte encore à quatre
milles de Schafhoufe , dans le Hegov. Zeyler (d) parle
ainfi du Hegov. Prulendorf , dit-il , eft placé dans le
Hegow, Hegoia &c Hegoea , qui eft une partie de
la haute Suabe. Il eft ainfi nommé , comme qui diroit
HEVENGEW, c'eft-à-dire le GO¥ ou GEV de HEVEN,
àcaufe d'un château nomméHoGENHEWEN ouHEWEN
le haut, Se eft enfermé entre le Danube Se le Rhin. Il
eft petit, mais bien peuplé Se très-fertile. 11 afix mil-
les de long Se autant de large. Dans ce petit espace on
trouve plufieurs bons châteaux , des vignobles , des
grains Se des fruits. Le poiffon Se le gibier n'y man-
quent point : de-là vient qu'il s'y trouve afTez de no-
blefie qui y a choifi fon domicile (e). Ce petit canton
eft partagé entre plufieurs fouverains. La maifon d'Au-
triche y poffede le landgraviat de Nellenbourg. Le duc
de "Wurtenberg eft maître de Hohentwil. L'évêque de
Confiance y a Bellingen. Pfulendorf , dont j'ai parlé ,
eft une ville impériale. Le canton de Schafhoufe pofTede
auffi une lifiere du HegoW; Se y a quelques bailliages ;
favoir , Tengen , ou , comme écrit Ruchat , Theyn-
gen Se Bargen ou Barzheim, Se celui de Buch.
Ce dernier comprend le village de BuESINGEN, à une
demi - lieue de Schafhoufe. Il y a huit ou neuf fiéclei
que c'étoit un village paroiffial , dont dépendoit Schaf-
houfe , qui n etoit alors qu'un village ; cela eft changé ,
HEI
HEI
& c'eft préfentement le contraire. * (a) Paulin. dePagis
German. p. 90. M Baluf. Capitular. t. 1^.430; (Q~)p.^i,
c.r. (d) Suev. Topogr. p. 62. (e) D'Audifree, Géogr.
t. 2. (f) Voyez l'Etat & délices de la SuiJJ'e , t. 3 ,
p. 97.
HEGUjE. Dans l'édition de Pline, chez les Elzevirs,
1635 , &c dans plufieurs autres, on lit entre les noms de
quantité de villes d'Espagne , dans la Bétique : Vesci
quodFavcntia ; Singilia, Hegua. Cet derniers noms fon
^eftropiés. On a pris VA , qui appartenoit au dernier ,
pour le donner à Singili qui n'en a pas befoin , & de
deux te, on a fait une H initiale ; amfï il falloit lire Sin-
gili , Attegua; alors cette dernière ville eft reconnoifia-
ble.' Le nom de cette ville a été malheureux pour être
eftropié , non-feulement par les copiftes de Pline , mais
par Strabon lui-même qui l'écrit "hyèu.. Ce nom, dans
cet auteur, airompé le clairvoyant Cafaubon , qui a cru
y devoir lire Escua , dont Pline parle dans le même
livre ; mais la déroute des fils de Pompée auroit dû ra-
mener ce critique à Attegua , puisque cette défaite y eft
placée par Dion Caffius , par Hirtius &c par Valere Ma-
xime.
HEIDEBA. Crantz'ms, in Mandai, croit que c'eft l'an-
cien nom de Scheswig. Voyez Sleswich.
HEIDELBERG où Haldelberg , ou Heydel-
BERG , ville d'Allemagne : on la donne au bas Palati-
nat , dont elle eft même la capitale , quoiqu'elle foit
dans le Craichgow , &: par conféquent dans la Suabe ,
au 49e d. 25' de latitude, &c au 16e d. 10' de longitude.
Le Necker y fépare en cet endroit la F;anconie & la
Suabe , de forte que l'une eft à fa droite & l'autre à fa
gauche. La dernière fyllabe de fon nom vient des mon-
tagnes dont la ville eft environnée. On ne s'accorde
pas de même fur l'origine des deux premières fyllabes.
Quelques-uns les dérivent du mot heyden , qui lignifie
les payens ou \es-bruyeres ; d'autres , de heydel qui
lignifie le myrtileou T airelle, forte d'arbrifîeau qui croît
encore en quantité fur le Geifsberg & derrière le châ-
teau. Cette ville eft fituée en très-bon air : le vent qui
coule entre la montagne & la vallée du Necker , le
rafraîchit fk le purifie. De deux côtés les montagnes
ont des vignes ; vers le couchant & le midi, il croît des
bleds : au levant !k au nord , dans l'Oldenvald , il y a
du bois & du gibier. Au midi , dans le Craichgow , le
Necker fournit du poiffon , & les pâturages voifins font
remplis de bétail. On ne fait ni quand ni par qui elle a
été bâtie. C'eft fans fondement que quelques-uns la pren-
nent pour la Budoris de Ptolomée. On trouve feule-
ment que Conrad , frère de Frédéric I , qui lui avoit
donné le Palatinat , faifoit fa réfidence à Heidelberg ;
qu'il mourut, en 1191, & eut fa fépulture au monaftere
de Schona-w, à un mille de Heidelberg. Avant ce tems,
les comtes Palatins n'y féjournoient pas. Agnès , fille
de Conrad , époufa le comte Palatin Henri , fils de Henri
le Lion, duc de Saxe, qui mourut en 1213 , &c futauflï
enterré à Shona-w ; leur fille , nommée Agnès , époufa
Otton, fils -du duc Louis de Bavière , &c porta à cette
maifon le Palatinat , qui lui eft demeuré depuis ce teins.
* Zeyler, Palat. ad topogr. p. 23.
Heideibetg n'étoit qu'un château avec un bourg , &C
dépendoit de l'évêque de "Wornis. On voit que, l'an 122^,
l'évêque de Worms donna Heidelberg , à titre de fief,
à Louis, duc de Bavière , père d'Otton & beau-pere de
cette Agnès , dont nous avons parlé : cette inveftiture
fut donnée dans le. tems de leur mariage ; les termes
qu'elle contient, concernent ce château, le bourg de Hei-
delberg & le comté de Stalbuhel, ou, comme porte
le latin , cajlrum in Heidelberg , eum burgo ipjius cajlri ,
& comitiâ Stalbohtl ; de-là vient que, dans une courte
Chronique de la ville de Heidelberg , inférée dans le
Recueil de Freher, Orig. Palat. part. 2, c. 20, on lit
que le duc Henri de Bavière, fils du comte Palatin Ot-
ton de Wittelsbach, reçut de l'empereur Frédéric le Pa-
latinat du Rhin , & fut invefti de nouveau , par l'évê-
que & le chapitre de Worms , du château & de la pe-
tite ville de Heidelberg , tant pour lui que. pour Otton,
fon fils , & pour Agnès , comtefle Palatine , femme
d'Othon. Le comte Palatin Robert , aggrandit Heidel-
ierg , en 1392, prit le village de Bergheim , en forma
la ville neuve , qui eft aujourd'hui le fauxbourg de Spire.
L'églife paroiiïiale de Bergheim fut transférée au lieu où
3*^
eft l'églife de S. Pierre, avec les dîmes & autres reve-
nus.
Il y a le couvent des Auguftins , qui fubfiftoit déjà
dans le tems qu'Heidelberg n'étoit qu'un village de pê-
cheurs , ou tout au plus un bourg ; & il fut nommé
Notre-Dame au défert. L'éleâeur Robert établit dans
cette ville une univerfité, l'an 1346, à laquelle on atta-
cha des revenus. Quelques-uns en mettent la fondation,
en- 1376, d'autres en 1387; d'autres enfin difent qu'elle
étoit commencée quarante ans auparavant. Quoi qu'il en
foit, Robert fe régla fur celle de Paris. Le premier rec-
teur & profeffeur fut Marfile d'Ingen , fameux théolo-
gien &£ philofophe , que l'on fit venir de Paris. On ne
fait au jufte de quel pays il étoit. Cette univerfité a eu
entre ks profefîeurs des hommes très-célébres dans la
république des lettres , entr' autres, Rudolphe Agricola,
Munfter , Buschius , Jean Micyle , Xilander , Hartman
d'Eppingen , Paul Cisner, Doneau, Pacius, Godefroi,
François du Jon ou Junius , Tremellius , Meliftus, Pos-
thius, Smetius, Erafte, Freher, Hippolyte de Colli >
Jean Grutter & plufieurs autres. Les électeurs Palatins
s'appliquèrent fucceffivement à rendre cette école floris-
fante , en y attirant de grands hommes. La religion Ca-
tholique étant bannie de leurs états , l'univerfité de Hei-
delberg devint l'afyle de plufieurs favans qui ne trou-
vaient pas en France la même liberté de penfer & d'é-
crire. La réputation de fes profeffeurs , & le fecours
qu'ils trouvoient dans la riche bibliothèque , contri-
buoient beaucoup à la rendre célèbre. Pendant les guer-
res pour la fucceftlon de Bohême , Maximilien , duc
de Bavière, fit porter cette bibliothèque à Rome, comme
un préfent dont les vainqueurs régalèrent le pontife ;
de forte qu'elle eft préfentement fondue dans celle du
Vatican. La première chaire qu'il y ait eu , pour enfei-
gner publiquement le droit de la nature &C des gens ,
fut fondée à Heidelberg , pour le fameux Samuel Pu-
fendorff , qui y ébaucha fon fyftême qu'il acheva en
Suéde.
Cette bibliothèque qui, au jugement de Jofeph Scali-
ger, /. 4, epifi. 434, étoit plus riche que celle du Va-
tican , avoit été formée de plufieurs autres afTez bel-
les. Elle étoit placée au-deffus de l'églife du S. Esprit
qui eft devenue célèbre par une dispute qu'elle occafion-
na dans ces derniers tems. Elle avoit été bâtie fur la
place , par l'empereur Robert , lorsqu'il n'étoit encore
qu'électeur : il y avoit attaché de bons revenus. Ce
prince ci plufieurs autres ont leurs tombeaux dans le
choeur ; & ce lieu devint avec le tems celui de la fépul-
ture des électeurs. Otton-Henri s'étant fait Proteflant
& ayant établi fa religion dans le pays, donna aux ec-
cléiîaftiques , de fa communion, l'églife du S. Esprit,
& les autres églifes de fes états. Avec le tems, Wolf-
gang-Guillaume , de la branche de Neubourg , étant
rentré dans le fein de l'églife , un de l'es derniers fuc-
ceffeurs voulut fe reffaifirde l'églife du S. Esprit, offrant
aux Proteftans de leur en laiffer bâtir une autre. Mais il
s'agiflbit des revenus dont ceux-ci prétendoient qu'on
ne pouvoit les dépouiller fans injuftice. Cela a donné
lieu à de longs démêlés. * Mémoires du tems.
: Le château électoral n'eft pas au même lieu où étoit
l'ancien , qui n'eft presque plus rien. Le nouveau eft
plus haut que la ville , mais moins haut que l'ancien.
C'eft une allez grofle malle avec quelques morceaux
d'architefture aftez belle , qui forment un tout fort ir-
régulier ; l'élévation y donne une belle vue fur la ville
& fur toute la plaine voifine. Les jardins font foutenus
en terraflé , & ménagés par étage , dans le penchant de
la montagne , nommée Konicgs-Stul. Il y a dans les jar-
dins d'aftez belles grottes , des cabinets de verdure des
jets d'eau , un labyrinthe , enfin beaucoup d'ornemens.
Cette ville fouffrit beaucoup , durant la guerre pour là
fuccefîîon de Bohême. Elle commençoit à oublier fes
anciens malheurs, lorsque les François la prirent, en 1688.
Elle fut pillée & faccagée. Ils vuiderent 6c briferent là
fameufe tonne. L 'électeur Charles-Louis la fit réparer &
remplir : il en fit même faire une nouvelle plus grande
que la première. Elle tient , félon Oldenbourg , deux
cens quatre foudres trois tonneaux & quatre banques ;
elle eft dans le château. * Divers Mém.du tems. Thejaur.
reruin publ. part. 4, p. 953.
Les dehors de Heidelberg ont plufieurs chofes remar-
TomelII. Rr ii
HEI
316
quables. r. LeWolfsbrunn ou la fontaine du loup. z. Vis-
à-vis , à demi-mille de la ville , eft le Furjlenbrunn , ou
la fontaine du prince. C'eft un ouvrage de maçonnerie
dans un bocage. De deffous une affez belle voûte ,
fort une fort belle eau qui forme tout auprès deux vi-
viers accompagnés d'une agréable promenade , Se de
prairies où l'on blanchit des toiles, avec quantité deruis-
feaux , & un bois aux environs. Il y avoit un moulin à
papier qui en fourniffoit la chancellerie de 1 ele&eur &T.
l'univeriîté de Heidelberg. 3. A un bon quart de mille
de la ville eft l'abbaye deNeubourg, bâtie par Anselme,
abbédeLorsch, en l'honneur de l'apôtre S. Barthelemi,
fous la régie de S. Benoît. En 1195 , au lieu des moines
on y mit des religieufes. L'empereur Conrad fit de grands
biens à ce monaftere. Les deux abbeffes de ce lieu , Ca-
therine & Brigitte, mortes en 1526 & 1562, y font en-
terrées. Elles étoient comfeffes Palatines. 4. Un peu au-
delà de cette abbaye de Neubourg eft le Heelig-Berg ou
la fainte montagne , qui a pris fon nom du culte que
l'on y rendoit à Mercure. Aux environs , dans le petit
village de Neuwenheim , on a trouvé des antiquités Ro-
maines , entr'autres , des médailles d'or du poids d'un
double ducat ; &t à l'endroit où étoit Téglife de S. Etienne
fur cette montagne , on a déterré une pierre où étoient
quatre figures en fculture ; un aigle couronné de laurier ,
avec une inscription que Zeyler ne nous communique
point ; une figure nse &c aîlée , fur un globe ; Vulcain
avec fon marteau &c fes tenailles , &£ enfin une femme
Vêtue d'une robe. Il y eut ensuite deux églifes fur cette
montagne ; l'une plus haut fous l'invocation , de S. Mi-
chel ; l'autre un peu plus bas , fous celle de S. Etienne &
de S. Laurent. Il y avoit aufli un petit couvent ; & ces
deux églifes devinrent des lieux de pèlerinage. Cette
montagne a été nommée le Mont Saint-Michel, Michels-
berg , à caufe de l'églife de ce (àint. Quelques-uns l'ont
auffi appellée Abrahamsberg , & par corruption Abrins-
berg. 5. Autour de cette montagne, dans le voifinage du
Necker , fe trouvent quantùé de hérons qui nichent fur
les arbres, & qui font la guerre aux vautours. 6. Dans
cette montagne font quantité de cavernes fermées avec
des murailles. Le peuple croit que c'eft l'ouvrage des Ro-
mains : j'aimerois mieux croire que ce font des fouter-
reins où fe font autrefois réfugiés ces miférables dont il
eft parlé dans l'article EGYPTIENS. Le Heydenlock, c'eft-
à-dire le Trou des Payens , nom que l'on donne encore
aujourd'hui aux Egyptiens ou Bohémiens en Allemagne
& en Hollande, m'en paroît une preuve. Il eft dans cette
montagne. 7. A un quart de mille de Heidelberg, eft un
petit bourg , nommé HANDSUSCHHEIM , au Berg-
ftraat : il fubfiftoit déjà il y a près de mille ans , & a eu
{es feigneurs particuliers d'une famille ancienne & il-
luftre qui portoit ce nom ; le dernier fut tué à Heidel-
berg , fous l'empire de Frédéric IV. 8. Le village de
Dossenheim , qui a un vignoble confidérable & fa-
meux depuis plufieurs fiécles , eft à un demi- mille de
Heidelberg au Berg-ftraat. 9. A un mille de la même
ville, furie Berg-itraat étoit Schawenberg, château
& fortereffe qui appartenoit à l'éle&eur de Mayence.
Les tours , les murailles & les foffés en failbient une
bonne place. Cependant Frédéric le Victorieux , élec-
teur Palatin, la prit en 1460, & la rafa jusqu'aux fonde-
mens. * Zeykr , Topogr. p. 29.
HEIDELSHEIM , Haidelsheim ou Heydels-
HEIM, petite ville d'Allemagne, dans le bas Palatinat
du Rhin , dans le Craichgow, à deux milles de Bret-
heim , & à un mille de Bruchsal ; un incendie la mit
presque entièrement en cendres, en 1621 ; Se il en refta
peu de chofe. Baudrand la nomme Haidelsheim.
Voyez ce mot. * Zeyler , Palat. Topogr. p. 30.
1. HEIDENHEIM ou Heydenheim, ville d'Al-
lemagne , dans la Suabe , fur la Brentz , dans le Brentz-
thal , avec un beau château, nommé Hellenstein,
fur une hauteur. D'Audifret , tk après lui Corneille , le
nomme Hellauster. Cette ville n'étoit encore qu'un
village en l}<(6, îque l'empereur Charles IV en fit un
bourg, en faveur du comte Ulric de Helffenstein.
La feigneurie de Hellenfiein , dont ce château étoit le
chef-lieu , avoit fes barons particuliers ; & ce même
empereur la donna avec toutes fes dépendances, en 135 1,
aux comtes de Helffenftein , pour la pofleder à titre de
fief héréditaire à perpétuité. En 1434, l'empereur Sigis-
HEI
mond donna à ce lieu le droit de tenir marché. Il appar-
tenoit encore alors à la maifon de Helffenftein. L'an
1450, le comte Ulric de Vurtenberg acheta cette ville
& fon diftrift , dont dépendoient vingt- cinq villages
avec le château de Helleftein , trois monafteres , favoir,
ANHUSEN, HERBRECHTINGEN & KONIGSBRUNN,
& deux châteaux brûlés , favoir , GUSSENBERG &c
Hurwang, avec le château d'UFFHUSEN , pour foi-
xante mille guides. Pendant la guerre des princes & des
villes , Wurtenberg ayant pris le parti de l'empereur ,
contre le duc de Bavière , ce dernier fe rendit maître
de cette feigneurie, en 1462 ; mais en 1504, dans la
guerre de Bavière & du Palatinat , Albert , duc de Ba-
vière, la rendit à Ulric de Wurtenberg, qui avoit fuivi
fon parti. Dans la longue guerre , qui défola l'Allemagne
avant la paix de Weftphalie , la maifon de Bavière fe
reffaifit de Heidenheim, &C le garda quelque tems ; mais
elle l'a rendu à la maifon de Wurtenberg. Il y a dans
la montagne fur laquelle eft le château , une caverne
affez profonde , nommée Heidenloch. La ville eft à
cinq milles d'Allemagne ôc au nord occidental d'Ulm.
* Zeyler, Suev. Topogr. p. 42.
Heidenheim, félon les Cartes, eft au nord oriental
d'Ulm.
2. HEIDENHEIM ou Haidnhaim , abbaye d'Al-
lemagne , auprès de la ville de même nom, qui lui doit
vraifemblablement fon origine. L'an 750 ou 752, S. Wu-
nebaud ou Gombaud , bâtit un monaftere dans les bois
de Haidenhaim , audiocèfe d'Aichftet, en Bavière, dont
fon frère, S. Guillebaud, étoit le premier évêque. Quatre
ans après , les deux frères en bâtirent un autre dans la
même forêt , pour des filles , & ils firent venir leur feeur
deBischofsheim, pour en prendre la conduite. * Bailler,
Topogr. des Saints, p. 226.
1. HEIDENLOCH. Voyez l'article de Heidel-
berg.
2. HEIDENLOCH. Voyez Augst.
3. HEIDENLOCH. Voyez Heidenheim.
Nous avons remarqué ailleurs , que le mot HeydEN
fignifie , non-feulement des Payens , mais encore ces
troupes de vagabonds , que nous appelions Egyptiens
Bohémiens , gens fans mœurs ni religion , dont nous
avons rapporté l'origine auflî-bien que celles de ces ca-
vernes , au mot Egyptiens.
HEIGERLOCH. Voyez Haigerloch.
HEILA , félon Baudrand , Maty & Corneille, dans
leurs Dift. géogr. Heel , félon Cluvier , Antiq. Ger-
man. 1. 3 , c. 35. Heele ou Hela , félon Zeyler, Bo-
rufs. Topogr. p. 30 , petite ville ou bourg de la Pruffe
dans la Caffubie , eft une presqu'ifle , qui s'avance dans
la mer Baltique , à l'embouchure de la Viftule ; elle fut
fort endommagée par le feu, en 1572. Cluvier, à l'en-
droit cité , foupçonne que du nom de Heel , ont été
appelles les Helers , Helii , dont les Grecs ont fait
'Ekx&î , H^ELURI, qu'ils ont dérivé d'£*» , Ele, mot
qui lignifie un marais ; qu'ensuite par une transpofition
de lettres, à'Heluri on a fait Heruli , qui a prévalu
dans les hiftoriens. Pour donner quelque apparence de
fondement à cette conjecture ,. il faudroit être bien fur
que les Hérules font venus de ces cantons ; que le nom
de Heel, Hela ou Heila , eft ancien , & qu'enfin il y
avoit un peuple nommé Helers , ou à-peu-près , long-
tems avant Procope qui a parlé des Hérules. Voyez
ce mot.
HEILBRON, Heylbron. Voyez Hailbron.
HEIL-CREUTZTHAL , VallisS. Crucis, abbaye de
religieufes , ordre de Cîteaux , en Allemagne , dans le
cercle de Suabe, au diocèfe de Confiance, à deux lieues
au nord-oueft de Riedlingen.
HEILIGBEIL. Voyez Heiligenpeil.
HEILIGEBERG, ou la Sainte-Montagne, mon-
tagne voifine de Heidelberg. Voyez Heidelberg.
HEILIGEDAM, ou la Digue-sainte. Voyez l'ar-
ticle de Doberan.
HEILIGE-LAND, OU l'ISLE SAINTE, Infulafancla,
ifle delà mer d'Allemagne, entre l'embouchure del'Ei-
der & celle de l'Elbe , quoiqu'à la diftance de neuf milles
de cette dernière, félon Zeyler, Saxon, infer. topogr.
p. 13. Pour moi , qui y ai paffé, en 1715 , j'ai trouvé
que les habitans ne comptoient que fix milles de-là jus-
qu'à l'entrée de l'Elbe. Cette ifle a été beaucoup plus
HEI
HEI
grande qu'elle n'eft à préfent : la mer n'y a Iaiffé que ce
qu'elle n'apu emporter. Elle eft préfentement escar-
pée de tous côtés , 6k a la forme d'un triangle irrégulier ,
dont la bafe eft expofée , partie au fud-oueft , 6k partie
à l'oueft-fud-oueft. Le côté qui eft au nord-oueft , eft
bordé d'un fond bas 6k pierreux , dont l'extrémité eft
nommée Norder-Riff ; il s'élève enfuite à plomb ,
de la hauteur de trente braffes. Ce fond bas 6k pier-
reux fe rétrécit peu-à-peu jusqu'à la pointe orientale de
l'ifle, où il court vers l'orient, 6k enfuite vers le nord
& le nord-eft, prenant la figure d'une côte de baleine.
Ces deux baffes fe découvrent quand la mer baiffe, 6k
fur-tout quand il fouffle un vent d'eft un peu violent ; on
peut aller un . mille entier fur le fable. A la baffe de
cette dernière pointe , à l'orient de l'ifle , eft un rocher ,
à-peu-près de la figure de l'ifle ; on le nomme Witte-
Klippe ; & il a au midi des dunes qui fe terminent
en pointe vers le midi , où un autre bas fond de coquil-
lages commence 6k fe recourbe en demi-lune , vers le
nord-oueft & l'oueft, jusqu'à un rocher rond & plat
par le haut , au couchant duquel avance le Suder-Rif,
c'eft-à-dire , une autre baffe qui vient de la pointe mé-
ridionale de l'ifle , vers le midi. Le terrein qui eft en-
tre l'ifle 6k le Witte-Klippe , eft bordé de quelques ca-
banes, 6k a deux havres , l'un au nord , 6k l'autre au midi.
C'eft à ce terrein qu'on trouve le feul paffage qui con-
duife à l'ifle. La côte qui , comme nous avons dit , eft
expofée,partie au fud-oueft , 6k partie à l'oueft-fud-oueft,
eft toujours baignée par la mer ; mais elle eft fort éle-
vée 6k a trente-fîx braffes à plomb vers le nord , 6k
quarante vers le midi : il y a fur cette côte quelques pe-
tites montagnes , favoir du nord au fud , Flavenberg ,
Kiesberg , Bredbcrg, 6k Moderbere, 6k à l'orient Radel-
berg; au milieu de l'ifle eft l'églite de S. Nicolas , à l'o-
rient 6k au midi de laquelle font les maifons des habi-
rans. Voyez les articles Fosetes 6k Fosi. Le Kiesberg,
dont je viens de parler , a la vue fur toute la mer voi-
fine ; 6k les infulaires ont toujours foin d'y mettre quel-
qu'un pour voir s'il n'y a point de vaiffeau étranger qui
ait befoin de leur fecours, pour remonter l'Elbe: auffi-
tôt ils fe jettent dans une chaloupe , l'abordent ; & fi on
a befoin d'eux , ils en laiffent un que l'on tire au fort ,
& qui, moyenant vingt écus, conduit le vaiffeau à Ham-
bourg. * Mémoires dreffes fur les lieux.
Cette ifle a caufé plufieurs guerres entre les rois de
Dannemarck 6k les villes de Hambourg , de Brème
fck autres hanféafiques. Ces villes prétendoient faire de
cette ifle un pays libre ; 6k les Brémois y avoient élevé
une maifon que Frédéric , duc de Sleswig 6k de Hol-
ftein, fit brûler, en 1496. L'année fuivante,les habi-
tans de Hambourg , de Brème , de Stade , 6k leurs al-
liés brûlèrent la maifon du duc de Holftein , avec quel-
ques bateaux pour la pêche du hareng. On en avoit
alors beaucoup aux environs de cette ifle ; mais on n'y
en voit plus depuis long-tems. Après bien des hoftili-
tés de part 6k d'autre , cette ifle demeura en poffeflîon
du duc de Holftein : au mois de Mars 17 13 , le roi de
Dannemarck tenta inutilement de s'en rendre maître.
1. HEILIGENBERG. Baudrand , éd. 1705 dit
qu'on l'appelle auflï Knytlinger-Staig , 6k ajoute
que c'eft une montagne du Palatinat du Rhin , près du
Necre , vis-à-vis de la ville de Heidelberg ; qu'on y voit
encore les ruines d'un château 6k d'une églife , qui font
les reftes d'un ancienne ville que l'on nommohPyri-Mons.
On peut voir dans l'article de Heidelberg, que ce que
l'on prend pour un château , étoit une églife , 6k qu'il
y en avoit deux. A l'égard de la ville de Pyri-Mons,
voyez cet article.
2. HEILIGENBERG, château d'Allemagne , en
Suabe,dans la principauté deFuiftenberg,fur le haut d'une
montagne , à deux lieues de l'abbaye de Salsmonweiler.
Il adonné^fon nom au comté d'Heiligenberg , qui con-
fine avec l'évêché de Confiance. Les reliques desfaintsFe-
lix , Exuperance 6k Régule furent trouvées dans ce comté,
fous l'empire de Louis II , qui les fit transporter à Zurich:
outre le château , il y a une petite ville. * D'Judifret,
Geogr. hift. t. 3. H. ubner , Geogr. p. 418.
3. HEILIGENBERG, abbaye d'hommes , ordre de
Cîteaux , dans la haute Silefie , en la principauté de Trop-
pau.Elle dépend, pour le fpirituél, dudiocèfe d'Olmutz.
317
HEILIGENCREUTZ , abbaye. Voyez Sainte-
Croix.
HEILIGEN-HAVE , port d'Allemagne, fur la mer
Baltique , dans la baffe Saxe , 6k plus particulière-
ment dans la Wagrie , vis-à-vis de l'ifle de Femeren ;
Regkman, dans fa Chronique de Lubec, fol. 69, parle
du port 6k de la petite ville de Heiligenhave, à l'année 1419;
mais dans une Relation particulière , consultée par Zey-
ler, Saxon, infir. Topogr. p. 138 , fur un fait arrivé
en 1617 , la ville eft nommée Heiligenstadt en
Holftein. L'origine du nom de ce port eft marquée dans
ce diftique.
Dixit terra. Sacrum quondam me Cimbria porfum ,
Commoditas ratio nominis ejlque loci.
HEILIGENPEIL , ou Heiligpeil, ou Heilgen-
BEIL : les deux premiers noms font de Zeyler; le troi-
fieme eft de Hubner , Gèogr. p. 730 , petite ville du
royaume de Pruffe , dans la province de Natangen , à
peu de diftance du Frischhaf, entre Braunsberg &c Bran-
debourg : on la nommoit autrefois Schwantomest ,
mot qui veut dire la ville fainte. Cette petite ville fut
confumée par le feu , en 15 19 l'année fuivante. En
1571, on y brûla huit femmes, entre lesquelles étoit la
femme d'un bourg- meure. * Zeyler , Pruff. Topogr.
p. 19.
1. HEILIGENSTADT. Voyez Heiligen-Have.
5 2. HEILIGENSTADT, ville d'Allemagne , dans
l'Eichsfeldt, dont elle eft la capitale , au confluent de
la rivière de Geifled avec la Leine : elle appartient à
l'élefteur de Mayence. Zeyler, Eleclor. Mogunt. Topogr.
p. 14, dit, fur la foi d'une Chronique manuscrite, qu'il
ne garantit pas , qu'elle doit fa fondation à Dagobert.
Ce prince , dit-il , étoit devenu fi lépreux , qu'il fut
obligé de quitter la France , 6k de venir en Allemagne ,
à l'endroit où eft aujourd'hui Heiligenftadt ; il y bâtit
un château , que l'on appelle encore préfentement die
alte Burgk , 6k il y demeura avec fa femme. Long-tems
auparavant , deux frères Chrétiens nommés Aureus 6k
Jnjlin , allant en pèlerinage , s'arrêtèrent dans une mé-
tairie nommée Rufltefeld , 6k y logèrent la nuit : le
lendemain , ils continuèrent leur route à travers la forêt
où ils trouvèrent des payens qui les maffacrerent & les
enterrèrent. Dagobert , quoiqu'affligé de la lèpre , ne
laiffoit pas de monter à cheval , 6k de chaffer : un jour
d'été , fe trouvant de bon matin dans la forêt, il descen-
dit de cheval pour fe délaffer, fe coucha dans la rofée
6k s'endormit : il trouva à fon réveil , que les endroits
de fon corps qui avoient été mouillés de la rofée, étoient
guéris : la reine y . retourna avec lui ; il fe deshabilla ,
ie roula fur la rofée , 6k fut guéri entièrement de fa lè-
pre. Il dit alors : Difi ijl eiue heilige jlcette ; Ctfi ici un
lieu faint. On fouilla, 6k l'on trouva les deux corps
faints , frais 6k fans corruption. Il bâtit deffus une églife
qui, avec le tems, eft devenue une ville nommée Hei-
ligenfiatt : il bâtit ensuite Dagoberftatt , qui eft préfen-
tement Erfurt , & s'en retourna à Paris. Zeyler laiffe aux
lecteurs le foin de comparer cette anecdote avec l'his-
toire de Dagobert ,. 6k la vîe de S. Boniface. Mais c'eft
une chofe remarquable que pas une des églifes de cette
ville n'eft dédiée fous l'invocation des deux faints dont
parle cette Chronique. Au milieu de la ville eft l'églife
de Notre-Dame , celle de S. Gilles au midi ; au cou-
chant eft celle de S. Martin. La Chapelle de S. Laurent
n'en eft pas loin ; celle de S. Nicolas eft au nord-eft de
la ville ; la chapelle de fainte Anne 6k le collège des Jé-
fuites font auprès de Notre-Dame : celles de S. Jac-
ques , de S. George 6k de S. Liboire font hors de la
ville.
HEILSBERG, ou
HEILSPERG, Heilsberga, ville de la Pruffe Polo-
noife , avec un château où l'évêque de Warmie a fa ré-
fidence. Elle fut bâtie en 1240 , 6k eft fituée fur l'Ai la,
entre Gutftatt 6k Bartenftein. En 1522, elle fut brûlée
par un malheur; ck en 1559, à l'occafion d'un bal que
l'on donnoit au château , le feu y prit 6k le confuma. Ce
lieu a été habité par piufieurs grands prélats , entr'au-
tres, par le fameux cardinal Etienne Hofius de Cracovie ,
qui mourut, en 1579, en Italie ; il eut pour fucceffeur
i8
HEL
HEL
!e célèbre Martin Cromer , de qui nous avons une Hif-
toire de Pologne : il étoit dofteur en droit , & mourut
à table, en 1589. Il étoit fort âgé, fort pieux & fort
favant. Le cardinal André Batory , qui lui fuccéda ,
étoit neveu d'Etienne Batory, roi de Pologne.
HEINTZENBERG, montagne de Suiffe , au pays des
Grifons , dans la Communauté de Thufis. Elle a trois
lieues de 1-ong , & eft une des meilleures 5c des plus fer-
tiles du pays : aufli eft-elle peuplée de fix gros villages
qui font une jurisdiftion. Dans cette montagne il y a un
petit lac, nommé PaSCHOLEN, qui tient lieu de Ba-
romètre aux habitans ; car il annonce les tempêtes par
un grand bruit qui fait retentir la montagne. * Etat &
délice) de la Suiffe, t. 4 , p. 23.
HEIONES. Voyez Eio^es.
HEISTERBACK. , abbaye d'hommes , ordre de
, Cîteaux , dans le duché de Berg , auprès de la rive droite
du Rhin, vis-à-vis de Bonne. Elle a embraffé la réforme
d'Orval.
1. HELA. Voyez Heiea.
2. HELA , bourgade d'Ane , fur le bord occidental
de l'Euphrate, entre Ana, Bagdat & Kufa , dans l'Irac-
Arabi. Le P. Texeira , dans fon retour des Indes en Ita-
lie , fait mention de ce lieu. Il dit que c'eft une ancienne
bourgade , dans le lieu par où pafferent les Israélites,
que l'on menoit captifs à Babylone. Il ajoute que les
campagnes qui font dans la Méfopotamie , font entre-
coupées de ruiffeaux ; bordés de quantité de Gaules &c
il y trouve à la lettre la description prophétique du
Pseaume 136, Super jlumina Babylonis : voilà les ruis-
feaux ; in falicibus , in medio ejus fusperidimus organa
nojlra ; voilà les faules dont leurs bords font couverts.
* Voyage de Pedro Texeira de la India Hajla Italia ,
-'HhjEA.'VoyezHiLEiA.
HELAIS , 'Eko,! , ville de la Syrie ou de la Paleftine,
entre le Liban & le mont Cafius , félon Tzetzès , Chi-
liad. xij , 11. 451. Ortélius croit quil a voulu dire
Allia, la même que Jérufalem.
HELAM , ancien nom d'un lieu de la Paleftine, cé-
lèbre par la bataille que David livra aux Syriens , dans
laquelle il les tailla en pièces , & prit leurs chevaux &
leurs chariots, Reg. 1. 2, c. 10, v. 17. Dans le paffage
des Paralipomenes, /. 1 , c. 19, v. 17, où cette hiftoire
eft racontée au lieu de Hdam , qui eft une ville incon-
nue , on lit Alehem ; c'eft- à-dire ; David vint fondre
fur eux ; ce qui eft apparemment la bonne leçon , au
jugement de D. Calmer. Dicl.
HELAOUÉ , grolTe bourgade de la haute Egypte,
au midi de Syout , & la dernière qui dépende du grand-
feigneur. Il y aune garnifon de cinq cens janifiaires , Se
de trois cens fpahis.
On voit aux environs quantité de jardins arrofés de ruis-
féaux , & un grand nombre de palmiers toujours verds.
On y trouve de la coloquinte ; & toutes les campagnes
font remplies de féné qui Croît fur un arbrifleau haut
d'environ trois pieds. Cette drogue , dont on croit ne
pouvoir fe pafler en Europe , n'eft d'aucun ufage en ce
pays. Les habitans ne fe fervent , dans leurs maladies,
• que de la racine de l'éfula ,' qu'ils font infufer dans du
lait , pendant une nuit , & qu'ils prennent le lendemain,
après l'avoir fait pafter par un tamis. Ce remède eft très-
violent ; mais il eft à leur goût, &£ ils s'en louent beau-
coup. L'éfula eft un gros arbre , dont la fleur eft bleue.
Il fe forme de cette fleur une espèce de ballon ovale ,
plein de coton , dont les gens du pays font des toiles
aflez fines. *Poncet, Voyage d'Ethiopie.
HELATH , lieu dont il eft parlé au Deuteronome ,
c. 2, v. 8. La vulgate le nomms Elath, fans aspiration.
C'eft la même chofe qu'Aila.
HELATICI Campi. Plutarque nomme ainfi, dans la
Vie de Sylla, les campagnes d'Elatée.
HELAVERDE , ville d'Ane , dans la Perfe , à 91 d.
I 30' de longitude, & à 35 d. 15' de latitude, félon les
géographes du pays , cites par Tavernier , Voyage de
Perse , /. 3 , ch. dernier. Celui qui bâtit cette ville , fut
Abdalla , fils de Taher , du tems que Maimon étoit ful-
tan de Babylone.
HELBA ou CHELBA , ancienne ville de la Paleftine,
dans la tribu d'Afer (a). D. Calmet , Dicl, doute fi ce
ne feroitpas la même ville que Chelbon en Syrie (b) ; qui
ne devoit pas être fort loin de Damas. Chelbon étoit
célèbre par fes bons vins. * (a) Judic. c. I , v. 3 1 . (b) E{t-
chiel, c. 27, v. 18.
HELBO , ifle de la Méditerranée , dans la mer de
Rhodes , félon Pline, /. <;, c. 31. On y lit comme deux
noms Helbj, Scope. Le P. Hardouin nous apprend que
cinq manuscrits ne fonf qu'un feul mot de ces deux , &C
portent Helboscope ; & dit que c'eft peut-être pour He-
lioscope.
HELCHATH , ou, par une très- forte aspiration, Chel-
chath, ville de la Paleftine, dans la tribu d'Afer , Jofuc,
c. 21, v. 31. Elle fut donnée aux Lévites de la tribu de
Gerfom.
HELE A. Voyez Elea.
HELECTRAS. Voyez Electras.
HELECTRIDES. Voyez Electrides.
HELEDUS , rivière de la Gaule Narbonnoife , félon
Feftus Avienus. Ora mark. p. 16 , èdit. Oxon.
At nunc Heledus , nunc & Orobis jlumina
Vacuos per agros , <S* ruinarum aggeres ,
Amœnitatis indices prisete, nieam.
Les critiques fe font apperçus que ce nom Heledus
devoit être corrompu ; on a donc rétabli ainfi ce nom,
&: le premier vers :
At nunece Ledus , nunc & Orobis jlumina.
Alors on fait que le Lydus , aujourd'hui le Les , ou le
Lei , eft le même que Ledum jlumen de Pomponius
Mêla,/. 2, c. 5. Sidonius Appollinaris le nomme entreles
rivières de France , dans ce vers :
Rhenus,Arar,Rhodanus,Mofa,Matrona,Sequana,Ledus
EtThéodulphe, Paranœf. adjudices, dans celui-ci
Rura , Mofellce , Liger , Vulturnus , Matrona , Ledus,
Voyez Lez.
HELELA, ville d'Ane , dans la Syrie, ou dans l'E
phratense , félon les Notices de l'Empire ,fecl. 24.
HELELLUS , nom latin de l'Ill , rivière.
1. HELEM, fiége épiscopal d'Ane, quelque part vers
la Syrie, félon Guillaume deTyr, cité par Ortélius,
Thejkur.
2. HELEM, ou
HELEN. Voyez Mecyra.
HELENjE Sepulchrum , c'eft- à-dire lefépulcre
d'Hélène , lieu au-defîbus de la ville de Jérufalem. Jo-
j'eph de Bello Judaïc. 1.6, c.6, ou Kîç. iy' , p. 913.
Cette Hélène étoit une reine d'Adiabene , mère d'I-
zate , qui fe fit Juif. Elle fe retira à Jérufalem où elle
mourut.
1 . HELENE , 'Exltn , ifle de la mer Mgée , à cinq
mille pas du promontoire de Sunium , félon Pline , l. 4,
c. 12, fecl. 19. C'eft la même dont Pomponius Mêla,
l. 1 , c. 7, dit : in Atthide Hélène ejl , nota jlupro He-
lence ; par où il fait entendre que ce fut en cet endroit
qu'Hélène accorda les dernières faveurs à Paris , fon ra
vifleur. C'eft préfentement Macroniji ; le nom moderne
fignifie l'Ifle longue. Etienne le Géographe la nomme
Macris. Ce n'eft point la Cranaé d'Homère. Voyez
CranXé.
2. HELENE, ifle de Grèce, entre les Sporades, fe
Ion Pline, /. 4, c. 12, fecl. 22. Le P. Hardouin di
qu'on la nomme préfentement Pira.
3. HELENE, ifle de Grèce, dans le golfe Laconi
que , à l'embouchure de 1 Eurotas , devant la ville de
Gytheum , félon Paufanias, /. 3 , c. 21 , qui la nomme
Cranaé. Homère , Iliad. dit que ce fut dans cette
ifle que Paris conduifit d'abord Hélène , qu'il enle-
vait de Lacédémone. Ainfi Pomponius Mêla fe trompe ,
quand il dit que ce fut à l'ifle , d'Hélène , dans l'A**
tique. Il y a effectivement peu d'apparence que Paris
ait mené la maîtrefle aux côtes de l'Afrique , où il pou-
voit rencontrer des fujets d'Agamemnon , roi de My-
cène , dont il venoit de deshonorer le frère. Cependant
;
HEL
HEL
fi c'eft une erreur, il faut avouer qu'elle eft très- an-
cienne. Euripide , dans la tragédie intitulée Hélène ,
dit : cette ifle qui s'étend comme un boulevard, le long
de PAttique , fera dorénavant nommée Hélène , parce
qu'elle vous a reçue lorsqu'on vous y a amenée après
votre enlèvement. Voilà cette ifle deCranaé, nommée
Hélène, le fait détaillé, & la pofition marquée par un
poëte Grec. Strabon, La, p. 399, dit précifément que
la Cranaé d'Homère efl 1 Hélène de l'Attique. Paufanias,
in Attic. I. 1 , c. 3 5 , dit la même chofe ; mais il remet
enfuite cette ifle de Cranaé dans le golfe de Laconie.
Voyez l'article Cranaé. Quelques-uns ont cru que cette
ifle de Cranaé ou d'Helene étoit l'ifle de Cythere, au-
jourd'hui Cerigo , où l'on dit qu'Helene étoit née. Cel-
larius a eu raifon de la diftinguer , & de la mettre plus
avant d^n; le golfe , &; plus près de l'embouchure de
l'Eurotas ; mais il ne la met pas affez près de la côte
occidentale du golfe. La Guilletiere , dans fon Voyage
319
d'Athènes, p. ^8, la nomme Spa
dit qu'elle efl:
à demi-lieue de Pagana , & à trois de Colochina. Il
ajoute, p. 62 : comme nous étions-là, un de nos voya-
geurs fe reffouvint que ce fat dans cette ifle de Cranaé
ou de Spatara , que la fameufe Hélène accorda fes pre-
mières faveurs à Paris ; & il nous dit que , fur le rivage
de la terre ferme , qui eft vis-à-vis , cet heureux amant
avoit fait bâtir , après cette agréable conquête , un tem-
ple à Venus , pour marquer les transports de fa joie
& de fa reconnoiffance. Il donna à cette Venus le nom
de Migonitis , &c nomma ce territoire Migonium , d'un
mot qui figniêoit l'amoureux myftere qui s'y étoit paffé.
Menelas , le malheureux époux de cette princeffe , dix-
huit ans après qu'on la lui eut enlevée , vint vifiter ce
temple, dont le terrein avoit été le témoin de fon mal-
heur & de l'infidélité de fa femme &C fit mettre aux deux
côtés de Venus les images de deux autres déeffes , Thé-
tis & ^faxidice , comme qui diroit la déeffe des châti-
mens , pour montrer qu'il ne laifferoit pas l'affront im-
puni. Ce voyageur avoit pris, à-peu-près, tous ces dé-
tails dans Paufanias , quoiqu'il ne le nomme point.
4: HELENE ou Helena. Voyez Elna.
j. HELENE, ville de Bithynie. Procope, ALdific.
L<j, c. z, en parle ainfi : il y a dans la Bithynie une
ville nommée du nom iïHelene , mère de Conftantin.
Ce n'étoit autrefois qu'un-village de nulle confidération;
mais ce prince, voulant l'honorer, lui donna le titre de
ville , parce que fa mère y étoit née ; mais il ne lui en
donna ni l'étendue ni la beauté. Ainfi elle demeura
dans fon premier état , Se ne laiffa pas de changer de
nom. Juftinien, pour purger la mémoire du fondateur du
nouvel empire , du reproche qu'on lui pouvoit faire d'une
négligence femblable , fit bâtir un magnifique aqueduc
dans cette ville , par le moyen duquel il délivra les ha-
bitans de la foif dont ils étoient preffés auparavant. Il
y fit même bâtir un bain tout neuf, en un endroit où il
n'y en avoit jamais eu, & il en fit réparer un ancien qui
avoit été négligé, il y éleva des hôtels pour les magis-
trats, des édiles, des palais , des galeries, & d'autres
édifices publics, qui en font le principal ornement.
Cette ville devint épiscopale , & eft nommée He-
LENOPOL!"; dans les Notices. Voyez ce mot.
_ 6. HELENE, ancienne ville delà Paleftine. Conftan-
tin la fit bâtir en l'honneur de fa mère, dont il lui donna
3* nom. Sozomene, Hijloire eccléfîajlique , 1. 2, e. 2,
dit en parlant de cette princeffe : fon nom ne fauroit ja-
mais être effacé de la mémoire des hommes , puisqu'il
y a deux villes , l'une en Bithynie, & l'autre en Pales-
tine , qui le conferveront à la poftérité : cet auteur ne
met qu'une ville de ce nom en Bithynie. Voyez les deux
articles d'HELENOPOLls.
7. HELENE , Helena , Vicus. Sidonius Apollinaris
carm. v. 5. 112 &feq.p. 315, edit. Sirmond, dit :
Pojl rempore parvo
Pugnajlis pariter Francus quâ Cloio paumes
Atrebatum terras pervaftrat. Hic coèumes
Claudebant angujla vias , arcumque fubaclum ,
Vicum Helcnam , jlumenquejimul , fub cramite longo,
Artus fuppojltis trabibus transmijerat agger.
Les favans conviennent que cette rivière eft la Candie ,
& qu'il eft ici queftion de Kedin ou Hesdin ; non pas
de la nouvelle ville de ce nom , du vieil Hedin , dont
il refte plus haut des ruines à cinq quarts de lieues delà
nouvelle ville, & au côté gauche de la Canche. Vige-
nere, dans fa Bibliothèque hiftoriale , affure que les an-
ciens manuscrits de Sidonius portent HedENA. Voyez
Hesdin.
8. HELENE , fontaine de l'ifle de Chio. C'eft où Hé-
lène fe baignoit . dit Etienne le Géographe.
9. HELENE , (cap Sainte-) dans l'Amérique méridio-
nale , entre le cap Redondo au nord, & le cap de Matas
au midi , proche la baie de los Camerones dans la -erre
Magellanique. * Océan méridional, par Bellin. Robert de
Vaugondy , Atlas.
HELENI , ville d'A frique, dans l'Ethiopie , fur la route
de Gondar à Duvarna.^ C'eft une principauté qui eft
l'apanage de l'héritier préfomprif de l'empire de; Abiffins.
Il y a dans cette ville un très-beau monaftere . &
une magnifique églife , dédiée à làinte Hélène , & c'eft
apparamment de cette églife que la ville a pris le nom à"H.-
leni. Au mi'ieu de la grande place, qui eft devant l'églife,
on voit trois aiguilles pyramidales & triangulaires de
granité, toutes remplies de hiéroglyphes. Quoiqu'il ne
paroiffe pas de piedeftaux , ces aiguilles ne laiffent pas
d'être auffi hautes que l'obélisque , qu'on voit dans la
place de S. Pierre à Rome , pofé fur fon piedeftal. On
croit que ce pays eft celui de la reine de Saba : plufieurs
villages qui dépendent de cette principauté, portent en-
core aujourd'hui le nom de Sebaim. On trouve dans les
montagnes du marbre qui ne cède en rien à celui d'Eu-
rope ; mais ce qui eft plus confidérable , eft qu'on y
trouve beaucoup d'or, même en labourant la terre. * Pon-
cet, Voyage d'Ethiopie.
HELENIUM. Voyez Elenius.
HELENO, lieu d'Ifaurie , fous l'évêque d'Ifauropo-
lis, félon Balfamon fur Photius. * Ortel. Thefaur.
1. HELENOPOLIS , ville épiscopale d'Afie, dans
la Bithynie, félon les Notices. C'eft, fans doute, la même
que la ville d'Helene de Procope. Mais il y a une dif-
ficulté. Ortélius, parlant de l'Helene de Paleftine , dit :
Freculphe écrit qu'elle étoit affez près de Bethame , &C
que c'eft l'endroit où fut enfeveli Lucien, évêque d'An-
tioche. C'eft une erreur ; le martyrologe Romain dit
au 7 Janvier : Eodem die natalis beati Luciani Antio-
chtni presbyteri & martyris qui fatis clàrus doclrind &
tloqiuntiâ pafjus ejl Nicomedicz , ob Chrijh confeffïonem
in perfeculiom Gaterii Maximiani , fepultusque ejl Hcle-
nopoli in Bithyniâ ; cujus laudes fanclus Johannes
Chryfofcomus celebravit. Cette Helenopole , que l'on ap-
pelloit autrefois Drepanum , fut une ville épiscopale de
Bithynie , &: avoit pou- métropole Nicomédie où ce
faint avoit fouffert. Elle étoit fituée fur le golfe de Ni-
comédie , presque à diftance égale entre Nicomédie &
Nicée, félon le P. Lubin , dans fes Notes fur le Marty-
rologe , p. 297. On peut voir auffi Baronius , dans les
Annales, ad annum. 311 , n. 9.
Drepane eft donc l'ancien nom de cette ville. Et,
comme dit Baillet , Topogr. des faims, p. 226, la célé-
brité du culte que l'on rendoit à S. Lucien, prêtre d'An-
tioche, (& non pas évêque, comme le dit Freculphe,)
martyrifé à Nicomédie, l'an 312, dans le bourg de Dre-
pane , qui étoit fur la côte de Bithynie, & où fon corp»
avoit été jette par les vagues, porta l'empereur Conftan-
tin , quinze ans après , à rebâtir ce lieu en l'honneur de
ce martyr. Il l'aggrandit, ("ceci eft contraire à ce que
dit Procope cité dans l'article HELENE 5 , ) & l'embellit
de telle forte qu'il en fit une nouvelle ville qu'il nomma
Helenopole, du nom de fa mère Hélène, qui avoit une dé-
votion particulière à S. Lucien , & qui s'y plaifoit àcaufe
des reliques de ce faint. Il voulut que la ville avec fon
territoire fut exempte des tributs & des autres charges
publiques , qu'elle eût le droit de cité avec tous les pri-
vilèges qui y étoient joints , & que la poftérité i'ùt que
c'étoit uniquement pour faire honneur à la mémoire du
faint martyr. Ce lieu étoit celui de la naiffance de l'im-
pératrice Hélène , dont on vient de parler. Elle y mou-
rut, l'an 327, dans le tems que Conftantin la failoit bâ-
tir , après y avoir fait dédier elle-même la principale
églife, fous le nom de S.Lucien, &f avoir fait promet-
tre à l'empereur, par modeftie , que la ville même feroit
auffi dédiée en l'honneur du même faint ; ce qui ne l'em-
pêcha pas de lui dqnner Je nom SHtlenopolt. Cette ville
3 20 BEL
n'eft plus rien aujourd'hui. Le corps de ce faint a été
apporté en France , & dépoté à Arles par Charleraa-
gne, dans une églife dédiée fous le nom de S. Lucien,
au rapport de la Saïuîaye, Martyrol. Gallican.
2. HELENOPOLIS , ville archiépiscopale de Pales-
tine, fous le patriarchat de Jénifalem. Ce liège n'avoit
aucun fuffragant, félon la Notice de Doxapatrius.
3. HELENOPOLIS. Ce nom eft employé dans la
Notice de Hieroclès pour Helenopontus , province
de l'Alîe mineure.
4. HELENOPOLIS. Voyez Francfort i.
HELENOPONTUS , province de l'Afie mineure,
fur le Pont-Euxin. Je n'en trouve point les bornes mar-
quées ; mais- bien les villes épiscopales font nommées
dans les Notices : je remarquerai feulement que, dans la
feconde Notice, Saltum & Zalichen , qui font diftingués
comme des noms différens , font joints comme un feul
mot dans le manuscrit de la bibliothèque Farnefe.
La province d'ffelenopolis , (ou plutôt d'Helsnopont,')
fous un homme conjulaire, afipt villes, favoir,
HEL
Selon Hieroclès,
Selon Léon le Sage
Amajia ,
Amafeœ ,
Ibyra ,
Ibyrnorum ,
Zela,
Zelorum ,
Saltum ,
Zalichi , ou
Zalichen ,
Leontopoleos ,
Andrapa ,
Andrapodum ,
Amifus
Amifjï ,
& Sinope.
Sinopes.
La féconde de ces deux Notices met le iîége d'Eu-
CHMTA dans cette province, entre les évêques qui ne
dépendent d'aucun autre , Se de qui perfonne ne relevé.
Et dans une autre Notice du même Léon , où font ré-
glés les rangs entre les métropoles , Euchaha tient le
cinquante-unième.
HELEPH , ville de la Paleftine , dans la tribu de
Nephthali, Jofuê , c. 19, v. 33. Elle eft appellée Mehe-
leph dans l'hébreu , dans les Septante & dans Eusèbe.
HELEUTHERI ou Eleutheri , anciens peuples de
la Gaule. Cefar, de Bell. GalL 1. 7, c. 75 , fait mention
des Heleutheri- Cadurci , &t des H eleutheri Suefjîones ,
1. 1, c. 75,qu'ilne faut pas confondre. On convient aviez,
parmi les critiques, que le mot Heleutheri a été mïs en cet
endroit , devant Suejfiones , pour quelque autre mot , par
quelque copifte ignorant ; mais pour les Heleutheri Ca-
durci , c'eft une autre affaire : Cefar les nomme bien
diftinclement , & les manuscrits ne varient point à leur
égard. Nous avons dit, au mot ELEUTHERIENS, que
D'Audifret les prend dans l'Albigeois. Il s'accorde en cela
avecNicolasSanson, dont nousavons mis la remarque à
l'article ALBIGEOIS, foye^ ce mot.
HELFFENSCHWEIL, village de Suifle, dans le bas
Togsenbourg.
HËLGAS. Voyez Germanicopolis i.
HELHACER , lieu fortifié , avec garnifon , dans la
Paleftine , au territoire de Sidon , félon Guillaume de
Tyr, cité par Ortélius.
1. HELIA : fi on s'en rapporte aux éditions commu-
nes de Pline, cet auteur nomme ainfi , /. 32., c. 2, une
ifle voifme de Drepanum en Sicile , où l'on pêchoit le
corail. On y lit, inSiculo {marî) circà Heliam & Dre-
panum. Fazel a cru qu'Hélia étoit une ifle près de Tra-
pani. Baudrand, édit. l68x, dit: Helia, ifle fort petite
de l'ille de Sicile , dans fa côte occidentale , félon Pline ,
devant la ville de Trapani. J'ai rapporté les mots de
Pline. Il ne dit point qu'Hélia foit- une ifle , ni qu'elle
foit fur la côte occidentale de Sicile , ni qu'elle foit de-
vant Trapani. Ce font toutes chofes que lui prête Bau-
drand. Auffi le P. Hardouin qui n'y voyoit rien de pa-
reil, & qui trouvoit, au contraire, circà Eulias , dans
quelques manuscrits , a pafTé l'éponge fur cette préten-
due ifle d'Helia , ck a fubftitué le mot jEoLIAS. Ainfi
le corail , félon Pline , fe trouvoit dans la mer de Si-
cile , aux environs des ifles yEoliennes , ck de la ville de
Trapani.
2. HELIA , nom dune ville, dans la Chronique du
comte Marcellin. Il nomme ainfi la ville de Jérufalem.
Il falloit écrire jElia.
3. HELIA. Voyez Velia 2.
4. HELIA , nom latin d'ELY , ifle , monaftere & ville
épiscopale d'Angleterre. Voyez Ely.
5. HELIA, nom latin d'EYLE ouHaly, petit can-
ton d'Irlande , dans la province de Munfter , au comté
de Tiperari ; c'eft dans ce canton qu'étoit la ville épis-
copale de Roscraea qui eft détruite , félon Uflerius.
HELIAS , ville épiscopale d'Egypte , dans la féconde
Auguftamnique , félon la Notice de Léon le Sage.
1. HELICE , ancienne ville de Thrace, clans la Sar-
dique, entre l'Oescus ck les montagnes , fur la route de
Sardique à Phihppopoli. Antonin , Itiner. la décrit ainfi.
Serdica ,
Bargaraca ,
Hélice ,
Liffa,
Bejjapara,
Philippopoli ,
M. P. XVII
M. P. XXI.
M. P. XXI.
M. P. XXII
M. P. XXII
2. HELICE , ancienne ville du Peloponnefe , dans
l'Achaïe proprement dite, dont elle étoit une des douze
villes. Polybe, /. 2 , £.41 , dit que, de fon tems, il n'en
reftoit plus que dix , qu' Olenus ck Hélice avoient été en-
glouties par la mer , peu avant la bataille de Leuctres.
Paufanias , /. 7, c. 24, rapporte non-feulement cette des-
truction , mais aufli la caufe & les détails de ce defas-
tre. Il y avoit auprès d'Hélice un temple dédié à Nep-
tune Heliconien. Des fupplians s'y étant réfugiés , les
Achéens les en arrachèrent , ck les maflacrerent. Le dieu,
pour punir ce crime, détruifit fon temple ck leur ville.
Paufanias raconte les préfages qui précédèrent cette ruine.
Il dit qu'on vôyoit encore les débris rongés par les flots
de la mer. Strabon, /. S, p. 385, parle auffi de ce châ-
timent de la ville d'Hélice, ck en met l'époque deux ans
avant la bataille de Leucrres. Ainfi cette ville n&fubfis-
toit plus du tems de Strabon , pas même du*ms de
Polybe. Cependant Ptolomée , /. 3, c. 16, met une ville
d'Hélice , dans l'Achaïe, à quelque diftance de la mer.
Voyez Nioua, le nom moderne.
3. HELICE, ville de Grèce, dans la Béotie , félon
le Scholiafte de Callimaque.
4. HELICE , ville de Grèce , dans la Theffalie , fé-
lon Strabon qui cite Hefiode , dont voici les vers :
10'Mi KKtî\» T'I#<W/tfV ,
C'éft-à-dire : Et toute la ville des Myrmidons & la fa-
meufe lolcos , Arné & Hélice.
•j. HELICE , lieu d'Afie , fur le Pont-Euxin , vers la
Cappadoce. Orphée en fait mention au rapport d'Orté-
lius.
6. HELICE , marais ou étang de la Gaule aux envi-
rons de la rivière de l'Aude , félon Feftus Avienus ,
Ora. mark. v. 588 ; il dit :
Hicfalfum in œquor amnis Attagus mit,
Heliceque rursùl hic palus juxta.
Dès que l'Atax ou YAttagus eft l'Aude , il s'ensuit que
le lac voifin eft l'étang de Thau , puisqu'après avoir pane
de-là à l'Orient , ck dit que la ville de Befarum avoit
été en cet endroit , félon une vieille tradition , il nomme
la rivière de l'Orbe qui pane à Beziers , &C le Lez qui
coule auprès de Montpellier.
HELICEUS AMNIS , ruiffeau dont il eft parlé dans
l'Hiftoire mêlée , /. 17, vers la Thrace & la Macédoine,
au fentiment d'Ortélius , Thefaur.
1. HELICON, rivière de Grèce, dans la Macédoine:
elle couloit auprès de Dium ; & après avoir parcouru
un espace de foixante & quinze ftades , elle fe cachoit
fous la terre , & quittant fon nom d'Helico/i, portoit ce-
lui de Baphyras ou Baphyrus , au rapport de Pau-
fanias , /. 8, c. 30, qui ajoute que de-là il eft navigable
jusqu'à la mer. Il femble le nommer, c. 33, Balyras ,
V,iMpa.f. Ptolomée, par un renversement de lettres , le
nomme PHAR1BUS, »*j>v£os , pour Bapupoc
2. HELICON, rivière de Sicile, félon Ptolomée,
dans ce qu'il appelle fa côte occidentale ; mais, pour par-
ler plus jufte dans la partie orientale, de la côte du nord
de
BEL
de cette ifle. Son nom moderne eft Otiveri ; elle le
prend du bourg d'Oliveri, qui eft à (on embouchure.
3. HELICON , montagne de Grèce , dans la Béo-
tie, à l'entrée & aux confins de la Phncide. Elle étoit
confacrée aux Mufes. Elle eft remarquable , dit Paufa-
nias , c. 28 , par la bonté du terroir , & par la quantité
des arbres. Strabon , /. 8 , lui donne beaucoup d'éten-
due dans fa longueur ; car elle touche à la Phocide par
la partie feptentrionale de cette province , &c en partie
aufli au couchant, & avance jusqu'au port Mycos , qui
eft le dernier de la Phocide. Il ajoute que fur cette mon-
tagne il y avoit Un temple dédié .aux Mufes ; la fon-
taine d'Hippocrene, & la grotte des Nymphes Libethri-
des : à l'égard de la grotte , elle n'éfoit pas unique ;
il y en avoit en d'autres lieux qui portoient le même
nom. Cette montagne eft devenue fameufe par l'honneur
que les poètes lui ont fait de la célébrer dans leurs ou-
vrages.
Spon , Voyage de Grèce , t. 2, p. 47, dit qu'on la
nomme préfentement Zagara , wheler, fon compa-
gnon de voyage , s'étend davantage fur cette matière ,
t. 2 , p. 3 19. Les Turcs , ' dit-il , appellent aujourd'hui
cetre montagne Zagara à caufe de la grande quantité de
lièvres qui s y engendrent, quoiqu'il y ait beaucoup d'au-
tre gibier , fur-tout de langiiers & de cerfs. La descrip-
tion de Strabon prouve indubitablement que cette mon-
tagne eftl'Helicon ; car elle étoit, félon lui, fur le golfe
Crifleen ou de Corinthe , bordant la Phocide , qu'elle
regarde au nord , inclinant un peu à l'oueft. Il ajoute
que fes hautes croupes pendoient fur le dernier port de
la Phocide , d'où il s'appelloit Mycus. Elle n'étoit pas
fort éloignée du Parnafle , & ne lui cédoit ni en hau-
teur ni en étendue : enfin c'étoient toutes deux des mon-
tagnes de rochers , &t leur croupe étoit toujours çoa-
verte de neige. Le mont Helicon étoit autrefois confacré
aux Mufes par les Thraces , &i ce fut le pays natal du
poète Hefiode. Voyez Ascra. Je ne trouve rien en ce
lieu , ni les monumens d'Orphée ou des Mufes, ni ceux
d'Hefiode, que Paufanias dit y avoir vus de fon tems ;
& pour ce qui eft de la fontaine d'Hippocrene, elle étoit
alors gelée. Ayant avancé une lieue & demie vers le
haut jusqu'aux neiges , il fallut m'arrêter & me contenter
de descendre de cheval , & de tâcher de grimper fur
quelque rocher plus haut d'où je pufTe découvrir le pays
de deflbus & le haut des montagnes ; enforte que l'es-
pace qui y étoit renfermé me parut comme un lac glacé
& couvert de neiges. Mon guide me dit qu'en été on
y voit une belle vallée couverte de verdure & de fleurs,
avec une belle fontaine au milieu. Je me trouvai dispofé
à croire que c'étoit là qu'étoit-la fontaine d'Hippocrene,
& le bois délicieux des Mufes.
HELII , ancien peuple dont parle Céfaire , frère de
S. Grégoire de Nazianze, dans les Dialogues. Ortélius,
Thefaur. dit qu'on ne fait rien du pays où vivoit cette
nation.
HELIMNA, village dont il eft parlé dans la Vie de
ThalalTius, écrite par Théodoret. Il étoit dans la Syrie,
& peut-être aux environs de la ville de Cyr.
HEL1NGA , \\t.iyy-, ville de l'Espagne Tarrago-
noile. Polybe, /. n , p. 889, ckAppien, en font men-
tion. Morales fk Xylander croient que c'eft la Silpia
de Tite-Live. Voyez ce mot. L'édition de Polybe par
Gronovius écrit ce nom fans aspiration ElinGA.
1. miAOVOUS, ville du foleil. C'eft une ancienne
ville de laCelefyrie, félon Ptolomée, /. 5 , c. l«f. Elle
étoit entre le Liban & l'Anti-Liban , entre Laodicée &
Abila. Il y avoit un temple confacré au foleil d'où lui eft
venu fon nom. On y voit encore à préfent de magni-
fiques telles de ce temple. Je crois , dit D. Calmet, que
c'eft c«tte ville que le prophète Amos a voulu marquer,
en difant , c. 1 , v. 5 : T'exterminerai les habitans du camp
de l'idole. L'hébreu porte : J'exterminerai les habitans
de Bekath-aven ou de la vallée d'iniquité. Il donne
le nom de Bekath-aven à la ville que les payens nom-
rnoient Bekath-baal, & que l'on nomme encore au-
jourd'hui BAALBECH , la vallée de Baal. Maundrell ,
dans fon Voyage d'Alep à Jérufalem , p. 127, dit : on
iùppofe que Balbec eft l'ancienne Hcliopolis ou la ville
du. foleil, véritable lignification de ce mot là : le nom
arabe qu'elle porte aujourd'hui , & qui eft peut-être fon
plus ancien, peut fignifier la même chofe; car quoique
FEL 3ÎI
Baal lignifie toutes les idoles en général , de quelque
fexe ou condition qu'elles puiflent être , on l'attribue fou-
vent au foleil , idole fouveraine de ce pays. Voyez Bal-
BEC.
j 2. HELIOPOLIS ou la ville du foleil, ville ancienne
d'Egypte. Il en eft parlé dans la Genefe , c. 41 , v. 45 ,
où elle eft nommée ON dans le texte hébreu , & Helio-
polis dans laVulgate. Il eft dit que Pharaon , roi d'E-
gypte , fit époufer à Jofeph , Azaneth , fille de Putiphar ,
prêtre d'Heliopolis. Quoiqu'ily ait eu plus d'une ville de ce
nom enEeypte, comme nous dirons ci-après , celle-ci
eft reconnoiflable par fes temples & par les grandes mai-
fons de fes prêtres qu'on y voyoit encore du tems de
Strabon , quoiqu'elle fût abandonnée. Ces lieux, dit-il,
/. 17, p. 805 , approchent dufommet du Delta : c'eft là
qu'eft Bubafte & fa préfe&ure , au-deftus de laquelle eft:
la contrée (1 u le nôme) d'Heliopolis où le voit la ville
du foleil , fituée fur une grande digue. Il y a un temple
confacré au foleil , & dans un certain enclos on nourrit
le bceufMnevis que les habitans d'Heliopolis Honorent
comme un dieu, de même qu'Apis eft adoré par les ha-
bitans de Memphis : devant la digue eft un grand lac
où fe déchargent les folles voifins ; la ville eft préfente-
ment déferte , & il y a un temple très-ancien , bâti à la
manière d'Egypte , & qui conierve des marques de la fu-
reur & de l'impiété de Cambyiè. Ce pnnee ravagea par-
tie par le feu, partie par le fer, les temples & les obélis-
ques. Strabon décrit ensuite la forme des temples d'E-
gypte : à l'entrée du temple, eft une cour pavée de la
largeur d'un arpent , & de la longueur de trois ou d«
quatre ou même davantage. Ce lieu s'appelle Dromos ,
en grec, mot qui veut dire la course. Callimaque dit :
O' tTe^fUç U&t btcî iïpt,'giJb;,
Cette courfe eft confacrée à Anubis.
Le long de cet espace , des deux côtés de la largeur, font
p'ofés des Sphinx de pierre, à vingt coudées , fk même
plus , de diftance l'un de l'autre. Après les Sphinx font
plufieurs veftibules de fuite, dont le nombre n'eft point
fixé ; il y en a plus ou moins , à proportion de la lon-
gueur &. de la largeur des dromes ou courfes. Après les
veftibules, eft le temple qui eft petit ; mais il a un grand
parvis. Il n'y a aucune figure;. ou, s'il y en a, ce n'eft
point celle d'un homme , mais de quelque bête. Des
deux côtés du parvis s'étendent les ailes. (w'igg). Ce
font deux murs aufli hauts que le temple. D'abord leur
diftance eft un peu plus grande que toute la largeur du
temple ; mais ils fe rapprochent l'un de l'autre jusqu'à
cinquante ou foixante coudées. Ces murailles font plei-
nes de grandes figures fculptées pareilles aux ouvrages
des Toscans ou des anciens Grecs. Il y a aufli un bâti-
ment facré, foutenu fur un grand nombre de colomnes,
comme à Memphis , d'une fabrique dans le goût bar-
bare ; les colomnes font grandes & dispofées en plu-
fieurs rangs ; il n'y a ni peinture, ni grâce , c'eft un amas
de pierres.
Nous vîmes dans cette ville , continue Strabon , de
grandes maifons où logeoieht les prêtres ; car on dit que
c'étoit la demeure des prêttes qui s'appliquoient à la phi-
lofophie &c à l'aftronomie ; mais ce genre dévie cVces
études n'y font plus en ufage. Il y avoit feulement des
hommes dont l'emploi étoit de diriger les facrifices , Se
d'en apprendre les cérémonies aux étrangers. Le géné-
ral iElius Gallus, partant d'Alexandrie , Se remontant le
Nil, avoit à fa fuite un homme appelle Cheremon qui
faifoit profeflion de cette feience. Mais fon ignorance
jointe à beaucoup d'orgueil le faifoit méprifer. On nous
fit voir aufli des maifons des prêtres Se des appartenons
où Eudoxe Se Platon avoient logé ; car ils étoient ve-
nus enfemble dans cette ville , & avoient vécu l'un Se
l'autre , treize ans avec les prêtres. Ce qui fuit dans.
Strabon , ne regarde que les études des prêtres.
Diodore de Sicile , /. <j , c. 56 , raconte l'origine de
cette ville , fur la tradition des Grecs. Il fuppofe
donc , comme une vérité , qu'au commencement
du monde , l'ifle de Rhodes , étant couverte d'une
boue molle Se détrempée , le foleil la fécha & la
rendit féconde , & qu'il s'en forma fept hommes éga-
lement Aborisines , qui furent nommés les Helia.-
Sî Tome M,
32î HEL
liadcs , du nom du foleil , qu'ils reconnoJflent pour l'au-
teur de leur naiffance. Leurs noms étaient Ochim, Cer-
caphe , Macar , Aclis , Tenages , Triopas , & Candalc.
Ils s'appliquèrent tous à l'aftronomie , cultivèrent la na-
vigation , & déterminèrent le cours des heures. Tena-
gesavdit plus d'efprit que les autres ; par jaloufie , ils le.
tuèrent ; le meurtre fut reconnu , Se ils furent réduits
à prendre la fuite. Aftis le quatrième-, ( pour ne parler
que de celui-là,) s'en alla en Egypte, & y fonda la
ville qu'il nomma la ville du foleil , en l'honneur de
fon père. Cet hiftorien fuppole enluite qu'un déluge
ayant fait périr dans la Grèce la plupart des hommes &£
tous les monumens des feiences , les Egyptiens qui les
avoient confervées, profitèrent de l'ignorance où les Grecs
tombèrent, Se fe firent honneur d'une invention qui
ne leur appartenoit pas. On voit dans ce récit, que j'ai
abrégé , qu'il n'eft fait que pour diminuer la honte que
les Grecs avoient de devoir les feiences aux Egyptiens
à qui ils tâchoient d'en enlever l'honneur.
Avec le tems , les Juifs eurent auffi un temple à He-
liopolis (a): Onias, fils d'Onias III, s'étant retiré en
Egypte, & ayant gagné les bonnes grâces de Ptolomée
Phïlometor & de Cleopatre fa femme , obtint permif-
fion de bâtir un temple femblable (b) à celui de Jeru-
falem, à l'ufage des Juifs qui étoient en Egypte. Ce
temple que l'on appella ONION , fubfifta jusqu'au tems
de Vefpafien qui le fit fermer par Lupus (c) , préfet
d'Egypte. , > t
Paulin , qui fuccéda quelque tems après a Lupus , fit
ôter tous les ornemens & toutes les richeffes qui y étoient ;
en fit fermer toutes les portes, & ne permit pas qu'on
y fît aucun exercice de religion. * (a) D. Calma, Dift.
(b) Jofeph. Antiq.' 1. Il , c. I 5 ; & 1. 10 , c. 8. (c) De
Bell. 1. 7, c. 37.
Le P. Hardouin fe trompe , ce me femble , dans la
note qu'il faite iur le mot Heliopolius , qui eft le nom du
nôme ou de la province, dont elle étoit la capitale. Il
dit que la ville d Heliopolis, où l'on croyoit que le phé-
nix portait fon nid, eft attribuée par quelques-uns à l'E-
gypte , fk par quelque sautres à l'Arabie ; de - la vient ,
pourfuit-il , l'erreur d'Etienne qui a cru qu'il y avoit
deux villes de ce nom ; car, dit-il, elle était aux con-
fins de l'Egypte &£ de l'Arabie , comme Pline nous l'ap-
prend , /. "j , c. 10. Cet auteur dit effectivement : Unum
preetereà intùs , & Arabia conterminum claritatis magna
Solis oppidum. Mais cela ne dit pas qu'il n'y eût qu'une
feule ville d'Egypte , nommée Heliopolis. Etienne a
raifon d'en mettre deux. Ptolomée ,L 4 , c. % , en met
deux auffi, & donne la pofition de l'une & de l'autre;
Se , ce qui eft remarquable , elles étoient dans le même
nome. Il appelle la première qui eft celle-ci la métro-
pole du foleil; il nomme l'autre Heliopolis.
'H*/« » c'eft-à-dire , Longitude. Latitude.
du foleil, 6zd. 30' 30 d. io'
'HA/aW/ir , Heliopolis , 61. 30. 29. 50.
La féconde étoit au midi de la première ; mais elle n'é-
toit pas fur le Nil comme elle. Ptoldmée,qui avoit pafleune
partie de fa vie à Alexandrie en Egypte , eft fort croyable
fur ce chapitre. Le P. Hardouin nomme la première,
qu'il croit unique, BELHESA ; & c'eft , félon lui, le
nom moderne. Antonin la nomme Heliu & la met
à XXIV. M. P. de Memphis. Elle eft auffi nommée
Heliu , ville épiscopale , dans la Notice de Hierocèis.
3. HELIOPOLIS, ville d'Egypte, différente delà
' métropole de même nom , ^ quoique dans la même pro-
vince. Voyez l'article précédent.
4. HELIOPOLIS, ville d'Arabie, au pays des Aro-
mates , félon Etienne , qui avertit qu'elle étoit différente
de celle d'Egypte. Il y a trois partis à prendre. Le pre-
mier eft de dire, avec des favans critiques, qu'Etienne fe
trompe , & que c'eft la même qui étoit aux confins de
l'Egypte & de l'Arabie ; le fécond qu'il y avoit effeôi-
vement une Ville du Soleil dans l'Arabie heureule , Se
que c'eft peut-être la même qu'Etienne nomme Ba-o-a/^a,
Bafampfa qui étoit, dit-il, fur le golfe Arabique, vers
la mer Rouge, c'eft-à-dire, vers la mer qui eft hors du
détroit de Bab-El-Mandel. Il avertit que ce nom fignifie
Maifon du Soleil. Le troifiéme parti eft enfin de dire
que cette Ville du Soleil eft auffi imaginaire que le bû-
HEL
cher précieux que le phénix s'y conftruit pour s'y brûler.
5. HELIOPOLIS, ville de la Thrace, félon Etienne.
6. HELIOPOLIS , ancien nom de Corinthe qui fut
d'abord nommée ainfi , puis Pagus , puis Ephyra Se
enfin Corinthe , félon le même Etienne.
7. HELIOPOLIS, ville épiscopale d'Allé, dans la
Galatie , félon la Notice de Léon le Sage , Se celle de -
Hieroclès.
8. HELIOPOLIS. Voyez Soltwedel.
Corneille met une ville épiscopale de ce nom dan*
laCilicie. Je ne trouve dans les anciennes Norices , que
trois villes épiscopales de ce nom ; l'une en Phénicie ,
ou dans la Céléfyrie ; l'autre en Egypte , Se la troifiéme
en Galatie.
HELIOPOLITES Nomos ; nome ou province d'E-
gypte , à l'orient du Nil, entre le nôme Aphroditopo-
lite au nord ; la pointe de la mer Rouge Se l'Arabie
pétrée à l'orient ; Se le nôme Bubaftide au midi. Il
étoit traverfé dans fa longueur par le canal de Trajan ,
qui communiquoit du Nil à la mer Rouge, par Héroo-
polis Se Babylone. Ces deux villes , 6c les deux Hé-
liopolis font les feules que Ptolomée , /. 4 , c. 5 , y ait
nommées.
HELIOTRAPEZA, W* T0.V<* , e'eft-à-dire, la
Table du Soleil, en latin Menfa Solis. Pomponius Mêla,
/. 3 . c. 9, parlant de l'ifle de Méroé Se de l'Ethiopie,
décrit les fingularités des peuples Macrobiens. H y a, dit-
il, chez eux un" lieu toujours garni de viandes prêtes à
manger ; Se comme il eft. permis à quiconque le veut
d'en manger félon fon appétit , on le nomme la Table
du Soleil ; Se ils difent qu'à mefure que l'on mange, il
renaît d'une façon miraculeufe de nouvelles viandes. So-
lin , c. 30, edit. Salmaf. dit la même chofe. Héro-
dote, /. 3 , c. 18, dit plus Amplement en parlant des
Macrobiens : au fauxbourg il y a une prairie chargée
de viandes rôties de toutes fortes d'animaux à quatre
pieds ; toutes les nuits chaque magiftrat a foin de les
faire fervir; & dès qu'il eft jour, il eft pe:-mis à tout le
monde de venir prendre fa nourriture. Paufanias, /. 1 ,
c. 33 ; Se /. 6, c.26, parle auffi de cette Table du Soleil.
HEL1OTR0PIUM , lieu de Grèce , dans le voifî-
nage de Thèbes. Ortélius en fait une ville ; mais Po-
lybe , qu'il cite , /. 5 , p. 600 , ne dit pas que c'en fût
une : il dit feulement que Philippe aprocha fon camp
de la ville de Thèbes ; qu'il partagea fon armée en trois,
Se fe failit des environs; qu'une partie fe pofta autour
de SCOPIUM , une autour d'HELlOTROPIUM , & que
la troifiéme fe plaça fur la colline qui commande la ville.
Scopium Se Heliotropium étoient tout au plus des feux-
bouras de Thèbes.
HÊLIS, ou Elis': Ortélius a cru, qu Elim ouHe-
lim qui eft indéclinable , étant à l'accufatif , faifoit Helis
ou Elis au nominatif ; c'eft pourquoi il nomme de ce
dernier nom le lieu où Moïfe trouva douze fontaines.
Voyez Elim
HELISSEN, ou Hayleshem, abbaye d'hommes,
ordre de Prémontré, dans le Brabant, à deux lieues de
Tillemont , fur les limites des diocefes de Namur & de
Liège.
HELISSON. Voyez Elissus 2, & 4.
HELIU, ou
HELIUPOLLS, ouHelius. Voyez Heliopolis.
HELIU , ou Solis Delubrum , ou Lucus , c'eft-à-
dire le Temple, ou le Bois du Soleil, ( Té^e.oj ,) lieufur
le Pont-Euxin, où Diodore de Sicile, /. 4, c. 47, dit
que fe cacha Medée , lorsqu'elle fuyoit la colère de fes
parens; le mot dont fe fert l'hiftorien, veut dire un lieu
facré, comme un temple, ou un bois dédié à une
vinité.
HELIUM: Pline I.4, c. 15, après avoir nomnté quel-
ques peuples , ajoute ces mots : ils font fitués entre le
bras du Rhin, furnommé Hélium, & celui de ce même
fleuve qui eft appelle Flevum : on appelle ainfi, dit-il,
les embouchures par lesquelles le Rhin fe jette au nord
dans le lac, & au couchant dans la Meufe , y ayant en-
tre deux une embouchure qui conferve un petit canal
qui garda fon nom. Ce partage eftaifé à expliquer. L'em-
bouchure nommée Flevum , qui fe jette dans^ les lacs eft
le bras du Rhin qui tombe dans la Zuider-Zée , mer qui
a abforbé ces lacs ; ce petit canal du milieu qui pafte à
Utrecht 61 à Leyden , mais fon embouchure a été boit-
HEL
HEL
cjiée par les fables ; & il n'arrive point jufqu'à la mer.
L'autre dont il eft ici queftion eft le Rhin qui tombe
dans la Meufe ; & Clavier , de tribus Rhenl alveis ,c. i ,
p. 16 & 17, conjecture affez raifonnablement que ce
nom eft apparemment celui de quelque fortereflè que
les Romains avoient bâtie auprès de cette embouchure.
Voici fur quoi il fe fonde. Pline eft le feul auteur qui
fourniffe ce nom. Les Romains avoient élevé des forts
aux principales rivières des pays qu'ils avoient conquis.
Us en avoient mis fur les deux autres branches du Rhin,
pourquoi n'en auroient - ils point mis à celle-là ? Flo-
rus femble l'infinuer quand il dit que Drufus, pour la
confervation des provinces , rangea des garnifons & éta-
blit des fortereffes par-tout , fur la Meufe , fur l'Elbe &
fur le Wefer ; il en bâtit plus de cinquante fur le Rhin.
Comme Cluvier l'obferve très-bien , les Gaules étoient
foumifes & paifibles ; il ne falloit point de fortereffes
au haut de la Meufe , mais bien au bas de fon cours ,
pour fe garantir des Menapiens & des Toxandriens ,
& pour n'avoir rien à craindre des Frifons. Si donc on
accorde qu'il y avoit une fortereffe à l'embouchure de la
Meufe , il eft queftion de voir de quel côté de cette
rivière elle étoit. Ce ne doit pas être fur l'ifle des Ba-
taves, c'eft-à-dire, fur la rive droite. Car Tacite,
Hifl. I. 4 , en auroit fait mention lorsqu'il nomme les
ftx forts ou châteaux fitués dans l'ifle des Bataves fur
le Rhin , &C attaqués par les Canenifates , les Frifons &
les Bataves. Il ne parle point de celui-là ; ck fi ce fort
avoit été là , ces peuples l'auroient attaqué comme les
autres , & Tacite en auroit parlé. Il falloit donc qu'il
fût de l'autre côté , à la gauche de la Meufe , chez les
Toxandriens, à-peu-près au même endroit où eft aujour-
d'hui la Bnel , ou un peu plus bas. Cluvier croit que
le village d'Helvoët qui eft fur le rivage oppoféàcette
îfle , quatre mille pas au-deffous de la Briel, pourroit
bien avoir pris fon nom d'Hélium.
HEL1XUS. Voyez Elixus.
1. HELLAS, ville de la Theffalie , félon Strabon ,
/. 9, p . 431 &C 4^1. Ce géographe expliquant quelques
paffages où Komere parle de Hellas & de Phthie, rai-
sonne de cette manière. Homère , dit-il ,. les diftingue ;
mais on ne fait s'il entend deux villes ou deux lieux :
ceux qui tiennent pour la féconde opinion , entendent
Hellas pour la Grèce, pays , ck difent que Thèbes de
Phtiotide eft une ville diftinfte de l'ancienne Pharfale;
dans cette contrée eft auffi un lieu nommé Thuiedion ,
voifin de la nouvelle & de l'ancienne Pharfale. Ils con-
jecturent qu'une partie de ce lieu Thetidion étoit fous
la domination d'Achille. Ceux qui, par Hellas, entendent
une ville, font, entr' autres, les habitans de Pharfale, qui,
à foixante ftades de leur ville, (c'eft-à-dire, à deux
lieues & demie ) montrent les ruines d'une ville qu'ils
prétendent avoir été celle d'Hellas. Les habitans de Me-
litsa , de leur côté , croient que la ville d'Hellas étoit en-
viron à dix ftades (ou à douze cens cinquante pas) de
leur ville, au-delà de l'Enipée, dans le tems que leur
ville s'appelloit Pyrrha. ;Ils allèguent comme une preuve
le tombeau de Pyrrha &C deDeucalion, qui eft dans leur
place publique , &c. Dicearque , dans fon Etat de la
Grèce,/?, 21 , edit. Oxon. dit : Hellas étoit ancienne-
ment une ville bâtie par Hellen père d'iEole, &c nommée
de ion nom ; elle étoit dans la Theffalie , entre Pharfale
ck Melitée.
2. HELLAS, contrée de Grèce, dans la Theffalie.
Nous avons vu, dans le paffage de Strabon cité dans
l'article précédent , que quelques - uns prenoient Hellas
pour une contrée ; ck cette contrée , avec Phthie ou la
Phthiotide, étoit de la Theffalie. Dicearque, à l'endroit
cité dit la même chofe. Les Hellènes , dit-il , font ceux
qui parlent la langue gréque , félon la dialefte des Hel-
leniftes, & descendent d'Hellen. Les Athéniens habi-
tent l'Attique ck parlent félon la dialecte attique, &
font originaires de leurs pays. Les Doriens defcendans
de Dorus , ont le langage dorique , comme les defcen-
dans d'jEolus ont l'a;olique ; de même l'ionique eft
propre aux Ioniens qui descendent d'Ion , fils de Xutus.
_ Il y eut donc autrefois Hellas qui étoit dans la Theffa-
lie , &C non pas dans l'Achaïe. Car, comme dit .le pëote
Homère , on les nommoit les Myrmidons , les Hellè-
nes ck les Achéens. Il appelle les Myrmidons ceux qui
habitoient Phthie en Theffalie; Hellènes, ceux dont nous
323
venons de parler ; ck il les diftingue des Achéens qui
habitent préfentement Melitée 6k Larifle furnommée
Cremafte, ckc. Il fe fert enfuite de la différence de la
véritable langue gréque, ck de l'idiome des Athéniens,
pour prouver que le pays d'Hellas étoit différent de l'At-
tique ; il cite un paffage où Pofidippe , comique Grec , re-
prend les Athéniens de ce qu'ils croyoient que leur lan-
gue étoit la véritable langue gréque, ck que leur ville
étoit proprement le pays d'Hellas. Il n'y a, dit-il, qu'un
pays d'Hellas : vous parlez athénien , quand vous parlez
votre langue : pour nous qui fouîmes Grecs , nous parlons
grec: pourquoi tant traîner Iesfyllabes, appuyer furies
lettres ck devenir ennuyeux en affectant l'élégance ? Pau-
fanias , /. 3 , c. 20 , dit que Hellas étoit anciennement
le nom d'une contrée de la Theffalie , ck qu'il eft devenu
enlùite celui de toute la Grèce.
3 . HELLAS : fi nous en croyons Ariftote dans fon
Traité des Météores , /. 1 , c. 14 , de Cataclysmis & quart
fluviorum alii perennes alii non ; la Grèce , ou le pays
d'Hellas , étoit , dans les premiers tems , le pays qui eft
aux environs de Dodone ck du fleuve Acheloiis ; car ,
parlant du déluge de Deucalion , il dit : il arriva prin-
cipalement autour de la Grèce ,6k fur - tout autour de
cette partie que l'on appelle ancienne Hellas : or cette
contrée eft celle qui eft aux environs de Dodone ck du
fleuve Acheloiis. Car , pourfuit ce philofophe , il a changé
fon cours en plufieurs endroits , c'eft-à-dire que félon lui
Heljas étoit anciennement le nom particulier d'un pays
fitué entre la Thesprotie , la Theffalie & l'Acarnanie.
4. HELLAS, ou la GRÈCE proprement dite. Ce nom,
ayant été quelque tems particulier à un pays affez pe-
tit , foit qu'on le prenne dans la Theffalie avec Strabon
ck Dicearque , dont nous avons rapporté ci-deffus les
témoignages, foit qu'on le trouve avec Ariftote au midi
de l'Epire 6k au couchant de la Theffalie , fignifia avec
le tems un pays plus étendu , comme le dit Paufanias
dans^ le paffage allégué ci-deffus. Dicearque dit que les
Athéniens prétendaient que la véritable Grèce ou Hellas
fe trouvoit chez eux, 6k j'ai rapporté le paffage du co-
mique qui les reprend de cette erreur. Tandis que la
Macedonie, l'Epire, la plus grande partie du Peloponnefe
avec leurs rois particuliers, 6k un affez bon nombre
de peuples qui avoient eu auffi les leurs, au commence-
ment , s'étoient arangés en républiques , 6k confervoient
leur liberté par leurs alliances contre l'oppreffion étran-
gère , 6k par la police 6k les loix contre l'ufurpation & le
trop grand crédit des particuliers; c'eft ce que l'on nomma
long-tems la Grèce propre , ou, en un feul mot, Hellas»
On y commprenoit
L'Acarnanie,
L'jEtolie ,
La Doride,
La Locride,
La Phocide,
La BÉopE,
L'Attique ,
La Megaride.
Les détails où je fuis entré dans l'article général de
la Grèce 6k dans les articles particuliers de chacun de
ces pays , rendent inutile ce que j'en dirois ici : je re-
marquerai feulement deux chofes ; l'une que les noms
d' 'Hellas 6k d'Hellènes , qui lignifient la Grèce 6k les
Grecs , ne fe bornèrent point là , & qu'ils ont été em-
ployés enfuite pour fignifier , non-feulement la Grèce
propre , mais encore toutes fes augmentations , comme
la Macédoine , 6k généralement tout ce que les Latins
ont entendu par le mot de Grèce. La féconde obferr
vation eft que quand la Grèce propre ou l'Hellas prit
le nom d'Achaïe , parce qu'elle étoit entrée dans la ligue
des Achéens , il faut en excepter l'jEtolie qui fit une ligue
à part dans laquelle entrèrent les Acarnaniens qui fu-
rent auffi quelque tems fous la domination de l'Epire.
1. HELLENES, nom que les Grecs fe donnoient
en leur propre langue.
2. HELLENES , ville de l'Efpagne Tarragonoife , au
pays des Callalà , félon Strabon , /. 3. Mariana croit que
c'eft préfentement Ponte-Vedra.
HELLENICUM Mare ; quelques anciens ont ainfi
nommé l'Archipel.
HELLENISTES: (les) nous avons remarqué que
le mot Hellènes veut dire les Grecs ; c'eft le pluriel
d'Hellen , un Grec. On appelloit Juifs Hellénises ceux
qui vivoient dans les villes ou dans les provinces où la
Tome III. Sf ij
324 HEL
langue gréque étoit commune , & qui , fi'ayant pas IV
fage de la langue hébraïque , ou fyriaque , ne fe fer-
voient communément que de la verfion gréque des
Septante dans leur particulier, & même dans leurs a(-
HEL
en découvre tout le dôme &c le minaret. Entre ce châ-
teau neuf nommé par les Turcs N atoll Inghl IJJ'ar , &C
le cap des Janljjalres , il y a au nord-eft un bourg ap-
pelle Inglla-lffar-Kxol ; bourg du château neuf. On n'y
Juifs que l'on nommoit Hébraifans, parce qu'ils ne pou-
voient fouffrir qu'on lût l'écriture fainte en une autre lan-
.gue qu'en hébreu. Les Helleniftes ne font connus que de-
puis le régne des Grecs en Orient. La raifon en eftfort
femblées • ce qui étoit defapprouvé par plufieurs autres voit rien de recommandable que huit moulii
-<->•' - chacun à huit .ailes, qui font tout de fuite en allant vers le
promontoire Sigée, vis-à-vis du château neuf d'Afie. Il
y en a un autre en Europe nommé par les Turcs Rou-
meli Inghi Iffar. Ils ont tous deux été bâtis par Maho-
mturelle ; la Bible ne fut traduite en grec par les Sep- met IV , qui connut, en 1656 & en 1657 , que les deux
tante, que fous le régne de Ptolomée Philadelphe , roi châteaux des Dardanelles , quoique d une fituation tres-
d'Egypte, defeendu de l'un des capitaines d'Alexandre, avantageule, ne rendoient pas impoffible 1 entrée de la
Quelquefois ces Juifs Helleniftes font appelles fimple- Propontide, ni par confequent Conftantinople incré-
ment Hellènes , c'eft-à-dire Grecs , & quelquefois Hel- nable , puisque les Vénitiens battirent toute 1 armée na-
lenifi» dans le Nouveau Teftament, ( AU. Apojl. c. 9, vale des Ottomans fous le canon de ces forterefles. 1
v. 29 ; &c c. 11 , v. 20.) Dom Calmet, de qui font la y a de 1 un a 1 autre cinq bons quarts de lieue , & ils
plupart de -ces remarques , dit qu il ne trouve point ce
dernier terme dans les Machabées ni dans les autres li-
vres grecs de l'Ancien Teftament.
HÈLLENOPOLIS , pour Helenopolis.
HELLENOPONTUS. Voyez Helenopontus.
HELLENORUM , fiege épiscopal , dans la Lydie ,
félon les Notices gréques. Anatollus , fon évêque ,
fouscrivit à la lettre écrite à l'empereur Léon. * Hard.
CollecT:. conc.
HELLENSTEIN. Voyez Heidenheim.
HELLES , rivière qui fait le tour de la ville de Smyrne ,
.félon Ifidore cité par Ortélius , Thcfaur. Ce géographe,
après avoir confulté Strabon, préfume qu'il faut lire
Mêles. , „ „
HELLÈSPONT, félon Grelot , Voyage de Conftan-
tinople , page 3 & fulv. fameux détroit appelle ainfi du
nom de Helli • , fille d'Athamas , qui en le panant pour
s'enfuir dans la Colchide avec fon frère Phryxus , char-
gés tous deux de la toifon d'or , tomba dans cette mer
& y périt. On y arrive par diverfes routes , après avoir
laiflé derrière foi, à droite &à gauche, les ifles Cycla-
des & Sporades , qui compofent dans la mer Egée ce
qu'on appelle t Archipel. Ce détroit qu'on nomme au-
trement Bras de S. George , eft fituée au 37e d. 42.' de
latitude , & environ au 55e de longitude. Toute fa lon-
gueur n'eft pas de plus de dix à douze lieues ; il n'en
a guère plus d'une de largeur dans fon entrée, &c dans
toute la fuite une demie tout au plus. A fon couchant,
que l'on a à gauche en y entrant , on voit la Thrace
qui eft une partie de l'Europe , que ce détroit fépare
d'avec la Troade , province d'Afie , qui eft à fon orient.
Il a la Propontide au feptentrion , & la mer Egée avec
tout l'Archipel au midi. A l'entrée de ce partage , à
main droite, on trouve le promontoire Sigée, appelle
aujourd'hui cap Glanl^arl , proche duquel il y a un
petit village de Chrétiens Grecs , nommé par les Turcs
Glaourkiol, c'eft-à-dire village d'infidèles; nom qu'ils
ont accoutumé de donner à tous les lieux où il n'y a
point de mosquées. Il eft proche de l'endroit où étoit
autrefois la célèbre ville de Sigée ; rk ceux du pays le
nomment Trojaki ou petite Troye. On trouve là toute
forte de bons rafraîchiflemens. L'eau y eft très-bonne.
L'excellent vin muscat de l'ifle de Tenedos qui n'en eft
qu'à une lieue , s'y donne presque pour rien. On dé-
couvre la plus grande partie de la belle campagne ^de
la Troade , avec le Xanthe & le Simoïs , rivières d'un
nom fameux, mais fi peu larges, qu'elles tariflent fou-
vent en été. Ces rivières qui descendent toutes deux
du mont Ida , après s'être unies au-deflous du lieu où
étoit Troye , &t avoir formé un grand marais , paffent
par-deflbus un pont de bois , appuyé fur quelques pi-
liers de pierres , d'où elles s'embouchent dans l'Helles-
pont, environ une demi- lieue au-deflous de ce cap,
proche du nouveau château d'Afie , le quel eft fitué fur
une langue de terre qui s'avance dans la mer. Il y a qua-
tre tours aux quatre coins : celles qui regardent Ja mer
font carrées , avec une espèce de redan d'un côté. Les
deux autres , vers la terre ferme, font rondes. Entre ces
quatre tours , il y en a cinq autres qui appuient les murs ;
une ronde &: quatre carrées. Elles font de grofleur , de
gran'~
font tous deux commandés par des collines ; mais celui
d'Europe l'eft encore plus que celui d'Afie. Il eft fitué
proche du cap de Grèce , & d'une forme tout-à
réguliere. Il a dans fon circuit quelques maifons de l'Aga
& des officiers , avec une mosquée dont le dôme & le
minaret paroifîent fort en dehors , auffi -bien que les au-
tres édifices , parce qu'ils font pofés la plupart fur le haut
de la place , d'où l'on descend par de grands degrés aux
embrafures des canons qui font à fleur d'eau. Il y a près
de ce château un petit village qui n'a rien de remar-
quable , & cinq grands pilaftres qui fervent à foutenir
des ventoufes pour donner de l'air à quelques conduits
fouterreins qui portent-l'eau à la fortereife. Quand on a
pafle ces deux châteaux, on entre dans l'Hellelpont dont
ils font les portes ; & de-là jusqu'aux Dardanelles , il
n'y a aucun refte d'antiquité confidérable.
- Cette mer a eu divers noms chez les anciens, &
principalement chez les poètes ausquels Hellefpontus ne
convenoit pas toujours. Virgile , JEneld. 1. 1 , v. 385,
dit la mer de Phrygle , parce qu'en effet la Phrygie reA
ferre ce détroit à l'orient :
Bis finis Phryglum c
T avais dou^e valffeaux .
lefpont. Lucain, /. 6, v. 55
mfeendi navlbus œquor.
lorsque je fis voile de CHcl~
Tôt potuere manus aut jungere Sefion Abydo
Ingefloque folo Phryxxum elldere Pontum,
Aut Pelopis lads Ephyren' abrumpere regnis.
Tant de bras aurolent pu joindre Sejlos à Abydos , &
combler la mer de Phryxus , en rempllffant de terres fon
canal, ouféparer Corinthe du Peloponnefe.Valenas Flac-
cus, l. z, v. 586, dit de même:
Aïquora
Phryxœa fublbant
deur & de diftance inégales. Celles que lave la Pell£//^
mer, ont à fleur d'eau quantité d'embrafures, leurs cour-
tines & redans. Cette place , dont l'entrée eft au fep-
Pour dire ils entroient dans l'Hellefpont. Ces deux poè-
tes nomment le frère pour la feeur , parce que, félon la
fable,Hellé étoit avec fon frère Phryxus, lorsqu'elle donna
fon nom à cette mer. Leur père étoit Acharnas , & de-là
elle fut nommée Athamantls , ou Athamantlde. Apol-
lonius nomme l'Hellefpont h courant d'' Athamantlde.
Appien, Civil. I. 4, p. 638,1e nomme le détroit d' Aby-
dos, parce qu'effeftivement Abydos étoit au bord de
cette mer. Aufone , in Mofell. v. 287 &c 288 , emploie
trois expreffions de fuite, pour lignifier l'Hellefpont :
. Quls modo Sefllacum pelagus , Nepkeleldos Helles
ALquor , Abydenl fréta quls mlretur Ephebl ?
Il l'appelle en premier lieu la mer de Sejlos ; c
ville étoit fur le rivage du détroit, du côté de l'Eu
rope ; enfuite la merdHellé, fille de Nephele & d'A-
thamas , & enfin le détroit du jeune homme d' Abydos.
Cette ville étoit au midi de Seftos, &T. le poëte fait al-
lufion à la fable d'Ero &£ de Leandre. Ortélius dit qu
l'Hellefpont eft appelle parLycophron Vlrglcldum mare,
&c Canterus obferve que S. Grégoire de Nazianze l'ap-
mare.
HELLESPONTIA Chersonesus , partie de la
Cherfonnefe de Thrace, le long de l'Hellespont , félon
tentrion, aboutit par une grande rue à une aflez" belle Etienne le Géographe In voce 'AKamMnw- II femble,
mosquée, qui eft à fon midi, proche la marine, d'où l'on en lifant l'article Agoraus murus, qu'il y eut en Euro
HEL
HEL
un canton nommé tHeltefpont, de même qu'il y en avoit
un en Ane.
HELLESPONTUS, province d'Afie, dans la Phry-
gie, au nord de la Troade. Elle étoit déjà diftinguée
de la Phrygie, du tems d'Augufte , puisqu'elles font nom-
mées l'une & l'autre dans le partage de cet empereur.
Elle étoit auffi alors de la proconfulaire. La Notice de
l'Empire , que l'on croit faite fous Conftantin , compte
l'Hellefpont entre les dix provinces du diocèfe dAfie.
Le géographe anonyme de Godefroi , Expofit. todus
mundi , après avoir parlé de l'Afie proprement dite ,
ajoute : après cela eft l'Hellefpont , pays fertile où l'on
recueille du bled , du vin & de l'huile en abondance.
Ses villes font Troie, llion & Cyzique qui eft plus grande.
Elle eft belle, bien bâtie & ornée au-delà de toute expres-
fion. Il parle ensuite de la beauté des femmes, dont Ve-
nus l'avoit gratifiée. On voit par ce pafTage que l'Hel-
lespont étoit la partie feptentrionalede la Troade, &C qu'il
comprenoit encore une partie de la petite Myfie. La No-
tice de Hieroclès met pour vingt- unième province de
"îempire d'orient celle de l'Hellespont , gouvernée par
un homme confulaire, & lui donne trente villes, favoir,
ckde-i
1*5
ils allèrent à la montagne d'A-
Cyzique , métropole ,
Proconefe ,
Exoria ,
Barispe ,
Parium ,
Lampsaque,'
Molis ,
Germa; ,
Aptaiis ,
CergE ,
Sagara ,
Adriani ScThera;,
Abydos ,
Dardanum*,
llion ,
Troas, (Alexandrie,)
Scamandre,
Polichna ,
Poëmanentos,
Artemée,
Recita ,
Bladus,
Scelenta,
Hera;,
Pionia ,
Coniofine,"
Argiza ,
Xius Tradus ,
Manda Canda,
Ergafterion ,
Mandras ,
Hippi ,
Cifideron ,
Sceplîs.
Quoique le titre de cette province , dans la Notice ,
promette trente villes , on y trouve néanmoins trente-
quatre noms. La Notice de Léon le Grand réduit ce
nombre à treize.
Les voici.
Cyçici,
Germes ,
Lampsaci ,
Âbydi,
Poëmanii ,
Dardani,
Oces,
nu,
Bareos,
Troadis ,
Adriani Venants
Pionia ,
Et
Melitopokos.
L'archevêque de Cyzique étoit exarque de tout l'Hel-
lespont. •
HELLEVIONES. Voyez Hillevions.
HELLOPES, ancien peuple de l'Epire , félon Pline,
/•4, c. i. Etienne le Géographe dit HeUopia ou ELlopia.
Voyez Ellopia 3.
HELLOPIA. Voyez Ellopia 3.
HELLUM, Helleum, village d'Allemagne , furie
bord de FUI. C'eft le même lieu qu'ELCEBUS. Voyez
ce mot.
HELLUS ou Elius , nom latin de l'IU , rivière d'Al-
lemagne.
HELLUSII. Tacite nomme ainfi le même peuple que
Pline appelle HlLLEVlONES. Voyez ce mot.
HELMANDICA. Voyez Salmantica.
HELMATI : le père Hardouin met un fiége de ce
nom en Angleterre , & cite Humbritus , qui en étoit
évêque, l'an 833.
HELMEANENSIS , fiége épifcopal d'Angleterre.
Herfaftus en étoit évêque , l'an 1071. * Harduin. Col-
left. conc.
HELMODENES , peuple d'Arabie , félon Pline ,
/. 6 , c. 18. Il avoit une ville nommée Ebode.
HELMON-Deblataïm , lieu de la Paleftine , fur
le torrent d'Amon, Numer, c. 33 , v. 46. Les Israélites
HELMONT, petite ville des Pays-bas , dans le Bra-
bant Hollandois , au quartier du Peelland, dont elle eft
la feule ville : elle eft fituée fur l'Aa , rivière qui prend
fa^fource dans le marais , & qui abonde en poiflons.
C'eft une feigneurie afiez confidérable , qui relevé du
conseil de Brabant à la Haye. Elle appartenoit autre-
fois aux feigneurs de Berler & Keerberghe , Sr. a paffé
dans la famille de Cortenbac , & appartient aujourd'hui
à celle d'Arenberg. Il y a un fort beau château , près du-
quel étoit autrefois un monaftere de chanoineffes régu-
lières. "Le feigneur d'Helmont le fit brûler , parce qu'il
fervoit de retraite aux troupes de Martin de RofTem ,
qui faifoient de grands ravages dans ce pays. Le comte
de Hohenlo s'élant rendu maître de la ville de Helmont,
en 1588 , elle fut réduite en cendres , excepté une feule
maifon Scie château. Depuis ce tems elle a été rebâtie;
mais il s'en faut bien qu'elle foit aujourd'hui auffi confi-
dérable qu'elle l'étoit auparavant. Les habitans de ce
lieu prétendent être exemts des péages dans tout le Bra-
bant, & avoir divers autres privilèges. La réfidence con-
fifte en un droflart , deux bourg-meftres , rk fept éche-
vins , qui font établis par le feigneur. C y a une aflèz
grande églife pour les Proteftans , dont le miniflre va
auffi prêcher à Rixtel. Il fe tient à Helmont un marché
toutes les femaines , tk quatre foires tous les ans , fa-
voir le famedi avant la fin de Mars, le famedi après la
S. Jean, le famedi après le premier Septembre , & le fa-
medi d'après le a 5 Novembre. * Janiçon, Etat préfent
des Provinces-Unies , t. a, p. 138.
HELMSLEY, bourg d'Angleterre , dans la province
d'Yorck. On y tient marché public. * Etat préfent de la.
G. Bret. t. I.
1. HEL.MSTADT. Quelques-uns écrivent Helme-
fiadt, entr'autres , Herman Conringius , de antiquiffimo
fiatu Helmejladii & Vicinitz conjecturée, Helmeftadii 1665.
D'autres ont écrit Halemfladt fa) ; d'autres enfin, comme
Zeyler Q>) , Helmftat , ville d'Allemagne, dans le du-
ché de Brunswig , auprès d'un agréable bois , nommé
l'Elm, d'où lui vient fon nom. Elle eft à quatre milles
de Wolfenbutel. C'eft, après Bardewick, la plus an-
cienne ville de Saxe. Chariemagne la bâtit & la fortifia,
en 78a, à la prière de Ludger, afin de fervir d'afyle à la
religion Chrétienne , que l'on prêchoit alors aux Sorabes
& aux Vilhes qui venoient d'être fubjugués. S. Lud-
ger , étant évêque de Munfter , y établit un monaftere
ce Bénédictins , & le fournit à celui de Werden ou Wer-
thin , qui eft dans le diocèfe de Cologne , fur la Roër,
& qu'il ne faut pas confondre avec l'évêché de Verden
ou Ferden. Ces deux monafteres furent long- tems unis
fous un même abbé. En 1489, Antoine, abbé de Ver-
den & de Helmftadt, vendit la ville de Helmftadt dont
il étoit feigneur, à Guillaume de Brunswig, duc de"\Vol-
fenbuttel. ( D'autres difent qu'il ne la lui donna qu'à ti-
tre de fief.) Ce prince en prit pofleffion l'année fuivante.
Helmftadt, avec fon fauxbourg, nommé OfiendorjJ , eft
allez belle ; elle eft entourée de murs, de foifés cVde rem-
parts , & pouvoit pafTer autrefois pour une place allez
forte. Il y a trois églifes , fous l'invocation de S.Etienne,
de S. Auguftin &: de fainte Walburge. Hors la ville il y
a deux monafteres; l'un à l'orient, c'eft celui que S. Lud-
ger fonda : on y voit encore la première chapelle qu'il
y bâtit. De l'autre côté, ou au couchant, Volfrram, abbé
de Helmftadt & de Werden , fonda, en 1181 , un mo-
naftere de filles , fous l'invocation de Notre-Dame , où,
en 1135 , il y avoit cinq chapelains , quarante religieufes
de chœur , & dix converses. Le principal ornement
qu'ait à préfent cette ville , c'eft fon univeriité fondée
par le duc Jules de Brunswig, & inftallée le 15 Oftobre
1 576. Elle eft nommée, en latin, Julia Academia. On y
donne les degrés dans les trois facultés de théologie ,
de droit & de médecine ; les profefTeurs font de la con-
feffion d'Augsbourg. Il y a un beau collège, nommé Ju-
leum novum ; la bibliothèque eft allez belle. *(a) Bail-
let , Topogr. des faints. (b) Brunswic. Topogr. p. 112.
a. HELMSTADT, ville de Suéde, dans la province
de Halland , dont elle eft la capitale. Baudrand , edit.
1705, la nomme Hdmllede; & Hubner, Geoçr. p. 696,
la nomme en latin Helmqftadium : elle eft à neuf milles
d'Helfingor, & à cinq de Falckenbourg , fur la côte.
Ù6
HEL
HEL
Chriftian IV, roi de Dannemarck, l'avoit fait fortifier;
mais, par le traité de Bromsbro , il la céda aux Suédois ,
qui la poiTédent depuis l'an 16^. * H/Jl.de Danem.
HELODES, 'EjJftt, ifles de la mer Caspienne, fur
la côte d'Albanie, félon Ptolomée, /. <f , c. 12. Mais ce
nom eft moins le nom propre de ces ifles , qu'une épi-
thète, qui fignifie qu'elles étoient marécageulés , baiïes
Se humides. L'exemplaire de la Bibliothèque Palatine
porte qu'il y avoit deux ifles.
HELON , ville ancienne de la Paleftine , dans la tribu
de Juda : elle fut donnée aux Lévites , Parai. L. i, c. 6,
v. 58. D. Calmet conjecture que c'eft la même que CAo-
lon ou Olon , dont il eft parlé dans le Livre de Jofué,
c. iy,v,iU'.
HELORUM CASTELLUM. Voyez l'article qui fuit.
1. HELORUS, rivière de Sicile, fur la côte orien-
tale de i'ifle , dans fa partie méridionale : elle avoit fa
fource auprès à'Acrcc , d'où, ferpentant vers le midi, Se
recevant une autre rivière , comme fi elle eût dû paffer
à Casmene , elle fe recourbe vers l'orient méridional ,
& fe perd dans la mer de Sicile. Son nom moderne eft
VAtellara ou Abijfo. Affez près de fon embouchure , Se
vers le nord , fur le chemin , qui va de Pachinum , le
long de cette côte , étoit la ville à'Elorum ou Helorum,
dont ce chemin prenoit le nom de Via Eloria ou Helo-
ria. Entre cette ville Se l'embouchure de la rivière étoit
un château nommé Eloram ou Helorum cajlellum. En-
tre Casmene Se l'embouchure de V Helorus eft. un canton
délicieux , que l'on nommoit Heloria Tempe. Ovide ,
Fajl. I.4, v.jlEj, lenommeainfi. Virgile vante la bonté
de fon terroir dans fon Eneïde , A3, v. 698 :
Pmpingue folum Jlagnantis Helor'u
Cette épithète de Jîagnans , qui fignifie une rivière qui
coule lentement , Se que l'on prendroit pour un lac , ne
s'accorde guères avec le Clamofus Helorus de Sihus Ita-
licus , /. 14, v. 270. Vibius Sequefter fait couler cette
rivière dans le territoire de Syracufe. Helorus Syracufa-
rum à quo civitas ; ceci eft bien obscur, pour dire que
cette rivière donne fon nom à une ville. Etienne eft plus
clair ; il dit : Helorus , ville de Sicile , ainfi nommée
de l'Helorus qui eft vers le promontoire Pachinum.
x. HELORUS , ville de Sicile. Voyez l'article pré-
cédent.
3. HELORUS , ancienne rivière d'Italie , dans la
grande Grèce, entre Caulonia & Crotone , félon Dio-
dore de Sicile , cité par Ortélius. Mais je trouve dans
l'édition latine deRhodoman, /. 14, c. io<(. Etjambo-'
nam icineris partem emenjî , ad Helorim jluvium cajlra
locabant, Sec. Ainfi cette rivière , auprès de laquelle De-
nys remporta une victoire , s'appelloit Heloris , Se non
pas Helorus. Le même fait eft rapporté par Polybe, /. 1,
c. 6 , & il nomme cette rivière 'Ewiésropov ima/to/ ,
Elleporus ; mais la verfion latine porte ad Elorum am-
nem.
1. HELOS , ancienne ville de Grèce, au Pelopon-
nèfe , dans la Laconie , affez près de la mer, Se au fond
du golfe Laconique, à trente ftades d'Acriœ, c'eft-à-dire
à trois mille fix cens pas. Elle étoit fort petite. Homère
l'appelle maritime dans le fécond livre de l'Iliade, v. 91.
On n'en voyoit plus que les ruines du tems de Paufanias,
in Lacon. c. 22. Les Lacédémoniens fe rendirent maî-
tres d'Helos, fous le régne de Sous , (Plutarch. inLy-
curgo,") en rendirent les habitans esclaves ; 8e les em-
ployoient à labourer les terres , Se aux ouvrages les plus
pénibles Se les plus méprifés : avec le tems , le nom des
Helotes , Heilotes ou Ilotes , devint un nom général de
tous les esclaves publics : on le donna aux Mefféniens ,
après qu'on les eut dépouillés de leur pays , Se privés de
la liberté. On peut voir, dans la Vie de Lycurgue, avec
combien de dureté Se de mépris ils étoient traités par
leurs maîtres. Voyez l'article ILOTES. Strabon, l. S,
p- 265 , dit que la ville de Sparte fe fournit fes voifins,
de manière qu'ils jouiffoient avec elle des mêmes loix Se
du même gouvernement ; qu'ils étoient également admis
aux charges , & qu'on les nommoient Heilotes ; mais
qu Agis , fils d'Euryfthène , leur ôta ce droit , Se les
força de payer tribut aux Lacédémoniens ; que les He-
leiens , qui poffédoient la ville d'Helos , furent les feuls
qui s'oppoferent à ce décret ; qu'ils furent vaincus , Se
réduits en un esclavage d'autant plus rigoureux ," qu'jj
n'étoit pas permis au maître d'un tel esclave de l'affran-
chir ni de le vendre hors du pays. Cette guerre fut
appellée la guerre des Heilotes. Mais ce fut Agis qui ré-
gla l'état des Heilotes , qui dura jusqu'à la conquête de
Lacédémone par les Romains. Les Lacédémoniens s'en
fervirent comme d'esclaves publics , leur affignant des
maifons particulières , Se leur impofant des tâches Se des
corvées.
2. HELOS , ancien nom d'un lieu du Peloponnèfe ,
dans la Meffenie , félon Pline, /. 4, c. <;. Strabon rap-
portant un paffage de l'Iliade , où il eft dit :
Ékoi r'1'tpa.hoy 5J?o?iiV/£ji'. . ,
c'eft-à-dire Helos , voifine de la mer , dit : quelques-uns
entendent par Helos un certain lieu auprès de l'Alphée;
d'autres entendent Helos une ville pareille à celle de La-
cédémone ; d'autres entendent Helos , auprès de Halo-
rium où eft un temple de Diane Eléenne , dont le fa-
cerdoce dépendoit des Arcadiens. Le paffage de Strabon
eft cité par le P. Hardouin , comme s'il y étoit queftion
du même lieu ; mais fi l'Helos de Pline étoit dans la Mes-
fénie , il ne pouvoit être auprès de l'Alphée : il étoit
dans l'Elée. De plus Halos, dans le voifinage de Halo-
rium, étoit certainement dans l'Elée, Se par conféquent
différent de l'Helos , que Pline nomme entre Methone
& Afine.
3. Il y avoit donc trois Helos au Peloponnèfe ; l'une
dans la Laconie ; l'autre dans la Meffenie , & la troifiéme
dans l'Elée auprès de l'Alphée. Il n'y avoit que la pre-
mière qui fût une ville ; la féconde étoit Amplement 1
lieu fans autre qualification, Sela troifiéme pouvoit avoir
été une ville ; mais comme elle ne fubfiftoit plus , on ne
convenoit point de fon ancien état.
4. HELOS , ancienne ville d'Afie , dans l'Ionie , au-
près d'Erythres. Elle ne fubfiftoit plus du tems As Pline
qui en fait mention , /. 5 , c. 2.9. Il la nomme, avec deux
autres, favoir Pteleon écDorion. Etienne le Géographe
dit de même , Se Pteleon , Se Helus Se Dorion ; Se cela
eft écrit en forme de citation, immédiatement après ces
mots Helos , ville de la Laconie. Cela a donné lieu à '
Ortélius de croire qu'Etienne avoit donné ces trois noms
comme fynonimes , Se ne lignifiant qu'une même ville ;
ce qui feroit une faute. Le paffage de cet ancien géogra-
phe a été eftropié par fon ftupide abbréviateur. Ce font
trois anciennes villes.
y II y avoit auffi Helos en Egypte, félon Etienne le '
Géographe.
HELOSENSIS , fiege épiscopal de la Gaule. Gré-
goire de Tours , Hijl. Franc. I. 8 , c. 22 , p. 394 , nomme
Laban, Helofenfis. Ortélius, Thefaur. conjecture que ce
doit être le même fiege q\\' E lu/anus , aujourd'hui Eaufe;
& fa conjecture a été fuivie par D. Ruinart , moine Bé-
nédictin.
HELPHA, Voyez Porphyreum.
HELPRA , nom d'une rivière , de laquelle il eft fait
mention dans la Vie 4e S. Humbert. Elle doit être dans
la Belgique , Se même dans le Hainaut , au jugement
d'Ortélius , Thefaur.
HELSINGBORG, ville, port 8e château de Suéde,
dans la Schone, fur l'Ôrefund, vis-à-vis de Cronenbourpi.
Les Danois s'en rendirent maîtres, en 1709, mais ils la
gardèrent peu. *Baudrand, éd. 1705. Hubner , Géogr.
p. 697.
HÉLSINGEN ou la Helsingie. Voyez Helsingie.
HELSINGFORD, ville de Finlande, dans le canton
de Nyland , fur le golfe de Finlande. Elle eft fort petite ,
& a un port affez commode. Elle a été bâtie par Gus-
tave Ier. * Hubner , Géogr. p. 702.
HELSINGIE, province de Suéde : Hubner la nomme
Helfingen , Baudrand & Corneille difent Helfinghland ;
Elle eft bornée au nord , par l'Iempterland Se par la Mé-
delpadie ; au couchant Se au fud-oueft par la Dalécar-
lie , au midi par la Geftricie , & à l'orient par le golte
de Bothnie. Elle eft traverfée, da:is fa longueur , par la
rivière de Liusna, qui reçoit la rivière de NVoxna, un
peu avant que de fe perdre dans le golfe de Bothnie ,
auprès de Soderham. Ce lieu , Se celui d'Hudwick?--
wald , qui eft à l'embouchure de la rivière d'EckfunJ,
font fur la côte , Se les principaux de la province.
HEL
HEL
3*7
HELSINGOR Helsingohr.Elseneur; Helfmgo-
ra. Ville de Dannemarck, fur l'Orefund, dans Fille deSe-
lande , au nord de Coppenhague. Elle eft remarquable
par l'obligation impolee à tous les vai fléaux qui parlent
par le détroit de mouiller devant cette ville , d'y dé-
clarer leur charge, & d'en payer une douane au roi de
Dannemarck. Cette ville fut revêtue de murailles, fous le
régne de Chriftian tIV, Se eft peuplée non - feulement
de Danois , mais de citoyens de diverses nations. Elle
Ait brûlée, en 1288, par le roi de Norvège; Se les ha-
bitans fe réfugièrent dans la forterefle de Flunderburg, ou .
Flundersbourg, qui étoit au midi. On bâtit ensuite le fort
à'Orekrage, dans le même lieu où eft préfentement Cro-
nenbourg. Eric, de Pomeranie , roi de Dannemarck, ac-
corda, en 1425, des droits Se des privilèges à la ville, Se les
franchifes pour dix ans à ceux qui y bàtiroient des maifons
de bois , Se de vingt ans pour ceux qui en bâtiraient de
pierres. Sous Chriftian II , les villes hanféatiques la rui-
nèrent de nouveau, en 1 5 il ; mais elle fe releva en peu de
tems. Elle fouffrit beaucoup pendant le fiége_deCronen-
bourg, en 1658, par les Suédois ; mais elle fut rendue au
toi de Dannemarck, après la paix, en 1 660. Cette ville eft
la patrie du fameux Jean - Ifaac Pontanus. Il y naquit ,
quoique les parens fuffent de Harlem : il fut ensuite doc-
teur en médecine, Se profefTeur dans l'univerfité de Har-
derwic en Guldres , Se joignit à cette qualité celle d'his-
toriographe durai de Dannemarck Se de la province de
Gueldre : fes ouvrages font fouvent cités dans ce Dic-
tionnaire. * Hermanid. Dan. Descr./>. 611.
HELSTON , bourg d'Angleterre , dans le comté de
Cornouailles, à deux lieues de Falmouth, du côté du cou-
chant. C'eft un des quatre bourgs où Ton marque l'étain
de Cornouailles. Ce bourg envoie fes députés au parle-
ment. * Baudrand, éd. 1705. * Etat préf. de laG.Bret.
t. 1.
HELTA. Corneille , Dici. géogr. dit : ville de Tran-
filvanie , habitée par les Saxons ; elle eft , dit-il , à une
lieue de Zeben ou d'Hermanffad , Se renommée par les
faucilles qu'on y fait. C'eft tout au plus une bourgade.
HELTHECEM. Voyez Elteke.
HELTOLAD. Voyez Eltolad.
HELVA. Voyez Elvia.
HELVECONvE , ancien peuple de la Germanie. Il
faifoit partie des Lygiens , félon Tacite , de Mor. Germ.
e.4\.
HELVELDII. Voyez au mot Slavi.
HELVETII : ce nom a une lignification bien diffé-
rente pour l'étendue , dans les anciens auteurs , Se dans
les modernes. Ces derniers nomment ainfi la république
des SuifTes , avec toutes fes dépendances , Se dans ce
fens , les treize cantons Se leurs alliés font appelles le
corps Helvétique. Voyez au mot Suisses.
Dans les écrits des anciens, c'eft un peuple particulier,
nommé les Helvetiens , qui faifoient partie de la Gaule ,
& étoient divifés en quatre cantons. Cefar nous apprend
en même tems les bornes 8e les qualités de ce peuple.
Les Helvetiens , dit-il , l. 1 , c. z , font enfermés de tous
côtés par des bornes naturelles. D'une part le Rhin ,
fleuve très-large Se très-profond, les fépare des Ger-
mains. D'une autre, le Jura , montagne très -haute , Se
entr'eux font les Sequaniens. Troifiémement le lac Lé-
man , Se le Rhône les féparent de notre province. Il
ajoute : refferrés de la forte , ils ne pouvoient ni s'éten-
dre par des courses , ni faire aifément la guerre à leurs
voifins. La prodigieufe quantité d'hommes qui fe trou-
vent dans un pays qui n'avoit au plus que deux cents qua-
rante mille pas de longueur , Se cent quatre-vingt mille
de largeur , engageoit ce peuple courageux à tenter des
conquêtes. Cefar dit qu'ils entrèrent dans la Gaule ,
avec le deflein de la conquérir. Ils commencèrent par
b-ûler douze villes & quatre cents villages qu'ils avoient,
& perfuaderent aux Rauraques, auxTulinges Se auxLa-
tebriges de faire la même chofe , Se de fe joindre à eux.
-Ils s'apurèrent auffi des Boïens qui avoient pane dans
le Norique. Il y avoit deux forties de leur pays pour en-
■ trer dans la Gaule , l'une étroite par Genève , l'antre
par les Sequaniens & les jEdui. Cefar leur avant fermé
le premier paffage , ils tentèrent le fécond ci parlèrent
mêrre la Saône ; un quart de leur armée étoit encore au-
. delà de cette rivière, quand Cefar fondit defîus , les bat-
lit Se les força de s'enfuir dans les forêts voifines. Il dit
que c'étoit le canton de Zuric qui fut batu , Tigurinus ■
pagus Se avertit en même tems que les Helvetiens étoient
partagés en quatre cantons. Il n'en nomme que deux ,
Tigurinus Se Urbigenus pagus. Pendant la nuit , fix mille
hommes du canton nommé Urbigenus , foit par la crainte
qu'on ne les fît périr , après les avoir desarmés , foit par
l'espérance de pouvoir fe fauverSe cacher leur fuite dans
le grand nombre de ceux qui s'étoient rendus , fortirent
du camp des Helvetiens , Se prirent la route du Rhin Se
des frontières de la Germanie. Voyez Urbigenus. Cefar
n'ayant nommé que ces deux cantons des Helvetiens,
on a cherché les deux autres dans les autres auteurs an-
ciens ; Se on a cru les trouver dans un paffage de Stra-
bon , /. 4 , où il dit queMarius, vainqueur des Cimbres
Se de leurs alliés, récompensa les Maffiliens des bons fer-
vices qu'ils avoient rendu contre les Ambrons Se les Tu~
geni. Eutrope , /. "j, c. 1 , dit : Marcus Manlius Se Caïus
Cépion furent vaincus auprès du Rhône par les Cim-
bres , les Teutons , peuple de Germanie , les Zuriquois
Se les Ambrons qui étoient des Gaulois. Tite-Live,
Epitom. L 65 , au commencement de la guerre des Cim-
bres, ne fait mention que des Zuriquois : Lucius Caffius,
conful, fut, dit-il , battu avec fon armée , fur la frontière
des Allobroges, par les Zuriquois, peuple Gaulois,d'un can-
ton des Helvetiens. Le même auteur dit, /. 68 : C. Marius,
conful , défendit le camp que les Teutons Se les Ambrons
attaquoient vigoureufement ; enfuite il les tailla en piè-
ces dans deux batailles auprès d'Aix. Plutarque parle fou-
vent des Ambrons. Voyez leur article particulier. Le
peuple Tugeni , que l'on explique par le canton de
Zug , a fait moins de bruit que les Ambrons , dans les
écrits des anciens ; mais il fuffit qu'il fe trouve dans Stra-
bon , qui le nomme Tmryz'vot. Voyons préfentement
comment on diftribue, entre ces quatre peuples ou can-
tons , le pays des Helvetiens entre le mont Jura, le Rhône
Se le Rhin.
Le canton de Zuric {Tigurini , ) étoit , dit-on , borné
par le Rhin Se la Linth , Se par une partie du mont Ju-
ra , vis-à-vis du confluent de la Linth Se de l'Aar. Le
canton de Zug (Tugeni,) étoit entre la Linth Se la Ruff,
Se la montagne où font leurs fources. * Cluvier. German.
Ant. /. 2, c. 4,/>. i].
Les Urbigenes avoient au couchant le mont Jura, de-
puis Genève jusqu'à la fource de la Byrse , qui fe perd
dans le Rhin auprès de Balle ; au midi, tout le bord fep-
tentrional du lac Léman ; Se à l'orient, laSaane Sel'Aar,
jusqu'au confluent de l'Orbe.
Les Ambrons avoient au nord le mont Jura , entre les
deux confluens de l'Orbe Se de la Linth ; au midi , la
chaîne des Alpes , qui eft entre les fources de la Saane
Se de la Linth ; au couchant, la Saane Se l'Aar ; Se à l'o-
rient , la Linth.
Quoique cette diftribution ne foit qu'une conjefture,
elle s'accorde affez avec ce que les anciens nous appren-
nent de ces peuples. On croit même trouver dans ces
cantons des traces de l'ancien nom.
Le canton des Urbigenes tire fon nom SUrba , aujour-
d'hui Orbe , nom commun à une rivière , à une ville
Se à un bailliage. Le canton des Tigurini a pu prendre
le fien de Tigurum, qui étoit apparemment une des douze
anciennes villes que les Helvetiens brûlèrent. Le nom de
Zuric qui en eft vraifemblablement dérivé , porte la mar-
que de fon origine. Il en eft de même de Zug , en latin
Tugehus pagus qui prenoit fon nom de Tugium autre
ancienne ville. Pour les Ambrons , il y a tout lieu de
croire qu'ils prenoient leur nom de la rivière <£Emmen,
autour de laquelle ils habitoient : on les nommoit Em-
meren en leur langue , Se les Romains en firent le mot
Ambrones.
Ainfi, à comparer les cantons des Helvetiens avec ceux
des Suiffes d'aujourd'hui , les Tigurini occupoient partie
du canton de Glaris , entre la Linth Se le Rhin , le Tog-
genbourg , le canton d'Appenzel , les terres de l'abbé de
S. Gall , le Turgo-çr, la plus grande partie du canton de
Zuric , Se la comté de Bade.
Les Tugeni poffédoient l'autre partie du canton de
Glaris, le canton de Schwitz Se la plus grande partie de
celui de Zug, une lifiere de celui de Lucerne, Se plus de
la moitié de celui d'Un.
Les Urbigenes avoient une partie du canton de So-
leurre , lavoir ce qui eft à l'orient de l'Aar , la princi-
328
BEL
HEL
pauté de Neuchâtel Se de Valengin , la plus grande par-
tie du canton de Fribourg , avec le pays de Vaux.
Les Ambrons avoient le refte du canton de Soleurre ,
presque tout celui de Lucerne ; une liffere du canton de
Fribourg , presque celui de Berne , celui d'Underwald ,
Se partie de celui d'Uri.
Les Grifons , la Valteline Se le Vallais ne faifoient
point partie des anciens Helvetiens, non plus que le can-
ton 'de Schafhoufe qui eft au-delà du Rhin ; il apparte-
noit à la Germanie. L'évêché Se le canton de Bade
étoient aux Rauraci, peuple différent des Helvetiens.
Voici une autre opinion. On convient avec Cluv.ier
des deux cantons nommés par Cefar ; celui des Tigu-
rini, Se celui des Urbigenes. On laifie au premier les mê-
mes bornes , excepté au couchant Se au midi qu'on l'é-
tend jusqu'au fécond ; de forte qu'ils font contigus l'un à
l'autre. A la place des Tugeni Se des Ambrons , on fubs-
titue les Aventicenses Se les Antuates. On prétend que
les Aventicenses avoient Aventicum (Avanches) pour
capitale, & qu'ils s'étendoient jusqu'aux Alpes Pennines,
c'eft-à-dire y compris tout le Vallais. On place le can-
ton des Antuates aux deux bords du lac Léman ; de
forte qu'au midi il étoit féparé des Salaffes , des Cen-
trons Se des Allobroges par des montagnes , que de-là
il s'étendoit au couchant jusqu'au mont Jura ; que pour
le refte il étoit borné par le canton d'Avanches. On al-
lègue pour preuve , que les Antuates font expreffément
nommés par Cefar , Se que plufieurs exemplaires ont
fubftitué mal-à-propos à ce nom celui de Nantuaus. On
convient que les mots S Aventicenjîs pagus ne fe trou-
vent point dans les écrits des anciens ; mais on trouve
dans Pline, Se fur les anciennes pierres, qu'il eft fait men-
tion des Aventici Se Avantici. On voit quAvanches
{Aventicum,) étoit une ville très-ancienne Se très-puis-
fante , Se qu'elle fut enfuite la capitale du pays ; &C
comme Urba Se Tigurum , c'eft-à-dire Orbe Se Zuric ,
donnèrent chacune le nom à un canton, il feroit étrange
qu'Aventicum fi fameufe , n'eût pas aufli donné lé fien
à un autre canton particulier. On trouve deux évêques
établis dans l'ancienne Helvetie, l'un à Avanches, &
l'autre à Windisch, (Vindomijfee •) Se comme la juris-
diftion eccléfiaftique fut d'abord réglée far la jurisdic-
tion civile , on peut en conclure que ces deux villes qui
devinrent épiscopales , étoient alors honorées du fiége
de deux préfidens Romains , dont l'un réfidoit à Avan-
ches , Se l'autre à Windisch. Le préfident Se l'évêque
d'Avanches gouvernoient encore le canton des Antuates.
Ceux de Windisch avoient fous leur jurisdiftion les can-
tons des Urbigenes Se des Tïgurini. II n'eft pas incroya-
ble que les quatre grands cantons fiiffent divifés en d'au-
tres petits , du nombre desquels étoient les Ambrons Se
les Tugeni.
L'auteur de l'Etat Se des Délices de la Suifle , t. i ,
part, i , c. 2 , a embrafle le premier fentiment : nous
trouvons , dit- il , dans Cefar les limites anciennes de
l'Helvetie. Il la borne d'un côté par le Rhin, qui la fé-
paroit de la Germanie ; de l'autre par le mont Jura, qui
la féparoit des Sequani , Se de l'autre par le lac Léman
Se par le Rhône qui la féparoient de l'Italie. Comme elle
étoit en-deçà du Rhin, elle appartenoit à la Gaule; d'où
Tacite appelle les Helvetii , nation Gauloife. Jules-Ce-
far, Strabon, Pline Se Ptolomée les ont placés dans la
Gaule Belgique ; mais Augufte, pour rendre les provin-
ces à-peu-près égales , mit les Helvetiens dans la Bel-
gique. Cellarius, Geogr. Ant. 1. z, c. 3 , avoit fait cette
remarque : ainfi Nicolas Sanson a donc tort de reprocher
à Plme Se à Ptolomée , dans fes Remarques fur la Carte
de l'ancienne Gaule , de n'avoir pas bien entendu Ce-
far , Se de foutenir que Cefar ne les y place point, mais
dans la Celtique. Toutes fes preuves deviennent inutiles,
puisque l'on convient que , du tems de Cefar, ils étoient
de la Celtique ; mais fous Augufte ils en furent détachés
Se unis à la Belgique. Revenons à l'Etat Se aux Délices
de la Suifle.
Il n'y avoit dans tout le pays , poursuit cet auteur ,
que douze villes Se quatre cents villages , qu'ils brûlè-
rent , pour aller chercher une nouvelle demeure dans
les Gaules ; mais le général Romain , les empêcha de
s'y établir ,^ Se les contraignit de retourner dans leur pays,
Se d'y rebâtir leurs villes Se leurs villages.
Tou:e l'Helvetie , comprife dans VHelvetm civ'uas ,
étoit divifée en qnatre cantons qui , quoique compris
fous le nom- général des Helvetii , avoient cependant
chacun un nom diftingué , Se un territoire féparé. Ce-
far nous apprend cette particularité ; mais il ne nomme
que deux de ces cantons , favoir Tcgurinus Se Urbige-
nus pagus. Strabon Se les_ hiftoriens qui ont écrit la
guerre des Cimbres , nous fourmffent les noms des deux '
autres cantons. En parlant de la victoire que C. Marius
gagna fur les Cimbres , ils mettent au nombre de leurs
alliés les Ambrons Se les Tugeni , peuples de l'Helve-
tie : aufli nous avons les noms des quatre cantons qui
compofoient l'ancienne Helvetie : favoir,
Pagus Urbigenus , Pagus Tigurinus ,
Pagus Ambronicus , Pagus Tugenus.
Les Urbigenes étoient les plus voifins de l'Italie ; ils
tiroient leur nom de la ville Urba, (Orbe) ville ancienne,
mais dont la fplendeur ne fut pas de durée ; car Aveuti-
cum (Avencke) lui enleva de bonne heure la gloire d'ê-
tre la capitale du canton , même de toute l'Helvetie.
Cette dernière dut fon élévation aux Romains qui', eri-
tr'autres faveurs y établirent une colonie. On comptoit
aufli du tems des Romains plufieurs autres villes confi-
dérables dans ce canton , favoir Colonia Equefiris ou
Noiodunum ? aujourd'hui Nyon ; Laufanna ou Lacus
Laufonius,3. préfent Laufanne ; Minnidunum ou Mi-
nodum, préfentement Mi'lden, Se en françois Meuldon;
Penejlica ou Petinesca , qui eft Buren , Se Eburodunum
ou Laferum Ebredunense , qui eft Yverdun.
Les Ambrons n'avoient , félon Cluvier , que deux
villes, Salodurum Se Vindonifa ; Se l'on ne peut rien
dire fur l'ancienneté de la première ; car les deux plus
vieux monumens qui en faflent mention , font la table
Théodofienne (ou de Peutinger) 8e l'Itinéraire d'Anto-
nin , qui peut être du même tems. On ne peut douter
que Soleurre ne foit la même ville que Salodurum : à
l'égard de Vindonijja , fon ancienneté eft encore plus
confiante ; car Tacite en fait mention. Les géographes
prétendent que l'on trouve aujourd'hui des veftiges de
cette ville dans le village de Windisch , au canton de
Berne ; Se fi les noms ont aflez de rapport, la pofition
ne convient pas mal , non plus à celle que lui donnent
la Table de Peutinger Se l'Itinéraire.
Le Pagus Tigurinus tiroit fon nom de la ville de Ti-
gurum , aujourd hui Zurich. Il n'y a cependant pas un an-
cien écrivain , qui fafïe mention de la ville. Il eft à croire
qu'elle fut du nombre de celles que les Helvetiens brûlè-
rent , lorsqu'ils formèrent le deflein de s'aller établir
dans les Gaules. Les autres villes de ce canton étoient
Forum Tiberii , Arbor Félix , ad fines , Vitodurum,Ga-
nodurum. On croit que les quatre premières fubfiftent
encore dans Keyferfiuhl, Arbon , Pfin Se Winterthurny
mais pour la dernière on ne fait ni fa fituation , ni le
fort qu'elle a eu.
Strabon eft le feul des anciens , qui fafle mention de
Pagus Tugenus. Il eft vraifemblable qu'il tiroit fon nom
de la ville Tugum ou Tugium , encore à préfent capitale
d'un ^canton. On peut dire que le nom eft abfolument
le même ; car dans plufieurs noms de villes , qui , chez
les Romains, commençoient par la lettre T, les Germains
changeoient cette lettre en Z : de Taberna ils firent Za-
bern ; de Tolpiacum , Zulpich ; Se ainfi de Tugum , ils
ont fort bien pu faire Zug.
Nous avons dit que les Helvetiens furent de la Celti-
que , du tems de Jules-Cefar , Se qu' Augufte les rangea
fous la Belgique ; ce ne fut pas immédiatement ; car il
les mit d'abord fous la Lyônnoife ; mais cet état dura
peu , Se lui-même ou quelqu'un de fes fuccefleurs les
mirent fous la Belgique. Après Conftantin, ils fe trouve-,
rent avec les Rauraques Se les Sequaniens , dans la pro-
vince nommée Maxima S equanoru m ; Se peu-à-peu leur
nom d1 'Helvetiens fe perdit, Se fit place à celui as Sequa-
niens. Eutrope en fournit la preuve, quand il dit : Cefar
vainquit , en premier lieu, les Helvetiens que l'on appelle
préfentement Sequaniens. Depuis l'empire de Conftan-
tin , les Allemands fe jetterent dans l'Helvetie, Se en in-
commodèrent fort les habitans. Il fallut , pour les borner,
leur en céder une partie , les Burgundions ou Bourgui-
gnons envahirent l'autre, de manière que l'Helvetie fe trou-
vant partagés entre ces deux peuples , prit le nom A' Al-
lemagne
HEL
lemagne. & àe Bourgogne., Sous les empereurs François,'
la partie Allem'ande fut gouvernée par le duc d'Allema-
gne & de Suabe : l'autre obéifîbit à des comtes. Cette
forme de gouvernement fubfifta très-long-tems., jusqu'à
ce qu'après treize cents ans de fujétion , ce pays recou-
vra fbn ancienne liberté, en s'affociant divers états voi-
6ns , qui n'étoient point de l'ancienne Helvetie , mais
qui font du corps Helvétique d'aujourd'hui. Vojez Suis-
- HELVETIORUM Eremùs : ces mots , dans les
écrivains modernes , lignifient EinJÎ Deln ; mais dans
Ptolomée, /. 2, c. 1 1, ils fignifient une grande foret, que
nous appelions aujourd'hui la 'Foret-noire , en allemand
Schwarqwald. Voyez Martiana silva.
HELVETUM , ancienne ville de la Germanie pre-
mière , félon Antonin , entre Mons-Brifacius & Argen-
toratum , à vingt-cinq mille pas de la première , & à
trente mille pas de la féconde. Simler croit que c'eft
SchUfiadt. Ce nom eft écrit Helvetum dans l'exemplaire
du Vatican. D'autres portent Elcebus. Voyez ce mot.
HELVIARicina. Voyez Recanati ôcRicinen-
SES.
HELVIENS, (les) Helvii, ancien peuple de la Gaule,
Sanfon en parle ainfi, dans fes Remarques fur, la carte
de l'ancienne Gaule : Ceiar étant bien entendu , place
ce peuple in Provincid Romanorum , c'eft-à-dire dans
la Gaule Narbonnoife : Strabon les a eftimés in Aqui-
tenids: mais Pline, Ptolomée, la Notice des provinces
& cites de la Gaule , & l'ordre que nous voyons à prê-
tent dans l'Etat eccléfiaftique , qui a été formé fur le ci-
vil des anciens , font voir que les Helvii ont été de la
Gaule Narbonnoife ; & on convient qu'ils repondent au
Vivarais , dont l'évêché de Viviers repond à Vienne
en Dauphiné , qui eft l'une des métropoles de la Gaule
Narbonnoife. Belle-Forêt les prend pour les Albigeois.
iVoyez Alba Helviorum.
HELVILLUM , lieu d'Italie. L'Itinéraire d' Antonin
le met à quatorze mille pas de Calle , en allant à An-
cone. Cluvier, Ital. Ant. croit que c'eft préfentement
Sigello, bourg de la Marche d'Ancone, aux confins du
duché d'Urbin , au pied de l'Apennin.
HELVINA , fontaine d'Italie , dans le territoire d'A-
tnuno , où l'on dit qu'elle eft encore nommée ELvino
Juvenal,/a/. 3, v. 318, dit:
. Et quoties te
Roma uio refici properantem reddet Aquino ,
Me quoqueadHtlvinam Cererem , vellramque Dianam,
Convdle à Cumis.
Sur quoi l'ancien commentateur obferve qu'à Aquino
on adoroit les mêmes déeffes que dans les Gaules. Cette
explication eft plus obscure que le texte même. Cerès
eft nommée ELvina ou Helvina Ceres , parce qu'elle
y avoit une chapelle auffi-bien que Diane ; & on pré-
tend que l'on voit encore quelques reftes de temples au-
près de la fontaine Elvino. Ortélius, Thïfaur. cite
la-deflus les recueils de Scopa, & ajoute : cet auteur
croit , & Brodeau le croit auffi, que ce furnom n'eft
qu une épithéte tirée de la langue gréque , & qu'elle
fignifie la même chofe que le Flava des Latins : nous
dirions la blonde Cerès.
HELVINUM : Ortélius, Thefaur. trompé par quel-
ques éditions de Pline, & par Niger, fait couler en
Italie , dans le pays des Samnites une rivière de ce nom.
En effet, dans l'édition deDalechamp, /. 3, c. 13 , on
lit : Flumina Alpulates , Suinum , Helvinum quo 'fini-
tur Pmtutiana regio & Piandumincipit. Mais les ma-
nuscrits le rétablirent ; & le P. Hardouin y a trouvé
t Lumen Albula, Terrium quo finitur Prcetudana reno
G ' ficenuum incipu : amfi ces trois prétendues rivières
Alpulates, Suinum, Helvinum, fe reduifent à une feule
nommée Albula, aujourd'hui la Ragnola, dans la
Marche d Ancone, & à l'embouchure de laquelle étoit
I ervinum, aux confins des Pratutiens & des Picentes.
Un copifte aura joint la fyllabe Ter, de Tervium , au
mot Atbula, dont un autre aura fait Albulates ,
ou, lelon la prononciation Germanique, Alpulates-
& de vmm qui refto.t , les uns auront conjecturé que
ce devoit être Suinum , & d'autres Helvinum, après
quoi , ces deux mots inférés dans le texte , auront
oblige les copiftes poflérieurs à changer Flumcn en
HEM
329
Flumina. Cluvier , liai. Ant. I. % , ç. 1 X ,p. 73 5, trompé
par le paffage corrompu de Pline, prétend trouver ces
trois rivières. Selon lui, VAlbulaies eft la Liberata%
ou Librata, ou Libraii , mot qu'il croit s'être formé de-
1 ancien, par degrés , de cette manière AlbuUtes , Au-
bulate, Aubrau , par le retranchement d'un u , & le
changement d'une / en r, & enfin par l'addition de l'ar-
ticle Laubrau, Laubrad, & enfin Librad : cette éty-
mologie eft fondée fur rien. Cet auteur croit que Sui-
num eft préfentement le Sino : il doute fi le Salino-
a ion embouchure , n'a pas été autrefois nommé Sui-
num ; & comme il trouve dans la Table de Peutin-
gerune rivière de ces quartiers-là , nommée Fl. San-
NUM , il n ofe décider fi originairement il y avoit Sui-
num ou Sahnum. A l'égard à' Helvinum Flumen iL
juge que ce ne peut être que Salinello ; & comme la,
Table de Peutmger met ce Pays dans Fl. Nermnum,
il croît que c eft un mot corrompu de celui de Helvinum.
Baudrand, édit. 1682, cite fur le mot Helvinum Pto-
lomée auffi hardiment que s'il eût trouvé cette rivière
^LF" auteur à <P" eiIe eft ablolument inconnue.
HELURI. Voyez Hela.
. HELUSANI. Voyez Elusa.
. HEMA : Herodien nomme ainfi un lieu que Jules Ca-
pitolm appelle Hjemona. C'eft I'Emona de Ptolo-
mée , entre l'Italie & le Norique , ck la même qa'JE-
mona , qui eft Laubach,
HEMASA, ville de Syrie ; c'eft la même qu'E-
HEMASINI, ancien peuple de la Dalmatie , félon
rlrJ-,£;,^- ,11 en P^ comme d'un peuple qui
ne fubfiftoit déjà plus. .:
HEMATH. Voyez Epiphanie , ville de Syrie
HEMBERG, félon YEtat&Dél. de la Suil t V
P- Îi75/illage de Suiffe, dans les montagnes; au pays
de Tockenbourg : les deux religions y font également
TSnclmnfe communautés du Thourthal.
HEMEROSCOPIUM , ville d'Efpagne , félon Avie-
nus , Ora marit. v. 476 , qui dit :
Stériles Ar
Littus ex tendit dehinc, ■
Hemeroscopium quoque
Habit ata pridem hic civilas. Nunc jam folùm
Vacuum incolarum languido flagno madet.
Strabon dit, /. 3 , p. 159: Hemeroscopium eft très-cé-
lebre, & il y a fur le promontoire un temple confacré
a Diane d'Ephèfe ; cette remarque fait connoître que
c eft le même heu qui fut enfuite nommé , à caufe de
ce temple, Dianium, aujourd'hui Dénia. Le nom
d Hemeroscopium lui avoit été donné à caufe d'une tour
qui fervoit à découvrir de loin , en latin Spécula : c'é-
tait , félon lui , une colonie des Mafîiliens.
HEMERUM , lieu maritime , dans le territoire de la
ville de Chalcedoine , félon Simeon Metaphrafte , dans
la Vie de S. Auxence.
HEMERUS : c'eft un des anciens noms de I'Euro-
tas , fi nous en croyons Plutarque le Géographe , de
Flumin.
HEMERTÊ. Voyez Lesbos.
HEMESA. Voyez Emese.
HEMICHARA, ville de Sicile , dans les terres, fé-
lon Ptolomée. Voyez IMACARENSES.
HEMY CINES, peuple voifin des Maffagetes 5c des
Hyperborées , félon Etienne le Géographe.
HEMIMONTUS. Voyez HvEmimontus.
HEMINLE Dymnus , montagne de l'Iberie Afiati-
que, félon Vibius Sequefter.
HEMISA. Voyez Emese
HEMISPHERE , mot tiré du grec, & qui fignifie
la moitié d'un globe. Mais comme tout globe coupé par
une ligne droite qui paffe par le centre , peut être coupé
en bien des manières différentes ; pour éviter toute
équivoque , on eft convenu qu'en géographie ce mot
hémisphère dit fans autre explication , fignifie une moi-
tié du globe coupé félon la ligne de l'équateur ; de forte
que le centre foit précifément un des deux pôles. De-là
vientque les deux hémisphères font naturellement dif-
tmgués par le nom qui convient à chacun des pôles, qui
en eft le centre. Ainfi l'hemisphere qui eft au nord de
1 equateur , eft ['hémisphère feptentrional ; & l'hemi-
Tt Tome III.
33o HEN
sphère qui eft Oppofé" , s'appelle ïhemisphere méridional.
De l'Ifle a publié deux bonnes cartes qui repréfenteht
les deux hémisphères dans le fens que nous lui donnons
ici. Rien n'empêche que l'on ne (è ferve du mot hé-
misphère , pour lignifier un globe coupé autrement ,
pourvu que la feftion pafle par le centre. Par exemple ,
on peut le couper de façon que le centre lera Tolède,
ou Paris, ou Stockholm, ou toute autre ville que l'on
veut , ce n'en fera pas moins un hémisphère , à parler
à la rigueur ; mais alors il faut l'expliquer.
Il eft impolTible de voir d'un feul coup d'ceil plus dé
la moitié d'un glebé ; c'eft ce qui a obligé les géogra-
phes de partager les mappemondes en deux côtés qui
font deux vrais hémisphères : les deux pôles n'y font
pas au centre $ mais aux extrémités fupérieures 6c infé-
rieures des deux cercles.
HEMMETHAL, (l') petit bailliage de SuilTe, au
canton de Schaffhoulè. Etat &Dél. de la'Suiffe, t.^,p 97.
HEMODES : dans l'édition de Pompomus Mêla par
Olivarius, on lit, p. 101: Septem Hemodes contra Ger-
maniam projecla in illo finu quem Codanum diximus ;
ce qui fignifie que vis-a-vis- de la Germanie, dans le
golfe Codanus , ( c'eft-à-dire à l'entrée de la mer Balti-
que ', ) il y a fept ides nommées Hemodes. Cela s'ac-
corde alTez bien avec l'état préfent des ifles du Dane-
marck , qui, fans parler de quelques-unes moins impor-
tantes , (ont au nombre de fept , favoir Seeland, Fu-
nen, Langelandt , M'uen , Faljl'er , Laland & Femeren ;
& cependant cette convenance n'a pu afiurer à ce paf-
fage l'honneur d'être confervé dans les nouvelles édi-
tions. L'édition de Gronovius changé ainli les paroles
de Mêla , 1. 3 , c. 6. Septem JEmodce. Contra Germa-
niam vecla in ilio Jinu quem Codanum diximus , fex.
En premier lieu , les jEmodes ou Hemodes ne font plus
les ifles du golfe ; mais d'autres ifles au nombre de lëpt,
en que'qu'aiitre lieu qu'elles foient. Secondement , el-
les font différentes de fix autres ifles qui font dans ce
golfe; & Gronovius conje&ure que ce mot fex a été
oublié par les copiftes , parce que la période finilTant
par diximus , 8c la fnivante par ces mots ex iis , le
mot fex a paru une répétition inutile de celui qui dic-
toit à des gens qui n'èntendoient pas ce qu'ils écnvoient.
Ce mot vecla ,q'ui avoit paru fi étrange à Olivarius 8c
à d'autres critiques qui l'avoient changé enprovecla , qui
fignifie la même chofe, a engagé Il'aac Voflius à le chan-
ger en Vecla , qu'il prend pour l'ifle de Wight ; & il fait
faire une double faute à Mêla , favoir que l'ifle de Wight
eft à l'oppofite de la Germanie , 6c qu'elle eft dans le
golfe Codanus. Si l'on détache ainfi les Hemodes ou
jEmodes de ce golfe , on ne peut plus favoir en quel
endroit Mêla a voulu les mettre. Voyez jEmodes.
HEMODUS. Voyez Emodus.
HEMONA , ancienne ville de la Paleftine , dans la
tribu de Benjamin. * Jofué, c. 18 , v. 24.
HEMOPSONESTIA : au lieu de ce mot qu'on lit
en quelques éditions de Procope , JEdific. 1. 5 , c. 5 , il
faut lire MOPSUÈSTIA. Voyez Mopsueste.
HEMS. Voyez Emese.
HEMUAT^È, ancien peuple de l'Arabie heureufe,
félon Pline ,l.6,c. 18.
HENADDA, lieu de la Paleftine : les Septante le
nomment Anna. * Jofué, c. 19.
HENAIM. Voyez Enaïm.
HENAN. Voyez Enam.
HENARÈS, (l') rivière d'Espagne ; elle fa fource
dans la vieille Caftille , au-deiTus de Siguenza qu'elle ar-
rofe ; d'où, coulant dans la nouvelle Caftille rk au pays
d'Alcaria par Hita 8c Guadalajara , & à Alcala , elle fe
jette un peu après dans le Xarama à Mejorada , à quatre
lieues au-deiTus de Tolède , après avoir reçu dans fon
cours les petites rivières de Hornova , Canamarès , Sa-
lado, Dulce , Torete , Sorbe 5c Vadiel. * Baudrand,
éd. 1705.
HEND u Send , 8c Hind ve Sind ; c'eft ce que
nous appelions d'un mot général les Indes orientales,
qui font partagées par les Orientaux en ces deux dif-
férens noms Hend Se Send. Le pays de Hend eft l'o-
tient de celui de Send. Le golfe de Perfe eft à fon cou-
chant : l'océan Indien, à fon midi ; à l'orient, de fort grands
déferts qui le féparent de la Chine ; au feptentrion , le
pays des Azae, ouTartares. 11 paroît par cette pofition,
HEN
que le Send eft feulement ce qui s'étend de-çà & de-là
le long du fleuve Indus, particulièrement vers fes em-
bouchures. * D'Herbelot , , Bibliothi orient.
Tout le pays de Hend ti de Send pris enfernble, fe
divife en trois parties. La première s'appelle Giu^urat ;
nous l'appelions Gu^erate ou Decan : elle confine avec
le pays' de Gaznen , de Multan &c de Makhran , 8c eft
la plus occidentale. La féconde porte le nom de Ma-*
nibar , que nous appelions le Malabar : elle eft à l'o-
rient &C au midi du Guzerate , Se on l'appelle encore
Beladalfulful,\e pays du poivre, parce qu'il y vient en
abondance : l'arbre qui le porte , s'attache aux autres
&c les embrafle comme le lierre. La troifiéme partie,
6c la plus orientale , s'appelle Mdbar , ou Mebar , mot
qui fignifie en Arabe le trajet 5c le pafjage , à caufe que
l'on palTe de cette partie des Indes à la Chine : elle
eft toute entière au-delà du golfe de Bengale , 6c a pour
capitale la grande ville deCANAcOR, ou Cancanor.
C'eft- là que l'empereur ou le plus grand roi des Indes
fait fon féjour, félon l'auteur du MelTahet alârdh , qui eft
une Géographie Perfienne. Le titre des rois de ce
pays eUBirdaoval , dit le même auteur qui vivoit avant
que les fuccefleurs de Tamerlan fe fulTent rendus maî-
tres de la plus grande partie des Indes. Ebn - Alvardi
écrit dans la première partie de fa Géographie Arabique,
que le pays de Hend s'étend depuis le Send , 6c le Mak-
ran, jusqu'à la ville deKanoge, de l'occident à l'orient,
qui eft un efpace d'environ trois mois de chemin par
terre , 6c que depuis Kanoge , en tirant de l'orient vers
le. feptentrion , on va jusqu'au Tonbut ou Tebet, en
quatre mois de chemin , à journées de caravane. Le
même géographe dit que les rois des Indes portent le
nom de Raian. Nous les appelions Ragias (ou Ra-
jas ; ) mais le plus puiflant , 6c l'empereur de tous
s'appelle Belhar. 11 marque, entre les principales villes
de ce pays , Kanbaïat , c'eft Cambaya , Souménat , Man-
foura, ouMahourar, 6c CanogeouKennauge. 11 ditaulli
que les ifles principales de la mer Indienne font Cameron
qui eft le cap de Comorin ; car lés ifles 8c les presqu'illes
chez les Orientaux s'appellent du même nom , Sila ou
Sili ; Giamcout , Serandib qui eft Zeilan ; Lameri , Kala
ou Kalé, qui eft peut-être Calecut , 6c Meherage.
Hend 6: Send , ou les Indes , font féparées de la
Chine , félon les auteurs Orientaux, par le cap de Co-
morin ; car les anciens donnoient le nom de Sin en
arabe , 6c de Thcin en perfien , aux pays de Siam ,
de Pegu , du Tunquin 6c de la Cochinchine. Les Orien-
taux ont quelquefois compris l'Ethiopie fous le nom
des Indes , & les Perfans nomment encore aujourd'hui
un Ethiopien Siah Hindou , ou Hindi , un Indien noir.
Leurs hiftoires portent que les Indiens demandèrent des
évêques à Simon le Syrien, patriarche Jacobite d'Alexan-
drie. Il ne faut point douter que ces Indiens ne foient
les Abiffins ; car nos hiftoires gréques 8c latines por-
tent que S. Frumentius qui pafla en Ethiopie , fut en-
voyé par S. Athanafe aux Indiens. Une partie des In-
des fut rendue tributaire aux Arabes, fous le règne de
Valid, fixiéme Khalife de la race desOmmiades; mais
elles ne furent fubjuguées entièrement que par Mahmoud,
fils de Sebekteghin, lequel y pénétra bien ayant, 8c au
moins jusqu'au Gange , ce que n'avoit fait encore au-
cun prince étranger, depuis Alexandre le Grand; c'eft
ce qui fait qu'Ebn Amid n'appelle jamais Mahmoud roi
de Gaznah , ou Sultan de Gaznin , mais roi des In-
des. Khr srouSchah, dernier Sultan des Gaznevides, fonda
le royaume de Lahaver , ou Lahor. Les Orientaux ap-
pellent BaHAR al Hend la mer des Indes , 8c lui
donnent aufE le nom de Herkend. Scherif- Al - Edrifïi
écrit que cette mer s'étend depuis les côtes de la Chine,
prife , comme nous avons vu ci-deflus , jusqu'à l'entrée
du golfe Arabique, ou mer Rouge. Les anciens ont donné
cette même étendue à ce qu'ils appelloient Mare Ery-
thraum, comme il paroît par le Périple d'Arrien , 8c
y ont compris , aufli-bien que les Arabes, les deux golfes
Arabique 8c Perfique.
HENDECAN , ville de Perfe , dans la province du
Fars , ou dans la Perfe proprement dite. Il y a un puits
qui exhale une vapeur peftilentielle.*Z7'.ffer'£e/0<,BibI. or.
HENDMEND, {ëonRobertderaugondy,AÛx, rivière
d'Afie, dans la Perfe. Elle a fa fource dans les montagnes de
Balck, traverfe le pays de Candahar, palTe de-là au cou-
HEN
chant, dans le Sableftan, arrofe la ville de Boft, entre
dans le Segeftan , dont elle baigne la capitale , & re-
tournant aux frontières de l'Indouftan , elle forme le lac
de Zare ; on la nomme auffi HlRMEND , dans l'hiftoire
de Timur-Bec , /. 2, c. 45 ,p. 379. Sur les Cartes elle eft
nommée Ilment , depuis le lac de Zare jusqu'à la mer.
HENDOUKECH, montagne d'Ane , au midi de la
Tartane , & plus particulièrement du royaume de Balck
& du Tochareftan , au nord de Caboul & de Cache-
mire. C'eft une partie de Flmaiis des anciens. Le Ni-
lab, qui eft une des fources de l'Inde, y a fa fource.
? Robert de Vauvondy , Atlas.
HENDOWNS : Daviti nous donne ce mot pour le
nom particulier d'un peuple des Indes , en quoi il eft
fui vi par De l'Ifle. Les Hendowns ont au nord le royaume
de Jengapor; au nord-eft, celui de Deli ; au fud-eft, ce-
lui d'Agra ; au midi , celui d'Asmer ; au couchant , celui
de Buchor ; & au nord-eft , celui de Multan. Leur nom
iîgnifie fimplement les Indiens.
HENESIOTIS , 'HnmÔTif, contrée de la Sarmatie
Afiatique, félon Ptolomée , /. 5 , c. 9. Son interprète
Latin retranche la première fyllabe , &c lit Nefiotis. L'é-
dition de Bertius lit de même , & prend l'H pour l'ar-
ticle du nom.
HENETA. Zenodote, cité parStrabon, /. 12,/. 543,
croyoit qu'au lieu d"£f "Ewiâ» dans Homère ( Iliade B.
y. 851 ,) il faut lire '£i;'Eyé]»t ; qu'il ne s'agit pas là
d'un peuple nommé Heneti , mais d'une ville nommée
Heneta , la même que l'on a appellée enfuite Amifus.
HENETES, (les) Heneti. Il y a eu divers peu-
ples de ce nom. Nous les traiterons féparément.
LES HENETES, enAjie ; ancien peuple de Paphla-
gonie. Strabon, /. 12 , p. 543 , dit qu'on n'en trouvoit
plus de fon tems , & que quelques-uns cherchoient les He-
netes d'Homère dans un village au bord de la mer , à
dix fchoenes d'Amaftris ; il rapporte le fentiment de Ze-
nodote. Voyez Heneta. D autres, dit-il, croient que
c'étoit une nation limitrophe des Cappadociens qui ,
ayant entrepris une expédition avec les Cimmeriens ,
allèrent s'établir dans le golfe Adriatique. On convient ,
pourfuit-il , que les Henetes étoient la principale nation
«ntre les Paphlagoniens ; quePylemene qui en étoit, al-
lant au fiége de Troye , emmena beaucoup de monde
avec lui ; qu'après la ruine de cette ville , le chef étant
mort , les Henetes s'en allèrent en Thrace , d'où , après
tien des courfes , & ils arrivèrent dans la Venetie , s'éra-
ilirent au fond du golfe. Il eft vraifemblable , continue
Strabon , que c'eft la raifon pour laquelle il ne fe trouve
plus de Henetes dans la Paphlagonie. Pline, /. 6,c. 3,
parlant de la Paphlagonie , n'a garde d'y mettre des He-
netes ^ puisqu'il n'y en^ avoit plus ; il dit feulement :
Cornélius Nepos y ajoute les Henetes de qui il veut
que l'on croie que font descendus les Venetes d'Italie. Il
ne paroît pas fort perfuadé de la vérité de cette origine.
Solin , c. 44, edit. Salmaf. n'a pas été fi fage que Pline
qu'il copioit. Il falfifie en même tems le témoignage
de Nepos , & la citation de Pline. La Paphlagonie ,
dit-il , eft remarquable par le lieu Henetus , d'où, au rap-
port de Cornélius Nepos , les Paphlagoniens palTerent en
Italie , & furent enfuite nommés Veneti. Il faut pour-
tant avouer que Solin n'eft pas le feul qui ait parlé de
ce lieu nommé Henetus. On le retrouve dans Etienne
le Géographe , qui cite Diogene Laërce. Il y a auffi ,
dit Etienne , une ville nommée Henetus , de laquelle
étoit Myrmex philofophe Dialectitien, comme le dit Dio-
fene, dans le fécond livre de l'Hiftoire des philofophes.
aumaife , in Solin. p. 888 , qui a cherché dans le li-
vre de Diogene Laërce une Vie de Myrmex , ne l'y trou-
vant pas , a cru qu'Etienne citoit un ouvrage perdu. C'eft
dans la Vie de Stilpon qu'on trouve le paffage qui a
trompé Etienne. On y lit qu'entre ceux dont Stilpon
avoit gagné l'eftime, étoit Myrmex, fils d'Exenete. Etienne
aura trouvé un exemplaire vicieux , où , au lieu de ^
MJo^axa swsgcuviw, il y avoit lyj Mv'p/xwca tir ï|»-
VêT» ;la différence eft légère pour la prononciation, mais
très-grande pour le fens. Ainfi , trompé par une fauffe
manière de lire , il aura pris un homme pour une ville,
& le père de Myrmex pour la patrie de ce philofophe.
LES HENETES, en Italie, au fond du golfe de Ve-
nife, ancien peuple qui eft le même que les Veneti.
Ils venoient d'un peuple des Gaules , dont Vannes en
HEM 33r
Bretagne conferve encore le nom. Cette origine eft moins
fabuleufe que celle que fourniffent Cornélius Nepos Se
Strabon. Voyez Veneti.
LES HENETES , dans le nord ; quelques écrivains
feptentrionaux ont placé des Henetes fur les côtes de
Livonie & de Pruffe , & difent qu'ils s'emparèrent du
pays des Vandales , que ces derniers avoient dégarni
par leurs expéditions vers le midi. Ces Henetes font
les mêmes que les Vendes ou Venedes , nation qu'il
ne faut pas confondre'aves lesVandales. VoyezVENEDl.
1. HENG, montagne de la Chine, dans la province
de Huquang. * Atlas Sinenfis.
2. HENG , ville de la Chine dans la province de
Quangfi, au département deNanning, feptiéme métro-
pole de la province. Elle eft plus occidentale que Pé-
kin de 9d. 6', par les 23 d. 40' de latitude. * Atlas
Sinenfis.
HENGCHEU, ville de la Chine, dans la province
de Huquang , dont elle eft la dixième métropole. Elle
eft de 5 d. 13' plus occidentale que Pékin, à 27 d.48'
de latitude. La rivière de Ching en baigne les murs, du
côté du midi ; & le Siang , autre rivière , fait une pres-
qu'ifle d'une partie de fon territoire. Ce canton ne man-
que pas de montagnes , dont la plupart font belles &
cultivées ; & outre qu'il produit tous les befoins de la
vie , il y a beaucoup des perdrix , de papier , de talc , ckc.
Les mines d'argent l'enrichiroient , s'il étoit permis de
les ouvrir. Elle étoit autrefois du royaume de Cu. La
famille de Hana la nomma Queyang : elle porta en-
fuite les noms de Siantung , de Hunan , & enfin
celui de Hencheu qu'on lui rendit, ck qu'elle avoitau-
trefois reçu des rois de Leang. Elle a huit autres vil-
les fous fon département , favoir :
Hengxan ,
Liuyang,
Changning,
Gangin,
Ling,
Queiyang ,
Linuu,
Lanxam.
Oncroit que le montTACEU , au couchant de la ville^
ades mines d'argent, qui ont été autrefois ouvertes. Le
mont Heng commence auprès de Hengxan , &c occupe
huit cens ftades de terrein. On y compte au-delà de foi-
xante_ & douze fommets , dix grandes cavernes , trente-
huit fources de fontaines , & vingt-cinq torrens. * Atlas
Sinenfis.
HENGXAN, ville de la Chine, dans la province
de Huquang, dans le diftrift de Hengcheu , dixième mé-
tropole , fur la rive droite de la rivière de Siang, auprès
de la montagne de Heng. Elle eft de 4 d. 50' plus oc-
cidentale que Pékin , à 28 d. 3 ' de latitude. Atlas Si-
HENGXUI , ville de la Chine , dans le Pekeli, au
département de Chinring , quatrième métropole de la
province. Elle eft de 1 d. 38' plus occidentale que Pé-
kin , par les 38 d. 14' de latitude. Atlas Sinenfis.
1. HENIOCHI, ancien peuple de la Sarmatie, en
Afie. Denys le Periégete, nommant les peuples qui oc-
cupoient la côte feptentrionale du Pont-Euxin, y met
les Cercetiens , les Oretes & les braves Achéens , qui
furent emportés des rives du Xante ck du Ximoïs par
un vent du midi , à la fuite d'un roi vaillant & guer-
rier: après eux, dit-il , v. 687, le voifmage eft habité
par les Henioques & les Zygiens originaires de Grèce.
Mêla, /. 1 , c. 19, nomme auffi de fuite, mais dans
un ordre oppofé, c'eft-à-dire d'orient en occident, les
Henioques , les Achéens , & les Cercetiens. Il met aux
confins des Henioques la ville deDiotcurias, ainfi nom-
mée en l'honneur de Caftor Se de Pollux qui entrèrent
dans le Pont-Euxin avec Jafon. Scylax de Cariande ,
dans fon Périple, p. 31, edit. Oxon. dit: après les
Cercetes font les Achéens , enfuite les Henioques , îk
les Coraxi fuccedent. Ces derniers tiroient apparem-
ment leur nom du fleuve Corax ou du mont Corax ,
nommés l'un & l'autre par Ptolomée dans ces quartiers-là.
Arrien , Peripl. p. 1 1 , edit. Oxon. dans le détail des
peuples qu'il côtoya depuis Trebilbnde jusqu'à Sebafto-
polis ou Dioscurias dit : ceux de Trebilbnde ont pour
voifins les Colques & les Drilles , qui , au rapport de
Xenophon, font très- belliqueux, & ennemis jurés de
Trebilbnde : il me paroît , pourfuit Arrien , que ce font
Tome III. T t ij
33î
HEN
HEN
les Sanni ; car ils font encore très -guerriers fk enne-
mis irréconciliables de cette ville : ils habitent des lieux
très-forts, tk n'ont point de roi. Ils ont autrefois payé
tribut aux Romains ; mais à préfent ils s'adonnent au bri-
gandage , ne payant rien à perfonne. Il faudra pour-
tant qu'ils le payent dans la fuite , ou nous les extermi-
nerons. Ils touchent aux MACHELONS & aux Henio-
ques, qui ont pour roi Anchiale. Ceux-ci ont pourvoi-
fins les ZYDRETES , fournis à Pharasmane; & ces der-
niers font voifins des Laziens , qui obéifTent au roi Ma-
laffas. Ces Machelons d'Arrien font les mêmes que le
peuple Maerones de Pline, /. 6, c. 4, & les Zydretœ.
ou Périple font les mêmes que Pline appelle Ampnuta.
Ce dernier femble connoître plufieurs peuples auxquels
le nom d'Heniochi eft commun ; car en premier lieu,
il appelle une nation Sanni-Hcniocki , & nomme enfuite
un peuple Amplement Heniochi. Voici le pafTage entier:
In orâ ante Trape^unta jlumcn Pyxites : ultra verb gens
Sannorum Heniochorum. Flumcn Abfarum , cum ca-
Jlello , cognomine in faucibus , à Trape^unte CXL. M. P.
Ejus loci à tergo montium Iberia ejl : in orâ vero He-
niochi , Ampreuts, , Laçi, Voila donc les Heniochi bien
nettement diftingués des Sanni Heniochi , peuple dont
le nom eft Compofé de deux , comme celui à'Armeno-
ckalibes , de Czltiberi , Se autres. Le fleuve Ampfarus
les féparoit. C'étoient fans doute de ces Henoques dont
les montagnes voifines prenoient le nom d'HENOCHU
Montes. Pline , /. 6 , c. 9, qui dit que le Cyrus y prend
fa fource, nous apprend qu'on les nommoit aufli Co-
RAXICI Montes. C'eft apparemment où il faut placer
le pays nommé Henochia Regio par Etienne le Géo-
graphe.
2. HENIOCHI : outre les peuples dont nous venons
de parler, il y avoit encore un autre peuple de même
nom , à l'orient de la mer Caspienne , vers l'Oxus & la
Baâriane, félon Pline, l. 6 , c. 16.
HENIOCHIA Regio &
HENOCHII Montes. Voyez Heniochi r.
1. HENLEY, petite ville d'Angleterre, au comté
d'Oxford , fur la Tamife, entre la ville d'Oxford & celle
deWindfor,à quatre ou cinq lieues de l'une & de l'autre.
Ce lieu fe diftingue par fon commerce de grains germes
dont on fait de la bière. On croit que cette ville eft
l'ancienne Calleva.
2. HEMLEY , bourg d'Angleterre , dans la province
de Warwick. On y tient marché public. Etat préf. de
la G. Bret. t. 1.
HENNA. Voyez Enna.
HENNEBERG, château & comté d'Allemagne, en-
tre la Thuringe , le landgraviat de Heffe , l'abbaye de
Fulde , & l'évêché de Wurtzbourg. Le château de Hen-
neberg, qui donnoit ce nom au comté, étoit fitué fur
une montagne , au-deffus d'un village de même nom ;
mais il eft ruiné. Le comté qui a été enfuite princi-
pauté , a eu autrefois fes feigneurs particuliers ; mais leur
famille s'étant éteinte , les ducs de Saxe en recueilli-
rent la fucceflion en vertu d'un accord , & gouvernè-
rent ce pays en commun par une adminiftration établie
à Meinungen , durant plus de foixante &J dix ans ; après
quoi, ces biens furent partagés entre les diverses branches
de. la maifon de Saxe. * Cellarius, Geogr. noftr. temp.
p. 247 &fuiv.
Celle de Saxe-Naumbourg eut pour fa part ce qui eft
auprès de la forêt de Thuringe , favoir Schleufingen ,
autrefois réfidence des comtes & des princes ; à prêfent
il y a une école publique ; Sula , célèbre par les armes
que l'on y fabrique ; & Kundorf, fortereffe avec un
bailliage & le village de Benshus , qui a été autrefois
un bailliage.
Ce qui eft auprès de la Verre , rivière , qui , après
avoir reçu la Fulde , prend le nom de Wefer , favoir
Meinungen , rk la fortereffe de Masfeld , avec quantité
de villages voifins , entre lesquels eft Henneberg , au
pied de la montagne où font les ruines du château de
même nom. Tliemar, WaÇungen , &c Breitungen , qui, à
caufe d'un monaftere de filles , eft furnommé Froucnbrà-
tungen appartient à la famille de Gotha, depuis l'ex-
tinction de celle d'Altenbourg, qui poffédoit Meinungen,
Masfeld, UFhemar; & Meinungen fut la réfidence de
Bernard, troifiéme fils d'Erneft , duc de Gotha, dont la
branche en porte encore le nom ; ce prince ayoit aufli
Sal{ungen , bourg important pour fes falines , fitué fur
la werre, & censé autrefois entre les comtés Saxons,
dans la Thuringe.
Les comtes & princes de Henneberg n'avoient de
ville en Thuringe , au-delà de la forêt , qullmenau qui
fut dévolue aux ducs de "Weimar , en vertu du traité de
partage. Mais les mines d'argent que l'on y remit ea
état , furent toujours poffédées en commun. Cette mai-
fon eut aufli ce que poffede celle d'Eifenach , qui en eft
une branche , favoir Zilbach, au-delà de la Werre, mai-
fon de chaffe , avec les bois qui en dépendent , & dans
le même canton Nordheim , furnommé le Froid ; Kalten
Nordheim , avec le château de Lichtenberg , qui eft près
de-là ; & le bourg d'OJiheim , qui , quoiqu'enclavé dans
la Franconie eft de la Saxe. Le bailliage à'Eischbergon
de Fischbach , aux confins de la Heffe !k de Fulde, n'en-
tra point dans le partage; & il eft deftiné à l'école de
Schleufingen.
Il faut mettre aufli dans le'comté de Henneberg Smal-
calde , qui eft préfentement du cercle de Franconie , à
l'entrée de la forêt de Thuringe. Cette ville & fon ter-
ritoire, divifés en plufieurs bailliages , eft au landgrave de
Heffe-Caffel.
HENNEBON , ville de France, en Bretagne , au dior-
cèfe de Vannes, à fix lieues aunord-oueftd'Auray, fur la
rivière de Blavet , à deux lieues au-deffus de fon em-
bouchure. On divife cette ville en trois parties , favoir ,
la ville neuve , la ville mûrit & la vieille ville. L'églife
de Notre-Dame du chef eft paroiffiale , & ornée d'un
affez beau clocher de pierre. On trouve dans cette ville
de riches marchands , & des gens de condition, de très-
bonne compagnie. Près de Hennebon eft la Joie, abbave
de filles , ordre deCîteaux, fondée par Blanche de Na-
varre, femme de lean I, duc de Bretagne , l'an 1150.
* Piganiol de la Force , Defcription de la France , t. 5,
p. 148 & 135.
HENNENBERG, ancien nom de la montagne à'En-
felberg , en Suiffe , auprès du monaftere d'Engelberg.
'ai parlé de ce monaftere au mot Engelberg ; mais voici
des particularités qui regardent la vallée & la montagne
de même nom. C'eft le docte Scheuchzer , Iter Alpin,
anno 1701, qui les a fournies à l'auteur de l'Etat & des
Délices de la Suiffe, t. t., p. 457. La vallée d'Engelberg
eft fituée dans la -partie méridionale du canton d'Âppen-
zel , &c plus haute de fept cents pieds que la vallée d'Uri.
Elle eft de toutes parts environnée de montagnes cou-
vertes d'une neige & d'une glace perpétuelle ; il y fouffîe
continuellement un vent des plus froids&des plus âpres;
ce qui a donné lieu au proverbe , que dans la vallée
(Engelberg , Fhyver dure treize ,
le relie du tems,
s'ily en a, ejl réjirvé pour l'été. Au fud-eft du monaftere
on voit la montagne dé Tittlisberg, dont le fommet eft
toujours couvert de neige & de glace. Il y en a qui
prétendent que c'eft la montagne la plus haute de toute
la Suiffe. Du même côté fe voit aufli le mont Engelberg
ou la montagne des anges , ainfi nommée , parce qu'on
affure qu'il y a eu une apparition d'anges , lorsqu'il fut
queftion de fonder le monaftere. Cette montagne s'ap-
pelloit autrefois le Hennenberg , & fon fommet retient
encore le nom de Hanen.
HENNON. Voyez Gehennon.
HENNIN-Bossut ; c'eft le même que Bojjut , en-
tre Condé & Saint-Guillain , fur la Haisne.
HENNIN-LlETARD , Henniacum-Lietardi , Ugima-
tense monajlerium , abbaye régulière en France , de l'or-
dre de S. Auguftin , dans un bourg de l'Artois , au dio-
cèfe & à trois lieues au nord-eft d'Arras , à deux à l'eft
de Lens , fondée l'an 1040. Le bourg fut érigé en comté,
en 1 ^79 , en faveur de la maifon de Bournonville.
HENNUIN , fort de France , dans la Flandre, à deux
lieues de Gravelines , fur les confins de l'Artois, entre
Bourbourg & Ardres. La France l'a laiffétomber en ruine.
* Baudr. éd. 1705.
HENOTICTONTI , 'Evo-tm»,™). Tzetzès nomme
ainfi une forte d'homme monftrueux , au rapport d'Orté-
lius, Thefaur.
HENQUISE , montagne d'Afrique , au royaume de
Maroc, dans la province de Sus, & l'une des branches
du mont Atlas. La ville de Meffa eft au pied de cette
montagne, qui a, du levant au couchant, douze lieues. Ses
habitans font plus braves que ceux de Héa, parce qu'ils
HEP
HEP
font plus libres , & ils ont quelques arquebufiers ; mais
ils font fort fuperbes , quoiqu'ils foient fort pauvres , &
qu'ils n'ayent point de bled & fort peu d'orge. Il efr
vrai qu'ils ont quantité de miel & de cire , & quelques
troupeaux de chèvres. Il neige la plupart de l'année fur
cette montagne, à quoi ils font fi accoutumés qu'ils ne
s'habillent pas autrement l'hyver que l'été ; & les fem-
mes y vont presque nues & fans chauffure , auffi-bien
que les hommes. Ils étoient autrefois libres, de même
que les autres peuples de la province, parce que la mon-
tagne eft fort roide , &les Chérifs eurent bien de la peine
à les affujétir ; encore fut-ce plus par amour que par force.
* Marmol , 1. 3 , c. 29.
_ HENRICHAW, ville d'Allemagne, dans la baffe Si-
léfie , au duché de Munfterberg , fur l'Olaw , au midi
deStrelen. * Zeyler. J aillât , Atlas.
Il y a à Henrichaw une riche abbaye de l'ordre de
Cîteaux, fondée en 1112.
HENRICHEMONT, ville de la principauté de Bois-
belle. Maximihen de Béthune , duc de Sully, ayant
acheté la principauté de Bois-belle, en 1 597 , y bâtit la
ville d'Henrichemonr. Elle eft fituée dans un terrein
fort fterile , ce qui eft caufe qu'il y a peu d'habitans ,
quoi qu'on y jouifie de plusieurs prérogatives , & qu'on
yfoit exempt de tailles, aides , gabelles, &c.
HENRICOPOLIS , nom latin de la ville de Quille-
lœuf, en Normandie.
HENTETE , montagne d'Afrique , au royaume de
Maroc , dans le Maroc proprement dit. C'eft, dit Mar-
mol, h plus haute montagne du grand Atlas ; elle com-
mence à celle de Guidimiva , au couchant , & s'étend
vers le levant jusqu'à celle d'Animmey, par l'espace de
feize lieues. Elle eft peuplée de Bereberes , de la lignée
des Hentetes , de la tribu de Muçamoda , peuple riche
& belliqueux , qui fe pique d'être des plus nobles de
l'Afrique , & a quantité de cavalerie, &c une place forte
bâtie par les principaux , d'où ils faifoient la guerre aux
Chérifs , avant que ceux-ci fuffent maîtres de Maroc. Il
y a fur cette montagne plufieurs artifans Juifs, qui font te-
nus pour hérétiques par les autres , parce qu'ils font de
la fefte des Caraïtes. Le fommet de ce mont eft couvert
ce neige la plus grande partie de l'année ; de forte qu'il
n'y a ni arbre ni herbe , à caufe du grand froid. On
voit par-tout de grands piliers , Se des badins de marbre
blanc fort fin , pour des fontaines, qui femblent avoir été
faits pendant la fplendeur de la ville de Maroc ; car il
y en a plufieurs carrières à l'entour ; mais les guerres
ayant interrompu les defféins des rois , elles font demeu-
rées là fans ufage , à caufe de la barbarie des habitans.
? Marmol, 1. 3, c. 49.
Cette montagne eft la même que XAntete de De la
Croix.
HENUS. Voyez (Enus.
HEORDjEA. Voyez Eordée.
1. HEORTA ouEorta, ville de l'Inde, en-decà
du Gange , félon Ptolomée , /. 7
333
plufieurs endroits , & entouré d'un feu qui ne fait aucun
mal à perfonne. Pline , l. 5 , c. 27 , dit : dans la Lycie
eft le mont de la Chimère , qui brûle pendant la nuit :
la ville à'HephasJlium , bâtie fur des hauteurs , remplies
de feu. C'eft, fans doute, de ce feu que Seneque a parlé.
Le nom même à'Htpajçiw , fignifie Vulcanium. Pline
dit , /. 2 , c. 106 , que les monts Hepheftiens , {Hephœjlii
montes?) étant touchés par un flambeau allumé , le feu y
prend de manière que les pierres & le fable des ruis-
feaux s'enflament au fond de l'eau. Il ajoute que ce feu
fe nourrit par la pluie.
HEPJLESTIAS , bourg ou petite ville de l'ifie de
Lemnos, félon Pline ,/. 4 , c. 12; Ptolomée,/. 3,e. 13,
& Etienne : comme la fable mettoit les forges de VuU
cain à Lemnos, il n'eft pas étonnant qu'une" ville portât
le nom de ce dieu. Quelques-uns croient "que c'eft à pré^
fent Cocino.
HEPILESTTI montes. > ,T „
HEPFLESTIUM. S V°yez Heph*stia *•
HEPJLESTUS , fiege épiscopal d'Egypte , dans la
féconde Auguftamnique , félon la Notice de Léon le
Sage, & celle deHieroclès. Elle reconnoiffoit Rhino-
corura pour fa métropole. Joanncs , fon évêque , aflîfta
l'an 43 1 , au premier concile d'Ephèfe ; ck Mocmiu, au
fécond concile Romain, tenu l'an 403.
HEPHELIA, Hefelia ou Nephelia , ville épis-
copale du patriarchat d'Anrioche , fous la métropole de
Seleucie , fuivant une ancienne Notice.
HEPHER. Voyez Geth-Epher.
HEPPENHEIM, petite ville d'Allemagne, dans l'é-
leftorat de Mayence, au Bergftrat , entre Heidelberg &
Darmftadt, avec un château. * Hubner , Géogr./?. 464.
HEPTA ; ce mot en grec fignifie le nombre defept,
&C entre dans la compofition de plufieurs noms géogra-
phiques.
HEPTABOLUS ou Eptabolus, lac de Mauritanie
où tombe le Dyns , rivière qui vient du mont Atias,
& qui prend ensuite le nom de Niger , félon Vitruve
/. S, c. 2 , qui fuppofe que la (burce du Nil vient de-là!
Nous observons ailleurs que les anciens ne connoiflent
presque point le Nil au-deffus des cataractes ; de-là
viennent toutes les dérivations chimériques , qu'ils en,
font.
' HEPTACOMETtE , c'eft-à-dire les habitans des
fept villages , peuple ancien, au bord du Pont-Euxin -
on le nommoit auffi Mofynaci , félon Strabon , /. 1 2
p. 548. Ils étoient à l'extrémité du mont Scydiffês , fur-
paffbient tous les autres Barbares en férocité , & demeu-
roient dans les arbres ou dans des petites tours. Ils fe
nourriiToient d'animaux fauvages & de glands ; tendoient
des embûches aux voyageurs. Ils maffacrerent trois co-
hortes de Pompée, qui pafibient par leurs montagnes.
Quelques-uns de ces Barbares ont été auffi nommés By-
zeres ; ce font les Bu^ri de Pline. Denis le Periegete ,
(vers 765,) parlant des peuples Barbares qui habiient
en ces cantons , nomme les By\e
;uva( iyyei
;:,<-->"• h 1 ,:..:, tx près de ceux-ci
2. HtUKi A, vile des Scordisques , félon Strabon, les Bechires, puis les Macrons , les Pliy lires , Se ceux
£7'£ îlSJ-,Ce,PeuP,e «oit de la baffe Pannonie , fe- qu; ont des tours de bois , (v. 766.)
Ion Ptolomée, /.a, c. 16. Lazms croit que c'eft prélên- V ' '
ternent Hardberg , fortereffe de la baffe Autriche, vers
la Rascie.
HEPHAD. Herman, le Petit, (H. Contractas,) nomme
ainfi la ville où l'on trouva la tunique de notre Seigneur
Jelus-Chrift. Albert de Stade dit Japha ; Lichtenau &C
Sigebert nomment le même lieu Zaphad. Ortélius ajoute
qu'elle n'étoit pas loin de Jérufalem ; cela convient à
Japha , qui eft le Joppé des anciens.
HEPHvESTI, ancien fiege épiscopal d'Afrique. Voyez
Heph^stus , qui eft le nominatif.
HEPHjESTI Tumulus , lieu d'Espagne , auprès de
Carthagene , félon Polybe cité par Ortélius , Thefaur.
1. HEPHiESTIA, village de Grèce, dans l'Afrique,
dans la tribu Acamantide , félon Pollux & Etienne.
JJiogene Laerce , dans la Vie de Platon-, nomme dans
ce même canton Hepkœffiadeus fundus.
. %HEPR£STIA, ville d'Afie , dans la Lycie, fé-
lon Solin. Pline l'appelle Hephccfdum : elle étoit près
du mont de la Chimère. Seneque la nomme Hcphœjlion ;
mais il en fait une contrée. Dans la Lycie , dit ce phi-
lolophe , Epifl. 79 , eft un canton très-connu , nommé
par les habitans Hepkœjlion ; le terrein y eft percé en
Des tours nommées Moffunh , & du nom tfOïcos ,
ditioç, unemaifon, fe forma leur nom de Mofynoeci;
& du nombre de leurs villages fe forma celui d'Hcpta-
cornette. Pomponius Mêla, /. 1, c. 19, les nomme Mos-
Jyni. Au-delà des Chalibes, dit-il, les Moffyniens oc-
cupent des tours de bois , fe font des marques fur tout
le corps , mangent dans des lieux découverts de tous
côtés , s'accouplent fans choix ck en public. Ils choifis-
fent leurs rois par voie de furfrage , les lient & les «ar-
dent étroitement ; & même s'il leur arrive de faire une
faute, en ordonnant quelque chofe mal- à-propos, ils les
puniflèr.t , en les failànt jeûner tout un jour. Du refîe
ils font féroces, greffiers, & traitent fort mal ceux qui
abordent dans leur pays. Cet auteur nomme ensuite les
Macrocephales , les Bechires & les Buzeres , c'eft-à-dire
les mêmes peuples que Denis avoit nommés.
HEPTADELPHI , c'eft-à-dire les fept-freres ; nom
grec de Ceuta, yiHe d'Afrique. Voyez au mot Ad}
HEP
3 34
l'article AD SIPTEM fratres, qui eft le nom latin.
HEPTAGONIAS , lieu du Peloponnèfe, dans la La-
conie, près de Lacédémone, félon Tite-Live, /. 35.
HEPTANESIA , ifle de l'Inde , en-deçà du Gange ,
félon Ptolomée, /. 7, c. 1. En réduifant l'idée qu'il avoit
de la presqu'ifle d'en-deçà le Gange , aux idées que nous
en ont données les fréquentes navigations des moder-
nes , il paroît qu'il a entendu par-là les ifles voifines de
Goa , quoiqu'il éloigne trop les fiennes du continent.
HEPTANOMUS ou Heptanomia. Voyez Hep-
tapolis.
HEPTAPAGUS , lieu ou champ d'Italie , au bord
du Tibre. Denys d'Halicarnaffe, /. 2,' en fait mention.
HEPTAPOLIS , ou les fept villes , ou I'Hepta-
POLE, contrée d'Egypte, félon Denys le Periégete,
v. 25 1 . Euftathe», fon commentateur, nous apprend, en pre-
mier lieu, que l'Heptapole fut nommée V ' Arcadh, &c qu'a-
•vant l'empereur Arcadius on la nommoit Heptanome
& Heptanomie ; en fécond lieu, qu'il y avoit plus
d'un fentiment fur les villes dont l'Heptapole étoit
compofée ; que quelques-uns entendoient par-là fept vil-
les fituées le long du Nil ; Memphis , Diospolis,
Memnonie , la petite & la grande Catara&e , & Syene,
qui toutes , félon lui , étoient fur la rive gauche de ce
fleuve, & Babylone qui étoit fur la rive droite. D'au-
tres comptaient autrement les fept villes de l'Heptapole,
fa voir;
IV dans la Thebaïde ,
HER
Panopolis ,
Antinoi Civ'ua
Lycopolis ,
Hermopolis ,
III dans l'Arcadie.
Heraclk ,
Oxyryncus,
Memphis.
Cette diftïncïion de l'Arcadie , qui ne comprenoit que
trois villes de l'Heptapole , prouve que l'Heptapole &
l'Arcadie en Egypte , ne défignoient pas je même pays.
A examiner les vers de Denys le Periégete , on voit
qu'il fait trois parts de l'Egypte , favoir la Thebaïde :
ceux , dit-il, qui habitent la fameufe ville de Thèbes,
cette ancienne cité qui a cent portes , oit la Jlatue de
Memnon falue la naijfante aurore par desfons harmo-
nieux ; l'Heptanome , c'eft ce qu'il exprime par ces
mots : & ceux qui occupent le milieu des terres oà ejl
l'Heptapole ; & enfin la baffe Egypte , qu'il défigne ainfi:
& ceux qui vivent auprès de la mer jusqu'au lac Sirbon.
On voit par-là que la première opinion , rapportée par
Euftathe,n'y convient point , puisqu'elle va chercher une
partie de fes villes dans la Thebaïde , & tout au haut
-de l'Egypte , au lieu qu'il falloit fe borner entre la The-
baïde &c le Delta. Ptolomée, /. 4, c. 5 , qui nomme
précifement l'Heptanome , dit que le pays, fitué au midi
du grand Delta &c de la baffe Egypte eft YHeptanomide,
dont le premieT nôme , au couchant du fleuve eft Mem-
phis ; le fécond eft le nôme à'Heraclée , HERACLEOTES
NOMOS , au couchant dtiquel eft le nôme A'Ar/ïnoé,
Arsinoïtes NOMOS, & au levant celui à'Aphrodito-
polis, Aphroditopolites nomos; au couchant du
fleuve eft celui à'Oyrinchos, Oxyrinchites nomos;
ensuite celui de Cynon ou de Cynopolis , Cynopoli-
tes NOMOS ; à l'orient du fleuve, celui ai Hermopolis ,
HERMOPOLITES NOMOS ; & enfin le nôme à'Anti-
noupolis , AntinOÏtes. Sous ces nômes on rangeoit
les deux OASITES. Ptolomée ajoute que le pays qui eft
au midi de l'Heptanome, s'appelle la Thebaïde. A comp-
ter pour rien les deux oafites, qui étoient annexés à d'au-
tres nômes. Ptolomée nous donne ici huit nômes, au
lieu de fept , qu'il faut pour répondre exactement au
nom de ce pays. Mais cela peut venir de ce que le nom
ayant été donné à ce canton dans un tems qu'il ne ren-
fermoit que fept nômes, avec le tems on y en joignit un
autre ; & nous allons voir que ce fut le nôme Ântinoïte,
qui n'exiftoit pas du tems d'Augufte , puisque la ville
d'Antinous ne fut élevée que fous l'empire d'Adrien.
Elle fubfiftoit bien auparavant fous le nom de Besa ;
mais ce n'étoit qu'un fimple lieu fans département, ou
nôme : elle ne devint célèbre que par les honneurs qu'A-
drien rendit à Antinous , dont il lui donna le nom; ainfi
elle fut ajoutée , après coup, à l'Heptanome. Les deux
oafites étoient au couchant des montagnes , &C furent
comptés aufli comme une annexe de l'Heptanome . qui,
avant l'apothéofe d'Antinous , renfermoit , félon Pto-
lomée, fept villes capitales d'autant de nômes , fa-
Villes, _
Memphis,
Heraclée ,
Arfinoé ,
Aphroditopolis ,
Oxyrinchos ,
Cynon ou Cynopolis,
Hermopolis.
Nômes.
Memphites ,
Heracléotes ,
Arfinoites,
Aphroditopolites i
Oxyrinchites,
Cynopolites,
Hermopolytes.
Ainfi dans les fept villes , que fournit la féconde opinion
rapportée par Euftathe , il faut retrancher Panopolis Se
Lycopolis , qui n'étoient point de l'Heptanome , mais
de la Thebaïde. Hermopolis , au contraire , qu'il donne
à la Thebaïde n'en étoit pas , mais de l'Heptanome ; &C
l 'Andnoiï polis , ou Antinoi civitas, n'étoit point du tems
de Denys , qu'Euftathe expliquoit. Des deux fentimens
qu'il rapporte , il n'y en a aucun qui ne foit défectueux.
Au refte, c'eft dans l'Heptanome qu'il faut chercher les
principales merveilles de l'Egypte , comme les obélis-
ques , les fameufes pyramides , le labyrinthe , le lacde
Moëris, &c.
HEPTAPORUS , rivière d'Afie , dans la Troade ,
félon Homère, /. 12, v. 20, qui nomme de fuite les
fleuves qui tombent du mont Ida dans la mer , favoir
le Rhefus , YHeptaporus , ( le Careffis , le Rhodius , le
Granique , l'JEfepe , le Scamandre ck le Simnïs. Plii
dit que l'on ne trouvoit plus aucune trace des quatre
premiers. Ortélius a cru que c'étoit le même que le fleuve
Draco, dont parle Procope , ALdific. I. 5 , c. 1. Je ne
fais fur quoi il fonde fa conjecture.
HEPTAPYLOS , nom qu'a eu la ville deThèbes , en,
Béotie. VoyezTHEBES.
Ce nom qui {îgmhefept portes, étoit plutôtune épithéte
que le nom de cette ville.
HEPTAUDATA, c'eft- à-dire les fept eaux , lieu d'I-
talie , à quarante ftades de Maruvium , c'eft-à-dire à
cinq mille pas ; Ciceron, adAtticum, l. 4, Epili. 15,
appelle ce même lieu SEPTEM AQU.E. Cluvier , Ital.
ant. p. 683 , croit que c'eft préfentement le lac de Sainte-
Sufanne , à l'orient de Rieti , au duché de Spolete ; mais
Holftenius , Annotât, in Cluver. Ital. ant. p. 1 10, ajoute
que pour trouver le nombre de fept , il faut y ajouter
les autres lacs , tant grands que petits , qui font à l'orient ,
du côté de Terni , jusqu'à la Nera. Magin les marque
très-bien dans fa Carte.
HEQUESI, ancien peuple d'Espagne , dans le dépar-
tement de Bragues, félon Pline , /. 3 , c. 3 ; il eft nommé
-/Equesilici , par corruption, dans quelques éditions,
& jEquesi dans une ancienne inscription de Gruter.
HERA : ce mot eft le nom grec delà déeffeJuNON.
Outre les noms géographiques que j'ai rapportés au
mot Junon, on peut ajouter ces deux-ci, tirés dePau-
fanias.
1. HERA , lieu de l'Eolide , furnommé Mefate , parce
qu'il étoit à moitié chemin , entre Erythrès & Chio,
félon Paufanias , /. 7, c. 5. Silburge a voulu changer ce
nom de Hera en Acra, qui veut dire un promontoire;
mais, comme Kuhnius l'observe très-bien , ce change-
ment feroit une faute : il n'eft point là queftion d'un,
promontoire , mais d'une ifle déferte , entre Erythrès
qui eft du continent de l'Eolie , & la ville de Chio ,
fïtuée dans l'ifle de même nom. Pline, /. 4, c. 12 , qui
ne la nomme que Mesate, dit que c'eft une ifle dé-
ferte. Voyez Mesate. Ortélius en fait une ville de
l'Eolide , en quoi il fe trompe. Sa conjecture , que c'eft
peut-être YArgennum de Ptolomée , eft fans fondement.
D'Erythrès à Chios il n'y avoit que la traverse du dé-
troit ; quel befoin d'aller bien loin de-là chercher le pro--
montoire Argennum , qui étoit au nord , &-tout-à-fait
hors du détroit?
2. HERA. Ortélius. Thefaur. trouve une ville d'Hera
en Arcadie, dans' le livre de Paufanias. Je crois qu'il a
pris Her^a pour Hera.
3. HERA. Paufanias, inEliacis, /. 6, c, 6, nomme
HER
deux villes , favoir Hera & Temefla , & en parle comme
de villes détruites : Hera & Temejfa urbes fuere.
Voyez l'article Hybla parva. Voyez auffi Her^ea
& H&R.EUM.
HERACLES : les Grecs nommoient ainfi Hercule,
''HpaxAiT? ; & comme fon culte étoit fort étendu dans
les tems du paganisme , 6c qu'il avoit un grand nombre
de temples , quantité de lieux qui lui étoient particuliè-
rement confacrés , portoient fon nom ; de-là vient qu'il
s'en trouve tant qui font nommés ou HERACLÉE , ou
Heracleopolis, ou Heracleum, &c. & tous les
autres dont les noms font formés de celui d'Hercule.
.Voyez auffi au mot HERCULE. '
HERACLÉE , ville de la grande Grèce , entre Méta-
ponte Se Tarente , feion Appien , in Hannibalic. Elle
étoit près de l'embouchure de l'Aciris, fur la rive droite
de cette rivière. Strabon , 1.6, p. 264, dit que c'étoit
une colonie des Tarentins ; ik Ciceron, proArchid, c.4,
la loue de l'équité de fes loix &C de la fidélité de fon al-
liance , civitas œquijjimo jure ac faierc. Tite- Live,
/. 8 , c. 24 , dit : Heraclée , colonie des Tarentins. Scy-
lax , Peripl. la nomme Heracleïon. Pline , /. 3, c. 1 1,
dit : entre le Siris & l'Aciris eft Heraclie nommée au-
trefois Siris. Ces deux rivières font préfentement le
Sino fit l'Agri. Diodore de Sicile, Biblioth. hijl. I. 12,
c. 37, nous apprend la différence de ces deux villes. Il
dit qu'en Italie les Tarentins forcèrent les habitans de Si-
ris , petite ville , d'aller s'établir ailleurs , &c qu'ayant mis
en cet endroit une colonie de leurs gens , ils y bâtirent
une ville , nommée Heraclie. Ce paffage fait voir qu'il
y eut deux villes de Siris , l'une que les habitans cédè-
rent aux Tarentins , qui y mirent une colonie. Cette Si-
ris étoit auparavant une colonie de Troyens ; l'autre fut
l'endroit où les anciens de Siris s'allèrent établir. Stra-
bon, /. 6, p. 264, ne dit pas qu'Heraclée ait été bâtie
fur le terrein de Siris. Il dit, au contraire, que quand
Heraclée eut été fondée par les Tarentins , Siris en de-
vint le port de mer , &t qu'il y avoit vingt-quatre ftades
de l'une à l'autre , c'eft-à-dire une lieue. Il dit encore
plus bas, que cette ville changea de lieu & de nom en
même tems. Voyez Siris. Il eft certain que Siris étoit
un port de mer d'Heraclée , qui par conféquent étoit un
peu plus avant dans les terres , & n'avoit pas la com-
modité de la mer , comme le dit Strabon : Heraclea
paululùm fuprà mare. Pline , comme on le voit , a con-
fondu ces deux villes ; & le P. Hardouin , à fon exem-
ple , dit quec'eft préfentement la Tour de S. Bafde ,
TORREDI S. Basilio ; cela ne fe peut. La Tour de
S. Bafile eft au midi de l'embouchure du Sino ; au lieu
que Siris devoit être de l'autre côté , félon Strabon. On
croit que Pelicaro eft préfentement l'Heraclée , dont Si-
ris étoit le port. Ces lieux font dans la Bafilicate , au
royaume de Naples , dans le golfe de Tarente.
2. HERACLÉE,' ancien nom de Cita nova, ville
fituée dans une petite ifle, à l'embouchure de la Piave,
dans le territoire de Venife, félon Ortélius , Thef. L'abbé
de Commanville dit beaucoup mieux : Heraclée ville
d'Iftrie &C du vicariat d'Italie , dont les ruines font dans
la marche Trevifane , proche Citta nova où l'on a
transféré fon évêché. Ce fiége eft du quatrième fié-
cle.
3. HERACLÉE, ancien nom de la ville d'ODERSO,
dans l'état de Venife. Merula écrit que cette ville, nom-
mée Opitergium par les anciens , ayant été affiégée
& détruite par Rhotaire , roi des Lombards, l'empereur
Heraclius la releva, & lui donna fon nom. Voyez Opi-
tergium.
è. HERACLÉE, ville delà Sardaigne, félon Etienne
éographe. C'eft la Ve de cet auteur. Elle eft nom-
mée AD Herculem, dans l'Itinéraire d'Antonin. Voyez
au mot ad, l'article ad Herculem 2.
%. HERACLÉE , ville de Sicile , & l'une des plus
anciennes de l'ifle. On la nommoit auffi Minoa; mais
fon ancien nom étoit Macara. Heraclide , in Politiis,
dit: MiNOA, ville de Sicile, étoit appellée auparavant
Macara. Enfuite Minos ayant appris que Dédale s'y
étoit réfugié avec une nombreufe flote , remonta le Ly-
cus, (il falloit dire le Halycus,) s'empara de cette ville;
& ayant vaincu les Barbares , il lui donna fon nom (k
y établit les loix de Crète.
6. HERACLÉE, dans la Tyrrhenie , félon Théo-
HER 33y
phrafte, Hijl. plant. /..8 , qui. dit qu'il y vient de l'a-
conit, forte depoifon.
7. HERACLÉE, bourg & enfuite ville des Gaules,
à l'une des bouches du Rhône, félon Pline , /. 3, c. 4,
qui en parle d'une manière très-incertaine ; car il dit :
il y a des gens qui affiirent qu'il y a eu un bourg d'He-
raclée à l'embouchure du Rhône. C'eft l'Heraclée Cel-
tique d'Etienne le Géographe , & la feptiéme de cet
auteur. Une inscription trouvée dans le terrein du bourg
de S. Remy , près de ce bourg & du Grau neuf, fous le
régne de Charles V, roi de France , nous apprend qu'He-
raclée fut choifie par Ataulphe pour être la réfidence des
rois Vifigoths. Bouche, qui, dans fonHiftoire de Provence,
rapporte cette inscription entière , en conclut qu'Hera-
clée devoit être en cet endroit. Le P. Hardouin obser-
vant que Pline parle d'Heraclée immédiatement après
avoir nommé OJlium Maffalioticum , qui eft le Gras
d'Orgon , juge qu'elle en devoit être voifine , & que le
bourg de S. Rémi en eft trop loin. Il a raifon. Cepen-
dant l'inscription peut fervir à retrouver Heraclée. Il
n'y a pour cela qu'à la rapprocher de ce que difent Ot-
ton de Freifingen , &t Godefroi de Viterbe. Ces deux
chroniqueurs difent que dans les Gaules , joignant la
province de Narbonne, S. Giles appella , (c'eft-à-dire
fut caufe qu'on appella) de fon nom la métropole.yànSi
JEgidii villa , à l'endroit qui eft appelle le palais des
Goths, jusqu ace jour, c'eft-à-dire jusqu'au tems de ces
auteurs. La proximité de S. Gilles au Gras d'Orgon ; la
réfidence royale mife à Heraclée par Ataulphe, le palais
des Goths , nommé ensuite du nom de S. Gilles , ces
trois circonftances réunies me paroiffent valoir une dé-
monftration en faveur de ceux qui difent que cette He-
raclée eft préfentement S. Gilles. I
8. HERACLÉE , ancien nom de Calpe , ville d'Es-
pagne, fur le détroit, félon Thimofthène, cité par Strabon.
9. HERACLÉE, villede Grèce, dans la Macédoine,
dans la Sintique , à l'orient de la ville de Scotufa. Elle
eft nommée Heraclea Sintica par Pline , /. 4 ,
c. 10. Tite-Live, /. 45, c. 29 , la nomme Heraclea Syn-
tice ; &C Jules- Cefar, Civil. I. 3 , c. 79 , dit, Heraclea.
Syntica. Elle n'étoit pas loin du Strymon , de-là vient
que , dans la Notice de Hierocles , elle eft nommée He-
raclea Strymni , comme ville épiscopale de la première
Macédoine. Holftenius cité par Baudrand , prétend que
c'eft aujourd'hui BagnabebuJJo. Voyez ce mot.
10. HERACLÉE , autre lieu de Grèce , dans la Ma-
cédoine, dans la Pierie , fur la côte méridionale (du
golfe Therméen,) félon Pline, l. 4, c. 10 Le P. Har-
douin croit que c'eft Heraclée de Macédoine , ou la
XXIIIe d'Etienne le Géographe ; il fe trompe , c'eft
l'Heraclée de Pierie Se la XVe de cet auteur. C'eft la
même que Scylax , Peripl. nomme Heracleïon ou
Heracleum.
11. HERACLÉE, autre ville de Macédoine, dans
la Lynceftide , félon Ptolomée , /. 3 , c. 1 3 .
12. HERACLÉE, autre ville de Macédoine , fur la
côte, au nord de l'ifthme du mont Athos , félon Pline,
/. 4, c. 10, qui la nomme avec Acanthe , Stagire , Si-
thone, toutes villes maritimes.
13. HERACLÉE , ville deThrace , au pied du mont
Pangée, félon Pline, I.4, c. 11. Le P. Hardouin croit
que c'eft la même que l'Heraclée Syntique ; mais il n'y
a point d'apparence que Pline , après avoir placé cette
ville dans la Macédoine , où elle étoit effectivement,
puisqu'elle étoit au couchant & à quelque diftance du
Strymon , l'eût été reprendre pour Ma mettre dans la
Thrace , au levant de ce même fleuve. Il eft donc ques-
tion ici d'une autre Heraclée moins connue , mais dif-
férente de la Syntique.
14. HERACLÉE , autre ville de Thrace., près de
Calatis , vers les bouches du Danube , félon Pline, /. 4,
c. 11. Elle ne fubfiftoit plus de fon tems. jElien en
parle dans fon Hiftoire des animaux ,1.6, c. 40, & /. 14 ;
c. 25.
15. HERACLÉE, villede la Chersonnèfe de Thrace,
fur la Propontide , félon Ptolomée, /. 3, c. 11. Elle
étoit à l'embouchure de l'Erginus , &C à l'ifthme de la
Chersonnèfe.
16. HERACLÉE , nommée auffi Perinthe , autre
ville de Thrace, fur la Propontide, félon Ptolomée,
/. 3 , c, 11, Il ne faut pas la confondre avec la pièce-
M<$
HER
HEEL
dente. Voici leur pofition telle que ce. géographe la
fournit.
Longit. Latit.
Perinthos five Heracka, 5.4 c!. 50'. 41. A. 10'.
^ra^ea^ujourd'hui^rflc/ea. 54e. io'. 41 d. 50'.
Voyez Perinthe.
17. HERACLÉE, ville de Grèce, en Theffalie, dans
la Phtiotide , & plus particulièrement dans la Trachi-;
nie. C'eft elle que Tite-Live , /. 36, c. 211, dit être
fituée au pied du mont Œta , dans une plaine ; mais
la fortereffe eft lit r un lieu élevé & escarpé de tous
côtés. ... Le confiai réiblut d'attaquer la ville par qua-
tre côtés à la fois*, du côté de la rivière Alôpus. . . du
côté du golfe Maliaque , par où l'accès n'eft pas ailé ;
du côté d'un autre luiffeau , nommé Melana , &c. Le
P. Hardouin , in Plin. 1. 4. (eft. 17 , s'eft trompé , quand
il a appliqué ce paffage à notre dixième Heraclée, que
Pline met très-bien dans la Pierie, Se par coméquent fur
le golfe Therméen; au lieu que Tite-Live met celle-ci
dans le golfe Maliaque, c'eft-à-dire, bien loin de la
Macédoine, dans la Theffalie. Pline lui-même ,/. 4,
«. 7, met dans la Theffalie la ville dont il eft ici ques-
tion. Il parle du Pas des Thermopyles tk ajoute qu'à
caufe de la difficulté des partages , Heraclée fituée à qua-
tre mille pas de-là, avoit été furnommée Trachin.
Thermopylarum angujlite , <pio argumento IV milita paf-
Juuat inde Heracka trachin dicta efl. . Le même père
trouvant que Tite-Live nomme l'Afopus , rivière auprès
de cette Heraclée , &. voulant appliquer le paffage de
<et auteur à l'Heraclée de Pierie en Macédonie , où Pline
met un ruiffeau nommé Apilas , a cru que l'Afopus
de Tite-Live & l'A pilas de Pline étoient la même
chofe. C'eft encore une erreur. L'Apilas n'eft qu'un
ruiffeau , & l'Afopus eft une rivière grande & fameufe,
«ntre cette Heraclée de laTrachinier& le Pas des Ther-
mopyles. Ce Père fe trompe encore, en ce qu'il croit,
que le nom de Trachin a été donné à cette Heraclée
à caufe de l'âpreté des chemins. Pline le dit auffi à l'en-
droit cité ci-deffus. Mais ce furnom venoit à la ville
& au pays voifin d'une autre ville plus ancienne , nom-
mée TRACHIN, qui étoit à trois quarts de mille dedif-
tance d'Heraclée, lelon Strabon, l.<),p. 428. Cette
ancienne Trachin ayant été détruite par quelque ac-
cident, on la rebâtit fix ftades au-deffous. Strabon dit:
aux Thermopyles , joignant le paffage eft le fort de Ni-
cée fur la Mer, il appartient aux Locres ; enfuite eft 7ï-
■thius, Se Heraclée au-deffus de la ville, que l'on ap-
"pelloit premièrement Trachin ; c'eft l'ouvrage des La-
cédémoniens. Heraclée eft éloignée de l'ancienne Tra-
chin de près de fix ftades. Thucydide, /. 3, /7.23 s;,
dit que les Trachiniens fe voyant fans celle harcelés
par les montagnards habitans du mont (Eta, ref'olurent
d'abord de fe mettre fous la protection des Athéniens ;
mais que craignant que ceux-ci les negligeaffent , ils s'a-
drefferent aux Lacédémoniens qui élurent trois chefs ,
iavoirLeon, Alcidas & Damagon, fous les ordres desquels
ils firent partir une colonie. Dès qu'ils furent arrivés , ils
rebâtirent la ville , depuis les fondemens , & l'entourè-
rent de murs ; c'eft préfentement Heraclée , environ à
cinq milles des Thermopyles , & à deux milles & demi
de la mer. Parlant ailleurs d'un armement des Lacédé-
moniens qui, vers l'automne, avoient mis en campagne
trois mille hommes pefamment armés , il ajoure : de ce
nombre étoient cinq cents d'Heraclée , ville nouvelle-
ment bâtie dans le territoire Trachinien. Diodore de Si-
cile, /. 14, c. 83, dit : les Béotiens & lesArgiens occu-
poient Heraclée, qui eft dans laTrachine.
18. HERACLÉE, ville de l'Acarnanie , au bord de
la mer , & aux confins de l'Etolie : je crois que c'eft la
même que Trallianus , cité par Ortélius , met dans l'E-
tolie. * Pline, l. 4, ci.
19. HERACLÉE, ville du Peloponnèfe , dans l'Arca-
die, félon Théophrafte , qui dit qu'il y avoit de l'eau qui
rendoit les femmes fteriles , & du vin qui rendoit infen-
£és les hommes qui en buvoient. * Orul. Thef.
20. HERACLÉE, ville du Peloponnèfe, dans l'E-
lide, auprès de Salmone. C'étoit, félon Strabon , /. 8,
p. 356, une des huit villes de la Pifatide , à environ
quarante ftades (ou cinq milles) d'Olympie , fur le
fleuve Cytherius.
ai. HERACLÉE, ville maritime de Crète, félon
Pline , /. 4 , c. 12 , fur la côte feptentrionale de l'ifle au
nord de Gnoffus , dont elle étoit le port de mer , fé-
lon Strabon , /. 10, p. 476. On croit que c'eft Caftel
Mirabello.
22. HERACLÉE , ville d'Afie , chez les Cadufiens,
dans la Sogdiane , au-delà de la mer Caspienne , félon
Pline, /. 6, c. 16. Il dit que cette Heraclée fut bâtie par
Alexandre ; qu'ayant été renversée & enfuite rebâtie par
Antiochus, ce prince lui donna le nom d'Ackaïde. C'eft
la même qu'Etienne le Géographe place entre l'Inde fk
la Scythie , & la XIe de cet auteur.
23. HERACLEE, ville d'Afie , dans la Parthie, au-
près de Rag.E, félon Strabon, L 11 , p. 514.
24. HERACLÉE, ville de la ChertonnèfeTaurique,
félon Pline, l. 4, c. 12, qui dit que les Romains en
firent une vilfe libre ; qu'on l'apoelloit auparavant Me-
Garice; que c'étoit la ville de tout le canton, qui avoit
le mieux conserva l'on ancien éclar , en conservant les
moeurs de la Grèce , &£ qu'elle étoit environnée d'une
muraille de cinq milles de longueur.
.25. HERACLÉE, Pontica, ville d'Afie , en Bithy-
nie ; Scylax , in Peripl. met chez le peuple Mariandyni
Heraclée , ville grecque , le fleuve Lycus , & l'Hypius
autre rivière, Ptolomée la nomme u^ri Hftt a«* , He-
raclée du Pont. Des médailles de Caracalla , de Geta Se
de Gordien portent hpakaeiaC en nONTQ d'Heraclée
dans le Pont. Pline, /. 5 , c. ult. dit : la ville d'Hera-
clée , fituée fur le fleuve Lycus. Il devoit dire qu'elle
en étoit voifine; car elle en étoit à deux milles &demi
de diftance , félon Arrien , Ptripl. Ponù Euxin. qui
avoit parcouru cette côte avec foin. Xenophon, dans fa
Retraite des dix mille, 1.6, p. 574 6-575, dit : on arriva
à Heraclée , ville grecque , colonie des Mégariens , fituée
aux confins des Mariandyniens ; & on prit terre dans la
presqu'ifle Acherufiade, où Hercule, dit-on, descendit
aux enfers , & en emmena par force le Cerbère. On y
montre encore la caverne par où il descendit, & elle a
plus de deux cents cinquante pas de profondeur. La cam-i
pagne voifine eft arrofée par le fleuve Lycus, qui a deux
plethres de largeur. (Le plethre , félon Suidas , eft une
mefùre de cent pieds. J Cette fable de Cerbère tiré des
enfers par Hercule, eft rapportée par bien des auteurs.
Denys , le Périegete , v. 788 , dit : ensuite eft le terri-
toire facré des Mariandyniens , où l'on dit que le grand
chien du Saturne terreftre , malgré fa voix d'airain , fut
emmené par force par le courageux Hercule. Sur quoi
Euftathe dit qu'au pays des Mariandyniens, au bord du
pont , étoit Heraclée , fondée par les Miléfiens , félon
le géographe ; mais , poursuit-il , Xenophon dit qu'He-
raclée du Pont étoit une colonie des Mégariens. Dans
la nore fuivante , in verf. 790 , il cite Diodore , dont il
copie les paroles fuivantes : Heraclée, colonie des Mé-
gariens, auprès de laquelle étoit Acherufia , presqu'iile,
où l'on dit qu'Hercule tira le Cerbère des enfers. Pom-
ponius Mêla, /. 1, c. 19, la raconte aufli. Sur la côte du
Pont-Euxin , dit-il , les Mariandyni habitent une ville
qui leur fut donnée , félon la tradition , par Hercule l'Ar-
gien. On la nomme Heraclée. Ce bruit femble confirmé
par une caverne qui eft tout proche. On l'appelle Ache-
rufia , & on y descend chez les morts , à ce qu'on dit ;
& ils croient que ce fut de-là que leCerbere fut entraîné.
Strabon, /. 12, p. 542, eft l'autorité fur laquelle Eufta-
the s'eft fondé pour dire qu'Heraclée fut bâtie par les
Miléfiens. Il le dit deux fois. Les auteurs ne s'accordent
pas tous , furies Mariandyniens Se fur les Caucons : ils
conviennent bien qu'Heraclée fut bâtie par les Miléfiens
dans le pays des Mariandyniens ; mais ils nedifent point'
qui étoient ces derniers , ni d'où ils étoient venus. Il
ajoute un peu plus bas : on rapporte que les Miléfiens,
qui avoient bâti Heraclée , réduifirent à l'esclavage les
Mariandyniens qui avoient auparavant habité ce pays,
& les vendirent , fans cependant les envoyer hors du
pays. Telles font les paroles de Strabon. Après cela, je
m'étonne que Cellarius ait dit que généralement tous les
auteurs conviennent que c'étoit une colonie des Mégar
riens. Il devoit excepter Strabon , qui dit des Miléfiens.
Il y a apparence que les Miléfiens en furent les premiers
conquérans & les fondateurs , & qu'ensuite les Mégariens
y envoyèrent une colonie. Paufanias, inEliac. 1, c. 26,
affocieà ces derniers les Tanagréens, De Tournefort,
qui
HE 51
HER
qui a vu cette ville , en parle ainfi dans fon Voyage du
Levant, lettre xvj , p. 84. Heraclée s'appelle aujourd'hui
Eregri ou Penderaghi. . . . Penderaghi eft une petite ville,
bâtie fur les ruines de l'ancienne Heraclée. Cette dernière
devoitêtre une des plus belles villes d'orient, s'il en faut ju-
ger par les ruines, & lur-toutparles vieilles murailles bâties
de gros quartiers de pierres , qui font encore fur le bord de
la mer. L'enceinte de la ville qui eft fortifiée, d'espace en
espace, par des tours carées , ne paroit être que du tems
des empereurs Grecs. On découvre de tous côtés des
colomnes, des architraves ck des inscriptions fort mal-
traitées... Cette ville étoit bâtie fur une côte qui do-
mine fur la mer , & qui femble être faite pour comman-
der tout le pays. Du côté de terre , il refte encore une
porte toute fimple, conftruite de grofles pièces de mar-
bre. Du côté du levant , fck au-deffous de la ville , font
des marais, où apparemment croupifiént les eaux duLy-
cus. On doute fi Strabon a voulu dire que cette ville.eût
un bon port , ou s'il faut laiffer dans cet auteur le mot
qui exprime qu'elle n'en avoit point. Pour moi , dit M. de
Tourneforr, je crois que le vieux mole , qui eft entière-
ment ruiné , & que l'on croit être l'ouvrage des Génois,
avoit été bâti (ùr les fbndemens de quelque autre mole,
qui mettoit les vaiffeaux à couvert du vent de nord; car
la racle qui lorme la langue de terre , ou la presqu'ifle
à'AcheruJïas , eft trop découverte , ck eft d'un foible fe-
cours pour les Saïques , loin de pouvoir fervir de port à
des vaiffeaux de guerre. Cependant Arrien dit pofitive-
ment que le port d'Heraclée étoit bon pour ces fortes
de bâtimens. Xénophon affure que les Heracliens en
avoient beaucoup , ck qu'ils en fournirent quelques-uns
pour favoriler la retraite des dix mille , qui regardoient
cette place comme une une ville gre'cque , foit qu'elle
eût été fondée par les Mégariens , par les Béotiens, par
ceux de Milet, ou par Hercule même. La belle médaille
de Julia Domna, qui eft chez le roi, ck dont le revers
repréfente un Neptune , qui de la main droite tient un
dauphin , & de la gauche un trident , marque bien la
puifiance que cette ville avoit fur mer ; mais rien ne fait
plus d'honneur à fon ancienne marine, que la flotte qu'elle
envoya au fècours de Ptolomée , après la mort de Lyfi-
jnachus, l'un des fucceffeurs d'Alexandre. Ce fut par ce
fecours que Ptolomée battit Antigonus ; & Memnon re-
marque , dans Photrus , qu'il s'y trouvoit un vaiffeau
nommé le lion , d'une beauté furprenante, ck d'une gran-
deur fi prodigieufe , qu'il avoit plus de trois mille hom-
mes d'équipage. Les Heracliens fournirent treize galères
à Antigonus , fils de Démétrius , pour s'oppofer à Antio-
chus , & quarante aux Byfantins que le même prince
avoit attaqués. Cette ville entretint pendant onze ans ,
au fervice des Romains , deux galères couvertes , lesquel-
les leur furent d'un grand fecours contre leurs voifins,
. & même contre ces peuples d'Afrique qu'on appelloit
Marruàns. L'hiftoire eft remplie de traits qui marquent
lapuiffance des Heracliens fur mer, & par conièquent.
la bonté de leur port. Après que Mithridate eut fait pil-
ler Scio par Dorylaiis , fous prétexte que cette ifle avoit
favorifé les Rhodiens , on mit par ordre de ce prince
les plus illuftres Sciotes fur quelques vaiffeaux , pour les
disperser dans le royaume du Pont ; mais les Heracliens
eurent la générofité de les arrêter , de les mener dans
leur port , & de les renvoyer chargés de préfens. Enfin
les Heracliens eurent le malheur eux-mêmes , quelques
années après , d'être battus par Triarius , général de la
flotte Piomaine, compofée de quarante-trois vaiffeaux,
laquelle (lirprit celle d'Heraclée, forte feulement de trente
•vaiffeaux équipés à la hâte. Où mettre à couvert tant
de navires , fi ce n'eft dans le mole dont on vient de
parler , puisqu'il n'y a point de port aux environs de cette
place r Si Lamachus , général Athénien, qui avoit été
envoyé pour exiger les contributions des Hetacliens,
avoit eu l'entrée de ce mole , il n'auroit pas perdu fa
flotte par la tempête, dans le tems qu'il ravageoit la cam-
pagne avec les ttoupes qu'il avoit débarquées. Ne pou-
vant retourner a Athènes , ni par mer , ni par terre , il
y fut renvoyé , comme dit Juftin , par les peuples d'He-
raclée , qui fe crurent dédommagés du dégât que les
Athéniens avoient fait fur leurs terres, en les obligeant,
à force d'honnêtetés , à leur accorder leur amitié.
La caverne, par laquelle on a fuppofé, qu'Hercule des-
cendit aux enfers , pour enlever le Cerbère , ck que l'on
337
monrroit encore , du tems de Xénophon ,' dans la pé-1
ninfule d'Acherufie , eft plus difficile à découvrir que
l'ancien port d'Heraclée , quoiqu'elle eût deux ftades >
(ceft-à-dire deux cents cinquante pas,) de profondeur.
Elle doit s'être abîmée depuis ce tems, car il eft certain
qu il y a eu une caverne de ce nom.
Si Hercule n'a pas été le fondateur d'Heraclée, il y a
du moins^ été en grande vénération. Paufanias nous ap-
prend qu'on y célébroit tous les travaux de ce héros.
Quand Cotta eut pris la ville d'Heraclée , il y trouva dans
le marché une ftatue d'Hercule , dont tous les attributs
étoient d'or pur. Pour marquer la fertilité de leurs cam-
pagnes , les Heracliens avoient fait frapper des médail-
les , avec des épis ck des cornes d'abondance ; & pour
exprimer la bonté des plantes médicinales, que produi-
lbient les environs de leur ville , on avoit repréfente fur
une médaille de Diadumene, unEsculape appuyé fur un
bâton , autour duquel un ferpent étoit tortillé.
Cette ville fut célèbre par fes colonies. Cléarque , un
de fesw citoyens , qui , pendant fon exil , avoit étudié à
Athènes laphilofophie.de Platon, y fut rappelle pour
appaifer le peuple, qui demandoit de nouvelles loix, ck
une nouvelle répartition des terres. Le fenat s'y oppo-
foit ; mais Cléatque , appuyé par le peuple , fe rendit
très-puilïant , ck devint le tyran de fa patrie. Il fut tué
la douzième année de fon régne pendant les Baccha-
nales, piodore lui donne pour lùcceffeur Timothée fon
fils , qui régna quinze ans ; mais Juftin lui fait fuccéder
fon frère Satyrns qui lùrpaiTa les autres tyrans en cruauté.-
Une maladie incurable l'obligea de fe décharger du (bip
des affaires fur l'on neveu , qui, par fa bonne conduite,
mérita le nom de Bienfaiteur ck de Sauveur de fa patrie.
Avant fa mort il affocia au gouvernement fon frère De-
nys ; ce dernier profitant de la retraite des Perdes, qu'A-
lexandre venoit de battre à la bataille du Granique, éten-
dit affez loin fa dommation. Après la mort d'Alexandre
ck de Perdiccas , Denys époufa Amaftris , fille d'Oxa-
thre , frère de Darius, & coufine de Statira , femme d'A>
lexandre. Denys prit la qualité de roi , ck la foutint avec
grandeur : il mourut après un régne de trente ans , fck
laiffa le gouvernement du pays &: la tutelle de fes en-
fans à fa femme. Il avoit deux fils , favoir Cléarque ,
£4 Oxathre , que Diodore nomme Zathras , fck une fille
nommée Amajlris , comme la mère. Antigonus , l'un
des fucceffeurs d'Alexandre , prit foin de la tutelle des
enfans de Denys, fck des affaires d'Heraclée ; mais Lyfi-
machus ayant époufé Amaftris, veuve du feu roi , fut le
maître de la ville , long-tems même après avoir aban-
donné cette princeffe ; car s'étant tetiré à Sardes , il
époufa Arfinoé , fille de Ptolomée-Philadelphe. Cepen-
dant Cléarque II régna avec fon frère Oxathre. Leur
cruauté alla jusqu'au parricide , & ils firent mourir leur
propre rnere dans le vaiffeau où elle s'étoit embarquée
pour fe retirer à Amaftris , ville qu'elle venoit de fon-
der. Lyfimachus la vengea, fck les fit mourir. Il remit
la ville en liberté ; mais Arfinoé , fa femme , lui en de-
manda la poffeffion qu'il ne put lui refulèr , fck elle y
établit gouverneur Heraclite, qui en fut le feptiéme tyran.
Iy.es Heracliens , après la mort de Lyfimachus , vou-
lant fecouer le joug de la tyrannie , fous lequel ils gé-
miffoient depuis foixante fck quinze ans , propolerent à
Heraclite de fe retirer avec fes richeffes : il voulut par-
ler en maître ; mais on le prit , on démolit fa citadelle
jusqu'aux fondemens , on envoya une ambaffade à Se-
leucus , autre fucceffeur d'Alexandre ; fck enfin on pro-
clama Phocrite adminiftrateur d'Heraclée. Les ambaf-
fadeurs ayant été mal reçus , les Heracliens firent une
ligue avec Mithridate , roi de Pont , avec les villes de
Byzance ck de Chalcédoine. Celle d'Heraclée fe
foutint avec honneur jusqu'au tems que les Romains fe
rendirent formidables en Afie. Pour s'affurer du fenat ,
les Heracliens députèrent à Paul Emile , ck aux deux
Scipions , ck tachèrent de ménager une paix entre les
Romains ck Antiochus. Enfin l'intelligence fut fi bien
établie entre Rome & Heraclée , que ces deux villes fi-
rent entr'elles une ligue offenfive ck défenfive , dont
on écrivit les conditions fur des tables de cuivre : on
en dépofa une copie à Rome dans le temple de Jupiter
Cap!tolin,& une à Heraclée dans celui de ce même dieu.
Cependant Heraclée fut vigoureufement affiégée par Pru-
fus, roi de Bidiynie, qui l'auroit emportée, ians une
Tome III. V u
338
HER
HER
bleffure qu'il reçut , dans le tems qu'il alloit monter à
l'escalade. Après cela, les Galates inquiétèrent fort cette
ville ; mais ils turent obligés de fe retirer. Malgré ion al-
liance avec les Romains , elle crut qu'il étoit de fon in-
térêt de garder la neutralité pendant la guerre que les
Romains firent à Mithridate fous le commandement de
Murena. Epouvantée d'un côté, de leur formidable puis-
sance , & alarmée du voifinage du roi de Pont, Hera-
clée refufa d'abord l'entrée de fon port à l'armée . de ce
prince , & ne lui fournit que des munitions de bouche.
Enfuite, à la perfuafion d'Archelaiïs , général de la flotte,
les Heracliens lui donnèrent cinq galères , &c coupèrent
fi fecrétemeut la gorge aux Romains qui fe trouvèrent
dans leur ville , pour exiger le tribut , qu'on ne put ja-
mais avoir aucun indice de leur mort. Enfin. Mithridate
lui-même fut reçu dans la place , par le moyen de La-
machus, fon ancien ami , qu'il gagna à force d'argent.
Ce prince y laifla cannacorir avec quatre mille hom-
mes de gamifon. Mais Lucûilus , après avoir battu Mi-
thridate, fit afiïéger la ville par Cotta , qui l'ayant prife
par trahifon , & entièrement pillée , la réduifit en cen-
dres : il reçut le nom de Pontique à Rome ; mais les
richefles qu il avoit acquifes au lac d'Heraclée, lui attira-
ient de cruelles affaires ; &c un fenateur dit à Cotta :
Nous t'avions ordonné de prendre Heraclée , mais non
pas de la détruire. Le fenat renvoya tous les captifs , &
rétablit les habitans dans lapoffeffion de leurs biens ; on
leur permit l'ufage de leur port, &; la faculté de commer-
cer. Britagoras n'oublia rien pour la repeupler , & fit
long-tems fa cour à Jules- Cefar , pour obtenir la pre-
mière liberté de fes citoyens.
Ce fut apparemment dans ce tems que les Romains y
envoyèrent la colonie dont parle Strabon , ck dont une
partie fut reçue dans la ville, & l'autre dans la campagne.
Avant la bataille d'Aftium, Marc-Antoine donna ce quar-
tier" d'Heraclée àAdiatorix, fils de Demenecelius , roi
des Galates , &c celui-ci fit couper la gorge aux Romains
qui s'y trouvèrent , difant que c'étoit par la permiffion
d'Antoine. Mais après la défaite de ce général , il fervit
de triomphe , &c fut mis à mort avec fon fils. Après
cette expédition, Heraclée fut du département de la pro-
vince du Pont , laquelle fut jointe à la Bithynie. Voilà
comment cette ville fut incorporée dans l'empire Ro-
main , fous lequel elle floriffoit encore.
Elle pafla enfuite dans l'empire des Grecs , pendant
la décadence duquel on lui donna le nom de Pende-
RACHI , qui , fuivant la prononciation , femble un nom
corrompu d'Heraclée du Pont. Elle fut poffédée par les
empereurs de Trebifonde , après que les François eurent
occupé l'empire de Conftantinople ; mais Théodore Las-
caris l'enleva à David Comnéne , empereur de Trebi-
fonde. Les Génois fe faifirent de Penderachi,dans leurs
conquêtes d'Orient , & la gardèrent jusqu'à ce que Ma-
homet II les en chaffa. Depuis ce tems elle eft reftée
aux Turcs ; ils l'appellent Eregri , qui paroit tenir en-
core quelque chofe d'Heraclée. Un feul Cady y exerce
la juftice, un "Waivode y exige la taille & la capitation des
Grecs : les Turcs y payent feulement les droits du prince.
Dans la Notice de Léon le Sage , Heraclée du Pont
eft la féconde ville épiscopale de l'Honoriade , & Clau-
diopolis eft la métropole de la province. Elle n'eft que
le troifieme fiége dans la Notice de Hieroclès. Mais
l'expofition du vieux Andronic Paléologue , porte que
la métropole d'Heraclée du Pont étoit auparavant le fiege
de Claudiopolis ; mais que cette dernière ville étant oc-
cupée par les infidèles , Heraclée prit la qualité de mé-
tropole , &: eut le dix-feptiéme rang & enfuite le dix-
neuvieme entre les trônes ou archevêchés. Cet empe-
reur met Prufe pour le vingtième.
2.6. HERACLÉE , fiege épiscopal d'Afie , dans la Ly-
die , félon l'abbé de Commanville, & le P. Charles de
S.Paul, Geog.facr. p. 235. Ce dernier cite Ptolomée,
comme s'il avoit parlé d'une ville d'Heraclée , dans la
Lydie , & ajoute que Jean , évêque d'HERACLIDE ,
tpiscopus Heraclidis , fouscrivit à l'épitre fynodique de
cette province. Ptolomée ne met point d'Heraclée dans
la Lydie ; &ç je ne trouve , dans les Notices de Hiero-
clès & de Léon le Sage , aucune trace de ce fiege de la
Lydie. Peut-être ne fubfiitoit-il plus lorsqu'elles ont été
dreffées.
27. HERACLÉE, village de l'Afie mineure, dans
la terre ferme, auprès du golfe d'Adramite, vis-à-vis de
rifle de Mitylene, aux hibi tans de laquelle Strabon , /. 1 3 ,
p. 607, dit qu'il appartenoit.
28. HERACLÉE , ville d'Afie , dans la Carie. Il y
en avoit deux de ce nom dans cette province ; favoir
celle-ci qui étoit au bord de la mer , & une autre plus-
avant dans les terres. La première, dont il eft ici ques-'
tion, eftappellée par Ptolomée, /. 5, c. 2 , Heradea aé
Latmum. Pline, /. 5 , c. 19, après- avoit dit que le Lat-
MUS eft une montagne , fait mention de cette Heraclée :
Inde nions Latmus : oppida Heradea montis ejus cogno-
minis; fur quoi le P. Hardouin , in Plin. observe que
cette ville étoit auffi nommée Latmos. Strabon,/. 14,
/?. 63 5 , en parle comme d'une petite ville, au pied du
mont Latmus , & il ajoute qu'on l'appelloit auffi Lat-
mos , de même que la montagne au pied de laquelle elle
étoit fituée. Hefyche dit de même : Latmos , ville &
montagne. Cette ville étoit épiscopale, & elle eft nom-
mée comme telle dans les Notices de Léon le Sage &
de Hieroclès. Ces deux Notices] mettent deux fieges,
d'Heraclée , dans la Carie.
29. HERACLÉE, autre ville d'Afie, dans la Carie.
La Notice de Léon le Sage la nomme Heradea Syal-
baca. De Commanville dit Heradea Salbaà , qu'il a
pris, fans doute, du P. Charles de Saint-Paul, Geogr.jdcr.
p. 296. Ce dernier cite Ptolomée , comme s'il en eût
parlé : Ptolomée, /. 5, c. l , ne connoît que deux Hera-
clées dans la Carie ; l'une Heraclée , près du mont Lat-
mus , & l'autre Heraclée près de l'Albane, Heradea ai
Albanum. Voici les polirions différentes qu'il leur
donne.
Longit. Latit.
Heradea ad Latmum, 57 d. 30'. 37 d. 10'.
Heradea ad Albanum , 59 d. 30'. 37 d. 56'.
Le nom de Salbaà ou Syalbaca ne s'y trouve point.
Cependant les deux Héraclées de la Carie étoient épis-
copales; & entre les fouscriptions du concile de Chalce-
doine , on trouve Menandre & Denys , évêques des
deux Héraclées , félon le père Charles de Saint-Paul ,
qui dit que Menandre étoit évêque de l'Heraclée, dont
il eft queftion dans ce chapitre.
30. HERACLÉE, lieu de l'Afie mineure, dansl'Eo-
lide, auprès de Cumes ou de Cyme, félon Etienne le
Géographe.
31. HERACLÉE, ville de la Syrie, félon Strabon,
/. 16, p. 751, qui dit que cette Heraclée étoit à vingt
ftades du temple de Minerve Cyrrheftide. Cela s'accorde
avec Ptolomée , /. 5; , c. 1 5 , qui met Heraclée dans la-
Cyrrheftique.
32. HERACLÉE, ville d'Egypte, entre Pelufe &
Tmuis , félon Jofeph , de Bello, 1. 4, ad calcem. Voyez
l'article Heracleopolis.
33. HERACLÉE , ville de la Lybie, félon Etienne
le Géographe.
34. HERACLÉE, ifle de la mer Méditerranée, dans
la mer Carpathienne , c'eft-à-dire aux environs de Fille
de Scarpanto , félon le même.
35. HERACLÉE, ifle de la mer Atlantique, félon
le même.
36. HERACLÉE, rivière d'Afie , dans la Carie, fé-
lon Ortélius , qui cite Strabon.
HERACLEOBUCOLI, habitation d'Egypte, félon
Etienne le Géographe. Voyez Bucolium 2.
1 . HERACLEOPOLIS,ville d'Egypte,felon le même.
C'étoit la patrie du philofophe Theophane.
2. HERACLEOPOLIS, autre ville d'Egypte, au-
près de Pelufe, félon le même.
3. HERACLEOPOLIS , troifieme ville d'Egypte,
félon le même. Il la met auprès de l'embouchure Ca-
nobique.
Cet auteur met ainfi trois villes , nommées Hera-
cleopolis en Egypte. Ptolomée, /. 4 , c. 5 , n'y en
met que deux , & une ifle nommée Heracleote : il
diftingue ces deux par les furnoms de grande & de pe-
tite. Il place à l'orient du fleuve Bubaftique , dans le
nôme Sethraïte , ' Hpty.M*f fA.ir.gp néfos , la petite ville
d'Hercule, ou la petite Heracleopolis , &C afîez près
à'Acanthon au couchant du Nil , il met 'Hpx>i\i«r ttôhie
fiiyûf,n, la grande ville d'Hercule, ou la grande Hera-
cleopolis. Etienne met fa troifieme ville de ce nom , près
HER.
de l'embouchure Canobique : cette embouchure eft nom-
mée aufli HeracleoticumOstium par Ptolomée,
& elle prenoit indifférement l'un de ces deux noms , à
caufe de Canope & d'Heraclée, deux villes qui en étoient
voifines. Ainlî la grande Heracleopolis étoit voifine de
Canope & de l'embouchure à laquelle elle donnoit fon
nom. La petite eft la féconde d'Etienne, c'eft- à-dire
auprès de Pelufe. La troifiéme n'eft pas fi aifée à trou-
ver : Berkelius , fon interprète , foupçonne que dans
l'ifle Heracléote , nommée par Ptolomée , il y avoit
peut-être une ville , dont cette ifle prenoit le nom , aufli-
bien que le nôme qu'elle renfermoit.
i. HERACLEOTES, ifle d'Egypte, fur le Nil, avec
un nôme de même nom, félon Ptolomée , /. 4, c. 5.
2. HERACLEOTES , ifle de la Méditerranée , en-
tre l'Italie &c la Sicile , félon Antonin.
HERACLEOTICUM Ostium , ancien nom d'une
des embouchures du Nil. C'eft la même que Canopi-
*um Offium. Voyez Canope & Heracleopolis.
1. HERACLEUM, lieu d'Afrique , en Egypte. Stra-
bon, /. 17 , />. 801, le met entre Canope & l'em-
bouchure Canopique : ce doit être la même chofe que
la grande Heracleopolis de Ptolomée. Après Canope ,
dit Strabon , eft HERACLEUM où eft un temple d'Her-
cule, & enfuite eft l'embouchure Canopique.
2. HERACLEUM Promontorium, promontoire
d'Afrique, dans la Marmarique. Strabon, /. 17 , p. 838,
nomme de fuite de long de cette côte Zephynum, Cher-
ronefus , Heracleum , le village de Paliure , le port Me-
nelas, &c.
3. HERACLEUM Promontorium, promontoire
de la mer Noire , au couchant de l'embouchure du Ther-
modoon , félon Ptolomée, l. 5 , c. 6. Voyez The-
M1SCYRE. Arrien , Peripl. Pont. Eux. met le port HE-
RACLEUM entre l'Iris & le Thermodoon.
4. HERACLEUM Promontorium , promontoire
de la Sarmatie Afiatique , fur la mer Noire , auprès du
fîeuve Nefis , entre le Borgys & Mafaetica , félon Ar-
rien, dans fon Périple du Pont-Euxin , p. 18.
•j. HERACLEUM , ville du même pays, félon Pline,
/. 6 , c. 5 , au-delà de Diofcuriade , & à foixante & dix
mille pas de Sebaftopolis.
6. HERACLEUM , ville de la Cherfonnefe Tauri-
que, près des Palus Méotide , félon Ptolomée, /. 3 , c.6.
7. HERACLEUM, petit lieu de l'Attique , félon Cte-
fias , qui dit que Xerxès voulut commencer de-là une
digue , qu'il devoit avancer jusqu'à l'ifle de Salamine.
8. HERACLEUM, ville maritime de Crète, fur la
côte feptentrionale , félon Ptolomée , A3, c. 17. C'é-
toit le port des Gnoflîens , félon Strabon , /. 10. Voyez
Heraclée 11.
HERACLIE , félon Marmol , /. 6 , c. 24 , petite ville
d'Afrique, à préfent ruinée , à vingt- huit lieues de Tu-
nis , fur la côte , au haut d'une colline , entre Sufe &
Hamamet, où l'on en voit les ruines. Les hiftoriens du
pays racontent qu'elle a été bâtie par les Romains , &
ruinée par les Califes , fuccefleurs de Mahomet, à caufe
que c'étoit une de leurs colonies. Elle fe défendit vail-
lamment l'efpace de quelques jours ; mais à la fin l'ayant
emportée , ils la détruifirent , après avoir tué tous les
habitans , fans qu'elle fe foit repeuplée depuis. Quelques-
uns, ajoute Marmol, la prennent pour I'Aspis de Pto-
lomée. Voyez Aspis 1.
HERACLITIUM. Plutarque, dans fon Traité de ceux
que Dieu punit avec lenteur, nomme ainfi une rivière,
dans laquelle on dit que perfonne n'entre deux fois iàns
changer de nature. Il ne dit point où elle couloit. * Onel.
Thef?
HERACLIUM. Voyez Heracleum.
HERACTUM. Voyez Eractum.
HERjE Murus , nom d'un lieu , félon Etienne le
Géographe. Voyez Heraum,
Il faut remarquer que °Hf* , Hera eft le nom grec
de la déefle lunon , 6c que les lieux qui lui étoient con
facrés , portoient le nom d'HER^EA, HeRtEUM ou He-
RAS , ou quelqu' autre pris du nom de cette déeffe. Voyez
aufli l'article JUNON & les fuivans.
1. HERjEA, ville du Peloponnefe, dans l'Arca-
die, au bord de l'Alphée. Etienne le Géographe la
met près de la Meffénie; ce qui ne s'accorde pas avec
la pofition que lui donnent Ptolomée Su. Paufanias, Pto-
HER 339
lomée, /. 3 , c. 16 , la met plus ati nord, aux confins
de l'Elide; & Paufanias, /. 8 , c. 26 , dit que les He-
RÉENS ont pour fondateur Herœus , fils de Lycaon : la
ville eft fituée fur la rive droite de l'Alphée. Polybe dit
de même : Philippe ayant paffé fur un pont l'Alphée qui
baigne la ville des Heréens , vingt à Aliphere. Elien ,
Var. Hijl. I. 13, c. 6, dit que dans le territoire d'Herée,
en Arcadie , il fe fait un vin qui rend les hommes infen-
fés & les femmes fécondes. Tite-Live, /. 28 , c. 7 , parle
aufli de cette ville. Etienne le Géographe dit de plus,
que cette ville d'HERiEA étoit aufli nommée SOLOGOR-
cos.
2. HERiEA , promontoire vis-à-vis de Chalcedoine^
félon le même Etienne. Il obferve que par un mauvais
ufage quelques-uns lenommoient Heria, & d'autres He-
R1UM , & qu'ils difoient qu'y ayant fouillé dans des tom^
beaux , ils y avoient trouvé des urnes & des offemens.
Il vaut mieux , dit-il , en croire Demofthene de Bithy-
nie , qui dit dans fon XIV livre : il y a devant la fa-
meufe ville de Chalcedoine un promontoire nommé
Herœa, bordé de quantité de rochers: au- dedans de ce
promontoire , & autour d'un mur de pierre, la mer forme
un golte qui, à le voir, femble être profond par-tout.
Cependant il n'y a qu'autant d'eau qu'il en faut pour cou-
vrir le terrein , fans aucune profondeur. Des gens de
mer le prennent pour un lieu d'abri , & pour un havre
fait par la nature y ont mené leurs vaiffeaux qui s'y font
perdus.
1. HERjEENSES, habitans de la ville d'Herée, en
Arcadie. •
2. HERjEENSES, village de Grèce, dans la Mega-
ride , félon Plutarque , Quœjl. Grœc.
HE RjEI Montes , montagnes de Sicile , *He<ua *f» ,
félon Diodore de Sicile, /. 4 , c. 86, qui en vante l'air
falubre & la beauté. D'autres difent au fingulier Heraus
mons ; & Vibius Sequefter dit que la Chryfa y a fafource.
C'eft proprement une chaîne de montagnes , qui s'étend
dans la vallée de Demone. On les nomme préfentement
Monti Sori ; & la montagne où la Chryfa prend fa
fource, s'appelle Monte Artesino, félon Cluvier, Sicil.
vnt. />. 327. De l'ifle y eft conforme ; mais il donne
une autre ligne d'inclinaifon à cette chaîne. Labelledes-
cription que Diodore de Sicile fait de ces montagnes,
eft confirmée par Fazel, Dccad. 1 , /. 9 , c. 4. Ces mon-
tagnes , dit ce moderne , font les plus agréables de toute
la Sicile. Car quoiqu'elles foient hautes , elles ont des
fources en abondance qui rendent les lieux très-propres à
être habités & cultivés. Il y a des vignes, des rofiers, des
oliviers & toutes fortes d'arbres domeftiques en quan-
tité , qui y font verds toute l'année ; & ce qui fur-tout
en relevé la beauté fur le fommet des coteaux voifins,
il y a beaucoup des jolis bourgs. Presque toutes les au-
tres montagnes de Sicile font nues & dégarnies , ou cou-
vertes feulement de forêts & d'arbres fauvages ; au lieu
que celles-ci font très-cultivées. C'eft dans ce canton ,
dans une vallée couverte d'arbres , qu'étoit le bois des
Nymphes , Nympharum Lucus , dont parle Diodore de
Sicile. C'étoit là que Daphnis , fi célèbre dans les poë-
lîes bucoliques , étoit né des amours de Mercure ÔC
d'une Nymphe. On ne fait à préfent où étoit préci-
cement ce bois.
HERjEITIS , contrée du Peloponnefe , félon Paufa-
nias , in Eliac. C'étoit le territoire de la ville d'Heraea.
HERjEUM , ou Herbus Murus , 'Hpa70» T^-ot ,
ville de Thrace, félon Etienne le Géographe, auprès
de Perinthe , félon Hérodote , /. 4. L'auteur du grand
Etymologyque ù\ï.<\\i Herzus murus eft un lieu de Thrace
bâti par les Samiens.
Dans un grand nombre de pa/Tages des auteurs Grecs,
Heraum 'tipalov , ne fignifie qu'un temple de Junon ;
&£ fi nous avions voulu les recueillir, il s'en feroit
trouvé une lifte très-longue & très-inutile.
HERvEUS Portus , port de l'Afie mineure, fur le
Bosphore. Procope, JEdïfic. I. 1 , in fine, dit de l'em-
pereur Juftinien : l'empereur a élevé deux autres palais ,
l'un à Herseum , & l'autre à Jucundienne. ... Il fit faire
un nouveau porr dans le même endroit; comme l'ancien
étoit expofé à la violence des vents ÔC des tempêtes ,
il y remédia de cette manière. Il fit jetter quantité de caif-
fes des deux côtés dans le fond , & il éleva par ce moyen
deux moles jusqu'à la furface de l'eau , au-deffus desquel-
Tomc III. V U ij
340 HER.
fcs il pofa des roches pour refifter à Pimpé'tuofîté des
vagues. Ainfi' il rendit ce port fort fur, même pendant
l'hyver , Se durant les plus furieufes tempêtes. Il con-
itruifit au même lieu des églifes, des galeries , des bains
& d'autres édifices , qui ne cèdent à ceux de Conftan-
tinople , ni en grandeur ni en beauté. Il fit encore,
près d'Heraeum , un autre port fur le rivage d'Eutropium.
Pierre Gilles dit que ce port Herée eft préfentement
nommé Noio,àk S. Joan Calamoto. Voyez EUTROPIUM.
HERAGA. Voyez Erage.
HERAS-Lutra ; Pline , /. 3 , c. 8 , dit : quelques-
uns mettent une ifle de ce nom entre celles qui bordent
la Ssrdaigne ; mais il le dit d'une manière qui ne mar-
que point qu'il ht grand cas de ces auteurs.
HERAS, %ç H*/*, » K3\ Ai/tuas'^ /»<*(, c'eft- à-
dire l'i/le de fanon , du foleil , & qui ejl appellU auffi
Autolala ; ce font les paroles de Ptolomée, l-4,c. 6,
qui met cette ifle fur la côte de la Libye , dans la mer
Atlantique. Voyez JuNONIS SACRUM.
HERAT. Corneille dit : Herat ville de la Turquie,
en Afie , qu'on appelle auffi JvRAC & HaGIAR , He-
ratum Cariacopolis &C Mons regalis. C'eft , dit- h",
l'ancienne Petra qui a donné fon nom à l'Arabie pé-
trée , dans laquelle elle fe trouve. Elle a un archevêché,
& dépend du patriarche de Jérufalem. Il joint enfuite
à cet article , ce que d'Herbelot dit de la ville de Herat
en Perfe , qui eft bien loin de- là. A l'égard de cette
Herat de l'Arabie petrée, voyez l'article HeGAR.
HERAT , Herah , ou Heri , ville de Perfe : les an-
ciens l'ont connue fous le nom S Aria. , capitale de la
province de même nom , que nous connoiffons aujour-
d'hui fous le nom de KhoraJJan. La ville d'Herat eft au
}4ed. de latitude , &£ au 78e d. de longitude. Un des géné-
raux de Gengis-Kan la prit , en 1212 ; paffa au fil de l'é-
pée tous fes habitans , &C en rafa les murailles jusqu'aux
fondemens. Tamerlan la prit auffi quelque tems après.
C'eft à préfent la plus belle & plus grande ville du
Khoraffan : elle eft très-peuplée & fes habitans font fort
riches , ci font un grand négoce avec les fujets du Mo-
gol. C'eft dans cette ville que l'on fabrique les plus beaux
tapis, les plus belles étoffes & brocards de Perse. Etant
limée fur la route d'Ispahan à Candahar , elle eft l'entre-
pôt dû commerce qui le fait entre la Perse ôc les Indes.
*ffift. généalogique des Tatars , p. 327.
Cependant les hiftoriens Perfans difent tous unaniment
qu'Herat eft une des villes auxquelles Alaxandre donna
fon nom, en les bâtiffant; mais ils le difent fans preuve.
HERATEMIS , rivière de la Perse propre , félon
Arrien , in Indic. Pline en parle auffi , & dit qu'elle! eft
navigable.
HERBANUM , ancienne ville d'Italie , dans la Tos-
cane. Voyez Oropitum ScOrviete.
HERBEMONT, petite ville des Pays-bas , au pays de
Luxembourg , dans le comté de Chiny , avec un château
fur une montagne , près de la rivière de Semoi , une
lieue au-deffous de Chiny , & à quatre de Monmedy ,
vers le nord , entre Moufon & Neufchâteau. Les Espa-
gnols l'avoient cédée à la France ; mais on la leur ren-
rendit ; Se elle appartient , comme le duché de Luxem-
bourg, à l'empereur. * Baudrand rectifié.
HERBESSUS, ancienne ville de Sicile. Cluvier, Si-
cil, ant. en met deux de ce nom dans cette ifle ; l'une
au-deffus d'Agrigente ; l'autre aux fources de l'Anapus,
qui fe jette dans le grand port de Syracufe. Il prouve
l'exiftence de l'une par un paffage de Polybe, /. I, c. 18.
Bochart, /. 5, c. l,n. 4, y rapporte l'Oueffa , Ovixra,
Veffa de Polyen , qu'il dérive de VI Se de ]?)t2 , dont
îl retranche la fyllabe VI- Cette Herbeflus ou ErbejJ'us,
ne laiffe aucun doute , puisqu'elle fervoit de magafinaux
Romains , pendant qu'ils affiégeoient Agrigente.
L'autre HERBESSUS eft plus fujette à caution. Clu-
vier ne la fonde que fur Tite-Live , /. 24, c. 30, qui ne
dit autre chofe , finon que les préteurs de Syracufe me-
nèrent les troupes à Megare ; qu'ils prirent avec eux
quelque cavalerie , Se fe rendirent à Herbeflus ; que
n'ayant pu engager cette ville à fe rendre , ils décampè-
rent de Mégare , afin d'affiéger Herbeflus avec toutes
leurs troupes. Ptolomée , Pline Se Etienne ne connoif-
fent qu'une feule ville d'Herbeffus. Il n'eft donc pas né-
ceffaire d'en faire deux , puisque la même pouvoit être
entre Agrigente 6c Syracufe.
HER
Quelques géographes , dont Baudrand eft du nombre,
croient que Palazzuolo eft le nom moderne ; du moins
cette ville a pu avoir été bâtie fur fes ruines ; car c'eft
la pofition des deux villes vers la fource de YAnapust
comme nous l'avons remarqué.
HERBESSUS , rivière de Sicile , dans le territoire
d'Egefta, félon Solin, Polyhift.
HERBATILIA ou
HERBATILICUM , ville de la Gaule , dans la fé-
conde Aquitaine , à deux lieues de la Loire fur la gau-
che. Elle avoit été autrefois bâtie dans des marécages,,
par les habitans de Nantes, après que Jules Cefar eut ruiné*
leur ville. Elle s etoit accrue Se peuplée de fes débris ;
& le rétabliffement de Nantes ne lui avoit fait tort qu'en
ce que les premiers prédicateurs de l'Evangile fembloient
l'avoir négligée pour s'arrêter à Nantes. Ses habitanr
ét oient encore payens , l'an 551. S. Martin , diacre &c
prédicateur , qui fut depuis abbé de Vertou , y fut en-
voyé par fon évêque, S. Félix de Nantes , pour les con-
vertir. On fut fourd à fa prédication ; Se ce faint s'étant
retiré promptement avec fon hôte, la ville fut inondée
Se abymée dans les eaux , qui formèrent dans fa place
même le lac de Grand-lieu , que l'on voit encore ; il ne
refta que l'endroit le plus élevé de la ville , qui fut ré-
duit en village appelle Herbauge. Ceci arriva vers Pan
554; & trente-cinq ans après , on voyoit encore quel-
ques toits des maifons enfevelies dans l'eau. * Baillet .
au 24 Octob. Vit de S. Martin de Vertou.
HERBAUGE. Voyez l'article précédent.
HERBIPOLIS , mot barbare , dont peu d'auteurs ec-
cléfiaftiques fe font fervis , mais qui avec le tems a été
ufité , pour fignifier la ville de Wurt^bourg , fiege épis—
copal d'Allemagne , dans la Franconie.
Cependant le concile qui y fut tenu , l'an il 30, efl
appelle Herbipolense coucilium , ainfi que celui qui y fut
tenu l'an 1 165.
HERBITA. Toyez Erbita.
HERBORN, ville d'Allemagne, en Weteravie , dans-
la principauté de Naflau-Dillenbourg, fur la Dille , à
quatre milles au couchant de Marpourg , Se à trois au
nord de Gieflen. Elle a une fameufe école fondée , en
1584, par le comte Jean le Vieux. Jean Piscator, fameux
théologien Proteftant , en fut le premier recteur. Elle a
eu des hommes illuftres entre fes régens. Cette ville eft
connue à caufe de fes manufactures d'étoffes de laine ,
dont elle fait un affez bon commerce. * Zejler , Haf-
fiae, Sec. Topogr. p. 50.
HERBULENSES , nom d'un peuple de Sicile , félon
Pline, /. 3, c.8. Ortélius, Thefaur. doute fi ce ne fe-
roit point de chez eux que venoit YErbulum vinum
dont parle Athénée. Le P. Hardouin conjecture qu'il
faut lire Harbelenfes ; ck alors ce feroient les habitans
à'Arbelé, qu'Etienne le Géographe met dans la Sicile,
en citant Philifte dans fon huitième livre de l'Hiftoire de
Sicile.
HERCABUM. Voyez Ercabum.
HERCATES , ancien peuple d'Italie , en- deçà de
l'Apennin , vers la Ligurie. Tite-Live , /. 41 , c. 23, dit:
cis Apenninum Garuli & Lapicini & Hercates , trans
Apenninum Briniates fuerant.
HERCINIA silva. Voyez Hercynia.
HERCLEMANNICUS portus. Voyez portus
Monoeci : c'eft préfentement Monaco.
HERISLE , Herculaneus pagus , bourgade fituée
fur la montagne, ou eft préfentement Caferta Vecchia ,
au fommet des Tifates , dans le pays des Samnites. Her-
cule y avoit un temple qui fut caufe que cette bourgade
fe forma.
HERCULANEA via. Ciceron, Agrar.ï,c. 14, en
parle comme d'un canton délicieux & fort riche : ce>
chemin étoit en Italie , dans la Campanie , entre le lac
Lucrin ck la mer. C'étoit une chauffée qui , au rapport
de Strabon , l. j , p. 245 , paflbit pour être l'ouvrage
d'Hercule. Ce héros la fit lorsqu'il emmenoit les bœufs
de Geryon. Silius Italicus , /. 12, v. 118, nomme ce
chemin Herculeum iter par cette raifon ; Se Properce ,
/. 3, cleg. 16, v. 3, dit :
Qua jacet & Trojœ tubicen Mifenus arenat
Et fonat Herculeo flruHa labore via.
I. HERCULANEUM, ancienne ville d'Italie , aux
HER
pays de Samnites. Tite-Live, /. ro, c. 45, dit : Carvilius
avoit pris aux Samnites Volana, Palumbinum. & Hercula-
neum : il s'étoit rendu maître de la première en fort peu
de jours. La féconde ne lui avoit coûté que la peine
de s'approcher des murailles. Il trouva plus de difficulté
à Herculaneum. Il y eut deux actions fort vives , ck où
il perdit plus de monde que les ennemis. Il campa au-
près de la ville qu'il refferra : il en fit le fiége dans les
formes , &c la prit : dans cette ville il y eut dix mille
hommes de tués ou prifonniers. Cellarius, Geogr. an-
tiq. 1. 1 , c. 9 , p. 870 , foupçonne que c'eft ce même
lieu , qui, dans la Carte de Peutinger, eft nommé Hercu-
lus ranï.
1. HERCULANEUM, ancienne ville d'Italie dans la
Campanie, fur la côte, vis-à-vis du mont Vefuve , ajou-
tés à fix mille cinq cents pas de Naples , bâtie par Her-
cule 1241 ans avant l'ère chrétienne. Seneque , Quœjl.
jiat. 1. 6, c. 26, parle des tremblemens de terre auquels
Herculaneum & Pompeïes avoient été expofées , de ma-
nière qu'une partie cYHerculaneum en avoit été renver-
fée. Dion Caffius , p. 756, édition de Wechel 1606 ,
s'explique plus clairement , & nous apprend que ces deux
villes furent entièrement renverfées , tandis que le peuple
étoit au théâtre. Prœtereaque cinis duas urbes intégras,
Herculaneum & Pompeios, populo ejusfcdentc in theatro
fenitùs obruit. Cette funefte cataftrophe arriva l'an de
Jefus-Chrift 63 , fous le confulat de Regulus ck de Vir-
ginius. Mais cette ville fut bientôt rétablie , ck Rome y
envoya de nouveaux habitans. L'année de Rome 802, ck
de Jefus-Chrift 79, la première de l'empire deTite, Her-
culane effuya le même malheur , ck fut enfevelie fous les
cendres du mont Vefuve. Préfervée en partie des attein-
tes du feu par la grande quantité de terre ck de cendre ,
qui la combla presque par-tout , elle a reparu , vers l'an
1738, fous les villages de Refîna & de Portici. Ce phé-
nomène fouterrein a occupé , ck occupe encore , l'atten-
tion des amateurs de l'antiquité.
Le père Belgradi , Jefuite Italien , descendit, en 1748,
dans Herculane, foixante-dix pieds fous terre. Cette
route faite de main d'homme , depuis la découverte , eft
étroite, obscure; & l'on ne s'y engage qu'à la lueur des
flambeaux. Ce qui frappa d'abord le voyageur, furent des
murailles de briques , enduites de couleur rouge ck auffi
brillantes que fi l'on y avoit parlé tout récemment un
vernis. On reconnoît là le luxe de ces Italiens, Grecs
d'origine , qui employoient,pour l'ornement de leurs de-
meures , ce que Vitruve condamne comme un excès de
magnificence. Le même luxe avoit porté les habitans
d'Herculane à paver leurs marions de pièces de marbre
noir ck blanc. Ces pièces font comme de petits cubes
entremêlés ck diftribués avec goût. L'auteur cité confi-
déroit tout, en avançant dans ces rues fouterreines ; ck il
fut bientôt parvenu au théâtre qui eft conftamment le
plus beau monument de cette découverte : c'eft dom-
mage qu'on l'ait fi mal débouché ; qu'on ait comblé de
terre fes diverses parties, à mefure qu'on en retiroit les
ftatues, les médailles ck les autres antiques qui y étoient
enfevelies. Il n'en paroît que quelques côtés , quelques
veftiges qui fervent à faire juger du refte de l'édifice. Il
étoit en demi-cercle , ayant à l'extérieur 290 pieds de
circonférence', de largeur en dedans, jusqu'à la fcene,
150 pieds. Onentroit fur la fcene, dont la largeur eft
de 72 pieds, par trois portes ; ck tout ce frontispice do-
rique n'avoit que 30 pieds de hauteur. Toute l'enceinte
du théâtre étoit en portiques deftinés à l'entrée des
fpeftateurs ; ck ils foutenoient auffi les galeries ck les
loges en gradins où l'on fe plaçoit. La dernière galerie
étoit refervée aux dames , tk paroît avoir été plus ornée
que les autres.
A quatre-vingt pas environ du théâtre d'Herculane , on
trouve trois édifices , un plus grand , ck deux autres beau-
coup moindres, placés vis-à-vis , ck communiquant avec
le premier par des portiques. Le plus vafte étoit probable-
ment le Forum. Cet édifice avoit 228 pieds de long ,
.& environ 132 de large. On y a trouvé plufieurs ftatues ,
fur-tout à l'entrée-, celle de M. Nonnius Balbus.
A l'égard des deux bâtimens placés vis-à-vis de ce
Forum, c'étoient des temples, l'un ayant 1 50 pieds de long
fur 60 de large , l'autre beaucoup moins vafte , tous deux
voûtés , de forme quarrée , ornés d'autels , de peinture
a fresque ; ck l'on y voit auffi fur les murailles des pla-
HER 341
cfues de marbre où font inscrits les noms de ceux qui
ont contribué aux dépenses de ces édifices , ck des ma-
giftrats qui ont préfidé à leur confécration.
Parmi les ftatues de bronze on a admiré celles de Né-
ron , de Germanicus ; mais celles qui font en marbre
font mieux conservées. La plus belle eft une ftatue éques-
tre , de marbre blanc , que le roi des deux Siciles a fait
placer dans la cour de fon palais de Portici. Le cavalier
eft , félon toutes les apparences , un proconful Romain.
Il a l'air d'autorité^ de commandement; on le voit en
habit de guerre, l'anneau au doigt , les brodequins aux
pieds ;_& le cheval fur lequel il eft monté, eft auffi dans
une attitude fiere , tournant la tête vers le cavalier , &
respirant l'ardeur des combats. C'eft un chef-d'œuvre que
ce monument : on y diftingue les veines , les muscles ,
les tendons, & toutes les proportions font de la plus grande
jufteffe. On voit cette inscription fur la bafe de la fta-
tue:
M. Nonio. M. F. Balbo. P. R. Proc.
Herculanenses.
Il feroit trop long de détailler tous les autres monumens
qu'Herculane a fournis. On peut lire l'auteur, à qui rien
n'eft échappé , ck qui traite tout avec jufteffe. * Jacobi
Belgradi Epiftola; de antiquis Monumentis fub retinâ re-
cens inventis. Venet. 1749.
HERCULANEUS rivus , ruiffeau d'Italie ; il a fa
fource clans le chemin de Sublaque , à foixante-deux mille
pas de Rome , félon Frontin.
HERCULEA via. Voyez Herculanea via.
HERCULES saline. Voyez Herculaneum 2.
HERCULE. Le même que les Payens nommoient
en grec Héraclès , eft appelle en latin Hercules , de-là
vient qu'il y a tant de lieux qui dans cette dernière lan-
gue, portent fon nom : quelquefois les Latins trouvant
le nom déjà impofé par les Grecs , l'ont conservé ,
comme nous avons vu , dans le grand nombre de vil-
les nommées Hcraclie ; quelquefois ils l'ont traduit en
leur langue. Il fuffit ici de remarquer que tous ces lieux,
foit en grec , foit en latin , tirent leur nom d'une même
origine, qui eft Hercule ; foit que ces lieux fuffent il-
luftrées par quelqu'une de fes aftions , foit qu'ils euffent
feulement un temple , une chapelle ou quelqu'autre chofe
de consacré à ce dieu.
Ad HERCULEM. Voyez au mot Ad, les quatre ar-
ticles Ad Herculem.
HERCULEUS lacus : Diodore de Sicile , /. 4,
nomme ainfiun lac de Sicile, dans le territoire deLeon-
tini. Il avoit quatre ftades ou cinq cens pas de circuit ,
ck paffoit pour avoir été creufé par Hercule.
HERCULEUM, ERKELEN ou Erkelens, ville
du BrabantHollandois, au quartier de Gueldre. Plufieurs
la prennent pour Caflra-Herculis , dont Ammien Mar-
cellin & d'autres ont fait mention. Elle eft fituée à une
lieue de Roër, à quatre de la ville de Juliers , êk à fix
de Ruremonde , entre l'une ck l'autre. Quoiqu'elle foit
environnée de toutes parts des terres du duché de Ju-
liers, elle eft delà jurisdicfion de Gueldre. Les François
s'en étant rendus les maîtres au commencement de la
guerre de Hollande, l'abandonnèrent en 1674, après
en avoir démoli les fortifications. * Corn. Dift.
HERCULUM FRETUM ; ancien nom du détroit
de Gibraltar.
HERCULEUM iter. Voyez Herculanea via.
HERCULIA , félon Antonin , hiner. ville de la Pan-
nonie , fur la route de Sopiana. à Bregendo ; entre Gur-
tiana ck Floriana , à vingt milles de la première , ck à
quinze de la féconde. Ortélius, Thcfaur. croit que c'eft
la même qui eft nommée dans la Notice ad Herculem,
ck Lazius conjecture que c'eft préfentement la ville de
Bude.
HERCULIS ara. Voyez ara Hercults.
HERCULIS ar.£, ou les autels d'Hercule;
ville de la Sufïane, près de la Mefopotamie & du Tigre,
à l'oppofite d'Apamée , félon Ptolomée, /. 6, c. 3.
HERCULIS Arenosi Cumuli , ou Herculis
Aren*:, c'eft-à-dire les monceaux de fable, ouïes fa-
bles d'Hercule ; montagne d'Afrique , dans la Cyrenaï-
que , félon Ptolomée , /. 4, c. 4,
HERCULIS-Castra. Voyez Castra.
HERCULIS-Castrum , lieu fltué quelque part vers
342. HËR
la Mœfie , entre Neflus & Ulpiana , feloft Jornandes ,*
cité par Ortélius. Mais je trouve dans Jornandes même,
de Rcb. Gaie. c. 56, ces paroles : vidensTheodemir un-
dique fibi prospéra provenire , Naiffum primam urbem
invadit Ulyria : filioque fuo Theodorico confociatus ad-
Jlat &invil£am comités perCASTRVM.-HKRCVl.lS trans-
muta Ulpianam. On voit par ce paflage & par celui qui
le fuit , que Maiffus étoit ville frontière de l'ïllyrie, dont
ëtoit auffi Ulpiana, & que Callrum Herculis étoit entre
<leux. Théodemir, & fon fils ihéodoric, les prirent , &
s'ouvrirent par-là certains lieux de l'ïllyrie , qui avoient
été jusqu'alors inacceffibles. Qui venientes , tàm eam
(Ulpianam) quàm & opes mox In deditionem accipiunt ,
■nonnullaque loca lllyrici inacceffibilia Jibi tune pri-
mum pervia faciunt.
HERCULIS column/e., c'eft-à-direlesCOLOMNES
D'HERCULE. On entend préfentement par ce nom deux
montagnes aux deux côtés du détroit de Gibraltar , fa-
voir Calpe en Espagne , & Ab'da en Afrique. Marcien
d'Heraclée, />.?£. 36, edit. Oxon. dit dans fon Périple,
que les anciens ne s'accordoient pas fur le lieu où il fal-
loit placer les colomnes d'Hercule : lors , dit- il , que
l'on pafle le détroit, & que l'on range le temple de Ju-
non , que ceux qui fortent la;ffentàleurdroite, on trouve
l'Océan qui s'étend fort loin de chaque côté , le long de
l'Espagne & de la Libye , & qui, du côté de l'occident,
a une "étendue indéterminée , que l'on ne connoît^ point.
Premièrement, en côtoyant , on trouve à droite l'ifle de
Gades , où l'on prétend que font les colomnes d'Hercule.
Quelques-uns les mettent auprès du montCalpé, qui eft
dans le détroit même ; & d'autres les mettent auprès de
l'ifle de Gades , comme Artemidore le Géographe. Rien
n'empêche que nous commencions le Périple de l'Espa-
gne au mont Calpé , que la plupart prennent pour une
colomne d'Hercule. Il nomme enfuite , p. 39 , Calpé
montagne & colomne. Pomponius Mêla, /. I -, c. 5, par-
lant de la Mauritanie , & particulièrement de la ville de
Tingi , ajoute : il y a enfuite une montagne très-haute,
à l'oppofite d'une autre qui eft du côté de l'Espagne. On
appelle l'une Abyla & l'autre Calpé ; & toutes les deux
les colomnes d'Hercule. On dit qu'Hercule trouva ces
montagnes contigues l'une à l'autre ; qu'il les fépara , &
fit entrer ainfi l'Océan dans les terres qu'il inonde aujour-
d'hui, &c. Seneque, l'un des tragiques, parle ainfi de
cette divifion :
Utrinque montes folvit abrupto obice,
Et jam menti fecit Oceano viam.
Denys le Periégete, v. jz, dit, que ces deux colom-
nes font fituées aux deux côtés du détroit , l'une vers
l'Europe , l'autre vers la Libye ; mais il ne dit pas que
ce fuflent deux montagnes. Après avoir invoqué les Mu-
fes qu'il prie de commencer fa description à l'Océan oc-
cidental , il ajoute , v. 64: c'eft, là que font les colomnes
d'Hercule , à l'extrémité de l'univers. Elles font à Ga-
des , & au pied du mont Atlas , dont les branches s'é-
tendent fort loin. Là une colomne d'airain très-haute
s'élève dans les nues qui la couvrent. Diodore de Si-
cile , /. 4 , c. 18 , dit : Hercule ayant parcouru une grande
partie de l'Afrique, arriva au bord de l'Océan de Gades,
& éleva des colomnes fur la côte de l'un & de l'autre
continent. De- là il pafia en Espagne, &c. Il y en a
pourtant , continue-t-il , qui afl'urent le contraire ; car ,
félon eux , les deux continens étoient joints l'un à l'au-
tre , & Hercule ayant creufé un canal , & ouvert le pas-
fage , l'Océan fe mêla par le détroit avec notre mer. II
la'iiïe enluite , à chacun la liberté d'en juger ce qu'il lui
plaira. Strabon , le plus judicieux géographe de l'anti-
quité, parle ainfi de ces colomnes, /. 3 , p. 169 & feq.
Les Gaditains affurent qu'un oracle ordonna aux Tyriens
de mener une colonie aux colomnes d'Hercule ; que
ceux qu'ils envoyèrent, étant arrivés au détroit , près de
Calpé , s'imaginèrent que ces promontoires qui reffer-
rent le détroit , étoient le bout de la terre habitée , &
la fin de l'expédition d'Hercule , & en même tems ce
que l'oracle appelloit les colomnes ; ils entrèrent dans le
détroit , au lieu où eft préfentement la ville des Axitains ;
& ayant fait des facrifices qui ne leur réuffirent point,
ils s'en retournèrent dans leur pays. Quelque tems après,
il en partit d'autres qui fortiient du détroit la valeur de
HER
quinze cents flades , vinrent à une Me confacrée à Her-
cule , vis-à-vis d'Onoba ville d'Espagne ; 6c croyant
avoir trouvé les colomnes , ils facnrierent à ce dieu ;
mais les viftimes ne promettant pas un fuccès heureux ,
ils s'en revinrent dans leur patrie. Ceux qui partirent, en
troiliéme lieu , avancèrent jusqu'à l'ifle de Gades, où
ils bâtirent un temple , dans la partie orientale de l'ifle,
& une ville dans l'occidentale; de-là vient que, par le
mot de colomnes d'Hercule , les uns entendent ce qui
reflerre le détroit , d'autres Gades , d'autres enfin des
lieux fitués encore au-delà de Gades. Quelques-uns
prennent pour les colomnes Calpé & Abyla, qui eft une
montagne fituée en Afrique , vis-à-vis de Calpé. Era-
tofthèue met Abyla chez les Métagoniens , peuple No-
made ; d'autres croient que ce font de petites ifles voifi-
nés de l'une & de l'autre montagne, & dont l'une eft
appellée ïijle de Junon. Artemidore parle bien de l'ifle
& du temple de Junon ; mais il les diftingue d'Abyla;
& félon lui , ce n'eft ni une montagne , ni un lieu de
Métagoniens ; quelques-uns transportent en ces quartiers
les roches Symplegades & les Planètes , & croient
que les colomnes font ce que Pindare appelle les portes
de Gadir. De plus Dicéarque, Eratofthene &C Polybe,
& la plupart des Grecs, allurent que ces colomnes font
au détroit. Mais les Espagnols & les Africains les pla-
cent à Gades , ôc âfturent qu'il n'y a rien auprès du dé-
troit qui reffemble à des colomnes. D'autres veulent que
ces colomnes d'Hercule ne foient autre choie que les co-
lomnes de bronze de huit coudées , qui font à Gades
dans le temple d'Hercule , &C fur lesquelles eft gravée
une inscription qui marque combien ce temple a coûte
à bâtir. Ce font, dit-on, celles que les Tyriens trouvè-
rent; & ayant fin; là leur navigation, & facrifié à Her-
cule , ils eurent foin de publier que la terre & la mer ne
s'étendoient pas plus loin. Polîîdonius tient ce fentiment
pour le plus probable , &C regarde l'oracle & les divers
envois des Tyriens comme un conte forgé par les Phéni-
ciens. On ne peut rien aflurer fur ces envois ; mais pour
les ifles & les montagnes, il eft certain qu'elles n'ont rien
qui reflemble à des colomnes , & que l'on cherche des
coiomnes proprement dites , qui foient & la borne de
la terre , & la fin de l'expédition d'Hercule. C'eft un
ancien ufage d'élever de pareils monumens. Les habi-
tans de Rhegium , au lieu de colomne , ont bâti une
tour iur le détroit (de Sicile) à laquelle répond de l'au-
tre côté la tour du Pelore. Il y a les autels des Philènes
au milieu du canton qui eft entre les deux fyrtes : dans
l'ifthme de Corinthe il y avoit autrefois, dit- on, une
colomne placée , à frais communs , par les Ioniens qui ,
étant chaflës du Peloponnefe , avoient envahi l'Attique
& la Megaride , & par ceux qui occupoient le Pelo-
ponnefe. Sur la colomne du côté de la Megaride , on
lifoit ces mots : ce n'ejl plus ici le Peloponnefe , mais
rionie. De l'autre côté il y avoit : cefl ici le Pelopon-
nefe , & non pas l'Ionie. Alexandre , dans la conquête
des Indes , étant arrivé au pays le plus oriental qu'il ait
vu, dreffa des autels pour la borne de fa course ; il fui-
vit en cela l'exemple d'Hercule & de Bacchus : c'étoit
la coutume. Il eft vraifemblable que ces lieux ayant pris-
leur nom de ces monumens le conservèrent, quoique les
monumens fuflent détruits.
Enfin, pour finir cet article, j'ajouterai ce que dit
Hefyche. Rien ne prouve mieux l'incertitude où les an-
ciens ont été eux-mêmes fur le heu où étoient ces co-
lomnes d'Hercule. Quelques-uns, dit-il, les prennent pour
des ifles, d'autres pour des jettées de terre, d'autres pour
les extrémités de deux continens , d'autres enfui pour
des villes. Les uns même n'y en mettent qu'une , d'au-
tres plufieurs.
z. HERCULIS columnjE , ou les colomnes
d'Hercule. Tacite rapporte une ancienne tradition qui
pla,çoit d'autres colomnes d'Hercule dans la Frife ; car
parlant des Frifons diftingués en grands & en petits , il
ajoute : ces deux nations bordent le Pvhin jusqu'à l'O-
céan , ck entourent des lacs d'une grandeur immense,
où les flottes Romaines ont pourtant pénétré. Nous avons
même eflayé de naviguer fur l'Océan de ce côté-là ; &
la renommée a publié qu'il reftoit encore des colomnes
d'Hercule, foit que ce héros ail été elfeâivement dans ces
pays , foit qu'on lui attribue ordinairement tout ce qu'il
y a de grand 6c de magnifique en quelque pays que ce
HER
foit. Drufus voulut tenter cette avanture , & ce ne fut
pas faute de courage qu'il ne l'acheva point ; l'Océan ne
le lui permit pas , & s'oppofa aux recherches qu'il vou-
loit faire. Sur un fi léger indice, il y a eu des gens affez
téméraires pour ofer afïurer que ces colomnes d'Her-
cule font aujourd'hui un lieu entre Groningue & Coë-
■worde, nommé en flamand Duyvels Cut%_, c'eft-à-dire ,
le C ... du diable, ou comme Ortélius le rend en latin ,
Cacodcemonis
HERCULIS DELUBRUM , OU
j. HERCULIS fanum , en grec 'Hg^nxiui hy* ,
le TEMPLE d'Hercule. II y en avoit dans un très-
grand nombre de villes , & il feroit ennuyeux d'en met-
tre ici une lifte. II faut chercher aux noms des villes
même où étoient ces temples, comme Erythres, Her-
cules columnœ , & quantité d'autres. On peut mettre tou-
tes les Heraclées au nombre des villes qui avoient un
temple confacré à ce héros. Nous diftinguerons ici un
lieu particulier, dont parle Ptolomée , parce qu'il étoit
ainfi nommé indépendamment d'aucune ville , quoique
ce temple fût, fans doute, accompagné d'habitations pour
loger ceux qui le deffervoient. Ptolomée , /. 3 , c. 1 ,
le met en Toscane , fur la côte , entre le promontoire 6c
le bois de Feronie d'un côté , &C l'embouchure de l'Ame
de l'autre.
2. HERCULIS fanum , port de l'ifle de Malthe ;
c'eft préfentement la Marsa Siroco , ou , comme écrit
De l'ifle, la Calle de Marsa Siroc, au fud-eft de l'ifle.
$.Ortel. Thef.
1. HERCULIS insula ou I'isle d'Hercule, fé-
lon Ptolomée , /. 3 , c. 3 , petite ifle fur la côte occiden-
tale de Sardaigne. Ortélius croit que c'eft préfenternent
AsiNARA. Pline , /. 3 , c. 7, met dans cet endroit deux
ifles d'Hercule : le P. Hardouin observe qu'il y en a
deux , dont l'une eft AsiNARO ou Zavara , qui eft la
plus grande, & que la plus petite eft ISOLA Piana.
2. HERCULIS insula , ifle d'Espagne. On lanom-
moit auffi Scombraria. Voyez ce mot.
HERCULIS LAVACRA , 'Huxtew Xfcjpà , ou les
feains d'Hercule, lieu de la Driopide , félon Antoninus
Liberalis, cité par Ortélius, Thefaur.
HERCULIS lavacrum ; Aufone remarque dans
fes vers fur la ville de Milan , qu'un des beaux quartiers
de cette ville s'appelloit ainfi:
Templa , P alatinœque arces , opulensque Moneta ,
Et regïo Herculei celebris J'ub honore lavacri.
HERCULIS monoeci portus. Voyez Monoe-
Cus & Monaco.
HERCULIS oppidum , ville d'Egypte , dansune ifle
du Nil. Voyez Heracléopolis.
HERCULIS PAGUS : Cedrene & Curopalate, cités
par Ortélius, nomment ainfi un lieu de l'Afie mineure,
que ce géographe croit avoir été quelque part vers la Ci-
licie.
HERCULIS Petra , roche d'Italie , dans la Cam-
panie , au bord de la mer , dans le territoire de Stabies.
Pline, l. 31, c. 2, place de certains poiffons nommés
Melanuri , qui fe jettent fur le pain qu'on leur jette
dans la mer , Se qui ne gobent rien où il y ait un ha-
meçon.
1. HERCULIS PORTUS, ou le PORT d'HERCULE,'port
d'Italie , au pays des Brutiens , auprès de la villede Vibo-
Valentia, félon Pline , /. 3 , c. 5. Ce port étoit au-des-
fous du lieu où l'on avoit érigé un trophée , en l'hon-
neur de la viétoire de Sext. Pompée, & qui fut nommé
à caulé de cela AD Trop^EA , ïl&s TejiHua.. * Cellar.
Geogr. ant. t. 2. , /. 1 , c. 9.
2. HERCULIS portus , port de l'ifle de Sardai-
gne , dans fa partie méridionale , félon Ptolomée, /. 3 ,
e. 3. Antonin le nomme ad Herculem. Voyez au mot'
Ad, l'article AD HERCULEM.
3. HERCULIS portus , nom latin de Porto-
HERCOLE. Voyez ce mot.
HERCULIS LABRONIS , OU LlBURNI PORTUS ,
ancien port d'Italie. Antonin , Itiner. dans la route de
Rome par la Toscane & les Alpes maritimes , le place
à douze milles dePife, & le nomme ad Herculem. Ci-
ceron ad Quintum fratrem , l. 2 , epifi. 6, appelle un
port de ces quartiers-là Labro : trat iturus a. d, 1 1 1 , id.
HER 34j
Apr'des ut aut Labrone , aut Pifs tonscenderet. Zo-
zime , /. 5 , c. 20 , parlant d'une ibrte de navires , ap-
pelles Liburnes par les anciens, dit qu'on ies appeiloit
ainfi du nom d'une certaine ville d'Italie , où les pre-
miers de cette espèce ont été bâtis. Cellarius a cru que
Zozime avoit voulu parler de ce port , & que le nom de
Labro, fuppofé que ce mot foit bien exempt d'erreur
dans la lettre de Ciceron, a été changé avec le tems en
Liburnum , d'où s'eft fait le nom moderne qui eft Li-
vourne. Mais le témoignage de Zozime ne conclut rien,
& fa ville de Liburnum ne vient qu'à la fuite des vais-
feaux, nommés Liburnes, dont il cherchoit l'etymolo-
gie ; au lieu qu'Appien , Etienne le Géographe, &c.
nous aprennent que l'origine de ces navires fe doit pren-
dre de la Liburme , contrée de la Dalmatie. Voyez Li-
VOURNE.
1. HERCULIS promontorium , c'eft-à-dire le
cap ou le promontoire d'Hercule , cap de la Maurita-
nie Tingitane , fur l'océan Atlantique , entre l'embou-
chure du fleuve Tuth , & la ville de Tamufiga , feion
Ptolomée, /. 4, c. 1. Mercator dit que c'eft le cap Can tin
2. HERCULIS promontorium, cap d'Afie,dans
la Galatie , près de Themiscyre , félon Ptolomée t. î,
c. 6.
3. HERCULIS promontorium , cap de l'ifle de
la grande Bretagne , fur la côte occidentale, félon Pto-
lomée. Ses interprètes le nomment aujourd'hui Hardt-
Land.
HERCULIS pyrgos'ou la tour d'Hercule. Voyez
Herculis turris. .
HERCULIS saline, ouïes salines d'Hercule.
Voyez Herculaneum 2.
HERCULIS spécula. Florus,/. 4, ci, nomme
ainfi les deux extrémités de l'Europe & de l'Afrique, qui
refferrent le détroit de Gibraltar. Ce mot femble faire
entendre que c'étoient des tours élevées qui fervoient à
découvrir ce qui entroitdans k détroit & ce qui en fortoit.
HERCULIS turris, ou la tour d'Hercule,
ville de la Cyrenaïque , fur la mer Méditerranée , félon
Ptolomée , /. 4 , c. 4. Caftald croit que c'eft préfente-
ment Corcuera. ; Se Marmol, que c'eft Caméra
Torre.
HERCULIS via. Voyez Herculanea via.
HERCULIS vicus, village d'Afie, dans la Cilicie,
félon Curopalate cité par Ortélius.
HERCULIUS, torrent de Grèce , dans la Phocide ,
près de la ville de Bulis , félon Paufanias , /. 10, c. 37.
HERCUNIATES. Voyez Ercumates.
HERCINIASilva, &:
HERCINIUS Saltus ; la forêt & la montagne
d'Hercynie, en Germanie , félon les hiftoriens Grecs &
les Latins. Les Grecs ayant ouï dire aux Germains que
la Germanie avoit quantité de montagnes & de vaftes
forêts , & remarquant qu'ils fe fervoient du mot Hart-
^en, pour les exprimer, fe figurèrent que ce n'étoit qu'une
feule forêt continuée dans toute la Germanie , & une
feule chaîne de montagnes , qui fe répandoit dans tout
ce pays ; &c pour fignifier cette forêt & cette chaîne
de montagnes , ils firent le mot 'Efnurlov , ou 'Apzu-
viov. Ariftote , In Mirand. & Meteorolog. 1. I , c. 13,
met dans cette chaîne de montagnes la fource du Da-
nube & de la plupart des rivières qui coulent vers
le nord. Diodore de Sicile, /. 5, c. 21, qui regarde les
montagnes d'Hercynie comme les plus hautes de toute
l'Europe , les avance jusqu'à l'Océan , & les borde de
plufieurs ifles , dont la plus grande'eft la Bretagne. Pline,
après avoir dit qu 1
/u les peuples Chauchi,
ajoute peu après , L 16 , c. 1 , que tout le refte de la Ger-
manie eft couvert de forêts. Il dit enfuite : dans cette
partie feptentrionale de la forêt Hercynie , la groffeur
des chênes , auffi anciens que le monde , & que les fié-
cles ont épargnés, furpaffe toutes les merveilles par leur
cleftinée immortelle. Il rapporte, c. 2, ce qu'on lui en a
dit de plus croyable. Pomponius Mêla, que Pline co-
pie fouvent , avoit dit avant lui, /. 3 , c. 3 , que la Ger-
manie a plufieurs forêts , dont la plus grande & la plus
connue eft la forêt Hercynie , qu'on ne parcourt qu'en
foixante jours. Il entend, fans doute , la longueur; &
Jules-Celar la fait encore plus longue. Ce^ dernier, après
avoir dit que cette forêt a été connue à Eratofthène,
qui la nomme Orcinia , la décrit ainfi, B. GalL 1.6,
BEK
344
c. 25. Cette forêt d'Hercynie a douze journées de laf-
gueur ; on ne peut la déterminer autrement ; car ces
peuples ne connoiffent point les mefures itinéraires. Elle
commence aux frontières des Helvétiens, des Nemetes
ck des Rauraques , &r. s'étend le long du Danube jus-
qu'aux confins des Daces &; des Anartes. De-là elle
tourne fur la gauche dans des contrées éloignées de ce
fleuve , & par fa vafte étendue touche aux pays de di-
vers peuples ; & il n'y a perfonne de ces pays qui dite
en avoir trouvé le bout, quoiqu'il ait marché ibixante
jours. Il parle enfuite des animaux fauvages qui s'y trou-
vent. Tout cela vient de l'erreur où étoient les Grecs &t
les Romains, d'avoir cru que toutes les forêts, auxquel-
les le nom de Hart( au fingulier , & Harqen étoit com-
mun.; n'en faifpient qu'une feule, dont c'étoit le nom
propre ; au lieu que ce nom lignifie dans la langue des
anciens Germains toutes les forêts indiftinftement , en
quelque pays qu'elles fe trouvent. Ainfi la longueur que
donnent Cefar & Mêla n'a rien d'exaft. D'Ablancourt
traduit Hercinia filva, dans le paflàge allégué de Jules
Cefar, par h forêt noire qui n'y convient en aucune ma-
nière. La forêt noire n'eft pas fi étendue , & répond à
Martiana silva des anciens. A l'égard des monta-
gnes d'Hercynie, répandues dans toute l'Allemagne , c'eft
une chimère qui a la même erreur pour fondement. Quel-
ques Allemands n'ont pas laiffé de croire que c'étoit ef-
fectivement une forêt continue , dont les reftes portent
préfentement divers noms , favoir ;
Schwartzwaldt ou la foret noire. , près de Fri-
bourg en Brisgaw. Voyez la copie d'un manuscrit à la
fin de ce Dictionnaire.
Odenwaldt, près deHeidelberg.
Steyger-waldt , près de "Wurtzbourg &c de Bam-
kerS- ,v 1 ■ •
Westerwaldt , depuis le Mêin , jusqu a la rivière
de Lohr.
. SPESHART , peu loin du Mein , vers Francfort,
Aschaffenbourg & Mayence.
Aaf DEN Hartz, à l'entrée delà Saxe , au comte
de Mansfeld.
ThUrinCERWAI-DT , dans la Thurihge.
Behemewaldt, dans la Bohême.
HERCYNIUM. Etienne le Géographe nomme ainfi
une montagne d'Italie. Ortélius foupçonne qu'il entend
l'Apennin.
, HERCYNIUM JUGUM , chaîne de forêts dans la Ger-
manie ; quelques-uns l'expliquent des montagnes qui font
à' la partie occidentale de la Bohême , c'eft-à-dire du
Fichtelberg où le Mein , la Saala , l'Egre & le Nab
prennent leurs fources. D'autres entendent par ce nom
les montagnes qui fontdansla partie orientale, appellées
der Riefenberg , où font les fources de l'Elbe. Ces deux
fentimens s'accordent également avec celui de Ptolo-
mée , qui met les monts Sudites , depuis la fource du
W'efer à l'occident , jusqu'à la fource de l'Elbe à l'orient.
Or ces monts Sudites faifoient partie iïHercynium ju-
gum ou Hercynii saltus. * Cluver. Germ.-ant. /. 3,
c. 48.
HERDER, village de Suiffe, dans le Thurgov. C'eft
une terre feigneuriale qui a ("es feigneurs particuliers. *Etat
& délices de la Suiffe , t. 3 , p. 1 ^4.
HERDEREN , village de Suifle, au comté de Bade.
L'évêque de Confiance" y a la baffe jurisdiftion. * Etat
& délices de la Suiffe , p. 143.
HERDONIA. Voyez Erdonia.
HEREA , 'f-fts* » ville de Macédoine , félon Appien
Alexandrin , in Syriac.
HERECHON ou Arechon , ou Arecon , ville
de la Paleftine,dansle tribu de Dan. *Jofué, c. 19^.46.
HEREFORD , ville d'Angleterre , dans là province
<rui en prend le nom à'Herefordshire , dont elle eft la
capitale , fur la rivière de "Wye , à cent cinq milles de
Londres , dans un très-bon terroir. On prétend qu'elle
a été bâtie des ruines d'ARICONIUM , qui étoit, à ce
-que l'on croit , au lieu où eft aujourd'hui Kenches-
TER, village qui eft à fon couchant fur la Wye, & elle
avoit autrefois un château, bâti par les Normands, mais
il eft tombé en ruine. Il y a trois marchés par la fe-
maine : c'eft le fiege d'un évêque , dont le diocèfe com-
prend tout Herefordshire , & partie de Shrosphire.
* Etat préfent de la Grand-Bretagne , t. i, p. 70 6- 277.
HER
Il ne faut pas confondre cette ville , ni fa province
avec une d'un nom à - peu - près femblable , appellée
Hertford , ainfi que la province dans laquelle elle eft
fituée.
HEREFORDSHIRE, province d'Angleterre , dans
l'intérieur du pays, au diocèfe deHereford, vers le pays1
deGalles. Elle a cent milles de tour, & contient 660000
arpens de terrein, & 1 5000 maifons. Cette province1
abonde en toutes chofes néceffaires à la vie , particulié-'
rement en bled , en bois , en laine , en faumons & en
cidre. Sa laine eft la plus eftimée d'Angleterre , de même
que fon cidre , qui fe fait d'une pomme appellée reds-,
treak, qui n'eft pas bonne à manger , mais qui ne vient
nulle part fi bien qu'en cette province. Ses villes ôt bourgs
où l'on tient marché , font,
Hereford, capitale,
Lempfter, Pembridge,
"NV'eobly, Lidbury,
Kyneton , Bromyard,
& Roff.
C'eft dans cette province que fe trouve la farneufe col"
Une ambulante , nommée en anglois Marsley-Hill. L'ori- ■
gine de ce nom vient d'un tremblement de terre, arrivé
au mois de Février 1574 : vingt -fix arpens de terre fe
mirent, pour ainfi dire, en marche, avec un bruit effroya-
ble, pendant trois jours consécutifs. Par ce transport, un
clocher & plufieurs arbres furent renversés , deux grands
chemins changèrent de place ; celui de l'eft p.iffa à l'oueft,
_& celui de l'oueft vint -à l'eft ; des prés fe trouvèrent
où il y avoit des champs, & des champs où il y avoit
des prés. Ce prodige eft attefté par les plus célèbres au-
teurs. * Etat préfent de la Gr. Bretagne, p. 26 & 70.
HEREN , montagne delà Mauritanie Cefariense,
félon Ptolomée, /. 4, c. 1. Ses interprètes lifent By-
REN.
HERENATIUM. Antonin, dans fon Itinéraire , met
Herenatium, ancien lieu de la Belgique, chez les Bata-
ves , fix mille pas au-deffous de Burginadum. La table
de Peutinger donne la même pofition à Arenatium, qui
eft , à vrai dire , le même nom moins deguifé. Alting
croit que ces deux noms font fynonymes avec Arena-
cum nommé par Tacite , Hifl. I. s; , c. 28 , ÔC qu'ils ne.
lignifient qu'un même village de la Batavie.
HERENOPOL1S. Voyez Neronias.
HERENTHALS ; (ce nom fignifie la vallée des fei-
gneurs,) autrefois ville , aujourd'hui bourgade des Pays-
bas Autrichiens , dans le Brabant , au quartier d'Anvers.
Elle fut bâtie par Henri, duc de Brabant, l'an 1212, I
fur la petite rivière de Nethe. C'eft le. chef- lieu d'une
mairie. *Longuerue, Defcr. de la France, 2. part. p. 54.
Baudrand, éd. 1705 , Dicl. géogr. des Pays-bas.
HERETUM. Voyez Ere'tum.
HERE US mons , montagne de Sicile , où eft la«
fource du fleuve Chryfas, félon Vibius Sequefter. Fazel.
la nomme YArteJîno, Se, dans un autre endroit, Ta VIS.
*Ortel.Thef.
HERFELD , ancien monaftere d'Allemagne , dans le
duché de Brème , autrefois fort célèbre , aujourd'hui
fécularifé.
HERFORD. Voyez Hereford.
HERFORDEN , Herwerden & Hervordf.n,
ville d'Allemagne, enWeftphalie, au comté deRavens*
berg. Elle a eu autrefois fes feigneurs particuliers , dont
le dernier étoit contemporain de Charlemagne. Il s'ap-
pelloit Wplder, & nefe voyant point de fils, il demanda
à Witikind , qui s'étoit fait Chrétien depuis peu , 8&
étoit déclaré duc de Saxe , la permiffion d'employer fa
maifon & fes biens , pour bâtir un monaftere , ce qui lûfj
fut accordé. L'églife de Notre-Dame de Herforden fut
• fondée par Meinwerck , dixième évêque de Paderborni
Cette ville eft une des villes impériales du cercle de
"Weftphalie ; & quoiqu'elle foit la capitale du comté de
Ravensberg , & qu'elle eût pris le duc de Juliers pour
protecteur , elle a toujours prérendu être ville anséati-
que & impériale ; elle a même voulu être exemptée de
la jurisdiftion de l'abbeffe. Elle a fon rang entre les vil-
les libres & impériales du banc du Rhin. Elle eft affez
grande & pafiablement bien bâtie , à la jonâion de
plufieurs ruiffeaux , favoir l'Aa , qui vient de Bilefeld à
deux
I
HER
ceux lieues de-là, & la Velue, qui venant de Dieth»
mold au comté de la Lippe , fe charge de l'Aa , & fe
va perdre dans leWefer, un mille au-deflus de Minden.
Ces deux petites rivières traversent la ville d'Herforden
& la coupent en trois, dont l'une appellée la Ville-neuve,
a fa maifon de ville & fa jurisdicuon particulière ; la fé-
conde eft nommée la Vieille-ville, & la troifiéme Rade-
wich; ces deux dernières ont une maifon de ville tk une
jurisdi&ion en commun, quoique chacune aitfon églife.
Le terroir des environs eft bon & fertile. * Zeyler, "Weft-
phal. topogr. p. 31.
L'abbaye a eu de grands privilèges des papes & des
empereurs ; &c l'abbefTe a rang & voix de fuftrage à la
diète , comme étant princelfe de l'empire , quoiqu'elle
foit de la confeflion d'Augsbourg. Sa place aux diètes
eft entre les abbefies du banc du Rhin.
HERFORDSHIRE. Voyez Herefordshire.
HERGENTUM, pour Ergetium. Voyez ce mot.
HERGISVALD, Hergottswald , ou Hergis-
WALD , bois , en Suiiïè , près du mont Pilate , dans le
canton de Lucerne : il y a une chapelle qui renferme
une image de la fainte Vierge , que l'on prétend mira-
culeufe, & avoir été trouvée au milieu d'un rocher dans
une pierre à fer, l'an 1660. * Etat & délices de la Suijfe,
t. 2 , p. 414.
HERI. Voyez Herat.
HERIBATH, ville d'Afie, dans l'Indouftan, à cin-
quante lieues d'Amadabath. Elle n'eft pas fort grande ,
& n'a ni portes ni murailles , parce qu'elles ont été
détruites parTamerlan, auifi-bien quefon château, dont
l'on voit encore les ruines fur une haute montagne près
de la ville. *MandeJlo, Voyage , 1. I , p. 164.
HERICOURT , petite ville tk feigneurie du comté
de Montbeliard , à une lieue de Montbeliard , vers le
feptentrion , en tirant vers le mont des faucilles. * Bau-
drand, édit. I705.
HERlGEMI, ville épiscopale d'Afie, dans le patriar-
chat d'Antioche. Emeffe en étoit la métropole. * Schels-
trate , Ant. ecclef. t. 2, p. 740.
1. HERISÀV, gros bourg ou village de SuifTe , à
une des extrémités du canton d'Appenzell , au bord d'une
petite rivière nommée Brulback. Il eft des plus anciens
du pays , & fubfiftoit avant le fixiéme fiécle. C'eft l'en-
droit le plus peuplé & le plus confidérable du parti Pro-
teftant dans ce canton. Il y a dans fon voifinage une fon-
taine d'eau foufrée Se froide. Dans les montagnes qui
féparent ce pays d'avec le Rhintal , il y a trois petits lacs
qui font abondans en poifions. On dit dans le pays, qu'il
yen a de fi gros , qu'on ne fauroit les tuer qu'avec de
grolTes arquebufes , qu'on n'y peut pas porter. Ces lacs
fe vuident par quelques canaux fouterreins & inconnus.
fEtat & délices de la Suijfe , t. 3 , p. 108.
x. HERISAW, village de SuifTe, & une des commu-
nautés extérieures & réformées du canton d'Appenzell ;
ce n'eft pas le même que celui dont on vient de parler
dans l'article précédent.
HERISSON, ville de France, dans le Bourbonnois,
fur la petite rivière d'CEvil , qui fe jette dans le Cher au-
dellous, à cinq lieues au fud-oueft de Bourbon- l'Archam-
baut. Il y a une collégiale , compofée de vingt- deux
prébendes , fous le titre de S. Sauveur. Le doyen eft
éleftif.
HERISTALLUM. Voyez Herstal.
HERIVAUX , (Notre-Dame d') abbaye de l'or-
dre de S. Auguftin, aux confins du diocèfe de Paris,
du côté de Senlis , à une lieue de Luzarche , & à fept de
Paris. Elle fut fondée l'an 1131.
HER1US , nom d'une rivière de la Gaule Lyonnoife ,
félon Ptolomée, l. 2, c. 8. Les interprètes foupçonnent
que c eft préientement la VlLLAINE.
HERKENRODE , abbaye de religieufes , ordre de
Citeaux, dans le pays de Liège , au comté de Loots , fur
la gauche du Demer, une lieue au-deffous d'Haffelt vers
le couchant.
I xt HEI^IN£ , bourg d'Angleterre , dans la province de
l Nortfolck. On y tient marché public. * Etat préfent de la
&r. Bretagne, t. 1.
1. HERMA. Voyez HORMA.
2. HERMA , ancien heu d'Espagne. Avienus , Ora
marit v. 43 8 , ayant parlé de Malaga , & enfiute du port
ci de la montagne de Venus , dit :
HER
34?
Porrb in ijlo littort ,
àtaere crebm civilités a/zteà ,
Phœnixque multos habuit hos pridem locos.
lnhospitales nunc Arenas porrigit
Déferla telius. Orba cultorum iola ,
Squallentjacentque. Veneris abdito jugo ,
Speclatur Herma cespitis Libyci procul
Qiiod ante dixi ; Uttus hic rursùm patet ,
Vacuum incolarum nunc , & abjecdfoli.
ë^iCOPOLITj£- V°yez Hermocapelit*-.
HtRMA, EPft:!;, heu du Peloponnefe , aux confins
du pays d'Argos & delaLaconie, félon Paufanias , /. 2,
in fine. Ce nom n'eft pas celui du lieu , mais des bornes
que 1 on avoit miles fur une montagne entre les Lacé-^
démoniens, les Argiens & les Tegeates ; & Paufanias
dit que cette petite contrée en prenoit le nom.
Le dieu connu des Latins, fous le nom de Mercure»
étoit nommé par les Grecs "ê^ç , Hermès. Comme
les Payens croyoient qu'il préfidoit au commerce , aux
grands chemins , &c. il avoit un culte fort étendu. De-
la vient que beaucoup de noms géographiques font com-
poles du lien.
1. HERMjEA ACRA , 'rV*?* "Azfa , Promontorium
Mercuru Cap d'Afrique , dans l'Afrique , proprement
dite, félon Ptolomée, /. 4 , c. 3. Pline / ï c 4
dit qu'il eft à l'oppofite de la Sicile, & il 'y place 'du-
pa, ville libre. C'eft maintenant le Cap-Bon; & la,
ville de Clupee eft préfentement Zafaran , félon Mar-
mol. "
2. HERMjEA acra, promontoire de la Marmari-
que, (elon Ptolomée, /. 4, c. 5.
3. HERMjEA acra, promontoire de l'ifle de CréteJ
dans fa partie méridionale , félon le même, /. 3 , c. 3
HERMjEA insula , petite ifle adjacente à la Sardai-
gne , ielon Ptolomée.
1. HERMjEUM , félon Ortélius , cap du Bosphore
de Thrace , du coté de l'Europe , feion Sozomène .
cite par Pierre Grile , qui dit que c'eft préfentement Neo*
cafiro. Leunclavius, /. 3 , c. 3 , dit que c'eft Genichis-
Jar. Le premier nom eft Grec, le fécond eft Turc
2. HERM.EUM, lieu d'Afie, félon Polvœn , 1.6,
entre Lampsaque & Parium , à foixante-dix ftades de
1 une , & à' deux cents de l'autre. * Ortélius, Thef.
_ 3. HERMA.UM , cap de la Sardaigne , dans fà par-
tie occidentale, félon Ptolomée, /. 3, c. 3.
On appelle aujourd'hui ce cap,CAPO DELLA Cacca»
Voyez ce mot.
4. HERMJEUM, montagne de l'iflede Lemnos--, fe*
Ion le lcholiafte de Sophocle , in Ph.UocT.it.
5>s HhRMjEUM , lieu de Grèce , dans la Béotie ,
fur l'Eunpe. On paflbit de-là dans l'Eubée , félon Tite-
Live, /. 3^.
6. HERMjEUM , village du Peloponnefe , dans l'Ar^
cadie , félon Paufanias ,1.8, c. 35.
HERMjEUS tumulus , EpiuSos^i, nom de lie»
félon Etienne le Géographe , in voce 'AyxS» , qui ne
nous apprend point où il étoit.
HERMAGORA , lieu voifin de Conftantinople , fé-
lon Pierre Gille , dans fa Description du Bosphore.
HERMANCE, bourg de Savoie , dans le Chablais ,
fur le bord du lac de Genève , au couchant du fort des
Alinges. *Robert, Carte de Savoie.
HERMANDICA. Voyez Salmantica.
HERMANDURI. Voyez Hermunduri.
HERMANDUS, fleuve de l'Arachofie ; c'eft fainfî
qu'on lifoit dans quelques éditions vicieufes de Pline ,
/. 6, c. 13 , au lieu cYErymanthus , que le P. Hardouin
a doctement rétabli.
HERMANES , ancien bourg d'Espagne , dans l'An-
daloufie, à trois lieues de Seville , vers le couchant méri-
dional. Lenom latin eûGERMA'Nl. * Baudrand,ed 170T1
HERMANSTAD, Cibinium, ville de Hongrie, dans
laTranfilvanie, dont elle eft la capitale. Les Allemands
lui donnent ce nom ; mais les habitans la nomment Ce-
ben , Seben ou Zeben , qui eft auflî le nom de la rivière
qui la baigne, & qui fe rend peu après dans l'Alaut. Elle
eft grande & bien peuplée , dans une plaine. C'eft la réfi"
dence ordinaire du prince de Tranfilvanie. II y avoit un
cvêché fufFragant de Colocz , félon Baudrand. Je n'en
Tomtlll. Xx
HER
34-6
trouve aucune trace dans les Notices. Il ajoute : fes ha-
bitans font Saxons d'origine , ôt c'eft de-là que dépen-
dent les fept iiéges des Saxons, qui font dans cette pro-
vince. Elle eft à l'orient & à huit milles d'Allemagne
de V/eiflénbourg , en allant vers les frontières de la Mol-
davie, & à quinze de Claufenbourg.
HERMANSTEIN. Voyez Ehrenbreitstein.
HERMATOTRGPHI , peuple d'Ane, vers la Mar-
giane,felon Pline,/. 6, c. 16. Quelques éditions, entr'au-
tres, celle du P. Hardouin , portent Hartnatotrophi , qui
vaut mieux. Ce nom fignifie des gens qui nourriffent des
chevaux pour les chariots.
HERMEDAl ; l'hiftorien de Timur-Bec , /. 3, c. 60,
nomme ainfi un pays entre le Boryfthène & le Danube.
HERMES oppidum, bourg d'Afrique, au promon-
toire de Mercure , félon Procope , Vandal. 1. 1 , c. 6.
HER.MESIA , ancienne ville d'Afie, dans laMœnie,
§.. quelque diftance de la côte. Elle ne fubfiftoit déjà plus
du tems de Pline. Quelques exemplaires portent Har-
mejla.
1. HERMETSCHWYL, (Hermetis villa,) abbaye
de filles , en Suiffe , proche la ville de Bremgarten , dans
le circuit du comté de Bade, & des bailliages libres. Elle
eft environnée de la Reufs , & eft auprès d'un village du
même nom. L'an 1080 , les religieufes de ce couvent
furent envoyées à Mûri , d'où elles dépendent. Mais ,
l'an 11 78 , elles furent rétablies dans leur maifon de
Hermetschwyl, & font cependant demeurées fous l'ins-
pection de l'abbé de Mûri. *Etat & délices de la Suijfs ,
P' i4 HERMETSCHWYL , village de Suiffe , proche
l'abbaye du même nom ci-deflus.
HERMEUS sinus. Voyez Hermus.
HERMI campus ; h^rif/ov , lieu d'Afie dans
l'Eolide , près de Cumes , félon Etienne le Géographe.
HERMIANENSÏS sedes , fiege épiscopal d'Afrique,
dans laByzacène. LaNotice épiscopale d'Afrique fournit
DonatusErmianenfis; & dans la Conférence de Car-
tilage , p. 170, éd. du Pin, on trouve Secundianus Her-
mianenfis. Entre les évêques de la Byzacène , qui fous-
crivirent au concile de Latran , tenu fous le pape Mar-
tin , on trouve Benaldus episcopus Htrmianenjîs. Pro-
cope, Vandal. \. 1 , c. 14, nous apprend le vrai nom
& la fituation de ce lieu, lorsqu'il dit qu'Hermione eft
une ville éloignée de quatre journées de la mer.
HERMIERES, abbaye de France , de l'ordre de Pré-
montré , à fix lieues de Paris , dans la forêt de Crecy,
& fondée en 11 60.
HERMINIUS mons, montagne d'Espagne , dans la
Lufitanie, félon Hirtius, B. Alex. c. 48, & Dion /. 37,
p. 53; on la nomme préfentement MONTE Armineo.
*Ortcl. Thef. mais plus communément Arminhia.
1. HERMIONE. Voyez l'article HermianeNSIS.
2. HERMIONE , ancienne ville du Peloponèfe , au
royaume d'Argos. Paufanias, /. 2, c. 34, diftingue deux
villes de même nom , favoir l'ancienne, qui , à la referve
de quelques temples fut renversée ,' & la nouvelle qui
fut bâtie à quatre ftades du promontoire , fur lequel étoit
le temple de Neptune. Le même auteur & Thucydide,
l. 2 , nomment Hermionide les environs de cette ville.
3. HERMIONE. Etienne le Géographe, fait men-
tion d'une ville de ce nom , que l'on appelloit aufïï La-
ceria ; mais il ne dit point où elle étoit. Voyez La-
CERIA.
HERMIONIA , ville fituée quelque part vers les
monts Pùphées , félon Orphée , dans fes Argonautiques.
*Ond. Thef.
HERMIONICUS SINUS , golfe du Peloponnèfe , au-
près de la ville d:Hermione. * Strab. 1. 1.
HERMIONIDE. Voyez Hermione 2.
HERMIONS , ancien peuple de Germanie. Pline
donne ce nom , comme un nom collectif, qui étoit
commun à quatre grandes nations , favoir les Suives ,
les Hermundurcs, les Chattes, les Cherusques , comme
je l'ai remarqué dans l'article Germanie. On y peut voir
auffi que les noms de Germains & de Hermions ne font
que de différentes prononciations du même nom.
HERMISIUM , ville de_ la Cherfonnèfe Taurique ,
félon Pomponius Mêla, /. 2 , c. 1 ; & Pline, A4, e. 12.
HERMITAGE , lieu foli taire , où demeure un hermite
ou anachorète , qui s'y eft retiré pour mener une vie
HER
religieufe & retirée. Anciennement les hermitages étoient
dans un défert, ou au fond de quelque forêt inhabitée,
loin du commerce des hommes. L'hiftoire eccléfiaftique
eft pleine d'exemples de faints , que l'amour de la con-
templation & de l'abnégation de foi-même , entraînoit
dans des folitudes. La bonne odeur de leur iainteté atti-
roit auprès d'eux des disciples , dont ils formoient un mo-
naftere, qui fouvent étoit caufe que la forêt fe defrichoit,
& qu'il fe bâtifîoit un bourg ou une ville. Il y a en Eu-
rope beaucoup de lieux qui doivent leur origine à un
hermitage devenu célèbre par les vertus du faint qui
y demeuroit. Eremus , 'Epnju«< , fignifie folitude, un dé*
fert : de ce mot on a fait Eremitœ, 'Ep. phiu , pour ligni-
fier ceux qui s'y retiroient , comme du verbe anacho-
rein, 'Am^àftiv, qui veut dire fe retirer, s 'éloigner, on
a fait le mot anachorètes, 'kva.y^-haj. A préfent que
la ferveur eft plus rare , &c qu'il y a moins de déferts
qu'autrefois, les hermitages font éloignés des villes. Ils
confiftent ordinairement en un petit bâtiment, qui com-
prend une chapelle & une habitation pourl'hermite, avec
un jardin, qui, avec les aumônes, qu'il recueille, fournit
à fa nourriture. Il y a un affez grand nombre d'hermi-
tages en France , & encore plus en Italie. Une lifte des
hermitages feroit quelque chofe de bien difficile à four-
nir pour un homme qui en eft fi éloigné. Je laide ce
foin à ceux qui font à portée de la dreffer. Te me con-
tente d'en mettre ici quelques articles qui méritent d'être
diftingués.
1. L'HERMITAGE des Helvetiens , eremus Hel-
vetiorum ; défert de la Germanie , félon Ptolomée : il
s'étendoit jusqu'aux Alpes.
2. L'HERMITAGE. Voyez Einsidlen.
3. L'HERMITAGE, bourg de l'Ecoffe méridionale,
dans la province de Lidesdale , dont il eft le chef- lieu.
Il prend ce nom d'un château nommé {'Hermitage , qui
eft démoli. 11 appartenoit auxHepburns, comtes de Both-
■well, enfuite aux Stuarts de Coidingham. * Etat préfent
delà G. Bretagne, t. 2, p. 233.
4. L'HERMITAGE : {le vin de) c'eft un vin de
France. Il croit dans le Dauphiné, proche de la ville de
Thain , fur le rivage du Rhône , vis-à-vis de Tournon.
Sur ce coteau il y a un hermitage qui donne fon nom
au territoire, & au vin qui y vient. * Broffette, fur la troi-
fiéme Sat. de Despreaux , v. 74.
HERMOC A POLIT.E , peuple d'Afie, dans la Troade
& tous la jurisdiftion de Pergame, félon Pline. Le nom
de ce peuple fignifie les cabaretiers ou les aubergif.es dt
Mercure. Les Notices épiscopales mettent Hermocapelid
dans la Lydie.
1. HERMON (s), ChermON, A'éRMON,ouBaal-
Hermon , montagne. Les Sidoniens lui donnoient le
nom deSchirion (b), & les Armorrhéens celui de Sa~
nir. S. Jérôme dit qu'elle eft au-defTous de Paneade ,
& que pendant l'été , on en portoit de la neige à Tyr ,
pour rafraîchir le breuvage. Le Chaldéen & l'interprète
Samaritain lui donnent le nom âemontagne delà neige (c),
parce qu'elle en eft toujours chargée , à caufe de fa hau-
teur. Dans le Deuteronome (d) il eft parlé de Sion ,
comme faifant partie du mont Heamon. L'Ecriture (e)
met le mont Hermon , comme terminant le pays de
de-là le Jourdain au feptentrion , de même que le tor-
rent d'Arnon au midi. Baal-Gad étoit fituée dans la
plaine du Liban , au pied du mont Hermon (f) , ck les
Hévens au pied de la même montagne , dans la terre
de Maspha fg) , depuis Baal-Hermon , jusqu'à Centrée
d'Hemath (h). Le mont Hermon appartenoit au roi og,
& étoit à l'extrémité feptentrionale de.fes états , avant
que les Isrëalites. en fifTent la conquête ('). L'auteur du
livre apocryphe d'Enoch (k) , dit que les anges , qu'il
nomme egregori , c'eft- à-dire les veillans , étant épris
de l'amour des femmes , s'aflemblerent fur le mont Her-
mon du tems du patriarche Jared , & s'engagèrent par
ferment & par des anathêmes qu'ils prononcèrent, de
ne fe féparer jamais qu'ils n'enflent exécuté leur réfolu-
tion , qui étoit de prendre les filles des hommes pour
femmes. Les anathêmes, auxquels ils fe dévouèrent , s'ils
manquoient à cette promefîe, firent donner à cette mon-
tagne le nom à'Hermon , c'eft-à-dire anathime ('). Le
psalmifte dit que l'union des frères eft auffi agréable que
l'eftla rofée du mont Hermon, qui descend fur le mont
HER
HER
de Sion (m). Hermon eft comme le nom général d'une
montagne qui a plufieurs coteaux , dont l'un eft appelle
Sion, l'autre Sanir ou Schirion. Ainiî la rofée du mont
Hermon descend fur le coteau de Sion , qui lui eft joint
comme l'huile descend de la barbe d'Aaron , fur le col-
let de fa tunique. Il eft vrai que Sion ou Zion du
pfeaume i32eft écrit JVÏ & celui du Deuteronome|K1îy;
mais comme ces lettres ont le même fon , on peut
les confondre. Le pfalmifte dit ailleurs (n) : vous avq
créé l'aquilon & la mer. Thabor & Hermon feront reten-
tir leur joie. La fituation de Thabor eft connue. Cette
montagne eft entre la mer Méditerranée , à l'occident ,
& la mer de Tiberiade à l'orient ; le mont Hermon eft
au nord de l'une & de l'autre. L'hébreu porte: vousave{
créé î 'aquilon & la droite , c'eft-à-dire le nord & le midi;
le Thabor au midi , & le mont Hermon au nord , feront
retentir leur joie. Les deux parties de ce verfet font comme
fynonymes , & s'expliquent l'une & l'autre. * (a) D. Cal-
met,T>\&.. Q>) Deuuron.c. 3,verf.o&io. (*)AdDtu-
tom. c. 4, v. 48. (d) Ibid. (=) Deuteron. c. 3 , v.
, 4, v. 48. (0 Jofué, c. 11, v. 17. (S) Ibid. v.
{h) Judic. c. 3, v. 3. Q)JoJu<
00 ci. (') Voyez S. Hilaire
Psalm. 131, v. 3. (n) Psalm
HERMON 0) ou Hermoniim'
3-
5;ci3,v.n;
oyez S. Hilaire fur le pfeaume 133. (m)
'salm.v^i, y. 3. (") Psalm. 88, v. 13.
montagne de
la Paleftine , au-deçà dirJourdain , dans la tribu d'Ifîa-
char , au midi du mont 1 habor. Phvûeurs croient qu'il
en eft parlé dans cet endroit des pseaumes (b). Je me
fouviendrai de vous dans le pays du Jourdain , à Her-
mon , à la petite montagne ; comme fi ce mont de de-çà
le Jourdain étoit appelle petite montagne , pour le distin-
guer du grand Hermon, qui étoit au-delà de ce fleuve.
Mais d'autres croient qu'il n'eft fait mention du petit
Hermon en aucun endroit de l'Ecriture , & que cette
montagne qui étoit connue fous ce nom, du tems de S. Jé-
rôme (c), dans la tribu d'Iflachar au midi du grand champ,
n'a été nommée Hermon que dans les derniers tems.
D'autres expliquent de cette montagne d'Hermon de de-çà
le Jourdain , ce qui eft dit au pfeaume 132: comme la
rofée du mont Hermon, qui descend fur le mont Sion.
Maundrell dit que la rofée en cet endroit eft auffi abon-
dante qu'une grofle pluie ; mais cela ne persuade pas que
le psalmifte parle du mont Hermon de de-çà le Jourdain ,
puisque le mont Sion n'a aucune Iiaifon avec lui ; au lieu
que nous trouvons un des coteaux du grand Hermon ,
nommé Sion. * (a) D. Calmet , DicL (b) Psalm. 41 ,
7. (c) Epifl. 44, nouv. édit. p. s, s; 2.
1. HÉRMOr ~
Î.RMONASSA, ville du Bosphore Cimmerien,
& l'une des quatre que Pomponius Mêla, /. 1 , c. 19, place
dans la presqu'ille. Denis le Périégete , v, 5 5 , dit qu'elle
eft bien bâtie.
2. HERMON ASSA , ville d'Afie , dans le Pont Po-
lemoniaque , près de Cotyora , félon Ptolomée , /. 5 ,
c. 6 , & dans le même golfe que Ceralbnte. Strabon ,
/. 12, p. 548 , dit que c'étoient deux villes médiocres.
3. Ortélius, rk, fur fon autorité, Baudrand mettent
une autre Hermonassa dans la baffe Moefie , à peu
diftante de l'embouchure de l'Ifter. Ils citent Pline &t
Mêla , dans les ouvrages desquels je n'en trouve aucune
trace. Le dernier ajoute qu'elle eft nommée Hermo-
HACTUS par Ptolomée. S'il l'avoit consulté , il auroit
trouvé dans la verfion latine, /. 3, c. 10, Ermonac-
TIS VILLA , dans le grec 'tf^aWioç xr.'/u«. C'eft auffi le
nom qu'emploie Strabon , /. 7 , p. 306. yjj xa'/jiii Eo^ts'-
ratfoç hty>y.ivn. Hermonaclis eft le génitif à'Hermonax.
Ortélius avoit mis fort fidèlement , en citant Ptolomée
& Strabon , Hermonaclis vicus , dont Baudrand , faute
d'exaftitude , a fait le nom SHermonatlus. Quoiqu'il en
foit , Ortélius foupçonne que ce lieu eft préfentement
Bialogrod, qui, au rapport de Leunclavius, eft appelle par
les Turcs Beligrado & Nestar Alba.
HERMONIUS. Voyez Thermodon.
HERMONTHIS , ville d'Egypte , dans le nôme qui
en prenok le nom d'HERMONTHiTES , tk dont elle
étoit la métropole , félon Ptolomée , /. 4 , c. 5 , qui écrit
ce nom par un , Ep^oiS- «, au lieu qu'Etienne, écrit par
un a Ee//u»ôîf. Strabon, /. 17, p. 817, écrit Hermuthis
EfjUK&jf , tk dit que l'on y adoroit Jupiter ck Apollon ,
& qu'on y nourrifloit un bœuf facré. Il la place entre
entre Thèbes & la ville des Crocodiles. Antonin en fait
auifi mention dans fon Itinéraire.
Diospoiïn,
Tentyram ,
Papa,
Hermunthim ,
Laton ,
347
XIJ. M. K
VIII. M. P.
XXX. M. P.
XXIV. M. P.
Cette dernière eft la même que Latopolis. Ortélius dit
que ce nom eft corrompu en celui de NaRMUNTHUM:
dans la Notice de l'empire. Si c'eft de cette ville que la
Notice a voulu parler, le nom n'eft pas feulement cor*
rompu; mais la ville y eft horriblement déplacée, puis-
qu'elle y eft mile , comme étant de l'Auguftamnique ,
qui étoit bien loin de-là.
HERMONTHITES nomos, contrée d'Egypte, au
couchant du Nil. Elle avoit, félon Ptolomée, /. 4, c. f»
le nôme de Memnon au nord ; celui de Thèbes & le
Nil au levant , les Dodecaschoenes au midi , & les mon-
tagnes de la Libye au couchant. Ses villes étoient :
Hermonthis, capitale.
Latopolis.
La grande ville d'Apollon;
Enfuite un village iitué dans les terres , favoir
Phtkonds ;
Et enfin Tille d'Elephandne.
f iv HERMOPOLIS , ville d'Afie , dans l'Ifaurie. Elle
étoit épiscopale ; & Julien , fon évêque , eft nommé
dans la lettre fynodique des évêques de cette province*
qui affifterent au concile de Chalcédoine. *Carol. à.
S. Paulo, Géogr. facr. p. 2âl.
2. HERMOPOLIS. Voyez Hermupolis.
3. HERMOPOLIS. Cuspinien , ad Cafflodor. Con-
sul, an. Chr. 516 , cité par Ortélius, trouve dans Am-
mien Marcellin , un lieu de ce nom, vers les frontières
d'Epire & de Macédoine.
HERMOSELLO , félon Baudrand , ou Fermo-
SELLO , bourg fortifié d'Espagne, au royaume de Léon,
au confluent des rivières de Douero & de Tormes , à
trois lieues au-delïbus de Miranda de Douero. Ce lieu
eft inconnu à Rodrigo Mendes. On croit que c'eft l'O-
CELUM DURII d' Antonin.
HERMOTUM, lieu d'Afie , au bord de la Propon-
tide. Arrien , Exped. Alex. I. 1 , p. 28 , dit qu'Alexan-
dre partit d'Ilium , fe rendit à Arisbe , à Percote , à
Lampsaque , & campa auprès du fleuve Practius , qui ,
tombant du mont Ida, fe jette dans la mer entre l'Hel-
lespont ck le Pont-Euxin ; que de-là ii vint à Hermo-
tum , avant parle devant la ville de Colones.
HERMUCHA ; l'Hiftoire mêlée, t. 18, citée par
Ortélius , nomme trois lieux, où l'armée Romaine fut
défaite , favoir Gabatha , Hermucha & Demithara. Or-
télius croit que ces lieux étoient quelque part enAfie.
HERMUNDULUS populus ; Aulu-Gelle , Nott.
Attic. I.16, c. 4, citant Cincius au troifiéme iivre
de fon Traité de la guerre , rapporte en quelle ma-
nière on la déclaroit anciennement, & tire de cet au-
teur un formulaire des paroles que prononçoit le hé-
rault du peuple Romain , qui faifoit la déclaration de
guerre aux ennemis : voici les paroles. Quoo popu-
LUS HeRMUNDULUS , HOMINESQUE POPULI HeR-
MUNDULI ADVERSUS POPOLUM ROMANUM BEL-
LUM FECERE , DELIQUERUNTQUE. QuOD &C PO-
PULUS ROMANUS CUM POPULO HERMUNDULO HO-
MINIBUSQUE HeRMUNDUNIS BELLUM JUSSIT. Ob
EAM REM EGO POPULUSQUE ROMANUS POPULO
HERMUNDULO HOMrNIBUSQUE Hermundulis „
bellum indico , facioque. Comme ce partage
n'eft accompagné d'aucun éclairciflement , on ne peut
décider où étoit ce peuple. Ce nom, répété jusqu'à fix fois,
m'empêche d'y foupçonner un changement de IV en /;
fans cela je ferois porté à croire que ce font les Her-
mundures de l'article qui fuit.
HERMUNDURI , ancien peuple de la Germanie.
Pline, /. 4, c. 14, le range fous les Hermions avec les
Suéves, les Chattes & les Cherusques. Tacite, au con-
traire, les range fous les Suéves , & les étend jusqu'au
Danube. Cluvier a recueilli les partages des anciens ,
touchant ce peuple , y a ajouté (es conjectures , & mar-
que ainfi leurs bornes. Selon lui , German. ant. /. 3 ,
c. 28, les Hermundures étoient bornés au couchant par
Tome III, Xx ij
348
HER
HER
la Saala , rivière ,
jusqu'à Salefeld, de-là par une l'igné turc dit Amplement que J. C. fut mené en Egypte , Se
le Ra-
tirée jusqu'à la fource du Radach ; ensuite par
dach & le Mein jusqu'à Bamberg ; de-là par les riviè-
res de Rednitz & d'Aisch : puis par une ligne imaginée
depuis la fource de cette rivière jusqu'à Kœnigsprun ou
Kœnigsbron , & enfin par la rivière de Brentz , qui y a
fa fource , & fe perd dans le Danube. Ces bornes fé-
paroient le pays des Hermundures de celui des Akmanni.
Les bornes orientales étoient , félon le même auteur ,
une ligne tirée depuis Ingolftadt , jusqu'aux fources du
Mein , & elle les fépatoït des Narisques. De-là au le-
vant d'hyver jusqu'à l'Elbe , ils avoient les hautes mon-
tagnes de la Bohême , qui les iëparoient des Marco-
mans ; ensuite au levant d'été, l'Elbe jusqu'au confluent
de la Saala, les féparoit des Semnons. La borne méridio-
nale étoit le Danube , depuis le confluent de la Brentz
jusqu'à Ingolftadt. Ainfi leur pays comprenoit la princi-
pauté d'Anhalt , la partie du duché de Saxe , fituée en-
tre la Saala &C l'Elbe, presque toute la Misnie, excepté
la lifiere qui eft au-delà de l'Elbe , tout le Voigtland ,
partie du duché de Cobourg , partie de la Franconie fur
la gauche du Mein , un peu du haut Palatinat, & enfin
une petite portion de la Suabe. Tel eft , félon Cluvier ,
le pays que les Hermundures habitoient. Tacite , Ger-
man. c. 41 , en parle comme d'un peuple fidèlement,
attaché aux Romains. Il parle , /. 13, c. 57, des guer-
res qu'ils eurent contre les Chattes pour des falines., qui
étoient à la bienséance de ces deux peuples , qui par
conféquent étoient voifins l'un de l'autre.
HERMUNTHIS. Voyez Hermonthis.
1. HERMU POLIS ou Hermopolis , ville d'E-
gypte , dans le Delta , dans une ille formée par le fleuve
de Thermuthis , c'eft-à-dire , par le bras du Nil , qui pas-
fant à Thermuthis , qui lui donnoit ce nom , prenoit en-
fuite celui de la ville de Sebennytus , qu'il portoit jus-
qu'à fon embouchure nommée Ojlium Sebennyticum.
* Strab. 1. 17, p. 802.
'1. HERMUPOLIS parva, ou la petite Hermu-
polis, ou Hermopolis, ville d'Egypte, hors du Delta,
dans le nôme d'Alexandrie, au couchant du bras occi-
dental du Nil. Ptolomée, /. 4, c. 5, la fait métropole du
nôme Alexandrin. Elle étoit épiscopale , comme il pa-
roît par les Notices eccléfiaftiques. Efaïas, fon évêque,
fouscrivit au fécond fynode d'Èphèfe , l'an 449.
3. HERMUPOLIS magna, ou Hermopolis la
qu'après la mort d'Herode il en fut rappelle ; elle ne dit
point en quel endroit de l'Egypte , Jofeph & Marie s'ar-
rêtèrent. Il y a tout lieu de croire qu'ils n'avancèrent
qu'autant qu'il falloit , pour être en fureté. D'ailleurs la
tradition me paroît fi peu certaine , qu'Elle ne doit pas
beaucoup embarafler les critiques. Un auteur moins ti-
mide que moi , créeroit une quatrième Hermopole en
Egypte , pour y placer cette tradition ; mais j'avoue que
je n'en ai pas la hardieffe. * (a) Vite. PP. 1. 2, c. 7. J
S010w.cn , 1. 5, c. 21. Nicephor. 1. 10, c. 3 1. Q>) Hijl. de
la Vie de J.C. p. 19.
4. HERMUPOLIS, ville d'Ane, dans la Carmanie,
félon AmmienMarcellin, /. 23 , c 6. MM. de Valois ju-
gent que c'eft la même que Ptolomée appelle Armufa,
'AppvÇa vUh.
HERMUPOLITESnomos , ou, comme les Latins
écrivent, Hermopolites NOMOS, contrée d'Egypte,
dans l'Eptanome où elle tenoit le feptiéme rang. Ce
nôme étoit borné au nord par le nôme Cynopolyte, au
levant par le Nil , au midi par le nôme Lycopolyte, &
au couchant par les montagnes de la Libye. Il avoit
pour métropole Hefmupolis, furnommée La grande, ai
laquelle il prenoit fon nom. * Ptolom. 1. 4, c. <\.
HERMUSJ, "EftLu/r, c'eft-à-dire y Mercure : ce nom
étoit propre à quelques rivières, & à une tribu de l'At-
tique.
i.HERMUS , rivière d'Afie dans l'jEolide, félon Pto-
lomée. Elle avoit fa fource dans fa Phrygie près d'Eu-
carpia ; d'où coulant vers le couchant méridional , elle
recevoit le HyLLUS,autrement nommé PhrygiusFlu-
vius , dit Strab. /. 13 , affez près de Philadelphie , en-
fuite le Cryon, puis traverfant le mont Draco, elle
recevoit le Pactole qui venoit de Sardis , puis arrofoit
les murs de Magnefie du mont Sipyle, & fe jettoit dans
la mer, entre Hermejia & Leuctz. Martianus Capella,
/. 6, c. de Phrygia, ^.256, édit. Lugd. 1619, dit
qu'elle féparoit la Phrygie de la Carie : Smyrnœos cam-
pas Hermus interfecat , qui ortus Dorylao Phrygiam
Cariamqut difpertit. Pline, /. 5 , c. 29, parlant de cette
même rivière, dit : au-delà de Smyrne (c'eft-à-dire,
au-deçà par rapport à nous,) l'Hermus torme des plai-
nes ausquelles il donne fon nom. (Ces plaines (cynt\'Hermi
Campus, dans l'jEolide , félon Etienne. ) Il a fa fource,
pourfuit Pline , auprès de Dorylée , ville de Phrygie ,
lie d'Egypte , dans l'Heptanôme , & plus & reçoit plufieurs rivières , entr'autres le Phryx , ( ou
le Phrygius,) qui donne fon nom aux habitans du pays
& le fépare de la Carie ; l'Hyllus & le Cryon qui fe
font déjà groflis des rivières de Phrygie , de Myfie &
de Lydie. On voit qu'il diftingue le Phryx de l'Hyllus,
que Strabon confond. Voyez HYLLUS. Il eft éton-
nant qu'il n'ait point parlé du Pââole. L'Hermus eft pré-
fentement nommé le Sarabat. L'auteur de la Vie d'Ho-
mère, attribuée à Hérodote, p. 556 , edit. Gronoy. 1716, '
dit : les habitans de Cumes ou Cymes bâtiffoient alors
GRANDE, VI
particulièrement dans le nôme, qui en prenoit le nom
& Hermopolites nomos , au couchant &: à quelque dis-
tance du Nil , félon Ptolomée. Cette ville eft nommée
par Pline , /. 5 , c. 9, Mercurii oppidum. Les Notices la
mettent entre les villes épiscopales de la Thebaïde. Am-
mien/Marcellin , /. 12, c. 40 , éd. Valef. la place auffi
entre les plus célèbres villes de laThebaïde avec Coptos
& Antinou. On a des médailles de cette ville , frappées
du tems d'Hadrien, avec l'effigie de Mercure ou d'Ofi-
ris , avec cette légende EPMÔ, pour Hermopolitarum.
Toutes ces villes prenoient leur nom de Mercure. Les
deux dernières ont exifté ; mais je ne fais fi la première
que Cellarius fonde fur quelques mots de- Strabon , où ce
géographe s'explique peu , eft bien avérée. Ptolomée,
qui a vécu long-tems à Alexandrie , n'en dit rien ; &t
fon filence a de quoi furprendre à l'égard d'une ville
qui en devoit être fi peu éloignée. Mais voici une autre
difficulté ; pas une de ces trois Hermonoooles ne con-
vient à une ancienne tradition rapportée par quelques
écrivains eccléfiaftiques {'). Ils dilent que Jefus-Chrift
fe retira à Hermopolis , lorsqu'il vint en Egypte avec Ma-
rie & Jofeph , & qu'étant entré dans an temple d'Her-
mopole , toutes les idoles tombèrent par terre & fe bri-
ferent. D. Calmet combat cette tradition , en difant que
le peu de tems que J. C. fut en Egypte , ne femble pas
permettre qu'il ait pouffé jusques dans la Thebaïde. Ce
n'eft pas la difficulté , puisque cette Hermopole de la
haute Egypte n'étoit pas la feule ville de ce nom. On
peut ajouter que D. Calmet , à la vérité , ne met que Dronthe
cinq ou fix jours (b"), entre le maflacre des innocens &c ]ancJ Dar
1 . J'U i_v J • l> ■. _ J ' . ■ -!>.._. v
dans le fond du golfe Hermeen ,
ville à laquelle Thefée donna le nom de Smyrne qui etoit
celui de là femme , dont il vouloit perpétuer la mémoire.
On voit par ce paffage, que le golfe de Smyrne, qui a
pris le nom de la ville que l'on' y bâtiffoit alors, portoit
le nom de cette rivière qui s'y perd, & s'appelloit Her-
MiEUS Sinus.
2. HERMUS , rivière du Peloponnefe, dans l'Achaïe,
félon Paufanias in Elit
3. HERMUS, bourg de Grèce, dans l'Attique, dan
la tribu Acamantide , félon Etienne le Géographe. Il
étoit entre Athènes &Eleufine.*.S'Jpo;*)Liftede l'Attique.
HERNDAL, petit pays de la Scandinavie, au pied
des montagnes dé Norvège, entre le Solfiell au nord,
le Skarsfiell au levant , le Dofrefiel tk le Runtfiell
midi ; c'eft un bailliage du gouvernement de Dron-
theim ; & ces montagnes le féparent de l'Iempterland,
qui eft de la Suéde. Il prend fon nom du Herndal,
bourgade fituée affez près de la rivière qui coule à
& fut cédée à la Suéde avec l'Iempter-
de Bromsbroo , en 1645. * Robert de
paix
la mort d'Herode , qui l'avoit ordonné ; mais d'autres , Vaugondy , Atlas. B audrani , édit. 1705.
comme Baronius , Sponde , &C. ont fait voir qu'Herode HÈRNHAUSEN , château & maifon de plaifance des
n'eft mort que la huitième année de J.C; & par consé- électeurs de Brunswig-Hanover , à un demi-mille de Ha-
quent J. C. aéra été fept ans en Egypte , au lieu de quel- n0ver , rematquable par l'étendue de fes bâtimens,
ques mois que D. Calmet dgftine à ce voyage. L'Ecri- 6c par la beauté de fes jardins.
HER
HER
HERNICr , ancien peuple d'Italie , dans le Latium.
Il n'eft guère connu que parles guerres qu'il eut contre
les Romains , qui le fournirent de bonne heure , encore
n'en connoît-on que quatre ou cinq lieux plus remar-
quables que les autres, favoir
Anagni, ville capitale,
Alatri ,
Feruli,
& Ftrentinum,
A quoi il faut ajouter Affile, fitué dans les montagnes ,
entre Sublaque & Anagni. Les quatre premières villes
font bien marquées dans ce pailage de Tite-Live , /. 9,
c. 42: les Herniques, dit-il , en turent très-mécontens;
les habitans d'Anagni firent une affemblée générale de
tous les peuples, dans le cirque appelle maritime;
à la referve de ceux à' Alatri , de Ferentinum &C de Ve-
rnit, tous les peuples compris fous le nom <$ Herniques ,
déclarèrent la guerre au peuple Romain. Il dit encore,
c. 43 : on rendit à trois peuples d'entre les Herniques,
favoir S Alatri, de Veruli, &C de Ferentinum, la li-
berté de fe gouverner par leurs propres loix. On voit
par ces deux paffages, que ces trois dernières villes ne vou-
lurent point avoir guerre contre les Romains ; & c'eft
une preuve que celle d'Anagni fe trouvoit aflez forte
avec Je relie du pays , pour hazarder contre eux le fort
des armes ; d'où il eft naturel de conclure que les villes
confédérées avec elle, étoientpuiflantes & nombreufes,
puisqu'enlémble elles ofoient faire tête aux Romains ,
& même leur déclarer la guerre. Cependant nous igno-
rons ablblument leurs noms. Il ne s'eft confervé que
celui de la capitale qui les avoit mifes en mouvement ,
& ceux des trois villes qui ne voulurent point avoir
Îiart à cette guerre , & qui en furent recompenfées par
es Romains. A l'égard de la cinquième qui eft Affile,
c'eft Holftenius , in Ital. ant. p. 203 , qui la donne aux
Herniciens. Frontin, de Colon, avoit dit : Affile oppi-
dum lege Semproniâ in centuriis & in laciniis agir ejus
eft affignatus. Ce lieu eft nommé Effide clans les Dia-
logues de S. Grégoire , l. 1 , où il traite de la Vie de
S. Benoît , dont il rapporte un miracle opéré en cet en-
droit : dans les premières années de l'hiftoiFe Romaine ,
ce peuple eft nommé comme faifant un corps à part &£
diftingué des Latins ; mais dans la fuite , il fe trouve
confondu & fe perd dans le Latium. Feftus dit qu'il
tiroit fon nom Hernici des roches que les Marfes ap-
pel oient Herna en leur langue. Et Virgile JEneid. 1. 7,
,v. 684, ayant dit:
m
ermea taxa.
faxa colunt quos dives Anagnia. pafeit.
Servius ajoute cette remarque : dans la langue des Sa-
bins les rochers font appelles Herna. Un certain chef
puiftant attira des Sabins hors de leur demeure , & les
engagea à demeurer avec lui dans des montagnes pleines
de roches, d'où vinrent ces noms Hernica LOCA&
Populi Hernici.
HERNOSAND , ville maritime de Suéde , au golfe
de Bothnie , dans l'Angermanie , dont elle eft la capi-
tale. Elle eft dans une anfe ou une petite ifle , forme un
havre aflez commode , près des confins de laMedelpa-
die, vers le 60 d. 5' de latitude. On y tient des foires
très-frequentes ; & on y voit, un collège aflez célèbre.
HERO, ville d'Egypte, félon Antonin. Voyez He-
ROPOLIS.
HEROA. Voyez Thurium, ville d'Italie, au golfe
de Tarente.
HEROCLE, Herctjlaneus Pagus, ou plutôt Her-
COLE. Voyez ce mot.
1. HERODION, château dePaleftine, à foixante
flades de Jerufalem. Jofeph. Antiq. L 14, c. 25 , tkBell.
I. 7, c. 25, le nomme également Herodia Hpm'J'/a, Hero-
dion, & 'Hpa<fW ou 'Hpffl'JW. Suidas en a pris HpJ-
4W , 70W Herodion , lieu ; Pline, /. 5, c. 14, dit:
Herodium avec une ville célèbre de même nom. Jofeph,
Antiq. 1. 14, c. 25 , & 1. 16 , c. 2 , dit que c'étoit une
forterefle, & qu'Herode la bâtit en cet endroit, où il
battit les ennemis lorsqu'il s'enfuyoitde Judée. Elle étoit
à foixante ftades , c'eft-à-dire , à deux lieues & demie
de Jerufalem, fur une colline au pied de laquelle il y
avoit beaucoup de maifons , qui formoient une ville. Jo-
feph , Antiq. 1. 15 , c. 1», en fait mention , fur-tout
349
lorsqu'il met entre les onze toparchies de la Judée En~
gaddi , Herodion , Jéricho , & lorsqu'il dit qu' Herodion
n'étoit pas loin de Thekoe. C'eft dans cette Herodion
qu'il choifit fa fepukure.
2. HERODION. Il y avoit encore une autre HERO-
DION. Jofeph, Bell. 1. 1 , c. 16, dit qu'Herode la bâ-
tit fur une montagne vers l'Arabie •jàVpa'V 'ApxÇiav «p.
Anfi il paroît, dit B.eland, Palejl. p. 820 , qu'elle étoit
au-delà du Jourdain ou de la mer Morte ; car Jofeph
dit de même , l. 1 , c. 6 , que Machïronte étoit fituée
vers les montagnes d'Arabie. Elle étoit différente d'He-
rodion • qui n'étoit qu'à foixante ftades de Jerufalem ;
car d'une ville fituée ainfi , on ne fauroit dire qu'elle eft
vers l'Arabie. On peut faire cette queftion, dit Reland ,
dans la quelle de ces deux Herodions le corps d'Herode
fut enfeveli? Jofeph , Bell. 1. 1, c. 21 , raconte qu'on
le porta de Jéricho à' Herodion l'efpace de deux cens
ftades. Je crois , répond Reland , que ce fut à celle qui
étoit à foixante ftades de Jerufalem ; car fi on joint ces
foixante ftades à cent cinquante , qui étoit la diftance
de Jéricho à Jerufulem , cela' fait deux cens dix ftades
qui peuvent avoir été réduits à deux cens., pour faire
un nombre rond. Outre cela , l'autre Herodion étant un
lieu expofé aux courfes des ennemis , ci fi éloigné de
la capitale, il n'eft pas croyable qu'Herode ait voulu y
être enterré; au contraire, l'Herodion voifin de Jerufa-
lem, avoit été non-feulement fortifié par ce roi , mais
même orné ; au lieu qu'on ne dit point qu'il eût em-
belli l'autre : il s'étoit contenté de le tonifier.
HERODIS ager, maifon de campagne d'Italie,
dans la voie Appienne, à trois milles de Rome. On
la nommoit aufli Herodis villa. * Ortcl. Thefaur.
HERODIOUM. Voyez Herodion.
HEROEADjE, ou Ëroiad^E, bourg de l'Attique,
dans la tribu.Hippothoontide , félon le Lexique de Pha-
vorin.
HERONA , '%:,.* , ville de la Dalmatie , félon Pto-
lomée , l.i, c. 17. Elle étoit dans l'intérieur du pays.
HERONE , 'Hpo'iTi , promontoire de l'Inde , en-deçà
du Gange , félon Arrien , Peripl. mar. Erythr. p. 25 , éd.
Oxon. C'eft uue chaîne de roches heriflèes , a la droite
du golfe deBarygaza, auprès du village de Cammoni.
HEROON, 'Hf»»» w)V«,c'eft-a-dire, la ville des
Héros, ou Heroopolis.
HEROOPOLIS, ville d'Egypte, au fond de la mer
Rouge , ou , ce qui revient au même, au fond du golfe
Arabique , pour parler comme les anciens. Strabon ,
/. 17, dit : près d'Arfinoé eft la ville des Héros, &
Cléopatride au fond du golfe Arabique, du côté de l'E-
gypte. Pline, /. 6, c. 29, dit : outre le golfe EÎaniti-
que , eft un autre golfe, nommé jEant par les Arabes
dans lequel eft la ville des Héros , Heroum oppidum.
Il appelle , /. 5 , c. 1 1 , ce même golfe Heroopoliti-
QUE , du nom de la ville. Mêla, /. 3 , c. 8, n. 43 ,
place la ville de Bérénice entre deux promontoires, dont
il nomme l'un Heroopolitique , & l'autre Sirobile. C'eft
en cette ville que fe terminoit le fameux canal de Trajan,
pour la communication du Nil & de la mer Rouge.
Voyez au mot Canal les articles Canal de Ptolo-
mée, & Canal de Trajan. Heroopolis don-
noit fon nom à un nôme d'Egypte , dont elle étoit la
métropole. Ptolomée ne parle point de ce nôme , mais
bien Pline , /. 5 , c. 9 , qui le nomme expreflement He-
noopolites nomos. Cette ville d'Heroopolis eft fim-
plement nommée Heroon par Antonin.
Vicum Judeorum
Thou , XII. M. p.
Heroon, XXIV. M. P,
Serapiu , XVIII. M. P;
Cly sinon, L. M. P.
HEROOPOLITICUM Promontorium, promon-
toire d'Egypte , dans le golfe Arabique, félon Pompo-
nius Mêla, /. 3 , c. 8 , n. 43.
HEROSA. Voyez Samos.
HE R~OUM Insula, ou l'ijledis Héros. Voyez Achi-
lée 2.
HEROUM Oppidum. Voyez Heroopolis.
HEROU , bourg d'Egypte , fur la mer Rouge , avec
un château près de fa partie la plus feptentrionale , vers
iSo HER.
Suez, à quatre-vingt-dix mille pas de Dam.ete 6c au-
tant de la mer Méditerranée. C'eft 1 Heroopolis des an-
ciens. * Baudrand, éd. 1705. .
HERPA, ville d'Ane, dans la Cappadoce , fur la ri-
vière de Carmalus , dans la préfecture de Sargauralena,
félon Ptolomée, L 5 , c. 6. Strabon, /. 11 , p. 537 >
la nomme une très-petite ville , vnKfaidv.
HERPEDITANI, peuple de la Mauritanie Tingitane.
HERPHE , *Hf(p» , ville de la grande Arménie , (elon
Strabon cité par Ortélius , Thefaur. Mais je trouve dans
l'auteur même , l. 14, p- 663 , 'Hppvv w*»'x.w , & dans
lalverfion latine HerphenSE OppidtjLUM ; une note
HER
marginale avertit que les manuscrits portent h/ pu
croit que c'eft
Cafaubon obferve qu'il faut lire 'Hpw :
la même qu'HERPA de Cappadoce.
1. HERRADURA,port de l'Amérique méridionale,
for la côte du Chili , dans la mer du Sud. DeLaët, Ind.
Occid. 1. 12 , c.6, remarquequ'ileft fur accommode, &C
que les Espagnols l'ont ainfl nommé, parce qu'il a la
figure d'un fer à cheval. Il eft à une lieue au-defliw du
vent de la pointe de Coquimbo , 6c terminé de ce côté-
là par une pointe nommée la pointe de Herradura. Ceft,
dit l'auteur du Supplément au Voyage de W . de Rogers,
p. 66 , un très-bon port ,'fans aucun danger, le fond net.
2. HERRADURA , autre port de l'Amérique, au Chi-
li, entre le port de la Conception & la rivière d'Itata.
C'eft une baie avec un bon havre , à l'entrée duquel
on voit trois ou quatre petits rochers qui paroiflent au-
deflus de l'eau. , .
3. HERRADURA , petite baie de 1 Amérique mé-
ridionale , fur la côte du Pérou , près des rochers de
Guara. C'eft un bon havre où l'on peut mouiller entre
la pointe Se le continent , s'il n'y a pas moyen de doub-
ler ces rochers. Dans la baye on en voit un petit qui
fe nomme TAMBILLIO : on peut courir entre ce ro-
cher 6c la terre , mais il vaut mieux le ranger du cote
de la mer.
4. HERRADURA , cap de l'Amérique, dans la nou-
velle Espagne , fur la mer du Sud , dans la province
de CoftaRicca, à dix -huit lieues du cap blanc (le
golfe de Maya eft entre ces deux caps , ) Se a onze
lieues de Rio délia Stella. _
HERREA, ville du Peloponefe , félon Tite-Live,
/. 33. Ortélius foupçonne qu'il faut lire Herda en cet
«ndroit.
HERRENALB , Alba domïnorum , ancienne abbaye
d'hommes , ordre de Cîteaux , fur la rivière d'Alb , au
haut marquifat de Bade. Elle a été fupprimée par la
paix de Weftphalie , 6c donnée aux ducs de Wurtem-
HERR.NGRUND, petite ville de la haute Hongrie,
à un mille de Newfol , félon Edouard Brown , Voya-
ges, p. 155. Elle eft fur un terrein fort^élevé , quoi-
que fituée entre deux montagnes. Ce qu'elle a de plus
remarquable , ce font fes mines , où l'on descend par
des échelles ; les eaux ne les incommodent point , parce
que la mine eft fi élevée fur la montagne , que l'eau
s'écoule facilement. Elle eft presque toute entourée de
rochers. Ses paffages ne font pas fi réguliers que ceux
de Chremnitz , 6c il y a de grands creux fous terre.
Les veines en font fort belles , 6c ce qu'on en tire eft
fort riche ; car de cent livres on en trouve vingt de
cuivre , quelquefois trente , ou quarante , 6c même quel-
quefois foixante. La plus grande partie de ce métal eft
attachée au rocher. On a bien de la peine à l'en fépa-
rer ; 6c même dans plufieurs endroits , on trouve que
le métal & le rocher ne font enfemble qu'une greffe
pierre. On les diftingue par la couleur ^car le cuivre eft
presque toujours jaune ou noir , lorsqu'on le tire de la
mine. Le jaune eft très-bon ; mais il y a quelque peu
d'argent dans le noir.
On trouve auffi dans cette mine de plufieurs fortes
de vitriol , du blanc , du verd , du bleu &C du rouge
transparent. Il y a même une certaine terre verte ,
nommée Berg-Grun , ou vérd minerai , dont les pein-
tres fe fervent, 6c des pierres d'une très-belle cou-
leur verte & bleu. Ce font ces pierres qui ont fait trou-
ver les turquoifes ; & c'eft pour cela qu'on les nomme
mères des turquoifes.
Cette mine a aufli deux fources d'eau vitrioliques , qui
ont la vertu de changer le fer en cuivre : on les ap-
pelle ZlMENT l'une &c l'autre , & on les diftingue par
les noms d'ancien. 6c de nouveau. Ces fources font bien"
avant dans la mine, 6c on y laiffe ordinairement le fer
pendant quinze jours. Ces eaux apportent beaucoup de
profit au maître de la mine , parce que tout le méchant
fer , 6c celui dont on ne peut plus fe fervir fe change
d'aborden de très-bon cuivre. On l'eftime même plus que
l'autre , parce qu'il n'eft point fi dur , & qu'il fe fond
plus facilement. Ceux qui travaillent dans cette mine, y'
ont formé une ville fouterreine affez étendue , 6c le
nombre des habitans en eft très-grand; ils y obfervent
un ordre admirable. Leurs veilles font fort exaftes , leurs
repos n'eft point troublé ; ils aiment autant à travailler
qu'à fe rafraîchir ; &c enfin ils fe repolent , pendant huit
heures , dans le creux d'un rocher, après avoir employé
autant de tems à travailler.
HERRY , ville épiscopale, félon la Notice du patriar-
chat d'Antioche. Elle étoit dans ce patriarchat , 6c re-
connoifibit Boftra pour métropole.
HERSTALL. Voyez Herstel.
HERSTAL , château & village de Pays-bas , au pays
de Liège, fur la rive gauche de laMeufe, aune lieue
au-deflous de Liège (a). C'étoit autrefois une maifon
royale des rois de France. On dit que Pépin charmé
de la fituation de cet endroit, y bâtit un château, 6c y
fit fon féjour le plus ordinaire. -C'eft pour cela que plu-
fieurs hiftoriens modernes le nomment Pépin de Herf
ta'l. Ce lieu eft nommé dans les actes écrits en latin Ha-
RISTALLIUM, 6c ARISTALLIUM cumforefte. Il eft nom-
mé dans les Capitulaires de Charles le Chauve, 6c compté
entre les mail'ons royales. Le roi de France qui la fit bâ-
tir , la nomma Haristallium,ou HeriSTALLIUM ,
ou ARISTALLIUM , qui, dans la langue vulgaire, figni-
fioit un logement militaire. Quelques-uns expliquent ce
nom par l'écurie du roi, ou du feigneur, 6c le dé-
rivent de Her, feigneur 6c de Stal, écurie. Ce château,
après avoir appartenu immédiatement aux rois Carlo-
vingiens , vint au pouvoir des ducs de Lothier , ou
delà baffe Lorraine , qui en ont toujours eulafeigneu-
rie directe ; car pour l'utile , elle fut donnée en par-
tage par Henri I, duc de Brabant , à fon fils puîné
Godefroy, dont le fils Henri étoit feigneur de Herftal,
comme on le voit par une patente du même Henri dit
de Louvain , 6c feigneur de Herftal , datée de l'an 1 284.
Son fils Jean , feigneur de Herftal , mourut fans pofté-
rité ,1'an 1314- Son héritière fut fa i'ceur Beatrix, qui
mourut auffi fans enfans, l'an 1337. Cette feigneurie
a paffé aux comtes de Naflau , princes d'Orange, dont
le dernier a été Guillaume III , roi de la grande Bre-
tagne, mort fans enfans, l'an 1702; &C cette baronie
d' Herftal fait partie de fa fucceffion qui eft conteftée par
plufieurs princes. *(a) Valef. Notit. Gall. p. 241. (b) De.
Longuerue, Defc. de la France, part. 2, p. 128.
Le roi de Prufle, héritier en partie de cette maifon,
vendit cette baronnie à l'évêque de Liège, en 1740.
HERSTEL , ville d'Allemagne , en Weftphalie , dans
l'évêché de Paderborn (a) , fur le "Wefer. Cex lieu doit
fon nom à Charlemagne , 6c eft dans le pays des an-
ciens Saxons ; car , comme nous le remarquons ailleurs,
du tems de ce monarque , la Saxe étoit où eft aujour-
d'hui la Weftphalie. L'hiftorien , connu fous le nom
de l'Aftronome, dans le Recueil de Reuber,dit de Char-
lemagne , ad ann. 797: pour achever la guerre contre
les Saxons , il prit le parti de pafler l'hyver dans le pays
même ; ayant pris fon monde avec lui, il partit pour
la Saxe; 6c ayant campé au bord du Wefer, il ordonna
que le lieu où il étoit campé, feroit nommé HeRISTELLI.
L'auteur de la Vie de Charlemagne, dans je Recueil de
Pithou , parle à - peu - près dans les mêmes termes.
Adelme , ad ann. 797 , après avoir copié les mêmes
termes , ajoute que ce lieu garde encore le même
nom. Le poète anonyme dit de même.
Wifurte pojîtis in littore cafiris
Sedit , Herijlellique locum jufjît yocitari ;
Haclenus hoc & nomen habet.
Henri Meibom croit que ce nom fut donné à cet en-
droit, à caufe de Herftal, château royal dont on a parlé
HER
HER
dans l'article précèdent , 6k auquel il reffémbloit affez,
tant par fa fituation au bord d'une belle rivière , que
par les autres beautés (b). Il y fit venir Tes fils Pépin
ck Louis qui revendent , l'un de Ton expédition d'Ita-
lie , l'autre de fon expédition d'Elpagne. Il y donna
audience aux amb'affadeurs des Huns , & à un ambaf-
fadeur d'Adefonfe , roi de Gallice 6k d'Afturie , qui lui
apporta une tente parfaitement belle. Il y fonda même
un évêché qui dura peu ; 6k c'eft peut-être celui de Pa-
derborn qu'il y avoit transféré , 6k qui retourna en fon
premier lieu. La maifon de Falkenberg a long-tems
poffédé cette ville de Herftel. Les Heffois la pillèrent
& brûlèrent le 24 Juillet 1465. Ils la ravagèrent de nou-
veau au mois d'Octobre 1632 , 6k enfin ils la brûlè-
rent encore au mois de Novembre 1637. Henri, duc
de Saxe , la retira de leurs mains. Théodore de Furf-
îenberg acheta les prétentions des Falkenberg 6k autres
créanciers , 6k acquit cette ville pour fon églife ; entr'au-
tres conditions de l'accord, on convint que l'on choi-
firoit auprès d'Herftel un lieu que l'on céderoit à cette
famille pour y bâtir un nouveau château. C'eft de cette
maifon qu'étoit Théodore de Falkenberg, maréchal de
la cour de Guftave Adolphe, roi de Suéde, qui défen-
dit pour ce prince la ville de Magdebourg , affiégée
par Tilli. * (a) Monum. Paderborn. p. 214. Q>) Aftro-
nom. apud Reuber vita Carol. Magn. apud Pithteum, 6kc.
Comme Hcrjhl ck Herjîal étoient également appel-
les Heriftallum par quelques-uns , 6k qu'ils étoient éga-
lement fameux , par les actes donnés dans l'un ou dans
l'autre , ou les diftinguoit chacun par un furnom. On
appelloit Herftel fur la Meufe , Heriftallum Francicum;
ck Herftel fur UWefer, Heriftallum Saxonicum. Voici
une infcription que le fameux évêque dePaderborn, Ferdi-
nand de Furftenberg , a compofée pour la ville d'Herftel.
SEU. TE. CJF.RULEUS. PLACIDO. VEHIT. AMNE. VI-
SDRGIS.
SlVE. FAC1S. TERRA. CARE. VIATOR. ITER.
PARVA. MORA. EST.FAMjE. RELEGAS.MONUMENTA.
VETUSTE.
Et. precor. hk. paucis. CARMINA. SCRIPTA.
notis.
Magnus. Heristallo. Carolus. dum Saxonas.
URGET.
HlC.POSITIS. CASTRIS. NOMEN. HABERE. DE-
DIT.
Legatos. Hiemans. HIC. REGIA. DONA. FEREN-
TES.
audiit. et. natos. jussit. adesse. suos.
Hic. cœptam. retulit. fato. meliore. ca-
THEDRAM.
Ad. vitreas. pader^. lene. fluentis. aquas.
Non. tamen.omnis. honos. abiit. quin. £mula.
Franco.
Certat. Heristalli. Gloria. Saxonici.
Cette .infcription dit en abrégé ce qu'il y a d'hiftori-
que dans cet article.
HERSZPRUCK, petite ville d'Allemagne, au cercle
de Franconie , à deux milles de Loffen , & à trois de
Sultzbach, fur la rivière de Pegnitz, dans le Nordgaw.
Elle appartenoit autrefois auflî-bien que Lauffen, & quel-
ques autres places voifïnes au haut Palatinat, 6k enfuite à
l'empereur Charles IV & à la couronne de Bohême ;
puis de nouveau, au haut Palatinat; mais en 1504, du-
rant la guerre du Palatinat 6k de la Bavière , elles fu-
rent acquifes par la ville de Nurenberg, comme fief
mouvant de la couronne de Bohême. Elle appartient
encore à cette ville ; ellefouffrit beaucoup le fiéclepaffé,
durant les longues guerres d'Allemagne.* Zeyler , Franc.
Topogr. p. 16 & 31.
HERTA. Jornandes nomme ainfï une tour fituée
au bord du Danube , de laquelle un certain Mundon s'em-
para avec une bande de brigands qu'il avoit rafïemblés ;
6k continuant fes vols dans le pays d'alentour, il fe fit
donner le titre de roi. Lazius croit en trouver des tra-
ces dans le monaftere à'Erdewdi, qui eft en Hongrie,
dans une ifle du Danube, affez près des ruines de l'an-
cienne Teutoburgium.
HERTFELD, petite contrée d'Allemagne, dans la
Suabe , entte Awlen , Bopfingen , Kcenigsbrun , Gien-
3JÏ
gen 6k lafeigneune de Graveneck; elle s'étend en long
du nord-quart au nord-eft , au fud-quart au fcd-eft. Ce
font des montagnes & des forêts femées de quelques
villages. * Zeyler & De l'I/le, Cartes de la Suabe.
HERTFORD.ville d'Angleterre, dans leHerfordshire,
fur la rivière de Lea, à vingt milles de Londres. Elle
eft ancienne , & a été autrefois plus confidérable qu'elle
n'eft à préfent. La caufe de fa décadence , c'eft qu'on
en a détourné le grand chemin, pour le faire pafîer à
"Ware. Hertford a un château ck trois paroiùes. * Etat
préf de la G. Bretagne , t. I , p. 72.
HERTFOROSHIRE, province d'Angleterre, dans
l'intérieur du pays , dans les diocèles de Londres & de
Lincoln : elle a cent trente milles de tour , 6k contient
environ quatre cents cinquante-un mille vingt arpens, 6k
feize mille cinq cens foixante-neuf maifons. C'eft une
belle 6k agréable province , voifine de Middlefex. L'air
y eft bon, 6k le terroir y eft fertile en bled, en pâturages
6k en bois. La Lea 6k le Coin en font les principales
rivières. Le froment, l'orge &t les grains germes pour
la bière font fon plus grande négoce. Ses villes ck bourgs
où l'on tient marché font :
* Hertford, capitale,
Baldock,
* Saint Albans,
Hitchin,
Barnet ,
Hodsdon ,
Ware,
Royfton ,
Berkhamfted ,
Standon ,
Bukmansworth,
Stevenidge
Hartfield,
Stortford,
Buntingford,
Tring,
Barkway,
Watford.
HERTICEI, ancien peuple de la Sarmatie Afiatique,"
félon Pline , /. 6 , c. 7. Il le met au nombre des peuples
qui étoient au bord du Tanaïs.
HERTOGENBOS. Voyez Bois-le-Duc.
s'HERTOGENDALE, abbaye de filles, en Era-
bant , entre Louvain & Vavre.
i.HERTZBERG, château d'Allemagne, dans la
principauté de Grubenhagen. Il eft affecté pour être
la réfidence des princefies douairières. * Hubner , Geoor.
p. 514.
2. HERTZBERG , ville d'Allemagne , dans l'électo-
rat de Saxe, aux confins de la Luface. Elle eft panabie-
ment grande. * Hubner, Geogr./>. 565.
HERTZOGTHUM ; ce mot, fur les cartes géogra-
phiques Allemandes, veut dire duché.
HERTZOGENBUSCH, nom Allemand de Bois-
le-Duc.
HERULES, (les) faifoient nombre parmi les Bar-
bares qui renverlèrent l'empire Romain. Voici les pat-
fages des anciens auteurs qui peuvent fervir à faire con-
noitre cette nation. Zofime , /. 1 , c. 42 , dit que fous
l'empire de Claudius, tout ce qui reftoit de Scythes ,
enflé de quelques fuccès, fe joignit aux Herules , aux Peu-
ces, aux Goths, 6k que s'étant affemblés au bord du
Tyras , rivière qui fe jette dans le Pont-Euxin , 6k ayant
conftruit fix mille barques, ils s'embarquèrent au nom-
bre de trois cens vingt mille hommes ; & côtoyant le
Pont-Euxin , ils manquèrent les villes de Tomes 6k de
Marcianople , 6k vinrent jusques dans la Propontide ,
où ne fâchant pas gouverner leurs barques, ils fe heur-
tèrent, 6k fe culbutèrent les uns les autres; de forte qu'il
en périt un grand nombre. Le refte gagna l'Hellefpont,
arriva de l'autre côté de l'Archipel, affiégsa Cafiandrie
6k Theflalonique ; ils étoient fur le point de prendre
ces villes , lorsqu'ayant fu que l'empereur arrivoit avec
des troupes , ils entrèrent dans la Macédoine , 6k pé-
nétrèrent dans le pays jusqu'à ce qu'ils trouvèrent un
corps de cavalerie des Dalmates, qui leur tua trois mille
hommes. Malgré cette perte, ils ne laifïerent pas de faire
tête à l'armée impériale qui les pourfuivoit. Le com-
bat fut fanglant , 6k les Romains prirent la fuite ; mais
voyant leurs ennemis engagés dans des lieux où il n'y
avoit aucune route marquée , ils les attaquèrent de nou-
veau , 6k en taillèrent en pièces quarante mille. Le
refte courut les côtes de Theffalie, de Grèce , de
Crète, de Rhodes , où il ne fit rien de remarquable, 6k
fe retira : enfin la pefte en fit périr beaucoup dans la
Theffalie ÔC la Macédoine ; ceux qu'elle épargna, prirent
iS*
HER
HER
parti dans les troupes impériales. Il y a deux chofes à
remarquer dans ce paflàge. i° Tous les Herules ne par-
tirent pas avec ces Scythes, & le gros de la nation de-
meura dans le pays quelle occupoit. 1° Ce pays étoit
au bas du Danube , puisqu'on la nomme avec les Peu-
ces 6k les Goths qui habitoient au bord de ce fleuve,
Procope eft celui des anciens , qui a parlé de cette na-
tion , avec plus d'étendue. Voici ce qu'il en dit dans fon
Hiftoire des Goths , l. i , c. 14. Je me ferverai de la
traduftion de Coufin ; mais je fubftituerai le nom d' He-
rnies à celui SEruIXens dont il s'eft fervi.
Je dirai en cet endroit , dit cet hiftorien , quels peu-
ples ce font que les Herules , 6k comment ils ont fait
alliance avec les Romains. Ils habitoient autrefois au-
delà de l'Iftre ( du bas Danube, ) 6k ils adoroient plu-
fleurs dieux à qui ils facrifioient des hommes. Ils fe con-
duifoient par des loix toutes contraires à celles des au-
tres nations. Il ne leur étoit pas permis d'être malades
ni de vieillir. Si- tôt que quelqu'un fe fentoit malade,
ou qu'il étoit arrivé à la vieillefîe , il étoit obligé de
prier fès parens de Fêter du nombre des hommes. Les
parens drelïbient un bûcher , au haut duquel ils le met-
taient , 6k lui envoyoient un Herule, qui n'étoit pas de lés
parens , avec un poignard ; car il n'étoit pas permis aux
parens de letuer. Quand celui qui l'avoit tué, étoit des-
cendu , ils mettoient le feu au bois ; 6k après qu'il étoit
éteint , ils ramaffoient les os , 6k les couvraient de terre.
Après la mort d'un homme , fa femme étoit obligée ,
pour donner des preuves de fa vertu , 6k pour acqué-
rir de la réputation , de s'étrangler à fon tombeau. Si
elle manquoit à le faire , elle fe couvroit d'une confu-
flon éternelle, & s'attiroit la haine irréconciliable des
parens de fon mari. Voilà quelles étoient les anciennes
mœurs des Herules. Ayant augmenté, par la fuite du tems,
& leur nombre 6k leur puiflance , ils battirent leurs voi-
fîns , 6k s'emparèrent de leurs biens. Les Lombards fu-
rent les derniers qu'ils fubjuguerent , 6k à qui ils impo-
ferent un tribut.
Quand Anaftafe parvint à l'empire , les Herules n'ayant
■plus d'ennemis à attaquer , mirent bas les armes , 6k de-
meurèrent en repos , durant trois années. Ennuyés en-
fuite de ne rien faire , ils fe fouleverent contre leur roi
Rodolphe , lui reprochant fa lâcheté. Rodolphe ne pou-
vant fouffrir ces outrages , fit la guerre aux Lombards
fans fujet. Les Lombards lui députèrent , pour le prier
de leur déclarer pour que'le raifon il leur faifoit la guerre ;
que s'ils «voient manqué à payer le tribut qu'ils lui dé-
voient , ils étoient prêts d'y fatisfaire , & que fi le tribut
étoit trop petit , ils étoient d'accord de s'obliger à en
payer un plus grand. Ce prince ne répondit à ces pro-
pofitions que par des menaces , 6k il continua fa marche.
Les Lombards lui envoyèrent une féconde ambaffade,
qui fut méprifée comme la première. Enfin ils lui en en-
voyèrent une troifiéme , par laquelle ils protefterent que
les Herules avoient tort de prendre les armes ; que s'ils
perfiftoient dans ce deflein , ils feroient contraints de fe
défendre; que Dieu , qui peut détruire par une foible
vapeur toute la puiflance des hommes , leur feroit té-
moin qu'ils ne fe défendoientqu'à regret, 6k qu'ils espe-
roient que ce Dieu feroit l'arbitre d'une guerre que les
Herules entreprenoient par une injuftice toute vifible.
Ils avoient espéré d'attendrir ces aggreffeurs par des confi-
dérations fi puiflantes ; mais ceux-ci n'en firent nul état,
6k perfifterent dans le deflein d'en venir aux mains.
Lorsque les deux armées furent en préfence , une nuée
obscure couvrit celle des. Lombards , tandis que le ciel
paroiflbit clair fur celle des Herules , ce qui paflbit pour
un figne de leur défaite , n'y ayant point de préfageplus
funefte que celui-là parmi les Barbares. Les Hernies qui
méprifoient tout , ne laifferent pas d'attaquer fièrement
leurs ennemis , 6k de fe promettre un fuccès égal à l'a-
vantage de leur nombre. Cependant ils furent vaincus,
presque tous taillés en pièces , 6k entr'autre, leur roi Ro-
dolphe. Les autres prirent la fuite ; quelques-uns fe fau-
verent , 6k les autres furent maffacrés.
Comme ils ne pouvoient plus demeuter dans leut pays
après une défaite fi honteuie , ils en fortirent , 6k cou-
rurent avec leurs femmes 6k leurs enfans les bords du
Danube , s'arrêtèrent enfuite à une contrée qui avoit été
habitée autrefois par les Rugiens , lesquels étoient ve-
nus avee les Goths s'établir en Italie ; mais comme
cette contrée étoit déferte , ils en furent bientôt chas»
fés par la faim , 6k allèrent dans le voifinage des Gepi-
des , qui leur permirent au commencement d'y demeu-
rer , mais qui enfuite prirent leurs troupeaux , enlevè-
rent leurs femmes, 6k enfin leur firent la guerre ; ce que
ne pouvant fouffrir, ils parlèrent le Danube , 6k s'y éta-
blirent avec la permiflion de l'empereur Anaftafe , qui
leur fit un accueil très-favorable. Mais depuis étant irrité
des mauvais traitemens que ces Barbares faifoient aux
Romains , il envoya contre eux des troupes , qui les dé-
firent , 6k les auroient entièrement exterminés , fi les
chefs n'euflent eu la bonté de leur accorder la vie , 6k
de leur permettre de fervir dans les armées de l'empe-
reur. Anaftafe ayant ratifié cette grâce , le refte des He-
rules fut conservé. Ils n'eurent pas néanmoins l'honneur
d'être alliés des Romains , 6k ne leur rendirent aucun
fervice.
Juftinien étant parvenu à l'empire , leur donna un bon
pays , leur fit des préfens confidérables, les honora de
fon alliance, 6k les obligea tous de fe faire Chrétiens.
Voilà, poursuit toujours Procope , comme ils ont em-
braffé une manière de vivre plus civile 6k plus polie.
Ils ont depuis fait profeflîon de notre fainte religion, 6k
ont combattu fous nos enseignes. Nous ne trouvons pas
néanmoins qu'ils foient tout-à-fait fidèles ; ils exercent ,
fans honte, des brigandages contre leurs voifins , fe touil-
lent par les plus abominables de toutes les conjonctions,
même par celles des bêtes. Enfin ce font des fcélérats
dignes des plus cruels fupplices ; il y en a peu, parmi
eux, qui foient demeurés fermes dans l'amitié des Ro-
mains ; tous les autres s'en font féparés pour le fujet que
je vais dire. Les Herules furent fi brutaux 6k fi enragés
contre leur roi, qui fe nommoit Ochon, qu'ils le mas-
facrent fans autre prétexte que de dire qu'ils ne vou-
loient plus avoir de roi à l'avenir , quoique de fon vi-
vant , 6k auparavant même , ils n'euflent un roi- que de
nom , 6k qui n'avoit pas plus de pouvoir qu'un particu-
lier. Chacun mangeoit 6k buvoit avec lui , 6k difoit en
fa préfence tout ce qu'il avoit envie de dire , cette na-
tion étant la plus imprudente 6k la plus incivile du
monde. Ils fe repentirent cependant de leur crime , 6k
dirent qu'ils ne pouvoient plus vivre fans roi 6k fans
chef. Après plufieurs délibérations , ils trouvèrent qu'ils
ne pouvoient faire mieux que d'envoyer en l'ifle de
Thulé , pour demander quelqu'un de la maifon royale ,
pour être leur roi. Procope , c. 1 j , tache enfuite d ex-
pliquer quel rapport avoient les Herules avec l'ifle de
Thulé. Quand les Herules, dit-il, vaincus par les Lom-
bards, abandonnèrent leur pays , une partie s'établit dans
l'Illyne; (ce font ceux dont il vient de rapporter la des-
tinée,) les autres ne voulant pas paffer le Danube, al-
lèrent chercher des demeures jusqu'aux extrémités de la
terre. Etant donc conduits par quelques - uns du fang
royal , ils traverferent tout \tpays des Sclavons , 6k en-
fuite une vafte folitude qui eft au - delà ; ils entrèrent
dans le pays des Warnes 6k dans le Dannemarck , 6k
arrivèrent à l'Océan où ils s'embarquèrent , 6k parvin-
rent à l'ifle de Thulé.
Procope décrit cette ifle ; & entr'autres peuples, il y
met les Scritifines 6k les Gautes , 6k dit que ces der-
niers font une nation nombreufe , qui reçut les Herules
lorfqu'ils s'y allèrent établir; après quoi, il poursuit ainfi.
Les députés des Herules trouvèrent dans l'ifle de
Thulé plufieurs princes de la famille royale , entre lef-
quels ils en choifirent un ; mais comme ils mourut en
chemin , ils y retournèrent , 6k en prirent un autre qui
fe nommoit Todajîns , 6k qui emmena fon frère , nommé
Aordus, 6k deux cens jeunes hommes de l'ifle. Comme
il fe paffa beaucoup de tems dans le voyage de ces dé-
putés , les Herules qui habitoient dans le voifinage de
Singidone , fentirent que ce n'étoit pas faire prudemment
leurs affaires , que de choifir un roi fans le confentement
de l'empereur , 6k envoyèrent une ambaffade à Conftan-
tinople , pour le prier de leur donner un roi ; il leur
envoya incontinent un Herule qui étoit à fa cour , 6k
qui fe nommoit Suartuas. Ce nouveau fouverain fut d'a-
bord bien reçu par les Herules , falué avec toutes fortes
de refpefts , 6k obéi avec une fidélité très-exacte. Peu
de tems après, on eut nouvelle de l'arrivée des députés
de l'ifle de Thulé. A l'inftant, Suartuas commanda d'aller
au-devant d'eux } 6k de les tuer, en quoi il fût ûiivi de
fes
HER
HER
l'es fujcts ; mais lorfqu'ils furent éloignés feulement d'une
journée , il fut abandonné de tout fon monde , Se con-
traint de s'enfuir fc-ul à Conftantinople. Comme l'empe-
pereur fouhaitoit avec pafïïon de le rétablir fur le trône,
les Hernies qui redoutoient fa puiffance , eurent recours
aux Gepides; Se ce fut le fujet de leur désunion d'avec
nous.
Paul Diacre abrège de beaucoup le royaume des He-
.rules ; car il fuppofe qu'après leur défaite par les Lom-
bards , ils n'eurent plus de rois , Se donne à entendre
que cette nation fe fondit dans celle de Ces vainqueurs ,
comme il arrive fouvent ; mais avant que d'aller plus
loin, il faut faire quelques remarques fur Fhiftoire qu'en
fait Procope. Elles ferviront , ou à le rectifier , ou à
mieux démêler qu'il n'a fait l'origine de cette nation.
Procope ne leur connoit point d'érablifTement plus
ancien , que celui qu'ils avoient au-delà du Danube : ils
y étoient dès le tems de l'empereur Claudius , c'eft-à-
dire, dès l'an 268 , comme nous l'avons vu dans le padage
de Zofime. Après leur défaite par les Lombards , une
partie paffa le Danube , Se vint s'établir fur les terres de
l'empire, où ils fe firent chrétiens ; l'autre partie remonta
le Danube , Se repaffa au travers du pays des Sclavons ;
or les Sclavons ou Slaves , comme je le ferai voir en
fon lieu , occupoient alors le pays d'entre l'Elbe Se la
Wiftule , c'eft-à-dire l'ancienne Vandalie. Quant à ce
que dit Procope , qu'iLs traverferent le Dannemarck , Se
arrivèrent à Tulé , qui eft aujourd'hui F Llande , c'eft
une exagération pardonnable à un homme qui étant né
à Cefarée en Paleftine , paffa une partie de fa vie à
fuivr-e Belifaire dans fes voyages, en qualité de fec rétaire.
Une preuve qu'il n'avoit qu'une idée fort peu correcte
de rifle de Thulé , c'eft qu'il y met les Scridfini , peu-
ple que les anciens auteurs mettent tous dans la Scan-
dinavie. Le Danemarck Se Thulé font de trop dans la
narration de Procope. Les Herules n'allèrent pas plus
loin qu'au bord de la mer Baltique. Ils vinrent, comme
il dit très-bien , au pays où demeuraient les Warnes.
Ces Warnes, ou Warins , prenoient leur nom du War-
now , rivière de la Baffe-Saxe dans le Meckelbourg , Se
qui coule à Roftock , où elle eft fort large. Cluvier ,
guidé par une reffemblar.ee de fon , la cherche à Heel
ou Heila. Voyez Heila. Il ferait bien plus naturel de
les chercher auprès des Warnes Se des Rugiens , avec
qui on les trouve fouvent nommés. Or il fe trouve qu'à
deux milles de P^oftock, il y avoit une ancienne ville
nommée Weerle , des ruines de laquelle Schwan a été
bâtie. Son nom latin étoit Herula , comme l'écrit le
dofte Bangert , dans fes Notes fur la Chronique des
Slaves , par Helmod , /. 1 , c. il, p. 3 5 ; Se ce nom eft
un refte de ce peuple , nom dont les rois Wandales
avoient foin de fe parer autant que du nom général de
la nation , puisqu'ils fe difoient rois des Herules & des
Wandales. Ce que dit Procope , qu'ils trouvèrent dans
Fille de Thulé une nombreuse nation nommée Gaules ,
il faut entendre les Goths , avec qui ils s'affocierent
quelquefois. Zonare , in Gallieno , dit : il vainquit en-
fuite les Herules , peuple d'entre les Scythes & les Goths.
Jornandes qui , étant Goth lui-même , aurait dû parler
des Herules avec plus de connoiffance de caufe que les
Grecs , les fait venir de la Scandinavie , Si dit , de Reb.
Getic. c. 3 , que les Danois avoient chaffé les Herules
de leur pays , Se que ces derniers font ceux qui , entre
toutes les nations de la Scandinavie , ont fait le plus de
bruit à caufe de leur haute flature. Il dit, c. 13 , qu'Er-
manaric , rois des Goths , déjà maître de bien des
peuples , ne fut point content qu'il n'eût affujetti les
Herules , après en avoir maffacré une grande partie. 11
nous apprend qu'ils avoient alors Alaric à leur tête ; Se
voulant enfuite nous donner l'origine de ce peuple , il
a recours à l'autorité d'Ablavius , hiftorien Goth , cité
quelquefois par l'Anonyme de Ravenne , Se dit que
cette nation avoit été nommée Erull , parce qu'elle ha-
bitoit auprès des Palus Méotides , dans des marais que
les Grecs appellent Hele. Il eft certain que des Grecs
les ont nommés 'Eï.v&i comme on le peut voir dans
Etienne le Géographe, Se dans le grand Etymologique.
Cependant on ne le peut pas dire généralement ; car
Zonare , dans l'endroit cité , dit A/pâxo; Se Procope
'£p*>.u qui eft XHerulï des Latins. Jornandes femble
$n
nous marquer comment cette nation finit , au moins la
partie qui étoit au voifinage des Goths , vers FUlyrie.
Sidonius Apollinaris, Carm. 7, dit :
Cursu Herulus , Hunnus jaculis , Francufque natalu.
Les Herules excelloient à la courfe : les Huns à lancer
le javelot , Se les Francs à nager. Jornandes , c. 23 , dit
auffi qu'ils étoient très-légers à la courfe ; qu'il n'y avoit
point alors de nation qui n'en voulût avoir dans fon
armée , Se que malgré cet avantage , ils ne laifferent
pas d'être affervis par les Goths , qui étoient plus pefans
Se plus fermes , Se qu'enfin ils furent réduits à obéir au
roi Ermanaric , avec toutes les autres nations des Gétes.
Nous avons remarqué ailleurs , que dans ce tems on
confondoit mal -à-propos les noms de Goths Se de
Gétes.
Pour moi je penfe que la première demeure des He-
rules étoit au voifinage du Warnau, dans le Meckelbourg,
à peu-près où a été enfuite la ville de Werle , en latin
Herula ; que fi Tacite n'en a point fait mention , c'eft
qu'ils étoient alors compris fous le nom général de Van-
dales ; que dans les irruptions des Goths Se des Van-
dales , vers le midi , ils. eurent leur part à ces migra-
tions, Se demeurèrent quelque tems au-delà du Danube,
où abordoient les nations feptentrionales ; qu'une partie
paffa le Danube après la bataille perdue contre les Lom-
bards , s'établit dans FUlyrie , où elle eut tous les revers
que nous avons marqués , Se fe perdit enfin dans l'ar-
mée des Goths. Que l'autre partie retourna dans la
Vandalie , auprès des Warnes ; que ce fut à ceux-ci
que les autres envoyèrent demander un roi , S: q te ces
Herules revenus dans leur patrie , y fubfiftere: t long-
tems dans l'idolâtrie , puifque ce ne fut que fort tard
que la foi chrétienne leur fut annoncée ; encore Fem-
brafferent-ils plus par force que par perfuafion, puifqu'à
la moindre occaiion ils la quittoient , Se maffacroient le»
prêtres. Leur nom fe perdit peu-à-peu dans celui de
Slaves , Se enfin en celui de Meckelbourg.
L'auteur. Latin d'une Chronique Efclavone, inférée dans
le Recueil de Lindebrog, Se réimprimée dans celui de
Fabricius, laquelle finit en 1487, dit que lesHfcRULES,
ou Eveldes , font entre l'Oder Se l'Elbe , près de la
rivière de Habola , qui eft le Havel. Ainfi il les con-
fond avec les habitans duHavelland. Le feavant Bangert
n'eft pas tombé dans cette erreur ; car il dit : IV. Havt-
lani, \Heveldi, & Hevelli , ad Havtlum jluvium : les
habitans de Hivelberg ; X. Warnavi , Varini , Heruli ,
Wtrli & wr tf M/lr Wendi ceux de Roftoc , de Butzsu-,
8c de Guftro-w , trois villes fituées fur le Warnau,
Voyez Slaves.
HERWORD. Vovez Herford.
HERY. Voyez Herat.
HERYN , montagne de la Mauritanie Cefariense ,
félon Ptolomée, /. 4 , c. 2.
HERZEGOVINE , (U) pays de la Turquie, en
Europe , dans la Botnie , dont elle eft la partie fupé-
rieure , félon M. Baudrand. On le nomme auffi duché
de S. Saba , Se anciennement on le nommoit Zachulmi.
Ce pays s'étend vers la Dalmatie, qui le borne au cou-
chant Se au midi. Elle a pour capitale la ville de Ca/lel-
Nuovo qui eft aux Vénitiens ; mais tout le refte eft aux
Turcs qui y ont dix-huit places , entr'autres , Moftar ,
Narenta Se Trebigne. Cette province faifoit autrefois
partie de la Servie.
HESDIN , ( FS ) ne fe prononce point , c'eft pour-
quoi quelques-uns 1 omettent ; en latin Hesdinium , ou
Hisdimum , ville de France dans l'Artois , fur la Canche.
Il faut diftinguer le Vieil Hesdin , Se la ville qui porte
aujourd'hui fe nom de Hesdin. Ce font deux villes dif-
férentes.
La ptemiere étoit ancienne. On croit même que c'eft
le Vicus Hélène ou Hedene Ficus de Sidonius Apolli-
naris. Voyez Hélène 7. Quelques favans difent qu'He-
lene, femme de Conftantius Chlorus, Se meredugrand
Conftantin , ayant été répudiée par fon mari, fe retira
en ce lieu , Se y fit bâtir un château qu'elle nomma
Viols Helence. D'autres foutiennent que Vicus Heler.œ
eft Houdan ou Othain. M. l'abbé de Longuerue n'a pas
trouvé cette origine affez prouvée pour la rapporter, Se
Tomt ///, Y y
3J4
HES
HES
le contente de marquer les différens maîtres qu'a eus
cette place. Hesdin , dit-il , étoit une fort^reffe qui apar-
tenoit aux comtes de Flandres, &£ qui fut donnée pour
dot par Philippe d'Alfaçe, avec l'Artois, à iiabelle de
Hainaut, femme de Philippe-Augufte. Robert , comte
d'Artois , trere de S. Louis , l'eut &C la laifla à fes fucr
ceffeurs. Elle fut prife par Louis XI, fur Marie de Bour-
gogne, & rendue par Charles VIII à Philippe d'Autriche.
La guerre ayant été déclarée entre Charles V & Fran-
çois I, les François , l'an l^ll , fe rendirent maîtres de
Hesdin . dont on fut oblige de promettre la reftitution
au traité de Madrid. Ce traité n'ayant point été exécuté,
il fut accordé par la paix conclue à Cambrai, l'an 1 5^9»
que Hesdin feroit rendu à Charles V. Les François ayant
enfuite repris cette place , on en laifla la pofleflion à
François I, par le traité de Crespi. Hesdin fut pris &
raie par l'armée, de Charles V, l'an 1533. Le lieu où il
étoit, coriferve encore le nom de KitiL-tlesdin.* Piganiol
de la Force. Descr. de la France , 1. 3 ,pï 24.3.
Le nouveau Hesdin , ou la ville de Hesdm d'aujour-
d'hui , doit fa fondation à Philibert. Ce prince qui étoit
général de l'armée impériale dans les Pays-bas , non
content d'avoir fignaié fon généralat par la prife & par
la deftructien de Hesdin , voulut rendre à l'empereur,
qu'il fervoit , une autre place qui ne lui fût pas conteftée.
Il fit àggrandir & fortifier, en 1554, le village du MESNIL,
fitué une lieue au-deffous de Hesdin; & en ayant fait
une ville flanquée de fix bâfrions royaux , il lui donna le
nom de Hesdin-Fcrt , nom compofé de celui de la ville
détruite , & des quatre lettres que les ducs de Savoye
portent , & qui fignifient , dit-on ,fortitudo ejusRkodit.m
tenuit. Cette ville eft un hexagone régulier , environné
d'un bon foffé & d'une bonne contrescarpe , avec des
demi-lunes , & autres ouvrages qui défendent cette place
du côté où il n'y a point de marais. Elle fut prife, en
1639, Par Louis XIII, qui l'afliégeait en perlbnne, ck
qui y entra par la brèche , tk fe tournant vers Puifegur ,
prit fa canne qu'il donna à la Meilleraye, en lui difant :
Je vous fais maréchal de France , voilà le bà'.on que je
vous en donne. Les fervices que vous m'ave^ rendus
m'obligent à cela. Hesdin fut ensuite cédé à la France
par le traité des Pyrénées en 1659.
Le bailliage de Hesdin eft entre le Boulenois , le
bailliage de Montreuil , le Ponthieu , & les bailliages
d'Avesnes & d'Aubigni. La partie du bailliage de Hesdin,
qui eft au midi.de la Canche , qui eft du diocèfe d'A-
miens, a fait partie du territoire des peuples Ambiant,
& non pas de celui des Morins.
HESDR1N. Voyez Esdrin.
HESEBON. Voyez Esbus.
HESER , ville de la Paleftine , dans la tribu de Juda.
Salomon la fit bâtir ou fortifier , Reg. 1. 3 , c. 9 , v. 1 5.
Dom Calmet croit que c'eft apparemment la même ville
qu'AsOR, ou HASOR.
HESÏCHA. Palladius , dans la Vie de^ S. Opien ,
nomme ainfi un monsftere qui étoit fitué près de la
mer. Ortodius croit qu'il étoit dans la Syrie.
HESIDRU , fleuve de l'Inde , félon Pline, 1.6, c. 17.
Il étoit à cent foixante-buit milles de l'Hypanis , & à
pareille diftance du Jomanes.
HESION-GABER. Voyez Asion-Gaber.
HESIS fij/ç , heu de la Silicie , félon Jofeph , Antiq.
I. 18, c. il.
HESMUNTHIS : ce nom fe trouve ainfi dans l'Iti-
néraire d'Antonin pour Hermonthis. Voyez ce mot.
HESN-MEDI ', ville de Perfe. Elle eft , félon Ta-
vernier, Voyage , /. 3 , c. dernier , à 74 d. 4 s;' de longi-
tude , &a3ld. 5' de latitude. Il croît quantité de beaux
fruits autour de cette ville , & on les tranfporte à Bal-
fara , & en divers autres lieux.
HESPERA, We« , grande Me d'Afrique, félon
Diodore de Sicile, /. 3 , c. 53. Il la place dans un lac
formé par le fleuve Triton ; mais il en parle à l'occafion
d'une fable; & ce qu'il en dit, n'a rien de fort hiftorique.
HESPERlA. Voyez Espagne & Italie. Ce mot
vient de Hesper ou Vesper , qui marque le couchant.
Comme l'Italie eft plus occidentale que la Grèce , les
Grecs la nommèrent He.pcrie ; &i les Italiens don-
nèrent ce même nom à l'Espagne , parce qu'elle a la
même fituation à leur égard. Virgile, Mneid. 1. i,v. 573,
nomme l'Italie Hesperiam magnant ; & Horace , 1. 1 ;
Ode 36 , appelle l'Espagne Hesperia ullima ,. fur quoi
Dacier remarque que toute la partie occidentale de
l'Europe étoit Hesperia : l'Italie , pourfuit-il , Hesperia.
proxima, ou fîmplement Hisperia: l'Espagne ; Hesperia
ultima , parce qu'elle eft la plus éloignée. II y avoit
donc deux Hesperies ; la grande qui eft l'Italie ; & la
petite qui eft l'Espagne, (elon le P. de la Rue, in JEneid.
1. 1 , v. 534 , ou ïHesperie voifine , ou la plus proche
qui eft l'Italie ; & l'Hespene dernière , ou la plus éloignée
qui eft l'Espagne, félon Dacier.
1. HESPEÏ-UDES ; ( Les ) ville de la Pentapole &
de la Cyrenaïque. Voyez Hesperis.
1. HESPERIDES ; ( Les Jardins des ) jardins
fameux dans l'antiquité fabuleufe. Comme ces jardins
ne fubfiftoient que dans l'imagination des poètes , plu-
fieurs auteurs les ont diversement placés , afin d'avoir la
commodité de les trouver en leur chemin , & de pren-
dre occafîon d'en tirer des images agréables. On a fup-
pofé que les Hésperides , filles d'Hesper , gardoient, par
l'ordre de Junon , un jardin où ilcroiffoit des pommes
d'or qu'Hercule enleva, ayant tué le dragon qui en dé-
fendoit l'entrée :(rien n'eft moins décidé que l'endroit
où étoient ces prétendus jardins. Pline, /. 19, c. 4, dit
qu'ils étoient vers la ville de L<xus , à deux cens pas
de l'Océan , près d'un temple d'Hercule plus ancien
que celui de l'ifle de Gades. Ils étoient donc, félon lui,
dans la Mauritanie Tmgitane. Claudien , de Laud. Stilic,
1. 1 , les met bien loin de-là fur le fleuve^ Triton.
Quos vagns humectât Cinyps & proximus hortis
Hesperidum Triton.
Ce voifinage du fleuve Triton , & de ces jardins ^
pourroit bien venir de l'ifle Hespera dont parle Diodore
de Sicile. Voyez Hespera. Strnbon , /. 17 . p. 8;6,
fait bien mention d'un lac des Hésperides ; mais il dit
que le fleuve Ladon s'y jette. Parlant ailleurs des jardins
des Hésperides, il les place à quatre petites journées de
chemin du fond du golfe de la grande Syrte. Il trouve
ce lieu affez reflemblant à celui de Jupiter Ammon, &
qu'il eft arrofé d'eaux , grand avantage au milieu cf un.
pays de fables brûlans & altérés. Qu'une partie eft
couverte d'arbres , & que l'autre eft employée à femer
des grains , &c. D'autres l'ont mis S la ville qui a été
fucce Hivernent appellée Hesperis & Bérénice ; & Pline,
/. 5 , c. 5 , exprime la raifon de cette diverfïté par ces
mots : Vagantibus Greciœ fabulis , les fables des Grecs
n'ayant rien de fixe. En effet, il n'apartient qu'aux lieux
véritablement hiftoriques & exiftans, d'avoir une fitua-«
tion qui leur (bit propre.
HESPERIDES , ( Les Isles des ) ifles de la mer
Atlantique. Pline , l. 6 , c. 31 ,' n'en parle qu'avec un
air d'incertitude ; car, après avoir nommé les deux Gor-
goges, il ajoute : on raconte qu'encore au-delà il y a .
deux ifles des Hésperides. Cela ne convient point aux
Canaries , & encore moins aux Açores. Ce qu'il dit
enfuite , y convient encore moins : tout cela , dit-il , eft
fi peu certain , que fi nous en croyons Statius Sebofus ,
des ifles Gorgognes aux ifles des Hésperides, il y a qua-
rante jours de navigation le long de l'Atlas , & une
depuis les ifles Hésperides au cap nommé Hes-
peru Ceras. On voit bien que Pline met tout cela fur la
côte occidentale d'Afrique. Si Pline avoit parlé avec
certitude , &t qu'il n'y eût aucun doute fur l'exattitude
du calcul de Statius Sebofus , il feroit naturel de dire:
le cap nommé Hesperu Ceras doit avoir reçu ce nom à'
caufe de fa fituation à l'occident. Ce doit donc être le
cap verd le plus occidental de toute l'Afrique , & de'
tout l'ancien continent. Les Hésperides étoient à une
journée en-deçà ; ce pouvoient être deux des ifles du
Sénégal : & ainfi du refte de cette course. Mais on ne
peut compter fur des relations imparfaites , & dreffées
dans des tems où ces lieux n'étoient connus que par
une tradition obscure & incertaine. Denys le Periégete
ne parle point de ces Hésperides , lorsqu'il dit dans les
ifles Hésperides qui font fertiles en ctain. Ce mot Hés-
perides n'eft pas le nom propre de ces ifles ,' mais une
fimple épithéte qui défigne occidentales ; & cela eft
fondé fur l'opinion faune de quelques anciens géographes,
HES
HES
qui ont cru que ces ifles d'où on apportait l'étain en
Espagne , étoient au couchant de ce pays. Voyez Cas-
SITERiDES. Cette fituation , par rapport à l'Espagne, a
engagé Hill , commentateur de Denys , à foupçonner
que ces Hespérides de fon auteur pouvoient bien être
les Açores.
Quelques Espagnols , & entr'autres, Oviedo , ont pré-
tendu que les Hespérides font les Antilles , &c ajoutent
que Dieu , en les faifant parler fous la domination des
rois Catholiques , n'a fait que restituer à leur couronne
ce qui lui avoit appartenu 3 1 50 ans auparavant, fous le roi
Hesperus , de qui elles avoient pris leur nom. Oviedo
avance même , que les apôtres S. Jacques & S. Paul y
ont prêché l'évangile , &c cite pour garant de ce fait les
Morales de S. Grégoire.
HESPERII .iEthiopes , ancien peuple d'Ethiopie
dont il occupoit la partie la plus occidentale. Les Ethio-
piens Ichthyophages , c'eft-à-dire , qui fe nourriffent de
poiffon , occupent le grand golfe de l'Océan occidental.
Les plus méridionaux d'entr'eux, qui s'étendent jufqu'à
une terre inconnue , font appelles Hesperii ALthiopes ,
c'eft-à-dire , Ethiopiens occidentaux. Ce grand golîe eft
celui de Guinée ; & les plus méridionaux de ce golfe
font les habitans du Congo. Ils étoient peut-être les mêmes
que les Hesperkns de Libye , quoique Maxime de Tyr ,
Difc. 38 , place ceux-ci vers un promontoire du mont
Atlas. Strabon , /. 17 , p. 8 29 , parle des Hesperii JEthiopes,
à l'occafion de quelques paffages d'Eratofthene , relevés
par Artemidore. Il parle auffi, /. 14, p. 647 , de divers
fleuves aufquels le nom de Lethé étoit commun , & en
metun chez\esHespérites Libyens j toi 'f.ava tjç \iCvei
la verfion latine porte apud Hesperitas , feu occiduos
Afros ; ce qui veut dire chez les Africains occidentaux.
Cafaubon veut qu'au lieu de ,\ & « , on life ' ~ç, , c'eft-
à-dire , au lieu des Libyens les Espagnols. Ortelius eft
d'un fentiment contraire : il oppofe à Cafaubon l'autorité
de Strabon , de Pline , de Lucain & de Martianus Ca-
pella. On vient de voir les paffages des deux premiers ;
les deux derniers ne parlent Amplement que des jardins
des Hespérides , que Martianus Capella met auprès, du
mont Atlas, dans la Mauritanie Tingitane. Le paffage de
Lucain les place bien loin de-là , &C découvre même la
fource d'une méprife , s'il y en a dans le paffage de
Strabon. Voici le paffage entier. Il parle de la flotte de
Caton , qui , après une rude tempête, entra heureufement
dans le lac de Triton.
Pars ratium major regimen clavumque fecuta ejî ,
Tutafugœ, nautasque loci fortita peritos ,
Tcrpenlem Tritonos adit illœfa paludem :
Hanc , m fama , Deus quem toto Littort pontus ,
Audit ventofa perfianiem murmura concha ,
Hanc & P allas amat , patrio qute virdct nala
Terrarum primam Libyen ( nam proxima cœlo ejl ,
Ut probat ipse calor ) tetigit , Stagnique quieta ,
Voltus vidit aqua , pofuitque in margine plantas ,
Et fe dilecla Tritonida dixit ab itnda.
Quant juxta Lethon tacitus prcclabitur amnis
Infernis , ut fama , trahens oblivia venis :
Atque infepiti quondam tutela Draconis ,
Hesperidum pauper fpoliatus frondibus hortus.
Invidus annofo famam qui derogat avo ,
Qui vates ad vera vocat. Fuit aureafilv a, ckc.
C'eft-à-dire : la plus grande partie des vaiffeaux , par
V habileté des pilotes , échappa à ce danger, & arriva Jans
,aucun malheur à l'étang de Triton. On dit que ce ma-
rais cfi chéri du dieu , qui fiit retentir la mer du bruit
de fa conque. Il efl auffi aimé de P allas, qui étant écloft
du cerveau de fon père , descendit d'abord dans la Libye,
qui étant la terre la plus voijine du ciel, comme le prou-
vent les chaleurs quonyfent, fut la première qui s'offrit
SSf
aux yeux de cette déeffe. Elle vit tes eaux tranquilles
de ce marais , s' arrêta fur fes bords , & en prit lefurnom
de Tritonide. Auprès de ce marais coule paifiblemer.t le.
Lethon (Lethes, Lethos ou Lathon , ) lequel, à ce qu'on
dit, tira des conduits fouterreins la qualité qu'il a défaire
oublier. Auprès de ce marais , fe trouve auffi le jardin.:
des Hespérides , autrefois gardé par un dragon qui veil-
loil toujours; mais il a perdu ces richeffes depuis qu'il a.
été dépouillé de fes fruits , & qu'on ne lui a laiffé que
fes feuilles. Car il y a de La malignité à vouloir démentir -■
l'antiquité , & à réduire les poètes à ne rien dire que de
vrai.'
Lucain fe livre enfuite à fon imagination. Le jardin
des Hespérides eft donc placé près du marais de Triron,
lequel eft le même que Strabon appelle le lac des Hef-
perides, où il dit, /. 17, p. 836, que fe jette le fleuve
Ladon , que Lucain nomme Lathon , Lethon ou Lethes •
car ces trois manières de lire ce nom , font autorifées:
par des éditions ou par des manuscrits. La reffemblance
du nom avec le fleuve Lethé , fi fameux par l'oubli que
l'on puifoit avec fes eaux , a donné occafion de les con-
fondre, quoique le vrai fleuve de Lethé foit en Espagne.
Voyez Lethé & Hesperis.
HESPERIS , ville de Cyrenaïque. Pomponius Mêla ,
/. 1 , c. S , dit en nommant les cinq villes de la Penta-
pole : Hesperis , Apollonie , Ptolemaïde , Arfinoé &
Cyrène , qui donne le nomme au pays. Pline , l. 5 ,
c. 5 , dit que la même ville s'appelloit Bérénice , & que
les fables des Grecs , au fujet des Hespérides , ayant été
attribuées à divers pays, cette ville en avoit ancienne-
ment porté le nom. Il ajoute: à peu de diftance de cette
ville , coule le fleuve Lethon ; il y a un bois facré où
l'on dit que font les jardins des Hespérides. Ptolomée ,
/. 4, c. 4, dit: Bérénice, que l'on appelle auffi Hespéri-
des. Ammien Marcellin , /. 22 , joint auifi les deux noms.
L'ancien nom étoit Hesperis. Elle prit l'aune de Béré-
nice, femme de Ptolomée Evergete. A l'égard du fleuve
Lethon que Pline nomme, c'eft le même dont il eft parlé
dans le paffage de Lucain , cité dans l'article Hesperii
ALthiopes , ci que. le Lethé , dont parle Strabon dans le
paffage rapporté au même endroit.
1. HESPERIT^E, ancien peuple de la Libye. Voyez
Hesperii jEthiopes.
1. HESPERIT^E, ancien peuple d'Afie, verslePhafe,
félon Xenophon , dans fa Retraite des dix mille, /. 7, in
fine. Dans le dénombrement des Satrapes, qui comman-
doient dans les provinces que l'armée Gréque traversa
dans fa retraite ; il dit que Teribaze avoit , pour fon dé-
partement, les Pha'iens & les Hespérites. D'Ablancourt,
avec fa hardieffe accoutumée, dit que Tiribaie gouver-
noit le Phafe & l'Arménie.
HESPERIUM ceras , ou 'Eçv.pS 4<*« Hespemm
Ceras ; nom que les anciens ont donné à un cap d'Afri-
que fort avancé vers le couchant. C'eft Pline , /. 6 , c. 31,
qui le nomme ainfi : il dit que Statius Sebolùs le plaçoit
à une journée de navigation au-delà des ifles Hespéri-
des. Il dit un peu auparavant , /. 6 , c. 30, que du milieu
de l'Ethiopie , une montagne fort haute s'avance vers la
mer; qu'elle y brûle par des feux continuels; que les
Grecs l'appellent Théon Ochema, & qu'elle eft à quatre,
journées de navigation du promontoire Hcsperion Ce-
ras, qui confine à l'Afrique, auprès des ./Ethiopiens Hes-
periens ou Occidentaux. Cet Hcsperion Ceras , félon
Mercator , eft le cap blanc ; félon Florian del Campo ,
c'eft le cap verd ; le P. Hardouin croit que c'eft Sierra.
Liona, en quoi il s'accorde avec le P. Briet & Sanson;
& comme le Theon Okéma , félon plufieurs géographes
très-habiles , entre lesquels eft De l'Ifle , ne peut être
la montagne de Serra Liona , & qu'il doit être à qua-
tre jours de diftance du promontoire Hesperien , le
P. Hardouin met le Theon Ochema à Cabo das P aimas ,
qui eft fur la côte de Guinée. Il eft certain que Ptolo-
mée, /. 4, c. 6, nomme grand golfe ou golfe Hesperien
un golfe de l'Océan , au couchant de la Libye. La lati-
tude de cinq degrés qu'il lui donne achevé de détermi-
ner pour le golfe de Guinée. Il femble mettre dans ce
golfe fon promontoire Hesperien ; mais les pofitions
qu'il donne, tant au Théon Okema qu'à l'autre promon-
toire , fe (entent furieufement de l'ignorance où l'on
étoit de fon tems fur ce qui regarde cette côte de l'A-
frique,
Tome III, Y y ij
IS6
HES
HES
HESPERIUS MONS , montagne d'Ethiopie , félon
Pline, l.i, c. 16. Il dit que la campagne brille la nuit
comme des étoiles.
HESPERIUS sinus ou sinus magnus, nom que
Ptolomée donne au golfe que nous appelions préfente-
ment le golfe de Guinée.
HESP-RE , rivière dans le Hainaut, où elle prend fa
fource dans la prévôté de Chirnay d'où elle court vers
le nord , jusqu'aux confins de la prévôté de Maubeuge;
elle tourne enfuite vers le couchant, parle à Liellie, à
Avesnes, ck va lé rendre dans laSambre entre Maubeuge,
& Landrecy. * Jaillot, Atlas.
HESRON. Ortéiius trouve une ville de ce nom dans
la Judée , au chapitre onzième de Jofué , & dans le quin-
zième des Juges. Ce mot pourtant ne s'y trouve en au-
cune façon. Il ajoute qu'on la nommoit auffi Hasor,
ck que lèlon Brochard , elle s'appelle aujourd'hui An-
TIOP. Je ne fais où Ortéiius a pris ce mot Hesron ; car
Brochard ne le fournit point. Voici les propres paroles
de ce religieux, Descr. Terr. fancl. c. 3, au chapitre qui
a pour titre Voyage d'Acre , vers le Nord. Après avoir
parlé de Tlioron , place forte , à fept lieues de Tyr, ck
bâtie parle lèigneur de Tiberiade , pour tenir les Tyriens
dans le respect, ce voyageur ajoute : de-là il y a quatre
lieues jusqu'à Antiopie , ville qui fut anciennement ap-
pellée Afj'or ; c'eft-ià que demeuroit autrefois le roi Ja-
bin , qui étoit allié de vingt-quatre rois , contre lesquels
Jofué combattit par l'ordre de Dieu. (On cite en marge
Jojué 11;) c'eft de cette ville, poursuit le P. Brochard,
qu'il eft oit au lèptiéme chapitre de Jofué ,| qu'd n'y eut
que la ville d'Aflor, place très-forte , qui fut confumée
par le feu. Ses ruines font encore aujourd'hui des preu-
ves de fon ancienne magnificence. Elle eft à huit lieues
de Tyr, vers l'orient. Voilà ce que dit le voyageur cité
par Ortéiius , ck il ne parle point d'Hesron. Voyez
Hasor.
HESSE , (la) pays d'Allemagne , avec titre de land-
graviat , dans le cercle du haut Rhin. Ce pays s'étend
depuis le Mein jusqu'au Wefer , & confine à la Wete-
ravie, à laThuringe, à laV/eftphalie, à la Franconie Se
au pays de Brunswig. Le pays de Heffe eft partagé en
hauie Heffe ck en baffe. Cela joint à diverses feigneuries
ck comtés , qui ont été aquilès avec le tems , forme un
état partagé entre quatre branches de la maifon de Heffe,
qui toutes prennent la qualité de landgraves de Heffe.
* Divers Mémoires.
La haute HtSSE , eft ce qu'on appelloit autrefois la
principauté fur la Lohn.
Les HESbOlS , en latin moderne Haffi , tirent leur
origine des Catti ou Cattes , ancien peuple dont nous
parlons en fon lieu. Le C a été changé en une aspira-
tion , ck les deux TTenSS, changement fort ordinaire,
fur-tout dans la langue Allemande. Les Cattes faifoient
partie des Hermions , grand peuple de la Germanie.
Pline, /. 4, c. 13, les nomme avec les Hermundures ck
les Cherusques. Les Bataves,\z%Cancnifites, &c. étoient,
à ce qu'on prétend , des colonies de ces Cattes de la Ger-
manie. Ainfi la liaifon qu'il y avoit entre les Cattes Ger-
mains, ck ceux de la Batavie , eft la raifon de tous ces
diftérens noms qui fe trouvent encore dans les Pays-bas,
ôc qui conservent celui de cette nation.
Si les Cattes des Pays-bas font venus originairement
de la Heffe, en échange la maifon qui eft fouveraine de
la Heffe aujourd'hui, vient originairement des Pays-bas,
ck eft une branche de celles des anciens ducs de Bra-
bant. Elle eft préientement partagée en quatre branches;
favoir, deux principales qui font Heffe-Cajjel ôk Hcfje-
Darmlladt , &c deux autres qui font des branches de la
feconcle, favoir, Hefje-Rhinfds & Heffe- Hambourg.
Mous nous arrêterons à l'ordre de ces quatre branches, &
nous marquerons ce que chacune poffede , tant du pays
de Helle , que de fes aquifitions &. conquêtes , ck enfuite
nous y joindrons ce que d'autres fouverains poffedent
au pays de Heffe.
La branche de Caffel eft de la communion de Ge-
nève. Celle de Darmftadt eft de la confeffion d'Augs-
bourg , celle de Rhi'nfels eft Catholique , 6k celle de
Hombourg eft réformée comme celle de Caffel. Leurs
fujets fuivent l'une ou l'autre de ces religions avec li-
berté.
Les ÉTATS DE Hesse-Cassel , font
I. La plus grande partie de la baffe Heffe , qui confine
à la Franconie , à la Thuringe , au Brunswig &C à la
Weftphalie. Les principaux lieux font,
Caffel , capitale.
Pleffe, feigneurie. .
Ziegenhaim, comté ; de laquelle dépendent trois vil-
les , favoir ,
Treiza, Neukirken, Scwartzenborri.
Homberg , Spangenberg.
Creutzberg ,
II. Quelque chofe de la Haute Hesse, favoir,'
Marpurg, Wetter,
Franckenberg, Rauchenberg.
Kirchhayn,
III. La principauté de Hirschfeld , abbaye fe'*
cularifée.
IV. La plus grande partie du COMTÉ de ScHAUM-
EOURG.
V. Les bailliages d'Ucht ck de Freudenberg
au comté d'Hoya.
VI. Smalkalde ville , avec la feigneurie de Frano
KENstein , dans le Henneberg.
Le landgrave de Heffe-Caffel eft aujourd'hui le même
que le roi de Suéde.
Les ÉTATS DE LA MAISON DE HeSSE-DaRMS-
TADT , font
I. La plus grande partie delà HAUTE HESSE , fa-
voir,
Gieffen , ville , Itter , feigneurie,
Nidda, comté, Butzbach, ville.
II. Le HAUT COMTÉ DE CATZEN-ELNBOGEN, au
midi du Mein , où eft la ville de Darmftadt , qui donne
le nom à cette branche.
Les ÉTATS DE LA MAISON DE HESSE-RHINFELS,
font ,
I. Le BAS COMTÉ DE CATZEN-ELBOGEN , oùfont,
Rhmfels , ville forte.
S. Gever , ou S. Goar.
Le Gatz , forterejfe.
Catzenelnbogen , ville qui donne fon nom au comté.
Schwalbach , village fameux par fes eaux minérales.
II. Dans la basse Hesse, quelques villes, bailliages
ck feigneuries. Les villes font,
Rottenbourg,
Wanfreid ,
Eschwege,
Sontra.
Les ÉTATS DE LA MAISON DE HESSE HOMBOURG
fe bornent au bailliage de Hombourg. Elle poffede auffi
quelque chofe au comté de Nidda.
La ville de VetzlaRD eft libre ck impériale.
L'électeur DE Mayence poffede dans la Hesse.
Fritzlar dans la baffe Heffe.
Amcenebourg, Ohmebourg ou Amelbourg.
Trerùrt, fur la Werre. Cette ville a trois fouverains,
favoir le landgrave de Heffe - Caffel , l'électeur de
Mayence , ck l'élefteur de Saxe.
HESSEM , château de plaifance d'Allemagne , &
chef-lieu d'un bailliage appartenant aux ducs de Brunsr
■wig-Wolfenbuttel , à trois milles de Nv'olfenbutel , fur le
chemin de Halberftadt , derrière Heff'endam. Ce lieu
qui n'étoit qu'une fimple maifon , fut fort orné par le
duc Henri - Jules de Brunswig , qui y fit beaucoup de
dépenses pour l'embellir : il y a des jardins parfaitement
beaux ; ce château eft accompagné d'un bourg , où pas-
fent les chemins de Leipfig , de Brunswig , de Ham-
bourg & deBrême. *Zcylcr, Brunswic. Topogr./*. 117. .
HESNE-EBNEAMAlDE, ville d-Afie, dans la Perse:
elle eft , félon Tavernier , Voyage de Perse, l. 3 , c. der-
nier, à 70 d. 45' de longitude , ck à 19 d: 20' de lati-
tude. Cette ville eft fermée de hautes murailles , ck il
ne s'y fait aucun commerce : les habitans vivent affez
à leur aife des fruits que la terre leur produit.
HET
HESTAOL , ou , comme écrit l'auteur de la Vulgate ,"
Estahol, ancienne ville de la Judée , dans la tribu de
Dan (a). Elle avoit auparavant appartenu à la tribu de
Juda (b). Eufebe qui la nomme Estaoul, dit qu'elle
étoit à dix milles d'Eleutheropolis , en allant vers Ni-
copol.s. *(a) Jofué, c. 19, v. 41. (b) c. 15, v. 33.
HESTLÈ. Voyez Esti^.
HESTI^EA. Voyez Oreum.
HESTLEOTIDE , Cl") Hefiiœotis, contrée de l'Eu-
bée , félon Strabon , Pline & Plutarque , nommés par
Oitélius. Mais je trouve que Pline ne dit point précifé-
ment dans quelle province étoit cette contrée. Il le con-
tente de la nommer , /. 31 , c. 1, en citant Eudicus, qui
dit que dans l'Heftiéotide étoient deux fontaines , l'une
Ceron , l'autre Nelée ; la première teignoit en noir la
laine des brebis qui en buvoient , la féconde leur ren-
doit la laine blanche ; celles qui buvoient des deux,
avoientla laine mêlée des deux couleurs. [fidpre qui rap-
porte la même chofe, change le nom A'Hcjlicotide , en
celui de Theffalie. En effet l'Heftiéotide eft la même
chofe que la Doride , contrée de la Theffalie. Origin.
1. 13, c. 13. Voyez l'article EsTlOT.E : on y verra la
raifon de ce changement de nom dans le paflage de Stra-
bon , qui y eft rapporté. Il y avoit donc deux EJiiotides,
OU Hjfiiœntides.
L'une étoit dans fille d'Eubée , & prenoit fon nom
de l'ancienne EJliœa , détruite par les Perrhebes ; &
l'autre étoit dans la Theffalie , la même contrée que la
Doride.
HESTIONES. Voyez Estions.
HETALON. VoyezHETHALON.
HETEROSCIENS ; les géographes Grecs qui parta-
geoient la terre , félon le cours de l'ombre du foleil en
plein midi, nommoient ainlî les habitans des deux zo-
nes tempérées , dont les uns ont leur ombre au nord ,
& les autres au midi. Les HeteroscieiT; , dit Ozanam,
Cours de Mathem. t. 5, p. 133, font les habitans des
zones tempérées , parce que leurs ombres méridiennes
tendent toujours vers une même partie du monde , fa-
voir vers le feptentrion à ceux qui font dans la zone
tempérée feptentrionale comme nous , & vers le midi
à ceux qui demeurent entre' le tropique du capricorne
& le cercle polaire antarctique. Ainfi les Heterosciens
de notte côté , c'eft-à-dire en-deçà du tropique du can-
cer , lorsqu'ils fe tournent vers le foleil à midi , ont l'o-
rient à gauche, & ['occident à droite. Au contraire, les
Heterosciens de l'autre côté, c'eft-à-dire au-delà du
tropique du capricorne , lorsqu'ils fe tournent vers le
foleil à midi, ont l'occident à leur gauche, &c l'orient
à leur droite. C'eft de cette oppofition d'ombres que
leur vient le nom $ Heterosciens.
1. HETH. (l'Isle de) Voyez au mot Isle.
2. HETH (a) , père des Hethéens, étoit le premier
fils de Chanaan , & demeurait au midi de la terre pro-
mife , à Hebron & aux environs. Ephron habitant d'He-
bron étoit de la race deHeth (b) ; & toute cette ville,
du tems d'Abraham , éroit peuplée des enfans de Heth.
II y en a qui veulent qu'il y ait eu une ville de Heth ;
mais on n'en voit aucune trace dans l'Ecriture.*^) D. Cal-
ma , Dift. (b) Gcn. c. 13 , v. 13 &fiq.
HETALON , ville marquée par Ezechiel , comme
bornant la terre promife, du côté du feptentrion, Genef.
c. 47 , v. 1 5 ; c. 48 , v. I . C'eft Hetalon ou Chetala ,
fur la Méditerranée, fur la côté de Syrie, entre Pofi-
dium &: Laodicée.
HETHÉENS , ce font les enfans de Heth. Voyez ce
mot.
HETOBEMA , HVo&i/xa ; ancienne ville de l'Espa-
gne Tarragonnoife, dans le pays des Hedetans, félon Pto-
lomée,/. 2, c. 6. Ses interprètes lifent Etobesa.
HETRICULUM , ville de la grande Grèce, au pays
des Brutiens , félon Tite-Live, l. .20, c. 19. Holftenius
croit que c'eft préfentement Latarico, dans la Cala-
brie citetieure, au royaume de Naples. Voyez Lata-
RACO.
HETRURIE, ou fans afpiration Etrurie, (l') an-
cien nom d'une contrée de l'Italie, qui répond pour la plus
grande partie à la Toscane. Elle étoit léparée de la
Ligurie par la rivière de Magra , & s'étendoit de-là jus-
qu'au Tibre. Les anciens Latins écrivoient ce nom fans
H , ck le mot Etrufci, les Etrusques, qui en eft dérivé.
HET 3;7
Les anciennes inscriptions en font preuve. Pline, /. 3 ,
c. 5 , dit : la feptiéme région où eft l'Etrurie depuis le
fleuve Magra. Ce pays a fouvent changé de nom ; les
Umbri en furent chaffés par les Pelasgues , qui en fu-
rent _ dépofTédés à leur tour par les Lydiens , dont un.
roi fit donner aux habitans d'Etrurie le nom de Tyr-
rh.inie.ns ; & enfmte à caufe de leurs rites pour les facri-
fices, ils turent nommés dans la langue des Grecs, ThufcL
Nous en avons formé le nom moderne du pays , la
Toscane; & celui du peuple , les Toscans. Ce nom de
Tyrrhéntens , pour l'expliquer davantage, eft dérivé
de ce qu'Athys,roi de Lydie, envoya en ce pays-là une
colonie, à la tête de laquelle il mit Tyrrhène , fon fils.
C'eft de-là que la mer de cette côte a confervé le nom
de mer Tyrrhène. Les Grecs nommoient THetrurie Tt/p-
f' wU. A l'égard du nom de Thuscï , Servius le dérive,
in JEneid. 1. 10, y. 164. «V « &*«,» , mot qui fignifie
facrifier. Denis d'Halicarnaffe , Antiq. Rom. 1. 1 , qui
lui donne la même origine , dit que le vrai nom eft
Quoukooi, qui a été abrégé en celui de Thusci. MaisCel-
larius , Geogr. ant. 1. 2 , c. 9 , doute que cette origine
fou bien la vraie , & elle lui paraît une allufion tirée
de loin ; car fi cela étoit, ce mot devrait s'écrire par
TA, au lieu que les anciennes inscriptions font voir qu'il
s'écnvoit par un fimple T. Il n'eft pas fur que le nom
de Thufcia, donné au pays, foit auffi ancien que celui
de Tuj'ci donné à la nation. On, trouve à la venté, dans
Gruter, p. 387, 476 & 486, des inscriptions qui por-
tent Correctori Tusci^E; mais on fait d'ailleurs
que cette charge n'eut lieu que fous le bas empire. Il
eft parlé au Code Theodofien , Leg. 12. de Indulgenûis
debitor. delà TusciE SUBURbicaire. AmmienMar-
cellin, /. 27, c. 4, fait mention de la TusciE Anno-
NAIRE. Mais tous ces témoignages ne font pas du
bon âge, qui a toujours employé le mot 8 Etrurie,
Anciennement , &C avant la grande puiffance des
Romains , l'Etrurie éroit partagée en douze peuples.
C'étoient autant de villes qui chacune avoit fon terri-
toire. Tite- Live ;l. '4 , c. 23 , /.' < , init. I. 6 , c. 3 r ,
parle fouvent de ces douze peuples. Denys d'Hali-
carnafle dit de même, que toute la Tyrrhenie étoit
partagée en douze préfectures «< ifaJV.* iy^fonac. Ce*
villes , félon Cluvier & Holftenius , étoient ,
C'ufîum ,
Perufia,
Cortona,
Arretium ,
Volaterra ,
VctuLonium ,
Rufellce ,
Tarquinii ,
Volfinii,
Lare ,
Falerii,
Veii.
Avec le tems ces villes furent conquifes par les Romains;
& fous les Céfars , le nombre en fut augmenté. On voit
dans des inscriptions de Gruter, p. 385 , n. 1 , hReinef.
Claff. 6 , n. 1 14, Etrur. xv. Populor. & Etrur.
XV. POPUL. Il eft vrai que Reinefius , qui produit la fé-
conde , croit que le V eft une faule pour II. Mais com-
me la première fournie par Gruter y eft conforme , il
vaut mieux croire qu'en effet le nombre de ces peuples
de l'Hetrurie fut augmenté avec le tems , que de faire
ainfi violence à deux médailles qui fe juftifient récipro-
quement.
Quoi qu'il en foit, l'Hetrurie ancienne n'avoit que ces
douze peuples, dont chacun avoit fon Lucumon, ou fon
chef particulier ; mais un de ces chefs avoit une auto-
rité plus grande que les autres, ik fa jurisdiftion s'éten-
doit fur les onze autres peuples. Ces princes ou chefs
portoient une couronne d'or avec un iceptre , au bout
duquel étoit un aigle ; leur tunique étoit de pourpre
enrichie d'or , & ils étoient précédés par douze lic-
teurs. Ils étoient affis dans une chaire d'yvoire. Nous
joindrons ici la table que le père Briet donne de ces
douze peuples dans le détail ; mais nous en changerons
l'ordre , pour le ramener à celui que nous avons déjà
donne à ces villes en les nommant.
T r„,c™, (Clufium, anciennement Camers.au-
I. CLUSINI, jourd>hlli Chiuc
partie du Sien-],-.,' ■ ■ ■ " • ,,. . , „, .
noisUétfQnù- \aTS? nv'ere' ™l™Tr']hu']f Chiana
& (on marais , C/u/ina palus.
iSenat colonie, aujourd'hui Sienne,
3;8
HET
HET
(Perujia , colonie , aujourd'hui Pt-
I roufe , en Italien Perugia.
II. PERUSINI , ' Lacas Trafimenus , aujourd'hui le
bonne Dartie du{ lac de Pérou fe. '.'"„' m" "U
PeZil I Tusci , maifon de plaifance de Pline lacBracnano,^- [Lacus Sabb,
rerugn. j . fe Jeune, aujourd'hui CtfMiiCVtf- qu à la mer. V de Bracci
\ tello.
X. C.ERETA- {Caere, aujourd'hui Cetveteri.
NI, partie du Pa-\Pyrgi, à préfent S anta- S evera.
trimoiné de S.) Aljium , aujourd'hui Palo, maifon de
■' plaifance de la maifon Farnèfe.
aujourd'hui le lac
qu';
Pierre .
de
depuis le1.
m. CORTO-(
NENSES , partie|
du Florentin, w,-\Cortona, ville détruite.
deflus du lac de J
Peroufe. (
IV. Arreti-C
m , une bonne Arreùum , aujourd'hui Are^o.
partie du Floren-j Fafulce , à préfent Fiefoli.
tin, au- demis tk\ Florentia , en italien Fioren^a , en
au-deffous de Flo- 1 françois Florence^ ,
rence, & autour l Pijlorium , aujourd'hui Pijloye.
d'Arezzo. I .
V. Voï.KTE'R-CVolaterra , aujourd'hui Vouera.
RANI , la plus] Herculis Labronis portus , préfente-
grande partie du) ment Livourne.
Pifan. \Vada Volaterrana , maintenant Vadi.
[Vemlonium , ville ruinée , au village
VI. VETULO-I àeCapiglia.
Nil , partie de Pi-! Populomum tk Populoma , ville rui-
fan & de l'état de' née auprès de Piombino.
Piombino. | Manliana , aujourd'hui Scarlino.
KMaffa Veternenfis, aujourd'hui Maffa.
(Falerii , ville ruinée : on en montre
Ila place fur une roche , auprès de
Civita-Caftellana.
Sora&e , montagne ; le mont S. Sil-
le pays autour , /■:{ vejlre.
mont S.Silveftre&L
ieCitaCaftellana.
XII. Veien-
TES , l'état du duc
de Parme , (c'eft-
à-dire , ce duché
de Cafiro & Ron-<j
ciglione,)& la par-
tie du patrimoine
de S. Pierre, tirant
vers Rome & vers
la ville de Porto.
Lacus Vadimonis , aujourd'hui Lago
di BaJJanello.
Fescennium , à préfent Gallefe.
Capena , aujourd'hui Civitella.
\Feroniœ Lucus , aujourd'hui Fiano.
{Veii, aujourd'hui Scrofano.
Nepet ou Nepis , aujourd'hui Nepi.
Cremera, rivière, aujourd'hui la Var-
ca.
Mafia Silva, aujourd'hui le bois de
Baccano.
Fanum Voltumnœ , aujourd'hui Ba-,
gno d'Ajinelli.
Mons Ciminius , montagne, aujour-
d'hui Monti di Viterbo.
VII. RUSEL-
Î.ANI , Maremna
diqua è di la,avec
le duché de Cajlro.
VIII. Tarqui-
NII , partie du
Patrimoine de S.
Pierre qui confine'
au duché de Cas
tro.
(Rufellce , aujourd'hui à Moscoua : on
en voit encore les ruines , & au-
près font des eaux chaudes à trois
mille pas de Groffeto , lesquelles
conservent encore le nom de Ba-
GNI DI ROSELLE.
Prilis Lacus, à préfent Lago di Cas-
tiglione.
Saturnia ; ce lieu garde fon ancien
nom.
Telanon portus , préfentement Tela-
mone.
Portus Herculis , à préfent Porto-Er-
cole.
Cofa ou Cofte , aujourd'hui Lancedo-
nia.
Mons Argent arius, auj ourd' hui Monte-
Argentaro.
Umbro , rtviere, aujourd'hui VOm-
èrone.
(Tarquinii , ville ruinée : fes ruines
s'appellent encore Tarqueno, au-
deflus de Corneto.
Gravisca , dont les ruines fe voient
au-deflbus de Corneto.
Forum Aurelii , aujourd'hui Mont alto.
• Régis villa , ainfi appellée , dit Stra-
bon, parce qu'on croyoit que ç'a-
voit été la demeure de Maléote ,
roi des Pelasges.
Caflrum novum ;
Centum Celle, aujourd'hui Civita Vec-
chia.
IX. VOLSI-f
NU , partie du \Volfinii ou Vulfinii, aujourd'hui Bol-
Patrimoine de S. se/1.7.
Pierre , autour dei Suana , aujourd'hui Soana.
Bolsena &c de^ Trojfulum, à-peu-près Montefiascone.
Monte - FiasconeA Ferentinum , aujourd'hui Ferenti.
& un peu du Sien- [Herbanum , préfentement Orviete.
nois. À
Le lac de même nom , eft Lago di
Vico , ou Lago di Ronciglione.
La forêt de même nom ne fubfifte
plus.
Baccana ou Buccanœ. , aujourd'hui
Baccano.
Sutrium , aujourd'hui Sutri.
Fregenmz , entièrement détruite.
Portus Augufii , aujourd'hui Porto.
\Salina , aujourd'hui Campo di Saline.
L'Hetrurie comprenoit donc entièrement ,
I . Le duché de Mafia , tk ce qui eft entre ce duché
6c l'Apennin ,
1. Carfagnana ,
3. L'état de la republique de Luques,
4. Tout le grand duché de Toscane ,
5. Le Perufin,
6. L'Orvietan,
7. Le patrimoine S. Pierre,
8. Le duché de Cafiro & Ronciglione l
9. Lo ftato de gli Prefidii.
Telle étoit l'Etrurie après que les Gaulois furent établis
en Italie; car avant leur arrivée , les Etrusques avoient
des établifiemens au-delà de l'Apennin.
Par le détail que l'on l'on vient de voir, ce feroitfe
tromper bien grofliérementque de traduire roujours Vile-
trurie , par \a.Tofcane; car quoique la Toscane qui com-
prend le Florentin , le Pifan & le Siennois , foit une
partie confiderable de l'ancienne Hetrurie , il faut y en
ajouter huit autres pour faire l'Hetrurie entière. Bau-
drand appelle Hetrurie Circumpadane, c'eft- à-dire l'He-
trurie autour du Pô , la partie que les Gaulois fubjugue-
rent. Voyez les articles TOSCANE & TusciA.
HETT^I. Voyez Heth.
HETTHIM: (la terre de) il en eft parlé au
chapitre 1 des Juges, v. 16: un homme forti de Be-
thel (autrement Luza) alla dans la terre de Hettim ,
& y bâtit la ville de Lu\a. D. Calmet^ croit que cet
homme fe retira dans le pays des Hethéens , au midi.
de la tribu de Juda , &: qu'il y bâtit la ville de LUZA ,
Eliza ou LUSSA dont parle Ptolomée , /. 5 , c. 16 ,
& 17. Mais Ptolomée diftingue deux villes , c. 16 ; l'une
dans l'Idumée , Elu/a ; l'autre, c. 17, dansI'Arabie pé-
ttéeLufa; ck il les diftingue non-feulement par la dif-
férente manière d'écrire leurs noms, & par les diffé-
rentes provinces où elles étoient, mais encore par les
pofitions par rapport aux longitudes Si aux latitudes.
Selon ce géographe il y avoit,
Dans ridumée
Elufa
Longit.
65d.ic/
Latit.
30 d. 50'.
HEV
HEU
Dans l'Arabie petrée Longit. Latit.
Lufà 65 d. 50' 30 d. 15'.
D.Calmet auroit dû dire à laquelle il appliquent lepaf-
fage des Juges; car le paflage de Jofeph, Antiq. 1. 14,
c. 2 , qui dit que les Juifs prirent fur les Arabes la ville
de Lujja , doit s'entendre naturellement de la dernière
qui étoit en Arabie. Ce fut, dit D. Calmet, en mé-
moire cie la première patrie , que cet homme donna à la
nouvelle ville le nom de Lura.
HEVjEI, c'eft-a-dire les Hevéens, peuple ancien
de l'Aiie. Il étoit defeendu à'Hevœus, fils de Chanaan.
Ce peupie , ditD. Calmet , Dicl. demeura d'abord dans
le pays qui fut depuis poffédé par les Caphtorims, ou
par les Philiftins. L'Ecriture dit expreffément que (a) Us
Caphtorims chaf/erent les Hevéens qui demeuroient depuis
Hafferim jufqu'à Ga^a. Il y avoit auffi des Hevéens à
Sichem & à Gabaon , &c par conféquent au centre de
la terre promife , puifque ceux de Sichem, &: les Ga-
baonites étoient Hevéens. (b) Enfin il y en avoit au-
delà du Jourdain au pied du mont Hermon. (c) Bochart
croit que Cadmus , qui conduifoit une colonie de Phé-
niciens , dans la Grèce vient de l'hébreu Kedem ,
C orient , parce qu'il éfoit de la partie orientale du pays
de Chanaan. Le nom de fa femme Hermione , vient du
mont Hermon , au pied duquel les Hevéens avoientleur
demeure. La métamorphofe de Cadmus , tk d'Hermione
en ferpens, eft fondée fur la lignification du nom d'He-
véens qui, en Phénicien, {ignïûe des ferpens. * (a) Deu-
teron. c. 1 , v. 23 ; tk Jofué, c. 1 3 , v. 4. (b) Jofue , c. u,
V. 19 ; & Genef c.34, v. 2. (c) Jofué, c. u, v. 3.
HEUCHING, ville de la Chine, dans lePekeli, au
département de Hokien , troifiéme métropole de la pro-
vince. Elle eft plus occidentale que Pékin , de 49', par
les 38 d^ 14' de latitude. * Atlas Sinenfis.
HEVuLLI , nation particulière entre les anciens Sla-
ves. On les nommoit auffi Heveldi & Havelani ; ils
habitoient le HAVELLAND auprès de Havelberg, tk de
la rivière de Havel. Voyez l'article Herules.
HE VER, baronie aux Pays-bas, dans le Brabant,au
Voifinage de Louvain. * Dicl. géogr. des Pays-bas.
HEVERLÉ, beau château de plaifance, aux Pays-
bas, près de Louvain , entre la Deyle &c la Ture. Il
appartient au duc d'Arschot. A cinq cents pas du châ-
teau eft un couvent de Céleftins , de la fondation des
ducs d'Arschot , qui l'ont choifi pour le lieu de leur
fépulture , & qui ont fait peindre tous les feigneurs
d'Arschot & de Croi , depuis Adam jusqu'à leur tems ,
avec leurs noms &c ieurs armes. Ridicule monument
d'une vanité qui va chercher de quoi Ce repaître dans
les ténèbres d'une antiquité fi reculée. *Dicl. géogr. des
Pays-bas.
HEVERSWERDE , petite ville d'Allemagne , dans
la Luface, fur l'Elfter , à fix lieues de Cotbus , & à
cinq de Baudiffen. On la nomme auffi HoJESWERDA.
*£audrand, éd. 1705.
HEUFT, (le fort d') fortereffe de Pologne , dans
la Fruffe royale , fur la Wiftule , qui s'y partage en deux
branches entre Dantzig Sf Marienbourg , à cinq lieues
de l'une tk de l'autre. *Baudr. éd. 1705.
HEVILA , Hevilath ou Chavilath , pays
d'Ane , qui prit fon nom d'Hevila. D. Calmet diftingue
les deuxHevila, l'un fils de Chus, l'autre fils de Jeftan ;
& comme ils peuplèrent chacun un pays , il diftingue
deux pays d'Hevila. Selon lui , il y avoit donc,
1. HEVILA, fils de Chus qui peupla, félon Bochart,
cette partie de l'Arabie heureufe où l'Euphrate & le Ti-
gre Ce réunifient pour le décharger enfemble dans le
golfe Perfique. C'eft , dit-il , apparemment ce pays d'He-
vila , dont il eft parlé dans la Genefe , c. 25 , v. 18 ; tk
au premier livre des Rois, c. 15, v. 7, qui s'étendoit
jusqu'à Sur du côté de l'Egypte. C'étoit dans ce terrein
qu'étoit le partage des fils d'Ismaél. Ab Hevila , usque
Sur, quee respicit Aïgyptum introeuntibus Affyriis coram
cunclis fratribus fuis obit. * D.Calmet, Dicl
2. HEVILA , fils de Jeftan (a) , qui peupla apparem-
1 ment la Colchide , & le pays dans lequel tournoie le
fleuve Phifon ou du Phafis Q>). On connoît dans l'Ar-
ménie , poursuit D. Calmet , tk dans le pays des Col-
chiens les villes de Cholva &C Cholvata , tk la région
3S9
Cholobottnt , marquée dans Haïton. *(*) Genef. c. 10,
v.29; (b)c u, v.n.
Huet, Situât, du paradis terrefire , c. 8, fait voir que
rien n'eft plus contelté entre les iàvans, que la fituation
Ae Chavila ; car c'eft ainfi qu'il écrit ce nom , confor-
mément à l'hébreu.
Pour trouver Chavila , il falloit fuivre les traces que
les écrivains facrés ont marquées dans la Genèfe au
10e chapitre, où la disperfion des nations, qui Ce fit
après la confulion de Babel , eft très-exactement décrite,
& où les noms des patriarches &. des fondateurs des na-
tions , qui font presque tous les mêmes noms que ceux
de ces nations : on trouve deux Chavila , l'un fils de
Chus , & l'autre fils de Jeftan. Bochart qui a expliqué ce
chapitre dans fon Phaleg, avec beaucoup d'érudition,
montre que ce dernier Chavila eft fondateur de la na-
tion qui habite le pays de Chaulan , fitué fur la côte
orientale du golfe Arabique , à l'occident de l'Arabie
heureufe ; cette contrée n'a aucun rapport avec celle
que nous cherchons , mais bien l'autre qui a pris fon
nom de Chavila , fils de Chus , comme nous i'enseigne
le même Bochart. Moïfe, & l'auteur eu livre de Samuel,
indiquent bien nettement la fituation de ce pays de Cha-
vila , lorsque, pour exprimer les deux extrémités de l'A-
rabie voifine de la Terre - fainte , ils nomment Chavila
&C Sur. Sur étoit un défert , à l'entrée d'Egypte , vers
l'extrémité du golfe Perfique, c'eft-à-dire, commençant
a l'occident de l'embouchure du canal , que je prétends
être le Phifon , tk s' étendant vers le midi , le long de
la côte occidentale de ce golfe, jusques vers le Catif ;
&: Jofeph , Antiq. 1. 6, c. 8 , rapportant les mêmes faits
qui font expofés , dans ces endroits de Moïfe tk de Sa-
muel , & voulant marquer les mêmes bornes de cette
diftance , au lieu de Sur met Peluse , la même ville
qu'on rencontre en allant de la Paleftine en Egypte , le
long delà mer, &au lieu de Chavila, met la mer Rouge
ou Erythréenne , défignant clairement par ces paroles
la fituation de Chavila.
Les habitans de ce pays n'ont pas été inconnus aux
auteurs profanes. Ils les nomment Chavelothéens , Cha-
blajiens, Chaviafiens , Chavelécns ; noms manifeftement
dérivés de Chavila ou Chavilath , (aiafi que ce nom s'é-
crit quand il eft en régime.) &c les placent entre les Na-
bathéens tk les Agréens peuples Ismaélites d'origine ,
habitans de l'Arabie déièrte , -allez près de l'extrémité du
golfe Perfique. Plufieurs favans , entr'autres Steuchus ,
Cosmop. Beroalde , Chrome. 1. 2. Grotius , in Gènes.
c. 2, v. il ; Hornius , in Sulpit. Sever. 1. 1 ; & Bochart,
Phaleg. Prtzf. tk I.4, c. 11, ont bien vu que ces peuples
que je viens de nommer, en ont pris le nom & la fitua-
tion. Peut-être Catathua, ville de l'Arabie déferte ,
que Ptoloinée place vers les mêmes lieux , a^t-elle ici
quelque rapport.
Huet répond enfuite à une objection. Un homme
favant, dit-il, qui a depuis peu appot té de nouvelles lu-
mières à l'éclairciflèment de laGenèfe, contredit la fitua-
tion que je donne au pays de Chavila , par le paflàge du
premier livre des Rois , qui dit que Saùl poursuivit les
Àmalécites depuis Chavila jusqu'en Sur ; ce qui fait une
longueur de cent cinquante lieues d'Allemagne, & paffe
toute créance. Mais , répond Huet , nous refufera-t-il la
même liberté fur Chavila , qu'il s'eft donnée fur les
lieux de Syrie , nommés Eden & Paradis , lesquels ,
quoique de fort petite étendue , il foupçonne , fans au-
cune preuve , avoir pu autrefois s'étendre depuis la mer
de Syrie jusqu'au Tigre ? Ne pouvons-nous pas lui dire
à meilleur titre, que les bornes du pays de Chavila font
incertaines , & qu'autrefois elles ont pu s'étendre bien
avant , dans l'Arabie déferte tk dans l'Arabie Petrée ,
jusqu'aux confins de la Paleftine ?
HEUKELUM , petite ville des Provinces-Unies des
Pays-bas, dans la Hollande , fur la rivière de Linge , au-
deffous de Leerdam , à deux petites lieues de Gorcum.
* Dicl. géogr. des Pays-bas.
HEUPING, ville de la Chine, dans le Pekeli , au
département de Chinting, quatrième métropole de cette
province. Elle eft de 3 d. 40' plus occidentale que Pe-
king, & à 39 d. 6' de latitude. Affez près de Heuping
eft un petit lac, formé par deux fources très- voifines;
& cependant l'une eft très-chaude & l'autre très-froide.
* Atlas Sinenfis.
360
HEY
HIA
HEURE , rivière des Pays-bas , dans le Hainaut. Elle
prend fa fource au fud-oueft de Philippeville ; & prenant
fon cours vers le nord , elle paflè à Walcourt , au Jardi-
net , ck fe rend dans la Sambre entre Marchienne ck
Crwrleroi. * Jailloc , Atlas.
HEUSAKAS, peuple dAfrique , dans la Cafrerie. Ils
diffèrent des autres Cafres , en ce qu'ils s'adonnent à
l'agriculture. * Corn. Dift.
HEUSDEN, ville des Provinces-Unies, dans la pro-
vince de Hollande, fur la rive gauche de la Meule. Elle
fut anciennement du Brabant ; mais elle fut vendue aux
comtes de Hollande. Elle eft à trois lieues de Bois-le-
Duc , ck à deux de Bommel. De Longuerue , Descr. de
la France , part. 2, p. 17, en parle ainfi. C'eft une ville
forte, fur les confins du Brabant : elle a eu autrefois fes
feigneurs particuliers , qui ne reconnoiiïbient ni le duc
de Brabant ni le comte de Hollande ; mais ils ont été,
durant quelque teins , vaflaux des comtes de Cleves ,
dont on prétend qu'ils descendoient. On tient que le
premier feigneur de Heusden fe nommoit Robert , êk
étoit fils d'un autre Robert, comte de Cléves , ck que
Baudouin poifédoit cette feigneurie, l'an 1028; c'eft de
lui que descendoit Jean, qui vendit, l'an 1334, la fei-
gneurie de Heusden, à Jean duc de Brabant, au préju-
dice de fa fceur Sophie, qui avoit époufé le comte de
Saffenbourg. Ce comte ne pouvant avoir aucune fatis-
faction du duc de Brabant , vendit fon droit ck celui de
fà femme, à Guillaume le Bon , comte de Hollande,
qui fe rendit maître de Heusden, ck s'y maintint, comme
fes fuccefleurs ont fait , malgré les prétentions contraires
des ducs de Brabant. Les comtes de Hollande fe fon-
doient fur ce que Thierri , comte de Cléves , avoit
vendu à Florent , comte de Hollande , la feigneurie di-
recte de Heusden, l'an 1182, avec le droit qui appar-
tenoit à ce comte fur Altena. * Dicl. géogr. des Pays~
bas.
HEUXER. Voyez Hoxter.
HEWECZ, (le comté d') petit pays de la haute
Hongrie, entre la Teifle ck le Zag'rwa; il y a au fèpten-
trion le comté de Borsod , au levant celui de Rabolez,
au couchant celui de Peft , ck celui de Zolnoc au midi.
Outre la ville de Hewsc^ , dont il prend le nom , il a
encore celle de Hatwan. * Baudrand , édit. I7CK.
HEX. Voyez SeX.
HEXACOMIAS , fiege épiscopal d'Afie , fous le mé-
tropole de Berira , en Arabie , félon une ancienne No-
tice.
HEXAMILIUM. Voyez Lysimachia i.
HEXAM, bourg d'Angleterre, dans le Northumber-
land, à quatorze milles au couchant de Nevcaftle. C'é-
toit autrefois une ville épiscopale ; mais fon fiege fut
annexé par Henri VIII , à Févêché de Durham. Sa ca-
thédrale étoit fort belle , avant qu'elle eût" été en partie
ruinée par les Ecoffois. C'eft X Âxelodumun des anciens.
* Etat préfent de la Gr. Bretagne , t. I , p. 97.
HEYDON , bourg d'Angleterre , dans la province
d'Yorck. On y tient marché public. *Etat préjeru de la
G.Bret. t. 1.
HEYDINGFELD, félon Zeyler , Francon. Topogr.
p. 71 , ou HETZFELD , monaftere d'Allemagne , en
Franconie, fur le Mein. Il y a auprès une petite ville,
ou un bourg , qui appartient à l'évcque ck Wurtzbourg.
Heyligenberg
Heyligcnhaven, ,, y
Heyhgenftadt,
Heyligenpeil ,
Heiligenberg ,
Heiligenhaven,
Me: Il j,lT. !t-U it ,
Heiligenpeil.
HEYLON , ville d'Arabie, c'étoit un fiége épiscopal
fous la métropole de Boftra , félon une ancienne Notice.
HEYPACH ou Heppach , bourg ck abbaye d'Alle-
magne , dans le cercle de Suabe , fur la rivière de Rot-
tam , environ à deux lieues de Biberac , vers le levant.
Cette abbaye fut fondée en 1233 par deux dames, l'une
de la raaifon de Rofenbourg , 1 autre de celle de Lau-
denbourg. * Baudrand, édit. 1705.
HEYTESBURY , bourg d'Angleterre dans la pro-
vince de "Witts. Il envoie fes députés au parlement.
* Etat préfent de la Gr. Bret. t. 1.
HEYTERSCHEIM, village deBrisgau , dans le châ-
teau duquel le grand- maître des chevaliers de S. Jean
de Jerufalem de la langue Allemande , fait fa réfidence
ordinaire. Ce château eft venu à la religion de Malte ,
par une donation d'un comte de Hachberg ,011 Hochberg,
confirmée, en 1197, par fes fils Henry tk. Rodolphe de
Hachberg. * Notes fur un ancien manuferit de la bi-
bliotéque de M. de Corberon , premier préjïdent au conseil
fouvzrain d'Alsace.
HEZARÈ ou Hizarec , ville d'Afie : elle' eft nom-
mée fous ce dernier nom dans l'hiftoire de Timur Bec,
/. 3 , c. i|; ck par une note , on avertff que c'eft une
ville du Saganian, entre la porte de fer ck la rivière de
Vacah,à iood. 50' de longitude , ck à 38 d. de latitude.
Elle eft auffi appellée Hijdr Cuduman , ck eft proche
du royaume de Catlan. %
HEZAR Ehb , ville d'Afie dans le Khuaresm , à feize
lieues de celle de Cal , fur le bord occidental de la
rivière d'Oxus ou de Gehon. Burini la met fur la rive
orientale de cette rivière ; mais Abulfeda la place du côté'
feptentrional. Cette ville parle pour la plus forte de tout
le pays. Corn. * Dicl.
1. HIA, ville de la Chine dans la province de Channfî,
au département de Pingyang , deuxième métropole de
la province. Elle eft plus occidentale que Pékin de 6 d.
27', par les 36 d. 27' de latitude. * Atlas Sinenjis.
2. HlA , forterefle de la Chine dans la province de
Suchuen , au département de Cienguei , première for-
terefTe de la province. Elle eft plus occidentale que Pé-
kin de 10 d. 32' par les 29 d. 4' de latitude. * Atlas
Sinenjis.
HlABANDA , ville épiscopale d'Afie , fous la mé-
tropole de Damas , félon Guillaume de Tyr , cité par
Ortelius. Le même fiége eft nommé Yabruda , dans la
notice du patriarchat d'Antioche , publiée par Schelftrate.
HIACIN , ville de la Chine dans la province de
Channton , au département de Tungchang , troifiéme
métropole de la province. Elle eft de 22' plus occiden-
tale que Pékin, fous les 37 d. 14' de latitude. * Atlas
Sinenjis.
H1ADERA. Voyez Jadera.
HIADES, ifles dont parle Appien , in\Proœmio , p. 3.'
Il les met dans la mer Méditerranée, ck nomme de fuite
les Cyclades , les Sporades , les Hiades , les Echinades.
Le traducteur Latin a oublié les Hiades.
HIAMUEN , fortereffe de la Chine , dans la province
de Fokien. Elle eft d'un degré 50' plus orientale que
Pékin , à 24 d. 3 5 ' de latitude , félon le P. Martini dans
fon Atlas Chinois. Cette forterefle ck celle de Ganhai ,
dit le même auteur , p. 130 , furpaffe plulïeurs villes ,
tant- par la beauté des édifices, que par la multitude des
habitans , ck par le. commerce qui s'y fait. La ville
d'Hiamuen eft fur une iile aiTez près du continent ; au
lieu que Ganhai eft attaché à la terre ferme. C'eft de-là
que l'on embarque des marchandifes pour toutes les
Indes , & c'eft-là qu'on y en apporte d'autres au retour.
Ces lieux ont autrefois été pofledés par Iquon, fameux
pirate , fi connu des étrangers , ck fur-tout des Espagnols,
des Portugais ck des HoUandois , qui s'eft Couvent vu
une flotte de trois mille grands bâtimens de la Chine.
Les HoUandois qui ont fouvent été dans ces deux places,
les donnent pour de grandes villes , quoiqu'elles ne paf-
fent pas pour telles , à beaucoup près , à la Chine.
HIANG , ville de la Chine dans la province de
Channfi , au département de Taiven , première métro-
pole de la province. Elle eft plus occidentale que Pékin
de 4 d. il' , par les 38 d. 52' de latitude * Atlas
Sinenjis.
Ht ANGCHING , ville de la Chine dans la province
de Honan , au département de Caifung , première mé-
tropole de la province. Elle eft plus occidentale que
Pékin de 2d. 8', par les- 34 d. 30' de latitude. * Atlas
Sinenjis.
HIANGHO , ville de la Chine, dans le Pekeli , au
département de Pékin , première métropole de la pro-
vince. Elle eft plus orientale que Pékin de 22' , par les
39 cl. 35' de latitude. * Atlas Sinenjis.
HIANGLO , ville de la -Chine dans la province
d'Iunnan , au département de Jungning , onzième mé-
tropole de la province. Elle eft plus occidentale que
Pékin de 16 d. 3', par les 27 d. 53' de latitude. * Atlas
Sinenjis.
HIANGNING , ville de la Chine dans la province
de.
HIB
HIE
's6t
de Channfi , au département de Pingyang , féconde mé~- attaché une efpece de ridicule à ce mot à! Hibernois, &c
tropole de la province. Elle eft plus occidentale que Pe- il veut dire un Ergoteur , qui au lieu de s'attacher à ce
kin de 6 d. 56' , par les 37 d. S' de latitude. * Atlas que la philofophie a de folide , fe contente d'étourdir
Sinenjïs. fon adverfaire de puérilités réduites en fyllogismes en.
H1ANGUN , ville de la Chine, dans la province de forme. Ceft dans ce fens que les Hibernois font nom-
Quangfi , au département de Chingan , dixième mé
tropole de la province. Elle eft plus occidentale que
Pékin de il d. 45', par les 13 d. 56' de latitude. * Atlas
Sinenjïs.
HiANGXAN , ville de la Chine , dans la province de
Quanton , au département de Quangcheu, première mé'
mes dans l'Arrêt burlesque en faveur d'Ariftcte , insère
dans les Œuvres de M. Despréaux.
HIBERUS pour Iberus , nom latin de l'Ebre, rivière
d'Espagne.
HIBITA , place d'Afie , dans l'Aflyrie. Ammien Mar-
cellin, /. 25 , c. 9, fait dire à Sabinus , que Conftantius
Sintnfii
HIANTLE Aqvm. Martial ,
(on livre , en fait mention , /. 1
dans une épigramme à
Clarus Hiantia S alla Jïtitor aquœ.
tropole de la province. Elle eft plus occidentale que ayant été vaincu par les Perses , &: mis en fuite , s'étoif.
Pékin de 3 d. 39', par les 22 d. 36' de latitude. * Atlas réfugié à Hibita, mauvaife place , où il avoit vécu du
pain que lui donnoit une vieille payfane. MM. Valois
croient que ce lieu eft le même que Thebeta, marquée
dans la carte de Peutinger à xvni. m. p. de Nifibe.
Entre les evêques de laMefopotamie ,qui fouscrivirent
au concile de Nicée , on trouve Jacobus Hebeienjîs.
Gennade & autres obfervent qu'il faut lire Nijïbitis ,
Quelques exemplaires portent lanthuz ; quoi qu'il en ou Nijïbitenjïs. Sans cet avertiflement on feroit pore à
foit , Martial décrit , /. 6 , Epigr. 47 , la même fontaine, croire que ce fiége Hebetenjïs étoit le même que i'Hi-
mais fans la nommer : on y voit feulement , que cette bita d'Ammien Marcellin.
fontaine étoit à une maifon de campagne , qui apparte- HICCARA , ancienne ville maritime de Sicile, félon
noit à Stella. Le vers cité veut dire ; que Stella aimoit le P. Lubin. Il faut écrire par Y Hyccara. Ce n'étoit
fort cette retraite , dont fa dignité le privoit , &C le poëte qu'un petit bourg. Voyez Hyccara.
exprime ce defîr par la foif qu'il avoit de boire de l'eau HlCESIUM. Voyez Icesia.
de la fontaine Ianthis ou îanthus. Voyez ce que dit
Turnebe , Adversar. 1. 1 , c. 13 , fur ce fujet.
HIAOCAN , ville de la Chine dans la province de
Huquang , au département de Tegan , quatrième métro-
pole de la province. Elle eft plus occidentale que Pékin
de 3 d. 53' , par les 31 d. 22' de latitude- * Atlas
Sinenjïs.
HIAOCHING , ville de la Chine dans la province
de Honan , au département de Queite , féconde métro-
pole de la province. Elle eft plus occidenrale que Pé-
kin de 2 d. 4' , par les 35 d. 51' de latitude. * Atlas
Sinenjïs.
HIAOFUNG , ville de la Chine , dans la province de
Chekiang , au département de Hucheu , troifiéme mé-
tropole de la province. Elle eft plus orientale que Pékin
de 1 d. 50' , par les 30 d. 46' de latitude. * Atlas
Sinenjïs.
HIAOY , ville de la Chine , dans la province de
Channfi ou Xanfi , au département de Fuencheu , cin-
H1CKLING , bourg d'Angleterre , dans la province
de Norfolck. On y tient marché puhlic. * Etat préjent
de la Gr.Bret. t. I.
fflCTARIS. Voyez Hipparis.
HIDEKEL. Voyez le Tigre.
HIDRIA. Voyez Hydria.
HIELM , ( l'Isle de ) ifle de la mer de Dane-*
marck , fur les côtes de Jutland , au diocèlé d'Arhus.
HIELMER, lac du royaume de Suéde , félon De rifle,
Couronnes du Nord , partie dans la Nericie , &c partie
dans la Sudermanie. Il eft formé de plufieurs rivières ,
entr'autres de la Troza, qui coule à Orebro , ville fituée
au couchant du lac ; à l'extrémité orientale eft Juleta.
Ce lac a une décharge dans le grand lac de Maëfet qui
s'étend jufqu'à Stockholm. Celui d'Hielmer a quelques
ifles , Se s'étend neuf lieues Suédoifes en longueur , &C
près de quatre en largeur, félon Baudrand. éd. 1705.
HIELTES , ( l' ) petite rivière d'Espagne , au royaume
de Léon : elle a fa fource à la montagne de Pegna dt
Francia , Se fe jette dans la rivière de Huebra qui va fe
, autrefois chef-1
quiéme métropole de cette province. Elle eft de 6 d. 11
plus occidentale que Pékin , 838 d. 6' de latitude, Atlas perdre dans le Duero , entre Saucello Se la Hmojof;
Sïnenf. p. 40. Auprès de cette ville eft la montagne de félon l'Atlas de Jaillot.
Cajldjtg , où font quantité de fources d'eaux chaudes Se HIEMEN , ou Yemen. Voyez au mot Arabie ce
minérales, Se beaucoup de ces puits pleins de feu, dont que nous difons de l'Arabie heureufe.
j'ai parlé dans l'article de Channfi. Ces fontaines bouil- HIEMES , ou E.XMES , en latin Oximus ou Oximumy
lantes en font un pays affez femblable à celui de Pouzzol, félon le DiS. de la Fiance ; bourg de France , en Nor-
au royaume de Naples. Si les Chinois le piquoient de
ces fortes de curiofités , ils en tireroient les mêmes effets;
car ces eaux font différentes de goût Se de couleur.
HIARCHAN. Voyez Irken.
HIASPIS , lieu d'Afie , près du Tibre , félon Ammien
Marcellin,/. 18.
HIATOSPOLIS,ouHastopolis,ouImbripolis.
Voyez RatiSBONNE.
H1AXE , ville de la Chine , dans la province de
Quangfi , au département de Suming , neuvième mé-
tropole de la province. Elle eft plus occidentale que Pé-
kin de 12 d. par les 22 d. 58' de latitude. * Atlas
comté de grande éten-
due , Se encore aujourd'hui d'un archidiaconé Se d'un
doyenné, au diocèle de Séez , à quatre lieues de cette
ville. Son églife paroiffiale eft fous l'invocation de faint
André ; l'abbé de S. Vandrille prélënte à la cure , & a
la meilleure part des dixmes, par concelfion de Richard II,
duc de Normandie. Etienne le Boucher fonda à côté
de cette églife une chapelle , fous l'invocation de faint
Michel, en 1272, de 15000 livres de rente , pour qu'on
y dit tous les jours la meffe pour lui Se pour fa femme
Alethie. Il s'en réferva la nomination pendant fa vie ,
Se confentit qu'elle allât à l'évêque après fa mort. Il
Sinenjïs. y avoit dans le château , qui eft depuis long-tems dé-
HIAYE , ville de la Chine, dans la province de truit , une chapelle de S.Nicolas, à la préfentation du
Honan, au département de Queite, féconde métropole roi : le titre peut en avoir aufli été transféré dans cette
de la province. Elle eft plus occidentale que Pékin de églife. Il y a encore dans la paroiffe une autre chapelle
5 5', par les 3 5 d. 17' de latitude. * Atlas Sinenjïs. appelléeJainte-Magdelaine d:s Fougeais , ou faiute-Vero-
HIBERA , ifle dont il eft parlé dans un paifage de nique , qu'on dit avoir été bâtie par ordre du roi faint
Lucille,rapportéparNonniusMarceUus.*Ort,;/.Thefaur. Louis , qui y avoit mis quatre religieux du Val-des-
HIBÈRIA pour Iberia, nom latin de l'Espagne. Choux, vers l'an 1257 ; mais fans leur donner d'autres
HIBERNIE , ancien nom de l'Irlande , que l'on ap- fonds que douze acres de terres , aufquels un feigneur
pelle encore en latin Hibernia , & Tes Irlandais, Hiberni. nommé Nonant , en ajouta neuf autres , pour y avoir fa
Baudran dit en françois les Hiberniens. L'ufage eft
pour Hibernois.
HIBERNOIS : ce mot ne fignifie qu'Irlandois dans fa
lignification propre ; mais l'attachement qu'ont les Irlan-
dois qui_ étudient à Paris pour L's prolégomènes de lo-
fépulture : les aftes en font perdus. La leproferie de fainte
Marguerite , qui étoit dans le bourg , & dont la chapelle
eft aufli détruite , étoit au moins de la même antiquité.
Les bourgeois qui en étoient les patrons, la cédèrent à
dame Catherine duBoulonnay, religieulë d'Almeneches ,
;ique, & autres inutilités philofophiques , fur lesquelles pour lui aider à bâtir une maifon de BenédicT:mes,dont
ls disputent avec beaucoup de fubtilité & de bruit,, a elle fut la première prieure, Elles en jouirent durant n^
Tome III, Z z
%6i
HiE
HIE
ficurs années ; mais elle leur fut enlevée par tes cheva-
liers de l'ordre de S. Lazare ; Se Louis XI V l'unit pour
toujours à l'hôpital de Trun , par arrêt du conléil de
lV.n 1695. L'églife des religieules eft fous l'invocation
de S. Benoît & de l'ainte Opportune. Les Bénédictines al-
lèrent s'établir à Hièmes , où elles l'ont toujours de-
meurées depuis. C'eft l'évêque qui nomme la prieure.
Henri I , duc de Normandie &C roi d'Angleterre, félon
Orderic Vital, avoit joint à l'ancien bourg d Hièmes,
un nouveau bourg avec une églife de la lamte Vierge ;
mais dans la guerre qui furvint après la mort de ce
prince en 11 36 , il fut totalement brûlé avec l'églife,
dont on ne trouve plus aucuns veftiges , auflî-bien que
du château & des murailles du bourg , quoiqu'il eût
encore foutenu un fiége en 1 449 , quand le fameux comte
de Dunois , bâtard d'Orléans , le reprit fur les Anglois.
Ainfi ce lieu fi fameux durant tant de fiécles , ne feroit
plus qu'un fimple village , s'il n'avoit pas conservé une
partie de fon reffort , parce que fa fituation au haut
d'une montagne aride & fterile , en rend le féjour peu
agréable. C'eft de quoi les habitans (è plaignoient déjà
beaucoup dans la Philippide de Guillaume le Breton ,
au commencement du XIIIe fiécle :
Oximiique Jîtos furili fe colle gementes.
II n'y a plus ni juges ni avocats : on n'y trouve que
du menu peuple. Le marché s'y tient le jeudi avec la
jurisdi&ion : il s'y tient au (fi plufieurs foires.
Quelques favans prétendent , & M. Huet , évêque
d'Avranches , eft de ce nombre dans les Origines de la
ville de Caen, p. 14, que les Oftsmii dont parle Cefar,
étoient les peuples d'Hièmes , qu'il écrit Hiesmes. Ce
prélat eft même perfuadé que les évêques de Séez y
avoient quelquefois établi leur fiége ; mais c'eft ce qu'on
ne trouve fondé que fur une mauvaife tradition, comme
on le marque à l'article de SÉEZ , & ce qui a été rejette
par d'autres favans hommes. En effet il eft évident que
ces Ofismiens étoient à l'extrémité de la baffe Bre-
tagne ; & on n'a pas le moindre monument qui prouve
qu'aucun évêque de Séez ait demeuré à Hièmes depuis
l'an «33, qu'on commence à les connoîrre par l'hiftoire.
Il eft vrai que dans une charte de Guillaume, feigneur
de la Ferté-.Vlacé ,
doi
ma, en 1053
l'abbaye de
S. Julien de Tours , les égli es cV les dixmes des pareilles
de Bellon ou Houlme , d'Habloville & de Giel , avec
tous les droits épiscopaux qu'il difoit tenir de l'évêque
de Séez ; cet évêque , qui étoit Yves de Bellesme , y eft
qualifié évêque des peuples d'Hièmes , Yvonis Oxismo-
rum prerfulis ; fon diocèfe y eft nommé le diocèfe des
peuples d'Hième , in diœceji Oxismorum. Mais quand cet
afte ne feroit pas fuspeft, il ne prouveroit autre chofe,
finon que le diocèfe de Séez étoit quelquefois appelle
le diocèfe des peuples d'Hièmes ; & l'on en a encore
d'autres preuves dans les Légendes de fainreCeronne ik
de S. Serenie , qui font bien plus anciennes que cette
charte. Cela venoit de ce que ce diocèfe fe trouvoit
alors compris dans le comté d'Hièmes. Il eft certain ,
par un très-grand nombre d'actes , que le fiége d'Yves
de Bellesme fut toujours à Séez , où , dès le commen-
cement de fon épiscopat,il jetta les fondemens de la
nouvelle cathédrale d'aujourd'hui ; auffi lui donne-t-on
le titre d'évêqne de Séez , avec celui des peuples d'Hièmes,
dans la charte même de S. Julien de Tours , où l'on
marque ainfi fa fignature : Signum Yvonis Pontifias Sas.
quod eft Oxismorum. \
On verra dans l'article fuivant , quelle étoit l'étendue
de l'ancien comté d'Hièmes. Il n'eft fait aucune mention
de fes comtes avant la domination des princes Nor-
mands , quoiqu'il exiftât du moins dès le fixiéme fiécle ;
car fi l'on ne croit pas , avec Orderic Vital , que le
château d'Hièmes etoit bâti avant Jules Cefar , il y a
toujours bien apparence que c'étoit un ouvrage des Ro-
mains , puisqu'il commandoit déjà à un grand pays fous
les fils de Clovis I.
On ne connoît que deux comtes fous les Normands ,
favoir, Guillaume, fils naturel de Richard 1 , qui fut en-
fuite privé du comté par le duc Richard II, contre qui il
s'étoit révolté , cV duquel il obtint depuis le comté
d'Eu ; & Robert, fils de ce dernier duc, qui fe fouleva
auffi contre Richard III , fon frère , & qui eft aceufé avec
bien de l'apparence , par les hiftorîens , de l'avoir fait
empoilonner, pour monter lui-même furie trône ducal.
Il lemble qu'après ces deux exemples , les ducs n'eulîent
plus voulu mettre ce comté hors de leurs mains ; car on
n'y voit plus que des vicomtes , mais qui étoient de
grands feigneurs. Tels furent ToufTaint furnommé Gois,
fils d'Anfrid le Danois , & aïeul de Hugues , comte de
Chefter en Angleterre; les deux Roger de Montgom-
meri père & fils ; Robert de bellesme , comte de'Pon-
thieu , fils du fécond Roger , Robert de l'Aigle , baron
de làinte Scolafte ; & Guigenalgazon , qui , quoique de
balle naiflance , étoit aufii vicomte d'Argentan & de
Domfront, par la libéralité de Henri I, roi d'Angleterre,
dont il étoit un des favoris.
Les rois de France tinrent la même conduite, quand
ils turent maîtres de la Normandie. Philipp eAugufte mit
feulement à Hièmes un châtelain nommé Aseulfe , à
qui il donna,en 1116, & à fes fils nés en légitime ma-
riage , tout ce que Guillaume de Pontchardon pofTédoit
à Orville , Avernes , S. Germain de la Champagne, &C
à la Roche, paroifié du même pays. Robert de Cocherel,
verdier de la forêt de GoFERNI , étoit en la même
qualité, en 1348 , pour le roi Philippe de Valois. Mais
eai3yo , le roi Charles V, defirant avoir la ville de
Château-Poffilin en Bretagne, qui appartenoit aux princes
de la maifon d'Alençon , leur donna en place , le do-
maine d'Hièmes , & celui de Caniel au pays de Caux ;
& par ce démembrement du chef-lieu , ce comté fut
éteint. Les comtes & ducs d'Alençon tinrent auffi des
châtelains à Hièmes ; mais ils l'aflujettirent à leurs offi-
ciers d'Argentan , qui y alloient rendre la juftice , en fe
qualifiant également juges de ces deux lieux. C'eft ce
qui a duré jusqu'au fiécle dernier, qu'on lui redonna des
officiers particuliers , tant pour la vicomte que pour le
bailliage ; & le bailliage a de plus dans l'on reffort , la
vicomte de Trun. Le domaine d'Hièmes & de Caniel
ne fut pas fi-tôt uni à l'appanage d'Alençon ; il fut donné
pour dot avec Caniel & S. Silvain à Catherine d'Alençon,
fœur du duc Jean I , & elle en eut auffi toute la juft.ee;
mais cette princefie, étant morte en 1461, fans laiffer d'en-
fans de fes deux maris, qui étoient comtes de Mortain,
il n'en fut plus léparé. Après le retour de l'apanage à
la couronne , il fut engagé avec les domaines d'Argen-
tan & de Trun, à la maifon de Luxembourg, puis à celle
de Vendôme , de laquelle il a paflé par donation du de>
nier duc de Vendôme dans celle de Condé, puis au duc
du Maine, du chef de la ducheffe q:ii eft de la maifon
de Condé. Il a auffi la nomination des officiers de tous
ces fiéges.
Il y avoit ci-devant , proche d'Hièmes , une forêt de
haute futaye de quatorze à quinze cens arpens , qui étoit
très-eftimée pour la beauté de fes arbres ; & elle étoit
appellée la Haye d'Hièmes , parce que c'étoit le parc
des anciens comtes ; mais elle a été effartée au com-
mencement de ce fiécle, pour y mettre le haras du roi,
qui étoit auparavant à Saint- Léger en Yveline. On l'a
environné de grands foflés, dans un lieu appelle le Haut-
bois. On a fait des bâtimens magnifiques & commodes
pour les officiers du haras , & de très-belles écuries pour
les chevaux : on découvre ces édifices de cinq ou ftx
lieues loin ; mais on dit que les fondations n'en font
pas affez folides.
H1EMOIS , ( le ) ou l'Exmois , ou le Pays
d'Hièmes , Eximen/h pagus. Ce pays comprend au-
jourd'hui deux archidiaconés d'une affez grande éten-
due ; l'un appelle 1' ' archidiaconé d'Hiémois, dans le di 1-
cèfe de Séez , contient cent foixante-fix paroi ffes fous
les doyennés d'Hièmes, de Trun, de S. P.erre-fur-Dive,
de Falaife & d'Aubigny ; l'autre archidiaconé d'Hièmes,
dans le diocèfe de Bayeux , renferme cent quarante-fix
paroiffes fous les doyennés de Cinglais , de Vaucelles ,
de Troarn , &t joint la ville de Caen , dont une des
portes eft , par cette raifon , appellée la Porte Ex-
MOISE. Mais il eft évident que ce pays étoit beaucoup
plus grand autrefois , puisque Hièmes, fa capitale , eft
préfentement à une de fes extrémités , & que l'autre
extrémité qui va jusqu'à la mer, en eft à dix-huit lieues;
auffi a-t-on des preuves que l'autre pays d'alentour étoit
d'abord de fa dépendance. On voit par la vie de faint
Serenie , que la folitude de ce faint , qui étoit à dix
lieues d'Hièmes , fur la rivière de Sarte, au-deffous
HIE
d'Alençon , Se qui , par corruption , eft depuis long-
tems appellée Saint Cderin , étoit au feptiéme fiécle
dans le pays d'Hième. Yves de Bellesmes vivant au
dixième fiécle , déclare dans une donation , rapportée
par l'hiflorien des comtes du Perche, que faint Martin
du Vieux Bellesme , au Perche , qui eft à plus de douze
lieues d'Hièmes , etoit alors dans le même pays. La Vie
defainteCerone ,au fixiéme fiécle, en faitaufli mention.
La Vie de S. Evrou fait voir auffi, que le pays d'Ouche,
où eft le monaftere de ce Saint , & qui s'étend dans le
diocèfe d'Evreux, où il forme un doyenné , étoit fou-
rnis à Hièmes , auffi-bien que le pays de Gacé , qui
donne le nom à un des archidiaconés du diocèfe de
Lifieux. Enfin on met encore dans fa mouvance le pays
d'Auge, du même diocèfe, ce qui furpaffe de beaucoup
l'étendue qu'Adrien Valois ,.6c les autres (avans avoient
jusqu'ici attribuée à l'ancien Hiémois. Cependant il n'y
a point d'apparence que cette étendue fût déjà telle au
tems des établiffemens des évêchés de la province de
Normandie , au quatrième ou au cinquième fiécle ; car
Hièmes , en cet état auroit naturellement été préféré
pour y mettre un fiége épiscopal , au lieu d'en partager
les dépendances entre quatre diocèfes. Ainfi , ou ces
dépendances auront été bien augmentées depuis la do-
mination des François fur la fin du cinquième fiécle, fi
Hièsmes fubfiftoit avant eux , ou il aura été bâti par
eux ; mais en ce cas ç'auroit été dès le tems de Clovis,
puisque Fortunat , qui vivoit fous les rois , fes fils & pe-
tits-fils , parle du pays d'Hièmes , dans la Vie de faint
Germain , évêque de Paris , qui y rendit la vue à une
femme aveugle , en paffant par Taffilli , que les Bollan-
diftes 6c Hadrien Valois, ont mal appelle Taillac. On
ne connoît point de lieu de ce nom en Normandie ; &C
l'ufage n'y eft pas de terminer en iac , mais en y, les
noms des lieux , qui en latin font terminés en iacum.
Ainfi on y a fait de Tafliliacum , Taffilli ; de Torinia-
tum, Torigni ; d: ' Albiniacum , Aubigni : il faut pafferla
Loire, pour trouver de ces terminaifons en iac. CeTAS-
SILLI eft une paroiffe à deux lieues de Falaife, & à dix
d'Hièmes ; ce qui montre que l'Hiémois étoit dès-lors
fort étendu. Il fe prenoit quelquefois pour la principale
partie ; & il eft employé en ce fens dans les capitulai-
res de Charles le Chauve , de l'an 8^3 , où il eft joint
au pays de Séez & au CoRBONNOlS , qui eft le pays
de Mortagne. Oxmilum , Sagilum , Corbonilum. Du
refte ce pays d'Hiémois n'eft pas des meilleurs de la
province , quoiqu'il y ait de bons cantons où il fait
bon vivre.
HIEN, ville de la Chine, dans le Pekeli, au départe-
ment de Kokien , troifieme métropole de la province.
Elle eft plus occidentale que Pékin de 44', parles 38 d.
46' de latitude. * Atlas Sinenfls.
HIENIPA , ancien lieu de l'Espagne Betique : on
croit que c'eft préfentement Alcala de Guadaria , pe-
tite ville de l'Andaloufie. *Baudrand , édit. 1681.
HIENNING, ville de la Chine, dans la province de
Huquang, au département de Vuchang, première mé-
tropole de la province. Elle eft plus occidentale que
Pékin de 3 d. 6', par les 29 d. 46' de latitude. * Atlas
Sinenfis.
HIENTO , lieu de l'ifie de Sardaigne , dans la pro-
vince de Logudori. On y voit les ruines de l'ancienne
.ville Hcrteum.
HIENYANG, ville de la Chine, dans la province
de Xenfi , au département de Sigan , première métro-
pole de la province. Elle eft plus occidentale que Pékin
de 8 d. 2.6', par les 26 d. de latitude. * Atlas Sinenfis.
HIERA : ce mot eft grec , fignifie facrée , 6c étoit
commun à plufieurs lieux.
1. HIERA, ifle voifine de laSicile, au nord de cette
ifle, entre les Eoliennes. Pline la nomme Therasia.
Voyez ce mot. Le nom moderne eft Vulcania , félon
Fazel. * Ortel. Thef.
2. HIERA, ifle voifine de la Sicile, au nord de cette
ifle , félon Ptolomée, /. 3 , c. 4. C'eft préfentement Fa-
vagnana, félon Léandre. Ortélius croit que cette der-
nière eft nommée Maritima , dans l'Itinéraire d'Anto-
nin , Se dans Julius Obfequens ; enfuite il renvoie aune
note de Cafaubon fur le fixiéme livre de Strabon , /. 6,
p. 176.
HIE 36-j
La première de ces ides a été anciennement nommée
Vulcania, ou Hiera, on Sacra. Elle conserve encore le
nom de Vulcano , &c eft entre l'ifie de Lipari Se la Si-
cile , mais beaucoup plus près de la première. Elle eft
délèrte.
La féconde n'eft au midi de la Sicile , que par l'an-
cienne erreur de ceux qui abbaiflbient beaucoup trop le
côté occidental de cette ifle. On l'appelloit Hiera , ou
Sacra , ou Maritima , parce qu'elle eft la plus avancée
vers la mer d'Afrique. Elle conferve encore ce dernier
nom dans celui de Maretamo. Celui de Favagnana ré-
pond beaucoup mieux à une autre ifle plus voifine de la
Sicile, Se que l'on appelloit Aponania , Aigu/a & Ca—
praria. Le fécond de ces noms eft grec , Se le troifieme
latin. Le premier ne s'éloigne pas beaucoup du nom mo-
derne.
3. HIERA , rivière d'Afie : elle fervoit de bornes en-
tre la Galatie 8c la grande Phrygie, au rapport de S. Jé-
rôme,, in locis Hebr. Pline la nomme Hieras , Se dit,
/. 5, infint qu'elle fépare la Galatie de laBithynie.
4. HIERA , ifle de la mer de Crète , félon Etienne
le Géographe.
5. HIERA, ifle d'Egypte, félon le même.
6. HIERA, ancienne ville de l'ifie de Lesbos. Elle
ne fubfiftoit déjà plus du tems de Pline , L J , c. i 1.
7. HIERA, ifle de l'Archipel, l'une des Cyclades,
entre Thera Se Therafia. Pline , /. 2 , c. 87, dit que de
fon tems il y avoit cent trente ans que cette ifle étoit
fortie du fond delà mer. Juftin, /. 30, c. 4, dit que
l'ifie de Hiera fe montra vers le tems que les Romains
commencèrent la guerre contre Philippe , Roi de Macé-
doine. Plutarque , L. de Pythice Orac. confirme la même
chofe. Ainfi, félon la remarque du P. Hardouin, in.
Plin. I. c. il y a environ foixante 5c dix ans de plus
que l'époque de Pline. On la nommoit auffi automate t
mot qui fignifie , qu'elle s'étoit formée d'elle même.
8. HIERA. Voyez Mesola.
9. HIERA. Voyez Sph^ERIa.
HIERA- BOLOS, 'upi liaùs; c'eft-à-dire h Moue
facrée, lieu d'Egypte , auprès d'Heliopolis , félon Dio-
dore de Sicile, /. 1.
HIERAC. Voyez IRAC.
HIERA-COME , 'uf* icipm , c'eft-à-dire le Village
facré , village d'Afie , dans la Carie. Les habitans font
nommés Hiera Cometa. par Pline, /. 5, c. 30. Tite-Live
Se Etienne le Géographe font mention de ce lieu.
HIERA-GERMA , 'lepa j»»p/«i, ou fimplement Ger-
MA, ville d'Afie. Etienne le Géographe dit: Germa,
ville de l'Hellespont , près de Cyzique. Il a voulu dite
qu'elle étoit de la province de l'Hellespont; car elle
n'étoit pas fur le détroit de ce nom , puisque Cyzique
eft fur la Propontide; mais la provincede l'He'lefpont,
dans le moyen âge, s'étendoit jusques-là, 6c même plus
loin. C'eft dans ce fens qu'il faut entendre ce que ditSo-
crate , Hijl. ecclef. 1. 4 , c. 11, que fous l'empire de
Valens une grande partie de Germa, dans la province
de l'Hellespont , fut renverfée par un tremblement de
terre.
1. HIERA-PETRA, 'upx Trhpa., c'eft à-dire la roche
facrée , lieu particulier d'Italie , au pays des Meffapiens,
félon Antonius Liberalis , cité par Ortélius, Thef.
2. HIERA-PETRA, félon Ptolomée, /. 3, c.17;
Hiera-Pitna , 'lifXTj'nv*. , félon Strabon , /. 10 ,
77.472, ou Hiera-Pytna, félon Pline, /. 4, c. 12,
ville de l'ifie de Crète, fur la côte méridionale. Dion
Caffius, /. 36, dit Hiera-Pydna ; Etienne le Géogra-
phe dit Hiera-Pytna, ville de Crète. Elle s'appelloit
anciennement Cyrba , enfuite Pytna , puis Camy-
RUS , 6c enfin Hiera-Pytna. Strabon, à l'endroit cité,
dit que Pytna é:oit une colline du mont Ida , laquelle
donnoit fon nom à Hiera-Pytna ; le nom de'ispa, ou
facrée , y fut ajouté , parce qu'au rapport des auteuts
Mithologiques on'prétendoit que Jupiter avoit été nourri
par une chèvre dans un antre de cette montagne. Ce
lieu conferve encore le nom de Hiera-Petra , avec le
léger changement de l'H en G, 6c s'apelle GlERA-
Petra. Cette ville a été épifcopale.^ On trouve dans
le concile de Trente la foufeription à'Hippolytus Ari-
yabenus Hiera - Pctrenfis.
HIERA-PITNA, ou
Tome III, Zz ij
3°4
HIE
HIE
HIERA-PYDNA , ou
H1ERA-PYTNA. Voyez l'article précèdent. _
HiERACIA, ifle de l'Archipel: on la nominoit auffi
Onus, félon Pline, I.4, c. 12.
HIERACON. Voyez Hieracum &c Accipi-
TRHlERACOS-CORYPHE, c'eft-à-dire le fommetde
l'Epervier, château d'Afie, dans la Pamphylie, félon
Nicetas. * Ortd. Thef.
1. HIERACUM , 'isf»*»' nrtt, ifle de l'Arabie heu-
reufe , c'eft-à-dire l'ifle des Eperviers. C'eft la même
qù 'Accipïtrum infula.
2..H1ERACUM, ifle d'Italie, fur la côte de Sardai-
gne , félon Ptolomée, /. 3, c. 3.
3. HIERACUM , ville de la haute Egypte, dans la
Thebaïde, félon Antonin, hiner. Il la met entre lfm
& Pejla , à vingt mille pas de la première, & à vingt-
huit mille pas de l'autre.
4. HIERACUM, village de l'Arabie heureufe, Ie'piW
wix», c'eft-à-dire le village des Eperviers. Ptolomée,
/. 6 , c. 7, le met fur le fleuve Lar ; du moins il eft ainfi
dans les cartes dreftées fur cet auteur.
HIERjEA , petite contrée de la Libye , félon Etienne
le Géographe. Ortélius, Tkefaur. croit que c'eft Berce
Sps/a de Cedrene.
HIERAMjE, ville d'Ane, dans la Cane, félon Etienne
le Géographe. -
HIERANOPOLITANI. Ce peuple eft nomme fur
une médaille d'Antinous, rapportée par Antoine Au-
guftin. *Ortei. Thef. ;• _..•;
HIERAPHE , V?» , ifle de la Libye , félon Etienne
le Géographe. .
1. HlERAPLE. Les écrivains Latins. & Grecs difent
Hierapolis, ville de laPhénicie, dans la Cyrrhefti-
que , félon Ptolomée, L 5 , c. 15. Les Notices épis-
copales la placent dans FEuphratenfe. Etienne le Geo-
graphe la nomme HlEROPOLiS. v';,'
2 HIERAPLE , Hierapolis , ville dAlie, dans la
Phrygie , ielon Ptolomée ,/.?,«. 1. Etienne la met
entre la Phrygie &c la Lydie. Pline , l. 3 , c. 18 , qui
a connu cette ville, en nomme les habitar.s HlERAPO-
lit.E. Elle étoit épiscopale ; & Sifinnius , fon évêque ,
eft nommé au fixiéme concile général. Elle avoit beau-
coup d'eaux chaudes , & quantité de temples , félon
Etienne. Vovez BAMBUCALE.
3. HIERAPLE; ou Hierapolis, ville de l'ifle de
Crète , félon Etienne : c'étoit une ville épiscopale , &C
elle eft fur ce pied-là dans les Notices eccléiiaftiques.
Pline, /. 4, c. il, en fait auffi mention.
4. HIERAPLE, Hierapolis. Selon Etienne, il y avoit
une ville de ce nom dans la Carie. Il entend peur-être
le village de Hieracome, dont il fait un peuple de cette
province. .
5. HIERAPLE, Hierapolis, ville épiscopale de 1 A-
rabie, fous la métropole de Babba, dans laMoabitide,
félon une ancienne Notice du patriarchat de Jerufalem.
6. HIERAPLE , Hierapolis , autre ville épiscopale
de l'Arabie , fous la métropole de Boftra , félon la même
Notice qui diftingue ces deux fîéges.
7. HIERAPLE, Hierapolis. Dorothée écrit queS. Mat-
thieu mourut à Hieraple , dans laParthie.* Ortd. Thef.
HIERAS, rivière de l'Ane mineure. VoyezHlERA3.
HIERAS lacus : c'eft le même que le lac de Cuti-
lie. Voyez gutilie.
H1ERASYCAMINOS. Voyez Sycaminos 3.
H1ERASSON , ancienne ville épiscopale d'Arabie ,
fous la métropole de Beryra , félon une ancienne Notice
du patriarchat de Jerufalem, dans laquelle on lit Andra-
fon , Dias , Mcdauon , Ierajfon, Nevi. La Notice dres-
fée fous l'empire de Léon le Sage , fous le patriarche Pho-
tius , nomme ainfi ces mêmes lieux ; Boftra , métropole,
Adrafus , Dia , Medava , GeraJJa , Neve , &c ; celle de
Hieroclès porte Gerafa. Ainfi Jerajjon , Hierafon, Ge-
raJJa &c Gerafa , c'eft le nom d'un feul 5c même fiege.
H1ERASUS, rivière de la Dacie, félon Ptolomée,
/. 1 , c.%. Ammien-Marcellin , /. 3 1 , c. 3 , l'appelle Ge-
raSUS, ce qui n'eft qu'une différence peu fenfible dans
la prononciation. MM. Valois observent que cette rivière
étoit à l'orient de la Dacie , & que c'eft aujourd'hui la
Pruth; ce qui eft le fentiment de Cluvier, /. 3 , c. 41.
HîERATIS , ville de la Perse propre , fur le golfe
Perfique , félon Arrien , Indic.
1. HIERAX, ville d'Egypte, dans le nôme Maréo-
tide , félon Ptolomée, L a, c. 5.
2. HIERAX , lieu du Peloponnèfe , vers Monem-
bafe , félon Cedrene &C Curopalate cités par Ortélius ,
Thefaur.
HlERCON ou Iercon. Voyez Jericon.
1. HIERES , Olbia, Area , félon le Dit!, de la.
France , ville de France , en Provence , au diocèfe de
Toulon. Elle étoit autrefois confidérable , parce qu'elle
avoit un port de mer , où s'embarquoient les pèlerins
de laTerre-fainte. Le port s'eft comblé, & la mers'eft
retirée plus- de deux mille pas : fon terroir eft délicieux
par la beauté &£ par l'excellence de ce qu'il produit i
fon air étoit ci-devant très-mal-fain , par l'infeftion que
caufoient les eaux croupiffantes d'un grand étang, qui eft
dans fon territoire ; mais depuis quarante ou cinquante
ans , cet étang s'étant fait un canal , pour communiquer
à la mer , l'air y eft beaucoup meilleur. Cette ville a
long-tems fervi d'apanage aux puînés des vicomtes de
Marseille , de la maifon de Fosc ; elle a même appar-
tenu en propre à une branche de cette maifon , de-
puis l'an 1140, jusqu'en 11 5 7, que Roger & Bertrand
de Fosc, après un long fiége , qu'ils foutinrent dans le
château d'Hieres , furent obligés de remettre la ville Se
les illes d'Hieres à Charles d'Anjou , duc du Maine &
comte de Provence , frère de S. Louis. Ce prince leur
donna en échange plufieurs autres terres confîdérables.
On fait d'affez bon fel aux environs de cette ville. Elle
députe aux aflemblées de la province; fes environs font
les plus beaux du pays , pour l'excellence & la beauté
des fruits. Son éghle paroiffiale a été érigée en collé-
giale, en .1571. Son chapitre eft compofé d'un prévôt,
de fix chanoines , de quatre bénéficiers & de deux cu-
rés. Il y a encore deux autres paroiffes , deux couvens
de religieux Cordeliers & Récollets, des filles Clarifies,
& deux monafteres de filles Bernardines , qui y ont été
transférées de S. Pierre d'Almanar.
2. HIERES, autrefois Almanare, Almanara, ab-
baye de filles en France, de l'ordre de Cîteaux, &c dé-
membrée de celle de S. Pons. Elle étoit fituée en Pro-
vence, à trois lieues de la mer , proche la ville d'Hie-
res, & avoit été fondée, en 1243 ; mais ayant été dé-
truite par les guerres , elle fut transférée à Hieres , à la
follicitation de l'abbeffe Saure de Glandeves. Ce fut
Gautier Beraud, prévôt de Pignan, qui fit la cérémonie
de la transmigration , en vertu d'une commiffion apofto-
lique de Benoît XIII.
HIERES, (les isles d') infula Arearum , ifles de
France , fur la côte de Provence , avec titre de mar-
quifat. Elles font au nombre de trois. Les Marfeillois
les ont habitées les premiers ; ils les nommèrent Stoe-
chades. Les noms de ces trois ifles' font Porquerolles ,
Pom-croi & l'ifle du Titan. Cette dernière fut autre-
fois appellée Cabans. On trouve dans ces ifles de tou-
tes les espèces de plantes médicinales , les plus recher-
chées dans l'Italie , dans la Grèce , &. même dans l'E-
gypte.
HIERICHO. Voyez Jéricho.
HIERIMOTH. Voyez Jarimoth & Jarmuth.
HIERING, ville deDannemarck, au Jutland fepten-
trional , dans la préfefture de Wensyffel , près de la
côie occidentale. * Hermanides , Descirpt. Damas.
HIERNA, pourHlBERNIA.
HIERNI, pour HlBERNI.
HIEROCjESAREA , ville de l'Afie mineure , dans
la Méonie , félon Ptolomée , /. s, , c. 2. Tacite en fait
auffi mention au troifiéme livre de fes Annales. Elle eft
comptée entre les villes épiscopales de Lydie , dans la
Notice de Léon le Sage ; celle d'Hierociès la nomme
Hierocajtellia , l'epo>«t?îW./rf.
HIEROCASTELLIA. Voyez l'article précédent.
HIEROCEPIA, Ufiklim*; ville de l'ifle de Cypre,
félon Strabon, /. 14, p. 684. Pline, /. 5 , c. 31 , en
fait une ifle , auprès de la nouvelle Paphos. Ce nom
fignifie le jardin facré. Selon Lufignan , c'eft préfente-
ment le bourg de Hierochipe. Cette ville a été épisco-.
pale ; car Philetus , fon evêque , fouscrivit au fécond
concile d'Ephèfe.
HIE
HII
HIERODULUM , ville de la Libye , félon Suidas
ck Etienne le Géographe.
HIEROLOPH-ENSES, peuple de l'Afie mineure,
dans la Petgamène, félon Pline, /. 5 , c. 30. Ce nom
vient de Hieros Lophos , 'ligys X^siç , lefacré coteau.
HIEROMIACE, fleuve d'Afie, dans la Décapole;
il coule auprès de Gadara , félon Pline , /. 5 , c. 18. Le
P. Hardouin observe que c'eft le Jarmoch qui couloit des
montagnes de Galaad, au pays des Gergeffëens , où étoit
Gadara.
H1ERON. Voyez Sacrum. Ptolomée , /. 2 , c. 1 ,
& /. 3 , c. 8, nomme ainfi deux promontoires, l'un de
l'Irlande , et l'autre de la Sarmatie en Europe , à la
presqu'ifle nommée la course d'Achille.
1. HIERON OROS, c'eft-à-dire \a. montagne facrée ,
ville maritime de Crète, fur la côle méridionale, félon
Ptolomée, /. 3 , c. 17. Ses interprètes le rendent par
MONTE SACRO ; mais il y atout lieu de foupçonner,
avec Ortélius , que c'eft plutôt la traduction gram-
maticale de l'ancien nom , que le nom moderne.
2. HIERON oros, cu$ï "opof , montagne de l'Afie
mineure, fur le Pont-Eu\in , à cent cinquante ftades de
Coralles, & à quarante de Cordyle , port de mer, fé-
lon Arnen , dans fon Périple du Pont-Euxin, p. 17.
edii. Oxon. Xénophon, dans faRetraite des dix mille ,
/. 4,^.339, edit. Steph. 1615, parle de cette monta-
gne, 6c nous la déligne par le furnom de montagne fa-
crée ; mais outre cela , il en marque le nom particulier,
favoir 0a^â< , THECHES. Il y a en marge 'Hyjiç,
ECHES.
HIERONESOS, ifle de la Méditerranée , félon Pline,
l. 3 , c. 8. Elle eft entre la Sicile & l'Afrique.
1. HIERON STOMA , "ispàv çi/xa, c'eft à-dire la
touche facrée. Les géographes Grecs ont donné ce nom
à une des "
des bouches duUanube. Voyez au mot Danube.
2. HIERON STOMA, lieu particulier fur le Bosphore
deThrace. Il en eft fait mention parEuftathe, inDionyf.
Periegef. &c par George l'Alexandrin, dans la Vie de
S. Jean Chryfoftome.
HIEROPOLIS. Voyez Hierapolis.
H1EROSOLIMA. Voyez Jérusalem.
HIERPINIANENSIS, Hirpinianensis, liège épis-
copal d'Afrique , dans la Byzacène , félon la Conférence
de Carthage , où il eft parlé de Barbarus , fon évêque.
La Notice d'Afrique fait auflî mention àe Félix.
HIE.RRE ou YERRE ; Hedera ou Edera , félon le
Dicl. de la France, abbaye de l'Ifle de France, au dio-
cèfe &C dans le territoite de Paris , à quatre lieues de la
ville , au midi fur la rivière d'Yerre. Ce font des reli-
gieufes de l'ordre de S. Benoît , fous le titre de hfainte
Vierge. Elle a été fondée du tems d'Etienne , évêque de
Paris , en 1122, par Euftachie , comtelTe d'Èftampes &C
de Corbeil, fœur de Louis le Gros.
HIERVILLE , bourg de France , en Normandie , au
pays deCaux, dans le diocèle de Rouen, entre Ouville-
l' Abbaye , Englesqueville-fur-Sanne, Bourdinville , Hec-
tot-1'Auber fk Heugleville. * Corn. Dift.
1. HIERUS , ancien nom d'une rivière de rifle de
Corse , dans fa partie orientale : ce nom veut être joint
avec celui de Potamos , Se fignifie rivière facrée. On
doute fi ce n'eft pas la même rivière , que l'on nomme
aujourd'hui l'ORBE. * Ptolom. 1. 3, c. 2.
2. HIERUS, autre rivière de l'ifle deSardaigne, dans
fa partie occidentale ; fon embouchure étoit entre Ufel-
lis & Ofiea. C'eft aujourd'hui la rivière de Sacro.
3. HIERUS SINUS , ou le golfe facré , golfe près de
la ville d'Arade , félon Etienne le Géographe.
HIERUSALEM. Voyez Jérusalem.
HIERY, ville d'Afie , dans la Choraffane , dont elle
eft la capitale , félon don Juan de Perse. Ce qui la fait
eftimer la principale de cette province , c'eft fa grandeur
extraordinaire , & le nombre de fes habitans , qui paffe
celui de cent mille ; fi l'on y comprend les mailons de
plaifance , & les jardins qui la joignent , elle a plus de
fix grandes lieues de circuit. Elle eft fituée fur une hau-
teur, au bord de la rivière de Habin , avec de bonnes
murailles , des foliés d'eau vive , Se trois cents tours
éloignées l'une de l'autre d'une mou^quetade. Quelques-
uns croient que c'eft la Rhéa de Ptolomée. * Corn. JDift.
Dayity.
35 s
La capitale de la Khoraflane , c'eft Balck. Il y a bien
de l'apparence que cette Hiery eft la même ville que
Herat.
HIESME &
HIESMOIS. Voyez HiÈMES & Hiémois.
HiEU, forterefle de la Chine , dans la province de
Suchuen , au département de Jungning, première forte-
reffe de la province. Elle eft plus occidentale que Pékin,
de 14 d. 4', par les 29 d. 13' de latitude. * Atlas Si-
nenfis.
H1EUNING , ville de la Chine , dans la province
de Kiangnan , au département de Hoeicheu , quator-
zième métropole de la province. Elle eft de 40' plus
orientale que Pékin, parles 3od. 15' de latitude. * Atlas
Sinenfis.
H1GH : ce mot eft anglois, & fignifie haut. Il en-
tre dans la compofition de quelques noms géographi-
ques.
HIGHCROSSE, village d'Angleterre, dans le Leices-
tershire , à quatre lieues de Leicefter , du côté du midi.
On croit que c'étoit anciennement une ville des Cori-
tains. Voyez VENNONES. * Baudrand, éd. 1705.
HIGHAM-FERRERS, ville d'Angleterre , dans la
province de Northampton. Outre que l'on y tient mar-
ché , & qu'il y a une école publique , elle envoie fes
députés au parlement. * Etat préjent de la Gr. Breta-
gne, t. I , p. 93.
HIGHLAND, c'eft-à-dire le haut-pays. On appelle
ainfi la partie de l'Ecofie, qui eft pleine de montagnes j
ôx Highlanders , ceux qui habitent cette partie ; c'eft ce
que nous appelions les montagnards d'Ecojfe.
HIGNATIA via, grand chemin public dans la Ma-
cédoine. Il avoit cinq cents trente milles de longueur ,
félon Strabon , /. 7. li eft nommé Egnatia , dans l'Epi-
tome de fon livre ; mais il ne faut pas le confondre
avec Y Egnatia via , qui étoit en Italie. Celui dont nous
parlons ici , menoit depuis la mer Ionienne jusqu'à l'Hel-
lespont. Ciceron en fait mention dans fon Oraifon tou-
chant les provinces confulaires. * Ortel. Thef.
HIGUCY : la plus orientale des cinq provinces qui
partageoient fille Espagnole , lorsque Chriftophe Co-
lomb en fit la découverte , ÔC qui avoient chacune leur
fouverain. Le Higucy avoit pour bornes , à la cô:e du
nord, le fleuve Yaqui , & à celle du fud l'Ozama , fur le-
quel eft bâtie la ville de San-Domingo. Les peuples de
ce canton étoient un peu plus aguerris que les autres,
parce qu'ils avoient fouvent à le défendre des Caraïbes,
qui failoient continuellement des descentes fur leurs cô-
tes. Ils étoient armés de flèches , comme leurs enne-
mis ; mais il s'en falloit beaucoup , qu'ils s'en ferviflent
auflî- bien qu'eux : auflî, la plupart du tems, ne fe défen-
doient-ils que par la fuite.
Au tems de la découverte de leur ifle , par les Espa-
gnols , le Cacique ou le fouverain du Higucy fe nom-
moit Cayacoa ; mais il mourut bien-tôt après. Sa veuve
fe fit Chrétienne, & fut nommée Agnes Cayacoa. Elle
ne furvécut pas long- tems à fon mari , auquel elle avoit
fuccédé dans fa principauté : & fes états pafferent à un
Cacique, nommé Cotrebanama , dont le féjour ordinaire
fut, au moins pendant quelque tems , à la presqu'ifle de
Samana ou aux environs. Barthelemi de las Cala donne
à cette province une reine, qu'il appelle Higuanama, &c
ajoute que les Espagnols la firent pendre. Les autres his-
toriens n'en parlent point.
HIGUERA , village dans l'Andaloufie , à huit lieues
de Lucar-la-Major, du côté du nord : on y voit les rui-
nes de l'ancienne NERTOBRICA. * Baudrand, éd. 170^.
HIHIMANI : on nomme ainfi la bafle ville de Car-
thagène, en Amérique; 6k ce nom eft un mot indien,
qui fignifie fauxbourg. Ce quartier, qui étoit très-bien
fortifié, lorsque M. de Pointis attaqua Carthagène, en.
1697, fut emporté d'aflaut ; mais les aflîégeans y perdi-
rent beaucoup de monde , entr'autres , le vicomte de
Coërlogon , capitaine de vaifleaux. Ce fut M. DucafTe,
qui commanda cette attaque , & qui parut le premier fur
la brèche.
HII, ifle entre les ides Britanniques, félon Bede : il
en nomme les habitans HlENSES. Ortélius dit : elle
eft en Ecofle ; mais, félon Herman le Petit, {Hcrmat~
nus Contractas,) elle eft attenant l'Irlande ; &c S. Co-
366
HIL
HIL
lomban en étoit abbé. Selon Camc'en,on la nomme au-
trement JONA.
HUAR, terre & baronnie d'Efpagne, en Aragon,
fur une petite rivière nommée Martin , (l'abbé de Vai-
rac dit Marin; mais Rodrigue-Mendez Sylva ,Poblacion,
p. \-i,i, fol. verfo, dit Martin,) à douze lieues de Sar-
ragooe. Il y a un bon château, avec une bourgade de
cinq cents feux , une paroifTe & un couvent de l'ordre
de S. François. Jacques I , roi d'Aragon , l'ayant reprife
for les Mores, en gratifia D.Pedro-Fernandes , fonfils
naturel, qui en prit le furnom. Elle fut érigée en du-
ché , l'an 1483 , par le roi D. Ferdinand le Catholique ,
en faveur de Jean-Fernandes II, du nom , ijju de ce
D. Pedro-Fernandes , dont nous venons de parler , &
une feconde fois, en 1614, par Philippe III, roi
d'Efpagne, en faveur de D. Jean-Chriftophe- Louis-
Fernandes de Hijar, feigneur de Hijar, & quatrième
comte de Belchite, arriere-petit-fils du premier duc:
le nouveau duc mourut la même année , 6c ne laiila
qu'une fille , dona Ifabelle - Marguerite - Fernandes de
Hijar , qu'il eut de dona Françoiïe de Caftro & Pinos ,
comteffe de Volfegona , fa féconde femme. Cette hé-
ritière porta le duché de Hijar, avec tous les autres états
de fon père Sx. de fa mère, à D. Rodrigo-Sarmiento
de Silva, & Villandrando , comte de Salinas & de
Ribadeo , fécond marquis d'Alenquer , iffu de l'ancienne
& illuftre maifon de Silva , lequel ayant trempé dans
la conlpiration de D.Charles de Padilla, contre le roi
Philippe IV , fut pris Sx. conduit , comme criminel d'état
au premier chef , au château de Léon, où il finit mi-
sérablement fes jours. D. Diego Fran^ois-Viftor-Sar-
miento de Silva , fon fils aîné, fuccédaafesetats, fkfut
cinquième duc de Hijar : il eut plufieurs enfans de trois
femmes qu'il époula ; mais les mâles étant morts en bas
âge , le duché tomba derechef en quenouille , Sx échut
à dona Jeanne-Petronille de Silva-Aragon , Sarmiento,
&c. née en 1666. Elle époufa en premières noces, le
L Décembre 1688 , D. Frédéric de Silva, fon coufin ;
en fécondes , Ferdinand Pignatelli , neveu du duc de
Monteleon, Sx fils puîné de D. Agnel Pignatelli,
prince de Monte-Corvino , & duc de Saint-Maur, au
Royaume de Naples ; lequel porte le nom de duc de
Hijar. *Vayrac, Etat. préf. de l'Efpagne , /. 3 , p. 86.
HILA , ville d'Afie, dans la Carie , félon quelques
éditions de Pomponius Mêla, (/>. 44, fol. verf edie.
Olivarii.) Celle de Voffius donne Schoenus ambit Hy-
lam; c'eft -à-dire , le Schoene entoure Hyla.
HILARA , rivière d'Allemagne. Il en eft parlé dans
la Vie de S. Udalric , dans Surius. C'eft I'Iller.
HILARENSE Oppidum , bourg d'Afrique , auprès
de Carthage. S. Auguftin en fait mention , Epijl. 162.
HILAS , petite ville d'Efpagne , dans la Caftille nou-
velle. Elle eft fituée fur le penchant d'une colline ronde,
au haut de laquelle eft le château. Il n'y a pas loin delà à
Siguença. * Corn. Diction. Journal du Voyage d'Efpgne.
HILATIDES , EiMTÎ/es , forêt d'Afie, dans la Be-
brycie, félon Orphée cité par Ortélius, Thefaur.
HILDBURGHAUSEN. Voyez Hilpershausen.
1. HILDESHEIM, ville libre impériale d'Allemagne,
dans la baffe Saxe , fur la rivière d'Innerfte , dont Bau-
drand fait, mal-à-propos, un ruiffeau, quoique ce foit une
rivière qui reçoit plus d'une douzaine de ruiffeaux ou riviè-
res. Elle a été ville anféatique. Quelques uns croient que
Louis le Débonnaire, qui la fit bâtir, lui donna le nom
de (a mère Hildegarde , que les Allemands , par abbrévia-
tion prononçoieur Hilde. Le mot qui termine ce nom ,
eft expliqué à l'article Hameau. Zeykr, infer. Sax.
Topogr. p. 139, rapporte plufieurs autres opinions fur
l'étymologie d'Hildesheim. Cette ville, félon Bertius ,
Comm. rer. Germ. 1. 3 , p. 577 , eft fituée 331 d. 50' ,
de longitude, & à 51 d. 28' de latitude. Au levant, il y
a un fauxbourg , fur une hauteur , lequel a été autrefois fa-
meux , à caufe d'une églife de S. Maurice. La ville eft
plus grande qu'Halberftat ; mais ce font de vieilles mai-
fons ; les rues y vont en montant & en defcendant,
font inégales , Sx nullement droites. On la partage en
vieille ville Sx ville neuve. Dans la vieille ville eft la
cathédrale, avec cinq ou fix autres églifes, fans com-
pter fainte Cécile, qui eft auprès de la cathédrale, Sx
deux autres églifes qui font dans la ville neuve. Ces
églifes font partie aux Catholiques & partie aux Luthé-
riens. Le magiftrat de cette ville admit la confeffion
dAugsbourg, en 1542, ou 43 ; Sx les deux religions
y ont fubfifté depuis ce tems. Cependant les Catholiques
ont confervé la cathédrale , Sx ont un évêque Catholi-
que , le feul qu'il y ait dans la Saxe entière. Jofeph Clé-
ment de Bavière , électeur de Cologne & prince de
Liège, étoit évêque de Hildesheim. Chaque ville, la
vieille Sx la neuve, a fon confeil particulier , compofé,
pour la plupart , des communautés Sx corps de métiers ,
dont les membres font changés tous les ans , Sx fans le
confentement duquel on ne peut établir rien de confidé-
rable à la charge du peuple. La ville a des privilèges
affez beaux , entr'autres , celui de fe gouverner par fes
propres loix ; &C quoiqu'elle reconnoiffe fon évêque pour
fupérieur, il eft obligé de refpefter (es privilèges, parce
qu'en cas de violence , le peuple de Hildesheim fe jet-
teroit fous la protection des princes de la maifon de
Brunswig, qui ne manquent jamais d'intervenir , en cas
de mésintelligence dans la ville , comme il arriva en
171 1. L'électeur de Bruns-wig - Hanover, y mit fes
troupes , qu'il retira dès que les différends furent affoupis.
La ville eft bien peuplée Sx bien fortifiée, a de belles
fontaines & de riches marchands. Il y à Hildesheim
deux chofes fingulieres à remarquer.
La première eft la fameufe Jrmenful, comme écrit
Zeyler, ou Irminfa'ul ou Irmenfaul ; c'eft une ftatue
qui repréfente un homme armé de toutes pièces (a) ,
tenant dans fa main droite une lance , au haut de la-
quelle eft un long étendard en pointe , fur lequel on voit
une rofe : de la main gauche il tient une balance (b).
Sur fa poitrine eft repréfente un ours; Sx fon écu qui
lui convre le ventre , porte un lion au-deffous d'une ba-
lance. * (a) Schedii Syntagma de Diis German.
Q>) Syngram. l^c-i.
Les favans ne conviennent pas du lieu ou étoit cette
idole. Crantzius , Saxon , 1. 2 , c. 9 , dit qu'elle étoit
à Herbourg en Weftphalie. Grégoire de Tours , nomme
ce lieu Hermopolis. D'autres difent qu'elle étoit à
Mertzburg , fur la Saale. Le nom dt Hermopolis , em-
ployé par Grégoire de Tours, eft fonde fur ce que
quelques-uns ont cru fauffement, que le nom de cettefta-
tue étoit Hermetis Statua, Sx qu'elle repréfentoit Mer-
cure. C'eft une ftatue du fameux Herman , ou Irmin ,
chef des Germains , guerrier fameux , que les Romains
appelèrent Arrr.inius , &qui, après fa mort , fut honoré
comme un dieu , à caufe de fa valeur. C'eft ainfi que les
Vandales adoraient à Gadebusc , le dieu Radagafte , qui
avoit été un de leurs rois. Voyez Gadebusch. Sche-
dtus rapporte une inscription , qui étoit fous cette fta-
tue ; on y lifoit ces mots :
Dux ego gentis Saxonum victoriam cer-
TAM
POLLICEOR ME VENERANTIBUS.
Ces mots ne font , fans doute , que la traduction de ce
qui y étoit en langue Teutone; car les anciens Ger-
mains ne fe fervoient pas du latin. Schedius,,il eft vrai,
cite Dithmar comme fon garant, Sx renvoie au livre 2.
On lui reproche que Dithmar ne dit rien de pareil au
livre cité ; en tout cas,Schedius n'eft pas le feul qui ait
cité ce fécond livre de Dithmar, Sx Meibom, dans fa
Differtation inutilée Irmynfula Saxonica , fait la même
faute , fi c'en eft une. Du refte Rheginon dit Hermanfaul;
Sigebert de Gemblours dit Hormenful ; on trouve dans
d'autres chroniques Hermenfuel , Hermenful ,Adurm en-
fui Sx Armenful. On peut voir fur ce fujet la Differta-
tion de Meibom , au troifieme tome de fon Recueil des
hiftoriens de l'Allemagne. On y trouvera qu'à l'égard
de l'infcription, elle fe trouve dans Crantzius, au fé-
cond livre de fon Hiftoire de Saxe.
Cette ftatue eft préfentement devant le choeur de la
cathédrale ; Sx aux fêtes folemnelles , on la fait fervir à
porter des cierges qu'on y allume. Quand on la frappe
avec un couteau , elle rend un fon fort clair. Dans les
grandes chaleurs de l'été , elle eft très-froide ; & cepen-
dant on diroit qu'elle fue. * Wagenfeil, Synopf. Geogr.
p. 295.
L'autre fingularité eft une coutume à laquelle les PP. Je-
HIL
HIL
fuîtes de Hildesheim font obligés. Ils jouiflent de quel-
ques concevions , à la charge de faire tous les ans , à un
Jour marqué, une foupe dans une très-grande marmite,
-a quantité & la qualité des viandes , les herbes , les ra-
cines , les épiceries , tout doit être exactement compté
ou pefé , fans qu'il foit permis d'en rien omettre. Il en
réfulte un jus très-fort , dont ils doivent envoyer à cha-
que magiftrat , à chaque chanoine , enfin à ceux qui
ont droit d'en recevoir. Ce jus eft fi fort, qu'en mettant
«ne cuillerée dans un plat d'eau chaude , il s'en tait un
excellent plat de foupe ; &c cela fe garde très-long-
tems,à caufedes épiceries qui le confervent. Cette fin-
guliere fondation fubfifte toujours. Les PP. ont voulu
en racheter l'obligation ; mais il n'ont pu en venir à
bout : s'il y manquoient une feule fois , ils perdroient
ce dont la jouiflance eft attachée à cette bizarre institu-
tion. * Mem. communiqués.
l'Eveché de HILDESHEIM , comme on a vu
dans l'article d'AuLlCA , eft une continuation de cet
évêché. L'état de l'évêque eft un petit pays qui con-
fifte en quinze bailliages , &c confine avec les duchés de
Lunebourg & de Wolfenbutel , fit avec la principauté
de Halberftat. L'évêque eft fuffragant de Magdebourg.
Les principaux lieux de l'évêché font,
Himmelsthûr , château de plaifance , près de Hildes-
heim.
Peina , petite ville forte avec un château dans un ma-
rais.
Wint^enbourg , autrefois comté célèbre.
Daflel, qui avoit autrefois Ces comtes particuliers.
Lamfpring , monaftére où il n'y a que des Catholi-
ques Anglois.
Ringelheim , monaftére dont les comtes de Ringel-
heim prenoient leur nom.
Les bailliages de Coldingen, Luttern , Bahrenberg &
Wejlerhoff 'ont été de cet évêché , & appartiennent pré-
fentement à la maifon de Braunswig par le traité de Gos-
lar en 1641 , ratifié l'année iuivante à Brunswig , & con-
firmé par la paix de Weftphalie.
2. HILDESHEIM , bourg d'Allemagne, dans l'élec-
toral de Trêves, fur la rivière de Kyll, à cinq lieues
au-deflus de Kilburg. C'eft le chef-lieu d'un bailliage
de même nom, enclavé dans le comté de Manderfcheid.
* Baudr. éd. 1705.
HILDINACUM , nom de lieu , dans l'Afie propre-
ment dite , félon la conjecture d'Ortélius, Thef. qui foup-
çonné que ce nom eft corrompu. 11 fe trouve au refte
dans Frontin, Stratag. 1. 3 , c. 17; & quelques manus-
crits portent Thidiacum ; &: l'éditeur de ce livre chez
Plantin, 1607, ajoute qu'il faut peut-être lire Rhindi-
ï.'II s'agitjdans Frontin, d'un ftratagême de Fim-
HILEIA, lieu d'Afie, vers la Perfe propre, félon
Ammien Marcellin , /. 18, c. 3. Il parle d'un combat
qui s'étoit donné la nuit auprès d'Hileia & de Singara.
Rufus Feftus , in Breviario , femble appeller ce lieu
ELEIA. Noclurna verb Ekienfi propl Singaram pugna,
dit cet abbréviateur de l'Hiftoire Romaine.
HILELA, ville d'Afrique, au pays de Segelmefle,
dans la province de Matagara , dont elle eft la princi-
pale, fur la rivière de Zis. C'eft laréfidence de chaque
Arabe, qui a une famille ou branche de fa tribu , dis-
perféepar la campagne, fous des tentes, &£ une autre
en garnifon dans la ville qui eft forte. Perfonne ne peut
paffer par cette contrée fans fa permiffion ; & fi les fol-
dats rencontrent quelque caravane fans paffeport , ils la
pillent, &c dépouillent ceux qu'ils trouvent. Le Che-
rif y tient aujourd'hui garnifon pour la fureté des che-
mins & des habitans, de peur des Arabes de Ménébo,
qui tiennent en fujétion tous ces quartiers. * Marmot ,
1. 7 , c. 27.
Ce Chérif dont, parle Marmol, a eu pour fuccefTeur
l'empereur de Maroc. Ce lieu eft nommé Helel, par
De rifle qui le marque , comme un village fur la rivière
de Zis , dans fa Carte de la Barbarie.
HILERDA pour Ilerda. Voyez Lerida.
HILICANUM. Voyez Adicakum.
HILINONICUM Bellum. Egh'mard nomme ainfi,
3 «7
dans la Vie de Charlemagne, une des guerres que ce
monarque eut à foutenir. Ce mot veut dire la guerre
que Charlemagne fit aux HlLINONS. Le peuple Hili-
nones eft nommé dans les Annales écrites par l'Aftro-
noine, ad ann.%11. On y lit que le roi ayant pattagé fon
armée en trois corps, en envoya un au-delà de l'Elbe,
contre les Hilinons ; qu'elle ravagea leur pays & releva
le château de Huobuchi , que les Wilfes avoient détruit
l'année précédente ; & ailleurs , que Charles, fils de l'em-
pereur, pafla l'Elbe fur un pont, & mena l'armée qu'il
commandoit contre les Hilinons &i les Smeldingues ,
qui avoient quitté fon parti pour prendre celui de Go-
defroi ; qu'après avoir ravagé leurs terres , il reparla le
fleuve , ôc revint en Saxe. Dans tous ces deux parta-
ges , il y a en margeLlNONES. Bangert , dans fes Notes
fur la Chronique d'Helmold , p. 11 , prend ce p2ys pour
Lunebourg. Mais il ne convient point au récit des An-
nales. Pour aller chercher les Hilinons , il falloit paf-
fer l'Elbe ; & le pays de Lunebourg éft en-deçà de ce
fleuve , . aux environs de l'Aller. D'ailleurs les Wilfes ,
qui avoient détruit le château de Huobuchi , étoient
un peuple d'entre les Slaves , & occupoient partie de la
Pomeranie, vers la Pêne. Il eft pourtant vrai que les
Hilinons , Linons ou Lini , font un même peuple. Spe-
ner croit qu'ils étoient anciennement avec le peuple lZcrit
aux environs du Wefer , (Notit. Gerinan. Med. c. 3 ,
/M79> 388, )& qu'ils prenoient leurs noms de I'Ihne
& de TUBK.ER, rivières qui tombent dans l'Aller &
enfuite dans le Wefer ; mais ayant parte au-delà de l'Elbe,
ils donnèrent les mêmes noms à d'autres rivières. Celle
à'Ucker eft d'autant plus fameufe qu'elle donne fon nom
à une partie du Brandebourg , qui en prend celui d'Z7c-
kermarck. Il en eft de même des Wilfes. La rivière de
Vilfe les bornoit ; mais ils paflerent l'Elbe, & donnè-
rent leur nom à la Welfe , qui tombe dans l'Oder ,
aux confins de l'Ucker-Marck & de la Pomeranie. Wils-
nach, bourg dans le Pregnitz, &C Wilfen village du Mec-
kelbourg , ont aufli pris leur nom de ce peuple des
Wilfes. J'ignore où eft la rivière à laquelle les Hili-
nons ou Linons donnèrent leur nom au-delà de l'Elbe ;
cependant je crois qu'ils occupoient un canton de Bran-
debourg.
HILISSUM CastruM, place forte de la Bulgarie,"
& qui en étoit autrefois la métropole. Callifte dit qu'au-
près de cette place le Drin fe mêle avec YOrin. L'é-
diteur a foupçonné qu'il falloit lire Clissum. Cette
place eft peut-être le château d'Acroliffus , auprès de
Liflus. Il fe trouve nommé diffus dans les Cartes de
l'empire d'Orient, inférées dans l'ouvrage du P. Ban-
duri.
1. HILLÉ, ville d'Afie, dans l'Irac-Arabi ; elle eft
dans la Babylonie , à 79 d. 45' de longitude , fk à 31 d.
50' de latitude, entre Bagdad & Coufa. C'eft la même
que Hela 2. Voyez ce mot. L'auteur cité à la fin de
cet article, dit qu'on la nomme aufli HilletBeniMe-
ZID. Elle eft fur l'Euphrate.* Hijl. de Timur-Bec, 1. 3,
c. 30.
2. HILLÉ , ville d'Afie , dans l'Irac-Arabi , près du
Tigre, entre Vafet & Baflbra.
3. HILLÉ,' ville de Perfe, dans le Coureftan, au-
près d'Ahouez.
4. HILLÉ , ville de la Turquie , en Afie , auprès de
Moful ou Mouflel.
H1LLEVIONS, ancien peuple de la Scandinavie ,
félon Pline , /. 4 , c. 1 3 , qui en parle comme d'une na-
tion qui habitoit cinq cents villages ; c'étoit la première
Se peut-être la feule que les Romains connuffent de fon
tems ; aufli ne parle-t-il que de celle-là. Ils étoient
donc dans la partie la plus méridionale de cette pres-
qu'ifle que les anciens prenoient pour une ifle , Se oc-
cupoient apparemment cette partie de la Suéde, où font
les provinces de Schone , de Blekingie & de Haland.
Ptolomée , /. 2 , c. 1 1 , les nomme Levoni, & les place
plus au milieu de la presqu'ifle. Ce mot Levoni peut
être une faute des copiftes qui ont omis la première
fyllabe, & écrit aetcînoi pour lAAElQNor, Levoni pour
Hillcvoni ; c'eft ce que foupçonné le P. Hardouin , in
Plin. I. c.
HILO , ou ILO , port de la province de los Char-
cas , dans le Pérou. Il eft fort commode, Il a une rh
368
HIM
HIM
«ère qui fe jette dans la mer , auprès de ce port , à
dix-huit degrés ou environ de la ligne, vers le iud.
* Lait, Ind. occid. /.il, c. 10. Corn. Dift.
HILPERSHAUSEN , ville d'Allemagne , en Fran-
conie , fur la Werra , près de fa fource , au comté de
Henneberg , entre la ville de Coburg & celle de Smal-
calde. On le nomme auffiHlLDBUR.GHA.usEN, félon
Hubner , Geogr. p. 488 , en latin Hilpershusia. Il eft
de la principauté de Coburg, qui appartient à une bran-
che de la maifon de Saxe-Gotha. Zeyler écrit Hilper-
haufen.
HILPOLDSTEIN, félon Zeyler , Franc. Topogr.p.j,
château -d'Allemagne , en Franconie, au territoire de
Nurenberg , au midi , & à cinq milles de^ cette ville , &
à diftance à-peu-près égale de celle d'Aichftet, à la
fource d'une petite rivière nommée le Rott dans les
Cartes de Sanlbn.
HILLIRICUM. Voyez Illyricum.
HILLSBOROUG , ville d'Irrlande ,. dans la pro*
vince d'Ulfter, au comté de Down. Elle envoie fes
-députés au parlement. * Etat préf. de l'Irlande.
HILTENSIS , fiege épiscopal d'Afrique, dans la pro-
vince proconfulaire. On trouve dans la Conférence de
Carthage , ( Optât. Oper. p. 272 , Ed. Dupïn. ) Hilarien
fon évêque : Hilarianus episcopus pkbis Hiltenjis. Dans
l'Epître fynodique des évêques de cette province, qui af-
filièrent au concile de Latran , tenu fous le pape Mar-
tin , il eft fait mention de ce fiége.
HILVARENBEEK, grand village des Pays-bas, au
Brabant Hollandois, dans le quartier d'Ofterwyk. C'eft,
dit Janiçon , Etat des Provnices-Unies , t. 2, p. 123,
un grand &t beau village , & une feigneurie confidé-
rable , qui comprend auffi les villages de DlESEM ,
Wester,Beer!.e &Ryl. Tous ces villages ne for-
ment qu'un feul tribunal , compofé de cinq échevins
de Hilvarenbeek, deux de Diefen & de fept jurés.^ Il
y avoit autrefois une églife collégiale qui fut brûlée
dans le fiécle pafle, 6c rebâtie quelque tems après. Il n'y a
plus qu'un miniftre Proteftant pour cette églife & pour
celle de Diefen. Cette feigneurie appartient moitié à l'é-
tat, &c moitié à la famille de Cort.
HIMACUS, pour ImaûS, montagne des Indes.
HIMANTOPODES , ancien peuple de l'Ethiopie ,
félon Pomponius Mêla , /. 3 , rt 8. Il dit qu'ils habi-
toientunpays, peuplé d'animaux fauvages ; qu'ils avoient
des jambes fî foibles & fi tortues , qu'ils fe traînoient
plutôt qu'ils ne marchoient: 'ipuit , veut dire une corde
faite de courroies, ôt leur nom eft exprimé en latin
par Loripedes. Pline, /. 5 , c. 8 , les nomme Himanli-
podes , comme Mêla. Ces peuples d'Ethiopie étoient
peu connus des anciens , qui leur donnoient fouvent des
noms au hazard.
HIMERA , rivière de Sicile. Il y en avoit deux de
ce nom , l'une dans la côte leptentrionale , &C l'autre
■dans la mér dionale ; ce qui fe doit entendre de leurs
embouchures. Toutes deux ont leurs fources dans cette
chaîne de montagnes , que les anciens nommoient Ne-
brodes , ou Gemelli Colles ; & leurs fources ne
font pas à une lieue l'une de l'autre.
La rivière £ Himera , qui coule vers le midi , baignoit
la ville de Caulonia , &£ fe perd dans la mer d'Afrique,
entre deux places , dont l'une fituée à l'orient étoit
Phalarium Caftdlum, l'autre au fud-oueft, étoit Phintia.
C'eft de cette Himera que parle Tile - Live , /. 24, c.6,
lorsqn'il dit : on convint par un traité entre le roi Hie-
ron &: les Carthaginois , que la rivière d'Himera qui
coupe l'ifle de Sicile , & ladivife prefqu'entiérement en
deux parties , feroit désormais la borne de l'empire des
Carthaginois Sr. du royaume de Syracufe ; c'eft-à-dire
<jue ce qui eft à l'orient de cette rivière, feroit de ce
■royaume, &c que ce qui eft à l'occident, feroit fous la
domination de Carthage. Pomponius Mêla, /. 2 , c. 7,
donne une faufle defcription de Y Himera. Selon lui ,elle
a fa fource au milieu de l'ifle , & prend deux routes
oppofées ; partageant l'ifle de deux côtés , elle arrive par
une embouchure dans la mer d'Afrique, & par l'autre
dans la mer de Tofcane. Silius Italicus , /. 14, v. 233 ,
a été dans la même erreur , & a cru fauffement que
ces deux rivières n'en étoient qu'une , qui fe partageoit
ainfi:
Armavere fuos , qua mergitur Himera ponto
jEolio. Nam dividuas fe j'cindit in oras ;
Nec minus occafus petit incita , quant petit ortus j
Nebrodes gcmini nutrit divortia Jontis.
Il ne veut pas dire qu'elle eût deux fources ; mais que les
eaux de cette fource fe partagoient dès les montagnes
mêmes , où elles fortoient de terre. Cette idée , que ces
deux rivières n'en fuflent qu'une feule , s'accorde allez
avec le choix que l'on en faifoit pour fépater l'iâe d'un
rivage à l'autre , outre que l'uniformité de nom la' favo-
rifoit. Cependant il n'eft pas vrai qu'elles fortent d'une
même fource; il y a environ 2500 ou 3000 pas , d'une
fource à l'autre. Elles peuvent fortir du même rélérvoir
dans l'intérieur de h montagne ; mais cela n'empêche
pas que ce ne foient des. rivières différentes. Le Rhône ,
le Rhin , lé Danube , l'Inn , la Drave , le Pô , & quan-
tité d'autres fleuves , ont peut-être un refervoir commun
dans le fein des Alpes, quoique leur cours foit très dif-
férent : cependant perfonne ne s'eft avifé de dire que ce
ne rut qu'un feul fleuve. Voyez le P. Kircher , dans
fon Mundus fubterraneus. Cette Himera méridionale
eft la même que le Fiume Salso. Voyez Salso.
2. La rivière SHimera qui coule vers le nord ,
comme nous venons de le dire , a fa fource différente
de_ celle de l'autre , &a à une diftance que nous avons
déjà marquée , fe j-endoit dans la mer de Tofcane ,
à l'orient de la ville d'Himera, dont nous parlerons ci-
après , entre Solus ou Soloentum & Cephaledis. Son
cours eft beaucoup plus court que celui de l'autre Hi-
mera, parce que les monts Nebrodes, d'où elles for-
tent toutes les deux , font beaucoup plus voifins de la
mer de Tofcane que de la mer d'Afrique. C'eft préfen-
temont le FlUME GRANDE. * Robert de Vaugondy,
Atlas.
3 . HIMERA , ancienne ville de Sicile , fur la côte
feptenmonale de Fille, au couchant de la rivière de
même nom. Elle avoit été très-floriffante , mais les Car-
thaginois la faccagerent. On peut voir les détails de ce
fiége rapportés par Diodore de Sicile, /. 13, c. 62.
Quelques - uns ont voulu mal-a-propos tranfporter
cette ville fur la côte méridionale; mais la preuve qu'il
s'agiflbit de celle-ci au nord, c'eft que , félon l'hiftorien.
cité , les galères de Siraeufe qui faifoient route vers
Himera, étoient obligées de paflër devant le port de
Meffine , détour qu'elles n'euïîéntpas fait , fi elles avoient
été deftinées pour la côte du midi. Himera étoit fon-
dée par les Zancléens. Thucydide le dit expreftement,
1.6, p. 414. Il nomme les chsts de cette colonie Eu-
clide , Simon & Sacon. Il ajoute que la plupart des
Chalcidiens vinrent s'y établir ayecceux des Syracu-
fains qui furent bannis, après avoir été chaffés par la
faftion contraire. Leur langue tenoit un milieu entre
la Chalcidique.ôi la Dorique. Mais les loix de Chal-
cide furent préférées. Scylax dit , que c'étoit une ville
Gréque ; & Diodore de Sicile dit, que, dans la crainte
des événemens du fiége , les habitans d'Himera avoient
tranfporté à Zancle ce qu'ils avoient de plus cher.
Mêla dit entre Lilibée &. Peloride , font Palerme &
Himera. Il ne nomme que ces deux , comme les plus
célèbres. Pline dit : les villes de cette côte font Palerme,
Solûs , Himera, avec une rivière. Ciceron, in Ferr.
I. 2 , dit : autrefois les Carthaginois avoient pris la ville
d'Himera, qui avoit été une des plus fameufes de la
Sicile.
4. HIMER./E TherMjE, bains £k ville , près de [avilie
d'Himera. Cellarius croit qu'ils étoient de l'autre côté de
lariviere d'Himera, c'eft- a-dire à l'orient de la rivière 5c
de la ville de ce nom ; & il les place ainfi dans fort
livre, & dans fa Carte de laSicile. Il fe trompe ; ils étoient
au couchant de cette vi(le , &, de la rivière. Il rapporte
l'autorité de Ptolomée, /. 3 , c. 4, qui y place une ville
nommée 0e/p^t!U "ijxiptu vôxit , Thermie Himera Oppi~
dum. Il l'accufe à tort de s'être trompé , & d'avoir mis
cette ville d'un côté de la rivière ; au lieu que , félon lui,
ces bains font aujourd'hui de l'autre côté. Il ajoute
que Pindare (Ofympion 12, Jubfin.~) ayant nommé
les bains chauds des Nymphes Ô5ff*« tivfjœSv ^»Tpa'
le fcholiafte l'explique de la ville d'Himere,'£i' Vî>??
parce
HIN
HIN
parce qu'Ergotele , à l'honneur de qui cette ode eft faite,
étoit de cette ville. Ces bains devinrent une ville , &
c'eft fur ce pied que Ptolomée les nomme. Ciceron nous
apprend comment cette nouvelle ville fe forma : Himera,
dit-il, in Ferrem, /. 2, c. 35 , ayant été détruite, les
citoyens que les miferes de la guerre avoient épargnés,
fe réfugièrent aux bains , &t s'établirent à l'extrémité de ce
territoire, à peu de diftance de l'ancienne ville. La Ta-
ble de Peutinger , &: l'Itinéraire d'Antonin , nomment
ce lieu Amplement Thermœ ; &t , comme Cellarius l'a-
voue lui-même , ce lieu s'appelle encore aujourd'hui
Termini. Ainfi voilà la difficulté levée. Termini qui ré-
pond à YHimera Thermx des anciens ,eft plus au cou-
chant que Campo di San-Nicolo , où font les ruines de
l'ancienne ville d'Himera, laquelle étoit fituée au cou-
chant de la rivière de même nom , aujourd'hui Fiume
grande. Ainfi Ptolomée ne s'y eft pas trompé ;& Cel-
larius n'eft tombé dans cette fauffe critique que faute d'a-
voir confulté une bonne carte de la Sicile. Celle de
Magin qui confond les rivières de ces quartiers , eft une
de celles qui l'ont trompé ; caria rivière de Termini y
eft marquée comme ayant une de fes fources aviez près
de celle de Rio-Salfo ; au lieu que cette prétendue fource
du Termini, eft une rivière différente, qui étant accrue
de plufieursruiffeaux, devient aflez confidérable pour mé-
riter le nom de Fiume grande. Il y a même entr'elle ÔC
le Termini , les rivières d'Yhacatti & de Fiume-torto ,
qui fe joignent & arrofent la campagne qui étoit entre
Himera &C Thermœ Himera.. , c'eft-à-dire entre la vieille
ville & la nouvelle. La faute de Cellarius confifte à
avoir cru que le Termini rivière, eft l'Himera feptentrio-
nale , au lieu qu'elle en eft très-différente , comme nous
venons de voir. Cluvier avoit fait la même faute dans
fa Sicile ancienne , auflî-bien que le P. Briet dans fes
Parallèles. Ainfi il n'eft pas étonnant que CeIlarius,trompé
par de fi grandes autorités, ait donné dans la même er-
reur. De lifte a très-bien rangé cela dans fa Sicile an-
tienne & dans la nouvelle.
j. HIMERA , ville de la Libye, félon Etienne le
Géographe.
HIMERIA, ville épiscopale d'Afie, dans l'Osrhoëne,
fous la métropole d'Edeffe. Il en eft parlé au concile
de Chalcedoine , auquel le prêtre Paulus fouscrivit pour
ftm évêque Uranius. * Harduin. Colleft. conc.
HIMETTE , montagne de Grèce , dans l'Attique.
Voyez HvmeTTE.
HIMIFFIN , rivière d'Afrique. Elle a fa fource aux
montagnes du royaume de Maroc propre , d'où ferpen-
tant vers le midi, & enfuite vers l'occident, elle ar-
rofe le pays de Suz , & fe perd dans l'Océan auprès d'An-
fulima, félon MM. Sanfon dans les Cartes inférées au troi-
fiéme tome de Marmol.
HIMMEL , ancien monaftere d'Allemagne , dans le
duché de Brème : il a été célèbre. Il eft aujourd'hui fé-
cularifé.
HIMMELSTHUR , château de plaifance des évê-
ques de Hildesheim , au voifinage de la ville.
H1MNAS. Voyez Hymnas.
HIN A, colline de l' Amérique dans la nouvelle Es-
pagne , dans la baye de Campèche. Voyez au mot CAM-
PÈCHE l'article de la baye de Campèche.
HINAGOA, ou Ynagva, ifle de la mer du nord,
dans l'Amérique feptentrionale. Ceft une des Lucayes ,
à vingt- cinq lieues d'Hispaniola vers le nord , & de
Cuba vers le levant. * Baudr. éd. 1705.
HINAMANES ; Polyaen , /. 8 , nomme ainfi un fleuve
d'Afie, qui terminoit à l'orient l'empire de Semitamis.
Cafaubon a averti que c'eft le Iomanes de Pline.
HINATUS , 'bctU , ville de l'ifle de Crète , félon
Ptolomée. Voyez EÏNATUS.
HINCHING, ville de la Chine, dans la province de
Quangfi, au département deKingyven, troifiéme métro-
pole de la province. Elle eft plus occidentale que Pé-
kin de 9 d. 54' , par les 14 d. 36' de latitude. * Atlas
Sinenfis.
H1NDELOPEN, petite ville des Pays-bas, dans la
Frife, au Weftergoe , entre Staveren & Worcum , fur
le Zuider-Zée. On dit en abrégé Hinlopen. Il y a un
petit port peu fréquenté. Les habitans s'occupent à la
pêche , à conduire leurs barques , &: aux travaux de la
S^P
campagne; quelques , uns font le commerce. Cette ville
n a point de murailles, & eft gouvernée par cinq bourg-
meftres qui fe changent tous les ans , comme dans les au-
tres villes ; le ftadthouder & la cour de Frife ont autre-
fois accordé de plus , à la requête du peuple, fix jurés qui
font pris du corps des bourg-meftres. * Blaeic , Theat.
Urb. Belg.
1. HINDERLAPPEN, par corruption d'InïeRLA-
CHEN , bailliage en Suiffe , dans le canton de Berne. Il
tire fon nom d'une ancienne & riche abbaye , ou plurôt
d'un monaftere de Chartreux, changé en château qui eft
firué vis-à-vis d'Underfewen , entre" les lacs de Thdùn
& de Brientz, du côté du couchant, dans une ifle
que fait l'Aare fortant du lac de Brientz , avant que
de fe jetter dans celui de Thoun. Le prévôt & les re-
ligieux de ce monaftere le remirent volontairement en-
tre les mains des magiftrats de Berne, en 15x8, & fe
réferverent une penfion viagère. On y établit d'abord
un bailli. Les habitans indignés de la ceflion que les
religieux avoient faite de leur monaftere , demandèrent
à être affranchis de toutes leurs redevances envers cette
maifon; & fur le refus qu'on leur en fit, ils fe mutinè-
rent & fe mirent en devoir de s'affranchir eux-mêmes.
Cette fédition fut enfin terminée par un accommode-
ment , où les feigneurs &C les fujets fe relâchèrent en
quelque chofe , chacun de leur côté. Le nom d'Interla-
chen eft corrompu des mots latins Inter lacus , entre les
lacs, qui repondent à fa fituation. * Etat & Del. de la,
Suiffe, t. 2, p. 219.
ï. HINDERLAPPEN, château en Suiffe , où étoit
ci-devant un monaftere de Chartreux. Voyez l'article
précédent.
HINDER-RHEIN, vallée en Suiffe , dans la com-
munauté de Schams , au pays des Grifons. Le Rhin y
paffe. * Etat & Délices de la Suiffe , t. 4, p. 3 1.
HINDON, bourg d'Angleterre, dans la province de
Wilts. Il envoie fes députés au parlement , & a droit
de tenir marché public. * Etat préfent de la grand de Bre-
tagne, t. 1.
HINDOO , ville des Indes , fur la route d'Amada-
bat à Agra , à dix-neuf coffes de Nuali , 6c à dix de
Baniana. Cette dernière & Hindoo , dit Tavernier,
Voyage des Indes, \. 1 , c. 5, font deux villes, où, comme
dans le pays circonvoifin , fe fait l'indigo plat, qui eft
rond; & comme c'eft le meilleur de tous les indigos,
auffi eft-il cher au double.
HING, ville de la Chine, dans la province
de Channfi, au département de Taiyven , première
métropole de la province. Elle eft plus occidentale que
Pékin de 6d. 30', par les 38 d. 55' de latitude. * Atlas
Sinenfis.
HINGCI, ville de la Chine , dans le Pekeli , au dé-
partement de Hokien , troifiéme métropole de la pro-
vince. Elle eft plus orientale que Pékin de 5', par les
38 d. 31' de latitude. * Atlas Sinenfis.
1. HINGGAN, ville de la Chine, dans la province
de Quangfi , au département de Queilin , première mé-
tropole de cette province. Elle eft de 7 d. 32' plus oc-
cidentale que Pékin , à 16 d. 12' de latitude. Auprès de
cette ville eft la montagne de Haiyang , qui s'étend jus-
qu'à Lingchuen. Dans cette montagne eft une caverne
remplie d'eau , qui nourrit des poiffons à quatre pieds ,
& qui frappent avec leurs cornes. Les Chinois fuperfti-
tieux difent que ces poiffons font les délices du dragon;
ce qui fait qu'ils n'ofent les tuer. * Allas Sinenfis.
• l. HINGGAN, ville de la Chine, dans la province
de Kianfi , au département de Quangfin , troifiéme mé*
tropole de la province. Elle eft de 6' plus orientale que
Pékin , fous les 28 d. 40' de latitude. * Atlas Sinenfis.
3. HINGGAN, ville de la Chine, dans la province
de Xenfi , au département de Hanchung , troifiéme mé-
tropole de la province. Elle eft de 8 d. 16' plus occi-
dentale que Pékin, par les 34 d. 26' de latitude. * At-
las Sinenfis.
HINGHAM , bourg d'Angleterre , dans la province
de Norfolck. On y tient marché public. * Etat préfent
de la Gr. Bretagne , t. I .
1. HINGHOA , ville de la Chine, dans la province
de Fokien , dont elle eft la feptiéme métropole. Elle eft
de 2 d, ■*.%' plus orientale que Pékin , à 17 d. 27' de
Time III. Aaa
370
HIN
HIP
latitude; fon territoire eft le plus beau & le plus fertile
de la province. La ville eft belle , ornée & pleine de
gens de lettres. On y voit quantité d'arcs de triomphe ;
& dans les collines d'alentour , il y a de magnifiques
tombeaux. On peut juger de fa fertilité par le tribut an-
nuel, qu'elle paye à l'empereur ; car quoique fon terri-
toire ne renferme que les villes d'HlNGHOA & de
Sienlieu , il paye foixante &c douze mille facs de riz.
(Corneille n'en met que foixante ik douze.) Tout ce ter-
ritoire eft fi peuplé de bourgs & de villages , qu'on di-
roit que ce tfeft qu'une ville. Les chemins font pavés
de pierres de taille , l'espace de foixante lis Si une per-
che de largeur. La ville a deux beaux ponts , l'un au
nord , l'autre au midi. Tout le pays a de la foie en abon-
dance. Entre les temples , dédiés aux hommes illuftres,
il y en a cinq plus remarquables que les autres. Le roi
Sui nomma autrefois cette ville Putien. La famille de
Sunga , lui donna le nom qu'elle porte aujourd'hui ; il
fignifie une fleur naiflànte. La même famille la nomma
enfuite Hingan; mais celle de Taiminga lui rendit ce-
lui de Hinghoa. La montagne de Hucung eft au midi
de la ville. Les Chinois racontent beaucoup de mer-
veilles de celle-ci ; ils y diftinguent huit, faces par les-
quelles elles repréfentent un cube. La montagne de Go-
ching fe voit au fud-eft de la ville ; au bas eft un bourg,
habité par de riches &C habiles marchands , qui trafi-
quent par toute la Chine. Ce bourg pourroit être comp-
té pour une ville , à caufe de la beauté & de la grandeur
des édifices ; mais il n'a ni murailles , ni les privilèges
ni le titre de ville. Au pied du mont Chingucn , au
nord de la ville , eft le lac de Chung , au bord duquel
on a bâti un fort grand palais, où il y a dix cours. Quand
il doit y avoir ou pluie ou tempête, on y entend un fon
pareil à celui d'une cloche. Au Commet du mont Hucung
eft un puits , dont l'eau a fon flux &c reflux comme la
nier : on le nomme Hiai.
1. HINGHOA , ville de la Chine , dans la province
de Kiangnan , au département d'Yangcheu , feptiéme
métropole de la province. Elle eft de id. 49' plus orien-
tale que Pékin, fous les 33 d. 53' de latitude. * Atlas
Sinenfîs.
H1NGLUNG, fortereiïe de la Chine , dans la pro-
vince de Queicheu , au département de Lungli , qua-
trième ville militaire de la province. Elle eft plus occi-
dentale que Pékin de 9 d. 51', par les 27 d. 10' de lati-
tude. * 'Atlas Sinenfîs.
HINGNING, cité de la Chine , dans la province de
Huquang , au département de Chincheu , féconde grande
cité de la province. Elle eft plus occidentale que Pékin
de 4 d. io', par les 27 d. de latitude. * Atlas Sinenfîs.
H1NGO ouNlNGO, province maritime d'Afrique,
fur la côte d'or. Elle a au couchant le grand Acara , au
nord Equea & le petit Acara. Il y a quatre habitations
fur la côte , favoir Ningo , Temina , Sinco & Pijfi- L'en-
trée du port de ces quatre places eft embaraflee d'é-
cueils. Ningo , qui eft à quatre ou cinq lieues d'Acara,
&c à deux de Labede , eft un terroir de pâturages , où
les marchands d'Acara vont acheter du bétail pour le
mener à Monté. La plupart des habitans font pêcheurs :
leur manière de pêcher eft d'aller la nuit dans des ca-
nots , le long du rivage , à la clarté des lampes , avec
une espèce de corbeille qu'ils jettent fur les poiflbns fi-
tôt qu'ils les apperçoivent. Temina eft à une lieue Se
demie de Ningo; & Sinco qui eft dans la même dis-
tance de Temina , fut découvert par les Hollandois ,
en 1600. Il y a peu d'années qu'ils faifoient quelque tra-
fic à Ningo, à Singo &£ à PifTi ; mais n'y trouvant plus
d'or , ils ne descendent pas aujourd'hui plus bas qu'A-
cara. On trouve au dedans du pays une jolie bourgade,
nommée Spice , où il croît beaucoup d'orangers. * De
la Croix , Relation de l'Afrique, t. 3. Corn. Dift.
HINGPING , ville de la Chine , dans la province
de Xenfi , au département de Sigan , première métro-
pole de la province. Elle eft plus occidentale que Pé-
kin de 8 d. 39' , par les 36 d. 11' de latitude. * Atlas
Sinenfîs.
HINGQUE , ville de la Chine , dans la province de
Huquang , au département de Vuchang , première mé-
tropole de cette province. Elle eft de 2 d. 22' plus
occidentale que Pékin, à 30 d. 20' de latitude. * Atlas
Sintnfis.
1. HINGQUÉ , ville de la Chine , dans la province
de Kianfi , au département de Cancheu , douzième mé-
tropole de la province. Elle de 1 d. 55' plus occiden-
tale que Pékin , fous les 26 d. 41' de latitude. * Atlas
Sinenfîs.
HINGUEN , ville de la Chine , dans la province de
Suchuen , au département de Siucheu , quatrième mé-
tropole de la province. Elle eft plus occidentale que
Pékin de 11 d. 52' , par les 28 d. 53 ' de latitude. * Atlas
Sinenfîs.
HINGXAN , ville de la Chine , dans la province de
Huquang , au département de Kingcheu , fixiéme mé-
tropole de la province. Elle eft plus occidentale que
Pékin de 7 d. par les 31 d. 22' de latitude. * Atlas
Sinenfîs.
H1NGYE , ville de la Chine , dans la province de
Quangfi , au département de Gucheu , feptiéme mé-
tropole de la province. Elle eft plus occidentale que
Pékin de 8 d. 1' , par les 23 d. 19' de latitude. * Atlas
Sinenfîs.
HINKLEY , bourg d'Angleterre , dans la province
de Leicefter. On y tient marché public. * Etat préfent
delaGr.Bret.t.ï.
HINTERLAND , c'eft-à-dire le pays de derrière;
c'eft la partie feptentrionale du royaume dePrufle.
HINUS. Voyez Oenus.
H[N"\yiL , village de Suifle , dépendant du bailliage
de Kybourg , au canton de Zurich. Dans la paroifle il
fe trouve un bain d'eau minérale , au pied du mont
Aliman, au milieu d'une agréable prairie. Ce bain s'ap-
pelle Gtïrenbad , c'eft-à-dire le bain du vautour. * Etat
& DU. de la Suiffe , t. 2 , p. 49.
HIO , ville de Suéde , dans la Veftrogothie , fur le
bord occidental du lac de Vaeter à l'orient ; & à cinq
lieues & demie Suédoifes de Falkoping.
HIOROPI , fiége épiscopal d'Afie', en Cilicie , félon
Guillaume de Tyr , cité par Ortehus. Il ajoure qu'elle
avoit Seleucie pour métropole. La Notice du patriarchat
d'Antioche met fous cette même Seleucie Oropi , que
je crois être corrompu de Hierapolis, ville d'Ifaurie, qui
avoit cette même Seleucie pour métropole , félon la
Notice d'Hieroclès.
HIPANIS & CAL1IPID.E ; Jornandes femble en faire
deux villes , entre lefquelles il dit que le Danube fe jette
dans la mer ; mais Calipidœ eft le nom d'un peuple , &
Hipanis , ou plutôt Hypanis celui d'un fleuve. Le paf-
fage où celafetrouve eft un pur galimathias.
HIPNI , "Wm lieu de Grèce , dans la Theflalie ,
dans le mont Pelion , cité par Ortelius , qui ne dit
point en que! livre. Ce nom m'eft fuspec~t.
HIPPA. Voyez Ippa.
H1PPACRITA. Voyez Hippagreta.
HIPPADIS Pelagus 'WJV ■xUa.you Ptolomée,
/. 4, c. 8 , ayant nomimé les ifles des Aromates , dit que
la mer qui eft à l'orient de ces ifles , s'appelle la mer
d'Hippade , & qu'elle s'étend depuis là jufqu'à la mer
des Indes.
HIPPADIS PlLf , lieu de Grèce , où Plutarque dit
que l'orateur Hyperide fut enterré * Ortel. Thei'aur.
HIPPAGRETA 'ivadypn* , grande ville d'Afrique ,
félon Appien , Punie, p. 67. Il ajoute que c'étoit une
grande ville , défendue par des murailles & par une
citadelle , avec des ports , un arfenal Si des chantiers
qu'Agathocle , tyran de Syracufe , y avoit établis. Elle
étoit à moitié chemin, entre Carthage & Utique. Ge-
qui a traduit cet hiftorien en latin, dit : Hippon
de Hippagreta qui eft dans le grec.
Zaretus ,
Polybe,/. 1 , c. 70, 72 , 77, 88 , parlant de la même
ville ,1a nomme Hippacrit^e , Ivtttxxvtch , au pluriel.
Il dit même , c. 82 , qu'elle avoit courageufement ré-
fifté à Agathocle. Nous parlerons de Y l' Hippon Zaretus,
Zarytus ou Diarytus , qui ne fauroit être cette ville
d' 'Hippagreta ; puisque , félon Appien , cette dernière
étoit entre Utique & Carthage, à diftance égale ; au lieu
que, félon les Itinéraires, Utiqueeft entre cette Hippone
& Carthage à xxxvi. M. P. delà première, &àxxvir.
de la féconde. Elle eft appellée nnrfc azp* , par Dio-
dore de Sicile, /. 20, c. 0, c'eft-à-dire la forterefle du
cheval. Il dit qu'Agathocle ayant pris & pillé Utique ,
y ayant laiffé garnifon , alla camper auprès d'Hippoua-
HIP
HIP
tra , place que la nature même avoir, fortifiée par fa
notation auprès d'un lac : ck qu'après une vigoureufe
attaque il s'en rendit maître , ayant vaincu par mer les
habitans de ce lieu. Il y avoit , félon Diodore , une
autre place de même nom , mais bien plus avant dans
les terres ; car après qu'Agathocle fut repane en Sicile,
fon fils Archagate, qu'il avoit laifTé avec fon armée en
Afrique pour garder & continuer fes conquêtes, envoya
Eumachus un de fes lieutenans généraux , avec lin dé-
tachement contre lesNurnides. Il fe rendit maître de plu-
fieurs villes. L'hiftorien nomme, /. 20, c. 58, entr'au-
tres, Hippou Acra , "lirnv axpa , la fortereffe du cheval,
autre que la ville de même nom, qu'Agathocle avoit prife.
Etienne le Géographe nous débrouille ceci en deux
mots; HlPPUACRA, dit-il, iW^np*, ville de Libye ,
dont l'habitant eft nommé Hippacrita.
Ainfï Hippacrita dans Polybe eft le nom des habitans,
& non celui de la ville qui étoit Hippuacra ou Hip-
pouacra , que fournit Diodore de Sicile. L'Hippagreta
d'Appien eft un mot corrompu. Il y avoit deux villes
d'Hippouacra , que Rhodoman , éditeur Latin de Dio-
dore , rend par Arx equi , \z fortereffe du cheval ; l'une
maritime, qui fut prife par Agathocle , & la même qu'Ap-
pien a décrite ; l'autre dans les terres , qui fut prife par
Eumachus.
HIPPANA, ancienne ville de Sicile , félon Polybe,
l. 1, c. 24. Il dit qu'après le combat naval , entre les
Carthaginois ck les Romains, Amilcar qui commandoit
l'infanterieCarthaginoife , ayant appris, à Païenne , qu'il
y avoit une fédition dans le camp des Romains , au fu-
jet du rang que les légions & les troupes auxiliaires dé-
voient avoir dans les batailles ; ck étant bien informé
que les alliés campoient à part , entre Paropus Se les
bains d'Himera, fondit, tout-à-coup, fur eux pendant
qu'ils étoient encore dans le défordre du décampement,
& en tua près de quatre mille. . . Les Romains furent
quelque tems dans l'inaction en Sicile ; mais après l'ar-
rivée des nouveaux confuls Aulus-Attillus, ck Caïus-Sul-
picius , on marcha vers Païenne , où les Carthaginois
avoient leurs quartiers d'hyver : lorsqu'on fut près de la
ville , on rangea l'armée en bataille ; mais les ennemis
ne fe montrant point , on partit de -là , ck on rabattit
fur Hippana , qui fut inveftie ck prife d'aflaut; on prit
auffi Mytiftrate , ville naturellement forte , dont par
conséquent le fiége dura long- tems. Païenne ck My-
tiftrate , aujourd'hui Miftretta , font allez loin l'une de
1 autre ; ck comme Hippana étoit entre deux , il n'eft
pas aifé de conclute , de ce partage , en quel lieu elle
étoit. De l'Ille la met fur une montagne à l'orient fep-
tentrional de la rivière d'Himera , à-peu-près au lieu où
eft aujourd'hui le comté de Golifano. Etienne le Géo-
graphe , qui avoit lu , en courant , le paftage de Polybe
auquel il renvoie , remarquant feulement que cette ville
étoit aux Carthaginois , la transporte de Sicile en Afri-
que , ck la met aux environs de Carthage.
HIPPARCH1A. Voyez Maronéa.
HIPPARENUM, ville d'Afie, dans laMéfopotamie,
fur le fleuve Narraga , qui étoit un bras occidental de
FEuphrate. Pline, 1.6, c. 26, dit qu'elle étoit fameufe
par la doclrine des Chaldéens , ck que les Perfes en ra-
f'erent les murailles. Le P. Hardouin croit que ce Nar-
raga eft le Maarfares de Ptolomée , ck qu'Hipparenum
eft Barfippa , ville que ce géographe met fur les bords
de ce fleuve, ck que Strabon, félon lui, nomme beau-
coup mieux Borfppa ; d'où une des feftes des aftrono-
mes Chaldéens , prit le nom' dé Borfippenicns.
HIPPARPS, rivière de Sicile, fur la côte méridionale.
Pindare, Olymp. od. s;, parle des canaux qu'elle rem-
plit , ck du bois qu'elle fournit pour bâtir. Elle traverse
le lac nommé par les anciens Camarina Palus, ck par
les modernes Lago di Camarana. Cela fait voir que
c'eft préfentement Fiurr.i di Camarana. Vibius Seques-
ter eftropie ce nom, ck dit: Hypanis, qucm & Hicla-
rim vocant ; ex quo Cameri-is aqua inducla eft. Il faut
lire , Hy paris quem & Hipparim vocant. * Voyez Clu-
vicr, Sicil. ant. p. 196.
HIPPEMOLGI. Voyez Hippomolgi.
HIPPENE , canton de la Palefline. Il prenoit fon
nom d'Hippos, qui en étoit le chef-lieu. Voyez Hip-
POS. I.
3
HIPPEPENE. Voyez Hyp^epa.
1. HIPPI, promontoire d'Afrique, "art* «^ , dans
l'Afrique proprement dite, entre le port de Siur au cou-
chant, ck lacolome d'Aphrodifium au levant méridio-
nal. C'eft préfentement le cap de Ferre , félon Berthe-
lot , dans fa Carte de la mer Méditerranée. * Ptolo-
mée, 1. 4,c. 3.
2. HIPPI , autre promontoire d'Afrique , au fond du
golfe de la grande Syrte. Marmol le nomme il capo di
Sorta. De l'Ille y met une bourgade, nommée Serte,
au fond du golfe de la Sidre. * Ptolomée, 1. 4 , c. 3.
3. HIPPI INSULTE. Strabon nomme ainfi quatre ifles
qui font fur la côte d'Ionie , devant la ville d'Erythrès.
4. HIPPI. Voyez HippagrjEta.
HIPPICOME, "W« **>>» , c'eft-à-dire le village du.
cheval , village d'Afie , dans la Lycie , félon Etienne le
Géographe.
1. HIPPIA, ville de Grèce , en Theffalie, dans la
Perrhebie, félon le même Etienne. Il dit qu'Hécatéé la
nomme Phalanna , *=Aayra , ck Ephorus Phalannum.
2. HIPPIA , campagne fertile ck délicieufe , auprès
de l'embouchure du Cephife. C'eft où vient le meilleur
rofeau , félon Théophrafte , Hift. plant. I. 4. Voyez
Orthe.
HIPPICI montes , "W«* ofw , montagne de la Sar-
matie , en Afie , félon Ptolomée.
5HIPPINI, peuple de l'Afie mineure, félon Pline :
c'étoit le même que les Halydienfes. Le P. Hardouin
foupçonne qu'il faut lire Hipfini de la ville d'Hipsus ,
Ï4<>Ç , que les anciennes Notices eccléfiaftiques mettent
dans la Phrygie falutaire. Voyez Hypsus 3 , ck Ipsus.
HIPPIOPROSOPI , ■U-nuT.^eir», c'eft-à-dire, fact
du cheval, nom d'un peuple d'Anthropophages ou man-
geurs d'hommes , c'eft-à-dire , peu fréquentés ck peu
connus, qui habitait dans l'Inde, en- deçà du Gange,
félon Arrien. *Perip. Mar. Erythr.
HIPPO. Voyez Hippone.
HIPPO Car ausi arum , ville d'Espagne , dans la
Betique, au département de Hispal, félon" Pline, l. 3,
ci , dans les anciennes éditions ; mais le P. Hardouin
fait trois villes de ces deux noms , favoir Orippo , au-
jourd'hui Pailla de dos Hermanas , à neuf mille pas de Se-
ville , Caura ck Siarum ; cette dernière eft à prêtent
1. HIPPOBOTON , prairie de la Médie , où l'on
nourrifloit des chevaux ; on y paflbit en allant de la
Perfide ck de la Babylonie , aux portes Caspiennes , fé-
lon Strabon , /. 11, p. 525. C'eft de- là que l'onprennoit
les chevaux nommés Nifai.
2. HIPPOBOTON argos , la même ville qu'^r-
gos Hinpium. Voyez ARGOS.
3. HIPPOBOTON. yElien,dans fesHiftoires diver-
fes, /. 6, c. 1 , nomme ainfi une terre des Chalcidiens,
en Eubée, laquelle fut prife par les Athéniens, ck par-
tagée en quarante portions, qui furent tirées au fort. Ce
nom vient àe"lw7i-c, cheval, ckde ïéu , paître, ck ligni-
fie un lieu propre à nourrir des chevaux.
HIPPOCEPHALUS, fauxbourg de la ville d'Antio-
che de Syrie , à trois mille pas de la ville , félon Am-
mien Marcellin , /. 21, c. 15.
HIPPOCORONA, 'lwJpmvz, lieu d'Afie, dans la
Myfie, au territoire d'Adramytte, félon Strabon , /. 10,
p. 472.
HIPPOCORONIUM , 'lîTOTKopV/ov , lieu de l'ifle de
Crète , félon le même.
HIPPOCRENE , c'eft-à-dire la fontaine du cheval.
Perse dit en latin Caballinus fons:
. Nie fonte labra prolui Ca.balti.no.
fontaine de Grèce, dans la Béootie. Pline, /. 4, c. 7,
nommant les fontaines qui étoient dans cette province ,
dit : (Edipodie , Psamathé , Dircé , Epicrane , Are-
thufe, Hippocrene, Aganippe, Gargaphie, l'Aganippe
ck l'Hippocrene étoient fur le mont Helicon. Ovide
femble n'en faire qu'une dans ces vers pris du cinquième
livre des Faftes , v. 7 & 8 :
Dicite , quee fontes Aganippidos Hippocrenes ,
GraU Medufsi Jigna tenetis equi.
Tome III, A a a ij
HIP
172
Solin , c. 7, p. 23, édit. Salmaf. les diftingue beaucoup
mieux ; car après avoir nommé l'Aganippe & l'Hippo-
crène , il dit que Cadmus , premier inventeur des let-
tres , trouva ces deux fontaines en courant à cheval ,
lorsqu'il cherchoit un lieu pour s'y établir ; que de-là
les poètes ont pris la licence de dire que l'une d'elles
étoit (ortie de delïbus les pieds du cheval aîlé (Pega'fe,)
& que les eaux de l'une &C de l'autre, étant bues, inspi-
roient la fcïence. Saumaife ïoutient qu'il faudrait dire
en latin Hippucrene , & non pas Hippocrene , qui eft
venu de l'ignorance des copiftes ; car, dit- il, les Grecs
ne difent point en un feul mot 'l-mny.fwti , mais en deux
mots '\71wi xpuwi , & de même que les auteurs Latins ont
dit Menandrus Thaïs, Àlexandru Stephanos, que l'on
trouve dans Pline , ils ont fait Mopfaejlia de M«'4b «s1'*,
& non pas Mopfoeftia , Heliu Trape^a -, & non pas He-
lio Trape\a. C'eft par la même analogie que l'on trouve
Antinou , génitif d'Antinous , pour fignifler la ville d'E-
gypte, qui portoitle nom de ce mignon d'Adrien. Quoi
qu'il en foit , l'ufage eft préfentement pour Hippocrène.
Cette fontaine, fi vantée par les poètes, eft furie pen-
chant de l'Helicon ; cependant Pàufanias qui a décrit
avec un extrême détail jusqu'aux moindres ftatues que
les anciens avoient érigées fur cette montagne , ne fait
aucune mention de l'Hippocrène quoiqu'il parle de l'Aga-
nippe, fontaine qui eft à la gauche, quand on va aubois con-
sacré aux Mufes. Il dit auffi que cette Aganippe étoit fille
de Termefliis , rivière qui coule autour de cette montagne.
1. HIPPOCURA, 'Wzsqi, ville de l'Inde , en-
deça du Gange, au bord de la mer, félon Ptolomée,
/. 7, c. 1.
2. HIPPOCURA, autre ville de l'Inde, en-deçà du
Gange , dans les terres , félon le même : il dit que c e-
toit la réfidence de Balercur ou Baleocur. L'une & l'au-
tre étoit dans l'Ariace.
HIPPODES & Jamnesia : ce font deux ifies de la
mer des Indes , fi l'on en croit Jornandès. Ortélius ,
Thefaur. croit que ces deux noms font corrompus , au
lieu cVHippopodes & Phanefii , peuples que l'on a mal-
à-propos metamorphofés en ifles.
HIPPODIUM ou Hypopôdium, fiege épiscopal ,
au pays des Sarrafins. Il en eft fait mention au concile
de Chalcédoine , félon Ortélius.
HIPPODROME , place deftinée aux courses des che-
vaux & au manège. Il y en avoit une à Rome , une à
Conftantinople , une à Carthage , une à Alexandrie d'E-
gypte & ailleurs.
HIPPOLA, ville ancienne du Peloponnèfe, dans la
Lacohié, félon Pàufanias , /. 3 , c. 25 ; il dit qu'elle étoit
détruite , &• qu'entre fes ruines on voyoit un petit tem-
ple ; dédié à Minerve Hippolaïtide.
HIPPOLAI &
HIPPOLEON. Voyez Ippoleum.
HIPPOLOCHI Villa , lieu de Grèce. Hippocrate
■en fait mention , de Morbis , l. 4.
HIPPOLITI lacus. Voyez TrivijE.
HIPPOMOLGI : c'eft moins le nom particulier d'une
nation qu'une épithéte , qui fignifie des gens quift nmir-
rijfoient du lait des cavales ; ce qui étoit commun à cer-
tains peuples de Thrace , de Sarmatie Se autres,
1. HIPPONE : Hippo & Hipponium,\\\\t & colo-
nie de la grande Grèce , au pays des Brutiens. On la
nommoit auffi VlBO Valentia. Voyez ce mot.
2. HIPPONE, Hippo, ville d'Espagne, félon Tite-
Live, /. 39 , c 30, qui dit qu'il y eut une aclîon entre
les fourrageurs , affez près d'Hippone & de Tolède.
3. HIPPONE LA NEUVE, Hippo nova , ville d'Es-
pagne , entre le Guadalquivif & 1 Océan , dans la Be-
tique , félon Pline , /. 3 , c. 1 , &C par conféquent diffé-
rente de celle deTite-Live , qui étoit dans la Carpetanie.
4. HIPPONE, Hippo, champ de Me de Co : c'eft
de-là que l'on tirait le vin appelle Hippocoum vinum.
5. HIPPONE, Hippo, ville d'Egypte, félon la No-
tice de l'empire, fecl. 18. C'eft la même que celle qu'An-
tonin place dans la Marmarique ou la Cyrenaïque, entre
Darnide & Michera, à vingt-huit mille pas de la pre-
mière , & à trente mille pas de la féconde.
6. HIPPONE, ville dePaleftine. Voyez HiPPOS.
7. HIPPONE , ville d'Afrique : elle étoit nommée
Hippo , & furnommée Diarrhytus , pour la diftinguer
HIP
d'une autre Hippone , auffi en Afrique , dans la Numi-
die, furnommée la Royale, Hippo revins. Pline dit: il
y a là trois caps , le cap blanc , le cap d'Apollon , op-
pofé à la Sardaigne , &c celui de Mercure , oppofé à la
Sicile. Ces trois caps forment deux golfes ; celui d'Hip-
pone , ainfi nommé d'une ville , que l'on appelle Hip-
pone détruite , appellée Dïarrhytum par les Grecs , à
caufe des eaux dont elle eft arrofée. Ces mots Hippone
détruite , en latin ab oppido quod Hipponem dirutum va-
cant, font fuspefts, avec juftice, au P. Hardouin , qui
croit qu'au lieu de dirutum , il faut lire Zarytum , em-
ployé pour Diarytum , comme on a dit Zabulus pour
Diabolus , Zata pour Diana ; ce qui fait voir que le
mot dirutum , détruite , ne convient pas ; c'eft qu'Hip-
poné n'étoit pas détruite du tems de Pline. C'étoit au
contraire une colonie florifiante , comme on le peut re-
cueillir d'une Lettre de Pline le Jeune , /. 9 , Epift. x <f.
Il y avoit auprès de cette ville un lac navigable , d où
la marée fortoit comme une rivière , & où elle ren-
trait , félon le flux & le reflux de la mer. Dans la No-
tice épiscopale d'Afrique , cette ville -étoit le fiege d'un
évêque ; &t l'on y trouve Marianus .Hippo7<aritenfis , de
la province proconsulaire. Dans la Conférence de Car-
thage, il fe trouve deux évêques de cette ville , l'un Ca-
tholique, l'autre Donatifte , favoir Florentin & Viftor.
Ce dernier eft qualifié évêque, Hipponenjtum Zarito-
rum , & Hipponenfis-Diarrhitorum. Cette ville eft nom-
mée Hippo-Zarrhyto dans l'Itinéraire d'Antonin, &
Ipponte Diarito , dans la Carte de Peutinger. L'ano-
nyme de Ravenrie, /. 3 , c. 6, écrit Hippone Zarefion,
èk ?. 5 , c. 5 , Hippon Zarejlum. Strabon donne le fur-
nom de royale à cette Hippone , auffi-bien qu'à l'autre ,
en quoi il fe trompe. Dans le concile de Carthase, tenu
fous S.Cyprien, on trouve le martyr Pierre , évêque de
cette Hippone , & dans la Lettre des prélats de la pro-
consulaire , qui avoient aflifté au concile de Latran , eft
entre les fouscri pteurs Donat Dei gratïa episcopus fanÛte
ecclejzte Ipponiraritenfîs. C'eft préfentement Biferte.
8. HIPPONE LA ROYALE , Hippo regius ; Ptolo-
lomée dit "Iwtîv /Sao-Mfxèr , parce qu'elle étoit dans le pays
des rois de Numidie ; au lieu que l'autre , qui étoit dans
le territoire des Carthaginois, n'étoit nullement royale,
quoique Strabon lui ait donné ce furnom. Procope,
Vandal. l.z, c. A,, parlant de Belifaire, dit :. il vint à
une forte place des Numides, fituée au bord de la mer,
éloignée de Carthage de dix journées de chemin , &c
nommée Hippone la royale. On dispute fi elle étoit co-^
lonie Romaine ; &; la queftion feroit décidée, s'il étoit
bien fur, que ces lettres C. G. I. H. P. A. fur une mé-
daille de Marc-Antonin fignifiaflent CoLONIA Geme-
LIA JULIA HlPPONENSIS PIA AUGUSTA , comme le
prétend Vaillant , de Num. Colon. Cette ville étoit épis-
copale auffi-bien que la précédente , & elle tire (on
plus grand luftre d'avoir eu pour fon évêque S.Augus-
tin , l'une 'des plus grandes lumières qui ayant éclairé
l'églife. C'eft préfentement la ville de Bone , en Afrique.
HIPPON ACRA , pour HlPPOU ACRA. Voyez HlP-
PAGRETA.
1. HIPPONESUS, ville d'Afie, de la Carie, félon
Etienne le Géographe.
2. HIPPONESUS , Ville delà Libye , félon le même.
Cet auteur auroit dû dire plutôt que c'étoient des
ifles , comme le marque leur nom , qui fignifie Yijle du.
cheval. Pline met la première dans le golfe Céramique.
1. HIPPONIATES sinus, golfe d'Afrique ; c'eft
préfentement le golfe , qui eft à l'orient de Biferte. Voyez
Hippone 7.
2. HIPPONIATES sinus , golfe de la mer Tyr-
rhene , fur la côte occidentale du royaume de Naples.
C'eft préfentement le golfe de fainte Euphemie.
HIPPONICA regio ; contrée de Grèce, dansl'At-
tique , félon l' Athénée /. 2, c. 2. Ortélius foupçonne
qu'elle étoit dans l'Attique,- ou peut-être l'Attique
même.
HIPPONITIS LACUS , lac d'Afrique , auprès de la
ville d'Hippone. Voyez Hippone 7.
HIPPONIUM. Voyez Vibo-Valentia.
HIPPONON , ville d'Egypte , entre Antinou &
Aphroditen , félon l'Itinéraire d'Antonin, qui marque
ainfi cette route ;
HIP
HIP
Antlnou ,'•
Peos Arltmidos ,
VIII.
M.
Mufon ,
XXXIV.
M,
Hipponon,
Alyi,
XXX.
M.
XVI.
M.
Timor.epjî ,
xvi.
iM,
Aphrodiun.
:xiv.
M.
Ôrtélius doute fi ce n'eft point la ville d'Hippone , que
la Notice de l'empire place en Egypte.
HiPPOPHAGl : ce nom eft moins le nom propre
d'un peuple qu'une épithéte , qui fignifie des gens qui
mangcoient des chevaux. , Les Grecs ont donné ce fobn-
quet à des Sarmates , à des Scythes , &: à d'autres peu-
ples qui avoient cette coutume.
HIPPOPODES , anciens peuples au feptentrion de
l'Europe , félon Pomponius Mêla , /. 3 , c. 6. Après
avoir dit que dans certaines ifles , vis-à-vis de la Sar-
matie, (c'eft-a-dire dans la n\er Baltique,) il y avoit
un peuple nommé les Otcones, qui fe nourrifloient d'oeufs
d'oifeaux fauvages &C d'avoine ; il y ajoute .qu'il y avoit
des Hippopodes , qui avoient des pieds de cheval. So-
fi'ri, c. 19, edit. Salamaf. parlant de ces mêmes peuples,
la place d'une manière plus obscure ; car il dit fur l'au-
torité de Xénophon de Lampsaque, que du rivage des
Scvthes , en trois jours de navigation , on arrivoit à
l'ifle d'Abalcia, (Saumaife dit Y ifle de Bakhia,) que
cette ifle eft d'une étendue immense,, & presque, fem-
blable à la terre ferme ; (ceci reffemble bien à la Scan-
dinavie,) que peu loin de-là étoient les Oaeones, ha-
bitées par des gens qui vivoient d'oeufs d'oifeaux de mer
& d'avoine , qui venoient fans culture ; que des ifles
voifines étoient habitées par des Hippopodes,, gens qui
reflèmbloient à des hommes en tout , excepté leurs pieds
qui étoient faits en pieds de cheval. Cela vient , fans
doute , d'une forte de chaufïltre mal examinée.
.HIPPOREJE, peuple de l'Ethiopie , fous l'Egypte,
félon Pline, /. 6, c. 30.
HIPPORUM ; ancienne ville de la grande Grèce , au
pays des Brutiens. Antonin, Itiner. la met fur la route
àEquotuticum à Rhegium , entre Scillacium & cette
dernière ville.
Scyllacium,
Cocinthum ,
Sucçelanum ,
Subcijîvum j
Altanum ,
Hipporum ,
Decaftidium,
Rhemum.
XXII. M. P.
XX. M. P.
XXIV. M. P.
XX. M. P.
XXIV. M. P.
XXII. M. P.
XX. M. P.
C'eft préfentement Felo , bourg du royaume de Naples ,
dans la Calabre , près de Rofarno.
1. HïPPOS , ancienne ville de la Paleftine ; elle étoit
célèbre du tems de Jofeph, de Bell. 1. 3 , c. z, &, ca-
pitale d'un petit canton nommé Hippene. Cette ville
étoit au-delà du lac de Tiberiade , , à trente ftades de
la ville de Tiberiade , & à foixante de Gadara , Jofeph ,
de Vkâ fui. Les campagnes d'Hippos &C de Scythopo-
lis étoient limitrophes. L'Hippene, Gadare & la Gau-
lanite bornbient la Galilée , du côté du levant. Cette
ville fut épiscopale, & on trouve quelques-uns de fes
évêques dans les fouscriptions des conciles. Elle eft nom-
mée Hippus entre les onze villes de la féconde Palef-
tine , dont la métropole étoit Scythopolis , dans la No-
tice dé Hieroclès. Celle de l'abbé Milon place Ippus
en Galilée , fous Nazareth , érigée en métropole , à
caufe du refpeft que l'on avoit pour la mémoire de la
nativité, & de l'annonciation de la fainte Vierge. Dans
l'Hiftoire eccléfiaftique de Socrate , lorsqu'il parle du
concile d'Antioche , de l'an 363 , on lit , après Titus de
Boftra, Pierre de Sippon , Petnis Sippon, nirpm "S-W-nav ;
c'eft une faute du copifte qui a joint une S au commen-
cement de ce mot , à caufe de Y S finale du mot pré-
cédent. Il faut lire Pctrus Hippon, n>Vpo{ "L-ra-«|>, comme
le remarque Reland , Palefl. p.8±i. Dans les Actes du
concile de Jerufalem , tenu en 536, il eft fait mention
de Théodore évêque des Hippeniens ,imant>m 'Ittwiiiw ;
c'eft une faute , il faut lire 'Itr-rtHvây. Pline, /. 5 , c. 15
& 18, nomme cette même ville Hippo.
373
., t. HIPPOS, montagne ci village de l'Arabie heu-
reufe, au golfe d'jElana, félon Ptolomee, /. 2, c.j.
. 3. HIPPOS, rivière de Cholchide. Pline,/. 6, c. 4,
dit : entre les villes célèbres , fituées fur le Phafe , eft
Aea , environ à quinze mille pas. de la mer. C'eft là
que 1' Hippos 5c le Cyaneos, grandes rivières qui vien-
nent de deux côtés oppofés, commencent à couler
dans un même lit , & ne deviennent qu'un même
fleuve. Le P. Hardouin explique l'origine de ces deux
noms. VHippos étoit ainfi appelle , à caufe de la rapi-
dité de fa courfe : le Cyaneos , à caufe de la couleur
bleue de fes eaux. Il ajoute que l'un &: l'autre fe per-
doit dans le Phafe. En ce cas il y avoit plufieurs riviè-
res de ces deux noms fur cette côte; car outre les
deux qui tomboient dans le Phafe , on trouve plus au
nord , & en approchant de Dioscuriade , deux autres ri-
vières , aufli nommées Hippos &. Cyaneos , qui avoient
leurs embouchures féparées , & tomboient dans le Pont-
Euxin. Voici comment Ptolomee '; l. 5 , c. 10 , les place ,
Dioscuriale la même que Sebas- Long. Lat.
^topolis, ^ -71 d. 10'. 46d-4y.
L'embouchure del'Hippus, 71 o. 46 30.
N>eaPuIis'u . , - 7i 30- 4Ï 30-
L embouchure du Cyaneos , 71 30. 45 15.
On voit que dans Ptolomee il s'agit de rivières qui avoient
leur embouchure danslePont-Euxin, & par conféquent
elles étoient différentes de toutes celles qui tombent dans
le Phafe. Arrien, Peripl.Pom.Eux.-ç. 10, èdit. Oxon.
qui avoit vifité toute cette côte , avec un extrême foin ,
pour en rendre compte à l'empereur qui l'en avoit chargé,
met au nord du Phafe le Chariente, à 90 ftades, enfiiîte
le Cobus , qui eft à 90 autres ftades ; puis le Singa-
mis, éloigné du Cobus de 110 : il compte enfuite du
Singamis au Tatfuras 1 20 ftades , du Tarfura à l'Hip-
pos 150, de l'Hippos à l'Aftelephe 30 ftades, de-là à
Sebaftopolis. iiù ftades. Ainfi , félon ce détail, il y 'avoit
de l'embouchure du Phafe à celle de l'Hippos 650 fta-
des de côtes ; ce qui revient à vingt-fept ou vingt-huit
lieues. Il faut conclure que l'Hippo d'Arrien , dont Pto-
lomee fait mention, eft très-différent de l'Hippos de
Pline , &c que ce font deux rivières fur la même côte.
Strabon> /. 11 , p. 498, parle aufli de l'Hippos, quife
perd dans le Phalè , & ne connoit que celui-là. Les gens
du pays appellent cette rivière Scheni-Shari.
4. HIPPOS , rivière de la Cholchide. Voyez l'article
précédent.
... H1PPOPHOONTIA Tribus. Paufanias, PoIlux&
Suidas nomment ainfi une tribu de Grèce , dans l'At-
tique.
HIPPOTAMADvE , pattie de la tribu Oeneïde, dans
l'Afrique. Meurfius croit qu'il faut écrire Hippodame'Ladce,
du nom d'Hippodamus Milefien , qui avoit fait cons-
truire une place de marché au Pirée.
HIPPOTAS, village de Grèce, près de l'Helicon,
entre Thèbes & Coronée , félon Plutarque, in Amator.
HIPPOTHOITIS, tribu des Tegéates, au Pelopon-
nèfe , félon Paufanias. Elle prenoit ce nom àïHippo-
thon , au rapport de Suidas. * Ortel. Thef.
HIPPOUACRA, ou
HIPPUACRA. Voyez Hippagretà.
HIPPUCRENE. Voyez Hippocrene.
HIPPUR1S, ifle de l'Archipel, l'une de Cyclades ,
félon Pomponius Mêla , /. 2 , c. 7; & Pline, /. 4, c. 12.
HIPPURISCUS , ifle d'Afie , fur la côte de Carie,
félon Etienne le Géographe.
HIPPURISSURA , ifle de l'Archipel. Cette ifle n'a
d'autre origine que l'erreur des copiftes, qui ont répété
mal-à-propos le nom d'Hippuris , & l'ont corrompu en
le répétant.
HIPPUROS ou Hippuri Portus , port de la Ta-
probane, félon Pline, /. 6, c. 22. Bochart, /. 2 ,€.46,
p. 769, croit que ce nom conferve des traces de l'O-
phir, où alloieht les flottes de Salomon. Voyez Ophir.
HIPPUS. Voyez Hippos &: Hippi.
HIPZARITUM. Voyez Hippone 7.
HIR , "E/p , ou comme écrit l'interprète Chaldéen ,
lieu de la Paleftine , aux confins du pays de Moab.
* K umer. c. 21.
HIRA , montagne de la MefTenie , dans le Pelopon-
374 H1R
nèfe , félon Etienne le Géographe &: Suidas. Homère ,
ïliad.l. i, nomme ce lieu Hire , & Euftathe fon com-
mentateur dit , à cette occafion , que c'eft une montagne
& une ville de la Meflenie.
H1RAH , petite ville d'Arabie. Voyez l'article de
HlSNOUDDAMOULA.
HIRCANIE. Voyez Hyrcanie.
i. HIRE. Voyez Hira.
2. HIRE , ville de l'ifle de Lesbos , félon Euftathe.
HIRENENSIS , fiege épiscopal d'Afrique : on trouve
dans laGonférence de Carthage,/?. 189, edit.Dupin. Ter-
tuilien qualifié Episcopus Hirentnfis. L'Epître iynodique
des évêques de la Byzacene , qui affifterent au concile
de Latran , fous le pape Martin, eft fouscnte par Théo-
dore Episcopus Hirinenjîs.
HIRIA. Voyez Iria.
HIRLAND1. Voyez Irlande.
HIRMEN. Voyez Hendmen.
HIRMIN1UM ou Hirminius, rivière de Sicile,
félon Pline , /. 3 , c. 8. Elle eft dans fa partie méri-
dionale. C'eft préfentement Fiume di Mauli ; vers fon
embouchure on la nomme aufli Fiume di Ragufa,
à caufe d'une ville de ce nom quelle arrofe ; mais plus
haut & en approchant de fa fource, on l'appelle Fiume
di Giaratana , ( Cerretana ) à caufe du marquifat de ce
nom , où elle fort de terre.
HIRPI , familles particulières d'Italie. Pline, /. 7, c. 1,
dit : à peu de diftance de la ville de Rome, au tern-
troire des Falisques , il y a un petit nombre de famil-
les que l'on appelle Hirpi. Tous les ans, dans un facri-
fice qui fefait à Apollon, au mont Sorafte , ils marchent
fans fe brûler fur un grand tas de bois allumé. C'eft
pour cela que , par un décret perpétuel du fénat , ils font
exemts d'aller à la guerre , & de toutes autres charges.
Aruns qui étoit de cet ordre, parle ainfi dans l'Enéide ,
/. 11, v.785 :
Summt Deûm , fancli cujlos Soraiïis Apollo,
Quem primi colimus , oui pineus ardor acervo
Pafcilur , 6- médium freti pietate ptr ignem
Cultores muka premimus veftgia pruna.
Silius Italicus , /. 5 , dit auffi que ces facrifices fe fai-
foient à Apollon ; mais Strabon , /. 5 , p.-ll6, dit
qu'ils étoient en l'honneur de Feronia. Servius , fur le
partage de Virgile, cite Varron, & avertit que ces prê-
tres ne marchoient ainfi fur des brafiers, qu'après s'ê-
tre froté les pieds avec quelque préparation. - -
HIRPINI, les Hirpins, ancien peuple d'Italie, fé-
lon Ptolomée , qui leur donne pour villes ,
H1S
Aquilonia ,
Abellinum ,
Alculanum ,
Fratuolum ,
Pline, /. 3, c, 10, dit : dans la féconde région, les
Hirpins n'ont qu'une colonie , favoir Aufeculani , Aqui-
loni , Abellinates cognomine Protropi , Compfani , Cau-
dini , Ligures qui cognominantur Corndiani , & qui Be-
biani, Vescellani , JÈculani, Aletrini, Abellinates cogno-
minati Marji , &c. Le P. Hardouin croit que les peu-
ples nommés après les Vescellani , n'étoient plus des
Hirpins. Il fe trompe ; les Alcùlani en étoient, comme
on le peut voir dans l'endroit cité de Ptolomée. Ainfi
le pays des Hirpins étoit, où font préfentement la Ce-
dogna , Conça , Eclano, Mirabdla , &c. Strabon,/. 5,
fubfin. les compte entre les Samnites.
Dans la principauté ultérieure , qui faifoit partie des
Hirpins , on trouve Ariano , Acellino , Fregento , Nufco,
S. Agata de Goti. * Noces du P. Chadevoix.
HIRPINUM , ancienne ville d'Italie , au pays des
Hirpins , félon le Biondo. Léandre dit que c'eft pré-
fentement Harpaïa , & que les anciens l'ont nommée
Harpadium. Cette ville eft inconnue aux anciens. *Ortd.
Thef.
HIRRENSES , peuple d'Italie , dans la Campanie. Il
en eft fait mention au Livre des Limites. * Ortd. Thef.
HIRRI , ancien peuple de la Sarmatie , quelque part
vers la Courlande. Pline , /. 4, c. 13 , le nomme avec
les Scyri , les Venedes , êk autres Sarmates : on croit
qu'ils habitoient les provinces de Letten & d'Etonie.
HIRSAUGE, abbaye d'Allemagne, au diocèfe de
Spire , fur le Nagolt , à deux lieues au nord au-deflbus
de Calb , ordre S. Benoît ; elle doit fon origine à la
tranflation des reliques d'un faint , qui furent apportées
d'Italie. Erlafroi, comte de Calve, eut un fils, nommé
Notinge, qui fut fait évêque de Verceil. Notinge, qui
félon fon devoir , réfidoit d'ordinaire dans fon diocèfe ,
voulut un jour repafier en Allemagne pour voir fon père,
& crut qu'il devoit lui faire préfènt du corps de S. Au-
rele , évêque Arménien , qui étoit en fadilpofition. D'a-
bord il eut fcrupule de tirer (es reliques de fon diocèfe ;
mais le faint lui fit connoître en fonge , que fon deffein
lui étoit agréable , & qu'il fouhaitoit qu'on bâtit un mo-
naftere dans le lieu où Dieu rendrait la vue à un aveugle.
Notinge alla donc vifiter les parens en Allemagne , &C
y transféra les reliques du faint. Non loin du château
d'Erlafroi, il y avoit une chapelle dédiée à S. Nazarre,
où il jugea devoir mettre ce précieux dépôt ; &c comme
il l'y portoit , il vint un aveugle qui recouvra l'ufage
des yeux , en préfence de tout le monde. Un miracle
fi évident accrut extrêmement la vénération qu'on avoit
pour le faint; & Notinge, avant que de s'en retour-
ner en Italie, perfuada à Erlafroi de fonder un monaf-
tere dans le lieu même où étoit arrivé le miracle. L'on
en pofa les fondemens l'an 830, & il fut achevé fept
ans après. Erlafroi pria Raban , alors abbé de Fulde ,
de lui donner feize de fes disciples pour le peupler ; ÔC
Raban qui avoit alors 270 religieux dans la communauté,
lui accorda aifément cette grâce. Il y eut dans la fuite
à Hirfauge une école célèbre. Entre les abbés illuftres
qu'a eu cette abbaye , on peut mettre le fameux Tri-
thème , qui en a écrit la Chronique. Cette abbaye a été
ruinée par les Luthériens , dans, ces derniers fiécles. Elle
étoit fur le Nagolt ; Braudrand diftingue mal-à-propos
Hirfauge &C Hirfchau , comme fi c'étoient deux abbayes
différentes. C'eft la même ; & c'eft fous ce dernier nom
qu'il eft ftipulé dans la paix de Weftphalie, que ce mo-
naftere doit être îeftitué à la maifon de Wurtenberg.
* Hift. de L'ordre de S. Benoît, l. 5 , c. 58. Traité d?0}~
nabruck , art. 19.
H1RSCHAU. Voyez Hirsauge.
HIRSCHBERG, ville de Silefie, dans la principauté
de Jauer, fur le Bober. Elle eft aflez peuplée, & eft
connue principalement à caufe des bains qui en font â
un mille , & ausquels elle donne fon nom. Quelques-
uns rendent ce nom en latin par Ctrvimontium. * Hub-
ner , Géogr. Baudrand.
HIRSCHFELD , autrefois abbaye fameufe d'Allema-
gne, fur la rivière de Fulde , au levant du pays de Hefte ,
du côté de la Thuringe. Ce monaftere fut bâti par faint
Lui, évêque de May en ce, disciple Si fucceffeur de faint
Boniface , au VIIIe fiécle. S. Lui y transporta le corps
de S. "Wigbert, premier abbé de Fritzlar, l'an 780; il
y fut enterré lui-même, & le B. Albavin Witta, évê-
que de Burabourg leur ami , qui avoit été leur compa-
gnon fous S. Boniface. Au fiécle fuivant , Raban , ar-
chevêque de Mayence, y dédia une églife en l'honneur
de S. Wigbert. Cette églife fubfifte encore; avec letems
il fe forma une ville auprès de l'abbaye, j L'abbaye a été
fécularifée par la paix de Weftphalie ; & la vijle de
Hirschfeld , & tout ce que l'abbaye poffédoit , eft devenu
une principauté féculiere , que l'on a cédée à la maifon
de Hefle - Caffel. La ville eft petite & ne vaut guères
mieux qu'un bourg. Le nom latin eûHerofelda. *Baillet,
Topogr. des faims, p. 231.
HIS , ville de l'Arabie heureufe : elle eft à une jour-
née , & au midi de Zabid. Les environs & la ville font
très-peuplés. Il y a beaucoup d'eaux courantes , de ter-
res enfemencées & de jardinages. Les montagnes font
au midi de ce pays. * Manuscrits de la Bibl. du roi.
H1SARCI. Voyez Isarci.
HISARCHADUMAN. Voyez Hisarec.
HISAREC , ville d'Afie , au Saganian , proche du
royaume de Catlan , dans la Tartarie , entre la porte de
fer & la rivière de Vacach, à 100 d. 50' de longitude,
& 38 d. de latitude. Elle eft aufii appellée Hifarchadu-
man. * Hiji. de Timur-Bec , 1. 3 , c. 2.
H1SCON1ENSES , ancien peuple d'Italie , félon une
ancienne inscription inférée au tréfor de Goltzius. La-
zius place ce peuple en Italie , dans le Ferentin. Jacobou
dit que c'eft préfentement GuaSTO. Voyez HlSïO-
NiUM. *Ortel. Thef.
HIS
H!U
HISTNGÊ , petite ifle de Suéde , à fembouchure de
la rivière de Trolhete, dans la Manche de Dannemarck.
Sa partie méridionale, où eft fituée la ville de Gotten-
bourg , eft du Weftrogothland ; &C fa partie fepten-
trionale eft en Norvège , dans le gouvernement de Ba-
hus. *Baudrand, édit. 1705.
HISNOUDDAMOULA ou Aldemlow, château
de l'Arabie heureufe , dans l'Yemen , dans les monta-
gnes , au nord d'Aden. C'eft où l'ont gardés les tréibrs
ou roi. Ibn-Saïd dit que ce château eft élevé fur une
montagne , qui s'étend du nord au midi. La force &C
l'aflîette inacceffible de ce château , ont pafle en pro-
verbe , &C on dit : Fort comme Aldenlow. Il a au nord
Hirah , petite ville fort connue , & fituée fur la grande
route des montagnes. * Abulfeda,Dt[a: de l'Arabie /. 14.
HIPAHAN. Voyez Lspahan.
HI.SPAL, &
HISPALIS , ancienne ville d'Espagne , dans la Béti-
tjue, fur le fleuve Eastis, au pays des Turdetains , félon
Ptolomée. Philoftrate la nomme Ispolon , "\stiomv. Elle
eft appellée Spalis dans les Notices , & dans les autres
monumens eccléfiaftiques. Ifidore' dérive ce nom des
pals enfoncés dans un terrein marécageux. Arias Mon-
tanus .plus favant que lui , dit dans une Lettre adreflée à
Ortélius, T/iefaur. Hispalis eft un nom Phénicien, &
vient de Spila ou Spala , qui lignifie une plaine , ou un
pays couvert de verdure , & c'eft ce que l'on voit "aux
environs de Seville ; les Grecs y ont ajouté l'aspira-
tion ; & comme les Arabes n'ont point la lettre P, ils
ne fauroient prononcer Spala ou S pila, ils ont dit Sbilla ;
&t ensuite les Chrétiens en ont fait Scvill: , qui eft le
nom moderne de cette ville. Voyez SêvilLE.
HISPANETA , heu de la Pannonie , félon Anto-
nin , fur la route de Sirmium à Salones , entre Budalia
& les Ormes, à huit mille pas de l'une, & à dix mille
pas des autres. L'édition de Bertius porte Spanua.
,HISPANIA. Voyez Espagne.
HlSPANIENSE pRjEdium, nom d'une terre en Ita-
lie, peu loin de Rome. Symmaque en fait mention dans
une Lettre à Flavien , /. 2 , EpiJi. 86.
HISPANIOLA. Voyez Espagnole, & au mot
SAJNT l'article de S. Domingue.
HISPELLUM , ville d'Italie, en Ombrie , à l'orient
de la ville d'Affife. Strabon, p. 227 , la nomme Élnth^oHj
& Ptolomée, A3 , c. 1, *ltrrihov. Les auteurs Latins écri-
vent Hispellum. C'étoit une colonie furnommée Julia.
Cela fe voit, non-feulement dans le livre des Limites
d'Hyginus , Colonia Julia Hispdlum , mais encore dans
une inscription au Recueil de Gruter , p. 3 5 1 , n. 1.
II. Via Quin. Col. Jul. Hispelli. Les habitans
étoient nommés Hispeltates & Hispellenfes. Ce dernier
fe trouve dans une inscription fournie par Spon , Mis-
cel/an. crud. ant. p. 183. C'eft préiéntement pello.
*Plin.\.%,Epi/I.8.
HISSA. Voyez Issa.
HISTEMO , lieu de la Paleftine. La vulgate lit Ifte-
mo ; quelques nouvelles veillons latines portent EJlemo.
Le Clerc lit EJlhemo , & Schmidt Eschtkemoh. Au Livre
de Jofué, c. 15, v. 50, elle eft nommée avec Hanab &
Haniin ; & au chapitre ai, v. 14, on trouve nommées
Jether&L EJlemo , ou, comme portent les nouvelles ver-
fions latines , Eflcmoa ou Ejthemoa ou Eschth-imoa.
Quelques-uns diftinguent ces places ; d'autres préten-
dent que c'eft une même ville , qui eft comp'ée entre
les villes de Juda , parce qu'elle étoit en effet dans le
partage de cette tribu , & qu'elle eft ensuite nommée
entre les villes facerdotales , parce qu'elle appartenoit
aux Lévites , de la famille d'Aaron.
1. HISTER, habitant de VIfrie.
2. HISTER. Voyez Danube.
1. HISTI , *Uo) , havre de l'ifle Icatie, félon Stra-
bon , /. 14, p. 639.
2. HISTI , ancien peuple entre les Scythes. Ce font
peut-être les la/la de Ptolomée. * Plin. 1. 6 , c. 17.
HISTLEA , en francois Histjée , ville maritime de
de l'ifle d'Eubée, fous le montTelethrius , près de l'em-
bouchure du fleuve Callas. Elle étoit fituée fur un ro-
cher , & fut enfuite nommée Oreum, c'eft-à-dire ville
de montagne. Voyez OREUM.
HISTO , ancien bourg d'Espagne , dans la nouvelle
3 75'
Caftille , à neuf lieues de Cuença , vers le midi occi-
dental , félon Baudrand. On croit que c'eft l'Hifiùmum.
des Ceitibériens.
HISfONlUM, ancien bourg d'Italie , dans la qua-
trième région, félon Pline,/. 3 , c. 11. Dans le Tréior
de Goltzius, on lit municipes HisTONlENSES. -Sto-
lomée , /. 3 , c. 1 , donne Lstonium au peuple Fren-
ta.nl ; ôt^Froiitiii, de colon, p. 109, fait mention de la
colonie d'Iftouium dans leSamnium. Il eft à croire que
le peuple nommé HlSCONIENSES , dans une inscription
de Gruter, eft le même que les Hijlomens ; c'eft pré-
fentemenr Guasto di Aimone.
HISTORIUM. Voyez Istropolis.
.HISTRIA. Voyez Istrie.
HISTRICA ClVlTAS , ancien nom de Capo d'Is*
TRIA. Capitolin dit , dans la Vie de Maxime : fuit His~
triœ exciatum eo tempore ; ut autem Dexippus dicit ,
Htfiricœ civitatis. C'étoit la même ville que l'on nom-
moit Hiftria & Hiftrica civitas,
HIT, ville d'Allé, dans l'Irac-Arabi, fur l'Euphrate ,"
entre Caufa ScKerbela, félon l'hiftorien de Timur-Eec
/. S, c. 37.
HITA , petite place d'Espagne, dans la nouvelle Cas-
tille, fur une montagne près de la rivière de Henarés ,
a cinq lieues au-delius de Guadalajara , & preseme au
milieu entre Siguença & Alcala de Henarès , félon Bau-
drand , éd. 1705. C'eft hCefadaàes Ceitibériens.
HITAZUM. Voyçz Nitaium.
HIFCH1N, bourg d'Angleterre, dans la province
d'Hertford. On y tient marché public. *Etatprifent de
la Gr. Bretagne, t. I.
HIlH ou -Hyeth , ville maritime d'Angleterre:
c'eft un des huit ports qui ont de grands privilèges , &
dont les députés au patlement font appelles barons des
cinq ports , parce qu'originairement il n'y en avoit que
cinq ; mais à préfent il y en a huit. Celui de Huh ou
Hyeth eft dans la province de Kent D'Auditrer, GéoT.
t. 1 , dit qu'il eft défendu par un bon château. Les an-
ciens, dit-il, l'ont connu fous le nom de Portus Lema-
nis : il fut fort fréquenté des Romains , comme on le
connoît par un grand chemin pavé , ou voie militaire,
qui va de-là à Cantorbtri. Cependant ce port eft pres-
que abandonné , parce que les fables l'ont presque rem-
pli.
HITTOU ou Itto , ville des Indes , dans l'ifle d'Am-
boine. De l'ifle la nomme Isou.
HITUS , ville de la Comagéne , entre Catamana Se
Nifus , félon Simler, qui cite un manuscrit d'Antonin.
* Ortd. Thef.
1. HIU , ville de la Chine, dans la province de Ho-
nan , au département de Caifung , première métropole
de la province. Elle eft plus occidentale que Pékin de
3 d. 36', par les 35 d. 6' de latitude. * Atlas Sinenfis.
2. HIU , ifle du Japon , dont le P. Aleveyda dit
qu'elle a cent lieues de circuit , & fe divife en quatre
provinces. Ce millionnaire ajoute qu'il en trouva les ha-
bitans beaucoup plus polis que ceux de l'ifle de Ximo,
où il avoit long-tems demeuté : fur quoi le P. de Char-
levoix , dans ("on Hiftoire du Japon , /. 3 , ne balance
point à croite que l'ifle de Hiu eft l'ifle Xicoco , la troi-
fiéme en grandeur de celles du Japon ; d'autant plus que
cette ifle i'e trouvoit allez naturellement fur la route que
faifoient les PP. Ftoez & Alméïda,& qu'un des quatre
royaumes , qui partage l'ifle de Xicoco , fe nomme Yo,
ou Ijo , & c'eft celui où les deux millionnaires dévoient
aborder. Voyez XlCOCO & Ixo.
. HIVENCHUN , forterefïe de la Chine, dans la pro-
vince de Fokien , au département de Pumuen , première
forterefle de la province. Elle eft plus occidentale que
Pékin de 46', par les 24 d. de latitude. * Atlas Sinenfis.
HIVERNAUX , abbaye de France. Voyez IviR-
NAUX.
HIUGIN, fortererefle de la Chine , dans la province
de Suchuen , au département de Jungning, première
forterefle de la province. Elle eft plus occidentale que
Pékin de 14 d. 30', par les 26 d. 54' de latitude. * Atlas
Sinenfis.
HIUGNIN , ville de la Chine , dans la province de
Quanton , au département de Hoeicheu , quatrième mé-
tropole de la province. Elle eft plus occidentale que Pe-
376
HOA
HOA
kin de i d. 6', par les 23 d. 45' de latitude. * Atlas Si-
nenfis.
HIULCA PALUS, marais de la baffe Pannonie , au-
près de Cibales, félon Aurelius Victor , Epitom. p. J9,
dans la Vie de l'empereur Conftantin. Vinet veut qu'on
lifeVuLCA. Ortélius avoit cru d'abord que c'eft le même
lac que les Hongrois appellent B alaton, tk les Allemands
PlatsÉE ; mais il changea enfuite de fentiment.
HIUNG , forterefle de la Chine , dans la province
de Quanton , au département de Taching , première
forterefle de la province. Elle eft plus occidentale que
Pékin de 6d. 30', par les il d. 30' de latitude. * Atlas
Sinenfis.
HIVORTH , bourg d'Angleterre , dans la province
de Wilts ; il a droit de tenir marché public. * Etat
préfent de la Gr. Bretagne , t.'l.
HIUTAI , ville de la Chine , dans la province de
Nankin, au département de Fungyang, féconde métro-
pole de la province. Elle eft de 1 d. 38' plus orientale
que Pékin , fous les 34 d. de latitude. * Atlas SinenJLs.
HIYUNG , forterefle de la Chine , dans la province
de Iunnan , au département deLingan, troifiéme mé-
tropole de la province. Elle eft de 14 d. 14' plus occi-
dentale que Pékin, fous les 13 d. 18' de latitude. * Atlas
Sinenjîs.
HIZIRZADENSIS, fiege épiscopal d'Afrique, dans
la Numidie , félon la Notice d'Afrique , où il eft fait
mention de Vlgilius Hiiirçadenfis. * Harduin. Collect.
conc.
1. HO, petite région d'Angleterre , entre le Medway
6 la Tamife, à l'orient de Gravefende ; l'air y eft mal-
fain. Clife en eft le principal lieu. * Corn. Dift.
2. HO , ville de la Chine , dans la province de Su-
chuen , dans le département cle Chungking , cinquième
métropole de cette province. Elle eft de 10 d. 56' plus
occidentale que Pékin, à 30 d. 50' de latitude. Près de
cette ville eft la montagne de LuNGMUEN , fur laquelle
étoit un très-riche temple d'idoles , avec une bibliothè-
que , compofée de trente mille volumes Chinois. On la
nommoit la bibliothèque de Siyuli , du nom de celui qui
l'avoit commencée. * Martini , Atlas Sinenfis.
3. HO, montagne de la Chine, dans la province de
Kiangnan , aux confins de celle de Huquang , près de
la fource de la rivière de Hoai. * Martini , Atlas Si-
nenfis.
4. HO , ville de la Chine , dans la province de
Xenfi , au département de Linyao , fixiéme métropole
de la province. Elle eft plus occidentale que Pékin de
13 d. 4', par les 36 d. 50' de latitude. * Atlas Sinenjîs.
5. HO , ville de la Chine , dans la province de
Quangfi , au département de Pinglo , quatrième métro-
pole de la province. Elle eft plus occidentale que Pékin,
de 6d. 8', parles 25 d. n' de latitude. * Atlas Sinenfis.
6. HO , ville de la Chine , dans la province de Su-
chuen , au département de Chungking , cinquième mé-
tropole de la province. Elle eft plus occidentale que
Pékin de jo d. 56', par les 3od. 50' de latitude. * Atlas
Sinenfis.
7. HO , ville de la Chine , dans la province de
Channfi, au département de Pingyang, deuxième mé-
tropole de la province. Elle eft plus occidentale que
Pékin de 5 d. 50', par les 37 d. 40' de latitude. * Atlas
Sinenfis.
1. HOA, ville de la Chine, dans le Pekeli , fous le
département de Taming , feptiéme métropole de cette
province. Elle eft de 2 d. 43' plus occidentale que Pékin,
à 36 d. 20' de latitude. * Martini , Atlas Sinenfis.
2. HOA , ville de la Chine , dans la province de
Quanton, au département deKaocheu, feptiéme mé-
tropole de la province. Elle eft de 5 d. 56' plus occi-
dentale que Pékin , fous les 23 d. 10' de latitude. * Atlas
Sinenfis.
3. THOA, ville de la Chine , dans la province de
Xenfi , au département de Sigan , première métropole
de la province. Elle eft plus occidentale que Pékin de
7 d. 46', par les 3 «; d. 49' de latitude. * Atlas Sinenfis.
HOACHIE , contrée de la Tartarie , près des mu-
railles de la Chine. Elle eft divifée en deux barrières ,
& eft fur la rivière de Chikin ou de Chirin-Pira. *Hift.
générale des Huns, t. 4, p. 239.
HOAI , rivière de la Chine , dans la province de
Kiangnan : elle a fa fource aux confins de la province
de Huquang , d'où ferpentant vers le nord-eft , elle re-
çoit en chemin diversesrivieres , entr'autres, celles d'iN
ex: d'iNG , puis fe recourbe vers l'eft-nord-eft , pane
auprès de Xeu, reçoit la rivière qui vient de Lucheu,
puis celle de Co ôc de Vi ; & après avoir lo. g-tems
ferpenté vers l'eft , elle fe tourne vers le nord , s'élar-
giffant beaucoup ; puis enfin elle va tomber dans la ri-
vière Jaune , déjà voifine de fon embouchure, auprès de
Hoaigan. * Martini, Atlas Sinenfis.
HÔAICIE , ville de la Chine, dans la province de
Quangfi , au département de Gucheu , cinquième mé-
tropole de la province. Elle eft plus occidentale que
Pékin, de 6d. 14', parles 24 d. 16' de latitude. * Atlas
Sinenfis.
HOAIGAN, ville de la Chine , dans la province
de Kiangnan , dont elle eft la huitième métropole. Elle
eft de 2 à. 12' plus orientale que Pékin à 34 d. 17' de
latitude. Ce font , à proprement parler , deux villes conti-
guës l'une à l'autre ; la plus méridionale s'appelle Hoai-
gan, l'autre Yenching ; elles font encore aggrandies
par un fauxbourg d'un mille d'Allemagne de longueur , qui
s'étend le long du canal qui aboutit à la rivière Jaune. On y
voit une fi grande foule d'habitans, & une telle abon-
dance de denrées , tant de marchands qui vont & qui
viennent , que cela fuffiroit pour faire plufieurs villes.
C'eft le fiége d'un viceroi chargé des provifions pour
la cour , & qui a l'intendance fur lesfept provinces mé-
ridionales , où il fait affembler tout ce qu'il faut pour
la cour', 6k le fait remonter à Pékin par eau, après
avoir examiné fi tout eft bien conditionné.
Il y a aufli deux bureaux dans le fauxbourg": dans l'un
on paye l'impôt des marchandises, &. dans l'autre, les
droits des navires qui ne font pas au roi , félon ce
qu'ils contiennent & félon leur grandeur ; une partie
eft deftinée pour entretenir le canal , {es chauffées , Se
refaire les éclufes ; celle qui entre dans les coffres de
l'empereur eft aflez forte. Il y a trois chutes d'eau fur
ce canal au feptentrion delà ville; mais la première,
qui eft la plus proche de la rivière d'Hoai , eft la plus
difficile de toutes; car l'eau en tombe avec grande im--
petuofité, & defeend d'uue rivière qui vient de fort
haut. Pour empêcher qu'elle ne couvre & ne fubmerge
tout le pays d'alentour , on la retient par le moyen des
grandes digues qu'on a élevées , & d'une forterefle qu'on
y a bâtie , qui fe nomme Tienfi, c'eft-a-dire , qui vole du
Ciel, entendant par ces mots ce grand nombre d'eaux,
qui, d'un heu fort élevé, fe précipitent en bas. Les navires
ont de la peine à furmonter ces dangereux paflages;
c'eft pourquoi on entretient quelques centaines d'hom-
mes des deniers du roi , qui tirent les navires avec des
cables , en tournant des roues ; & même difficilement
viendroit-on à bout de la violence & impetuofité de
de l'eau , fi on ne s'étoit avifé de la retenir par le moyen
d'une autre éclufe qu'on y a bâtie. Cette ville eft fituée
dans un lieu marécageux , mais qui ne laiffe pas de pro-
duire beaucoup de riz & de froment. La ville eft riche
& embellie d'ouvrages publics &r particuliers, qui font
tous magnifiques. Tout ce pays eftdivifé par des rivières,
& arrofé de fes lacs. Il y a dix villes dans le départe-
ment de celle-ci , lavoir :
Hoaigan ,
Cingho,
Gantung,
Taoyven ,
Moyang ,
Haio ,
Ganyu ,"
Pi,
Sociven ,
Ciuning.
Sous l'empereur Yvus ce pays étoit de la province
d'Yangcheu. Il appartenoit premièrement aux rois d'U,
après ceux d'Iûe, & enfuite à ceux de Çu , fous la fa-
mille de Cina. Hoaigan n'étoit encore qu'une cité;
ce qui eft moins qu'une ville à la Chine, & on la
nomma Hoaiyn. La famille de Hana la nomma Linhoai.
Celle de Sunga lui a donné le nom qu'elle porte au-
jourd'hui , avec le rang & la qualité de ville. J'ai vu ,
dit le père Martini , plus de cailles & de faifans dans
ce pays qu'en aucun autre. Il y a aufli plufieurs tem-
ples
HOA
HOA
pies magnifiques , Se fur-tout quatre tours qui font fort
hautes.
HOAIGIN , ville de la Chine , dans la province de
Channfi , au département de Taitung , troifiéme métro-
pole de la province. Elle eft plus occidentale que Pé-
kin de 4d. 15' , par les40 d. n' de latitude. * Atlas
Sinenfis.
HOAIJO, ville de la Chine, dans la province de
Pékin, au département de Pékin; première métropole de
la province. Elle eft plus occidentale que Pékin de}', par
les 40 d. 15' de latitude. * Atlas Sinenfis.
HOAIKING , ville de la Chine, dans la province
de Honan, dont elle eft la cinquième capitale. Elle eft
de 4 d. ^5' plus occidentale que Pékin, à 36 d. 10'
de latitude. Son territoire eft fort petit ; d'ailleurs l'air
y eft fain Se fort tempéré , 6c le terroir très-fertile. Il
eft borné au nord par des montagnes, Se au midi par
la rivière Jaune. Les villes de fon département font :
377
Hoaikin ,
Vuche ,
Ciyuen ,
Meng,
Siyevûû,
Ven.
Dans le partage que fît l'empereur Yvus, ce paysappar-
tenoit à la province de Ki. La famille impériale de
Xanga la nomma Xinui , Se celle de Cheva Sanyven.
Du teins des rois , elle s'appella tantôt Guei , puis
Quel, Se enfuite Ching. La famille de China l'appella
Sanchuen ; celle de Hanae , Honui; celle de Tanga, Hoai-
cheu; & la famille de Taiminga , Hoaiking. Un roi de
cette famille y faifoit fa réfidence ordinaire. Elle n'a
que trois temples qui foient confidérables. Elle produit
de bonnes fimples , pour la médecine dont elle fournit
les autres provinces. Au nord de la ville eft le mont
Tai, qui s'ouvrit autrefois avec grand bruit ; il s'y for-
ma une caverne de trois cents toiles , d'où il fort une eau
foitumineufe, épaifle Se grafle; on s'en fert au lieu
d'huile , en beaucoup de chofes ; le goût n'en eft pas
desagréable.
1. HOAIYVEN , ville de la Chine , dans la province
de Kiangnan , au département de Fungyang , féconde
métropole de la province. Elle eft de 2' , plus orien-
tale que Pékin , fous les 314 d. de latitude. * Atlas
Sinenjîs.
I. HOAIYVEN, ville de la Chine, dans la province
de Quangfi, au département de Lieucheu, féconde mé-
tropole de la province. Elle eft plus occidentale que
Pékin de 9 d. 5 ' , par les 26 d. de latitude. * Atlas
Sinenfis.
HOAMA, forterefle de la Chine, dans la province
de Xenfî , au département de Jungchang , première for-
terefle de la province. Elle eft plus occidentale que Pé-
kin de 9 d. 3', par les 38 d. 20' de latitude. * Atlas
Sinenjîs.
HO AMHO , rivière de la Chine ; fen nom veut dire
la rivière Jaune, parce que les terres qu'elle entraine,
fur-tout au tems des pluies, lui donnent cette couleur.
J'en ai vu plufieurs autres, dit le P. le Comte , dont
les eaux, en certains tems de l'année, font (i épaifles Se
fi chargées de limon, qu'elles reflèinblent plus à des
torrens de boue , qu'à de véritables rivières. Le Hoam-
ho prend fa fource à l'extrémité des montagnes , qui
bornent la province de Soutchouen , [Suchuen , ) à l'oc-
cident ; de-là il fe jette dans la Tartarie , où il coule
quelque tems le long de la grande muraille, par laquelle
il rentre dans la Chine , entre les provinces de Chanfi
Se de Chenu" , Zanjî 8c Xenji. Il arrofe enfuite celle
de Honan , traverfe une partie de la province de Nan-
kin , coule plus de fix cents lieues dans les terres , fe
jette enfin dans la mer orientale , près de l'embouchure
du Kiam. Il eft par-tout fort large Se fort rapide , mais
peu profond ck peu navigable. Ce fleuve a fait autre-
fois de grands ravages dans la Chine , Se on eft encore
obligé aujourd'hui d'en foutenir les eaux , en certains
lieux , par de longues 8c de fortes digues ; ce qui n'em-
pêche pas que les villes d'alentour n'en craignent en-
core les inondations. On a eu foin, dans la province
de Honan , dont les terres font baffes , d'entourer la
plupart des villes , à un demi-quart de lieue des murs ,
d'une levée de terre , revêtue de gazon , pour fe pré-
cautionner contre les accidens , en cas que les digues
fe rompent , comme il arriva vers l'an 1643 ', car l'em-
pereur voulant obliger un rebelle, qui tenoit depuis long-
tems la ville de Honan étroitement aflîégée , à fe reti-
rer, fit rompre une partie des digues pour noyer l'ar-
mée ennemie. Mais ce fecours fut plus funefte que
ne lui auroit été la fureur des afliégeans : presque
toute la province fe trouva inondée avec plus fleurs
villes , Se un grand nombre de villages ; plus de
trois cents mille perfonnes furent fubmergées dans la
capitale; Se quelques-uns de nos mifîîonnaires, qui y
avoient alors une nombreufe chrétienté , y perdirentla
vie. Le plat pays eft , depuis ce tems , devenuuneefpece
de marais. Le traducteur de l'Hiftoire généalogique des
Tatars met cette rivière Hoangfo ; & la trouvant nom-
mée CARA Mur AN , par fon auteur , en explique ainfi le
cours, p. 357. Cette rivière que les Chinois appellent
préfentement HoANGSO , eft une des plus grandes du
inonde ; elle a fa fource à 23 d. de latitude , fur les
confins de Tangut Se de la Chine , dans un grand lac ,
qui eft enclavé dans les hautes montagnes, qui fépa-
rent ces deux états ; Se courant de-là vers le nord , elle
côtoie, à-peu-près, les frontières de la province de
Xienfi Se du Tangut jusques à 37 d. de latitude, où
elle fe jette hors de la grande muraille pour arrofèr le
Tibet; elle continue enfuite de courir au nord iusques
vers les 39 d. 30' de latitude ; revenant au fud-eft, elle
pafle derechef la grande muraille vers les 38 d. de lati-
tude , St rentte dans la Chine ;^puis elle pourfuit fort
cours au fud-eft jusques vers les 34 d. 20' de latitude ,
qu'elle tourne à l'eft ; court toujours fur la même di-
rection, jufqu'à ce qu'elle fe dégorge dans l'océan de
la Chine à 34 d. de latitude , après un cours de plus de
•j 00 lieues d'Allemagne. Les eaux de cette rivière ne font
pas bonnes à boire ; car elles font fort troubles 8c ar-
gilleufes, Se tirent fur le jaune-brun : elles prennent cette
mauvaife qualité du falpêtre dont les montagnes qu'elle
baigne au dehors de la grande muraille , font remplies ;
car depuis fa fource jufqu'à ce qu'elle fe jette hors de
la muraille, fes eaux font fort bonnes Se claires. C'efl
à caufe de cette couleur brune de fes eaux que les Chi-
nois lui ont donné le nom à' Hoangfo ou de la rivière
brune , Se les Tartares celui de Cara-Muràn, ou de lai
rivière noire ; cependant les Chinois , par le moyen de
l'alun, précipitent ce qu'il y a de fale dans ces eaux, Se
les rendent potables. Comme cette rivière ne fait pas
moins de 200 lieues parmi des montagnes Se des ro-
chers d'une hauteur exceflîve , il y vient tomber de tous
côtés une fi grande quantité d'eau dans le printems Se
l'automne , qu'elle eft très-fujette à fe déborder , Se à
faire des ravages épouvantables dans les provinces voifi-
nes; les Chinois en ont eu fouvent de fort triftes ex-
périences. Elle eft encore fi rapide , qu'il eft impof-
ble de la remonter à la rame ou à la voile : il
faut qu'on tire les bateaux qu'on veut faire remonter
par des chevaux ou par des hommes. Cependant, quoique
cette rivière foit par-tout d'une grande largeur , elle n'eft
navigable qu'en fort peu d'endroits , à caufe de la grande
inégalité de fon fond; elle n'eft pas trop poiflbn-
neufe non plus ; ce qui pourrait^ être un effet de la
mauvaife qualité de fes eaux. * Mémoires fur Citât pré-
fent de la Chine, t. I. p. 191.
HO AN , ville de la Chine dans la province de Xenfî »
au département de Kingyang , feptieme métropole. Elle
eft de 9 d. 15' plus occidentale que Pékin , fous les
37 d. 40' de latitude. * Atlas Sinenfis.
HOANG , haute montagne de la Chine, dans la pro-
vince de Kiangnan , au territoire de Hoeicheu , quator-
zième métropole. On y compte vingt-quatre petits ruif-
feaux 8c trente-deux fommets qui font fort hauts ; Se en-
tre fes cavernes , dix-huit qui font fort obfcures. * Atlas
Sinenfis.
2. HOANG, ville delà Chine, dans la province de
Channtor, au département de Tengcheu, cinquième
métropole de la province. Elle eft plus orientale que
Pékin de 4 d. par les 37 d. 3', de latitude. * Atlas
Sinenfis.
HOANGCHEU , ville de la Chine , dans la province
de Huquang dont elle eft la cinquième métropole. Elle
eft de deux d. 50' plus occidentale que Pékin , à 3 1 d.
23 ' de latitude. Cette ville eft fituée fur le bord f'epten-
trional du Kiang , qui en baigne les murailles. Elle ell
Tome III. Bbb
378 HOA
fort peuplée & fort riche, & il y arrive fans ceffe des
marchandifes& des barques: elle eft devenue fort célè-
bre , à caufe qu'un roi de la famille de Taiminga y a eu
fa réfidence , & qu'il s'y trouve une forte de ierpens^,
dont on fe fert pour guérir la lèpre & la gale. Il y croît
une forte d'abfinthe , que les médecins appellent blanc,
pour marquer fon excellence ; les Chinois s'en fervent
contre la brûlure. Du tems des rois , ce pays étoit du
royaume dcHoang; les rois de Çu s'en rendirent maî-
tres enfuite : la famille de Hane le nomma Silo; la
ville a reçu le nom qu'elle porte aujourdhui de la fa-
mille de Tanga. Tout le terroir en eft cultivé , excepté
au nord, où les montagnes commencent à être plusroi-
des. Ce territoire comprend neuf villes , favoir ,
HOC
Hoangcheu ,
Hoanggan .
Lotien ,
Kixui,
Maching ,
Ki,
Hoangpi ,
Hoangmui
Hoangci.
Au nord de la ville eft la montagne de Cuipao , où l'on
trouve des pierres qui , étant expofées au foleil , devien-
nent rouges , &T. d'autres jaunes , & gardent quelque tems
cette couleur , peut-être comme les pierres de Bologne.
* Atlas Sinenjïs!ï
HOANGCHUEN , fortereffe de la Chine , dans la
province de Suchuen , au département de Jungning , pre-
mière fortereffe de la province. Elle eft plus occiden-
tale q*ue Pékin de 14 d. 15' par les 27 d. 8'de latitude.
* Atlas Sincnjïs.
HOANGCI, ville de la Chine, dans la province de
Huquang, au département de Hoangcheu, cinquième
métropole de cette province: elle eft de 1 d. 3' plus
occidentale que Pékin , à 30 d. 55' de latitude. * Atlas
Sincnjïs.
HOANGGAN, autre ville de la même province,
fous la même métropole: elle eft de 3 d. io' plus oc-
cidentale que Pe^ln; fa latitude eft de 31 d. z6'.* Atlas
Sincnjïs.
HOGANGMUI , autre ville de la Chine ,.au même
département : elle eft de 2 d. 2' plus occidentale que
Pékin, à 31 d. 30' de latitude. * Atlas Sincnjïs.
HOANGNIEN , ville de la Chine , dans la province
de Chekiang , au département de Taicheu , dixième
métropole de cette province : elle eft de S d. plus orien-
tale que Pékin, à 18 d. 18' de latitude. Auprès de cette
ville eft le mont Guciyu, qui a cela de fingulier que
toutes les pierres , tant grandes que petites , y font car-
rées. Les Chinois , naturellement fuperftitieux, regardent
ces jeux de la nature, comme quelque chofe de merveil-
leux. * Atlas Sincnjïs.
HOANGPI , ville de la Chine , dans la province de
Huquang, au département de Hoancheu , cinquième mé-
tropole de cette province : elle eft de 3 d. 26' plus
occidentale Pékin, à 31 d. 30' de latitude. * Atlas
Sincnjïs.
HÔANGPING, fortereffe de la Chine, dans la pro-
vince de Suchuen, au département de Jungning, pre-
mière fortereffe de la province. Elle eft plus occiden-
tale que Pékin, de 10 d. 54' , par les 28 d. 15' de lati-
tude. * Atlas Sincnjïs.
HOANGTAO , fortereffe de la Chine, dans la pro-
vince de Queicheu , au département de Sucheu , féconde
métropole de la province. Elle eft plus occidentale
que Pékin , de 8 d. 33', parles 27 d. 25' de latitude.
* Atlas Sincnjïs.
HOARACTA. Voyez Organa.
HOATING, ville de la Chine , dans la province de
Xenfi, au département dePingleang , quatrième métro-
pole de la province. Elle eft de 9 d. 59', plus occiden-
tale que Pékin, par les 37 d. 4' de latitude. * Atlas
Sinenjïs.
HÔAYN, ville de la Chine, dans la province de
Xenfi , au département de Sigan, première métropole
de la province. Elle eft plus occidentale que Pékin
de 7 d. 34', par les 35 d. 52' de latitude. * Atlas
Sincnjïs.
HOAYUNG, ville de la Chine, dans la province
de Huquang , au département d'Yocheu , feptiéme mé-
tropole de la province. Elle eft de 5 d. 26' plus oc-
cidentale que Pékin, fous les 29 d, 55' de latitude.
* Atlas Sinenjïs.
HOBA. Voyez Choba.
HOBORDENE ; ce mot s'étoit gliffé dans beaucoup
d'exemplaires de Ptolomée , au lieu deBoLBENE, con-
trée de la grande Arménie. * Ortel. Thef.
HOBRO ,ou Hebro, ville deDanemarck, au Tut-
land, dans le diocèfe dArrhulén, entre la ville d'Ar-
hulen & celle d'Alborg , à fix lieues de celle-ci , ôi à
dix de celle-là. * B audrand , édit. 1705.
HOCCONIENSIS, fiége épifcopal d'Afrique, dans
laNumidie , félon Ortélius. Il taut lire Bo<.comcnJu ou
Buccomussis. Voyez à ce dernier mot.
HOCHBERG , marquifat , château (k petit pays d'Al-
lemagne , au cercle de Suabe. 11 eft enclavé dans leBris-
gaw ; mais il confine , vers l'orient , avec la feigneurie
dl/Jcnbcrg; c'eft l'ancien patrimoine de la maUon de
Bdde,queBertholdI, duc deZeringen, donnaàHerman,
fon fils pumé. Il ne portoit alors que le titre de feigneurie,
& coniiftoit feulement en trois bourgs ; il s'aggrandit
confidérablement par différentes acquifitions que firent
les marquis de Bade de la branche de Hochberg. Henri
frère d Herman VI, marquis de Bade, eut cette ieigneu»
rie en partage ; &C l'empereur Frideric II , lui donna le
Brisgaw , vacant par la mort le Berthold V , duc deZe-
ringen ; Philippe , qui fat le dernier de la branche de
Hochberg , fit , l'an 1490, un concordat de fucceffion
mutuelle avec Chtiftophe , marquis de Bade , fon coufin.
L'empereur Maximihen I confirma ce concordat , l'an
1499. & Philippe étant mort fans enfans mâles , quatre
- ans après , Chriftophe fe mit en poffeffion de fes états ,
malgré les prétentions de Louis d'Orléans, ducdeLon-
gueville , qui , ayant épousé Jeanne , fille unique de Phi-
lippe , croyoit en être l'héritier légitime ; mais après de
longues conteftations , il renonça à fes prétentions ,
moyennant deux cents cinquante mille florins d'or, &£
le comté de Neuf-Châtel. Erneft , marquis de Bade-Dour-
lac , obtint de l'empereur Charles-Quint , que la feigneu-
rie de Hochberg, auroit dorénavant le titre de marqui-
fat dans les lettres d'inveftiture , &c qu'elle auroit vois
6k féance dans le collège des princes , comme princi-
pauté de l'empire; ce marquifat a été ainlî Appelle du
château d' Hochberg, qui eft aux confins du Brisgaw :
il n'y a de bourg remarquable qaEmeningcn. * D'Au~
difrct , Geogr. t. il,p. 1 87.
HOCHELAGA, nom que Jacques Quartier donna à
la grande rivière de S. Laurent au Canada , après qu'il
l'eut découverte. Il parle aufli d'une ville de même
nom , dont Champlain& d'autres François qui ont voyagé
plus loin que lui , ne font point de mention. Laet, lad.
occidA.r ,c.\<), dit que quartier étant monté jufqu'à
l'IJle de B acchus ,méCentement Y IJle d'Orléans , s'avança
un peu vers l'oueft , & rencontra un port fort commode,
où il mouilla , & l'appella de Sainte Croix. Les fauvages
y avoient une habitation &C un village nommé Stadaca ou
Stadacona : à l'approche de l'automne , il y fit bâtir une
maifon pour y paffer l'hiver. Pendant que les ouvriers
travailloient , il entreprit, le 19 de Septembre 1535 , de
vifiter la rivière plus avant. Les rivages d'un côté &£
d'autre étoient revêtus de forêts & de bocages remplis
de hauts arbres & d'un grand nombre de vignes , mais
qui ne portoient que de petits raifins aigres , faute de
culture. Le fleuve couloit doucement par un canal
agréable , bordé à droite & à gauche de plufieurs vil-
lages & habitations de fauvages, qui vivoient principa-
lement de poiffon : à vingt-cinq lieues au- deffus du port
de Sainte-Croix, le fleuve s'étreciffoit , & ferré par un
détroit, roidiffoit fon cours par-deffus des pierres &
des rochers cachés fous l'eau ; ce qui le rendoit difficile
à naviger. Les fauvages appelloient ce lieu Achelaciou
Achelay. Ayant enfuite monté , pendant neuf journées,
il entra dans un grand , de douze lieues de long , de cinq
ou fix de large , & de deux brades de profondeur en
plufieurs endroits; il reçoit l'eau de plufieurs rivières qui
entre-coupent quelques petites ifles , & de-là il court par
un canal , fe répand de nouveau dans un autre lac ,
d'où jufqu'à Hochclaga , il y avoit quarante-cinq lieues.
Dans tout cet efpace le fleuve eft fort plat , & feule-
ment navigable avec de petits bateaux. La ville à'ffo-
chelaga étoit fituée à fix ou fept lieues du rivage, dans
un terroir fort bien cultivé, où il y ayoit quantité de
HOC
HOE
chênes & de fapins , & des champs fort fpacieux ferries
de maïs , dont les naturels fe fervoient au lieu de bled.
Elle étoit munie en rond d'un rempart de bois , fait de
traverfes defommiers entravés l'un dans l'autre , avec des
pieux pointus couverts de planches dedans 6k dehors : l'en-
trée au haut étoit remparée d'ais , 6k l'on y montoit
avec une échelle; il y avoit un grand monceau de pier-
res & de cailloux ; 6k de-là les habitans auroient pu en
fureté chaffer l'ennemi du rempart avec ces pierres,
s'il fefût efforcé d'entrer. La ville n'avoit que quarante
ou cinquante maifons bâties de même matière, cou-
vertes d'écoce d'arbre , longues au plus de cinquante pas,
êk larges de quinze ; chacune étoit divifée en petites
chambres, avec un foyer prelqu'au millieu. Les habi-
tans avoient leurs provifions 6k autres chofes en com-
mun : leurs mets étoient du pain de maïs , qu'ils ap-
pelaient caracomi , des fèves , des pois , des melons ,
des concombres 6k du poiffon defféché au foleil 6k au
vent : ils le gardoient pour l'hiver. Ils s'habilloient de peaux
de bêtes fauvages , 6k en faifoient leurs lits fur un plan-
cher un peu relevé de terre. Ils ne voyageoient point
pour trafiquer comme les autres fauvages , 6k s'appli-
quoient uniquement à cultiver la terre , à chaffer ci à
pêcher. Ils plongeoient dans la rivière les corps de leurs
ennemis "ou des leurs mêmes, fi on en faifoit mourir
pour quelque forfait, après les avoir découpés en lon-
gues taillades aux parties les plus mufculeufes ; ils les y
laiffoient pendant douze heures, 6k enfuite ils les en
retiroient, formant des carcans de ces incifures. Ils ho-
noroient beaucoup leur Cacique , qu'ils portoient par-
tout fur leurs épaules , affis fur des peaux de bêtes
fauvages.
HOCHELACA , eft une boutgade fauvage que Jac-
ques Cartier trouva au bas de la montagne qui donne
le nom à l'ifle de Montréal, dans la nouvelle France,
& qui n'exiftoit plus dès le tems de Champlain, quoi-
qu'alors on donnât encore le nom d'Hochelaga au
fleuve S. Laurent , 6k à tout le pays des environs de
Montréal. Les fauvages, qui habitoient ce village , étoient
des Hurons , ou du moins parloient une dialecte de la
langue Huronne. Leurs cabanes , au nombre d'environ
cinquante , reffembloient à des tonnelles de cinquante
pieds de long , & de quinze de large au plus : chacune
contenoit plufieurs familles féparées par des cloifons :
toutes étoient bâties de pièces de bois entrelacées de
branches d'arbres , avec un enduit de terre , 6k fans
autre cheminée qu'une ouverture au-deffus du foyer ; &
c'eft la manière dont les nations de la langue Huronne
fe logent. La bourgade étoit de figure ronde, 6k fer-
mée de trois enceintes de paliffades , au deffus desquelles
il y avoit d'efpace en efpace des galeries , où l'on mon-
toit avec des échelles , ck qui étoient garnies de pierres
& de cailloux pour la défenfe de la place: il y avoit
de femblables galeries au-deffus de la porte de chaque
cabane. Les habitans d'Hochelaga vivoient de chaffe ,
de pèche, 6k du travail de leurs mains ; car ils culti-
voient la terre , 6k femoient du maïs , des melons , des
citrouilles 6k des fèves , comme ont toujours fait les
Hurons, les Iroquois , &Ctous les peuples méridionaux
du Canada. * Notes du P. Charlevoix.
m HOCHENWARTH, abbaye de religieufes Bénédic-
tines , dans la haute Bavière, aumidi du Danube , au
fud-eft de Neubourg.
HOCHEU, féconde grande cité de la Chine, dans
la province de Kiangnan. Elle eft de i d. plus orien-
tale que Pékin , par les 2 d. 50' de latitude. Cette cité
a dans fon département une autre ville, fçavoir, Hanxan.
* Allas Sinenjis.
HOCHI , ville de la Chine dans la province de
Quangfi , au département de Kingyven , troifiéme mé-
tropole de la province. Elle eft plus occidentale que
Pekïn de 10 d. 38' par les 25 d.6'de latitude. * Atlas
Sinenjis.
HÔCHSTAT, Hochstet , château Se petite ville
ou bourg d'Allemagne , en Bavière, fur le Danube, à
-trois milles au deffus de Donavert, 6k à un mille
au-deffous de Dillinghen. Le duc de Bavière, aidé
de l'armée de France , y remporta une victoire fur les
troupes impériales commandées par le comte de Stirum
le 10 Septembre 1703, ck l'année fuivante (le 13 Août
1704 , ) le même duc y fut défait par le prince Eu-
379
gène , ck par le duc de Marlborough : l'armée francoife,
commandée par le maréchal de Tallard , y fit une iï
grande perte , tan t par le nombre des morts , que par celui
des prifonniers,quelesreftes eurent bien de la peine à
regagner le Rhin. Cette déroure fut le premier avantage
coniidérable queles alliés euffent remporté fur la France
durant cette guerre. * Mémoires du tems.
HOEIKE , (les) branche de Tartares. Ils habitoient
vers les fources des fleuves Ancoret ck Selinga. Ils s'éten-
doient jusqu'aux environs du lac Pikal. Ils étoient des-
cendus des anciens Hiognou ou Huns, ck fuivoient
les mêmes coutumes. Ils campoient fous des tentes ,
avoient de grands troupeaux ; ce qui leur faifoit recher-
cher le voifinage des rivières ck des prairies. Onlesappel-
loitauffi Raotche , c'eft-à-dire, hauts chariots , parce que
leur chariots étoient élevés fur de grandes roues. Vers l'an
616 , Tchulokhan , empereur des Turcs défit plufieurs de
ces hordes; 6k par les cruautés qu'il exerçacontre les chefs,
il tût caufe que cette nation fe révolta contre lui , ck fe
nomma un chef qui porta le titre de Kikin. Ileutunfils
nommé Poufaqui lui fuccéda , ck fournit plufieurs nations.
Il avoit établi fon campement , au nord de fleuve Toula.
Cette nation s'empara , dans la fuite , de tous les pays
que les Turcs poffédoient en Tartarie, ck devint très-
puiffante. Leur empire fut détruit vers l'an 849. * Voytr
l'HiJloire générale des Huns par de Gui"ues , 1. I-
p. 131.
HOCIN, ville de la Chine, dans la province de
Channfi , au département de Pingyang , féconde métro-
pole de la province. Elle eft plus occidentale que Pé-
kin de 7 d. 25' , par les 36 d. 50' de latitude. * Atlas
Sinenjis
HOCKELEN. Voyez Heukelum.
HOCKERLAND, (l') contrée du royaume de
Pruffe, ck l'un des trois cercles du pays , MonHubner,
Geogr. p. 730. On y comprend la Pomejanie qui en
fait partie. Elle eft prefque entourée de tous côtés, par
la Pruffe Polonoife ck par la haute Pologne. Les prin-
cipaux lieux font :
Marienwerder, ville frontière vers la Pomerelle.
Holland , ville ck château peu loin d'Elbing.
Gilgen bourg , aux frontières de Pologne.
C/iri/ibourg , ville ck château.
Rifenbourg , ville 6k château , autrefois refidence de
l'evêque de Pomefanie.
OJitrode , ville ck château.
HOCKESV/AGEN , petite ville d'Allemagne , dans
le cercle de Weftphalie , au duché de Berg fur la Vip-
per entre Wipperford, ckElverveld. * D'Audifree, t. 3,
p. 254.
HODEN, ville d'Afrique, dans la Nigritie , au
royaume de Gualata. C'eft la même ville que Guaden.
Voyez ce mot.
HODNET, bourg d'Angleterre dans la Schrews-
bury. On y tient marché public. * Etat préfent de Ij.
Gr.Bret.t. 1.
HODOMANTI, ancien peuple de Thrace, parmi
les Odryfes, félon Pline, /. 4, c. 11. Ils étoient auprès
del'Hebre, félon Solin. Voyez Odontomantes.
Cet article tiré d'Ortelius , eft défectueux en plufieurs
chofes. L'édition de Pline, du P. Hardouin, porte Am-
plement Odomantes, ck enfuite un point. Cequifuit,
(lavoir Odryfarum gens') fe raporte à l'Hebre qui a fa
fburce chez les Odryfes , ck n'a aucun rapport avec les
Odomantes. Solin parle des Odryies , ck ne dit rien
des Odomantes. Ces Odomantes, au refte , étoient les
habitans de I'Odomantice de Ptolomée. Voyez
ce mot.
HODSDON , bourg d'Angleterre , dans la province
d'Hertford. II a droit de tenir marché public. * Etat
préfent de la Gr. Bret. t. I.
HOECHTS , ville d'Allemagne, au pays de l'élec-
teur de Mayence , fur le Mayn , à une lieue de Franc-
fort. Elle eft petite, mais fort jolie. Corneille , qui n'en
fait qu'un bourg, dit qu'il eft fermé de murailles, 6k
que les fortifications en font remarquables. La rivière de
Middo y paffe , ck remplit les foffés du château qui eu
eft féparé par un foffé auffi large que profond. Ce châ-
teau paffe pour, un des plus beaux 6k des mieux bâ-
TomelII. Bbbij
38o HOE
tjs d'Allemagne. Cette ville appartient à l'ele&eur de
Mayence.
HOEFT , félon Corneille , ou Hovet on Hooft ,
(élon André Cellarius , auteur d'une Defcription de la
Pologne p. 484 , fortereffe de la Pruffe Polonoife , fur
la pointe où la Viftule fe partageant , envoie une partie
de l'es eaux dans le Frifchhaff , & l'autre dans la mer
Baltique au-deffous de Dantzig. Cette place a été plu-
sieurs fois prife & reprife durant les guerres des Suédois
& des Polonois.
I.HOEI, ville delà Chine, dans la province de Xenfi,
au département de Cungchang , cinquième métropole de
la province. Elle eft plus occidentale que Pékin , de
10 d. 9', par les 35 d. 34' de latitude. * Atlas Si-
nenfis.
.2. HOEI , ville de la Chine, dans la province de
Honan, au département de Gueihoei, quatrième mé-
tropole de la province. Elle eft plus occidentale que
Pékin,, de 3 d. 38', parles 36 d. 36' de latitude. * At-
las Sinenjîs.
HGElCHANG/ville delà Chine, dans la province
de Kianfi, au département de Cancheu , douzième mé-
tropole de la province. Elle eft de 1 d- 3 5 ' plus occi-
dentale que Pékin , fous les 25 d. 30' de latitude. * Atlas
Sinenfis.
1. HOEICHEU , ville de la Chine, dans la province
de Kiangnan, dont elle eft la quatorzième métro-
pole. Elle eft de 55' plus orientale que Pékin ; la hau-
teur du pôle y eft de 30', 18'. C'eft la ville la plus
méridionale de la province. Elle a reçu fon nom de la
famille de Sunga. Il y a beaucoup de montagnes dans
fon territoire qui comprend fix villes, favoir,
HOG
Hoeicheu ,
Kimuen,
Hieuning ,
In,
Vuyven ,
Cieki.
Elle pafle pour une des plus riches villes de la Chine,
à caufe de fon grand commerce. L'air y eft bon fk
tempéré ; les habitans ont beaucoup d'induftrie ck de
génie ; ck il n'y a point de ville dans tout l'empire , pour
peu qu'elle foit marchande , qu'on n'y trouve quelqu'un
de Hoeicheu. Il n'y a même ni banque , ni change ,
ni lieu où l'on prête de l'argent, où les habitans de Hoei-
cheu ne foient entre les principaux intérefles. Ils font
ménagers , vivent de peu , & de ce qui fe trouve aifé-
ment ; ils font hardis ck entreprenans dans les affaires
du négoce. C'eft dans cette ville que fe fait la meilleure
encre de la Chiné. On ne trouve point ailleurs de meil-
leur thé. La rivière de Singan pafle auprès de Hoeicheu.
* Atlas Sinenfis.
2. HOEICHEU, ville de la Chine, dans la pro-
vince de Quantung , ou Canton, dont elle eft la qua-
trième métropole : elle eft de 2 d. 46' plus occiden-
tale que Pékin, à 23 d. 9' de latitude. Son territoire
pafle pour le meilleur terroir de toute la province. Il
eft très-bien expofé ck fort agréable; le fol en eft
gras , ck il y a quantité de fources ck de fontaines. On
y compte dix villes , favoir ,
Hoeicheu,
Polo,
Haifung,
Hoyven,
Lungchuen ,
Changlo ,
Hiugning,
Hoping,
Changning,
Junggan.
Leangho , la nomma LeanGHOA; Suiu,LuNGCHEU;
la famille de Tanga, Haifung ; mais celle de Sunga
lui donna le nom qu'elle garde encore à préfent. Elle eft
proche de la mer ; aufli abonde-t-elle en poiffons , en
huitres,en écreviffes,en crabes & autres coquillages. Cette
mer produit des tortues fi groffes , qu'à les voir de loin
on diroit que ce font des écueils ou des rochers. On
dit plus ; on allure en avoir vu qui portoient fur leur
dos des arbriffeaux ck des herbes. Les Chinois travail-
lent fort bien en écailles de tortue. On y pêche aufli
l'hoangcioyu, qui eft un poiflbn jaune ou plutôt un oifeau ;
car durant l'été il vole fur les montagnes ; après l'au-
tomne il fe jette dans la mer , ck devient un poiflbn qui
ne fe pêche qu'en hyver , ck qui eft fort dléicat. Le
P. Martini rapporte ce fait fans aucun correftif. On re-
marque à Hoeicheu trois temples ck deux ponts ; l'un
qui eft à l'orient , a quarante grandes arcades , ck joint les
bords des deux rivières qui s'y affemblent; l'autre au
couchant fur le lac de Fu.NG, eft tout de pierre avec
des éclufes , pour en faite fortir autant d'eau qu'il en
faut pour arrofer les terres femées du riz. Ce lac a dix
lys de circuit , avec deuxifles où les habitans ont fait bâtir
quelques maifons de plailance. Le lac eft coupé par un
pont qui va d'une ifle à l'autre, &. les jqint au rivage
qui eft bordé d'arbres avec des jardins de plaifance.
HOE1CHUEN , fortereffe de la Chine , dans la
province de Suchuen , au département de Cienguei , pre-
mière fortereffe de la province. Elle eft plus occidentale
que Pékin , de 14 d 53', par les 27 d. 19' delatitude.
* Atlas Sinenjîs.
HOEILAI , ville de la Chine , dans la province de
Quanton , au département de Chaocheu , cinquième mé-t
tropole de la province. Elle eft plus occidentale que
Pékin , de 1 d. 40' , par les 23 d. 40' de latitude.
* Atlas Sinenfis.
HOEINING, ville de la Chine, dans la province
de Xenfi , au département de Cungchang , cinquième
métropole de la province. Elle eft de n d. 20' plus
occidentale que Pékin, par les 37 d. 25' de latitude.
* Atlas Sinenjîs.
1. HOEITUNG, ville de la Chine, dans la pro-
vince de Quanton , au département de Kiengcheu, dixiè-
me métropole de la province. Elle eft plus occiden-
tale que Pékin , de 6 d. 49' , par les 19 d. 20' de la-
titude. * Atlas Sinenjîs.
2. HOEITUNG , cité de la Chine, dans la province
de Huquang, au département de Chingchieu, première
grande cité de la province. Elle eft plus occidentale
que Pékin , de 7 d. 46' , par les 27 d. 40' de latitude.
* Atlas Sinenjîs.
HOEKIA, ville de la Chine, dans la province de
Honan , au département de Oueihoei , quatrième mé-
tropole de la province. Elle eft plus occidentale que Pé-
kin, de 3 d. 56' , par les 36 d. 27' delatitude. * Atlas
Sinenjîs.
HOELO , ville de la Chine , dans le Pekeli , au dé,-
partement de Chinting, quatrième métropole de la pro-
vince. Elle eft plus occidentale que Pékin , de 3 d.
par les 38 d. 42' de latitude. * Atlas Chinenjis.
HOEN , lieu de la Libye, habité par les Phœni-
ciens , félon l'Hiftoire mêlée, /. 16 , citée par Ortelius ,
Thefaur. Le même lieu eft nommé Tingis par Procope,
Vandal. 1. 2.
HOENFURT , Altum - Vadum , abbaye d'hommes ,'
ordre de Cîteaux, au royaume de Bohême dans le cercle
Pifek.
HOENYVEN , ville de la Chine , dans la province
de Channfi , au département de Taitung , troisième mé-
tropole de la province. Elle eft plus occidentale que
Pékin , de 3 d. 50' , par les 40 d. de latitude. * Atlas
Sinenfis.
riÔERNLIN , montagne de Suiffe, dans le Thurgov.
* Etat & Dél. de la SuiJJe, t. 3. p. 169.
HO F ALISE, petite ville des Pays-bas , félon Bau-
drand. L'auteur du Dictionnaire géographique des Pays-
bas , dit Homf ALISE , ck n'en fait qu'une feigneurie dans
le Luxembourg , entre Baftoigne ck Salme , à deux
lieues ck demie de l'une ck de l'autre. L'abbé de Lon-
guerue, Defcr. de la France, 2. part. p. 199, dit quele
feigneur de HoFFALISE étoit un des quatre pairs du
comte de la Roche. .
HOFF , ville d'Allemagne, en Franconie, aux con-
fins de la Bohême. Elle eSt affez belle , Se appartient aux
margraves de Bareut. Il y a un fort beau collège. Elle
eft , auSîi-biert que Wonfidel , dans le Voigtland , dans
lequel ces deux places doivent être comptées, & par
confequent dans la Saxe , ck ne font attribuées à la
Franconie , qu'à caufe de leur fouverain qui eft du cercle
de Franconie.
HOGELANDE. Voyez Hoghlande.
HOG'R ouHadgre , ville de l'Arabie heureufe , diffé-
rente de Hag'r dont nous avons parlé en fon lieu.
Celle-ci, comme le remarque De la Roque dans.fes
Notes fur fa traduction de l'Arabie d'Abulfeda , eft dans la
région d'Yamamah ou de Bahrain , presque à l'extré-
mité de l'Arabie, du côté du levant. Cette ville,
HOH
HOH
dit Abulfeda , eft, félon Almoshtarec , une ville célèbre
& la principale dans Yamamah , ayant la même longi-
tude & la même latitude qu'Ymamah. ( En ce cas , ce
3*1
comtes d'Hohen-Ems font iffus d'une ancienne maifon
de Rhetie. Thierri , feigneur d'Alten-Ems , fe trouva au
tournoi de Cologne , l'an 1169; fes defcendans l'ont
feroit la même ville. ) Quelques auteurs, pourfuit Abul- divifés en deux branches , favoir la Romaine , dont eft
! J;,'~" r- ! " ' ■'• " -'"'" jour- le duc d'Altemps , &c l'Allemande qui a eu pour chef
feda, difent que fa diftance d'Yamamah eft d
née & d'une nuit de chemin : On affure qu'Ymamah ik
Hog'r font la demeure de la tribu de Hanifah , & d'une
partie de la tribu de Maddar. C'eft à Hog'r que font
les tombeaux des martyrs ( Mahometans ) qui refterent
dans le combat de Mofeilemah le faux Prophète , fous
le califat d'Aboubekre le Jufte. Hog'r eft fituée entre
l'occident & le feptentrion (c'eft- à-dire au nord-oueft)
Jacques-Annibal , fils puîné de Wolfgang-Thierri &: de
Claire de Medicis. Elle eft fous-divifée en deux autres,
qui font celle de Hohen-Ems qui a vendu le comté de
Galerata aux Vifconti de Milan , & celle de Wadutz
qui poffede auffi les feigneuries de ScHELLENBERG ,
de DORENBEURN & de LUSTENAU.
HOHENFURT, Alto-Vaium, abbaye d'hommes,
d'Yamamah , à la diftance de deux dations de l'une &c de ordre de Cîteaux , dans la Bohême , au cercle de Bekin.
l'autre. Allebab écrit qvie Hog'r eft une ville d;
l'Yemen, quia donné naiffance à Ahmed, fils d'Abdalah-
Àlazbi fameux poëte , lequel a été furnommé le poète
(Plfog'r. De la Roque reproche à D'Herbelot, aureur
de la Bibliothèque orientale , de ne pas affez diftin-
guer cette ville d'Hog'r &c celle de Hag'r , & d'attri-
II a une magnifique eglife.
HOHEN-GEROLDS-ECK, baronnie d'Allemagne,
en Suabe. C'eft la même que Gerolds-Eck ; l'une
dans la Suabe , qui eft celle-ci ; & l'autre dans l'Alface ,
vers les monts de Vauge. Il appelle la première Hoen-
Gerolds-Eck , pour la diftinguer de l'autre. Il dit, en
buer à cette dernière ce qui ne convient manifeftement parlant de celle de Suabe , qu'elle eft à l'entrée de la
qu'à l'autre. forêt noire entre l'Ortnaw & les feigneuries de Lahr
1. HOGHLANDE, (l'isle de) ifle du golfe de &: de Mahlberg. Il ajoute: les anciens feigneurs de
Finlande, par les 60 d. de latitude, pour le milieu Gerolds-Eck defcendoient de Gerold, fils de Hîldebrand,
ou environ, & vers le 45e d. 30' de longitude. Elle duc deSuabe. Jacques étant mort fans enfans mâles , le
eft longue & s'étend du fud-.eft au nord-eft. Cette ifle, z6 Juin 1634, l'empereur Ferdinand II donna cette
dit Olearius, Voyage de Perfe, t. I , 1. 2, p. 69, tire baronnie à Adam-Philippe, comte de Cronberg , auquel
' fon affiV—
fon nom de la hauteur de fon affiette qui paroît fort
élevée dans la mer; elle a trois lieues de- long Se une
de large. On n'y voit que des rochers , des fapins &C
des broflailles. Il y vit quelques lièvres qui deviennent
blancs l'hiver, comme par-tout ailleurs en Livonie.
Tout le pays eft fort rude & couvert. Elle eft à douze
grandes lieues de la terre ferme.
Le traducteur d'Olearius écrit HoGLANDE.
ï. HOGHLANDE , ifle de la mer des Indes , au nord
de la partie la plus orientale que l'on connoifle de la terre
des Papous, &c au nord-eft delà nouvelle Bretagne, à
2 d. de latitude méridionale, &C à 165 d.de longitude.
3. Il y a une troifiéme ifle de ce nom , à l'extrémité
feptentrionale de la Carpentarie , au 1 50e d. de longi-
tude, &t au 10e de latitude méridionale. De l'Ifle écrit
HOGELANDE.
HOGUE. (la) Voyez Hougue.
HOHENBÈRG, château d'Allemagne , danslecomté
de même nom , dont il eft le chef-lieu , dans la Suabe
Autrichenne, vers la fource du Neckre. * D'Audifret.
Geog. t. 3.
Le Comté de HohenberG, petit état d'Alle-
magne , en Suabe , dans les états de la maifon d'Autriche ,
il en avoit accordé l'expeètative.
HOHEN-KOTTENHEIM , bourg d'Allemagne,
dans la Franconie ,dans la baronnie de Sainsheim, qui
fait partie de l'état du prince de Schwartzenberg.
HOHENLOE, château d'Allemagne, en Franconie,
au comté dont il eft le chef-lieu , &L auquel il donne
fon nom.
Le Comté de Hohenloe', pays de Allemagne,
en | Franconie , entre l'archevêché de Mayence, l'évêché
de Wurtzbourg , le margraviat d'Anfpach , le comté
d'Oetingen , le territoire de Hall , le comté de Lceu-
venftein , le duché de Wurtemberg , &- l'ordre Teuto-
nique; il a été ainfï nommé d'un château litué dans
l'OttenWaldt ; le pays en eft bon &c fertile. Il feroit
riche, s'il y avoit plus de commerce ; fes principaux;
bourgs font,
Sinderingen fur lé Kocher .
Eringen ,
Waltenberg ,
Langenbourg fur le Jakt.
Les comtes de Hohenloe defeendent de Craton qui vivoit
vers l'an 897, fur la fin du neuvième fiécle ; ils étoient
autrefois très puiffans ; mais les partages qu'ont faits les
entre le duché de Wurtenberg & la principauté de Fur- différentes branches dont leur famille eft compolée , les
ftenberg. L'empereur Rodolphe I l'acquit par fon mariage ont affoiblis ; Louis-Cafimir , & Everard , fils de George ,
avec Anne de Hohenberg. Il a environ cinq lieues de font les chefs des branches principales de Nevenftein
long &C quatre de large. Il confiftoit en quatre baillia- & Waldenbourg ; la première a produit celles de Weic-
ges; mais les comtes de Zimmern vendirent ceux de kers/ieim & de Langenbourg, & poffede les bailliages de
Nagoltz &: d'Oberndorf aux ducs de Wurtenberg. WlL- Weichersheim , de Schroiberg,SHollenbach, de Neven-
LINGEN , gros bourg fur la Birg , qui dépendoit autre- Jiein & de Langenbourg, &c la belle terre de Wilmers-
fois du landgraviat de Bar , fut bâti par les ducs de dorf ' ; la féconde a! produit celles de Pfoedelbach , & de
Zaringen, & paffa de la maifon de Furftenberg en celle Schillings/un, & poffede les bailliages de Meinard
d'Autriche. Le bailliage d'Orben eft féparé; & il eft
entre l'ancien comté de Tubingen , au duché de Wur-
tenberg , &c la principauté de Furftenberg. Rotenbourg,
qui eft dans ce bailliage , eft fur la Neckre. Elle
fiit détruite par un tremblement de terre, &c rebâtie
l'an 1171.
HOHENECK , château d'Allemagne , en Franconie ,
auprès de Vindsheim. 11 eft ruiné ; c'étoit le chef-lieu
d'un bailliage, dont le principal bourg s'appelle Apps-
SHEIM. 11 appartient à la maifon de Culmbach. * Zeykr ,
Francon. Topogr./J^i.
SUnttr~-Steinbach , de Heïmbach , de Sindringtn , de
Bartenjlein , de Waldenbourg , de Pfoedelbach , & de
Scliiblingfurt. Ces comtes poffedent encore une partie
du comté de Gleichen dans la Thuringe , dont ils ont
hérité par la mort de Philippe-Erneft , dernier comte de
Gleichen , qui avoit époufé Marie-Agnès feeur de George-
Frideric de Craton , & de Philippe Erneft , Comte de
Hohenloe , qu'il nomma fes héritiers , s'il mouroit fans
enfans, ce qu'il confirma par un concordat de fucceflîon
mutuelle. Comme la-plus grande partie du comté de
Gleichen relevoit des ducs de Saxe, en qualité de land-
HOHEN-EMS , ou Hohen-Embs , petit pays d'Aile- graves de Thuringe , ils refuferent long-tems de ratifier ce-
magne, aux confins delà Suiffe. Le comté d'Hohen- concordat, &c ne le firent qu'à la charge que les autres
Ems , dit D'Audifret , Géog. t. 3. p. 175, eft à l'extré- biens, &t même les allodiaux , releveroient aufli de leur
mité de la Suabe , fur la frontière du canton d'Appen- domaine ; de forte que Philippe-Erneft étant mort fans
zel, dont le Rhin le fépate , entre le comté de Mont- enfans, les comtes de Hohenloe en furent invertis. Ils
fort & celui de Bregentz. C'eft un pays fort monta- ont auffi des prétentions fur le comté de Zlcgenhain en
gneux, mais affez fertile en grains. Il porte le nom d'un qualité d'héritiers d'Elifabeth de Hanav , petie-fille de
vieux château qui fervoit de réfidence aux comtes de Jean , dernier comte de Ziegenhain , qui avoit époufé
Hohen-Ems, qui en ont depuis fait bâtir un autre. Ils Ulric, comte de Hohenloe.
poffedent auffi la feigheurie de "Wadutz , ainfi appellée HOHEN-RECHBERG, petit pays d'Allemagne,
d'un bourg, qui eft à un mille de Feldkirch, fur une dans la Suabe, avec titre de comté. Il eft presque dans
montagne, au pied de laquelle le Rhin coule. Les le Rensthal ou vallée de Rens , entre le duché de Wur-
38i
HOI
HOL
tenberg, la baronnie de Limbourg , & les territoires d'Ulm
& de Gemund ; il porte le nom d'un ancien château
qui étoit poflèdé par les maréchaux de Calatin. Hilde-
brand , troifiéme rils d'Henri & d'Anne , fille unique ,
_& héritière d'Albert, feigneur de Biberbach , eut en
partage lafeigneurie de Hohen-Rechberg. Albert, un de
ies defcendans , acheta celles de Staufineck , de Falcken-
Jicin , de Wofchelbourg , &C de Beum , avec plufieurs autres
terres qui relevoient des ducs d'Autriche ; Vit II acquit ,
l'an 1446, les terres de Reichenbach , & de Deuzdorf:
Conrad fut fait baron de l'empire par l'empereur Maxi-
milien II. Gebhard acheta les feigneuries de Rechberg-
haujen & de Scharpfmbzrg ; Si Gafpard-Bernard fut
élevé par l'empereur Ferdinand II. à la dignité de
comte de l'empire ; mais fon fils n'ayant laiffé qu'une
Fille, qui époufa Maximilien-Guillaume comte de Sty-
rum , cette dignité pafla à fes coufins de la branche de
Jean ; les comtes de Rechbergfont de la même maifon
que ceux de Pappenheim ; ceux-ci viennent de Rodolphe ,
fils aine de Henri, maréchal de Calatin; &c ceux-là
defcendent de Hildebrand, frère de Rodolphe ; ils font
partagés en plufieurs branches ; Bernard Beron, comte,
régent de Rechberg , étoit grand maréchal de la cour de
l'électeur de Bavière , & a élevé des enfans de Marie
Jacqueline, fille d'Antoine , comte de Fugger.
HOHEN-SAX. Voyez Alt-Sax.
HOHENSÉE, lac du royaume de Prime , fur les
confins de la Lithuanie, à l'orient de la rivière de
Goldap , dans laquelle il fe décharge. * Homan, Carte
de la Pruffe. Robert de Vaugondy , Atlas.
1. HOHENSTEIN, bourg d'Allemagne, dans la
Franconie : la maifon de Barreut le tient en fief du roi
de Bohême, avec le château de HAUSECK.
2. HOHENSTEIN ou Hohenstein, bourg d'Alle-
magne , au bas comté de Catzenelnbogen.
3. HOHENSTEIN, comté d'Allemagne , dans la
Thuringe , aux frontières de la principauté d'Anhalt.
Ilfa eu Tes comtes particuliers dont la famille eff éteinte.
Les biens de ce comté font venus en partie à l'évêché
d'Halberftad , en qualité d'arriere-fief, favoir les bail-
liages de Kettenberg & de Lohre , qui ont été enfuite
donnés par l'électeur de Brandebourg, pour qui cet
évêché a été fécularifé aux comtes de Sayn & de Wit-
genftein , comme fiefs relevans de cet électeur qui fe
qualifie toujours comte de Hohenftein. Le bailliage de
Hohenfrein a paffé aux comtes de Schwartzenbourg.
* Hubncr, Géogr. p. 496 & 589.
4. HOHENSTEIN, vieux château d'Allemagne,
dans la haute Saxe , au cercle de Misnie , aux confins
de la Bohême. C'eft le chef- lieu d'un bailliage fort
étendu.
HOHEN-TRINS, terre & feigneurie de Suiffe, au
pays des Grifons, dans la communauté de Flims. Elle
eft ancienne, & a eu fes feigneurs particuliers dès le
tems de Charles-Martel. Ils y bâtirent alors un beau
château. Après avoir paffé par bien des mains , les
habitans achetèrent leur liberté l'an 161 6, pour le prix
de 7000 écus d'or. * Etat & DU. de la Suiffe, t. 4, p. 2 1 .
HOHENTWIL , Altum-Duellium , fortereffe d'Alle-
magne en Suabe , au landgraviat de Nellenbourg , fur
un rocher prefque inacceflible , à deux milles de Schaf-
houfe. Ulric de "Wurtenberg l'acheta, l'an 1520, d'Anne
de Klingenberg. La maifon d'Autriche a plufieurs fois
tenté de s'en emparer; les François la prirent durant
les vieilles guerres d'Allemagne; mais ils la rendirent
par la paix de Veftphalie. * D'Audifret, Géogr. t. 3.
p. 201.
HOHEN-VECKEN, château d'Allemagne , en
Suabe, dans l'état des comtes de Fugger.
HOHENWART ou HochenwART, village d'Alle-
magne , en Bavière , fur la rivière de Par , à trois ou
quatre lieues d'Ingolftadt. VoyezRlPA PRIMA.
HOKEN-ZOLLERN. Voyez Zollern.
HOHNSTEIN. Voyez Hohenstein.
Dans tous ces noms qui commencent par Hohtn ,
ces deux oremieres fyllabes ne fignifient que haut ,
élevé. Ainfi c'eft uniquement un adjectif qui marque
la fituation du lieu.
HOIN, ville de la Chine, dans la province de Honan,
au département de Caifung , première métropole de
la province. Elle eft plus occidentale que Pékin, de
4d. 14', par les 35 d. 50' de latitude. * Atlas Si*
nenfis.
HOIO , ou Oyo. Voyez Ohio.
HOKIÂNG, ville de la Chine, dans la province
de Suchuen , au département de Liucheu , cinquième
grande cité de la province. Elle eft plus occidentale
Pékin, de 11 d. io' , par les 29 d. 24' de latitude,
que * Atlas Sinenjîs.
HOKIEN , ville de la Chine, au Pekeli, dont elle
eft la troifiéme métropole. Elle eft de 30' plus occiden-
tale que Pékin, à 38 d. 50' de latitude. Son nom marque
qu'elle eft entre plufieurs rivières, & repond au mot
latin Interamna & au françois Entragues ; en effet, fon
territoire eft coupé en forme d'ifle. Sous la famille de
Cheva , on la nommoit Tungiam ; fous celle de Hana ,
Poihai ; fous celle de Tanga , Ingcheu ; Sous celle de
Sunga Inghai. Sous le roi Yvus elle dépendoit de la
province de Kiche. Sous les rois elle changea fouvent
de maîtres. Le territoire eft gras & argilleux , & s'étend
jusqu'à la mer orientale ; il y a là de vaftes plaines où
l'on fait du fel avec l'eau de la mer. Il y a peu de mon-
tagnes ; encore font-elles petites. Les eaux y font fort
poiflbnneufes, & on y pêche d'excellentes écreviflès. II
y a dans cette ville quatre principaux temples dédiés
aux hommes illuftres. Il y a dix-huit villes dans fon dé-
partement, favoir,
Hokien ,
Hien ,
Heuching,
Soning,
Ginkieu,
Kiaoho ,
Cing,
Hingci ,
Cinghai ,
Ningein ,
King , e,
Ukiao ,
Tungquang,
Kuching ,
Çang, ©.
Nanpi,
Jenxan ,
Kingyun.
HOKIEU , ville de la Chine , dans la province de
Nankin , au département de Fungyang , féconde métro-
pole de la province. Elle eft de 1 d. plus occidentale
que Pékin , fous les 33 d. 27' de latitude. * Atlas Si-
nenfis.
HOKIO , ville de la Chine , dans la province de
Channfi , au département de Taiyven , première métro-
pole de la province. Elle eft plus occidentale que Pékin
de 6d. 10', par les 39 d. 15' de latitude. * Atlas Si-
nenfis.
HOLABAS. Voyez Halabas.
HOLACH, (le comté d') petit pays d'Allemagne;
dans la Franconie , aux frontières de la Suabe. C'eft la
même chofe que le comté de HOHENLOÉ. Voyez cet
article.
HOLANA. Voyez Olane.
HOLBEC , bourgade de Dannemarck , dans l'ifle de
Séelande , fur un petit golfe , qui fait partie de l'Ife-
fiord.
HOLBECH , bourg d'Angleterre , dans la province
de Lincoln. On y tient marché public. * Etat préfent de
la Gr. Bretagne , t. I .
HOLDENBY, château d'Angleterre , en Northamp-
tonshire. Il eft remarquable, parce que le roi Charles I
y fut détenu prifonnier pendant quelque tems. * Etat
préjent de la Gr. Bretagne , t. 1 , p. 94.
HOLDERNESS , petit canton d'Angleterre , dans la
partie orientale de l'Yorckshire. Il a la figure d'un trian-
gle irrégulier. Barmifton , village fur la côte de la mer
du nord , en eft le premier lieu : cette mer lui fert de
borne jusqu'à l'embouchure de l'Humbert, enfuite le
golfe que cette rivière forme à fon embouchure , puis
la rivière qui a la fienne à l'orient de Hull , en la re-
montant toujours vers le nord , jusques auprès de Bri-
ghant ; & enfin en fuivant une des fources qui coule
entre Fafton &£ Bidford , & à l'orient de LyfTet jusqu'au
nord de Barmifton. La pointe la plus méridionale entre
l'entrée de l'Humbert fk la mer du nord , s'appelle Smin-
head. Le canton de Holderneffe a titre de comté. Guil-
laume I en gratifia Drogon de Buerer , feigneur Fla-
mand , à qui il avoit donné fa nièce en mariage. Dro-
gon l'ayant empoifonnée , & s'étant enfui , eut pour fuc-
cefleur Etienne , fils d'Odon. Cet Etienne étoit feigneur
d'Albemarle en Normandie ; 5i comme il étoit fils d'une
HOL
HOL
ïceur de Guillaume I, ce prince l'avoit créé comte d'AI-
bemarle , titre que fa poftérité a conservé en Angleterre,
quoiqu'Albemarle l'oit fitué en Normandie. Etienne eut
pour fucceffeur fon fils Guillaume , furnommé le Gros ,
dont la fille unique Havifie eut trois maris ; Guillaume
de Grandville, comted'Effex; Baudouin Béton, & Guil-
laume des Forts. LA deux premiers mariages furent fté-
riles ; mais elle eut du troifiéme Guillaume, dont la fille
unique Aveline , mariée à Edmont le Boffu , comte de
Lancaftre , mourut fans enfans , &C le comtéd'Albe-
marle & la feigneurie de Holderneffe furent dévolus au
roi. Dans la fuite, Richard II créa duc d'Albemarle
Edouard Plantagenette , fils du duc d'Yorck , qui vivoit
encore. Henri IV conféra à Thomas le titre de duc de
Clarence & de comte d'Albemarle ; & ce même titre
fut enfuite donné par Henri VI à Richard de Campbel ,
comte de "Warwic. Le comte deHoldernefs eft préfen-
tement Robert Darcie. * Blaeu, Atlas.
HOLE , ville de Suiffe, au canton de Balle, auprès
de la ville de ce nom. On y a déterré diverses antiqui-
tés, qui marquent que ce lieu étoit autrefois confidérable,
félon Baudrand.
HOLE-GASS , c'eft-à-dire le chemin creux ; lieu de
Suiffe , au canton de Schwitz , près du bourg de Kus-
nacht. Ce lieu eft remarquable , parce que c'eft où Guil-
laume Tell tua d'un coup de flèche le gouverneur, que
l'empereur Albert d'Autriche avoit dans ce pays , &C qui,
par (à conduite tyrannique, donna, lieu à la révolte des
habitans , &C à la naiffance de la république. En mé-
moire de cet événement , on y a bâti une chapelle , où
on lit cette inscription :
BRUTUS ERAT NOBIS , URO GuiLLELMUS IN
ARVO ,
ASSERTOR PATRICE , VINDEX ULTORQUE TY-
RANNUM.
HOLECA ou Oleca ; ou, comme écrit LudolfF,
{Carte & Hift. de l 'Ethiopie. , 1. i , c. 3 ,) Walacha,
province d'Ethiopie, dans l'Abiffinie,- entre celles d'A-
mhara <k deSewa. Elle a celle d'Amhara au nord & au
nord-eft , celle de Sewa au fud-eft &c au fud , tk celle
de Goiam au couchant. Elle eft comme une presqu'ifle
entre le Kefem & le Samba , rivières , &. le Nil qui les
reçoit l'une & l'autre. Quoiqu'il y ait un viceroi , les
Cartes n'y marquent ni ville, ni bourg, ni habitation confi-
dérable.
HOLLAND , petite ville au royaume de Pruffe,
dans le Hockerland , du côté d'Elbing. On la nommoit
anciennement Wefela. L'ordre Teutonique la furprit en
1463; mais les Polonois conservèrent le château, &C re-
prirent enfuite la ville. L'an 1511, le margrave Albert ,
grand-maître de Pruffe, ayant voulu furprendre Elbing,
les habitans de cette dernière ville, irrités de cette entre-
prife, tombèrent fur Holland , en raferent le château ,
ck emportèrent chex eux l'artillerie. Holland faillit à
être entièrement confumée par un incendie, l'an 1549.
Elle appartient au roi de Pruffe. * Zeyler, Boruffiae To-
pogr.
HOLLANDE ; (la) ce mot a plufïeurs lignifications
qu'il ne faut pas confondre ; quelquefois il veut dire un
pays , qui porte proprement ce nom ; d'autres fois , on
l'étend davantage. Pour éviter la confufion , nous allons
le divifer en d'autant articles diftèrens qu'il a de lignifica-
tions équivoques.
Il y a la Hollande proprement dite. , qui doit fe diftin-
guer en ancienne & en moderne.
L'ancienne Hollande propre ne confifte qu'au paysfîtué
en-deçà & au midi du vieux canal du Rhin , qui paffe
à Leyde. On la divife en feptentrionale & méridionale.
La moderne Hollande, proprement dite, entant qu'elle
fait le comté de Hollande , ck l'une des fept Provinces-
Unies , fe diftingue en Hollande feptentrionale ou Wejl-
frife, & en Hollande méridionale ou fuyd Hollande.
La Hollande fignifie quelquefois toute la république
des Provinces-Unies , avec leurs annexes fk leurs acquifi-
tions.
Il y a eu la nouvelle Hollande , dans l'Amérique fep-
tentrionale.
H y a encore la nouvelle Hollande , dans les terres
Auftrales.
3**
Et une autre nouvelle Hollande , près du détroit de
Weigatz, dans le nord.
Le nom de Hollande eft formé de deux mots : hol
qui veut dire creux , & land , qui fignifie pays ; foit
que par le mot de creux on ait entendu un pays bas
&C enfoncé : foit un pays dont la terre femble creufe
extérieurement , ces deux fens conviennent également
au pays ; car outre que c'eft où le Rhin , la Meufe &
quantité d'autres rivières viennent porter leurs eaux dans
la mer , il y a des endroits où, lorsqu'il paffe un chariot,
même un cheval , on lent trembler la terre comme fielle
étoit creufe en-deffous , & qu'elle fût fôutehùë fur de
l'eau. Ce nom ne fe trouve point ufité avant le milieu
de l'onzième fiécle. Quelques-uns ont voulu tirer le
nom de Hollande du mot holt ou holt^, c'eft- à-dire bois.
Ils prétendent que de Holtland , on a fait par corrup-
tion Holland, parce qu'autrefois, difent-ils, ce pays
étoit couvert de bois. Cette étymologie n'eft appuyée
que fur une conjeclure très-frivole. Le mot Holtland,
ne fe trouve dans pas un aéte, ni dans aucun monu-
ment ancien; au heu qu'on y voit toujours Holland^
depuis qu'il a. commencé à être en ufage. D'ailleurs il
eft certain que dans l'onzième fiécle où ce nom s'eft
accrédité , le pays qui le porte aujourd'hui, n'étoit déjà
plus couvert de bois , & qu'il ne s'y en trouvoit pres-
que plus. * Mémoires drejfés fur les lieux.
I. L'ancienne Hollande, proprement dite, eft bor-
née au nord par le vieux canal du Rhin ; & c'eft ce
pu'on peut appeller la vraie Hollande. Du tems des
Romains, elle faifoit partie de la Gaule Belgique. Ses.
peuples étoient les Caninefates , que les anciens pla-
çoient dans la partie maritime & occidentale de l'ifle
des Bataves. Ces derniers n'étoient pas bornés par l'ifle
qui portoit leur nom ; ils s'étendoient encore au midi
jusqu'à l'ancien canal de la Meu;e , auprès de Gertruy-
denberg. Tout ce qui eft au nord du vieux canal du
Rhin , ( ou le Rhin mitoyen , j'appelle ainfi le canal
qui paffe à Leyde, & qui avoit fon embouchure à Ca-
twyck,^) s'appelloit h Frife, & étoit poflédé parles
Marjdtitns , peuple dont le Kennemerland conferve en
partie le pays St le nom , & par les Frifons qui occu-
poient partie du Rhinland , tout l'Amftelland, le Goy-
land, le Wateriand, & tout ce qui eft préfentement de
la NVeftfrife. Tout ce pays, aullï-bien que la véritable
Frife d'aujourd'hui , s'appelloit encore Frife dans l'on-
zième lîécle , 6c le pays d'Utrecht ne fe nommoit pas
autrement. On a vu dans l'article des Bataves qu'ils fu-
rent amis & alliés des Romains. Il n'en fut pas de même
des Frifons. Les Romains firent plufieurs tentatives pour
les foumettre ; mais elles furent toutes inutiles. Sur le
déclin de l'empire, les Frifons fe joignirent avec les peu-
ples qu'on appelloit Francs ; mais ceux-ci s'étant éta-
blis dans les Gaules, les Frifons demeurèrent libres &
indépendans dans leur pays. Les François par la fuite
voulurent les foumettre : Pépin deHerftal leur fit la guerre,
& conquit une partie de leur pays. Ils avoient alors un
roi ou duc nommé Adalgife , auquel fuccéda le duc
Ratbod, qui fut vaincu par Charles Martel : fous les
règnes de Pépin & de Charlemagne, la foi Chrétienne
fut reçue par les Frifons , qui auparavant en avoient été
les ennemis.
Peu après , les Danois ou Normands attaquèrent les
Frifons, s'emparèrent de la Frife, où ils demeurèrent
jusqu'en 900 , que les Frifons les chafferent ; & le même
Charles qui régna en Auftrafie après la mort de Louis,
fils d'Arnoul , donna le titre de comte de Frife à Thierri ,
que quelques-uns ont mis mal-à-propos fous le régne
de Charles le Chauve.
Ce feigneur,que l'on tient pour le premier comte de Hol-
lande, quoique ce nom ne fût pas encore en ulage , s'établic
dans le pays voifin de la vieille embouchure du Rhin :
ce fut-là que commença le marquifat de Fladining ou
Flarding, qui eft l'ancien nom de la véritable Hollande.
Le pays prenoit ce nom àeVlaerding , bourgade au-def-
fous de Roterdam ; c'étoit autrefois une ville capitale
du pays, & réfidence des marquis. On les nommoit
auffi comtes de Frife ; mais ils ne poffédoient ni la Frife
propre , au-delà du Flevus , ou bras feptentrional du
Rhin , dont le lit eft fubmergé dans le Zuyder-Zée , ni
une grande partie de la Frife en-deçà. Ces peuples s'é-
toient mis en liberté } & reconnoiffoient feulement la
PIOL
384
fupériorité des empereurs. Hermanus Contraclus , moine
Bénédictin de l'abbaye de Richenoue , qui écrivoit Tan
1066, parle plufieurs fois de Thierri , quatrième comte
de ce nom, & ne fe fert pas une feule fois du mot
Hollande, qui étoit encore inconnu alors. Il appelle tou-
jours ce pays Fladirtinga. Gérard de Nimegue allure
que ce nom eft très-ancien , & il le change en Vlardinga
& Vlardingiacum. Il faut remarquer que par ce mot
de Fladirtinga , Herman n'entend pas une ville ou un
bourg , mais le pays même. La réiîdence que les com-
tes de Frife faifoient à Vlaardingm , fait voir que le
marquifat de ce nom étoit proprement leur vrai do-
maine.
Les premiers comtes eurent, au fujet de leur marqui-
fat, de longues tk vives querelles avec les évoques d'U-
trecht,au fujet des donations faites par les empereurs.
L'empereur Henri IV donna, l'an 10S6, une partie con-
fidérable de la Frife à Conrad , évêque d'Utrecht : cette
donation fut confirmée par Henri V, qui, par une pa-.
tente , avoit affuré le droit fur la Frife à l'éyêque Gon-
debaut,l'un des'fucceffeurs de Conrad. Mais d'un autre
côté,rempereur fit une donation en 1 13 i,k Florent, comte
de Hollande, d'un pays fitué entre Vlaerding & Utrecht,
les deux capitales. Ce pays s'appelloit Merowede ou Me-
rowe.Les évêques foutinrentlong-tems leurs droits à main
armée. Mais enfin, l'an 1 176, l'évêque ayant été vaincu en
bataille, par Thierri, comte de Hollande , fut contraint de
céder au comte toute la Merowede , & de renoncer à
fes prétentions fur la Hollande ; ainfi Thierri & fesfuc-
ceffeurs demeurèrent en poffeffion de la Hollande méri-
dionale , qui eft la véritable ôc la feule Hollande de ce
tems-là.
Ce que nous appelions aujourd'hui la Nord-Hollande,
habitée alors par les Frifons , conferva encore quelque
tems fou indépendance. Ce pays féparé d'abord de la
vraie Frife d'aujourd'hui, par le lit de^ la Vlie, avoit
été rétréci par les inondations de l'Océan , qui , au lieu
,d'un fleuve ordinaire, y avoit creuféune mer qui eft au-
jourd'hui le Zuyder-Zée. La Frife fituée à l'orient de la
nouvelle mer, conferva fon nom ; celle qui étoit de-
meurée au couchant fut appellée Frife occidentale ou
Wefl-Frife : on la nomma auffi la petite Frife , c'eft la
feule dont il foit queftion dans cet article. Elle perdit
peu-à-peu ce qui étoit au midi de l'Y & du Zuyder-
Zée. Les comtes de Hollande ayant conquis ce pays ,
on s'acoutuma de le nommer auffi la Hollande. Ils fi-
rent de longs efforts pour conquérir auffi la Wefl-Frife;
mais en 13 13 , Jean de Bavière, comte de Hollande ,
prit enfin Verona, ancienne capitale des Frifons occi-
dentaux , & la ruina de fond en comble ; & ce pays,
ayant depuis fait partie du comté de Hollande , on s'ac-
coutuma à le nommer Nord- Hollande , ou Hollande
fepuntrionalt , quoique dans les aftes publics le nom
de Wefl-Frife fe conferve toujours jusqu'à ce jour.
Avant l'érection des comtes de Frife, ce pays étoit par-
tagé entre divers feigneurs , qui étoient independans les
uns des autres.
II. Le comté de Hollande s'eft formé peu-à-peu fur
les ruines des feigneurs particuliers , comme tous les
autres grands états de l'Europe. Voici en gros quelle
fut la fucceffion de ceux qui le pofféderent. Thierri I ,
marquis de Fladirting ou Vlaerding, créé comte de Frife
par Charles le Simple, comme nous avons dit, étoit
fils , à ce qu'on croit, de Sigebert , prince d'Aquitaine.
Ses descendans jusqu'à la mort de Florent I du nom &c
VIP comte, pofféderent fucceffivement cet état, ce der-
nier n'ayant laiffé qu'une fille qui fut mariée à Philippe I,
roi de France; &C Thierri VII, la comteffe douairière
époufa Robert qui fut tuteur du jeune pupille , Se gou-
verna en fon nom ; Godefroi le Boffu , duc de Lor-
raine , chaffa le tuteur , & envahit la Hollande. Thierri
fut inftallé , & gouverna avec le tems ; & fes descen-
dans lui fuccéderent jusqu'à Florent IV , dix-feptiéme
comte , dont la branche masculine s'étant éteinte avec
Jean I , fon arriere-petit-fils , la fucceffion vint à Jean II,
fils d'Adélaïde , fille de Florent IV , & mariée à Jean
d'Avesnes , comte d'Hainaut. Guillaume III, ou le
Bon , fils de Jean II , eut une fille mariée à l'empe-
reur Louis de Bavière , Se un fils nommé.Guillaume IV,
qui mourut fans poftérité ; ainfi le comté de Hollande
paffa à Guillaume de Bavière, fon neveu. C'eft Guil-
HOL
lautne V, à qui arriva le malheur que nous avons raconté
à l'article deLAHAYE. Albert, fon frère, gouverna d'a-
bord en adminiftrateur , & enfuite en véritable comte,
&C laiffa trois enfans ; Guillaume VI ; Jean & Mar-
guerite comteffe de Hainaut , laquelle époufa Jean , duc
de Bourgogne. Jean de Bavière fut d'abord pourvu de
l'évêché de Liège, qu'il quitta pour.fe marier, quand il
vit que le comte Guillaume, fon frère, n'avoit qu'une
fille ; mais lui-même il n'eut point de lignée. Cette
fille, nommée J acquitte, Jacqueline ou Jacobée , n'ayant
point d'enfans de fon mariage avec Jean de Brabant,
dispofa de fes états en faveur de Philippe le Bon, fon
coufin germain , fils de Marguerite de Hainaut &c de
Jean de Bourgogne. Elle les lui céda en 1433 » & mou-
rut deux ans après. Marie de Bourgogne , fille de Char-
les le Hardi , & petite fille de Philippe le Bon , fut hé-
ritière de tous les états de la maifon de Bourgogne &
époufa Maximilien d'Autriche. Leur fils Philippe hé-
rita de fa mère , fut comte de Hollande & père de Char-
les V, qui laiffa ce comté à fon fils Philippe II, roi
d'Espagne. On peut voir à l'article Provinces-Unies,
de quelle manière ce roi perdit ce comté & les autres
états dont fe forma la république.
Les premiers comtes faifoient leur capitale de Vlaer-
dingen. Elle fut ruinée en partie , vers l'an 1200, par la
Meufe qui fe déborda & inonda beaucoup de terres.
Les comtes s'attachèrent quelque tems à embellir Gra-
vezende , comme nous le difons en fon lieu , & ils fe
fixèrent enfuite à la Haye. Voyez ces articles.
On trouve dans les archives de la chambre dès comp-
tes , une divifion que j'ai cru pouvoir mettre ici. Le
comté y eft divifé en parties fort inégales. Les deux
premiers comprennent l'ancienne & vraie Hollande, pro-
prement dite, & en ce fens on la divife en Hollande
SEPTENTRIONALE & HOLLANDE MERIDIONALE.
I. La première renferme divers territoires nommés
Dyckgraviats , en la langue du pays , Waterfckappen.
Tels font le Rhinland, le Delfland , le Schieland &le
territoire de "Woerden. Les villes font ,
Delft,
Roterdam ,
Leiden,
Schiedam ,
Gouda r
Oudewater
& "Woerden.
Quelques-uns ajoutent Vlaerding , ancienne ville &
aujourd'hui bourg , & la Haye.
II. La féconde comprend les villes de
Dordrecht,
Gorcum,
Woreum,
Schoonhove s
Heusden ,
Geervliet.
Cette dernière , autrefois capitale du pays de Putten ;
n'eft plus qu'un village.
Les deux autres parties font des acceffions de l'an-
cienne & vraie Hollande , l'une au midi , &c l'autre au
nord.
III. Le pays de Voorn , ou , en langue du pays, 'Tland
Van Boom , c'eft- à-dire le pays antérieur. L'Atlas de
Bleau n'y met que deux petites villes (Oppida) favoir,
la Brille & Goerèe , capitale de l'ifle de même nom;
mais on y remarque qu'il y a quantité de très - beaux
villages , & que c'eft le terroir de la Hollande le plus
fertile , &t le plus abondant en toutes fortes de fruits.
IV.. La quatrième partie du comté de Hollande , fi-
tuée au nord des trois autres , dont nous venons de par-
ler, eft la plus grande de toutes. Elle comprend divers
pays ; le Kennemerland & la Wefl-Frife. On y trouve
le Kennemerland, Y Amjlélland , le Goyland, le Wa~
terland, les ifles du TexeL, de Vieringe, de Vlieland, &c.
Les principales villes font Harlem, autrefois capitale du
Kennemerland. Amfterdam,càp\ta\ede l'Amftelland ; Alc-
m<zer,!premiere ville de Weft-Frife ; Home , Enckhuyfen,
Medcnblick , Edam, Monickendam , chef-lieu du Water-
land ; Purmerend, & dans le Goyland Narden , Muyden
& Wefop._ _
Cette divifion eft fort-ancienne , puisque ce qu'on y
appelle Hollaudefeptentrionale eft tout au midi de Har-
lem & d'Amfterdam. Aujourd'hui , dans l'ufage com-
mun , la Hollande feptentrionale eft très-différente. On
la prend par rapport à I'Ye , petit golfe qui eft une ex-
tenfion
HOL
HOL
tenfion du Zuyder-Zée, Se fépare la Hollande dela"Weft-
Frife. Ce qui eft au midi eft la Hollande ; ce qui
çft au nord, eft la Nord-Hollande , Se les deux enfem-
ble ne font qu'une 'province , dont les états prennent
la qualité d'Etats de Hollande Se de Weft-Frife.
Cette affemblée des états de Hollande & de Weft-
Frife , eft compofée des députés des confeils de chaque
ville. Originairement il n'y avoit que la roblefle , la-
quelle fait un corps , Se f'.x villes principales qui euffent
voix 8e féance aux états : ces fix villes étoient ,
sSi-
Dordrecht ,
Leyden ,
Harlem,
Amfterdam,
Delft,
Gouda.
Aujourd'hui , outre la nobleffe , il y entre des députés de
dix-huit villes. Les douze autres font,
Roterdam, Home,
Gorcum , Enckhuyfen ,
Schiedam, Edam,
Schoonhoven, Monickendam,
La Brille, Medenblick,
Alckmaer, Purmerend.
La nobleffe a la première voix. L' affemblée des états de
Hollande Se de "Weft-Frife eft fixée à la Haye , par une
réfolution de l'année 1581. On décida alors qu'on pour-
roit changer de lieu , s'il furvenoit quelque raifon im-
portante qui y obligeât ; mais cela n'eft point arrivé. Cette
affemblée fe forme quatre fois par an , aux mois de Mars,
de Juillet, de Septembre Se de Novembre. Si les nobles
ou quelques villes trouvent qu'il foit néceffaire de con-
voquer extraordinairement les états , on s'adreffe aux
confeillers députés , qui jugent de l'importance de la ma-
tière, & envoient aux autres villes le fujet qui doit être
mis en délibération, Se fixent le jour de l'affemblée. Si
ces confeillers députés jugent qu'il foit néceffaire d'af-
fembler les états , ils ont droit de les convoquer , en
avertiftant les nobles Se les villes. Les députés qui com-
pofent les états de Hollande , n'en font pas les fouverains.
Ce droit rende dans le collège des nobles, Se le conseil
des villes.
Quoique Dordrecht tienne le premier rang entre les
villes de la province , Amfterdam eft la plus riche Se la
plus puiffante de toutes , par l'étendue de fon commerce
qui y attire les plus gros banquiers Se les plus accrédités
négocians. Il y a une académie ou univerfité , favoir ,
celle de Leyden , trois collèges de l'amirauté , favoir
celui d'Amfterdam , celui de Roterdam , celui de Horn
& d'Enckhuyfen , lequel fe tient alternativement dans
une de ces deux villes.
Les autres lieux remarquables , foit villes , foî*r bourgs
de la province , qui ne jouiffent pas du droit d'envoyer
leurs députés aux états, font,
Goerée, Woerde,
Hel voetfluys , Oudewater ,
Wilhelmftadt , Delshaven ,
Klundert , Worcum ,
Geertruydenberg, Hoeckelen,
Heusden , Asperen ,
Leerdam , Naerden ,
Yffelftein , Muyden ,
Viane, Wefop,
& la Haye.
Cette province n'a point de ports fur l'Océan , immédia-
tement. Les fiens font ou dans la Meufe ou dans le Zuy-
der-Zée. Elle eft bordée à l'occident par des dunes qui
arrêtent l'impétuofité des flots de la mer , Se du côté
des rivières Se du Zuydersée par de fortes digues , qui
font entretenues avec beaucoup de foin & de dépense;
fans quoi une partie de ce terreinferoit d'abord fubmergé.
Le terrein eft presque par-tout humide Se marécageux.
Il y en a peu où l'on puiffe femer du grain. La plus grande
partie eft employée à nourrir des vaches , dont le lait
fait une des principales richeffes du pays. Tout y eft en-
tre-coupé de canaux, qui fervent , 1 ° à deffécher les prai-
ries ; l° à faciliter le transport des denrées d'un lieu à
l'autre. Il y a peu de pays où l'on voyage fi fûrement Se
fi commodément, foit de jour, foit de nuit, d'une ville
a l'autre. En partant d'une ville, on peut dire, à queiquè
minutes près , à quelle heure on arrivera au lieu où l'on
va. Le pays abonde en maifons de campagne , qui, bien
loin de rapporter rien aux propriétaires , coûtent beau-
coup d'entretien. Cependant il y en a telle qui revient à
des fommes,pour lesquelles on auroit ailleurs une terred'un
bon revenu. II n'y croit point de vin ; les vignes y produi-
fent des raifms , qui quelquefois ne mûriffent point. Les
tempêtes y font fréquentes en automne & en hiver. Jofeph
Scaliger a raffemblé dans une épigramme latine plufieurs
vïngularités de la Hollande. Il n'y a point de troupeaux
de brebis, & on y fabrique autant Se plus d'étoffes de
laine qu'en quelqu' autre pays que ce foit. Il n'y croît point
de bois de charpente ; cependant'tout y en eft plein. Ce
font des pâturages , Se non pas des terres à bled ; cepen-
dant il y en a de riches magafins : il n"y a point de
vignobles ; Se quantité de caves y font pleines de vin :
on n'y cultive point de lin , Se on ne laiffe pa<: d'y faire
beaucoup de toiles. On vit au milieu de l'eau , Se cepen-
dant on y manque de bonne eau la plupart du tems»
Voici l'épigramme :
Ignorata tue îeferam miracula terre ,
Dou^a. , peregrinis non habitura fidem.
Omnia lanitium laffat ttxtrina Minerve,
Lanigeros tamen hinc feimus abejfe grèges:
Non capiunt opéras fabules oppida vejlra ,
Nulla /abris tamen hec ligna minijlrat humusi
Horrea triticeae rumpunt hic frugis acervi ,
Pascuus hic tamen eji, non cerealis , ager.
Hic numerofa meri Jlipantur dolia cellis
Que vineta colat nulla putator habet.
Hic nulla aut certe feges eft rarijjbna Uni ,
Linifici tamen eji copia major ubi ?
Hic mediis habiiamus aquis, quis credere pofjit *
Et tamen hic nulle , Dou^a , bibuntur aqua.
Les villes font fort voifines les unes des autres ; & ort
peut appeller la Hollande le pays des belles villes. Il y a
peu de villages pareils à ceux que l'on voit en France Se
en Allemagne. Ce qu'on appelle ici village lont, de fort
beaux bourgs : presque tous ont leur églife, leurs ma-
giftrats, leurs foires annuelles , leurs maifons pour les or-
phelins , Se beaucoup de droits Se de commodités que
n'ont pas plufieurs villes de France Se d'Allemagne. Cha-
cun eft maître de fon bien. La monnoie y eft invariable j
le commerce très-libre ; Se comme c'eft le plus folide
appui de la république , ceux qui gouvernent, l'encoura-
gent par tous les moyens poffibles. Les impôts y font
fort grands , mais moindres qu'en beaucoup d'autres pro-
vinces, Se néceffaires à caufe des frais immenses qu'il en
coûte pour affurer le pays contre la mer Se les puiffances
voifines.
Le Hollandois eft œconome , attaché à fon commerce
6e à fa liberté. Les femmes y font ceconomes , 8e géné-
ralement modeftes. La religion Proteftante y eft la do-
minante. Onyfuitlesfentimens du Synode de Dordrecht,
& il n'y a que ceux de cette religion qui foient admis
aux charges de la magiftrature Se de l'état ; mais on y
tolère les Catholiques qui y ont un grand nombre de cha-
pelles publiques, tant dans les villes qu'aux villages. Les
Luthériens , les Arminiens ou Remontrins , les Anabap-
tiftes , Sec. y ont des lieux où ils s'affemblent fans aucun
obftacle.
IV. La Hollande , république dans les Pays-bas.
Voyez Provinces-Unies.
V. 1. La nouvelle Hollande , petit pays de
l'Amérique (èptentrionale , fur la côte orientale , au midi
de la nouvelle Angleterre , peu loin des frontières des
nouveaux Pays-bas, fur la mer du nord , auprès de la
nouvelle Suéde. Les Hollandois y avoient commencé
une nouvelle Amflerdam ; mais les Anglois fe font em-
parés de ce pays , Se l'ont nommé la nouvelle Yorck ou U,
nouveau Gcrfey,
TomtUI, Cce
3S6
HOL
HOL
i. La nouvelle Hollande, pays dans les terres
Auftrales , au midi des Moluques , en-deçà & au-delà
du tropique du capricorne. Baudrand, éd. 1705 , dit
que les Hollandois le découvrirent en 1644, & qu'ils
n'y ont point fait d'établiflemens. Ce que l'on en con-
noit eft tort grand, & s'étend depuis le 115e d. jusqu'au
160e de longitude, & depuis le 10e d. de latitude jus-
qu'au 34e. Il y a de grands golfes : tel eft celui qui eft
bordé à l'orient par la Carpenrarie. Les Hollandois ont
donné différens noms aux parties de ce pays. Les prin-
cipaux font,
La Carpentarie, La terre d'Endracht,
La terre d'Arnheim , ou de la Concorde,
La terre de Diemen, La terre de la Lionne,
La terre de 'Vit , & la terre de Nuitz.
On n'a pas encore découvert où aboutiffent les côtes
de ce pays ; & on ignore fi c'eft une ifle , ou s'il tient -
à quelque continent. Ce ne peut être ni à celui de l'Afie,
ni à celui de l'Afrique, ni à celui de l'Amérique. Dam-
pier, Voyages, t. 5, qui y pafla en 1700, fait un grand
détail de ce qu'il vit aux lieux où il aborda. On peut le
voir dans fon Voyage aux terres Auftrales. * Robert de
Vaugondy, Atlas.
3. La nouvelle Hollande , petite contrée au
nord de l'Europe, le long du détroit de Heigats. Lors-
que les Hollandois firent diverses tentatives pour cher-
cher au nord de l'Europe un chemin qui pût conduire
leurs flottes au Japon & dans l'Océan oriental , ils pri-
rent pofleflion de divers pays , tant dans la nouvelle
Zemble que dans le continent. Ils appelèrent nouvelle
Hollande la côte méridionale du détroit ; mais avec le
tems il fe rencontra de fi grands obftacles , que defespé-
rant de trouver ce partage , on en abandonna le projet ;
& le nom de nouvelle Hollande en ces quartiers ne fe
trouve plus que dans quelques anciennes Cartes. La terre
qu'ils nommoient ainfi , fait partie de la Ruffie , & plus
particulièrement du pays des Samoyedes. C'eft un pays
hérifle de montagnes , borné au nord par le détroit de
Heigats ou de NafiW , au couchant , par l'embouchure
de la Petzora , & au levant par le golfe que forme l'Obi ,
avec quantité d'autres rivières. * Nouvelle Carte de la
Ruffie , pulaée à Leyde.
HOLLANDESBY , partie de l'ifle d'Amag. Elle
prend ce nom d'une colonie Hollandoife qu'on y a
établie.
HOLLANDOIS, (les) habitans de la provincede
Hollande. On nommeainfi, en général, dans presque route
l'Europe les habitans des ProvinCïs-Unies fans diftinfrion
de province. On dit même, dans deshiftoires, d'ailleurs
bien écrites , les Hollar.dois , pour dire les Etats géné-
raux des Provinces -Unies, comme dans cette phtafe :
Les H olLindois firent proposer à F empereur, &c.
HOLM , ce nom , dans la langue fuédoife , lignifie une
ifle ; & toutes les fois qu'il Te trouve compolé avec
d'autres fyllabes dans un nom géographique , c'eft
une marque que ce lieu eft une ifle. Bornholm , Gaas-
holm, Kaftelholm, Stockholm, &c. font de véritables
ifles.
HOLMI. Strabon, /. 14, p. 663 & p. 660, dit au
pluriel "Ofyto; & "o>^of au fingulier ; Pline l'exprime
par Holm-oe & Holmia, ville de la Ciliciemontagneufe.
Etienne le Géographe dit Olmï , ville de la Cilicie
monragneufe , où demeuroient ceux qu'on nomme pré-
fentement Seleuciens ; il a pris cela de Strabon. Cela
veut dire qxxHolmi,Holmoe , ou Holmia, eft l'ancienne
ville dont on prit les habitans peur peupler la nouvelle
ville que l'on appella Seleucie. Un paflage de Pline,
/. 5 , c. 17 , fert de preuve & d'éclairciflement à ce
que dit Strabon. Seleucie , dit-il , fur la rivière de Caly-
cadnus , furnommée Tracheodde. On la transporta en
au lieu qu auparavant
elle étoit au bord de
la mer , &t s'appelloit alors Holmia.
1. HOLMIA. Voyez l'article précédent.
1. HOLMIA, nom latin moderne de Stockholm,
capitale du royaume de Suéde.
HOLMIUS. Voyez Olmius.
HOLMONES. Voyez Olmones.
HOLMUS. Voyez Holmi.
HOLO, au genhiïHolonis, ancienne ville d'Efpagne.
Elle futprhepar le conful M. Fulvius, félon Tîte-Live,
/. 35, c. 22. Elle n'étoit pas fort éloignée de Vescelia
qu il prit auflî.
HOLOCRUS , ou Holocrdm, montagne de
Grèce, dans la Macédoine. On dit auflî Olocre ; je
vois même ce dernier préféré par Dacier. C'eft auprès
de cette montagne quePaul Emile vainquit Perfée,roi
de Macédoine. * Pluiarque, Vies des hommes illuftres,
t- ),p- 119-
HOLONNA , lieu de l'Italie Cifalpine , comme parle
Ortelius , Thefaur. C'eft où Luitprand ,roi des Lombards,
bâtit un édifice en l'honneur de S. An aftafe, martyr , félon
Paul le Diacre , Langobard. 6.
HOLOPHYXOS. Voyez Olopyxos.
HOLOPIXOS, ville de l'ifle de Crète , félon Pom-
ponius Mêla, /, 2 , c. 7; & Pline,/. 4, c. 12.
HOLSACE, quelques-uns emploient ce mot pour dire
le Holstein, & le forment du nom de Holjatia, qui
. eft du latin moderne, & fignirie le Holfiein. Voyez l'article
de Holstein.
HOLSTERBROCK, petite ville de Danemarck, au
Jutland , dam l'evêché de Ripen , aflez près de Lemwick.
* Hermanid. Dan. Norw. Defc. p. 778.
HOLSTEIN , Holjatia , pays & duché d'Alle-
magne , duns fa partie la plus feptentrionale , aux con-
fins du Danemarck. Il eft fitué entre la mer du nord
au couchant, & la mer Baltique au Levant. Il a au nord
le Sleswig , dont il eft féparé par des limites qui ne s'écar-
tent guères de la rivière d'Eider. Il confine au Lawen-
bourg & au Meckelbourg , au tùd-eft , & eft terminé par
la rivière de Bille qui tombe dans les folles de Hambourg;
il a l'Elbe au l'ud-oueft. Cet état qui n'étoit d'abord
qu'un comté , fut érigé en duché, l'an 1474-, en faveur de
ChriftiernI, roi de Danemarck. Il fut enfuite partagé
entre fes petit- fils, Chnftiem III, chef de la branche
royale de Danemarck, &c Adolphe, chef de la branche
des ducs de Holftein. C'eft de-là que le Holftein eft di-
visé entre la branche royale de Dannemarck & celle
des ducs de Holftein. Il y a un peu plus d'un fiécle
qu'il y eut un accord par lequel il fut réglé qu'il n'y
auroit que deux régences dans le duché de Holftein,
favoir ,
La régence royale à Gluckftadt,
La régence ducale à Gottorp.
On s'en eft tenu là ; car, quoique les branches de la maîfort
fe foient encore fubdivifées , cela revient toujours aux
deux principales, la royale & laduca'e, & les bien<; appar-
tiennent toujours à l'une ou à l'autre maifon. Il eft furvenu
des guerres qui ont pu troubler la pofleffion de l'une ou
de l'autre branche, comme en 171 5 ; les Danois occu-
poient tout le duché ; mais à l'égard du Holftein , les
conquêtes ont été rendues par les traités de paix. Nous
parlerons , en un autre lieu , de Sleswig , que le roi de
Dannemarck s'eft approprié.
Les habitans de ce pays font defignés dans PHiftoire
deCharlemagne & de Louis le Débonnaire fous les noms
de Saxons a" au delà deElbe ; Transalbiani S axones ,
& Nord-Albingii; leur pays y eft nommé Nord-Albingia;
& trois nations principales l'habitoient , favoir Stormarii,
Holfati , & Dïtmarji. Ces peuples font appelles Nord~
manni par FAftronome (Annales ad ann. 798.) Il les
Komme ailleurs Nordluidi. Dithmar de Merfeburg , dans
fa Chronique , nomme les trois peuples de la Nord-Al-
bingie Thietmarsgoi , Olcetce & Sturmari. Il faut y
ajouter le peuple Wagri qui faifoit partie des Slaves,
&C qui par conféquent étoit une même nation avec
les Abotrites, peuple voifin, qui habitoit dans le Meckel-
bourg. Ainfi Olceta , Holfata , Holjins,i , Holjlati , fignifie
un feul peuple dont le pays eft le Holftein proprement
dit , duquel nous parlerons ci-après , & qui ne fait que
la quatrième partie du duché de même nom.
Le Holstein eftpartagéen quatre cantons, favoir,'
La Holstein propre,
La "SVagrie ,
Le Stormar ,
Le Dithmarse.
Nous ne parlerons ici , que de la première partie : on
peut voir les trois autres à leurs articles particuliers. Nous
HOL
HOM
mettrons feulement ici une lifte des villes qui appartien-
nent au roi de Dannemarck ôc au duc.
Dans le Holstein propre
'387
Le roi pojfedt
Rendsbourg ,
ïtzeho.
Le duc poffede \
Kiel,
Bordisholm, monaftere.
Dans
LA VAGRIE.
Ploen,
Segeberg,
Oldeflo ,
Heiligenliafen.
Travental ,
Oldenbourg ,
Ranzov ,
Eutin.
Dans
LE STORMAR.
Gluckftadt,
Altena,
Krempe ,
Pinneberg.
Trito'w ,
Rhinbeck,
Barmftadt.
Dans
LE DlTMARSE.
Melsdorf,
Brunsbutel.
Heyde,
Lunde.
Le comté de Pinneberg , dont nous parlons en fon lieu , eft
du Holftein ; les villes de Hambourg &c de Lubecken
font auffi mais , elles font libres & indépendantes , comme
nous le difons dans leurs articles particuliers.
Le duc de Holftein pofledoit de même le Sleswig,
qui • eft le partie méridionale du Jutland , & il la parta-
geoit de même avec la roi de Dannemarck. Mais lorsque
le duc étoit mineur , l'adminirtrateur de fes états qui étoit
l'évêque de Lubeck, s'étant ingéré dans les guerres de
la Suéde contre le Dannemarck , il reçut dans (es places
les Suédois commandés par le comte de Steinbock. Le
roi de Dannemarck eut le bonheur de vaincre l'armée
Suédoife , de prendre le Sleswig & le Holftein. Il a gardé
cette première province , & s'en eft fait aflurer la pof-
feflion par la garantie de la France , de la Grande-
Bretagne, &c des autres Puiflances qui ont confenti de
facrifier à la paix une protection que le duc de Holftein
leur demandoit.
HOLT , bourg d'Angleterre , dans la province de
Nortfolck. On y tient marché public. * Etat préfent de
la Gr. Bret. t. I.
HOLTHEIMou Holtzhemme, ruiflèau d'Alle-
magne , au pais de Halberftadt. Il a fa fource dans la
forêt du Hartz; & fe jettant dans la rivière de Bode,
fe perd avec elle dans la Sala.
HOLWAN. Voyez Hulvan.
HOLY Crosse , c'eft-à-dire Sainte Croix , bourg
& autrefois monaftere d'Irlande, dans la province de
Memmonie , au comté de Tiperari , félon Baudrand. Je
trouve dans l'Etat de l'Irlande , que Tiperari ou fainte
Croix eft un même lieu qui porte ces deux noms. Voyez
Tipperari.
HOLY-INEL , lieu d'Angleterre , au pays de Galles ,
en Flintshire. Il eft remarquable par la fontaine de fainte
Winifride , vierge, qui y fut martyrifée. Corneille , Dicl.
dit : on prétend que la moufle de cette fontaine rend une
très-bonne odeur , & qu'il en fortunruifîeau qui a quelque
chofe de fanglant ; ce qu'on attribue à la récompenlé que
Dieu a voulu donner à la pureté de fa vie, & àlafain-
teté de fa mort: il y aune veine d'argent proche d'Holy-
Inel. L'auteur de l'Etat prtfent de la Grande-Bretagne ,
t.i,p. 13 g, n'a pu diflîmuler, tout zélé Proteftant qu'il
eft , que cette fontaine eft fameufe pour la guérifon des
rhumatismes; que les Catholiques vont en foule à ce
lieu , où-au deflus , de la fource, eft une belle chapelle de
pierre de taille, & qu'ils regardent comme des miracles, &
attribuent à la fainte les euérifons que produit cette fontaine.
HOLY-ISLAND , c'eft-à-dire l'Isle sainte. Elle
eft fur la côte orientale d'Angleterre , auprès du Northum-
berland , auquel elleappartient. Elle s'appelloitauparavant
LlNDISFARNE; &on lui donna le nom qu'elle porte à
prefent , à caufe des moines qui s'y éroient retirés. Il
y avoit un monaftere de Bénédictins dont l'eglife étoit
epilcopale. On y enfeignoit les (aimes lettres, Se toute
l'ille étoit peuplée de perfonnes conlàcrées à Dieu.
S.Aidr.n, Irlandois , abbé , en fut le premier évêque ;
le roi S. Osvald la lui avoit donnée en 636, pour
y bâtir un monaftere , & y mettre le fiége epifcopal de
d'Yorck. Bailler, Topographie des Saints, s'explique mal
quand il dit: Lindisfarne eft contiguë à la terre ferme;
mais deux lieues plus avant dans la mer étoit l'ifle de
Farne ? où S. Cutbert fe pratiqua une folitude qui rut
cultivée par ceux qui vinrent après lui. Holy-Ifland ou
Lindisfarne eft féparée de la terre ferme par un bras de
mer. L'ifle de Farne eft auffi le long de la côte au
fud-eft de Holy-Ifland; elle fubfifte &c eft encore au
même endroit où elle étoit du tems de S. Cubert. Ce
faim fut fait évêque en 66";, & eut , en 688 , S. Edbert
pour fuccefleur. Le monaftere de Lindisfarne fut ruiné
par les Danois , vers l'an 874. Le fiége epifcopal fut trans-
féré, vers l'an 882, à Chefter, avec les reliques de faint
Cutberg que l'on n'avoit pas laiflees à l'ifle de Farne ;
& de Chefter l'evêché fut encore transféré à Durham ,
où il eft aujourdhui. Holy-Ifland n'eft au fond qu'une
petite ifle dont l'air n'eft pas fain , ni le terroir fertile ;
de-là vient qu'elle eft mal peuplée. Il n'y a qu'un bour<*,
un château Si une eglife. Le havre eft allez bon , ÔC
défendu par un fort. Elle n'a ni prairies ni pâturages ;
ainfi fa plus grande reflburce eft la chafle & la pêche.
* Baudrand &t Etat. pref. de la Gr. Bret. t. I, p. 97.
HOLZ, abbaye de filles, ordre deS. Benoît, dans la
Suabe, au margraviat de Burgaw.
HOMAGUES , peuple de l'Amérique méridionale, fur
la rivière des Amazones , à l'orient du Pérou &c du pays
de los Pacamores. De fille nomme leur pays ijles & ha-
bitations des Omaguas ou Aguas , vers les 310 d. de
longitude, & les 3 d. 10' de latitude méridionale. Le
comte de Pagan dit que cette province eft la meilleure
& la plus grande de toutes celles qui font le long de la
rivière des Amazones. Sa longueur eft de deux cents lieues;
& fes habitations font fi fréquentes, qu'à peine a-t-on
perdu l'une de vue, qu'on découvre l'autre. Sa largeur
femble petite , parce qu'elle n'excède point l'étendue des
bras de ce grand fleuve. Tous les bourgs & les villages font
dans des ifles fort grandes; Scie commencement de cette
longue province du côté de l'occident eft à trois cents dix-
fept lieues des fources du fleuve des Amazones. La plus
grande Scia meilleure habitation desHomagues, eft dans
une ifle du côté du midi , à 3 d. de latitude auftrale , &
312 d. <(5' de longitude. Il y en a une autre compofée
d'une infinité de maifons conftruites à leurmode, & pofées
en un lieu avantageux. Elle eft remplie d'hommes très-
vaillans & aguerris , & fournie de toutes fortes d'armes
& de munitions de guerre. Cette place étant la dernière
de toute la province du côté l'orient , elle eft frontière de
diverlès nations vaillantes , contre lesquelles les Homagues
combattent fouvent. Ils ont des guerres continuelles , de
l'un & de l'autre côté de la rivière , avec les fauvages. Ce
font les Curines, du côté du midi, nation nombreufe
quife défend contre les peuples plus éloignés. Du côté du
nord font les Tecunes auffi vaillans & auffi nombreux
que les Curines. Voyez au molOUAGUAS. * Relat. hijl.
& gc'ogr. de la rivière des Amazones.
HOMALA. Voyez Lyrnessus.
HOMAR, en latinmoderne Homarus, petite rivière
d'Afrique , fur la côte de Barbarie , au royaume de Fez ,
dans la province de Habat. Elle a fa fource dans les
montagnes ; &, ferpentant vers le couchant , elle tombe
dans l'océan Atlantique à Taximuxa , entre Arzile Se
Larache.
HOMARA, petite ville d'Afrique, au royaume de
Fez , dans la province de Habat ; fon affiette , dit Marmol ,
Afrique , 1. 4 , c. 51 , t. 2 , p. 216; eft affez forte, car
elle eft fur un tertre au bord d'une petite rivière , (c'eft
le Homar ;) Sr. il fait beau voiries murs de loin. Elle eft
entre Arzile & Alcaçarquivir , à cinq lieues de l'une &£
de l'autre. Elle fut bâtie, à ce qu'on dit , par le petit-fils
du fondateur de Fez. Lorsque les Portugais prirent les
villes de Tanger Sid'Arzile , en 1471 , les habitans fe reti-
rèrent & ne revinrent point; mais quand Arzile fut aban-
donnée , elle commença à fe repeupler de Bereberes ,
parce que le pays eft beau & uni , abondant en bleds Se
en pâturages. Il y a plufieurs arbres fruitiers à l'entour ,
& quelques vignes ; Si l'on recueille beaucoup de lin dans
la campagne à caufe de la rivière dont on l'arrofe. Mais
les habitans y font fi tourmentés des Arabes , qu'ils font
fort pauvres. La plupart font tiflerands.
Tome III, C c c ij
388
HOM
HOM
De la Croix dans fon Hiftoire d'Afrique, 1. 1 , nomme
cette ville Homan ; & Corneille copiant ce qu'il en dit,
auffi-bien que l'article de Marmol , en fait deux villes
mal-à-propos.
i. HOMBERG an DER HoHN , ville d'Allemagne ,
dans le landgraviat de Hefïe , à l'orient d'Amenebourg &C
de Marpurg, à trois petites lieues communes d'Allemagne
de la dernière , &£ à une lieue & demie de l'autre ; elle
eft fur une colline au fommet de laquelle eft une forterelîe.
Baudrand en fait un bourg & un château qu'il nomme
Homberg an der Flaum. Ce lieu eft fur un ruiffeau
qui tombe dans la Lohn. Jaillot n'en fait qu'un village.
On la nomme Homberg dans la Hesse.
x. HOMBERG, bourgade d'Allemagne , en Veft-
phalie. C'eft unefeigneurie avec titre de comté , entre le
duché de Berg & lecomté de la Marck. * Baudr. éd. 1705.
3. HOMBERG, château d'Allemagne , dans la Suabe,
au Frickthal,près du Rhin. Ce château a eufes anciens
comtes qui y réiîdoient, & qui, dans la fuite, bâtirent le
château de Hombourg en Suifle. * Délices &Etat de la
Suijfe, t. 3 , p. 41.
HOMBLIERES, Humblieres , Humolaria ; abbaye
d'hommes, en France, de l'ordre de S. Benoît, dans un
village en Picardie , dans le Vermandois , au diocèse de
Noyon , aune lieue à l'orient de S. Quentin , fur le chemin
de Guife, fondée l'an 630 , par S. Eloy, pour des reli-
gieufes , dont fainte Hunegonde étoit du nombre. Albert ,
comtede Vermandois, l'an 948, mit dans cette abbaye
des religieux Bénédi&ins.
1. HOMBOURG, ville d'Allemagne dans les pays
réunis , & dans le comté de Sarbrug , à deux lieues de
Deux-Ponts , fur une petite rivière qui fe jette dans la
Blife. Longuerue dit que Hombourg eft dans la Lorraine
Allemande ; il a été long-tems un domaine de l'eglife de
Metz. Sigebold évêque de Metz, fonda en un lieu nommé
Hilariac un monaftere , pour S. Fridelin , moine Ecoffois
ou Hibernois, vers l'an 730. Crodegand ou Godegrand,
évêque de Metz, étant allé à Rome, fous le pontificat de
Paul I , obtint de ce pape le corps de S. Nabor , martyr ,
qu'il mit dans l'eglife A' Hilariac, & donna à cette eglife
le nom de ce faint , au lieu de celui de S. Paul auquel
elle étoit dédiée. Il s'y forma à l'entour une ville affez
confidérable , & dont les évêques de Metz furent feigneurs
temporels. 11 y avoit à deux lieues de cette ville une place
nommée Hombourg, qui avoit été fous l'obéifTance de Fol-
mare, comtede Metz. Il la donna à fon fils Hugues , qui
mourut , fans l'aifter d'héritiers ; ce qui donna occafion aux
voifins de fe faifir de Hombourg; mais Etienne de Bar,
évêque de Metz , foutint qu'elle devoit lui revenir au défaut
d'héritiers du dernier propriétaire ; & profitant de l'amitié
que l'empereur BarberomTe avoit pour lui , il fe faifitde
cette place à main armée, & la réunit au domaine de fon
eglife de Metz. Les comtes deSarbruck , vaflauxde l'eglife
de Metz , furent établis avoués héréditaires de la ville de
Hombourg, & de la ville Si abbaye de S. Nabor , que l'on
appella par corruption S. Navau , enfuite S. Avau &
S.Avold,ct que Meurifle nous apprend dans les Vies de
Sigebauld & d'Etienne de Bat , évêques de Metz. Les pré-
lats établirent à Ho mbourg & S. Avod une cour compofée
de vingt-quatre perfonnes qui avoient le nom d'évechirzs ,
& qui étoient tirés de tous les villages de la châtellenie.
On appelloit ce tribunal la grande ceicr, & l'avouerie
dont étoit chef le comte de Sarbruck, avoué héréditaire,
& le comte de Créange arriere-voue. Les évêques don-
nèrent des privilèges aux habitans de la châtellenie de
Hombourg & de S. Avod , qui furent confirmés, en 1368
& 1383, par l'évêque Theodoric deBoppart. Raoul de
Couci ayant fuccédé à Theodoric de Boppart , confirma
l'an 1 3 89 , aux habitans de la ville de S. Avod un péage ,
qui leur avoit été accordé pour la garde de la ville ; mais
fix ans après, il engagea à Charles, duc de Lorraine, la
moitié de Hombourg & de S. Avod , & de leurs dépen-
dances , pour s'acquiter envers le duc de la fomme de
quatre mille francs d'or , l'évêque Raoul fe réfervant le
droit de rachat avec les hommages des vaffaux , & cet
engagement duroit encore l'an 1470. Quelque tems après
l'évêque de Metz rentra dans lapleinejouiflancedecette
châtellenie , dont Bernard de Sarbruck fut établi châtelain
& receveur pour trois ans par le primicier , & le chapitre
de Metz , adminiftrateurs de l'eveché. L'an 15 51 , le
cardinal Robert de Lenoncourt, évêque de Metz, engagea,
avec le confentement de fon chapitre , le domaine de faint
Avod , &c Hombourg , à Philippe, comte de Naffau-sar-
bru.-k, àlaréferve des aides ordinaires, & extraordinaires,
des droits de régale &c de fouveraineté , moyennant quinze
mille florins d'or, avec permiffion de faire les réparations,
jusq'à la concurreuce de trois mille florins d'or, qui leroient
rendus par l'évêqueavec le prix de l'engagement. L'eglife de
Metz fe trouvant dans une grande neceffitéquelques années
après le chapitre donna fon confentement , l'an 1 567, pour
un engagement que le cardinal de Lorraine, leur évêque,
prétendoit faire des revenus de l'évêché, &c même des
ialines, jusqu'àlafomme de trente mille écus. En vertu , ou
fous le prétexte de cet afte , le cardinal de Lorraine ,
adminiftrateur perpétuel, & fon frère, le cardinal de
Guife, titulaire de l'évêché, cédèrent à leur neveu,
Henri de Lorraine , duc de Guife , & à fes descendans
mâles &t femelles , S. Avod & Hombourg , & les
dépendances, à la charge de rendre foi & hommage aux
évêques de Metz, parce qu'il avoit fourni vingt mille
florins pour éteindre une rente de pareille fomme , hypo-
théquée fur les deux châtellenies de Vie & de Mariai,
& conftituée par le cardinal de Lenoncourt , l'an 1551,
au profit du comte de Nalïau-Sarbruck , & parce qu'il
avoit fourni en outre dix- huit mille florins pour retirer
le domaine de S. Avod & Hombourg, engagé pour
cette fomme au comte de Naffau. Le duc de Guife donna
desa6f.es, l'an is^iSt 1576, pour reconnoître l'évêque
de Metz, & lui faire hommage, après quoi il pritpoffef-
fion de cette châtellenie & de fes dépendances, à la
requifîtion du chancelier de l'évêché : les habitans prêtè-
rent ferment de fidélité au duc , l'an 1 ^76 , après avoir
été déliés par l'évêque de celui qu'ils lui avoient fait.
Au bout de fix ans , le duc vendit cette feigneurie à
Charles , duc de Lorraine , pour la fomme de quatre-
vingt-feize mille écus. Le contrat fut approuvé & ratifié
en 1 586 , par le cardinal Charles de Lorraine , fils du duc ,
qui fit hommage à ce fils, lequel étoit évêque de Metz
& de Strasbourg. Après la mort du duc Charles , fon fils
Henri rendit les mêmes devoirs, l'an 1609 , à AnneDef-
car , cardinal de Givri , évêque de Metz. Cet hom-
mage fut fufpendu , dans la fuite, à caufe que la Lorraine
fut occupée par les François. Au traité de paix de Weft-
phalie, le fief impérial de l'évêché de Metz fut cédé &£
incorporé à la couronne de France ; mais , après que le
duc Charles eut été, en exécution de la paix des Pyré-
nées, remis en pofTeflîon de Hombourg & deS.Avod^
parce qu'il en étoit en poffeffion l'an 1633, le duc ne
voulut rien changer à ce que fes prédécelîeurs avoient
fait ;&t ces différends n'ont été terminés que par le traité
de Paris, 1718, article XI v , par lequel le roi cède à
Leopold , duc de Lorraine , tout le droit de fouveraineté
qui appartenoit à la couronne, par le traité de Mimfter,
& lui a remis toutes fes prétentions. * Longuerue , Defcr.
de la France , part, 1, p. 158.
x. HOMBOURG an der Hohe, c'eft-à-dire châ-
teau i 'AlLmagne , dans le landgraviat de Heffe , & plus
particulièrement dans la haute Hefle , affez près de Franc-
fort, à l'extrémité orientale de la forêt & de la mon-
tagne de Hohe. Ce château eft la réfidence d'une bran-
che de la maifon de Hefle, qui en prend le nom de
Hejfe-Hombourg. C'eft le chef-lieu d'un bailliage qui fait
l'appannage de cette maifon. * Hubner , Geogr.
3. HOMBOURG, château de Suifle, au canton de
Bafle , fur un rocher , à la descente du mont Jura , à
l'orient de Wallebourg. Il ne faut pas le confondre avec
Homberg , dans leFrickthal. Ce furent les anciens com-
tes de Homberg , qui bâtirent ce château de Hombourg.
Au-deflus de ce château les Baflois ont un bain d'eau
chaude minérale , nommé Ramfer-bad , qui eft bon con-
tre la gale , les obftru&ions , la débilité des nerfs , &C
autres maladies de cette nature. * Etat & délices de la
Suiffe, t. 3 , p. 41.
4. HOMBOURG, (la Justice de) petite con-
trée de Suifle , dans le Tockenbourg : on y voit les res-
tes delà fortereffed'ALT-GLATTENBOURG, poffedée,
il y a plus de huit cens ans, par les nobles qui porroient
le nom de Gielen de Glattenbourg. Les habitans dAp-
penzel & de Saint-Gall s'en rendirent maîtres en 140^.
Les nobles la reprirent presque aufll-tôt ; & elle fut enfin
entièrement détruite par les habitans du pays, en 1485.
* Etat & dél. de la Suiffe, t. 3 , p. 313.
HiP
HIP
389
HOMEL, petite ville de la Ruflîe Polonnoife, au l'Ifaurie & la Cilicie. Pline dit de la première, que leur
grand duché de Lithuanie , aux confins du duché & du pays lui étoit contigu , &C qu'ils avoient dans l'intérieuf
palatinat de Czernkhow , au bord occidental de la ri-
vière de Sofz , qui tombe un peu plus bas dans le Nieper.
* Robert de Vaugcndi , Atlas.
HOMELEA, rhiere d'Angleterre, dans fa partie méri-
dionale.Son nom moderne eft l'HuMBLE. Voyez ce mot.
HOMERITES, (les) ancien peuple de l'Arabie
heureufe. Selon I tolomée ,1.6, c. 7 , ils occupoient la
côte méridionale de l'Arabie depuis le détroit jusqu'aux
Adramites. Les léux confidérables de leur pays étoient :
Arabia emporium , port,
Armanïsphe , village ,
Me/an, montagne.
Madoce , ville,
Marace ou Maladie, ville,
Dees ou Lies, village,
Ammoniu , promontoire,
Ils confinoient , félon cet auteur , avec les Saphorites
voifins des Sabéens. Pline, 1.6, c. 28 , donne aux Ho-
merites une feule ville nommée Massala ; & le
P. Hardouin croit que c'eft la Masthala de Ptolo-
mée ; mais Cellarius fait voir que cela ne fe peut. Le
du pays une ville nommée Homona. Tacite , Ann. 1. 3 .
c. 46 , dit du conful Quirinius , qu'il avoit mérité l'hon-
neur du triomphe , pour avoir pris les forts de cette
nation dans la Cilicie : Mox expugnatis per Ciliciam
Homonadenfium cafiellis ; il faut l'entendre de la Cilicie
montagneufe qui confmoit à l'Ifaurie &c à la Lycaonie ;
de -là vient que quelques Notices, comme celles de
Léon le Sage & de Hieroclès , mettent cette ville dans
la Lycaonie. Elle étoit épiscopale , ikfonnom fe trouve
fort défiguré en quelques monumens eccléfiaftiques.
Hieroclès dit o't/^a'v a.S a, U M an ad a ; Léon le Sage dit
ONOMANDORUM , génitif SOnomada. Ce renverfe-
ment de lettres fe trouve conforme à la manière dont
Strabon, /. 14, écrit ce mot ; car il nomme ce peuple
'Ovofj.aS-^n , Honomades.
HOMONOEA, •opotoi* , lieu de la Paleftine. lien
eft fait mention dans la vie de l'hiftorien Jofeph.
HOMOTYLES , port maritime de la Sicile , félon
Polyen , /. 5 , qui dit que Denys le reçut d'Imilcon. C'eft
P. Hardouin croit que les Homerites faifoient partie des une faute d'écriture ; ilfautlire Motya. Voyez ce mot.
Sabéens , avec lesquels bien des auteurs les ont con- HOMO W ARE , bourgade des Indes , dans l'état du
fondus. Ortélius fe trompe, quand il dit que les Home- Mogol , au royaume de Vifapour. Elle eft fur la route
rites font nommés Auxomites , par Procope. Cet au- d'Atteni , à la capitale , entre Talfenghe & Tricota , à
teur , Bell. Perf. 1. 1 , c. 19 , n. 5 &C 6 , loin de dire que trois lieues de l'une &C de l'autre. * Robert de Vaugondy,
les Homerites &c les Auxomites foient un même peu- Atlas.
pie, les diftingue, & met le golfe Arabique entre deux.
Les Ethiopiens , dit-il , habitent vis-à-vis des Homeri-
tes , de l'autre côté de la mer : on les appelle Auxoni-
tes du nom de la principale de leur ville. Ces mots on
les appelle ne fe rapportent pas aux Homerites, mais
aux Ethiopiens fitués au couchant du golfe. Au lieu
HOMPS, commenderie de Malte, dans le bas Lan-
guedoc , au diocèfe de Narbonne.
HON, rivière des Pays-bas. Il en eft parlé dans la vie de
S. Landelin. Ortélius croit que c'eft le Honneau qui
coule dans le Hainault. Voyez Honea.
HONAN, contrée d'Afie , dans l'empire de la Chine,
à'Auxonites, il faut lire Auxomites , d'Auxuma , capi- dont elle eft la cinquième province. Elle prend fon nom
taie de l'Ethiopie. Procope diftingue encore mieux defafituation ; axHonan fignifie,<2« bord méridional du
ces deux peuples : le port des Homerites, dit-il, d'où fleuve ; &t c'eft fa pofition fur le fleuve jaune, qui la fé-
l'on fait voile pour l'Ethiopie, eft appelle Bulicas ; & pare en partie du Pekeli, Sien partie du Chanfi , quoi-
celui où l'on prend terre en Ethiopie , eft appelle le port qu'il y ait un espace où cette province s'étend au nord
des Adulites. L'abbé le Grand, dans une de fes Differ- de ce fleuve, entre le Pekeli &c le Chanfi. Elle a les
tations fur l'Ethiopie, p. 199, rapporte un paiTage de provinces de Chanton & de Nankin au levant, celle
Theodoret furie troifiéme Livre des Rois , quœfl.-$i,!k de Huquang au midi , & celles de Suchuen & deChenfi
dit : « Theodoret ayant demandé ce que c'eft que le au couchant. * Atlas Sinenfis.
» peuple de Saba , répond: c'eft un peuple d'Ethiopie. Les Chinois aflurent que cette province eft au milieu
» On dit que ces peuples demeurent le long de la mer de l'univers. Ils fondent leur opinion fur l'idée qu'ils
» des Indes ; on les appelle Homerites ; ils font vis-à- ont de la Chine , hors de laquelle ils croient avec peine,
» vis les Axumites ; il n'y a que la mer entre deux: qu'on trouve d'autres terres, & fur ce que cette province
» ils ont eu pour reine cette femme admirable , dont étoit au milieu de la Chine dans les tems les plus an-
»> le zélé a été loué par notre Seigneur Jefus-Chrift. ciens. Les empereurs y ont fait leur demeure à caufe
» Philoftorge place les Sabéens parmi les peuples des des commodités qu'y apporte le fleuve jaune. Le pays
» Indes: les Sabéens , nation des Indes , font ainfi nom- y eft beau & très-fertile ; ce font des plaines & des
» mes de la ville de Saba , capitale du pays , &c ils font montagnes , fur-tout vers le couchant. Tout y eft mis
» les mêmes que les Homerites. » Ce paflage de Théo- à profit, excepté quelques montagnes dont plufieurs
doretrenferme plufieurs fautes. En premier lieu, l'Ethio- font même chargées de forêts. La campagne y abonde
pie étoit au couchant du golfe Arabique , où elle eft en- en froment , en riz & attires grains ; le bétail y eft
core , & les Homerites étoient au levant de ce même commun. Tout le pays eft rempli de villes , de cités ,
golfe ; ils n'étoient donc point de l'Ethiopie, mais de de bourgs ,de châteaux. Il eftarrofé de quantité de ri-
PArabie. 2. Les Sabéens n'étoient dans les Indes, que vieres & de ruifteaux, qui la plupart y ont leurs four-
parce qu'on nommoit impropremenr l'Arabie des Indes, ces. Il produit presque tous les fruits de l'Europe , en
Les Sabéens ne font les mêmes que les Homerites qu'en telle quantité, qu'on les y donne presque pour rien ; en
partie , c'eft- à-dire que les Homerites étoient compris un mot , on y trouve le néceflaire , même les agrémens
dans le pays des Sabéens. Mais cette dernière nation com- de la vie. C'eft pourquoi il ne faut pas être furpris fi
prenoit encore d'autres peuples que les Homerites. Le les Chinois l'appellent le jardin ; car la partie orien-
pays des Homerites répond à -peu -près à ce que nous taie en eft fi délicieufe, & fi cultivée, qu'on marche
appelions aujourd'hui le pays d'Aden. ■ plufieurs jours dans des campagnes que l'on prendrait
HOMILjE , "oiuXa , ville de Grèce , dans la Thef- pour un jardin bien entretenu. Le P. Martini dit que
falie, félon Ptolomée,/. 3, c. 13. cette province eft l'Italie de la Chii
Le Livre Chinois où fe trouvent les calculs des reve-
nus, porte que dans cette province il y a 589296 famil-
les, $£ 5106270 hommes mâles ; que le tribut tant, du
froment que du riz, eft de 2414477 facs ; elle '
four-
nit 23509 livres de foie crue ; 9959 pièces de foie tra-
vaillée , & 341 pièces de coton, dont elle produit peu;
HOMME , ou Hums , petite ville de l'Ecoffe méri-
dionale , dans la province de Mers , à cinq lieues ^le
la ville de Berwich. Elle a eu autrefois fes comtes par-
ticuliers , dont elle étoit la réfidence. Leur château eft
démoli. * Baudrand , édit. 1705. Etat préfent de la Gr.
Bretagne, t. 2, p. 236.
HOMOLIUM ck HoMOLIS , bourg de Grèce , dans & pour les écuries de l'empereur, elle livre 2288744bot-
la Theffalie , entre le Penée & la ville de Demetriade. tes de foin. Voici la lifte de fes villes avec leurs pofi-
Strabon , /. 4 , c. 9 ; & Scylax de Caryande , /. 9 ,p. 443 , tions. Nous avertirons feulement que la longitude fe
en font mention. Etienne en fait une ville de Macédoine, prend du premier méridien Chinois qui eft à Pékin ,
C'eft peut-être l'Homilse de Ptolomée. & on compte d'orient en occident : de forte que pour
HOMOLUS. Voyez Omole. réduire cette . longitude à la méthode de nos géogra-
HOMONA, ville d'Afie, près de l'Ifaurie. Leshabi- phes , il faut la retrancher de celle de Pékin, qui eft,
tans font nommés HOMONADES par Pline, /. 5 , c. 27. félon les obfervations , 136 d. 46', étant de 1 d. 54'
Tacite les nomme Homonadenses. Ils étoient entre plus occidentale que Pékin , eft à 133 d. 52'deJongitude.
39°
HON
HON
Noms.
Longitude.
Latitude.
Noms.
Longitude.
Latitude.
I. Ville
v. raie
métropolitaine.
métropolitaine.
Caifung ,
2. 54
35-
50 p
■loaiking ,
t 'i
À
10 p.
Chinlieu,
i. 40
35-
47 P
Ziyûen ,
36.
10 p.
Ki,
2. 33
35-
36 p
Sieùûû ,
*. 6
36,
16 p.
Tunghiu ,
2. 50
35-
34 P
Vuche,
4. 12
36,
8P.
Taikang,
2. iz
35-
.'3P
vleng,
4. 50
36.
4P-
Gueixi ,
3- 3
35-
36 p
Ven.
23. 23
36.
7.P-
Gueichuen ,
3. IZ
35-
14 p
Ienling ,
z. 5z
35-
13 P
VI. Ville.
Fukeu ,
3- 4
35-
6p
Chungmen,
Iangûii ,
3. .6
35-
41 P
rlonan,
7- 5
35-
38'P.
3. 16
36.
oP
'ensu,
4. 42
35-
4°iP-
Iuenûû,
3. 30
35-
58 P
wUng'-
4. 30
35-
5op.
Fungkieu ,
Jencin ,
z. 32
36.
6p
Vlengein ,
4. 50
35-
5° P-
3. 30
36.
9P
Yyang,
Tengrung ,
5- 30
35-
2 p.
Laniang,
Chin ©,
2. 3z
35-
?zp
4- 34
35-
20 p.
z. 21
34-
48 p
ungning ,
6. 0
35.
17 P
Xangxui,
2. 39
34-
41 p
Singan ,
5- 14
35-
52 p
Sihoa,
2. 50
34-
51 P
Vlienchi ,
5. 50
35-
48 p
Hiangchin,
2. 8
34-
30 P
Caô,
4. 46
35-
26 p
Xinkieu ,
z. 0
34-
16 p
Xen ©,
6. 30
35-
53 P
Hiu©,
3. 36
35-
6p
Lingpao ,
6. ço
35-
53 P
Liniu ,
3. 30
34-
5*P
Xeuhiang,
7. 20
35-
56 p
Siangching ,
3- 47
34-
53 P
Luxi.
6. 28
35-
4P
Ienching ,
3- '7
34-
46 p
Chansco ,
3. 29
35-
19 p
VII. Ville.
lu®,
3- 55
35-
24 p
Sinching,
Ching ©,
3. 40
35-
26 p
Nanyang ,
5« *5
33-
53 P
3- 35
35-
46 p
Chinp'ing,
5- *5
33-
50 p
Mie,
4- 4
35-
26 p
Tang,
4. 37
33-
50 P
Iungyang ,
3- 43
35-
52 p
Pieyang ,
4. 15
33«
57 P
Iungçe ,
3- 54
36.
oP
Tungpe ,
3- 55
33-
44 P
Hoin\
4. 14
35-
îo P
Nangchao ,
5« 35
34-
Op
Sûxûi ,
4. 8'
35-
34 P
Teng © ,
5- 42-
33-
40 p
Ifung.
2. 21
35-
56 p
Nuihiang ,
Sinye,
6. 27
5- *5
34-
33-
*P
55 P
il ruu.
Chechuen,
Yu©,
5- 54
4- 34
33-
34-
35 P
20 p
Qveite ,
I. 31
35-
10 p
Vuyang ,
3- 35
34-
^3 P
Ningling,
1. 46
35-
11 p
Ye.
4. 12
34-
41 P
Loye,
1. 44
34-
45 P
Hiaye ,
0. 55
35-
17 P
Vni. Ville.
Iungching ,
0. 46
3'-
12 p
'.1
Iûching,
1. 20
35-
20 p
.
Iuning,
2. 56
33-
53 P
Ciu s,
2. 7
35-
34 P
•
Xangçai ,
2. 59
34.
13 P
Hiaoching,
2. 4
35-
5i F
.
Sip'mg,
3. 29
34-
13 P
Xeching.
2. 4
35-
12 p
Sinçai ,
Suiping,
2. 29
3. 16
33-
34.
41 p
3 r
III. Fille.
Chinyang,
Sinyang ©,
z. 59
3. 22
33-
33-
33 F
20 p
Changte,
3. 2É
37-
Of
.
Loxan ,
3. 0
33-
21 p
Tanging,
3. 2C
36.
5of
.
Kioxan ,
3- 17
33-
40 F
Linchang ,
3. 22
37-
18 p
.
Quang © ,
1. 50
33-
20 f
.
Lin,
5. 4c
37-
V
.
Quangxan,
2. 2
33-
13 F
.
Cus,
3- a7
37-
18 f
.
Cuxi,
1. 20
33-
14 F
.
Vuean ,
3- 42
37-
3*1
.-
Sië,
2. 15
33-
30 F
.
Xef
4. c
37-
40 ï
.
Xangching.
2. 0
33-
46 f
.
IV. Ville.
,
Grande Cité.
Gueihoei ,
3- 2C
36.
3°
>.
lu ©,
4- 57
35-
5 I
.
Çoching ,
3. *
36.
21
i.l
Luxan,
5- 35
34-
45 1
.
S'inhiang ,
3- 3S
36.
26
3.1
Kia,
4. 25
34-
501
.
Hoekia ,
3- 5<
36.
2Z
3.1
Paofung ,
4. 46
34-
361
.
Ki,
3- lJ
36.
38
H
Yang.
5. 6
35-
13 F
.
Hoei.
I3. 3>
36.
36'
'•1
2. HONAN , ville de la Chine , dans la province de
même nom , dont elle eft la ftxiéme métropole. On
vient d'en voir la longitude & la latitude, auffi-bien
que les noms des villes qui font de fon département. Elle
eft fituée fur la rive feptentrionale du fleuve Co. C'eft
cette ville , que. les Chinois aflurent être pofitivement
au centre de la terre. Le pays circonvoifm a beaucoup
de montagnes , & cependant il eft fort agréable & fer-
tile : la ville eft grande , bien peuplée , & a eu un roi
de la famille de Taiminga ; cette ville a de fameux
temples dédiés aux hommes illuftres : l'un eft fur le
fleuve Co , dans la partie orientale de la ville , & le
fleuve pa(Te par-deflous comme fous un pont. C'eft la
patrie du prince , qui a été tige de la famille de Sunga.
HON
L'empereur Ivus annexa ce canton à la province d'Yu ;
Se l'empereur Vu , lorsqu'il fe difpofoit à'fSre la guerre
à la famille de Xanga, fit préparer à^onan les armes
Se les autres chofes néceffaires pour fon entreprife. La
famille de Cin la nomma Sanchuen, parce qu'en -effet
elle eft fituée entre trois rivières. La famille de Hana
lui donna le nom qu'elle porte à préfent, Se y fixa la
réfidence impériale , qui néanmoins n'y demeura pas
long-tems. Elle porta enfuite les noms de CoCHEU,
de Tungsu , de Siking , de Kinchang, & enfin
on lui rendit celui de HoNAN. * Atlas Sinenfis.
HONCE, (la) ouLeoncel, abbaye d'hommes ,
ordre de Prémontré, dans le Labour, au diocèse de
Bayonne.
HOND. Voyez Hont. i.
HONDARIA, bourg maritime d'Efpagne , dans la
Biscaye , aux frontières de Guipuscoa. * Robert de
Vaugondy, Atlas.
i. HONDO , royaume d'Afrique , fur la côte de
Guinée, entre Sierra Leona, Se le cap Monte, au nord
de Silrr.-Monou , & du pays de Galaveis. Il renferme
la contrée de Dogo. Cet état eft tributaire de Quoja.
*Dapper, Afrique. Cote de Guinée , par M. Bellin.
z. HONDO , bourg Se abbaye royale de chanoines
réguliers en Espagne , dans la vieille Caftille , au dio-
cèfe d'Avila.
HONDSCOTTE. Voyez Honscotte.
HONDT. Voyez Hont.
HONDURAS ,( félon De l'Ifle, Carte du Mexique,
province de l'Amérique feptentrionale , dans la nouvelle
Efpagne , le long de la mer du nord , Se du golfe Hon-
duras. Elle eft bornée au nord Se au nord-eft par la
mer, au fud-eft & au fud par la rivière d'Yare, qui
la fépare du Nicagara ; Se elle a au couchant le pays de
Comayagua. Elle eft dans l'audience de Guatimala.
Baudrand comprend dans le Honduras , le Camayagua.
En lui donnant cette étendue , on peut dire que les prin-
cipaux lieux font :
Truxillo , port de mer.
Valladolid ou Camayagua, évêché.
Gracias à Dios.
Sant Georgio d'Olancho.
Il y a plusieurs rivières remarquables , favoîr Xaqua ,
Guayamo, Rio grande Se Yare. Entre les caps , il y en a
trois qui méritent d'être obfervés : celui de la pointe qui
s'avance au nord de Truxillo , Se forme un petit golfe
où eft ce port , le cap de Camaron , Se le cap Gracias à
Dios. Voici la description que De Laét , Ind. occid.
1. 7, c. if, 18, fait de ce pays. Le Honduras a pour li-
mites, vers l'orient , la province de Taguzcalpa , nom-
mée aujourd'hui la nouvelle EJlremadure ; vers le fud ,
celle de Nicaragua ; du côté du fud &c fud-oueft , les
provinces du gouvernement de Guatimala ; à l'occident,
Vera-Paz & Golfo-dolce ; Se au nord, la mer du nord.
Sa longueur , fuivant la côte de la même mer , eft de
cent cinquante lieues entre l'eft Se l'oueft, Se fa largeur
environ de quatre-vingt , depuis cette même mer , jus-
qu'aux provinces que lave la mer du fud. Ce pays porte
quantité de groffes courges. Ceux qui en découvrirent
les premiers la côte , les voyant flotter fur l'eau , nom-
mèrent cette mer, golfo di Hibueras , c'eft-à-dire le golfe
des citrouilles , Se le pays même, province de Hibueras,
à caufe que les infulaires de l'Espagnole appellent les
courges Hibueras ; mais depuis pour la profondeur de la
mer auprès du cap principal , on donna le nom de Hon-
dure à la province , Se celui de Hibuera fut aboli. Les
anciens habitans de ces régions étoient extrêmement
pareffeux ; ils ne cultivoient point la terre , fe nourrif-
foient de racines Se d'animaux de toute espèce. Les prin-
cipaux feuls ufoient du breuvage fait avec du cacao. Ils
divifoient leur année en dix-huit mois, qu'ils appelloient
Joalar, comme qui diroit chofe mobile, Se qui pafle, Se
vingt jours à chaque mois. Le terroir s'élève en hautes
montagnes, ou s'enfonce en vallées fertiles, qui étoient
autrefois extrêmement peuplées de Sauvages ; mais les
guerres imeftines en ont fait périr un très-grand nom-
bre , de forte qu'il y a préfentement peu de naturels qui
habitent ces grandes provinces. Ceux qui y reftent, payent
tous tribut aux Espagnols , en coton , en miel , qu'ils
HON 39 ï
tirent des troncs des arbres , en chili ou axi , & en pa-
tates. Cette province a aujourd'hui fon évêque , & plu-
fieurs villes bâties par les Espagnols , dont la principale
eft Valladolid. Les autres font Gracias à Dios, Ssn-Pe-
dro , Puerto de Cavallos , Truxillo Se San Jorge. La
plus confidérable rivière du pays fe nomme Haguaro»
Elle pafle affez près de la ville de Truxillo , Se fur fes
deux bords il y a plufieurs bourgades. Les autres rivières
font plus petites. L'une appellée Chamalucon , coule au-
près deCommyagua , Se traverse le territoire de San-Pe-
dro. L'autre qu'on appelle l/lua, après avoir couru vingt
heues par un terroir fort bien cultivé , descend en la mer
du nord. Homme toutes ces rivières furmontent leurs
bords, en de certaines faifons, l'eau qui fe répand dans
les champs voifms , arrofe Se engraiffe les prairies , les
vergers & les jardins. Toute la côte du gouvernement
de Hondure , s'étend le long de la mer du nord, Si du,
golfe qui^ porte fon nom, Yucatan Se le cap de Hondure,
Cette côte prend fon commencement vers l'oueft de
l'embouchure du Golfo-dolce, & du cap appelle vulgai-
rement Punta di Hubuera. De-là vers l'eft , la côte fe
retire un peu , Se avançant de nouveau un coude , elle
fait un autre cap , dit Cabo de très Puntas , auprès du-
quel les Espagnols ont eu autrefois une bourgade nom-
mée San-Gil de Bonavijla , qui fut de peu de durée. Du
même côté fuivent les rivières Piche , Riobaxo , Ubia
le port de Cavallos ; Se le rivage s'avançant de-là encore
en mer , fait un cap nommé Triumpho de la Crux , d'une
bourgade qu'on y a vue autrefois. Ensuite la côte court
vers le cap célèbre de Camaron, duquel s'avancent en
mer , jusqu'à près de vingt lieues loin , des bancs de
forme triangulaire , dont labafe eft tournée vers le con-
tinent. Auprès de la bafe, il y a quelques ides féparées par
des canaux qui, coulant entre deux, s'étendent vers la terre
ferme. Le côté feptentrional de ce grand banc eft bordé
des ifles de roches , qu'on appelle S. Milan.
i. HONDURAS, (le golfe de) golfe de la mer
du nord , fur la côte de l'Amérique , dans la nouvelle
Espagne , entre la province de Honduras au midi , Se
celle de Iucatan au feptentrion. Il eft rempli de plufieurs
ifles , dont les plus conlidérables font :
Guania,
Ruatan .
Utila,
Quita Suono.
Ce golfe en comprend plufieurs autres plus petits qui ont
leur nom , comme celui de Truxillo , où eft la ville de
même nom , Golfo-dolce , à l'embouchure de la ville
d'Acafabatlan , Se la baye de l'Afcenfion, au pays de Che-
tumal Se quelques autres. Ce golfe Se les environs ap-
partiennent au roi d'Espagne , Se a été nommé autre-
fois golfe des Hibueras ou des Citrouilles , comme on a
vu dans l'article précédent. *Baudrand , éd. 1705. De
l'Ifle, Carte du Mexique.
_ Ce fut Chriftophe Colomb qui découvrit cette pro-
vince à fon quatrième voyage , eniçoi, conjointement
avec B.irthelemi Colomb , fon frère : celui-ci ayant fait
fur la côte une prife qui venoit de l'Yucatan , y trouva
beaucoup de cacao , que les Espagnols ne connoifloient
point encore. * Notes du P. Charlevoix.
_ HONEAU , ou Honneau , ou Hosneau , petite
rivière des Pays-bas dans le Hainaut. Elle a deux fources
aux environs de Bavsy; Se ces deux fources, allez voifi-
nes l'une de l'autre , forment deux ruiffeaux , qui , après
s'être écartés , enferment une espèce d'ifie autour de
cette ville , aptes quoi ils fe rejoignent auprès de Belli-
gnies , reçoivent divers ruiffeaux , paffent ensemble à
Kievrain ; Se au-deffous de cette place le Honneau fe
groffit d'une autre rivière qui vient du bois de Mormal,
Se va enfin fe perdre dans la Haifne , auprès de Condé.
*De l'Ifle, Carte de l'Artois.
HONECK , village de Suiffe , au canton , Se à une
lieue de Zuric , fur le chemin de Baden. Le terroir pro-
duit le meilleur vin de tout ce canton. *Etat & délices.
de la Suiffe , t. 1, p. 39.
HONFLEUR, ville de France, en Normandie , dans
le Lieuvin, en latin Honflcvius Se Honflorium. Sigebert
l'appelle Juliobona , que Turnebe interprète Villebon ; il
femble que ce doive être plutôt Lillebonne. André du
Chêne dit que la ville de Honfleur a reçu peut-être ce nom.
à caufe que Us eaux jluent , & s'écoulent. par-là dans la
39i HON
mer. Elle eft fituée far la rive gauche de la Seine , cinq
lieues au-deflous de Quilbeuf, à trois dePont-l'Evêque
& de Touques , à l'ept de Lifieux , & à feize de Rouen,
avec un bon port , haute juftice & amirauté. Elle n'eft
qu'à trois lieues du Havre, où, à la faveur du flux & du
reflux delà mer, les barques de partage transportent tous
les jours des hommes & des marchandées. Cette ville
efl ouverte presque de toutes parts , une pattie des mu-
railles de l'on enceinte , ôt un grand nombre de lès mat-
ions ayant été détruites par ordre du roi , qui a fait
creufer ci bâtir au milieu de la ville, un port revêtu de
telles pierres , avec un quai aiTez large qui régne tout à
i'entour. Les vaifleaux de trois à quatre cents tonneaux
y peuvent entrer , &c y font à l'abri des vents : on les
y peut retenir à flot, par le moyen des grandes portes ou
éclufes deftinées à cet ufage. On y retint une escadre
de galères du roi, en 1690. Deux jettées ou digues ren-
dent l'entrée du port plus facile & plus commode. A la
tête de la plus longue , on a établi une batterie de ca-
non , & une autre au pied de la côte , pour en défendre
les approches & le paflage de la Seine. L'espace qui eft
entre les jettées , fert d avant- port. Huit grandes rues
pavées fe terminent aux environs du baffin,. Une partie
«le ces rues s'élève fur le penchant d'une côte qui com-
mande fur la ville ; les autres font dans un terrein allez
uni du côté de la mer qui bat les terrafles des mailbns
de la grande rue, & la muraille' du château. Honneur,
où l'on compte environ douze mille habitans , a deux
paroîfles ; l'une eft S. Léonard, Vautre Sainte-Catherine,
avec un clergé nombreux. Elles ont pour aides ou fuccur-
f aies, deux églifes bien bâties, Notre-Dame & S. Etienne,
où l'on fait le fervîce divin. Il y a auffi un couvent de
Capucins, un monaftere de religieufes de laCongrégation
de Notre-Dame , un de Dominicaines, qui gouvernent
l'hôpital ; & au bout du fauxbourg de S. Léonard , une
chapelle de S. Clair & un hermitage. Il y a encore une
fociété de filles , fous le titre de la Conception de la
Vierge , qui font des vœux fimples. On trouve fur le
haut de la côte une chapelle où eft Une grande dévotion,
qu'on appelle Notre-Dame Je Grâce ; elle eft deflervie
par les Capucins qui y ont un petit hospice : du terrein
planté d'arbres devant cette chapelle , on découvre fix
lieues du cours de la Seine, & au-delà de cette rivière,
le château de l'Orcher, les villes deHarfleur & du Ha-
vre , ck tous les vaifleaux qui montent à Rouen , &
qui en descendent. Un petit ruifleau , dont l'eau fert à
faire moudre les moulins de la ville , coule au pied de la
côte, & plufieurs fources d'eau vive, en fournifTent les
fontaines , dont plufieurs font allez jolies & à quatre
jets. La ville deHonfkur qui entretient plus de foixante
vaifleaux pour fon commerce , tant au grand banc de
Terre-neuve , qu'aux lues Françoifes , a un gouverneur
qui l'eft auflî de Pont-FEvêque & du pays d'Auge ; un
lieutenant de roi, un major, un maire, trois échevins,
une maifon & une horloge de ville , & quatre compa-
fnies bourgeoifes formées des quatre quartiers de la ville.
,es officiers de la vicomte d'Auge y viennent de Pont-
l'Evêque tenir leur féance une fois en quinze jours , ce
que fait auffi , toutes les quinzaines , le vicomte de Ron-
cheville , à l'alternative ; mais on va à Pont-FEvêque
pour les affaires dont le bailliage d'Auge doit prendre
connoiflance. Le fel de brouage pour le département
des villes & pays fitués fur la Seine , arrive à Honfleur
dans les vaifleaux du parti , & il eft déchargé & mis en
grenier dans trois vaftes magafins. Cependant cette ville
n'a pas fon franc falé ; mais elle eft exempte de taille. On
y fait force dentelles-, ainfi que dans les paroiffes de la
campagne voifine. *Corn. Dift. Mémoires drejjés fur les
lieux , en 1 704.
Cette ville s'appelle, dans les anciens titres , Honne-
FLEUR & HuNNfcFLORUM. Elle étoit déjà connue dès
l'an 1 200 , & depuis elle a été célèbre par fes navigateurs
qui ont tait des voyages & des découvertes dans le nou-
veau monde, & aux côtes les plus éloignées. * Lon-
guerite , Defcr. de la France , l. part. p. 76.
HONGLOS , rivière de la Sarmatie , en Europe,
félon YHiftoire mêlée , 1. 19.
HONGRIE. Plufieurs géographes ont diftingué deux
Hongries ; l'une en Afie, l'autre en Europe. De l'Ifle, dans
fa Carte d'Afie pour l'hiftoire de Genghiz-Kan, a mar-
qué la Hongrie Afiatique , qu'il nomme LA GRANDE
HON
HONGRIE , & la met à l'orient de la Bulgarie en Afie.
Comme la Bulgarie eft entre le Wolga & la montagne
de Caf, qui eft une branche de l'Imaùs des anciens , la
Hongrie Afiatique eft entre cette montagne & l'Irtisch,
entre les g}6 & les 100e d. de longitude , entre le 50e &C
le 55e d. de latitude.
La Hongrie en Europe, eft bornée à l'occident par la
Stirie, l'Autriche & la Moravie ; au nord, par la Polo-
gne ; à l'orient & au midi, par la Turquie d'Europe. Sa
longitude eft environ depuis le 3 s;e d. jusqu'au 44e d. 3' ;
& (à latitude feptentrionale eft depuis le 45 e jusqu'au
de-là du 49e.
Ce royaume , qui répond à une partie de l'ancienne
Pannonie & de laDacie, fut occupé, au cinquième fié-
cle , par les Huns , enfuite par les Lombards, qui pafle-
rent de-là en Italie. Les Esclavons fe répandirent dans
la Hongrie , & allèrent s'établir aux environs de la Saxe.
Dans le même tems, les Avares ou Abares s'en rendirent
maîtres. Charlemagne, & Louis le Débonnaire, fon fils,
les fournirent en partie. En 891 , les Hongrois, fortis'de
la Tartarie , vinrent s'établir dans ce pays , & lui don-
nèrent leur nom. Geifa , Fun de leurs chefs , embrafla le
Chriftianisme, en 969; & S. Etienne, fon fils, fut proclamé
roi de Hongrie, en 1000. C'eft donc à cette année que
commence le royaume de Hongrie. Les fuccefleurs de
S. Etienne profitèrent de toutes les occafions qu'ils eu-
rent de s'aggrandir, & firent fi bien, que leur domination
s'étendoit depuis les monts Crapac jusqu'à la Thrace»
Ainfi , dans ce fens , la Hongrie étoit fort grande.
Elle comprenoit,
La Hongrie, La Croatie,'
La Transilvanie, La Bosnie,
La Moldavie, La Dalmatie,'
La Valaquie , La Servie,
ci la Bulgarie.
Ce fut la quatrième famille qui l^aggrandît ainfi ; car Char-
les-Robert, fils de Charles-Martel, roi de Sicile, fk dé
Marie, fille d'Etienne V, étant demeuré roi paifible,
&c couronné en 13 10, fournit au royaume de Hongrie la
Dalmatie, la Croatie, la Servie , la Bulgarie, la Rascie
&. la Bosnie. Mais les grands accroiffemens de l'empire
Ottoman diminuèrent peu-à-peu cette belle monarchie.
Avec le tems , elle s'affoiblit, foit parce ce qu'il s'en
détacha des provinces entières , (bit parce que les Turcs
en envahirent d'autres. La Servie & la Bosnie eurent
des rois particuliers qui furent afîujettis par le Turc. La
Dalmatie fut auffi la proie des Ottomans qui la prirent,
à la réferve des places maritimes , dont les Vénitiens fe
font farfis le long du golfe. La Valaquie &C la Moldavie
fe donnèrent des vaivodes indépendans des rois de Hon-
grie ;>& la Tiaiifilvanie s'en fépara, en 1541 ; de forte
qu'il n'eft refté à la Hongrie que la Hongrie proprement
dite , avec la Croatie &f l'E^clavome. Encore a-t-on vu
dans les années 1 679 & 1 680 , les Turcs fi avancés au
nord qu'ils afîiégerent enfuite la capitale de l'empire. Le
"Wag & le Rab étoient alors les bornes des deux empi-
res. Mais ces progrès reffembloient à ceux de la mer, qui
quelquefois s'enfle , & fort de fon lit pour y rentrer peu
après , comme nous verrons ci-defious.
La petite république de Ragufe eft auffi un démem-
brement de ce royaume , auquel elle appartenoit dans
les tems florifians , dont nous avons parié.
C'eft à cette grande monarchie Hongroife qu'il faut
Tapporter les Notices fuivantes. La première eft une No-
tice eccléfiaftique , qui regarde les évêchés ; l'autre con-
cerne les comtés. Il y a en Hongrie deux archevêchés,
favoir :
1. GrAN ou Strigonie. Son prélat eft primat du
royaume ; fes fuffragans font ,
Aggna, Agnenfis,
Cinq-Eglifes , Quinque-
Ecclejîa,
Vesprin , Vesprimienfis,
Javarin , Javarienjîs ,
Waitzen, Vacieiifis^
Neitta, Nitrienjis.
a. Colocza ; fes fuffragans font,
Bath , Bathienfis , uni Bosna, Bosnenfs. Lefiégé
à Colocza. a Jaycza,
Agram^
HON
BON
Àgram ou Zagrab, Ta- Chonad, Chanadienjîs ,
grabienjîs, Sirmich, Sirmienfis ,
Le grand Varadin , ^<z- Backow, Bachovienfis dans
radienjls , la Valachie.
Pourla Croatie & la Dalmatie eft l'archevêque de Zara,
Jadrienfis ; Ces fuffragans font ,
Ozero , \AnfarenJLs ou Veglia, Veglienfîs^
Abfarenjîs, Arbe, Arbenfis.
L'archevêque de SPALATRO , Spalatenfis , a pour fuf-
fragans ,
393
Segna , SegnienJFs ,
AlmifTa, Almiffienjis ,
Modruz, Modrufienfis ,
Macarasca, Macarienfis ,
Lefina , Pharenfts.
Ragujinus , a pour fuffra-
Trau , Tagurienfis ,
Scardone, Scardonienjls,
Tine, Tininienfis,
Nova, Novenjts,
Sebenico , Sibinicenjîs ,
Temne , Temnenjîs ,
L'archevêque de Raguse ,
gans,
Sfagno, Stagnenjïs, Cattaro, Catharienfis ,
Caftronovo , Rofonenfls, Labrazzo , Bacenjls ,
Tribigno, Tribunicenjts, Budua, Biduanenfis.
Cette Notice qui fe trouve à la tête de l'Hiftoire deHon-
grie d'Ifthuanffi, eft très-différente de celles qui fe lifent
dans les Recueils ordinaires , & particulièrement de celle
du P. Briet.
On y trouve auffi la lifte fuivante des comtés de Hongrie.
Ung,
Beregsaz,
Ugocz ,
Marmaros,
szathmar,
c „, „ ^ Mitoyen,
Szolnoc'Î Extérieur!
Bihor,
Krasnna ,
Ber,
Bekes,
Zarand ,
Chanad,
torontal ,
Themeswar,
Gran ou Strigonie ,
Zeuren,
Zemplin,
Trinchin ou Tranc-
ZIN,
SoLTH ,
Kis-heves,
NAhi-heves,
Saros ,
Chongrad, ouChon-
GRAD,
Haron ,
Maczo ,
Orbacz,
Krasso ,
Orod ou Arad,
Kovin ,
Ztebernic.
La plupart de ces comtés fubfiftent ; mais on y en â
ajouté encore quelques autres, comme on verra dans
les chapitres fuivans.
La couronne de Hongrie a été long-tems élective ;
mais la maifon d'Autriche en ayant chaffé les Turcs ,
l'a rendue héréditaire ; il fut déclaré tel , en 687, dans les
états affemblés à Presbourg ; & toute la nation renou-
vella elle-même cette déclaration en 1723.
La Hongrie eft divifée en quatre parties principales ,
favoir ,
La haute Hongrie, L'Esclavonie,
La basse Hongrie, La Transilvanië.
On pourroit y ajouter la Croatie.
III. La Haute Hongrie, eft la plus grande, &
répond au pays des anciens Jazyges Metanaftse , avec
une partie de la Dacie. Elle eft bornée au nord-oueft
par la Moravie , & au nord &C au nord-eft par la Po-
logne , dont elle eft féparée par une longue chaîne de
montagnes ;à l'orient, par la Pokutie fk la Tranfilvanie;
au midi & au couchant , par le Danube. On la divife
en trente-quatre comtés , dont voici les noms.
Comtés de la haute Hongrie ,
Sirmich ,
Walko,
POSGA ,
Verocze,
Baranya,
Bach,
BODROG ,
Tholna,
Albe royale,
"Vesprin,
SOMOGY,
Szala,
Sarvar ou Castel-
ferrat ,
SOPRON,
Moson ,
Javarin,
CoMORRE,
PlLICZ,
Pest,
Presbourg ouPoson,
NlTRIA,
Bars,
HONT,
Novigrad,
ZOLL ,
Liptow,
Arava,
Thurocz,
SCEPUZ,
Thorn ,
"Wyvar ,
BORSOD,
Ghemer,
Outre ces foixante-quatre comtés en Hongrie , la même
Notice en met trois en Esclavonie, favoir,
Creitz , Zagrab ou Agram, & Varasdin.
Et fept autres dans la Tranfilvanie, favoir,
Kolos,, Thorda,
DOBOKA, KlKELLO,
ZOLNOC INTERIEUR, AbBeJvliE,
6C HUNYADE.
I. Poson ou Presbourg,
II. TranczinouTrans-
chin,
III. Arva ou Arava ,
IV. Turocz,
V. Neytra ou Nitria,
VI. Bars,
VII. Novigrad,
VIII. Sag,
IX. Sol ou Newsoll,
X. GhemerouGoemer,
XI. Liptov,
XII. CzepuzouScepuz,
XIII. Saros,
XIV. GWINAR ,
XV. Torna,
XVI. Borsod ,
XVII. Hewez,
XVIII. Pest,
XIX. Bath,
XX. ZOLNOCK,
XXI. Chege,
XXII. Zemplin,
XXIII. Abanvivar:
XXfV. Ungvar,
XXV. Bereg-Saz,
XXVI. Maroma-
ROS,
XXVII. Ugogh ou
Ugocz,
XXVIII. Zahtmar,
XXIX. Kalo,
XXX. Thurtur,
XXXI. Czongrad,
XXXII. Chonad,
XXXIII. Temes-
WAR,
XXXIV. BODROG.
Ces trente-quatre comtés font de la Hongrie , fituée au
nord 6i à l'orient du Danube ; car il y a deux maniè-
res de diftinguer la haute Hongrie de la baffe. Les uns
mettent dans la haute tout ce qui eft au-delà de ce fleuve,
pour parler comme les anciens , qui entendoient ce mot
au-delà par rapport à Rome & à l'Illyrie ; ainfi , à la
prendre de cette façon, on pourroit Tappeller, comme
quelques-uns ont fait , Trans-Danubiana Hungaria ; ÔC
la baffe Hongrie contient en ce cas tout ce qui eft au
midi ùB»au couchant de ce fleuve, & peut être nom-
mée par la même raifon Cis-D anubiana Hungaria. Et
alors la bafj'e Hongrie eft bornée au nord & à l'o-
rient par le Danube ; au couchant, par l'Autriche & par
la Stirie , Sr. au midi par l'Esclavonie. Il y a quatorze
comtés.
I. Baran,
II. TOLNA,
III. SlGETH,
IV. SlMIG,
V. PlLICZ,
VI. Albe royale,
VII. Vesprin,
VIII. Gran ou Stri-
gonie,
L'Esclavonie dont nous parlons plus amplement en
fon rang alphabétique, comprend fept autres comtés
qui font ,
IX. Javarin ou
Raab,
X. Komore,
XI. Moson,
XII. Sopron ouOe-
DENBOURG,
XIII. Sarvar,
XIV. Salawar.
I. Varasdin.
II. Sago,
III. Creitz,
VII. Valpo'.
IV. Verocz,
V. Zagrab,
VI. Possega,
A quoi il faut ajouter le duché de Sirmich.
Tome III. Ddd
394 HON
Nous venons de remarquer qu'il y a deux manières
de partager la Hongrie en haute & en baffe , en pre-
nant Tune d'un côté du Danube, &. l'autre de l'autre.
De l'Ifle, dans fa Carte de Hongrie, publiée en 1717,
prend pour la haute Hongrie la partie feptentrionale ,
& pour la baffe Hongrie la partie méridionale , de
quelque côté du fleuve qu'elle foit placée ; & c'eft une
différence qu'il étoit bon de marquer ici. Mais il ne
femble pas avoir défini fur fa Carte les bornes qui fé-
parent la haute Hongrie de la baffe.
La Hongrie fe divife en Hongrie Chrétienne & en Hon-
grie Turque : nous n'aurions jamais fait, fi nous voulions
copier les diverfes bornes qui les ont léparées en divers
tenis. Il y a eu des changemens fi fréquens & fi impré-
vus , que les frontières ont fouvent été reculées &
rapprochées de part &; d'autre, en très-peu de mois ; mais
pour connoître celle de l'état préfent , il fiiffit de rap-
porter le règlement qui a été fait à ce fujet, à la paix de
Paffarowitz.
» Article. I. Les deux empires feront bornés comme
» ci-devant par les montagnes du côté de la Molda-
» vie & de la Walaquie, aux frontières de Pologne
» & de Tranfilvanie ; de forte, qu'on ne changera rien
» à cet égard aux anciennes limites. La partie de la
» Walaquie , fituée en-deçà de l'Alaut avec les lieux &
» la forterefle de Temeswar demeurera à l'empereur ;
» de forte que la rive orientale de l'Alaut appartienne
» à l'empire Ottoman , & l'occidentale à l'empire Ro-
» main. L'Alaut fervira de borne aux deux empires, de-
» puis l'endroit où il fort de Tranfilvanie jusqu'à fon
» embouchure dans le Danube ; enfuite les bornes fe-
» ront le Danube même jusqu'à Orfova , vis-à-vis de
» l'embouchure du Timoch, dans le Danube.
» Article II. A dix lieues au-deffus de l'embouchure
» du Timoch feront continuées les limites ; de manière
» qu' Isperleckbanea avec fon ancien territoire fera à la
» Porte , & Rejfova à l'empereur. De-là en tirant en-
» tre les montagnes vers Parakin , de forte que Para-
it kin foit à l'empereur &t Rasna aux Turcs , & parlant
» à diftance raifonnable entre les deux , on avancera
» xeisljlolatz ; & y parlant la petite Morawe , le long
» de la rive citéneure , on avancera jusqu'à Schaback
» & Bilana par terre jusqu'à Bedka ; de-là tournant
» autour du territoire de Zokol on ira à Bellina fitué
>» fur le Drin ; de forte que Belgrade , & fon territoire
»> Parakin , IJlolat^ , Schaback , Bodka & Bellina avec
» leurs anciens territoires feront à l'empereur ; Zokol
»> & Rasna avec leurs anciens territoires demeureront
» aux Ottomans. Le Timock fera commun & la navi-
• gation libre aux deux nations.
» Article III. Tout le cours de la Save , depuis le
» Drin jusqu'à VZfnna , avec les places , foit ouvertes ,
» foit fermées , fur l'une Se l'autre rive , avec leurs an-
» ciens territoires , appartient à l'empereur.
»> Article IV. Depuis le confluent de X'Zfnna & de
» la Save jusqu'au territoire du Vieux Novi qui eft aux
» Turcs , JaJ/énowiii & Dobi^e fur la rive orientale de
» eette riviereappartiendront à l'empereur avec leurs an-
» ciens domaines.
» Article V. On lui rend auflî les territoires du Nou-
* veau Novi, fur la rive occidentale de l'Unna, du côté
» de la Croatie.
» Article VI. Quant aux lieux de la Croatie fitués à
» quelque diftance de la Save , ils demeureront pofledés
» de part & d'autre , comme ils l'étoient auparavant.
Par ce traité l'empereur a recouvré une partie de la
Tranfilvanie , de la Walaquie , de la Bulgarie , de la Ser-
vie, de la Bosnie & de la Croatie.
Il y a auflî la Hongrie Polonoife ; on appelle ainfi
une contrée du comté de Scepus dans la haute Hongrie.
Elle confifte en une douzaine de bourgs fk villages en-
fermés dans les monts Crapack , ôcqui appartiennent à
la couronne de Pologne.
La Hongrie eft arrofée par un très-grand nombre de
rivières, dont les principales font le Danube, la Save ,
la Drave , la Teisse , le Maros , le Raab , le Waag ,
le Graan, la Zarwise : elles font toutes très-poif-
fonneufes ; mais leurs eaux font très- mal -faines , ex-
cepté celles du Danube. L'air n'y eft pas fort falubre ;
mais la terre y eft très-fertile en grains, en vins, en
fruits & en pâturages. Les vins y font forts & déli-
HON
cîeux ; la Hongrie en fournit l'Autriche Bc la Pologne ;
celui de Tokai eft exquis. Les pâturages y nourriffent
une très-grande quantité de bœufs & de chevaux. On
fournit beaucoup de bœufs à l'Autriche. Le gros gibier
& le menu y font fi communs , que pour empêcher le
dégât qu'ils réroient dans les campagnes, on laiffe la charte
libre à tout le monde ; & les payfans vivent fouvent
de viandes de cerf & de fanglier. 11 y a plufieurs fontai-
nes d'eaux minérales dont on a fait des bains à plufieurs
endroits. Je parle des mines ci-après.
Les Hongrois font guerriers ; mais on les aceufe d'ê-
tre cruels, fuperbes', vindicatifs, &c peu unis entre eux.
Les gentilshommes y font magnifiques , &f tous aiment
paffionnément les chevaux , la chaffe & la bonne chère..
Les Hongrois n'aiment pas les Allemans : la nobleffe
y eft pourtant attachée en apparence à la mailon d'Au-
triche , pour fe garantir de l'oppreffion des Turcs , qui
confiderent autant un payfan qu'un'gentilhomme. La plus
grande force du pays confifte en cavalerie légère. Les ca-
valiers y font appelles huffars , &C les gens de p.ïed
heiduques.
Les Hongrois font d'affez belle taille : la langue Hon-
groife eft une dialecte de l'Esclavonne , & par conféquent
elle a quelque rapport avec les langues de Bohême ,, de
Pologne, & de Ruine. La domination impériale a rendu
la langue Allemande néceffaire aux Hongrois. Presque
toutes les villes de Hongrie ont deux noms, l'un Hon-
grois , l'autre Allemand : ainfi Pofone & Presbcurg , So-
pron & (Ëdenbourg , Ofen & Bude, 5c quantité d'au-
tres, ne font que des fynonimes. C'eft de-là que plu-
fieurs ont mis dans des Cartes géographiques deux villes
pour une feule. La langue latine eft ttè^-familiere aux
Hongrois. Il y a même des gens qui prétendent , farts
beaucoup de fondement , que de tous les peuples de
l'Europe, il n'y en a point qui prononcent la langue latine
d'une manière fi approchante de l'ancienne prononcia-
tion Romaine, que les Hongroise La religion Catholi-
que n'y eft pas fi généralement profeftee , qu'il n'y ait
un grand nombre de Proteftans de diverfes feftes : ils
y font non- feulement tolérés, mais protégés par l'em-
pereur qui leur fait droit , lorsqu'ils fe plaignent des eccîé-
fiaftiques zélés qui les oppriment.
Je finirai cet article par une lifte alphabétique des prin-
cipales mines de Hongrie , dreffée par un favant qui
les avoit parcourues avec beaucoup de curiofité.
Mines de Hongrie. .,
Alt-Zol , heu éloigné de deux milles de Newzol ,
fur la gauche du grand fleuve ; elle n'a, à la vérité, au-
cune mine ; mais on y trouve des grains d'or qui s'en-
gagent dans les racines du bled. Il y a eu autrefois dans
le pays des mines d'or, d'argent, de cuivre fk d'argent vif.
Amgesbheid ; ce lieu éloigné d'un demi - mille
de Newzol , a une mine qui appartient à un particulier,
qui n'a pas le moyen de la faite valoir.
Andraschow : ce lieu auflî éloigné d'un demi-miHe
de Newzol, a une mine de cuivre jaune ; elle eft parti-
culière &r appartient à "Waldbourg.
Boinik. produifoit autrefois du fer ; maintenant on
n'y trouve qu'une terre rouge figillée, qui eft la mère du fer.
Botzar a des mines d'or.
Bresnizç eft éloigné de deux milles de Newzol , &
a de mines de fer qui appartiennent à l'empereur.
Bude ; une tradition confiante porte qu'il y a eu dans
les montagnes voifines, de cette ville, des mines d'or,
Dobsch, à deux milles de Rofenav, & à quinze
de Newzol , produit du vermillon : ce lieu appartient à
Waldbourg.
Fecketiban ou Schvartzberg , dans le comté
.de Sathmar, a dès mines d'argent, parmi lequel il y a
un peu d'or mêlé. On ne trouve guères que trois- grains
d'or dans une demi-livre d'argent.
Felsghebanou Obërberg, dans le même comté
de Sathmar , a une mine fort abondante d'or , d'argent
&C de plomb. C'eft un marchand de ce lieu , nommé Mi-
chel Fony, qui la pofTéde. Dans une demi-livre d'argent,
on trouve jusqu'à quatre à cinq dragmes d'or.
Gran. Voyez ci-après Strigonie.
Helliar ; on trouve dans fes montagnes , que l'on
appelle AUgebuirgt quelque peu d'argent mêlé avec du
KON
HON
cuivre. Ce lieu appartient à des particuliers de Wald-
bourg. C'eft en cet endroit qu'il y a une eau qui pétrifie.
Jekob ; cette mine eft abandonnée.
Jesenach; en ce lieu l'on tire de la terre cette matière
fourrée que les Allemands nomment rug , 6k que l'on
transporte à Schemniz après qu'on en a tiré l'argent par
la fonte.
Lïbethen , mines à deux milles de Newzol
abondantes en cuivre jaune. Elles font au nombre de
trois ; la première eft pofledée en commun par les villes
de Libethen 6k de Newzol; la féconde appartient à un
gentilhomme nommé Rethen ; la troifiéme , appeilée
Oberberg , appartient à la ville de Waldbourg 6k à celle
de GrondcL
LiBSK. a dans fes montagnes des mines d'or 6k
d'argent.
LUPSCENS , que l'on nomme auffi Lupscher Scïfftn,
à deux milles de Newzol, eft une mine d'airain qui n'eft
encore pas ouverte; elle appartient en propriété à Michel
LuPZOw, autrement Rofcnberg, fournit de l'anti-
moine.
Medzibrod , à deux milles de Newzol , eft une mine
d'or, qui n'eft pas non plus encore ouverte: elle appar-
tient à Maximilien-Conrad Ruprecht.
Necban, ou Newberg , dans le comte de Zathmar,
à deux milles de la Tranfilvanie , eft une mine d'argent,
avec le quel il y a de l'or mêlé : on trouve dans une demi-
livre d'argent quatre ou cinq dragmes d'or. On bat
monoie dans ce même lieu.
Oberberg. Voyez Felscheban.
Offen. Voyez Bude.
REDERICH eft une mine dont le fer eft propre pour
la fonte ; il y a , dans ce lieu , de la marcaflîte , que l'on
appelle rieg.
Richtergrund ; on n'y trouve que du cuivre ,
encore n'eft-il pas du meilleur ; il eft éloigné de Newzol
environ un mille. C'eft une mine particulière qui appar-
tient à la ville de Waldbourg.
Ronitsch , eft une mine de fer à l'empereur: elle
eft éloignée de quatre milles de Newzol.
ROSNAVO , du côté à'Erlam ou Agria , à quinze
milles de Newzol, produit l'or le plus pur qui foit
en ces quartiers-là ; mais les différents qui font entre
les magiftrats 6k les bourgeois de Waldbourg pour
la pofteffion de cette mine , empêchent que l'on n'y
travaille.
Rosenberc. Voyez Lupkow.
Sandberg, mines abondantes en cuivre, diftanres
tout au plus d'un mille de Newzol, appartiennent aux
habitans de cette ville. Le métal que l'on tire eft en
partie noirâtre, en partie jaune, & en partie verd.
La couleur noire marque qu'il y a de l'argent mêlé;
les autres font des fignes de l'airain.
Sceptjzie a dans fes montagnes une mine de plomb,
mêlée d'antimoine1
Schalckendorf, du côté de ce lieu, à un demi-
mille de Newzol , il y a une mine d'argent qui appartient
à l'empereur ; mais elle eft peu abondante , 6k on n'y
travaille peut-être point par cette raifon.
Schertzensteinen , mine d'or, à un demi-mille
de. Newzol: c'eft un domaine particulier d'un bourgeois
de Waldbourg ; 6k on n'y travaille pas encore.
ScHMOELNIZ , eft une mine de cuivre , à laquelle
on travaille beauconp; fon eau vitriolique après avoir
rongé le fer, qu'on y met , prend la forme de l'airain.
En quoi elle eft femblable à celle de Schtmm^ , qualité
quavoit aufïi autrefois celle de Libeth.
Sennizen , mine tout au plus éloignée d'un mille
de Newzol ; elle produit à l'empereur un cuivre jaune
& doux.
Strigonie ou Gran: fes mines d'or font éloignées
de trois milles ; on les avoit abandonnées ci-devant par
la crainte des Turcs ; mais l'empereur y a envoyé des gens
pour les reconnoître, Sien reprendre le travail ; ôc ils
ont réuffi.
TeicHOLTZ, à trois milles de Newzol, a des pierres
d'aimant.
Vers Teioba à un mille de Newzol , fur le chemin
de Kremnitz ; auprès d'une fontaine , on a découvert
.quelques veines de vif-argent, qui ont été négligées
39?
jusqu ici. i out auprès il y a dans la terre un foufrê
rouge.
Toicai , montagnes fertiles en or ; les branches
des vignes de ce pays , 6k les pampres mêmes con-
tiennent fouvent de petites pailles d'or; mais le profit
certain que l'on trouve dans le vin de Tokai , qui eft
plus précieux que l'or , fait que l'on néglige l'espé-
rance incertaine du gain que l'on pourroit faire en ouvrant
ces mines.
WElSCHOw, lieudiftant de quatre milles de Newzol,
produit un excellent antimoine qui croit entre quelques
veines d'or , qui , par leur petitefle ,produifent peu de
profit. On a , en quelque forte , abandonné cette mine , à
caufe des voleurs qui rodent dans les bois des envi-
rons; elle appartient à Michel Sturian, homme de confi-
dération.
Enfin , on peut dire , que non-feulement les monta-
gnes de la Hongrie produifent de l'or , mais encore que
les fleuves , les rivières , les ruifîeaux, 6k les fontaines
en portent ; le Danube en eft une preuve fenfible ; car
on voit que les eaux y entraînent des montagnes une
partie de leurs tréfors.
HONNEAU. Voyez Honeau.
I. HONNECOURT, Hunnicuria, Hunnoms curia;
abbaye d'hommes, en France, de l'ordre de S. Benoît ,
aux confins de l'Artois , 6k duCambrefis, fur l'Escaut;
à quatre lieues de Cambrai, au midi, & à une du Catelet.
Elle fut fondée vers l'an 660, par Amalfride, ouAmal-
bert, puiffant feigneur en Cambrefis, 6k en Norman-
die, félon Balderic, Iperius & Maibranck. S. Aubert,
évêque de Cambrai , 6k fon fucceftèur Vindician , favori-
ferent beaucoup fes defleins, ci y établirent des reli-
gieufes de l'ordre de S. Benoît, ausquelles ils donnèrent
pour abeffe S. Auftraberthe , descendue de Wagon,
comte dePonthieuck deHesdin. Auriane, ou Aure, fille
unique d'Amalbert, ayant embrafté l'état monaftique,
fucceda à Auftraberthe. Iperius rapporte qu'après la mort
d'Amalbert, ck de Chilbertine fa femme, & d'Aurianne
fa fille , les abbés de S. Bertin , attriftés des diffolutions
des religieufes de ce lieu, y établirent en leur place des
moines de leur ordre, ck les afîujettirent à leur obéif-
fance. Du tems de Charlemagne , cette abbaye le trouva
presque fans moines ck fans biens. Les châtelains de
Cambrai s'appliquèrent au rétabliffement de ce mona^
ftere , ck particulièrement Eudes, vers l'an 911, quoique
Baldenc femble donner à entendre que ce monaftere fut
changé depuis en un collège de chanoines, quand il
dit: Monajlerium S. Pétri in viUâ Hunnulcurt,o//'ot
religion-: florens , & opibus, pcjîyuà.m- viris militaribus
hnefici
n'eft q
beruilcialum
canomeos derivaïum. Si
que cet auteur entende monachos fous le nom de
canonicos(\\y a apparence que canonici veut dire ici des
réguliers qui vivoient félon les canons.) Quoiqu'il en
foit , il eft certain que les feigneurs de Crevecceur font
regardés comme les principaux fondateurs de cette
abbaye, qui, fans les guerres, dont les frontières font le
théâtre , ck fans la nonchalance de fes adminiftrateurs ,
ck la violence de fes avoués, ck desfeisneurs voifins,
feroit aujourd'hui une des plus opulentes du pays. Gelic
rapporte que fous le règne du roi Philippe de Valois, on
trouva, fous un marbre du vieux cloître de cette abbaye,
une cafaque d'armes garnie de tables ou lames d'or, ck
de pierres précieufès, une croix émaillée à l'antique, un
heaume d'or ck d'argent , avec une tablette d'or à la
tête du cadavre , qui portoit ces mots : Odo Kast*
KaMBR. H. A. Rest. que l'on a rendue ainfi; Odony
Cajicllanus Cumeracenfis (autrefois CambracaipS) hujus
Abbaiiz rejlaurator.* Le Carpentier , Hift. de Cambrai
6k du Cambrefis , part. 1, c. 11.
2. HONNECOURT, bourg de France, en Picardie ,
au diocèse de Noyon , auprès de l'abbaye de Honneeourt.
Il y a environ 540 feux.
HONOLSTEIN, petite ville d'Allemagne, dans
l'électorat de Trêves, à une lieue 6k demie de Wel-
dentz. Elle a un château , 6k c'eft le chef-lieu d'un bail-
liage de l'éledtorat de Trêves. * Baudrand, édit;
1705.
HONORATIANUM , lieu d'Italie ; Anfonin en fait
mention dans fon Itinéraire, 6k le met à xviii. M. P. de
Venufe.
HONORIADE , Honorias , contrée de l'Afie
Totr.e III. D d d ij
HOO
39S
mineure. Elle fit long-tems partie de la Bithyme , &
n'étoit pas une province particulière avant l'empire
d'Hononus , fuccefleur du grand Théodofe ; mais dans la
fuite elle devint la onzième partie du royaume de Pont
que les Romains avoient réduit en province. Le P. Charles
de S. Paul fe trompe dans fa Géographie facréc , lorsqu'il
dit que l'empereur Théodofe divifa le Pont en huit régions
qu'il mit fous la jurisdiition d'un préfident, &c cite Etienne
de Byzance, comme fi cet auteur eût dit que l'Honoriade
en étoit une. Etienne ne l'a pas dit. L'Honoriade ne prit
ce nom, que fous Honorius, fuccefleur de Theodose, & le
Pont avoit déjà dix parties , lorsque l'Honoriade y fut
ajoutée : elle n'étoit que l'onzième. Les Notices ecclé-
fiaftiques de Léon le Sage & de Hieroclès , nous ont
confervé l'étendue de cette province , en nommant distinc-
tement les villes qui en étoient.
Il y avoit fix villes , favoir,
HOR.
Claudiopolis,
Heraclée du Pont,
Prufiade ,
Tios?
Cratées ,
Adrianople.
C'eft la trente-deuxième province'de l'empire d'Orient,
félon Hieroclès. Il en eft parlé dans lesNovelles &c dans
les Conciles.
HONOSCA , ville maritime de l'Espagne Tarrago-
noife , entre l'Ebre &t Carthagene, félon Tite-Live, /. 22.
On foupçonne que c'eft préfentement Villa-Joyofa. ,
bourgade au royaume de Valence, dans le golfe d'Ali-
cante. Je ne fais fur quoi Corneille fe fonde, pour dire
que les Géographes en font perfuadés. Ortelius ne le dit
qu'avec un peut-être ; & Baudrand , qui vrai femblable-
ment eft le feul géographe que Corneille ait confulté fur
cette ville , répète le peut-être, & dit que ce n'eft qu'une
conjefture &C une opinion d'Ortelius. Fortï . . . ut crédit
Ortelius ex conjectura.
HONSCOTTE , ville des Pays-bas , dans la Flandre
Flamingante, au diocèfe d'Ipres. Elle appartient à la
France , depuis fan 1667.
HONSFELD , feigneurie des Pays-bas, dans le Luxem-
bourg , à deux lieues 8c demie de Vianden, & à une
demie de Clervaux. * Dicl. géogr. des Pays- bas.
HONSLAERDYCK , ou Honselaerdick , belle
maifon de campagne , dans la Hollande , proche de
Naeldvyck , à deux lieues de Delft & de la Haye. Elle
appartenoit à Guillaume III , roi de la grande Bretagne.
*Dict.géog. des Pays-bas.
1. HONT (le) ou le Hondt; l'abbé de Longue-
rue écrit LE Honte, ce qui eft une faute; bras de mer
qui s'eft introduit dans les tetres entre la Flandre tk la
Zélande par l'embouchure occidentale de l'Escaut. On
prétend que ce n'étoit autrefois qu'un canal que l'empe-
reur Otton II fit creufer , en 980 , pour la commodité
du commerce entre la Flandre &C le Beveland ; & cela
demeura en cet état jusqu'en l'année 1377, qu'il furvint
une fort grande inondation, laquelle fubmergea plufieurs
villages en cet endroit, & forma ce bras de mer, tel qu'on
le voit aujourd'hui. Voyezau mot ESCAUT. * Baudrand,
«dit. 1705.
2. HONT, (le Comté de) contrée de la haute
Hongrie, entre les comtés de Borfod au nord , de Zem-
blyn à l'orient, de Zabolcz au fud-eft, de Hewecz au
fud-oueft , & de Novigrad au couchant. Il y a beaucoup
de rivières qui l'arrofent ; il n'y a que des bourgs &
villages. Celui dont il prend le nom , eft au nord-eft du
comté & aunord-oueftdeTokai. *De ïljle , Carte de la
Hongrieiv^.
HONT-BOSCH; ('t) on nomme ainfi en Hollande
une forte digue qu'on a élevée dans la Nord-Hollande ,
pour arrêter la mer du nord, proche duZybe.* Dicl. gêogr.
des Pays-bas.
HONTON , ville d'Angleterre, en Devonsbire , aux
confins de Dorfetshire , à quatre lieues d'Exceter, du côté
de l'orient. On y tient marché public , & cette ville envoie
fes députés au Parlement. L'Etat prefent de la grande
Bretagne, t. i,p.^, nomme ce lieu Honiton.*.Bûu-
drand , éd. de \~IO^.
HOOGSTRATE , gros bourg ou petite ville des
Pays-bas, dans le Brabant , à fix lieues d'Anvers , &t à
trois de Breda, avec titre de Comté. Ce lieu n'a point
de murailles ; &C à un quart de lieue de-là eft un château
remarquable fur la rivière de Merk, qui de-là paiTe à
Breda, &■ fe jette dans la Meufe. Le comté de Hoog-
ftrate comprend 17 ou 18 villages. * Le P. Boufjingaut,
Voyage des Pays-bas.
HOORN. Voyez Horn. 1.
HOPING , ville de la Chine , dans la province, de
Quanton , au département de Hoeicheu, quatrième métro-
pole de^la province. Elle eft de 2 d. 50' plus occiden-
tale que Pékin, par les 23 d. 59' de latitude. * Atlas
Sinenjis.
HOPLIAS , & Hoplites , rivière de Grèce , danj
la Béotie. Dacier , {Hommes illuftres , t. 4 , p. 278, Vit
de Lyfandre,)A\t Oplite fans aspiration. Voici comment
il rend le pafTage , où Plutarque parle de cette rivière.
Pendant que l'armée étoit campée en cet endroit, on
rapporte qu'un Phocien racontant cette bataille à un autre
qui ne s'y étoit pas trouvé , lui dit que les ennemis les
avoient chargés ^lorsque Lyfandre avoit déjà paffel'Oplite.
Comme il en étoit fort étonné , il y eut un Spartiate ,
ami de Lyfandre , qui l'ayant entendu, lui demanda quel
étoit cet Oplite; car Une connoifloit point ce nom. Le
Phocien lui répondit: c'eji l'endroit où les ennemis ont
renversé & tué fur la place nos gens les plus avancés ;
car le ruijfeau qui pajfepres des murailles de la ville, eft
appelle Oplite. Ce que le Spartiate ayant entendu, il fondit
en larmes, Se s'écria: Qu'il efl difficile à l'homme d: éviter
fa déjlinée! -car autrefois il avoit été rendu à Lyfandre
un oracle qui portoit en propres termes : Je t'ordonne
d'éviter fur-tout le bruyant Oplite & le fils de lateire%
le dragon rusé qui vient frauduleusement affaillir par der-
rière. D'autres difentquel'Oplite n'eft pas ce ruifïèauqui
paiTe près d'Haliarte, mais que c'eft un torrent qui va
vers Cheronée , fk qui fe jette dans le fleuve Phliarus ,
près de la ville. On l'appelloit autrefois Oplias , Se
aujourd'hui on le nomme ljomantus. Or celui qui tua
Lyfandre , étoit un officier d'Haliarte qui s'appelloit Neo-
chorus & qui portoit fur fon bouclier un dragon , &
c'eft ce qu'il femble que l'oracle vouloit faire entendre.
Ce paflage de Plutarque eft l'unique connoiflance que
nous avons de ce ruifîeau & de ce torrent.
HOPLITES, tribu de l'Attique, dont Hérodote , /.y,
& Pollux, /. 8 , font mention.
HOQUIANG , forterefle de la Chine , dans la pro-
vince de Queicheu, audépartement de Tucho , huitième
métropole de la province. Elle eft plus occidentale que
Pékin , de 9 d. 45' , parles 26 d. 40' de latitude. * Atlas
Sinenjis.
HOR , montagne d'Ane , dans l'Arabie pétrée , aux
confins de l'Idumée. C'eft fur cette montagne qu'Aaron
eut ordre du Seigneur de monter pour fe réunir à fes
pères. Il y mourut , & y fut enterré. * D. Calmet ,
Dift. Deuteronom. c. 32, v. 50. Numer. c. 20, v. 26 J
c. 27, v. 13.
HORACITjE, 'p_p*x/T<a, ancien peuple de l'Illyrie,
félon quelques éditions de Polybe. Il faut lire Thora-
CIT£ * Ortel. Thtf.
HORjE , ville ancienne de la Calabre , félon Curo- "
palate. * Ortel. Thef.
HORiEA , ville & port de la Carmanie, félon Arrieri
dans fon Périple. C'eft peut-être I'Ora de Ptolomée.
* Ortel. 1ht(.
HORAS , lieu d'Italie, au pied des Alpes, fur le Pô,
félon Cedrene fk Curopalate. * Ortel. Thef.
HORATjC, peuple des Indes, félon Pline; ils avoient
une ville fort belle entourée de fofles & de marais.
•Or*/. Thef.
HORBATII, ancien nom deshabitans de la Croatie;
les Crabates , félon Lazius. * Ortel. Thef.
HORBOURG , bourg de France, dans la haute Alface,
au diocèse de Balle, fur la rivière d'Ill, à environ une
lieue de Colmar. On foupçonne que c'eft un refte de
l'ancienne Argentaria. Voyez ce mot. Le domaine utile
de Horbourg appartient au duc de Wurtenberg.
HORDAHA, rivière de la Thuringe , félon Vignier,'
dans fa Bibliothèque hiftoriale. Il cite Fortunat , comme
ayant fourni ce nom. * Ortel. Thef.
HORDEONIUM ou Herdonia. Voyez Erdonia.
HORDONIENSES, peuple d'Italie , dans l'ancienne
Pouille , félon Pline, ou plutôt félon Ortelius , qui y a
trouvé ce nom, /. 3, c. 11. Il faut lire Herdonienfes.
i.HOREB, Mêlant montts, montagne d'Afie, dans
HOR
HOR.
l'Arabie petrée, félon D. Calmet, D'ici, fi proche du
mont Sinaï, qu'Horeb Si Sinaï ne femblent être que
.deux coteaux d'une même montagne. Sinaï eft à l'orient,
ex Horeb au couchant ; enlbrte qu'au lever du foleirl,
celle-ci eft couverte de l'ombre de Sinaï. Horeb a deux
ou trois belles fources, Si quantité d'arbres fruitiers fur
fon lommet, au lieu que Sinaï n'a point d'autre eau que
celle des pluies. C'eft à Horeb que Dieu apparut à Moyfe,
dans le buiflbn ardent. (') C'eft au pied de la même
montagne , que Moyfe frappa le rocher , Si en tira de
l'eau pour désaltérer le peuple. ( b ) Enfin c'eft au même
lieu qu'Elie fe retira, pour éviter la perïèeution de Jeza-
bel. ( c ) Il eft dit allez fouvent dans l'Ecriture , que
Dieu donna fa loi aux Hébreux à Horeb (<*) , quoiqu'ail-
leurs il foit marqué expreflement que ce fut à Sinaï ,
parce que , comme nous l'avons dit , Horeb Si Sinaï
ne faifoienten quelque forte qu'une montagne. * (a) Exod.
c. 3 , v. 1,3. (b) Exod.c. 17 , v.6. (c) Reg. 1. 3 , c. 19,
V. H. (d) Ecclejiajlic. c. 2 , v. 7. Malach. c. 4 , V. 4.
1. HOREB , (la roche d') roche dont Moyfe fit fortir
de l'eau pour désaltérer les Israélites. Voyez l'article pré-
cèdent.
HOREM,ville de Paleftine , dans la tribu de Neph-
thali, félon Jofué, c. 19, v. 38.
HORESTI, ancien peuple de l'ifle de la grande Bre-
tagne. Tacite, in Agricol.en fait mention: on croit qu'ils
occupèrent le pays nommé aujourd'hui Eskedal ,
EuSDAL , Si LlDDAL. C'eft le fentiment du P. Briet,
Parailtl. 1. 2 , partie 2 , c. 2 , p. 1 84 , qui marque Atte-
KICH Trimontium, Si le GOLFE DE SOLVAY, ItuntS
JEfiuarium , pour les principaux lieux de ce peuple.
HORGEN , bailliage de SuilTe , au canton de Zurich,
dans la partie orientale du lac de Zurich ; il eft d'une
fort grande étendue. * Etat & Délias de lu Suifje ,
t. X , p. 27.
HORICI : on lit ce mot dans Etienne le Géographe,
au mot Ei/cupoî. Ortelius remarque que c'eft une faute pour
Norici.
HORIN , petite rivière de Pologne , dans la Volhinie.
Elle prend fa îburce au fud-oueft de Zaslaw qu'elle arrofe,
d'où coulant vers le nord , elle paffe à Oftrog , à Alexan-
drie , 8c après avoir reçu la rivière de Sluczk , elle va
fe perdre dans le Przypietz entre Davido-w , Si Horo-
dak. *CellariusPo\. Descript. Robert de Vaugondy, Atlas.
HORISIUS, rivière d'Afie dans laMyfie, quelque part
vers la Troade, félon Pline, /. 5 , c. 32. Il le nomme
avant leRhyndacus, qui eft beaucoup plus connu.
HORISON , ou Horizon. Ce mot vient du grec :
il fignifie borneur, parce qu'en effet il borne la vue.
L'horifon eft un grand cercle qui nous environne &r
dont notre œil eft le centre. Illéparela partie vifible du
ciel, d'avec celle qui ne l'eft pas.
Il eft différent , félon les différents points de la terre
où l'on fe trouve. Il a pour pôle deux points , l'un au-
deflus de notre tête ; c'eft le point vertical, que les
Arabes appellent rénith, & l'autre directement oppofé
«jue l'on nomme dans la même langue nadir.
Il y a deux fortes d'horifons , l'un rationel , intelli-
gible , ou agronomique ; l'autre vifuel , ou fenjîble. Le der-
nier eft celui qui borne notre vue, lorsque nous fommes
en plaine campagne , c'eft-à-dire l'étendue que nous pou-
vons découvrir, de tous côtés fur mer ou dans une plaine,
lorsque la vue n'eft bornée par rien.
L'horifon rationel , ainfi appelle; parce qu'il ne peut
être conçu que par l'entendement , eft un grand cercle
concentrique à la terre , c'eft-à-dire qui a le même centre
qu'elle & dont les deux pôles répondent au {énith, Si
au nadir du lieu dont il eft l'horifon. Il partage la terre
en deux parties égales , qu'on nomme hemifpheres , dont
l'un eft appelle fupérieur & vifible, l'autre inférieur 6*
invijible. Le fupérieur eft celui où nous fommes ; l'infé-
rieur eft celui où font nos Antipodes.
Quoique ces deux fortes d'horizon , le vifuel ouVaJlro-
nomique , foient fi différens à l'égard de la terre , ils ne
le font pas confidérablement à l'égard du ciel ; car quoi-
que l'on ne voye pas entièrement la moitié du ciel , la
différence eft très-petite , eu égard à toute la vafte étendue
du ciel.
Comme ce cercle n'eft appelle horizon qu'à l'égard
397
change auilî , fk qu'il y a autant d'horizons qu*il y a de
points différens fur le globe. Un voyageur n'a jamais
rigueur mathématique. S'il
du point de
s'enfuit qu'en
terre qui lui tient lieu de centre , il
prenant un autre point , l'horizon
le même horizon , da
avance, par exemple , vers f orient , il découvre de
ce côté-là des parties du ciel qu'il ne voyoit pas aupa-
ravant ; Si il en perd autant de l'autre côté , parce qu'il
ne peut jamais voir plus de la moitié du ciel.
L'horizon étant un cercle variable , on auroitdû, ce
femble , le représenter fur lafphere Si fur les globes , par
un cercle que l'on pût mouvoir en tous les fens imagi-
nables ; cependant, pour plus de facilité, on le repréfente
toujours par un cercle fixe. C'eft un grand cercle de bois
fort large , plat par deffus , avec deux entailles qui fer-
vent à y faire entrer le méridien, qui eft un grand cercla
de cuivre. Ce cercle large eft posé fur les colonnes
qui foutiennent lafphere ou le globe; Si on y colle du
papier, où fontrepréfentés trois cercles contigus & inté-
rieurs l'un à l'autre. Le plus intérieur eft divisé en trois
cent foixante degrés ou parties égales, avec les figu-
res de douze fignes du zodiaque; le fécond, qui eft
celui du milieu, contient les douze mois avec leurs jours,
les fept lettres de l'alphabeth , qui marquent le nombre
d'or , puis les principales fêtes. Il y a des globes fuf
l'horizon desquels il y a trois calendriers d.fférens;
le premier eft celui de Jules Céfar , qui eft l'ancien ; le
le fécond celui de Grégoire XIII, qui a tâché de
remettre les équinoxes Si -les folftices au même point
qu'ils étoient au teins du concile de Nicée ; le troifiéme
calendrier eft celui de Scaliger, qui réduit les folftices Se
les équinoxes aux mêmes points où ils étoient au tems
de la naiffance de Jefus-Chrift. Le troifiéme cercle, ou
le plus extérieur des trois, fe divife en trente-deux
parties égales pour le nombre des vents; diftributiondont
fe fervent les navigateurs qui partagent leur horizon en
trente-deux vents.
L'ufage de l'horizon du globe , ou de la fphere , eft
de repréfenter quel eft l'horizon rationel de chaque partie
de la terre. L horizon vifuel Si l'horizon rationel font
toujours parallèles l'un à l'autre. Le vifuel eft plus ou
moins grand , félon l'élévation du lieu où l'on eft. Ce que
l'œil peut découvrir de laterreà la hauteur d'un homme
de cinq pieds , quand il n'y a aucun empêchement , eft
d'environ deux lieues Si demie communes , lesquelles
déterminent le demi-diametre de l'horizon fenlible à cette
hauteur. Ce demi-diametre s'augmentera, 1Î on monte fur
une tour. Uhori[on rationel eft toujours de la même
grandeur , quoiqu'il change de place avec la perfonne dont
il eft l'horizon ; mais à la diftance de vingt ou vingt-cinq
lieues ,1a différence n'eft pas comidérable à l'égard duciel.
Les différens rapports de l'horizon avec la fituation
de la fphere, lui font donner divers noms. On l'appelle
horizon droit , quand il paffe par les pôles du monde , Si
coupe l'équateur à angles droits ; horizon oblique , quand
un des pôles eft autant élevé au-defius de l'horizon que
l'autre eft abbaifle au-de(îous ; Si horizon parallèle , quand
l'axe du monde,- l'équateur Si l'horizon font unis Sine
font qu'un même cercle; Si par cette railon, toutes les
révolutions du mouvement diurne fe font parallèles à
l'horizon.
i. HORMA, ville de la Macédoine, au pays des
Albotes, félon Ptolomée, /. 3 , c. 13. Ce même peuple
eft nommé Almopes , dans quelques exemplaires.
2. HORMA. D. Calmet, Dicl. de la Bible , dit Horma.
ou Herma ou H arma , Arama; il faudrait écrire Ckorma
ou Cherma de HS^n anathéme ; cette ville s'appelloit
Sephaat avant que les Hébreux lui euffent donné le nom
8 Horma , qui fignifie anathéme 5< comme nous venons
de dire. Voici ce qui donna lieu à cette dénomination.
Le roi d'Arad (a) , qui étoit Chananéen, Si habitoit au
midi de la terre promife, ayant attaqué les Hébreux, les
mit en fuite, Si prit fur eux de riches dépouilles. Alors
les Israélites s'engagèrent par vœu au Seigneur de dévouer
à l'anathême Si d'exterminer entièrement tout ce qui ap-
partenoit au roi d'Arad; ce qui fit donner à cet endroit
le nom d'Horma (b). Il y a allez d'apparence que ce vœu
ne fut exécuté que depuis l'entrée de Jolùé dans la terre
promife. On trouve, parmi les rois qu'il vainquit, un roi
d'Herma ou d'Horma (c) , & un roi d'Ared ou Arad.
Horma étoit dans la Paleftine (d) Si dans la tribu de
Siméon. (a) Judic. c. I ,. v. 17. (|b) Nurrur. c. 21, v. 3.
(c) Jofué, c. 1%, v. 14. (d) Jofui, c. 15, v. 30.
HOP.
o
HORMANUS. Voyez Ormanus.
HORMENIUS. Voyez Ormenius.
HORMETIONI, peuple Barbare, au bord de la mer;
ils avoient pour roi Asceltus , félon l'Hijloire mêlés,
Î.16.
HORMLE. Voyez Seleucie.
HORMIjE pour Formi^e.
HORMLE. Voyez Hyrmin^.
HORMINIUS. Voyez Hypia.
HORMIZA , village de l'Arabie. Jofeph en fait men-
tion dans fon Hiftoire de la guerre des Juifs , /. i , c. 14.
HORMUS, lieu de laTheiMe, affezprès d'Iolcos,
félon Diodore , /. 4.
1. HORN ou Hoorn 011H0RNE, ville des Provinces-
Unies, dans la Weft-Frife ou Hollande feptentrionale ,
dont elle eft la capitale. Elle eft fituée au bord occiden-
tal du Zuider-Zée , a un affez bon port , à deux lieues
d'Edam. Son nom, en Hollandois, lignifie une corne, quel-
ques-uns en ont cherché l'origine dans la reffemblance
de fon ancien port avec une corne. D'autres la tirent
de ce que le même mot lignifie auffi un angle ou un coin;
& cette ville eft fituée dans un coin ou dans un enfonce-
ment du Zuider-Zée , qui y forme un golfe entre Edam
&Enckhuyfe. D'autres difent que ce nom àeHorn vient
de ce qu'au lieu nommé de Kuyl , où l'on croit que la
ville a commencé , il y avoit anciennement trois caba-
rets , dont le principal avoit une corne pour enfeigne.
Quoi qu'il en foit, la ville commença, vers l'an 1300, à
être bâtie : c'eft du moins vers ce teins que l'on com-
mença à |y transporter de Danemarck des boeufs mai-
gres , que Ton engraiffe dans le pays ; mais ce commerce
ne devint floriffant que l'an 1389. Vers l'an 1313, on
bâtit de bois l'églife paroiffiale , dédiée à S. Cyr; fix ans
après, elle fut brûlée par le tonnerre ; & l'an 1 369, on la
rebâtit plus grande & plus belle , fous l'invocation de
S. Jean-Baptifte & de S. Cyr. En 1341 , l'ancien port ne
fufhïant point pour le commerce de la ville , qui 00m-
mençoit à y attirer de gros navires , on en forma un
nouveau, en pouffant une levée depuis la digue de la
mer , jusqu'à l'entrée de l'ancien port , afin d'y retirer
en fureté les navires qui ne pouvoient entrer dans la
ville. Ce port s'appelle le Vieax-Noiiveau-Port , Oudi-
Nieuwe-Haven , pour le diftinguer d'un autre que l'on
a fait depuis , lequel eft très-vafte , &c confifte en une
grande enceinte de piliers enfoncés dans l'eau , & liés
enfemble , par des poutres horizontales , avec trois en-
trées & deux féparations. En 13 56, Guillaume de Ba-
vière , comte de Hollande , accorda aux habitans de
Horn , pour récompense de leurs fervices , divers privi-
lèges , & fur-tout ceux que Florent V avoit accordés ,
en 1188 , aux habitans de Medenblick, y en ajoutant
quelques-uns qui regardent la réception des bourgeois.
La même année , le comte Guillaume leur donna abo-
lition de tout ce qui s'étoit paffé durant les. guerres
qu'il avoit eues avec fa mère. La ville eut des monafte-
res d'affez bonne heure ; on y en fonda deux , en
1385 ; favoir des Hieronymites &: de fainte Agnès ,
& un troifiéme hors la ville pour les réguliers , en 1 388 ;
il s'accrut fi bien avec le tems , qu'il fut compté entre
les plus riches & les plus beaux des Pays-bas. On en
fonda trois autres, en 1400 , 1 500 & 1600, favoir, fainte
Catherine, fainte Cécile & fainte Gertrude ; &huitans
après, celui de fainte Marie. Mais l'églife , qui portoit ce
nom, ne fut commencée que l'an 1416. La ville de Horne
prenoit toujours un nouvel éclat. Albert de Bavière,'
s 'étant bien trouvé du fervice qu'elle lui avoit rendu con-
tre les Frifons , qui font à l'orient du Zuider-Zée , ac-
corda à fes habitans une exempfion de péages aux doua-
nes deSparendam& deHeusden ; Guillaume de Bavière
fournit, en 7408, à la jurisdiftion du magiftrat de Horne
quelques villages qui étoient auparavant fous celle du
bailli f de Medenblick. Ces villages font Berkhout , de
Gooren , Avenhorn , Myfen , Oudendyk , de Beets ,
Grojlhuyfen &; Scharwo'ude , outre quelques hameaux.
On conserve encore les lettres qui contiennent cette at-
tribution. * Mémoires communiqués.
L'accroiffement d'Amfterdam a beaucoup nui à la ville
de Horn : Elle a attiré le principal commerce ; les oc-
casions de s'y enrichir étant plus fréquentes qu'ailleurs ,
les autres villes ont perdu beaucoup de négocians qui
leur ont préféré le féjour fit la bourgeoilie d'Amfterdam.
HOR
Horne ne lâifïe pas d'être cûnfidérable parplufîeurs avarî»
tages qui lui font attachés. 1. C'eft une des fix chambre*
de la compagnie Hollandoife des Indes orientales, elle a
le cinquième rang , & elle poffede environ un vingt-cin-
quième du fond total de la compagnie. Elle eft compoféè
de fept directeurs , dont fix font de la ville , &c un eft
d'Alckmaar. 2. C'eft à Horn que réfide la chambre de
Nord-Hollande , de la compagnie Hollandoife des Indes
occidentales ; cette chambre a fix directeurs & autres
officiers. 3. Elle prend beaucoup de part à la pêche de
la baleine. 4. C'eft l'abord des bœufs que l'on amené
de Danemarck fk de Holftein. 5. Un des cinq collèges
de l'amirauté eft alternativement à Horn & à Enc-
kuyfen.
La ville de Horne a cinq portes , favoir la porté oc-
cidentale, Wcfter-Poort ; la porte de l'eau , Water-Poôrt^
la porte orientale , Hojler-Poort ; la porte aux vaches -t
Roe-Poort; & la porte du nord, Noorder-Poort.
Les monafteres , comme dans toutes les autres ville»
de Hollande , y ont changé de deftination. Celui' d«
fainte Agnès eft préfentement la Cour du Prince , 't Prin^
cen-Hoff; celui de fainte Gertrude eft le Lombard ou la
banque des emprunts , celui de fainte Catherine eft la
monnoie , celui de fainte Marie , eft la maifon des or»
phelins, celui de fainte Cécile, eft l'école latine.
Horne a produit plufieurs hommes célèbres dans là
république des lettres ; entr'autres , Jacques de Jiorne ,
qui s'appella Jacobus Ceratinus , en traduifant fon nom
en grec , à la manière des favans de ce tems. Il étoit
profeffeur en langue grecque , dans l'université de Lou-
vain, où il mourut en 1530. On a de lui un Diction-
naire grec. Pierre Junius , père d'Hadrien Junius, avoit
commencé une hiftoire de Horne , fa patrie. Le fils mou-
rut àMiddelbourg,en 1575. Jacques Dunius mort ver*
l'an 1566, Se Pierre Hogerbat, docteur enmédecine de
l'univerfité de Padoue, ont fait des poëfies:qui font im-
primées. Théodore Velius a fait une Chronique de Horne.
Mais, ce qui intéreffe davantage la géographie, Horne eft
la patrie de Guillaume Schouten, qui pouffant au-delà
du détroit de Magellan , trouva le paffage , qu'on a nommé
le détroit de le Maire, en 1616.
Corneille fait deux articles de cette ville , favoir ,'
HOORN, ville de la Hollande, dans la Wefi-Frife, fur
les mémoires du père Bouffingaut ; & Horn , ville des
Pays-bas , en Hollande , article tiré du Dictionnaire de
Maty. Il n'en falloit qu'un ; c'eft la même ville qui eft
dans les Pays-bas , & dans le comté de Hollande ci dans
le pays de Weft-Frife.
2. HORN. (l'isle de) Il y a deux ifles de ce nom.
Voyez au mot IsLE les articles fljle de Hoorn.
3. HORN, petite ville d'Allemagne, dans la baffe
Autriche, vers les confins de la Moravie, fur unruiffeau
nommé Teffer par les uns , & Kamp par les autres , à
neuf milles de Vienne , & à quatre de Crembs. Elle a
autrefois appartenu aux feigneurs de Puechheim , & les
Proteftans de la baffe Autriche y ont fouvent tenu leurs
états. * Zcyler, Auftr. Topogr. p. 22.
4. HORN , petite ville des Pays-bas , au pays de Liège
entre le Brabant Hollandois & la Meufe , à une lieue de
cette rivière & de Ruremonde , & à fix de Maftricht.
C'eft le chef-lieu d'un comté de même nom. Baudrand
n'en fait qu'un bourg.
<). Le comté de HORN n'eft pas compté entre les
dix-fept provinces des Pays -bas ; néanmoins il en fait
partie, étant des dépendances de Brabant, & fujet au-
jourd'hui de la maifon d'Autriche. Ce comté eft borné ,
du côté du nord , par les marais de Peel , & par la terre
de Keffel , dépendante de Gueldres , & cédée au roi de
Pruffe & à la maifon de Brandebourg , par la paix d'U-
trecht. A l'orient , la Meufe fépare ce comté du territoire
de Ruremonde , qui eft de la Gueldre Autrichienne,
Au midi il eft borné par l'évêché de Liège ; à l'occident
il a le même évêché &t la mairie de Bois-le-Duc. Il a
fept lieues de long , fur cinq de large. Horn qui lui donne
le nom , n'eft qu'un petit bourg , peu éloigné de la Meufe»
On n'en trouve rien avant le commencement du treizième
fiécle. Alors Gérard de Limbourg , fils du duc Henri,
étoit feigneur de Horn ; & on le nommoit Gérard dt
Horn. Ce comté vint enfuite au pouvoir de Jean I du
nom , duc de Brabant, qui le donna en partage & en fief"
à fon fils puîné Guillaume, qui fut comte de Horn. La
HOR.
poftérité masculine de Guillaume finit en ïa perfbnnê
de Jean , comte de Horn , qui vivoit fous Charles-Quint.
Ce comte époula Anne d'Egmond , mère de Philippe de
Montmorenci , feigneur de Nivelle. Ce comte n'ayant
point d'enràns , inftitua héritier Philippe, fils de fa femme.
Ainfi le même Philippe fut comte de Horn & feigneur
de Werth, & fit battre monnoie d'or & d'argent, mar-
quée de fon nom êk de fes armes, comme feigneur libre
de Werth ; & parce qu'Herman de Nieunart , comte de
Meurs , prétendoit au comté de Horn , à caufe de Jeanne
de Horn , tante du dernier comte Jean de Horn , la-
quelle avoit été mariée à l'ayeul de Herman , Philippe
de Montmorenci affoupit ce différend, en époufant Val-
burge de Nieunart , fœur du comte Herman.
Herman ekWalburge avoient eu pour père Guillaume
feigneur de \V erth , ck par-là la feigneurie de Werth fut
unie au comté de Horn. Quelques prérogatives qu'eût
Philippe dans ce comté, il ne laiflbit pas de reconnoître
pour fon fouverain Philippe II; & ce comté étoit fi cer-
tainement alors fujet du roi d'Espagne , que le pape
Paul IV en ôta la jurisdiftion fpirituelle à î'évêque de
Liège , ck l'attribua à l'évêché de Ruremonde , nouvel-
lement érigé , en leconnoifiant que ce comté étoit fous
la domination du roi d'Espagne , de forte que Philippe
de Montmorenci ayant été exécuté comme criminel de
Jéze-majefté , Fan 1568, le comté de Horn fut réuni au
domaine du roi Philippe II , & aujourd'hui l'empereur
Jofeph II en eft en pofleffion. Néanmoins les évêques
de Liège , qui prétendent que ce comté a été un fief de
leur évêché , prennent encore aujourd'hui le titre de
comtes de Horn , fur lequel ils n'ont aucune autorité ,
'ni temporelle ni fpirituelle. *Longuerue, Descr. de la
France, i. part. p. 122.
6. HORN. (le cap de) Voyez au mot Cap.
7. HORN , village de Suide , au voifinage de la ville
d'Arbon. Il dépend de I'évêque de Confiance. * Etat &
délices de la Suifje, t. 3 , p. 157.
8.^ HORN, (la) rivière d'Allemagne, dans le cer-
cle électoral du Rhin. Elle a plufieurs fources au comté
de Bische , dans les montagnes. Elle pafle à Bische ,
d'où ferpentant vers le nord , & fe chargeant de divers
ruifleaux, elle entre dans le bailliage de Deux- Ponts,
fe recourbe vers le couchant, pàfle àHornbach, où elle
reçoit la Schwalbe, retourne vers le nord, reçoit lePi-
calt, fck quand elle eft arrivée au couchant ck à un bon
quart de lieue de la ville de Deux-Ponts, elle reçoit l'Er-
bach, elle court vers l'oueft pour fe joindre à une rir
viere qui vient du nord , avec laquelle elle va fe perdre
dans la Saare. *Jaillot, Atlas.
HORNACOS, bourgade d'Espagne, dans l'Eftrema-
dure. Voyez PHORNACIS.
HORNBACH ou Horrenbach , ville d'Allema-
gne , dans le cercle électoral du Rhin , au duché de
Deux-Ponts , au confluent de la rivière de Horne , avec
la Sdrwalbe, à deux lieues de Deux-Ponts. Il y a une ab-
baye de Bénédiftins , fondée par S. Pirmin , dont le corps
y repofe. * Zeyler , Palat. infer. Topogr. p. 63.
HORNBERG, ancienne ville ck baronnie d'Allema-
gne , dans la Forêt noire , fur la rivière de Gutach , en
tirant vers Schiltach , Wolffach ck Schranberg; c'étoit
autrefois une baronnie, qui avoit fes barons particuliers.
La ville appartient au duc de Wurtenberg. Il y a fur une
hauteur deux forterefles , dont l'une eft habitée par le
bailli de Wurtenberg , c'eft la nouvelle ; car la vieille
eft abandonnée , à caufe de l'opinion que l'on a qu'il y
revient des esprits. C'étoit néanmoins ci-devant l'arfe-
nal , le magafin 6c la prifon. * Zeyler , Suev. Top. p.i,x.
HORNBY, bourg d'Angleterre , dans la province de
Lancaftre. On y tient marché public. * Etat préfent de
la Gr. Bret.t. I.
HORNCASTLE, bourg d'Angleterre, dans la pro-
vince de Lincoln. On y tient marché public. * Etat pré-
fent de la Gr. Bret. t. I.
HORNDIEP , petite rivière des Pays-bas , aux Pro-
vinces-Unies. Elle a fa fource dans le pays de Drente,
& parte à Groningue , où elle fe jette dans l'Huntes.
. Baudr. éd. 1705.
( Ce n'eft point le nom de cette rivière. C'eft le nom
d'un canal que l'on a creufé pour la rendre navigable,
depuis le pays de Drente jusqu'à Groningue. En fortant
de ce pays de Drente , elle forme une ifle nommée Hoy-
HOR i99
landt ou la terre du foin. Le village de Hooren eft vers
la moitié de la longueur du canal , entre cette ifle Se
Groningue , ck de-là eft venu le nom de Hoorensdiep ,
comme il eft écrit fur les Cartes , & que Bàudrand a pris
pour le nom de cette rivière , quoiqu'il ne figmfie que le
canal de Hooren.
^ HORNDON , bourg d'Angleterre , dans la province
d'Eflex. On y tient marché public. * Etat préfent de la.
Gr. Bret. t. I.
HORNOY, bourg de France, en Picardie, dans l'A-
miennois.
HORNSEY, bourg d'Angleterre , dans la province
dYorck. On y tient marché public. * Etat préfent de la.
HORON^:. Voyez Oron*.
HOROSSUS , lieu d'Afie. Plutarque le nomme dans
la Vie de Démétrius. Ortélius le croit en Cilicie.
HORP, (le) bourg- de France, dans le Maine, dio-
cèfe 6c élection du Mans.
HORREA , au pluriel , & Horreum au fingulier.
Voyez Grange.
HORRÉENS , ancien peuple d'Afie , près' de la Pa-
leftine , félon D. Calmet , Dictionnaire. Ils 'habitoient
au commencement dans les montagnes de Seir , au-delà
du Jourdain (a).^ Ils avoient des chefs, 6k étoient déjà
puifians avant qu'Efaù eût fait la conquête de leur pays 0>\
D. Calmet dit : il femble que les Horréens , les descen-
dons de Séïr , fck les Iduméens fe confondirent dans la
fuite, ck ne compoferent qu'un leul peuple. Il ajoute:
on trouve le nom hébreu Chori ou Chorim (3nin Cko-
rim ou Horim,) qui eft traduit dans la Genèie pur H or-
rai , dans plufieurs endroits de l'écriture (c) , en un fens
appellatif , pour fignifier des grands, des héros, des hom-
mes puiffans ; & il y a afiez d'apparence que les Grecs
ont pris de-là leur mot Heroés, de même qu'ils ont pris
Anax , un roi des fils d'Enach ou Anach , fameux héros
delà Paleftine. * (a) Gtnef. c.24, v. 6; (l>) c. 16 v 20
&30. (c)A^.1.3,c.2i,v.8,n. Esdras,c.i,v.t6;
c. 4, v. 14, 19; c. ?, v.7. c. 6, v. 17; EccLf c. 10,
v. 17. Ifaie, c. 34, v. 12. Jerem. c. 27, v. 20; 6-039,
v. 6.
HORRÉENSIS, fiége épiscopal d'Afrique, dans la
province proconfulaire. Avus , qui en étoit évêque, fous-
criyit, l'an 525 , au fécond concile de Carthage. * Har-
duin. Colleft. conc.
HORREN , lieu d'Afie, vers l'Aflyrie , félon Ara-
mien Marcellm , /. 18, in fine.
HOPvPvEUM margi. Voyez Orrea.
HORREUM, petite place de Grèce, dans la Molos-
fide , aux confins de l'Epire &c de la Theffalie , félon
Tite-Live, /. 45 , c. 26. Anicius la prit avec Phylace &
autres places de ce canton.
HORSARA. Voyez Orsara.
HORSENA. Voyez Orsena.
HORSENS , petite ville de Danemarck , dans le
Jutland , au diocèfe d'Arhus , au fond d'un petit golfe
qui s'avance d'orient en occident dans les terres , pour
recevoir quatre ruifleaux , qui s'y jettent auprès de cette
ville : l'entrée de ce golfe eft entre l'ifle d'Endelo &
le petit Belt ou Middelfart. * Robert de Vaugondy
Atlas.
HORSHAM ou Horesham, ville d'Angleterre au
comté de Suffex , aux confins de Surrey. On y tient
marché public , & fes députés ont voix en parlement.
* Etat préfent de la Gr. Bret. t. I. Bàudrand, éd. 1705.
L'HORT - DIEU , Hortus Dei , petit canton de
France , dans les Sevennes , vers VAigoual ou ['Eperon,
qui en font les plus hautes montagnes. Il y croît naturel-
lement toutes fortes de plantes & de fleurs , même des
plus belles & des plus curieufes : c'eft ce qui lui a fait
donner ce nom , qui fignifie jardin de Dieu.
1. HORTA, ville d'Italie. Paul le Diacre, de Geflis
Longobard. 1. 4, c. 8 , dit que l'exarque de Ravenne
fe rendit à Rome , & qu'à fon retour , il reprit poffés-
fion des villes que les Lombards occupoient , ravoir,
Sutrium , Polimartium , Horta , Tudertum , Ameria ,
Perujla, Luceoli, &C autres villes. C'eft L'HoRTANUM
de Pline. Voyez ce mot.
2. HORTA , ifle d'Italie, au lac de Novare , dans la
Gaule Cifalpine, félon Sigonius, Regn. ltal. 1. 6. Ceft
là que Berenger fut confiné par l'empereur Otton,
4oo
HOS
HOT
3. HORTA , ancienne ville d'Espagne, dans îa Béti-
<rue. Petrus Marfus fonde l'exiftence de cette ville fur
ces paroles de Silius Italicus ,7-3, v. 394:
Redim'uaque facra ,
Nebride & Hortano Mcsnas noclurna Lyao.
Cellarius méprife cette conjecture. Un commentateur,
dit-il , dérive le mot Hortanus de Horta , petite ville
iituée près de Nebriffa, dont aucun autre n'a parlé. Il y
en a, pourfuit-il , qui le dérivent des Orelains, ab Orc-
tanis Huera & halitu abjulis. On peut voir d'autres
conjectures dans le Commentaire de Drakenborch.
HORTANUM, ancienne ville d'Italie,, dans l'Etru-
rie, félon Pline, A3, c. 5. On croit que c'eft V Horta.
<le Paul le Diacre , ôc l'Horti de Léandre : c'eft préfen-
tement un évêché dépendant immédiatement du S. Siège.
Voyez Orti.
HORTENSES , ancien peuple d'Italie , dans le La-
tium , félon Pline.
1. HORTENSIS, fiége épiscopald'Afrique , dans la
province proconfulaire. On trouve que Donatus en étoit
évêque. * Harduin. Colleil. conc.
2. HORTENSIS vicus, village delà Gaule, auprès
d'Arles : c'eft où fe tint l'onzième fynode , félon Orte-
lius, Thefaur. Voyez Dura. i,difiincl. 16.
HORTES. Voyez Ortez.
HORTIGA, petite rivière d'Espagne , dans l'Eftre-
madure. Elle naît près de Calaméa , &; fe rend dans la
Guadiana, près de Médelin. * Baudrand, édit. 1705.
HORTULUS ; le jardina, abbaye des Pays -bas au
diocèfe de Namur. Voyez ce mot.
HORTUS : ce mot ne fîgnifie en latin ope. jardin, &
fignifie un lieu fleuri ci charmant. On l'a donné par cette
raifon à un canton de Sicile auprès de Païenne , à un lieu
des Sévennes , nommé l'Hort-Dieu , & à quantité d'au-
tres endroits , qui par leur beauté naturelle , méritent le
nom de jardin. Voyez Jardin.
HOSAAS, (les) peuple de l'Afrique , danslaCafre-
rie, aux environs de la baie de Saldaigne. Ils nourris-
fent des troupeaux. * Dapper, Afrique, p. 379.
HOSjEA. Voyez Os^ea.
HOSI , ville de la Chine , dans la province de Iun-
tian , au département de Lingan , troifiéme métropole
de cette province : elle eft de 14 d. 19' plus occiden-
tale que Pékin, à 14 d. 10' de latitude. * Atlas Sinenjîs.
Le territoire de cette ville eft fitué au midi du grand
défert de Chamo. Une branche des Tartares Topa s'em-
para de cetts ville, vers le milieu du troifiéme fiécle , &
y fonda un petit royaume ; fa poftérité fit plufieurs con-
quêtes fur les empereurs de la Chine , battit les troupes
de Leamtcheou, s'empara de cette ville Se de fon ter-
ritoire , vers l'an 170 de J. C. & ces fouverains prirent
le titre de rois du Leam. Ce royaume fut détruit par
les Sin occidentaux, vers l'an 414. *Foye^ l'Hift. géné-
rale des Huns, par de Guignes, t. 1 , p. 198.
1. HOSPITAL ; (l's) ne fe prononce point en fran-
chis , mais bien en espagnol. Ce mot autrefois ne figni-
fioit qu'hôtellerie , & fe prenoit pour un lieu où les voya-
geurs trouvoient à boire , à manger & à loger, en payant.
Plus un paflage étoit fréquenté , plus il s'y établiffoit
d'auberges ; & il s'en formoit un bourg ou une ville : il
y en a qui n'ont pas commencé autrement, & elles font
fort exactement marquées dans l'Itinéraire d'Antonin.
Par exemple , Spire a commencé par une auberge qui
n'a rien de plus remarquable qu'un poirier , & en prit
le nom, adpyrum; il en eft ainfi de quantité d'autres.
L'ordre de S. Jean de Jérufalem a commencé par un hô-
pital , &eft devenu un état fouverain, par rapport à l'ifle
de Malthe que cet ordre pofféde. Avec le tems , on a
diftingué par des noms particuliers les lieux où l'on paye,
de ceux où l'on eft reçu par charité ; nous appelions les
premiers hôtellerie , auberge, &c. Les Espagnols les nom-
ment venta , les Allemands herberg ou wirtsyhaus , &c.
Les Latins difoient diverforium. Nous appelions les au-
tres hôpital, les Espagnols de même; les Allemands^i-
tal; & nous appelions hôtel- dieu ceux qui font defti-
nésaux malades. Les religieux donnent le nom à' hospice
à des maifons qu'ils poffédent , &qui fervent de retraite
aux voyageurs de leur ordre , ou aux religieux dont le
monaftere étant placé hors de la ville , eft menacé de
quelque danger. C'eft ordinairement une maifon qu'ils
n'habitent que dans les cas de néceflité, ou dans laquelle
ils font encote en fort petit nombre. Quantité de cou-
vens , aujourd'hui très-grands & très - bien fondés , ont
commencé par être un hospice. Le monaftere de Port-
Royal, au fauxbourg S. Jacques à Paris, n'étoit que l'hos-
pice de l'abbaye de Port-Royal des Champs , qui eft dé-
truite. Quelquefois auffi le nom ^hospice fignifie la par-
tie d'un monaftere , où l'on reçoit les hôtes & les étran-
gers.
2. HOSPITAL, en allemand^zw/, village de Suiffe.
Voyez Spital.
HOSPITENSIS , fiége épiscopal d'Afrique. On ne
fait dans quelle province ; mais la Conférence de Car-
thage fait mention de Benenatus Hospitenjls. La Notice
d'Afrique nomme auffi Gedalius. * Harduin. Collect.
conc.
HOST ou Hochst, ville d'Allemagne, entre Mayence
&. Francfort fur le Mein , à un mille Germanique de
cette dernière ville , affez près du lieu où la Nidda fe
jette dans le Mein ; elle appartient à l'électeur de
Mayence, & fut bâtie, en 1400, par l'archevêque Jean,
comte de Nafiow. Nous en parlons déjà ailleurs. * Zey-
ler , Mogunt. Topogr. p. 16.
HOS1ERIA de l'Osa, petit lieu d'Italie , dans la
campagne de Rome , fur la petite rivière d'Ofa , à trois
lieues de Rome , vers Tivoli. Baudrand , édit. 1705, dit
qu'on y trouve des ruines de l'ancienne Peda. Voyez
ce mot.
HOSTLE. Voyez OSTIE.
HOSTICUM , lieu d'Afie, vers la Perse propre, fé-
lon Ammien Marcellin , /. 19.
HOSTILIA, ancien village d'Italie, entre Vérone &
Modene , félon Antonin , Itiner. à trente mille pas de
la première, & à cinquante mille pas de la féconde. Pline,
/. 21 , c.iz, dit qu'il étoit fur le Pô; & Tacite, Hift.
I. 3, 9, c. 14 6-40, qu'il dépendoit de Vérone. Il en
parle comme d'un lieu voifin de Crémone. Voyez Osti-
GLIA.
HOSTUN , terre & feigneurie de France , en Dau-
phiné : elle fut érigée en duché fimple, en 1712 , en fa-
veur de Camille d'Hoftun , comte de Tallart , maréchal
de France ; & en pairie , ' par lettres - patentes données
à Verfàilles,aumois de Mars I7i5,regiftrées le 2 d'Avril
fuivant , en faveur de Marie-Jofeph , duc d'Hoftun, fils
du maréchal de Tallart. * Piganiol de la Force, Desav
de la France, t. 4, p. 39.
HOSTUNIUM. Voyez Ostuni.
HOTTENTOTS, (les) ou Hotentôts, ouHo-
TENTOTES , peuple d'Afrique, dans la Cafrerie, près
du cap de Bonne-Esperance. Nous en avons déjà dit
quelque chofe à l'article de Cap. Dampier dit, que les
originaires de ce cap font les Hodmadods; &c il croit ce
mot corrompu du mot Hottentot, qui , félon lui , eft le
nom qu'ils fe donnent les uns aux autres dans leurs dan-
fes. Ce mot qui fignifie, fans doute, quelque chofe dans
leur langage, eft devenu leur nom, parce qu'ils le répè-
tent fans celle , lorsqu'ils daivfent.
Voici ce qu'en rapporte le P. Tachard , Voyage de
Siam, p. 94, édit. de Paris. Les habitans de la pointe mé-
ridionale de l'Afrique ignorent la création du monde,
la rédemption des nommes , & le myftere de la très-
fainte Trinité. Ils adorent pourtant un Dieu ; mais la
connoiffance qu'ils en ont , eft très-confufe. Us égorgent
en fon honneur des vaches & des brebis , dont ils lui
offrent la chair & le lait en facrifice, pour marquer leur
reconnoiffance envers cette divinité qui leur accorde, à
ce qu'ils croient, tantôt la pluie , tantôt le beau tems,
félon leurs befoins. Ils n'attendent point d'autre vie après
celle-ci. Quoique chaque homme ait la liberté de pren-
dre autant de femmes qu'il en peut nourrir , il ne s en
trouve pas un, même parmi les plus riches , qui en ait
plus de trois. Ces peuples font partagés en diverfes na-
tions, qui ont toute la même façon de vivre. Leur nour-
riture ordinaire eft le lait & la chair des troupeaux qu'ils
nourrifTent en grande quantité. Chacune de ces nations
a fon chef. Cette charge eft héréditaire , & pafie des
pères aux enfans. C'eft aux aînés qu'app;
j~ r..~ — tr. — . fl.- 1 — r i'„„
artient le droit
de fucceffion ; & pour leur conferver l'autorité & le res-
peft, ils font les feuls héritiers de leur pères , les cadets
n'ayant point d'autre héritage , que l'obligation de fervir
leurs
HOT
HOU
leurs aînés. Leurs habits ne font^ que dé fimplë's péâux
de moutons avec la laine, préparées avec l'excrément de
vaches , ck une certaine graiffe , qui les rend infuppor-
tables à la vue ck à l'odorat. La première nation , en
langage du pays , s'appelle Souquas ; les Européens les
appellent Hotttntots >, peut-être parce qu'ils ont continuel-
lement ce mot à la bouche , lorsqu'ils rencontrent des
étrangers. Comme ils font agiles , robuftes , hardis
& plus adroits que les autres à manier les armes , qui
l'ont la zagaye Se les flèches , ils vont fervir chez les au-
tres nations , en qualité de foldats. Les éléphans , les
rhinocéros , les élans , les cerfs , les gazelles , les che-
vreuils ck plusieurs autres fortes d'animaux font très-
communs au cap. On ne manque pas de ramafler en
certain tems le miel que les abeilles font dans les creux
des arbres ck des rochers. Les Hottentots étant perfua-
dés qu'il n'y a point d'autre vie , ne travaillent qu'au-
tant qu'il faut pour paffè'r doucement celle-ci. A les en-
tendre parler, lors même qu'ils fervent les Hollandois,
pour avoir un peu de pain , de tabac ou d'eau-de-vie,
ils les regardent comme des esclaves , qui cultivent les
terres de leur pays, & comme des gens fans cœur, qui
fe renferment dans des maifons ck dans des forts , pour
fe garantir de leurs ennemis , tandis que leur nation
campe en fyreté par-tout où il lui plaît , au milieu des
campagnes & des plaines , fans s'abaiffer à labourer les
champs. Ils prétendent , par cette manière de vie, faire
voir qu'ils font les maîtres de la terre, ck les plus heu-
reux peuples du monde, puisqu'ils font les feuls qui vi-
vent en liberté ck en repos , en quoi ils font confifter
leur bonheur. Cette prévention n'empêche pas que leur
vie ne foit très-mïférable. Ils font mal-propres jusqu'à
l'excès, ck il femble qu'ils s'appliquent à fe rendre af-
freux. Quand ils veulent fe parer, ils fe frottent la tête,
le vifage ck les mains de la fuie de leurs chaudières ; &
truand ils n'en ont pas, ils ont recours à une certaine
graine noire, qui les rend fi puants ck fi hideux, qu'on
ne les peut fouffrir ; de-là vient que leurs cheveux, qui
d'ailleurs font naturellement presqu'auffi cotonnés que
ceux des Nègres , fe réduifent en petites boules , aux-
quels ils attachent des pièces de cuivre ou de verre. Les
plus confidérables , parmi eux, ajoutent à ces ornemens
degrands cercles d'y voire , qu'ils paffent dans leurs bras
au-deffus ck au-deffous du coude. Leur nourriture eft
<çncore plus furprenante : ils fe font un mets délicieux
ide la vermine qui s'engendre dans les peaux , dont ils
font vêtus. Les pères Jéfuites difent l'avoir vu plufieurs
fois , èk que fans Cela ils n'auroient pu le croire. Les
femmes , outre cet habit, s'entourent les jambes d'in-
teftins d'animaux ou de petites peaux , qu'elles taillent
pour cet ufage : elles le font pour fe garantir des piquu-
res d'épines , quand elles vont dans les bois , 6c pour
avoir un remède toujours prêt contre la faim , en cas. de
befoin. Leurs atours font plufieurs chapelets de raffa-
gues qu d'os de différentes couleurs , dont elles fe font
<les colliers , des ceintures &c quelques gros anneaux de
cuivre qu'elles portent au bras. La barbarie n'a pourtant
pas tellement effacé dans ces peuples tous les traits de
l'humanité , qu'il n'y refte quelques vertiges de vertu ;
jls font fidèles , ck les Hollandois les laiffent entrer li-
brement dans leurs maifons , fans crainte d'en être vo-
lés. On dit néanmoins qu'ils n'ont pas cette retenue à
l'égard des étrangers , ou des Hollandois nouveaux ve-
nus , qui ne peuvent les reconnaître ck les faire punir.
Ils font bienfaifans ckfécourables ; ils n'ont presque rien
à eux : quand on leur donne quelque chofe , fi elle fe
peut divifer , ils en font part aux premiers de leurs com-
pagnons qu'ils rencontrent ; ils les cherchent même à ce
deffein , ck fe réfervent ordinairement la moindre par-
tie de ce qu'ils ont. Quand quelqu'un eft convaincu d'un
crime capital parmi eux, comme de larcin ou d'adultère,
le capitaine ck les principaux s'affemblent ; & après avoir
fait le procès au criminel, ils font eux-mêmes les exé-
cuteurs de leur fentence ; ils le tuent à coups de bâtons,
chacun venant par ordre , félon fon rang Se fa qualité ,
lui donner le fien, après que le capitaine par honneur a
commencé; ou bien ils le percent avec leurs zagaies.
On dit qu'ils font aftrologues ck herboriftes ; ck des gens
dignes de toi , nous affurerent , (difent ces pères ,) qu'ils
connoiffoient affez bien le ciel, ck qu'ils diftinguoient
les fimples »iême, durant la nuit, au toucher ckà l'odo-
401
fat. Ils font jaloux de leur liberté jusqu'à l'excès. IL font
gais , vifs , brusques dans leurs paroles , „ck paroiffent
avoir de l'esprit.
Ils ont des coutumes très-bizarres. Quand une femme
a perdu fon premier mari , elle doit dans la fuite fe cou-
per autant de jointures de doigts , en commençant par le
petit , qu'elle fe remarie de fois. Les hommes fe font
demi-eunuques de jeunefle >, prétendent que cela fert
beaucoup à conferver ck augmenter l'agilité : ils font
tous ou chaffeurs ou bergers ; ceux-là habitent dans des
'cavernes , & vivent de leur charte ; ceux-ci fe nourris-
fent de leurs troupeaux ck de leurs laitages : ils logent
dans des cabanes faites de branches d'arbres , couver-
tes de peaux ck de nattes , en forme de tentes ; la porte
en eftfibaïïe qu'on n'y peut entrer qu'à quatre pïeds, ck là
couverture fi peu élevée , qu'on ne peut s'y tenir debout.
Quatre ou cinq familles logent dans une de ces cafés, qui
n'a qu'environ cinq ou fix pas géométriques de tour , le
feu s'y fait au milieu , ck les appartemens ne font dis-
tingués que par des trous creufés en terre de deux pieds
de profondeur.
Les autres nations voifines du cap font les Namaquas,
dont on découvrit le pays , en 1681 : ils font braves,
guerriers ck puiffans , quoique leurs plus grandes forces
ne partent pas deux mille nommes , portant les armes*
Ils font tous de grande]taille et robuftes. Ils ont un bon fens
naturel ; ck lorsqu'on leur fait quelques queftions, ils ne
répondent qu'après avoir bien pefé leurs paroles, Toutes
leurs réponfes font courtes fck accompagnées de gravité.
Ils rient rarement ck parlent fort peu. Les femmes pa-
roifient artificieufes , & ne font pas à beaucoup près fi
graves que les hommes. La troifiéme nation eft celle
desUBiQUAS , larrons de profeflion : ils yolent les Afri-
cains aufli-bien que les étrangers. Quoiqu'ils ne puiffent
pas mettre cinq cents hommes fur pied , il n'eft pas aifé
de les détruire , parce qu'ils fe retirent dans des monta-
gnes inacceflîbles. Les GOURIQUAS font la quatrième
nation, qui n'eft pas fort étendue ; leslLASiQUAS font
la cinquième. Ils font plus étendus , riches ck puiffans,
ck peu verfés dans le métier de la guerre. La fixiéme
nation eft des Gouriquas. Ce font de grands guer-
riers. Lafeptiéme eft celle des Sousiquas ck des Odi-
QUAS leurs alliés.
1. HOU , (le cap DE la) cap d'Afrique dans la haute
Guinée, fur la côte méridionale , entre Botrou tk Iflîni
àl'eft du premier. De l'Ifle écrit Cap-la-Hou. Le P. La-
bat en parle ainfi , t. 1 , p. 2.06. Ce cap, où commence
la côte des Bonnes-gens , appelles aufli Qitaqua , n'eft
qu'une pointe baffe , remplie d'arbres , entre lesquels on
en diftingue un qui s'élève au-deffus des autres ; il eft
par les 5 d. io' de latitude feptentrionale ; c'eft environ
la moitié de la diftance , qu'il y a entre le cap de Palmes
ck celui des Trois- pointes. * Cote de la Guinée , par
M. Belin , 1746.
1. HOU , (la) ville d'Afrique , dans la haute Guinée,
proche le cap de même nom. Elle eft grande , bien
peuplée , ck s'étend l'espace d'une lieue , le long de la
côte. Les habitans font doux ck fociables. Ils font fou-
vent vifités par les Anglois ck les Hollandois qui vont
acheter leur yvoire. Une lieue à l'oueft de la ville, on
trouve une grande rivière , qui fe divife en deux bras. Le
principal fe rend dans la rivière de S. André; l'autre coule
à l'eft pendant quelques lieues. Barbot appelle cette ville
Laho. * Bosman , p. 498 , Voyage de Barbot. Côte dt
Guinée, par M. Bellin , 1746.
HO VAL , royaume d'Afrique. On l'appelle auflî SÉ-
NÉGAL. Voyez ce mot.
HOU AT, ifle de France fur l'Océan, près les côtes
de Bretagne , diocèse de Vannes , à quatre lieues de
Belle-Ifle : elle n'a que quatre lieues ck demie de circuit.
Il y a un village Se une tour. Laflotte d'Angleterre l'attaqua
inutilement en 1697, pendant plufieurs jours. L'air y eft
fi fain qu'on n'y trouve aucune bête venimeufe.
HOUCOUAN; c'eft ainfi que l'on prononce ck que
l'on devroit écrire le nom de Huquang , province de la
Chine. Voyez HuQUANG.
HOUDAN, petite ville de France , dans la Beauce,
au diocèfe de Chartres , dans l'élection de Montfort-
l'Amauri, fur la petite rivière de Vegre , à douze lieues
de Paris, ck à quatre de Dreux. C'eft un gouvernement
particulier du gouvernement militaire de l'ïlle de France.
Tome III. Eee
4o z HOU
Il y a une manufacture de bas de laine. Le prieuré de
S. Jean de Houdan a été uni à l'abbaye de Colombe.
On trouve dans l'hiftoire, que le roi Robert fit bâtir deux
églilès dans cette ville.
HOVEN , abbaye de filles , ordre de Giteaux, en
Weftphalie, au pays d'Eiffel. "
HOUGUE , (la) ou la Ho gue; lufage du pays,
plufieurs auteurs, entr'autres l'abbé de Longuerue ,1a
grande Carte de Normandie, &■ celle du diocèse de
Coutance ; mettent la Hougue ; Huet, Foucault, &Bau-
drand , difent/a Hogut. Quant à fon nom latin, ceft
Ogas, félon Ordenc Vital ; Ogigice, félon Cœnalis ;
Oglgies, félon Desrues; Caput Ogœ , lelon Baudrand
& Corneille ; & Oga , félon la plupart des écrivains. La
Hougue eft un cap &c port de mer dans la Normandie,
au diocèfe de Coutance , fur les côtes du Cotentin , à
trois grandes lieues de Vallogne, & près delà ville de
Cherbourg, vis-à-vis de l'ifle d'Aldernai , entre Barfieur
&; Ifigni. Cependant il n'y a ni ville ni bourg : ce n'eft
qu'une partie d'une paroiflé qu'on appelle S. Wafot; mais
c'eft le lieu du monde le plus propre" à y faire une place
importante , foit pour le commerce , foit pour les vaiffeaux
de guerre. La rade en eft admirable , & tous ceux qui
font éclairés fur 'ce qui regarde la marine & la naviga-
tion, s'étonnent qu'on n'y ait pas travaillé & qu'on ait
négligé les avantages de ce lieu. Au refte cette cote
produit de bon poiffon qu'on transporte en divers
pays. Le cap de la Hougue joint presque la côte fep-
tentrionale de la Normandie avec l'occidentale. Le port
eft défendu par un fort nommé l'Ifle-à-Madame. Ce
fort confifte en une tour avec quelques accompagne-
rnens ; &C l'on y tient garnifon pour la iûreté des vais-
feaux qui y font retraite. On a établi fur la côte plufieurs
batteries de canon. On appelle ordinairement ce port la
Hougue S. Waajl ; il eft mémorable par le combat naval
où les Anglois défirent la flotte Françoife commandée par
le maréchal de Tourvilleen 1691.
s HOUGUES, bois de France , en Normandie , au
pays de Caux , à une lieue de Fescamp. Il a deux lieues
de tour.
- HOULEFORT , baronnie de France , dans le Boule-
nois, érigée en duché-pairie, fous le nom de Bour-
nonville , au commencement du dernier fiécle.
HOULET , ( le ) rivière de France , dans l'Artois.
Elle descend jusqu'au Fort-rouge, où elle fe fépare en deux
branches , dont l'une tirant vers l'eft , fe va rendre dans
la rivière de Polincove devant le château Henin. L'autre
branche traverfe le gouvernement de Calais jusques
dans les foffés de cette ville , après avoir pris le nom
de la Marcq , qui eft un des lieux où elle paffe , &
où l'Oye fe joint à cette branche du Houlet. * Corn.
Dift.
Le canal de Calais a bien dérangé le cours de cette
rivière. -
HOULET-PANIAS , petit lac de Judée. Il eft formé
par le Jourdain. Voyez Meron &t Semechon.
HOULME, (le) petit pays de France, dansla baffe
Normandie , entre Domfront & Falaife. Il eft borné
au feptentrion par la rivière d'Orne , qui le fépare de la
campagne de Caën , à l'orient & au midi par le pays
des Marches , & à l'occident par le pays de Bocage. Il
n'a point de villes ; fes lieux les plus confidérables font
Briouze , Pont-Ecrepin §£ Carouge : le terrein eft mon-
tueux & de mauvaise qualité; l'on n'y recueille que du
bled Sarazin: il y a quelques pâturages dans les fonds;
la principale récolte eft en pommes dont on fait du cidre.
On voit par tout ce pays de grands plants de pommiers
qui en occupent presque tout le terrein. Il y a plufieurs
mines de fer & plufieurs forges. Ce pays comprend
l'éleftion de Falaise , dont on a fait le titre d'un des
cinq archidiaconés du diocèse de Séez. Quelques-uns
prétendent que le vrai pays de Houlme eft aux environs
de Rasne & de Briouze.
HOULOUVE , vallée d'Afrique de l'ifle de Mada-
gascar , vers la fource de la rivière de Sacalite qui l'arrofe.
Flacourt, Hijl. de Madagasc. c. 14^ p. 41 , parle ainfi
de cette vallée. Le pays d'Houlouve eft vers la terre , à
deux journées de l'embouchure de cette rivière. Il eft
riche en bétail , ainfi que les Mahafales. On tient qu'il
s'y trouve beaucoup d'aigues-marines & d'amethiftes de
•couleur de fleurs de pêcher, Se plufieurs beaux cryftaux.
HE A
HOURS : Corneille dit: vallée de France, dans le
Dnuphiné , près de Briançon. Voyez OuLX.
HOUSSEL , (le) bourg de France, dans le Maine,
au diocèse du Mans. Il y a un prieuré qui «dépend de
l'abbaye de Marmoutier.
HOWDON , bourg d'Angleterre , en Yorckshire.On
y tient marché public. * Etat p refont de la Gr. Bretagne t
t. 1, p. 12.7.
HOXI , ville delà Chine, dans la province deXer.fi,
au département de Kingyang , (èptiéme métropole de la
province. Elle eft plus occidentale que Pékin , de 8 d.
53' par les 37 d. 20' de latitude. * Atlas Sinenjîs.
HO"XTER: Yo fe prononce comme oeu ; de la
vient que quelques-uns écrivent Heuxter , petite ville
d'Allemagne, dansla Weftphalie, fur le Wefer, fur
lequel elle a un pont de pierre , aux confins du duché
de Brunswig. Le nom latin eft Huxaria : c'eft peut-être
ce qui a engagé Baudrand, édit. 1705 , à la nommer
Heuxer. Elle dépend de Corwey ou de la nouvelle
Corbie. Comme c'eft l'unique ville de fon petit état ,
l'abbé prétend y être fouverain : la ville de fon côté
prétend être libre , & avoir des franchifes particulières ;
& les princes de la maifon de Brunswig, à caufe du
voifinage , prétendent y avoir le droit de protection ,
& autres droits; ce qui donne lieu à des conteftations
qui ne font pas décidées. Elle eft à un demi-mille de
Corwey & à fept milles de Paderborn. L'empereur Louis
le Débonnaire la donna à l'abbaye, en 811. * Hubner,
Géogr./*. <;o}.
HÔXUN, cité de la Chine, dans la province de
Channfi, au département de Leao, féconde grande cité
de la province. Elle eft plus occidentale que Pékin,
de 3 d. 30', par les 38 d. io' de latitude. * Atlas
Sinenjîs.
HOY, (l' Isle de) Voyez au mot Isle.
HOYANG, ville de la Chine, dans la province de
Xenfi, au département de Sigan , première métropole
de la province. Elle eft plus occidentale que Pékin ,
de 7 d. 34', par les 36 d. 28' de latitude. * Atlas
Sinenjîs.
1. HOYE. Voyez HijY.
2. HOYE, petite ville d'Allemagne, enWeftphatfe,
fur le Weier , au comté de même nom , avec un châ-
teau qui en étoit chef-lieu.
Le Comté de Hoye, petit état d'Allemagne, dans
la Weftphalie. Il a eu fes comtes particuliers. Le dernier,
qui étoit Othon , étant mort fans enfans, les ducs de
Brunswig, & le landgrave de Heffe-Caffel , partagèrent
entr'eux ce duché qui eft borné au nord par le duché de
Brème; à l'eft , par le Brnnswig; au midi , parla prin-
cipauté de Ninden ; & au couchant , par le comté de
Diepholt.
La part du duc de Zell fut
Hoye,
Nienbourg,
Liebenaw ,
Le vieux & le nouveau
Bruckhaufe.
Celle du duc de Wolfenbutel fut,
Stolzenaw , Sicke ,
Ehrenbourg , Stelgeberg ,"
Bahrenbourg, Siedenbourg,
& Diepenaw.
Le landgrave de Hefle-Caffel eut Ucht &ç Freudenberg.'
L'elect.eur de Hanover pofféde ce qui éroit au duc
de Zell, dont il a hérité. Hubner, Géogr. p. 508 , lui
donne auffi Stolzenaw.
HOYERSWERDA, petite ville, château & feigneu-
rie d'Allemagne, dans la haute Luface. * Hubner, Géogr.
P- ")95-
HOYVEN , ville de la Chine , dans la province de
Quanton , au département de Hoeicheu , quatrième
métropole de la province. Elle eft plus occidentale que
Pékin, de 2 d. 25', par les 23 d. 20' de latitude.
* Atlas Sinenfts.
HRADISCH , en latin Hradisca , ville de Bohême,
en Moravie , fur la Morawe , à fix milles d'Allemagne
d'Olmutz , & à pareille diftance de Brinn. Les guerres
d'Allemagne & de Bohême l'ont fort endommagée, ôç
me
HUE
elle eft presque réduite en bourg. Cependant elle eft
paffablement grande. * Baudr. & Hubner , p. 6 1 0.
i . HU , ville de la Chine , dans la province de Xenfi ,
au département de Sigan , première métropole de la
province. Elle eft plus occidentale que Pékin , de 8 d.
25 ' , par les 35 d. 44' de latitude. * Atlas Sinenjis.
2. HU , ancienne ville de la haute Egypte, vis-a-vis
le village de Cafis , à deux lieues d'Andere. Il y a un cou-
vent dédié a S. Menna. * Paul Lucas , Voyage d'Egypte.
HUAPE, montagne de l'Amérique méridionale , au
Chili , dans la Cordillère des Andes dont elle fait partie.
C'eft un volcan qui jette des flammes, & Baudrand dit
qu'il eft près de S. Juan de la Frontera.
HUARTE ÀraQUIL, bourg d'Espagne, dans la
Navarre. Voyez ARCILLUM &C ARAQUIL.
HUAT-IDRIS, montagne d'Afrique, au royaume
de Fez. On la nomme auflî Vateres &c Guadres.
Elle eft entre Ceuta & Tanger, &c eft fort .haute &c
peuplée d'une nation qui fe fignala dans les guerres
d'Espagne. C'étoient les meilleurs foldats qu'euftent les
rois de Grenade, & en qui ils fe fioient le plus. Ils en
avoient d'ordinaire une garde de cinq cens qui logeoient
dans la rue que l'on nomme encore , à caufe d'eux , la
rue des Gomeres ; c'eft la rue par laquelle on va de la
place à lAlahambra. Les hiftoriens d'Afrique difentque
Bula-lul dont les Mores chantent les exploits en vers
& en prose, comme on fait en Europe ceux de Renaud
& de Roland , étoit de ce pays , &C qu'après s'être finale
en divers combats, il mourufà la bataille des plaines de
Tolosa , commandant l'armée de Maroc, félon les Arabes,
l'an de l'hégire 609 , c'eft-à-dire , l'an de Jefus - Chrift
H31. * Marmol, Afrique /. 4, c. 63.
HUBET , ville d'Afrique , au royaume de Trémecen ,
fur une montagne, au midi , &c à demi-lieue de la capi-
tale dont elle eft comme un Fauxbourg. Les hiftoriens
difent qu'elle a été bâtie par les Romains Se nommée
Emmeniaria par Ptolomée, fi nous en croyons Marmol ;
mais ce nom eft inconnu à Ptolomée. On y trouve
feulement, l.\,c.z, MNlARiA,à 12 d. 50'de longi-
tude, & à 33 d. de latitude. Marmol n'en dit que 3 2 d.
10'. Il y a à Hubet, pourfuit Marmol, un fameux fépul-
cre où l'on dit qu'eft enterré Cidi-bu-Median , Mora-
bite fort révéré parmi les Mores. Il eft dans une grande
mo'.quée , & l'on y descend par plufieurs degrés. Près
de cette mosquée eft un collège & un hôpital pour
les p-mvies étrangers: l'un & l'autre a été bâti parle
quatrième roi de Fez , Abul-Ha«cen, comme on voit par
l'inscription en lettres arabesques , qui eft fur le portail
en une table d'albâtre. Les habitans font comme ceux
de Treniécen Se vivent de même. Ils trafiquent dans
la montagie , & il y a force teinturiers , fans autre
cho^e de remarque. * Marmol , Afrique, /. 5 , c. ii.
HUCAC, ville de la Paleftine , dans la tribu d'Afer:
D. Calmet dit que c'eft apparemment la même que
Hucuca qui eft attribuée à la tribu de Nephthali (a).
Elle fur cédée aux Lévites, & aflîgnée pour fervir de
ville de refuge (b). Les tribus d'Àfer fk de Nephthali
étoient limitrophes ; ainfi il n'eft pas étonnant qu'on
l'attribue aune ville qui eft fur les limites de deux tribus ,
tantôt à l'une , tantôt à l'autre d'entr'elles. * (a)/o/ae,
C. 29, v. 33. (b) Parai. A. 1,06, v.7<f.
HUCHEU , ville de la Chine, dans la province de
Chekiang , dont elle eft la troifiéme métropole. Elle
eft de 3 d. 3' plus orientale que Pékin, à 30 d. 57'
de latitude. Son nom fignifie fa fituation auprès
d'un lac ; car Hu fignifie un lac , & celui au bord duquel
elle eft placée s'appelle Tai. On la compte entre les
plus grandes villes : elle eft riche & marchande , remar-
quable par la beauté des édifices, des campagnes, des
eaux &r des montagnes qui l'environnent. On y fabrique
quantité d'étoffes de foie. On y fait d'excellens pinceaux
dont toute la Chine fe fert pour écrire. On y recueille
auflî du thé. Il y a cinq temples confacrés aux hommes
illuftres. Le principal qui eft dans l'enceinte de la ville,
eft dédié aux cinq premiers empereurs Chinois. La con-
trée où eft préfentement Hucheu , étoit autrefois un
royaume indépendant nommé Tung. Les rois d'U ,
de Jue & de Çu l'envahirent fucceflïvement. La famille
de Cin nomma cette ville UcHlNG ; celle de Tanga
la nomma , Hucheu ; celle de Sunga l'appella Chao-
4O3
KING; & celle de Taiminga lui rendit le nom de Hucheu.
Elle a fix villes dans fon département, favoir,
Hucheu , Tecing ,
Changhing, Hiaofung,
Gankie j, Uukang.
HUDGEAZ, lieu de l'Arabie. L'hiftorien de Timur-
bec, /. 2, c. 18 , dit que Seifeddin Berlas ayant pris
averfion pour toutes les chofes de ce monde, demanda
à l'empereur Timur de fe retirer pour paffer le refte de
fa vie à Hudgeaz , dans les lieux facrés de la Mecque.
Ainfi ce lieu eft dans l'Arabie.
HUDICOURT , bourg de France , au Vexin Nor-
mand, au diocèie de Rouen, avec haute juftice &£
château , aflez près de la rivière d'Epte , à trois ou
quatre lieues au-deflbus de Gournai , àunelieue,d'Eftre-
pagni & de Maineville. C'eft le même qu'HLUDicouRT,
marquifat. * Corn. Diâ.
HUDISMENIL, bourg de France, en Normandie,
dans le Cotentin. La pareille eft très grande, & même
trop , à proportion du revenu de la cure. Il y a une
grande quantité de pommiers , & quelques bois taillis.
HUDSON. (la baie ouïe détroit de) Voyez
aux mots Baie & Détroit.
HUDSON, (la RIVIERE de) rivière de l'Amé-
rique feptentrionale , dans la nouvelle Yorck. * Baudr.
édit. 1705.
HUDWICHWALD, ville maritime de Suéde, fur
la côte orientale du golfe de Bothnie , dans la province
d'Helfingie, au nord de l'embouchure de la rivière
d'Escklùnd , entre les ifles dAgan & de Holfoon. C'eft
la capitale de l'Heifingie.
HUEBRA, petite rivière d'Espagne, dans la nouvelle
Caftille. Elle a fa l'ource aux environs de l'Escurial , &î
reçoit le Hieltes , puis fe rend dans le Duero entre la Hino-
jotà & Frexo deSpada Ciuta. * Baudrand, éd. 1705.
HUED-ABID, rivière d'Afrique, au royaume de
Maroc. Ce mot fignifie la rivière de Nègres, félon Dapper.
Elle fort de la montagne d'Anim-mey , à un mille del^
ville de Bzo , entre Escure ik Tedla ; coule au milieu de pro-
fondes vallées , Se entre des montagnes défertes ; & ayant
reçu plufieurs autres rivières , elle fe décharge dans le fleuve
Ommirabi , près d'un grand chemin fort uni que les Afri-
cains appellent MageracEsfa. * Dapper , Afrique ,p. 1 16.
Marmol , /. 1 , c. 9 , décrit ainfi cette rivière qu'il
nomme Huei-Ala-Abid. Ce nom , dit-il , veut dire en
langue du pays rivières des Nègres ou des Esclaves. Il
dit de même que fa fource eft dans l'Anim-mey, entre
les provinces d'Escure & de Tedla. De-là traverfant
d'âpres rochers , de profondes & obscures vallées , elle
tire vers le nord , creufant fon lit ; de telle forte qu'on
n'en peut tirer aucune eau pour arrofer les campagnes.
De-là enflée du Técavin , & d'autres moindres rivières,
elle fe décharge dans l'Ommirabi , près d'un gué fort
large & très-fûr , que les Africains appellent Megerat-
Esfa , c'eft-à-dire gué plat. Cette rivière eft extrême-
ment haute , principalement au mois de Mai , lorsque les
neiges fe fondent dans les montagnes.
HUED-EL-HARAX , torrent du même pays d'Afri-
que , au royaume d'Alger. * Dapper, p. 160.
HUED-EL-HAMIZ, autre torrent du même pays.
Ces deux torrens groflîffent extrêmement en été ; mais ils
font peu de choie en hiver, &: tombent dans la mer
Méditerranée, entre -Alger & Ceffaye. Corneille n'en
fait qu'un feul torrent qui aces deux noms : Dapper les
diftingue formellement.
HUEL-EL-QUIBIR, rivière d'Afrique , au pays de
Tremécen. Dapper dit que les Chrétiens l'appellent ZlN-
GANOR; qu'elle fort du mont Atlas, à l'endroit qui
confine au pays de Zeb , & que fe précipitant d'entre
de lwutes montagnes , elle fe jette dans la mer auprès
de Bugie. Marmol , /. 5 , c. 49 , parlant de la ville de
Bugie , dit : au levant de la ville eft l'embouchure d'une
rivière aflez petite qui s'enfle extraordinairement quand
les neiges fondent. Elle eft à 22 d. 10' de longitude, Se
à 32 d.30' de latitude, Stfe nomme Nazaava, félon
Ptolomée ; & Navar, félon Pline. On y pêche force
poiflbns ; mais il y en a tant fur la côte, qu'on ne fe
foucie pas de celui-là. Quand Bugie étoit aux Chrétiens,
il n'entroit point de vaiffeaux dans cette rivière , à caufe
Tome III, E e e ij
HUE
40+
du fable qui eft à fon embouchure; mais l'an -I Ç Ç Ç , il
plut tant , que les eaux l'emportèrent ; & il y entra depuis
des galères & dés galiotes , avec de gros vaifleaux qui
y font à couvert pendant la tempête , tk ne font in-
commodés que du vent du nord. C'eft cette rivière qui
palTe entre les montagnes de Cuco, & de -là à Abez,
l'une au feptentrion , & l'autre au midi.
Ptolomée , l. 4 , c. 2 , nomme Nasava ou Nas AVAT ,
rivière de la Mauritanie Céfarienfe. Pomponius Mêla ,
/. 1 , c. 6, met dans la NumidieNABAR ou Vabar; mais
ce font des rivières différentes. Cependant le Nabar de
Pline , /. $ , c. 2 , qui eft certainement le même que celui
de Mêla , eft marqué par le P. Hardouin pour être le
Nafava de Ptolomée. Voyez Nasabath.
HUED-HABRA , rivière d'Afrique , au pays d'Alger:
elle a fa fource près de Mohofitar , ville de Beni-Arax ,
& fe perd dans le fleuve Zis , près des plaines de Cira,
clans un lieu nommé Xamurra : alors ces deux rivières
prennent le nom de Cirât. Ses bords font habités par
des Arabes guerriers qui tourmentoient beaucoup les
'habirans d'Oran. * Dapper, Afrique,/». 159.
HUÈD-ICER, grand- fleuve d'Afrique, au pays
d'Alger. Il a fa fource au mont Atlas , fur les frontières du
Biledulgerid ; & après un long cours, il fe jette dans la
mer à l'orient de Metafus , près du village de Beni-
Abdala. On croit que c'eft le Serb ETES de Ptolomée.
Voyez Serbetes. Marmol , /. 1 , c. 9 , dit de cette
rivière, qu'elle eft grofTe ; & fa description s'accorde affez
avec celle de Dapper , Afrique,, p. 160.
HUED-NEFUSA , ou NlfTIS , rivière d'Afrique,
au royatime de Maroc ; elle a fa fource dans la mon-
tagne de Hantete au-defifus de Maroc : après avoir coulé
autour de cette montagne , elle fe promené le long des
. plaines , Se fe perd dans le Tenfift. * Dapper, Afrique,
p. n*.
HUED-YL-BARBAR , grand fleuve d'Afrique. Il tire
fa fource du grand Atlas, près de la ville de Lorbus,
au royaume de Tunis , & fait tant de tours &; de retours
par ces montagnes , que les voyageurs qui vontdeBonë
à Tunis le panent vingt-cinq fois , fans qu'en un fi long
cours il ait ni pont ni barque. A la fin il fe va rendre
dans la mer près du port de Taburc, à fix lieues dé
la ville de Begge. C'eft le Rubricatus de Ptolomée.
Il fe pêche quantité de corail fur {es bords, jusqu'à là
ville de Bone. * Marmol, 1. 1 , c. 9.
HUELMA , bourgade d'Espagne, dans l'Andaldufie ,
à fix lieues au levant d'hyver de Jaën , félon Martin
Ximenez qui prétend que c'eft l'ancienne Accatucci.
HUERTA , abbaye d'hommes , ordre de Cîteaux , en
Espagne , dans la vieille Caftille , au diocèfe de Siguenfa;
HUESCA , ville d'Espagne , au royaume d'Aragon,
fur le bord de la petite rivière d'Ifuela , dans une agréable
plaine , environnée de collines. C'eft le fiége d'un évêché
fufrragant de Sarragoce , & d'une uhiverfité âflezrecom-
mandable. Cette ville eft ancienne , & a eu autrefois
une académie établie par Sertorius , comme le rapporté
Plutarque. Voyez l'article OscA, qui eft le nom de ce
tems-là.'On y respire un air fort doux; & le terroir eft
fertile , fur-tout en vins, au rapport de l'abbé dé Vairac.
Le premier évêque de cette ville, dont on ait connois-
fance,eft un moine appelle Vincent, disciple de faint
Victorin, lequel vivoit en <J5y. La ville de Huesca
ayant été prise par les Mores, le culte divin en rut
entièrement banni ; Sl lorsque D. Aznar, premier comte
d'Aragon , eut repris la ville de Jaca , eh 795 , il y
transféra l'évêché de Huesca , en attendant que cette
ville fût retirée des mains des infidèles. Pendant que le
fiége épifcopal étoit a Jaca , Pévêque prenoit tantôt,
le titre d 'évêque d'Aragon , tantôt celui A' évêque de
Jaca & de Huesca, & quelquefois celui $ évêque de
S. Pierre. En 1096 , Huesca étant repris fur les Mores ,
Pierre qui fut le dernier titulaire de l'eglife de Jaca, alla
prendre poiïeffion de Huesca. Etienne II, qui lui fuccédâ,
intenta un procès à S F.aimond , évêque de Balbaftro,
. pour faire unir fon eglife à celle de Huesca , en quoi il
réunît; de forte que les deux églifes furent unies jusqu'en
• 571 » 1v'e Philippe II fit ériger Balbaftro en évêché,
fous le pontificat de Pie V. * Etat.pref. de l'Espagne ,
1. 1, p. 107; & 1. 1 ,p. 366.
Le chapitre de Huesca eft composé de neuf digni-
HUI
nommée
, dans le
; elle n'a
taires , de vingt-quatre chanoines , de quatorze prében-
diers , de huit bénéficiers , &C de quarante chapelains.
Le diocèse s'étend fur cent quatre-vingt-feize paroiffes ,
31 hôpitaux, 335 hermitages , & fur 19 couvens.
L'évêque jouit de treize mille ducats de revenu.
HUESCAR, ou Guescar, ville d'Espagne, au
royaume de Grenade , dans une plaine , avec un château,
fur le bord méridional du Guadadar , au pied du mont
Sagra, que l'on appelle fôuvent, à cause de cela, la Sierra
du Guescar , oh Huescar. L'abbé de Vairac nomme
cette ville Huesca, '& dit qu'elle fut donnée avec fon
territoire par les rois Catholiques, àD. Frédéric Alvarez
de Tolède , fécond duc d'Albe , te érigée en duché , l'an
1563 , par Philippe II, eri faveur de D. Ferdinand fur-
nommé le Grand, troifiéme duc d'Albe, pour D. Fré-
déric de Tolède , grand commandeur de Calatrava , fon
fils, tk pour dona Marie Pimente! , fa féconde femme,
qu'il époufaen même tems. * Baudrand, édit. 1705.
Etat, préf.del 'Espagne , t. 3, p. 88.
Selon Niger, cette ville a été ancieririérnént nommée
Calicula.
HUESNE , petite iïle de la mer Baltique ,
Sund. Baudrand & Maty la nomment Ween ;
rien de remarquable que le lieu où étoit le fameux obfer-
vatoire de Tycho-Brahé. Voyez URANIBOURG. Elle
eft nommée HuENE par Del'Iile, dans fa Carte deDàné-
marck ; & HuENA pat Huet , dans fon poème intitulé
lier Suecicutn-, Voici comrhent il en parle :
Flu&ibus in mediis angufla ouufrit Hùenà ,
Aftris Jacra olim & cœlejlibus inclyta curis ;
Nunc pisces tantùm folers cap tare marinos ;
Hue feror à viridi fuperato colle , Tyc/ionis,
Dilapfas œdes veneror , pretiofaque Jlelu
Rudera conspergo , & rurjàm do carbafa veniis.
HUESSEN , bourg d' Allerhagné , dans Iè haut Bétuvè ,"
au couchant , ôt à une lieue du Rhin. Quoique ce lieu
foit dans le Bëtuve , il eft pourtant dans un petit canton
qui dépend du duché de Cléves , vis-à-vis du lieu où
fe fait la féparation du Rhin 5c de l'Iffel , a deux lieues
communes, ck au rhidi oriental d'Arnheim. * Fijftkert
Atlas.
HUETE. Voyez GuETEi
HUGES-HÔSEN, autrement Honcour, abbatlà
fancli Michaèlis Hugonis curia, abbaye d'hommes,
ordre de S. Benoît , au diocèse de Strasbourg. Elle à
été unie à un monaftere de filles à Andelav.
HUI, ou HUY ou Hoey , Hoium , ville des- Pays-
bas , dans le Condros dont elle eft la capitale, C'eftune
petite ville commodément fituée à la droite de la Meute;
fur laquelle elle avoit un fort beau pont qui fut com-
mencé en 1294; c'eft Une des anciennes poueflîons
de l'église de Tongres ou de Liège , comme l'empe-
reur Othon II le feconnoît dans fa patente. Il y a eu
néanmoins un comte qui avoit quelque droit à Hui ,
& dans le pays voifin , jusqu'au tems d'Ansfrid ou Aufride ,
qui ayant été élu évêque d'Utrecht , l'an 994 , remit ce
comté à l'empereur Othon III , qui lé donna , à la prière
de ce prélat , à l'eglife de Liège , l'an 997. Theoduin ,
évêque de Liège , fonda l'eglife collégiale de S. Domi-
tien , l'an 1066. Le cardinal Érard de la Marck , évêque"
de Liège , mort l'an 1538 , a fait bâtir le château épis-
copal qui domine fur la Meufe. La ville &; le château
de Hui ont été plufieurs fois pris Se repris durant les der-
nières guerres. Les Hollandois qui s'en rendirent maîtres
en 1702 , y âvoient fait faire de belles fortifications.
Ils vouloient y conferver une garnifon qui ne coûtéroit
rien au pays de Liég'e ; rtiais ni l'empereur , ni l'empire ,
n'ayant voulu y confentir, ils ont abandonné ce pofte,
après en avoir ruiné les fortifications. * De Longuerue,
Descr. de la France, 2, part. p. 130.
Quelques critiques ont voulu chercher à Hui le Juho*
num civitas de Tacite. Nous faifons voir au mot Juho--
num , que c'eft une opinion chimérique & fondée uni->
quement fur une faute d'orthographe.
HUICCIORUM ; fiége épiscopal d'Angleterre. Dani-
bertus , fon évêque , affifta au concile Celichitenfe.
HUICILOPUCHO, bourgade de l' Amérique fepten-
trionale au Mexique , Se au bord du lac de Mexico. II
HUL
HUL
y avoît autrefois de beaux temples confacrés aux idoles :
les Espagnols en on fait des monafteres. Le plus grand
trafic de ce lieu,eft le fel dont ont fe fert pour faler
les provisions , & qui d'ailleurs n'eft pas d'un goût allez
agréable pour l'afTaifonnement. On ne laifle pas d'en
transporter beaucoup dans le pays 'd'alentour. Cette bour-
gade a environ cinq cents maifons. * De Lait. Ind. occid.
/. 5 , c. 7.
HUINE , (l') ou l'HuiSNE , rivière de France , où
elle coule au Perche 6c dans le Maine. Elle eft diverse-
ment nommée dans les anciens titres du pays , en latin
JOGNIA, HlOGINA, EUCANIUM ScEuCANIA; dans
les écrits deThéodulphe, évêque d'Orléans, IdoNea,
&par corruption, dans Orderic-Vital,EGUENiA. Elle
prend fa fource dans la pâroiffe de S. Hilaire de Soizai ,
au Perche, du côté de Mortagne; paffe àRemallart,à
Nogent-le-Rotrou ', où elle reçoit la Bonne ; Se enfuite
enflée des eaux de là rivière d'Erve , elle fe rend à
la Ferté-Bernard, Se fe jette dans la Sarte au-deflbus
du Mans. On pourroi't la rendre navigable jusqu'à la
Ferté-Bernard. Théodulfe , déjà cité, a remarqué qu'il
eft arrivé une fois à cette rivière de fe fécher. * Piga-
nïol de la Force,. Descr. de la France, t. 5 ,/. 455.
HUIONUM. Voyez Juhones. .
HUIRON , Aurion , Ofïo,Aurïo , abbaye d'hommes
en France , de l'ordre de S. Benoît , en Champagne , au
diocèse de Châlons-fur-Mame , à une lieue de Vitri-
le-François , au fud-oueft , fondée par Roger IIIe du
nom, évêque de Chàlons , l'an 1078.
HUISSEAU , bourg de France, dans ï'Orleanois.
HUISSERIE , (l') bourg de France , dans le Maine ,
élection de Laval.
1 . HUISTRE , (l') rivière de France , dans la Cham-
pagne pouilleufe , on elle a deux fources , l'une à Mailli ,
l'autre à Poivre. Ce font deux villages de ce pays-là.
Elles fe joignent au-deflbus de Sainte-Sufanne , d'où
•coulant enfemble vers le midi jusqu'au bourg de l'Huiftre,
cette rivière fe tourne vers le fud-oueft , pour tomber dans
l'Aube au-deffus d'Arcis. * Robert de Vaugondy , Atlas.
2. HUISTRE, (l') bourg de France, dans la Cham-
pagne, au diocèse de Langres , 8c dans l'eleftion deBar-
Ïur-Aube.
HUKEU, ville de la Chine, dans la province de
Kiangfi, au département de Kieukiang , cinquième métro-
pole de cette province : elle eft de 1 d. 8' plus occi-
dentale que Pékin , à 30 d. 26 'de latitude. Près de cette
■ville eft une montagne nommée Xechung, c'eft-à-dire,
la cloche de pierre , parce que les eaux agitées par le
vent, 8e pouffées contre cette montagne, font un mugis-
fement qui reflemble affez au fon des cloches. * Atlas
Sinenfis.
i.HULIN, ou Mont-Hulin, place de France,
en Picardie, dans ie Boulenois, au deffus du bourg
de Devre, à la fource d'un petit ruiffeau qui baigne ce
bourg Se fe perd dans la Liane , à trois lieues de Boulogne,
en allant vers Aire. Il y avoit autrefois en ce lieu une fpr-
terefîe , lorsque ce lieu étoit aux frontières des Pays-bas
Espagnols. Mais les frontières étant reculées, cette rorte-
refle a été détruite comme inutile. De l'Ifle en marque très-
bien la place , Se lanommeenunfeul mot, Mont-hulin.
2..HULIN , petite ville de-Bohême , dans la Moravie,
aflezprèsde la ville de Cremfir. Elle appartient àl'évê-
que d'Olmutz. Ottocare , roi de Bohême , la donna à
l'évêque Brunon , avec les villages qui en dépendent ,
après la bataille où il défit les Hongrois , près de Laba.
* Zeyler , Bohem. Topogr./». 99.
HULL , ville d'Angleterre , en Yorkshire. On la
nomme auflî Kïngjlon upon Hall. C'eft un bon port
de mer , à l'embouchure de l'Hull Se de l'Humber,
6c une place bien fortifiée Se d'une grande étendue ,
quoiqu'il n'y ait que deux paroifles. Elle n'eft pas plus
ancienne que le régne d'Edouard I. Ce prince , qui en
eft le fondateur , y fit faire un havre , 8c accorda de
fi grands privilèges à ceux qui s'y établiroient , qu'elle
devint floriflante en peu d'années. Sa pêche, fur les
côtes d'Iflande , n'y a pas peu contribué ; il y a un
très-beau collège Se un bel arfenal. Avant les guerres
civiles du tems de Charles I , ce monarque y établit de
grands magafins ; mais quand il voulut s'en fervir , l'an
1642. Hotham, qui étoit gouverneur de Hull, ferma
les portes de cette ville au roi; Se fa conduite fut approuvée
40?
par le parlement qui en profita. * Etat. prêf. de la Gr.
Bret. 1. 1 , p. 128.
HULST , ville des Pays-bas, au comté de Flandre;
quartier de Gànd ? aux frontières du pays de Waës , à
quatre lieues de Rupelmonde, Se à fept de Gand. C'eft
la capitale du bailliage de Hulft. La ville eft petite , mais
fortifiée par la nature Se par l'art : elle eft dans une plaine
qu'on peut inonder. Son rempart qui a environ demi»
lieue de circuit , eft flanqué de neuf baftions , Se entouré
d'un fofle fort large Se profond , outre une bonne con-
trescarpe défendue par un foffé extérieur du côté du
pays de Waës , Se de l'autre par une ligne 8c par deux
petits forts. Les forts de Sandberg, le grand Se le petit
Kyk-uyt , Moerschans , le grand Se le petit Kerre-Kyker,
Se le Havenfort , en rendent l'approche difficile. Il y
en avoit trois autres qu'on nommoit Quaadpeerdsgat,
S.Marc Se NaJJau; mais ils font détruits. Avantqu'on
fe foit rendu maître de ces forts, les afîiégés ont le tems
de recevoir du fecours par mer. Il y a trois portes ,
celles de Gand , des Béguines , Se la double porte.
* Janiçon , Etat préf. des Provinces-Unies,/. 2 , p. 368.
Lansberge , qui a fait une description particulière de
cette ville , prétend , cl, p. 7, qu'elle étoit connue
dès le douzième fiécle, du tems de Philippe d'Alface,
Se qualifiée oppidum, bourg ou petite ville, Il ajoute,
p. 8 , qu'en 141 3 , elle obtint de Jean, duc de Bourgogne
Se comte de Flandres , le privilège de s'enfermer de
murailles, de fofles Se de portes. Alting , German,
infer. part. 2, p. 98, dit que ce n'étoit qu'un bourg qui,
en 1350, obtint de Louis, comte de Flandres , les privi-
lèges d'une ville , Se qu'elle ne fut entourée de murailles
qu'en 1426. Les confédérés fe rendirent maîtres de cette
place, en 1 578 ; mais le duc de Parme la leur enleva en
1583. Le prince Maurice la reprit , en fix jours de tran-
chée ouverte, l'an 1591. L'àrchiduc Albert s'en reflaifit
en 1596 , après fix femaines d'attaque , mais avec perte
de cinq mille hommes Se de foixante officiers de diftinc-
tion. Elle reftaau pouvoir des Espagnols jusqu'en 1645,
que Frederic-Henri, prince d'Orange, l'afliégea Se la prit
le 5 Novembre. Depuis ce tems les Etats généraux en
font demeurés les maîtres , Se la pofTeffion leur en a été
aflîirée parla paix de Veftphalie. En 1702 , le marquis de
Bedmàr , commandant général des Pays-bas Espagnols,
alla m«ttre le fiége devant cette place ; mais quoique le
fameux Vauban , qui fut enfuite maréchal de France ,
eût la direftion de ce fiége, il fut obligé de le lever,
par là vigoureufe défenfe du major général Dedem ,
après y avoir perdu plus de mille hommes. Cette ville
eft d'une figure ronde , percée de vingt-deux rues ,
grandes ou petites : on y compte environ quatre cents
maifons ; mais on ne peut guère fixer le nombre des
habitans , parce qu'ils augmentent ou diminuent , fuivant
que la garnifon y eft confidérable. C'eft elle qui fait là
principale reflburce du commerce des habitans. Il y a
une aflèz belle place où eft fituée l'églife, deflervie par
trois miniftres de la clafle de Zuid-Beveland en Zélande.
C'eft un très-beau bâtiment de pierres de taille bleues ,
en forme de croix : le chœur en eft magnifique. La
tour qui eft pofée fur quatre piliers de l'églife , n'eft
pas moins belle; elle fut brûlée, en 1663 ,par le feu du
ciel , avec une partie de l'églife ; mais elle a été rebâtie
dans la fuite , Se plus belle qu'elle n'étoit auparavant.
Il y a un très-beau carillon : la paroifle de cette églife
comprend la ville , Se environ 1 2000 Gemeeten dans le
bailliage de Hulft , partagés en différens diftrifts , Se
dont les habitans font obligés de payer à cette églife les
droits de mariage Se d'enterrement. Le refte du bailliage
de Hulft a fes propres églifes paroiffiales. Les Catholi-
ques font bien les trois quarts des habitans de la ville ,
Se ont une chapelle privée, deflervie par deux Récolets
du couvent de S. Nicolas , bourg capital du pays de Waës.
On pouvoit autrefois aller à Gand , par un beau canal
qui avoit été creufé, pour la commodité du commerce,
entre ces deux villes ; mais depuis quelque tems , il a été
fi négligé , qu'il n'eft plus navigable. Par un autre canal,
Hulft a communication avec l'Escaut occidental , Se avec
la mer. Le commerce y étoit autrefois aflez confidéra-
ble , fur- tout pour le fel Se pour les manufactures de
draps ; mais ces négoces n'y ont préfentement aucun
cours. Le peu de trafic j qui y refte, ne confifte qu'eri
FUL
406
bled, dont les environs fourniffent une grande quantité:
l'air de ce pays eft fi mal-la,n, que les étrangers noient
venir y fixer leur (ejour. La maifon de ville eft un très-
beau bâtiment de pierres bleues, où il y aune fort belle
tour ; elle fût brûlée , en 14b 5 , par les bourgeois , dans
un combat qu'ils eurent contre la garmlon qui s'y etoit
retirée ; mais on la rétablit, en 1518. Elle eft fituée du
côté méridional du grand marché , vis-à-vis la grande
garde; ce qui t'ait un très-bel aspect. La maifon du bail-
liage eft auffi un bel édifice, qui fut coniïruit en 16^5 ,
fur les fohdVmens de l'ancienne. Elle eft fituée dans une
des principales rues de la ville ; il y a une petite tour,
& quantité de fort beaux appartenons. Il y avoit autre-
fois un hôpiial où l'on retirait les pauvres voyageurs,
pendant trois jours; mais après la réduction de la ville,
fous ladomimuiondes Etats-Généraux , on en afaitplu-
fieurs maifons , qui ont été données à divers particuliers,
moyennant une certaine redevance annuelle à la ville.
La maifon des orphelins eft un bâtiment qui taifoit par-
tie du couvent des Récllets , &c elle a une galerie qui
fait face à une place qui étoit le cimetière de ces reli-
gieux. Cette maifon eft fous la direction de trois ou qua-
tre membres du magiftrat. Une autre partie de ce cou-
vent a fervi,en tems de guerre, d'hôpital pour les mili-
taires. La maifon du commandant eft un des plus beaux
édifices qu'il y ait dans la ville, tk qui lui appartient^
commun avec le bailliage ; mais les réparations (ont à la
charge du plat-pays. Il n'y a point de gouverneur ou
commandant dans toute la Flandre Hollandoile , qui foit
mieux logé. L'autorité de ce commandant , qui a fous
lui un major de place, s'étend fur tous les forts des en-
virons. Il y a dans cette ville plufieurs magafins dont le
plus confidérable eft l'églife des Récollets , qui a éié des-
tinée à cet u!age , après la prife de cette ville , en 1645.
Les auties font fitués dans les baftions, & tous font^ fous
la direction d'un commis établi par le confeil d'état.
Il y a trois priions , l'une pour la ville , la féconde pour
le bailliage , & la troifieme pour les gens de guerre. Les
deux premières ont chacune leur geôlier ; & la troifiéme
eft fous la direction d'un prévôt établi par le conleil
d'état. La régence eft compofée du grand bailli , d'un
bourg-meftre'ck de fix échevins , avec un greffier & un
tréforier. Le grand bailu eft établi à vie par les Etats-
Généraux , & eft chef du gouvernement politique &£
de la juftice; mais dans les affaires criminelles, il n'a
point de voix , parce qu'il fait alors la fonction de fiscal;
ce qui fe pratique par-tout ailleurs ; & il ne fait qu'exé-
cuter les tentences des échevins. C'eft auffi lui qui fait
publier &£ exécuter les édits & ordonnances des Etats-
Généraux ; & il eft toujours préfent avec deux échevins
au moins , quand le greffier en fait la lecture. Il a un
fubftitut , qui tait (es fonctions en fon abiènce , & dont
l'emploi eft à fa dispofition. Le bourg-meftre eft changé
tous les ans, & choifî entre les échevins, qui font auffi
changés , ou continués tous les ans , par les députés des
Etats- Généraux. Les échevins jugent fouverainement
dans les caulés criminelles ; mais dans les civiles , leurs
jugemens font lùjets à l'appel au confeil de Flandre, ou
l'on envoie les procès évangélifés avec toutes les pièces
qui y ont rapport. On oblerve aujourd'hui dans cette
ville les loix & coutumes de Hollande & de Zélande,
à l'égard des contrats de mariage, teftamens, &c. La
juridiction de la ville ne comprend qu'environ deux
cents Gemeeten hors des fortifications. Le greffier eft
établi à vie par les magiftrats , & le tréforier par les
Etats-Généraux. Le confeil d'état entretient à Hulft un
receveur du Verponding des biens eccléfiaftiques , &c;
& un autre receveur des droits de confomption , qui
rendent leurs comptes au receveur général de la républi-
que , à la Haye. L'amirauté de Zélande y entretient auffi
un receveur , un contrôleur tk deux commis de recher-
ches , pour la perception des droits d'entrée ck de for-
tie. Le bailliage de Hulft eft borné au nord, par l'Escaut
occidental, à rorient par le canal deKieldrecht, au midi
par le pays de Waës , & à l'occident par le bailliage
d'Axel. Il a environ quatre lieues dans fa plus grande
longueur du nord au fud, ck trois de largeur d'orient en
occident. Ce bailliage renfermoit autrefois douze villa-
ges , dont huit ont été fubmergés. Les quatre qui res-
tent, font Offeniffe, Honteniûe, HeinsdykckTer Pau-
welspolder.
HUN
Les François prirent Hulft , en 1747, avec la plus
grande partie de la Flandre Hollandoile , ck l'ifle de
Cadsant ; mais ils les rendirent aux Provinces-Unies ,
l'année (ùivante , par laf paix d'Aix-Ja Chape le. Cette
ville eft la patrie de Corneille Janienius , évèque de
Gand.
HULVAN ou Holvan , ville d'Ane , dans l'Affyrie
ou la Chaldée , dans les montagnes , qui léparent l'ira-
que Babylonienne, de l'Iraque Perlienne.i 34 cl. de la*
titude ieptentrionaie. Les califes y alloient prendre la
frais pendant l'été. Cette ville eft à'quatre ou cinq jour»
nées de B.igdet, du côié du nord. Le lépulcre de Ham-
fah y eft fréquenté Se vifité. On tient que Gobab , fils
de Fiiouz, roi de Perse, de la quatrième dynaftie appel-
lée des Chosroës ou des SaJJanides , fonda Hulvan , &r
que les Tartares ou Mogols de Genghizkan la détruifi-
rent. Les Mufulmans croient que le prophète Elie , qui ,
félon eux , vit encore, tait fa demeure dans une mon*
tagne près de cette ville. * D'Herbclot, , Biblioth.
orient.
HUMAGO , ville d'Italie , dans l'Iftrie. Voyez
Umago.
HUMAN, ville de Pologne, dans la baffe Podolie,
environ à vingt-cinq lieues de Braclau , du côté du le-
vant. * Baudr. éd. 1705.
HUMANA ROUInata, on appelle ainfi les ruines
d'une ville d'Italie , fituée autrefois dans l'érat de l'églife,
ck dans la marche d'Ancone , vers la côte de la mer
Adriatique. Le pape Martin V, unit fon évêché à celui
d'Ancone, en I422. * Baudr. éd. 170s;.
HUMBER, (l') prononcez l'Hombre ; Abust.
Umbcr: les François écrivent communément /'ffami™,
conformément à leur prononciation , mais l'Humber eft
le vrai nom : grande rivière d'Angleterre, dans la pro-
vince d'Yorck , à parler jufte , ce n'eft point une rviere
particulière , puisqu'elle n"a point de lource proprement
dite. C'el', pour mieux dire, un golfe où lé rafiemblent
dans un même lit ?OuJe , la Trente , le Dun , le Dar-
went , &c. Elle eft lort large, ck porte toutes fes eaux
entre Spurn-Head ck Gnmsby. L'Humber peut avoir
environ vingt-cinq milles de longueur de l'oueft à l'eft,
fans autre port remarquable que celui de Hull, qui eft
à fon embouchure. La partie qui eft au nord de cette
rivière en Angleterre, jusqu'aux frontières d'Ecoffe, s'ap-
pelle le pays au nord del'Humbsr , en anglois Northum-
berland. *Baudrand, rectifié fur les Mémoires des An-
glois.
HUMBLE, (V)Homelea, rivière de la Grande-Bre-
tagne , en Angleterre, dans leHantshire, qu'elle arrofe;
elfe fe jette dans la mer , vis-à-vis de l'ifle de Wight.
* Baudr. éd. 170^.
HUMBLIERES. Voyez Homblieres.
HUMBLIGNI, bourg de France, dans le Berry, à la
fource de la petite rivière de Saude. Le terroir des envi-
rons eft ingrat ; il y a quelques vignes , des prés 6k des
bois. ÎOn y fait de la tuile , de la brique , de la chaux
ck de la poterie, qui fe débite dans les villes & paroiffes
voilines.
HUMBRE. Voyez Kumber.
HUMELEDEGl , ville d'Afrique , en Numidie , à
dix-huit lieues de Segelmeffe. La campagne des environs
produit quantité d'un certain fruit qui reffemble à des
asperges. Les Arabes qui ont bâti cette place, font fort
attachés au Mahométisme. * Corn. Dict. ck Davity t
Afrique.
HUMESEN , ancien lieu de laPaleftine, dans la tribu
de Juda. Les Septante en font deux mots. *At/// &*A<rs;«.
HUMIERES , ancienne baronie de France , dans
l'Artois, à deux lieues au nord-eft d'Hesdin. Elle fût éri-
gée en duché, en 1650, avec plufieurs autres terres, en
faveur de Louis de Crevant.
HUNDINGTHON. Voyez Huntingthon.
HUNANBY, bourg d'Angleterre, dans la province
d'Yorck. On y tient marché public. * Etat préfent de la
Gr. Bretagne, t. I.
HUNDRED, terme de géographie ; on ne l'emploie
que dans la chorographie d'Angleterre. Le royaume eft
divifé en Shires ou comtés , les Shires en Hundreds ou
centaines , les Hundreds en Tithings ou dixaines , 6c
les Tithings en Parisk ou paroiffes. Le P. Lubin,itf<:r-
eurc géogr. p. 408 , dit : Ce mot Hundred eft traduit
HUN
en latin Ccnturîa, c'eft-à-dire un pays où cent hommes ,
ou cent chefs de familles, étoiemt obligés d'être cautions
les uns pour les autres en juftice, tant pour le criminel,
que pour le civil. Ils en ont fait un nom latin Hundre-
dus. Le chef d'un Hundred , eft une espèce de centurion.
HUNDSFELD ou Hundesfeld, c'eft-à-dire la
Campagne, du Chien , petite ville de Silène , d'ans la
principauté d'Olfs ,fur la Weid , en tirant versBreflaw.
Elle appartient aux ducs de Munfterberg. Les écrivains
de Pologne difent qu'il s'y donna une bataille , l'an
Ï109, entre l'empereur Henri V, Se Boleflas III, roi de
Pologne , & que ce dernier eut la viftoire; que quel-
ques jours après , il s'y affembla quantité de chiens û
furieux , qu'ils déchiroient les voyageurs , ce qui fit don-
ner à cette place , tant dans la langue Polonoife , que
dans l'Allemande , le nom qu'elle porte. Les hiftoriens
Allemands ne difent rien de cette bataille. Cependant
tant d'autres en font mention, qu'on ne peut la révoquer
en doute.* Ztyler , Silef. Topogr./. 152.
HUNDS-RUCK, petit pays de Allemagne, entre le
Rhin , la Mofelle Se le Nab , au bas Palatinat. Les
Huns y firent autrefois des conquêtes Se des établiffe-
mens , & le nom moderne vient de-là. Ceux qui écri-
vent en latin , l'appellent Hunnorum Tracius. La partie
feptentrionale eft a l'éleâeur de Trêves ; Se la partie
méridionale comprend le comté antérieur de Spon-
heim Se le duché de Simmeren, qui font à l'orient,
ôe appartiennent à l'ele&eur Palatin , partie du bas comté
de Catzenelnbogen , qui eft au landgrave de Heffe-
Rhinfels , Se le comté de Sponheim ultérieur, fitué à
l'occident, qui appartient au prince Palatin de Birc-
kenfeld , Se au marquis de Bade ; félon Baudrand , les
villes Se places remarquables du Hundsruck, font,
Coblens ,
Boppart,
Ober-Wefel,
Saint Gower , } au landgrave de Heffe-Pvhinfels,,
Baccarach , )
Creutzenach .
Simmeren,
Caftelaun ,
Trarbach ,
Birkenfeld,
eleftetir de Trêves.
à Metteur Palatin.
au prince de Birkenfeld.
1. HUNG, ville de la Chine, dans la province de
Queicheu, au département de Liping, feptiéme métro-
pole de la province. Elle eft plus occidentale que Pékin,
de 8 d. 1 5' par les 26 cl. 27' de latitude. * Atlas Sinenjis.
2. HUNG , ville de la Chine , dans la province de
Nankin , au département de Fungyang. Elle eft de I d.
plus orientale que Pékin , fous les 34 d. 17' de lati-
tude. * Atlas Sinenfis.
HUNGER-BRUNN , c'eft-à-dire Fontaine de la,
Famine , fontaine de Suiffe , au village de Vangen,
à deux lieues de Zurich. Son nom vient de ce que
lorsqu'elle coule , on la regarde comme un préfage de
famine. Par des obfervations exa&es , dit l'auteur de
l'Etat Se des Délices de la Suiffe , t. 2 , p. fo , obfer-
vations qui ont été faites depuis l'an 1686, jusqu'à
notre tems , il paroît que , dans les années d'abondance,
elle a toujours été à fec , quelque fortes 6k longues
pluies qu'il ait fait, Se qu'au contraire, à mefure qu'elle
a coulé , la difette eft venue , Se que plus elle a coulé,
plus la difette a été grande.
HUNGERFORD, bourg d'Angleterre , en Berkshire,
aux confins de Wiitshire , Se de Hantshire , à diftance à-
peu-pres égale de Salisburi Se de Winchefter. On y tient
marché public ; Se ce lieu fe diftingue par la bonté de fes
truites , et par l'abondance de fes écreviffes. * Baudr.
édit. 1705. Etat priÇ. de la Gr. Bret.t. 1, p. 42.
HUNGFAN, fortereffede la Chine, dans la pro-
vince de Queicheu , au département de Queiyang , pre-
mière métropole de la province. Elle eft plus occiclen-
dale que Pékin , de 11 d. 31', par les 25 d. 42' de lati-
tude. * Atlas Sinenfis.
HUNGIA , cité de la Chine, dans la province de
Suchuen , au département de Kiating , troifiéme cité
de la province. Elle eft de 13 cl. 16' plus occidentale
que Pékin, fous les 29 d. 31' de latitude, * Atlas Sinenjis.
HUN 407
HUNGTUNG, ville de la Chine, dans la province
de^Channfi , au département de Pingyang , fécondé
métropole de la province. Elle eft plus occidentale
que Pékin, de <j d. <ji' , par les 37 d. 27' de latitude.
* Atlas Sinenjis.
HUNI. Voyez Huns.
HUNINGUE ; félon Piganiol de laForce,Description
delà France, t. 6 , p. 472, édit. Parif. ville Se for-
tereffe de France , dans la haute Alface , au diocèfe de
Bafle , fur le Rhin , dans le Suntgow , à deux lieues
de Bade , Se aux frontières de la Suiffe. Elle eft petite ,
n'ayant qu'environ quatre-vingt maifons, Se cinq cents
habitans tout au plus. Au milieu du fiécle paffé, ce
n'étoit qu'un {impie village : on y ajouta , vers l'an 1650,
une redoute de maçonnerie , où l'on tenoit un fergent
Se quinze hommes, uniquement pour avoir des nouvelles
de ce qui fe paffoit en Suiffe. Après le traité de Nimé-
gue , Louis le Grand en fit une forte ville , afin de
s'afiurer de l'AIface , Se fe faciliter un paffage dans le
BrisgoW. Quoique Huningue foit très -petite, c'eft ,
cependant , une place très-importante. Ses fortifications
font du maréchal de Vauban. Elle n'a que deux portes ;
Se fa figure eft un pentagone régulier, formé de cinq
baftions, bien revêtus, deux desquels font chargés de
deux cavaliers. Les autres ont dès retranchemens qui
couvrent un magafin à poudre. Les quatre fronts du
côté de la terre font couverts d'autant de grandes demi-
lunes , le tout entouré d'un foffé plein d'eau , Se d'un
chemin couvert. Au-de-là de ce premier chemin, on a
avancé du côté de la plaine deux grands ouvrages à
corne , dont la gorge eft contournée en arc rentrant dans
l'ouvrage. Leurs fronts font couverts d'une petite demi-
lune.^ Tous ces ouvrages font coupés de traverfes, pour
empêcher l'enfilade des commandemens qui font à l'en-
tour. Toute la place , Se ces ouvrages extérieurs font
entourés d'un avant-foffé Se d'un chemin couvert. Le
front de la place, qui eft fur le bord du Rhin , eft cou-
vert par un grand front de fortification, qui confine en
une grande courtine , qui couvre les deux baftions , qui
font fur le bord du Rhin , Se au milieu de laquelle eft
un grand baftion plat. Tout cet ouvrage a un parapet
de maçonnerie , percé d'embrafures. A l'angle flanqué
de ce baftion eft le pont de bois qui traverfe le Rhin ,
Se dont la tête , qui eft du côté de la Suiffe , étoit
couverte de deux grands ouvrages à corne, l'un con-
ftruit dans une ifle du Rhin , Se l'autre fur la terre ferme-
Ce dernier ouvrage étoit entouré de fon foffé Se de fon
chemin couvert, Se fut rétabli après la bataille de Fried-
lingue ; mais par l'article VIII du traité de Bade ,
Louis XIV , s'obligea de faire rafer les fortifications
conftruites vis-à-vis Huningue , fur la rive droite , &C
dans l'îlle du Rhin , de même que le pont conftruit en
cet endroit , fur ce fleuve.
C'eft du grand HUNINGUE , dont on vient de parler:
Le petit eft un village du canton de Bafle , fitué à l'em-
bouchure de la Virs, au-delà du Rhin, par rapport
au grand HuNlNGUE.
HUNNES ou Schutten, rivière des Provinces-
Unies , dans la province de Groningue Se des Omme-
landes. Elle prend fa fource au pays de Drente, paffe
à Weftroup , g. à Borger , g. à Drowe , g. à Bonner-
veen, d. à Groningue ; de-là à Billinghweer ,Sefeperd
dans la mer d'Allemagne. * Diclionaire géographique
des Pays-bas.
HUNNIWAR , contrée de la Scythie , en Europe ,
auprès du Danube , félon Ortelius , Thefaur. qui cite
Jornandès. Cet auteur dit que les fils d'Attila ayant voulu
attaquer Valemir, ce prince, quoique pris au dépourvu,
les battit, Se que les fuyards fe réfugièrent dans la partie
que les bras du Danube traverfent , Se qu'ils nomment
en leur langue Hunnivar.
HUNNO-AVARES. Peuples de Scythie desquels les
Hongrois font immédiatement venus , Se fortis. Ils s'éta-
blirent dans la Pannonie, aujourd'hui Hongrie, après le
retour des Huns , qui avoient fuivi Attila, Sefubjuguerent
les Huns , Se fe confondirent avec eux.
HUNNORUM Tractus , nom latin du Hunsruck
ou Hundsruck.
HUNNUM, ancienne ville de la grande Bretagne, félon
le livre des Notices de l'Empire, fecl. 63. Cambden croit
que le nom moderne eftSewenshalle, auNorthumberland,
4o8
HUN
HUN
HUNS , (LES) étoient une nation Tartare , que ies
Chinois appelloient Hiong-nou, qui veut dire malheureux
esclaves, d'où s'eft formé par corruption le mot Hunnl ,
chez les Latins , 6c Huns chez les François.
Ils habitoierit le grand pays nommé Ta-can, qui con-
finoit à l'orient au Ouo-leang-he , 6c à ce que nous ap-
pelions aujourd'hui le pays des Tartares Man-tchequs :
au midi, il avoit .pour bornes la fameuiè muraille de la
Chine, qui s'étend le long des provinces de Pékin, de
Chanfi 6c de Chenfi ; en Tartarie le pays de Huni 8c
d'Ygour, jusqu'au fleuve Irftich, qui le féparoit , fuivant
les apparences , à l'occident , d'avec le pays des Ou-iiun.
On peut lui donner pour bornes, vers le nord, celles
qui terminent les empires des Kalkas 6c des Eleuths.
Les Chinois n'ont jamais bien connu le pays de Ta-tan ;
& les Barbares , qui l'ont habité , n'ayant aucun écrivain
chez eux , on n'a jamais pu en avoir une description
exacte. ,-....
Le chef des Huns , qu'ils appelloient Tanjou, c'«ft-à-
dire , fis du ciel , faifoit fa réfidence ordinaire fur un des
rameaux du mont Altai ou Altan , (montagne d'or,) le-
quel avoit mille li , d'orient en occident. Cette melîire
Chinoife a varié fuivant les différentes dynafties. Ainfi
elle eft indéterminée. Cependant l'opinion la plus com-
mune eft qu'il en faut dix pour faire une lieue de France.
Ce prince s'amufoit à y faire fabriquer des arcs 6c des
flèches.
Les Huns étoient d'une figure affreufe ; dès l'enfance,
on leur faifoit des incitions fur le vifage, afin de leur faire
connoître le fer avant le lait. Ils avoient le corps ra-
maffé, l'eftomac large, le cou court, la tête greffe , les
cheveux rares. Ils exerçoient leurs enfans à chaffer 6c à
faire la guerre : ils les mettaient fur des moutons , qui
leur fervoient de chevaux, les faifoient tirer fur les oifeaux
& les fouris avec de petits arcs 6c de petites flèches.
Lorsqu'ils avoient acquis plus de force , ils les envoyoient
à la chaffe aux renards 6c aux lièvres , qui leur fervoient
de nourriture. Si -tôt qu'ils étoient en état de manier les
armes, ils les envoyoient à la guerre , qui devenoit
leur unique occupation. C'étoit d'ailleurs le feul moyen
d'acquérir l'eftime de cette nation guerrière, où les enfans
entroient en fureur au récit des exploits guerriers de
leurs pères ; 8c les pères gémiflbient de douleur lors-
que la vieilleffe leur avoit ôté le pouvoir de fuivre 6c
d'imiter leurs enfans à la guerre. On oublioit alors leurs
fervices pafles : leur caducité les rendoit un objet de
mépris.
Des racines 6c de la chair crue , feulement mortifiée
entre la felle 6c le dos des chevaux , faifoient la nour-
riture de ces Barbares. Ils ne fe croyoient point en fureté
dans une maifon ou dans un bâtiment folide : errans
dans les plaines 6c les forêts, ils laiffoient leurs femmes
6c leurs enfans fous des tentes pofées fur des chariots,
qu'ils transportoient à leur gré ; ils n'avoient enfin au-
cune demeure fixe. lis fupportoient la faim , la foif 6c
les rigueurs des faifons avec beaucoup de patience. Ils
n'étoient habillés que de peaux ou de toile , qu'ils lais-
foient pourrir fur leurs corps. Leurs étendards étoient de
peaux. Ils étoient toujours à cheval , dormoient même
pendant la nuft fur le dos de leurs chevaux. Ils combat-
toient fans aucun ordre , 6c en jettant de grands cris;
Leurs chevaux étoient fi légers qu'on les voyoit fondre
fur l'ennemi 6c disparoitre dans le même infiant. Celui
qui pouvoit enlever le corps de fon camarade tué dans
un combat , devenoit fon héritier 6c s'emparoit de fon
bien. En guerre ils cherchoient à faire le plus d'esclaves
qu'ils pouvoient , 8c s'en fervoient pour garder leurs
troupeaux , 6c avoir foin de leurs beftiaux. Leurs armes
confiftoient dans un arc , des flèches 6c un fabre : ils
ne fongeoient qu'à voler ou piller leurs voifins ; mais
entr'eux ils étoient d'une fidélité à toute épreuve. Le
nombre de leurs femmes n'étoit point fixé ; ils en
prenoient autant qu'ils en pouvoient nourrir , fans avoir
égard aux degrés d'alliance , ni de parenté.
. La fertilité de la Chine attiroit ces Barbares : ils fai-
foient fans ceffe des courses dans les provinces fepten-
trionales de cet empire , dont ils étoient voifins. L'em-
pereur, pour les arrêter , envoyoit fur la frontière de (es
états des armées innombrables ; mais les Huns qui com-
bactoient à^ la manière des Parthes , en fuyant 6c reve-
nant tout- à- coup fondre fur l'ennemi , trouvoient le
moyen de les fatiguer ou de les détruire, 6c continuoien
leurs ravages : fi les Chinois les poursuivoient de Top
près , ils les attiroient dans les déferts , les y égaraient,
6c les faifoient périr de mifere. Presque tous les régnes
des empereurs de la Chine font marqués par les courses
des Huns , dans les provinces feptentrionales de cet em-
pire. Ce fut, pour les arrêter, que ces menarques firent
conftruire la fameufe muraille de la Chine , vers l'an
210 avant Ïefus-Chrift.
La Chine ne fut pas le feul pays que les Huns attaquè-
rent : ils fe répandirent dans la Tartarie , fous Esle-té
leur Tanjou ; fournirent tous les peuples qu'ils rencon-
trèrent ; étendirent leur domination depuis les provinces
feptentrionales de la Chine, jusqu'au milieu de la Sibérie,
&c depuis la mer orientale, jusqu'à la rivière d'Ii. L'am-
bition de Esle-té ne fut point fatisfaite d'un fi vafte em-
pire : il voulut conquérir la, Chine, y entra avec quatre
cents mille hommes , y fit des ravages affreux ; mais il
en fortit à force de préfens 6c de foumifiions. L'entre-
prife de ce Tanjou avertit les Chinois de ce qu'ils avoient
à craindre : ils levèrent des troupes , fortifièrent les pla-
ces frontières, firent des courses fur les terres des Huns ;
ceux-ci armèrent de leur côté : la crainte réciproque fit
confentir les deux nations à la paix que la cupidité des
Huns faifoit rompre fans cefle ; ces deux nations s'atta-
quèrent réciproquement pendant plufieurs fiécles , 6: fe
firent beaucoup de mal. Enfin l'empire des Huns s'affoi-
blit 6c donna du relâche à celui des Chinois. Plufieurs
nations fecouerent le joug des premiers : deux officiers
d'entre les Huns prétendirent enfemble à la qualité de
Tanjou, chacun faifoit un parti, 6c l'empire des Huns fe
divifa. Les uns s'établirent , l'an 4§ de J. C. au midi ,
les autres au nord. Ceux du midi fe mirent d'abord fous
la protection des Chinois , fe déclarèrent folemnellement
leurs vaffaux ; mais ils fe rendirent fuspects à l'empereur
de la Chine , qui profita de quelques divifions furvenues
entr'eux, ôc les fournit entièrement, vers l'an 216 de
J. C. Mais au commencement du quatrième fiécle , ils
s'ennuyèrent de la domination des Chinois , prirent les
armes , s'emparèrent de Lo-Yam, capitale de l'empire,
la réduifirent en cendres , firent l'empereur prifonnier ,
le mirent à mort , 6c fournirent une partie de cet em-
pire ; l'autre refta aux Chinois qui proclamèrent un
nouvel empereur. Ainfi l'empire de la Chine fut partagé
entre les Chinois 8c les Huns , jusqu'en 43 1 , que les
Tartares Topa fournirent ces derniers , dont la nation &C
le nom fe font , par la fuite , confondus avec les Chinois
6c les Tartares. Voilà ce que devinrent les Hunsdumidii
Suivons ceux du nord.
Peu de tems après s'être féparés de ceux du midi , ils
furent défaits par les Chinois , dans une bataille donnée
à la montagne de Kin-vi, proche l'Irflich, l'an 91 dé
J. C. Alors plufieurs hordes des Huns du nord fe répa-
rèrent du corps de la nation : quelques-unes fe joigni-
rent avec les Sien-pi , 6c fe confondirent avec eux :
plufieurs autres fe disperferent dans la Tartarie , où il*
formèrent de petits états. Le corps de la nation paffa du
côté de l'occident , s'établit dans le pays des Baschkirs,
qui eft creufé par le Volga , 8c auquel on a donné lé
nom de grande Hongrie. De-là ils s'étendoient vers les
pays plus méridionaux , dans les plaines du Kaptchaq ,
jusqu'à la ville de Kaschgar. Ces peuples étant arrêtés
par les Perses du côté du midi , 6c du fud-oueft , n'a-
voient de libre que l'occident 6c le nord de la mer Cas-
pienne : ils pafferent dans le Yen-tçai ou la Sarmatie Afia-
tique , en chafferent les Alains , Se s'établirent dans ces
plaines qui font entre le Volga 6c les Palus Méotides ,
8c s'étendirent jusqu'au Derbend. Ils traversèrent les Palus
vers l'an 376 , fournirent d'abord les Alipfuriens , les
Alcidzuriens , les Itamares, les Tuncaffes , les Boïsques*
les Oftrogoths, épouvantèrent lesWifigoths, qui prièrent
l'empereur Valens de les laiffer paffer fur les terres de
l'empire, ce qu'il leur accorda. Les Huns s'emparèrent
du pays que les Wifigoths abandonnoient , s'établirent
fur le bord du Danube, ôc fe trouvèrent maîtres de tout ce
qui eft depuis ce fleuve jusqu'au détroit de Derbend. Ils
ne tardèrent pas à faire des courfes fur les terres des Ro-
mains. La palfion de ces peuples pour le pillage, les en-
gageoit à prendre la défense de tous les rebelles qui la
leur demandoient contre l'empereur. Ils accouraient à la
première follicitation , 8t ne s'en retournoient jamais
qu'ils
HUN
HfJQ
qu'ils ne fuffent chargés^de dépouilles. S'ils faifoienj la
paix avec les Romains , ils ne tardoient pas à la rom-
pre ; le defir du pillage faifoit leur loi.
Les Huns n'étoient pas tous fournis au même chef;
il y en avoir qui commandaient à ceux qui étoient établis
fur le Danube , d'autres à ceux qui étoient reftés dans
la Sarmatie : enfin ceux qui étoient dispersés entre ces
deux espaces , avoient aufîi les leurs. Pendant que ceux
qui étoient furies bords du Danube, faifoient la guerre aux
Romains, les autres attaquoient les Tartares leurs voifins.
Ainfi les Huns faifoient trembler l'Orient &C l'Occident.
Les Romains garantiffoient leurs pays des ravages de ces
Barbares, à force d'argent ; mais Attila parut. Cet homme
fier, avare & cruel , n'écouta que fa paifion. S'il fit la paix
avec les Romain^ , en montant fur le trône , ce ne fut
que pour foumettre plufieurs nations du nord. Il parut
bientôt dans l'Illyrie, à la tête d'une armée formidable,
paffa dans la Mcefie , enfuite dans laPannonie,& fit par-
tout des ravages affreux. On le vit presqu'aufîî-tôt en
Thrace , où il renverfa plufieurs villes. Théodofe II,
alors empereur d'Orient , envoya des troupes contre
Attila ; mais il les défit & les ravages continuèrent ;
enfin Théodofe, par des fommes immenfes , qui épuife-
rent fes tréfors & ruinèrent fes peuples , obtint la paix
de ce Barbare.
Attila ne ceffa de ravager l'Orient , que pour tourner
fes armes contre l'Occident : il entra dans les Gaules ,
avec une armée formidable , y mit tout à feu & à fang.
Il venoit de fe rendre maître d'Orléans , lorsqu'Aëtius ,
général Romain, fecouru des Wifîgoths , vint l'attaquer,
le battit & le força de fe retirer dans fon pays. Il ras-
fembla une nouvelle armée , paffa en Italie , qu'il trouva
dégarnie de troupes , & qu'il ravagea. Il vouloit aller à
Rome & l'enfevelir fous fes ruines ; mais les foldats lui
ayant repréfenté qu'AIaric étoit mort peu après avoir
faccagé cette ville , il s'arrêta , écouta les propofitions
de paix , que le pape Léon vint lui faire de la part de
l'empereur. Il s'en retourna dans fon pays où il mourut.
Après fa mort, les divifïons affoiblirent les Huns , au point
qu'ils ne purent retenir dans le devoir les nations qu'At-
tila avoit foumifes. Ils fe disperferent dans les plaines
' fîtuées au nord de la Circaffie , du Pont - Euxin & du
Danube. On voit dans l'hiftoire qu'une nation de Huns
ravagea la Thrace , voulut affiéger Conftantinople , &
que le célèbre Bélifaire les défit. Enfin il vint de Tar-
tarie d'autres Barbares , avec lesquels ils furent confon-
dus , & qui firent oublier le nom de Huns.
Ce peuple du nord de la Chine , s'avance jusque dans
la Germanie , les Gaules & l'Italie , fait trembler le
monde entier &£ disparoît. * Voye^ CHifloire générale
des Huns , par M. de Guines.
HUNSINGO , contrée des Provinces -Unies des
Pays-bas. On nomme ainfi le quartier feptentrional de
la feigneurie de Groningue , qui eft près de la mer ;
entre la rivière de Hunnes , & l'embouchure de l'Embs.
* Dici. géogr. des Pays-bas.
HUNSRUCK. Voyez Hundsruck,
HUNTE (la) rivière dans le cercle deWeftphalie. Elle
prend fa fource dans l'évêché & au levant d'Osnabruck,
d'où elle prend fon cours vers le nord , paffe àHuntebourg
qui en prend le nom ; elle entre enfuite dans le lac de
Dummer, au fortir duquel elle arrofe Diepholt ; fon
cours change après , vers le -nord-oueft ; paffe à Wildes-
hufen , à Oldendourg , au-deffous duquel elle fe joint
au Wefer. Jaillot , S an fon, De Ulfle.
HUNTINGTON, Venantodurum , ville d'Angle-
terre, dans la province de Huntingtonshire, dont elle
eftlacapitale. Cette ville eftfituéefur l'Oufe, à cinquante
milles de Londres, & eft fort agréable. Elle avoit autrefois
quinze paroiffes , qui font réduites à quatre. Elle a un
pont de pierre , qui lui fert de communication avec
Godmanchefter , qui eft de l'autre côté de la rivière.
Huntington a le titre de Comté. Il y a marché public
& une bonne école ; &c elle envoie fes députés au
parlement. Quelques-uns écrivent Hundington. * Etat
préf. de la Gr. Bret. t. i. p. 74.
HUNTINGTONSHIRE, Huntingtoniœ comitatus,
province d'Angleterre, au diocèfe de Lincoln. Elle a
pour bornes au couchant le comté de Norrhampton ,
au levant celui de Cambridge , & au midi celui de
Bedfort. Quelques-uns la nomment par dérifion Willows-
4O9
hire , parce qu'elle abonde en faules. Elle a foixante-
fept milles de tour , & contient environ deux cents
quarante mille arpens & huit mille deux cents dix-
fept maifons. C'étoit autrefois un pays couvert de bois,
& propre pour la chaffe , d'où lui vient le nom de
Huntingtonshire. Aujourd'hui il eft découvert, maréca-
geux au nord-eft , mais abondant en pâturages , aurefte.
fort agréable , diverlifié par des collines , produilant
beaucoup de bled & de bétail. Elle eft arroféa par plufieurs
rivières ,^ dont l'Oufe eft la principale ; fes villes Se les
bourgs où l'on tient marché, font:
Huntington, capitale, S. Neots ,
S. Ives , R.amfey,
Kimbolton, & Yaxley.
^HUNTWIEL, village de Suiffe , au canton
d'Appenzel: c'eft une des communautés intérieures &C
réformées. * Etat. & Dél. de la Suiffe, t. 3 , p. 104.
HUON , ville de la Chine , dans le Pekeli , au dépar-
tement de Paoting , féconde métropole de la province.
Elle eft plus occidentale que Pékin, de 2 d. 10', par
les 39 d. 35' de latitude. * Atlas Sinenfis.
HUPPY , village de France, dans le diocèfe d'Amiens ,
doyenné d'Oifemont. L eglife de ce lieu 'qui eft fous le
titre de S. Sulpice, eft belle & grande, avec une croifée
voûtée , & de belles vitres peintes. On y lit au milieu
du chœur, fur le mur, adroite: Ambianenfis episcopus
anno jalutis 1520, die vero II Oclobris hoc templum.
dedicavit. Cette inscription n'eft pas du tems: on y voit
au-deffus les armes de la maifon de Chepy, avec une
couronne de marquis. Il y a au fanétuaire une chaffe
d'un S. Aquilin, qu'on dit apportée de Rome. Dans
la chapelle du feigneur , collatérale au choeur , eft
une cheminée pratiquée dans fépaiffeur du mur. Le
Dictionnaire univerfel de la France met deux Huppy au
diocèfe d'Amiens. * Notes de M. Lebeuf, chanoine
d'Auxerre.
HUQUAN, ville de la Chine, dans la province de
Channfi, au département de Lieggan , quatrième métro-
pole de la province. Elle eft' plus occidentale que
Pékin , de 3 d. 59', par les 37 d.8' de latitude.* Atlas
Sinenfis.
HUQUANG: prononcez Houquouan, province
de la Chine , dont elle eft la feptiéme , & ne le cède point
aux autres en étendue, en beauté & en fertilité. La
plus grande partie eft unie, entrecoupée de lacs &C
de rivières. Elle prend fon nom du grand lac Hung-
ting ; car Hu en Chinois veut dire lac ; & Quang veut
dire étendu.
Le grand fleuve Kiang la traverfe par le milieu , 8t\
la divife en feptentrionale & en méridionale. Autrefois
elle appartenoit aux rois de Çu , & s'appelloit King.
Ces rois qui étoient très-puiffans , y avoient choifi leur
féjour. Ils s'étoient rendus redoutables aux empereurs
mêmes , & leur étoient égaux ou même fupérieurs en
force. On la nomme en Chinois Jumichiti , c'eft- à-dire
le pays des poiffons & du riz : on dit que c'eft le gre-
nier de la Chine , comme la Sicile à été nommée le
grenier de l'Italie parce qu'elle abonde en grains &C
en fruits : on dit en proverbe, que le Kianfi peut donner
le déjeuné à la Chine; mais que le Huquang peut lui
donner tous les repas , &r. la raffafier. La fertilité y eft
en effet fi grande , qu'on ne peut rien fouhaiter de plus ;
les montagnes font chargées de forêts , il y a par-tout
quantité de riz& de bled ; le poiffon y eft communau-
delà de l'imagination. Ainfi il n'eft pas fuprenant qu'il
fe trouve dans cette province quinze villes métropoles,
cent huit cités , avec un très-grand nombre de bourgs &t
de villages , fans parler des villes militaires & des for-
tereffes.
Cette province eft bornée au nord par le Honan ;
confine au nord-oueft au Xenlî ; au couchant , elle a le
Suchuen; au midi, le Quanfi ; aufud-oueft, leQueichu;
au fud-eft, le Quantung; à l'orient, le Kiangfi &r le Kiang-
nan. Les regiftres de la Chine portent qu'il y a dans
cette province 63 1686 familles, faifant 4S 53 590 nommes;
encore n'y comprend-on pas tous ceux qui ne s'écrivent
point fur ces rolles. Elle paye pour tribut à l'empereur
2167 e) 59 iacs de riz ; 17977 pièces de foie travaillée , &c.
Voici une table des places de cette province , avec leur
ppfition.
TomtlII. Fff
4io
HUQ
HUQ
Noms.
Longitude.
Latitude
Noms.
VIII. Ville
Longitude.
Latitud
I. Ville
métropolitaine.
métropolitaine.
Changxa ,
5- «
28.
ïop
Vuch'ang ,
3. i<5
3i-
0
P-
Siangt'an ,
5- 3
28. *
30 p
Vuchang ,
i. 4<i
3*-
°
P-
Siangyn ,
5- 5
29.
13 P
Kiavû ,
3- 51
30.
30
P-
Ninghiang,
y. 2.2
29.
np
Pukî ,
3- 42
29.
50
P-
Lieuyang,
4. 31
29.
3P
Hienning,
3- C
C19.
46
P-
Liling,
4. 4c
28.
i8p
Çungyang,
3- *S
29..
45
P-
Ieyang,
5- 4C
29.
28.
Fungching ,
4. IC
29,
39
P-
Sianghiang ,
5- iS
32P
Hinque © ,
2. 22
30.
20
P-
Xeu,
4. 2C
28.
38 P
Taye,
2. 49
30.
45
>■
Ganhoa ,
6. ic
28.
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Tungxan.
3, 10
30.
n
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Chaling ©.
4. 25
28.
Op
II. Ville.
IX. Ville.
Hanyang,
3- 43
30.
10
>.
Paoking ,
6 5
ZI'
43 P
Hanchuen.
4. 11
31-
4
3.
Sinhoa,
Chingpu,
6. c
6. 3É
28.
27.
23 p
33 P
III. Ville.
Vuchang 0,
Sinning.
7. c
6. 2S
27.
17.
10 p
op
Siangyang ,
5- 33
32.
28
ï.
Iching ,
5- 44
5- 48
32.
30
>.
X. Ville.
Nanchang ,
y-
9
3.
Çaoyang,
Coching,
5- H
32.
11
).
Hengcheu,
5- '3
*?
48 P
6. 0
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36
>.
Hengxan,
4- 5c
28.
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Quanghoa ,
Kiun ©.
6. 3
32.
58 [
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Liuyang ,
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27.
6. 30
33-
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Changning ,
17.
20 p
Gangin ,
4- 50
27.
45 P-
IV. Ville.
Lin g,
Queiyang © ,
4. 56
4- 53
2<Si
26.
52 p.
27 p.
Tegan,
4. 10
31'
*-« C
.
Linuu ,
4- 50
M-
Ï4P-
Iunmung ,
3- 55
31-
40 f
Lanxan.
y* 14
2J.
46 p.
Hiaocan ,
3- 53
31-
22 p
Ingching ,
4* 10
ï»*
38 F
XL Ville.
Sui 0 ,
4» 25
32.
5 F
Ingxan.
3- 53
32*
10 p
Changte ,
Taoy ven ,
& 8
6i 30
29;
29.
38 p.
30 p.
V. Ville.
Luneyang ,
Iuenlaang;
5- fi
29.
32 p.
5- Jo
29.
21 p.
Hoangcheu ,
a. 50
î«
13 P
Lotien,
2. 2.^U
41 p
XII. Ville.
Maching ,
3- ÏOJI*
38 p
Hoangpi ,
3- 26|3L
30 p
Xincheu,
6. 35
1
6 p.
Hoangganj
3' 1031.
26 p
Luki,
7. 4°
Si 0
52 p:
Kixui ,
2. 3031,
10 p
Xinki j
28.
38 p.
Ki e,
2. 26 30.
55 P
Xopu,
6. 26
28;
45 P-
Hoangmui ,
2. 131,
30 p
Iûen ®,
8. 29
28.
op.
Hoangci.
2V 3
30*
55 P
Kiuyang,
Mayang.
8. 22
& 18
2
50 p.
23 p.
VI. Ville.
XIII. Ville.
Kingcheu ,
ï. 48
30*
50 p
Cunggan ,
ï- 38
30*
43 P
Juncheu ,
6* Q
2&
42 p.
Xeuxeu,
5- 30
30.
26 p
Kiyang,
5- 43
26.
op.
Kienli,
ï- 6
30.
20 p
Tau©,
5. jo
26.
5;P'
Sungki ,
1- 59
30.
40.p
Tunggart ,
6. ■ 14
2<J.
35P-
Chikiang ,
6. 10
30.
Ï°P
Ningyven,
I- 3o
26.
5P-
Iling ©,
6» 50
31-
12 p
[ungning ,
6. 18
26.
3!P-
Changyang,
6. jo
3i-
ojp
Kianghoa,
ï* 48
2Ï*
41p.
Itu ,
6. 25
30.
50 P
Iuengan ,
6. . 26
3*.
35 P
XIV. Ville:
Quei 0,
Hingxan,
7. 12
7. 0
3i-
31'
op
22 p
Chingtien ,
f; 20
j-ti
35 P-
Patung.
7* 30
30.
59 P
SCingxan,
Cienkiang,
4. 46
T- . 14
3i-
3i-
3IiP-
10 p;
VII. Ville.
Mienyang 0 ,
tingling,
4- 56
4. 40
30.
30.
40 p.
55 P-
Yocheu,
4- 4°
30.
7P
Cingmuen®,
U 48
31-
30 p.
Linfiang,
4- 17
30.
3 P
rangyang.
5. 6
ï««
18 P.
Hoayung,
r- 26
29.
55 P
Pingkiang,
4- 20
29.
«5 P
XV. Ville.
Fung 9,
S- 15
30.
6P
Xemuen ,
ï. 56
50.
17 p
Zhingyang ,
5. 52
53«
Op.
Culi ,
Ganhiang.
5. i7
JO.
35 P
Fang,
7. 13
52.
i4P.
5. 46
io.
2 p
Choxan ,
7. 30
*»■
49 P-
1
Sangcin^
7. 9
3-
40 Ip4
HUR
HUR
41 ï
Noms.
Longitude
Latitude
Noms.
Longitude
Latitude
j
Choki ,
7-
34
32.
28
P-
Queiyang,
Queitung.
4-
6
2-7-
3i.P-
Chingfi ,
6.
45|33-
40
P-
4,
5
26.
29p.
Paokang.
6.
16132.
36
P-
Cités militaires.
1
I. Grande Cité.
Xie,
8.
0
29.
38'p.
Chingchieu ©,
7>
1428;
0
P-
Iungxun,
l
V-
29.
3*|P-
Hoeitung ,
7-
46 27.
40
P-
Paocing ,
8
29.
5P-
Tungtao ,
7-
16
27-
3°
P-
Nanguei ,
7-
35
30.
io'p-
Suining.
7-
0
27.
35
P-
Xiyung,
Xangki,
7.
7-
16
10
29.
29.
45 |P-
5o:p
II. Grande Cité.
Lankiang ,
Sanping ,
l
3°
27
29.
29.
2o!p
43 P-
Chincheu,
4.
M
26.
30 p.
Iunting,
6.
53
30.
20,p
Iunghing,
4-
35
26.
40 p.
Tienkia,
7-
39
30.
26 p
Ychang,
4-
30
26.
10 p.
Iungmui.
6.
3230.
10 p
Hingning ,
4-
20
27.
op.
1
1
HUR, vine de la Chaldée. Voyez Ur.
HURDASPALENSE monasterium, ancien mo-
naftere , dont parle le prêtre Euloge , dans fes Epîtres.
Morales ne doute point que ce foit aujourd'hui Urdax ;
il eft fitué en-deçà des Pyrénées , peu loin de Bayonne.
Baudrand, édit. 1682 , dit que c'eft Urdache , au pied
des Pyrénées , à l'entrée de la Navarre , &C à une lieue
des frontières d'Espagne. * Ortel. Thefaur.
HUREPOIX , (le) petite contrée de France , dans
le gouvernement de l'Iile de France , dont on ne fait
point les limites ; de-là vient que les géographes varient
extrêmement fur les villes qu'ils y mettent. Robbe n'y
met que
Melun ,
Corbeil,
La Ferté-Alais,
Fontaine-Bleau.
Baudrand dit que les places les plus remarquables du
Hurepoix font ,
Montfort-l'Amauri , Mante ,'
Houdan , Dourdan |
ck Espemon.
De l'Ifle y place,
Corbeil, _ Châtres,
Mont-1'Heri, La Ferté-Alais,
Chévreufe, - Palaifeau.
ïl donne Melun au Gâtinois. Piganiol de la Force dit :
pourquoi Ce fatiguer inutilement pour tâcher de découvrir
fi une ville eft du Gâtinois ou du Hurepoix , pourvu
qu'on foit fur qu'elle eft du gouvernement de l'Ifle de
France ?
HUR1EL, petite ville de France, dans le Bourbon-
hois , dincèfe de Bourges. Il y a châtellenie royale ,
feffortiffante au bailliage de Montluçon ; elle eft fnuée
fur une hauteur , à deux lieues de Montluçon. Les terres
produiknt des feigles, mais peu de froment: il y a
quelques vignes, dont le vin eft d'une très-petite qualité.
Il y a auffi quelques pacages , des chanvres & des menus
fruits ; ïl s'y tient deux marchés par femaine , & lîx foires
par an, affez fréquentées.
. HURMON, petite ville de Perfe , à 85 d. 15' de
longitude, & à 32 d. 30' de latitude. Elle eft petite;
l'air n'y eft pas bon , &. les chaleurs y font exceffives.
Son territoireeft abondant en dattes. * Tavemier, Voyage
de Perfe , /. 3 , c. dern.
HURONS, (les) peuple fauvage de la nouvelle
France, dont le pays a le lac Erié au fud , le lac Huron
à l'oueft , h le lac Ontario à l'eft : il s'étendoit depuis
le 42e d. de latitude feptentrionale jusqu'au 45e. Cen'eft
pas la plus fertile région du Canada , mais fût-il auffi
peuplé que nos meilleures provinces , il pourroit produire
abondamment de quoi nourrir fes habitans. L'air v eft
.très-fain; on y voit des prairies, qui porteroient d'ÉXcel-
lens bleds ; & les forêts font remplies de cèdres d'une
grofleur prodigieufe , & d'une hauteur proportionnée.
On y^ trouve, dit-on, des pierres qui fe fondent comme
le métal , &£ ont quelques veines d'argent ; quelques
voyageurs difentqu'ily a deux animaux allez finguliers;
l'un eft un oifeau , qui miaule comme un chat; l'autre
un lièvre, qui chante comme un oifeau, & dont la
chair eft fort délicate.
Ce pays eft entièrement défert aujourd'hui. Les François
voyant les fauvages, fes anciens habitans, avec des.
cheveux coupés fur le devant de la tête, hériffés &
peints de différentes couleurs, s'écrièrent, quelles hures!
ôt peu-à-peu fe font accoutumés à les appeiler Hurons.
Leur véritable nom eft Yendat. Cette nation , dans fa
première origine, n'étoit compofée que de deux bour-
gades, au moins fi Ton en croit leurs plus anciennes
traditions: avec le tems ces deux bourgades fe partagè-
rent en quatre , ou en adoptèrent deux autres ; car les
anciens , que les premiers millionnaires confulterent fur
ce point , ne s'accordoient pas entr'eux. Les différentes
adoptions que ces quatre cantons ou tribus firent des
peuples voifins , rendirent la nation extrêmement nom-
breufe , en comparaifon des autres , par l'attention qu'elle
eut de fe tenir réunie; car quoique les tribus adoptées
gardaffent toujours leurs noms primitifs, elles prirent
auffi le nom des deux premières , & parlèrent la même
langue , à quelque différence près. Cette uniformité de
langue donne lieu de croire que l'aflbciation ou l'adop-
tion de ces tribus n'avoit fait que rappeller à leur pre-
mière origine celles qui s'en étoient mois écartées;
car il eft certain que les Iroquois , les Eriés, lesAnda-
ftoués , & une partie des peuples méridionaux du
Canada , viennent de la même fouche que les Hurons ;
leurs langues étant évidemment des dialeftes de la
Huronne.
Elle eft gutturale , ftérile , comme toutes celles des
fauvages du Canada ; ils n'ont point de termes pour
exprimer les chofes dont ils n'avoient point de con-
noiffance ; mais dans tout le refte elle eft très-abondante,
énergique , variée , & noble. Un miffionaire , qui la
poffédoit parfaitement, &C. qui en avoit compofé une
grammaire & un diftionnaire, difoit qu'elle étoit beau->
coup au-deffus du grec &C du latin.
Comme chaque nation duCsnada, chaque tribu ou
famille, Si chaque bourgade poiie le nom d'un animal,
apparemment parce que tous ces Barbares font perfua-
dés que les hommes viennent des animaux, la nation
Huronne s'appelle la nation, les uns difent Au porc-épi;
les autres du chevreuil. Sa première tribu porte le nom
de Vours ; les deux autres, qui descendent de celle-là 5
ont pris le nom du loup ck de la tortue. Ordinaire-
ment dans les traités ils. lignent en traçant la figure de
leur animal , de telle manière que lï c'eft toute la
nation qui contracte , elle met la marque delà nation;
fi ce n'eft qu'une bourgade, elle met celle qui eft propre
à la bourgade.^ Quant aux tribus, comme elles font
mêlées, (ans être confondues, il eft rare, quoiqu'elles
Tome III, Fffij
4ii HUR
ayent leurs chefs particuliers, qu'elles traitent féparé-
ment des autres.
La nation Huronne , lorsqu'on découvrit le Canada ,
pouvoit compter cinquante mille âmes; & la guerre
où elle étoit embarquée contre les Iroquois, l'avoir,
déjà beaucoup diminuée. Cette guerre l'a presqu'entié-
rement détruite , & il n'y en a plus aujourd'hui que deux
bourgades ; l'une au détroit , d'environ huit cents per-
sonnes ; & l'autre à Lorette, proche Québec, où il n'y
en a pas deux cents. Ces foibtes relies d'un peuple qui
a long-tems été regardé comme le maître de tous les
autres , font encore quelque figure dans le pays. Comme
il eft toujours eftimé le plus induftrieux, le plus éloquent
& le plus fage de tous , & que lés malheurs ne lui ont
point fait perdre la réputation d:être un des plus braves,
il ne fe fait guères d'affaires générales , fans fa partici-
pation; & ordinairement il eft l'âme de tous les con-
feils. D'ailleurs il eft moins errant que les autres , &
s'applique plus à la culture des terres ; ce qui fait qu'il
lbuffre moins de la difette. On lui reproche d'être fourbe
& voleur. '
C'eftle premier de tout le Canada à qui on ait annoncé
l'Evangile , & on l'a fait avec beaucoup de fruit. Les
deux bourgades , qui fubfiftent aujourd'hui , font toutes
chrétiennes ; &: celle de Lorette fe diftingue par une
ferveur qui la rend respeftable à toute la colonie. Celle
du détroit eft presque toute compolée des Hurons Tion-
montatés , qui font de la ptemiere tribu, & elle eft
gouvernée par le chef héréditaire de la nation, lequel
n'eft jamais le fils de fon prédéceffeur , mais de fa plus
proche parente ; car c'eft par les mères qu'on régie la
fucceffion. Si toute une branche de mâles venoit à
manquer, la plus noble matrone choifiroit un fujetà fon
gré, & le déclareroit chef. Si le chef héréditaire eft
trop jeune pour gouverner, on lui donne un régent,
qui a toute l'autorité , mais qui ne l'exerce qu'au nom
du chef mineur , lequel ne peut être chef de guerre ,
qu'il n'ait fervi en qualité de lîmjjle foldat, & ne fe
foit diftingue par quelque action. Je dis en qualité de
fimple foldat ; car dans un parti de guerre il n'y a qu'un
chef, & fon lieutenant: tous les autres font égaux.
Les femmes ont la principale autorité dans la nation
Huronne : elles en font proprement le corps : tout fe
fait en leur nom , & les chefs ne font , pour ainfi dire,
que leurs vicaires. Ce font toujours elles qui délibetent
les premières fur tout ce qui doit être propofé dans le
confeil: elles donnent enfuite aux chefs le réfultat de leur
délibération ; & ceux-ci en font le rapport au confeil
général , compofé de tous les anciens. Rarement cecon-
îeil prend un parti contraire à ce que les matrones ont
décidé entr'elles.
Les Hurons reconnoiffent un premier esprit , qu'ils
nomment Areskoui , & les Iroquois Agreskoué ; car
presque tout ce que je viens de dire des Hurons con-
vient aux Iroquois , qui ont la même origine. Outre ce
premier être fouverain , ils reconnoiffent des génies fub-
alternes , dont chaque Iroquois en a un pour dieu tutelaire.
Lac DES Hurons: on le trouve, dans quelques Rela-
tions, appelle lac Michigane ; quelques-uns lui ont donné
le nom de Condè , d'autres celui de mer douce; mais
ces noms ne fubfiftent plus. Le lac Huron a presque la
figure d'un triangle , dont les pointes font au fud , à l'eft
& à l'oueft. Le côté du nord eft le plus long; & il
eft bordé d'un allez grand nombre d'ifles , dont la plus
grande, qui eft celle de Manitoualin, a quarante lieues
de long de l'eft à l'oueft ; les autres font peu confîdé-
rables. Ce lac communique au fud avec le lac Erié ,
dans lequel il fe décharge. Il reçoit à l'oueft les eaux
du Michigan , &C au nord-oueft celles du lac fupérieur.
Il s'étend du fud au nord depuis les 43 d. jusqu'aux
45 d. 30' de latitude léptentrionale ; ôc de l'eft à l'oueft,
entre les 193 & 299 d. de longitude. On lui donne
otdinairement trois cents cinquante lieues de circuit de
E ointe en pointe. Si on faifoit le tour des anfes & des
aies, il faudrait presque doubler. On ne trouve plus
aujourdhui fur les bords de ce lac que deux villages ,
affez peuplés d'Outaoùais , l'un dans le fond de la baie
du Sanguinan , & l'autre à Michillimakinac. Les bords du
lac Huron ne font ni fi agréables ni fi bien brilës que
ceux des autres lacs ; il ne reçoit pas même , à beau-
H US
coup près , autant de rivières , fi ce n'eft à l'eft ; mais
pour peu qu'on pénétre dans les terres , on y découvre
de très-beaux pays : du relie ce lac eft fort profond ,
fur-tout vers le nord. * Notes du P. Charlevoix , Hifl.
de la nouvelle France.
HURST, château d'Angleterre, au comté deHant,
fur une presqu'ille , qui n'eft féparée de l'ifle de Wight ,
que par un canal d'un mille de largeur. Ce château eft
remarquable pour avoir été la première prifon de Char-
les I, roi d'Angleterre. * Baudrand, éd. 1705.
HUS , le Pays de Hus , ancien pays où demeurait
Job (a). On eft fort partagé fur le lieu où étoit la terre
de Hus , parce que. l'Ecriture fainte parle de plufieurs
hommes de ce nom, favoir Hus fils de Nachor (b).
Hus ou Us , fils d'Aram (c) , qui , à ce que l'on dit ,
peupla la ïrachonite ; & Hus , fils de Difan, de la race
d'Eiàù demeura dans i'Idumée. Chacun d'eux peut avoir
donné fon nom à un pays différent. Ceux qui font
defcendre Job de Nachor , ou d'Aram , cherchent la
terre de Hus, ailleurs que ceux qui croient qu'il descend
d'Efaù. Mais, comme dit D. Calmet, il faut avouer que
fur-tout cela on n'a rien de certain. Ainfi fans entrer
dans l'examen de toutes les raifons que l'on apporte
pour ces divers fentimens , nous tenons , dit ce dofte
Bénédiftin , Comment, fur Job, p. 2, 3 6c 4, que le
vrai pays de Hus , où demeuroit Job , étoit dans I'Idumée,
à l'orient du Jourdain & du pays de Galaad , aux envi-
rons de la ville de Bosra, dans une province qui eft
connue des anciens, fous le nom d'Aufitide. Nous
croyons , pourfuit-il, que c'eft le même pays que Jérémie
appelle la terre de Hus , & qu'il met dans I'Idumée.
(d) Gaude & lœtare,filia Edom , que habitas in. terra
Hus. * (a) Job, c. I , v. 1. (b) Genèf. c. 22 , v. 21.
{c)Ibid. c. 10, v. 23 ; ôc ParalA. l,c. i,v.i7.(d) Thren.
04,-v. il.
HUSATH ouHusati, lieu d'Afie , dans la Pales-
tine. C'étoit la patrie de Sobochai, l'un des braves de
l'armée de David.
HUSINGO. Voyez Hunsingo.
HUSNI Keïfa ou Hasni Keifa , aujourd'hui pai
corruption Hasan Keif; ville d'Afie, dans la Méfo-
potamie, fur le bord du Tigre, entre Amid Se Mouffel,
auprès de Merdin.
HUSQUARR, rivière de Suéde, dans l'Oflrogoth-
land, ou Oflrogothie ; elle forme quatre cataraftes avant
que de fe jetter dans le"Vetter.
HUSUM , ville de Danemarck , dans la partie
méridionale de Sleswig , au bailliage de Hufum , dont
elle eft chef-lieu. Elle eft fituée environ à un mille 8c
demi de la petite rivière de l'Ov : les géographes du
pays lui donnent 26 d. 40' de longitude , fur 54 d. 40'
de latitude ; à quatre milles de Slesvig , à cinq de
Flembourg, à fix de Tundern, à huit d'Apenrade,
à dix de Ripen , à un de Friderichftadt, à deux de
Tonningen , à cinq de Rensbourg , à feize de Ham-
bourg, à dix-fept ou dix huit de Lubeck. Il y a un
port ou entrent de petites barques. Comme le terroir
des environs eft plein de bons pâturages, on tient
toutes les femaines un marché pour les beftiaux; &on
remarque , qu'en tems de guerre , il s'y eft vendu jusqu'à
quatre mille chevaux en un an. On y trouve une
grande quantité d'huitres , que l'on pêche dans les golfes
du couchant. Cette ville n'eft pas ancienne. L'hiftoire
en fait mention , pour la première fois , à l'occafion du
malheur qu'elle eut , en 141 o, d'être pillée par Magnus
Munck , amiral d'Eric , roi de Danemarck, qui fiit ,
dès le lendemain , battu & tué par Adolphe, comte de
Schauenbourg, & par les Frisons. Quatre ans après,
Hufum fut encore faccagé par les Frifons. Ce n'étoit
alors qu'un village , ou tout au plus un bourg , qui rele-
voit de la paroiffe de Milfted. Il s'en détacha , en 1448,
& bâtit pour foi une chapelle , qui devint une paroifle
particulière. Vers l'an 1500, ce lieu commença de
devenir floriffant: il s'en forma une ville fi riche & û
puiffante , qu'en 1550, on commença d'y bâtir une
églife qui paffe pour une des plus belles de ces cantons.
Entre les années 1 500 & 1 5 10 , les habitans d'Hufum
fournirent à leur prince , devenu roi de Danemarck,
jusqu'à quarante navires , fans compter les moindres
barques. Cette prospérité fut arrêtée par deux incen-
HUY
HYA
aies, l'un en 1540, fk l'autre en 1S47. Les habitans
furent réduits à n'avoir plus d'autre commerce que celui
du maltz , c'eft-à-dire d'une orge fechée au feu , pour
faire de la bière , dont ils envoyoient tous les ans une
quantité incroyable àEmbden. Mais les habitans de cette
dernière ville s'étant brouillés avec un comte, gendre
d'Adolphe , duc de Holftein , ce duc crut les mortifier
beaucoup en détendant à fes fujets de Hufum de porter
davantage de cet orge à Embden. Ceux-ci apprirent à
le préparer eux-mêmes, & fe parlèrent de celui de
Huliim , qui perdit par-là la feule refTource qui lui reftoit.
Le fejour que les troupes impériales y firent, en 1627,
2.8 & 29, épuifa les bourgeois; ils commençoient à
peine à fe relever de ces malheurs , quand l'inondation
de l'ifle de Nordftrand & des autres lieux voifins leur
caufa des pertes encore plus grandes, en 1634. L'année
fui vante, arriva l'invafion des Suédois , qui dura jusqu'à la
paix. Cette ville fouffrit encore beaucoup , en 1657, j^
& 59 , 6k encore durant la dernière guerre des Suédois
& des Danois. Ces derniers s'en font emparés fk l'ont
confervée avec tout le Sleswig. La grande églife eft
defïervie par unfuperintendant , espèce d'évêque Luthé-
rien , & deux pafteurs de la même communion. La
cidateile a été bâtie par le duc Adolphe, en 1582 , au lieu
où étoit autrefois un monaftere. Il y a une belle chapelle
où l'on fait le fervice divin , félon la confeffion d'Augs-
bourg. Il y a auffi à Hufum un hôpital qui étoit ci-devant
un couvent. * Hermanid. Dan. Descript. p. 894, &fcq.
Le bailliage de Hufum n'a que trois lieues de long ,
& deux de large. Il eft borné au couchant par l'ifle de
Nordftrand , 64 par la rivière de Hever , au nord par
le bailliage de Flensbourg , au levant par celui de
Gottorp, & au midi par le petit canton de Stapelholm ,
& par Schv/arfted , Eyderfted & Lundenbourg; c'eft
un pays, en partie, enfoncé &r. commode pour les pâtu-
rages , en partie auffi , élevé & bon pour les bleds. Il
y a quelques bois 6c des bruyères. 11 comprend fept
paroifles outre quelques biens qui appartiennent à la nob-
lefTe du pays.
HUSUNETS , petite ville du royaume de Bohême,
au cercle de Pifeck , fur une petite rivière, appellée
Blanitr, qui va fe joindre à celle d'Ottava. C'eft la
patrie de Jean Hus, brûlé à Confiance , en 141 5.
HUSZ ou Huss , petite ville de la Moldavie , fur la
rive droite duPruth, aux confins de la Beflarabie, au
nord de Felxin. On la prend pour l'ancienne Zudi-
DAVA , villedelaDacie. * Baudrand , éd. 1705.
HUTERSFIELD, bourg d'Angleterre, dans la pro-
vince d'Yorck. On y tient marché public. * Etatpréfent
de la Gr.Brel.t.l.
HUTVIL, petite ville de Suifle, dans le canton
de Berne, au bailliage de Trachlèlwald, proche de
Willifau. Elle appartenoit aux comtes de Kyburg. Les
Bernois l'achetèrent l'an 1410.
HUUL , fortereffe de la Chine , dans la province de
Queicheu , au département de Liping ,feptiéme métro-
pole delà province. Elle eft plus occidentale que Pékin,
de 9 d. 5 ' , par les 27 d. Ç ' de latitude. * Atlas Simnfîs.
1. HUY. Voyez Hui.
2. HUY, petite rivière des Pays-bas, au pays de
Liège, ou elle traverfe le Condrofs, paffeà Havelang,
g. à Claviere, g. àHoyoul, g. aux Trois-Maifons , d. à
Marfon, Se fe perd dans la Meule à Huy.
HUYRON, abbaye d'hommes, ordre de S. Benoît,
congrégation de S. Vanne , en Champagne, diocèfe de
Châlons , province de France. Elle eft fituée à une
lieue de Vitri-le-François, fur le fommet d'une petite
montagne , qui en rend la vue fort agréable. On ignore
ce que c'étoit que ce monaftere avant Roger III du nom ,
éyêque de Châlons, en 1062. Il choifit quelques reli-
gieux de cet ordre, ausquels il confia le foin paftoralde
tous les habitans des villages des vallées qui environ-
nent cette montagne ; dédia L'églife de ce monaftere ,
fous le nom de S. Martin , évêque de Tours. Ces reli-
gieux , voulant fe livrer uniquement à la vie folitaire
demandèrent à Godefroi I, l'an 1131 , un abbé qui
les débarraflat du foin dont Roger III les avoit charges.
Ce prélat leur donna pour abbé" Evermarus , le chargea
de veiller fur les paroiffiens de ces lieux & voulut
que la paroifle fût conftruite tout joignant l'abbaye , fk
413
fous le mê me toiquefon églife, de laquelle elle dépen-
doit, fk fut deflervie par les religieux qui auroient toute
jurisdiction',, fans être obligés de fuivre les loix prescrites
aux autres paroifles du diocèfe. Guy à la Barbe dit,, en
la chartre de la fondation de cette abbaye , Guido ad
Barbam , Hugues , fon frère , fk Egelinde leur fœur , lui
donnèrent tout ce qu'ils polfédoient en quatre villages ,
qui formoient la vallée d'Huyron , dont ils étoient
feigneurs. Ils choifirent leur fépulture en l'églife de cette
abbaye, dans laquelle on voit une tombe de pierre
de liais , près du grand autel qui eft le feul monument
ancien qui y foit refté. On trouve encore , parmi les
anciens Mémoires de l'abbaye d'Huyron , l'épitaphe de.
Gui à la Barbe , qui fuit ,
Dicere formido de te nimis, inclyte Guido,
Vel quanti generis , vel quis homo fueris.
Monflratin cxemplum tamenhoc venerabile templum^
Quœ tua nobilitas , qua fuit & pielas.
Hoc tufundajli , multisque opibus decorafii ,
Unde Deus requiem det tibi perpétuant.
Qui legit hœc dicat , in puce Guido quiescat ,
Si tibi vita quies , quo fine nocle dies.
Entre les bienfaiteurs de cette abbaye on reconnoit, ij
les comtes de Champagne. 2. Les rois de France. 3. Les
comtes de Bar , les feigneurs d'Arziliers, de Saint-Che-
ron, de Châtelroux , de Ville-Mahieux , de Grandpré ,
de Rams, de Dampierre fk autres, fk même Henri
d'Angleterre , plufieurs desquels choifirent leur fépulture
en ce lieu ; mais il ne refte aucune marque de leurs
tombeaux. Roger III du nom , évêque de Chà.ons ,
dont nous venons de parler, donna des biens confidé-
rables à cette abbaye , fk lui accorda de beaux privi-
lèges entr'autres, le droit de préfentation à plufiVurs
cures de fon diocèfe. Les papes ont accordé des privi-
lèges diftingués à cette abbaye, fk particulièrement
Urbain III, par une Bulle de l'an 1184: il y avoit autre-
fois un grand nombre de reliques ; mais les chàffes fk
reliquaires ayant été rompus pendant les guerres, plufieurs
de ces reliques furent confondues avec d'autres offe-
mens de morts ; il en refte néanmoins encore quelques-
unes. En 1536, cette abbaye fut donnée en commende;
ce qui dura jusqu'en 1609, qu'elle fut donnée à un reli-
gieux de Montieramey , par arrêt du grand-confeil ; &
en 1665, le roi la donna en commende à l'abbé du
Metz , qui y mit les religieux réformés de la congréga-
tion de S. Vanne. * Baugier , Mémoires hiftoriques
de la Champagne, t.r, p. 149.
HUISBOURG, abbaye d'hommes , ordre de faint
Benoit , en Allemagne , dans la principauté d'Halber-
ftadt. Elle eft riche, fk a été confervée.
HUYS-te Bretten ou Britten. Voyez Brit-
tia , fk Armamentarium.
HYADETjE; c'eft ainfi que Strabon appelle Iesifles
qu'Antonin nomme S ia dœ , fx que nous connoiflbns fous
le nom deSept-IJles en Bretagne.' Voyez Sept-Isles. i.
HYAEA, ville de Grèce , au pays des Locres Ozo-
les , félon Etienne. Thucydide en tait auffi mention ,1.7.
HYAELA. Voyez Hiela.
HYALjEI , tka*<m, peuple ou famille de Sicile. Il
en eft parlé dans la cent-quarante-huitiéme Épître de
Phalaris.
HYAMAN. Voyez Yemew!
HYAMIA, ville du Peloponnèfe dans la Meflenie,'
félon Etienne le Géographe.
HYAMIUM , ville Troyenne , félon le même. Je ne
fais s'il veut dire ville de la Troade ou ville bâtie par
les Troyens dans un autre pays.
HYAMPEUS Vert ex, c'eft-à-dire le fommet
d'Hyampé. Hérodote,/. 8, c. 39, nomme ainfi une
montagne qu'Ortélius , Thefaur. juge avoir été dans la
Phocide, tk peut-être l'une des cimes du ParnafTe: il
paroït par le témoignage de Plutarque ( De tarda Dei
yindicld.) qu'elle étoit près de Delphes.
HYAMPOLIS, ville de Grèce , dans la Phocide.
Elle étoit fituée dans le défilé par où l'on paflbit de
Theffalie fk delà Locride Epicnemidiennc H.ans la Pho-
cide. Stace , Thebaïd. 1. 7, V.345, marque fa fituation
fur un écueil escarpé :
414
HYB
HYD
& Hyampolin a Cri
Subnixam fcopulo.
Et Paufanias , Phocic. 35 , dit : le chemin quieftfurla
montagne à la droite d'Elatée, conduit à Abœ & à
Hyampolis. * Herodct. 1. 8 , c. zS.
HYANTES , ancien peuple de Grèce , près d'Alal-
comene , dans la Béotie , félon Etienne le Géographe.
Paufanias ,l.g ,c. 5 , rapporte, que les Hyantes ayant
perdu une bataille contre Cadmus , qui commandoit des
troupes Phéniciennes , ils . fe fauverent la nuit fuivante ;
mais que ce général touché des prières qu'on fit en leur
faveur, leur permit de demeurer pêle-mêle avec les
Phéniciens, & qu'ils formèrent plusieurs villages dans le
territoire.de Thèbes. . .
HYANTIA, ville de Grèce, dans la Locride , félon
Etienne , dans le pays des Locres Ozoles , félon Plu-
tarque , Quœji. Grœc.
HYAS1S. Voyez OASIS.
HYB A , bourg de Grèce , dans TAttique, félon Etienne,
Lijle de TAttique, p. 392. Spon dit Hylàd». Il étoit
de la tribu Léontide; ci l'habitant étoit nommé Hyba-
des ou Hybadaus, comme il paroit par deux inscrip-
tions rapportées par ce voyageur. Mais félon Etienne,
Hybodtz eft le nom des habitans.
HYBANDA; Pline, l.z,c. 39, parlant des lieux'que
la mer ufurpe ou qu'elle abandonne , met entre les
exemples Hybanda, autrefois ifle de la côte d'Ionie,
& dit que de fon tems , elle étoit à deux cents ftades
de la mer ; ce qui revient à vingt-cinq mille pas , ou
cinq grands milles d'Allemagne.
HYBELE , ville au voifinage de Carchedon , félon
Etienne qui cite Hécatée ; Ortélius croit qu'elle étoit
en Arménie. Ce qui l'a trompé, c'eft que dans Etienne
on cite l'Afie d'Hécatée. C'eft une faute que Berkelius
a bien apperçue ; il falloit citer la Libye de cet auteur.
Les copiftes ont aifément changé ai?J» en A«'a. D'ail-
leurs Carchedon eft Carthage , & Hybele qui en étoit
voifine , ne pouvoit être dans l'Arménie.
HYBERIA , Voyez Iberia.
HYBLA, ville de Sicile. Il y en avoit trois de ce nom,
félon Etienne le Géographe qui les diftingue par les
furnoms de grande , moindre Se petite.
1. HYBLA major, ou Hybla la grande , ville
de Sicile , allez près te au midi du mont Etna. Pau-
fanias, EliacA. 1 , c. 13 , qui n'a connu que deux villes
d'Hybla , dit que l'une eft furnommée la grande ; &
Paruta fournit une médaille, où il eft fait mention de
ïbaae. Cette ville formoit un triangle avec Catane &
Murgentium , dans le milieu duquel étoit une plaine
nommée Campus Piorum. Cette Hybla étoit dans les
terres, vers l'endroit où eft la baronnie nommée la
Motta di Santa-Anaflafia, félon De l'Ifle. Paufanias
dit qu'elle étoit dans le territoire de Catane, & entiè-
rement dépeuplée. Elle ne fubfifte plus.
2. HIBLA Minor où minima , ou Hybla la
MOINDRE , c'eft-à-dire la plus petite: on la nommoit
aufli Heraa; ville de Sicile, dans fa partie méridionale,
dans les terres. C'eft de celle-là qu'il eft queftion dans
l'Itinéraire d'Antonin où elle eft mife fur la route d'Agri-
gente à Syracufe.
Agrigentum. v
Calvifiana ,
XL.
M. P.
Hyblam ,
XXIV.
M. P.
Acras ,
xvin.
M. P.
Syracufa.
XXIV.
M. P.
Dans un autre lieu de l'Itinéraire, elle eft nommée
Plagereo five Cymbcc par la corruption que les copiftes
ont faite de Plaga Ws.-RES.Jive HybLjE. Cluviermet
cette Hybla à Ragufa: en comparant les deux Siciles de
Del'Iue, les ruines de cette ville doivent fe trouver entre
la Vittoiia ik Chiaramonte.
3. HYBLA parva ou Hybla la petite, ville
maritime de Sicile , fur la côte orientale. On la nom-
moit auffi Galeotis,& plus fouvent Meg.ire ; de-là vient
que le golfe au midi duquel elle étoit'lituée, prenoit le
nom de Megarenjïs Sinus ; on le nommoit auiîi Xipho-
nius à caule et Xiphonia , viile dont Augujla a pris la
place. Quelques-uns ont cru que c'étoit préfenteménit
Mililli ; mais cette baronnie eft plus éloignée delà mer
qu'Hybla qui étoit fur le rivage: fes ruines font entre
deux ruiffeaux, favoir Cantaro - Fiume , & Fiume Sdn-
Cosmano.
Une de ces trois Hybla étoit auffi nommée Tiella.
Etienne le Géographe le dit ; mais Une détermine point
laquelle.
4. HYBLA , ville d'Italie , félon le même.
5. HYBLA , lieu de Grèce , dans l'Attique , félon Ser-j
vius, Eclog. 1 ,v. 55 ; expliquant ce vers de Virgile :
Hyblais apibus jlorem depajla falicli.
Il fait cette remarque : Hybla , dit il , ou Hyblé , petite
ville de Sicile, préfentement appellée Megare; ou bien
c'eft un lieu de l'Attique, où l'on recueille le meilleur
miel , locus in Atticà ubi optimum mel nascitur. Le
P. De la Rue dit fur ce même vers , que YHybla de
Virgile eft une ville de Sicile , fituée près d'une mon-
tagne , &: que ce lieu étoit remarquable , à caufe de
l'excellent miel que l'on y amaffoit.
HYBRISTES, rivière d'Ane, entre le Caucafe & le
peuple Chalybes. Eschyle en fait mention dans une de
fes Tragédies , in Promakœo 'rÇc,ÇylÇ. Ortélius croît que
c'eft moins le nom d'une rivière , qu'une épithete don*
née à l'Araxe.
HYBRIAMES , *?Çv*n( , peuples vers la Thrace.
Ils étoient fort inquiétés par les Scordiques , félon Stra-
bon , l.j,p. 318. Mais Cafaubon veut qu'au lieu de
Hybrianes , on life Agrianes.
HYCCARA , ancienne ville de Sicile. Ce nom eft
au plurier , le génitif eft HyccaroruM. Elle étoit
petite & maritime, fur la côte feptentrionale , &fes ruines
font aujourd'hui nommés Muro DI Carini. Antonin^
Itiher. la met entre Parthenicum Ô£ Palerme, fur la
route de Lilybée à Tyndaride , à huit milles de la pre-
mière 8c à feize de la féconde. Etienne le Géographe
la nomme Hyccaron, Hyccarum, ôccité Philiftej
il dit auffi Hyccara , que Thucydide ,1.6; Diodore
de Sicile , /. 1 3 , c, 6, fk Plutarque , in Nicid , Alcibiade j
&c» Ont employé. Quelques-uns ont voulu diftinguer
Hyccara 6c Hyccarum , comme fi c'étoient deux villes dif-
férentes. Synefius, Epijl. 3, dit que la fameufe Laïs , cour-
tifane , étoit une esclave a Hyccara , qui ayant été achetée»
en Sicile, avoit été emmenée &c proftituée en Grèce.
Plutarque, in Nicid, dit de même, qu'après le départ
d' Alcibiade Nicias fe retira à Catane fans avoir fait
d'autre exploit , que de ruiner Hyccara , petit bourg des
Barbares , d'où Tondit qu'étoit la courtifane Laîs qui , fort
jeune encore alors , fut vendue parmi les autres prifon-
niers, & menée dans le Péloponnèfe. Il dit encore, eo
parlant de la mort d'Alcibiade affaffiné par les Bar-
bares: Timandre , fa maïtreffe , ayant remaffé fon corps,
& l'ayant enveloppé & couvert des plus belles robes
qu'elle eût', elle lui fit des funérailles auffi magnifi-
ques que l'état de fa fortune préfente le permettoit. Plu-
tarque ajoute : on prétend que Laïs cette célèbre cour-
tifane , qu'on appellôit la Corinthienne , étoit fille dé
cette Timandre; mais qu'elle avoit été faite esclave dans
Hyccara, petite ville maritime de la Sicile. Corneille
dit que cette ville étoit le fiége d'un évêché du tems de
S. Grégoire le Grand. Je ne fais d'où il tient cette remar-
que ; mais ce fiége ne fe trouve point dans les Notices
que je connois. * Corn. Dift.
HYD A, lieu d'Afie dont parle Homère, Iliad. I. 2,'
V. 864. Strabon, /. 13 ,/\6i6, rapportant ces trois vers
de l'Iliade: Mefthles &. Antiphus, fils de Pylœmenes , &
les deux plus vaillans capitaines que le marais Gygée
ait portés , commandoient les Méoniens qui habitoient
au pied du mont Tmolus ; Strabon , dis-je , pourfuit
ainfi : quelques-uns y ajoutent ce quatrième vers : dans
les villages de la fertile Hyda fous, les roches du Tmolus,
montagne couverte de neige. Cependant , comme Fobferve
le Géographe, il n'y a point d'Hyda dans la Lydie.
D'autres difent que ce fut la patrie de Tychius dont
Homère, /. 7 , v. %ri , dit: il étoit habitant d'Hyda.
(Madame Dacier lit la ville d'HYLÉ.) Ils ajoutent , con-
tinue Strabon, que c'eft un lieu couvert de forêts, fouvent
frappé de la foudre , & y placent les Arimes , fuiyant ce
HYD
HYD
que dit Homère , lliad. 1. 2, v. 783 : Derrière les Arimes,
où l'on dit que Typhœe a fon lit , ils ajoutent vers les
chaînes de la fertile Hyda. Strabon pourfuit ainfi :
quelques-uns mettent cette fable ( de Typhœe ) dans la
Cilicie, d'autres dans la Syrie; quelques-uns difent que
Hydâeftla ville de Sardes, d'autres que c'en eft la cita-
delle. Voyez Hyde.
HYDARA , place forte de la grande Arménie , félon
Strabon, /. 12., p. 555. C'étoit une des foixante &c
4ïy
le pays des Pietés, c'efi-à-dire vers l'EcofTe, félon Bede
cité par Ortélius , Thcfaur.
HYDIA. Voyez Hydra , ville de Sicile.
, HYDISSUS , ville de la Carie , félon Etienne le
Géographe. Elle eft nommée HYDISSA par Ptolomée ,
/. 5 , c. 2 , & défignée dans Pline , par le nom de Ces
habitans Hydissenses ,/. 5, c. 29. Elle étoit dans les
terres.
HYDRA , ifle d'Afrique , au voifinàge de Car-
quinze fortereffes que Mithridate Eupator avoit faitéle- thage, félon Etienne le Géographe. Ptolomée , /. 4,(7.3,
ver. nomme Hydras , une ifle de cette côte , mais beau-
HYDARC/E, ancien peuple des Indes, félon Etienne coup plus à l'occident, en Numidie , près du promon-
le Géographe. Ils tinrent tête à Bacchus dans fa conquête toire Tritum : ainfi ce ne peut être la même ifle , fi
desIndes, comme le rapporte Denys, au troifiéme livre Etienne ne s'eft point trompé.
HYDRA, ou Hydr£ Promontorium, cap
des Baffariques.
1. HYDASPE : les Septante nomment ainfi un
fleuve voiiin du Tigre &; de l'Euphrate , dans le pre-
mier chapitre du livre de Judith. S. Jérôme le nomme
lADASON. * Ortel. Thef.
2. HYDASPE , grande rivière des Indes. Strabon ,
de l'Afie mineure , dans l'jEolide , à l'entrée du golfe
de Phocée, aux confins de l'Ionie , félon Strabon,/. 13,
p. 612 , &r_ Ptolomée. Le premier dit que ce cap forme
le golfe Elaïtique.
3. HYDRA , marais de Grèce , dans l'Etolie. Strabon,
1. 1 5 , dit qu'Alexandre coupa des fapins & des cèdres , /. 10 , p. 460 , dit : dans le voifïnage de Pleuron &c de
dans une forêt ,. fur les monts Emodes , & en bâtit une l'Aracynte étoit Lyfnnachie , ville détruite , au bord du
flotte fur le fleuve Hydaspe. Arrien , /. <j , c. 3 , dit marais nommé préfentement LYSYMACHIE , Se autre-
que l'Hydaspe reçoit le Sinare , & qu'il fe perd lui- fois Hydra.
même dans l'Acefine avec lequel il va tomber dans 4. HYDRA, petite ifle de Grèce , dans la Theffalie ,
l'Indus. au pays des Dolopes, apparemment dans le Penée,
3. HYDASPE, rivière d'Ethiopie , vis-à-vis de l'ifle félon Favorin ,' Lexic.
de Méroé , félon le philofophe Sextus. In Pyrrho~ 5. HYDRA. Palœphate, de Incredibil. c. 39, voulant
nids. _ expliquer hiftoriquement ce que c'étoit que l'Hydre dont
Le premier de ces trois Hydaspes, doit être celui Hercule fut vainqueur , parle d'une petite ville nommée
dont parle Quinte-Curse , /. 5 , Se qui coule aux envi- Hydra défendue par Lernus , petit roi de ce tems-là , &
rons de la ville de Sufe. Mais dans cet auteur , où Or- qu'Hercule fubjugua. Ortélius , Tkefaur, le foupçonne
télius lifoit Hydaspe , les éditions modernes lifent d'avoir entaiïé fable fur fable.
Choaspe. C'eft de celui-là que Vaugelas dit que fon eau HYDRACA , village d'Afrique, dans la Pentapole,*
étoit célèbre , pour être exquife & délicieufe à boire, félon Synefîus , Epiji. 67.
Virgile, Georg. 1. 4, v. 211 , met l'Hydaspe dans la HYDRACjE, ou
Médie : . HYDRACES , ancien peuple des Indes. Strabon î
1. 1 5 , p. 686 , dit qu'ils furent appelles en Perle , comme
Necpopuli Parthorum aut Medus Hydaspes. troupes auxiliaires.
HYDRALIS , petite rivière de Thrace auprès de
Le père de la Rue femble croire que c'eft le même Conftantinople. Nicetas dit qu'elle le perd dans le Bar-
fleuve que quelques-ont mis dans la Médie; d'autres dans byfe , & Pierre Gylle dit qu'on l'appelle Belgrado,
les Indes , faute de bien favoir où il étoit véritablement, du nom d'un lieu où elle pane. * Ortel. Thef.
Il explique même le fabulofus Hydaspes d'Horace , HYDRAMIA , ville de l'ifle de Crète , félon Etienne
comme fi cette épithete vouloit dire que c'eft un fleuve le Géographe.
dont on ne débite que des fables. Ce n'eft point cela; HYÛRAOTjE, contrée des Indes, félon Philoftrate ,
le P. Catrou dit beaucoup mieux : l'Hydaspe , ( dont Apollon. 1. 2.
parle Virgile,) étoit un fleuve de Perse, pas éloigné HYDRAOTES & Hydraotis, fleuve des Indes,'
de la ville de Sufe , l'une des capitales ; il ne faut pas & l'un de ceux qui fe perdent dans l'Acefme. Strabon
confondre ce fleuve Hydaspe avec un autre de même le nomme HYAROTIS ,/. i* ,p. 693 , 697 &C699; Vau-
norh , qui fut . dans les Indes , le terme des conquêtes gelas de même , quoique l'édition latine de Quinte-Curfe,
d'Alexandre. Quant aux vers d'Horace , t. 1 , ode 22 , ?.. 9 , c. 1., que j'ai , porte Hydroatet. Il paroît que c'eft
les voici
Slve per Syrtes iter afluofas ,
Sive facturus per inhospitalem
Caucafum , vel quee loca fabulofus
Lambit Hydaspes.
Le mot fabulofus ne lignifie pas ici un fleuve imaginaire,
puisqu'il y avoit plufieurs Hydaspes , mais célèbre , re-
nommé, fameux, dont on a beaucoup parlé dans l'es his-
toires. Dacier ne s'y eft pas trompe.
HYDASPIENS, peuple des Indes, félon Juftin, /. 12.
la même rivière que Y Adris de Ptolomée, /. c. Arrien,
l. 9, c. 1 , 14 ; & /. 5 , c. 4 , dit : l'Hydrahotes tombe
dans l'Indus , au pays des Cambiftholes ; il reçoit l'Hy-
phafis, chez les Aftrobes ; le Sarange chez les Meceiens ; le
Neudre chez les Attacenes , & fe perd dans lAceflne ;
ainfi il ne tombe pas immédiatement dans l'Indus.
HYDRAS , ifle de la Méditerranée , fur la côte d'Afri-
que , dans la Numidie , félon Ptolomée , /. 4 , c. 3.
HYDRAX , bourg d'Afrique , dans la Pentapole , félon
Ptolomée , /. 4, c. 4. C'ëft le village nommé Hydraca par
Synéfius.
HYDRE A, ou Huidrea, petite ifle de l'Archipel, fur
Au lieu ftHydaspii , quelques critiques lifent Adaspii. Si la côte du Péloponnefe, auprès de Troëzène , félon
la première leçon eft bonne, ce peuple prenoit fon nom Etienne le Géographe , & Paufanias, in Corinthiac,
de l'Hydaspe, & ce nom marque fa pofition fur les bords HYDRELA , ville de Carie ' ~
de ce fleuve
HYDATA, mot grec qui répond au latin AquA.
i HYDATA-THERMA, ville de la Mauritanie Céfa-
rienfe , félon Ptolomée , /. 4 , c. 2 ; il la place dans les
terres , & la qualifie de colonie.
HYDE, ville de la Lydie , félon Etienne le Géo-
graphe , qui dit que c'eft où demeuroit Omphale, reine
des Lydiens , & fille de Jordain , comme le dit Apol-
lonius au quatrième, livre de l'Hiftoire de Carie ; mais,
pourfuit cet auteur, Léandre furnommé Nicanor , la
nomme Sardes. Voyez Hyda
la nomma enfuite
Nisa , félon Strabon, /. 14. Tite-Live parle du terri-
toire de cette ville , & dit, /. 37 , qu'il s'étendoit vers la
Phrygie.
HYDRjEUM. Voyez l'article qui fuit.
HYDREUMA. Pline met neuf divers lieux de ce
nom dans l'Ethiopie , fous l'Egypte , au rapport d'Orté-
lius ; mais le premier eft Hydrium dans les manuscrits,
comme le P. Hardouin en avertit. Ce mot fignifie un
lieu où l'on prend de l'eau ; en latin locus aquaùonis , le
lieu de l'aiguade , ou l'abbreuvoir. J'en trouve dans Pline,
dont voici le paffage. A Copto Camelis itttr aquationum
HYDESTINATUS , ifle adjacente à celle de la grande ratione manjîombus dispojttis. Prima appellatur Hydrcw,
Bretagne , dont elle eft féparée par un petit détroit, yers xxxil, mill, Secunda in monte diei itinen, Terti.a in
HYE
416
altero Hydrmmaxe à Copto XCV. mill. ielr.de in monte;
mox ad Hydreum Jpollinis , à Copto CLXXXir. mill.
rursùs in monte. Mox ad novum Hydreum , à Copto ,
CCXXXI1I. miU.paJf. Eft & aliud Hydreum vêtus, Tro-
gloditicum nominatur ubi pmjîdium excubat diverjiculo
duûm millium : dijlal à novo Hydreumate IV. mill. paJJ.
inde Bérénice oppidum, &c. C'eft-à-dire : «De Coptos on
» fait le chemin fur des chameaux ; & les traites font plus
» ou moins grandes , parce qu'on fe régie fur la commo-
„ dite d'avoir de l'eau. Le premier lieu où l'on fait
» halte s'appelle Hydreum 332 milles de Coptos ; le
» fécond à une montagne, à une journée de chemin de-
»là; le troifïéme au iecond Hydreuma, ou à la féconde
waiguade, à 95 milles de Coptos, enfuite àune^mon-
» tagne ; puis à Hydreum Jpollinis, ou Paiguade d'Apol-
»loh , à 184 milles de Coptos ; de-là à une montagne,
» puis au nouvel Hydreum , ou à la nouvelle aiguade ,
«à 233 milles de Coptos. Il y a une autre Hydreum
» furnommée la vieille ou Troglody tique , où eft un
» corps de garde à deux milles de la route ordinaire ,
» Se cette Hydreum eft à quatre milles de la nouvelle
» aiguade; de-là on arrive à Bérénice, ou eft un port
»de la mer Rouge. On voit par ce paffage, quePline
iefert indifféremment de Hydreum Se Hydreuma , pour
fîgnifier ces lieux où l'on s'arrêtoit, àcaufe que l'on y
trouvoit de l'eau, tant pour les hommesque pour les
chameaux. Pinet rend ce mot par logis d'eau.
Cette nouvelle Hydreum eft nommée par Antonin
CENON YdREUMA; & il appelle YHydreumApolhms
Amplement Apoixonos.
' HYDRIA , ifle de la mer Adriatique , félon Pompo-
nius Mêla , /. 2 , c. 7, n. 90 , qui la nomme auprès des
Electrides. .
HYDRIACUS , rivière de la Carmame , félon Vto-
lomée, 1:6, c. 8. Quelques exemplaires portent Cau-
DRIACUS ; mais Ammien Marcellm , /. 23 , c. 6 ,eft pour
le premier.
HYDRIAS , contrée de l'Afie mineure , aux environs
du fleuve Marfyas , félon Hérodote, A 5 , c. 18, qui dit
qu'il en vient Se tombe dans le Méandre.
HYDRUNTUM ouHvdrus , génitif Hydruntis,
ville maritime de la grande Grèce , d'où l'on paffoit en
Grèce: les Grecs la nommoient 'ïcTfà'si Lucain, /. 5,
v. 357, a dit de même :
Et cunctas revocart rates , quas avius. Hydrus ^
Antiquusque Taras fecretaquc littora Leuce , Sec.
Il faut fous-entendre recipiunt. Ciceron, I.16, Epijl. 9
ad Tiron. partant de la ville de Caffiope dit : nous
avions un vent fort doux, Se le plus beau tems du
monde ; nous mîmes cette nuit Se le jour fuivant à gagner
en nous jouant l'Italie où nous abordâmes à Hydrunte.
Cette ville eft nommée Odronto, dans l'Itiné-
raire de Bourdeaux à Jérufalem. Le nom moderne eft
Otrante.
HYDRUS MONS , montagne ou cap d'Italie , près
de la ville d'Otrante , félon Pomponius Mêla , /. 2,
c. 4 , n. 4Ï.
HYDRUSA , ifle de Grèce, fur la côte de l'Attique,
devant les ./Exonies , félon Strabon , /. 9 ,^.398.
I.HYDRUSSA: Callimaque nomme ainfi l'ifle
d'Andros , au rapport d'Ortélius , Thefaur. ou plutôt
au rapport du même Pline , dont il ne fait que redire
les paroles.
2. HYDRUSSA: Pline, A4, c. 12, dit que les
Grecs nommoient ainfi l'ifle de Ceos.
3. HYDRUSSA: Ariftote , au rapport du même Pline,
nomme ainfi l'ifle de TlNE , autrefois Tenos.
Ce nom ne fignifie que l'abondance des eaux , dont
ces ifles étoient arrofées.
1. HYELA, rivière d'Ane, dans la Bithynie. Voyez
Hyla.
2. HYELA , ou Hy^ELA , ville de l'Arabie heureufe ,
félon Ptolomée ,1.6, en.
3. HYELA , ville de la grande Grèce; l'Œnotrie,
félon Hérodote, Ai, c. 167. Ceux des Phocéens, dit-il ,
qui s' étoient réfugiés à Rhegium , s'avancèrent plus loin ,
Se poflederent dans l'Œnotrie une ville que l'on nomme
HYL
préfentement Hybla. Baudrand dit après Gabriel Barri,
que c'e'ft préfentement Bonfatti dans la Calabre cité-
rieure , près de la mer de Toscane , au royaume' de
Naples.
H Y ELLA, ville maritime de la grande Grèce,
dans la Lucarne , félon Strabon, /. 6, ^.252. Voyez
V E L r A.
HYELIUM , ville d'Ane ; dans la Phrygie , fur le
Méandre , félon Nicetas cité par Ortélius , Thefaur.
HYETH, ville d'Angleterre, dans la province de
Kent. Elle envoie fes députés au parlement , Se a droit
de temr marché public* Etat préfent delaGr.Bret. t. 1.
1 . HYETTOS , village de la Béotie : on la nommoit
aufTi Aspledon, félon Etienne le Géographe.
2. HYETTOS, fontaine Se montagne de la Carie.
3. HYETTOS , auprès de Milet, félon le Scholiafte
de Théocrite; mais il écrit ce nom par un fimple T.
HYETUSSA, ifle fur la côte de Carie , félon Pline ,
/. 5 , c. 21. Ce nom fignifie fujette aux pluies.
HYGASSUS, ville "de la Carie, félon Etienne le
Géographe , qui nomme auffi Hygassius Campus.
HYGENNÉNSES , ancien peuple de TAne mineure ,
félon Hérodote, L 3 , c. 90, qui le nomme avec les
Myfiens, les Lydiens, les Âlyzoniens, & les Cabaliens.
HYGR1S, ville de la Sarmatie , en Europe, félon
Ptolomée, A3, c. ■;. Villeneuve, l'un de fes commen-
tateurs, croit que c'eft préfentement Sabardi.
HYI, ancien peuple de la Sufiane, félon Pline, A 6,
c. 27 , qui le range avec les peuples au deffus d'Eli-
maïde.
HYIDREA. Voyez Hydrea.
1. HYLA , rivière de la Bithynie. Voyez HylAS.
2. HYLA, ville d'Afie , dans la Carie. Le Schoe-
nus l'entouroit de fes eaux, félon Pomponius Mêla,
A 1 , c. 16.
3 . HYLA , lieu de l'ifle. de Cypre , félon Lycophron cité
par Ortélws.
4. HYLA, ville de Grèce , dans la Béotie. Elledon-
noitlenomaulac deThèbes , auprès duquel elle étoit , &
qu'on nommoit Hylica palus. Elle eft entièrement ruinée.
W heler foupçonne qu elle étoit dans l'endroit où il vit une
belle fontaine d'où l'eau couloit dans le lac de Thèbes, Se
ou il vit des ruines.
HYLABI, ou Hyla m 1 , ville de la Lycie , félon
Etienne qui cite Alexandre le Polyhiftor.
HYLACTES, Hystra SéTyricHjE. Avienus, Ora.
Marit. v. 496 , 6- feq. dît qu'il y avoit autrefois trois
villes nommées ainii dans l'Espagne Tarragonoife. Voici
comme il en parle.
Fuere propter civitates plurimm:
Qiiippe hic Hylacles, Hyflra , Sarna , & nobiles
Tyrichceftitere.
Elles ne fubfiftoient plus de fon tems.
HYLACTUNTI , ancien peuple d'Ethiopie, félon Phi-
loftrate ,1.6. a
HYL.EA. Voyez Hylea.
HYLJEl, peuple de laScychie, félon Pline, l.4,c. il.'
Il dit que l'Hypanis coule au travers des Nomades & des
Hyléens , & qu'il fe perd en partie dans le B tiges par un
canal artificiel, Se dans le Coretus , par fon ht naturel.
Hérodote fait mention de la contrée de Hylée ; Se l'auteur
du Périple duPont-Euxin , A 4, c. 18 , la met au-delà du
Boryfthene vers l'orient. Pline parle d'une contrée cou-
verte de forêts , qui donnoit le nom d'Hylœum mare , à la
mer qui la baignoit.
HYLAMI. Voyez Hylabi.
HYLAS, rivière , fontaine & lac d'Afie , dans la
Bithynie. La rivière eft nommée par Pline, A 5 ,c. 32.
Solin , c. 42 , éd. Salmaf. parle de la rivière Se du lac qui
baignoient la ville de Prufiade; Virgile, Eclog. 6, fait
mention de la fontaine.
HYLATjE , peuple de Syrie , félon Pline , A 5 , c. 24.
1. H Y LE , "tau , ancienne ville d'Italie. Voyez
Velia 2. ,
2. H YLE , ville de Cypre , félon Etienne le Géographe ,
Se Stace dans le feptiéme livre de la Thébaïde. C'eft la
même que Y Hyla de Lycophron.
3. rilLc.,
HYL
3 . HYLE , lieu des Locres Ôzoles , félon Etienne le
Géographe.
HYLEÀ , contrée du Pont , félon le même ; il dit :
quelques-uns lanommoient Abica,''a£/o. Hérodote la
nomme 'Thâià. Par le Pont d'Etienne , il ne faut pas
entendre le pays fitué au midi de la mer Noire , mais
le pont-Ëuxin même. Ainfi cette Hylea ne diffère point
du pays dont les habitans é'toient nommés HylœLVoyez
ce mot.
HYLIAS, rivière de la grande Grèce. Thucydide,
/. 7 , la fait couler dans le territoire de Thurium , Se
Barri dit que c'eft préfentement le Trionto.
HYLICA, lac ou marais de Grèce , dans la Phocide,
à l'orient méridional du lac Copaïs, auquel il communi-
que par une coupure. Il prenoit ce nom d'une ville nom-
mée Hyla. Strabon , /. 9 , p. 408 , parle de cette
ville ; mais ce qu'il dit du lac ; eft gâté par des lacunes.
Wheler, dans fon Voyage, en parle ainfi, r. 2,1. 3 ,p.30i.
Ce lac s'appelle aujourdhui t;is e>vZm hi^vn, c'eft-à-dire
le lac de Thèbes. Il eft plus petit que celui de Copaïs ,
& environé de montagnes. Il eft féparé de Copaïs, au
nord par le mont Cocino , & à l'oueft par le mont Phœ-
nicius , ou Sphyngis , entre lesquels les deux lacs de Thè-
bes»Se de Copaïs fe communiquoient autrefois, quoique
je'n'aye pu trouver d'apparence qu'ils le faffent àpréfent.
Le mont Ptoos eft au nord-eft ; le mont Hypatus entre
le lac Se Thèbes , au fud Se au fud-eft , à travers duquel
il fe fait chemin dans la mer, au nord de l'Euripe. Mais
je ne puis dire fi c'eft abfolument fur terre. On voit de
cette montagne comme les branches d'un arbre , dont
le canal qui coule à l'eft paroit corrrme la tige ou le tronc.
Le lac ne paroît pas plus long que large , Se il a plus de
deux lieues de traverfe. Il étoit alors presque tout couvert
d'oifeaux fauvages , Se on dit qu'il n'eft pas moins rempli
de poiffon , quoiqu'on affure qu'il feche tous les trente
ou trente & un ans.
HYLIESSA. Voyez Paros.
HYLLA. Voyez l'article qui fuit.
HYLLAICUS , port du Péloponnèfe. Thucydide, /. 3,
en fait mention. Ortélius , Thefaur. dit qu'il ne devoit pas
être loin de Meffene. Voyez Hyllis.
HYLLARIMA , bourgade de la Carie, félon Etienne
le Géographe. C'étoit la patrie du phïlofophe Hie-
roclès.
HYLLE, )
HYLL1 , \ Voyez Hyllis.
HYLICUS, )
1. HYLLIS , presqu'ifle que l'on appelloit auffi le
promontoire de Diomede , cap de la Liburnie , fur la
mer Adriatique. Niger dit que c'eft préfentement Cabo
Cifta. Etienne le Géographe Se Euftathe difent qu'il y
a vis-à-vis des Hylléens une presqu'ifle pareille au Pélo-
ponnèfe, & qui renferme quinze grandes villes. Le même
Etienne met entre les Illyriens un peuple qu'il nomme
i».~i, Se cite le quatrième livre des Argonautiques
d'Apollonius. Il fait auffi mention d'une ville nommée
Hylle fur la même garantie. Ilajoûte :au deffusdu peuple
Hylli font les Liburniens Se quelques Iftriens appelles
Thraces. Ortélius conjefture avec beaucoup de raifon
que cette presqu'ifle n'eft autre que Cljlrie. Apollonius
connoîtun port qu'il nomme Hillicus Porcus , mais il
l'approche de Corfou ; Thucydide le nomme HyLlaï-
cus Portus.
2. HYLLIS , village du Péloponnèfe , dans l'Argie ,
félon Etienne le Géographe. '
3. HYLLIS, village delaDoride, félon le même.
4. HYLLIS , lieu de Grèce , dans la dépendance de
Trcezene , félon le même.
HYLLUALA, ou plutôt Hyllu-Ala, lieu de la
Carie. On appella ainfi l'endroit ou Hyllus étoit mort ; on
y bâtit une chapelle à Apollon , Se le Dieu Se le peuple
en prirent le nom de Hyllu-Ala. Le mot Ala , dans la
langue des Cariens , fignifioit un cheval , félon Etienne le
Géographe. Son article eft fort corrompu.
HYLLUS , rivière de l'Afie mineure , où elle tombe
dans l'Hermus , près de Philadelphie , dans la Lydie , aux
confins de la Phrygie. Homère , Iliad. 1. 20, Y. 391 ,lui
donne le furnom de poiffbnneufe :
7Wiif V7! 'fxPvoiVVI,
HYM 4ï7
Strabon , /.13 ,p.6l6, dit que l'Hyllus & le Pactole
tombent dans l'Hermus , Se que Ces trois fleuves reçoi-
vent quantité de rivières. Cela eft conforme à ce que
dit Pline , /. 5 , c. 29 , que l'Hermus reçoit divers fleuves,
entr'autres le Phryx , qui donnant fon nom à lajiation qu'il
arrofe , la fépare de la Carie : l'Hyllus Se le Cryos char-
gées déjà des ruiffeaux de la Phrygie , de la Myfie Se
de la Lydie. Lé Phryx ici eft le même que Phrygius ,
c'eft-à-dire le fleuve de Phrygie à laquelle il donne fon
nom, Se Pline le diftingue ici de I'Hyllus; mais
Strabon , /. 1 3 , dit bien expreffément que l'Hyllus Se le
Phrygius font deux noms d'une même rivière.
HYLOEÏENS. (les) Voyez Germanes.
HYLOGONES, (les) c'eft-à-dire nés dans les
forêts ; chaffeurs d'Ethiopie, voifins des Hylophages.
Diodore de Sicile , /. 3 , c. 15 , les décrit ainfi. Ils ne font
pas en grand nombre , Se leur manière de vivre eft
finguliere ; leur pays ne nourrit aucuns animaux domefti-
ques , Se eft très mauvais ; il a peu de fources : la peur
qu'ils ont des bêtes féroces , pendant la nuit , fait qu'ils
grimpent fur des arbres pour y dormir. Le matin ils vont
armés s'affembler en des lieux où les eaux s'amaffent.
Là , cachés dans les feuillages , ils font aux aguets ; &C
lorsque la chaleur du jour oblige les bœufs fauvages ,
les panthères Se autres animaux à venir s'abreuver, les
Hylogones attendent que ces animaux altérés .ayent bu
à proportion de leur foif qui eft très grande ; Se quand
ils les voient bien gonflés Se fe remuant à peine , ils
descendent des arbres par bandes; Se avec des bâtons
durcis au feu , avec des pierres Se des flèches , ils lés
attaquent, & en viennent à bout fans difficulté. Ils fe
diftnbuent par troupes pour cette chafïe , Se fe régalent
des chairs. Il arrive rarement qu'ils foient tués eux-mêmes;
car ils prennent fi bien leurs mefures , qu'ils ne man-
quent jamais les bêtes les plus puifîantes. Si le gibier
leur manque , ils prennent les dépouilles des Charles
précédentes , en brûlent le poil , en partagent entr'eux
la peau, Se appaifent ainfi leur faim. Ils exercent les
jeunes garçons à tirer jufte, Se ne donnent quelque bon
morceau qu'à ceux qui frappent au but , Se par-là ils en
font d'excellens archers.
HYLOPHAGES , ou les Mangeurs de Bois ,"
ancien peuple de l'Ethiopie , félon le même ; ils étoient
voifins des Hylogones & des Spermatophages , c'eft-à-
dire des mangeurs de graines. L'Hiftorien cité, /. 3 ,
c. 24 , dit : les Hylophages allant chercher à manger avec
leurs femmes Se leurs enfans , montent fur des arbres ^
Se en broutent les branches les plus tendres; & par une
légèreté qui eft en eux un effet de l'habitude , ils grim-
pent tous jusqu'à la cime , avec une facilité qui paroît
incroyable ; car ils fautent comme des oifeaux d'un arbre
à l'autre, Se marchent fans risque fut des branches très-
menues. Comme ils font très-minces Se très légers , fi
le pied leur manque, ils fe tiennent à leurs mains, &C
tombant d'affez haut , ils ne fe font presque point de
mal. Ils broyent aifément avec leurs dents , Se digè-
rent fans aucune incommodité les branches tendres Se
pleines de fuc. Ils font toujours nuds , fe fervent des
femmes fans choix Se fans diftinftion , Se poffedent en
commun les enfans qui naiffent de ces commerces. Us
fe cantonnent Se fe font quelquefois la guerre ; leurs
armes, qui confiftent en des bâtons, leurfervent à repouffer
les ennemis Se à les mettre en pièces après la victoire.
La plupart d'entr'eux périffent par la faim. Il leur vient
aux yeux une maladie nommée glaucoma; c'eft lorsque
par trop de féchereffe l'humeur cryftalline devient de*
la couleur d'un verd de mer ; Se cela leur ôte l'ufage
de la vue. Agatarchide fait auffi mention de ces peuples.
HYLUA. Voyez Ilua.
HYLICUS, ruiffeau du Péloponnèfe , dans l'Argie,
entre Hermione Se Trcezene. On le nommoit autrefois
TABRIUS Taue/oç, félon Paufanias, in Corinthiac. Ce
ruiffeau eft nommé par Athénée Taurus Se HyOESSA
ï \asaot. , comme l'obferve Ortélius , Thefaur.
HYMjEA. Corneille dit que les anciens appelloient
ainfi l'ifle de Pomégue qui eft fur les côtes de la Pro-
vence. Il fe trompe. Voyez Hyp^EA.
HYMANI, peuple de la Liburnie, félon Pline, /. 3,
c. 21. Le P. Hardouin commence par avouer que ce
mot fe trouve ainfi dans tous les exemplaires ; cepeaç
Terne III, G g g
41 8
HYM
HYP
dant il foupçonne qu'il devroit y avoir IsMENt,&cite
un paffage deScymnus de Chio , qui met ce peuple en cet
endroit.
HYMESSUS. Voyez l'article qui fuit.
HYMETTE, (le mont) en latin Hymettus;
Hérodote dit HYMESSUS, montagne de Grèce, dans
l'Attique , près de la ville d'Athènes , au midi oriental ,
fur la côte du golfe Saronique. Cette montagne , qui eft
grande , eft fort célèbre dans les ouvrages des anciens ,
à caufe de l'excellent miel que l'on, y recueilloit. Silius
Italicus , /. z , v. 218 , dit :
Sparfa fuper flores examina tollii Hymettos.
Et 1. 14 , v. zoo:
Tum quœ. neclareis vocat ai certamen Hymettum ,
Audax Hybla f avis.
Martial. /. 7 , Epigr. 87 , dit :
Pafcat & Hybla meas , pafcat Himettos apes.
Horace , /. 2 , Satyr. v. 1 5 , fe moque d'un homme délicat
qui refuferoit de boire du vin de Falerne, s'il n'étoit
adouci avec du miel d'Hymette :
Nifi Hymettia mella Falerno
Ne hiberis dilata.
Mais le même Poëte , /. 2, Od. 18 , dit que dans famaifon
on ne voit point des colonnes taillées au fond de l'Afrique
porter des poutres d'Hymette :
' Non crabes Hymettiœ. ,
Prémuni recifas uldmâ columnas
Africâ.
Le vieux commentateur , & quantité d'autres qui l'ont
fuivi, ont cru que s'agiflant ici de colonnes de marbre,
ces poutres étoient auffi de marbre , comme fi c'étoit
un affortiment fort néceflaire. Strabon , /. 9 , dit , à la
vérité , qu'auprès d'Athènes le mont Hymette avoit des
carrières d'un très-beau marbre ; fk Pline, /. 36 , c. 3 ; &c
/. 17, c 1, fait mention des colonnes de marbre tiré
du mont Hymette. Cependant Meurfius , Reliq. Attic.
c.io, l'entend de poutres de bois pris dans les forêts
dont cette montagne étoit couverte. Dacier , in Horat.
l'entend auffi des poutres de charpente ; & l'interprète
d'Horace , à l'ufage du Dauphin , penche vers le même
fentiment. Spon , qui a vifité cette montagne , en parle
ainfi dans fon Voyage, t. 2, p. 119: le mont Hymette
eft à une petite lieue d'Athènes , &c n'a guères moins de
fept ou huit lieues de tour. Le deflus n'eft ni habité ni
cultivé. Le couvent de Cyriani eft au nord de la mon-
tagne. Les Turcs l'appellent Cosbacki , à caufe d'une tête
de mouton qui eft à une fontaine. Ce couvent eft allez
beau pour le pays , où les Grecs n'ofent fe montrer
fuperbes en bâtimens. On y fait quantité de miel qui
eft forteftimé à Conftantinople; & quand on y en porte
d'autre, pour le bien vendre, on le fait pafler pour du
miel de Cosbachi , qu'on tient pour le meilleur. Il eft moins
acre que le miel ordinaire. Auffi les anciens croyoient que
les premières abeilles &C le premier miel tiroient leur
origine du mont Hymette. Il eft d'une bonne con-
(iftance & d'une belle couleur d'or, & porte plus
d'eau qu'aucun autre , quand on en veut faire dn forbet ,
ou de l'hydromel. Les Caloyers s'étonnent que notre
miel de Narbonne foit le plus eftimé en France, la
blancheur étant, félon eux, une marque que le miel
n'eft pas aflez cuit & perfectionné par la nature , ou par
les abeilles qui le recueillent des fleurs. Strabon dit que
le meilleur miel du mont Hymette étoit celui qui fe
faifoit proche des mines d'argent , qui font maintenant
perdues. On l'appelloit , acapnijlon , parce qu'il étoit
fait fans fumée. Auffi le fait-onde même à prefent,fans
étouffer les abeilles, quelquesvieillesqu'elles foient,avec
la fumée du foufre , comme cela fe pratique en quelques
pays. C'eft pourquoi elles y multiplient beaucoup, &c
il fe fait quantité de miel , non feulement dans ce
couvent, mais dans les autres du mont Penteli. Leurs
ruches font couvertes de cinq ou fix pet' tes planches y
où les abeilles commencent d'attacher leurs rayons , avec
un petit toit de paille par-deflus. Les fleurs odoriférantes
qui croiflent au mont Hymette ne contribuent pas peu
à la bonté du miel. Ce monaftère ne paye pour tous
droits qu'un fequin au vayvode : . lorsqu'Athènes fut
prife par Mahomet II, l'abbé de ce couvent lui vint
préfenter les clefs au nom de la ville ; & ce prince
pour en témoigner fa joie & fa reconnoiflance , voulut
qu'il fut franc de toute forte de Carasch & impofitions.
Le fequin ne fe donne que par manière d'hommage.
Les autres monaftères du mont Hymette, font Agios
Joannis à Carias , Agios Georgius ô Coutelas , Afteri ,
Agios Joannis ô Kyneos , & Agios Joannis à Theo-
logos. L'abbé du Carias l'eft , en même tems , de XAfo-
matos au pied du mont S. George. Au couchant de
la montagne , à une petite lieue d'Athènes , il y a un
chetif village d'Albanois,appelléC<2ra/7z<z/Be/«; au midi,
un autre qui fe nomme Lambrita , & auparavant Lam-
pra ; d'où ils donnent à ce côté du mont Hymette le
nom de Lamprovouni , & au refte Telovouni. Quel-
ques Francs nomment cette montagne Momematto , par
corruption , au lieu à'Hymetto.
HYMMÂS , quartier d'Antioche , en Syrie. Jornan-
dès dit que Zénobie y fut défaite. Ortélius , de qui eft
cet article, ajoute : je le trouve auffi écrit avec une
fïmple M. Marianus Scotus lit T huma S, Platine
Thyme, la Chronique d'Eufebe Thym nas, oî
VopiscusEMESSE.Enfuiteil conjefture que c'eft l'Imma
de Ptolomée. De Tillemont; écrivain exaft , dit après
Zofime , que Zénobie, étoit dans Antioche avec de gran-
des forces qu'elle fit avancer, jufqu'à un lieu nommé
Immes , peu éloigné de la ville , félon quelques-uns;
car d'autres y mettent onze grandes lieues. Ce fut-là,
pourfuit-il ,que fe donna la bataille, le long de la rivière
d'Oronte.
HYMOS , ifle d'Afie, aux environs de celle de Rhodes,
félon Pline, /. 5, c. 31. Le P. Hardouin dit que ce
nom fe trouve ainfi dans les manuscrits; cependant il
foupçonne qu'il faut lire IRMOS Eifuôt.
HYNGHAM,ou Hingham, petite ville, oubourg
d'Angleterre, dans la province de Norfolck. On y tient
marché public.
HYNIDOS , bourg d'Afie mineure , dans la Carie ,
félon Pline, /. 5 , c. 29. Le P. Hardouin foupçonne
que c'eft peut-être par un renverfement de lettres l'Idu-
MOS "iPuuOf, de Ptolomée , ou bien l'Eniandos
'Hnc»fh(, que le conci'e Qiinifexte donne à la Lycie.
HYNILON , fie<*e épifco >al d'Afie , fous la métropole
Amida. La notice dupa:narchat d'Antioche la nomme
Yniloi. Amfi Hjnilon M un génitif pluriel dont Hyniloi
ou Yniloi eft nominatif.
HYOESSA. Voyez Hylicus.
HYOPE, t&iw», ville d'Afie , au pays des Maftiens ,
ou Matiens , Uauttvâv, ou m«t;«>« v, près des Gordiens.
Hecatée dit que les hommes étoient vêtus comme les
Paphlagoniens. Cette ville ne devoit pas être fort éloignée
de GORDIEUM . * Steph. Byrant.
HYOPS , ville de l'Iberie , dans le voifinage du fleuve
Lefyrus.
HYPACARIS , i-nlg.av(, OuHYPACIRIS , iTiâxvpit,
rivière de la Scythie. Hérodote, I.4, c. 47, & 55 , la
nomme des deux manières, & n'en parle que d'une
manière timide. Pomponius Mêla , /. 2 , c. i,n. Vf , dit
plus hardiment : dans le golfe Carcinite eft la ville de
Carcine , qu'arrofent deux fleuves Gerros & Hypacaris,
qui fortant de deux fources , & venant de pays différens,
ont une embochure commune. Pline nomme mal cette
rivière Hypanis.
HYPACHiEI, ancien nom que portoient les Ciliciens,
félon Hérodote, /. 7,^.91 .
HYPAEA , ifle de la mer de Marfeille: c'eft celle des
trois qui eft la plus proche de cette ville. Quelques-uns
ont cru que c'étoit PoMÉGUE. Dalechamp le dit, &
Ortélius après lui. Corneille, qui , au mot HypÉE , a pro-
fité des lumières de De Valois fait un faux article fous le
mot Hym^A. L'ifle nommée Hypée par les anciens , étoit
une des Stmchades. C'eft la plus orientale des trois. Mais
ces trois ne font pas les ifles d'Hieres, comme Corneille
HYP
HYP
le dit. Il y a bien loin des unes aux autres. Les Stœchades,
comme nous le difons en fon lieu, {ontPomégue, Raton-
neau & Château d'If. Cette dernière eft YHypœa des
anciens. Elle n'a confervé que la première fyllabe de fon
nom, en changeant le P. en F; changement commun
dans notre langue qui a fait de Caput Chef ; de Mespil-
lum, Nèfle ; de Colpus, Golfe , &r. Voyez Stœcha-
des; & If article l'IsLE d'If.
HYPAELOCHI, rvrà.ixoyoi, peupla d'entre lesMolos-
fes, & par conféquent dans l'Epire. Etienne le Géo-
graphe cite Rhianus au quatrième livre de l'Hiftoire de
Theffalie.
HYPAEPA , pluriel , génitif orum. Ville de la Lydie ,
entre le Tmolus & le Caîftre.Strabon,/. 13 , dit : Hypaspa
eft une petite ville oùl'onpaffe quand on vient du Tmolus
au Caïftre. Ovide dit, dans fes Métamorphofes , /. 1 1 ,
v. 1 50 , au fujet de la fable de Midas :
Nam frcta pros'piciens latè riget arduus alto
Tmolus in adscenfu, clivoque extentus utroque,
Sardibus hinc , ïliinc parvis finitur Hypapis.
C'eft- à-dire, que le mont Tmolus avoit au pied, d'un
côté la ville de Sardes, & de l'autre celle d'Hypepes.
Cette épithéte de parvis , petite , eft répétée dans un
autre vers d'Ovide , /. 6 , v. 10, qui eft dans la Fable
d'Arachné :
Lydas tamen illa per urbes
Quafierat fludio nomen memorabile : quamvis ,
Orta domo parvâ , parvis habitabat Hypapis.
Pline /. <; , c. 29 , en nomme les habitans Hyp^EPENI.
HYPAESIA, contrée du Péloponnèlé, dans la Tri-
phylie. S:rabon , /. 3 , p. 347, dit que des Minyens qui
étoient de la pofterité des Argonautes , étant chaffés de
Lemnos , allèrent à Lacédémone , de-là dans laTriphy-
lie où ils s'établirent auprès de la fortereffe d'Arène ,
dans la contrée nommée préfentement 'Hypœfie , & qui.
n: con!";rve plus rien des fondations des Minyens. Cafau-
bon doute fi elle eft différente d'Hypana que Strabonmet
auiïï dans la Triphylie.
LTfPAxVA, ville du Péloponnèfe, dans la Triphylie,
felonSîrabon , & Etienne le Géographe. Le premier dit,
/. S , p. 344 : vers le feptentrion , il y avoit allez près de
Sylos deux villes de la Triphylie, favoir Hypana,
& Ctypansa : on prit celle-ci pour former la ville
d'Elide lorsqu'on la bàtiffoit , 8i l'autre eft reftée ; dans
le voifinage coulent deux ruiffeaux , Dalion ôc Acheron,
qui tous deux tombent dans l'Alphée.
HYPANIA, ville du Péloponnèfe, dans l'Elide, félon
Ptolomée, /. 3 , c. 16. Voyez Epina.
1. HYPANIS , fleuve de la Scythie , en Europe.
Hérodote, £4, e.52, le compte pour le troifiéme en
ordre après le Danube. Il vient, dit-il, de IaScythie,
& fort d'un grand lac autour duquel paiffent des chevaux
fauvages qui font blancs. Ce lac eft bien nommé la mère
de CHypanis. Ce fleuve en fortant de-là , eft navigable,
& confervé fes eaux douces cinq journées de chemin ;
mais en approchant de la mer , à la diftance de quatre
jours, il prend une extrême amertume d'un ruiffeau qu'il
reçoit , & dont les eaux font fi ameres, que, quoiqu'il foit
petit , il gâte celles de l'Hypanis qui eft très-grand.
Pomponius Mêla redit à-peu-pres les mêmes chofes en
moins de mots. Pline, 1. 4, c. 12, parle bien de I'Hy-
PANIS ; mais ou lui , ou fes copiftes fe font trompés en
mettant le nom à'Hypanis au lieu de V Hypacaris ; &
en copiant Mêla , il attribue au premier ce que ce géo-
graphe a dit du fécond. Ptolomée, /. 3 , c. 5 ,s'eft auffi
trompé en mettant YHypanis au-delà du Boryfthene ,
& donnant ce nom au fleuve qui eft le Panticapes.
Au refte YHypanis bornoit les Callipides. Son nom
moderne eft le Bog. Voyez Hipanis.
2. HYPANIS. Vibius Sequefter fournit encore un autre
Hypanis , qu'il dit être dans la Scythie , ôt auquel il
attribue ce vers de Gallus:
Uno tellures dividit amneduas.
Car, ajoûte-t-il, il fépare l'Ane de l'Europe. Ortélius
4*9
Thefaur. l'explique du Phafe, & dit que des auteurs
très-anciens lui ont donné ce nom , & ont dit qu'il ter-
minoit l'Europe & l'Aiie.
3. HYPANIS: le même Vibius Sequefter dit : I'Hy-
PANIS que l'on appelle auffi Hypparis; il faut lire
Hyparis. Voyez Hipparis.
4. HYPANIS , fleuve des Indes. Voyez Hyphasis*
HYPARCHUS. Voyez Hypobarus.
HYPARNA , ville d'Aile , dans la Lycie, félon Arrien,
Alex. 1. 1.
HYPASII, ancien peuple des Indes entre le. Cophes
& l'Hydaspe. Strabon,/. 15,^.691 & 69S , dit : entre
ces deux fleuves étoient les peuples AJlacxni , Mafiani ,
NyJJai, & Hypasii. Il nomme le canton de ces der-
niers. Hypajiorum terra.
HYPAS1S. Voyez Hyphasis.
_ 1. HYP ATA, (pluriel génitif orum, ou fingtdier gé-
nitif œ) ville de Grèce & l'une des principales de la
Theffalie , félon Apulée , Afin. Aur. 1. 1 , qui y met la
fcène de fon âne d'or. Elle avoit autrefois appartenu aux:
Etoliens.^Polybe, Légat. 13, dit que Lucius Valeriuâ
Flaccus s'y trouva avec les députés des Etoliens pour
recevoir leurs foumiffions ; Tite-live , l. 36, c. 16, dit:
les Etoliens ayant convoqué une affemblée à Hypata,
envoyèrent des députés à Antiochus. II nous apprend^
c 14, qu'elle étoit voifine du Sperchius. De Taumac»
le confiai arriva auprès du Sperchius le deuxième jour,
6k de-là il ravagea les terres des Hypatéens. Il fait con-
noître que c'étoit une ville de conféquence, puisque
quatre-vingt de fes citoyens , qui étoient exilés , font
traités d'hommes illuftres par l'hiftorien Romain.
Etienne le Géographe , /. 41 , c. z6, la donne aux
^Emanes , peuple de la Theffalie , fur le golfe Maliaque :
il eft certain qu'elle étoit au pied du mont (Eta, parle
témoignage d'Héliodore , ALthiopicA. 2.
2. HYPATA, contrée d'Ane, fur le fleuve Sangar,
félon Etienne le Géographe.
HYPATIS, petite rivière de Sicile. Silius Italicus,
/. 14, v. 230, dit:
Hypatem, &c.
Et pauperis Alvei ,
Elle étoit près de la Vagedrufa qui coule entre l'Achates
6c le Gela , c'eft-à-dire , entre Fiume di Dirillo , & Fiumc
di Terra nova.
1. HYPATUS , -rWrfl? , montagne de Grèce , dans la
Béotie, au territoire deThèbes, félon Strabon & Paufa-
nias cités par Ortélius , Thefaur. Mais comme ce mot
lignine haut , élevé, ce peut être auffi-bien une épithéte
qu'un nom propre. Cependant rien n'empêche qu'il n'ait
été le vrai nom d'une montagne, comme Hoghberg en
Allemagne, & quantité d'autres en diverfes langues. Les
modernes le nomment préfentement la montagne de Thi-
bes , ou de Thiva.
2. HYPATUS, rivière de Phœnicie, félon quel-,
ques éditions de Pomponius Mêla, dans lesquelles on
lit : Amnesque inter eas eunt Lycos , & Hypatos , &
Orontes. Pinto vouloit qu'on lût Lycos & Labotas &
Orontes. Voftius, /. 1 , c. 1 2 , in fine , lit Lycos , & Paltot
& Orontes.
HYPÉE. Voyez Hyp^A.
HYPELjEUS , ou Hippeleus , fontaine d'Ëphèfe,
près du port facré , félon Athénée. * Orthel. Thef.
HYPER ASIA. Etienne, /. 8, c. 11, nomme ainfi
une ville dont il ne marque point la fituation. C'eft
peut-être la même qu'HYPERESiA, quoiqu'il femble les
diftinguer.
HYPERBORÊE , adjeftif, pris de la langue Gréque,
en laquelle il veut dire ûmplement fous Borée ; & comme
Borée, eft le vent de nord , cet adjeftif ne lignifie que
feptentrional. Les peuples Hyperborées font les nations du
nord; les montagnes Hyperborées font des montagnes
feptentrionales. Pline, /. 4, c. 12 , dit : derrière les monts
Riphées & au-delà, (des lieux où fe forme") l'Aquilon
il y a un peuple heureux, à ce que l'on dit; on le
nomme les Hyperborées, Se il vit fort long-tems. Ces
mots derrière les monts Riphées , doivent s'entendre d'une
grande diftance ; car on trouve dans Pomponius Mêla :
les Hyperborées font au-delà de l'Aquilon & des monts
Tome Ht, G g g ij
42o HYP
Riphées , fous le pôle même , autour duquel tournent
les affres. Lefoleil ne s'y levé pas tous les jours , comme
il fait à notre égard; il ne fe levé qu'a l'equmoxe du
printems, & fe couche à celui d'automne, de forte
qu'il y a fix mois de jour continuel, 6t autant de nuit.
Vil gile , Géorgie. 1. 3 , v. 3 8 1 , dit :
Talis Hyperboreo feptemfubjecla trioni ,
Gens effrena virâm Riphœo tunditur Euro.
Stace , Thebaïd. 1. 1 , v. 692 , dit :
Sedjam temone fupino ;
Languet Hyperboreo. glacialis portltor Urfœ.
Claudien , in Rufin , 1. 2, v. 240 , parlant de l'Iflande , dit :
Hyperboreo damnatam jldere Thulen.
Et ailleurs , en parlant de Théodofe, père du grand Théo-
dofe:
HYP
régit
Hyporboreas remis audacibus undas.
Il s'agiffoit là des Ecoffois repouffés. Dans ces exemples,
Je mot Hyperboreus ne veut dire que feptentrional , fans
être fixé proprement à aucun lieu , dont ce foit le nom
particulier. Les monts Hyperborées font diversement
placés par les anciens. On croit affez communément,
que c'eft la chaîne de montagnes , appellée Cameni-
POÏAS. Voyez ce mot. Cependant il faut avouer que le
climat où eft cette chaine, n'étoit guères connu des an-
ciens. Strabonmême, I.7, parle des monts Riphées,
& des Hyperborées comme de lieux imaginaires : les
peuples Hyperboréens fontfouvent nommés dans les livres
des anciens. Ils appelaient ainfi les peuples feptentrio-
naux , & plus particulièrement ceux d'un canton de la
Sarmatîe. Ptolomée met la fource du Rha ou duWolga,
dans les monts Hyperborées. 11 ne connoiffoit rien au-
delà de cette fource , qui eft encore bien loin des
monts Cameni-Poïas. Mais dans les pays que les anciens
n'avoientpas occafion de parcourir, il ne faut pas exiger
d'eux une grande jufteffe.
HYPERDEXIUM , contrée de l'ifle de Lesbos , félon
Etienne le Géographe.
HYPERE. Voyez Amorgos.
HYPEREA ou Hyperia. Plutarque, in Quaft. Gmcis.
dit que Calaurie , ifle du golfe Argotique , prit les noms
:P'ANTHEDONIA &HYPEREA, Twéf>«« , après qa'An-
thus - & Hyperes s'y furent établis. Voyez l'article Ca-
LAURIA I.
HYPERESIA , ville de Grèce , dans l'Achaïe. Homère
en fait mention au fécond livre de l'Iliade , vers 573.
Peut-être eft-ce la même. qu'HyperaJîa. C'eft Euftathe
qui la met dans l'Achaïe.
1 . HYPERIA , fontaine de Grèce , dans la Theffalie ,
près de la ville d'Hellas , en grec i-n'i^ia.. Strabon , /. 9,
p. 431 Se 439 , dit qu'elle étoit au -milieu de la ville
de Phères. Léonicerus expliquant Pindare , dit que cette
Hypérie , dont parle le poète , étoit près de Phères de
Theffalie , & s'appuie de l'autorité de Sophocle. * Pline,
/.4,c.8.
2. HYPERIA. Voyez Hyperea.
3. HYPERIA, ou Hypereia, (la Fontaine d')
félon Homère , Jliad. A3. Il parle de la même fontaine
de Theffalie , dont il eft queftion dans l'article premier ;
mais Euftathe , à l'occafion de ce nom , nous apprend
qu'il y avoit une ville d'Hyperie en Sicile, & Ortelius
croit que c'eft la même dont parle Plutarque, deExilio,
qui dit qu'elle avoit les Cyclopes pour voifins.
HYPERiS , rivière de Perfe , au milieu du golfe Per-
fique. Elle porte des bateaux marchands, félon Pline,
2.6, c.23.
HYPfeRNEIUM. Voyez Neii/m.
HYPERNOTII. Voyez au mot PlLA l'article PiLA
Terrée.
HYPERTELEATUM , impnxUnv , petit canton
ainfi nommé au Péloponnèfe , dans la Laconie , félon
Paufanias, /. 3 , c. 22. Il y avoit un temple ' d'Escu-
lape.
HYPHAEUS, montagne d'Italie , dans la Campanïej
félon Plutarque , dans la Vie de SyJla.
HYPHALI. Voyez Maritime.
HYPHANTEIUM , lieu de Grèce , auprès du lac
Copaide , à foixante ftades de Daulium ; &c auprès d'Or-
chomene , félon Strabon , l.Ç),p. 424.
HYPHASIS , ou Hypasis , ou même Hypanis: ces
trois noms ont été employés pour défigner un fleuve des
Indes. Arrien, /. 8 , l'appelle ïp^/ç , & dit qu'il tombe
dans l'Indus , au pays des Aftrobes; Diodore de Sicile ,
/. 17 , c . 93 ; &C Philoftrate, Apollon. Vit. 1. 3 , le nomment
aufliHYPH AS is; Pline,/. 6,-e. 17; &c Quintecurfe , /. 9,
c. 1, difent Hypasis. Strabon, l. 15. Diodore, l.i,
£.37, &c Denis le Periegete., vers 114^; Strabon lui
donne l'épithéte d'YsK-n,?, dernier. Cela eft expliqué par
ce que dit Arrien, Indic. c. 4. Alexandre, dit cet hiftorien ,
n'allapoint au-delà de l'Hypanis. Pline dit de même : l'Hy-
pafis finie terme des courtes d'Alexandre ; il paffa pourtant
ce fleuve, &C érigea des autels de l'autre côté. Ptolo-
mée le nomme mal Bibafis. Il dit encore plus mal qu'il
reçoit le Zadrade qui garde fon nom jusqu'à fa jonftion
avec l'Indus. Philoftrate fe trompe aufïï lors qu'il dit ,
l.l. & 3 , que l'Hyphafis a fon embouchure dans la
mer. Tous les anciens conviennent qu'il fe perd dans
l'Indus.
HYPHETULA , ou Sufetula. Voyez Sufetu-
lensis.
1. HYPHORMUS, Vp/*oî, port de Grèce, dans
l'Achaïe , & plus particulièrement dans l'Attique , félon
Ptolomée,/. 3 , c. 15.
2. HYPHORMUS, port d'Italie, à l'embouchure de
la Sture , dans le Latium , félon Strabon , /. 5, p. 232.
C'étoit une petite ifle, qui, parce qu'elle eft petite, ne
parut pas mériter un nom plus particulier que celui-là,
qui fignifie un abri , un lieu où les barques peuvent
mouiller. La Sture & cette ifle font ce que. Pline , /. 3 ,
c. 5 , appelle Aflura JLumen & infula. Servius expliquant
ce vers de l'Eneïde, /. 7 , v. 801 :
Qua Satura jactt atra palus gelidusque per imas ,'
Quœrit iter valles , atque in mare conditur Ufens ;
dit que,pour lui, il l'entend fimplement d'un marais nommé
Satura, mais que d'autres lifent Afluria , & que fi cette
leçon eft véritable , le poète a mis un marais pour une
rivière; car, ajoute Servius, affez près de Terracine eft
le bourg de Aft.iria , avec une rivière de même nom.
HYPf A , ville.
HYTU , Montes , montagnes ; &
HY PlUS, rivière. Voyez Hippius.
HYPNUS , lieu de Grèce , dans la Theffalie auprès
de Pelium , félon Ortelius , Thefaur. qui cite Strabon.
HYPOBARUS, rivière des Indes. Pline,/. 37, c. 2,
dit: Ctefias met dans les Indes un fleuve nommé Hypo-
BARUS, nom qui fignifie porter toutes fortes de biens;
il dit qu'il coule du nord vers l'Océan oriental , le long
d'une montagne couverte de forêts qui portent de
l'ambre ;que ces arbres font appelles S iplachores, nom
qui fignifie une douceur délicieufe. Comme Photius ,
Biblioth. Cod. 73 , p. 149, nous a confervé le paffage
de Ctefias, nous le rapporterons ici , parce qu'il y a» une
différence de nom. Il y a, dit-il, un fleuve qui coule le
long de l'Inde , qui n'eft pas fort grand à la vérité , mais
qui a deux ftades de large. Il eft appelle Hyparchus,
ÏOTiyy©-, par les Indiens ; nom qui fignifie portant tous
les biens; tous les ans, durant trente jours, il porte de
l'ambre. Il y a fur les montagnes des arbres qui fortent
de l'eau ; car les montagnes en font arrofées ; & ces
arbres , en certaines faifons de l'année , jettent des larmes
comme l'amandier , le pin & autres. Cela dure pendant
trente jours, fk ces larmes tombant dans la rivière,
fe joignent en malle. Ces arbres font nommés , en lan-
gage indien, Septachora, mot qui fignifie doux, d'un
goût exquis ; &c. Ainfi voilà deux noms pour un , mais
nous n'en favons pas mieux pour cela où il faut chercher
cette rivière.
HYPOCHALCIS ; c'eft un des anciens noms de
l'ifle d'Eubée , félon Sophien. Il fe trompe ; c'eft la
ville de Chalcis çlle-même , comme dit Strabon , /. 10,
HYP
HYP
p. 451 ; car comme elle étoit à une montagne de même
nom, on lafurnomma Hypo chalcis , c'eft-à-dire fous le
mont Chalcis.
HYPOCREMNUS. Strabon , /. 14, p. 645 , dit ,
•jÇv JV ffl ÉttTfân ,hjjj to 'rmnp'/jins, c'eft-à-dire,
42 ï
Voilà donc une ville Hypia, un mont Hypius, &
une rivière de même nom.
HYPPORUM. Voyez HiPporum.
HYPPUROS. Voyez Hippuros.
- HYPSA, rivière de Sicile. Pline, /. 3 , c.S , dil
ntre Erythrh . & le précipice , &c. .II fe fert quelques Reliâtes , Ma^ara , Hypfa , Selinus ville. V Hypfa effec-
1 ignés auparavant du même mot, H f i-mp^ctcis n lâyS, tivement couloit auprès de Selinonte , (Selinus). Une
7o Sra 'A*s£axJ)>Ms ^ ffî XaMt«N«» fxiyoi & "T7nr.pt1y.tu ancienne médaille porte ce mot seainonton , & de
wnm-m àe\ sn'JW. C'eft-à-dire , la traverfe de l'ifthme ''autre côté ce mot »A2, comme étant la rivière qui
depuis Alexandrium & Chalcides , jusqu'au précipice, appartenoit à la ville. Silinonteeft présentement détruite,
il y a cinquante ftades. Cafaubon croit qu'il ne s'agit j,Je 'ieu - ou ,dle ét01t' s'appelle terra délie Pulici.
pas ici d'un précipice , mais d'un nom proprement nommé "^il'* prelentement le Belice.
ainfi. Quoi qu'il en foit, il étoit dansl'Ionie, contrée , 2> H* PS A. Ptolomée, /. 3 , c.4, place une rivière
de l'Afie mineure. de ce nom tres-difteremment , entre Héraclée & Agri-
HYPODROMUS jEthiopIjE , lieu maritime de la gente ', &.d la fa,t f°mber dans la mer, au midi de
Libye intérieure , félon Ptolomée. c"te derniere ™'e. Cette nvicre eft préfentement le
HYPOGOTHI. Ce peuple fe trouve nommé dans STÇ ' , °r "
l'Hiftoire mêlée , liv. 14. f o]yhe > L 9
HYPONE1UM. Voyez Neium la descriDtioi
HYPOPODIUM. Voyez Hippoditjm.
HYPOTHEBAS, -im ©„'£«, fub Thebis. Homère
nomme ainfi un lieu, & le partage a été diverfement
entendu, comme l'obferve Strabon,/. 9. /.41 2. Ce pas-
fage eft dans l'Iliade:
oï S'wb ©«/Sa; «^15» iïâlifiim ajohU^esvi-
La verfion latjne porte :
Quique fub Thebis habitabant bene œdificatam urbem.
Sur quoi Strabon obferve que quelques-uns l'entendent
d'une bourgade nommée ainfi; que d'autres l'entendent
de Pothies , & qu'ils allèguent pour raifon , que Thèbes
ayant été détruite à caufe de l'expédition des Epigones,
les Thébains n'eurent point de part à la guerre de Troie.
D'autres , continue ce géographe , veulent que les Thé-
bains fe trouvèrent à cette guerre ; mais qu'alors ils
demeuroient dans la plaine, au-deffous de Cadmée, parce
qu'ils ne pouvoient la rebâtir , après qu'elle avoit été
faccagée , après la fortie des Epigones ; & comme Cad-
mée eft la véritable Thèbes ,-on appelloit alors les éta-
bliflemens faits au bas de l'ancienne ville, Hypothebas,
c'eft-à-dire fous Thèbes; Se c'eft le nom qu'Homère
donne à la nouvelle ville, qui étoit au pied de l'ancienne.
Madame Dacier a donné dans ce dernier fens , & dit :
ceux qui habitoient la nouvelle Thèbes, qui a de fi belles
murailles.
HYPPASII. Voyez Hypasii.
HYPPELEUS. Voyez HypeljEus.
_ HYPPENjE. Egefippe nomme ainfi une ville dePhce-
nicie : c'eft une faute. C'eft l'Hippone de Jofeph. Voyez
Hippos. 1.
HYPPIS, ville de l'Afie mineure, dans l'Ionie,
félon Ortélius qui cite Mêla. Ce mot fe trouve en effet
dans l'édition d'Olivarius. Mais dans les éditions moder-
nes , au lieu cYUrbem Hyppin , ou lit Urbem Hyppum.
Elle étoit dans une des ifles , qui en prenoit le nom d:Hi
dont l'embouchure eft au midi de Girgenti.
/. 9 , c. 21- , nommé cette rivière Hypfas , dans
description qu'il fait d'Agrigente.
Le P. Hardouin dit que l'Hyplà'de Pline eft pré-
fentement Fiume di Marfalla ; cela ne fe peut. Vibius
Sequefter dit , que l'Hypfa coule auprès d'Inycon, ville
de Sicile. Hypfa fecundum Jnycon urbem Sicanice de-
currit gratam Hercidi. Il eft vrai que des copiftes igno-
rans ont fort défiguré cet article en changeant deux
wots qu'ils ne connoirtbient pas , Se mettant Irecon pour
Jnycon, & Hispaniœ. pour Sicanice; mais Cluvier a
heureufement rétabli ce partage.
L'HYPSA » .de Ptolomée , de l'aveu de tous les géo-
graphes, eft aujourd'hui le BELICI.Sapofition s'accorde
avec celle que les anciens lui ont donnée.
HYPSALTjE, ancien peuple de Thrace, au bord de
1 Hebre. Etienne le Géographe le nomme HypselitjE.
Plin. 1. 4, en,
HYPSA RN US, rivière de la Béotie, félon Lyco-
phron Se Iface , fon commentateur , cités par Ortélius ,
Thefaur.
HYPSELA , ville de Cilicie , auprès de Perga. C'eft
ainfi qu'Ûrtéhus entend ce partage de Strabon /. 14,
p. 667. E;t' àm Tiiç Zrx.AaJT>if °<ran itTfànxrm, çtiMoiç ,
710X11; SîiV'r4»A») as 70/ç s'a riÉp>îi5 ïmpToç. C'eft-à-dire,
félon lui : de-là vers la mer, à quarante ftades, eft la
ville à'Hypfele , que l'on voit de Perge. L'interprète
Latin fe contente de rendre le mot Hypfele, non comme
un nom propre de cette ville , mais comme un adjeftif
qui en marque la fituation , fans nous en apprendre le
nom. Ce mot y eft rendu par celui de Celfus , qui veut
dire haut , élevé. Ortélius croit que c'eft le nom même
de la ville; & Leunclave en ' eft fi perfuadé , qu'il dit
que le nom moderne eft Alascear.
HYPSELE, ville d'Egypte, au couchant du Nil,
dans un nôme dont elle étoit le chef-lieu , & qui en.
prenoit lenom à'Hypfelites nomos. Elle étoit épiscopale ;
& Socrate , Califte 8c S. Athanafe font mention d'un
évêque , dont le titre étoit Hypfepolitanus. Simler
dans ce qu'il a fait fur l'Itinéraire d'Antonin , croit que
c'eft YH/Jbpis ou Hiforis de cet auteur. Ptolomée, 1. 4,
c. 5. Ortel. Thefaur.
HYPSELIS , village d'Egypte , félon Etienne le Géo-
Jnfulce.
HYPPIUS ou HYPIUS , rivière d'Afie , dans la Bithy- graphe. C'eft l'a même choïé" qa Hypfele, ville.
nie; c'eft celle qui fuit immédiatement après le Sangar, HYPSELlTyE. Voyez Hypsalt.E.
& elle baigne la ville de Prufe. Pline , /. 5 , c. 31, donne HYPSICRYMNOS , ville aux environs du Caucafe.
le nom de Hypius à une montagne , au pied de laquelle Eschyle qui en fait mention dans fon Promethée , la
étoit la ville de Prufe. Avant la correction du père peuple d'Arabes.
Hardouin , on lifoit Hippus mons , ce qui étoit une faute. HYPSIPILEA. Voyez Lemnos.
Comme il y avoit plus d'une ville de Prufe , celle-ci HYPSITANjE (Aqu^e) ancienne ville de l'ifle de
fe diftinguoit par ce furnom , Prufafub Hypio , ou ad Sardaigne, dans l'intérieur de l'ifle. Voyez Fordin-
Hypium. Dans les fouscriptions des actes latins du con- GIANO,
cile de N'
hcee, ou trouve Hefyche de Prufe, près de
l'Hyppius. Le fcholiafte d'Apollonius, Argonaut. La,
v> 797 > expliquant ce vers :
Aux bords marécageux du profond Hypius,
fait cette remarque : on dit que les Bébryces enlevèrent
une ville au pays des Mariandyniens , & avancèrent
HYPSIZORIUS , montagne de la Macédoine , auprès
de la presqu'ifle de Pallene , fur la côte , félon Pline ,
I.4, c. ro.
1. HYPSUS , village du Péloponnefe , dans la La-
conie , aux confins du territoire de Sparte. Il étoit
confacré à Esculape &c à Diane, félon Paufanias ,
1.3,0 24.
2. HYPSUS, génitif untis, ancienne ville du Pélo-
jeurs frontières jusqu'à l'Hypius, 6k l'on bâtit dans la ponnèfe, dans l'Àrcad'te. Paufanias , /. 8 , c. 35, dit que
Ihynie une ville, près du fleuve, laquelle fut nommée de fon tems on en voyoit les débris fur une montagne
Hypm. Si_ cela eft ainfi , les frontières furent reculées qui s eleve au-deffus d'une plaine. Il ajoute que \i mon-
au-delà du Sangaris , jusqu'à l'Hypii
tagne ôc la ville portoient le même nom que Thyrée ,
42 2 HYR
autre ville , étoit dans le même état de décadence ; que
le pays d'entre ces deux villes étoit coupé de montagnes,
& plein de bêtes fauvages, Se qu'enfin ces deux villes
prenoient chacune (on nom de Tyrée <k de Hypsus,
fils de Lycaon.
3. HYPSUS. Leunclave trouve une ville de ce nom
dans la Phrygie , & prétend que le nom moderne que
lui donnent les Turcs eft Upfu. Ortélius, Thefaur.foup-
çonne que c'eft le même lieu qa'Ipfus. La preuve en
eft évidente. Leunclave cite l'empereur Léon , ck dit
que cette ville d'Hyplùs étoit foumiléà celle deSynade;
&'dans la Notice de Léon le Sage, on trouve (bus la
ville de Synade , métropole , Ipfi, dans la Phrygie falu-
taire. Dans la Notice d'Hieroclès, cela change d'ordre.
Eucarpie tient le premier rang dans cette même Phrygie.
Synode y tient le dixième , & Hipfosle douzième. Ipfi
& H'ipfos font la même chofe qulpfus, à l'égard du
nom moderne. Voyez Allachars.
HYRCANIE , grand pays d'Afie , au midi de la mer
Caspienne, dontune partie en prennoitle nom de MER
D'HYRCANIE, Hircanum mare. Elle avoitla Médie au
HYR
couchant , la parthie au midi : elle étoit féparée de cette
dernière par le mont Coronus.- Ptolomée l'étend jusqu'à
l'Oxus. Il lui donne deux rivières,, (avoir l'Oxus & la
Maxera. Voici la description qu'il fait de ce pays mous
y joindrons quelques remarques. Mais nous commence-
rons par avertir que les anciens avoient une fauffe idée
de l'Hyrcanie : ils prenoient la longueur de la mer Cas-
pienne , d'occident en orient , au lieu qu'elle eft du nord
au fud.
L'Hyrcanie de Ptolomée ,16, c. g.
L'Hyrcanie eft bornée au fepten-
trion par une partie de la mer
d'Hyrcanie , qui s'étend depuis l'ex-
trémité de la Médie , jusqu'à l'em-
bouchure de l'Oxus.
Les villes de ce côté font,
Longit.
100 d. o'
Latit.
43 d. o.
Saramane ,
94"4<'-
40-30'.
L'embouchure de la Maxera,
97-2.0'.
41-30'.
Sa fource ,
98- 0'.
38-40'.
Socanaa, ville,
97-30'.
41- 0'.
L'embouchure de l'Oxus.
100- 0.
43" 6'.
Au couchant elle confine à une par-
tie de la Médie jusqu'au montCo-
ronus : de ce côté eft Saramance ,
39" o'.
Au midi elle eft bornée par la Parthie, le long du Co-
ronus , à l'orient par la Margiane , le long des monta-
gnes. Les peuples qui habitent l'Hyrcanie , le long de
la mer , font les Maxera. Se les Ajlabenl , & fous
les Maxera font les Chrindi, après lesquels eûl'Arfi-
tide , qui touche au Coronus. Sous les Aftabeni eft la
Syracene.
Les villes qui font dans les terres font,
Longit.
Latit.
Barange ,
99- 0'.
98-30-
41-.0'.
Adrapfa,
41- 30.
Cafape,
99-30.
40-10.
Abarbina ,
97- 0'.
40-10'.
Sorba ou Sarbaj
98- 0'.
40-30'.
Sinaca ,
100- 0'.
39-40'.
Amarua , ou Amarufa,
96- 0'.
39-50'.
Hyrcania, métropole,
98-30'-
40- 0'.
Salé , ou Sace ,
94-15'.
39-30'.
Asmura, ou Asmurna,
67-30'.
39-30'.
Maufoca,
99" 0'.
39-30'.
Outre une ifle voifine du
rivage
nommé Chalca ou Talca ,
95- o'.
39-30'.
Saramanni t(k nommé S amarianc par Strabon , &iSara-
manna par Ammien Marcellin. Socanaa eft nommée
Socunda par ce dernier. Asmurna eft l'Asmorna du
même hiftorien. Adrapfa eft dans la Baftriane , fi l'on en
croit Strabon. Pline étend beaucoup l'Hyrcanie , &C
Médie. Ifidore'de Charax , Manfiones Parthie. p. J,edit.
Oxon. diftingue l'Hyrcanie de l'Aftabenc. Il donne à la
première une étendue de foixante fchoenes , & onze
villages , où il y a des gîtes , & à la féconde foixante
fchoenes , avec douze villages , où font des gites ; & de
plus AJ'aac, ville qui a été la première refidence d'Arface,
& où l'on garde le feu perpétuel. Fabricius croit que
cette Afaac eft l'Arfacie, que Ptolomie place dans la
Médie. Il y a plus d'apparence à dire avec Holftenius
in Ortel. adnoc. p. 22 , que cette ville eft la même mé-
tropole que Ptolomée nomme Hyrcania. Les anciens
ne s'accordent pas fur le nom de cette métropole de
l'Hyrcanie. Strabon , Lu, p. 508, l'appelle Tapé Taw;
Ptolomée, /. 6,c. 9, Hyrcania rpy.iuîa.. Polybe, /. 10,
c. 28 , dit : la plupart , tant ceux qui s'étoient fauves
du combat , que ceux qui avoient abandonné le pays
d'alentour , s'étoient retirés dans une ville nommée Sy- ■
ring- car ce lieu eft plus fort & plus abondant en
toutes fortes de commodités , peu loin de Tombrace ,
& c'eft comme la capitale de l'Hyrcanie. Il avoit dit,
quelques lignes auparavant , que Tambrace étoit fort
grande & mal fortifiée , quoique ce fût la refidence du
roi. Ainfi voilà Tambrax , ou Tambrace , autre capitale
de l'Hyrcanie. C'eft apparemment la Talabroca de Stra-
bon. Arrien , /. 3 , c. 25, parlant d'Alexandre , dit : il mena
l'armée à Zeudracaria , la plus grande ville de l'Hyr-
canie , &C où étoit la refidence des rois. A examiner les
choies on voit bienque ces différens noms n'appartien-
nent pas à la même ville. La Zeudracarta d' Arrien eft
la Carta de Strabon , & il la diftingue de Talabroca &C
de Tape. Voici le paffage. L'Hyrcanie , eft grande,
fertile, &a des villes remarquables, entre lesquelles
font Talabroca Samariane , Tape , capitale. On ne tire
pas du terroir ni de la mer d'Hyrcanie tout le parti
qu'on en pourrait tirer ; car la mer devient inutile,
faute de 'navigation : il' y a des ifles qui pourraient être
habitées, & qui ne le font point. On dit même qu'il
y a de la terre mêlée d'or. C'eft la faute des premiers
qui y ont mené des colonies, gens Barbares, comme
Hyrcaniens, Médes , Perfes; & les Parthes , outre que
le vqifinage étoit plein de brigands & de déferts. Les .
Macédoniens ne la pofféderenf pas long-tems; d'ailleurs
ils étoient uniquement occupés de leurs guerres. Arifto-
bule dit que l'Hyrcanie eft couverte de forêts , & que
le chêne y eft commun ; mais que l'on n'y trouve ni
fapin , ni pin , ni ces autres arbres dont l'Inde abonde.
2. HYRCANIE, ville capitale de l'Hyrcanie. Voyez
l'article précèdent.
3. HYRCANIE , pays d'Afie , au midi de la Baby-
lonie, & par confisquent très -différent de l'Hyrcanie
feptentrionale. On peut appeller celle-ci Y Hyrcanie méri-
dionale. Comme Xenophon eft le feul des anciens , qui
nous la faffe connoître , on peut auffi la nommer YHyr-
canie de Xenopohon. On l'a blâmé d'avoir placé l'Hyr-
canie au midi de la Babylonie , parce que l'on a fup-
pofé qu'il avoit voulu parler de l'Hyrcanie connue de
tous les géographes ; mais Freret l'a juftifié dans fes
Obfervationç fur_ la Cyropedie. Voici fes' remarques.
* Mémoires de Littérature , t. 6 , p. 364.
L'Hyrcanie de Xenophon.
Xenophon, Cyroped. 1. 4, init. après avoir décrit,
dans fon livre quatrième , le premier combat entre les
Médes & AfTyriens , où le vieux roi d'Affyrie fut tué,
parle afTez au long des Hyrcaniens. C'eft, dit-il, une
nation voifine 8c tributaire des AfTyriens : leur cava-
lerie étoit &c eft encore fort eftimée ; mais comme ils
font en petit nombre , ils étoient expofés à la tyrannie
des AfTyriens , qui les traitoient avec la même dureté
que les Lacédémoniens font les Ilotes , leurs esclaves.
Cette description ne peut convenir aux Hyrcaniens de la
mer Caspienne , nation nombreufe &C très-puiffante , fé-
parée des AfTyriens par la Médie entière , &c habitant
un pays montagneux Se impraticable à la cavalerie : ce
qui fait qu'Hérodote ne leur donne que des troupes d'in-
fanterie , dans la revue de l'armée de Xerxès. '
Xenophon ajoute que Cyrus voulant engager les
autres nations tributaires des AfTyriens à entrer dans fon
femble lui donner plufieurs peuples . qui étoient de la parti , accorda de grands privilèges à ces Hyrcaniens ,
HYR.
HYS
tk les naturalifà Perfans ; en forte , dit-il , qu ils ne font
pas encore diftingués des Perfes tk des Médes, & peuvent
remplir comme eux les premiers emplois. C'eft ce qu'on
ne peut dire des Hyrcaniens de la mer Caspienne. Héro-
dote les range au nombre des nations tributaires, & les
exclut par conféquent des charges & des gouvenwmens
réfervés aux Perfans naturels , qui étoient , félon lui , les
feuls vraiment libres.
Ce que dit Xénophon des privilèges de ces Hyrca-
niens , peut faire penfer qu'ils compofoient cette colonie
d'Hyrcaniens établis par les Perfes dans la Lydie , félon
le témoignage de Strabon , & qui étoient entre Thyatire
& Pergame. Apparemment que Cyrus les établit en ce
lieu , pour contenir les Lydiens nouvellement affujettis,
Aucun de ceux qui parlent de ces Hyrcaniens , ne fait
mention de leurs mœurs Scythiqu.es ; & ce filencepeut
confirmer ma conje&ure , & faire croire qu'ils étoientune
colonie des Hyrcaniens de la Babylonie , & non pas de
ceux de la mer Caspienne.
En examinant le livre Ve, & fuivant le détail des
campemens de Cyrus dans la Babylonie, on trouve que
ces Hyrcaniens font à quatre ou cinq journées au midi de
la Babylonie , dans le milieu du pays nommé préfente-
ment Irac ou Irac-Arabi , pour le distinguer d'une grande
province du royaume de Perfe , nommée Irac-Adgemi
ou étrangère , qui comprend une partie de l'Hyrcanie
voifine de la mer Caspienne : ces deux Irac font féparées
parles hautes montagnes du Curdiftan &C du Louveftan.
De l'aveu de tous les géographes , l'Hyrcanie d'Héro-
dote étant comprife aujourd'hui , au moins en partie ,
dans \' Irac-Adgemi ou étrangère , on doit penfer qu'elle
a donné fon nom à cette province , fans aucun chan-
gement que celui de la terminaifon. Je crois qu'il en eft
arrivé autant à ^Irac-Arabi , tk qu'elle a pris fon nom
•à :s Hyrcaniens , dont parle Xénophon. Je l'avance d'au-
tant plus hardiment , que les Arabes nomment ce pays
Iracain , mot qui ne diffère pas du nom ancien , Hyr-
cania. Xénophon compare la dépendance des Hyrcaniens
tributaires des Affyriens , avec l'esclavage des Ilotes ,
fujets des Lacédémoniens. Peut-être pourroit-on pouffer
le parallèle plus loin . tk dire que les Hyrcaniens étoient ,
ainfi que les Ilotes , un refte des anciens habitans du pays,
exterminés par des conquérans étrangers , qui a voient
réfervé une partie des peuples conquis , pour cultiver
les terres & en faire des esclaves. Les Babyloniens étoient
des Syriens mêlés de quelques Arabes , qui s'étoient em-
parés de laChaldée, après en avoir chaffé les naturels,
ainfi que Moïfe l'infinue dans la Genèfe.
4. HYRCANIE, Hyrcanus Campus; contrée dél'Afie
mineure. Tite-Live, l. ">,j,c. 38, dit: le conful croyant
que le roi étoit aux environs de Thyatire, marcha à
grandes journées, & arriva le cinquième jour 3\iChamp
Hyrcanien ; Strabon, /. 13 , p. 629 , dit : la campagne
du Caïftre qui fe trouve entre le Tmolus & l'intérieur
du pays , touche , vers l'orient , à la campagne nommée
Cilbienne. Cette dernière eft grande, très- propre à
être habitée , tk a un terroir fertile. Suit le champ
Hyrcanien , que les Perfes ont ainfi nommé , à caule
des Hyrcaniens que Fre'ret, dans l'article précèdent,
dit avoir été tirés de l'Hyrcanie Babylonienne , &
non de l'Hyrcanie feptentrionale. Etienne le Géographe
dit : il y a auffi le champ Hyrcanien dans la Lydie ,
comme le rapporte Eratofthene. Ces Hyrcaniens font
nommés Macedones Hyrcani , dans les auteurs Latins ,
pour les diftinguer des autres. Pline , /. 5 , c. 29 , les
appelle ainfi , quand il dit: c'eft à Smyrne que s'affemble
la plus grande partie de l'Eolie , tk outre cela les Ma-
cédoniens-Hyrcaniens , ck les Magnéfiens du mont Si-
pyle. Tacite, Annal, 2 , c. 74 , dit: on jugea à propos
de retrancher les tributs que payoient les Temniens ,
les Philadelphiens , les jEgeates , les" Apollinidiens, tk
ceux qu'on appelle Moflenes ou Macédoniens -Hyrca-
niens. Les anciens géographes gardent tous un profond
filence fur la ville. d'Hyrcanie , qui devoit être le
chef- lieu de cette contrée. Il faut en chercher les
preuves dans d'autres monumens.Spon , dans fes Voya-
ges, fournit une médaille, où eft reprefentée une tête
de femme, garnie de tours, avec ce mot tpkanh Hyr-
cane , ck fur le revers tpkanqk. Il ne faut pas , dit-il ,
entendre par-la les peuples de l'Hyrcanie voifine de
42 3
Perfe ,_ mais lés habitans d'un lieu de la Lydie, ainfi
nommé, à qui Stephanus ne donne pas, à la vérité,
le nom de ville , mais feulement d'une campagne. La
tête couronnée de tours , nous enfeigne qu'il y a eu là
une ville , ainfi nommée par les hiftoriens du bas
Empire. Califte parle de Moftene ville , & d'Hyrcanie
ville, au même endroit. Elle eft nommée Diahyreania ,
par Eufebe dans fa Chronique. *\)rtel.Thef.
y HYRCANIE, ville deThrace, félon Etienne le
Géographe.
6. HYRCANIE , village de la Paleftine , félon le
même. Il prenoit ce nom d'Hyrcan, exarque des Juifs.
Voyez Hyrcanium.
7. HYRCANIE, forêt de l'Arabie , félon Servius, ex-
pliquant ce vers de Virgile , JEneid. 1. 4 :
Hyrcanaqut admorunt ultra Tigres.
HYRCANIUM, fortereffe de la Paleftine, vers lés
montagnes d'Arabie, félon Jofeph , de BdLo , 1. 1 , c. 14.
Il y avoit un fort château , tk une bourgade. Jofeph le
nomme Hyrcanion : Etienne le Géographe , qui ne con-
noît que la bourgade , la nomme Hyrcania.
HYRCANIUS Campus. Voyez Hyrcanie4.
HYRCANUM Mare, la mer d'Hyrcanie. Les an-
ciens nommoient ainfi la partie de la mer Caspienne ,
qui lavoit les côtes d'Hyrcanie.
HYRESEON, lieu de Grèce, fur la côte de Béotie,
félon Pline, /. 36, c. 16. Le P. Hardouin lit Hyrieti-
cum. Il l'explique de la campagne , qui étoit aux envi-
rons de la ville d'Hyrie. Sylburge veut qu'on life EiUfion
& cite Homère.
HYRGIS , rivière de la Scythie , & l'une de celles
qui tombent dans le Tanaïs , félon Hérodote ,/. 4 , c. 57.
Mercator veut que le nom moderne foit Scosna.
1. HYRIA, petit canton de Grèce, dans la Béotie,
près d'Aulide. Etienne le Géographe dit qu'il y avoit
eu auparavant une petite ville ; qu'Héfiode dit qu'An-
tiope étoit née en cet endroit; mais qu'Euripide vouloit
que ce fût en Hyfia. Hyria, pourfuit-il, eft tout joi-
gnant TEuripe. Voyez Hyrie i.
2. HYRIA, lieu d'Afie dans l'Ifaurie , auprès de Sé-
leucie, au bord du Calycadnus , félon Etiennele Géo-
graphe.
3. HYRIA , dans la Japigie. Elle avoit été bâtie par
les Cretois , félon le même. C'eft VUria de Pline. Voyez
Uria , & Hyrium.
1. HYRIE, petite ville de Grèce, dans la Béotie,
félon Pline , /. 4 , c. 7. C'eft celle dont Etienne le géo-
graphe parle à l'occafion du canton d'Hyria. Voyez
Hyria i.
2. HYRIE, ancien nom dei'ifle de Zante, félon Pline,
" HYRIÉTICUM. Voyez Hyreseon.
HYRINI. Pline nomme ainfi les habitans d'URiA.
Voyez Uria.
HYRIS , promontoire d'Afie , dans la Propontide ,
aux environs de Chalcédoine , félon Etienne le Géo-
graphe.
HYRPJM , ville de la Pouille Daunienne, en Italie,
félon Ptolomée, I.t, ,c. i. Voyez Uria. i. Celfus Ci-
tadinus prétend jréanmoins , que ce font deux villes
différentes. SeloJlui Hyrium eft aujourdhui Rhode,tk
Uria eft Oria ; cette dernière eft dans les terres , entre
Brindes &c Tarente ; 5c l'autre eft dans la Pouille Dau-
nienne , vers le mont Gargan.
HYRMINE , ville du Péloponnèfe, dans l'Elide : Ho-
mère, /. 5,v. 122, la nomme dans l'Iliade. Pline,/. 4,
c. 5, n'en parle que comme d'un lieu dont il ne reftoit
plus que la place. Paufanias /. 5 , c. 1 , en fait auffi men-
tion; mais il ne dit pas qu'elle fubfiftât de fon tems.
Etienne dit Hyrmène.
HYRNETHlUM , campagne couverte d'oliviers , au
Péloponnèfe , dans l'Argie auprès d'Epidaure , félon
Paufanias , /. 2 , c. 28.
HYRTACUS ou Hyrtacinus , ville de Crète,
félon Etienne le Géographe.
HYSABY, ancienne ville de Suéde, dans la Veftro-
gothie, dont il ne refte qu'une églife. On voit dans
fon cimetière les tombeaux de Skhotkonung , & de la
424 HYS
reine fon époufe , avec des bas-reliefs. On prétend que
c'eft la première églife cathédrale de "SVeflrogothie , &
que fon fiége épiscopal a été transféré à Scara. On y
voit les ruines d'un magnifique monaftere , qui fe nom-
mo\t Hufaiy Cloficr, & à quelque diftance de celles d'un
château des anciens évêques d'Hyfaby. Cette ville étoit
à un mille Suédois de Scara.
HYSjEIS, ifle des» Ethiopiens, félon le même.
HYSBE, ville de la Lydie, félon le même.
HYSEANA , ville de l'Illyrie , félon le même.
HYSIA. Voyez Hysi^l.
i. HYSLE, pluriel génitif arum , ville de ( Grèce >
dans la Béotie, au pied du mont Cytheron. Hérodote,
1.6, c.io8;&:/. 9, ci 5 &Z5; Thucydide,/. 3,^.187;
Strabon , /. 9 , p. 404 ;' Paufanias , /. 9 , c. 2. , & Etienne
le géographe , en font mention. Strabon dit : quel-
ques-uns veulent que Hyfies foit appellée Hyna ;
elle eft fur l'Afopus , au pied du Cytheron. Etienne
dit Hyfia au fingulier. Elle étoit ruinée du tems de
Paufanias. : . .
2. HYSLE, ville duPéloponnefe, dans 1 Argie. Stra-
bon , /. 9 , p. 404 , dit que fes habitans étoieat nommés
Hy 'fiâtes. Thucydide , /. ■) , p. 400; & Paufanias , /. 2 ,
c.24 en font auffi mention; ce dernier ne fait men-
tion que de fes ruines. Pline, V. 4, c.*5 , la nomme
3.' HYSLE , ville d'Arcadie, félon Etienne le Géo-
graphe , qui cite Pherecyde. Mais il dit Hyfia , au fin-
^T HYSLE, ou plutôt Hyfia, ville capitale des
Parthes, félon Artemidore, cité par Etienne le Geo-
graphe.
HYSOPIS. Voyez Hypsele.
HYSPA, pourHypsA.
1. HYSSUS, port furie Pont-Euxin, félon Ptolo-
mée, /. 5 , c. 6 , qui le met auprès de Trébizonde ,
dans le Pont Cappadocien, entre Cerafonte & Pharnacie.
HYT
Arrien , Perlpl. Pond Euxini, p. 6, tilt. Oxon. dit:
les rivières que nous avons trouvées en notre chemin ,
après avoir quitté Trébizonde , font 1 . l'Hyfîus , dont
le port , qui eft à fon embouchure , porte le nom :
il eft à cent quatre- vingt ftades de Trébizonde;
2. l'Ophis qui eft à quatre - vingt ftades au plus du port
d'Hyfius.
2. HYSSUS. Dorothée^ cité par Ortélius , Thef.
nomme ainfi un port de l'Océan dans l'Ethiopie in-
térieure , où il dit que l'apôtre S. Matthias prêcha
l'évangile.
HYSTASP^E , nation d'entre lesPerfes , félon Etienne
le Géographe. Il y a bien de l'apparence que c'eft pour
Hidaspa, ceux qui habitoient au bord de l'Hydaspe.
Cette conjefture eft d'Ortelius.
HYSTOAS, ville de Crète, félon Germanicus, in
Aratum.
HYSTRA. Voyez Hylactes.
HYTANIS , rivière de la Carmanie , félon Pline ,
1.6, c. 23 , qui dit qu'elle a quelques ports , & qu'elle
eft fertile en or. Flumen Carmaniœ Huants portuofum
& auro fertile.. Martianus Capella ,1.6, c.de Indiâ ,en
parle auffi , fi nous en croyons le P. Hardouin ; & même
il l'appelle Hipanis. Ce père fe trompe. MartianusCa-
pella ne parle , dans l'endroit cité , que de l'Hypanis des
Indes , où fe borna la courfe d'Alexandre le Grand. Hy-
panis ibi amnis immodieus qui Alexandri Magni iter
interclufit : ficut in ejus ripa locata ttfiantur ara.
Cela n'a aucun rapport avec L'Hytanis de Pline. On
doute fi cette rivière eft différente de YAndanis dp
Ptolomée.
HYTENNA, ville de la Lycie , félon Etienne le Géo-
graphe. .
HYTMITjE, peuple voifin de la Liburnie , félonie
même.
HYTTENIA. Voyez Tetrapolïj.
LE
L E GRAND
DICTIONNAIRE
GÉOGRAPHIQUE,
HISTORIQUE ET CRITIQUE.
*
JAB
JAB
ABADII insULA , c'eft-à-dire l'isle
de l'Orge : le grec porte id£a£in.
Il faut féparer ces mots, Jaba Diu ou
Div; alors ce mot D IV, qui, dans la
langue des Indiens , fignifie une ijle ,
nous fait connoître que c'eft l'isle de
JAVA, qui portoit déjà ce nom dutems
de Ptolomée , & cela eft très-remarquable. Si Gérard
Mercator , & quelques autres avoient fait un peu d'atten-
tion à cela, ils n'auroient pas dit que c'eft la nouvelle
Cuinée, qui n'y convient en aucune façon. Il croît encore
à préfent beaucoup d'orge dans l'ifle de Java. Voyez
Java. Ptolomée , /. 7, c 2, dit : Jabadii , c'eft-à-dire
l'ifle de l'Orge ; cette ifle eft , dit-on , très-fertile , &
produit beaucoup d'or. Sa ville métropole , fituée dans
fon extrémité occidentale , eft nommée Argentea ,
"Apyvfïl.
JABES , ville de la Paleftine , dans la demi - tribu
de Manaffé , au-delà du Jourdain. L'Ecriture lui donne
ordinairement le nom as Jabes dcGalaad, parce qu'elle
étoit dans le pays &C au pied des montagnes de Galaad.
Eusèbe , ad vocem Arisoth , la met à fix milles de
Pella vers Geraia , &c par conféquent elle devoit être à
l'orient de la mer de Tibériade. Procope de Gaza , in
Judic. met vingt milles de Gaza à Jabes. La ville de
Jabes de Galaad fut faccagée par les Israélites , parce
qu'elle n'avoit pas voulu joindre fes armes aux leurs ,
dans la guerre contre ceux de Benjamin , à l'occafion
de l'outrage fait à la femme du Lévite , dans la ville de
Gabaa, Judic. c. zi , v. 8. Quelques années après, Naas,
roi des Ammonites , ayant aflîégé Jabes (a) , les habi-
tans le prièrent de les recevoir à compofition ; ce prince
leur répondit, qu'ils n'avoient point d'autre compofition
à attendre que de fe rendre à lui, & de fe laiffer crever
l'œil droit. Les habitans demandèrent une trêve de
fept jours , promettant de fe rendre à telle condition
qu'il voudroit , fi, dans ce tems , ï\ne leur venoit point
de fecours. Mais Saùl étant informé de l'extrémité où la
ville étoit réduite , y accourut , tailla en pièces l'armée
de Naas , & délivra ceux de Jabes. Ceux-ci conferve-
rent toujours beaucoup de reconnoiffance pour la maifon
de Saul ; &c après la mort de ce prince , ils enlevèrent
fon corps (b) , &C ceux de fes fils , que les Philiftins
avoient pendus aux murs de Bethfan , & les enfeveli-
rent honorablement dans un bois, qui étoit près de leur
ville. *(a) Reg. 1. 1, c. 11 , v. 1 &feq. Q>) Reg. 1. 1,
?i , v. 11 , 12, &c.
JAf-
IABI-, petit royaume d'Afrique, en Guinée, fur la
côte d'Or , derrière le fort de S. George de la Mine.
Bosman , dans fa Description de la Guinée , en parle
ainfi, 2. lut. p. 24. Le pays de Jabi commence derrière
notre fort , & s'étend quelques lieues avant du côté de
la terre ferme ; on n'en voit que ceci fur la côte. Il eft
préfentement d'une petite étendue , & n'a presque point
de forces , quoique ce foit un royaume , Se même le
premier que l'on rencontre en descendant ; mais le roi
eft un fi petit feigneur , que j'aurois peine à lui donner
à crédit pour cent florins de marchandife , dans la crainte
de n'en pas être payé , vu la pauvreté où il eft ; il eft
vrai que lui & fes fujets , (fi au moins on leur peut don-
ner ce nom , ) gagnent allez confidérablement à planter
& vendre du miliûo & d'autres marchandifes ; ce qui
pourroit les enrichir en peu de tems ; mais les grands
feigneurs qui demeurent aux environs , & fur-tout ceux
d'Adom , leur ôtent quelquefois tout ce qu'ils ont , Se
les tiennent dans une espèce d'esclavage , fans qu'il foit
en leur pouvoir de s'y oppofer , n'ayant pas affez de
forces pour cela. La rivière de Chama ou Rio de S. Joan,
que les Nègres appellent BoJJ'umpra , à caufe qu'ils la
tiennent pour un dieu , (car c'eft ce que fignifie le mot
de bojfum dans leur langue,) a fon cours à côté de no-
tre fort, &C coule le long du pays de Jabi & d'Adom,
& s'étend même au-delà de Juffèr ; & fi l'on en croit
les Nègres , elle s'étend plus de cent lieues du côté de
la terre ferme ; mais l'on n'en a aucune certitude. Cette
rivière eft paffablement large & affez belle ; elle ne cède
guères ni en grandeur , ni en beauté à celle d'Ancobar :
elle a même cet avantage fur elle , qu'on y peut entrer
avec des chaloupes ou des esquifs chargés , en fortant de
la mer, pourvu qu'on ait la prudence d'éviter un rocher,
qui eft à l'embouchure , Sî que ceux qui entendent la na-
vigation appellent Suiger , c'eft-à-dire proprement Su- '
ceur ; car (ans cela on eft en danger de fe brifer ou d'ê-
tre renverfé ; ce qui eft arrivé plus d'une fois de mon
tems; & quelques perfonnes y ont péri : il y a particu-
lièrement à craindre lorsque la mer eft agitée. Cette ri-
vière eft d'un très-grand ufage ; car outre que les vais-
feaux s'y peuvent pourvoir d'eau douce , ce qu'ils ont
Tomt III. H h h
42<5
JAC
JAC
toujours fait ci-devant , elle leur fournit & à nous auflî,
dans notre fort , de très-bon bois à brûler , non-feule-
ment pour la cuifîne , mais aufft pour chauffer les fours
où l'on fait cuire la chaux : outre quantité d'autres for-
tes de bois propres pour les petits vaiffeaux , comme des
bâtons de pavillon , des mâts de mifaine , & autres piè-
ces ; de forte que cette rivière nous eft plus avantageufe,
ou au moins plus commode que le fort même ; & fans
cela , je ne crois pas que nous y puffions tenir long-tems
garnifon ; car outre qu'il n'y a point ici de négoce fort
confidérable , & que le fort .nous feroit plutôt à charge
tm'à profit , nous fommes incommodés par des fripons
de Nègres , entre lesquels ceux d'Adom ne font pas les
moindres. J'ai déjà dit que leur pays s'étend quelques
lieues le long de la rivière ; outre cela ils poffédent des
ifles dans la rivière , où il y a de très-beaux villages ;
& ce qui m'a le plus furpris , eft l'étendue du pays d'A-
dom ; car il s'étend le long de la rivière de Chama , &C
il a plus de feize lieues de-là le long de la rivière d'Ân-
cobar fur la côte , &£ cependant ce pays n'eft pas fort
grand ; ce qui me fait croire que fa fituation eft , à-peu-
près femblable à une équierre , c'eft-à-dire , qu'il s'é-
tend d'abord le long de la rivière de Chama , & enfuite
par une langue- de terre jusqu'à Rio-Cobre. Mais nous
n'avons aucun intérêt à cela ; il vaut mieux continuer
& dire que ce pays n'eft pas gouverné par un roi , mais
par cinq ou fix des principaux habitans , dont un feul
feroit affez puiffant pour conquérir le royaume de.
Jabi. . .. .
JABIS , ville , félon Etienne qui cite Jofeph. C'eft la
même que Jabes.
JABLI. Voyez Jebilée & Gabala.
JABLONITZ , ville de la Morlaquie , dans la Croa-
tie , fur la Welftricz , près de fa jonftion avec le Ri-
fano à l'orient de Triefte. Cluvier croit que c'eft l'an-
cien lieu nommé Ad Malum.
JABLUNKA , bourg de Siléfie , avec un beau châ-
teau, dans la principauté de Teschen , vers le midi , au
bord oriental de la rivière d'Eisa , encore voifîne de fa
fource : quatre milles au-deffus de Teschen. * Baudrand^
éd. 170^.
JABNA. Voyez Jamna.
JABOCH , i*g»x (a) , torrent de la Paleftine , ai^
delà du Jourdain. Il a fa fource dans les montagnes dé
Galaad , & tombe dans le Jourdain (b) , affez près de la
mer de Tibériade , au midi de cette mer. C'eft fur le
Jaboc que le patriarche Jacob eut fa rencontre avec les
anges qui luttèrent contre lui (c). Le Jaboc féparoit les
Ammonites de la Gaulanite , & du pays d'Og , roi de
Bafan. * (a) D. Calma Dift. Q>) Jofeph. Ant. 1. 4.
(c) iGenef.c. 32, v. 1 &feq.
JABRI , ville de l'Arabie heureufe , félon Ptolomée ,
l.6,c7.
1 . JABRUDA , ville de Syrie , dans le canton de
Laodicée , félon le même, /. 5, c. 15.
1. JABRUDA , ville épiscopale de l'Arabie. Gen-
nadius , fon évêque , fouscrivit, l'an 32.5, au premier
concile de Nicée. * Harduin. Colleft. conc.
JACATRA , ancienne ville d'Ane , dans l'ifle de la
grande Java. Elle étoit capitale d'un royaume de même
nom , voifin du royaume de Bantam , lorsque la com-
pagnie Hollandoife des Indes orientales s'y établit. Elle
y eut d'abord une loge qu'elle fortifia avec le tems, pour
mettre cet établiffement à couvert de toute infulte , fur-
tout de la part des Anglois qui voyoient cet établiffe-
ment avec jaloufie. Ces derniers ayant foulevé les Ja-
vans contre les Hollandois , & les ayant affiégés, ceux-
ci eurent la confiance de foutenir un long fiége. Le fe-
cours q*:i arriva enfuite, les mit en état de chaffer les An-
glois de l'ifle &t du détroit ; après quoi , ils affiégerent
Jacatra , qu'ils prirent & détruifirent. Ils en ont fait en-
fuite une des plus belles places des Indes , 6c la capitale
de tous les pays que pofiede la compagnie au-delà du
Cap de Bonne-Espérance. C'eft la même ville que nous
appelions aujourd'hui Batavia. Voyez ce mot. Le
royaume de Jacatra s'appelle préfentement Terres de la
compagnie , tk n'a point d'autre fouverain qu'elle.
Le nom de Jacatra feroit entièrement aboli , fans
un petit fort fitué à quelque diftance de la ville , dans
la plaine; ce n'eft qu'une fimple redoute, entourée d'un
folté |fec , où l'on met trente ou quarante foldats tirés
de la garnifon de Batavia , &c commandé . par un en»
feigne & deux fergens. Voyez l'article de Java.
JACCA , ville d'Espagne , au royaume d'Aragon, au
pied des montagnes de Jacca , qui font partie des Pyré-
nées , & fur la rivière d'Aragon. Elle a un évêché fuf;
fragant de l'archevêché de Sarragoffe , &c a été autrefois
la capitale de l'ancien comté d'Aragon. Il y a une forte-
reffe bâtie en 1592. Cette ville eft à huit lieues de Sar-
ragoffe au feptentrion , 6c à huit au nord-oueft de
Huesca , vers lesfrontieres.de France. * Baudrand,
édit. 1705.
Cette ville eft ancienne , Se a conservé fon nom fans
aucun changement. Ptolomée, /. 2, c. 6, la met au pays
des Vascons dans les terres.
JACCETANI, ancien peuple de l'Espagne Tarrago*
noife , félon Ptolomée. Voyez Lacetani. -
JACENA , contrée d'Afrique ; ce mot qu'Ortélius
trouve dans Viftor d'Utique , eft corrompu & eftropié
de Byzacena.
JACHING , ville de la Chine , dans le Pekeli , au
département de Pékin ,- première métropole de la pro-»
vince. Elle eft plus occidentale que Pékin de 6' par les
39 d. de latitude. * Atlas Sinenfis.
JACHURA ou Cachura, félon les divers exem-
plaires de Ptolomée , /. 5 , c. 1 3 , ville de la grande Ar-
ménie.
1. JACIou Giaci , château de Sicile, dans la vallée
Demona , fur la côte de la mer , fur une montagne ;
il a titre as duché , & prend fon nom de la petite ri-
vière de Jaci. *DeCIJley Sicile.
2. JACI , petite rivière de Sicile , dans le Val-De-
mona , affez près du mont Etna ; c'eft la même que les
anciens ont nommée AciS, Voyez ce mot. * Dt l'IJÎe ,
Sicile.
3. JACI d'Aquila, ville maritime de Sicile, fur la
côte orientale , entre le golfe de Sainte-Tecle & Ponta-
Sicca, presque à moitié chemin deCatane àTavormina.
Entre le château de Jaci Se la ville de Jaci d'Aquila , eft
une chapelle nommée Jaci S. Antonio ; & à l'occident
de la ville , en allant vers l'Etna, eft un village nommé
Jaci Catina. * De l'IJIe , Sicile.
4. JACI , ville d'Afie , dans la grande Tartarie , 8c
capitale de la province de Caraiam , félon Marco Paolo ,
qui dit que c'eft une ville grande , belle , 8c marchandée
JACIACUM. Voyez Laviacum.
JACO , nom moderne d'Iolcos , ville de Theflalie.
Ce n'eft plus qu'un village fur le golfe de Volo , près
de Démétriade. * Baudrand.
JACOB , fils d'Ifaac ; fon nom a été donné à quel-
que lieux de la Paleftine.
Fontaine (la) de JACOB ; c'eft la même chofe
que le PUITS DE Jacob. Voyez ci-après cet article.
Gué (le) DE JACOB,. gué de la Paleftine. On pré-
tend que le gué de Jacob eft au-deffus de l'embouchure
du Jourdain , dans la mer de Tibériade , & au-deffous-
de Cefarée de Philippe , à l'endroit où il y a aujourd'hui
un pont. Mais il n'y a nulle apparence que Jacob ait
pafîé le Jourdain en cet endroit. Il eft bien plus vraifem-
blable qu'il le paffa à Betfan ou aux environs , puisqu'il
eft certain qu'à fon retour de la Méfopotamie il paffa
le Jacob à Mahanaïm, & que de-là il alla àPhanuel &
à Socoth , qui font près de Betfan , & bien éloignés de
ce prétendu gué de Jacob : or il paroît^ qu'il avoit paffé
le Jourdain en allant à Haran , au même lieu où il le
paffa au retour , puisqu'il dit : J'ai paffé ^ ce fleuve du
Jourdain, n ayant que mon bâton, &à préfentjele paffè
avec deux groffes troupes. * D. Calmet , Diét.
Puits (le) de JACOB (a), puits delà Paleftine,
près de la ville de Sichem , fur lequel Jefus-Chrift parla
à la Samaritaine (b). C'étoit près de-là que Jacob avoit
fa demeure, avant que fes fils euffent mis à mort les ha-
bitans de Sichem. Les anciens voyageurs parlent d'une
églife dédiée à S. Jean- Baptifte , bâtie en forme de
croix, fur la fontaine ou le puits de Jacob (c). Ce puits
étoit dans l'églife & devant les baluftres de l'autel. On
y montrait encore , dit-on , le feau dont la Samaritaine
s'étoit ferrie , & les malades y venoient pour y boire ,
& y recevoir la fanté. (a) D. Calmet, Dift. (b) Saint
Jean. (c) Reland, Palaeft. t. 2, p. 1008 & 1009.
JACOBjEA insula. Voyez S. James.
JACOBIPOLIS. Voyez Jamestovn, S ant Jago,
JAE
JAF
JACOBSTAT, petite ville du royaume de Suéde ,
dans la Bothnie orientale, appellée la Cajank. Elle eft
entre la vieille Scia nouvelle Carleby. * Robert de Fau-
gondy , Atlas.
JACQUEMONT, petit village de Savoye, dans la
Tarentaife ; il n'eft remarquable que parce que c'étoit,
dit-on , autrefois une ville nommée Axima. Voyez
Axima 2.
JACQUES-lez-Vitry , (Saint) abbaye de filles,
en France , de l'ordre de Cïteaux , filiation de Clair-
vaux dans la Champagne, au diocèfe de Châlons, pro-
che de Vitry-le-François. Elle fut fondée par Thibaud
le Grand, comte de Champagne.
JALQUEVILLE, ancien nom de Brouage. Voyez
ce mot.
JACTERENSIS, fiége épiscopal d'Afrique , dans la
Numidie , félon la Notice d'Afrique , qui fait mention
de Januarius JaHerenJîs. * Harduin. Colleft. conc.
JADA , ruifiéau d'Allemagne , en Weftphalie , au
comté d'Oldenbourg, près du château de Jada. Après
un fort petit cours , il fe jette dans un golfe formé de
les eaux & de celles de la mer, qui a inondé beaucoup
de marais en cet endroit. Ce golfe qui n'a point de nom
différent de la rivière , fe reflerre près de la mer , où il
fe jette par une embouchure affez étroite , en compa
railon de l'étendue du pays ir.ondé. * Jaillot ,' * Atlas.
JADASON. Voyez Hydaspe.
JADER, riv;erede laDalmatie. Vibius Sequefter dit
qu'elle coule près de Salone, & lé jette dans la mer Adria-
tique. Cela étant , c'eft la même que l'on appelle pré-
fentement Fiume diSalona. * Coronelli , Dalmat.
JADERA , ville Se colonie , dans la Liburnie , félon
Pline, /. 3 , c. 21 ; St Ptolomée, /. 2, c. 17. Le pre-
mier dit qu'elle étoit à cent foixante mille pas de Pola.
Pomponius Mêla , /. 2 , c. 3 , en fait auffi mention. Elle
eft appellée fur une médaille de Claudius : Col. Clau-
dia. , Augujla , Félix , Jadera ; Se une médaille de Do-
mitien porte: Col. Augujla Jadera. C'eft aujourd'hui
Zara. Voyez Zara.
JADI ou Rhadi , félon les divers exemplaires de
Ptolomée , 1.6 , c. 7 , village de l'Arabie heureufe. Or-
télius en fait une ville ; le mot appellatif K»'^» fait voir
que ce n'étoit qu'un village.
JADONI, ancien peuple de l'Espagne Tarragonoife,
félon Pline, /. 4, c. 20. 11 étoit dans le département de
Lugo , St voifin des Arrotrebes.
JADUA. Voyez Guttalus.
JAECKSA. Voyez Jaksa.
1. JAEN , félon Vayrac , Etat préfent de l'Espagne ,
■ville d'Espagne, dans l'Andaloufie, 6c capitale d'un pe-
tit royaume du tems des Mores. Elle eft fituée au pied
d'une montagne , à une lieue du Guadilbelon , Se à deux
du Guadalquivir , dans le voifinage d'une vafte campa-
gne , que les Espagnols appellent Las Navas de Tolofa ,
où le roi Alphonse VIII défit une armée formidable de
Mores. La ville eft ceinte de bonnes murailles , & dé-
fendue par quelques remparts , des tours Se un château
qui la commande. Elle eft paffablement grande , affez
jolie , ornée d'une place publique, fpacieufe , bordée
de belles maifons : on y voit de fomptueufes églifes , de
magnifiques couvens , Se de belles fontaines, entre les-
quelles il y en a une au bout de la ville , dont la fource
fort d'un rocher avec tant d'abondance qu'elle forme
un ruiffeau. Elle eft environnée d'un bel ouvrage de ma-
çonnerie , carré, fermé de treillis, & peint tout à l'en-
tour. C'eft une des villes de toute l'Andaloufie, où il y
a le plus de gens de qualité. Elle eft honorée d'un fiége
épiscopal, Se célèbre dans toute l'Espagne, pour la dé-
votion qu'ont les Espagnols pour la fainte Véronique,
qu'on garde dans une chaflè magnifique , placée fur le
grand autel , au-deffous de l'endroit où repofe le (aint Sa-
crement, laquelle (e ferme à fept clefs , qui font en dé-
pôt entre les mains de fept perfonnes différentes. La fa-
criftie où l'on fait voir cette précieule relique , eft une
des plus belles de toute l'Espagne. La euftode , dont on
fe fert pour porter le faint Sacrement le jour de la Fête-
Dieu, eft d'argent, d'une grandeur extraordinaire, bien
travaillée , Se ornée de quantité de petites ftatues , qui en
rehauffent la beauté Se le prix. Ferdinand III , roi de
Caftille , conquit cette ville fur les Mores, l'an 1246 ,
6c l'orna de l'évêché qu'il y transfera de Baéça , deux
4.17
ans après , fous le pontificat d'Innocent IV. Le ter*
ritoir où elle eft fituée, eft fertile en bled, en vin Se en
huile, abondant en. fruits exquis de toute espèce, Sctrès^
riche en foie. On y trouve aufti quantité de gibier, de
toutes fortes , Se généralement tout ce qu'on peut fou-
haiter pour les befoins de la vie.
L'évêché deJaën fut établi, du tems des rois Goths, à
Baéça, comme nous avons dit ; & il y fubfifta jusqu'à Pin»
vafion des Mores. On ne fait préciièment ni le tems de
fon érection , ni le nom des évêques , qui occupèrent le
fiége épiscopal pendant les quatre premiers fiécles. A la
vérité, celui qui a écrit l'hiftoire de ce diocèfe , en rap-
porte plufieurs , mais fans beaucoup de preuves. Nous
en connoiffons un , c'eft S. Pierre Pascal , qui fut cou-
ronné du martyre par les Mores de Grenade. Don Mar-
tin Ximenez en a donné le catalogue.
Le chapitre eft compofé de huit dignitaires, de vingt-
un chanoines , de vingt-quatre prébendiers Se deplufieurs
chapelains. Les dignitaires fons le doyen , les archidia-
cres de Jaën , de baéça & d'Ubeda , le chantre , l'éco-
làtre & le prieur. Lorsque quelque dignitaire meurt, après
avoir fait fon teftament, l'évêque ne recueille de fa dé-
pouille qu'un certain droit , qu'on appelle la lucluofa,
c'eft-à-dire la pleureufe , ou le droit de deuil , lequel fe
réduit à choifir, parmi les meubles du défunt, celui qui
lui convient le mieux ; mais s'il meurt ab intejlat., i'évéque
fe met de plein droit en poffeffion de tout ce qu'il faiffe,
tant meubles qu'immeubles ; ce qui arrive affez fou-
vent, parce que le dignitaire ne peut tefter que par une
permiffion expreffe du pape , qu'il n'accorde pas alte-
rnent.
Le diocèfe fe divife en fept archiprêtrés , qui font,
Jaën, Baéça,
Arjona , Ubeda,
Anduxar, Iznatorafe,
6c Sant-Eftevan del Puerto.
Chaque archiprêtre a fon vicaire. Il s'étend fur quatre-
vingt-quatre paroiffes , fur deux églifes collégiales qui
font Ubeda Se Baéça , fur trente-cinq couvens de reli-
gieux , Se fur vingt-cinq de religieufes , dont huit font
fournis à l'évêque ; fur foixante & dix-huit hermitages,
fur quarante-huit hôpitaux , fans compter fept bourgades
qui dépendent de l'ordre de Calatrava , Se prétendent
être exemptes de la jurisdiclion de l'évêque, quoiqu'il y
ait un droit établi , en vertu du concordat , qui fut fait
fous l'empereur Charles V, auquel les chevaliers de cet
ordre ne veulent pas fe conformer. L'évêque jouit de
20000 ducats de revenu.
Le royaume de JAEN, petit canton de l'Espagne,
dans l'Andaloufie ; c'eft non-feulement le pius petit des
royaumes , qui obéiffent à Sa majefté Catholique ; mais
même c'eft la plus petite partie de celles dont la mo-
narchie Espagnole eft compofée ; & quoiqu'il foità pré-
fent compris dans le gouvernement de l'Andaloufie , le
roi d'Espagne ne laide pas d'exprimer, dans fes titres,
celui de roi de Ja'èn , en particulier, aufft-bien que celui
de roi d'Aragon. Il n'y a que cinq villes confîdérables ;
Jaën , capitale
Baéça
&c Caflona.
Ubeda,
Caçorla ,
l. JAÈN DEBRACAMOROS, ville de l'Amérique mé-
ridionale au Pérou , aux confins de l'audience de Quito ,
vers l'audience de Lima, au midi de Loyola, Se de Val-
ladolid, fur la rive droite de la rivière des Amazones,
8c à l'endroit où cette rivière détourne fon cours vers
le nord, pour le prendre vers l'eft; latitude méridionale
ï d. 25'.
Jaën qui étoit , il n'y pas plus d'un fiécle , affez confi-
dérable, n'eft aujourd'hui , à proprement parler, qu'un
village compofé de peu d'habitans , & qui a la trifte
fingularité d'être fale & humide, quoique finie fur une
montagne. On y eft infecté d'une espèce de tique, qu'on
ne connoit point ailleurs. * Voyage dans l'Amérique ,
par M. de la Condamine.
JAFA , Jaffa ou Japha , ville 8c port de mer de
la Paleftine , fur la mer Méditerranée. Les anciens l'ont
connue fous le nom de Joppé. Voyez ce mot.
Tome III, Hhhij
JAF
428
Le P. Nau parle ainfi de cette ville, dans Ion Voyage
de la Terre-fainte.
Jafa fe nommoit autrefois Joppé; les Hébreux l'appel-
lent Jafo, , d'un nom qui {îgniRe • foauté , parce qu'en
effet c'étoit une fort belle ville. Elle n'a plus rien de
beau que fa fituation ; elle eft fur une colline affez élevée
& affez grande, d'où l'on découvre d'un côté la mer,
ck de l'autre des campagnes vaftes & fertiles. On dit
qu'anciennement elle s'étendoit dans la plaine jusqu'à près
d'une demi-lieue , où l'on montre fur un tertre des reftes
d'une maifon ou d'une églife, que Tondit être le lieu où
demeuroit la charitable Tabitha , que S. Pierre reffuscita;
Godefroi de Bouillon, voyant l'utilité de fon pou, en
conferva foigneufement le château, &t y mit garniton.
•Elle a étéaffiégée diverfes fois par les infidèles, & a
foutenu pour le moins fix fiéges , fans pouvoir être
prife. Elle le fut enfin par Saladin , qifi la ruina ; mais
quelques années après , S. Louis la fit rétablir. Comme
on exécutoit les ordres qu'il en avoit donnés, les infi-
dèles furprirent les ouvriers , ck les tuèrent. A cette
■nouvelle , le faint roi vint de Saint-Jean d'Acre , où il
étoit; ck voyant les corps de ces pauvres chrétiens fans
fépulture , il commanda qu'on les mît en terre ; ck il eut
le courage lui-même de donner l'exemple, ck de charger
fur fes épaules de ces cadavres puans , ck de les porter
dans la foffe. Il n'y a pas fort long-tems que Jafa étoit
presque fans maifons : on n'y voyoit que le petit château ,
qui eft au haut de la colline , ck un autre auprès de la
-mer , qui ne mérite pas ce nom ; à peine y trouvoit-on
quelques magafins mal faits. Les Arabes, qui les habi-
toient , demeuroient fous de méchantes hutes de boue.
Aujourd'hui tout le bas, vers le port, eft bâti de bonnes
maifons de pierres. Le trafic s'y eft trouvé bon , Selon
y fait un grand débit du favon de Jérufalem ck de Rame:
on y apporte d'Egypte quantité de riz ; ck d'autres fortes
de denrées y entrent, ck en fortent , qui apportent au
Baffa de Gaze un revenu confîdérable. Le port n'étoit
pas mauvais autrefois. On avoit élevé un mole, pour le
garantir de vents dangereux; mais tout cela eftabbatu,
%c les ruines de la ville l'ont gâté , de forte que les na-
vires & les grandes tartanes n'y peuvent entrer ; mais
la rade eft affez commode , & ils y mouillent. Ce port
fait particulièrement penfer à Jonas qui , par une (impli-
cite furprenante dans un prophète , vint s'embarquer là
:pour s'enfuir de la préfence de Dieu , qui le preffoit
d'aller menacer Ninive de fa deftruftion. Il y a fur le
bord de ce port, à l'occident de la ville, une fource
d'eau douce. Les Chrétiens Francs & les Arméniens y
ont des logis pour y recevoir les pèlerins de leur nation.
Il n'y a point d'autre églife , qu'une feule , qui eft ruinée
ck découverte , à quelques pas de la ville, où les Grecs
vont faire l'office ; elle eft dédiée àS. George. Jafa
étoit un évêché du tems de nos rois de Jérufalem. Paul
Lucas qui, dans fon Voyage de l'Afie mineure, t . 1 ,
c. 39 , p. 291 , vit Jaffa au mois d'Avril 1707 , en parle
ainfi. JAFFA eft le port de mer de la Paleftine , ck étoit
autrefois une ville fort confîdérable. On l'appelloit an-
ciennement Joppé ; mais il y apparence que ce n'étoit
que les étrangers , & que les Orientaux l'ont toujours
nommée Jajf'o ou Jaffa. , puisque les Arabes ne connois-
fent point la lettre P, ck qu'il eft probable que les
Juifs , qui tenoient ces provinces , n'avoient que les
mêmes lettres. Quoiqu'il en foit , Jaffa eft à préfent auffi
ruinée que toutes les autres anciennes villes, qui font
fous la domination des Turcs. C'eft le tout fi elle a
quatre cents habitans; ils font revendeurs, & ne débitent
que les provifions néceffaires aux pèlerins de Jérufalem.
Ils ont fait au dehors une espèce de terraffe , fur laquelle
ils tiennent toujours plufieurs petites pièces de canon.
Cela empêche l'approche des Arabes , qui viennent
quelquefois ravager le pays. Il y a encore deux tours
carrées, que l'Aga prend pour fa demeure. Il eft mis là
- par le grand-feigneur , pour exiger des pèlerins les caffars ,
c'eft-à-dire pour chaque pèlerin quatorze piaftres Da-
bouguel ; mais auffi pour cette fomme il fait fournir de
voitures jusqu'à Jérufalem. C'eft auffi une vieille opinion
de quelques chrétiens , que de cette ville fortirent un jour
la Madelaine , fainte Marthe & Lazare pour fe mettre
en mer fur un bateau fans voile , fans rames ck fans
gouvernail.
JAF AN AP AT AN, ville de l'Inde , clans la partie fep-
JAG
tentrionale de rifle de Ceïlan, ck dans une contrée
peuplée par les Malabares. Comme les Cliingulais , ou
naturels de l'ifle,méprifent extraordinairement ces étran-
gers , ils regardent cette partie de leur ifle , comme fi
elle n'en étoit pas. Cette ville , qui eft grande , a été
bâtie , ck fortifiée par les Portugais , lorsqu'ils étoient
maîtres de ce pays , & avant que les Hollandois les en
euffent chaffés. Elle eft fituée au nord de la pointe de
Calmoni,à l'entrée d'un bras de mer, qui avançant dans
les terres , femble vouloir détacher le pays de Jafana-
patan du corps de l'ifle , auquel il ne tient que par un
ifthme. Cette place eft carrée , & d'autant plus forte ,
qu'elle eft entourée de larges fofles Si de murailles fort
hautes. Les troupes de la compagnie la prirent par ca-
pitulation , le 21 Juin 1658. Les Portugais poffédoient
ce pays , depuis environ quarante ans. * Baldaus Be-
fchreibung der Infd, Zeylon.
Le Royaume de JAFANAPATAN, eft unepres-
qu'ifle , presque détachée de l'ifle de Ceilan. Il eft riche
& bien peuplé ; il a environ fix milles de long, fck trois
de large ; &c cette langue de terre eft bien garnie de vil-
lages : on en compte environ cent cinquante-neuf , diftri-
bués fous trente-quatre églifes. Ce royaume a au nord
le golfe de Bengale, & au midi, la rivière qui forme
un golfe , &c fe jette dans la mer par deux embouchures.
Il eft divifé en quatre provinces , BELLIGAMME, Ten-
marache, "Wademarache , & Patchiarapale.
(Ribeyro, Hift. de Ccylan , p. 100, écrit ces noms
Belligampate , qui eft à la pointe, & plus au nord;
Teninarache , Wademarache , & Pariarapali.) Le terrein
eft bas presque par-tout , ck très-fertile. Le pays eft bien
peuplé , ck planté de beaux arbres.
Outre cette presqu'ifle , qui fait partie de Ceïlan , il
y a plufieurs ifles, qui, quoiqu'elles ne foient pas de
grande étendue, font une partie confîdérable de ce
royaume. Ces ifles font,
Ourature , Doua Clara ,
Caradive, Dos Bramines,
Pangardive, Das Vaccas,
ck Paletiva.
La première porte aujourd'hui le nom de Leyden;
la féconde celui d'AMSTERDAM; une huitième, à la-
quelle les Portugais n'avoient point donné de nom, eft
appellée Delft par les Hollandois. L'ifle das Vaccas,
ou des Vaches , s'appelle auffi das Cabras ; celle dé
donna Clara a reçu ce nom d'une dame appellée
ainfi , qui y demeuroit.
Le nom de cette ville & de ce royaume s'écrit diver-
fement Jafanapatan , Jaffanapaïnam , Jafnapa-
TAN , & JAFFENÉPATAN.
JAFNE. Voyez JamnA.
1. JAGANAT, ville d'Afie, dans l'Iridûuftan , dans
la province de Soret,au nord de cette province. C'eft,
fans doute, la même queBaudrand, Maty ck Corneille
appellent Janagar. * De Uljle , Carte des Indes.
2. JAGANAT, félon Thevenot, Voyage des Indes,
c. 40 ; c'eft ainfi que les Indiens idolâtres appellent la
province d'Ouleffer, que nous appelions Bengale ; ck
ils lui donnent ce nom à caufe de la fàmeufe pagode de
jAGANATquiyeft. Cettepagode eft, fans doute, la même
que Tavernier nomme Jagrenate. Voyez ce mot.
JAGATH, ancienne ville d'Afrique, dans laMauri-
tanie-Tingitane , félon Ptolomée , /. 4, c. 1.
JAGERNDORFF , Carnovia, ville & château dans
la haute Siléfie, fur la rivière d'Oppa, dans la princi-
pauté de même nom , au couchant de Ratibor , ck au
nord de Troppaw. Avant les longues guerres civiles
d'Allemagne , cette principauté appartenoit au mar-
grave de Brandebourg, qui en fut dépouillé. Ilneceffa
point de conferver fes prétentions jusqu'à l'accord , par
lequel on lui donna , dans la baffe Siléfie , le cercle de
Schwibus , qu'il prir pour équivalent , moyennant quoi ,
il céda Jagerndorff à l'empereur. C'eft le prince de Lich-
tenftein quilepofféde à titre de Fief. * Hubner , Geogr.
La ville de Jagerndorfappartienraujourdhui à l'impé-
ratrice-reine de Hongrie ck de Bohême , par les traités
de paix, conclus avec le roi de Prune, comme étant
fituée à la droite de l'Oppa, qui fait la féparation de
leurs états.
JAG
JÂG
Va , clans la première fyllabe de ce nom , eft un a
adouci , comme difent les Allemands («) ck fe prononce
comme <2 , ou comme un é clair. Il eft de même dans l'ar-
ticle qui luit. VI dans l'un ck dans l'autre eft un /voyelle.
JAGERSBURG, maifonde plaifancedu roideDane-
marck, dans l'ifle deSeelande: ce nom veut à'utmaifon
de cha[]e. Elleeft à quatre lieues de Coppenhague. *Hub-
ner, Géogr. Baudrand, édit. 1701;.
JAGNIE VO , ville de Turquie , dans la Servie , dans
une plaine entre les montagnes, à demi -journée de
chemin de Monte- Novo. * Baudrand, édit. 1705.
1. JAGO , (S ant-) ou S. Jacques ; ifle la plus grande
entre celles du Cap-verd. Elle eft ainfi appellée du nom
de S. Jacques , dont la fête fe célèbre le premier jour
de Mai parce que cette ifle , ainfi que celle de Mayo ,
fut découverte ce jour-là. Sa longueur eft d'environ
quarante-cinq lieues, fa largeur de dix, ck fon circuit
de quatre-vingt-cinq ; elle eft entre l'ifle de Fulgo à
l'oueft , ck celle de Mayo à l'eft , ck éloignée de cinq
lieues de cette dernière. Quoique montagneufe , c'eft la
principale, la plus fertile, ck la mieux peuplée desiiles
du Cap-verd; latitude, feptentrionale, 15 d. 15'.
L'ifle de Sant-Jago eft comme la Douane Portugaife ,
pour tous les vaifleaux de cette nation , qui vont com-
mercer au nord de Sierra-Léona jusqu'en Guinée. Cet
avantage joint à la commodité de fa fituation pour le
commerce , a peuplé cette ifle; ck la cour de Portugal,
pour encourager les nouveaux habitans, leur accorda à
perpétuité la propriété des terres , fans la moindre espèce
de taxe.
Le port le plus célèbre s'appelle Porto-praya ; il eft
fitué à la pointe fud-oueft de l'ifle: il offre une perspec-
tive charmante. A deux lieues de Praya, oueft-nord-
oueft , on trouve Kaliete S. Martin , petite baie où on
a feize ou dix-huit pieds d'eau. De Kaliete à la ville
de Sant-Jago ou Ribeyra-grande, capitale de l'ifle, on
ne compte que quatre milles par terre. Par mer , Cette
ville eft à une lieue du rivage , au nord-oueft de Kaliete.
Rivera-Plata , au nord de la capitale , eft une longue
baie d'un fond très-net. On y fait de l'eau commodé-
ment , parce que le ruiffeau coule jusqu'au bord de la
mer , ck on y trouve toute forte de rafraîchiftemens.
Terrafal, qu'on rencontre enfuite , eft un port eftimé;
mais il ne fournit aucune provifion. La baie de Porto--
faciendo , qui vient après , eft grande avec un bon fond ,
depuis dix jusqu'à quatre braffes , cette partie de l'ifle
confifte en pâturages. Entre cette baie ck Bighude , qui
eft la pointe la plus feptentrionale, on trouve quelques
autres rades ; mais la côte eft dangereufe , ck parfemée
de rocs. Quand on a doublé la pointe de Bighude , la
côte tourne au fud de Porto-Jine-noma , qui eft une
grande baie. La baie fui vante eft celle de Porto-for-
mofa , à laquelle il ne manque rien pour la beauté. La
baie de S. Jago eft dans le milieu de la partie orientale
de l'ifle. Au fudquart-fud-eft de cette baie, on rencontre,
à deux ou trois milles , celle de Porto-madera , dont
la profondeur eft depuis neuf jusqu'à fix braffes. Vient
enfuite Porto-lobo , qui eft un port très-fûr quand on
y eft entré; mais l'entrée en eft étroite, ck bordée par
une chaîne de rocs , qui la rendent dangereufe. Au midi
de Porto-lobo , eft la rade de San Francisco , dont le
fond eft fort mauvais , ck l'on n'y trouve pas d'eau fraîche.
La petite baie de Portate , qui eft entre la précédente
ck Porto-praye , eft une ftation fort commode pour les
petits bâti mens ck les chaloupes. On compte dans cette
ifle cinq villes, qui font Sant-Jago ou Ribeyra-
ÉRANDe, capitale; S. Domingo ; S. Domingo-
Abacace , ck Villa de Praya. Voyez chaque ar-
ticle féparément.
L'ifle de Sant-Jago ayant beaucoup d'eau fraîche ,ne
peut manquer d'excellens pâturages. Il y a des bœufs ,
des vaches en grand nombre , des chevaux, des ânes,
des chèvres, des porcs, ck des finges. Elle porte en
abondance du maïs, du bled de Guinée, des plantains,
des bananes , des oranges , des limons , des melons d'eau.
On y fait peu de fucre. La vigne n y croît pas mal ;
mais il y en a peu. Les habitans recueillent allez de coton
pour fe faire des habits, ck pour en envoyer au Brefil.
C'eft presque à cela que fe réduit leur commerce ; ce
qui fait que la plupart vivent miférables. * Dampierre,
429
Voyagé autour du monde. George Roberts ,. Voyage aux
ifles du Cap-verd.
2. JAGO (SANT-). Voyez RibêYRA-GRANDE.
3. JAGO, (Sant-) , ville de l'ifle Sant-Jago , une des
ifles du Cap-verd , dans fa partie orientale , entre Porto-
Madera, au midi ckPorto-formofa au nord. Elle eft au mi-
lieu d'une baie de même nom , fur un terreinqui s'élève
entre deux vallées , l'une au fud, &c l'autre au nord , toutes
deux bien plantées de cocotiers , & de palmiers. La ville
n'eft pas grande ; il y a une paroiffe , dont l'églife eft fort
proprement bâtie. C'eft le canton de l'ifle le plus fertile.
* Voyage de Roberts , aux ifles du Cap-verd
JAGODNA, ville de Turquie, dans la Servie, en
une très-belle plaine , près de la Morave , à quarante
mille pas du Danube au midi, en allant vers Novibazar.
* Baudr. édit. 1705.
JAGOS, (les) peuple d'Afrique. Ils font errans &
voleurs comme les Arabes. Ils fe font répandus en plu-
fieurs endroits de la baffe Ethiopie , mais principalement
dans le royaume d'Anzico. Ils adorent le foleil & la lune»
Ils font fi féroces , qu'ils fe mangent les uns les autres ,
dès qu'ils font morts. Ils ont pour armes une hache, urt
arc ck des flèches. * Baudrand, édit. 1705.
JAGRA , royaume d'Afrique , au fud de la rivière de
Gambra , borné à l'oueft par celui de Kaen , ck à l'eft
par celui d'Yamina. L'ifle des éléphans, fur la Gambra,
appartient à ce royaume. Le pays de Jagra eft célèbre
par le naturel laborieux de les habitans , ck riche en riz
ck en bled. Labat l'appelle Giarra. * Voyagede Monre.
Carte de la Gambra, par Léach ,1731.
:. JAGRENATE , lieu des Indes , fitué au fud-oueft de
l'embouchure du Gange fur la côte , ck célèbre par une
grande pagode , qu'on y a bâtie : c'eft où le grand Bra-
mine, c'eft-à-dire le grand-prêtre des idolâtres, fait là
réfidence. Le chœur , ou intérieur de cette pagode , eft
fait en forme de croix. La grande idole qui eft fur l'autel ,
a deux diamans , qui tiennent la place des yeux , & un
autre qui étant attaché à fon cou , lui descend fur l'efto*
mac ; le moindre de ces diamans eft d'environ quarante
karats. Cette magnifique idole , nommée Kesora , porte
au bras des btaflelets , tantôt de perles , tantôt de rubis ; ck
elle eft couverte depuis le col jusqu'en bas d'un grand
manteau pendant fur l'autel ; ce manteau eft de brocard
d'or ou d'argent, félon les folemnités. Au commence-
ment elle n'avoit ni pieds ni mains, ck les bramines
content , à ce fujet , qu'après qu'un de leurs prophètes
eut été enlevé au ciel , cette perte leur Caufa à tous une
douleur fi fenfible, que Dieu, pour lesconfoler, leur
envoya un ange , avec ordre de leur faire une ftatue qui
eût la reffemblance du prophète , afin qu'ils en euffent
toujours l'image devant les yeux. Tandis que l'ange tra-
vailloità cette idole , l'impatience les prit; en forte qu'ils
la lui ôterent pour la mettre dans la pagode, quoiqu'elle
fût encore fans pieds ck fans mains. Comme ce défaut
la rendoit difforme, ils lui firent des mainsde certaines
petites perles , appellées/wA:.s à fonce. Quant aux pieds,
le manteau les cache , ck on ne voit que le vifage 8c
les mains. La tête tk le corps font faits de bois de
fandal. Autour du dôme, fous lequel a été mife l'idole ,;
ck qui eft fort élevé , ce ne font, depuis le bas jusqu'au
haut , que des niches remplies d'autres idoles, dont la
plupart repréfentent des monfttes hideux, 6k qui font
de pierres de différentes couleurs. De chaque côté de la
pagode il y en a une autre beaucoup plus petite , où
les pèlerins font faire leurs moindres offrandes , ck quel-
ques-uns qui , dans leurs maladies , ou dans l'embarras
de leurs affaires, fe font voués à quelque Dieu , en ap-
portent la reffemblance dans ce lieu-là, pour recon-,
noître le fecours qu'ils croient en avoir reçu. La pagode
de Jagrenate eft la plus fréquentée de toutes les Indes,
à caufe de fa fituation fur le Gange , dont les idolâtres
font perfuadés que les eaux ont une vertu particulière
pour les purger de leurs fouillures, quand ils s'y lavent.
On y aborde de tous les côtes , ck le revenu en eft (i
considérable par les grandes aumônes qui s'y font , qu'il
peut fuffire à nourrir tous les jours quinze ou vingt mille
pèlerins. Les fournies qu'elles produifent ne font
pas tant à la discrétion de ceux qui les font , qu'à
la disposition du grandi- prêtre , qui, avant de don-
ner permiffion aux pèlerins de fe rafer, de fe laver
430 JAK
dans le Gange , & de faire les autres chofes néceffaires
pour s'aquitter de leur vœu ,taxe chacun félon fes moyens,
dont il s'eft exactement informé &C le tout eft appli-
qué à la nouriture des pauvres , ck à l'entretien de la
pagode. On frotte tous les jours la grande idole avec
des huiles de fenteur, qui la rendent toute noire; ck
ce dieu a fa fceur nommée Sotora , à fa main droite ,
ck fon frère appelle Balhadar, à fa gauche. Ils font
tous deux vêtus , fck debout. Devant cette même idole ,
en tirant un peu à gauche , on voit fa femme , qu'ils ap-
pellent la Kemiu. Cette dernière eft toute d'or maffif ,
& les deux autres de bois de fandal , comme la grande.
Toutes les idoles font fur une espèce d'autel , entouré
de grilles , n'y ayant perfonne quipuiffe y toucher, que
certains Bramines deftinés à cet office. Auprès de cette
pagode eft le tombeau d'un de leurs prophètes, à qui
les Indiens rendent de grands honneurs. * Tavernier ,
Voyage des Indes, l.y,c. il.
La description de cette pagode paroît fuspecte; ce
qu'il y a de certain , c'eft qu'elle eft peu connue dans les
parties méridionales de l'Inde ; ck je n'en ai jamais
entendu parler qu'à un Indien , dit le père Bouchet
dans une de fes Lettres , au lieu qu'on vante fort celle
de Cachi , qui eft la même chofe que Benares.
JAGUANA, ville de l'Amérique, dans l'ifle Hispa-
niola. Les Espagnols la nomment Santa Maria del
Puerto. Elle eft fituée, du côté del'oueft, à cinquante
ou foixante lieues de S. Domingue , ck à une lieue de
la mer: quoiqu'elle ait un port commode , elle n'a que
trois rues , qui contiennent environ cent cinquante mai-
Ions : les Anglois la furprirent , l'an 1 541 , ck la ruinèrent
presque entièrement. * De Lait, Ind. occid. /. 1 , c. 7.
JAGUR , ou Jadur , ville de la Paleftine , dans la
tribu de Juda ; il en eft parlé au Livre Je Jofué , c. 1 5 ,
y. 2 1 . On en ignore la fituation ; on fait feulement qu'elle
étoit au midi de Juda.
JAGUSA , ruiffeau de l'empire Ruflien , au duché de
Moscou, où elle arrofe la capitale, & fe perd dans la
Mosca. De l'ifle la nomme YaOUSA.
JAHAT, ou Jacasa. Voyez Jasa.
JAïCK, (le) rivière de la Tartarie, à l'extrémité
orientale du royaume , qu'il fépare du Turqueftan. Ce
font les Ruffiens qui la nomment ainfi ; car fon nom eft
Jaïgik. Elle a fa fource dans cette partie du mont Cau-
çafe , que les Tartares appellent Arall-tag , proche
la fource du Tobol. Son cours eft du nord-nord-eft au
fud-fud-oueft ; ck elle fe décharge, après un cours d'en-
viron quatre-vingt lieues d'Allemagne , dansla mer Cas-
pienne, à quarante-cinq lieues à l'eft de l'embouchure
de la rivière de "Wolga. La rivière de Jaïck fait à préfent
la frontière de ce côté , entre l'empire de Ruffie & les
états du Contaisch , grand-kan des Calmoucks. Ses bords
font fort abondans en pâturages, mais dépourvus de
bois, fur-tout vers la mer Caspienne. Elle eft d'une abon-
dance incroyable en toutes fortes d'excellens poiffons ;
ckon affure qu'au commencement du printems , les poif-
fons viennent en fi grande quantité de la mer Caspienne,
dont les eaux font extrêmement falées, chercher l'eau
douce de cette rivière, qu'ils battent quafi le courant de
l'eau, ck qu'on en peut prendre de la main tant qu'on
veut. C'eft principalement de cette grande quantité de
poiffons, qu'on prend dans le Jaïck ck dans le Wolga,
qu'on transporte les œufs falés , par toute l'Europe , fous
le nom de caviar ; ce qui peut affez faire juger de la
quantité qu'on en pêche annuellement. Au mot COSA-
QUES,j'ai parlé amplement de ceux qui habitent le long
de cette rivière. *Hifi. des Tatars, p. 46.
JAï'CZA. Voyez Jaycza.
JAIN VILLE. Voyez Janville.
JAïR. Voyez Avoth-JAïR.
JAïZI, petite province du pays de Maruennahar, au
nord-oueft de la ville de Samarkant , vers la rive méri-
dionale de la rivière Khefell. *Hift. généalogique des
Tatars, p. 801.
JAK.OTIN , Baudrand, édit. i7o<[ , nomme ainfi un
bourg de l'Ukraine , fur la rivière de Supoi ; De l'ifle
l'appelle Lahotin.
JAKSA, ou JACK.SIE , ville de lagrande Tartarie,
dans laDaurie, félon Baudrand, éd. 1705 ; il la met à
dix lieues de la ville d' Amur , ci à quarante d'Albafin ,
JAL
ckcite la Carte deWitfen. De l'ifle, C ne delà Tar-
tarie, prétend , au contraire , queJAKSA ck Albafinfont
une même ville au bord de l'Amour. La nouvelle Carte
de tout l'empire de la grande Ruffie , publiée à Leyden,
ne fait aucune mention de Jakfa, mais bien d'ALBAS-
SINSKOI , ville fituée au confluent de l'Albaflin ck de
l'Amur. On y remarque que cette ville des Ruffesa été
ruinée par les Chinois ck les Mongales.
JAKUTI, (les) peuple payen de la Sibérie. Ils habitent
les bords de la Lena ck font, à-peu-près, faits comme les
Tongoufes. Ce font les feuls , d'entre les peuples payens
de la Sibérie , qui fe fervent de rennes pour leur monture.
On prétend qu'ils ont plus d'esprit ck de malice que les
autres peuples de ce continent. Ils habitent des hutes qu'ils
transportent , pendant l'hiver, dans les forets où ils vivent
de la chaffe. Dans l'été ils s'établiffent fur le bord des
rivières , où ils vivent de h pêche. Les peaux de poiffon
font leur habillement d'été , & celles d'élans ck de rennes
font celui de l'hiver. L'arc ck la flèche , un couteau, une
hache , avec une marmite au plus font leurs richeffes :
les raclures d'un certain bois font leurs lits de plumes.
Les rennes, dont ils fontufage au lieu de chevaux, leur
font d'une plus grande utilité que ne le feroient ces der-
niers, parce qu'elles n'enfoncent point dans les neiges
comme feroient les chevaux. * Hiji. généalogique des
Tatars, p. 186,187.
JAKUTSKOI , ville de l'emprie Ruflien , en Si-
bérie , dans la Tartarie , fur la rivière de Lena ,au pays
des Jakutes , qu'elle tient clans le respeft , & dont elle
prend fon nom. C'eft de-là qu'il va , en été , des barques
pour fe rendre le long des côtes , & par les ouvertures
du cap à Sabatzia, à Anadieskoi ôk à Kamfatka, pour
y prendre du narval ck de l'huile de baleine. Les Tar-
tares de ces quartiers-là fe fervent , pour cela , de petites
barques de cuir d'une légèreté extraordinaire.
JALA , Jaele , ou Yale , petite ville de l'ifle de
Ceïlan , environ à vingt lieues à l'orient de la ville de
Mature ; elle étoit autrefois bien peuplée , 6k capitale
d'un royaume particulier ; mais à préfent elle eft dé-
peuplée ck négligée par les Hollandois , à qui elle appar-
tient. Elle eft nommée Ajala , fur la Carte de Ceïlan
par De l'ifle.
JALASAGAN, ville de la Tartarie. Elle eft appellée
par les Moguls CHAMBALICK , ou la bonne ville •
Cham voulant dire en langue des Moguls , bon fck balck,
une ville. Le tradufteur de l'Hiftoire des Tatars , en
parle ainfi dans une note ,p. 133. Cette ville doit avoir
été quelque part dans la petite Boucharie , vers les con-
fins de la grande Boucharie fck des états du Contaisch.
Mais je ne puis pas dire précifément , fi elle fubfîfte en-
core fous le même nom , quoi qu'on m'en ait voulu affurer
pofitivement , fck que même c'eft maintenant un des
principaux paffages par où l'on entre de ce côté dans la
grande Boucharie.
JALIGNY , félon Baudrand , petite ville de France ,,
dans le Bourbonnois , fur la rivière de Besbre, qui fe
jette dans la Loire , quatre lieues plus bas , à Bourbon-
Lancy.
JALINES, village de l'ifle de Cypre,furla côte fep-
tentrionale ; c'étoit,à ce que l'on croit , la ville de Ma-
CARIA. Voyez ce mot.
JALOFES, (les) ou Oualofs, peuple d'Afrique ,
dans la Nigritie. Ils habitent depuis l'embouchure du
Sénégal, allant au fud, jusqu'environ fix ou fept lieues
du Cap-Verd ; ce qui fait du nord au midi une étendue-
de quarante lieues de côte maritime , & de l'eft àl'oueft
cent lieues dans les terres. * Voyage de le Maire.
C'eft un pays fertile, fck rempli d'habitations fort
peuplées. Les Portugais , en 1487, y bâtirent un fort: D.
Pedro Vaz de Cunna , amiral, , qui avoit eu ordre de bâtir
ce fort, tua indignement Bernois , roi des Jalofes , avec
qui la nation Portugaife étoit alliée , fck qui même les
avoit introduits dans fon royaume. * Hijî. génér. des
Voyages , t. 1 .
1. JALONICZ , rivière de la Valaquie. Elle prend fa
fource aux frontières de la Tranfilvanie,à l'orient d'Ar
gisch, d'où prenant fon cours d'abord vers le midi, elle
fe replie vers le levant , fck fe rend dans le Danube , un
peu au-deflus du lac de Carafou. Cette rivière paffe à
Tergowitz , à Jalonicz fck à Flotz.
JAM
i. JALONICZ , bourgade de la Valaquie , fur le bord
méridional de la rivière de même nom, entre Flotzau
couchant , Si Tergowitz au nord-oueft. * Robert de Vau-
gondy , Atlas.
JALYSUM, ancienne ville de l'ifle de Rhode. C'étoit
unedes trois villes de cette ifleque Strabon, /. 14, p. 653,
Si Pline appellent Lindum , Camïrum , Si Jalyfum.
JAM 431
ides Caribes; la belle faifon eft en Mai & Novembre,
Les vents foufflent conftamment de l'Eft , fans qu'il y ait
aucune variation. On les appelle Brie\es : ces vents fe
lèvent ordinairement vers les neuf heures du matin , Si
foufflent plus fraîchement , lorsque le foleil eft plus haut
que les montagnes , en forte que les artifans ci laboureurs
peuvent travailler au milieu du jonr. Les vents d'amont
Homère, ILiad. B. v. 656 , les nomme toutes trois en un foufflent ordinairement jusqu'à fix ou fept heures après
même vers. midi. (On appelle ainfi les vents depuis le nord à l'eft ,
& depuis l'eft jusqu'au fud ; ) Si quand ils changent à
l'oueft, que les habitans de l'ifle appellent la terre des
Briéçes , parce qu'ils foufflent des terres , Si qu'ils chas-
fent leurs bateaux Si leurs vaifleaux de leurs havres. Il '
n'y a point là d'hyver apparent ; il y a feulement un
peu plus de pluie Si de tonnerre, dans les mois d'hiver,
que dans les autres rems. La longueur des jours Si des
nuits n'y changent pas beaucoup; le jour y eft d'environ
quatorze heures. Le flot ne monte que d'un pied. Les
courants font changeans &C incertains ; perfonne n'en
peut donner de raifon. La Jamaïque a foufFert un furieux
tremblement de terre, en 175 1, qui y a fait de grands
ravages.
Les rivières de l'ifle ne font pas belles d'elles-mêmes,
ni navigables ; Si comme l'ifle eft pleine de montagnes ,
ces rivières y ont leur fource, Se en tombent avec tant
de rapidité , qu'elles caufent fouvent des inondations Se
ravagent tout comme des torrens. Il y en a plufieurs
qui tariffent en certains tems , Si en d'autres ont plus
d'eau que la Tamife.
L'ifle n'a que trois villes qui foient de quelque confï-
dération, La capitale eft Sant-Jazo de la Vega. Les
deux autres font Port-Royal ,Si Pa(jage. Seviâe , MeÙMa
Si Orijlano , qui étoient de quelque considération , du
tems des Espagnols , font à préfent peu de chofe.
Outre ces villes qui font maritimes , il y a divers ports
qui ont de la réputation; le vieux havre ou Old-Har-
bourg, Port-Morant , Port-Negril, Si Port-Antonio»
Ar.l'ot IkAi/ûjoV tê t[^\ àyvv'iiTU Kttfjulfoh
Mais Strabon , /. 14, p. 655 , dit que ces trois villes fe
fondirent dans celle de Rhode. Diodore de Sicile , /. 13,
dit que cela arriva la première année delaxcme Olym-
piade.
JAM , ville maritime d'Afrique , fur la côte de l'Océan,
dans la Nigritie , à fept ou huit lieues de la rivière de
S. Domingue. Le flux Si reflux delà mer forme un petit
ruifleau , qui conduit à la ville de Jam , où beaucoup de
Portugais font quantité de cire qu'ils vendent Si trafi-
quent par terre à Gambie Si à Cacheaux. * Voyage de
le Maire,
1 . JAM A , rivière de l'empire Ruffien , en Ingrie , à la-
quelle elle fert de bornes au midi. Au-deflous de la ville
demêmenom, elle fe partage en deux branches qui for-
ment une ifle : l'un de ces bras va fe perdre dans le golfe
de Finlande , aflez près de Coporie, Si l'autre a fon em-
bouchure auprès de celle de la rivière de Narva * De
Vljle , Carte de Moscovie.
x. JAMA, ou JAMAGOROD , ville de l'empire Rus-
fien , dans l'Ingrie , fur la rivière de Jama , à l'orient
d'été de Narva , à environ dix werftes de cette ville ,
qui reviennent à deux milles géographiques.
JAMAÏQUE , (la) ifle de l'Amérique feptentrionale ,
fous la domination des Anglois qui l'ont enlevée aux
Espagnols. Elle eft par les 17 d. 40' de latitude, pour
fa partie méridionale, Si par les 18 d. 45' pourfapartie II y a plusieurs autres bonnes baies Si havres, le long
r . . • 1 _ T7ii_ ~/i — -. : J: J„ !„ *.: : ._i~ J_ ,1„„ „&-. — J_v:/i- : r * /ici /
feptentrionale. Elle eft au midi de la partie orientale de
la grande ifle de Cuba, dont elle eft féparée par urt
détroit d'environ quinze lieues de largeur: un autre dé-
troit d'environ vingt lieues, la fépare de l'ifle de S. Do-
mingue, qui eft au Levant. Elle eft à cent feize lieues ,
& au nord de Porto-Belo , Si à cent quatorze de Car-
ihagene. Cette ifle à vingt lieues de large , du nord au
fud ; cinquante de long , de l'orient à l'occident ; Si cent
cinquante de circuit , félon Herrera. Sa figure tient un
peu de l'ovale; c'eft un fommet continu de hautes mon-
tagnes , courant de l'eft à l'oueft , qui s'étendent l'une
après l'autre , Si qui font remplies de fources fraîches,
qui fourniflent l'ifle d'une grande abondance de rivières :
la plupart du terroir eft gras &C fertile ; c'eft une terre
noirâtre Si mêlée d'argile , excepté dans la partie du
fud-oueft où la terre eft généralement plus rouge ; mais
par-tout elle eft fertile, Si propre à être avantageufe-
ment cultivée. Il y a des arbres 8i des plantes qui ne
fe dépouillent jamais de leur verdure. Elle eft entremêlée
de bois Si de montagnes , de favanes ou de plaines, que
l'on fuppofe avoir été des champs de maïs d'Inde ou de
froment; mais lorsque les Espagnols fe rendirent maîtres
de l'ifle , ils changèrent ces champs en pâturages pour
des chevaux , des bœufs , des porcs , Si autre bétail qu'ils
avoient amené pour peupler, Si qui s'eft tellement mul-
tiplié , que l'on voit dans les bois de grands troupeaux
de chevaux Si autres animaux , qui font devenus fau-
vages : ces favanes que l'on regarde comme les terres
les plus ftériles de l'ifle , Si que l'on ne laboure point ,
produifent une fi grande quantité d'herbes, que l'on eft
fouvent obligé d'y mettre le feu. * Amérique Angloifc ,
p. 1 Si fuiv.
L'air eft ferein Si clair, Si plus tempéré que dans les
ifles voifines ; la chaleur y eft médiocre , Si l'air conti-
nuellement rafraîchi par le ventd'eft, Si par des grains
&i de grandes rofées qui tombent la nuit. La verdure
perpétuelle enrend le féjour très agréable , fur-tout dans
la partie méridionale. L'eft Si l'oueft font un peu plus
fujets à la pluie Si aux vents. On a obfervéque les mon-
tagnes qui traverfent l'ifle d'une extrémité à l'autre , font
plus froides qu'aucune autre partie ; enforte qu'il y a quel-
quefois de petites gelées blanches le matin. Le beau tems
eft moins confiant dans cette ifle, que dans le reûedes
des côtes de l'ifle, qui ne font pas fi fréquentés , comme
le Permis S. Michel, la baie Mucari , la pointe Alliga-
dor , la pointe Pedro, h baie Pallaie , la baie .Lpava/za,
la baie Bltwfields , Si la baie des Cabaritas , qui font
au fud, Si qui font des havres fort commodes pour les
navires. On trouve au nord Porto-Maria, Ora Cabeja,
Cold Harbourg, Rio Novo , Montega-bay , Orange-
bay , Si beaucoup d'autres au fud , Si qui ont tous leurs
maifons.
Il y a auflî une place appellée Withy-Wood , au fud,
d'environ quarante ou cinquante maifons , pour la com-
modité des vaifleaux qui fréquentent cette rade, en.
quantité.
Cette ifle produit du fucre, du cacao, de l'indigo,
du coton , du tabac. Les écailles des tortues , que l'on y
pêche, font, fort eftimées en Angleterre, ou l'on en
fait de beaux ouvrages. Les cuirs , les bois pour la tein-
ture , le fel , le gingembre , le piment , Si autres épice-
ries ; les drogues , comme le gaïac , les racines de
fquine , la falfepareille , la cafte, Sic. entrent dans le
commerce des habitans.
Il y a fur les montagnes un arbre d'une médiocre
grandeur, qu'on appelle, dans le pays , lagetto. Ses feuilles
reflemblent à celles du laurier : l'écorce extérieure eft,
a-peu-près, comme celle des autres arbres; mais l'écorce
intérieure , qui paraît d'abord blanche Si allez folide ,
eft compofée de douze ou quatorze couches que l'on
fépare aifément en autant de pièces d'étoffe ou de toile.
La première forme un drap aflez épais pour faire des
habits ; les autres reflemblent à de la toile ; Si on en
fait des chemifes. Ces couches, dans lespetites branches,
font autant de dentelles très-fines. Toutes ces toiles font
aflez fortes pour être blanchies Si lavées , comme les
toiles ordinaires : on ne voit dans la Jamaïque ni lièvres
ni cerfs ; les rivières Si la mer font fort poiflbnneufes.
Il y a quantité de poules domeftiques, de poules d'Inde,
d'oies Si de canards ; mais il y a un nombre incroyable
d'oifeaux fauvages , comme canards, farcelles , vignons ,
oies, coqs d'Inde, pigeons, pluviers , flamingos, moi-
neaux , bécanes, perroquets , Sec. Il y a fort peu d'ani-
maux malfailans ou de plantes venimeufes. L'animal le plus
fâcheux de tous eft l'alligador. Il eft gourmand, demeure
dans les rivières Si les étangs , où il tâche de furprendre
JAM
432
les bêtes & les oifeaux qui viennent boire. Il fe tapit
contre le rivage , & on le prendroit pour une pièce de
bois fec. Il y en a de dix pieds , de quinze &c de vingt
de longueur. Il a quatre pieds qui lui fervent à marcher
& à nager. Il fe remue promptement & avec força;
mais il iè tourne difficilement. Son dos & fes côtés fortt
couverts d'écaillés impénétrables , & on peut mal-aifé-
ment le bleffer , fi on n'adreffe pas aux yeux ou au ventre ;
il attaque rarement les hommes , fe multiplie comme les
oifeaux par des œufs gros comme ceux d'une poule d'Inde.
Il les dépofe dans le fable près de l'eau , & le foleil les
fait éclore. La graiffe de l'alligador eft un fouverain
baume contre les douleurs internes des jointures &t des
os. Il a des tefticules de musc, &c cette odeur forte le
fait découvrir & fuir par les moindres bêtes.
Les jardins y font garnis des herbes &. des légumes ,
que l'on a en Angleterre.
Les loix de l'iile font les mêmes que celles d'Angleterre.
Chriftophe Colomb, découvrit la Jamaïque, en 1494,
& lui donna le nom de Sant-Jago ; mais celui deJamaïca,
que lui donnoient (es habitans , a bientôt prévalu. Le
même Colomb , à fon quatrième voyage , en 1 503 ,
voulant paffer de Fifle de Cuba à l'ifle Espagnole , fut
contraint par les vents de relâcher à la Jamaïque. Il entra,
la veille de la S. Jean, dans un port, quefes gens fe hâ-
tèrent trop de nommer Porto-bueno, car ils n'y trou-
vèrent ni vivres, ni eau douce, ni habitans; ils firent
un effort pour paffer à un autre de la côte du nord ,
auquel ils donnèrent le nom de Santa-Gloria, Stils y
ctoient à peine entrés , que les deux navires qui reftoient
à Colomb, ayant de l'eau jusques fur le tillac , il n'eut
point d'autre parti à prendre , que de les faire échouer.
Il les fît enfuite amarrer enfemble avec des cables , Se
conftruire fur les deux extrémités de chacun des espèces
de baraques , en attendant du fecours qu'il envoya de-
mander à l'ifle Espagnole. Il ne fit aucune forte d'établis-
fement dans cette ifle , quoiqu'il y ait demeuré environ
quatorze mois ; & ce ne fût qu'en 1 509 , qu'elle com-
mença à être peuplée d'Espagnols, à l'occafion que je
vais dire. (
Alphonfe de Ojeda & Diego de Nicuefla , ayant été
chargés de mener des colonies dans la Caftille d'or , &
dans la nouvelle Andaloufie , le roi Catholique leur
abandonna la Jamaïque en commun , pour en tirer les
vivres dont ils auroient befoin. Chacun d'eux voulant
avoir feul cette ifle, ils fe brouillèrent , & D. Diego
Colomb, fils &c fucceffeurde Chriftophe, &c qui gou-
vernoit alors le nouveau monde , les mit d'accord , en
s'en emparant. Il y envoya Jean Esquibel , avec foixante-
dix hommes , pour y faire un établiffement en fon nom ,
& y commander fous fes ordres. Esquibel y bâtit une
ville dans la baie de S. Anne , qu'il nomma Seville:
dans la fuite , François de Garay , gouverneur de la Ja-
maïque , y fonda celles de Mélilla Se d'Orifta ; une
quatrième ville , dont Hèrrera n'a pu favoir, ni quand ,
ni par qui elle fut bâtie , eft la Véga , érigée en duché
pour le petit-fils de Chriftophe Colomb, en 1590: les
Espagnols abandonnèrent Se ville, & allèrent vers lefud,
où ils bâtirent Sant Yago , qui devint la capitale de l'ifle.
Je trouve dans un auteur Anglois cette ville, fous le
nom de Sant- Yago de la Fega ; & il fe pourroit
bien faire que ce ' fût cette ville , qui s'appelloit quel-
quefois tout fimplement la Vega , û auroit été le titre
des Colombs. Ce titre paroît aufïi avoir été changé en
celui de marquis de la Jamaïque , que portent encore
les héritiers de cette famille.
En 1630, Jakfon commandant une escadre Angloife,
furprit la ville de Sant-Yago , la pilla ; & les habitans
la rachetèrent de l'incendie , pour mille caftors. Enfin ,
en 165 5, l'amiral Pen, ayant échoué à Sant-Domingo ,
qu'il avoit voulu prendre, tourna vers la Jamaïque, &
ayant été joint par un grand nombre deflibuftiers Anglois
& François , il fe rendit maître de toute l'ifle , qui eft
aujourd'hui une des plus puiflantes colonies , qu'ayent
les Anglois en Amérique. Vers l'an 70 du dernier fiécle,
on comptoit dans cette ifle plus de dix mille habitans ,
partagés en douze paroifles.
Familles. Habitans.
Dans la paroiffe de Port Royal, 500 3 500.
Sainte-Catherine, 658 6270.
Saint-John, 83 996.
JAM
Familles.
Habîtansi
Saint- Andrev,
w
iSî*.
Saint-David ,
960.
Saint-Thomas .
59
590.
Saint-Clarendoa,
Mî
1430.
Saint-George, ï
Sainte-Marie , |
Sainte- Anne , ^
. 1000.
Saint-James , |
Sainte-Elïzabeth , )
17298.
Le nombre en eft préfentement beaucoup plus grand;
il s'eft formé de nouvelles paroifles , & les habitans
fe font multipliés, outre que le fuccès des gens établis
y en attire beaucoup d'autres. Il y a vingt ans que le
nombre des Anglois y montoit à plus de foixante mille
âmes , avec près de cent mille Nègres. Comme cette ifle eft
très-importante, pour la nation Britannique , on n'en con-
fie le gouvernement qu'âdes feigneurs du premier rang.
JAMAÏQUE , ville d'Afrique, fur la côte de Guinée,
dans l'ifle de Scherbro , dont elle eft la capitale. Les
Anglois y établirent un comptoir, en 1716. * Voyagn
de Smith. Côte de Guinée par M. Bellin.
JAMAMA. Voyez Yamamak.
JAMAN , nom moderne d'une partie de l'Arabie heu-,
reufe. Voyez Yemen.
JAMATSIIRO , ou Xamaxiro , province du Ja-
pon , & une de celles qui compofent la Tenfe , ou le
domaine de l'empereur. Sa ville capitale eft Méaco,
qui eft eh même tems la capitale de l'empire. Cette
province s'étend le long du bord occidental du lac d'Oïtz.
* Hifl. du Japon.
JAMATTO , province du Japon, dans la grande
ifle de Niphon ; elle eft fituée au milieu d'une penin-
fule , qui s'étend à l'orient de l'ifle de Xicoco. Voyez
l'article Japon.
i.JAMBA, ville de la Babylonie , félon Ptolomée^
/. 5 , c. 10. Elle étoit du côté des marais , vers l'Arabie
déferte.
2. JAMBA , petit royaume de l'Indouftan , fur le
Gange , qui le traverfe du nord au fud. Il eft borné au
nord par le royaume de Siba , à l'orient par celui de
Gor ; au midi par celui de Bacar , & au couchant par
des montagnes , qui le féparent des terres de Raja De-
camperga. La feule ville que nous y connoiflïons , s'appelle
aufli Jamba. Baudrand y met les terres de ce Raja , où
eft la ville de Calferi. * De Cl/le, Carte des Indes.
JAMBAL. Ortélius dit , à l'article Rhenus ces mots :
unum ojliorum Rheni, quo nempe per Barbaros fluat,
Jambal vocari feribit Servius Honoratus. C'eft-à-dire :
Servius Honoratus écrit que l'une des embouchures du,
Rhin , favoir le canal par lequel il coule entre les
Barbares , s'appelle Jambal. Ortélius a été trompé par
un exemplaire vicieux de cet auteur. Ce favant com-
mentateur expliquant ces mots de Virgile , jEneid.
1. 8, v. 717 :
PJienusquc bicornis,
dit : peralterum qutz interluit Barbaros ; ubijam Vahal
dicitur, & facit infulam Batavorum. C'eft ainfique l'édi-
tion de Bafle, 161 3 , porte à la page 1317, quoique dans-
la table on life Jambal. On voit que la branche du Rhin
que nous appelions aujourd'hui le Wahal, portoit déjà
ce nom dès le tems de Servius Honoratus.
JAMBIA , village de TArabie heureufe, fur le golfe-
Arabique , félon Ptolomée, 1.6, cj. Il étoit près dit
golfe Élanite.
1. JAMBIS. De l'ifle écrit Jambi, royaume des In-
des, fur la côte de l'ifle de Sumatra, vers le milieu de
cette ifle , entre celui d'Andragiri &c celui de Palinbanî
nous n'en favons par les bornes.
2. JAMBIS ou Jambi, ville du royaume de même
nom , dans l'ifle de Sumatra , fur une rivière qui coulant
d'abord d'occident en orient , fe tourne vers le nord-
eft, & forme un allez beau golfe. La rivière & le
golfe n'ayant point de nom particulier qui nous foit
connu, nous l'appelions la rivière de Jambi, & le golfe
de Jambi.
JAMBOL, ville de la Turquie en Europe, dans la
JAM
JAM
Bulgarie , au pied des montagnes: elle eft presque ruinée,
félon Baudrand, éd. 1705.
1. JAMBOLI , ifle dont parle Diodore de Sicile,
/. 2, c. 13 , qui dit qu'elle fut trouvée par un certain
Jambule ou Jambole, après quatre mois de navigation,
dans la mer qui eft au midi de l'Ethiopie. Sur la descrip-
tion qu'il en fait, quelques-uns ont cru que c'étoit l'ifle
de Madagascar. On peut voir dans cet auteur une rela-
tion aflez étendue qu'il en fait.
2. JAMBOLI , (le) contrée de la Macédoine d'au-
jourd'hui, aux confins de la Romanie , de la Bulgarie
& de la Macédoine propre. Elle a au feptentrion laBul-
garie, à l'orient la Romaine , & l'Archipel, qui y forme
les golfes de Contefla , d'Aiomama , & celui de Sa!o-
nique , qui le borne au midi: la Macédoine propre l'en-
ferme à l'occident. Les principaux lieux font le long
de la mer.
La Cavalla , Bolina ou Hieriflbs ,
Contefla , Cartel Rampo ,
Les ruines d'Amboli, Aiomama,
& Caflandra.
43 3
Dans les terres font,
Les ruines de Philippes .
Marmara ,
Tricala,
Cerès.
JAMBOS , ville d'Afie, près de Troie , félon Hefyche
cité par Ortélius , Thefaur.
JAMBY. Voyez Jambis.
JAMEN. Voyez Yemen.
JAMES. Les Anglois appellent ainfi ceux que nous
appelions Jacques ; & comme ils ont eu plufieurs rois
de ce nom , ils l'ont donné à différens lieux , fouvent
même parce que ceux qui les découvroient , s'appelloient
ainfi.
JAMES-BAY, c'eft-à-dire h baie de Jacques, baie
de l'Amérique feptentrionale ; ou plutôt c'eft la partie
occidentale de la baie de Hudfon , qui s'avance fort
au midi vers la nouvelle France. Baudrand croit que ce
golfe fut ainfi nommé par Thomas James , Anglois , qui
le découvrit en 163 1 ; mais il ajoure qu'il eft plus fou-
vent confondu fous le nom de la baie du nord , comme
on l'appelle préfentement, tk. il y a plufieurs ifles,
entr'autres, celles de Charletovn, de Damby,Roos &C
d'Oweftons , avec quelques ports : en ce cas ce feroit
non pas la partie occidentale, mais la méridionale de
la baie de Hudfon.-
JAMESBOROUGH , c'eft-à-dire le bourg de Jacques,
bourg d'Irlande dans la province de Leinfter , au comté
de "^eft-Méath , fur le Shannon , au-deflus d'Atlone.
C'eft le même lieu que JamestOwn 2. Corn. Dift.
JAMES-CAP , c'eft-à-dire Cap de Jacques, le cap de
l'Amérique feptentrionale, vis-à-vis de Plymouth,dans
la nouvelle Angleterre. On l'a aufli nommé le Cap des
Etats , lorsque ce pays s'appelloit la Nouvelle Hollande.
Les Cartes Angloifes le nomment préfentement Kaap
Codd. C'eft une pointe déterre, qui forme à l'orient
un golfe nommé Barnjlabk Baie. Baudrand re&lRé.
JAMES-COUNTY. Voyez Jamestown i.
JAMESFORT, fort d'Afrique, dans une petite ifle
au milieu de la rivière de Gambie, à quatorze lieues
de fon embouchure. Ce fort bâti par les Anglois , fut
pris & rafé , en 1695 , par le comte de Gennes. La
compagnie de France s'empara du commerce , de cette
rivière jusqu'à la paix de Ris-wick, qu'on le reftitua
à l'Angleterre. * Carte de la Gambra , par le capitaine
Jean Beach. 1732.
JAMES-ISLEj ou l'ifle de Jacques, grande ifle des
terres arftiques , ou plutôt vafte pays peu connu , mais
que l'on a pris d'abord pour une feule ifle. Il eft borné
au nord par la mer Chriftiane ; à l'orient par le détroit
de Davis , au fud-oueft par le détroit de Hudfon , &
à l'occident par un bras de mer , qui joint ce dernier
détroit à la baie de Baffin. On le croit partagé en trois
ifles. Celle du nord-eft eft féparée par la baie de Cum-
berland,que l'on juge communiquer à la mer Chriftiane,
du côte du nord. L'ifle du fud-eft eft, dit-on , féparée
par un détroit qui eft une communication delà baie des
Ours , jusqu'à la baie de Cumberland ; mais ce ne font
qne des conjectures peu Aires. Il manque des relations
bien certaines des navigateurs qui ayent palTé entre ces
trois ifles. * Robert de Vaugondy , Atlas.
Celle qui eft à l'occident de la baie des Ours & de
celle de Cumberland, a dans fa partie feptentrionale
le Stepland; à l'extrémité méridionale eft le cap de
la Roque - Marie, ou le cap Char'es: fiir la côte occi-
dentale , eft la baie de Smith , & plus haut eft le cap
Baffin. L'intérieur des terres eft peu connu.
L'ifle qui eft à l'orient de la baie des Ours , a fur fa
côte méridionale la baie du nord; à la pointe du fud-eft
font les ifles de R.éfolutions ; fur la côte orientale eft
LUMLEZ INLET, c'eft- à-dire le golfe de Lumle^.
L'ifle qui eft au nord-eft de la baie de Cumberland,
a au midi le cap de "Walfmgham , à l'orient duquel eft
le mont Ralegh. Plus haut eft de cap de Bedfort.
JAMES-RIVER , ( Baudrand dit James-Riviere,) ri-
vière de l'Amérique feptentrionale, dans la Virginie:
elle arrofe divers cantons , dont voici les noms, à com-
mencer depuis fa fource, jusqu'à fon embouchure. * Di-
vers Mcm. & Cartes.
Au nord de cette rivière , Prince-George-Counry,
Charles-Counry , James-County , Yorck-County , ck. Eli-
zabeth-County.
Au Sud, Henrico-County, Surry-County , Eylant-
Wight-County,Nanfamond-County , & Princefs'-Anna-
County.
Au midi de James-County , la rivière devient fort
large. Elle en reçoit plufieurs autres dans fon cours; là
principale eft celle de Chicahamin. L'embouchure de Ja-
mes-River eft à l'entrée de la grande baie de Chefàpeack.
Son entrée eft reflerrée au nord , par la pointe méridio-
nale, d'une ifle longue tk étroite, ïituée à l'orient d'Eli-
zabeth-Coumy, & au fud par des fables étendus an
nord de Princefs'-Anna County. Les Américains la nom-
ment Pouhatan. Une nouvelle Carte de la nouvelle
France la nomme Powhava; 8t De l'ifle qui, dans fa
Carte de la Louifiane , la nomme rivière de James , lui
donne un cours très-long , depuis les montagnes qui
bornent la Virginie au nord-oueft , au travers des terres
marécageufes , qu'elle arrofe près defoixante &: dixlieues,
au-deflus de Henrico-County.
JAMES-STAD , ou
1. JAMESTOWN: quelques François l'appellent Jac-
ques ou Jacques-ville-, ville de l'Amérique feptentrion de,
dans la Virginie , fur la rivière de James ou de Pova-
tan , dans une contrée nommée James-County ou Ja-
mzs-Land. Elle pafle pour la capitale, non feulement
de la contrée , mais encore de toute la Virginie. Elle eft
fur une presqu'ifle, au nord de la rivière, à environ
quarante milles au-deflus de fon embouchure. Cette ville
a quelques maifons de briques, entr'autres, des hôtelleries
& des auberges ; mais le nombre de ces maifons n'eft
pas grand, & il ne pafle guère foixante & dix; encore
font-elles disperfées. Cette ville a été fujette à plufieurs
accidens , qui l'ont empêchée de le former , comme
quantité d'autres de l'Amérique.
La contrée où elle eft fituée , c'eft-à-dire James-
County, contient une étendue de 108362 acres de terre,
diftribuées en cinq paroiffes, WallinGFORD , WlL-
MINGTON , JaMES-TOwN, MERCHANTSHUNDRED,
qui font au midi de la rivière, & Bruton de l'autre
côté.
2. JAMESTOUN, Iamestowou Jamesboroug,
petite ville d'Irlande , dans la province de Leinfter.
Baudrand dit qu'elle eft dans le comté du roi : il fe
trompe , elle eft dans celui de "Weftmeath , fur le Sha-
non, à fix milles au-deflus d'Atlone.
On n'a qu'à jetter un coup d'ceil fur la Carte , & on
s'appercevra que Jameftovn n'eft point dans la province
de Leinfter, ni dans le comté du roi. Cette ville eft
dans la province 'de Connaught , au comté de Létrim.
JAMETS , petite ville de France , au Barrois Fran-
çois , fur les frontières de Luxenbourg & du Verdunois.
Elle a été autrefois aflez forte, avec un château; mais
on en a rafé les fortifications. Elle eft à deux lieues de
Mont-Medi, au midi, en allant vers Dnmvitlers , &C
à un peu plus de Stenay , au levant. * Baudrand, éd.
le Verdunois. Elle faifoit partie du patrimoine des com-
Tomt III. I i i
JAM
434
tes d'Ardenne , & appartenoit à Godefroi le Bofïu ,
premier mari -de la célèbre comtéfle Mathilde. Ce fut
lui qui , par Ton teftament , donna en pleine propriété , à
l'églife de Verdun Jamets, appellée par les anciens , en
latin Gtmmatïum. * Longuerue , Descr. de la France,
Zpart.p. 203.
Laurent de Liège, dans fa Chronique, rapporte ce fait
en ces termes: Dux (Godefroi le Bofiu ) moriens Gem-
matium prtcdium fui juris Virdunenfi ecclefia contulh.
Les évêques de Verdun donnèrent en nef, Jamets à
des chevaliers , qui fe rendirent fouverains. Marguerite,
héritière de ces feigneurs, donna cette fouveraineté à
fa nièce Marguerite de Mainonville , par laquelle elle
vint à la maifon de la Mark. Elle échut en partage au
cardinal Erard de la Mark, évêque de Liège, qui la
donna à Catherine de Crcu'i , femme de lbn frère Robert,
feigneur de Sedan. Cette fouveraineté demeura dans la
mai Ion de la Mark, jusqu'à Guillaume-Robert de la Mark ,
qui avoit par fon teftament, fubftirué,_fon coufin le duc
de Moritpenfier pour Jamets , àlà foeur Charlotte, laquelle
mourut fans enfans. (
Le duc de Montpenfier vendit cette fouveraineté a
Henri , duc de Lorraine , qui la laiffa à ("es filles & héri-
tières. Le duc Charles la céda à Louis XIII , par le traité
de 1641 , confirmé par ceux des Pyrénées & de Vin-
cennes ; mais le feu roi Louis XIV donna au prince
de Condé Jamets, avec les mêmes droits que Cler-
mont fk Stenai ; ce qui fut confirmé au traité des Py-
rénées. ,.
JAMEZ, ville d'Afrique , au royaume de Jereja, dans
le pays des Flups , au nord de la rivière de Kafamanka ,
dont "elle eft peu éloignée. Cette ville eft une espèce de
république, fous le gouvernement de fes anciens. Les
Poruuais , qui s'y font établis , ont des maifons fort
agréables ; mais ils font infeftés par les Mosquites. Cette
ville eft l'endroit de tout le pays qui produit le plus de
cire; il s'y tient deux fois la Semaine un marché pour
le commerce. Les Portugais qui l'achètent fans prépara,
tion, la purifient, fk la font transporter à Kachao.
* Voyage de Brue en Afrique. ■
JAMFUENSIS. Ortélius , Thefaur. trouve dans Vifior
d'Utique un fiége épiscopal de ce nom. C'eft , fans
doute , un mot corrompu pour Lamafiunjîs , dont la
Conférence de Carthage fait mention.
JAMI, peuple d'entre les Scythes.
JAMIGIENSIS. Ortélius , Thefaur. en fait un autre
fiége épiscopal de Numidie. C'eft encore un mot cor-
rompu. Il faut lire Lamiggigenfis.
JAMISSA. Voyez Thamesis.
JAMMONA. Voyez Jamné.
JAMNA , ville ancienne de la petite ifle Baléare ,
c'eft-à-dire de l'ifle de Minorque. Ptolomée la nomme
Jamna , *Uiiva. Pline,/, 3 , c. 5 ;Méla, /. 2, c. 7 , écri-
vent/iz/nno. Elle eft nommée Jammona , dans une Lettre
de S. Sever, évêque de cette ifle , rapportée par Baro-
nius , Annal. 1 , 'J , ad ann.418. On croit communé-
ment que c'eft CitaJdla , fur la côte occidentale de
l'ifle. Cela s'accorde avec le paffage de S. Sever , que
l'on vient de citer. In hâc itaque infulâ qua omnium
terrarum parvitate , ariditale , asperitate , pojlrema eft ,
duo parva oppida quibtts à Pœnis indita nomina e
reoiont , fundata funt , Jammona ad occafum , Migona
ad orientem fpeclat. C'eft-à-dire : dans cette ifle, la der-
nière de toutes par fa petiteffe , fa féchereffe , fk l'iné-
galité de fon terrein ; on a fondé deux petites villes ,
ausquelles les Carthaginois ont donné des noms tirés
de leur fituation , Jammona eft du côté de l'occident ,
& Magona du côté de l'orient. Je lis, avec inditafunt les
mots ï regione , qui fans cela n'ont aucun fens. Les
Phéniciens appelloient le couchant KÎ3> Jamma , comme
le remarque très-bien Bochart. *Chanaan 1. I, c. 35,
JAN
AMNÊ,
JAMNES,
\ Voyez l'article fuivant.
P. 704.
J.
JAMNI .
1. J AMNIA , Jemna a , ou Jabné , ou Jamné , ou
Jamni , ou Jamnes , ancienne ville maritime, dans la
Paleftine , entre Azoth & Joppé. Elle a un allez bon
Port de mer. Son nom ne fe trouve pas dans le texte
hébreu de Jofué , mais feulement dans le grec , où l'on
met Jamnai après Accaron , dans le nombre des villes
de Juda. Ofias , roi de Juda , fils d'Ama'ias, la prit fur
les Philiftins (a). Jofeph , Ant. 1. 2 , c. 1 , dit qu'elle
fut donnée en partage à la tribu de Dan. On lit dans
les Maccabées, /. 2, c. 12 , v. 9, que le port de Jamnia
étoit à deux cents quarante ftades de Jérulalem. Elle eft
marquée comme un fiége épiscopal , fous la métropole
Céfarée de la mer , dans la Notice du patriarchat de Jéru-
falem, fk dans celle de levêque de Catare. *(a)/o/àe,
c. 15 , v. 45. (b) Parai, 1. 2, c. 26 , v. 6.
2. JAMNIA , bourg de la Paleftine , dans la haute
Galilée , félon Jofeph , in Vità fuâ & de Bello ,1.2,
c. 25 : on l'appelloit auffi Jamnith. Le P. Roger,
dans fon Voyage de la Terre-fainte , 1. 1 , c. 132 , parle
de Jamni , ville de la tribu de Manaffé, & nommée
Janin par les Mores fk par les Arabes. Ce fut, dit-il,
en ce lieu que notre Seigneur allant de Galilée en Samarie,
guérit dix lépreux, en leur difant: Allez, montrez-vous
aux prêtres. 11 n'y a plus aucun veftige, qui montre pré-
cifément le lieu où il fit ce miracle. Cette ville eft fituée
entre deux montagnes, fur le chemin qui conduit de
Jérufalem à Damas : ce n'eft plus qu'un village avec
un château ou une petite fortereffe, commandée par un
Soubachi , dans laquelle on entretient quarante ou cin-
quante foldats couverts ordinairement de chemifes de
mailles. Il n'y a ni foffé ,ni autre choie qui la défende :
tous les Chrétiens d'Europe & tous les Juifs qui paffent
en ce lieu , font obligés d'y payer un tribut.
JAMNITH. Voyez l'article précédent.
JAMNO. Voyez Jamna.
JAMPHORINA Urbs, ancienne ville de Thrace,
dans la Médique , dont elle étoit la capitale , félon Tite-
Live, /. 26, c. 25.
JAMPOLI , ville de Grèce , dans la Livadie. Voyez
Hyampolis.
JAMSORTENSIS, fiége épiscopal d'Afrique, en Nu-
midie. C'eft une faute; il faut lire Lamsortensis.
* Ortél.TheC.
JAMVIRITANUS , de même ; il faut lire Lambiri-
TANUS, OU LAMBIRITENSIS.
JANAGAR, ville dans l'Indouftan. Voyez Jaga-
NAT. I.
JANCOMA, ou Jangoma, contrée d'Afie , dans
les états du roi de Pegu , vers les frontières des royau-
mes de Siain & de Tonquin, le long du Mécon. Il y a
une ville de même nom.
Baudrand, de qui nous empruntons cet article, l'a pris
lui-même de quelques Cartes défectueufes ; car il ne
s'accorde nullement avec les bonnes Cartes fk les rela-
tions fidèles. Premièrement , il y a toute la largeur des
royaumes de Laos fk de Siam , entre le Pegu fk le Ton-
quin. Ainfi une ville ni un pays du Pegu ne fauroit être
à la frontière du Tonquin. 2. La rivière de Mécon coule
aux royaumes de Meng, de Laos & de Camboge,fk
n'a rien de commun avec les états du roi de Pegu. Pi-
gafet dans fort Voyage autour du monde, dit qu'au-delà
du royaume de Siam , on trouve celui de Jangoma fk
de Campaa où croît la rhubarbe ; mais outre qu'il n'en
parle que par ouï-dire, il n'en marque ni les limites ni la
capitale. * Ramujîo , délie Navigationi fk Viaggi , vol. 1 ,
p. 369.
JANDEURE , Jamdunia , abbaye régulière en
France , de l'ordre de Prémontré , dans le duché de
Bar, au diocèfe de Toul , (ùr la rivière de Sauls, à trois
lieues de Bar-le-Duc, vers le couchant d'hyver. * Bau-
drand, éd. 1705.
JANGACAUNI, ou Angauçani , ancien peuple de
la Mauritanie Tingitane , félon Ptolomée, A4.
JANEIRO, (Rio) rivière de l'Amérique méridio-
nale , au Bréfîl. Elle eft affez grande , fi l'on confidere
fa largeur , mais fort petite , fi l'on regarde l'étendue de
fon cours, qui eft du nord au fud , à l'orient du cap
Frio. L'entrée de cette rivière eft défendue par le fort
Sainte-Croix à l'orient , fk le fort Saint-Jean à l'occi-
dent ; plus haut & au nord de ce dernier , eft le fort
Saint-Jago , puis la ville de S. Sebaftien , capitale de la
Capitainerie. S. Chriftophe eft au nord de cette ville,
à l'extrémité de l'inondation que fait cette rivière en
s'éJargiflant. Jean de Léri dans fon Voyage du Bréfil,
C),p. 85 , édit. de 1594, dit que les Bréfiliens nom-
ment cette rivière Ganabara, & que les Portugais la
nomment Geneyre , parce que , ( comme on dit, ) ils la
JAN
JAN
découvrirent le premier jour de Janvier qu'ils nomment
air.fi. Comme cet auteur ne favoit point la langue des
Pontigatois , c'eft ainfi qu'il nomme les Portugais, il
a pri. le nom de Janeiro , pour celui que les François
lui ont donné par corruption. Ce mot le conduit à en
faire me comparailon avec le lac de Genève. Selon lui,
Cette rivière eft par les 23 d. au-delà de l'équateur; elle
a environ douze lieues de long, (ce qui doit s'entendre
du lac ou de l'inondation qu'elle forme , ) & en quelques
endroits lepr ou huit de large; quoique les montagnes,
qui l'environnent de toutes parts , ne foient pas fi hautes
que celles qui bornent le lac de Genève , néanmoins la
terre terme qui l'enferme de tous côtés , reflemble allez,
quant à la fituation , à celle qui eft autour de ce lac.
Comme en qui'tant la grande mer , il faut côtoyertrois
petites ifles inhabitables , contre lesquelles les navires
risquent de fe brifer , l'embouchure en eft difficile &
dangereufe. Après cela, il faut parler un détroit d'un
quart 'de lieue de largeur au plus, & qui eft borné du
côté gauche en entrant, c'eft- à-dire à l'occident d'une
montagne & roche pyramidale d'une hauteur excefîîve,
les Ftançois l'appellent le pot de beurre. Un peu plus
avant, dans la rivière, il y a un rocher affez plat, qui
peut avoir cent ou cent vingt pas de tour ; les François
le non. nient le Ratier. Une lieue plus avant, eft une
ifle d'environ demi- lieue françoife de circuit, fix fois
plus longue que large, entourée de petits rochers à fleur
d'eau , qui empêchent les vaiffeaux d'en approcher plus
près que de la portée du canon ; ainfi elle eft naturel-
lement ttès-forte. On n'y peut abotder, même avec de
petites barques , que du côté du port , qui eft à l'oppo-
îîte de l'avenue de la mer. Il y a deux montagnes aux
deux bouts, & un rocher de 50 à 60 pieds de haut au
milieu. C'eft dans cette ifle que VHIegagnon s'étoit établi ,
l'an 1555 , avec environ quatre-vingt François ; & il
nomma cette habitation ColignI , du nom de Coligni ,
amiral de France , fon patron & bienfaiteur. Léri rap-
porte un trait qui ne fait pas d"honneur à Thévet. Ce
cosmogtaphe , l'an 1558, & environ deux ans après
fon retour de l'Amérique, voulant flatter Henri II, qui
régnoit alors en France , drefTa une Carte de cette rivière
de Ganabara &du fort de Coligni, &c mit au couchant
en terre_ ferme une ville qu'il nomma Ville-Henri.
Il l'a mile encore dans fa Cosmographie , où il la nomme
Henri-ville. Cependant Léri qui ne partit du Bréfil qu'un
an &£ demi après Thévet, afïure qu'il n'y avoit aucune
forme de bâtiment, encore moins ni village ni ville à
l'endroit où Thévet place cette ville imaginaire. Il avoue
néanmoins qu'il y a dans ce pays une montagne , à
laquelle les premiers François , qui s'y établirent, don-
nèrent le nom de Mont-Henri. Cette dispute entre
Thévet & Léri pouvoit être intéreflante de leur tems;
mais les Portugais, qui font préfentement les maîtres du
Bréfil , ont changé tous ces noms , qui ne fervent plus
qu'à entendre l'hiftoire de cette colonie qui fubfifta peu.
Quatre ou cinq lieues plus avant que le fort de Coligni ,
il y a une autre ifle belle & fertile, d'environ fix lieues
détour; & les François la nommèrent la grande ifle •
il y avoit plufieurs villages peuplés de naturels du pays ,
avec qui les François étoient amis. Il y a beaucoup
d'autres petites ifles inhabitables , où, entre autres cho-
fes, on trouve des huitres. La rivière, dont on vient
de parler jusqu'à préfent , eft plutôt un golfe qu'une ri-
vière , puisque l'eau y eft falée , & que l'on y trouve des
poiflons de mer, desrequiens , des raies , des marfouins ,
& même jusqu'à des baleine1;.
Au fond de ce golfe, que Léri appelle allez bien un
cul-de-jac , font deux embouchures de rivières , qui s'y
perdent. Ces rivières font d'eau douce , & Léri qui les
a remontées environ vingt liei'es dans les terres , dit que
les côtés en font bordés de villages habités par les natu-
rels du pays.
La Ville de Rio JANEïRO, ville de l'Améri-
que, au Bréfil , fur le golfe nommé Rio Janeiro. C'eft
la même que S. Sebastien, du nom de Sebaftien,
roi de Portugal; mais quelques auteurs la nomment du
nom de la rivière. Le P. Jarric. Hijl. des Indes orient.
1. 1 , c. 29 , dit : « la ville que les Portugais appellent du
» Fleuve Janvier , eft 313 cl. de hauteur auftrale , éloi-
wgnée de la baie (c'eft-à-dire de S. Salvador,) ville de
431
»la baie de Tous les Saints; quelques quatre- vingt
» lieues vers le lud. Gn l'a ainfi nommée à caufe d'une
«rivière qui coule contre icelle, & s'embouche bientôt
» après dans la mer ,'que les habitans appellent G.ma-
»bara., &c nos François Genevre; mais les Portugais
»la nomment Janeiro , qui eftauffi le nom qu'ils don^
» nent au premier mois de l'an ,que nous appelions Jait-
»vier En cette ville du fleuve Janvier, il y a
» un collège de la compagnie (de Jelùs) fondé par le
«roi Sebaftien; il y a d'ordinaire une cinquantaine de
«religieux, comprenant ceux qui font leur deme.ireaux
«réfidences qui en dépendent. . . . Outre les occupas-
sions qu'ils ont à l'endroit des Portugais , ils s"em-
«ploient à l'inftruft'on de deux gros bourgs de Bréfi-
>> liens, qu'il y a toit auprès de ladite ville.» L'an
1585 , il s éleva de la méhntelligence entre les Portu-
gais de cette ville , &C les Bréliliens^, leurs voilins , plus
avancés dans l'intérieur du pays. I out annonçoit une
rupture ; mais quelques Jéiùites allèrent trouver ces
Américains , & négocièrent un traité de paix. Quatre
ans auparavant , l'an 1 581 , le commandant de la ville
étant l'orti avec tout fon monde pour aller mettre à la
railbn quelques nations voifines qui les harce'oient, la
ville étant ainfi dégarnie, on vit paroicre trois vaifteauS
François, armés en guerre, qui vepoient pour le re-
mettre en pofleffion de ce que les Portugais leuravoient
enlevé. Des qu'ils furent près de l'embouchure de Rio
Janeiro , ils tirèrent que'ques coups de canon , pour
avertir les naturels du pays de leur arrivée. Perfonne ne
parodiant, ils allèrent à pleines voiles ver> la ville.
L'allarme y fut d'autant plus grande qu'on y eut une
faufle nouvelle de la défaire du commandanr & de fa
troupe. On ne laifla point de faire bonne contenance.
L'évêque qui commandoit en l'abiénee du gouverneur,
les femmes, les religieux, fécondèrent fi bien le peu de
foldats & d'habitans , qui étoit demeuré dans la ville ,
que la flotte y fut trompée. Un coup de canon qu'oit
lui tira des murailles , lui fit abaifTer les voiles; &r. de-
mander la paix: elle envoya , pour la conclure . quelques
tommes à qui on fe garda bien de laiffer voir la foi-
blefle d'une place qui étoit hor-, d'état de leur réiîfter.
C'eft ainfi que les François manquerenr leur coup.
La Capitainerie de Rio JANEïRO, contrée
de l'Amérique méridionale au Bréfil, dont elle occupe
la côte, depuis Cabo de S. Thomé, jusqu'au cap qui
eft à l'occident de la baie d'Ubatuba. Outre la rivière
ou .golfe , que nous venons de décrire , elle contient à
l'orient le peuple des Guaitaiques ; ck à l'occident les
Vayanas. En fuivant la côte d'occident en orient, on
trouve la baie d'Ubatuba , dans laquelle tombe une ri-
vière; puis un golfe, dont la côte occidentale court
vers le nord, jusqu'à la bourgade de Los Reyes qui
eft à l'embouchure d'une rivière. La côte courr enùiite
vers le levant, jusqu'au FORT S. Je AN , qui eft à l'em-
bouchure de Rio Janeiro. Entre Los Reyes & ce fort
de S. Jean, eft la bourgade de LA CosChPTlON. Ce
gulfe eft borné au midi par une ifle , dont la longueur
eft d'occident en orient , qu'on appelle l'Islf. grande.
Depuis l'entrée de Rio Janeiro, où eft le fort Sainte-
Croix , vis-à-vis du fort S. Jean , une longue pointe
s'avance vers l'eft , en forme d'une presqu'ifle longue
& étroite nommée le Cap Frio. Au nord de fa pointe
orientale eft la ville de Sant-Salvador, très différente
de la ville de même nom , qui eft à la baie de Tous les
Saints. Le Ion;; de la côte, qui court vers le nord-eft,
on ne trouve que quelques ides dont les principales font
l'ifled'Ancora & l'ifle de Sainte-Anne. Outre les rivières
dont nous venons de parler , la grande rivière d'Aniembi,
qui fe jette dans laParana prend , dit-on , fa fource dans
les montagnes , qui font derrière Sant-Salvador. La capi-
tainerie de Rio Janeiro eft bornée par celles de Spiritu- .
Santo , & de S- Vincent.
JANGACAUCANl, peuple de la Mauritanie Tingt-
tane , fe'on Ptolomée , /. 4 , c. 1 .
JANGCHING, cité de la Chine, dans la province
de Channfi . au département de Ce, troifiéme grande cité
delà province. Elle eft plus occidentale que Pékin de
4 d.48' par les 36 d. 36' de latitude. * Atlas Sintnfis.
JANGCO, ville de la Chine, dans la province de
Channton , au département d'Yencheu , féconde mé«
Tome III, I i i ij
JAN
436
tropole de la province. Elle eft de 46' plus occiden-
dale que Pékin, fous les 36 d. 40' de latitude. * Atlas
Sinenjis.
JANGHO , fortereffe de la Chine, dans la province
de Channfi , au département de Gueiy ven , première for-
tereffe. Elle eft plus occidentale que Pékin de 3 d. 52',
par les 40 d. 33' de latitude. * Atlas Si wnjîs.
JANGIARIK, petite province du pays deCharasm,
fur les frontières de la grande Bucharie, au pied des
montagnes qui feparent ces dem états vers lé nord de
la rivière d'Amn. * Hift. généalogique des Tatars ,
p. 640.
JANGISCHAR , petite ville du pays de Charasm ,
vers la rive droite du bras méridional de l'Amn. Elle eft
à préfent fort peu importante. * Hift. généalogique des
Tatars, p. 571.
JANGOMA. Voyez Jancoma.
JANC-UU, ville de la Chine, dans la province de
Honan, au département de Caifung, première métro-
pole de la province. Elle eft plus occidentale que
Pékin , de 3 d. 16' par les 36 d. 6' de latitude. * Atlas
Sinerfîs.
JANGXAN, ville de la Chine, dans la province
de Quanton ,. au département de Quangcheu , première
métropole de la province. Elle eft plus occidentale que
Pékin , de 4 d. 15' , par les 15 d. de latitude. * Atlas
Sinenjis.
JANICULA , ancien nom de la Toscane , félon Léan-
dre Alberti.
JANICULENSIS Pons, pont de la ville de Rome:
on le nomme préfentement Ponte-Sijlo. L'ancien nom
lui fut donné , parce qu'il menoit au Jamcule. Marliam
& quelques autres croient qu'Antonin l'avoit fait de
marbre. Il fut rompu avec le tems , & demeura en cet
état jusqu'à ce que le pape Sixte IV le rebâtit ; de-là
lui vient le nom moderne. * Descri^ione di Roma an-
tica , p. 128.
JANICULE , montagne de -la ville de Rome, quoi-
qu'elle ne foit pas comprife dans le nombre des fept ,
qui ont fait donner autrefois à cette capitale le nom de
la ville , aux fept montagnes , Urbs fepdcollis. Cette
montagne avoit pris Ion nom de Janus , qui y avoit
tenu autrefois fa cour, vis-à-vis du capitole qui étoit
alors occupé par Saturne. Ils avoient chacun une ville ;
& quoique ni l'une ni l'autre ne fubfiftaffent plus peu
après la guerre de Troie , Virgile n'a pas laifle d'en con-
ferver la tradition , qui duroit encore de fon tems. Evan-
dre , dit-il dans fon Enéide , /. 8, v. 3 <; 5 , fit remarquer
à Enée les ruines de ces deux villes. Voyez., dit ce roi
au héros Troyen, ces deux villes dont les murs font
renverfés. Leurs ruines même font des marques du régne
de deuxanciens monarques ; celle-ci fut bâtie par Janus,
& celle-là par Saturne ; l'une fut nommée Janicule , &C
l'autre fut appellée Sa
JAN
JANINEA , ville de l'Arabie heureufe , fdon le faux
Berofe cité par Ortélius , Thefaur.
JANIZl, Tisbé, ou Thisbé, village de Grèce,
dans la Livadie ,près du golfe de Lépanthe &de l'ifthme
de Corinthe. Baudrand. éd. 1705 , croit que c'étoit
anciennement la Thisbé de Béotie. Vovez Thisbé.
JANIZZA , ville de la Turquie , en Europe , dans la
Macédoine , à huit lieues de Caraveria, (élon Baudrand,
éd. 1705. Del'Ifle, Carte de la Grèce , \anomme Jéni^ar,
clans le Comenohtan. Elle eft nouvelle, comme fon nom
le lignifie allez.
JANNA, (la) contrée de la Turquie, en Europe,
dans la Macédoine , dont elle occupe la partie méridio-
nale; elle prend fon nom delà ville Janna ou Jannina,
dont nous parlerons ci-après. Elle eft bornée au nord
par le mont Dragoniza; à l'orient par l'Archipel, au
midi par le golfe de Zeiton , &C une ligne tirée du fond
de ce golfe , jusqu'à la Carnia , qui eft de l'Albanie ; &
ce dernier pays termine la Janna au fud-oueft St àl'oueft.
La Janna répond à la Theffalie des anciens. Ses prin-
cipales rivières font la Selampria, le Penée des Grecs,
l'Epidène , qui eft leur Apidanus , & l'Agriomela , qui
eft leur Sperchius. Les principaux lieux de cette pro-
vince font,
Hac duo prtztereà disjeclis oppida
Relliquias veterumque vides monimenta 1
Hanc Janus pater , hanc Saturnus condidit urbem :
Janiculum huic ,illifuerat Saturnianomen.
Cela s'accorde avec ce que Tertullien dit dans fon
Apologétique , que Saturne étoit un homme venu de
Crète en Italie , où Janus le reçut. Chacun d'eux bâtit
une ville , & l'appella de fon nom. Cette oppofition de
deux villes donna lieu au nom d' Antipolis , dont Pline
fe fert pour marquer le Janicule. Voyez Antipolis 2.
Cette montagne avoit beaucoup d'étendue , compre-
noit fous elle le Vatican , & fe terminoit auprès de l'églife
de Santo-Spiritu in SaJJia , où commençoit le Vatican.
Numa Pompilius y fut enterré, félon Denys d'Halicar-
naffe , /. 2 , in fine ; &l Pline , /. 13 , c. 13. Tite-Live
& Selin difent que ce fut au pied de cette montagne.
Eusèbe dans fa chronique y met auffi la fépulture du
poète Stace. Viftor place au Janicule les jardins de
Géta , que le Nardini &c le Donati croient avoir été
près de la porte Septimienne. On pofoit au Janicule un
corps de garde, au tems des comices , & on y montoit
la garde pour la fureté de la ville & de la rivière qui
coule au bas. Voyez Rome.
JANINA, ou Joanina. Voyez Jannina.
( fur la
Selampria.
La Janna ou Jannina , '
Tricala ,
Ternova ,
Lariffe , capitale ,
Démétriade, \
Volo , s autour du golfe de Volo ,
L'Armiro, }
Acladi,
Achinau ,
Stallida ,
Zeiton ,
Farza ,
Jenizar ,
Bodinitza,
le long du golfe de Zeyton.
dans les terres.
JANNINA, ou Janna, ville de la Turquie, en
Europe , dans la Janna. Elle eft fituée dans une ifle que
forme la Selampria , encore voifine de fa fource , à-peu-
près au même endroit où étoit Caffiope , capitale de la
Cafliopée. Cette ville eft plus grande que celle d'Arta,
& eft habitée par de riches marchands Grecs. C'étoit
autrefois un é vêche fuffragant de Naupa&e , comme on lit
dans la Notice d'Andronic Paléologue l'Ancien, n. 53.
Joanninorum çitm Naupacti episcopatui fubderetur ho-
nore metropolitano konejlata ejl : 0 laaniav sV/o-xow»
tZaa. Toû" tia.v7tay.-nt , îî/juhSm. On croit que ce fut ce
même empereur qui l'éleva à la dignité de métropole.
La Notice de l'état préfent du patriarchat de Conftanti-
nople met pour fuffragans de Jannina Botrontus , ou Bu-
trinto, Belle, Chimara & Drynppolis. On y remarque
que Joannina étoit autrefois une ville de l'jEtolie,
nommée CASSIOPE.
Spon , Voyage , t. 1 , p. 83 , nomme autrement les
quatre évêchés , que cette métropole a fous elle , Ar-
giro Cajiro , ville de médiocre grandeur ; Delbeno qui
h'eft qu'une bicoque ; Butrinto , fous lequel font les
villages de la Chimère ; Glikeon qui prend, fon nom d'une
rivière nommée Glyki ; & ce dernier diocèfe s'étend
depuis Paramithia jusqu'à Parga , fortereffe des Vénitiens,
au bord de la mer.
JANO. Voyez Janoé 2.
JANOBA , ville ancienne de la Gaule , fur le Rhône,
félon Grégoire de Tours, cité par Ortélius, Thefaur.
1. JANOÉ, lieu de la Paleftine, félon Jofué , c. 16,
v. 6. C'étoit, félon D. Calmet, Dicl. de la Bible, uns
ville de la tribu d'Ephraïm , fur la frontière de la demi-
tribu de Manaffé. Voyez Janum.
2. JANOÉ: Eusèbe met un village de Jano, dans
la Paleftine, à douze milles de Sichem ou de Naploufe,
dans l'Acrabatène.
3. JANOÉ ou Janua: autre ville de la Paleftine,
félon le même, à trois milles de Légion, vers le midi.
Voyez Janum.
Jao
JAP
4. JANOÉ , ville de la Paleftine , dans la tribu de
Nephtali; il en eft fait mention au quatrième Livre des
Rois , c. 1 5 , v. 29. Toutes les villes qui font nommées
en cet endroit, étant de cette tribu, il eft très-vrai-
femblable qu'elle en étoit auffi. Eusèbe dit de la pre-
mière Janoé , qu'il nomme Janon, qu'elle fut prife par
îe roi -des Aflyriens. Le P. Bonfrérius dans fes favantes
Notes fur Eusèbe , aime mieux croire que Ce fut celle
dont il s'agit ici.
JANOK.INSKO. Corneille dit : ville de la Sibérie ,
fituée fur la rivière de Jenska , le long de laquelle ha-
bite un grand peuple. Cette rivière eft fort commode
pour la navigation. La nation des Oftiaques s'étend jus-
ques-Ià depuis la ville de Tobosko , qui eft la capitale de
la Sibérie. Il cite enfuite Adam Brand, Voyage de la
Moscovie à la Chine. La rivière nommée , eft Jenisea
fur les Cartes récentes. De l'Ifle nomme la ville Se la
rivière du même nom Jeniscea. La nouvelle Carte de
l'empire Ruffien nomme la rivière Jenifta Se la ville
Jenifeskoy ; la Carte d'Isbrands Ides écrit de même lé-
nifia pour la rivière , & JENISESKOY pour la ville. Voyez
Jeniscea.
JANOVITZ , petite ville de Bohême , félon Zeyler,
Bohem. Topogr. p. 37. Elle eft au cercle de Kaurs-
chim ou Caurfim , à fix milles de Prague , au levant
d'hyver en allant vers la Moravie. L'armée impériale y
lut entièrement défaite Se taillée en pièces , parle géné-
ral Léonard Torftenfon, Suédois, en 1645.* Baudrand,
éd. 1705.
JANTRA , (la) rivière de la Turquie en Europe , dans
la Bulgarie. Elle a fa fource dans la montagne de Bal-
kan , fur la frontière de la Romanie , d'où coulant vers
le nord , elle arrofe Ternovo , puis reçoit la Roffita ,
avec laquelle elle va fe perdre dans le Danube, entre
les bourgades Zifto Se Merlan , au-deffus Se au cou-
chant de Rotzig. Les anciens l'ont connue fous le
nom de Jatrus ; Se Nicopolis furnommée ad Hœ-
mum , étoit près de fa fource. * Robert de Vaugondy ,
Atlas.
1. JANUA. Voyez Janum.
1. JANUA, pour Genua. Voyez Gènes.
JANVILLE , petite ville de France, dans la haute
Beaufle , dans l'élection d'Orléans , au couchant , Se à
une lieue du bourg de Thoury , qui eft fur la route d'Or-
léans à Etampes. Selon André Duchesne, Antiq. des
■villes & châteaux de France , p. 191 , quelques - uns
écrivent GenviLLE, d'autres Yenville: elle reffortitau
fîége préfidial d'Orléans. Henri IV , ayant pris Etam-
pes, l'an 1589, en partit le famedi 10 Novembre, Se
arriva , devant cette petite ville , le dimanche. Le com-
mandant qui y étoit , fit mine de la vouloir défendre ;
mais ayant vu approcher le canon , il la rendit, Se fortit
avec fes deux cents arquebufiers. S. M. y entra le len-
demain , Se en partit après avoir laiffé garnifon dans
le château, qui étoit alors affez bon; mais on l'alaiffé
dépérir; Se on en voit encore de grands reftes au rapport
de Corneille.
JANUM, ancienne ville de la Paleftine , dans la tribu
de Juda. Eusèbe, Onomafl. p. 9}, parlant de cette
■ville, dit qu'il y avoit un village nommé Janua , à
trois milles de Légion , vers le midi. Ce ne peut avoir
été le même lieu ; car Légion étoit près du mont
Thabor , Se par conséquent bien loin de la tribu de
Juda. L'Ecriture-fainte ne fait aucune mention d'un
lieu nommé ainfî près de Légion Se du Thabor. * Jofué,
c. 15, v. 53.
JANUS : Athénée , /. 1 5 , appelle ainfi le Tibre , dans
un paflage , où il dit , que l'on appelle Janus la rivière
& la montagne où Janus habitoit.
JANUS-AUGUSTUS, ancien lieu d'Espagne, fur
le Guadalquivir, à foixante-trois mille pas de l'Océan ,
félon une ancienne inscription , que l'on conferve à Cor-
doue. La diftance fait juger que ce lieu ne devoit pas
être fort éloigné de cette ville. * Ortél. Thef.
JANUSSA , ancien nom de la Tamife , rivière d'An-
gleterre. * Corn. Dift.
JANXUATIS, ancienne ville de laLibye, felonEtienne
le Géographei
JAOCHEU , ville de la Chine , dans la province de
Kiangfi, dont elle eft la féconde métropole. Elle eft,
437
félon l'Atlas Chinois , plus occidentale que Pékin de
31' & à 19 d. 40' de latitude. Elle eft fituée à l'orient
de Poyang ou Pengly, Se au nord de la rivière de La-
gan, qui fe décharge dans ce lac. Cette ville , dit le P.
Martini , eft fur le bord feptentrional du fleuve Po, Elle
eft belle Se fituée dans un pays de plaines , arrofé par
quantité de ruiffeaux Se de rivières qui le rendent très-
fertile. Il y a fept villes dans ce département :
Jaocheu Feuléang,
Jûkan, Tehing,
Lopin, Gangin^
Vannien.
Cette ville a été la réfidence d'un roi de la famille de
Taiminga; mais ce qui la rend plus célèbre, c'eft la
fabrique des porcelaines les plus belles de toute la Chine,
qui fe font aux environs de Feuléang. Quoiqu'on ait
ailleurs la terre , dont on les fait , on ne peut réuffir à
leur donner la même beauté ; mais voici ce qui furprend.
Cette terre ne fe prend pas dans le territoire où elles
fe fabriquent ; on l'apporte de Hoeicheu, ville de la
province de Kiangnan , où , malgré l'abondance de cette
terre , on ne fauroit faire de porcelaine. On croit que
cela vient des différentes propriétés des eaux. C'eft donc
le territoire de cette ville qui fournit toute la vaiflèlle
dont fe fervent les Chinois, Se même les payfans &C
la populace. On en fait de diverfes couleurs , quoique
toutes foient d'une argile très-fine, Se un peu transpa-
rente. Les Jaunes, ornées de diverfes figures de dragons
font pour l'ufage du palais impérial. Voyez les Mémoires
du P. le Comte , Lett. VI. Celles qui font pour le peuple ,
font ornées de rouge ou de bleu , Se les Chinois y em-
ploient de la guede, qui fe trouve en abondance, fur-
tout dans les provinces du midi , Se dont ils fe fervent
auffi pour teindreleurs habits. C'eft une erreur de croire
que la matière de la porcelaine fe faffe de coquilles
d'eeufs , ou de coquillages de mer , Se qu'on la laiffe re-
poser ç^nt ans avant que d'en faire ufage. C'eft une terre
qui fe tire naturellement auprès d'une ville voifine de
Hoeicheu ; elle n"eft pas graffe comme de la craie , mais
comme un fable luifant, qu'ils broient & pétriifent , en
le mouillant. Ils réduifent auffi en poudre les porcelaines
caffées , Se en font de neuves ; mais elles ont rarement
l'éclat & la beauté des premières. Ce qui furprend, c'eft
qu'on y peut faire bouillir le manger, Se que les pièces
caffées peuvent fe rejoindre d'une telle manière, par de
petits doux de cuivre , ou du fil, qu'elles tiennent encore
la liqueur. L'art de les recoudre ainfi , tait vivre Un grand
nombre de gens qui courent les provinces de la Chine,
& n'ont point d'autre profeffion, ils font pour cela des
trous, presque imperceptibles , avec un inftrument dont la
pointe eft de diamant.
Cette contrée appartenoit autrefois aux rois d'U.
La famille de Cin la nomma Poyang , nom que le
grand lac voifin a conferve. Le nom qu'elle porte au-
jourd'hui, lui a été donné par la famille de Sunga. Elle
eft enfermée au nord , Se à l'orient par des mon-
tagnes.
5 "JAOLCHUS , ville de Grèce dont il eft parlé dans
l'Iliade d'Homère, l.z. C'eft la même qu'IoLCOS , an-
cienne ville deTheffalie. Voyez ce mot.
JAON , rivière du Péloponnèfe , dans l'Arcadie , félon
Denys & Calliinaque. Voyez DlAGON.
JAONENSES , liait : c'eft ainfi qu'Homère a
nommé les Athéniens, au rapport de Strabon , /. 9, ^.392..
Voyez Ias
JAOPING, ville de la Chine, dans la province de
Quanton, au département de Chaocheu , cinquième
métropole delà province. Elle eft plus occidentale que
Pékin de 1 d. 36' , parles 14 d. 22' de latitude. * Atlas
Sinenfis.
JAOYANG, ville de la Chine, dans le Pekeli, au
département de Chinting , quatrième métropole de la
province. Elle eft plus occidentale que Pékin , de 1 d.
13' parles 38 d. 45' de latitude. * Atlas Sinenfis.
JAPARA,ouJapare, ville des Indes, dans la grande
ifle de Java, fur la côte feptentrionale , Se fur une ri-
vière de même nom , à cinq lieues Se à l'oueft de Caïaon,
fur une pointe qui s'étend trois lieues en mer, félonies
43 8 JAP
Voyages de la Compagnie Hollandoife, t.i.p. 336.
Voici' la description qu'en fait Gautier Schouten , dans
fon Voyage des Indes, t. 1,^.48.
La ville de Japare eft pafiablement murée , fur-tout
du côté de la mer , & les maifons font bâties de pierre
ck de chaux. Elle eft arrofée d'une rivière qui .descend
des montagnes, ck va fe jetter dans la mer, fon em-
bouchure étant un très-bon port, capable de recevoir
toutes fortes de vaiffeaux. Les rues , les remparts , les
places publiques , les chemins , les maifons de cam-
pagne , tout eft orné de beaux arbres , de jardinages &
de fruits.
Les places où l'on tient le marché fourmillent de
peuples de toutes les nations- des Indes , Javanois, Per-
fans, Arabes, Gufarattes, Chinois, habitans de Coro-
mandel ck d'Achin , Malais , Peguans , &c. On y trouve
presque toutes les fortes de marcharidifes qui fe trou-
vent dans l'Ane , ck même dans tous les endroits du
monde. Pour les rues, il y ,'en a peu de belles, parce
que les maifons font fpacieufes ck toutes ifolées , fans
aucun alignement les unes avec les autres, & à-peu-
près comme un labyrinthe.
I! ne fait pas fur pour les étrangers de s'engager dans
ces détours. La jaloufie des Chinois , auffi-bien que des
Javanois , eft trop à craindre. En effet il n'eft pas pos-
fible aux femmes de fe contenir, lorsqu'elles trouvent
des hommes , ck fur-tout des Chrétiens , auprès de leurs
maifons ou derrière; Se elles ne manquent jamais d'en
venir jusqu'à l'extravagance , fi l'on retufe de fatisfaire
leur paffion. Cependant elles font fi défagréables &c fi
laides , que ceux qui ont le plus de penchant à la débau-
che , les rebutent fouvent.
La plupart des habitans de Japare font Mahométans ,
& font circoncire leurs enfans, y étant induits par les
religieux ck prêtres Mores qui courent les Indes , ck
marquent un grand zélé pour la loi de Mahomet : il y
a une mosquée où les Mores ck les Javanois Mahomé-
tans font les exercices de leur religion. Cette mosquée
eft au milieu d'une belle cour, ck enfermçe d'urrg mu-
raille de pierre.
L'accès d'un lieu fi faint, félon le fentiment de' ces
gens-là , ne doit pas, être permis aux Chrétiens : ils n'ofe-
roient feulement entrer dans la cour qui l'environne, Si
quelqu'un l'entreprend , les prêtres Mores le pourfui-
-vent, foit que cefoit un Chrétien ou un autre incirconcis
qui ne foit pas de la religion des Mores , & ils deman-
dent qu'il foit brûlé , ou que du moins on lui ôte la
■vie. Ils veulent même auffi que la mosquée , qui a été
profanée foit auffi détruite par le feu , à moins qu'elle
ne' foit de nouveau purifiée ck confacrée par des céré-
monies extraordinaires, par des prières 6k des dévotions
publiques.
C'eft un espace carré où il y avoit une chaire de pré-
dicateur ck des bancs à l'entour. L'édifice étoit auffi carré
par dehors, s'élevant â-peu-près comme une tour ou
un. clocher , ck ayant d'espace en espace quatre ou cinq
plateformes les unes au-deffus des autres.
A l'oueft ck à cinq lieues de Japare eft la ville dePati ;
& de Japare à Mataran , autrefois ville impériale de
JAP
avancé la Japidie jusqu'au golfe Flanatique. Straboneft
de ceux-là, comme on vient de voir. Dion Caflius ,
/. 49 , p. 41 1 , parlant de la conquête qu'Augufte fit de
leur pays, dit: il porta la guerre chez les Japydes: il n'eut
pas beaucoup de peine à foumettre ceux qui étoient en
deçà des monts , peu loin de la-mer ; mais ceux qui habi-
toient dans les montagnes ck au-delà ne furent domptés
qu'après d'extrêmes travaux. Cette description eft prê-
che, les Japydes ou Japodes s'étendoient en-deçà &
au-delà des montagnes , & jusqu'auprès de la mer; mais
ils n'en poffédoient point le rivage , fi nous en croyons
cet hiftorien.
Strabon, A4, p. 1.07, 314 «S- 3 1 5 , fait connoîtreque
cette nation étoit originaire en partie des Gaules , ck en
partie de l'Illyrie ; que la côte qu'elle poflédoit avoit mille
ftades d'étendue; qu'elle vivoit pauvrement d'épeautre
ck de millet , mais qu'elle étoit très-belliqueufe , ck qu'en-
fin le pays qu'elle habitoitfaifoit partie des Alpes. Comme
ils s'étoient adonnés au brigandage, Augufte , lafledes
plaintes que faifoient leurs voilins , entreprit de les ré-
duire , ck en vint à bout. En affiégeant MauUium , l'une
de leurs villes , il fut lui-même bleffé ; Se ce ne fut qu'à
force de courage qu'il les réduifit à demander la paix;
& comme on voulut leur impofer de trop dures con-
ditions , plutôt que de les accepter , ils aimèrent mieux
fe brûler eux ck leur ville. Depuis ce tems-là ils de-
meurèrent fournis aux Romains.
Le P. Briet , Parall. z. part. 1. 1 , p. 267 , qui fuit le
fentiment de Strabon, ck les étend jusqu'à la mer, croit
que leur pays répond à la Croatie , ck à une partie de
l'Iftrie ck du Vindismarck ; félon lui , leurs villes étoient :
[Aulona , aujourd'hui Albona.
IFlanona , aujourdhui Fianona.
Terfatica , aujourdhui Fiume.
Senia , aujourd'hui Segna.
| Lopfica , aujourdhui Lopfico.
Au bord de la mer. ) Theaulus, rivière qui , félon Pline ,
1 bornoitles Japodes: on la nomme
Odria.
I Ortopola; fes ruines s'appellent Or*
î topo/a la Vàa.
\Vegia, aujourd'hui Ve^a.
Dans les terres.
Mes.
ÇMetulum , aujourdhui Metling.
\Velfera , aujourd'hui Novigrad.
[Abforus , aujourd'hui Ckerfo.
\AbJyrds, aujourdhui O^t
)Curicla , aujourdhui Veglu
\Abiyrtis, aujourdhui Ozero.
1e:
\Gijfa, aujourdhui Pago.
| S cardon a , au j ourdhui S carda & Mal'
{ configlio.
On verra aux articles particuliers de ces villes , que
le P. Briet s'eft étrangement trompé pour les noms mo-
dernes.
JAPON , (le) grand pays , dans la partie la plus orien-
tale d'Afie. On lui donne le titre à' empire; ck il eft
Java , il y a vingt-cinq lieues. Carta Soura , aujourd'hui compofé de plufiers provinces , qui ont titre de royau-
réfidence de l'empereur, en eft moins éloignée. Le pays mes, ^ Sx. font fubdiyiïées en d'autres provinces. Ce font
de Japare eft à lui , excepté les fortereffes que les Hol-
landois ont fur cette côte. * Voyages de la Compagnie
Hollandoife, t. I, p. 337.
• JAPETIA: quelques-uns ont donné ce nom à l'Eu-
rope, comme ayant été peuplée par la poftérité de
Japhet.
JAPHA. Yoyez Jafa.
JAPIS: vallée de Grèce, dans l' Afrique: elle condui-
foit à Mégare , félon Etienne le Géographe.
JAPODES, (les) félon Strabon, ou Japydes , félon
Ptolomée, ancien peuple de l'Illyrie. Strabon, l.j , en
parle comme d'une nation diftinfte de la Liburnie , ck
leur donne quatre villes , favoir , Metulum , Arupinum ,
Monedum ck Vendum. Il les étend depuis les monta-
gnes jusqu'à la mer. Il met leurs principales demeures
au mont Albius, le dernier des Alpes. Il leur donne
mille ftades de rivage maritime. Mais les anciens ne
s'accordent pas à dire que les Japodes s'étendiffent jus-
gu'à la mer. Pline, /. 3 , c. 19. dit: quelques-uns ont
les Européens qui l'appellent Japon, & même les
Hollandois; ck quelques autres difent Japan; les habi-
tans lui donnent différens noms , &c le défignent par dif-
férens caràâeres. Le nom le plus ufité , dans leurs écrits
&C dans leurs converfations , c'eft NiPON, (nous ap-
pelions en Europe Niphon la grande ifle ou presqu'ifle,
qui en fait la plus confidérable partie,') que l'on pro-
nonce quelquefois d'une manière plus élégante & parti-
culière à cette nation Nifon ; ci que les habitans de
Nankin &c des parties méridionales de la Chine pronon-
cent SYPPON. Il lignifié le fondement du foleil ; car
il vient de Ni qui veut dire Feu , & dans un fens
plus fublime le foleil , Si de Pon bafe, ou fondement
d'une chofe.
Il a encore d'autres noms & épithétes dont on fe
fert rarement dans la converfation , mais qui reviennent
très-fouvent dans les écrits; par exemple, 1. Tenka,
c'eft-à-dire ^empire qui eft fous le ciel, comme fi c'étoit
le feul qui exiftât fous le ciei; de-là vient que l'em-
iAP
JAP
pereur eft appelle TenkasuMA , c'eft-à-dire lemânnr*
que qui eft fous le ciel. Autrefois ce nom étoit propre
& particulier à l'empire du Japon ; mais depuis que le
commerce leur a fait connoître d'autres pays , ils ont
la condescendance de les honorer auflî de cette épithéte,
particulièrement ceux dont les habitans font reçus Se
tolérés chez eux. Ainfi ils appellent l'empire de la Chine
To SlN Tenka , Se le? Provinces-Unies des Pays-bas ,
qui leur font connus fous le nom de Hollande , Hol-
lenda Tenka ; 2. FlNO MottO qui eft-à-peu-près le
même que Nipon, Se fignifie la racine du foleil ; Fi
c'eft le foleil, Se Motto une racine; No eftunepar-
ticule qui fert à lier ces deux mots. 3. Awadsissima,
c'eft l'ancien nom de ce pays , qui veut dire l'ifle de
C écume terrefire. A^rA fignifie l'écume, Dsï la terre , Se
SsiMA une ijle. Ce nom eft fondé fur une tradition fa-
buleufe qu'on trouve dans leurs hiftoires , touchant l'ori-
gine Se la création des différentes ifles , qui compofent
ce grand empire , que les habitans regardoient ancien-
nement , lorsqu'ils n'avoient aucune communication avec
les autres pays , comme la feule partie du monde qui
étoit habitée. Au commencement de la création , difent-
ils , le plus éminent des fept premiers esprits céleftes ,
remua le cahos ou la mafie confufe de la terre avec un
bâton; Se lorsqu'il le retira, il en tomba une écume
bourbeufe, qui fe ramaflant, forma les ifles du Japon ,
dont une qui eft de la quatrième grandeur , conferve
encore le nom , étant appellée Awadsissima. 4. SlN
KOKF ou CaMINO Kuni , c'eft-à-dire le pays ou l'ha-
bitation des dieux; car Sin Se Cami font les noms des
dieux qui étoient particubérement Se originairement
adorés dans le Japon ; Se Cokf Se Kuni fignifient l'un
& l'autre un pays. 5. Akitsima, ou, feion la pro-
nonciation ordinaire , Akitsussima eft un autre nom,
qui étoit anciennement donné à ce pays , & on le trouve
très-fouvent dans leurs chroniques & dans leurs légendes.
6. Tontsio , c'eft-à-dire le véritable matin. 7. Sio,
c'eft-à-dire tout , favoir toutes les ifles , qui font fous la
domination de l'empereur du Japon. 8. Jamatto ,
qui eft auflî le nom d'une de fes provinces. Ksempfer ,
dont je me fers pour cet article , rapporte encore quel-
ques autres noms, comme Assuwara , Assijtjcara-
K.OK.F, Qua ou Va; mais il ne les explique point.
Son traducteur Anglois dit : il ne paraît pas vraifem-
blable que les anciens ayent connu le Japon; du moins
ils n'en avoient aucune connoiflance du tems de Pto-
lomée. II tâche de rendre douteufe l'opinion de De l'ifle ,
qui croit que les ifles des Satyres , de cet auteur , font les
mêmes que le Japon d'aujourd'hui. De l'ifle, en em-
braflant cette opinion, n'avoit pas fait attention que
Ptolomée place les Satyres au-delà de la ligne équino-
xiale. Voyez à l'article Satyrorum Insulte. Marco
Paolo , voyageur célèbre du treizième fîécle , a connu
le Japon fous le nom de ZlPANGRl ; Se quoiqu'il avoue
n'y avoir jamais été , il en fait une description fur ce
qu'il en avoit appris , étant à la Chine. Il parle même
d'une expédition entreprife par un Tartare , qui s'étant
rendu maître de la Chine, voulut encore fubjuguer l'ifle
de Zipangri.Or les Annales des Chinois & desJaponois,
parlent de cette expédition. Le P. Couplet , dans fes Ta-
bles chronologiques de la monarchie Chinoife, la place
fous le régne de l'empereur Xicu , le premier fouve-
rain de la famille d'Y ven , qui eft la vingtième des em
pereurs de la Chine. Il acheva la conquête de l'empire Chi-
nois, l'an de l'ère vulgaire 1281 , Se il eft le même que
Cublai,;à la cour duquel Marco Paolo demeura plufieurs
années. La connoiflance que l'on avoit du Japon fut afiez
inutile , jusqu'à ce que les Portugais le découvrirent de
nouveau. On ne convient pas del'époque, qui eft, félon
les uns, 1535, félon d'autres 1542., Se félon d'autres
1548; il y en a même qui la rapprochent encore plus
de notre tems. Diego de Couto , continuateur des Dé-
cades de Barros , nous apprend , Decada V. da Afia ,
p. 183, qu'en 1 542, lorsque Martin- Alphonfe de Soufa
étoit vice-roi des Indes orientales , trois Portugais ,
Antoine da Mota, François-Zeimoto , Se Antoine-Pei-.
xota furent jettes par une tempête fur les côtes du
Japon , étant à bord d'une jonque chargée de cuir , qui
alloit de Siam à la Chine. C'eft ainfi que le Japon fut
découvert en dernier lieu par les Portugais , qui y plan-
tèrent la foi.
439
Le P. Martini , dans l'Appendice qui eft à la fin de
1 Atlas Chinois , fournit trois autres noms que les Chi-
nois emploient, favoir Gueique, Voçu Se Gepuen.
Le premier vient de ce que l'amiral qui fut envoyé frau>
duleuiement dans le Japon , étoit de Guei , famille Chi-
noile. Voçu n'eft pas le nom du pays , mais un terme
injurieux dont on le fert à l'égard des Japonois , pour
marquer que ce font des gens qui parlent une langue
barbare Se étrangère. Le nom de Gepuen fignifie l'en-
droit où le foleil fe levé ; ce qui marque la fituation du
Japon , par rapport à la Chine. Le même père prétend
que le nom de Zipangri , de Marco-Paolo eft la même
choie que Gepuyengin, en y ajoutant une R , à la
manière des Tartares ; félon lui, Ge fignifie le foleil-
HUEN Congine , Se GlN homme.
L'empire du Japon eft fitué entre le 3 ie & le 42e degré
de latitude feptentrionale , félon l'hiftorien du Japon.
De l'ifle fait pafler le 30e d. de latitude fepientrionale *
par le milieu de l'ifle de Tanacxima. Les Jéfuires , dans
une Carte corrigée fur leurs oblèrvations aflronomi'ques
le placent entre le 157e d. Se le 175e d. 30' de longi-
tude. Il s'étend au nord-eft Se à l'eft-nord-eft : fa largeur
eft irréguliere , quoiqu'à tout prendre , il foit afléz étroit,
en comparaifon de fa longueur, qui , depuis une des ex-
trémités de la province de Figen, jusqu'aux côtes orien-
tales de^la province d'Ofiu , eft ceniée avoir deux cents
milles d'Allemagne en droite ligne , fans y comprendre
toutes les côtes Se les ifles plus éloignées, quoiqu'elles
foient fous la domination de l'empereur du Japon.
On peut s à divers égards ,1e comparer aux royaumes
de la Grande-Bretagne Se de l'Irlande, étant haché c*
coupé de la même manière , mais dans un plus haut
degré, par des caps, des bras de mer, des anfes , de gran-
des baies , qui avancent beaucoup dans les terres", Se
forment plufieurs ifles Se péninfules , golfes Se havreSi
Comme le roi de la Grande-Bretagne eft fouverain de
trois royaumes , l'Angleterre , l'Ecofle Se l'Irlande , de
même l'empereur du Japon commande à trois grandes
ifles féparées. La plus grande s'appelle Nipon, du nom
de tout l'empire. (Je fuis ici le fentiment de l'auteur cité.
Je remets à la fuite de cet article à examiner , fi c'eft
une ifle ou une presqu'ifle.) Elle s'étenden longueur, de
l'eft à l'oueft, en forme de mâchoire , dont la partie re-
courbée eft tournée au nord. Un canal étroit ou détroit
plein de rochers Se d'ifles, dont les unes font habitées,
8e les autres déferres , la fépare d'une autre ifle qui eft
la féconde en grandeur, Se qui, par rapport à fa fitua-
tion , étant au fud-oueft de Nipon , eft appellée Sai-
KOKF, c'eft-à-dire le pays de l'ouefl.
Elle eft auflî nommée Kiusiu, ou le pays des neuf-
parce qu'elle eft divifée en neuf grandes provinces. Elle
a cent quarante-huit milles d'Allemagne de circuit; Se
les Japonnois lui donnent cent quarante de leurs milles
de longueur, Se quarante à cinquante de largeur. On l'ap-
pelle auflî XlMO.
La troilîéme ifle eft fituée entre la première Se la
féconde: elle eft presque carrée; Se comme elle eft di-
vifée en quatre provinces , les Japonnois l'appellent
SlKOKF , c'eft-à-dire le paysdes quatre; on lui donne
auflî le nom de Xicoco. Ces trois grandes ifles font
entourées d'un nombre presqu'innombrable d'autres ifles,
dont quelques-unes font petites , pleines de rochers 8c
ftériles , Se les autres aflez grandes , riches Se fertiles ,
pour être gouvernées par de petits princes.
Toutes ces ifles Se ces terres , qui compofent le puis-
fant empire du Japon , ont été divilèesparSiufium , mo-
narque héréditaire eccléfiaftique, en Gokisitzidos ,
pour ufer du terme Japonnois , ceft-à-dire en fept gran-
des contrées, l'an de Jelus-Chrift 590. Ten Mudivifa,
l'an 6S 1 , ces fept principales contrées en foixante-fix pro-
vinces Se en donna le gouvernement, à un pareil nom-
bre de feigneurs de fa cour , qui y commandoient comme
princes, Se comme fes lieutenans ; Se parce que deux
autres ifles, Iki Se Tsussima , qui appartenoient au-
trefois au royaume de Corée , furent conquifes , Se
réuniesà l'empireduJapon, les provinces font aujourd'hui
au nombre de quarante-huit. Quoique ces deux divilîons
fubfiftent encore, il eft néanmoins arrivé dans la fuite
que les foixante-huit provinces de l'empire ont été
démembrées Se fubdiviiëes en fix cents quatre moindres
parties ou diftriûs,
JAP
440
Dans les premiers 5c heureux fiéclesde la monarchie
Japonnoife , chaque prince vivoit paifiblement clans !a pro-
vince dont l'empereur lui avoit commis le gouvernement ;
mais les calamités qui ont fuivi les fréquentes disputes
& diffenfions qu'il y a eu entre les principales branches
de la famille impériale, touchant la fuccelîion à l'empire,
ont , par degrés , rempli l'état de trouble , de contufion Se
de carnage. Les princes ou gouverneurs époufoient des
partis différens; & la voie des armes ne tut pas plutôt
introduite parmi eux , comme le moyen le plus efficace
& le plur fur de terminer leurs différends, que chacun
s'en fervit pour fe maintenir dans la pofïelîion des pays
dont ils ne tenoient le gouvernement que de la pure
libéralité de l'empereur. Ceux à qui il n'en avoit point
donné , eurent foin de s'en pourvoir eux-mêmes. Les
princes partagèrent leurs terres héréditaires entre leurs
enfans ; & quoique ceux-ci ne poffédafient qu'une por-
tion du bien de leur père , ils ne voulurent , pas leur
céder en pompe & en magnificence. Les empereurs de
la famille régnante, qui ont eux-mêmes ufurpé la cou-
ronne, ne regardent pas cette grande divifion des pro-
vinces de l'empire, comme préjudiciable à leur autorité,
mais plutôt comme avantageulé , en ce qu'elle fert à
leur faire mieux connoitre le véritable état de leurs re-
venus ; aufli , bien loin de les remettre fur l'ancien pied ,
ils les démembrent ck les fubdivifent encore de plus
en plus , lélon que la fantaifie leur en prend , ou que
leur intérêt le demande , &il y en a des exemples dont
la mémoire eft encore récente. Il n'y a pas long-tems
que la province de TJikufen fut divifée en deux gouver-
nerons, Janagawa ik Kurume ; & le prince de
Tlïkungo eut ordre de la cour de céder une partie de
fes terres au prince des deux ides, Iki ck Tfuffima, qui
jusqu'alors n'avoit rien poffédé dans le continent du
Japon. L'empire du Japon eft borné par des côtes plei-
nes de rochers & de montagnes , ck une mer orageufe ,
qui n'ayant que très-peu de profondeur , ne peut rece-
voir que de petits bâtimens.
Outre les ifles ckles provinces, qu'on a déjà marquées,
il y a quelques autres pays plus éloignés, qui, à propre-
ment parler , n'appartiennent pas à l'empire du Japon ;
mais ils reconnorfîent l'empereur pour leurfouverain ,
ou vivent fous fa protection. Ces pays font :
I.Les ifles de Riuku , ou Lequios , (entre le Japon
6k l'ifle de Formofe , & qu'il ne faut pas confondre avec
les ifles de Luqon ou les Philippines. De l'ifle écrit
Leques ; ) les habitans fe difent iiijets , non pas de l'em-
pereur de Japon , mais du prince de Saxuma , qui eft
une province de l'ifle de Saïkokf, au fud-oueft de la-
quelle elles font fltuées. Voyez Lequios.
II. TsiOSEN, qui eft la troifiéme, ck la plus baffe
partie de la Corée , ck eft gouvernée , au nom de l'em-
pereur , par le prince d'iki & de Tfuffima.
III. L'ifle d'iESO , dont le gouvernement a été donné
par l'empereur au prince de Matfumai , qui a fes pro-
pres états dans la grande province d'Osju.
Venons maintenant à une divifion plus, particulière de
ce vafte empire. J'ai déjà dit qu'il fut divifé autrefois
en fept grandes contrées , ck qu'elles furent fubdivifées
en foixante-huit provinces , qui furent encore partagées
en fix cents quatre diftrifts. Il faut préfentement par-
courir ces provinces dans le détail , en marquer la gran-
deur, l'étendue, la fertilité, le produit ck les revenus;
& on fuivra ce qu'en fournit une description Japon-
noife , publiée au Japon fous le titre de SiirJ Joflic.
Mais il eft jufte de dire auparavant quelque chofe
des Gokinai ou Gokinai Gok. Kokf, c'eft-à-dire
des cinq provinces des revenus impériaux , ainfi appel-
lées , parce que tout le revenu de ces cinq provinces
eft particulièrement affecté pour l'entretien de la cour
impériale; il fe monte à cent quarante-huit mans , ck
mille deux cents kokfs de riz. Au Japon tous les re-
venus font réduits à ces deux mefures en riz. Un man
contient dix mille kokfs , ck un kokf trois mille balles
ou fies de riz.
Ces cinq provinces impériales font :
I. JAMASIIRO, autrement Sansju. C'eft un pays
fort étendu fck très-fertile: fa longueur du fud au nord
eft de cent milles du Japon , & il contient plufieurs vil-
les , & autres places confidérables. Cette province eft
divifée en huit diftrifts,
JAP
Otokuv.i ,
Kij,
Sakanak,
Kadono,
™£>
Tjuku£i.
Okongi ,
Knft,
II. JAMATTO, ou \Vosju; c'eft auffi un fort bon
pays, à-peu-près de la même grandeur que le premier;
il s'étend du nord au fud. 11 y avoit autrefois plufieurs
villes confidérables ; mais elles font aujourd'hui en petit
nombre. Il eft divifé en quinze diftrifts,
Soono Cami ,
Soonofimo ,
Figuri ,
Firoli ,
Kat^u-Dftau ,
III. KAWATSII, ouKasiu ; c'eft un pays paffable-
ment bon: il a environ deux journées de longueur, ck
fe divifé en quinze diftricts,
Kaifunge ,
Sikino Simo ,
OkunoUmi,
Sikino Cami ,
Utçi
Takaiidç ,
Jofimo ,
Tooid^ ,
Uda,
ck Jammanobe.
Niflori,
Ijik^wa,
Fukait{ ,
Tukajat^ ,
JFakaja,
Kawat{ ,
Sibukaja ,
Sarara ,
Sick,
Jaskabe ,
Umbarada ,
Tanbokf,
Ookake ,
Katanno,
ck Tannan.
IV. IDSUMI, ou Sensju ; c'eft un fort grand pays,
mais qui n'eft pas extrêmement fertile. Il a cent milles
du Japon de longueur du fud à l'oueft. Il eft borné d'un
côté par la mer, ck de l'autre par une chaîne de mon-
tagnes fort hautes. La mer lui fournit du poiffon en abon-
dance. Il produit du bled noir, des pois ck des fèves,
mais peu , ck qui ne font pas des meilleurs. Il n'a que
trois diftrifts ,
Ootori ,
IJfin
ck Fine.
V. SITZU , autrement TJinokunï ck Slsju : cette pro-
vince a deux journées ck demie de tour. C'eft le pays
le plus avancé vers l'oueft , ck fur un grand golfe. Les
parties méridionales font fort chaudes ; mais celles du
nord font plus froides & plus abondantes , en ce qu'ils
appellent Gokokfs , qui font les cinq espèces principales
de pois que l'on mange dans ce» pays : on y trouve aufli
du poiffon ck du fel; à tout prendre, c'eft un fort bon
pays. Il eft divifé en treize diftriefs,
SiijosoxxSymmios , Kutat-, Fingaffinai ,
Nifijnari , Simacami , Muko ,
Jatfan , Tcfûma , Awara ,
Simafimo, Kawanobe, Arima,
Se Nosji.
Division et description des Gokisitzidos,
ou des fept grandes contrées du Japon.
Ces Gokifit^idos font ,
Tookaido ,
Toofando ,
Fku Rokkudo , Sanjodo ,
Sanindo , Saïkaido ,
èk Nankaido.
Entrons maintenant dans le détail de chacune & des
provinces qui les compofent ; nous fuivrons exactement
le plan de Ka;mpfer. Il faut fe rappeller ce qu'on a dit
ci-deffus , favoir , que ces fept contrées avoient été di-«
vifées par l'empereur Tenmu en foixante-fix provinces,
y compris les cinq provinces des revenus impériaux,
dont on a déjà parlé, ck que quelques iiécles après on
y en ajouta deux autres.
I. Le TOOKAIDO contient quinze de ces foixante-
huit provinces ,
1. Iga, autrement Ifyn, qui eft bornée au midi &
au levant par la mer. Au nord, elle eft féparce des pro-
vinces voifines par une longue chaîne de montagnes.
C'eft un pays chaud, mais qui n'eft pas autrement fer-
tile. On y trouve quelques plantes , quelques arbres , ck
des bambous. Il eft divifé en quatre diftrifts.
Aijc
Namamda ,
A'J
Nabari.
1. IJÎt,
JAP
JAP
44t
Quana ,
Afaki,
Taato ,
Ano ,
mfikljjima,
Itaka ,
Sujuka ,
Gojajuma ,
Watakt
l'M,
Inabe ,
Ino ,
Aanki,
Mye,
Taki.
^.SJîma, ou Sijzo, eft une petite province, qu'on
peut traverfer en une dem -journée : le pays eft fort fté-
rile ; mais la mer voifine le fournit abondamment d'hui-
tres,de coquillages, S* autres choies femblablès. Elle n'a
que trois diftrifts,
Toojii ,
AU
Kanncjïn
l.IJîe, autrement Scsju , a trois journées de Ion- 10. Sangami, ou Soojîu , a trois journées de long:
gueur , s'étendant du fud au nord. La mer l'environne c'eft un pays plat & ftjnle, qui ni fournit presque point
presque de tous côtés ; c'eft un pays extrêmement fertile, d'autre fubfiftance q.edes tonue;, du" poiffon , & des '
entremêlé de plaines & de collines, qui font une variété écrevilTes_ de_ mer; mais on ti,e une grande quantité de
tres-agréable. 11 eft divilé ea quinze diftriûs , bois de iés forêts. Il eft divifé en huit diflnfts,
Afikaranno-Cami , Jiiringi, M' jura,
Ajikaranno-Smiu, Ajikoo-Tukangi $ Jcjima.
Oojimi, . Kamakura,
il. Myfafî ou Bufiu, grande province, qui a cinq
journées & demie de circuit. C'eft un pays plat, fans
bois ni montagnes , mais très-fertile . abondant en riz ,
en gokokf, en fruits de jardin, &c en plantes. Il eftdivifé
en vingt-ifn diftrifts ,
Naka ,
Kami ,
Adats,
Tfltbubu,
Jcbara ,
Toufima,
Oofato.
il. Awa , autrement Foojîu , eft un affez bon pays,
qui a des montagnes, des collines, des rivières ex des
plaines, qui produifent du riz & du blé. 11 eft paflable-
ment peuplé; îk la mer voifine lui fournit ab>n animent
du poiflon & des huitres , dont les coquille font em-
ployées par les habitans à engraifîer lei.rs ter es. Cette
province n'a qu'une journée & demie de lo gueur du
nord au fud, & eft divifé» en quatre diftnâs ,'
Fekuri , Awa , Afaima , Nakaba.
13. Kadfufa , autrement Koosju, a trois jou-nées de
long, dunordau fud. Le pays eft affez bon. quoi qu'il
y ait piufieurs hautes montagnes escarpées. Uie grande
parrie des habitans gagne fa vie à faire des truies de
chanvre, qu'ils travaillent très- proprement. Elle eft
divifée en onze diftrifts ,
4. Owan, autrement Bijîu , eft une province Médi-
terranée , entièrement fepaée de la mer, & une des
plus fertiles & des mieux peuplées de tout l'empire. Elle
a trois journées de long , s'étend du nord au fud, &cfe
divife en neuf diftriéls ,
Kuraggi,
Fiiki ,
Tj'ukuki ,
Jokomi ,
Tarn a,
S uttama,
Tatjînbana ,
Kodama ,
Katkura ,
Tjibu-Sima
huma ,
Tabara ,
Tosma , "
Fajîj'awa ,
Amabc,
NakaJJîma ,
Kaquuri ,
Jamaiia,
Altfi,
TJàta ,
ToojlinoJJlma.
Cette province fe nomme Voari. Voyez ce mot.
5. Mikawa , autrement Mijîu , eft un très-méchant
pays, ftérile plein de rivières baffes, & d'étangs, où
par confequent le gokokf ne peut pas bien venir. Il a
une journée & demie de longueur, de l'eft à l'oueft , Se eft
divifé en huit diftrifts,
Awomi,
Kamo ,
Nucada,
Bâti,
Fori ,
fana,
Tfltarra ,
Akumi.
6. Tootomi , autrement Jenjîju , eft un pays très-bon
& très - fertile , &c une des plus belles provinces par
l'agréable variété de fes collines , rivières , plaines , villes,
& villages. On compte que fa longueur eft de deux jour-
nées & demie de l'oueft à l'eft. Elle fe divife en quatorze
difirids,
Sfuffu
Amafa,
hfuwara
Umingar,
Toiko
Mooki
Iffimi.
Fanni
Nagava ,
Jammanobe,
&. Mujja.
Fammana ,
Nagajfimo ,
Tojota ,
Fut7,
Suti,
Jamaka
Fuufa ,
Jammana ,
Sanno,
Aratama,
Kikoo ,
1-wata.
Nangakami ,
Faifara,
l^.Simoôfa, autrement Seosju, efteenfée avoirtrois
journées de long, du nord au fud ; c'eft un pavs mon-
tagneux , peu fertile, mais qui abonle en volaille, &
en beftiaux. Il eft divifé en douze diftriâs,
7. Surunga ou. Siusju, fe diftingue auffi par la variété
de fes villes , villages , collines , & plaines fertiles. Elle a
auffi la même longueur que Tootomi , & s'étend de même
du couchant au levant. Elle eft divifée en lèptdiftrifts,
TJfa , Udo , Rofarra , Suringa.
Mafiafu, Ifabe, Tufd ,
8. Kai, autrement Kaifiu, & Ksjoohu, eft un pays
.plat , ci abondant en riz , en pâturages , en plantes , &
en arbres: on y trouve auffi dubétail, & particulière-
ment des chevaux. Il a deux journées de longueur du nord
au fud, & eft divifé en quatre 'diftruîb ,
JamanaJJîro , Jaat{firo , Coma, Tfur.
9. Idfu , autrement Toosju , eft une longue presqu'ifle.
Elle produit une grande quantité de fel & toute forte
de poiffon , & paffe en général pour un affez bon pays.
Il y a beaucoup de montagnes , peu de plat pays , &c
quelques champs où le riz croît. Elle n'a que trois dis-
trifts fur le continent de Nipon,
Tacalo, Naca, Camo.
On y ajoute deux ifles voifines:
Oofimai & Firakafima»
KaddoJIka ,
Sasjuma ,
Unagaml ,
Tfibba,
Ymba,
Juuki,
Kutori ,
Tooda ,
Fannibu ,
Sooma ,
Koofa,
Okanda.
i1). Fitats , ou Sjoo , eft une fort grande province.
Un auteur Japonois, fuivi par l'auteur cité, la fait pres-
que carrée , &c dit qu'elle a trois journées de longueur
de chaque côté. C'eft un pays médiocrement fertile,
mais qui abonde en vers à foie, & en foies qu'on y tra-
vaille , y ayant piufieurs manufactures d'étoffes de foie
& d'autres choies ; car les habitans ont beaucoup d'in-
duftrie. Ils font auffi commerce de bétail. Cette pro-.
vince a onze diftnfts.
Kuffi,
Taka.
Nijbari , Sjida,
Makaije , 17 m baraki
Tfukkumba , Namïngaia , & Iaicoko.
Kawat^, Naka,
Ce dernier nom veut dire pays éloigné , & il y a appa-
rence qu'on entend par-là quelqu'ifle voifine, à l'extré-
mité du pays.
Les revenus de ces quinze provinces de la première
grande contrée appellée Tooakaido , fe montent en tout
à 494 mankokfs.
II. TOOSANDO , c'eft-à-dire la contrée orientale
montagneufe, comprend huit grandes provinces.
I. Vomi, pays extrêmement bon ôi fertile, diverfifîé
par des montagnes , des collines , d s rivières , des champs
Tome III. Kkk
JAP
442
fertiles , qui produifent également du riz & du bled ,
& récompenl'ent le laboureur de mille pour un , expres-
fion Japonnoife qui fignifie feulement une grande fer-
tilité. Cette province a trois journées St demie de cir-
cuit, & eft divifée en xm diftri&s ,
Singa. ,
Karimotto ,
Jus,
Cammoo ,
Kanfaki ,
î. Mino , ou Diofu , ne cède à la province d'Oomi ,
ni dans l'agréable variété des collines & des plaines ,
ni dans la fertilité de fon terroir : elle produit en abon-
dance du riz , du bled, dukokokf, & toutes les autres
néceffités de la vie. Elle a trois journées de longueur
du nord au fud, & fe divife en xvm diftrifts,
Inungami ,
Imito ,
Sakatta ,
Takaffîma
Jetl,
Kooka ,
Le haut & le bas
JooJii{umi
Afai,
Sijrakawa ,
Kurokawa,
Juvafi, '
Mijaki,
Aït{ ,
Nama ,
Oda,
Asaka ,
Adat{,.
Sibatta ,
Karida ,
Tooda ,
Natorï ,
Sinnobu ,
Kikkunda,
Sibanne,
Ajfonufa,
Namingata ,
JAP
Iwadewaga ,
Kawat^ ,
Fit^ungi ,
Takano ,
Waltarï ,
Jamadsukuri ,
Oonato ,
Kami ,
S sida ,
Kuriwara ,
Je/an, "
Jeki ,
Mij'awa ,
Nagaooka ,
Tojone ,
Monowara ,
Oosika ,
Gunki ,
Kaddona,
Fajtkani ,
Tsungaruy
Uda,
Ru,
Motojes ,
Isbara ,
Taidsi ,
Sikamma ,
lnaga ,
Siwa ,
Ivasaki ,
Kadfinda
Datte,
Socka,
Fei,
Kifen.
Mjntfu,
Mujjijroid ,
Guundsjo ,
tuf a,
Kat.akata ,
Camo ,
Awadjî,
Atfumi,
Cako ,
lkenda ,
Kakumi ,
Tokki,
Oono , '
îamangala ,
Ienna,
Mottos ,
Muggi ,
Taki.
3. Fida, autrement Fisj'u, eft fort au-deffous des deux
précédentes , tant en grandeur qu'en fertilité. Sa plus
grande étendue du nord au fud, n'eft guère, que de
deux journées de chemin. Elle eft pleine de bois ik.de
forêrs qui fournirent en abondance du bois à brûler ck'
à bâtir. Elle n'a que iv diftrufts,
8. Dewa , autrement Usju , a cinq journées de lon-
gueur; c'eft un -fort bon pays, abondant en pâturages,
en plantes ck en arbres. On dit que leprintemsy com-
mence quinze jours plutôt que dans les autres provinces:
elle faifoit autrefois partie de la province d'Onu; mais
c'eft aujourd'hui une province féparée, Se divilée en douze
diftncls ,
Akindatauri 3
Senboku ,
Mogumi,
Ja
Akumi ,
Ook-af> ,
Kawanobe,
Firaka,
Murajama ,
Tangaira
Oitama ,
Diwa ,
O/arra , Mafijnda , Ammano ,
Arakl.
4. Sinano , autrement Sinsju , eft un pays très-froid.
Le :el <k le poiffon y font fort rares, à caulè qu'elle eft
trop éloignée de la mer ; & il n'y a presque point de
bétail , parce qu'il n'y a que peu de pâturages. Il eft
d'ailleurs affez fertile, & produit une grande quantité de
meuriers , de foie, ck de chanvre, dont il y a plufieurs
bonnes manufactures. On dit qu'il a cinq journées de
longueur du nord au fud; il fe divife en Xi diftridts,
Les revenus de ces huit provinces de la féconde grande
contrée montent à 563 mankokfs , fuivant les an-^
ciens comptes ; mais ils font confidérablement aug-
mentés.
III. FOKU ROKKUDO, c'eft-à-dire la contrée du
nord , contient fept provinces , .
1. Wackafa , autrement Siakusju , qui a une journée
ck demie de longueur du nord au fud. Elle eft bornée
au nord par la mer qui lui fournit abondamment du
poiffon, des écreviffes, des tortues , &c. Elle a quelques
mines de fer , èk eft divifée en trois diftriûs ,
Midfut^ ,
Takaij ,
FanUftna,
TJiJagatta ,
Sacku, Atfun.
In a, Sara,
Ssuwa , Syna.
Tsikumma ,
Oonibu
Ooi,
Micata.
5. Koodfuke, autrement Dsiosju, a quatre journées
de longueur d'orient en occident. C'eft un pays chaud ,
paffablement bon , qui produit une grande quantité de
meuriers ck de vers à foie ; mais leur foie n'eft pas de
la meilleure. Il eft divifé en xiv diftrifts,
2. Jetjijfen , autrement Jeetsju ; fa longueur du nord
au fud eft de trois journées de chemin. Elle eft fort mon-
tagneufe vers le fud ; mais au nord c'eft un pays plat &C
fertile , abondant en pâturages , où l'on engraiffe une
grande quantité de bétail. 11 produit auffi du chanvre,
des meuriers , de la foie ck du gokokf en abondance.
Il eft divifé en douze diftriéts ,
[/fui,
Nitta ,
Tago ,
Aajfa,
Ssikanne,
Kattaoka f
Midorino ,
Soora ,
Naba,
Ssetta ,
Gamma ,
Jammada.
S ai,
Kanva ,
Tfuruga,
Nibu ,
ImadatT ,
Afyba,
Oono,
Sakai,
Kttroda ,
Ikingami .
Takakida ,
Joosdida ,
Sacagita ,
Naandsjo.
6. Simoodjuke , ou Jasju, a trois journées Se demie
de longueur du levant au couchant. C'eft un affez bon
pays, plutôt plat que montagneux , où il y a beaucoup de
prés &c de champs , qui produifent abondamment de
l'herbe, du riz, du bled & du gokokf. Il a neuf
diftrifts,
Askara, Tsuga, Suwooja,
Janada , Taka , Nafu ,
■djo, . Sawingawa, Mukabe.
7. Mutsu, ou Oxu eft la plus grande province du
Japon , 6c a feize journées de longueur du fud au nord.
C'eft un pays extrêmement bon & fertile, & où il ne
manque aucune des chofes néceffaires à la vie. Toute
cette province étoit autrefois fujette à un feul prince,
avec la province voiline de Dewa , dont on parlera
ci-deffous. Elle eft divifée en uv, ou, félon d'autres, en
lv diftrifts,
3. Kaga, autrement Kasju, ou Canga , a deux jour-
nées & demie d'orient en occident : c'eft un pays pas-
fablement bon , & qui produit affez de gilokf pour la
fubhfiance deshabitans.il y auffi quelques manufactures
d'étoffes de foye , d'excellent vinaigre, du facki , &C
àufoja, que l'on porte dans les autres provinces. Elle
a quatre diftrifts ,
Jenne ,
Nomi
IJIkc
Kans
D'autres y en ajoutent un cinquième nommé Ka-
BOKU.
4. Nota , autrement Seos/'u , eft une espèce de pénin-
fule presqu'entiérement entourée de la mer qui lui fournit
en abondance du poiffon & des écreviffes. Il y a plu-
fieurs mines de fer; mais le terroir eft peu fertile , &
le gokokf y meurit beaucoup plus tard que dans les au-
tres provinces. Cette province a deux journées & demie
de longueur de l'oueft à l'eft , êk eft divifée en quatre
diftrifts,
Bagui,
Fukeefund,
Ssus.
JAP
%.Jettsju, autrement Jaefsju, a trois journées de cir^
cuit : le pays eft affez bon , &C produit fuffifamment de
gokokf ; on y fait une espèce de pots de terre parti-
culière: il yaauffi quelque peu de bois dont on fé fert
pour faire des ponts. Elle eft divifée en quatre diftrifts,
Toriami, Imidsu .
Mëbu , Nijkawa.
6. Jetjingo, autrement Jeesju , eft une grande pro-
vince qui a fix journées de circuit. Elle eft montagneufe
vers le fud , mais du refte allez fertile , &t produit de
la foie , du chanvre &c du gokokf qui eft très- bon.
Elle eft divifée en (ept diftrifts,
Kabiki, Kof, Miffimd , Iwoodft,
Cambara , Nutari, &c ïwafune.
7. Sadô, ou Sasju, eft une ifle de trois journées &
demie de circuit , fituée au nord du Japon , vis-à-vis
des provinces de Jeetsju & de Jetfingo. Elle eft très-
fertile & abondante en bled , en riz , &£ en gokokf ;
il y a auffi des bois & de bons pâturages ; la mer la
fournit de poiffon &c d'écreviiïes. Elle eft divifée en trois
diftrifts ,
Umo,
Soota,
Le revenu- annuel de ces fept provinces de la troifiéme
grande contrée, monte à 243 mankokfs.
IV. SANINDO , c'eft-à-dire la contrée montagneufe
du nord , ou froide , comprend huit provinces.
1. Tanba , ou Tansju , a deux journées de long ; elle
eft pafiablement bonne, & produit beaucoup de riz &
plufieurs fortes de pois & d'autres légumes ; il y a auffi
du bois à brûler. Elle eft divifée en fix diftrifts ,
Kuwada ,
Amada ,
Funaij ,
Fingam,
TaU,
Ikarunga.
Togomi, J agami , Stidfu ,
Takagufo , Ketta , Konno.
Oomi.
JAP
Uu>
No'ui ,
Semant
Taitenni ,'
Jadfumo
, Kanto,
Ninda ,
Oofara,
î. Tango , autrement Tansju , à une journée &: demie
de largeur du nord au fud ; c'eft auffi un pays pafiable-
ment bon, où l'on peut avoir de la foie & du chanvre
à fort bon marché, la mer lé fournit abondamment de
poiffon, d'écreviffes, &c. Cette province eft divifée en
cinq diftrifts ,
Kaki, Joki , Tango, Katano, Kurrtano.
3. Ta/ima, autrement Tansju, à deux journées de
longueur , d'orient en occident. C'eft un pays médio-
cre , comme les deux précédens. Il fe divife en huit
diftrifts,
Afami, Jabu, ldfu, Ketta,
Kinnofaki, Flangaka, Sitçumi, Mikummi.
4. Imaba , autrement Insju , eft à-peu-près de la
même longueur & de la même fertilité que Tafima.
Elle eft bornée au nord par la mer, & au fud par une
chaîne de montagnes. Il y a plufieurs manufactures de
foies groffieres. Elle fe divife en fept diftrifts,
443
Aikfika ,
Ijis.
7. Iwami , autrement Stkisju , a deux journées de
longueur du nord au fud. C'efl un pays médiocrement
bon, qui produit en abondance du chanvre, &C quelque
peu de fel. Les habitans donnent tous les ans à leur
prince le double de ce qu'on donne dans les autres pro-
vinces ; elle eft divifée en cinq diftrifts,
Stikama, Naka , Ooti,- Mino, Canoah.
8. Oki , autrement Inju , eft une ifle érigée en pro-
vince, &c fituée dans la mer de Corée, à l'oppofite
des côtes de cette péninfule : c'eft un pays ftérile qui
ne produit que peu de gokokf. Cette ifle a deux jour-
nées de circuit , &C fe divife en cinq diftrifts ,
Tout le revenu annuel de ces huit provinces de la
quatrième grande contrée monte à cent vingt-trois man-
kokfs.
_ V. SANJODO , c'eft-à-dire contrée montagneufe mé-
ridionale ou chaude , eft compofée de huit provinces.
1. Farima , autrement Bansju , a trois journées &t
demie de circuit. C'eft un pays très-fertile , qui produit
en abondance tout ce qui eft néceffaire à la vie: il y
a plufieurs manufactures d'étoffes de foie, de drap ÔC
de papier. Elle eft divifée en quatorze diftrifts,
Akas , Kata , Kamo , Inami ,
Sikama , lwo , Akato , Saijo ,
Siti, Kdnfaki, Tàkay Miqubo.
Iffai , Itto.
2. Mimafaka , autrement Sakusju , a trois journées
de longueur d'occident en orient. Ce pays eft médio-
crement bon , &t produit une quantité de fruits , de
plantes , de vivres , 6c de draps , fuffifante pour l'en-
tretien des habitans. On a remarqué comme une chofe
finguliere, que cette province eft moins fujette aux vents
que les autres provinces de l'empire. Elle eft divifée en
fept diftrifts,
Aida, Kat^unda, Tomani^i , Tomafiga.fi.
Khumt , Koba , Mafuma,
3. Bidfen , ou Bisju , a trois journées de circuit. C'eft
un pays paffablement bon , qui produit beaucoup de foie ;
la terre y eft chaude; & on remarque que les fruits de
la terre y meuriffent plutôt que dans les autres provin»
ces. Elle eft divifée en onze diftrifts,
Kofuma, Waki , Iwanajz, Ooku,
Akofaka , Kandat^, Minne,^ Koas.
■ TJitaka, TJlngoJima, Kamofima,
4. Bitsju , autrement Fifin , a une journée de lon-
gueur du couchant au levant. C'eft un fort bon pays ,
qui fournit abondamment toutes les chofes nécefîaires
à la vie. La gokokf &t le chanvre en particulier y
/font â très-grand marché. Elle eft divifée en neuf
diftrifts ,
5. Focki, autrement Fakusju, a deux journées &
demie de longueur du nord au fud. Le pays eft médio-
crement bon, cependant il produit en abondance du
gokokf, du chanvre & de la foie ; &c il y a plufieurs
bonnes manufaftures d'étoffe de foie. Cette province eft
divifée en fix diftrifts,
Kawamur,
Oomi ,
Kume , Jawata ,
Fino.
Aneri.
Ut{, Kaboja, Kaijd,
Afjanguti, Odd, Sitçuki.
Simomit%_ ,
Teta , Fanga.
(S. ldfumo , autrement Unsju , a deux journées &
demie de longueur d'orient en occident. Elle eft pres-
que entièrement entourée de la mer de Corée, en
forme de péninfule. C'eft un pays extrêmement fertile,
qui produit une grande quantité d'arbres , d'herbes &C
de plantes. Il y a auffi quelques manufaftures d'étoffe
de foye groffiere. Elle eft divifée en dix diftrifts ,
Ausquels on ajoute les ifles de Saborufina Se Jorifima.
5. Bingo , autrement Fisju , a un peu plus de deux
journées de longueur , du nord au fud ; c'eft un affez
bon pays où il croît abondamment du riz &C du gokokf;
& on remarque qu'ils y meuriffent beaucoup plutôt qu'ail-
leurs. Cette province eft divifée en quatorze diflrifts ,
Abe Futjiti, Kamijfi, Afuka,
Numajlmi, Bonit^, Afijda, Kooni ,
Mikami, Camidami, Mitfuki, Jefj'o.
Sirra, Mijwara,
6. Aki, autrement, Gesju,a. deux journées & demie
de longueur, du nord au fud; elle eft montagneufe &
ftérile. On fait du fel fur les côtes. Le bled , le riz , 6e
Tome III. K k k ij
444 JAP
le gokokf n'y viennent que difficilement ; mais il y a
beaucoup de bois & de forêts qui produifent des
champignons en abondance. Elle eft divifée en neuf
diftrias,
Numada , Takatta , Tojoda , Saâa , _ _
Cammo , Sabaku , Aki , Takamija ,
& Ikukufiima.
Ce dernier nom fe donne auffi à un lieu très-célébre
dans cette province. .
7. Suwo, autrement Seosju, a trois journées de lon-
gueur , de l'occident à l'orient. C'eft un pays paffable-
ment bon, qui abonde principalement en plantes <k en
bons pâturages. Les côtes fourniffent dupoi(Ion,des écre-
viffes , des coquillages , & des chofes femblables , en
auffi grande quantité qu'aucune autre province. Elle eft
divifée en fix diftrias,
Oojùna , Kuka , Kumade , TJimo , Sawa , Jooski.
8. Nagxta, autrement Tfosju, ou Nang.ua, a deux
journées & demie de longueur , du couchant au levant.
C'eft un pays paffablement bon , borné au fud & à
l'oueft par la mer , & au nord par une chaîne de mon-
tagnes. Il produit du gokokf, du poiffon , des écrevifles,
&: les autres néceffités de la vie , au double de ce qu'il
faut pour la fubfiftance des habitans. Elle eft divifée en
fix diftrias,
AJfa, Tojora, Mine, Ooq , Amu, Mijîjma.
Le revenu annuel de ces huit provinces de la cin-
quième grande contrée monte à deux cents foixante ck
dix mankoks.
Toutes les contrées, les provinces ck les diftrias,
dont on a parlé jusqu'ici , appartiennent à la grande ifle
àe, Niphon. Nous allons pafler maintenant à la féconde
ifle, qui eft la plus grande après celle-là, & que les
Japonois appellent Kiusju , c'eft -à- dire, le pays de
l'oucjl ; & Saikokf, c'eft-à-dire le pays des neuf; on
la nomme auffi Ximo. Elle contient la fixiéme grande
contrée.
VI. SA1KAIDO , ç'eft-à-dire la contrée des côtes
de Couejl , eft compofée de neuf grandes provirrces.
1. Tfikudfen, autrement Tfikujiu ou Çhicugerz , qui a
quatre journées de longueur du fud au nord : c'eft un pays
médiocrement bon, qui produit du_ bled &: du riz. Il y
a plufieurs manufactures de porcelaines : cette province
eft divifée en vingt-cinq diftrias ,
Sima, Kama , Jaffljka, Nojîma ,
Mikafa, Monogatta, Onka, Mufiroda,
Fànami , Sara , Naka , CaJJlja ,
Siaka, Mufima, ho, - Mufijro ,
Vuti, Kurande , Nokojlma, Sinot^,
Kafakura, Kamit^ka , Sakwa, Kokuf,
Tafai.
a. Tfikungo , autrement TJikusju , a cinq journées de
longueur, du nord au fud. Le pays eft paffablement bon ,
& produit en très-grande abondance du bled , du riz & des
pois. Les côtes lui donnent du poiffon , des écrevifles
& des coquillages. On y fait beaucoup de confitures
que l'on porte dans les auires provinces. Elle eft divifée
en dix diftri£ts,
Mijwara.; Mij , Ikwa, Mi,
Mike , Kandjima, Simodfima, Jammakando.
Jammafeta, Takeno. .
3. Budfen, ou Fosju, a quatre journées de longueur,
du nord au fud. Le pays eft paffablement bon , & il eft
diftingué parles excellentes plantes médicinales qu'il pro-
duit : il y a dans cette province un grand nombre de
manufaaures d'étoffes de foie, dont le prince prend une
partie en payement de (es revenus. Elle eft divifée en
huit diftrias ,
JAP
4. Bunga, autrement Toosju , a trois journées de
longueur, & eft médiocrement fertile. Elle produit de
la foie, du drap, du chanvre, du gok jkf , & quel-
ques plantes médicinales rares. Elle eft divifée en huit
diftrias ,
Fita, Kees , Nawori , Oono,
Amabe , Oakala , Faijami, Kunifaki.
5. Fidfen, autrement Fisju,z trois bonnes journées
de longueur du nord au fud ; elle eft paffablement fer-
tile , & produit du bled , du riz , beaucoup de poiffon
&: de volaille. Il y a auffi quelques manufaaures de draps.
Elle eft divifée en onze diftrias ,
Kickij .
Ooki, '
Saaga, Jalu, Mine,
Kanfoki, Maatfura , KiJJîma.
Kakjuraki , Takaku ,
6. Figo, ou Fingo, autrement Fisju, a environ cinq
journées de circuit. C'eft un pays affez fertile , qui pro-
duit en abondance du bois à brûler & à bâtir, auffi-bien
que du bled , des pois , ck du poiffon , des écreviffes ,
& les autres néceffités de la vie. Elle eft divifée en qua-
torze diftrias .
Tamana , TaXuma ,
Jamaga , Kama,
Jamamatto , Aida ,
Kikuti, ' Mafiki,
Afi, Vd'o,
Jaadjîto ,
Koos ,
Aakufa ,
AJfua.
: j.Fiugo, ou Fiunga, autrement Nisju, a environ
trois journées de longueur. C'eft un pays maigre, mon-
tagneux , & qui peut à peine produire affez de bled , de'
riz & de fruits pour la fubfiftance de fes habitans. Il eft
divifé en cinq diftrias,
Z/ski, Koiju, Naka, Mijafaka, Morocata,
8. Oofumi, ou Uxumi , autrement Cusju , a deux
journées de longueur de l'eft à l'oueft. Cette province
eft petite , mais très-fertile , & produit abondamment les'
befoins de la vie , particulièrement ceux que la mer
peut fournir. On y fait une grande quantité de pa-
pier ck quelques étoffes de foie. Elle eft divifée en huit
diftrifts,
S 00,
Sijra ,
Kimodfuki ,
Komadfii.
K-Utnagge.
9. Sat7jima, ou Satsju, eft à-peu-près de la même
longueur que la précédente ; elle eft médiocrement
fertile ck produit principalement des meuriers ck du
chanvre : il y a un petit, nombre de manufaaures de
draps qui font fort bons : elle peut fournir de chanvre
les autres provinces. On la divife en quatorze diftrias,
Idfum ,
Takaki,
Satçumat
■Teki,
Ifa,
Ala , Fani,
Kawanobe , Jamma ,
J.ene , Okinokojtma ,
Juumakiy Kofskijima.
Fire ,
Tanga-wa,
Tfuiki,
Sakku, Mijako, Nakat^,
Kamit^ki, Simotiki, Ufa.
Le revenu annuel de ces neuf provinces delafixiéme
grande contrée monte à 344 mankokfs.
Une ifle de la troifïéme grandeur , fituée entre les
deux précédentes , &r. nommée par les Japonnois Si-*
KOKF, c'eft-à-dire, le pays det quatre (provinces),
avec 1'ifle voifine AvADSl , fituée au nord-eft de Sikokf,
& la grande province Kjnokùni , qui avance dans le
continent de Nipon , forment la feptiéme grande con-
trée que les Japonnois appellent Nankaido. Cette ifle
eft encore nommée Xicoco.
VII. NANKAIDO , c'eft- à-dire la contrée des côtes
du fud. Elle eft compofée des fix provinces fuivantes:
1. Kijnokuni; autrement Kisju, a quatre journées
& demie de longueur du nord au fud. C'eft un pays
plat & ftérile , entouré de la mer de tous côtés , &c
qui ne produit ni bled, ni riz, ni poisj ni autres lé-
IA?
gumeâ. Cette province eft divifée en fept diftrifts,
Ito , Naka , Nagufa , Amabc.
Arida , Fitaka , Muro,
l. Awadjl, eft une ifle qui a environ une journée
de longueur; : quoiqu'elle foit en général tort fterile ,
elle produit néanmoins une quantité de draps, de poifîbn
& de Tel , iuffifante pour fes habitans. Elle n'a que deux
diftrifts ,
Tfina & M'tjwara,
ausquels on ajoute deux des principales ifles voifines,
Mujjima , & Jzjima.
3. Awa, autrement Asju , a deux journées de che-
min. C'eft un pays médiocrement bon , un peu mon-
tagneux, Se qui produit abondamment du bétail, delà
volaille , du poiflon , des écreviiles 6c des coquillages.
Il ie divife en neuf diftricts,
Akala,
JAP .
& Simoakatd.
44 S
Miojl ,
Nanijî ,
Itano ,
Oim ,
Katsura ,
Iwa,
NafingaJÎ,
Aaka,
Mima.
4. Sanuki, autrement Sansju , a trois journées de
longueur de l'orient à l'occident. C'eft un pays paliable-
ment fertile, où il y a beaucoup de momagnes, de
rivières , & de champs , qui produifent du riz , du bled
& des légumes. La mer le fournit de poifion & d'écre-
viffes : cette province eft remarquable par le grand nom-
. 'bre deperfonnes célèbres qui y font nées. Elle eft divi-
fée en onze diftnfts ,
Owujlfi, Jamada ,
Samingawa , Kanda ,
Miki , Ano ,
Mino , Utari ,
Naka,
Tado ,
Nako.
if. I/o , autrement Josju , a deux journées de longueur.
C'eft un pays médiocrement bon , montagneux en q el-
ques endroits, plat en d'autres ; il y a des champs ^:,tlu'',' y eft entré, on y
qui font fabloneux ; d'autres qui produifent du ;riz ,
du chanvre, des meuriers , de l'herbe &. des plantes:
on fait quelque peu de fel fur les côtes. Il eft divilé
en quatorze diftn&s ,
On ne parle pas fort avantageufement de la fertilité
de ces ides ; mais on dit qu'il y a piufieurs chofes curieules
a voir , & elles font fameufes par le grand nombre des
idoles qu'on y adore.
Le revenu annuel de ces deux ifles , monte à -5 mans
& <fooo kokfs.
Selon le compte que nous venons de donner, le re-
venu de toutes les ifles & provinces qui appartiennent
à l'empire du Japon , monte tous les ans à 'la fomme de
2328 mans , & 6100 kokfs ; & cependant l'auteur Ja-
ponnois, fur les Mémoires duquel Ka3mtfer a travaillé,
ne le fait monter qu'à 22.57 mankokr's.
Tout l'empire du Japon a deux chefs ou deux empe-
reurs, le Duiro , & le Kubo.
Le DaîRO gouvernoit autrefois abfolument par droit
de fucceffion. Les peuples le reconnoiffoient pour leur
fouverain ; &: ils étoient perfuadés que c'étoit refifter
à Dieu même , que de s'oppolér aux commandemens
de ce prince. Quand un roi particulier du pays avoit
quelque démêlé avec un autre, ce fouverain eonnoiffoit
dejeurs différends, avec la même autorité que li Dieu
l'eût envoyé pour les gouverner fouverainement. Quand
ce prétendu faint marchoit, il ne devoit point toucher
à terre; il falloit empêcher que les rayons du foleil, ou
de quelq l'autre lumière ne le toucha ent; c'eut été un
crime de lui couper la barbe & les ongles : toutes les
fois qu'il mangeoit ou lui préparoit fes repas dans un
nouveau fervice de cuifi.ie, qui ne fervoit qu'une fois.
Il avoit douze femmes qu'il époufoit toutes avec beau-
coup de folemnité: ces femmes le fuivoient dans leurs
carroffes, fur lesquels on voyoit leurs armes & leurs titres :
il y avoit dans Ion château deux rangs de maifons , fix
de chaque côté: fur chaque porte étoient les armes & les
titres de celle d'entre les femmes qui habitoit ta muifon;
il avoit de plus un ferrail pour fes concubines. La même
chofe fe pratique encore ; on aprête tous les jours un
magnifique louper dans chacune de ces douze maifons;
l'on y prépare une mufique , fans favoir dans laquelle il
plaira au prince d'aller louper : lorsqu'il en a choifi une
rot tout ce qui a
Ni;,
Nooma ,
Jio,
Suckli,
Tfnke ,
Kiea,
Kuwamira ,
Otfumi ,
Zfwa,
Oot{,
Kumc y
Vma.
Kaja/aia, .
Fuke,
6. Tofa, autrement Tosju, a deux journées de lon-
gueur de l'eft à l'oueft. Ce pays eft paffablement bon ,
produisant abondamment des légumes , du bois , du fruit
& piufieurs autres chofes pour les befoins de la vie.
On le divife en huit diftnfts ,
To[ a,
Agawa
Taka ,
Oka , KataJIma ,
Fata , Kami.
Nanaoka ,
Le revenu annuel de ces fix provinces de la feptiéme
& dernière grande contrée du Japon , monte à 140
mankokfs.
Il y a deux ifles , dont nous n'avons point encore
parlé , qui furent conquifes & annexées au Japon dans
la guerre contre les habitans de la Corée. Elles -l'ont
appellées Iki-TsussimÀ , leurs deux noms étant joints
enfemble, &C ont à prél'ent un pri.xe particulier, au lieu
que'lles étoient autrefois fous la domination du prince ou
roi de Satzuma.
1. Ri, autrement Isju: ]a première de ces deuxifles
a une journée de longueur & deux diftn&s,'
Iki
& Ifijda.
2. Tfuffîma, autrement Taisju , eft un peu plus grande
que celle d'Iki, ck fe divife auiïï en deux diftrifts,
été préparé dans les autres , & les onze dames viennent
avec leur fuite & leur mufique , pour fervir la dame
que le Dairo a choifie ce jour-là : ce ne font alors que
jeux, comédies, & divertiffemens. Mais ce prince ne
jouit plus de la fouveraineté que les généraux de la
couronne ont ufurpée : on lui a feulement confervé Ces
immenfes revenus, & on lui rend les respecta & les
hommages les plus capables de flatter fa vanité. Le Dairo
eft ce que Kampfer appelle ie monarque héréditaire
eccléjiajiique , parce qu'il eft toujours l'oracle de la re-
ligion. * Caron , Relat. du Japon , dans le Recueil des
Voyages du nord , t.], p. b'ô.
Le Kubo ou monarque féculier d'à préfent s'appelle
Tfimajos. Il eft le quatrième fuccelTeur & arriere-petit-
fils de JejalTama, premier empereur de la famille au-
jourd'hui régnante, & qui ravit la' couronne à l'héritier
légitime vers le commencement du feiziéme fiécle. Il
a un pouvoir illimité & abfolu fur tous lès fujets , de-
puis ceux de la plus baffe extraftion , jusqu'aux perfon-
nes du plus haut rang. Les plus, grands princes & les
feigneurs de l'empire font tellement dans fa dépen-
dance, qu'il peut les disgracier, les exiler, les faire mou-
rir, & les dépouiller de leurs états & de leurs terres
quand il lui plaît, ou lorsqu'il juge que la paix & le bien
de l'état le demande, ou que leurs crimes le méritent.
* Hijl. du Japon, t. I , p. 70.
Il y a certaines provinces qui font gouvernées par des
princes héréditaires, appelles DAiMio,qui lignifie «/m;
d'un nom èminent, c'eft-à-dire les princes & les feigneurs
du premier rang. (Nos hiftoriens & géogr.iphes d'Europe
les appellent royaumes. ) Quelques-uns de ces princes
ont trouvé le moyen d'aggrandir leurs états à main ar-
mée ; c'eft ainfi que le prince de Saxuma s'eft emparé
de deux provinces voifines , Oofumi & Fiugo , &: que
le prince de Cauga eft devenu maître de la province de
Noto ; & de-là vient que l'on regarde ces deux princes
comme les plus puiffans de l'empire.
Les feigneurs des diftricls font appelles Siamiô , ou
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lien nommés, c'etVà-dire feigneurs , mais d'un rang in-
férieur à celui des Daimios. Ces Siomios font dans une
fi grande dépendance de l'empereur , qu'il ne leur eft
pas permis de demeurer plus de fix mois dans leurs biens
héréditaires. Il faut qu'ils parlent les autres fix mois dans
la ville capitale de Jedo, où l'on garde leurs femmes
& leurs enfans toute l'année comme des gagés de leur
fidélité.
Quelques-uns de ces diftrifts font des domaines im-
pénaux , ou des terres de la couronne , (bit parce qu'ils
ont été anciennement, deftinés pour les befoins de la
couronne , l'oit que dans la fuite , lorsque l'occafion s'en
eft préfentée , on les ait ôtés à leurs poffeffeurs héré-
ditaires, pour les punir de quelque crime qu'ils avoient
commis; & on les a réunis au domaine impérial; car
c'a toujours été une des principales maximes politiques
ces empereurs du Japon, de fe maintenir dans une pai-
fible poffeffion du trône , en affùbliffant par toutes
fortes de voies le pouvoir des plus grands princes de
l'empire.
Les plus grandes terres de la couronne font gouver-
nées par des BUGIOS , qui y font la fonction de lieute-
nans, & les moindres terres par . des Oaiquans ou
Receveurs. Tous les revenus de ces terres doivent être
portés dans les coffres de l'empereur.
Keempfer croit que les Japonnois font la pofterité d'une
des tamnles qui fe disperlerent immédiatement après
l'entreprife de la tour de Babel. Il juge qu'ils avancè-
rent vers l'orient, en allez peu de tems, fans s'arrêter
avec les autres familles ; 6c il appuie cette conjeâure
fur ce que la langue ci'es ides du Japon eft fans mêiange
de mots étrangers; ce qui ne pourroit pas être, s'ils
avoient fejourné quelque tems avec les Tartares ou les
Chinois. Il n'y a que quelques fiécles que les Japonnois
ayant découvert par hazard l'ifle de G-ENKAISIMA, la
trouvèrent peuplée SOni , c'eft-à-dire de diables noirs ;
ce nom de diables eft fondé fur ce que les Japonnois
méprifent tous les pays étrangers , & les appellent" Uma-
K.OKF , c'eft-à-dire pays du diable. Kasmpfer prouve
que c'étoient des Malâyes dorigine. Les ifles du Japon
peuvent auflï avoir été peuplées par des naufrages. La
mer orageufe 8c les écueils dont elles font environnées
ont fans doute brifé beaucoup de navires dont les équi-
pages fauves des flots fe font joints aux anciens habi-
tans. Ce qui confirme cette idée , c'eft que la décou-
verte par les Portugais s'en eft faite à l'occafion d'un
vaiffeau de cette nation , qui fut jette par une tempête fur
les côtes de ce pays. Ce qui fait encore connoîtreque
tous les Japonnois n'ont pas une même origine, c'eft la
différence qui fe trouve entre les habitans de diverfes
provinces; car, quoique les Japonnois en général , parti-
culièrement le commun du peuple , foient d'un aspect;
fort laid , étant petits , trapus , bazanés , ayant les jam-
bes grottes , le nez plat & les fourcils épais , quoique
leurs yeux ne foient pas fi enfoncés que ceux des Chi-
nois ; cependant les descendans des plus anciennes &
plus nobles familles, des princes & des grands de l'em-
pire , ont quelque chofe de plus majeftueux dans leur
taille 8c leur contenance , 8c reffemblent beaucoup aux
Européens. Les habitans des provinces de Satzuma ,
Oofijmi 8c Fiuga font de moyenne taille , forts , coura-
geux , réfolus , d'ailleurs civils & polis. On remarque la
même chofe dans les habitans de quelques-unes des pro-
vinces feptentrionales de l'ifle de Nipon , excepté ceux
de la grande province d'Osju qu'on dit être plus inhu-
mains 8c plus cruels que les autres. Les habitans de quel-
ques provinces de Saikokf, particulièrement ceux de
Fifen , font petits , déliés , mais bien faits , d'un air
agréable & extrêmement polis. Les habitans de l'ifle de
Nipon, fur-tout ceux des provinces orientales , fe diftin-
guent des autres par leurs grottes têtes , leurs nez plats ,
leur embonpoint & leur corpulence. Il paraît de tout ce
que l'on vient de dire que les Japonnois en général font
une nation primitive, accrue à la vérité par des colonies,
mais qui ne doit ni fon être ni fa première origine aux
Chinois ; que bien qu'ils ayent reçu d'eux plufieurs arts
& feiences utiles, comme les Romains en reçurent
des Grecs , ils n'ont pourtant jamais été fubjugués
ou conquis ni par les Chinois, ni par aucune nation
voifine.
Les Japonnois fe vantent de vivre fous un climat heu-
reux & agréable. Le tems y eft néanmoins fort incon-
ftant Se fujet à de frequens!chanaeinens : l'hyver, l'ait eft
chargé de neige , & produit de grandes gelées ; l'été , au
contraire, fur-tout clans les jours caniculaires, eft d'une
chaleur infupportable. Il pleut fouvent pendant toute
l'année , mais d'une manière extraordinaire aux mois de
Juin & de Juillet qu'on appelle pour cette raifon Sat-
fuki, ou les mois de l'eau. Cependant il s'en faut bien
que la faifon des pluies n'ait au Japon la régularité
qu'on remarque dans les contrées plus chaudes des In-
des orientales. Le tonnerre Se les éclairs font fort fré-
quens.
La mer qui environne le Japon eft fort agitée &: ora-
geufe ; ce qui joint au grand nombre de rochers , de
bas-fonds & d'écueils , qu'il y a au deffus & au deffous
de l'eau , en rend la navigation très-pénlleufe. Il y a
deux tournans remarquables & dangereux. L'un eft ap-
pelle Faisaki, & on le trouve près de Simbara au
deffous d'Amacufa. Il eft dangereux , principalement
quand la marée eft batte; car lorsqu'elle eft haute, il
devient au niveau de la furface de la mer ; mais auffi-
tôt qu'elle commence à baiffer , après quelques tour-
noyemens violens , il tombe tout-à-coup jusqu'à la pro-
fondeur de quinze braffes , comme on l'a att'uré à l'au-
teur que je ne fais ici que copier , Se il engloutit avec
Une extrême force les vaiffeaux , barques , Se tout ce
qui fe trouve à portée. L'autre to.irnant eft proche des
côtes de la province de Kijnokuni ; il eft appelle Nar-
ROTO , & à caufe du voifinage de la province d'Ava
Awano NARROTO , qui veut dire le bruijjemenl
d'A-wa. , parce qu'il fe jette avec un bruit éclatant au-
tour d'une petite îfle de rochers , qui tremble continuelle-
ment par la violence du mouvement. Quoique l'aspect:
de celui-ci foit formidable , on le regarde pourtant
comme Je moins dangereux, parce que le bruit qu'il
fait é;ant entendu d'affez loin , on peut aifément l'éviter.
Les auteurs Japonnois, particulièrement les poètes, font
fouvent allufion, dans leurs écrits, à la nature rrtervelleufe
8e au mouvement de ce Narroto , 6c les prêtres font
la- même chufe dans leurs fermons.
On voit auffi fréquemment des trombes s'élever dans
les mers du Japon Se s'approcher des côtes. Les Japon-
nois s'imaginent que c'eft une espèce de dragons d'eau,
qui ont une longue queue, 6c qui s'élèvent en l'air
d'un mouvement très-rapide ; 6c c'eft la raifon pour la-
quelle ils les appellent tatsmaki, c'eft-à-dire des dra-
gons jaillijfans.
Le terroir du Japon eft, en général, montagneux , pier-
eux 6c ftérile ; mais l'induftrie 8c les foins infatigables
des habitans l'ont rendu aifez fertile pour leur fournir
tout le nécetTàire. D'ailleurs la mer voifine leur donne
du poiffon , d;s écreviffes ÔC des coquillages. Les ro-
chers même 8c les lieux incultes produifent des plantes ,
des fruits & des racines pour la fubfiftance des habi-
tans : l'indigence de leurs ancêtres leur fit trouver le
moyen de les apprêter 6c les rendre même agréables au
goût. Sion ajoute à cela que les Japonnois , en général,
vivent avec beaucoup de frugalité , on ne fera pas furpris
qu'un empire fi vafte 8c fi peuplé ait en telle abondance
tout ce qui eft néceffaire à la vie.
Il y a un grand nombre de rivières , de lacs & de
fontaines. Quelques rivières font fi grandes 8c fi rapides,
foit parce quelles tombent des hautes montagnes 6c des
rochers , ou à caufe des grandes 6c fréquentes pluies ,
qu'il y a du danger à les paffer ; il s'en trouve de fi im-
pétueufes , qu'on ne fauroit y bâtir des ponts. Les plus
célèbres font I'Ujingava , I'Oomi 8e I'Askagava.
L'Ujingava , c'eft à-dire la rivière d'Ujin , a en-
viron un quart de lieue de largeur; 8c comme elle n'a
point de pont , il faut la paffer à gué. Elle descend des
montagnes avec tant de rapidité, que lors même qu'elle
eft baffe , 8c que l'eau va à peine jusqu'au genou , il
faut cinq hommes robuftes 8c qui en connoiffent bien
le lit pour y faire paffer un cheval; ce qui joint aux
groffes pierres qui font au fond, en rend le paffage éga-.
lement difficile 8e dangereux. De peur que ceux qui fer-
vent de guides pour paffer cette rivière , ne négligent
de prendre foin des perfonnes qui paffent , les loix du
pays les rendent responfables de leurs vies.
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La rivière d'Oomi eft célèbre par fon origine extra-
ordinaire; car les hiftoires du Japon rapportent qu'elle
faillit tout d'un coup une nuit, l'an 2.85 avant l'ère
vulgaire. Elle rire ion nom de la province où eft fa
fource.
La rivière d'AsKAGAVA a cela de remarquable que
la profondeur de ton lit change continuellement; Si par-
là elle fournit des allufions aux auteurs Japonnois , Se
principalement aux poètes.
Le Japon eft fort fujet aux tremblemens de terre : ils
y font fi fréquens que les naturels du pays s'en allat-
ment auflî peu qu'on fait en Europe , à l'égard des éclairs
Se du tonnerre. Les fecouffes font quelquefois fi violen-
tes , & durent fi long-tems , que des villes entières en
ont été détruites, Se plufieurs milliers d'habitans enfe-
velis fous les ruines. Cela arriva en i'jSô, comme nous
l'apprend le P. Louis Froès , qui étoit alors au Japon.
Voici ce qu'il dit lui-même dans une lettre datée de
Simonofekï, dans la province de Nagatta , le 15 Octo-
bre 1586, & inférée dans le recueil du P. Hay de
rtbus Japonicis. L'an 1 586 , il arriva un tremblement
de terre fi terrible qu'il n'y en eut jamais de femblable
dans le Japon. Les fecouffes ne finirent qu'après qua-
rante jours, Se s'étendirent depuis la p.rovince de Sacaja
jusqu'à Miaco. Il renverià foixante maifons dans la ville
de Sacaja. Nagafama qui eft une petite ville d'environ
mille maifons dans le royaume d'Oomi , fut à moitié
engloutie , Se l'autre moitié confumée d'un feu qui fortit
de la terre. A Miaco plufieurs maifons furent ruinées
avec un fameux temple d'idoles. Dans la province de
Facata , il y avoit une petite ville fort fréquentée par
les marchands , Se appellée aufïï Nagafama par les ha-
bitans , qui , après avoir fouffert d'horribles fecouffes
l'espace de plufieurs jours , la mer s'enfla tellement que
Fimpétuofité de fes flots jetta les maifons par terre,
Se les entraîna dans la mer ; engloutit tous les habitans ,
ÔC ne laiffa pas la moindre trace d'une ville fi riche ôe
fi marchande , hormis l'endroit où étoit le château ;
encore étoit— il fous l'eau entièrement.
Il y avoit dans le royaume de Mino une forterefle
fituée fur une haute montagne ; après une violente fe-
eouffe, la terre s'étant entr'ou verte engloutit la mon-
tagne Se la fortereffe , Se un lac parut au lieu où elle
étoit. La même chofe arriva dans la province d'Ikeja.
Il y eut en divers endroits du Japon des goufres Se des
ouvertures de terre fi larges Se fi profondes qu'un mous-
quet ne portoit pas d'un bout à l'autre , & il en fortoit
une odeur n infe&ée que les voyageurs n'ofoient paffer
vers ces endroits-là. Lorsque ce tremblement commença,
Quabacunduno (appelle enfuite Taicofama) étoit à Ta-
comot dans le château d'ACHEC ; mais la peur qu'il eut
le fit retourner en porte à Ofacca , où il fe croyoit plus
en fureté : fes palais foufrirent de furieufes fecouffes ;
mais ils ne furent pas néanmoins renverfés. Telle eft
la relation du P. Froès.
Il eft arrivé plufieurs accidens femblables depuis ce
tems-là.En 1703 il y eut au Japon un tremblement de
terre très-violent , qui joint à un furieux incendie qui
arriva en même tems , abima presque entièrement , Se
réduifit en cendres la ville d'Iedo ; Se même le palais de
l'empereur ; ck plus de 200000 habitans furent enfevelis
fous les ruines.
On remarque comme une chofe fin guliere, que quel-
ques lieux particuliers du Japon ne font point fujets aux
tremblemens de terre. Les Japonnois raifonnent diver-
fement fur ce phénomène. Quelques-uns l'attribuent à la
fainteté du lieu & à la puiffante protection de fon génie
ou dieu tutelaire. D'autres croient que c'eft parce que
ces endroits-là portent fmmédiatement fur le centre im-
mobile de la terre. Tous conviennent du fait ; Se les
lieux diftingués par cet avantage particulier, font lesifles
deGOTHO, la petite ifle de SlKlBUSIMA où les Bonzes
ont un"temple magnifique , & un des premiers qui ayent
été bâtis dans le pays. La grande mo.itagne de Kojafan
près de Miaco, fameufe parle nombre qu'il y a decou-
vens , de monafteres & de moines.
La plus grande richeffe du terroir du Japon confifte
en toutes fortes de minéraux Se de métaux , particuliè-
rement en or , en argent , 5c en cuivre. Le grand nom-
bre de fources chaudes qu'on y trouve , 6c de monta-
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gnes qui jettent de la fumée ou du feu, montre com-
bien il doit y avoir de foufre , qui eft comme le fond
des minéraux 5c des métaux.
Proche de Firando où les Hollandois avoient leurs
comptoirs 5c leurs magafins , avant qu'on les transportât
à Nangafaki , il y a une petite ifle de rochers , une de
celles qui , par rapport à leur nombre, font appellées par
les Japonnois Kiukiu Sima, c'eft-à-dire les Neuf-
IJles.^ Quoique très-petite &c entourée de la mer , elle
a brûlé 5c a été agitée par des fecouffes, durant plufieurs
fiécles.^ Il y a une autre petite ifle vis-à-vis de Saxuma,
appellée parles Japonnois FuOGO , nom qu'ils ont em-
prunté des Espagnols, 5c qu'elle a conlèrvé; nos Cartes
la nomment Vulcanus : il y a une montagne qui jette
du feu, 5c qui en a jette par intervalles durant plufieurs
fiécles. On voit fur le fommet d'une montagne qui eft
dans la province de Figo (Fingo) une grande ouverture
qui étoit autrefois la bouche d'un volcan ; mais les flam-
mes ont ceffé depuis quelque tems apparemment par
Fépuifement de la matière combuftible. Dans la même
province il y a un autre endroit nommé Afo, fameux
par un temple qu'on appelle Asa NO GONGEN , ou
le temple du Dieu jaloux £Afo , Se affez près de-là ,
il fort presque continuellement des flammes du fommet
d'une montagne qui font plus vifibles la nuit que le jour.
Il y a un autre Vo'can dans la province de Tfikufen
proche d'un lieu nommé K.UJANOFSE. C'étoit autrefois
une mine de charbon , qui , par la négligence des mi-
neurs, prit feu accidentellement, Se elle a continué de
brûler depuis ce tems. On a remarqué qu'il fort quel-
quefois une fumée noire 5c puante du fommet de la mon-
tagne célèbre de Fesi , dans la province de Suruga , qui
ne cède en hauteur qu'au fe.il pic de Ténérif. Les Hiftoires
Japonnoifes marquent que le fommet eft toujours couvert
de neige ; qu'il iettoit autrefois de flammes , mais qu'une
ouverture s'étant faite au côté de la montagne, parla
violence du feu, les flammes cefferent peu après. Unsen
eft une montagne près de Simabara , qui eft grande Se
hideufe, mais pas fort haute. Son fommet eft toujours
nud , blanchâtre, couleur qui lui vient du foufre, 6c
reffemble au caput mortuum des chymiftes , ou à une
maffe brûlée. Elle ne jette pas beaucoup de fumée ;
cependant Kœmpfer dit avoir vu la fumée qui en fortoit,
quoiqu'il en fût éloigné de trois lieues. La terre eft
chaude 5c brûlante en plufieurs endroits, Se d'ailleurs
fi lâche Se fi fpongieuiè qu'à quelques morceaux près
où il y a des arbres, on n'y fauroit marcher qu'en
tremblant, à caulè du bruit qu'on entend continuelle-
ment fous fes pieds. L'odeur du foufre qu'elle exhale eft
fi forte qu'à plufieurs milles à la ronde on ne voit pas
un feul oifeau : l'eau de pluie qui y tombe bouillonne ,
Se alors on diroit que toute la montagne bout. I! fort
de cette montagne Se des environs plufieurs fontaines,
les unes froides, les autres chaudes. Il y a , entr'autres,
de fameux bains chauds qu'ils regardent comme un re-
mède intallible pour les maux vénériens , pourvu que
le malade s'y baigne pendant plufieurs jours, Se que
chaque jour il y demeure quelques momens. Mais il
faut qu'il commence par un autre bain qui n'eft pas
tout-à-fait fi chaud , appelle Obamma , à quelques lieues
de là : tant qu'il fait ufage des bains , il ne doit rien
manger que de chaud ; 5c en fbrtant du bain , il faut
qu'il fe mette au lit , Se fe couvre bien pour tâcher de
fuer. A quelque diftance de ce bain chaud , il y a un
monaftere de la fecfe deTendai. Le< moines ont donné
à chaque fontaine des environs , des noms particuliers
pris de leur qualité , de l'écume qui nage fur la furface ,
de leur fond Se du bruit qu'elles font en fortant de la
terre , Se les ont deftinées comme autant de purgatoi-
res pour les artifans Se les ouvriers dont la profeffion
femble avoir quelque rapport aux qualités de ces eaux ;
par exemple, ils placent les braffeurs de frère 8c de
fakci , fourbes Se trompeurs , dans le fond d'une fon-
taine bourbeufe; les cuifiniers Se les pâtiffiers dans une
autre qui eft remarquable par fon écume blanche ; les
gens querelleurs Se les chicaneurs" dans une autre qui
fort de terre avec un bruit effroyable , Se ainfi des
autres : c'eft ainfi qu'ils trompent le peuple aveugle Se
fuperftitieux, 5c en tirent de groffes fommes d'argent.
Dans la cruelle perfécution qui s'éleva au Japon coa-
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tre la religion Chrétienne , & qui eft la plus fanglante
dont il foit parlé dans l'Hiftoire , parmi un nombre in-
fini d'autres tourmens qu'on faifoit lbufTrir aux chrétiens
pour les ramener au paganisme, on les conduifoit ici,
& on fe fervoit d'eaux chaudes pour les tourmenter.
De tous les bains chauds du Japon, celui qu'on appelle
Obamma eft un des plus diftingués & des plus falutaires.
Il eft éloigné d'environ trois milles de la montagne
d'Ufen vers Foueft ; ik on afliire qu'il a des vertus ex-
traordinaires pour guérir plufieurs maladies inurnes &
externes , comme , entre autres , le mal vénérien , en s'y
baignant & fuant; mais il revient fbuvent , apparem-
ment parce qu'ils ne font pas allez habiles pour traiter
cette maladie , ou qu'ils n'entendent pas le véritable
ufage des bains en général. La province de Figo a plu-
fieurs fontaines chaudes , & il croît tout à l'entour des
arbres, quiproduifent lecamfre, & qui font d'unegros-
feur extraordinaire, creux & pleins d'eau. Les bains
chauds qui ne font pas éloignés du temple Afano Gon-
gen , dont nous avons déjà parlé , furpaùent tous les
autres par leurs vertus. Il y a auffi plufieurs fontaines
chaudes dans la province de Figen; une, par exemple,
dans le village de Takijo , &c une autre dans celui
d'i/rijzno. Elles feroient très- utiles pour la guérifoh
de pkifieurs maladies, fi les naturels du paysfavoient en
profiter. Dans toutes les contrées de l'Ane où l'auteur
cité a voyagé , il a remarqué que les naturels du pays
ne prennent guères les bains chauds que pendant trois,
ou touf au plus huit jours; & comme ils s'en trouvent
bien, ils s'imaginent dès-lors qu'ils font entièrement
guéris ; de forte que s'il arrive une rechute, ils en rejet-
tent toute la faute fur les eaux.
Le foufre vient principalement de la province de
Saxuma : on le tire d'une petite ifle voifine , qui en
produit une fi grande quantité , qu'elle eft appellée Iwo-
gafima , ou l'ijle du Soufre. Il y a un peu plus d'un
ïiécle qu'on s'eft hazardé d'y aller. On la regardoit aupa-
ravant comme inacceffible ; & l'épaifle fumée qu'on en
voyoit fortir continuellement , auflî-bien que les {pe&res ,
& les autres apparitions hideufes que le peuple s'imagi-
noit d'y voir , fur-tout pendant la nuit , leur faifoient
croire que c'étoit un lieu habité par des diables , jusqu'à
ce qu'unhomme hardi & courageux s'offrit d'y aller pour
en examiner l'état &C la fituation ; &C on le lui permit.
Il choifit cinquante hommes réfolus pour l'accompagner
dans cette expédition; & quand ils furent arrivés dans
l'ifle, ils n'y trouvèrent ni enfer, ni diables, mais un
grand terrein plat, tellement couvert de foufre , que de
quelque côté qu'ils marchaflent , une épaiffe fumée for-
toit de deflbus leurs pieds. Depuis ce tems-là , cette ifle
rapporte au prince de Saxuma environ vingt caillés d'ar-
gent par an du foufre qu'on y tire de la terre , outre
ce que lui produifent les arbres qui croiffent fur le rivage.
Le pays de Simabara , particulièrement aux environs des
bains chauds dont nous avons parlé , produit auffi d'ex-
cellent foufre. Il y a encore d'autres foufrieres dans
l'empire.
L'or fe trouve dans plufieurs provinces du Japon : la
plus grande quantité fe tire de fon minéral par la fonte.
On en tire auffi en lavant le fable. Il s'en trouve en-
core un peu dans le cuivre. L'empereur s'attribue un
droit abfolu fur toutes les mines d'or , & même fur
toutes les autres mines de l'empire, puisqu'on n'enfauroit
ouvrir aucune , ni y travailler fans fa permiffion. Il fe
rélèrve les deux tiers du produit de celles qui font ouver-
tes , &: laifle l'autre tiers au feigneur de la province où
la mine eft fituée. Le minéral d'or le plus riche , & qui
donne l'or le plus fin , fe tire de Sado , une des pro-
vinces feptentrionales de lifle de Nipon. Il y avoit au-
trefois des veines fi riches qu'un catti de mine produis
foit un &c quelquefois deux thails d'or ; mais on a
affuré Kasmpfer, que depuis quelque tems les veines
de cet endroit-là , & de la plupart des autres mines , ne
font pas feulement en plus petit nombre , mais produi-
fent beaucoup moins d'or qu'autrefois ; & on dit que
cette raifort entr'autres étoit caufe des ordres rigoureux
qu'on avoit donné depuis peu par rapport au commerce
que les habitans ont avec les Hollandois & les Chinois.
Il y a beaucoup de fable d'or dans cette province; mais
le prince fe l'approprie ; &: bien loin d'en faire part à
l'empereur, il ne lui en donne feulement pas avis.
Après les mines d'or de Sado, celles de Surunga
ont toujours été eftimées les plus riches; car outre que
cette province a conftarnment produit une grande quan-
tité de mines d'or, il s'en trouve même. dans le cuivre
qu'on en tire. Parmi les mines d'or de la province de
SAXUMA, il y en a une fi riche que fur l'effai qu'on en
fit, il fe trouva qu'un catti de mine produifoit depuis
quatre jusqu'à fix thails d'or ; rk c'éft la raifon pour-
quoi l'empereur a défendu très - expreffément d'y tra-
vailler , de peur qu'un fi grand tréfor ne fût trop tôt
épuilé. Une montagne fituée dans le golfe d'Ockus,
dans le diftrict. d'Omura , qui avoit penché d'un
côté pendant fort long-tems , tomba , il y a quelque
tems, dans la mer ; & on trouva dans l'endroit où elle
étoit un fable d'or fi riche que la moitié étoit d'or
pur. Il étoit à une profondeur affez grande , & il falloit
fe fervir de plongeurs pour le tirer. Mais cette riche
moiffon ne dura guères ; quelques années après , dans
une grande tempête & une haute marée extraordinaire,
la mer inonda ce morceau de terre, & en même tems
ces richefîes furent couvertes de bourbe & de vafe de la
hauteur de quelques braffes. Les pauvres gens du voifi-
nage travaillent encore à laver le fable des environs de
cette montagne , & ils y trouvent de l'or, mais en fi
petite quantité , qu'à peine y peuvent-ils gagner leur
vie. Il y a une autre mine d'or dans la province' de
Tfilcungo , près d'un village appelle TossiNO ; mais elle
eft fi pleine d'eau , qu'on ne fauroit plus y travailler. Ce-
pendant elle eft fituée de telle manière que fi on cou-
poit le rocher , & que l'on fit une ouverture au^deflous
de l'entrée de la mine, l'eau pourroit aifément s'écouler;
e'eft auffi . ce que l'on entreprit de faire ; mais lors-
qu'on alloit y mettre la main , il s'éleva tout-à-coup
une fi violente tempête accompagnée de tonnerre &
d'éclairs , que les ouvriers furent obligés de s'enfuir; ce
qui a fait croife à la populace fuperftitieufe, que le
dieu tutelaire de ce lieu avoit excité cette tempête pour
les détourner de leur entreprife. On n'y a pas touché
depuis ce tems-là. Il arriva un pareil accident, & qui
eut le même effet , lorsqu'on ouvrit une mine d'or
dans l'ifle d'Amakufa: elle fe remplit fi fubitement d'un
torrent d'eau qui fortit de la montagne , Se ruina tous
les ouvrages , que les mineurs eurent à peine le tems de
fe fauver.
- Il y a quelques mines d'argent dans la province de
Bingo. Il y en a encore d'autres plus riches à un lieu'
nommé Kattami , dans une des provinces fepten-
trionales. Il s'en trouve auffi en d'autres endroits. Les
deux ifles de Gjnsima fk Kinsima, c'eft-à-dire les
ijles d'or & d'argent, fituées à l'orient du Japon, mé-
ritent bien d'avoir place ici , fi ce que leurs noms &
leurs carafteres femblent marquer , eft véritable.
Le cuivre eft leplus commun de tous les métaux qu'on
tire du Japon , & le produit des mines de ' cuivre enri-
chit plufieurs provinces de cet empire. Aujourd'hui on
le tire principalement des provinces de Suruga, At-
Jingo, £*. Kijnokuni. Celui de Kijnokuni eft le plus fin
& le plus malléable. Celui d'Atfingo eft greffier ; & il en
faut mêler foixante & dix catti avec trente catti de
celui de Kijnokuni , pour le rendre malléable & propre
à être travaillé. Celui de Suruga n'eft pas feulement très-
fin & fans défaut , mais encore chargé de beaucoup d'or
que les Japonnois féparent & rafinent à prefent infini-
ment mieux qu'ils ne faifoient autrefois; ce qui chagrine
extrêmement les affineurs & les Bramines de la côte de
Coromandel. Il y a auffi quelques mines de cuivre dans
la province àeSat^uma , auxquelles l'empereur a permis
depuis peu de travailler. Tout le cuivre eft porté à
S ACCAl une des cinq villes impériales , où on le rafine,
& on en fait de petits cylindres d'un empan & demi
de long & de la grofïèur d'un doigt. On prend autant
de ces cylindres qu'il en faut pour faire un pickel ou
12.5 livres pefantr; & après les avoir mis dans une boëte
de bois carrée, on les vend aux Hollandois à raifon de
douze ou treize maas le pickel. C'eft une des princi-
pales marchandifes que les Hollandois achètent au Ja-
pon , &: ils en font un grand commerce. Il y a encore
une espèce de cuivre plus groffier que l'on fond en gâ-
teaux ou grandes malles plates, & arrondies par-deflbus ;
JAP
& celui-ci fe vend à bien meilleur marché que l'autre,
comme étant auffi très-inférieur en beauté & en bonté.
L'airain eft très-rare au Japon Jk beaucoup plus cher
que le cuivre , parce que la calamine y eft portée de Ton-
quin en gâteaux plats, & qu'elle s'y vend à un prix fort haut.
La province de Bungo produit quelque peu d'étain ,
qui eft fi fin & fi blanc , qu'il vaut presque l'argent : on
ne fe fert pas beaucoup de ce métal dans le pays.
On ne trouve du fer que fur les confins des trois
provinces Mimaiàka , Bitsju & Bifen ; mais on y en
trouve une très-grande quantité. Il eft affiné fur les lieux,
& on en fait des barres ou cylindres de la longueur de
deux empans. Les marchands Chinois l'y vont acheter
&. le transportent dans tout l'empire. Il fe vend presque
autant que le cuivre ; les outils de fer étant auffi chers
& même plus que ceux de cuivre ou d'airain. Les uften-
files , les crochets , & les crampons dont on fe fert
pour les bâtimens ou les navires , & tous les autres
inftrumens qui fe font de fer dans les autres pays , font
de cuivre ou d'airain dans le Japon. Ils ne cuifent pas leurs
viandes dans des pots d'airain ; ceux dont ils fe fervent ,
font d'une compofition de fer , & fort minces. Ceux de
cette espèce qui font les plus viuex , font les plus efti-
més ; & ils fe vendent chèrement , parce qu'ils font faits
d'une manière qu'on ne peut imiter à prefènt.
Le fel fe tire de l'eau de mer , dans plufieurs provin-
ces maritimes. Voici la manière dont on le fait. Ils en-
ferment un certain espace de terre , & le rempliffent
de fable fin & net: enûute ils y jettent de l'eau de mer
& le laiffent fécher. Ils réitèrent la même choie plufieurs
fois, jusqu'à ce que le fabie foit fuffifamment imprégné
de fel. Alors ils le tirent &c le mettent dans un cuveau
qui a des trous au fond ; & jettant encore deffus de
l'eau de la mer , ils la laiffent filtrer au travers du fable.
On la fait enfuite bouillir jusqu'à une bonne confis-
tance , & le fel qui en fort eft calciné dans des pots de
terre , jusqu'à ce qu'il devienne blanc.
On tire de la montagne de TsuGAAR , des agates
de différentes espèces , quelques-unes extraordinairement
belles , d'une couleur bleuâtre , affez femblables au fa-
phir. On en tire auffi des cornalines & des jaspes.
Cette montagne eft à l'extrémité feptentrionale de la
province d'Osju, vis-à-vis du pays de Jedfo. On trouve
des perles presque par-tout aux environs de Saikokfdans
des huitres &c plufieurs autres coquillages de mer. Les
Japonnois les appellent Kainotamma, c'eft- à-dire joyaux
de coquilles. Autrefois les naturels du pays n'en fai-
foient guères de cas ; mais les Chinois leur en ont fait
connoître la valeur , en les achetant à grand prix ; car
les femmes Chinoifes aiment beaucoup a porter des col-
liers & autres ornemens de perles. Les perles , les plus
greffes & les, plus belles fe trouvent dans une espèce de
petite huitre appellée akoja , qui reffemble à la nacre de
perle, ayant à-peu-près la même figure. Les deux co-
quilles de cette huitre font fort ferrées ; elle eft large
d'environ une main , extrêmement mince, frêle, unie
& luifante en dehors , raboteufe &C inégale en dedans ,
d'une couleur blanchâtre & éclatante comme la nacre.
On ne trouve de ces coquilles de perle que dans les
mers qui font aux environs de Satzuma, (k dans le
golfe d'Omura. Les habitans des ifles de Riuku achè-
tent la plus grande partie de celles qu'on trouve aux
environs de Satzuma , parce qu'ils trafiquent dans cette
province; mais celles qu'on pêche dans le golfe d'Omura
fe vendent principalement aux Chinois & aux Tonqui-
nois, & on compte qu'ils en achètent pour environ 3000
thails par an. Un profit fi confidérable donna lieu aux
défenfes expreffes , que les princes de Satzuma &
d'Omura firent, il n'y a pas long-tems, de ne plus vendre
de ces huitres au marché , avec les autres huitres , comme
on faifoit auparavant.
Dans une rivière de la province de Jetfingo, on
trouve du naphte d'une couleur rougeâtre, que les Ja-
ponnois appellent tfutfono-abra , c'eft-à-dire terre
rouge : on le tire des endroits où l'eau eft presque dor-
mante , & on s'en fert dans les lampes au lieu d'huile.
On trouve de l'ambre gris fur les côtes de Satzuma
& fur celles des ifles de Riuku. Il en vient une plus
grande quantité des côtes de Khumano , c'eft-à-dire des
côtes méridionales de Kijnokuni , d'Isje, & de quel-
ques provinces voifines. Il fe trouve principalement dans
JAP 449
les inteftins d'une baleine qu'on prend fouvént furies
côtes du Japon , ck que les naturels du pays appellent
fiakjîro , c'eft-à-dire le poiflbn à cent brafîes , à caufe
de la longueur de fes inteftins qu'ils fuppofent avoir cent
braffes. Il fe trouve , comme on vient de dire , dans
les inteftins de cette baleine, principalement dans les
plus bas , mêlé avec les excrémens qui font comme dé
la chaux , & presque auffi durs qu'une pierre ; & c'eft
de la dureté de ces excrémens qu'ils conjeâurent dans
la diffe&ion s'ils y^ trouveront de l'ambre gris. Les
Japonnois donnent à cette précieufe drogue le nom de
kujurano-fu, c'eft-à-dire excrément de baleine. Lors-
que l'ambre gris eft détaché du fond de la mer par les
vagues &f etté fur les côtes, ou avant qu'il ait été
avalé par les baleines , ce n'eft qu'une fubftance dif-
forme, plate, gluante, & qui aune odeur très-défa-
gréable. Ceux qui le trouvent air.fi flottant fur la fur-
face de l'eau ou fur les côtes , le prennent par petits
morceaux qu'ils ferrent & preffent en forme de boule j
& à mefure qu'il durcit , il devient plus folide & plus
pelant. D'autres les mêlent & pétrifient avec de la
farine de codes de riz ; & par-là ils n'en augmentent pas
feulement la quantité, mais en relèvent la couleur. II
eft facile de connoître l'ambre gris ainfi falfifié; car fi
vous en prenez une certaine quantité &c que vous la
brûliez, il reftera un charbon d'une gioffeur propor-
tionnée au volume du corps étranger qu'on y aura
mêlé : d'ailleurs on remarque que les versfe mettent aifé-
ment dans cette espèce de faux ambre gris. D'autres le
foph'ftiquent en y mêlant de la poudre d'une réfine qui
a une odeur très-agréable; mais il eft facile de dé-
couvrir auffi cette fourberie; car fi on en biûle un
morceau , le mélange de la réfine paroîtra évidemment
par la couleur, l'odeur & la qualité de la rumée. Les
Chinois ont une autre manière d'en faire l'épreuve ;
ils en raclent un peu fort menu &t le jerent dans de
l'eau de thé bouillante : s'il eft véritable, il fe diffou-
dra & fe répandra également , ce que ne fera pas
celui qui eft Ibph ftiqué. Le feul ufage que les Japr.n-
nois en font , c'eft de le mêler avec d'autres corps odo-
ri'érans, afin, difent-ils , de fixer leur odeur volatile.
Dans le fond , ils l'efhment très-peu ; & s'ils ert
connoiffent aujourd'hui la valeur , ils ei font redeva-
bles aux Holiandois & aux Chinois qui ont voulu en
avoir , à quelque prix que ce fût. Et cependant chacun
a la liberté de l'amaffer par-tout où il en trouve, & de
le vendre comme lui appartenant en propre.
On trouve dans les mers du Japon quantité de plantes
marines, clés arbriffeaux , des coraux, des pierres , des
éponges de mer, des coralines , des fvi, des aleoë &
d'autres femblables , auflï-bien que les coquillages de
toutes fortes , qui ne cèlent point en beauté à tout ce
qu'on trouve auprès d'Amboine ck dans les if es Mo-
luques. Mais les Japonnois en font fi peu de ca% qu'ils
ne fe donnent pas la peine de les chercher ; & fi par
hazard ils en pèchent avec d'autres chof s, ils les por-
tent au plus proche temple ou à la plus proche chapelle
de Jebis , qui eft le Neptune de leur pays.
Il y a des minéraux qu'on n'a point encore trouvés
dans le Japon , & qu'on y porte des pays étrangers.
Il n'y a absolument point d'antimoine, ni de fel ammo-
niac , ck les naturels du pays ne connoiffent ni les
qualités ni les ufages de ces deux minéraux. Le vif-argent
& le borax y (ont portés par les Chinois. On trouve pour-
tant deux (bries de borax qui croifftnt naturellement dans
le Japon ; mais ils font tellement mêlés avec d'autres
corps hétérogènes , que les habitans ne veulent pas fe
donner la peine de les amatTer. Le mercure fublimé
eft très-recherché par quelques particuliers qui l'achè-
tent à un prix exceffif; ils en font le principal ingré-
dient d'une eau mercuriale , qui eft fort en vogue pour
la guérifon des ulcères , cancers ck autres maladies de
la peau. Ils donnent le cinnabre naturel intérieurement
dans plufieurs maladies ; ils emploient l'artificiel comme
une couleur. L'un ck l'autre y font portés de la Chine;
la vente ck l'achat de cette marchandile eft entre les
mains de quelques marchands.
Je renvoie à l'auteur même ceux qui veulent con-
noître en détail ce qui regarde les plantes , les arbres,
les fleurs, les animaux à quatre pieds, les oif"eaux,les
reptiles , les infeftes , les poiffbns & les coquillages du
Terni III, LU
JAP
4fo
Japon. Ils peuvent confulter fon Hiftoîre du Japon, &
fon livre intitulé Amœnitates exoticœ. Mais comme il
s été fouvent parlé du GOKOKF, dans la description
des provinces , il eft néceffaire d'expliquer ici ce que c'eft.
Ce nom veut dire les cinq fruits de la terre.
Le GOKOKF comprend i. le kome ou le riz. Il
en croît de plufieurs fortes ; la meilleure eft infiniment
préférable au bled des Indes. Elle eft blanche comme
la neige , & fi nourriflante , que les étrangers qui n'y font
pas accoutumés , n'en fauroient manger qu'une très-pe-
tite quantité à la fois. Après l'avoir fait bouillir jusqu'à
une bonne confiftance , ils en mangent au lieu de pain
dans leurs repas. Ce qui refte au-delà de leur provifion
annuelle , fert à faire une espèce de bière forte , qu'ils
appellent Saeki; mais ils n'en font qu'autant qu'il en
faut pour, l'ufage de leurs familles. Il n'eft pas permis aux
étrangers d'emporter plus de riz ou de bière que ce que
le magiftrat ordonne. 2. L'oOMtfGGl, qui veut dire
le grand bled, eft ce que nous appelions îorge. Ils en
nourriffent le bétail fit les chevaux : quelques-uns fe fer-
vent de la farine pour apprêter leurs viandes , ou bien
en font des gâteaux. Il vient dans le Japon une espèce
d'orge , dont les épis font de couleur de pourpre , &C
offrent une vue fort agréable dans les champs quand ils
font mûrs. 3. Le KOOMUGGI , c'eft-à-dire. lepetit bled,
eft ce que nous appelions le froment. Il fe vend à vil
prix, & je ne fâche pas qu'ils s'en fervent à autre choie
qu'à faire une espèce de gâteaux de fa farine. 4. Le
DAIDSU, c'eft-à-dire \es fèves daid, font une espèce
de fèves à-peu-près de la groffeur des pois de Turquie ,
qui croiflent de la même manière que les lupins ; c'eft
après le riz l'aliment le plus ordinaire &t qu'ils eftiment
le plus. Ils font de la farine de ces fèves, ce qu'ils ap-
pellent midfu, espèce de bouillie avec laquelle ils ap-
prêtent leurs viandes , comme nous faifons avec le beurre.
Il en font leur foeju, qu'ils mangent à leurs repas pour
fe mettre en appétit. 5. L'adsuki ou sodsu, c'eft-
à-dire les fèves SO. Elles croiflent auflï de la même ma-
nière que les lupins , font blanches & reflemblent aux
lentilles ou au cajan des Indes. De la farine cuite avec
du fucre on fait des mansje & autres gâteaux. Outre
ces différentes espèces de gokokf , on comprend encore
fous ce nom les grains nommés Yawa ou le bled des
Indes ; le kibi ou le millet ; le tije ou le bled far-
rafin , & en général toutes fortes de bled ck de légumes.
Depuis plus d'un fiécle il y a eu dans le Japon qua-
tre religions principales, dont voici les noms. l.Sinto
eft l'ancienne religion ou l'ancien culte des idoles des
Japonnois. 2. Budfo eft le culte des idoles étrangères
qui furent apportées au Japon du royaume de Siam ou
de la Chine. 3. Siuto eft la doftrine de leurs philofo-
phes & de leurs moraliftes. 4. Deivus ou Kirijlando ,
c'eft-à-dire la voie de Dieu ou de Jefus-Chrift , par
où il faut entendre la religion chrétienne. C'eft par le
zélé des miflîonaires Espagnols & Portugais , & parti-
culièrement des Jéfuites , que la religion chrétienne fut
connue au Japon , &£ qu'elle y fit des progrès qui fur-
pafferent leur attente. En effet , depuis la première arri-
vée des pères de la compagnie, dans la province de
Bungo , vers l'an 1 549 , fix ans après la découverte
du Japon, jusques à l'an 1625 , ou fort près de 1630,
elle fe répandit dans la plupart des provinces de l'em-
pire; & plufieurs princes 6c grands feigneurs la profes-
ferent publiquement. Le progrès qu'elle avoit fait jus-
qu'alors , donnoit lieu d'espérer que dans peu de tems
tout l'empire fe feroit converti à la foi du Seigneur ,
fans la trifte révolution qui détruifit fans reffource de
fi belles espérances. Plufieurs, tk monauteur, entr'autres ,
en attribuent la faute aux vues ambitieufes des miflîo-
naires ils exerciterent contre eux-mêmes tk leurs pro-
félytes , la plus cruelle perfécution qu'on ait jamais vue,
& qui caufa en peu d'années l'extirpation totale de la
religion qu'ils prêchoient & de tous ceux qu l'avoient
embraffée.
Puffendorff, Introduction à tHifloire , t. I , p. 166,
en donne une autre raifon ; il dit , en général, que les
Hollandois montrèrent à l'empereur du Japon une carte
géographique , par laquelle ils lui faifoient voir jusqu'où
le roi d'Espagne , alors roi de Portugal , avoit pouffé
fes conquêtes d'un côté jusqu'à Manille, & de l'autre
lisqu'à Macao par où ils lui faifoieut comprendre qu'il
JAP
lui feroit enfuite très-facile de s'emparer du Japon. H
eft certain que depuis cette affreufe perfécution les Hol-
landois font les feuls Européens que l'on fouffre au Ja»
pon, encore n'y font- ils tolérés que parce qu'ils affurerçt
qu'ils ne font pas de la religion des Portugais ; plufieurs
écrivains attribuent cette perfécution à un certain Caron ,
dont on trouve Fhiftoire dans la Méthode géographique
de Robe , t. 2 , p. 122 , & dans la Relation du Japon
inférée au troifiéme tome des Voyages de Tavernier.
Nous avons une lettre de De l'ifle fur la queftion :
Si le Japon eft une ijle. Ce géographe dans cette lettre
s'étoit fondé fur les Mémoires des Hollandois qui avoient
été en ambaffade au Japon ; mais ces Mémoires font
aujourd'hui fi décriés , même en Hollande , qu'ils n'ont
plus aucune autorité: auffiDe l'ifle changéa-t-il bientôt
de fentiment. Il parle dans cette lettre , comme s'il n'y
avoit en Europe aucune carte dreffée par les Japon-
nois. Cependant il s'en trouve préièntement. Voici ce
que dit le traducteur Anglois du Livre de Ksempfer,
dans fon discours préliminaire. La queftion, dit-il, eft
tout-à fait décidée par les Cartes du Japon , que les
naturels ont dreffeés, & par les dernières découvertes
des Ruffiens. Les Japonnois repréfentent toujours leur
empire , dans les Cartes , comme un compofé d'une in-
finité d'ides grandes &C petites, dont la principale, qu'ils
appellent Nipon, eft féparée entièrement d'une con-
trée feptentrionale voifine , qu'ils nomment JESOGA-
SIMA, ou l'ifle de Jefo , &t qui , félon toute apparence ,
eft la même où aborda le père Jérôme des Anges en
fortant du Japon , & dont il fait une ifle dans fa féconde
description , contre ce qu'il avoit dit dans la première.
Quelques cartes placent entre le Japon & Jefogafima
une autre petite ifle appellée Matfumay. Plufieurs de
ces Cartes que Kaempfèr avoit apportées du Japon,
font aujourdhui entre les mains du chevalier Hans Sloane;
& une autre a été gravée , il y a quelques années , par le
favant Reland qui la tira de la colleftion de Benjamin
Dutry. J'avoue que pour l'exactitude & la précifion,
ces cartes font fort au - deffous de celles des Européens ,
parce que les géographes Orientaux ne font pas aflez
verfés dans les mathématiques & dans l'aftronomie ; mais
du refte on ne fauroit fuppofer que les Japonnois connois-
fant fi bien la longueur , la largeur & les divifions d'Osju
(c'eft l'Ochio de De l'ifle) la province de leur empire
la plus feptentrionale St une des plus peuplées , ils igno-
rent fi la mer en lave les côtes , jusqu'où elle les lave,
& fi elle confine à quelques autres terres. Mais de plus,
qu'il y ait un bras de mer entre les côtes les plus
feptentrionales du Japon !k un continent voifin, c'eft
un fait confirmé par les découvertes récentes des Rus-
fiens.
J'ai déjà dit que les Hollandois font les, feuls Euro-
péens qui faffent le commerce du Japon ; je réferve à
l'article NANGASAKI à expliquer en quoi confifte ce
commerce , &c comment il fe fait.
Quoique le Japon ait un affez grand nombre de villes ,
il y en a peu dont on puiffe donner une description ,
fi ce n'eft des deux capitales Meako , ou MlAKO &
Jedo, ou Yendo. Chacune des provinces dont nous
venons de parler a une capitale qui eft presque toujours
de même nom que la province. Celles qui font les plus
connues, font celles quife trouvent fur la route deNan-
gafaki à Yedo.
JAPYDES. Voyez Japodes.
JAPYDIA. Voyez Histria.
JAPYGIA , ancienne contrée d'Italie, dans la grande
Grèce. Si nous en croyons Antoine Galatasus , médecin ,
(De fitu Japygiœ. Bafileœ 1558, i/z-12, p. 20, ) qui a
écrit un livre exprès de la fituation de la Japygie , ce
pays nommé Japygie par Ariftote & par Hérodote , eft
nommé Salentine par quelques-uns ; Peucétie par
d'autres : Messapie, à caufe d'un capitaine nommé
Mejfapus; d'autres l'ont appelle la GRANDE Grèce;
d'autres la Pouille, &c d'autres la Calabre : car,
dit-il , la Calabre d'aujourdhui étoit nommée Brutia par
les anciens : cela s'accorde en partie avec ce que dit Iface,
commentateur de Lycophron, qui dit : la Mesapy-
GIE, Murcrnûy» , autrement nommée JAPYGIE, enfuite
Salatia , 2aAasTi'« , & enfin Calabre. Strabon ,1.6,
parlant de cette presqu'ifle qui eft entre Brindes & Ta-
rente , & qu'il diftingue de la Pouille, dit: elle eft
JAR
JAR
nommée par les Grecs Mefapte, Japygie, Calabre 5t
Salentine. D'autres y mettent de la différence, à ce
qu'il ajoute. De l'IAe, dansla Carte de l'ancienne Italie,
compte pour la Japygie les deux parties de la Pouille ,
favoir la Daunienne & la Peucétienne, &£ ne paroît
pas y mettre les Calabrois & les Salentins , ou l'an-
cienne Calabre & la Meffapie. Cependant cette pres-
qu'ifle, que Strabon appelle Japygie , ci fa pointe la
plus avancée au midi, s'appelloit Japigia Acra, &
Japigium , ou Salentinum Promontorium. C'eft
aujourdhui le Cap de Santa Maria di Leuca ,
•nom qu'il prend d'un bourg voifin. Voyez l'article Apu-
tlA. * Ortél. Thef. Pline , 1. 3. c. il.
JAPYGIA Acra , &
JAPYGIUM Promontorium. Voyez l'article pré-
cèdent.
1. JAPYX, rivière d'Italie. Le paffage de Pline, où
il en eft fait mention , a été défiguré par les anciens édi-
teurs , qui ont lu Pediculorum Oppida Rhudia , Egna-
tia , Barion, ante Japyx à Dedali filio à quo & Ja-
■pygia. Amnes Paclius , Aufidus , &c. Ainfi Je nom de
Japyx qui donnoit le nom à la Japygie , étoit l'ancien
nom de la ville de Barri. Mais le P. Hardouin lit tout
différemment dans les manuscrits , dont les meilleurs ,
félon lui , portent : Pediculonum Oppida, Rudice , Egna-
tia Barium. Amnes : Japyx à Dœdali filio rege, à quo
& Japygia : Paclius , Aufidus.
2. JAPYX , vent qui fervoit à paffer d'Italie en Grèce.
Horace le nomme dans l'ode àdreffée au vaifTeau fur le-
quel Virgile, /; 1 , ode 3 , devoit s'embarquer pour aller
à Athènes :
Ventorumque régal paier,
Olfiriclis aliis preeter Japyga.
Dacier bbferve que ce même vent a été appelle par les
Latins Corus ou Caurus, par les Grecs Argestes,
par les Italiens Ponente-Matfi.ro , & que c'eft propre-
ment l'oueft-nord-oueft , qui eft oppofé à l'eft-fud-eft.
Dacier fe trompe, en ce qu'il confond le Corus & le
Caurus très différens, félon Vitruve. Le Maefiro Po-
nante, comme parle le P. Briet , ne fauroit être le
Caurus , qui eft le Maefiro , ou le nord-oueft. Le Corus
& YArge/hs font à peu près le même vent , & répon-
dent au Circiusàt Vitruve , & beaucoup plus îoiquarta
di Maefiro verfo Ponante , qui eft notre nord-ouefi quart
a l'ouefi, qu'à notre Maefiro Ponante. Voyez la figure
que nous avons mife au mot Vent.
JARAH : Arias Montanus , dans km Apparatus Bibli-
cus , cité par Ortélius, croit que les écrivains facrés com-
prennent fous cenoml'ARlE ck I'Arachosie, provin-
ces d'Ane.
i.JARAMOTH, félon D. Calmet , DiB. ancienne
ville de la Paleftine , dans la tribu d'IfTachar : elle fut
donnée , aux Lévites fils de Gerfon, &aflignée pour ville
de refuge. Comparez ce que le Livre de Jofué,c. 19,
v. 10, dit de Rameth , ou RaMOTH. Parai. 1. 1,
c.6,v.73.
2. JARAMOTH, Jarmuth, ouJerimoth, ville
de la Paleftine, dans la tribu de Juda. Jofué tua le roi
de Jerimolh. S. Jérôme met Jarmuth à quatre milles
d'Eleutheropolis, près d'Efthaôl ; &C en parlant dejER-
MUS, il dit que Jarmucha , apparemment la même
que Jarmuth & Jerimoth , eft à dix milles d'Eleu-
theropolis , en allant à Jérufalem ; d'où le favant D.
Calmet conclut qu'il faut qu'il y ait faute dans l'un ou
l'autre paffage. Voyez Jarim.
_ JARAVANA , ville d'Ane , dans la Tartarie Mosco-
vite , au pays des Daouri , à la fouree de la rivière
d'Uda , fur la route de Selinga à Nipchou , aux fron-
tières du royaume de Calka. * De lljle , Carte de la
Tartarie.
JARCAN, ville & royaume de la grande Tartarie,
au couchant de l'a Chine, félon Baudrand, éd. 1705.
Elle a été conquife depuis peu par le roi d'Elout.
JARCHAN, Yarkan. Voyez Irken.
JARD , (le) Jardum , abbaye d'hommes , de l'ordre
de S. Auguftin-, en France , au diocèfe de Sens , dans
le Hurepoix, à une lieue au nord de Melun, convertie
de prieuré en abbaye , l'an 11 94, par Michel archevêque
de Sens.
45
1 . JARD AN , tefS-at , village des Arabes , félon Jo-
feph , qui en fait mention dans l'Hiftoire de la guerre
des Juifs , /. 3 , c. 2. Hegelippe nomme ce même lieu
ARTHA, au rapport d'O né[Ms,Thej'aur.
2. JARDAN. Les Hébreux nomment ainfi le Jour-
dain.
3. JARDAN , (le cap) cap de la Morée fur la côte
occidentale , où il fépare le golfe de l'Arcadia du golfe
de Zonchio : les anciens l'ont connu fous le nom d'ICH-
TYb , félon Thevet. Il tire fon nom d'un certain Jardan
qui yavoit fon tombeau , StDe l'ifle, Grac. Ant. Tab.
qui omet le nom Ichtys , y met un lieu qu'il appelle
Jardani Sepulchrum.
1. JARDANUS, rivière du Péloponnèfe, dansl'Ar-
cadie, félon Paufanias, A 1 , c. 5. C'eft la même que
YAcidas; elle couloit auprès de la ville de Phigalea
félon le même , c. 18. On croiroit que Paufanias dit que
le Jardan eft le même que YAcidas , ce qui eft faux.
Il eft vrai qu'on lit dans cet auteur , qu'il a appris d'un
Ephéfien que le Jardan eft l'ancien nom de YAcidas ;
mais il ajoute qu'il n'en a aucune preuve.
2. JARDANUS , rivière de l'ifle de Crète , voifme
de la ville de Cydonie, félon le même, 1.6, c. 21.
JARD ES, ancienne forêt de la Paleftine, dans la
Judée , félon Jofeph , de Bell. I.7, c. 26. Trois" mille
Juifs qui s'y étoient retirés de Jérufalem , comme dans
un afyle , y furent maffacrés par les Romains , avec
leur capitaine Judas , fils de Jaïr.
!. JARDIN de la Reine. On donne ce nom à plu-
fieurs petites ifles fort agréables , qui font à la côte mé-i
ridionale de Cuba.
2. JARDIN de Panama. Ce font des petites ifles
proche de cette ville ou les plus riches habitans jnt leurs
maifons de plaifance.
JARDINET , (le) abbaye du pays de Liège, au dio-
cèfe de Namur, fur la rivière d'Heure, à deux lieues
de Philippeville, ordre de Cîteaux. Elle fut fondée pour
des filles , qui y ont demeuré plus de cent ans ; mais
en 1430, on y mit des hommes, foyei Valcourt.
* Baudrand éd. 1705.
JAREPHEL, ancienne ville de la Paleftine , dans
la tribu de Benjamin, félon le Livre de Jofué, c. 18 »
v. 27.
JARETTA , (la) rivière de Sicile, dans la vallée
de Noto. Ce font plufieurs rivières , favoir la Trahina,
groflie par le Cérame qui fe joint enfuite avec le Dic-
tai no , qui lui porte les eaux de la Gargalonga, & qui
reçoit plus bas la Gabella. Toutes ces rivières réunies
dans un même lit , prennent le nom de la Jarctta. On
la paffe dans un bac nommé le bac de la Jarata , en
allant de Lentini à Catania, & elle fe perd dans le
golfe de Catane. Baudrand donne le nom de laJaretta.
à la Trahina , qui eft la Cyamojorus des anciens. Leur
Symcethus eft le même que le Diclaino d'à préfent.
Ces deux rivières après leur jonftion , forment ce que
nous appelions la Jaretta. Quelques-uns , comme Bau-
drand, écrivent la Jareta , De l'ifle écrit la Jaretta.
JAREZ, (le) petit pays de France, dans le Lyon-
nois , aux confins du Forez , entre le mont Pila à
l'orient , & la Loire à l'occident , au-deffous de Saint
Etienne; mais il feroit difficile d'en bien défigner les
bornes. Il n'y a aucune place de confidération. * Bau-
drand. éd. 1705.
JARGANUM, promontoire d'Afie , dans la grande
Phrygie , félon Ptolomée, /. f , c . 2. Ses interprètes le
nomment Cabo de Santa-Maria.
JARGEAU, ville de France, dans l'Orléanois. Quel-
ques-uns la nomment Gergeau, &C en latin Gargo~,
gilum , Jargogilum , Gargoilum , Jorgoilum , Gar^O"
Hum , Jargolium. Elle eft fituée fur le bord méridional
de la Loire, à quatre lieues d'Orléans. Quelques-uns
croient que cette petite ville eft Gergovia , dont il eft
parlé dans les Commentaires de Céfar. Il eft' certain que
ce lieu eft ancien, & connu fous le nom de Gergojl-
lum dans le neuvième fiécle , fous le règne de Charles
le Chauve, & dans le fiécle fuivant, fous le pontificat
de Léon VI , par les lettres desquels , on voit que cette
place appartenoit à l'églife d'Orléans. Il y a depuis
îong-tems un pont fur la Loire , qui étoit un paffage
important durant les guerres civiles. L'évêque d'Orléans
en eft encore feigneur temporel. Le roi C lurles VII
Tome III. Lllij
JÂR
4*ï
tint {es grands-jours à Jargeau , au mois de Mars de l'an
1430; Se le roi Louis XI y maria fa fille, Jeanne de
France , avec Pierre de Bourbon , comte de Baujeu ,
le 3 de Novembre 1473. L'églife paroifliale porte le
n»m de S. Etienne, 8c la collégiale celui de S. Vrain.
Cette ville fut prife parles Anglois, lorsqu'ils afliége-
rent Orléans en 1428; mais elle fut reprife le 12 de
Juin 1429, par Jean duc d'Alençon. * Longuerue1
Descr. delà France ,part. i,p. 109. Falef. Notit. Gal-
liarp. 221.
i. JARIM, ville des Gabaonites, félon S. Jérôme,
de Locis hebr. fur quoi le P. Bonfrerius obferve que Ja-
rim feul ne fignifie pas le nom particulier d'une ville ,
s'il n'eft joint avec Cariath , qui veut dire cité ou ville:
Cariathjarim femble fignifier la ville d'Iarim ; car Ca-
riath fe prend pour ville ou cité, 8c les Septante difent
tantôt Cariathjarim , & tantôt civitas Jarim ; mais ce
n'eft traduire qu'une partie du nom pour rendre le tout ;
il faut dire Civitas Sylvarum , la ville des forêts. Jarim
n'eft dont pas le nom propre d'une ville. Elle eft qua-
lifiée ville des Gabaonites , parce qu'elle étoit fujette
ou alliée de ce peuple , lorsque Jofué les reçut comme
amis du peuple de Dieu.
2. JARIM , montagne de la Paleftine-, à l'extrémité
feptentrionale de la tribu de Juda. Jofué, c. 15, v.10.
Nous venons de remarquer que ce -mot fignifie en
hébreu forêt. Cette montagne en étoit fans doute
couverte.
3. JARIM, rivière d'Afrique. De l'Ifle écrit Farim.
Voyez S. DoMINGUE , rivière. * Davity , Pays des
Nègres.
JARIMOT. Voyez Jaramoth 2. & Jerimot.
IARMOUTH , prononcez Yermouth. Voyez Yar-
MOUTH.
JARMUTH, Voyez Jaramoth.
JARNAC, bourg de France , dans l'Angoumois , fur
la Charante , presqu'au milieu entre Angoulême Se Sain-
tes, 8c à deux lieues de Cognac. Il eft remarquable par
la victoire que Henri , duc d'Anjou , frère de Charles
IX , 8c depuis roi de France , fous le nom de Henri III,
y remporta fur les Calviniftes, au mois de Mars de l'an
1569. Le prince de Condé qui les commandoit y fut
tué par Montesquiou; & l'amiral de Coligni mis en fuite.
JARNAGE , petite ville de France dans la haute
Marche , au nord d'Aubuflbn , Se au nord-eft de Gueret,
dans l'élection duquel elle eft comprife. Il y a une
iuftice non reiTortiflante , 8c il s'y tient des foires de
beftiaux.
JAROMIR , félon Zeyler.
JAROMITZ , félon Baudrand, ville de Bohême,
entre le château de Schmirchitz & la petite ville de
Nachodt , fur le chemin de Prague à Breflau , entre l'Elbe
6c l'Upawa , qui joignent enlëmble leurs eaux au des-
fous de la ville, en approchant du comté de Glatz.
Cette ville foufltit beaucoup durant les guerres de religion.
L'an 1420, le 26 Décembre ,8c l'année fuivante,le 13
de Mai, il s'y commit de grandes cruautés.
JARON , ou Jarron , ville de Perfe , dans le Far-
fiftan , fur la route de Schiras à Lars. C'eft peu de chofe ,
ocelle reflemble plus à un village qu'à une ville; toutes
les maifons en font de terre, & féparées les unes des
autres. Il y a deux ou trois petites mosquées. Comme
elle eft remplie de palmiers , elle reflemble de loin à
un bois. Le fruit de ces palmiers eft le principal revenu
des habitans , qui n'ont point d'autre négoce. Elle eft
commandée par le gouverneur de Schiras , qui y entre-
tient un lieutenant. La montagne au fud-eft de Jaron eft
fort élevée. * Le Brun, Voyage de Perfe, p. 314.
1. JAROSLAW, petite ville de Pologne, au Palati-
nat de Ruflie , fur la rivière de San , au deflbus, &C au nord
dePrzemiflie,au-defliisSc à l'orient de Przeworsk. Elle eft
belle Se marchande , 8c le San arrofe fa citadelle fituée
à l'orient de la ville. On y tient tous les ans , à la fête
de l'Afiomption de la Vierge, une fameufe foire, où il
Vient des marchands de Perfe , de Conftantinople , de
Venife, de Moscovie, d'Allemagne, de Hongrie, 8c
autres pays voifins. StarovoUki dit que, de fon tems,
on yamenoit plus de quarante mille bœufs & vingt mille
chevaux. Les Jéfuites ont un collège dans la ville, 8c
une réfidence hors la ville. Il y a à Jaroflaw un monas-
tcre de religieufes , dont le bâtiment eft d'une magni-
JAS
ficence royale. L'an 1625, le jour de S. Bartelemi ., du-
rant la nuit , le feu prit en quatre endroits dirTérens ,
8c confirma toute la ville , qui étoit bâtie de bois : plus
de trois cents hommes périrent dans les flammes ; 8c la
perte des marchandifes que la flamme détruifit , fut efti-
mée dix millions de florins. Cette ville a été rétablie
avec le tems. Les Suédoiss'en rendirent maîtres en 1656.
* ^4ndr. Cellar.Polon. Descr. p. 325.
2. JAROSLAV , ville de l'empire Ruffien. Voyez
Jeroslaw.
JAROUN, ville d'Afie, dans la Tartarie, au pays
de Geté, au de-là de Seïram. * Hijl. de Timur-Bec.
1. 2, c. 14.
JAROV , Girvium , félon Baudrand. Il dit que c'eft
une ville d'Angleterre, 8c ajoute qu'elle n'eft remarquable
que parce que le Vénérable Bede y prit naiflance. De
Vallemont dans fesÉlémens de l'Hiftoirp, t. 1, p. 99,
éd. Parif. dit que Bede dit le Vénérable , naquit l'art
673 , dans le petit village de GlRVIC , fur la Tine , dans
la Northumberland. Voyez ce mot.
JARSATH , ty«8, ville de la Mauritanie Céfarienfe,
ftlon Ptolorr.ée , /. 4, c. 2. Caftald croit que c'eft préfen-
tement Tedelez.
JARSEY. Voyez Jersey.
JARSO. Voyez Oeaso.
JARZETHA, 'l£fa$x, ville de la Libye intérieure,
félon Ptolomée , l.it,c. 6. Elle étoit maritime, fur le
bord de l'Océan , au nord de l'embouchure du fleuve
Daradus.
1. JAS , contrée qui faifoit partie de PIHyrie , 8c que
l'on appelle aufli Ionica, dit Etienne le Géographe. Les
habitans étoient appelles IatvE.
2. JAS , ancien nom de l'Attique , félon Strabon, 1.8 ,
p. 382. Ortélius fe trompe à cette occafion, comme fi
Strabon avoit parlé d'an cantonde l'Illyrie, le même dont
parle Etienne , ce qui n'eft pas.
3. JAS, ville de la Valaquie. Voyez Jassy.
JASA. Voyez Jassa.
JASjEA, ancienne ville du Péloponnèfe , dans l'Ar-
cadie. C'eft une des villes , dont les habitans fe lais-
ferent perfuader d'abandonner leur patrie, pour aller
peupler la nouvelle ville de Mégalopolis. * Paufan.
1. 8 , c. 27.
JASAKKES , ou avec la terminaifon Hollandoifedu
pluriel Jafakken , peuple de la grande Tartarie , en Afie ,
à l'orient de la rivière de Pifida, dans le pays de Mongal,
le long de la côte de l'Océan feptentrional , félon la nou-
velle Carte de Witfen.
Cet article eft de Baudrand : quoique la Carte citée ait
de grandes imperfections , que les nouvelles découver-
tes des Ruffiens ont rectifiées, peut-être pourroit-on la
concilier avec les Cartes pofteriéures , qui marquent le
long de l'océan feptentrional un peuple nommé Tscha-
laski , aufli féroce que les Tsuktschi , dont il eft allié. Ces
peuples font peu connus ; car ils font ennemis des Rus-
fiens , qui feuls pourroient nous les faire connoître ; &
lorsqu'on en fait des prifonniers , ils fe tuent eux-mê-
mes. La rivière de Pifida eft apparemment la Piafida
de De l'Ifle , 8c la Pafina des nouvelles Cartes. Elle
eft beaucoup plus près du Jenifea que de la Lena , 8t
par conféquent bien loin des Tsckalaski.
JASENITZ, petite ville d'Allemagne, dans la haute
Saxe 1, en Poméranie , au duché de Stetin , fur la rive
gauche de l'Oder , aftez près de fon embouchure, au-
deflbus de la ville de Stetin. * Zeyler , Carte de la
Poméranie.
JASER. Voyez Jazer.
JASI. Voyez Jassii.
JASIBLI, rivière de Sicile, dans la vallée de Noto ^
félon Baudrand : elle pafle à Caflaro , 8c fe jette dans
la mer Ionienne entre la ville de Noto 8c celle de Sy-
racufe. Il croit que c'eft l'ancienne Cacyparis. Voyez
ce mot. •
JASIENS, (les) Jafii. Pline, /. 36, c. 5. nomme
ainfi les habitans de Jafus , ville d'Afie dans la Carie.
JASIOLDA , rivière de Pologne , dans le Palatinat
de Brzescie. C'eft une de celles qui du côté du nord
forment la rivière de Przypietz. * Robert deFaugondy^
Atlas.
JASLITEN, ou Yaslite. Corneille dit fur l'auto-
rité de Davity : petit pays d'Afrique , dans la Numidie.
JAS
JAS
Il eft proche de la mer Méditerranée entre Caphfa &£
Tripoli, 342 d. 50' de longitude, &t à 28 de latitude,
& comprend trente villages. Ce pays produit quantité
de dattes; & fes habieans font riches, parce qu'étant
voifins de la mer , ils trafiquent avec les Egyptiens &
ceux de Sicile. On croit que cette contrée eft fujette
au bâcha de Tripoli , dans le pays duquel elle eft en-
fermée.
Cet article n'eft rien moins qu'exaft , quoique Da-
vity, Afrique, p. 366 , cite Gramay pour fon garant.
Premièrement il n'y a point aujurd'hui de Numidïe , &
celle des anciens finiflbit bien loin de-là. En fécond
vlieu, la longitude eft raufte, puisque Caffa & Tripoli
font entre le 28e d. & le 31e. La latitude ne l'eft pas
moins ; car ces deux villes font au nord da33ed.
. JASLOWIECZ , petite ville de Pologne > au Païa-
tinat de Podolie, fur le bord oriental d'une rivière qui
tombe dans le Niefter, aux confins de la Moldavie. * De
rijle , Carte de Pologne ; tk Tavernier , Voyage de
Perle , /. 3.
1. JASON , lieu delà Paleftine , dont il eft fait men-
tion au Livre de Jofué, c. 19, v. 4, dans la Verfiondes
Septante. La Vulgate lit Afern. L'Hébreu eftdifFéremment
exprimé dans les nouvelles verrions. Le Clerc' lit Hatfcm;
Schmidius Ercm ; la verfion qui eft jointe aux Notesde
Vatable lit A\en , l'Espagnole de Caflîodore de Reina
-Afem , l'Allemande de Luther & la nouvelle d'Angle-
terre lilént Aient. Voyez ASEM & AzEM I.
2. JASON, ville de la Paleftine, à 'deux lieues &
demie de JafFa , vers l'orient, dans la tribu de Dan,
proche du chemin qui conduit de JafFa à Jérufalem. Ily
avoit anciennement un fort château , dont il ne paroît
Elus que les fondemens. Ce lieu n'eft maintenant ha-
ité que par vingt-cinq familles de Mores, qui cultivent
des jardins. Ces jardins font arrofés de l'eau d'un beau
puits , qui fe tire par une machine que font jouer des
bœufs. On n'y voit qu'une mosquée , gardée par un Der-
viche ou Santon Turc. * Corn. Dift. Le P. Eufebc Ro-
ger, Voyage de la Terre fainte , /. 1 , c. 15.
Cette ville eft marquée dans la Carte de la- Terre
promife , par D. Calmet , non pas dans la tribu de Dan ,
mais dans celle d'Ephraïm, au midi oriental, &c non
pas à l'orient de Joppé.
JASONIA. Voyez Jasonium 2.
1. JASONIUM, lieu voifin de Conftantinople. Les
Grecs le nomment DlPLOClANA , & les Turcs BlSl-
TAS, félon Pierre Gille cité par Ortélius, Tkef.
2. JASONIUM, grande montagne d'Afie, au-defîus
des portes Caspiennes à gauche , félon Strabon , /. 1 1 ,
p. 526. Ptolomée , /. 6 , c. 2 , la met entre les monts
de la Médie. Strabon en parle à l'occafion d'une
ancienne tradition , qu'il rapporte en ces termes.
Il y en a , dit - il , qui veulent que Medée , qui
pofleda ces contrées avec Jafon , inventa cette forte
d'habit , & que toutes les fois qu'elle fortoit fans le roi ,
elle fe voiloit le vifage. On apporte pour preuve que
Jafon a été dans ce pays , les chapelles confacrées en fon
honneur 'lanvàx-Hpûi, pour lesquelles les Barbares ont
une grande vénération. Il y a auflî une haute montagne
au-deftus des portes Caspiennes , à gauche , que l'on ap-
pelle Jafonium. Ils ajoutent que Medée laifla au pays
fon nom , & la manière de s'habiller ; que fon fils Me-
dus lui fuccéda, & donna fon nom à cette province.
Cela Raccorde , pourfuit Strabon , avec la Jasonie qui
eft en Arménie , avec le nom du pays, & plufieurs au-
tres chofes que je dirai ailleurs.
3. JASONIUM PromontoriUM , promontoire
d'Afie, dans la Cappadoce, fur le Pont-Euxin , félon Pto-
lomée,/. <j , c. 6, qui le met dans le Pont Polémoniaque,
entre les villes de Polemonium & Cyteorum. Strabon ,
/. i2,/>. 548 ; & Arrien, dans fon Périple du Pont-Euxin,
p. 17 , eilt. Oxon. parlent de ce cap. Ce dernier compte
de Polemonium jusques-là cent trente ftades ; & de-là
à l'ifle des Ciliciens quinze ftades ; de cette ifle à BOON A ,
où il y a un port , foixante & quinze ftades , Pi de ce
port à Cotyora, la même que Cyteorum de Ptolomée,
quatre-vingt-dix ftades. Je ne fais pourquoi Voffius veut
qu'on life Jafonium au lieu d' Ajîneia , dans le paffage
de Scylax, p. 33 , edit. Oxon. où il eft dit, dans l'ar-
ticle des Chalybes, que Afineia étoit une ville Gréque.
Perfonne, dans toute l'antiquité , n'a dit qu'il y eût dans
4n
ces quartiers une ville nommée Jafonium , mais bien une
rivière St un cap, qui s'appelle aujourd'hui Beschick-
TASCH , fur le Bosphore de Thrace. Voyez ce mot.
4. JASONIUM Flumen , rivière qui tombe dans le
Pont-Euxin, félon Pline, Il y a bien de l'apparence qu'elle
étoit auprès du promontoire , & que l'un donnoit fon
nom a l'autre .-comme on trouve que dans le même can-
ton, à peu-près, il y avoit un fleuve & un cap, aus-
quels le nom A'HeracLum étoit commun.
f. JASONIUM, ville d'Afie, dans la Margiane, félon
Ptolomée, /. 6, c. 10.
JASONIUS. Voyez Taurus,
JASPIS, vilie de l'ancienne Espagne Tarragonoife > au
pays des Contestani, félon Ptolomée, l.i, c. 6.
Ortélius dit : on croit que c'eft I'Aspis d'Antonin. Voyez
Aspe i. & Aspis 9.
JASQUE , ou Jasques , ville maritime de Perfe,
dans la province de Tubéran , fur un cap qui refierre
le golfe d'Ormus. Thévenot , Suite du Voyage du Le~
vant , p. 374. en parloit ainfï à la mi-Decembre de
1665. Nous paffâmes devant le cap de Jasques, qui étoit
anciennement nommé Carpella. Il a vingt-cinq de-
grés & demi d'élévation, & eft éloigné d'Ormus de
trente lieues. Depuis ce cap la terre s^étend vers l'eft
quart au fud-eft jusques au fleuve Indus. Il y a au cap de
Jasques , à demi- mille, ou à un mille avant enterre,
une méchante petite fortereffe , avec environ qua-
rante maifons , où demeurent des gens fort pauvres , qui
vivent d'orge, & ne boivent que de l'eau ; encore eft-
elle fort làlmâtre, (fommache : ) ils ont deux barques ou
taranquins , lesquels ils chargent de bois , qu'ils vont
rendre à Mascate (en Arabie;) ce rriiférable lieu eft
nommé Jasques, & dépend du gouverneur de Comron
(Gomron, ) qui y envoie telle perfonne qu'il veut pour
commander.
1. JASSA, ifle de la mer Adriatique, fur la côte de la
Liburnie. Voyez IsSA 2.
2. JASSA, ou Jasa, ville de la Paleftine, dans la
tribu de Ruben , au-delà du Jourdain , auprès de laquelle
le roi Sehon fut défait par Moyfe. C'eft apparemment
la même que Jefla , limée au nord , fk près d'Ar , ca-
pitale des Moabites. Elle fut cédée aux Lévites. * Jofué,
c. 13, v. i8;Num. c. 21, v. 23 ;Deut.c. 2,v.32; Parai.
1. 1 , c. 6 , v. 78.
3. JASSA, ou Jasa, lieu dont il eft parlé dans la
prophétie d'Ifaïe , c. 15, v.4. CLamabit Hefebon &
Eleale , usque Jafa audita ejl vox eorum : fuper hoc ex-
pédia Moab ululabunt , anima eorum ululabit Jibi ;
c'eft-à-dire : Héfebon & Eléale jetteront de grand cris;
leur voix fe fera entendre jusqu'à Jafa ; les plus vaillans
de Moab s'écrieront de douleur, & la vie leur fera à
charge. Il s'agit , dans ce partage , de deux villes des Moa-
bites. Jafla étoit, comme on vient de voir, une ville
voifine de leur capitale , ainfi cette Jafa eft la même.
Les nouvelles verrions fur l'hébreu portent Jahaz.
JASSII , ancien peuple de la haute Pannonie, veri
l'orient , félon Ptolomée , /. 2 , c. 1 5. Pline , /. 3 , c. 25 ,
les appelle Jasi, & les met au nombre des peuples,
au travers desquels coule la Drave.
1. JASSUS, ville de la petite Arménie, dans laMé-
litene , félon Ptolomée , /. 5 , c. 7.
2. JASSUS , ville d'Afie , dans la Carie. Polybe , /. 16,
n. 11 , dit qu'elle étoit fituée fur la côte d'Afie, dans le
golfe qui eft terminé d'un côté par le temple de Nep-
tune, qui eft fur le territoire des Miléfiens, Se de l'autre
côté par la ville des Myndiens. Il rapporte que , félon
une opinion qui s'étoit répandue , il y avoit une ftatue
de Vefta fur laquelle il ne tomboit jamais ni neige, ni
pluye, quoiqu'elle fût à découvert: il fe moque de cette
badinerie. Pline , /. 9 , c.%, parle de Jafïus à l'occafion
d'un jeune garçon , dont un dauphin devint fi amou-
reux, que voyant qu'il s'éloignoit du rivage, il s'yjetta
pour le fui vre,'& mourut fur le fable. Alexandre choifit
enfuite ce même garçon , & l'établit à Babylone prêtre
du temple de Neptune , parce qu'il jugea que cet amour
étoit une marque qu'il étoit très-agréable à ce dieu.
Solin raconte la même hiftoire; mais les exemplaires
qui ont le moins parle par les mains des critiques, changent
bien le lieu delà fcène. L'édition des Juntes, c. \J,p. 71,
fol.verf. porte: apud Affiim, urbem Babylonicé pucrum
delphinus adamavit, &c, La même faute fe trouve dans
4?4 vïAT
l'édition des Aides 1 1 18 ; celle de Pefaro , chez Jérôme
Soncin , lit : apud Jaj'um urbem B aby lonia piurum , &c ;
celle de Delrio porte: apud Jajjum, urbem Babylonia
puerum delphinus adamavit. Ce dernier obier ;e que
dans les manuscrits le mot urlem ne fe trouve pas , &c
que les anciens exemplaires ponent Babylonem, & non
pas Babylonia. Saumaitè avoit lu rapidement cette ob-
servation , qui eft conçue en ces termes par Delrio :
Lcgitur vulgb apud Jajjum urbem (Mf. deejt hœc vox)
Babylonitz. {Vet. Lib. Babylonem) pueruin delphinus
adamavit , &c. là-deîïbs il s'emporte contre Delrio , à
qui il donne un démenti cruel. Delrius vir bonus as-
Jcrit manuscriptis decjje hoc loto vocem Babylonem.
Quam vere id dffirmec , viderint cateri , nos fœve eum
mentiri fcimus. Le plailant de l'affaire , c'eft que tout
le menfonge eft de Saumaife ; Delrio dit pofitivement
que Babylonem fe trouve dans les manuscrits , & non
pas Babylonia. Saumaife étoit en colère enfaifant cette
note : il n'a pas vu qu'il n'eft pas permis à un éditeur
de fourrer des paraphrafes dans le texte , & qu'il ne^de-
voit pas lui-même y mettre Babylonem nomine , en dépit
de tous les manuscrits. Il n'eft pas vrai que le nom^du
jeune garçon qui fut aimé du dauphin, <k enfuite prêtre
de Neptune, fût Babylo , ni Babylon, ni Babylas.
Athénée , /. 1 3 , p ■ 606 , dit qu'il s'appelloit Denys. Le
paflage de Pline eft clair ; celui de Solin ne l'eft pas :
pourquoi Saumaife veut-il corriger Pline par Solin ? Ce
dernier ne fe trompe-t-il jamais furies noms? En trans-
crivant Piine , il lui eft arrivé de prendre une ville de
la Locride pour un cheval. Comparez Pline , '/. 8 , c. 41 ,
& Solin, c.45, édition de Saumaife, qui convient lui-
même de cette bévue , & avoue qu'il y en a bien d'au-
tres , & même plus grandes , dans cet auteur.
Pline écritailleursJASUS par une fimple S , & nomme
Sinus Jajîus le golfe où elle étoit fituée. La Notice de
Hierocles , qui la met entre les villes épiscopales de la
Carie , la nomme r«©-, Jafus ; celle de Léon le Sage
l'appelle Jassi au génitif. C'eft préfentement Askem-
K.ALESI. Voyez ce mot.
JASSY , Jaffium , ville dans la Moldavie , fur la
petite rivière de Scifa, qui fe jette peu après dans le
Pruth. Cette ville qui eft le féjour ordinaire d'un hos-
padar, ouvaivode , eft au nord-eft de Soczowa , & au
fud-oueft de Laufane. Sobieski , roi de Pologne, s'en ren-
dit le maître, ainli que de toute la province, en 1686;
mais voyant l'impoflîbilité de fe maintenir dans fa nou-
velle principauté , il retourna dans fes états*. * Mémoires
du tems.
JASTvE. Voyez Scythe.
JASTUS, rivière de laScythie, en, deçà de l'Imaiis,
félon Ptolomée, l. 6, c. 14. Elle coule entre le Jaxarte
& l'Oxus , bien plus près de la première que de la fé-
conde , & a fon embouchure dans la mer Caspienne.
La nouvelle Carte de cette mer , publiée par Ôttens ,
la nomme Mara , ouKivac , des noms de deux villes
de la Tartarie qu'elle baigne.
1. JASUS. Voyez Jassusî.
2. JASUS', ancienne petite ville, ou bourg du Pé-
loponnèfe : il étoit enclavé dans la Laconie , quoiqu'il
dépendît des Achéens , félon Paufanias , I.7 , c. 13.
JATvE, ancien peuple de l'Illyrie , félon Eienne le
Géographe , qui nomme Jas le pays qu'il habitoit : il
dit que l'on appelloit auflï Ionie le même pays. Il fe
trompe , ou du moins il n'explique pas aflez clairement
fon fentiment, qu'il a pris dans Strabon. Ce dernier par-
lant de l'Attique , dit qu'anciennement on la nommoit
lonia tx las; il ajoute que quand Homère dit:
JAV
c'eft-à-dire les Béotiens & les Jaons , il entend les Athé-
niens. Voyez le mot Ionie.
JATHR1PPA, ville de l'Arabie, auprès d'Egres, fé-
lon Etienne le géographe.
JATI, petite rivière de Sicile, dans la vallée deMa-
zare. On donne le nom cFIati , ou Jato , à une rivière
formée de quatre ruifleaux, favoir la GlNESTA , la
Cluse, la Bisalo & la Canavera; ces trois der-
nières fe joignent enfemble en un même lit , au midi
de la montagne fur laquelle font les ruines d'iATO ,
château dont vraifemblabkment la rivière a pris le nom.
Elles fe mêlent enfuite avec la Ginefla. C'eft à cette
jonftion qu'elles prennent le nom d'Iati. Elle reçoit en- <
fuite la rivière de Ballefti , & va fe perdre dans te golfe
de Caftel-à-Mare. Cette même rivière tflati a aufli le
nom de Tayhuro , qui eft celui d'un château ruiné,
fur la gauche. A-peu-près, à diftance égale de ce châ-
teau à la mer , on paffe la rivière quand on va de
Mazare à Païenne par la grande route. C'eft le Ba-
thys des anciens ; & le château Si le bourg d'Iato tien-
nent la place de l'ancienne Jet^e-, ou Jetas. Voyez
ce mot.
JATII, peuple d'Afie, félon Pline,/. 6, c.16. Pto-
lomée ,/. 6, c. i% , les nomme Jatai , ou Jatii, félon
les divers exemplaires , & les place vers le nord de la
Sogdiane.
JATINA , petite ville de la grande ifle Baleare , félon
Pline , I.t, , c. 5 , ou plutôt félon Ortélius , qui le cite
fur un exemplaire vicieux. Mais Jatina n'eft rien moins
qu'un nom propre. C'eft une faute pour Latina; mot
qui fignifie que les deux villes nommées enfuite , l'a-
voir Cinium & Cunici , jouifloient des mêmes droits que
le Latium. Le mot Latina eu relatifs. Oppida qui précède*
JATINUM, ancien nom propre de lavilledeMeaux,
avant qu'elle eût pris le nom du peuple auquel elle ap-
partenoit. Ptolomée , /. % , c. 8 , met entre les peuples
de la Gau'e Lyonnoife Melda: ,qui eft la nation, &/<z-
tinum qui étoit leur ville. Elle a été enfuite nommée
civitas Meldorum, urbs Meldi, &c urbs Meldenfis. Voyez
Meaux.
1. JATRUS , ifle delaPropontide. Il en eft fait men-
tion dans.les Conftitivions de l'empereur Emanuel Corn-
néne, félon Ortélius, Thij'aur.
1. JATRUS , rivière de la Myfie en Europe. C'eft
fur le bord de cette rivière qje Jornandes , de Reb. Ge-
tzcis , c. 18 ; p. 637, edit. Grotii, place la ville de Ni-
copolis , que Trajan fit bâtir , après avoir vaincu les
Sarmates , & qu'il nomma la ville de la Victoire. C'eft
ce que fignifie le nom grec de Nicopolis. Cette rivière
fe nomme aujourd'hui la Jantra. Voyez ce mot.
JATUR, lcti-oùp, ville de l'Inde , en-deçà du Gange.
JAVA: (Pifle de) il y a deux ifles de ce nom dans
la mer des Indes. On les diftingue par ces noms : LA
grande Java & la petite Java.
La GRANDeJava : quelques-uns difent Jave,ouLA
GRANDE jAVEparuneterminaifonfrançoife, grande ifle
d'Afie , dans la mer des Indes. Elle eft fituée à l'eft quart
de fud-eft , proche de l'ifle de Sumatra, entre le 123 e d.
& le 134e d. de longitude, & entre le 6e d. de latitude
fud , pour fa partie la plus feptentrionale , & 8 d. 30' ,
pour fa partie la plus méridionale. Elle a au nord-oueft
l'ifle de Sumatra , dont elle eft fépàrée par le détroit de
la Sonde, au nord les ifles de Banca & de Bornéo, au
nord-eft l'ifle de Madura ; à l'orient celle de Baly , ckau
midi la mer des Indes , qui la fépare de la terre d'En-
draght ou de la Concorde.
Les anciens ont connu l'ifle de Java;rkce qui eft re-
marquable , elle avoit déjà ce nom du tems de Ptolo-
mée. Il parle de l'ifle nommée Jabadiu. On fait que TV
confonne & le B des Grecs ont été équivalens : de-là
vient Jaba , pour Java. Dru, ou Div, fignifie une ville
dans la langue des Indiens. Diu , ville Indienne des Por-
tugais , n'a point d'autre origine de fon nom que fa fitua-
tion dans une ifle. Les Maldives ne font ainfi nommées
que parce que ce font des ifles oppofées au rWlabar.
Ainfi ce que les Grecs ont pris pour le génitif d'un nom
n'étoit qu'un nom indéclinable ; & les traducteurs Latins
ont dit Jabadii infula , par un pléonasme , faute de
favoir que Div fignifie une ifle. De même nous diforis
le Mom-Gibel , faute de favoir que Gibal fignifie la même
chofe que le mot françois Mont.
Cette ifle eft, à l'égard des Européens , au pouvoir des
Hollandois qui y ont établi le centre de leur commerce
à Batavia ; mars ils n'y font pas les uniques fouverains.
Elle a fes rois & fes peuples qui font alliés de la corn;-
pagnie.
Leminiftre Valentyn qui a donné une ample descrip-
tion de Java , dans (on grand Recueil fur les Indes , t. 4,
compofé en hollandois , obferve que l'on ne devrait
pas dire Java ni Jacatra , mais Djava & Djacati
prononçant à la manière des Arabes &des Malais le Dj
comme fi c'étoit une feule lettre ôc non pas comme nou
JAV
JAV
prononçons Dr, mais l'ufage eft pour Java ; Se lui-même,
apriis cette remarque , écrit par-tout ailleurs Java.
Java tire fon nom d'un grain nommé Djava Se non
pas Java , dont le goût relïemble à celui de l'orge. Ce
grain y vient parfaitement bien de lui-même. D'autres
ont ' cru que le grain même prenoit le nom de l'ifle ;
mais outre que la première opinion eft la plus approuvée
des Javans mêmes , Ptolomée décide la queftion Se ex-
plique le nom de Jaba-Diu par l'ifle de l'orge.
Il femble que les habitans de Bornéo ayent été les
premiers qui ayent découvert cette ifle au léntiment de
l'auteur cité. Il en apporte pour preuve que dans le golfe
de Rembang, au levant du Japare , les habitans de Bor-
néo ont eu un hameau qui leur appartenoit , où ils dé-
barquoient , Se demeuroient tant que duroit leur trafic :
on y transportoit de tous les cantons de l'ifle ce grain
qu'ils troquoient contre des habits. Ce hameau prit fon
nom de ce grain Djaw-ana, Se fut enfuite nommé Ja-
■vana, Djava Se Java. Ce lieu qui peut avoir donné le
nom à toute l'ifle , eft devenu avec le tems une ville
nommée Jawana. L'an 1697, ^es Javans comptoient
1621 ans depuis que leur ifle a été peuplée ; mais on ne
peut faire aucun fond fur leur calcul dont ils n'ont au-
cune preuve.
Ceux qui ont parlé de l'ifle de Java , l'ont fait avec tant
de confufion, fans en excepter même le miniftre Valen-
tyn , que je fuis obligé d'abandonner leurs divifions pour
en fuivre une plus naturelle.
On peut partager cette ifle de plufieurs manières :
I. Selon les côtes ; II. félon l'intérieur du pays.
La côte du nord eft fous la domination de la compa-
gnie Hollandoife , qui y a établi des forts , Se y entre-
tient des garnifons , pour la fureté de fon commerce.
La côte méridionale eft presque entièrement occupée
par le Sourapati Se autres princes indomptés , qui font
retirés , entre une longue chaîne de montagnes qui court
de l'occident à l'orient , & le rivage , qui eft bordé de
roches; ce qui fait qu'on regarde cette côte du fud
comme très-dangereufe aux vaiffeaux d'Europe ; Se c'eft
pour cela que la compagnie défend à fes vaiffeaux de
prendre ce chemin-là , de peur du naufrage. Un capi-
taine qui y contreviendroit , feroit puni par une fuspen-
fion d'emploi , ou quelque autre châtiment.
L'intérieur du pays eft fous la domination d'un empe-
reur , que l'on appelle communément le Madarm , mot
corrompu de celui de Mataram , qui eft le nom
d'une ville, autrefois capitale de l'empire , & préfente-
ment fi déchue de fon ancienne fplendeur , qu'elle tombe
presque en *uine ; le fiége de l'empire ayant été trans-
féré à CARTASOERA , comme l'écrivent les Hollandois ,
bous dirions CARTASOURA. Outre le Mataram, il y
avoit autrefois plufieurs rois dans l'ifle , tous indépendans
les uns des autres.
On y comptoit les rois de
Bantam, Japara,
Jacatra, Gressik,,
tsieribon, madion,
Tagal, Madjapat,
& quelques autres.
Mais la plupart de ces royaumes ont été envahis par le
Mataram qui y a mis des princes , fes créatures , lesquels
y vivent fous fa domination. Cet empereur n'eft devenu
fi puiffant , que par le fecours des Hollandois ; Se il a
d'autant plus de ménagement à garder avec la com-
pagnie , qu'il a fur la côte méridionale des ennemis très-
puiffans.
Il faut excepter des princes fubordonnés au Ma-
taram , le Sourapati Se fes alliés ; les rois de Bantam ,
& de Tfieribon. Le royaume de Jacatra ne fubfifte
plus.
_ Le royaume de Bantam contient la partie la plus oc-
cidentale de l'ifle , jusqu'à la rivière de Tangerang qui
le féparoit autrefois du royaume de Jacatra, Se pré-
fentement des terses de la compagnie. Il n'y a point
d'autres villes que celles de Bantam, qui en eft la ca-
pitale.
Depuis le premier coin fitué vis-à-vis de l'ifle du
prince , laquelle eft aux Hollandois jusqu'à la pointe la
plus feptentrionale de cette côte, le pays eft garni de bour*
4Î55
gades Se bordé de montagnes en quelques endroits?
outre une autre chaîne de montagnes parallèles à ces
cotes , l'intérieur du royaume confifte en des plaines
couvertes de riz, à la referve de quelques espaces qui
font couverts de forêts. Outre le pays que le roi de Ban-
tam pofféde dans l'ifle de Java , il eft maître d'une partie
de l'ifle de Sumatra, d'où il tire quantité de poivre.
Le pays Se le golfe de Lampons , &c quelques ifles qui y
font fituées lui obéiffent. Outre cela, ks «provinces de
Bandong & deSidammer,quifontau midî du royaume
de Jacatra , font foumifes à des princes de fa famille qu'il
y place , Se fur lesquels il domine abfolument. Ce roi eft
indépendant Se ne doit ni tribut ni foumiffions à l'em-
pereur; il eft ami de la compagnie avec laquelle il vit
dans une parfaite intelligence.
Le royaume de Jacatra ne fubfifte plus , Se le titre en
eft entièrement éteint. La ville de Jacatra a fait place à
celle de Batavia, le centre de la domination Hollandoife»
dans les Indes orientales ; Se cet état s'appelle préfente-
ment les terres de la compagnie Elles s'étendent depuis la
rivière de Tangerang, jusqu'à une autre rivière que les
Hollandois appellent de ScHEY Rivier , ou rivière
de féparation , parce qu'elle les fépare du royaume de
Tfieribon.
La rivière de Tangerang , la plus occidentale de toutes
celles de ce pays de la compagnie , a fa fource au midi,
dans les montagnes de Salak; Se ferpentant vers le nord ,
elle reçoit divers ruiffeaux, ceux de Siberong, de
SlBOTANG 6c de Sandali , qui fe joignent dans un
même lit, avant que d'entrer dans le fien. Elle eft bordée
de quantité d'habitations à l'orient , & arrofe la forte-
reffe de Sampoera Se celle de Tangerang , dont
elle porte le nom. Au-deffous elle forme une grande ifle
triangulaire par un bras, qui avançant vers l'orient, fe
perd dans la rivière d'Ankée. La rivière d'ANKÉE a fa
fource au midi , affez près de la montagne de Pange-
Rango ; puis coulant vers le nord, elle s'approche de
la rivière de Tangerang, reçoit une rivière qui coule
à l'orient de Sampoera , puis les ruiffeaux de Silo, de
Sorpa, Se de TsiI>OETAT,Se enfin la rivière de Pas-
SANGARANG , Se la branche de la rivière de Tangerang
dont j'ai parlé. Au deffous d'ANKÉE , fonereffe dont
elle porte de le nom , elle fe fépare en deux branches ,
dont l'une va directement à la mer , Se l'autre fe char-
geant en paffant d'une petite rivière , porte fes eaux vers
l'orient , dans les foffés de Batavia.
La rivière de Batavia prend fa fource dans la mon-
tagne de Pangerango , que les Hollandois appellent les
Montagnes bleues , Se fe groffiîTant de quelques ruis-
feaux fur fa route , elle paffe au fort de Tanjong , fur-
nommé le grand Tanjong, pour le diftinguer d'un autre
nommé Tanjong PûERA,qui eft fur une autre rivière.
Elle s'approche du fort de NoRTWYK; & vis-à-vis
du fort deRyswyk,elle fe divife en deux branches avant
que de tomber dans les foffés de Batavia, d'où elle (brt
en partie par le port même de cette place , Se en partie
par une coupure à l'orient; fe groffiffant enfmte de
plufieurs ruiffeaux , elle forme diverfes ifles au bord de
la mer.
La rivière de Tsikais a fa fource dans la contrée de
Tikondang, au nord des montagnes bleues; Se après
avoir long-tems coulé vers le nord, elle reçoit la pe-
tite rivière de TsiARAP , Se forme enfuite trois ifles
à fes embouchures. La principale eft munie d'un fort
nommé Bacajjîe , nom que prend auffi la rivière en cet
endroit.
La province de Karavang appartient auffi en propre
à la compagnie. Elle prend ce nom d'une rivière qui la
traverfe, Se qui a fa fource dans la province de Paroka-
MoETJANG , aux confins de la province de Priangan.
Après avoir coulé un peu vers le nord , elle fe tourne
vers l'oueft ; Se lorsqu'elle eft entrée dans le pays auquel
elle donne fon nom, elle reprend fon cours vers le norc\
jusqu'à Tanjong-Poera , où elle reçoit une autre rivière ;
puis elle fe rend dans la mer par neuf embouchures, où
elle forme diverfes ifles. C'eft dans cette province , douze
lieues au-deffus de Tanjong-Poera , que l'on a trouvé des
mines d'or ausquelles on travaille avec plus d'espérance
que de fuccès jusqu'à préfent.
Le royaume de TsiERiBON commence à la rivière
de Sçhey, Il eft borné au midi par le mont Taimjg«
4* 6
JAV
JAV
nus , ck les V ATT AS , hautes montagnes, (Le mot Fat-
tas fignifie dans la langue Javane limites, homes.) Il
comprend les provinces de Tsieribon propre, de
TsiASSEM,de Pamanoekan & de Gabbang.
Les provinces de Tfiaffem ck de Pamanoekan font
arrofées , chacune par une rivière de même nom. La pro-
vince de Tfieribon, entr'autres rivières , eft arrofée par
le grand fleuve d'iNDRAMAïA. Il a fa fource dans les
montagnes de la province de Priangan ; il la traverfe
auffi-bien que celle de Sammadang , èk après avoir long-
tems ferpenté vers le nord-eft jusqu'à l'orient du fort de
Tfieribon , il fe recourbe vers le nord , où il fe jette
dans la mer , par deux embouchures : ies bords de ce
fleuve font fort peuplés dans l'étendue de cette province.
Le fort de Tsjeribon appartient à la compagnie ; & à
peu dediftance du fort vers le feptentrion , eft un lieu où
la cour fait fa réfidence.
Ce roi ne dépend point du Mataram, ck vit tranquil-
lement , en ménageant l'amitié de la compagnie. La pro-
vince de Gabbang eft arrofée par trois rivières , Soengi-
JAPOERE, qui la fépare du Tsjeribon propre, la petite
rivière Tiberus, ck la rivière deLASSARi.
On trouve enfuite le pays de Tagal , où font de yaftes
campagnes de riz; la compagnie y a un fort nommé Ta-
GAL, au couchant- d'une rivière qui a fa fource au mont
Tagal , & pafle à Cartanagara. Cette montagne de Tagal
a un volcan qui jette quelquefois des cendres en fi grande
abondance , qu'il y a quelques années que la terre en étoit
couverte de l'épaiffeur d'un pouce à Samarang , forterefîe
que la compagnie a fur cette côte , à douze^lieues de-là
vers l'orient. Ce n'eft pas le feul volcan qu'il y ait dans
l'ifle de Java. L'an 171 1, la montagne bleue commença
de jetter des flammes & de la fumée.
A l'orient de Samarang, qui j'ai dit être un fort delà
•compagnie , on trouve , en fuivant la côte , Torabaja ,
& en la quittant à l'orient, la ville de Damack où la com-
pagnie a fes comptoirs & des magafins , au bord occi-
dental d'une rivière , qui en fe féparant forme deux ifles ,
dans l'use desquelles font les villes de Japara & de
ïavana. Cette dernière dont j'ai patlé , donne fon nom
au bras de cette rivière qui l'arrofe.
La première place importante que l'on trouve enfuite ,
c'eft la forterefle de REMBANG , qui eft à lacompagnie,
puis la rivière de LASSEM , qui vient du midi , ck fe dé-
tache du grand fleuve Samangi. En remontant cette
rivière, on voit à l'orient Se à quelque diftance la ville
de Priprin entourée de plaines chargées de riz.ToEBAN
& ClDAJOE, èk quelques temples, font les feuls lieux
remarquables de la côte jusqu'à l'embouchure de la rivière
Zandapoera. Elle eft formée de la rivière de Samangi
& de quelques autres.
La rivière de Samangi a fes fources près des monta-
gnes de Soedara-Soed.;ra , é'eft-à-dire des deux frères,
au fud-eft de Mataran. Elle pafle à Jatin-Tackan, à
Grompol; elle reçoit une autre rivière , qui vient du
KadOEVANG , ck traverfe le pays de Jagarag A , d'où
elle envoie une partie de fes eaux vers Damack: le refte
prenant fa courfe vers le nord-eft , le long des limites
de Jaragaga, fe joint à la rivière d'AssiM, qui vient
de la principauté de Madion , dont elle arrofe la capi-
tale ; de-là elle pafle aflez près de Trietrepoe, ck par
deux coupures de traverfe fe décharge d'une partie de fes
eaux dans la rivière qui borde le royaume de Greffic
au nord.
La Principauté de Madion étoit une fouverai-
neté autrefois très-puiflante ; mais fon prince ayant été
vaincu par le Mataram , eft réduit à la qualité de vaflal ,
avec un pouvoir fort borné ; cette principauté eft entre
les provinces de Jagaraga & de Cadiri.
La rivière qui coule au nord du royaume de Greffic
afa fource dans la principauté de Madion, qu'elle borne
«lu côté de la province de Cadiri, au nord de laquelle
elle eft groifie par un bras de la rivière de Cadiri ; ck
coulant vers le nord, elle communique par deux cou-
pures à la rivière de Zandapoera , ck fe perd par quatre
embouchures dans le détroit qui fépare l'ifle de Java de
celle de Madura.
Le petit Royaume de GresSic a fon roi particu-
lier qui eft le meilleur ami qu'ait la compagnie dans tout
le pays. Il prend fon nom de fa capitale fituée fur le
détroit. La rivière dont nous venons de marquer le cours
l'enferme au couchant ck au nord; il a la mer à l'orient,
ck au midi la principauté de Soerabaja, dont il eftfe-
paré par des montagnes.
La Principauté de Soerabaja eft bornée à l'oueft
parla même rivière ; au nord par le royaume de Greffic,
au levant par la mer , ck au midi par la rivière de
Cadiri.
Cette rivière de Cadiri a fa fource auprès de Brind-
jock ; enfuite traverfant de belles campagnes fertiles en
riz, elle pafle de la province de Brindjock. dans celle
de Cadiri , coule allez près de la capitale ck deSinkal;
ck entre Bagoëfan & Jalon, qui font deux villages, elle
fe partage en deux branches , dont l'occidentale va le
long de la principauté de Soerabaja ck du Greffic, qu'elle
borne comme il a été dit : l'autre qui eft la plus con-
fidérable, va le long du royaume de Madjapait,
qu'elle fépare de la principauté de Soerabaja. A l'orient
feptentrional de la ville de Madjapait elle fe divife en
deux branches , dont l'une qui conferve le nom de Ca-
diri va former plufieurs ifles par fes embouchures , à
l'orient de la ville de Soerabaja; l'autre branche prend
le nom de Toroufan, fe fubdivife en quatte branches
principales, ck forme' trois ifles aflez grandes , fans
compter quelques petites , qui font à fon embouchure :
tout le terrein que cette rivière embrafïe au-deflous de
Madjapait eft de la principauté de Soerabaja.
Le pays de DïAPAN prend ce nom de fa capitale. Il
n'eft point différent du royaume de Madjapait , & avoit
un roi particulier , abfolu ck fouverain dans fes états ;
mais ce prince s'étant engagé dans les guerres civiles de
l'ifle contre le parti que les Hollandois avoient ptis fous
leur proteftion, lacompagnie l'a vaincu & a remis fon
pays au Mataram qui le fait gouverner par une de fes
créatures.
A l'orient de cet état , au bord de la mer , on trouve
la province de Paffaroswan , ainfi nommée d'une ville
de même nom , fur la petite rivière de Gombong , au
bord de laquelle la compagnie a bâti une forterefle. Cette
province eft bornée au midi par de hautes montagnes
nommées Brame. La côte orientale de l'ifle eft divifée
en deux parties très inégales. La plus petite qui eft au nord
contient le royaume de Panaroekan; l'autre plus grande
qui eft au midi, comprend la province de Balamboang.
Cette dernière province eft vis-à-vis de l'ifle de Baly,
autrement la petite Java. Elle eft pleine de forêts ck de
plaines femées de riz. 11 y auffi de hautes montagnes
qui n'ont point d'autre nom fur les Cartes que celui de-
là province.
Presque toute la côte méridionale eft bordée de mon-
tagnes , du côté de la mer , ck au fud de la ville de
Mataram , il s'en détache une chaîne , qui s'avançant
dans l'ifle , devient parallèle à celles du rivage de la mer ,
&t enferme un pays presque inacceflîble. C'eft entre cette
chaîne ck la mer que fë trouve le pays^ de Kadoevang,
qui eft fournis au Soefœhcenan , c'eft-à-dire à l'empe-
reur ; ck les provinces de Panaraga, de Koedaja,
de Poegar , ck autres qui obéiffent au Soerttpati, fou-
verain qui ne reconnoît l'autorité ni de l'empereur ni
de la compagnie Hollandoife , ck fes états font une re-
traite pour les mécontens.
Outre l'espèce d'orge dont jai parlé ck qui a fait don-
ner à l'ifle le nom qu'elle porte , elle produit beaucoup
de riz, ck en fourniroit bien davantage, fi les habitans
moins parefTeux cultivoient les terres avec plus de foin.
On y recueille du poivre , du gingembre , des oignons ,
de l'ail. L'ifle de Java abonde en fruits ; on y a quantité
d'excellentes drogues, d'épiceries, dégommes, de co-
cos, de mangues, de citrons, de concombres, de ci-
trouilles, de bananes, de pommes d'or, &c.
Le gibier n'y manque point, & on y a abondamment des
bêtes domeftiques ck fauvages , des bœufs, des vaches,
des brebis , des chèvres , ck même des chevaux. La vo-
laille , comme les poules , les oies , les canards , les per-
drix , les paons, les pigeons , les perroquets y multiplient
à fouhait.
Les lieux inhabités font peuplés de tigres , de rhino-
céros, de cerfs., de bufles,de fangliers,de fouines, de
chats fauvages , de civettes , de ferpens , de caméléons ;
ck les rivières ont des crocodiles très-dangereux pour
ceux qui s'y baignent ou qui fe promènent fur le rivage
(ans précaution.
3 AU
JAX
La religion des Javans eft la Mahométane , que leur
a portée un Arabe dont le tombeau eft en grande véné-
ration parmi eux. Les Européans y profeffent comme
en Hollande la religion Réformée ; & quoique dans leurs
troupes il y ait desfoldats Catholiques Romains, ils n'ont
aucun exercice public de leur religion.
2. La petite JAVA: on appelle ainfi l'ifle de
Bali , fituée à l'orient de la grande ifle de Java. Voyez
Bali.
JAVAN, LES FILS DE Javan : Javan rut qua-
trième fils de Japhet, & père des Ioniens, ou des
Grecs, tant de ceux qui étoient dans la Grèce propre,
que de ceux qui étoient dans les ides &C dans le con-
tinent de l'Allé mineure , qui s'appelloient propre-
ment Ioniens. Mais anciennement les peuples de Ma-
cédoine, de FAttique, de la Béotie portoient le nom
d'IONIENS.
JAVARIN, ville de la baffe Hongrie ;c'eft la même
que Rab , 8c ce dernier nom lui eft commun avec une*
rivière qui la baigne. «
JAVARIN. Voyez Navarin.
JAV ATE S , ancien peuple de la Pannonie , félon Pline ,
cité par Ortélius. Je crois que ce géographe s eft trompé
pour la citation, ou qu'il a eu quelque exemplaire diffé-
rent de ceux que nous avons ; car je ne trouve ce mot
dans aucune des éditions que j'ai.
JAVE. Voyez Java.
JAVEAU , ifle nouvellement faite dans une rivière par
alluvion , ou par un amas de limon ou de fable.
JAUER , ville du royaume de Bohême , en Silène ,
dans la principauté de même nom, dont elle eft la capi-
tale. Charles IV, empereur époulàAnne , fille de Henri II,
duc de Jauer , lequel après la mort de Bolcon fon frère ,
duc de Schweidnitz, mort fans enfans, hérita de cet autre
duché ; de forte que ces deux états furent aquis, l'an 1368,
à la couronne de Bohême par le décès de Henri II. La
ville de Jauer eft à quatre milles de Schweidnitz, au
nord-ouefl , & à huit de Breflau , au couchant dans la
baffe Siléfie , dans une belle plaine , vis-à-vis des mon-
tagnes de Bohême. Elle eft moins grande que Schweid-
nitz ; il n'y paffe aucune rivière , mais il y a de fortes
murailles, un bon air & une belle églife paroifllale ; un
monaftère de Bernardins , avec une grande citadelle ou
demeure le bailli des deux principautés de Jauer & de
Schweidnitz. A l'entrée de la chancellerie, il y avoit
fur une potte ces deux vers qu'on lit auffi à Delft en
Hollande :
Hic locus odit , amat , punit , confervat , honorât ,
Nequitiam , pacan , crimina , Jura , probos.
La maifon de ville eft affez belle, entourée d'une grande
place dont les maifonsfont bâties avec des galeries- fous
lesquelles on peut aller toujours à couvert des injures du
tems. * Zeyhr , Boh. Topogr.
JAUER, (la Principauté de) contrée du
royaume de Bohême , dans la baffe Siléfie. Elle touche
à la Bohême au midi , & à la haute Luface au cou-
chant ; les principautés de Sagan & de Glogav? font au
nord; les principautés de Lignitz & de Schweidnitz à
l'orient. La rivière de Bober qui y a fa fource la traverfe
du fud au nord. Ses principaux lieux font ,
4SI
Jauer capitale ;
Lemberg ,
Schonau ,
Greiffenberg,
Buntzel ,
Naumbourg,
Lahn,
Fridberg ,
Lubenthal ,
Schmideberg ,
Hirschberg ,
Kupferberg.
JAVAROW , lieu, de plaïfance des rois de Pologne ,
dans la Ruifie rouge, au couchant de Léopol.
JAULA , contrée de l'ifle de Ceilan , dans fa partie
orientale: De l'ifle écrit Jala, ou Yala. L'I doit fe
prononcer comme voyelle. Voyez Yala.
JAUNE. (La Rivière) Quelques-uns appellent ainfi
en françois une rivière de la Chine, dont le nom
Hoang fisjnifie cette couleur. Voyez Hoamho.
JAUNSTEIN, bourg d'Allemagne , dans la baffe
Carinthie , vers les confins de la Carniole. Il y a un châ-
teau fur une montagne affez près de la fource d'une
petite rivière, qui courant vers le nord, fe jette dans
la Drave. Ce nom a la même origine que le fuivant.
Cluvier croit que eft la Juenna , que la Table de Peu-
tinger place dans le Norique.
JAUNTHAL, vallée d'Allemagne, dans la Carin-
thie & la Carniole au midi de la Drave. On tient que ce
mot ne fignilîe que la vallée des Japodes , Japodum vallis.
Jérôme Megiffer auteur Allemand , dans fa Chronique de
Carinthie , feuillet 90 , dit que les Japodes font les Jaun-
thalers ; que les Arupeni ont fondé Auersperg, à peu
de diftance de Loybach ; les Monetii , Mansperg fitué
vers la Carinthie; les Metulli, la ville de Troja, vers
le comté de Cilly , dans la vallée de Medling, ou Méd-
nick , ou Mednitz , & qu'enfin les Vendi ont fondé Win-
dischgratz. Comme encore à préfent la vallée , en allant
de Wmdischgratz vers Mansperg , eft*appellée Jaunthal
ou lavaLlée des Japodes. Il s'accorde en cela avec Jean
Meichior Maderus , qui , dans fon petit livre intitulé
Equeflria , qui eft un Traité du manège , dit que les Ja-
podes, ou Japyges , font auffi nommés Jaunthalers, &
font les habitans de la Carniole. 11 ajoute qu'ils avoient
quatre villes , Metulum , Auruponum d'où viennent ceux
d'Auersperg ; Monetium de-la ceux de Mansperg, &
Vendum, d'où font venus ceux de Windischgratz.
Troja ou Metelum étoit la même ville. Voyez Me-
TULUM. Voyez auffi Japodes. * Zeyler, Styrias To-
pogr. p. 80.
JAVOUX, autrefois ville de France, & préfente-
ment village, dans le Gévaudan dont elle étoit la capi-
tale , félon Corneille. Il croit qu'elle s'appelloit ancien-
nement Gabalus , Gabali , Gabalum ou Anderitum &
Anderidum,&c qu'elle étoit épiscopale. Baudrand parle
auffi de cet évêché qui a été transféré à Mende. Voyez
l'arncle Anderidum. Voyez anffi Gabali. Quelques-
uns ont écrit autrefois Javols &c Javouls. Ce lieu eft
dans les Sevennes , à quatre lieues de Mende.
JA VRON , Gabro ou Gabronium, lieu de France,
dans le pays du Maine au nord, canton autrefois défert,
plein de bois & d'hermitages , qui s'étendoit fur les
limites de la Normandie, entre les rivières de Mayenne
& de Sarte, où plufieurs faints folitaires fe retirèrent
aux v, vi & vu fiécles. Le monaftère de S. Conftan-
tien y a été changé en un prieuré dépendant de l'ab-
baye de S. Julien de l'ours. * Bailla , Topogr. des
Saints, p. 610.
JAUSURDI , petite ville du Cheraffan , à deux jour-
nées de la rivière d'Amù , vers les 87 d. de longitude.
Elle eft à préfent foumife aux Usbecks du pays de Cha-
rasm. C'eft une ville très-médiocre. Hifl. généalogique-
des Tatars, p. 607.
JAWER , Voyez Jauer.
JAXAMÀTjE, peuple ancien de la Sarmatie, vers
l'embouchure du Tanaïs, félon Pomponius Mêla, tel que
l'avoit dit Ortélius. C'eft ainfi qu'on lit dans l'édition
d'Olivarius, c. 10, p. ^o ,fol. verfo. Hermolaùs Barbarus
lifoit Iaxamath£. Pintianus a corrigé JaxamaTvE.
On lifoit autrefois Proximi Xamat£ ; & Gronovius
affure que cette leçon eft conforme à trois manuscrits
qu'il a vus. Holftenius , dans Ces Notes marginales fur
Etienne le Géographe, après avoir avoué, que les ma-
nuscrits portent Xamatœ , croit que 1'/ initial d'e ce
mot a été abforbé par l'z final de mot précèdent , qui
eft proximi , & qu'il faut lire proximi Ixamata ; cette
conjecture a paru fi raifonnable à Gronovius , qu'il l'a
adoptée dans fon édition. Mais Voffius a foutenu que
par cette même raifon il falloit lire Examatx , parce
que les meilleurs manuscrits portoient Proximi Xama-
tee ; de-là vient qu'il veut qu'on life Proximi Exama-
tce. Il faut convenir que XAMATiE eft une faute des
copiftes. Mais il n'eft pas fi certain lequel des trois au-
tres noms eft le véritable. Ptolomée , l. 5 , c. 9; Etienne
le Géographe ; & Ammien Marcellin , /. 22 , c. 8 ,
p. 314 , edit. Valef. appellent ce peuple Jaxamatje.
MM. de Valois affurent que tous les manuscrits & l'édi-
tion de Rome ont IxOMAT>£. Valerius Flaccus , dans
fon Poème des Argonautes , /. 6, y. 143 , dit :
Sua fignafecuti
: , Toriniqut & flavi crine Sat,
Il défigne ainfi h manière de vivre de ces trois peuples,,
Temt III. H m m
JAY
4T 8
Les Torins vivoient de la récolte du miel qu'ils avoien'
en abondance ; les Satarques fe nourrifîoient du lait de
leurs troupeaux, 8c les Exomates fubfiftoient de la chaffe :
Mellis honos Torinis ; ditantfua mulclra.Satarch.cn ;
Exomatas venatus alit.
Ils avoient d'excellens chevaux , avec lesquels ils cou-
roient jusqu'à Hypanis , emportant avec eux les petits
d'une tigreflé , ou d'une lionne dont ils évitoient la fu-
rie en traverfant la rivière à la nage :
Nec clarior utils
Arclos tquis : abeunt Hypanim , fragilemque pcr un-
dam,
Tigridis aut fœvtz profugi cum proie Leœnœ ,
Mœjlaqm fuspeclte mater Jlupet aggere ripa,
Ptolomée donne trois villes aux Jaxamates, »
JAZ
Exopolis,
Navarlus ,
tkTa
Le nom $ Exopolis , qui étoit la principale des trois,
femble favorifer ceux qui préfèrent le nom d'Exomatœ
pour exprimer cette nation.
JAXART./E, ancien peuple de la Scythie, en-deçà
de l'Imaiis ; c'eft, dit Ptolomée ', /. 6 , c. 14,^ un grand
peuple qui habite le long d'une rivière de même nom.
Voyez Jaxartes.
JAXARTES, rivière d'Ane, dans laSogdiane, félon
Ptolomée, /. 6, c. 12, parce qu'elle bornoit ce pays
au nord ; mais on auroit pu également la mettre dans
la Scythie qu'elle bornoit au midi. Strabon , /. il, par-
lant de la Sogdiane , dit qu'elle étoit féparée de la Bac-
triane par l'Oxus , & des Nomades par le Jaxarte. Pline
<lit que le Jaxarte étoit nommé SlLlS par les Scythes.
Il ajoute qu'Alexandre & fes foldats le prirent pour le
Tanaïs. L'erreur eft grande , car ils en étoient bien loin ;
mais fi elle eft excufable dans des gens de guerre, qui
étoient déforientés , elle n'eft point pardonnable à
Quinte Curce, qui appelle toujours Tanaïs, cette rivière,
/. 6 8c 7 , 8c ailleurs. 11 eft vrai qu'Arrien , /. 3 , in fine,
fait la même faute ; mais ce dernier diftingue deux Ta-
naïs ; Se en parlant de celui dont il eft ici queftion , 1 il
dit que les Barbares l'appellent Orxante ; qu'il a fa
fource dans le mont Caucafe , 8c fe perd dans la mer
d'Hircanie. C'eft la même que nous appelions la mer
Caspienne , 8c ces marques ne conviennent point au vrai
Tanaïs , qui eft le Don. On peut voir le cours de cette
rivière au mot SlHUN , qui eft le nom moderne que les
hiftoriens lui donnent.1
JAXT, rivière d'Allemagne, dans la Souabe. Elle
prend fa fource clans la prévôté d'Elwangen , qu'elle
traverse du fud au nord , arrofe Efwangen ; après quoi,
inclinant vers le nord-oueft, elle va fe rendre dans le
Necker, vis-à-vis de 'Wimpfen.
JAYCK. Voyez Jaïck, rivière d'Aile , dans laTar-
tarie.
JAYCZA , ville de la Turquie , en Europe , au
royaume de Bosnie , dont elle eft la capitale. De l'Ifle
écrit Jaïcza. Elle eft peu éloignée des confins de la
Croatie , en un lieu où les rivières de Plena (Plina,)
Boczuta 8c Worwacz fe joignent , & vont ensuite
fe perdre dans la Save. Jaycza eft au midi , & à cinq
milles communs de Hongrie de Gradisch , au nord oc-
cidental , 8c à neuf de ces mêmes milles de Bagnaluch,
qui eft la réfidence du Beglierbey de Bosnie. Baudrand
ne compte que cinq milles d'Allemagne de Jaycza à Ba-
gnaluch. C'eft une erreur , la diftance eft au moins de
onze milles communs d'Allemagne. 11 ajoute qu'elle n'eft
qu'à huit milles de la Drave. Il fe trompe encore de
plus de la moitié ; car, à entendre des milles d'Allema-
gne , il y en a au moins feizë ou dix-fept. D'ailleurs la
Save étant entre la Drave 8c Jaycza , il étoit plus natu-
rel de compter la diftance à la Save , qui eft de cinq
petits milles d'Allemagne. Selon cet auteur , elle eft fur
une montagne escarpée , avec un fort château , proche
la rivière de Varba.
De l'Ifle, dont j'ai fulyi la Carte de la Hongrie, pu-
bliée en 1703, change bien la fituation de cette ville
dans fa Carte particulière de la Hongrie, publiée en 1717.
Jaïcza y eft placé bien différemment. On voit en effet
cette place fur une montagne à l'orient de la rivière de
Pliva , qui va de-là en ferpentant , fe groffir des eaux de
la Verbanja , rivière qu'elle reçoit avant que de pafief
à Bagnaluca ou Banjaluca. Elles coulent ensemble
fous le nom de Verbas , jusqu'à la Save , dans laquelle
elles fe perdent vis-à-vis de Swiniar. Dans la première
de ces Cartes, Jaïcza eft entre Gradisk & Bagnaluch;
& dans la dernière Carte , c'eft cette dernière ville qui
eft entre les deux autres ; & Jaïcza fe trouve à près de
fix lieues communes d'Allemagne , au midi de Banja-
luca , & à douze de la Save.
. JAYOS ou Jaos , peuple de l'Amérique méridionale.
Voyez Yaos.
JAZABATjE , ancien nom des Sarmates, félon Epho-
rus , cité par Etienne le Géographe , les mêmes peut-
être que les Ixamates, Jaxamates ou Exomates. Voyei
l'article JaxaMATjE.
1. JAZER, torrent de la Paleftine , près des monta-
gne* de Galaad. Il fe décharge dans le Jourdain.
2. JAZER, ville de la Paleftine , au pied des monta-
gnes de Galaad , & près du torrent de Jazer, au-delà
du Jourdain ; elle fut donnée à la tribu de Gad , puis
cédée aux Lévites. On la nommoit auffi Jaser 8c Je»
zer. * Jofué, c. 21 , v. 36 ; Se c. 13 , v. 25.
JAZIS. Voyez Jazyges.
JAZITHA, ville de la Libye intérieure , félon Pto-
lomée , /. 4, c. 6. Quelques exemplaires portent Jar-
zitha , d'autres Jarzetha, l'aftyi» -mxic. C'étoitune
ville maritime, fur l'Océan Se voifine du fleuve Darate.
JAZYGES , peuple de la Sarmatie , en Europe , au-
delà de la Germanie à l'orient. Ptolomée , /. 3 , c. <j ,
dit; la Sarmatie contient de grandes nations. Les Ve-
nédes s'étendent le long du golfe Vénédique ; au-deffiis
de la Dacie , font les Peucins & les Baftarnes , &c les
Jazyges font le long des Palus Méotides. Il ne faut pas
confondre ces Jazyges avec ceux de l'article qui fuit.
JAZYGES MetanastjE , ancien peuple voifin de
la Dacie. Il demeurait entre la Theifle Se le Danube.
Le furnom de Metanaftœ. les diftinguoit des autres Jazy-
ges , fitués près des Palus Méotides , 8c qui étoient dans
la vraie Sarmatie. Pline, /. 4, c. 12, parlant de ces
Jazyges , voifins des Daces , les nomme Sarmates. Ja-
zyges Sarmata, Strabon, l.j , p. 306 , dit les Jazy-
ges Sarmates ; mais , comme Cafaubon l'a fort bien re-
marqué , il parle des Jazyges , voifins des Palus Méoti-
des ; ci le. P. Hardouin qui entend par les Jazyges
Sarmates de Strabon, les Jazyges Sarmates de Pline,
s'eft trompé , (ans doute. Strabon parle auffi des Jazy-
ges, furnommés Basilii , dont nous parlerons après.
Pour ce qui eft de ceux dont il eft ici queftion, ils
font auffi qualifiés Sarmates par Tacite , Annal. I. 12 ,
qui parle de ceux qui n'étoient pas éloignés du Da-
nube ; c'eft auffi de cette même nation que parle Mar-
cien d'Hiraclée dans fon Périple, edit. Oxon. p. 55.
JAZYTGES,fumommésBASiLii , c'eft-à-dire royaux f
ancien peuple de la Sarmatie , félon Strabon , /. 7 ,
p. 306 , qui les joint aux Jazyges voifins du Pont-Euxin.
Il eft vraifemblable qu'ils ne diffèrent point des Basi-
LISC/EI, peuple de la Sarmatie Afiatique , félon Ptolo-
mée , 2. 5 , c. 9, B«cnA/<™â<o<. Pline, l. 4 , c. 12, les
nomme BaSILID* , 8c dit que le Gerrus les féparoit
des Nomades. Appien , Bell. Mithridat. les appelle
BanMiov ^twft>fiârcu. Pomponius Mêla , /. 2 , c. 1, avoit
dit avant Pline , que les Bafilides Se les Nomades font
féparés par le Gerrus.
Baudrand dit que les rois de Pologne ayant défait les
Jazyges , ils fe retirèrent au-delà du mont Crapax , en-
tre la Theifle tk le Danube, ck ceux-là, ajoûte-t-il,
s'appelloient Jazyges Metanajles. Corneille nous ap-
prend que Cromer , /. 9 8c 10; &C Michovius , /. 3 -y
nous apprend que les Jazyges furent abolis presqu'en-
fièrement, en 12(34, Par Boleflas, furnommé leChafley
roi de Pologne; 8c en 1282 , par Lescus. (Il deyoit
direLeszko, furnommé le Noir,) 8c que .pluueurs d'en»
tr'eux fe retirèrent dans la haute Hongrie. Il avoit puifé
dans de mauvaifes fources. Baudrand 8c lui fe trompent;
car dès le tems de Ptolomée , bien des fiécles avant que
la Pologne eût des rois , les Jazyges-Métanaftes étoient
auprès de la Theifle Ô£ du Danube. Ptolomée, /. 3 ,
IBA
1BE
c. 7, qui fait pour eux un chapitre exprès , le dit bien
formellement. Voici une traduction littérale de ce cha-
pitre.
» Les Jazyges Metanaftes font bornés au nord par la
» partie de la Sarmatie , que l'on a expliquée en parlant
» de l'Europe.
» Au midi par les monts Sarmates , jusqu'au mont
» Krapack.
» Au couchant & au midi par la partie de la Ger-
» manie , qui s'étend depuis les monts Sarmates , jus^
» qu'au détour du Danube , auprès de Carpis , & de-là
»par une partie de ce fleuve, jusqu'au détour de la
» Théine , qui prend fon cours vers le nord. Ce détour
» eft par les
Longit. Latin
46 d. 61 44a. 15.
» A l'orient par la Dacie , le long de la Theiffe , qui les
» borne du côté du levant , jusqu'au pied du mont
» Krapack , à 46 d. de longitude ,
48 d. 30' de latitude.
Les villes des Jazyges Metanaftes font ;
Longit.
\ï$
Uscenum ,
43-
l1-
48.
Bormanum ,
43-
40.
48.
Alieta ou Abicla,
43-
20.
48.
Trifum,
44.
10.
47-
Candanum,
44.
0.
47-
Parca,
43-
30.
47-
Peffïum ,
44.
40.
47-
Parliscum.
45-
0.
46.
' Vers la décadence de l'empire, ce pays fut occupé par
les Vandales , &C fut enfuite de l'empire que les Goths
fe formèrent dans ces quartiers-là ; vers l'an 350, ils en
furent chafles par les Huns. Tous ces changemens ont
précédé l'éreftion du royaume de Pologne , qui n'a été
faite qu'en 999.
Les Jazyges , dont parle Ovide , de Ponta , 1. 1,
Epifi. 2, v. 79 :
Aut quid Sauromam faciant , quld Jazyges acres,
Cultaque Orejlece Taurica terra Dea.
Et 1. 4, Eleg.j,v. 9 :
Ipse vides onerata ferox ut ducat Iaçyx ,
Per médias IJiri plaujlra bubulcus aquas.
Et Trifi. 1. 2, Eleg. 1 , v. 191 :
Jazyges & Colchi metereaque turba , Gettzqut
Danubii mediis vix prohibentur aquis.
Et in Ibim , v. 372
Pugnabunt jaculis dum Thraces Iagyges arcu ;
Dum tepidus Ganges , frigidus ljler erit.
Ces Jazyges , dis-je , ne font pas aflez déterminés
pour décider qui font ceux dont il a voulu parler. L'abbé
de Marolles femble croire que ce peuple s'étendoit de-
puis le Danube , jusqu'aux Palus Méotides ; mais il n'y
regardoit pas de fort près. On pourrait croire que le
premier diftique cité , regarde les Jazyges voifins de la
Cherfonnèfe Taurique , & que le fécond fe rapporte à
ceux qui étoient bornés par le Danube.
IBAEI , KZ,oi , peuple ancien de la Celtique. On le
nommoit auffi Ibeni , félon Etienne le Géographe , le
feul qui en ait parlé.
1. IBALIA , montagne de la Dalmatie, vers la ville
de Scutari , &c le lac de même nom. On la nomme pré-
fentement il Monte Negro , félon Baudrand ,
éd. 1682.
2. IBALIA. Ortélius cite ce vers de Coripus :
Arcefub IbaViâ Laértia lamina Jervans.
mais il n'explique point en quel pays étoit cette citadelle.
IBAN, ville de 1 Arménie, dans la province de Baas-
pracan, dont elle étoit la métropole, félon Curopalate
& Cedrene. Léunclavius croit que les Turcs l'aopellent
¥an. * Oml. Thef.
1. IBAR, ville de la Turquie, en Europe, dans la
Servie , fur la rivière d'Ibar. De l'Ifle écrit Hibar le
nom de la^y-ille &' celui de- la rivière. Elle eft petite,
fituée au midi oriental de Novi-Bafar , à la diftance de
trois lieues communes d'Allemagne.
2. IBAR, (l') ou Hibar, rivière delà Turquie,
en Europe : elle a deux fources dans les montagne; qui
féparent l'Hertzegovine d'avec la Servie. Elles joignent
leurs eaux dans un lac d'où fortant vers l'orient , &C
circulant ensuite vers le nord , cette rivière pafle à Ibar,
g. à Vendeniz , g. à Vivetarone , d. & va fe perdre
dans la Rasca , qui vient de Novi-Bafar , avec laquelle
elle va fe jetter dans la Morave , auprès de Jallichilar
ou Cruscowaz. * De l'IJle , Carte de Hongrie.
IBA YC AVAL, (l') rivière d'Espagne, 'dans la Bis-
caye. C'eft la même que leNERVIo , félon Baudrand,
éd. 1705. Elle a fa fource à l'extrémité méridionale de
la Biscaye , près de la Puebla, aux confins d'AUava &
de la vieille Caftille , auprès de la Puebla. De-là fer-
pentant vers le nord-eft , elle arrofe MeiTana , d. Ho-
rozzo , g. Reta, d. reçoit un autre ruifleau, d. puis un
autre , d. au-deffus de Bilbao , qu'elle baigne ; après quoi,
elle fe jette dans la mer de Basque , formant à fon em-
bouchure un port nommé Puerto Galette. * Jaillot.
Atlas.
IBE, ville & principauté d'Espagne , dont parle Tite-
Live , /. 28, c. 21 , à l'occafion de Corbis & Orfua,
deux princes, coufins-germains, qui fe la disputèrent par
un duel.
IBEDA , ou félon quelques exemplaires Ibida, ville
de la Scythie , félon Procope , Atdific. 1*4 , c. 7. Jus-
tinien en fit réparer les murailles , &C fit bâtir au-delà un
fort nommé Êgifie.
1. IBENI, ancien peuple de.Lydie, félon Etienne le
Géographe , qui les nomme auffi Iaonit^e.
2. IBENI, ancien peuple de la Gaule, félon le même:
on les appelloit auffi Ibaei.
1. IBER, nom latin de I'Ebre, rivière d'Espagne:
on difoit plus communément Iberus.
2. IBER, nom latin , par lequel on exprime un Es-
pagnol, fur-tout dans les vers où la mefure amené ce
mot , pour la commodité de la poëfie.
IBERA, ancienne ville d'Espagne , fur I'Ebre , félon
Tite-Live , /. 23 , c. 28 , qui en parle comme d'une ville
très-riche, lorsque les Romains la prirent. On n'en con-
nojt plus la fituation. Quelques-uns ont cru que c'étoit
Dertofa ; mais De Marca , Hispan. 1. 2 , c. 8 , p. 1 17 ,
a prouvé que cela ne peut pas être. Avienus , dans fa
Description des côtes de la mer, en vers latins, parle
auffi de cette ville, fi nous en croyons Ortélius; mais
je ne trouve dans Avienus , que le nom d'HERBI ; Or*
télius, Ora marit. v. 244 & fuiv. lifoit HlBERA.
Quin & Herbi Civitas
Stetiffe fertur his locis priscâ die :
Qtiee prœliorum abfumpta tempejlatibus ,
Famam atque nomen j'ola liquit Cespiti.
Iberus inde manat amnis , & locos
Fœcundat undd.
Antoine Auguftin, dans fon troifiéme Dialogue , lit fur
une ancienne médaille Mun. Hubera Setia, par laquelle
on entend cette ville.
IBERCON , baronnie d'Irlande , dans la province de
Leinfter. C'eft une des onze qui compofent le comté de
Kilkenay. "Etat prèfent de l Irlande, p. 41.
1. IBERIA , nom latin de l'Espagne ; elle étoit
ainfi nommée à caufe de I'Ebre , lber ou Iberus , qui
la féparoit en deux parties , l'une aux Carthaginois ,
& l'autre aux Romains , avant que ces derniers l'euf-
fent entièrement conquife. Voyez l'article Espa-
gne.
2. IRÇRIA, nom latin d'une contrée de l'Afie, en-
tre la mer Noire & la mer Caspienne. Ptolomée en
marque ainfi les bornes. Elle étoit terminée au nord
par une partie de la Sarmatie , à l'orient par l'Alba-
nie, au midi par la grande Arménie , & au couchant
Tome III. M mm ij
460
IBI
ICA
la Colchide. Voici les villes & les bourgs qu'il y
Nubium ou Lubiu
72, village,
Sura ,
Aginna ,
Artanijfa
Vafceda,
Meftleta ,
Varica,
ZaliJ/a,
&c Armactica.
L'Ibérie, dont nous parlons ici , eft furnommée Afla-
ùqut , pour la diftinguer de l'Espagne , qui_ eft l'ibérie
d'Europe. Les éciiteurs de Ptolomée fe font étrangement
égarés , quant à la marge du chapitre déjà cité , ils ont
ajouté cette remarque ridicule. Ibiria Eoa quondam
Pana dicta , poftea Spaniam vocat Plutarchus. Ce n'eft
pas que Plutarque ait jamais rien dit de pareil. Mais un
autre Plutarque , qui s'appelle le Géographe, parlanr de
Bacchus , dit qu'il affembla une armée de Pans & de
Satyres , & qu'il fubjugua les Indiens. Il ajoute qu'ayant
fournis FIbérie, il laifla Pan pour y commander; que
celui-ci lui donna fon nom , & l'appella Pania , d'où
eft venu enfuite le nom de Spania. Il eft vifible que
Plutarque parle ici de l'Espagne ou Ibirie Européenne ,
& non point de l'ibérie Ajiatïque. Cette dernière eft
préfentement cornprife dans la Géorgie.
IBERICUM MARE, ou Iberum mare, nom latin
de la mer d'Espagne.
IBERINGjE ^Kmyyv , ville de l'Inde , au-delà du
Gange , félon Ptolomée , /. 7, e. 2.
IBERIUM , nom latin d'IvRY.
1. IBERUS , nom latin de I'Ebre. Voyez ce mot.
1. IBERUS , petite rivière d'Espagne , dans la Béti-
que. On l'appelle Rio TlNTO. Voyez ce mot. Florien
del Campo, dit de Rio Tinto , qu'on le nommoit autre-
fois Jberus; & c'eft de cette petite rivière qu'Ortélius en-
tend ces vers, de Feftus Avienus , Ora mark.
Iberus inde manat amnis & locos ,'
Fxcundat undâ. Plurimi ab ipso ferunt
Diclos lberos ; non ab Mo fiumine
Quod inquietos Vascones pralabitur. '
Ce fleuve qui coule chez les Vascons eft I'Ebre. N'en
déplaife à Avienus : il a beau dire que c'eft l'opinion
du plus grand nombre , que les Espagnols prenoient
leur nom Iberi de cette petite rivière qui coule dans
l'Andaloufie : il ne le perfuadera point à ceux qui font
ufage de leur raifon.
3. IBERUS , petite rivière dans l'ibérie Afiatique.
Pline, 1.6, c. 10, dit qu'elle lé perd dans le Cyrus.
IBERUS. Nonius dit, lur l'autorité de Caton, qu'une
rivière nommée ainfi, avoit fa_fource chez les Cannâ-
tes ; mais ce dernier nom eft inconnu d'ailleurs.
IBETTES , rivière de l'ifle de Samos , félon Pline ,
/. 5, c.31.
IBI , peuple des Indes. Diodore de Sicile , /. 17, rap-
porte une ancienne tradition , félon laquelle ce peuple
tiroit fon origine d'Hercule, qui l'avoit laiffé là après
la vaine tentative qu'il fit pour fe rendre maître d'Aorne.
Orolé, /. 3, c 19, le nomme SlBI ou Sybi. Juftin
l'appelle Asybi , & Quinte-Curce Sobii , felôn Orté-
lius , qui croit que le nom lbi eft le vrai , &c que Y s
n'eft entrée dans ce mot que par l'erreur des copiftes ,
qui l'ont prife du mot précédent qu'elle finifloit , pour
la mettre au commencement du mot fuivant. On en a
quantité d'exemples.
IBIDINGES, fiége épiscopal dans l'Ifaurie, dont on
trouve que Bajilius étoit évêque. * Harduin. Colleft.
conc.
IBIONES ou Vibiones , ancien peuple de la Sar-
matie , en Europe ; félon Ptolomée , /. 3 , c. 5 , ils
étoient entre les Nasci &C les Idm.
IBIRTHA, ville de l'Arabie heureufe , félon Ptolo-
mée, l. 6, c. 7. Elle étoit dans les terres,
IBIS. Voyez Oasis.
IBITTI. Voyez Vit*.
IBIU , lieu d'Egypte , entre Oxyrinchon & Hermu-
polis , à trente mille pas de la première , &: à vingt-
quatre mille de la féconde. Ortélius en fait Se ville ;
ce n'étoit qu'une manfion ou un gîte, comme le dit beau-
coup mieux Surita. Platon , dans un de fes Dialogues ,
fait dire à Socrate : J'ai ouï dire qu'auprès de Naucratis
d'Egypte , il y avoit un des anciens dieux à qui étok
confacré l'oifeau Ibis , & que ce génie s'appelloit Theuih.
Surita croit que ce paffage regarde Ylbiu d'Antonin ;
mais Platon ne parle que d'un dieu , &c d'un oifeau
nommé Ibis ; il ne dit point que le lieu portât ce nom.
IBLIODURUM, ancien lieu de la GatUe Belgique,
félon l'Itinéraire d'Antonin , fur la route de Durocorto-
rum, qui eft Reims, à Divodurum . qui eft Mtt{, entre
Fines & Divodurum ,.à fix milles de l'une, &à huit
de l'autre ; ainfi ce lieu doit être à huit milles de Metz en
allant à Verdun. On croit que c'eft CONFLANS en Jar-
nifi. Voyez ce mot.
IBORA , 'iCd&, ville d'Afie, dans la Cappadoce ,
félon Porphyrogenete , cité par Ortélius , Thef. On lit
dans la Notice de Hierocles, entre les fept villes épisco-
pales de la province d'Hélénopont , Ibyra, 'ISé^..
IBORG, Iburg , petite ville d'Allemagne , au cer-
cle de Weftphalie, dans l'évêché d'Osnabrug , à trois
lieues de la capitale. Les évêques d'Osnabrug y ont fou-
vent fait leur réfidence (a). Cette ville fut priie (i>) l'an
1 553 j Par Philippe Magnus , fils de Henri le Jeune , duc
de Brunswig , qui y fit un riche butin. (a) Hubner ,
Geogr. p. 503. (b) Zeyler , Veftph. Topog. p. 54.
Chytmi Saxon. /. 18.
1BOS , petite ville de France , dans la Bigorre , à
deux lieues au couchant , de la ville de Tarbes.
IBRAHIMLIC, lieu de Perse, à vingt-fept lieues
de Bagdat , vers le Curdiftan : il eft remarquable par
le maufolée d'un Santon mort en odeur de fainteté
dans l'opinion des Mahométans. C'eft pour le moins
une bourgade. * Hijl. de Timur-Bec, 1. 3, c. 30.
IBRICKAM , baronnie d'Irlande , dans la province de
Connaught. C'eft une de celles qui compofent le comté
de Thomond. * Etat préf. de la Gr. Bret. t. 3.
IBRIONES , ancien peuple d'entre les Germains , fé-
lon Jornandes. Lichtena*-, Fréculphe, Paul le Diacre ,
liîènt Briones , Olibriones &C Labrones. Ortélius , Thef.
de qui j'emprunte cet article , croit que ce font les
Breones, dont parle Caflîodore, VariarA. 1, ou,
& que Fortunat , de Fitd D. Martini , l. 4, les nomme
Brei. Velfer les met entre le Lech & l'Inn.
IBROS. Baudrand avoit dit dans fon Diiftionnaire
latin , qu Iberia , petite ville de l'Espagne Bétique , eft
préfentement un petit village de l'Andaloufie , diftant
à peine d'une lieue de Baéça , & qu'on l'appelle pré-
fentement ïbros. 11 cite pour garant Martin. Ximenès.
On lui fait dire dans le Dictionnaire françois , qui porte
fon nom , qu'Ibros , s'appelle en latin Ibtrta , & qu'il
eft à une lieue de Barca , du côté du nord. Ce font ap-
paremment deux fautes des copiftes.
IBS. Voyez Ybs 1 & 2.
IBYLLA, ville de la Tartéfie, où fe trouvent des mi-
nes d'or &c d'argent , an rapport d'Etienne le Géogra-
phe. On doute Vil ne faut pas lire Ilipa.
ICA , rivière de l'Amérique méridionale. Voyez
PUTUMAYO.
ICAMPENSES, ancien peuple de la Mauritanie, fe»
Ion la Table de Peutinger, Segm. 1.
ICANONA. Voyez Ticanona.
ICANUM, &
ICANUS , rivière de Dyrrachium , ainfi appellée à
caufe d'une fortereflè ou d'un château de même nom ,
félon Vibius Sequefter, ^.52, edit. Hejfelii. Quelques
exemplaires portent Ij'amnus Dirrachi ; d'autres Icani-
nus. Les manuscrits nomment auffi différemment le châ-
teau ldano , Icano &: Ifano.
ICAR, montagne de la Scythie , en Afie, félon Cal-
lifte , qui femble la nommer auffi le MONT d'or, Mons
aureus.
1. ICARIA , 'Ue/«, félon Ptolomée , l. 3', c. iy,
ICAROS, félon Solin, Lu-, p. 22, edit. Salmaf. &C
Etienne qui la nomme auffi DoLlCHE , Aflài'x» 5 Ma-
CRis, MMej;, & Ichtioessa. Pline, L 4, c. 12,
dit de même ; & Ortélius y ajoute Apollodore ;, Hé-
raclide & Athénée. Cette ifle a pris fon nom d'Icare,
félon les poètes.
Icants Icarias nomine fecit aquas.
Pauianias, i* BmâtU , dit qu'avant la chute d'Icare
IC
ICC
elle éîoit nommée Pergame : fon nom moderne eft Mi-
carie. Il eft formé Je 1 ancien nom , &de la prépolîtion
hi, qui répond à notre prépoficion en.
z. ICARIA. Voyez Icarius.
ICARIUM , ifle du golfe Perfique, vis-à-vis del'em-
bouchure de l'Euphrate. Strabon , /. 16, p. 766, dit,
qu'en partant de Térédon , rx côtoyant le continent à
main droite , on voit l'ille d'Icarium, où étoit un tem-
ple & un oracle d'Apollon. Arrien , dans FHiftoire
d'Alexandre, /. 7, p. 487, la nomme Icaros ; Pline,
1.6, c. 28, l'appelle Ichara; 5t Ptoiomée, 1.6, c.j,
qui la met fur la côte de l'Arabie heureufe , la nomme
Ichara & Icaros , félon les divers exemplaires. Pris-
cien , dans ia Periégefe , v. 607 , en parle ainfi :
Perfïcus indc jlnus penctratur , & Icaron offert
Infula que fertur niniiùm placare Dianam.
4-6 I
Denys le Periégete , v. 610, dit la même chofe de ce
culte rendu à Diane dans cette ifle , qu'il nomme auffi
'lzapés. Le géographe de Nubie, 6. pan. 2. Clim.p. 56,
l'appelle Comar. Quelques-uns croient que c'eft préfen-
tement fi fie de Bahrain.
ICARIUM MARE. Les anciens ont appelle ainfi
cette partie de l'Archipel , qui eft aux environs de la mer
de Nicaria.
ICARÎUS , montagne de Grèce , dans l'Attique , fé-
lon Pline , /. 4, c. 7 -, &c Solm , c. 7, p. 23 , édit. Sal~
maj. 6k Strabon , qui nomme les autres montagnes , de
même que Pline, ne fait point mention de celle-ci; ce-
pendant Ortélius le cite comme s'il l'avoit auffi nom-
mée. Cette même montagne eft nommée Icaria , par
Etienne ; ou plutôt il appelle ainfi le peuple qui l'habi-
tait. Icaria, dit-il, eft un peuple de la tribu jEgéide,
qui tire fon nom d'Icanus , père d'Erigone. Le nom na-
tional eft Icancn, '\xoftiJs. Spon, dans fa lavante Lifte
de l'Attique, dit de même : Icaria, de la tribu Egéïde,
étoit une petite montagne de l'Attique , parmi les peu-
ples de laquelle avoit été premièrement facrifiée la chè-
vre , pour avoir ravagé les vignes ; & ce fut auffi chez
eux que fut inventée la comédie. Il renvoie ensuite à
Athènes ancienne &. moderne , p. 278 , & aux marbres
d'Oxford, p. 20;.
ICARTA , ''zajni, ville de l'Inde , en -deçà du
Gange , félon Ptoiomée , /. 7 , c. 1 ; il la met au pays
des Arvarni , dans les terres.
1. ICARUS , fleuve d'Alie , dans la Scyrhie. C'eft
un de ceux qui groiTuTent l'Oxus, félon Pline, /. 6,
c. 17.. Ptoiomée , /. 6, c. 11 , qui nomme fept rivières
qui tombent dans l'Oxus , ne far point mention de -1*1-
carus ; d'où le P. Hardoum conclut qu'il l'a oublié , ou
qu'il Ta déligné fous un autre nom.
2. ICARUS. Voyez Icarium.
3. ICARUS, nom lat.n de l'EYGUES , rivière de
France , dans le Dauphiné.
ICARUSA , rivière de la Sarmatie , en Afie , au
pays des Cercetes , félon Pline, l. 6 , c. 5.
ICATALjE, peuple d'Afie, dans la Sarmatie, félon
Pline, L 6, c. 7, qui les étend jusqu'au Caucafe.
ICAUNÀ , nom latin de I'Yonne, rivière de France.
L'auteur de la Vie de S. Germain , dit en parlant de
cette rivière :
Cl:
prim
Icaun
largila vetujîas.
Voyez le nom françois.
ICC1UM. Voyez IciUM.
ICCIUS Portus, ou Itius Portus, ancien port
de la Gaule, fur la Manche. On varie fur l'orthographe
de ce mot. Céfar , de Bell. Gai.'. L s; , c. 5 , en fait men-
tion, & écrit Itius Portus. Fulvius Urfinus attefte que
tous les anciens manuscrits portent conftamment ad Por-
tum hium , & que toutes les médailles d'argent ont le
nom Itius ainfi écrit. Strabon, /. 4, écrit de même
Itium , °ln"v , & le met chez les Morins , ajoutant que
Céfar paffa de-là en Angleterre. Il femble que le tra-
ducteur Grec des Commentaires de Céfar n'ait fu la-
quelle préférer de ces deux orthographes , & qu'il ait
voulu les réunir eu écrivant 'U-no-.. Céfar pafla deux
fois des Gaules en Angleterre ; <k il eft dit au premier
pafiage, /. 4, c. 11 , qu'il fe rendit chez les Morins, &:
que c'étoit l'endroit où le trajet eft le plus court pour
arriver en Angleterre. In Morinos proficiscitur , quod
inde erat brevijjimus in Britanniam transjeelus. Il y a
bien de l'apparence qu'il partit du même port, lorsqu'il
parla la mer , pour la féconde fois ; 6c le port y eft ex-
preflement nommé.
Les uns , comme de Thou , Vigenere , Marlien , &
quelques autres prétendent que c'étoit le port où l'on a
bâti "depuis ia ville de Calais. Cluvier, JofephScaii-
ger, ' Sanfon & quantité d'autres prétendent que c'eft
Boulogne. Ce dernier s'eft donné la peine de com-
pofer un traité où il foutient cette opinion ; mais tous
tes ran'onemens ne prouvent point que Boulogne ait
été le port dont il eft queftion ; ils prouvent feulement
l'antiquité de cette ville; ce queperfonne ne s'éroit avifé
de coutelier.
Le P. Malbrancq Jéfuite, dins fon Hiftoire des Mo-
rins, veur que le port en queftion ait été un lieu que
l'on appelloit Suhiu. Outre la reflemblance de Portus
Itius avec ce nom, il trouve que la mer faifoit alors un
golfe dans les terres , depuis la pointe du village de
Sangate , au couchant de Calais , jusqu'au château de
Sithiu , aujourd'hui S. Orner , où l'on a trouvé des an-
cres & des reftes de navire , &C où font reftés des crocs
de fer ausquels on attachoit les vaifïeaux. Tout ce pays-
là, dit- il , porte encore des marques de fon ancienne inon-
dation. Ce fentiment a été réfuté par Cluvier: je doute
même qu'il eût befoin de l'être.
Co'nme Céfar parle de trois ports , dont l'un étoit
au-deffiis & l'autre au-deflous à' Itius Portus , qui étoit au
milieu; ceux qui font pour Boulogne, veulent que le
port au-deftbus ait été le Portet ; ce qui n'eft guè-
res vrailèmblable. Il y a plus d'apparence à dire avec
Du-Cange , DiJJertat.fur la Vice S. Louis, que Bou-
logne étoit le premier de ces ttois ports ; que le troifiéme
étoit au même lieu où l'on a depuis bâti Calais, &que
c'eft entre Boulogne & Calais qu'il faut cherches ['Itius.
Whijjand , Y/ijJ'an , ou Whijjant , eft fitué à quatre lieues
(près de cinq) d'Artois, au nord de Boulogne, à l'en-
droit où le détroit qu'on nomme le Pas de Calais eft
le plus refterré . & d'où le trajet pour paffer en Angle-
terre eft le plus court. Son nom fignifie originairement
Sable blanc, Witsand ; les Romains n'ayant point
de double W , l'ont omis , & avec une terminaifon la-
tine , en ont fait Itius , Iccius , ou même Itcius. C'eft
préfentement un bourg affis fur le rivage de la mer,
entre Boulogne & Cafais , compofé d'environ quatre-
vingt feux, fans compter trois ou quatre hameaux qui
en dépendent. Il n'y a ni porte , ni foffés , ni rien qui
ferme ce bourg, ni même aucun refte de vieilles mu-
railles qui marquent qu'il ait été autrefois fermé. On
trouve une chapelle au bout du bourg du côté de Bou-
logne ; mais I'églife paroiffiale eft au hameau de Sombres,
diftant environ de deux ou trois cents pas ; entre cette
églife & le bourg, eft ce qu'on appelle la Motte du.
Chàtel , qui peut avoir en longueur quarante toiles, &
dont la figure eft ovale. Il y a au bout du bourg quel-
ques reftes de vieux bâtimens , que l'on dit avoir fervi
de magazin pour l'étape des laines , qu'on y apportoit
d'Angleterre & de plulieurs autres endroits; ce qui juftirie
que le bourg a été de plus grande étendue. En effet
FroiiTard lui donne le titre de grojfe ville; &r les hifto-
riens nous font allez voir qu'il étoit confidérable par fon
port, qui étoit le lieu où l'on s'embarquoit ordinaire-
ment pour paffer en Angleterre, quoiqu'aujourdhui il
n'en refte aucune marque. La coutume du Boulenois lui
donne auffi la titre de ville ; &ce heu a encore un maire
Se des échevins , qui ont la police & la connoiffance
des crimes qui fe commettent dans le bourg & dans la
banlieue ,' ils ont auffi l'adminiftration de l'hôpital. Le
comte de Boulogne , de qui ce lieu dépendoit , y avoit
un bailhf ; & depuis que ce comté a été annexé à la
couronne , on a établi à Whiffand un bailliage royal
polTedé par le baillifde Boulogne, qui y va rendre la jus-
tice une fois par femaine ; un petit ruifteau , dont la
fource eft près de I'églife de Sombres , pafle dans le
bourg.
Du-Cange , auteur de cette description , a remarqué fur
les lieux que , les graads chemins que l'on nomme ckaus-
fées du Brumhaut, abouuflenc à WhUîand, auffi-biea
là
46z ICE
ICH
qu'à Boulogne. Il montre enfuite parle témoignage de
plus de trente auteurs , qu'avant que les Anglais fe fus-
sent emparés de Calais , WhifTand étoit le lieu où l'on
s'embarquoit ordinairement pour palier à Douvres, &
oùl'onabordoit en venant d'Angleterre en France. Quand
Ptolomée marque *.y.nt a.y.p»v ,1e promontoire d'Icium, &c
qu'il le difhngue de GtJJoriacum , qui eft Boulogne ; il
fait allez connoitre que ce n'eft point l'endroit où eft Ca-
lais, puisqu'il n'y a ni pointe ni promontoire auprès de
Calais ; mais WhilTand n'eft pas éloigné de deux poin-
tes , dont la plus méridionale s'appelle le Gri^ne^,
& la plus feptentrionale le Blancne^ , outre une pointe
moins remarquable qui eft immédiatement auprès du
Bourg.
ICENI , ancien peuple de rifle de la Grande-Bretagne :
c'étoient, à proprement parler, ceux qui habitoient les
bords de l'Oufe , que d'autres appellent Iken , Yken,
& YciN, & dans ces quartiers-là on trouve des lieux
qui conlérvent encore des traces de l'ancien ; comme
Ikento^p, Ikenworth , Icenild-Street, &cc.
& la petite rivière qui tombe dans le port d'Oxford s'ap-
pelle lKE.*Gale in Anton. Itiner. p. 109.
Il y avoit encore d'autres Iuni , dans la province de
Henton, ou Hampshire, auprès de 'la rivière d'iKEN,
nommée aujourdhui ICHING. Cambden ,Britann. donne
aux luni le pays voifin des Trinobantes , qui a été en-
fuite appelle East-Anglie, & il y comprend les pays
de SUFFOLC , NORTFOLC; CAMBRIDGE, & HuN-
TINGTONSHiRE. Il croit que ce font les Ceni-Magni
de Céiàr. Il dérive le nomd'ICENl, du mot Iken , qui
dans la langue Bretonne figmfieun coin, parce que leur
pays avance dans la mer en forme de coin. Il donne
ainfî Fhiftoire de ce peuple.
Cette nation , dit Tacite , étoit puifTante ; & même
après s'être mile fous la proteftion des Romains , elle
fut inébranlable jusqu'au tems de Claudius. Car alors le
propréteur Oftorius voulant établir des forts le long des
rivières , & ôter les armes aux Bretons , ils affemblerent
des troupes pour s'oppoler à leur deffem; mais les Ro-
mains ayant forcé leurs retranchemens , les vainquirent
ck en firent un grand carnage. Cette guerre étant as-
foupie, treize an-; après, Pral'utage , roi des Iceniens, vou-
lant prévenir les malheurs de fa nation, ou par d'au-
tres interêis, inftitua l'empereur Néron pour fon héri-
tier , croyant que cette démarche mettroit fa couronne
& fa maifon à couvert de tout événement fâcheux. Ce
fut le contraire. Cela fervit de fignal à une funefte
guerre ; &C l'avarice de Séneque , qui entaffa des biens
immenfes par les ufures , acheva de mettre le comble
àlamifere des Iceniens. Durant cette guerre , Boodicie,
femme de Prafiitage ,fit périr quatre-vingt mille hommes,
tant des Romains que de leurs alliés, démolit Camalo-
dunum &t Veralamum , mit en déroute la neuvième lé-
gion, & força Catus Decianus de prendre la fuite; elle
fut enfin vaincue en un combat par Paulinus Suetonius ;
& confervant toujours une ame invincible , comme dit
Tacite , elle le fit mourir par le poifon , comme le rap-
porte Dion Caffius. Après cela , les anciens auteurs ne di-
fent plus rien des Iceni.
Mais lorsque les Saxons eurent affermi leur heptar-
chie, le pays des Iceniens devint le royaume des An-
glois orientaux, qui à caufe de fa fituation à l'orient, fut
appelle East-Angle-Ryk , & eut pour premier roi
Ufta , dont les fucceffeurs prirent long-tems le nom
à'irfkines. Leur race s'éteignit dans la perfonne de
S. Edouard , & les Danois s'emparèrent du pay6
qu'ils ravagèrent environ cinquante ans , jusqu'à ce
qu'EdouardTainé l'ajouta enfin à fon royaume des Saxons
occidentaux.
Le P. Briet , Parall. 2 , part. I. 2 ,p. 182 , donne aux
Iceniens les villes fuivantes :
Venta Icenorum , Cafter.
Durobriva , Donnehan , ou Dormecafter.
Garianonum , Yarmouth
Extenfio , Eç yj , Ejton.
Co nbretonium ,*Bretenham.
Sitomagus , Thetfort.
Villa-Faufiini . Edmond-Buri.
Camboritum, Cambridge. f>
Me'atis AZftu
Maltraith.
The Vashes, en Breton
Ce peuple eft mal nommé Simeni, dans Ptolomée
qui n'y connoît qu'une ville nommée Venta.
ICESIA , 'Ijîsct'* , ille de la Méditerranée, dans la mer
de Sicile, félon Ptolomée , /. 3 , c. 4. Fazel la nomme
Panaria , &. Niger Saline. C'eft une des Mes de
Lipari.
ICHANA , *IX«*, petite ville de SicUe. Pline,
A3 , c. 8 , la défige par le nom de (es habuans Icha-
NENSES. C'eft Etiem.e le Géographe , qui la nomme
Ichana.
ICHAR, ou Ischar, rivière de la Turquie en Eu-
rope , dans la Bulgarie. Elle a ù fource dans les mon-
tagnes d'Argentaro, &. fe décharge dans le Danube. C'eft
I'Ïsca. Voyez ce mot.
ICHARA. Voyez Icarium.
lLHl;:GROUG,ouIcHBARAW,viliaged'Angleterre,
au comté de Norfolc; Gale écrit Ichburrow, Ôc y
trouve l'IciANI , de l'Itinéraire d'Antonin.
ICHING, ville de la Chine, dans la province de
Huquang , au département de Sia igyang troifîéme mé-
tropole de la province. Elle eft plus occidentale que Pé-
kin, de 5 d. 44', par les 32 d. 30' de latitude. * Atlas
Sinenfis.
ICHIUM, ville ancienne d'Afrique , fur le Nil ,àfoi-
xanre & cinq milles du Caire. Les Mahométans la dé-
truifireut lorsqu'ils commencèrent à régner en Egypie 6c
en transportèrent les pierres au-delà du Nil , dont ils
bâtirent la ville de MunSTAou'Munsia. *Dapper, Afri-
que, p. 77.
Dapper dans cet article cite Léon , p. S. Je trouve que
Léon , A8,c. 52, parlant d'ICHMlN , dit que c'eft la
ville la plus ancienne de toute l'Egypte ; qu'elle fut bâtit
par Ichminfils de Misraïm, qui descendoitde Chus , fils
de Hen ; qu'elle eft fur le Nil , du côté où ce fleuve
arrofe l'Afie à trois cents mille pas du Caire , à l'orient.
Il feroit étonnant qu'une ville qui auroit fubfifté dépuis
Misraïm jusqu'à l'arrivée des Mahométans en Egypte,
ne fût pas connue des auteurs Grecs & des Latins. Ce
qu'il dit du Nil , qui arrofe l'Afie ne doit point faire
de peine , puisque bien des auteurs ont appelle AJle ,
Arabie , Indes , le pays qui eft entre le Nil Se la mer
Rouge.
ICHMIAZIN.Vo.yez Ecsmiazin , &au mot Eglife,
l'article Trois-Eglises.
1. ICHNiE, ancienne ville de Grèce, dans la Ma-
cédoine , dans la Bottiée. Pline, /. 4 , c. 10 , met Ichnce ,
fur la côte de la mer, près del'Axius. C'eft la même
qu'ACHNjE.
2. ICHNjE, bourgade de laTheffalie, dans la Phtio-
tide , au nord-eft de Lamia. Etienne le Géographe en
fait mention , & De l'Ifle la met très-bien dans fa Carte
de l'ancienne Grèce.
3. ICHNjE, ville d'Afïe, dans la Méfopotamie ; elle
étoit dans le parti des Romains, lorsque Craflns fut dé-
fait par les Parthes. Appien , in Parthic. la nomme
ICHNCE. Plutarque qui a écrit la même hiftoire avec les
mêmes circonflances , dans la vie de CralTus , nomme
cette ville IsCHNES, félon la traduction de Dacier,
t. 5 , p. 144. Dion Caffius A 40,^. 126, l'appelle
Ichnia, ck dit que c'étoit une fortereife. C'eft la
même que I'IchNjE qu'Etienne le Géographe met vers
l'orient.
ICHNIA. Voyez Ichnx 3.
ICHNUSA. Voyez Sardaigne.
ICHTHYCESSA, l'un des noms de l'ifle de NlCA-
RIA. Voyez Icaria. 1.
ICHTKYOPHAGI , c'eft-à-dire mangeurs de pois-
fons. Les anciens onr ainfi nommé des nations, qui ha-
bitant au bord de la mer , vivoient principalement de
la pêche, lorsqu'ils n'en favoient point les vrais noms.
Ptolomée trouve des Ichthyophages dans la Chine ; Aga-
tarchide en met vers la Carmanie 6k la Gédrofie ; Paufà-
nias en décrit fur la mer Rouge, 6k Pline en peuple
plufieurs, ifles à l'orient de l'Arabie heureufe.
ICHTHYS, promontoire du Péloponnèlè, félon Pto-
lomée , A 3 , c. 16. On croit que c'eft préfentement le
cap Jardan , fur la côte occidentale de la Morée. Voyez
Jardan.
ICO
ÏCIANI. Voyez IciIBOROUG.
1. ICIODORUM, Iciodrum, Icciodorum &
Iciodorensis Vicus Arvernorum, noms latins de
la ville d'IssoiRE. Voyez ce mot.
2. ICIODORUM , 1 URONUM , village de France,
en Touraine , aux confins du Berri fur la Creufe. Son
nom moderne eft Iserre, ou Isetjre.
ICIUM Promontorium , promontoire de la Gaule
Belgique, félon Ptolomée. On croit que c'eft le cap
nommé Blancness , ou Blancne^. Baudrand dit que ce
font les Anglois,qui l'appellent ainfi , & que les Fran-
çois le nomment Us Motus noires ; il fe trompe ; les
navigateurs François, & De l'Ifle l'appellent Blancness ;
les Mottes noires eft le nom d 'un endroit voifin fur la
côte, au nord de l'abbaye de l'Escale.
i. ICIUS PORTUS. Voyez IcciUS.
2. ICIUS. Voyez Iccus.
ICMîN , ou plutôt Ihmiw. Voyez l'article Ichium.
* Dapper Afrique ,/>. 361.
ICOLLO , province d'Afrique , au royaume d'An-
gola. Elle commence au nord-oueft ck à l'oueft-nord-
oueft de la province d'Uamba.
ICONDRE, petit pays d'Afrique , dans ifle de Ma-
dagascar ; il eft fort montagneux ck fertile en fucre , en
bons plantages ck pâturages , par la hauteur de 22 d. 30'.
11 eft féparé à l'eft ck à i'eft-nord-eft , du pays d'ito-
mampo par de hautes montagnes. Il a au fud la terre
de Vattemanahon , le pays des Machicores au nord, St
au nord-oueft la terre de Manamboule , ck au nord les
mêmes montagnes qui font entre l'Ionghaïvou ck Ito-
mampo. La rivière d'Ionghaïvou , c'eft-à-dire la rivière
du. milieu y a fa fource. * Flacourt , Hift. de Madagas-
car, c. 5,/». 13.
ICON II , ancien peuple de la Gaule Narbonnoife ,
dans le voifinage des Cavares , félon Strabon , /. 4 ,
■p. 185.
ICÔNIUM , ancienne ville de la Cappadoce , dans
le département de la Lycaonie, félon Ptolomée , /. ■> ,
c. 6. Strabon, /. 12, p. 568, contemporain d'Augufte
h. de Tibère, en parle comme d'une ville petite , mais
tien bâtie. Comme le mot Iconiumie rapporte aflezau mot
£rec Icon , tixèv , qui veut dire une image , les Grecs
dérivoient le nom de cette ville d'une image de Mé-
tlufe que Persée , difoient-ils , y avoit fuspendue à une
colonne. Etienne le Géographe donne une autre éty-
mologie plus fabuleufe encore , mais également fondée
iur le motlcon, une image. Elle s'aggrandit, fans doute,
peu après ; car dans les Aftes des Apôtres, c. 14, v. I,
nous liions qu'il y avoit une grande multitude de Juifs
ck de Grecs. Cela s'accorde avec ce que dit Pline, /. <;,
c. 27, que c'étoit de (on tems une ville célèbre. Elle fut
épiscopale de bonne heure. Hierocles ck les autres au-
teurs des Notices épiscopales , la nomment métropole.
Xénophon , dans la Cyropcedie , /. 1 , la met dans la
Phrygie , à l'exrrémité ck aux confins de la Lycaonie.
Elie a été la conquête des Turcs ck la capitafe de leur
empire , avant qu'ils eufient pafle en Europe. C'eft pré-
fentement la capitale d'un très-grand gouvernement.
Voyez Cogni qui eft le nom moderne.
ICOSIUM, ancienne ville de la Mauritanie Céfa-
riense , félon Ptolomée, /. 4, c. 2. Pline, /. 5, c. 2,
dit que Vespafien donna à cette ville le droit de ville
latine. Antonin, Itiner. la met entre Cafœ, Calventi ck
Rusguniœ, colonie à XXXII. M. P. de la première, ck
à xv. m. P. de la féconde. Cet auteur la traite de co-
lonie auffi-bien que Martianus Capella, /. 6, c.deA/ric.
Elle étoit épiscopale, ck fon évêque Laurent , député
de la province au concile de Carthage, tenu l'an 419,
y eft qualifié Laurentius , Icofitanus , Ugatu's Maurita-
nia Cejarienjîs. On voit auffi dans la Notice d'Afrique,
Victor Icojnanus ; car c'eft ainfi qu'il faut lire, ck non
pas Leofitanus , comme portent quelques exemplaires
vicieux. Solin, c. 25 , £.48, ci. Salmaf. dérive ce
nom du nombre de fes fondateurs. Il dit que comme
Hercule pailoit par-là, vingt hommes de fa fuite, quil'a-
voient quitté, choifirent ce lieu, y bâtirent une ville;
ck afin de ne point caufer de jaloùfie en lui donnant le
nom de quelqu'un d'entr'eux, ils convinrent de l'ap-
peller d'un mot , qui lignifie le nombre de vingt.
En effet e'/kow , veut dire vingt. Mais l'étymologie n'en
IDA 453
eft pas moins fabuleufe , & le P. Hardouin a raifort
de s'en moquer ; il ajoute que c'eft préfentement AL-
GER ou quelqu'autre lieu voifin.
ICTA. Voyez Vectis & Wight.
ICTOMULUM ck Ictumulum. Voyez LaumeL-
lum.
ICTRORUM. Le P. Hardouin met un fiége épisco-
pal de ce nom , dans l'Afie mineure. Méthodius en a
été évêque ; mais on ne fçait dans quel lieu de l'Ane
étoit fitué cet évéché. * Harduin. Colleft. conc.
ICULISMA , nom latin d'ANGOULÊME , pour In-
culisma. Voyez Angoulême.
ICUS , ifte de l'Archipel , ck l'une des Cyclades ,
auprès de l'Euboée , feion Etienne , vis-à-vis de la Ma-
gnéfie; félon Strabon, /. 9, p. 436. Tite-Live, /. 31,
c. 145 , ck Appien en font auffi mention. Elle eft la -
plus orientale des trois ifles qui font auprès de Sciatta ,
au nord de Négrepont. Phanodeme la nomme IciUS,
au rapport d'Etienne le Géographe.
1. IDA , 'montagne d'Ane , dans la Troade , ck la
plus haute de tout l'Hellespont , au rapport de Diodore
de Sicile. Ce n'eft pas une feule montagne , mais un
amas, une chaîne de montagnes, qui s'étendoit depuis
Zéléia , qui étoit du territoire de Cyzique , jusqu'au
promontoire Leclum , à l'autre extrémité de la Troade.
Ida avoit plufieurs lommets ; de-là vient qu'Homère ,
Ihad. a. v. 170, M. v. 19 & 153 , a. v. 196, e- v.79,
& pajpm , fe fert fouvent de cette expreffion , les mon-
tagnes d'Ida. Virgile, JEneid. I. 3, v. 5, dit de même:
Claffemque fui ipsd
Antandro & Phrygiœ. molimur montibus Idœ.
Et Strabon, /. 13, pojlinit. qui trouve que le mont Ida
regardé à vol d'oiieau , a la figure d'une fcopolendre ,
regarde comme autant de pieds les montagnes contiguës
qu'il a d'un côté & de l'autre.
Chacune des parties de ces montagnes, outre le nom
général d'Ida avoit un nom particulier , comme Garga~
ra , qui , félon Hefvche, lignifie un des fommets de l'I-
da , fck qui étoit voifin de la ville de Gargara & de celle
d'Antandre, fur le golfe d'Adramytte. Phalacrœ en étoit
une autre partie, félon Etienne, qui ajoute qaePhalacra.
étoit un nom commun à toutes les montagnes élevées. Le
fcholiafte de Lycophron dit beaucoup mieux , que le
mont Ida s'avance par quatre branches vers la mer, &C
que de ces quatre promontoires il en avoit un, nommé
Phalacra. La principale partie du mont Ida eft comme
au milieu de ces diverfes branches , ck c'eft le mont Ida
proprement dit.
Le mont Ida , pris dans toute fon étendue , eft un de
ces grands réfervoirs d'eau que la nature a formé , pour
fournir les eaux aux rivières. De celles-là quelques-unes
tombent dans la Propontide, comme l'jEfepe & le Gra-
nique ; d'autres dans l'Hellespont, comme les deux entre
lesquelles la ville d'Abydos étoit lituée , le Ximoïs , le
Xante , qui fe joint avec l'Andrius ; d'autres enfin vont
fe perdre au midi , dans le golfe d'Adramytte , comme
le Satnioeïs & le Cilée. Ainfi Horace , /. 3 , od. 20,
verf. ult. a eu raifon d'appeller l'Ida aquatique , lors-
qu'il dit de Ganymede :
Aquosà
Raptus ab Ida.
2. IDA , montagne de Crète , au milieu de l'ifle.
Virgile, Ainceid. I. 3 , v. 104, l'appelle mons Idceus.
Creta Jovis magnl medio jacet insula Ponto ,
Mons Idxus ubi , & gentis cunabula nojlm.
Ces derniers mots font fondés fur une ancienne opinion,
félon laquelle les Cretois du mont Ida paflerent en Phry-
gie , &£ donnèrent le nom à' Ida , aux montagnes qu'ils
y trouvèrent. Ce devroit être tout le contraire; & il eft
à croire que le continent a été peuplé avant les ifles.
Cet Ida de Crète eft préfentement nommé Monte
Giove. Pomponius Mêla, /. 2, c. 7, dit que cette
montagne eft plus fameufe que les autres de l'ifle, à
caufe de la tradition , félon laquelle Jupiter y étoit né.
Strabon , /. iq , parlant de la même montagne , dit : au.
464
IDA
IDR
milieu de l'ifle qui eft très-large , il y a le mont Ida le
plus haut de tous ceux qui font dans l'ifle , ck qui a foi-
xante ftades de tour. Il eft environné de villes fameu-
fes. Nous avons vu, dans l'article précédent , que Dio-
dore de Sicile attribue à l'Ida de l'Ane mineure, l'in-
vention du fer. Héfiode l'attribue à l'Ida de Crète , au
rapport de Pline, /. 2, c. 56.
Le nom Ida vient du grec 'Un, qui vient, lui-même,
de 'MViV ; qui lignifie voir, parce que de deffus ces mon-
tagnes , qui font fort élevées , la vue s'étend fort loin.
3 . IDA, baronnie d'Irlande, dans la province de Leins-
ter. C'eft une des onze qui compofent le comté de Kil-
kenny. * Etat préfent de l'Irlande, p. 41.
IDACENS1S. Voyez Idassensis.
IDACUS , en françois Idaque , lieu de la Cherson-
nèfe de Thrace , fur l'Hellespont , félon Thucydide ,
/. 8 , vers la fin, qui dit que les Athéniens voulant don-
ner un combat naval, s'étendirent le long de la Cher-
fonnèfe , depuis Idacus jusqu'aux Arrhianej, avec qua-
tre-vingt-fix galères , & les Peloponnéfiens depuis Aby-
dos jusqu'à Dardanus.
IDjEUS Sinus , le golfe d'Ida, c'eft le même
que le golfe d'Adramytte.
IDALIS Tellus. Lucain , Pharfal. I. 3 , appelle
ainfi la Troade.
Myflaque & gelido tellus perfufa Caico ,
Idalis & nimiùm glebis exilis Arisbe.
Comme le Caïque eft dans la Myfie , ck plus particuliè-
rement dans l'j£olide, quelques auteurs, ck entr'autres,
Ortélius , fe font foulevés contre ce mot Idalis , ck ont
cru qu'il falloit lire JEolis ; ck le nouvel éditeur de Lu-
cain ne condamne pas ce fentiment, quoiqu'il n'ait fait
aucun changement dans le texte. Idalis veut dire le pays
du mont Ida.
IDALIUM , ville de l'ifle de Cypre. Elle avpit été
consacrée à la déeffe Venus , ck ne fubfiftoit déjà plus
du tems de Pline, /. 5 , c. 31. Virgile, JEneïd. I. 1,
v. 684, parle aufïï de cette ville , &k fait dire à Venus,
Hune ego fopitum fomno , fuper alto. Cythera ,
Aut fuper Idalium , facraiâ fede recondam.
Il y avoït une ville ck un bois de mêmenom, confacrés
à la même divinité. Les grammairiens , comme le re-
marque Bochart, Geogr.facr. 2. part. I. 1 , c. 3,/. 373,
éd. CJadom. fe font divertis à trouver une étymologie
hiftorique de ce nom. Ils ont fuppofé qu'il vient d'un
jnot qui fignifie fai vu, ck d'un autre qui fignifie le fo-
leil. Si on les en croit, un oracle ordonna à Chalcenor
de bâtir une ville au lieu où il verroit le foleil levant,
& qu'un de fes compagnons s' étant écrié , J'ai vu le fo-
leil, conformément à ce nom , on bâtit Se on nomma
la ville. Bochart trouve cette étymologie défectueufe.
La féconde fyllabe devroit être longue , fi elle avoit cette
origine, & elle eft brève. Il aime mieux, croire que
le mot Idalium eft Phénicien, ck vient de n?N"V lidala
ou Dala ; il y avoit une ville de ce nom dans la tribu
de Zabulon. Jofué, c. 19, v. 15 ; S. Jérôme , in Locis
hebr. écrit Jadela,, comme fi ce mot étoit formé de
deux , T jad ck TPii ela , Jad-Ela , de mot à mot le
lieu de la déeffe , c'eft-à-dire le lieu confacré à Venus.
Cette ville, détruite dès le tems de Pline , comment
peut-elle fubfifter aujourd'hui fous le nom de Bourg-
Dalim , comme le veut Lufignan dans fon Hiftoire de
Cypre ?
1. IDANHA-VELHA^eft-à-dire/^Aa/a Vieille,
ville de Portugal , fur la rivière de Ponsul , dans la pro-
vince de Beira , à l'orient des montagnes qui féparent
cette province du royaume de Léon. Elle avoit autrefois
un évêché , dont le fiége a été transféré à Guarda. On
croit que c'eft l'ancienne Igadita. Voyez IgediTjE.
2, IDANHA LA Nueva, c'eft-à-dire Idanha la
neuve , petite ville de Portugal , dans la province de
Beira , au fud-oueft de la Vieille , ck à deux lieues de
diftance , fur une côte au pied! de laquelle coule la
même rivière qui pane à la vieille ville.
1. IDARA, ville de la Céléfyrie , félon Ptolomée,
/. 5, c. 15. Ses interprètes lifent Gadara,
2. IDARA , ville de l'Arabie heureufe , félon le
même. D'autres exemplaires portent Irala.
1DASSENSIS , fiége épiscopal d'Afrique dans la By-
zacene. LaNotice d'Afrique fournit Adeodatus Idaffenfïs ;
ck la conférence de Carthage , parle de Rogadanus.
* Harduin. Colleft» conc.
IDEA, petite ville d'Afie, fur le mont Sipyle. Elle
fut abîmée par un tremblement de terre ; ck en fa place
il fe forma un lac que l'on nomma SaloÉ, félon Pau-
fanias, /. 7. Strabon nomme cette ville Id.ïa. Voyez
Salé.
1 . & 2. IDENSIS : il y avoit en Afrique dans la Mau-
ritanie Céfarienfe deux villes de ce nom , & toutes deux
épiscopales. La notice d'Afrique fournit pour évêques
contemporains Subitanus Iden(is ck Idicianus Idenfis.
Il ne faut pas confondre ces deux fiéges avec un troi-
fiéme de la même province nommé Itenfis dont l'évê-
que Lucius eft nommé dans la même province.
IDEONITERRA, contrée du peuple Taurini , qui
faifoit partie de la Ligurie. Elle étoit voifine du pays
nommé Cottii Terra , 6k par conféquent des Alpes Cot-
tiennes. * Strabon , 1. 4 , p. 204.
IDESSA, ville aux confins de l'Iberie ck de la Col-
chide. C'eft la même que la ville de Phryxus. Voyez
Phrixium.
1. IDETES , ancien peuple de l'Iberie , félon Etienne
le Géographe, Elïmts.
2. IDETES. Voyez Gletes.
1. IDICARA, ville de la Babylonie, félon Ptolo-
mée , /. 5 , c. 20. Elle étoit auprès de l'Euphrate.
2. IDICARA , ou Adicara , ville de l'Arabie dé-
ferte, félon Ptolomée, /. 5 , c. 19.
IDICRA , ancienne ville d'Afrique , dans la Numi-
die , entre Mileum & Cuiculi , à vingt-cinq mille pas de
l'une & de l'autre , félon l'Itinéraire d'Antonin. Simler,
Bertius ck Ortélius ont cru qu'elle étoit de la Maurita-
nie Céfarienfe ; mais c'eft une erreur. Cuiculi étoit de la
Numidie , ck ce qui décide la queftion , c'eft que la No-
tice episcopale d'Afrique met entre les évêques de la
Numidie Victor Cuiculitanus ck Palladius Idicrenfis . Cela
eu fans réplique. On trouve de même dans la Conférence
de Carthage Martianus episcopus Idicrenfis. Saint Op-
tât , de Schism. Donat. 1. 2, p. 42. éd. Dupin. dit for-
mellement qa'Idicra étoit en Numidie. Quid comme-
morem Tipafam Cœfarienfes Mauritanie^ civitatem , ad
quam deNumidiâUrbanus Formenjis & Félix Idicrenfis,
duœfacu-lœ , incenfœ livoribus concurrerunt ?
IDII , ville d'Afrique , félon l'auteur de la vie de faiçit
Fulgence , cité par Ortélius , Thefaur.
IDIS , ville dont Euphrates étoit évêque au concile
de Chalcedoine , félon le même. * Ortél. Thef.
IDIST AVIS US, campagne de la Germanie, entre
le "Wefer ck les Collines, félon Tacite, Annal. I. 2.
( IDITHYA , ville d'Egypte , où Plutarque ; in Ifidet
écrit quej'on brûloit autrefois des hommes tous vifs;
Ortélius croit qu'il faut lire ILITHYIA.
IDOMENjÉ,villede Grèce, dar>s la Macédoine, félon
Thucydide , /. 2 , ck Etienne le Géographe. Pline , /. 4 ,
c. to, en nomme les habitans Idomenenses. Ptolo-
mée, place IdOMENE, 'iJbuîvn, dans FEmathie, con-
trée de la Macédoine , & la notice de Hierocles
la met entre les villes épiscopales de la Macédoine
IDOTHEjE Spécula. Voyez Pharos.
IDRA, bourg de Suéde, dans laDalécarlie, à l'orient
du Dala occidental , près de l'endroit où il reçoit les
eaux du lac Famunn ; il k au couchant ck au midi de
hautes montagnes. Baudrand , éd. 1705 , dit que eft une
ville fans murailles , capitale de la Ûalécarlie. Cette pro-
vince n'a point de villes , mais quelques fimples bourgs
ck des villages.
IDRA , n'eft point capitale de la Dalécarlie ; c'eft
Fahlum. Il n'y a point de lac appelle Famunn. On a
voulu dire le lac Rund, ou Roun.
IDR^E , peuple ancien de la Sarmatie , en Europe ,
félon Ptolomée, /. 3, c. 5. Il les fait voïtins deslbions,
ou Ubions.
IDRIA, ville d'Allemagne, dans le Frioul, au comté
de Goritz, dans les terres de l'empereur. Voici de quelle
manière en parle Edouard Brovn, voyageur Anglois , qui
y a paffé. La
IDPv
La ville d'Idrîa eft entourée de montagnes de tous
tôtés. Il y a une rivière de même nom , qui en pane
tout proche, & queLéandre appelle, fuperbifjîmo fume
d'Idriaj quoi qu'il en dife , je la trouvai fort petite;
il eft feulement confiant que fi-tôt qu'il fait la moindre
pluie , elle s'augmente confidérablement , &C qu'elle a
affez d'eau pour emporter les fapins , &toutes fortes d'au-
tres bois dont on a befoin pour bâtir les mines, &
faire le feu qui y aft néceffairç. Ce'qu'il y a de plus beau
à voir dans cette ville , ce font les mines de vif-argent.
Tous les pays voifms, auffi bien que les plus éloignés,
en reçoivent beaucoup de profit. * Edouard Brown ,
Voyage de Vienne , p. 186 , & fuiv.
L'entrée de cette mine n'eft point élevée, elle eft
dans la ville même , 8c c'eft ce qui fait que les habi-
tans feraient fouvent inondés, s'ils n'avoientpas inventé
des machines pour fe debarraffer de l'eau.
Cette mine n'a pas plus denoou 130 braffes de pro-
fondeur. On en tire de deux fortes de vit-argent. La pre-
mière s'appelle Jungfraw , c'eft-à-dire du vif-argent
vierge, & l'autre du fimple vif-argent.
On appelle vif-argent virginal, celui qu'il n'eft point
néceffaire de faire paffer par le feu , &C que l'eau feule
eft capable de féparer par le moyen premièrement d'un
crible , &c enfuite d'un grand auge , au bout duquel
il y a quelques petits trous ; de forte qu'il y a en quel-
que manière de deux fortes de mercure virginal , l'un
qui fe découvre foi-même fans aucune peine , &C l'autre
qu'il faut un peu nettoyer & purifier, quoiqu'il n'y faille
par tant de ttavail que fi on le mettoit dans le feu.
' Ils appellent vif argent Jîmpk , celui qu'on ne peut
point connoître au commencement, fans le faire paffer
par le feu. C'eft celui qu'ils ont la peine de tirer de la mine
ou du cinabre naturel du mercure. Ce qu'ils tirent de
la mine eft d'une couleur brune, un peu rouge ; mais le
meilleur eft une pierre affez dure , qu'ils ne mettent pas
auffi-tôt dans le feu , mais qu'ils réduifent premièrement
en poudre , 8c qu'ils font enfuite paffer par un crible ,
afin que s'il y a par hazard quelque peu de vif argent
virginal , il puiffe par ce moyen fe féparer du refte. Mais
ce qui ne paffe point au travers du crible , il le faut mettre
dans le feu dans des fournaifes de fer, Se le féparer, ou
plutôt le purifier de cette manière.
Le vif-argent qu'on tire de cette mine eft le plus riche
■de tous les métaux que j'aie jamais vus; car il y a ordi-
nairement la moitié de vif-argent , c'eft-à-dire de deux
livres une ; quelquefois même , lorsqu'on en tire un mor-
ceau qui pelé trois livres, on en trouve encore deux,
après qu'il eft raffiné.
Je descendis dans cette mine par le puits de fainte
Agathe & remontai par celui de fainte Barbe ; & ce
fut par des échelles. Je montai par une qui avoit qua-
tre-vingt-neuf braffes de long. Le P. Kirker fait une
description fi épouvantable de cette mine dans fon
Mundus Subterraneus , que cela eft capable de faire per-
dre courage à ceux qui auroient envie d'y descendre;
ce qui me fait douter s'il a jamais entré dans quelqu'autre
mine que ce foit , dans laquelle il fallut descendre par des
échelles.
Dans un endroit où l'on travailloit à purifier le vif-
argent par le moyen du feu , ie vis feize mille barres de
fer, qu'on avoir achetées un ecu la pièce dans les meil-
leures forces de la Carinthie. On fe fert auffi djks cette
is les r
dans,
r tout-
mine quelquefois de huit cens barres de fer tôut-à-Ia-
fois pour accommoder le vif-argent dans feize fournai-
fes; & on en met cinquante dans chaque fournaife,
vingt-cinq de chaque côté , douze deffus Se treize au-
deffous.
Ils emportèrent pendant que j'étois dans ce pays , c'eft-
à-dire le douzième de Juin 1669 , quarante îacs de vif-
argent dans les nays étrangers. Chaque fac pefoit trois
cents quinze livres , qui valent quarante mille ducats ; Se
quoiqu'on ait de la peine à porter ces fortes demuchan-
difes, parce qu'on eft obligé de les mettre fur des chevaux,
deux petits barils fur chacun , cependant on en envoie
jusqu'à Chremnitz en Hongrie, pour s'en fervir dans cette
mine d'or ; Se on en porte auffi quelquefois en Suéde ,
auffi-bien que dans tous les pays les plus éloignés.
Je vis dans le château trois mille facs de vif-argent
purifié ; & il y en avoit encore dans une autre maifon ,
autant qu'ils en avoient pu purifier pendant deux ans.
IDU 461
On écrit fur un regiftre le nom de tous les étrangerss
qui viennent voirie château d'Idria,avec le pays d'où ils
font : le nombre en eft fort grand ; mais il y a fort peu
d Anglois. Cette ville paro'it fort agréable aux étrangers ,
parce qu'étant frontière & fituée fur les confins de plu-
sieurs royaumes, on y parle plufieurs langues. Je remar-
quai que les officiers, & tout ce qu'il y a de gens un
peu- au-deftus du commun , croient que ce leur eft un
grand honneur de parler Schlavon , Allemand , La-
tin , Italien , Se même François , quoique cette langue
n'y foit pas fi eftimée ni fi recherchée que toutes les
autres.
La ville d'Idria n'eft ni du comté de Goritz , ni dans
le Frioul. Hubner , & nos meilleures Cartes la placent
dans la haute Carniole.
IDRï AS , ville de la Carie ; Etienne qui la nomme ail-
leurs Adrias, dit qu'on lanommoit anciennement Chry-
SAORIS. Le même affure encore ailleurs qu'HÉCA-
TÉSIE en Carie , étoit appellée Idrias. En fuppofane
qu'il n'y a rien de corrompu dans ces paffages, fi on
leur joint ce que dit Paufanias, /. 5 , c. 21 , que la villa
Se le pays de Stratonicée avoient eu le nom de Chry
faoris , il en réfultera que Idrias, Hecatesie , Stra-
tonicée Se Chrysaoris font des fynonymes 6c
fignifient une même ville.
IDRINUM , en latin ou
IDRO, en italien , petite ville d'Italie, dans l'état de
la république de Vemfe , au Breffan , fur le lac d'Idro ,
8c versles^ frontières du Tirol. *Baudrand, éd. 1705.
Lac d'IDRO (le) petit lac d'Italie , dans le terri-
toire du Breffan , proche d'Idro , qui lui donne le nom ,
fur la frontière du Tirol , qui le borde même au nord.
Il eft traverfé par la rivière de Chiefe , ck n'a que qua-
tre à cinq milles d'étendue.
IDRONE , baronnie d'Irlande , dans la province de
Leinfter. C'eft une des cinq qui compofent le comté de
Caterlagh. * Etat préfent d' Irlande , p. 36.
IDSTEIN , bourg d'Allemagne, dans la Vétéra-
vie , dans l'état de la maifon de Naffau , dont une des
branches y fait fa refidence , 8c en porte le nom.
IDSU , province du Japon , dans la partie de Too-
kaido. Voyez l'article du Japon.
IDSUMI, province du Japon ,' dans les revenus im-
périaux. Voyez l'article du Japon.
IDSUMO, province du Japon, dans la contrée de,
Sanindo. Voyez l'article du Japon.
IDUACAL. Voyez Aiduacal.
1. IUUBED A, montagne d'Espagne , félon Strabon,
/. 3 , p. 161 ;mais ce qu'il en dit eft très obscur, 8c n'eft
guères propre à déterminer l'étendue & la fituation de
cette montagne. Ptolomée l'étend du nord au fud, à l'oo
cident Se à quelque diftance de l'Ebre. Cela s'accorde
avec ce que dit Mariana, Hifi. 1. 1. c. 3 , que l'Idubeda
empêche l'Ebre de couler vers l'occident. Un peu au-
deffous de Moncaio , ajoute cet hiftorien, l'Arospeda
fortantde l'Idubeda , a d'abord peu de hauteur; mais en-
fuite il s'élève, &e. Je ne pourfuis point le refte de la des-
cription , parce qu'elle regarde l'Orospeda , dont je parle
en fon lieu.
Baudrand donne une étendue bien différente à l'Idu-
beda , puisqu'il le conduit depuis les Pyrénées jusqu'au
Portugal, au travers de la Biscaye, de l'Alaba, de la
Caftille-Vieille , de la Caftille-Neuve , du royaume de
Léon , Se enfin de celui de Portugal. Selon lui , il prend
divers noms , félon les pays où il eft ; &C il comprend
los montes Segura , los montes de Alcoffua , los montes
eTOcca , la Sierra la Hi[ , la Sierra d't/rbion , laSierr*
d'Atiença , & Somojierra , la Sierra d'Avila , los mon-
tes de Toledo , la Sierra de Pico , la Sierra de Tor-
navaccas , Se la Sierra de Galta. Baudrand ne fait en
cela que fuivre le fentiment d'Olivarius commentateur
de Pomponius Mêla , qui donne à-peu-près cette fuite
de la chaîne qu'il comprend fous le nom Sldubeda. ,
&C qui , félon lui , commence aux Pyrénées , Se finit a»
cap de Portugal , nommé monte délia Strella, Mais
ce n'eft point là l'Idubeda de Ptolomée , ni celui dç
Strabon.
2. IDUBEDA, rivière d'Espagne, dans l'Edetanie ,
félon quelques éditions de Pline , /. 3 , <:. 3. Celle du P.
Hardouin rétablit UDUBA. Pintianus avoit déjà averti
qu'où lifoit ainiî dans les manuscrits. Le P. Hardouin dit
Joint III. Nnn
±66 IDU
que c'eft MoRVEDRO qui paffe àSegorbe.Tarapha, cité
par Ortélius , prend ce nom pour une ville qu'il croit
être la ville d'Ubeda. Pline parle d'une rivière , cknon
à'une v'ûle.Flumenl/Jubeda.
IDUMANIA , rivière d'Angleterre , Eifvuanix. Pto-
lomée la met dans fa partie orientale ; Ortélius a cru que
c'étoit laSTONE; mais Cambden, Britann. croit que
c'eft la même que BLACKWATER.
IDUMÉE , pays d'Ane, aux confins de la Paleftine
& de l'Arabie. Elle tire Ion nom d'EDOM ou Efaii, .
qui y établit fa demeure. Il s'établit d'abord dans les
montagnes de Seïr, dans le pays des Horréens , à l'orient
& au midi de la mer Morte ; ck fes descendans dans la
fuite fe répandirent dans l'Arabie pétrée , &£ le pays qui
eft au midi de la Paleftine , entre la mer Morte Se la
Méditerranée. Il arriva même que , durant la captivité
de Babylone , &c dans les tems où la Judée étoit presque
abandonnée , ils fe jetterent dans les terres du midi de
Juda,ck s'avancèrent jusqu'à Hébron. Aïnfi,en parlant
de l'Idumée , il faut exactement diftinguer les tems. Du
tems de Moife & de Jofué, ck même fous les rois de
Juda , les Iduméens étoient refferés à l'orient ck au midi
de la mer Morte , dans le pays de Séïr , tirant vers le
golfe Elanitique. Dans la fuite l'Idumée s'étendit plus
au midi de Juda. La ville capitale de l'idiimée orientale
étoit Bosra , fituée vers Edraï , & la capitale de l'Idumée
méridionale étoit Para ou Jeftaël. Nous ne fommes, dit
D. Calmet, ni les feuls, ni les premiers , qui ayons
diftingué ces deux pays d'Idumée , l'un oriental K l'autre
méridional , par rapport à la Paleftine ; Strabon , Brocard,
ck Bonfrere , Andnchomius , Torn;el , & quelques au-
tres les ont de même fort bien diftingués. Voyez Seïr.
*£). Calma, D\â.
IDUMÉENS , peuples descendus d'Edom ou d'Efaii ,
filsd'Ifaac, ck frère aîné de Jacob. Les Iduméens eurent
des rois affez long-tems avant que les Juifs en euflent (a).
Ils furent premièrement gouvernés par des chefs ou prin-
ces , ck enfuite par des rois. Ils demeurèrent indépendans
jusqu'au tems de David, qui lesaflujettit, & qui fit voir
le parfait accompliflement de la prédiction d'Ifaac,qui
avoit dit que Jacob domineroit Efaii (b). Les Iduméens
fupporterent très-impatiemment le joug des rois de Juda;
& dès la fin du régne de Salomon, Adad ,Iduméen ,
qui avoit été porté en Egypte , étant encore enfant , re-
vint dans fon pays , ck s'y fit reconnoître pour roi (c).
Mais apparemment il ne régna que dans l'Idumée orien-
tale ; car les autres Iduméens , qui étoient au midi de
la Judée, demeurèrent dans l'obeïflance des rois de Juda,
jusqu'au régne de Joram fils de Jofaphat, contre lequel
ils fe révoltèrent (d). Joram leur fit la guerre ; mais ilne
put lesaflujettir. Amafias,fils de Joas roi de Juda, rem-
porta auflî fureux quelques avantages. Il, fe rendit maitre
de Pétra , leur tua dix mille hommes , & en fit fauter
autres dix mille en bas du rocher fur lequel étoit fituée
la ville de Petra (e).Mais ces conquêtes n'euren t point
de fuite cortfiderable. (a) Gcnef. c. 34, v. 31. Q>)Genef.
027, v.29, 30. (c)i.Reg.c. 12, v. 22.(d) z.Par.c.2.1.
(e) 2. Par. c. 25.
Ozias , roi de Juda, prit fur eux la ville d'Elat , fur la
mer Rouge, (a). Mais Razin , roi de Syrie , la reprit fur
Ozias , ck en chaffa les Juifs. On croit qu'Aflaradon ,
roi de Syrie , ravagea leur pays (b). Holofernes les
fubjugua , de même que les autres peuples d'autour de
la Judée (c\ Lorsque Nabuchodonofor affiégea Jérufa-
lem , les Iduméens le joignirent à lui, ck l'animèrent
à ruiner cette ville de fond en comble , ck à en arra-
cher jusqu'aux fondemens. (d) Cette cruauté ne demeura
pas long-tems impunie. Nabuchodonofor, cinq ans après
la prife de Jérufalem , abbatit toutes les puiflances voifi-
nes de la Judée , & en particulier les Iduméens (e). Judas
Maccabée les attaqua ck les battit en plus d'une rencon-
tre (f) ; mais Jean Hircan les dompta , ck les obligea à
recevoir la circoncifion & à fefoumettre aux autres ob-
fervances de la loi des Juifs (s). Ils demeurèrent aflu-
jettis aux derniers rois de la Judée, jusqu'à la ruine de
Jérufalem par les Romains. Ils vinrent mêmeau fecours
de cette ville aflîégée Qi) , & ils y entrèrent pour la dé-
fendre; mais ils n'y demeurèrent pas jusqu'à la fin : ils
enfortirent, ck s'en retournèrent dans l'Idumée chargés
de butin. * (') 4. Reg. c. 14. (b) Ifaïe ,021, 11,12,
13 ; ck c. 14, v.i. H Judith, 03 , 14. (d) Pfalm. 136,
JEC
v. 7. Thrcn. IV , 21 , 22. Abdias V , 1 1. Jerem.^M , 6.
LIX, 7. Eicch. XXV, 12. (e) Abdias, v. 11. Jtrcm.
C. 57 , v. 7, 10, 20. Jofeph Antiq. 1. 10, C. II. (f)
I. Macc. c. 3 , 4. ck 2. Macc. c. 10 , 16. Jofeph. Antiq.
1. II.OII. (S) Antiq. lib. 13, C 14. (h) Jofeph. 1. 4,
de Bello, c. 6, p. 877.
IDUNUM , ville du Norique , félon Ptolomse- La-
zius aflure que c'eft préfentement Udine. Ortélius dit
que les Allemands l'appellent Weiden , Weyden en Ba-
vière. Aventin l'explique par Idenaw , près de Diet-
maning , à deux lieues au - deffus de Burckhau-
SEN.
IDURENSIS, fiége episcopal d'Afrique, félon Orté-
lius , qui cite la Contérence de Carthage. Je crois qu'il
a voulu dire Idicrenfis.
IDYMA, 'ifcfM , ancienne ville d'Ane , dans la Ca-
rie, félon Etienne. Ptolomée l'a nommée Idymus.
ID YMUS , ville de la Carie , félon P olomée. Etienne
la nomme Idyma,Ô£ donne le nom d'iDYMUS aune
rivière voifine.
IDYRUS , ville ck rivière d'Afie , dans la Pamphylie,
félon Etienne qui fuit Hécatée.
: qui
IDZU ou 1DSU ,
(Provinces du Japon. Voyez
IDZUMOouIdsumo,
JE-ABARIM Ca) , c'eft-à-dire les défilés d'Abarim,
ou les défilés dis Palans. L'Ecriture nomme ainfi un
des campemens des Israélites , dans te pays de Moab ,
après leur lortie d'Egypte. Moyle (b) dit que le lieu eft
à l'orient de Moab. C'eft dans le même pays que font
les monts Abarim. Jeremie parle d'un lieu nommé Haï
ou Gaï , qui eft le même que JE ou Jaï , dans le pays
de Moab. L'Hébreu exprime ainfi ce nom D>33J/n "J/,
6c les Septante le rendent par rà/ lu ij m&y. * 0) D.
Calmet , DicL (b) Numer. c. 2 1 , v. 1 1 .
JEAN , (l'Isle de S.) Voyez Brava i.
JEBBA , ancienne ville de la Phcemcie , félon Pline ,
/. 5 , c. 19 , le feul qui en ait parlé.
JEBELLÉE ou
JEBILLÉE, ville maritime delà Paleftine , la même
que l'Ecriture appelle GABALA. Voyez ce mot. Quel-
ques Voyageurs François la nomment Jabli.
JEBLAAM ou Jibleam, (a) ancienne ville de la
Paleftine , dans la demi - tribu de Manaflé (b) , qui
demeuroit au-deçà du Jourdain. C'eft apparemment la
même que BALAAM , marquée au premier livre des Pa-
ralipomenes , c. 6 , v. 70 , tk qui fut cédée aux Lévites
de la maifon de Caath. On ne fait pas bien la fituation
de Jeblaam. * (a) D. Calmet , Dictionnaire. (b) Jofué ,
c. 17, v. 11.
JEBNAEL ou
1. JEBNÉEL , ville de la Paleftine, fur les frontières
de Nephtali , Jofué, c. 19, v. 33. On la nommoit auftî
Jabnéel. Eufebe, Onomaft. la nomme Jamnem. Elle
étoit dans la tribu de Nephtali.
2. JEBNÉEL , ville de la Paleftine , dans la tribu de
Juda, fur les confins vers la mer, Jofué, c. 15, v. il.
On peut croire dit S. Jérôme, de Lacis , que ces con-
fins ont appartenu enfuite à la tribu de Dan , quoiqu'elle
ne lésait jamais pofledés , parce que les Philiftins étoient
les plus forts.
JEBOC. Voyez Jaboc.
JEBUfi (a) , ancien nom de la ville de Jérufalem,
avant qfe les Israélites l'euflent conquife. Elle étoit ainfi
appellée , à caufe de fon fondateur Jebus ou Jébufée , fils
de Chanaan (b) ck père des Jébuféens. Ce peuple étoit
dans la ville de Jebus , ck aux environs dans les mon-
tagnes. Il étoit fort belliqueux, Se demeura dans Jérufa-
lem (c) jusqu'au tems de David. *(a) Jofué, c. 18,
v. 28. Judic. c. 19 , v. 10. 1. Parai, c. 1 1 , v. 4. (b) Genef,
c. 10 ,v. 16; ck Jofué, c. 15 , v. 63. (c) 2. Reg. c. 5,
v.6, &c. |
JECBAA , ancien lieu de là Paleftine. Il en eft parlé
au Livre des Juges , c. 8. La vulgate litJEGBAA, ck quel-
ques nouvelles verfions Jagbeha.
JECHING , ville de la Chine , dans la province de
Channfi , au département de Pingyang , féconde mé-
tropole de la province. Elle eft plus occidentale que
Pékin, de 5 d. 40', parles 36 d.33; delatitude. * Atlas
Sinenfis.
1. JECMAAM, ville de la Paleftine, dans la tribu
JED
JED
d'Ephraïm. Elle fut enfuite cédée aux Lévites de la fa-
mille deCaaih. I. Parai, c.6, v. 68.
2. JECMAAM , autre ville de la Paleftine, dans la
tribu deJuda. 3 Reg.c.4, v. 12.
JECNAM, ou Jecnaam. Voyez Jeconam.
JECO. Voyez Jeso.
JECONAM, ville de la Paleftine , dans la tribude
Zabulon. Elle fut donnée aux Lévites de la famille de
Merari (a). C'eft la mêmeque Jech anam du CarmelQ>) :
elle eft furnommée du Carmtl , à caufe du voifinage de
cette montagne. * (a) Jof. c. 21 , v. 34; 6c c. 19, v. 11.
(b)Jof.C. I2,V>22.
. 1. JECTEHEL, ou Jecthel, ville de la Paleftine,
dans la tribu de Juda (a) ; peut-être eft-elle la même
que Jécabséel de la même tribu (b) , mais cette der-
niere,felonD. Calmet, .eft plutôt CabsÉel. Jof. c. 15,
y. 21 ; &£ 2. Reg. c. 23 , v. 20. * (a) Jof. c. 15, v. 39.
(b) 2. Esdras, c. 11 , v. 25.
2. JECTEHEL , rocher que prit Amafias , roi de Ju-
da , fur les Iduméens , &cdu haut duquel il précipita dix
mille Iduméens , qu'il avoit pris dans le combat (a).
Eusèbe croit que ce rocher n'eft autre que la ville de
Pétra, capitale de l'Arabie Pétrée. Le combat où les
Iduméens furent défaits , fe donna dans la vallée des
Salines, que l'on place entre Palmyre & Bozra. Pline,
/. J, c. 24, dit, que les folitudes de Palmyre s'éten-
dent jusqu'à la ville de Pétra. Il eft donc très-proba-
ble qu'Amafias pouffa fa conquête jusqu'à cette ville ,
& qu'il lui donna le nom de Jeclail, c'eft-à-dire l'o-
bèijfance au Seigueur , pour marquer qu'il tenoit de l'o-
béiffance qu'il avoit rendue à Dieu , la viftoire qu'il
avoit remportée furies Iduméens. (a) 4. Reg. c. 14, v. 7;
& 2. Parai, c. 25, v. 5,6, &c.
JEDALA, ville de la Paleftine (a) , dans la tribude
Zabulon (b). Quelques-uns la nomment Jetala; mais
l'hébreu lit Jadala, les Septante Nalal, & le Syriaque
Aral. *('_) Jof. c. 19, v. 15. (b) D. Calma, Diét.
JEDBOURG , ville de l'Ecoffe méridionale , dans la
province de Tiwiotdale , fur la rivière de Tiviot ou
Ti ve,dont elle eft la capitale. *Etatj>rif de la Gr. Bref, t. 2.
IEDO , ville d'Afie , dans l'ifle de Niphon , dont
elle eft la capitale , auffi-bien que de l'empire du Japon ;
c'eft l'une des cinq grandes villes de commerce , qui
appartiennent au domaine de l'empereur, ou aux terres de
la couronne. Elle eft comptée comme la première ck
la plus confidérable de tout l'empire , à caufe de la mul-
titude des habitans, qui eft presque incroyable, &C du
grand nombre de princes &C de feigneurs qui , avec
leurs familles &C une grande fuite de domeftiques , gros-
fiffent la cour impériale , d'où ils ne peuvent s'ab-
fenter que fîx mois , pour veiller au gouvernement de
leurs états héréditaires. Elle eft dans la province deMu-
fafi, fous le 35e d. 32' de latitude feptentrionale, félon
les obfervations de Kœmpfer , Hifloire du Japon , l. 5 ,
c. 12. Jédo eft fïtuée dans une grande plaine , au bout
d'une baie poiffonneufe , abondante en cancres &c en
coquillages. Ce golfe a Kamakura & la province d'Idfu
à la droite , en ibrtant d'Iedo pour aller en mer , & les
deux provinces d'Awa & de Kudfu (Kadfufa) à la gau-
che ; la baie eft baffe , fond de vafe ou d'argille vafeufe,
de forte que les navires d'une charge un peu confidé-
rable , ne fauroient aller jusqu'à la ville : on les dé-
charge à une lieue ou deux au-deffous.
Du côté de la mer, Jédo a la figure d'un croiffant ; &c
les Japonnois prétendent qu'elle a fept lieues de long ,
cinq de large , & vingt de circonférence. Elle n'eft point
entourée d'une muraille , non plus que les autres villes
du Japon ; mais elle eft coupée par plufieurs foffés ou
canaux , avec de hauts remparts élevés des deux côtés ,
à la plate-forme desquels on a planté des rangées d'ar-
bres. Cela a été fait , moins pour la défense de la ville,
que pour arrêter les incendies qui n'y arrivent que trop
fouvent , & qui y feroient fans cela d'étranges ravages.
Néanmoins du côté du château , ces remparts font fer-
més avec des portes capables de réfiftance. Une grande
rivière , qui a fa fource du côté du couchant de la
ville, la traverse &c fe jette dans le port par cinq em-
bouchures. Chacune a fon nom particulier Sx. un ma-
gnifique pont. Le plus renommé de ces ponts, pour fa
grandeur & fa ftrutture , eft appelle Niponbas , ou le
pont du Japon. Il a quarante-deux bradés de longueur.
4^7
G'eft de ce pont , comme d'un centre commun , que
l'on mefure les chemins Sx. la diftance des lieux de
toute l'étendue de l'empire. Un autre pont eft nommé
ledo Baschi , c'eft-à-dire le pont d'Iedo.
Jédo n'eft point bâtie avec la régularité que l'on re-
marque dans la plupart des autres villes du Japon, fur-
tout à Miaco. Cela vient de ce qu'elle n'eft parvenue
que par degrés à la grandeur qu'elle a aujourd'hui. Avec
tout cela , on y voit plufieurs quartiers , dont les rues
font affez régulières , ci fe coupent à angles droits. On
doit cette régularité aux malheurs caufés par le feu,
qui réduifent à la fois des centaines de maifons en cen-
dres. Les maifons à Jédo font petites Sx baffes, Comme
dans tout le relie de l'empire , bâties de bois de iapin ,
avec un léger enduit d'argile ; en dedans elles font ornées
& divifées en appartenons, avec des paravents de papier ;
les fenêtres font fermées avec des jaloufies. Les planchers
font couverts de nates fines , Sx les toits avec des bar-
deaux ou des coupeaux de bois. Enfin le tout eft cons-
truit d'une telle manière , qu'il ne faut pas s'étonner fi
le feu fait de grands ravages dans le pays. On tient
toujours deffus ou deffous le toît de chaque maifon ,
une cuve pleine d'eau , avec une paire d'escouvillons :
on peut aller aifément à cette cuve , même par le de-
hors de la maifon , à l'aide des échelles : avec cette
précaution ils éteignent fouvent le feu qui fe met dans
une maifon ; mais elle ne fuffit pas , fans doute , pour
arrêter les incendies qui ont déjà fait du progrès Sx.
confumé piulieurs maifons , à quoi ils ne favent pas de
meilleur remède que d'abbatre les maifons voifines que
le feu n'a pas encore touchées. Pour cet efFer des com-
pagnies entières d'hommes , nommés pour éteindre le
feu , font des patrouilles dans les rues , de jour Sx de
nuit. Ils ont des habits de cuir brun, pour les défendre.
du feu ; les uns portent de longues piques , les autres des
harpons à feu fur leurs épaules.
La ville eft bien fournie de temple, Sx de monaftéres
(fi l'on doit donner ce nom à des maifons d'idolâtres,)
& d'autres bâtimens religieux, qui font fitués dans les
plus beaux endroits de la ville. Les maifons où demeu-
rent les moines particuliers , ne diffèrent de la demeure
des laïcs , qu'en ce qu'elles (ont fituées fur quelque en-
droit élevé avec un petit temple ou chapelle tout auprès,
ou bien une grande falle ou chambre ornée de quelques
autels, fur lesquels font plufieurs de leurs idoles. Il y a
outre cela plufieurs temples fuperbes , confacrés à Ami-
da , Siaka , Quanvon , Sx à plufieurs autres de leurs
dieux de toutes les fecles Sx religions établies dans le
Japon. Mais comme ils ne diffèrent ni en figure ni en
conftruftion , de ceux qui font bâtis pour les mêmes
dieux à Miaco, Sx que nous en parlons dans cet arti-
cle , il feroit inutile de le répéter ici.
Il y a à Iédo un grand nombre de fuperbes palais ,
comme on peut fe l'imaginer aifément , d'une ville qui
eft la réfidence d'un puiffant monarque , Sx la demeure
de tous les princes Sx des grands de ce puiffant empire.
Ils font féparés Sx diftingués des maifons des fimples
particuliers, par de grandes cours & de magnifiques por-
tes , ausquels on monte par des escaliers embellis &: ver-
niffés , qui n'ont que peu de marches : les palais fout
divifés en plufieurs magnifiques appartemens de plein
pied , à caufe qu'ils n'ont qu'un étage. Ils ne font point
accompagnés de tours comme font les châteaux & les
palais , où les princes Sx les grands de l'empire réfident
dans leurs états héréditaires.
La ville d'Iedo eft un féminaire d'artiftes , d'artifan*
&C de marchands. Cependant tout s'y vend plus cher
qu'en aucun autre endroit de l'empire , à caufe du grand
concours de peuple , de moines fainéans Sx de courti-
fans, Sx à caufe du transport difficile des provifions de
bouche Sx des autres commodités.
Le gouvernement politique de cette ville eft le
même que celui de NANGASAKI Sx d'OsACCA. Voyez
ces articles. Deux gouverneurs ont le commandement de la
ville, tour-à-tour, pendant l'espace d'un an. Les prin-
cipaux officiers fubalternes, font comme les magiftrats
que les Hollandois nommoient bourgue-meftres. Ils ont
le droit de commandement dans leurs différens quar-
tiers , Sx les Ottona ont l'inspe&ion Sx le commande-
ment fubordonné d'une feule rue.
Le château où réfide l'empereur, eft iitué presqu'au trû-
TerntlJI. Nnnij
468
JED
JED
lieu de la ville. II eft d'une figure irréguliére , tirant fur
la ronde, & a environ cinq lieues du Japon de circuit.
Il confifte en deux enceintes ou châteaux extérieurs. Le
troifiéme, qui eft au centre, eft proprement le lieu de la
demeure de l'empereur ; il eft flanqué de deux autres
châteaux bien fortifiés , mais plus petits, avec de grands
jardins derrière le palais impérial. J'appelle ces différen-
tes divifions des châteaux , à caufe qu'ils font chacun
féparément entourés de foliés Se de murailles. Le pre-
mier ou le plus extérieur occupe un grand terrein ; il
entoure le fécond & une partie du palais impérial , &
il eft entouré de murailles &C de foliés avec des portes
de réfiftance bien gardées. Il contient tant de rues , de
fofles &: de canaux , qu'il eft difficile à un Européen
d'en lever le plan.
C'eft dans ce château extérieur que demeurent les
princesde l'empire avec leurs familles : ils habitent des
palais magnifiques & commodes, bâtis fur des rues avec
des cours" fpacieufes , Si font termes par de bonnes &
grofles portes. Le fécond château occupe un moindre
terrein : il fait face au troifiéme qui eft la demeure de
l'empereur , & eft entouré du premier ; mais il eft fé-
paré des deux autres par des murs, des fofles , des ponts-
levis, & de grofles portes. La garde de ce fécond châ-
teau eft beaucoup plus nombreulë que celle du premier :
il. contient les lùperbes palais de quelques-uns des plus
puiflans princes de l'empire , des confeillers d'état Ô£
des premiers officiers de la couronne , &c en général de
toutes les perfonnes , dont la fonfrion eft d approcher
le plus de la perfonne de l'empereur.
Le château où demeure l'empereur lui-même , eft fitué
fur un terrein un peu plus haut que les autres^ , fur le
haut d'une colline applanie exprès , pour y bâtir le pa-
lais de l'empereur. Il eft entouré d'une muraille forte &
épaifle , de pierres de taille , flanquée de baflions , à-
peu-près , à la manière de l'Europe. On a élevé un rem-
part de terre1, du côté intérieur de la muraille , & au-
deffus on a mis pour ornement 6c pour défenfes plu-
fieurs bâtimens en carré long , ,des guérites bâties en
forme de tours qui ont plufieurs étages. Mais les bâti-
imens du côté où demeure l'empereur , font fur- tout
d'une folidité extraordinaire , tous de pierres de^ taille ,
d'une grandeur énorme. Elles font pofées l'une fur l'au-
tre , fans être aflurées avec du mortier ou avec des
crampons de fer , afin , dit-on , qu'en cas de tremble-
ment de terre , ce qui arrive fréquemment dans le pays,
les pierres cédant au choc, la muraille n'en reçoive au-
cun dommage. Dans l'intérieur du palais il s'élève une
tour carrée , plus haute que tous les autres édifices. Elle
a plufieurs étages ornés de toits , & d'autres embellifle-
mens curieux , qui de loin font paroître le château fu-
perbe. Le grand nombre de toits recourbés , avec des
dragons dorés au haut & aux) angles , qui couvrent tous
les autres bâtimens renfermés dans le château , font le
même effet. Le fécond château eft fort petit , & res-
femble davantage à une citadelle , fans aucun ornement
extérieur. Il n'a qu'une po<rte & un feul pafîage pour y
aller du côté du palais de l'empereur , fur^ un pont long
&fort haut. Le troifiéme château eft à côté du fécond,
& approche fort de fa ftru&ure : ces deux derniers font
entourés de murs hauts &c forts ; & pour une plus grande
défense , ils font environnés de fofles larges &C profonds,
remplis d'eau , qui y pafle de la grande rivière. C'eft dans
ces deux châteaux que l'on nourrit &; qu'on élevé les en-
fans de l'empereur , de l'un &c de l'autre fexe : derrière
les appartenons de l'empereur, il y a encore un terrein
élevé, embelli à la manière du pays , par des jardins
curieux & des vergers terminés par un agréable bos-
quet qui eft au haut de la colline ; il eft compofé de
deux espèces particulières de planes , dont les feuilles
étoilées mêlées de verd , de jaune Se de rouge , flattent
beaucoup la vue. Ce qu'on dit de ces arbres , eft digne
de remarque : c'eft qu'une espèce eft dans toute fa beauté
au printems , fk l'autre en automne. Le palais n'a qu'un
étage , & ne laifle pas d'être allez haut. Il occupe un
grand terrein , &: a plufieurs longues galeries , de gran-
des chambres que l'on peut aggrandir ou diminuer avec
des paravents. Elles font dispofées de forte qu'elles re-
çoivent toujours autant de jour qu'il en faut. Les princi-
paux appartemens ont chacun leur nom : tels font , par
exemple, l'anti-chambre , où toutes les perfonnes que
l'on doit admettre à l'audience , foit de l'empereur, foit
de fes premiers miniftres d'état &: les confeillers privés ,
s'aflemblent pour des affaires ; la falle de mille nattes ,
où l'empereur reçoit l'hommage &C les préfens accoutu-
més des princes de l'empire , où il reçoit auffi les am-
bafladeurs des puiflances étrangères ; diverses l'allés d'au-
dience, les appartemens de la famille impériale &: autres.
La ftruefure de tous ces divers appartemens , eft d'une
grande beauté , félon le goût d'archite&ure du pays. Les
plafonds, les folives&des piliers font de cèdre, de cam-
phre ou de bois de jéféri , dont les veines forment na-
turellement d^s fleurs &£. d'autre figures curieufes. Dans
plufieurs appartemens on met une fimple couche de
vernis fort mince, en d'autres on le vernit ou bien on
le ciiele ; les bas-reliefs font des oifeaux ou des bran-
ches que l'on dore proprement. Le plancher eft cou-
vert des plus belles nattes blanches , avec un bord ou
une frange d'or. Ce font là tous les ameublemens que
l'on voit dans les palais de l'empereur & des princes de
l'empire. On dit qu'il y a un appartement caché & fou-
terrein, qui , au lieu de plafond, a un grand réfervoir
d'eau ; que c'eft-là que l'empereur fe retire lorsqu'il
tonne, parce qu'ils croient que la force du tonnerre eft
rompue par l'eau ; mais Ksempfer ne donne ceci que
comme une chofe qu'il a feulement ouï dire. Il y a en-
core deux chambres fortes, où l'on tient les tréfors de
l'empereur : elles font aflurées contre le feu &C les vo-
leurs , avec de fortes portes de fer &£ des toits de cui-
vre. C'eft dans ce château que réfidoient les fuccefleurs
de l'empereur Jéjas , le premier de cette famille qui ré-
gna fur le Japon.
Les palais des grands ont cela de fingulier, qu'ils ont
plufieurs portes magnifiques , & la principale eft nomJ
mée la porte de l'empereur. La coutume eft, que quand
les grands font bâtir un palais neuf , fi-tôt qu'il eft en
état d'être habité , l'empereur y vient prendre un régal
que le propriétaire lui fait préparer. Après qu'il en eft
forti , on condamne par respeft la porte , afin que per-
fonne n'y puifle jamais pafler après lui.
La rivière de Tonkaw pafle par Iédo , dont elle rem-
plit les canaux. On peut juger de cette ville, parla par*
tie que vit Kajmpfer le jour de fon entrée dans cette
capitale. Nous entrâmes , dit-il , aux fauxbourgs d'Iédo,
qui ne font qu'une continuation du fauxbourg de Siniga-
va , n'y ayant rien qui les fépare qu'un petit corps de
garde. La mer en cet endroit s'approche fi fort de la col-
line, qu'il n'y a qu'un rang de maifonnettes bâties entre
la colline & le chemin , qui régne pendant quelque tems
le long de la côte , &c s'élargit enfuite , formant plufieurs
rues irréguliéres , d'une longueur confidérable. Après une
demie-heure de marche , ces rues deviennent plus lar-
ges, plus uniformes, belles & régulières. Cela, & la
grande foule de monde que nous vîmes , nous fit com-
prendre que nous étions entrés dans la ville. A l'entrée
nous traverlames un marché au poiflbn , où l'on vend
plufieurs fortes de plantes marines , de coquillages, dé
pétoncles , des écumes de mer ck du poiflbn : on mange
au Japon de tout cela. Nous allâmes par la grande rue
du milieu, qui coupe toute la ville du fud au nord, un
peu irrégulièrement : nous paflames fur plufieurs ponts
magnifiques , bâtis fur de petites rivières & des canaux
pleins de vafe, qui couloient à notre gauche vers le châ-
teau , & à notre droite du côté de la mer. Nous vîmes
auffi plufieurs rues qui aboutiflent à la grande. La prin-
cipale qui coupe la ville par le milieu vers le nord, fai-
fant une ligne un peu courbe , & qui a cinquante pas de
largeur , contient une foule incroyable de monde. Nous
y trouvâmes fur notre chemin plufieurs trains des princes
de l'empire & des grands de la cour , des dames ri-,
chement mifes , portées dans des chaiiës ou dans^ des
palanquins : parmi ces fortes de perfonnes, nous vîmes
une compagnie de gens à pied , nommés pour éteindre,
le feu. Ils étoient environ cent , &£ marchoient dans le
même ordre militaire que les nôtres en Europe. Leur
capitaine marchoit au milieu.
Aux deux côtés des rues, il y a une grande quantité
de bout ques bien garnies de marchands, d'artifans,
de vendeurs de drap, de foie ; de droguiftes , de ven-
deurs d'idoles , de libraires, d'émailleurs, d'apothicaires
& d'autres. Un drap noir fuspendu couvre une moitié
je la boutique, les ouvriers font un peu avancés du côté
JE M
de la rue , ck l'on voit étalés de fort beaux échantillons
ou modèles de ce que l'on vend ck fait dans les bouti-
ques. Après avoir fait une lieue le long de cette grande
rue , ck parte près de cinquante autres , qui la coupent
à droite Se à gauche , nous fîmes un détour pour aller
à notre hôtellerie.
JEDSO. Voyez Jeso.
JEEDSU , province du Japon , dans l'ifle Niphon ,
fur la mer de Corée , &£ vis-à-vis l'ifle de Sado , dont
elle eft au midi.
JEGAS, lieu voifin de Syracufe, dans la Sicile. Thu-
cydide , /. 7, en parle à l'occafion de Gilippe , qui s'en
rendit maître.
JEGERNDORF. Voyez Iagerndorff.
JEGUN, bourg de France, dans le haut Armagnac,
fur une petite rivière qui peu après fe jette dans l'Au-
Joux , avec laquelle elle va fe perdre à Clarence clans la
Bayze, qui coule enfuite à Condom 5c à Nérac. Il eft à
trois lieues. d'Auch , au nord occidental de cette ville.
JEHAN-ABAD , ville de l'Indouftan , la même que
Dehli. Quelques-uns écrivent Gehan-Abad. Voyez
Dehli.
JEHIBUM, lieu du département du commandant de
la Paleûine. La féconde cohorte de Gratien y avoit
fes quartiers d'hyver , félon la Notice de l'empire ,
fiel. 21.
JELEA, elea ou Ihelea , ville maritime, quel-
que part vers l'ifle de Cythere , félon quelques manus-
crits de Darès le Phrygien. Ortélius observe que les im-
primés portent Helena.
JELLEIA , ville imaginaire , qui n'a d'autre exiftence
que dans la corruption d'un partage de Strabon. Voyez
DlACUlSTA. Marius Niger, qui ne favoit pas que ce
parTage fut corrompu, n'a pas laifle de dire de bonne
foi , que c'eft prélèntement Stradella.
JELUNG, forterefle de la Chine, dans la province
de Suchuen , au département de Jungning , première
forterefle de la province. Elle eft plus occidentale que
Pékin de 14 d. 15', parles 26 d. 40' de latitude. * At-
las Sinenjis.
JEMARROW, royaume d'Afrique , au fud de la ri-
vière de Gambra , borné à l'oueft par celui à'Eropina ,
& à l'eft par celui de Tomarà. Il a trente-deux lieues
d'étendue le long de la rivière , & eft gouverné par
un empereur Mandingo. Les principales villes font
Bruko & Dubokunda. * Voyage de Moore. Carte de la
Gambra, par le capitaine Léach , 1731.
JEMENA. Voyez Imma.
1. JEMINI. Voyez Imma.
2. JEMINI. Schouten appelle ainfi la rivière d'Afîe,
qui coule dans l'Indouftan , qui parte àAgra, & fe jette
à Halabas dans le Gange. C'eft la même que De l'ifle
appelle Gemene. D'autres l'appellent Geminy. Voyez
ce mot. C'eft le Jomanes de Pline. Voyez aufli cet ar-
ticle.
JEMM, rivière de la Tartarie. LesRufles l'appellent
Jemba. Elle a fa fource dans cette partie du mont Cau-
cafe, que les Tartares appellent Vluk-Tag, vers les 50 d.
de latitude , & les 93 de longitude. Le cours de cette
rivière eft , à-peu-près , oueft-fud-oueft ; Se après un
cours de plus de cent lieues d'Allemagne , elle vient fe
décharger dans la mer Caspienne par fa pointe du nord-
eft,a47d. 50' de latitude. Cette rivière eft abondante en
toutes fortes de poiffons excellens : elle eft extrême-
ment rapide , mais peu profonde ; fes eaux font fort bel-
les , &t fes bords font d'une grande fertilité ; mais ils
font à préfent fort mal cultivés , parce que les Kal-
moucks qui en occupent la partie orientale vers fa fource,
n'ont pas l'ufage de l'agriculture , &c que les Tartares
de la Cafatschia-Orda , qui en occupent la partie occi-
dentale , vers fon embouchure dans la mer Caspienne ,
n'en cultivent précifément qu'autant qu'il leur en faut
pour leur fubfiftance. Il n'y a aucune ville ni village
fur cette rivière ; car les Rufies ne s'y établirent point
à caufe de fon peu de profondeur , qui n'eft pas de cinq
pieds vers fon embouchure , & les Tartares de la Ca-
fatschia-Orda , qui y font déjà établis , habitent fous
des tentes aurtî-bien que les Kalmoucks. * Hijl. généalo-
gique des Tatars, p. 730.
JEMNAA , ancien lieu de la côte de Paleftine , fé-
lon le livre de Jofué, dans l'édition grecque, c.x, v. 16 y
IEN 469
Caf dans la latine, ce nom Se les autres qui Raccompa-
gnent ne font point exprimés.
JEMPTERLAND, (le) ou Jempteland , jemp-
tia , contrée de Suéde , dans fa partie feptentrionale.
Elle eft bornée au nord-eft par la Laponie ; à l'orient
par PAngermauie ; au midi par la Médelpaçlie , l'Hel-
fîngie Si laDalécarlie ; au couchant par les hautes mon-
tagnes qui féparent la Suéde de la Norvège , à laquelle
elle a autrefois appartenu. Il n'y a aucune ville , mais
bien quelques bourgs & villages ; les bourgs font :
Undeshager, Doere,
Altzen , Berg , '
Reflund .
Kloflio. '
Deux rivières allez considérables traverfent ce pays.,
Ylnd.d, qui forme un grand lac qui a plufîeurs lieues
d'étendue , & YHan-.erdal , qui coule du nord-oueft au
fud-eft. Mais je crois que ces deux noms SIndal ck
Hamerdal, font plutôt ceux des vallées que ces riviè-
res arroient, que ceux des rivières mêmes. ZéûeT,Sue-
cia descr. p. 46 , dit que ce pays eft riche en bled.
Cependant il nous apprend que ci-devant les habitans
de la Fin-marchie Danoife , avoient tous les ans deict
foires folemnelles , l'une le 25 Novembre , jour de fainte
Catherine , au côté méridional de Hamerdal ; & l'au-
tre le dimanche des Rameaux , au côté léptentrional ;
qu'ils y troquoient contre les Suédois des pelleteries de
toute espèce, contre de Feau-de-vie , de la farine, des
draps , & autres chofes néceflaires. Olaiis Magnus dit
que , de fon tems , le pays de Jempferland étoic fournis
à l'archevêque d'Upsal. * Hubner, Giogr.p. 698.
L'origine de ce nom eft fondée fur un trait d'hiftoire,
qui mérite bien d'être rapporté ici. Ce pays , aurtî-bien
que la Helfingie, failbit partie de la Norvège, lorsque Ke-
till Iampte ck Thor-Helfing , père & fils , s'enfuirent
de ce royaume, pour fe fouftraire à la tyrannie de Ha-
rald à la belle Chevelure. Si on en croit les hiftoriens
de Norvège, Kitill Iampte craignant Oiffenus, roi de
Suéde, qui avoit envahi le pays de Drontheim , s'é-
tablit dans le pays qui porta ensuite fon nom , ck qui ,
à en juger par la manière dont il eft à préfent peuplé,
ne devoit guères l'être en ce tems-là.
IEMSSÉE , bourg de Finlande, dans la Tavaftie,
au bord occidental du lac de Iende.
JENA. Vovez Iene.
JENCHANG, ville de la Chine, dans la province
de Xenfi , au département de Jengan , huitième métro-
pole de la province. Elle eft plus occidentale que Pékin
de 7 d. 42', par les 37 d. 37' de latitude. * Atlas Si-
nenjis.
JENCHING, ville de la Chine , dans la province de
Honan, au département de Caitûng', première métro-
pole de la province. Elle eft plus occidentale que Pékin
de 3 d. 17', par les 34 d. 46' de latitude. * Atlas Si-
nenjis.
JENÇIN, ville de la Chine, dans la province de Ho-
nan, au département de Cairung , première métropole
de la province. Elle eft plus occidentale que Pékin , de
3 d. 30', par les 36 d. 9' de latitude. * Atlas Sinenjis.
JENCING, forterefle de la Chine, dans la province
de Suchuen , au département de Cienguei , première
forterefle de la province. Elle eft plus occidentale que
Pékin de 15 d. 45', par les 28 d. 43' de latitude. * At-
las Sinenjis.
IENCOPING. Voyez Ienkoping.
IENDE , grand lac de Finlande. On l'appelle aufE
Peinâe ; & c eft fous ce dernier nom, qu'il eft inarqué
dans la Carte des couronnes du Nord , par De l'ifle.
Il eft dans la Tavaftie , d'où il reçoit plufîeurs rivières
ck ruiffeaux , outre quelques autres de la province de
Savolax , qui viennent s'y perdre; enfuite il fe décharge
dans le golfe de Finlande , par la rivière de Kimen, au
couchant de la Carélie Finoife.
IENDO , la même qu'lEDO. Voyez ce mot.
JENDURE. Voyez Jandeure.
1. IENE, ALfluarium , ancien nom d'un golfe de la
Grande-Bretagne. On croit que c'eft prélèntement le
golfe de Kray. * Ortel. Thef.
2. IENE, ville d'Allemagne, dans la Thuringe, fut-
la Sala, dans les états de la maifon de Saxe, de la bran-
che d'Eifenach, Quelques-uns ont voulu dériver fon nom
470
JEN
JEN
de (es vignobles , 6c ont prétendu que les Juifs l'ont
ainfi nommée, parce qu'en Hébreu J» Iain , veut dire
du vin ; mais pour ajouter foi à cette étymologie , il
faudroit être bien afluré qu'il y avoit anciennement des
Juifs Se des vignobles en cet endroit. Ce qui eft plus
certain , c'eft que le comté de Gleisberg s'étendoit à l'en-
tour de cette ville, 6c qu'elle vint à Frédéric le Fort,
par un mariage. Laurent Guillaume , dans fa Description
de la ville de Zwikaw , p. 33 , dit que la féconde
femme de Frédéric le Mordu , nommée E/ifabeth, com-
teffe d'Arnshaug , 6c la dernière de cette famiile , lui
apporta Marlsheim , Iene & Eifenach. * Zeyler,Th.\.\-
ringiae Topogr. p. 106.
Cette ville d'iene, fituée à trois milles deNaunbourg,
eft "paffablement fortifiée, & a un pont de pierre fur la
Sala , rivière qui a fa fource dans le Fichtelberg , & fe
jette dans l'Elbe. Le couvent des Dominicains y fut
fondé , l'an 1286, & doté enfuite par la libéralité de
plufieurs particuliers, mais principalement par les bien-
faits d'Albrecht, landgrave du Thuringe , & comte Pa-
latin de Saxe , comme l'écrit DreiTerus , p. 331. La
ville eft aflèz bien bâtie ; mais elle tire fon principal lus-
tre de fon univerfité. Jean Frédéric , duc de Saxe , fe
donna de grands mouvemens auprès de Charles V, qui
étoit alors à Bruxelles , pour en obtenir les privilèges
néceffaires à cette univerfité ; mais_ il n'en put voir
l'exécution. En mourant il chargea fon fils d'y travail-
ler; 6c ce prince obtint ces privilèges, l'an 1558, de
l'empereur Ferdinand. L'inftallation folemnelle s'en fit
le 2 de Février. Il lui fit préfent d'une belle bibliothè-
que , y plaça des profeffeurs habiles , fur-tout pour le
droit. Bertius met l'introduction de l'univerfité au 25
de Janvier 1655. Les grands hommes qu'on y avoit pla-
cés y attirèrent bientôt une foule d'étudians , outre l'a-
grément qu'ils ytrouvoient, en y vivant à très -bon
marché. Jufte-Lipse avoit enseigné dans cette univer-
fité , 6c il y prononça l'oraifon funèbre du duc de Saxe.
Dès le tems de Bertius elle étoit déchue de cette grande
célébrité. Elle ne laiffe pas de conferver encore un rang
honorable entre les univerfités d'Allemagne, & elle a
encore à préfent des profeffeurs du premier ordre.
La ville d'iene , ainfi que les autres biens , dépendans
•de la branche de Saxe-Eifenach , appartiennent aujour-
d'hui à la branche de Saxe-Weimar , par l'extinction de
la première, en 1741.
3. IENE ou Ieno , ville de la haute Hongrie, vers
les confins de la Tranfilvanie. De l'Ifle la nomme Boros
Ieno ; c'eft une fortereffe fur lé Kerès , rivière qui de-
là coule à Giula. Au-deffous de Boros-Jeno, on trouve
un village nommé le petit Jeno. Ces lieux font dans le
comté d'Arad. Baudrand confond Iene avec Desna,
château qu'il appelle Dene. Ce château eft dans un au-
tre comté. Maty 6c Corneille font la même faute.
JENÉEN , gtande & vieille ville de la Paleftine, aux
confins de la plaine d'Esdraléon , en allant de Jérufa-
lem à Nazareth. Elle a un vieux château Se deux mos-
quées ; 6c c'eft le lieu de la réfidence d'un Emir , qui
levé un caphar fur tous ceux qui font cette route. On
feroit tenté de croire que c'eft la Naïm de l'écriture ;
mais le miniftre Mawndrel les diftingue dans fon Voyage
d'Alep à Jérufalem , pf 187 6c 193.
JENGAN , ville de la Chine , clans la province de
Chenjl ou Xenji , dont elle eft la huitième métropole.
Elle eft de 8 d. 20' plus occidentale que Pékin , &
compte 37 d. 37' de latitude. Cette contrée n'étoitpas
anciennement comprife dans l'empire de la Chine. Ce
fut l'empereur XI , qui s'en rendit maître , 6c qui l'en-
ferma dans la grande muraille. La ville eft fituée au bord
feptentrional du lac Lieu , dans un champ agréable 6c
fertile ; elle 'tire un grand agrément de la montagne
qui eft enfermée dans fes murs , 8c qui eft occupée par
divers édifices , tant publics que particuliers. Le terri-
toire de Jengan renferme dix-neuf villes,
Jengan , Ychuen , Cochuen , Kia a ,
Gansai, Yenchuen, Chung-pu, Upao,
Canciven, Jenchang, Ykiun , Xinmo
Ganting , Chingkien , Suite ® , ck Tuco.
Paogan, Feu®, Miche,
Il coule dans les montagnes de cette liqueur bitumi-
neufe qu'on nomme pétrole ; les habitans de Jengan s'en
fervent dans leurs lampes , 6c pour guérir la galle. Le
pays fournit quantité de pelleteries précieufes , entr'au^
très, des zibelines ; il y a divers marbres en quantité,
& on y trouve particulièrement la fleur meutan , c'eft-
à-dire la reine des fleurs : elle reffemble un peu à nos fo-
ies ; mais fes feuilles font plus épanouies ; elle a moins
d'odeur ,& plus de beauté ; elle eft fans épines : fa cou-
leur eft un mélange de blanc 6c de pourpre ; il y en a
auiïi de rougçs ik.de jaunes ; elle eft portée par un ar-
bufte qui ne reffemble pas mal à notre fureau. Dans
toute la Chine cette fleur eft cultivée dans les vergers
des grands , avec d'autant plus de foin , qu'il faut la garan-
tir des grandes chaleurs de l'été. Iln'yaà Jengan que deux
temples confacrésaux héros. * Martini , Atlas Sinenfis.
JENGAPOUR, ville de l'Indouftan, dans les états
du grand Mogol , fur la rivière de Chaul , dans une pe-
tite contrée, â laquelle cette ville donne fon nom , au
nord-oueft de Dehli, 6c au fud-fud-eft de Lahor ; c'eft là
même que Baudrand appelle GENUPAR. * De PIfle,
Carte des Indes.
JEN-JEN-CHON ou Jen-J^n-Chan, montagne de
la Tartarie , dans le pays appelle Ta-Ta , à trois milles
li des frontières de la Chine. Les Chinois y défirent les
Huns, vers l'an 8 de J. C. 6c gtaverent fur une pierre
de cette montagne? une inscription , pour marque de leur
victoire. * Hijl. générale des Huns\, t. 1 1 , p. 72, 122.
1. JENISCEA, Jenisia , grande rivière d'Afie, dans
la Tartarie : elle a fa fource en divers lacs , auprès des
montagnes , qui font au midi de la Sibérie ; enfuite cou-
lant vers le nord occidental , elle traverfe le pays des
KirgifTes , où elle reçoit divers ruiffeaux , emr'autres
l'Upfa , d. leKaratan, g. Sida , d. Mana , d.Bazaiga,
d. Lagotina, d. vis-à-vis de Grasnojar, ville, g. laSpo-
lofanka, Velika , Vitova , 6c Kan , d. Hufim, 6c Po-
dienbolta , g. Elle fe groflit enfuite de la grande rivière
d'Angara, qui vient du lac de Baikal ; après quoi elle
paffe à Jéniscéâ , ville au pays des Tartares Tongufes ,
6c qui eft nommée par des voyageurs Jéni^eshoi. Les
ruiffeaux qu'elle reçoit au-deffous de cette ville , font
Pitopa , Karofi , d. Sin , g. 6c vis-à-vis elle eft accrue
parla Podkamena-Tonguska , grande rivière au-deffous
de laquelle elle reçoit divers ruiffeaux , dont nous igno-
rons les noms, excepté le Tugulan, g. '6c Mira d. Elle
entre enfuite au pays des Samoyedes , à l'entrée duquel
elle abforbe les eaux de la rivière Nisnaia-Tonguska ,
qui coule au pays des Tongufes. Au-deflbus de leur jonc-
tion, eft fur la droite le monaftere de Troitskogo; 6c
plus bas, de l'autre côté, eft Turuganskoi, à l'endroit où
la rivière de Turugan tombe dans le Jéniscéâ : elle re-
çoit encore les eaux des ruiffeaux fui vans; Schoriga, d.
Korefiga , g. Gataka , 6c Ubo , d. Presque vis-à-vis de
cette dernière elle reçoit une branche de la Gufina,
dont une autre branche la joint plus bas , après avoir
formé une ifle. Sur la droite, les ruiflèaux Dudina-Vei-
gnaia , Dudina-Nisnaia, 6c Ubonia , s'y rendent , de l'ex-
trémité feptentrionale delà même chaînede montagnes,
où elle a pris fa fource , 6c qui la côtoie à l'orient ; puis for-
mant Pille de Gansko à fon embouchure , elle fe jette
dans la mer Glaciale, au midi de la nouvelle Zemble. En-
tre cette rivière 6c celles de Nisnaia-Tonguska , 6c de
Podkamena-Tongusca font des montagnes brûlantes ou
volcans.
2. JENISCEA , Jeniseskoi , ou Jeniseiskoi , ville
de l'empire Ruffien , dans la Tartarie , au royaume
de Sibérie , aux confins des Oftiaques 6c des Tongufes.
Elle tire fon nom de la rivière qui la baigne , 6c qui a
plus d'un grand quart de lieue de large devant la ville.
Vers la fin du fiécle paffé , les habitans de cette ville
équipèrent un vaiffeau , pour aller à la pêche de la ba-
leine; mais il n'en eft jamais revenu , 6c même ils n'en
ont eu aucune nouvelle ; cependant ceux deFuGUNiA,
ville fituée fur la même rivière en descendant', ne lais-
fent pas d'y en envoyer tous les ans ; mais ils prennent
mieux leur tems , lorsque le vent pouffe la glace en
mer , 6c font ainfi cette pêche fans péril. La ville de
Jéniscéâ eft affez grande , bien fortifiée 6c fort peuplée;
le bled , la viande de boucherie 6c la volaille y abondent.
Sa jurisdiction s'étend fur un grand nombre de Tungufes
payens , lesquels habitent le long de la rivière 6c de
quelques autres du voifinage. Ils payent à l'empereur de
JEN
JER
Ruffie Un tri-but de toutes fortes de pelleteries. Le froid
y eft fi violent , que les arbres fruitiers n'y produifent
aucun fruit : il n'y croît que des grofeilles rouges ck
noires, & quelques frailes. * Voyage <i'lsbrand-Ides ,in-
féré dans les Voyages de. le Brun , p. 1 16.
Le Journal Allemand d'un voyage de Laurent Lange,
à la Chine, rapporte une circonstance remarquable.
c'eft qu'aux environs de cette ville , ck même allez loin ,
en allant vers Mangasca , on trouve dans la terre une
espèce d'os fort furprenante, au bord de la rivière, ck
dans d'autres fonds : ces os reffemblent à de i'yvoire :
les naturels du pays les prennent effectivement pour cela,
& on croit que c'eft le Déluge , qui les y a amenés :
d'autres croient que ce ne font ni des os, ni des dents,
mais un y voire foffile qui fe produit dans la terre ; d'au-
tres affurent qu'il y a fous terre un animal exceffivement
gros, nommé Maman, qui ne peut fupporter le jour
ni la lumière : ils ajoutent qu'il a une corne qui lui fert
à écarter devant lui la terre, dans laquelle il vit; que
cette corne reffemble à une dent d'éléphant , ck que cet
animal eft le même que le Béhémot, décrit au livre de
Job,c. 40 ; les dents de fes mâchoires font d'une ma-
tière, qui extérieurement reffembje à l'os; mais inté-
rieurement elle reffemble à un métal, ck eft dure comme
de la pierre ; l'inclination que le Béhémot a de fe ca-
cher, convient à l'animal dont on parle, en ce que l'on
ne trouve de fes os que dans les endroits de Sibérie qui
font bas, marécageux ck couverts de broffailles : il ne
peut voir la lumière fans mourir. Lange ajoute qu'on
lui a dit que l'on trouve encore à préfent des os de cet
animal, comme des cornes*, des dents,. des côtes, où
l'onvoit encore du fang tout frais ck de la chair , & que
fi on s'en vouloit donner la peine, onenpourroit former
un fquelette entier.
Un Allemand qui a fermé un Etat de la Sibérie, im-
primé à Nuremberg , l'an 1720, qu'il a recueilli de tous
les auteurs qu'il a pu trouver , dit, c. 9 , p. 80 , qu'un des
côtés de la rivière Jeniza , Jenisea , Genessai ou
JELISSE , eft bordé par de hautes montagnes ; que l'au-
tre eft une large plaine , qui vers le printems, eft inon-
dée par ce fleuve qui , fe déborde comme le Nil , l'espace
de foixante-dix milles, ck engraiffe les terres qu'il rend
ttès fertiles. Tant que dure cette inondation les Ton-
gufes fe retirent de l'autre côté fur les montagnes : après
quoi , lorsque le fleuve eft rentré dans fon lit , ils revien-
nent dans la plaine , avec leurs troupeaux. Le Jéniscéa
ne peut être navigué fort loin , à caufe de neuf poroges ,
ou chutes d'eau, qui étant à quelques milles dediftance
les unes des autres , interrompent la navigation.
I. JENIZAR, ville de Grèce, dans la Macédoine,
au fond du golfe de Salonique , entre cette ville ck ca-
ravéria , dans le Comenolitari, peu loin des ruines de
l'ancienne Pella. * Robert de Vaugondy , Atlas.
1. JENIZAR , petite ville de Grèce , dans la
Janna , fur une petite rivière , qui tombe dans le
golfe de Volo , entre ce golfe ci Lariffe. C'eft l'an-
cienne PHER.E de Theffalie. * Robert dt Vaugondy ,
Atlas.
. JENKOPING , Jenekoeping ou Jonekoping,
ville de Suéde, dans la province de Smaland, au bord
occidental de la pointe méridionale du lac Vater ou
Vether ; Olaiis Magnus la nomme Janocopia ck dit
que les rois y ont tenu des affemblées célèbres. La
ville eft ouverte de tous côtés , ck n'a ni murs ni
foliés, au rapport de Zeyler, Suec. Desc. p. 108; mais
la citadelle eft enfermée dans un rempart. C'eft dans
cette ville que mourut fubitement , l'an 1 503 . Ste-
non Sture adminiftrateur du royaume de Suéde. L'an
1612, comme Chriftian IV, roi de Danemarck , ve-
noit attaquer cette ville , les Suédois mirent eux-mêmes
le feu à la ville , ck défendirent la citadelle. * Meur-
fius, l.i.
JENLING, ville de la Chine, dans la province de
Honan , au département de Caifung, première métro-
pole de la province. Elle eft plus occidentale que Pé-
kin, de 1 d-.Ji' , par les 35 d. 13' de latitude. * Atlas
Sinenfis.
JENO. VoyezlENE3.
JENPING , ville de la Chine, dans la province de
Fokien , dont elle eft la cinquième métropole. Elle n'eft
plus orientale que Pékin, que de 57' ou les 26 d. 34'
4/1
de latitude. Cette ville eft arrofée par la rivière Min ,
ck^s'éleve depuis le rivage en forme d'amphithéâtre jus-
qu au haut de la colline , de manière , qu'en navigeant
fur la rivière , on la voit presqu'entiérement. Du côté
de la porte, qui eft à l'orient, il y a deux rivières qui
fe joignent , le Min & le Si , & forment un lac, où
abordent des barques de presque toute la province. La
ville n'eft pas fort grande ; mais elle n'eft pas moins jolie ,
ck fes murailles s'élèvent jusques lur les montagnes , qui
font très-hautes ck presque inacceffibles du côté de de-
hors ; c'eft ce qui fait palier Jenping pour une place très-
forte, & une clef de la province. Elle a cela de particu-
lier que la langue^ des lettrés y eft la langue ordinaire
du peuple ; ce qu'on attribue à une colonie qui y eft
venue de Nanquin. Une autre choie qui lui eft fingu-
liere, c'eft qu'il y a peu de maifons qui ne foient four-
nies d'eau, par des canaux , qui descendent de la mon-
tagne. Il y a trois temples diftingués, & deux ponts de
bateaux 'amarésenfemble, un fur chaque rivière. * Atlas
Sinenfis.
Cina fut le premier qui la nomma Jenping. La famille
de Tanga la nomma KlENCHEU , celle de Sunga
Nankien ; ck enfin celle de Taiminga lui rendit fon
premier nom de Jenping. Son territoire comprend fept
villes;
Jenping, Cianglo, Xa,
Yenki, Xunchang, Junggan,
ck Tatien.
JENSU, ville de la Chine , dans la province de Ho*
nan , au département de Honan , fixiéme métropole
de la province. Elle eft plus occidentale que Pékin ,
de 4 d. 41', par les 35 d. 40' de latitude. * Atlas
Sinenfis.
JENTING, cité de la Chine, .dans la province de
Suchuen , au département de Tangchuen , première
grande cité de la province. Elle eft de 11 d. 39' plus
occidentale que Pékin, par les 31 d. n' de latitude.
* Atlas Sinenfis.
JENUPAR. Voyez Jengapour.
JENXAN , ville de la Chine , dans le Pékéli , au
département de Hokien , troifiéme métropole de la
province. Elle eft plus orientale que Pékin de 40' , par
les 38 d. 25' de latitude. * Atlas Sinenfis.
JBNYSUS, fmruroç, ville frontière de l'Arabie &
de la Syrie, aux confins de l'Egypte , félon Hérodote,
/. 3 , c.j. Il dit que l'espace qui eft entre la ville' Je-
nyfus, le mont Cafius & le lac Sirbon , n'eft pas petit ,
ck qu'il a une étendue de trois journées de chemin.
JEPHLETI ou Japhlet, comme lit Ortélius; ou
plutôt Jepheti, comme en lit dans la Vulgate, an-
cienne ville de la Paleftine , aux confins des tribus de
Benjamin ck d'Ephraïm. * Jofué , c. 16, v. 3.
JEPHTA , ville de la Paleftine, dans la tribu de Juda.
* Jofué , c. 15 , v.43.
IEPHTAEL ,; ville de la Paleftine, dans la tribu de
Zabulon. * Jofué, c. 19 , v. 14.
IERA , petite ifle déferte de l'Archipel , au levant
de rifle de Namfio , en allant vers celle de Stampalie.
IERABRICA , ancien lieu d'Espagne , félon Antonin,
entre Lisbonne tk Scalabis , à XXX. M. P. de la pre-
mière, ck à XXXII. M. P. de la féconde, fur la route
de Lisbonne à Merida. L'édition de Zurita porte HlE-
RABRIGA; l'exemplaire du Vatican porte Ierabrica,
d'où eft venu dans quelques manuscrits Lerabrica: il y
en a d'autres où 17 eft changé en G ; ce qui a été facile
en prononçant mal IV , qui eft voyelle , 6k dont on a
fait un/confonne. Refendius , Vafœus, Morales, &
autres, croient que c'eft Alancuer. Voyez ce mot.
C'eft peut-être l'Arabrica de Ptolomée.
JERAFITANUS, fiége épiscopal d'Afrique dans la
Mauritanie Sitifenfe , félon la Notice d'Afrique, qui
fait mention de Viftor Jerafitanus. * Harduin , Collecf .
conc.
JERALA , ville de la Paleftine , dans la tribu de Za-
bulon. Elle eft auffi nommée Jedala : il a été* aifé en
lifant l'Hébreu de confondre le D ck YR , "\ ck-). * Jofué,
c.I9,v.iV.
JERAMÉEL, canton de la Paleftine, dans le partage
de la tribu de Juda , vers le midi de cette tribu. Il fut
47i
JER
JER
poffédé parles descendans deJéraméel', fîlsd'Hesron.
David dilbit à Achis, qu'il faifoit des courfesdansle pays
de Jéraméel pendant qu'il ravageoit le pays des Ama-
lécites, des Geffurites & des Geifites. * i. Reg. c. 27,
v. 10; &: c. 30, v. 29.
JERBEY, ou Irebey , autrefois ville , préfentement
village d'Angleterre, au comté de Cumberland , à cinq
lieues de la ville de Carlille vers le couchant. C'eft ap-
paremment Irby , bourg, où l'on tient marché. * Bau-
drand, éd. 1705.
Cambden croit que Jerbey eft VArbeia , dont il eft
parlé dans le livre des Notices de l'empire, S ici. 63.
JERÉJA, royaume d'Afrique, entre les rivières de
Gambie, & de Kafamanka du nord au midi, s'étend
depuis la mer jusqu'à la fource de cette dernière; ks
fujets font compoiés de deux nations Nègres , les Ba-
gnons & les Flups. La capitale porte le même nom de
Jéréja; elle eft habitée en partie par des Portugais , 6c
les facteurs des comptoirs Anglois Se François. Le pa-
lais du roi eft à demi-lieue de la ville ; c'eft un aflem-
blage de cabanes , qui forment un petit village. Outre
la capitale , il y a dans ce royaume la ville de Vintain ,
fur la rivière de même nom ; Paska grand village , qui
eft la réfidence d'un alkade ; Se Jamez qui eft à quatorze
lieues de Paska. * Voyage de Brue en Afrique. Voyage
de le Maire.
1. JÉRIA , contrée de l'Inde. S. Jérôme, Qucejl. in
Genef. en parle , Se dit qu'elle étoit près du fleuve
Cophene. Ortélius croit que ce nom , pris de Jofeph ,
eft corrompu, Se ajoute que dans l'endroit dont il eft
queftion, on lit dans Jofeph même, Antiq, 1. 1 ,c. 1 ,
Syrije.
2. JÉRIA, lieu de Thrace hors la ville de Conftan-
tinople , félon l'Hiftoire mêlée , /. 18 , qui le nomme Hie-
RIA, /. 21.
JÉRICHAU , cercle d'Allemagne, dans le duché de
Magdebourg. Il s'étend , dans fa partie orientale , à la
droite de l'Elbe , Se prend fon nom d'un bourg fitué fur
ce fleuve , où il y avoit anciennement une abbaye de
Tordre de Prémontré.
JERICHO (a), ville de la Paleftine, dans la tribu de
Benjamin (b) , environ à fept lieues de Jérufalem , Se
à deux du Jourdain. Moïfe (c) l'appelle la Ville des
PALMIERS , à caufe qu'il y_ avoit grand nombre de ces
arbres dans la plaine de Jéricho. Jofeph (<•) dit qu'il
y avoit dans le territoire de cette ville beaucdfep de
palmiers, Se l'arbre du baume qui produifoit cette li-
queur fi précieufe Se fi eftimée des anciens ; la vallée de
Jéricho , étoit arrofée par un ruiffeau , qui étoit autrefois
falé Se amer (e), mais qui dans la fuite fut adouci parle pro-
phète Elifée; enforte que ces ^ eaux rendirent la plaine de
Jéricho (f) , une des plus agréables Se des plus fertiles du
pays. Jéricho fut la première ville du pays de Chanaan,
que Jofué prit (s). Il y envoya d'abord des espions qui
furent reçus par une femme nommée Rahab , qui les
logea chez elle , Se les fauva de la main du roi de la
ville , qui avoit envoyé pour les faire arrêter. Elle leur
fit promettre qu'ils la conferveroient , elle Se toute fa fa-
mille , lorsqu'ils auroientpris la ville. * (a) D. Calmer,
Dift. (b) Jofué, c. 18, v. 21. O Deut. c. 34, v. 3.
(d) Antiq. L4, c.<j. (e) 4. iîeg. c. 2, v. 19. (()Jofephde
BelLo , 1. 5 , c. 4. (6) Jofué, 1 1 , 1 , 2 , Se fuiv.
(a) Jofué reçut ordre du Seigneur d'affiéger Jéricho ,
peu de jours après le paffage du Jourdain, Se peut-être
la veille ou le jour de la première Pâque , que les Hé-
breux célébrèrent dans la terre de Chanaan. La manière
dont fe devoit faire le fiége eft tpute extraordinaire.
Dieu leur ordonna de faire pendant fept jours, Se chaque
jour une fois le tour de la ville. Les gens de guerre mar-
choient à la tête, apparemment hors de la portée des
traits des ennemis. Après eux fuivoient les prêtres qui
fonnoient de la trompette; puis ceux qui portoient le
coffre facré , qui renfermoit les tables de la loi ; Se enfin
tout le peuple , dispofé dans le même ordre qu'ils gar-
doient dans la marche du défert. On obferva cette céré-
monie jusqu'au feptiéme jour. Ce jour - là on tourna
fept fois autour de la ville ; & à la feptiéme , au bruit
des trompettes Se des cris de tout le peuple, les murs
tombèrent d'eux-mêmes. Le premier jour étoit un di-
manche, difent les rabbins, & le feptiéme un jour
de Sabbat. Tout'le peuple demeura dans un profond
filence, pendant les fix premiers jours; mais lefeptiéme
jour, Jofué leur ayant dit de crier, ils élevèrent leurs
voix de toute part ; Seles murs étant renverfés , ils entre-
rent tous dans la ville , chacun par l'endroit qui étoit vis-
à-vis de lui : or le Seigneur avoit ordonné que la ville
fût dévouée à Tanathéme , & que nul ne touchât à quoi
que ce fut de ce qu'on y trouveroit Se qu'on n'y épar-
gnât ni hommes ni bêtes ; que la feule Rahab Se fa
famille feroient exceptées de cette loi générale. Tout cela
fut exécuté. On mit le feu à la ville ; Se on confacra
au Seigneur tout l'or , l'argent Se le cuivre qui s'y trou-
vèrent. Alors Jofué fit cette imprécation , Se il dit : Mau-
dit foit devant le Seigneur l'homme qui relèvera Se re-
bâtira Jéricho : que fon premier né meure , lorsqu'il en
jettera les fondemens ; Se qu'il perde le dernier de ies
enfans , lorsqu'il en mettra les portes. Cette impréca-
tion de Jofué ne fut pas vaine (b). Hiel de Béthel, en-
viron cinq cents trente-fept ans après ceci , entreprit de
rebâtir Jéricho. Il perdit Abiram fon fils aine , lorsqu'il
en jetta les fondemens; Se Ségub le dernier de les (ils ,
lorsqu'il en pofa les portes. Au refte , on ne doit pas s'ima-
giner que jusqu'au tems de Hiel de Béthel , il n'y ait point
eu de ville de Jéricho dans ce canton. Nous y voyons une
vilje des Palmiers , apparemment la même que Jéricho,
du tems'.des JugesO) , Se fous Eglon , rois des Moabites.
Les ambaffadeurs de David , qui avoient été outragés
par les Ammonites (d) , demeurèrent à Jéricho , jusqu'à
ce. que leur barbe fût revenue. Il y avoit donc dès-lors
une ville de Jéricho ; mais elle n'étoit pas fur les fon-
demens de l'ancienne , elle étoit au voifinage de cette
première Jéricho. Jofeph diftingue (e) aflez ces deux
•villes , lorsqu'il dit qu'encore de fon tems , on voyoit
près l'ancienne , détruite autrefois par Jolùé, la fource
d'une fontaine très-abondante , qui fuffifoit pour arro-
fer toute la plaine. Mais depuis que Hiel de Béthel 1
réparé l'ancienne Jéricho nul ne fe fit fcrupule d'y
aller demeurer. Hérode avoit fait bâtir à Jéricho un fort
beau palais. C'eft là qu'il fit noyer le grand-prêtre Ari-
ftobule, fon beau-frere , Se où il mourut lui-même.
Notre Sauveur a fait quelques miracles à Jéricho ; Se c'eft
où il s'invita à demeurer chez Zachée , dont la foi eft
fi fort louée dans l'Evangile. * (a) Jofué, c.6, v. 1,
& fuiv. (b) 3. Reg, C.16 , v. 34. (c) Judic. c.2,v. 17.
00 J.%c.r - ' -
la Terre-fainte .
La rofe de Jéricho efi louée dans l'Ecriture (a) ,
dans les voyageurs; quoiqu'il y ait lieu de douter que
ce que l'Ecriture appelle rofe de Jéricho (b), foit la
même chofe que les modernes entendent fous ce nom.
Quoi qu'il en foit, voici ce qui eft connu fous le nom
de rofe de Jéricho. C'eft une plante qui, a la forme de
fureau. Sa fleur vient en bouquet , compofé de plufieurs
petites fleurs aflez femblables à celles du fureau. D'abord
elle eft rouge , elle devient enfuite blanchâtre. La cam-
pagne de Jéricho eft toute couverte de cette espèce d'ar-
bufte. Il en vient auffi dans quelques endroits de l'Ara-
bie. La fleur eft incorruptible : elle fe féche , Se fe re-
ferme , à-peu-près , comme la fleur de fureau , avant
qu'elle s'ouvre Se s'épanouiffe. On lui attribue plufieurs
vertus fans aucun fondement. Quand on la laiffe quel-
que tems dans l'eau , elle s'ouvre Se s'épanouit. Dès qu'on
la laiffe quelque tems hors de l'eau , elle fe refferre ,
Se cela en toutes les faifons de l'année. * (a) Ecclefuiflic.
c. 24 , v. 18. 00 Quafi plantatio rofz in Jéricho.
Quoique Jofeph dife que les environs de Jéricho res-
fembloient au paradis terreftre, cependant il y avoit
quantité deferpens; Se même Suidas dit qu'on s'enfer-
voit pour la thériaque. Strabon , /. 16 , fait mention de
deux forts , THRAX Se Taurus , fitués à l'entrée de
Jéricho, Se que Pompée détruifit. Jofeph parle auffi des
forts placés autour de cette vijle : celui de Dagon ,
A«^»V, étoit de ce nombre. 0) K.UPROS étoit auffi une
citadelle bâtie au-deffus de Jéricho par Herode (b).
Vespafien (c) détruifit Jéricho , Hadrien la rebâtit. Bail-
let prétend que l'ancienne ville de Jéricho , détruite par
Jofué , étoit dans la tribu de Juda, Se que la nouvelle
Jéricho étoit de la tribu de Benjamin (d). Cette ville
fut encore relevée fous les empereurs Chrétiens ; Se
Procope dit (e) que Juftinien y fit réparer l'hôpital &
l'églife de la Mère de Dieu. On y établit même un
fiége episcopal ; & elle eft nommée Regium Yericho,
dans
10 , v. 4 , 5. r) Doubdan , Voyage de
: , c. 37. Jofeph de Btllo, 1. 5 , c. 4.
Jéricho eft louée dans l'Ecriture (a) , &
1ER
1ER
dans la Notice du patriarchat de Jérufalem; mais les
guerres de Sarrazins dans la Terre-fainte ont tout dé-
truit. Jéricho (f) n'eft à préfent qu'un amas de méchan-
tes huttes faites de cannes & de boue , où demeurent
des Arabes fi gueux , qu'à peine ont - ils de quoi couvrir
leur nudité. Beaucoup de leurs enfans y marchent tout
ïiuds. Il n'y a plus ni remparts , ni murailles , on y voit
tout au plus quelques reftes de fes ruines. Ce qu'il y a
de plus entier eft la maifon de Zachée , ou plutôt la
maifon qu'on a bâtie en la place où étoit la fienne , pro-
che des anciennes murailles de la ville Se du torrent qui
leur fervoit de foffé. C'eft un édifice carré, dont l'étage
d'en-haut eft presque tout abbatu ; celui de deflbus ,
qui eft bien voûté , fubfifte ; mais il ne fert plus que
d'étable. * (a) Ant. 1. 1 3 , c. 1 5 ; Se de Bello , 1. 1 , c. 2.
(I>)^fe.l.i6; &tdeBell.\.z,c.zo.(c) Le P.Nau, Voyage
delà Terre-fainte. (d) Topogr. des Saints, p. 243.
C) ^Edifie. 1. 5 , c. 9. (f) Le P. Nau, Voyage de la
Terre-fainte.
JERICON , ou Jercon, ou plutôt Jarkon, ville
de la Paleftine, dans la tribu de Dan. Me-arcon , ou
plutôt Me-jarcon, fignifie lés eaux dujarcon. Ces lieux
étoient aux environs de Joppé. * Jofué , c. 19 , v.46.
JERIMOTH , ville de la Paleftine , dans la partie
méridionale de la tribu de Juda. Voyez JaraMOTH.
JERIMUTH, c'eft la même choie que Jerimoth.
JERjCÉEN , ville capitale de la petite Bucharie , au-
trement le pays de Chaschgar. Elle -eft fituée à 42 d.
40' de latitude , au nord de la ville de Chaschgar , fur le
tord d'une petite rivière, dont les eaux ne parlent pas pour
être trop faines. Cette ville eft affez grande & affez bien
bâtie à la manière orientale , quoique la plupart de fes
maifons ne foient que de briques cuites au ibleil. Il y
a un château en cette ville où le Contaifch vient, de
tems en tems, loger pour quelques mois , lorsqu'il juge
fapréfence néceffaire de ce côté ; ce qui fait que quelques-
uns le regardent , mais mal-à-propos , comme la réfi-
dence du grand Chan des Calmouks. Comme cette ville
eft le dépôt de tout le commerce, qui fe fait à préfent entre
les Indes Se le nord de l'Afie, entre leTangutSe la Sibérie,
& entre la grande Bucharie Se, la Chine, elle eft riche,
bien peuplée. Les environs de Jerkéen font fort fertiles ,
produifent en abondance toutes fortes de fruits & de
légumes. La reljgion Maho.métane eft dominante dans
cette ville , comme dans toute la petite Bucharie ; mais
toutes les autres y fontlibres , parce que les Calmouks ,
qui font maîtres de ce pays , fe font un devoir de n'in-
quiéter perfonne pour la religion. Le Czar Pierre le Grand,
avoit conçu le projet d'établir un commerce réglé entre fes
états 6c la ville de Jerkéen par la rivière d'Irtis ; ce qui
auroit , fans doute , été fort avantageux à la Ruffie.*ffy?.
généalogique des Tatars , p. 408.
JERNÂ , rivière d'Espagne, près du promontoire
Celtique , félon quelques éditions de Mêla, l. 3 , c. 1 ,
& nommément celle d'Olivarius. L'édition d'Aide, que
les nouvelles ont fuivie , dit beaucoup mieux Laron , le
nom de cette rivière.
IERNIS , nom que quelques-uns ont donné à l'Ir-
lande.
IERNUS , ville d'Irlande , dans fa partie occidentale ,
félon Ptolomée, /. 2, ci. Voyez l'article Juerna.
1. IERON : c'étoit anciennement le nom d'un lieu
de l'Afie mineure, enBithynie: c'eft aujourd'hui un fort
de l'Anatolie , fur le détroit de Conftantinople , près de
Scutari. * Baudrand , éd. 1705.
z. IERON , ville de la Paleftine, dans la tribu de
Nephtali , félon Jofué, c. 19, v. 38.
3*ERON de Romelie; félon Baudrand bourg de
laïurquie, en Europe , dans la Romélie, près de la ville
de Conftantinople.
JEROSLAV , ville de l'empire Ruffien : quelques-
uns écrivent Jarojlaw ; Se d'autres comme De l'Ifle ,
Carte de Moscovie , Ieroflawle. Cette ville eft fituée fur
le bord méridional du Wolga , dans le duché auquel
elle donne fon nom , Si près des confins du duché de
Rofto-w , à environ quarante ■werftes de la ville de
4?.
Le duché_ de JerofW eft un canton de l'empire Ruf-
fien, traverfé par le Volga. Il eft borné au nord parla
province de Wojogda , à l'orient par la principauté de
Galicz, Se par le duché de Susdal; au midi par le duché
de RoftoW, Se enfin au couchant par le duché de Bélo-
fero. On le traverfe du fud au nord lorsque l'on va de
Moscou à Wologda.
JEROVILLA ou AnFiloca, ville de Grèce , dans
la baffe Albanie , à l'orient du golfe Se de la ville de
l'Arta^fur une petite rivière qui tombe dans ce golfe.
C'eft Y Argos AmphiLochicum des Grecs. Voyez AïÎGOS
3. Se Anfiloca.
IERRE , (l') petite rivière de France , dans la Brie.
Voyez Yeres.
1. JERSEY, ifle fur les côtes deErance, quoique fous
la domination Angloife ; cette nation a confervé cette
ifle , Se quelques autres domaines , pour tout refte des
poflèffions qu'elle avoit autrefois dans ce royaume. Jer-
fey eft fituée vers la côte de Normandie , Se dépen-
doit pour le fpirituel de l'évêché de Coutance. Mais les
Anglois y ont introduit la religion Proteftante , dont ils
font profeffion : elle a précifément fept lieues de circuit,
& eft à dix lieues delà côte de Bretagne, Se à cinq de
celle de Normandie. * Mémoires communiqués.
Le chef-lieu s'appelle Saint-Elie , au fud de l'ifle , ou
eft un port abrié par une chauffée de pierre , & Joue*
gant eft un château qui bat fur le port.
On compte dans l'ifle douze paroiffes : on prétend qu'il
y a bien trente-cinq mille habitans , Se qu'ils peuvent
armer au befoin dix mille hommes. Le rerroir eft très-
fertile , Se le cidre , qui eft la boiffon ordinaire , s'y donne
à vil prix. Le commerce des habitans confifte principa-
lement à introduire du tabac en France , d'un manière
frauduleufe, Se elle en tire des vins Se des eaux-de-vie,
qu'elle fait entrer de même en Angleterre; & comme, en
tems de guerre , ce commerce ne peut avoir lieu fur les
côtes de France , les habitans de Jerfey s'adonnent à
faire la courfe ; ci fe cachant derrière les roches ou les
ides, ils ne manquent point de furprendre quelques-unes
des barques françoifes qui reviennent de Bordeaux,
chargées de vin ou d'eau-de-vie.
Les crapauds fe font multipliés à l'infini dans cette
ifle , & y font très-incommodes : quelques précautions
que l'on prenne, ils entrent toujours dans les chambres;
qui font au-rez-de-chauffée. Ce qu'il y a d'étonnant , c'eft
que dans l'ifle de Garnezei, qui eft voifine, on n'en,
voit pas un; Se fi on y en porte de Jerfey, ils y meu-
rent en arrivant. On croiroit aifément que ces animaux
doivent caufer de la corruption dans l'air de l'ifle,
où ils font fi fréquens. C'eft cependant tout le con-
traire , Se l'air eft beauconp plus fain à Jerfey qu'à
Garnefei.
2.JERSEY. (nouveau) Voyez Nouvelle Yorckj
JÊRSY, Gersy , ou Jarcy, abbaye de Bénédicti-
nes , audiocèfe, & à cinq lieues de Paris, fur la petite
rivière d'Yere. Se fondée en 1269.
JERVENLAND , petit canton de Livonie , dans
l'Eftonie, au nord du lac "Wortzi. On le nomme en la-,
tin Jervia, Se De l'ifle ne le nomme point autrement
en latin que Jervie. Il n'y a aucune ville , mais feule-
ment le château de Wittenftein, le bourg d'Oberbalen
Se quelques villages. Ce canton , comme tout le refte de
la Livonie', appartient à l'empire Ruffien.
JERUSALEM (a), ville d'Afie , dans la Paleftine,
dont elle étoit la capitale fous les régnes de David Se
de Salomon , Se le fut enfuite du royaume de Juda. On
la nommoit auparavant Jebus (b) , ou Salem (c). Quel-
ques-uns l'expriment par Solyma , Jerofolyma; les Hé-
breux par Jerujchalaim ou Jerufchelem. Ce nom peut
lignifier ou la vifion de paix , ou la pojfeffîon , r héri-
tage de paix. Jofué la donna à la tribu de Benjamin (d).
Il prit Se fit mourir le roi de Jérufalem dans la fameufe
journée de Gabaon (e) ; Se il y a toute apparence qu'il
ne laiffa pas cette feule ville au milieu du pays, fans la
réduire comme il avoit fait les autres. Il faut toutefois
avouer qu'il n'eft dit en aucun endroit qu'il l'ait prife.
Il paroit même par^ d'autres paffages , qu'elle demeura
aux Jébuféens , jusqu'au tems de David (f) ; Se il eft dît
expreffément que les enfans de Benjamin ne chafferent
point les Jébuféens de Jérufalem (5). D'un autre côté ,
cette ville p'aroît avoir été dans le partage de la tribu de Juda.
Il eft dit dans Jofué, c. 1 5 , v. 63 , que les enfans de Juda ne
purent exterminer les Jébuféens qui habitoient à Jérufalem ;
Se dans le livre des Juges , c. 1 , v, 8 , on lit que les en-
fans de Juda prirent Se brûlèrent Jérufalem. Eniîn Da-
Tome III. O o ô
474
JER
JER
vid, qui étoit de la tribu de Juda, n'eut pas plutôt été
reconnu roi de tout Israël , qu'il marcha contre Jérufa-
lem (h) , & la réduifit à fon obéiffance ; en chaffa les
Jébuféens , & y établit le fiége de fon royaume. Le Pfal-
mifte (') attribue affez clairement Jérufalem à Juda,
lorsqu'il dit que le Seigneur n'a pas choifi Ephraïm ,
mais la tribu de Juda ce le mont de Sion. Pour conci-
lier ces différens textes , on peut dire que Jérufalem étant
fur la frontière des deux tribus , elle eft tantôt attribuée
à l'une &c tantôt à l'autre ; que Benjamin y avoit plus
de droit par le partage que Jofué avoit fait du pays ; & Juda
par le droit de conquête qu'il en avoit faite jusqu'à deux
fois , premièrement fous les juges , & enfuite fous Da-
vid. Depuis que le Seigneur eut déclaré que Jérufalem
étoit le lieu qu'il avoit choifi pour fa demeure &C fon
temple, elle fut regardée comme la métropole de toute
la nation , & comme étant à tous les Israélites en com-
mun (k). Elle n'appartenoit donc proprement ni à
Benjamin ni à Juda, * (a) D. Calma, Dict. (b) Jofué,
c. i8,v.l8. (c)Genef.c. 14 , v. 18 ; & Hebr. c. 7, v. 1 ;
&r. Pfal. 75, v. 3 ; dans l'Hébreu. (d) c. 18, v. 28;
(e) c. 10, v. 23 , 40; & c. 12 , v. 10. (f ) 2. Reg.
c. 5. (8) Judic. c. 1 , v. 21. (h) r.Reg. c. <j , v. 6, 7.
(0 Pfal. 77, v. 67. (k) Jofeph , de Bello, /. 4,e. 6;
& /. 3 , c. 5.
La ville de Jérufalem étoit bâtie fur une ou deux col-
lines , & elle étoit environnée de montagnes : Montes
in circuitu ejus , Pfalm. 124 , v. 2, ci dans un terrein
pierreux & affez ftérile , à la longueur de foixante fta-
des ; félon Strabon, /. 16 , le terroir & les environs de
Jérufalem étoient affez arrofés , ayant les fonteines de
Géon & de Siloé, & le torrent de Cédron , au pied de
fes murailles ; & outre cela les eaux d'Ethan , que Pi-
late avoit conduites dans la ville , par des aqueducs ,
Jofeph , 1. 2 , c. 1 5 , de Bello. L'ancienne ville de Jéru-
falem ou Jébus , que David prit fur les Jébuféens , n'é-
toit pas bien grande. Elle étoit affife fur une montagne
au midi du temple. La montagne oppofée^qui étoit au
feptentrion , eft celle de Sion , où David bâtit une nou-
velle ville , que l'on appella la cité de David, dans la-
quelle étoient le palais royal &: le temple du Seigneur.
Ce temple étoit conftruit fur la colline de Moria , qui
étoit un des coteaux du mont de Sion. Voyez Ps. 47,
v. ^.Ifaïe,c. 14, v.13 ; & 2. Reg. c. 5,v. 7,9 ; &t 1. Parai.
c. 11, v. 5; ck^.Reg. c. 8, v. 1.
Entre ces deux montagnes étoit la vallée de Mello ,
qui féparoit autrefois l'ancienne Jébus de la cité de
David ; mais elle fut ensuite comblée par David & Sa-
lomon, pour joindre les deux villes. 2. Parai, c. S,v. 2.
E[ech. c. 40, v. 2. 3. Reg. c. 9,v. 15, 24; c. n,v.27.
Depuis le régne de Manaffé , il eft parlé d'une nouvelle
ville appellée lu féconde , qui fut fermée de murailles par
ce prince, t.. Parai, c. 24 , v. 22 , c. 33 , v. 14 ; &c 4. Reg.
c. 22, v. 24. Les Maccabées y firent encore quelques
augmentations , & aggrandirent confidérablement la
ville de Jérufalem du côté du nord, en y enfermant une
troifiéme colline. Jofeph , de Bello , 1. 5 , c. 6 , parle
encore d'une quatrième colline , nommée Beieta , qu'A-
grippa avoit jointe à la ville , & qu'il avoit commencé
à fermer de murailles. Cette nouvelle ville étoit au
nord du temple , le long du torrent de Cédron. Ainfi la
ville de Jérufalem n'avoit jamais été fi grande que lors-
qu'elle fut attaquée par les Romains. Elle avoit alors
trente-trois ftades de tour , qui font quatre mille cent
vingt cinq pas, ou une lieue &? presque 6c demie, à
trois mille pas la lieue. Ce qui fe confirme encore par
ce que dit le même Jofeph , que le mur de circonvalla-
tion, que Titus fit faire autour de la ville , avoit trente-
neuf ftades , qui font quatre mille huit cents foixante &
quinze pas , ou un peu plus d'une lieue &£ demie. .D'au-
tres lui donnent une bien plus grande étendue. Il faut
voir Villalpand pour l'affirmative , & Reland pour la
négative.
Les Jébuféens en étoient les maîtres , tandis que les
Israélites étoient fous Moïfe , fous Jofué , fous les Ju-
ges , & jusqu'au -commencement du régne de David.
On conjecture que Jofué la prit fur eux , comme nous
l'avons déjà remarqué. Les enfans de Juda s'en rendi-
rent maîtres après la mort de Jofué. On lit au Livre
des Juges , c. 1, v. 8 : les enfans de Juda attaquant Jé-
rufalem, la prirent , firent ■main-baffe fur les habitans,
& mirent le feu à la ville. Mais ou ils ne purent la con-
ferver ou ils ne prirent .que la ville baffe , la citadelle
étant demeurée au pouvoir des Jébuféens ; 6i c'eft la
première prife de cette ville qui foit bien m irquée dans
le texte (acre. La féconde eft celle qui fe fit au com-
mencement du régne de David. Ce prince ne fe vit pas
plutôt affermi fur le trône d'Israël, qu'il marcha contre
Jérufalem , 2. Reg. c. 5, v. 6. La ville étoit fi forte, qut
les Jébuféens qui l'occupoient, fe vantoient de la défen-
dre avec des aveugles & des boiteux. Mais David la
força , en chaffa les Jébuféens, & la choifit pour capi-
tale de fon royaume. Depuis ce tems , Jérulàlem fut le
théâtre d'une infinité d'actions importantes, &c l'hiffoire
de Jérufalem devint l'hiftoire de toute la nation des
Juifs.
David l'embellit & l'augmenta confidérablement;
mais Salomon y fit tant de beaux ouvrages , qu'il la
rendit une des plus belles villes de l'Orient. Sous le ré*
gne de Roboam, fils Se fucceffeur de Salomon , elle fut
prife & pillée par Séfac , roi d'Egypte. Ce prince en-
leva tous les trélbrs du temple & du palais royal.
Hazaël , roi de Syrie , étant venu contre Jérufalem ,
Se menaçant de la prendre , Joas roi de Juda , racheta
la ville par une grande fomme d'argent , qu'il envoya
au roi de Syrie , pour l'engager à lever le fiége. Il épuifa
pour cela les tréfors de la maifon de Dieu , & ceux du
palais , pour contenter l'avidité d'Hazaël , qui ne laiffa
pas d'envoyer contre lui , l'année fuivante , une armée
qui défit celle de Juda , prit plufieurs princes , les fit
mourir , &c laiffa Joas lui-même dans d'extrêmes lan-
gueurs. * 4. Reg. c. 12, v. 17. 2. Parai, c. 24, v. 24, 2$.
Quelque tems après , Joas , roi de Juda , ayant té-
mérairement déclaré la guerre à Amafias , roi d'Israël,
ce dernier défit l'armée de Juda, prit Joas prifonnier,
tx étant entré dans Jérufalem , enleva tous les tréfors
qui étoient, tant dans le temple que dans le palais royal;
fit démolir quatre cents coudées des murailles de la ville,
depuis la porte d'Ephraïm jusqu'à la porte de l'Angle,
puis s'en retourna à Samarie. * 4. Reg. c. 14, v. 13 ; &
2. Parai, c. 25, v. 23.
Néchao , roi d'Egypte , au retour de fon expédition
de Carchemife , fur l'Euphrate , entra dans Jérufalem,
prit Joachaz , que le peuple de Juda avoit établi fur le
trône de Jofias , mit en fa place Eliakim ou Joakim ,
& emmena Joachaz en Egypte où il mourut, 4. Reg.
c. 23, v. 30; &c 2. Parai, c. 36, v. 1, 2, 3. On ne-lit
pas dans l'Ecriture que Néchao ait pillé le temple ou la
ville ; mais il impofa fur tout le pays une taxe de cent
talens d'argent , & de dix talens d'or que Joachim fat
obligé de payer , en impofant fur tout le peuple une taxe
réelle à proportion de leurs biens. Il paroît par Eqé-
chiel, c. 19, v. 2, que Joachaz avoit attaqué Néchao,
ou du moins qu'il lui avoit fait une forte réfiftance ,
avant que de fe rendre à lui.
Nabuchodonofor étant venu dans la Judée , la qua-
trième année du régne de Joakim , roi de Juda, affiégea
Jérufalem (a) , qui étoit alors tributaire des rois d'E-
gypte ; & l'ayant affujettie à la domination des Chaldéens,
il y laiffa Joakim qu'il avoit dé ja eu deffein de mener chargé
de chaînes à Babylone. C'eft ainfi , dit D. Calmet , que
l'on concilie les différens paffages , où il eft parlé de
cet événement , & dont les uns portent que Joakim fut
mené à Babylone , & d'autres qu'il régna à Jérufalem.
Il y régna dans la dépendance de Nabuchodonofor, ainfi
qu'il y régnoit auparavant, fous le bon plaifir des rois,
d'Egypte. Au bout de trois ans , il fe laffa de cette fou-
mi ffion, &fe foufeva contre Nabuchodonofor. Le roi
de Chaldée , occupé à d'autres affaires , ne putTfi - tôt
réduire Joakim : il envoya feulement contre lui des
troupes de Chaldéens , de Syriens , de Moabites &
d'Ammonites , qui ravagèrent la Judée , &c amenèrent
à Babylone trois mille vingt-trois Juifs. Ils entrèrent
dans Jérufalem, prirent & mirent à mort ce prince, i&C
jetterent fon corps à la voirie. Jéconias , fon fils , lui
fuccéda ; mais après un régne de trois mois & dix
jours, Nabuchodonofor vint affiéger Jérufalem, & obli-
gea Jéconias de fe rendre (b) , la ville fut prife par les
Chaldéens , & les tréfors du temple ci du palais royal
enlevés & emportés à Babylone. Enfin Nabuchodono-
for prit Jérufalem pour la quatrième & dernière fois ;
il fit brûler ôc ruiner , tant la ville que le temple , la on-
JER
JER
ziéme année du règne de Sédécias . ck emmena les princes
ck le peuple en captivité. Ainfi Ion peut compter avant
la captivité de Babylone neuf prifes de la ville de Jéru-
falem. (a) 4-Reg.c. 25 , v. i , 2, & feq. Daniel, c. 1 ;
ck Jer. c. 25 , v. i;&l. Parai, c. 36 , v. 6. (b) A,R.eg.
c. 24 , v. 1 , 4.
Après la captivité de Babylone, la ville de Jérufalem
fut rebâtie tk repeuplée de nouveau, la première année
du régne de Cyrus à Babylone; mais on ne rebâtit fes
murs & fes portes , qu'après le retour de Néhémie , en-
viron quatre- vingt-diux ans après. Alexandre le Grand,
entra dans Jérufalem, après la prife de Tyr. Après la mort
de ce conquérant, Jérufalem demeura en la puiffance des
rois d'Egypte; tk Ptolomée, fils deLagus, prit Jérufa-
lem par artifice , fi l'on s'en rapporte à Ariftée , tk à
Jofeph , Antiq. 1. 12, ci, & emmena captifs dans
l'Egypte environ cent mille hommes qu'il avoit pris dans
la Judée. Le même Jofeph , Contra Appion, 1. 2, dit
que Ptolomée Evergetes , roi d Egypte , vint auffi à Jé-
rufalem , tk y offrit plufieurs facrifices d'aftions de grâ-
ces. Enfin Ptolomée Phdopator, après la viftoire qu'il
avoit remportée fur Antiochusle Grand ,près de la ville
de Raphia , vint à Jérufalem, alla au temple, tk y offrit
des facrifices ; mais les prêtres l'empêchèrent d'entrer
dans le fanftuaire, ce qui l'irrita de telle forte, qu'il ré-
folut de faire périr tous les Juifs, qui étoient en Egypte :
ce qu'il auroit exécuté , fi Dieu n'avoit protégé fon
peuple , d'une manière tou'e miraculeufe , qui eft rap-
portée au long dans le troifiéme Livre des Maccabées.
Antiochus , le Grand , ayant repris la Céiélyrie tk la
Judée, fur le roi d'Egypte , vint à Jérufalem , où il fut
fort bien reçu par les Juifs, qui nourrirent fon armée,
ck fes éléphans , tk lui donnèrent du fecours pour ré-
duire la garnifon , que Scopas avoit biffée dans la cita-
delle de Jérulalem (a). Pour reconnoître ces bons fer-
vices, Antiochus n'oublia rien pour rétablir Jérufalem
dans fa première f plendeur , accorda de grands privilèges
aux Juifs , tk donna de grandes fommes pour les facrifi-
ces du temple. Séleucus, fils tk fucceffeur d'Antiochus le
Grand, ne fut pas auffi favorable aux Juifs, que l'avoit
été Antiochus. 11 envoya Héliodore au temple de Jérufa-
lem , pour en enlever les tréfors (b) ; mais il fut obligé
de s'en retourner fans rien faire , après avoir été fort
maltraité par des anges qui lui apparurent dans le temple
même. Antiochus Epiphanes, frère tk fucceffeur de Sé-
leucus , vinr à Jérufalem , & y fut reçu par Jalon ulùrpa-
teur de la fouverame facrificature, avec de très-grands
honneurs (c) , à la lumière des flambeaux , & au bruit
des acclamations pub.iques. Pour cette fois, il n'y fit aucun
mal; mais trois ans après, ayant apns que ceux de Jéru-
falem avoient témoigné quelque joie à la faufle nouvelle
qui vint qu'il étoit mort en Egypte, il en conçut tant
d'indignation (d) , qu'à fon retour, il affiégea la ville,
la pilla , enleva tout l'or 6k les vafes les plus précieux
du temple , & y fit mourir plus de quatre- vingt mille
hommes. Deux ans après il envoya à Jérufalem un nommé
Apollonius intendant des ttibuts , avec des ordres fecrets
de piller tk de brûler la ville. Cet homme vint d'a-
bord en apparence, avec un esprit de paix ; mais tout d'un
coup il fe jetta fur la ville , y fit un grand carnage , prit
des dépouilles, tk mit le feu à la ville ; ruina la plus
grande partie des maifons, tk ne réferva que ce qu'il fit
^nfermer de murailles au haut de la cité , près le temple
^Bu Seigneur, où il fit bâtir une citadelle, & où il laiffa
une forte garnifon. Alors Jérufalem fut abandonnée de
fes propres citoyens , tk livrée aux Gentils. L'année fui-
vante , les facrifices furent interrompus dans le temple;
la ftatue de Jupiter Olympien fut placée fur l'autel , tk
on vit dans la maifon de Dieu l'abomination de la dé-
folation(e). Les chofes demeurèrent en cet état, pendant
trois ans. Judas Maccabée ayant batru Nicanor , Gorgias
ck Lyfias , monta à Jérufalem , y nettoya le temple (f),
& y rétablit les facrifices. * (a) Jofeph. Antiq. 1. 12 ,c. 3.
(b) z. Maccab. c.3 . (c) lbid. c. 4, v. 2 1 , 22. (f) 2. Maccab.
c.5. 1. Maccab. ci. (e) 1. Maccab. c. 1. (f) 1. Maccab.
c.4^
L'année fuivante, Antiochus Eupatcr fut reçu dans Jé-
rufalem par Judas Maccabée , enfuite d'une paix qui
avoit été conclue entr'eux. Ce prince honora le temple
ck y fit des préfens; mais avant que de fortir de la ville,
il fit abbatre le mur qui étoit entre le temple tk la ci-
47$
tadelle , tk qui mettoit à couvert le lieu faînt contre les
entreprifes des Syriens. Celte citadelle, qui tenoit tou-
jours Jérufalem dans la dépendance des rois de Syrie , fiib-
fifta pendant vingt-fix ans, après quoi elle fut prife ck
ruinée par Simon Maccabée. *i.Maccab.c>6; ck z. Mac-
cab. c. 13.
Antiochus Sidétès , outré de dépit des maux que lui
avoit faits Simon Maccabée, fit la guerre à Jean-Hircan»
fon fils ck Ion fucceffeur , 6k l'afliéga dans Jérufalem.
Pendant le fiége, la fête des Tabernacles étant arrivée,
Jean-Hircan demanda au roi une trêve de fept jours , pour
pouvoir célébrer la fête dans le repos que requeroient les
cérémonies de fa religion. Antiochus non-feulement ac-
corda ce qu'on lui demandoit, mais envoya encore des
viftimes ck des aroma'.espour les facrifices ; ce qui toucha
tellement Jean-Hircan ck les Juifs, qu'ils fe rendirent au
roi , le reçurent dans leur ville , ck acceptèrent les con-
ditions qu'il leur offrit , excepté celle de recevoir gar-
nifon dans Jérufalem. Ils aimèrent mieux donner une
groffe fomme ck des otages au roi ; Antiochus s'en con-
tenta ck fit feulement abbatre le parapet qui régnoit au-
deffus des murailles.
La ville de Jérulalem jouit d'une affez grande paix ,
jusqu'au règne d'Hircan ck d'Ariftobule , fils d'Alexan-
dre, roi des Juifs. Hircan, comme l'aîné, avoit été re-
connu pour roi; mais comme faftupidité ek fa lenteur
le rendoient peu propre à régner, Anftobule, fon frère,
s'empara du royaume; ck trois ans après qu'Hircanfut
monté fur le trône, il l'obligea^'en descendre , l'ayant
vaincu dans une bataille près de Jéricho , ckl'ayantforcé
dans le temnle (a). Arétas, roi des Arabes, ayant entre-
pris de rétablir Hircan dans fes états , tk affiégeant Aris-
tobule dans Jérufalem , les deux frères eurent recours à
Pompée qui étoit dans l'Orient , .ck lui demandèrent fa
proteftion. Pompée entreprit de rétablir Hircan, à l'ex-
clufion d'Ariftobule : il attaqua Jérufalem , la prit , entra
dans le temple, & pénétra jusques dans le fanftuaire;
mais il eut la modeftie de ne toucher à rien de ce qui
étoit dans ce faint lieu. Il y laiffa de très-grands trefors,
ck admira fur tout l'attachement des prêtres à leurs cé-
rémonies qu'ils n'interrompirent pas même au milieu des
allarmes du fiége ck des épéesdes viftorieux (b). Le jour
qui fuivit la prife du temple, il le fit purifier , tk ordonna
que l'on y offrît des facrifices. *(a) Jofeph. Ant. 1. I4,c. 1.
(»>) lbid. c. 8 , ck de Bcllo, 1. 1 , c. 5.
Antigone, fils d'Ariftobule, foutenu du fecours des Par-
thes , attaqua, quelques années après, Jérufalem. Herode
ck Phafaël défèndoient la ville; mais en étant fortis
tous deux , pour aller traiter avec Pacore, fils du roi des
Parthes, ou les arrêta, ck on les chargea de chaînes.
Herode {Antiq. 1. 14, c. 24; ck de Bello, I. 1 , eu,)
fut obligé d'abandonner la ville , ck de fe fauver. Il alla
à Rome, où, par le crédit de Marc-Antoine ck deCéfar,
il obtint du fénat le titre de roi. Etant de retour dans la
Paleftine, ck aidé de Sofius , qui commandoit l'armée
Romaine , dans la Syrie , il affiégea Antigone dans Jé-
rufalem. Après un fiége de cinq mois , Antigone fe ren-
dit , ck fe vint jetter aux genoux de Sofius , qui infulta
encore à fon malheur, en l'appellant Antigona , comme
pour marquer fa lâcheté ck fa foibleffe. {Antiq. 1. 14,
cuit.)
Après qu'Archelaiis , fils ck fucceffeur du grand He-
rode , eut été envoyé en exil , la Judée fut réduite en
province, fous l'obéiffance du gouverneur de Syrie. Les
empereurs entretinrenr toujours une garnifon dans la ci-
tadelle Antonia , jusqu'à la dernière révolution, qui
commença par une révolte des Juifs. Us affiégerent
cette fbrtereffe , forcèrent èk pafierent au fil de l'épée
la garnifon Romaine qui y étoit ; l'année iuivante , Tite
affiégea la ville , l'emporta , la brftla , ck la réduifit en
folitude.
Les favans ne conviennent pas du plan de l'an-
cienne Jérufalem : fi l'on s'en rapporte à celui de Vil-
lalpand, elle confiftoit en deux grandes enceintes prin-
cipales , qui en renfermoient d'autres moindres.
La grande enceinte méridionale, qui fkifoit, à-peu-
près , la moitié de toute la ville, étoit féparée de l'autre
moitié par la vallée de Tyropaon, èk par une longue
muraille qui régnoit le long de cette vallée , depuis le
mont Golgotha jusqu'à la porte des Eaux; cette muraille
étoit percée par plufieurs portes de communication. Cette
Tome III. O o o ij
A7&
JER
JES
partie renfermoit la montagne de Sion, & la cité de Da-
vid, qui avoit fes murs particuliers , &qui étant ifolée,
occupoit le centre de la partie occidentale de cette grande
enceinte. On y voyoit au nord le palais d' Agrippa &
celui de Manaflé , aux deux extrémités de la vallée de
Tyropaon.
La grande enceinte feptentrionale étoit divifée en qua-
tre parties principales : celle du nord-oueft étoit occu-
pée par la montagne d'Acra , que l'auteur fuppofe avoir
été la ville de Salem de Melchifedech , &: fur laquelle on
■voyoit la citadelle d'Antiochus , & le théâtre ; celle
du nord-eft étoit la ville neuve. Entr'elle & la vallée de
Tyropœon étoit le temple , au couchant duquel étoit le
prétoire & le palais de Pilate; au nord du temple étoit la
tour ou forterelîe Antonio., qui y communiquoit par
un pont: au nord du temple étoit une autre enceinte,
au milieu de laquelle étoit le marché au bois , & près
du temple la piscine probatique , & le marché aux bêtes.
L'espace compris entre la vallée de Tyropœon, la mon-
tagne d'Acra, & le palais de Pilate, étoitune autre partie
de la ville, à laquelle Villalpand ne donne point de nom
particulier.
Le plan de D. Calmet eft plus fimple. Il divife Jéru-
falem en quatre grandes parties qui chacune avoient leur
enceinte. La première, qui eft au midi, eft une espèce
d'ovale , dont la longueur eft du fud-eft au nord-oueft.
C'eft félon lui , Jebus ou l'ancienne Jérufalem. Au nord
& au nord-eft de cette ville eft la cité de David , qui
renferme le temple & lejpalais du roi . Au couchant de l'une
& de l'autre il place la féconde ville bâtie fous Manaffé ;
& au nord de la cité de David, la nouvelle ville, bâtie
depuis les Maccabées.
La description du temple mériteroit de trouver ici
fe place ; mais cette matière eft fi vafte qu'il vaut mieux
ne la point entamer que d'en dire peu de chofe. D'ail-
leurs les favans ne s'accordent pas fur fa ftru&ure. On
peut comparer ce qu'en ont dit Villalpand , Lighfoot ,
le P. Lami , & D. Calmet , qui ont presque épuifé cette
matière.
Ce temple bâti parSalomon, dura quatre cents vingt-
quatre ans jusqu'à la prife de la ville par Nabuchodo-
for , qui détruifit l'une & l'autre par le feu. Après la cap-
tivité de Babylone , le temple fut rebâti par Zorobabel.
Ce dernier temple fut profané & brûlé en partie par les
Syriens , &par les Gentils, fous Antiochus Epiphane. Ju-
das Maccabée le rétablit & le purifia.
Hérode rebâtit le temple avec une très-grande ma-
gnificence , mais moindre que celle du premier temple.
Il n'y avoit que quatre ou cinq ans qu'il étoit achevé,
lorsque Jefus-Chrift vint au monde. Il en prédit la naine
entière , qui arriva fous Titus , l'an de l'ère vulgaire
Soixante - dix , environ trente - huit ans après la pré-
di&ion.
L'empereur Adrien fit bâtir une nouvelle ville de Jé-
Tufalem,près des ruines de l'ancienne , & la nomma de
fonnom jElia CAPlTOLINA.Elle reprit fon vrai nom
fous Conftantin , premier empereur Chrétien ; & au
concile de Nicée , tenu par les foins & l'autorité de
ce monarque, Pévêque de Jérufalem obtint le premier
rang des évêques de Paleftine, après celui de Céfarée,
qui étoit métropolitain. Je remets à l'article Patriar-
CHAT, ce qu'il y a dire de géographique furie fiége
& le diocèfe de Jérufalem , & fur l'étendue de la
jutisdiftion de fon patriarche. * Bailla, Topogr. des
-Saints.
Lorsque l'on rebâtit la nouvelle ville , le Calvaire fe
'trouva enfermé dans l'enceinte &c la montagne de Sion ;
:1a cité de David en étoit éloignée d'un grand quart de
lieue ; &C par conféqueht les ruines du temple de Salo-
mon en étoient à une diftance plus grande encore. Après
que la fainte Croix eut été trouvée , Conftantin fit bâtir
-une magnifique bafiliquê fur le Calvaire; &C l'on en
fit la dédicace fous le nom SAndfiàfis , mot grec qui
-veut dire rèfurreUion. L'églife qui occupe à préfènt le
Calvaire , porte le nom du faint Sépulcre. Le miniftre
-Mawndrell, Voyage iTAlep à Jérufalem, p. 114, dit:
l'églife du faint Sépulcre eft fondée fur le mont Cal-
vaire , petite eminence fur le mont Moriah qui eft plus
-grand. Ce lieu fervoit autrefois pour l'exécution des cri-
minels ; & à caufe de cela , il étoit hors de la ville,
comme un lieu exécrable fk fouillé; mais depuis que
l'on en a fait l'autel fur lequel a été offert le précieux
facrifice propitiatoire pour les péchés du genre humain ,
il a été purifié ; & tous les Chrétiens en approchent
avec un respect: &£ une dévotion qui l'a fait environner
de toute la ville, de forte qu'il eft préfentement au mi-
lieu de Jérufalem, fk que l'on a mis une partie confi-
dérable du mont de Sion pour faire place au Calvaire.
A deffein de rendre cette montagne propre à y bâtir une
églife , les premiers fondateurs furent obligés de la ré-
duire à un rez-de-chauffée , en applaniffant plufieurs par-
ties du rocher , & en en élevant d'autres. Cependant on
a pris foin de ne rien changer ou diminuer à la montagne,
aux endroits où l'on a cru que s'étoit paffé quelque afte
de la paffion de notre Seigneur. C'eft pourquoi on a
laide en ion entier l'endroit du Calvaire , où l'on dit
que Jefus-Chrift fut attaché Se élevé fur la croix; de
forte qu'il eft aujourd'hui élevé de dix- huit degrés au»
deffus du rez-de- chauffée de l'églife, & le faim Sépul-
cre, qui étoit autrefois une voûte taillée dans le rocher
fous terre, eft préfentement comme un grotte fur terre,
le rocher ayant été coupé tout à Pentour.
La ville de Jérufalem fut prife & brûlée, l'an 614,
par les Perfes , & le patriarche Zacharie emmené pri-
fbnier avec beaucoup d'autres. Elle tomba, Tan 636,
fous la puiffance des Sarazins. Tout le monde fait que
le but des Croifades étoit de rendre aux Chrétiens cette
ville & le pays que le Sauveur du monde a arrofé de fes
meurs & de fon fang ; on en étoit venu à bout. Les
François & les autres Latins y fondèrent un nouveau
royaume , l'an 1099 ; mais il ne dura que quatre-vingt-
huit ans fous neuf rois. Les fucceffeurs de Godefroi de
Bouillon fe brouillèrent ; Saladin, Soudan d'Egypte & de
Syrie , profitant de leurs divifions , fondit fur eux , & les
diaffa, l'an 1187, de Jérufalem & enfuite de la Terre-
i'il tomba fous la domination des Turcs
1 a 1 an 1 5 1 7 .
qui' le poffé-
fainte. Les Sarazins gardèrent ce paysjusqu'à l'an 1 5 17 ,
qu'il tomba f
dent encore.
1. JERUSALEM : ce nom a été donné à une abbaye
de France , favoir l'abbaye de Rebais , en Brie , au dio-
cèfe du Meaux. Voyez Rebais.
JESANA , ancienne ville de la Paleftine , dans la tribu
d'Ephraïm , 2. Parai, c. 13 , v. 19. D. Calmet foupçonne
que c'eft peut-être la même que Senna. Num. c. 34,
. 4. Voyez ce mot.
JE '
1ESAN. Voyez Jiosan.
IESD, ville de Perfe. Voyez Yesd.
1. JESI, ville d'Italie, dans l'état de l'églife, &dans
la Marche d'Ancone , avec un évêché qui ne relevé
que du faint fiége , fur une montagne près de la rivière
d'Efino. Elle eft fort ancienne , mais petite, à fix milles
des frontières du duché d'Urbin , & à douze de Sini-
gaglia, au midi ; à quinze d'Ofimo au couchant ; & à
vingt-trois d'Ancone. Voyez jEsium. * Baudrand, édit.
2. JESI , ville du Japon , dans Pifle de Niphon & dans
le voifinage de Méaco , d'où l'on va par une route fort
agréable , toujours entre de hautes montagnes qui ont de
fort belles maifons des deux côtés. La ville eft environ-
née de bons remparts, & on y entre par une fort belle
allée d'arbres , au commencement de laquelle eft un vil-
lage arrofé d'une rivière qui a deux bras , l'un cou-
vert d'un petit pont de bois & l'autre d'un plus grand ,
long de deux cents trente pas. * Corn-Diâ. Ambaff. ddh
Holl. au Japon.
JESIMA, petite ifle d'Afie, l'une de celles du Japon.
JESIMON, ancienne ville de la Paleftine. D. Calmet
dit: c'eft apparemment la même qu'HESMONA, As%
MONA , ESEM , EsEMON & ESEMONA , ville dans Të
délért deMaon, de la tribu de Siméon , très-avant dans
la partie méridionale de la Paleftine, & même de l'Ara-
bie pétrée. Voyez au premier livre de Rois,c. 23 , v.24.
Jofeph dit : le cléfert de Siméon, au lieu du défert de
Maon , ou étoit Jéfimon.
JESO, ou Jesogasima , c'eft-à-dire l'Isle d*
Jeso: quelques-uns écrivent JeçO , Jesso , Jedso,
Yezo, Eso ou Yeco, grand pays d'Afie, mal , placé
dans toutes les anciennes cartes; celles fur-tout de De
l'Ifle le mettent entre les 200 d. &c les 230 d. de lon-
gitude , au lieu qu'il eft au nord de la partie feptentrio-
nale de Niphon, foixante degrés au moins plus à l'oc-
cident que ne le met Sanfon, Le nom de Jéfogajîma,
JES
JES
que lui donnent les Japonnois , eft une preuve qu'ils le
croient une ifle, à moins qu'on ne veuille dire qu'il en
eft de leur langue , comme de celle des Arabes , qui
n'ayant point de nom pour exprimer une presqu'ifle , fe
fert du nom à'ijle improprement. Kasmpfer , Hijîoire du
Japon , 1. 1 , p. 56 , dit que le Jéfo eft Fille la plus fep-
tentrionale que les Japonnois pofledent hors les limites
du Japon. Elle fut envahie ci conquife par Joritomo,
le premier Cubo ou monarque (éculier, qui en commit
le foin au primce de Matfuinai, ifle voiline , apparte-
nante à la grande province d'Ofiu. Quelque temsaprès,
les habitans , las d'un gouvernement étranger , mafià-
crerent la garnifon , que le prince de Matfumai y avoit
laiflee, & il n'en échappa pas un feul homme. Auffi-tôt
que ce prince eut appris cet afte cThoftilité , il y envoya
une bonne armée avec trois cents chevaux pour en de-
mander fatisfa&ion , &, en cas de refus , pour fe faire
juftice lui-même : le prince de Jeflo pour prévenir les
fuires fâcheufes de cette affaire envoya une ambaflade
à Matfumai ; & afin qu'on ne foupçonnât pas qu'il
étoit d'intelligence avec ces gens-là , il lui livra vingt des
chefs du complot , qui furent exécutés ; & leurs têtes
furent expofëes fur les côtes de Jeffo. Cette foumiffion
lui regagna les bonnes grâces de fes fupérieurs ; mais les
habitans ayant été regardés depuis ce tems comme des
gens féditieux , on tint toujours de fortes garnifons fur
les côtes méridionales de cette ifle, pour les contenir;
& le prince eft obligé d'envoyer tous les ans une am-
baflade à Matfumai, avec despréfensde la valeur d'un
mangokf. Cette ifle eft à 41 d. de latitude feptentrio-
nale au nord-nord-eft , juftement vis-à-vis de la grande
province d'Ofiu , où fes deux promontoires , Sugaar &£
Taajafaki s'avançant fort avant dans la mer , forment
un golfe qui lui fait face. On dit qu'il faut un jour entier
pour paffer à cette ifle ; & on ne peut pas y aller en
tout tems , à caufe des courans qui font très-rapides ,
quoique d'ailleurs ce paflage ne foit que de quarante
lieues de mer Japonnoifes , & qu'en quelques endroits
les côtes du Japon ne foient éloignées que de cinq ou
fix milles d'Allemagne. On prétend qu'elle eft auffi grande
que l'ifle Kiufiu , mais fi pleine de bois & de forêts ,
qu'elle ne produit rien qui puifle être d'ufage aux Japon-
nois , excepté quelques peaux 6c quelques fourrures : auffi
n'apportent-ils autre chofe que cela, & le fameux poiffbn
carafaki , que l'on pêche en grande abondance autour
de l'ifle, & que les Japonnois régardent comme un
mets exquis. Pour ce qui eft de la figure de cette ifle,
pourfuit Kœmpfer, que je ne fais ici que copier, je n'en
. ai pu rien favoir de pofitif , ni par le rapport que m'en
ont fait les Japonnois eux-mêmes,, ni par leurs cartes
qui font très-différentes les unes des autres. Quelques-
unes la repréfentent presque ronde , d'autres lui donnent
une figure très-irréguliere avec des promontoires, des
golfes, des baies , & font avancer la mer fi avant dans
les terres , qu'on diroit qu'elle eft compofée de plufieurs
différentes ifles. Je m'imagine que le pays que De Vries
découvrit au nord du Japon , étoit une partie de cette
ifle. J'ai remarque que dans quelques Cartes Japonnoi-
nes , la partie du fud-oueft , ou la plus grande partie de
l'ifle , étoit nommée Matsuk.1 ; mais elle étoit fi mal
deffinée que j'aurois bien delà peine à déterminer fi c'eft
une ifle féparée, ou fi elle eft jointe au refte. Suivantla
description que les Japonnois font des habitans, ce font
des gens forts Sr. robuftes , mais fauvages , qui portent
les cheveux longs & de longues barbes , & font fort ex-
perts à tirer de l'arc, auffi-bien qu'à la pêche, la plupart
ne vivant que de poiflbn. Ils les repréfentent auffi comme
des gens (aies & mal-propres ; mais il ne faut pas les en
croire légèrement fur cet article ; car ils fe piquent eux-
mêmes d'une fi grande propreté , & fe lavent fi fouvent
le corps, qu'ils ont trouvé le même défaut dans les Hol-
landois. On dit que le langage de Jedfo tient quelque
chofe de celui qu'on parle dans la Corée.
^ Derrière cette ifle , vers le nord , eft le continent
d'OKUJESO , comme l'appellent les Japonnois , c'eft-à
dire du haut Jefo. Les géographes conviennent tous qu'il
y a là un .grand pays. Ce que l'auteur cité ajoute, fe
réduit à ceci, qu'on ne fait ce que c'eft que ce grand pays,
ni s'il touche à laTattarie ou à l'Amérique ; qu'étant au
Japon il a .fait de vains efforts pour s'en inftruire. Il parle
enfuite de quelques tentatives faites, du côté de la Mos-
477
covie , pour découvrir ce pays; mais comme elles font
toutes avant la fin du fiécle pane, il ne faut pas s'étonner
fi l'auteur met au nombre des chofes ignorées, ce que
l'on croit favoir à préfent.
1. Kaempfer emploie comme Anonymes, les noms
de Jeso, Jesogasima,Jesso ScJedso. 2. Ileftpré-
fentement certain que ce pays eft une ifle. Le P. Jérôme
des Anges , qui y pafla du Japon , en parle comme d'une
ifle, dans la féconde relation , quoiqu'il eût dit le con-
traire dans fa première; ce qui doit erre regardé comme
la réfonnation d'une erreur. L'ifle de Jefo eft entre les
43 & 50 d. de latitude. Voyez Kamtschatka &
Oku-Jeso.
JESOLO, lieu d'Italie , dans la Marche Trévifane,
dans l'état des Vénitiens, à cinq lieues de Véni'è. Il eft
remarquable par les ruines de l'ancienne Equilium ,
qui , félon Baudrmd , éd. 1705 , étoit une ville épisco-
pale qui fut détruite par les Huns , & dont le fiége rut
transféré à Citta-Nuova. Les cartes marquent cette
dernière ville comme détruite. Citta Nuova dïjlrutta.
*Jaillot, Atlas.
JESPUS, ville ancienne de l'Espagne Tarragonoife,
félon Ptolomée, /. 2 , c.6 , qui la met au pays des Jaccé-
tains. Quelques exemplaires la nomment Jepus.
JESRAB, ancien nom de ViEDINE, ville d'Arabie, pa-
trie de Mahomet , félon Poftel , dans fon Hiftoire orien-
tale citée par Ortélius.
JESRAEL, jElRAëL, OU JlZRAHéL, ou Jezra-
Hel , ou EsDRAëL , ou Stradele (a) , ancienne ville
de la Paleftine , fituée dans le grand champ , entre Lé-
gion au couchant , & Scytopolis à l'orient (!>). Elle étoit
à la tribu d'Iflachar(c). Achaby avoit un palais , & cette
ville eft devenue fameufe par la vigne de Naboth,
& la vengeance que Dieu tira d'Achab à Jesraël (d).
S. Jérôme dit (e) , que Jesraël étoit allez près de Maxi-
mianopolis , & qu'auprès étoit une longue vallée ayant
plus de dix mille pas de long. Jofeph appelle la ville de
Jesraël Azare , ou Azares ; & du tems de Guillaume
de Tyr, on l'appelloit le Petit Gerin. * (a) D.
Calma, Dift. (b) Eufeb. in Locis. (c) Jofué,c. i9,
v. 18. (d) 3. Reg. c. il ; Ô£ 4. Reg. c. 9 , v. 10 & lëq.
(e) In Ofêe , c. I .
_ JESRON. Ortélius met ce lieu dans la Paleftine , &
cite le livre de Jofué c. XV , où fe irouve Hesron. Les
Septante lifent Aseron, *Aciput. Le verfet même aver-
tit que c'eft ASOR.
JESSA : c'eft la même chofe que Jasa ou Jassa.
JESSALENIou Jessalenses, ancien peuple de la
Mauritanie, félon Ammien Marcelhn. C'eft Ortélius qui
écrit ce nom par deux SS ; car les éditions de Linde-
brog , /. 19,/». 434, & de MM. Valois, /. 19 , c. ^,p. 576,
difent , JefaUnjium gens , le peuple des Jefaliens , ci en
parlent comme d'une nation fauvage, qui pourtant s'étoit
accommodée avec les Romains.
JESSEINS , village de France , en Champagne , fur
l'Aube, deux lieues au-deffous de Bar-fur-Aube. Êaudrand
dit que c'étoit anciennement un gros bourg de la Gaule
Lyonnoiië.
JESSELMERE, ville de l'Indouftan, dans les états du
Grand-Mogol , dans une province de même nom. Cette
province eft bornée à l'orient par celled'Asmer , aufud-
eft parla rivière de Paddar; au fud-oueft par la province
de Soret , au couchant par des montagnes qui la féparent
du Sinde ; & au nord par le pays de Buckor. C'eft au nord
de la province qu'eft fituée la capitale dont cette contrée
porte le nom. Ce pays auquel Baudrand donne le nom
de royaume, obéit immédiatement au Grand-Mogol.
* De flfle , Carte des Indes.
JESO AT , province de l'Indouftan , dans les états du
Grand-Mogol, fur la rivière de Gader, qui vient de Paian,
& fe perd dans le Gange. Elle a au nord le royaume de
Necbal , où eft la ville de Patan, dont on vient de par-
ler ; à l'orient le royaume d'Aiëm ou d'Acham ; au midi
le royaume de Bengale propre, & de-Ià le paysdePatna
achevé de l'enfermer au couchant. GoRRECHEPOUR,
ou Rajapour , eft la feule ville que nous y connoif-
fions. Thévenot ne confidere Jéfuat , que comme un
limple pays compris dans la province de Becar : il met
Rageapour entre les bonnes villes de la province.
JESUÉ, ville de la Paleftine, dans la tribu do Juda.
Esdr. 1. 1 , c. 1 1 , V. z6.
JEV
478-
JESUPOL , petite ville de la petite Pologne , fur la
rive gauche de la rivière de Biftritz , qui fe jette dam
le- Niefter. Elle eft fortifiée , & a une citadelle. Elle eft
tout auprès de Halicz. Starovolski la met dans la Po-
dolie. C'eft une erreur, car elle eft dans la Pokucie. *Anir.
Cellar. Polon. Descr./>. 331;.
IETjE, ville ancienne de la Sicile, félon Etienne, qui
en nomme les habitans IeTjEI. SUius Italicus, 1. 14,
v. 272, dit:
6- celfus Jetas.
Pline, /. 3 , c. 8 , en nomme les habitans Ietenses ; c'eft
préfentementlATO. Voyez Iati.
JETCHU, province du Japon. On écrit aufliJEETSJU;
& c'eft fous ce nom qu'elle eft décrite dans l'article du
Japon , dans la troisième contrée.
JETEBA , ville de la Paleftine , dans la tribu de Juda.
C'étoit la patrie de Melîalemeth, mère d'Ammon. 4. Reg.
C.21, v. 10.
JETHEBATHA , campement des Israélites dans le
défert entre Gadgad & Hebrona, Num. c. 33 , v. 34.
D. Calmet conjecture que ce peut être le même cam-
pement que les Sépulcres de concupiscence. Ie-taa-
BATA , nrQnNf! 'V fignifie le Tas de concupiscence ,
Acervus concupiscentia.
JETERUS, rivière de la Mœfie, & qui a fa fource au
mont Hœrnus , félon Pline : c'eft le même que le Jatrus
de Jornandes. Voyez ce mot, n° 2.
JETHEBATHA. Voyez Jetebatha.
JETHELA , ville de la Paleftine , dans la tribu de Dan,
Jofué , c. 19, v. 41.
JETHER, autre ville de la Paleftine, dans la tribu de
Dan, Jofué, c. 15 , v.48. Elle fut enluite cédée aux Lé-
vites de la famille de Caath, c.21 , 14. Eusèbè dit que
Jetker, autrement Jeth ira , eft fituée dans le canton
•nommé Daroma, vers la ville de Malatha, à vingt milles
d'Eleuthéropolis. On conjecture que c'eft la même qu'E-
THERouAthar.
JETSENGEN, province du Japon, dans la troifiéme
grande contrée. C'eft la même que JETSINGO.
JETSINGO, province du Japon. Voyez Japon.
JETSISSEN, autre province du Japon. Voyez
Japon.
JETSON , ville de la Paleftine , dans la tribu de
Ruben. Elle fut cédée aux Lévites de la tribu de Me-
rari. Jojué , c. 21 , v. 36. L'hébreu au lieu de Jet-
SON porte Cademoth dans Jofué & dans les Para-
lipoménes , /. 1 , c. 6 , v. 78 , 79. On ne trouve point
Jetson dans aucun autre dénombrement des villes de
Ruben.
JETTA. Voyez Jota.
JETTAN. Eusèbe , de Nomin. hebr. dit, qu'il y a vn
gros lieu nommé Jettan , à dix-huit milles d'Eleuthéropo-
lis , dans le canton nommé Daroma.
JEVER, petite ville d'Allemagne, en "Weftphalie,
au pays de Jéverland , & plus particulièrement dansl'Os-
tring. Elle a une citadelle , & eft le chef-lieu d'un petit
pays , auquel elle donne le nom de Jéverland. Elle eft
fituée dans un terroir aflezftérile,à dix mille pas d'Efens,
à quatre milles de Witmund , & à trois milles d'Alle-
magne d'Auric. Elle a à l'orient la rivière du Jade , qui
tombe dans le "Wefer ; au midi le comté d'Oldenbourg ;
au nord les deux ifles de VANGEROGA & Spike-
ROGA , & la mer d'Allemagne ; au couchant les fei-
gneuries d'Efens &c "Witmund. * Zeyler , "Weftph. To-
pogr. p. 36.
Le JÉVERLAND dont on vient de marquer les bornes,
comprend trois petits pays, le Wangerland , l'Os-
TRINGEN &C le RUSTRINGEN, & s'étend en long & en
large l'espace de trois milles , ou font plufieurs châ-
teaux , monafteres , églifes , &C maifons de gentilhommes.
On y compte dix-huit paroifles. Les habitans de ce lieu
avoïent vécu dans l'indépendance, jusqu'à l'an 1359 ,
qu'ils choifirent pour leur feigneur Edon Wimécken,
Papinga , l'ancien de qui descendirent les feigneurs de
Jéver ou Jévern. Un de ceux-là , Edon Wimecken le
Jeune , étant mort l'an 1 5 1 1 , & fon fils Chriftophe
en 15 13 , ce dernier eut pour fuccéder fa fœur, qui
mourut l'an 1575 : comme elle étoit fille d'une comtefle
d'Oldenbourg, elleavoitinftitué fon héritier Jean , comte
d'Oldenbourg. Le comte d'Hoftfrife s'y oppofa ; de-là
IFR
vint un procès qui fiit porté devant l'empereur Charles V,
à Bruxelles, desl'ani53i; ce prince prononça en faveur
du comte d'Oldenbourg, à qui la fuccefnon fut confirmée
par une fentence de révilion , l'an 1591. Ainfi ce pays
eft devenu une annexe du comté d'Oldenbourg. Mais
tomme c'eft un fief féminin, voici comment il eft forti
de la maifon d'Oldenbourg. Jean XVI , comte d'Ol-
denbourg , à qui il étoit tombé en partage , mourut l'an
1603, &. ne laifla qu'un fils , nommé Antoine Gontier ,
& une fille, dommée Madelaine, qui fut mariée à Ro-
dolphe , prince d'Anhalt. Antoine Gontier, n'ayantlai(Té
qu'un fils naturel, qui ne pouvoit pas fuccéder à ce fief,
le Jéverland paiîà à Jean , prince d'Anhalt-Zerbft , fils de
Madelaine d'Oldenbourg, dans la maifon duquel il eft
demeuré.* Hubner, Genealog. Tabell.
JESSEY, bourg de France , en Bretagne , à fix lieues
de Rennes, du côté du midi occidental. * Baudrand,
éd. I701).
JEUGKI , forterefle de la Chine , dans la province
de Queicheu, au département de Sunan, troifiéme mé-
tropole de la province. Elle eft plus occidentale que Pékin
de 10 d. 14', par les 18 d. 18' de latitude. * Atlas
Sinenjis.
JEUGUEI , forterefle de la Chine , dans la province
de Channfi , au département de Gueiyven , première
forterelfe de la province. Elle eft plus occidentale que
Pékin de 4d. 53', par les 40 d. 25' de latitude. * Atlas
Sinenjis.
i. JEYANG, ville de la Chine, dans la province
de Kianfi , au département de Quangfin , troifiéme mé-
tropole de la province. Elle eft de io' plus orientale
que Pékin , fous les 28 d. 49' de latitude. * Atlas
Sinenjis.
2. JEYANG, ville de la Chine, dans la province
de Huquang, au départemint de Changxa, huitième mé-
tropole de la province. Elle eft plus occidentale que
Pékin de 5 d. 40' , par les 29 d. 18' de latitude. * Atlas
Sinenjis.
JEZARjE FONS , fontaine de la Paleftine , auprès
de laquelle Jofeph , Antiq.X. 8. ad finem, dit que les
chiens léchoient le cadavre d'Achab. Elle ne devoit pas
être éloignée de Samarie.
JEZD. Yoyez Yezd.
JEZER, ou Jazer, ou Jaser , ville de la Paleftine,
dans la tribu de Gad , laquelle fut cédée aux Lévites
de la famille de Merari. * Jofué , c. 13 , v. 28. I. Parai.
c.6,v.8i ; biJofué ,c. 21 ,v. 37.
1. JEZRAEL, ville de la Paleftine, dans la tribu de
Juda. Jofué, c. 15 , v. 56.
2. JEZRAEL, ville de la Paleftine, dans la tribu d'If-
fachar ; elle étoit fituée dans le Grand-Champ. C'eft la
même que JESRAEL.
IF, (l'Isle d') ou l'ifle du Château d'If, iflede
France en Provence , &£ la plus orientale de trois ifles
qui font devant le port de Marfeille ; les deux autres font
Ratonneau & Pomegue. On appelle quelquefois ces trois
ifles , les Isles de Marseille. Louis II les donna,
en 1424, à Jaques deYfia pour récompenfe de fes fer-
vices. En 1529, François I fit fortifier la première
pour la fureté du port de Marfeille ; ce n'étoit aupara-
vant qu'un plan d'ifs , desquels elle a gardé le nom. Les
rochers qui l'environnent fon escarpés , & élevés d'en-
viron cinquante pieds au-deffus de la fuperfîcie de la mer.
On y a pratiqué de bonnes fortifications qui en occu-
pent entièrement toutes les finuofités. La longueur de
ces rochers eft de cent quarante toifes , & la largeur d'en-
viron cinquante ou cinquante-cinq. Il y a dans le centre
un donjon de figure carrée , avec des tours aux angles,
qui commandent la première enceinte, garnis d'une grofle
artillerie. Ce fort parte pour un des meilleurs de la mer
Méditerranée. L'accès en eft impraticable , parce que
même pendant le calme, il eft battu de lames d'aport,
qui en rendent les approchés inutiles. Les anciens ont
appelle cette ifleHYP^EA.
IFFA , baronnie d'Irlande, dans la province de Muns-
ter. Elle eft une des quatorze qui compofent le comté de
Tipperari. * Etat préfent de la Gr. Bret. t. 3.
IFRAN, ou Ufaran, félon Dapper, ou Ofin, ou
Ifren , ou Ufaran , canton d'Afrique , fur la côte de
l'Océan au fud-oueft du royaume de Maroc , & plus par-
ticulièrement de la province de Dras , entre les rivière
ICC
ICL
d'Albach & de Balta, au pays de Ludaya ou desLudayes.
Dapper, Afrique , p. 206, qui , comme quantité d'au-
tres, étend le Biledulgerid jusqu'à l'Océan , les y- met.
Ce font, dit- il, quatre villes qui regardent le midi,
fermées de murailles, & bâties par les anciens Numides,
à une lieue l'une de l'autre , fur une petite rivière qui
ne coule qu'en hyver. On trouve entre ces places voifi-
nesplufieurs villages, &C des contrées de palmiers. Onyob-
ferve quelque police, à caufe du commerce des marchands
Chrétiens , qui vont au port de Cargueffe trafiquer des
draps , des toiles , & autres marchandifes , que ces gens-
ci portent vendre à Gualata & à Tombut , & en rappor-
tent des cuirs, de la cire, du riz &: du fucre. Le terroir
produit beaucoup de dattes , &C renferme quelques mines
de cuivre. Ils ont un juge qui connoît des affaires civiles
& criminelles ; mais quelque crime qu'on ait commis ,
la punition la plus fevere parmi eux, eft le banniffement;
& ils ne font mourir perfonne , encore qu'ils foient tous
Mahométans. * D'Audifret , Geogf. t. x, p. 303, éd.
Parif.m-4°.
IFUNG , ville de la Chine , dans la province de
Honan , au département de Caifung , première métropole
de la province. Elle eft plus occidentale que Pékin
de 2 d. zi' , par les 35 d. 56' de latitude. * Atlas
Sinenjis.
IGA , province du Japon , dans l'ifle Niphon. Voyez
Inga.
IGEDITjE , félon Gruter , ancienne ville d'Espa-
gne , dans la Lufitanie , félon quelques anciennes ins-
criptions. D'autres, comme celle-ci , portent Icced'ua ,
par un C.
P. Popilius.'Avitus. P. F. Indul.
Gentia. Pontifi. Icedita.
Nor. Locum. Sepul.
accepi. ante. jed. de£.
MaGNjE. CYBELES. QUAM.
Iratàm. Morte.
Sensi.
Voyez'la féconde inscription rapportée à l'article d'AL-
•CANTARA, ou au lieu à'Igœditani , Gruter, p. 162,
n. 3 , met Icaditani. On voit dans une autre inscription,
ïbld. n. 1.
C. Julius. Lacer. H. S. F. Et. Dedicavit.
Amico. Curio. Lacone. Iceditano.
Mais celle-ci que l'on dit être à Alcantara , favorife la
lettre G.
Imp. Ces. Aug.
Pont. Max. Trib.
Pot. xxi. Cos. xnr. '
Pat. Patr.
Term. Aug. Inter.
Lanc. Opp. Et.
Igjedit.
Cette inscription doit avoir été une borne, qui fé-
-paroit le territoire SIcadita. ou Igœdita de celui des
Lancicnfes , furnommés Oppidani. C'étoient deux pe-
tites villes voifines , ou municipes de la Lufitanie ,
qui contribuèrent à la fabrique du pont d'Alcantara ;
auffi font - elles nommées les premières dans l'inscrip-
tion de ce pont. On croit que cette Igœdita eft Idanha
la vieille.
IGjEDITANI. Voyez l'article précédent.
IGALENSE MonÀSTERIUM , monaftere d'Espa-
gne , dont parle Euloge , cité par Ortélius.
_ i.IGG, petite ville d'Allemagne, dans la baffe Car-
-niole , fur une rivière de même nom , à deux milles &.
demi d'Allemagne , &c au midi oriental de Laubach.
*Jaillot, Atlas.
Lazius cToit que c'eft l'ancienne ALmona de la Pan-
nonie.
2.IGG, petite rivière d'Allemagne , dans la Carniole.
iElle a fa fource aux confins de Vindisch-Marck , d'où
ferpentant vers l'occident, & enfuite vers le nord, elle
paffe à Igg;puis circulant vers l'oueft, elle va fe perdre
47P
dans la rivière de Laubach , au midi de la ville de ce
nom. * Jaillot, Atlas.
IGILGI , fiége épiscopal d'Afrique , dans la Maurita-
nie Sitifenfe, ielon la Notice d'Afrique , qui fournit Do*
mitiaaus Igilgkanus. * Hardum. Collecl. conc.
IGILGILI , ville épiscopale d'Afrique dans la Numi-
die. La Conférence de Carchage fait mention SL/rbico-
fus Igailguiiiunfis. C'eft aujourd'hui GlGERI. Voyezce
mot. * Harduin. Colleft. conc.
IGILIUM. Voyez Iginium.
IGILIONES , ancien peuple de la Sarmatie d'Europe^
félon Ptolomée , l. 3 , c. f.
IGINIUM; c'eft ainfi qu'Hermolaiis veut qu'on life
le nom d'une petite ifle de la mer Tyrrhene , que d'au*
très exemplaires nomment Igïhum. Pimianus croit qu'il
faut lire ALgilium ou AlgiLïon ; il eft certain que c'eft
la même ifle. Voyez tEgilium.
IGIS ; bourg de Suiffe , dans la Caddée & dans la
Communauté des quatre villages. On y voit un beau
& magnifique château nommé Marschling , qui ap-
partient à MM. de Salis. Il eft bâti dans une plaine
agréable &c fertile, & environné d'une églife &c de
beaux vergers. Ils y ont un cabinet de raretés &; une bi-
bliothèque. * Délices de la. Suiffe , t. 3 , p. 614.
IGLÂ , rivière dn royaume de Bohême. On l'appelle
aufli Giglava. Elle a fa fource dans le cercle de Bechin,
affez près & au midi du village de SchelifF ; d'où ferpen-
tant vers le fud-eft, elle arrolê la ville d'Iglaw, à l'entrée
de la Moravie, après avoir traverfé la pointe du cercle de
CzauW; puis fe chargeant de divers ruiffeaux, elle fe
mêle avec la rivière d'Oflawa , &C enfuite à celle de
Swarta , qui coule àBrinn, avec laquelle elle va fe perdre
dans laTeya, au pont de Muffow. *fraugondy, Atlas.
IGLAV , ou Gihlawa, ville du royaume de Bo-
hême, dans la Moravie, aux confins de la Bohême
propre , fur la rivière d'Igla , entre Polnà &C Teltsch.
Elle eft environnée de montagnes &C de bois. On y
braffe d'excellente bière, & l'on y fait de bons draps.
L'an 1458, cette ville fut affez hardie pour réfîfter à
George , roi de Hongrie , parce qu'il étoit du parti des
Huffites , quoique les villes de firinn & d'Olmutz fe
fuffent accordées avec lui. Cela fut caufe d'un fiége qu'elle
foutint durant quatre mois. L'an 152a, Louis , roi de
Hongrie & de Bohême, fit venir à Olmutz les habitans
d'Igkrw , &C leur ayant reproché en des termes très-vifs
qu'ils s'étoient laiffés féduire par Speratus, & avoient
changé de religion , il les menaça de faire un exemple
des principaux d'entr'eux. Speratus lui-même fut enlevé &C
mis en prîfon. Il n'y a plus que l'exercice de la religion
Catholique qui y foit permis ; &: les Jefuites y ont un
collège , pour lequel l'empereur Ferdinand II donna ,
l'an 1626, quelques maifons & des revenus. Cette ville
a été plufieurs fois prife &c reprife durant les guerres ci-
viles de Bohême &C d'Allemagne. * Ziyler , Morav. To-
pogr. p. 99.
IGLESIAS , ville du royaume & de l'ifle de Sardai-
gne, dans la partie méridionale de l'ifle, à l'occident &C
au fond d'un golfe, auquel elle donna le nom AsGolfo
dUglefias,^. vis-à-vis duquel l'ifle de Saint-Pierre eft fituée.
Cette ville a profité de la chute de Sulci^ ancienne ville
de ce canton, qui a été ruinée , & dont le fiége épiscopal a
été transféré à Iglelias , qui eft demeurée ville épiscopale
depuis ce tems. Le P. Coronelli , Ijolario , part. 1 , fe
trompe au fujet de cet évêché, lorsqu'il dit que l'évêché de
Sulci fut fondé dans le treizième fiécle : il eft bien plus
ancien , puisqu'Antiochus , fon évêque , fouffrit le mar-
tyre fous l'empereur Adrien , & que l'on trouve Vitalis
Sulcitanus dans la Notice des évêques qui furent obli-
gés de fe rendre à Carthage pour rendre compte de
leur foi , fous le régne de Hunneric. Ce fiége fut trans-
porté à Iglefias , l'an 1 ^04 , par le pape Jules II ; & on
étendit ce diocèle à l'ifle de Sant-Antioco. Cet évêché
eft fuffragantdeCagliari. Baudrand qui dit (dans la Lifte
inférée au mot Archevêché') qu'il lui eft uni , s'eft trompé
en prenant Suellenfis poat Sulcitanus. Ce font deux liè-
ges différens. Le premier a été effectivement uni à l'ar-
chevêché de Cagliari , le 20 Mars 1410, par le pape Mar-
tinV; mais lefecondi'a/a'fa/zaijfubfifteàlglefias. Léan-
dre , Sardina , p. 22 , ÔC quelques autres Italiens la nom-
ment Filla diChiefa.
480
ICO
ICW
lGLETJE,']y\H-Ta, ancien nom des Espagnols; fé-
lon Strabon , /. 3 ,/?. 166 , ce n'étoit qu'un peuple parti-
culier qui ne cultivoit qu'un canton fort borné.
IGMANUS ou Sigmanus ; félon les divers exem-
plaires de Ptolomée , /. 2 , c. 7 , rivière de la Gaule Aqui-
tanique. Elle doit être entre l'Adour Se la Garonne, &
avoir fon embouchure dans la mer. On croit, ou plutôt
on conjecture que c'eft Leyre qui fe perd dans le baffin
d'Arcachon ; mais comme il y a plufieurs rivières entre
l'Adour & la Garonne, celle de Leyre convient moins
qu'aucune à l'Igmanus de Ptolomée ; car il étoit entre
l'Adour &£ le promontoire Curianum , que l'on prend
pour la Tête de Buch. Il feroit plus naturel de croire
qu'il nomme Sigmanus le Boucaut de Memifan , où fe
décharge la rivière de la Molaffe ou d'Escourfe , celle
de Bielba ou de Borne , &c plufieurs autres , qui à leur
embouchure commune , font une rivière considérable.
Cela convient mieux à l'Igmanus que Leyre, dont l'em-
bouchure eft entre la Tête de Buch &C la Garonne.
IGNAMINA , petit pays d'Afrique , dans la Nigritie ,
aflez avant dans les terres , au midi de la rivière de
Gambie, félon Baudrand. C'eft, fans doute, le village
de Gniamia , que De l'Ifle met entre1 la rivière de
Gambie & le fleuve de Sénégal.
IGNE , ville voifine de Priape , félon Etienne le Géo-
graphe. On peut mettre hardiment cet article au rang
de ceux où le pédant Hermolaùs a fait des fiennes. Où
étoit ce Priape , & qu'étoit-ce ? Etoit-ce la ville, ou
l'ifle ou la rivière de ce nom ? Etoit-ce dans la Carie ,
dans l'Ionie , dans l'Hellespont ? C'eft de quoi ne s'em-
barraftoit pas le fot grammairien; mais c'étoit aflez pour
lui de remarquer que A' Igné fe formoit l'adjeâif Igneus
6î Ignea. La belle feience ! Il remarque encore qu'on
en formoit Igneus , dont en retranchant l'I , il reftoit
Gnetes. Le beau fecret ! Voyez Gnes.
IGNY , Igniacum , bourg &c abbaye de France en
Champagne, au diocèfe, & à cinq lieues au fud-oueft
de Rheims , &c a deux au midi de Fismes. L'abbaye eft
de l'ordre de Cîteaux , filiation de Clairvaux : elle a été
fondée par Rainauld , archevêque de Rheims , l'an
11 26; il la choifit pour le lieu de fa fépulture, aufli-
bien que Samfon, fon fuccefleur. Il y établit des moines
qu'il tira de l'ordre de Clairvaux. Le fameux Guérie,
disciple de S. Bernard , célèbre par les ouvrages de piété
qu'il a compofés, en a été la quatrième abbé régulier ,
vers l'an 1 1 50 ; &C il y eft enterré. D'autres attribuent
la fondation de ce monaftere à Henri le Large , comte
de Champagne , en 1178 ; mais il y a lieu de croire que
ce prince en augmenta feulement la fondation. Tous
les anciens lieux réguliers fubfiftent encore aujourd'hui.
L'églife &£ le dortoir ne font que lambrifles. Les cloître,
réfeftoire, chapitre & noviciat font voûtés. Les abbés
ont été éleftifs jusqu'au concordat. Cette abbaye vaut
à l'abbé, environ dix mille livres de rente; & aux re-
ligieux (qui font au nombre de dix) fept à huit mille
livres. Ils font de l'ancienne obfervance. Le P. Sirmon
cite fouvent la bibliothèque de cette abbaye. Il n'y a
d'ailleurs rien de remarquable que la fépulture de Gau-
cher deNanteuil, mort en 11 26 ; il en étoit le bienfai-
teur. * Baugier, Mém. de Champagne , c. z,p. 393.
1. IGORANDIS, nom latin d'AiGURANDE, dans le
Berri.
2. IGORANDIS, nom latin d'iNGRANDE, dans le
Poitou.
3. IGORANDIS , nom latin d'iNGRANDE dans
l'Anjou.
IGOURS, (les) Ç) peuple Tartare. Ils habitoient
un pays fitué entre trois chaînes de montagnes , & à l'oc-
cident des états des Mogols. Comme ce pays étoit coupé
par une infinité de rivières , les Igours étoient partagés
en différentes hordes , chacune dans fon canton. Les
hordes alliées poffédoient un grand nombre de villes
& de villages , & n'étoient ioumifes à aucun fouve-
rain ; mais par la fuite ils furent obligés d'en élire, pour
appaifer leurs diflentons. Ils relièrent ainfi enfermés dans
leurs montagnes , pendant plufieurs fiécles. A la fin, les
jaloufies, les disputes, les haines, &c. les défunirent : une
partie alla s'établir fur les bords de l'Irtis , & fe répan-
dit de côtés St d'autres. Les uns vivoient de leur bétail,
les autres cultivoient la terre, vivoient de la challè &C
du commerce des peanx: ils eurent fouvent affaire avec
les Huns ik les Chinois. Enfin ils fe fournirent à Gen-
ghiskan.
Les (b) Igours ont été de tout tems célèbres dans la
Tartarie : ils ont cultivé les feiences & les arts. C'eft
d'eux que les autres Tartares ont pris leurs lettres &r
leur alphabet : ils éenvoient à la manière des Chinois du
haut en bas, Ils font de la même religion que les autres
Tartares, mais d'une fefte différente. Leurs prêtres, ou
leurs Lamas, font vœu de chafteté & ont des espèces de
couvent où ils font au nombre de plus de cent. Lors,
qu'ils font leurs prières, ils fe tournent du côté du nord ,
en frappant des mains , mettant enfuite un genou en
terre & la main fur le front. Leurs temples s'étendent
en longueur, de l'orient à l'occident ; vers le nord eft une
chambre ou chapelle, qui s'avance en dehors. Lorsque le
temple eft quarré, ils placent cette chapelle au milieu, vers
le nord. Ils y ont une espèce d'autel, derrière lequel eft
leur principale idole , environnée dé plufieurs autres :
ils placent fur cet autel des cierges &C des offrandes. Toutes
les portes de ces temples regardent le midi. Les Lamas
fe placent fur des bancs qui font en face du chœur : ils
ont un livre à la main , & leur tête eft découverte pen-
dant tout le tems qu'ils font au temple. Ils gardent un
respectueux filence. Ils ont toujours un chapelet , & ea
prenant'chaque grain , ils difent : Ou-mam-haciavi ; c'eft-
à-dire : Seigneur, tu le connois. Ils ont tous la tête & le
menton raies , portent des mitres de carton, font habillés
d'une tunique jaune , aflez étroite, qu'ils ferrent avec une
ceinture , & mettent un. manteau là-deflus. Autour de
leurs temples , il y a toujours un parvis environné d'une
forte muraille. La principale porte eft fort grande, & ils
s'y aflemblent pour converfer. Au-deflus de cette porte,
ils placent une grande perche qui peut être vue de toute
la ville , & qui fait connoître que c'eft-là le temple. Ils
ont des cloches qui font aflez grofles.Rubriquis dit qu'où»
tre ces Lamas , qui font les prêtres de la religion du
pays, c'eft-à-dire de Fo , il y avoit beaucoup de Ma-
hométans, & de Chrétiens Neftoriens ; .mais ceux-ci,
continue-t-il, font fi ignorans, qu'ils n'entendent pas même
la langue fyriaque , dans laquelle leurs livres forit écrits ;
en outre , ils font y vrognes , frippons & impudiques. Ils
ont même adopté plufieurs pratiques du Mahométisme ,
telles que les ablutions, & la célébration du vendredi au
lieu du dimanche. Leur évêque vient à peine en cin-
quante ans une fois dans ce pays. Alors il donne là
prêtrife à tous les enfans mâles , même à ceux qui font
encore dans le berceau. Gette conduite des Neftoriens
faifoit méprifer le Chriftianisme , la vie des Mogols &
des Lamas étant beaucoup plus régulière. * (a) ffi/loire
généalogique des Tatars, p. 90, & fuiv. (b) Hi/l. générale
des Huns. p. 25 &: 28.
IGSAC , bourg de France , dans l'Albigeois , à fis
lieues d'Albi, vers "le nord du côté du couchant , félon
Baudrand , édit. 1705.
IGUALAD A, ville. d'Espagne, dans la Catalogne.
Voyez Ygualada.
IGUIDI. De l'Ifle écrit Défert d'iGHiDi , canton
d'Afrique , au pays des Béréberes ,• entre le peuple les
Lemta ou Lemptunes , le pays de Caour & le défert
de Haïr. Ces pays n'étant point fréquentés par les Eu-
ropéens , font très peu connus.
IGUVIUM, ancienne ville d'Italie, dans l'Ombrie ,
en-deçà de l'Appennin. La Table de Peutinger l'appelle
Agubium. Jules Céfar , Bell. Civil. 1. 1 , c. 1 2 , la nomme
Iguvium, &c fait connoitre que c'étoit un ancien lieu
municipal. Silius Italicus , /. 8 , v. 459 , dit :
'Narnia & infejlum nebulis humentïbus olim
Iguvium.
Céfar, /. 1, c.13, & Pline, /. 3, c. 14, en nomment les ha-
bitans Iguvini. C'eft à préfent Eugubio ou plutôt Gubio,
dans le duché d'Urbin. Auguftin Steuchus , qui étoit de
cette ville , a fait un traité particulier fur le nom de cette
ville. Il eft dans le troifiéme tome de fes Œuvres. Voyez
Gubio.
IGWIRA; c'eft félon Dapper , Afrique, p. 288, un
royaume d'Afrique , au nord d'Atzyn & du petit Incarna ,
au fud du grand Incarna & au couchant de Monpa. Selon
De
JIL
ÎLA
De l'Ifle , c'eft Égitriâ , canton au midi du grand Incaf-
fan, au nord de Monpa, au couchant de Vafa, Se au le-
vant des Adons. Ce pays eft de la Guinée , dans la
Côte d'or. Si nous en croyons Dapper , on dit que c'eft
un pays dont on tire beaucoup d'or ; Se tout celui que
l'on trouve à Albine Se à Affine , & vingt lieues par
de-là Cabo das tresPuntas, tirant vers l'occident, vient
de ce royaume. Les Portugais y avoient une fortereffe ;
mais depuis que les Hollandois furent connus fur cette
côte , ils en attirèrent à eux le plus grand commerce;
Se les Portugais abandonnèrent ce pofte.
IHOR, royaume des Indes, dans la presqu'ifle de-là
le Gange ; il eft fitué dans le continent de Malaca ,
Se forme la pointe où l'on double ce cap. Il eft fertile
en poivre Se autres bonnes denrées. Sa capitale auffi
appellée Ihor , par laquelle parte une rivière de même
nom , eft environ à cinquante lieues de Malaca. Les
habitans font Mahométans , ont beaucoup de bra-
voure & une extrême paflïon pour le commerce. Ils
fe font un grand plaiïir d'aller fur mer. Toutes les
ifles voifines étant, en quelque manière, des colonies de
ce petit royaume , & dépendantes de fon gouvernement ,
ils trafiquent dans leurs propres vaiffeaux le long des côtes,
& vont en divers endroits de Sumatra, Malaca Se autres ■
lieux. Leurs vaiffeaux font petits , mais fort commodes ;
& les Hollandois en achètent une grande quantité à un
prix modique, Se en font enfuite de fort bons vaiffeaux
marchands; mais ils les ajuftent auparavant, félon leur
ufage, Se y mettent un gouvernail , dont ceux d'Ihorne
fe fervent point , quoiqu'ils entendent très-bien la ma-
rine à leur manière. Ceux-ci font les leurs pointus aux
deux bours, quoiqu'ils n'en faffent fervir qu'un pour la
proue; & au lieu d'un gouvernail , ils ont à chaque côté
delapouppe une espèce de rame fort large. Ils en laiffent
tomber une dans l'eau à leur gré, félon qu'il faut aller
d'un côté ou d'autre , & laiffent toujours abbatue celle
qui eft oppofée au vent. Ils ont des barques qu'ils ap-
pellent proës , très bien travaillées Se d'une grande pro-
preté. Les Européens lés appellent demi-lunes , par ce
qu'elles s'élèvent de chaque bout au-deffus de l'eau , d'une
telle forte qu'elles reffemblent beaucoup à une demi-lune
qui a les cornes en haut. Elles vont bien à la voile ; Se
ils s'en fervent fouvent dans leurs guerres. * Dampier ,
Supplément i ,part. c. i.
Ce royaume eft fort petit, Se nommé Jor dans quel-
ques Relations Hollandoifes, Johor dans quelques autres.
Kaempfer , dans fon Hiftoire du Japon , t. i , p. zo ,
écrit Jehoor ; Se Gervaife , /». 315, dans fon Hiftoire
de Siam , Jeor. La Relation d'un voyage pour la compa-
gnie d'oftroi aux Indes orientales, dit que le roi de Jor
tient fa cour à Batwfaber , fituée à fix lieues en remon-
tant la rivière. Cette rivière y eft nommée la rivière de
Johor qui eft par les deux degrés deux tiers de latitude
nord , c'eft-à-dire 2 d. 40'. Le nom de cette ville nom-
mée Ihor par Dampier eft diverfement écrit , Batu-
fabar , Batwjaber , Se Batufawcr. Ce petit royaume eft
fort diminué ; car les Portugais y ayant bâti Se fortifié
la ville de Malaca , qui a enfuite été conquife par les
Hollandois, il eft fort refferré de ce côté-là: d'ailleurs
ce petit état eft divifé en plufieurs royaumes qui font
Quêta , Patani , Pera Se Paha ; de forte que ce qui refte
au roi d'Ihor eft très-peu de chofe. Kaîmpfer dit que
le roi de Siam , Petraatja , prenoit le titre de Protecteur
lie Cambodia , Jehoor , Patany Se Queda. Gervaife qui
a vu le royaume de Siam fous le régne précédent , dit :
Jeor, Jambi, Queda Se Patani qui font de fort petits
royaumes, payent encore chacun tous les ans au roi de
Siam une fleur d'or qui peut valoir cinquante écus , ou
deux cents francs. Quand ils manquent à lui p-ver ce tri-
but, ^ il fe met en état de fe faire rendre juftice & de
les réduire à leur devoir ; car comme ces royaumes n'ont
pas chacun plus de cinquante ou foixante lieues de pays,
ils font trop foibles pouvoir lui réfifter. * Voyages de la
Compagnie, x.%, p. 253 , 580 ; & t. 3 , p. 213.
JILFRAY , ou Gillefrée , ville d'Afrique dans le
royaume de Barra fur la rive feptentrionale de la Gam-
bra à l'oppofite de l'ifle de James, à l'eft à'Jlbreda.
Les Anglois y ont un comptoir. Comme il y a beau-
coup de jardins , Jamesfort en tire tes légumes. C'eft
le lieu où l'on paye les droits au roi de Barra» * Voyage
481
de Moore. Carte de là Gambrâ j par Jean Leach ,
1732.
JIMGHINCOR, fort d'Afrique, dans la Nigritie, fur
la rive gauche de la Kafamanka , à dix-huit lieues de
fon embouchure. Il appartient aux Portugais : ce n'eft, à
proprement parler, qu'un magafin environné d'un enclos
de terre, garni de fascines. Sa principale force confifte
dans la difficulté de l'accès à caufe des marais , Se des
arbres au milieu desquels il eft fitué. * Voyage de Brue
en Afrique.
JIOSAN , ou Jesan , montagne du Japon, dans l'ifle
de Niphon , affez près du lac d'Oitz , qui eft dans la
province d'Oomi , fur la gauche , en allant à Jédo.
Cette montagne fameufe eft haute , mais pourtant char-
mante, Se fon nom fignifïe beau mont. On y voit un
nombre infini de grands Se beaux arbres qui croiffent
jusqu'au fommet; Se Ion affure qu'elle ne contient pas
moins de trois mille temples dans fon enceinte , outre
plufieurs villages , & par conféquent un grand nombre
de moines , (payens) & de payfans. La fituation de cette
montagne , mais encore plus la fainteté du lieu , en firent
un fancluaire Se un afyle pour les habitans de Meaco,
pendant les guerres inteftines qui défolerent toujours cette
ville. Cependant Nobunanga , monarque féculier du Ja-
pon , Se prédéceffeur du grand empereur Taico, pouffé
par la haine univerfelle qu'il portoit à toutes fortes de
prêtres Se de moines , autant que pour venger quelques
infultes particulières qu'il avoit effuyées de ceux qui
habitoient cette fameulè montagne , s'en empara à la
tête d'une nombreufe armée, détruifit tous les temples
Se les bâtimens où il mit le feu, fit maffacrer toute cette
vermine de prêtres, comme il les appelloit, avec tous
les autres habitans.
IK.EATHY, baronnie d'Irlande , dans la province de
Leinfter. C'eft une des huit qui compofent le comté de
Kildare. * Etat prifint de V Irlande, p. 39.
IKERIN , baronnie d'Irlande , dans la province de
Connaught. C'eft une des quatorze du comté de Tip-
pérari , Se fituée à fon nord-eft. * Etat préfent de la Gr.
Bret. t. 3.
IKKERY , royaume d'Afie , dans la presqu'ifle d'eu-
deçà le Gange. Le P. de la Lane, Jéfuhe, le nomme
ainfi. Les principaux états que j'y connois (dans la Mif-
fion de Carnate) font les royaumes de Carnate , de Vi-
fapour, de Bijanagaran, d'Ikkery & de Golconde. Il ne
nous apprend d'ailleurs aucune particularité de ce
royaume. * Lettres édifiantes, t. 10, page 4.
IKOVIRINIOUCKS, peuple de l'Amérique fepten-
trionale, dans la baie de Hudfon. Le P. Gabriel Mareft,
Jéfuite , en parle ainfi : outre les nations qui viennent en
traite à la rivière de Sainte-Thérèfe , il y en a encore
d'autres qui font plus au nord , dans un climat encore
plus froid que celui-ci, comme les Ikovirinioucks, qui font
environ cent lieues d'ici ; mais ils ont guerre avec les
Sauvages du pays , Se n'ont point de commerce avec le
fort. Plus loin on trouve les Esquimaux , Se à côté des
Ikovirinioucks , une autre grande nation qui leur eft al-
liée ; on les appelle les Alimouspigui. C'eft une nation
nombreufe : elle a des villages, Se s'étend jusques der-
rière les Affimbo'éls , avec qui elle eft presque toujours
en guerre.
Jusqu'ici les Relations n'ont point fourni d'autres Esqui-
maux que ceux qui font dans la terre de Labrador, à
l'orient de la baie de Hudson. En voilà d'autres à l'oc-
cident de cette baie.
■1 . ILA , lieu de la Perse , fur le golfe Perfique , fé-
lon Arrien , in Indicis, p. 353. Il dit qu'il eft vis-à-vis
de Tifle Caycandrus , Se qu'il y a un port.
2. ILA , rivière de la grande Bretagne. Ptolomée en
marque l'embouchure entre Ripa alta , Se le promon-
toire Veruvium : ce doit être une des rivières de la par-
tie la plus feptentrionale de l'Ecoffe à l'orient; Se Camb-
den croit que c'eft Vijle.
3. ILA, ifle d'Ecoffe, entre les Hébrides. Elle eft
fituée au midi de Jura, 8e à l'oueft de Cantire, Se a en-
viron vingt milles de long , Se feize de large , dans fa
plus grande largeur. Elle nourrit beaucoup de bétail Se
de bêtes fauves. Ses lacs Se fes rivières abondent en
faumons, en truites , en anguilles , Sec. Il y a, entr'au-
tres, unefource médicinale, où les infulaires vont pour
Terne III, P p p
482 IL A
fe euérir de plufieurs fortes de maladies. On y trouvé
d'ailleurs des mines de plomb , & une grande quantité
de pierre à chaux. Cette ifle a plufieurs iouterreins. 11 y
en a un capable de contenir deux cents perfonnes. On y
compte quatre églifes & une chapelle. La principa e
églife eft celle de S. Colomban , qui donne le titre de
cornu à un des fils de la maifon d'Argyle; mais Camp-
bel de Caddel eft proprement le feigneur de Me.
C'eft là que Magdonald , roi des ides , tenoit autre-
fois fa cour ; & l'on voit encore les ruines de fon palaiSi
ILACA. Voyez Ilak.
ILAC1ACUM pour Laviacum. Voyez ce mot.
1. ILAK , pays d'Afie , dans la grande Tartane, au
Turkeftan , & Contigu à la province de Schasche. Sa
principale ville, nommée Tonkat,ou félon quelques-uns
Nobacht , eft fituée au pied d'une montagne appellee
Shabaligk , fur une rivière qui arrofe fes jardins. Les
habitans du pays ont bâti un mur depuis le pied de leur
montagne jusqu'à la rivière de Schasche , qui eft le Si-
llon, ponr arrêter les courses que les Turcs plus lepten-
trionaux queux pourroient faire dans ce pays.
Le pays d'ilak a une rivière qui porte fon nom ; &
il comprend tout le terroir qui s'étend depuis Tonkat
jusqu'à Schasche, en tirant du midi au feprentrion ; de
forte qu'il eft tout entier dans le fixiéme climat , fous la
longitude de 89 d. 10', & 43 d. 10' de latitude iepten-
lrionale , félon la fupputation d'Âbulfeda. Al Bergendi
écrit que le pays d'ilak eft , félon quelques-uns , des dé-
pendances de la ville de Bokharah , & félon les autres,
de celle de Schasche , & qu'il eft fitué dans le cinquième
climat. *D'Htrbdot, Bibliot. orient.
2. ILAK, ville d'Afie, dans la grande Tartane, &
les dépendances de celle de Nichabour , une des quatre
capitales de la grande province de Khoraflan , félon Al
Bergendi , qui lui donne auffi le nom d'iMi. C'eft peut-
une des colonies des Turcs , qui ayant paffé le Gihon,
fe font établis en ces quartiers , comme ils ont fait plu-
fieurs fois dans le même pays. * D'Herbclot, Bibhot.
3. ILAK ou JALAK , ville d'Afrique , dans la Nubie,
entre deux bras du Nil. Elle eft diftante de Galowah de
dix journées ; & l'on en compte trente jusqu'à Marca-
thah , en Ethiopie. Cette ville a un prince particulier ;
& fes habitans font leur commerce avec l'Egypte par le
Nil qu'ils descendent jusqu'à la montagne de Genadel,
où eft la grande cataracte de ce fleuve : c'eft en ce lieu
qu'ils font obligés de décharger leurs marchandifes , &t
de les faire porter par terre jusqu'à Jffovana, (Afluana,)
qui eft l'ancienne ville de Syéne , fituée aufli fur le Nil.
Le prince d'ilak, qui étend fajurisdiftiondans toute l'ifle
que le Nil enferme dans fes deux bras , reconnoît pour
iouverain le roi de Nubie. * UHerielot , Bibl. orient.
ILAL , château d'Afie , dans le Mazanderan , province
de Perse. C'eft où la mère de Mohammed-Khovarem-
Schah fe relira avec tous les tréfors qu'elle avoit fauves
de la déroute de fon fils , pourfuivi par Genghizkhan.
Ce château fut contraint de fe rendre, faute d'eau, aux
Tartares qui l'aflïégeoient. * D'Hcrbclot, Bibl. or.
ILALEM, montagne d'Afrique, au royaume de Ma-
roc , dans la province de Sus. Elle commence où finit
la montagne de Henquife , s'étend à l'orient jusqu'au pays
de Gezule , & finit au midi dans les plaines de Sus. On
la nomme auffi Laalem Gezule. * Dapptr, Afrique,
p. 135.
ILAMBA , province d'Afrique , dans la hafle Ethio-
pie , au royaume d'Angola. Dapper dit : Ilamba ou
Elauma , eft une fi grande province , qu'on dit qu'elle
a plus de trois cents lieues de circuit , & près de cent
lieues d'étendue. Elle eft fituée aufud-oueft de Lovando
S. Paulo , fur les bords des fleuves Quansa & Bengo ,
en remontant le Bengo jusqu'au fud-eft de la province
d'Icollo ; & le Quansa depuis Maffingan jusqu'à Cam-
bamba. A mefure qu'on s'éloigne de la côte, ces deux
fleuves s'éloignent aufli l'un de l'autre ; ce qui fait que
de trente ou quarante lieues qu'elle a près du rivage de
la mer , elle va jufqu'à cent dans les extrémités de la
province ; &c comme on trouve, presque de trois en trois
lieues, un village , il s'y eft élevé quarante-deux fei jneu-
ries, dont chacune a fonSova, qui commande au village
de fon reflbrt. Le nom des principales font ,
IL A
Chonso ,
Namboa,
Qualomba,
Bamba ,
Golungo,
Macao ,
Combi ,
Quitendelle,
Ziombe,
Quitalla ,
Cambacaite,
Andalladongo
Quianbatta,
Nambaquiajamba, Cabanga,
Cangola,
Quihaito ,
Chombe,
Angolome,
Gumbia ,
Caoulo ,
Cahango ,
Cavanga-Pofe ,
Caouto ,
Candalla ,
Gougue ,
CahonJa,
Cunangonga,
Moflungoa-Pofe ,
Camanga ,
CalunM ,
Guenca-Atombe, Bagolungo,
Hiangonga, Quibillaca-Pofe,
Quilambe, Nambua,
Quapanga , ■ Callahanga
& Nimefolo.
On y peut joindre Maffingan, qui, félon quelques au-
tres, fait une province à part. Il y a encore quelques
fiefs ; mais parce qu'ils font peu confidérables , & qu'ils
relèvent des précédens , on ne les compte pas. Les prin-
cipaux Sovas ont grand foin de conferver ieurs droits ,
& les limites de leurs terres. On ne trouve dans la pro-
vince d'Ilamba ni forêts ni citadelles , pour fermer le
partage à l'ennemi , comme dans celle d'Enfaca. Il n'y
a qu'une ieule fortereffe , &c quelques coteaux couverts
d'arbres ; mais le grand nombre des habitans , & leur
adrefîe à tirer de l'arc , les défend aflez des attaques de
leurs voifins. *Dapper, Afrique, p. 362.
ILANA pour jElana.
ILANJOUC , rivière de la Tartarie , dans le Cap-
chac , où il fe décharge dans le Tic. * Hifroire de Ti-
mur-Bu, L 3 , c. 10.
ILANTZ , ville de Suifle , dans la Ligue grife , &
dans la communauté à laquelle cette ville donne fon nom.
C'eft la première qui fe trouve fur le Rhin. Elle eft re-
marquable parce qu'elle a à fon tour les afîemblées des
trois Ligues du pays. Les affemblées de la jurisdiftion
de la fofle, s'y tiennent ordinairement, 6k celles de la
Ligue grife s'y tiennent fouvent. On voit autour d'Ilantz
les ruines de trois châteaux. * Délices de. la SuiJJe ,
p. 591.
La COMMUNAUTÉ d'ILANTZ, eft la quatrième de
la Ligue grife. On l'appelle aufli la communauté de la.
Fojfe , à caufe d'une plaine ronde & creufe qui s'y
trouve. Elle eft compofée de trois jurisdiftions , favoir
de La Fojfe ou à' liant { , de SchlovAs & de Tenna.
De la première )urisdiction dépendent Vakndas (Va-
Lendaunum,~) Cajl-is , tous deux au bord oriental du bas
Rhin , Stee/is (Segaunam,) vis-à-vis de Caftris; de l'au-
tre côté du Rhin , Falera, &c. Il y a auffi quantité de
châteaux antiques qui font en ruine. Il y a près de Va-
lendas une fontaine d'eau bitumineufe.
ILARCURIS , ancienne ville de l'Espagne Tarrago-
noife , au pays des Carpétaniens , félon Ptolomée , /. x,
Molet croit que c'eft aujourd'hui Caros de Los Infan-
tes, village de la nouvelle Caftille.
ILARIS , ville de la Lycie , félon Etienne le Géogra-
phe.
ILAS, fleuve d'Afie', félon Ifidore, On gin. Ortélius
foupçonne que c'eft une faute d'écriture , ôt qu'il faut lire
Hylas.
ILATIDES. Voyez Hilatides.
ILATTIA, ville de Crète, félon Etienne le Géogra-
phe , qui cite le treizième livre de Polybe , que nous
n'avons plus.
ILCE. Voyez Illici.
ILCHESTER , ville d'Angleterre , en Sommerfeth-
shire. Elle eft fituée fur l'Ill , dont elle tire fon nom , qui
veut dire la fortereffe de L'Ill. Elle eft ancienne : on croit
que c'eft l'Ischalis *!««£»«*> de Ptolomée, /. 2 , c. 3.
Elle tient un marché public Se envoie fes députés au
parlement.
ILDUM, ancienne ville d'Espagne, félon Antonin,
fur la route de Dertqfa, (Tortofe) à Saguntum (Mor-
vedro.)
Dertqfam ,
Intlbili, M. P. XXVII.
Ildum, M. P. XXIV.
Sepelacim, M. P. XXIV.
Saguntum, M. P. XXII.
ILE
Si înler trouve dans quelques exemplaires Idum , Se dans
d'autres Iduni. On croit que c'eft préfentement Salsa-
della , village dans la partie feptentrionale du royaume
de Valence.
ILE. Voyez Isle.
ILEAGH, baronnie d'Irlande , dans la province de
Munftcr. C'eft une des quatorze du comté deTippérari,
au levant de celle d'Owny. *Etatpréfent de la Gr. Bre-
tagne, t. 3. ■
ILEIGiVES : les François de Saint-Domingue appel-
lent ainfi des habitans des Canaries , que le roi d'Espa-
gne, fit palier, vers l'année 1665 , dans cette ville pour
la repeupler, Se dont il fe forma une bourgade, auprès
de Saint-Domingue, du côté du nord-oueft. Les Espa-
gnols les nomment Iflenos , d'où les François ont par
corruption formé le nom à'Ileignes.
ILEBERNIS. Voyez Ilybirris.
ILEGIUM, ville de Grèce , dans la Pelasgiotide ,
contrée de la Macédoine, félon Ptolomée. Voyez Ile-
THIA.
1LE1. Voyez Eilei.
ILEMIA. Vovez Eilenia.
ILEOSCA. Voyez Osca.
ILER. Voyez Iller.
ILERCAONES, ancien peuple de l'Espagne Tarra-
gonoife , vers l'embouchure de l'Ebre , félon Ptolomée ,
/. 2, c. 6, qui met chez ce peuple le promontoire Tene-
brlu.ni, le, port Tenebrius & l'embouchure de l'Ebre. Ce
peuple n'étoit pas confiné au bordde»la mer, il s'avan-
çoit auffi dans les terres ; Se le même géographe y place
pour villes ,
Carthago Vêtus , Adeba ,
Biscargis, Tiariulia ,'
Theana , Sigarra,
Dertofa.
Pline , /. 3 , ç. 3 , nomme ce pays Ilergaonum Regio ,
Se y fait couler l'Ebre. Vlldum Se Ylntibili d'Antonin,
Itiner. étoient , fans doute , dans le territoire des Iler-
caons, comme le remarque Cellanus , Geogr. ant.l. 2,
c. 1. Cefar , /. 1. Civ. Bell. c. 60, appelle ce peuple
Illurgavonenfes ; & Tite-Live , /. 2Z, c. 21, nomme ce
pays Ilercaonenflum Agrum. Quelques auteurs qui n'é-
tendent ce peuple que jusqu'à l'Ebre , en retranchent
Dertofa. , qui eft en-deçà ; mais c'eft une erreur ; car
outre l'autorité de Ptolomée , on a d'anciennes médail-
les , où Dertofa. eft nommée comme étant aux Iler-
caons.
Ce peuple occupoit partie de la côte de Catalogne ,
jusqu'à celle de Valence.
1. ILERDA, ancienne ville de l'Espagne Tarragon-
noife , au pays des Ilergetes , félon Ptolomée, L 2,
c. 6. Le nom moderne eft Lerida.
2. ILERDA, rivière d'Espagne, félon Vibius Seques-
ter , qui nomme peut-être ainfi la petite rivière , qui
tombe dans la Segre , au-deiïus de Lérida.
ILERGAONUM Regio. Voyez Ilercaones.
ILERGETES, ancien peuple de l'Espagne Tarragon-
noife, fur la Segre. Ptolomée, /. 2, c. 6, les place au-
près des Vascons , Se y met pour villes ,
1LH 483
Grecs à la ville que les Espagnols nommoient Lérida,
Ou plutôt Ilerda, d'où le nom moderne s'eft formé par
la transposition d'une feule lettre.
Le père Briet , Pars orient. Antiq Hispan. borne
les^Ilergetes par les Pyrénées au nord ; par les Jacetani
à l'orient , les Ilercaons au midi ; par l'Ebre au lùd-
oueft jusqu'auprès de La Saragoffe ; Se par les Vascons
à l'oueft Se au nord - oueft. Il y met Iliturgis que
Ptolomée n'y met pas.
ILESIUM pour EiLESIUM. Voyez ce mot.
ILETHIA, ville de Grèce, dans la Theffahe , félon
Pline, l. 4, e. 8. Le P. Hardouin écrit Ilaia , Se ob-
ferve que c'eft la même que Ptolomée , A3, c. 1 3 ,
appelle 'Ixntoy , pour 'ihyâat, llegium au lieu à'Iltium.
Elle étoit dans la Pelasgio:ide , contrée de la ThelTalie,
Ortélius , Tkefaur. Se Sylburgius dans fes Notes fur
Paufanias , avoient remarqué que cette ville, nommée
diversement par Pline Se Ptolomée , étoit la même. ■
ILEUSUGAGUEN ou Leusugaguln, ville d'A-
frique , au royaume de Maroc , dans la province de Héa ,
à trois lieues de Hadequis , vers le midi : elle eft forte
Se fituée en forme de citadelle , fur une haute monta-
gne dont le pied eft baigné par une petite rivière.
Sanfon , dans la Carte de Maroc , nomme ce'te rivière
Tefahna. Elle s'augmente beaucoup dans lbn cours.
C'eft la même qn'Esugaguen de Marmol , quoique
upper , Afrique ,
Ber%ufîa ,
Osca,
Celfa,
Burtina ,
Bergidum ,
Gallica Flavia,
Erga,
Orgia ou Orcia
Succofa ,
Herda.
Corneille lemble les diftinguer. * D.
P- 133
Tite-Live les nomme de même Ilergetes ; mais une ins-
cription de Gruter , p. 5 1 9 , n. 9 , porte Contra Ilergetas.
Ptolomée ne fait aucune mention d'Oftogefa, ville de
leur pays, dont parle Céfar , Bell. Civ. I. 1 , c. 61 , ni
tfAthanagia , qui , félon Tite-Live , /. 21 , c. 61 . étoit
la capitale de leur nation ; quelques-uns ont cru que c'étoir
Tarraga, d'autres Manresa ; j'aime mieux croire avec
DeMarca,que ce nom lignine la même ville que Lérida,
puisque nul auteur ne parle de la deftruftion d'Athana-
gia , Se qu'il n'eft pas vraisemblable qu'une capitale qui
auroit été détruite par un fiége , ou pnr quelqu'autre
révolution éclatante, eût échappé aux nîftoriens. Il y a
plus d'apparence que ce mot eft un nom donné par les
ILHA , mot portugais , qui lignifie ijle , & par lequel
commencent les noms de plufieurs îiles nommées par
les Portugais. Voyez les dïiFérens articles au mot Isle.
ILHEÔS, ville maritime de l'Amérique méridionale,
au Bréfil , dans la Capitainie , dont elle eft la capitale ,
& qui porte le même nom. Selon De Laët, Indes occi-
dent. L 1 5 , c. 21 , cette ville , dos Ilke'os , eft à trente
lieues de Porto Seguro , vers le nord-eft & à la même
diftance de la baie de Tous les Saints , vers le fud , à
15 d. & 40' de la ligne. Elle tire fon nom des îfies qui
font devant la baie où elle eft fituée. Cette colonie eft
d'environ deux cents familles de Portugais ; il y a une
rivière qui la baigne. Quelques relations portent que
cette ville eft fort petite , & n'a que cinquante maifons
^quelques moulins à lucre. Les Jéluites y ont une maifon.
Ils enleignent la jeuneffe , Se donnent leurs foins à l'ins-
truction des Sauvages. Les habitans s'appliquent princi-
palement à cultiver les campagnes & ont des barques
dans lesquelles ils transportent leurs fruits à Pernambouc
&C aux autres gouvernemens voifins.
A iept lieues de cette ville , au-dedans du pays , eft
un lac d'eau douce , qui a environ trois lieues de long
& autant de large , & plus de quinze braffe*. de profon-
deur ; il en fort une rivière ; mais l'embouchure en eft fi
étroite , qu'à peine les petits bateaux y peuvent psffer.
Ce lac eft fort poiiTonneux, & nourrit fur-tout des ma-
natis , la plupart fi gros, qu'ils pefent jusqu'à vingt-huit
livres. Il y a auffi des crocodiles , & de ces grands
poiiTons que les Espagnols appellent tuberones.
La capitainerie de Rio dos ILHEOS , félon
De l'Ifle , Carte du Bréfil, contrée de l'Amérique) mé-
ridionale , au Bréfil. Elle eft bornée au nord par la pe-
tite rivière de Sirintacin qui la fépare de la capitainerie
de la baie, & au midi de laquelle demeurent les Vay-
mores, nation Américaine. Elle a au levant l'Océan, Se
au midi la petite rivière de Sant- Antoms , au nord de
laquelle font les Tucanuces , autre nation d'Américains.
Elle a au couchant les Qidriguges Se les Maribuces ; fes
rivières font du nord au fud, rio das Contas , rio dos
llhtos , rio grande, & divers ruifieaux, dont les noms
font ignorés. N. S. da Vittoria , Sainte-Anne & Saint-
George font trois bourgades fituées auprès de la ville
capitale. Nous n'y connoilfons point d'autres habitations.
De Laët dit : Antoine-Herrera écrit qu'en un quartier,
proche de ce gouvernement , il eft venu des Sauvages
chafles de leur contrée par leurs ennemis. Ils font plus
blancs que les autres, Stont une taille de géant; nation
errante Se vagabonde, qui n'ayant aucune maifon, cou-
che fur la terre à la manière des bêtes dans les forêts Se
dans les campagnes. Leurs arcs font roides , Se ils font
beaucoup de meurrres avec leurs longues flèches , quand
ils furprennent les naturels du pays ou les Portugais. Ils
ne vont jamais par troupes , mais fépafés : il eft difficile
Tome III, Ppp ij
4:84
ILI
ILI
'de fe garantir de leurs embûches , & on ne les rencontre
qu'avec grand danger. Proche de ce même gouverne-
ment habitent les Aymures ou Guaymures , les plus
cruels Sauvages de tout le pays : ils chaffent les hommes
comme nous chaflbns les bêtes fauvages , & les dévo-
rent quand ils les ont pris : ils mangent aufli leurs pro-
pres enfans ; & ouvrant le ventre des femmes greffes ,
ils en tirent le fruit , qui eft pour eux un mets délicat.
Ces Barbares avoient détruit presque entièrement la
ville dos Ilhéos , &T. on avoit été obligé d'abandonner
l'es campagnes , quoique fort fertiles ; mais enfin on les
a vaincus en plufieurs combats.
ILI, mot qui fert de rerminaifon à plufieurs noms de
provinces dans la langue Turque ; par exemple, les Turcs
appellent Roum Ili , c'eft- à-dire pays des Romains, ce
que les Romains ont nommé la Tkrace , & nous en
avons fait le mot corrompu de Romelie , & ils fe fer-
vent fouvent de ce nom pour fignifier l'Europe, comme
de celui d'Anadolie, qui fignifie proprement la Natolie,
pour défigner l'Afie en général. Ainfi chez eux, Arnaud-
lli eft l'Albanie ; Magiar-Ili , la Hongrie ; Erdtr-lli ,
la Tranfilvanie. Ils ont aufli une façon de parler pro-
verbiale , dont ils fe fervent quand on leur demande
des nouvelles , & ils répondent à celui qui les interroge
Begler, Sagler, Hier Amankr , c'eft-à-dire : lesfeigneurs
Je portent bien , & les provinces font en paix. Cela veut
dire : il riy a rien de nouveau.
ILIBERI , ancienne ville d'Espagne. Voyez Elibe-
ris 3.
ILICA. Voyez Elica.
ILIENSES , ancien peuple de l'ifte de Sardaigne.
Pline , /. 3 , c. 1, les met entre les plus fameufes nations
de cette ifle. Pomponius Mêla, l. z , c. 7, dit que c'en
étoit la plus ancienne. Paufànias, /. 10 , c. 17, dit au
contraire , qu'après le fac de Troye , une partie des
Troyens qui fuivoientEnée , étant emportés en Sardai-
gne par les tempêtes , fe mêla avec les Grecs qui s'y
étoient établis auparavant. Ce font les mêmes que les
Ilknses de Sardaigne , dont parlent Pline , Mêla & Tite-
Live, /. 40 , c. 19 ; &c /. 41 , c. 10, &c qui lorsque les
Africains vinrent pour détruire les Grecs , fe réfugièrent
dans les montagnes de l'ifle , où ils gardèrent ce nom
à'Ilienses , jusqu'au tems de Pâufanias , qui les nomme
Troyens Tpiïts : je doute s'il faut les confondre avec les
Jolaenses de Strabon , comme le veut Hermolaiis.
Voyez l'article Jolaenses. Voyez aufli Ilion &
Troye.
ILING , ville de la Chine , dans la province de Hu-
quang , au département de Kingcheu , fixiéme métro-
pole de la province. Elle eft plus occidentale que Pé-
kin, de 6 d. 50', par les 31 d. il' de latitude. * Atlas
Sinenlis.
ILINGjE , ancien peuple de la Germanie , félon Pto-
lomée ,l.z,c. il. Peucer croit que ce font les Elyfiens
de Tacite. Ortélius trouve que la ville de Lignits ne
diffère pas beaucoup de ce nom , fôit par le fon du mot,
foit par fa fituation.
1. ILION , ville de Grèce, dans la Macédoine. Tite-
Live , /. 3 1 , c. zj , en parle comme d'une petite place
qui fut prife par les Romains , qui étoient fous les or-
dres de L. Ampuftius , lieutenant du consul P. Sulpi-
cius. Il ajoû e que le nom de ce lieu étoit beaucoup plus
connu , à caufe d'une autre ville d'Afie , qu'à caufe de
celle-ci.
i. ILION , nom de l'ancienne ville de Troye , dans
l'Afie mineure. Les Grecs ont écrit Ilion, & les Latins
Ilium. Servius prétend que Troja étoit le nom de la
contrée , &C Ilium le nom de la ville. Cependant ort s'eft
accoutumé à nommer Troja , la ville même ; & le nom
de Troye eft plus fouvent employé que celui d'Ilion ,
pour fignifier l'ancienne Troye. Les poètes s'en font pour-
tant fervis. Virgile dit : Ilium in Italiam portans , au
commencement de l'Enéide. Horace , qui a plus de
penchant pour les terminaifons grecques , dit, /, 3, od. 3 :
Ilion , Ilion ,
Fatalis inctjlusqut judex
Et mulier peregrina vertiu
Il eft là queftion de l'ancienne Troye, démolie par l'ar-
mée d'Agamemnon. Voyez fon article patticulier au mot
Troye.
3. ILION ou Ilium, ville de l'Afie mineure, diffé-
rente de la précédente , puisqu'il y avoit entre deux une
différence de trente ftades , félon Strabon, /. 13, c'eft-
à-dire de trois mille fept cents cinquante pas , & qu'el-
les ont fubfifté fucceflivement. Pour ne parler ici que
de cette dernière ville , l'autre étoit détruite depuis long-
tems , & la nouvelle n'étoit encore qu'un village , où
étoit un temple de Minerve , lorsqu'Àlexandre , après
le paffage du Granique , s'y rendit pour facrifier à la
déefîe. La Chronologie met environ huit cents cinquante
ans, entre la deftruction de l'ancienne Troye, & l'arri-
vée d'Alexandre dans la Troade. Ce prince fit de riches
préfens à ce village, lui donna le titre de ville, & laifla
des ordres pour l'aggrandlt-; fes fuccefleurs témoignè-
rent de la dévotion pour ce lieu. Après fa mort Lyii-
machus l'amplifia & l'environna d'un mur de quarante
ftades. Tite-Live, /. 35 ,£.43, parlant du roiAntiochus,
dit : il débarqua ik monta à Ilium pour facrifier à Mi-
nerve ; & parlant du général des Romains , l. 37, c. 9 ,
il dit : de-ïà il monta à Ilium , & ayant fait un facri- .
fice à Minerve , il écouta favorablement les ambaffa-
deurs d'Eléus , de Dardanus & de Rhoëtéus , qui met-
toient leurs villes, fous fa protection. Juftin , parlant de
la même guerre d'Antiochus, /. 31 , c. 8, dit: les Ro-
mains entrés en Afie , étant venus à Ilium , ce ne furent
que félicitations mutuelles entr'eux & les habitans d'/«
lium. Cette ville n'avôit déjà plus rien de l'éclat que
lui avoit donné Ij'fimachus. Strabon, /. 13', p. 59.4.,
dit exprefïément que quand les Romains parlèrent en
Afie , la nouvelle Ilium , qui fubfiftôit de fon tems ,
reffembloit plus à un village qu'à une ville. Il ajoute
que Démétnus le Sceptien , difoit y avoir été , étant
jeune, vers ce même tems , &y avoir trouvé les maifons
fi délabrées , qu'elles n'àvoient pas même des toîts de
tuiles. Hégéfianax , cité par Strabon , écrit que quand
les Gaulois parlèrent en Afie , comme ils avoient befoiti
d'une place forte , ils allèrent à Ilium ; mais qu'ils l'a-
bandonnèrent, parce, qu'il n'y avoit point de murailles.
Elle fut pourtant remife en un meilleur état ; & elle
étoit fermée de nouveau , puisque Fimbria fut obligé de
l'aflïéger , parce que les habitans refufoient de le laifler
entrer : il la prit & la faccagea. Sylla qui défit Fimbria,
consola les habitans, et leur fit du bien.: leurs affaires
allèrent enfin de mieux en mieux jusqu'à ce que Jules-
Céfar, qui feregardoit comme un des descendans d'Enée,
s'affeclionna entièrement à eux , leur donna des champs,
laliberté,ck l'exemption des travaux publics. Tite-Live,
/. 38, c. 39, rapporte que par le traité de paix entre
le roi Antiochus & les Romains, on avoit cédé Réthjee
& Gergithe aux habitans d'IliUm. Ce. fut Jules- Céfar
qui mit le comble aux bienfaits des Romains : on le
foupeonna même , dit Suétone , d'avoir voulu quitter
Rome pour s'y établir, & y transporter les richefiès de
l'empire. Le Fevre &: Dacier affurent que l'on eut à
Rome la même frayeur fous l'empire d'Augufte, qui, en
qualité d'héritier de Jules-Céfar , auroit pu exécuter ce
projet, 6i que ce fut pour l'en détourner en mots cou-
verts, qu'Horace compofa l'ode 3 , /. 3 :
Juftum & tenaam propojiti virum, &c.
Cette ville fubfifta encore' fous les empereurs , comme
on le voit par les témoignages de Tacite, Annal. 1. 12,
c. 55 , & de Pline , /. <Ç, c. 30. On a des médailles
frappées au nom de fes habitans ; l'une de Marc-Aurele
reprél'ente Hector fur un char à deux chevaux, avec cette
légende AituN Eiu\an ; d'autres de Commode , &
d'Antonin fils de Sévère , fur lesquelles la légende eft la
même ; mais le char eft à quatre chevaux. On en a
encore à deux chevaux , frappées fous Severe , & d'au-
tres fous Gordien.
C'eft de cette ville d'Ilion que les voyageurs difent
avoir vu les ruines , & non pas de l'ancienne Troye :
ainfi c'eft badiner que d'y chercher les débris du palais
de Priant , ôc autres antiquités qui ne fauroient être en
cet endroit.
; ILIONENSES , ancien peuple d'Italie. Le P. Har-
douln veut que de ce nom & de celui qui fuit, favoir La-
vinii, on n'en fafle qu'un, qui fignifie un peuple des-
cendu des Troyen* , établis à Lav'uiium , ville fondée
ILI
par Enée , & appellée du nom de Lavinle. Voyez La-
vinium. *Pline, 1. 3, c. 5.
ILIOPOLIS , ville d'Egypte , fi l'on s'en rapporte à
Hilduin , qui, dans la Vie de S. Denys l'Aréopagite, dit
que ce faint s'y rendit pour étudier l'aftrologie. Ortélius
observe qu'il fout lire Héliopolis , comme écrit S.Jé-
rôme dans la Vie de ce même Denys, & l'Aréopagite
lui-même dans fa lettre à Polycarpe. .
ILIOTES. Voyez Ilotes.
1. ILIPA, ancienne ville d'Espagne , aux confins de
la Lufitanie , chez les Turdétains. Ptolomée la nomme
ILLIPULA. C'eft Tite-Live, /. 35, c. 1, qui la nomme
ILIPA , au fujet d'une viftoire que P. Scipion y rem-
porta fur les Lufitaniens. Il ne faut pas la confondre
avec Ilipa , de l'article qui fuit. On croit que c'eft Za-
laméa de la Serena.
2. ILIPA , ancienne ville d'Espagne , dans la Baëti-
que, félon Strabon , /. 3 , p. 141. Ce nom lui étoit
commun avec d'autres villes , & eft pris de la langue Pu-
nique , comme l'a remarqué Bochart : □$!) Dv'f
veut dire plaine élevée. ■ Pour la diftinguer des autres ,
on la furnommoit IliA. Pline, /. 3 , ci, nous l'ap-
prend ; mais comme quelques manuscrits, par l'ignorance
des copiftes , portoient Ilipa cognomine Ma Italica ,
Froben croyant le mot Ma inutile , au lieu de le corri-
ger , l'avoit effacé dans fon édition ; cela a fait croire à
des perfbnnes mêmes très-favantes , que le mot Italica
étoit le furnom de la ville Ilipa. Bochart a bien vu que
cela ne pouvoit être , & qu'Ilipa & Italica étoient deux
villes très-différentes. Le P. Hardouin , p. 351, n. 5 ,
'eft venu ensuite ; &c trouvant dans une inscription de
Gruter Immunes , IliEnses , Iliponenses , qui,
dans une autre inscription, font Amplement nommés Mu-
NlCIPlUM INLIPENSE, fans autre furnom, il a deviné
jufie & rétabli heureufemen't le paffage de Pline , en
remettant Ilia , au lieu 8111a I/ipa, cognomine Ilia ;
Italica pour lois c'eft Ilia , qui eft le furnom , & non
point Italica , qui eft une ville à part. Antonin met
Ilipa , fur la route de Gades à Cordoue , entre Carula
& OJtippo, à. dix- huit mille pà"s de la première, & à
quatorze mille pas de la féconde. Il y avoit des mines
d'argent auprès de cette ville , félon Strabon , /. ,3 ,
c. 141. Ptolomée , /. 2 , c. 5 , la nomme Illipula
magna'. Cette ville a été épiscopale 1 car Bafîlius,
fon évêque, àfliftà , l'an 589 '; au troifiémè concile de
Tolède. ...
1L1PLA ou Elepla, ville épiscopale de l'ancienne
Espagne, dans la Ba'éfique. Il n'en eft fait aucune men-
tion dans la divifion des diocèfes , faite fous le roi Vam-
ba ; mais une Notice conservée dans le Cartulaire de
l'églife d'Oviedo, met fous la métropole d'Hispalis , qui
e'ftSéville, ELEPLA, comme troifiémè fiége (iiffragant.
Une autre Notice trouvée à S. Laurent de Séville , &
écrite l'an 962 , met au fécond rang fous la même ÉLl-
PA , qui eft le même fiége : je ne trouve nulle part ail-
leurs que dans le livre de Baudrand , le nom d'iLlPLA.
Bailler , Topographie des faims , p. 588 dit.: Elepla,
Illïpulis & Illipula; NlEBLA , ville d'Espagne , dans
la Bétique , qui donna quelques martyrs , durant la per-
sécution desSarrafins àCôrdoue. Baudrand dit de même,
que Niehla, ville de l'AndalOufie , eft présentement Ta
même qxx'Ilipla ou Elepla , en quoi il a raifon ;
mais il croit que c'eft aufli Ilipa, en quoi il fe trompe,
s'il l'entend de la première Ilipa ; car c'eft Ilipa 2 : il
eft vrai qu'il n'en connoît qu'une feule ; mais cela étant,
il ne devoit pas dire qulïipla &C Ilipa étant la même
ville , l'une étoit Niebla, & l'autre Zalamca de la: Se-
rena. Il y àeri cela une contradi&ion manifeft'e.
ILIPULA. Voyez Illipula.
, ILISANITiE , peuple de l'Arabie heureufe , félon
Pline, l. 6, c. 28.
1 1. ILISSUS, ville de Grèce, dans l'Attique , feloii
Etienne le Géographe ; c'eft ce que Pline, l. 4*,c. 7,
appelle tocus ILISSOS , parce qu'apparemment Hrville
d'Iliflus n'y fubfiftoit plus, &c qu'on n'en voyoit que lès
ruines.
.2. ILISSUS, rivière de Grèce, dans l'Attique, près
d'Athènes. Paufanias , Attic. c. 19 , dit : les Athéniens
ont pour rivières l'IliiTus &t l'Eridan qui porte le même
nom que celle qui eft dans la Gaule Cifalpine. Il ajoute
peu après : les Athéniens croient que l'iliffus eft coii-
ILL
48j
facré aux Mufes fk aux autres divinités ; il y a fur fes
bords un autel consacré aux Mufes Iliffiades. Polyen ,
l. \ , c. 17, parlant de cette rivière , dit : auprès de l't
lifius , où fe fait la luftration dans les petits myfteres.
Stace en parle aufti dans fa Thébaïde, l. 8, circafin,
Iliffbs multâ purgavit lamina fiammâ.
3. ILISSUS, rivière de Grèce au Peloponnèfe. Voyez
ELISSUS 4. qui eft la même.
4. ILISSUS, rivière de l'ifle d'Imbros , dans l'Archi-
pel , félon Pline , /. 4 , c. 12.
ILISTRIENSIS , fiege épiscopal d'Afrique , dans la
Lycaonie , félon des Notices grecques. Martyrius , fon
évêque, fouscrivit , l'an 431, au premier concile d'E-
phèlë. * Harduin. Colleft. conc.
ILIUM. Voyez Ilion & Troye.
ILKER , (la horde d') nation Tartare en Afie,
parmi les Mogols. Il en eft parlé dans l'hiftoire de Ti-
mur-Bec , 7. 3 , c. 6.
ILKUSCH , Ilcujfum & Ilcuffia , ville royale de
Pologne , fur la route de Cracovie à Varfovie , à
fix lieues de la première , ou félon André Cellarrus,
Descr. Polon. p. 165 , à cinq milles. Cette ville , qui eft
fituée dans le duché de Sévérie, reconnoît pour le fpi-
rituel la jurisdiftion de l'évêque de Cracovie. Il y a des
mines d'argent mêlé avec le plomb. Cette ville eft
nommée Olkus par Le Laboureur , Retour de la Maré-
chale deGuébriant, p. 26, qui en parle ainfi : Oikus eft
renommé pour les mines d'argent & de plomb , qui
font en grande quantité autour de "cette ville , qui elle-
même eft une minière avec tout fon terroir dans l'éten-
due de plus d'une lieue. Il y a perpétuellement plus de
cent personnes qui y travaillent , qui fe dévouent libre-
ment à cette peine , laquelle , de toute antiquité , paffé
pour un fupplice plus cruel que la déportation & les ga-
lères parmi les autres nations ; & ils fe contentent d'un
richdale parfemaine. Ils ont pour tout habit un miférable
pantalon d'un (impie canevas , fi bien peint de la couleur
de cette terre métallique , qu'il fembleroit qu'ils fortent
d'une teinture jaune , &: vont nuds pieds à travers des
petites pierres , dans les faifons les plus rudes. Auprès1
des mines font les fourneaux pour féparer & affiner les
métaux ; c'eft ce qui a fait bâtir & croître infenfible»
ment cette ville , dans un pays ingrat , & au pied de
tant de montagnes ftériles & mal-aifées. Les mines ne
font point absolument du droit royal en Pologne : elles
appartiennent au feigneur fiir la terre duquel elles fe
rencontrent, qui en tait quelque reconnoiflance ; & cel-
les qui font fur les terres de la couronne, comme celles
d'Olkus , fe partagent entre le roi, le palatin ck l'évê-
que.
ILKZI-KUMaNI , petite province du pays de Cha-
rasm, vers la rive méridionale de la rivière deKhefell,
à l'oueft du territoire de Chajuk. * Hifi. généalogique
des Tatars , p. 719.
ILAN , ancienne ville de Perse. Genghiskan la prit
vers l'an 12 19. Il y trouva la mère & les en fans de Ma-
hamet, roi de Perse, auquel il fajfoit la guerre, & les
fit mettre à mort. Elle étoit fort riche; & les foldats Mo-
gols y firent un grand butin. Quoiqu'il n'y eût aucune fon-
taine , aucun puits , ni même dé rivière dans fon voifi-
nage , elle ne manquoit jamais d'eau, parce qu'il y pleu-
voit continuellement.' Elle n'exifte plus, & l'on n'eft
pas même fur de fa fituation. Il paroît cependant qu'elle
étoit vers le 3 5 e d. de latitude, fur les confins de l'Ierak-
Agemi , & des provinces de Mafanderan & de Choras-
fan. * Hift. généalogique des Tatars , p. 305 & 306.
1. ILL , (l') rivière de France, en Alsace. Elle âfa
fource à l'extrémité du Suntgau, à une lieue de Ferrette.
C'eft une rivière confidérable, qui traverse l'Alface pres-
que dans toute fa longueur , & qui eft navigable dès
Schleftad , mais non pas pour de grands bateaux , parce
qu'en plufieurs endroits elle eft refierrée par des ifles
qu'elle forme. Les débordemens de l'ill font ptesque
aufti nuifibles que ceux du Rhin. Enfin cette rivière fe
joint à celle de Brusçh à Strasbourg ; & ainfi jointes
ensemble, elles fe jettent dans le Rhin, à deux lieues
au-delîous du pont de cette ville. L'ill arrofe plufieurs
villes, & reçoit plufieurs rivières confidérables. Ellepafie
au couchant ôc au nord d'Altkirch; &: au-defiôus elle
486
1LL
iLL
fe groflit de la rivière de Larg ; à Mulhaufen il fe déta-
che un bras qui forme une longue ifle, <k traverse Ein-
fisheim, au-deffous de laquelle ce bras fe rejoint à !a
rivière déjà accrue par la Tur. Entre Einfisheim Si
Schleftadt , elle reçoit diverfes petites rivières qui vien-
nent du côté de Colmar. Elle n'arrive à Schleftad, que
partagée par une longue ifle , qui s'étend affez loin au-
delTus & au-deffous de cette ville. Plus loin , elle en
forme quantité de petites , puis de plus grandes au pont
de Kogenev, un peu au-deffus d'Ernftein ; elle envoie
une partie de fes eaux dans la rivière de Blind , qui
tombe dans le Rhin , en approchant de Strasbourg ;
elle reçoit FAndlau & l'Ergers , puis la Brusch dans la
ville même de S;rasbourg, au-deffous de laquelle elle
forme quelques ifles entr'elle & le Rhin , où elle fe perd-
enfin au-deffous de Wantzenau.
2. ILL, rivière duTirol, au comté de Pludents. Elle
prend fa fource au mont Arula , fur les frontières des
Grilbns , d'où coulant au nord-oueft, elle arrofe Plu-
dentz près de l'endroit où elle reçoit le ruiffeau Alfens,
va enfuite à Feldkirck , au-deffous de laquelle elle entre
dans le Rhin. * Jaïllot , Robert , Atlas.
ILLE , petite ville de France , dans le Roufîîllon , au
bout de la plaine, à quatre lieues de Perpignan , ck à
droite de la Tet , ayant de hautes montagnes vis-à-vis
d'elle , à la gauche de cette rivière. Elle eft fort jolie ,
bien bâtie & habitée par beaucoup d'honnêtes gens. Son
églife eft belle & large fans piliers. A un quart de lieue,
en allant vers le confluent, eft un couvent de Cordeliers
fort joli , fur-tout pour le jardin , parce que les deux
canaux tirés de la Tet , & qui arrofent toute la plaine
de Rouffillon, paffent au travers. *Piganiolde la Force,
Descr. de la France , t. 6, p. 449.
ILLEC , ville d'Afrique , au royaume de Maroc,
dans la province de Sus , vers la côte de l'Océan au
pays de Schel, félon Mouette, cité par Baudrand, éd.
1705.
ILLERIS. Voyez Illybirris.
ILLER , (l1) rivière* d'Allemagne. Elle a fa fource
dans les montagnes , qui terminent l'évêché d'Augsbpurg
au midi , aux frontières du Tirol , d'où coulant vers le
nord, & recevant les eaux d'un grand nombre de ruis-
feaux , elle reçoit aufli celles du lac appelle Alb-Sée ,
paffe à Kempten , d'où fe tournant au nord-oueft , &
ensuite vers le nord , elle coule à l'abbaye de Buxheim,
qui eft au couchant de Memmingen ; puis reprennant
fon cours vers le nord-nord-oueft , elle fe perd dans le
Danube au midi de la ville d'Ulm , après avoir tra-
versé une grande partie de la Suabe. * Jaillot & De l'IJle,
Atlas.
ILLESCAS , bourg d'Espagne, dans la Caftille neuve,
fur la route de Madrid à Tolède, à moitié chemin.
ILLIBERIS, ancienne ville d'Espagne. C'eft la même
qu'ELlBERlS 3.
ILLICI , félon Pline , /. 3 , c. 3, ou Illice , félon
Pomponius Mêla ,/■!,' c. 6, ou
ILL1CIAS , félon Ptolomée, /. 2, c. 6 , ancienne
ville maritime de l'Espagne Tarragonoife fur le golfe ,
nommé à caufe d'elle , par les anciens , ILLICITANUS
Sinus, à préfent golfe cTAlicante, du nom d'une autre
ville qui y eft fituée aufli. Pline la qualifie colonie exempte.
On croit que la ville d'Elche lui a fuccédé : il faut dire
qu'elle a profité de fon nom &C de fes ruines ; car elle
n'eft point fur la mer , comme Illici , mais à quelque
diftance : comme elle eft plus éloignée du golfe d'Ali-
cant que d'un autre golfe à l'embouchure de la Segura,
je ferais dispofé à croire que ce dernier golfe eft plus
propre à être le finus IUicitanus des Latins , que le
golfe d'Alicante.
ILLIERS , bourg de France , dans le Perche , fur le
Loir , près de fa fource , ' & à la jonction du Tiron.
* Baudrand, éd. 1705.
ILL IMBACH , Chartreufe d'Allemagne dans la Fran-
conie au diocèfe , & à cinq lieues de "Wurtzbourg.
ILLINOIS, nation fauvage de l'Amérique feptentrio-
nale , laquelle a donné fon nom à une grande rivière
qui fe décharge dans le Miciffipi , parce qu'une partie de
ces fauvages habitoit fur fes bords. Elle eft aujourd'hui
toute réunie fur la rive orientale du Miciffipi , quelques
lieues au-deffous du confluent du Miffouri , avec ce
grand fleuve. Cette nation, autrefois très-nombreufe , eft
préfentement réduite à deux ou trois bourgades , très-
peu peuplées. On prétend qu'elle eft originaire d'un pays1
affez éloigné vers le nord-oueft , &c qu'ils y étoient
établis fur le bord de la mer. Les Tniamis ont la même
tradition , Si il y a bien de l'apparence que Ces deux
peuples n'en faifoient autrefois qu'un ; leur langue qui
eft une dialecte Algonquine , étant presque la même.
Les Illinois ont été divifés en plufieurs cantons ou
tribus , qui avoient chacun leurs noms. Aujourd'hui
ils font mêlés , &C on ne diftingue plus que les Péorias,
les Caoquias, les Tamarouas & les Kaskaskias • mais
tout cela ensemble ne fait pas plus dé deux à trois mille
Les Illinois fe vantent d'être des hommes parfaits ;
& c'eft , dit-on , ce que lignifie leur nom. Ils étoient
cependant très-peu eftimés des autres Sauvages , avant
que d'avoir embraffé la religion Chrétienne. Ils étoient
affez doux rk affez humains , mais traîtres , légers ,
fourbes , voleurs , & adonnés à la plus monftrueufe im-
pudicité. Les guerres qu'ils ont eues a foutenir contre
les Iroquois & les Outagamis , les ont aguerris ; & le be-
ibin qu'ils ont eu des François, les a attachés à nos in-
térêts, dont ils ne fe font jamais féparés. On en a pro-
fité pour leur annoncer l'évangile qu'ils ont embraffé
fmcérement , & qui les a bien corrigés de leurs vices.
Le P. Marquette, Jéfuite, fit alliance avec eux, lors-
qu'il découvrit le Miciflipi. Depuis ce tems-là, M. de la
Salle, s'en eft beaucoup fervi pour fes découvertes, &c
avoit bâti deux forts fur leur rivière , où ils avoient en-
core leurs principaux établiffemens ; celui que nous avons
aujourd'hui fur le Miciflipi chez les Kaskaskias, eft un des
plus peuplés de la Louifiane , & le feul où l'on feme du
froment.
Ces Sauvages différoient peu des autres du Canada,
pour leurs ufages & pour la manière de faire la guerre ;
mais ils étoient moins errans que les Algonquins , &
ils culrivoient la terre comme les Hurons ; ils font en-
core aujourd'hui plus fédentaires. Leur manière de brû-
ler leurs prifonniers de guerre, eft la même que parmi
les peuples occidentaux. Ils les mettent tout nuds , &
chacun leur fait fouffrir tout ce qu'il peut s'imaginer
de plus cruel.
' Les femmes Illinoifes ont toujours paru fort douces i
& fort raifonnables. Au commencement de l'établifle-
ment des François aux Kaskaskias , quelques unes épou-
ferënt des filles de ces Sauvages , & les Sauvageffes fe
diftinguoient dans la bourgade Françoife au-deffus de
toutes les autres femmes par leur modeftie , leur pieté
& la bonne éducation' qu'elles donnoient à leurs enfans.
La rivière des Illinois prend fa fource dans le pays
des Mascoutins , & jusqu'à fa jonction avec le Théakiki.
Ce n'eft presque qu'un ruiffeau que l'on paffe à gué, &
où à fon confluent même , on n'a pas ordinairement de
l'eau jusqu'au genoux. Elle a cependant alors environ
foixante lieues de cours. Le Théakiki en a au même en-
droit plus de cent, & beaucoup plus de largeur & de pro-
fondeur ; ce qui lui a fait perdre fon nom , c'eft qu'à
quinze lieues au-deffous de la jonftion de ces deux ri-
vières qu'on appelle la Fourche , il y a eu long-tems
une bourgade d'IUinois , en un endroit nommé le Ro-
cher, & quinze autres lieues plus bas une autre , immé-
diatement au-deffous du petit lac de Plmitéoui, lequel
n'eft qu'un élargiffement de là rivière. Depuis ia Four-
che jusques là, cette rivière devient fort large , & de-
puis Pimitéoui jusqu'à fon embouchure dans le Miciffipi,
elle ne cède à aucune rivière de France & d'Italie. Par-
tout elle arrofe le plus beau & le plus fertile pays du
monde. Les forêts y font coupées par de vaftes prairies
qui fourmillent de cerfs, de bœufs, de chevreuils, &c.
On compte foixante-dix lieues de Pimitéoui au Miciffipi.
La rivière des Illinois , dont les bords abondent en
toutes fortes de gibier, reçoit quantité d'autres rivières,
dont la plus confidérable eft à douze ou treize lieues de '
la Fourche , & fe nomme Piftiéoui. Elle vient auffi du
beau pays des Mascoutins; & à fon embouchure il y a
un rapide qu'on a nommé la Charbonnière , parce qu'on
a trouvé , à cet endroit , beaucoup de charbon de
terre.
C'eft fans aucune raifon que quelques relations don-
nent au lac Michigan le nom de lac des Illinois. Voyez,
MlCHIGAN.
ÎLL
i. ILLÏPÙLÀ , ancienne ville d'Espagne, chez le
peuple Turdctani , dans les terres, félon Ptolomée,
2. 2, c. <;. C'eft là même cju'Ilipa , dont parle Tite-
Live. Voyez Ilipai.
2. ILLIPULA Magna , bu la grande Illhpuli ,
félon Ptolomée, /. 2 , c. 5. C'eft la même qa'Illipa
dont parle Strabon. Voyez Ilipa 2. C'eft auffi la même
«ju'Elepla. Voyez Ilipla.
Il eft certain par les positions que donne Ptolomée ,
que la plus occidentale de ces deux Illipula étoit celle
à laquelle il ne donné point dé furnom ; 6k par confis-
quent, c' étoit celle qui étoit aux frontières de la Lufita-
nie. 11 s'ensuit que c'eft l'Illipa de Tite-Live. L'autre
à laquelle Ptolomée donne le furnom de Grande , étant
la plus orientale , étoit plus près de Cordoue , entre
cette dernière ville 6k Italica ; & par conféquent , c'eft
la même qu' I/ipaglia de Pline , voifine d'Italica , 6k la
même auffi qu'Elepla , dont les fidèles furent martyrifés
à Cordoue durant la persécution d'Abdérame. C'eft
auffi l'Ilipa d'Antonin qui étoit entre Séville 6k Cor-
doue.
ILLISTRUS. Voyez Elistrus.
, 1. ILLITURGIS , ancienne ville d'Espagne, dans
la Tarragonoife , en-deçà de l'Ebre , comme on en peut
juger par, ces paroles de Tite-Live : le fiége d'IUiturgis
étant levé , les troupes Cathaginoilés allèrent attaquer
Incibili. On ne doute point qvLÎncibilis ne foit Vln-
tibili d'Antonin , qui en marque la pofition , 6k qui
n'étoit qu'à vingt - fix mille pas de Dertofa. Ainfi
Ylllilurgis de l'hiftoire Romaine ne devoit pas être fort
éloignée de ce canton-là ; & par conséquent ce ne peut
être Yllliturgis cle Pline , qui doit fe trouver dans l'An-
daloufie , bien loin d'Intibilis.
D'un autre côté, un partage de Tite-Live éloigne
beaucoup Illiturgis du canton où éloit Ylntibiii d'Anto-
nin ; car il dit , /. 26, c. ij , qU'Asdrubal étoit campé
aux Pierres noires dans les Aufétains , entre les villes
Illiturgis 6k MentiffU : or les Aufétains , de Tite-Livè
étaient près de l'Ebre. Il le dit lui-même : inde in
Avsctanos prope Ibcrum focios 6k ipsos Ftznorum , ckc.
Cette Illiturgis doit donc être différente d'iLUTURGIS
dont il eft queftibn dans l'article fuivant.
2; ILLITURGIS , ancienne ville d'Espagne , dans la
Bétique ; félon Pline , il la nomme auffi Forum Julium.
Le P. Hardouin attribue à celle-ci ce qui eft dit dans
Tite-Live , & dans Appien , de l'IUiturgis détruite par
Scipion. Il fe trompe. Je viens de faire voir qu'ils ont
parlé d'une autre ville. Ptolomée fait mention de cette
dernière , 6k la nomme ILURGIS ; mais il n'a point
connu la première qui fut détruite par Scipion , & ne
fe releva plus ; au lieu que celle de la Bétique fub-
fiftoit de fon tems. Cette dernière eft préfentement le
lieu d'Andujar cl Vcjo , fur le Guadalquivir , au-deffus
de Cordoue. Voyez ANDUJAR.
ILLOCK , petite ville de la baffe Hongrie , fur le
Danube , à deux lieues au-deffus de Petetwaradin.
ILLURCIS, ancienne ville d'Espagne. On l'appella
enfuite Graccuris. Voyez Graccuris.
ILLURCO. Voyez Ilurgis. .
ILLURGAVONENSES. Voyez Ilercaones.
ILLURGETES. Vovez Ilergetes.
1. ILLURGIA. Vo'yez IluRgis.
2. ILLURGIA , ville d'Espagne , félon Etienne le
Géographe , qui cite Polybe au livre xj que nous
n'avons plus. Berkelius dans fes Notes, obferve qu' Ap-
pien appelle cette même ville Ilurgia ; mais c'eft la
même qu' 'Jlilurgis 1 ; 6k l'édition latine d'Appien , chez
Antoine Gryphe, à Lyon 1588, p. 921, porte lliuurga
urbs.
_ ILLYRIE , ( l' ) contrée de l'Europe , en latin Illy-
ricum , félon Pline; en grec lllyris , félon Ptolomée,
& lllyria félon Etienne le Géographe ; le premier deces
noms , lllyricum , eft adje&if ; 6k on fous-entend le mot
Solum. Herodien, /. 6, c. 7, dit lllyricum 6k lllyrica
provincia. L'auteur facré cle l'Epître aux Romains ,
Ci1}, v. 7 , dit (itïKei'i» Imu£ikb ; les Latins ont auffi
employé lllyris 6k lllyria. Pomponius Mêla , /. 1 , c. 3,
dit lllyris; 6k Properce, /. 1 , Elcg. 7 :
An tibifum gdida vilior lllyria ?
ILL 487
Les bornes de lïllyrie font marquées bien différem-
ment par les anciens géographes; car il y avoit l'Illy-
rie , nom commun à plufieurs pays , entre lesquels on
comprenoit la Liburnie & la Dalmatie ; 6k l'Illyrie pro-
pre, qui faifpit elle-même partie de la grande Illyrie.
Pomponius Mêla , /. 2, c. 3 , dit : les Taulentiens, les
Enchelies , les Ptœaciens; enfuite ceux que l'on appelle
proprement les Illyriens ; puis les Pyréens , les Libur-
niens 6k l'Iftrie. Pline, /. 3 c. 23, dit: Labcattz , En-
deroduni , Safœi , Grabcù , propncqu: dicli Illyrii ,
& Taulantii & Pyrici. Les Illyriens étoieit donc au
milieu de ces nations , 6k c'étoit les Illyriens propre-
ment ainfi nommés ; 6k , comme l'explique le père
Hardouin , ils étoient entre le Narenta & le Drin.
Scylax , Peripl. étend davantage les Illyriens , mais
fans y comprendre les Liburniens. Après les Liburniens,
dit-il , fuivent les Illyriens qui habitent le long de la
mer jufqu'à la Chaonie. Mais Pline dit, /. 3 , c. 26,
la longueur de l'Illyrie, depuis le fleuve Arfia jusqu'au
Drin , eft de huit cent milles ou comme portent les ma-
nuscrits ioxxx milles ; ainfi elle comprend la Liburnie
6k la Dalmatie. C'eft auffi le fentiment de Ptolomée,
qui prend les bornes de l'Illyrie depuis le mont Scardus
Êk la haute Mcefie au levant, jufqu'à l'Iftrie au couchant;
6k quand ce vient à l'expofition , il comprend comme
parties la Liburnie 6k la Damaltie , quoiqu'il les traite
diftinftement. Pomponius Mêla , /.. 2, c. 3 , dit que
l'Illyrie finit à Tergefte au fond du golfe Adriatique ;
mais il vaut mieux fuivre le fentiment de Pline , quî
laide à l'Italie la plus grande partie de l'Iftrie jufqu'à
la rivière d' Arfia.
Outre cette divifîon , le P. Briet , en fournit quatre
autres , que voici. Premièrement , il prend le nom
$ Illyrie dans un certain fens. Elle commence , dit-il , de-
puis la Gaule , 6k le lac de Confiance , & de-là jufqu'au
Pont-Euxin , 6k depuis la mer fupérieure (ou Adriatique)
jufqu'au Danube. Dans ces bornes fe trouvent enfermées
l'Iftrie & la Carniole , & depuis le mont Hœmus au
haut de laThrace, jufqu'aux bouches du Danube. Cette
divifîon eft fondée fur l'autorité de Strabon. Le père
Briet confent encore qu'on y ajoute la Dacie , après que
Trajan l'eut réduite en province Romaine ; Se ainfi
l'Illyrie prife en ce fens , s'étendra depuis le mont
Haîinus , jufqu'au mont Carpathe qui bornoit la Sar-
matie.
En fécond lieu , il diminue l'Illyrie , & détache la
Dacie ck la Mcefie , & dit que cette notion fe peut tirer
de Ptolomée. Nous expoferons ci-après l'Illyrie de ce
géographe.
En troifiéme lieu , le P. Briet en fépare non-feule-
ment la Norique , d'après Sutéone, mais auffi la Rhétie,
6k la Vindélicie , de manière qu'elle ne contient que
l'Illyrie & les Pannonies.
Enfin, le même père dit que l'Illyrie, dans un fens
étroit , fe prend pour le pays fitué fur la mer Adriati-
que , &c que l'on divife en Liburnie ck en Dalmatie.
Ptolomée, /. 2, c. 17, la borne au nord par les
deux Pannonies ; au couchant par l'Istrie ; au levant
par la haute Mcefie ck le mont Scardus ; au midi par
la Macédoine. Il femble la divifer en deux parties ,
la Liburnie ck la Dalmatie , puisqu'il ne nomme pas
une feule v'ille de l'Illyrie , qui ne foit l'une de ces deux
contrées. Il en détache la Norique , les Pannonies ,
l'Iftrie , la Dacie , la haute 6k la baffe Mcefie. On voit
par une inscription rapportée an Recueil de Gruter, que
du tems d'Augufte , on féparoit l'Illyrie en haute 6k
baffe; c'étoit, je crois, par rapport aux montagnes 6k
au cours des rivières. Les Japodes ou Lapides qui
en occupoient les montagnes , étoient de la haute
Illyrie.
Strabon , /. 7 , dit que les Illyriens étoient braves ,
mais qu'ils étoient fort adonnés au brigandage. Le
grand nombre d'iflés dont leurs côtés- font bordées, les
ïàvorifoient ; 6k ils fe fervoient pour leurs pirateries, de
barques très-legeres , qui dans la fuite furent appellées
Liburniennes. Mais lorfque les empereurs eurent fub»
jusmé ce pays , ce furent leurs meilleures Ilégions. Les
illyriens étoient yvrognes ; 6k quoique leur pays foit
fort fertile 6k bon pour les vignes , ils aimoient mieux
vivre en .corsaires que de cultiver la terre. Il faifoient
483
1LL
IL M
r,\ec de l'orge une forte de bière , qu'ils nommoient
Ljbnia; & c'eft de-là que l'empereur Valens qui étoit
un r.l.rien , fut nommé Sabaiariuspzr ibbriquet, félon
Âinmïen Marcellin.
Les Romains ne les fubjuguerent pas facilement.
Ils avoient alors pour roi Agro , qui étoit maître
cVEpidamne 6c d'une partie de l'Epire. Coruncanus ,
général Romain , ayant été maflacré , fut caufe d'une
rude guerre. Mais ce roi étant mort, la reine Teuta , fa
femme, s'accorda avec les Romains. L'ifle de Corfou&c
3a ville d'Apollonie devinrent libres ; 6c Demetrius de
3a trahifon duquel les Romains avoient profité , fut d'a-
bord comblé de biens , puis mis à mort , parce qu'il fe
révolta. Du tems de Perlée, Gentius , roi des Illyriens ,
gagné à force d'argent , déclara la guerre aux Romains ;
mais il fût vaincu &C fait prifonnier , Se Scodra fa capi-
tale dimolie par Anicius , propréteur , qui mena en
triomphe ce roi & fes fils. Du tems de Jules-Céfar,
les Iilyriens fe révoltèrent , bâtirent les Romains en
plufieurs rencontres , mirent Gabinius en déroute, ôc
après avoir vaincu Pompée , firent leur paix. Mais après
la' mort de Céfar, ils en revinrent aux hoftilités jufqu'à
ce qu'enfin Augufte les fournit entièrement , & triom-
pha d'eux après la défaite d'Antoine. Je renvioe aux
articles particuliers ce qui concerne les différens peu-
ples réunis fous le nom d'Illyriens.
On voit par la Notice des provinces Romaines , fous
Augufte , que l'Illyrie propre étoit partagée en deux;
car on trouve dans la portion du fénat & du peuple
l'Illyrie & une partie de l'Epire ; cette partie étoit
Couvernée par un préteur. On trouve dans le par-
tage de l'empereur la Dalmatie & une partie de l'Illyrie ;
apparemment celle dont il avoit fait lui-même la con-
quête.
La Notice de l'Empire , fous Hadrien, met dans
l'Illyrie dix-fept provinces ,
II. Du Norique ,
II. Des Pannonies ,
La Valérie,
La Savie ,
La Dalmatie ,
La première Mcefie,
II. De laDacie,
La Macédoine,
La Theflalie,
L'Achaïe ,
La première épire,
La îecoude.épire,
La Prévalitane ,
L'ifle de Crète.
La Notice de l'Empire , depuis Conftantin le Grand
jufqu'à Arcadius & Honorîus , partage l'Illyrie en trois
diocèfes , celui de Macédoine , celui de la Dacït ,
& celui de l'Illyrie propre. Le préfet du prétoire d'Il-
lyrie avoit fous lui les deux premiers. Le troifiéme
étoit fous les ordres du préfet du prétoire d'Italie.
Arcadius dans le partage qu'il fit de l'empire avec
Honorius , retint tout ce qui étoit fournis au préfet du
prétoire d'Illyrie ; & Honorius ne garda que le diocèfe
d'Illyrie, qui comprenoit feulement
La II. Pannonie,
La Savie,
La Dalmatie ,
La I. Pannonie ,
La Norique méditerranée,
La Norique Rispense.
La connoiflance de l'Illyrie, prife dans toute cette
étendue , eft néceflaire pour l'intelligence de l'Hiftoire
cccléfiaftique ; autrement on feroit embarrafle à con-
cevoir quel rapport il y avoit de la Theflalie , de l'A-
chaïe, & de l'ifle de Crète, avec l'Illyrie , fi on fe
liguroit un petit canton tel que Ptolomée le repréfente
dans un coin du golfe Adriatique.
Pour les affaires de l'églife, chacun de ces trois dio-
cèfes avoit fon métropolitain ou primat. Celui de l'Il-
lyrie propre ou occidentale étoit l'évêque de Sirmich.
Au concile d'Aquilée , tenu l'an 381 , par les foins de
feint Ambroife , métropolitain du vicariat d'Italie ,
comme archevêque de Milan , on voit après lui ,
Anemius, évêque de Sirmich. Cetteville étoit la capi-
tale de l'Illyrie , tant pour le civil que pour les affaires
de l'églife. Juftinien le dit, Novell. 11, tk fe fert du
mot Anciennement , parce que cette ville avoit été
ruinée par Attila. Son autorité de métropole fut par-
tagée entre les villes de Lauriac , d'Achride ôc de
Saione.
Le fécond diocèfe , ou la Dacie , comprenoit lès
pays iitués entre la Macécoine & le Danube , ck avoit
pour métropole Sardiqut. Theodoret , Hijl. ecclef.
I. 1 , c. 4 , parlant du ce ncile des évêques d'Orient
6c d'Occident , tenu en cate ville , ajoute : Sardique
eft une ville de l'Illyrie , métropole de la province dé
Dacie.
Le troifiéme diocèfe qui portoit le nom de Macé-
doine , ou d'Illyrie orientale , comprenoit toute la
Grèce , 6c avoit pour métropolitain l'évêque de Thef-
falonique.
Cette divifion , par rapport aux deux empires , n'a-
voit rien ' changé dans le gouvernement ecléfiaftique ;
£c les papes avoient confervé la jurisdiction fuprême
fur toute l'Illyrie. Ils confioient le dépôt de leur autorité
à l'archevêque de ThelTalonique , qui l'exerçoit jus-
ques dans la Morée. fc.n vain Theodofe le Jeune voulut
donner atteinte à ce droit par une Conftitution contre
l'autorité du Pape en Illyrie, à l'occafion dePerigene,
Corinthien , iniialé fur le fiége de Patras , par l'évêque
de Corinthe. Les Corinthiens eux-mêmes eurent recours
à Rome peu de tems après , pour avoir l'approbation
d'un évêque qu'ils avoient élu pour remplir leur fiége- En.
vaint fous prétexte des anciens canons, les évêques ja-
loux de l'autorité du pape , tâchèrent de transporter au
fiége de Conftantinople les droits du fiége de Rome^
comme fi la primauté de l'églife eut dû fubir les mêmes
changemens que l'empire : l'é .êque Boniface foutint
la primauté de fon fiége , 6c coni'erva à Rufus de ThelTa-
lonique l'exercice d'une autorité dont cette églife avoit
joiii fous les papes Damafe , Sirice 6c Innocent. Le
pape Sixte la conferva de même , 6c donna à Anaftafe ,
évêque de Theflalonique {Holjîen. Concil. t. 4,) la
même autorité que les papes précédens avoient don-
née à fes "prédécefïeurs. Cependant à la fin les Grecs
ôterent au pape la jurisdiftion de cette partie de l'Illy-
rie, & ce fut une des mauvaifes fuites du fchisme.
Voyez les articles Dalmatie, & Liburnia.
1. ILLYRIS, nom latin de I'illyrie.
2. ILLYRIS, ifle d'Ane , fur la côte de Lycie, fé-
lon Etienne le Géographe.
ILLYRISSUS , rivière del'Illyrie , félon Laonic ,
/. 10, cité par Orteiius , Thefaur.
ILM. rivière d'Allemagne dans la haute Bav'ere ; elle
prend fa fource un peu au nord d'Atrenmunfter, oafTe
à Pfafenhofen , & fe rend dans le Danube entre Neuf-
tad , 6c Ingloftadt.
ILMA-COUROUC , bourg d'Afie , dans le Kou-
heftan , près de Hamadan.
ILMEN, (Lac d') lac de l'empire Ruffien , dans
le duché de la grande Novogorod ; il fe forme par
la rencontre des rivières de Lovât , qui y entrent au
midi oriental, St de Salona,qui y entre au midi occiden-
tal. A l'embouchure du Lovât , eft la ville de Staraia.
Rufla. , ou la veille Rufià ; & à l'embouchure de la Salona
eft Nova RujTa , ou la nouvelle PuilTa. A la fortie &c au
nord de ce lac, eft la grande Novogorod , dont le
duché porte le nom. Ce lac a près de foixante wers-
tes ou lieues Ruflîennes , dans fa longeur du fud au nord,
£c environ quarante dans fa largeur , qui eft allez égale ,
fi ce n'eft vers le nord où il fe termine comme une cor-
nue à diftiller. Je ne trouve point dans les nouvelles
cartes , qu'il y ait fur fes bords une ville de même
nom , comme le dit Baudrand ; 8c Ifaac Mafia ,
qu'il cite , ne met rien de pareil dans fa carte.' Ses
eaux en fortant du lac forment la rivière de Volchova,
qui, fe groflîlTant de la rivière de Mfta , & de quelques
autres , va tomber dans le lac de Ladoga.
ILMENT , (L') rivière d'Afie , dans la Perfe , aux '
confins de l'indouftan , elle a fa fource dans le lac de
Zare , formé par la rivière de Hindmend ; ou plutôt
c'eft une continuation de cette rivière , au-deflous du
lac de Zare jufqu'à la mer. Cette rivière prife dans
toute fon étendue , a fa fource au pays de Candahar ,
d'où , coulant au fud-oueft dans le Sableftan , elle parta-
ge fes eaux dans le Segeftan en plufieurs coupures ,.
après avoir arrofé la ville de Boft, aux frontières de
ces deux provinces ; enfuite elle fe tourne vers le fud-
eft , 6c entre dans le lac de Zare , qu'elle forme; de-
là coulant -vers le midi , elle traverfe la province de
Mekran ,
ILS
Mekran , où elle baigne Arabia , lieu fitué à f orient de
fon embouchure. Le nom de ce lieu a beaucoup de
rapport avec l'ancien nom de cette rivière , qui eft
Arabius. Voyez Arbis 2. * Robert de Vaugondy, Atlas.
ILM1STER , bourg d'Angleterre , dans la province
de Sommerset. îl a droit de tenir marché public. * Etat
prijent de la Gr. Bret. t. I.
ÏLMITZ , village d'Autriche , aux confins de Hon-
grie , près du lac nommé Newfidler - Sée. On croit
que c'eft Ulmi , ville de la haute Pannonie. Voyez
Ulmi.
ILORCIS, ancienne ville de l'Espagne Tarragonoife,
fur le Tader , aujourd'hui la Segura , au détour de
cette rivière , Pline parlant du Tader , dit , /. 3 , c. 1 -,
qu'à Ilorcis , il fe détourne du bûcher de Scipion ; il
nomme enfuite , /. 3 , c. 3 , les peuples Ilorcitani , qui
étoient les habitans de cette ville. C'eft préfentement
Lorqui , village d'Espagne , fur le bord feptentrional de
la Segura , à l'occident de Murcie , capitale du royaume
de même nom.
ILOTjE , Eilot.E , HiloTjE. Voyez l'article qui
fuit.
ILOTES, ou HlLOTES : (les) on nommoit ainfi
les habitans de Helos, ville maritime du Péloponnèfe,
dans la Laconie. Cette ville ayant été fubjuguée par
les Spartiates ou habitans de Lacédémone , feus le règne
de Licurgue, 6k le peuple réduit à l'efclavage, le nom
d'Ilotes fut donné aux efclaves, comme un nom général,
quoiqu'ils fuiient de quelque autre pays. Ces Ilotes
étoient braves ; 6k comme on les occupa au plus vils
emplois , on appréhenda qu'enfin ils ne fe révoltaffent.
Pour exercer les jeunes gens de Lacédémone , à faire
le coup de main avec l'ennemi , on les laiffoit eiïayer
leur valeur contre les pluscourageux d'entre ces Ilotes,
comme Plutarque le raconte, Fies des Homm. M. t. 1 ,
p. 274, de la traduction de M. Dacier, Thucydide,
/. 4, dit que les Lacédémoniens, craignant le grand
nombre des Ilotes, firent iémblant de vouloir les affran-
chir pour lever une armée , 6k que pour cet effet ils
publièrent que les plus vaillans n'avoient qu'à fe pré-
senter, 6k qu'on les affranchirait ; car ils jugeoient
bien que les plus vaillans leur dévoient être les plus
fufpefts. Il y en eut environ deux mille de choifis. On
les couronna : on les mena dans tous les temples , &
peu de tems après, ils difparurent , (ans qu'on ait jamais
fu ce qu'ils étoient devenus. Selon Plutarque , ubi fupr.
Ariftote écrit que les Ephores n'étoient pas plutôt en
charge, qu'ils déclaraient la guerre aux Ilotes , afin qu'on
pût les tuer fans crime. Il eft certain , ajoute Plutarque,
qu'on leur faiioit toutes fortes de mauvais traitemens.
Ainfi il ne faut pas être furpris , fi ces pauvres gens
voyant Sparte affligée par un tremblement de terre ,
conspirèrent contre leurs tyrans , commirent de très-
grands maux dans la Laconie , 6k mirent la ville dans
le plus grand danger où elle ait été. On les avoit
envoyés à la campagne où ils labouraient les terres ,
ck en rendoient un certain revenu. Ils accoururent de
toutes parts , pour achever de détruire ceux que le
tremblement de terre avoit épargnés ; mais les ayant
trouvés -srmés 6k en bataille, ils fe retirèrent dans les
villes voifmes , 6k commencèrent dès ce jour-là à leur
faire une guerre ouverte , ayant attiré dans leur li-
gue plufieurs de leur voifins , 6k fe fentant fortifiés
par les Mefféniens ^ qui étnient en guerre avec les
Spartiates. De-là vint le fiége d'Irhome dont je parle
ailleurs , 6k qu'ils foutinrent contre toutes les forces
des Spartiates. Les Ilotes , après la prife de cette ville ,
furent transportés hors du Péloponèfe , avec détènfes
d'y jamais rentrer. Ainfi ceux qui demeurèrent, langui-
rent dans l'efclavage , réduits à l'agriculture. Tite-Live,
l- 34, c. 27, parle des Ilotes , au tems de la prife de
Lacédémone par les Romains.
D'Ablancourt , dans fa Traduction de Thucydide ,
les nomme Hilotes. Cornélius Nepos , dans la Vie de
Paufamas , dit Hilotes. Tite-Live dit Ilots ; Paufanias
dit Helotes ; c'eft auffi le nom le plus conforme à
leur origine. Voyez Helos.
ILS , rivière d'Allemagne , au couchant de la Ba-
vière , au nord du Danube. Elle a fa fource dans un
lac, aux |montagnes qui féparent la Bavière de la Bo-
ÏLZ 489
hème : de-là coulant par Spieglau, vers le midi , elle
fe charge de plufieurs . autres rivières au -defù:; d'é
Hauis , puis, joignant les terres»de l'évêque tic Paffau ,
qu'elle borne un bon efpace de chemin, elle rentré
dans la Bavière , fck tombe dans le Danube à Ilftadt,
vis-à-vis de Paffau. * Jalliot , Atlas.
Cette rivière d'Us , au rapport de Wagenfeil j
Geogr.^ Synopf. p. 343 , produit des perles , moir'.s
belles à la vérité que les perles d'Orient ; mais il y en
a pourtant qui font greffes 6k très-rondes, 6k qui le
vendent jufqu'à cent florins la pièce.
ILST, ville des Provinces-Unies , en Frifé , dans le
Weftergoo , près de Sneeck , à deux petites lieues
du Zuyder-Zée , ck à quatre de Leuwrde , vers le
midi.
ILSTADT; ou Ïles-Stadt, ville d'Allemagne,
en Bavière , au confluent du Danube 6k de lïls , vis-
à-vis de Paffau. Voyez Passau.
ILUA. Voyez vEthalia , qui -eft la même.
ILUATES , ancien peuple d'Italie , dans la Ligurié ,
félon Tite-Live, /. 32, c. 29 ; 6k l. 31 , c. 10. Orté-
lius demande fi ce nom ne viendroit point de celui
à'Ilua ? Cellarius dit qu'on ne fait où les placer.
ILUCIA , ancienne ville de l'Espagne citérieure ,
chez les Orétains, félon Tite-Live, /. 35 , c. 7 , qui
dit que C. Flaminius la prit. .
ILUMBERITANI. Voyez Lumberitani.
1LUNUM , ancienne ville de l'Espagne Tarrago-
noife, chez les Baftitains , félon Ptolomée, l. 2, c. 6i
ILURATUM , ville de la Scythie , dans la Cher-
fonnèfe Taurique , du côté des Palus Méotides-, félon
Ptolomée , /. 3 , d 6.
ILURB1DA , ville de l'Espagne Tarragonoife , chez
les Carpétaniens , félon Ptolomée.
ILURCIS. Voyez Graccuris.
ILURCO , ou Illurco , ancienne ville «l'Espa-
gne , félon Pline, /. 3 , c. 1. Le P. Hardouin traite
de fauffe ck de nouvelle , une inscription du Recueil
de Gruter , p. 406 , dans laquelle on lit Ordinis Illur*
conenjis , ck qui a été trouvée au village de Pinos ,
dans le royaume de Grenade.
ILURGIA , ck
ILURGIS , ville d'Espagne , dans la Béfique , félon
Ptolomée. C'eft la même qxillluurgis ; à préfent An-
dujar-el-Vejo.
T. ILURO , ou Illuro , ancienne ville de l'Es-
pagne Tarragonnoife , félon Pline. Le P. Hardouin
dit que c'eft la même qui eft nommée Dilurum ,
AiAspaV , pour 'A':\xj,ù,\ , par Ptolomée. Il ajoute que
c'eft ptéfentement Pineda. Mêla , /. 2, c. 6, la nomme
Eluro , dans cet ordre , Blanda , Eluro , Batullo ,
Barcino. Pline dit que c'étoit une ville de citoyens
Romains'; elle étoit à quinze mille pas de Bjetullo.
Nunez , a très-bien remarqué que c'eft préfentement
Mataro , dont l'enceinte ck le nombre des habitans
repondent affez bien à la dignité ;d'une ancienne ville,
de citoyens Romains. Cette ville fut autrefois détruite
par les Mores , comme le prouvent d'anciens monu-
mens que l'on y conferve , ck fut enfuite rétablie ck
bâtie au même lieu , ck non pas fur un autre terrein
comme quelques - uns l'ont fauffenient affuré. On y
trouve des débris d'anciennes pierres , avec des inscrip-
tions ; ck on en a tiré quantité de médailles d'or 6k
d'argent , aux noms de Vefpafien ck de Titus. On
peut voir le refte des preuves en faveur de ce dernier
fentiment , dans le livre de Marca , Hifpan. I. 2 ,
c. 15 , §.5. ^
2. ILURO , nom latin d'OLERON. Voyez ce mot.
ILUZA , ancienne ville d'Afie. Elle eft marquée
comme ville épifcopale de la Phrygie Carpatienne, dans
la Notice de Hieroclès.
1. ILYBYRRIS , rivière de la Gaule Narbonnoife,
félon Strabon,/. 4,p- 182, qui dit : du mont Pyréné
coulent les rivières Rufcino èilljbyrris. Ptolomée, l. 2,
c. 10, nomme cette même rivière Illeris ; Athénée IU-
birnis. Son nom moderne eft le Lee.
2. ILYBYRRIS , ville de la Gaule Narbonnoife.
Voyez Eliberis i.
ÏLYRGIA , la même qu'lLURGIA.
ILZ , petite ville de Pologne , au Palatinat du San-
Torne III. Q q q
490
IMA
IMI
domir , avec un ancien château fur une hauteur. Le
commerce de cette ville qui appartient à l'évêque de
Cracovie , confifte en de la vaiflelle de terre qui fe
répand clans tout le royaume. * Andr. Ccllar. Defcr.
Polon. p. 190.
IMABA , province du Japon , dans l'iue de Niphon,
au couchant de celle de Tafima. On la divife en
îèpt diflri&s , où l'on voit plufieurs manufactures de
foie.
IMACA , rivière de l'Amérique méridionale dans le
Pérou , au fud de la rivière des Amazones , dans la-
quelle elle fe rend au-deflbus de Jaen , après avoir
reçu celle de Chuchunga.
IMACARENSES , ancien peuple de Sicile , félon
Pline , /. 3 , c. S ; Ciceron , 3 . Vtrr. c. 47 , fait
mention <£Agir Imacarensis , qui eft le même. L'édi-
tion de Pronovius porte Macharenjîs , quoiqu'il aver-
tifie qu'il faut dire Imacharenfis. Ptolomée, /. 3, c. 4,
nomme ce lieu Imachara ; 'l^x^e?- > d'autres exem-
plaires portent Hemichara , Hf/»x*'p«. Etienne le Géo-
graphe la norhme ""ly.v.afoy ; ce qui s'accorde avec l'IIic-t
carti d'Antonin , hiner. à feize mille pas de Palerme.
Ce lieu s'appelle prélèvement Muro Dicarini. Voyez
HlCCARA.
IMAD , rivière d'Afie , dans l'Indouftan , près du
Sinde : ce nom eft écrit Jamad clans l'Hiftoire de
Timur-Bec, /. 4, c. 10 j & on y dit que c'eft une
fuite de la Dendara , rivière qui vient de Cache-
mire.
IMADUCHI , peuple d'Afie , dans la Sarmatie ,
auprès du Caucafe , félon Plme , /. 6, c. 7.
IMANHAL , bourg , & rivière de l'ifle de Mada-
gascar , dans la province d'Anoffi. La rivière qui
defcend du haut des montagnes , fe rend dans celle de
Farnsjjere. * Flacourt , Hift. de Madagascar.
IMAUS , longue chaîne de montagnes, qui traverfe
PAfie , au nord de ce que les anciens appelloient pro-
prement l'Inde; ck qui envoie une de fes branches au
ïeptentrion , vers la mer Glaciale. Cette longue chaîne
avoit quantité de noms particuliers ; Pline , /. 6 ,
c. 17 , nous fournit ceux - ci , d'occident en orient ,
comme des montagnes liées l'une à l'autre , le Cau-
cafe, la Paropamife , l'Emode oc l'Imaiis. Il dit que
de ces montagnes, l'Inde s'abbaiffe en une plaine im-
menfe qni reffemble à l'Egypte. Il explique le mot
Imaiis , par couvert de neige , Nipofium. L'Imaiis ,
féparoit l'Inde de la Scythie , comme elle fépare en-
core aujourd'hui l'Indouftan de la Tartarie. Une bran-
che qui s'avance dans le nord, coupoit la Scythie en deux,
favoir la Scythie en de - çà de l'Imaiis , ck la Scythie
d'au-delà. Ptolomée qui fait deux chapitres de ces
deux Scythies , les borne au nord par une terre incon-
nue : c'eft dire en même teins qu'on ne favo.it point juf-
qu'où alloit cette montagne. Nous favons préiente-
ment que la longue chaîne de montagnes, qui borne les
Indes au nord des royaumes de Caboul ck de Cache-
mire, ck qui traverse le royaume du grand Tibet, ne
court du fud au nord , félon la ligne méridienne , comme
Ptolomée, 1.6, c. 14, le dit de l'Imaiis , que jusqu'au
47e d. de latitude ; après' quoi, elle fe tourne vers l'orient,
puis vers le nord, ck enfin vers le nord-nord-oueft , jus-
qu'à l'embouchure du Jéniscéa , fleuve de la Sibérie.
Cette chaîne de montagnes a quantité de noms particu-
liers que lui donnent les peuples voifins. Nous rappor-
tons dans leurs articles particuliers ceux qui nous font
connus. Je ne m'arrête pas beaucoup aux noms modernes,
que les géographes du feiziéme fiécle ont donnés à cette
montagne. Ils ne connoiffbient guères la Tartarie; Se ce
qn'Ortélius en a recueilli , a été aflez inutilement copié
par Baudrand. Voyez l'article CaF.
Arrien, inlndic.p. 314, qui fait commencer cette
chaîne dès le mont Taurus vers la Pamphylie , la Lycie
ficela Cilicie , ck qui l'amené de-là jusqu'aux Indes , dit
qu'elle prend divers noms en divers lieux , favoir Pa-
ropamifus , Emodus ck Emaon. Il ajoute qu'elle peut
bien avoir encore d'autres noms en d'autres endroits. On
voit que V Emaon de cet auteur eft l'Imaiis de Pline ck de
Ptolomée.
Lorsque l'Imaiis fe tourne au nord , il envoie une
branche vers l'orient ; 6c cette branche eft ce que les
anciens ont nommé Damasi Montes. Voyez ce mot.
Il eft furprenant que Corneille, ayant donné fous le
titre d' Imaiis , ce que Davity dit de cette montagne, il
en farte un fécond fous le titre cV 'Imaiis , montagne de
la Tartarie , qui eft la même , quoiqu'il n'en avertifle
pas. Mais il y avoit IM.CUS Mons en Italie , dont il
ne parle pas.
IMiEUS où Imeus Mons, lieu particulier d'Italie,
entre Corfimum 6k Cirftnna , ou Cerfennia ; il étoit à
cinq milles de la dernière , félon la Table de Peutin-
ger. Cluvier , liai. ant. I. 2, p. 769, croit que c'étoit
une bourgade au bord oriental du lac Fucin , en allant
vers la rivière d'Aterne. Elle étoit fur une montagne ;
les habitans nomment préfentement ce lieu ColleAr-
MEO, & quelquefois ARMELO.
IMBARUS , montagne d'Afie , vers l'Arménie ma-
jeure, félon Strabon, /. 11, ^.531. Pline, /. 5, c. 27,
la met à l'extrémité de la Cilicie. Strabon , à l'endroit
cité , dit que c'eft une portion du mont Taurus.
IMBO , ville de l'Arabie heureufe. Voyez Yambo.
IMBRASIA. Voyez Samos.
_ IMBRASUS , rivière de l'ifle de Samos , félon Cal-
limaque , cité par Ortélius , Thefaur.
IMBRINIUM, ancien lieu de l'Italie, au pays ^ des
Samnites , félon Tite-Live , /. 8. Quelques favans l'ont
confondu mal à-propos avec Simbruini Colles de Ta-
cite ; erreur où Jiùle-Lipse eft tombé , ck qn'Ortélius ck
Cellanus ont très-bien remarquée. Voyez SlMBRUlNI.
ÏMBRIPOLIS : quelques-uns ont nommé ainfi en la-
tin, la ville de Ratisbonne. C'eft une traduction de
Régensbourg, qui en eft le nom allemand.
IMBR1TIA , lieu d'Italie , aux environs de la ville
Locri. Il en eft fait mention dans la Vie des douze frè-
res martyrs , écrite par Alphane de Salerne , cité par
Ortélius.
i. IMBROS , ifle de l'Archipel. Favorin , dans fon
Lexique , y met une rivière de même nom ; ck Etienne
y place une ville appellée de même , ck dit qu'elle étoit
consacrée à Ccrès &C à Mercure. C'eft aujourd'hui l'ifle
de Lembro. Voyez ce mot.
2. IMBROS , forterefle au-deflus de la ville de Cau-
nus , dans le pays que les Rhodiens avoient dans le
continent, félon Strabon.
IMERIENSIS , fiége épiscopal d'Afie , dans la Mé-
fopotamie. Il en eft fait mention clans le concile de
Conftantinople. C'eft peut-être le même fiége qu'HÉ-
merius , de la province d'Osrhoëne , dans la Notice
de Léon le Sage.
IMIFFETE , rivière d'Afrique , au royaume de Ma-
roc : elle a fon embouchure près du cap de Non. * Corn.
DicL
IMILICENSIS , nom latin d'un fiége épiscopal d'Ir-
lande , dont le nom moderne eft Emly. C'eft un des
cinq fuffragans que l'on a lailTés à l'archevêché de Cas-
hel. Emly eft dans la province de Munfter , au comté
de Tipperary , à fept milles & environ à l'oueft de la
ville de Tipperary , près des frontières de Limerick.
Cette ville étoit autrefois confidérabJe , mais elle eft fort
déchue. ,
IMIRETTE , petit royaume d'Afie , entre Tes monta-
gnes qui féparent la mer Caspienne &c la mer Noire.
Il eft enfermé entre le mont Caucafe, la Colchide, la
mer Noire, la principauté de Guriel ck la Géorgie. Sa
longueur eft de fix vingt milles , fa largeur de foixante.
Les peuples du mont Caucafe, avec qui il confine, font
les Géorgiens &C les Turcs au midi ; ck au feptentriou
les Eflî ck les Caracioles , que les Turcs appellent Ca-
racherkes, c'eft-à-dire Circaffiens noirs , pour les raifons
que j'ai dites. Ce font ces Caracioles ou Circaflîens
noirs , que les Européens ont appelle Huns , ck qui
firent tous ces ravages en Italie tk dans les Gaules , dont
parlent les hiftoriens , &C entr'autres , Cedrenus. La lan-
gue qu'ils parlent eft mêlée de Turc. L'Imirette eft un
pays de bois ck de montagnes , comme la Mingrélie ;
mais il y a de plus belles vallées , &C de plus déficientes
plaines. On y trouve plus facilement du pain , de la
viande, &C des légumes. Il y a des mines de fer. L'ar-
gent y a cours. On y bat monnoie. On y trouve des
bourgs. Quant aux mœurs &C aux coutumes , c'eft auifiï
la même chofe qu'en Mingrélie. Le roi a trois bonnes
IMI
IMO
fortereiïès, une appellée Scan der , fîtuée fur le bord d'une
vallée, & deux fur le Caucafe, nommée Regia &cScor-
gia; toutes deux bâties en des lieux que la nature a for-
tifiés. Le Phalé paife devant. Le prince avoit , il n'y a
pas long-tems , une autre forterefle bien plus impor-
tante, appellée Cocatis , du même nom que tout le pays
d'alentour, qui eft peut-être celui que Ptolomée appelle
la région Cotatene.. Les Turcs en font à préfent les maîtres.
Le royaume d'Imirette a long-tems tenu fous lui les Ab-
cas , les Mingreliens & les peuples de Guriel , après
qu'ils eurent iecoué le joug des empereurs de Conftan-
tinople, premièrement, & puis des empereurs deTrébi-
fonde , dont l'hiftoire remarque qu'ils le faifoient hon-
neur du titre de rois du fleuve de Phafe. Ces peuples
fe défunirent le iïécle paffé ; & depuis leur révolte , ils
ont toujours fait la guerre entr'eux. Les plus proches du
Turc ont recherché l'on affiftance. Il les a d'abord pro-
tégés , & enfin il les a tous rendus tributaires. Le tribut
du roi d'Imirene eft de quatre-vingt enfans , filles & gar-
çons , âgés de dix à vingt ans. Celui du prince du Gu-
riel eft de quarante-ux enfans de même forte. Celui du
prince de Mingrélie eft de foixante mille braffes de toile
de lin faite dans le pays. Les Abcas avoient auffi été
mis fous le tribut; mais ils l'ont payé peu de fois , &
à préfent ils ne le payent point. Le roi d'Imirette , &
le prince de Guriel envoient eux-mêmes leur tribut au
Pacha d'Akalzike. Un Chaoux vient prendre celui du
prince de Mingrélie. Lorsque je paftai à Akalzike , on
difoit que les Turcs vouloient fe mettre en polfeffion de
ces pays , & y mettre un Pacha , ne fâchant point d'au-
tre moyen de remédier aux guerres continuelles qui les
détruifent. Le Turcs ne fe font pas fouciés auparavant
d'en prendre pofleffion , parce qu'il eft comme impoffible
d'y observer le Mahométisme , par la raifon que ces
pays n'ont rien de meilleur que le vin &c le cochon ,
dont la loi Mahométane défend l'ufage ; d'ailleurs l'air
y eft mauvais ; il n'y a point, ou très-peu de pain ; le
peuple y eft épars , de façon qu'en quelque lieu qu'on
pût bâtir des fortereffes , chacune ne pourrait contenir
dans le devoir que fept ou huit maifons. C'eft pourquoi
ils s'étoient contentés que ces provinces leur ferviflent
d-e pépinières d'esclaves: des obftacles, à-peu-près, fem-
blables , empêchent apparemment les Turcs d'incorpo-
rer à leur empire les vaftes p!aines de Tartarie, de Scy-
thie & les pays immenfes du mont Caucafe. Je ne dois
pas oublier que tous ces pays , qui ne payent aujourd'hui
tribut qu'au Turc , le payent de tems en temsà la Perse,
félon que les monarques Perfans favent fe faire craindre,
en y envoyant des armées. Abas le Grand tira ce tri-
but exaftement, & même fans peine, durant tout fon
régne , qui parvint jusqu'à l'an 1617. Et ce tribut con-
fiftoit auffi en enfans d'un & d'autre fexe , de même que
la Colchide le payoit à la Perse , dans les premiers âges
du monde ; chofe fort remarquable , que dans tous les
fiécles, ces régions maritimes de la mer Noire ayent
produit de fibeau fang & en fi grande quantité. * Char-
din, Voyages , t. 1 , p. 150.
La Mingrélie a été fous la domination d'Imirette ; mais
elle s'en eft affranchie par une révolte. Du tems que
l'auteur cité écrivoit, c'étoit le huitième prince de Min-
grélie, depuis la féparation de ces deux états. Ces prin-
ces s'appellent tous Dadian , comme qui diroit chef
de. lajuflice, de dad , mot Perfien , qui tignihe j uftice ,
d'où la première race des rois de Perse a été appellée
Pich-Dadian, c'eft-à-dire la première juflice , pour nous
marquer que ce furent les premiers hommes que les peu-
ples de ce grand pays établirent pour leur adminiftrer
la juftice , & maintenir chacun en la jouiffance de fon
bien. Le roi d'Imirette fe donne le titre de Meppe ,
c'eft-à-dire roi, en Géorgien. Le Meppe & le Dadian'fe
difent tous deux descendus du roi &c prophète David.
Les anciens rois de Géorgie , s'en difoient descendus
auffi , & le Kan de Géorgie , en fes titres , fe dit de
même iffu de ce grand roi, par Salomon fon fils. Le roi
d'Imirette , dans les lettres qu'il fait expédier , fe qualifie
roi des rois.
IMISIMIS , ville ancienne d'Afrique , au royaume
de Maroc , & dans la province particulière de Maroc.
Elle a été bâtie par les Africains, fur la pente de la mon-
tagne de Guidimiva, du côté qui regarde le levant, &C
près du grand chemin qui traverse le mont Atlas , pour
491
aller de Maroc dans la province de Jéfula. Ce chemin
eft perpétuellement couvert de neiges , 6c s'appelle , à
caufe de cela , Barrix. Du côté du feptentrion , il y a
plus d'onze lieues de plaines jusqu'à la ville de Maroc ;
il y croît le meilleur bled qui (bit dans la Barbarie, auffi-
bien que l'orge & le millet ; le tout en fi grande abon-
dance , que fi le pays étoit bien cultivé , il y en auroit
pour toute la province. Avant que les chérifs priffent
Maroc , cette viile étoit à demi dépeuplée par les Ara-
bes , quoiqu'elle appartînt à Muley Idris ; maintenant
elle eft fort peup.ée, & les habitans ont été bien traités
à caufe d'un Mo.abite appelle Cidi Canon , qui en
étoit. *Marmol, Afrique , /. 3 , c. 38.
IMITYI , ancien peuple de la Sarmatie Afiatique ,
près de la fource d'un fleuve nommé de même Imi-
TYIS, félon Pline, A 6 , c. 8.
IMMA, ville de la Syrie, félon Ptolomée, /. 5, ci 5,
qui la met dans la Séleucide.
IMMADRIS, port de la Gaule Narbonnoife, félon
l'Itinéraire d'Antonin, c'eft-à-dire félon l'Itinéraire mari-
time , différent du grand que nous citons ordinaire-
ment. On y voit :
A portu Alminis Immadras, Pofit. M. P. XII.
Ab Immadris MaJJiliam Grxcorum. Port. M. P. xii;
IMMEDIAT, fiefs immédiats : on appelle ainfî
en Allemagne les fiefs que la nobleffe ne tient que de
l'empereur &. de l'empire. La noblefle qui poflede de
tels fiefs , eft nommée NOBLESSE immédiate, parop-
pofition aux fiefs qui relèvent des princes & états par-
ticuliers de l'empire , que l'on nomme FIEFS médiats;
ce qui revient au mot d'arriere-fefs.
IMMERETI. Voyez Imirette.
IMM1RENIENS, ancien peuple d'Afie , à l'extré-
mité de l'Arabie , & tributaire de la Perse. Théodore
le Lecteur, dans fes Recueils imprimés, entre les au-
teurs de la Bibliothèque des PP. raconte leur convetfion.
L'abbé Fleuri , qui cite cet auteur , la rapporte ainfî.
Sous l'empereur Anaftafe , les Immiréniens , fujets des
Perses , fe convertirent à la foi : ils habitoient à l'extré-
mité de l'Arabie , au midi ; & on croit que c^>font les
mêmes que les Homérites. La reine de Saba les avoit
autrefois rendu Juifs ; depuis ils étoient redevenus
Payens ; & alors ils fe firent Chrétiens, tx reçurent un
évêque.
IMMITENSIS , fiége épiscopal d'Afrique. On ne fait
dans quelle province. La Conférence de Carthage fait
mention à'Honoratus Immitenjis. * Harduin. Colleft.
conc.
IMMOS, campagne, félon Cédrene , qui dit que les
Juifs y crucifièrent un enfant Chrétien , qu'ils avoient
pris. *Ortel. Thefaur.
IMOKILLY, baronnie d'Irlande , dans la province
de Munfter. C'eft une des quinze baronnies qui coms
pofent le comté de Corck. * Etat préfent de ? Irlande,
p. 48.
IMOLA, ville d'Italie, dans l'état de l'églife, dans
la Romagne, fur le Santerno. Cette ville eft ancienne;
6k Ciceron, /. 12 , Epijl. 5 , en parle dans une de Ces
Lettres. Strabon, /. 5 , p. 116, l'appelle popoc Kop»'*/a„.
Ptolomée pipos Kowh^/'h. Le poëte Martial, /. i,Epigr. 4
y fit quelque féjour , comme il paroît par ces vers :
Romam vadt , liber. Si veneris unde requirct ,
Almil'ie dices de regione via.
Si quibus in terris , quâfimus in urbe , rogabic ,
Corneli, referas me, licet, ejfeforo.
Prudence , dans fon hymne fur le martyre de S. Caffien*
maître d'école , Perijlcphanon 9 , v. 1 , nous apprend
que cette ville avoit eu pour fondateur Cornélius Sulla:
Sulla forum flatuit Cornélius ; hoc Itali urbem ,
Voûtant ab ipso conditoris nomine.
Cette ville a donné la naiflance à plufieurs faints ;
outre S. Caffien , qui en eft le patron , & fous l'invo-
cation duquel la cathédrale eft dédiée , S. Pierre Chry-
fologue, évêque de Ravenne , y naquit, & y fut élevé
fous la discipline de S. Corneille , évêque d'Imola : il
Tome III. Qqq ij
IMP
ÏMP
y mourut auffi Fan 457 ; Si fon corps y demeura , hors
lui bras qui fut porté à Marseille. * Bailla , Topogr.
<les (àints , p. 2.38.
Vers la décadence de l'empire, on y bâtit une cita-
delle , nommée Imola , nom qui eft refté à la ville. Le
diacre Paul Warnefrid , Langobard. l.z,c. 18, ledit
exprelïèment, & la met entre les cinq riches villes de
l'Emilie. jEmilia , dit-il , locuphtibiis urbibus dicora-
iur , Placentiaj'cilicet, Parmaque , regio & Bononia,
Cnrneliique foro cujus cœ/lrumlM.OLA.S appclla! ur. Cette
-ville fut ruinée' par Narsès , mais réparée par Ivon II,
roi des Lombards. Ensuite les Bolonois & les Manfrédi
en ont été les maîtres , comme auffi Galeaz Sforce ,
qui la donna en dot à Hierome Riario , ( mari de Ca-
therine Sforce; ) peu après elle fut prife par Céfar Bor-
gia , qui la fournit au faint fiége , qui en eft demeuré en
poffeffion. Cette ville eft gardée par une bonne forte-
reffe, Si fon évêque eft fuffragant de B.avenne. Imola
eft à dix milles de Faenza , à cinq de Caftellp Bolo-
gnèfe , à fept du château Saint- Pierre , & à douze de
Boulogne. * Journal d'un. Voyage de France , p. 773
&S10.
IMPERATORIA urbs. Voyez Salacia.
IMPERIALE, ville de l'Amérique méridionale, au
royaume de Chili, à quatre lieues de la mer du fud, au
bord de la rivière de Cauten. Le P. Douaglie, Jéfuite,
né au Chili , dans la Relation hiftorique , qu'il a faite de
fon pays, dit, c. 16, p. 183 , que le gouverneur Pierre
de Valdivin, s'étant avancé, l'an 1551 , dans ces quar-
tiers , arriva jusqu'à l'agréable rivière de Cauten : il y
trouva beaucoup de peuplades d'Indiens , Si y fonda la
ville nommée Impériale. Ce lieu eft un des plus char-
mans de tout le pays , à trois ou quatre lieues de la mer,
à trente-neuf de la Conception , à cent neuf de Sant-
iago , à cent foixante de la ville de Sirène , fous les
.38 d. de latitude fud. Les campagnes aux environs dé
cette ville, font fertiles en bleds & tn fruits ; mais le
raifin noir n'y vient pas fi bien que le blanc. Il y a
abondance de pâturages pour les troupeaux. Ces pâtura-
ges ne s'étendent pas continuellement en plaines ; mais
'fouvent ils s'élèvent en des coteaux très-agréables, qu'une
abondant^ rofée rend très-féconds. La ville eft bâtie fur
une roche escarpée, au pied de laquelle fe joignent deux
rivières navigables. Il manque à cette ville un bon port ,
à caufe de quantité de bancs de fable , dont la mer eft
remplie en cet endroit.
Le gouverneur trouva en ce canton quatre-vingt mille
habitans Indiens, ou même plus , au rapport de quel-
ques auteurs ; tous conviennent que ce font les peuples
les plus fociables , &C qu'ils n'ont pas la férocité des
Arauques. Cette ville a fon évêque, &t de riches mines
d'or dans fon diftrift. C'eft la quatrième ville qui ait été
fondée dans le royaume. Après la mort du fondateur,
Impériale fut affiégée par les Indiens. Le P. Douaglie en
rapporte la délivrance miraculeufe , c. 15 , p. 192.. Elle
fut pourtant détruite une fois ; mais on l'a relevée : fans
ce malheur , dit l'auteur cité , ce feroit à préfent une
grande Si riche ville.
Fréfier, Voyages, t. 1 , p. 94, marque que l'évêque
de cette ville , depuis qu'elle a été prife par les Indiens,
s'eft retiré à la Conception.
IMPERIALES : on appelle en Allemagne villes libres
& impériales certaines villes , qui ne reconnoiffant point
de fouverain particulier , font immédiatement foumifes
à l'empire Si à fon chûf , qui eft l'empereur. Ces villes,
nommées en allemand Rcicks Jladte , font celles qui ,
exemptes de la jurisdiôion du fouverain dans les états
de qui elles font fituées , ont féance Si droit de fuffrage
à la diète de l'empire , comme en étant des états im-
médiats. Autrefois les villes médiates y avoient auffi le
même droit , mais elles en font exclufes ; Se c'eft pour
cela que Brème Si Hambourg n'en jouiffent point.
On ne convient pas de l'origine des villes impériales.
Quelques-uns prétendent la faire remonter jusqu'au tems
de Charlemagne , Si que ce prince fit pofer des ftatues
de Roland dans toutes les villes qu'il déclara impéria-
les ; mais c'eft une fable ridicule ; Si on ne s'eft avifé
que dans le onzième fiécle , de donner à ces ftatues le
nom de Roland. Il y a des villes qui ont de ces ftatues,
Si n'ont jamais été immédiates ; Si ces figures ne repré-
fontent autre chofe que la haute juftice, pour les affaires
criminelles ; c'eft ce que lignifie l'é'pee que porte la fta-
tue , Si l'ufage où l'on eft, dans plulieurs villes, de ren-
dre Si d'exécuter les fentences criminelles auprès de ces
ftatues. * Voyez Gryphiander de "Weichbildis Saxon.
c. 1. Knipschild de Jure Civit. Imp. /. 1 , c. iz, n. 46.
Conringius de Urb. Germm. §. 71. Johan. Frid. Rhe-
tius, '6i.Jo.Henr. Eggeling de Statuis Rulandinis.
1 II eft prouvé que , dans toute la grande Germanie
au-de-là du Rhin , avant Charlemagne , il n'y avoit
point ce que les Latins appelloient urbs , c'eft-à-dire ,
de villes fermées de murailles ; il n'y avoit que des
villages, des bourgades, Si quelques châteaux. Ils avoient
bien le droit de cité, Si on les no mmoit civitates : on
y faifoit commerce. Telles étoient Erfort , Magdebourg.
& Bardevic , comme il paroît par les capimlaires de
Charlemagne. Le concile de Vernon , tenu i'an 755 ,
la quatrième année de Pépin, Capit. 1. 1 , c. 17 ,
entr'autres décrets , ordonne que les évêques demeu-
rent dans des cités , Si non à la campagne , ou dans
des hameaux , in civitatibus non in villulis vel agris.
Ces cités étoient ou médiates, c'eft-à-dire , fituées dans
des duchés Si dépendances des ducs ; ou immédiates 5
c'eft-à-dire , fuuées dans les terres qui dépendoient
immédiatement du fouverain; Scelles étoient qualifiées
villce regiœ, maifons royales. Les bourgs ou lieux for-
tifiés furent enfuite conftruits , pour la défenfe de l'em-
pire. Tels étoient Burgfcheydengen , réfidence des rois
de Thuringe; Sigebert Si Ehresberg , fortereffe des
Saxons. Henri l'Oifelçur acheva d'établir l'ufage des
villes. Pour réprimer les courses que les Barbares fai-
foiént dans l'empire , cet empereur établit des MAR-
CHES, (voyez ce mot,) Si fortifia des villes qui puflent
fervir d'asyle, en cas de danger. Il ordonna que huit
laboureurs demeureroient pour cultiver les champs ;
que le neuvième demeurerait dans la ville , Si que l'on
y garderait le tiers des biens de la terre, afin q'uen
cas de befoin , les villes fuffent pourvues d'hommes Si
de munitions de bouche. Il éleva enfuite plufieurs villes
pour la défense de l'empire. Mifna , ou Meiffen ,
Quedlinbourg Si Mersebourg font les principales.* Wic-
tikind , Annal , /. 1.
Le nombre des évêques Si des ducs augmentant de
jour en jour, fit multiplier auffi les villes ; les empereurs ,
qui feuls pouvoient donner les droits municipaux à une
nouvelle ville, accordèrent aux évêques Si aux ducs les
permiffions d'en bâtir. C'eft l'origine de la diftinètion
des villes en médiates Si immédiates. Dans les terres
immédiates , tels qu'étoient le pays du Rhin Si le pays
Palatin, les villes étoient immédiates Si impériales, au
lieu que dans les duchés elles étoient médiates. Tant
qu'il n'y eut point de villes fituées ailleurs que dans le
pays Palatin , toutes les villes étoient impériales ; mais
lorsqu'il y eut d'autres villes , on vit des cités Si des
bourgades, dont les unes furent immédiates, c'eft-à-dire
exemptes delà jurisdiêtion des ducs Si des comtes, Si
que l'on appelloit dominicatx ; Si les autres étoient mé-
diates , fous le pouvoir des ducs Si des comtes. Mais le
pouvoir des ducs Si des comtes s'étant accru fous les
empereurs Saxons , il n'y eut plus d'autres villes immé-
diates que celles qui étoient fituées dans les terres im-
médiates , Si qui étoient exemptes de la jurisdiftionde
ces ducs Si de ces comtes.
L'abus que plufieurs ducs Si comtes firent de leur au-
torité, dans quelques villes puiffantes, ayant fouvent caufé
des défordres dans l'empire , donnèrent quelquefois oc-
cafion aux empereurs de fouftraire ces villes à la juris-
diction de ces feigneurs. Les évêques n'eurent pas d'a-
bord la fouveraineté de leurs métropoles , qui ne recon-
noiffoient que les empereurs Si leurs officiers ; mais ces
prélats ayant ensuite obtenu des états en fouveraineté ,
voulurent l'exercer auffi fur leurs métropoles ; de-là tant
de querelles entre les évêques Si les villes métropolitai-
nes , Si qui ont été différemment terminées ; les unes ,
comme Cologne , Lubec , "Wormes , Spire , Augs-
bourg , ont conservé leur liberté ; d'autres , comme
Munfter , Osnabrug , Trêves , ont été obligées de re-
connoître la jurisdiétion de leurs évêques pour le tem-
porel.
Il faut ajouter à cela les ligues auxquelles ont donné
occafion les interrégnes , les troubles, Si la méfintelli-
gence des états de l'empire. La première de ces ligues
IMP ^
eft celle du R.hin. Les villes du Rhin n'ayant point d'em-
pereur qui les défendît, s'afibcierent, fe choifirent un
capitaine , fupprimerent les impôts qu'on avoit mis &
augmentés fur le Rhin , engagèrent les princes voifins &T.
les comtes à entrer dans leur lbciété , & établirent dans
leur reffort une tranquilité , dont on n'avoit point eu
d'exemple ; Mayence , Wormes , Spire , Francfort ,
Bing & Oppenheim commencèrent. Leur accord s'é-
tant fait en 1254, plufieurs autres villes , qui n'étoient
pas toutes impériales, y accédèrent au nombre de foi-
xante. En vain les princes trouvèrent qu'il ne conve-
noit pas à des marchands d'avoir la lupériorité doma-
niale fur la noblefié , il fallut en parler par-là ; & cette
confédération dura au moins neuf ans. *Trizkem. Chron.
Hirsaug. & Sponh. ad ann. I2$4-
Uneautre ligue eft la Hanse ieutonique, dont je parle
au mot Hanse.
La troifiéme eft la confédération de Suabe. Elle fe
forma à l'occafion de la paix , que l'empereur Frédé-
ric III conclut à Francfort , l'an i486. Le cercle de
Suabe fe ligua pour la maintenir; quelques princes &
des villes voifines fouscrivirent à cette aifociation , qui
dura jusqu'à Charles V, qui, ne s'accomrnodant pas de
ces aflbciations, détruifit celle-là, la Hanse Teutonique &
quelques autres. *Gcrarda Roo, Ann. Auftr. /. 10, p. 504.
Ces ligues furent- caufe que des villes fe voyant ap-
puyées par cette alliance , en profitèrent au préjudice
de leurs fouverains , de l'autorité desquels elles s'affran-
chirent , &C devinrent indépendantes. Quoiqu'avec le
tems la plupart ayent été contraints de rentrer dans le
devoir, à mefure que le pouvoir des princes croifloit.
Il s'en trouve néanmoins qui ont tenu tête aux princes
qui vouloient les réduire , & qui ont conservé , mal-
gré eux, leur liberté. D'autres ont trouvé le moyen de
fe maintenir dans lapoileffion deplufieurs grands privilè-
ges. Telles font les villes de Brunswig , Roftqck, 'SVis-
mar , Strahlsunde , Osnabrug &: Herford.
Une autre'raifon eft l'extin&ion des familles illuftres.
Par exemple, la Suabe ayant perdu Conradin, fondue,
fut dévolue à l'empire , à quoi contribua le fatal inter-
régne. Les villes de ce duché furent foumifes immédia-
tement à l'empire. La ville môme d'Uberlingen , qui
étoit la réfidence des ducs , eut le même fort. Ce du-
ché tomba dans une fi grande décadence , que même
encore aujourd'hui la maifon d'Autriche n'y poffede que
quelques comtés & feigneuries à titre de prince. Il en eft
de même de la ville de Buchorn , qui après la mort de
fes comtes particuliers, vint aux comtes d'Altdorf & de
Ravensbourg, & qui, après l'extinttion de cette famille,
fut dévolue à l'empire. C'eft aufii par-là que le dernier
comte de Kaufbeuren ayant été tué par un mari , dont
il débauchoit la femme , cette ville devint impériale.
Il eft arrivé que, durant les guerres civiles, des villes
fe font attachées au parti de l'empereur, qui, pour les
en récompenser, les a honorées des privilèges des vil-
les impériales (a). C'eft par cette politique que Henri IV"
& Henri V, Frédéric I fk Frédéric II fe rendirent puis-
fans. Lubec (b) fut redevable de fa liberté à la proscrip-
tion de Henri le Lion. 11 fe trouva aufii des villes, qui
étant extrêmement riches , & voyant leurs fouverains
dans d'extrêmes befoins , ou portés d'inclination pour
elles, ont racheté leur liberté. C'eft ce qu'a fait la ville
de Lindau , qui s'eft ainiï dégagée des comtes de Bré-
gents (c). Ulme en a ufé de même envers l'abbaye de
Reichenaw , à laquelle elle a payé fa liberté , moyen-
nant quoi , Louis de Bavière la déclara ville impé-
riale. Les moines ont tâché en vain de fe refiaifir de
leur ancien droit ; Charles IV & Fridéric III ont con-
firmé (=!) à LHme l'indépendance qu'elle avoit ac-
quife. *(a) Lehman. 1. 4 , c. 3 & 4; & Conrigius de
Urb. German. §. 119. (b) Chronic. Schauenb. apud
Meibom. t. \,p. 501. (c) Ttnt^elius, Vindic. Lindav.
p. 380. (d) Xeylet, Chronic. Suev. p. 397; thcKnips-
child, 1. 3 , c. <J4.
Ces villes impériales ont été Sujettes à diverses révo-
lutions. Il y a eu des villes qui , quoique impériales,
ont été forcées de fe foumettre à leurs évêques ; d'au-
tres ont été engagées par les empereurs. Ainfi Louis de
Bavière engagea Ta ville d'Egre , qui étoit impériale , à
Jean, roi de Bohême, pour vingt mille marcs d'ar-
gent ; Rhinfeld 6c d'autres villes , à Otton d' Autriche.
IN A
49 3
Henri vil engagea Boppart à fon frère Baudouin, cv
que de Trêves. La plupart des villes impériales ont ob-
tenu le privilège de ne pouvoir être engagées. *GodafJl±
deRegno Bohemiae , 1. 1, c. 17. Gérard a Roo, Ann<,
Auftr. /..3,./,. 89.
Plufieurs i!e ces villes s'étant trouvées plus foibles que
les princes contre lesquels elles étoient en guerre, font
reftées fous la domination des vainqueurs : telles font
Alteubourg , Chemnitz, Zuickau , autrefois villes im-
périales , fk fubjuguées rîar Frédéric margrave deMisniei
Confiance ayant refufé de recevoir Xinurim , a été'
rtiîfe au banc de l'empire par Charles-Quint , &: forcée
de fe foumettre.
D'auiïes^ villes impériales ont été absolument perdues
pour l'empire ; Bafle , Berne , Zuric , jadis villes im-
périales , (ont préfentement du corps de la république
des Suifles : Metz , Toul & Verdun, par la paix de Mu'ns^
ter ; & Strasbourg par la paix deB-yswyck, ont été cé-
dées à la France.
On partage préfentement les villes impériales d'Alle-
magne en deux bancs , desquels ont peut voir le détail
au mot Allemagne. Ceux qui veulent voir cette ma-
tière plus amplement traitée, peuvent consulter la vingt-
unième Bifîèrtation de Struwe ; Burchard Gottheljîi
Struv'ù; Syntagma juris publici , 1/1-4° 1 Jenae 171 1.
IMPHES, 'Ifiçùs, peuple voifin des Perrhebes , fé-
lon Etienne le Géographe , qui cite Hecarée.
IMUNCINA, (V) rivière de l'Amérique méridio-
nale , dant le Paraguay , aux confins du Bréfil. Elle fe
jette dans le fleuve de Parana, & vient du côté du fud.
Des Portugais qui la remontèrent pendant huit jours,
ne firent que des demi-journées de chemin , & arrivè-
rent vers la ville de Xeres ; De rifle ne marque point
cette rivière dans fa Carte du Bréfil , mais bien fur fa
nouvelle Carte de l'Amérique.' * Lettres édifiantes, t. 12,
P- 35-
1MYRA , ville de laPhœnicie , félon Etienne le Géo-
graphe. Voyez SlMYRA.
i.IN: quelques-uns nomment ainfi en françois FAlN^
rivière de la Franche-Comté. Voyez Ain.
2. IN, ville delaChine, dans la province deKiangnan,
au département de Hoeichen, quatrième métropole de la
province. Elle eft de 16' plus orientale que Pékin, par
les 30 d. 30' de latitude. * Atlas Sinenjts.
1. INA, ancienne ville de Sicile, dans fa partie mé-
ridionale. Ptolomée, /. 3 , c. 4, la nomme entre Elo-
rus & Elcethium.
2. INA, ancienne ville d'Afie , dans la Céléfyrie,
félon le même , /. 5 , c: 1 5 , qui la met à l'orient de Da-
mas & au nord à'Abida.
3. INA. Corneille, qui ne connoît que cette trbificme
Ina , la met dans l'Italie , & dit qu'on la nommoit aufii
IxiAS. Voyez ce mot.
INABA. Baudrand nomme ainfi un royaume du Ja-
pon. Ka:mpfer l'appelle Imab a , & en fait la quatrième
province de la grande contrée de Sanindo. On la nomme
aufii Insju.
INACCESSIBLE, furnom d'une montagne de Dau-
phiné. Voyez Montagne inaccessible.
INACHIA , l'un des anciens noms que l'on a donnés
à la Morée. Il vient d'Inachus , fondateur du royaume
d'Argos , le plus ancien royaume connu de la vieille
Grèce. On croit que cet Inachus étoit contemporain du
patriarche Ifaac, & Phénicien de nation. Dans l'anti-
quité la plus reculée, on voit que les Phéniciens étoient
habiles dans la navigation , & qu'ils étoient allez hardis
pour aller par mer en des pays éloignés. Leur nom fe
tire de l'hébreu pjy, &on les appella pjy >J3, Bene-
Anac, c'eft-à-dire les fils d'Anac , comme le prouve
amplement le favant Bochart. Il n'eft pas étonnant que
ceux qui s'établirent dans le Péloponnèlè , ayent été de
ces fils d'Anac , ou du moins commandés par quelqu'un
de cette famille; de forte que les premiers colons ayent
été appelles >pjj? Anachi , dont les Grecs auront fait
le nom d' 'Inachus; de- là vient auffi le nom /ft.«4 (,
Anacles , commun aux dieux & aux rois, parce que les
premiers rois de la famille d'Anac furent mis au nombre
des dieux, &c que les rois poftérieurs fe difoient descen-
dus d'eux.
INACHIUM, furnom d'une ville d'ARGOS , qui
étoit aufii furnommée DiPSlUM. Voyez Argos. i.
1NA
494-
INACHO , rivière de Grèce, dans la baffe Albanie:
elle a fa fource aux montagnes qui bornent l'Alradine
au nord ; & coulant par Antiioca , elle fe jette dans le
golfe de PArta, au midi de la partie orientale de ce
golfe. Voyez l'article ÏNACHUS 2.
INACHORIUM, ancienne ville de l'ifle de Crète,
dans la partie occidentale, félon Ptolomée, A3, c. 17.
1. INACHUS, rivière du Péloponnèfe, au royaume
d'Argos, félon Pomponius Mêla, A 2, c. 3 ; & Pline,
A4, c. 5 ; Se Strabon , l. S , p.,1"0. Il en arrofeit Ar-
gos la capitale ,■ comme nous l'avons remarqué dans l'ar-
ticle d'ARGOS 1. Strabon en marque ainfi le cours. Cette
rivière, dit-il, coule dans plulieurs vallons, & a fafource
près du mont Lurcius , qui eft voifin de Cynuria, dans
l'Arcadie. C'eft ce que lignifie le grec de Strabon, que
Xylander a mal rendu par ces mots. In Lyrico apud
Cynuriam Arca.Ha rrionum. Il falloit dire : in Lurcio
apud Cynurium , monte Arcadia.. Lyrcius ou Lurcius ,
eft le nom de la montagne , & Cynuria celui d'un
village voifin. On croit que fon nom moderne eft
PiLANIZZA.
Mais Ortélius, après avoir rapporté le fentiment de
ceux qui difent que c'eft aujourd hui Planitza , ajoute :
il eft furprenant que cette rivière , qui n'eft plus depuis
Iong-tems , ait pourtant un nom ; car enfin les anciens
aflùrent qu'elle étoit defièchée de leur'tems. Lucien dit
dans le Dialogue intitulé Charon , ou le Comterr.plateur,
t. 1 , p. 190. Les villes ont leur deftin aufli-bien que
les hommes , 6k, ce qui eft de plus étrange , les fleuves
même , comme celui d'Inachus , dont on ne voit pas
feulement les veftiges dans Argos. ^Apollodore , A 2,
dit queNeptume le' mit à fec. De l'ifle , qui a bien fenti
cette difficulté , a accotdé , dans fes deux Cartes de la
Grèce ancienne 6k de la moderne , les remarques des
anciens , avec l'état préfent de cette rivière ; car il fait
couler à Argos deux rivières réunies, dans un même lit,
au-deffiis de cette ville ; l'une qui vient du nord , auprès
de Cléone , & qui coule vers le midi ; ck l'autre qui
vient des montagnes , qui font à l'occident de l'Argie
vers l'Arcadie, ck coule vers l'orient , où elle trouve
l'autre rivière qui vient du nord , 6k à laquelle elle fe
joint au-delfus d'Argos. C'eft cette rivière qui vient du
couchant, que les anciens ont nommée Inachus, la même
qui eft deflechée , félon Lucien ck Apollodore , cités
ci-deffus. Ainfion ne la trouve point dans la Grèce mo-
derne de De l'ifle, qui n'y marque que celle qui vient
du feptentrion ; ck c'eft celle qu'il nomme Planizza.
2. INACHUS, rivière d'Epire, dans l'Amphilochie.
Les Argiens du Péloponnèle , s'étant établis en cet en-
droit, y bâtirent une nouvelle ville d'Argos , & donnè-
rent le nom .d'Inachus à la rivière qui l'arrofoit. Voyez
Inacho.
3. INACHUS, rivière de Grèce , dans la Béotie,
auprès de la ville d'Eléone. Plutarque , Qucejl. Grcec. dit
qu'on l'aprjella ensuite Scamandre.
4. INACHUS , rivière de Theflalie , félon Vibius
Sequefter, de Flumin. Inachus Thejfalia. Ovide, Meta-
morphof. 1. L, met auffi une rivière de ce nom , dans la
Theflalie. C'eft lorsqu'il patle de la malheureufe Io ,
deshonorée par Jupiter , ck fille du fleuve Inachus.
INAGUA , ifle d'Amérique , au nord de Saint-Do-
mingue. Voyez Ykagua.
INALIjE. Voyez Sciathus.
INALPINI, nom latin que l'on donnoit aux peuples
qui demeuroient entre les montagnes des Alpes.
1NAPHA, ancienne ville de l'Arabie heureufe, dans
les terres , félon Ptolomée , /. 6 , c. 7.
INARIA CIUM, nom d'une des bouches du Danube,
félon Ptolomée, A3, c. 10. C'eft la même que d'autres
auteurs ont appellée NARACUSTOMA.
INARIME , nom latin de l'ifle d'IsCHiA : cette ifle
avoit plufieurs noms , ck étoit fituée vis-à-vis de Cu-
mes , dans le golfe. Pline, A3, c.6, dit: elle eft pom-
mée jEnaria, parce que les vaiffeaux d'Enée y furent
à l'ancre ; Homère l'appelle Inarime , & les Grecs
Pithecusa. Mais Mêla, c. 7, diftingue JEnaria, de
Pithecufa. Tite-Live , A 8 , c. 22 , les regarde auffi pour
deux ifles différentes ; mais Appien, Civil. I. s, p. 1 1 30,
edit. Toll. parle comme Pline. Libon, dit-il, aborda à
l'ifle de* Pithecufes, qui eft préfenttment JEnaria. Stra-
bon , A 5 , p. 148 , nomme Pithecufes , ifle qu'Augufte
INC
donna aux Napolitains , en échange de celle de Caprée ;
&. Suétone , c. 92 , in Augttft. dit que ce fut jEnaria.
Joignez à cela , félon la remarque de Cellarius , Geogr.
an:. La, c. 10, p. 951 , que Strabon ck Ptolomée qui
nomment Pithecujie , ne font mention ni d'JEmaria ,
ni £ Inarime. Au contraire l'Itinéraire d'Antonin , qui
met JEnaria , entre l'Italie ck la Sicile, à 45 ftades de
Cumes, ne connoît point Pithécufes.
Il n'eft pas vrai , quoique Pline le dife , qu'Ho-
mère ait nommé cette ifle Inarim. Il dit feulement au
fécond livre de l'Iliade , v. 290.
Ei'y Aet'fuis, in Arimis.
Voyez l'article Arima 2. Les Latins ont t ansporté la
fable de Tipnoée , que les Grecs avoient placée en
Afie , ck en ont gratifié cette ifle, à laque'.ie ils ont fait
un nom qui refïemble un peu à celui des montagnes de
Syrie oucieSilie. Outre les vers de Virgile, rapportés au
mot ARIMA , on a ce même nom d'Inari ne dans Ovide,
qui dit au quatorzième livre des Métamorphofes, v. 88 :
Orbataque prœfide pinus ,
Inarimen Prockytcnque legit , JlerUique locatas
Colle Pythtcufas , habitantum nomine dictas.
Silius Italicus , 1.8, v. 541 , dit :
Non Prochyte , non ardente.n fortiea Tiphxa,
Inarime.
Les vers cités d'Ovide , femblent dire que l'ifle de Py-
théeufes , étoit ainfi nommée , parce qu'elle étoit peu-
plée de linges, nifatus veut dire un finge dans la lan-
gue gréque. Pline dit qu'elle ne tire point fon nom de
cet animal , mais des boutiques où l'on faifoit des pots
de terre à-garder le vin. Piine a été favamment réfuté
par Saumaife. Il y en a, dit -il , qui écrivent, enaria,
qu'ils dérivent d'enarii ; mot, qui félon lui, fignifie des
finges ; car enaris veut dire fans narines, 6k le finge
n'eft appelle en latin Jlmius , qu'à caule qu'il eft camus,
fin. us. Enaris fe peut dire comme ecaudis , elinguis ,
qui n'a point de queue , qui eft fans langue. Le nom
d! 'JEnaria, feroit JEnearia , s'il étoit dérivé d'Enée;
ckficeluidePithécufa venoit de&ï $f miuv , de ces pots
de terre, on diroit riiôxaia plutôt que rii9»x3ara, qui eft
pour n(0i,>u)'W«. Bochart , qui eft du même fentiment
que Saumaife , fe fert des mêmes preuves pour le foute-
nir , & allègue les mêmes difficultés , à quoi il ajoute
des étymologies tirées de l'hébreu & du phénicien. Je
renvoie à fon livre ceux qui feront curieux de les lire.
*Plini Exercit. in Solin, p. 68. _
INCARUS : l'Itinéraire maritime d'Antonin marque
ce lieu comme étant de la Gaule Narbonnoife dans cette
pofition,
A Majjl'ia Grœcorum Incarum , polit. M. P. XII.
Ab Inca-o Dilim , pofit. M. P. VIII.
A Dili FoJJ'as Marianas , port. M. P. XX.
On voit que ce n'étoit pas un port comme Marseille ,
& Fojfœ Mariants , que l'Itinéraire appelle ports , port ,
mais limplement pojïtio , un lieu où l'on pouvoit met-
tre pied à terre , & mouiller pour prendre des rafraî-
chiffemens , le nom ck la diftance avertiffent que c'eft
préfentement le port de Carri. Le même Itinéraire des
éditions des Aides & des Juntes porte , in Caro .pour in
Cwum.
INCASSAN , petite contrée d'Afrique , dans la Gui-
née , fur la Côte d'or. Il faut diftinguer le grand rk le
petit Incaflan.
Le grand INCASSAN , dans l'intérieur des terres,
a le petit IncafTan au nord, le "Wanqui au levant, l'Egvira
au midi , ck Rio Suero de Cofta au couchant. Le petit
Incajfan eft au feptentrion du grand. L'un ck l'autre
font peu connus des Européens.
INCHADES. Voyez Westernes.
INCHlQUIN , baronnie d'Irlande , dans la province
de Connaught. C'eft une de celles qui compofent le comté
de Thomond. *Etat préfent de la Gr. Bret. t. 3.
INCIBILI , ancienne ville d'Espagne , félon Tite-
IND
IND
Live , /. 23 , la même , fans cloute , que YIndibilt de
Frontin, & YInlibili d'Antonin. Voyez Indibili.
INCILIENSES. Ortélius , trouvant ce mot dans la
troifiéme Oraifon de Ciceron contre Verres , doute fi
le paflage n'èft point corrompu ; il remarque qu'on lit
ailleurs Icilienses , & que ce nom ne fe trouve en au-
cun autre endroit ; & il ajoute, qu'à la marge, defon
manuscrit, ilyavoit Gelenfium, au lieu SIn.cilien.fium.
Il avoit foupçonné ailleurs , que le nom Icilienses étoit
une faute pour Sicilienses.
INCITARIA , port de mer d'Italie , fur la côte de
Toscane , félon l'Itinéraire maritime d'Antonin. Mais ce
nom eft diversement écrit. L'édition des Juntes met :
A portu Herculis in Citaria portus, M. P. IX.
Ab Incitarid Domitianâ , poiitio , M. P. III.
Celle de Surita lit :
A porlu Herculis in Cetarias Dom.itia.nas, pofitio,
M. p. III.
A Dominants Almina fiuvius , &c.
Mais cet auteur n'a pas vu qu'il brouilloit tout , en ôtant
ce pofte , puisque la diftance de trois mille pas ne fuffit
point pour faire le tour de Monte-Argentaro par mer.
De l'Ifle , Région. Ital. mediar. Tab. a très-bien placé
le port Incitaria , dans la partie occidentale de cette
presqu'ifle.
INCLICA. Gesner , de Gruib. qui cite Euftathe ,
nomme ainfi un pays de Pygmées , vis-à-vis de Thule.
Il eft certain que les peuples des pays très-froids , dans
le nord, font courts & trapus , comme on le peut voir
dans les Lapons , &c autres peuples de ce climat.
INCULLSMA , nom latin <YAngoulême.
INCUNINGUM , contrée d'Angleterre , dans le
Northumberlan-d , félon Bede, Hijl. Ecclef. 1; 5', c. 13 ,
cité par Ortélius.
INGURSACES , peuples voifins du Danube, félon
Sidonius , l. 8 , ad Trigetium , cité par Ortélius ,
TheCaur.
IND A , ville de l'Inde, en-deçà du Gange, *I«r» ,
félon Ptolomée, /. 7, c. 1.
INDABARA , autre ville de l'Inde, en -deçà du
Gange , au pays des Caspyréens , félon le même.
1. INDAL, rivière de Suéde. Elle a fa fource dans
les montagnes de la Norwége , aux confins de ce
royaume , d'où prenant fon cours vers le fud-eft , elle
paffe à Undersager , dans l'Iempterland, &c forme dans
cette province un grand lac , d'où elle fort par deux
bras qui fe réuniffent auprès de Reffund. De-là elle en-
tre dans la Médelpadie , où elle s'élargit beaucoup, ar-
rofe Fors, g. Lydh & Indal , g. & iè perd dans le golfe
de Bothnie, entre Hafio au nord, &£ Anas au fud. * Ro-
bert de Vaugondy , Atlas.
1. INDAL , bourg de Suéde, dans la Médelpadie,
fur la rive gaucTie de la rivière, nommée auffi Indal.
? Robert de Vaugondy , Atlas.
INDAPRAT^E , peuple de l'Inde, en-deçà du Gange,
félon Ptolomée, /. 7, c. 2. Ils étoient voifins des Ami-
naches & des Ibéringes.
INDARA , ville de laSicanie , félon Etienne le Géo-
graphe , qui cite Théopompe.
1. INDE ou Saint -CoRNELis d'Inde. Voyez
Saint-Cornelis d'Inde.
2. INDE ; (l') ce nom a été donné à divers pays
très-difterens , tant par leur polition que par leur éten-
due. Il eft donc néceffaire de bien diftinguer les fignifi-
cations qu'il a eu , afin de ne s'en point faire une iauffe
idée.,
On le donna d'abord au pays fitué aux environs du
grand fleuve Indus , en Afie ik c'eft la feule Inde ; pro-
prement dite.
On y ajouta ensuite la presqu'ifle, qui eft au midi de
l'Indouflan, &. on étendit l'Inde jusques bien au-delà
du Gange. De-là vint la divifion de Y Inde en- deçà le
Gange , & ['Inde au-delà. Bornons-nous d'abord à cette
notion de l'Inde , prife aux environs de l'Indus <k du
Gange. Nous viendrons ensuite aux autres pays , aux-
quels on a donné le même nom, pour quelque reffem-
blance , ou par un ufage abufif , fondé fur quelque erreur.
49 ;
De l'Inde proprement dite.
L'Inde proprement dite a été divifée par les anciens en
Inde citérieure, ou en-deça le Gange ; India
intrà Gangan; S? ÏNDE ULTÉRIEURE , ou AU-DELA
DU GANGE. India extra Gangem.
1. L'Inde en-deça le Gange , Kenàj r^yy*
Infini , félon Ptolomée , avoit pour bornes au couchant
les Paropamifades , l'Arachofie & la Gédrofie ; au nord,
le mont Imaùs ; à l'orient, le Gange ; ck au midi, l'Océan.
Ainfi elle renfermoit toute la grande presqu'ifle , qui
eft en-deçà du Gange.
Pline, 1.6 , c. 17 , au contraire, borne l'Inde à l'oc-
cident par l'Indus. Arrien , /. 5, c. 4, a fuivi le même
fyftême , quand il a dit qu'Alexandre paffant le fleuve
Indus , entra dans le pays des Indiens. Mais il ne faut
pas prendre les paroles de ces deux auteurs à la rigueur.
Pline lui-même dit, /. 6, c. 20: la plupart ne fa ter-
minent pas précisément par le fleuve Indus à l'occi-
dent ; mais ils y ajoutent quatre fatrapies , favoir la
Gédrofie , l'Arachofie , l'Arie , & le Paropamife , jus-
qu'au fleuve Cophes , qui eft la dernière borne ; d'au-
tres prétendent que tout cela appartient aux Arriens.
La plupart attribuent auffi à FÏnde la ville de Nife,
le mont Merus dédié au dieu Bacchus , & le peuple
Afiacani. Ce que Pline dit des quatre fatrapies, donne
une trop vafte étendue à l'Inde. Ce qu'il ajoute de
la ville de Nife , du mont Merus , & du peuple As-
tacani , y convient mieux , & lui eft attribué par ceux
qui ont écrit l'hiftoire d'Alexandre , comme le remar-
que Cellarius , Geogr. ant. 1. 3 , c. 23 , p. 856.
Denis le Periégete , v. 1088 , dit que les Scythes
méridionaux habitent jufqu'au fleuve Indus. Ce font
les mêmes Scythes qu'Euftathe appelle Indofcythes ,
& que ^ plufieurs favans mettent dans l'Indofcythie de
Ptolomée. Ils étoient feptentrionaux , par rapport à
l'Indus , Se méridionaux , par rapport aux autres Scy-
thes Je réferve ce que j'ai à dire de Y Indus , du Gange,
& des rivières qui s'y jettent , aux articles particuliers
de ces fleuves.
Je n'ai garde d'entrer dans un long détail de tous
les peuples , &r. de toutes les villes que Ptolomée
£k les autres .géographes anciens mettent dans les
deux Indes ; ils n'en avoient qu'une idée très-confufe ,
& les cartes dreffées exactement fur les pofitions de
Ptolomée , nous montrent cette partie du monde très-
différemment de fon véritable état. Je me contenterai
de joindre l'Abbrégé que Cellarius nous a donné de ce
que les anciens ont connu dans les deux Indes. Dcf-
cript. Orbis antiq. p. 227.
Aux confins des Paropamifades étoit la CapiJJene ,
contrée ainfi nommée de Capiffa , ville que Cyrus
ruina. La Bubacene qu'Alexandre fit fubjuguer par Poly-
percon , n'étoit pas loin de-là. Ce monarque lui-même
partant de la Baftriane vint premièrement à Nicée ,
enfuite au. fleuve Cophène ; au-delà eft le mont Meros,
au pied duquel étoit la ville de Nyfe , bâtie par
Bacchus , à ce que l'on croyoit , &: appellée Dœdala.
Le Choaspe , autre fleuve , tombe dans le Cophène.
Près de-là étoient les AJJ'accni , dont la capitale étoit
Majfaca , Ma^aga , ou Mafoga. Alexandre en avan-
çant toujours , prit la ville d'Ora , & la forterefle
d'Aorna , affiégée autrefois inutilement par Hercule, au
pied de laquelle coule le fleuve Indus. Au couchant
d'hyver , près du Cophène , avant fa jonction avec
l'Indus, étoit Ecbolimes qu'Alexandre prit encore. Vers
les fources de l'Indus , étoit la Peucelaotide , contrée
qui prenoit fon nom de Peucela , ville dont Hephef-
tion fit la conquête. Les Aspiens , les Thyrèens & les ■
Arsaces étoient des peuples voifins. Entre l'Indus ck
l'Hydaspe , étoit la ville Taxile , Se au-delà de ce
dernier fleuve , le royaume de Porus : après la défaite
de ce roi , Alexandre bâtit deux villes fur l'Hydaspe ,
Nicée & Bucéphale ; la première, en mémoire de fa
viftoire, &: l'autre de fon cheval. Derrière l'Hydaspe,
étoient l'Acéfine &C l'Hydraotes , rivières. On trou-
voit enfuite les Gangarides ck les Parrhafiens , peuples ,
6c le royaume de Phégele , fur l'Hyphafe , rivière ,
où fe terminèrent les conquêtes d'Alexandre , de ce
côté-là : au bord de ce fleuve étoient les autels d'A-
49<î
IND
IND
Jexandre, le dernier monument de fes vi&oires. En-
deçà vivoient les Oxydraques , chez qui ce prince
courut un extrême danger , pour avoir témérairement
fauté fur le rempart de leur ville. Sangale , ville , ap-
partenoit aux Cathéens , Si fut rafée. Le peuple Malli ,
étoit puiffant, & s'étendoit au boftl de lïndus. On
trouvoit le long de ce fleuve diverfes nations , dont
on fait à peine les noms barbares. Sur le bord oriental
de l'Indus , au-deffus des ifles qu'il forme à fon embou-
chure , étoit Alexandrie ; Si dans une de ces illes , la
ville de Patale. Sur la côte de la mer en-deçà de
l'Indus , étoient les Orites Si les Arabitns , nations
Indiennes , quoique mêlées avec les Gédrofiens Si
autres peuples qui étoient fous la domiuation des Perfes.
Comme les Macédoniens n'allèrent point le long des
côtes qui font au-delà de l'Indus , les anciens auteurs
n'en ont guère parlé : j'ai déjà dit ailleurs que c'eftàleurs
conquêtes que les Grecs ont été redevables de la connoif-
fance plus particulière qu'ils eurent de ces pays. Arrien
vante deux villes marchandes , Minnagcra Si Barygaxa.
■ C'eft en vain que j'ajoûterois ici une lifte obfcure de
quantité de peuples que Ptolomée place dans cette par-
tie de l'Inde en-deçà du Gange ; j'ai eu foin de les
nommer en leur rang.
II. L'INDE , AU-DELA DU Gange , a été encore
moins connue des anciens. Ptolomée qui en a le plus
écrit, fait affez voir que l'on n'en favoit que peu de
chofes de fon tems, par.les noms qu'il donne aux pays
& aux habitans. Il met au-delà du golfe du Gange,
le pays d'argent , enfuite les ANTHROPOPHAGES ,
les Padéens , éc les Lestes , ou les Voleurs.
J'ai remarqué ailleurs, que ce mot Anthropophages n'eft
fouvent qu'un nom donné à une nation peu connue ,
dont on ignore le véritable nom. Il place enfuite la
CHERSONÈSE d'or où étoit Tacola, ville marchande,
Si le fleuve Chryfoana. C'eft dans ce..dernier pays que
quelques géographes cherchent le pays d' O P H I R.
Voyez ce mot. Ptolomée borne l'Inde au-delà du
Gange par ce fleuve à l'occident , par la Scythe Si
la Serique au feptentrion ; par le pays des Sines au
levant , Si par l'Océan au midi.
DES AUTRES INDES.
I. De l'Inde en AfrkJue.
Voyez l'article Ethiopie de ce Diftionnoire, Scies
obfervations de Freret , fur la Cyropédie. * Mêm. de
F Académie des belles-lettres , t. 8, p. 3 54.
IL Des Indes deXénophon,vers la Colchide.
Xénophon , parlant dans fon premier livre de la Cyro- ■
pedie , des préparatifs du roi d'Affyrie , pour faire la
guerre aux Médes , dit qu'il follicita les rois de Lydie ,
de Phrygie , de Paphlagonie , & celui des Indes , à
joindre leurs armes aux tiennes contre Cyaxare , roi
des Médes ; ce dernier appella les Perfes à fon fecours,
qui lui envoyèrent .Cyrus à la tête d'une armée de
trente mille hommes. A peine Cyrus fut-il dans la Mé-
die , qu'il arriva à la cour de Cyaxare des ambaffadeurs
du roi des Indiens , chargés de s'informer du fujet de
la guerre , Si d'offrir le fecours du roi , leur maître , à
celui des deux partis dont la caufe feroit la plus jufte.
Cyrus, au nom de Cyaxare, offre de s'en rapporter au
roi des Indes , Si accepte fa médiation. Pendant que ces
ambaffadeurs vont à la cour d'Affyrie , s'acquitter de
leur commiflion , Cyrus marche contre le roi d'Armé-
nie , Si l'oblige de fe foumettre à Cyaxare , dont il
avoit toujours été tributaire. Il l'engage à diftribuer les
terres incultes de fes états aux Chaldéens , montagnards
féroces , que la ftérilité de leur pays obligcoit de faire
des courtes fur les terres de leurs voifins. Là , Cyrus
apprend que ces Chaldéens accoutumés à la guerre ,
dont ils s'étoient fait une profeffion , fervoient fou-
vent dans les troupes du roi des Indes , prince riche
en or , le même qui avoit envoyé des ambaffadeurs en
Médie. Cyrus inftruit de ce détail , envoie auffi une
ambatîade à ce prince, fous prétexte de lui emprunter
de l'argent , mais au fond , dans le deffein de lui ap-
prendre fes nouveaux fuccès, & peut-être de négocier
une alliance avec lui. Il propofe aux Arméniens & aux
Chalybes de lui donner des guides Si des interprètes
pour accompagner fes ambaffadeurs , & leur déclare
que fi le roi des Indes refufe fes offres , il ne gardera
plus de mefures avec lui ; les ambaffadeurs de Cyrus
partent avec des Arméniens & des Chalybes : cepen-
dant il marche contre le roi d'AtTyrie ; & à la fin de
la campagne , c'eft-à-dire quatre mois au plus après
leur départ , les ambaffadeurs de Cyrus reviennent avec
ceux du roi des Indiens , qui apportent de l'argent , Si
le traité conclu. Avant que. cette nouvelle éclate , les
ambaffadeurs des Indiens vont à la cour de Lydie exa-
miner les préparatifs de Crcefus , Si reviennent, avant
l'ouverture delà campagne, en rendre compte à Cyrus.
On avoit connu jusqu'à ce jour deux nations que les
anciens ont nommées Indiens. Ceux de l'Inde orientale
proprement dite , qui habitoient entre l'Indus & le
Gange , ci les peuples de l'Ethiopie , nommés quelque-
fois Indiens, comme dans Virgile , en parlant du Nil:
Septcm discurrit in ora ,
Usque coloratis amnis devexus ah Indis.
Il eft clair que Xénophon ne parle ni des uns ni des
autres , & qu'il faut chercher les Indiens dans le voifi-
nage de l'Arménie Si du pays des Chaldéens ou Cha-
lybes. i° Parce que ces dernier; , voifins des Armé-
niens Si des Médes , fervoient fouvent dans l'armée
, du roi des Indiens. x° Parce que c'eft chez ces peuples
que Cyrus prend des guides Si des interprètes pour aller
dans l'Inde. 30 Parce que quatre mois au plus fufEfent
pour aller d'Arménie , dans l'Inde , y négocier un traité,
le conclure , Si en apporter la nouvelle en Médie ;
ce qui fuppofe que ces pays n'étoient pas fort éloi-
gnés. J'ai vu des perfonnes qui croyoient que ces am-
baffadeurs de Cyrus avoient été dans l'Inde propre^
ment dite , par le nord de la mer Cafpienne , en
traversant l'Ibérie , - le pays des Sauromates , les vaft.es
plaines arrofés par la Rira , les Rhymnicus , le Daix
& les Jaxartes , & qu'ils étoient entrés dans l'Inde ,
par la Sogdiane & les montagnes où le fleuve Indus
prend fa fource. Mais outre que ce chemin eft trop
long , 8i que ces pays qui ne font pas même fort pra-
ticables aujourd'hui , étoient habités alors par des
nations barbares , par des Scythes féroces , ennemis
des Médes Se des Perfans , Se qui euffent refufé le
partage à leurs ambaffadeurs , quelle apparence qu'un
prince éloigné de la Médie Si de l'Affyrie , de plus
de huit cens lieues , menace ces princes de leur faire
la guerre , s'ils refufent fa médiation ? C'eft à-peu-près
comme fi le roi de Perfe offroit la fienne aux rois de
Suéde Si de Danemarck , Si menaçoit de fe déclarer
contre l'un d'entr'eux. Nous ne voyons rien dansl'Hiftoire
de Xénophon , qui lepuiffe faire Ibupçonner d'une telle
façon de raifonner. Il faut donc fuppofer que ces In-
diens font des peuples connus fous un autre nom ; &
après avoir examiné la choie avec attention , je n'en
vois point, dont la fituation convienne mieux avec les
circonftances du récit de Xénophon , que les habitans
de Colchos ê>c de l'Ibérie.
III. INDES dont parle Nepos.
Pline, ayant avancé que la terre que nous habitons,
eft environnée de l'Océan qui coule tout à l'entour ,
allègue en preuve , /. 2 , c. 67 , l'autorité de Nepos
qui , parlant du tour du monde par la mer du nord , dit
que Q. Metellus Celer , qui avoit été conful avec L.
Afranius , étant alors proconsul des Gaules , le roi des
Suéves, lui envoya en préfent des Indiens qui, ayant
fait voile de leur pays , pour aller commercer , furent
emportés par une tempête qui les jetta fur les côtes de
Germanie.
En fuppofant ce fait -véritable , il eft plaifant de voir
la torture que quelques favans ont donnée au texte
de Pline , pour deviner affez inutilement , comment
ces Indiens ont pu être jettes fur les côtes de la Ger-
manie. Voflîus, in Melam. qui apparemment ne con-
noiffoit point d'autres Suéves que ceux qui habitoient
dans l'intérieur du pays , change ce nom , Si , au lieu
de Sutvorum rege , veut qu'on life à rege Batorum , Si
fuppofe
ÎND
fiippofe gratuitement que Bxtorum , doit être changé
à fon tour en Balavorum. Le P. Hardouin , in Flin.
a raifon de dire que ces Indiens , après leur na^
frage fur la côte , avoient pu être menés par terre au roi
des Suéves. Outre les Suéves , voifins des Gaules , il y
avoit d'autres Suéves fur la mer Baltique ; mais cela
n'eft bon qu'à montrer l'inutilité de la conjecture de
Voffius. Il n'en eft pas moins difficile de favoir com-
ment de véritables Indiens ont pu échouer fur quel-
que côte que ce foit de la Germanie.
D'Auditret, raille ceux qui les font paffer par le détroit
d'Anian. Mais comment vinrent-ils du détroit d'Anian ?
& quand ils furent dans la mer Pacifique, par où fetrouve-
rent-ils en-deçà de l'Amérique ? Fut-ce par le détroit de
Magellan, ou par le midi de la terre du Feu ? Il faut n'avoir
jamais vu de Carte, pour dire dépareilles fornettes.
M. Huet leur trace deux routes différentes. Us pu-
rent , dit - il , descendre l'Oxus , entrer dans la mer
Caspienne , remonter le Wolga , paffer dans le Dvina
qui en eft proche , 6k qui va tomber dans la mer Bal-
tique. Avec le respect dû à M. Huet , cette route qui
a été praticable au feu Czar , ne l'étoit pas pour des
Indiens ; elle eft impoflible. Une tempête ne pouvoit
point faire faire ce chemin à un vaiffeau d'Indiens. Ce
qu'il ajoute eft un peu plus croyable : ou bien , dit-il ,
ils purent venir de la mer feptentrionale de Tartarie ,
qui eft au-defîus de la Chine , traverfer le détroit de
Waigats , 6k venir dans la mer d'Allemagne. Cette fup-
pofition n'eft qu'un peu plus croyable que la première ;
•car enfin ce détroit étant impénétrable à nos navigateurs
d'Europe, à caufe des glaces 6k du froid , croit-on que
les Indiens n'auroient point été gelés de froid , Se leur
vaiffeau brile contre ces affreux écueils de glaces , avec
lesquels les Samoyedes ont de la peine à fe familiarifer?
Il faut donc le réfoudre à nier le fait, ou à adopter la
penfée que M. Huet, Hijl. du Commerce , p. 352, pro-
pofe enfin comme la fienne. La voici dans (es propres
termes.
On donnoit le nom d'Indiens aux étrangers venus
de* régions éloignées 6k inconnues. Sur une pareille
erreur on a donné à l'Amérique le nom d'Inde occi-
dentale. Comment peut-on conncître le pays de ces gens,
dont on n'entendoit point la langue ? Il me paroît affez
vraifemblable qu; c'étoient des Norvégiens ou desScrit-
finniens occidentaux , que nous appelions aujourd'hui
Lappons , qui , voifins de la mer , & pêchans dans les
petits bateaux dont ils ont coutume de fe fervir , furent
îurpris de ces vents violents , à quoi leur-côte eft fujette,
emportés vers le midi , 6k jettes fur la côte d'Allema-
gne. Leui couleur balanée , la groffiéreté des Allemands
chez qui ils abordèrent, 6k l'extrême ignorance, où l'on
étoit alors de la géographie , 6k particulièrement de celle
du nord & du levant , purent bien les faire paffer pour
Indiens. Ce ne fut que fous les auspices d'Augufte , que
l'on pouffa la navigation vers le nord , jusqu'à la Cim-
brique Cherfonnèfe , qui eft le Jutland. L'on fe figuroit
que les mers , qui s'approchoient davantage du nord ,
n'étoient point navigables, foit pour les glaces; foit pour
la pefanteur des eaux deftituées de chaleur. On peut con-
jecturer la même choit de ces autres prétendus Indiens,
qu'on dit qui abordèrent vers la côte de Lubec, du tems
de l'empereur Frédéric Barberouffe. Il eft aile de com-
prendre que des Lappons, navigeant fur le golfe Botni-
que, pour la pêche ou pour le trafic , furent pouffes par
le vent dans la mer Baltique , vers la côte méridionale.
DES INDES.
Dans leur état présent.
A l'imitation des anciens , nous appelions aujourd'hui
du nom à' Indes des pays auxquels on ne le donne qu'im-
»proprement. Nous divifons les Indes en orientales 6k
occidentales.
Les Indes orientales comprennent proprement
le vafte pays connu fous le nom d'iNDOUSTAN. On y
ajoute les ifles fituées au midi des côtes , qui s'étendent
depuis la Perse jusqu'à la Chine. On peut les divifer en
quatre grandes parties , favoir j
L'Indoustan,
IND
lier.
4-97
La presquisle en-deça du Gange,
La presqu'isle au-delà du Gange,
Les isles de la mer des Indes.
Je traite de Fïndoustan , dans un article
parc;.— -
La presqu'isle en-deça du Gange, eft cette
longue terre qui^ s'avance vers le midi , 6k finit au cap
Comorin. Sa côte occidentale eft nommée côte de Ma-
labar , 6k fa côte orientale eft appellée côte de Coroman-
del. En allant du nord-nord-oueft, de cette presqu'ifle
vers le fud-fud-eft , on trouve le pays de Concan, les
royaumes de Vifapour 6k de Canara , les états du Sa-
morin 6k de Travancor ; de-là en retournant vers le
nord occidental, on côtoyé le royaume de Maduré, le
Marava, les royaumes de Tanjaour, de Gingi , deCar-
r.ate , de Golconde, de Cicocicol, 6k le pays deJa»re-
nat. Le petit royaume de Maiffour eft dans l'intérfeur
du pays. Le Grand-Mogol a conquis une grande partie
de cette presqu'ifle ; 6k plufieurs rois n'y font en quelque
manière que les fermiers. Le P. Bouchet , Lettres édi-
fiantes , t. 1 5 , p. 3 , & fuiv. nous donne une idée gé-
nérale des Indes , qui s'écarte, quant -à l'hiftoire des no-
tions que nous en avions avant lui. Je joindrai ici ce
qu'ail en dit, 6k j'y ajouterai quelques remarques.
Tous les géographes conviennent que les Indes orien-
tales font divifées en deux parties ; la première eft en-
deçà du Gange ; la féconde au-delà du même fleuve,.
Celle-là fe trouve renfermée entre les fleuves de l'In-
dus 6k du Gange , 6k entre différentes mers qui ert
font une péninfule. Elle eft bornée du côté de l'oueft:
par l'Indus , 6k la mer occidentale des Indes ; du côté
de l'orient par le Gange , 6k les côtes d'Orixa 6k de
Coromandel ; du côté du fud par le cap de Comorin
6k la mer méridionale des Indes ; 6k enfin du côté du
nord, par les montagnes d'Ima , qui font une fuite du
mont Caucafe. Les anciens géographes ont repréfenté
cette partie de l'Inde , fous la figure d'une lofange , dont
les côtés étoient égaux 6k les angles inégaux. Suivant
cette description, qui eft affez imparfaite, les côtés égaux
font d'une part les rivages du Gange 6k de l'Indus , jus-
qu'à leur embouchure, & les côtes de la mer occiden-
tale des Indes, depuis l'embouchure du fleuve Indus,
jusqu'au cap de Comorin ; 6k de l'autre part les côtes
d'Orixa ck de Coromandel jusqu'au même cap. Les
deux angles du fud au nord font le cap de Comorin 6k
la fameufe montagne d'Ima ; les deux autres, de l'orient
à l'occident, font les deux embouchures de l'Indus &C
du Gange. Les Indes orientales, telles que je viens de
les décrire, font partagées naturellement par cette chaîne
des montagnes de Gâte , qui s'étendent depuis l'extré-
mité de la mer, méridionale , jusqu'à la partie la plus
feptentrionale. Elles commencent au cap de Comorin ,
6k fe terminent au mont Ima , que Ptolomée appelle
Imao. Quelques nouveaux géographes ont changé ce
nom : il eft pourtant certain que c'eft ainfi que les In-
diens l'appellent, 6k qu'il n'eft point nommé autrement
dans leurs anciens livres. Us difent que c'eft fur cette
montagne que le Gange prend fa fource. Comme le
fleuve Indus étoit le plus connu des anciens géographes,
ils ont appelle de ce nom tous les peuples qui étoient
au-delà de ce fleuve, jusqu'à la mer orientale; & parce
que Delhi a été long-tems le féjour des fouverains, on
l'a regardé comme la capitale des Indes. Aujourd'hui on
donne le nom d'indoujlan à ce vafte pays , qui eft ren-
fermé entre l'Indus 6k le Gange. Les Indiens préten-
dent que les divers royaumes , qui étoient compris dans
toute l'étendue de ces terres , formoient autrefois un
vafte empire , dont le fouverain avoit fous lui plufieurs
autres princes qui lui payoient un tribut annuel. Ils re-
gardoient cet empereur comme le maître du monde ;
6k dans la fuite il fut nommé empereur de Bisnagar. De
tous ces royaumes , il n'y en a que dix ou douze , dont
les noms fe foient conservés : on connoît maintenant
les autres fous des noms très-différens de ceux qu'ils
portoient autrefois. Le dernier des empereurs de Bisnagar
mourut l'an 1659. C'eft du débris de fon empire que
fe font formés tant de divers états , 6k fur-tout celui de
Mogol. Un des premiers royaumes , qui fe fépara de l'an-
cien empereur des Indes , fut celui de Guzarate ou ds
Cambaye , fitué à l'embouchure de l'Indus. Il fut gou-
Teme III. Rrr
L
49'
IND
IND
vemé quelque tems par des princes particuliers , dont
l'autorité étoit abfolue ; mais il eft entré depuis fous la
domination du Mogol. Une partie confîdérable , du
royaume de Décan , reconnoiffoit encore l'empereur
de Bisnagar, lorsque les Portugais arrivèrent aux Indes.
Le gouverneur qui commandoit dans ta ville de Goa ,
lorsqu'elle fut prife par Albuquerque , étoit un officier
qui avoit fecoué le joug des anciens rois de Bisnagar.
C'eft ce qui paroît par des lames de cuivre , trouvées à
Goa , qui font foi qu'un de ces empereurs avoit accordé
certains privilèges à quelques temples des environs de la
ville. Pour ce qui eft des rois de Malabar, il y avoit
encore plus long-tems qu'ils s'étoient affranchis de la do-
mination des empereurs Indiens. Ainfi les états de l'em-
pereur de Bisnagar s'étendoient encore , il n'y a pas
deux cents ans , depuis Orixa jusqu'au cap de Como-
rin. Il poffédoit toutes les terres qui font lur la cote de
Coromandel , & plufieurs places maritimes fur la côte
occidentale des Indes. Les Patanes , venus du nord , le
dépouillèrent d'une partie de fes états : une autre par-
tie lui fut enlevée par les Mogols , qui avançaient tou-
jours vers les parties méridionales. Mais voici ce qui
contribua plus que tout le refte à la deftru&ion de cet
empire. Le dernier empereur de Bisnagar avoit confié
le commandement de fes années à quatre généraux^ qui
faifoient profeffion du Mahométisme : chacun d'eux
commandoit un corps de troupes confîdérable , dont
ils fe fervirent pour envahir les états de ce malheureux
prince. Le plus puiflant de ces généraux demeura à
Golconde , & y fonda le royaume de ce nom. Le fé-
cond fixa fa demeure a Vifapour , & fe fit nommer roi
de Décan. Les deux autres levèrent pareillement 1 éten-
dard de la révolte, & fe rendirent maîtres de deux pla-
ces importantes. Depuis ce tems , le Mogol a tout en-
glouti. A la vérité, les princes de la partie méridionale
n'ont pas encore été tout-à-fait fubjugués ; mais^ le Na-
babe les inquiète de tems en tems , 6c exige d'eux de
groffes fommes qu'ils font forcés de lui payer ; de forte
qu'à proprement parler , il n'y a que les princes de Ma-
labar , qui ne foient pas encore tombés fous la domina-
tion Mogole.
Parmi plufieurs chofes importantes qui fe trouvent
dans ce détail, il eft remarquable que les Indiens don-
nent encore au mont Imaiis de Ptolomée le nom de
mont Ima. Ce qu'il dit des Mogols fera pli* clair, fi
on y ajoute ce que nous difons d'eux aux articles In-
DOUSTAN & MOGOL. La longue chaîne des monta-
gnes de Gâte, a du moins quatre cents lieues en droite
Egne , s'il eft vrai, comme le dit le P. du Jarric, Hijl.
des Indes orientales , 1. 1 , c. l , p. 30 , qu'il y ait cette
diftance entre le cap de Comorin Sde mont Imaiis. Ces
montagnes de Gâte font admirables en ce qu'on y voit
dans le même tems une diverfité de faifons. Il eft dif-
ficile de dire pourquoi &£ comment il fe peut faire que
fous un même climat, Se au même degré de latitude fep-
tentrionale , lorsqu'au couchant de ces montagnes, il fait
un rude hyver & plein d'orages , dans le même tems ,
on jouiffe à l'orient du printems & de l'été , & que la
mer y foit calme. C'eft ce que nous expliquons plus au
long au mot Gâte.
C'eft dans cette partie des Indes , que l'on prétend
que l'apôtre S.Thomas a porté la lumière de l'évangile.
On y trouve à préfent une églife Chrétienne , foumife
au patriarche Neftorien de Babylone , Se dont les mem-
bres fe difent Chrétiens de S. Thomas. Voyez Cala-
MINA St MELIAPOUR.
La presqu'isle au- bêla dh Gange comprend
les royaumes d'AvA, de Laos, deCocHiNCHiNE, de
Siam , & la presqu'ifle deMALACA. Voyez ces articles
en particulier.
Les isles de la mer, font en trop grand nombre
pour en donner ici une lifte complette. Il y en a d'af-
fez grandes , comme celles de Ceilan, de Sumatra,
de Java, de Bornéo, des Célebes : plufieurs autres
font remarquables par le grand nombre , comme les
Maladives , les Moluques , les Philippines , les
nouvelles Philippines , Se les ifles Marianes. Lors-
qu'il n'eft queftion que de commerce ou des intérêts des
compagnies établies en Europe , pour le trafic des In-
des , on comprend fous le nom 8 Indes orientales ,
quoiqu'improprement , leToNQUiN, la Chine & le
JAPON. Mais, à parler jufte , ces pays, ni les Philippi-
nes , ni encore moins les ifles Mariannes , ne font point
des Indes , mais au-delà.
Dans une fi grande étendue de pays , où les produc-
tions de la nature & les mœurs des habitans font fi dif-
férentes , il feroit ridicule d'entaflèr ici des remarques
furies inclinations, la religion, les animaux, les plan-
tes , les minéraux de ce pays. Ce qui feroit vrai , ne le
feroit que pour des contrées particulières ; & il vaut
mieux, pour plus de fureté, diftribuer ces remarques dans
les articles particuliers auxquels elles conviennent.
Le commerce des Indes orientales n'eft pas nouveau ;
fck M. Huet a très-bien réfuté Strabon , qui a avancé que
les Indes étoient inconnues à Homère. Ses raifons &
ce qu'il ajoute de ce commerce , tant pour les teins an-
ciens , que pour le moyen âge , eft traité fi méthodi-
quement , & dans un fi grand détail dans fon Hiftoire
du commerce Se de la navigation, c. 51 & fuiv. que
j'aime mieux renvoyer le lefteur à cet ouvrage , qui eft
facile à trouver , que d'en copier ici ce qui convient à
mon fujet. Je ne répéterai pas non plus le détail des
voyages que les Portugais ont faits dans ces derniers
fiécles , par lesquels ils ont trouvé une nouvelle route
pour aller aux Indes. Je traiie amplement cette matière
dans l'Hiftoire de la géographie. Barthelemi Dias , fous
le régne de D. Jùuan II, roi de Portugal, étant arrivé
enfin jusqu'au fameux cap , dont on ignorait la fitua-
tion & le nom , y fut accueilli d'une fùrieufe bourasque.
Par cette raifon il l'appella Cabo Tofmentofo , ou le Cap
de tempêtes. Le roi de Portugal , charmé d'une fi belle
découverte , ne fe rebuta point du mauvais état des vaif-
feaux que Dias en ramena avec bien de la peine. Ce
prince, par un augure heureux , nomma ce cap , Cap de
Bonne-Espérance , persuadé que l'on avoit trouvé la
route pour aller aux Indes. Il ne fe trompa point ; mais
ce ne fut qu'après fa mort, & fous le régne d'Emanuel, fon
fuccefîeur, que la nation Portugaife s'établit aux Indes ,
où elle pénétra 6c fit des conquêtes très-rapides. On ne
partait alors que des Indes , qui attiroient toute l'atten-
tion de l'Europe , par la nouveauté des marchandifes
que l'on en apportoit. Ce fut fous le même régne , que
les Portugais découvrirent le Bréfil : on ne connoifloit
pas alors affez diftin&ement le rapport qu'il avoit avec
les Indes, dont on lui donna le nom. On employa feu-
lement , pour le diftinguer , le furnom $ occidentales ,
parce qu'on prenoit la route de l'orient , en allant aux
véritables Indes , Se la route d'occident pour aller au
Bréfil. De-là vint l'ufage d'appeller Indes orientales, ce
qui eft à l'orient du cap de Bonne-Espérance , & Indes
occidentales , ce qui eft à l'occident de ce cap. On a
ensuite étendu ce dernier nom à toute l'Amérique ; &£
on fe fert, dans les Relations, du nom d'Indiens, pour dire
les Américains.
Le père du Jarric , déjà cité , fournit une nouvelle
divifion de l'Inde , favoir I'Inde basse , qui eft la
même que l'Indouftan ; Se J'Inde haute, qui eft le
refte depuis le Gange jusqu'à Malaca ou à la Chine.
Le peuple a encore une divifion , qui n'eft rien moins
que géographique , & qui ne laiffe pas d'avoir quelque
ufage dans le discours ; on appelle les grandes Indes ,
les Indes orientales ; Se les petites Indes , les Indes oc-
cidentales.
Il y a dans les ifles des Indes un grand oifeau ap-
pelle mendron ou koknos. Cet oifeau porte un long
bec percé de cinquante trous. Il en a cinquante autres
fur le dos jusqu'à la queue. Lorsqu'il chante , ces trous
forment différens fons : on dit que cet oifeau a appris
la mufique aux anciens ; il vit mille ans & eft unique.
Quand il fe fent près de fa fin, il fait un bûcher avec des
broflailles Se autres chofes combuftibles , l'allume à
force de battre des «îles au foleil , Se fe brûle. Ses cen-
dres produifent bientôt un autre koknos , qui finit Se fe
perpétue de même. Voici la traduction de quelques vers»
Perfiens, qui ont rapport à cette fable:
Ainfi que le koknos , je me confume avec gémijfc-
mens fur le feu.
O cruelle ! tes rigueurs me font fsupirer continuelle-
ment ; & je brûle dans le feu , comme le koknos.
Cet oifeau eft fabuleux Se tient beaucoup du phénix des
anciens. * Manuscrits de la Bibl. du roi.
Les Indiens font bruns, d'une taille médiocre, Se gé-
IND
IND
héralement maigres. Ils font courageux Se ne font point
de quartier à leurs ennemis. Les femmes font lubriques,
6k les hommes font fourbes & fenfuels : ils changent
fouveni d'opinion , 6c font extrêmement fournis à leurs
princes. Leur principale nourriture eft le riz. Les fem-
mes ont autant de maris qu'elles veulent. L'adultère eft
permis parmi les idolâtres. Ils époufent leurs fœurs ,
leurs tantes 6k mêmes leurs filles. C'eft un grand crime
chez les Indiens, de tuer un bœuf 6k d'en manger: ceux
qui font convaincus de ce crime, font punis de mort.
Ils le frottent le front , les yeux 6k le vifage avec de la
fiente de cet animal : ils accueillent les étrangers , 6k leur
donnent gratis tout ce qui leur eft néceffaire , même
pour leurs -plaifirs.
Les Indiens idolâtres brûlent les cadavres. Dans le
royaume de Siam , la femme fe jette dans le bûcher de
fon mari , toute habillée 6k aufli parée que le jour de fes
noces. Les Brachmanes leur inspirent cette folie , 6k leur
font entendre qu'une femme qui fe brûle, avec le corps
de fon mari , va droit en paradis.
On profelfe , aux Indes , toute forte de religions. Il
y a des Juifs, des Chrétiens, des Mages , des Maho-
métans , des Idolâtres. La plupart croient à la métem-
pfycofe. Les idolâtres du côté de Guzurate , font Pytha-
goriciens & Manichéens. On les appelle Baniani; c'eft
un crime énorme, parmi eux , de tuer même une fourmi:
ils fe parfument , ne prennent qu'une femme , fe per-
rnettentl'ufure, & jeûnent toujours. Ils mangent le foir
un morceau de fucre, & boivent du lait. Ils nourriffent
foignïufement des fourmis avec du fucre. Il y a d'autres
idolâtres, nommés Abdouji ; ils fe privent , pendant quel-
que tems , de tout plaifir , 6kfe livrent après à la débau-
che la plus effrénée. D'autres font Pyrrhoniens & ne re-
connoiffent aucun culte.
Les habitans du Pégu adorent , comme les Chrétiens,
un Dieu, qu'ils repréfententfous les figures de trois per-
fonnes égales. Ils le nomment Sanrouïi ; ce qui fignifie
un feul Dieu en trois. D'autres enfin adorent une idole
appelles Schekenat : lorsqu'ils fe marient , ils mettent,
durant trois jours , leur nouvelle époufe dans le temple
de cette idole : fi après ce tems , ils la trouvent déflorée ,
ce qui arrive presque toujours, c'eft l'augure le plus avan-
tageux qu'ils puiflentavoir;fi,au contraire, elle eft vierge,
ce qui arrive lorsqu'elle eft fort laide, c'eft un préfage
du plus grand malheur. * Manuscrits de la Bibliothèque
du roi.
INDEA , grande rivière d'Afrique , dans le royaume
d'Yamina. Elle vient de l'eft , 6k fe rend dans la mer, au-
deffus de la Gambra, vis-à-vis de Sanjalli. Ses bords font
garnis de grands arbres. Elle a près de fon embouchure
«in village de même nom. * Carte de la Gambra , par
Jean Leach , 1731.
INDIACUM ou Indiciacum castrum , nom
latin de Saint-Flour , ville épiscopale de France , en
Auvergne. Voyez S. Flour.
INDIBILIS , ancienne ville d'Espagne , félon Fron-
tin , cité par Ortélius , Thefaur. Ce fut là que Hannon
fut mis en fuite par Cn. Scipion. Antonin , Itiner. met
Intibili , entre Dertofa 6k lldum , à vingt-fept mille pas
de l'une, 6k vingt-quatre mille de l'autre. Tite-Live,
/. 23 , c. 49 , parle d'une ville nommée Incibilis , félon
quelques éditions ; d'autres portent Intibilis ad Intibili
eppugnandum. Cela réfout le doute d'Ortélius , qui de-
mande fi Y Intibili d' Antonin eft le même que 1' 'Incibilis
de Tite-Live. De Marca, Hispan. 1. 2, c. 8, p. 129,
croit que c'eft préfentement le bourg de San-Matthee,
qui eft fur la route de Tortofe à Valence.
INDICA , 'IviT/xi! , ancienne ville d'Espagne , près
des Pyrénées , félon Etienne le Géographe , qui dit que
le peuple Indigetes prenoit fon nom de cette ville In-
dica, qui étoit la capitale de la nation. Sur quoi De
ftlarca, Hispan. 1. 2, c. 18, p. 172, observe qu'Am-
puries , Empor'm , a toujours été la place la plus connue
de ce canton; 6k il en tire cette conjecture qu'elle n'eft
point différente d'Ampuries , 6k que ce dernier nom a
fait perdre l'autre. Cette penfée s'accorde très-bien avec
le témoignage de Strabon, /. 3 , p. 160, qui parlant
d'Emporiœ , dit : elle eft divifée en deux villes par une
muraille tirée autrefois lorsque quelques Indigetes de-
meuraient tout auprès.Quoiqu'ils euffent une forme par-
ticulière de gouvernement , cependant ils voulurent , pour
leur fureté , être enfermés avec les Grecs , dans une
4PS>
i
même enceinte de murailles , quoiqu'ils en fuiïent inté-
rieurement féparés par un autre mur; Avec le tems , ils
ne firent plus qu'une ville enfemble , 6k il fe forma un
mélange de loix grecques & barbares ; ce qui eftsrrivé
encore à d'autres villes. Ainfi ce nom étoit celui d'une
partie de la ville d'Ampuries , avant que les Marfeillois
euflent fait prévaloir ce dernier.
INDICmE. Voyez Indigetes.
INDICIACUM. Voyez Indiacum,
INDICOMORDANA , ville d'Afie* dans la Sog-
dinae, félon Ptolomée , /. 6, c. 12.
INDIGENjE : on appelloit ainfi , chez les anciens
Latins , les premiers habitans d'un pays , que l'on croyoit
n'être point venus s'y établir d'un autre lieu. Ce mot
s'exprime en grec par âvBtymi quia été engendré là.
Le nom latin eft formé d'Indu , employé anciennement
pour in , comme on le voit fouvent dans Lucrèce , de
feno , au lieu duquel on dit gigno , mais d'où genus
C genitus font formés. Les anciens payens ayant perdu
les traces de l'hiftoire de la création , fe firent des fables
ridicules 6k impies , 6k fe figurèrent que les hommes
avoient été engendrés par la terre. A mefure qu'ils s'é-
loignèrent de leur première patrie , ils oublièrent peu-
à-peu leur véritable origine. L'ignorance de quelques-
uns devint fi groffiere , qu'ils fe crurent une production
de la terre qu'ils habitoient. Les Allemands ne donnoient
à leur dieu Tuiscon , père de Mannus , l'un 6k l'autre
fondateurs de leur nation , qu'une origine commune
avec les arbres de leurs forêts. Les Athéniens qui af-
feftoient de fe dire 'Atm%sévts , ou nés d'eux-mêmes,
ne l'entendoient pas dans un fens plus raifonnable. Mais
en écartant toute fiction , le mot Indigenœ fignifie les
naturels d'un pays , ceux qui y font nés, pour les diftin-
guer de ceux qui viennent enfuite s'y établir. C'eft ainfi
que les rlolmtots étaient Indigenz , par rapport aux Hol-
landois qui ont commencé la colonie au Cap de Bonne-
Efpérance ; & la poftérité de ces mêmes Hollandois
eft devenue Indigenœ , par rapport aux nouvelles fa-
milles qui iront l'augmenter. Voyez l'article Abori-
gènes.
1. INDIGETES , a été dit dans un fens affez fem-
blable. Il vient d'Indu 6k d'ago , 6k fignifie ceux qui
demeurent dans un pays, ou firnplementy« habitans :
de-là vient que les payens appelloient de ce nom
les divinités particulières qu'on adoroit dans une' contrée.
2. INDIGETES : l'ufage ayant rendu ce nom com-
mun, la reffemblance du fon fit qu'on le dit pour
fignifier un peuple particulier d'Espagne , dont le vrai
nom auroit du être Indiceta d'Indica leur capitale. On
nomma auffi ce peuple Endigeti. Voyez ce mot 6k
l'article d'iNDlCA.
INDOSCYTHE , ancien peuple d'Afie , aux confins
de la Scythie 6k de l'Inde , vers le confluent du Cophène
6k de l'Indus. Ce font les Scythes que Denys le Perié-
gete appelle méridionaux. En effet ils l'étoient par rap-
port à la Scythie; mais ils étoient feptentrionaux par
rapport aux Indiens. Ptolomée y met les villes fuivantes ,
au couchant du fleuve :
Artoarta ,
Nasbana ,
6k Codrana
Andrapana ,
Banagara
Sur le fleuve même,
Embolima ,
Pentagramma ,
Afigramma ,
Tiauspa ,
Arijlobathra ,
Axica ,
Paradabathra.
Pisca ,
Pajiptda ,
Suficana ,
Bonis ,
Colaca.
Mais c'eft trop étendre l'Indoscythie , que de l'avancer
jusqu'à la mer des Indes. Il y comprend encore les ifles
6k plufieurs villes autour de l'Indus , 6k borne l'Indoscy-
thie par le pays de Larice , auprès de la mer , à l'orient.
INDOUSTAN ; quelques - uns écrivent Indojlan ,
d'autres Hindouftan. J'ai dit ailleurs que les Orientaux
ont une aspiration très-forte en prononçant ces fortes
de mots , 6k qu'un Perfan qui partait allez françois pour
s'expliquer en cette langue , ne pouvoit jamais dire les
Indes , mais les Hindes. Nous avons pris ce nom d'In-
Toms III. R r r ij
IND
douftan pour dire le pays des Indes , des livres des Turcs
& des Perians.* VHtrbdot , Bibliothèque orientale.
Les Géographes Perians le divii'ent en deux parties ,
le Sind ou le Send , qui eft aux environs du fleuve In dus
dont le nom moderne eft le Sind&c le Hindou le Hend ,
qui eft aux environs du Gange. Voyez les articles
Hend & î>END , où l'on domine les bornes fck l'éten-
due de chacune de ces parties.
Tout le pays de Hend fck de Send pris enfemble , fe
divilé en trois parties.
La première s'appelle Guçerate ou Decan. Elle con-
fine avec les p ijrs de Gaznen , de Multan fck de Makhran ,
ôt eft la plus occidentale des trois.
La féconde porte le nom de Manibar , que nous
appelions le M.iUbar. Elle eft à l'orient & au midi du
Guznerate , fck on l'appelle encore Belad-al Fuiful , c'eft-
à-dire le pays du poivre , parce que c eft là qu'il vient
en abondance. L'arbre qui le porte s'attache aux autres ,
& les embraife comme le lierre.
La troifiéme pâme fck la plus orientale s'appelle Mabar
ou Mebar, mot qui lignifie en arabe lepa/fage , à calife
que l'on pafle de cette partie des Indes à la Chine.
Elle eft toute entière au-delà du golfe de Bengal , fck a
pour capitale la ville de Canacor ou Cancanor. C'efl-
là que l'empereur , ou le plus grand roi des Indes, fait
fon féjour , îelon l'auteur du Meflahet-al-ârdh , qui eft
une géographie perfienne.
Les anciens géographes Orientaux donnoient le nom
de Sin en atabe, fck de Tschin en perfan, aux pays de
Pégu , de Siam, du Tonquin &c de la Cochinchine.
Ainf3 ils les joignoient à la Chine, fck non pas à l'Indouftan.
L'Indoustan proprement dit eft la même
chofe que l'empire du Grand-Mogol. Voyez ce mot.
On peut confidérer dans l'Indouftan plufieurs grands
empires ; fck cette réflexion eft néceflaire pour l'intel-
ligence de l'hiftoire des Indes , tant dans le moyen âge ,
que dans ces derniers fiécie^. Nouh-ben-Mansorou Noé ,
fils de Mansor VII , roi ou prince de la dynaftie des
Samanides , fuccéda à fon père , l'an 3 58 de l'hégire. Ce
fut la même année que l'Emir Alptghin , gouverneur
de la ville fck de la province de Gazna , étant mort ;
Sebekieghin qui avoit été esclave de cet Emir , fck qui
en avoit obtenu la liberté , fut déclaré l'héritier de tous
fes biens. Il avoit paflé par toutes les grandes charges
de la milice; & il trouva le moyen de fuccéder à fon
maître , dans la dignité de gouverneur de la ville de
Gazna. Le fultan Nouh fut obligé de la lui confirmer.
Sebekceghin gagna fi bien l'afL&ion des peuples fck de
l'armée , qu'il fe rendit en peu de temps abl'olu clans
les états du Sultan. L'an 367. de l'hégire, il entama la
conquête de l'Indouftan , fournit plufieurs rajas ou princes
des Indes , qu'il contraignit d'embraffer le Mabométisme.
Les yi&oires qu'il avoit remportées dans les Indes , lui
acquirent un fi grand nom, que le Sultan Nouh le
laiifoit agir en fouverain dans tous fes états , & le
regarda plutôt comme un allié néceflaire , que comme
un gouverneur de province. Ce fut l'origine de la dynas-
tie des Ga^nevidts. Nouh partagea même avec Sebek-
teghin le pays de Khoraflan ; &£ après la mort de ce
dernier , Mahmoud , fon fils , refufa de reconnoître Nouh
pour fouverain , fck le fit même dépofer. Mahmoud fit
de grandes conquêtes dans l'Indouftan , dont il attaqua
le plus plus puiflant roi , fck le détrôna. Il prit le titre
de Sultan, fck mourut l'an 411 de l'hégire, après un
régne de trente-un ans. Il s'étoit rendu maître de la
Perse fck d'une grande partie des Indes, où il trouva des
richeffes immenses , ce pays n'ayant point été la proie
d'aucun conquérant depuis bien des fiécles.
La dynaftie des Gaznevides régna fur la Perse fck
fur une partie des Indes, environ deux cens treize ans,
fck fit place à celle des Gaurides, l'an de l'hégire ^47.
Schehab Eddin-Ben-Sam , frère de Gaïath-Eddin , troi-
fiéme Sultan de cette dynaftie , qui l'affocia à l'empire,
Se auquel il fuccéda , conquit, du vivant même de ce
frère , l'an 571 de l'hégire , les royaumes de Dehli ,
de Multan, de Souran , fck plufievrs de l'Indouftan ,
finies tant en-deçi qu'au-delà de l'Indus , fck s'avança
même jusqu'au Gange. Après la mort deSchehabeddin,
les esclaves qu'il avoit tirés du Turkeftan , fck élevés
aux plus grandes charges de fon état , s'emparèrent de
la plupart des pays de fa domination , fck particulièrement
de ceux de l'Indouftan.
IND
Cofhbeddin Ibeky fut d*abord le plus puiflant, car
il étendit fort loin fa donrnation ; mais Aramschàh,
fon fils , ne fe trouvant pas capable de foutenir !e poids
d'un fi grand empire, Iletmische , furnommé Scham-
seddm , esclave Turc de Ion père , en prit le gouver-
nement , fck ensuite s'en rendit le traître , joignant au
royaume de Dehli celui de Multan , dont il dépofléda
Naffer-Eddin-Cobah , qui étoit aufli du nombre des
esclaves Turcs du Sultan Schehab-Eddin.
Iletmische ou Schamseddin régna vingt fîx ans, &
mourut l'an de l'hégire 633 , de Jefus-Chrift 1135 ; fon
fils Firouz-Schah , furnommé Rocneddin , s'étan, aban-
donné à la débauche , fut dépolè fck enfermé après un
régne de fept mois. On mit fur le trône ià feeur Radiath-
Eddin, qui avoit ,de grandes qualités : elle dompta
les rebelles de fes états, fck mit à laraifon ceux d'entre
fes voifins qui vouloient l'inquiéter. Cependant fa févé-
rité, fck un mariage mal concerté , lui aliénèrent les
cœurs ; fck l'an 637 , quelques i'eigneurs fe failirent d'elle
fck l'enfermerei t. Baramscha fon frère qui étoit à leur
tête , régna dans le Dehli fck fut tué au bout de deux
ans , dans une révolte de fes fujets. Je pafle cette fuc-
ceffion pour venir à Firôuze , qui ayant fait aflaflïner
Ala-Eddin fon neveu , demeura feul en pofleflion du
royaume de Dehli jusqu'à l'année de l'hégire 717, 6c
de Jefus-Chrift 1317.
D'Herbelot , dans fa Bibliothèque orientale , fournit
les faits que j'ai raffemblés dans cet article , fck ajoute
que ni Kondemir ni les autres hiftoriens ne portent plus
avant cette dynaftie des rois de Dehli; ils ne rapportent
point non plus de quelle manière elle finit. Mais je
trouve dans la vie de Timui-Bec , /. 4 , c. 19 6* fuiv.
que cet empereur trouva dans le royaume de Dehli Sultan
Mahmoud Can , petit-fils de Firouz-Cah , empereur des
Indes, apparemment de ce Firouz dont nous avons
parlé en dernier lieu , fck qui fit aflaflïner fon neveu pour
régner feul. L'époque s'y rapporte allez ; carTimur-Bec, •
ou , pour parler comme le peuple , Tarrerlan , vainquit ce
pnnee , l'an 1409 , fck fournit l'Indouftan , depuis l'Indus
jusqu'au Gange.
De tout ceci il faut conclure que les Gizrevides furent
les premiers conquérans des Indes ; qu'ils eurent pour
fucceffeurs les Gaurides , qui firent place aux esclaves
Turcs , fck que la poftérité de ceux-ci portedoit l'em-
pire de l'Indouftan , entre V Indus fck le Gange , lors-
que les Mogols, fucceffeurs deTamerlan,y fonr erent le
nouvel empire que l'on appelle le Mogol. Cela n'eft point
incompatible avec ce que nous avons dit d'un autre
empire de l'Inde , établi dans la partie méridionale de la
Lolange , ou , ce qui revient au même , dans la pres-
qu'ifle dont Bisnagar étoit la capitale. Voyez ce que
j'en dis, après le P. Bouchet à l'article Indes , dans
leur état préfent. Voyez aufli l'article MoGOL.
INDRE , (T) rivière de France : elle a fa fource
en Berri , au village de S. Prier-la-Marche, d'où cou-
lant vers le nord-oueft , elle coule à la Chaftre , reçoit
plufieurs ruifleaux , jusqu'à Deols, où fe recourbant vers
le midi, elle baigne Château- roux , au deflbus duquel
elle ferpente vers le fud-oueft , puis vers l'ouift; fck
reprenantfon cours vers le nord-oueft , elle pafle auprès
de Chà Mon où elle commence à porter bateau. Elle
entre dans laTouraine où elle pafle à Loches, fck à
l'abbaye de Cormeri; ensuite ferpentant vers le cou-
chant, elle fe jette dans la Loire deux lieues au-deflbus
de l'embouchure du Cher. * Vaugondy , Atlas.
INDROIS angeriscus , autre rivière de France, en
Touraine : elle a fa fource au village d'Ecueillé , aux
confins du Berri , d'où circulant vers le nord-oueft , elle
pafle auprès de l'abbaye de Villeloin , puis entre Beau-
mont fck Montrefort; fck après avoir ferpente jusqu'aux
villages de S. Quentin fck de Chédigné , elle va vers le
fud-oueft (e perdre dans l'Indre. Cette rivière ne fort
point de l'éledtion de Loches où elle a fa fource. * Vaw
gondy , Atlas.
1. INDUS, grande rivière d'Aile , au pays qui et»
prend le nom d'India en latin , fck à'Inde en françois.
Pilne., 1.6, c. 10, dit que les habitans le nommoient
SlNDUS ; fck c'eft ce dernier nom qui eft préfenrement
employé fur les Cartes , où le nom moderne eft écrit
le SlNDE. lia, dit le même auteur, fa fource dans
une des montagnes du Caucafe , nommée Paropamifus :
fck Ptolomée, /. 7, c. 1, nomme Imaùs la montagne
IND
IND
Sot
où ce fleuve à fa fource , auffi bien que les autres rivières
qui le grofliffent. Sa fource n'eft pas fort éloignée de
celle du Gange, & leur cours eft parallèle durant un
espace affez long ; mais ensuite ils s'écartent l'un de
l'autre : le Gange prend fon cours vers le midi oriental ,
& l'Indus poursuit le fien vers le midi occidental. Pline
dit qu'il reçoit dix-neuf rivières , dont les plus célèbres
font l'Hydaspe , fleuve qui lui apporte les eaux de quatre
autres; la Cantabra qui eft groffie de trois autres rivières ,
& deux fleuves qui font navigables par eux-mêmes ;
l'Acéfine & l'Hypafis. Le nom du fleuve Cantabra, qui
ne fe trouve dans aucun autre partage , eft un peu fus-
pectà Cellarius, Ge.ogr.ant. I. 3 , c. 33. Strabon, /. 15 ,
nomme dans cet ordre les rivières qu'Alexandre traversa
en fon expédition des Indes ; le Cophès , l'Indus , l'Hy-
daspe , l'Acéfine , l'Hyarotis , & enfin l'Hypanis. On peut
voir les détails de ces fleuves dans leurs articles parti-
culiers.
Il y a plus de difficultés fur les embouchures de ce
fleuve. Arrien , /. 5 i c. 3 , n'en compte que deux , &C
le nomme , à caufe de cela , &kofj.of. Il dit qu'il forme par
ces deux bras une ifle allez femblable au Delta d'Egypte ,
& que cette ifle fe nomme Patala & Patalena.
Pline affure que ce fleuve n'a nulle part plus de
cinquante ftades de largeur , ni plus de quinze pas de
profondeur , en quoi il ne s'accorde point avec Ctéfias ,
(Apud Photium , Cod. 73, ) qui dit que fa moindre
largeur eft de quarante ftades , & fa plus grande , de deux
cens, qui font douze mille cinq cens pas. Pline, à
l'endroit cité , met deux ifles à l'embouchure de l'Indus ;
une grande nommée Prasiana, & une petite nommée
Fatale. Le nom de la première ifle vient des Prafiens,
peuple qui habitoit au bord de l'Inde. La reiïemblanee
de cette ifle avec le Delta , & du mot Prafîane , avec
le mot grec n^wj , qui veut dire verd , a donné occa-
fion à Virgile , Georg. 1. 4 , v. 290, de la nommer la
verte. Egypte.
Quaque pkaretratcs vicinia Perjidis urget ,
Et viridem Algyptum nigra fxcundat arena.
Car c'eft le fens que le P. Hardouin donne à ces vers
fur le fens defquels les favans ne s'accordent point. Il
p; étend que ces vers :
Nam qua Pelltzi gens fortunata Canopi ,
Accolit effufo Jlagnantem Jlumine Nïlum ,
Et circùm piais vehitur fua rura Phafelis:
regardent le véritable Delta d'Egypte arrofé , parle Nil ,
& qu'il faut expliquer du Delta Indien , voifin de la
Perse les vers ruivans que voici.
Quaque pharetrata vicinia Perfidis urget,
Et viridem JEgyptum nigra fxcundat arena,
Et diversa ruens feptem discurrit in ora
Usque coloratis amnis devexus ab Indis ;
Omnis in hac cerlam regio jacitarte falutem.
Ce fens eft clair , & je fuis furpris que cette expli-
cation n'ait pas été généralement reçue. La raifon eft
que divers favans avoient entendu le tout du Nil , &C
rendu les Indiens de ces vers par les Ethiopiens.
On pourroit objefter que l'Indus ne peut y être décrit ,
parce qu'il n'avoit que deux embouchures , félon le
partage d'Arrien que nous avons déjà cité; mais il eft
aifé de répondre à cela , qu'Arrien ne parle que de grandes
embouchures par lesquelles le fleuve étoit navigable.
Ptolomée lui en donne fept, dont il marque les noms
que voici , en allant d'occident en orient. Sagapa ,
Sinthum , Abreum , Cariphi , Saparages , Saba-
LASSA &ç Lonibare. Ainfi voila fept embouchures
bien fpécifiées. Il me paroît que la féconde étoit la
principale ; qu'elle fubfifte aujourd'hui , & que fon nom
n'eft autre que celui du fleuve même, nommé Indus &C
Sindus. aujourd'hui le Sinde. Le P. Hardouin dit
que vicinia Perfidis ne doit pas s'entendre , comme fi
la Perse étoit voifine de ce Delta Indien. Vicinia Per-
fidis, fignifie le pays voifin de la Perse & de l'Indus ,
entre l'une & l'autre. Je réferve au mot Sinde la
géographie de ce fleuve, félon fon état préfent.
1. INDUS, fleuve de la Carie. Voyez Calbis.
INDUSTRIA, ancienne ville, ou gros bourg d'Italie,
félon Pline, /. 3 , c. 5 , & 16. C'efl aujourd'hui Calai,
Voyez BODINXOMAGUM.
INER-EYRA. Voyez InnerarA.
INESSCHI , montagne de l'Ethiopie intérieure , félon
Ptolomée, /. 4, in fine. Mais d'autres manuscrits lifent
MESCHE , Unrx» , au lieu de "Ira^r/..
1. INESSA , ou, félon quelques , manuscrits Inossa ,
fontaine de l'ifle de Rhodes. Vibius Sequefter p , 101,
edit. ffeffil. dit qu'lnefla , ville de Sicile, vient de-là.
a. INESSA , ville ancienne de Sicile. Voyez ^Etna 3.
INFAN 1 ADO , contrée d'Espagne , avec titre de
duehL Elle eft compofée des villes d'ALCOZER ,
SALMERON & Valdeolivas , & de plufieurs bour-
gades qui en dépendent. L'infantado fut ainfi nommée ,
parce que plufieurs infans, fils de rois , l'avoient pofledé.
Don Alfonse futnommé le Sage, le donna à dona
Major Guillin de Guzman , fa maitrefle , qui le laifla
en mourant à dona Béatrix de Caftilie , leur fille ,
& femme de don Alfonse III , roi de Portugal , laquelle
en fit don à dona Blanche de Portugal , fa fille , & abbefle
d'un célèbre monaftere appelle las Huelgas de Burgos.
Cette abbefle le vendit à l'infant don Manuel; mais
n'en ayant pu retirer !e payement , elle le revendit à
l'infant don Pedro de Caftilie , feigneur de los Came-
ros , fils du roi don Sanche IV , à la charge que , fi
dans un certain temps il ne lui en comptoit pas le paye-
ment, elle pourroit le revendre à d'autres * Vayrac ,
Etat pref. de l'Espagne , f. 3 , p. 88.
Cette vente fit naître entre les infans don Manuel 5c
don Pedro un grand procès , qui , après une très-longue
discuffion qui occupa tous les jurisconsultes d'Espagne ,
fut décidé en faveur de don Manuel, auquel l'état de
l'infantado demeura.
Dona Confiance, fa petite fille, le porta en mariage
à don Micer Gomez - Garfia d'Albornoz , neveu du
fameux cardinal d'Albornoz, qui le lailTa en mourant à
don Jean d'Albornoz , fon fils , lequel étant mort fans
enfans mâles , dona Marie , la fille , le porta en mariage
à don Henri de Villena , furnommé f 'Aftrologue , iflu
de la maifon royale d'Aragon , grand-maître de l'ordre
militaire de Calatrava , comte de Cangas & de Tinco ;
mais ce feigneur étant mort fans enfam, il échut à don
Alvare de Luna , grand-maître de l'ordre de S. Jacques ,
& connétable de Caftilie, petit- fils de dona Thérefe
d'Albornoz , fœur de Micer-Gcmez , laquelle avoit
époufé don Jean Martinez de Luna, feigneur de Gotor
& Illueca, qui fut père de don Avare de Luna, feigneur
d'Alfaro , Cornago ck Canette , père du connétable don
Alvare.
Don Jean de Luna , comte de Saint-Eftevan , fon
fils, le pofîéda ensuite ; cV après lui, dona Jeanne, fa
fille , le porta en mariage à don Diego Lopez Pacheco ,
marquis de Viliena.
Henri IV, furnommé YImpuijJant , retira , en 1470,'
cet état des mains de dona Jeanne de Luna, & de don
Diego Lopez Pacheco , & leur donna en échange la
ville d'ALCARAZ ; Si peu de temps après, il fit don des
villes d'ALCOZER , Salmeron & Valdeolivas, à
don Diego Hurtado de Mendoza , qui furent érigées , le
21 Juillet 1475, en duché, fous le nom d'Infantado,
parles rois don Ferdinand S: dona Ifabelle , pour récom-
penser les fervices de Don Diego-Hurtado.
Dona Ane de Mendoza , fille aînée de don Ignigc»
Lopez de Mendoza, cinquième duc de l'infantado , mort
en 1601 , fans enfans mâles, devint héritière de ce
duché & des autres états de fa maifon ; & époufa
don Roderic de Mendoza , fon oncle ; mais n'ayant eu
de lui que des filles , fes états partirent à la maifon de
Sandoval , avec dona Louile de Mendoza, fa fille
aînée, laquelle époufa don Diego Gomez de Sandoval,
grand commandeur de Calatrava , fils puîné du cardinal-
duc de Lerma. De ce mariage naquirent don Roderic
Deas de Vivar-Hunado de Mendoza, Sandoval de la
Vega &: Luna, feptiéme duc de l'infantado, mort fans
enfans, le 17 Janvier 1657, &c. dona Catherine de
Mendoza & Sandoval qui devint huitième duchefle, par
fucceflïon , après la mort de fon frère , fe maria avec
don Roderic de Silva , cinquième prince de Melito &
d'Evoli , quatrième duc de Paftrana. Elle mourut en
1686, laiflant pour héritier de les états don Grégoire-
Marie - Dominique de Silva - Mendoza .& Sandoval,
J02
INF
ING
cinquième duc de Paftrana , &C neuvième de l'Infantado
qui vécut jusqu'à l'an 1693 , &c laiffant pour héritiers de
fes états D. Jean de Dieu de Silva-Mendoza , &; Sando-
val , fon fils.
INFANTE , (Rio do) rivière d'Afrique , dans la Ca-
frerie, au pays des Sonquas, au midi de la terre de Na-
tal. La Carte dAt'rique faite par le P. Coronelli, corri-
gée & augmentée par M. deTillemont, donne le nom de
Rio do Infante , à une grande rivière , qui borne le pays
de Natal au fud-oueft , & qu'on fait venir du Monomo-
tapa. Baudrand, éd. 1682, qui parle conformément à
cette Carte, fait deux articles, favoir : 1. Infantis ca-
put , qu'il explique Cabo do Infante , &C dit que c'eft un
promontoire d'Afrique, dans la partie méridionale de la
Cafrerie , & au levant du cap de Bonne-Espérance , &
qu'il a été nommé ainfi de l'infant D. Juan. 2. Infan-
tisfluvius , qu'il explique d Rio do Infante. C'eft, dit-il,
la plus grande rivière d'Afrique. Elle a fa fource au
royaume de Monomotapa ; & après une longue course,
elle fe décharge dans l'océan Ethiopien. Il ajoute : cette
rivière a été ainfi nommée par D. Juan, infant de Por-
tugal, qui le premier la découvrit l'an 1487.
En premier lieu , ni dans la terre de Natal , ni encore
moins au midi de cette terre , il n'y a aucune rivière
qui vienne du Monomotapa. Au midi de la rivière de
Laurent Marquez, qui eft à près de cent cinquante lieues,
au nord de Rio-Infante, il n'y a aucune rivière qui mé-
rite le nomde grande, fi ce n'eft la rivière Sans-fin, &
la rivière Large qui fe joignent au midi de la terre de
Nata! , & forment ce qu'on appelle la rivière de Saint-
Ckrijlophe. Elles ne viennent point du nord, comme il
faudroit que cela fût , pour venir du Monomotapa , mais
du couchait méridional. Rio do Infante n'eft qu'un ruis-
feau , dont le cours eft à peine de vingt lieues marines.
Le cap, do:it parie Baudrand, n'eft pas auprès de la ri-
vière de même nom , mais auprès de la baie de Saint-
Sebaftien. * De rifle , Carte du Congo, & du pays des
Cafres.
INFERIOR ; ce mot dans la langue latine , fignifie
la mêmechi)fe que bas, oi s'emploie dans les divifions
des pays qui fe dift.nguent en hauts !k en bas ; & cette
diftincYion fe prend ordinairement , félon le cours des
rivières. C'eft ainfi que la Pannonie étoit divifée en
haute &c en baffe. P 'annonia fuperior Se Pannonia infe-
rior, es ainfi des autres pays.
INFERNATES. Voyez l'article qui fuit.
INFERUM mare. Les anciens voyant l'Italie en-
tourée de la mer, excepté du côté des Alpes, diftin-
g.ierent cette mer par rapport à l'Italie , en haute & baffe.
Ils appellerent Inforum mare celle qui bat les côtes oc-
cidentales de cette presqu'ifle , & Superum mare par op-
pofition à celle qui en lave l'autre côté. La mer inférieure
s'étendoit depuis la mer Liguftique , c'eft-à-dire depuis
la cô'e de Gènes jusqu'à la Sicile. C'eft la même mer
que quelqv.es Grecs appelaient Notion ou Méridionale
&c Tyrrhcne, félon Pline, /. 3 , c. 5. Cette diftinâion
en a produit une autre que les anciens Latins ont em-
ployée pour les arbres qui croiffoient fur les montagnes
de l'Apennin ; car comme cette chaîne de montagnes
partage l'Italie en deux, du nord au fud, & qu'un des
côtés de l'Apennin envoie les rivières dans là mer fu-
péneure , & l'autre les fiennes dans la mer inférieure,
& qu'elle porte du buis à bâtir , ils ont diftingué les
arbres qui croiflent du côté de la mer Adriatique , par
le nom de Sitpernas ; &c ceuxv qui croiffent du côté de
la merde Tojcane, par le nom iïlnfornas. Pline, /. 16,
c. 39, dit que le fapin de ce dernier côté, étoit préféré
à celui de l'autre côté: Romœ Infornas abies fupernad
prœfenur. Vitruve , -'.2, c. 10, emploie la même ex-
preffion , &tdit : Infornates, qua ex apricis locis appor-
tante, mêlions funt quàm quee ab opacis de Superna-
tibus advàiurtur.
INFITENSIS , fiége épiscopal d'Afrique. On ne fait
dans quelle province. La' Conférence de Carthage fait
mention de Vi&or Inftenfis. * Harduin. Collecl. conc.
INFLASTE ou Euphraste, contrée de la Sarma-
tie, vers l'océan feptentrional où abordent les Germains
& les Daces , félon Laonic , l. 8, cité par Ortélius,
Thefaur. Ce dernier ajoute : je crois qu'il a voulu mar-
quer par-là S. Nicolas fur la mer Blanche. Leunclavius
l'explique par le Lyjland , qui e': la Livonie , &T. croit
qu'il faut lire dans cet auteur Eifiante. Il eft certain
que , par les Daces nommés dans ce paffage , il faut en-
tendre les habitans, non de la Dacie , qui eft fur le Da-
nube , mais du Danemarck , qui a été nommé par abus
Dacia.
INFULO , ancienne ville de Cilicie , félon S. Epi-
phane : c'étoit la patrie de George , évêque Arrien. Or-
télius, Tkejaur. qui me fournit ceci, cite encoreAmmien
Marcellin , /. 22 , & ajoute que Batonius , da îs le qua-
trième livre de fes Annales, lit in Fullio en deux mots;
je ne fais fur quelle autorité , dit Ortélius. Ce favant,
homme a été trompé. Ammien Marcellin , /. 22, c. 11,
parlant de George , faux évêque d'Alexandrie , au fujet
des troubles qui furent excités à fon occafion , dit : In
Fullonio natus , ut forebatur , apud Epipkaniam Ci licite.
oppidum , auclusquc in damna complunum , contra utï-
litatem fuam rtique communis episcopus Alexandria ejt
ordinatus. On voit par ce paffage que , George intrus
fur le fiége d'Alexandrie , par les Ariens , étoit né in
Fullonio , dans la maifon d'un foulon , auprès d'Epi-
phanie , qui étoit une ville de Cilicie. S. ■ Epiphane ,
Haref. 76 , contra Anomceos , parle de cet évêque. II
n'eft point queftion de chercher en Cilicie Infulo, ni in
Fulio , encore moins d'en faire une ville. L'abbé Fleuri,
Hijioire eccléjliajlique , l. 13, c. 3 1 , ne s'y eft pas trompé.
11 dit très-bien , George qu'ils avoient ordonné évêque
d'Alexandrie, étoit de Cappadoce , homme de baffe nais-
fafice , fils d'un foulon ; c'eft ce que fignifie in Fullonio
natus d'Ammien Marcellin. A l'égard de la différence
des noms de Cilicie èk de Cappadoce , j'ai marqué ail-
leurs , que leurs limites n'ont jamais été bien débrouil-
lées..
1. ING, ville de la Chine, dans la province de Kian-
gnan , au département de Fungyang , féconde métro-
pole de la province. Elle eft de 1 d. 2' plus occiden-
tale que Pékin , fous les 34 d. 5' de latitude. * Atlas Si-
nenjîs.
2. ING , ville de la Chine , dans la province de
Channfi, au département de Taitung, troifiéme métro-
pole de la province. Elle eft plus occidentale que Pé-
kin de 4 d. 7', par les 40 d. de latitude. * Atlas Si-
nenfis.
INGA ou Iga , province du Japon , dans l'ifle Ni-
phon , fur la mer du Japon , au midi d'Ixo , & à l'o-
rient de Jamatto , avec une ville de même nom. C'eft
une péninfule.
ING.<EVONES, ancien peuple d'Allemagne, vers la
mer Baltique. Tacite , c. 2 , dit dans fa Germanie , en
parlant des anciens Germains : ils ont d'anciennes poë-
fîes , le feul genre d'hiftoires & d'annales connu parmi
eux. On y raconte que Tuiscon , leur dieu , produit
par la terre , ck fon fils Mannus, font l'origine & les fon-
dateurs de leur nation. Ils donnent à Mannus trois fils ,
des noms desquels ont été appeliés trois grands peuples;
les Ingevons , qui habitent le plus proche de l'Océan ;
les Hermions qui font au milieu des terres ; & les Ifte-
vons qui font tous les autres. Ce paffage de Tacite nous
apprend deux chofes ; premièrement , que les Ingevons
habitoient vers la mer , c'eft-à-dire au nord de l'Alle-
magne ; en fécond lieu , que les noms des Ingevons ,
des Hermions & des Iftevons, étoient venus des héros,
qui avoient été les premiers chefs des familles, qui, en
fe multipliant , avoient formé ces trois peuples.
A l'égard du premier, Pline, /. 4, c. 14 , y eft con-
forme. Cet excellent géographe divife les Germains en
cinq grandes nations , qu il ïubdivife en plufieuçs peu-
ples. Selon lui , les Ingevons comprenoient fous eux les
Cimbres , les Teutons & les divers peuples à qui le
nom de Cauchi étoit commun; toutes ces nations étoient
voifines de la mer. Les Ingevons ne comprenoient pas
feulement la terre ferme ; mais encore ces ifles entre les-
quelles on comptoit alors la Scandinavie, parce qu'on
n'en connoiffoit que la partie méridionale. jEihicus
dans fa Cosmographie eftropie miférablement ce nom,
& dit Ingeonici , au lieu à'Ingœvones.
Pour ce qui eft du fécond ,. Tacite nous fait voir l'inu-
tilité des tortures que divers favans fe font données
pour trouver la lignification de ces noms. Beatus Rhe-
nanus, Rer. Gernnin. 1. 3 , p. 217, veut qu'on life Vi-
givonts , & le dérive de Wik &c de Wonen. Le pre-
mier, félon lui, fignifie golfe , & le fécond demeurer,
parce qu'ils habitoient près du golfe. Villichius , Com-
ment, in Tacit. German. p. 425 , le dérive de Wigaw.
ING
W 'og, qui veut dire fiot , ou de la mef ', ou d'une ri-
vière , 6c de Woncn. Goropius , Etymolog. Cimbric.
p. 294 , aime mieux changer ce nom en Hinge^ewoner,
parce que , félon lui , Hinge ou Hengen , fignifie au-
près , & Hingere auprès de la mer. Wontr lignifie les
habitans. André Althamer , Comment. German. p. 88 ,
a poufté le badinage jusqu'à faire faire un teftament à
Mannus , dont voici un article. Maximo natu Ingavo-
nés feu potiùs Vigevones. Hoc eft littorales infulares-
que populi parento. Il ajoû.e qu'Ingœvon régnoit en
Allemagne au tems de Zamée V, roi des Babyloniens ,
& du tems du patriaache Ifaac. Il croit qxflngevon eft
la même chofe que ein Inwoner ; mais ce mot , qui ne
fignifie qu'habitant , inhabitator , ne feroit pas plus pro-
pre aux Allemands , qu'à quelque autre nation que ce
foit. Il vaut mieux s'en tenir à Tacite , qui dit formelle-
ment que ces noms Ingœvones , Hermiones , &C Iftavo-
nes, viennent de trois fils, anciens chefs de famille, qui
étoient les plus fameux dans la tradition conservée par
les poëfïes des Germains. Voyez Hermions.
INGAUNI Ligures, peuple particulier de la Ligu-
rie. Strabon , l. 4 , p. 2.02 , dit : comme quelques-uns
des Liguriens font Ingauni , & d'autres Intemelli , il
étoit raifonnable d'appeller leurs colonies maritimes:
l'une Albium Jntemelium , c'eft-à-dire Intemelium des
Alpes ; l'autre d'une manière plus concife , Albingau-
num, c'eft-à-dire en retranchant la fin du mot Albium,
pour n'en faire qu'un mot avec Ingaunum. De ce nom
on a fait Albengue , nom moderne de cette colonie.
Nous avons remarqué ailleurs , que les anciens difoient
Alpium &c Albium , en parlant des Alpes.
INGCHING , ville de la Chine , dans la province
de Huquang , au département de Tegan , quatrième mé-
tropole de la province. Elle eft plus occidentale que
Pékin , de 4d. 20', par les 3 1 d. 38' de latitude. * Atlas
Sinenfis.
INGELFINGEN , bourg d'Allemagne , dans la Suabe,
fur la rive feptentrionale du Cocher , entre Hall &
Neuftat. *Robert de Vaugoniy , Atlas.
INGELHEIM, ville d'Allemagne, au Palatinat du
Rhin, fur la rive orientale de la rivière de Sala, qui va
au nord occidental fe perdre dans le Rhin. Cette ville
eft dans le Nahegow, & presque enclavée dens l'arche-
vêché de Mayence ; entre cette dernière ville à l'orient,
& la ville de Bing , au couchant, à deux milles de
l'une ôc de l'autre. Les habitans croient que Charle-
magne y naquit , aufli-bien que fon fils Louis le Dé-
bonnaire. Voici comment en parle Munfter, qui étoit
natif de ce lieu. Il ne le traite que de bourg, Flœkên. Il
y a , dit-il , un château , nommé Ingelheimer S al , ou
la Sale d'Ingelheim , qui appartenoit , il y a huit cents
ans , à l'empereur Charlemagne ; & il y faifoit fa réfi-
dence ordinaire , lorsqu'il étoit dans la haute Allema-
gne. Il y a beaucoup d'auteurs qui écrivent qu'il y étoit
né ; mais d'autres veulent qu'il fût né à Liège , fur la
Meufe.
Je ne puis m'empêcher d'interrompre ici ce que dit
Munfter , pour inférer l'opinion d'Aventin. Cet hifto-
lien , /. 4, p. 186, dit : Charles naquit, l'an du falut 742 ;
quelques-uns ont cru que c'étoit {AngilemisJ) à Ingel-
heim , peu loin de Mayence ; mais ils fuivent une légère
conjecture , parce qu'il y a des veftiges d'un prétoire,
8c qu'on y montre le lieu où il fut élevé , comme fi les
auteurs ne convenoient pas que Charles étoit déjà em-
pereur , lorsqu'il bâtit ce palais. On en trouve qui pen-
îent qu'il étoit né en Brabant , trompés par l'affinité des
noms ; car les annaliftcs s'accordent à dire que les
Carlomans y régnèrent & y étoient nés. Mais les per-
fonnes les mieux inftruites aflurent qu'il étoit né kCarls-
bourg, château de la haute Bavière , qui en a pris fon
nom. Reprenons la fuite interrompue d'Ingelheim.
Le même empereur indiqua une affemblée générale
de l'empire à Ingelheim , pour y juger Taflillon de Ba-
vière, contre lequel il y avoit des plaintes très-graves.
L'aflemblée le condamna à mort ; mais Charlemagne
adoucit cette peine , Se l'enferma dans un monafte're ,
où il fe fanttifia. C'eft à ce jugement qu'il faut rappor-
ter le concile d'Ingelheim , tenu en 788 , Ingilenhei-
menst concilium. Louis le Débonnaire , fils de Charle-
magne , y féjourna auffi ; & il y tint une diète générale
où fe trouvèrent des députés de Rome , du Danemarck ,
ING jo3
& de quantité d'autres états. L'an 840 ; ce monarque
mourut dans l'Ifle ou fur l'Av , qui eft dans le Rhin ,
vis-à-vis d'Ingelheim* L'an 948, on tint dans cette ville
un concile, ou fe trouvèrent trente-quatre évéques. L'em-
pereur Otton le Grand y affifta ; & le pape y en-
voya pour légat l'évêque Marin. Ce fut à Ingelheim ,
que l'empereur Henri III , époufa Agnès , fille de Guil-
laume, duc d'Aquitaine ; & l'an 1106 , Henri IV y
fut dépouillé par les évêques , des ornemens de l'em-
pire. L'empereur , Fridéric I , fit rebâtir le palais impé-
rial d'Ingelheim , qui tomboit en ruine. En 1360, ou
environ , Charles , roi de Bohême, & empereur, en mé-
moire de Charlemagne , fit renouveller cette fale , y
fonda une collégiale de clercs réguliers , & fournit ce
cloître à celui de Prague en Bohême. Quoiqu'il n'y ait
plus de chanoines , la dépendance fubfifte encore. Tous
les anciens bâtimens font tombés , à la réferve de l'é-
glife de la Croix. Les murs de la ville fe font allez bien
conservés. Je me fouviens , poursuit Munfter , d'avoir
encore vu cinq ou fix colomnes que Charlemagne avoit
fait venir de Ravenne avec d'autres colomrres qu'il en-
voya à Aix-la-Ghapelle ; mais Louis , comte Palatin ,
les a fait ensuite transporter à Heidelberg , dans le châ-
teau , où elles font encore. L'an 1460, l'évêque de
Mayence, foutenu parles comtes deVeldentz &de Li-
gnange &C leurs alliés , vinrent afîiéger le château d'In-
gelheim ; mais Fridéric , comte Palatin du Rhin , vint
au fecours , &les mit en fuite. Cette ville, &c celles
d'pppenheim & de Keyferslauten , furent engagées à
l'élefteur Palatin. Cette ville eft ruinée , &c n'a plus-rien
de la magnificence qu'elle de voit avoir, lorsqu'elle étoit
le féjour des empereurs. Elle eft fur une hauteur , a une
vue charmante , & le terrein des environs eft très-fer-
tile.
"Outre les événemens remarquables dont nous ve-
nons de parler, cette ville a été la patrie de Sebaftien
Munfter, auteur d'une géographie univerfelle intitulée
Cofmographie , félon l'ufage de ces tems-là. Elle a été
traduite en françois & en allemand. Il s'étoit fait Corde-
lier ; mais il fe fit enfuite Proteftant , & enfeigna à
Bafle, où il fe fit une grande réputation. Il travailla
beaucoup fur le texte hébreu de l'Ecriture -fainte ; &C
ces deux genres d'érudition , qu'il pofTedoit à un degré
très-rare dans le tems où il vivoit , le firent nommer
CEsdras &c le Strabon de l'Allemague. Il mourut de
la pefte, à Bafle, le 23 Mai 1552 ; il étoit né à Ingel-
heim, l'an 1489.
INGENA : ancien nom de la ville d'AvRANCHES.
Voyez cet article. Ortélius rapporte à cette ville ce
qu'on lit dans une ancienne inscription du Recueil de
Goltzius, Cohort. I. Ingenuorum.
INGENIDAS , lieu voifm de Conftantinople , félon
Pierre Gilles , in Bospor.
INGENUE Voyez Ingena.
INGERMANIE, ou
INGERMANLAND. Voyez ÎNGR1E.
INDUNWM , apparemment pour SiNGiDUNUM,
qui étoit dans l'Illyrie.
INGILINA. Voyez Angelina,
INGININI : quelques exemplaires vicieux de Pline
portent ainfi , au lieu de Iguvini , qui font les habitans
d'Iguvium , préfentement Gubio. * Ortel. Thef.
INGINIUM : quelques-uns ont ainfi lu ce nom
dans Silius Italicus , /. 8 , v. 460 ; l'édition de Cellarius
rétablit Iguvium , qui eft le vrai nom.
INGOLSTAD , ville d'Allemagne , fur la rive fep-
tentrionale du Danube , à trois heures de chemin , au-
deflbus de Neubourg. C'eft une belle ville ; & on rap-
porte que Maximilien , électeur de Bavière , dilbit :
que Munich me nourriffe ; mais je veux me défendre
à Ingolftadt : il regardoit cette ville comme la plus
forte de fon pays. Elle eft en effet très -bien fortifiée.
Quelques-uns l'ont appellée en latin Aureatum. Voyez
ce mot. Munfter Schopper , Drefler, & autres auteurs ,
la nomment Engelftadt , Se tirent fon origine des An-
gles, ancien peuple qui a été dans la Suabe. Freher,
Origin. Palat. part. 2 , c. 11, rapporte l'opinion de
quelques-uns qui croient que ces Angles vinrent en partie
dans l'intérieur de l'Allemagne ; qu'ils pafferent avec
les Lombards & les Suéves en italie , Si biffèrent des
traces de leur nom Ingelheim , Ingolfiad , Engeliourg,
jo4 INC
■& Engelrute. Gretfer , dans fon Hiftoire des évêques
d'Aich'ftat , croit aufli qu'Engeltad vient des Angles ,
qu'il prend pour des Saxons , &c que c'eft en partie à
caufe d'eux que la ville eft nommée Anglopolis. Il
ajoute qu'il y a encore à Ingolftat , un lieu nommé
Ingelhoff, que l'on regarde comme ayant été le com-
mencement de la ville. Mais il déclare qu'il ne vou-
drait pas contredire ceux qui dérivent ce nom des véri-
tables Anglois , qui vinrent de leur pays en grand
nombre pour prêcher le Chriftianifme en Allemagne.
Il trouve auffi vraifemblable que quelqu'un d'eux (bit
vena en ce lieu, & y ait commencé la ville que nous
y voyons , puisqu'il eft sûr qu'Aichftat, ville voiiine, tire
fon origine des Anglois. Il ajoute qu'lngolftat fut laiffée
par Charlemagne , à Taffillon de Bavière, pour ion en-
tretien. Bertius croit que du tems de Louis IV, Ingols-
tat n'étoit encore qu'un village dépendant de l'abbaye
d'Altaych, & que cet empereur en fit une ville. ^Henzner,
dans fon Voyage cité par Zeyler, raconte que, l'an 1312,
on l'aggrandit de moitié , &que, l'an 1410, Louis, duc
de Bavière , en acheva les murailles. Le duc George
le Riche, de Landshut , y avoit un beau palais ; mais ce
fut le duc Guillaume , qui en fit une place de guerre ,
l'an 1537. Les environs font des plaines très-tértiles.
L'églife eft grande & belle. On y garde une ftatue
d'or, qui repréfente la fainte Vierge, dont l'habit eft
émaillé de blanc; devant elle, eft à genoux un prince
que l'on croit être un roi de France , parce que^ fon ha-
bit eft émaillé de bleu, avec des fleurs de lys d'or. Cet
ouvrage eft très-riche & orné de pierreries ; de forte
qu'on l'eftime cent mille florins. Ingolftat eft fur-tout
remarquable par fon univerfité qui a les mêmes privilèges
que celle de Bologne , &c qui a eu de grands hommes
entre fes profeffeurs , entr'autres Robert Bellarmin,
Qbert Gifânius , Pierre Appien , tk Jacques Gretfer ;
le premier & le dernier étoient Jéfuites. Munfter , Cos-
mogr. dit qu'anciennement toute cette univerfité étoit
partagée en quatre nations, favoir de Bavure, du Rhin,
de Franconie & de Saxe. Les Jéfuites y furent reçus
en 1556. Au commencement il y avoit peu de profef-
feurs , & leurs falaires étoient forts petits : ils demeu-
raient enfemble , & mangeoiènt à la même table. Le
pape établit pour chancelier perpétuel de l'univerfité ,
l'évêque d'Aichftat , comme diocéfain , & il nomma
pour vice - chancelier , le premier profefleur de l'Ecri-
ture-fainte. _
1. IN GRANDE1, Ignorandis, petite ville de Bretagne,
au bord de la Loire, aux confins de l'Anjou, dans lequel
elle eft mife par quelques-uns. Elle a titre de baronnie.
Commeelle eft furies limites de l'Anjou &delaBretagne,
quelques-uns ont cru que le nom d'Ingrande avoit été
fait du latin ingrefus Andium ; mais Ménage , {Hifi. de
Suabe, p. 136,) qui étoit très - verfé dans les étymo-
logies, dit qu'il a été fait du latin Igorandis, de même
que le nom S Ingrande de Poitou. Il remarque au
même endroit , que Valois a oublié de parler dans
fa Notice des Gaules , de la ville d'Ingrande en Anjou.
Cette ville ne renferme qu'environ cent dix-fept feux,
& relevé du roi à caufe du château d'Angers. On re-
marque au milieu d'Ingrande une groffe pierre , qui
fait la féparation de l'Anjou ôt de la Bretagne.
2. INGRANDE, ville de France , dans le Poitou,
fur la rive droite de la Vienne , aux confins de la
Touraine. Ce lieu eft nommé Igorandis, dans la Vie
de S. Léger évêque d'Autun * Valef. Notit. Gall.
3. INGRANDE , bourg de France , dans le Berry ,
aux confins du Poitou , fur la rive occidentale de la
rivière d'Anglin , au couchant méridional de le Blanc.
Baudrand.la donne au Poitou. * Jaillot , Carte du
Poitou.
INGRIE , province de l'empire Ruffien , depuis
que Pierre le Grand l'a conquife fur la Suéde. Elle «ft
bornée au nord par le fond du golfe de Finlande , la
rivière de Nerva 6c le lac de Ladoga ; au levant par
une ligne imaginée , depuis Laba jusqu'à la rivière de
Luga, qui la termine en partie vers le midi : de cette
rivière auprès de Maraneina , on imagine une autre
ligne qui s'étend jusqu'au lac Peipus. L'Eftonie achevé
de l'enfermer au couchant. Ce pays eft fertile ; les eaux
y font poiffonneufes , &c les forêts bien fournies de
gibier, On y fait la chafle des élans qui y viennent par
ÏNH
troupes de Finlande, & traverfent la Nerva deux fois Pari J
au printems &t en automne. On y comptoit autrefois
pluiieurs villes fortes , entr'autres ,
Notebourg ou Oresca, Jamagorod,
Ivanogorod, Nyenschant^
Capurie.
Mais préfentement Notebourg a été détruite; & en
fa place eft une fortereffe nommée Sleutelbourg. La
capitale de ce pays eft S. Petersbourg , ville bâtie à
l'embouchure de la Narva , depuis le commencement
de ce fiécle. * Mémoires particuliers.
INGRIONES , ancien peuple de la grande Germa-
nie, félon Ptolomée , /. 2, cil, le grec ordinaire porte
lyyeloms : des manuscrits portent 'lyneicmi. Ptolomée
place ce peuple entre le Rhin & les monts Abnobes,
Spener juge qu'il a voulu mettte 'lyyiwis Ingaones ,
& le reprend de les avoir placés vers le mont Abnobe ,
comme d'avoir porté les Fennes dans le milieu de la.
Samartie. Voyez LNG.EVONES.
INGTAK, ou
INGTE , ville de , la Chine , dans la province de
Quanton , entre cette ville &c celle de Xaocheu ; elle
eit la fixiéme ville du département de Xaocheu , féconde
métropole de la province de Quanton. Elle eft petite,
&; on en peut faire le tour en un quart d'heure. Safitua-
tion eft fur la rivière de Tao, mot qui veut dire un pêcher ,
& dont on a donné le nom à cette rivière , parce qu'elle
eft bordée de cette espèce d'arbres. L'afFreufe montagne
de Zang-won-Hab eft fur la ville, qui eft éloignée de
cent vingt lys de Sanxiu. Les murailles en font hautes
& folides; la ville a de belles maifons & des pagodes :
le fauxbourg eft d'une grandeur paffable: il y a un port,
où l'on eft à l'abri de la violence de la rivière qui eft
fort rapide , & c'eft le refuge où fe. retirent les barques
qui craignent d'être maltraitées par le mauvais temps :
fur le port même , il y a à droite une haute tour à neuf
étages. L'Atlas Chinois fait cette ville de 3 d. 46' plus
occidentale que Pékin, & lui donne 24 d. 2'. de lati-
tude. *Nieuhof, Légat. Batav./». 59. Atlas Sinenjîs.
1. INGXAN, ville de la Chine , dans la province
de Kiangnan , au département de Fungyang , féconde
métropole de la province. Elle eft de 1 d. 2' plus occi-
dentale que Pékin , fous les 34 d. 5' de latitude. * Atlas
Sinenjîs.
z. INGXAN , ville de la Chine , dans la province
de Huquang , au département de Tegan , quatrième
métropole de la province. Elle eft plus occidentale que
Pékin de 3 d. 53 ' , par les 3 2 d. 10' de latitude. * Atlas
Sinenjîs.
INHAMBANE , royaume de la baffe Ethiopie , dans
la Cafrerie , fur la côte orientale , fous la ligne , qui le
divife en deux parties à-peu-près égales , fur le golfe de
Sophala. Il eft borné au nord-eft par la rivière d'Inham-
bane , qui le fépare du royaume de Sabia : la mer le borne
à l'orient &: au midi. La rivière d'Aroé ou de Manica ,
avec une ligne tirée de cette rivière jusqu'à la fource
de la rivière d'Inhambane , le termiaent au couchant.
L'intérieur du pays eft peu connu; mais fur la côte on
connoît le port d'Inhambane , le cap des Courans , les
rivières à'Inhanga &L d'Inhapura, qui ont très-peu de
cours, & celle de Ouro. Dapper , Afrique, p. 393,
dit que la ville capitale s'appelle Tongue. Elle eft dans
les terres, au midi de la rivière d'Inhambane. Il ajoute:
la chaleur eft exceffive dans ces quartiers , & les mar-
chands Portugais y peuvent à peine durer. La plupart
des habitans font encore idolâtres , & les Jéfuites n'en
ont converti que fort peu. On dit pourtant que, l'an 1 660,
Gonsalve Silveira baptifa le roi & toute fa famille. *Dt
l'IJle , Carte du Congo & de la Cafrerie.
INHAMIOR , contrée de la baffe Ethiopie. C'eft ,
félon Dapper , un royaume qui relevé du Monomotapa.
Il eft fitué près du fleuve Cuama. La principale habita-
tion, où le prince demeure, n'eft qu'à une lieue deSena,
& plusieurs Portugais y font leur féjour. Sena eft au con-
fluent de la Cuama & de la rivière de Suabo , & Inha-
mior eft au midi occidental de Sena. Ce royaume a été
détruit par le Monomotapa.
INHANGA , rivière d'Ethiopie. Elle coule au
royaume
INN
'royaume d'Inhambane/ck fe perd à f orient méridional
du Cap des Courans. *Dc l'IJle , Cafrerie.
INHANPURA , rivière du même royaume : elle eft
petite , quoique phis grande que la précédente. * Ro-
bert de Faugondy, Atlas.
i. INHAQUA, petite iïïe d'Ethiopie , far la côté
orientale, à l'embouchure de la rivière de Laurent-Mar-
quez , au midi du royaume d'Inhambane. * Robert de
Faugondy, Atlas.
2. INHAQUA , petite ville d'Ethiopie , en terre-
ferme , & près de l'ifle de même nom , au bord de là
mer , entre là mer ck un lac. C'eft où commence le gou-
vernement de Mozambique. * Robert de Faugondy ,
Atlas.
INJAMBI , rivière de l'Amérique méridionale , au
Bréfil. Elle a. (a fource dans des montagnes , qui font à
l'orient de S. Paul. De Laét , Ind. occïd. I. i 5 , c. 17,
dit qu'elle eft allez large , Se capable de porter de pe-
tites barques ; qu'elle eft poifionneufe , ci fe déborde
quelquefois dans le tems des pluies. C'eft apparemment
la même rivière qui eft nommée Anemby , dans le Mé-
moire du P. François Burges, Lett. édif. t. 12, p. 53,
'& Aniembi par De l'ifle , Nouv. Carte de l'Amérique.
Elle a effectivement fa fource dans les montagnes voifi-
nés de S. Paul ; &, coulant vers l'occident feptentrional,
elle tombe dans la Parana.
INICERUM, ancien lieu de Pannonie. Antonin,
Ilïner. le met fur la route d'Hemonia à Slrmiurh , en
palTant par Sïscia , &c compte ainfi les diftànces depuis
'cette dernière ville.
Siscià,
Fanants, M. P. XXIII.
Menneianis, M. P. XXVI.
Incero, M. P. XXVIII.
t'eft ainfi que l'exemplaire du Vatican donne ce nom :
les éditions modernes ont lnicerum. Ortélius, Thefaur.
en fait une ville. Antonin ne dit pas que c'en fut une.
Lazius & Ortélius croient que c'eft aujourd'hui CeR-
KICH, bourg de Hongrie. Voyez ce mot, n° 1.
INICUM. Voyez Inycum.
INIESTA , Ecelejla , bourg d'Espagne , dans là nou-
velle Caftille , Se non pas dans la vieille , comme le
<3it Corneille, -Dicl. dans la Sierra, entre le Xucar ck
le Cabriel , mais beaucoup plus près de la première.
INISHCORTHY, ville d'Irlande, ^ dans la province
<3e Leinfter, au comté de Vexford, à huit milles pres-
qu'au fud de Féarnes , fur l'Urrin ou Slany , Se à quinze
milles au nord-eft de Rois. Elle envoie deux députés au
parlement. *Etat préfent de l'Irlande , p. 46.
INISKILLING. Voyez Eniskilling.
INIS-OWEN , "petit pays d'Irlande , avec titre de
baronnie, dans la province d'Ulfter, au comté de Lon-
donderri. C'eft une petite presqu'ifle , fur la côte fep-
tentrionale de l'ifle. Elle eft jointe au continent de l'ifle,
par un petit ifthme ; ck c'eft en ce lieu -là qu'eft la
ville de Londonderri.
INKIANG , fortereffe de la Chine , dans la province
de Queicheu, au département de Sunan, troifiéme mé-
tropole de la province. Elle eft plus occidentale que
Pékin , de 10 d. 9', par les 28 d. 5' de latitude. * Atlas
Sïnenjis.
INN, rivière d'Allemagne. Les anciens l'ont nommée
Rmxis & (Enus. Elle a fa fource en Suiffe, chez les
Grifons , au pied de la montagne nommée Septimer-
lerg ou Monte de Sett. Cette montagne produit deux
fources , qui prennent chacune un cours bien différent.
L'une eft le petit Rhin ; l'autre, appellée^ûa diPila,
fait un petit lac , au fommet de la montagne , nommé
Lagetto di Lungin ; Se,fe précipitant en bas de la mon-
tagne , il fait le petit lac de Sils ou Silio , près du vil-
lage de Maloja , Se forme la rivière de l'Inn. C'eft-là
la première fource de cette rivière. Elle coule ensuite,
en ferpentant vers le nord-eft, dans la Ligue de la Mai-
fon-Dieu , où elle reçoit plufieurs ruiffeaux , Se donne
le nom ,c1'Engadine , à la vallée où elle coule ; de-là
vient que quelques-uns la nomment Ingadine. Elle
entre dans le Tirol à Furftermuntz ; Se après avoir fer-
penté tantôt vers le nord , tantôt vers le nord-nord-eft,
elle fe tourne vers l'orient depuis Landeck jusqu'à 1ns-
INN . m:
pruck qu'elle' arrofe. Cette capitale du Tirol en prend
fon nom ; elle paffe à Hall", qui n'en eft pas'loin ; puis,
■prenant fon cours vers le nord - eft , elle paffe à Kuff-
ftein. Là elle commence à couler entre la Bavière Se le
Tirol , auquel elle fert de borne, quelque espace ; après
"quoi ne coulant plus que pour la Bavière, elle y baigne
Rofenhaim , Rot Se Wafferbourg ; elle prend alors un
cours circulaire , comme pour fa joindre à la rivière
de Sa'ltz : ensuite elle ferpente vers l'orient feptentrio-
nal , Se enfin vers le nord , jusqu'à ce qu'elle rencon-
tre le Danube , dans lequel elle fe perd entre Pâffau Se
Iwftat. On appelle Innthal , la vallée où elle coule.
1. INNA, fontaine, ou ruiffeau qui fe trouvait entré
deux peuples de Thrace, les Madi ck les Pceoms , fé-
lon Athénée , l. 2 , c. 2. Dalechamp traduit mal ce nom
^Ivva., par Œna, comme le remarque Ortélius, Thefaur.
2. INNA, ancien lieu d'Afîe , dans la Drangiane,
félon Ptolomée, /. 6, c. 19, qui laiffè douter fi c'étoit
'une ville où un village ; car fà lifte comprend lès vil-
lages Se les villes fans diftinftiort. * Etat préfent de là
Gr. Bretagne , t. 2, p. 261.
INNEKEN. Voyez Lnniken.
INNERARA , ville d'Ecoffe, dans la province d'Ar-
gyle , dont elle eft la capitale : elle eft fitué presqu'au
bout du lac Gilb , qui a communication avec la baie ,
qu'os appelle Logkfin. Le nom de cette ville eft caufé
que quelques-uns nomment la province même THE
SHIRE OF INNERARA. Baudrand n'en fait qu'un bourg-,
ck dit qu'il a féance au parlement. *A!lard, Atlas.
INNERKITHING , port de mer de l'Ecoffe méri-
dionale ,^ dans la province de Fife , dans le golfe de
Forth , à l'orient d'Abirdour. Cette petite ville envoyoit
fes députés au parlement d'Ecofle , avant l'union de ce
parlement, avec celui d'Angleterre. * Etat préfent delà
Gr. Bretagne, t. 2, p. 250.
INNERLOTH , bourg d'Ecofle , dans la province de
Lochabir. Quelques-uns écrivent ce nom différemment :
comme il eft fitué au bord d'un grand lac , dont il prend
le nom , les uns appellent ce lac Loch , ck le bourg
Innerloch. Quelques autres nomment le lac Lothe , Se
le bourg Innetiothe. L'Etat préfent de la Grande-Breta-
gne dit, en parlant de la province de Lochabir : fa
ville la plus confidérable efl celle d'ÏNVERLOCHY, qui
a été autrefois une place d'importance , tant par fa force
que par fon commerce , jusqu'à ce qu'elle fût ruinée par
les Danois Se les Norvégiens. Guillaume III la fit
fortifier , & il y a bonne garnifon. * ALlard , Atlas.
Robert de Faugondy, Atlas. D ' Audifrzt , t. I , p. 218.
INNERNAVERN , bourg de l'Ecoffe feptentrionale>
dans la province de Strathnavern , fur la côte, à l'em-
bouchure de la rivière de Navern , de laquelle elle prend
ce nom.
1. INNEB.NESS , province d'Ecoffe, dans presque
toute fa largeur. L'Etat prêtent en parle ainfi , p. 276.
Innernefs , au nord de Badenoch , ck à l'oued de Mur-
ray, regarde les deux mers , ck s'appelle ainfi du nom
de fa capitale. L'Atlas d'Allard étend par-tout-là la pro-
vince de Murrai , Se ne connoît point d'autre Innernefs
que la ville de ce nom , fituée à l'embouchure de là
rivière de Nefs , qui fort du lac de Nefs ; & dont elle
tire fon nom. D'ailleurs, en fuppofant qu'Innemefs foit
une province détachée de Murrai , je ne vois pas com-
ment elle peut regarderies deux mers. De l'ifle nomme
Inverness la ville d'Innernefs , Se il n'eft pas le feul
qui l'appelle ainfi.
2. INNERNESS , ville d'Ecoffe , à l'embouchure de
la rivière qui fort du lac de Nefs. Il y a un havre pour
de petits bàtimens. Les rois d'Ecofle y ont fait autre-
fois leur rélidenceï dans le château qui eft bâti far une
agréable colline. Il eft certain que Buchanan , qui de-
voit bien connoître fon propre pays , dont il a écrit l'his-
toire , appelle cette ville Nessum ad cognomïnem flu-
vlum. En parlant de la province de Murrai , il y met
deux villes confidérables : celle - ci en eft une , l'autre
eft Elgin. Au-delà de l'embouchure du Nefs , dans la
mer d'Allemagne , il met immédiatement la province de
Rofs, Se ne dit pas un mot de la province d'Innernefs
ou Invernefs , que je crois n'être qi'une contrée qui
comprend les environs de la ville , de la rivière Se du
lac de Nefs , bien loin de regarder les deux mers. Mais
voici peut-être ce que cet auteur a voulu dire; peut-être
Tomt III, SCC
$o6
INO
INS
voulu parler du gouvernement d'Innernefs , qui eft
fort érendu.,.,-<k qui empiète lur plufieurs provinces.
D'Audifret, dans l'a Géographie hiftorique , t.i,p.^iy,
dit que la contrée de Badenoch eft incorporée dans ce
gouvernement, qui outre cela comprend auffi la province
de Lochabir , &c partie de ce gouvernement. C'eft ap-
paremment à cet égard, que, dans l'Etat préfent delà
Grande-Btetagne , Innermefs eft mife au rang des pro-
vinces , quoique ce n'en foit pas une. D'Audirret dit
que l'importance de la fituation d'Internefs obligea
Cromwel d'y faire bâtir une citadelle , pour tenir en
bride les Ecoffois feptentrionaux , &: s'aflurer du pqrt.
Cette ville envoyoit fes députés au parlement d'Ecofle.
C'eft près d'Innernefs , qu'eft le château de Culloden,
fameux par la bataille donnée , le 16 Avril 1746, entre
le roi d'Angleterre, & le prince Edouard, prétendant
à ce royaume ; ce dernier , après des prodiges de va-
leur , fut obligé de céder au nombre , & penïa périr.
INNERSTE, rivière d'Allemagne, dans la baffe
Saxe. Elle prend fa fource dans le duché de Brunswick,
près d'Ofterode, d'où, coulant vers le nord, elle parle
a Wildeman. Après plufieurs détours , vers le couchant
& le nord , elle fort du duché de Brunswick, paffe à
Hildesheim , & va fe joindre à la rivière de Leyne.
Baudrand a tort de ne faire de l'Innerfte qu'un ruiffeau,
puisqu'elle reçoit une douzaine de ruiffeaux ou rivières.
*Sanson , Jaillot.
INNERURI : les François écrivent Inner-Ouri,
bourg d'Ecofle ., dans la province de Buchan , à l'em-
bouchure de la rivière d'Uri ou Ouri dans le Don. Ce
lieu eft fameux par la victoire que Robert Bruce y gagna
contre Jean Cumin & fes adhérens , qui tenoient le
royaume en fujétion à Edouard I, roi d'Angleterre ; Se
ce qui eft remarquable , c'eft que Robert Bruce étant
malade , fe fît porter dans une litière au champ des ba-
taille. *Etat préfent de La Gr. Bretagne, t. 2. , p. 173.
INNICUS. Voyez Inycum.
INNIKEN ou INNEK.EN, petite ville, félon quel-
ques-uns , &C félon d'autres , bourg d'Allemagne , dans
le ïirol , affez près de la fource delà Drave. Quelques
auteurs l'appellent en latin Âgunium , ancien nom qui
a été connu à Pline , a Ptolomée & à Antonin ; d'au-
tres veulent qa'Jgumum foit DoBLACH. Elle eft aux
frontières de la Carinthie , de laquelle elle dépendoit
autrefois, puisque d'anciens ducs de Carinthie y ont tenu
leur cour, comme le rapporte Mégiger dans fa Chroni-
que de Carinthie ; mais elle eft préientement du Tirol.
* ZevLer, Provinc. Auftriic. Topog. p. 151.
INNTHAL ou Inthal , c'eft-à-dire la va'lée de
I'Inn, contrée d'Allemagne , dans le Tirol , &t l'une
des parties confiilérables de cette province, le long de
cette rivière. Inspruck en eft la capitale , auffi- bien que
de tout le comté.
1NOPUS, "Uà-ms , rivière de l'ifle de Delos. Les
anciens ont cru que , par un canal caché , elle fe déta-
choit du Nil. Pline , /.' j, c. 103 , dit feulement que
c'étoit une fontaine qui s'enfloit &c décroiffoit comme
le Nil. Le P. Hardouin observe qu'il n'y en refte pas .
le moindre vertige. * Strabon , 1. 10, p. 4^8.
INOWLADiSLOW, ville de Pologne, dans le Pa-
latinat auquel elle donne fonnom, au bord méridional
delà Viflule. Quelques-uns écrivent InOwlogz par
abbrévianon. C'eft la même ville que Wladislaw, où
Hubner, Géogr. p. 715, dit qu'eft un château où réfide
l'évêque de Cujavie. André Cellarius , Aov. Descr. Po-
Lon. p. 141 , dit de même, Wladislow, principale ville de
Cujavie. La cathédrale eft antique , mais riche en or-
neniens & en vafes facrés. Elle eft environnée de mai-
fons affeftées. aux chanoines & aux écoles ; la ville &
le château , placés dans un marais près de la Viftule ,
font bâtis de briques , ck le bois y manque. L'évêque
qui réfidoit à Cruswic, transporta en cette ville fa réfi-
dence, l'an 11 73. Après l'an 1159, Suantopole, duc
de Pomerelle , détruifit Inowladislow , qui étoit alors
poffédée par Conrad, duc de Mazovie ; & s'étant em-
paré du château de Nakel, le fortifa. L'an 1328, l'ar-
mée de l'ordre Teutonique paffa la Viftule , prit cette
place , la brûla. On fauva la vie aux prêtres ; mais
on leur défendit de bâtir des maifons en cet endroit. A
quelque tems de-là, l'évêque ne laiffa pas de rebâtir,
fous la fortereffe, une autre cathédrale, femblable à la
première , & une autre églife, fous l'invocation ce faint
Vital , martyr. Il bâtit auffi la citadelle de la ville, de
même que le fort de Racianzi ; car il y a deux fortè-
reîfes de ce nom , l'une en Cujavie , dont il s'agit ici,
& l'autre en Mafovie. Quelques-uns ont nommé cette
ville Cujavie, & ont ainfi confondu le nom du pays
Se celui de fa métropole. * MicrtcL Pomer. /. 2,/>. 178.
Le palatinat d'LNOWLADISLOW eft une
contrée de Pologne, ck fait partie de la Cujavie. Il eft
au. nord du palatinat de Brzescie. Il n'a point d'autre
lieu remarquable que fa capitale.
INOVLOCZ. Voyez Inowladislow.
INSANI MONTES. C'eft ainfi que Tite-Live &
Florus appellent des montagnes de l'ifle de Sardaigne,
ck que Ptolomée appelle Mœnomena. Ortélius , fuivi
par Baudrand , juge que ce font celles qu'on nomme
Monte dï Canelle.
INSANUS LACUS. Pline , /. 31 , c. 2, dit, fur les
Mémoires de Juba , que dans la Troglodytique, il y
avoit un lac ainfi nommé , à caufe que l'es eaux étoient
malrâifantes. Ce mot veut dire mal-fain.
INSOCO, contrée d'Afrique, dans la haute Guinée,
fur la Côte d'Or , dans les terres , au couchant du
royaume du grand Akanis. Ce pays eft très-peu connu
de fes voifins , encore moins des Européens.
INSPRUCK, ville d'Allemagne, au comté de Ti-
rol, dans llnnthal, fur le bord de flnn. Selon Bau-
drand , elle eft à quatre-vingt milles d'Allemagne de
Trente vers le nord , &c à trente de Saltzbourg vers le
couchant. C'étoit autrefois la rélîdence d'un archiduc
de la iv.aifon d'Autriche ; mais cette btanche s'étant
éteinte, en 1665, cette ville 6k le Tirol entier ont ap-
partenu à Charles VI , dernier empereur de la maifon
d'Autriche, & par fucceifion, à Marie-Therèfe d'Au-
triche , aujourd'hui impératrice. Monconis, qui paffa à
Inspruck , l'an 1664, la décrit ainfi , t. 3 , p. 373.
Cette ville eft lituée au milieu du vallon : la rivière
d'Inn ba:gne l'es murs, ou plutôt ceux des maifons ; car
il n'y a 111 fortifications, ni murailles que les maifons,
qui parodient toutes des murailles avec des fenêtres ,
parce qu'à caui'e des vents les toits en font couverts par
les murailles qu'on haulfe beaucoup plus , & qui les ca-
chent entièrement ; Inspruck eft très- petite , les rues
étroites, fck outre cela, encore rétrécies par plufieurs ca-
binets , qui font jettes en dehors des rrraifons. Les plus
beaux appartemens de toutes les maifons font au troi-
fiéme étage. L'églife des Récollets a un affez beau por-
tail , au-devant duquel il y a un porche foutenu de
deux colomnes de marbre jaspé ; la nef eft fermée par
quarre colomnes de marbre d'un côté, & autant de l'au-
tre , qui fupportent les arcades. Entré chacune de ces
colomnes, il y a quatre ftatues plus grandes que nature,
qui font de bronze, forr bien travaillées, de plufieurs
archiducs , rois ck empereurs , & quelques princes , en-
tr'autres, celles de Clovis , Godefroi de Bouillon , Fer-
dinand, roi d'Arragon, Philippe le Bon, ck Charles,
comte de Charolois ; il y a douze de ces fta;ues de cha-
que côté , les unes armées, les autres vêtues à la royale,
debout fur des piedeftaux , qui font tout du long entre
ces colomnes, fck quatre contre la clôture qui fépare le
chœur de la nef, qui font en tout vingt-huit, lesquelles
femblent fervir d'ornement au tombeau de Maximilien,
qui eft au milieu de la nef: il eft repréfenté de bronze,
prnnt à genoux fur le haut d'un monument de marbre,
compofé de deux ordres de panneaux ou carrés , huit'
à chacun des côtés, ck quatre à chaque fond, dans les-
quels font en bas-reliefs de marbre, eu petites figures, les
plus remarquables attions de cet empereur. Sur le haut
de ce monument, il y a encore quatre petites vertus de
bronze. L'églife clés Jéfuites eft fur le même modèle
que celle de S. Louis à Paris , mais beaucoup plus pe-
tite. Le château eft fort peu de chofe. Le devant de
l'hôtel de ville n'a rien de remarquable , qu'un couvert
de bronze doré , fait en écailles , qui eft fur un balcon
placé fur la porte ; 6k il eft fi bien doré , que plufieurs
croient qu'il eft d'or pur.
INSTADT, Œnijtadium, petite ville d'Allemagne,
fur le Danube , auprès de Paffau , dont elle eft féparée
par l'Inn , à fon embouchure. J'ai remarqué à l'article
d'iLSTADT, qu'il y a à la rencontre de l'Ill , qui vient du
nord , de l'Inn qui vient du raidi , ck du Danube qui
1NT
INT
vient du couchant, &qui le charge de leurs eaux, trois
villes , favoir Ilfladt au nord du Danube, In/iade à l'o-
rient de YInn , & Paff'au à l'occident de cette même
rivière : ces trois villes feroient coiv.igues l'une à l'au-
tre , fi elles n'étoient pas féparées , les deux dernières
par l'Inn , & la première par le Danube. Voyez Pas-
sa W. * Mémoires particuliers.
INSUBRES , ancien peuple d'Italie , dans la Gaule
Cifalpine ; ce nom eft diverlement écrit par les anciens.
Pline, /. 3 , c. 17, les nomme lnsubres , & dit qu'ils
fondèrent Milan, /. 3, c. 1. Ptolomée , /. 22, c. 6, les
nomme "hauCpoi , Infubri. Tite-Live, /. 30, c. 18, dit
Insuper eques , pour dire un cavalier de cette nation ,
au fingulier ; Injubres Galli , pour nommer la nation.
Etienne le Géographe dit Infobares, pour marquer un
peuple qui habitoit fur le Pô. Il nomme ailleurs Inso-
bri , un peuple d'Italie , qui eft apparemment le même.
Pclybe, 1.2, c. 17, dit Ifombres , 'l-ny&fis. Strabon ,
/. «f, pojî mit. dit qu'entre les Gaulois , les peuples
Boii , lnsubres & Senones étoient les plus puiftans. Ils
étoient voifins des Cenomani , félon Polybe , qui en
parle auiïi comme d'une narion puiflante. Milan étoit
leur capitale. Ils n'occupoient du Milanez , félon le
P. Briet , que les villes de Milan , de Lodi, de Crème,
de Gherra & Ponte - San - Pietro. Les Orobiens, les
Lépontiens, &c. avoient auffi leur part du pays qui
porte aujourd'hui le nom de la capitale des Infubriens.
1. INSULA , mot latin, qui fignifie unelsLE. Voyez
ce mot.
2. INSULA. Voyez Isola, ville d'Italie.
3. INSULA, au fingulier, &
INSULTE, au pluriel, nom latin de Lille, ville
des Fays-bas. Voyez Lille.
INSULjE ACUTjE. Voyez OxiA.
INSULA ADJE. Voyez au mot Isle, l'article Msle-
Adam.
INSULA ARABUM. Voyez Gezirah.
INSULA Arpinas. Voyez Arpinas.
INSULA ATLANTIS. Voyez Atlantide.
INSULA BARBARA. Voyez I'Isle-Barbe , au
mot Isle.
INSULA BOCARDI. Voyez l'Isle-Bouchard.
INSULA DEI. Voyez l'Isle-Dieu.
INSULA HISPANA. Voyez l'Lsle Espagnole.
_ INSULA IGNITA : Aimoiï de Halberftadt nomme
ainfi un lieu d'Egypte , fameux par les miracles de faint
Macaire. Califte ik l'Hiftoire tripartite .en font aufli
mention , au rapport d'Ortéhus , Thej'aur.
INSULA JORDANIS. Voyez l'Isle-Jourdain.
INSULA PHASÏANORUM. Voyez l'Isle des
Faisans , au mot Faisans.
INSULA SACRA, à l'embouchure du Tibre ; c'eft
préfentement Ilbla-grande.
INSULA SACRA. Voyez Holi-Iland.
INSULA SANCTA. Voyez Heilige Land.
INTA ou Asianta, royaume d'Afrique , en haute
Guinée, dans la Côte d'Or, aflez loin de la mer, &
dans les terres. Il eft puilTant , riche &C fort peuplé ,
fournit beaucoup d'or, & n'eft guères connu des Eu-
ropéens, que fur la relation des Nègres. C'eft à quoi
fe réduit ce qu'en- dit Bosman, dans fa fixieme Lettre ,
Relat. de Guinée , p. 84.
INTEMELIUM Albium , ville maritime d'Italie,
dans la L'gurie, félon Piine, /. 3 , c. <j. Antonin , dans
fon Itinérai4e , met ces deux mots en un , & dit Al-
binurr.e'uum ; &C la Table de Peutinger porte Albenti-
millo : en retranchant la première iyliabe on en a fait
Vintimiglia. Voyez Vintimille.
1. INTERAMNA , ville d'Italie , en Ombrie, félon
Pline, /. ,8 , c. 28 ; & Strabon, /. 5 , p. 227. Ce
dernier la met fur la route d'Ocricuium à Rimini. Elle
étoit à l'orient de Narni , en allant à Spolette. Tacite,
Jf{ft\ "7; V c' **\ ' ^lC : on donna or<lre qu'une partie
s'arrêtât à Narni , & l'autre à Interamna. Il en nomme
{Annal. I. 1, c. 70,) les habitans Interamnates. Ils
soppoferent au defiein que l'on avoit de partager la
rivière du Nar , aujourd'hui la Nera , & de la faire
couler dans les campagnes par des coupures. C'eft à
caulé de cette rivière que , pour diftinguer cette ville
des autres de même nom, Pline nomme fes habitans
J07
Interamnates , furnommés NaRTES. Le nom moderne
eft Terni.
Ce nom , comme Varron le remarque , fignifie un
lieu enrermé dans une ou plufieurs rivières. Oppidum
Interamna, quod inter amnes ejl conjlitutum. Cela con-
vient à toutes les villes de ce nom.
2. INTERAMNA, ville d'Italie , au pays des Vols-
ques , auprès du confluent des fleuves Liris &c Cafinus,
félon Strabon , /. 5 , p. 227 & 237 , c'eft-à-dire du Ga-
riglan & du Sacco. Ce nom moderne a beaucoup de
rapport avec le furnom que Pline donne aux Inter-
mananes , habitans de cette ville ; Interamnates Suc-
cajîni qui & Urinâtes vocantur ; & il y a bien de l'ap-
parence que ces deux furnoms venoient des deux riviè-
res , au confluent delqueftes ce lieu étoit fitué. Quoiqu'il
foit très-probable que c'étoit le lieu nommé aujourd'hui
Ylfolcta ; Holftenius aime mieux croire que c'eft TORRE
di Termine.
3. INTERAMNA, ville d'Italie, au pays des Pra>
gutiens ou Prsetutiens. C'eft préfentement Teramo.
Ptolomée écrit Interamnia. * Ptolom. 1. 3 , c. I.
4. INTERAMNA , ou
1. INTERAMNIS , nom latin d'Entraigues , félon
De Thou. Par la même analogie il nomme Balzac, fieur
d'Entraigues , Interamnas Bal{acus.
2. INTERAMNIS, nom latin d'Antrain , ville de
France, au Donziois. Voyez Entrain. Cette ville eft
nommée dans l'Hiftoire des évêques d'Auxerre Intera-
nis, par corruption. Robert d'Auxerre, dans fa Chroni-
que , la nomme de même Interannus , quand il dit que
Peregrinus vint du tems de Valérien à Auxerre qu'il
nomme Autricum ; qu'y ayant élevé une petite églife ,
& détruit toute la fuperftition payenne , il fe rendit à
Entrain , Interranum , où tous les Gentils couroient en
foule , pour célébrer les fêtes de Jupiter.
3. INTERAMNIS, nom latin d'une ville & d'une
abbaye de Bretagne , nommées Antrain. Voyez An-
train 1. Les Annales de S. Bertin, en font meution,
ad ann. 863 , & portent que le roi Charles fe rendit
au Mans , & de-là s'avança jusqu'à un monaftere, quod
Interamnis dicitur , où Salomon , duc de Bretagne , ac-
compagné de tous les grands de fa cour, le vint trouver.
INTERAMNIUM Flavium , ancienne ville d'Es-
pagne. Antonin , Itin. la met fur la route de Brague à
Aftorga , à xxx. M. P. de la dernière. Ptolomée en
parle auffi , &C met Interamnium Flavium auprès de Ber,
gidum , auffi-bien qu'Antonin qui ne met entr'elles que
XX. M. P. de diftance. Mais Ptolomée place cette. In-
teramnium Flavium près d'un autre Interamnium , qu'il
nomme Amplement , & qui étoit différente de la pre-
mière. Ses interprètes difentqu' Interamnium , eft pré-
fentement PONFERRADA , ck Interamnium Fla-iium
Flente Encelada.
INTERANIESIA, 'h-nfatmna. , ancienne ville d'Es-
pagne , dans la Lufitanie, félon Phleeon , de Longtevis,
c. 1. Ortélius croit que ce mot eft corrompu. Le père
Hardouin croit, au contraire , qu'il eft bien, & que cette
ville eft la même dont les habitans (ont nommés In-
teranmenses par Pline , /. 4 , c. 22. Il eft vrai que les
éditions ordinaires portent Interausenses , & Ortélius
n'a pas lu autrement , mais plufieurs manuscrits portent
lnter ansejjes ; & une inscription au Recueil de Gruter,
p. 162, fait connoître qu'il faut lire dans Pline Interan-
nienses , comme dans l'inscription.
INTERANNIENSES. > ., .... , ,,
INTERAUSENSES. J Voyez l art,cle Pre«dent.
INTER BROMIUM, lieu d'Italie. Antonin le met
fur la terre de Rome à Hadria , &£ compte ainfi les
diftances,
Cerfinia,
Corfinium, XVII. M. P.
Interbromium , XI. M. P.
Theate Maruunum , XVII. M. P.
Hadriam , XIV. M. P.
La Table de Peutinger le nomme lnterprîmum. C'étoit
un village dont on ne fait rien autre chofe.
1. INTERCATIA , ancienne ville d'Espagne. Pto-
lomée la met chez Jes Vaccéens. L'Epitome du 48e livre
Tome III, S H ij
jo8 INT
de Tite-Live raconte comme tous les peuples de la
Celtibérie fembloient insulter à Claudius Marcellus, fon
fucceffeur L. Lucullus dompta les Vaccéens & les
Cantabres, nations Espagnoles , que l'on ne connoif-
foit pas auparavant. Là, poursuit-il, P. Cornélius l'Afri-
cain , Scipion jEmilien , fils de Paulus , petit - fils par
adoption de Scipion l'Africain , n'étant que tribun des
foldats , tua un barbare qui défioit les Romains au com-
bat ; Se il courut un plus grand danger à l'attaque d'In-
tercatia, car il fauta le premier fur la muraille. Aureiius
Viftor , de Vins illujl. parlant de Scipion jEmilien, dit
qu'il vainquit en combat fingulier un guerrier auprès de
la ville d'Intercatia. On voit dans le Recueil de Gru-
ter, p. 324, n. 10 , une inscription qui porte Modejlus,
Inurcat. Ex G enté WaccxorumUxoriP'untiJJîmx. C'eft
la même qu'Antonin met fur la route d'Aftorga à Sarra-
eoce.
Mûrit,,
Brigacûm, XL. M. P.
Intercatiam , XX. M. P.
2. INTERCATIA , autre ville d'Espagne , au pays
des Orniaqnes, félon Ptolomée , /. 2 , c. 6. Cet auteur
diftingue cette ville de celles des Vaccéens', par la dif-
férente pofition qu'il leur donne,
INY
Orniacorum
Intercatia ,
Vaccmorum
Intercatia ,
Longit. Latit.
1 d. 10'. 44 d. I?'-
10 15'. 43 16'.
Pline parle deux fois des Intercatiens ; l'une , /. 3 , c. 3,
en nommant les dix-huit peuples compris fous les Vac-
céens ; l'autre , /. 37, c. I , à l'occafion d'un cachet où
le combat fingulier de Scipion étoit gravé ; &C par con-
féquent c'eft la même Intercatia. Le P. Hardouin la
met dans l'Espagne citérieure , Ortelius de même. Cela
ne doit pas s'entendre de l'Espagne citérieure, par rap-
port à l'Ebre , mais par rapport à une autre divifion
qui mettoit fept grands départemens , ou rendez - vous
juridiques , avec tous leurs peuples , dans l'Espagne ci-
térieure, quoique plufieurs fuffent bien au-delà de l'Ebre.
Voyez Pline au livre III, c. 3.
INTERCISA , ancien lieu de la baffe Pannonie. An-
tonin , Itiner. la met à moitié chemin , entre Luffu-
nium & Anamatia, à XII. M. P. de l'une & de l'autre.
La Notice de l'Empire , fecl. 57, y met en garnifon une
brigade de cavalerie Dalmate , Cuneus equitum Dalma-
tarum Intercifœ. On vient de voir qa'Intercifa & Luf-
funium étoient à XII. M. P. de diftance l'une de l'au-
tre. Cependant la Notice met immédiatement après une
garnifon différente à Luffbnium , qui eft à préfent In-
tercifa. Cuneus equitum Conjlantianorum LuJJonio nunc
Intercifa. L'une & l'autre garnifon étoit du département
de la Valérie Ripense. Simlerditque c'eft présentement
Rachzicewi, village deStirie, aux confins de la Hon-
grie-
INTERDOCO ; quelques-uns le nomment Anter-
DOCO , bourg d'Italie , au royaume de Naples , dans
l'Abruzze ultérieure , dans un détour que forme la ri-
vière de Velino, pour fe rendre à Rieti au levant , &
à quatorze milles de cette ville, au couchant d'été , &C
à dix milles & demi d'Aquila , félon Collenutius qui a
écrit l'Hiftoire de Naples : c'eft l'ancienne Intero-
cre a. Voyez ce mot.
INTER DUOS LUCOS, c'eft-à-dire entre deux bois,
lieu particulier de la ville de Rome. C'eft-là , dit Tite-
Live , /. 1 , c. 8 , que Romulus ouvrit un afyle. Denys
d'Halicarnaffe ,' /. 2 , c. 1.5 , dit : il fit une place qui re-
tient aujourd'hui le nom des deux chênaies qu'elle por-
toit autrefois , parce que les deux extrémités , qui joi-
gnoient les deux collines, étoient couvertes d'un bois fort
épais.
INTERFRURINI : ancien peuple de l'Illyrie , félon
Appien , in Illyr.
IN TERIEUR : ce nom fe donne en géographie par
oppofition au mot extérieur. Ainfi nous difons l'inté-
rieur du pays , pour lignifier les parties qui vont en s'é-
loignant de la mer ou des frontières. Dans ce fens les
anciens ont appelle la Libye intérieure . cette partie de
la Nigritie , qui eft vers le centre de '"Afrique. Ils ont
appelle de même mer intérieure la Mé^'erranée , qui
s'enfonce dans les terres ; & mer extérieure , l'Océan qui
lave , pour ainfi dire , les dehors du contin.ut que nous
habitons.
INTEROCREA , ou
INTEROCRiUM, ancienne ville d'Italie. Strabori,
/. 5 , p. 228 , parlant des Sabins , dit : ils ont peu de
villes : encore font-elles fort endommagées par les guer-
res continuelles; Amiternum, Reate, Imerocrea qui en
eft proche, &c. Antonin traçant la route de Rome à
Atri met ainfi,
Reate,
Cutdias, XVIII. M. P.
Interoaium , VI. M. P.
Falacrinum, XVI. M. P.
Cen'eft que l'édition latine deS'rabon, qui s'exprime
fi nettement ; car le grec de l'édition d'Amfterdam 1707,
de laquelle je me fers, eft très-imparfait en cet endroit;
& je n'y trouve point ces mots que cite Cluvier, ItaL
Ant. p. 687 , W(M 'hrifoy.fia. , par lesquels Interocrea
ne feroit mis que pour un village. Il eft marqué fur la
Table de Peutinger , comme une ville importante. Clu-
vier donne pour noms moiernes, Interdoio , Inter*
doco , Anterdoio , Anteraoco , Antredoio & Antre-
doco.
INTESTINUM Mare ; quelques auteurs ont ainfi
nommé en latin la mer Méditerranée.
INTIBILI. Voyez Indibili.
INTIMELIUM. Voyez Imtemelium.
INT-SAND. Voyez Sablones.
INTUERGI, 'i>1aEp>o/, ancien peuple de la grande
Germanie, félon Ptolomée, /. 2 , c. 11. Peucer les met
dans le Palatinat, aux environs de Heidelberg.
INUCENSIS. Ortelius nomme ainfi un fiége épisco-
pal d'Afrique, & cite la Conférence de Carthage. Voyez
Unuca.
INVERLOTHE. Vovez Innerloth.
INVERNES. Voyez Ïnnerness.
INVERLOCHY, ville d'Ecoffe. Voyez Inner-
loth.
INUICASTRUM. Voyez l'article Castrum Inui,'
au mot Castrum.
INUS , petit étang du Péloponnèfe , dans la Laco-
nie, félon Paufanias , /. 3 , c. 23 , qui dit qu'il étoit près
d'Epidaure , furnommée Limera. Son nom n'eft autre
chofe que le génitif d'iNO ; & aux fêtes de cette maî-
treffe de Jupiter , on y faiibit des cérémonies fuperfti-
tieufes.
1NUTRIUM, ancienne ville de la Vindélicie , félon
Ptolomée, /. 2, c. 13. Aventin dans fon Hiftoire de
Bavière , /. r , p. 58 , croit que c'eft préfentement Mit-
tenwald, village de Bavière , en -deçà des Alpes, peu
éloigné de la fburce de l'Ifer. Il en parle , /. 3 , p. 1 50,
comme d'une place qui avoit été forte.
INXUI , fortereffe de la Chine , dans la province de
Queicheu , au département de Chinyven , quatrième
métropole de la province. Elle eft plus occidentale que
Pékin de 9 d. 10', par les 27 d. 34' de latitude. * Atlas
Sinenfis.
INYCTUM ; c'eft ainfi qu'on lifoit dans Etienne le
Géographe. Cluvier , Sicil. Ant. 1. 1 , in fine , a fait
voir qu'il fallpit lire Inycum.
INYCUM , ancienne ville de Sicile , fur la rivière
d'Hypsa. Vibius Sèquefter , dans fa Lifte des rivières,
dit : Hypsa : fecundum Irecum urbem Hispanice decur-
rit gratam Herculi. C'eft un effet de l'ignorance des
copiftes , qui ont barbouillé cet auteur , rempli de mots
qu'ils n'entendoient pas. Il n'y a eu en Espagne , ni ri-
vière de Hypsa, ni ville, ni. bourg d'Irecon. Il doit y
avoir dans cet auteur Hypsa fecundum Inycum urbem
Sicania decurrit g. & alors tout: eft jufte. D'anciens
auteurs, comme Paufanias, ont dit qu'Inicum étoit la
réfidence de Cocale , roi des Sicaniens. Dédale , dit
cet auteur , in Achaïc. ayant été condamné parMinos,
pour une malverfation qui méritoit la mort , & s'étant
échappé de la prifon avec fon fils , fe fauva à Inicum ,
JOB
"ville des Sicaniens , chez Cocale, & fut le fujet d'une
guerre entre Minos , qui l'envoya réclamer , & le roi
qui refufa de le rendre. C'eft à caufe de cela que l'ab-
bréviateur d'Etienne dit au mot Kâ(4i>u>s , Camicus , ville
de Sicile , dans laquelle régna Cocale, hôte de Dédale.
Mais Charax prétend que c'étoit Inycum. Charax né
veut pas dire que Camicus & Inicum fuflent une même
ville ; mais il difoit que Cocale avoit fait fon féjour à
Inicum , au lieu que d'autres foutenoient que c'étoit à
Camicus. Hérodote , /. 6 ; dit Innicum au neutre , &
Inyx au féminin. Le paflage d'Etienne & un autre
d'Hefyche nous apprennent que le vin iïlnicum étoit
fort vanté. Cluvier avoue que le vin de Partanna eft en
réputation ; mais Partanna eft , félon lui , à deux mil-
les de l'Hypsa , aujourd'hui le Belici ; Se Inicum étoit
au bord de cette rivière. Par conséquent ce ne peut
être ni la Partanna d'aujourd'hui , ni la Pintia de Pto-
lomée, qui y convient encore moins. Mais Inycum était
fur le Bélice , de manière pourtant -que les environs de
Partanna étoient de fon territoire ; ce qui eft très-facile
à croire.
IN.YSSUS , ville d'Egypte , près du mont Cafius , fé-
lon Etienne le Géographe , qui cite pour garant Héro-
dote. Mais cet auteur , dit Ienyfus 'tiwms , en plufieurs
pafiages du troifiéme livre.
JO , "lu , c'eft- à-dire la lune , dit Suidas , ville fon-
dée par Inachus , roi d'Argos. Il ne dit pas où.
JOACHIMS-THAL ; c'eft-à-dire la vallée de S. Joa^
chim , ville & vallée du royaume de Bohême , dans le
cercle d'EUenbogen , joignant les frontières du Voigt-
land. Au commencement du feiziéme fiécle on y dé-
couvrit de riches mines d'argent; & l'an 15 19, ort
commença d'y frapper des écus d'argent , du poids d'une
once. D'un côté on y voyoit l'image de S. Joachim,
& fur le revers celle du comte Etienne de Schlick , qui
étoit alors feigneur de ce lieu. Comme cette monnoie
fe répandit dans toute l'Allemagne , on l'appella Jochims-
Thaler , c'eft-à-dire écus de la vallée de S. Joachim, &
en latin Joachimici nummi : par abbréviation on a dit
lhaler ; & ceux qui ont été frappés ensuite , félon les
loix monétaires de l'empire , ont été appelles reichs-
thaler, écus de l'empire, que les François nomment
par corruption Risdale. * Mém. comm.
JOAL ou Joalla, (fort de) fort fur la côte occi-
dentale d'Afrique , au midi de 1 ifle de Goerée , fur la
rivière nommée rio de la Gracia, qui fépare les royau-
mes de Joalla 8c de Portudal. Les François y ont un
fort bon comptoir. Le chemin du fort à Rufisque eft
afl'ez commode par terre , à travers les villages qui bor-
dent la côte. Le commerce s'y fait en esclaves , cuirs ,
dents d'éléphans & cire.
JOANES. (l'ifle de) Voyez Marayo.
JOANNINA. Corneille dit , ville d'Epire , avec un
port d'eau douce : Chalcondyle la prend pour Cafliope,
& la met en Etolie ; mais peu de personnes font de fon
opinion. Corneille confond bien des chofes dans ce peu
de lignes. Il y a eu trois Caffiopes très-remarquables;
deux étoient des ports de mer , & pas une des deux
n'eft la Janina , qui eft loin de la mer. Voyez Cas-
siopé 3. & Jannina.
JOANNIPOLIS. Voyez Parastalaba.
JOAR , ville d'Afrique , dans le royaume de Burfali ,
à deux milles au nord de la rivière de Gambra , dont
elle eft féparée par une plaine très-agréable , de la, lar-
geur d'un mille , & de-là , par une crique fort étroite
qui a la même étendue jusqu'au port de Kover. La ri-
vière de Gambra n'a pas de ville où le commerce foit
plus floriflant qu'à Joar. Auffi lesAnglois n'y ont-ils pas
de meilleur comptoir ; c'eft- là que les marchands Man-
dingos viennent de Galom & de Tombut. Labat appelle
cette ville Guiocher. * Voyage de Moore. Carte de Jean-
Léach, 1732.
JOB , fontaine de l'Idumée. Ifidore, cité parOrtélius,
dit qu'elle change de couleur quatre fois l'an, & qu'elle
eft fucceffivement bourbeufe, de couleur de fang, verte
& limpide.
JOBACCHI, 'IoCaV-yoi , peuple d'Afrique, dans la
Marmarique, félon Ptoïomée. Ils étoient .voifins des
Anagombres & des Ruadites.
JOBAB : Moïfe nomme ainfi un des fils de Jeftan,
JOD y©9
(Genef. c. io, v. 29,) tk dit pofitivëmenf. qu'ils habi-
taient tous entre Méfia & Sephar , montagne orientale-,
Bochart, (Phaleg. 1. 2., c. 29,) observe que Jcbabi,
3tO> en arabe lignifie un défert , tel qu'eft celui de là
côte du golfe Sachalite , où Ptoïomée place un peuplé
qu'il nomme Jobarita ; au lieu de quoi il faut lire Jobar-
b'uce. Il a été facile à des copiftei ignorans "de mettre
un P pour un B c le même Bochart prend Mcjja pour
Mufa ou Mu{a -, port de la mer Rouge , où Pline , /. 6 j
c. 23 , dit que les marchands alloient acheter de l'en-
cens & des parfums d'Arabie;
JOBANUS : le livre des Limites nommé ainfi une
ancienne bourgade d'Italie , dans le pays des Samnitesj
félon Ortéiius, Thcfaur.
JOBARITjE , \u£,<tfn& , ancien peuple de l'Arabie
heureufe , félon Ptoïomée , /. 6 , c. y. Voyez l'article
Jobab. Ils étoient voifins des Sachalites.
JOBULA , ancienne ville d'Ane, dans l'Albanie, felori
Ptoïomée, /. 5 , c. 12.
JOCAPATA. Corneille décrit, fous ce nom, une ville
de Paleftine ; & cite du Verdier. Il devoit écrire Jo-
tapaTa. Voyez ce mot.
JOCELIN ou Josselin, petite ville de France ; en
Bretagne , dans l'évêché de S. Malo , aux confins dé
l'évêché de Vannes j fur un ruiffeau qui tombe d'ans
l'Ouft, entre la Trinité, Ploèrmel, Maleftroit, Loc-
miné&t la Chéze. Cette ville-, quoique petite, envoie
{es députés aux états de Bretagne. * Vaugondy , Atlas;
1. JOCUNDIACUM^ village de France, en Toû^
taine , près de Tours. Grégoire de Tours dit, dans fori
Hiftoire, /. 5, c. 14, en parlant de Merouée &: dé
GuntchramneBofon , qui s'étoient réfugiés dans l'églifé
de S. Martin de Tours , qu'étant fottis de la bafilique ,
ils s'en allèrent à la maifon de Jocundiacum , ad Jocun-
diacenfem domum , qui étoit près de la ville avec des
chiens (k deséperviers pour y chafTer. De Valois, Notit:
Gall. dit que le nom moderne eft Jouay fur le Cher j
près de Tours.
2. JOCUNDIACUM palatiùm, ancienne maifofi
des rois de France , dans le territoire de Limoges ; un
auteur contemporain de Louis le Débonnaire , dont il à
écrit les Annales , écrit ce nom Andiacum dans un pas-
fage , ad ann, 796 , mais c'eft en l'eftropiant ; car , ad
ann.8^1, il dit Jocundiacum. Il dit que c'étoit une
des quatre maifons royales, où Louis, alors roi d'Aqui-
taire , alloit palier l'byver. Ce même lieu eft nommé
Jogundum palatiùm, dans la Vie de S. Genoul. Le nom
moderne eft Joac.
JOCURA , félon quelques exemplaires de Ptoloméej
/. 5, c. 19; les manuscrits portent Jucara , 'ln^â^., an-
cienne ville de l'Arabie déferte.
JODO, ville du Japon, dans l'ifle de Niphon, fur
la route d'Ofacca à Méaco. Quoique petite , elle eft cé-
lèbre, eft entourée d'eau, & a outre cela plufieurs ca-
naux qui coupent la ville , & qui font dérivés de la ri-
vière qui l'entoure. Les fauxbôurgs confiftent en une rue
longue , par laquelle on arrive à un magnifique pont de
bois , nommé Jodo Obas. Il a quatre cents pas de lon-
gueur , &C eft fupporté par quarante arches ausquelles
répond un pareil nombre de baluftrades ornées au haut
avec des boules de cuivre jaune. Au bout du pont il y
a une porte fimple , bien gardée, par où l'on entre dans
la ville. Elle eft agréable &c commodément fituée : elle
a des maifons bien bâties ; lé peu de rues qui fe coupent
l'une l'autre font à angles droits , & vont les unes à l'eft
& les autres au fud. Il y a un grand nombre d'artifans
& d'ouvriers à Jodo. Au côté occidental de la ville eft
le château , bâti de briques au milieu de la rivière. Il à
à chaque angle des tours magnifiques , qui ont plufieurs
étages , de même qu'au milieu des murs ; ce qui donne
un aspect agréable à tout le bâtiment. La place qui eft
devant le château , eft fermée par une forte muraille de
briques , qui va jusques dans la ville. Ce château eft la
demeure du prince Fondaifiono; De l'autre côté de la
ville eft un pont de deux cents pas de long , foutenu
par vingt arches ; il mené à un autre fauxbourg , au bout
duquel il y a un bon corps-de-garde. * Kcempfer, Hift.
du Japon , /. <j , t. 2 , p. 192.
JODOGAWA , rivière du Japon , dans l'ifle de Ni-
phon ; elle a fon embouchure dans le golfe d'Ofacca ,
JOI
510
Se coule à Jodo , dont elle porte le nom ; le fien ne
fignific autre chofe que rivière d'Iodo. Allez près de cette
rivière eft Udfd, gros village ou petite ville ouverte,
célèbre dans tout le Japon, parce qu'elle produit le meil-
leur thé , qui , à caufe de fa bonté , eft envoyé à Iédo,
pour l'ufage propre de l'empereur.
JOESW'OE, (prononcez lOUSWOU,) ville de la
Chine, & la huitième du département de Pékin, furie
bord du canal nommé ChaoUang , à cent quatre-vingt
lis de Tiencin. Elle a une demi - heure de circuit ,
eft fortifiée & bien peuplée ; il y a un bureau où les bar-
ques payent en paffant & en repartant. C'eft ce qu'en
dit Niewhove , dans fa Relation de Pambaffade des
Hollandois à la Chine, p. 138. Le P. Martini n'en dit
rien dans fon Atlas Chinois.
JOGANA , ancienne ville de l'ifle de Taprobane,
félon Ptolomée, /. 7, c. 4. Elle étoit vers le nord de
Pille.
JOHANINORUM Episcopus. C'eft le titre latin
que donnent certains aift.es Se raonumens hiftonques à
Févêque de la Janlna.
JOHANSBERG ou plutôt Johansburg , ville de Po-
logne, dans la Sudavie, canton de la Pruffe ducale, fur
la rivière de Pysch , allez près du lac de Spirding. Cette
ville , qui a une affez bonne citadelle , eft nommée
Pysch , par les Polonois , du nom de la rivière qui l'ar-
rofe. *Ant. Cellarius, Nov. Descr. Polon. p. 552.
JÔIGNI, ville de France, en Champagne, au dio-
cèfedeSens , à fept lieues de Sens, & àfix d Auxerre ,
fur le rivage droit de la rivière d'Ionne. Quelques mo-
dernes , zélés pour remonter , le plus haut qu'ils peu-
vent, l'antiquité de cette ville, ont effayé d'en faire ve-
nir l'étymologie des Ioniens , peuples de PAfie mineure,
qui auroient donné leur nom à la rivière & à la ville ;
enforte qu'elle auroit d'abord été appellée lonium , &c
que ce ne feroit que par corruption qu'elle auroit été
dite par la fuite Joviniacum. Il fufEt,pour détruire ces rê-
veries, de faire attention que jamais le nom de la rivière
d'Ionne n'a étélonœ ou lunia ; mais Icauna ou Icaune ;
les auteurs du cinquième fiécle lui donnent ce nom; &
on trouve encore à Auxerre une inscription du fécond
ou troifieme fiécle , où cette rivière déifiée eft dite au
daûfDeœ Icaunï. La plus haute antiquité dont on puifTe
flatter la ville de Joigny , eft de la croire dans le lieu
où , à -peu -près , étoit placé le Bandritum des ta-
bles Théodofiennes, dites dePtuùnger. Si ce Bandri-
tum n'étoit pas une ville , c'étoit au moins un château
peu éloigné du rivage de Pionne , dans le voifinage de
Saint-Aubin , & peut-être celui dont il refte des vefliges
dans les bois de ce côté-là. Les favans croient que le
nom de Joviniacum donné à cette ancienne feigneurie,
vient de Jovin , préfet de la milice Romaine dans les
Gaules , fous les enfans de l'empereur Conftantin. Ce
nom eft employé par la Chronique de S. Pierre-le-Vif,
de Sens , lorsqu'elle parle du château que Rainard, comte
de Sens, y fit bâtir, vers la fin du dixième fiécle, fur un
fond, qui appartenoit à l'abbaye de Notre-Dame de Sens,
Spicil. t. a, p. 757. Tous les anciens auteurs & les titres
exacts fe fervent du même terme. En 1075 ' une partie
des reliques de S. Thibaud, apportées d'Italie par Ar-
nou , abbé de fainte Colombe de Sens , y refta une
nuit. L'hiftorien , contemporain à cette tranllation, mar-
que que ce Joviniacum eft fitué en Bourgogne ; & le
P. Mabillon, Sac. Bened. VI, part. 2, p. 178, dit que
c'eft Joigny, ad Icaunum fluvium. Geoffroy d'Auxerre,
disciple de S. Bernard , rapporte dans la Vie de ce
faint , /. 2 , c. 7 , que ce faint abbé y guérit une femme
aveugle. Il l'appelle auffi Cajlrum Joviniacum. Geoffroy,
qui en étoit comte , vêts l'an 1060 ou 1070, donna à
Girard, prieur de la Charité-fur-Ldire , la chapelle di
S. George , pour y établir un monaftere qui eft aujou-
d'hui le prieuré de Notre-Dame. Le Di5tionnaire uni-
versel de la France observe qu'il y a trois paroiffes dans
cette ville , fans les nommer, & ajoute que la principale
églife eft affez belle. Ces trois paroiffes font S. André,
S. Jean &c S. Thibauld. La féconde eft celle où l'on re-
marque une voûte bien ouvragée ; c'eft la paroiffe du
château. La fituation de Joigni , ajoûte-t-il , eft fur la
descente d'un coteau, qui la rend d'affiette naturellement
forte , à quoi l'art a beaucoup contribué , puisqu'elle eft
JOI
fermée de murailles épaiffes , que défendent de greffes
tours rondes , très-bien bâties ; l'auteur de cette remar-
que n'a , fans doute , entendu ici parler que des tours
qui font aux portes. Il y a à Joigny un beau château
qui n'a point été achevé , & un pont de pierre refait
depuis quelques années ; au bout méridional de ce pont,
elt l'ancien hôpital bâti par les comtes. 11 y en a un au-
tre nouveau clans la ville , ck les religieufes de la con-
grégation de N. D. Hors la ville, fur la route de Sens,
eft un couvent de Capucins , au bas de la côte S. Jac-
ques, dont les vins lont eftimés ; on peut voirie même
Dictionnaire touchant le territoire de Joigny. Le comte
Jean affranchit, en 1300, tous les habitans, moyennant
de grofles fommes. Il y a à l'orient , hors les murs de
Joigny, un canton qu'on nomme Joigni-la-Vil/e ; c'eft
ce qui a fait croire à quelques-uns que la ville de Joigni
avoit d abord été en ce lieu. Cette erreur vient de ce
que l'on n'a pas fait reflexion que c'eft par oppofition
à Joigni-le- Château, que les habitans de ce canton fe
difoient Joigni-la-Ville , comme on dit Mailly-le-Châ-
teau,& Mailly-la-Ville ; Joui-le-Château,ck Joui la-Villç :
ville en cette occafion fignifioit feulement villa, ck non
pas urbs'xn oppidum. Albér-ic , moine des Trois-Fontai-
nes , dit dans fa Chronique, à l'année 1055, qu'en ce
tems-dà le comte de Braine-fur-Aube, étoit Èngelbert,
qui époufa la comteffe de Joigni , comitiffam Jcviniaci,
laquelle avoit une fille unique ; que, par l'adrefie d'En-
gelotrt , la demoiiellc; fut mariée à un brave cavalier
nommé Etienne des Vaux, auprès de l'abbaye de S. Ur-
bain ; qu'Etienne , après la mort de la comteffe , fut
comte de Joigni , (k fut le premier qui bâtit le château
de Joinville; {Cajlrum de Jove-VdU , & qu'enfin cet
Etienne eut un fils nommé Gavfrid ou Geoffroi , qui
fut comte de Joigni , & fécond feigneur de Joinville.
Ainfi ces deux titits furent unis , appattenant à la même
personne. Cet auteur, au efte, fie dit point, comme De
Longuerue , Description de la France , part. 1 , p. 34 ,
qui le cite , qu'Etienne avoit de grandes terres en Cham-
pagne , ni que le nom latin de Joinville fo'itJoignivilla,
& ait été donné à ce château , à caufe qu'il a été bâti
par un comte de Joigni. Le moine Albéfic dit bien
formellement , qu'un comte de Joigni bâtit le premier
château de Joinville, qu'il nomme Cajlrum de Jovevilla.
* Notes de Le Beuf, chanoine d'Auxerre. Leibniti,
Acceff. Hift. t.i,p. 92.
Ce comté & cette feigneurie demeurèrent ainfi dans
la même maifon, jusqu'à l'an 1 110. Geoffroi , comte de
Joigni & feigneut de Joinville , laiffa deux fils qui fé-
parerent ces biens. Reinant eut le comté de Joigni ; &
Roger fut feigneur de Joinville.
Le comté de Joigni étant venu à la maifon de Sainte-
Maure , Charles de Sainte-Maure, comte de Joigni &
marquis de Nesle , étant mort fans poftérité, l'an 1 576,
il eut pour héritier fon coufin germain Jean de Laval,
fils deLouifede Sainte-Maure, tante de ce marquis. Jean
de Laval eut pour héritier fon fils Gui de Laval , qui
étant mort fans en tans , l'an 1590, eut pour héritier
fon coufin germain René de Laval-aux-Epaules , qui
fut marquis de Nèfle ; mais la terre de Joigni fut acquife
par le cardinal Pierre de Gondi , frère du maréchal de
Retz , duquel descendoit la-ducheffe douairière de Les-
diguieres , comteffe de Joigni , morte en 1716 ; c'eft le
duc de Villeroi , qui en a hérité.
JOINVILLE , ville de France, en Champagne, dans
le Vallage , contrée ainfi nommée à caufe des vallées
dont elle eft remplie , Se dont elle eft le chef- lieu ,
fur la Marne, à fix lieues de S. Dizier en remontant,
au pied d'une haute montagne , fur l'angle de laquelle
eft un gtand ck magnifique château , où les ducs de
Guife, princes de Joinville , de la maifon de Lorraine ,
venoient affez fouvent dans la belle faifon. Ce fut dans
ce château, (fi nous en croyons Belleforêt & du Chêne,)
qu'en l'année 15.87, fut conclue cette fameufe Ligue, qui
fit tant de bruit dans la fuite.
Cette ville eft , dit-on , auffi ancienne que le dieu Ja-
nus ; ce qui lui a fait donner, par quelques-uns, le nom
de Jani- Villa , d'autres ont cru qu'elle étoit redevable
de fa fondation àjunon, ck, à caufe de cela, l'ont nom-
mée Junonis Villa ou Junopolis. Enfin d'autres mar-
quent le tems qu'elle a été bâtie , dans un iiécle bien plus
JOK
JON
proche de celui où nous vivons , & attribuent fa fon-
dation à Etienne de Broyés, feigneur Champenois, qui
vivoit dans l'onzième fiécie, &c qui avoit fait bâtir, (à
ce qu'ils afTurent, ) ce château en l'année iooo. Ils di-
feiu que l'avantage de fa fituation artira des habitans au
pied de la montagne , où il fe forma un bourg , que l'on
dit avoir été fermé- de murailles par les ordres du roi ,
Louis le Gros ; & que dans la fuite ce bourg eft devenu
une ville d'une affez raifonnable étendue : c'a étélefen-
timent du cardinal de Lorraine. Ce prince, qui avoit
pris naiffance en ce château, l'a nommé Joannis-Villa,
comme il fe voit dans les Bulles ÔC Chartres , qu'il a ob-
tenues en faveur de Joinville ; mais , fans vouloir com-
battre le iéntimentd'un fi grand homme, il femble que
l'opinion la mieux fondée eft celle de ceux qui en don-
nent l'établiffement à Jovin , colonel général de la ca-
valerie & de l'infanterie Romaine , fk lieutenant de Va-
lentinien, empereur d'Occident , (dont nous avons parlé
dans la Description de la ville de Reims,) qui fit bâtir
en cet endroit, l'an 369, une tour ou forterefle à la-
quelle il donna fon nom , & de laquelle on voit en-
core aujourd'hui les ruines ; ce qui a fait que plufieurs
auteurs lui ont donné le nom de Jovini-Villa. Et quoi-
que les habitans du pays croient, par tradition , que l'é-
glife de Notre -Dame de Joinville a été autrefois con-
sacrée à Jupiter, & qu'ils appellent à caufe de cela, cette
ville Jovis- Villa , il y a néanmoins apparence que l'on
a confondu ces deux noms de Jovin &L de Jupiter, qui
a au génitif Jovis , ik que cette églife avoit été vérita-
blement consacrée à l'honneur de Jovin même , que
S. Keiny qualifie faint dans fon teftament, & dont on
voit la ftatue & celle de fa femme au grand portail,
avec les omemens impériaux , dont il fut honoré , fui-
vant le fentiment de plufieurs auteurs. Quoi qu'il en foit,
Joinville fut une ancienne baronnie , érigée par Eufta-
che de Boulogne , qui époufa Ida , fceur de Godefroy de
Boulogne.
Je ne fuivrai point les longs détails de Baugier , je
patte tout d'un coup à GeofFroi II. J'ai dit , dans l'ar-
ticle précédent , qu'il eut deux fils , Reinaut qui fut
comte de Joigni ; & Roger qui fut feigneur de Join-
ville , après la mort de GeofFroi II, arrivée en 1100,
Roger mourut en 1 130 ; GeofFroi III , fon fils , fénécha!
de Champagne, fut père de Géofroi IV,auffi fenéchal de
Champagne ; fes autres fucceffeurs furent Simon , &
enfuite Jean , connu fous le nom de fire de Joinville,
de qui nous ayons une hiftoire de S. Louis ; il vivoit
en 1206, &c mourut l'an 13 18; fon fils Anceau de
Joinville & de Rinel , fenéchal de Champagne, époufa
en fécondes noces Marguerite de Vaudemont. De ce
mariage vint Henri , fire de Joinville , comte de Vau-
demont & fenéchal de Champagne , qui ne laiffa que
deux filles. L'aînée , nommée Marguerite , époufa Ferri
de Lorraine , feigneur de Guife , fils puîné de Charles ,
duc de Lorraine. Ferri fut tué à la bataille d'Azin court,
& laiffa un fils, Antoine, comte de Vaudemont , &
fire de Joinville, qui fut père de Ferri II: ce dernier
eut pour fils René , qui fut duc de Lorraine par fa mère.
Le duc René eut entr' autres enfans Claude , duc de
Guife, qui fut père de François , auffi duc de Guife,
pour lequel Henri II, roi de France, érigea la feigneu-
xie de Joinville en principauté , par lettres vérifiées au
parlement, le 9 Mai 1551. François laiffa cette princi-
pauté à fon fils Henri, tué à Blois l'an 1588. Claude
de Lorraine , troifiéme fils de Henri , eut cette terre en
partage ; & ayant été contraint de la vendre , pour
payer fes dettes , elle fut achetée par le cardinal de
Joyeufe , qui la donna en dot à fa nièce Henriette-Ca-
therine , lorsqu'elle époufa Charles , duc de Guife, frère
aîné de Claude , prince de Joinville , qui porta le titre
de Cheuvreufe , après la vente de fa principauté. Mais
Joinville étant un propre de la ducheffe de Guife , eft
retourné à mademoifelle de Montpenfier, fa petite-fille,
après la mort de la demoifelle de Guife , arrivée l'an
ï688. Cette princeffe de Montpenfier, ayant donné,
par teftament, tous les biens qui lui reftoient, à Phi-
lippe , fils de France , duc d'Orléans , la principauté
de Joinville eft préfentement poffedée par le duc d'Or-
léans.
JOKAITZ, ville du Japon, dans l'ifle de Niphon ,
fur la route de Miaco à Fammamatz , à deux lieues de
SIX
Tfitfuki , Se à trois de Quano. Elle renferme environ
mille maifons. Elle a plufieurs bonnes hôtelleries ; car
les habitans font obligés de gagner leur vie , en partie
parle moyen des allans & des venans , & en partie
par ce qu'ils tirent de la mer voifine , qui baigne les
côtes méridionales , & fur laquelle la ville eft" fituée.
Elle leur fournit du poiffon, des cancres, des herbes ma-
rines & des chofes femblables. * Kœmpfer , Hiftoire du
Japon , /. 5 , t. 2 , pi 206.
JOKULS-AA , rivière d'Iflande, dans fa partie fep-
tentrionale. Elle coule dans le quartier de Reikiahverfi ,
& fe jette dans le golfe d'Oxar, felonThéodoreThor-
lac , Iflandois. * Baudrani, éd. 1705.
JOL , ancienne^ ville de la Mauritanie. On la nom-
moii auffi CÉSARÉE ; & c'eft la huitième ville de ce
nom dans ce Dictionnaire.
ÎOLAENSES. Strabon , parlant des incommodités
de l'ifle de Sardaigne , dit qu'elle étoit fouveftt ravagée
par les montagnards appelles Diagebres , nommés
anciennement Jola^nses. On raconte , dit ce géogra-
phe , /. 5 , p. 225 , qu'Iolaùs y amena quelques fils d'Her-
cule , qui habitèrent avec les Barbares , qui cultivoient
l'ifle. Ils fe retirèrent, fans doute, dans les montagnes,
après la conquête de l'ifle par les Carthaginois , Se
fubfifterent encore fous les Romains , qui enlevèrent
l'ifle à ces Africains. Strabon remarque que cet Iolaùs ,
ck ceux qui le fuivoient , étoient Tyrrhéniens.
IOLAI LUCUS ou le bois d'Iolaùs , bois de Gerce,
dans la Béotie, près de Thèbes, félon Arrien. Alexan-
dre y vint camper venant d'Oncheftos.
JOLCITIS : l'interprète d'Apollonius nomme ainfi
l'Eftiotide.
IOLCOS, ancienne ville de Grèce, dans la Magnéfie,
félon Pline, /. 4 , c. 9. S'rabon, /. 9, p. 436, dit
qu'elle étoit à fept ftades, c'eft-à-dire environ un quart
de lieue de Démétriade. Il ajoute qu'il y avoit déjà
long-tems qu'elle avoit é:é démolie. Pline, l.j , c. 57,
observe que ce fut à Iolcos qu'Acafte inventa les jeux
funèbres. Elle étoit maritime; & Tite-Live, /. 44 ,
c. 13 , parle d'une flotie qui y aborda. Homère la
nomme Idolcus , dans le fécond livre de l'Iliade.
IOLCUS, ville de Grèce-, dans la Moloffide, félon
Athénée, L il. Ortélius n'ofe aflurer que ce foit là
même que ï'Iolckos de Magnéfie.
JOLUM , montagne de Macédoine , dans la Perrhé-
bie , lelon Etienne le Géographe.
JOLYSÎTjE , ancien peuple de l'A abie heureufe ,
félon Ptolomée, /. 6 , c. 7: ils étoient au nord des Ca-
tanites.
JOMANES, rivière des Indes. Pline, 1.6, c. 19,
dit : la rivière de Jomanes traverfant le pays des Pali-
bothres , coule entre les villes de Méthore & de Clifo-
bore, & va fè perdre dans le Gange. Le P. Hardouin
doute fi ce n'eft pas la même rivière qu' Arrien , in Jn-
dic. nomme Omalis, d/Mxiç pour '\Jumic
JOMMITENSIS pour Jomnitensis. Voyez Parti-
ticle qui fuit.
JOMNIUM , ancienne ville de la Mauritanie Céfa-
riense, félon Ptolomée, /. 4 , c. 2. Elle eft nommée.
LoMINIO , & traitée de municipe dans la Carte de Peu-
tinger , Segment 1. Antonin , Itiner. la met entre Ru-
fticurrum, colonie, &Rupiis, municipe, àxvm. m. p.
de la première , & à XXXVIII. M. P. de la dernière.
Elle fut épiscopale; & Honorât, fon évêque, affifla à
la Conférence de Carthage : Honorants , Jommitenjîs
episcopus. Dupin aime mieux Jonniunjîs. Il imtjomm-
tenjîs. La Notice épiscopale d'Afrique ne fait aucune
mention de ce fiége.
On croit que Jomnium eft aujourd'hui Caffen, village
du royaume d'Alger.
1. ION , rivière de Grèce , où elle feperd dans le
Pénée , félon Strabon , /. 7, P. 327. C'étoir au bord
de cette rivière que la ville d'OxiNIA étoit fituée.
2. ION , montagne de l'Ethiopie intérieure, félon
Ptolomée , /. 4 , c. 9.
JONACA , ville de la Perse proprement dite , félon
le même , /. 6 , c. 4.
JONjE Portus , c'eft-à-dire le Port deJonds. S.Jé-
rôme parle de ce port dans une Lettre à la vierge Eufto-
chium , Epifl. 37. Ortélius croit que c'eft le port de
Joppé , où Jonas s'embarqua pour aller à Tharfis.
JI2
ION
ION
JONAN , lieu de la Paleftine , félon Of téliu's , qui
dit que S. Jérôme écrjt J.ETHAM. Il cite le quinzième cha-
pitre de Jofué , où Jonam ni Jetham ne le trouvent ,
ni dans l'ancienne verfion latine, ni dans l'hébreu. Ce
dernier porte JlTHNAM; la vulgate Jethnan. Les Sep-
tante au lieu de ces trois villes, & Cèdes, fi- A/or, &
Jethnan, portent ng\ Ka'JV ng) ' kaovwtùv -, lyMiunàv-
Ortélius a , fans doute , féparé ce nom 'A<rep , Afor des
fyllabes fuivantes lonain , & en a fait les noms de deux
villes différentes. La différence qui fe trouve entre le
texte hébreu & les anciennes verrions , la grecque &
la latine, fur les vingt-neuf villes de la tribu de Juda,
met dans la Chorographie de cette tribu des obscuri-
tés dont ileft très-difficile de fortir.
JONCELS ; S. Pierre de Juncella , abbaye d'hom-
mes , en France , de l'ordre de S. Benoît , dans le bas
Languedoc , au diocèfe de Béziers vers Lodeve.
IONCOPING : ç'eft la même ville que Iencoping.
IOND A , ancien bourg d'Afie , près d'Ephèfe , félon
Diodore de Sicile, /. 14.
JONDO , ville du Japon. Voyez Iodo.
1. JONE. Etienne le Géographe donne ce nom à
la. ville d'ANTlOCHE de Syrie , fur l'Oronte.
2. JONE : le même auteur donne auffi ce nom à
Gaza, ville de Paleftine.
3. JONE ou Iona , petite Me du royaume d'Ecofle,
au fud-oueft de l'ifle deMull. Elleadeux milles de long
& un de large. Elle produit tout ce que ce climat eft
capable de produire. S. Colomban y établit deux mo-
nafteres , l'un d'hommes & l'autre de femmes , qui ont
fubfifté jusqu'à ce qu'on appellât en Angleterre^ la ré-
formation. C'étoit le lieu de la réfidence des éyêques
des ifles. On y voit encore des ruines du lieu oùétoient
inhumés les rois d'Ecofle, ckles chefs des ifles occiden-
tales , dont il n'eft refté que trois inscriptions lifibles.
Celle du milieu eft en ces termes : Tumulus REGUM
ScOTI^E. L'inscription qui eft à la droite, marque que
c'étoit le tombeau des rois d'Irlande ; & celle qui eft
à la gauche ; porte que c'étoit le tombeau des rois de
Norvège. On compte quarante rois d'Ecofle , quatre
d'Irlande & autant de Norvège, enterrés dans ce lieu;
11 y a aufli le tombeau de Macdonald d'IIa ; & du côté
du couchant, ceux des deux anciennes tribus des Macdo-
nalds & du chef des Macléans. *Etat préfent de la Gt\
Bret. t. 2 , p. 290.
L'églife de fainte Marie , dans cette ifle , eft bâtie en
forme de croix : le choeur a dix -huit verges en lon-
gueur , &c le dôme eft de vingt-un pieds en carré. Il y
a deux chapelles à chaque côté du chœur , dont l'entrée
a de gros piliers en bas-reliefs. Le clocher eft grand , les
portes &L les fenêtres artiftement travaillées ; l'autel eft
de très-beau marbre. Au midi de cette églife, il y en a
une autre qu'on appelle S. Ouran , du nom d'un faint
qui y eft , dit-on , enterré.
L'hiftoire dit que cette ifle étoit un féminaire d'ec-
cléfiaftiques , & que fon églife étoit comme la métro-
pole de tous les états des Ecoflois & des Piftes ; 6c
quoique l'abbé ne fût que (impie prêtre , cependant tout
le clergé de la province & même les évêques étoient
Tous fa jurisdi&ion , comme le vénérable Bede le re-
marque.
1. IONES , ancien peuple qui demeuroit en Egypte j
àu-deflbus de Bubafte , près de la mer , félon Héro-
dote , /. 2 , ci 54. Ces Ioniens étoient un détachement
des Ioniens Afiatiques , comme cet auteur le raconte ; Se
Psammitichus leur donna des terres pour les récompen»
fer du fecours qu'ils lui avoient donné contre fes enne-
mis. Voyez Ionie.
2. IONES. Voyez Jaonenses & Ias.
IONGHAIVOU , rivière de l'ifle de Madagascar.
Son nom lignifie rivière du milieu, parce qu'elle coule
entre celles d'Itomampo & de Mangharac. Elle descend
des montagnes du pays d'Icondre , traverse le pays de
Man.amboule <k la province des Anachimouflïf, courant
droit au nord-quart-nord-oueft , étant à l'oueft à une
journée de celle d'Itomampo; Après avoir couru ainfî ,
environ quatre à cinq journées , elle fe détourne & court
à l'eft une journée, pour fe joindre à la rivière de Man-
gharac , & une lieue au-deflbus : elles fe joignent à Ito-
mampo 5> & forment la rivière de Mananghare , qui
Court à l'eft-fud-eft , environ fix bonnes journées, pour
fe rendre à la mer, fe divifant en fept bouches. ^Fia-
court, Hift. de Madagascar , 1. part. c. 5, p. ijL
IONICA , contrée d'Italie , fe+on Solin , c. 2 , idtt.
Salmaj. Il dit que la contrée nommée lonica , prit de
nom d'Ione, fille de Naulochus, laquelle voloit fur les
grands chemins , & qui fut tuée par Hercule. Martiâ-
nus Capella copie Solin. Saumaife, in Solin. p. 58 , qui ne
trouve point d'autre auteur qui ait ainfi nommé cette
contrée, doute s'il ne faudroit pas hre Chronica de
la ville de CHONE.
IONIDjE , 'Ico»/^, munreipe de Grèce, dans I'At-
tique , dans la tribu jEgéïde , félon Etienne le Géo-
graphe.
1. IONIDES : Denys d'Afrique, y. <j 3 3, $35, ou le
Periégete , nomme ainfi les ifles de l'Ane mineure ,
près de l'Ionie. Il nomme, entr'autres , Samos , Caunus
& Chio.
2. IONIDES , peuples qui habitoient en Europe ,
félon Hérodote , /. 7 , cité par Ortélius ; mais au fep-
tiéme livre, c. 94, qu'il marque, je trouve que les Io-
niens , *lufis , avoient demeuré dans le Péloponnèfe
appelle enfuite Achaïe , & qu'avant l'arrivée de Danaiïs
& de Xuthus , dans le Péloponnèfe , ils étoient nom-
més Peslasges jEgi aléens ; ce dernier fumom ligni-
fie qu'ils habitoient le rivage de la mer; Hérodote ajoute
qu'ils furent nommés Ioniens , d'Ion , fils de Xuthus.
Voyez Ionie 1.
1. IONIE , partie du Péloponnèfe , où les Ioniens
s'étoient établis fous le nom de Pelasges ALgialèens ,
comme il ■ eft dit dans l'article précédent : ce que dit
Hérodote, que le Péloponnèfe avoit été enfuite nommé
Achaïe, eft expliqué par ce paflage de Denys d'Halicar-
nafle , l. 1, c. 17: plufieurs provinces de la Grèce firent
la même chofe , (c'eft-à-dire , changèrent de nom,) &£
celle entr'autres qui s'appelle aujourd'hui le Péloponnèfe .*
c'eft ainfi que l'Achaïe donna fon nom à toute la penin-
fule qui renferme l'Arcadie , l'Ionie & quantité d'autres
peuples qui l'habitent. Ainfi l'Ionie étoit une partie de
la presqu'ifle , que nous appelions préfentement la Mo~
rée. Le même Denys , parlant des Ioniens Afiatiques,
/. 4, c. 25, dit : les Ioniens , qui de l'Europe étoient
venus habiter les parties maritimes de la Carie , & les
Doriens , qui y avoient conftruit des villes , fuivirent
l'exemple d'Amphyction ; & ils bâtirent des temples à '
frais communs : les Ioniens en élevèrent un à Ephèfe ,
en l'honneur de Diane ; &c les Doriens en consacre^
rent un autre à Apollon , dans Triopion.
2. IONIE proprement dite , contrée maritime
de l'Afie mineure , fur la côte occidentale. On ne con-
vient pas de fes bornes. Cependant Strabon , /. 14 ;
Lin. lui afligne douze villes. jElien , Variar. Hijl. 1. 8^
c. J , qui lui en attribue autant , les nomme ainfi :
Milet,
Lébéde ,
Ephèfe,
Erythrès ,
Théon,
Colophone,
Clazomenes 7
Myus,
Priéne ,
Phocée.
Ces dix étoient en terre ferme : les deux autres étoient
chacune dans une ifle de même nom *
Samos
&
Chi.
Ainfi Milet au midi , & Phocée au nord , étoient les
dernières villes de l'Ionie , félon j£lien. Pline , /. <j j
c. 29, ledit aufli, &met Phocée dans l'Ionie , &As-
canius Portus dans l'^Eolide , qui terminoit au nord
l'Ionie. Il dit ailleurs , mais dans le même chapitre j,
que Milet étoit à l'autre extrémité. Hérodote , l. 1 j
c. 142 , partage ainfi les villes des Ioniens : Milet eft
la première au midi , enfuite font Myus &c Priène ; ces
villes font dans la Carie , & ont un même langage. Cel-
les-ci font dans la Lydie , Ephèfe , Colophon , Lébé-
dus, Théos, Clazomene & Phocée; ces villes ont Une
même langue entr'elles. Les trois autres villes font Ioni-
ques , deux dans les ifles de Samos & de Chio ; & h
troifiéme, qui eft Erythrès, eft en terre ferme. Voilà
les villes bien comptées.
De ces détails nous devons conclure que l'Ionie
n'étoit pas l'ancien nom du pays , qu'occupèrent les
Ioniens ,
JON
JOR
Ioniens , venus de Grèce ; mais que l'on donna leur
nom aux parties de la Carie ck de la Lydie où ils s'é-
tablirent , ck qu'Hérodote , dans le paftage cité, appelle
de leur véritable nom.
Ptolomée raccourcit l'Ionie du côté du nord, ck en
retranche la rivière d'Hermus ck Phocée, pour les don-
ner à PvEolide. Il l'accourcit aufli au midi , ck en ôte
Pyrrha, Milet & Héraclée, qu'il place dans la Carie.
Ainli il tiorne l'Ionie au nord par l'Hermus , ck au midi
par ie Méandre. Mais ces limites ne conviennent point
avec celles que marquent les auteurs cités ci-deflus. Stra-
ion nous apprend l'origine ck les migrations des Ioniens,
dans un paliage que j'ai rapporté fort au long .à l'article
Achaie. Cette province reçut les lumières de l'évan-
gile , dès le tems des apôtres. Elle eut des villes épisco-
pales, entre lesquelles Ephèfe femble avoir tenu le pre-
mier rang. Cependant elle ne fit point une province
particulière ; ck dans les Notices , les évêchés de l'Ionie
font partagés entre diverses provinces. La province
d'Alie , proprement dite , renfermoit
m
;>myrne,
Ephèfe,
Théon,
Phocée ,
Erythrés ,
Priène ,
Colophon,
Clazomenes,
La Notice de l'empereur, Léon le Sage, où les rangs
des fiéges font réglés , donne le premier entre ceux de
l'Afie à l'évêque de Smyrne. La Carie comprenoit les
évêchés d'Héraclée ck de Milet ; & les deux fiéges de
Samos ck de Chio étoient d'une province particulière ,
que l'on appella h province des-ijles Cyclades , félon
la Notice de Hieroclès.
Ortélius, Th.faur. d t que l'Ionie étoit nommée auffi
Panionia. Il ie trompe : cela n'eft vrai que d'un petit
c?nton particulier. Voyez Panionia.
lONU EcCLESIA, nom latin deS.YoN, village de
Fiance, dans le diocèfe de Paris. Voyez au mot Saint,
l'article S. Yon.
IONIUM MARE, c'eft-à-dire la mer Ionienne. Voyez
Mer.
IONKERAD ou Iongkerad. Voyez Eggri-
gium.
JONOCH, la même que Janoé.
i. JONOPOLIS , ancienne ville d'Ane , dans la
Paphiagonie. Il en eft parlé dans les Authentiques &
dans Conftantin Porphyrogenète , félon Ortélius. Cette
ville a été épiscopale. Dlogenes , fon évêque , fouscrivit,
l'an 431, au premier concile d'Ephèfe ; ck Petronius,
l'an 325 , au premier concile de Nicée. * Harduin.
Colleft. conc. .
a. JONOPOLIS , ancienne ville d'Ane, dans laGa-
latie, félon Ptolomée , /. 5 , c. 4 ; ck Arrien Peripl. Pont.
Eux. Elle s'appelloit Aboni Teichos, 'AGwv* T«x°ff ,
c'eft-à-dire le mur £Abonus. Lucien , Pseudomant.
rapporte dans un de fes ouvrages , qu'un certain im-
pofteur , nommé Alexandre , demanda à l'empereur
que cette ville quittât fon nom , pour prendre celui de
Je doute que ces deux villes foient différentes l'une
de l'autre.
JONPOUR , petite ville des Indes , dans les états du
Mogol , au pays de Raja Rotas , fur la rive droite du
Gouel , au-deffus de Soumelpour. * Tavernier , Voyage
des Indes, 1. 2. Robert de Vaugondy , Atlas.
JONQUERE , Juncaria , ville d'Espagne en Cata-
logne , dans l'Ampourdan , au pied des monts Pyré-
nées , fur la frontière du Rouffillon , à trois lieues de la
côte , & à cinq au midi de Perpignan , en allant vers
Figuere ck Gironne. Voyez l'article Juncaria.
JONQUIERES, petite ville de France, en Provence,
dans l'archevêché d'Arles, au midi de l'Etang de Berre,
à cinq lieues d'Aix ck de Marfeille.
JONSAC ou Jonzag , bourgade de France , en
Saintonge , auprès de la Sevigne , qui tombe clans la
Charente. Corneille en fait une ville. * Robert de Fau-
gondy, Atlas.
JONTII , ancien peuple de l'Afrique propre , félon
Prolomée , /. 4, c. 3.
JONXAN , ville de la Chine , dans la province de
Kianfi, au département de Quangfin, troifiéme métro-
pole de la province. Elle eft de 3' plus orientale que
Pékin , fous les 18 d. zo' de latitude. * Atlas Sinenfis.
JOPILIA Villa, village fur la Meule , près de
Liège. Il en eft parlé dans la Vie de S. Lambert. C'eft
préientement Jupille, au bord oriental de la Meufe,
au-deffous de Liège. * Ortel. Thef. Pépin y mourut,
l'an 714.
JOPiS , contrée du Péloponnèfe , dans la Lacenie,
félon Etienne ie Géographe, qui cite Hérodien. Orté-
lius croit que cet Hérodien doit être différent de celui
qui a écrit la Vie de quelques empereurs.
1. JOPOLIS, 'k^A* , ville d'Alie, dans la Syrie,
fur le mont Sylpius , ck près de l'Oionte , félon Cé-
drene. Euftathe la nomme Iupolis, *Uzz).k , ck la :e
près d'Antioche.
2. JOPOLIS, ville d'Afie, quelque part verslaGa-
latie, fi l'on en croit Métaphrafte, dans la Vie defaint
Théodore, abbé.
JOPPÉ , félon D.Calmet, Dift. viile ck port de
mer de laPaleftine , fur la Méditerranée : elle eft nom-
mée Jaffa ou Japha , dans les auteurs du moyen~5ge ,
& dans les modernes. C'écoit le feul port que le Hé-
breux poffédafient fur la Méditerranée. Le-, profanes
croient qu'elle tire fon nom de Joppé, fille d'Eolus (3),
& femme de Céphée , qui en eft le fondateur. On y
voyoit encore, du tems de S.Jérôme (b) , des marques
de la chaîne à laquelle Andromède avoir été attac ée,
lorjqu'on fexpo.a au monftre marin pour être clé. ie.
Il y a quelque apparence que la fable d Andromede-a
été forgée fur l'aventure de Jonas , flui s'étant embar-
que à Joppé, fut jette dans la mer, fk englouti par. un
monftre marin. Voyez JoNAb. Joppé étoit fitué dans
une belle plaine , entre Jaihma au midi , ck Célarée de
Paleftine au nord, & Rama ou Ramula, à l.'orienr. Le
port de Joppé n'eft nullement bon , à caul'e de- - tiers
qui s'avancent dans la mer (c). Il eft fouvent fait men-
tion de Joppé, tant dans les livres de l'ancien Te-'a-
ment écrits en hébreu , que dans les livres des MaGca-
bées , ck dans le nouveau Teftament. labitha , que
S. Pierre reffuscita, demeuroit à Joppé (<*). Le .même
apôtre étoit à Joppé (e) , lorsque iJieu lui fit voir un
linge plein de reptiles , pour lui marquer qu'il ne de-
voit plus faire de diftinctron entre le Juif ck le Gentil ,
lorsqu'il trouvoit des gens dispofés à recevoir la parole
de la vérité. * (a) Supkan. in Joppe. (b) Hieronym. in.
cap. I Joncs & in Epitaphio Paula, Jojeph. de Bello ,
/. 3 , c. 15. C) Jofepk. de Bell. /. 3 , c. 15. (") A3.
c. 9 , v. 36, 37 ck leq. (e) Ibid. c. 10, v. 5 Se leq.
JOR. Voyez Ihor.
JORC. Voyez Yorck.
JORDANE, (la) rivière de France, en Auvergne;
elle palfe à Aurillac , &£ tombe dans la Cere.
JORDANIS , nom latin du Jourdain. Voyez ce
mot.
JORDANIVlCUS, village de laPaleftine; c'eft où
commençoit le pays de Samarie, félon Egeiipe, /. 3 ,
c. 6.
JORDEA , ancienne contrée de l'Inde , fi nous nous
fions à une lettre d'Ariftote àAlexandre ; mais Ortélius,
Thefaur. juge qu'elle eft (ùppolèe.
JORDI1, peuple ancien de la Scythie , en -deçà de
l'Imaùs , (elon Ptolomée, /. 6 , c. 14.
1. JORGIANE , rivière d'Afie, dans la Perse. Elle
donne fon nom à une ville qu'elle arrofe , dans la pro-
vince de Mazanderan , frontière de Ghilan , ck fe dé-
charge dans la mer Caspienne , à 89 d. de longitude , ck
à 38 de latitude , félon les géographes Arabes. * Hljî.
de Timur-Bec , 1. 3 , c. 18.
2. JORGIANE, ville d'Afie , dans la Coraffane, fur
la rivière de même nom. Les Arabes lui donnent 90 d.
de longitude, 6k 37 de latitude.
La rivière ck la ville, qu'on appelle Jorgiane , font
appellées par nos géographes modernes,emr'jutres,D'A : 1-
ville , Corcan ; Otter les nomme Corcan. Le premier
donne à la ville 37 d. de latitude , ck 73 d. de longi-
tude.
JORGSBERG , Georgii Mons , abbaye d'hommes ,
ordre de S. Benoît , dans le Tirol , à la gauche de la ri-
vière d'Inn.
JORI , peuple ancien de Grèce , dans la Macédoine.
Leur ville s'appelloit JORUM, félon Ptolomée, l.^,c. 13,
Tome III. T 1 t
JOS
S 14
Cette ville, appellée /craro , eft, fans cloiite,lamïtne
dont parle le P. Hardouin , ôi qu'il dit avoir tté épis-
copale. Florentins, fbn évêque , affilia, Fan 451, au
fécond concile de Chalcédoine. * Harduin. Colleft.
conc.
JOS , ifle de la mer Egée , près de l'ifle de Théra,
félon Strabon , l. 10, p. 484. Pline, /. 4, c. 13 , dit
qu'elle eft à vingt-quatre mille pas de Naxie ; qu'elle eft
célèbre , parce qu Homère y eft enterré ; qu'elle a vingt-
cinq mille pas de long, &c qu'on la nommoit autrefois
PHŒNICE. Scylax, p. 21 , dit de même qu'Homère y
repofoit. Etienne le Géographe la met au nombre des
Cyclades. Ceft prélentementNlO.
1. JOSAPHAT, abbaye de France , ordre de S. Be-
noît, dans un village , aune lieue de Chartres, fondée
l'an 11 20, parGodefroy, évêque de Chartres. Elle eft
dédiée à la fainte Vierge. * Baudrand, édit. 1705-
2. JOSAPHAT, (LA vallée de) vallée de la Pa-
leftine , félon quelques-uns ; tk. félon d'antres , ce n'eft
qu'une expreffion métaphorique. D. Calmet en parle
ainfi : Joël, c. 3 , v. 2 & 12 , dit que le Seigneur as-
femblera toutes les nations dans la vallée de Jofaphat ,
tk qu'il entrera en jugement avec elles dans cet endroit.
Abenezra croit que cette vallée eft celle où le roi Jo-
faphat remporta une fi grande viftoire, & avec tant de
facilité , fur les Moabites , les Ammonites &: les Méo-
niens de l'Arabie Pétrée, 2. Par. xx, 1,2, 3 & fiiiv.
Cette vallée étoit vers la mer Morte , &c au-delà du
défert deThécué ; tk depuis cet événement, elle porta
le nom de Vallée de bénédiction, i.Par. xx, 26.
D'autres (a) croient que la vallée de Jofaphat eft entre
les murs de Jérufalem & le mont des Oliviers, & qu'elle
eft arrofée par le torrent de Cédron. S. Cyriile d'Ale-
xandrie (b) , fans s'expliquer davantage , dit que cette
vallée n'eft éloignée que de quelques ftades de Jérufa-
lem. Enfin il y en a qui foutiennent que les anciens Hé-
breux n'ayant connu aucun lieu diftinft, fous le nom de
vallée de Jofaphat , Joël a voulu fous ce nom marquer
en général , le lieu où le Seigneur doit exercer fon ju-
gement contre les nations ; & celui où il doit paroître
au jugement dernier, avec tout l'éclat de fa majefté. Jo-
faphat , en hébreu (c) , lignifie le jugement de Dieu,
Voyez les Commentateurs fur Joël , iij ,2. Il y a aflez
d'apparence que dans Joël , la vallée de Jofaphat ou du
Jugement de Dieu , eft fymbolique , aufli-bien que dans
le même prophète , & au même chapitre la Vallée du
Carnage , fallis Conéifionis , Joël iij , 14. Ceft fur cet
endroit que les Juifs & plufieurs Chrétiens ont cru que
le dernier jugement fe feroit dans la vallée de Jofaphat.
*(j*)Beda, de Locis. Brocard, Monach. Salignac. Adri-
chome. Le V.Nau, &c. (b) In Joël, c. 3. (c) Hieron.
in Joël , c. 3. Remig. Hairn. Lyran. Vatab. Tirin.
Cependant tous les fvoyageurs de la Terre-fainte y
vifitent la vallée de Jofaphat. Thévenot, Voyage du Le-
vant, c. 37 , p. 370, met cette vallée de Jofaphat entre
Jérufalem & le mont des Oliviers : félon lui , elle eft
longue d'environ une lieue ; mais elle n'eft pas fort
large , & elle lërt comme de forte à la ville de Jéru-
falem. Doubdan, Voyage delà Terre-fainte, c. 24 ,
p. 246, en fait une description aflez ample. Suivant cet
auteur, elle eft appellée Vallée de Concijlon, à caufe que
les méchans y feront féparés de la compagnie des bons.
Mais ce nom fignifie proprement Vallée du Carnage.
Elle eft encore appellée vallée du roi , dans l'Ecriture,
(2. Reg. c. 18,) au fujet d'Absalon , qui y fit faire un
monument ; car il mourut bien loin de-là ; & vallée de
Cedronf (4. Reg. c. 23,) à caule du torrent qui y parte ;
tk VALLÉE DE SlLOÉ par Jofeph , de Bell. 1. 6, c. 13;
6-1. 7, c. 16.
La queftion n'eft pas de favoir s'il y a une vallée
nommée Jofaphat-; le fait eft confiant : elle confifte à
être bien iiir que c'eft de celle-là que le prophète Joël a
parlé. Il y a plus d'apparence que ce prophète a nommé
ainfi d'une manière prophétique un lieu où Dieu jugera
les nations , & qUe des personnes fimples, cherchant un
lieu auquel elles puflent appliquer ce nom, l'ont donné
après coup à une vallée que le Sauveur du monde a
traversée en portant fa croix.
JOS AS, (le) petit canton de l'ifle de France, entre
la Seine & la Beauce : il eft difficile d'en marquer à
prélent les bornes. On ne fe fert plus de ce nom que
JOT
dan; les affaires eccléfiaftiques , & pour défigner la partie
du diocèlè de Paris , qui s'étend au midi jusqu'au dio-
cèfe de Chartres, c'eft-a-dire à cinq ou fix lieues loin
de Paris. * Baudrand, ecit. 1705.
JCJSEDUM. Voyez Metiosedum. 1
JOSEPH , (fort de faint) fort fur la côte occidentale
d'Afrique , à trois cent lieues dans la rivière du Séné-
gal. En 1713, M. de Richebourg, gouverneur de Co-
rée , forma ce nouvel établiflement François", qui eft:
bien fortifié. Il a dans fa dépendance le petit fort de
S. Pierre , fur la rivière de Falemé , dans le royaume de
Galam , porte important , parce qu'il commande l'entrée
du royaume de Bambuck , qui eft riche en mines d'or.
JOSINIANA. Voyez Dionysiana.
JOSIJUA, ville du Japon, fur la route de Méaco à
Famainatz, à trois lieues d'Akalaka. On la nomme auflî
Jostsijua. On entre dans les fauxbourgs par un pont
de trois cents cinquante pas de long. C'eft la même;qrii
eft nommée JosiNDA , dans l'ambaflade des Hollandois
au Japon.
La ville de Jofijda eft bâtie fur une éminence ; elle a
des portes , &c des corps-de-garde , avec une petite gar-
nifon , plutôt pour la parade que pour la défense ; on y
compte mille maifons, ou, pour parier plus proprement,
mille hutes habitées par de pauvres gens , & bâties aux
deux côtés d'une rue qui coupe la ville en longueur, &c
de quelques autres petites rues qui y aboutiffent. Il y a
deux fauxbourgs : on trouve l'un en entrant , & l'autre
en fortant de la ville. On compte au premier cent mai-
fons , & à l'autre deux cents cinquante : elles font bâ-
ties aux deux côtés du grand chemin ; ce qui fait une
grande heure de mardie , depuis le commencement du
premier fauxbourg , jusqu'au bout de celui que l'on trouve
après avoir traversé la ville. Le château eft au côté fep-
tentrional de la ville : c'eft un bâtiment carré à l'ordi-
naire , trois de fes côtés font fermés par des murailles &C
des fofles, ck le quatrième par la rivière qui coule au-
près. Les murailles font hautes , blanches & propres ,
d'ailleurs fans corps-de-garde , ni aucune autre fléfënse,
le château n'ayant été bâti que pour loger les princes de
l'empire pendant les voyages qu'ils font à la cour. On
fait & l'on vend dans cette ville beaucoup d'ouvrages
d'acier. Je remarquai que les payfans y avoient apporté
au marché , quantité de bois , de feuilles , de foin , de
poix & d'autres produftions na:urelles du pays ; appa-
remment c'étoit le jour du marché. Pour aller de-là à
Array, qui en eft à près de cinq lieues , nous traver-
fâmes des villages peu confidérables , fi l'on excepte
feulement Sijroiàka , qui contient environ deux cents
maifons bâties fur le rivage de la mer. Nous com-
mençâmes à découvrir en cet endroit le fommet de
la haute montagne de Foofi ou Fufino-Jama , qui n'a
peut-être pas fa pareille pour la beauté. *K<empfer, Hift.
du Jap. /. 5, t. 2, p. 210.
JOSSE AUX BOIS. (Saint-) Voyez Dompmar-
TIN.
JOSSELIN. Voyez Jocelin.
IOTA , ville de la Paleftine, dans la tribu de Juda,
félon te livre de Jofué, c. 15 , v. 54. Le P. Bonfrérius
croit que c'eft la même qu'ASAN , dont il eft parlé dans
le même livre , c. 19, v. 17 ; & au premier livre des
Paralipomènes , c. 6 , ' v. 59. D. Calmet trouve plus
d'apparence que c'eft la même que Jeta & Jethnam
de Jofué. Il ajoute qu'Eusèbe met Jethnam à huit milles
d'Hébron, vers l'orient. * Jofué , c. il, v. 5; c* c. 15,
v. 23.
JOTABIS , ifle de la mer Rouge , à mille ftades de la
ville d'Aila, félon Procope, Perjic. 1. I.
JOTjE ou ASIOT.E, félon les divers exemplaires de
Ptolomée, 1.6, c. 14, peuple de la Scythie , en-deçà
de l'Imaùs.
JOTAPATE , ville de la Paleftine, dans la Galilée,
félon D. Calmet, Dict. Elle' eft célèbre par lefiége que
Jofeph , l'hiftorien des Juifs , y foutint contre Vespa-
fien , alors général de l'armée Romaine , & depuis em-
pereur. Jofeph, in Vitifud, dit qu'elle étoit à quarante
ftades de Gabara , peut-être de Gadara. Cette place, la
plus forte de la Galilée, étoit fur une montagne, ckfur
des rochers inacceffibles de tous côtés , hors la partie
feptentrionale, par où l'on y pouvoit monter. Elle fut
prife & ruinée, l'an 67 de l'ère vulgaire. Plufieurs croient
JOU
JOU
que c'eft la même que Geth-Epher , patrie du pro-
phète Jonas ; ce qui n'eft nullement certain. On trouve
dans un concile de Jérufalem , tenu l'an 536, la fous-
cription d'un évêque de Jotabe , dans la Paleftine ;
mais on n'ofe aflurer que ce fiége foit le même lieu que
la ville de Jotapate.
JOTAPE , ville de Cilicie, dans la Sélentide, félon
Ptolomée, /. 5 , c. 8. Cette ville étoit épiscopale, fous
Séleucie. Ammonius , fon évêque , fouscrivit au fécond
concile de Chalcédoine, tenu l'an 451 ; & Marinianus,
l'an 448 , au fécond concile de Chalcédoine. Aujourd'hui
cette ville eft appellée Castel-Lombardo. Voyez ce
mot.
JOTHE. Voyez Iota.
JOTIEN , ville de la Chine , dans le Pékéli , au dé-
partement de Pékin, première métropole de la province.
Elle eft plus orientale que Pékin de 43' , par les 39 d.
47' de latitude. * Atlas Sinenfis.
JOTRUM , nom latin de JoUARÉ. Voyez l'article
qui fuit.
JOUARE , bourg de France , dans la Brie inférieure,
avec une fameufe abbaye de Bénédictines, en latin Jo-
irum : il eft fitué fur une colline, dont le pied eft arrofé
de la rivière du petit Morin , à une demi - lieue de la
Marne, & de la Ferté-fous-Jouare, à trois de Colomiers,
à quatre de Meaux &: de Faremontier , & à quatorze de
Paris. Son églife paroiffiale eft auffi collégiale, &defler-
vie par douze chanoines , dont le curé a la première
place. Ces douze chanoines font à la préléntation de
î'abbefle, & les chapelains femainiers de l'églife de l'ab-
baye , à laquelle appartient la feigneurie de Jouare. On
dit que cette abbaye a été autrefois à Sainte-Agathe de
Crespi , qui eft à préfent un prieuré &c cure. L'églife des
religieufes eft longue & étroite , &£ l'autel orné de plu-
lieurs colomnes de marbre. Dans un cimetière , qui eft
proche , il y a une petite chapelle bafle , en forme de
grotte ou de caverne , que les anciens Chrétiens appel-
loient crypte , comme qui diroit cache ou cachette. C'eft
où ils s'aflembloient en fecret , pour entendre prêcher
l'évangile. On tient que plufieurs Chrétiens y ont fouf-
fert le martyre , &ony voit encore quelques-uns de leurs
tombeaux. La commune tradition porte que les payens
ont adoré autrefois , en ce lieu-là , une ftatue de Jupiter;
ce qui a fait appeller ce bourg en latin, Jovis Antrum. ou
Jovis Ara, d'où eft venu le nom de Jouare. Le com-
merce, qu'on y fait, confifte en grains, & il y a plufieurs
étangs dans fon voifinage. * Mémoires drejjés fur les
lieux , en 1706.
Baudrand n'en fait qu'un village.
JOUG-DIEU, abbaye de Bénédictins , en France,
dans le Beaujolois , au diocèfe de Lyon , près de Ville-
Franche. Elle a été fondée , l'an 1132, par Guichard
de Beaujeu , & tranférée à Ville - Franche , en 1681 ;
tems auquel ces moines furent fécularifés , & réunis à la
collégiale.
JOVIACUM, ancienne ville du Norique. Antonin,
Itiner. la met entre Ovilabis 6c Jovavis , à trente-deux
mille pas de la première , &c à vingt-huit mille de la fé-
conde. Lazius conjecture que c'eft Saltzbourg.
JOVIS. Voyez Jupiter.
JOVISURA, ville du Norique. Antonin la met en-
tre Turum &£ ad Caftra , à foixante-quatre mille pas de
la première , & à quarante-deux mille de la féconde.
JOURA , fia) ifle de l'Archipel : elle eft petite &
déferte. C'eft la Giaros des anciens. On l'appelle auffi
Gioura.
1. JOURDAIN, (le) fleuveds la Paleftine. LesLatins
le nomment Jordanis, félon Pline , /. f , c. 15 ; les Grecs
'loffans , Jordanes ; Paufanias , in Eliacis , l'appelle
'ItfJkvos , ce qui eft conforme à l'hébreu Jarden , JTV.
Ce fleuve eft très-célébre dans les Livres facrés. On
prétend qu'il tire fon nom de l'hébreu Jor , IX» > qui
figmûe un ruijfeau; hiDan, p, qui eft une petite ville,
près la fource de ce fleuve , ou , félon d'autres , qu'il
tire fon origine de deux ruifleaux , dont l'un s'appelle
Jor, & l'autre Dan.
l° Il n'eft pas vrai que le Jourdain foit formé de deux
ruifleaux , ni qu'il y en ait un qui s'appelle Dan , quoi-
que la plupart des cartes géographiques le marquent ainfi.
L'origine viable du Jourdain eft un petit ruifleau , qui a
fa fource dans le mont Liban , & fur lequel eft fituéé
la petite ville de Dan , quatre lieues plus haut que Cé-
farée de Philippes , où commence proprement le Jour-
dain, (fi nous en croyons D. Calmet, Dicl. ) L'autre
fource du Jourdain, qui eft la plus confidérable , quoique
la moins apparente, eft le lac dePhialâ, environ à qua-
tre lieues au midi de Céfarée de Philippes. Ce lac a
une communication par deflous terre avec le Jourdain ,
& lui fournit allez d'eaux, à Céfarée, pour paflér déjà pour
un fleuve. Voyez Jofeph , de la Guerre des Juifs ,1.1,
c. 13; &1. 3, c. 18.
2° Le nom de Dan eft certainement beaucoup plus
nouveau que celui du Jourdain. Nous favons qu'une co-
lonie de la tribu de Dan, (Judic. xvm. 1, 2, 3-19,)
s'étant emparée de la ville de Laïs , lui donna le nom
de Dan , à caufe du chef de fa tribu. Cela n'arriva qu'au-
près la mort de Jofué ; & pendant l'anarchie , qui fui-
vit la mort des anciens d'Israël , qui avoient vu les mer-
veilles du Seigneur : or avant ce tems , le Jourdain étoit
fort connu , & on ne voit pas qu'il ait jamais porté un
autre nom. On pourroit peut-être , avec plus de raifon,
dériver le nom de Jarden, de l'hébreu Jarad, descen-
dre , à caufe de la chute &du cours rapide de ce fleuve.
Jusqu'ici nous avons principalement employé l'article
de D. Calmet ; nous l'interromprons ici pour rapporter
une étymologie qui nous paroît plus vraisemblable ; c'eft
celle que fournit le P. Hardouin , dans fon nouveau
Traité fur la fituation du paradis terreftre , Traités géo-
graph. 6- hift. t. 1 , p. 46. Le nom du fleuve du Jour-
dain eft dérivé de py~"lX> Jor-Eden , c'eft- à -dire
fleuve de délits ; car il feroit ridicule, dit ce père, dé
vouloir le dériver de p~^K> , puisque ce mot Dannt
commença à être enufage,dans cette contrée, que du tems
de Jofué, c. 19, v. 47 ; & des Juges, c. 8, v. 29, au
lieu que celui Ce Jourdain eft infiniment plus ancien; &
que de plus , ce fleuve ne tire fa naiflance que de la feule
fource de Panéas , & non de deux , • comme les auteurs
de cette étymologie l'avoient fauflement deviné.
Pline , /. 3 , c. 25 , décrit ainfi les commencemens
du Jourdain : la rivière du Jourdain fort de la fontaine
Panéas , qui a donné fon nom à la ville de Céfarée.
Cette rivière eft très-agréable , &c autant que la fitua-
tion des lieux voifins le lui permet : elle forme mille
détours , comme pour fe prêter aux befoins des habi-
tans , &c femble ne fe rendre qu'à regret dans le lac As-
phaltite... Ainfi donc elle fe répand dans la première val-
lée qu'elle rencontre, &C y forme un lac, que plufieurs
nomment le lac de Généfareth , autour duquel fe voient
plufieurs belles villes.
Le P. Hardouin , Traité du Paradis terreftre, />. 8,
fe moque des deux opinions , qu'il appelle des faujjetés :
la première de cette fontaine Panéas fortoit,par des con-
. duits fouterreins , d'un lac beaucoup plus éloigné, nommé
Phiala ; &C l'autre , en voulant que ce fleuve tirât fa
naiflance de deux fources imaginaires , dont ils appellent
l'une Jor &c l'autre Dan. Reprenons la fuite de l'article
de D. Calmet.
Le Jourdain depuis fa fource , que nous prenons à Cé-
farée de Philippes , coule dans l'espace d'environ cin-
quante lieues, jusqu'à fon embouchure dans la mer Morte,
autrement appellée le lac Asphaltite , où il fe perd. II
forme dans fon cours le lac Séméchon , à cinq ou fis
lieues de fa fource. De-là il entre dans le lac de Tibé-
riade, & pafle tout au travers. Il fe déborde vers le tems
de la moiffon des orges (a) , ou de la fête de Pâque. Les
bords du Jourdain font couverts de joncs , de rofeaux ,
de cannes , de faules & d'autres arbres , qui font que,
pendant l'été , on a aflez de peine de voir l'eau de ce
fleuve (b). On dit qu'il y a, pour ainfi dire , deux lits
du Jourdain diftingués l'un de l'autre ; le premier eft ce-
lui où ce fleuve coule lorsqu'il eft dans fon état naturel;
le fécond eft celui qu'il remplit lorsqu'il fe déborde.
*C) Jofué, c. 3, v.ij.Eccli. c. 24, v. 29. (b)Pïetro
délia Valle. Maundrell.
Les voyageurs remarquent que les lions fe retirent,'
pendant l'été , dans les rofeaux , qui croiflent le long de
ce fleuve , & qu'ils font obligés d'en fortir lorsque ce
fleuve commence à s'enfler. C'eft à quoi le prophète
Jérémie fait allufion, lorsqu'il compare les ennemis qui
viennent attaquer Jçrufalem (a) ou Babylone (b), à de« '
Terne III, Ttt ij
JOU
ji6
lions qui font chattes de leurs forts par l'inondation du
Jourdain. Zacharie,;. H, v. 3, nous repréfente les
princes de Juda, affligés de fe voir éloignes deJeruia-
lem , comme des lions qui rugiflent , en voyant l'orgueil
ou la hauteur du Jourdain ravagée. Maundrell , dans ion
Voyage , dit que la largeur du Jourdain , à l'endroit de
Jéricho , au tems qu'il le vit , étoit d'environ foixante
pieds , & fa rapidité telle , qu'un homme n'auroit pu
le paffer à la nage. * (*) Jerem. c. 24, v. 19. Q>)Jerem.
Le long du Jourdain il y a aux deux côtés une grande
plaine, qui s'étend depuis le lac deTibériade, jusqu'à la
mer Morte. Jofeph , 1. 5 , de Bello , c. 4 , dit que cette
plaine eft longue de douze cents ftades , large de fi*
vingt. Il ajoute que cette plaine eft extrêmement aride
pendant l'été, &C que l'air en eilmal-fain, à caufe de l'ex-
cefïive chaleur. Il n'y a proprement que les bords du
Jourdain qui foient arrofés ; tout le refte eft défert (a).
On fait par l'Ecriture les miracles qui fe firent dans le
Jourdain, lorsque ce fleuve fe partagea pour biffer un
partage libre aux Hébreux , fous la conduite de Jo(ué,
c. 3,"r. 13 &fiq- lorsqu'Elie & Elifée le parlèrent en
marchant fur Ces eaux (»>) ; lorsqu'Elifée fit nager le fer
de la coignée, qui étoit tombé dans ce fleuve (*) : lors-
que le Sauveur du monde fut baptifé dans le même
fleuve (<') , que le ciel s'ouvrit , & le S. Esprit descen-
dit fur lui. * (3) Jofeph. 1. 3 , de Bello, c. 18. 0>) 4- K'g-
c. 1 1 , v. 8 & 14. (c) 4- feg- c 6, v. é , 7. (d) Matth.
' Cette dernière circonftance du baptême de Jefus-Chrift,
dans le Jourdain , a donné aux Chrétiens une grande vé-
nération pour ce fleuve, félon Fleuri , Hift. ecclef.t. 9,
à l'année 337. Lorsque Conftantin le Grand , fe fentant
près de fa fin , demanda la grâce du baptême aux évê-
ques , il leur dit , pour excufer le délai qu'il avoit ap-
porté jusqu'alors : j'avois eu deflein de le recevoir dans
le fleuve du Jourdain , où le Sauveur l'a reçu lui-même
pour nous montrer l'exemple ; mais Dieu qui connoît
ce qui nous eft le plus utile , veut me faire ici cette fa- •
veur. L'hiftorien cité ajoute : ç'étoit une dévotion ordi-
naire , en ces premiers tems , de fè faire baptiler dans le
Jourdain, ou du moins de s'y baigner comme font en-
core les pèlerins.
Le petit Jourdain , n'eft autre que le Jourdain
quand il eft plus près de fa fource , &£ avant qu'il foit
groffi par les eaux des fontaines & des ruiffeaux qui s'y
déchargent. Reland, Palïft. t. 1,0.273. Jofeph, de
Bello, 1. 4, c. J , initio, p. 863, dit que les marais du
lac Séméchon s'étendent jusqu'à la délicieufe campagne
de Daphné , dont les fontaines nourriffent le petit Jour-
dain , &L le conduifent dans le grand Jourdain , au-des-
fous du temple du Bœuf d'or ou du Veau d'or. D. Cal-
met croit qu'au lieu de Daphné il faudroit lire Dan , & ,
que Dan doit être placée beaucoup plus près du lac de
Séméchon , qu'on ne la met ordinairement.
2. JOURDAIN, rivière de l'Amérique feptentrionale,
dans la Caroline. De rifle place fon embouchure par
les 33 d. nord , &c la fait venir du nord, prennant un
peu du nord-oueft. C'eft à l'entrée de cette rivière
qu'eft le cap de Sainte-Hélène. Les Sauvages nommoient
cette rivière Chico , & Chicora le pays qu'elle arrofe.
Elle fut découverte, en 1520, par Vasques de Aillon.
JOURK.END. Corneille dit que c'eft une ville où le
roi de Kachequer fait fa réfidence. Elle eft un peu plus
vers le feptentrion que Kachequer , dont elle eft éloi-
gnée de dix journées.
Quoique Corneille ne dife pas en quelle partie du
monde eft cette ville, &C que les noms de Jourkend &C
de Kachequer foient dé^uiles , on ne laiffe pas de voir
qu'il a voulu parler à'Irken , Yapkan ou Jerkien , capi-
1PE
1. JOUX , village & abbaye , qui fe trouve à l'orient
de ce lac.
3. JOUX, petite ville de France, dans la Franche-
Comté , au bailliage de Pontarlier , à une neue , & au
midi oriental de la ville <le ce nom , fur une montagne,
à l'orient de la rivière du Doux.
JOU Y, Joïacum , abbaye d'hommes, en France, de
l'ordre de Cîteaux , filiation de Pontigny, dans la Brie,
à deux lieues au nord de Provins, fondée l'an 1124.
JOUYEM, village dAfie, en Perse, près deSchiraz.
*Hift. de Timur-Bec, t. 3, c. 25.
JOXAN , ville de la Chine , dans la province de
Kianfi , au département de Quangfing, troiliéme métro-
pole de la province. Elle eft de 55' plus', orientale que
Pékin , fous les 28 d. 40' de latitude. * Atlas Sinenfis.
JOXIDES, peuple d'Afie , dans la Cane. Plutarque
parle d'eux dans la Vie de Théfée.
JOYE , (la) abbaye de filles , en France , de l'ordre
de Cîteaux , filiation de l'Aumône dans la Bretagne , au
diocèfe de Vannes , au nord d'Hennebon , proche le
Blavet. Elle fut fondée , l'an 1250 , par Blanche de Na-
varre, femme de Jean I, duc de Bretagne. *Piganioldt
la Force , Descr. de la France , t. 4, p. 297.
JOYENVAL , abbaye de France , au diocèfe de
Chartres , ordre de Prémontré , à deux lieues de Saint-
Germain-en-Laye. Elle fut fondée vers l'an 1221 , par
Barthelemi, fèigneur de Roye, chambellan de France ;
l'églife en fut dédié l'an 1224. Philippe- Augufte, & quel-
ques autres rois, font les principaux bienfaiteur de cette
abbaye. Elle fut réunie à l'évêché de (Snartres, l'an 1698,
en confédération du démembrement qui fut fait de ce
diocèfe pour compofer celui de Blois. *Piganiol de lu
Force, t. 5 , p. 166.
JOYEUSE, petite ville de France, dans le bas Vi-
varais , fur la rivière de Beaune , qui fe jette peu après
dans FArdéche , au pied des Sevennes , aux confins du
Gevaudan & du bas Languedoc. Elle n'avoit que titre
de vicomte, 6k fut érigée en duché-pairie par Henri III,
en faveur d'Anne , vicomte de Joyeufe , chambellan or-
dinaire du roi , par lettres patentes du mois d'Août 1581,
regiftrées au parlement, le 7 Septembre de la même an-
née. Par ces lettres patentes , le roi Henri III ordonna
que le duc de Joyeufe auroit féance immédiatement
après les princes du fang , & avant tous les autres ducs
& pairs. Cette pairie eft demeurée éteinte par la mort
de François- Jofeph de Lorraine , duc d'Alençon , de
Guife & de Joyeufe , arrivée le 16 Mars 1675.
Depuis la mort du prince Charles de Lorraine, Joyeufe
appartient au prince de Soubife.
JOYOSA. Voyez Villa-Juyosa.
IPA , ancienne ville de la Paleftine , félon Jofeph ,
Antiq. 1. 8 , c. 3 , édït. Galen.
. IPAGRUM. Voyez Pargum.
TPANA, 'ItoV«, ville des Carthaginois. Etienne la
met auprès de Carthage , & cite Polybe. Mais cet hifto-
rien dit Ulppana , & la met dans la Sicile , néanmoins
fous la domination Carthaginoife. Voyez Hippana.
IPASTURGI, ancienne ville d'Espagne, dans la Bé-
tique. Pline , /. 3 , c. \, observe qu'elle étoit furnom-
mée Triomphale.
IPEPA , ville de la Turquie , en Afîe , dans la Na-
tolie , fur le Sarabat , à quelques lieues au - deffus de
Smirne. C'eft l'ancienne Hypepa de Lydie.
IPER ou Yper, petite rivière des Pays- bas , de la-
quelle la ville d'Ipres a pris fon nom. Ce n'eft propre-
ment qu'un gros ruifleau , qui tarit pendant les grandes
chaleurs , & qui eft considérable en hyver par les égouts
des eaux des environs d'Ipres , qui tombent dedans, &
partent au travers de la ville. Elles coulent delà dans un
canal , qu'on a creufé jusqu'à la mer , & qui eft entretenu
t'aie de la petite Boucharie, au nord deCachgar. Voyez pendant l'été, des eaux de deux étangs qu'on a faits au-
ÏRKEN.
JOUVILLIERS, Jon villare^ abbaye régulière, en
France , de l'ordre de Prémontré, dans le duché de Bar ,
au diocèfe de Toul , près de la rivière de Sault, aune
lieue au fud-eft de Stainville , fondée , l'an 1178, par
Geoffroy , fèigneur du lieu.
1. JOUX, (i.t lac de) lac de France , dans la
Franche-Comte, au b*;lu o. a Pontarlier, aux confins
> de laiuilfe, donc il et., a. par le mont Jura,
deflus d'Ipres , au bas des villages de Zellebeques & de
Dinbus. Ces deux étangs lui fourniflent au befoin la
nourriture que la féchererte de fon ruifleau lui refufe en
ce tems-là ; & entretiennent le Saz de Bourlingue , qui
eft à cinq quarts de lieues de la ville, & qui fait monter &
descendre les bâtimens de la hauteur de vingt à vingt-
cinq pieds. Il eft d'une grande utilité pour les habitans,
qui par fon moyen ont la communication libre & facile
avec Bruges , Fumes , Bergues , Bourbourg , Dun-
IPS
IRA
kerque , Oftende & Nieuport , où il fe décharge
dans l'océan. * Corn. Dictionnaire. Mémoire manuscrit.
IPEREN. Voyez Ypres.
IPERLÉE , rivière de Flandres. Elle commence à
Ipres , à Dixmude, d. à Nieuport, où elle fe rend dans
la mer d'Allemagne. C'eft la même qu'IPER. * Diction-
naire géographique des Pays- bas.
IPHISTIADjE, tribu d'Athéniens, félon Héfyche,
cité par Ortélius.
1PNÉA, ou
■ IPNOS , ville des Locres Ozoliens, félon Etienne
le Géographe. Elle étoit nommée Ipnea , par quelques-
uns , félon le même.
IPNUS & Ipnisia , petit canton de l'ifle deSamos,
félon le même.
IPORCENSE Municipium. Morales trouvant ce
nom dans une ancienne inscription , croit que c'étoitune
ville de la Bsturie , au pays des Turdules , &c que fon
nom moderne eft Constantia. * Ortel. Thef.
IPORUS. Voyez Hipparis.
IPPA , ville de la Mauritanie Céfariense, félon Pto-
lomée , l. 4 , c. 2.
IPPARIS. Voyez Hipparis.
• IPPASINI , nation de l'Illyrie , félon Appien , cité
par Ortéhus.
IPPOLEUM, '-TT-r.^tt, promontoire de la Scythie,
en Europe. Hérodote dit qu'il y avoit un temple de
Cérès , & qu'il eft entre le fleuve Hypanis Se le Bo-
ryfthéne. Il eft nommé Hippolai Promontorium ,
'lw- Aaw par Dion de Prufe , in Orat. Boryjlh. 1. 4,
c. 53. L'édition d'Hérodote, par Gronovius, porte Hip-
PoL£ON.
IPRES , ville des Pays-bas. Voyez Ypres.
1. IPS, (l) rivière d'Allemagne, en Autriche, dans
le quartier du haut W lennerwald, qu'elle arrofe, du midi
au ieptentrion. Elle a fa lburce , aux confins du quar-
tier de Traun , au pied d'une montagne , au midi de
laquelle l'Ens fe recourbe vers le couchant ; de-là l'ips
reçoit à Waidhoven le ruiiïeau de Vorchpach , ensuite
l'Urepach & le Grasnich ; & un troifiéme ruifleau qui
vient d'Ampftetten , & enfin fe jette à Ips dans le Da-
nube. " P'augondy , Atlas.
2. IPS , bourg d'Allemagne , dans l'Autriche , au
quartier du haut \^iennerwald , à la rencontre de la ri-
vière d'Ips &C du Danube. * Vaugondy , Atlas.
Quelques-uns écrivent lis par un b. Baudrand eft de
ce nombre.
IPSA. Voyez Ipsus.
IPSALA , ville de la Turquie , en Europe , dans la
Romanie , fur la rivière de Lanfle , vers les montagnes,
à vingt-neuf milles de Trajanopolis , &£ à quatorze d'A-
pri , avec un archevêché grec,lèlon Baudrand, éd. 1705.
Voyez Cypsella.
1PSICURI, ancien peuple de la Ligurie, félon Etienne,
qui dit qu'on les appelloit aufli Arbafanes 'AfCxcayoï. Il
écrit ailleurs ce nom a.m(iArbaxanes, '/vpi3a^o/,parunf.
Ortel. Thefaur.
IPSUS , ancien lieu de Phrygie , félon Appien , in
Syriacis. Plutarque {Hommes illujlres , t. 4 , p. 5 , édi-
tion de Dacitr,~) dit" : à la bataille qui fut donnée dans
les plaines d'Ipsus , & où tous les rois de la terre com-
battirent ,' &c. Le concile de Chalcédoine fait mention
d'un fiége épiscopal , nommé Ipsa en Phrygie. La No-
tice de Léon le Sage, nomme ce même liège Ipfl , 6c
celle de|Hieroclès l'appelle Hipsus. Voyez Hypsus 3.
IPSWICH, ville d'Angleterre, autrelois très-impor-
tante, dans la province deSuffolck, dont elle eft la ca-
pitale. Elle eft fituée (ùr la rivière de Stoure, à cinquante-
cinq mille de Londres , ôc à environ vingt de la mer.
Camden , Britann. parlant de cette ville , dit qu'on
l'appelloit autiefois Gippewich ; nous l'avons vue, dit-
il , que ce n'étoit qu'une villette , {urbecula; ) c'eft pré-
fentement l'endroit le plus riant du comté. Elle a un
port commode , abonde en marchandées , & eft rem-
plie d'une grande multitude d'habuans , avec quatorze
églifes, & de belles maiions. Elle a marché public, 8c
envoie (es députés au parlement. Le cardinal Wolfey,
étoit né à Ipswich ; il y fonda un collège du tems
de Henri VIII ; il releva cette ville, qui, après avoir
été détruite par les Danois , en 99 1 , réparée avec
S*7
le tems par les Normands , étoit retombée en déca-
dence.
Ipswich n'eft pas fur la rivière de Stoure , qui coule
beaucoup plus au midi , mais fur celle d'Orwal. * Bau-
drand , Jaillot , Robert de Va. igondy , Atlas.
IQUIARI , rivière de l'Amérique méridionale. Le
P. Fritz , dans fon Journal , l'appelle rivière d'or, &
prétend que les habitans faifoient commerce d'or avec
les Indiens des bords de la rivière des Amazones ; ce
qui prouve que cetre rivière eft le bras de l'Yupura, à
l'embouchure duquel fe trouve Paraguari , qu'on appelle
village d'or * Relation du cours des Amazones , par
De la Condamine.
IQU1ZEUQUI , petite ifle du Japon , voifine de
Firando. Elle eft mal placée par Beliin , fur la côte mé-
ridionale de 1 ifle de Ximo.
IRAC. II y a en Perse deux pays de ce nom, & qu'il
eft important de ne pas confondre. Pour les diftingutr
on leur ajoute les noms d'Arabi & Agemi ; mais lors-
qu'on dit ce nom d'Irac , fans cette diitinftion , c'eft
ordinairement la dernière que l'on entend, qui eft l'i-
raque , proprement dite ; alors on écrit l'iraque. C'eft
lulagede nos bons écrivains, tels queM.Huet, éveque
d'Avranches &: autres. Quelques-uns, comme Oléanus
•écrivent Erac pour toutes les deux. Corneille en donne
deux articles , l'un au mot Hierach , &c l'autre au mot
Yerach. M. Huet rapporte l'origine du nom de l'iraque au
pays d'Erec , Se nous a ons marqué fon fentiment dans
cet article. Mais il taut remarquer ici que ce prélat ne
parle que de l'iraque Babylonienne , & non pas de l'i-
raque Persane. Nous diftinguerons donc ici deux La-
ques.
1. IRAC-ARABI : I'Iraque Eabylclien-e eft
Uraque proprement dite. Ce pays qui eft arrofé par le
I igre & l'Euphraîe , avant & après leur jondion , eft
borné au nord par le Curdiftan , à l'orient par le Lau-
reftan Se le Chufiftan : au (ud-eft par le golfe Perfi-
que ; au midi par l'ifle de Chœder , qui avec le Diar-
bek achevé de l'enfermer au couchant. Son nom à'Irac-
Arabi vient de ce que l'Arab'-e déîerte s'étend ju;ques-
là ; & les Arabes lui ont donné ce nom pour !a dif-
tinguer de l'autre Iraque. Dans les extraits de Chryib-
coccas , publiés par Ismaël Bouilland , & inférés dans
la Collection des petits géographes, à Oxford, t. 3, p. 4,
on ne donne que deux villes à l'iraque, Kufa St Wafit,
que l'on marque amfi:
Kupha ,
Wafit,
69. d.
7»-
3i.d.
Ulug-Beig,^. 133 , & Nafflr-Eddin , p. 101, éd. Oxon.
y mettent trois villes de plus dans cet ordre ,
Sarman-Rai ,
79. d.
30'.
34. d.
Kufah,
79-
30.
31-
Madain ,
II:
0.
33.
Bagdal ,
0.
33-
Wajett
81.
30.
32.
On voit que ces deux géographes ne s'accordent pas
avec le premier, pour la pofition de ces villes; &C de
plus ils comptent encore à part le pays de Basra ou
Bafjora , qui contient trois lieux , et eft rangé dans
l'iraque par d'habiles géographes. Ces trois lieux font,
\asrah ,
84. d.
0'.
30. d.
ibolla ,
84.
0.
30.
ibbadan ,
84.
20.
23.
Le géographe de Nubie , p. 1 20 , nomme cette Iraque
Dominium Araq. Il y met Hiracadefia , Kufa , Sura ,
Càttar , Nahr , Almalec , c'eft-à-dire le fleuve royal ;
Rutharia, Wafet , Batayeh, Fam- Altfolh, Madar,
Manbeg, Bayan , Solaimaman , Obolla. , Basra, Aba-
dàn &£. Giargiarai.
Selon Robert de Vaugondy , Atlas, Tecrit, ville
fituée fur leTigre, dans la Méfopotamie , eft à l'entrée
de l'iraque , en venant de Mofui. Il observe que Kura
eft une ville ruinée.
2. L'IRAC- AGEMI , ou I'Iraque Persienne , eft
ji8 IRA
ainfi nommée par oppofition à l'Iraque Arabique , fé-
lon d'Herbelot , Bibliothèque orientale. De même que
les Hébreux difoient pour toute diftinaion , les Juifs &
les nations , & que les Grecs difoient les Grecs & les
Barbares, de même les Arabes difent dans l'orient Arab
u Agem , les Arabes & les Perfans , par oppofition. Ils
appellent Moulouc Agent , les anciens rois de Perse. Re-
land, dans Ta Carte de Perse , fait toucher les deux Ira-
ques , l'une à l'autre. Mais comme cette Carte n etoit
qu'une ébauche fort éloignée de l'exa&itude^ où ce fa-
vant homme auroit pu la laiffer , s'il eût vécu davan-
tage , fon fentiment ne doit faire aucun préjugé contre
De l'Ifle , qui met le Laureftan entre deux. Ce dernier
géographe borne l'Irac Agemi , par le Ghilan &C le Ta-
briftan, au nord parle pays d'Heri ou d'Hérat ; & le
Sableftan au levant , par le Farfitan au midi, par le Lau-
reftan & les Turcomans au couchant. Il met dans ce
pays,
Sultanie,
, Ebher,
A* nord, ^ Casbinj
Chowar.
IRA
Longit.
Latit. Clim.
Kommt
83. d. 40'.
34- à. 45'. 4
Rai,
86. 10.
35- 35- 4
Chowar,
87. 10.
3Ï 4°- 4
Au midi
Ispahan ,
Irabad,
Yesd,
Gulpaigan.
( Le mont Ehvend ,
] Hamadan ,
Au couchant, l Saua,
I Kom,
{ Kachan.
Au levant.
Le mont Joilak, Perjam,
Et le défert plein de fel.
Le tradufteur François de l'Hiftoire de Timur-Bec croit
qu'Irac eft l'ancienne Hircanie de Quinte-Curse. Il au-
roit moins risqué à dire que c'étoit le pays^ des Parthes ;
& quoique je fois persuadé qu'Ispaham n'eft pas lHe-
catompyle de cet auteur, je fais voir ailleurs quel'Hir-
canie des anciens , & de Quinte-Curse , comme des
autres , étoit au nord du pays d'Heri ou d'Herat. La par-
tie orientale de l'Irac - Agemi , avec une partie de ce
pays d'Heri , répondent à l'ancien royaume des Parthes.
Peut-être y faudroit-il ajouter une partie de laCoraflane.
La partie occidentale de l'Iraque étoit autrefois de la
Médie, auflî-bien que lafeptentrionale. Le territoire de
Kom pourroit bien être la Comifene des anciens.
L'IRAK-AGEMI , eft appellée Jébal par Naffir-Ed-
■din, p. 103, ed.Oxon. & par Ulug-Beig , p. 137, éd.
Oxon. ci comme ils s'accordent ensemble , tant fur le
nombre , que fur l'ordre des villes , & leur pofition, il
fuffira de mettre ici ce qu'en fournit le premier de ces
deux géographes. Les villes de la contrée deJebalfont:
Schahroçur,
Halwan ,
Kermafin ,
Dainawarmah-
Alkufah,
S ohraward-mah-
Albakarah ,
Nehawand-mah-
Albasrah ,
Zanjan ,
Soltaniah,
Abhar,
Hamadan ,
Karag,
Sawah ,
Kaswin ,'
Abah,
Jarbadkan J
Semiram ,
Esfahan, (Ispa-
tiam,)
Çaschan ,
Longit.
Latit
Clim
81. d.
20'.
34. d.
30'.
3'
81.
H:
34-
0.
4-
83.
0.
34-
30.
4-
83.
0.
3Ï-
0.
4-
83.
10.
36.
0.
4-
!*■
45-
34-
20.
4-
83.
40.
36.
30.
4-
84.
î-
36.
20.
4-
84.
30.
36.
4ï-
4-
83.
0.
3Ï-
10.
4-
84.
45-
H-
0.
4-
8<.
0.
36.
0.
4-
!'•
0.
37-
0.
4-
8J-
10.
34-
40.
4-
§*•
2.5.
14.
0.
4-
s?.
40.
30.
M-
3-
86.
40.
3 V
%f.
2.
86,
0.
34-
0.
4-
Je crois qu'il vaut mieux s'en tenir à ce] détail , en y
changeant toutefois ce que le tems y a rendu différent J
car il eft certain que depuis le milieu du quinzième fié-
cle il s'eft formé de nouveaux établiffemens , comme
les grands fauxbourgs d'Ispahan , &c quelques - uns des,
anciens lieux font fort déchus de l'état où ils étoient alors.
Les troubles , dont la Perse eft agitée , n'étant pas en-
core terminés , il n'eft pas ailé de deviner à qui demeu-
reront les deux Iraques. Cependant l'Irac- Arabi eft pres-
que entièrement conquife, depuis longues années , par
les empereurs Turcs. Pour l'Irac-Agemi , elle eft pré-
fentement la proie de l'ufurpateur Eschreff, fucceifeur
de Meriweis , qui a jette toute la Perse dans l'horrible
confufion où elle eft. Mais les efforts du prince Thamas,
fils du dernier roi de Perse , pourroient bien avoir quel-
ques fuccès , ck le rétablir iùr un trône , qui étoit à fes
ancêtres.
Quoique l'Irac- Agemi ne foit pas la Perse propre,
elle eft comme le centre de l'empire Persan d'aujour-
d'hui , puisque c'eft dans cette contrée qu'eft la capitale
de toute la nation , ck la réfidence ordinaire de la cour ;
je veux dire Ispahan.
IRAGHTICONER , baronnie d'Irlande , dans la pro-
vince de Munfter. C'eft une des huit baronnies , & la
plus feptentrionale du comté de Kerry. *Etat préfentdc
l'Irlande , p. 50.
IRAN : ce mot eft pris dans deux lignifications diffé-
rentes ; l'une eft très-étendue , & l'autre fe borne à une
province particulière. Ce que nous appelions le royaume
de Perse, c'eft-à-dire tout le pays compris entre l'Eu- -
phrate , le Tigre , le Gihon ck l'Inclus , fleuves fi re-
nommés , ck les deux mers Caspienne ck Indienne ; ce
pays , dis-je, où font les provinces de Fais, ou Perse
proprement dite, l'Iraâk- Agemi , ou l'ancienne Parthe,
le Schirvan ck l'Adherbigian , qui font la Médie , le
Khoraflan,qui comprend la Bacîrienne ck l'Hircanie, &c.
toutes ces provinces jointes ensemble , portent le nom
général d'Iran , de même que ce qui s'étend au-delà du
Gihon, en tirant vers l'orient feptentrional ck le nord,
porte celui de Turin ou Tourân. * D'Herbelot , Bibl.
orient.
IRAN v TOURAN , le pays des Persans & celui des
Turcs, la Perse &L la Turquie orientale. C'eft ainfi que
les hiftoriens Orientaux parlent , quand ils veulent ligni-
fier tout ce qui eft compris dans la haute Afie , à la ré-
lèrve des Indes ck de la Chine.
Ils ne laiffent pas néanmoins d'entendre quelquefois,"
par cette façon de parler , toutes les nations de la terre,
comme font les Arabes, quand ils difent Arab v Agem,
Arabes (k Persans , ou , fi vous voulez , Arabes ck Bar-
bares.
Quoique le grand fleuve , nommé par les Arabes &
par les Persans Gihon ck Amou , &C par les Grecs &C
les Latins Baclrus & Oxus , fervit de borne & de fé~
paration entre ces deux grands pays ou empires de l'Iran
ck du Turan , l'on trouve cependant que Kischtasb, fils
de Lohorasb , cinquième roi de Perse , de la racedes
Kaïanides , fit bâtir un mur ou rempart long de fix vingt
parafanges , qui font deux cents quarante lieues françoi-
(es , pour fervir de barrière à ces deux états.
L'auteur du Lebtarikh dit que ce mur commençoit
dans le Khoraflan , à la ville de Beidha en Perse ; ck
finiffoit à celle de Samarcand , qui eft aujourd'hui la
ville capitale des Uzbecks, dans le Zagathai.
IRAN , félon Robert de Vaugondy , Atlas , province
particulière d'Afie, entre l'Arras ck le Kur. Elle eft bor-
née au nord par le Carduel , au nord-eft par le Schir-
van, au fud-eft par l'Adirbeitzan , & au couchant par
kt Turcomans. Ses principaux lieux font :
E RI VAN,
Nachschivan,
Julfa,
Eczmiazin.
Berde ,
Bilagan.
Ce n'eft là que l'Iran de Perse, car auparavant elle
IRE
IRI
s'étendoit beaucoup plus au couchant. Oléarius, Voyage,
t. i , 1. 4, p. |6i , dit que ceux du pays l'appellent
le plus fouvent Karasbag , &c la fubdivife en plufieurs
autres petites provinces , favoir :
Kappan,
Aghtava,
TzULFA ,
Aberan,
SCABUS ,
SCORGEL,
SlSIAN ,
Saschat,
Keschtas ,
Intze,
Sarsebil,
Thabak-Melex,
Ervan ou Irvan,
Thumanis ,
Kergbulag,
Alget,
& TZILDER.
y met pour principales
villes ,
Berde,
Ordebad,
Bilagan ,
Baiefied ,
Schemkur,
Maku ,
Kentze ,
Magasburt ,
Berkuschat ,
Tiffis,
Nachschivan ,
Tzilder.
On voit par ce détail qu'il y ajoute tout le Cjarduel ,
6i une partie confidérable de la Géorgie. Corneille met
dans la province d'Iran , pour principales villes , celles
d'Erivan , Cars , Naciivan , Zulfa & Van , fur un lac
de même nom , fur quoi il cite Tavernier. Ce voyageur
ne dit point que Cars & Van foient dans la province
d'Iran^ mais parlant de l'Arménie , où il met ces' vil-
les , il dit par occafion : en particulier la partie (de
l'Arménie,) qui eft fituée entre l'Araz & le Kur , eft
appellée Iran , dans le pays , &t plus fouvent Carabag ,
qui eft un des plus beaux &i des plus riches endroits de
la Perse.
IRANIME , ancienne ville d'Italie , vers la côte du
Frioul. Pline, /. 3, c. 19, dit qu'elle ne fubfiftoit déjà
plus de fon tems.
IRANZO, abbaye d'hommes , ordre de Cîteaux , de
la congrégation d'Àrragon , au royaume de Navarre,
dans le diocèfe de Pampelune.
IRATH, ville de la Mauritanie Céfarienne , dans les
terres , félon Ptolomée ? /. 4 , c. z.
IRBIL , ville de laMéfopotamie. Cette ville eft mo-
derne : elle eft fur un terrein uni, à deux journées de Mo-
ful. Elle a un château iùr une colline élevée. Il y a plu-
fieurs canaux fouterreins qui conduifent de l'eau à la
grande mosquée & au palais royal. * Manuscrits de la
Bibl. du roi.
IRCAOUON , nation d'Afie , en Géorgie , près de
Taous , forterefle , où elle s'étoit réfugiée à l'approche
deTimur-Bec. * Hijl. deTimur-Bec, 1. 3 , c. 58.
IRCTA , E/'fKTB , lieu maritime de la Sicile , entre
Palerme &C Eryx , félon Polybe , /. 1.
1. IRE, ville de l'ifle de Lesbos , félon Euftathe ,
qui expliquant ce vers d'Homère, Iliad. 1. 9,
KofS'ujj.û kw , fyoïmv ti vy\ 'lp»v.
c'eft-à-dire Cardamyle , Enope & Ire , dit qu'il y avoit
trois villes de ce nom , ci qu'une étoit dans l'ifle de
Lesbos.
z. IRE , ville dont parle Homère dans le paffage
qu'on vient de citer. Etienne le Géographe & Euftathe
croient qu'elle étoit dans la MelTénie , au Péloponnèfe.
Paufanias, /. 4, parlant de cette même ville, dit que
de fon tems on l'appelloit Abias , & qu'elle étoit une
des fept villes qu'Agamemnon promet dans l'Iliade, qu'il
donnera à Achille. Strabon, /. 8 , eft d'un fentiment dif-
férent ; car il dit qu'on lui avoit montré la ville d'Ire,
près d'une montagne , fituée dans le chemin qui con-
duit de Megalopolis, ville d'Arcadie , à Andanie. II
ajoute que d'autres croient qu'Hira étoit la même que
la ville nommée de fon tems MeJJola. Mais Euftathe ,
ai Mai. 1. 9, v. 150, dit qu'Ire étoit le nom d'une
ville & d'une montagne de Meflenie.
3. IRE : la troifïéme ville de ce nom appartenait aux
Malhens, félon le même Euftathe , ibid,
IRECOS. Voyez Inycum.
S*9
IREGUE , petite rivière dEspagne , félon Baudrand,
éd. 1705 , elle a fa fource dans les montagnes de la vieille
Caftille , vers la Merindade de Soria , d'où elle court
dans la province de Rivogia , & fe jette dans i'Ebre,
au-deffous de Logrogno , près du village de la Fuente
de Madrés.
IRELAND , ifle de l'Amérique, dans la mer du
nord, l'une des Bermudes : elie eft petite.
IRENjEUM, lieu delaBi'hynie, vis-à-vis de Sos-
thène. Métaphrafîe, dans la Vie de S. Marcel, ditau'on
le nomma enfuite AcœmetUM , 'hmpnui , c'eft-à-
dire de ceux qui ne dorment point. Dans le Code iï eft
parlé du monaftere Aucumetense , au rapport d'Qrté-
lius , Tkefaur. Evagre , Hijl. ecclef. 1. 5 , c. 14, nomme
ce même monaftere, le monaftere des Acemytes, en
parlant deJcan , qui y ayant vécu en folitaire, fut en- '
iuite élevé fur le liège de Jémlaiem.
IRENE. Etienne le Géographe dit oue l'ifle de Ca-
laurie fut nommée Irène, à cau'.e d'une femme appellée
ainfi. Pline , /. 4, c. il, qui écrit ce nom Irine, dis-
tingue cette ifle de celle de Calaurie , quoiqu'il la mette
dans le golfe Argolique.
ù IRENOPOLIS, ancienne ville d'Afie , dans la
Cilicie , félon Ptolomée , , L 5, c.B , qui la donne comme
la feule ville de la Lacanitide. Elle eft placée dans la fé-
conde Cilicie , entre les villes épiscopales, dans la No-
tice de Heroclès.
z. IRENOPOLIS. Cedrene, cité par Ortélius , TA*/,
dit que l'on donna ce nom à Berrhoée , ville de Syrie ,
aprè; que l'impératrice Irène l'eut fait réparer.
( IRENSIS , fiége épiscopal d'Afrique , dans la Byza-
cène , félon la Conférence de Carthage où il eft fait
mention de Saturus Irensis. * Harduin. Colleft. conc.
IRESIA, E/fWa, & Agelastos, 'Aj^aî-ôf. Sui-
das nomme alnii deux roches près de la ville d'Eleu-
fine.
IRESLE ou EiresIjE, ancienne ville de Grèce, dans
la Theffalie. Tite-Live, /. 31, c. 13, dit qu'elle fut ra-
vagée par Philippe.
IR-HAMMELACH , ancienne ville de la Paleftine ,
dans la tribu de Juda , au défert , rTOH *VJr Quelques-
uns croient , que la mer Morte en a pris le nom de
n^anD'- *Reland, Palïft. p. 868.
IR-HATTEMARIM , onanm» » c'eft-à-dire la
ville des Palmes. C'eft un des noms de la ville de Jéri-
cho.
1. IRIA, rivière d'Italie, où elle arrofoit la ville de
Dertona, félon Ortélius, qui cite Jornandès , de Reb.
Getic. p. 3 3 , éd. Bonav. Vulcanii , & Paul Diacre. Je
trouve dans le premier Majoranus. . . Dénonce juxtà
jîuvium Ira cognomento occiditur. George Merula, dans
fa Description du Montferrat , dit que le nom moderne
eft la Scrivia.
z. IRIA, ancienne ville d'Italie, félon Pline, /. 3,
c. 5. Ptolomée, /. 3 , c. 1 , l'appelle Eip* , & la place
chez le peuple Taurini. Antonin met Iria entre Camillo-
magum &: Dertona, à feize mille pas de la première,
& à dix mille pas de la féconde. Elle étoit fur la voie Clo-
dienne. C'eft préfentement Vogera , dans la Lombar-
die.
IRI-AFLAVIA , ville ancienne d'Espagne , chez le
peuple Capori , félon Ptolomée , /. z , c. 6. Mariana ,
Hijl. Hisp. 1. 4 , ci, parlant de la tranflation du corps
de l'apôtre S. Jacques , en Espagne , dit : fon corps ,
enlevé par fes disciples, étant mis fur un vaiffeau, s'ar-
rêta à Iria-Flavia , à l'extrémité de la Galice. Ce lieu
s'appelle aujourd'hui Padron. Il y en a d'autres qui
croient que c'eft Santa-Maria de FlNlSTERRE. Clu-
'fius & Morales parlent comme Mariana. Cette ville a
été épiscopale , & le fiége a été transporté à Com-
poftelle. Andréas Irienfis fouscrivit, l'an 57Ï , au troi-
fiéme concile de Brague ; & Dominicus , l'an 589, au
troifiéme de Tolède. * Harduin. Colleft. conc.
IRIMETTE (le royaume d') étoit une province
de Géorgie. Il confine du côté du nord aux Circafles
noirs , du côté de l'orient à la Géorgie Persane , vers
le midi à l'Arménie , & vers l'occident à la Mingrélie
& au Guriel. Ses princes font une branche iffue de la fa-
mille des rois de Géorgie. Le dernier, nommé Bagrat,
fut détrôné par fa mère, qui la donna à Vakhtang, qu'elle
IRK
les chaffa
5 20
époufa; mais Vomeki, prince de Mingrél!
tous deux, ck s'empara de leurs états. * Hijl. générale
'des Huns , t. 1 , p. 439-
IR1NE. Voyez Irène. .
ÏRINUS SINUS , golfe de la mer ces Indes, félon
Arrien, p. 22, e^'«- Oxon. Il dit dans fon Périple de
la mer Erythrée : après le Sinthe , (ou l'Inclus,) il y a
un autre golfe vers le nord ; on le nomme Irin. Il n'eft
pas ailé de le voir ; il eft grand d'un côté , ck petit de
1. IRIS , rivière d'Afie , dans la Cappadoce , félon
Ptolomée , /. <j , c. 6. Voyez CASALMACH , qui en eft
le nom moderne.
2. IRIS. Diodore de Sicile ,/.'>, nomme amu une
partie de Me Britannique , dont les habitans vivoient
de chair humaine. Ortélms croit qu'il a voulu parler de
l'Irlande. ,
IRIVAN. Voyez Erivan.
IRKEN , Jerkéen ou Yarkan , ville de la Tarta-
ne , dans la petite Bucharie , dont elle eft la capitale.
Elle eft limée à 42 d. 40' de latitude , au nord de la ville
de Caschgar , fur les bords d'une petite rivière , dont
les eaux paffent pour n'être pas trop faines. Cette ville
eft grande , âkaffez bien bâtie , à la manière des Orien-
taux , quoique la plupart de ces maifons foient bâties de
briques cuites au foleil. Il y a un château où le Contaisch
vient de tems en tems loger pour quelques mois , lors-
que les affaires demandent fa préfence de ce côté-la ; ce
qui l'ait que quelques-uns la croient être la réfidence or-
dinaire du grand Chan des Calmoucks. * Hifi. des Tar-
tans, p. 408.
Comme cette ville eft le dépôt de tout le commerce
qui fe fait à préfent entre les Indes ck le nord^ de l'A-
lie , de même que de celui qui fe fait d'un côté entre
leTangut ck la Sibérie , ck de l'autre entre la grande Bu-
charie ck la Chine , il eft hors de doute qu'elle doit être
riche ck bien peuplée , fur-tout fi on fe repréfente que
ce n'eft que par l'entremife des Buchares , fes habitans,
que ces différens pays ont communication ensemble, &C
que par cette raifon , tout le profit du commerce doit
refter entre leurs mains. Les environs de cette ville font
fertiles , ck produifent en abondance toutes fortes de
fruits & de légumes.
Le Mahométisme eft la religion dominante dans Jer-
kéen , de même que dans toutes les autres villes & vil-
lages de la petite Bucharie ; néanmoins toutes fortes de
reïigionsy jouiffent d'une entière liberté, parce que les
Calmoucks , qui font les maîtres de ce pays, fe font
une affaire de conscience de fouffrir qu'on inquiète per-
fonne chex eux par rapport à fa religion.
Si le feu empereur de Ruflîe eut encore vécu quelque
tems , on alloit travailler inceflamment à l'établiffement
d'un commerce réglé entre fes états ck la ville de Jer-
khéen , par la rivière d'Irtis ; ce qui auroit pu avoir des
fuites très-avantageufes pour les Ruffieas.
IRKUTSKOI ; c'eft ainfi que ce nom fe trouve écrit
dans les nouvelles Cartes de laTartarie ; ck cependant
on lit Jekutskoi , dans le Voyage de la Chine, inféré
dans celui de Corneille le Brun en Moscovie ck aux In-
des, v. m. A cela près, voici ce qu'on nous y en ap-
Jek'utskoi, (ville de laTartarie, dans la Sibérie, chez
les Kumi-Tongufi,) eft fituée fur la rivière d'Angara ,
qui a fa fource dans le lac de Baikal , environ à huit
lieues de-là. Cette ville , qui eft bâtie depuis peu d'an-
nées , tft flanquée de bonnes tours. Les fauxbourgs en
font fort grands , ck le bled , le fel , la chair ck le poif-
fon y font à grand marché , puisqu'on n'y donne que
fept fols de cent livres de faigle , poids d'Allemagne. Le
pa'ys en eft très-fertile , ck abonde en grains jusqu'à Wer-
1RL
golenskoi qui n'en eft qu'à quelques lieues. Les Ruffiens
y occupent quelques centaines de villages , ck y culti-
vent la terre avec foin.
On voit à l'eft , vis-à-vis de cette ville , une caverne
brûlante qui a pouffé des flammes , avec affez de vio-
lence , depuis quelques années ; mais à préfent il n'en
fort plus qu'un peu de fumée. Le feu fortoit par une
grande fente , où l'on trouve encore de la chaleur en
v enfonçant un grand bâton. Il y a auffi un beau mo-
3 ni .!.' j .» :n~ 1 i» j :..
de JAKUT , d'où elle tire fon nom , fe décharge dans
l'Angara. On reffent de grands tremblemens de terre
en ces quartiers-là, en automne ; mais il ne font point
de mal.
Cet auteur eft repris par Laurent Lange , voyageur
plus récent, d'avoir nommé cette ville Jeku'^koi. Ce
voyageur la nomme Irkutskoi , ck dit que ce nom vient
de la rivière Irkut , qui y tombe dans l'Angara. Il ajoute
que la caverne brûlante ne fe voit plus.
IRLANDE , l'une des ifles Britanniques , ck la plus
grande après celle de la Grande-Bretagne , au couchant
de laquelle elle eft fituée. Sa partie la plus ièptentrionale
eft par les 5 5 d. 10' de latitude ; ck fa partie méridio-
nale par les 5 1 d. 2.0' ; fa longitude eft depuis 7 d. 10',
jusqu'à 12 d. 5', félonies observations employées par
De rifle. Mais l'auteur de cet article rétrécit davan-
tage.
La plupart des aute.urs Latins appellent l'Irlande Hl-
BERNIA : Orphée , Ariftote , Strabon ck d'autres la
nomment Jerna ; Mêla , Juvenal ck Solin , Juverna ;
Ptolomée Ivernia , ck quelquefois Britannia minor :
Martianus Capella la nomme Joyepnia ck Ferma; d'au-
tres l'appellent Bernia , ck Plutarque lui donne le nom
d'Ogygia. Les Bardes ou les poètes Irlandois l'appelloient
anciennement Tivolas , Totdanan ck Banno. Dans les
derniers* fiécles elle portoit le nom de Scotia ou Scolia
m'iAor, pour la diftinguer de l'autre Ecoffe. Les naturels
du pays l'appellent Eryn ck quelquefois Gwydhill ; les
Gallois Yverdon ck Ywerdhoi , ck le peuple qui l'ha-
bite Gwydhelon ; les Allemands Irlande, ck les Italiens
Jrlanda. Il y a grande apparence que le nom Frwçois
Irlande eft venu d'Erinland , qui fignilîe en irlandois
une terre occidentale ou un paysfuui à. l'oueft. Bochart
veut qu'elle (bit appellée Hibernia , du mot phénicien
Ibernce , qui .fignifie T habitation la plus éloignée , parce
que les anciens ne connoifloient point d'autre pays à
l'oueft au-delà de l'Irlande, * Etat préfent de l'Irlande,
p. 1.
C'eft une ifle fujette à la couronne de la Grande-Bre-
tagne , ck que l'océan enveloppe de toutes parts. Elle
eft bornée à l'eft par une mer dangereufe , qu'on appelle
la MER d'Irlande ou le canal de S. George , qui la
fépare de l'Angleterre ck du pays de Galles, auffi- bien
que de l'Ecoffe ou delaBretagne feptentrionale au nord-
eft ; elle eft bornée à l'oueft par le vafle océan Atlan-
tique , qui la fépare du continent de l'Amérique , au
nord par l'océan feptentrional , ou la mer Deucalédo-
nienne , ou Calédonienne , ck au iùd ck fud-oueft par
l'océan Virgivien.
Quoique l'Irlande foit une ifle environnée de tous càj
tés par la mer , elle n'eft pas fort éloignée de quelques
endroits delà Grande-Bretagne; par exemple, il n'y a
qu'un trajet de quarante-cinq milles de Holy-Héad, fituée
fur rifle d'Anglefey, dans le pays de Galles à Dublin ;
ck ce partage eft plus court que celui des parties orien-
tales d'Wexford a Saint David. Elle eft encore plus près
de l'Ecoffe , puisqu'à traverser du cap Red - Boy , dans
le comté d'Antrin à Cantire , qui eft de la partie méri-
dionale de ce pays , il n'y a qu'environ quinze milles ;
mais de la partie orientale du comté de Do-wn à Saint-
Beés-Head, ou la Tête de S. Bée, dans la province de
Cumberland , il y a quatre-vingt-quatre milles. Située au
nord-oueft ck fud-eft de la France , elle en eft à deux
cents vingt milles ; au nord ck fud, à l'égard de l'Espa-
gne, elle en eft à quatre cents quarante milles, ck exac-
tement à l'oueft de la nouvelle France , la partie de l'A-
mérique la plus voifine ; elle en eft à environ quatorze
cents quarante milles.
Elle eft entre le 5e d. 58' , ck le 10e d. 45' de long
tude , à compter depuis Londres ; mais à compter 1"
puis l'ifle deTénériffe , elle eft entre le 8e & le 12e .
5 ' de longitude , comme la plus grande partie de G
gne , ck entre le 3 1 e d. ;
de latitude feptentrionale , comme le pays de Galles
ice ck des Afturies en Espagne , ck entre le 31e d.
%
la plus grande partie de l'Angleterre. (L'auteur fe trompe
vifiblement en cet endroit , puisque fi l'Irlande avoit
cette latitude, elle feroit vis-à-vis de l'Afrique Se du
royaume de Maroc.) On voit ainfi qu'elle eft entière-
ment fous le 9e ck le 10e climats , ck un peu fous le 8e ;
naftere Tcôté de'cëtVvUJe", à l'endroit où là"nvîere de forte que le plus long jour , dans les endroits les plus
men«
IRL
IRL
méridionaux , eft de feize heures & environ vingt-cinq
minutes , & que dans les endroits les plus feptentrio-
naux , il eft de dix-fept heures &C douze minutes. Elle
eft dans une des zones tempérées vers fes parties fepten-
trionales , à environ 5 d. du milieu.
. Elle eft presque aum longue que large , d'une figure
oblongue , qui approche de celle d'un œuf, auquel plu-
fieurs écrivains l'ont comparée ; mais fi l'on observe
les tours & retours de fes côtes, on ne peut rien voir
d'une forme plus irréguliere. C'eft une ifle du troifiéme
rang grande, à-peu-près comme la moitié de l'Angleterre ;
fa longueur depuis Fair-Head , la pointe feptentrionale
d'Antrim jusqu'à Miffen-Head, la, pointe méridionale
de Cork eft d'environ deux cents quatre-vingt-cinq mil-
les ; fa largeur dans l'endroit le plus étendu , depuis les
parties orientales de D.own , jusqu'aux parties occiden-
tales dé May , eft d'environ cent foixante milles , à
compter depuis l'eft d'Wexford , dans la province de
Leinfter jusqu'à l'oueft de Kerry : dans celle de Muns-
ter , il y a cent cinquante-deux milles ; mais à la pren-
dre au milieu , depuis l'eft de Dublin jusqu'à l'oueft de
Galloway , il y a centquarante-fix milles : à compter les
tours & les détours -, elle a en tout environ quatorze
cents milles de circuit.
L'Irlande, fi nous en croyons fes écrivains, étoit con-
nue dans les lems les plus reculés. Ils nous difent qu'elle
fut habitée avant le déluge, par Ccefaria , qui étoitniéce
de Noé ; qu'environ trois cents ans après le déluge,
Bartholanus, Scythe de nation, s'y rendit , & qu'il li-
vra plufieurs batailles fameufes à des géans ; que bien
des années après, Néméthius, autre Scythe, y paffa,
&c qu'il en fut bientôt charte par les géans ; qu'enfuite
Delà , avec quelques Grecs, occupa cette ifle ; que,
bientôt après , c'eft-à-dire vers le tems que les Israéli-
tes fortirent d'Egypte , Gaothel accompagné de fâ
femme Scota, fille de Pharaon, roi d'Egypte, y aborda,
& qu'il l'appella Scotia, du nom de fon époufe ; qu'en-
fin peu de fiécles après , Hiberus &C Hermion , fils de
Miléiius , roi d'Espagne, établirent, avec la permiffion
de Gurguntius , roi des Bretons, des colonies en Irlande,
que la pefte avoit ravagée ; mais ce font que de pures
fables inventées par les Irlandois. Il eft certain que ceux-
ci , qui tiroient leur origine des Bretons , furent les pre-
miers habitans de cette ifle , (uivant les auteurs les plus
dignes de foi ; car il eft aifé de s'y rendre de la Bre-'
tagne , comme de la terre la plus voifine. Auffi les plus
anciens écrivains l'appellent -ils une ifle Bretonne; &
Tacite , dans la Vie d'Agricola , chapitre 24 , nous en
parle en ce termes : Solum celumque & ingénia cultus-
cue hominum haud mulcàm à Britannia différant. C'eft-
a-dire : « le terroir , le climat , le naturel fk les ajufte-
» mens des hommes ne diffèrent pas beaucoup de ce
» qu'on voit en Bretagne. » C'étoit un peuple groffier
& barbare , dont les aftions ne font guères connues, &c
qui n'ayant pas été conquis par les Romains, n'en avoit
pu recevoir ni les fciences ni la politeffe. Vers la déca-
dence de l'empire Romain, ils s'appelloient Ecqflois ; mais
on ne fait pas bien pour quelle raifon. Quoi qu'il en foit, ils
fubjuguerent les ifles occidentales ou Hébrides, les Piftes
qui étoient dans leur voifinage , &c les Calédoniens : ils
donnèrent le nom SEcoffe aux parties feptentrionales
dn continent Britannique. Peu de tems après ils ne vou-
lurent plus s'appeller EcoJJois, & reprirent leur ancien
nom ^Irlandois. Ils vivoient d'ailleurs fous le gouver-
nement de divers petits princes.
Il y eut, en différentes occafions, des Danois, des Sué-
dois &C des Normands qui fe mêlèrent avec eux ; mais
on n'y voit aujourd'hui que des Anglois &C des Irlan-
dois. Ceux-ci , en général , font bien faits , robuftes ,
belliqueux , fpirituels , hospitaliers , mais vindicatifs.
Leur fidélité pour leur prince légitime eft inviolable ;
on en a vu un grand nombre , à la fin du fiécle dernier,
quitter leur patrie , méprifer les avantages que le prince
d'Orange leur propofoit , pour fuivre la fortune de leur
loi détrôné, &; l'accompagner en France, où ils ont
•fervi avec diftinttion : il y en refte encore une brigade
d'infanterie, fk un régiment de cavalerie, qui fervent le
roi avec le même zèle qu'ils feroient leur prince natu-
rel. La nobleffe aime la mufique &t la chafle. Les fem-
mes y font grandes , bien faites & très-fécondes : elles
.ont des enfans, affez ordinairement, jusqu'à cinquante ans.
fit
Leur langue naturelle étoit anciennement la Bretonne^
ou du moins une diale&e de cette langue ; mais elle
s'en eft fort éloignée depuis , à caufe du mélange des
étrangers , dont elle a retenu divers mots , quoique , fi
nous en croyons un favant , qui en a écrit en dernier
lieu , elle foit compofée en gros du Breton , & du vieux
Cantabrien ou Espagnol , tel que le parloient les natu-
rels de l'Espagne Tarragonoife , avant que les Romains,
ou même les Goths, les Wandales St lesSarrazins con-
nurent ce royaume ; d'ailleurs les noms des lacs, des
rivières , des ifles , des montagnes , des bourgs , &c.
font encore presque tous Bretons. La lettre 0 , toute
feule, commence d'ordinaire les noms des principaux
d'entr'eux , comme O-Neal, O-Rorck , &c. ou bien
MAC, qui veut dire fils, comme mac-decan, mac-xan~
non^ mac-carty , &c. Mais lorsqu'on les baptife, on y
ajoute un nom profane , tiré de quelque événement,
quoiqu'on ne leur donne jamais le nom du père , ni d'au-
cune autre personne de la famille , qui font alors en
vie , dans la crainte que cela ne hâtât leur mort. Du
refte , lorsque le père eft décédé , le fils prend d'ordi-
naire fon nom.
^ Us vivent d'herbes & de racines, de laitage, de gruau
d'avoine, qu'ils aiment beaucoup mêlé avec du beurre,
du bouillon du bœuf; &£ ils mangent fouvent la viande
fans pain , en forte qu'ils gardent le bled pour leurs che-
vaux. Lorsque les vivres font chers , ils ne dédaignent
pas de manger de la chair toute crue , après en avoir
exprimé le fang; rk là-deffus ils boivent de grands traits
d eau-de-vie ou d'usquebaugk. Ils portent de petites ves-
tes de laine , des culotes à pli de leurs cuiffes , &c par-
deffus une manteline ou couverture à long poil , avec
de grandes franges autour. Ils vont presque toujours
tête nue , & regardent une longue chevelure , comme
un de leurs plus beaux ornemens. Les femmes n'eftiment
pas moins leurs cheveux , fur-tout lorsqu'ils font rou-
geâtres ou de couleur d'or.
L'air y eft, en général, doux Se tempéré; enforte qu'en
été il n'eft pas fi chaud, ni en hyver fi froid qu'en An-
gleterre ; mais il n'eft pas non plus fi pur ni fi ferein.
L'humidité y eft fi extraordinaire, qu'on y eft fort fujec
à ladiarrhée, à la dyfTenterie &r aux rhumes. Les étran-
gers fur-tout n'évitent guères de tomber dans ces mala-
dies , dont les Irlandois fe guériffent en buvant de l'ua-
quebâugh.
Le terroir y eft très-fertile , quoique plus propre na-
turellement pour les pâturages que pour le grain : l'herbe
y eft fi longue &c fi bonne en quelques endroits, que le
gros bétail fe creveroit à force d'en manger , fi l'on n'a-
voit foin de l'en retirer de tems en tems. Il y a même
des quartiets , comme dans la province d'Armagh , ou
l'on s'entendroit fort mal à cultiver la terre, fi l'on s'a-
vifoit d'y mettre du fumier, puisque bien loin d'en aug-
menter la fertilité , il ne ferviroit qu'à la diminuer. Ort
y trouve d'ailleurs de varies marécages , qui rendent l'air
mal-fain , des lacs & de grandes forêts , quoique de-
puis quelques années on y ait defféché plufieurs de cet
marais, Se abbatu quantité de bois.
Mais ce qu'il y a de merveilleux dans ce pays , eft
qu'il ne produit aucune bête venimeule , & que même
elles n'y fauroient vivre. Ce n'eft pas tout ; le bois de
fes forêts n'admet ni vers ni araignées , du moins (î
l'on en croit un poète , qui fait parler l'Irlande en ces
termes :
Illa ego fum Gratis gla.da.lh Hibernià diclat
Cui Deus & melior rerum nastentium origo
Jus commune dédit cum Creta, altr'ut Tonantis ,
Angues ne nojiris diffuitdant Jibila mortis.
C'eft-à-dire : « Je fuis cette ifle , que les Grecs ont
» nommée l'Hibernie glaciale , à qui Dieu , par un effet
» de fa bienveillance , a donné le même droit qu'à l'ifle
» de Crète , nourrice de Jupiter , puisqu'on ne voit chez
» moi aucun ferpent qui menace mes habitans de la mort.
S'il n'y a point de bêtes venimeufes en Irlande , il y
a quantité d'animaux voraces , entr'autres , des loups ,
dont l'Angleterre St l'Ecofle font délivrées depuis bien
des fiécles..
Tome III. V u u
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Elle nourrit quantité de troupeaux de brebis , qu'on
y tond deux fois l'année. On y voit de très-bons che-
vaux ; les bêtes à corne y font la principale richefle du
pays. Il y a tant d'abeilles, qu'elles font leurs eflains ,
non-feulement dans des ruches , mais dans les creux
des arbres & dans les trous de la terre. On n'y manque
pas non plus de renards , de lièvres , de lapins &c de
toutes fortes de gibier ; il y a des oileaux fauvages &
domeftiques , de toutes les fortes , Sx. quantité de poif-
fon, fur-tout de faumons & de harengs.
Les principales denrées du pays confident en cuirs,
en fuif, fain-doux, quantiié de beurre Se de fromage ;
en fel , bois , miel , cire , fourrures , chanvre , toiles ,
douves , laines , dont on fait du drap , de la frife &
de ces groffes couvertures ou mantelines à long poil,
qu'on vend dans les pays étrangers. En un mot , tout ce
qui peut être utile ou agréable , y eft en abondance &
à grand marché. Il femble même que, dans ces derniers
teins , les naturels du pays ayent aquis de l'induftrie ,
& que par leur grande fréquentation avec les Anglois ,
ils foient plus civilifés qu'ils ne l'étoient autrefois ; de
forte qu'avec le tems , cette ifle pourroit devenir auffi .
floriflante qu'aucun autre pays qu'il y ait en Europe.
L'on observe que les animaux n'y font pas fi gros qu'en
Angleterre.
Il y a par tout des fources & des fontaines.
Depuis foixante années ou environ, l'on a découvert,
afîèz près de Dublin , des eaux minérales & purgatives ,
qu'on peut comparer à celles de Spa. On y trouve en
divers endroits quantité d'autres fources , que les Irlan-
dois appellent des puits facrés , & dont les eaux , à ce
qu'ils prétendent , fervent à guérir de diverses maladies ,
quoiqu'elles ne diffèrent point de l'eau commune , ni
pour le goût , ni pour l'odeur , ni pour toute autre qua-
lité fenfible.
Une petite ifle, fituée fur un lac, nommée Louch-
DlRG , a été fameufe pendant quelques fiécles , à l'oc-
cafion du purgatoire de S. Patrice. Voyez au mot Pur-
gatoire , l'idée que l'on en avoit , Se ce qu'on y a
trouvé, lorsqu'on y a fait une'exafte recherche.
Il y a un lac , qu'on appelle Lough-NeaugH, au-
quel on attribue la; propriété de changer le bois en
pierre. Quelques-uns même ont prétendu qu'il le con-
vertiffoit en fer, quoique cela ne foit pas vrai.
En Irlande , auffi- bien qu'en divers endroits de la
Grande-Bretagne , on trouve fouvent des arbres entiers,
foit coudriers ou autres , dans les fondrières & dans les
marais fablonneux. On y voit même quelquefois quantité
de noifettes, qui n'en ont que la figure, & qui font réduites
en limon. On n'y avoit découvert aucune mine avant
que les Anglois s'y fuffent établis , fous le régne d'Elifa--
beth : quelques-uns ont avancé qu'on y trouvoit des
mines d'or ; mais cela ne s'eft pas vérifié jusques ici ;
pour les mines de fer , il y en a de trois fortes : la pre-
mière , qu'on peut appeller marécageufe , fe trouve dans
les endroits bas , &c près de la furtace de la terre ; le fer
en eft aigre , jaunâtre & d'une fubftance un peu argil-
leufe , qu'il faut mêler avec quelqu'autre. La féconde eft
la mine de roche , d'une fubftance dure & pierreufe ,
comme le roc d'où on la tire , & d'une couleur fombre
ou de rouille : on n'a pas grande peine à la tirer ; mais
elle n'eft pas fi abondante que la marécageufe , & ne
donne qu'un fer très-caffant. La troifiéme eft la mine
blanche , ou des épingles , dont la fubftance tient le mi-
lieu entre celle des deux autres : on la tire en maffe ,
& le fer qui en revient n'eft pas fi caffant que celui de
la mine de roche ; Si il eft fouvent auffi bon que le fer
d'Espagne. 11 y a d'ailleurs quelques mines d'argent &£
de plomb , mais qui ne font pas aujourd'hui d'un grand
revenu.
En divers endroits de l'Irlande , on trouve des car-
rières de marbre : il y en a de rouge , rayé de blanc
& d'autres couleurs, qu'on y appelle de porphyre, de
noir mêlé de blanc avec beaucoup de régularité, & d'au-
tre qui eft d'une feule couleur. Les deux premières fortes
ne s'y trouvent qu'en petite quantité, fur tout la féconde ;
nuis la troifieme y eft fort commune , fur-tout aux en-
virons de Kilkenny, dont les rues en font pavées. Lors-
que ce dernier marbre eft tiré de la carrière , il paroit
grifàtre ; mais après qu'il eft poli , il devient d'une cou-
leur bleuâtre , qui tourne un peu vers le noir.
L'Irlande eft divifée en quatre provinces , qui font
à-peu-près dans cette dispofition :
La province d'ULSTER ou L'ULTONIE.
La province de Connaught La prorince de Leins-,
ou la Connacie. ter ou Lagenie.
La province de Munster ou la Mommonie.
On peut voir aux mots CoNNAUGHT, Leinster,
Munster Se Ulster, ce qui eft particulier à ces pro-
vinces, &: leurs fubdivifions.
Les principaux lacs d'Irlande font Lough-Erne ,Lough-
Neagh, Lougk-Ree, Lough-Dergh, Lough-Cerrib, Lough-
Conn, Lough-Care, Lough-Cilly , Lough-Allyn &£
Lough-Hannel.
Les plus confidérables baies font la hait de Gai-
Iway, qui eft fortvafte & fûre, capablede recevoir une
grande flotte , & qui eft défendue à l'oueft par les ifles
d'Arran ; elle eft fituée entre les comtés de Gallw ay &t
de Thomond ; la baie de Dingle , dans le comté de
Kerry, qui eft vafte ck fpacieufe ; la baie de Bantry ,
dans le comté de Corck, qui eft pleine de petites ifles ;
la baie de Donnegal , fituée entre les comtés de Don-
negal , de Slego &c de Letrim , à l'entrée du Lough-
Erne ; celle Londonderry, qui eft un espèce de lac , en-
tre les comtés de Donnegal & de Londonderry, & qui,
à caufe de cela même , porte le nom de Lough-Foyle ;
la baie de Carrick Fergus , fituée entre les comtés d'An-
trim & de Down ; celle.'*/* Carlingjbrt , qui eft entre
les comtés de Down ôc de Louth ; celle de Dublin ,
qui eft dans le comté de Dublin ; celle d'Wexfort , qui
eft dans le comté de même nom ; celle de Kingsale ,
qui eft dans le comté de Cork. Il y en a plufieurs au-
tres moins dignes d'être remarquées.
On voit quelques promontoires ou caps en Irlande,
qui méritent d'être fpécifiés. Tels font celui qu'on ap-
pelle Fair-head , c'eft-à-dire belle tête , qui eft dans le
comté d'Antrim , la pointe la plus Septentrionale du
royaume , & à dix-fept milles ou environ de l'Ecofle ;
la pointe de Saint- Jean , dans le comté de Devn , à
huit milles ou environ au fud de Dov/n ; la vieille tête,
dans le comté de Cork, à fept milles ou environ au fud
de Kingsale; Miffen- Head , qui eft la pointe la plus
méridionale du même comté ; Lean , dans le comté de
Thomond & à l'embouchure du Shannon ; le cap ds
S. Jean , dans le comté de Donnegal , à près de treize
milles oueft de la ville, qui porte le même nom; le
cap du Nord , qui eft dans les parties feptentrionales du
même comté ; & Dog-Head ou la tête du chien , qui
eft dans les parties occidentales de Galhpay.
Les havres de ce royaume font en grand nombre &
fort commodes. Peut-être même n'y a-t-il aucun pays au
monde , où l'en en trouve de fi bons à tous égards. Les
plus remarquables font celui de Waterford, qui eft à l'em-
bouchure de la Shure ; celui de Cork , qui eft à l'em-
bouchure de la Lée ; celui de Youghall, qui eft à l'em-
bouchure de la rivière Black-water ; mais celui de King-*
fale , depuis le nouveau fort qu'on y a bâti fous le ré-
gne de Charles II , & fur-tout fous la direction de Ro-
ger , comte d'Orrery , femble l'emporter fur tous les
autres.
Quoiqu'il n'y ait pas beaucoup de grandes rivières
dans ce royaume , on y en voit quelques-unes, qui font
fort avantageufes au pays. La plus confidérable de tou-
tes eft le Shannon ou Shennon. Les autres font la Swift,
c'eft-à-dire rapide, X Awiduff owBlackwater , la Baie-
fui, la Shurewoody, la Borrow, la Liffe , la Boy ne , la
Lée, &c. dont le fameux Spencer a parlé, & à chacune
desquelles il donne l'épithétequi lui convient, dans fon
poëme intitulé, la Reine des Fées , lorfqu'il s'agit du ma-.
riage de la Thamife avec le Medway.
Les montagnes les plus remarquables font Knock-Pd*
trick ou celle de S. Patrice , dans le comté de Limérick
à l'oueft , du fommet de laquelle on voit la mer , auflî-
bien que l'endroit où le Shannon s'y dégorge ; celle de
SliewBleemy, dans le comté de la Reine, qui eft d'une
hauteur prodigieufe , d'où fortent les rivières Shure,
Nuer & Barrow. Celles d'Evagh &c de Mourne forment
une chaîne allez près de la Hier , dans le comté de
IRL
IRL
Do'wn ; Se celles de Sliew Gallen féparent en deux , le
comté de Tyrone. Celles de Ciruw font dans le comté
de Roscommon , Se celles de Gualtry dans le comté
deTippérary, près des comtés de Limérick & de Cork.
Quoique le plus grand nombre des Irlandois foit dé
la religion Catholique , les rois de la Grande-Bretagne
ont pris toutes les mefures pour l'y éteindre entière-
ment. L'une a été de n'admettre aux évêchés, que l'on
a conservés, que des miniftres Proteftans , & d'en rem-
plir tous les bénéfices. L'autre a été d'y envoyer de
nombreufes colonies de réfugiés de France , pour rem-
placer la multitude d'Irlandois qui en étoient fortis, pour
la caufe du roi Jacques II.
Le gouvernement eccléfiaftique d'Irlande eft donc
fous quatre archevêques Proteftans, qui font,
Armagh , primat de toute l'Irlande ;
Dublin, qui prend le titre de primat d'Irlande^
Cashel Se Tuam.
On a vu, dans la Lifte des archevêchés, quels fufFragans
ils avoient ; mais les Proteftans ont diminué le nom-
bre de ces évêchés ; Se l'Irlande n'a que dix-neuf évê-
ques:
(LONDONDERRY ,
JCONNOR,
Sous l'archevêque d'ARMAGH^ cloghe" '
|KlLMORE ,
\DUNDALKo
(KlLKENNYs
Sous l'archevêque de Dublin, ^Kildare,
(Fearns.
(Vaterford.;
(LlMERICK,
Cork,
Ardfeard j,
\Emly.
/Gallway,
jAthlone,
Sous l'archevêque de Tuam , / Killala,
] CLOMFORTi
VKILLALOV.
L'églife Proteftante d'Irlande eft, à peu de chofe près,
la même pour le dogme Se pour la discipline , que l'An-
glicane.
Ce royaume a fon parlement particulier , compofé
des feigneurs & des députés des comtés Se des villes.
Le vice-roi , que le roi d'Angleterre y envoie , & qu'on
appelle en Angleterre le lord lieutenant d'Irlande , a
une telle autorité , qu'il peut faire la guerre Se la paix ;
diftribuer toutes les charges Se tous les emplois , à la
réferve d'un petit nombre ; pardonner toutes fortes de cri-
mes, excepté ceux de léfe-majeftéj Se faire des chevaliers :
il convoque Se diflbut le parlement , fuivànt le bon plai-
fir du roi. En un mot , il n'y a point de vice-roi en Eu-
rope , qui approche tant que celui- ci de la majefté royale,
foit qu'on ait égard à fa jurisdiftion , à fon pouvoir , à
fon train ou à fes revenus. Il a pour fon conseil le lord
chancelier Se le tréforier du royaume , avec quelques
comtes , évêques , barons &£ juges , qui font membres
du confeil privé , formé à-peu-près fur le plan de celui
d'Angleterre.
Lorsqu'on l'inftalle dans fa charge , on lit d'abord en
public les lettres patentes , qu'il a obtenues du roi ; en-
fuite il prête ferment entre les mains du chancelier ,
félon un formulaire prescrit ; on lui délivre l'épée
royale, qu'on doit porter devant lui ; enfin on le place
dans un fauteuil de parade , où fe tiennent autour de
lui le chancelier du royaume , les membres du conseil
privé, les feigneurs Se pairs du royaume, avec un roi
ou fergent d'armes , Se autres officiers.
Dans les provinces éloignées, il y avoit autrefois des
gouverneurs fubalternes pour adminiftrer la juftice; tels
étoient un principal commiflaire dans la province de
Connaught , Se un préfident dans celle de Munfter , qui
ayoient pour affefleurs certains gentilshommes & juris-
;. m.
coiifultes dirigés par le vice-roi. A l'égard des différenr
tes conditions ou degrés de npbleue, il y a , de même
qu'en Angleterre, des ducs , des marquis, des comtes,
des vicomtes, des barons, des chevaliers & des écuyers.
On y voit aufïi les mêmes cours de juftice qu'en An-
gleterre ; la chancellerie , le banc du roi , la cour des
plaidoyers communs , Se celle de l'échiquier. On y a
de même quatre termes dans l'année , pendant lesquels
on adminiftre la juftice dans toutes ces cours. îl y a
d'ailleurs des juges nommés pour tenir les affiles , d'au-
tres établis en certains cas, par un ordre judiciaire ,
écrit en latin , qui commence par les mots , Nifipriù~st
Se qui, à caufe de cela même, en porte le nom ; d'autres
délégués pour décider les affaites criminelles , par une
commiffion fpéciale , qu'on appelle , en termes de droit ,
d'oye/- & terminer, c'eft-à-dire d'ouïr & terminer, Se
des juges de paix dans chaque comté. A l'égard du
droit couiumier, il eft en Irlande le même qu en An-
gleterre.
La force de ce royaume confifte , en partie, dans fa
fituation , puisqu'il eft environné d'une mer difficile Se
dangereufë ; Se en partie , dans les divers châteaux que
les Anglois y ont bâtis, depuis qu'ils en ont fait la con-
quête.
Les armes de ce royaume font d'azur à la harpe d'or»
que le roi Jacques I fit joindre à l'écu de la Grande-
Bretagne , pour faire voir qu'il étoit monarqHe absolu
de l'Irlande , Se que l'on a toujours retenues depuis fur
tes monnoies d'or Se d'argent. D'ailleurs, il n'y a qu'un
roi d'armes , qu'on appelle Ulfzer, Se qu'un poursuivant,
qui porte le nom A'Athlone.
Il y eut d'abord en Irlande , auffi - bien que dans la
plupart des autres pays, tant de petits princes , qui fo
donnoient le titre de rois , qu'il feroit difficile, ou plutôt
impoffible , d'en rendre un compte exact.. Cependant
quelques bons auteurs ont pris la peine de nous donner
uiv catalogue de ces rois, depuis Légeirus, fils de Néals
qui fut tué en 463 , jusqu'à Henri II , qui fournit cette
ifle à la couronne d'Angleterre , vers l'an 1171. Mais
ce qu'ils nous en difent , eft fi confus Se fi mêlé de fa-
bles, que, fans m'y arrêter un moment, je parferai aux
révolutions furvenues dans cet état , par l'invafion des
étrangers.
Les avantages qu'Egfrid , foi de Northumberland , y
remporta en 693 , ne méritent pas d'être mis en ligne
de compte , quoiqu'il y employa le fer Se le feu , Se
qu'il y ruina bien des places. Mais quelques-uns des mo-
narques Anglois -Saxons fe rendirent maîtres de Dublin
Se de divers autres lieux conlidérables. Le roi dEgdar
fut du nombre de ces vainqueurs ; témoin la charte
qu'il publia à Glocefter, en 966 , Se qu'on nomma la
loi d'Oswald, archevêque d'Yorck, qui en avoit donné
le plan , par laquelle il dépoflédoit tous lés prêtres ma-
riés, Se introduifoit des rrioines à leur place. D'un au-1
tre côté , les Anglois , attaqués vigoureufement chez
eux par les Danois , furent obligés d'abandonner leur
conquête , Se d'aller défendre leur propre pays ; de
forte que l'Irlande recouvra bientôt fa liberté , Se fe
vit de nouveau fous des princes de fa nation.
Les Danois , les Suédois Se les Normands réunis
fous le nom des Norvégiens , l'envahirent ensuite. En
l'aneée 795 , ils ravagèrent fes côtes Se fur-tout l'ifle de
Récréam. Trois années après , les Normands haraife-
rent Ulftef Se les ides Hébrides ou occidentales ; d'ail-
leurs ils ruinèrent Roscommon & le pays vbifin, en 807.
Vers l'an 812. , les Ecoflbis les battirent une ou deux
fois en Irlande.
En 83*; , Turgéfius y aborda avec unë^ grande flotte
Se une puiflante armée , qui le mit en état de ruiner
presque toute la province de Connaught, une partie de
Leinfter Se de Méath. Environ trois années après , ces
infidèles fubjuguerent une partie d'Ulfter , où ils exer-
cèrent mille cruautés contre les Chrétiens. Ce fut ce'
Turgéfius qui bâtit toutes ces forterefles rondes , qu'on
appelle communément Danes Rachs , Se qu'on voit en
divers endroits de l'Irlande. En 845, ces Norvégiens pil-
lèrent Se brûlèrent Clonmacnors , Clonford, Loghram
Se Tirdaglafs ; triais Turgéfius , à ce que rapporte Hi-
raldus Cambrenfis, devint amoureux de la fille de Mé-
lachlin, roi de Méath, qui eut l'adrefle de le furpren-
dre par quelque flratagême , Se de le faire périr avec
Terne III, Vuu ij
524 ÏRL
tous ceux qui l'accompagnoient. Ceci donna occafion
aux Irlandois de le délivrer de presque tout le refte de
ces Barbares, & de fe mettre, pour quelque tems, à l'abri
de leurs insultes.
Quelque tems après là mort de Turgefius , c'eft-à-
dire en 863 , Amlavus ou Amakus, fe rendit en Irlande,
avec de fi grandes forces , qu'il y eut une cruelle guerre,
plusieurs armées de fuite , entre les Norvégiens Se les
naturels du pays. Les uns Se les autres y éprouvèrent
divers fuccès , Se les ducs de Dublin y acquirent beau-
coup de réputation.
En 1014 , Brian Borô engagea la plupart des petits
rois d'Irlande à joindre toutes leurs forces avec les
tiennes , pour châfler les Danois , leurs ennemis com-
muns. Sitrkus, defon côté, fit toutes les alliances pof-
fibles , Se tous les préparatifs néceffaires pour foutenir
leurs attaques. Enfin, le 23 d'Avril, il y eut une fanglante
bataille , qui fe donna à Coutarf , près de Dublin. Les
auteurs varient à l'égard du fuccès ; mais ils conviennent
tous , que Boro y fut bleffé mortellement ; que fon fils
Murchard Se fon petit-fils Ardeval y perdirent la vie ,
avec quantité de personnes de diftinétion , outre fept
mille foldpts, Se même, félon quelques-uns, onze mille.
Quoiqu'il en foit, les Danois y fouffrirent beaucoup Se
fe retirèrent à Dublin avec les débris de leur armée.
Bientôt après , Mélachlin, roi de.Méath, qui, par un
principe d'inimitié contre Brian , s'étoit joint à Sitricus,
fut proclamé roi d'Irlande par la populace.
Il y eut une infinité de querelles Se de combats entre
les Irlandois Se ces peuples feptentrionaux , durant plus
d'un fiécle entier, quoique l'animofité ne parût pas fi
féroce, depuis que les derniers eurent embraflé le Chris-
tianisme.
Il arriva dans la fuite, que Dermont , roi de Leinfter,
forcé à s'enfuir en Angleterre , pour avoir enlevé la
femme d'O-Rork, roi deBréane ou du comté deCavan,
pafTa de-là en Aquitaine, où étoit alors Henri II, au-
quel il offrit de fe foumettre lui Se fon royaume, pourvu
qu'il l'aidât à le recouvrer. Henri y donna les mains ,
Se y envoya quelques troupes. Richard Strongbow, comte
de Strigul ou de Pembroke , Se Fitz - Stevens , Se les
Fitz-Geralds aidèrent à l'exécution de ce projet. Quoi-
qu'ils n'euffent, pour ainfî dire, qu'une poignée de monde,
ils furent bientôt maîtres d'Wexford , de Dublin Se
d'Vaterfort. Strongbow , qui avoit conquis cette der-
nière place , Se qui époufa la fille de Dermont , auroit
bien voulu devenir roi d'Irlande , fi Henri II ne s'y
étoit oppofé , Se ne l'eut réduit à fe contenter de la
province de Leinfter. En 1172, le clergé du royaume,
affemblé à Cashel , reconnut ce monarque pour roi lé-
gitime de tout le pays ; 8e le pape le confirma dans la
fuite. Cela n'empêcha pas que Roderick Connor , roi
de Connaught , ne s'arrogeât le même titre , Se qu'il ne
donnât beaucoup de peine à Henri , jusqu'à ce qu'il fe
fût fournis. De retour en Angletetre, Henri affembla
un parlement à Windsor, où il fitpaffer un afte, par le-
quel il permettoit à Roderick , d'être roi de Connaught,
à condition qu'il lui feroit toujours fidèle ; qu'il le fer-
■viroit en qualité de fon vaflal , qui lui rendoit hommage,
lui payeroit tribut , Sec. Malgré cet accord , Roderick
fe révolta de nouveau ; mais Jean Courcy le défit, Si
conquit une grande partie d'Ulfter pour les Anglois.
Dans un parlement tenu à Oxford, vers l'année 1177,
Henri déclara fon fils Jean , roi d'Irlande , où il fe ren-
dit lui-même, en 1 185. Les Irlandois, maltraités par
les gens de fa fuite, fe révoltèrent ; mais bientôt après
on les obligea de rentrer dans leur devoir : la royauté
de Jean , comte de Morton , ne fut pas de longue du-
rée : fon frère aîné , Richard I , en voulut jouir , dès
qu'il eut obtenu la couronne d'Angleterre. Ses fuccef-
feurs en uferent de même ; & ils y envoyoient des
lorcls jufticiers , pour gouverner ce royaume à leur place,
à moins qu'ils n'y allaffent eux-mêmes en personne,
comme fit le roi Jean, après être parvenu au trône d'An-
gleterre. Sous Edouard I , lorsque ce prince étoit en
guerre avec les Ecoffois , un certain Doneval - Oneva'I
prit les armes ; Se non content de s'appeller roi d'Ulfier,
il fe donna le titre de fucceffeur légitime à la couronne,
d'Irlande ; mais il fut bientôt mis à la raifon.
Pendant que Richard II étoit en Irlande avec une ar-
ruée, pour y régler toutes chofes fur le pied de la mo-
ÏRL
narchie d'Angleterre, Henri, duc de Lancaftxe , s'em-
para de celle-ci, Se Richard ne revint de fon expédition
que pour fe voir détrôner. Henri IV envoya fon fils
Thomas , ensuite duc de Clarence , en Irlande , avec le
titre de lord-lieutenant. Les guerres que Henri V eut à
foutenir en France , Se les conquêtes qu'il y fit , l'em-
pêchèrent de longer aux affaires d'Irlande ; Se la guerre
civile , qui furvint entre fon fucceffeur Se la maifon
d'Yorck, n'en détourna pas moins l'attention des Anglois.
Edouard IV, affermi furie trône d'Angleterre, nomma
fon frère George , duc de Clarence , lord lieutenant
d'Irlande, pour toute fa vie. Celui-ci choifit Thomas,
comte de Desmond , pour fon lord député. Mais dans
un parlement tenu en 1467, Jean Tiptoft , comte de
Worcefter, alors député , y accula Desmond Se le comte
de Kildare , Se Edouard Plunket , du crime de léfe-ma,-
jefté , pour avoir entretenu correspondance avec les en-
nemis du roi. Desmond fut condamné à perdre la tête J
Kildare obtint fa grâce , Se fut même , dans la fuite ,
lord député du duc de Clarence , aurfi-bien que lord
lieutenant , Jean de la Pôle , comte de Lincoln , fous le
régne de Richard III.
Henri VII le confirma dans cet emploi , dont il jouif-
foit lorsque Lambert Semnel fe fit couronner à Dublin,
Se qu'il paria tn Angleterre , où fon armée fut mife en
déroute Se lui-même fait prifonnier. A cette nouvelle
les Irlandois mirent bas les armes ; &C le comte de Kil-
dare fe rendit à Londres , avec les principaux feigneurs
du royaume , pour folliciter leur pardon auprès du roi,
qui fe lailTa fléchir à leurs inftances.
L'an 1491 fut nommé la funejle année en Irlande 9
à caufe des pluies continuelles qu'il y eut durant tout
l'été & l'automne ; ce qui produifit une grande difette
de grains partout le royaume. L'arrivée de Perkin-War-
beek, autre prétendant à la couronne, y caufà de nouvel-
les agitations l'année fuivante. Le roi , qui foupçonna le
Comte de Kildare de les favorifer , lui ôta fon emploi de
lord-député , Se mit bientôt après à fa place , le che-
valier Edouard Poyning. En 1494, celui-ci fut un des
principaux auteurs de cet afte mémorable, qu'on nomma
pour cet effet la loi de Poyning, par lequel tous les fta-
tuts reçus en Angleterre , dévoient être admis en Ir-
lande; On y réfolut * -vers le même tems } qu'on n'y
affembleroit à l'avenir aucun parlement , qu'après en
avoir déduit les raifons adreflees au roi Se à fon con-
feil , fous le grand fceau du royaume , & en avoir ob-
tenu la permiflion de fa majefté , fous le grand fceau
d'Angleterre , Se qu'aucun de leurs ailes ne feroit va»
lable qu'avec la même approbation.
Le comte de Kildare, quoique déclaré traître, fe tir3
non-feulement d'affaires; mais en 1496, il devint lord-
lieutenant. Il y eut ensuite une grande mortalité parmi
le bétail , Se la pefte affligea le royaume. Les malheurs
de l'Irlande ne le bornèrent pas là , puisque lés Clanric-
kards Se les Thomonds fe liguèrent contre les Anglois j
mais le vice-roi leur livra bataille , les mit en déroute ,
Se leur tua deux mille hommes.
Le vice-roi , comte de Kildare , mourut vers la fin
du régne de Henri VII , Se eut , pour fucceffeur à fes ti-
tres Se à fon emploi, fon fils Gérard. Celui-ci rem-
porta des viftoires fignalées fur les Irlandois rebelles ;
mais aceufé , par fes ennemis, auprès de Henri VIII,
de plùfieurs crimes Se de malversations ; quoiqu'il fe jus-
tifiât pleinement , il perdit fon pofte , Se le comte de
Surrey fut envoyé à fa place avec une armée. O-Néal
n'en eut pas plutôt avis, qu'il fongea de bonne heure à
faire fa paix, quoiqu'il eût quatre mille chevaux Se douze
mille hommes d'infanterie. D'ailleurs le comte de Sur-
rey battit les troupes des Oberns : il affembla un par-
lement ; Se après divers autres exploits, il demanda fon
rappel fur ce qu'on ne lui fourniffoit point d'argent pour
fubvenir aux befoins de fon armée. Pierre Butler, comte
d'Ormond , fut choifi lord-député à fa place ; il jouit
environ trois années de ce pofte ; mais des commiffai-
res envoyés de Londres , n'eurent pas plutôt vuidé le
différend qu'il y avoit entre lui Se le comte de Kil-
dare , que le dernier obtint de nouveau la vice-royauté,
en 1524.
Cependant le cardinal "Wolfey, qui étoit fon ennemi
mortel , le fit rappeller en Angleterre , où l'on inftruifit
fon procès , Se où il fut condamné ; mais h roi lui par-
ïrl
ÎK.E
donna, 6k, au bout de quelques années, ïe rétablit dans
'tous fes honneurs Si dans la charge de lord-député. En
.1534 , il eut ordre de paffer en Angleterre , où il ne
fut pas plutôt arrivé qu'on le mit à la tour. Un de Tes
fils , qui gouvernoit à fa place 6k qui avoit à peine at-
teint l'âge de vingt 6k un ans , excité par les rufes , les
mensonges 6k les intrigues de fes ennemis , prit les ar-
mes , 6k caufa une guerre civile , qui, après bien des re-
vers , abboutit à la ruine de toute fa famille. Il n'y eut
qu'un jeune garçon de treize ans, qui en fut garanti , par
les foins de fa nourrice , Se dont la poftérité s'eft con-
fervée jusqu'à ce jour. ..
Le duc de Richemond , fils naturel de Henri Vïlî ,
& lord-lieutenant d'Irlande, mourut en 1536 ; fon dé-
puté , qUi étoit le lord Grey, effuya de terribles embar-
ras, à l'occafion des révoltes d'O-Néal 6k d'O-Connel;
fck enfin, en 1541 , il fut condamné pour crime de léfe-
majefié, 6k eut la tête tranchée. A l'exemple de ce qui
fe paffoit en Angleterre , on avoit déjà fupprimé divers
monafteres en Irlande. Dans un parlement tenu à Du-
blin, l'an 33 du régne de Henri VIII , fous l'adminis-
tration du lord-député Saint-Léger , ce monarque y fut
déclaré roi d'Irlande , 6k cette ifle traitée de royaume ;
au lieu qu'auparavant les rois d'Angleterre ne fe di-
foient que les feigneurs de ce pays.
Les Irlandois ne purent vivre en paix fous le régne
d'Edouard VI. Ils étcient toujours en guerre avec les
Anglois , ou éntr'eux-mêmes. Les changemens que ce
prince y voulut introduire en matière de religion , n»
contribuèrent pas peu à y exciter des troubles. Après
fon régne , qui fut court, fa fceur Marie, qui luifuccéda,
. voulut remettre les chofes fur l'ancien pied. Malgré fes
efforts, les Proteftans Anglois y trouvèrent un afyle
plus affuré que dans leur patrie. ■
La reine Elizabeth . ne manqua pas d'introduire de
nouveau la réformation dans ce royaume ; mais cela
joint à d'autres motifs , y caufa plus de révoltes qu'il
n'y en avoit eu fous fes prédéceffeurs. En i<;63,Shane
O-Néal, qui s'étoit déjà foulevé une autre fois , 6k qui
avoit obtenu fa grâce, reprit les armes, brûla l'églife cathé-
drale d'Armagh , 6k mit le fiége devant Dundalk , qu'il .
fut contraint d'abandonner. Deux années, après le cheva-
lier Henri Sydley , lord-député , le battit à plate cou-
ture ; de forte que réduit à s'enfuir parmi les Ecoffois ,
qu'il avoit harcelés en d'autres occafions , il fut affaffmé.
On tint enfuite un parlement, qui flétrit fa mémoire,
& dégrada toute fa famille.
On jouit d'une espèce de tranquillité jusqu'à l'année
1579 , que le comte de Desmond invita les Espagnols
de venir à fon fecours. Ceux-ci fe rendirent d'abord
maîtres de diverses places ; mais enfin ils furent chaffés
du royaume ; & le comte fe trouva réduit à une fi grande
extrémité , qu'il ne pensa plus qu'à enlever du bétail à
la fourdine. Le gouverneur de Caftle-Mauge , à qui l'on
en fit des plaintes , envoya un parti à fes trouffes , qui
découvrit le bois où il fe tenoit caché , Se qui en oc*
cupa les avenues. Dès qu'il fut nuit, l'Irlandois nommé
Kelly, qui commandoit ce parti, s'achemina vers une
lumière qu'il y apperçut , entra dans la cabane où elle
étoit, 6k donna deux coups d'épée à un vieillard, qui
fe chauffoit auprès du feu, quoiqu'il lui criât: Sauve-moi ;
je fuis le comte dt Desmond. Cela ne fervit qu'à hâter
fa mort ; 6k c'eft ainfi que fe termina cette révolte ,
dont un autre des chefs, nommé Baltinglafs , fe retira
en Espagne où il mourut bientôt après.
Au bout de quelques années les Burcks y excitèrent
de nouveaux troubles ; mais ce né fut rien en compa-
raison de la guerre qu'y alluma Hugue-O-Néal , comte
de Tyrone, en 1595. Dès que fes affaires alloient mal,
il follicitoit fon pardon , 6k il l'obtint plus d'une fois. Il
battit les Anglois près de la rivière Black- Water ; mais il
ne put fe rendre maître du fort. En 1 597,^ obligea le comte
d'EfTex de traiter avec lui : en 1601, il eut le fecret d'en-
gager les Espagnols à palier en Irlande , où ils prirent
; Kingsale , 6k^ y mirent garnifon. Cette cruelle guerre
dura huit années , jusqu'à ce que Kingsale fut repris ,
en 1603 , 6k que les Espagnols furent obligés d'aban-
, donner le royaume. Là-deffus , le comte de Tyrone fe
fournit ; 6k il alla en Angletene , avec le lord-lieute-
nant , qui le préfenta à Jacques I.
Ce prince lui pardonna, 6k consentit à un aile d'am-
niftie , en faveur de tous les Irlandois rebelles , qu'il tira
des bois, des marécages 6k des montagnes où ils s'é-
toient réfugiés , avec ordre de payer tous les ans , ans
maîtres des fonds , une certaine rente fixe , . au lieu des
taxesiarbitraires auxquelles ils étoient affujettis. Ce nou-
veau règlement, qui les. encouragea à reparer leurs mai-
Ions 6k à cultiver les terres , fervit à bien augmenter
les revenus du public 6k des particuliers. Le royaume
tut alors divifé en comtés ; 6k il y eut des jnges am-
bulans établis pour y adminiftrer la juftice en certaines
faifons de l'année. Les Irlandois fenfibles aux avantages
qui leur revendent des loix d'Angleterre , envoyèrent
leurs enfans à l'école , pour y apprendre l'anglois , 6k
vécurent en paix dans leurs différentes habitations. D'un
autre côté, les Ecoffois fe multiplièrent au nord; 6k ert
1612, quelques corps de métiers de la ville de Londres,
envoyèrent une colonie à Derry, fous le gouvernement
6k la dire&ion du colonel Dockvara , vieux officier
Anglois, d'une grande expérience.
Tout continua fur un pied affez tranquille en Irlande,
jusqu'à l'année 1641 , lorsque, par une conspiration gé-
nérale des anciens naturels du pays , tous ks Anglois
dévoient être maffacrés à la même heure. Le 13 d'Oc-
tobre, jour marqué pour l'exécution , ils a voient réfolu
de furprendre le château de Dublin , avec tous les au-
tres torts 6k les tnagafins du royaume. Cette capitale en
fut avertie, la veille de ce jour .fatal , par Oven O-Con-
nelly, d'origine d'Irlandoife , mais qui étoit devenu Pro-
teftant. Cependant on ne put généralement prévenir le
maflacre; ckplufieurs milliers d'Anglois furent immolés.
Les Irlandois fe rendirent maîtres de toute la province
dUlfter, à la réferve de Derry , de Colerain 6k d'In-
mskilling, qui tinrent bon, 6k qu'ils n'oferent attaquer
dans les formes, de peur de s'attirer à dos les Ecoffois,
habitués en grand nombre dans ces quartiers-là. La guerre
civile , qui affligea l'Angleterre bientôt après , ne per-
mit pas de travailler à éteindre celle qui étoit allumée en
Irlande , où elle continua avec plus ou moins de force ,
jusqu'à ce que le parlement d'Angleterre ayant détruit le
monarque 6k la monarchie , 6k ufurpé l'autorité fouve-
raine , y envoya UHe puiffante armée , en 1649', fous
les ordres du lieutenant-général Cronnrel.
Il mit le fiége devant Drogheda , qu'il emporta d'af-
faut , 6k où il paffa tout au fil de l'épée. Il ne trouva
presque plus rien qui lui réfiftàt ; 6k tout le royaume fat
de nouveau fournis à l'obéiffance des Anglois, en moins
d'un an K foit par lui-même, foit par Ireton 6k LucLW
qui lui fuccéderent. On compta pour un afte de clé-
mence de ce qu'on n'égorgeoit pas tous les habitans ,
6k de ce que l'on fe contentoit de donner une partie
de leurs terres aux Anglois , foldats 6k autres, qui avoient
fervi dans cette expédition.
. Lorsque Charles II fut rétabli fur le trône de (es an-
cêtres , il témoigna quelques faveurs aux Irlandois , 6k
érigea une cour de juftice pour remédier aux griefs de
ceux qui fe croyoient léfés. Il y en eut quelques-uns de
ceux qui étoient demeurés fidèles au gouvernement
royal , qui obtinrent la reftitution de leurs biens ; mais
l'afte parlementaire, qui fervit à régler toutes chofes en
Irlande , les dépouilla presque tous de leur ancien pa-
trimoine , 6k confirma dans la poffeffion de leur ter-
res les officiers 6k les foldats de Cromvel. Malgré
tout cela , ils furent tranquilles durant l'espace de quinze
ans.
Le régne de Jacques II releva d'abord les espérances
des Irlandois. Il leur accorda le libre exercice de la
religion Catholique , 6k nomma pour leur vice-roi Tyr-
connel , qui travailla à reftituer à (es compatriotes las
biens dont ils avoient é:é dépouillés. Mais la révolu-
tion de 1688 remit les chofes dans un état pire que
le premier. Le roi Jacques II , étant paffé de France en
Irlande, au commencement de 1689, les trouva fidèles
6k prêts à foutenir fa caufe ; mais Iniskilling 6k London-
decri ne purent êtte réduites la même année ; 6k les
Anglois, qui foutinrent un long fiége dans cette dernière,
eurent le tems d'être foutenus par le roi Guillaume lit,
à qui leur nation s'étoit donnée. Le duc deSchomberg,
qui aborda bientôt après au nord de l'ille , avec les
troupes de ce prince, prit Carricfergus, s'affermit à Dun-
dalk, pendant que les milices d'Inniskilling défirent un
corps d'Irlandois , près de Sligo , 6x qus le colonel
tiê
ÏRÔ
iPvP
"Woofley en battk un autre, près de Cavan: Ia-prife île
Charlemont, par Schomberg , en 1690, & la bataille de
la Boyne , que le roi Guillaume gagna après l'on arrivée
en Irlande, affoiblirent extrêmement le parti du roi. Elle
fut fuivie de la reddition de Drogheda fk de toutes les
autres places du royaume, fi on en excepte Arhlone,
Gals-way fk Limérich , qui fe rendirent au prince , l'an
169 1 : tous les autres forts fk châteaux, que les Irlan-
dois tenoient encore , forent compris dans la capitula-
tion de cette dernière place.
Depuis le régne de Jacques II, la religion Catholique
n'a pu fe relever dans ce royaume : quantité d'Irlandois
Catholiques fortirent après lui. Les "terres furent remplies
de familles Françoifes , forties de France à caufe de la
religion Proteftantë. Vers la fin du régne de Guillaume III,
on fit un acte en vertu duquel les biens des Catholiques
doivent être partagés également entre les enfahs, à moins
qu'il n'y en ait un qui (bit Proteftant. En ce cas , c'eft
celui-là qui hérite feul. L'effet de cette disppfnion eft
d'affoiblir les familles ; de forte qu'après un demi-fiécle
il ne peut y avoir aucun qui foit riche , Se en état de
rien entreprendre.
IR-NACHASCH , ville de la Paleftine , dans latribu
de Juda , 1. Paralip. c. 4 , v. 12.
iROIS. Baudrand dit que fur les côtes de France , fk
dans les colonies Angloifes fk Françoifes de l'Amérique,
du appelle ainfi les IRLANDOIS. Ce nom m'étoit in-
connu, quoique né fur les côtes de France , j'aie vu
des navigateurs toute ma vie.
IROQUOIS , nation de l'Amérique feptentnonale ,
entre la nouvelle France oc la nouvelle Yorck ; elle a
cette dernière province à l'orient,, la Penhlvanie fk le
Mariland au midi , le lac Erié à l'occident , fk le lac
Champlain au nord. Tout le pays qu'elle poffede eft ren-
fermé entre les4 1 e & 44e degrés quelques minutes de lati-
tude feptentrionale. Cette nation eft divilée en cinq can-
tons , favoir, à'Agnies, A'Onneyout , à'Onnontagué ,
de Goyogouin &c Tsonnanthouans. Agnie eft le plus
feptentrional & le plus proche de la nouvelle Yorck^ les
quatre autres fe fuivent dans l'ordre où ils viennent d'être
nommés, en allant toujours à l'occident. Ce pays, autre-
fois très-peuplé , l'eft aujourd'hui fort peu. C'eft un des
plus fertiles fk des plus beaux du Canada. Dans le can-
ton d Agnies , une jolie rivière ferpente agréablement
l'espace de fept à huit lieues , entre deux belles, prairies.
Celui d'Onnontagué , qui eft le centre du pays , à un
fort beau lac , appelle Ganncntala , aux environs du-
quel il y â des fontaines falées , dont les bords font tou-
jours couverts d'un très-bon fel. Deux lieues plus loin,
à l'occident, oh trouve une fource , dont l'eau eft blan-
che , d'une odeur forte, qui, étant mile au feu, fe réduit
en un fel auffi rhordicant que la pierre cauftique : les
terres font presque par-tout fort bonne ; le canton d'On-
neyout , fitué entre ceuxd'Agnies fk Onnontagué , n'eft
inférieur ni à l'un ni à l'autre. Lé canton de Goyo-
gouin l'emporte fur tous, par la bonté du terroir, oc la
douceur du climat. Enfin le canton de Tsonnanthouan
pourroit lui feul fournir à la fubfiftance des quatre au-
tres ; on y a découvert une terre de laquelle , après
qu'on l'a bien lavée, on tire un foufre très:pur ; 6k dans
le même endroit eft une fontaine dont l'eau bouillie
fe convertit auffi en foufre : on dit qu'elle s'enflamme
d'elle-même, quand on l'agite avec violence : plus loin,
en approchant du pays des anciens Eriez, on voit une
eau dormante , épaiffe fk huileufe , qui prend feu pres-
quvauffi ailement que l'eau-de-vie. Les derniers des can-
tons s'étendent le long de la côte méridionale du lac
Ontorio , ce rien n'eft plus agréable que cette côte.
Dans toute l'étendue de ces cantons on peut cultiver
avec fuccès tous nos arbres fruitiers. Plufieurs y vien-
nent d'eux-mêmes fans culture ; fk il s'y en trouve que
nous ne connoilTons pas. Les forêts y font remplies de
Châtaigniers ck de deux fortes de noyers ; les uns portent
un fruit fort doux ; celui des autres eft très-amer. Mais
on en tire une bonne huile, par le moyen du moulin, du
fou &cde l'eau, de la même manière que nous en tirons du
tournefol. On y voit des cerifes fans noyau , fort bon-
nes à manger. On y voit un arbre dont la fleur refîem-
ble à celle de nos lys blancs ; le fruit a la grofTeur
& couleur d'un abricot, le goût fk Fodeur d'un citron.
11 y a^auffi un citronnet fauyage, qui n'eft qu'une plante ;
fon 'fruit gtos Comme une orange cl* la Chine , eft très-
agréable 5c ra'raîchif'fant. Il fort du milieu de deux feuil-
les qui ont ia figure d'un cône ; la racine de cette plante
eft un poi.on. On y voit des pommes de la figure d'un
œuf d'oie , dont la graine eft une espèce de fève ; ce
fruit a le goût fk l'odeur très-agréable ; il croît fur un
arbre nain , qui demande une terre grade fk mouillée;
Les Iroquôis l'ont tiré du pays d'Erié. Us ont auffi une
plante que nous avons nommée plante univerfeUe , dont
les feuilles broyées referment toutes fortes de plaies.
Ces feuilles font de la largueur de la main , fk ont la
figure d'un lys ; la racine a' l'odeur du laurier. Enfin ce
pays produit plufieurs racines propres à la teinture, oC
dont quelques-unes font des couleurs très-vives.
On n'y voit point de caftors ; mais on y voit deux
espèces de tigres, dont les uns ont le poil petit gris, fk
lés autres rougeâtre. Tous ont la queue fort longue fk le
poil très-fin ; la plus fine pelleterie de ce pays eft l'écu-
reuil noir. Cet animal eft gros comme un chat de trois
ans , très-vif fk fort aifé à apprivoifer. Outre les fer-
pens à fornettes , qu'on trouve chez les Iroquôis, comme
dans plufieurs autres endroits du Canada, il y a un fer-
pent noir qui monte fur les arbres , fk qui n'eft point
venimeux. Il a, dit-on, un ennemi mortel, qui ne pa-
roît pas digne de lui , fk qui cependant lui fait une
cruelle guerre ; c'eft un oifeau^ fort petit, qui fond fur
lui quand il l'apperçoit, fk d'un coup de bec le tue. Les
aspics font là beaucoup plus grands que les nôtres. En-
fin on trouve dans ce pays des diamans dont quelques-
uns font de prix. Les Iroquôis ont été long - tems fé-
dentaires fk presque uniquement occupés de la culture
des terres. Un dépit les ayant mis aux prifes avec les
Algonquins leurs alliés , ils fe font aguerris fk font de-
venus la terreur de toutes les autres nations , en ont
entièrement détruit plufieurs fk ont réduit presqu'à rien
les Algonquins fk les Hurons. Ces fuccès les ont rendus
très-fiers ; fk notre alliance avec leurs ennemis , jointe
au voifinage des Anglois , leur a donné l'occafion de
nous faire une guerre cruelle , qui a beaucoup retardé
le progrès de la colonie Françoilé du Canada. Les Iro-
quôis font naturellement féroces fk cruels , mais leurs
mœurs étoient affez pures avant leurs commerce fk leurs
guerres avec les Occidentaux. On ne doute point qu'ils
ne foient originairement Hurons, leur langue étant une
dialecte affez peu différente de la langue Huronne. Cette
dialefte eft à -peu -près la même dans les cinq can-
tons ; ce qu'il y a de particulier daus leur gouvernement^
c'eft que l'autorité réfide toute entière dans les mères
de famille*. On dit cependant que, dans le canton d'On-*
neyout, les hommes fk les femmes gouvernent alter-
nativement.
La politique des Iroquôis , depuis qu'ils fe font vus
entre deux nations ennemies fk puiffantes,a été d'obli-
ger les uns fk les autres à les ménager ; fk ils ont tou-
jours tenu tellement la balance égale entre les deux ,
qu'aucune n'a prévalu fur l'autre ; persuadés que celle qui
prévaudroit, les opprimeroit d'abord. Ils ont fouvent
perfécuté les miffionaires , en haine du Chriftianisme*
* Voyez le Saut de S. Louis.
IROS, ancienne ville de Grèce, dans la Theffalie,
félon Etienne le Géographe , qui cite pour garant
vers de Lycophron :
'i&m iy\ 7fayjra$ y&) nsffeuCixiy.
. Ortélius infère de ce paffage qu'il y avoit trois ville
à'Iros, l'une en Theffalie, l'autre dans IaTrachinie, 8
la troifiéme dans la Perrhébie. Mais ni Etienne ni Ly
cophron ne le difént pas.
IRPIANENSIS. Voyez Irpinianensis.
IRPIEN , rivière de Pologne , dans le Palatinat dé
Kiovie , au couchant du Nieper. Elle coule à Biale-
grudk , fk fe rend dans le Nieper, un peu au-deffus dS
la Dçzna. * Dlugofs. Robert de Vaugondy , Atlas.
IRPINI. Voyez HlRPINI.
IRPINIANENSIS , ancien fiege épiscopal d'Afrique.
On trouve dans la Conférence de Carthage , p. 170 ,
édit. Dupin ,' Barbarus episcopus pkbïs Hhrpïnianen-
Jîs ; fk la Notice épiscopale d'Afrique, n. 53, nomme
entre les évêques de la Byzacène Félix Irpinianenjis ;
c'étoit le même liège»
IRT
ISA
IRPINUM. Voyez Hirpinum.
IRRHESIA, ifle de l'Archipel , dans le golfe Ther-
méen, félon Pline, /. 4, c. 12.
IR-SCHEMESCH , ancienne ville de la Paleftine,
dans la tribu de Dan. Il en eft parlé dans le livre de Jo-
fué, c.-io, v. 41.
IRSINGEN , Urfinum , abbaye d'Allemagne , dans
la Suabe , auprès de Kauf beuren , ville impériale. Son
abbé eft prince immédiat de l'empire. *Hubner, Géogr.
IRSON, ville de Perse, félon Ta vernier, Voyage de
Perse, 1. 3 , c. dern. qui lui donne 80 d. 3^' de longi-
tude & 36 d. 50' de latitude. Il ajoute que l'air de cette
ville eft très-bon, & qu'il y a des vivres en abondance.
1. IRTICH , Irtis ou Irtisch , rivière d'Afie ,
dans la Tartarie ; elle a deux fources vers les 47 d. de
latitude, au nord du royaume d'Eluth, félon De rifle,
ou au nord des confins des deux Bucharies , félon le
traducteur de l'Hiftoire des Tatars. La fource qui eft
au nord, forme une rivière qui court au nord-oueft,
appellée Chor-Irtis ; &c celle qui eft au fud, en forme une
autre qui court au nord-ouéft , appellée Cliar-Irris. Cha-
cune de ces deux rivières a fa fource d'un lac ; &C après
avoir arrofé une allez grande étendue de pays, en cou-
rant féparément , elles viennent fe joindre vers les
47 d. 30' de latitude , & ne forment plus qu'une rivière
appellée Irtis , laquelle continue toujours de courir au
nord-oueft , à cinquante lieues environ de l'endroit où
fes deux fources fe joignent enfemble : elle forme le
lac àeSayJJan , qui peut avoir vingt-cinq lieues dans fa
plus grande longueur, & dixlieues dans fa plus grande lar-
geur. Au fortir de ce lac, la rivière d'Irtis , qui n'étoit
jusques-Ià qu'une rivière médiocre , commence à deve-
nir confidérable , & court encore au nord-oueft, vers
les 50 d. de latitude : elle fe jette à travers cette bran-
che du mont Caucafe , appellée parles Tartares, fur la
rive gauche, Ulug-Tag , &c fur fa rive droite, Tugra Tu-
bujlic ; & après avoir été groflîe , en parcourant une
fort vafte étendue de pays , par les eaux d'un t^rand
nombre de rivières qui s'y jettent , tant de la droite
que de la gauche , elle pafle devant la ville de Tobols-
koi, capitale de la Sibérie, à 58 d. de latitude. En cet
endroit elle a déjà un bon quart de lieue de largeur ; &C
fe tournant enfuite au nord , elle va s'unir au nord-nord-
eft, à 60 d. 40' de latitude, au fleuve d'Oby, au-def-
fous de la ville de SamarofF , après avoir fait en tout
plus de quatre cents lieues de chemin.
Les bords de cette rivière , depuis fes fources jusques
vers Tobolskoi, font fort fertiles, quoiqu'ils foient peu
cultivés , parce que les Calmoucks , qui en font les maî-
tres jusques vers les 55 d. de latitude, où la rivière d'Om
vient s'y jetter de l'eft , ne cultivent point les terres ,
& ne vivent que de leur bétail ; mais depuis Tobolskoi
jusqu'à l'on embouchure dans l'Oby , fes bords ne peu-
vent plus produire grand' chofe , à caufe du grand froid
qu'il fait de ce côté. Pierre le Grand , empereur de Rus-
fie , confidérant que cette rivière lui pouvoit être d'une
grande utilité pour établir un commerce utile entre (es
états & les autres pays de l'Orient, fit faire, l'an 1715 ,
des établiffemens de diftance en diftance le long de
cette rivière, en remontant vers le lac Saiffan , dont
le plus avancé fut appelle UsKAMÊEN ; il eft à vingt-
cinq lieues de ce lac , au fud du pied de la branche
feptentrionale du Caucafe, appelle par les Tartares Tu-
gra Tubujlus.
Voici les noms des autres forts qui font tous bâtis
fur la rive orientale de l'Irtis. En descendant la rivière
d'Uskaméen , on trouve au nord du pied desdites mon-
tagnes Ubinska, environ à vingt lieues de ce fort; puis
à vingt autres lieues de la Sem-Palat , c'eft-à-dire en
Ruffien/ê/ir maifons de briques , à caufe qu'on y trouve
effectivement fept maifons de briques le long du bord
delà rivière qui eft fort élevé en cet endroit, fans pou-
voir juger par aucune marque, qu'il y en eût jamais eu
d'autres aux environs , ni à cinquante lieues à la ronde ;
à trente lieues de Sem-Palat on trouve Dolonika , ck
à quarante lieues de-là Jamischa ; auprès de ce fort il y
I a un lac falé , d'environ trois vérités de diamètre , d'où
1 l'on tire le plus beau fel du monde , que le foleil fait
coaguler au plus fort de Fêté , fur la furface de l'eau,
527
comme une croûte de deux bons pouces d'épaiiTeur,
En cet endroit, les Ruffiens trouvèrent beaucoup de résis-
tance de la part des Calmoucks qui tirant en grande
partie leur fel de ce lac, ne vouloientpas permettre que
les Ruffiens s'en rendiffent maîtres par l'élévation de ce
fort : pour cet effet leContaischy ayant envoyé un corps
de quinze mille hommes, les Rufles furent obligés, la
première fois , de s'en retourner fans y pouvoir réuffir;
mais ce prince s'étant trouvé peu après dans la néces-
fité de rapellerce corps pour s'en fervir contre les Mon-
gales & les Chinois , les Ruffiens profitèrent de cetre
occafion , fk vinrent à bout de leur defïein ; Se ils ont
même bâti depuis une ville en cet endroit.
A vingt-cinq lieues de Jamischa , on trouve Sckele*
Jin.ka,& à trente lieues de-là, Omskoy, près de l'en-
droit où la rivière d'Om , venant de l'eft , fe décharger
dans l'Irtis , fait la frontière de ce côté , entre les états
du Contaisch & la Sibérie ; enforre que toutes les pla-
ces, qui font prélèntement fur les bords de cette rivière
appartiennent àlaRuffie, quoique les Calmoucks foient
en poffeffion de tout le pays qu'elle arrolé . depuis fes
fources jusqu'à l'embouchure de la rivière d'Om.
Les eaux de la rivière d'Irtis font fort blanches &£
légères. Elle eft d'une abondance merveilleufe en tou'es
fortes de bons poiffons. Sur-tout les efturgeons & les
faumons de cette rivière font délicieux, cVont tant de
graifte , que les habitans du pays font accoutumés de la
ramalîer & de la garder pour les ufages de la cuifine,
comme nous faifons de la graifle de nos viandes. *Hifi.
généalogique des Tatars, p. 93.
2. IRIICH ou Artich, ville d'Afie, dans la Tar-
tane, au Mogoliftan. Le traducteur de Timur-Bec lui
donne 130 d. de longitude, &c %6 d. 40' de latitude.
1. IRUS. Voyez lROS.
2. IRUS, montagne de l'Inde, au-delà de Crocales i
& vis-à-vis d'une ille, félon Arrien, in Indicis.
1. IRWIN, rivière de FEcofTe méridionale dans la
province de Cuningham , à laquelle elle fert de bornes ,
du côté du midi. Elle coule d'orient en occident, arrofe
la capitale de cette province , Si donne fon nom à cette
ville.
2. IRWIN , ville d'Ecofle , dans la province de Cu-
ningham , fur la rive feptentriona!e de la rivière de même
nom, & allez près de fon embouchure dans le golfe de
Clyd. Elle eft la capitale de cette province , & a un
pont de pierre. Elle eft bien fituée pour le commerce,
& fon port eft bon pour des barques. A deux milles
d'Irvin , il y avoit autrefois un monaftere magnifique ,
nommé Kilwinning.
i. IS , ancien nom d'une rivière & d'une ville de
Perse. Hérodote , /. 1 , c. 179, en parle ainfi : à la dis-
tance de huit journées de chemin de Babylone , il y a
une ville nommée h; & au. même endroit coule une
rivière de même nom, qui n'eft pas fort grande , & fé
jette dans l'Euphrate. Cette rivière d'Is , jette avec fes
eaux des malles de bitume, & c'eft de-là qu'on a pris
le bitume employé dan les murs de Babylone. Etienne
le Géographe dit auffi que c'étpit une ville & une ri-
vière de même nom.
2. IS. Voyez Isis & Thamise.
3. IS-Jur- fille , bourg de France, en Bourgogne,
fur la rivière de l'Ougne , vulgairement YIgnon, près la
la Tille , à quatre lieues de Dijon , à huit de Langres,
avec mairie qui a la police &( grenier à fel. Elle a plu»
fleurs églifes , un hôpital & un couvent de Capucins.
On y tient marché deux fois la femaine , & quatre
foires par année. Le principal trafic des habitans eft en
draperies & en chapeaux. Il y a même plufieurs tein-
turiers ; & la rivière de 1 ille lui eft d'une grande com-
modité pour les manufactures : fon territoire produit
des vins & des bleds. On trouve dans fon territoire des
carrières de pierres blanches qui ne craignent point la ge-
lée. *Corn. Dict. Mém. dreflés en 1704.
ISA, ville , félon le Lexique de Phavorin. Il ne dit
point en quel pays.
ISAAC , rivière de France , en Bretagne , au diocèfe
de Nantes. Elle prend fa fource un peu au couchant de
l'abbaye de Nelleray , Si va fe rendre dans la Vilaine,
au-defîous de Rieux. * Robert de Vaugondy, Atlas. ,
1. ISABELLE, (le FORT) petite fortereffe des
J2§
ISA
ISA
Pays-bas , dans la Flandre Hollandoife , à demi - l'eue
de l'Eclufe , & à une lieue de la mer. Ce nom lui vient
de l'infante Ifabelle , gouvernante des Pays-bas.
2. ISABELLE, (le fort) fortereflè des Pays-bas,
près de Bois-le-Duc.
3. ISABELLE ; c'eft la première ville que les Euro-
péens ayent bâtie dans l'Amérique , & qui ne fubfifte
plus. Ce fut en 1493 , que Chriftophe Colomb en jetta
les fondemens presqu'à l'entrée d'une rivière , qui a peu
de cours à deux lieues à l'eft de Monte -Chrifto , par les
20 d. de latitude nord , & fur la côte feptentrionale de
l'ille Espagnole. L'embouchure de la rivière a environ
cent pas de large , & forme un affez joli port. Ce qui
a fait abandonner cette ville , à laquelle Colomb avoit
donné le nom de la reine de Caftille , c'eft que l'air n'y
étoit pas bon , 6c que les terres des environs ne font
propres à rien.
ISABOS. Voyez Isamus.
ISACA , rivière de l'ille d'Albion , au pays des Durrt-
niens , dans la partie méridionale de l'ille , félon Ptolo-
mée, l.z, c. 3. On croit que c'eft aujourd'hui l'Ex ;
éc Cambden , Brïtann. juge qu'il faut lire Isca , & non
point Ifaca. Ptolomée nomme ISCA la ville du même
pays fur cette rivière. Ortéhus , Tkefaur. croit que la
ville & la rivière portoient le même nom, ou d'IsCA,
ou d'ISACA , & le fonde fur ce qu'il eft ordinaire de
trouver des villes nommées comme la rivière qui les
arrofe. Voyez l'article d'IscA.
ISADAGAS, ville ancienne d'Afrique , en Barbarie,
au royaume de Maroc , dans la province d'Escure. On
lui donne auflî le nom de Tagodass. Elle a été bâ-
tie par les Africains , fur la cime d'une haute monta-
tne, qui eft environnée de quatre autres, entre lesquelles
£ les rivières qui paffent près d'Ifadagaz , il y a beau-
coup d'arbres qui rapportent toute forte de bons fruits
comme en Europe. Sur ces arbres rampent de grands
feps, qui portent des raifins noirs, dont les grains font
nommés des œufs de poule , à caufe de leur groffeur.
La ville n'eft forte ni par art ni par nature , & contient
environ mille habitans , là plupart marchands & arti-
sans , parmi lesquels il fe trouve quelques Juifs , qui
ont liberté de conscience. On y voit beaucoup de no-
bleffe qui vivoit en liberté, fur le déclin de l'empire des
Benimérinis ; mais elle a obéi depuis au Chérif. [Lors-
qu'il s'en rendit le maître , elle étoit gouvernée par un
Africain d'une des branches de la tribu de Muçamoda,
fans qu'il pût rien entreprendre , s'il n'avoit l'avis des
principaux qui compofoient une espèce de fénat. De
puiffantes faftions s'étoient élevées ; mais il agit avec
tant d'adreffe , que s'étant défait des chefs du parti con-
traire , il fe racommoda avec les autres; de forte qu'on
lui obéiffûit volontairement. Il y a dans Ifadagaz des ju-
ges & des Alfaquis , qui ont l'intendance du fpirituel &
du temporel. Les habitans font francs &£ honnêtes , &
fe plaifent à loger les étrangers , leur faifant toute forte
de bons traitemens , fans rien demander. Ils font cela,
difent-ils , pour l'amour de Dieu , &c pour fuivre les
coutumes de leurs ancêtres. Us imitent ceux de Maroc
& de Fez dans leurs habits ck dans leur façon de vi-
vre. Les femmes font belles ordinairement , &c aiment
fort à être parées. Elles portent force joyaux d'or & d'ar-
gent aux bras & aux oreilles , au cou & au fein. Les
hommes n'y font pas jaloux à proportion des autres de
ces montagnes , d'où fourdent plufieurs fontaines , qui
font moudre des moulins en bas , & arrofent les jardins
& les terres qui font devant la ville une plaine de trois
lieues , où l'on recueille beaucoup d'orge , de froment
& de légumes. On voit de grands troupeaux de menu
bétail , qui errent par ces montagnes ; enforte qu'il y a
des habitans qui en ont plus de trente ou quarante mille
pièces , tant les pâturages y font abondans. D'autres re-
cueillent par an vingt ou trente mille mefures de bled.
Le lait & le beurre "y font à fi grand marché, qu'on n'y
profite que de la laine & du cuir. Un gros mouton ne
s'y vend <jue deux réaies , qui font quinze fols de notre
monnoie. Il y a partout le pays un grand nombre d'o-
liviers , qui fourniflent de l'huile en abondance. Il y a
auflî quantité de ruches dont on tire beaucoup de miel
& de cire , qu'on porte vendre aux villes voilînes. Ce
eiiel eft fort eftimé. Outre fa blancheur , quand on le
garde un an, il devient dur comme un pain de lucre; La
plupart des habitans font un grand commerce avec ceux
de Numidie & de Gétulie, qui font de l'autre côté du
mont Atlas. Us vont auffi trafiquer aux villes de Fez, de
Méquinès St de Maroc , d'où ils rapportent des étoffes
de laine , de lin , de foie , avec des ouvrages d'argent,
ik autres chofes ., qu'ils vendent à leurs voifins ck aux
Bérébéres de la contrée. * Marmot , Afrique , I. .3 ,
c. 62.
IS ADENI , nation entre les Huns , félon Procope ,
Perfic. l.i.
1SAFAY, ville & principauté du Japon , dans l'ifle d»
Ximo , affez près d'Omura. Voyez FlGEN.
ISAFLENSIUM Gens , ancien peuple d'Afrique ,
dans la Mauritanie; Firmus fe réfugia chez cette nation,
ck l'entraîna dans fon malheur ; car elle fut vaincue ck
fort maltraitée après la vi&oire. * Ammien Marcellin,
I.29, c. 5.
ISAGÔ , royaume d'Afrique, dans la Guinée , au
couchant du royaume de Bénin , avec lequel il relevé.
Les habitans de ce pays ayant voulu fubjuguer ceux de
Bénin, furent battus , &T. fi afrbiblis, qu'ils furent réduits
à obéir à ceux qu'ils fe propofoient de foumettre. * De
la Croix , Relat. de l'Afrique , t. 3.
ISAGURUS, 'Uày*a<: , ville de l'Inde en-deçà du
Garige, félon Ptolomée, l. 7, c. 1.
ISALA , nom latin de 1*Issel. Voyez ce mot.
ISALvECUS , 'W*«uxàç , ancienne ville de la Lulî-
tanie , félon Ptolomée, /. 2, c. $.
ISAMNIUM , félon Ptolomée, /. 2 , e. 2, promon-
toire de l'ifle d'Irlande. Cambden , Britan. croit que
c'eft le même cap que S. Johnst- point. Voyez ce
mot.
1. ISAMUS , rivière de l'Inde, félon Strabon, /. 11,
p. 516.
2. ISAMUS , colline de l'Afie mineure , quelque
part entre le mont Argée et Nicomédie , félon Cé-
dréne ckZonare. Curopalate la nomme LsABOS. *Ortel.
Thef.
1. ISANA, village de la Paleftine , félon Jofeph,'
Antiq. 1. 14, c. 27, qui dit que Pappus y étoit campé.
2. ISANA , ville de la Paleftine. Jofeph , Antiq.
1. 8 , c. 5 , dit que le roi de Juda l'enleva au roi d'Is-
raël. Elle eft appellée JESCHANA dans les Paralipomè-
nes , /. 2, c, 13, v. 19.
ISANAVATIA , ancien lieu de la Grande-Bretagne.
Antonin , Itiner. nomme cet endroit différemment en-
deux voyages. Dans celui de Londres à Lindum , il
compte ainfi ;
Vtrolamium, M. P. XXI. S. Albans,
Durocobrivium, M. P. XII. Hertford,
Magiovinium, M. P. XII. Dunftable ,
Laciodorum, M. P. XVI. Stony-Stratford ,
Jfannavatia, M. P. XII. Weedon ,
Tripontium, M. P. XII. Dowbridge,
Vennonim, M. P. IX. Çleybrook.
Cette route eft ainfi renverfce dans la route d'Yorck à
Londres :
Vennonim, Çleybrook ,
Bannavantum, M. P. XVIII. Weedon ,
Magiovinium , M. P. XXVIII. Dunftable,
Durocobrivium, M. P. XII. Hertford,
Ferolamurrt, M. P. XII. Verulam ,
Londinium , M. P. XXI. Londres.
Ce même lieu femble encore nommé Bennavenna
& Bennavenea, dans la route qui a pour titre à Vallo
adportum Ritupas. A l'égard de Bennavenna, voyez
ce que j'en dis à fon article particulier. Pour ce qui eft
de Bannavantum , les géographes croient que c'eft la
même chofe que Ifanavatia , & ces deux routes en font
la preuve. Il eft vrai que dans l'une la diftance de Ven-
nonis à Ifannavatia eft de XXI. M. P. mais c'eft en fe
détournant &C partant par Tripontium , au lieu qu'en droi-
ture on gagne iij. M. P. &il n'y a plus que XVIII. M. p.
La diftance de Mieioyiniiim à Ifavannaiia par Laclo~
durum ,
ISA
ISB
'durum , eft la même que celle de B 'annavantum à Ma-
eiovinium, favoir XXVIII. M. P.
ISANGRINI. Voyez Bloetini.
ISANUS. Voyez Icanus.
ISAPIS , rivière d'Italie , dans la Flaminie , auprès de
Rimini, félon Strabon, l.j,p.zij. C'eft apparemment
le Sapis de Ptolomée.
ISAR , rivière de la Gaule Narbonnoife , félon Pto-
lomée, /. 2, c. 10.
i. ISARA , nom latin de l'OlSE. On la diftingue de
la fuivante par le furnom de Bclgica , parce qu'elle coule
dans l'ancienne Belgique.
2. ISARA , nom latin de I'Isere : on la furnomme
Alpina , parce qu'elle vient des Alpes , & fe perd dans
le Rhône.
ISARA Y ACA. Les Arabes nomment ainfi une
grande plage d'Ane , du côté de l'Europe. On la nomme
autrement le détroit d'Alexandre. *H'ifi. de Timur-Bec,
1. î, c. <fo.
ISARCI, ancien peuple d'Italie, dans les Alpes, &
l'un de ceux qu Augufte fournit à l'empire Romain , fé-
lon Pline , /. 3 , c. 20. Le P. Hardouin dit que c'eft
préfentement Val de Sarra ou de Sargha, près
de la vallée de Camonica , &c cite Fhiftorien Bouche ,
l.j,c.ï,p. ioo.
ISARI, ancien peuple des Indes , près des monts Emo-
des , félon Pline , /. 6 , c. 17.
ISATICrLE , 'ltrxTi%aj , ancien peuple de la Carma-
nie déferte , félon Ptolomée , /. 6 , c. 6.
ISAURIA , contrée d'Afie , aux confins de la Pam-
phylie & de la Gilicie. C'eft un pays de montagnes, fitué,
pour la plus grande partie, dans le montTaurus. Quel-
ques-uns en étendent une lifiere jusqu'à la mer. Zofime,
L y , a 2f , dit : le peuple des Ifauriens , qui eft fitué au-
deffiis de la Pamphylie & de la Cilicie , demeure tou-
jours entre les montagnes-escarpées & inacceffibles du
mont Taurus. Ptolomée}*^ 5 , c.4, qui parle de l'Ifau-
rie, ne dit rien de ce qu'elle poffédoit tùr le rivage de la
mer. Mais Pline , /. <j , c. 27, dit : tout le monde joint
immédiatement la Pamphylie à la Cilicie , fans avoir
égard à la nation Ifaurique. Ses villes dans les terres ,
font Ilàure, Clibanus , Lalafis. Elle s'avance jusqu'à la
mer près d'Anemurium , dont nous avons parlé. Il ne
dit pas qu'Anemurium fût de l'Ifaurie , mais qu'auprès
de cette ville l'Ifaurie touchoit à la mer : il ne nomme
ni ville ni bourg maritime de l'Ifaurie ; ce qui fait voir
que ce n'étoit qu'un terrein fort petit & moins remar-
quable que le refte de cette contrée. On ne peut tirer
beaucoup de lumières de ce que Strabon dit que Servi-
lius furnomme Clfaurique , détruifit plufieurs fortereffes
des pirates, qui étoient auprès de la mer ; car il ne dé-
cide point fi elles étoient dans l'Ifaurie propre , ou fur
les côtes voifines dans la Pamphylie , la Lycie , la Ci-
licie, &c. Florus , l. 3, c. 6; 8c Eutrope , l. 6, c. 3 ,
entre les villes que Servilius renversa, nomment Phafe-
lide , Olympe 6c Carycus. On fait d'ailleurs, à n'en point
douter, que les deux premières étoient des places mariti-
mes de la Lycie ; & le P. Norris , Cenotaph. Pi fan.
p. 216, l'a prouvé de la troifiéme. Quelques-uns don-
nent Phafélide à la Pamphylie , comme nous le difons
ailleurs ; mais personne ne l'a placée dans l'Ifaurie.
Cette contrée tiroit fon nom à'Ifaura oxxlfaurus, fa ca-
pitale. Strabon, /. il, p. 568 , regarde l'Ifaurie comme
une partie de la Lycaonie, 8c la met dans le montTau-
rus , où elle étoit effectivement , comme on a déjà vu.
Il dit que l'Ifaurie avoit deux villages de même nom
qu'elle , c:eft-à-dire nommés l'un & l'autre IsAURA au
pluriel ; que l'ancien étoit furnomméEuERCE. Ces deux
villages, dit- il, en avoient fous eux plufieurs autres,
tous peuplés de brigands qui donnèrent bien de la peine
aux Romains. A côté de l'Ifaurie eft Derbe, réfidence
d'Antipater Derbéen , laquelle eft contiguë à la Cappa-
doce. li pofTédoit auflî Laranda. De mon tems Amyn-
tas a poffédé Ifaures 8c Derbe , après qu'il eut furpris
&c tué Antipater le Derbéen. Il reçut auffi Ifaurus des
Romains. Il en fit une ville royale , après avoir ren-
verfé l'ancienne Ifaures. Il commença même une nou-
velle enceinte de murailles ; mais il ne put l'achever ,
-ayant péri dans une entreprife qu'il fit contre les Ho-
monadiens. Ptolomée ne met que trois villes dans l'Ifau-
ïie. Il les nomme Sayatra , Aufira ôc Ifaura. Cal'au-
U9
bon, in Sttab. croit que les deux dernières font les vil-
lages dont parle Strabon , qui dit qu'ils portoient le
.même nom. En effet, ce font les mêmes lettres, & il
n'y a qu'un renversement à faire en forme d'anagramme.
Sous les empereurs Grecs , l'Ifaurie s'accrut aux dé-
pens des provinces voifines. Dans la Notice de Hiero-
clés on y compte vingt-trois villes :
Seleude, métropole,
Celesdere ,
Anemuriu.nl ,
Titiopolis ,
Lamus,
Antioche,
Juliofebafle .
Cijlri,
Selinus ,
Jotape ,
Diocéfarée,
Olbe,
ClaudiopoliS)
Hierapolis ,
Dalifande ,
Germanicopolis }
Irenopolis,
Philadelphie,
Moloï Darajfus;
Zeede ,
Neapolis ,
Laufadus.
Outre ces villes qui étoient épiscopales fous la métro-"
pôle deSéleucie , il y avoit d'autres fiéges indépendans
dans l'Ifaurie. La Notice de Léon le Sage y met ceux
de Léontopolis & de Cotiada. Quant aux villes que
nous venons de nommer auparavant , voici comment
elle les nomme , outre qu'elle en met vingt neuf toutes
épiscopales :
Séleucie, métropole
Cilendres,
Anemorium ,
Titiopolis ,
Lamus ,
Antioche ,
Eliofebafie.
Sejlra,
Selenuntes ,
Jojlape ,
JJiocèfarée 3
Olya,
Hierapolis ,
Neapolis
Dalifandus ,
Claudiopolis ,
Irenopolis ,
Germ anicopolis j
Zenopolis ,
Séide ,
PhUadelpHa;
Adrafus ,
Meloè,
Dometiopolis ,'
Naufadeœ ,
CLimata Cajforun,
Banaborum,
Bolhqfi.
Cofîradis.
ISAUROPOLIS , félon lesHiftoires eccléfiaftiques;
ISAURA, orum, au neutre, félon le plus grand nombre
des anciens Grecs 8c Romains, ville ci'Afie dans l'Ifau-
rie. Etienne le Géographe en parle comme d'une ville
qui avoit été grande , bien tonifiée , remplie d'hommes
courageux , &c floriffante. Elle tut deux fois détruite ,
premièrement fous Perdiccas ; les alîiégés au délèspoir,
fe brûlèrent eux & leur ville , plutôt que de fe rendre
au vainqueur, au rapport de Dioclore de Siciie, /. 18,
c. 22. L'autre fois ce tût par Servilius. On en peut voir
les détails dans Strabon, Florus & autres écrivains. Cette
ville ne put fe relever de ce dernier malheur. On la re-
bâtit à la vérité ; mais elle n'eut jamais fon premier
éclat. Pline la nomme fimplement : il eft vrai qu'il la
nomme en premier lieu, mais Ptolomée ne lui donne
que le troifiéme. Cellarius ctoit que les deux villages
de Strabon , diftingués par les furnoms d' ancienne Se de
nouvelle Ifaure , étoient voifins & contingus ; de forte
que tous les autres écrivains n'en ont fait qu'une feule
ville. Il eft remarquable que l'Ifaurie , à laquelle cette
ville avoit donné le nom , ayant aquis, vers le déclin de
l'empire, une fi grande étendue, cette ville ne s'y trouve
pas néanmoins dans aucune des deux Notices. Cepen-
dant elle fubfiftoit; & jEtius, évêque d'Ifauropolis , as-
fifta au concile de Chalcédoine ; Se Iluaire , autre évê-
que de ce même fiége, fut au premier concile deCons-
tantinople ; mais elle étoit alors de la province de Ly-
caonie. C'eft auffi dans cette province que la place Hie-
roclès , dans la Notice déjà citée. Son nom moderne
eft Sauba. *Corneil. Chalced.
ISAURUS , rivière d'Italie. Voyez Pisaurtjs.
ISBOS, ancienne ville d'Italie, dans l'Ifaurie , félon
Etienne le Géographe.
ISBURUS , rivière de Sicile , dans fa partie méri*
dionale, félon Ptolomée, L 3, c. 4, qui la fait couler
entre Heraclée &C Pintia. Cluvier, Ital. ant. 1. i,p. 229,
croit que c'eft la même rivière qu'on appelle aujourd'hui
Tome III, Xxx
ÎSC
s 30
Fiume di Caka Bdlotta. Fazel l'explique de Mayhafoli,
& Léandre dit que c'eft Garbe ; mais il l'appelle mal-à-
propos IBRUCUS. * Orul. Thefaur.
ISC, village des Pays-bas, dans le Brabant, près de
Bruxelles. Il n'eft remarquable que parce qu'il eft la pa-
trie de Jufte-Lipse , qui y naquit le 18 Oftobre de l'an
1547 ; il devint très-fameux par fon favoir; & mourut
le 23 Mars 1606. * Corn. Di£t.
1. ISCA, ville ancienne de Me. d'Albion , au pays
desDi-mniens, félon Ptolomée , /. 2, c. 3. C'eft préfen-
'tement Excester, fur la rivière d'Ex. Voyez ces arti-
cles. Dans l'Itinéraire d'Antonin, elle eft nommée Isca
•Dumniorum , dont quelques copiftes ignorans ont fait
Icadum & Scadum N unniorum.
2. ISCA, rivière de la Turquie, en Europe, dans la
Bulgarie. Elle a fa fource au pied du mont Rhodope ,
■près des ruines de l'ancienne Sardique ; ensuite, coulant
à l'orient de Sophie, dont elle traverse la plaine , elle
pafie à Urazza; & continuant de ferpenter vers le nord-
nord-eft , elle arrive enfin dans le Danube , entre Ro-
hovà & Silauna. Corneille en fait plufieurs rivières fous
les noms d'IscH & Ischar. Les anciens ont appelle
cette rivière (Escus.
,. 3. ISCA Leg. II. AugusTI , ancienne ville de la
Grande-Bretagne , félon l'Itinéraire d'Antonin. C'eft
préfentement Carléon. Les Bretons l'appellent Catr-
Leon-Ar-Usk , c'eft-à-dire la ville de la Légion , fur la
rivière à'Usk ou d'Isca. On y a trouvé des briques avec
ces lettres Leg. II. Aug. La féconde légion eut fi long-
tems fes quartiers en cet endroit , à Londres & à Ru-
tupœ , qu'on lui donna le nom de féconde Britannique ,
felon la remarque de Gale , in Anton. Idner. p. 125.
Les copifles, au lieu de ces mots abbrégés Isca Leg. II.
Aug. avoient forgé le nom monftrueu.x à!Iscelegua. Il a
eu la gloire de retrouver le véritable ; mais il diftingue
Isca de Legio II, Augujla , & cite pour garant Ptolo-
mée qui les diftingue aulli. Cambden & Gale n'en font
qu'un , fondés fur l'Itinéraire d'Antonin. , .
ISCADIA, la même qu'EiscADiA. C'était une ville
de la Lufitanie.
ISCELEGUA Augusti ; c'eft ainfi que ce nom
étoit défiguré dans l'Itinéraire d'Antonin. Simler le cor-
lige ainli: IsCal Leg." IL Augusta. Voyez Isca 3.
ISCHALIS, ancienne ville de Tille d'Albion, au pays
des Belges. Lbuyd croit que c'eft préfentement ILCHES-
TER. Voyez ce mot. *Ptol. 1. 2, c. 3.
ÏSCHARIOTH ou Iscarioth. Ifidore croit que
c'eft le nom d'un pays, d'où Judas, le traître, avoit ap-
porté le furnom à'Iscariote.
ISCHEBOLI , ville de Turquie , dans là Romanie ,
au pied du mont Coftegnaf, Si fur les frontières de la
Bulgarie. C'eft la même qu'EsCHlBABA. Voyez auflï
SCOPELUS 2. *Baud. éd. 1705.
ISCHEL , bourgade d'Allemagne , dans la haute Au-
triche , fur la rivière de Traum , un peu au - deffus de
fon embouchure, dans le lac nomméTraumfée. On ne
fait fi c'eft là ou à Lèonpach , village voifin , qu'il faut
chercher l'ancienne Tutatio. * Baud. éd. 1705.
ISCHER, petite rivière de France, en Alsace, entre
le cours de l'Ill & celui du Rhin. Elle a fa fource au vil-
lage d'Artzenheim, d'où coulant vers le nord, dans un
lit presque parallèle à celui du Rhin , elle paffe au levant
du bourg de Maikelsheim , & étant arrivée à celui de
Rheinen, elle fe mêle aux eaux du Rhin. *HenriSengre,
Carte de la baffe Alsace.
ISCHERE, ville de la Libye intérieure, félon Pto-
lomée, /. 4, c. 6.
ISCHIA , ifle du royaume de Naples , fur la côte de
la terre de Labour , dont elle fait partie , & de laquelle
elle n'eft éloignée que par un trajet de mer de deux mil-
les, vers le Cap de Misène. Elle a fille de Vento-tiene
ou Bentitienne, au couchant ; celle di Capri au fud-eft;
celles de Procida & Vivaro au levant ; la terre ferme
où font les ruines de Cumes au nord , & l'Afrique au
midi. Elle eft à vingt milles de diftance de Tille dePar-
thenope ou Vento- t'iene, de Santo Stephano, d'Alla-Botte
& deSan-Martino ; à dix-huit de celle de Capri ; à trois
du Cap de Socciario de Procida , à un peu moins de
deux milles de Vivaro ; à fix de Torre ddfumo, qui eft
en terre ferme , & à dix de Cumes. Les anciens l'ont
connue fous les noms d'vENARiA ôc d'iNARiME. Voyez
ÏSG
ees mots. Son circuit eft dix-huit mille" fept cents cin-
quante pas, en prenant au-dehors des golfes & des baies;
car en faifant le tour de l'ifle , fans entrer dans les baies
& dans les golfes , on ne trôuveroit guères plus de feize
mille cinq cents pas. Dans cette petite étendue on ne;
lailïe pas de trouver beaucoup de caps , d'agréables
vallées , de montagnes délicieufes , de belles fontaines ,
des rivières &t de jolis jardins. Elle abonde en fruits
délicats, & produits des vins exquis, tels que les vins
de Sarlingo , le vin grec, le vin latin & le Coda-Ca-
vallo , &. autres que l'on vante extrêmement. Elle a des
mines d'or, déjà connues du tems de Strabon. * Coro-
izelli , Ilblar. t .. 1 , p. 1 17.
L'ifle fe divife en quatre parties ; la première com-
mence a la vdle, au levant de l'ifle, & s'étend jusqu'au
bourg Bafano & à Campagnano ; c'eft un terrein tout
riant > orné de jardins, de vignes &c de châtaigniers. Là
mer eft bordée de roches très - hautes , de montagnes
inacceflibles qui défendent l'ifle comme un retranche-
ment naturel. Vers le nord. &: le nord-eftde l'ifle, les
campagnes (ont de la même beauté que la côte orientale,
jusqu'à l'églife de fainte Reftitute , où l'on conserve les
reliques de cette lainte : à côté de Villa di Pontano
on voit les horribles cavernes , nommées le Cremate
ou les brûlées , desquelles , en 1301 , il fortit des torrens
«e flamme fultureul'e , qui, dans l'espace de trois milles ,
ruinèrent le pays fans remède. Les fréquens tremblemens
de terre , dont ce territoire eft agité , ont donné lieu
aux poètes de dire queTyphœe le Titan, foudroyé
par Jupiter, eft renversé fous cet endroit , & que fes
fécouflés caufent celles de la terre. Il y a un canton de
Pifle auquel^ on a donné le nom de Negro-Ponte , peut-
être à caufe de quelque colonie Grecque venue' de- là;
L'air y eft li tempéré , que le primeras y femble conti-
nuel ; le murmure des ruïffeaux , dont ce lieu eft arrofé,
en augmente les délices. Tout ce qui eft depuis Sainte-
Reftitute jusqu'à San Pietro-PaSmello, eft abondamment
pourvu d'eaux excellentes , pour les bains & la guérifon
de diverses maladies. Cette belle partie de l'ifle le ter-
mine à Monte-Vico. Il y a là une groffe pierre d'où il
fort continuellement, par une fente, un petit vent frais;
On trouve ensuite le promontoire délia Cornacchiaj
d'où l'on voit les écueils des Formichelle , que l'on ap-
pelle par corruption Foranicole ; on arrive ensuite au
cap Ca/q/b,, qui fert de guide aux mariniers. A l'oppo-
fite eft Monte-FALCONARlA. , ainfi nommé à caufe de
la multitude de faucons qui y nichent , de même que
dans une autre montagne , appellée Marond. Entre
celle-ci & celle délia Guardia s'avance le promontoire
dell' Imperatore. C'eft fur la montagne délia Guardia,
qu'il y a jour & nuit des fentinelles poftés pour dé-
couvrir fur la mer, & n'être point furprispar les corfai-
res. Au milieu de l'ifle eft une très-haute montagne, en
pain de fucre , nommée Epomco. Il y a dans l'ifle des
mines d'or &r de fer, &du fable de calamité : on y voit
divers couvens, comme des Franciscains, des Domini-
cains & des Auguftins. Les familles les plus illuftres font
lesAlbani, Affanti , Boneni , Coffa , Galiicano, Me*.
luffi, Monti, fkc.
ISCHO. Voyez Isca 2.
ISCHOPOLIS, ville d'Afie, enCappadoce, dans le
Pont, félon Strabon, /. 12, p. 548; & Ptolomée, /. 5,
c. 6. Les interprètes de ce dernier difent que c'eft pré»
lentement Tripoli , fur la mer Noire.
1. ISCIA. Vcyez Ischia.
2. ISCIA, ville d'Italie, capitale de l'ifle de même
nom. C'eft un fiége épiscopal. La forterefle eft fur un
rocher ifolé de tous côtés , excepté par un pont qui
communique à l'ifle, & eft défendue par des foldats Ita-
liens, qui presque tous y font établis. Alphonse, fils de
Ferdinand , roi de Naples , étant privé de la couronne,
fe réfugia en ce lieu, l'an 1493 '■> u mit tous fes foins à
rendre certe fortereffe imprenable , par les foffés , les
murailles., les boulevards &C autres ouvtages qu'il y fit
faire.
L'évêque d'Ischia eft fuffragant de l'archevêché de
Naples, lélon Aubert le Mire , & eft nommé Ifolanus,
ou Isclanus , ou Ai narius , dans les Notices épiscopales,
/. 4 , ex, p. 163. Le même auteur nomme l'ifle Iscla
ou Ischia.
Outre Ainaria & Inarima , les anciens donnoien^
ISË
ISË
"encore à cette ifle le nom iHArima Pythecufœ , comme
"«qui diroit Yifle desjînges. On croit qu'elle a eu autrefois
vh volcan. Strabon y place le itiont Ëpapaus, que Pline
croit avoir disparu dans un tremblement de terre. Outre
les bains chauds , il y a des étuves qui attirent dans cette
ville un grand nombre de malades pendant l'été. * D.
Mattheo Egltio , Lettre à M. Langkt du Fresnoy.
ISCINA, ancienne ville de l'A tri que propre, félon
Ptolomée , /. 4, c. 3. Antonin la met à XXXlll. M. p.
de Macomades. L'exemplaire du Vatican porte :
S"3ï
Macom
adibus Sirtis ,
Iscina
M.
P.
XXXIÎI.
Trama
nciolo j
M
P.
XXXI.
Zuritâ avoue que trois autres manuscrits portent Iscina,
M. P. XXXIV , .& que celui de Naples porte Iftina
M. P» XXXIV ; cependant il retranche mal-à-propos
Ja lettre /, & ne met que XXX milles de Macomades
à ce lieu-là. Les éditions des Juntes 15 19, & des Aides
15 18, s'accordent avec le manuscrit du Vatican.
ISCONIENSES. Voyez Hisconienses.
ISDICjEA , s.iaS'ix.aitt. , fort de la Thrace j l'un de
ceux que Juftinien fit élever , félon Procope , ^Edifie.
1,4, c. 11.
1SEGHEM. Voyez IsENGHIENi
ISEL. Voyez Issel.
ISELMONDE. Voyez Isselmonde.
ISELSTEIN , petite ville des Pays-bas , fur l'Iffel.
On écrit auffi ïjfeljtein ; &t cette orthographe eft la plus
ufitée par les écrivains Flamands. Anciennement On à
écrit Ijjeljiein , IlUJhin , & en latin barbare Iffejfiadium.
Elle prend ion nom de la rivière qui l'arrofe^ On ignore
le tems de fa fondation ; mais les Chroniques nationales
en font mention dès le treizième fiécle , l'an 1250. Gis-
bert d'Amftel époufant Bertrande , héritière d'ifelftein ,
acquit cette leigrieurie : Guidine d'Amftel la porta dans
la maifon d'Egmont ; & Anne d'Egmont la porta en dot
à Guillaume 1 , prince d'Orange. Le domaine territorial
de cette ville a caufé de longues disputes entre les com-
tes de Hollande &C les évêques d'Utrecht. Ifelftein n'a
commencé à avoir des murs &c des portes qu'en 1390;
& ce futArent, feigneur d'Egmont & d'ifelftein qui
commença à les élever. Son territoire eft dans un lieu fer-
tile tk commode , entre le'Léck & l'Iffel. Il y à Une
belle églife , bâtie vers l'an 1307 ou 1308 , &t dédiée
l'an 1309, fous l'invocation de S. Nicolas. L'an 1390,
Arnold d'ifelftein &c d'Egmont , le même qui en com-
mença les murs & les portes , fit un monaftere de cha-
noines réguliers de S. Auguftin. L'an 1417, Jean d'Eg-
mont étant poursuivi pour trahifon commife envers le
comte , fe réfugia chez fon frère Guillaume d'ifelftein.
Le comte Guillaume de Hollande alla aufli-tôt afliége||
la ville ; mais les amis des deux frères, s'étant entremis
pour intercéder auprès du comte de Hollande , on con-
vint qu'on lui livrerait Ifelftein , &T. qu'il payerait à Guil-
laume une penfion de deux mille écus , & une autre à
la mère. Après la mort du comte, ceux d'Egmont vou-
lurent rentrer dans Ifelftein, & ils s'en reffaifirent en ef-
fet ; mais ceux d'Utrecht raferent les murs , la citadelle
& la tour de fond en comble, & brûlèrent la ville , n'y
laiffant que l'églife ck le monaftere. L'an 1466, ceux de
Gueldres brûlèrent Ifelftein , que l'on avoit rebâti ; &
la ville demeura dans ce pitoyable état jusqu'au tems de
Frédéric d'ifelftein, qui obtint de Charles, duc de Bour-
gogne , lapermiflion d'y faire une enceinte de murailles.
Elle eft fituée à une lieue & demie d'Utrecht , & étoit
du domaine du feu roi Guillaume UL * Mémoires com-
muniqués.
ISENACUM. Voyez Eisenach.
1. ISENBOURG, gros bourg d'Allemagne, dans la
Wétérayie, au comté d'Ifenbourg,fur la rivière deSeyn,
, à trois lieues de Coblents, avec un beau château. C'eft
le chef-lieu du comté.
Le comté d'ISENBOURG , petit canton d'Alle-
magne dans la Wétéravie. On le divife en haut & en
bas; celui-ci eft le véritable comté d'Ifenbourg , Si con-
fine avec les comtés de Wied'&c de Sayn , & le bail-
liage de Monthabor , qui dépend de l'archevêché de
Trêves : l'étendue en eft petite; le domaine en eft par-
tagé entre l'électeur de Trêves , qui réunit à fon do~
maihe,;lan 1664, après la mort d'Erneft , qui ne Iaiffà
point d'enfans , les fiefs qui relevoient de ion églife ;
malgré Finveftiture fimUltânée , qu'en avoient obtenue
les comtes de Wied ; & le prince de Chimay, dont le
père avoit hérité des biens allodiaux. Ifenbourg eft un
gros bourg avec un bon château : le haut comté d'Ifen-
bourg eft entre les comtés de Nidde , . de Solms &€ de
Hanau ; c'eft proprement le comté de Budingen : il ren-
ferme plufieurs bourgs , dont les plus remarquables font
ceux de Budingen, fur la rivière de Semé, orné d'uri
beau château, d'Offenbach & de Rennebourg. *D'Au-
difret , Geogr. t. 2, p. -282.
Les comtes d'Ifenbourg font d'une des meilleures mai-
fons de Wétéravie : Henri étoit comte d'Ifenbourg, dès
le douzième fiécle ; il eut trois fils , Cerlac , Louis &
Everard : ces deux derniers ont fait les branches de Bu<
dingen & du bas Ifenbourg ; celle-ci a duré jusqu'à Er-
neft , gouverneur des comtés d'Artois &: de Namur, tk
chevalier de la toifon d'or, qui mourut, l'an 1664, fani
avoir eu d'enfans de Charlotte d'Arenberg, ni d' Anne-
Marie de Hohen-Zollern : la branche de Budingen, dont
Louis fut le chef, eft fous-divifée en celle d'Offenbach
& de Budingen.
_ 2. ISENBOURG, bourg d'Allemagne, dans la Thu-
ringe, au comté dèStolberg. * D' Audifrct } Geogr. t. z3
^.2951
ISENDICK. Voyez Ysendyck.
ISENGHIEN , bourg des Pays -bas, avec titre de
principauté. Quelques-uns écrivent Ifeghem ': il eft dans
la Flandre^ Autrichienne , à une grande lieu de Rouffe-
laër , & à deux de Courtrai ; fur la petite rivière da
Màndere. * Dictionnaire des Pays-bas.
ISENHEIM, bourg de France, en haute Alface', en-
tre Rôufaçh & la petite ville de Senheim , que les Fran-
çois nomment Serney : il eft le chef-lieu d'une des ter-
res de l'ancien domaine de la maifon d'Autriche , dont
le roi fit don au cardinal de Mazarin , après le traité des
Pyrénées , et qui ont paffé à la maifon de la Meilleraye,
Se ensuite à celle de Duras , en la personne de made-
moifelle de Duras, encore pupille, l'année 1739. Il y 3
dans ce bourg une commenderie ou couvent de religieux
ou chanoines réguliers de l'ordre*de S.Antoine de Vien-
nois , dont l'égliiè eft remarquable , entr'autres chofes ,
par les feukures & les peintures du fameux Albert Du-
rer. L'électeur de Bavière, grand-pere de celui d'aujour-
d'hui , offrit une fomme très-confidérable , qui ne tenta
point MM. de S. Antoine de fe défaire d'un tréfor
auflï précieux que le font les tableaux de leur maîtfé-au-
tel. * Notes de M. de Corberen.
1. ISEO , bourg d'Italie , au pays des Vénitiens, au
Breffan, fur le bord méridional d'un lac auquel il donne
fon nom. Il y a une églife collégiale , félon Leandre,
Descrit. di auto. Vltalia , p. 403 , fol. verso.
2. ISEO, (le lac d') lac d'Italie , dans l'état de Vé-
ilife , entre le Bteffan & le Bergamasquè. Il peut avoir
treize ou quatorze milles d'Italie dans fa longueur; mais
il n'eft pas large à proportion. Au riofd de ce fac , tft.
Lover, dans le Bergamasquè ; & au midi eft Ifeo , dans
le Breffan. Ce lac eft formé des eaux de l'Oglio , qui
en fort au fud-oueft. Léandre , ibid. dit que c'eft le Se-
binus Lacus de Pline, /. 3 , c. 19, en quoi il a raifon.
Pline dit que le lac Sébinus reçoit l'Oglio, Oilium Se-
ISEPUS , ancien peuple de la Scythie , félon Etienne
qui cite Hecatée.
1. ISER. (T) Baudrand le nomme l'Iferre , rivière.
d'Allemagne, dans la Bavière ; elle a plufieurs fources,
qui toutes ibnt aux confins du Tirol & de la Bavière.
L'une eft le ruïffeau de Pùès, qui, ié grofliffant de quel-
ques autres , fe joint ensuite au ruiffeau d'Aben, puis re-
çoit la décharge du Valkenfée ou lac de Valken ; en-
fuitej coulant vers le nord, il te rend au village deSchof-
larn , après s'être groffi de la rivière de Loyfa. L'Ifer
commence alors à devenir une rivière importante , &,
coulant vers le nord oriental , baigne la ville de Mu-
nich ; reçoit les eaux du Molàch , qui coule à Freilingen,
que l'Ifer laiffe à fa gauche ; puis à Mosbourg la rivière
d'Amber paffe à Landshutt, ville , & va enfin fe perdre!
dans le Danube , entre Straubing & Paffau.
2. ISER ou Yser, petite rivière des Pays-bas. Elle1
a fa fourçe au-deffus du village de Lsrdrezel'e , paffe à
Tomt III, X x x i;
ÏSI
53 2 .
Segers, g.àWilder, g. à Haringen ; g. à l'abbaye de
Rolebrug , d. à Stavelo , d. à Eversham , d. & tombe
ensuite dans l'Iperlée, qui coule à Ypres.
ISERAN , montagne de Savoye , aux confins de la
Savoye Se du Piémont. C'eft où l'Hère a fa fource.
ISERE , fiviefe de Savoye &c de France : elle a fa
fource aux confins du Piémont, dans la Savoye, aviez
près des fources de i'Arc ; &, coulant vers le couchant
& ensuite vers le nord-oueft , elle arrive à Saint-Mau-
rice , d'où , fe repliant vers le fud-oueft , elle pafle a
Saint-Esme & à Montiers en Tarentaife. Les monta-
gnes, quelle y trouve, la renvoient vers le nord, à Con-
flans , où elle reçoit les rivières de Flon , d'Arli , du
Doron , & autres déjà raffemblées dans un même lit :
elle retourne ensuite au fud-oueft , fe groflît des eaux
de l'Arc, arrive à Montmélian, où elle commence à
porter de petits bateaux , entre en Dauphiné , pafle au
tort de Barraux, arrive ensuite à Grenoble, y reçoit le
Drac , devient navigable pour de grands bateaux ; &
à quinze lieues au-deflous de cette ville , elle fe jette
dans le Rhône, à une lieue & demie au-deffus de Va-
lenlé. Papyre Maffon s'eft trompé quand il a dit que le
Guyer fe jettoit dans l'ifere ; il devoit dire dans le
Rhône.
1SERNÎA , Mfernia , ville d'Italie , au royaume de
Naples, dans le comté de Moliffe, avec un évêché fuf-
fragant de l'archevêché de Capoue : elle eft fituée au
pied du mont Apennin , à environ quatre milles des
confins de 1» province de Labour , et autant de là ri-
vière du Volturne , entre Sulmone au feptentrion , &C
Télefe au midi , & à dix milles de Venafre au levant
d'été. C'eft lapatrie du faint pape Pierre Céleftin. *Baudr.
éd. 1705.
1SERNLOHN, petite ville de Weftphahe , au comte
de la Marck, fur la rivière de Baren, environ à fept
lieues de Ham. C'eft le chef-lieu d'un des quinze bail-
liages, dont le comté de Ham eft compofé. La rivière
de Baren tombe dans la Roer , au midi de Swiert , &C
n'airofe aucun autre lieu remarquable que la petite ville
d'I ernlohn. Sanson & Baudrand écrivent Iferlohn.
fZeyler, "Weftph. Topogr./». 69.
lSMZAR, petite vijje du Khoraflan : on la nomme
h jardin de H trot. Son territoire produit les meilleures
poires du monde , des jujubes (ans noyaux , &£ une espèce
de raiiln fi délicat , que il l'on en laiffe tomber un grain,
il fe met en pièces. L'on appelle le raifm Sidhïbe. *Ma-
nuscrits de la Bibl, du roi.
ISGIPERA , fortereffe de Thrace , l'une de celles que
Juftinien fit bâtir, félon Procope, jEdific. 1. 4, c. 11.
ISIACORUM Portus, port de mer du Pont-Euxin.
Arrien , Peripl. edtt. Oxon. le met à douze cents pas
d'une des bouches du Danube, qu'il nomme PJllum, 6c
ajoute que l'intervalle qui eft entre ces deux lieux eft {
défert, 6t même fans aucun nom.
IS\M ; il femble par un fragment du Livre trente-fept
deDiodore de Sicile , qu'il y avoit une ville de ce nom
au pays des Brutiens. * Ortel. Thef.
ISICHI , ancien peuple d'Afie, vers la grande Armé-
nie, félon Tacite , Annal. \. 13; quelques exemplaires
portent InSECHI.
IS1DIS : ce mot eft le génitif Slfis , nom d'un déeffe
famejfe chez les payens , qui lui avoient consacré divers
lieux. Ainfi il n'eft pas étonnant de trouver dans l'an-
cienne géographie des noms de ports, de villes, d'isles,
&c. qui commencent par ce mot IJidis. J'en vais mar-
quer les principaux.
ISiDIS Bacca. Voyez Sosthenium.
blDIS Fons , ou la Fontaine d'Isis. Antigonus,
Mirabil. la met quelque part vers l'Ethiopie.
1. ISIDIS Insula, ou l'Isle d'Isis , ifle du golfe
Arabique, félon Ptolomée, /. 4, c. 8, qui la met affez
près de l'ifle de Diodore. Âgatharchide, de Mari rubro,
p. 58 , edit. Oxon. place en cet endroit trois ides voifi-
nes , favoir, la piemiere confacrée à Ifis ; l'autre nom-
mée Succaba, & la troifiéme Salydo. Il ajoute : elles
font toutes défertes, couvertes d'oliviers, non pas tels
que les nôtres , mais tels que le terroir les peut nour-
rir.
2. ISIDIS Insula, ou plutôt Isidi sacra Insula.
Pline , /. 10, c. 33 , dit qu'en Egypte, fur le Nil , auprès
de Coptos, il y avoit une ifle consacrée à la déeffe Bis.
ISI
Cette ifle du Nil n'avoit rien de commun avec l'ifle de
la mer Rouge.
ISIDIS Oppidum , c'eft-à-dire le Bourg d'Isis»
lieu d'Egypte, dans le Delta, félon Pline, /. 5, c. 10. Il
le nomme entre Athribis & Bujiris. C'eft peut-être \'I~
feion d'Etienne le Géographe ; mais ce ne làuroir être
l'Ifiu d'Antonin, lieu fitué dans les terres, bien au-delà
de Memphis.
ISIDIS Portus, ou le Port d'Isis, port de laTro-
glodytique , fur la côte occidentale de la mer Rouge.
Pline, L 6, c. 19, dit que de ce port , au bourg des Adu-
lites , il y a dix journées pour une barque, qui va à la
rame. Ce port n'eft pas l'ifle d'Ifis de Ptolomée, comme
Yillanovanus l'a cru ; car Pline nomme peu après l'ifle
de Diodore oc autres ifles défertes , fous lesquelles étoit
comprife celle d'Ifis , comme il paroît par le paffage
d'Agatharchide , cité ci-deffus.
ISIDIS Regio, ou le Pays d'Isis , contrée de l'E-
thiopie , fous l'Egypte. On y recueille de l'encens , au
rapport de Strabon , cité par Ortélius , Tkefaur.
ISIDIS Templum , ou le Temple d'Isis , lieu par-
ticulier, fitué fur une montagne d'Ethiopie, fur la côte du
golfe Arabique, félon Strabon, /. 16, p. 770, qui dit que
Séfoftris l'avoit fondé.
La déeife Ifis étoit la même que Cérès,
IS1GNI , gros bourg de France , dans la baffe Nor-
mandie , au diocèfe de Bayeux , à fix lieues de la ville
de ce nom, au couchant, à l'embouchure del'Aure, dans
l'Océan. Ce bourg eft un petit port de mer, avec fiége
de l'amirauté , & eft fort connu dans cette province, à
caufe de fes falines ck des grandes falaifons de beurre,
qu'on y fait & qu'on y charge fur des barques pour Rouen
& Paris , où il eft fort eftimé auffi-bien que le cidre de
fon terri. oire. * Corneille, Dictionnaire. Mémoires dreffes
fur les lieux. >
ISIGUS. Voyez EsiGUS.
ISIMON, pour Iesimoth. Voyez Beth-Simoth.'
ISIN. Corneille dit que c'eft une rivière d'Allemagne,
dans la Bavière , or. qu'elle entre dans celle d'Inn , pro-
che d'QEtingen.
1. ISINDl, ville épiscopalede la féconde Pamphylie,'
félon trois Notices grecques. Marcellinus , fon évêque,
fouscrivit au concile tenu à Rome', l'an 503. *Harduin,
Colleft. conc.
i. ISINDl, ville épiscopale d'Allé , dans la Pamphy-
lie , félon la Notice de Léon le Sage ; ce même lieu eft
nommé Sinda au pluriel, dans la Notice de Hieroclès.
Voyez Side.
IS1NDUS ou Isinda, ville d'Afie, dans l'Iode, fé-
lon Etienne le Géographe.
ISINISCA , ancien lieu de la Vindélicie. Antonin ,
Itiner. le met entre (Enipons & Ambré , à vingt mille
jjas de la première , or. à trente - deux milles de la fé-
conde. Cellarius parlant de Ylfargus , rivière qui reçoit
les eaux de l'Amber , ajoute : ceux qui en habitent les
bords, font les Ifarci , dont parle Pline, /. 3, c. 10,
dans l'inscription des Alpes , au fujet des viftoires d'Au-
gufte. On ne fait s'ils étoient fur la droite ou fur la gau-
che de la rivière. Il femble, poursuit ce favant homme,
que c'eft YIJinisca ou Ifunisca d'Antonin &c de la Ta-
ble de Peutinger. Antonin dispofe ainfi fa route de Lau-,
riacum, (Lorch,) à Brigantia, Bregentz.
Jovavo, (Jovavium ou Juvavia ,)
Bidaium, M. P. XXXIII.
Pontem AZni , M. P. XVIII.
IJiniscam, M. P. XX.
Ambram, M. P. XXXII.
Auguftam Vinielicum, M. P. xxxyil.
Si l'on partage bien, ces diftances le long du chemin
public , Ifinisca , félon Cluvier , fe trouvera à-peu-prés
à l'endroit où eft Munich. Il femble même que Mu-
nich ne foit elle-même autre chofe que cette ville, nom-
mée IJarisca , autrefois capitale des Ifarciens. Si cela
eft , il faut ramener Ifinisca fur la rive gauche. Velser
au contraire fait un autre arrangement; &c comme il
explique le pont de l'Inn Mnipons , par (Etingen, en
Baviere , il nomme Ifinisca ia rivière qui tombe dans
l'Inn, du côté du couchant, au-deffous d'CEtingen, &C
place fur fes bords , entre l'Inn or. l'Ifargus , une ville
ISL
ÏSL
fiarnommée I/înisca. Cela s'accorde affez Lien avec la
Table de Peutinger, dont voici le calcul.
Jfunisca ,
Ad Enurn,
XX.
Bidaio ,
XIIT.
Artobrige ,
XVI.
Ivavo ,
XVI.
Cellarius laifle au lefteur à juger des raifons de ces
deux grands hommes , en quoi je dois l'imiter.
1SJO, royaume du Japon, dans l'ifle Niphon. Voyez
Ixo.
INSIODORUM, ou Iciodorum Arvernorum,
ou Issiodorum , ou même IxiDORUM, noms latins
d'IssoiRE, ville de France , en Auvergne.
ISIODORUM, ou Iciodorum TuRONUM,Ifeure,
bourg de France, enTouraine , fur la rivière de Creufe,
vers les confins du Berri. S.Euftoche, évêque de Tours,
y établit une paroi fie.
i. ISIS. Voyez Isidis.
2. ISIS , rivière d'Afie , dans là Colchide. Arrien ,
Pcripl. Pond Eux. p. 7 cdit. Oxon. dit qu'elle eft na-
vigable , & la met entre l'embouchure de l'Acinafis &
telle du Mogre , à quatre-vingt-dix flades de l'une Si de
l'autre rivière. Scylax de Caryande, p. ^l'edit. Oxon.
met auffi cette rivière dans la Colchide.
ISITHEA , lieu dont il eft parlé dans les Oracles des
Sibylles , fol. 104. Ortélius , Tlufaiir. doute fi ce n'eft
pas, la même choie qu'IJIdis Oppidum , dont Pline a
parlé , Si qui étoit dans le Delta d'Egypte.
ISIUM ouIsiON, ville de la haute Egypte, félon
Etienne le Géographe. Antonin, Itincr. la nomme Isiu,
& la met entre Mithu Biffieracon, à vingt-quatre mille
pas de l'une , 6c à virjgt mille de l'autre.
1SLA. La Vie de S. Ludger nomme ainfî une rivière
de l'ancienne Frife , avec quelques autres , favoir Ar-
napa , Lada. Si Rura. Ortélius foupçonne que ce font
aujourd'hui l'IsSEL, Horndiep , Iada & la ROER.
ISLANDE , fl') grande ifle de l'Europe, que l'on croit
être la Thulé des anciens , qui la regardoient comme
la dernière borne de la terre habitable , quoiqu'il y ait
des favans qui mettent ailleurs cette Thulé. Voyez ce
que nous en difons dans fon article particulier. Voici ce
que nous en apprend la Peyrere dans fa Relation. L'Is-
lande eft une ifle de l'Océan Deucalédonien , à 13 d.
30' de longitude , Si à 6j d. 44' de latitude. Cette fitua-
tion eft prife fur l'évêche feptentrional de l'ifle, nommé
Hole, qu'Arngrimus Jonas rapporte dans fa Crimogee
Iflandique , où d dit qu'il la tient de l'évêque même de
Hole , Gundebrand de Thorlac , fon compatriote Si in-
time ami , auditeur de Tycho-Brahé 8i grand aftrolo-
fue. Les limites de l'Iiîande font ; au levant , la mer
lyperborée; au midi, l'océan Deucalédonien ; le cou-
chant regarde le Groenland , vers le cap Ferwel ; &c le
nord eft expofé à la mer Glacée du même Groenland.
La longitude & la latitude de cette ifle ne font pas affez
déterminées par cet auteur. Duval fait paffer par le mi-
lieu de l'Iflande le premier méridien ; mais De l'ifle met
la plus grande partie de cette ifle au couchant du pre-
mier méridien , & n'en laiffe qu'une petite partie au
levant ; cela eft ainfi fur la Mappemonde qu'il a publiée
en dernier lieu ; dans fon Hémisphère feptentrional il
avoit fuivi l'opinion de Duwal.
L'extrémité boréale de l'ifle eft fous le cercle polaire;
& fa partie méridionale commence au 64e d. de latitude.
Duwal au contraire étend cette ifle depuis 64 d. 45' de
latitude, jusqu'à 68 d. 15'; & pour la longitude, il lui
donne fix ou fept degrés de chaque côté du premier mé-
ridien. Ce dernier auteur en a fait une Carte particu-
lière qui eft devant la Relation de la Payrene. Les Atlas
d'Ortélius Si Mercator lui en avoient fourni l'ébauche.
On croit que l'Iflande eft deux fois plus grande que la
Sicile. On connoîtra auffi parla fphere , & l'élévation
que j'ai rapportée de cette ifle , que ce que l'on en dit
eft véritable ; qu'au folftice d'été , Si tant que le foleil
eft dans les fignes des gémeaux Si de l'écreviffe , c'eft-
à-dire deux mois durant , le foleil ne fe couche pas tout
entier fous l'horizon de l'Iflande feptentrionale ; que l'on
en voit toujours quelque peu , Si la moitié aux jours
les plus longs , depuis les dix heures du foir jusqu'à deux
SU
heures du matin , qu'il fe levé tout à fait ; d'où il s'en-
luit qu'au folftice d'hiver , Si tant que le foleil eft dans
les fignes du fagittaire & du capricorne, c'eft-à-dire deux
mon durant , le foleil ne fe levé pas tout entier fur le
rnêmè horizon, & qu'il n'en paraît que la moitié -, aux
jours les plus courts, depuis les dix heures du matin jus-»
qu'à deux heures après midi , qu'il fe couche tout à tait.
Cette ifle eft nommée Ijlande, à caufe de la blancheur
de fes glaces. On dit qu'elle a été fertile autrefois ; qu'elle
a porté de beaux bleds , Se qu'elle a été couverte de
grands bois , dont les Iflandois bâtiffoient de grands na-
vires, &t dont il fe trouve encore aujourd'hui de gran-
des fie profondes racines aux mêmes lieux où étoienC
jadis leurs forêts, mais brûlées & noires comme del'é-
béne. L'Iflande eft maintenant fi fténle, que le bled n'y
fauroir naître ; Si il n'y croît pas un arbre , quel, qu'il
foit , que du petit bouleau : fi bien que l'on y mourroit
de faim Se de froid, fi l'on n'y apportoit des farines des
provinces voifines , Si fi les glaces , qui fe détachent aii
mois de Mai des terres , qui iônt encore plus proches du
pôle , ne leur portoient une fi grande quantité de bois,
qu'ils en ont, luffifamment pour fe chauffer , & pour fe
faire des maifons , à la mode des autres peuples au nofd.
Ils fe fervent , outre cela , pour l'un Si pour l'autre , d'os
de baleine Si d'autres grands poiffons , comme auffi de
deux fortes de tourbes pour fe chauffer ; l'une faite de
gazons , qui eft le capes bltuminofus ; Si l'autre , que
l'on tire de terre , comme d'une carrière , que Arngri-
mus Jonas appelle glebam foffileri , que l'on fait cuire
au foleil, & qui brûle , quand elle eft féche , comme le
gazon. L'une Si l'autre espèce de tourbe témoigne afïez
le vice de la terre , qui la rend incapable de porter ni
bled ni arbre. Ces glaces, qui abordent en Mande des
terres plus feptentrionales , font quelquefois chargées
d'arbres prodigieufement grands ; Si les Annales Iflandi-
ques font mention d'un, entr'autres , qui avoit foixante-
trois coudées de longueur , Si fept de groffeur.
Lorsque ces glaces , détachées du nord , font jointes
à celles de l'Iflande , les habitans de l'ifle courent à la
quête du bois , Si à la chaffe de quantité de bêtes , qui,
s'étant trop engagées dans la mer Glacée , voguent def-
fus , Si abordent où les glaces les portent , comme des
renards roux Se blancs , des loups cerviers ; des ours
blancs & noirs , Si des licornes. La grande Siprécieufe
corne, que le roi de Dânemarck garde à Frédéricsbourg,
qui eft fon Fontainebleau, eft (à ce que l'on m'a dit,)
d'une licorne prife fur les glaces d'Iflande. Elle eft plus
longue Si plus groffe, que celle de Saint-Denis. Le comte
d'Ulfeld , grand-maître de Dânemarck, en a une en-
tière Se petite , de deux pieds de long, prife fur les mê-
mes glaces. Il m'a dit , que l'orsqu'on la lui donna , il
y avoit encore à la racine , de la chair Si du poil de la
bête.
L'Iflande eft fnontagneufe Si pierreufe. Les pâturages '
y font fi excellens , qu'il en faut chaffer le bétail , de
peur qu'il ne Grève. L'herbe y fent fi bon , que les étran-
gers la recueillent Si la font lécher, pour la mettre parmi
leur linge. On dit néanmoins que la chair de bœuf n'y
eft pas bonne , Si que leur mouton feht le bouc. Les
Iflandois y font accoutumés. Ils durciffent Si conservent
leurs viandes, en les expofant au vent Si au foleil ; ce
qui les rend & de meilleur goût Si de meilleure garde,
que fi on les avoit falées. Ils font quantité de beurre ,
qu'ils ferrent dans des vaiffeaux ; Si au défaut de vaif-
lëaux, ils l'amoncelent dans leurs maifons, comme des
piles de chaux. Leur breuvage ordinaire eft de lait , Se
de petit-lait, qu'ils boivent pur, ou mêlé avec de Feau.
L'ifle porte de bons chevaux , que l'on nourrit en hy ver,
de poiffons fecs , aufli-bien que les boeufs Si les moutons,
quand le foin leur a manqué. Les hommes même en
font de la farine Si du pain, quand les rigueurs d'un long
hyver empêchent l'abord de leur ifle aux étrangers qui
ont commerce avec eux.
Il y a dans l'Iïlande quantité de fontaines froides, dont
les eaux font claires Si agréables à boire ; d'autres, qui
font faines Si nourriffantes comme de la bière, quantité
de fources chaudes Si falutaires pour les bains ; d,e grands
étangs poiffonneux ; de belles rivières navigables ; des
ports & des promontoires.
Blefkenius raconte qu'il y a dans la partie occiden-
tale de l'Iflande un lac qui fume toujours , & qui eft
ISL
m
néanmoins fi froid , qu'il pétrifie tout ce que l'on y jette.
Si l'on y fiche un bâton, il devient fer à l'endroit par où il
eft fiché dans la terre ; ce qui touche l'eau, fe pétrifie ; &
ce qui eft au-deilus de l'eau, demeure bois. Blêfkenius
dit l'avoir éprouvé deux fois; il ajoure qu'ayant mis au
feu , ce qui lui lembloit fer j ce fer brûla comme du char-
bon. Il dit auili , qu'au milieu de l'Iflande , il y a un au-
tre lac, qui exhale une vapeur fi dangereufe, qu'elle tue
les oifeaux , qui volent par-deflus. Ce lac eft comme
l'Averne des Grecs, dont Virgile parle au /. 6 de l'Enéide :
Quem fuptr haud ulla poterant impuni volantes,
Ttndtrt iterpennisy talisfefe halitus atris
Faucibns effiindens , fupera ad convexa ferebat,
Unde locum. Graii dixerunt nomine Aornon.
Blêfkenius ajoute, à ce qu'a dit Arngrimus des fontai-
nes chaudes de l'Iflande , qu'il y en a de fi chaudes en
quelques endroits , que qui les touche s'y brûle. Quand
cetie eau fe refroidit , elle laiffe du foufre au-defius de
fa fuperficie. On voit fur ces eaux des plongeons rou-
ges que l'on perd de vue , fi-tôt que l'on s'en approche,
& qui remontent fur l'eau, pour peu que l'on s'en éloi-
gne. Le même dit encore , qu'en un endroit de l'ifle,
que l'on appelle Turloskhaven , il y a deux fontaines ,
l'une froide & l'autre chaude , que l'on fait venir par
divers canaux dans un même baffin ; & que les eaux
de ces deux fontaines, mêlées ensemble, consolent un
bain très-excellent. Aftez près de-là , dit-il , il y a une
autre fontaine , dont l'eau a le goût du bled , & a cette
vertu de guérir les maux vénériens , que Blêfkenius af-
fure être fort ordinaires dans cette ifle.
Il n'y a dans toute l'Iflande aucune minière de quel-
que métal ou minéral que ce {bit , fi ce n'eft de foufre
qui eft très-commun dans toute l'ifle , mais que l'on
tire en plus grande abondance d'une montagne nommée
Hecla , qui eft l'Etna de l'Iflande ; car elle jette des
flammes qui caufent de grands^ embrafemens aux envi-
rons. Cette montagne eft du côté de la partie orientale,
déclinant à la méridionale &C affez proche de la mer.
Blêfkenius dit que ce mont ne jette pas feulement des
flammes , mais des torrens d'eau qui brûlent comme de
l'eau-de-vie. Il jette quelquefois aufli des cendres noires,
& une quantité prodigieufe de pierres-ponces. La tem-
pête qui agite ce mont, ceffe au vent. d'oueft , qui eft
le zéphyre des anciens. Tant que ce vent fouffle , ceux
qui connoiflent ce mont , &£ qui en favent les chemins
-fûrs , montent hardiment à fon plus haut fommet , &c à
l'endroit par où il vomit des flammes , où ils jettent de
grofies pierres que le mont rejette comme une mine fait
voler les éclats d'un mur qu'elle emporte. Il eft très-
• dangereux d'en approcher à ceux qui n'en connoiflent
pas les avenues , parce que la terre qui brûle au-deflbus
venant à fondre , a bien fouvent englouti des hommes
vivans dans ces fournaifes ardentes.
Les habitans de l'ifle croieiy qu'une partie des damnés
eft jettée dans les feux du mont Hécla, pour y brûler,
& que l'autre eft condamnée à geler éternellement dans
les glaces qui font auprès de leur ifle.
Blêfkenius dit qu'étant en Iflande , fur la fin du mois
de Novembre, on vit à minuit grand feu fur la mer, aux
environs du mont Hécla , 6k que ce feu éclaira toute
l'ifle ; ce qui étonna tous les habitans. Les plus expéri-
mentés affuroient que cette lueur venoit du mont Hé-
cla. Une heure après, l'ifle trembla ; & ce tremblement
fut fuivi d'un éclat de tonnerre épouvantable. On fut,
peu de jours après que la mer s'étoit tarie à l'endroit
où le feu avoit paru , & qu'elle s'étoit retirée à deux
lieues de-là.
Les Iflandois n'ont point d'argent monnoyé. On leur
apporte de la farine , de la bière , du vin , de l'eau-de-
vie , du fer , du drap & du linge. Ils donnent en échange
des poiflons fecs , du beurre , du fuif , des draps gref-
fiers , du foufre , des peaux de renards , d'ours &; de
loups cerviers. Blêfkenius dit que les Allemands, qui tra-
fiquent en Iflande , dreffent des tentes près des havres
où ils ont abordé, Se y étalent leurs marchandifes, qui
font des manteaux, des fouliers, des miroirs, des cou-
teaux 6t quantité de bagatelles qu'ils échangent avec ce
ISL
que les Iflandois leur apportent. Les filles, qui font fort
belles dans cette ifle , mais fort mal vêtues , vont voir
ces Allemands , & offrent à ceux qui n'ont pas de fem-
mes de coucher avec eux, pour du pain , du biscuit Se
quelqu'autre chofe de peu de valeur. Les pères même ,
dit-on, préfentent leurs filles aux étrangers ; &c fi leurs
filles deviennent greffes , elles font plus confidérées par
les Iflandois que les autres : il y a même de la prefle à
les avoir.
L'ancienne Iflande étoit divifée en quatre provinces ,'
félon les quatre parties du monde. Chaque province étoit
divifée en trois bailliages , que les Iflandois appellent
Repes : excepté la province feptentrionale , qui, commeS-
la plus grande &£ la plus importante en avoit quatre.
Chaque bailliage étoit fubdivifé en fix , fept ou huit, ou
dix judieatures , félon fon étendue. Chaque province
affembloit fes bailliages une fois l'année , & la convoca-
tion fe faifoit par de petites croix de bois que le gou-
verneur de la province envoyoit à fes baillifs , que les
baillifs diftribuoient à leurs juges , ÔC que les juges fai--
foient- courir par les familles de ceux .qui fe dévoient
trouver à ces aflemblées. Le chef de la juftice, qui pré-
fidoit aux quatre provinces , & qui étoit comme le fou-
verain de l'Iflande , fon nomophylax , ou It conserva-*
leur de fes loix , affembloit auffi, en certains tems, lés
états-généraflx de l'ifle. La convocation s'en faifoit par
quatre haches de bois , que ce chef envoyoit aux gou-<
verneurs des quatre provinces.
Il y avoit dans chaque bailliage trois temples princi-
paux , pour la juftice , & le culte de leurs dieux ; c'eH
pourquoi la charge de baillif s'appelloit Godorp, qui
fïgnifie divine. Le principal foin des baillifs étoit de pour-
voir à la néceffité des pauvres , qui eft très-grande dans,
ce pays ; d'empêcher que les pauvres d'une repe ou bail»
liage ne couruflent à l'autre , &C d'arrêter la licence des\
mendians volontaires , contre lesquels les. loix étoient
très-rigoureufes ; car on permettait de les tuer ou de les
châtrer , de peur qu'ils ne multipliaffent , & ne fiflent
d'autres coquins comme eux. Il étoit même défendu, fur
peine de l'exil , à un homme pauvre, de fe marier avec
une femme pauvre comme lui. On défendoit , fous la
même peine, à celui qui n'avoit de quoi vivre que pour
lui feul, de prendre une femme qui n'eût pas de quo^
s'entretenir elle-même.
Ce gouvernement ariftocratique & cet ordre de jus-
tice durèrent, parmi les Iflandois , jusqu'à l'an 1163, 1ue
les rois de Norvège fe rendant maîtres de l'ifle , la ren-
dirent tributaire par la mauvaife intelligence des Iflandois^.
Les rois de Danemarck, ayant ensuite réduit le royaume
de Norvège en province, donnèrent des vice-rois à ces
peuples, qui n'ont retenu, depuis ce tems, qu'une ombre
légère de leur ancienne forme d'état. La demeure de ces
vice-rois eft à la partie méridionale de l'Iflande, dans un
château nommé Besestadt. Ils ne font pourtant obli-
gés à réfider actuellement dans l'ifle , qu'en cas de né-;
ceflité ; & ils n'y vont qu'une fois l'année , pour en re*
cevoir les tributs qui confident en ces mêmes chofes,
que les Iflandois échangent avec les étrangers , & dont
le roi de Danemarck pourvoit une bonne partie de fes
navires , foit pour nourrir , foit pour habiller fes mate-
lots. Le dernier vice-roi d'iflande étoit M. Prosmont,
amiral de la dernière flotte Danoilé, que les Suédois àéi
firent fur cette mer. Il fe battit vaillamment , & mourut
fur fon bord, l'épée à la main , ayant refufé le quartier
que les ennemis de fon roi vouloient lui donner.
Arngrim Jonas ne fait l'Iflande Chrétienne qu'en
l'an 1000. Les Iflandois payens adoroient , entr'au-
tres dieux , Thor &c Odin. Thor étoit comme le Ju-
piter , Odin comme le Mercure des anciens Grecs
& Latins. Ils nomment encore leur jeudi , Thorsdag,
&£ le mercredi , Odensdag : les autels consacrés à
ces dieux , étoient revêtus de fer ; un feu perpétuel
yjbrûloit; il y avoit fur cet autel un vafe d'airain,
dans lequel on versoit le fang des facrifices , & dont on
arrofoit les afliftans. Au côté de ce vafe , il y avoit un
anneau d'argent , du poids de vingt onces , qu'ils frot-
toient du fang de la viftime , & qu'ils empoignoient
quand ils vouloient faire quelque ferment folemnel. Leurs
Annales portent qu'ils ont facrifié des hommes à leurs
idoles. Ils les écraibient fur des rochers , ou les jettoiertt
dans des puits profonds, creujes'ôc deftinés pour cela, à
ÏSL
ISL
l'entrée de leurs temples. Comme les Iflandois payens
avoient bâti deux principaux temples à l'honneur de leurs
faux dieux , au nord &c au midi de leur isle : de même
les Islandois Chrétiens ont établi les deux feuls évêchés
qu'ils ont aux mêmes endroits de l'isle. Ces deux évê-
chés font Hole , au nord ; &i Schalkold au midi. Ils font
Luthériens de la Confeffion d'Augsbourg , de même que
tout le Danemarck.
Les loix des Islandois font mêlées de tant d'autres
loix , de Norvège &c de Danemarck , qu'étant forcés
d'observer celles-ci , & voulant garder les premières ,
ils s'engagent dans mille chicanes fur l'explication & fur
l'accord de leur droit avec celui de Danemarck.
Les Islandois d'à-préfent habitent leur isle , comme
leurs pères l'habitoient , dans des maifons disperfées çà
& là , de peur du feu , parce qu'elles font bâties de bois.
Leurs fenêtres font d'ordinaire des trous fur les toits, à
caufe que leurs maifons font fort baffes, ÔC qu'il y en a
même plufieurs d'enfoncées dans la terre , afin de fe
mieux garantir du vent Se du froid. Leurs toits , ainfi
que ceux de Suéde, font couverts d'écorces de bouleau,
comblés de gazons.
Les Islandois vivent au-delà de cent ans , fans fe fer-
vir ni de médecins ni de médecines.
Il n'y a dans toute l'Islande que deux villages aux deux
évêchés de Hole fit de Schalholt , dont le plus grand ,
qui eft celui de Hole , ne confifte qu'en fort peu de mai-
fons contigues ; 6c comme il n'y a ni villes , ni villages
dans l'Islande , il n'y a point aufïi de grands chemins ;
ce qui oblige ceux qui voyagent dans cette isle à fe fer-
vir de boulloles , pour aller d'un lieu à l'autre , & à
planter des bailles aux endroits où il y a des goufres de
neiges. Les hlandois n'habitent d'ordinaire que fur les
rivages de la mer, ou près des rivières, à caufe de la pê-
che et des pâturages : ainfi le milieu de l'isle eft comme
déiérr. Il y a un collège à Hole , où les enfans étudient
jusqu'à la rhéronque, & viennent ensuite à Coppenha-
gue taire leurs cours de philofophie & de théologie. Ils
ont une imprimerie, où depuis peu l'on a imprimé l'ancien
teftament en Islandois. Le nouveau n'eft pas achevé,
faute de papier.
L'évêché de Hole a été pourvu de grands évêques,
dont le caraiogue fe trouve dans la Crimogée d'Arngrim
Jonas.
Le» Islandois font tous joueurs d'échecs ; & il n'eft:
point de fi chétif payfan en Islande , qui n'ait chez lui
ion jeu d'échecs faits de fa main , &: d'os de poiffon ,
taillé à la pointe de (on couteau. La différence qu'il y a
de leurs pièces aux nôtres , c'eft que nos fous font des
évêques parmi eux, & qu'ils tiennent que les eccléliafti-
ques doivent être près de la personne des rois. Leurs
rois font de petits capitaines , que les étudians Islandois
appellent centuriones. Ils font représentés l'épée au côté,
les joues enflées , & fonnant du cor qu'ils tiennent des
deux mains.
La langue IJlandolfc eft une dialefte de l'ancienne
langue Runique ; & le dofteur "SVormius affuroit que
l'Islandois eft le plus pur Runique que nous ayons. Les
caractères Islandois, dont Blefkenius adonné un alpha-
beth dans fa Relation, font Runiques ; & il dit que parmi
ces carafteres , il y en a de hiéroglyphiques qui ligni-
fient des mots entiers. On dispute beaucoup fur le tems
auquel l'Islande a été habitée. On peut voir les divers
fentimens rapportés dans la relation de l'Islande, écrite
par la Peyrere, &t inférée au premier volume des Voya-
ges au nord.
ISLE , (Y s ne fe prononce point.) Les Grecs I'appel-
loient Nno-os , les Latins Insula, les Italiens Ifola, les
Espagnols Ijla , les François IJle, les Allemands Insul,
les Hollandois Eyland , les Anglois IJland ou IJle, les
Rufliens Ofirof, les Suédois Holm , les Arabes Ge^irah ,
les Hébreux »K , les Indiens Div, ouDive , ou Pulo, &c.
Selon le Di&ionnaire de l'académie Françoife, Yijîe eft
un espace de terre , entouré d'eau de tous côtés.
Les isles différent , ou par leur fituation , ou par leur
grandeur. A l'égard de];ur fituation , il y en a dans l'O-
céan , il y en a dans lés* fleuves & les rivières ; dans les
lacs & les étangs.
Pour ce qui eft de leur grandeur , elles diffèrent ex-
trêmement les unes des autres. Quelques isles font affez
S3S
grandes pour contenir plufieurs royaumes ,. comme la
Grande-Bretagne , Ceylan-, Sumatra , Java & plufieurs
autres \ quelques-unes n'en contiennent qu'un lèul, comme
l'Irlande!, la Sicile , la Sardaigne , &c. D'autres ne con-
tiennent qu'une yille , avec un territoire médiocre ,
comme quantité d'isles de l'Archipel, de laDalmaie, &c
d'autres n'ont qu'un petit nombre d'habitations disper-
fées. D'autres enfin font fans habitant ; plufieurs ne con-
fiftent qu'en une roche , &. on les appelle écaeils ; ou
bien laftérilité de leur terroir a dégoûté les habitaris qui
auroient voulu y demeurer ; ou bien c'eft quelquefois
la fituation trop baffe de leur terrein que la mer couvre
dans les grandes marées.
Il y a des isles qui paroiuent avoir été telles , depuis
la .création du monde , ou du moins depuis le déluge.
Il y en a d'autres qui ont commencé à paroître dans la
mer ; d'autres qui ont été détachées du continent , foit
par des tremblemens de terre , foit par des orages , &£
les grands efforts de la mer , foit enfin par l'induftrie &
le travail des hommes.
On eft préfentement affuré que le continent que nous
habitons , & où fe trouvent l'Europe , l'Afie & l'Afri-
que , eft une grande isle que la mer environne de tou-
tes parts. On pourra dire , fans doute, la même chofe
de celui qu'on appelle le nouveau monde , lorsque l'on
aura pénétré au nord, & à l'oueft de la baie de Hud-
fon : jusques-là on ignore quelles font les limites fepten-
trionales de ce continent. L'Ecriture fainte emploie fou-
vent le nom à'ijles , pour lignifier des parties du conti-
nent de l'Europe. Voyez l'article Europe. Les Arabes,'
faute d'avoir un mot particulier pour exprimer une prës-
qu'isle , donnent le nom d'i/Ze à toutes les péninfules.
Les terres Arctiques , que l'on croyoit être un pays
continu , font vraifembîablement de grandes isles , dont
on ne fait pas encore affez ni le nombre ni l'étendue. La
Californie que l'on prenoit au contraire pour une isle, eft
une partie du continent.
Ce que l'on avoit cru être le commencement d'un grand
continent, au midi de l'Amérique , s'eft trouvé n'être
qu'une isle affez vafte , environnée d'un bon nombre de
petites.
On compte ordinairement dix isles de la prerrme
La Bretagne»
L'Ifiande",
La nouvelle Zemble,
Madagascar,
Niphon,
Manille ou Luçon,
Bornéo,
Sumatra ,
Terre Neuve,
La Terre de feu,
( en Europe;
} en Afrique;
en Aile,
v- en Amérique.'
On en compte dix autres de moyenne grandeur , &■>.
La Sardaigne, ~\
La Sicile, >
Candie, )
L'Irlande ,J
Java,
Céïlan ,
Mindanao,'
Celebes,
Cuba,
Saint-Domingue ,
dlt^eM^-Eu^
) dans l'Océan,
en Afie,
en Amérique.
Il y a dix autres ifles auxquelles on peut donner le fur-
nom de moindres , parce qu'elles ne font pas fi grandis
que les précédentes.
L'ifle de Séland, en Danemarckg
n%
ISL
ÏSL
La Corse;
Négrepont ,
Majorque,
Cypre,
Gilolo,
Amboine ,
Timor,
/ dans la mer Mé-J
r diterranée, )
en Europe»
en Afiè„
La Jamaïque, en Amérique, dans la mer du nord.
L'ifle Ifabelle , l'une des ifles de Salomon, dans la mer
du fud.
Le nombre des petites ifles eft presque infini ; on peut
dire qu'elles font innombrables , avec d'autant plus de
vérité, que l'on eft encore bien éloigné de connoître tou-
tes les mers. Il y refte à découvrir beaucoup de côtes,
dont nous ignorons les détails, pour ne point parler de
celles qui nous font inconnues. On peut faire trois claf-
fes de ces petites ifles. La première fera de celles qui,
quoique feules , ci indépendamment des autres, rielâif-
tfent pas d'avoir de la célébrité : telles font ,
Dans la mer Baltique ,
Aland ,
Oiél ,
Gotland ,
Bornholm !
Falfter,
Laland,
StFune, &c
Dans la Méditerranée,
Rhode , Minorque -, Corfou ,
Malthe, Chios, . Cerigo.
Iviça , Céphalonie ,
& un grand nombre d'autres.
Dans l'Océan Atlantique , entre l'Afrique &leBréfil,
Sainte-Heléne , l'Ascenfion, & Saint-Thorné.
Près du détroit de Gibraltar >
Madère.
En Afrique , à l'entrée de la mer RougeJ
Zocotora.
La féconde claffe comprend les ifles que l'on connoît
fous un nom général qui eft commun à toutes celles
d'un certain espace de la mer , quoique la plupart ayent
chacune un nom particulier. Les principales font ,
Les Wefternes , au couchant de l'Ecoffe.
Les Orcades , au nord de l'Ecoffe.
Les ifles de Schetland , au nord-eft des Orcades.
Les Açores, dans la mer du nord.
Les Canaries, 7 dans la mer Atlantique.
Les ifles du Cap-verd , 3
Les ifles de l'Archipel , dans la Méditerranée.
Les'Lucayes, ou de Bahama,? dafls h mef du nord>
Les Antilles , j
Les Maldives, )
Les Moluques, l
Les Philippines , Idans la mer des Indes, &
Le Japon , [dans l'Océan oriental.
Les nouvelles Philippines, \
Les ifles Mariannes, )
Les ifles de Salomon , dans la mer du fud , &c.
La troifiéme claffe comprend les isles des fleuves &
des rivières, comme celles du Nil, du Niger, de Gam-
bie, &C autres en Afrique ; de l'Indus , du Gange, & au-
tres en Afie ; du fleuve de Saint-Laurent, du Miffiflîpi,de
l'Quénoque , de l'Amazone , & autres de l'Amérique ;
& enfin celles de nos rivières d'Europe , dans le Pô , le
Danube, le Rhône, la Seine , &c. Les lacs d'Irlande
ont quantité d'isles. Le lac de Dambée , en Ethiopie,
en a aufli plufieurs ; & il en eft ainii d'une multitude
d'autres. ,
11 y a des isles artificielles ; & presque toutes les pla-
ces fortes, dont les foffés font remplis des eaux d'une
rivière , font de véritables isles. Amfterdam, Ô£ la plu-
part des villes de Hollande , ne font pas feulement des
isles ; mais chaque ville eft compofée d'un certain nom-
bre d'isles plus ou moins grand , félon fqn étendue. La
feule viile de Venife n'eft autre chofe qu'une fourmilliere
d'isles jointes ensemble par des ponts.
J'ai dit qu'il y a des isles peu anciennes : l'expérience
le prouve ; &t on convient qu'il peut s'en former de nou-
velles , de plus d'une manière.
On ne peut pas douter qu'il n'y ait des isles flottantes.'
Les anciens l'ont dit de Delos , de Thérafie , des Cala-
mines, des isles du lac de Cutilie , &c de quantité d'au-
tres. Quelques-uns fe croient en droit de traiter ce fait
comme une fable , fous prétexte que la plupart de ces
isles font fixées préfentement. Il eft pourtant ailé de con-
cevoir qu'une portion de terre fpongieufe , légère & ful-
fureufe lurnage de foi- même ; qu'étant foutenue fur
l'eau , &c y ayant quelque diftance entre cette maffe &C
le fond du baffin où "elle nage , la moindre impreffion
lui donne le mouvement ; mais le fond du baflin n'eft
pas égal : fi cette maffe vient à toucher une hauteur,
elle s'y fixe avec le tems ; les parties de l'une s'enga-
gent avec celles de l'autre, & il s'y fait une liaifon fo-
lide. Voyez l'article ds S. OM£R. Boxthius, auteur qui
a écrit touchant l'Ecoffe , dit que dans le lac de Lou-
mond , il y a une isle qui nage , & va comme le vent
la mené , quoiqu'on y puifie faire paître du bétail.
i. L'ISLE D'AARON, isle de l'Océan occidental,'
au couchant de l'Irlande, fur la côte de Connaught, en-
tre la baie de Galloway & le àhannon. Il y en a deux
qui portent le même nom , favoir, la petite & là grande.
Leur lituation avec celle de S. Grégoire , qui eft entre
deux, eft fud-eft & nord-oueft.
X. L'ISLE D'AARON. Voyez S. Malo.
L'ISLE D'ABRICK , petite isle de la mer Baltique,'
dans le golfe de Livonie, au midi d'Arensbourg, capitale
de l'isle d'Ofel.
L'ISLE-D'ABY-JAAN, petite isle de Suéde, au golfe
de Bothnie, fur la côte occidentale, par les 6od. 47' de
latitude , près de l'embouchure de la rivière dABY, Se
du bourg d'ABY.
L'ISLE-ACHER, petite isle d'Irlande, dans le lit de
la rivière de Shannon , à l'embouchure de la rivière de
Clare.
L'ISLE- ADAM , bourg de l'isle de France , avec titre
de baronnie & châlelleme. Il eft fitué fur la rivière
d'Oyfe, vers les confins du Beauvoifis, une lieue au.-def-
fous de Beaumont, &C à fept ou huit de Paris. On y voit
lin château fort agréable, appartenant au prince de Conty.
Sa fituation en fait la principale beauté ; il eft bâti au
pied d'un coteau , fur deux isles que forme la rivière
d'Oyfe. Ce bourg a été fondé par Adam furnommé
Del'IJle, feigneur de Villiers, village fitué à une lieue
de l'Isle-Adam. C'eft decet Adam De l'isle qu'étoit des-
cendu Philippe de Villiers de l'Isle-Adam, grand-maître
de Rhodes. Il n'y a qu'une paroifle à l'Isle-Adam , dont
l'églife, qui eft affez belle, fut bâtie en is6z, par le con-
nétable de Montmorency. Cette paroifle eft deffervie
par une communauté de prêtres, établie par Armand de
Bourbon, prince de Conty ; ces prêtres font tirés des
millionnaires de S. Jofeph de Lyon, desquels ils dépen-
dant. On voit encore dans le bourg de l'Isle-Adam un
prieuré de l'ordre de S. Benoît. * Mémoires dreffis fur
les lieux , en 1704.
L'ISLE D'ADAM , petite ifle d'Ecoffe , l'une des
"Werfternes. Elle eft fituée a l'orient de celle de Lewis.
LES ISLES D'ADDOU. Voyez Addou.
L'ISLE DE L'ADMIRAL. Voyez Admiraels Ey-
IANDT & AM1RANTE.
L'ISLE D'AGAMESKE ou I'Isle aux ^ours
BLANCS , petite ifle de la nouvellee France , à l'extré-
mité méridionale de la baie de Hudson.
L'ISLE D'AGOT, petite ifle de France, en Bretagne,
fur;
ISL
ÎSL
ïûr la côte de Saint-Malo, au couchant de la rade de ce
port.
L'ISLE D'AINET, petite ifle de France, fur la côte
d'Aunis , entre l'ifle d'Aix &£ le continent.
L'ISLE D'AIX , petite ifle de France , fur la côte du
pays d'Aunis , entre cette province &C l'ifle d'Oleron,
au nord de l'embouchure de la Charente.
L'iSLE D'ALBENGUE , petite ifle de la mer Mé-
diterranée. Voyez Albengue 2.
ISLAS D'ACATRACES , Mes de la mer du fud, à
l'embouchure de la petite rivière de Maffia , au fud-efl:
d'Acapulco.
L'ISLE D'ALCMAER, petite ifle des Indes, fur la
côte feptentrionale de l'ifle de Java , dans la baie de Ba-
tavia, au nord oriental de cette ville, &presqu'au nord-
eft de l'ifle d'Enkhuylén.
L'ISLE D'ALVON , petite ifle de Suéde , au golfe
de Bothnie , fur fon rivage occidental , près du bourg
de Sundswal.
L'ISLE D'AMAX, ifle duDanemarck. Voyez Amag.
L'ISLE D'AMIVAN, ou
L'ISLE D'AMJUAN. Voyez Anjouan.
L'ISLE D'AMONT : on appelle ainfi la plus grande
des deux ifles de S. Marcou, fur la côte de Normandie,
au Cotantin.
L'ISLE D'AMSTERDAM , petite ifle des Indes, au
nord de Java , à l'entrée du golfe de Batavia , auprès de
celle de Middelbourg. Il y en a cinq autres de même
nom. Voyez au mot Amsterdam.
^ L'ISLE D'ANICAM, petite ifle de la Chine, fut la
côte de la province de Quanton.
L'ISLE D'ANTICOSTI. Voyez Anticosti.
1. L'ISLE D'ARAN, ifle d'Irlande, fur la côte occi-
dentale de la province d'Ulfter : elle eft accompagnée
d'écueils nommés EJlocs d'Aran : elle efl; différente de
celle qtri fuit.
2. L'ISLE D'ARAN, d'ARRAN, d'ARREN, oud'A-
REN, ifle d'Ecofle. Voyez Arran. i.
L'ISLE D'ARBOUZE , ifle de France , fur la côte
de Bretagne , à l'occident du port de Saint - Malo , à
côté du lit de l'embouchure de la rivière qui arrofe cette
ville.
LES ISLES DE L'ARCHIPEL. Voyez-en la lifte au
mot Archipel. Il, feroit inutile de la répéter dans
celle-ci.
1. L'ISLE DES ARECIFES, c'eft-à-dire I'Isle des
Rochers, petite ifle de l'Océan oriental, l'une des Ifles
Mariannes.
2. L'ISLE DES ARECIFES ou Aracifes, ifle de
la mer du fud , l'une des ifles de Salomon.
L'ISLE D'AREN. Voyez Aran 2.
L'ISLA DAS ARENAS, c'eft-à-dire V Ifle des Sables,
ifle de l'Amérique, dans le golfe du Mexique, aunord-
oueft du cap Deconofîdo & de la presqu'ifle de Jucatan ;
les Anglois ont fort défiguré ce mot , & appellent cette
ifle Desats ou Desarcusses.
L'ISLE D'ARIMOA. Voyez Arimoa.
L'ISLE D ARROÉ. Voyez Arroé.
L'ISLE D'ARS , ifle de France , fur la côte de Breta-
gne , à l'entrée de la rivière de Vannes.
L'ISLE D'ARTUS, ifle d'Angleterre, l'une des Sor-
lingues.
L'ISLE DE L'ASCENSION : il y en a deux. Voyez
Ascension.
L'ISLE D'ASINARA, ifle auprès de la Sardaigne.
Voyez Asinara.
1. LISLE DE L'ASSOMPTION , la même ifle
qu Anticosti. Voyez ce mot.
2. LISLE DE L'ASSOMPTION, l'une des ifles Ma-
riannes. Voyez Assomption 4.
L'ISLE D'ATOQUE, petite ifle de l'Amérique, dans
la mer du Sud, dans la baie de Panama : elle n'eft pas
habitée.
L'ISLE D'AVAL ; on appelle ainfi la plus petite des
deux ifles de Saint- Marcou, fur la côte de Normandie,
près du Cotantin.
L'ISLE D'AUDUC, petite ifle d'Irlande, à l'entrée
de la baie de Gallowai, près de l'ifle de Maës, & au fuct-
eft.
L'ISLE D'AVES. Voyez diverses isles de ce nom,
au mot Aves,
n?
ISLE D'AUMONT,dans la Champagne ^diocèfe de
Troyes. Ce lieu eft à deux lieues de la ville épiscopale:
c'étoit un marquifat que le maréchal d Aumont , lorsqu'il
pafla en Italie, avoit acheté de Charles de Gonzague, duc
de Mantoue. Louis XIV l'érigea en duché -parie, fous
le nom d 'Aumont , en faveur de ce feigneur, l'an 1565-.
On y voit les ruines d'un ancien château , qui peut être
du tems des Romains. Il y a au même diocèfe de Troyes
Flfle-fous-Ramene, & l'ifle de Chantemerle. Desguerrois
ne s'étend que fur celle qui eft à deux lieues de Troyes, -
au rhidi, qu'il dit avoir fervi de retraite à beaucoup de
faints , qui y ont vécu, ou qui y font morts. Philippe,
évcque de Troyes , au commencement du douzième fié-
cle , donna à S. Robert de Molême l'églife d'Ifles, &C
dota le prieuré , pour y mettre des moines , auxquels il
donna des droits fur les églifes paroiffiales de S. Thi-
baud & d'Ifles , l'an 11 04. Plus de cinq cents ans aupa-
ravant c'étoit un monaftere, du titre de Notre-Dame ; il
y avoit eu, dans les fiécles fuivans, une autre églife du
titre de S. Urjîon, laquelle ne fubfifte plus : ce faint avoit
fait fa demeure en ce lieu, dès le fixiéme fiécle ; faint
Maurele, le vénérable Aventin, & S. Fale qui lui fuc-
céda au gouvernement de ce lieu. Il pourroitfe faire' que
ce qu'on prend pour un refte d'antiquité Romaine, leroit
un refte de cet ancien monaftere. * Notes de U Beuf,
chanoine d'Auxerre.
LISLE DE BACALAO, petite ifle de l'Amérique, fur
la côte orientale de Terre-neuve, entre la baie de la Tri-
nité & la baie de la Conception.
LES ISLES DE B A CALAOS. Voyez Bacalaos.
L'ISLE DE BACCHUS, ifle de l'Amérique, dans la
Nouvel'e Angleterre, dans la rivière deCHOUACOUET.
Voyez cet article.
L'ISLE DE BAGUENAUT, fflede France, en Breta-
gne, au nord de l'embouchure de la Loire.
L'ISLE DE BALANEC,-ifle de France en Bretagne,
entre l'ifle d'Oueflant & celle de Molène, vers l'Orient
méridional.
L ISLE DE BALICOTTON, ifle d'Irlande, fur la côte-
méridionale, au levant de l'entrée de la rivière de Léo, que
l'on remonte pour aller à Corck.
L'ISLE DE BALTA, petite ifle, ou écueil , entre les
ifles de Schetland, à l'orient de l'ifle d'UNST.
LISLE DE^BALTRUM, petite ifle de la mer d'Alle-
magne, fur la côte d'Ooftfrife, entre le Dolaërt &£. leWé-
fer. ■
L'ISLE DE BALY. Voyez Bal t. 1.
L'ISLE DE BANC, ifle de Suéde, dans la mer Balti-
que, fur la côte de Smaland, vis-à-vis de Wefterwyck.
L'ISLE DE BANCA, ifle de la mer des Indes. Voyez
Banca.
L'ISLE DE BANEC, petite ifle de France, fur la côte
de Bretagne, entre l'ifle d'Oueflant & l'ifle de Balanec.
L'ISLE DE BARACO, petite ifle de France, en Bre-
tagne, dans la Loire , vis-à-vis du village de S. Etienne,
au-defïous de Nantes.
L'ISLE-BARBE, petite ifle de France, dans le milieu
de la rivière de Sône, au diocèfe de Lyon, avec une an-
cienne abbaye, qui eft vraisemblablement le plus ancien
monaftere de ce diocèfe. Cette abbaye eft réunie au cha-
pitre de S. Jean de Lyon. * {Hifi. de l'ordre de S. Benoît,
1. 1, c. 4,n. 22.)
L'ISLE DE BARNEWELD. Voyez, au mot 5arne«
Veldt, deux ifles de ce nom.
L'ISLE DE BAROU ou B arro, ifle au nord de l'E-
cofle, au couchant des Orcades,& au nord de l'ifle de
Skie.
L'ISLE DE BARRA, ifle de l'Ecoffe, entre les Vefter-
nes,au midi de South- NVift, dont elle eft féparée par un
détroit. Voyez BARRA 2.
L'ISLE DE BARREY, petite ifle d'Angleterre , dans
la province de Glamorgan, au pays de Galles, à l'embou-
chure de la Severne.
LISLE-EN-BARROIS, abbaye d hommes ordre de
Citeaux,dans le duché de Bar. Sa manse abbatiale a été
unie à l'églife primatiale de Nancy.
L'ISLE DE BAS, ifle de France, en Bretagne. Voyez
Bas.
L'ISLE DE LA BARTHELASSE , ifle de France ,'
dans le Rhône } à une lieue au-defliis d'Avignon, vis-à-
TyneW. Yyy
ISL
J3«
vis de Ville-neuve-lès-Avignon : elle eft remarquable par
tan grand nombre de jolies maifons de campagne , & par
fa grande fertilité. Elle a environ trois heués de circuit.
L'ISLE DE BASILAN, petite ifle de, l'Océan oriental,
au fud-oueft de Mindanao.
LES ISLES DE BAYONNE. Voyez au mot
Bayonne.
L'ISLE DE BEKIA, en Amérique. Voyez Bekia.
L'ISLE DE BELAO, ifle de 1 Océan oriental, près de
l'ifle de Burro.
L'ISLE-BELLE, petite ifle de France , au milieu de la
Seine, dans le Vexin , au-deffous des ponts de Meu-
lan ; elle a plus de demi-lieue de long , Se s'étend
jusqu'au-delà du village de Mézi ; elle contient un
beau château' & de vaftes jardins. L'abbé Bignon,
homme encore plus illuftre par fon favoir. , que par fa
naiffance, en a fait un féjour délicieux. Ce lieu char-
mant a été fouvent célébré dans les Ouvrages !des
beaux esprits de France , &c a été quelquefois nommé
Ville de Delos.
L'ISLE DE BENARON, ifle de France, en Bretagne,
auprès de l'ifle d'Ars , à l'entrée de la rivière de Vannes.
Elle eft très-petite.
L'ISLE DE BENIGUET, ifle de France, en Bretagne,
"au couchant du port le Conquet.
L'ISLE DE BENIS, petite ifle d'Irlande, au comté de
Gallo\cay,au midi de celle deMolin, entre cette ifle &
la terre ferme.
L'ISLE DE BERE , petite ifle d'Irlande , au même
comté , au nord-oueft de l'ifle de Molin, à l'entrée delà
baie de Gallovay.
' i. L'ISLE DE BERNERE, petite ifle d'Ecoffe , l'une
des Wefternes, proche la baie de Carlway, au couchant
de Lewis.
' 2. L'ISLE DE BERNERE, autre ifle des Wefternes :
c'eft une des quatre qui font au midi de celle de Barra.
L'ISLE DE BERVIL, petite ifle de Bretagne, dans l'é-
vêché de S. Paul, au nord-eft de l'entrée du havre d'A-
brevache ou d'Aberache.
LES ISLES DE BEVELAND , dans les Provinces-
Unies. Voyez Beveland. Ce font à préfent deux ifles
détachées 1 une de l'autre.
L'ISLE DE BEYERLAND,dans les Provinces-Unies.
Voyez Beyerland.
L'ISLE DE BICCARA , fur la côte occidentale de
l'Italie, tout joignant l'ifle de Procida. Elle a un mille de
tour , eft affez bien cultivée , &. abonde en phaifans &: en
lapins.
L'ISLE DE BIDIMA, ou I'Isle de Saavedra, ifle
d'Afie, dans l'Océan oriental. Voyez BlDlMA.
LISLE BINAR, petite ifle de France , en Bretagne,
au levant d'été de Saint-Malo , à l'embouchure de la pe-
tite rivière de S. Coulon.
L'ISLE DE BIORCK, ifle de Suéde. VoyezBiortKA.
L'ISLE DE BISSAO, ifle d'Afrique , au pays des Nè-
gres. Voyez BlSSAO.
L'ISLE DE BISENTINE, petite ifle d'Italie, dans l'é-
tat de 1 eglife, au duché de Caftro, dans le lac de Bolsène,
près du château de Bizenzo , duquel elle prend fon nom.
L'ISLE DE BYTTE, petite ifle du Danemarck , dans
la mer Baltique : elle eft à l'orient de la pointe méridio-
nale de 1 ifle de Falfter.
i. I4JSLE BLANCHE, ifle de l'Amérique méridio-
nale, dans la mer du nord, & l'une des ifles de Sottovento,
ou fous le vent , vers la côte de Venezuela, à huit lieues
de la Marguerite , &C à quarante de la Grenade. Elle eft
déferte. 11 y a au couchant, &: près de cette ifle, fept au-
tres petites ifles, que l'on appelle les sept JOURS.
2. L'ISLE BLANCHE, petite ifle de France, en Bre-
tagne, dans le diocèfe de S. Brieu, au.nord de l'abbaye
de Bonport.
3. L'ISLE BLANCHE, isle de l'Amérique méridio-
nale. Voyez Blanca.
4. L'ISLE BLANCHE, l'une des isles du Cap-verd.
<>. LISLE BLANCHE , petite isle de la mer des In*
des , près du détroit de Bantam , à douze lieues de dis-
tance de fa baffe pointe.
L'ISLE DE BLANECK ; c'eft la même que l'isle
de Balanec.
LES ISLES BLASQUES , isles d'Irlande , fur la côte
ISL
occidentale du comté de Keri , dans la province de
Muniler , au couchant de la ville de Dingle , & à l'en-
trée de la baie de même nom ; il y en a quatre &c quel-
ques écueils.
L'ISLE DE BLINSUND, petite isle fur la côte mé-
ridionale de Norwége , dans le gouvernement d'Agger-
huys , entre les isles de Flécher & de Mardoe.
L'ISLE DE BLOUY, petite isle d'Irlande , au comté
de Galloway, à l'entrée de la baie de Beterbuy.
L'ISLE DE BOAVISTA, l'une des isles de Salomon,'
dans la mer du f"ud. Voyez l'article Boavista.
L'ISLE DE BOCHE , fur la côte occidentale d'Ir-
lande, dans la province de Connaaght. Elle a l'isle de
Clere au nord, &C celle de Horshe au midi.
L'ISLE- AUX-B ŒUFS, isle de l'Amérique , au golfe
du Mexique, dans la baie de Campèche, à l'embouchure
du lac de Trift. Elle eft féparée de l'isle de même nom
par un canal. Cette iSle a fept lieues de long & trois
ou quatre de large. Sa longueur s'étend de l'eft à l'oueft.
La partie orientale regarde l'isle de Trift : c'eft un ter-
rein bas ck inondé , qui ne produit auprès de la me*
que des mangles blancs & noirs. Le côté du nord donne
fur la haute mer , & s'étend tout droit de l'eft à l'oueft.
La partie la plus avancée de l'eft vers Trift, eft un pays
bas & couvert de mangles , durant l'espace d'environ
trois lieues ; & l'on trouve au bout une petite crique
falée , qui eft affez profonde , en haute marée , pour
porter des bateaux. * Dampisr Voyages à la baie de
Campèche, p. 141.
Depuis cette crique jusqu'à la partie occidentale , il
y a quatre lieues ; la baie eft par-tout fablonneufe , &c
fermée fur le derrière d'un petit banc de fable, couvert
de buiffons épais & piquans , comme l'aubépine , qui,
portent un fruit à coquille, dur & blanchâtre, auflï gros
qu'une prune fauvage , & à-peu-près de la figure d'une
calebafîe. Cette partie occidentale eft lavée par k rivière
de S. Pierre &c de S. Paul , 6c couverte de mangles rou-
ges. A trois lieues au-deffus de l'embouchure de cette
rivière , il y a une petite branche qui coule vers l'eft,
fépare l'isle des Bœufs du continent au fud , & fait en-
fuite un grand lac d'eau douce , qui porte ce même nom.
Il fe jette après dans un lac falé , qu'on nomme le lac
des Guerriers; &C celui-ci fe décharge à fon tour dans
Laguna Termina, à deux lieues, de la pointe fud-eft de
l'isle.
Le milieu de cette isle eft une favane, bordée d'ar-
bres, dont la plupart font des mangles noirs, blancs ou
rouges, avec quelques arbres de bois de campèche. La
partie méridionale entre lesfavanes & les mangtes , eft
très-fertile ; & il y a en quelques endroits des rangées
de collines , qui font plus hautes que les favanes. Ces
prairies produifent quantité d'herbes longues , & les colli-
nes portent de très-beaux arbres de différentes fortes ,
&C d'une hauteur confidérable.
Les fruits de cette isle font les penguins rouges & jau-
nes, les guavers , fapadillos, limons, oranges, &c Ces
dernières n'y ont été plantées que depuis peu par une co-
lonie d'Indiens , qui s'y établirent , après avoir fecoué
la domination des Espagnols. Les Anglois^qui y trou-
voient des bœufs en quantité , y alloient chaffer : un
Espagnol, propriétaire de l'isle, s'étoit accommodé avec
eux , pour leur en fournir ; mais le gouvernement ayant
defapprouvé ce commerce , l'isle demeura à la discrétion
des Anglois qui l'ont fort dégarnie de bêtes à cornes , à
force d'en tuer.
1. L'ISLE DU BOIS, dans l'Océan Atlantique : c'eft
la même que l'isle de Madère.
2. L'ISLE AU BOIS, petite isle de France, en Breta-
gne , à l'orient des isles de Brehat , & de la rivière de
L'ISLE DE BOLSOON, petite isle de Suéde, dans
le golfe de Bothnie, fur la côte de Helfingie , près de la
pointe de Hudwicksvald.
L'ISLE DE BOMMEL ou Bommel HooFT,islede
Norwége, au gouvernement de Bergen, fur la côte occi-
dentale, à l'entrée du Liet de Bergen'.
L'ISLE DE BON AIR. Voyez Buenos Ayres.
L'ISLE DE BON-AIRE. Vovez Bon-air 2.
LES ISLES BONAVENTURE , dans l'Amérique
feptentrionale. Elles font dans le détroit d'Hudson , au-
ISL
ISL
près des côtes du nord, à 63 d. 6' par eftime,43 d. de
variation nord-oueft, à 55 ou 56 lieues de l'isle de Sa-
lisbury ou Salsbre. On les trouve à l'entrée d'un grand
enfoncement dont on ne voit pas le bout. Elles portent
le nom d'un Canadien, capitaine de frégate légère. * La
Pothcrie, Hift. de l'Amer. fept./>. 187.
L'ISLE DE BONA VISTA. Voyez Bonavista.
L'ISLE DE BONNE-ESPERANCE, isle de la mer
du fud : les Hollandois l'appellent t Eyland van
GOEDE HOOP.
L'ISLE DE BONNE-FORTUNE. Voyez Bonne-
Fortune 1, &î.
^ L'ISLE DE LA BONNE-JUSTICE, petite isle de
l'Amérique méridionale, dans le port de S. Julien. Voyez
Port S. Julien.
L'ISLE DE BORDO, l'une des isles deFero au nord
de l'Ecoffe. Voyez Fero.
L'ISLE DU BORGNE, petite isle de l'Amérique fep-
tentrionale, dans le Canada, fur la rivière des Ontaouach,
qui fe jette dans la rivière des Iroquois , &c aa pays des
Algonquins.
L'ISLE DE BORIN, isle d'Irlande, dans la baie de
Galloway, au midi de cette ville.
L'ISLE DE BORNÉO. Voyez Bornéo.
L'ISLE DE BORNHOLM. Voyez Bornholm.
L'ISLE DE BOSA, petite isle d Italie, fur la côte
occidentale de l'isle de Sardaigne,dans le port de la ville
de Bofa.
L'ISLE DE BOSCH. Voyez I'Isle de Boche.
LES ISLES DE BOTTON, ouPulo Botton,ou
Bouto : ce font plufieurs isles de la mer des Indes ,
fur la côte occidentale de la presqu'isle de Malaca , de-
vant la ville de Queda. Matelief , Voyages de la com-
pagnie Holland. aux Indes orient, t. 3 , p. 301, en parle
ainfi : Pulo Boton contient plufieurs isles, &; particuliè-
rement deux grandes ; le canal qui les fépare s'étend fud
& nord. L'isle qui eft à l'eft de ce canal, a Une baie de
fable, qui forme un grand enfoncement , qui eft pourtant
plus grand au bout feptentrional de la baie qu'au bout méri-
dional. Outre cela , il y a un haut cap que forment des
rochers ; de forte que dans la baie on eft à l'abri des
vents de nord & de nord-eft, qui foufflent continuelle-
ment dans ces parages , & des courans qui font fi extraor-
dinaires &C fi variables entre ces isles , qu'on ne peut
compter fur rien à cet égard.
De plus , il n'y a dans cette baie qu'une espèce de ras
de marée ; &c lorsque , par un vent frais ou forcé du
nord , on vient de dehors , on fe trouve pris de calme
dès qu'on approche du cap des Rochers , qui y eft ; ce
qui eft cauté par la grande hauteur de ces rochers ; &
l'on dérive , malgré qu'on enait , du côté où le ras de
marée vous porte , fans pouvoir gouverner.
Mais lorsqu'on paffe plus avant dans l'enfoncement
de la baie , on y trouve un vent de terre , qui vient d'une
vallée , fi bien que ceux qui fe font avantageufement
poftés vers les terres , y font toujours au lof.
L'ISLE-BOUCHART, petite ifle Se ville de France,
enTouraine , aux frontières de Poitou , dans la rivière
de Vienne , d'où vient le nom de la ville. Elle a deux
ponts de bois , &c eft à fept lieues de Tours , en allant
à Mirebeau. Elle eft unie au duché de Richelieu : ce
lieu eft la patrie du fameux André Du-Chene , hiftorio-
graphe de France.
L'ISLE-BOUIN, isle de France , fur la côte du bas
Poitou, dont elle ri'eft féparée que par un canal près de
Beauvoir & du port de la Roche. Sa partie feptentrio-
nale eft censée de la Bretagne & du pays de Retz. Elle
repréfente un triangle , dont la bafe eft du côté de terre
ferme. Elle n'a que deux lieues de long avec un bourg
de même nom. Elle eft entourée d'un fond de vafe , au
nord & au couchant.
La jurisdiftion s'y exerçoit autrefois par indivis entre
la Bretagne &c le Poitou ; mais cette isle ayant paffé de
la maifon de Clérambaut à celle de Pontchartrain , le
chancelier de ce nom fit ordonner par édit du 26 Sep-
tembre 171 4, qu'elle feroit de la jurisdiftion de Poitou.
Les habitans n'y payent point de taille.
L'ISLE DE BOURBON. Voyez Mascaregne.
L'ISLE DE BOURHIC, petit écueil fur la côte mé-
ridionale de Belle-Isle, fur les côtes de Bretagne.
L'ISLE DE BOUTO. Voyez I'Isle de BoTTON.
L'ISLE DE BOUTON. Voyez Bouton.
>39
ISLES BOUTONNES, dans l'Amérique feptentrio-
nale , à l'entrée du détroit d'Hudson , dont elles for-
ment l'embouchure du côté du midi. Elles font à l'op-
pofite de l'isle deRéfolution, qui forme l'autre côté de
l'embouchure du détroit. On les peut voir de treize à
quarorze lieues. Elles paroiflent beaucoup plus hautes
que celle de la Réfolution , & on les voit au nombre
de huit. Elles font à deux lieues de la terre ferme , en-
tre laquelle & ces isles il y a un bon partage dont le
cap s'appelle le cap Fleuri. Les courans portent au nord. ■
*La P.othene, Hift. de l'Amer, fept.
L'ISLE DE BRADESEY, isle d'Angleterre, dans la
mer d'Irlande, à la pointe deCaernarvan au midi.
L'ISLE DE BRAN, petite isle d'Irlande, dans la ri-
vière du Shannon, au-deffus de la baie de Clare
L'ISLE DE BRANKSEY, petite isle d'Angleterre ,
dans le comté de Dorset , à l'entrée du havre de la Pôle
L'ISLE DE BRASNON, isle de Suéde, dans le golfe*
de Bothnie, à l'embouchure de Niurund qui coule en
Suéde , dans la province de Médelpadie.
L'ISLE DE BRAVA. Voyez Brava.
L'ISLE DE BRAZZA. Voyez Brazza.
L'ISLE E>E BREDE , petite isle de France, en Bre-
tagne , à l'entrée de la rivière de Vannes , à l'orient de
l'IsIe-aux-Moines.
LES ISLES DE BREHAT, isles de France, en Bre-
tagne. Quelques-uns écrivent Brehac. C'eft une allez
grande isle accompagnée de plufieurs petites , à l'embou-
chure de la rivière de Trieu , à l'extrémité occidentale
de l'évêché de S. Brieu.
L'ISLE DE BRESAM, petite isle d'Angleterre, près
du cap de Cornouailles.
( L'ISLE DE BRESSA , l'une des isles de Schetland ,
à l'orient de celle de Mainland, & presque vis-à-vis de
la baie de Laxford. Elle eft fort petite.
L'ISLE DE BREU, petite isle de France, en Breta-
gne, a l'entrée du havre d'Abbrevrak, fur la gauche, en
entrant , dans l'évêché de S. Paul.
L'ISLE DE BRION, petite isle de l'Amérique, dans
le golfe de S. Laurent , au nord de l'isle de S. Jean
L'ISLE BRULANTE : Dampier , Suite du Voyage:
de la nouvelle Hollande, en marque plufieurs de ce nom.
Ce font des isles qui ont des volcans. Il en décrit ainfi
une près de la nouvelle Guinée. Cette isle vomit du feu
& de la fumée toute la nuit, d'une manière furprenante ;
à chaque fecouffe nous entendions un bruit terrible ,
comme celui du tonnerre , Scnous voyions enfuite paroî-
tre la flamme qui étoit épouvantable ; les intervalles
entre les fecoufles étoient à-peu-près , d'une demi - mi-
nute , les unes plus , les autres moins. Les fecouiïès n'é-
toient pas toutes de la même force. Il y en avoit de
foibles en comparaifon des plus violentes , quoique les
premières jettaffent quantité de feu ; mais les dernières
caufoient un mugiflement horrible , &c poufîoient une
groffe flamme de la hauteur de trente verges. On voyoit
alors une grande traînée de feu , qui couroit jusqu'au
pied de l'isle , & même jusqu'au rivage. Ce volcan, fé-
lon lui, eft à <; d. 33' de latitude méridionale.
Le nom d'IJle Brûlante eft commun à toutes celles
qui ont de,s volcans , & le voyageur cité en a vu plu-
fieurs dans ces mers.
L'ISLE BRÛLÉE , petite isle de France , en Breta-
gne , dans l'évêché de Tréguier , fur la côte, au nord
de l'isle de Molene.
L'ISLE DE BUA. Voyez BU A.
L'ISLE DE BUADE , isle de l'Amérique , dans la
Nouvelle France & dans le lac de Frontenac , à l'en-
droit où le fleuve de S. Laurent en fort, du côte orien-
tal de ce lac , & près du fort de Frontenac.
L'ISLE D'UN BUISSON , petite isle de l'Améri-
que , dans la baie de Campèche , peu loin de Trift.
Elle n'a pas plus de quarante pas de long , & cinq ou
fix de large. Il n'y a qu'un feul petit arbre tortu, qui lui
a fait donner ce nom. On diroit, à la voir, que ce n'eft
qu'un monceau de coquillages , dont l'isle eft presque
couverte, fur-tout d'écaillés d'huîtres. Elle eft éloignée
de près d'un mille du rivage ; & il y a vis-à-vis une
petite crique qui s'étend un mille plus loin , &£ qui fe
forme ensuite en un grand bras de mer. C'eft par cette
crique qu'on porte le bois de Campèche dans les vaif-
feaux qui font à l'ancre devant la petite isle. * Dampier y
Voyages à la baie de Campèche, p. irj.
T9mtI.II. Yyy ij
j 40 ISL
L'ISLE DE BURRA. Voyez Burra;
L'ISLE DE BURRO. Voyez Burro.
L'ISLE DE BURSEY, isle d'Angleterre , au comté
de Dorset, dans le havre de la Pôle, au midi occiden-
tal de l'isle de Branksey.
L'ISLE DE BUS. Voyez Bus.
L'ISLE DE BUSI , écueil près de l'isle de Liffa, en
Dalmatie , dans le golfe de Venife.
L'ISLE DE BUZAR , petite isle de France, en Bre-
tagne , fur la Loire , un peu au-deffous de Nantes , vis-
à-vis de S. Pierre de Bouguenay.
LES ISLES DE CABINCOS , petites isles de la mer
des Indes, allez près de l'isle Bouton, vers les Moluques.
L'ISLE DE CABONNE , petite isle de la mer des
Indes, au-delà de l'isle Célèbes, à huit ou neuf lieues
au nord-eft de Bouton.
L'ISLE DE CACAN, petite isle de Dalmatie, dans
la mer Adriatique, dans le golfe de Sébénico , près des
isles Coronata & Zuri.
_ L'ISLE DE CACKIAN , isle de la Chine , à une
lieue & demie de Macao.
L'ISLE DE CANO ou CAGNO. Voyez Cayno.
L'ISLE DE CAÏMAN , isle de l'Amérique fepten-
trionale, dans la mer du nord, vers le midi de l'isle de
Cuba , dont elle eft à près de quarante lieues.
De l'Ifle diftingue trois isles de ce nom , au midi de
l'isle de Cuba , & au couchant du canal qui fépare Cuba
de la Jamaïque; favoir, le grand Cayman, vers le 96e d.
40' de longitude ; &t le petit Cayman , qui confïfte en
deux autres isles , au levant l'une de l'autre , 6ç toutes
deux à l'orient feptentrional du grand. Le petit Cay-
man eft, à-peu-près , à trente-trois lieues communes de
France de l'isle de Cuba , & le grand en eft à environ
cinquante-cinq.
L'ISLE DE CALAJBRE, petite isle de France, fur
la côte de Bretagne, au midi oriental de l'isle des Saints.
L'ISLE DE CALAMINA. Voyez Calamo.
L'ISLE DE CALAMO. Voyez Calamo a.
L'ISLE DE CALAMOTA ; c'eft l'une des petites
ïsles qui font autour de Ragufe.
L'ISLE DE CALDY , petite isle d'Angleterre , au
pays de Galles , dans la province de Penbrock , fur la
côte occidentale de l'Anse.
L'ISLE DE CALLAO. Voyez Callao.
L'ISLE DE CALOYER ou du Caloyer. Voyez
Caloyer.
L'ISLE DE CALOT, isle de France, en Bretagne, à
l'orient de l'embouchure de la rivière de S. Paul de Léon:
elle eft presque toute en longueur , & borde le lit de la
rivière.
L'ISLE DE CALSOE , l'une des isles de Fero , au
nord de celle d'Oftroë , & au couchant de celles de
Cunse & de Bordo.
L'ISLE DE CAMEU , petite isle de l'Océan fepten-
trional , dans la Laponie Danoife , entre Nord-Kyn &
Slettenefs.
LES ISLES CANARIES. Voyez ce mot.
L'ISLE DE CANDIE. Voyez Candie.
L'ISLE DE CANO : c'eft la même que Cayno.
Voyez ce mot.
L'ISLE DU CAP-BRETON. Voyez au mot Cap.
LES ISLES DU CAP-VERD , isles de l'océan At-
lantique , fur la côte occidentale de l'Afrique , au cou-
chant du cap , dont elles portent le nom , & dont elles
font éloignées de cent lieues. Pour la longitude, elles font
entre le 352e d. & le 355e ; & pour la latitude, depuis
le 14e d. 30', &t le 19e d. félon la Carte de la Barbarie,
Nigritie & Guinée par De l'Ifle. Elles font très-diffé-
rentes pour la grandeur : celle de Sant-Jago eft la plus
grande ; elle a à l'orient l'isle de May, qui eft beaucoup
plus petite ; &C au couchant de fa partie méridionale eft
l'isle de Fogo , & un peu plus loin l'isle de Brava. Au
nord oriental de l'isle de May, eft Bonavijia, plus grande
que cette dernière , &C au nord occidental de Bonavifta
eft l'isle de Sel; à l'occident de celle-ci , eft l'isle de
S. Nicolas , après laquelle on trouve de fuite S. Vin-
cent , fainte Lucie , Si S. Antoine, la plus occidentale de
toutes. Au midi de S. Vincent, il y en a deux autres pe-
tites , YIsle-Ronde &c Vlsle-Chaon. Cela fait le nombre
de douze : fi on y ajoute quelques écueils, on fera mon-
ter ce nombre jusqu'à vingt. Les anciens les ont con-
nues, Ô£ quelques géographes croient qu'on les a nom-
ISL
mées Hespèrides ': il eft bien plus vraifemblable que ce font
les Gorgades de Pline. On en avoit perdu la connoiffance
avec le tems , &C ce font les Portugais qui les ont re-
trouvées. L'an 1463, Antoine Noli, Génois de nation,
au (ervice du roi de Portugal , les découvrit au profit
de cette couronne qui les a conservées. L'air y eft gé-
néralement chaud & peu fain en quelques - unes. Les
Portugais y ont un vice-roi qui fait ton lejour dans celle
de Sant-Jago : elles font peuplées d'Européens, ou de
familles originaires d'Europe, qui y profeffent la religion
Catholique comme en Portugal ; ils y ont aufli quelques
Nègres. Je parle de la plupart de ces isles dans des ar-
ticles iéparés.
L'ISLE-CAPEL, petite isle d'Irlande, dans la province
de Munfter , à l'entrée du havre de Dungarvan.
L'ISLE DE CAPRÉES. Voyez Caprees.
L'ISLE DE CAPRI : c'eft la même.
L'ISLE DE CARAQUET, petite isle de l'Améri-
que feptentrionale , dans le golfe de S. Laurent , au midi
de l'entrée de la Baie des Chaleurs, près de l'isle de Mis-
cou.
L'ISLE DE CARLOON, isle de Suéde, dans le
golfe de Bothnie, fur la côte orientale, auprès d'Ulaborg.
ISLES DU CASTOR. Ce font de petites isles bien
boifées , &c dont le terrein paroît fort bon , fituées dans
la Nouvelle France, affez près de la côte orientale du lac
Michigan , environ à quinze lieues de fa décharge dans
le lac Heuron. Elles doivent , félon toutes les apparen-
ces , leur nom aux Amilloués appelles la nation du
CaJlor,èiqai y ont long-tems réfidé. Cette nation réduite
aujourd'hui à très-peu de chofe, eft errante , &des Ou-
taouais fe font logés dans une des isles du Caftor. * Jour-
nal du P. Charlevoix.
L'ISLE DE CATAON , félon Hagenaer , Voyages
de la compagnie des Indes orientales Hollandoife , t. 5 ,
p. 308. Pulo-Canton, félon De l'Ifle, petite isle de
l'Océan oriental , fur la côte de la Cochinchine , affez
près du continent. Hagensr observe qu'elle eft pofée
dans les Cartes par les 1 5 d. 40', & que, félon fon eftime,
elle doit être par les 15 d. 14'.
L'ISLE DE CAULI , écueil fur la côte orientale de
Sardaigne , dans la partie feptentrionale du golfe de Ca-
gliari.
L'ISLE DE CÉFALONIE. Voyez CÉFALONIE.
L'ISLE DE CERAM. Voyez Ceram.
L'ISLE DE CERF, isle de France, en Bretagne, fur
la côte de l'évêché de Tréguier : c'eft la plus méridio»
nale & la plus occidentale des fept isles.
L'ISLE DE CERIGO. Voyez Cerigo.
L'ISLE DE CERIGOTO. Voyez Cerigoto.
L'JSLE DES CERFS, isle de la Grande-Bretagne, fur
la côte de Normandie , entre l'isle de Grénezey &c le
Cotantin.
L'ISLE DE CES AMBRE, isle de France, fur la côte
de Bretagne, à l'embouchure de la rivière de S.Malo.
L'ISLE DES CHALOUPES, isle des Indes , à l'en-
trée du golfe de la Sonde , du côté du midi : elle eft
nommée de Gallapas dans quelques Cartes.
LES ISLES DE CHAMETLI. Voyez Chametli.
L'ISLE DE CHAMPION, isle de France, dans la
Seine , près de Mante. Elle eft bordée des deux côtés
par la rivière , & ornée, par les foins de la ville , d'un
plan d'ormes , qui forme une avenue d'une beauté fin-
guliere.
L'ISLE-CHARLES. Voyez l'Isle des Chiens, r.
L'ISLE DE CHARLESTOAVN , isle de l'Amérique
feptentrionale, dans le fond méridional de la baie de
Hudson.
L'ISLE DU CHATELIER ou Catelier , petite
isle de France , en Bretagne , à l'orient de la ville de
Cancale.
L'ISLE DE CHEPELIO ou de Chepillo. Voyez
Chepillo.
L'ISLE DES CHEVAUX, isle d'Afrique, fur la côte
de Guinée , affez près de Rio de Gabon.
1. L'ISLE DES CHIENS, appellée par lesAnglois,
Ylsle-Charles, isle d'Afrique , au royaume de Barra, fur
la rivière de Gambra , à fix lieues de la mer. Les Anglois
y avoient autrefois un fort qu'ils ont laiflé tomber en
ruine. * Voyage d: Moore. Carte de la Garnira , par
JeanLéach, 1731.
a. L'ISLE DES CHIENS, fur la côte feptentrionale
ISL
ISL
du golfe Mexique , à dix lieues à l'oueft de S. Marc
d'Apalache. Elle a dix à douze lieues de long , & il y
a un paffage pour les grandes chaloupes entr'elle &C le
continent. * Journal d'un Voyage en Amérique , par le
P. Charlevoix.
L'ISLE DE CHILOE. Voyez Chiloé.
LES ISLES DE CHOZÉ , isles de France , fur la
côte de Normandie, au couchant feptentrional deGran-
ville. Ce font, je pense, les mêmes isles que Taflîn,
dans fa Description des côtes de France, appelle écueils
de Sauffée. Il en fait deux isles. Le Neptune François en
fait- plus de vingt, dont la plupart ont leurs noms par-
ticuliers, fans compter quelques pointes de roches, qui
font entre ces isles & le continent.
L'ISLE DE CHUCHE , petite isle de la mer du Sud ;
elle eft petite , baffe , ronde , pleine de bois , déferte ,
& à quatre lieues de Pacheque, du côté du fud-fud-oueft.
* Dampier , Voyages, t. i , p. 226.
L'ISLE DE CÏAMPELLO. Voyez Champello.
L'ISLE DE CIGLIA, petite isle, fur la côte orien-
tale de Fisle de Corse , à l'entrée & au nord de Porto-
Vecchio.
L'ISLE CLARE , isle d'Irlande , fur la côte occiden-
tale, dans la province de Connaught , à l'entrée du golfe
de Burishol ou Breffel , au nom de Fisle Boche.
L'ISLE DE CLOMK.ILL, petite isle, entre les Wes-
ternes , au couchant de Mul , & au nord de Jura.
L'ISLE DE COB , petite isle d'Angleterre , au comté
de Dorchefter , à l'entrée de la baie de Culliton.
L'ISLE DE COCAGNE , petite isle de l'Amérique
feptentrionale, dans le golfe de S. Laurent & la Gaspéfie.
On dit d'un canton où l'on vit à bon marché, & dans
l'abondance de tout ce qui fert à la bonne chère : Ceji
un pays de Cocagne. Il lé peut faire que ceux qui fe font
intéreffés aux premiers établiffemens du Canada, ayent
extrêmement vanté ce pays, pour y attirer des colons &
des artifans , & qu'exagérant la facilité qu'il y avoir d'y
vivre presque pour rien , ils ayent afluré qu'on y trou-
voit tout à foifon , même dans Fisle de Cocagne , qui
s'eft qu'un fort petit morceau de terre , & que cela ait
paffé en proverbe.-
L'ISLE DE COCH1NA , petite isle fur la côte de
Sardaigne , au nord-oueft , & au nord de Caftel-Arra-
gonèfe.
1. L'ISLE DES COCOS , isle de la mer du fud, au
nord de Fisle des traîtres , vers les 196 d. de longitude,
&le 16e d. de latitude méridionale. Elle eft au fud-oueft
des isles de Salomon , & non pas à Feft de celles de
Salomon, comme le dit Baudrand.
2. L'ISLE DES COCOS , autre isle de la mer du
fud , à l'orient du golfe de Panama , par les 289 d. de
longitude , & par les 5 d. de latitude feptentrionale.
3. LES ISLES DES COCOS, isles de la mer des
Indes , entre Fisle de Java , la nouvelle Hollande &£ les
Maldives, par les 113 d. de longitude, & les 16 &£ 17 d.
de latitude méridionale.
L'ISLE-COKET, petite isle d'Angleterre , fur la côte
orientale, dans la province de Northumberland , au midi
de FIsle-Farne , & au nord de l'embouchure de la Tine.
L'ISLE DE COLINET, petite isle de France, en
Bretagne, ou plutôt roche toujours découverte , dans la
baie de Douarnenez au midi, 6c à l'entrée du port de
Poldavid.
L'ISLE DE COLLOUSA ou Colonsay, l'une des
Wefternes, au couchant de Fisle de Jura ; elle a cinq ou
fix milles d'étendue , & n'eft pas fi fertile que Fisle d'O-
ronsay , dont elle n'eft féparée que par un petit détroit.
Suivant la tradition de fes habitans , les Pygmées y ont
autrefois demeuré.
L'ISLE DE COLONI, entre les isles deSchetland ,
au couchant de la partie méridionale de la grande isle
de Mainland ; elle eft petite.
L'ISLE DE COLSTER, entre les isles de Fero, au
midi de celle de Wage.
L'ISLE DE COMORE, isle de la mer des Indes, en-
tre la partie feptentrionale de Madagascar &C le conti-
nent. Voyez Comore 2.
LES ISLES DE COPLAND, en Irlande, au nord de
la côte orientale de cette isle , & au midi de l'embou-
chure de la rivière de Logan.
L'ISLE DE COQUET. Voyez ci-deffus FIsle-Co-
KET,
J4I
LES ISLES DES CORAILS, isles delà msr Pacifi-
que, à l'orient des Nouvelles Philippines ; elles font au
nombre de trois, dans l'onzième d. 2' de latitude mé-
ridionale; la longitude eft par le 182e d.
L'ISLE DE CORBEAU. Voyez FIsle deCorvo.
L'ISLE DE CORFOU. Voyez Corfou.
L'ISLE DE CORSE. Voyez Corse.
L'ISLE DE CORVO, l'une des Açores : c'eft la
plus feptentrionale de toutes : elle eft au nord de Flfle-
Flores : le 40e d. de latitude feptentrionale les fépare :
elle n'a que deux ou trois lieues de tour. Ces deux isles
font fous un même gouverneur. J'ai remarqué au mot
Açores ce qui lui eft commun avec les autres isles
compnfes fous ce nom. Elle n'a que quelques villages,
avec un port & un château vers Fisle de Flortk "
UISLE DE COSAKI ou FIsle de Cosique, pe-
tite isle du Japon , au midi de celle de Kabafina au
fud-oueft de Fisle d'Amakufa.
L'ISLE DE CORTELAZZA, petite isle fur la côte
orientale de Sardaigne , à l'orient de la ville de Cagliari,
au fud-oueft de Fisle de Serpentara.
ISLE DES COUDRES, isle du fleuve S. Laurent,
dans la Nouvelle France, affez près de la rive feptentrio-
nale, à quinze lieues au-deffous de Québec. Lorsqu'elle
fut découverte par Jacques Cartier , elle étoit beaucoup
plus petite ; mais, en 1663, un tremblement de terre dé-
tacha une montagne du continent , & la jetta dans Fisle
qu'elle a augmentée de près de moitié. Il parut, en même
tems , à la place où avoit été la montagne , un gouffre
qui fubfifte toujours , & qui rend le paffage fort dange-
reux. *Le P. Charlevoix , Voyage en Amérique.
L'ISLE-COURONNÉE , en italien, Ifola Coronaui
isle du golfe de Venife , fur la côte de Dalmatie , vis-à-
vis de Sébénico. Elle eft ainfi nommée à caufe d'un grand
nombre d'isles & d'écueils qui la bordent au fud-oueft.
L'ISLE DE CRAC , petite isle de France, fur la côte
de Bretagne , dans l'évêché de Vannes , au couchant de
l'embouchure de la rivière de Crac.
VISLE DE CRAGUENET, petite isle de France, fur
la côte de Bretagne, dans l'évêché de Quimper, au fud-
oueft de l'embouchure du pont d'Avène.
L'ISLE DE CRAKATAU, l'une des isles du détroit
de la Sonde.
L'ISLE DE CRESIC , petite isle de France, en Bre-
tagne , dans la rivière de Vannes , à l'occident de l'Ifle-
aux-Moines.
L'ISLE DE CRO , petite isle de France , en Breta-
gne , à l'entrée du havre d'Abbrevrak, fur la droite,
dans l'évêché de S. Paul.
L'ISLE DE CUBA. Voyez Cuba.
L'ISLE DE CUCHE. Voyez FIsle de Chuche.
L'ISLE DE CUNOÉ, l'une des isles de Féro , en-
tre les isles de Bordo , & de Calfoë.
L'ISLE DE CURAÇAO. Voyez Curaçao.
L'ISLE DE CURZOLA. Voyez Curzola.
L'ISLE D AGNA , petite isle de la Dalmatie, dans le
golfe de Venife. Elle eft entre Fisle Coronata & celle
de Suth.
L'ISLE-AUX-DAIMS, isle d'Irlande, dans la baie
de Galloway, au midi.
L'ISLE-DARU ; c'eft un amas de petites isies, dans
la mer des Indes , dans le détroit , & fur la côte de Ma»
laça, à l'embouchure de la rivière de Solongor.
L'ISLE-DAUPHINE. Voyez Madagascar.
L'ISLE DE DERNERICK, petite isle d'Irlande ,
dans le Shannon , au-deffus de la baie de Clare.
L'ISLE DEDERIG, isle d'Irlande, fur la côte occi-
dentale , à l'extrémité de la province de Connaught,
près de la province d'Ulfter , & à l'entrée de la baie
de Dungal.
1. L'ISLE DÉSERTE, petite isle d'Afrique, dans
l'océan Atlantique, vers Fisle de Madère, d'où elle n'eft
éloignée que de fept lieues.
2. L'ISLE DÉSRTE , isle de la mer du fud, proche
de Fisle de Sainte-Croix, vers la terre Auftrale , avec le
port de la Gracieufe.
On a trouvé ensuite que cette isle étoit habitée. Le
port de la Gracieufe eft dans Fisle de Sainte-Croix.
Il y a un fi grand nombre d'isles défertes, qu'il feroit
impoffible d'en tracer ici une lifte. Voyez l'article DÉ-
SERTE.
L'ISLE LA DfiSIRADE. Voyez Désirai^
542 ISL
i. L'ISLE DE DIEGO RODRIGUE ou Diego
Roiz , par abbréviation , en latin Didaci Roderici in-
jula ; elle gît par les 19 d. 45' de latitude méridio-
nale : il y a flux & reflux. Elle eft environnée d'une
chaîne de rochers. Du côté de l'eft , il y a un petit
banc étroit, qui court en mer, à l'eft. Du côté de l'oueft,
ily a un autre banc long & étroit qui court en mer une lieue
& demie à l'oueft ; & au milieu de ce banc gît une pe-
tite ille ; du côté du nord un banc de roches qui s'é-
tend jusqu'au rivage , &C y court tout le long , & em-
pêche les vaifleaux d'en approcher. Au côté feptentrio-
nal, par le travers du milieu de Pisle , on trouve une ou-
verture dans ce banc par où un vaifleau peut paner, ou
qui n'eft guères plus large. Au-delà du banc, proche de
l'ouvertu*, il y a un bon mouillage fur vingt-cinq, quinze
& douze braffes.
Ce que je viens de dire de cette isle, eft pris du Voyage
de Wolphert Hermansen , inféré au premier tome des
Voyages de la Compagnie. Cependant il y a erreur.
Cette isle eft Amplement l'Isle-Rodrigue , la même où
François Léguât &C fes compagnons ont demeuré , &
dont il a eu tout le tems de faire la description. L'isle
de Diego Rodrigue eft bien loin de-là, comme nous le
verrons dans l'article fuivant. Celui qui a fait la table
du volume déjà cité , dit que l'Isle-Maurice eft la même ; _
c'eft une erreur. Il y a environ trois degrés de différence,
pour la longitude. Baudrand,qui la nomme en latin Di-
daci Roii insula; en françois, Diego Roiti ou Digarois,
la confond auffi avec Ylsle-Rodrigue.
2. L'ISLE DE DIEGO RODRIGUE , isle de la
mer des Indes , fous le premier degré de latitude fud ,
à l'orient , &: à quatre degrés & demi des Maldives ,
c'eft-à-dire par le 91e degré de longitude.
Ces deux isles , dont on parle ici , & qui font en ef-
fet, comme on le remarque , bien différentes, ont reçu
le nom de Diego Ruys, par la plupart des auteurs : quel-
ques-uns , comme on l'observe , les ont confondues ; on
peut mettre du nombre l'auteur de YHifioire générale
des Voyages , qui même donne à cette première 98 d.
30' de longitude ; ce qui n'eft vrai pour aucune : il l'ap-
pelle aufli Rah, c'eft encore une faute.
L'ISLE-DIÈU , ou l'Isle d'Yeu , isle de France ,
fur la côte de Poitou , au midi occidental de l'isle de
Noirmoutier. Elle eft à près de neuf mille toifes du con-
tinent. Il y a un bourg , & une anse dans la côte fep-
tentrionale qui fert de port à l'isle , & qui eft accom-
pagnée de quelques maifons. • Elle a quatre mille cinq
cents toifes de longueur.
LES ISLES DE DIGUE ; ce font trois petites isles
de l'Amérique feptentrionale , à l'oueft du cap de Di-
gue, au 62e d. 45' de latitude. Chacune a environ une
lieue ou deux de tour, & la première n'eft qu'à une lieue
du cap.
L'ISLE DE DIOU , ou
L'ISLE DE DIU. Voyez Diu 1.
L'ISLE DE LA DIVE , petite isle de France, fur
la côte de Poitou, dansl'évêché de Luçon, au midi de
S. Michel-en-1'Herme.
L'ISLE DE LA DOMINIQUE. Voyez Domini-
que.
L'ISLE DE DONA CLARA, petite isle.
L'ISLE-DONZE , rivière d'Espagne, dans la Galice,
à l'embouchure de la rivière de Ponte- Vedre.
L'ISLE DE DORAN , isle de France , fur la côte
de Bretagne , au nord de S. Mandé , & à l'orient de la
pointe du Sillon.
L'ISLE D'ORÉE, isle de l'Amérique , dans le golfe
de Darien.
L'ISLE DUMET, ou DU Mait , isle de France , fur
la côte de Bretagne , à l'entrée du golfe où eft l'embou-
chure de la Vilaine, à une bonne lieue au nord-oueft
de la pointe de Piriac.
L'ISLE D'EBIHENS, isle de France , en Bretagne,
à l'embouchure de la rivière de Plancaët, au couchant
du port de S. Malo.
L'ISLE DES ÉCREVISSES, isle de la mer des Indes,
par les 90 d. de longitude. Les Portugais la nomment
Baffe de Chagas.
L'ISLE D?ÉDA. Voyez l'Isle de Heth.
L'ISLE D'ÉDAM, isle de la mer des Indes, au nord
"de la rade de Batavia, fit plus particulièrement au nord de
l'isle d'Alcmaër.
ISL
L'ISLE D'EDDI , rivière d'Irlande, dans la ba'e de
Galloway, à l'embouchure de la rivière de Quilcol-
quin.
ISLE DE L'ÉLÉPHANT, isle de l'Indouftan, fur la
côte de Malabar , à trois lieues de l'isle de Bombam.
Elle eft ainfi appellée , à caufe d'une figure d'éléphant ,
que l'on y voit taillée en pierre , &c grande comme le
naturel. Elle eft placée au milieu d'une campagne , où
tous ceux qui entrent dans l'isle , par le côté où elle eft,
ne manquent pas de la voir. Il y a aufli dans le même
endroit un cheval de pierre , repréfenté fi naturellement,
qu'à une certaine diftance, on s'imagine que c'eft plu-
tôt un animal vivant qu'une fimple repréfentation. Ces
figures n'ont pas tant été faites pour montrer l'adreffe èk
l'habileté de l'ouvrier, que pour être l'objet du culte des
payens qui en approcheroient.
Il y a encore dans cette isle une pagode célèbre, dont
les hiftoriens & voyageurs Portugais ont dit beaucoup
de chofes curieufes. On appelle pagode un temple payen,
ou un lieu deftmé au culte des idoles ; ce nom tire fon
origine du mot Persan pouc, qui lignifie une idole, & de
gheda un temple ; & de ces deux mots pout, gheda, on a
formé celui de pagode.
La pagode de 1 isle de l'Éléphant eft fur le penchant
d'une haute montagne , où elle eft taillée dans le roc
même, qui eft très-dur. Elle a environ cent vingt pieds
en carré, &c quatre-vingt en hauteur. Entre plufieurs au-
tres pièces qui y font jointes , il y a féize piliers de
pierre, éloignés de feize pieds l'un de l'autre, qui ont
chacun trois pieds de diamètre ; ils font taillés avec beau-
coup d'adrefie , & femblent être deftinés à foutenir cet
édifice maflîf , dont la voûte n'eft qu'un grand rocher.
Aux deux côtés de la pagode , il y a quarante ou cin-
quante figures d'hommes , qui ont chacun douze ou
quinze pieds de haut , &c font dans une exafte fymmétrie
les unes avec les autres. Quelques-unes de ces figures gi-
gantesques ont fix bras ; d'autres ont trois têtes ; d'autres
font fi monftrueufes , qu'elles ont des doigts aufli grands
que la jambe d'un homme. Il y en a qui portent fur leurs
têtes des couronnes très -bien travaillées ; on en voit
aufli qui ont des feeptres dans leurs mains ; quelques-
unes ont au-deflus de leurs têtes plufieurs autres petites
figures , qui font en pofture dévote , ou s'appuient' fur
des femmes ou fur la tête d'une vache , qui eft un ani-
mal fort respefté dans les Indes ; on en voit qui pren-
nent une jolie fille par le menton , & d'autres qui dé-
chirent en pièces des petits enfans. Cette variété de figu-
res agréables & monftrueufes , peut être regardée comme
de différents objets du culte des idolâtres, parmi lesquel-
les ils choififlbient celles qui leur plaifoient le plus , fé-
lon les tems ck les occafions. Les figures de ces géans
que les payens révéroient comme des demi-dieux , font
des repréfentations des premiers hommes, qui , fuivant
les Chroniques des Indiens , étoient tous géants , mais
dont la taille a diminué par degré , & s'eft enfin réduite
à l'état où elle eft maintenant par la corruption des
mœurs , qui a caufé une diminution universelle dans la
nature humaine.
L'ISLE D'EKHOLM, petite isle deRuffie, fur la
côte feptentrionale de l'Eftonie , dans la Vittie , par'
le 44e d. de longitude.
L'ISLE D'ELBE. Voyez Elbe i.
L'ISLE ENCHANTÉE, l'une des isles Gallapes, dans
la mer du fud. Le capitaine Gawley, qui lui a donné ce
nom , dit qu'après l'avoir confidérée fous différens points
de la bouflble , elle avoit toujours de nouveaux aspefts,
& que fous un point elle paroiffoit comme une for-
tification ruinée , fous un autre , comme une grande
ville, &c.
Il dit des isles Gallapes , que les Espagnols les appellent
Gallafagos ou ijles enchantées.
L'ISLE ENCUBIERTA. Voyez Encubierta.
L'ISLE D'ENEFUEIN , petite isle de France , en
Bretagne , fur la côte du fud-eft de l'isle d'Oueffant,
dont elle eft une an iexe.
L'ISLE D'ENESCRON ; c'eft la même isle.
L'ISLE D'ENESKELÉE ou Enesqtjelec , petite
isle de Bretagne , à l'entrée de la rivière de Tréguier, au
midi de la rivière d'Er , qui eft à l'autre bord de cette
rivière.
L'ISLE D'ENESTERHUL , petite isle à la pointe
feptentrionale d'Irlande , au nord de Londonderry.
ISL
, L'ISLE D'ÉNESVER, petite isle de Bretagne , à éc-
rient de l'Isle de Bas.
L'ISLE D'ENGANO : c'eft, felûn Baudrand, la'plus
méridionale des Isles des Larrons ou Isles Marianes.
Voyez Cuan. .
L'ISLE D'ENISKERRY, petite isle de l'Océan oc-
cidental , fur la côte d'Irlande , au comté de Clare, en-
tre la baie de Galloway & le Shannon.
L'ISLE D'ENISNIC , isle d'Irlande , au comté de
Gallovay, à l'entrée de la baie de Péterbuy.
L'ISLE D'ENISPERE , isle d'Irlande, au comté de
Galloway, dans la baie de Concachin, entre l'isle Gor-
mene & le continent.
( L'ISLE D'ENKHUYSEN, isle de la mer des Indes,
à la rade de Batavia , au nord de l'isle de Java, vers le
fud-oueft de l'isle d'Alcmar , & au nord-oueft de l'isle
de Leyden. Elle eft entourée d'écueils de roche.
L'ISLE D'ER ou d'Erc , isle de France , en Breta-
gne, à l'embouchure de la rivière de Tréguier , fur la
droite, en entrant.
L'ISLE ESPAGNOLE. Voyez S. Domingue.
L'ISLE D'ESSO, isle du golfe de Venife , dans la
Dalmatie , au nord de l'isle ûroffa , entre cette isle Se
celle d'Ugliano. .
L'ISLE D'EST AT A. Voye'z Estata.
i. L'ISLE DES EST ATS, isle au midi de l'Améri-
que méridionale, à l'orient de la terre de Feu, dont elle
eft féparée par le détroit de le Maire.
2. L'ISLE "DES EST ATS , petite isle d'Allé , au
nord , entre la terre d'Ieflo & la terre de la compagnie,
au détroit de Vries.
L'ISLE D'ESTON, isle d'Angleterre, en Devonshire,
devant l'entrée du havre de Plymouth.
L'ISLE D'ESPRO , ou plutôt d'EsTO, isle de la
Dalmatie , au couchant de l'isle Mélada.
L'ISLE D'EVISSE. Vovez Iviça.
L'ISLE D'EURILAND,' bourg & isle deNorwége,
au nord de l'entrée du golfe de Drontheim.
'L'ISLE DES FAISANS. Voyez Faisans.
L'ISLE DE FAITZINCHIMA. Voyez Faitzin-
Chima.
L'ISLE DE FALCON ARA.? ,, ÇFalconara.
L'ISLE DE FALSTER, 5 Voye2 IFalster.
L'ISLE DE FALUGA,, petite isle fur la côte occi-
dentale de Sardaigne, près du cap délia Cacca. C'eft la
même que Féluga.
L'ISLE DE FANOE, petite isle de Danemarck, fur
la côte occidentale du Jutland , au couchant feptentrio-
nal du port de Rypen.
L'ISLE DE FANU. Voyez Fanu.
L'ISLE DE FARE. Voyez Pharus.
L'ISLE DE FARNASIA. Voyez FarnASIA;
L'ISLE DE FARNE. Voyez Farne.
LES ISLES DE FARO ou Fero. Voyez Fero.
L'ISLE DE FAREWEL. Voyez Farwel.
L'ISLE DE FAVAGNANA, Favigliana ouFa-
vognana. Voyez Favagnana.
L'ISLE DE FAYEREL, la même que l'isle de Faire.
L'ISLE DE FEMEREN. Voyez Femeren.
i. LES ISLES DESJEMMES, isles de l'Amérique
feptentrionale , ou plutôt des terres Ar&iques : les An-
glois difent Womans IJles ; ce qui eft la même chofe.
Elles font à l'extrémité feptentrionale du détroit de Da-
vis, fur la côte occidentale du Groenland.
2. L'ISLE DES FEMMES , isle de la mer Médi-
terranée , fur la côte feptentrionale de Sicile , dans le
Val de Mazare, à l'orient de Capr» del Ursa , Si au cou-
chant de Capo di Gallo : les Italiens difent Ifola dcl/e
Ftmine. 11 y a une 'tour : elle n'eft qu'à mille pas delà
côte , & à fept milles de Palerme.
UISLE DE FENNO, petite isle de Danemarck, au
midi de l'isle de Zélande , au nord de l'isle de La-
land , à l'entrée du Guldborg.Sond , ou du paffage qui
eft entre l'isle de Guldborg & l'isle de Faliler.
L'ISLE DE FEO , autre isle de Danemarck, au cou-
chant de l'isle de Fenno , au nord de l'isle de Falfter.
L'ISLE DE FER ou Ferro , isle d'Afrique, l'une
des Canaries, la plus occidentale de toutes. Comme les'
premiers géographes ne connoiffoient point de terres à
l'occident de ces isles , ceux qui commencèrent à faire
ISL J4J
;' ," !- la ligne méridienne; -comptèrent leurs longitu-
des depuis le méridien de ces isles. Ils s'étoient figuré
qu elles étoient toutes rangées fur une ligne du nord au
fud ; les modernes y ayant navigué , remarquèrent ce
défaut , qui conliftoit en ce que le méridien des Cana-
ries n étoit pas un feul & unique méridien, chaque par-
tie de chaque isle ayanr fon méridien particulier. On
voulut alorc en fixer un; & il eft fâcheux qu'on nefoit
pas généralement convenu de prendre le même. Les
Cartes Hollandoifes , pour la plupart , mettent le leur an
Pic deTénénf, l'une des Canaries ; le P. Riccioli met
le lien a 1 isle dt PJma ; les géographes François pla-
cent le leur à 1 extrémité occidentale de l'isle de Fer.
On remédie à cette diverfité, par une conciliation des di-
vers méridiens. Je l'ai mife dans l'article Méridien.
L isle de Fer' n'eft guères remarquable que par ce feul
endroit. Les Espagnols , à qui elle appartient , la nom-
ment LA IsLA DE Hierro. Son circuit eft d'envirott
vingt- deux lieues ; fa longueur de fept , Se fa largeur de
lîx, & a un bourg de même nom, S: peu d'habitans.Elle eft
à dix-huit lieues de celle de Ténérif, ck à deux à l'oueft
cle Palnia, à 27 d. 40' de latitude. Elle appartient au comte
de Somera. On n'y a jamais vu d'autre vignoble que
celui qui fut planté par un Anglois nommé Jean HllL
Il y a un allez grand nombre de beftiaux qui fourniflent
du lait Se du fromage aux habitans. En 1692 , cette isle
elïuya un volcan pendant fix femaines , qui fut accom-
pagné de plufieurs tremblemens déterre. On avoit débité
au fujet de cette isle une circonftance finguliere , dont
Baudrand a defabufé le public. On difoit qu'il y avoit
un arbre merveilleux , des feuilles duquel il .diftilloit tant
d'eau la nuit , que cela fuffifoit pour pourvoir l'isle d'eau
fort abondamment ; mais m'en étant informé à des na-
turels Canariens , ils ont tous dit qu'ils n'en avoient point
ouï parler ; & Baudrand en ayant écrit ensuite aux Ca-
naries même , diverses perfonnes ont confulté les plus
habiles du pays, qui n'en ont jamais ouï parler , non plus
que quelques habitans de cette isle, qui tous affurent qu'il
n'eft rien du tout de cet arbre & de cette eau cm:on dit
qu'il diftille.
L'ISLE DE FERNAND-PAO, petite isle d'Afrique,
fur la côte de Guinée , dans le golfe de S. Thomas.
Les François la nomment quelquefois Yifle de Fernand
du Port. Elle a le nom d'un Portugais qui la découvrit,
en 1472. Elle eft toute environnée de rochers, Sciln'y
a aucun lieu confidérable.
L'ISLE DE FETLAR, l'une des isles de Schetland*
ail midi & à l'orient de l'isle dYcll.
L'ISLE DE FEU. Voyez les articles Foego.
L'ISLE DE FIELWER, petite isle de la côte occi-
dentale de Norvège, à l'entrée du golfe de Drontheim,
au nord-oueft d'Euriland.
L'ISLE DE FIGO , petite isle entre la Corse & la
Sardaigne. Voyez FlGO.
L'ISLE DE FLACKE. Voyez Over-Flackée.
L'ISLE DE FLADA, l'une des Vefternes , entre
celle de Skye & celle de Lewis. Elle n'a que deux mil-
les de tour ; mais elle eft remarquable par la grande pê-
che qui s'y fait, & par les greffes baleines qui pourfui-
vent les poiffons fur fes côtes. Les pluviers viennent de
Skye dans cette isle , en grand nombre , au commence-
ment de Septembre , & s'en retournent en Avril ; on
y trouve auifi quantité d'oifeauX de mer , qu'on appelle
coulternebs. Autour de cette isle il y a plufieurs rochers,
qu'on appelle la table ronde, k\m mille de circonfé-
rence : on n'y peut monter que par un feul endroit, un à
un ; de forte qu'on en peut fane une fortereffe impre-
nable : il y a au Commet une fource d'eau douce. Voyez
Fladde, c'eft la même isle.
L'ISLE DE FLANÉNA , isle , ou plutôt ce font
plufieurs écueils au couchant de l'isle de Lewis, la plus
feprentrionale des Wefternes.
L'ISLE DE FLECHER : c'eft la même que l'isle
de Fleckeren.
L'ISLE DES FLEURS. Vovez Flores 2.
L'ISLE DE FLIE. Voyez Vlie.
L'ISLE DEFLORES. Voyez les articles Flores.
L'ISLE DE FLOTTA, petite isle entre les Orcades,
au nord cle fEcoflé, au couchant de Burra ; elle a cinq
milles de long', ôt trois' Si demi de large. Elle eft envi-.
'544 ïSk
'ronnée de rochers , &. abonde fur-tout en oifeaux de
terre.
L'ISLE DE FORA. Voyez Fore 2.
L'ISLE DE FORMOSA. Voyez FORMOSA 3.
L'ISLE DE FQRTAVENTURE. Voyez Forte-
VeNtura. , , , T ,
L'ISLE DE FOUGERAY,isle de la mer des Indes,
au fud-fud-oueft , & environ à foixante lieues de l'isle
de Java. Elle fut découverte , l'an 1720, par Jean-Bap-
tifte Garnier de Fougerai, chevalier de l'ordre de Chrift,
capitaine du vaiffeau le Triton de S. Malo, lorsquil re-
venoit de la Chine. J'en parle plus particulièrement a
l'article de la Mer des Indes. . •
L'ISLE DE FOUIN, rivière d'Irlande, dans le Shan-
non , au-deffous de Limerik.
L'ISLE DE FOULNESS, isle d'Angleterre, au comte
d'Eifex , à l'embouchure de la rivière de Chrouche.
1. L'ISLE DE FRANCE, province du royaume de
même nom. Comme ce n'eft pas une véritable isle, nous
renvoyons cet article, après la lifte des îsles.
ïÀ'ISLE DE FRANCE. Les Hollandois 1 avoient
;nommée \'IsU- Maurice ; & c'eft le nom qu'elle a dans
'toutes les Cartes, même dans celle de De l'Ifle. Mais ,
en 1721 , le chevalier de Fougeray la trouvant àlabien-
féance de la compagnie Françoife des Indes orientales,
en prit poffeffion , y dreffa un poteau fur lequel étoit éle-
vée une perche de quarante pieds, avec un pavillon blanc.
11 y ajouta cette inscription latine :
Vivat Ludovicus XV. Rex Galliaruîh et Na-
varre.
In jEternum vivat.
Hanc îpse insulam suis ditionibus voluit
ADJUNGI , ILLAMQUE JURE VINDICATAM , IN
POSTERUM, insulam Francicam NUNCUPARI.
ÏN GRATIAM HONOREMQUE TANTI PRINCIPIS ,
istud vexillum niveum extul1t j'oannes-
Baptista Garnier de Fougeray, Dux navis
dictée, le Triton ; ex urbe San-Maclovio
Orihndus , in minori Britannia ; cum ipse
huc appulerit die 23.Septembris anno 1721.
unde 3a novembris, eôdem anno, in gal-
LIAM NAVIGATURUS , DEO FAVENTE, ANCHO-
RAS SOLVIT.
A une portée de canon de-là il planta une croix , fur un
côté de laquelle il y avoit fur les deux bras Garnier de
Fougeray, & fur le montant de S. Malo C. le Triton , &
les armes de France ; de l'autre côté fur les deux bras :
Lilidfixa crucis capiti mirarc facratœ
Ne fiupeas : jubet hic Galliajlare crucem.
ISL
& fur le montant anno 172 1. Voyez l'Isle Mau-
L'ISLE DES FRANÇOIS ou Isola delli Fran-
CESI , petite isle d'Italie , près de la côte méridionale
de Sardaigne , au couchant de l'isle de S. Antioco , au
golfe de Palma.
L'ISLE DE FUERA, isle voifine de l'isle de Jean-
Fernando , dans la mer du fud.
L'ISLE DE FULE ou Fulo , l'une des isles de
Scbetland , la plus occidentale de toutes.
L'ISLE DE FULOÈ, l'une des isles de Fero, au nord
de l'isle de Suinoé, 8* à l'orient de celle de Vidro.
L'ISLE DE FYREGGE, isle de Suéde, fur la côte
occidentale du golfe de Bothnie , dans la province de
Bothnie , à l'embouchure de la rivière de Tefta.
L'ISLE DE GAASHOLM , petite isle de Suéde , fur
la côte occidentale de Bothnie , dans l'Uplande, à l'em-
bouchure de la rivière de Dala.
L'ISLE DE LA GALERA , petite isle de la mer du
fud, à l'entrée de la baie de Panama, ou plutôt de la
baie de S. Michel, qui eft au levant de celle de Panama:
cette isle eft entre les isles des Perles & la pointe de
Garachina, dont elle eft à cinq lieues eft-fud-eft & oueft-
nord-oueft. Elle eft baffe , plate & ftérile.
L'ISLE DE LA GALITE, petite isle d'Afrique, fur
les côtes de Barbarie. Voyez Galite.
LES ISLES DE GALLAPAGOS. Voyez Gallapa-
eos.
L'ISLE DE GALLINARA. Voyez l'isle cI'Alben-
GUE.
L'ISLE DE GALLO, petite isle de l'Amérique, dans
la mer du fud, à trois degrés de latitude feptentrionale :
elle n'eft pas habitée , & gît dans une grande baie, à
environ trois lieues de l'embouchure de la rivière de To-
maco , &C à quatre lieues & demie d'un petit village des
Indiens , qui porte le nom de la rivière : cette isle eft
pallablement élevée. Il y a de fort bon bois de char-
pente ; auffi eft-elle fouvent vifitée par les barques qui
viennent de Guyaquil Si d'ailleurs ; car c'eft de Galle»
qu'on tire la plupart du bois de charpente qu'on trans-
porte de Guyaquil à Lima. Au nord-eft de l'isle, ily-a
une fontaine dont l'eau eft bonne. Il y a là même une
jolie petite baie fablonneufe, où l'on peut fûrement faire
descente ; la rade eft contre cette baie ; on y peut mouil-
ler fûrement à fix ou fept braffes d'eau tout autour de
l'isle. Cependant le canal par où l'on y va, n'a pas moins
de quatre brades de profondeur. Il faut entrer quand la
marée monte, &C fortir quand elle descend, mais tou-
jours la fonde à la main.
L'ISLE DU GAMEY, petite isle de France, fur la
Dordogne, au-deflus du bec d'Ambez, &£ presque vis-
à-vis de Nasque.
L'ISLE DE GANISMA, petite isle de l'Océanorien-
tal, fur la côte de Camboge , à une portée de mousquet
de cette isle : on a trois braffes & demie, ou même qua-
tre braffes & demie d'un fond de bonne tenue. Elle eft
à l'entrée de la rivière de Camboge : on la nomme auflt
l'isle des EcreviJJes.
L'ISLE DE GARO, petite isle de Bretagne, dans
l'évêché de S. Paul , à l'entrée de Porsal , au levant de
l'isle de Trévors , & au midi de celle de Jariec.
L'ISLE DE GASPIS, petite isle de France, dans la
même province, & dans le même évêché , dans l'anse
de Trémenac.
L'ISLE DE GATO,isle de France, en Bretagne, dans
l'évêché de Tréguier , au nord-nord-eft de l'isle de Mo-
lène, à l'orient de l'Isle-Brûlée, & au couchant de l'isle-
grande.
L'ISLE DE GATS : c'eft la même isle qui eft ainli
nommée fur quelques Cartes.
L'ISLE DE GEGA , ( les Anglois prononcent Gi-
GAY, & l'auteur de YEtac préfent de la Grande-Breta-
gne , qui écrit comme l'on prononce, dit Gigay^) au cou-
chant de Kintyre, à fix milles de long , &£ un mille &C
demi de large. Il y a une églife , où font inhumés les
Macs-Neils , propriétaires de l'isle. Il y a une fburce
d'eau médicinale. Cette isle eft entre Cantyr,presqu'isle
de l'Ecoffe & l'isle d'Ila. C'eft une des Wefternes.
L'ISLE DES GERBES. Voyez Gerbes.
L'ISLE DE GIANUTI. Voyez Gianuti.
L'ISLE DE GIDDEROÉ , isle de Suéde , dans la
province de Halland , à l'entrée du port de Varberg.
L'ISLE DE GIGLIO. Voyez Giglio.
ISLE DE GLENAN , isle de France , en Bretagne,'
vis-à-vis de la rivière deQuimpercorentin. C'eft un amas
de petites isles 6c d'écueils. La plus confidérable eft celle
du Lout , qui eft au milieu. Celles de Guiriden, de Pen-
fert & de Brinlivic , font à l'orient ; le Prinemou , le
Menlione & le Menbrein font au midi ; l'isle Guine-
vet & quantité d'écueils font au couchant ; l'isle Dro-
nec , S. Nicolas , &c autres isles , font au nord.
L'ISLE DE GODEC , petite isle de France, en Bre-
tagne , à l'entrée de la rivière de Vannes , au midi de
l'isle d'Ars.
L'ISLE DE GOÉRÉE. Voyez Goérée i & j. '
L'ISLE GORGONNE , isle de la mer du fud , au
Popayan , fous le 3 e d. de latitude feptentrionale , à
38 lieues, nort-quart au nord-eft, &£ fud-quart au iud-
oueft, du cap Corrientes. Elle eft à cinq lieues du conti-
nent , à l'embouchure de la rivière Gorgone. Il croît
fur fes bords quantité d'arbres bons pour faire des mâts
ou des vergues ; ôt au fud-eft il y a un excellent port,
& une très-bonne aiguade. Il faut mouiller près du ri-
vage , & y amarrer le vaiffeau avec un cable. Mais ce dé-
tail regarde la rivière & non pas l'isle , que Dampier ,
Voyages , t. I , p. 185, qui la nomme Gorgonia ^décrit
ainfi. Gorgonia eft une isle qui n'eft pas habitée, à 3 de-
grés de latitude feptentrionale. Elle eft paflàblement éle-
isL
ISL
'•fié , & Fort remarquable à caufe des deux collines ou
hauteurs & pentes faites en Celles, qui font au ibmmet.
Elle a environ deux lieues de long tk une de large, &
eft â environ quatre lieues de la terre ferme. A l'occident -
il y a une autre petite i'sle. Le pays près du lieu , où
l'on mouille, eft bas. Il y a une petite baie fablonneufe
& bonne à faire descente. La terre eft noire 6c profonde
dans ce bas ; mais dedans le haut c'eft une espèce de
glaife rouge. Cette isleeft très-bienpourvue de diverses
iortes d'arbres, qui font, toute l'année, verds & fleuris.
File eft fort bien ârrofée de petits ruiffeaux qui fortent
des hauteurs. Il y a grande quantité de petits finges noirs,
quelques lapins des Indes , ik peu de couleuvres. Je n'y
eonnois pas d'autres animaux terreftres. On dit qu'il y
pleut tous les jours de l'année, les uns plus, les autres
moins ; mais c'eft ce que je puis nier. Quoi qu'il en foit,
la côte eft extrêmement humide , ck il y pleut beaucoup
fout le long de l'année. Il n'y a que peu de beaux jours, fek
très-peu de différence dans les faifons de l'année entre
l'humide Se le fec. Tout ce que j'ai remarqué, c'eft que, du-
rant la faifon féche, les pluies t'ont moins fréquentes,ck plus
modérées que durant la faifon pluvieufe, où l'eau tombe
comme f\ on la jettoit par un crible. Il y a beaucoup d'eau,
ck l'on ne peut ancrer autour de l'isle , qu'à ce feul en-
droit, vers l'occident. La marée hauffe 6c baiffefept à
huit pieds. On y trouve, quand l'eau eft bafle , quantité
de moules ôc autres coquillages. C'eft en ce tems-là que
les finges viennent les prendre fur le rivage , & favent
fort bien les ouvrir avec leurs pâtes.
Il y a auffi beaucoup d'huitres , où il y a des perles de-
dans. Elles croiffent fur les rochers à quatre, cinq oufix
braffes d'eau , attachées par de petites racines comme
les moules. Elles font' d'ordinaire plus plates ck plus
menues que les autres , mais fort femblables à cela près.
Ce poifion n'eft ni de fort bon goût ni. fort fain. Il
fent beaucoup le cuivre quand on le mange crud , ck
vaut beaucoup mieux cuit. Les Indiens , qui les
âmaflent pour les Espagnols , eh pendent la chair ck la
féchent avant que de la manger. La perle fe trouve à la
fête de l'huitre entre la chair ck l'écailie. Il y en a qui
ont vingt à trente petites perles ; d'autres n'en ont point
du tout , ck d'autres en ont une ou deux affez groffes.
Le dedans de la coquille eft plus brillant que la perle
même ; c'eft le feyl endroit de la mer du Sud , où j'en
aie vu.
L'ISLE DE GORGONILLA , petite isle de la mer
dufud, furies côtes duPopayan, au couchant du cap
Manglares, ou pointe des Mangles. Il y a une rivière où
l'on peut faire de l'eau ck mouiller dans un fond net.
L'ISLE DE GORMENE, isle d'Irlande , au comté
de Gallovav, au nord de l'isle d'Aaron.
L'ISLE DE GORTOBAND. Voyez Gothland.
LES ISLES-GOTHO , isles du Japon , à l'orient de
celle de Bongo. Elles font habitées par des laboureurs ;
on les trouve devant le port de Nangafaki. Tandis que
presque toutes les parties du Japon font fujettes au trem-
blement j on remarque que ces isles n'y font point ex-
pofées.
L'ISLE DE GOUDEU , isle de Norvège , dans la
préfecture de Sudmer, au midi occidental des isles de
Romsdal.
L'ISLE DE GRAAGHT, rivière d'Irlande, dans le
Shannon , au-deflus de la baie de Clare, au-deflbus du
village d'Obryen.
L'ISLE DE GRACE, petit pays de France, au duché
de Normandie , entre les rivières de Seine ck d'Eure ,
depuis Verdun Se Pacy, jusqu'auprès du Pont-de-I'Ar-
che , où l'Eure fe jette dans la Seine.
L'ISLE-GRACIEUSE. Voyez Gracieuse.
L'ISLE DU GRAND VILLAGE , petite isle de
France, en Bretagne, au midi de Belle- Isle, ck du vil-
lage de Borinor.
i. L'ISLE- GRANDE, isle de la mer Méditerranée,
à l'embouchure du Tibre, dans l'État de l'églife, entre
les villes d'Qftie ck de Porto. On la nomme Isola
Grande, pour la diftinguer d'une isle voifine qui eft plus
petite. On l'appelle auffi Vlsle desPantam, à, caufe des
marais qui font iur la côte. Elle n'a pas plusde deux mil-
les d'étendue , entre la tour de S. Michel ck celle de Fiu-
tnentinn.
2. L'ISLE- GRANDE ou I'Isle de S. Sauveur,
■
isle de France, en Bretagne, dans l'é'vêcnê dsTréguier,
entre l'isle de Gato ck le continent.
L'ISLh-GPvEANE , isle d'Angleterre , au confluent
des rivières de Medvay Se de làTamife. Il y a au nord-
eft de l'isle un village nommé S. Jacques.
L'ISLE DE GRENADE. Voyez Grenade.
L'ISLE DE GRINNE, petite isle d'Irlande, dans
li province d'Ulfter , fuir la côte orientale , près de
Strangford.
^ L'ISLE DE GRIP, isle de Norvège , fur la côte oc-
cidentale, au gouvernement de Drontheim , à l'entrée
du golfe où cette ville eft fituée. On appelle Gripsond
le paffage qui eft au levant de cette isle.
L'ISLE DE GRISS , petite isle d'Irlande , dans le
Shannon , vis-à-vis du château de Bon-Ratty.
L'ISLE DE GUDEGUEJOT, petite isle de France,
eh Bretagne , au nord de S. Pol de Léon, près du con-
tinent, au midi de l'isle de fias, auprès de l'isle de Leda- •
net.
L'ISLE DE GUIET, petite isle de France, fur la côte
de Bretagne , dans l'évêché de S. Pol de Léon , au nord
de l'isle de S. Laurent , près du continent.
L'ISLE DE GUILLANGO, petite isle de France, en
Bretagne, entre celles de Brehat. C'eft une des plus mé-
ridionales.
L'ISLE DE GUILLAUME SCHOUTEN. Voyez
l'isle de Sghouten.
L'ISLE DE GUIRIDEN , isle de France, en Breta-
gne , l'une des isles de Glérian.
L'ISLE DE GULL, petite isle d'Angleterre , au
comté de Cornduailles , au levant de la pointe du Lé-
zard.
LES ISLES DE HAEKLUIT, isles des terres Arc-
tiques, dans la baie de Baffin , 6c plus particulièrement
dans la baie de Thomas Smith , à l'entrée d'une troi-
fiémebaie, dont le fond n'eft guères connu.
L'ISLE DE HAGOT. Voyez l'Isle d'àgot.
LES ISLES DE HALES, isles des terres Auftrales;
au midi ck fur la côte orientale du nouveau Groenland,
vers la pointe de "Warvich-Forland,
L'ISLE DE HAMPEHOAO, isle de la Chine ; les
Portugais y avoient leur établiftèment avant qu'ils euf-
fent obtenu la permiffion de s'établir à Macao , qui en
eft à peu de diftance.
L'ISLE DE HARLÉE , isle fur la côte occidentale
de Norvège, au nord de la grande isle qui eft devant
le port de Bergen. L'isle de Harlée eft fort longue.
L'ISLE DE HARLEM, isle de la merdes Indes, au
nord de l'isle de Java, au nord oriental de la rade de Ba-
tavia. Elle eft toute entourée d'écueils Se de roches.
L'ISLE DE HARLEY, isle d'Angleterre, à l'orient
de Shepay , à l'embouchure de la Tamùè.
DISLE DE.HASELIN, isle de Danemarck, au nord
de l'isle de Zélande , devant l'entrée du golfe de Ros-
child.
L'ISLE DE HASOO , isle de Finlande , fur la côte
Occidentale du golfe de Bothnie, devant le port deVafa.
L'ISLE DE HEDIC, isle de France, eh Bretagne,
à l'orient de Belle-Isle , au midi de S. Gildas. Elle eft
entourée d'écueils, fur-tout du côfé de l'isle d'Houat,
qui eft au nord- oueft.
. L'ISLE DE^ HERMS , isle de l'Océan , dans la Man-
che, fur les côtes de France, à l'orient de l'isle de Grc-
nefey. Elle a près de demi-lieue de longueur ; mais elle
n'eft guères peuplée.
L'ISLE-HERPIN], petite isle de France, en Bretagne,
au nord-nord-eft de i'isle des Landes , qui eft à l'extré-
mité du Groin de Cancale.
L'ISLE DE HERTZHOLM , petite isle du Dane-,
marck , fur la côte orientale du Jutland , au midi de la
pointe de Schagen.
L'ISLE DÉ HESNES, isle de Norvège, fur la côte
méridionale, auprès d'une bourgade de même nom, au
futl-oueft de l'isle de Mardoé.
L'ISLE DE HESSEN , isle de Norvège, dans le gou-
vernement de Bergen, fur la côte occidentale, à l'orient
feptentrional du nord Hoeck. On l'appelle auffi ['Isa de
Flowack.
L'ISLE DE HETH : le Neptune François nomme
àinfi l'une des Orcades , entre tes isles de Sand , de
Strooms ck de Siaping ; l'auteur de VEtàt prifem de U
Tome III. Z z z
5 46
ISL
ÎSL
'Grande-Bretagne , qui nomme ôc range ces isles autre-
ment , met Shapinsha au nord de Pomona , Stronza au
nord-eft de Shapinsha , 6c Edaaunord-oueft de Stronza.
II dit qu'Eda a vingt milles de long , ÔC cinq de large en
quelques endroits ; que cette isle abonde en gibier ôc en
poiiî'on, plus qu'en bleds & en pâturages ; qu'il s'y fait de
ton fel Ôc qu'elle fournit de chauffage l'isle deSanda.
LES ISLES D'HIÈRES. Voyez au mot HiÈres l'ar-
ticle des Isles d'HiÈRES.
L'ISLE DE HIGUINET, isle de France, fur la côte
de Bretagne , entre les roches de Porsal ôc le havre
d'Abbrevrak.
LES ISLES' DE HILBRE, isles d'Angleterre, à l'em-
bouchure de la Dée, rivière qui coule à Clîefter. Elles
font trois, ôc on les laiiïe à gauche en remontant la ri-
vière.
L'ISLE DEHISINGE, isle de Suéde, à l'embouchure
de la rivière de Gothelba , qu'elle fépare en deux bran-
ches, aux frontières de la Norv/ége, auprès de Gothe-
boure.
L'ISLE DE HITTEROÉ, isle de la Norvège, fur
la côte occidentale de la province de Stavanger , par le
"58° d. de latitude.
L'ISLE DE HOLY-HEAD , isle qui s'avance en
forme de cap , au couchant de l'isle d'Anglefey.
L'ISLE-HOLY-ILAND. Voyez Heiligeland 6c
Holy.
L'ISLE DE HONSEY, isle d'Angleterre , au comté
d'Effex, fur la côte, au midi de Hârwich <ôc de l'embou-
chure de laStoure.
1. L'ISLE DE HOORN, petite isle de la mer du
Sud, vers le 1 5e d. de latitude fud , à l'orienr du port de
la Vera-Cruz', qui eft de la terre Auftrale du S. Esprit ,
ôc au couchant de l'isle de Cocos, Jaques le Maire la
découvrit en i6t6.
2. L'ISLE DE HOORN, isle de la mer des Indes,
au nord de l'isle de Java , entre les isles de Roîerdam
ôc d'Enckuyfen, au feptentrion de la rade de Batavia.
L'ISLE DE HORSH , isle d'Irlande , fur la' côte oc-
cidentale, au midi de l'Isle-Boche, ôc au nord oriental
de Dogg-Heat.
L'ISLE DE HOSPIC , isle de France , en Bretagne,
près de la côte , au midi oriental des isles de Bréhat , ôc
auprès de l'isle de Quemènes.
L'ISLE DE HOUSU , entre tes isles de Schetland,
à l'oueft de l'isle de Mainland.
L'ISLE DE HOY, entre les isles Orcades, au midi
de Pomona. Elle a douze milles en longueur, ôc fe di-
Vife en deux parties ; l'une s'appelle proprement Hoy,
8c l'autre Wayes ; cette isle eft montagneufe ; mais la
partie nommé Waîs, eft fertile ôc bien habitée. Entre
les havres , celui qu'on appelle North-hope eft un des
meilleurs havres de l'Europe , ôc très-commode pour
la pêche. * Etat préjïnt de la Grande-Bretagne , t. 2 j
p. 300.
La partie nommée proprement Hoy, a les plus hautes
montagnes ôc les plus profondes vallées qu'il y ait dans
les Orcades. Elles font frémir d'horreur tous les étran-
gers qui y paffent. Il y a fur ces montagnes beaucoup
de brebis fauvages ,.>que l'on n'attrape qu'avec bien de la
peine.
Sur un cap, nommé Rora-head, on trouve un oifeau
Fort fingulier , qu'on eppelle lyer ; il eft d'environ de
la grandeur d'un canard , mais presque tout rond de
graille.' G'eft un manger fort délicat , avec du vinaigre
ôc du poivre. Au fommet d'une montagne de cette isle,
on trouve une fource d'eau douce, claire ôc excellente à
boire. Elle eft fi légère , que quelque quantité qu'on en
boive, on ne s'en trouve point chargé. Au folftice d'été
ïl fait clair toute la nuit au fommet de ces montagnes.
Dans une vallée qui eft entre deux montagnes , il y a
une pierre que les habitans appellent' dwarfy-Jlone. Elle
a 36 pieds de long, 8 pieds de large , ôc 9 d'épaiffeur.
Elle eft creule ; & en la creufant , on a ménagé un trou
. carré de deux pieds de hauteur, pour y entrer ; ôc tout
auprès il y a une pierre delà même grandeur, pour fer-
vir de porte. Dans la cavité on trouve un lit taillé
dans la pierre , avec un oreiller. Il peut y coucher deux
hommes , tout de leur. long. Au milieu il y a un foyer ôc
un trou en haut pour faire fortir la fumée. On croit que
c'a été la cellule d'un hermite. Elle eft environnée d'une
bruyère , ôc il n'y a point de maifon dans le voifinage
qui n'en foit éloignée d'un mille.
Enfin cette isle a plufieurs lacs remplis de poiffon,
ôc principalement détruites. Il y a une églife au nord ,
quelques maifons de noblefle , ôc plufieurs métairies.
LES ISLES DE HUDEN , isles de Suéde , fur là
côte occidentale du golfe de Bothnie , aux confins de
l'Angermanie ôc de la Bothnie -, à l'embouchure de la
rivière d'Angera.
L'ISLE D'HUESNE. Voyez Huesne.
L'ISLE DE HUNA , petite isle ou écueil entre les
isles de Schetland , au nord de Baltha , ôc à l'orient de
l'isle d'Unft.
L'ISLE DE HYNG ; c'eft la même que I'Isle de
Hisingen.
LES ISLES DU JAPON. Voyez l'article Japon.
L'ISLE DE JAVA. Voyez Java.
L'ISLE JAUNE , écueil entre les isles de Breat, Cm
la côte de Bretagne.
L'ISLE DE JAUX, isle de France, à l'entrée de la
Gironde , fur la droite, en remontant la rivière , vis-à-
vis de TEspare.
^ L'ISLE D'IBIDON, isle de France, en Bretagne, à
l'entrée de la rivière de Vannes , au midi de l'isle d'Ars.
ISLES DE JEAN-FERNANDÈS , isles de la mer
du Sud fur la côte , ôc vis-à-vis du Chili. Elles font au
nombre de deux ; celle qui eft plus près de la côte du
Chili, s'appelle l'isle de Terre, de Tierra ; &C la plus éloi-
gnée s'appelle l'isle de Dehors, deAfuera. La diftance
de l'une à l'autre eft d'environ trente-quatre lieues. Celle
dont on parle, ici d'après Dampier , eft l'isle de Terre.
Elle eft, dit-il , c. 5 , p. 200, fous le 33e d. 40' de lati-
tude méridionale, fort haute vers le nord, ce baffe du
côté du fud , avec une petite isle , dans le voifinage, où
l'on mouille à quatorze braffes d'eau. Cet endroit eft
propre pour rafraîchir ; mais le vent du fud donne droit
dans cette rade, ôc la rend quelquefois dangereufe. Il faut
tâcher de gagner le véritable port de cette isle qui eft
une baie ronde , longue d'un demi-mille , ôc enclavée
dans les terres à l'eft-fud-eft , jusqu'au nord-quart au
nord-oueft. On y trouve quantité de poiffon ; fur-tout
d'écreviffes , &c trois fources de bonne eau. Dampier,
Voyages , c. I , p. 90 , ne s'accorde pas fur la latitude
de cette isle. Il dit qu'elle eft à 34 d. 15' de latitude,
à environ cent vingt lieues de la terre ferme. Elle a à-
peu-près douze lieues de circuit , 6c eft pleine de hau-
tes montagnes ôc de petites vallées agréables. Les côtes
des montagnes , font en partie des pâturages ou pacages,
ôc en partie pleins de bois. On n'appelle pas pacages Its
lieux que l'art 6c le travail ont nettoyés de bois , mais
ceux qu'on trouve fans bois dans les lieux inhabités de
l'Amérique. Telle eft l'isle de Jean-Fernandès , ou autre
pays originairement fans bois.
L'herbe qui croît dans ces pâturages de Jean-Fernandès,
h'eft ni longue , ni ferme, comme elle eft d'ordinaire
dans ceux des Indes occidentales ; mais c'eft une espèce
d'herbe épaiffe, qui fleurit durant presque toute l'année.
Les bois (ont compofés de diverfes fortes d'arbres. Il y
en a de gros 6c bons pour bâtir , mais il n'y en a point
de propres à faire des mâts. Les arbres à chou de cette
isle font petits , 6c portent néanmoins une bonne tête
ôc du fruit de fort bon goût.
Les pâturages font fournis de grands troupeaux de chè-
vres.
Les premières qu'il y eut dans l'isle, y furent mifes
par Jean-Fernandès , qui en fit le premier la découverte
en allant de Lima à Baldivia. Il découvrit auffi une au-
tre isleà-peu-près de la même grandeur , &c à vingt lieues
de celle-ci du côté de l'occident : on la nomme l'isle
de Fuera. Fernandès étant de retour à Lima, aprè*s la
découverte de fon isle , demanda qu'on la lui affurât par
une patente ^ réfolu de s'y établir ; 6c ce fut à fon fé-
cond voyage qu'il y mit trois ou quatre chèvres, qui ont
fi bien multiplié , qu'elle ont peuplé toute l'isle. Mais il
ne put jamais obtenir la patente qu'il demandoit ; de-là
vient que l'isle eft encore fans habitans , quoiqu'elle
puiffe inconteftablement faire fubfifter quatre ou cinq
cents familles des feules denrées qu'elle pourroit pro-
duire. Je ne dis rien de trop ; car les pacages pourraient^
à l'heure qu'il eft , nourrir mille pièces de bétail , fans
compter les chèvres, Les vice -rois du Pérou, 6c les
ÏSL
préfidens du ÇhïTi ordonnèrent, il y a quelques années,
de jetter des chiens dans l'isle , pour détruire ces chè-
vres , parce que les corfaires en profitoient , ck que c'é-
toit une partie de leur fubfiftance ; niais le projet n'a pas
réuffi, du moins il n'a pas eu tout le fuccès qu'on avoit
espéré. Voyage dans l Amérique, en i-j 41, par -O.Jorge-
Juan , & D. Antonio de Ulloa. Il y a de l'apparence
que fi la terre étoit cultivée , elle produiroit du grain ,
ck même du froment , de bons pois , des yames ck des
Hâtâtes ; car dans les vallées, tk à côté des montagnes,
le terroir eft noir ck fertile. La mer n'y eft pas moins
fertile que la terre. Il y a autour de cette isle, une pro-
digieufe quantité de veaux marins. Les lions marins y
font par greffes troupes , les poiffons auffi , 6k fur-tout les
fnappers ; les tâtonneurs y font en fi grande abondance ,
que deux pêcheurs à la ligne en prendront, en deux heures
de tems ,. pour régaler cent hommes.
L'isle de Jean Fernandès ., n'a que deux baies où les
vaiffeaux puiffent ancrer. Elles font du côté d'orient ;
ck il y a dans l'une ck dans l'autre un petit ruiffeau de
Donne eau douce. On pourroit les fortifier avec peu de
dépense ; enforte que cinquante hommes dans chacune,
pourrolent empêcher mille d'en approcher. On ne peut
entrer dans ces baies , du côté de l'occident , qu'avec
beaucoup de peine, ck en traverfant des montagnes où
trois hommes peuvent empêcher de monter tout ce qui
fe préfente. C'eft une vérité confirmée par l'expérience
de cinq Anglois que le capitaine Davidy laiffa, ck qui,
par l'avantage du lieu , firent tête à un corps d'Espagnols,
qui ne put les y forcer.
ISLE DE JEAN MAYEN , isle de l'Océan fepten-
trional , au nord des isles de Féro , au levant du Groen-
land., vers Je 71e d. latitude, & le 13e d. de longitude.
Elle fut découverte , en 1614, par Jansz Mayen : elle
s'étend eu long l'espace de dix lieues. Il y a une haute
inontagne que l'on voit de loin.
L'ISLE DE JEAN DE NOVA, isle d'Afrique, dans
la mer des Cafres , entre le pays de Mofambique &
î'isle de Madagascar : elle porte le nom d'un Portugais,
qui la découvrit en 1502.
L'ISLE DE JENDIZMO , isle de Finlande , fur la
côte orientale du golfe de Bothnie , à l'entrée du port
de Carleby.
L'ISLE DE JERSEY. Voyez Jersey.
L'ISLE DE JESUS , isle de la nouvelle France, vis-
â-vis le Confluent de la grande rivière des Outaouais, avec
le fleuve S. Laurent , lequel en cet endroit fe fépare en
trois bras , ck forme parallèlement les isles de Montréal
& de Jefus. Celle-ci porta d'abord le nom de Mont-
magni , lequel a été le fécond gouverneur de la Nouvelle
France. Le canal, qui fépare ces deux isles , s'appelle la
rivière des prairies ; ck celui qui fépare l'isle de Jefus du
Continent, eft femé d'un nombre d'isles fi prodigieux,
qu'on y voit presqu'autant de terre que d'eau. Les Ca-
nadiens nomment cet endroit les Mdle-hles. Quelques
anciens Mémoires donnent à ce canal le nom de rivière
de S. Jean. L'isle de Jefus a huit lieues de long , fur un
peu plus de deux lieues dans fa plus grande largeur. Elle
appartenoit autrefois aux JéfuiteS , qui lui ont donné le
nom qu'elle porte. Aujourd'hui elle eft au féminaire
de Québec ; fon milieu eft par les 44 d. de latitude fep-
tentrionale.
L'ISLE DE JETTESHOLMAN , isle de Suéde, dans
le golfe de Bothnie , fur la côte de la Helfingie, devant
le bourg de Jettendal.
L'ISLE D'INCHKEITH, isle d'Ecoffe , dans le golfe
de Forth, à quelques milles au nord d'E*dimbourg. Elle
à un mille ck demi de long , ck environ un demi mille
de large. Le terroir de cette isle eft gras , ck produit de
très-bonne herbe. Il y croît auffi quantité de fimples.
Eile a quatre fources d'eau douce , et autant de havres ,
l'un à l'eft, l'autre à l'oueft , & les deux autres au nord
& au fud. Le milieu de l'isle eft la partie la plus élevée
OU la reine Marie fit faite une forterefle. On trouve dans
cette isle une carrière qui exhale une vapeur fulfureufe
quand on l'entame ; mais la pierre en eft fort bonne
pour bâtir. Les côtes font remplies de poiffons ; ck les
huitres y font en abondance tout fhyver. Elle s'appelle
închkkith , du nom de la noble famille de Keith , dont
le fondateur fut fait feigneur de cette isje , avec le titre
ÎSL j4^
de baron de Keiih & grand-maréchal d'Ec&JJe , par Mal-,
com III, en 1010 , pour s'être fignalé contre les Da-
nois , à la bataille de Bar en Ahgus. Cette isle fut en-
fuite réunie à la couronne, ck donnée par Robert II, ait
lord Jean-Lyon de Glames , chef de cette famille, avec
la baronnie de King-horn , lorsqu'il époufa la princèffe,
fille de Robert, * Etat prefent de la. Gr. Bretagne, t. 2,
' L'ISLE D'INCH-GARVY, autre isle d'Ecoffe, dans
le même golfe , vis-à-vis de Quensferry, entre deux
promontoires. Elle étoit autrefois fortifiée ; ck les ca-
nons de fes forts^ portoient aux deux côtés de la ri-
vière, de forte qu'aucun navire ne pouvoir palier fans
permiffion.
L'ISLE D'IORD-SAND , petite isle de la mer d'Al-
lemagne , fuir la côte occidentale du Slesv/ig , entre l'isle
de Sylt ck le continent.
1. L'ISLE-JOURDAIN, ville de France , dans le
Poitou , elle occupe une isle dans le lit de là rivière dé
Vienne, qui l'entoure de tous côtés.
2. L'ISLE-JOURDAIN , ville de France ,. dans la
Gascogne Tôuloufaine , avec titre de comté. L'abbé dé
Longuerue , Descript. de la. France , 1 . part. p. 1 97, en
parle ainfi : le comté de l'isle - Jourdain , qui eft à
l'orient de l' Armagnac , eft une leigneurie fort ancienne :
on nomme ainfi cette ville , parce qu'elle eft fituée dans
une isle que forme la petite rivière de Save : on y ajoute
le nom de Jourdain , parce qu'il étoit quafi héréditaire
à fes feigneurs ; leurs terres s'étendoient jusqu'auprès dé
la ville de Touloufe ; ck ce qu'ils poffédoient à l'occi-
dent de la Garonne , dans le diocèfe de Touloufe , re-
levoit des comtes de cette ville. Les feigneurs de l'isle-
Jourdain , ne prétendirent reconnoître au-deffus d'eux
que le foi de France , depuis Philippe- Augufte, qui avoit
conquis une partie de la Guyenne.
Philippe de Vallois érigea la feigheurie de l'Isle-Jour-
dain en comté , en faveur de Bertrand , à qui elle ap-
partenoit, êk qu'il avoit créé fon lieutenant-général en
tous les pays de Languedoc. Ce comte , qui fut tue
au fiége de Bergerac , l'an 1345 , descendait en ligne
directe d'Aton-Raymond , qui vivoit dans l'onzième
fiécle , ck ayant époufé une fille de Guillaume Taille-
fer , comte de Touloufe , avoit été le premier feigneur
de l'isle.
Le dernier comte de l'isle- Jourdain , ck qui s-'appelloit
Jourdain comme fés prédécefléurs , mourut fans enfans,
l'an 1410, après avoir vendu tous fes biens à Jean , duc
de Bourbon , qui les revendit à Bernard , comte d'Ar-
magnac , par où le comté de l'isle- Jourdain fut annexé
à celui d'Armagnac, quoique les deux comtés ayent leurs
bornes diftinguées.
On voit par d'anciens monumens , que cette ville de
l'isle s'appelloit CASTELLUM Ictium ; elle appartenoit
à la Gascogne Tôuloufaine , comme elle eft encore au-
jourd'hui du reffort du parlement de Touloufe, dont les
comtes ont été reconnus parles feigneurs de cette partie
de la Gascogne ; ck quoique les Anglois fe foient fait
céder par le traité de Bretigny la fouveraineté de ces
co'mtés ck de ces feigneuries , néanmoins ils ne purent
y établir paifiblement leur domination ; ck Charles V,
après la mort du roi Jean, fon père, remit en ce pays
toutes chofes au même état où elles étoient aupara-
vant.
L'ISLE DE JULGUEDEC , petit écueil de France,
fur la côte de Bretagne, allez près du continent, au midi
occidentale des Sept-Isles.
L'ISLE DE JUIST, isle de la mer d'Allemagne, fur
la côte de la Frife orientale , à l'orient de l'isle de Bor-
cum , ck à l'entrée du Dcllaërt.
L'ISLE DE KANNEY , petite isle d'Ecoffe , l'une
des Wefternes, au midi de l'isle de Skie, ck au couchant
de l'isle de Rum. Elle eft nommée Canney dans l'il*-»
iat préfent de la Grande-Bretagne , t. 2 , p. 291. Elle a
deux milles de long ck urr' de large. Elle eft fertile en,
bled ck en pâturages , ck fes côtes abondent en morue.
Du côté du nord elle a un rocher où l'on croit qu'il y
a un aimant , parce que quand des vaiffeaux en appro-
chent, on remarque un grand changement dans l'aiguille
de la bouffole. Un des Mac-Donalds eft le feignevir de
cette isle,'
Tome III. Zzz ij
54-3 ISL
L'ISLE DE KASKO, petite isle de Finlande, fur la
côte orientale du golfe de Bothnie, vis-à-vis du port de
Chriftine-Stadt. . . .
L'ISLE DE KEA , petite îsle d Irlande , dans le Shan-
non vis-à-vis du château de Bonratti , 6k à l'embou-
chu e ce la rivière de_mêmê nom.
L'ISLE DE KEMtLQC , isle de la Laponie Mos-
covite , dans la mer Blanche, à l'embouchure de la ri-
vière-Fraîche, ou Versche-Rivier , au levant de la ville
de Kéretti.
L'ISLE DE KÉRIC , isle d'Irlande , dans la rivière
du Shannon , à l'embouchure de la rivière de Salin, vis-
à-vis du château de Kéric.
L'ISLE DE KIMITO, isle de la Finlande méridio-
nale , au midi du port de "Wirmo , au levant des isles
d'Aland , près de la terre-ferme. ' .
L'ISLE DE KOL , l'une des \Vefternes ; l'Etat de
la Grande-Bretagne , t. 2, p. 187, la nomme Coll.
Elle eft au nord-oueû de l'isle de Mull : elle a huit ou
dix milles de long , 6k eft très-fertile. Elle a des riviè-
res qui abondent en faumon , ck un lac qui fournit une
grande quantité de truites. On pêche fur fes côtes de
plus groffe morue qu'autour des autres isles du conti-
nent. Le propriétaire de cette isle eft de la famille de
Mackléan.
LES ISLES DE KONUGZOYER , petites isles de
la Laponie Danoife , fur la côte feptentrionale, aunord-
oueft de Wardhus. . . , ,
LES ISLES DE KUMBRA, isles dEcoffe, dans la
mer d'Irlande , fur la côte de la province de Cuningham,
à l'orient de l'isle d'Arren.
L'ISLE DE CUYPER ou Kuypérs Jïland, pe-
tite isle d'Afie , au nord de l'isle de Java , au midi de
l'isle d'Unruft , £< au fud-oueft de l'isle de Purmerend.
L'ISLE DE KYN, petite isle du golfe de Livonie , à
l'embouchure de la rivière de Pernau.
L'ISLE DE LAD ARA, petite isle de la Dalmatie,
près d'Ugliano.
L'ISLE DE LALAND , isle de Danemarck. Voyez
Laland. ,„ , , , ,
L'ISLE DE LAMBAY, petite isle d'Irlande , fur la
côte orientale , au nord-eft de Dublin , 6k vis-à-vis de
Mallehid.
' L'ISLE DE LAN , isle de France, fur la côte de
Bretagne , au levant de l'isle d'Oueflant, dont elle eft
une annexe.
L'ISLE DE LANDES , petite isle de France , en
Bretagne, près du Groin de Cancale, entre l'isle Herpin
£i la terre ferme.
L'ISLE DE LANGELAND. Voyez Langeland.
L'ISLE DE LANGEROOGH , isle de la mer d'Al-
lemagne , fur la côte d'Ooftffiié , au nord de l'isle de
Baltrum.
L'ISLE DE LARECA , isle du golfe Perfique , à
cinq lieues de Gamron, au fud-fud-eft. On dit auffi La-
L'ISLE DE LARRON , isle de France ,. en Breta-
gne, au Morbian, à l'entrée de la rivière de Vannes,
au couchant de l'Isle-Longue.
L'ISLE DES LARRONS. Voyez Mariannes.
L'ISLE DE LAVEN, isle de France , en Bretagne,
à l'entrée de la rivière de Tréguier , au fud-oueft de
l'isle d'Ere.
L'ISLE DE LAURET, isle de France , fur la côte
de Bretagne , à l'orient de l'isle de Bréhat.
L'ISLE DE LEDA.NET, petite isle de Bretagne, au
nord de S. Paul de Léon, au midi de l'isle de Bas, ck au
couchant de Rescou.
L'ISLE DE LESMOIR, isle d'Ecoffe, l'une des "Wes-
ternes , à l'orient de l'isle de Mull, dans le golfe qui fé-
pare les provinces de Lorn 6k de Lochaber.
L'ISLE DE LEHMANKURKU , isle de Finlande ,
fur la côte orientale du golfe de Bothnie , au nord-eft
des isles d'Aland.
L'ISLE DE LEQUEO. Voyez Lequeo.
LES ISLES DE LERINS. Voyez Lerins.
L'ISLE DE LERO. Voyez Lero.
L'ISLE DE LESBOS. Voyez Lesbos 6k Metelin.
L'ISLE DE LESINA. Voyez Lésina.
L'ISLE DE LESOU. Voyez Lesou.
ISL
L'ISLE DELEU, isle délia Méditerranée, dans le
détroit, entre la Sardaigne ck la Corse.
L'ISLE DU LEVANT, isle de France, fur la côte
d; Provence, la plus orientale des isles d'Hieres. Voyez
HlERES.
L'ISLE DE LEURS, isle de France, fur la côte de
Bretagne , au midi de l'isle d'Ars.
L'ISLE DE LEWIS, isle d'Ecoffe, entre lesV/efter-
nes, dont elle eft la plus grande, au nord-oueftde l'isle
de Skie. On la divife en deux parties ; l'une feptentrio-
nale , qu'on appelle proprement Lewis ; ck l'autre mé-
ridionale , qui porte le nom de Harries ; elle eft fertile
en grains , ck fur-tout en feigle , orge ck avoine. Le
chanvre ck le lin y viennent auffi fort bien. Le bétail
y eft petit , mais la viande en eft excellente. Les che-
vaux y font plus petits que dans le continent ; mais on
peut les employer utilement aux ufages domeftiques , 6k
ils coûtent peu à entretenir. Cette isle nourrit auffi quan-
tité de bêtes fauves. Ses baies ck fes havres fourniffent
du poifïon en abondance. Celle de Oarlvay, entr'autresy
eft beaucoup fréquentée par les baleines. Le corail &
les coquilles à perles fe trouvent auffi dans cette isle.
Les lacs y abondent en truites ck anguilles , ck les ri-
vières en faumons. Sur les côtes il y a plufieurs fouter-
reins fréquentés par les loutres , les chiens ck les oifeaux
de mer. On trouve auffi fur les côtes plufieurs places
fortes par leur fituation ck par l'art. Au village de Clas-
fernis , il y a trente-neuf pierres élevées fur terre , cha-
que pierre ayant fix ou fept pieds de hauteur ck deux
pieds de largeur : elles font comme une avenue large de
huit pieds , ck la diftance entre chaque pierre eft de fit
pieds ; au bout, du côté du midi , on voit un cercle de
douze pierres , de la mêriie hauteur, que les autres ck de
la même diftance, avec une autre pierre au centre, à
treize pieds de hauteur, en forme de gouvernail. Hors de
ce cercle il y a quatre pierres érigées comme les autres,
l'une au nord, 1 autre au midi, ck les deux autres à l'o»
rient 6k à l'occident. Les habitans difent que c'étoit un
temple payen , 6k que le chef des Druides fe tenant au-
près de la pierre du centre , inftruifoit fes auditeurs.
*ElatpréJent de la Gr. Bretagne, t. 2 , p. 282.
1. L'ISLE DE LEYDEN, petite isle d'Afie, au nord
de Java , au fud-oueft de l'isle d'Enckhuyfen , devant la
rade de Batavia.
1. L'ISLE DE LEYDEN , isle au nord de la côte
occidentale de l'isle de Ceylan , entre Jafhapatan 6k l'isle
de Deft. On la nomme auffi l'isle d'Ourature.
L'ISLE-LIBRUSIA , petite isle de l'isle de Corse, au
midi du village d'Eliffa 6k des rochers Munike , qui bor-
dent cette côte méridionale au couchant.
L'ISLE DE LICOSA. Voyez Licosa.
L'ISLE-AUX-LIEVRES , petite isle du Canada ,
dans la rivière de S. Laurent , au-defïbus de Québec ,
entre l'isle- Verte ek l'Isle-aux-Coudres.
L'ISLE DE LIMA. Voyez Callao 1. 6k 3.
L'ISLE DE LINGA, petite isle de l'Océan oriental,
fur la côte de l'eft du royaume de Johor (ou Ihot.) Lé
roi de Johor , à qui elle appartient , y entretient un
gouverneur. Il y croît beaucoup de fagu , mais point
de riz ; 6k il y a environ trois cents habitans. *Voyagt
de Van-der-Hagen, dans les Voyages de la compagnie
Hollandoife , t. 3 , p. 1 00.
L'ISLE DU LION D'OR, isle de l'Océan orieatal,
auprès de l'isle Formofe, dont elle n'eftqu'à trois lieues.
Les Indiens la nomment Tugin , 6k les Hollandois lui
donnent le nom d'un de leurs vaiflèaux , qui y aborda
pour y prendre des rafraîchiffemens , 6k dont le com-
mis , le maître 6k quelques autres furent maffacrés par
les habitans.
LES ISLES DE LIQUESOS. Hagenaar, dans fon
Voyage aux Indes orientales , les met au nombre de
treize; ce font les isles de Lèquios. Voyez Lequios.
L'ISLE DE LITIRI , petite isle de France, en Bre-
tagne , à l'orient de l'isle de Quemenes.
L'ISLE DE LOBOS, petite isle de l'Amérique méri-
dionale, fur la côte du Bréfil , à vingt lieues de l'embou-
chure de la rivière de la Plata , vers le cap de Sainte-
Marie.
LES ISLES DE LOBOS, dans la mer du Sud. II y
en a plus d'une; favoir,
ISL
L'ISLE DE LOBOS DE LA MER eft à 6 d. 24'
de latitude méridionale , à cinq lieues de la terre ferme
du Pérou. Cette isle eft compofëe de deux petites isles ,
d'environ un mille de circuit chacune : elles font affez
hautes ck féparées par un petit canal qui n'elt bon que
pour des barques ; du côté du nord, & affez près- de la
terre, il y a divers rochers. A l'occident, du côté le
plus oriental de l'isle, il y a une petite baie à couvert des
vents, ck bonne pour caréner les vaiffeaux. Lerefte de
k côte, tant à l'entour qu'entre les deux isles , n'eft que
rochers à petites pentes. Le dedans de l'isle eft en partie
pierreux & en partie fablonneux ; le terroir fténle , fans
eau douce , fans arbres , foit grands , foit petits , fans
herbes ck fans animaux terreftres ; car les veaux ck les
lions marins y viennent à terre. Mais il y a quantité
d'oifeaux , comme des boubies , ck principalement des
pinguins. La rade eft bonne entre l'isle la plus orientale
& les rochers, y ayant dix, douze à quatorze braffes
d'eau. Comme le vent eft ordinairement fud ck fud-fud-
eft , l'isle la plus orientale qui eft à l'eft ck à l'oueft ,
met cette rade à couvert. * Dampier, Voyages, /. 1 ,
P' L'ISLE DE LOBOS DE LA TERRE n'eft pas
éloignée du Lobos de la mer , ck eft plus proche du
continent.
Le nom de lobos ne veut pas dire des loups , comme
Baudrand le traduit , puisque le loup eft un animal in-
connu dans ces isles. Lobos ou lovos eft le nom que les
Espagnols donnent aux veaux marins, qui font en quan-
tité dans ces isles, qui n'ont rien de remarquable d'ail-
leurs que d'être remplies d'animaux de cette espèce.
L'ISLE DE LOGODEC , petite isle de France , en
Bretagne , au nord-oueft de l'isle d'Ars , au midi du vil-
lage d'Aradon.
L'ISLE DE LONDEY, petite isle de la côte occiden-
tale d'Angleterre , dans le canal de Briftol.
1. L'ISLE-LONGUE , isle de l'Amérique feptentrio-
nale, fur la côte de la Nouvelle Yorck ; elle eft aux
Anglois, auffi-bien que la terre ferme, au midi delà-
quelle elle eft fituée. Il y a deux bourgades , favoir,
Bedfort au couchant , êk Southampton au levant : elle
s'étend de l'oueft à l'eft , environ cent milles anglois ,
& en plufieurs endroits huit, douze fk quatorze milles
en large. Elle eft habitée d'un bout à l'autre ; fon -ter-
roir eft bon ck produit des grains , des herbes ck des
légumes , ck a des arbres fruitiers. On y voit , au
mois de Mai, les bois & les' champs auffi ornés de rofes
& de diverses autres fleurs , qu'ils égalent s'ils ne fur-
paffent pas plufieurs nrdins d'Angleterre.
2. LISLE-LONGUE, petite isle de l'Amérique fep-
tentrionale , dans l'Acadie , fur la côte orientale de la
Baie-Françoife.
3. L'ISLE-LONGUE, petite isle de France, en Bre-
tagne , dans la rade ck au midi de la ville de Breft.
L'ISLE- LOPPEN, isle de la Laponie Danoife, dans
le gouvernement de Wardhus, à l'entrée du Suyerfund,
à l'orient méridional de l'isle de Suroy. Il y a. au fud-
oueft une isle plus petite , nommée Loppen-Ca'f.
L'ISLE DE LORVOS, petite isle de France, en Bre-
tagne, devant Argenton, dansl'évêché de Saint-Pol, en-
tre Aberilduc ck Porsal.
L'ISLE DE LOSINEM, oetite islede Suéde, fur la
côte occidentale du golfe de«othnie , à l'orient du port
de Nora , dans l'Angermanie.
L'ISLE-LOU, isle d'Angleterre, fur la côte méridio-
nale de Cournouailles, au couchant du port dePlimouth.
L'ISLE DU LOUC, isle de France, fur la côte de
Bretagne ; c'eft l'une des isles de Glénan.
L'ISLE DE LUCON. Voyez Luçon.
L'ISLE DE LUfrGON, petite isle de Suéde , dans
le golfe de Bothnie , à l'embouchure de la rivière d'An-
german , dans l'Angermanie.
L'ISLE DU LYS. Voyez Giglio.
LES ISLES DE MACANA. Rechteren , dans fon
Voyage aux isles orientales , nomme ainfi quelques isles,
dont il ne marque point la pofition. Elles doivent être
à l'orient de la Chine.
L'ISLE DE MACAO ou de Macau. Voyez Ma-
CAO.
L'ISLE DE MACAU, isle de France, en Guienne,
dans la Gironde, au midi du Bec-d'Ambez.
VISLE DE MADAGASCAR. Voyez Madagas-
car.
L'ISLE-MADAME, isle de France , en Saintoingej'
à l'entrée de la Charente , près du Bec de la Roche.
1. L'ISLE DE LA MAGDELAINE, isle de là mer
du fud , entre les Marquifes de Mendoce : elle eft au le-
vant méridional de la Dominique.
2. ISLES DE LA MAGDELAINE , autrement ap-
pelléés Isles-Brion. Ce font des isles du golfe de S. Lau-
rens, dans la Nouvelle France, au nord de l'isle de Saint-
Jean. La plus grande eft proprement l'isle de la Magde-
ldine. Elle eft affez grande , fck on affure que les terres
y font bonnes. On pêche par-tout là beaucoup de mo-
rue, de loups marins , de vaches marines & de mar-
fouins.
L'ISLE DE MADERE. Voyez Madère.
L'ISLE-MADON , isle de France , en Bretagne , au
nord de l'Isle-Melon, au nord-nord-oueft d" Aberilduc.
L'ISLE DE MAES, isle fur la côte occidentale d'Ir-
lande, au midi de la pointe qui forme la baie de Peter-,
buy, au comté de Galloway.
L'ISLE DE MAGELLAN. Voyez Fuego.
1. L'ISLE DE MAINLAND, isle d'Ecoffe, l'une
des isles de Schetland. Voyez Mainland. i.
2. L'ISLE DE MAINLAND , isle d'Ecoffe, entré
les Orcades. Voyez Pomona 2.
L'ISLE DU MAIT. Voyez I'Isle-Dumet.
LES ISLES MALOUiNES, isles de l'Océan, à l'o&
rient du détroit de Gibraltar, entre les isles Sebaldes Û
les isles d'Anicon.
L'ISLE DE MAN, rsle de la mer d'Irlande. Voyez
Mai*.
L'ISLE-MAN, petite isle des Indes, au golfe de Ben-
gale. C'eft la même que Pulo-Maon.
L'ISLE DE MANDOÉ, isle de Danemarck, fur la
côte occidentale du SlelVig , à l'entrée du port de Ry-
pen.
L'ISLE DE MANGERA , isle de la mer du fud,
dans la Nouvelle Espagne , au golfe d'Amapalla : elle
eft ronde , d'environ deux lieues de circuit , ck paroît
comme un grand bois : elle eft toute entourée de ro-
chers , ck n'a qu'une petite baie fablonneufe du côté
dunord-eft. La terre en eft noire, peu profonde ck mê-
lée de pierres , produifant néanmoins de fort gros ar-
bres propres à la charpente. Au milieu de l'isle il y a
une ville d'Indiens & une jolie églife Espagnole. Les In-
diens ont autour de la ville des plantations de mais
ck quelques plantains. lis ont quelques coqs Se quelques
poules , fans. autre forte de volaille ; ils n'ont auffi au-
cune autre bête à quatre pieds que des chiens ck des
chats. On vient de la ville à la baie, par un petit che-
min escarpé ck pierreux. Il y a toujours dans cette baie
dîx ou douze canots fur le fec , & que l'on ne met à l'eau
que quand on en a befoin. * Dampier , Voyages, m,
^L'LVlE DES MANGHISI, presqu'isle, fur la côte
orientale de Sicile, entre Augufta au feptentrion, ck Si-
racufe au midi. Elle eft liée à la Sicile par un ifthme
fort étroit au midi , duquel eft un ancrage affez bon ,
qui forme le port de Targia.
L'ISLE DE MANIPE, isle entre les Moluques, près
de l'isle de Burro ; on paffe entre ces deux isles, pour
aller d'Amboine à Ternate.
L'ISLE MANITOUALLM, isle de la Nouvelle France,
dans le lac Huron , par les 44 d. de latitude nord. Sa
longueur de l'orient à l'occident eft d'environ quarante
lieues ; mais elle a peu de largeur. Elle n'eft éloignés-
de la côte feptentrionale du lie Huron , que de quel-
ques lieues. Ses côtes font fort poiilonrieufes , fon ter-
rein eft affez bon en quelques endroits, ck on y voyoit
' autrefois une grande quantité d'orignaux ck d'autres bê-
tes fauves ; mais le nombre en eft fort diminué depuis
que les Sauvages y ont fait la chaffe.
L'ISLE D£ MANO , petite isle du golfe de Livo-
nie , à l'entrée de la rivière de Pernau.
L'ISLE DE MANSFELD , petite isle de la terre
Arctique, dans la baie de Hudson, près du détroit. Les
François lui ont donné le nom de Pkdyptaux.
L'ISLE DE MARAGNAN. Vovez Maragnan.
LES ISLES DES MARCHANDS , isles des terres
Ar£tiques? dans le détroit de Davis, fur la côtedeLon-
'Vo
1SL
ISL
aies, qui eft du Groenland, près de l'embouchure delà lieues de circuit., &'que le havre y eft Fort bon , tant
rivière de Fisce. parce qu'il a du moins cent brades d'eau à l'entrée, que
L'ISLE DE LA MARGUERITE. Voyez Margtje- parce qu'il peut contenir plus de cinquante grands navi-
RÎTE. . . . res , qui s'y trouvent à couvert de tous les vents. Elle
LES ISLES MÀRIANNES. 'Voyez MARIANNE. a des montagnes que leurs pointes élevées font paroître
L'ISLE DE MARDOÉ, isle de Norvège , dans k de fort loin-, Se qui font très-agréables , étant revêtues
mer de Danemarck,, au gouvernement d'Aggerhus , à d'un vert perpétuel , quoiqu'à la réferve de quelques pal-
l'entrée du port de Mardoé. mites & cocos , qui portent un peu de fruit , tous les
LES ISLÈS-MARIE , islés de la mer du fud , fituëes autres arbres foient fauvages. Il y en a dans les vallées
à il d. 40' de latitude. Ce font trois isles inhabitées, qui ont uneécorce verte, Scie bois en-dedans auffi noir
éloignées du cap San-Lucar, en Californie, de quarante que de la poix. Il eft pris par quelques-uns pour la véritable
liejes à l'oueft-fud-oueft , &C de vingt du cap Corrïente, ébène. On y trouve d'autres arbres , dont le bois eft
du même côté que le cap San-Lucar. Elles ont environ d'un rouge haut en couleur, ou jaune comme de la cire,
quatorze lieues d'étendue nord-oueft &£ fud-oueft. Fort Le poiffon , tant de mer que de rivière, y eft en telle
près de ces isles font deux ou trois petits rochers éle- abondance , que d'un feul coup de filet on y pêche de
vés. La plus occidentale eft la plus grande des trois , & quoi en faler deux ou trois tonneaux. Il y en a d'une
elles font toutes .paflablement hautes. Le terroir eftpier- espèce , qui eft presque femblable à la brènfte ; mais ce
reux & aride. La plus grande partie de la contrée eft poiffon eft fi venimeux, qu'il caufe à ceux qui en man-
couverte d'arbriffeaux , &C de broffailles fi épaiffes, qu'on gent une très-grande douleur pendant plufieurs jours. Il
a de la peine à traverser. Il y a , en quelques endroits, y a des tortues de mer & de terre^ en quantité. Les der-
quantité de cèdres grands & élevés. Tout le long de la nieres n'ont pas fi bon goût que celles de mer , dont
côte , le terroir eft fablonneux. Il y croît une plante pi- quelques-unes ont plus de trois cents œufs dans le corps,
quante & verte , dont les feuilles font fort femblables auffi gros que ceux de poule. Leurs écailles ou coquilles
à celles du Pengouin , & les racines aux racines ^de l'herbe font fi grandes , que dix ou douze hommes fe pourraient
qu'on nomme Jhnper viva. On tient que les Indiens de mettre dedans. Quand elles font vivantes , elles en por-
Californie en lùbliftent la plupart , en les failant cuire tent jusqu'à quatre fur le dos , &; marchent avec la
au four. On y voit grand nombre de lapins des Indes, même facilité , que fi elles n'étoient chargées d'aucun
& quantité de pigeons & de tourterelles d'une grandeur poids. On trouve encore dans la mer, au-deffous de
Oui n'ëft pas commune. La mer y abonde auffi en poif- l'isle , des haies d'une groffe extraordinaire ; enforte
fons , en tortues & en veaux marins. On a observé , à qu'une feule fuffit pour deux repas à tout l'équipage d'un
l'égard des veaux marins, que'1'on n'en voit, fi ce n'eft vaiffeau. Il y a auffi des vaches & des veaux marins
fort rarement, que dans les lieux où il y a beaucoup de dont la chair a le goût du veau, & qui font longs de dix,
poiffon. On mouille à l'eft de l'isle qui eft au milieu des douze & quatorze pieds , & gros à proportion. Quant
deux autres , à huit braffes d'eau , fur un fonds bon & aux oifeaux , on y en trouve grand nombre de toutes
fablonneux. * Dampier , Voyage, t. 1, p. 351. fortes qui fë laiffent presque prendre avec la main, pi-
L'iSLE-MARTEAU, petite isle de France , en Sain- geons, tourterelles , hérons, perroquets gris , entremêlés
tonge, à une lieue de Saintes ; elle après de deux lieues
de circuit, & eft formée par les rivières de Seugue &C
de Charente. Il y a deux hameaux.
LES ISLES DE MARTIN VAÈS, isles de l'Océan,
entre l'isle de l'Ascenfion, qui eft fur la côte du Bréfilj
& l'isle de Sainte-Hélène. Baudrand la donne à l'Afri-
d'autres couleurs , &; fur-tout certains oifeaux auffi gr<
qu'un cygne , qui n'ont ni ailes ni queue. Ils ont feule-
ment trois ou quatre plumes noires qui leur couvrent
les côtés , & par derrière quatre ou cinq petites plumes
entortillées & un peu relevées par-deffus les autres.
Leur pied eft large & épais : leur yeux font gros &c vi^
que , & fe trompe ; les deux isles de Martin Vaës, font lains, ainfique leur bec ; ci ils ont une groffe tête cou-*
féparées par le 20e d. de latitude méridionale , vers les verte de peaux , qui femblent être des morceaux de drap;
358 d. de longitude. De l'Ifle écrit Martin Vaz. On leur. trouve ordinairement une pierre dans l'efto-
_ L'ISLE DE MARTIN WINYARD, isle de l'Ame- mac , auffi groffe que le poing. Leur chair eft fi dure ,
rique feptentrionale , au midi de la Nouvelle Angle* qu'il n'y a aucune chaleur qui la puiffe cuire. On n2
terre , à l'orient de l'Isle-Longue. voit point d'animaux à quatre pieds dans toute l'isle , qui
L'ISLE DE LA MARTINIERE, isle de France, en eft fort propre pour tous les autres rafraîchi ffemens , Se
Bretagne , dans la Loire, au-deffous de Nantes, vis-à- pour y faire de l'eau. Il y a quantité de chauves -fouris
vis du village nommé auffi LA MARTINIERE. Il y a qui ont la tête comme un finge, & qui font plus groffes
plufieurs jillages de ce nom eti^ France, qu'un pigeon. Elles pendent & s'attachent aux branches
L'ISLE DE MARUPTINGE, petite isle deSuéde,
dans la province de Halland , près de Valkenberg.
L'ISLE DE MASCAREGNE. Voyez Mascarei-
GNE.
des arbres , & font beaucoup de mal aux oifeaux. Cette
isle n'eft point habitée. L'air en eft fort fain ; & une
rivière qui l'arrofe, prend fa fource des montagnes. Le
pays eft plein de coteaux , au bord de la mer ; & '.
L'ISLE DE MASCAR1N -, petite isle de la mer du trouve au milieu de belles plaines. Cette isle eft nom-
Sud, entre les isles Galapes, oi la plus méridionale de mée auffi l'Isle de France. * Corn. Diéï.
toutes. • 2. L'ISLE-MAURICE, isle de la mer Glaciale , au
L'ISLE DES MATELOTS, petite isle d'Afie, dans nord de la Moscovie. Les Hollandois lui ont donné ce
l'Océan oriental , & dans l'Archipel de S. Lazare, vers nom , lorsqu'ils cherchoient dans cette mer un paftage
les isles Mariannes. pour aller au Japon.
L'ISLE DE LA MATOTE , isle de France , fur la L'ISLE DE MAY, islI^d'Ecoffe , à l'embouchure du
côte de Gascogne , dans le baffin d'Arcaffon , à l'entrée. Forth , à fept milles des côtes de la province de Fife*
La paffe, qui eft au midi de l'isle, eft plus profonde que C'eft la plus confidérable des isles qui font dans ce golfe,
celle qui eft au levant.
L'ISLE-MAURICE, isle de l'Afrique. Les Hol-
landois l'ont nommée ainfi , du nom du prince d'O-
range, qui étoit amiral des Provinces-Unies , quand ils
arrivèrent, le 18 de Septembre 1598, dans la féconde
navigation qu'ils firent aux Indes orientales , fous l'ami-
Ellê a un mille en longueur , du nord au fud , & un
quart de mille en largeur. Cette isle ne produit point
de bled , mais feulement du pâturage. Il y a une fource
d'eau douce , {k un petit lac. Ses rochers au couchant la
rendent inacceffible , ce qu'elle n'eft pas à l'orient , 011
elle eft unie , & .où elle a quatre ports pour les bateaux,
rai Jacob-Comélis Van-Nek. Les Portugais l'appellent &; un bon havre pour mettre les vaiffeaux à couvert du
llha do Cerno; & quelques-uns veulent croire, fans rai- vent d'oueft. Cette isle abonde en poiffon & gibier,
ion, que ce foit l'isle de Carne, dont Pline fait mention. C'eft ici proprement qu'on trouve le kittawax, oifeau
Cela eft caufe qu'ils la placent à 18 d. 30' de latitude de la groffeur d'un pigeon, qui, au mois de Juillet, eft
.méridionale , ou Cançhe prétend qu'eft fituée l'isle ap- préféré à la perdrix. Le ftouf eft plus petit qu'un ca-
pellée Sainu-ApolLonie ; mais ce fentiment ne fauroit fe nard , mais fes œufs font plus gros que ceux d'une oie ;
foutenir, puisque l'on fait que fa véritable fituation eft ck étant bouillis durs , fe mangent avec du vinaigre &
fous le vingt & unième degré de latitude méridionale, du perfil , & ont fort bon goût. * Etat préfint de la.
près de l'isle de Mascarenhas. Mandeslo , dans (on Grande-Bretagne , t. 2 , p. 308.
.Voyage des Indes , /. 3 , dit qu'elle a environ quinze II y a un fanal pour les vaiffeaux qui paffent près de.
ÏÔLj
la. C'eft uns tour de quarante pieds de hauteur , où l'on
Tait du feu chaque nuit ; ckpour l'entretenir, chaque na-
vire paye deux fols par tonneau, Celui qui a bâti cetié
tour , eut le malheur d'être noyé comme il s'en retour-
noit chez lui dans la province de tife , ayant été fur-
pris par une tempête > que des forciers cauferent par le
Secours du prince de l'air, félon leur confeffion , lors-
qu'ils vinrent au lieu du fupplice. -
Ce qu'il y a encore de remarquable dans cette isle,
c'eft qu'elle étoit autrefois dédiée à S. Adrien, & qu'il y
avoit un couvent ck une chapelle. Les femmes fiérilesy
alloient en pèlerinage ; ck on étoit fi persuadé qu'elles
y obtenoient la fécondité par l'intercemon dufaint, que
.Wod de Largo, fameux capitaine de mer, o'btint plu-
sieurs terres en fief du roi Jacques IV, pour être prêt en
tout tems à le transporter dans cette isle avec la reine,
'pour vifiter l'églife de S. Adrien.
i. L'ISLE DE MAY. Voyez Mayo ; c'eft l'une des
Isles du Cap-Verd.
L'ISLE DE MELEDE, isle du golfe de Venife, fur
la côte de Dalmatie , au nord-oueft de Ragufe.
. LTSLE DE MELHAM, isle de France, en Bretagne,
l'une des Sept-Isles.
L'ISLE DE MENANE , petite isle de l'Amérique
Septentrionale, dans l'Acàdie , fur la côte occidentale
de la baie Françoife, vis-à-vis de l'Isle-Longue.
. L'ISLE DE MENDU , isle de France, en Bretagne.
C'eft un écueil près de la pointe la plus feptentrionale
de l'isle d'Ouetïant.
. L'ISLE DE MENOSOU , petite isle de France , en
Bretagne , près du havre d'Abrevrack , ck de l'isle de
Bervil.
i. L'ISLE DE MIDDELBOURG,isied'Afie, dansle
"détroit qui fépare l'isle de Leyden d'avec l'isle de
Delft , au couchant de Jafnapatan , royaume de l'isle de
Ceylan.
i, L'ISLE DE MIDDËLBOURG, isle d'Afie, au nord
de l'isle de Java, au couchant de l'isle d'Amfterdam, au
nord de la pointe qui eft auprès de l'embouchure de la
rivière de Tangerang.
3. L'ISLE DE MlDDÈLBOUR'G , petite isle de la
mer du Sud , auprès des isles d'Amfterdam ck de Roter-
dam , vers le 21e d. de latitude méridionale , au midi
des ides de Salomon.
L'ISLE DE MILHAU, MilîAU ou Milio, petite
isle de France, eh Bretagne, près du continent, au nord
du port de Lanion.
L'ISLE DE MINDANAO. Voyez Mindanao.
L'ISLE DE MINDORA. Voyez Mindora.
L'ISLE M1NONG , isle de l'Amérique leptehtrîbnàlej
dans la Nouvelle France , ck dans le Lac-Supérieur.
L'ISLE-MISCOU. Voyez Miscou.
L'ISLE DE MISSILIMAKINAC. Voyez Missilî-
MÀICINAC.
LES ISLES DU MOINE , petites isles de la Nor-
vège , au gouvernement d'Aggerhus , au midi ck à l'en-
trée du golfe d'Anslo.
L'ISLE DU MOINE, isle de France, enBrltagne *
l'une des Sept-Isles.
L'ISLE- AUX MOINES , isle dé France, en Breta-
gne , dans le Morbian , à l'orient de l'isle d'Ars : elle
eft longue ck habitée.
L'ISLE-MOLENE, isle de France, en Bretagne, en-
tre le Conquet & les isles d'Oueffant. Elle eft habitée ,
& accompagnée fur-tout àl'eft ck au fud-eft d'un grand
banc qui s'érend' jusqu'à l'isle de Trielen.
L'ISLE DE MOLIN, isle fur la côte occidentale
d'Irlande , au comté de Galloway , au midi de la baie
de Concachin , ck à l'occident de l'isle- Gormène.
LES ISLES MOLUQUES. Voyez Moluques.
L'ISLE-MONICHE , isle de la côte occidentale d'Ir-
lande,, au midi de la baie de Peterbuy, entre l'isle de
Maës & l'isle de Finiche.
L'ISLE DE MONTRÉAL, isle de l'Amérique fepten-
trionale , dans la Nouvelle France , au confluent de la ri-
vière des Outaouacs & de celle des Iroquois. Voyez
Mont-Réal.
L'ISLE DU MONTRÉAL , autre isle du Canada ,
dans le Lac-Supérieur , à l'embouchure de la petite ri-
vière de Batchianon, au pays des Outaouacs.
L'ISLE DE MORGOL, petite isle accompagnée ck
quelques écueils , fur la côte de France , en Bretagne ,
entre les isles de Quemènes, de Litri & de Beniguet.
L'ISLE DE MORVIL , petite isle de France , en
Bretagne, entre l'isle du Grand S. Sauveur & la terre
ferme.
L'ISLE DE MOSGRET, petite isle d'Irlande , aiî
comté de Galloway , à l'entrée de la baie de Conca-
chin.
L'ISLE DE MOTTON, isle d'Irlande, danslabaie
de Galloway, à l'entrée de la rivière de Galloway. '
L'ISLE DES MOUCHES. De l'Ifle, & autres géo-
graphes François , appellent ainfi l'isle que les Hollan-
dois nomment FLiegcn Eyland. Elle eft dans la mer du
fud, à l'occident méridional de l'isle d'Eau, vers le 224e 'd.
de longitude , 6k par les 15 d. 20' de latitude méridio-
nale.
LTSLE DE MOUS Aspérité isle de l'Océan fepten-
trional, entre les isles de Schetland, à l'orient de l'isle
de Mainland.
^L'ISLE-AUX-MOUTONS , isle de France , fur la
côte de Bretagne , entre les isles de Glénan & la terre
ferme.
LTSLE DE MUCK, petite isle d'Ecofle, entre les
Wefternes , à l'orient de l'isle de Rum. Elle a quatre
milles de tour, ck eft environnée de rochers. Elle eft
fertile en bleds & en pâturages, Se fe diftingue par la
beauté de ks faucons. * Etat préfint de la Gr. Bret.
' LTSLE9 DU MULL. Voyez Mull.
L'ISLE DE MULSOÉ, l'une des isles de Féro, au
levant de celle de Strono. Elle eft longue ck étroite.
LTSLE DE MUM. Voyez Mum.
L'ISLE DE NAOS ou Ilha das Naos, isle de la
mer des Indes, tout auprès de Malacca. Elle n'eft pas
plus grande que deux fois le dam dvAmfterdam. Voyez
Malacca.
L'ISLE DE NAROHO , isle du golfe de Finlande,
au nord-oueft du port de Revel, dans l'Eftcnie.'
LTSLE DE NASSAU, isle de la mer des Indes, au
couchant de l'isle de Sumatra, à 3 d. 20' de latitude mé-
ridionale. Elle eft affez grande , mais déferte & pleine
de grands arbres. Environ à un mille de cette isle , il y
en a une autre petite pleine de Cacaotiers.
L'ISLE DE NAXIE. Voyez Naxos.
L'ISLE DE NAZARETH, petite isle de la mer dès
Indes ,'à l'orient de la baie d'Antongil, qui eft de l'isle
de Madagascar, par le 80e d. de longitude, ck le 16e d.
40' de latitude méridionale.
L'ISLE DE NEGREPONT. Voyez Negrepont.
L'ISLE DE NEMSON , isle de Suéde, dans le golfe
de Bothnie , à l'embouchure de la rivière d'Angerman,
qui fépare l'Angermanie d'avec la Médelpadie.
L'ISLE DE NERA ou Pulo Nera , isle de la mer
des Indes , entre les isles de Banda parmi les Moluques ;
quoique petite , elle eft importante à caufe des épiceries
qu'elle produit. Elle eft entre les isles de Banda , de
Gumanapi ck de Ceram.
L'ISLE DE NERFWO, petite isle du golfe de Fin-
lande, au couchant de l'embouchure de laNieva, à l'o-
rient de l'isle de Hoghland , & au nord-nord-eft de Ru-
tensari.
L'ISLE DE NERMOUSTIER. Voyez NOirmous-
TIER.
L'ISLE DE NERNOT, islë de France , en Breta*
gne, au nord-eft , & affez près de l'isle des Saints.
LES ISLES DE NICOBAR. Voyez Nicqbar.
L'ISLE DE NIEVES. Voyez Nieves.
LTSLE DE NIVEAU , petite isle de France , en
Bretagne, fur la côte méridionale de la baie de Douar-
nez.
L'ISLE DE NOIRMOUSTIER. Voyez Noirmous-
TIER.
LTSLE DE NONAN , isle de France , fur la côte de
Bretagne , au couchant des Roches de Penmarck.
LTSLE DE NORDERNY, isle de la mer d'Alle-
magne , dans la Frife orientale , entre l'isle de Baltrum
& celle de Juift.
L'ISLE DE NORD - STRAND. Voyez Norû-
Strand.
L'ISLE DE NOTINGHAM , dans l'Amérique fep-
tentrionale , à l'extrémité intérieure du détroit d'Kud-
ÏSL
m
son , environ à douze ou treize heues au nord <iu cap
fie Diegues. Cette isle eft à trois lieues à l'oueft-nord-
oueft de l'isle de Salisbury. La mer y baiffe fept heures,
& en monte (îx. Les couràn's paroiflent fud-eft , nord-
oueft. * La Pothèrie, Hift. de l'Amer, fept. p. 73.
L'ISLE DE NOTRE-DAME, rivière de France, en
Bretagne , dans la rivière de Saint-Malo , au-deffus de
cette ville.
ISLES NOUVELLES. On a donné ce nom a des
fines fituées par les 51^51 degrés de latitude méridio-
nale, environ 50 ou 55 lieues au nord-nord-eft du dé-
troit de le Maire , fk dont on n'a commencé à avoir des
connoïffances certaines que depuis 1700, 1707 & 1708.
Les vaiffeaux de la compagnie des Indes , le Maurepas
& le S. Louis , partant des isles des états , rangèrent la
partie méridionale de ces terres ; le S. Louis y mouilla
même du côté de l'eft, Sx. fit de l'eau à unpetit étang
qui n'étoit pas éloigné de la mer ; cette eau étoit un peu
touffe & fade , mais bonne pour la mer. En 1711 , le
vaifleau le S. Jean-Baptifie , commandé par le capitaine
Doublet du Havre , le's côtoya de plus près ; car cher-
chant à paffer dans un allez grand enfoncement , qu'il
voyoit dans le milieu , il trouva plulieurs petites isles
baffes presqu'à fleur d'eau , qui l'obligèrent à revirer de
bord. On a depuis reconnu que c'étoit les mêmes isles
que M.Eoùquet de Saint-Malo avoit appellées isksd'Am-
can , du nom de fon armateur. La partie _feptentrionale
de ces terres a été découverte, le 16 de Juillet 1708 , par
le capitaine Pore de S. Malo, commandant le^ vaifleau
C AJJbmption , dont il donna le nom à cette côte. Il la
parcourut deux fois , & trouva qu'elle pouvoit avoir
cinquante lieues eft-fud-eft , Sx. ouett-nord-oueft. Il y a
tout lieu de croire que ce font les mêmes que le cheva-
lier Richard Hawkins découvrit, en 1693 , étant à l'eft
de la côte délérte , ou des Patagons , par les 50 degrés
de latitude méridionale. Il fut jette par une tempête fur
une terre i.iconnue , Sx. courut le long de ces côtes , en-
viron foixante lieues. , . A
Quelques-uns ont cru que ces terres etoient les mêmes
que les Isles-Sebaldes , & que les trois, qui portent ce
nom dans les Cartes , n'avoient été ainfi marquées, que
faute d'une connoiflance plus parfaite ; mais le vaifleau
t Incarnation de S. Malo , les a reconnues , en 171 1,
par un beau tems , à la fortie de Rio-Janéiro. Ce font
eijtfiivement trois petites isles , d'environ demi-lieue
de'long, rangées en triangle. Ce vaifleau n'en parla
qu'à trois lieues, Sx n'eut aucune connoiflance d'autres
terres , quoique le tems fût fort ferein ; ce qui prouve
qu'elles font féparées des Lies-Nouvelles , au moins de
fept à huit lieues. M. de Beauchêne, en 1701, relâcha aux
mêmes Isles-Sebaldes , fans avoir aucune connoiflance
des Isles-Nouvelles , dont la partie occidentale eft entiè-
rement inconnue. * Notes duP.Charlevoix.
L'ISLE D'ODENSHOLM , petite isle de l'Eftonie,
à l'entrée du golfe de Finlande.
ISLE-AUX-CEUFS , une des fept isles , qu'on trouve
fur la droite , en remontant le fleuve S. Laurent , envi-
ron à vingt lieues de l'embouchure de ce fleuve. Cette
isle eft célèbre par le naufrage d'une bonne partie de la
flotte Angloife, qui alloit faire le fiége de Québec. *HiJi.
de la Nouvelle France , du P. Charlevoix.
1. ISLEA-UX-OISEAUX. Voyez Aves.
2. ISLE-AUX-OISEAUX. Ce font plufieurs peti-
tes isles, découvertes par Jacques Cartier, dans le golfe
S. Laurent. Il leur donna ce nom , parce qu'elles font
toujours couvertes d'un fi prodigieux nombre d'oifeaux,
que la terre eft couverte de leurs œufs Sx de leur fiente,
Sx que d'un coup defufil, l'air en eft rempli. * Journal
du P. Charlevoix.
L'ISLE D'OLERON. Voyez Oleron.
LiSLE D'OMBA , isle de l'Océan oriental , à cinq
ou fix lieues au plus dunord-eft de l'isle de Timor, l'une
des Moluques , à 8 d. 10' de latitude. Elle a environ
treize à quatorze lieues de long , & cinq ou fix de large.
* Dampier^ Voyages , t. 2, p. 136.
L'ISLE D'ONRUST. Voyez Onrust.
1. L'ISLE D'OR. Voyez Kinsima.
a. L'ISLE D'OR , isle de l'Amérique. C'efl: la plus
orientale des trois qui occupent l'ouverture du "havre de
Darien , à l'entrée de la rivière de Darien. Il y a un
teau canal bien profond entre cette isle 5c la haute mer,
ÏSL
On n'y voit que des rochers escarpés tout à l'entoiïrï
ce qui lui fert de fortification naturelle ; Sx il n'y à
qu'un feul endroit par où Ton y puiffe aborder, qui eft
une petite baie fablonneufe au fud , vers le havre , d'où
le terrein s'élève infenfiblement. Elle eft d'une hauteur
médiocre , ck couverte de petits arbres ou buifîbns. Le
terroir oppofé de l'ifthme au fud-eft , paroît très-fertile',
de couleur noirâtre , mêlé de fable , ik affez uni , l'es-
pace de quatre ou cinq milles jusqu'à ce qu'on vienne
au pied des montagnes. *Vafer •■, Voyages , p. 44.
L'Lle d'Or eft dans le pays des Sambres , ou au voi-
finage. Les Ecoflbis y avoient commencé un établiffe-
ment, en 1699; ma's ''s furent bientôt obligés de l'a-
bandonner. * Notes du P. Charlevoix.
L'ISLE-ORAGEUSE, isle de la mer Auftrale , vers
la Nouvelle Guinée , à fept ou huit lieues à l'eft de celle,
de Matthias. Elle eft baffe, unie Sx chargée de bois, dont
les arbres paroiflent hauts , gros , verdoyans , èk fort
près les uns des autres. Elle peut avoir deux ou trois
lieues de long. Vers fa pointe fud-oueft, ôc à un mille
ou environ , il y en a une autre petite , baffe , pleine
de forêts , ck d'un mille à peu-près de circuit. Entre
ces deux isles , il y a une chaîne de rochers , qui les
joint ensemble. Dampier, qui y effuya de rudes-tourbil-
lons, donna à la plus grande le nom d'Isle-Orageufe.'
* Dampier , Voyages , t. 4 , p. 77.
1. L'ISLE D'ORANGE : les Hollandois qui voya-
geoient avec Dampier , nommèrent ainfi la plus grande
& la plus occidentale des cinq isles fans nom , qui fe
trouvent marquées fur les Carres entre l'isle de For-
mula ck l'isle de Luçon. Isles de Bashée eft le nom gé-
néral qu'il donne à ces isles.
2. L'ISLE D'ORANGE, isle de la mer feptentrio-
nale, à l'extrémité de la Nouvelle Zemble , près du cap
glacé , par les 77 d. de latitude.
L'ISLE D"ORLÉANS , isle de l'Amérique fepientrio-
nale , dans la Nouvelle France , ck dans le fleuve S. Lau-
rent, à cent dix ou douze lieues de la mer. Elle partage
le fleuve en deux canaux affez inégaux ; ck il n'y a que
celui du fud, lequel a environ une demi-lieue de large;
qui foit navigable pour les navires. Celui du nord eft
plus étroit , ck il n'y peut paffer que des chaloupes ,
encore faut-il que la marée foit haute. L'isle d'Orléans
a fix ou fept lieues de long , ck environ deux lieues de
largeur moyenne. En 1676, elle fut érigée en comté fous
le nom de comté de S. Laurent , en faveur de François
de Berthelos, fecrétaire général de l'artillerie, qui l'a-
voit acquife de François de Laval , premier évêque de
Québec ; ck elle a été depuis vendue au fieur Gaillard,
confeiller au confeil fupérieur de la nouvelle France ,
dont la famille en eft encore en poffeflion. Lorsque Jac-
ques Cartier découvrit cette isle, en 1535 , il la trouva
couverte de bois, ck remplie de vignes fauvages , Sx il
la nomma l'isle de Bacchus. Des Normands s'y étant
établis depuis, amenèrent les vignes, coupèrent la plu-
part des afbres, y feraerent du bled_, y plantèrent des
pommiers , ck lui donnèrent le nom à Isle d'Orléans. Les
terres y» font fort bonnes , ck on y compte aujourd'hui
fix paroifies bien peuplées. L'isle d'Orléans s'avance
jusqu'à une lieue de Québec, dont elle ferme le port,
ck le défend' des vents de la partie de l'eft. * Notes du
P. Charlevoix.
L'ISLE D'ORMSO, petite isle de la mer Baltique,
dans le Moonfund ou détroit, entre l'isle de Dagho Se
l'Eftonie , par le travers de Hapfal.
L'ISLE D'ORONSA ou Oronsay, petite isle d'E-
coffe entre les Wefternes. L'Etat préfent de la Grande-
Bretagne , t. 2 , p. 289 , porte Oroirfay ck Colonfay ,
deux isles au couchant de Jura , Sx qui ne font féparées
l'une de l'autre que par un petit détroit. Elles font à-
peu-près de même étendue , favoir cinq ou fix milles
de circonférence : la première eft fertile en bleds & en
pâturages. Il y a une églife ck une chapelle , ck il y avoit
autrefois un couvent.
L'ISLE D'OUESSANT. Voyez Ouessant.
1. L'ISLE-AUX-OURS , en Flamand Seeren We-
land , petite isle de l'Océan léptentrional , entre le Spitz-
berg & le cap de Nord, qui eft de la Norvège. Elle eft
déferte & inhabitée.
2. L'ISLE AUX-OURS,ou Beeren ouHogs. Ce
font cinq petites isles fur la côte occidentale d'Irlande ,
dans
ISL
ISL
dans la province de Munfter , au comté de Kéry, de-
vant le port d'Ardart.
L'ISLE-AUX-OURS BLANCS , ïsle de l'Amérique,
au fond de la baie de Hudson. C'eft la même que l'isle
Agameske.
L'ISLE D'OVERFLAKÉE. Voyez Overflakée.
L'ISLE DE L'OYE , petite ifle de France, au pays
d'Aunis, au nord de l'isle de Ré, dont elle n'eft iepa-
rée que par un canal fort étroit.
L'ISLE DE PACHEÇA, isle de la mer du Sud, en-
tre les Isles-Royales ou des Perles. C'eft la plus fepten-
trionale de toutes ; elle eft petite , & gît à onze ou douze
lieues de Panama. Je crois qu'elle eft nommée Pa-
CHEira, dans les Supplémens au Voyage de Wood-
Rogers.
LES ISLES DE PALAOS ou les Nouvelles Phi-
lippines. Voyez Nouvelles Philippines.
i. L'ISLE DE PALMA, isle de l'océan Atlantique,
l'une des Canaries : c'eft celle du milieu ; elle eft re-
marquable à caufe que quelques géographes l'ont choifïe
pour compter de-là leur premier méridien. Voyez au
mot Méridien. Voyez auffi Palme.
2. L'ISLE DE PALMA. Voyez au mot Sant, l'ar-
ticle Sant-Antioco.
L'ISLE DE PANAY, l'une des Philippines. Voyez
Panay.
L'ISLE DE PANTALARÉE. Voyez Pantalarée.
L'ISLE DE PAPA , l'une des isles de Schetland ,
entre l'isle de Mainlandl, à l'orient de celle de Fulo.
Elle eft nommée Papa & Papastour, dans les Car-
tes du Neptune François.
L'ISLE DE PAPA-STRONZA , petite isle entre les
Orcades , au nord de Stronza. Elle eft fertile &c bien
peuplée.
L'ISLE DE PAPA-WESTRA , petite isle entre les
Orcades , au nord deWeftra. Elle a trois milles en lon-
gueur, ck un mille & demi de largeur. Elle a un bon
havre ck eft affez bien peuplée.
ISLE DU PARADIS , dans l'Amérique feptentrio-
nale, à l'entrée de lac du Xaragès , d'où fort le Para-
guay, entre les 15e & 16e degrés de latitude auftrale.
Elle a environ dix-huit lieues de long ; mais elle n'en a
que trois dans fa plus grande largeur. On y trouve un
très-joli port, qui a été nommé le Porc des Rois. Quoi-
que cette ifle foit fous la zone torride , on y respire
itoute l'année un air pur ck tempéré ; ce qui vient des
vents qui y foufflent régulièrement à certaines heures ,
& des ruifleaux dont elle eft arrofée. La terre y produit
fans culture des fruits, qui ont toute la douceur de ceux
d'Espagne. On n'y remarque presque point , dit-on, de
différence de faifon , ck on y peut femer ck recueillir
toute l'année. Les Orejones qui l'habitent, fe fentent de
la douceur du climat; ils font du vin avec du miel: la
chafle ck la pêche y font fi abondantes , qu'on dirait
que lé gibier ck le poiflbn viennent s'y préfenter d'eux-
mêmes. Ce font tous ces avantages qui lui ont fait don-
ner le nom qu'elle porte. * Hifi. du Paraguay , par U
P. Charlevoix.
L'ISLE DU PARISIEN , petite isle de l'Amérique
feptentrionale , fur la côte méridionale du Lac - Supé-
rieur.
, L'ISLE DU PATRIARCHE , petite isle de la Mé-
diterranée , fur la côte d'Afrique , & plus particulière-
ment , fur la côte de Derne , au royaume de Tripoli ,
auprès du port nommé de même Patriarcha. De
l'isle l'omet fur fa Carte, quoiqu'il y marque le port de
même nom ; mais il met plus à l'orient Fisle de Bomba
par le travers du port de Trabuch. Berthelot, dans fa
Carte de la Méditerranée , ne met ni l'isle ni le port du
Patriarchat , mais bien l'isle de Bomba, accompagnée
de quatre petits écueils au midi ; mais ces deux derniers
géographes la placent un peu diverfement.
L^ISLE DE PAXAROS , isle de la mer du Sud , fur
la côte occidentale de la Californie, près du cap de S. Au-
guftin , par le 30e d. de latitude feptentrionale.
L'ISLE DE LA PAZ ou de la Paix , isle de la
mer Vermeille, fur la côte orientale de Californie, au-
près du port de la Paix.
L'ISLE DE PEDRA , isle des Indes , dans le port
de Malaca , au nord-oueft. On en tire de la pierre pour
m
les édifices de là ville ; de-là vient îe nom que les Por-
tugais lui ont donné d'iLHA DE Pedra.
1 . L'ISLE-PELÉE, petite ifle de France, fur la côte de
Normandie , au Cotantin , au nord-eft de l'embouchure
de la Divete , à la rade de Cherbourg.
2. L'ISLE-PELÉE, petite isle delà nouvelle France,
dans le fleuve Miffiffipi, au-deffus immédiatement du lac de
Bon-fecours, qui a une lieue de large ck fix de long ,
trois lieues au-deffous de la rivière dé Sainte-Croix. On
l'appelle Îlsk-Pdée, parce qu'elle n'a point du tout
d'arbres ; mais on prétend que les rerres y font fort
bonnes. Les François qui viennent du Canada , pour tra-
fiquer des pelleteries avec les Sauvages des environs du
Miffiffipi , y établiffent leurs magafins , & y paffentl'hy-
ver, parce que la chaffe eft fort abondante dans les prai-
ries, |qui bordent en cet endroit le fleuve des deux cô-
tés. * Notes du P. Charlevoix.
L'ISLE DE PENIBIHAN, petite isle de France, en
Bretagne , au fud-fud-eft de l'Isle-Brani , dans le Mor-
bian ; elle eft fort petite en comparaifon de l'Isle-aux-
. Moines , au midi de laquelle elle eft fituée.
L'ISLE DE PENTARE , petite isle des Indes , en-
tre les ^Moluques , environ à fept lieues de l'oueft de
l'isle d'Omba. Elle eft affez grande ; du côté du fep-
tentrion il y a une grande ville , qui n'eft pas éloignée
de la mer. Entre les isles d'Omba ck de Pentare , ck an
milieu du canal , il y a une petite isle baffe êk fablon-
neufe, avec des bancs de chaque côté ; mais près de
Pentare il y a un bon canal , entre ce banc ck ceux des
environs de la petite isle. *Dampier, Voyages, t. i.
p. 136.
ISLE-PERCÉE, isle de l'Amérique feptentrionale s
dans le golfe de S. Laurent, entre la pointe la plus mé-
ridionale de l'isle d'Anticofti ek la baie de Gaspé à l'em-
bouchure de la rivière. Cette isle eft une grande roche
qui peut avoir cinquante à foixante braffes de hauteur à
pied droit des deux côtés, & trois ou quatre braffes de
largeur.^De baffe mer on y va de terre ferme à pied fec
tout à l'entour. Sa longueur peut être de trois cents cin=
quante à quatre cents pas. Elle a été bien plus longue
autrefois , puisqu'elle alloit jusqu'à l'isle de Bonaventure-;
mais la mer l'a mangée par le pied , ce qui l'a fait tom-
ber. On a vu qu'il n'y avoit qu'un trou en forme d'ar-
cade , par où une chaloupe paffoit à la voile ; & c'eft
ce qui lui avoit fait donner le nom d'Is/t-Pereà. Il s'eft
depuis d'autres trous femblables , 6c il y a apparence
qu'il s'en fera tant que ces trois trous arToibliffant ion
fondement , feront caufe à la fin de fa chute entière ,
après quoi, les navires n'y pourront plus demeurer. Tous
ceux qui viennent faire leur pêche , mouillent l'ancre à
l'abri de cette isle à la longueur d'un ou de deux cables.
Ils y trouvent trois ou quatre braffes d'eau , ck en s'é-
loignant il y a plus de profondeur. A la longueur de qua-
tre à cinq cables de cette isle , il y a trois roches qui
couvrent de pleine mer ; ck la plus au large eft à deux
ou trois longueurs de cable de la terre : ces rochers-là
rompent encore la mer , ce qui fait qu'elle n'eft pas fi
rude. La pêche de la morue y eft très-abondante , &
on y prend grand nombre de maqueraux ck de harengs.
* Denis , Descr. de l'Amer, feptent. t. 1 , c. 9.
LES ISLES DE PERICON ; ce font trois petites
isles ftériles ck pleines de rochers , dans la mer du Sud,
auprès de Panama dans la baie.
LES ISLES DES PERLES, dans le golfe de Panama;
on les nomme aufli les Isles-Royales. Voyez fous
ce nom.
L'ISLE DES PESCHEURS. Voyez l'Isle des
PlSCADORES.
LÈS ISLES DE PESIGUIER , isles de Portugal ,
fur la côte d'Alentejo, au nord de Villa-Nova de Mil-
fontes. Elles font nommées Ilhas de Pesqueira, dans la
grande Carte de Jaillot , 6k font au midi de Sines. De
l'Ifle les appelle Isles de Preigueira.
LÈS ISLES DE PESQUEIRA. Voyez l'article pré-
cédent.
L'ISLE-PHELYPEAUX , nommée VIsk-Mansfdd
par lesAnglois ; elle eft dans l'Amérique feptentrionale,
à l'oueft du Cap de Diegues. C'eft proprement la pre-
mière terre que l'on trouve dans la baie de Hudson, pour
faire la véritable route du fort Nelson , favoir, en pre-.
Tome 'M, A a a a
ÏSL
rant au bout du nord, au 62e d. 56', à vingt-neuf lieues
du cap de Diegues , fanant l'oueft quart fud-oueft.
* La Potherie , Hiftoire de l'Amérique feptentrionale ,
p. 26.
LES ISLES DES PHILIPPINES. Voyez Philippi-
NELÉS ISLES DES NOUVELLES PHILIPPINES.
Voyez l'article Palaos.
L'ISLE-PIANA , petite isle de la mer Méditerranée,
au midi de la Sardaigne , au levant de l'isle de S. Pierre,
Se au couchant de l'isle des François.
L'ISLE DE PIANO , petite isle de la mer Méditer-
ranée , au nord de la côte occidentale de la Sardaigne,
au couchant du golfe d'Arragonèfe , entre l'isle d'Her-
cule &c les Salines, qui l'ont dans la grande Isle de Sar-
daigne.
L'ISLE DE PICO, isle de l'Océan occidental, &
l'une des Açores , proche de celles de Fayal 8c de Saint-
George. Voyez Pico.
L'ISLE DES PINS , isle de l'Amérique feptentrio-
nale, au midi de la partie occidentale de Cuba , dont
elle eft féparée par un canal de trois ou quatre lieues
de largeur, par le 295e d. de longitude , qui la coupe en
deux parties inégales, dont la plus grande eft à l'orient.
Le Cap-Corrientes dans Cuba eft à cinq ou fix lieues,
à l'oueft de l'isle des Pins , entre laquelle eft Cuba : il
y en a plulîeurs autres fort petites , couvertes de forêts,
& dispersées d'un côté Se d'autre ; mais on y trouve
des canaux entre deux , par où les vaiffeaux peuvent
paffer, & l'ancrage eft bon auprès de chacune. Les pe-
tits bâtimens de la Jamaïque panent quelquefois entre
l'isle de Cuba 8e l'isle des Pins , lorsqu'ils vont contre
le vent , parce que la mer y eft toujours calme. Cette isle
, des Pins a onze ou douze lieues de longueur , Se trois ou
quatre de largeur. Son oueft eft un pays bas 8c rempli
de mangles. Il y a un lac de- trois ou quatre milles an-
gîois de large , qui s'étend du côté de l'eft , avec une
petite crique de deux ou trois pieds d'eau, qui fe jette dans
la mer. Ce lac a fi peu de profondeur , fur-tout auprès
de l'isle , qu'on n'y fauroit conduire un canot à vingt ou
trente pas du rivage. Le fud de l'isle eft bas , plat 8c
pierreux. Les rochers font escarpés & perpendiculaires
du côté de la mer. Ainfï l'on ne peut mouiller de ce
côté-là ; mais il y a un fort bon ancrage à l'oueft fur un
fond de fable. Le corps de l'isle eft un pays élevé ; &c
l'on y voit plufieurs petites collines tout autour d'une
haute montagne qui eft au milieu. Il croît-là plufieurs
arbres de différentes espèces , dont la plupart font in-
connus en Europe. Les mangles rouges viennent dans
le pays bas Se marécageux auprès de la mer ; mais les
collines font presque toutes couvertes de pins , & il y
en a même des forêts entières , où ils font d'une hau-
teur confidérable , fort droits 8c allez gros pour fervir
de grands mâts fur les petits bâtimens. On trouve à
l'oueft une rivière d'eau douce affez large ; mais on n'en
peut approcher du côté de la mer , à caufe des mangles
reuges qui font fi près les uns des autres fur fes bords ,
qu'on n'y fauroit pénétrer. Les animaux de terre font
les daims , les taureaux 8c les cochons. Il y a allez de
fruit dans les bois pour ces derniers , Se les autres paif-
fent dans de petites favanes. On voit encote là une
fotte de lapins des Indes , &C on trouve en quelques en-
droits des tortues de terre en abondance, & deux fortes
de cancres de terre , des blancs Se des noirs. Les uns Se
les autres font des trous dans la terre comme les lapins.
Ils s'y tiennent enfermés pendant le jour , 8e ils en for-
tent la nuit pour chercher à paître. Ils vivent de ver-
dure, d'herbages ou de fruits qu'ils trouvent fous les ar-
bres. Ils dévorent même avidement le fruit qu'on ap-
pelle mançanilk , fans qu'ils en reçoivent aucun mal ,
quoiqu'il n'y ait ni oifeaux ni bêtes , qui en veuil-
lent goûter. Auffi ces cancres qui (e nourriffent de
mançanilk , font- ils venimeux , tant pour les hom-
mes que pour les bêtes à quatre pieds , qui en man-
gent. Les autres cancres font fort bons 8c fains. Il y en
a parmi les blancs, qui font auffi gros que les deux poings
mis ensemble. Ils ont la figure des écreviffes de mer,
Se deux bras avec lesquels ils pincent fi fortement, qu'on
ne peut les obliger à lâcher prife , quand même on les
niettroit en pièces , à moins qu'on ne leur rompe un des
ISL
bras. Si par hazard ils vous attrapent les doigts , le plus
court eft de mettre d'abord la main toute piate contre
terre avec le cancre , &c auffi-tôt il quitte les doigts 5c
prend la fuite. Ces cancres blancs font leurs trous dans
les endroits fales 8c marécageux auprès de la mer ; de
forte que la marée y entte 6c les lave. Les noirs font
beaucoup plus propres. lis aiment un terrein fecce fablon-
neux, 8c c'eft où ils bâtiffent leurs nids. Ils font d'ordi-
naire gras 8c pleins d'œufs. On trouve encore quantité
d'alligadors 8c de crocodiles , qui rodent autour de cette
isle. On tient que ce font les plus hardis d'entre tous
ceux des Indes occidentales. Les Espagnols de Cuba o;it
dans l'isle des Pins des troupeaux de cochons, &C quel-
ques Indiens ou Mulâtres pour les garder. 11 y a de plus
des chaffeurs qui gagnent leur vie à tuer des cochons fau-
vages 8c des bœufs. *Dampier, Supplément des Voyages,
x.part. ci.
LES ISLES DE PISCADORES ou les Isles des
PÊCHEURS: ce font, dit Dampier , plufieurs grandes
isles défertes , fituées près de Tisle de Formofa , entre
cette isle 8c la Chine , à 2.3 d. ou environ de latitude
feptentrionale , 8c presqu'à la même élévation que le
tropique du cancer. Les Isles-Piscadores font d'une rai-
fonnable hauteur , 8c ont beaucoup de l'air des dunes
de Dorfetshire &c de Wiltshire en Angleterre. Elles pro-
duifent de greffe herbe courte, 8c quelques arbres. Elles
font paffablement arrofées , 8c nourriffent quantité de
chèvres 8c quelques gros bétail. Il y a beaucoup de hau-
teurs fur lesquelles on voit d'anciennes fortifications ;
mais elles ne fervent de rien à préfent , quel qu'en ait
été autrefois l'ufage. Entre les deux isles les plus orien-
tales , il y a un bon havre qui n'eft jamais fans vaiffeaux.
A l'occident de la plus orientale , il y a une grande ville
ôc un fort qui commande ce havre. Les maifons en font'
baffes , mais bien bâties , 8c la place fait une belle per-
fpective. Il y a une garnifon de trois ou quatre cents !
Tartares,qui, après trois ans de féjour, font envoyés dans
une autre place. A l'occident du havre de cette isle ,
tout proche de la mer , il y a une petite ville de Chi-
nois ; 8c la plupart des autres isles ont des habitans Chi-
nois , les unes plus , les autres moins.
^L'ISLEDE PITOMARA, petite ifie d'Italie, fur la
côte orientale de l'ifle de Corfe, entre le golfe d'Arfano,
ÔC celui de Porto-Vecchio.
UISLE DE LA PLATÀ , îfle de la mer du fud, fur
la côte du Pérou, près de Puerto- Vejo, fous le Ier d. io'
de latitude méridionale. Dans le parage fous le vent de
cette ifle , le fond eft très-net , Se il n'y a pas le moin-
dre danger autour de l'ifle : elle a quelques petites ro-
ches au fud. Lorsque vous la découvrez, elle paroit haute
8c ronde ; 8c à mefure qu'on s'en approche , on diroit
qu'elle forme deux ifles , quoiqu'il n'y en ait qu'une :
elle eft à quatre lieues au fud-fud-oueft du cap de S. Lo-
renzo, à dix -huit lieues de la pointe Sainte-Hélène, nord
8c fud ; 8c Salango en eft à fix lieues nord-nord-oueft.
*Ros;ers , Supplément, p. 30.
L ISLE-PLEINE , petite ifle de l'Amérique feptentrio-
nale , dans un lac , à la fource d'une rivière qui fe perd
dans un autre lac , vers les fources du Miflîffipi , au pays
des Sious de l'oueft 8c des Tintons.
L'ISLE -PLÈS, ifle de l'Amérique feptentrionale, au
fond de la baie de Hudson, entre le Cap Henriette-Ma-
rie Se l'ifle Agameske.
L'ISLE DU PLESSIS-MARAIL, petite ifle de France,
dans la Loire , au-deffous de Nantes , entre le banc dg
PainbeufScBelle-Ifle.
LES ISLES DU POINT DU JOUR , petites ifles
de l'Amérique feptentrionale , dans la baie de Hudson, '
au midi de l'ifle de Phelypeaux.
L'ISLE DE POLLO ou Pullo , ifle fur la côte •
orientale de Sardaigne , près du cap de Saroch, à l'en-
trée du golfe de Cagliari.
L'ISLE DE POLVEREN , ifie de la mer des Indes,
au détroit de Malaca, à peu de diftance des ifles de LAS
Jarras , qui font devant le port de Fera.
LES ISLES DE PONTIQUE , deux petites ifles
de l'Amérique feptentrionale , dans la mer du Sud , à
une lieue à l'oueft du Cap-Corrientes , dans la province
de Xalîsco , au Mexique ; elles font ftériles.
L'ISLE DE PORTO RICCO.VoyezPoRToRicco,
ÏSL
riSLE DE PORTO SANTO, Lie deTocéàn Atlan-
tique , près de l'ifle de Madère. Voyez l'article Porto-
L'ISLE DE PORT-ROYAL, petite ifle de l'Améri-
que ieptentrionale , dans la baie de Campèche, à l'oueft
du havre de Port-Royal, & qui fait un coté de l'embou-
chure, de même que le continent fait l'autre. La -partie
orientale de cette ifle eft iablomieufe ; il n'y a presque
point de bois ; mais on y trouve une espèce de bardane
q.ii porte de petits boutons de la groffeur d'un pois gris,
qui l'ont fort incommodes pour ceux qui marchent nuds
pieds" , comme il arrive fouvent à ceux qui demeurent
dans la baie. Il y a quelques buiffons de bois de burton;
& un peu plus avant, vers l'oueft , de grands fapadillos ,
dont le fruit eft long St fort agréable : le refle de l'ifle
eft plus garni d'arbres , fur-tout au nord où le pays eft
couvert des mangles blancs jusqu'au rivage; à l'oueft de
cette ifle eft l'ifle deTrift. Une crique falée les fépare ;
mais elle eft fi étroite , qu'à peine un canot y peut-il
p$er. *,Dampier:, Supplément, t. 3,^.74.
LES ISLES DE PORTUS, isles de la côte fepten-
wîbnale d'Irlande, à l'entrée de la rivière de Band, qui
forme le port de Colraine.
LES ISLES DE POTERIEU, isles de France, fur
la cote de Bretagne , au diocèfe de S. Brieu ,. à la rade
de Bigm. Le Neptune nomme une pointe de ce canton
la points de Ponerieu, près de S. Qu'ai , village dont il
donne le nom à quelques isles voilines. *TaJJîn, Côtes
de France.
LIS LE DE LA POTHERIE , isle de l'Amérique
feptentrionale , à l'embouchure du détroit de Hudson,
à trois lieues de l'isle de laRéfolution, èk dans l'eft de
l'isle de la Sale. Elle a environ quatre lieues de tour :
les bords de cette isle font à pic, &c d'une élévation pro-
digieufe, ainfi que toutes celles de ce détroit. * La Po-
therie, Hift. de l'Amérique feptentrionale, p. 60.
L'ISLE-AUX-POURCEAUX, petite isle de la mer
des Indes, auprès de la grande isle de Java, à trois lieues
de B.mtam.
L'ISLE DES POUTÉOUATEMIS : ce font plu-
fieurs ifles de différentes grandeurs , fituées à l'entrée
de la baie des Puants, c'eft-à-dire à la décharge de cette
baie, dans le lac Michigen. Il y a une de ces ifles, qui
paroît avoir au moins quinze lieues de circuit ; toutes
ïbnt bien brifées, excepté celle où il y a actuellement
'encore un village des Poutéouateims , 6c qui n'eft ni la
plus grande, ni celle dont le terrein paroît le plus fer-
tile. Ces Sauvages , qui ont donné leur nom à ces ifles ,
ont encore deux autres villages affez loin de-là ; l'un fur
la rivière S. Joléph, qui a là décharge dans le lac Mi-
chigen, à l'a côte orientale de ce lac ; & l'autre dans
le détroit du lac Lvié ik du lac Huron. * Notes du
P. Charievoix.
L'ISLE DE PRATA, petite isle de l'Océan orienta^
fur la.côte de la Chine, environ à 2.0 d. 40' de latitude
feptentrionale : elle eft baffe , toute environnée de ro-
chers , entre Manila Se Quangtung ou Canton. * Dam-
pier , Voyages , t. 2 , p. 81.
L'ISLE DE PRESTEGRUNDE , petite isle de
Suéde, fur la côte de Helfingie , pat le travers du port
de Soderham , au golfe de Bothnie.
1. L'ISLE DU PRINCE , petite isle d'Aile, au dé-
troit de la Sonde, près de la côte occidentale de l'isle
de Java : les Hollandois en font les maîtres.
2. L'ISLE DU PRINCE ; les Portugais difentlLHA
DO Principe , isle d'Afrique , dans le golfe de Gui-
née , à la hauteur du cap S. Jean , entre l'isle deFernand-
Po & l'isle de Saint-Thomas. Il y a un village vers la
pointe du nord : elle eft aux Portugais , qui y entretien-
nent une petite garnifon ; le port eft au feptentrîorl , où
j'ai dit qu'étoit le village ; il y a outre cela quelques ha-
meaux, & l'isle eft cultivée.
L'iSLE DE PRINCENTA ou Pulo Languivi,
isle de la mer Orientale , près de l'isle Bouton.
L'ISLE DE LA PROVIDENCE , isle de l'Améri-
que, dans la mer du nord ; c'eft la même que l'ISLE DE
Sainte-Catherine.
LÏSLE DE PUGNIARAN. Voyez Pugniaran.
L'ISLE DE PULO-BAOY, BOSTOC-CON-
DOR , &c. Voyez au mot Pulo : le nom de Pulo
fignifie une ifle ; ainfi , pour parler françois , on devroit
' 'JiJ ■ ) ) }
dire l'ifle d'e Baoy, Bo^toc & CONDOR; &C. mais
comme; fuiàge établi dans les Relations des voyageurs,
nous a accoutumés à voir Pulo-Vay, & non pas Vijfe
de y'ny ; pulo Coffin , ce non Yijls de Cofftn fk ainlî
des petites ifles qui l'ont autour dé l'ifle de Sumatra &C
de la presqu'ifle de Malaca , nous fuivons cet ufage , ÔC
renvoyons ces ifles au mot Pulo.
L'ISLE DE PURMEREND, petite ifle au nord de
Java, au nord occidental de la rade de Batavia, au midi
d Onruft Kerkhoif , ik au levant de Fille d'Onruft.
L'ISLEDE QUELPAERTS, ifle de l'Orient orien-
tal , au midi de la Corée, à l'orient de l'embouchure de
la Jaune, qui coule dans la Chine. On nomme auffi
cette ifle Fungjia. Il y a au milieu un lieu nommé
ElTTCHEO'J , &c De l'ifle n'en marque point d'autre ;
mais Baudrand dit qu'elle a quinze lieues de circuit, 8c
qu'elle a pour place principale Moggan ou M0CK.0,
où demeure le gouverneur , fk cite Henri Hamel. Il
ajoute qu'on y remarque encore la petite ville de Ta-
cliàjn..
L'ifle de Quelpaërts, autrement appellée Fungma, ifle
de la mer de C orée , au midi de cette péninsule , &C
placée par les Hollandois qui y firent naufrage, en 1653,
parles 33 d. 32' de latitude nord; & par Beliin dans fa
Carte de la Corée, qui fe trouvé dans l'Hiftoire du Ja-
pon du P. Charievoix, entre les 153 rkles 1 54 d. de longi-
tude. Les mêmes Hollandois, qui y ont demeure Quelque
tems, prétendent qu'elle eft éloignée de la côte méridio-
nale de la Corée de douze ou treize lieues; quefes ha-
biratis l'appellent Sckefur , & qu'elie a quinze lieues de.
circuit : ils nomment Moggan ou Mocko, la ville capi-
tale , féjour du gouverneur que le roi de Corée y entre-
tient. * Notes du P. Charievoix.
LES ISLES DE QUEMADAS, ou, en françois, /«
Ïfies-B ratées , ifles des Indes , fur la côte de Malabar ,
au royaume de Vifapour, au nord de Goa, entre Val-
depaian &£ le fort de Vingrela , qui font aux Hollan-
dois.
UÏSLE DE QUEMENÈS , ifle de France , fur la
côte de Bretagne , entre l'ifle de Moiene &c celie de Be-
niguet , au levant de l'ifle de irielen, &£ au couchant
de l'ifle de Litiri.
. L'ISLE DE QUIBO ; on la nomme auffi Visle de
Caboya , félon Dampier. Les Cartes dreffées pour le
fuppiément de NVood Rogers , portent Coyba ; elle
eft dans la mer du fud , fur la côte de la Veragua : le
Supplément cité , nomme les ifles de Coyba plufieurs
ifles voifines , entre lesquelles font l'ifle de QuiBO ou
Coyba, fk celle de QuiCARO. Voici comme il les dé-
crit : la plus grande des ifles de Coyba ou Quibo ,
fituées fous le 7e d. 30' de latitude feptentrionale , eft
baffe , & peut avoir fept lieues de long , & quatre de
large. Il y a quantiié de gros arbres de plufieurs fortes,
& de très-bonne eau à fon nord-eft ; on y trouve auffi,
de même qu'à l'eft , des bêtes fauves , des linges noirs
6 des guanos verds qui font tous un bon manger. A la
hauteur de la pointe du fud-eft , il y a un bas-fond , qui
s'étend une demi-lieue en mer , & dont une partie fe
découvre au-deffus de l'eau , vers la fin de l'Ebe. Il n'y
a point d'autre danger, de forte qu'un vaifiéau peut s'ap-
procher à un quart de mille du rivage, & mouiller à fixi
fept, huit, dix ou douze braffes d'eau, dans un fond de fa-
ble pur. Cette ifle eft à dix lieues ou environ du conti-
nent ; l'air y eft tempéré ; il y a quantité de gros bé-
tail, de volaille , d'excellentes huitres , dont quelques-
unes renferment des perles , des tortues vertes , qui né
font pas li bonnes que celles de la mer du nord , & du
bois de charpente. Voici ce qu'en dit Dampier , Voya-
ges , t. 1 , p. 223. L'ifle de Quibo ou de Caboya eft à
7 d. 14' de latitude feptentrionale, d'environ fix ou fept
lieues de long , & trois ou quatre de large : les terres
font baffes , à la réferve de celles qui font au bout , du
côté du nord-eft. Il y a quantité de plufieurs fortes de
grands arbres fleuris , & de bonne eau à l'eft , ik au
nord-eft de l'ifle. Il y a quelques bêtes fauves , & force
gros finges noirs , dont la chair eft bonne & laine. Il y
a auffi quelques guanos &c ferpens _: je ne lâche pas qu'il
y ait d'autre forte d'animaux. Au fud-eft de la pointe de
fille, il y a un fond bas qui s'étend demi-lieue en mer;
ci à une lieue, au nord de ce fond bas, du côté de l'eft ,
il y a un rocher à environ un mille de la côte , qui, fur
Tome III. A a a a ij
$$6 1SL
•la fin de la marée paroît au-deffus de l'eau. A ces deux
endroits près, il n'y aucun danger de ce côté-là. Les vaif-
feaux peuvent aller à un quart de mille de la côte , &
mouiller à fix, huit , dix ou douze braffes d'eau , &T. fur
un Table bon & clair.
Il y a plufieurs autres Mes , les unes au fud-oueft , les
autres au nord & nord-eft de celle-ci , comme Fine de
QuicaRO, qui eft une allez grande ifle, &c au fud-oueft
de Quibo. Au nord de la même ifle, il y a une petite
ifle, nommée ANCHERIA, où il y a quantité d'arbres
de Palme-Marie ; cet arbre eft grand û droit- : il a la
tête petite ; mais il eft fort diffèrent du palmier , non-
obftant la reflemblance des noms ;' il eft fort eftimé
pour faire des mâts , parce qu'il eft fort & de bonne lon-
gueur. Les veines de ce bois ne vont pas droit tout le
long de l'arbre , comme aux autres arbres ; mais elles
circulent tout autour. Ces arbres croiffent en plufieurs
lieux des Indes occidentales ; & les Anglois , aufli-bien
que les Espagnols , s'en fervent beaucoup aux ufages
qu'on vient de dire. Les ifles Canales & de Cantarras
font de petites ifles au nord-eft de Rancheria ; elles font
toutes féparées par des canaux , <k on peut ancrer tout
autour. Elles ne font pas moins riches que Quibo, en ar-
bres & en eau ; à les voir fur la route , il femble qu'el-
les fanent partie de la terre ferme. Quibo eft la plus
grande & la plus remarquable ; car quoique les autres
ayent des noms , on ne s'en fert néanmoins presque ja-
mais , que pour les diftinguer , ces ifles &c les autres de
cette espèce étant toutes comprifes fous le nom général
d' Isles de Quibo.
L'ISLE DE QUICARO. Voyez l'article précédent.
LISLE DE RABENEC, petite isle de France, fur
la côte de Bretagne , au voifinage de Lanion, & au midi
de l'isle de Gato.
L'ISLE DE RADENES , petite isle de France , en
Bretagne , l'une des isles de Bréat , entre le Beniguet
& l'isle de Guillango.
L'ISLE DE RAFFIO, isle du golfe de Bothnie, fur
la côte orientale , au couchant de Biorneborg.
L'ISLE DE RAGHLING , petite isle , fur la côte
feptentrionale d'Irlande, auprès de Faireforland.
L'ISLE DE RAIGLENBORN, petite isle,au nord-
oueft d'Irlande, près du capTelling, à l'entrée du golfe
de Dunghal.
L'ISLE DE RAMSEY, petite isle d'Angleterre, dans
la mer d'Irlande, au midi du cap de S. David.
L'ISLE DERAMSFIORD, petite isle de Norvège,
au gouvernemunt de Drontheim : on la laiffe à gauche,
lorsque l'on entre dans le port de la capitale de cette
province.
L'ISLE DE RANCHERIA. Voyez l'article de
Quibo.
L'ISL DE RASAY, ifle d'Ecoffe, l'une desVefter-
nes , au nord de fille de Skie : fa longueur eft d'environ
cinq milles ; il y a beaucoup de bois , & elle eft plus
propre au pâturage qu'à produire du bled. Du côté d'o-
rient une fource fort d'un rocher , dont l'eau fe pétrifie
en fort belle pierre à chaux , qu'elle produit en abon-
dance. Il y a auffi une carrière de très-bonne pierre de
taille ; & au couchant il y a quantité de fouterreins, où
logent ceux qui vont l'été dans cette ifle , foit pour la
pêche , foit pour engraifler le bétail. On y trouve auffi
des forts. Le feigneur de cette ifle eft un cadet de la fa-
mille de Maccléod , qui eft respeûé comme un prince
par fes habitans.
L'ISLE DE RÉ. Voyez RÉ.
L'ISLE DE REPARO , petite isle de l'Amérique
méridionale , fur la côte du Bréfil , vers le 19e degré de
latitude méridionale , au midi, occidental de l'isle de
Sainte-Catherine.
L'ISLE DES REQUIENS , isle de la mer du Sud.
De l'Ifle la marque fur la route de le Maire, &C fur celle
de Magellan , qui s'y coupent ; & il la nomme I'Isle
des Tiburons ou des Chiens. Elle eft vers le
1 5 e d. de latitude méridionale , & par les 137 d. de lon-
8' L'ISLE DE RESOLUTION, dans l'Amérique fep-
tentrionale : elle eft au 61e d. 33' à 34' de variation
nord-oueft : elle forme l'embouchure du détroit de la
baie de Hudson avec les ifles Boutonnes , qui font au
61e d. io'. Elles font nord &c fud , diftantes les unes des
ISL
autres , d'environ 14 a 15 lieues. L'Ifle de Réfolution
peut avoir huit lieues de longueur, eft & oueft. Quand
on eft du côté de l'oueft, elle paroît avoir la figure d'un
croiflant : elle eft éloignée de ia terre ferme du nord,-
d'environ fix à fept lieues. Il y a deux petites ifles à
deux lieues de diftance du côté du bout de l'eft. Les cô-
tes de cette ifle, ainfi que celles de tout le détroit, font
à pic , &c d'une élévation prodigieufe. * La Potherie,
Hift. de l'Amérique feptent. p. 59.
L'ISLE DE RHODES. Voyez Rhodes.
L'ISLE DE RIA-LEXA. Voyez Ria-Lexa.
L'ISLE DE RIG, petite isle du golfe de Terranubva,
fur la côte orientale de l'isle de Sardaigne. On trouve
cet écueil à gauche en entrant.
L'ISLE DE RIOUSIC. Voyez Riousic.
L'ISLE-ROBIN , petite isle voifine de la pointe la
plus feptentrionale d'Irlande , au fud-oueft de I'Isle d'E-
nefterhul , près de la côte.
LES ISLES DE ROCA , ou, félon De l'Ifle , les
Roques, isles d'Amérique, fur la côte de Venezuela,
par les travers du golfe Trift. Dampier, Voyages, t. 1,
p. 71 , & fuiv. dit : les isles de Roca font une partie
des petites isles, qui ne font pas habitées, fituées à en-
viron 1 1 d. 40' de latitude , à quinze ou feize lieues de
la terre ferme , à environ vingt lieues de la Tortue, du
côté du nord-oueft-quart-d'oueft , & à environ fix ou
fept de l'occident d'Orchilla, autre isle fituéeà la même
diftance de la terre ferme. Les isles de Roca ont envi-
ron cinq lieues d'étendue, & trois de large. La partie
la plus feptentrionale de ces isles eft la plus remarqua-
ble, à caufe d'une haute montagne blanche, pleine de
rochers , du côté de l'occident , & qu'on peut voir de
fort loin. Près de la mer, au midi de cette haute mon-
tagne , il y a de l'eau douce qui vient des rochers , mais
qui coule avec tant de lenteur , qu'on n'en fauroit amaf-
fèr plus de quarante galons, (ou cent foixante pintes,
melùrede Paris,) en vingt- quatre heures. Mais cette eau
a fi fort le goût du cuivre , ou, pour mieux dire, de l'a-
lun , & choque fi fort le palais , qu'on la trouve très-
défagréable en la buvant. Mais après en avoir bu deux
ou trois jours , on ne trouve plus de goût à l'autre eau.
Le milieu de l'isle eft un terroir bas & uni , tout couvert
d'herbe longue , où il y a quantité d'oifeaux gris, de la
grofleur d'un merle. La partie orientale de l'isle eft cou-
verte de mangles noirs. Le terroir de cette partie orien-
tale eft d'un fable léger, que la mer inonde quelquefois
quand elle monte. La rade des vaiffeaux eft au midi où
plus près du milieu de l'isle.
Les autres isles de Roca font baffes. La première
qu'on trouve du côté du midi eft petite, baffe & unie,
fans arbres , & ne produit que de l'herbe. Au midi de
cette isle il y a un vivier , dont l'eau a un petit goût de
fel. Les aventuriers s'en fervent quelquefois faute de meil-
leure. Il y "a auffi près de cette isle une rade où l'on
peut commodément mouiller. A environ une lieue de
cette isle , il y en a deux autres qui ne font pas éloi-
gnées de deux cents verges l'une de l'autre. Il y a un
profond canal par où paflent les vaiffeaux. L'une & l'au-
tre de ces deux isles font toutes pleines de mangles rou-
ges, qui, contre l'ordinaire des autres, viennent mieux
dans un terroir inondé comme celui de ces deux isles. II
n'y a de terre féche que la pointe orientale du côté de
la partie -la plus occidentale ; mais il n'y a ni arbres ni
buiffons. Les autres isles font baffes , & ont des man-
gles rouges & autres arbres. Les vaiffeaux y peuvent
auffi mouiller. Entre ces isles, en dedans , on peut mouil-
ler en divers lieux ; mais non pas en dehors, fi ce n'eft
du côté de l'oueft , ou du fud-oueft ; car du côté de l'eft
(k du nord-eft un vent alite (buffle , & groffit la mer;
& du côté du fud il n'y a pas moins de feptante , qua-
tre-vingt ou cent braffes d'eau fort près de terre.
L'ISLE-RODE , petite isle de l'Amérique feptentrio-
nale, fur la côte de la Nouvelle Angleterre, au nord-
oueft de l'isle de Martin Wingard.
L'ISLE-RODRIGUE , isle de la mer des Indes, à
l'orient de l'Isle-Maurice , & par le xoe d. de latitude
méridionale. On a tâché de la peupler. Voyez l'Isle
DE DlEGO-RoDRIGUE.
L'ISLE DES ROIS, fur la côte occidentale de la mer
Magellanique , au fud du Cap- Blanc, dans une anse que
terminent le Cap-Blanc &c le port Defiré. On l'appelle
ISL
ISL
auffi l'hit grande. *Hifto;re du Paraguai du P. 'Chatte-
L'ISLE DE ROKOL , isle de là mer du nord , au
couchant de l'isle de S. Kildas. Sa côte occidentale eft
car les 5 d. de longitude ; & elle s'étend du nord au
iud, depuis les 57 d. 55', presqu'au58e d. de latitude.
L'ISLE DE KOLLES, petite isle d'Afrique, pro-
che de la pointe du fud-oueft de S. Tho:nas , dans le
grand golfe de Guinée . on y trouve beaucoup d'oran-
ges : on y a lépt , fix , cinq ck quatre braflés fck demie '
de profondeur , fond de roches , ck mauvais mouillage.
* Voyages de la Compagnie Hollandoise, t. 5 , p. 20.
L'ISlE DE ROM, isle de Danemarck, auSlefwig,
au nord de l'isle deSylt, & au midi de l'isle de Manoé.
Il n'y a qu'une habitation nommée S. Clément.
LES ISLES DE ROMSDAL , isles de la côte oc-
cidentale de Norvège, à l'entrée de la rivière de même
nom , où elles font rangées iud-oueft & nord-eft , ck
font une même ligne avec les roches de Romsdal , qui
font au nord-eft.
L'ISLE DE RONA, petite isle d'Ecoffe, entre les
'Weflernes, au nord de la partie orientale de l'isle de Skie.
L'ISLE DE RON. Voyez au mot Pulo, l'article
Pulo-Ron.
L'ISLE DE RONSA , isle d'Ecoffe , entre les Or-
cades, au midi de l'isle de Weftra ; elle a huit milles
en longueur , &fu en largueur : elle a beaucoup de
montagnes ck de caps ; mais fes côtes font fertiles &c
lien peuplées : il y a beaucoup de gibier , de lapins ck
de pohTon. Ce nom eft écrit RouSA dans l'Etat prê-
tent de la Grande-Bretagne , t. 2, p. 302.
1. L'ISLE DE ROQUEPIRE ou Roquepir, pe-
tite isle de la mer des Indes, au nord de l'isle de Diego-
Rodrigue ou Ruiz , latitude méridional 10e d. 30'.
La profondeur de l'eau empêche d'en faire un lieu de
rafraichiffement, ne pouvant pas y jetter l'ancre. Cette
isle feroit un grand iecours pour les vaiffeaux. Les co-
cotiers , ck quantité d'autres arbres couvrent la campa-
gne jusqu'au bord du rivage. Les oifeaux de toute espèce
y font en fi grand nombre, qu'ils viennent fur les vaif-
leaux qui côtoyent l'isle. On y trouve de l'eau vive abon-
damment.
2. L'ISLE DE ROQUEPIRE, petite isle de la même
jmer, par les 5 cl. 30' de latitude méridionale, au fud-eff
des Sept- Frères.
L'ISLE DE ROSENBOURG, petite isle des Pays-
bas, à l'embouchure de la Meufe, entre l'isle de Voorn,
au midi , èk le continent de Hollande.
• L'ISLE DE ROSSA, petite isle fur la côte fepten-
trionale de Sarda'gne , près du cap de Sainte-Lucie.
1. L'ISLE DE ROTTERDAM , petite isle de la
mer du Sud, par le 19e d. de latitude méridionale, au
nord-oueft de l'isle d'Amfterdam.
2. L'ISLE DE ROTTERDAM, petite isle d'Afie ,
au nord de l'isle de Java , à l'orient de l'isle de Schie-
dam : elle eft accompagnée de deux bancs de fable au
levant, & d'un banc de fable ck de roches au midi.
L'ISLE DE ROTTUM , petite isle de la mer d'Al-
lemagne , dans la feigneurie de Groningue , entre Bosch
au couchant , ck Borcum au levant.
L'ISLE-ROUGE ; c'eft la même que l'Isle-Roffa,
au nord de Sardaigne.
L'ISLE DE ROVANES , petite isle d'Ecoffe, en-
tre les Wefternes , à la pointe du nord-oueft de l'isle
de Lewis.
1. L'ISLE-ROYALE, isle de la côte méridionale de
Norwége , entre Sundfiord ck Langefund.
2. L'L>LE-ROYALE,islede l'Amérique feptentrionale,
dans la Nouvelle France, autrefois appellée isle du Cap-
Breton, ck quelquefois Isle des Bretons : ces noms ve-
ndent de ce que les Bretons y abordèrent les premiers,
fck appelèrent Cap-Breton , le cap de cette isle qui
avance le plus au nord. Elle forme, avec l'isle de Terre-
neuve , dont elle n'eft guères éloignée que de quinze à
feize lieues , l'entrée du golfe de S. Laurent , laquelle
eft inégalement partagée en deux par la petite isle de
S. Paul, qui n'eft guères qu'à deux lieues du Cap-Bre-
ton : elle eft féparée de l'Acadie par un canal ou dé-
troit de quatre à cinq lieues de long , ck d'environ une
lieue de large, qu'on appelle lepajfage de Cameaux ou
de Fronsac.
L'ïsîe-Royàiê a la figure d'un fer à cheval écrâféj ck
1 lui donne environ quatre-vingt lieues cle çirèuit, Une
ire le tour des anses ik des baies : elle eft comme di-
viite en deux 1
ar des lacs ck des eau-
de la mer , qui la coupent dans toute fa longueur de l'eft
aloueft. Ces lacs font navigables par-tout , ckfortpoif-
fonneux : on leur a donné le nom de Labrador : ils
communiquent avec la mer par deux embouchures fur
la côte de l'eft, auprès du Port-Dauphin.
Le terrein de cette isle n'eft pas également fertile par-
tout ; mais dans les endroits où il l'eft , le bled y vient
très-bien , ck presque toute l'isle eft couverte de bois.
On y trouve des chênes d'une grandeur ck d'une grof-
feur prodigieufe , des pins propres pour la mâture , ck
autre bois de charpente. Les plus communs font les chê-
nes , les frênes , l'érable , le plane ck le tremble. Il y
a plufieurs mines d'un excellent charbon de terre : il y
en a auffi de plâtre ; mais la pêche de la morue , qu'on
fait iùr fes côtes , eft le principal objet de fon commerce.
On y voyoit autrefois quantité d'élans , de catibous , de
caftors ck d'autres bêtes fauves ; mais elles y font au-
jourd'hui fort rares. On y trouve affez de «ibier , & fur-
tout de perdrix , qui , pour le plumage & la groffeur,
approchent du faifan , dont elles ont même le goût ;
des outardes , des canards ck des farcelles.
La capitale de l'isle eft Louisbourg , nommée aupa-
ravant le havre à l'Angloïs. Le gouverneur, le commif-'
fane-ordonnateur , le conseil & l'état-major y font leur
réfidence. Son port eft grand Si fort bon , ck on a fait
plufieurs batteries pour fa défense. La ville eft bâtie fur
une langue de terre , qui forme l'entrée du port , ck qui
eft très-bien fortifiée. Les François ont un fécond éta-
bliffement au Port-Dauphin , ci-devant appelle Sainte-
Anne. Ce port eft fort bon, très-aifé à fortifier; ck les
terres en font les meilleures de l'isle. Ils en ont un troi-
fiéme , mais moins confidérable , à S. Pierre , autrement
nommé ïtPort-Touloufe, le plus près de l'Acadie. L'Isle-
Royale a encore plufieurs autres ports ck havres, qui
ont leur commodité , ck tous font à la pointe orientale
qui regardera France. On en compte jusqu'à neuf dans
un circuit d'environ dix-huit lieues, à commencer de la
baie de Gabary, qui regarde le midi , jusqu'au Port-Dau-
phin, dont l'entrée eft ouverte au nord-eft. Depuis ce
port jusqu'au Cap de nord , la côte eft escarpée ck fe-
mée de rochers : du Cap-nord , en retournant près de
trente lieues , jusqu'au paffage de Fronsac , la côte n'eft
qu'une chaîne de montagnes hautes ck escarpées , qui
regardent le golfe , ck qui couvrent l'isle des mauvais
vents du nord ck du nord-oueft. Du partage de Fronsac
revenant à la baie de Gabary , à peine trouve-t-on quel-
ques mouillages pour de petits bâtimens entre des ro-
chers qui s'étendent plus d'une lieue au large ; enforte
qu'à l'exception de la partie la plus orientale de l'isle ,
où font tous fes ports , il feroit comme impoffible d'y
faire aucune descente.
On reconnoît la baie de Gabary de plus de douze
lieues à la mer, par le cap de Laurcmbec : fon entrée a
plus d'une lieue de large , entre plufieurs petites isles fort
faines , qui s'avancent plus d'une lieue ck demie à la
mer. La baie entre plus de cinq lieues dans les terres.
Le mouillage y eft bon. Louisbourg n'en eft pas à plus
d'une bonne lieue ; fon port a plus de quatre lieues de
tour, ck a par-tout fix ou fept braffes d'eau. Le mouil-
lage y eft très-bon, ck on y peut échouer les vaiffeaux
fur les vafes : fon entrée n'a pas plus de deux cents toi-
les de large entre deux petites isles. Deux lieues plus
loin eft le Havre à la Baleine , dont l'entrée eft difficile,
à caufe de plufieurs rochers que la mer couvre , ck qui
ne paroiffent que quand elle eft agitée : il n'y peut en-
trer que des vaiffeaux de trois cents tonneaux, qui d'ail-
leurs y font en fureté. De-là à la baie de Panadouc. il
n'y a pas deux lieues ; fon entrée a une lieue de large ,
ck la baie en a deux de profondeur. La baie de Mirai
n'en eft féparée que par une langue de terre fort étroite:
fon entrée a près de deux lieues de large ; elle en a
huit de profondeur ; mais elle va toujours en rétrécif-
fant ; elle reçoit quelques ruiffeaux , ck même de peti-
tes rivières : les plus grands vaifleaux y peuvent avancer
jusqu'à fix lieues , ck s'y mettre à l'abri. A une lieue ck
demie au large de cette baie il y a une petite ifle, qu'on
appelle la petite isle du Cap-Breton , ck trois ou quatre
5J8
ISL
ISL
iflets , à l'abri desquels les pêcheurs venoient autrefois
mouiller. Une lieue plus loin au large , il y a de gros ro-
chers , que la mer ne couvre jamais : ils paroiffent de
trois lieues : le plus gros ck le plus haut s'appelle la
Foriilon.
A demi- lieue au large de la pointe du nord de la baie
de Mirai on trouve ïljle-platt, dont les grands vaiffeaux
peuvent approcher à la portée du canon : elle eft jufte-
ment par les 46 d. En remontant de -là environ trois
lieues, vers le nord-oueft, le long de l'ifle, on rencon-
tre l'Indiane ; c'eft un bon havre , mais il n'y peut en-
trer que de petits vaiffeaux. On compte deux lieues de-
là à la baie des Espagnols. Tous ceux qui ont vu cette
baie affurent qu'on ne peut voir un plus beau lieu ; fou
entrée n'a qu'un mille de large ; mais elle s'élargit peu-
à-peu en dedans ; ck au bout d'une lieue, elle fe partage
en deux bras , qui entrent ptus de trois lieues dans les
terres , ck forment de très-bons ports. Il n'y a pas plus
de deux lieues dè-là à Labrador, qui n'eft ni un havre,
ni un port , ni une baie , mais proprement un golfe ,
qui partageroit toute l'isle en deux parties égales , fans
un espace de terre d'environ huit cents pas de large,
qui rejoint ces deux parties vers le couchant. Ce golfe
a plus de vingt lieues de long, fur une & deux de large:
il y a dans ion milieu un lac de cinq lieues de large ;
fur huit de long. Lorsqu'il eft pleine mer , dans le fond
de ce goife , la marée eft toute baffe dans la baie de
S. Pierre , qui eft fur la grande mer, dans l'endroit où
fe trouve une terre, qui empêche que les deux mers ne
fe joignent.
De Labrador au Port-Dauphin , il n'y a pas plus d'une
lieue : ce port eft un des plus beaux de l'Amérique :
on mouille hors de fon entrée en toute fureté entre les
ides du Cibou. Quand on veut y entrer, on trouve une
langue de terre, qui le ferme presqu'entiérement , & qui
ne laiffe que le paffage d'un vaiffeau. Ce havre ainfi
fermé a près de deux lieues de circuit en oval ; les
vaiffeaux 'y font en toute affurance ; à peine y fentent-
ils les vents , à caufe de la hauteur des terres ck des
montagnes. Il y a tant d'eau par-tout , que les navires
y peuvent approcher la terre de toutes parts, jusqu'à y
être amarrés. Comme tous ces ports, havres Se baies font
un circuit autour de la partie orientale de l'ifle, ils doi-
vent néceffairement fe rapprocher à mefure qu'ils s'avan-
cent vers fon centre ; ainfi en tirant un chemin par terre
de l'extrémité du bras gauche de la baie des Espagnols ,
ck faifant quelques lieues vers le midi, on rencontreroit
le fond de la baie de Mirai ; de-lz on communiqueroit
avec celle de Panadouc. Par le moyen d'un autre che-
min , tiré de l'extrémité du bras droit de la même baie,
on fe rendrait à Louisbourg , & à la baie de Gabary ,
en faifant cinq ou fix lieues au fud-oueft , ck on tom-
berait même dans le lac de Labrador , en faifant au plus
deux lieues à l'oueft-nord-oueft ; ce qui ferait une grande
commodité pour les habitans , ck un moyen aifé de fe-
courir tous ces poftes par terre , en cas d'attaque.
L'Ifle-Royale produifant les mêmes arbres que le Ca-
nada, on peut juger que le terrein y eft propte aux mê-
mes productions ; ck les effais qu'on y a faits, y ont réuffi :
les montagnes même , dont les pentes font fort dou-
ces, y font fertiles jusqu'au fommet. Il y a des prairies
naturelles dans toutes les baies. Le climat eft le même
qu'à Québec ; ck à mefure qu'on y coupe les bois , il
s'adoucit. Les terres ont toutes leurs pentes vers le midi,
ck toutes à couvert des vents du nord & du nord-oueft ;
ck elles font expofées au foleil , depuis fon lever jusqu'à
fon couchant. Le fieur Denys , dans fa Description de
l'Amérique feptentrionale , dit qu'au fond du havre de
Sainte-Anne, ou du Port-Dauphin, il y a une haute mon-
tagne de pierre plus dure que le marbre, ck blanche comme
du lait. Enfin on peut faire autour de cette ifle , ck des
ifles voifines , une pêche très-abondante de loups ma-
rins, & de vaches marines. * Notes du P. Charlevoix.
LES ISLES ROYALES, ou les Isles de la Perle,
ou les Isles de Perles , ifles de l'Amérique , dans
la mer du fud , ck dans là baie de Panama ; ce font,
dit Dampier , Voyages, t. 1, p. 188, plufieurs ifles bal-
les ck pleines de bois , ck fitnées au nord-nord-oueft
quart de nord, ck au fud-eft quart de fud. Elles font à
environ fept lieues de la terre ferme : elles ont quatorze
lieues de longueur , éloignées de Panama d'environ
douze. Je ne fais pourquoi on les appelle Ifles-Royàles.
Elles font quelquefois , ck presque toujours , nommées
dans les Cartes les IJlcs de la Perle. Je ne faurois m'ima-
giner pourquoi on leur donne ce nom ; car je n'y ai ja-
mais vu d'huitres où l'on trouvât des perles , non pas
même des coquilles de ces huitres-là : pour les autres,
j'y en ai fbuvent mangé. L'ifle la plus feptentrionale de
toutes , fe nomme Pacheca ou Pacheque, C'eft une pe-
tite ifle , éloignée de Panama d'onze du douze lieues.
La plus méridionale s'appelle YiJIe de S. Paul. Je ne con-
nois que ces deux-là, qui ayent des noms particuliers,
quoique j'en connoiffe plufieurs qui les furpafient en éten-
due. Il y a dans les unes des plantins ck des bananes
qu'on y cultive , ck dans d'autres des champs de ris.
MM. de Panama, auxquels elles appartiennent , y tien-
nent des Nègres , pour cultiver les plantations, ou pour
en défricher de nouvelles. La plupart de ces ifles, &
fur-tout les plus grandes, font entièrement incultes'; ce-
pendant le terroir en eft bon ck gras, & plein de grands
arbres. C'eft dans ces ifles incultes que fe réfugient plu-
fieurs Nègres déièrteurs, qu'on appelle Marons. Ils font
tout le jour cachés dans les bois; ck là nuit ils fortent,
ck vont piller les plantations. Entre ces ifles ck la terre
ferme, il y a un canal de fept à huit lieues de large, rai-
fonnablement profond , ck où l'on peut ancrer par-tout.
Les ifles font affez proches les unes des autres ; cepen-
dant il y a dans les espaces qui les féparent plufieurs ca-
naux ferrés £k profonds, dans la plupart desquels il n'y
a que des bateaux qui puiffent paflef. Du côte du fud-eft,
à- environ une lieue de l'ifle Saint-Paul , il y a un bort
endroit à caréner ; ck on y va par uh bon êk profond
canal ; qui eft du côté du nord. Le flux y monte" per-
pendiculairement jusqu'à près de dix pieds.
L'ISLE DE ROYELLAN , ifle de France , en Bre-
tagne, fur la côte, au midi de l'embouchure de la ri-
vière d'Etel.
L'ISLE DERUGEN. Voyez Rugen.
L'ISLE DE RUNEN, petite islé de France, en Bre-
tagne, près du port de Cancale.
"L'ISLE DE RUSCO , petite ifle d'Angleterre, l'une
des Sorlmgues , à trois lieues de Lands - End. Ce n'eft
qu'une montagne entre des rochers.
L'ISLE DE RUSE , petite ifle de Suéde , dans le
golfe de Bothnie, aux confins de la Helfingie ck de là
Geftricie , à l'embouchure de la Tynnéa, qui fépare ces1
. deux provinces.
L'ISLE DE RUYGH , petite ifle de la mer Balti-
que, dans la Poméranie Suédoife, au nord de l'ifle d'U- -
fedon.
UISLE DE SABA. Voyez Saba.
L'ISLE DE SABLE, ifle de l'Amérique feptentrionale,
à quinze lieues de l'ifle du Cap-Breton , en tirant vers le
midi , ck dans le milieu de la baie de Camfeaux. Cette
ifle étoit autrefois remplie de vaches ; mais les Anglois
détruifirent tout, pendant le féjour qu'ils y firent. Il y ai
dans le milieu un étang d'eau douce , ck quelque peu
d'herbes qui pouffent au travers du fable. Sa longueur
nord ck iud peut être de vingt-cinq lieues ; mais elle
n'a qu'une portée de canon de. largeur. Elle eft dange-
reufe à caule des battures qu'elle a du côté de la mer ,
qui mettent trois ou quatre lieues hors , parce qu'elles
font toutes plates ck allèchent de baffe mer plus d'une
lieue. Il n'y a plus dans cette ifle que l'étang , le fable
ck quelque peu d'herbe , n'y étant refté aucune vache ,
les Anglois les ayant toutes tuées , pour en avoir les
peaux. * Denis , Description de l'Amérique feptentrio-
nale , t. 1 , c S.
L'ifle de Sable eft une petite ifle de l'Amérique fep-
tentrionale, au fud de l'Ifle-Royale , tirant vers le fud-
oueft par les 44 d. 12' d'élévation du pôle : elle eft
fort étroite ck en arc. On trouve dans fon milieu un
lac d'environ cinq lieues de circuit , ck celui de l'ifle
eft de dix. Ses deux extrémités font des écueils , des
bancs de làbles ; l'une court nord-eft quart-eft , ck l'au-
tre fud-eft & nord-oueft. Elle eft nord ck fud à trente-
cinq lieues de Camfeaux , qui eft la pointe orientale de
l'Acadie , ck elle a des montagnes de fable, qui la font
découvrir de fept à huit lieues. Du refte, à peine pro-
duit-elle quelques herbes ck quelques broffailles, ck elle
n'a point de pott. On prétend, qu'en 1518, le baron
de Lery y voulut faire un éi:ablifïemeiit. En 15985 Ie
ISL
ISL
marquis de la Roche y débarqua quarante hommes, en
allant à l'Acadie , & ne put les reprendre à fon retour :
iept ans après, Henri IV les envoya chercher, & on n'y en
trouva plus que douze, les autres ayant péri de mifere;
ils y avoient lubrifié d'abord avec quelques bœufs &
quelques moutons, que les Espagnols, qui avoient fait
naufrage fur l'ifle , y avoient laines , & qui s'y étoient
multipliés. Les débris du navire leur avoient fervi à fe
loger , Se la pêche les avoit auffi foutenus pendant quel-
que tems. *Notcs du P. Charlevoix.
L'ISLE DE SACRIFICIO , petite ifle de la mer du
Sud , fur la côte de l'Amérique : c'eft une petite ifle
verte, d'environ demi-mille de longueur. Elle eft fituée à
environ demi-mille de la terre ferme , &c à une lieue à
l'oueft de Guatulco. Il femble qu'il y a une belle baie
à l'oueft de l'ifle , mais elle eft pleine de rochers : la
rade eft entre l'ifle & la terre ferme , où il y a cinq ou
flx braffes d'eau. La marée y eft affez forte , &£ la mer
hauffe & baiffe cinq ou fix pieds. * Dampier, Voyages,
' UISLe'dE S. AMBROISE, ifle de la mer du Sud,
au couchant feptentrional de Copiapo , & au midi de
l'ifle de S. Félix.
L'ISLE DE S. ANTIOCHE. Voyez S. Antioche.
L'iSLE DE S. ANTOINE ou Sa nt- Antonio,
ifle d'Afrique, une de celles du Cap-Verd. C'eft la
plus feptentrionale , & la plus occidentale , à fix lieues
de S, Vincent, latitude nord, 17 d. 19', &£ 8 d. 2/ de
longitude , oueft du Cap-Verd.
Cette ifle n'a que deux ports qui puiffent recevoir les"
vaiflèaux à l'ancre. Le meilleur, appelle Terrafal , eft à
l'oueft de l'ifle. La féconde s'appelle Praya-Simonc, du
côté du fud-eft. L'ancrage y eft commode dans les tems
favorables. Les vallées font très-fertiles par la quantité
de ruiffeaux , dont l'ifle eft arrofée. Elles produifent le
maïs, les bananes, les plantains, les patates, les melons
deau, les limons & du vin en abondance. Il y croît
beaucoup d'indigo ; le coton y vient auffi.
La ville capitale, appellée auffi S. Antoine, eft vers
le milieu de l'ifle entre des montagnes ; ce qui en rend
l'accès fort difficile. Elle contient environ cinq cents
habitans capables de porter les armes , outre un grand
nombre d'esclaves Négrés. Il y aune paroiffe ik un cou-
vent deCordeliers : cette ifle appartient au marquis Das
Minhas, qui, tous les ans, y envoie un vaiffeau pour por-
ter en Portugal les revenus de fon domaine. * Roberts ,
p. 4^0. Froger, p. 54. Carte des ifles du Cap-Verd,
par N.Bellin, 1746.
L'ISLE DE S. AUBIN , petite ifle de la Manche ,
au midi de l'ifle de Jerfey. Il y a un fort qui porte le nom
du même faint.
L'ISLE DE S. BARNABE, ifle de l'Amérique, dans
la mer du Sud , l'une des ifles Galapes ou Gallapagos.
L'ISLE DE S. BARTHELEMI, ifle de l'Amérique,
entre les Antilles, près de l'Anguille qui eft auxAnglois.
L'ifle de S. Barthelemi eft aux François.
L'ISLE DE S. BORONDON , ifle fabuleufe, que
quelques-uns placent au couchant des Canaries.
L'ISLE DE S. BRANDON , ifle de la mer des In-
des ; à l'orient de l'ifle de Nazareth, au nord-oueft de
l'ifle de Rodrigue, vers le 16e d. 40' de latitude méri-
dionale.
L'ISLE DE S. CLEMENT, petite ifle de la mer du
Sud, au midi oriental de l'ifle de Sainte-Catherine, près
du port de la Converfion , fur la côte occidentale de
Californie.
L'ISLE DE S. CRESPIN, ifle de la mer du Sud, en-
tre les Marquifes de Mendoce. Elle eft au 10e d. de la-
titude méridionale , par les 147 d. 30/ de longitude.
C eft la plus méridionale des quatre.
I. L'ISLE DE S. CHRISTOPHE, ifle de la mer
du Sud , Se la plus méridionale des ifles de Salomon.
1. L'ISLE DE S. CHRISTOPHE , ifle de l'Amé-
rique, entre les Antilles. Voyez au mot Saint, l'article
S. Christophe.
LES ISLES DE S. CYPRIEN, ifles de l'Océan, fur
la côte feptentrionale d'Espagne, dans la Galice, à l'o-
rient du cap de même nom , &c au nord du Cap-Bour-
cel, entre Ribadeo 2>t Vivero.
L'ISLE DE S. DOMINGUE. Voyez au mot Saint,
l'article de Saint-Domingue.
. L'ISLE DE S. EUSTACHE , petite ifle de l'Amé-
rique. Voyez au mot Saint,, l'article S. Eustache.
L1SLE DE S. FELIX , ifle de la mer du Sud , fur
la côte de l'Amérique , au nord de l'ifle de S. Ambrone,
vis-à-vis de la féparation du Chili & du Pérou.
ISLES DE S. GAERIEL, dans l'Amérique méridio-
nale , dans Rio de la Plata, au-deffiis de Buenos-Ayres,
& vis-à-vis de l'embouchure de l'Uruguay dans ce grand
fleuve. Elles font affez bien boilées, & on y trouve un
affez bon port , & plufieurs mouillages ; mais elles ne
font point peuplées.
1. L'ISLE DE S. GEORGE, petite ifle de la mer
du Sud , entre les ifles de Salomon , au midi de i'Ifle-
Ifabelle.
2. L'ISLE DE S. GEORGE, ifle d'Afrique, auprès
de Mofambique. Voyez Mosambioue.
L'ISLE DE S. GRÉGOIRE , ifle de l'Océan occi-
dental , fur la côte d'Irlande , entre la grande ifle d'Aa-
ron & la petite , à l'entrée du golfe de Galloway. Le
pafiage, qui eft entre cette ifle ck la grande ifle, eft nommé
Passe de S. Grégoire.
L'ISLE DE S. HELIER, petite ifle de la Manche, au
midi de l'ifle de Jersey. Il y a un fort qui porte le nom
du même faint.
L'ISLE DE S. HONORAT. Voyez Lerins.
1. L'ISLE DE S. JACQUES, petite ifle d'Afrique ;
près de l'ifle de Mosambiqoe. Voyez ce mot.
' x. L'ISLE DE S. JACQUES. Voyez Jago.
1. L'ISLE DE S. JEAN. Voyez Saint-Jean.
, 2. L'ISLE DE S. JEAN , ifle de l'Amérique fepten-
trionale, dans le golfe de S. Laurent , au nord de l'A-
cadie. Cette ifle eft fur la route de l'ifle- Percée. On
en paffe à la vue , félon la rencontre des vents. Il ne
faut cependant pas en approcher de près ; car toute la
côte du côté de la baie n'eft que fable , avec des bat-
tures à plus d'une lieue au large. Cette ifle a bien vingt-
cinq ou trente lieues de longueur, fur une lieue de lar-
geur au milieu. Elle eft à-peu-près de la figure d'un
croiffant , & pointue des deux bouts. Le côté qui re-
garde la terre ferme , eft bordé de rochers , & forma
deux anses, où deux ruiffeaux viennent fe décharger dans
la mer. Des barques y peuvent entrer , y ayant dedans
des espèces de petits havres. De ce côté-là les bois y
font très- beaux , & ce qu'il y a de terre y paroît bon.
Du côté qui regarde la grande baie, il y a auffi deux ha-
vres , d'où fortent deux petits ruiffeaux ; mais les en-
trées font fort plates, quoiqu'il y ait affez d'eau dedans.
L'on y a entré autrefois avec des vaiffeaux affez grands,
mais il falloit tout décharger en rade, porter tout à terre,
& ne laiffer de left que pour foutenir les vaiffeaux ; en-
fuite on les couchoit fur le côté, comme pour leur don-
ner carène , & on les remorquoit dedans avec des cha-
loupes. On n'y peut plus entrer à préfent , les entrées
étant bouchées Se le risque trop grand ; ce qui les obli-
geoit d'aller là , étoit l'abondance du poiffon qui eft à
cette côte. La marée entre bien avant dans certains en-
droits de cette isle; ce qui fait de grandes prairies & plu-
fleurs étangs. En tous ces lieux-ïà le gibier y abonde ,
il s'y trouve force pâturages. Il y a des cariboux qui
font une espèce d'orignaux. Ils n'ont pas le bois fl puif-
fant , le poil en eft plus fourni & plus long , ck font
presque tout blancs. Lé goût en eft excellent , la chair
en eft plus blanche que celle de l'origuac ; mais il y en
a peu, les Sauvages les trouvent trop bons pour les laif-
fer croître. Cet animal a la cervelle partagée en deux
par une toile , qui forme comme deux cervelles. *Denist
Descr. de l'Amer, fept. /. 1 , c. 8.
L'ISLE DE S. JUST, isle des Pays-bas , dans la pro-
vince de Zélande , à l'orient méridional de l'isle de Val-
cheren , devant le canal de Middelbourg.
L'ISLE DE S.LAURENT. Voyez Madagascar:
L'ISLE DE S. MANDÉ , isle de France , fur la côte
de Bretagne, au couchant des isles de Bréàt.
LES ÏSLES DE S. MARCOU , isles de France , en
Normandie, fur la côte orientale du Cotantin. Il yen a
deux , dont la plus occidentale eft nommée YIslc d'A-
mont ; Se la plus proche du continent s'appelle l'Isa
d'Aval: Cette dernière eft fort petite.
L'ISLE DE S.MARTIN, isle de l'Amérique, en-
tre les Antilles , &C l'une des islés fous le vent, au fud-
oueft de l'isle de S. Barthelemi. Elle eft partagée entre
j<5q
ISL
ISL
les Françoise* lesHollandois, félonie P. Labat, Voya-
ges aux isles de L'Amérique, t.fr, p. 293. De l'Ifle y
met les François feulement.
L'ISLE DE S. MATHIEU , isle d'Afrique , par le
Soe d. de longitude , & par le ie d. de latitude méridio-
nale. Elle eft déferte & inhabitée.
1. L'ISLE DE S. MICHEL , petite isle de l'Amérique
feptentrionale , dans la partie occidentale du Lac-Supé-
rieur , au Canada.
2. L'ISLE DE S. MICHEL. Voyez au mot Mont,
l'article le Mont S. Michel.
L'ISLE DE S. MICHEL DU VERDELET, petite
isle de France , en Bretagne , dansl'évêché de S.Brieu.,
près du bourg de Pleneuf.
L'ISLE DE S. NICOLAS , isle de France , en Bre-
tagne , dans la Loire , au-deffous de l'Isle-Martiniere ,
vis-à-vis de Buzay.
L'ISLE DE S. PAUL , isle de la mer du Sud, vers le
261e d. de longitude, & fous le 15e d. de latitude méri-
dionale.
L'isle de S. Paul eft une petite isle de l'Amérique
feptentrionale , à l'entrée du golfe S. Laurent, dans la
Nouvelle France : ce n'eft guères qu'un rocher fort
élevé , entre lequel & l'Isle-Royale , il y a un paffage
d'environ deux lieues, pour entrer dans ce golfe. * Notes
du P. Charlevoix.
L'ISLE DE S. PHILIPPE , isle des Pays-bas , dans
la province de Zélande , au nord de l'isle de Tolen ;
au fud-oueft de l'isle de Duyveland, &c au midi d'O-
verflakée. , „ ,
1. L'ISLE DE S. PIERRE, isle de la mer du Sud.
Magellan la découvrit en 1510 ; & quatre-vingt-dix ans
après, Fernand de Quiros en découvrit plufieurs autres ,
qui font rangées fur une espèce de ligne de l'oueft-nord-
■oueft à l'eft-fud-eft.
2. L'ISLE DE S. PIERRE, isle de la mer du Sud,
l'une des Marquifes de Mendoce , au midi de la Domi-
nique & au couchant feptentrional de S. Crespin.
3. L'ISLE DE S. PIERRE ou S. Pedro, isle delà
-mer Méditerranée , au midi de la Sardaigne , devant le
golfe d'Igléfias. Du côté de la grande isle, au nord-eft,
il y a des havres où l'ancrage eft bon.
Les isles de S. Pierre font trois petites isles de l'A-
mérique feptentrionale , affez près de la côte méridio-
nale de Terre-neuve : la plus occidentale des trois , &
qu'on nomme communément ÏIsle-Maguelon , eft affez
unie; mais elle ne paroît guères mieux brifée que les deux
autres , qui font plus petites , & ne font guères que des
rochers fort élevés , couverts d'un peu de moufle. Ces
trois isles font fur une même ligne nord & fud ; du côté
de l'isle de Terre-neuve on y voit quelques terres la-
bourables , &r. un affez bon port , où les François ont
eu1 des habitations. On affure qu'on a trouvé dans ces
isles des carrières de porphyre. * Notes du P. Charle-
LES ISLES S. QUAY, isles de France , en Breta-
gne, près d'un village de même nom, dans le golfe de
S. Brieu. La principale fe nomme V Isle- Arbouse.
L'ISLE DE S. RIOU , petite isle de France, en Bre-
tagne , près de Plempol , au midi des isles de Bréat.
L'ISLE DE S. SAUVEUR ou l'Isle du grand
S. Sauveur , isle de France , en Bretagne , dans un
enfoncement où font plufieurs autres isles, favoir, l'isle»
Blanche, l'isle de Morvil , l'isle de Rabenec , l'Isle-Brû-
lée & autres qui entourent celle-ci qui eft la plus grande,
èc fur laquelle il y a le château de Lan.
L'ISLE DE S. SEBASTIEN , petite isle de l'Améri-
que, fur la côte méridionale du Brélil, entre l'isle Grande
& Los-Santos , presque fous le tropique. Entre l'isle Se
la terre ferme, il y a une grande rade qui eft à l'abri dé
tous les vents , parce qu'elle eft clofe & renfermée par
l'isle. Elle eft remplie d'arbres fauvages. * Voyages de
la comp. Holl. t. 2 , p. g.
L'ISLE DE S. VINCENT. Voyez S. Vincent.
L'ISLE-SAINTE. Voyez Heiligeland.
L'ISLE DE SAINTE -AGNÈS, isle d'Angleterre,
entre les Sorlingues. Voyez SoRLINGUES.
L'ISLE DE SAINTE-ALOUSIE. Voyez au mot
Sainte, l'article Sainte-Lucie 2.
L'ISLE-SAINTE-ANNE, isle de la mer du Sud, fur
la côte occidentale de la Californie , au midi du cap de
S. Auguftin.
ï. L'ISLE DE SAINTE-CATHERINE, petite isle
de l'Amérique, fur la côte duBréfil , au nord oriental de
l'isle de Reparo.
2. L'ISLE DE SAINTE-CATHERINE, iste delà
mer du "Sud , fur la côte occidentale de la Californie ,
près du port de la Converfion.
1. L'ISLE DE SAINTE-CLAIRE , isle de l'Océan,
en Espagne , au port de S. Sebaftien.
2. L'ISLE DE SAINTE-CLAIRE, isle de l'Océan,
fur la côte du Bréfil : elle eft déferte , & il n'y a que
des palmiers & peu d'autres arbres. Elle n'a pas plus
d'une lieue de tour , & n'eft qu'à une lieue de la terre
ferme ; les Portugais en font les maîtres.
3. L'ISLE DE SAINTE-CLAIRE , petite isle de la
Nouvelle-France , dans le détroit du lac Erié & du lac
Huron , à l'entrée d'un petit lac qui porte le même nom.
Les environs font fort poiffonneux ; les terres y font
bonnes , & elle a de fort beaux pâturages.
1. L'ISLE DE SAINTE-CROIX, isle de la mer du
Sud , entre les isles de Salomon fk la terre Auftrale du
Saint-Esprit ; elle s'étend depuis le 197e degré &c quel-
ques minutes , jusqu'au-delà du 200e , & eft fous l'on-
zième degré de latitude méridionale ; au fud-oueft eft le
port de la Gracieufe.
2. L'ISLE DE SAINTE- CROIX , une des petites
Antilles , & la plus voifine de Paftovic. Quelques-uns
prétendent qu'elle eft la première des isles de Sottovento.
Sa longueur eft de près de dix-huit lieues , & fa largeur de
trois ou quatre. Elle eft par-tout habitable Se affez unie,
ce qui n'eft pas commun aux autres isles : elle eft auffi re-
nommée pour la beauté de fes bois propres à la teinture
& à la charpente ; mais l'air y eft mauvais & les eaux
mal-faines. Les Anglois & les Hollandois la partagèrent
d'abord entr'eux. Ils s'y brouillèrent bientôt , &T. les
Hollandois furent contraints de céder la place. Les An-
glois en firent chaffés, à leur tour , par les Espagnols ,
fur lesquels les François la conquirent, en iô'jO: ils s'y
maintinrent malgré les efforts que l'Espagne fit , à diver-
fes reprifes, pour les en chafler ; mais les habitans y étant
presque toujours malades , le roi Louis XIV commanda,
en 1695, au chevalier des Augiers , capitaine de vaif-
feaux , de transporter tonte cette colonie au Cap-Fran-
çois de S. Domingue 6c au Port-de-Paix. Le comte de
Boiffy-Raimé, qui étoit gouverneurde Sainte -Croix,
fut déclaré commandant du Câp-Frànçois , en confer-
vant le titre du gouverneur de Sainte-Croix , qui a paffé
à tous fes fucceffeurs. * Le P. de Charlevoix , Hift. de
S. Domingue, l. 10.
L'ISLE DE SAINTE-HELENE, isle de l'Océan, en-
tre le Bréfil & la Cafrerie. Voyez Sainte-Helene. i.
1. L'ISLE DE SAINTE-LUCIE, dans l'Amérique.
Les Espagnols la nomment Santa-Lucia, en prononçant
Vu comme ou, ci les François en ont fait Sainte-Aloujie.
Voyez au mot Sainte, l'article Sainte-Lucie 2.
2. L'ISLE DE SAINTE -LUCIE , isle d'Afrique,'
l'une des isles du Cap-verd. Voyez Sainte-Lucie 4.
L'ISLE DE SAINTE - MARGUERITE , isle de
France, en Provence, dans la Méditerranée. Voyez
Lerins.
L'ISLE DE SAINTE-MARIE , petite isle de la mer
du Sud , fur la côte du Chili , au midi du port de là
Conception.
Il y a plufieurs isles que l'on nomme les Saints &
les Saintes. Voyez fous ces noms leurs articles dans
le corps de cet ouvrage.
LES ISLES DE SAISY, petites isles de France , fur
la côte méridionale de l'isle de Groais , près de la pointe
L'ISLE DO SALE. Voyez l'Isle du Sel.
L'ISLE-LA-SALE, isle de l'Amérique feptentrionale,'
à l'embouchure du détroit de Hudson. Cette isle peut
avoir environ trois lieues de tour , & forme une em-
bouchure pour entrer dans le détroit. Elle eft éloignée
de trois lieues de l'isle de la.Réfolution. Les côtes de
cette isle , ainfi que celles de tout le dé'roit font à pic ,
& d'une élévation prodigieufe. * La Potherie , Hift. de
l'Amer, feptent. t>. 60.
L'ISLE DE SALGREN , petite isle de France , era
Bretagne , fur la côte orientale de la baie du Douarnenez,
près de la pointe de Salgren.
L'ISLE DE SALISBURY, nommée par quelques
voya-r
ISL
ISt
;[6î
voyageurs François l'isle -Salsbrê , eft dans l'embou-
chure intérieure du détroit de Hudson , & à trois lieues
à l'eft-fud-eft de fisle de Notingham. .La mer y eft baffe,
fept heures, & en monte fix. Les çourans paroiflent fud-
eft-nord-oueft. * La Pothcrie , Hift. de l'Amérique fep-
tentrionaie , p. 70.
LES ISLES-SALTES, isles de la mer d'Irlande , fur
la côte du comté d'Wexford , entre le cap Carnarot &
l'entrée d'Vaterford.
LES ISLES-SALURE, isles de l'Océan , fur la côte
occidentale d'Espagne , à l'embouchure de Rio-Roxo ,
dans la Galice.
L'ISLE DE SANDA, isle d'Ecoffe , l'une des Orca-
des , au nord de Stronza. Elle a douze milles de long nées, depuis
& huit de large. Cette isle abonde en bétail & en poil- couvert au 5
fon ; mais le chauffage y vient d'ailleurs. H y a deux,
bons havres. * Etat préfent de la Gr. Beetagne t t. 2,
p. 302.
L'ISLE DE SÀNGUINARA , petite isle de la mer
Méditerranée, fur la côte orientale de laSardaigne, en-
tre le cap de Sam-Pedro & le cap Carbonera.
L'ISLE DE SANTE , isle de la mer du Sud , entre
les Isles-Galapes ; elle eft au fud-eft de l'tsle-au-DiableJ
<k à l'oueft-nord-oueft de l'Isle-Mascarin.
L'ISLE DE S, ARC, petite isle de France, fur la côté
de Normandie ,, à deux petites lieues de l'isle de Gar-
nelèy, en allant' vers celle de jersey. Elle n'a qu'un vil-
lage , & appartient aux Anglois,
:ôtè , à l'entrée 'du golfe Bukenfio
a deux villages à lès deux extréb
nord, & Grot-Varder , au midi,
lie efl longue
fa voir No tu ,
l'isle nomme
cette isle Schutenes.
L'ISLE DE SCHUT, isle de Hongrie, dans le Da-
nube qui la partage encore en plusieurs autres isles. Voyez
les articles Schit.
LES ISLES-SEBALDËS, isles deîOcéan, au midi
de la terre Magellanique, allez près du détroit de Ma-
gellan , à l'orient d'une terre que l'on n'a pas achevé
de découvrir. Sebald de Weert, Hollandois,' qui les dé-
couvrit erlh'JÇjO, y effuya une tempête , ikon crut quel-
les étoient feules , & ce n'eir que dans ces dernières an-
commencement de ce fiécle, qu'on a dé-
: d. d'autres isles , que Fréfïer appelle
Nouvelles-lsles ; & De rifle , Isles-Malouints , parce
qu'elles ont été trouvées par des navigateurs de S. Malo.
Elles accompagnent une isle beaucoup plus grande , de
laquelle on n'a pas encore parcouru les côtes. Fréfier,
Voyages, t. 2, p. 512, dit: ces isles font, fans doute,
les mêmes que celles que le chevalier Richard Hawkins
découvrit en 1 593 , étant à l'eft de la côte déferte , par ■
les 50 d. Il tut jette par la tempête fur une côte incon-
nue. Il courut le long de cette isle , environ Toisante
lieues , & vit des feux , qui lui firent juger qu'elle étoit
habitée. Jusqu'ici , poursuit cet auteur , on a appelle ces
terres les Isles-Sebaldes , parce qu'on croyoit que les
trois qui portent ce nom dans les Cartes f étoient ainfi
LES ISLES-SAUVAGES, dans l'Amérique fepten- marquées à volonté, faute d'une connoiffance plus par-
trionale, à la côte du nord du détroit de Hudson. Elles
font à une ou deux lieues de la terre ferme , qui forme
eh cet endroit un grand enfoncement , dont l'embou-
chure peut avoir quatre à cinq lieues. * La Potherie,
Hift. de l'Amer, fept. p. 187.
L'ISLE DE SCALINE, petite isle d'Angleterre, au
pays de Galles , dans la mer d'Irlande , à l'entrée du
havre de Miltort.
L'ISLE DE SCALPA , petite isle d'Ecoffe , entre les
iY/efternes , au nord de Skie ; elle a cinq milles de cir-
cuit, ik eft fertile en bois, en bleds &c en pâturages.
L'ISLE DE SCATRIX , isle d'Irlande , dans le'Sh
non,
Den
L'ISLE DE SCEPPEY. Voyez l'isle de Scheppey.
LES ISLES DE SCHAEPS, isles, ou plutôt écueils,
iau nord de la côte orientale d'Irlande , près de l'isle de
Raghhng.
LLsLE DE SCHELLING, isle de la mer ^Allema-
gne, au nord du Zuider-Zée, entre l'isle de Vlieiand,
& l'isle cfAmeland. Il n'y a qu'un village ik quelques
hameaux.
LISLE DE SCHANI , isle de l'Ecoffe , l'une des
,Wefternes , au midi de Flada.
faite ; mais le vaiffeau l'Incarnation, commande par le
fieur Brignon de S. Malo , les a reconnues de près, par un
beau tems, en 1711, à la fortie de Rio- Janeiro. Ce font
effectivement trois petites isles, d'environ demi-lieue de
long, rangées en triangle, Stféparées des Isles-Nouvelles,
au moins de fept à huit lieues.
L'ISLE DE SÉGLE, petite isle de France, en Bre-
tagne, fur la côte, au midi de l'entrée du havre d'Abe-
rilduc , à l'orient du village de S.Sebaftien, Se au cou-
chant des isles d'Oueffant.
I. L'ISLE DE SEL, en portugais Ilha do Salé ; le
traducteur de Dampier la nomme Isle de Salé ; par un
ent de la pointe d'Alvaron , au nord de l'isle- mélange de François & de Portugais ; isle d'Afrique en-
tre les isles du Cap-verd. Elle eft de 16 d. 33' de lon-
gitude plus occidentale que la pointe du Lézard, en An-
gleterre. Elle s'étend du nord auiud, huit ou neuf lieues;
la largeur, eft d'une lieue & demie, ou de deux lieues tout
au plus. Elle tire fon nom de la grande quantité de fel,
qui s'y forme naturellement ; ck toute l'isle eft pleine de
grands marais falans ; le terroir y eft fort ftérile , & ne
nourrit que quelques miférables chèvres fort maigres &
quelques oifeaux fauvages , entr'autres des flamingcis. Le
roi de Portugal , à qui elle appartient , comme tous les
autres du Cap-Verd , n'y entretient que quelques habi-
L'ISLE DE SCHEPPEY, isle -fur la côte orientale tans noirs comme des Nègres, qui ont pourtant l'ambi-
d'Angleiterre , au midi de l'entrée de la Tamife , à l'o- tion de vouloir être appelles blancs. Les falines ont à-
rient de l'IsIe-Harly. Cette isle , dont les Anglois écri- peu-près deux milles de longueur. * Dampier, Voyages,
vent le nom Sheppey, eft ainfi appellée du mot sliccp , t. 1 , p. 77. Cowley, Voyages, c. 1.
qui lignifie brebis ; & elle en nourrit beaucoup. C'eft la Cette, isle n'a ni rocs ni bancs de fable , qui en ren-
Toliapis dés anciens. QuÉENBOROUG, c'eft-à-dire dent l'approche difficile. Cependant l'ancrage n'y efl;
le bourg de la reine , en eft le chef-lieu , 6c a le privi-
lège d'envoyer deux députés au parlement.
LES ISLES DE SCHETLAND. Voyez Schet-
XAND.
L'ISLE DE SCHIEDAM , isle d'Aiïé* au nord de
Java, à l'orient de la pointe feptentrionale de Java, <k
au couchant de l'isle de Roterdam.
;iffic
pas commode dans le tems des pluies. La meilleure rade
eft celle qui eft devant la petite ville de Palmera, au cou-
chant de l'isle. Au midi de Palmera, il y a un autre baie,
appellée Rabadijzink , dont le fond n'eft pas trop bon.
2. L'ISLE DE SEL, isle de la merdes Jndes , dans le
'détroit de la Sonde, latitude 6 d. 6' ; c'eft la plus haute &
la plus ronde de toutes les isles qui font à l'entrée des
L'ISLE DE SCHIERMONIGOOG, isle de la mer détroits de la Sonde. Sadiftance jusqu'à lapins prochaine
d'Allemagne, au nord de Dokum . entre l'isle d'Ame- partie de l'isle de Sumatra, n'tftque de quatorze lieues,
land & risle-Bosch; 1. LES SEPT ISLES, isles de France, en Bretagne,
L'ISLE DE SCHOUTEN, isle de la mer du Sud, fur lacôtedel'évêché de Tréguier. Voyez Sept-Isles. i.
au nord de la nouvelle Guinée , à un degré de latitude 2. LES SEPT-ÎSLES , isles de l'Amérique feptentrio-'
méridionale. Elle eft ainfi appellée du nom d'un navi- nale , au Canada , dans la rivière de S. Laurent, à l'oueft-
gateur Hollandois , qui la découvrit eu 1616. Prononcez nord-oueft d'Anticofti.
Scaute. l LES SEPT-FRERES, isles de la mer des Indes,
LES QUINZE ISLES DESCHOUTEN,petitesisles au nord-oueft de l'isle de Banca, & à l'orient de l'isle
de la même mer , à l'orient de la Nouvelle Bretagne , à
Leur
l'eft-nord-oueft des vingt isles d'Ohon;
a la même origine.
L'ISLE DESCHOWEN, isles des Provinces-Unies,
dans la province de Zélande. Voyez ScHOVtN.
L'ISLE DE SCHVRITENES , isle de Norvège, fur
de Sumatra.
2. LES SEPT-FRERES ou Sept-Irmaos, petites
isles de la mer des Indes, vers le" 86e d. de longitude, Se
vers lé 3e ou le 4e d. de latitude méridionale.
LES SEPT-SCEURS font fept autres isles de la même
mer , fituées au couchant de ces dernières.
Terne 111. B b b b
Sôt
ÏSL
ISL
L'ISLE DE SERMOY, petite isle de la côte occi-
'dentale d'Irlande , à l'entrée de la baie de Kilmare, dans
la province de Munlîer.
L'ISLE DE SERPENTERA , ifle de la Méditerra-
née , fur la côre orientale de Sardaigne , au fud-fud-eft
du cap de Carbonera.
LES ISLES DE SERRANA, ou les Isles des Per-
les ; ce font trois ifles de la mer du nord. Voyez Ser-
Rana.
L'ISLE DE SEVENBERGÈ , îfle de la mer Balti-
que , aux confins de la Curlande & de la Samogitie ,
à l'embouchure de là rivière d'Upiffa.
L'ISLE DE SHEPPEY. Voyez l'Isle de Schep-
PEY.
L'ISLE DE SHERKE , ifle de l'Océan, à la pointe
méridionale d'Irlande , près du cap Clare.
L'ISLE DE SIAPINS. Voyez l'IsledeShapinska\
LES ISLES DE SIBBLE. Dampier appelle ainfi à
fa manière les Isles SebaldES. Voyez leur article.
L'ISLE DE SILIE , petite ifle d'Angleterre , au ca-
nal de Briftol, à l'entrée de la Severne, près de l'ifle
de Barrey.
L'ISLE DE SILMARSUND, petite ifle du golfe de
Bothnie , fur la côte de Finlande , au nord-oueft du port
de Chnftine-Stadt , au midi des ifles Querken.
LES ISLES DE SIZARGA, ifle de la côte fepten-
trionale d'Espagne, vis-à-vis dû village de Malpies, en-
tre la Corogne & la pointe de Couarmes. Il y en a
deux ; la plus occidentale eft la plus grande.
j L'ISLE DE SKAGEN , petite ifle de Suéde, dans
l'Angermanie , fur la côte occidentale du golfe de Both-
nie , vis-à-vis de Grunsund.
L'ISLE DE SKARFUER , petite ifle de la côte oc-
cidentale du golfe de Bothnie , fur la côte de la Caïa-
nie , au fud-fud-oueft du port de Chriftine-Stadt.
L'ISLE DE SKAROA , ifle d'Ecoffe, l'une desWes-
ternes , au nord de la pointe orientale de Jura.
L'ISLE DE SKIE, ifle d'Ecoffe, une des Weftèrnes
au nord de celle de Mull. Elle a quinze à feize lieues
d'étendue du nord-oueft au fud-eft. Il y a fept montagnes
& plufieurs lacs fort poiffonneux ; elle eft fertile en
grains. Le fils du Prétendant y débarqua en 174^.
L'ISLE DE SMULLEN, petite ifle fur la côte occi-
dentale de Norvège , au nord de Ramsfiord.
L'ISLE DU SOLEIL , petite isle de l'Amérique mé-
ridionale , dans là mer du nord , à l'embouchure de la
rivière des Amazones, à quatorze lieues au-deffous de
Pava. Elle en a dix de circuit.
L'ISLE DE SOLOR. Voyez Solor.
LES ISLES DE SOMMER. Voyez Bermudes.
L'ISLE DE SORGHOLM , ifle du golfe deLivonie,
au couchant de l'embouchure de la rivière de Pernau,
au nord oriental de l'ifle de Mano.
L'ISLE DE SOUFRE. Voyez Ivogasima.
L'ISLE DE SOULISKER, ifle d'Ecoffe , l'une des
'Wefternes , à quelques milles de Rona ; c'eft un rocher
dans la mer , qui eft plein d'oifeaux de mer , & fur-tout
de ces oies qu'on appelle folan - goofe ; ce qu'il y a dé
plus remarquable , c'eft l'oifeau qu'on appelle colk , qui
s'y trouve. Il eft plus petit qu'une oie ; fes plumes font
de différentes couleurs. Il a fur la tête une touffe, comme
celle d'un paon , & fa queue eft plus longue que celle
d'un coq. * Etat préfent de la Grande-Bretagne , t. 2,
p. 202. «
L'ISLE-SOURIS , petite ifle de France, en Bretagne,
au levant de la grande ifle de Bréhat.
L'ISLE DE SOUTH RONALSA ou la Ronalsa
DU Sud, pour la diftinguer d'une autre ifle de Ronalsa
qui eft'plus au nord ; ifle d'Ecoffe , entre les Orcades.
Elle eft au midi de l'ifle de Pomona , a fix milles de
long & cinq de large , &C eft fertile en bleds & en pâ-
turages ; & il y a deux paroiffes. Vers le nord, elle a un
bon havre ; mais au midi, on trouve les Pentland-Skre-
ries qui font des rochers dangereux. * Etat prifmt de la.
Grande-Bretagne, t. 2, p. 301.
L'ISLE DE SOUTHOLM, isle de Danemarck, dans
le détroit du Sond, entre l'isle d'Amack , qui ^l voi-
ftne de Coppenha^ue, & Malmut qui eft dans la Schoone.
_ L'ISLE DE SPIK.EROOGH , petite isle de la mer
d'Allemagne , dans la Frife orientale , à l'embouchure
duWefer, au levant de Laugeroogh, &au CÛUchant de
!w angeroogh.
L'ISLE DE SPRO , petite isle du Danemarck , au
couchant de l'isle de Séland , au levant de l'isle de f- une,
ÔC au nord de Langeland.
L'ISLE DE STOKFUND , isle de Norvège , fur
la côte occidentale de Norwége, au nord de l'Euriland,
& au fud-oueft des isles de Nomendal.
L'ISLE DE STRENSKAREN, isle de Suéde, fur
la côte occidentale du golfe de Bothnie , à l'embou-
chure de la rivière de Jevera.
L'ISLE DE STROMO, isle entre les isles de Féro,
dont elle eft la plus grande. Elle eft au nord de l'isle de
Sandoé , & au fud-oueft de l'isle d'Oftroé.
L'ISLE DE STREONES ou de STronza , isle
d'Ecoffe. Vovez Stronza.
L'ISLE-SUBUI,f petite isle de Suéde, fur la côte de
la Gothie , à l'entrée du port de Wefterwic.
L'ISLE-SUDEROÉ , l'une des isles de Féro , &: la
plus grande de celles qui font au midi ; elle eft fort ha-
chée , & pleine de golfes , & gît au midi de l'isle de
Sandoé. Le milieu de cette isle eft par les 11 d. 45'
de longitude , & par les 6 1 d. 30' de latitude.
. L'ISLE DE SUNTE , en Anglois , The Sunte Ifland,
ifle d'Angleterre , dans la rivière de l'Humbre. Il y a
des personnes fort âgées , qui fe fouviênnent d'avoir vii
fortir de la mer l'ifle dont il s'agit ici. Ce n'étoit d'a-
bord qu'une grande étendue de iàble , qui ne paroiffoit
que lorsque la marée étoit baffe. Enfin l'an 1666, il fe
forma une ifle qui fut en état de réfifter à la violence
dés flots. Le colonel Gilby , à qui le roi la donna , eut
foin de la faire environner de digues ; & elle produifit
en peu de tems de bons pâturages pour les beftiaux. On
a fait de grandes dépensés pour conserver cette ifle ; car
outre les digues on y a creufé des canaux profonds par
où l'ean de la mer entre & fort. * Mémoires lit ter. delà,
Grande-Bretagne, t. 2, p. 400.
Cette ifle a neuf milles de circuit. _ Elle éft fituée à
deux milles de la province d'Yorck , & à quatre milles
du comté de Lincoln. Le terroir en eft gras & fertile ,
& produit de bonne herbe , du bled & du foin. On y
voit de grands troupeaux de gros moutons, dont la laine
eft plus fine que celle des moutons du pays voifin. On
y voit auflï beaucoup de gibier ,' & une infinité de la-
pins : leurs peaux paflént pour les plus belles d'Angle-
terre.
Il n'y a que trois familles dans cette ifle ; mats les
habitans ne font jamais trop folitaires ; car ils y voient
un grand nombre d'ouvriers & de laboureurs , qui y
vont continuellement. M. Gilby eft le propriétaire de
cette ifle : il en tire un revenu annuel de plus de huit
cents livres fterling. Si elle étoit érigée en paroiffe , la
dîme des agneaux , de la laine , des lapins , &c. feroit
un affez bon bénéfice. Elle n'a été unie à aucune pa-
roiffe.
L'ISLE DE SWEDERO , isle de Suéde, fur la côte
occidentale, dans la province de Halland , auprès de
Torékoua.
L'ISLE DE SVINOÉ , isle entre les isles de Féro,
au nord-eft ; au levant de Widro & de Bordo , & au
midi de Fuloé.
L'ISLE DE SYLO, petite isle de Danemarck, dans
le détroit de Belt , au couchant de l'isle de Wédéro.
L'ISLE DE SYLT , isle de la côte d'Allemagne ,
fur la côte duSlefVig, au midi de l'isle de Rom, au
nord de l'isle û'Amron , & au couchant d'Iorfand. L'an-
crage eft au nord de la côte orientale de cette isle. Voyez
Sylt.
L'ISLE DE TABAGO, isle de l'Amérique, dans
la mer du nord, entre les Antilles. Voyez Tabaco 2;
L'ISLE DE TABOGA , petite isle de la mer du Sud,
affez près de Panama. Voyez Taboga.
L'ISLE DE TABOGILLA oudeTABOGiLCA.petite
ifle de la mer du Sud, au nord-oueft de Taboga , dont
elle eft féparée par un petit canal. On peut paifer entre
deux , en cas de befoin ; ,mais on doit l'éviter , s'il eft
poffible , parce qu'il y a des bancs àl'entour, qui font
même fouvent à -fée ; & (i vous trouvez que le courant
vous y entraîne, foit qu'il faffe calme ou non, il faut
laiffer tomber l'ancre. * Supplément du Voyage deJFoo- I
des Rogers, p. 18.
Dampier ajoute : il y a une autre petite ifle pleine- Il
de bois, à environ un mille, au nord-oueft de Taboga, I
l'SL. .
& un bon canal qui les fépare ; je n'ai jamais fu que
cette ifle ait eu de nom. C'eft, fans cloute, la même que
le Supplément cité ci-devaiit appelle O coque. . .
L'ISLE DE TALAO , isle d'Afie , dans l'Océarï
oriental , au midi de l'isle de Mindanao , au levant
de l'Isle-Sanguin , ck au nord-nord-oueft de l'isle de Gi-
lolo.
L'ISLE DE TANGOLA , petite ifle de la mer du
Sud , fur la côte de Guaxaca , dans la Nouvelle Espa-
gne , à une lieue ou environ de Guatulco. Elle eft haute,
&; l'ancrage y eft bon. Cette ifle eft paffablement pour-
vue de bois ck d'eau , ck eft environ à une lieue de la
terre. Les terres qui font vis-à-vis de l'ifle, font affez hau-
tes près de la mer. C'eft un pays plat, à pâturages; mais
deux ou trois lieues plus avant , il eft plus exhaufle ck
' plein de bois.
L'ISLE DE TARIFFA , isle d'Espagne , à l'entrée
du détroit de Gibraltar. Voyez Tariffe.
L'ISLE DE TASCON , petite isle de France , en
Bretagne , dans le Morbian , au diocèfe de Vannes , à
l'embouchure de la rivière de Noyalo.
L'ISLE DE TATIHOU, isle de France, en Nor-
mandie , aux nord-oueft des isles de Saint-Marcou, près
de la côte , Se du port de la Hougue.
L'ISLE DE TAVEC ou Tavée , isle de France,
fur la côte de Bretagne , à l'entrée du port de Penoue ,
félon les Côtes de France parTaflîn, & la Bretagne de
MM. Sahson. Le Neptune François n'en parle point.
L'ISLE DE TÉNÉR1FE. Voyez Ténérife ; c'eft
«ne des Canaries.
L'ISLE DU TERRAY, isle de France, en Gasco-
gne, fur la gauche, en entrant dans la baie d'Arcafïbn.
L'ISLE DE TERRE-NEUVE. Voyez Terre-
Neuve.
L'ISLE DE TERTHALTENS , petite isle de l'O-
céan , près du cap de Home , fur la côte orientale de
la terre de Feu. * Voyages de la Compagnie Helian-
doife, t. 5, p. 34.
L'ISLE DE TEUHIEC, petite isle de France, en
Bretagne, au levant de l'ifthme qui joint la. presqu'isle
de Quiberon au continent.
L'ISLE DE TEXLE, petite ifle des Pays-bas, dans
la mer du nord. Elle eft très-rameufe à caule de fa fitua-
tion Se de fa rade. Comme elle eft à l'embouchure du
Zuider-Zée, à dix-huit lieues d'Amfterdam, c'eft laque
les vaiffeaux chargés pour Amfterdam , attendent le vent
ou la marée pour entrer dans cette petite mer, au fond
de laquelle Amfterdam eft fituée , & lés vaiflëaui qui
partent de ce fameux port, attendent au Texel , que les
vents leur permettent de partir, foit pour les Indes, (bit
pour les autres pays auxquels ils font deftinés. Voyez-en
une description plus étendue au mot Texel.
L'ISLE DE THANTE, ifle de la côte orientale
d'Angleterre, dans la province de Kent, au midi de
l'entrée de la Tamife. Elle a titre de comté , Se Stonar
en eft le port de mer Se le chef-lieu. C'eft-là que les
Saxons prirent terre, lorsqu'ils s'établirent dans ce pays.
Elle a environ huit milles de longueur Se fix ou fept mil-
les de largeur.
L'ISLE DE THORNAY,- isle de la côte méridio-
nale d'Angleterre , dans la province de Suffex , à l'o-
rient de l'isle de Haling, Se au couchant de l'entrée du
port de Chichefter.
L'ISLE DE TIMOR , l'une des Moluques. Voyez
Timor.
L'ISLE DE TIRE-JY, isle d'Ecoffe , entre les Ves-
ternes. Voyez Tire-Jy.
L'ISLE DE TITAN, la même que l'Isle de Le-
vait , la plus orientale des isles d'Hières. Voyez Hiè-
RES.
LES ISLÈS DE TITELIS, petites isles d'Amérique,
au fond de la baie de Hudson , au nord de l'isle de
Charleftown.
L'ISLE DE TOBASCO , ifle de l'Amérique , dans
Ja baie de Campèche , où elle eft formée par la branche
orientale de là rivière de Saint-Pierre & de Saint- Paul,
qui va le perdre dans la rivière de Tobasco. Elle a'douze
lieues de long , Se quatre de large au feptentrion ; du
moins on compte quatre lieues depuis la rivière de Saint-
Pierre Se de Saint-Paul , jusqu'à l'embouchure de celle
. ...ISL". s6i
(je Tobasco ; & le rivage s'étend à l'eft ck à l'oueft.
" Dampur , .Voyages ; t. 3 , p. 161.
, L'ISLE DE TOLARÉ ou Tavolaro ] isle de la
mer Méditerranée, fur la côte orientale de Saidaigne,
au midi de l'entrée du golfe de Terra-Nova.
L'ISLE-TGLBER , petite isle de France , en Bre-
tagne, dans l'évêché de Saint-Brieu, à l'extrémité du Sil-
lon , 5e au nord-oueft de Saint-Mandé.
L'ISLE DE TOLEN ou Ter-Tolen, isle desPro-
vmces-Unies; dans la province de Zélande. Voyez To-
LEN.
L'ISLE DE TOME, isle de France, fur la. côte de
Bretagne, dans l'évêché de Tréguier , au couchant, &
a une petite, lieue Se demie de Saint- Gueltas.
L'ISLE DES TONNELIERS : c'eft
l'Isle de Kuyper.
L'ISLE -TORO , écueil au mjdi de la Sardaigne ,
voifin d une petite isle nommée la Vacca , c'eft-à-dire
le taureau ck la vache. Voyez au mot Taureau
L'ISLE DE LA TORTUE. Voyez Tctue'
LES ISLES DE T.OUSQUET; dans "l'Amérique
leptentnonale, dans le golfe de Saint-Laurent, entre l'isle
de Miscou Se la baie des Chaleurs. Ces isles font au
nombre de deux , l'une grande Se l'autre petite. Ce ne
font, a proprement parler, que des platins ou bancs de
fable, dont une partie afféche de batte mer. A la grande
isle il y a cependant deux endroits où les navires pê-
cheurs peuvent mouiller. Il faut entrer par la baie des
Chaleurs pour y aller ; Se l'on trouve deux canaux, dont
1 un va à un bout de l'isle, ck l'autre à l'autre. Lesvais-
feaux y mouillent affourchés fur des cables. Cette grand
isle a quatre à cinq lieues de tour. Elle a deuv <Zar,A,
la même que
de tour. Elle a deux grandes
leurs échafauds : ils
, is ont de la grave ck des vigneaux pour
faire fecher leur poiflon. La pêche y eft très-bonne ;
le hareng fur- tout 6k le maquereau y donnent à foi-
fon. Il s'en prend quantité aux échafauds, quoiaue la plu-
part de la côte ne foit que fable Sk petits cailloux que
la mer roule au bord , ck qui forme ce qu'on appelle la.
grave propre à fécher le poijfon ; en quelques endroits
le tout eft roches. Pour les bois , la plus grande partie
font des fapins ; ck dans le milieu de l'isle il fe trouve de
beaux arbres. * Denis , Description de l'Amérique fep-
tèntrionale ,' t. ï , c. s.
La petite isle Tousquet n'eft pas fi grande pour l'éten-
due de la terre Se le bois ; mais pour le refte , c'eft
presque la même chofe. La chafle eft bonne dans tou-
tes ces isles qui font environnées d'anses ck de prairies,
où le gibier trouve force pâture. Les côtes font bordées
de rofiers, pois ck framboifes fauvaees.
LISLE DES TRAITRES, isles de la mer du Sud,
au levant de la terre Auftrale du Saint-Esprit , entre
l'isle de Bonne-Esperance ck les Vingt-Isles. Elle eft ha-
bitée par une nation qu'un roi gouverne.
LES ISLES DU TRÉPIED, isles de la mer du Sud,
par le 183e d. de longitude, ck par les 19 d. de latitude -
méridionale ; elles font au nombre de trois , placées en
triangle, comme les trois jambes d'un trépied.
L'ISLE DE TRÉVORS , isle de France , en Breta-
gne , à l'occident de l'isle de Garo , ck au fud-eft des
roches de Portsal , près du port de même nom.
L'ISLE DE TRIELEN , isle de France , fur la côte
de Bretagne , entre l'Isle-Molène ck l'isle de Beniguet,
au couchant de l'Isle-Quemenès.
L'ISLE DE LA TRINITÉ. Voyez Trinité.
L'ISLE DE TRISTAN , petite isle de France , en
Bretagne , dans la baie de Douarnenez , au midi , à
l'entrée du port de Poldavid.
i.L'ISLE-TRISTE , isle de la mer des Indes. , fé-
lon l'observation de Dampier, Voyages, t. 1 , p. 150;
elle eft à 4d. de latitude méridionale, à environ quatorze
ou quinze lieues de l'occident de l'isle de Sumatra. Elle n'a
pas un mille de circuit , ck eft fi baffe que le flux la
couvre entièrement. Le terroir eft fablonneux ck plein
de cocotiers. Les noix font petites , Se cependant d'afïez
bon goût , pleines ck très-pefantes pour leur groflèur.
i. L'ISLE-TRISTE ou l'Isle-Trist, isle de l'A-
mérique, dans la baie de Campèche, à l'oueft de l'isle
de Port-Royal. Voyez Trist.
L'ISLE DE TROMO , petite isle de Norvège ,
tome III, Bbbbij
y 64
ÎSL
ÏSL
i gouvernement d'Aggerhus , au nord de l'isle de Mar-
doé.
L'ISLE DE TUDY, isle de France , en Bretagne ,
au diccèfe de Quimper, & au nord oriental du viliage
de Tudv, à l'embouchure de la rivière du Pont-Labbé.
L'ISLE -TUGIN, petite isle d'Afie , dans l'Océan
oriental , à trois lieues de l'Isle-Formofe. Les Hollan-
dois là nomment Y Isle du Lion d'Or , à caufe que l'é-
quipage d'un de leurs vaiffeaux , ainfi nommé , y fut
maffacié par les infulaires.
LES J.SLES-TURBES, appelléès par lesAnglois Is/e* Verd. '•■•.,_
Virus, font des isles de l'Amérique féptentrionale, dans L'ISLE DE VEUVRE; Taffin , dans fes Cartes des
le détroit de Hud on. Elle Ce trouvent à l'eft du cap de côtes de France, nomme ainfi une isle de Bretagne, à
Diegues, à dix-fept lieues en dedans , & au 61e d. 55', l'embouchure de la Charente. Le Neptune François la
& 40 d. 8' de variation nord-oueft. * La Pêcherie, Hift. nomme \' Isle- Madame.
de l'AmfT. fept. p. 73. LES ISLES D'ULIASSER , petites isles voifines de
LTSLE-TURRIF, isle d'Ecofte , Tune des "Wefter- l'isle d'Amboine , entre les Moluques. Chacune a un
nés, au nord-nord eft d'Ila , au couchant de Mull , &c nom particulier, favoir,
au lud-oueft deKol; c'eft la même que l'isle de Tire-jyi
ï. L'ISLE-VERTE , petite isle de l'Océan oriental
aux Philippines , félon Baudrand.
x. L'ISLE-VERTE , petite isle de France, en Breta-
gne , au levant de la grande isle de Bréhat , au midi de
Saint-Mandé.
3. L'ISLE-VERTE, petite isle de l'Amérique, dan6
le fleuve S. Laurent, & aflez proche de la côte du Sud,
avec unboii mouillage ;_ elle eft vis-à-vis de Tadotfffac.
* Notes du P. Charlevoix.
LES ISLES-VERTES. Voyez les Isles du Cap-
Hatua, Tuahàj
Ihemaho & Neuselao.
dans l'Etat préfent de la Grande Bretagne,
L'ISLE DE TUSELET, petite isle de France, en
Bretagne, au fud-oueft de l'isle de S. Mandé.
L'ISLE DE T U LOVERA , isle de France , en Bre-
tagne , dans là rivière de S. Paul de Léon , au fud-eft dé
la pointe de Pempoul.
L'ISLE DE TYLO , petite isle, fur la côte occident
îale clé Suéde -4 au couchant de la ville de Holmftad,
qui eft de la province de Halland , & au nord de l'isle dre (ous le fort d'Amboine , avec toutes
de Swlde b; . . lorsqu'ils (ont ma.idés par le gouverne
Les Noirs de ces quatre isles portent le nom de Chrè-
tiens , & mangent pourtant de la chair de leurs enne-
mis , quand ils les peuvent prendre. Ils font lous la dé-
pendance de la compagnie Hollandoife , & obligés,
comme tous_ (es autres vaftaux, de venir lérvir 64 (e'ren-
caracores,
Les habitans
L'ISLE- A-VACHE ^ petite isle de l'Amérique, dans de ces isles font clivifes tn OLifîvas & Olilimas. Ce
la mer du Nord , & fur la côte méridionale de l'isle de font des noms de factions-, comme ont été autrefois en
S. Domingue, du co é du couchant. Il y a quelques ha- I'alie lesGuelphes & les Gibelins , cV comme à préfent
bitations de français. Voyez au mot Vache. en Angleterre les Wighs & lesToris. Les Olilimas font
L'ISLE DE VACQUES , petite isle au Monomo- Mahométans^ les Qlifivas font Chrétiens', Mdhométans
tapaj par le travers du cap de Sainte-Marie , qui efl par ék Idolâirfes.
les 16 d. de latitude. La Relarion du Voyage de G. Spil- I. A Hatua, il y a quatre races d'Olilimas qui peu-
berg aux Indes orientales, observe avec raifon, quelle Vent mettre fur pied neuf cent cinquante hommes, tous
n'eft point inarquée fur les Cartes; , Mahométans. Il y a quatre races d'Olifivas-, deux Chré-
L'ISLE DE VADER-SMITH, isle d'Afie , au nord tiennes & deux Idolâtres qui peuvent mettre fur pied
de l'isle de Java , au nord-eft de Batavia , au midi orien- cinq cents hommes,
taie de l'isle de Lpydeti. x. A Tuaha i il y a' deux races d'Olifivas, qui font
L'ISLE DE VALABREGUE, isle de France, fur deux cents vingt hommes , tous Idolâtres.
le Rhône , à trois lieues au-deffous d'Avignon; il y a 3- A Ihemaho, il y a quatre races d'Olilimas, qui font
elle
a environ trots lieues
un village appelle de même ;
de circuit.
L'ISLE DE VALLOT , isle d'Angleterre , dans là
province d'Eflex, au couchant de Foulnefs.
L'ISLE DE VARELLA. Voyez au mot PULO, l'ar-
ticle Pllo-Verella.
L'ISLE DE VAY,
Pulo-Vay
quatorze cents hommes ; tous Mahomé'ans , tk trois
races d'Olifivas ; qui font deux cents quatre-vingt hom-
mes , tous Idolâtres. ,
4. A Neufelaho, il y a quatre races d'Olifivas, qui font
fix cents hommes, tous Idolâires.
C'eft ce qu'en ditMatelief, dans fon Voyage imprimé,
Voyez au mot Pulo , l'article entre ceux delà compagnie Hollandoife, t. 3, p. 319,
&ftq-
L'ISLE -UBÎ, isle des Indes, à quarante lieues à l'oueft L'ISLE DE VLIELAND j oii Amplement Vue i
de Pulo-Condor, précifément à l'entrée de la baie de (prononcez Flie,) isle des Provinces-Unies, dans la
Siam , à une pointe de terre j du côté du fud-oueft mer du Nord , à l'embouchure du Zuider-Zée , entre
qui forme la baie, c'eft- à -dire la pointe de Cam- l'isle de Texel & celle de Schelling.
bodia. Elle a environ fept ou huit lieues de circuit , & LES ISLES D'ULFFON, isles de Suéde, fur la côte
le pays en eft plus élevé que de toutes les autres isles de occidentale du golfe de Bothnie, dans la province d'An-
Pulo- Condor. Vis-à-vis de la partie méridionale de
cette isle , il y en a une autre petite s éloignée de la
grande, de la longueur d'un cable. L'isle d'Ubi eft pleine
de bois , & a de bonnes eaux au feptentrion où l'on
peut mouiller -, mais le meilleur ancrage eft du côté de
d'orient , vis-à-vis d'une petite baie , après quoi vous
fud-oueft de l'embouchure de la
rivière
germame .
de Bygdo.
L'ISLE DE VOORN , isle des Provinces-Unies, fur
la rive gauche de laMeufe. Voyez VOORN.
L'ISLE DE VOREN, petite isle de la mer d'Alle-
fuf la côte occidentale du duché de Sleswig,
avez la grande isle à votre midi. * Dampier, Voyages , au fud-eft de l'isle de Sylt ; c'eft la même que l'Isle de
1. 1, p. 75. Fora.
L'ISLE DE VENISE, ville du Comtat-Vénaiflin , à L'ISLE D'URCK, petite isle des Provinces-Unies,
trois lieues & demie d'Avignon, 6* à trois lieues de la dans le Zuider-Zée, à trois lieues des côtes de Frife.
fatneule fontaine de Vauclufe , confidérable pour la L'ISLE D'US EDO M, isle de la mer Baltique , dans
beauté de fes dehors arroiés par fept branches de cette . la Poméranie, à l'embouchure des rivières de la Pêne
fontaine, qui forment autant de petites rivières de la ci de l'Oder.
largeur de trente à trente-cinq pieds, dans lesquelles on
pêche une fi grande quantité de truites, d'anguilles, &
iur-tout d'écreviffes , qu'on en fournit à vingt lieues à
la ronde.
LES ISLES DU VENT, & les Isles sous lèvent.
Voyez Antilles.
L'ISLE DE VERON , petit quartier de France , en Brûlante , qu
Touraine , entre Chinon & Cande , & la rivière de ont des volcans.
Loire qui y reçoit celle de Vienne : il n'y a aucune L'ISLE DE "WAGE , l'une des isles de Féro , au
place remarquable. couchant de l'isle de Stromo.
L'ISLE DE VULCAIN ou l'Isle des Volcans,
isle de la mer des Indes , vers la côte de la Nouvelle
Guinée. Les Hollandois , qui l'ont découverte , l'ont
nommée Montagne brûlante, en leur langue BRANDEN-
DEBERG , parce qu'il y a quatre montagnes qui jettent
fouvent des flammes. J'ai remarqué à l'article l'Isle*
y a dans cette mer plulieurs isles qui
ISL
ISM
L'ISLE DE Y/ALNEY, ( Allard écrit^ALNEY,)
jsle d'Angleterre, dans la mer d'Irlande, à l'entrée de
la baie de Lancaftre. Elle eft longue Se s'étend le long
de la pointe qui enferme cette baie au nord-oueil.
L'ISLE DE WANGEROOGFL petite isle de la mer
du nord, fur la côte d'Ooftfrife, à l'embouchure de la
rivière de Jade , auprès de l'isle de Spikeroogh.
L'ISLE DE WEDDY, petite isle fur la côte d'Ir-
lande , au fud-oueft , dans la baie de Bantry , devant
le port de Bantry.
L'ISLE DE WÉDÉRO , isle de la mer de Dane-
mark, au nord du grand Belt, entre les isles de Sam-
foé & de Syro.
LES ISLES WESTERNES. Voyez V/esternes.
L'ISLEDE V/EYRO, petite isle du Danemarck, au
nord de l'isle de Laland , & au couchant de celle de.
Féo.
L'ISLE DE WIDRO, l'une des isles de Féro. Elle
eft fituée au nord Sf. à l'eft de l'Isle-Bordo, de laquelle
un canal fait en équière la fépare.
L'ISLE DE WIERINGEN ou Vieringen, petite
isle des Provinces-Unies , dans le Zuider-Zée , au nord
de Médenblick.
L'ISLE DE VIGHT. Voyez Wight.
. L'ISLE DE V/OLFSUND , petite isle de Norvège,
au gouvernement d'Aggerhus , au nord-oueft du port Se
de l'isle de Fleckeren.
L'ISLE DE V/OLLIN, petite isle de la mer Balti-
que , dans la Poméranie , à l'embouchure de l'Oder.
L'ISLE DE WROUWENEERG , petite isle de.
Suéde , dans la mer Baltique , près de la côte de Sma-
îand, & du port de Wefterwyck.
L'ISLE DE VIST : il y a deux isles de ce nom en-
tre les V/efternes. On les diftingue par leur fuuation.
La plus feptentrionale s'appelle North-Wijl , Si la plus
méridionale Southwifl. Elles font toutes deux au midi
de l'isle de Lewis.
North-Wiflh , qui en eft la plus proche , a environ
neuf milles de long du nord au fud , & trente milles de
circonférence. Ses montagnes à l'orient font bonnes
pour le pâturage, & fa partie occidentale pour le bled.
Elle a plufieurs lacs remplis de truites & d'anguilles j
& même de poiffons de mer, qui y font portés par les
grandes marées. Ces lacs ont plufieurs petites isles , qui
abondent en oifeaux de terre Se de mer. Entre les baies
de cette isle , celle de Maddy eft la plus confidérable ,
où l'on a chargé de harengs dans une faifon jusqu'à qua-
tre cents vaifieaux. Dans cette baie il y a une petite
isle , où le roi Charles Ier établit un magafin pour la pê-
che. Elle produit aufli de fort grofles huitres. * Etat pré-
fent de la Gr. Bretagne, t. i, p. x8}.
South-Wijl a vingt milles de long , Se quatre de large.
Elle produit à-peu-près les mêmes chofes que North-
Wift. Il y a un lac de la longueur de trois mides , où
la mer s'eft ouvert un paflage, quelques efforls que les
habitans ayent faits pour l'empêcher. Ce lac eft remar-
quablepar une forte de poiflon, lequel reflemble tout-
à-fait à un faumon, hormis que fon dos eft noir Se le
ventre blanc. Les habitans de ces deux isles font géné-
îalement bien faits, robuftes Se civils aux étrangers. Il
y en a plufieurs qui vivent jusqu'à un grand âge. Ils par-
lent Irlandois, & font presque tous Catholiques Romains.
L'ISLE D'YELL, isle entre celles de Schetland, au
nord-eft de Mainland. Elle a dix-huit milles de long ùe
neuf de large. Il y a trois églilès & diverses chapelles.
L'ISLE DE ZÉBU , l'une des Philippines. Voyez
Zebu.
Je né donne pas cette lifte comme un catalogue com-
plet de toutes les principales isles de l'univers. Ce n'eft
qu'une ébauche à laquelle il faut joindre quantité de dé-
tails qui fe trouvent répandus dans un grand nombre
d'articles, Se que je n'ai pas voulu répéter inutilement.
On peut consulter les articles de 1' 'Archipel , des isles
Açores, des isles Antilles, des Canaries, des isles des
Larrons ou isles Mariannes , des isles du Japon , des
Philippines , des Moluques , des isles de Salomon , &
beaucoup d'autres inférés dans leur lieu. Ces noms col-
lectifs renferment de grands détails auxquels nous ren-
voyons.
L'ISLE DE FRANCE , contrée & province de
France , où eft Paris capitale du royaume. Ce n'eft pas
Sa)
une isle proprement dite. C'eft un diftricl qui a plus ou
moins d'étendue , félon les divers fens dans lesquels il
fe prend. Voyez au., mot France , l'article l'Isle de
France,
ISLEBE. Voyez Eisslebèn.
ISLET ou Islot : on nomme ainfi les isles qui font
très-petites. La plupart n'ont point de nom.
L'ISLET-AUX-ANGLOIS , petite isle d'Afrique, -
en Nigntie, dans la rivière de Gambie, à douze lieues
au-deflus de fon embouchure dans l'Océan; LesAnglois
y ont élevé un fort en forme de fer à cheval pour la
iûreté de leur commerce. *Baudrand, éclit ijo<j.
ISM ou LsEN , ancien bourg d'Allemagne , en Ba-
vière , entre Freifingen & V, afferbours , fur un rui.^eaa
de même nom que ce bourg. On le" nomme en latin,
Isinisca ou Ysenisco. U y a une collégiale Se une
prévôté. * Zeyler, Bavar. Topogr. p. 77,
ISMAALI," ville de la Befîarabie fur la gauche de la
branche la plus feptentrionale du Danube , à douze
lieues au couchant de Kilia. Elle eft afîez grande Se
peuplée de Valaques ou Moldaves.
ISMAÉDA : Ortélius lit ainfi dans Etienne le Géo-
graphe. L'édition de Bertius porte Ismaéla, lcy. '>,•/_ -,
C'étoit une petite contrée de l'Arabie. Il eft clair que
ce nom vient d'IsMAEL, fils d'Abraham & d'Agar.
ISMAELITES : on appelle ainfi dans les h'iftoires,
tant anciennes que modernes , les Arabes qui font la
poftérité d'Ismaël (a). Sara époufe d'Abraham , voyant
que Dieu ne lui avoit point donné d'enfans (b), pria
ion mari de prendre Agar fa fervante, afin qu'au moins
par fon moyen elle put avoir des enfans. C'étoit une
manière d'adoption , dont on voit encore des exemples
dans la conduite de Rachel & de Lia, qui donnèrent
aufli leurs Cervantes pour femmes à Jacob leur mari
afin qu'elles leur donnaient des enfans (c). Agar avant
donc conçu , commença à méprifer Sara , fa maîtrefîë.
Celle-ci s'en plaignit à Abraham , & Abraham lui dit
quelle pouvoir traiter fa fervante comme elle jugeroit
a propos. Sara l'ayant donc maltraitée , Agar s'enfuit
Lange du feigneur lui apparut dans le défert , & lui dit"
retournez à votre maîtreflë , Se humiliez-vous fous fa
main ; vous avez conçu, & vous enfanterez un fils que
vous nommerez Ismael, c'eft- à-dire : le Seigneur a écou-
te1 ; parce que le Seigneur vous a exaucée dans votre
àffl.ction; Ce fera un homme fier Se farouche , dont la
main fera élevée contre tous, Se contre qui tout le monde
aura la main levée. Il dreflera fes tentes vis-à-vis fes
frères , Se il occupera le pays voifin du leur. Agar revint
donc à la maifon d'Abraham, & elle enfanta un fils, qui
fut appelle Ismael.
Quatorze ans après, le Seigneur ayant vifité Sata, Se
Ifaac étant né à Abraham, Ismaël, qui jusqu'alors s'é»
toit regardé comme l'unique héritier d'Abraham , fe vit
déchu de fes espérances. Un jour Ifaac étant âgé d'en-
viron cinq ou lix ans , Ismaël le jouoit avec lui d'une
manière qui déplut à Sara ; & elle dit à Abraham :
chaflez cette fervante avec fon fils ; car Ismaël ne fera
point héritier avec mon fils Ifaac. Abraham trouva cela
dur ; mais le Seigneur lui ayant dit d'écouter Sara, il
renvoya Agar avec fon fils, en leur donnant quelques pro-
vifions pour leur voyage. Agar étant partie avec fon
fils , alloit errant dans le défert de Bersabée; & l'eau
qui étoit dans le vaiffeau, qu'elle portoit, ayant manqué,
elle mit fon fils fous un arbre , & s'éloigna de lui à la
longueur d'un trait d'arc , difant .' je ne verrai point
mourir mon enfant. Alors Agar ouit une voix du ciel
qui lui dit : ne craignez point , le Seigneur a écouté là
voix de l'enfant du lieu où il eft. Levez-vous, prenez-
le ; car je le rendrai père d'un grand peuple. Elle fe
leva,, & Dieu lui ayant fait voir un puits , elle en tira
de l'eau , ^ en donna à fon fils , & le mena plus avant
dans le défert de Pharan , où il demeura. Il devint ha-
bile à tirer de l'arc ; & fa mère lui fit époufer une femme
Egyptienne , dont il eut douze fils (d) ;
Nahajoth ,
Cédar,
Abdéel i
Mahsam ,
Masma ,
Duma,
Mafia,
Hadad ou Hadar,
Thema,
Jethur,
Naphis Se
Cedmai
ÎSM
$66
II eut auffi une fille nommée Mahékth ou Safimath,
Genef. xxxvj , 3 , qui époufa Elau , Genei. xxvnj , 9.
Nous avons parlé de chacun des fils d'Ismaël, (ous leurs
articles. '* (») D. Calma , Dift. (b) Genef. xw), l, 2,
3, ckc. (c) Genef. xxx, 3 <k 9. (*) Genef. xxv, 13,14.
Des douze fils d'Ismaël font forties les douze tribus
des Arabes , qui fubliftent encore aujourd'hui. S. Jé-
rôme (a) dit que de fon tems les Arabes nommoient les
•cantons de l'Arabie des noms des diverses tribus qui les
habitoient. Les hiftoriens profanes donnent aux chefs
des tribus des Arabes le nom de Phylarques , .& j"
Arabes leur donnent le nom de Scheich- Elkebir (».).
Les descendans d'Ismaël habitèrent le pays qui eft de-
puis Hévila jusqu'à Sur. Hévila eft vers la jonction de
rEuphrate ck du Tigre ; ck Sur eft du côté de l'ifthme,
qui fépâre l'Egypte de l'Arabie. On connoît dans l'his-
toire les descendans d'Ismaël , fous le nom général àA-
rabes ck d'Ismaélites. On connoit en particulier les Na^
bathéens, les Cédaréniens , les Agarémens, &c. De-
puis le feptiéme fiécle , ils ont presque tous embraffé
la religion de Mahomet ; &C nous les appelions Turcs
ou Mufulmans. Vovez aux mots Bédouins , Sara-
2ins, ckc. *(a) Êietonym. Quéeft. hebr. m Genel.
(>>) Voyez Thevenot, 1. il, c. 32., part. I.
ISMANING, bourg d'Allemagne, en Bavière, fur
la rive droite de l'Ifer , à deux milles & un quart au-
deffous de Munich , ck à trois milles ck demi au-deffus
de Freifingen. Il eft dans cet évêché. * Zeyler , Bavar;
Topogr. . . . , •
1. 1SMARA, ville d'Afie , dans la petite Arménie,
auprès de l'Euphrate, félon Ptolomée ; mais les manus-
crits portent Sismara..
2. ISMARA , ancienne ville de Thrace. Virgile t
'jEnéid. 1. 10, v. 351, dit:
Et trts quoi lias pater & pairia lsmarà mhtït:
Sur quoi Servius observe que cette ville prenoit ce norri
du mont Ismarus. Le mot Ismara eft ici au féminin ; il
eft neutre dans ces vers de Virgile, Georg. 1. z , y. 37 :
Juvat Ismara Baccho
Conserere.
Mais on y parle de la montagne , ck non pas de la ville.
Etienne le Géographe nomme cette même ville Isma-
ROS , &. dit qu'elle appartenoit aux Ciconiens. Voyez
le pafTage de l'Odyflee , rapporté à l'article Ciconum
Flumen.
1. ISMARUS ou Ismara , au pluriel, montagne de
Thrace , félon Virgile ck Servius , cités dans l'article
précédent. La Description de l'univers, écrite par Scym-
nus de Chio , & citée mal-à-propos fous le nom de
Marcïen d'Heraclée, porte (vers6j<j, p. 39. Edit.Oxon.)
que les Ciconiens qui demeuroiënt alors dans l'Ismarus
avoient autrefois habité à Maronée. Il paroît cependant
que les Ciconiens occupoient déjà cette montagne dès
le tems d'Homère. Hefyche a , fans doute , été trompé
par cette description lue trop négligemment , lorsqu'il a
afftiré que Maronée ck Ismarus étoient une même ville.
Pline, I.4, c. 11 , les diftingue très-bien ; ck après avoir
nommé Ismaros , ck quelques autres villes , il dit que
Maronée étoit nommée auparavant Ortagurea. La ville,
ou peut- être, la montagne , prit fon nom à'Ismarus, fils
de Mars ck de Thraffa , félon le grand Etymologique.
2.. ISMARUS, ville de Thrace. Voyez Ismara 2.
1SMENE , village de Béotie, félon Etienne le Géo-
graphe, jElien, VarlarA. 12, c. 57, nomme ISMENUS
une ville voifine de la fontaine Dircé.
ISMENIUS. Voyez Ismenus 2.
ISMENIUS Collis ; colline de Grèce, dans la Béo-
tie, félon Paufanias, /. 9, c. 10, qui dit qu'elle étoit
consacrée à Apollon qui en prenoit le furnom à'Ismé-
ISMENIUS-Fluvius. Le même auteur nomme ainfi
le fleuve Ismenus. Voyez Ismenus.
ISMENIUS-Lucus, bois de laBéotie,près de la fource
de l'ISMENUS. Voyez cet article.
ISMENUS , rivière de Grèce , dans la Béotie , où
elle coule auprès de l'ancienne Thèbes. Plutarque le
Géographe, deFluviis, p. 3, edic. Qxon. dit qu'on l'ap-
ÏSN
pelloit autrefois le pied de Cadmus , Ks'<!)« CT*V , & là- '
deflus il raconte, à fon ordinaire , une petite hiftoriette
que voici. Cadmus ayant tué à coups de flèches le dra-
gon, qui gardoit la fontaine, craignant que l'eau n'en fût
empoifonnée , il parcourut le pays pour en chercher une
autre, dont il pût boire fans danger. Etant arrivé à l'an-
tre Corycéën, par lé fecours de Pallas, il enfonça le pied
droit dans le limon ; ck quand il l'en eut retiré , il en
fourdit une rivière ; & après qu'il eut facrifié , on l'ap-
pella le pied de Cadmus. ( Il n'y a pas grand miracle en
cela ; le pied du cheval de Charlemagne fit fourdre de
même une fontaine à Aix-la-Chapelle.) Plutarque conti-
nue ainfi : peu déferas après cela, Ismenus , fils d'Am-
phion ck deNiobé , étant blefïé par une des flèches d'A-
pollon , ck fouffrant une douleur violente, fe précipita
.dans cette rivière, qui en prit le nom. Paufanias en donne
une autre origine. Vous voyez, dit-il, la fource qui eft
consacrée au dieu Mars, qui en avoit confié la tjârde au
dragon. Tout auprès eft le tombeau de Caanthe, qui
palle pour avoir été frère de Mélie , ck fils de l'Océan.
On piélendque fon père l'envoya chercher fa fceur Mé-
lie, qui avoit été enlevée: il apprit qu'elle étoit au pou-
voir d'Apollon ; mais n'ayant pu l'en tirer, il mit le feu
au bois d'Ismène , & les Thébains affurent que ce fut
cette action qu'Apollon punit en le perçant de flèches.
Il a donc fon tombeau en cet endroit. Pour ce qui eft
de Mélie , Apollon, fon raviffeur, en eut deux fils , Te-
ner ck Ismenius. Il donna à celui-ci le don de devi-
ner ,^ck la rivière prit le nom à' Ismenius; quoiqu'elle
en eût un autre auparavant ; car avant qu'Isménius fils
d'Apollon , fût né , la rivière s'appelloit Ladon. Orté-
lius croit que la même rivière eft nommée Knopus ,
KfaW , par Strabon ck par Nicandre. La fontaine de
Dircé fe jettoit dans l'Ismenus. Cette rivière eft une de
celles qui, coulant vers le nord de Thèbes , entrent dans
le lac nommé autrefois Halica , dans là Livadie, ck fe
perdent par une embouchure commune dans TEuripe,
au nord-oueft de Négrepont. Baudrand dit que le nom
moderne eft Ismeno. .. .
ISMID, Ischmit ouIschmeT : quelques moder-
nes écrivent aipfi différemment le nom que porte au-
jourd'hui la ville de Nicomédie , en Bithynie. Paul
Lucas écrit Schemit. Voyez NicomÉDIE. .
ISMUC, petite ville d'Afrique, à vingt mille pas de
Zama. Son territoire ne peut fouffrir rien d'empoifon-
né. C'eft du moins ce que dit Vitruve, /. 8, c. 3.
ISNY , Isne ou Eisne , ville impériale d'Allema-
gne, enSuabe, dans J.'Algow; elle touche au petit pays
de Buchenberg, qui appartient à l'abbé de Ketîipt ; elle
eft fituée fur le ruifîèau nommé de même Isna , félon
Zeyler, Suev. Topogr. p. 43 ; De l'Ifle n'y en marque
point. L'an 1106 , le comte Mangold de Véringen, y
fonda une abbaye qui prit le nom d'Isna du ruiffeau.
Après fa mort les gentilshommes de Walbourg en furent
feigneurs. Il eft certain que la première fondation étoit
encore plus ancienne, èk les lettres impériales qui la con-
firment font de l'an 1096 ; mais l'établiffement s'en fit,;
l'an que nous avons dit. La ville d'Isne fut brûlée ,
l'an 1 284 , ck ensuite rebâtie ; ck l'abbaye fut comptée
quelque tems entre les étatsde l'empire , jusqu'à ce qu'eri
1591, le 15 Septembre, les feigneurs de Walbourg re-
connurent devant la chambre de Spire , qu'elle étoit
exemte dé toutes charges ; ils en furent ensuite les pa-
trons. Cependant, l'an 1 641, Jean, abbé d'Isrie, fé
trouva à la diète de l'empire. L'an 1350, un cràpaut oii
autre bête venimeufe s'étant gliffë dans la marmite, era-
poifonna fi bien les viandes qui y bouifloient, que l'abbé
Henri II , ck tous les moines en moururent. Dans la
cave du monaftere on a trouvé un marbre fur lequel il
eft fait mention des empereurs Septime , Severe tk Au-
rele-Antonin; ck il y eft dit qu'ils ont fait raccommoder
les chemins ck les ponts de ce pays , depuis Kempten
jusqu'à Isne ; car la route de l'Italie au Rin pafloit par
Isne. L'abbaye donna lieu à la ville de s'aggrandir avec le
tems, après que l'ancienne ville, qui étoit un peu plus loin
vers le couchant ck plus près de l'Arg, entêté détruite.
On a voulu dériver fon nom de la déeffe Ifïs, qui y avoit,
dit-on , un temple. Elle a dans fes armes un fer à che-
val, ck les Allemands appellent eifen, le fer; èk Zeyler
dit que ce lieu a été appelle Ifenaw , & ajoute comme
une autre raifon , qu'il y a eu en ce même endroit des
ÎSN
ISP
forges où l'on travailloit le fer ; mais il en' revient avec
jraiien à la première origine qui eft le nom du raifieau
Isna , dont la ville a tiré le fien. Son territoire ne pro-
duit ni vin ni bled , mais feulement des avoines , des
navets, des fèves, du lin 6k des jardinages. On tire les
,vins du lac de Confiance, du Rhin 6k du Necker , les
grains d'Ulme , de Memmingen , de "Waldsée 6k de
Leutkirch ; la rivière de l'Arg & les lacs voifins four-
niffent quantité de poillon. Le commerce des toiles étoit
autrefois fi floriftant , qu'on y en fabriquoit pour cent
cinquante mille florins. L'an 1630, une compagnie d'in-
fanterie d'Impériaux étant venue à Isne , 6k en étant
partie pour Kempten allez mécontente , le feu y prit la
nuit fuivante , 6k consuma près de quatre cents maifons,
la pareille , les écoles , la maifon de ville , l'abbaye 6k
Elle s'eft rétabf
5°7
çhe dans le lac voifin, de toute espèce , & on le donne
à bon marché. • . .
ISNIGIMIT eft , felcn Baudrànd , le nom moderne
de Nicoraédie. Voyez NicomÉdie.
ISOLA , ce mot en italien lignifie une ÎJle ; c'eft, ou-
tre cela , le nom propre de divers lieux.
1. ISOLA , petite ville d'Italie, du royaume de Na-
ples , dans la Calabre ultérieure , avec un évêché fuffra-
gant de l'archevêché de fainte Séverine. On l'a ceinte
de murailles, après qu'elle a été deux fois façcagée par
les Turcs. Elle a peu d'habitans , & eft à quatre milles
de la côte orientale de cette province ck du golfe de
Caftelli, à fix du cap de Pufiuto, ck à dix-huit de fainte
Séverine au midi. * Baudrànd, éd. 1705.
2. ISOLA, bourg d'Italie, au royaume de Naples,
fur une petite ifle du Gari-
autres édifices publics. Elle s'eft rétablie ; 6k quoique dans la terre de Labour
petite , elle fe maintient dans la qualité de ville impériale, gtan ; à une lieue de Sora , 6k à quatre d'Aquind»
qu'elle acquit fous Charles IV.- ^Baudrànd, éd. 1705.
ISNIC, ÏSNIQ ou ISNICH , ville de la Turquie, en 3. ISOLA, bourg d'Italie, en Iftrie, fur la côte du
'Afie, dans la Natolie, où elle occupe la place de l'an- golfe de Triefte, à cinq milles de Capo d'Iftria, aucou-
cienne Nicée. Tavermer, Voyage de Perse, t. 1 , c. 1, chant. Il eft aux Vénitiens , & s'appelle en latin Alie-
en parle ainfi. Une partie de la ville eft bâtie fur la pente tum ou Halieti Cajlrum , 6k Cajlrum Aquilce. * Baudr.
d'une colline, 6k l'autre dans une plaine qui va jusqu'à
la mer, qui fait clans cet endroit un cul-de-lac, que l'on
appelle le golfe d'Isnich. Il y a au port deux moles de
grandes pierres de taille, & trois grands clos fermés de
murailles, qui font comme autant d'arfenaux, dans lts-
quels, fous de longues galeries , on voit quantité de bois
dégrofïi pour bâtir des mailbns ck des galères. La chaiTe
étant belle aux environs de la ville, & fon terroir por-
tant toutes fortes d'excellens fruits ck de très-bon vin ,
Sultan Amtirat fit bâtir un ferrail au lieu le plus emi-
nent , d'où l'on découvre à la fois la mer ck la campa-
gne. Les Juifs occupent la plus grande partie delà ville,
& les bleds avec le bois à bâtir font leur principal né-
goce. Quand le vent eft favorable, on peut aller par
nier de Conftantinople à Isnich, en fept ou huit heures,
&L le trajet n'eft pas dangereux. Voici ce qu'en dit
Paul Lucas dans fon Voyage de l'Afie mineure , t. 1 ,
p.6<j: je fuis persuade que fon nom eft bien moins ruifïeau qui tombe dans la Noguera Pallavefa. Elle eft
changé que fa figure ; c'eft quelque chofe de pitoyable au fud-eft ck à une heure de chemin d'Orcau. LesRc
que de voir les ruines de cette ville ,■■■•■■■'
ifituée fur le bord d'un lac, qui a plus d
éd. 170^.
4. ISOLA della Scala, gros bourg d'Italie, dans
l'état des Vénitiens, au Véronois, à dix-fept milles de
Vérone. Il eft riche ck peuplé comme une ville . 6k il
s'y fait un très-grand commerce de foie. * Corn, D-ift. -
5. ISOLA Grande , ifle d'Italie , entre les deux
bouches du Tibre, entre la ville de Porto ck celle d'Oftie.
6. ISOLA, rivière d'Allemagne, dans l'évêché de
Bnxen. Elle y prend fa fource au nord , fur les confins
de l'archevêché de Saltzbourg, pafTe àWindisch-Matray,
ck fe rend dans la Drave à Lientz. * Robert de Vau.-
gondy, Atlas.
ISOMANTUS, rivière de Grèce, dans la Béotie.
Voyez Hoplias.
ISOMBRI. Voyez Insubres.
. ISONA , petite ville de Catalogne , da"ns la viguerie
de Lérida , près des montagnes ,' ck de la fource d'un,
mains 1 appelloient jEfona , comme il.paroît par cette
inscription :
Fulvio. Filio. F. Restituti,
Filio. CatuljE. P. jEsonensi.
Le P fignifie Patria. On y trouve quantité de pierres
avec des inscriptions. Elle a été auflî appellée Jejfonia,
ck ensuite Ifauna; ck l'hiftoire du dixième fiécle porte
:lébre; Elle eft
irante milles
de tour ; fon territoire s'étend dans une plaine entourée
ide montagnes ; elle a encore deux enceintes de murailles,
qui font munies de tours très-fortes , faites de briques
cuites , mais la plûpatt ruinées ; il y en a quelques-unes
carrées , diftinguées même par la matière dont elles
ont été bâties ; celles-ci font de pierre de taille , ck des
plus greffes. La ville a en tout environ fix milles de cir-
cuit ; l'églife des Grecs a été des plus fuperbes, on y voit que les Sarafins la faccagerent l'an 964. * Marca , His-
encore de beaux ouvrages à la mofaïque ; ck ce fut là , panica, l^ a, p. 117.
ISONDiE, ancien peuple de la Sarma'ie d'Afie, fé-
lon Ptolomée, /. 5 , c. 9. Ils éioient vers la mer Cas-
pienne.
ISONOÉ , 'I<n>Voiïj ancienne ville d'Afïyrie , félon
Ptolomée, /. 6, c. 1. Les manuscrits portent Ifons ,
klecr»
ISONTIUS , nom d'un lieu aux confins de l'Italie.
La Chronique de Caflïodore porte qu'Odoacre y fut
mis en fuite par Théodoric. Ortélius croit qu'il s'agit de
la rivière nommée Natifon par les anciens , 6k que
l'on appelle préfentement Lifontio. Le nom eft Liçonzo.
ISORIA , bourg d'Epire , dans le territoire d'Eurée,
félon Sozomene, Hift. ecel. 1. 7, c. 2.6.
ISOU, ville des Indes', dans Fille d'Amboine , dont
plupart eft falutaire. Il y a auprès un elle eft la capitale , félon Corneille , Dicl. Un Voyage
des Hollandois nomme Itou, ou Iton , Hitou, ou Hit-
tou , une petite ville maritime de la même ifle.
ISPA , ville de la petite Arménie , félon Ptolomée ,
l. 5, c. 7 , qui la met vers les montagnes,
ISPAHAN , ville de Perse , dont elle eft la capitale.
Les Arabes la nomment Esfàhan : Naffir - Eddin la
nomme ainfi 6k la met à 86 d. 40' de longitude , 6k à
31 d. i1;' de latitude, dans le troifiéme ciimat. Ulug-
Beig l'appelle de même 6k lui donne la même pofition.
Les observations nouvelles confirment la latitude dis
difent les habitans du lieu , que fe tint le fameux concile
de Nicée, où l'empereur Conftantin affilia en personne.
L'on y montre encore les reftes du lieu où s'en faifoient
les affeniblées ; ils compofent une espèce de demi-lune
ruinée , qui a des bancs les uns fur les autres , bâties de
pierres, 6k des plus belles ; mais tout tombe en ruine.
Outre cette églife qui étoit la première de la ville , les
Arméniens» en ont auprès une petite où ils. font le fer-
vice : les autres qui étoient aufïi magnifiques , ont tou-
tes été changées en mosquées ou abbatues parla longueur
du tems 6k la barbarie des guerres. Nicée eft parfemée
d'un prodigieux nombre de colomnes de pierre granité
ck de marbre d'une belle grandeur. Isnich eft très-bien
fournie de fontaines. Elles font toutes bâties de mar-
bre, 6k l'eau de
aqueduc magnifique , qui conduit l'eau d'une des mon-
tagnes voifines. Il y en avoit autrefois plufieurs autres,
mais ils font à préfent démolis ; 6k l'on ne voit plus
hors de la ville que de trilles reftes de ces beaux édifi-
ces qui en faifoient autrefois l'ornement. Les murailles
de la ville font presque toutes raccommodées de piédes-
taux de marbre 6k de pierre granité : on en a arrangé
tous les morceaux les uns fur les autres , 6k dans l'espace
de trois cents pas : l'auteur cité y en compta cent quatre-
vingt-deux. Ces murailles ont trois cents foixante 6k
dix tours , c'eft-à-dire plus qu'il n'y a de maifons dans pahan ; 6k pour la longitude, elles font cette ville de 50 c!.
la ville ; car il n'y en a pas plus de trois cents. Ce pays 30' plus orientale que l'obfervatoire de Paris. Cha dm,
eft abondant particulièrement en bon poilïon. 11 s'en pê- qui a employé tout fon huitième volume à la décrire, la
y 6 8
ISP
ISP
nomme en Persan Scphaon. Plufieurs font monter le
nombre de lès liabitans à onze cents mille âmes. Ceux
qui y en mettent le moins affurent qu'il y en a fix
cents mille. Le nombre des édifices eft, prodigieux ; on
en compte vingt-neuf mille quatre cents foixante-neuf ,
clans l'enceinte ; & huit mille fept cent quatre-vingt au
dehors, tout compris , les palais , les mosquées , les
bains , les bazars , les caravanferais & les boutiques ;
car les boutiques, fur-tout les grandes &: bien fournies,
font au cœur de la ville , féparées des maifons où l'on
demeure. On y trouve toujours une telle foule dans les
bazars, que les gens, qui vont à cheval, font marcher de-
vant eux des valets de pied , pour fe faire faire paffage.
Il eft vrai qu'on va tort à l'ailé dans les autres endroits
de la ville. Cependant fi l'on fait réflexion que les fem-
mes en Perse , hors celles des pauvres gens , font reclu-
fes, & ne fortent que pour affaires , on trouvera que
cette ville doit être effectivement des plus peuplées. La
eonftruction d'Ispahan eft fort irréguliere. De quelque
côté qu'on la regarde , elle paroît comme un bois où
l'on ne peut discerner que quelques dômes avec des tou-
relles fort hautes , qui fervent de clochers aux Maho-
métans.
Eile eft bâtie le long du fleuve de Zendefoud, fur le-
quel il y a trois beaux ponts, que nous décrirons ci-après;
l'un qui répond au milieu de la ville , & les deux au-
tres aux deux bouts. Quoique l'eau en foit fort légère &
fort douce , on ne fe donne pas la peine, à Ispahan, d'en
aller chercher, parce que chacun boit l'eau de fon puits
yui eft également douce & légère.
* Les murs de la ville d'Ispahan ont environ vingt mille
pas de tour. Ils font de terre, allez mal entretenus, Se
tellement couverts par les maifons Se les jardins qui
y touchent au -dedans Se au -dehors , qu'il faut , en
plufieurs endroits, les chercher pour les appercevoir. Il
en eft de même dans les autres villes du royaume ; Se c'eft
ce qui a trompé quelques voyageurs , qui ont rapporté
que les villes de Perse n'ont point de murailles ; Ispahan
a de plus un château & un foffé. La. beauté de cette
ville contifte particulièrement dans un grand nombre de
palais magnifiques, de maifons gaies & riantes, de ca-
ravanferais fpaqeux , de fort beaux bazars , de canaux
& de rues , dont les côtés font couverts de hauts pla-
tanes ; mais les autres rues font, généralement parlant ,
étroites , tortues , &c entrecoupées par des bazars ou
marchés couverts. Ce qui fait qu'en touttems on peut tra-
verfer Ispahan à pied fec Se à couvert. Les rues ne font
point pavées, non plus que dans les autres villes de Perse;
mais comme l'air y eft fec , Se que chacun arrofe devant
fa porte, matin & foir , il n'y a ni tant de crotte ni tant
de pouffiere qu'en nos pays ;■ mais il y a d'autres incom-
modités affez confidérables. Les rues étant voûtées , à
caulè des canaux fouterréinS , qui parlent par tous les en-
droits de la ville , il y arrive quelquefois des écroule-
mens , où les gens qui vont à cheval, courent risque de
fe rompre le cou. Il y a dans les rues des puits à fleur
de terre , où l'on court le même risque. Les égouts des
maifons font tous dans les rues , dans de grands trous où
l'on jette toutes les ordures du logis , Se qui quelquefois
fervent de lieux communs. Cependant les rues n'en font
point empuanties, foit à caufe de la fécherefTede l'air,
foit parce que ces égouts. font nettoyés , tous les jours ,
par les payfans qui apportent les fruits & les autres den-
rées à la ville, & qui, au retour, chargent leurs bêtes de
ces ordures , pour fumer leurs jardins.
La ville d'Ispahan eft divifée en deux quartiers , l'un
nommé Joubaré-Neamet-Olahi , qui regarde l'orient; Se
l'autre nommé Deredechu-Heyderi , qui regarde l'occi-
dent. Elle a huit portes, quatre à l'orient Se au midi;
celle de H 'aJjcn-Abad; celle de Joubarè , qu'on nomme
auffi la porte cYAbas ; celle de Kerron ; celle de Séi-
dahmidwn; Se quatre font face à l'occident Se au fepten-
trion ; la porte Impériale ou Derva^e-Deuht , comme
ils parlent ; la porte de Lombon ; la porte de Tockchi ,
Se la porte de Deredechte ; il y a encore fix faufTes por-
tes, dont la plupart n'ont point de nom. Ces deux quar-
tiers, entre lesquels la ville eft divifée, font proprement
deux factions qui engagent avec elles les fauxbourgs Se
Je territoire de la ville. Le quartier de Joubarè renferme
tout ce qu'il y a du côté oriental de la porte de Tockchi.
Le quartier de Deredechu renferme le refte. On dit que
le, noms de Heydcr Se de h'eamct-Olahi , que portent
les deux moitiés d'Ispahan , font les noms des deux prin-
ces, qui mirent autrefois le peuple Perfan en deux par-
tis. D'autres difent que deux villages voifins étoient en-
nemis Se partagés, parce que l'un tenoit pour une feéte ,
& l'autre pour une autre , Se que s'étant aggrandis Se
joints , il s'en eft formé la ville d'Ispahan, où cette an-
cienne animofité fubfifte fi bien , que les deux partis en
viennent fouvent à de vrais combats. Venons mainte-
nant à la Description de Chardins que nous abbrégeons.
J'entrerai, dit-il, t. 8, p. 14, dans la description de
la ville , par les quatre portes qui fDiit face à l'orient ,
en rapportant ce qu'il y a de plus remarquable entre ces
portes Se la grande place royale ; Se je commencerai
par la porte de Halfen-Abad, en tournant premièrement
de l'occident à l'orient, Se puis de l'occident au fepten-
trion.
. A vingt pas de cette porte , on trouve deux rues qui
aboutiffent à un grand collège. L'une eft appellée la rué
du Mouchi-el-Memalec , c'eft-à-dire du fecréeaire d'é-
tat ; parce qu'un côté entier de cette rue a été bâti par
Alir^a-Re^i, qui avoit cette dignité. Il y a fait conftruire
un bazar, un caravanferai, une mosquée , un bain Se une
aiaifon à cafFé. Son hôtel eft affez petit , mais fort pro-
pre Se orné d.e peintures Se d'inscriptions. De-là on en-
tre dans une de ces, grandes rues couvertes , qu'on ap-
pelle ba^ar, qui mène droit à la place royale, en allant
d'occident en orient. A moitié chemin, fur la gauche,
eft un large palais qu'on nomme le palais de Saroutaki ,
premier miniflre de deux rois de Perse , Sephi I Se
Abas IL C'eft le logement des daroga ou gouverneurs
de la ville. Joignant ce palais , il y à une petite mos-
quée ; Se de l'autre côté de la rue, un peu plus haut ,
eft le tombeau de Cha- Ahmed , un des douze fils d'I-
man-Mouza-Cazem, qui eft un des douze premiers Ca-
lifes qui pouvoient fuccéder légitimement à Mahomet,
félon les Perfans. Au de-là de ce tombeau, on. trouve
un grand collège qui a quarante chambres. On l'appelle
le collège des ânes, terme de mépris , par lequel on defi-
gne les Arabes, qui, comme les Grecs, après avoir été
les maîtres des feiences , font devenus très - ignorans.
Vers la place royale , on trouve fur la gauche un des
fceaux caravanferais d'Ispahan. C'eft un grand bâtiment
carré à double étage. On y entre par un portique , affez
long , fous lequel il y a des boutiques d'un Se d'autre-
côté. Chaque face a vingt-quatre logemens en bas , Se
autant en haut , au milieu desquels il y en a un plus
grand que les autres , bâti fous un haut portique fembla-
ble à celui où eft l'entrée, lequel eft fait en demi-dôme,
plat fur le devant Se orné de mofaïque. Les chambres
d'en-bas font le long d'une galerie ou parapet , haut de
terre d'environ cinq pieds , Se large de quinze à feize.
Les Perfans appellent ces galeries, ou rebords de pierre,
qui régnent autour des caravanferais , Maatab , c'eft-à-
dire place à la lune , parce que c'eft où on couche en-
viron huit mois de l'année, pour être plus fraîchement;
Se on s'y met à l'ombre durant le jour. Chaque cham-
bre a de plus une place fur le devant , de la largeur de
la chambre même , profonde de la moitié, Se couverte
d'une arcade. Les chambres d'en-haut ont chacune une
antichambre Si un balcon ; Se c'eft d'ordinaire , où les
marchands logent avec leurs femmes , le bas étage leur
fervant communément de boutique ou de magafin : fur
le derrière du caravanferai, il y a encore de grands ma-
gafins. Au milieu de la cour , qui eft fort bien pavée,
il y a un grand baflin d'eau , avec un jet , Se des puits
aux coins. C'eft-là à-peu-près la ftrufture Se la forme
de tous les grands caravanferais d'Ispahan, qui font bâ-
tis de pierre ou de brique. Celui dont je viens de faire
la description , rend feize mille livres par an au proprié-
taire. On nomme ce caravanferai Mac-Soud-Affar ,
c'eft-à-dire le caravanferai , de Mac-Soud l'Huillur,
parce qu'il a été bâti du tems d'Abbas le Grand , par
un épicier qui avoit fait fa boutique vis-à-vis , laquelle
fublifte encore. Proche de ce caravanferai , il en a un
autre appelle d'abord caravanferai des gens de Nachchi-
van, qui eft une ville d'Arménie, Se depuis le caravan-
ferai des vendeurs de riz, parce qu'on y en vendoit en
gros. A préfent , c'eft un magafin de coton.
Prenant
ISP
ISP
Prenant de-là à gauche , on arrivé aux rues qui font
derrière la grande mosquée , & l'on trouve en chemin
le palais de Mir\achifi , chef des aftrologues ; celui du
Na^ir à prélènt en charge ; celui du chef des cuifines ,
c'eft ainfi qu'ils appellent le premier maître d hôtel du
roi ; & celui de Mahamed-Alybec , qui étoit grand-
maître d'hôtel fous les rois Abas I , Sephi I &
Abas II ; ce qu'on remarque comme un bonheur ex-
traordinaire , parce que. la fortune eft plus changeante
en Perse que dans un autre pays. Après on entre dans
une grande place , appellée embargoulemon , c'eft-à-dire
le magafin des esclaves , parce que c'ell le magafin des
denrées, qu'on débite aux ouvriers )k officiers du roi,
qui ont penfion &: bouche à la cour. Plus loin eft une
grande place qu'on appelle le marché de Lelebec , du
nom d'un feigneur qui, ayant été long-tems marchand ,
devint fùrintendant des bâtimens.
Leferrail eft à gauche. Quand on a fait mille pas le
long de lés murs, on parvient à la porte qui eft la plus
fréquentée de touies celles de ce palais, qu'on appelle
la porte des cuifines , parce qu'elles font de l'autre côté,
un peu plus bas.
Joignant cette porte, il y a un bain fort grand &fort
beau ,- qu'on appelle le bain-royal. Le grand Abas le fit
bâtir , &c ordonna que le public s'en ferviroit certains
jours de la femaine. Vis-à-vis eft le Gebbé Khané ou
maifon d^s armes. Le roi de Perse entretient un grand
grand nombre de maîtres de toute forte de métiers.
Chaque mé.ier a fon attelier paiticulier, dont les ou-
vriers dépendent , & où ils ont chacun leur boutique ,
à moins que par faveur on n'obtienne la permiflîon de
travailler ailleurs. Ces lieux s'appellent kwkane,en Per-
faiij c'cft-à-dire maijon d'ouvrage, ck. chacune a fon nom
particulier pris du métier qu'on y exerce ; par exemple,
la mailon dont je parle , eft appelle mai/on des armes ,
parce que les armuriers, gagés du roi, y ont leurs bouti-
que'. Chacune de ces mailons d'ouvrage eft fous la di-
rection d'un intendant, qu'on appelle chef du métier , qui
s'y tait ; d'un fyndic, qui eft le plus ancien ouvrier de
la mailon ; d'un intendant , qu'on appelle mochref ou
écrivain, parce qu'il rient compte des ouvriers &c des
ouvrages, donnant les matières par compte, & les re-
cevant de même , & d'un huiffier.
Le roi a trente-deux maijons d'ouvrages ou atteliers,
en "chacun desquels il y a bien cent cinquante artifans,
tous encouragés par des gages & des récompenses consi-
dérables, &4 qui, dans la maladie & la vieilleffe, trouvent
dans la générofité du monarque des reflonrces contre
l'indigence. Autrefois il y avoit plus d'attehers. On are-
■ tranché, entr'autres, les teinturiers ik les ouvriers en foie.
On donne la toile à teindre & à peindre à la ville, &
l'on en paye la façon. On donne de même la foie & le
fil trait pour routes (ortes d'étoffes de brocard & de
tapis ; 6t l'on en paye aufti la façon à un taux toujours
égal. On fait faire les tapis à la campagne par des ou-
vriers qui ont des terres du roi , dont ils payent la rente
delafaçon des 'apis. Un officier, qu'on appelle Erbad-
tahvil , comme qui ànoitjcigneur de la mije ou de l'em-
plette , efi directeur-général de toutes ces maifons d'ou-
vrage, & des intendans de ce qui fe fait pour le roi en
' ville & à la campagne; &t le Na^ir, qui eft le chef fu-
prême de tous les biens du roi , en eft le furintendant.
,jl en fan la revue une- fois l'année, & tait ensuite dref-
fer l'expédition pour le payement des ouvriers. On ne
peut due au vrai la dépense de ces trente-deux maifons ;
ce que j'en ai pu trouver de plus fur , eft que cela va à
cinq millions. Quoiqu'il en foit , cettedépense eft tout-
à-fait digne d'un grand monarque.
Les harlogers Européens n'ont point d'attelier parti-
culier : ils font du corps des armuriers ; mais comme
ils font un bon nombre , on en a mis une partie dans
une place qui eft joignant le derrière du palais royal ,
nommée t. harkaons , c'eft-à-dire quatre bafflns.
A cent pas de-là on entre dans la place royale, ou
maev dan-chat , comme les Perlans l'appellent. C'eft une
des plus belles places du monde.
Le corps de la place eft un carré long de quatre cents
quarante pas , fur cent foixante de large , enfermé par
Hrï canal bâti de brique , enduite d'un plâtre qu'ils ap-
pellent ahaefia, ou chaux noire , qui eft plus dure que
la pierre, Ce canal eft large de fix pieds , avec des re-
J6p
bords de pierre noire reluifante, élevés' d'un pied fur h
rez-de-chauflée, & fi large que quatre hommes de front
s y peuvent aiféjrient promener. Entre ce canal & les
mailons, dont la place eft environnée, il y a un espac?
de vingt pas de largeur, garni d'arbres Se terminé par
un rebord de pierre de la hauteur du canal , ma, s pas fi
large, qui marque le p.ed des maifons. Le tour de la place
en contient deux cents, toutes au niveau, & de même
Structure; enlorte qu'il n'y a rien de plus régulier. Cha-
que mailon qui a de face feize pieds de roi, eft double.
Le bas contient deux boutiques , dont l'une ouvre fur
la place en dedans , & .l'autre fur le bazar qui régne tous
autour de cette place en dehors ,. & qui eft un des plus;
larges d'Ispahan. Le haut contient quatre petites cham-
bres, deux fur lapiace, <k deux fur le derrière. Celles
cle la place ont chacune un peut balcon , dont le ba-
luftre eft de briques à jour ,. enduit de plâtre , le tout
peint de rouge 6c de vert , &. fort agréable à la vue»
Ces mailons font' couvertes en terraffes , au niveau de
la couverture du bazar. Durant l'été , on prend le frais
iiir ces terraflés , enacun devant fa maifon.
Ce tour de mailon de la place eft entre-coupé par de
grands édifices , qui font le portail du palais royal , &
la porte du ferrail à l'occident ; la mosquée du Cèdre
vis-à-vis ,. & un pavillon de machines , qu'on appelle
Lhorlorgtne ; la mosquée royale au bout méridional, &}
le marché impérial à l'autre bout. Cette place a douze
entrées principales , & plufieurs petites. Le centre en eft
marque par un grand mât , haut de quelques lix-vinur.
■pieds, qui fert à tirer à la tafte , comme cela fe fait or-
dinairement dans les lolemmtes. Aux bouts de la place,
à trente-cinq pas du canal , il y a deux profits colomnes
de marbre, tie huit pieds de hauteur , diftantes de quinze
pas, qui fervent de parle pour l'exercice du mail à che-
val.
La mosquée royale & le marché impérial , qui mar-
quent les bouts de la place , tonnent une grande demi-
lune , ayant au-devant un baftin d'eau de foixante fk
dix pas de tour , &: de dix pieds de profondeur , fait à
angles, dont les rebords font oe porphyre. Il y a autour
de ces magnifiques édifices des échaïaudages de perches
minces qui montent jusqu'au haut, &r. qui font faits pour
porter de petites lampes de terre , dont on fait les illu-
minations dans les réjouiifances publiques. Les maifons
de la place en font toutes couvertes fur le devant , de-
puis le premier étage jusqu'à la terraffe. Il y en a bien
fix- vingt à chaque arcade.
Le long du portail du palais, à cent dix pas de cha-
que côté , régne une baluftrade de bois peint , qui en-
ferme cent dix pièces de canon de fonte verte, la plu-
part étant de petites pièces de campagne , excepté les
deux pièces les plus proches du portail , qui font de fort
gros mortiers. Les Perlans les appellent des chameaux.
Ces pièces font toutes marquées aux armes d'Espagne;
& ce font des dépouilles de la forterefTe d'Ormus , où,
les Perlans trouvèrent tant d'artillerie , qu'ils en ont
transporté dans toutes les parties de leur empire. Au
coin de la .porte du ferrail , il y a deux baies de co-
lomnes , faites de marbre , d'ouvrage excellent & fort
antique , qui font des pièces tirées des ruines de Perié-
polis ; cV au côté du marché impérial , il y a tout en-
haut deux grandes galeries couvertes , qu'on appelle
nakare-khone , c'eft-a-dire maijon des infirumens de mu.~
fique , où, vers la brune &c à minuit , on.fait retentir de
longues trompettes & de grofles tymbales qui ont trois
fois plus de diamètre que les nôtres.
Cette grande place fe vuide dans les fêtes Si dans les fo-
lemnités, comme aux audiences des ambaffadeurs ; mais
en d'autres tems elle eft pleine de chncaillers , de frip-
piers, de revendeurs , de petits artifans, en un mot,'
d'une infinité de petites boutiques. Ces marchands éta-
lent à terre , fe couvrant d"un parafol de natte ou de
laine , qui pirouette à leur gré fur un haut pivot. Ils
n'emportent jamais leurs marchandilès , ils les enfer-
ment la nuit dans des coffres qu'ils attachent l'un à l'au-
tre ; ou bien ils en font des ballots légèrement attachés
ensemble par une grolTe corde , & lardent tomber del-
fus leur petit pavillon, &cs'en vont lïns laifîer personne
à la garde. Cependant il n'en arrive jarri ils d'accident, par
la févere juftice qu'on fait des voleurs en ce pays. Les
gardes du chevalier du guet. y partent de tems en tems,
Jomt III. Cccç
ISP
î7°
durant la nuit ; Se comme leur maître eft caution de tout
ce qui fe perd la nuit, c'eft proprement à eux d'en ré-
pondre, parce que c'eft à eux qu'il s en prend. Le loir
on voit dans cette place des charlatans , des marion-
nettes des joueurs de gobelets , des conteurs de Ro-
mans, en vers 6c en proie, des prédicateurs même ,^ 6e
enfin des tentes pleines de femmes débauchées , ou 1 on
va en choifir à ("on gré. Cette place rend par jour en-
viron cent francs , qu'on levé lur tous ceux qui y éta-
lent, quoiqu'il y ait des boutiques qui ne donnent quun
n" dit
la
ISP
que du tems d'Abas le Grand &c de fon fucceffeur
place donnoit de rente cinquante écus par jour. Enfin
ce marché eft le plus universel que j'aie vu.
Voilà l'aspeft du dedans de la place. Il faut prefente-
ment décrire les grands édifices qui font bâtis dellus, Se
qui en font le plus bel ornement ; favoir la mosquée
royale &C la mosquée du grand pontife ; le pavillon de
l'horloge, 6c le marché impérial ; pour le pavillon qui
eft fur le grand portail du palais royal , il entrera dans
la description de ce palais. - ;,
La mosquée royale eft fituée au midi, ayant au-devant
un parvis en polygone. La face de l'édifice eft pentagone*
6e vous y voyez des deux côtés un baluftre depierre po- fermons le jour de culte public comme les jours du re
lie , à hauteur d'appui , qui s'étend jusques vis-à-vis de pos , qui eft le vendredi 6c les fêtes ; 6c c eft ordinaire
l'entrée. Les deux premières faces font ouvertes en ar
" bazars ; Se elles font traver-
en deux parties inégales, l'une de quarante pas, l'autre
de feize , par un mur de dix pieds de haut , qui cepen-
dant ne paraît pas plus haut qu'un baluftre, à cau(e de
la hauteur du portique. Il y a au milieu de ce mur une
large porte qui mené dans l'intérieur du portique. La
paitie antérieure , qui a quarante-quatre pas de profon-
deur, comme je l'ai dit , 6c qui eft élevée de deux mar-
ches au-deflus de l'autre , eft revêtue de marbre aux
côtés ; le fond du portique eft marqué par un entableJ
ment de jaspe , en forme de porte , incrufté dans le
mur , de dix pieds de haut , & de trois de large. Cela
s'appelle le mahrab , Se c'eft une espèce de lubé ; il fert
aux Mahométans à marquer où il faut tourner le vilàge
6c les regards , pour être juftement dans le cercle verti-
cal de la Mecque , vers laquelle , félon la doctrine des
Mahométans, il faut être tourné en faifant fa prière. Contre
le piiaftre gauche du portique , il y a une chaire de por-
phyre , élevée de quatorze marches , faite en manière
de trône, dont la quatorzième marche eft plus large que
la treizième , parce qu'elle fert de fiége : c'eft où l'on
prêche en hyver , ou dans les mauvais tems ; car il y
a une autre chaire à l'entrée du portique , où l'on prê-
che quand le tems le permet. On y fait des prônes ou
cade , qui donnent fous 1<
fées d'une chaîne ,« pour empêcher les chevaux d y pal-
fer ; les deux autres au-deffus font de grandes boutiques
d'apothicaires 6c de médecins ; car à préfent en Orient,
comme autrefois en Grèce , la plupart des médecins
font aufli apothicaires 6c droguiftes. Les étages fupe-
rieurs , qui font à quelques vingt pieds du bas , ont des
galènes quireffemblent à des balcons. La face intérieure,
qui forme le portail, eft en demi-lune, enfoncé de treize
pieds environ , fort élevée , &c toute revêtue de jaspe
du rez-de-chauffée à dix pieds en- haut, avec des per-
rons de même ouvrage : l'ornement en eft merveilleux
ôc inconnu dans notre architecture Européenne; ce font
des niches de mille figures , où l'or &c l'azur fe trouvent
en abondance , avec de la parquetene faite de carreaux
d'émail , 6c une frife plate autour , de même manière ,
qui porte des paffages de l'Alcoran, en lettres propor-
tionnées à la hauteur de l'édifice. Ce portail eft orne
d'une galerie comme celle des côtés ; les linteaux font
de jaspe: la porte eft à-peu-près de douze pieds de large,
fermée de deux batans , revêtus de lames d'argent mas-
fif, cizelé 6c doré. Joignant le portail, en dedans, il
y a deux hautes aiguilles ou tourelles, avec des galeries
couvertes au-deffus des chapiteaux , le tout de même
ouvrage que le contour du portail.
En entrant par ce beau portail , on détourne tant foit
peu vers l'occident , 6c ayant fait quinze pas , on trouve
au milieu un beau baflïn de jaspe , à godrons , de fix
pieds de diamètre , foutenu fur un piedeftal de même
matière , de huit pieds de haut avec des marches. C'eft
pour donner à boire aux paffans ; car dans les pays où
l'on eft fouvent altéré , 6c où l'on ne boit que de l'eau,
c'eft une des charités les plus ordinaires , que de don-
ner à boire aux paffans ; 6c c'eft pour cela que dans
toutes les bonnes villes , on trouve de grandes urnes de
terre pleines d'eau , à divers coins de rue ; mais aufli il
y a des hommes gagés, qu'on appelle facab on porteurs
d'eau, qui vont dans les rues, fur-tout en été, un gros
outre plein d'eau fur le dos , 6c une taffe à la main ,
préfentans à boire à tous les paffans.
En tirant de ce baflin vers le corps de la mosquée,
par une allée découverte , qui va en élargiflant , 6c qui
eft fotmée de quatre grands portiques de chaque côté
' en arcades , on entre dans une fpacieufe cour , qui a au
milieu un baffm à bords de jaspe , de vingt-fix pas en
carré , Se qui eft terminée par cinq grands portiques en
arcades, couverts chacun d'un comble rond, fupporté
par de gros pilaftres , le portique du milieu étant de
vingt-fix pas de large , ceux des côtés de quinze pas cha-
cun, 6c les deux autres de dix. Le portique du milieu eft
profond de foixante pas ; fon dôme , furmonté d'un
croiffant doré , eft un des beaux morceaux de l'architec-
ture moderne des Perfans ; il eft fi haut, qu'on le voit de
quatre grandes lieues , en venant de Cachan. Ce vafte
portique, qui eft comme le chœur du temple, eftféparé
pos , qui i
ment après la prière de midi , dans les grandes mosquées.
Mahomet 6c lès premiers fucceffeurs faifoient réguliè-
rement ces prônes , Se c'étoit leur droit de régale in-
communicable , parce qu'ils s'arrogeoient les deux glai-
ves , le fpirituel 6c le temporel. Cette pratique s'abolit
peu-à-peu. Les princes régnans ne font pas prédicateurs ;
cette fonction eft propre aux gens d'églife , comme cela
fe pratique aujourd'hui dans tous les états Mahométans.
Au-deflus du mahrah ou jubé, il y a une armoire faite
dans le mur , de trois pieds de haut , Se de deux de
large , de bois d'aloës , ornée de lames d'or , 6c garnie
d'or maffif jusqu'aux pentures, fermée d'un cadenatd'or:
c'eft où l'on garde deux reliques fort préoieufes au peu-
ple Perfan ; l'Alcoran écrit de la main d'Iman - Béza ,
il y a plus de mille ans, 6c la chemife d'Iman-Haffein,
teinte du fang des bleffures dont il mourut. On ne mon-
tre jamais cette relique , 6c on ne la doit tirer dehors „
qu'en cas d'invafion, telle que le royaume foit en dan-
ger ; car les Perfans affurent que mettant cette chemife
au bout d'une pique , Se la faifant voir à l'ennemi , cela
feul le met en déroute.
Les côtes de la cour confiftent chacun en neuf porti-
ques , celui du milieu plus large Se plus haut que les au-
tres ; Se joignant cette cour, il y en a une autre de foi-
xante Se quatorze pas de long , 6c de trente de large ,
qui a aufli un grand baflin de marbre au milieu, 6c eft
entourée de beaux 6c profonds portiques , élevés de terre
de trois pieds Se demi. Les cours -Se tout le fond de la
mosquée font degrandes Scmaflîves pierres, Se tout l'ou-
vrage eft revêtu de briques verniffées d'un émail beau
Se vif d'ouvrage mofaïque , qui contiennent des paffages
de l'Alcoran , presqu'en tous les endroits.
L'autre mosquée qui donne fur la place, Se qu'on ap-
pelle mosquée du grand-pontife ou Fathé-Alla , comme
qui diroit l'ouverture du ciel , n'eft pas (i grande à beau-
coup près. L'entrée en eft pourtant large de vingt pas,
&c profonde de quinze , faite en demi-lune , compofée
de portiques, dont les deux premiers touchent le bazar,.»
qui régne autour de la place. Le bas de l'édifice , à la
hauteur de fept à huit pieds , eft revêtu de table de
jaspe, dedans 6c dehors ; le haut l'eft de briques émail-
lées , comme la grande mosquée : ce haut confifte en
galeries, balcons 6e niches de mille figures. On entre
dans l'églife par un perron de douze marches , 6c par
une galerie voûtée, qui conduit au corps de l'édifice,
lequel eft couvert d'un gros dôme. A l'entour font des
cours , avec des badins 6c cks urnes d'eau pour les puri-
fications. La chaire en eft portative. Le mahrah, qu'on
peut appeller en quelque forte l'autel Mahométan , eft
de jaspe , fupporté par des pilaftres d'émail verd , d'or-
dre Ionique. Du refte cette mosquée eft fombre Se peu
fréquentée. Il y a un palais qui y joint», lequel apparte-
noit au grand pontife du tems d'Abas I 6c de Sefi I.
Le pavillon de l'horloge eft un bâtiment jette hors
d'eeuvre , qui fut fait pour la récréation d'Abas^ II , à fon
avènement à la couronne ; c'eft un vrai jeu d'enfant qui
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n'a rien vu , comme font les, rois de Perse à leul* ave-
hément à la couronne. Les Perfans regardent cette pièce
avec bien plus d'admiration que nous ne regardons l'hor-
loge de Strasbourg ou d'Anvers , & comme un chef-
d'œuvre de forces mouvantes , quoique ce foit un mé-
chant carillon , &c que les figures foient des plus gtof-
fiéres.
Le marché impérial, fitué au nord de la place , en fait
la plus grande & plus belle entrée. J'ai dit qu'il a la
forme d'une demi-lune enfoncée. Le portail eft un grand
demi-dôme, fait de carreaux de porcelaine, peints de mo-
resques de diverses couleurs , où aboutiffent deux grands
parapets, qui régnent tout autour de l'édifice, élevés de
trois à quatre pieds fur le rez-de-chauffée , & profonds
de quinze à feize, lesquels font revêtus de tables de jaspe
& de porphyre, à quelques coudées de haut , auffi-bien
que le mur de l'édifice. Ces parapets fervent pour l'éta-
lage des jouailliers Sr. des orfèvres. Le portail eft peint ;
on y a repréfenté une bataille donnée par Abas le Grand
contre les Usbecs ; il y a au-dcffus & au-defTous des re-
préfentations d'Européens , qui font à table , le verre à
la main , hommes ck femmes , en pofture de débauchés ;
& tout cela fort mal peint, félon le peu de capacité des
Perfans dans cet art. Au haut eft une groffe horloge de
trois pieds en carré, laquelle eft à-préfent démontée ,
foit faute d'horloger, foit parce que toute forte de fonnerie
eft abominable aux Perfans , à qui la religion interdit le
fon des cloches^: il y en a pourtant une greffe, élevée
au haut du portail , & qui en fait la cime ; mais elle ne
fonne jamais. Le bord a un lifton de lettres moulées ,
contenant ces mots : Sancia Maria, ora pro nobis mu-
lieribus ; ce qui donne lieu de croire que cette cloche
étoit à quelque couvent de religieufes de la ville d'Or-
mus , d'où elle a été apportée.
Les Perfans appellent ce marché Kayferie, du mot de
'Kayfer , qui chez eux fignifie Cêfar. Il mené dans le plus,
grand & le plus fomptueux bazar d'Ispahan , &C où l'on
vend les plus riches étoffes. Ce bazar eft couvert en
voûte. Le milieu , qui eft un grand rond , couvert d'un
dôme de moresque fort élevé , de même que la voûte
du bazar , donne entrée du côté droit à la maifon de la
monnoie , & de l'autre à un magnifique caravanserai ,
appelle le caravanferai royal, parce qu'il eft du domaine
du roi. Ces deux édifices ont de grands portails, de même
fïru&ure que le portail impérial. Celui de la monnoie
ieft peint d'une repréfentation d'Aly , fucceffeur de Ma-
homet , qui délivre une belle personne des mains d'un
lion. On reconnoît ce héros des Mahométans , tant à
fon fabre à deux pointes , qu'au voile verd qui lui couvre
le vifage. Les Perfans couvrent ainfi le vifage d'Aly;
mais ils couvrent d'un voile blanc celui de tous leurs
prophètes & de leurs faints , pour dire que le vifage
des faints eft incomparable , Sr. qu'on n'en peut repré-
fenter les traits merveilleux. Un peu plus loin , on fe
trouve entouré de cinq ou fix caravanferais , les plus
grands &-les plus riches de la ville.
Dans les bazars qui environnent la place, on vend
de toutes fortes de denrées , comme on fait fur la place.
Abas le Grand , fondateur de cette place royale , avoit
ordonné les ehofes de telle manière pour la commodité
du commerce , qu'on pût trouver dans la place même les
ehofes les plus communes , &c les plus rares dans les ba-
zars qui font à l'entour , & que les ouvriers fuffent pla-
cés entte le marché &C les bazars.
Ensuite , en prenant à gauche vers le palais royal , on
trouve deux très-grands caravanserais , qu'on appelle la
cuifine , parce que l'un contient les cuifines du roi ; l'au-
tre la boucherie. En tirant à droite, au fortir de la mos-
quée , on trouve le beau caravanserai de Macsoud-Ajfar,
dont j'ai parlé.
Proche de ce caravanserai , il y en a un autre qu'on
appelle des vendeurs de ri^ , où les étrangers de Babylone
ont accoutumé de fe loger ; & de-là on paffe les galeries
de différens ouvriers , dont la dernière finit à la mosquée
du cèdre. On voit à côté de cette mosquée les entrées de
deux grands caravanserais nommés de Gulpegon , ville de
la Parthide. Joignant la mosquée, eft le portail du palais
de Mahamed-Megdy , premier miniftre, & du Cheic-El-
Islarn fon frère. Le même portail fert pour les deux pa-
lais ; & plus ayant , il y a un grand collège , qui porte le
I /^
même noir! ■•pie la Mosquée . ayant été bâti en même tems$
& par le même fondateur. ..,
On laiffe à côté du collège un,paffage fous terre, qui
mené vers la fortereffe par de petites rues fales , dans
lesquelles il y a cinq ou fix caravanferais , qui , comme
les maifons d'alentour , ne font habitées que par des fem-
mes débauchées. Puis on entre dans le canton des mar-
chands de ibuliers fans talon. Les fouliers des hommes fk
des femmes font tous femblables en^Perse. Au bout, on
trouve les entrées d'un bain Se d'un caravanferai , qui
font fur le derrière ; car les galeries ne fout interrompues
d'aucun édifice. Après , il y a une galerie de revendeurs 3
ùc ensuite un portail qui mené à trois caravanserais l'un
contre l'autre , qui porte le nom d'Aly-Conlikan Ç'eiï
où fe tiennent les plus riches Indiens , qui font les ban-
quiers & le changeurs de la Perfe. De-là on paffe le quar-
tier des faifeurs de dentelles , & de boutons d'or St d'ar-
gent , lequel finit à une des grandes avenues de la place
royale ; celle par où l'on va au quartier où eft le bureau
de la. compagnie Hollandoife , &£ l'hospice des capucins*
Le palais du fameux Iman-Coulican en eft proche ; il
étoit le généraliffime des arméesde Perfe, fous Abas le
Grand, & le. principal inftrument de Ces conquêtes. •
• Ces galeries aboutiffent à un collège qu'on appelle de.
Abdalla. A quelque diftancede là , eft l'entrée d'un beau
caravanserai conftruit aux dépens de Sefi-Mirza , fils
aîné d'Abas le Grand , celui que ce prince fit mourir. Il
y en a un autre tout proche qui mené au bazar , où l'on
imprime d'or & d'argent, ou de couleurs, les étoffes de
foie , de même que la toile. Un peu plus loin, on trou-
ve le caravanserai Geddé, du nom de la mère de Sefi I.
qui le fit bâtir : il y a à ces côtés quatre», autres cara-
vanserais plus petits , qui portent le même nom. On les
appelle aufli tous cinq Londra-Frouch , c'eft-à-dire ven-
deurs de Londres , parce que ce font les magazins des
principaux marchands de drap , qu'on appelle Londres ,.
à caufe quec'eftdes Anglois que-les Persans ont eu le pre-
mier drap , & qu'ils continuent de le tirer.
hepalais royal n'a guères moins d'une lieue &r. demie
de tour. Le grand portail donne fur la place royale. Ou
l'appelle Aly-Capi , c'eft-à-dire la porte haute , ou lz
porte facrèe , & non pas la porte d'Aly , comme quelques-
uns penfent, trompés par la conformité du mot. Elle eli
toute de porphyre & fort exhauffée.
Le feuil eft auffi de porphyre de couleur verte , haut
de cinq à fix pouces , fait en demi-rond. Les Persans le,
révèrent comme facré ; & qui marcheroit deflus ,(èroit
puni : il faut enjamber par-defîus. Toute la porte même
eft lactée ; les gens qui ont reçu quelque grâce du roi ,
vont la baifer en pompe & en cérémonie , en mettant
pied à terre; & fe tenant debout contre, ils prient Dieu
à haute voix, pour la prospérité du prince. Le roi, par
respeft, ne le paffe jamais à cheval. Au-devant, à cinq ou
fix pas du portail , font deux grandes fales; en l'une le
préfident du divan adminiftre la juftice & expédie les re-
quêtes préfentées au roi ; & dans l'autre le grand-maître
d'hôtel, qu'on appelle , en Perse, chef des maîtres de la
Porte , tient fon bureau public. A côté il y a deux autres
fales plus petites, qu'on appelle fales des gardes, parce
qu'elles ont été faites pour un corps de gardes : vis-à-vis
des jardins , à main gauche , efl le pavillon qu'on appelle
talaar tavileh , c'eft-à-dire le faim de l'écurie , qui eft
bâti au milieu d'un jardin , dont les allées font couver-
tes de .platanes. Dans celle du milieu qui fait face au fa-
lon, il y a de chaque côté neuf mangeoires de chevaux,
ausquelles, les jours de folemnités , comme à des audien-
ces d'ambaffadeur , on attache avec des chaînes d'or au-
tant de chevaux des plus beaux de l'écurie du roi , cou-
verts &c harnachés de pierreries ; & l'on met auprès
tous les uftenfiles. d'écurie, qui font aufïï d'or fin , jus-
qu'aux doux & aux marteaux. C'eft par cette allée qu'on
fait paffer les ambaffadeurs pour aller à l'audience , 6c
les autres étrangers de qualité , afin qu'ils voient cette
pompe merveilïeufe. Ce falon de l'écurie a cent quatre
pas de face , vingt-fix de profondeur , & vingt-cinq
pieds de hauteur : il eft couvert d'un plafond de mofaï-
que , affis fur des colomnes de bois peint & doré ; Se
il eft feparé en trois fales , dont celle du milieu eft élevée
de neuf pieds dû>«z-de-chauffée , & celles des côté1;, de
trois feulement : les féparations font faites de chaffts dé
Tome III. Cccc ij
■m ISP
cryftal de Venife de toutes couleurs ; Se le falon entier
eft garni de courtines tout à l'entour , doublées des plus
fines indiennes. Un grand baflin de marbre, avec des jets
d'eau à l'entour & au centre, ocupe le milieu de la grande
fale. C'eft celle où le fuccefleur d'Abas II a été cou-
ronné.
Par l'allée où conduit le portail , on parvient à un
grand perron , au haut duquel on trouve de grands corps
de logis de tous côtés , qui font de ces magafins du rçi
ou galeries , qu'on appelle karkhone , c'eft-à-dire mai-
fon d'ouvrage , parce qu'on y travaille pour le roi & fâ
maifon. Celui qui eft à droite , renferme la bibliothèque.
La fale de la bibliothèque eft bien petite pour un tel
ufage: car elle n'a que vingt-deux pas de long, fur douze
de large. Les murs de bas en haut font percés de niches
de quinze à feize pouces de profondeur , qui fervent d'ais.
Les livres y font couchés à plat , les uns fur les autres en
pile , félon leur grandeur , fans aucune diftin&ion des
matières qu'ils traitent. Les noms des auteurs font écrits
pour la plupart fur la tranche du livre. De grands rideaux
doubles, attachés au plafond , couvrent toutes ces niches;
enforte qu'on ne voit pas un livre , en entrant dans la
fale ; ceux de cette bibliothèque royal, font Perfans,
Arabes , Turquesques Se Cophtes.
Auprès de cette bibliothèque , eft le magafin qu'on
appelle la grande garde-robe, parce qu'on y renferme ces
habits ou calaat , comme on les appelle , que le roi donne
pour faire honneur. Elle confifte en plufieurs grandes fa-
les , les unes où l'on fait les habits , les autres où on les
garde ; le roi donne tous les ans plus de huit mille ca-
laat , & on affure que la dépense en va à plus d'un mil-
lion d'écus. Tout proche eft le magafin de coffres , Se
celui qu'on appelle la. petite garde-robe où l'on ne tra-
vaille que pour la personne du roi. Ensuite on trouvé
les magafins du café Se des pipes ; celui des flambeaux ,
qu'on appelle la maifon du fuif , parce que la plus com-
mune lumière dont les Persans fe fervent , eft faite avec
des lampes nourries de fuif rafiné , lequel eft blanc 8c
ferme comme la cire-vierge ; fuit le magazin du vin. Je
ferai la description de celui-ci , pouf donner une idée de
tous les autres. C'eft une manière de falon , haut de fîx
à fept toifes, élevé de deux pieds fur le rez-de- chauffée ,
eonftruit au milieu d'un jardin , dont l'entrée eft étroite
& cachée par un petit mur bâti au- devant. Quand on y
eft entré , on trouve à la gauche du falon des offices ou
magafins , & à droite une grande fale. Le falon qui eft
couvert en voûte , a la forme d'un carré long ou d'une
croix gréque , au moyen de deux portiques ou arcades
profondes de feize pieds qui font aux côtés. Le milieu de
la fale eft orné d'un grand baflin d'eau , à bords de por-
phyre. Les murailles font revêtues de tables de jaspe tout
à l'entour , à huit pieds de hauteur ; Se au-deflus jusqu'au
centre de la voûte , on ne voit de toutes parts que ni-
ches de mille fortes de figures , qui font remplies de va-
fes de toutes les façons Se de toutes les matières , comme
de cryftal, de cornaline, d'agathe, d'onyces , de jaspe,
d'ambre , de corail , de porcelaine , de pierres fines ,
d'or, d'argent , d'émail, &c. Les offices ou magafins ,
qu'il y a à côté de cette magnifique fale , font remplies
de caifles de vin , hautes de quatre pieds Se larges de
deux.
Proche de ces magafins , eft le plus grand & le plus
fomptueux corps de logis de tout le palais royal. On
l'appelle tchehel-feton , c'eft-à-dire les quarautes piliers ,
quoiqu'il ne foit fupporté que fur dix-huit ; mais c'eft la
phrafe Persane de mettre le nombre de quarante pour un
grand nombte : ce corps de logis , qui eft bâti au milieu
d'un jardin comme les autres , eft un pavillon qui confifte
en une fale élevée de cinq pieds fur le jardin , large de
cinquante-deux pas de face & de huit de profondeur , à
trois étages hauts de deux pieds l'un fur l'autre , dont le
plafond fait d'ouvrage mofaïque , eft porté fur dix-huit
piliers ou colonnes de trente pieds de haut , tournées &£
dorées. Il confifte de plus en deux chambres qui font à
côté , & grandes à proportion ; Se en une autre fale au
dos de la grande , de trente pas de face Se de quinze de
profondeur , lambriflee de même que la grande , avec
de petits cabinets aux coins. Les murs font revêtus de
marbre blanc, peint & doré jusqu'à moitié de la hauteur;
& le refte eft fait de chaffis de cryftal de toutes couleurs.
ISP
Au milieu du falon , il y a trois baffins de marbre blanc ,
l'un fur l'autre , qui vont en diminuant ; le trône du roi
eft fur un quatrième eftrade', longue de douze pas, Se
large de huit, il y a quatie cheminées dans le falon , deux
à droite Se deux à gauche , au-deflus defquelles il a y de
grandes peintures qui tiennent tous les côtés , dont l'une
repréfenfe une bataille d'Abas le Grand contre les Us-
becs , Se les trois autres dès fêtes royales. Les autres en-
droits font peints ou garnis de figures , dont la plupart
font lascives ou de moresque d'or Se d'azur appliqués fort
épais. Au haut du faion , tout à l'entour font attachés des
rideaux de fin coutil , doublés de brocard d'or à fleurs.
On ne fauroit voir- de plus pompeufe audience que celle
que le roi de Perse donne dans ce falon. Le trône du
roi , qui eft comme un petit lit de repos , eft garni de
quatre gros couffins brodés de perles Se de pierreries. De
petits eunuques blancs , font un demi -cercle autour de
lui , Se quatre ou cinq autres plus grands font derrière ,
tenant les armes , toùt-à-fait riches Se brillantes. Les
plus grands feigneurs de l'état ', l'ont furies côtés de l'ef-
trade ou eft le trône. L^s feigneurs inférieurs font fur la
féconde eftrade. La jeune nob'e'fe , & tous ceux qui
n'ont pas droit de féance , for.t debout au bas placitrt
avec la mulique , Se les officiers fervans font debout dans
le jardin , à quelques pas du placitre, fous les yeux du roi.
Dans le même enclos , où eft ce fuperbe falon , il y
en a deux autres , l'un compofé de cinq étages oftogo-
nes , ouverts l'un fur l'autre en perspe&iye , ou en étré-
ciflant, chacun foutenu fur quatre piliers tournés Se do-
rés , oc orné d'un baflin au milieu. L'autre falon eft fait
en carré avec plufieurs chambres Se cabinets à côté.
. Il y a encore deux autres grands appartemens pareils
dans le palais , qui font chacun dans un jardin féparé :
l'un eft presque fait comme les précédens ; l'autre eft à
deux étages , dont le premier eft divifé en fales ; Se le
fécond en chambres , galeries , cabinets Se balcons , avec •
des baffins Se des jets d'eau dans toutes les chambres.
Ce font les appartemens où le roi tient fes affemblées.
Les murs dont les jardins font enfermés , font faits de
terre la plupart , de la hauteur accoutumée de dix à
douze pieds, couverts du haut en bas de petites lampes
incruftées pour les illuminations , Se furmontés d'un cor-
ridor dont le roi feul a l'ufage j Se par lequel il va par-
tout fans être apperçu.
Le refte du palais royal contient dès magafins , des
galeries d'ouvrage , & le quartier des femmes , que nous
appelions lejerrail, Se que les Pérfans appellent haram,
ou lieu facre ■
Ceferrail a près a une lieue de tour. Il eft enfermé de
murs fi hauts , qu'il n'y a aucun monaftere en Europe , qui
en ait de femblables. Il y a trois grandes avenues , une
dans la place royale , une autre vis-à-vis le petit arsenal ;
la troifiéme qui eft la principale qu'on appelle la porte
des Cuifines ; Se il y en a une autre à demï-lieué de-là par
laquelle il n'y a que le roi feul qui puifle pafTer. La pre->
miere avenue eft fermée d'un haut portail, contre lequel
il y a trois grandes fales , chacune avec deux cabinets ,
qui font des manières de corps-de-garde. Les officiers
de l'état Se ceux qui ont affaire au roi, peuvent entrer
dans les deux premières fales ; mais les feuls eunuques
entrent dans la troifiéme. Le portail eft caché dans un
détour , à côté d'une grande Se haute tour ; de manière
qu'on ne le fauroit voir qu'en mettant le pied defius. Il •
eft large Se haut , fait en voûte , revêtu à dix pieds de
terre de tables de marbre peint Se doré, avec un perron
tout autour, fur lequel les eunuques de garde fe tiennent
affis , pour recevoir les meffages des eunuques de dehors,
Se les porter au dedans ; car les eunuques ne vont pas
tous indifféremment dans l'intérieur du ferrail. Les jeu-
nes y vont rarement ; Si s'ils font blancs , ils n'y vont
point du tout, à moins que d'être mandés expreflement
par le roi. Ces eunuques qui fervent dans le ferrail , ont
leurs logemens fur les dehors , Se loin des femmes.
Quand on a paffé le portail , on découvre des jardins à
perte de vue , couverts d'arbres de haute futaie ; Se
quand on a fait environ fix-vingt pas de chemin , on
trouve quatre grands corps de logis qui ne font point en-
tourés de murs , parce qu'ils font à cent cinquante pas
de diftance l'un de l'autre. L'un s'appelle mehéemancané ,
c'eft-à-dire le palais des hôtes , parce que c'eft où on
SP
reçoit, ck où on loge les hôtefTes , comme les femmes
de qualiiéqui rendent vifite , les princeffes du fang royal,
qui font mariées , ck les femmes ck filles qu'on fait voir
au roi pour leur beauté. Un autre s'appelle amarath-jer-
dons , comme qui diroit le paradis , le troifieme divan-
kainé, la fale des miroirs, parce que le falon de ce troi-
fieme corps de logis efttout revêtu de miroirs , & même
la voûte. Le quatrième fe nomme amarath-derid-cka,
la mer royale , parce qu'il eft bâti au devant d'un étang de
vingt pieds de diamètre. Les Persans appellent mer royale
les étangs ck les baffins d'eau qui font d'une grandeur
extraordinaire , comme eft celui-ci qu'on voit couvert de
toutes fortes d'oifeaux de rivière, ck au milieu duquel on
voit un parterre verd d'environ trente pieds de diame^
tre , à fix pouces feulement au-deffus de l'eau , entouré
d'un baluftre doré. Les bords de l'étang , à la largeur de
quatre toifes tout à l'entour , font couverts de grands
carreaux de marbre. On y voit un petit bateau attaché ,
qui eft garni d'écarlate en dedans , pour fe promener, Se
aller au parterre. Les quatre rois , qui ont régné avant le
dernier, ont fait bâtir chacun de ces palais., ou corps
de logis. Ils font à deux étages , le bas confiftant en fa-
lons , avec des chambres & des cabinets à l'entour , 6k
le haut en chambres qui font plus petites, en cabinets,
galeries & niches de cent fortes de figures & de gran-
deurs , avec de petits degrés dans les murs. Ce font de
vrais labyrinthes que ces fortes d'édifices. Ces palais font
peints , dorés ck azurés par-tout , excepté où les plafonds
font de rapport , & ou la boiferie eft de fenteur. On voit
dans l'un de ces palais un falon à trois étages , foutenu
fur des colomnes de bois doré , qu'on pourroit appeller
une grotte ; car l'eau y eft par tout , coulant autour des
étages dans un canal étroit , qui la fait tomber en forme
de nappe ou cafeade , de manière qu'en quelque endroit
du falon que l'on fe trouve , on voit l'eau tout autour
de foi. Au-delà de ces grands corps de logis , on trouve
en face un long édifice qui contient un grand apparte-
ment , au milieu de trente autres plus petits , tous fur
une ligne & à double étage, confiftant chacun en deux
chambres , Se un cabinet , avec un perron fur le devant
de dix pieds de profondeur , ck de quatre de hauteur.
Ces logis font doubles , ouverts derrière & devant , fur
des jardins , l'un expofé au nord , l'autre au midi pour
les différentes faifqns de l'année.
Le palais royal a cinq principales entrées. La première
eft celle qu'on appelle h porte haute, ou glorieufe , au-
deffus de laquelle eft le magnifique pavillon , qui eft fi
élevé , qu'en regardant de-là dans la place , les gens qui
paffent , ne paroiffent pas grands de deux pieds. Ce beau
pavillon eft ioutenu fur trois rangs de hautes colomnes ,
ck orné au milieu d'un baffin de jaspe , à trois jets d'eau.
Des bœufs y font monter l'eau par trois machines qui
font élevées l'une fur l'autre par étages. La féconde en-
trée du palais royal eft celle qui mené à la porte du fer-
rail. La troifieme eft au nord, appellée la porte des qua-
tre bafjins. La quatrième eft à l'occident vers la porte
de la ville , qu'on appelle impériale. La cinquième eft
vis-à-vis le petit arfenal , qu'on appelle la porte de la
cuijine , parce que les cuifines du roi en fon proches.
Lé ba\ar , ou marché impérial , eft fermé la nuit , le
jour du vendredi & les grandes fêtes , comme tous les
autres grands bazars de la ville. Affej près de-là eft l'hô-
pital qu'on appelle darelchafa , l'habitation de la fanté ,
qui ne reffemble en rien à nos hôpitaux , car c'eft un
cloître, autour d'un jardin, compofé de petites cham
très baffes à deux étages, affez jolies ,au nombre d'envi-
ron quatre-vingt en tout. Cet hôpital eft fort pauvrement
fondé. Abas le Grand le fit bâtir, ck un caravanserai tout
à la fois , dont le revenu devoit fervir à l'entretien des
officiers de l'hôpital.
En avançant plus loin , on entre dans un ba^ar fort
large ck fort haut , qui eft le plus long de toute la ville ;
cat il a bien fix cens pas géométriques. Il eft tenu par
des ouvriers de plufieurs efpeces.
A quelques deux cens pas , en tirant vers la porte
qu'on appelle impériale, on trouve une grande place
carrée , laquelle eft au devant du palais du cèdre mokou-
fat , qui eft le pontife général , ou te furintendant de
tous les biens d'eglife dans tout le royaume , lesquelles
ne font pas de fondation royale. Ce palais eft le plus
vafte de tout Ifpahan 3 contenant des cours très- fpacieu-
*73
fes , de grands jardins , des fales de quatre-vingt pieds de
face , & beaucoup d'offices : c'eft un bâtiment moderne.
En rentrant dans, ce long baqar , on trouve au milieu
un grand carrefour : il eft couvert d'un haut dôme , donc
le centre eft un haut foupirail pour donner du jour. Tous
les bazars font éclairés ainfi par des foupiraux aux voûtes.
Cç carrefour mené , en prenant à droite, dans une place
qui eft auffi grande que la place royale à Paris, mais qui
n'a rien de beau d'ailleurs. On l'appelle maidonneu ,
c'eft-à-dire la place nouvelle ; Abas II l'avoit fait faire
pour y retirer tous les marchands de h place royale.
Au fortir de cette place , en tirant vers le-palais royal,
l'on paffe entre deux grands corps de logis' qui ont de
beaux jardins derrière , dont l'un s'appelle Amanii Maka-
med Mehdy , qui eft le nom de celui qui étoit premier
miniftre à la mort d'Abas II ; l'autre Amarat-Cha-.
Tahmas , qui étoit roi de Perle avant Abas le Grand, fou
fils. Amarat fignifie proprement maifon de plaifance , St
c'eft ce que les Italiens appellent villa. Ces maifons font
préfentement changées en deux ateliers ou galeries pour
les manufactures du roi. On y voit dans un appartement
féparé les moulins d'un diamantaire Européen , qu'A-
bas II avoit fait venir à l'inftigation des jouailliers Ar-
méniens , pour tailler un diamant, du plus de deux cens
mille écus ; car quoique les Orientaux ayent les mines des
diamans dans leur pays , ils n'ont pas l'art de les tailler
au degré que nous l'avons ; leurs diamantaires tiennent
leurs pierres à la main fur la roue , comme les pierres
tendres ; ce qui rend leur ouvrage fort défectueux Se
imparfait : auffi tout ce qui eft taillé en Orient , eft taillé
de nouveau chez nous , lorfqu'il y arrive.
En avançant vers le palais royal , on paffe fous un
grand portique qui tient toute la rue , ck qui eft couvert
d'un pavillon , lequel on appelle la maijon de cry/lal ,
parce que tous les chaffis font faits de grands carreaux de
cryftal de roche , parfaitement beaux : ensuite on tra-
verse la place des Quatre-Baffms , qui eft une grande
place carrée , entourée d'arbres , où il y avoit autrefois
quatre baffins d'eau , qui font à préfent comblés. On
laiffe à droite la porte du palais royal , qu'on appelle la.
porte des quatres baffins, qui eft celle qui mené à ce
grand falon nommé les quarante colonnes , ck à gauche
un édifice imparfait, qu'on appelle l'atelier de la minière ,
parce qu'il avoit été commencé par les ordres d? Maha-
med-Bec, premier miniftre d'Abas , homme d'un esprit
vafte Se ingénieux , qui s'étoit mis en tête de tirer de
l'or & de l'argent des minéraux de Perfe , où il y a en
effet de l'or Se de l'atgent ; mais la dépenfe qu'il faut
faire pour les tirer, excède le profir. La mort de ce mi-
niftre , arrivée peu après , fut caufe qu'on laiffa là l'édi-
fice Se le deffein. A quelques pas au-delà , on voit un
grand palais , où loge préfentement Manoutcher-Can.
gouverneur du pays des Lours , qui eft une grande pro-
vince frontière de la Parthide.
Voilà tout le côté gauche de la place royale ; venons
à la droite , en commençant par l'hôpital. On entre
d'abord dans un beau Se riche bazar , qui porte le nom
de Lulebec , celui qui l'a fondé, lequel étoit grand furinten-
dant du tems d'Abas I. Il y a fur le côté de ce bazar deux
caravanserais auffi grands qu'aucun autre rapporté ci-def-
fus ; l'un s'appelle le caravanferai du roi , parce qu'il eft de
fondation royale , de même qu'un bain qui eft tout joi-
gnant. On y vend de la porcelaine de Kirman Se de Me-
tehed, deux grandes villes de Perse , où l'on fait de la
porcelaine fi fine , qu'elle peut paffer pour être du Japon
Se de la Chine ; car la matière en eft d'émail dedans
comme dehors; auffi les Hollandois, à ce qu'on affure ,
la mêlent Se la font paffer avec de la porcelaine de la
Chine, qu'ils débitent en Europe. L'autre caravanserai
eft furnommé de Luebec , comme le bazar; & il eft
rempli d'Indiens, ck des riches marchandifes des Indes:
le bazar en eft auffi rempli. On n'y voit que brocards
& qu'habits de brocard fck de broderie. Le ba2ar abou-
tit à la maifon de la compagnie Angloife , qui eft un
grand ck fpacieux palais , ayant trois corps de logis ,
avec un beau jardin ck de beaux baffins d'eau ; mais tout
cela tombe en ruine , la compagnie n'ayant plus à pré-
fent, à beaucoup près , ni le même négoce , ni le même
inonde à Ispahan , que lorsque ce palais lui fut donné;
ce beau logis ne fert plus à la compagnie que de mii-
fon de campagne , où quelques fafteurs viennent paffer
m
ISP
ISP
ouatre ou cinq mois de Tannée tout au plus ; Se puis ils
s'en retournent à Gamron , fur le golfe Perfique, à un
mois de chemin d'Ispahan , où eft leur négoce.
Traversant le caravanserai de Lelebec on entre dans
un bazar où il y a un caravanserai auffi grand que les
précédens. L'un & l'autre eft furnommé des vendeurs
de grenades , parce que durant neuf mois de l'année ,
on y en apporte de divers endroits de la Perse une pro-
digieufe quantité. On conferve ce fruit dans du coton ,
& on le transporte dans des cailles de quatre pieds de
haut, & de deux pieds de large ; c'eft un des plus ex-
cellens fruits du pays : nous ne le connoiffons presque
point en Europe , les grenades que nous avons n'appro-
chant point de celles de Perse , ,foit pour la grofleur ,
foit pour la beauté & la bonté ; au bout de ce bazar ,
en tirant à gauche , vers la place qu'on appelle la tour
de cornes, on patte le collège de Geddé, ainfi nommé
d'une femme du roi Séfi , laquelle le fonda ; puis on
fe trouve dans un long bazar , appelle le ba^ar de Sa-
routaki, qui eft ce premier miniftre eunuque, dont on
a parlé. Il y a en ce bazar un bain d'un côté , &C un ca-
ravanferai de l'autre , qui portent le même nom , parce
que ce miniftre les fit tous deux conftruire. On trouve
à la fortie de ce bazar la petite écurie du roi , appellée
javile khaffé, écurie particulière, pour la diftinguer de
la grande , qui eft dans l'eneeinte du palaisroyal.
C'eft-là ce qu'il y a de remarquable du côté de la porte
de Hafjen-Abad, en tirant de l'occident vers l'orient ;
il faut voir de fuite ce qui mérite d'être remarqué de ce
même côté , en tirant de l'occident au feptentrion. On
y trouve d'abord les palais de Mir^a- Echref, fameux
médecin ; quand on les a paffés , on fe trouve au dé-
tour de deux longues rues, dont celle qui tire à gauche,
mené au château d'Ispahan , qu'on appelle le château
de la bénédiction ; &C celle qui tire a droite , aboutit 3
après un long chemin , à la place royale. Parlant outre,
on trouve deux autres palais, dont l'un appartient sDi-
knt-Chi-Can, grand-feigneur , qui a fait bâtir une belle
mosquée tout contre ; Si l'autre appartient au roi.
Sur la main gauche de ce palais, il y a un autre grand
chemin en ligne collatérale, par des rues aflez belles, qui
font entre-coupées de bazars. On y pafle le caravanfe-
rai , furnommé du général des Courtches , qui eft le plus
ancien corps de milice de Perse.
Ces deux chemins fe rencontrent à la place royale ;
& en continuant fa route, on entre dans une belle rue
qu'on appelle la rue de Gueda-Alibec , qui étoit pré-
vôt de la chambre des comptes : fon palais eft au mi-
lieu ; & tout joignant eft celui d'un gouverneur de pro-
vince, nommé Rujlan-Kan , avec un bain Se une mos-
quée qui en dépendent. De-là on pafle un bazar , qui
aboutit à une grande maifon , bâtie par un riche mar-
chand des Indes , nommé Mir^a-Moain , joignant la-
quelle il y. a une mosquée : aflez près de-là eft un car-
refour , d'où, tournant à l'orient, on rencontre d'abord
la fameufe maifon de \*Dou{e-Tomans.C hd\l une cour-
tifane qui avoit beaucoup d'esprit & de beauté , & qui
avoit mis ce prix à fes faveurs. Douze tomans valent
environ cinquante piftoles. A cent cinquante pas de
cette maifon eft le palais de Soliman-Can ; & tout joi-
gnant eft celui de la compagnie Hollandoife , qui eft un
beau logis, avec un grand jardin orné de pavillons, de
baffins d'eau courante. Le portail en eft grand &t élevé,
furmonté des armes & de la devife de la compagnie.
En paffant derrière ces palais , on trouve un collège
qu'on appelle Mcdre^é-Sephivie , c'eft-à-dire collège de
pureté. Il eft pourtant à l'entrée du plus infâme quartier
d'Ispahan , confiftant en trois rues & fept grands cara-
vanièrais nommés les caravanferais des découvertes : on
appelle ainfi les femmes proftituées. Tout ce quartier
eft rempli des plus communes. On compte douze mille
femmes publiques à Ispahan , qui font couchées fur l'é-
tat , en cette qualité , fans y comprendre celles qui ne
font pas profefîion ouverte de cet infâme commerce. Au
fortir de ce canton , on pafle fous une grande voûte qui
porte la belle mosquée de Phataha.Ua , qu'on appelle
auffi la mosquée du cèdre ou grand-pontife , parce que
le grand-pontife , du tems de Séphi I , vint demeurer
dans un palais tmi eft rout joignant. C'eft un des plus
grands de la ville, il rautpréfentement retourner au carre-
four de, Mir{a-Moain, pour voir ce qui eft à l'occident.
On trouve d'abord le bazar de Toktikan , fils d'un
grand-prévôt d'Ispahan, du tems d'Abas le Grand. Au
bout de ce bazar on rencontre plufier.rs grandes mai-
fons , entr'autres, celle de Mir7ta-Maaf}oum , fils du pre-
mier miniftre du tems d'Abas II, celle d'un grand mar-
chand de Turquie , nommé Ghelebi-Stamboli ou le gen-
tilhomme de Confiantinople ; celle du Zindor- Bachi ,
qui eft intendant fur tous les équipages des chevaux; 5c
celle des Lours, qui eft le nom d'un peuple qui habite à
l'occident de la Parthdie. Entre ces maifons on remarque
le caravanièrai d'Emir-Bec , qui eft proche du château.
On laifîe à gauche, en avançant plus loin, un vieux cime-
. tiere , à un coin duquel on voit un gros orme , fous
lequel on afl'ure qu'eft la fépulture de Seljouge , un an-
cien roi de Perse. Les Perfans difent que dieu conserve
cet arbre , depuis tant de fiécles , pour orner ou mar-
quer la fépulture de ce bon roi. Plus loin on pafle de-
vant les palais d'Ismaël-Bec, & devant celui de \'Afa-
Bachi , c'eft-à-dire le chef des esclaves du roi , qui ne
font pas encore mariés. On donne ce titre aux jeunes
gens, ou qui font donnés au roi , en qualité d'esclaves,
ou qui font enfans de ces fortes de gens , lesquels font
couchés fur l'état, &t tirent la paye dès leur bas âge.
Plus avant on trouve le bazar du grand-maître de l'ar-
tillerie, contigu à un autre qui porte le nom de Maha-
met-Emin; & à trente pas de-là eft la maifon des Ca-
pucins , aflez fpacieufe , avec un grand jardin qui donne
fur un cimetière, qu'on nomme Cheik-Sulton Mahamed,
du nom d'un feigneur qui y eft enterré fous un tombeau
de pierre. Cette maiibn des Capucins n'eft pas une
maifon du roi comme celle des Auguftins , ou celle des
Carmes ; elle eft aux Capucins en propre , ayant été bâ-
tie &C le fonds acheté de leurs deniers. Ils vinrent en
Perse au commencement du régne de Séphi. I, &C ils y
furent reçus à la recommandation du roi de France. Le
cardinal de Richelieu, fon premier miniftre, accorda au
fameux père Jofeph, Capucin, fon ami, cette recomman-
dation en faveur de fon ordre ; qui fit les frais de l'éta-
bliflement.
De la maifon des Capucins , tirant au midi , on ne
trouve que de petits bazars , beaucoup de maifons bour-
geoifes, des tuileries qui aboutiflent au foffé du château
du côté des champs ; mais du côté du nord ., on trouve
un collège qui porte le nom d'un grand eunuque du fer-
rail, nommé Aga-Kafour , qui le fit bâtir. Cet eunuque
étoit tréforier du ferrail , & par conféquent gardien des
pierreries & de tout le tréfor royal.
Ce que l'on trouvé de remarquable au-delà de ce col-
lège, eft le palais de Yu7-Bachi , ou capitaine de cent
gardes , qu'on nomme Agellou , c'eft-à-dire monta-
gnards, pour donner à entendre qu'ils font fiers & in-
trépides ; le palais de MirTa-ReTi , intendant d'Ispahan ;
celui à* Aga-Cherif-EJli-Fachi, qui aboutit à un bazar, où.
eft un hôpital ruiné. Puis on rencontre deux grandes ga-
leries vis-à-vis desquelles eft une maifon que les Euro-
péens appellent Yévéché, parce qu'elle a appartenu à un
évêque de Babylone , fufrïagant de Tévêché d'Ispahan.
C'étoit un Carme François , nommé le P. Bernard ,
qui, n'ayant pu trouver de quoi occuper un évêque, re-*
tourna en France , laiffant la maifon en bon état , l'é-
f'ife , la bibliothèque , les ornemens & l'argenterie,
tant à Paris , il vejidit tout cela à un orfèvre.
Ce que nous venons de décrire depuis la maifon de la
Douze-Tomans , eft dans le quartier , qu'on nomme de
kerron ou des four ds. Celui qui en eft le plus proche,
porte le nom d'Ahmed-Abad ; &c il s'appelloit autrefois
Bague-Toout, c'eft-à-dire jardin des meures, parce que
c'étoient plufieurs jardins de meuriers. On trouve en ce
quartier la rue de Paet-Cbenar, les bains de Cojè-Sef-
Eldin & de Mirrœ-Rou-ffalla , une petite mosquée cou-
verte en terraffe : un petit collège , nommé Turbet-Ne-
lour-El-Moulk, ternie qui fignifie le tombeau de l'intelli-
gence de l'empire. On appelloit ainfi le grand-vifir de ce
roi Haffen, le fondateur de la'partiè d'Ispahan, qui porte
fon nom , lequel eft enterré dans ce collège. Il eft tra-
verfé par un grand canal d'eau ; on voit tout proche
l'hôtel d'un feigneur nommé Hakim- Mahamed , avec
un bazar, un bain & un caravanièrai de même nom. On
y voit auffi une belle mosquée neuve.
On entre de-là au quartier de Yesd , comme ils le
furnomment , où ce que l'on voit de plus remarquable ,
ISP
efl le palais du gendre de Calife Sulton , grand-vizir ; ie
logis de Hakim-Abd-'Halla , célèbre médecin ; la mos-
quée de Houloucan ; le cimetière d'Iman-Zade-Ismaél,
où il y a un grand & vieux platane, tout hériffé de doux,
où les derviches qui font des mendians de profeffion ,
viennent faire leurs dévotions , 6k prendre les guenilles
par vœu. De ce quartier on entre dans la rue de Meh-
vadion , où on voit la maifon de Janikan , général des
Courtches , qui étoit le chef de la conjuration contre le
grand-vizir Saroutaki. Proche de cette rue eft le palais
de Taimurascan, dernier roi de Géorgie. De-là, tirant
vers la place royale , on trouve Je palais de Mechel-Dar-
Bachi ou chef des porte-flambeaux , qui eft une charge
confidérable. Il y a un bain 6k un caravanferai joignant,
qui porte le même nom. Abas II logea dans ce palais
un ambafladeur de la compagnie Hollandoife , nommé
Jean Cuneus , qui vint en Perse l'an 1651. Plus avant
on trouve le palais de Mir{a-S aihid-N aini , qui eft des
plus fpacieux 6k des plus beaux de la ville ; le bain du
Cheic-el-IJlam , 6k un peu au-defîbus le palais de Coja-
Maharram , eunuque , qui étoit mehter ou chambellan du
roi Séfi, 6k de plus fon grand favori. Le palais eft beau
6k bien entretenu , fitué à la droite d'une grande & belle
mosquée, qui porte le nom àeMacfoud-Bec , 6k qui eft
fondée fur les ruines d'une autre mosquée fort ancienne,
où il y avoit un tombeau révéré à caufe d'une vieille
tradition, quoiqu'on ne puiffe dire pour qui il avoit été
fait. On conserve ce tombeau dans la mosquée nou-
velle , proche de laquelle il y a un cloître pour recevoir
ces fortes de gens que les Mahométans appellent dervi-
ches .-ils prétendent quitter le monde par principe de
dévotion , 6k profeîîer une pauvreté & une mendicité
volontairs. Proche le palais de Coja-Maharram , il y a
un collège 6k un caravanferai qui porte auffi fon nom ,'
parce qu'il les a fait bâtir, 6k que le caravanferai a été
Conftruit , afin que du louage des chambres on entretînt
les écoliers de ce collège. Comme la propriété eft 'fort
mal aflurée en Orient , fur-tout pour les gens de cour,
à qui le fouverain ôte la vie 6k les biens à fon gré, 6k
fouvent fur le plus léger fujet, on prend cette voie-là
pour faire des fondations plus affurées, c'eft- à-dire qu'on
bâtit des bains, des bazars, des caravanferais , dont on
arfefte par contrat le revenu à l'entretien de la mosquée
ou du collège qu'on a fondé , ce qui n'eft pas de fort
longue durée ; parce que lorsque le caravanlérai ou le
bazar deviennent fi vieux qu'on n'y veut plus habiter, 6k
que par conféquent il ne rend plus de profit, la mosquée
n'eft plus entretenue , ou le collège fe déferte, & l'on
en va chercher quelqu' autre de plus nouvelle fondation.
Continuant de tirer vers la place royale , on trouve tout
proche un caravanferai , nommé père-compagnon , 6k le
palais de Sephy-Mir^a , au-devant duquel eft une place
carrée.
Je décrirai préfentement le quartier de Darbetic , qui
eft vers le bout de la ville , & un des plus peuplés 6k
des plus connus. On le nomme auffi Maidon-Emir, ou
place du prince , parce qu'il y a au milieu une grande
place qui porte ce nom. On y entre pa'r une rue nom-
mée Gukhende , 6k d'abord on y trouve une haute &
ancienne tour , appellée la tour de vinaigre , proche de
laquelle eft le palais tfAtembec, qui étoit grand-prévôt
d'Ispahan , homme célèbre pour fa grande application
à maintenir la tranquilité de la ville , 6k à en chaffer
lesgens inutiles & les vagabonds. On rencontre au-delà
la mosquée de Mirça-Ismacl, avec un bain 6k un cime-
tière du même nom , puis deux autres bains , nommés
l'un le bain de la princejfe , l'autre le bain du prévôt.
Ce dernier eft contigu à un grand tombeau , fous lequel
eft enterrée une fille du roi Haffen , nommée Bibi-Beg-
Nogon. On trouve ensuite le collège nommé Japlurié ,
qui, bien que fort ancien, eft toujours fort beau ; les prin-
cipaux endroits étant revêtus , les uns de marbre , les
autres de tuiles vernifées : le palais de Haflen-k-Cui-
Jïnier, ainfi dit , pour avoir été bâti par un homme qui
n'étoit quecuifinier au commencement de fa fortune; 6k
la mosquée paroiffiale , qu'on appelle la mosquée de
Darbetik , du nom du quartier. Il y a tout proche un
bain 6k un collège, qu'on nomme Mcdreçe-Gueghe^c'eû-
à-dire collège de la fleur longue d'une aulne. On va de
ce collège en descendant par la rue neuve aux glacières,
.: : , W h S.
qui portent ie nom ^ Ahmed- Abad, jJarce qu'elles font
joignant le quartier ainfi.nommé.
. De-là, revenant fur i'es pas, erl tirant du feptentrion
à l'occident , on paffe par-devant la maifon des Carmes.
C>ft un grand hôtel appartenant au roi , & il ieur a été
donné pour y habiter en qualité d'hôtes du roi , qui eft
le nom qu'on donne en Perse à tous les étrangers de
considération. C'étoit le palais d'un grand-maître de l'ar-
tillerie qu'Abas le Grand détruifit avec toute fa famille,
au commencement du fiécle paflé.
On trouve proche de cette maifon un grand palais bieri
doré au dedans par-tout & bien entretenu , où logeoit
Mir^a-Chefi, célèbre hiftoriographe ; & de-là, en retour-
nant au quartier de Derbétic, on trouve une belle mai-
fon 6k un collège qui porte le nom de Miqa-Can, qui
étoit un gouverneur ae province du tems d'Abas le
Grand , lequel pour des vexations extraordinaires fut at-
taché vif au mât qui eft au milieu de la place royale, où
on le perça de coups de flèches , fon corps y ayant été
laine jusqu'à ce que le loleil l'eût tout- à-fait dëfleché :
allant plus loin , on 'descend dans un fond qu'on ap-
pelle la vallée de Mad-Soud-Bec , qui aboutit à la rus
de Sulton-Zinguen , où il y a un cimetière de même
nom, à l'entrée duquel on voit deux tours de pierre.
Il y a quatre autres rues allez grandes proche de celles-
là ; la rue des diftillateurs ; la rue des chaudroniers ; la
rue du fel, 6k celle des deux frères. Il y a divers bains
dans toutes ces rues , dont les principaux font le bain
blanc 6k le bain du paradis , 6k au-delà on trouve le pa-
lais du chef des architectes, le bazar de l'oie, 6k divers
bains , dont le plus fameux eft celui de Coje-Alem, mot
qui lignifie le vieux Javant , à caufe de fon fondateur qui
paffe parmi' les gens doétes du pays pour le plus lavant
homme de fon frécle. Deux caravanlerais 6k deux col-
lèges font proches, l'un nommé Guech-Comon , l'autre
Macfoud AJJar , 6k un bain qu'on appelle le bain de.
jeudi , parce qtie ce jour-là, qui eft la veille du jour du
repos chez les Mahométans , on y trouve toujours un
grand concours de monde qui fe prépare par la purifi-
cation à la célébration de la fête.
Il y a près de ce quartier une autre vallée , qui porte
le nom de Leutfer , laquelle eft. de grande réputation ,
parce que c'eft une grande poullailene 6k un grand p.^s-
fage. Au bas de cette vallée , on voit entr'aufres édifi-
ces remarquables, deux hautes 6k vieilles tours , à quoi
personne ne manque de prendre garde ; car on diroit
toujours qu'elles vont tomber fur la tête , étant incli-
nées de fix ou fept degrés fur l'horizon. De-là on entre
en la rue des Arabes. Elle aboutit à la vieille Kaiferie
ou le vieux marché impérial , 6k à un vieux 6k haut pa-
villon-où on jouoit des ir.ftrumens au foir 6k à minuit,
avant qu'Abas le Grand eût fait bâtir la place royale.
Ce quartier a divers collèges 6k divers caravanferais ,
dont le principal eft celui du peuple d'Ardeïïon. Il y a
encore une rue nommée la rue des Juifs , où eft leur
principale fynagogue ; outre celle-ci , ils en ont encore
deux autres ; mais qui ne lbnt proprement que de peti-
tes chapelles. Au-delà de cette rue, on trouve un cime-
tière que le peuple d'Ispahan vénère fort, à caufe de la fé-
puhure tVLmaél-Kemeljqm eft un de leurs faints les plus
révérés. Quelques pas au-delà on trouve un autre tom-
beau célèbre d'un nommé Dioutat-Byaboni , un héros
du Mahométisme, dans le quatrième fiécle de leur épo-
que , qui , par zélé , couroit fur les Sunnys , qui font les
ennemis de la fefte des Perfans , 6k les tuoit fans quar-
tier, avec une maffue, qui eft proche le tombeau àdemi-
enterré; c'eft une véritable poutre que nul homme ne
pourroit feulement foulever. Proche de ce tombeau , on
voit une tour renommée 6k fort haute , appellée la tour
du chamelier.
Je décrirai à préfent le quartier de Sud- Ahmedion ,
dont j'ai dit que la porte regarde le levant , avec celles
de Haffen-Abad 6k de Kherron. Le premier édifice qu'on
y remarque eft la tour de Coja-Akm , qui porte le nom
de Gulbar, c'eft-à-dire chargé de fleurs , à caufe de fa
beauté. C'eft une tour ancienne 6k recommandable pour
fon architecture, qui paroît meilleure que la gothique.
Enfuite on trouve la mosquée du quartier , laquelle en
porte le nom ; elle eft célèbre dans le pays , bâtie de-
puis fept ou huit cents ans, La tour de la mosquée s'ap«
S7Ô
ISP
ISP
•pelle la tour à fond de liton , parce qu'elle eft cou-
Verte de faux or en plufieurs endroits. Dans ce quartier
il y a rrois autres petites mosquées, dont l'une renferme
le. tombeau de Seid-Àhme'd Zemchi , l'autre celui de
Emin-Yeddy-ffaffen , grand-vizir du fameux Sulton-
Melek-Cha , roi de Perse , & l'autre celui du preux Ba-
bylonien. Le mot de preux en perfan , eft divone ; ik
en turc , dtly : mets fynonymes , qui fignifient égale-
ment fou & brave. Les principales rues du quartier font
la rue dEmin-Yeddy-HaJ/én , la rue de Harom-Vtlaied,
la rue de Gulbar , la rue de Nackchion & la rue de Tak-
ga ; & les principaux bains font le bain des Safraniers,
& les bain des Tailleurs de pierre. La rue de Takga
mené à une place qui porte le même nom de Takga ou
Tflkuga , c'eft-à-dire lieu de thrône , qui eft un endroit
des plus fameux de la ville. Il y a une infinité de caba-
rets à caffé &c à kokenaer > qui eft une infufion de pa-
vot, dont l'on boit pour s'échauffer & fe récréer , &
qui enyvre de même que le vin. Il y a toujours là une
prodigieufe affluence de monde à boire , ou bien qui va
en dévotion au fépulcre de Haram - V elaïed , qui eft
proche de-là, & qui eft un des pèlerinages des Perfans,
où l'on prétend qu'il fe fait des miracles. C'eft un grand
maulolée , fort bien bâti , feion l'architecture Perfane.
II fert de mosquée , ayant des tourelles à côté , comme
les grandes mosquées. Hafam- Velaïed lignifie corps faint ^
ou, comme d'autres l'interprètent, te faint du pays. Il
n'a point de nom particulier, parce qu'on ne fait point
qui éroit précifément ce prétendu faint. Les Turcs, qui,
au jugement des Perfans , font des Mahométans héréti-
ques, les Juifs & les Chrétiens, de quelque leite qu'ils
foient, difent tous qu'il étoit de leur religion. Les Ar-
méniens ont une autre tradition touchant, ce» lieu ; c'eft
que les Mahométans , lorsqu'ils envahirent h Perse , y
jetterénf dans un puits-'toutes les reliques des églifes Chré-
tiennes de cette ville ; ce qui l'ayant rendu vénérable
aux Chrétiens reftés dans le pays , ils mirent des pierres
deffus pour fervir d'enlèigne. . Les Mahométans, à leur
exemple, fe mirent à révérer cet endroit, & enfin ils y
Làtirent des maufolées. C'eft ce que la commune tradi-
tion rapporte de ce fépulcre. Tout auprès^ il y a deux
puits remarquables ; le premier, à caufe qu'il fert de fé-
pulture à un brave nommé Hâtent , qui étoit un des
plus forts hommes de fon tems. L'autre puits eft grand
& fort beau. On l'appelle le puits de Heyder-Indi, du
nom de celui qui l'a fait faire , lequel étoit un grand
matchand des Indes, qui, dans une dangereufe tempête,
fit vœu au faint d'Haram-Velaïed , que s'il enéchappoit,
il bâtiroit un puits large & profond , proche de fa mos-
quée , où un homme leroit entretenu pour donner à
boire aux pafïans ; & à côté une eftrade de pierre ,
haute, entourée de baluftres , pour la commodité de
ceux qui viennent là , foit par dévotion ,'fpit par di-
vertilTementi
En tirant de Tatkga vers la place royale , par une
grande rue , qui s'appelle la rue du thrône, on trouve le
palais du petit prince. C'étoit le grand-pontife du tems
d'Abas II , &. le ftere de Kalife-Sulton , premier minis-
tre. On rencontre encore le palais de Gelandar-Bachi,
qui eft le grand écuyer. C'eft un des plus beaux & des
fpacieux palais de la ville. Après on paiTe les rues de
Fereidon- Médecin , & de Mchtcr-Dichtfmour, ainfi nom-
mées parce que ces feigneurs y avoient des hôtels. On
laide à gauche celui du Mouftophy-El-Memalek , qui eft
le premier fecrétaire d'état, & le caravanferai des peu-
ples de Dergz^in ; & enfùite on trouve des écuries roya-
les , qu'on appelle les écuries du maître des tems, parce
que le roi les a léguées au douzième & dernier Iman,
ou vrai Calife , (becefleurde Mahamed, nommé Maha-
med-Mehdy, que les Perfans appellent maître des tems,
pour dire qu'il n'eft pas mort , & n'a pas cédé au tems
comme les autres hommes. Ils croient en effet qu'il n'eft
pas mort ; mais qu'on le garde dans quelque endroit in-
connu, d'où il reviendra un jour faire la guerre aux en-
nemis de la loi ; & pour cet effet on tient toujouts là,
nuit & jour de beaux chevaux fellés & richement har-
nachés , dont il y en a toujours deux de bridés , afin que
le Calife monte deffws au moment qu'il paroîtra. Après
on pafle la rue de Mir-Ismaël , où il y a un hôtel , un
caravanferai de ce nom, & un bazar, au bout, qui joint
le bazar du Mhordar-Kochon , le garde des fceaux de la
guerre , lequel bazar le rend au caravanferai nommé
Bcgum ou de la reine , parce qu'il a été fondé par la
mère de Sephy I. On voit tout proche un autre cara-
vanferai & un bain , qui portent tous deux le nom de
Payder.
Quand on a pafle ce quartier, on entre dans celui de
Nin.aourde, un des plus fameux & des plus peuplés d'Is-
pahan. Ce qu'd y a de remarquable eft "la rue Chouma-
lou; la mosquée de Zoulfogar, qui eft le nom du fabre
d'Aly ; un bain & un hôtel, qui portent le nom de Rajjé-
trache , c'eft à-dire Le barbier du corps , qui eft celui qui
fait le poil au roi , ce qui eft Ain office confidérable ; le ■
logis de Cheib-Mir{t , vizir du pays de Karaolous ; la
rue neuve, où eft une manière de couvent pour les der-
viches de la fefte de Souphis. On l'appelle le repofoir
des derviches Soufis ; le bain lavandier ; la rue des Juifs,
ou on montre une de leurs fynagogues ; le bazar d'A-
ramené & le caravanferai d,Abas : c'eft le prince pre-
mier du nom, qui le fit conftruire , & c'eft un des beaux
caravanferais de la ville. Au milieu de ce quartier de Ni-
maourde, il y a une allez grande vallée qui en porte le
nom, au-delà de laquelle on trouve le caravanferai de
Y Eléphant ; la rue de Moutabon , où eft la mosquée.
dite de la Violence ; le palais ck le collège de Mir^a-
Ca^y, qui étoit Cheic-el-IJiam ; le palais d'Ibrahim-Sul-
ton , grand-panetier ; & après on vient à la mosquée
de Hakim-Daoud, qui eft une des plus belles Sa. des
plus fpacieufes d'Ispahan , occupant près de quatre ar-
pens de terre , & ayant coûté plus de cent cinquante
mille écus. C'eft auffi la dernière grande mosquée qui
ait été bâiie dans cette ville. Le fonds étoit auparavant
un grand cimetière.
De cette mosquée on entre dans la rue de Baba-
Hajfeiri, & ensuite daus celle de Baba-Remalou, où il
y a de fort belles maifons, qu'on peut appeller des pa-
lais, comme celle de Hakim-Mafjenat ; celle deM'rja-
Gelal , gendre d'Abas le Grand.; fk trois autres , qui
portent chacune le nom de Mahamed-Baguer, qui font
trois grands hommes de lettres, chacun dans leur feience,
tous trois appelles Mahamed-Baguer. Le premier, fur-
nommé le Coraffonien , étoit le principal du collège
d'Abdala , le plus grand & le plus riche collège d'Ispa-
han. Ce Mahamed-Baguer paiïbir pour le plus favant
homme de fon fiécle , fur-tout pour la théologie, Se
être digne de la qualité de Mouchtehed ou Vicaire d'I-
man. Le fécond Mahamed - Baguer étoit furnommé
Ye^dy, du lieu de fa naiflance : c'étoit un autre favant
qu'on eftimoit le plus habile mathématicien du royaume.
Le troifiéme fut furnommé l'AJîrologue , & étoit le chef
des aftrologues du roi. Le palais de ce dernier Mahamed-
Baguer joint le jardin de Baba- Haflein. Proche de-là,
il y en a un autre nommé Megbar'e, à caufe du tom-
beau de Sulton-Melekçha , qui eft au milieu dans une
chapelle couverte d'un beau dôme. De cet endroit à la
place royale , il n'y a que peu de chemin , &c rien de
confidérable.
De la porte de Lombon à cette place , on trouve à
confidérer ; premièrement , l'édifice joignant la porte ,
qui eft le palais d'Ougour-Libec, Divan Bequi ou prési-
dent du tribunal civil & criminel; le bain des Juifs; &
l'hôtel qu'on appelle le grand chenil , parce que c'eft
pour^ loger les chiens du roi. .Enfuite on fe trouve aux
entrées de .plufieurs rues , dont les principales font la
rue des Potiers , la rue des Poivriers , celle des Pape-
tiers, celle des Gardes-Sceaux de la guerre, & celle des
Fermiers & du Bandeau-Royal delà loi, ainfi nommée
du premier médecin du Sultan Méleccha, qui y fit bâtir
un palais , ayant été élevé à une haute fortune par
faveur de fon maître , fur qui il avoit fait une cure mer
veilleufe.
Quand on a paffé cette mosquée , on entre dans la
rue dite Baba-Rafem, à caufe du tombeau d'un faint
de ce nom , qui y eft conftruit. On entre de cette rue
dans une autre appellée la rue de Moumen -R-a^y, où
on voit au bout une grande mosquée, nommée la mos-
quée verte. C'eft le dernier édifice confidérable de cette
moitié de ville, qui porte le nom de Joubaré.
Dans le quartier deDeredéchte , il y a une vieille tour
qu'on appelle la tour des cornes. Elle eft limée au milieu
d'une
IS?
d'une place , entourée de boutiques hautes de trejs
! pieds de terre. La groffeur de la tour n'ëft que de vingt
pieds , à prendre la mefure au-deilus du picdeftal, & là
hauteur d'environ louante. Le corps eft conftruit de tui-
les de mortier ; & elle eft revêtue par-tout de haut en
bas de crânes de bêtes fauves avec leurs cornes. Il y à
une galerie, aux trois quarts de la tour, qui fait comme
un chapiteau , &c où ces cornes font comme une balus-
tre. Là proche, eft un tombeau, haut ce trois pieds,
revêtu de pierre , appelle le tombeau de la gabelle ,
parce qu'il couvre la fofle d'un cheval fameux qu'avoit
Abas le Grand , & qu'à caufe de fon extrême vîteffe ,
on appelloit la gabelle.
Tirant de- là vers la vieille place d'Ispahan, on trouve
le palais 6k le bain de. Miria-Sedre-Gehoon , qui étoit
Moujtophy-El-Memelek, c'eft-à-chre le fecrétaire de l'em-
pire. Sedre-Gehoon, qui étoit fon nom, lignifie le pon-
tife de l'univers. On trouve ensuite le palais du Mecher-
dar-Bachi , c'eft- à-dire le chef des porte-flambeaux, avec
la mosquée èk le bazar, qui portent fon nom ; le palais
de Vely-yart-chi-Bachi , le chef des crieurs publics , qui
eft une charge importante en Perse ; le caravanlerai du
peuple de Derge^in , qui eft une ville 6k un pays fur les
confins de la Géorgie ; le palais de Mirça- Koudchek ,
ou du petit prince , qui eft le pontife des biens légués
par les rois, avec un bain 6k un marché , qui portent
fon nom ; le bain du grand écuyer , 6k le palais é'A-
bas-Couli-Bec-Moordar ou garde desfceaux. Ce palais
fait le coin d'un carrefour , où l'on trouve deux rues
en face, l'une appellée la rue de Zulfegar, qui eft le nom
du fabre d'Aly, ck l'autre la rue du médecin Fereïdon.
Les autrts ruts principales de ce quartier font, la rue du
grand chambclan Dechtcour , celle de Nufchion , celle
de Mir^a-Fij/uh , en chacune desquelles il y a un bain
de même nom, & puis la rue des Bonnetiers, où on
vifite le cloître ou 1 hospice de Neamed-Alla , qui eft
au milieu d'un jardin, dont les murs font de briques,
potées à jour ; enforte que de dehors on peut voir alte-
rnent ce qui fe pafie au dedans.
Proche de cet hospice, il y a le caravanferai deMirça-
Ismaél-Kaveichy, ou caffetier du roi ; celui de Mir^a-
Koudchec, le pontife, 6k quatre autres. Dès qu'on les a
paftés , on fe trouve à un lieu célèbre , dit le pied du
platane brûlé. C'eft un vieux tronc d'arbre , joignant
lequel il y a encore une hôtellerie de derviches, à-peu-
près comme la précédente. On remarque tout proche
un grand palais qui porte le nom de Mir-Ismaél, un can-
ton qui porte celui de jardins des pêches & des p avis ,
parce que ce u'étoit qu'un fort grand jardin rempli de
ces fortes de fruits , vers le commencement du fiécle
paffé, lorsque la vitle étoit moins peuplée. Une partie
de ce jardin eft devenue une place , fur un des bords de
laquelle eft le bain Lavandier, 6k fur un autre la mos-
quée d'Iman-Couli-Can. Plus outre, on paffe la vallée des
Faifeurs de chagrin, la mosquée de Mol/a-Zamon , la rue
ëAly-Sulton, chefs des héraults ou crieurs publics; celle
de Molla-Hajfen-Chater , ou valet de pied du roi, &
celle des Chebba^e ou coureurs de nuit ; ce qui revient
à notre terme de filou.
Continuant de parcourir le quartier de Deredcchte,
on entre dans la rue Bagraïon , tirant vers Takga 6k
Harom-Valaied. On trouve ensuite le carrefour dit gui-
bar ou gu/bahar, c'eft- à-dire fleur du printems. Ce quar-
tier-là a de remarquable le palais de Califê-Sulton, gen-
dre d'Abas le Grand , 6c premier miniftre d'état , 6c
le caravanferai joignant, qui porte le même nom, auffi-
bien qu'un bazar, auffi joignant, 6k un cabaret de co-
quenar, qui eft une décocYiori de pavot, dont on a déjà
parlé. On apperçoit de-là la vieille place d'Ispahan , 6k
l'on y arrive en paffant par-devant le bain dit le bain
du thrône , 6k par- devant un vieux palais, qui eft fort
grand &C fort ancien , appelle la mai/on des chiens,
parce qu'il appartenoit à un grand veneur : il eft tout
de brique , bâti à l'Européenne , en ce qu'il y a de grof-
fes tours aux quatre coins. Abas le Grand y logea plu-
sieurs années , jusqu'à ce que fon palais fut bâti. Proche
de cette maifon des chiens on voit le caravanferai d'Aly
l'Epicier, 6c celui des Kaulys ; nom qui, dans l'ufagé,
veut dire tout homme exécrable, 6k particulièrement un
inceflueux. On les appelle auffi Korbetis ik Koboalis ;
ternies qui, dans leur étymologie, lignifient le crime con-
tre nature.
Le long de la vieille place, on voit plufieurs cabarets
de pavot ; une vieille tour qui porte le nom de Cojjt-
Alem, qui étoit joignant le palais royal d'Ispahan, lequel
eft tout-à-fait ruiné. On rencontre après la vieille mai-
fon des inftrumens de rriufique , où l'on fonnoit autre-
fois au coucher du Ibleil & à minuit , comme j'ai dit
que l'on fait à prêtent dans la place royale ; Un bain &t
un caravanferai, qu'on appelle des potiers de terre ; un
collège qui porte le nom du roi Talimas ; la galerie des
Faifeurs de marroquin ; puis la vieille Kaïferie ou le vieux
marché impérial, qui étoit le bel abord 6k le riche en-
droit de ia ville , avant qu'Abas le Grand eût bâti fa
nouvelle Ispahan. On a conftruit dans cet endroit de
grandes étables pour les mulets du roi , & il y en a
toujours fix-vingt à cent cinquante. Au-delà on trouve
un bain, un caravanlèrai & une mosquée qui portent
le nom de Kemar^erin ; 6k les rues fui vantes, favoir la
rue des deux frères , qui eft une des plus infâmes de la
ville , n'étant habitée que par des femmes publiques ;
la rue de lAolla-Moumen , où eft la mosquée de Molla-
Negmé ; la valle des Souliers de toile , ainlî dite, de ce
qu'il y demeure nombre de ces cordonniers qui font des
fouliers à femelle de toile , dont le payfans fe fervent :
la femelle, qui eft faite de vieilles guenilles, dure trois
fois plus de teins qu'aucune femelle de cuir. Cette rue
aboutit à la maifon de VAthas , qui eft le chevalier du
guet , à qui appartient la garde &C le gouvernement de
la ville durant la nuit : de-là tirant aux portes de To-
kehi 6c de Deredechte , on paffe les rues fuivantes ; celle
de Hakim-Ckafai, c'eft-à-dire du médecin donne- fanté ;
celle des Confituriers, où eft le caravanferai, qui porte
le nom des Ardejloniens , peuple de la Parthide ; celle
des Herboriftes 6i ceile de Mahmoud-Cha, qui eft la
dernière.
Ce quartier eft ce qu'on appelle la Vieille ville:
il n'y a rien de beau ni de fort remarquable. Les mai-
fons en font petites , balles , entaflees l'une jfur l'autre ,
n'y ayant point de jardins , comme aux autres quartiers
de la ville ; les ruelles l'ombres 6c petites , l'air étouffé,
le peuple pauvre 6k de la plus balle condition. C'eft
auffi un vrai labyrinthe où on a be.oin de guides. Les
villes de la province de laParthide, qui ont été bâties du
tems de cette vieille ville d'Ispahan, font toutes de même
manière ; c'eft parce que durant quatre à cinq cents ans
le pays étoit ravagé continuellement par divers ennemis;
ce qui réduilbit le peuple à fuir dans les fortereiTes à
chaque allarme , en abandonnant leurs maifons. Celles
de ce quartier fe rebâtiflènt peu-à-peu , grandes & fpa-
cieufes , comme aux autres quartiers de la ville, 6k avec
le tems il n'y aura plus de traces de cette vieille ville.
Revenant de ces portes vers les autres quartiers de la
ville, on trouve d'abord la FORTERESSE, que les Perfans
appellent Cala-Teberrouk , le château de la Bénédiction,
laquelle joint les murs de la ville à la partie feptentrio-
nale. Cette fortereffe eft de figure carrée irréguliere,
d'environ mille pas de diamètre , toute bâtie de terre
enduite de plâtre au dehors. Le mur en eft fort haut,
à crenaux , muni d'un grand parapet , flanqué de tours
rondes par espaces , épais de douze à quatorze pieds ,
avec un foffé tout à Fentour , bordé d'un rempart de
plus de trente pieds d'épaiffeur, de bonne défense, ôc
d'un avant-mur , beaucoup plus bas que l'autre. Cette
fortereffe a auffi une courtine ; mais tout cela eft fi an-
tique, d'une architecture &c d'une fortification fi diiîe-
rente de celle dont on fe fert dans nos pays , que ce
château nous paroît bien plus une prifon qu'une forte-
refle. Il renferme à-peu-près trois cents foixante- dix
maifons, avec la place d'armes, une mosquée, un bain,
le logement du vizir 6c le donjon, qui en eft la prin-
cipale pièce. Les maifons font habitées par des foldats
Perfans, qui ont de paye depuis trois cents jusqu'à cinq
cents francs : il y en a mille d'entretenus , dont la moi-
tié doit toujours être en garnifon. La place d'armes eft
allez grande : on y compte au-delfus de quarante pièce?
d'artillerie de bonne fonte, conquifes fur les Turcs 6c
les Espagnols , dans le Sein Periique. Le logement du
Vizir ou gouverneur de la place , qui eft toujours le
gouverneur de la province , eft grand; mais on l'entre-
tient mal depuis que le Vizir n'eft plus obligé à la réfî-
dence. Ce fut Sephi 1, qui le dispensa de cette obi na-
tion ; il y ayoit auparavant habité de tout tems, depuis
TomtUI. Dddd
ISP
578
la conftruftîon de la place, fans ofer en découcher ; ce
qui fe fàïfoît , non pas tant pour la garde de la place
même, que pour celle du trélbr royal, qui eft au don-
ion de ce château, qu'on appelle, à caufe de cela,
Narin-Khoné ou magafm à garder, comme ils parlent.
On n'entre que très-rarement , St par grande faveur,
dans ce donjon , parce que les clefs en font en différen-
tes mains. Le grand-maître en aune, dont fon V îzir eft
le gardien : le Vizir de la ville en a une autre , ck le
gouverneur du petit arfenal une autre. Chacun y appofe
fon fceau, de plus ; ce qui fait que fans eux trois ensem-
ble il n'y a pas moyen de voir ce lieu.
Je décrirai préfentement ce qu'il y " '
ISP
fîtes tentes, dont on environne la fofle lorsqu'on en-
terre des femmes. Les facrifties , où l'on garde les livres,
les lampes , les tapis ck les autres meubles de la mos-
quée, font du côté du couchant, dans une fale à dôme,
qu'on appelle la voûte fuspendue ; & proche de-là eft
une chapelle fouterreine, où l'on s'affemble pour faire
la prière publique durant l'hyver. La chaire du prédica-
teur ck l'oratoire , font fous le grand dôme.
Le quartier de Hoffenie, où cette grande mosquée eft
bâtie , eft ainfi nommé d'une céiébre famille qui fe dit
de remarquable
en venant de "la porte de Dereaechte , au-dedans de la
ville. Le premier édifice eft le bazar , qu'on appelle des
Arabes , accompagné d'un grand collège qui porte le
même nom. Il y à ensuite un autre bazar, avec un ca-
ravanferai qui porte le nom de Bouanotion , ou 1 on
vend les plus beaux fruits fecs du pays , ck les meilleures
eaux de fruits , comme des jus de citron ck de grenade.
On ne trouve rien' de confidérable en-deqa , jusqu'au
quartier de Heujjenie, qui eft l'un des plus fameux cl Is-
pahan. C'eft-là qu'eft la vieille mosquée, qui étoit comme
la cathédrale , avant qu'Abas le Grand, eût fait conftruire
la mosquée royale. On l'appelle la vieille mosquée de la tort large cour de fi
congrégation , qui eft le terme dont les Mahométans "
appellent la principale mosquée d'une ville. C'eft laplus
grande de la Perse, & où il paroît plus de majefte. Le
terrein qu'elle occupe eft de plus de quatre arpens. Elle
eft de figure carrée , confiftant en un grand dôme , en
deux autres plus petits à fes côtés , qui regardent le midi
& le feptentnon , ck en quatre dômes encore plus pe-
tits , dans les quatre coins. Ces dômes font bas ck plats,
en manière de four , tous foutenus fur quarante pilas-
tres : l'ouvrage eft revêtu dedans & dehors de carre aux
d'émail , peints de moresques vifs ck luifans , excepté le
bas , à huit pieds de hauteur , qui eft revêtu de belles
tables de porphyre onde ck marbré , qui font celles
qu'Abas le Grand vouloit faire enlever pour fervir à la
mosquée royale. '
Le diamètre du grand dôme eft de plus de cent pieds.
Au-devant de ce dôme qui fait comme le chœur du
temple , il y a une fott fpacieufe cour entourée de cloî-
tres , dont le devant eft en arcades foutenues par de
gros pilaftres de même ouvrage que les dômes. Des gens
d'éghfe , des profeffeurs ck des étudians en théologie
logent fous ces arcades , qui font fermées de chaffis fur
le devant. Cette mosquée a deux tourelles ou aiguilles,
hautes £k menues, de brique, d'émail, & fept portes prin-
cipales , que les Perfans difent être pareillemenr l'ouvrage
de fept rois, chacune ayant fon nom en particulier, ck
les fauffes portes de même ; il y a un baffin d'eau, carré>
au milieu de la cour, lequel eft fort grand ,Jk dans le-
quel on a bâti un jubé ou placitre de bois , à trois pieds
de l'eau, où vingt perfonnes peuvent tenir ; ck c'eft où
l'on va faire fes prières , après s'être purifié. Il y a en-
core un autre baffin fort grand fous un des dômes , &
quelques petits fur les côtés de l'édifice , &C particuliè-
rement proche le Gajfel-Khone , c'eft-à-dire le lieu où
l'on adminijlre aux morts la purification légale. Il y en
autrefois bien davantage ; mais comme on a reconnu
que tant de canaux fouterreins minoient l'édifice, on les
a bouchés , & comblé les baffins. Les deux principales
portes de la mosquée font élevées de quatre marches ,
ck tiennent à des allées allez étroites , qui introduifent
dans la mosquée. Celle qu'on appelle des libraires, eft
bordée de chambres , où l'on garde les pièces des con-
vois funèbres. L'une s'appelle ta mai/on des cercueils,
parce qu'on y garde quantité de cercueils pour les pa-
roiffiens décédés ; car il faut obferver qu'en Perse, comme
dans le refte de l'Orient , on n'enterre point les corps
enfermés dans des bières ; mais on les porte en terre
dans une bière commune , que la mosquée fournit. On
y met le corps au moment qu'on veut l'emporter; ck
quand le convoi eft arrivé à la fofle , on tire le corps
de la bière ', &c on l'enterre enveloppé dans le drap
mortuaire. Une autre chambre contient les enfeignes &
étendards des Imans, qu'on porte aux convois funèbres;
une autre le Siparé où Alcoran en trente volumes,
qu'on y fait, porter par trente écoliers ou étudians ; une
autre le Tckar-Chadour ou quatre voiles , qui font de pe»
originaire de Hoffein, fils d'Aly, ck petit-fils de Maha-
med , laquelle y demeure de tems immémorial. Les pa-
lais qu'elle y a fait conftruire font le plus bel endroit
du quartier. Il y en a quatre aux coins d'une grande
place, dont celui qui eft au coin feptentrional , eft à la
vérité défert ck presque tout ruiné , mais les trois autres
font beaux ck bien entretenus. Le plus grand ck le prin-
cipal eft poflèdé par Senger-Mir^a-P 'adchare^ , ou iff'u
dufang royal; ce qui s'entend, parce que ce lèigneur fe
dit descendu de Hoiiein, qui, en qualité d'Iman, étoit roi
légitime de tout le monde , félon la créance des Perfans.
Une petite place carrée fe préfente devant le palais,
dont le portail élevé de fept marches , qui eft un des
plus grands ck des plus appareils de la ville, mené aune
arrée, où il y a un grand baf-
fin d'eau ck un tombeau de pierre, haut de quatre pieds
fur une bafe de dix-huit pouces. C'eft le fépulcre d'un
des hommes éminens de cette ancienne famille , qu'on
appelloit le roi des rois , prince des Hofjenites , & qui en
étoit le chef, du tems d Abas le Grand.
Les autres lieux confidérables de ce quartier , font la
mosquée Sengerié, où l'on voit une inscription en lettres
d'or au nom du roi Ismaël le Grand ; ce qui fait croire
qu'il a fondé cet édifice , auffi-bien que le logis des Au-
guftins, qui font une million de Portugal. C'eft un grand
palais royal , où il y a beaucoup de jardins, avec des baf-
fins de marbre ck des logemens dorés ck azurés. Laplus
grande partie de ce palais eft inhabitée, à caufe qu'il n'y
a plus que trois ou quatre religieux , avec fept ou huit
domeftiques. Ils étoient en beaucoup plus grand nombre,
lorsqu'ils vinrent s'établir à Ispahan.
En fortant du quartier de Hoffenie , on rencontre la
maifon de Miija-Jafer, juge ou lieutenant -civil. De
cette maifon , on paffe devant le collège nommé Baùl,
ck devant le logis qu'on nomme du Kelunter, parce qu'un
Keranter, qu'on nomme chez nous prévôt des marchands,
l'a fait bâtir. Après on trouve la mosquée à'Aga-Mur-
Joula , où l'on montre au fond du chœur ou au mahrab,
comme parlent les Mahométans , c'eft-à-dite l'endroit
où il faut tourner fes regards en faifant fes prières , deux
grandes pierres de marbre polies , dont l'une eft blan-
che 6k l'autre juspée , fur lesquelles on prétend que les
marques des pieds d'Aly fon empreintes , ckque l'endroit
a l'odeur de l'ambre.
Cette mosquée d' Aga-Nur-Joula, qui étoit un pauvre
tifferand Perfan , que la mifereavoit réduit à fuir aux In-
des , où il avoit fait une grande fortuue : cette mosquée,
dis-je , eft belle ck fomptueufe , ayant deux portes, l'une
qui mené au palais de Mir^a-Taki, intendant desCourt-
ches , qui font l'ancien corps de milice de Perse , &
l'autre à la rue d'Ismaël-Beck , qui étoit fecrétaire d'é-
tat. Il y a un palais au milieu, qui porte le même nom ;
ck au bout le bain de Kelanajat , qui étoit le bouffon
d'Âbas le Grand, fameux pour fon esprit & parfes re-
parties. De-là on va à la rue des Charretiers, qui aboutit
au bain de Molla-Chams , ck au bain de Jugi. On entre
enfuite dans une rue qu'on appelle la rue des Juifs de
Deredechte , où l'on montre le logis d'un fameux luteur,
qu'Abas II fii éventrer , parce qu'il s'étoit mis à enfoncer
les maifons la nuit. Les autres rues pricipales de ce quar-
tier, font la rue des Tailleurs d'anneaux d'albâtre, qui
font ces anneaux qu'on met au pouce pour bander l'arc
avec plus de force ; la rue du bain du Vi^ir ; la rue Cha-
malou , où il y a un tombeau d'un faint, dont on ignore
le nom ; la rue du Chem^é-Zeminé-Alerti , qui eft le nom
du plus riche habitant du quartier. On y trouve une mos-
quée ck le logis duMouphty, qui eft le pontife de la loi
Mahométane. C'eft chez les Turcs le premier officier de
la juftice civile ; mais chez les Perfans il n'a guères de
rang , ck encore moins d'autorité. On voit encore, dans
cette rue, la maifon du Chevalier du guet, avec fa prifon
ÏSP
ISP
à l'entrée ; car ce magiftrat en Perse a le gouvernement
de la ville durant la nuit, 6k juge de tout ce qui arrive
durant ce teins. Quand on eft forti de cette rue, on en-
tre, en prenant à gauche, dans la rue â'Aga-Chamaklou,
où l'on trouve un grand collège, dont le portail eft orné
de deux hautes tourelles , 6k un palais fort beau 6k des
plus grands de la ville, qui porte le nom de Zamoon-
Brahy. On dit que dans cette rue logent les plus belles
courtifanes.
Il ne me refte plus qu'à parcourir deux cantons du
quartier de Deredechte , pour en avoir achevé la descrip-
tion. Le premier eft fur le chemin qui mené de la porte
de Deredechte à celle d'Abas , qui eft à l'autre partie de
la ville dite Joubarè , 6k le fécond eft le canton nommé
Casré-Boulagui. Les rues principales du premier canton,
font la rue Choura , où il y a un bain qui en porte le
nom ; la rue des quarante filles : la rue éternelle ; la
rue des verriers; celle de Cheic-Bakedy-Makamed, qui
a compofé ce fameux Abbrégé de la théologie pratique
& cérémomelle , qu'on nomme la Somme d'Abas, le-
quel y avoir fon palais. Il y a deux bains dans cette
ïue , dont le plus grand s'appelle le bain de Clieik ; après
on voit la rue d'Aga-Cliir-Aly , où il y a un bain, une
mosquée 6k un collège , qui porte ce même nom , &c
un autre collège qu'on appelle le collège du Firjr des
biens légués, qui font les biens d'églife , & deux beaux
caravanlerafs , l'un des faifeurs de tapis , 6k l'autre dit
Malation. Au-delà de ces rues , l'on en traverse une
autre fort longue , nommée la queue de la poêle , qui
aboutit à un grand jardin , qu'on appelle le jardin du
Vi^ir. Au-delà eft la rue neuve où il y a un beau pa-
lais bâti par un très-riche jouaillier, qu'on appelle Agi-
phatah, vendeur de perles. Il n'y a pas moins de magni-
ficence , d'ordre 6k de domeftiques clans cette maifon ,
que chez un officier de l'état. De-là à la porte d'Abas,
on pafie par diverses autres rues , où l'on trouve par-
tout des bains ck des caravanferais , comme dans tout le
refte de la ville, 6k deux palais dont le plus remarqua-
ble eft celui SAga-Zamon , Vizir de Ghilan.
Le canton de Casré-Boulagui , eft ainfi nommé d'un
palais de ce nom , qui eft un grand édifice , où le roi
met fouvent loger des ambaffadeurs. Il y a tout proche
un autre palais fameux , qui porte le nom de Mir\_a~
Haflîb-Mouchtehed, c'eft-à-dire lieutenant de l'Iman ou
fuccefjeur de Mahamed. Ce que l'on voit encore de con-
fidérable dans ce quartier , eft la rue des Tailleurs de
pierre, qui eft longue 6k bien bâtie, la mosquée d'Iman
Zadé- Zeinel- Abediu, qui eft un des douze premiers
Imans, laquelle a un grand jardin dans fon enclos, où
il y a du couvert , comme dans le milieu d'un bois , 6k
de grands baffins d'eau , 6k enfin le cimetière Chamalou.
G'eft le plus grand qu'il y ait dans la ville , ck il eft fort
ancien.
Les dehors d'Ispahan & (es annexes font confidéra-
bles. Il y a un cours où la grande allée eft longue de
trois mille deux cents pas, 6k large de cent dix : au mi-
lieu coule un canal d'un bout à l'autre , dont les rebords
font faits de pierre de taille , élevés de neuf pouces, 6k
ïî larges que deux hommes à cheval peuvent fe prome-
ner deffus de chaque côté. Ce canal eft diftingué dans
fa longueur par des baffins bordés de même , les uns
carrés , les autres o&ogones fucceffivement. Les aîles
de cette allée (ont de vaftes jardins , dont chacun a deux
pavillons, l'un fort grand, fitué au milieu du jardin, con-
fiftant en une fale ouverte de tous côtés, des chambres
ck des cabinets aux angles ; l'autre élevé fur le portail
du jardin ouvert au devant 6k aux côtés , afin de voir
plus aifément ceux qui vont 6k viennent dans l'allée. Les
rues qui la traverfent en plufieurs endroits , font de lar-
ges canaux d'eau, accompagnés de hauts platanes à dou-
ble rang , l'un près des maifons , l'autre fur le bord du
canal. Elle eft auffi coupée par une rivière , fur laquelle
elle eft continuée par un pont. Elle aboutit à une mai-
fon de plaifance du roi, que l'on appelle mille arpens ,
à caufe de fon étendue ; le pont de cette allée eft un
chef-d'œuvre dans ce genre.
Cette grande allée a deux portails ; l'un mené au faux-
bourg à' Abas-Abad , l'autre au palais du roi. La colonie
d'Abas , ou Abas-Abad , eft à la droite de la grande
allée, ck le fauxbourg de Cadjouc à la gauche.
Le FAUXBOURG DE Cadjouc commence à la porte
de Haffein-Abad ; on y trouve d'abord les ruines du
palais du roi jriatTein , parmi lesquelles il n'y. a rien d'en-
tier ; un collège qui porte fon nçm , & où Ton voit fon
tombeau , qui eft entier ck bien entretenu ; une mos-
quée ; un bain ; un hôpifal de derviches, qu'on dit tous
de la fondation du roi Hafléin ; ck un bazar , qui porte
auffi le même" nom. Au-delà de ce bazar on trouve la
rue la plus longue 6k la plus large qui foit à Ispahan :
fa largeur eft de trente pas , 6k fa longueur d'un quart
de lieue. Elle mené à un endroit fameux , nommé Ba-
yarouc , où font plufieurs grands hôtels avec dé beaux
jardins fur la gauche. On observe particulièrement dans
cette grande rue ck à l'entour , le collège de Cheic-You-
Jouf-Benna, le bazar, le bain ck le caravanferai <SAy
temour*Bec; un jardin fpacieux , qui porte le nom de
Mourad ; deux grands cimetières , un palais appelle
Kaylouc, un hermitage fondé par Mircajfembec-Bec ,
gouverneur d'Ispahan , avec un bain tout joignant; plus
loin eft le canton de Cha^eïd , ainfi nommé d'un fils
de l'Iman Haflein , en l'honneur duquel il y a un hermi-
tage fondé 6k entretenu dans ce canton.
Le fauxbourg de Cadjouc fe divife en grand ck petit:
le petit eft le premier en fortant de la porte. Les plus
considérables édifices qu'oh trouve, en y entrant, font le
palais de Cazi-Moheze : le Cazi eft le juge civil; & ce-
lui-ci v'ivoit du tems d'Abas le Grand , ck étoit fameux
pour fon intégnté ; le palais d'Aly-Bec , fils d'Aly-Mer-
Dom-Kan , qui livra au roi des Indes la fortetefle de
Candahar, dont il étoit gouverneur. C'eft un grand pa-
lais, dont la partie, qui eft pour les hommes, confifte en
deux grands^ corps de logis , un au midi , l'autre au
nord , féparéj par un jardin qui eft entre deux.
Joignant le palais de Mirza-Rezi , il y a une mosquée
qu'il a fait bâtir , 6k qui porte fon nom : elle eft grande
6k belle , contenant plufieurs Iogemens à doubles éta-
ges , qui fervent à des gens d'églife , 6k à des gens de
lettres. On y voit un grand baffin dans la cour , au-de-
vant du chœur de la mosquée , qui eft l'endroit où Tort
fait d'ordinaire la prière publique. Le portail eft grand
6k beau , fermé d'une chaîne , comme plufieurs autres
mosquées ; la chaîne pend à cinq pieds du bas , 6k eft
foulevée par le milieu avec une autre chaîne pendue aii
fommet du portail. On met ainfi des chaînes aux portes
des mosquées , de peur que par méprife il n'y entre
quelque bête de charge. A quelques pas de-là , il y a une
grande rue des plus droites de la ville , qui eft termi-
née aux deux bouts par deux grands carrefours , couverts'
chacun d'Un dôme foutenu fur de gros pilaftres de bri-
que ; l'un s'appelle le carrefour du bois ; l'autre le car-
refour d'Effendiar-Bec. A la gauche de cette rue eft un
canton qu'on appelle Saleh-Abad , qui contient entre
les rues de traverse cinq ou fix rues principales , les-
quelles aboutiffent à la rivière. Ce qu'il y a de plus
confidérable dans ce quartier , c'eft le palais de Kayi-
Can , 6k trois grands caravanserais , où logéoient tous
les Coraffoniens , qui font ceux qu'on appelloit autrefois
Bactriens. La dévotion , plutôt que les affaires du
monde, les ameneà Ispahan , où ils viennent à centaines
une fois l'année , fous la conduite cfun chef, pour aller
en pèlerinage à Kerbela , place d'Arabie , où Aly eft en-
terré.
Le refte du quartier de Cadjouc s'étend au côté gau-
che de la grande allée ci-deffus décrite. Les rues en (ont
traverfées par de larges canaux , bordés de grands ar-
bres d'un 6k d'autre côté , comme dans les villes de
Hollande. On n'y voit guère que des grands hôtels, avec
des jardins très-fpacieux ,entr'autres, le palais du Vakà~
Neuvis , ou l'écrivain des chofes cafuelles, qui eft un (è-
crétaire d'état ; celui des muficiens Indiens. Abas II, à
la prife de Candahar fur le grand Mogol , en amena
un grand nombre , qu'il loga dans ce palais. On voit
tout proche celui de Mir^ajaher , controlleur du Nazi r ,
ou grand furintendant : c'eft un officier qui fert de fécond
auNazir , 6k qui eft établi pour veiller fur fa conduite,
de peur qu'il ne faffe tort au roi , ou qu'il n'opprime fes
ferviteurs 6k fes ouvriers. Il y a encore dans ce quartier
le palais de Mirkechi-Bec , qui étoit furintendant de tou-
tes les maifons royales ; le palais d'Aly-Coulican, qui
eft mort généraliffime des armées du roi» Ce palais n'a
pas été achevé ; ce feroit le plus grand de Perse , ex-
cepté celui du roi. Ce p-.iais eft au bout de la nrt des
tome III. Dd,dd ij
$8o ISP
Chartiers, qui font fous ramaiTés en cet endroit. Il y à
un bain dans cette rue, qu'on appelle le bain du poru-
■pavillon ; c'eft qu'il a été conftruit par un homme qui
gagna un fort grand bien à louer de petites tentes aux
revendeurs dans les places de la ville ; il n'en prenoit
que deux liards de louage par jour , & y gagna plus
d'un million. •
C'eft-là ce qu'il y a de plus remarquable dans le quar-
tier appelle le petit Cadjouc : celui qu'on appelle le grand
Cadjouc eft au-delà , & s'étend jusqu'à la Campagne.
On y voit le palais d'un général des mousquetaires , du
tems d'Abas le Grand. Il eut la tête tranchée ; ks biens
furent confisqués. On logea lesCapucins dans ce palais,
à leur arrivée à Ispahan , le roi les traitant en ambafla-
deurs de France. Il eft joignant le bazar, qu'on nomme
de Moujlophy, qui aboutit à une mosquée de même
nom , derrière laquelle il y a des moulins à eau. Il n'y
a point de moulins à vent à Ispahan , ni en^ aucun en-
droit de Perse ; les moulins font à eau ou à bras , ou
tirés par des animaux. Proche ces moulins eft leKdfal-
Khoné ou le lavoir mortuaire , auquel une moitié de la
ville va laver les corps morts du commun peuple, avant
que de les enfevelir. On voit encore dans ce quartier,
le palais de Cheic-Baahdin-Mahamed-Gcbed-Amely ,
c'eft-à-dire l'Ancien, la Gloire de la religion , Mahamed
l'Entafleur de montagnes, qui eft ce fameux dofteurPer-
ian , lequel compofa l'Abbrégé du droit civil & du droit
canon, en vingt livres, qu'on appelle la Somme d'Abas,
parce que ce fut par ordre d'Abas le Grand , qu'il le com-
pofa. On lui a donné ce furnom pompeux , pour mar-
quer l'excellence de Ces ouvrages fur la théologie prati-
que , parmi lesquels on eftimë finguliérement cette
Somme. Ce palais eft le dernier édifice de ce fauxbourg.
Il n'y a que des campagnes au-delà ; jusqu'au village de
Cheherejloon d'un côté , & au bocage de Mahamed-
Aly-Bec de l'autre , que les Européens appellent ïijle ,
parce que la rivière y fait en ferpentant plufieurs petites
isles , où l'on va fe divertir à la pêche &£ à la chafle.
Le FAUXBOURG D'ABAS-ABAD, OU la colonie d'A-
bas, commence à la porte impériale. On l'appelle aufli
le quartier des gens de Tauris , parce qu'il a été pre-
mièrement peuplé d'une colonie que ce grand prince
amena de Tauris. C'eft le plus grand fauxbourg , s'éten-
dant depuis le pont d'Ispahan jusqu'au pont de Mare-
non, qui en eft à une grande demi-lieue , à l'occident :
c'eft auffi le plus bel endroit de la ville ; car comme il
eft bâti de nouveau , les édifices en font magnifiques ,
ck les rues larges & droites ; au lieu que celles de la
ville font la plupart tortues. Les principales rues de ce
fauxbourg ont au milieu des canaux larges & profonds
d'un bout à l'autre , & un double rang d'arbres , l'un
contre les maifons , l'autre fur le bord du canal. Il n'y
a point aufli d'endroit dans la ville , où il demeure tant
de gens riches & de qualité.
La première rue qu'on rencontre , en entrant dans ce
fauxbourg par la porte impériale , eft longue d'environ
douze cents pas en droite ligne , aboutiiïant à la ri-
vière. Les plus grandes maifons font , le palais de Màha-
med-Taher, un des aftrologues du roi ; le palais de Sa-
routaki, ce premier miniftre eunuque dont on a déjà
parlé , avec un bain & un bazar qui portent fon nom ;
6c par-de-là on arrive à une rue de traverse, qu'on ap-
pelle le canal royal, à càufe de la largeur &C profondeur
du canal qui coule au milieu. On le paiTe fur deux petits
ponts, &c l'on trouve au-delà une mosquée qui porte le
nom de Melec-Bec le Taurifien, qui en eft le fondateur ;
le palais de Mohamed-Moumen-Baagbon-Bachi , qui eft
l'office , qu'on appelle en Turquie Bojlangibachi , c'eft-^
à-dire capitaine des gardes des jardins du roi , par où
l'on entend tout le palais ; le palais de Chelcbi- Stam-
boli , comme qui diroit le gentilhomme Conflantinopoli-
tain, qui eft un gros marchand qui négocie en ce pays,
lequel a fait bâtir, joignant fon hôtel, un bain, un bazar
Sx. une mosquée , qui portent fon nom.
Joignant ce palais, il y a un bel édifice , qu'on appelle
la ma jon du fils de Açys- Alla, qui étoitun grand jouail-
.Ker. Il y a à cet édifice , de même qu'à plufieurs autres
de ce fauxbourg, des tours à vent , faites pour rafraîchir
le logis durant l'été. Les Perfans les appellent Bad-guir,
c'cft-à-dire preneurs de vent. Ce font des tuyaux qui for-
tent hors dutoît, comme les tuyaux de cheminées, mais
ISP
beaucoup plus hauts &c plus gros : ils font carrés d'or'dï-
naire, conduifant l'air dans la chambre, au-defîus du
toit de laquelle ils s'élèvent; & fi peu qu'il y ait d'air,
un lieu en eft tout rafraîchi. Ces tuyaux font fermés
l'hyver. ......
Ce palais eft près de la grande place du fauxbourg,
où fe tient le marché. C'eft une place ronde , couverte
d'un feul dôme , qui tient aux quatre rues qui y abou-
tiifent. On voit, à l'un des côtés de cette place, un haut
pavillon carré , au fommet duquel on joue des inftru-
mens au coucher du foleil, & à minuit , comme dans là
place royale ; ce qui eft le privilège des grandes villes
feulement. Abas I le donna à ce fauxbourg, pour y atti-
rer plus d'habitans. Près de la place eft un cimetière
nommé Cha-Chamion, où l'on voit une chapelle bâtie
fur le tombeau d'un faint , dont le nom eft inconnu.
Plus loin on trouve le collège qui porte le nom de la
mère du roi , à caufe que la mère d'Abas II en eft la
fondatrice. C'eft le plus grand collège de ce faubourg :
il fert aufli de mosquée , la chapelle qui eft à côté étant
fort grande. On trouve ensuite le palais d'un feigneur
aveugle, qu'on nomme le_^7.s de Daoudcan , à qui le
roi Sephi 1 envoya arracher les yeux et à tous Ces en-
fans mâles. Puis l'on trouve la mosquée de Lombon , le
palais de Mir-MaJJoum, où l'on voit des portes de talc
tout d'une pièce , hautes de dix pieds ■& larges, de fix.
Ce Mir-Mafloum étoit le Douadar ou le garde-écritoire
du grandV'izir Califé-Sulton ; cet office eft comme celui
de premier fecrétaire dans notre pays. Vers le bout de
la rue , il y a deux bains proches l'un de l'autre , & le
palais du Melec-El-Toujar , c'eft-à-dire le roi des mar-
chands , dont l'office eft pareil à celui des consuls dans
les villes où il y en a d'établis. Comme on ne connoît
point d'autre grandeur en Orient , que celle qui naît de
la puiflance des emplois ou de celle des richefles , on
donne le nom de palais à toutes les grandes maifons ,
de quelque qualité que foieht les gens à qui elles appar-
tiennent.
Les autres principales rues du fauxbourg d'Abas-Abad,
font la rue duPied-de-FOrmeau, qui aboutit au cimetière
dit Setti-Fatmé ; la rue des Briquiers , où fe voit le pa-
lais d'Ogour-Loubec, premier préfident du divan, à qui
Abas II ôta la vue par la faftion de Mahamëd-Bec, fon
grand Vizir ; le palais de Negef-Coulibec. On trouve en-
core dans cette rue le palais de Mir^a-Can-bec , grand
marchand , qu'Abas I employok fouvent en des affaires
fecrettes , dans les pays étrangers où il alloit pour fon
commerce ; le palais d'un autre négociant en pierreries,
nommé Kémalbec ; ci enfin la rue de Buguer-Divonê
ou le Fou, où il y a un grand hôtel & une mosquée de
même nom. Divoné veut dire aufli le téméraire , l'in-
trépide. Il y a encore dans cette rue un fort grand Da-
lais , divifé en plufieurs corps de logis & plufieurs jar-
dins où Abas I relégua, l'an vingtième du fiéclepafle,
grand nombre d'eunuques inutiles à fon fervice , & qui
aecabloient le ferrail.
Le fauxbourg de Chems-Abad s'étend aufli le
long de la rivière. Ce nom fignifie le Jéjour du foleil ;
il contient fix cents onze maifons , & eft fitué à la gau-
che d'Abas-Abad. On le divife en vieux & nouveau, il
ne demeure presque pas un homme de diftinétion dans lé
premier canton, parce qu'il eft trop éloigné du commerce
du monde & du palais royal. L'autre eft un nouveau
quartier, bâti au fiécle précédent ; les rues en font ornées
d'arbres & de canaux : on n'y voit cependant rien de
remarquable que deux cimetières, & la maifon de plai-
fance d'Ogourli-Bec, premier préfident de juftice, fouS
le régne d'Abas II. Les jardins en font larges & fpa-
cieux.
Le fauxbourg de Cheic-Sabana cctamence ,:
pour ainfi dire , au cœur de la ville , étant fitué à la
gauche du faubourg de Cadjouc , tirant à l'orient : il
a pris fon nom de Cheic-Jdufouf-Benna, c'eft-à-dire
l'ancien Jofeph Maçon , qui y eft enterré dans un beau
fépulcre. C'étoit le fameux architefte qui conduifit lebâ-
timent de la vieille mosquée d'Ispahan. Abas le Grand
mit dans ce fauxbourg les Chrétiens, qu'il transporta de
la haute Arménie &c de la Médie. Ils y habitèrent du-
rant quelques foixante ans , au bout desquels Abas II les
envoya loger tous au bourg de Julfa , au-delà de la ri-
vière d'Ispahan , avec les autres Chrétiens , parce que
ISP
ISP
les Mahoméans alloient nuit & jour s'enyvrer chez
eux, d'où naifToient de continuels défordres. Ce faux-
bourg de Cheic-Sabana contient deux cents fept maifons,
deux mosquées , trois caravanfbrais , deux bazars & deux
collèges , l'un nommé la gloire du. pays , l'autte Maha-
med-Saleh-Bec , chacun ayant un bain tout joignant qui
en dépend. Au bout du fauxbourg eft un cimetière des
Juifs, fur le bord de l'eau , proche d'un moulin nommé
les quatre meules , parce qu'une roue y fait aller quatre
meules. Parmi les grands édifices de ce fauxbourg , on
remarque le maufolée du fameux Saroutakl , ce grand vi-
zir qui étoit eunuque ; le palais d'un vieillard célèbre
pour fa fcience , fa fageffe Se ion intégrité , nommé
Mir^a- Achref , Vizir de Mahamed - Mehdy , qui étoit
grand Vizir à la mort d'Abas II ; & un autre palais où
le roi avoit logé l'ambaffade de Holftein , l'an 1637,
dont Oléarius , qui en étoit le fecrétaire , a fait la rela-
tion.
Près de ce fauxbourg eft le pont de Babarouc, qui eft
très-beau. Ce pont a cent foixante-fix pas de long, Se
vingt-quatre de large avec des chauffées au bout , en
talut , de vingt-cinq pas, flanquées de murs de pierre,
& terminées par deux gros piliers de marbre brut. Le
pont eft bâti fur un fondement de grandes pierres de
taille , lequel eft une fois plus large que le pont , Se fi haut
que.-durant tout l'été l'eau ne fauroit monter au-deffus
pour couler fous les arches , mais paffe par de grands fou-
pitaux faits à ce fondement, d'où elle tombe en cascade
dans fon lit accoutumé. Les arches font percées eu
long d'un bout à l'autre du pont , à fix pieds au-deflùs
du fondement ; & entre les arches il y a des pierres de
£x pieds de haut, de manière qu'on peut traverferle pont
par-deffous , même quand l'eau coule à fix pieds de hau-
teur fur le fondement. Le deffus du pont n'eft pas moins
beau. Les parapets , qui font hauts de douze pieds , font
bâtis en arcades , Se percés d'un bout à l'autre dans leur
longueur , par une ouverture allez large , pour qu'un
homme s'y puiffe promener fort à l'ailé. Ces murs font
revêtus de carreaux d'émail dedans & dehors. Le deffus
eft en terraffe munie d'un double i parapet façonné en
jaloufies , Se fi large aufli que trois hommes s'y peuvent
promener fort aifément. Aux bouts du pont il y a quatre
beaux pavillons ; Se au milieu il y en a deux plus grands ,
qui forment une place hexagone , couverte d'un riche
plafond , le deffus étant fait en terraffe , par laquelle on
va d'un côté du pont à l'autre.
Le nom de Barabouc , qu'on donne à ce pont , eft le
nem d'un des plus fameux cimetières d'Ispahan, & ce nom
vient d'un ancien derviche réputé faint , qui eft enterré
dans un beau maufolée de marbre, élevé dans ce cime-
tière. Ce maufolée eft couvert d'un dôme qu'on a revêtu
dedans 6e dehors de carreaux d'émail ; on l'appelle Ba-
barouctldin, c'eft-à-dire père , angle de la loi. Abas I
fit bâtir ce tombeau, pour plaire au peuple d'Ispahan, qui
a toujours été fort affectionné pour ce faint. 11 paroît de
fort loin , comme un grand cône , quand on vient de
Schiraz à Ispahan. Tirant de-là à gauche vers le bourg
de Cheher-EJloon , on trouve le cimetière des Gentils
Indiens , fi l'on peut appeller ainfi la place où ils brû-
lent les morts , laquelle eft toujours lùr le bord de l'eau,
afin de pouvoir plus aifément les laver , félon que leur
religion le prescrit , & afin que le vent en jette les cen-
dres à l'eau. En revenant fur (es pas, on rencontre deux
maifons royales , qu'on nomme le palais des esclaves du
roi , 6c le palais des vignes , avec des caravan ferais,
des bains , un bazar 6c une mosquée qui en dépendent.
On affure que tous ces édifices furent conftruits dans huit
jours, aux frais 6e par les foins d'Ejfendiar-Bec , favori
d'Abas le Grand, & un de fes plus braves généraux.
Son prince, prenant garde qu'il ne faifoit point bâtir d'é-
difice public^ comme les autres feigneurs, pour l'orne-
ment de la ville capitale , il lui en dit un mot, fur quoi
le favori ayant affemblé autant de maçons Se de jardi-
niers qu'il put , en leur donnant double falaire, il leur
fit faire ce quartier, où il traita le roi huit jours après
lui avoir parlé. Au-delà font des campagnes , qui por-
tent le nom de Hafjen-Abad & des esclaves du roi.
On voit à la droite du cimetière de Babarouc , une
maifon de plaifance, appellée le jardin de Goucheron ;
elle a été bâtie par un premier miniftre. C'eft un des
plus beaux jardins 6c des mieux entretenus du pays.
S§r
Affez prés de-là , font quelques hermîtages fondés. L'u
eft une manière d'hôpital pour les derviches. Ils font au-
delà des rauxbourgs 6c de la rivière ; tirant de-là aux
montagnes qui n'en font qu'à demi -lieue, on palTe par-
devant k mil des Chaters , c'eft-à-dire la tour des va-
lus de pied , parce que les Chaters qui aspirent à entrer
au iervice du roi doivent, pour chef-d'œuvre , aller de
la porte du palais prendre douze flèches à cette tour ,
l'une après l'autre , entre deux foleils. On compte une
lieue 6e demie du palais à la tour. A la gauche de cette
tour, eft un grand (epulcre, fous un haut dôme rond,
nommé Gombeçe-Lala , c'eft-à-dire le dôme élevé. Là on
apperçoit de loin le cimetière des Guebres, que les Per-
les appellent Dakme- Guebron. Il y a divers bâtimens
confidérables au-dehors d'Ispahan de ce côté , entr'au-
tres la belle maifon royale qu'Abas II fit bâtir, 6c qu'on
appelle le petit mille arpens, à caufe de fa reffemblance
à cette autre maifon de plaifance qui eft au bout de la lon-
gue allée. Il y a ensuite le tombeau d'Allaverdi - Bec ,
favori d'Abas II , où eft une fondation deftinée à don-
ner à dîner tous les jours à cent pauvres paffans. La
dépense Ce tire du revenu des bains , moulins Se mar-
chés qui font proches du maufolée. Après on trouve le
tombeau de Mahamed- Aly-B ce, Nazir, ou furintendant
général de la maifon du roi. Ce tombeau joint la mos-
quée 6c le bazar qu'il avoit fait bâtir ; Se il eft fitué
comme l'-autre tombeau , au milieu d'un grand jardin
avec des logemens à l'entour pour les derviches. Oiî
entre de-là dans le canton de Takte- Poulad , comme
qui diroit le thrône £ airain ou d'acier , à caufe d'un cé-
lèbre capitaine quefes exploits fitent nommer Bras d'a-
cier , qui y faifoit fa demeure. Ce canton finit à l'endroit
qu'on appelle Mo/elle, 6c auffi Corban-Gaé; la place du
Jacrifice , parce que c'eft où l'on immole un chameau
tous les ans, en mémoire du facrifice d'Abraham. On
voit fur les côtés deux grandes maiibns , qui font rem-
plies de peuple , durant ce facrifice , Se une chaire de
bois aurfevant de chacune , haute de huit pieds , où l'on
prêche à certains jours de fête. Il paffe là un petir
fleuve qu'on appelle Veau de deux cents à cinquante
patee qu'on tient cette eau plus légère que celle de la
rivière Se celle des puits, à la proportion d'un fur cinq.
Au-delà eft la plaine de Ha^arderré , comme qui diroit
mille fentes. Cette plaine , félon la Légende fabuleufe ,
eft le théâtre des événemens héroïques des premiers
tems, qui font la matière des Romans Perfans.
Les deux autres fauxbourgs qui fuivent , favoir
Scades-Abas 6c Julfa , l'ont de l'autre côté de la ri-
vière , bâtis fur fes bords , 6c tiennent à la ville par des
ponts.
Le fauxbourg de Scadet-Abas , c'eft-à-dire h
féjour de la félicité, étoit auparavant le bourg des Gue-
bres. On les en a ôtés , pour faire de ce bourg un lieu
de plaifance ; car outre les bazars , les bains néceffaires,
6e une mosquée , on n'y voit que des palais de grands
feigneurs. Celui du roi eft d'une merveilleufe grandeur;
il a avec les jardins plus d'une lieue de tour: la rivière
le traverse , le quartier des hommes eft d'un côté de
l'eau , Se celui des femmes de l'autre ; un pont ds bois
en fait la communication.
Je parle du FAUXBOURG DE JuLFA au mot Julfa,
parce qu'il eft une colonie transportée de la ville de ce
nom, dans le voifinage d'Ispahan. Voyez JuLFA z.
Le FAUXBOURG D^KherroK comprend deux mos-
quées , un hermitage tout joignant , qu'on appelle le
Bon-homme Loup, deux caravanferais, deux cimetières
Se vingt-huit maiibns, parmi lesquelles on voit des pape-
teries bâties fur un gros ruiffeau , qu'on appelle pierrz.
chaude. Le nom de Kherron lignifie fourds. Les Légen-
des Perfanes racontent, à ce fujet , une fable qu'on peut
voir dans l'auteur même.
Le FAUXBOURG du SEYD - AHMEDION , c'eft-à-
dire S Ahmed le Noble, eft de cent cinquante-huit mai-
fons, entre lesquelles il y a quatre bazars Se deux mos-
quées ? dont l'une eft grande Se belle, 6e entourée de
jardins , avec deux grands logis pour les paffans , 6c un
beau puits fouterrein, où l'on descend pour prendre le
frais ; au-delà on trouve un cimetière fort fpacieux.
Le FAUXBOURG DE ToKCHI , contient quatre-
vingt maifons 6c quatre bazars. On apperçoit au-delà,
à quelques cinq cents pas , une maifon du' roi , qu'oa
jB:
ISP
ÏS?
appelle /* jardin des oifcaux de proie , par oe que l'on
y en entretient un grand nombre. A côté eft un hermi-
tage qui porte le nom de Hagi-Mir^a-Can , qui l'avoit
fondé pour les gens retirés du monde ; car de ces her-
mitages de Perse , les uns font faits pour la retraite du
fondateur même , d'autres font deftinés au public. On
voit à l'entour plufieurs caravanferais , & un entr' autres,
qui n'eft pas achevé, & qui devoit fervir pour les pèle-
rins qui vont d'Ispahan à Metchcd , en attendant la ca-
ravane. De ce fauxbourg on entre dms un gros can-
ton qu'on appelle la contrée de Fulfutchi , Se auffi la
Jource de Niliguer, à caufe d'un petit fleuve ainfi nom-
mé , fur les bords duquel ce canton eft bâti. 11 eft gros
de cent cinquante mailons , parmi lesquelles on voit deux
mosquées , quatre bazars & un grand logis appartenant
à ce Hagi-Hadayet , colonel fameux , pour le bon or-
dre qu'il apporta, l'an 1669, fur toute la milice , dans le
tems d'une fi grande cherté , qu'on pouvoit l'appeller
une famine.
Le fauxbourg de Deredechte ne contient
que quatre-vingt-cinq mailons, deux bazars &C deux mos-
quées. Il eft terminé par un grand cimetière , qui porte
le nom de Cheic-Majjaoud , un faint des Mahométans ,
lequel y eft enterré tous un grand maufolée, qui a deux
tours faites comme des clochers. Il y a tout proche un
autre tombeau dans un grand jardin entouré de hautes
murailles, avec de petits corps de logis en trois endroits,
& une cave fouterreine , qu on appelle la. fofte des priè-
res , où les dames de qualité Mahométanes vont pleurer
& gémir en particulier , fans être vues des paflans. Tout
proche encore , il y a un autre tombeau de marbre dans
un lieu féparé & clos de murs , qu'on appelle le tom-
beau d'Aphe'fe , un de leurs anciens auteurs , des plus
doues & célèbres, fur-tout pour la poëfie.
On montre particulièrement, dans ce fauxbourg, la
maifon de Kel-Anayet , comme d'un perfonnage fa-
meux. C'étoit le bouffon d'Abas le Grand. Proche delà
porte d'Abas , qui eft au bout de ce fauxbourg, on trouve
Une autre porte nommée Derva-{e-Deulet , c'eft-à-dire
la porte impériale ou la porte de la grandeur & des ri-
cheffes : c'eft la même porte par où 1 on va à cette belle
allée d'Ispahan dont on a parlé. A la gauche eft le pa-
lais d' 'Ahmed ' Bec-Yusbachi ou capitaine dés eunuques
blancs , & un grand portail , qui fak une des entrées
du ferrail du roi, par une longue allée d'arbres, qui abou-
tit à un des jardins du palais , qu'on appelle le jardin
des amandiers. On y voit toujours une garde d'eunu-
ques blancs , qui font mousquetaires Si la garde du
corps : ils ont là leur quartier , Si dans les logis à l'en-
tour du jardin des amandiers. Il n'y a que le roi feul qui
puiffe pafier par cet endroit à cheval : tout le monde
y va à pied , j'entends ceux qui ont à faire au ferrail.
Ces eunuques blancs font la principale garde du roi hors
du feirail ; mais ils n'entrent point dedans. Il n'y entre
que des eunuques noirs , & encore des plus laids pour
ne pas faire naître de mauvais defirs dans le cœur des
femmes qui y font renfermées.
La ville d'Ispahan eft la plus grande de tout
l'Orient ; il y a des habitans de toutes religion , Chré-
tiens, Juifs, Mahométans, Gentils, adorateurs du feu ;
& l'on y voit des négocians de toute la terre. Les Mé-
moires de Chardin , p. 248 , portent qu'il y a dans l'en-
ceinte de fes murailles,
161 mosquées, 1802 caravanferais,
48 collèges , 273 bains ,
12 cimetières.
Sur quoi il faut remarquer qu'en Perse les cimetières font
pour la plupart hors de la ville.
On respire à kpahan un air fain & fort fec : le froid
&le chaud y font rudes dans leurs faifons ; mais le pre-
mier n'y dure pas plus de trois mois. Il y neige & pleut
rarement ; un vent d'occident y régne presque tout
l'été : il eft fi froid , pendant la nuit., qu'on prend fou-
vent la robe fourrée ; dès la fin de Février les jardins Si
lès arbres font couverts de fleurs. Ce qu'il y a de fur-
prenant dans une ville fi grande & fi peuplée, c'eft que,
quoiqu'éloignée de la mer, &, pour ainfi dire, fans ri-
vières , l'abondance y régne toujours.
Je me fuis conformé , dans cet article, à l'orthographe
la plus reçue pour le mot Ispahan, quoique l'ufage dei
Orientaux foit pour Hispahan, dans la prononciation ,
par la raifon que j'ai dite à l'article Inde. Cette ville
eft ancienne ; mais ce ne peut être I'Hegatompolis
des hiftoriens Grecs. Il y a bien plus d'apparence qu'elle
a lùccédé à FAspadana de Ptolomée , 1.6, c. 4, qui
la met dans l'intérieur de la Perfide. Elle eft nommée,
fans doute, Aspachan par Cédrene ; Se Aspada par
l'Anonyme de Ravenne , l: 2, c. 2. Niger s'abufe étran-
gement, quand il met Ispahan à là place à'Ecbatane,
qui eft Amadan. J'ai déjà averti que les géographes
Naffir-Eddin & Ulug-Beig la nomment Esfahan.
Les géographes Perfieus , dit D'Herbelot, Biblioth.
orient, écrivent^ qu'il y a un autre Ispahan, appelle Je-
houdiah , c'eft-à-dire le Juif, pour le diftmguer de ce-
lui-ci. L'un Si l'autre , dit-il , font dans la'même pro-
vince. Abulfarage cité par Chardin , p. 252, & qui éroit
d'Ispahan , explique la chofe beaucoup mieux dans fon
Hiftoire des Arabes. Il dit qu'autrefois Ispahan fe.divi-
foit en VIEILLE Si NOUVELLE ville. La vieille nom-
mée Hay, dont Alexandre le Grand étoit le fondateur^
la nouvelle appellée Elye Houdié, comme qui diroit
la Judée , parce qu'elle avoit été fondée par les Juifs que
Nabuchodonofor emmena captifs en Perse. Les Juifs, dit
cet auteur Arabe, étoient la plupart des artilans , qui,
ayant trouvé l'air, l'eau Si le terroir de cette ville fort
femblables à ce qu'ils laiffoient dans la Judée , s'y arrê-
tèrent & bâtirent une ville qu'ils appelèrent du nom
de leur pays. La plus commune opinion, félon Char-
din , eft qu'Ispahan s'eft formé de deux villages , qui, eri
croiffant ^ fe joignirent , fit devinrent enfin une grande
ville.
La plupart des^ hiftoriens de Perse attribuent la fon-
dation d'Ispahan à Houschenck ou à Tahmurath , rois
de Perse de la première dynaftie, nommée des Pischda-
diens. * D'Herbelot, Biblitth. orient.
Feridoun donna cette vilie en appanage à Gao le For-
geron, qui en étoit natif, pour récompense de Ce qu'il
avoit délivré la Perse de la tyrannie de Zohak. Cette
ville ayant perdu fon titre de capitale de Perse , par la
tranflation du fiége de l'empire , que les Khosroës
firent en la ville de Sufe , puis à Iftekhar , qui eft l'an-
cienne Perfépolis , tk dé-là à Madain fiir le Tigre, où
étoit l'ancienne Ctefiphon , le recouvra par la fuite des
tems , fous le régne des Selgiucides ; car Gelaleddin-
Malek-Schah quitta le Khorallan Si l'Yraque-Arabique,
où fes prédécelfeurs avoient fait leur féjour , pour y fixer
fa demeure. Elle fut cependant encore obligée , depuis
la décadence de la dynaftie des Selgiucides , de céder cet
honneur à la ville de Schiraz , où étoit encore le fiége
royal des Modhaffériens , Sultans de la Perse , du terni
de Tamerlan.
Ces rois de Petse font nommés Sultans de Carisme,
dans l'Hiftoire de Genghiscan, p. 189, & pajjim. L'an
1392, les troupes de Timuf-Bec ayant pris Ispahan , Si
les habitans ayant réglé qu'ils payeroient une capitation
pour racheter leurs vies , les commiffaires étoient déjà
diftribués dans les quartiers pour là recevoir , lorsque
de jeunes étourdis commencèrent une émeute : les
bourgeois prirent les armes contre la garnifon , tuèrent
quelques Tartares, Si mirent Timurdans une fi violente
cole, qu'il ordonna que l'on en fit un maffacre général.1
Le château de la ville étoit nommé Tabarruk. Schi-
raz étoit alors la capitale. Cet honneur fut ensuite trans-
porté à la ville de Casbin , jusqu'au régne d'Abas le
Grand , qui choifit Ispahan pour la capitale de fon em-
pire ; il fit des frais immenses pour l'embellir, jusqu'à
percer une montagne pour amener une rivière dans le
Zenderoud. Il lui ajouta plufieurs fauxbourgs, entr'autres,
celui de Julfa ou Zulfa, Si celui qui porte fon nom à'A-
bas-Abad, que l'auteur de l'Hiftoire de la dernière révo-
lution de Perse nomme mal Abufabad.
Cette ville a beaucoup foufFert durant le dernier fiége
de 1722, par la famine beaucoup plus que par la guerre.
Des Arméniens de Zulfa ont écrit qu'il étoit mort à Is-
pahan , durant le fiége , un million quarante mille per-
fonnes ; ce qui n'eft vraifemblable qu'en ajoutant aux
habitans un grand concours de peuple du voifinage ^
effrayé par les Agwans , peuples venus du Candahar, qui
ont cauié l'étrange révolution que nom marquons à l'ar-
ticle PERSE. * Voyez l'Hiftoire généalogique des Tcf
ISS
ISS
tors, page 770. Les Relations cTGléarius & Tavsrr
nier.
ISPALIS. Voyez Hispalis.
ISPALUCA. Voyez Aspaluca.
ÎSPANIA. Voyez Espagne.
ISPELLUM. Voyez Hispellum.
ISPERUTH, rivière dePerse, dans le Kilan , félon
Davity, A fit, qui appelle ainfi la rivière de Kifilofan ,
déjà groffie d'une autre rivière.
ISPINUM , ancienne ville de l'Espagne Tarragonoife,
dans la Carpétanie, félon Ptolomée , l. 2, c. 6. Molet,
l'un de (es interprètes, croit que c'eft Spinario, vil-
lage de la Nouvelle Caftille : d'autres croient que c'eft
Yepes dans le même royaume , à fix lieues de Tolède,
en allant vers Cuença. * Baudrand, éd. 1681.
ISPOLUM. Voyez Hispalis.
ISPORIS. Voyez (EsporiS.
KQUI-ISSER. Wheler écrit ainfi à l'Angloife le
nom moderne de Laodicée. Voyez ce mot.
ISRAËL. Le patriarche Jacob ayant lutté toute la
nuit contre un ange, en reçut de lui le nom d'IsRAEL,
d'où fa poftérité a été nommée les Israélites ou lepeu-
ple d'Israël, fans diftin&ion de tribus. Avant la mort
de Salomon , les enfans d'Israël ôc les Juifs font un
même peuple ; mais après le fchisme de Jéroboam , la
nation fe trouve 'partagée en deux peuples , qui ont cha-
cun un royaume; le premier, compofé de deux tribus.,
prend le nom de la principale , 6c s'appelle le royaume
de Juda. L'autre eft appelle le royaume d'Israël ; les
rois de Juda conservèrent Jérufalem où étoit le temple ,
& les dix autres tribus , dont les rois s'établirent à Sa-
marie , donnèrent dans l'idolâtrie 6c dans le culte des
Veaux d'or. Voyez l'article Judée.
1. 1SSA , ancienne ville de l'ifle deLesbos. Etienne
le Géographe dit qu'on la nommoit premièrement Hl-
3WERA, ci ensuite Pelasgia & Essa. Entre les an-
ciens géographes, qui nous reftent, peu font mention de
cette ville , mais bien d'ANTISSA, dont le nom fait voir
qu'elle étoit bâtie à l'oppofite d'Ifla. Pline, parlant des
villes de l'ifle de Lesbos,qui ne fublifioient plus, nomme
Agamede & Hiera. Berkélius veut qu'on lil'e Himera, au
lieu A'Hura. A l'égard du nom Pelasgia , il avoit été
commun à cette ville & à l'ifle.
2. ISSA , ifle de l'Illyrie , dans le golfe Adriatique,
avec une ville de même nom, fur la côte de Dalmatie.
Strabon, /. 7, en parle comme d'une ifle très- célèbre.
PomponiusMéla, /. 2, c.j , en fait auffi mention. Pline,
/. 3 , c. 22 , parlant du département de Salone , y met
le peuple J.SS.EI -, qui étoient les habitans de cette iflt.
Il dit, cap. ult. Kla eft peuplée de citoyens Romains;
oc il la diftingue très-bien de Lissa, ifle que quelques-
uns ont mal-à-propos confondue avec elle. Antonin les
diftingue auffi. Tite-Live , l. 43, c. 9, parle d'Ifla.
3. ISSA , ville dans l'ifle de même nom , fur la côte
de Dalmatie. Hirtius , de Bell. Alex. c. 47, en parle
comme d'une des principales villes de ce canton , 6c
dit qu'elle étoit fort attachée au parti d'O&ave.
Pline, /. 3, c. ult. dit formellement : Contra Iadcr eft
Liffa ; l'ifle de Liffa eft vis-à-vis de Zara, Cette Lifta
eft préfentement nommée Ifola Grofta. Il dit au con-
traire, Ifta civium Romanorum & cum oppido Pkaria.
Ifla appartient à des citoyens Romains , oc Pharia qui
a un bourg. Il nomme ces deux ifles Ifta 6c Pharia
comme voifines. Ptolomée ,/. 2 , c. 17, nomme comme
voifines Ifta , Tragurium , Pharia, 6cc. Scylax , p. 24 ,
tdit. Oxon. pour marquer la pofition de quelques peu-
ples d'Illyrie , dit qu'ils étoient près de Pharos & d'Ifla.
Pharia ou Pharos eft préfentement la Liefina ; &
la véritable Ifta, qui en eft voifine , eft préfentement
l'ifle de Lifta. De l'ifle range fort bien ces deux ifles
dans fa Carte latine, 6c dans fa Carte françoife. Il les
nomme par leurs vrais noms dans la dernière; mais dans
la Carte latine de l'ancienne Italie , il prend l'une pour
l'autre , 6c met Ifj'a vis-à-vis de Zara , 6c Lifta devant
Pharus. Ce devoit être tout le contraire , Se c'eft peut-
être une faute de fes graveurs.
4. ISSA, ifle d'Italie. Denys d'Haï icarnafle , Antiq.
Rom. l.i, c. 6, la décrit ainfi. A quatre-vingt ftades
de Riéti , en marchant par la voie Jurie , proche du
mont Coiete, eft Cursule qu'on a ruinée depuis quel-
583
que îîins : on y montre une ifle nommée ijja, environ-
née d'un marais, qui formé des eaux bourbeuiés qu'y je:te
la mer , iervoit de rempart à ceux qui l'habitoient. Pro-
che cette ifle , dans l'endroit le plus reculé du marais
eft Maruvium éloigné de quarante ftades du lieu , qu'on
appelle les Sept-Eaux.
TvISSAir,H4R.' lune des douze triblls du Peuple de
Dieu. Elle etoit venue d'Iffachar, cinquième fils de Ja-
cob. Il eut quatre fils, favoir Thola, Phua, Jobab Se
Semrom. Cette tribu eut fon partage dans un des meil-
leurs endroits de la terre de Chanaan , le long du grand
Champ ou de la Vallée de Jesraël , ayant ?u midi la de-
mi-tnbu de Manafle, au feptentrion celle de Zabulon à
1 occident la Méditerranée , 6c à l'orient le Jourdain &
1 extrémité de la mer de Tibériade. Le livre de Jofué
décrit ainfi cette tribu _c.i 9, v. 17. Le quatrième partage
échu par fort fut celui de la tribu d'Iffachar diftribuee
en les iamilles ; & il comprenoit Jesraél , Cafaloth
Sunem, hapharaim, Séon, Anaharat , Céfion Abes'
Rameth, Engannim , Enhadda, Bethphesès; &'f» fron'
tiere venoit jusqu'à Tabor , Séhéfima, & Bethfamès &c
le terminoit au Jourdain; &c tout fon pays comprenoit
feze vifles avec leurs villages. C'eft-là l'héritage des en-
fans d Iffachar diftnbués par leurs familles , avec leurs
villes 6c leurs villages.
ISSJEA , nom latin des habitans d'IsSA.
ISSAN. Corneille , Dicl. dit , fur l'autorité de Da-
vity, que c'eft le nom moderne del'lfonoë de Ptolomée
qui etoit une ville d'Affyrie.
ISSATIS. Pline, /. 6, c.iU dit de deux villes des
Parthes que 1 on avoit autrefois élevées pour s'oppofer
aux Medes, que 1 une s'appelloit Calliope; &c l'autre qui
etoit fur un autre rocher, s'appelloit/^,, mais qu?e'1Ie
ne fubnfloit plus. Cette deftination fait voir qu'elles
etoient aux frontières des Parthes &c des Médes.
1. ISSEDON, ancienne ville de la Scythie,' au-delà
del'Imaùs, félon Ptolomée , l. 6 , c. 15. Etienne le
Géographe la nomme Eftcdon , E<mii<r*V. C'eft , dit
Ortélius , ce pays qui fournit la rhubarbe à toute la
terre. Selon les tables de Ptolomée , elle devoit être
quelque part dans le pa/s que nous appelions le royaume
de Kalka. On l'appelloit du furnom de Scythique, s,u«(i,,;
pour la diftinguer d'une autre ville de même nom.
2. iSiEDON, ancienne ville de la Sérique ; on la
furnommoit Iftedon la Sérique , s»ax»x , pour la diftin-
guer de l'autre à l'eft-nord-eft de laquelle elle étoit fituée,
quoiqu'à peu de diftance l'une de l'autre.
Ces deux villes étoient très-différentes des EffédonSj
desquels il eft parlé au mot Essedones.
ISSEL. Voyez Yssel. 1 ; 6c Yssel 2.
ISSELBOURG. Voyez Ysselbourg.
ISSELMONDE. Voyez Ysselmonde.
ISSELSTEIN. Voyez Yselstein.
ISSENSES, habitans d'Ifla. Voyez IssA.
ISSI , aficien peuple de la Scythie , au-delà du Ta-
naïs , félon Pline , L 6 , c. 7.
ISSI ou Yssï, village de France, dans l'ifle de France,
près de Paris. On dit qu'il doit fon nom à la déefie Ifis ,
qui y avoit un temple du tems des payens. Il eft remar-
quable par les belles maifons de campagne, qui y font.
Celle du prince de Conty a été bâtie , en premier lieu ,
par Bazin de la Baziniere , tréforier de l'Espagne , 6c
un des plus riches hommes de fon tems. Elle paiTa en-
fuite à M. Talon, avocat général , 6c enfin au prince de
Conty, qui y fit faire des embellifiemens fi confidéra-
bles , qu'on la doit regarder comme une des plus bel-
les maifons qui foient aux environs de Paris. Les de-
dans font enrichis de meubles précieux , 6c le jardin eft
riant 6c d'un beau deflein ; mais il eft étroit 6c même
un peu ferré. La paroiiTe n'a rien de remarquable que
la fépulture des Vaudetars. L'abbaye (des Bénédicti-
nes) eft petite; 6c l'on voit dans fon églife les tom-
beaux du premier préfident de Novion , 6c d'un bon
évêque Irlandois , qui mourut en 1702. Le jardin du
féminaire (de S. Sulpice) eft fpacieux 6c en bon air:
on y remarque une chapelle qui a été bâtie fur le mo-
dèle de celle qui eft à Lorette. On peut encore y voir
la belle maifon de Vanholles. * Piganiol de la Force,
Descr. de la France , t. 1, p. 249.
ISSI-L'EVÊQUE , bourg de France, en Bourgogne,
84
ISS
ISS
au diocèfe d'Autun. Il a titre de baronnie , &eft du bail-
liage d'Autun. ■' ■
ISSICUS Sinus , nom latin du go/fi deLajatfp, en
Afie, dans la mer Méditerranée. Il prenoit ce nom d'Is-
sus. Voyez Issus.
ISSIGNAUX, ouIssigeau,ou Issengeaux, petite
ville de France , au bas Languedoc , dans le Vélay, à
une lieue de la Loire, & à quatre du Puy.
ISSIGNI, bourg de France, en balle Normandie,
au diocèfe deBayeux. C'eft le même qu'LsiGNI. Voyez
ce mot.
ISSIGHEUL, lacd'Afie, dans laTartarie, au pays
de Géré , auprès de Berket, à ioo d. de longitude, &
à 45 d. de latitude. * Hi/l. de Tinmr-Bec, 1. 3, c.9.
ISSINA , le même qu'EssiNA. Voyez ce mot.
ISSI-KOL , (le lac,) eft près du fleuve 11 i , vers Har-
cas , qui eft aujourd'hui la réfidence du Kan des K.al-
mouks. D'Herbelot, par une transpofition de mots, le
nomme Silencei. * Hifi. générale, des Huns , par de Gui-
gnes, /. i,p. 65; t. 5,/. 6.
ISSINI , petit royaume de Guinée , connu autrefois
fous le nom â'Asbini. Il eft borné au nord par les Kom-
pas, qui forment une espèce de république ; à l'eft,par
le royaume de Ghiomray, ou le cap d'Apollonia , &
par celui d'Edona ; au fud, il a la mer, & à l'oueft la
côte d'Yvoire, habitée par les Quaquas, qu'on a mal-
à-propos traités d'Antropophages. Son étendue, le long
du rivage, n'a tout au plus que douze lieues ; fa largeur
du fud au nord n'en a que deux ou trois. Son climat ,
quoique près de la ligne, n'eft ni fi chaud , ni fi mal-
sain qu'on fe le figure en Europe. Pendant la plus grande
partie de l'année, l'air y eft agréable & ferem. Sa mau-
vaife réputation vient des Anglois &desHollandois,qm
avoient intérêt à en éloigner les François. Il eft vrai
que , depuis le mois du Mai jusqu'au mois d'Août , on
y voit des brouillards fi épais, qu'il eft dangereux de for-
tir avant que le foleil les ait diffipés ; mais ils ne font
pas plus mal-fains que ceux de plufieurs endroits de
l'Europe, en automne. Il y a peu de régions au monde,
qui préfentent une auflî belle perspe&ive. La côte en
eft fi baffe, qu'à peine la diftingueroit-on d'une lieue, fi
les arbres qui la bordent ne fe faifoient appercevoir de
trois lieues. Elle eft arrofée par une des plus belles ri-
vières de l'Afrique , qui pourroit être navigable dans une
grande étendue , fi l'embouchure en étoit plus com-
mode ; mais elle eft fermée par un vafte banc de fable,
qui en permet à peine l'entrée aux canots des Nègres ,
lorsque la mer eft calme. Ce royaume a douze ou treize
villages au long des côtes , ou dans les ifles formées par
la rivière. Sa capitale eft Ajjoko , fituée dans une ifle de
même nom , à quatre ou cinq milles de la mer. Elle
contient deux cents maifons , & mille ou douze cents
habitans. Les habitans naturels du pays font les Veteres,
dont le nom fignifie pécheurs de rivières. Les Iffinois fe
font établis fur la côte de la mer , après avoir quitté
leur pays qu'on nomme encore le grand Ijjini , à dix
lieues de- là, & qui eft demeuré défert. La rivière ne
porte leur nom qu'à fon embouchure chez les Veteres,
qui demeurent plus haut. Elle porte encore fon ancien
nom SAsbini, qui étoit celui du pays. * Hijloire des
Voyages , par /'abbé Prévôt , t. 3 , /. 8 , c. % .
ISSOIRE , Ixiodorum , petite ville de France , dans
la baffe Auvergne , fur la petite rivière de Couze , qui
fe jette un peu au- deffous dans l'Allier. Elle eft ancienne ;
& Grégoire de Tours, qui en fait mention , n'en parle
que comme d'un village, (vicvs.) 11 dit que S. Auftre-
moine , apôtre des Auvergnats , y avoit été enterré.
Cette ville , par le partage fait entre les comtes & les
dauphins d'Auvergne , demeura aux dauphins ; mais ils
n'en jouirent pas paifiblement ; car comme elle eft fituée
dans un pays gras & fertile, les comtes la -voulurent
reprendre ; & enfin les rois ayant conquis l'Auvergne ,
ils ont réuni à leur domaine Moire , dont les ducs d'Au-
vergne , qui étoient de la maifon de Bourbon , ont joui.
L'églife de l'abbaye des Bénédictins de cette ville a été
dédiée à S. Auftremoine. Ce monaftere eft fort ancien;
car il y avoit une école pour les fciences où fut inftruit
& élevé dans le feptieme fiécle S. Prix, évoque d'Au-
vergne, comme le marque l'auteur de fa vie. L'abbé eft
feigr.eur de la ville , &c la juftice lui appartient. Cette
ville a foutenu deux fiéges, l'un en 1577, &C l'autre
en 1590. Le cardinal Antoine Boyer en étoit originaire,
& en a fait conftruire l'hôtel de ville & l'horloge. Le
fameux cardinal du Prat , chancelier de France , & fils
d'une fceur du cardinal Boyer , étoit auffi originaire
d'Iffoire. * Longucrue , Descr. de la France , part. 1 ,
p. 135. Pigamol de la Force, Descr. de la France, t. 5,
p. 346.
1. ISSOLE, ([') petite rivière de France , en Pro-
vence , où elle fe jette dans leVerdon, près de la Mure.
Elle eft fort abondante en truites.
2. ISSOLE, (f) petite rivière de France, en Pro-
vence , où elle le jette dans l'Argens.
1SSORIUM, quartier de la ville de Sparte, au pays
de Lacédémone. Il y avoit un temple de Diane, & ce
lieu étoit fort d'affiette, & difficile à forcer, félon Plutar-
que, dans la Vie d'Agéfilas. Etienne le Géographe dit
que c'étoit une montagne. Héfyche , m voce '\aaaôa.t
6c Polyen , /. 2 , Stratagem. en font mention.
I. ISSOUDUN, Exoldunum, IJJoldunum ou Exi-
lidanum , ville de France , dans le Berry, diocèfe de
Bourges, parlement de Paris, intendance de Bourges,
chef-lieu d'une élection ; elle a treize à quatorze mille
habitans. Il y a de plus un grenier à fel , un bailliage
royal, régi par la coutifme de Berry, avec une prévôté
royale , reffortiffame au bailliage. C'eft la féconde ville
du Berry. Elle eft fituée en pays plat & découvert , à
fept lieues de Bourges , fur la petite rivière de Théols,
dans une belle & agréable plaine , avec un château ,
quatre paroiffes , S. Cyr , S. Jean, S. Denys & S. Pa-
terne ; quatre fauxbourgs, celui appelle de Rome, celui
de S. Jean, celui de Filiale, tk celui de S. Paterne ;
deux collégiales fondées l'an 1000 ; S. Cyr & S. Denys ;
une abbaye de Bénédictins non réformés, fous le titre
de Notre-Dame d'ijjaudun ; des couvens de Corde-
liers , de Capucins, de Minimes, d'Uriùlines , de filles
de la Vifitation & deux hôpitaux, l'un pour les incura-
bles, l'autre pour les maladies paflageres , dont Raoul,
le dernier des anciens feigneurs d'Iiioudun , eft un des
principaux bienfaiteurs. * Mémoires envoyés.
Les habitans d'Iffoudun font un grand commerce de
bois ; ils ont des manufactures de draps , de ferges &C
de gros chapeaux. Il y a dans cette ville huit foires
par an , lavoir à la mi-carême , au premier Mai , à la
S. Jean- Baptifte , à la Magdeleine , le 8 Septembre ,
à la S. Denys, à la fainte Catherine Se à la S. Paul; on
y tient auffi marché tous les famedis.
L'hiftoire de cette ville eft particulièrement recom-
mandable par l'attachement qu'elle a toujours fait paroî-
tre pour le fervice des rois de France , qui lui ont ac-
cordé plufieurs beaux privilèges & franchifes de toutes
fervitudes , même avant ceux que lui donna, l'an 1423,
le roi Charles VII. Tous ces privilèges ont été mainte-
nus & confirmés par tous les rois fuivans , même par fà
majefté actuellement régnante. Ils confiftent en l'exemp-
tion de ban, arriere-ban, tailles, uftenfiles, dont on
prétend qu'elle fut la feule exempte pendant la dernière
guerre, fourrages, logemens de gens de guerre, & francs-
fiefs , fans parler des octrois & autres droits que les rois
lui ont encore accordés. Une des principales actions de
vigueur, que cette ville a faitparoître pour le fervice du
roi , fut l'année 1589 le 14 Juillet, durant les guerres
civiles. M. de la Chafire, qui commandoit dans la pro-
vince pour le parti de la Ligue, ayant tenté inutilement
de fe rendre maître d'Iffoudun par la force , pratiqua
quelque intelligence dans la ville , par le moyen de quel-
ques nouveaux venus, à la faveur desquels il y fit entrer
des troupes , y établit une forte garnifon , & fit conduire
prifonniers à Bourges , ceux qu'il crut plus affectionnés
aux intérêts du roi ; de ce nombre étoient les fieurs Pré-
vôt , Thoreau , Joulin & Deleftang fils. Non content
de cette expédition , & craignant que les fidèles fervi-
teurs de roi , qui reftoient en grand nombre , ne donnas-
fent lieu à des mouvemens , il drefla ur\ rolle de plufieurs
personnes, dont il demanda l'exil aux habitans;. ce qu'ils
lui accordèrent : en conféquence de quoi , furent chaffés
de la ville , Claude Dorsanne, lieutenant -général de la
ville ; FrançoisArrhuis, procureur du roi ; Guillaume De-
leftang, père ; François Roi; Claude Artrus ; Mathurin
Chapus, ôc Claude Foucheret, qui voulurent avoir, avant
que
ISS
ÎST
|ûe de fortir, le confentement du roi qui étoit à Tours ;
& l'ayant obtenu , les prifonniers fe retirèrent à Argéri-
ton-la-Châtre ; <k ceux qui étoient détenus à Bourges,
furent délivrés par rançon , &c exilés comme les au-
tres.
Nonobstant les foins du fieur de la Châtré, il demeura
toujours dans la ville quelques ferviteurs du roi cachés
à ceux de la ligue , & entr'autres, Jacques-Bernard fieur
de Maraudé, pour lors échevin, qui ne pouvant fouffrir
cette nouvelle tyrannie, complota avec ceux qui tenoient
le parti du roi, de s'en délivrer, Se donna avis de leur
réfolution au procureur du roi , Se à Guillaume Deles-
tangqui étoient à Argenton , & du jour pris^pour l'exé-
cution de leur deffein, au 14 Juillet 1589. lin effet, au
jour deftiné , fur les trois heures du matin , les royaux
s'emparèrent des principales avenues , allèrent droit au
logis du roi , où étoit le nommé Marfion , qili cdmman-
doitdans la place ; celui-ci, averti de l'entreprilé, voulut
fe mettre en défense; Se. pour cela, s'étant atmé d'une
hallebarde , en porta un coup à Bernard , dont il le
bleiTa ; aufli-tôr un des royaux lui tira un coup de pis-
tolet, dont il le renversa. -Il fut tiré quelques coups de
part & d'autre , mais le capitaine du château étant mort,
le rèfte de la garnifon fit peu de réfiftance.
En même tems le corps-de-garde mis à la porte du
château, donna entrée au procureur du roi Arrhuis , &
à Guillaume Deleftang , qui étoient venus toute la nuit
avec les amis , qu'ils avoient pu raflembler ; ils s'avan-
cèrent du côté de la place publique , où les ligueurs Se
le refte de la garnifon s'étoient aifemblés ; on s'escar-
moucha de part & d'autre, affez long-tems, & avec allez
de vigueur ; mais enfin ies royaux eurent l'avantage ,
& chafferent à leur tour les ligueurs de la ville, qui, par
ce moyen , fut remife à l'obéiffance du roi.
C'eft en mémoire d'une fi célèbre aftion, que, tous les
ans, au 14 Juillef , les habitans font une ré|ouiflànce publi-
que , qui commence par un Te D^um , chanté dans l'é-
glife collégiale du S. Cyr, ensuite .duquel fe fait un feu
de joie dans une place hors d'Ifloudun , où le corps de
ville , en habit de cérémonie , & tous les corps de la
juftice affilient.
Sous la minorité de Louis XIV, cette ville fit encore
paraître fon zélé pour le fervice de Ci majefté. L'année
165 1, n'ayant pas voulu le rendre à ceux qui tenoient le
parti oppofé , elle fut presqu'entiérement ruinée par
l'incendie de plus de douze cents maifons , dans les-
quelles plufieurs personnes périrent avec leurs biens ; &
ce qui eft de plus remarquable , c'eft que dans le tems
que les flammes caufoieit le plus de ravage, les ennemis
ayant fait une attaque , Se fe préièntant devant les mu-
railles, le; habitans ceffereht de iccourir leurs maifons ,
pour défendre leurs murs, & repoulfer les ennemis qui
ne leur cauferent d'autre mal que celui de l'incendie.
Louis XIV, qui paffa quelques jours après dans leur ville,
en vit encore les maifons fumantes ; Si. le comte de
S. Agnan, qui en avoit pour lors le gouvernement, ren-
dit un compte exact à fa majefté de tout ce que leur zèle
leur avoit fait faire pour elle : ce grand monarque s'en
eft toujours reffouvenu, & leur a donné, en toutes occa-
£ons, des marques honorables de fa bienveillance. Il leur
avoit accotdé, outre les exempdons dont on a parlé, le
droit d'élire un maire tous les ans , auquel fa majefté
accordoit en même tems l'honnenr d'être annobli ;
mais les bourgeois ont laiffé cette faveur fans exécution,
ayant remarqué que ce privilège pourrait , d'un autre
côté , nuire à leur commerce.
Issoudun a eu des leigneUrs particuliers dès Je dou-
zième fiécle. Ils étoient cadets de l'illuftre maifon des
princes de Deols & vafiaux des comtes de Poitiers. Elle
a été fort long - tems fous la domination des Anglois ,
lorsqu'ils fe tendirent maîtres d'une partie du royaume.
Philippe-Augufte la reprit fur eux , Se la confisqua fur
le feigneur utile , qui étoit de la maifon de Chauvigny,
& la réunit au domaine de la couronne. Néanmoins la
Thaumaffiere veut qu'elle n'ait point été confisquée,
mais acquife par ce prince des héritiers de Mahaud d'Is-
foudun, vers l'an nioou liai.
2. ISSOUDUN, bourg de France, dans la Marche,
au diocèfe de Limoges , élection de Gueret.
ISSURT1LLE. Voyez Is-sur-Tille.
0
v 8 r
, ISSUS, ancienne ville d'Afie % dans la Oiiicie: Elïê
eft remarquable à caufe de la vicloire qu'Alexandre y
remporta. Les Grecs l'ont nommée, comme les Latins,
'Utrôç. Xénophon pourtant l'appelle 'Wi , au pluriel;
Vc là , dit - il , Retraite des dix mille , 1. 1 ; (c'eft- à-;
dire depuis la rivière du Pyrame,) on fit quinze lieues, en
deux jours de marche, pour venir à Iffi, qui eft une grands
Se riche ville fur la côte , Se la dernière de la Cilicie.
Strabc
donne une idée bien différents :
après Mgs, dit-il , eft Mus, petite ville, avec un port
Se la rivière Pinarus. Ce fut-là qu'Alexandre combattit
cohrre Darius , Se c'eft de cette ville que le golfe prend
fon nom. Pomponius Mêla, /. 1, c. 13, dit, avec le ftyle
fleuri qui lui eft familier : dans J 'enfoncement eft un
heu qui fut autrefois le fpectareur Se le témoin de la
défaite des Perles , par l'armée d'Alexandre , & de la
fuite de Darius. Ce heu,.qui n'eft à préferit d'aucune ré-
putation , étoit autrefois célèbre à caufe de la grande
ville d'Ifîus. Cette décadence concilie la prétendue con-
tradiction de Xénophon Se de Strabon. Diodore de Si-
cile, /. 17, dit a:lfi quedu tems d'Alexandre cette ville
étoit conlîdéralJe ; car, félon lui , Alexandre fe rendit
maître diffus , ville farneufe , où la frayeur s'étoit ré-
pandue. Il dit encore que Darius étant rentré dans la
Cikcie, prit cette ville, Si: égorgea fans quartier les Ma-
cédoniens qu'on y avoit iailTés , ce qu'Arrien remarqué
auffi. Etienne le Géographe fe trompe, en parlant d'Iflus;
car il dit qu'après la victoire des Macédoniens , elle fut
nommée Nicopolis. Strabon & Ptolomée en font des
villes très-différentes. Le nom moderne eft AÏazzo ou
LA Jasso ; Se le golfe en prend encore le nom de golft
de I'Aïazzo.
ISSY-L'EVÊQUE. Voyez Issi-l'Evêqué.
ISTACHAR; c'eft félon Baudrand , edit. 1705 , un
village de Perse, dans la province de Fars, à mille pas
de la rivière de Bendemir. Il ajoute que c'étoit autre-
fois une des plus grandes villes de tout ce royaume, Se
même fouvent le féjour de fes rois , Se enfin qu'il eft
près de_ la ville de Schiraz , qui s'eft accrue de l'es rui-
nes. DWerbelot , Biblioth. orient, qui la nomme Es-
TEKHAR SelSTEKHAR, croit que c'eft l'ancienne Per-
SÉPOLIS , capitale de la Perse proprement dite, fous
les rois des trois premières races ; car, dit-il, ceux de
la quatrième, qui font les Cosroës , avoient établi leur
fiége royal dans celle de Madain. Il ajoute : elle eft fituée
à 88 d. 30' de longitude, Se à 30 de latitude , félon le
calcul des Tables Arabiques.
L'auteur du Lebtarik écrit que Kischtasb , fils de Lo-
horasb , cinquième roi de la race des Caïanides, y établis
fa demeure qu'il y fit bâtir plufieurs de ces temples ;
dédiés au feu , que les Grecs appellent Pyrœa Se Py-
rateria ; les Perfans Atesch - Khané Se At:sch-Gheda ,
& que fort près de cette ville, dans la montagne qui la
joint , il fit tailler dans le roc des fépulcres pour lui Se
fes fucceffeurs : l'on en voit encore aujourd'hui les rui-
nes, avec des refles de figures & descolomnes, lesquel-
les , quoiqu 'effacées par la longueur du tems , marquent
aflez que ces anciens rois avoient choifi leur fépulture
en ce lieu.
Il ne faut pas confondre ces monumens avec un fit-
petbe palais , que la reine Homal , fille de Bahamam, fit
bâtir au milieu de la ville d'Eftekhar : on le nomme au-
jourd'hui , en langue Perfienne, Gihil ou Tckilminar, les
quarante Phares ou Colomnès. Les Mufulmans en firent
autrefois une mosquée ; mais la ville s'étant entière-
ment ruinée , on s'eft fervi de fes décombremens pour
bâtir celle de Schiraz , qui n'en eft éloignée que de douze
parafanges, & qui a pris la place de la capitale de la pro-
vince , proprement dite Fars ou Perse.
Ce que le même auteur écrit de la grandeur ancienne
de cette ville , paroît fabuleux ; car il lui donne douze
parafanges de long & dix de large , de forte que la ville
de Schiraz y aurait été comprife ; mais il eft certain
que tous les hiftoriens de Perse en parlent comme de
la plus ancienne & la plus magnifique ville de toute
l'Afie.
Ils écrivent que ce fut Giamschid , qui en fut le pre-
mier fondateur , Se que quelques-uns font remonter fon
ancienneté jusqu'à Houschenk , Se même jusqu'à Caïu-
inarath, premier fondateur de la monarchie de Perse,
Tome III. E e e e
58«5 ÏSÎ
ïl èft vrai cependant qu'elle a tiré fon principal luftre
de la féconde dynafte des rois , qui abandonnèrent le
féjour de la ville de Balkhe en Khoralïan, pour demeu-
reOnEpîîtbapûter ici , que le fuperbe palais de la ville
d'Eftekhar , que la reine Homai fit bat.r , pourrait bien
être un de ces ouvrages tant vantes de Semirarms , la-
quelle n'eft pas inconnue aux Orientaux puisqu ils ton
mention de deux Sém.ramis dans leurs H.ftoires dont
la féconde qui pourrait avoir ete la même que notre
Homai, n'eft pas entièrement ignorée des Grecs.
Je finis ce titre, en difant que la tradition fabuleux clés
Perfans porte que cette ville a été bâtie par les Vax,
c'eft-à-dire les Fées du tems que le monarque Gian-
Ben-Gian gôuvernoit le monde, long-tems avant le lie-
cle d'Adam ; ce qui n'eft attribue a aucune autre ville
d'Afie qu'à Eftelchar &c à Baalbeck. _ , v „
Cette ville eft la même dont il eft fait mention a 1 ar-
ticle d'ESTARKE. , ...
ISTECHIA , petite ville de la Moree , au pays des
Mainotes, près du golfe de Coron , a deux lieues de
Chialifa , du côté du midi. Quelques auteurs y placent
l'ancienne Leuctra ouLectrum. *B**d.eAu. 170 > •
ISTI-DURA , ville de Tartane. Abulgafikan en fait
mention dans fon Hiftoire généalogique des Tatars ,
p. 305. Elle étoit, félon les apparences dit fon traduc-
teur , vers le nord du Gilan , proche les bords de la mer
CaiSTÉON, ville del'ifle de Cythere, félon le Scho-
liaftedeThucvd.de, cité par Ortélius, Thejaur Ce der-
nier croît plutôt qu'elle étoit fur la côte du Peloponnefe,
dans la Laconie, mais dépendante ae litle.
1. ISTER, nom que les anciens donnoient au bas
Danube. Voyez Danube.
a ISTER rrtiefe de l'Iftrie , félon les anciens : quan-
tité'd'auteurs o*t prétendu que l'Iftrie prenoit fon nom
de cette rivière qui y couloit ; que cet Ifter avo.t (on
embouchure àl'oppofite de celle du Po, & que la rencon-
tre de ces deux rivières rendoit douce 1 eau de la mer
en cet endroit. Paul Diacre, dans fonH.fto.re des Lom-
bards, L X, fait mention de cette rivière, & dit quelle
avo.t été plus grande qu'elle n'eto.t de fon tems Des
auteurs ont été jusqu'à en chercher le nom moderne &
à afturerque c'eft le QuiÉTO , & le même que le A au-
portus de Pline, /. f, c. 18. Mais cet auteur traite
cette rivière de pure imagination, plenque dixere falsà^
& reprend Népos de l'avoir dit comme les autres, quoi-
qu'il demeurât au bord du Pô , & fut a portée de favoir
la fauffeté d'une opinion qu'il &m>it. - ;
7. ISTER, rivière de Theffalie, félon Lycophron ,
ou plutôt félon Cantons fur cet auteur. Ortel. Ihei
ISTHiEVONES , ancien peuple de la Germanie , &
IST
Tricocci ,
Nemetes ,
Vangiones ,
CjERESI ,
Segni,
CoNDRUSi;
PjEMANI ,
Eburones ,
Aduatici,
Menapii,
au-delà du Rhin les pays qui, du tems de Céfar, étoient
connus fous le nom de
Marcomanni,
Harudes ,
Sedusii,
Ubii,
SlCAMBRI,
Marsi ,
Tubantes ,
dulgibini,
Amsivarii,
Chamavi,
Bructeri ,
Frisii , ckc.
Le P. Hardouin , in Plin. prétend que ces Iftsevorrs de
Pline n'étoient que les peuples le long du Rhin , depuis
fes embouchures jusqu'à Cologne, avec la Fnfe occiden-
tale. Il ne change rien au texte, & lit : quorum pars Cim-
bri Mediterranei. Il ajoute que les Cimbres, don t il s'a-
git ici, avoient le pays où font à préfent le comté de la
Marck , le duché de Berg & la partie du pays de Clèves,
au-delà le Rhin ; mais il ne dit point quel autre auteur
ancien a mis des Cimbres dans ce pays , ni comment il
trouve dans Pline que ces Cimbres avoient toute cette
étendue^
Le P. Briet , dans fes Parallèles , diftribue ainfi les
îfthsevons.
DULGIBINI
(Partie de la Hollande. , de
\ YOveryffel, & la Frife
(, orientale.
rUne grande partie de l'évl-
\ chéàeMun/ler,Olden-
' ) iourg, Lingen, Hoye Se
C Minden.
(Partie à'Over-Yffe^Beint-
AngRIVARIW heim, partie de l'évêché
\ de Paderborn.
l'une des cinq grandes nations qui etoient
fous-divifées
d'auïreTpeu'pfes. Pline, /. 4» * **i dit,dAauns les édi"
lions ordinaires : proximi auiem Rhpno Ifthaïvones ,
quorum pars Cimbri Mediterranei : Herm.ones -.quorum
Suevi,Hermunduri,Chatli,Cherusci. C eft-a-dire : les
plus proches du Rhin font les Ifthasvons , fous lesquels
font compris les Cimbres, qui font dans le milieu des
terres ; les Hermions à qui appartiennent les Sueves ,
les Herraundures, les Chattes , les Çherusques. Les fa-
vans les mieux inftruits de l'ancien état de 1 Allemagne,
leconnoiffent que ces mots quorum pars Cimbri Medi-
terranei , font corrompus. Cluvier, German. Antiq. pré-
tend qu'au lieu de Cimbri , il faut lire Sicambn • & fa
conie&ure eft trouvée fi bonne par le docte Spener,
Notit. German. Ant. 1. 4, c. 1 , qu'il 1 approuve haute-
ment. Ils détachent du mot Cimbri ouSicambn, le mot
Mediterranei, qu'Us joignent au nom Hermiones , & h-
fent quorum pars Sicambri. Mediterranei Hermiones quo-
rum Suevi, &c. En ce cas, cette épithete qui embarrafle,
étant jointe aux Cimbres, n'embarraffe plus, quand elle
appartient aux Hermions. Spener croît que ces Itths-
vons occupo.ent la partie occidentale de la Germanie,
Il pàroît par une citation de Strabon, /- 1 , que Pytheas
nommoit ce même peuple oV.'««, Ostjei ; Etienne le
Géographe, qui cite le même Pythéas , le nomme Jlrto«o
OstiONES , ck ajoute que cette nation habitoit vers
l'Océan occidental. Spener croit qu'ils étoient léparés
par le Rhin. H met en-deçà de ce fleuve les peuples,
Les Maevons
ou Ifthsevons
compre-
noient fous
eux les peu-
ples.
C Partie à'Utrecht 8c deGueb
l dre'
(Parties de l'évêché de
1 MunJler,d'Osnabrug, de
'S Ravensperg & de Lem-
C gow.
Parties des évêchés de
Munjler, Paderborn &
quelques comtés entre
ces deux évêchés.
(Parties de l'évêché de Pa-
\ derborn &c du duché de
( Weftphalie.
(Usi- jRechlinghufen&t partie de
j PETES- \ la Marck.
Trvr (Partie des duchés de Berg
'- ter. \ & àemjlpkalk, & du
Marsaci.
Chassuarii
Chamavi.
Marsi.
TERI- ) comté délabre*.
Bruc-
teri.
Sedusii.
Partie du duché de Bergi
de l'archevêché de Très
ves Se de Wétéravie.
(Une grande partie delà Wé-
) téravie, de la Hefle, Sis*
\ fembourg&àeFuldc.
f Partie des terres de Moyen-
< ce, de Wurt^bourg, de
C Wtrthtim & d'Hohenlo,
IST
IST
Voici un fentîmént que Spener propofe, {"ans en défigncr
l'auteur que par ces mots : un certain favant , eruditijji-
tnus aliquis vit , transporte les Iftasvons à l'orient de la
Germanie , &c croit que ce nom leur a été donné au lieu
à'EJîevones. Est fignifie l'Orient, &C Wonen habiter . En
ce cas Pline les auroit déplacés. L'auteur de la nouvelle
conjecture borne les Hermions à l'Elbe , & met les Iftœ-
vons dans tout le pays d'au-delà. On voit bien que ce
qui le détermine à ce parti , c'eft pour placer au-deçà du
Rhin une partie des Hermions , &c tirer de-là l'origine
du nom de Germains donné à toutes les nations Teuto-
nes. Nous faifons voir ailleurs qa'Hermiones , Hermanni ,
Germani, Se autres noms , ne font que des dialectes d'un
même mot. Voyez au mot Germanie. Spener ajoute ,
comme pour confirmer la conjecture , qu'il le peut faire
qu'y ayant eu anciennement cinq clafles des peuples Ger-
mains , deux claffes , lavoir les Peucins Se les Vanda-
les , étant déchues de leur ancien éclat, il ne fut plus
queftion que de trois claffes , fous lesquelles on diftri-
buoit ainfi toute la Germanie du tems de Tacite i de
Mor. German. c. 2. Selon ce plan , les Ingevons occu-
poient la Germanie feptentrionale , les Hermions l'oc-
cidentale, l'Elbe féparant ces deux peuples, & les Iftae*
vons occupoient la Germanie orientale ; de manière
qu'ils comprenoient fous eux les Wandales Se les Peucins.
Spener en rapportant ce fentiment , letrouveingénieux Se
bien imaginé ; mais il avoue que l'autorité des anciens ,
dont il n'ofe s'écarter, ne permet pas de s'en accommoder.
D'Audifret , Géogr. t. 3 , p. 4, met les IftEvons entre
le Rhin & le Wefer. Baudrand dans fon édition latine de
1681, avoit dit de même qu'ils étoient bornés par ces
deux rivières ; Maty y a ajouté qu'ils poffédoient une
partie de la Suabe , une partie de la Franconie, tout ce
qu'on trouve à la droite du Rhin , des cercles du haut
& du bas Rhin , de celui de "Weftphalie , des Pays-bas ,
& d'une petite partie de la Saxe. L'éditeur François de
Baudrand lui a prêté ces mots : ils occupoient ce qu'on
appelle aujourd'hui la Souabe , &. une partie de la Fran-
conie , &c. Cet &c. fignifie beaucoup trop dans une ex-
plication de cette nature. La Suabe de cet éditeur , & la
Saxe de Maty font , je crois, de trop , dans cette descrip-
tion des Iftasvons.
;, Il eft plaifant que les modernes prononcent fi préci-
fément fur des partages que l'antiquité nous, a laiffés d'une
manière fi obfcure. Quelques géographes de ces der-
niers tems font la diftribution de ces peuples avec au-
tant d'affurance que s'ils avoient vu des monumens au-
thentiques qui en marquaient les bornes avec évidence.
D'un côté, les uns fixent leurs divifions avec des détails
où tout femble rangé avec netteté ; mais ces divifions ne
s'accordent point ; premier inconvénient. Il vient après
cela des favans qui dérangent toutes ces idées , Se cela
fe termine par convenir que l'on ne fait fi ce même peu-
ple étoit à l'orient ou au couchant de la Germanie. Je ne
laiffe pas de rapporter les fentimens différens. Il y a des
lecteurs qui font bien-aifes qu'on les en inftruife. Mais .
je dois avertir que ce ne font que des conjectures. Ce
qu'il y a de fur , touchant les Iftzvons , c'eft que dans un
tems ou la Germanie étoit divifée en cinq claffes , les
Ifbsvons en étoient une , Sx que dans un autre tems la
Germanie étant comprife en trois parties , une des trois
s'appelloient les Ifiavons. Mais où étoient-ils ? Les an-
ciens ne l'ont pas affez déterminé pour en rien dire de
bien pofitit ; encore moins nous apprennent-ils quels
peuples ont été compris fous ce nom.
ISTARBA , ville d'Afie, dans le Korcan. Chryfococca,
p. 5 , edit. Oxon. lui donne 79 , d. de longitude , Se
37 d. 5' de l'atitude.
ISTHME, Isthmus, langue de terre, entre deux
mers ou deux golfes , laquelle joint une presqu'ifle au
continent , de la même manière que le cou joint la tête
au tronc du corps. Les plus confidérables entre les iftli-
mes , font.
L'ISTHME DE CORINTHE , qui joint la Morée
au refte de la Grèce , & eft fitué entre le golfe de Le-
pante & le golfe d'Engia.
L'ISTHME D'ERISSO , qui joint le mont Athos au
refte de la Macédoine.
L'ISTHME DE MALACA , qui joint la prefqu'Ifle
de ce nom au royaume de Siafn , entre le détroit de Ma-
laca Se le golfe de Siam,
; 5%7
L'ISTHME DE PANAMA', qui joint l'Amérique
feptentrionale, avec l'Amérique méridionale , Seeftfuué
entre la mer du Nord Se la mer du Sud,
LISTHME DE ROMAN1E , qui joint la presqu'Islé
de Roman'e, au refte de cette-province , & eft entre le
golfe de Magariffe Se la mer de Marmora.
L'ISTHME DE SUEZ , qui joint l'Afrique avec l'A-
fie , entre la Méditerranée Se la riier Rouge.
L'ISTHME DE ZACALA , qui joint la Tartarie
Crimée , ou Chersonnefe Taurique , avec la Tartarie
Précopite ; entre la mer Noire Se les Palus Méotides-
ISTL-EOTIS : c'eft le même pays que FEftiotique.
ISTIGIAS, petite ville d'Afie, dans la grande Tarta-
rie , dans la Transoxr.ne. Bsudrand , éd. 1705 , dit : quel-
ques auteurs la prennent pour l'ancienne Chariaspa , Za-
riaspa , Se Baclra capitale de la Bactriane que d'autres
mettent à Balch. J'ai déjà fait voir que Charispa , ou
Zarispa , car c'eft ainfi qu'on lit dans Ptolomée , ne
fauroit être la même ville que la Zariaspa ou Bactres de
Pline , parce que Charispa ou Zarispa étoit au-delà de
l'Oxus , Se Zariaspa ou Bactra étoit au-deçà de ce fleuve :
ce ne fauroit être , Balk , par la même railbri.
ISTIMON , lieu de la Paleftine , félon Ortélius qui
cite Jofué, c. 21. v. 14. Jetrouve dans la Vulgate.'Eftemo.
D. Calmet dit Isthemo, ville de la tribu deJuda, Se
cite Jofué , c. 1 5 , v. 50. Il ajoute ; elle eft appellée au-
trement Esthamo , ou Esthémo ; Eusèbe Se S. Jé-
rôme difent qu'elle étoit dans le canton d'Eleuthéro-
polis.
ISTO , montagne dont parle Thucydide , /. 3 , 6" 4.
Ortélius croit qu'elle eft dans l'isle de Corfbu. Les habi-
tans de cette montagne font nommés Istones par
Polyen.
ISTOB , ou Is-Tob , ou Isch-Tob ; ce mot fe trouve
au^ fécond Livre des Rois où il eft dit , c. 10 , v. 6 ,
qu'entr'autres troupes auxiliaires des Ammonites , il y
avoit dix mille hommes à'Ifiob. Une note de Vatablë
l'explique ainfi : c'eft le pays que l'on appelle Tob , &
d'où l'on fit venir Jephté. D. Calmet dit qu'Iftob figni-
fie un habitant de Tob , ou bon-homme , ou maître du
pays des Tubieniens : ce pays , ajoûte-t-il , étoit à l'ex-
trémité feptentrionale des montagnes de Galaad , vers le
mont Liban. Jepthé , ( Judic. c. 10, v. 3 , ) fe retira
dans le pays de Tob , à ce canton eft appelle Tubinàane
les Macchabées, /. 1 , c. f , v. 13.
ISTONIA , rivière de l'isle de Candie. Elle a fon
embouchure à dix milles de Spina-Longa. Son eau eft
bonne ; mais en été elle eft dangereufe à caufe que fes
bords font revêtus d'une plante boifeufe , que les Grecs
appellent Rododaplmé &c que les Italiens nomment Leari-
dro. Cette plante la rend mal-fainè : on a vu des gens
mourir pour avoir mangé du pain cuit avec ce bois , ou
de la chair que l'on avoit fait rôtir avec une broche faite
de ce même bois.
1. ISTONIUM, ancienne ville de l'Espagne Tarra-
gonoife , dans la Celtibérie, félon Ptolomée, /. 2, c. 6.
Voyez Histo.
2. ISTONIUM, en Italie. Voyez HistoniuM.
ISTRES , bourg de France , en Provence , au cou-
chant de l'étang de Berre , à l'endroit où il reçoit la
Crapone, à Une lieue 6c demie de Martigues , en allant
vers Salon , dans une grande plaine. Baudrand , éd. 170 5,
dit que c'eft VAJlromela. des anciens. Cela ne fe'
peut , car Ajlromela. n'étoit ni urte ville ni un bourg ,'
mais un étang , comme on peut voir au mot Astro-
MELA.
ISTRI , peuple d'Italie , en Iftrie.
ISTRIA , nom latin Se italien de FIsîrie. Voyez ce
mot.
CAPO-D'ISTRIA , ville d'Italie , dans l'état des Vé^
nitiens, & dans la province d'Iftrie, fur une petite ifle,
nommée jEGIDApar les anciens. Voyez jEgida. Cette
ifle a environ trois milles de tour , &r eft félon le Père
Coronelli à 36 d. 36' de longitude, & à 45 d» 31'
de latitude feptentrionale. Après avoir été quelque tems
abandonnée , elle commença d'être habitée de nouveau
environ dix-huit ans avant l'ère vulgaire, vers l'an 44;
le peuple ayant embrafle le Chriftianifme , bâtit Féglife
qui eft aujourd'hui la cathédrale ; on croit qu'il ne fit
que consacrer avec quelques changemens un temple dé-
dié à Cybelej c*r à la grande porte vers le midi, 01a
Tome III. E e e e ij
IST
voit qu'on y a employé les pierres du tombeau" d'un
grand- prêtre de cette deeffe. L«s colomnes font polees
fur deux lions arec une tête de vache , & on y lit ces
paroles L. Publicius SYntroptjs Archigallus V.
F. S1BI M. H. H. N. S. ce qui fignifie Lucius Publi-
cius Syntropus Archigallus vivens fecitsibi
hoc monumentum h.eredibus non suis. l'an
2,10 , les habitans de l'ifle voulant fe faciliter le trajet
au continent qui étoit à quinze cents vingt pas de dis-
tance , longèrent à former la chauffée que l'on y voit ;
mais dans le même tems , ils travaillèrent à fe mettre à
couvert des incurfïcns des Barbares , qui comrnençoient
à fourrager les provinces de l'empire. Pour cet effet, ils
éleverei.t fur un autre petit écueil qui eft dans cette
chauffée un fort, nommé Caflel-Leone.Ceue ifle eut le
fort des provinces voifines , lorfque les Huns , les Goths
& les Vandales s'y jetterent ; mais Juftinl. l'ayant réta-
blie , elle quitta le nom à'Aïgida & celui de Copra , ou
Copraria qu'elle avoit eu ensuite, & prit celui de Jujii-
nopolis qu'elle garde encore dans les aftes écrits en
latin; mais lorsque les Vénitiens furent les maîtres, ils
la nommèrent Capo d'Iftria , parce qu'elle eft devenue
la capitale de l'Iftrie. Quoiqu'elle fût ibumife à la juris-
di&ion du patriarche d'Aquilée , elle ne laiffoit pas de
fe gouverner par fes propres loix , & étoit en état de
fenir tête à fes voifins : cependant le doge Pietro - Can-
diano II l'affiégea en 931, & la fournit à la république.
Il paroît qu'elle en fecoua encore le joug ; car elle fe
fournit volontairement aux Vénitiens le 5 Février 1 178 ,
en vertu de quoi on lui conferva beaucoup de privilèges.
Les Génois la prirent en ^80, & la facagerent encore
à une autre reprife , parce qu'elle n'étoit pas encore en-
tièrement fermée de murailles ; mais on y pourvut , &
le fénat les fit achever l'an 1478. L'Evêché de Capo
d'Iftria fut fondé , félon quelques-uns , par Jean I , à la
follicitation de l'empereur Juftin. Mais il eft plus vrai-
femblable que ce ne fut qu'en 756 , du tems de Galla
cinquième doge de Venife. Il fut confirmé ensuite par
Honorius; rk l'an 1221 , on y établit le chapitre de
douze chanoines , qui eft préfentement de treize , entre
lesquels font trois dignitaires , le doyen , l'archidiacre &
Técolâtre. La cathédrale eft d'une ancienne architecture ,
& a trois nefs foutenues fur dix-huit colonnes de très-
beau marbre , & eft confacrée fous l'invocation de là
fainte Vierge , fous le titre de fainte- Marie-Majeure.
L'an 1490, elle fut aggrandie , & la façade revêtue de
marbre blanc. Elle eft ornée de belles chapelles ; en-
tr'autres reliques , on y vénère celles du pape S. Alexan-
dre & du bienheureux Nazaire , protefteur de la ville.
Elles avoient été enlevées par les Génois , & tranfpor-
tées à Gènes; mais en 1421 on les rendit. L'églife des
Servites eft d'une grande beauté. Celle des Dominicains
fut rebâtie , après avoir été ravagée & détruite par les
Génois. C'eft un des trois monafteres fondés par S. Do-
minique. L'inquifition a fon tribunal chez les Francis-
cains. Je paffe les autres églifes de fainte Anne , de faint
Grégoire & de fainte Claire ; l'hôpital de S. Baffo pour
les hommes, celui de S. Marc pour les femmes, & au-
tres édifices publics. La maifort de ville eft un vieux bâ-
timent que l'on croit avoir été autrefois un temple de la
déefle Pallas. On' allure que la figure qui repréfente la
Juftice , & qui eft pofée entre deux tours , dans la faça-
de , étoit la ftatue de Pallas , & c'eft ce qu'on a voulu
exprimer par ce vers qu'on y lit en lettres Gothiques:
Patladis Aclsm fuit hoc memorabile Saxum.
Le gouvernement confifte en un podeftat & un capi-
taine qui y font envoyés de Venife , ausquels deux no-
bles Vénitiens font adjoints en qualité de conseillers.
Cette petite isle jouit d'un air falubre & tempéré ; la
mer lui fournit du poiffon en abondance , et la terre
ferme d'alentour eft toute couverte d'oliviers ou de vi-
gnes qui produifent tous les ans jufqu'à 28000. ornes
d'excellent vin. On compte cinquante-cinq villages dans
fon territoire. Mais le principal revenu de la ville confifte
dans fesfalines. II y a, au levant & au midi, près de trois
mille marais falans qui donnent chaque année plus de
fept mille muids de fel ; & après que la république en a
pris ce dont elle a befoin , elle permet de vendre le
refte. * Coronelli , Ifolario , t. 1 ,p. 339,
IST
ÏSTRIANA, kMe»»'w, n»A«-, ville de l'Arabie heû-
reufe, feion Ptolomée , /. 6 , e. 7 , qui la met au pays du
peuple The/ni.
ISTRIANORUM Portus , le même qu'IsTROPO-
LIS.
ISTRIANUS , "ffle'a*o-, ancien nom d'une rivière de
la Cherfonnefe Taurique , félon Ptolomée , /. 3 , c. 6. Ses
interprètes doutent fi ce n'eft point préfentement Cala-
M1TA.
ISTRICI, peuple de Sarmatie, en Europe. Ils étoient
voifins du peuple Axiaca , dont ils étoient féparés par le
fleuve Tyras , félon Pomponius Mêla , /. 2 , c. 2 , n. 50.
ISTRICUS VlCUS, lieu d'Italie. Tite-Live fait men-
tion de ce lieu , à l'occafion d'un prodige qu'il raconte ,
1. 24, c. 10.
ISTRIE, (1') contrée d'Italie, dans l'état des Vé-
nitiens , au couchant du golfe de Venife. C'eft une pres-
qu'isle renfermée entre deux grands golfes de la mer
Adriatique, le golfe de Triefte, & le golfe de Quarner.
Les montagnes de la Vena , qui font partie des Alpes,
la féparent de la Carniole & de la Morlaquie. Les Alle-
mands l'appellent Hsjlcneich : tout ce pays eft fort mal-
fain ; de-là vient qu'il eft affez mal peuplé en quelques
endroits, & prefque défert en d'autres.
L'Iftrie eft partagée entre les Vénitiens & la maifon
d'Autriche , qui en polîéde quelque chofe ai n >rd, la
principauté & le port de Triefte; rjaudrand lui donne la
partie orientale de ce pays , où font Pédena , Pifin ,
Cofliac & quelques autres lieux; il eft vrai qu'ils font à
la maifon d'Autriche, maison ne le1, compte pas dans
l'Iftrie. L'Iftrie Vénitienne a, lé long de- la côte, encom-;
mençant au nord,
Muglià, .
Parënzo ,
Capq d'Istria,
Orfera,
Ifola,
ROVIGNO
Pirano *
Pola,
Umago,
Albona ,
Citta Nuova,
Fianona.
Capo d'Iftria ck Triefte , font en meilleur air, & mieMx
peuplées que les autres. Magin, de qui j'ai tiré la plus
grande partie de cet article , fuppofe que l'Iftrie répond
à la Japidie des anciens; cela n'eft vrai que d'une partie
de l'Iftrie & de la Japidie.
ISTRIUM, ville de la Méfopotamie, félon Ortélius,
Tkefaur. qui cite Nicétas.
ISTRO. Voyez Istros.
ISTRONA. Voyez Istros 2.
ISTROPOLLS , félon Pline, I.4, c. 11 , ancienne
ville fur la mer Noire, à l'embouchure du Danube. C'é-
toit une peuplade de Miléfiens. L'auteur du Périple im-
parfait du Pont-Euxin, Oxon , éd. p. 12; Ptolomée &£
Etienne le Géographe, la nomment Ijiros Le premier dit
comme Pline , qu'elle étoit l'ouvrage des Miléfiens . qui
l'éleverent lorfque l'armée des Scythes barbares paffa en
Afie en pourfuivant les habitans du Bofphore Cimme-
rien; il compte de cette ville à Thomi trois cents fta-
des ; ou quarante milles. Ptolomée la met dans la baffe
Myfie. Hérodote , /. 2 , c. 33 ; & Juftin , /. 9 , c. 2 , en
nomment les habitans Istriani. Antonin la nomme
IJler, & la met à trente-fix milles de Tomi ; ce qui re-
vient beaucoup mieux que les quarante milles du Péri-
ple cité , aux trois cents ftades que ce même Périple
compte pour la diftance de. ces deux villes; car trois cents
ftades doivent faire 375:00 pas. Arrien dans fon Péri-
ple du Pont-Euxin , p. 21 , fait bien mention d'un port
qu'il appelle Istrianorum Portus ; mais il étoit dif->
férent d'Iftropolis. Le Périple imparfait, déjà cité, parle
aufn de l'un & de l'autre , & les diftingue. Ce port étoit
plus avant vers la rivière de Tyras & le nord.
1. ISTROS. Voyez Istropolis.
2. ISTROS, ville de Crète, félon Etienne le Géogra-
phe. Il dit qu'Artémidore la nomme Istrona.
3. ISTROS, ville d'Afie , dans le Pont. Eusèbe la
nomme HiSTRUS.
4. ISTROS , ville de la Japygie , félon Etienne le
Géographe. Le Grec cite Ephorus,comme en ayant parlé,
&le Latin cite Hecatée.
5. ISTROS , isle d'Afie , avec une ville de même
nom ; auprès de Triopium.
ITA
ISTRUNS , lieu de la Méfopotamie de Syrie. L'Au-
teur du Livre des Merveilles dit qu'il y naît de petits
ïèrpens qui ne font point de mal aux gens du lieu , mais
qui tourmentent fort les étrangers.
ISTUS , isle d'Afrique. Etienne le Géographe dit
qu'elle a la figure d'un vaiffeau ; que les Africains la
nomment Udonoe , Se les Phéniciens CELLARHAR-
\SATH.
USUBRIGANTUM. Voyez Isurium.
ISUELI , ancien peuple de l'Ethiopie , félon Pline ,
1.6, c. 30.
ISURA , isle voifine de l'Arabie heureufe , fur la côte
orientale, félon Pline , 1.6 , c. z8.
ISURIUM, ville de l'isle d'Albion, au pays des Bri-
gantes, félon Ptolomée, /. z. c. 3. On ne doute point
que ce ne foit la même que VIfubrigantum d'Antonin ,
Itiner , mot corrompu d'IsuRiUM BfUGANTUM. Il le
met entre Eboracum, Yorck Se Cataraclonium Cattarick,
à dix-fept mille pas de la première , Se à vingt -quatre
mille pas delafeconde.C'eftpréfentementALDBROUGH;
ce nom fe trouve auffi écrit Ald-Burrough,
1. ISUS, ville de Grèce, dans laBéotie, près d'An-
tédon, félon Strabon , /. 9 , p. 405. Elle ne fubfîftoit
déjà plus defontems: ce n'étoit qu'un lieu qui conservoit
les traces d'une ancienne ville. VoyezNlSA.
z. ISUS , nom d'une rivière , à ce que dit le Lexique
de Phavorin , qui ne marque point en quel pays.
ISUVIUM : c'eft la même qu'lGUViUM. Voyez ce
mot.
ISUUM. Voyez Usui.
LSYROS, nom de lieu , félon Pollux. On ne fait en
quel pays.
ITA , bourg d'Efpagne , dans la Nouvelle Caftille ,
Voyez Hita.
ITABURIUS , ou Itaburim : c'eft le nom que 16-
feph , de Bello , /. 4 , c. z, donne au mont Thabor.
ITADOU, isle d'Alîe, dans la mer des Indes , entre
les Maldives, au fud de l'isle de Maie, félon Davity.
*Com. Dift.
ITALA , bourg de Sicile, le même qu'ATALA. Voyez
ce mot.
1. ITALICA , ancienne ville d'Efpagne, dans la Bé-
tique , aujourd'hui dans l'Andaloufie. Cette ville connue
des anciens géographes , eft devenue très-fameufe par les
grands hommes dont elle a été la patrie : trois ont été
empereurs de Rome , Trajan , Adrien , fon coufin Se fon
fucceffeur , & Theodofe le Vieux , félon Eutrope , /. 8 ,
c. z. & 3. L'autre eft moins célèbre par les honneurs de
fon confulat , qui tombe à l'année 68 de l'ère vul-
gaire , que par fon poëme fur la féconde guerre Punique.
On a douté quelque tems du nom moderne de cette ville.
Alphonse Ciacconus dit dans l'Explication de la colonne
Trajane, qu'Italica n'etoit pas loin du bourg d'ALCALA
DEL Rio. Mais Morales dit que c'eft Sevilla la
Veja ; Maty croit que ces deux noms ne lignifient
qu'un même lieu. Le P. Briet , Paraît, z. part. /. 4,
p. z59;Baudrand, éd. i68z; le P. Hardouin, Se quantité
d'autres favans . s'accordent à dire que ce dernier nom eft
celui que porte la ville d'Italica. Appien , Bell. Hifp.
nous en apprend l'origine , lorfqu'il dit que Scipion laiffa
les invalides qu'il avoit dans fon armée , en une ville qui
en prit le nom d'ItalicarCe n'étoit d'abord qu'un bourg ,
Se elle n'en: qualifiée que municipe fur les médailles fra-
pées fous l'empire d'Àugufte. Elle devint ensuite colo-
nie, comme on peut voir dans un pafTage où Aulu-Gelle
dit que l'empereur Adrien s'étonnoit qu'ayant les droits
municipaux , elle follicitât les droits de colonie. J'é-
claircis ce pafTage au mot Municipe. Baudrand dit que
Sevilla-la-Veja a beaucoup de marques d'avoir été une
grande ville; qu'elle eft à peine éloignée de quatre milles
de Seville ; que c'eft un petit village fitué fur le Gua-
dalquivir; qu'il demeura inculte juiqu'à l'an 1595 ; que
le village de Santiponce étant abandonné par fes habi-
tans , ils vinrent s'établir en ce lieu. Ajoutez , pourfuit-
il , que la campagne des environs eft appellée Los
Campos deTalca. Les Notices d'Efpagne donnent à
la ville d'Italica le premier rang après le fiége de Spalis ,
qui eft aujourd'hui Séville. Voyez au mot Ilipa z. une
erreur où l'on étoit tombé au fujet de cette ville , dont
on a cru fauffement qu'Italica étoit un fur nom. Bau-
drand y a donné avec plufieurs autres auteurs célèbres.
Il A c%y
i. ITALICA 3 ancienne ville de l'iflë d'Euboée ,
félon Antigbnus , Mirabil. Elle étoit voifine de Chal-
cide.
3. ITALICA : Strabon , l. S \ dit qu'on a appelle aiiffi
la ville de Çorfinium: Vellèïus Paterculus, l. z, là
nomme Italicum.
i. ITALICUM. Voyez l'article précèdent.
z. ITALICUM , lieu particulier de la Sicile , félon
Etienne le Géographe.
1TALICUS CLiVUS , montagne entre les Alpes
Cottiennes , félon Ammien Marcellin , / 1 5.
ITALIE , grand pays de l'Europe , entre les Alpes &
la mer , où il s'éiend en forme de prefqu'isle. Outre
cela , on comprend encore fous ce nom plufieurs isles ,
dont quelques-unes font affez grandes, comme la Sicile,
la Savdaigne , Se la Corfe ; quelques autres plus petites;
l'isle d'ËIve Se autres de la mer de Tofcane ; les isles
de Lipari au nord de la Sicile ; les isles de Tremiti, Sr.
autres, au couchant Se au nord du golfe de Venife. Bien
que ces isles appartiennent à l'Italie ', je les renvoie à
leurs articles particuliers , Se ne traite en celui-ci que de
ce qui eft en terre ferme; Se c'eft ce que j'appelle l'Italie
proprement dite.
Pline, /. 3 , c. y, & Solin , c. z , p. 14 éd. Salmajl
la comparent pour la figure à une feuille de chêne beau-
coup plus longue que large. D'autres , comme Euftathe,
l'ont comparée à une feuille de lierre. Mais c'eft en n'y
confidérant que ce qui eft au-delà de l'Arne Se du Ru-
bicon ; bornes dont je parlerai ci-après. Magin la com-
pare à une jambe d'homme. Mais il y a plus de jufteffe
à la comparer à une botte , dont la genouillère com-
prend la république de Gènes, le Piémont, le Milanez,
la république de Venife, les états de Mantoue , de Fer-
rare, de Parme Se de Modene ; la Marche d'Ancone
Se l'Abruze ultérieure font le gras de jambe ; la Capita-
nate , l'éperon ; la terre d'Otrante , le talon ; la Bafili-
cate &t la Calabre forment la plante du pied; la ville de
Naples avec les isles de Procita Se d'ifchia en eft la
boucle ; le duché de Tolcane Se l'état de l'églife repré-
fentent le devant de la jambe. Cette botte eft dans l'atti"
tude d'une jambe retirée en arrière. Les anciennes cartes
de nos géographes modernes lui courbent trop le jarret,
Se ne la font pas affez droite ni affez unie.
La longueur de l'Italie , félon Pline , /. 3 , c. 5 ; Se /. 4,
c. Z3 , eft depuis Aofte , à l'extrémité des Alpes, en
paffant par Rome Se Capoue juiqu'à Regio , un million
Se vingt mille pas , c'eft-à-dire , mille Se vingt de ces
milles Romains qui étoient en ufage de fon tems. Solin
Se Martianus Capslla qui le copient fouvent, l'ont auffi
copié en cela. Pui'àlius dans fon Itinéraire, /. z, y, n
& 2i , retranche vingt de ces milles :
Millia per longum decies ceniena tiruntur
A Ligurum terris ad fréta. Sicania.
Je dirois que c'a été pour la mefure de fon vers qu'il a
fait ce retranchement , fi Strabon n'avoit pas auffi omis
ces vingt milles, piur faire un compte rond.
Quant à la largeur de l'Italie, il faut diftinguer; car
elle n'eft pas égale par-tout. Pline , /. 3 , c. 19 , dit que
fa plus grande largeur , à la prendre à Vadi , Turin ,
Côme , Vérone , Vicenze , Oderzo , Aqu;!ée, Triefte ,
Se Pola, jufqua l'Arza,eft de dcciii milles. Cluvier,
ltal. Antiq. I. 1 , a très-bien averti que les exemplaires
varient furie chiffre ; les uns portent DCCXIII ; d'autres
D€CXLII , Se quelques-uns DCCXLV. Ceft à ce dernier
nombre que le P. Hardouin s'eft détermin.:. En fuivant
les fommets des Alpes qui bornent l'Italie dans la plus
grande largeur, on trouvera DCCC milles , dit Cluvier,
qui à une grande érudition , joignoit l'avantage d'avoir
vu Se parcouru l'Italie. Le même Pline, A3, c. 5 dit, fa,
largeur eft différente. Si on la prend entre les deux me'.s
( l'avoir la mer Adriatique ) Se les rivières le Var Se
l'Arfia , elle eft de ccccx , milles. Vers le milieu ,
c'eft-à-dire, vers la ville de Rome, depuis l'embouchure
du Tibre , elle eft de cxxxvi. Il y a , dit-il , un peu
moins de Caftrum Novum , fur la mer Adriatique , à Al-
fium qui eft fur la mer de Tofcane. C'eft apparemment
de-là que Rutilius dit que fa largeur eft de cent trenta
mille pas.
ÏTÀ
jpo
Qua ia'men eft juncli maris auguftiffima lillus ,
Triginta & centum millia fola patet.
Clavier, fuppofant que les milles "des anciens étoient les
milles d'aujourd'hui , dont foixante font un degré , &
font par conséquent d'un cinquième plus grands que
ceux des anciens , s'eft donné bien de la peine pour ra-
jufter les prétendues fautes de calcul qu'il trouvoit dans
Pline ; mais De l'Isle a très - bien prouvé que le cal-
cul de Pline eftjufte.^
L'Italie n'a pas toujours eu tes mêmes bornes. Aupa-
ravant que les Romains euffent pouffé leurs conquêtes
jufqu'aux Alpes , on nommoit Gaule Cifalpine tout Ce
qui eft entre ces montagnes , l'Ame & l'jes : il y a même
apparence que le mot Italie , ne fignifioit d'abord qu'un
canton particulier vers le centre de la presqu'ifle. Quel-
ques-uns le dérivent d'un certain Italus, perfonnage fabu-
leux. Le docr.e Bochart croit en avoir trouvé la véritable
origine, & le fait venir de la langue Phcenicienne ; fé-
lon lui, c'étoit, en premier lieu, le nom de cette extrémité
qui eft entre les golfes de Squillaci & de Sainte - Euphe-
mie , & de là vers la Sicile. Je ne rapporterai point ici
l'érudition grammaticale qu'il prodigue fur la poix que
l'on recueilloit dans cette contrée , Se dé laquelle il dé-
rive le nom d' 'Italie. On peut voir ces remarques dans
ib'n livre. Elles m'ont paru plus fubtiles que folides.
Ce que j'ai dit du mot Italie , fe petit dire de la plu-
part des autres noms qu'on a donnés à ce pays. Les plus
considérables font rapportés par Servius , qui expliquant
ce vers de Virgile :
Stepiàs & n&mtn pofuit Saturnià ttttus.
qui lignifie que l'Italie a fouvent changé de nom , ajouté
qu'elle a été appellée Hefvérie , Aufonie , Saturnie ,
V"italie. Le Scholiafte de Lycophron parlant d'Enée ,
«fît : il vint de Macédoine en Italie qu'on appelloit au-
paravant Argeffa , ensuite Saturnià; ensuite à caufe d'un
certain Auforte , Aufonie ; & après , du nom d'Italus
Italie. Ce nom & Argeffa eft fuTpeft à Cluvier , Ital.
Ant. 1. 1 , e. I ; & il s étonne qu'liaac foit le feul qui l'ait
trouvé. Macrobe , Saturnal. I. i , c. 7, fait mention
d'un ceftain Camefe qui régna conjointement avec Ja-
nus , & dit que leur puiffance étoit fi partagée , que le
pays en prit le nom de Cameftne , & la ville celui de Ja-
niculum. D ajoute que Janus refta feul fouverain ;
qu'ayant reçu Saturne qui abordoit avec une flotte , &t
ayant appris de lui l'art de cultiver la terre , il l'en ré-
compenfa en l'affociant à la fouveraineté. Voilà en même
tems l'origine du nom de Saturnie. On voit affez , que
ni Janus ni Saturne ne régnèrent fur l'Italie entière ,
telle que nous la connoiffons , mais fur une partie aux
environs du Tibre. On peut voir , dans le premier livre
des Antiquités de Denis d'Halicarnaffe, ce qui a pu don-
ner lieu à la créance du peuple qui établiffoit le régne de
Saturne en Italie. On dérive le nom de Latium que
porta la contrée , qui lui fervit , dit-on , de retraite , du
verbe lateo , fe cacher. Denis d'Halicarnaffe rapporte
l'arrivée de divers peuples en Italie , fur-tout des Grecs.
Cette nation avoit envoyé quantité de colonies dans
l'Afie mineure; & les villes qu'elle y forma, envoyèrent
à leur tour des colonies en Italie, & même jufques dans
ÏTÀ
les Gaules. Mais pour me borner ici à ce qui regarde
l'Italie , les Grecs rirent tant de defeentes & d'étabiifle-
mens dans ce pays , que la partie méridionale en prit le
nom de grandi Gréa Et Pline fe fert de ce nom , pour
faire voir l'avantage de l'Italie fur la Grèce , puisqu'une
portion de l'Italie avoit paru affez confidérable pour être
appellée la grande Grèce , au préjudice de la Grèce pro-
prement dite.
Les noms <¥ Aufonie, de Tkyrrénie & àfÈnotrie r!e
lignifient originairement que des contrées particulières ;
comme je l'explique à chacun de ces articles. Le nom
d'HESPERlE lui fut donné par les Grecs , à caufe de fa
Situation occidentale à leur ég3rd , & eft tiré du nom
qu'ils donnoient à l'étoile du foir. Les Latins donnèrent
auffi le nom SHefpérie à l'Efpagne , pour la même rai-
fon.
Ce pays changea fouvent d'état & de divifions. Notis
raffemblerôns feulement lés plus importantes dont les
hiftoriens de Rome ayent fait mention.
La première divifion regarde les anciennes nations qui
peuplèrent l'Italie ; il y en avoit de deux fortes : les unes
fe difoient hv ' y^an , Indigena , mots qui fignifient les
naturels d'un pays , ceux dont on ignore le premier éta-
bliffement. Les autres étoient des étrangers , qui, attirés
par la bonté de la terre, de l'air & des eaux, vinrent
s'établir en Italie. Le peuple Umbri paffoit pour le plus
ancien, de tous. Les Sicu/es étoient auffi d'entre ces arii
ciennes nations. Les Œnotriens qui fe qualifioient Abo-
rigènes ; les chafferent de la Sabine Se du Latium ; & en-
fuite les Aufones , ou les Sabins les ayant pouffes au bas
dé l'Italie , les forcèrent de paffer dans' l'ifle à laquelle
ils donnèrent leur nom qui eft reconnoiflâble en celui
de Sicile. Les Euganéens étoient auffi d'anciens habitans
de l'Italie, mais leur pays fut envahi , partie par les Ve-
netes, partie parles Carnés. Les autres étoient appelles
Opici , Osci , Aufones Sr. Sabini ; ck ce furent leurs des-
cendans qui occupèrent presque tout le midi de l'Italie.
*Florusi 1. 1, c- 13 ; & Plin. 1. 13 , c. 14.
Lès étrangers étoient ou Afiatiques , ou Arcadiens,
ou Celtes. Les Etrusques étoient venus d'Afie , & plus
particulièrement de la Lydie , comme nous l'enfeignent
tous lès anciens qui en ont parlé, excepté le feul De-
nis d'Halicarnaffe. Quelques-uns ont cru , & le P. Briet
eft de ce nombre , que les Vénetes vinrent de la Troade
& de la Paphlagonie, fous la conduite cFAntenor. Qu'An-
tenor ait amené des hommes de ce pays , à la bonne
heure ; mais je fuis perfuadé que les Vénetes venoient
des Gaules ; mais pourfuivons. De Grèce & d'Arcadie
vinrent les Pelasges , les Œnotriens , les Japyges , ou
Peucétiens , ou Apuliens. Les Rhetes étoient un déta-
chement des Etrusques, qui , chaffés de leur territoire,
fe retirèrent dans les Alpes. Les Œnotriens , qui fe nom-
mèrent ensuite Aborigènes , eurent pour descendans les
Latins, dont les Rutules faifoient partie. Les Volsques
fortoient peut-être auffi des Œnotriens ; ou, pour mieux;
dire on ne fait d'où ils étoient venus. Mais il vaut mieux
renvoyer ces détails à leurs articles particuliers. Voici
une table qui montre d'un coup d'œil ces anciens peu-
ples, leur origine & leurs rapports. On y trouve les Vé->
netes au nombre des Afiatiques ; mais il faut entendre
par ces Vénetes, non le peuple nommé ainfi, mais les
anciens habitans du pays que les Vénetes , peuple venu
des Gaules, fournit ensuite, Stappella de fon nom.
PREMIERE DIVISION DE L'ITALIE.
TABLE DES PREMIERS PEUPLES DE L'ITALIE.
* ffilllToo^} Les Vénetes conduits par Anteno,
'Asiatiques.)
Les plus anciens'
Etrangers.
(DelaLYDiEJ^ETRUS-
Grecs , ou{
Les Œnotriens, qui s'ap
pellerent Aborigènes.
Les Etrusques propres , entre le
Tibre & l'Ame.
Les Rhetes vers les Alpes.
Les Latins , dont les Rutules
faifoient partie,
peut-être les VOLSQUES, dont
on ignore l'origine.
F
ITA
ÏTÀ
S9i
îiabitans de l'I-
talie étoient ou
Celtes.
. Les Peucetiens , nommés \ Les Dauniens.
Japyges par les Grecs, &<Les Peucetiens.
Apuliens par les Latins. 'Les Mess apiens,
\Les PelASGUES , qui fe joignirent aux (Enotriens & sus 5'abins»
(Les Liguriens, peuple Celtique répandu jusqu'au Rhône.
Les Carnes , peuple Celtique , qui vainquit les Euganéens,
( fLesLlBIQUES,leslNSUBRIE\S.
. . I Au-delà du Pô. <Les L^eves, les Orobiens.
Les Gaulois] (Les Genomans.
ouGalates. î
■Les Lingons, lesSENONOis.
Italiens naturels.
fies OMBRIENS , le plus ancien peuple d'Italie.
Les SlCULES , chaffés par les Aufones , & pouffes dans la Sicile.
Les Euganéens , envahis par les Vénères & les Carnes.
(Les. PlCENTES , dont faifoient partie lés
Picentins , peuple transplanté de la mer
Adriatique à la mer de Toscane.
Les Frentani,
Les Marrucins,
Les Pelignes,
Les Vestins,
Les Marses,
Les jEques ou jEquicolas
T „ r Les SABTNS,
Les„°PICÎENS'iqui s'appellerent
ou Osques , oa{\vVvgif &
Aufones.
(leurs descendant
(Les Hirpins.
Les Samnites,] LesLucA-f T
d'où fortoiènt JNIENS, d'où) .r""
éto.ent venus <.TIENS<
l Lès Campaniens.
SECONDE DIVISION DE L' ITALIE.
On peut commodément divifer l'ancienne Italie , en celle-là ; la Grande Grèce qui eft au midi des deux
quatre grandes parties. La Gaule Cisalpine , qui eft premières, & les isles. En voici une table qui eft du
ail nord; l'IxALlE proprement dite, qui eft au midi de P. Briet.
GaULE (TrANSPADANE au-delà du Pô , capitale Milan.
CiSAL- | CiSPADÀNE au-deçà du Pô , capitale Bologne.
PINE, |LaLiGURlE, capitale Gènes.
qui fe | VÉNETIE , capitale Padoùe.
divife en ^Partie de la Rhétie , capitale Trente.
f Dans fa partie
Septentrionale.
L'ancienne
Italie com-
çrenoit
Dans le Conti-
nent,
Dans fa partie
Méridionale.
Là Toscane partagée en douze peuples 6c autant de villes.'
L'OMBRIE; villes, Spoltte , Rimini.
La Sabine; villes, Cures , JUeti.
vLe Latium ; Rome , capitale de l'univers.
Le Samnium où étoient divers peuples t les Piceni, les Samni-
tes , les Marses , &c.
La CAMPANIE, ville Capoue.
!' Daunienne ; ville, Si*
ponte.
Peucètienne ; ville t
Canujie.
(Les. Calabrois; ville;
MeS-J Brindes.
> !-v JLesSALENîiNS; ville,
t Tarente.
La Gran-
deGréce,
S
La
ISAPIE
L'CEnotrie,
Î'LesLucANiENS; villes,
Pa/le, Sybaris.
Les Brutiens ; villes j
Rhegio t Hipponium.
' Les grandes
ifles.
Autour du con-
finent.
)La
(La
La Sicile.
Corse.
SaRDAIGNËS
f d'ELBE ,
jde PONTIÀ,
Jd'ISCHIA,
Lespatités iflesi de Caprées ,r
de Tremiti,
de Lipari,
de Favagnanaj
l& de Malte.
1TA
ITA
Jp2
L'ifle de Malte eft préfentement cenfée de l'Airique, leur terminaifon latine ; c'eft proprement un tableau de
& non de l'Italie. l'Italie , telle qu'elle étoit durant la république Romaine ,
Voici cette même divifîon mife dans un, plus grand & avant Augufte.^ Il faut bien observer que les mots
jour , & dans un détail plus inftruftit par le même géo- au-âeqà &c au-delà, doivent s'entendre par rapport à 1*
graphe. Mais nous raillerons les noms des peuples avec ville dé Rome.
TROISIEME DIVISION DE L' ITALIE.
Divifion de L'ITALIE SEPTENTRIONALE.
fLa Venetie(Istri; Polo. , Pola.
< où étoient les<CARNi; Aquileïa , Aquilée.
(peuples (Veneti ; Patavïum , Padoue.
YPartie des Rheî es , Tridentum , Trente;
fCiENOMANi; Crémone &c Mantoué.
EUGANEI ; Tusculanum , Tuscuiano.
InSUBRES; Mediolanum , Milan.
OROBIl; Bergomon , Bergame.
La Gaulé au- Lepontii; Oscela, Domo d'Oscella.
La Gaule delà du Pô. \ Salassi ; Augujla Prœtoria. , Aofte.
Transalpine ILibicii; Vtrcàlœ, Verceil.
à la LjEVI ; Ticinum , Pavie.
ITaURINI, Augujla Taurinorum, Turin*
{.Segusini; Segufio, Suze.
par rapport
Gaule propre ;
ClSALPÏNE,par
rapport aux Ro-
mains.
La Gaule
d'en-deçàlePô
ANAM ni ; Placentia , Plaifance.
Bon; Mutina, Modene.
Lingones; Forum Cornelii , Imola.
Senones; Ravenna, Ravenne.
t t ,-,7 JCAPILLATI; Genua, Gènes.
I La LIGURIHMontani; Dertona, Tortone,
(Au-delà de l'Arne Apuani Pisa, Pife.
La Toscane] ri Volateran
*u I'Etrurie \ Au-deçà de l'Ar-U Vetulonii.
J ne douze peuples.) 3 Russelanij
^ *4 Tarquinii,
(Villumbri qui étoient au-delà de l'Apennin ; leur ville Ariminium , Rimini.
LOmbrie. -sOlumbri, qui étoient en-deçà de l'Apennin; leur ville Spoktium, Spoktte.
<y CjERETANIj
6 Veïentes,
7 Volsinii,
8 Falisci,
9 Clusini,
io Aretini,
11 CORTONENSES^
12 Perusini.
=•{
Au-deçà du Velino , Cures.
Au-delà de cette rivière; Reate,
Rieti.
Latini; Rome.
Rutili ; Ardea , Ardea.
aEQUlCOLl ; Algidum, qui ne fubfifte plus;
Hernici; Anagnia, Anagni.
Volsci; Antium, ville ruinée.
Aurunci; Caïeta, Caïete.
Divifim de L'ITALIE MERIDIONALE
(Le PiCENUM proprement dit ; Ancona, Ancone.
Picentes)
nommés auffi) ( Ager PALMENSIS; Asculum P,
Pitini. (_LePicenumajoûté.<AGER Pr.etutius; Ca~
(Ager Hadrianus; 1
Le SAMNIUM.^ Vestini; Amiternum, ville ruinée.
Marrucini; Teatea , GMéti:
Fretani; Ortona, Ortona.
Peligni; Corjznium, ville ruinée.
Marsi; Marrubium, Mornea ou Marno.
Les Samnites propres; Beneventumj Bérievent;
JHirpini, Abellinum; Avellino.
i,ri»<Tiiv.r ÇCampani; Capua, Capoue.
La campanie. |Picentin; . /aUr;um /SalernS(
Ascoli.
Novum, FlaviSio.
Adria, Atri.
1TA
ITÀ
La grande.
Grèce,
La POUIIXE
(LaPouiLLE proprement CD AUNIENNE; Slpontum, Siponto.;.
] dite (_Peucetienne ; Canufium , Canofa,
S91
iLaMESSAPIE.
CCALABRi; Brundufium, Brindes.
^Salentini; Tarentum.» Tarente.
L'Œnotrie.
1 En-deçà de l'Appennin,)
où étoient les Vosivo-sPaJlum ou Pqfidonium , ville ruinée;
NIATES., )
Au-delà de l'Appennin,}
où étoient les Sybari-^Sybaris, ville ruinée.
TES, )
/Hipponienses ; ifc/yo/z/wî, aujourd'hui Monte=
(En-deçà de l'Appennin J Leone.
(Rhegini; Rkegium , Reggio.
. 1 11 , i,a • ÇCrotoniat^e; Crotona, Cortona.
Au-delà de l'APPennin,|LocRI. LocH' Gieiazz0[
J'ai dit que cette divifîon eft vicieufe ; & cela faute
aux yeux, dès qu'on l'examine fur une carte bien faite,
comme l'Italie ancienne de De l'Ifle ; car alors on voit
que le Picenum , qui eft , félon le P. Briet, de l'Italie mé-
ridionale , eft pourtant au nord des peuples Hernici ,
Volfci , &c. qui font de la feptentrionale. Mais fans tou-
cher à fa diftribution , il n'y a qu'à changer les noms ,
& appeller Italie occidentale ce qu'il nomme feptentrio-
nale ; fk orientale ce qui eft félon lui , l'Italie méridio-
nale. Alors tout fe trouve jufte. Il eft vrai que Flftrie ,
qui eft préfentement de l'Italie, fe trouvera aufli orien-
tale que le Picenum ; mais il n'eft point queftion d'elle
dans l'ancienne Italie dont il s'agit ici , puisqu'elle ne fut
cbnquife par les Romains que long-temps après. Je ne
m'arrêterai guères ici à la Gaule Ci/alpine , ni à la grande
Grèce, qu'on peut voir aux mots Gaule & Grèce. Je ne
parlerai point non plus des autres peuples que je traite à
leurs articles particuliers , aufli - bien que Y Apennin &
les Alpes. Je paffe aux autres divifions de l'Italie , né-
ceffaires pour l'intelligence de l'hiftoire.
Nous commencerons par la divifîon d'Augufte, que
Pline a fuivie. Cet empereur partagea l'Italie en onze
régions ou provinces.
QUATRIÈME DIVISION DE L'ITALIE
SOUS AUGUSTE.
La I. comprenoit le Latium ancien & le nouveau, avec
toute la Campanie , où étoient Rome & Capoue ,
comme capitales. Cela repond à la Campagne de Rome
& à la plus grande partie de la terre de Labour.
La II. partie comprenoit les Picentins , tranfportés du
Picenum dans une partie de la Campanie, & les Hir-
pins , parens des Samnites. Cela répond à une partie de
la principauté citérieure où eft Salerne , & à toute la
principauté ultérieure.
_ La III. comprenoit les Apuliens , Dauniens , Peuce-
liens & Meffapiens ; les Salenlins, & les Calabrois ; les
Lucaniens , &c les Brutiens. Tout cela fait une partie de
la principauté citérieure : une partie de la Capitanate *
les terres d'Otrante & de Barri , la Bafilicate , la haute ck
baffe Calabre.
La IV. comprenoit les peuples Frentani, Màrrucini ,
Peligni , Marji , Vefiini , Samnites & Sabini , qui oc-
cupoient une grande partie de l'Abbruzze ultérieure ,
toute la citérieure , une partie la Capitanate , le comté
de Moliffe , quelque peu de la terre de Labour , une
partie du duché de Spolete & la Sabine.
La V. comprenoit le Picenum ou étoit le peuple Pi-
cent es, duquel a voient été tirés les Picentins dont on a
parlé ci-deffus. Ils s'étendoient depuis la rivière d'jEfis ,
aujourd'hui l'Itiefi , jufqu'à la rivière Mairinus , au-
jourd'hui la Piomba : cela fait la plus grande partie delà
Marche d'Ancone &une partie de l'Abbruzze ultérieure.
La VI. comprenoit l'ancienne Ombrie, qui répond à
une partie de la Marche d'Ancone , à une partie de la
Romagne Florentine , au duché d'Urbin , à une partie
*lu territoire de Perufe , au comté de Citta-Caftellana ,
& à la plus grande partie du duché de Spolette.
La VII. comprenoit YEtrurie où étoient les Toscans &£
les Etrusques.Leur pays eft à préfent l'état du grand duc
de Tofcane , l'état de la republique de Luques , partie de
la Carfagnane, quelque peu de l'état de Gènes, l'état de
Maffa &ç de Carrera , le duché de Caftro , le patrimoine
de S. Pierre , le comté de Ronciglione , partie du terri-
toire de Perufe & tout celui d'Orviette.
La VIII. comprenoit la Gaule Cifpadane , c'eft-à-dire
la Gaule en-deçà du Pô , où font préfentement les états
des ducs de Parme & de Modene, partie du Mantouan,
le duché de la Mirandole , &c ; le Bolognèfe ; partie du
Ferrarois ; une bonne partie de la Romagne , & la meil-
leure partie de la Romagne Florentine. ■
La IX. comprenoit la Ligurie ; c'eft aujourd'hui la
côte de Gènes ; une partie du Piémont ; le marquifat de
Saluces; le comté de Nice ; la plus grande partie du Mont-
ferrat ; la partie du duché de Milan qui eft au-delà du Pô.
La X. comprenoit la Vénétie où étoient les peuples
Ventti , Garni , IJlri , Japydes. C'eft préfentement toute
l'Iftrie (&c peut-être y faut-il joindre partie de la Croa-
tie & de la Carniole ; ) le Frioul , le Bellunefe, le Cado-
rin , une partie du Trentin , le Vicentin , la Marche
Trévifane , une partie du Véronois, le Dogat, la Polé-
fine de Rovigo , & la plus grande partie du Ferrarois.
La XI. enfin comprenoit la Gaule Tranfpadane , c'eû-
à-dire d'au-delà le Pô ; ce qui renferme maintenant une
partie du Véronois , la plus grande partie du Manrouan,
le Breflan , le Cremoneze , une partie du Trentin ; le
Bergafnafque , la Valteline ; le Cremasque , tout le du-
ché de Milan en-deçà du Pô ; les fujets des Suiffes en
Italie ; la feigneurie de Verceil , quelque peu du Mont-
ferrat , partie du Piémont : le Val d'Àofte & quelques
lifieres du Dauphiné.
On voit que le P. Briet étend l'Italie fous Augufte, jus-
qu'à la Liburnie , & y comprend les Japydes en leur en-
tier ; mais il eft de bonne composition là-deffus , & il
avertit que fi on veut terminer l'Italie au fleuve Arfia, il
n'y apportera aucun obftacle.
Cinquième division de l'Italie
SOUS TIBERE.
Strabon qui vit la fin d'Augufte & prefque tcut le
règne de Tibère , ne fait que huit parts de l'Italiei
La Vénétie, Le Picenum,
La Toscane, La Campanie,
La Ligurie, ' La Pouille.
Rome ou le Ldtium , La Lucanie.
Il femble qu'il en retranche une grande partie de la
Gaule Cifalpine. Les Samnites font Ou omis , ou rangés
fous le Picenum.
SIXIÈME DIVISION DE L'ITALIE
SOUS TRAJAN.
L'empereur Trajan fit une nouvelle divifion despro-
Ta/ne 11!. Ffff
594-
ITA
ITA
vinces de l'Empire. Il partagea l'Italie en deux efpeces
de diocéfes. La première contenoit les provinces lubur-
bicaires depuis le Picenum que les anciennes* Notices
appellent Picenum J'uburbicarium , julqu'à la Sicile qui
devint elle-même fuburbicaire , ou , comme parle Sextùs
Rufus , fuburbana. Cùm jam Sicilia juburbana effet
populi Romani Provincia. J'explique au motSuBURBI-
CARIUS en quel fens ce mot fe prenoit. La féconde
partie comprenoit les provinces au-delà & au-deçà du
Pô , avec les provinces adjacentes qui s'étendent depuis
les Alpes jusqu'aux montagnes de l'Apennin , favoir la
Ligurie, ['./Emilie, les Alpes Cottiennes , les deux Rhé-
ties, la Vénétie & l'iftne. Nous ne mettrons point ici
la table des provinces, telles qu'elles furent réglées alors ,
au nombre de dix-lépt, parce que c'eft presque la même
que celle de Conftantin , dont je parlerai ci-après.
SEPTIÈME DIVISION DE L'ITALIE
SELON PTOLOMÉE.
Ptolomée , contemporain de Trajan, divife l'Italie en-
tre quarante-cinq peuples qui font , félon lui ,
V. Le Samnium
fous
dent,
préfi-C3?™'
r I Sulmo, Se
ville détruite;
rmoneta.
Maflîlienfes ,
Vediontii,
Suûrii ,
Nerufii,
\ Segufiani ,
Caturiges,
Lepontini ,
Centrones ,
Becuni ,
ÎO Salaflï,
Infubres ,
Libiei,
Cenomani,
Veneti,
15 Carni,
Iftri ,
Galli-Boii,
Incola; Gallia; Togatee,
Semnones,
20 Taurini,
Ligures ,
Thusci,
Umbri ,
HUITIÈME DIVISION DE L'ITALIE
SOUS CONSTANTIN.
L'empereur Conftantin ayant fait quelques change-
mens dans la répartition des provinces de l'Empire , le
divifa en trois diocéfes ou parties , dont la principale
étoit l'Italie. Il la fournit à deux vicaires , dont l'un
avoit la qualité de vicaire de Rome , (k l'autre celle de
vicaire d'Italie. Du refte il n'y changea rien. Voici com-
ment les Notices repréfentent l'Italie.
DIX PROVINCES
Sous le vicaire de Rome,
Sabini ,
25 Latini,
jEquiculi ,
Marfi,
Praetutii ,
• Piceni ,
30 Veftini,
Marrucini,
Peligni ,
Caraceni,
Samnites,
35 Ferentani,
Campani,
Picentini j
Hirpini,
Lucani,
40 Brutii,
Incolas magna; Gracia;,
Salentini ,
Calabri,
Apuli Peucetii,
45 Apuli Daunii.
I. Le Latium ck CRoma, Rome,
la CAMPAmE,-<Capua , Capoue.
fous un conful. (Neapolis , Naples.
(Florentia , Florence,
ÎI. La TOSCANEI Sena, Sienne.
& I'Ombrie ,1 Pifœ, Pile,
fous un conlul. ] Spoktum , Spolete.
{Narnia, Narni.
ai.
' Anco
Ancone.
Le Picenum \ Asculum Ascoli.
fuburblca.re ^ 'f
fous un conful. lAnxlm^m 0smo„
IV. La Valérie
fous
dent.
préfi
j détruit
\Tibur, Tivoli.
^Tuiculum, Frascati.
} Amiternum,
VI. LaPouiLLE &crSiponium, Siponto.
la Calabre )Canufium , Canofa.
fous un correc-) Brundujium , Brmdes.
teur. ' Taremum , Tarento.
VII. LaLucANiE &r,. „ ..
les Brutiens)^™-' T°rre dl
fous un correc-) ni£-
fP„r {Rntgi
Confenza.
1 , Reggio.
VIII.
La Sicile fous \Syracufte, Syracufe.
un préfident. '^Mejjana , Meffine.
IX,
LàSARDAIGNET
fous un préfi-j
dent. *-
Calaris , Cagliari.
Olbia, détruite.
X. La CORSE fous \ Mariana Colonia, ~) ,, . ,
un préfident. (Aleria Colonia , J imites.
VIL PROVINCES
Sous le vicaire de l'Italie.
t t -ir- ■ ,,. r Patavium, Padoue.
Ii La Venetie tk( . ■ ■ ■ '» ,.
■ ns™«fo»sun te'T^eftï6'
conful. ^J^ p'ola<
II. L'EMILIE fous (Placentia, Plaifance.
un conful. \Mutina, Modene.
III. LaFLAMINIE&C,,, t,
le Picenum \^enna, Ravenne.
Annonaire fous} f O72072/f ,.' Bologne,
un conful; {StnogaUia, Senigaglia.
IV. La Ligurie , f
(Quelques-uns y
ajoû'ent laTos-J Mediolanum, Milan, alors capi-
CANE & 1 Om-| taie de la Ligurie.
BRIE Annonai- \Cremona, Crémone.
res) fous un con- 1
fui. (.
V. LesALPEsCoT- (Segufio, Sufe.
tiennes fous < Comum , Côme.
un préfident. ( Tridentum , Trente,'
VI. La première (Curia, Coire.
Rhétie fous < Verona , Vérone.
un préfident. {Brigantium , Bregentz.'
pré-} AuZuPa Vl
(__ bourg.
"indelicorum , Augs-
VII. LafecondeRHÉ
TIE foUS
fident.
Les latins appelloient Annona les provisions de grains;
que l'on faifoit à Rome , & ailleurs , pour les befoins
journaliers de la multitude presque innombrable de fes
habitans. La qualité de préfet de l'annone étoit une
charge très-importante. Les provinces , qui étoient très-
fertiles en grains, en fournifloient à la capitale : cela eft
certain du Picenum. On le diftinguoit en deux parties;
celle qui étoit fous le vicaire de Rome , étoit nommée
fuburbicaire ; celle qui étoit fous le vicaire d'Italie , étoit
appellée annonaire , à caufe de la deftination de {es
grains. t
II faut auffi remarquer que ce vicariat d'Italie afFecla
plus particulièrement aux pays qui en dépendoient , le
nom d'Italie, qu'on leur donna par oppofition aux autres
provinces qui étoient du vicariat delà ville; ce que ligni-
fie leur nom de fuburbicaires. Ainfi il eft aifé d'enten-
dre ce que veut dire le concile de Sardique , dans fa Lettre
à l'églife d'Alexandrie , confervée dans les Œuvres de
faint Athanafe. On y lit que ce concile fut affemblé de
Rome, d'Italie, de la Campanie, de la Calabre , de la
ÎTÀ
1TA
Pouille. Et faint Athanafe lui-même, dans fa Lettre aux
folitaires , y ajoute les Brutiens. Rome eft nommée là
pour une province entière , dont les évêques avoient
affifté à ce concile, auffi- bien que les députés du faint
iîége. Et {'Italie pour tout le vicariat d'Italie , duquel
étoient Protais de Milan , Severe de Ravenne , Lucille de
Vérone; & l'Italie y eft très bien diftingaée de la Cam-
panie, & des autres provinces fuburbicaires , qui n'é-
toient pas du vicariat d'Italie. C'eft auffi dans ce fens
qu'il faut entendre ce nom à' Italie , dont fe fert Symma-
que dans la cent vingt-unième Lettre du feptiéme Livre.
C'eft auffi ce qui a déterminé à donner long-rems après
le nom du royaume d'Italie à cette partie feulement.
J'ai marqué fous les titres Exarchat , Lombardie
& Naples , de quelle manière, après la chute de l'Em-
pire d'Occident , celui d'Orient, trop foible pour réfifter
à des ennemis qui l'accabloient de toutes parts , perdit
ce qu'il avoit encore confervé de l'Italie , où il fe forma
quantité de republiques , & de petites fouverainetés par-
ticulières.
NEUVIÈME DIVISION DE L'ITALIE
SELON PAUL-DIACRE.
Paul Varnefrid ,hiftorien , qui écrit fous la domination
des Lombards , partage l'Italie entière en dix-huit pro-
vinces , qu'il nomme
S9S
I.
LaVENETiE avec Yljîrie & le FrlouL
IL
La Ligurie.
III.
La RhÉtie première.
IV.
La Rhétie féconde.
V.
Les Alpes Cottiennes ,
VI.
Là Toscane avec YAurélie & partie de VOm-
brie.
VII.
La Campanie.
VIII.
La Lucanie avec la Brune.
IX.
Les Alpes Apennines.
X.
L'jEmilie.
XL
La Flaminie.
XII.
Le PlCENUM.
XIII.
La Valérie, avec la Nurjle &c le pays des
Marses. •
XIV.
Le Samnium.
XV.
La Pouille, avec la Calabre tk la Salendnt.
XVI.
La Sicile.
XVII.
La Corse.
XVIII
. La Sardaigne.
Il y a encore d'autres divifîons de l'Italie , qui ne font
plus à préfent d'aucun ufage que pour l'hiftoire. Telle
eft celle de l'empereur Juftinien , employée dans le
Code , recueillie par Volaterran &c par le P. Briet.
DIXIÈME DIVISION DE L'ITALIE,
SELON LE CODE.
î. La Marche Trévisane ou la Vénétie*
IL LIstrie avec le Frioul.
III. La Lombardie ou Gaule au-delà du Pô.
IV. La Ligurie.
V. La Romandiole ou la Gaule d'en-deçàle Pô»
VI. Le DUCHÉ DE Spolete, qui eft l'Ornbrie.
VIL L'Abbruzze, qui eft le Samnium.
VIII. La Campagne de Rome , qui eft le Latium.
IX. La terre de Labour , qui eft la Campanie
propre.
X. La Calabre , qui eft la Lucanie.
XI. La Pouille.
XII. La terre d'Otrante , qui eft le pays des Sa-
lentins.
ONZIÈME DIVISION DE L'ITALIE,
SELON FLAVIUS BLONDUS.
Flavius Blondus diftinuge dix -huit provinces , qu'il
nomme ainfi en latin.
I. Liguria.
II. Etruria.
III. LATINA , ou la Campagne vers la mer.
IV. Umbria , qui eft le duché de Spolette.
V. Picenum, qui eft la Marche d'Ancone,
VI. Romandiola, autrefois la Flaminie.
VIL jEmilia.
VIII. Gallia Cisalpîna , ou la Lombardie,
IX. Venetia.
X. Itali a Transpad ana, où eft la marche Tré=
vifane , ou d'Aquilée , ou du Frioul.
XI. Istria.
XII. Samnium.
XIII. Terra Laboris, qui eft l'ancienne Campanie,
XIV. Lucania.
XV. Apulia.
XVI. Salentini , ou la terre d'Otrante.
XVII. Calabria.
XVIII. Brutii.
Léandre Alberti , religieux Dominicain , qui a écrit
une ample &C riche defcnption de toute l'Italie , la divife
en dix-neuf provinces , dont il explique ainfi les noms
latins.
DOUZIÈME DIVISION DE L'ITALIE,
SELON LÉANDRE.
I. LlGURIA , la côte de Gènes.
II. Etruria, la Toscane.
III. Umbria, le duché de Spolete.
IV. LATIUM , U campagne de Rome.
V. Campania Félix , la terre de Labour.
VI. Lucania , la Bafilicate.
VII. Brutii , la bajje Calabre.
VIII. Magna Grxcia, la haute Calabre.
IX. Salentini, la terre d'Otrante.
X. Apulia Peucétia, la terre de Barri.
XI. Apulia Dauni a , les plaints de la. Pouille.
XII. Samnotes, l'Abbru^e.
XIII. PlCENUM , la Marche d'Ancone.
XIV. FLAMINIA, la Romandiole.
XV. jEmiLIA, la Lombardie d'en-deçà le PS.
XVI. Gallia TRANSPADANA, la Lomiardic d'au-
delà le Pô.
XVII. Venetia , la Marche Trévifane.
XVIII. Forum-Julii, Patria; c'eft le Frioul.
XIX. Istria.
Ceux qui ont-examiné attentivement les rapports que le
P. Briet met entre les anciens ck les nouveaux noms que
portent les provinces d'Italie dans les hiftoriens , tels que
ces rapports font marqués dans la troifiéme divifion ,
n'ont pas befoin d'être avertis qu'il ne faut pas prendre à
la rigueur les explications de Léandre. On fe tromperait
fort , fi l'on croyoit que le Picenum , par exemple, étoit
renfermé dans les mêmes bornes que la Marche d'Ancone
d'aujourd'hui. Si la grande Grèce n'avoit contenu que la
haute Calabre , elle n'auroit pas mérité le nom de grande,
puisqu'elle auroit été bien plus petite que la Grèce propre;
au lieu qu'elle étoit véritablement plus grande, comme
De rifle l'a prouvé invinciblement dans fa Juftirication
de la mefure des anciens. * Mémoires de l'académie
royale des fchr.ces , année 1714.
A toutes ces divifions j'ajouterai celle de MM. Sanfon,
qui repréfente l'Italie telle qu'elle étoit avant la révolution
d'Etpagne. Elle eft précieufe, en ce qu'elle peut fervir
pour entendre tous les hiftoriens du dernier fiécle , qui
ne l'ont pas connue autrement. Mais comme les der-
nières guerres , & les traités qui les ont terminées , y
ont apporté des changemens allez confidérables , je
marquerai pat des aftérisques les provinces ou états dont
la difpofition n'eft plus la même , & j'y joindrai les re-
marques néceflaires pour expliquer ces changemens^
Avec ces remarques, cette table fera plus utile que fi je
l'avois rajeunie , comme il étoit très-facile de le faire ;
car elle montrera l'Italie telle qu'elle éroît & telle qu'elle
eft préfentement.
J'efpere que l'on me pardonnera d'avoir rétabli l'or-
thographe de quelques noms qui étoient écrits d'une ma-
nière éloignée de l'ufage préfent. Peut-être auffi trou-
vera-t-on que j'ai ule trop fobrement de cette per-
miflion,
Tome III. Ffffij
J9<S
ITA
ÏTA
Vivifions géographiques des principaux états
nui combofent L'ITALIE.
DIVISION GÉNÉRALE.
(■Les états de {L'Eglise.
/LeR. deNAPLES*.
Les états du roi) Le R. de Sicile*.
CATHOLIQUE, )LeR.deSARDAIGNE*.
*-Le duché de Milan*»
Les états de la:
Les états du duc ("Savoie
DE SAVOYE, %
Les états du
grand duc de
Piémont.
Toscane*.
Les états de la Ç Gènes.
république de (L'ifle de Corse,
Les états du duc C Mantoue*.
DeMantoue, {Montferrat*
L'Italie ,
comprend^ Les états du duc ^Modene.
™> Modene, ?.Regge.
L'Orvié-
tan.
Orviétô.
Aquapendente.'
~nano.
Dans les
terres.
(Perugia.
Le Peru- jFratta.
SIN. (Câftiglione.
îCampignano.
C Parme*.
jPlailana
Les états du duc
de Parme,
Les états duduccM(T
de Massa, ^Ma"a■
Les états du ducç
DE LA MlRANDOLE, i
Mirandole;
'£ Trente.
Les états de la:t
RÉPUBLIQUE HJS. ^LWCque.
Les états
VÊQUE DE
Les états des W°™°:
riNCESDE teeîr
DIVISIONS PARTICULIERES
fRofna.
Oftia.
Terracina."
Sezza.
Veroli.
Frofinone.'
Alatri.
Subiaco.
iSegni.
S Velletri.
Paleftrina.
Tivoli.
Frascati.
Caftel-Gandolfe,'
Albano.
Ardea.
Aftura.
^Anagni,
(La campa-
gne deRo
me;
L'é-
tat
DE L'É-
GLISE
com-
prend
LES
PRO-
VIN-
CES.
[SUR LA
MER DE
Tosc
|NE.
fSpoleto.
Terni.
Narni.
Rieti.
Norcia.
Serra vale.
Nocera.
L'Ombrie. \ Affifio.
j Fuligno.
Todi.
! Amélia.
j Mte Falco.'
t,Otricoli.
La terre Sa-fCitta-CaftillanaV
bine, ^Vicoura.
(Magliano.
'Àncona.
Loreto.
Macerata.
Fermo.
Recanati.
Osmo.
Jefi.
S. Severino.1
Camenno.
La Marche] Tolentino.
d'Ancone.
Le patri-
moine de
VS. Pierre.
jViterbo.
Civita-Vecchia;
Porto.
Bracciano.
Sutri.
{ Orto.
Mte. Fiascons;
Bolfena.
Corneto.
Nepi.
I^S. Sera.
Vers le
golfe de {
Vénifc.
Le duché
d'Urbin.
fRavenna.'
I Rimini.
Cervia.
I Imola.
LAROMA- l^ënza;
GNE. \lorh.-
1 Bertinoro,'
Cefena.
J Sarfina.
I Longiano.
{S. Saviona,
fBologna.
|G. Franco.
ITÀ
LeBolognese,
Crevalcore.
Bentivoglio,
Budrio.
j Pianora.
IMonzone.
CaftiglioneDel-
le-Gatti.
ICafio.
Ferrara.
Comachio;
Mefola.
Ariano.
Francolino.'
{ Mezzogoro.
Pompofa.
Migliarmo.
Belriguardo.
Buondeno.
f Caflro.
Le duché deCaf-3 Farnefè.
tro, ) Marta.
C Borghetto.
ITÀ
Le Ferrarefé.
Le. comté de
Ronciglione .
•> Ronciglii
fNapoli.
Capua.
Sorrento.
Pozzuolo.
Gaeta.
Sefla.
(La terre de
Calvi.
Nola.
Labour,
Vico.
Aversa.
Tiano.
Fundi.
Venafro.
Sur la mer
Mte Caffin
de Tosca-
ft'qumo.
^Cuma.
ne,
fSalerno.
lAmalfi.
LA PRINCIPAU- JPolicaftro.'
Le
TÉ ciTERiEU-'Nocera.
royau-
RE, ^jMinuri.
JAcerno.
me de
Naples
a
[Marfico.
VCangiano.
Dans les J
La PRiNcipau-C Bonevento.
TÉ ULTÉRiEU-^Conza.
,
L ■'
RE , J Volturara.
(
Avellino.
Entre la I
merdeTos-4
cane & le
golfe de
Tarente,
NSjSif^LL«AB"
j Confenza.
iL'Amantéa."
(<LA Calabre jBiffignano.
CITÉRIEURE, -\Strongoli.
JCaffano.
/Roflano.
(Paula.
fRefio-
iS. Severina,'
jSquillace.
'Taverna.
Tropéa.
Cantazaro.
Girace.
fCirenza.
Melfi.
.{Turfi.
Ferrandina,
| Potenza.
\Stigliano.
La Calabre
ULTÉRIEURE,
ÇlaI
rOtrs.,^.
\E^!e !es ['; . Tarante^
1 golfes de ) La terre d'Otran- iBrindift.
I farente &ve. jLeccie.
[deVemfe, <GallipoIL
JCaftro.
| Matera.
\Motola.
Bari.^
Tranl.
\ Barletta.'
(La terre de .'Bitetto.
.S97
(■
Tl^e
Naples
- golfe
|de Venife ,
Bari. Conversano»
yMinorbino.
f Gravina.
^-Aquaviva.
fManfredonia.
|MteS.Angeloi
La capitana-,1 Lesma.
te, I Termine.
1 Ascoli.
| Monopoli.
(.Andria.
Le comtat de (Molife.
Molise,
L'ABRUZE CI-
TÉRIEURE,
. Bojano.
(Trivento.
fCiviradiChieti,
JLanciano.
SOrtona à Mare.'
(Solmona.
ÎAquila.
CivitadiPenna;
tampon.
aus- CSur la (
quel- I côte DE^Orbitello».
leson^TosCA- )
peut |ne, V.
ajoû- | Dans l'ifle ;Por
ter (d'Elbe, c ne*.
Longo-
(Vallée de Ma-
fPalermo:
Monréale.
Mazara.
Girgenti.
Trapano del
Monte.
Trapano del
Valle.
Caftro Nuovo.'
Solanto.
■C. à Mare.
|& ça*.
avile en La VALEÉE DEjPatta.
Demona, SMilazzo.
trois VAL-
LÉES , fa-
voir,
/Cefaledi;
waormina;
Entre le
(Siracufa.
iNoto.
La vallée de) Vomira*
NOTO, ^AuçjUlta.
I Calatagirone;
/Alicata.
(Terra-Nuova.
/Lipara.
royaume de fps isle* DEJFemWa.
Naples & , .
l'ifle de Si- Ces îfles de
cile font
Lipari , lavoir/ Didimo.
J° ' Strongoli,
Ericuia.
Uftica.
59z
ITA
Lifte de
Sardaigne,
dont
fCagliari.
Villa d'Igléfia.
Oriftagni.
Les places les I Algeri.
plus considé-^ Bofa-Citta.
RABLES, font iSaffari.
C. Aragonèfe.
Toralba.
(Ute Réale.
{Sarda.
C. Ranone.
TerrarNuova;
Carignano.
C. Defen.
Lode.
Tortolin.
C. de Chiara,
Servi.
S. Michiele.
Saroco.
Peringiano.
Salori.
Trancaca.
Porticovolo.
Gavino.
C. Doria.
Oscari.
Orani.
que de
Venife
a plu-
fïeurs
provin-
Lej places les
moins consi-i
DÉRABLES, font
(Milano.
fLl MlLANESE. {{j*^
I Legnano.
^Bignasco.
Le duché
de Milan
comprend
Le Lodesan.
CLodi.
iCadogno.
(Cremona.
Le Crémone-] Picighitone.
SE. jCafal-Magiore,
(Soncino.
Le Pavesan.
Pavia.
Voghera.
Bobbio.
LEToRTONESE.{Tortona.
(Alexandria de
À la Paglia.
( Feliciano.
L'Alexan-
drin.
publi- {qui tou-
La LAUMELI- ÇLaumello.
NE. (Mortara.
"««"«'te
f Ugonia.
L'UGOGNESE. < Domo d'Ofulai
^Devedro.
ALE COMESAN. {g^dona.
-Venetia.
( Torcello.
(LE DOGADO. 'Caorla.
IChiozza.
<Maeftre.
/"Treviggio.'
^ Ceneda.
Barzano.
C. Franco.
Citta-NuoYa.
chent à la
mer, font
ITA
Le Frioul,
L'Isïris.
'/Eriuli.
iUdina.
lPalma la Nuova.
JConcordia.
ISolambergo.
Tolmezo.
Gemona.
Marano.
f Capo dlftria. j
Citta-Nuova;
Parenzo.
Pola.
Colonne.
A l'Orient
du lac de
Garde, font
Celles qui
ne touchent
Albona.
Umago.
Pirano.
tMaglia.
fLE Càdorin. {PievediCadore;
Le BELLUNESE.{Bellune.
Le Feltrin. {Feltre.
rPadoua.
Le PADOUAN. )Montagnanai
Joalda.
(Citadella.
Le Polesin beÇ^S0-
Rovigo. ■)Adna;
ILoredo.
(Vicenza.
LeVïC»NTIN. ^Montechio.
(Lonigo.
(Verona.
LE VERONESE.^eSCmera-
liermione.
JPeschie
'ISermio:
(.Garda.
{ Le Bressan*
A l'Occi-
dent du lac
de Garde ,
font
rBrescia.
ISato.
{idra.
/Orci.
Mféo»
Le Cremasc. {Crema:
Le Berga-
masc.
fLi Piémont.
ÏLe Pié-
La Marche
La ré- 1 Dont celles Trevisane,
I
LesÉ-
TATS
,Bergamo.
I Martinengo."
jRomano.
JSovéro.
lOlmo.
(Turin.
Suze.
Aft.
Yvrée.
Foffan.
Mondovî.
Ceve.
Tende.
Coni.
Spigno.
Chierasco.
Saviliano.
Luferne.
Angrogne.
Quiers.
Verue.
Aveillana.
Novaleze.
Chivaflb.
(Crefentino,
LeVercelle
SE,
CVerceil.
JBiela.
ITA
DU
DUC
DE SA-
VOYE ,
fe divi-
jfent' en
Le val d'Aos- CAofio.'
te. ^Bard.
/Sauces.
Le Marqui- jCarmagnoIe."
SAT DE SALU-NCental.
CES. /Démonte.
S. Damian,
fNice.
I Ville-Franche.
Le COMTÉ de! Barcelonette,
Nice. jS. Efteve.
S. Salvador.
iUtelle.
Le comté DErBeuil.
Bueil. i Gillette.
Sur la côte de Gè-c Oneglia.
nés. I Maro.
ITA
Dans le Mont-
FERRAT.
Livorno.*
Albe.
La ré-
publi-
que de
Gènes !
eft
compo-
rte de
Y LaSavoïe.
La Sa
VOYE qui
Acomprend
(Chamberi.
lMontmelian.
<Yenne.
/Pont-Beauvoi=
1 fin.
LeGenevox,^™^
LeChablaxs.^--
rCIufe.
Le FAUSSIGNlJBonneville.
\U Chaftellet.
La TARANTAI- . Monftiers.
SE. i S. Morice.
rS. Jean de Mo-
La MorienneJ riennè.
.(.La Chambrs.
(Fiorénza.
iPiftoia.
Wall'ombrofa.
Borgo di S. Se-
I pulchro,
\ t
Ï99
Sur la côte de fPontiemoli.
Gènes. (Pietra-Santa.
Dans l'ifle d'El-CP. Ferrato &
°e- \ CosmopolU
(Gènes.
Savona.
Noli.
Albengue;
IVintimiglia;
Zucarello.
Feltri.
Gavi.
DE GÈNES.] .
I (Ripallo.
ISeftri.
jCôte du Levant Aarzam.
' Vene
.'agna.
(Sur la côte .
L'ISLE DE
Corse
rBaftia.
j Calvi.
^Adiazzo;
/Bonifacio.
^S, tiorenzo;
Les
états
des
ducs de
Man-
toue,
\Dans les terres, jC°rte-.
v ^Monani.
(Mantoua.
ILE duché DEJOftiglia.
Mantoue. \ Borgoforte;
CCànello.
TOUE. ) (Cafal.
/Le duché DclAqui".
/Montferrat. )Nizza délia Pa-
V. C glia.
a diverses
branches de
la maifon
de Man-
toue,
(Bozolo.
Guastalla.
Castiglione,
SOLFARA.
(NoVELLARA.
{Bozolo.
{Guaftalla.
ÇCaftiglione
(. délie Stivere;
{Solfarin.
{Novellara,
Les états du
grand duc de
Toscane , com-
prennent
Le Florentine
Le Pisan.
Le Sienois.
Arrezzo.
Cortona.
M. Pulciano.
Serravalle.
Barberino.
Dicomano.
^Camalduli,
Pifa.
Livorno.
Volterra.
Colle.
IOrciano.
Vada.
Leftignano.
S, Miniato.
fSi(
Modena.
(Le DUCHÉ DE 9W\
Les états du duc
de modène,
IMODÈNE.
Les états du duc
de Parme.
Safluolo.
/ Carfagna.
j Frignano.
/Le duché deJ^0:
[regg- .fer
IParma.
Borgo S. Dohi-
Borgo di Val de
I Parme. ^ Taro.
Bardi.
I Mufla.
Gro
/ Roflena.
l^Fornovo.
ofletto.
Pitigliano.
Suana.
Chiufi.
Pienza.
■M" Alcino,
(Piacenza.
Le duché de Je. S. GioVarii,
^Plaisance. )PteNura.
\ Nibiano.
(Le duché de
Les états du duc ]Massa.
de Massa,
/La principau-
té deCarrare.
MalL.
! Carrara»
6oo
ITA
ITA
LES ÉTATS DU DUC fLE DUCHÉ DE f
DE LA MIRAN--CLA MiRAN- < Mirandola.
DOLE, (DOLE, C
L'ÉTAT DU DUC r LE DUCHÉ DEfSab:
DE SABIONETTE , lSABlONNETTE,i3aD10neta'
(Luca,
' f Trente."
L'ÉTAT DE L'ÉVÊQUE DE TRENTE , -i Bolfano.
(Revereïdo.
Monaco. {Monaco.
Etats des prin-
ces de
PlOMBlNO. %
Piombino.
La république de Luques,
< Borgo à Mozzano.
(Municiano.
I Porto-Longcîae.'
MASSERAN. {Mafferan.
Je finirai cet article par quelques remarques générales ,
renvoyant aux articles particuliers les détails qui les
concernent. L'air eft généralement fain & pur dans l'I-
talie ; Se on peut en regarder la plus grande partie ,
comme un jardin , où l'on trouve ce qui eft néceffaire
pour la vie , Se tout ce qui peut la rendre délicieufe. Vous
ne voyez presque qu'une alternative de plaines ou de
collines, toujours cultivées, ou couvertes de bois , de
forêts , de vallées & de prairies émaillées de mille fleurs.
Les beftiaux, les bêtes fauves, le gibier ; rien n'y man-
que ; bleds , vins , huiles , lins , chanvres , laines , her-
bages , légumes , fruits ; tout y eft exquis. Quoique
toutes les contrées de l'Italie produifent affez de fro-
ment , la Pouille , la côte de Tofcane , la Romagne ,
la Lombardie , Se la Marche Trévifane en recueillent
bien au-delà de leurs befoins , Se en peuvent fournir à
leurs voifins. On y fait des vins de plufieurs fortes. Il y
en a qui ont de la force comme les Chiarelli , les vins
Grecs , le Lacryma Se autres vins du royaume de Na-
ples , les mufcats de Monte-Fiascone Se autres lieux.
On peut appeller bons vins ceux de la rivière de Gènes ,
de Montferrat , du Frioul , du Vicentein , Se du Bolo-
gnêfe ; les environs du Lac de Garde , le milieu du
royaume de Naples , qui s'étend depuis Gaëte jufqu'à
Reggio dans la Calabre , font des lieux d'une beauté
extrême : il y règne un éternel printems ; on y voit une
lî grande quantité de citrons , de Jimons , Se d'oranges ,
que l'Italie en abonde toute l'année: la rivière de Gènes,
la Tofcane , la Pouille , la terre d'Otrante , font char-
gées d'oliviers. Le miel , la cire , le fucre , le fafran ,
& les aromates de plufieurs fortes fe trouvent au
royaume de Naples, où Ton recueille auffi de la manne.
La Calabre fournit de la foie , auffi - bien que la Tof-
cane , la Lombardie , la Marche Trévifane , le Bolo-
gnèfe Se autres lieux voifins. L'Italie ne manque point
de bois à brûler , ni de bois à bâtir des maifons , des
navires , des galères , Sec. Il s'y trouve des carrières
d'où l'on tire des pierres , des marbres ; il y en a d'albâ-
tre dans le terrjjoire de Volterra Se dans le Breffan ; de
marbres blancs , dans la Lunigiane ; de pierres de taille ,
à Tivoli. Toutes les montagnes de l'Italie ont des pier-
res fines Se même précieufes , comme de agathes , cal-
cédoines , des fardoines , des cornalines , des cryftaux.
Ses mers ont du corail. Les Alpes , l'Apennin Se autres
montagnes ont des mines. La Calabre en a d'or Se d'ar-
gent , de même que la Tofcane. Celles de fer fe trouvent
dans le Breffan , le Bellunèfe , le Cadorin Se autres
lieux de l'état de Venife ; dans le Montferrat , l'état de
Gènes , dans l'ifle d'Elbe & ailleurs. On tire du vif-ar-
gent dans le Frioul. Le pays de Volterra abonde en vi-
triol , alun Se autres minéraux. On en trouve auffi dans
l'état de l'églife, Se au royaume de Naples.
L'Italie eft arrofée d'un grand nombre de rivières. Les
principales font le Pô qui en reçoit un très -grand nom-
bre , l'Adige, l'Adda , le Téfm , l'Ame , le Tibre , la
Trebia , le Taro , le Reno , le Gariglian , le Volturne,
le Silaro , l'Oftante , Sec. Le nombre des ruiffeaux , qui
la baignent ,eftimmenfe. Les eaux minérales Se les bains
y font très-communs , fur-tout au royaume de Naples.
Entre fes lacs on en compte quinze ou feize princi-
paux,
De Corne,
D'Iféo,
Lugano ,
De Garda,
De Perugia
Vulfin ,
Bracsiano ,
De Bolfena.
Fucin ,
De Fundi,
DeCaftel-Gandolfe,
De Celano,
D'Andore ,
De Varun ,
De Lefina,
Il n'y a gèures Se pays au monde où il y ait tant de
villes magnifiques Se bien bâties. Les principales ont
une épithéte qui marque leur qualité la plus remarquable.
On dit, par une efpece de proverbe :
Rome-la-Sainte, Ravenne-l'Ancienne ,
Naples-la-Noble, Padoue-la-Dofte ,
Florence-la-Belle , Bologne-la-Graffe ,
Venife-la-Riche , Livourne-la-Marchaade J
Gènes-la-Superbe , Vérone-la-Charmante ,
Milan-la-Grande , Luques-la- Jolie ,
Se Cafal-la-Forte.
L'Italie fut éclairée de bonne heure des lumières de
l'évangile que les Apôtres S. Pierre rk S. Paul y portè-
rent. L'un rk l'autre y fcellerent de leur fang leur con-
feflïon ; S. Pierre y fonda le premier fiége de l'églife en
dignité Se autorité. L'Italie tire à préfent de la religion
dont elle pofléde la capitale , le même luftre qu'elle re-
cevoit de l'Empire , lorfque fes empereurs voyoient le
monde entier fournis à leurs loix. La religion Catholi-
que , Apoftolique rk Romaine eft la feule religion chré-
tienne qu'il foit permis d'exercer en Italie ; Se l'inquifi-
tion veille, pour que les fentimens des Proteftansn'y ayent
point entrée. Quoiqu'on leur permette d'/ voyager Se
d'y faire quelque féjour, foit pour leur pla.fir , foit pour
leurs affaires, elle leur interdit l'exercice de leur religion,
l'entrée de leurs livres , Se leur défend de dogmatifer.
Elle fouffre néanmoins les Juifs , perfuadée qu'il ne leur
eft pas fi aifé qu'aux Proteftans de faire des profélytes.
Rien n'eft plus fuperbe ni plus riche que les églifes Se
les monafteres. Les évêchés y font en grand nombre. On
en peut voir la lifte au mot Archevêché.
La langue Italienne eft une de celles qui fe font for-
mées de la latine. Cette dernière langue qui avoit été
d'abord particulière aux habitans du Latium , s'étendit
avec leurs conquêtes , Se devint la langue de tout l'uni-
vers. Mais elle éprouva les mêmes viciffitudes que l'Em-
pire. Après s'être répandue chez toutes les nations fou-
mifes à la puiffance Romaine , elle fut corrompue par le
mélange des langues que parloient les peuples Barbares
qui inondèrent l'Italie en divers tems. De ce mélange il
fe forma une nouvelle langue , qui ayant été cultivée
par des hommes pleins d'efprit , eft devenue une des
plus belles de l'Europe. Elle a beaucoup de douceur , de
délicateffe Se d'énergie, Se eft très-propre pour le chant.
L'Italien le plus pur eft le Tofcan ; mais cela ne doit
s'entendre que du ftyle , du choix , Se de l'arangement
des expreffions ; car la prononciation Tofcane n'eft pas
fi belle que la prononciation que l'on a à Rome ; aufll
dit-on proverbialement , que la langue Tofcane eft char-
mante dans une bouche Romaine.
Le climat de l'Italie contribue extrêmement au carac-
tère d'efprit de fes habitans : ils font, à parler en géné-
ral , polis , prudents , fpirituels , fobres ; leur efprit eft
naturellement tourné à la politique , Se les cours d'Italie
font une excellente école pour les négociateurs. Ils ont
communément affez de difpofition à ce que nous appel-
Ions bel-e(prit ; Se quoiqu'on ait reproché à quelques-
uns qu'ils tombent dans un excès vicieux par le raffine-
ment , il y en a eu beaucoup qui fe font garantis de ce
défaut. L'ancienne Italie a produit de grands hommes qui
ont été Se font encore les plus parfaits modèles du genre
d'écrire qu'ils avoient choifis ; Tite-Live , pour l'hif-
toire; Ciceron, pourl'élequence; Virgile, pour le poëme
épique; Horace, pour le lyrique Se la fatyre ; Ovide,
Tibulle Se Properce , pour l'élégie , Se quelques autres
font des modèles qu'on n'a point encore égalés.
C'eft à l'Italie que nous devons la renaiffance des
lettres en Europe où plufieurs fiécles de Barbarie les
avoient fait presque entièrement oublier. Quelques Grecs
qui
ITÀ
ITE
60 l
qui s'y réfugièrent après la perte de Conftantinopîe , y
portèrent avec eux le goût de l'antiquité que les Italiens
reprirent avec vigueur; & c'eft de-là qu'il s 'eft répandu
dans les pays feptentrionaux. Les Italiens font très-capa-
bles des fciences les plus abftraites , quand ils font tant
que de s'y appliquer. Cafîini a pouffé l'aftronomie auffi
loin qu'il étoit poffible ; l'architecture & les arts qui y
ont un grand rapport , comme la peinture , la ftatuaire ,
lafculpture, &c. nous font venues d'Italie ; & les Ita-
liens qui embraffent l'art militaire , deviennent affez fou-
vent de grands capitaines , dignes d'être comptés avec
les héros de l'ancienne Rome. La poëfie & la mufique
y font cultivées avec fuccès.
Mais on impute à cette nation plufieurs défauts; il n'y
a point de peuple qui n'ait les liens. On accufe les Ita-
liens d'être foupçonneux , vindicatifs , diflimulés, fur-tout
dans leur haine, afin de mieux affurer leur vengeance. Ils
pardonnent rarement, & ne font point difficulté d'abu-
fer des chofes facrées pour arriver à leurs fins , & trom-
per leurs ennemis. Ils font fort jaloux de leurs femmes,
qui font bien faites, vives, fpirituelles ; &T. ils leur don-
nent peu de liberté.
ITALIOTjE ; on appelloit ainfi les étrangers qui
etoient venus s'établir en Italie , comme les Grecs , qui
s'y formèrent une nouvelle Grèce ; & par ce nom on
les diftinguoit des Italiens originaires du pays même.
C'eft ce que dit un hiftorien de Tarente. C'eft ainfi ,
pourfuit-il , que les Siciliota Se les Phthiotœ. étoient dif-
férens des Sicules & des Phthiens. * Ortel. Thef. Joan.
Juvenis , in Hift. Tarent.
ITALIUM, 'ImAftï, lieu particulier d'Italie. Diodore
de Sicile , /. 2.0 , dit que les Samnites y perdirent une
bataille conire les Romains.
ITAMARI ; Jornandes , de Reb. Gaie. c. 13 , nomme
ainfi une des nations qui furent vaincues par les Huns. Il
nomme de fuite les Alip{ures , les Alcid^ures , les Ita-
mares , les Tuner ft'es, les Boifees. C'étoient des Scythes
voifins des Alains.
ITAMUS, port de l'Arabie heureufe , félon Ptolo-
mée , /. 6 , c. 7. Il étoit fur la côte orientale , dans le
golfe Perfique , au pays des Léeanites.
ITANCESTER, ou Ithancester , ancienne ville
d'Angleterre, au comté d'Eflex. Cafnbden, Britann. qui
en fan mention , croit que ç 'avoit été la ville d'Othona,
où les Notices de l'Empire , Jid. si , mettent un com-
mandant & une garnifon , Prapofuus numeri Forten-
Jlun. Othona. Cette Othona étoit du dépattement du
comte qui commandoit le rivage Saxon dans la Bre-
tagne. Baudrand dit T.anchefter , Itancheftria , Othonia,
ad AnJ'ani . village d'Angleere , au comté d'Effex, fur
un petit golfe , à demi-lieue de Maldon, à l'orient: c'é-
toit anciennement une petite ville des Trinobantes.
Othonia & ad An / 'am ne fe trouvent point enfemble dans
les anciens , comme s'ils fignifioient un même lieu. La
Noticede l'Empire, qui nomme Othona, ne dit rien des
Trinobantes ; & Ptolomée , /. 1 , c. 3 , qui nomme ce
peuple, ne dit rien d'Othona.
ITANI , ancien peuple d'Efpagne , félon quelques
éditions de Pline , /. 3 , c. 3 , dans lesquelles on lit Au-
Jetani, lia ni , Lacetani , comme trois peuples différens.
Le P. Hardouin efface le nom d'Itani , & croit qu'il eft
venu de la répétition des dernières fyllabes du nom pré-
cèdent. Ce nom ne fe trouve point ailleurs.
ITANUM promontorium , cap. de l'ifle de
Crète. Le P. Hardouin dit que c'eft le cap oriental de
Candie, où la côte commence à tourner vers le midi,
& que les mariniers appellent Çapo-Zacro. Il eft certain
que ce promontoire avoit auffi une petite ville nommée
Itanus , dont Ptolomée fait mention ; mais cette ville
ne fauroit être Paleo-Castro , près de Candie ; car
Candie Se Paleo-Caftro font vers le milieu de la côte
feptentrionale de l'ifle , au lieu que le promontoite Ita-
num & la ville Itanus doivent être au levant de cette
même côte. Cette ville Itanus eft nommée comme fiége
d'un évêché dans la Notice de Hieroclès.
ITANUS. Voyez l'article précèdent.
ITAPARE , cap de l'ifle de Madagafcar , avec une
grande anfe de ce même nom , ainfi appellée d'une ri-
vière , qui entre là dans la mer. Cette anse eft bonne
pour des navires 6c des barques qui y mouillent com-
modément ; mais l'entrée en eft dangereufe à caùfe des
roches qui font fous l'eau. Il y a un iflet que l'on
nomme Sainte-Claire , à l'abri duquel on lé met. La ri-
vière qui eft à la hauteur de 2<j d. à l'extrémité de
l'anse , vient des montagnes prochaines ; ck une*cha-
loupe y peut entrer. L'anse d'Itapare fe nomme auffi
l'ANSE DE Loucar. * Flacourt, Hift. de Madagascar,
c 2 , p. 7.
ITAPUA, ou Istapua, petit port de l'Amérique
méridionale fur le Parara , à foixante feues de l'Affom-
ption du Paraguai. Ce port eft formé par un marais qui
fe déchargé dans le Parana. * Hift. du Paraguai.
ITAPUAMA , petite contrée de PAmériqi.e méridio-
nale , au Bréfil , dans la capitainerie de Seregippe.
* Baudrand, éd. 1705.
ELARGIS, Scaliger a fait voir que ce mot qui fe
lifoit ainfi dans Ovide , doit fe lire Iturgis. Voyez Vl-
SURGIS. * OrteÇ. Thefaur.
1. ITATA, rivière de l'Amérique méridionale , au
Chili. Elle a fon embouchure fous le 36 d. de latitude,
ou environ. De l'ifle écrit Ytata. Voyez Ytata.
2. ITATA , montagne d'Afrique , en Barbarie : elle
eft confidérable , vers le royaume de Maroc , & fait
partie du mont Atlas , félon G. Mouette cité par Bau-
drand , édit. 1705.
ITATINES , peuple de l'Amérique méridionale dans
la province de Paraguai , mais qui n'eft point réuni,
les uns étant établis à l'occident , & les autres au nord-
eft du Paraguai , affez près de l'ancienne ville de Xérès.
Ces Indiens ont été tantôt alliés , & tantôt ennemis des
Efpagnols. Aujourd'hui cette nation eft confondue avec
les habitans du Parana. On eftimoit beaucoup certaines
boules que les Itatines faifoient d'une gomme qui dé-
couloif d'un arbre qu'on ne nomme point. Ce qui les
rendoit précieui'es , c'eft qu'étant grillées , elles étoient
un remède fouverain contre la dyffenterie. * Hift. du
Paraguai.
ITCHMAS-ALAGHEUL , plaine d'Afie , dans la
Tartane . au pays de Gété , près du fleuve Irtifch. Il y
a dans cette plaine un lac falé. * Hift. de Timur-Bec 3
' IfCHNA -BOUTCHNA , bourg d'Afie , dans la
Tartarie , au Turqueftan ; les géographes Orientaux lui
donnent 107 d. de longiiucle , &c 47 d. de latitude.
ÎTEA ; Etienne nomme ainfi un peuple de l'Acaman-
tide , dans la grande Phrygie. Ortélius ajoute : il femble
que ce (bit le village de Soguta ; car , dit-il , cet auteur
met le village de Soguta auprès de la Myfie qui confi-
noità là Phrygie, à deux cents quarante ftades du Pont-
Èuxin , & dit qu'il abondoit en toutes fortes de biens :
c'eft de-là, pourfuit-il, que la famille des Ottomans tire
fon origine ; &£ on peut l'appeller le village hea. Ce
n'eft qu'une conjecture de Laonic.
ITEMESTI, nation paifible qui habitoit près de la
mer , vêts l'embouchure de la Wiftule , félon Jornan-
des , de Reb. Getic. c. ç\ Il dit que le pays où font les
trois bouches de la Wiftule , étoit occupé par les Vi-
dioariens , gens ramafîés de diverfes nations ; qu'après
eux, le long du rivage de la mer , h.ibiroient les Itemef-
tes , peuple pacifique , qui avoit au midi les Aaazzires ,
peuple courageux , qui ne connoiffoit pas l'agriculture,
& qui tiroit fa nourriture de its beftiaux & de là chaffe.
Les noms de ces peuples ont difparu depuis long-
tems.
ITENSÎS , fiége épifcopal , dans1 a Mauritanie Céfa-
rienfe , félon la Notice épil'copale d'Afrique. Ortélius
doute fi ce fiége ne feroit pas le même que le fiége
nommé ailleurs Idérifts. Il n'auroit pas fait cette quef-
tion , s'il avoit vu la Notice que je viens de citer. Il y
auroit vu qu'outre le fiége Itenfis , il y en avoit deux
autres nommés également Idenjîs. La preuve en eft
claire ; car cette Notice nomme les prélats qui occu-
poient ces trois fiéges , favoir ,
N. {, Lucius Itenfis.
14, Subitanus Idenjîs.
& 16, Felicianus Idenfts.
Tous trois étoient de la même Mauritanie.
1TESUI : on trouve ce nom comme étant celui d'urç
Terne III, Gggg
60 2
ITH
peuple de l'ancienne Gaule , dans les anciennes édi-
tions de Pline, L 4, c. 18. Dalechamp vouloit qu on
lût Atfsui , & le P. Hardouin dit avoit trouve Atejui
généralement dans tous les manufcrits. Mais, ajcûte-il,
comme je ne trouve nulle part ailleurs ni Atefui ni
Itefui , je ne les approuve ni l'un ni l'autre. Il voudroit
chan°er ce mot en celui d'Item.
ITHABIRIUS. Voyez Thabor. . , ,
ITHAQUE , ifle de Grèce , fameufe pour avoir ete
la patrie d'Ulyffe. Elle étoit voifine de Dulichium. Pto-
lomée dit qu'il y avoit une ville de même nom , &C
Scylax dit qu'il y avoit une ville & un port. Homère
dans fon Odyffée, /. 1 , V. 81 , nous apprend que la
ville étoit au pied d'une montagne nommée Neïus
mons ; le mont Neritus étoit auffi fameux dans la même
ifle. Le même poëte dit : j'habite la fameufe ifle d'Itha-
que dans laquelle eft le mont Nérite ombragé d'arbres.
Euftathe expliquant ce paffage dit que Neïus tk Nentus
font deux noms de la même montagne ; mais , comme le
dit Cellarius , il vaut mieux les diftinguer. Strabon ,
/. 10 , laiffe la cfcofe douteufe. Il eft , dit-il , incertain fi ,
par le nom de Nérite, il n'entend pas le mont Nems , ou
quelqu'autre montagne ou lieu. Mêla , /. 2 , c. 7 , croît
que Nentus eft une ifle différente de celle dltnaque.
Dans la mer Ionienne , dit-il , font Proté , Hyna , Cé-
phalonie, Neritos, Safné, Zacynthos , Dulichium ; &
entre les ifles qui ont quelque réputation , on peut com-
pter Ithaque connue à caufe d'Ulyffe. Il femble que
Virgile, Alneid. I. 3 , p. 271 , l'ait autonfe a faire de
Neritus une ifle à part dans ce vers.
Dullchiumque Sameque , & Neritos ardtiafaxis.
Mais comme Mêla diftingue Same de Céphalonie ,
quoique Homère n'en faffe qu'une ifle , & Hyria de
Zacynthe, quoique, félon Pline , ce foit la même ifle,
il fe peut bien qu'il fe foit trompé. Le confentement de
tous les autres auteurs doit l'emporter fur fon autorité.
Servius expliquant ce vers de Virgile , dit que Neritos
eft une montagne d'Ithaque ; & Strabon expliquant le
139e vers du 2 e livre de l'Iliade dit : il eft manffefte que
c'eft une montagne dont parle Homère , par l'épithéte
qu'il y joint ; & d'ailleurs il l'appelle ailleurs bienex-
preffément une montagne. Pline , /. 4, c. 12 , dit : à xv
M. p. de Céphalonie eft Ithaque où eft le mont Nen-
tus : elle a xxv mille pas de circuit ; vis-à-vis de cette
ifle vers la mer font Afteris & Proté. On voit que
cette Proté eft la même qui eft nommée dans le paffage
de Mêla cité ci-deffus. A l'égard du circuit , il ne s'ac-
corde nullement avec Strabon qui ne le fait que de LXXX
ftades , c'eft-à-dire de dix milles. Les modernes ne con-
viennent pas du nom moderne de cette ifle. Voici
quelques fentimens qu'Ortélius a recueillis : Sophien &c
d'autres la nomment Valle di Compare ; Porcacci
Fappelle THEACHI. Leunclavedit que les Turcs ,1a nom-
ment PhiACHi. Denis d'Alexandrie dit Néricie.
Baudrand rapporte ces fentimens autrement : félon lui,
ce font les Italiens qui la nomment Val di Compare ,
au rapport de Sophien ; les Grecs Thiachi ;Jk les Turcs
Phiachi , au rapport de Leunclave. Il ajoute : d'autres
croient que c'eft Iataco , petite ifle déferre, qui a en-
viron huit milles de circuit. Spon qui a vifité ces ifles ,
parlant de celle de Thiaki , dit que c'eft Dulichium , &
qu'Ithaque eft un autre écueil éloigné de fept ou huit
milles de-là , appelle encore Jathaco , qui eft bien
plus petit que Thiaki. Voyez l'article Dulichium , où ce
paffage eft rapporté. De l'Ifle , dans {es Cartes de la
Grèce ancienne & de la moderne , s'eft conformé à la
penfée de Spon , &C met Téaki entre Ithaque ( Jotaco )
& Céphalonie. Cela eft très-conforme à la faine géo-
graphie , comme je le prouve au mot Theachi.
1THACESLE , petites ifles d'Italie , félon Pline ,
/. 3 , c. 7 , qui les place à l'oppofite de Vibo. Solin &
Marcien d'Heraclée en ont auffi fait mention. Ce font
préfentement trois écueils nommés Toricella , Praca ,
& Brace ; au rapport de Barri , ces écueils font auprès
de Mome-Léone , dans la Calabre ultérieure.
ITHAGURI. Voyez Ethaguri.
ITHAGURUS , ouIsagurus , ville de l'Inde , en-
deçà du Gange , félon Ptolomée.
ÏTO
ITHAR. , ville de l'Arabie heureufe ; félon Ptolomée,
/. 6 , c. 7 ; il la donne au peuple Themi.
ITHOME, ville du Peloponnèfe, dans la Meffénie.
Strabon, A 8, npen fait qu'une fortereffe, qui fervoit de
citadelle à la ville de Meffene, comme l'Acrocorinthe
à la ville de Corinthe. D'autres en font une ville fepa-
rée & indépendante- , & la décrivent fur ce pied-là.
Pline dit : au dedans font Meffene , Ithome , GÊchalie.
Elle étoit fituée fur une montagne ; car Paufanias rap-
porte que les habitans de l'intérieur de la Meffénie , fe
trouvant les plus foibles dans la guerre de Lacédémone,
abandonnèrent les autres petites villes, & fe réfugiè-
rent fur le mont Ithome , fur lequel il y avoit une très-
petite ville dont ils aggrandirent l'enceinte , & en firent
une place capable de les défendre tous. Avec le rems , on
bâtit Meffene au pied de la montagne , & on la joi-
gnit enfin à Ithome par un mur. Jupiter y avoit un culte
particulier, qui lui fît donner le nom de Z'.vs l^up.^at ,
Jupiter Ithomate; & la fête que l'on célébroit , à fon
honneur , s'appelloit Eo§]ii Idaiiaia. , la fête Ithomée.
*Cellar. Géogr. ant. .
ITHON, ville ancienne de Grèce, dans la Theffalie,
félon Héfyche. Ortélius croit que c'eft une faute, St
qu'il faut lire Iton. Voyez Itona 5.
ITI Arx : Léandre guidé par Annius dans (es Com-
mentaires fur Caton , croit que cet ancien a nommé
ainfi Falere , ville des Falisques.
ITINA,fiege épiscopal d'Afrique. Voyez UtîNENSIS.
ITIUS Portus. Voyez Icius Portus.
ÏTOMAMPO , petite contrée d'Afrique , dans l'ifle
de Madagascar. Elle prend le nom d'une rivière qui des-
cend des montagnes d'Aviboule, où eft fa fource, dans
la même montagne d'où fort la Sandravinangha. Elle
court au.nord-oueft, traversant le pays auquel elle donne
fon nom. Le pays qu'elle arrofe , eft une vallée bordée
de hautes montagnes , laquelle a bien Quatre lieues de
large , & eft très-fertile en riz , ignames , cannes de
fucre , légumes ck beftiaux. Les habitans en avoient été
ruinés par les guerres , lorsque Flacourt , Hifi. de l'ijle
de Madagascar ; t. 5, p. 12, en parloit. De-là cette ri-
vière va fe rendre en une contrée nommée Houdra ,
au-deffus du pays Ivonrhon.
ITON , petite rivière de France , dans la haute Nor-
mandie. Elle a fa fource dans le Perche , un peu au-def-
fous de Bonmoulins. Une lieue au-deffous , elle fe grof-
fit du petit ruiffeau qui fort de l'abbaie de la Trape. En-
fuite étant entrée dans le diocèfe d'Evreux qu'elle tra-
verse, elle arrofe Breteuil, Condé,DamvilIe ck Evreux,
où elle reçoit laConche : après quoi, coulant par Nor-
manville , elle tombe dans la rivière d'Eure à Aquigni ,
entre Heudreville Se Louviers. *Corn. Di£t. Mémoires
dreffesfur les lieux.
1. ITONA, ville de l'Epire , félon Etienne le Géo-
graphe.
2. ITONA , ville d'Italie , félon le même.
3. ITONA , ville d'Afie , dans la Lydie , félon le
même.
4. ITONA , ville de la Béot'ie , félon le même; fur
quoi Berkélius observe que cette ville pourrait bien
n'être fondée que fur le furnom d'Itonia , donné à Mi-
nerve, dont le temple étoit à Coronée, au rapport de
Polybe, /. 4; de Strabon, l.y, dePlutarque, in Amat.,
narrât. & du Scholiafte d'Apollonius , ad lit. 1.
5. ITONA , ville de Theffalie , félon le même
Etienne, qui ajoute : quelques-uns la nomment Sitorze,
parce qu'elle abonde en froment. Euftathe dit de même
fur le fécond livre de l'Iliade , que quelques-uns l'appel-
Ioient Sitona ; &; il paraît par le témoignage de Berké-
lius , que Minerve prenoit également le nom d'Itonia.
& de Sitonia. C'eft pourquoi le favant Valois n'avoit
pas raifon , lorsque trouvant dans les extraits de Polybe
2/7»m'«ç A^wâ? , que portent les manuscrits , il a jugé
qu'il falloit corriger ce mot, -tk mettre 'IW«? A0m-5?,
ce qui n'étoit pas néceffaire : au refte l'Itone de Béotie
& celle de Theffalie , quoique diftinguées par Etienne ,
ont bien l'air d'être la même ville.
ITORUM Urbs , *h<*es,v , ancienne ville d'Italie ,
fur la route d'Otricoli à Rimini , près des montagnes ,
fur la gauche , félon Strabon. L'édition de Cafaubon ,
/. 5 , p. 127 , port* 'h»fft.
ÏTU
ITU
ÏTRI ou ItRO , Itrum , petite ville d'Italie , au
royaume de Naples, dans la province de Labour, entre
des montagnes, presqu'au milieu entre Fondi au' cou-
chant , & Mole de Gayette au levant , & à quelques
milles de la côte de la mer. Baudrand , qui déclare y
avoit paffé , ajoute : on voit près de cette ville , les
ruines de l'ancienne Mammurœ.
ITTATA , ifle de la mer du fud, fur les côtes de l'A-
mérique, affez près de Guatulco , au Mexique , à fept
lieues plus au fud, & à trois du cap Bamba. * Rogers ,
.Voyages, Supplément, p. 5.
ITTER, bourg d'Allemagne, dans le landgraviat de
Heffe-Caffel. Il tire fon nom d'une petite rivière qui fe
jette dans l'Eder. Il a eu autrefois fes feigneurs particu-
lier, & conserve encore le titre de fieigneurie. Il vint à
la maifon de Heffe, vers l'an 1361 , du tems du land-
grave Henri, parce que le dernier, teigneuf d'Itter, qui
avoit affaffiné un de fes coufins , fut vaincu par ce land-
grave, affilié de l'évêque de Mayence, &C enfermé dans
le monaftere de Haina. L'agriculture n'y eft pas fort
avantageufe , à caufe que les montagnes en font cou-
vertes de bois. Mais la petite rivière de l'Itter y eft fort
poiffonneufe. Le château , qui appartenoit ci-devant aux
feigneurs , eft bâti fur une roche. Ce lieu eft à deux ou
trois lieues de Waldeck. * Zeyler, Haffias Topogr. p. ï6.
ITTILLENATIUM , lieu particulier d'Italie , dans
la Campanie. Hygin en fait mention dans le Livre des
Limites.
ITTTNGEN, ancienne abbaye de chanoines réguliers,
& Chartr'eufe, depuis 1461. Elle eft fituée à la droite
de la rivière de Thur , entre Frawenfeld & Dieffenho-
fen , dans le Thourgau.
ITU , ville de la Chine , dans la province de Hu-
quang, au département deKingcheu, fixiéme métropole
de la province. Elle eft plus occidentale que Pékin, de
6 d. 2.5', par les 30 d. 50' de latitude. * Atlas Sinenfiis.
ITUCCI , ancienne ville d'Espagne , félon Pline ,
/. 3 , c. 1 , qui dit qu'on la nommoit auffi Virtus Julio..
Appien , in Ibericis , la nomme Ituca , 'Itv'xh.
ITUNA , golfe de l'ifle d'Albion , félon Ptolomée.
Ortélius doute fi ce n'eft pas Solwey ; mais Cambden
marque que les anciens ont nommé Ituna , la rivière
d'Eden ; & Itunœ jEJiuarium. le golfe de Solwey , où
elle entre dans la mer.
ITURÉE , (F) pays d'au-delà du Jourdain. Il étoit
habité par une tribu descendue de Jetur , un des descen-
dansd'lsmaël, Genefi. c. 2. 5, v. 15. Les tribus de Ruben &
deGad,& la demi-tribu de Manaffé s'établirent auprès. Les
Ituréens lé rendirent fameux par leur habileté à tirer une
flèche ; & Ciceron, dans fa féconde Philippique, en parle
comme des plus barbares de tous les hommes , & fe
plaint qu'Antoine les eût introdits dans la place , & en
eût invefti le fénat. Sanson , Index Geogr. dit : FIturée
étoit un pays au-delà du Jourdain , entre Samarie &
l'Arabie. Les Ituréens étoient un peuple mêlé avec les
tribus de Dan Se de Ruben , de-la vient qu'au premier
livre des Paralipomenes , c. 5 , v. 19 & 2.0, on lit qu'ils
donnèrent du fecouts aux enfans de Gad , & à ceux de
Ruben, contre les Agaréniens,c'eft-à-dire confie les Ara-
bes. Du moins c'eft ainfi que Sanson entend ce pafTage,
que d'auttes expliquent très-diffétemment. S. Luc , c, 3,
v. 1, nous apprend que Philippe, frère d'Hérode , étoit
tétrarque de FIturée & de la Trachonitide. Ce font les
deux feuls paffages de l'Ecriture fainte , où il foit fait
mention de FIturée & des Ituréens. S. Jérôme , après
Eusèbe , avoit dit que la Trachonitide étoit le pays
fitué attenant le défert qui confine à Bosra , en Arabie.
Le P.Bortfrérius fournit les remarques fuivantes fur ces pays.
On ne fauroit dire bien iurement en quel lieu étoit
FIturée & la Trachonitide , ni fi ces deux noms mar-
quent deux pays diftinfts l'un de l'autre ? ni s'ils étoient
dans les bornes qui renfermoient les Israélites. Il y a des
auteurs qui ne diftinguent point ces pays ; de ce nom-
bre eft Ortélius , Thefaur. qui croit que FIturée & la
Trachonitide étoit la même que la Pétée. Eusèbe , aux
mots Iturea &c Trachonitis,e& du même fentiment. Ce-
pendant il vaut mieux diftinguer FIturée de la Tracho-
nitide , & ces deux dé la Pérée. Qu'elles fufTent diffé-
rentes de la Pérée, cela fe prouve par le témoignage de
Jofeph, Bell. Jud. 1. 3 , c. 2, qui étend toute la Pérée
depuis Pella jusqu'au pays des Moabites , qui étoit tout
• 6o3
ce que les Israélites poffédoient au-delà du Jourdain : or
il n'y a personne qui étende FIturée & la Trachonitide
jusqu'aux Moabites. Ajoutons que toute FltUrée fk la
1 rachonitide étoient hors des limites des Israélites. Jo-
feph, Antiq.Jud. 1. 1, c.7, nous apprend que les Tra-
chomtes étoient étrangers , lorsqu'il dit que les habitans
de la 1 rachonitide descendoient de Hus ou Ufes , fils
dAram. Il dit, /. 15. c. 1 3 , que les Trachonites étoient
un peuple accoutumé au brigandage , qui n'avoit ni ville
ni terres labourées , mais qui demeurait dans des caver-
nes , à la manière des bêtes ; c'eft ce que personne ne
dira des Israélites. L'Iturée n'étoit pas non plus de leurs
limites , comme on le conclut du paffage des Paralipo-
menes rapporté ci-deffus. Le voici en iarin: Filii Ruben.
& Gad & dimidiœ tribus Manajje , viri bellatores , ficuta.
portantes & gladios , & tendentes arcum . eraditique ad
prœlia , quadraginta quatuor milita & feptingenti fexa-
ginta , procedentes adpugnam dimicaverunt contra Aga-
renos : Itura verà & Naphis & Nodah prabuerunt eis
auxilium. Toute la difficulté du paffage confifte dans
une équivoque, qui fe trouvera également dans la tra-
duction que voici. Les enfans de Ruben , de Gad & de
la demi-tribu de Manaffé ,. tous gens de guerre , por-
tant le bouclier & Fépée , tirant de l'arc, & dreffés au
combat , au nombre de quarante-quatre mille fept cents
foixante , s'avancèrent en ordre de bataille, & firent la.
guerre aux Agaréens. Les Ituréens , ceux de Naphis &
de Nodah leur donnèrent du fecours. Ce mot eis en la-
tin , ou de leur en françois , eft équivoque ; il femble
laiffer incertain , fi c'eft aux enfans d'Israël , ou aux
Agaréens , que les Ituréens donnèrent du fecours. San-
fon l'entend des premiers ; mais de Saci , le P. Bonfré-
nus, le Clerc K Se quantité d'autres tavans, l'entendent
des Agaréens, à qui ces Itutéens étoient joints ; & cela
eft non-feulement plus conforme à ce qui fuit ce palla»e
mais même à leur origine ; car ils descendoient d'Ismaël^
auffi-bien que les Agaréens , & il étoit naturel qu'ils les
affiftaffent contre les Israélites. Mais ce qui prouve in-
vinciblement que les Ituréens n'étoient pas compris dans
le peuple d'Israël , c'eft qu'au rapport de Jofeph , Antiq.
Jud. 1. 13 , c. 19, Ariftobule , roi des Juifs, porta la
guerre chez les Ituréens , & les força de recevoir la cir-
concifion , & les autres cérémonies Judaïques.
L'Iturée &c la Trachonitide étoient deux pays diffé-
rens l'un de l'autre , au jugement du P. Bonfrérius.
S.Luc les diftingue affez, en difant que Philippe étoit
tétrarque de FIturée & de. la Trachonitide. Outre cela $
Strabon, /. 16, les diftingue auffi, en difant que le nom
de Trachonitide venoit de celui des montagnes où ces
peuples habitoient , à Trachonibus montibus quos inha-
bitant : il place ces montagnes au-delà de Damas , 6c
des extrémités du Liban & de FAnti-Liban ; & ensuite
parlant des Ituréens, il ajoute : le pays des montagnes
eft occupé par les Ituréens & les Arabes. Adrichome
diftingue auffi ces pays ; mais il fe trompe en ce qu'il
met les Ituréens en-deçà du Jourdain , au lieu que l'un
& l'autre peuple femble avoir demeuré dans les monta-
gnes au-delà de Damas.
1TURGIS. Voyez Visurgis.
ITURICENSES , ancien peuple de l'Espagne Tarra-
gonoife, félon Pline, l.$, c.3: l'édition de Dalechamp
porte Iturisenses ; oi Ottélius foupçonne que ce nom
vient tilturijja. Mais le P. Hardouin le change en Lur-
fenses. Sa raifon eft que, dans la fuite de noms que Pline
fournit dans cet endroit, il fuit l'ordre alphabétique pour
la première lettre. Or voici ces noms dans l'ancienne
édition: Arcobricenfes , Andologenfies , Arocclitani,
Bursaonenses , Calaguritani qui Eibularenses cognomi-
nantur, Complutenses , Carenses , Cincenses , Cortonen'
fies, Dammanitani , Larnenses , Iturifenses, Ispalensest
Ilumberitani , Lacetani , f^ibienses , Pempelonenses *
Segienses. On voit bien que ces trois noms qui com-
mencent par /, viennent trop tard après Larnenses. Les
manuscrits de la bibliothèque du roi portent Larnen-
Jes, Lursenses, Lumberitani , & ne font aucune men-
tion delspalenses. Le P. Hardouin a raifon de dire qu'il
ne fait d'où il eft venu. Cependant Hermolaùs dérivoir.
ce nom d'Iluron , ville dont Pline a parlé auparavant ,
tk dont il ne s'agiffoit plus dans ce paffage ; & Dale-
champ le faifoit venir d'Iturifa, ville des^Vascons. Ces
étymologies deviennent inutiles par la reftitution du
Temt III. Gggg ij
604
ITZ
JUB
P. Hardouin. Le mot de Fibienses, qui dérange auffi l'or-
dre alphabétique , eft changé par ce père en LUbienses.
ITURISSA , ancienne ville d'Espagne , au pays des
Vascons , félon Ptolomée, /. i, c. 6. Pomponius la
nomme auffi , /. 3 , c. I , n. 76. Antonin , Itiner. qui la
nomme Jurifja ou Turiffa , félon les divers exemplaires,
la met à vingt-deux mille pas de Pampelune, &c à dix-
huit mille pas de la haute Pyrénée. Il faut pourtant re-
marquer que je ne fais que fuivre le gros des géogra-
phes, qui croient que la Turiffa d'Antonin eft llturiffa
de Mêla & de Ptolomée ; mais je dois avertir que
Marca, Hispanic. 1. 6 , c. 13 , n. 1 1 , les diftingue. Il
prétend que la Turiffa. d' Antonin eft préfentement le
village de Subiri , entre Purgucte & Pampelune , & que
Burguete répond au fummum Pyrenaum de cet auteur ;
mais il ajoute que l'Ituriffa de Pomponius Mêla eft pré-
fentement Tolofa dans la Guipufcoa.
1. ITYCA, ville de la Lybie , félon Etienne le Géo-
graphe , qui dit que c'étoit une colonie des Tyriens.
Ortélius a raifon de foupçonner que cet auteur a voulu
parler d'Utique, ville d'Afrique.
2. ITYCA , ville d'Espagne , félon Appien. C'eft la
même qu'lTUCCI. Voyez ce mot.
ITYS , lieu particulier de la Phocide ; il étoit célèbre
par la fable d'Itys , félon Ortélius , Thefaur. qui cite le
fécond livre de Thucydide. Mais dans la traduction de
d'Ablancourt on ne trouve rien de pareil. Voici com-
ment il tourne ce partage, t. 1 , p. 140, édit. d'Amfler-
dam 1713. Ce Terès n'a rien de commun avec Terée,
qui époufa Progné, fille de Pandion, & qui demeuroit
dans la Phocide, en une contrée nommée Daulie, ha-
bitée alors par les Thraces, où fe pafla l'aventure d'Itys ;
& de - là les poètes appellent le roffignol Daulien. Il
n'y a point dans ce partage de pays nommé Itys.
ITZEHOA , ville d'Allemagne, au duché de Holftein,
fur la rive feptentrionale de la rivière de Stoër , à un
petit mille de Krempe , à deux de Gluckftadt , à fix
de Rensbourg , à fept de Hambourg , à huit de Kiel, à
neuf de Hufum & de Gottorp , & à onze de Lubec.
Cette ville eft ancienne ; & dans le terns que les Da-
nois & les Vandales , encore payens , failbient par-tout
d'affreux ravages , cette place lervoit d'afyle aux Chré-
tiens du Holftein , qui s'y refugioient. Ce fut Charlema-
gne qui la fit bâtir par Égbert, comte de Saxe , contre
Godfried, roi de Danemarck , en 809, afin d'arrêter les
incurfions des Danois ; car auparavant Charlemagne
n'avoit qu'une ou deux fortereffes fur l'Elbe. Ceci eft
autorifé par ce paffage de Réginon. Impcrator càm ei
mu/ta de ja&atione & fuperbiâ régis Danorum nuncia-
rentur, jlatuit trans Albim civitatem adificare , Franco-
rumque in edponere pmfidium, cumque ad hoc perGal-
liam ajque Germamam homines congregaffet armis ac
cœteris ad ufum neceffariis rébus infiruclos , ad locum
deflinatum per Frifiam ducerejufjit. Impcrator, pojlquàm
locus civitatis conffituendœ fuerat explorants , Egeber-
tum comitem huic ntgotio exequendo prœficiens , Albiam
trajiceie & locum juffit occupare. Efl autem locus fuper
ripam Sturia fluminis , vocabulo EfteHeldt, (d'autres li-
fent Ef/efeld,) occupatus efl. Itaque ab Egeberto & comi-
tibus Saxonibus , & circà idus Martii muniri cœptus
anno 809. * Danckwerth Schleswich und Holftein newe
Landsbefchreibung, p. 186.
C'eft de ce nom d'EsSEFELDE que s'eft formé le
nom d'EsSEHO , ou Eszeho & enfin Itzeho. On
voit par un diplôme de Louis le Débonnaire , en faveur
de l'églife de Hambourg, que les gens que Charlemagne
y fit venir de France & d'Allemagne , étoient des habi-
tans même du Holftein, qu'il rappella de l'exil auquel il
les avoit condamnés, à caufe de leurs mutineries , &
qu'il laiffa, pendant fept ans, disperfés, afin de les forti-
fier dans la religion Chrétienne, après quoi il les ren-
voya dans leur pays pour peupler fa nouvelle ville. Hel-
mold, parlant des ravages que fit Godescalc, dit qu'il
ne laifla rien d'entier dans le Holftein , le Stormar &
la Ditmarse , que les fortereffes d'Etzeho & Bokelde-
borg. Dans la fuite, la ville de Hambourg ayant été ra-
fée , Adolphe II & Adolphe III , comtes de Holftein ,
établirent leur réfidence à Itzeho. Adolphe IV y établit,
en 1133, le droit de Lubec, qu'on y observe encore. Cette
ville tient le troifiéme rang entre les villes du Holftein.
Le comte Gérard , fils d'Adolphe IV, fonda une abbaye
de Bénédictins à Itzeho , dans laquelle lui & fa pofté-
rite choiiirent leur fépulture. Il y avoit auffi un monaftere
de filles nobles, les Luthériens l'ont conservé, mais fans
les vœux ni autres pratiques de la vie monaftique , &C
ce n'eft qu'une retraite pour des filles de qualité. Cette
ville eft affez bien bâtie , fur-tout la ville neuve qui eft
entièrement entourée de la rivière ; elle eft au roi dé
Daneiîiarck , & eft gouvernée par deux bourguemeftres,
félon l'ufage du Holftein. Il y a deux églifes ; la prin->
cipaleeft dans la vieille ville , auprès de l'abbaye ; l'au-
tre , qui eft petite , eft dans la ville neuve. De l'églife
de la ville relèvent deux villages Suy & Schlot-
FELDE.
ITZ1RALLUM. Voyez Izyralla.
JTZU ou Jdzu, province du Japon , dans l'ifle de
Nipon ; c'eft une presqu'ifle qui avance dans la mer
du Japon , 6c borne à l'orient le golfe de Jédo ; c'eft
auffi une des provinces du Quanto , l'ancien domaine
de la famille des Cubo-Samas , qui régnoit encore à la
fin du dernier fiécle. Vers l'an 1607, on y découvrit des
mines d'or &. d'argent. * Le P. de Ckarlevoix , Hift. du
Japon.
1. JU, ville de la Chine, dans la province de Ho-
nan , au département de Caifung , première métropole.
Sa latitude eft de 35 d. 14' ; & elle eft de 3 d. 55' plus
occidentale que Pékin , félon l'Atlas Chinois. * Martini ,
Atlas Sinenjis.
l. JU, petite rivière delà Chine , dans la province
de Honan. C'eft un des ruiffeaux qui arrolènt le terri-
toire de la capitale ; elle fe perd dans la rivière Jaune.
* Atlas Sinenjis.
3. JU, grande cité de la Chine , dans la même pro-
vince , différente de l'autre ville de même nom. La la-
titude de celle-ci eft de 3^ d. 5', & elle de 4 d. 57'
plus occidentale que Pékin. Quoiqu'elle n'ait pas la di-
gnité de métropole, elle eft pourtant très-recommanda-
ble par la bonté de fon terroir , & a cinq villes fous fon
département, lavoir,
Ju,
Luxan ,
& Yyang.
Kia,
Paofung
Elle eft fituée à l'orient de la rivière de Sienul , qui fé
perd dans la rivière de Ju , au midi occidental de la
ville. La famille de Tanga la nomma LiNJU; & la fa-
mille de Taiming la déclara libre , &c la nomma Ju.
4. JU, rivière de la Chine, dans la province de Ho-
nan. Elle a fa fource dans le lac de Quangching, au cou-
chant de la ville de Ju , au midi de laquelle elle paffe ;
elle y reçoit la rivière de Sienul , g. paflè auprès de
Kia , g. reçoit la rivière de Xeléang & le ruiffeau d'In ;
après quoi, fe courbant vers le midi , elle trouve en che-
min la Chaya, vis-à-vis de Xançai ; paffe auprès de luning,
d. fe recourbe vers l'orient ; reçoit le ruiffeau de Tung ;
fe détourne vers le midi , au-delà deXangchin ; fe mêle
près de Quang , avec la rivière d'Hoai , vis-à-vis du
ruiffeau Palu qui s'y vient joindre auffi. C'eft-là que la
rivière de Ju perd fon nom. * Atlas Sinenjis.
JUALE , Jouale ou Joale , village d'Afrique.
Voyez Joal.
JUAMI , royaume du Japon , félon Cardin cité par
Baudrand. C'eft la même chofe que Iwami ou Se-
K1SJU , feptiéme province de la grande contrée de Sa-
nindo. Voyez Iwami.
JUANA ; c'eft le nom que Chriftophe Colomb donna
d'abord à l'ifle de Cuba , à fon premier voyage , avant
que de favoir fi c'étoit une ifle ; dans la fuite on l'ap-
pella Fernandine ; mais ces deux noms n'ont pas fait
fortune. * Notes du P. Charlevoix.
JUANNI. Voyez Anjouan , qui eft le nom de cette
ifle.
JUANOGOROD. Voyez Ivanogorod.
JUBALENA NaTIO, ancien peuple d'Afrique , où
il habiroit un pays d'un accès difficile , à caufe des mon-
tagnes, félon Àmmien Marcellin, /. 19, c. 5.
JUBALCIANENSIS, fiége épiscopal d'Afrique dans
la Bizacène. On trouve dans la Notice d'Afrique , Eu-
sèbe Jubalcianenjis ; & entre les PP. de Ja Conférence
de Carthage , Géta Jubaltianenjis. Ce même Géta as-
fifta au concile de Carthage, l'an 403 , comme on lit
JUB
IUC
au canon 90, du Recueil des canons de l'églife d'Afrique.
. JUBAYE, ville maritime de Syrie. C'eft l'ancienne
Byelos. Voyez ce mot.
JUBECLliJiENSiS, liège épiscopal d'Afrique dans
la Byzacène. Rejlitutus , fon évêque, fouscrivit à la lettre
adrefiee à l'empereur Conftantin. * Harduin. Colleft.
Conc.
JUBEL-HADRA, montagne d'Afrique , au royaume
de Maroc, dans la province de Duquela , félon Mar-
mol , Afrique , t. 2, p. 116 , 1. 3 , c. 68. On l'appelle
communément la montagne verte: elle a le fleuve d'Qm-
mirabi au levant , & au couchant le mont d'Escure qui
divife ces deux provinces , avec une partie de celle de
Tedla. Il y a par-tout de grandes forets , pins, cèdres Se
jujubiers , où demeurent plulïeurs hermites qui ne vi-
vent que d'herbes &£ de fruits fauvages , & s'éloignent,
d'ordinaire, de dix ou douze lieues des endroits habités.
Cette montagne étoit fort peuplée du tems des Almo-
hades; mais les Benimerinis en ruinèrent toutes les habi-
tations. Il y a encore plufieurs vieux bâtimens de refte
& plufieurs hermitages, avec des lieux relevés en autel,
à la façon des Mahcmétans , où couchoient les her-
mites; les Arabes & les Béréberes de la contrée y vont
en pèlerinage. La multitude des fources qui fortent des
rochers, forme au pied un grand lac , où il y a force
anguilles, truites, barbeaux, & de grands poiflons blancs
nommés bogues, qui font de fort bon goût. C'eft une
choie admirable de voir la multitude &L de la diverfité
d'oifeaux qui font fur cette montagne , & la quantité
de gibier & de venaifon ; de forte qu'il n'y a point de
plus beaux lieux pour la chaffe dans toute TAfrique. Quand
les Portugais furent maîtres de Safîe Se d'Azamor, Aben-
Haddu étoit maître de cette montagne, & demeuroit
dans ces bois comme un hermite ; de forte qu'à la faveur
de quelques Arabes de Charquie , qui le fuivoient , &
de fon frère Mulei- Ferez , il prit le titre de roi , &c
eut plufieurs démêlés avec Buchentuf, roi de Maroc,
&avec les Chérifs ; mais ils furent contraints à la fin,
fon frère & lui , de reconnoître le Chérif Amed pour
fouverain. Il y a autour du lac beaucoup de bruyères ,
où l'on voit de grandes bandes de grives ; & les tour-
terelles y (ont auffi groffes que des ramiers. Comme on
n'y chaffe pas beaucoup , tout y eft plein de gibier ; les
fangliers, les cerfs , les chevreuils, les daims , les vaches
fauvages , les gazelles , les perdrix , les oies fauvages ,
les hérons , &c. fe trouvent en abondance dans cette
montagne.
JUBELDA , montagne d'Efpagne , ainfi nommée de
Jubelda , fils d'Iberus , félon le faux Bérofe cité par
Ortélius.
JUBERI. Voyez Viberi. ,
JUBERNI. Voyez Uterni.
JUBERUS MONS , nom latin du Mont-la-Fourche,
dans les Alpes.
JUBLEINS ou JuBLAiNS,au Maine, &, pour mieux
encore, l'écrire Jublent, eft un bourg du diocèlè du Mans,
qui a été autrefois une ville. C'étoit au moins un des
châteaux des peuples appelles Diablentes , comme il eft
prouvé par une Diflertation expreffe deLebeuf, inférée
dans fon Recueil de l'an 1739 , & dont il a tiré les
preuves de la pofition de tous les lieux que les Ailes des
évêques du Mans , fk les Vies de ces îaints marquent
être fitués in condita Diablentis , ou Diablentica in
parochiâ , ou vicaria Diablentica , viro Diablentico ,
jufqu'aux rivières & ruiffeaux qui font dits voifins de cette
petite capitale des Diablentes. Les reftes dans deux édifices
Romains , les médailles des empereurs , les acqueducs ,
& autres vertiges d'antiquité , dépofent en faveur de
cette ancienne ville. Dès les premiers tems de l'établif-
fement du Chriftianifme dans le Maine , les évêques du
Mans s'appliquèrent à y détruire l'idolâtrie & à y planter
la foi ; de forte que cette petite cité , qui a confervé
le nom de fes peuples , étoit comme le fécond fiége
des évêques du Maine , & que fouvent , en parlant de
l'églife de ce lieu, ils l'appellerent/à/zSa ecclejîa Dia-
blentica. Ce lieu eft fitué à neuf ou dix lieues du Mans ,
fur la route de Mayenne. L'églife eft titre de S. Gervais ,
ancien patron de la cathédrale du Mans. Dès le dou-
zième fiécle on avoit perdu de vue l'étymologie de
Jublent ; & dans les titres latins on fe contentoit de le
mettre en françois , comme il vient d'être écrit. Hilde-
bert, évêque du Mans, donna alors cette églife au eHa~
pitre de la cathédrale , avec plufieurs autres; elle eft une
de celles , ( & non pas la feule, comme on l'a mis par
erreur,) que le même chapitre confère de plein droit.
Le rapport du clergé du Mans avec la bourgade Dia-
blenuque, dite Jublent car corruption, a fait donner le
nom de rue des Jablcins à l'une de celles de la ville du
Mans, qui conduifent à la route de Jubleins ; h. le peuple
a altéré ce nom , jufqu'à dire aujourd'hui la rue des
Chapelains, quoiqu'il foit nommé Diablenticus dans
les titres. La chaire au Diable paiiè pour être une anti-
quité de Jubleins, aufli-bien que la fontaine des Cuves.
Les payfans de ce lieu font les plus laborieux de tout le
Marne , & peut-être les plus robuftes. L'étymologie de
Jubleins, qu'on tire de Juin Balnea, eft fauffe & trouvée
après coup : il y a proche le bourg de Jubleins une
t^ès-ancienne Chapelle , dite A^. D. de Douce qui
paroît dériver de Dourcé Si de Durigiacum latin. On
croit qu'il y avoit-là une communauté. * Extrait de la.
Dijfertation de Lebeuf, & d'un nouveau Mémoire qui
lui a été envoyé par M. de Mongon , chanoine du
Mans.
JUCADAM , ancien lieu de la Paleftine , félon
Jofué, c. 1*5, v. <j6. D. Calmet , Dicl. dit que c'eft
une vilie de la tribu de Juda.
JUCAO , ville de la Chine, dans la province de
Kiagnan, au département de Yangcheu, feptiéme métro-
pole de la province. Elle eft de 3 d. 36 ' plus orien-
tale que Pékin, fous les 3 3 d. i%' de latitude. * Atlas
Sinenlïs.
JUCARA Voyez Jocura.
1. JUCATAN. C'eft ainfi que quelques géographes
écrivent fans aucun fondement , ce qu'on appelle Yuca-
TAN. Voyez ce mot.
1. JUCATAN. Quelques-uns difent Yucatan, grande
province de l'Amérique , dans la nouvelle Efpagne. Ce
nom fe donne à deux étendues de pays bien différentes
l'une de l'autre.
Il fignifie, en premier lieu, tout le pays, qui fe divife
en tiois patties , favoir le Jucatan propre , le Guatimala.
& YAcafamil, qui eft lifle de Santa-Cruz. C'eft dans
cette lignification étendue, que Thomas Gage, Relation
des Indis^ occidentales , 2. part, page 3 1 , en parle ainfi
Le troifiéme royaume qui dépend de la Mexicane, ou
de la partie feptentrionale de l'Amérique , eft le Juca-
tan , qui fut découvert par Ferdinand de Cordouë , en
15 17. On l'appelle Jucatan , non pas à caufe de Joétan,
fils de Heber , comme quelques-uns fe font imaginés ,
qui croient qu'il partit d'Orient , où l'Ecriture fainte
établit fa demeure, ( Genef. c. 12, ) pour venir habi-
ter en ce pays , mais de Jucatan , qui , dans la langue
Indienne, lignifie, Que dites-vous ? parce que la première
fois que les Efpagnols y abordèrent , &c demandèrent
aux Indiens le nom du pays , ils leur répondirent Ju-
catan , qui fignifie, Que dites-vous ? ce qui fit que les
Espagnols le nommèrent Jucatan , St qu'ils l'ont tou-
jours ainfi appelle depuis.
Ce pays eft fait en forme de péninsule , & a pour le
moins trois cens lieues de tour. Il eft fitué vis-à-vis de
l'ide de Cuba , & eft divife en trois parties.
La première eft le Jucatan proprement dit, dont les
villes les plus confidérables font Campèche , Vaillado-
lid, Merida , Simancas , & une autre qu'ils appellent
le Caire , pour fa grandeur & fa beauté. Les Espagnols
regardent ce pays comme un pays pauvre , parce qu'il
n'y a point de mines d'argent , & que l'on n'y recueille
point d'indigo ni de cochenille. Les principales mar-
chandifes qui s'y trouvent , font du miel , de la cire ,
des cuirs ; du fucre , quelques drogues pour les apothi-
caires , de la cafte , de la falsepareille , & grande quan-
tité de maïs. Il y a aufiî quantité de bois propre à bâtir
des navires , dont les Espagnols font des vaiffeaux j
qui leur fervent fort bien à faire le voyage d'Espagne ,
oi à en retourner. En 1632 , les habitans de ce pays
furent fur le point de fe rebeller contre leur gouverneur,
parce qu'il les obligeoit de lui apporter leurs cocs
d'Inde & leurs volailles , leur miel & leur cire , qu'il
leur payoit au prix qu'il vouloit , & ensuite les reven-
doit bien cher , s'enrichiffant ainfi à leurs dépens. Ne
pouvant plus fouffrir ce traitement , qui les réduiloit à
l'extrémité, ils prirent le parti de la révolte , 6c réfo-
6o6
JUG
JUD
lurent de s'enfuir dans les bois & fur les montagnes. Ils
l'exécutèrent , & y demeurèrent quelque tems , juf-
qu'à ce que les religieux de S. François , qui ont un
-grand pouvoir fur eux , les perfuaderent & les engagè-
rent à retourner dans leurs mai fons ; &c le gouverneur,
de peur de caufer un foulevement général dans le pays,
non-feulement leur accorda une amniftie générale ,
mais leur promit aufli de les traiter plus doucement à
l'avenir.
Wafer , dans fon Voyage , p. 221 , dit que le Yucatan
a évêché , gouvernement & capitainerie générale ; que
Merida en eft la capitale. Cette province , dit-il , eft
moins connue par ce nom que par celui de Campèche ;
port dangereux , à la vérité , & fi rempli de bancs &c
d'écueils , qu'on eft obligé de mouiller à quatre lieues
avant en mer , mais fameux par fon bois , qui eft né-
ceffaire aux belles teintures. Le Yucatan eft des pltts
abondans en cire , coton , paftel , & autres mafchandi-
fes , dont on fait trafic par toute l'Amérique.
Coréal , dans fon Voyage aux Indes orientales , t. i ,
p. 69 & Juiv. traite cette matière avec plus Retendue.
Voici ce qu'il nous en apprend. Approchant? du conti-
nent , à foixante-fix lieues de la pointe de S. Antoine ,
qui eft au côté occidental de l'ifle de Cuba , on vient à
la pointe de Jucatan , qui s'avance en mer, comme
tine presqu'ifle. Il explique ainfï l'origine de ce noiru
TeSetan , en langue Indienne , fignifie , Je ne t'entends
pas ; & c'eft la réponfe qu'on donna aux Espagnols ,
lorsqu'ils abordèrent au Havre de S.Antoine, pour cher-
cher de nouvelles terres ; car fe trouvant là , ils rirent
fîgne aux habitans pour leur demander le nom du pays
où ils fe trouvoient ; à quoi les Indiens repondirent ,
O TeSetan , ce qui veut dire , Nous ne vous entendons
pas. Les Efpagnols prirent cela pour le nom de cette
côte. Depuis ils en ont fait , par corruption , Jucatan ,
lien que la pointe de cette côte foit appel lée Eccampi
par les Indiens. Cette pointe de Jucatan gît à 21 d.
de hauteur. Elle eft de grande étendue ; & plus elle
avance en mer , plus elle eft large. Sa moindre largeur
eft de quatre-vingt-cinq à quatre-vingt-dix de nos lieues;
elle eft éloignée de Xicalanco à-peu-près d'autant. Il y
a des cartes étrangères qui repréfentent mal-à-propos
cette pointe de Jucatan plus étroite ; mais il eft fur
qu'elle a de l'eft à l'oueft deux cens lieues de longueur.
Elle fut découverte , en 15 17 , par Hernandes de
Cordoua , mais feulement en partie. Hernandes étant
parti de Sân-Jago de Cuba, pour chercher de nouvelles
terres , ou pour prendre des travailleurs pour les mines ,
& venant à l'ifle de Guanaxos , ou Caganaxa, près du
cap des Honduras , y trouva un peuple bénin , doux &c
fimple , n'ayant point d'armes , ôc paroiflant ennemi de
la guerre. Ces gens n'avoient d'autres occupations que
la pêche. Hernandes pouffa plus loin , & arriva à une
pointe inconnue , où il trouva des chaudières à fel , Si
de petites tours de pierre , avec des degrés ; des cha-
pelles couvertes de bois &t de chaume , où il y avoit
des idoles de femmes. Les habitans de cette pointe
tétoient vêtus richement , & portoient des mantelines
très-fines de coton blanc &c de coton de couleur , des
joyaux d'or & d'argent , & des pendans de pierreries.
Les femmes y étoient couvertes depuis le milieu du
corps jufqu'aux talons, ainfi que fur la tête & fur le fein ,
des mêmes étoffes de coton. De-là les Espagnols paf-
ferent à une autre pointe , qu'ils nommèrent pointe de
Cotoche , parce qu'y ayant rencontré quelques pêcheurs,
qui de crainte fe mirent à crier , en fuyant du côté de la
terre , Cotoche , Cotoche , c'eft-à-dire à la mdifon , à la
mai/on , ils crurent que les pêcheurs leur difoient le nom
du pays. Depuis cela cette pointe a retenu le nom de
Cotoche. Us y trouvèrent au bord de la mer une grande
& belle ville , où ils furent parfaitement bien reçus
des habitans. Us y virent de beaux édifices , avec de
hautes tours , des temples aflez magnifiques , des rues
pavées , & beaucoup de commerce. Les maifons y
étoient bien bâties de pierres & de chaux , mais Ample-
ment couvertes de chaume. Les chambres étoient hautes
de dix ou douze degrés.
L'auteur cité n'a pas une idée avantageufe de la con-
verfion de ces peuples : félon lui , les Indiens de ce
pays fervent leurs idoles tant qu'ils peuvent : ils leur
J'acrifîoient autrefois des victimes humaines» Tous ceux
qui font fous la domination Espagnole, exercent encore
leur idolâtrie le plus fecrettement qu'ils peuvent. Ils ont
bien , pour la plus grande partie, le nom de Chrétiens, &
la réputation de l'être ; mais auffï-tôt que les eccléfiafti-
ques , qu'on leur envoie, font éloignés , ils fe moquent
du baptême ck des inftrucf. ions. La haine qu'ils ont pour
nous ,^ à caufe des injuftices & des cruautés qu'on a
exercées contre eux , contribue beaucoup à l'averfion
qu'ils ont pour notre religion ; cependant la crainte
d'être châtiés , & pris pour esclaves , les rend exafts
à l'extérieur , & ils affeétent de jeûner , d'aller à con-
feffe , & de porter les ânnates autant que le meilleur
Chrétien d'Efpagne ; mais avec tout cela , les châtimens
ont incomparablement été plus efficaces que les fer-
mons ni les cathéchifmes : cependant ils ne manquent
ni de bon fens ni de pénétration. On affure que les ido-
lâtres de Jucatan & de Cotoche pratiquent la circonci-
fion , fans qu'on puiffe favoir d'où peut venir cette cou-
tume. Ces Indiens m'ont toujours paru aflez droits dans
le négoce. Ils ont quantité d'abeilles , de miel & de
cire, dont ils ignoroient, dit-on, l'ufage avant la ve-
nue des Espagnols. Il ne femble pas que cette terre ait
des mines d'or ou d'argent ; & quoique le pays foit
rude & pierreux , il ne laifle pas d'être fertile en maïs.
On a fort détruit les habitans de ce canton. Le pays
eft presque défert : il s'en eft fauve grand nombre dans
les bois ck clans les lieux non conquis , où ils fe font
joints aux autres Indiens. Le refte vit dans l'esclavage
èk dans l'oppreffion.
Je parle des deux autres parties du Jucatan dans les"
articles de Guatimala & de Santa-Cruz.
1. JUCHING , ville de la Chine, dans la province
deHonan, au département de Queite , féconde métro-
pole de la province. Elle eft plus occidentale que Pé-
kin de 1 d. 20', par les 3 5 d. 20' de latitude. * Atlas
Sinenjïs.
2. JUCHING, ville de la Chine , dans la province
de Channton, au département deCinan, première mé-
tropole de la province. Elle eft plus orientale que Pékin "
de io', par les 37 d. 19' de latitude. * Atlas Sinenjïs.
JUCU , ville de la Chine , dans la province dé
Channfi , au département de Taiyven , première métro-
pole de la province. Elle eft plus occidentale que Pékirt
de 4 d. 20', par les 38 d. 25' de latitude. * Atlas Si-
nenjïs.
JUCUNDIANENSIS , fiege épiscopal d'Afrique-
dans la Numidie. La Notice épiscopale ne le nommé
pas. Mais on trouve dans la Conférence de Cartilage,
p. 79, édit. Dupin. Secundinus Jucundianenjis ; ck lé
même évêque eft nommé ailleurs , Secundus Jocundia-
nenfa, du nom d'une bourgade de Numidie , cujusdam
villa Numidiœ. •
JUD ou Judi , ville de la Paleftine , dans la tribu
de Dan. *Jofué, c. 29, v. 45.
I. JUDA : c'eft originairement le nom d'un des douze
patriarches, fils de Jacob ck de Lia ; mais dans là fuite
ce nom lignifia la tribu de Juda, c'eft-à-dire la poftérité
de ce patriarche , dont voici quel fut le pays.
Le lot de la tribu de Juda occupoit toute la partie mé^
ridionale de la Paleftine , ck les tribus de Siméon ck de
Dan occupèrent plusieurs villes , qui d'abord avoient été
attribuées à Juda. Cette tribu étoit fi nombreufe, qu'au
fortir de l'Egypte , elle étoit compofée de foixante- &
quatorze mille fix cents hommes capables de porter les
armes, Numer. c. 1, v. 26, 27. La royauté paifa de la
tribu de Benjamin, d'où étoient Saul ck Isbofeth, dans
celle de Juda, qui étoit la tribu de David ck de Ces fuc-
cefleurs rois , jusqu'à la captivité de Babylone ; ck de-
puis le retour de la captivité, quoique cette tribu ne ré- '
gnât pas , elle occupa toujours néanmoins la première
place. Elle donnoit le fceptre à ceux qui régnoient. Elle
réuniffbit en quelque forte toute la nation des Hébreuss
en elle-même ; & on ne les connoiffbit que fous le nom
de Judai , les Juifs , descendans de Juda.
Quand Juda eft oppofé à Israël , il défigne le royaume
de Juda. , c'eft-à-dire la partie qui demeura fidèle à Da-
vid &c à fes fucceffèurs ; au lieu qu'Israël fignifie les dix
tribus rebelles, qui commencèrent par leur divifion le
royaume de Samarie. Une des principales prérogatives
de la tribu de Juda , eft d'avoir conservé le dépôt de la
vraie religion , Ôc l'exercice public du facerçloçe ôc des.
JUD
JUD
i cérémonies de la loi da«s le temple de Jérufaîem , pen-
dant que les dix tribus s'abandonnoient au culte des veaux
d'or Se à l'idolâtrie.
2. JUDA, royaume d'Afrique, dans la Guinée, en-
viron à foixante lieues à l'eft, d'Akim , Se féparé de la
côte d'or, par la rivière de Volta. Les François ,Se les
Angloisyont un comptoir voifin l'un de l'autre, dans des
marais, où l'air eft très- mal-fain , à trois mille de !a côte.
La capitale, appellée Saùi, _&c que les François appel-
lent Xavier,' eft à quatre milles au nord des comptoirs.
Le pays eft bon , abondant en bled d'Inde , patates, igna-
mes Se autres fruits dont on fait, tous les ans, deux mois-
fons. Ce royaume fut conquis Se ravagé par le roi de
Dahomay, en 1727. * Hijt. des Voyages, t. 3. Robert
de Vaugondy, Atlas.
JUDÉE, pays d'Afie, fur les bords de la Méditer-
ranée , entre cette mer au couchant , la Syrie au nord ,
les montagnes qui font au-delà du Jourdain à l'orient,
Se l'Arabie au midi.
On l'a appellée anciennement pays de Chanaan , du
nom de Chanaan , fils de Cham , dont les descendans
l'occupèrent en premier lieu. On lui donna ensuite le
nom de Paleftine, à caufe des Philiftins, que les Grecs
Se les Romains appelloient Pale/lins. Comme ces peu-
ples demeuroient le long des côtes , ils furent connus
les premiers , Se le refte du pays a porté leur nom. On
l'a auffi appellée Judée , de la plus considérable de fes
tribus. On lui adonné le nom de terre promife , par rap-
port aux promeffes que Dieu fit plufieurs fois aux patriar-
ches de la donner à leur poftérité ; de terre d'Israël, à
caufe que les enfans de Jacob ou d'Israël s'y établirent;
Se de la Terre- j. ai m e , parce qu'elle a étéfan&ifiée par la
prélence Se les myfteres de Jefus-Chrift.
La Judée étoit une partie de la gtande Syrie; de -là
vient que Ptolomée , après avoir traité de la Syrie ,
/. J, c. 1 5, emploie le chapitre fuivant à traiter de la Syrie-
Palejline, qui s'appelle auffi Judée. Sa longueur fe prend
depuis la Syrie Antiochienne jusqu'à l'Egypte & l'Ara-
bie; fa largeur depuis la mer Méditerranée, ou la grande
mer jusqu'à la Celéfyrie & l'Arabie Pétrée. Le Jourdain,
qui prend fa fource au mont Liban , la traverse ; les val-
lées où il coule le portent dans le lac de Généfareth ,
qui, dans l'ancien Teftament, s'appelle mer deCeneroth;
oc dans le nouveau, mer de Tibériade. Au fortir de ce lac
fon canal eft large & tranquile ; il arrofe presque toutes
les tribus, & va fe perdre dans le lac Asphalride, nommé
autrement mer Morte. Outre le Jourdain, on compte d'au-
tres rivières dans la Judée ; le Jarmac au pays des Ger-
féens : il prend fa fource aux montagnes de Galaad ; le
Kirmion ptès de Damas, nommé autrement Amach ou
Abana. On y ajoute le Pharphar qui descend du mont
Hermon ; le Ci/on qui coule dans les tribus d'Iflachar Se
de Zabulon ; l'Arnon qui vient de la montagne du même
nom, Se qui fe jette dans la mer Morte , Se le Jaboc qui
fe jette dans le Jourdain ; mais tous ces fleuves , ex-
cepté le dernier , ne font , à proprement parler , que des
torrens ou des ruifleaux. * Le P. Lami. Introd. à l'Ecrit.
fainte, c. 3.
Ce pays a plufieurs montagnes. Les plus célèbres font
le Liban , Se l' Anti-Liban au ieptentrion ; les montagnes
de Galaad, d'Hermon , d'Arnon Se celles desMoabites
à l'orient ; les montagnes du défert au midi ; le Carmel;
les montagnes d'Ephraïm Se des Philiftins, au couchant.
Il y en a quelques autres au milieu de la Judée, comme
le Tabor, Garizim , Hébal , Sion , Moria, Hébron,
or, ce que l'Evangile appelle montana Judœa.
Les Philiftins étoient étrangers dans le pays de Cha-
iiaan, Se étoient venus de Capthor. Voyez ce mot.
Les Phéniciens étoient un refte des anciens Chananéens,
dont Jofué avoit détruit & chafle la plus grande partie.
Ces deux peuples, les Philiftins au midi Se les Phéni-
ciens au nord, occupoient presque toutes les côtes de la
Méditerranée. Les Juifs étoient donc refferrés par ces
peuples ; ils avoient le Liban Se la Syrie au nord , l'A-
rabie-Péttée Srl'Idumée méridionale au midi. Les mon-
tagnes de Galaad , l'Idumée orientale , l'Arabie déferte,
les Ammonites Se lesMoabites à l'orient, les Philiftins,
les Phéniciens Se la Méditerranée au couchant. * D. Cal-
met , Dift.
La Judée , avant l'arrivée des Hébreux , étoit gouver-
née par des rois Chananéens , qui exerçoient une puis-
, :6oy
fance abfcîue enacun dans fa ville. Jofué fait "la conquête
de ce pays, Se le gouverne comme lieutenant de Dieu.
A Jofué fuccèdent les anciens , pendant environ quinze
années. Les Israélites tombent dans une espèce d'anar-
chie de fept ou huit ans. Ils font ensuite gouvernés par
des juges, pendant trois cents dix-fept ans, Se enfin par
des rois, depuis Saiil jusqu'à la captivité deBabylone,
pendant^ cinq cents fept années. Après le retour de la
captivité , les Juifs reçoivent la loi des rois de Perse ,
puis d'Alexandre le Grand ; ils obéiffent ensuite aux
rois d'Egypte , puis à ceux de Syrie , gardant toujours
dans le gouvernement particulier beaucoup de déférence
pour le grand-prêtre & les chefs de la famille de David.
Les Juifs, fous la conduite de Judas-Maccabée, prennent
les armes pour la défense de leur religion, Se recouvrent
leur ancienne liberté. Enfin Hérode le Grand eft déclaré
roi de la Judée, par le fénat de Rome ; à fa mert, fes
trois fils partagent entr'eux fon royaume , Se gou\ ernent
fous le titre de tétrarques. Ils font exilés les" uns après
les autres , Se la Judée eft enfin réduite en province' par
les Romains. La durée du tems des juges, depuis la mort
de Jofué, jusqu'au commencement du régne de Saiil i
eft de trois cents trente-neuf ans. Voici l'ordre chrono-
logique des juges Se des fervitudes qui ont été dans le
pays , durant cet intervale.
Ordre chronologique des juges.
monde..
2570. Mort de Jofué.
2585. Gouvernement des anciens , pendant énvirori
quinze ans.
2592. Anarchie d'environ fept ans, jusqu'en 1592.
C'eft à ce tems qu'on rapporte l'hiftoire deMi-
cha , la conquête de la ville de Laïs , par une
partie de la tribu de Dan , Se la guerre des onze
tribus contre Benjamin.
1S91. Première fervitude fous Chufan-Rafathaïm , roi
de Méfopotamie ; elle commença en 2591 Se
dura huit ans , jusqu'en 2509.
2599. Othoniel délivra Israël , la quarantième année
après la paix donnée au pays par Jofué.
2662* Paix d'environ foixante-deux ans , depuis la dé-
livrance procurée par Orthoniel , en 2599 jus-
qu'en 2662 qu'arriva la féconde fervitude fous
Eglon , roi des Moabites. Elle dura dix-huit ans.
2679. Aod délivre Israël.
Après lui , Samgar gouverna, Se le pays fut en
paix jusqu'à la quatre-vingtième année, depuis la
première délivrance procurée par Othoniel.
2699. Troifiéme fervitude fous les Chananéens , qui
dura vingt ans , depuis 2699 jusqu'en 2719.
2719. Débora Se Barac délivrent les Israélites. Depuis
la délivrance procurée par Aod , jusqu'à la fin
du gouvernement de Débora Se de Barac , il y
a quarante ans. ,
2752. Quatrième fervitude fous les Madianites, qui dura
fept ans, depuis 2752 jusqu'en 2759.
2759. Gédéon remet les Israélites en liberté. Depuis la
délivrance procurée par Barac Se Débora , jus-
qu'à celle que procura Gédéon , il y a quarante
ans.
2768. Abimélech , fils naturel de Gédéon , eft reconnu
pour roi par ceux de Sichem. II fait mourir foi-
xante Se dix de fes frères : il régne trois ans,
depuis 2768 jusqu'en 2771.
2771. Il mourut au fiége de Thèbes, en Paleftine.
2772. Thola gouverne après Abimélech, pendant vingts-
trois ans, depuis 2772 jusqu'en 2795.
2795. Jaïrfuccédeà Thola, Se gouverne pendant vingt-
deux ans, depuis 2795 jusqu'en 2816.
2799. Cinquième fervitude fous les Philiftins , qui dura
dix-huit ans, depuis 2799 jusqu'en 2817.
2817. Mort de Jaïr.
A817. Jephté eft choifi chef des Israélites de de-là le
Jourdain ; il défait les Ammonites , qui les op-
primoient. Jephté gouverne fix ans, depuis 2817
jusqu'en 2823.
2823. Mort de Jephté.
2S30. Abéfan gouverne fept ans , depuis 2823 jusqu'en
2830.
6o8
JUD
JUD
1840. Ahialon fuçcede à Abéfan ; il gouverne depuis
2830 jusqu'en 2840.
1848. Abdon juge Israël pendant huit ans ; depuis 2840
jusqu'en 2848.
2848. Sixième fervitude fous les Philiftins , qui dura
quarante ans ; depuis 2848 jusqu'en 2888.
1848. Héli , grand-prêtre de la race d'Ithamar , gou- ne lait quelle année.
Nadab , ûh ah , mort en 3055»
Bafa, vingt-deux ans , depuis 3052 jusqu'en 3074.
£la, deux ans, mort en 3075.
Zamri , fept jours.
Amri, onze ans, depuis 3075 jusqu'en 3086. lient
pour compétiteur Thebni, qui fuccomba et mourut, on
vernâ pendant quarante ans , tout le tems de la
fervitude, fous les Philiftins.
2849» NaifTance de Samson.
2887. Mort de Samson , qui fut juge d'Israël pendant la
judicature du grand-prêtre Héli.
2888. Mort de Héli , & commencement de Samuel,
qui lui fuccéda.
1909. Election &£ onttion de Saiil , premier roi des
Hébreux.
Lifte chronologique des rois des Hébreux.
Saul , premier roi des Israélites , régna depuis l'an
du monde 2909, jusqu'en 2949, pendant quarante ans
entiers.
Isboseth, fon fils , lui fuccéda, & régna fur une
partie d'Israël , pendant fix ou fept ans , depuis 2949
jusqu'en 2956.
David avoit été facré roi par Samuel, 1 an du monde quante-trois
2934; mais il ne jouit de la royauté qu'à la mort de
Saiil, en 2949 , & ne fut reconnu foi de tout Israël,
qu'après la mort d'Isbofeth , en 2956 ; il mourut en
2990 , âgé de ibixante-dix ans.
Salomon, fon fils, lui fuccéda. Il reçut 1'onchon
royale, dès l'an 2989. Il régna feul après la mort de Da-
vid, en 2990. Il mourut en 3029, après quarante ans
de régne. , ■ . .
Après fa mort, le royaume fut partage , et les dix tri-
tus ayant choifi Jéroboam pour leur roi , Roboam , fils
de Salomon , ne régna que fur les tribus de Juda et de
Benjamin.
Rois de Juda.
Achab, vingt-un ans, depuis l'an 3086, jusqu'en 3107.
Ochojias, deux ans, depuis 3106 jusqu'en 3108. Il
fut afTocié au royaume , dès l'an 3 106.
Joram, fils d'Achab , lui fuccéda en 3108. Il régna
douze ans, mort en 3120.
Jéku ufurpe le royaume, en 3120, régne vingt-huit
ans, & meurt en 3148.
Joackas règne dix fept ans, depuis 3 148 jusqu'en 3 i6f.'
Joas régne quatorze ans , depuis 3165 jusqu'en 3179.
Jéroboam II régne quarante - un ans , depuis 3179
jusqu'en 3120.
Zacharie , douze ans, depuis 3220 jusqu'en 3232.
Seltum régne un mois ; il eft tué en 3233.
Manahem , d'X ans , depuis 3233 jusquën 3243.
Phactia, deux ans, depuis 3243 jusqu'en 3245.
Phacée, vmg. ansj depuis 3245 jusqu'en 3265.
Ojée, dix-huit ans, depuis 3165 jusqu'en 3283.
fin du royaume d'Israël, qui a duré deux cents cin-
ROBOAM , fils &£ fucceffeur de Salomon, régna dix-
fept ans , depuis l'an 3029 jusqu'en 3046.
Abia, trois ans, depuis 3046 jusqu'en 3049.
ASA, quarante & un ans, depuis 3049 jusqu'en 3090.
Josaphat, vingt cinq ans, depuis 3090 jusqu'en 3 1 1 5.
JORAM, cinq ans, depuis 3115 jusqu'en 3119.
Apre- le retour de la captivité , arrivé en 3468 , les
Juifs vécurent fous ladomina.ion des Perses, pendant cent
quatre ans, jusqu'au régne d'Alexandre le Grand , qui
vint à Jérulalem, l'an du monde 3671. Après fa mort,
arrivée en 3081 , la Judée obéit d'aboid aux rois d'E-
gypte , puis aux rois de Syrie , jusqu à ce qu'enfin An-
tiochus-Êpiphanès ayant torcé les Juifs de prendre les
armes pour la défense de leur religion , l'an du monde
3836, les Maccabées recouvrcre.it peu-à-peu leur an-
cienne liberté , et vécurent dans l'indépendance, depuis
le gouvernement de Jean- Hircan , en l'an du monde
3874, jusqu à ce que la Judée fût réduite en province
par les Romains.
Lifte des Maccabées ou des princes Asmonéens , qui ont
gouverné la république des Juifs , en qualité de princes
& de grand-prétres , Jusqu'au régne d'Hérode Le Grand.
OCHOSIAS, un an, depuis 3 119 jusquen 3120
Athalie, fa mère , régna fix ;
:ans, depuis 3120 jus-
qu'en 3126.
Joas eft mis fur le throne par le grand-pretre Joiada,
en 3126. Il régna pendant quarante ans,- jusqu'en 3165
Amasias , trente-neuf ans
Ozias , autrement nommé Avarias, régna pendant
vingt-fept ans, jusqu'en 3221. Alors ayant entrepris d'of-
frir l'encens dans le temple , il fut frappé de lèpre , &
obligé de quitter le gouvernement ; il vécut encore
vingt-cinq ans, & mourut en 3246.
Mattathias, père de Judas Maccabée, mourut en 3838,
au commencement de la perfécution d'Antiochus-Epi-
phanès.
Judas Maccabée gouverna cinq ans , depuis l'an 3838
jusqu'à fa mort arrivée en 3843.
Jonathas Maccabée gouverna dix-fept ans, depuis 384J
depuis 3165 jusqu'en jusq/en 3860.
Simon Maccabée gouverna neuf ans, depuis 3860 jus-
qu'en 3869.
Jean Hircan gouverna vingt-neuf ans , depuis 3869
jusqu'en 3898. Il fe mit en parfaite liberté, après lamort
d'Anriochus Sidétès , roi de Syrie , en 3874.
Ari (lobule prend le titre de roi, et régne un an, mort
Joathan, fon fils , prit le gouvernement, dès l'an du en 389^
monde 3 221 . Il régna feul , en 3246 , & mourut en 3 262. _ Alexandre Jannée régne vingt-fept ans , depuis 3899
Achaz fuccéda à Joathan, l'an du monde 3262. Il jusqu'en 3926.
régna feize ans jusqu'en 3278. Salome ou Alexandra, femme d'Alexandre Jannée ,
ElÉCHIAS , vingt- huit ans, depuis 3378 jusqu'en gouverna neuf ans , pendant que Hircan, fon fils aîné,
exercent la charge de grand-prètre. Elle mourut en 393 5.
Htrcan, roi 6c grand-prêtre des Juifs, commença à
régner après lamort de là mère, en 3935; mais il ne
régna paifiblement que trois mois.
Anjïobule , frère d'Hircan , s'empara du royaume 8c
de la grande facrificature, dont il jouit trois ans & trois
3306.
ManASSÉ , cinquante-cinq ans , depuis l'an du monde
3306 jusqu'en 3361.
Amon, deux ans, depuis 3361 jusquen 3363.
Josias, vingt-neuf ans , depuis 3363 jusqu'en 3397.
Joachas , trois mois.
ELIACIM ou JOAKIM, onze ans, depuis l'an 3397 mois , jusqu'en l'an 3940. Alors Pompée prit Jérufalem,
jusqu'en 3405. & rendit la grande iàcriticature à Hircan, avec la qualité
JoACHIN ou JÉCHONIAS , régne trois mois & dix de roi, mais fans lui accorder l'ulage du diadème. Aris-
jours dans l'année 3405. tobuîe fut pris dans Jérufalem, et conduit à Rome par
Mattathias ou Sedécias , régne onze ans, depuis -34c") Pompée,
jusqu'en 3416. La dernière année de fon régne, Jérufa- Hircan ne jouit pas paifiblement des honneurs & des
lem fut pnfe, le temple brûlé, et Juda emmené captif dignités que Pompée lui avoit rendus. Antigone,fon ne-
veu, fils d'Ariftobule, fit venir les Parthes à Jérufalem,
s'empara de h royauté & de la grande facrificature, en
l'an du monde 3964. Hircan fut pris ; on lui coupa les
oreilles , pou 'e rendre incapable d'exercer a l'avenir les
fondions du facerdoce , & on le mena à Babylone ,
d'où
au-delà de l'Euphrate.
Rois d'Israël.
Jéroboam régna vingt-deux ans, depuis 3030 jusqu'en
3051.
JUD
JUD
'd'où il ne revint qu'en 3968. Il fut mis à mort par Hé-
rode, en 3974) quarante-huit ans après la mort de fon
père Alexandre Jannée , Se trente-neuf ans après celle
de fa mère Salomé ou Alexandra.
Antigone , fon neveu , qui s'ëtoit emparé de la royauté
8c de la grande facrificature , n'en jouit qu'environ deux
ans Se fept mois. Il fut pris dans Jérufalem par Sofius ,
en 3967, 8c ensuite décapité la même année à Antic-
che , par l'ordre de Marc-Antoine.
Hérode le Grand, fils d'Antipater , Se Iduméen d'ori-
gine , fut déclaré roi des Juifs, par le fénat Romain ,
l'an du monde 3964. Il mourut après trente-fix ou trente-
fept ans de régne, étant âgé de foixante Se dix ans , l'an
du monde 4001 , Se l'an premier de Jefus-Chrift , trois
ans avant l'ère vulgaire.
Partage de la Judée après Hérode.
Ses états furent partagés entre fes trois fils , Archelaùs,
Hérode-Antipas Se Philippe.
Hérode-Antipas eut la Galilée 8c la Pérée. Il fut rélé-
gué à Lyon, 1 an 43 de J. C. 39 de l'ère vulgaire. De-
là il fut envoyé en exil en Espagne , où il mourut. Il
régna quarante- deux ans, depuis l'an du monde 400 1 ,
jusqu'en 4041, de J. C. 41, de l'-ére vulvaire 39. L'em-
pereur Caïus donna fa tétrarchie à Agrippa I , dont on
parlera ci-après.
Philippe eut pour partage la Batanée , fa Trachonite
& l'Auranite. Il mourut l'an 37 de J. C. 33, de 1ère vul-
gaire. Sa tétrarchie fut alors réduite en province.
Archelaùs polTéda le royaume de Judée , fous le titre
ffethnarchie , depuis l'an du monde 4001 , qui eft la
première année deJ. C. Se trois ans avant l'ère vulgaire.
Il fut rélégué à Vienne dans les Gaules, l'an 9 de J.C.
de l'ère vulgaire 6.
Alors la Judée fut réduite en province , Se foumife à
des gouverneurs jusqu'à l'an de J. C. 40, qui eft l'an 37
de l'ère vulgaire. Ces gouverneurs font quelquefois nom-
més prafes , préfident ; procuràtor , intendant , prœtor,
commandant. Ils étoient fournis aux empereurs, Se même
aux gouverneurs de Syrie, dont la Judée faifoit partie.
Lijii chronologique des gouverneurs Romains,
_ Le premier gouverneur envoyé en Judée, après le ban-
hiflêment d'Archelaùs, fut Coponius, chevalier P^omain,
t|ui la gouverna jusqu'à l'an 10 de l'ère vulgaire. Dans
le même tems , P. Sulp'icius Quirinius étoit gouverneur
de Syrie. C'eft ce Quirinius, dont parle S. Luc, v. 2.
Marcus Ambibucus ou Ambivius, fuccéda à Coponius
vers l'an 10 de l'éré vulgaire. Il gouverna peut-être trois
ans jusques vers l'an 1 3 de l'ère vulgaire ; car le teln^dé
fon gouvernement n'eft pas exprimé dans Jofeph.
Annius Rufus fuccéda, vers l'an 1 3 de l'ère vulgaire,
& gouverna un an du deux.
Valerius Gratus fuccéda à Rufus, Se gouverna depuis
l'an 15 ou 16 de l'ère vulgaire, pendant onze ans.
Ponce Pilate fuccéda à Gratus , vers l'an 27 de l'ère
Vulgaire, Se gouverna la Judée jusqu'à la fin de l'an 36.
Marcel fut envoyé en fa place par Vitellius , gouver-
neur de Syrie;
L'année fuivantè , 37 de l'ère vulgaire , Se la pre-
mière année de Caïus Caligula , la Judée retourna à fon
ancien état, Se fut donnée, fous le titre de reyaume, à
AGRIPPA. Mais après fa mort arrivée l'an 44 de l'ère
vulgaire , la Judée fut de nouveau réduite en province ;
& l'empereur Claude y envoya Cuspius Fadus, en qua-
lité de gouverneur ou d'intendant. Il la gouverna envi-
ron deux ans jusques vers l'an 46 de l'ère vulgaire.
Tibère Alexandre , fils d'Alexandre , alabarque des
Juifs d'Alexandrie, & neveu dePhilon, abandonna fa
religion , Se fut fait gouverneur de Judée , l'an 46 de
l'ère vulgaire. Il gouverna environ deux ans.
VentidiusCumanus lui fuccéda, & gouverna la Judée
jusqu'en 52 de l'ère vulgaire.
Félix , affranchi de l'empereur Claude , fut envoyé
dans la Judée, qu'il gouverna jusqu'à l'an 60.
Portius Fejlus fut envoyé en fa place la même année,
&C mourut en Judée , l'an 62 de l'ère vulgaire.
Albin lui fuccéda, & arriva en Judée, où il commanda
deux ans.
fcb$
GeJJîusFlorus fuccéda, fur la fin de l'an 04, ou au com-
mencement de 65 de l'ère vulgaire, Se fut le dernier
gouverneur particulier qu'ait eu la Judée. Il y alluma la
guerre par là mauvailè conduite. On ne fait ce qu'il de-
vint depuis l'an 66 de l'ère vulgaire. La ville de Jérufa-
lem fut prife Se ruinée, l'an 70. La révolte des Juifs
commença l'an 66.
L'Ecriture nous parle de la Judée ou de la terre de
Chanaan , comme d'un pays excellent Se abondant en
toutes les chofes néceffaires à la vie. On ne peut rien
ajouter à la peinture qu'elle nous en fait. Elle la décrit
comme une terre la plus belle Se la plus fertile qui foit
au monde , un pays où coulent des ruifTeaux de lait Se
de miel. Exod. c. 3, v. 2. E^échiel, c. 20, v. 6. Nu-
mer, c. 13, v. 28. Deuler. c. 8, v. 7. Ifaïe , c. 36, v. 17.
" Jofeph, Antiq. 1. 15, c. 5 ; & 1. 8, c. 2, de Bello;
1. 3, C 2, 18, 26 ; 6- contra Appion. 1. 1 , en parle à-
peu-près de même, auffi-bien que Tacite, Hifl. 1. ■> ,
c. 6. Quelques voyageurs modernes , voyant ce pays
mal cultivé , fous la tyrannie des Turcs , ont donné ,
fans y penser, occafion aux incrédules de nier que cette
terre promife pofTédât les avantages gue les auteurs fa-
crés ont vantés. Les impies ont faiiîe avec joie ce pré-
texte pour décrier la véracité de l'Ecriture , comme fi
elle étoit démentie par le témoignage de ces voyageurs.
C'eft une des impiétés qui hâtèrent la perte du fameux
Servet, éditeur de Ptolomée , fous le nom de Villano-
vanus. Cependant il n'eft pas vrai que cette terre foit à
préfent ftérile , ni que les voyageurs qui l'ont vue , en
parlent tous ainfi. Ils avouent qu'il y a des endroits ari-
des Se pierreux , Se qu'en général le pays eft aujourd'hui
allez ftérile. Mais cela ne vient pas d'une qualité natu-
relle du terroir, mais du manque d'habitans, qui font en.
trop petit nombre Se trop miférables , pour faire valoir
ce pays. * D. Calm'et , Dift.
De la Judée dans l'état préfent.
Aujourd'hui la Terre-fainte eft divifée en autant de
parties qu'il y a dé gouvernemens. Le nombre n'en
iàuroit être fixé ; car le Turc partage quelquefois un
gouvernement en deux , & quelquefois il en unit deux
en un. Voici ceux qui étoient lorfque le P. Nau voya-
gea dans ce pays-là.
Du CÔré du midi eft le pays de Gaçc , & au-defîus
celui de Khalil , c'eft-à-dire de l'ami de Dieu , Abra-
ham. Les Mahométans donnent ce nom illuftre à ce
patriarche , Se fou vent ils le nomment fimp'ement
Y ami , fous -entendant le nom de Dieu. Nous avons
ensuite le pays à'Elkolds. c'eft-à-dire du Jan&uaire , ou
de la ville Sainte qui eft Jtrulalem. Suit celui de Na-
plos ( Naploufe ) qu'on appelloit autrefois le pays de
Samarie. On marque après celui de Harué , celui de
Iourct-Kajre-Kanna , celui de Saphet ; Se en dépen-
dant vers la mer , ceiui de Séyde , de Tyr, Se de Saint-
J han-d 'Acre. Entrons préfemement dans le détail de
ces pays.
Le pays de Ga£c eft commandé par un Baffa hérédi-
taire , qui eut , en 1675 , labachélie de Jérufalem, Se le
gouvernement de Naploufe , avec ordre de conduire les
Pèlerins à la Mecque , & de les garantir des infultes
des Arabes. Ce pays a pour bornes à fon occident ti-
rant vers l'Egypte la mer Méditerranée jufqu'au Khan
lounas , c'eft-à-dire le Kan de Jonas , qui eft comme
une hôtellerie publique, fur le grand chemin , par où
l'on va par terre au Caire , à une petite journée de
Gaze. Ouadi-Effcrar , c'eft-à-dire la vallée des myjleres ,
Se le château Gebrin en font loin , environ de (èpt ou
huit lieues, & ils le bornent du côté de l'orient. Il eft
terminé, du côté du (èptenrrion , par le château de Ras
Elayn qui eft à la fource d'une petite rivière nommée
Elaougé , comme qui diroit rivière tortue , & par la
ville Se les dépendances de Rame. A fon midi il a les
déferts d'Arabie par où l'on va au mont Sinaï. Tout ce
pays n'a de villes que GaZe & Rame, qui ne pafleroient
en France que pour de gros bourgs. On n'y voit prelque
point de montagnes. II s'étend en de vaftes Se fertiles
plaines dans lelquelles il renferme environ trois cents
villages , 8c toute la tribu de Siméon Si celle de Dut,
Lk Pays d'EntAHiLL, ou d'HEBRON, qui eft des
dépendances de là bachélie de Jérufalem , n'a guères
Tome III, Hhhh
6ïo
JUD
JUD
que quinze ou feize villages ; mais Hébron eft une
ville confidérable. Ce pays qui eft la plus grande partie
de la tribu de Juda , eft borné à l'occident & féparé
de la bachélie de Gaze par VOuali- EJferar dont j'ai
parlé. Il a à fon orient la mer Morte qu'on nomme le
lac de Loih, B ahham-Louih ;aumidi, le défert du mont
Sinaï & au feptentrion, la fontaine fcellée de Salomon ,
& les grands rélérvoirs où les eaux fé déchargent à deux
lieues de Jérufalem.
Le Pays d'ElkoDS ou de Jérufalem , qui tient une
partie de la tribu de Juda , 6c toute celle dé Benjamin ,
a le Jourdain à fon orient, à huit ou neuf lieues de la
fainte ville; 6c il finit, vers l'occident, à cinq lieues d'elle,
à Ouadi Ali , c'eft-à-dire , la vallée d'Ali , qui eft le
commencement des montagnes de Judée. Le village
d'Elbiré le termine à trois ou quatre lieues de Jérufalem,
du côté du feptentrion , 6c au midi les rélérvoirs d'eau
de la fontaine fcellée de Salomon. On y compte envi-
ron deux cents villages , dont cent font ruinés ci déferts.
Jérufalem eft l'unique ville qui y foit.
Le Pays DE NAPLOUSE , qui eft celui de Samarie ,
6c de la tribu d'Ephraïm , renferme à- peu-près une cen-
taine de villages avec la ville qui lui donne fon nom.
Il s'étend du midi au feptentrion , depuis Elbiré jufqu'à
un grand village nommé Arrabé. Le Jourdain qu'on
nomme aujourd'hui Scheriah , c'eft-à-dire loi , le borne
du côté d'orient , & le village de Kakoun du côté d'oc-
cident , à trois lieues de la mèr. Tout ce pays étoit , en
1675 1 ^e la bachélie de Jérufalem , parce qu'il eft af-
fecté à YEmir Hage , c'eft-à-dire au feigneur qui efeorte
la caravane des pèlerins de la Mecque ; & c'étoit alors
le Baffa de Jérufalem qui avoir cette charge.
Le Pays de Kareté , que l'on trouve enfuite , eft
un pays où les princes Arabes de la maifon deTerbayé
commandent. Il a à fon orient une petite rivière nom-
mée du Jourdain , où elle fe décharge , d'environ deux
lieues. Il eft borné, du côté de l'occident, par la mer Mé-
diterranée , 6c fe termine au sabor, du côté du fepten-
trion. On y compte près de cinquante villages. 11 y a
vers la rivière que j'ai marquée , fin château nommé
ELbeyfan , bâti fur les ruines d'une ville qui avoit ce
nom , &C qui , à juger des reftes qu'on voit , étoit
beaucoup plus grande que Jérufalem. Cette ville eft , à
ce que je crois , Bethfan. Le nom mêle perfuade autant
que la fituation du lieu; car les Arabes nomment Beyt ,
ce que les Hébreux appelloient Beth ; de forte qu'El-
beyian 6c le Bethfan eft la même chofe. De ce châ-
teau jufqu'au Jourdain , on voit s'étendre une belle val-
lée nommée Seyfeban , où l'on feme du riz , du tabac
6c de toutes fortes de grains. Les Arabes y viennent
hyverner. On dit qu'autrefois il y eut un grand combat
entre Mahomet 6c les Chrétiens dont il eût été tout- à-fait
-vaincu , fi le vaillant Ali que les Mahométans appellent
YEpée du prophète , Seif-Elnabi , ne fut venu à fon fe-
cours. On feme là en abondance une herbe nommée
nih , dont la graine fert à faire une teinture bleue , 6c
eft transportée en Egypte pour cet ufage. Ce pays oc-
cupe cette moitié de la tribu de Manaffé qui étoit en-
deça du Jourdain , 6c toute celle d'Iffachar , où eft cette
grande 6c fameufe plaine d'Esdrelon , ou Maggedo ,
qu'on appelle aujourd'hui Marge-ebn-Hamer , c'eft-à-
dire le pré du fils d'Aamer.
Le Pays de Nazareth commence là. On le
nomme louret-Cafré-Kanna , c'eft-à-dire le creux du
'défert de Cana , parce que celui qui gouvernoit autrefois
ce diftricl:, faifoit fa demeure à Cana de Galilée. La mer
de Tibériade borde ce pays à l'orient , 6r la plaine de
S. Jean d'Acre à l'occident. Il a au feptentrion le pays
de Saphet , renferme la plus grande partie de la tribu
de Zabulon , 6c contient à-peu-près vingt ou vingt-cinq
villages.
Le PAYS DE Sapheth , où l'on monte ensuite, oc-
cupe la tribu de Nephthali , 6c une bonne partie des
villes de la Décapole. On voit à fa defeente une vafte
& longue campagne , vers la fin de laquelle eft Céfarée
de Philippe , 6t c'eft ce qui fe nommoit autrefois la Tra-
chonitide. Le Jourdain fe forme là de deux fources ,
qui unifient leurs eaux ; 6c , coulant par cette campagne ,
il va fe jetter dans un fond où il forme le lac Samacho-
nite , autrement dit les eaux de Méron , 6c qu'on ap-
pelle aujourd'hui Houlci-Panias , à caufe de Céfarée
de Philippe qui a repris fon ancien nom de Panéas.
Voyez l'article Jourdain.
Enfin le pays de la Terre-fainre, qui eft au-deffus du
Jourdain , 6c qu'on ne vifite guères , parce qu'il eft dan-
gereux de voyager parmi les Arabes , eft divifé en trois
parties. La plus méridionale , qui occupe la tribu de
Ruben 6c le pays des Moabites , s'appelle le pays de
Salth , du nom d'un grand village , où il y a un châ-
teau 6c quantité de Chrétiens du rit Grec. Les Arabes
qui l'habitent , font nommés Beni-Aubayd , c'eft-à-dire
enfans dAubayd : leur chef prend le pays à ferme du
Baffa de Damas. Celui où étoit la tribu de Gad, eft
peuplé d'autres Arabes appelles Beni-Kenani , 6c leur
chef en paye une rente au même Baffa. Il eft presque
coupé au milieu , par une petite rivière nommée Sche-
riatk-Mandour , qui va fe jetter dans le Jourdain , à en-
viron trois lieues de fa fource. Cette fource eft appa-
remment ce petit étang qui eft marqué dans les cartes,
par le nom de mer de Ja^er. Il n'y a pourtant point là
d'étang ; mais on y voit un grand nombre de petites
fources qui percent la terre , 6c qui font toutes d'eau
chaude. Il y en a une fi bouillante , qu'on n'y fauroit
tenir la main. Elle part d'un bain nommé Hummet-El-
Schtik , c'eft-à-dire le bain chaud du vieillard ou dit
feigneur du lieu , ou du faine ; car tous les gens con-
sidérables , ou par leur naillance ; ou par leur autorité,
ou par l'opinion de faintëté , prennent ce nom de
Scheik qui figrufie vieillard; 6c ils le prennent, quand;
ils ne feroient encore qu'enfans , parce qu'ils doivent
avoir dans leur bas âge la fageffe que les autres hom-
mes n'ont qu'en un âge plus avancé. Les auteurs an-
ciens qui ont écrit des Croifades , n'entendant pas affez
la lignification de ce nom Arabe Scheik , ont appelfé
vieillardde la montagne , ce prince fameux des Affailins
dont ils font mention. Ils auroient dû l'appeller le fei-
gneur qui gouvernoit la montagne ; car c'eft ce que veut
aire Scheik-El-labal. Au lieu où nos géographes pla-
cent la terre de Hom , il y a un grand château aban-
donné , qu'on appelle Kalaat-Nembroud, ou le château,
de Nemrod. Enfin le pays où étoit autrefois une moitié
de la tribu de Manaffé , 6c le royaume de Bazan , eft
habité encore par des Arabes nommés Gouayr.
Dans cet article où j'ai emprunté . beaucoup de
chofes du docte livre de la Paleftine dé Reland , je ne
me fuis pas étendu fur chaque tribu , parce que j'en
parle affez à leurs articles particuliers. Je n'ai, pas non
plus raconté les différens maîtres qu'a eus la Judée de-
puis les Romains , parce que je reprends cette matière
aux titres Jérusalem 6c Terre-Sainte. On peut y
joindre celui de Chanaan.
_ JUDENBOURG , Judenburgum félon Zeyler , Sti-
ria; Topogr. p. 71 , ville d'Allemagne , dans la haute
Stirie , dont elle eft la capitale ; elle eft fituée fur la mer ,
vis-à-vis Seckau , à quatorze milles de Gratz , favoir, fîx
de Judenbourg à Leuben , 6c de-là huit à Gratz. On
va de l'une à l'autre de ces deux premières villes , par
la rivière de la Muer. Mais quand, en allant de Juden-
bourg à Gratz , on prend la route des montagnes , il n'y
a en tout que huit milles. La ville eft belle , bien bâtie,
6c a trois côtés fur une hauteur commode. Vers le 47e d.
10' dé latitude. Elle a , entr'autres , huit rues ; deux
principales qui coupent la ville de deux côtés , 6c par
le travers desquelles coulent , le long de la place , deux
ruiffeaux. Cette place eft belle , grande , large & lon-
gue; 6c l'on y tient deux foires par an, favoir, à l'Af-
cenfion 6c à la fête de fainte Urfule. La ville a cinq
portes , outre une petite. Il y a un beau château nommé
le Bourg , die Burg , où les fouverains venoient paffer
quelque tems. Près de-là eft le couvent des Francifeains,
auquel il y a communication du château , afin qu'on
puiffe fe rendre dans l'églife par une galerie faite exprès.
Les Jéfuites poffédent le couvent des Dominicains &
quelques belles maifons voifines , dont ils ont fait un
[be;'u collège. Il y a de belles maifons qui appartiennent à
des gentilshommes du pays , entr'autres, celle des fei-
gneurs de Zahen , nommée Zahenbourgjprès des murs
de la ville , 6c vis-à-vis eft un palais magnifique. L'é-
glife de S. Martin, où autrefois les Luthériens ont eu
l'exercice de leur religion, eft redevenue une églife ca-
tholique. La paroiffe eft un grand 6c beaubânment, où
plufieurs feigneurs ont leurs tombeaux ornés d'épitaphs*.-
JUÊ
JUE
611
II y a auffi dans là ville un hôpital nommé du S. Es-
prit; & au-deffous de la ville, près de la Muer, un mo-
naftere de filles de fainte Claire. L'hôtel de ville mérite
d'être vu. Le magiftrat a cela de fi.ngulier, qu'il ne juge
point à mort ; pour les caufes criminelles, ons'adrefieà
Gratz. Les exécutions ne fe font pas en pleine rue de-
vant la maifon de ville, comme dans d'autres villes, mais
dans la maifon de ville même fur un large perron, où le cri-
minel eft conduit, &c fubit la peine portée par la fentence.
Le gouvernement delà ville confifte en un bourg-meftre,
un juge & le conseil. Il y a quatre fontaine dans la ville.
Il y a un fauxbourg du côté du bourg de "Weiffenkirken,
par où l'on pafTe quand oh prend le plus court chemin
de Gratz. Le fauxbourg s'étend le long de la mer, qu'on
y paffe fur un pont, au-delà duquel eft une églife tk un
autre petit fauxbourg. Le territoire de Judenbourg s'étend
jusqu'à Knitelfeld ; c'eft un agréable canton , où il y a
1 beaucoup de beaux châteaux & de bons villages. La-
2ius, R. R. /. 1 2, fccl. 6, c. 4, croit que Judenbourg eft an-
cien.
i. JUDIA. Voyez Juthia, capitale du royaume de
Siam.
î. JUDIA. (Basses de la) Voyez Basses.
JUDICELLO, (le) petite rivière de Sicile, dans le
Val de Demona, félon Baudrand , & dans le Val de
Noto, félon De l'Ifle , Carte de la Sicile. Elle a fa
fource auprès de la Motta di Sanfta-Anaftafia , d'où, fer-
pentant vers le levant , elle coupe en deux la ville de
Catane , ck le perd dans la mer. C'eft VAmenanus des
anciens.
JUDOIGNE, en flamand Geldenaken, petite ville
des Pays-bas , dans le Brabant , au quartier deLouvain,
fur la petite rivière de Gère , avec un vieux château ck
une mairie ; elle eft à deux lieues deTillemont, à qua-
tre deGemblours, ck à cinq de Louvain.
JUÉE (la) ou Mai -:e-la-Juelle , ville de France.
Voyez l'article de Laval.
. JUEKIANG, ou, félon l'Atlas Chinois du P. Martini,
JtJENCHlANG, ville de la Chine, dans la province de
Iunnan, dont elle eft la feptiéme dans l'ordre des villes
militaires. Elle eft à 13 d. ^4' de latitude , & de 1 5 d.
33' plus occidentale que Pékin ; elle étoit anciennement
de la Chine. Sous la famille de Sunga, elle fut envahie
& détachée de cet .empire par Nungchica. La famille
d'Iuen la reprit , & la nomma Juenkiang ; mais parce
qu'elle éto>t voifme du Tonkin ck du royaume de Laos,
elle a une forterefle nommée Lopit ; elle a beaucoup
de foie , d'ébene , de palmiers , d'arec , que les habi-
tans, auflî-bien que le refte des Indiens, mâchent avec
la feuille de bétel. Les paons y lbnt fort communs. Du
côté du levant d'été , eft le mont LtUKiA. Le mont
YoTAI , qui eft à l'orient , eft très-grand ck é'eve virigt-
cinq pointes ou fommets ; il eft (i beau qu'on lui a donné
le nom de tour prkieufe.
IVELINE, (la forêt d') forêt de France. De l'Ifle
la nomme le bois des Ivdmes Elle eft dans l'Ifle de
France, entre Chevreufe, Rochefort, i.Arno.il ckEper'
non; elle s'étendoit autrefois davantage; 6: l'on y com-
prenoit le bois de Rambouillet, qui en faifoit partie; fé-
lon Hadrien de Valois, oh la nommoit en latin Aqui-
lina Silva , Silva Evclina ou Eulina , dans les anciens
titres. Baudrand dit qu'elle eft presque toute défrichée ;
il feroit plus naturel dire, ce mefemble, que d'une feule
forêt , on a éclairci divers endroits; de manière que plu-
lieurs parties détachées ont préfentement des noms par-
ticuliers, comme le bois des Ivelines, qui conserve l'an-
cien nom, le bois de Rochefort, h. forêt de Dourdans ,
le bois de Bâtonneau , le bois de Rambouillet , les Tailles
d'Epernon, ck la forêt de S. Léger. Il y a lieu de croire
que tout cela ensemble faifoit une forêt continue, lors-
que la France étoit moins peuplée qu'elle n'eft présen-
tement ; fk cette forêt étoit nommée AQUILlNA
Silva.
IVELMOUTH, petit golfe d'Angleterre, à l'embou-
chure de la rivière d'IvEL , en Sommerfetshire. Voyez
Vexala.
JUEN , ville de la Chine , dans la province de Hu-
quang, au département de Xincheu, douzième métro-
pole de la province. Elle eft de 8 d. 29' plus occiden-
tale que Pékin , fous les 18 d. de latitude. * Atlas Si-
lunfis.
' JUF.NCHEU , ville de la Chine,, dans la province de
Kianfi, dont elle eft la onzième métropole ; elle eft à
28 d. 25' de latitude , ck de 3 d. 12' pius occidentale
que Pékin. Son département, qui eft fertile ck agréable,
renferme quatre villes, favoir,
Juencheu,
Fueny,
Pinghiang ,
La famille de Han la nomma Ychuen ; la famille de
Tanga lui donna le nom qu'elle porte aujourd'hui. Elle
a des mines d'alun ck de vitriol, ck quatre temples dé-
diés aux héros. Le mont Niang eft au midi de la ville :
ce nom veut dire vifible , ck eft fondé fur ce qu'étant
hériflé de roches escarpées , ck entouré de précipices , '
il eft inacceflible. On n'y fauroit monter , ck il faut fe
contenter de le voir. Il a trois cents ftades de tour , ce
qui fait un peu plus de douze lieues. Il en fort une fon-
taine, dont l'eau eft (i froide toute l'année , qu'il n'eft
pas poffible d'en boire , à moins qu'on ne l'expofe quel-
que tems au foleil, pour la dégourdir. * Atlas Sinenjîs.
Il parbît par la Carte du P. Martini , que cette ville
tire fon nom d'une rivière nommée Jui
ù
fourcë dans les montagnes de Kir.ki , aux confins de la
province de Huquang, ck qui, (erpentant vers l'orient,
va fe perdre dans la rivière de Kiam.
IVENGAN , ville de là Chine , dans la province de
Huquang, au département de Kingcheu, fîxiéme mé-
tropole de la province. Elle eftplus"occidentale que Pé-
kin de 6 d. 26', parles 31 d. 35' de latitude. * Atlas
Sinenjîs.
1. JUENKIANG , ville de la Chine. Voyez JuÉ-
K1ANG.
_ 2. JUENKIANG, ville de la Chine , dans la pro-
vince de.Huquang, au département de Changte, onzième
métropole de la province. Elle eft plus occidentale que
Pékin de 5 d. 50', par les 29 d. 21' de latitude. * Atlas
Sinenjîs.
IVENKIO , ville de la Chine , dans la province de
Channu, au département de Pirigyang, féconde métro-
pole de la province. Elle eft plus occidentale que Pékin,
de 5 d. 32', par les 36 d. 9' de latitude. * Atlas Si-
Jiïki
lUENNA, ancien lieu du Norique, félon laTablede
Peutinger , Segm. 3, à vingt-trois mille pas de Vmu um
ou Virunum , ck à vingt mille pas de Colacion. Cluvier
croie que c eft Ja.UNSTEIN en Carinthie.
JUENUU , ville de la Chine, dans la province de
Hohan , au département de Caifung , première métro-
pole de la province. Elle eft plus occidentale que Pékin
de 3 d. 30' , par les 35 d. 58' de latitude. * Atlas Si-
nenfis.
iWERCK, baronnie d'Irlande, dans la province de
Leinfter. C'eft une des onze qui compofent le comté de
Kilkenny. * Etat préfent de l'Irlande , p. 41.
JUERNA ; c'eft ainfi que Pomponius Mêla, /. 9, c. 6,
appelle l'iRLANDE.
IVERNAUX , abbaye de l'ordre de S. Auguftin, au,
diocèle , ck à fix lieues de Paris , fur la petite rivière de
Rouillon, à une lieue de Brie- Comte-Robert. Elle fut
fondée vers l'an 1164, ck rétablie en 1684.
JUERNE ; on lifoit dans Etienne le Géographe ,'
'I*Épi/n noMshi t« îmsjiy i<ji riptlMiKÛ. C'eft un gali-
mathias horrible. Où a-t-on jamais entendu parler d'une
rivière nommée Pretanicus ? Berkélius a bien vu qu'il
falloit lire vi T«fiwaiù, dans l'Océan. En effet Juerne
fe trouvera alors une ville de l'océan Britanique , fans
doute dans l'Irlande , qu'Etienne nomme Juernea , ijls
Britannique. Il y a dans cet auteur trois articles de luite .
favoir :
Juernia , ifle Britannique , la plus petite des deux ;
le nom national eft Juerniates; Juerne, ville de l'o-
céan Britannique; Juernia, ille, le nom national eft
Jucrni.
Il n'y a point de difficulté au premier ; c'eft cons-
tamment l'Irlande , qui eft moindre que la grande Bre-
tagne , où font l'Angleterre & l'Ecofle. Le troifiéme
n'eft qu'une addition faite par un grammairien qui aurai
trouvé quelque part le mot Juerni , pour défîgner le*
habitans de l'ifle , & aura voulu ajouter cette remarque
Tenu III. Hhhh ïj
6 12
JUG
ÎL'H
Le fécond miné les Avares ck les Huns , a poffédé la Dacie , le*
< celle d'Etienne qui les nomme ^™^*™- Pannomes & Ie Notic qu'ils occupoient , & qui a <
egarde une vile de cette^e^ ^ j*»**™^ counue dans tout le monde par les grands expions quVll
Ptolomée , qui met —
lande , qu'il nomme auffi Juerma. L édition de Bertius
porte 'Uui< -, ck avertit que le manuscrit Palatin a
"Itpus; celui'de la bibliothèque Seguier a 'luipie , qui
eft beaucoup mieux. Demême l'édition de Bertiusnomme
un peu plus haut un peuple Uttrni; ottepnoi. cka,oute
comme une variante Juernl, 'I«ïpv«? c'eft ce dernier
qu'il falloit mettre dans la véritable leçon , ck ne don-
ner Uurni que comme variante. Le manuscrit de la
bibliothèque Seguier porte Juernu , Ixipi,,. Cette Ju-
yerné d'Etienne eft la même que hJuerms de Ptolomée,
1.1., ci, dont les interprètes difent, après Cambden ,
que c'eft préfentement Dunkercn , en Irlande.
IVETOT. Voyez Yvetot. „,.,-,
JUFICUM ou Juphicum. Ptolomée , l.j, c. i ,
de l'édition de Bertius, met cette ville dans lOmbrie.
On n'en trouve aucune trace dans le manuscrit de Se-
guier. Cependant Ortélius , Thejaur. dit que quelquun
trouve Sajjb Ferrato au même endroit. Voyez Tufi-
CUJUFITENSIS , fiége épiscopal d'Afrique , dans la
Mauritanie Sitifense. La Conférence de Cartilage, /». 263
a faits. On voit que cet ambaffadeur adopte l'erreur d'O-
léarius. Voici ce qu'il ajoute à ce fujet : la preuve qu'on
en a, eft que l'on dit qu'ils ont le même langage , dont
i'aurois bien voulu faire l'expérience étant à Moscou ,
ii j'euiïe pu trouver quelqu'un de ce pays , dont je me
fuis louvent mis en peine. Je n'en ai rien appris que par
un Allemand, qui ayant été exilé en Sibérie, a été quel-
quefois obligé d'aller jusqu'en Jugorie , & qui m'a d't
que ces peuples avoient un langage différent de ceux de
Sibérie , ck que les Tartares n'entendent point , ck qu'ils
ont le virage plus beau qu'eux , n'ayant point la tête fî
grofie , ni le vifage fi ferré.
De l'ïile met dans la partie feptentrionale du Jugora
le pays de Téesca , où font les rivières de Tiqa , Go-
Itzbint^a , Golœbeïca , Otma, Oimitia , Pei^a, PeifeçA,
Voloinga ck VIndega , qui étant formée de deux ruis-
feaux Bêla ck Barjagune, coule à Gorodiile ; ces riviè-
res tombent dans le golfe deTéesca, ou TéescaïaGouba;
au midi occidental eft le pays de Mezzen , où coule une
rivière de même nom, "qui pafle à Vuie , à Slobotka , à
Lampazenkaya ck à Mezzen ; près de cette ville elle
, f reçoit la rivière de Piezza, déjà groflîe par la Piezkoya qui
fournit , Victor episcopus plebis Jujitenfis ; & 1 on cloute yient de Vaasgorta. A l'eft-fud-eft de cette dernière ville
fi ce n'eft pas le même fiége , dont étoit eveque Victor eftGolotina ; ck vers les confins du Petzora eftVosgora.
affez près de la rivière de Zerka. Vers le milieu du pays
eft la contrée de Vaconitza ou Vaconitza-Voloft, peu»
An-
Jerafitanus, nommé dans la Notice d'Afrique.
JUGA. Voyez Jugum.
JUGANTES ; on trouve ce nom dans i apte
nal. 1. 12 , c. 40, comme fi c'étoit le nom dun peuple
de la Grande-Bretagne. Il parle d'un certain Venufius ,
qui étoit ex civitauJugantum. Ce paffage, qui eft um-
fert peu à défigner où étoit ce peuple
que
Cambden
n'a rien trouvé
qui a cherché ce que ce pouvoit
qui le fixât. En un endroit .1 doute s il ne faut pas lire
Brizantum , au lieu dejugantum; ailleurs il femble m-
finuer que ce pourroient bien être les Cantiens , quoh
appelloit communément Y-Gaint.
JUGARIA. Voyez Jtjncari*
plée de quelques bourgades. Au midi vers la fource de
la Pinéga , qui va fe perdre dans la Dwina , font les mon-
tagnes de Jugorie ; ck fur les confins de Ziranie eft la
ville de Tidera. La nouvelle Carte de tout l'empire de
la grande Ruffie ne nomme point le pays de Jugorie ;
mais elle met Mezzen ck Golotina au pays des Samoye-
des. Le Brun , dans fon Voyage de Moscovie , />. 1 3 ,
parlant des Samoyedes dit : il y a une autre nation vers
les côtes de la mer, qu'on nomme Ja'ècogerie ou Joégra;
ceux - ci reflemblent en toutes chofes aux Samoyedes ,
s'habillent de même , ck habitent dans les déferts. Ils
JUGARIE. Oléarius, dans le dénombrement des pro- mangent comme les chiens, les boyaux ck autres inteftL.
vinces de Moscovie, /. 3 , nomme une des provinces Je tQutes fortes de bê(es fans les cuire ? & tous ces peu.
de cet état Jugorie, ck ajoute : le baron dHerbeltein ks om des hngaeg différentes.
dit que la province de Jugarie eft celle dont tes Mon- JUGUM ; ce mot a été en ufage parmi les Latins ,
grois font fortis pour occuper le pays qu ils poliedent flgnmer le fommet d'une montagne. Virgile nomme
aujourd'hui. Corneille copie cet article : ils le trompent ■ c hti la montagne du Cynthe qui étoit dans
tous les trois. La province de Jugora , ou Jugorie , eft fo{jp /p r)plnç .
toute au nord de la Moscovie. Voyez Jugora, ck 1 an-
cienne Hongrie Afiatique étoit près des fources de 1 Ir-
tisch. Voyez Hongrie. .
JUGATUM, en françois JuGATE, lieu d Ane, quel-
que part aux environs d'Edelïe. Sozomene , H fi. école-
fiall 1. 6, c. 34, p. 379, dt la traduit, de M. Goivhn,
dit •' Le folitaire Paul étoit natif du bourg de Telmi-
fon. Il forma plufieurs congrégations de moines , fckune,
entr'autres, dans un lieu nommé Jugate , qui eft la plus
nombreufe & la plus célèbre, où il mourut & fut en- ^
terré , après avoir vécu fort long-tems dans une grande ville d'Espagne, au royaume de Léon fur le Duero, à
Fille de Delo
Qualis in Eurota ripis , aut perjuga Cynthi
Exercée Diana Choros.
JUGUM CERETANORUM , ancienne ville dé
l'Espagne citérieure. Baudrand , éd. 1682, qui dit que
c'eft préfentement Puycerda , ne marque point que
l'ancien auteur a dit que c'étoit une ville.
JUGUM SILLARUM ; le même auteur dit que le
nom moderne a été Otero de Sillas ; quec'eft une
fainteté.
JUGON, JuGO , petite ville de France, en Breta-
gne , dans l'évêché de S. Brieu , fur la petite rivière
d'Arquenon , à fept lieues de S. Bneu , au levant , en
allant vers Rennes , ck feulement à cinq de la mer.
1UGORA, Jugorie; quelques-uns difent Juga-
quinze mille pas au-deffous de Valladolid , ck que cette
ville eft la même que Tordefillas , Tunis Silana. Il cite
Vadingue pour fon auteur. * Baudr. éd. 1682.
JUGURENSIS, fiége épiscopal d'Afrique, félon Or-
télius , qui le met dans la Numidie ; mais la Notice
d'Afrique, n. 82, publiée par Shelftrate porte Donatus
RIE, ck d'autres JuHORSQUI. Le baron d'Herbeftein a Luguàtnjis'.
c'étoit l'ancienne Hongrie; ceft une erreur, JUGURUK-BASCH , petite province du pays des
cru que - - T ...
comme je le prouve au mot Hongrie. Le pays de Ju-
gora ou Jugorie , eft partagé en deux parties inégales
par le cercle polaire , ck la plus étendue eft eivdeçà. Il
eft borné au nord par la mer ; au nord- eft, ck a 1 eft par
le Petzora ; au midi par la Permie, ck la Ziranie ; au
fud-oueft par la Dvina , ck au nord-oueft par hue de
Candeno'és. Le baron de Mayerberg parle ainfi de cette
province dans la Relation de fon voyage en Moscovie,
p. 161: la province de Jugoria, ou Jugra , ou Juhra,
eft un pays de peu d'étendue, joint à la Sibérie , dont ^in'ce g"[ie eft de 1 d'. 38' plus occidentale que Pékin
les habitans , qui font Tartares , ck qui mènent une vie fous ]es d_ g/ de latitude. * Atlas Sinenfis.
miférable ck fauvage , reconnoiflent la domination des JUHANG , ville de la Chine , dans la province de
Moscovites depuis le tems de l'ancien Jean Bafilide, par Q,ékiang , au département de Hangcheu , première mé-
un tribut de peaux précieufes. On dit que c eft de-la tr0 ole de la province. Elle eft plus orientale que Pékin
qu'eft fortie cette nation , qui ayant entièrement exter-
Kalmouks, fituée vers les 43 d. de latitude au nord, de
la rivière de Khefell, fur les con6ns du pays du Cha-
rasm ck de la grande Bucharie. Cette province eft à pré-
fent comme une espèce de barrière entre les Kalmouks,
fujets du Contaisch , ck les Tatars du pays de Charasm ,
parce qu'elle n'eft habitée ni par les uns , m par les au-
tres. * Hifi. généalogique des Tatars, p. 79 1.
JUGXAN, ville de la Chine de Kiangnan , 'au dé-
partement de Lucheu , neuvième mérropole de la pro-
ÏUÏ
J 0 I
làeid. ^o1, par les3od. 3 5' de latitude. * Atlas Sinenfis.
JUHONES , peuple imaginaire que l'on a forgé fur
ce paffage de Tacite, Annal. 1. 13, c. 57, mal entendu.
Sed bdlum Hermunduris prospcrum , Citas exiiiofum
fuit. Quia viclores diversam aeicm Muni ac Mtrcurïo
Jacr avère. Quo voto viri , equi , cuncla vicia , occidioni
dantur. Et mina quidem hofiiles in ipsos vertebantur.
Sed civitds Juhonum , focia nobis , malo improvifo af-
fiicîa efi. Nam ignés , terra editi villas , arva , vicos
' paffan corripiebant , ferebanturque in ipsà conditce nU-
per colonial mœnia : neque extingui pocerant , non fi
imbres caderent , non fi fiuvialibus aquis aut quo alio
humore niterentur ; donc inopia remedii & ira cladis
agrefles quidam eminùs [axa jacere , dein rejidentibus
fiammis propiùs fi'ggrejfi , ictu fujiium , aliisque verbe-
ribus ut feras abjlerrebant. Pojlremb tegmina corpori di-
repta injiciunt , quanto magis profana & ufu polluta ,
tantb magis opprej/ura ignés. C'eft-à-dire : Les Hermun-
durcs furent heureux dans cette guerre, & les Cattes s'en
trouvèrent mal ; car les vainqueurs voherent C armée en-
nemie à Mars & à Mercure. Par ce vce.u on faitmain-
bajfc fur les hommes , fur les chevaux , &Jur tout ce qui
efi au vaincu. Ces menaces, ennemies tournèrent à leur
perte ; mais l'état des Juhons , notre allié, fut affligé
d'une calamité imprévue ; car des feux qui Jortoient de
terre s 'atta choient çà & là aux métairies , aux campa-
gnes , aux villages & gagnoient jusqu'aux murs de la
colonie bâtie depuis peu. Il ne s'éteignoient ni par une forte
pluie , ni par l'eau de la rivière , ni par quelque liqueur
que ce fût. Cela dura jusqu'à ce que des payfans ne trou-
vant point de remède à cet embrafement , & défesperés
de voir les ravages qu'il faifoit , s'aviferent d'y jetter des
pierres d'affe^loin. Ayant remarqué que la flamme s'a-
baijfoit, ils s'approchèrent , & commencèrent à battre le
feu avec des bâtons , & à le chaffer devant eux à grands
coups , comme on chajj croit des animaux. Enfin ils jet-
èrent deffus leurs habits, qui l'éteignoient d'autant plus
qu'ils étoient plus mal-propres.
Ces mots civitas Juhonum ont donné lieu à bien des
differtations ; fuivant celles qui ont prévalu, on doit lire
dans Tacite Ubionum civitas ; ainfi plus de Juhones.
JUHORSKi; Voyez Jugora.
• JUi, le mont Jui ; c'eft le même que montJoùi
dans l'article de Barcelone.
IVIA , ancien nom d'une rivière d'Espagne , félon
Pomponius Mêla, /. 3 , c. 1. Les exemplaires varient
beaucoup fur ce nom. Voulus qui lit/v/*z, dit que c'eft
la rivière de Juvia qui coule auprès de Ferol, ou Fer-
tol dans la Galice.
IVIÇA , ifle de la mer Méditerranée , connue des an-
ciens ibus le nom d'EBUSUS. Elle efi: fuuée entre le
royaume de Valence en Espagne &. l'ifle de Majorque ,
à diftanceà-peu-près égale, c'eft-à-dire, à environ quinze
lieues. Le milieu de l'ifle eft à 39 d. de latitude , & fa
partie occidentale eft fous le même méridien que Tar-
ragone. Dès le tems de Pomponius Mêla , /. z, c. 7, in
fine, elle avoit une ville de même nom qu'elle. Il n'y a,
dit-il, que le bled qu'elle ne produit pas abondamment;
elle eft plus fertile en d'autres choies. Elle n'a aucun ani-
mal nuifible; & fi on y en porte, elle ne les fonfFre
point ; il n'en eft pas de même de l'ifle Colubraria, dont
elle nie fait fouvenir; car comme cette dernière eft rem-
plie de diverses fortes de lerpens qui la rendent inhabi-
table , cependant ceux qui y descendent font à couvert
de tout danger , dans une enceinte qu'ils forment avec
de là terre de l'ifle d'Iviça , parce que ces ferpens fi
âpres à s'élancer fur ceux qu'ils rencontrent , prennent
la fuite à la vue de cette terre , qu'ils craignent comme
un poifon , dont ils n'ofent approcher. C'eft ce que Mélâ
nous apprend de cette ifle d'Iviça. Ces mots, elle efi plus
fertile en d'autres chofes , peuvent être expliqués par ce
paffage de Diodore. Elle eft affez fertile ; elle a un petit
canton propre au vignoble , & a des oliviers fauvages,
qui produifent des olives. Ajoûtons-y le témoignage de
Pline, qui dit que les figues de cette ifle font très-grofies
& excellentes. On les faifoit bouillir tk lécher, & on
les envoyoit à Rome dans des caifles. Leur fuc qui eft
comme du lait, quand elles commencent à nieunr, devient
comme du miel en cuifant. On leslaiffe vieillir à l'arbre ;
il en dégoutte une espèce de gomme , & elles fe féchent.
Les figues féches étoient nommées caunie, de la ville de
*3
Caunus, en Carie, d'où l'on en apportoit. C'eft afïëz lu-
fage, dans toutes les langues, de donner aux fruits le nom
des lieux qui les produifent ; c'eft ainfi que nous appel-
ions des bagnoles certaines prunes, & des calvilles cer-
taines pommes, parce que ces prunes fe trouvent aux
environs de Brignoles, ville de Provence ; & ces pom-
mes au village de Calville , au pays de Caux. C'eft par
rapport à ce nom de Caunx, que Stace,/. l,Silva6,
dit dans fes Saturnales ï
Et quas pmcoquit Ebofea caunds t
faut d'avoir fu que caunte étoient des figues féches , quel-
ques-uns ont lu canna , & ont cru que l'ifle d'Iviça pro-
d'iifoit autrefois des cannes de fucre. Louis Niignès,
(Nonnius) a été de ce nombre. Cela donne occafion au
dofte Bochart, Chanaan , 1. 1, c. 35, de trouver une
étymologie Phénicienne du nom de cette ifle. Il le dé-
rive d'nCn> , lebufo ou Ibufo ; & ce mot fignifie fé-
chées, en fous-entendant des figues. Silius Italicus, l. ?.
V. 361, dit:
Jamque Ebufus Phœnijfa movet , jamque Artabrus arma,
d'où l'on conclut que la ville de cette ifle avoit été bâ-
tie par les Phéniciens. Mêla , comme a vu , dit que l'ifle
&: la ville portoient le même nom. Diodore dit : il y
a une ville nommée Erefus , colonie des Carthaginois i
accompagnée d'un port commode. Les murs en font
affez grands , fk il y a beaucoup de maifons bien bâties»
Elle eft habitée par un ramas de Barbares. La plupart
font des Phéniciens , dont la colonie y fut conduite cent
quatre-vingt ans après la fondation de Carthage. Cette
époque tombe vers le régne de Romulus ou de Numa,
tout au plus tard. Quelques-uns ont voulu changer dans
Diodore le nom à'Erefus en Ebufus. Mais Bochart ,
ibid. s'y oppofe par cette raifon. 11 ne doute point que
l'ifle &ç la ville n'euffent un nom Phénicien. Ce nom ,
poursçit-il , répondit apparemment à celui de Pityufa,
qui lui étoit commun avec l'ifle Colubraria ; £<; comme
elle étoit la plus grande des deux , elle eft nommée Pi~
tyufa par excellence , par Tite-Live , Plutarque , Dios-
coride, & autres. Ce nom lui fut donné S™ ot-ti/bi^
à càufe des pins : or les Hébreux comprennent les pins
comme une espèce du genre d'arbres , qu'ils nommoient
Hit, ere^s ainfi ce nom répond au grecPityiifa, &n'eft
pas une taute qu'il faille corriger dans l'hiftorien Grec,
qui a parlé fort jufte. Allez d'auteurs ont parlé des pins
de cette ifle , comme je le marque au mot de PlTYUSA.
L'archevêque de Tarragone , qui eft feigneur d'Iviça ,
tire un bon parti des falines. L'ifle eft plus longue que
large , &c eft entourée d'écueils. Ceux qui font vers là
partie orientale, font Ifolette-Negre, de Los-Aborcado's,
de la Esponia , de Los - Ratones , de Los- Poros , de
VEscollo-Negro , de Bixate, de Los-Dados, El-Escollo-
Dorado, de B ota-Fuego , de Los-Comejos , del Cabo~
Librel, de la Punta dell' Arabi, del Tago-Mago , Las
dos Hormigas, de Balancet, Ja Muranda & les quatre
écueils nommés Las Bladas. Les autres s'appellent la
Comjera , la Borchla del Espartar , la Barquilla , Las
Dos del Vadra, Se les deux du cap Falcon. Cette ifle
faifoit partie du royaume deMajorque, qui étant devenu
une annexe de celui d'Aragon , fait prélèvement partie
de la monarchie Espagnole. *Coronelli, Ifolario, p. 506.
JUICH1NG , ville de la Chine , dans la province de-
Channfi , au département de Pingyang , féconde mé-
tropole de la province. Elle eft plus occidentale que
Pékin de 7 d. 11', par les 36 d. 4' de latitude. * Atlas
Sinenfis.
JUIFS , ancien peuple , descendus des patriarches
Abraham , Ifac & Jacob ; les douze fils de ce dernier
furent les tiges des douze tribus , dont ce peuple étoit
compofé. J'ai donné ailleurs les principaux événemens
de cette nation , aux articles Judée & Jérusalem.
Tant que ce peuple fut ridele à Dieu , qui le gouverJ
noit avec une tendreffe paternelle , il en reçut, en toute
occafion, des marques d'une protection vifible &t mira-
culeufe ; mais lorsque, fe partageant en plusieurs royau-
mes , il abandonna le culte établi à Jérufalem, Secourut
après des dieux étrangers , Dieu le livra aux nations
dont il avoit imité les égaremens. Le nom de Juifs ,
(Judœi,) ne fut guères en ufage qu'après la captivité de
Babylone. Les étrangers voyant que la tribu de Juda
14
JUI
JUK
étoit presque la feule qui fit quelque figure dans le pays,
appelèrent toute la nation du nom de cette tribu. Ils
s'étoient fi bien rétablis depuis le retour de la captivité
jusqu'au tems de notre Seigneur Jefus - Chrift , qu'ils
étoient devenus l'un des plus puifians peuples de l'O-
rient ; mais les prophéties , dont ils ëtoient les déposi-
taires , ayant été accomplies à la mort du Meffie , qu'ils
méconnurent, & qu'ils condamnèrent eux-mêmes à un
fupplice ignominieux , Dieu permit qu'ils outrageaflent
les Romains leurs maîtres ; leurs fréquentes révoltes at-
tirèrent les armes des Romains , qui mirent à feu Se à
fang cette malheureufe nation , dont il fe fit , à diverses
reprises, de fanglantes boucheries. Leur temple & leculte
qu'ils rendoient à Dieu, n'étant qu'une figure de l'églife
Chrétienne , périrent avec la ville de Jerufalem. Il y
a quelque chofe de fingulier dans ce peuple ; au lieu que
toutes les autres nations , qui, après avoir paru quelque
tems avec éclat, ont été vaincues c^faccagées comme
les Juifs , ont enfin disparu , fans qu'il en refte que le
nom ; les Juifs au contraire fubfiftent & font un peuple
à part , qui , fans avoir ni pays, ni prêtres , ni magiftrals
en propre, vit dispersé chez les autres peuples Chré-
tiens ou Mahométans, qui veulent bien en fouffrir quel-
ques-uns, moyennant qu'ils observent les loix nationa-
les. Ils ont d'anciennes loix qu'ils pratiquent fcrupuleu-
fement , comme Pabftinence des animaux défendus ^par
la loi de Moïfe, la circoncifion & autres ufages de l'an-
cienne loi ; & c'eft: ce qui les fépare des autres hom-
mes , auxquels ils ne s'allient jamais. C'eft une des rai-
fons qui fait que leur nation ne fe confond point avec
celles au milieu de qui elle vit. D'un autre côté , privés
du fruit de leurs facrifices , qu'il neleur eft plus permis
d'offrir , n'ayant plus de temple ni d'autel , &, ce qui eft
de plus déplorable , privés des avantages de la venue
du Meffie , qu'ils s'obftinent à ne pas vouloir reconnoî-
tre, ils n'ont plus qu'une ombre de religion. Rigides
observateurs des minuties , _ ils en rejettent l'eflemiel ;
cknous voyons dans leur opiniâtreté, raccomplifîement
du fouhait impie que leurs aveugles ancêtres firent au-
trefois , lorsqu'ils demandoient la mort de notre Sau-
veur , Qitefon fang fait fur nous & fur nos enfans.
JUILLY-LE-CHATEL , baronnie dans le d.ocèfe de
Langres, bailliage de Troies, du grenier à fel & recette
de Bar-fur-Seine. Ce lieu eft fitué fur la pente d'une
petite colline aboutiffante à un vallon fort étroit, au
couchant de Bar. IlypafTe un petit ruiffeau appelle Sar-
de. Les fiefs de la Rocatelle & de Vaulot en dépendent^
Il y a un prieuré de l'ordre de S. Benoît ; il tut fondé
au commencement du douzième fiécle, par Bilon, comte
de Bar-fur-Seine, gendre de Guillaume II, comte d'Au-
xerre ; une feeur de S.Bernard en fut la première abbeffe ;
ce monaftere étoit fournis à celui de Molême. On en
tira dès-lors quelques religieufes ; pour former la nou-
velle abbaye de Crifenon , au diocèfe d'Auxerre , où l'on
devoit observer la même régie qu'à Juitly. * Notes de le
Beuf, chanoine d'Auxerre.
JUILLY, bourg de l'Ifle de France , à trois lieues de
Meaux , dans l'évêché duquel il eft fitué , au doyenné
deDammartin, & archidiaconé de France , à la fource
d'un des petits ruiffeaux , qui , s'étant joints, forment la
petite rivière qui paffe à Claye , & fe décharge dans la
Marne. Ce qu'on en fait de plus ancien, eft que, vers
l'an 1182, un feigneur, nommé Foucaud de S. Denys,
bâtit une églife en ce lieu , pour le repos de l'ame de
Guillaume îon fils ; il y mit des chanoines réguliers ,
qu'il tira de l'abbaye de Chaage. Quelque tems après ,
cette églife fut érigée en abbaye , à la prière du fonda-
teur, à condition que l'on y fuivroit en tout les ufages
de S. Viftor de Paris, &c que fi, dans la fuite, cette mai-
fon venoit à manquer d'abbé , elle retourneroit fous la
dépendance du monaftere de Chaage. L'atle fut autorifé,
en 1184 , par Simon , évêque de Meaux , dans l'églife
cathédrale. L'hiftorien de l'églife de Meaux ajoute que
cette abbaye n'a pas jette un grand éclat , & qu'elle ne
tient pas une grande place dans fhiftoire ; la luite^ même
de fes abbés n'a pas été fidèlement recueillie ; à peine
en connoît-on huit ou neuf, avant qu'elle ait été poffédée
en commende. On remarque feulement comme le trait
presque unique qui la tire de l'obscurité , que le cœur de
Henri d'Albrer, roi de Navarre, mort le 29 Mai 1 5 5 5 , y
eft enterré; deux ans après que Louis XIII, par arrêt
dû 30 Mai 1635, eut ordonné la réforme des chanoines
réguliers de fon royaume , le cardinal de la Rochefou-
caud unit celui-ci à la congrégation de fainte Geneviève,
& défendit, l'année fuivame, d'y introduire d'autres reli-
gieux que ceux qu'il y enverrait lui-même ; cependant
les PP. de l'Oratoire de Paris prenoient des mefures
pour l'incorporer à leur congrégation , à la faveur du ti-
tulaire qui étoit un d'entr'eux ; ck ils y réuflirent, ayant
obtenu des lettres- patentes en 1639. M. Séguier, alors évê-
que de Meaux, y consentit fous plufieurs conditions rap-
portées dans l'Hiftoire de Meaux. M. Lambert, théologal de
Meaux, leur légua , il y a quelques années , cent livres
de rente lur le collège de Fortet , à condition qu'ils
iraient catechiler dans les villages. Ces PP. y entre-
tiennent un collège très-floriflant , où enseignent les pro-
fefieurs du ptcinier ordre. Entre les dépendances de
Juilly, écou le prieuré d'Orrhies , au diocèfe de Meaux,
uni , en 1716 , à 1 églife paroiffiale de Claye, pour la
iùbfiftance du vicaire , depuis lequel tems , . ce vicaire
eft tenu u'alier, tous les ans, dans l'abbaye de Juilly, pen-
dant l'octave de f AfTomption , & y préfentèr un cierga
de demi-livre. L'éghle paroiffiale de ce lieu eft fous le
titre de S. Eiienne, & à la préfentarion du général de
l'oratoire, comme reprélentant l'abbé de Juilly. Le non»
latin dans le titre, de fan 1184, eft Jutiacum, * Notes
de le Beuf , enanoine d'Auxerre;
JUINE, (la) rivière de France, au Gâtinois. Tout le
monde convient que c'eft lamêmeque la rivière d'Effone^
qui fe jette dans la Seine a CorbeU. Coulon , Rivières
de France , pan. 1. p. 91, dit que e'eft la même qu'on
nomme la rivière d'Efiampes , qui, ayant fa fource dans,
la Beauffe vient à Eltampes , couverte , dit-il , d'une fi
prodigieufe quantité d'écrevifjes , que tant plus on en pê-
che plus il en croît. Son eau eft fi froide quelle gelé &
engourdit les pieds des chevaux, qu'on y abbreuve. Chargée
du Louet qui lui vient de S. Mors, {S. Mars,) elle
descend à ydleroi & à Effone , & fe joint avec la Seint
à Corbeil.
Il eft certain que Cette rivière qui pafle à Villeroi, à
Effone & à Corbeil, j'appelle la Juine. On la nomme
aufli la rivière d'Ejjone. Mais cette rivière eft formée de
deux autres , l'une qui vient de la Ferté-Alais , & l'autre
d Eftampes ; Se la difficulté eft de lavoir quelle de ces
deux rivières eft la Juine. La raifon voudrait que ce fut
celle qui vient de la Ferté-Alais. Elle eft formée de deux
ruifleaux , qui tous deux prennent leur fource dans la fo-
rêt d'Orléans , lavoir l'Œuf qui coule à Pithiviers, & la
Rimarde dans laquelle il tombe. Ensuite coulant dans un
même lit, elle pafle à Briares, g. à Soiiy-Malherbes , à
Méfié g. & à la Ferté-Alais , après quoi elle fe mêle
avec la rivière qui vient d'Eftampes. C'eft cette rivière
de la Ferté-Alais, que De l'Ifle , Carte des environs
de Paris, appelle la Juine; il nomme l'autre la riviert
d'Efiampes ; &c lorsqu'elles font jointes, il les appelle
rivière d'Ejjone.
Maty du de la Juine, qu'elle reçoit l'Yone ou la ri-
vière d'Eftampes. Ce'te rivière ne s'appelle point l'Yone,
mais la Juine. On vient de voir que Coulon appelle la
Juine la rivière où tombe le Louet ; c'eft la rivière d'Es-
tampes qui reçoit ce ruiffeau. Il vient de Challou-la-
Reine , pafle à Challou S. Mars , ci tombe à Eftampes,
après avoir formé une iile aflez longue. On s'accorde
à dire qu'Eftampes eft fur la Juine ; la rivière d'Eftam-
pes & la Juine font donc la même rivière. De l'Ifle ap-
pelle la Juine la rivière qui vient de la Ferté - Alais.
Baudrand place auffi cette ville fur la Juine ; & il fuffit
de voir fur la carte le cours de ces deux rivières, avant
leur jonftion, pour juger que la véritable Juine eft celle
qui vient de la Ferté-Alais ; elle eft plus droite & vient
de bien plus loin. On a, fans doute , donné le nom de
Juine à ces deux rivières , comme on a donné le nom
commun de R/iinaux différentes fources qui, en s'unif-
fant , forment ce fleuve.
IVINGO, bourg d'Angleterre, dans leBuckingham-
shire. On y tient marché public. * Etat préfent de la
Gr. Bret. t. 1.
JUKAGRI, peuple de la Sibérie, fitué vers les bords
de la mer Glaciale ; à l'eft de l'embouchure de la Lena ;
ils reflemblent un peu aux Samoïdes , fans, cependant,
être ni fi laids ni fi ftupides qu'eux. Ils habitent des hu-«
tes, qu'ils transportent, pendant l'hiver, dans des forêts,
JUL
JUL
& l'été fur le bord des rivières. Enfin ils vivent comme
les Jakufi , ck ont les mêmes mœurs ck les mêmes ufa-
ges qu'eux , fi ce n'eft qu'au lieu de rennes , ils le fer-
vent de chevaux. * Hifloire généalogique des Tatars ,
p. 180, 187.
Ce peuple, félon De l'Ifle , Cane de laTartarie, eft
nommé Zuc^ari , ôk habite les bords de la rivière d'U-
rack , dont l'embouchure eft voifine de la Chine de Mon-
tagne , nommée le Noos. Maty DicL dit Gukagir.
JUKAN , ville de la Chine, dans la province de
Kianfi , au département de Jaocheu , deuxième métro-
pole de la province. Elle eft de 30' plus occidentale
que Pékin, fous les 19 d. 26' de latitude. * Atlas Si-
nenjis.
JULA, Ib'a«, ville de l'Arabie heureufe, félon Pto-
lomée, /. 6.
JULFA. Voyez Zulfa.
JULIA. Il y avoit dans la Paleftine deux villes de ce
nom. Voyez Julias.
JULIA. Jules-Céfar ayant détruit la liberté Romaine,
ck ufurpé l'autorité des consuls ck du fénat , on vit un
grand nombre de villes, joindre fon nom à celui qu'elles
avoient déjà , foit parce qu'il y envoya des colonies pour .
les repeupler, foit parce qu'elles avoient reçu d'autres
marques de fa bienveillance. Plufieurs ne furent nom-
mées ainfi que fous Augufte , qui étant fils adoptif de
Jules-Céfar , fut charmé de donner à plufieurs villes le
hom d'un prince qui lui avoit frayé le chemin à l'empire.
JULIA-AUGUSTA, colonie Romaine. Hygin, dans
fon Livre des Limites, nous'donne un plan de cette co-
lonie. Elle étoit entre les villes Hafta &k Opulentia , ck
féparée de la première, par le ûeuveAxinum. Elle éteit,
fans doute , en Italie ; mais il n'eft pas aifé de dire en
quel canton.
JULIA-AUGUSTA VINDELICORUM. Voyez Au-
GUSTA VINDELICORUM.
JULIA- AUGUSTA-BARBA. Voyez Barba, i.
JULIA-AUGUSTA TAURINORUM. Voyez Au-
GUSTA TAURINORUM.
JULIA-CESAREA. Voyez CésarÉe 8.
JULIA-CALAG. Voyez Calaguris.
JULIA-CAMPESTRIS , ancienne ville d'Afrique,
pans la Mauritanie Tingitane , dans les terres , à qua-
rante mille pas de Lixus, félon Pline, /. 5 , c. 1. C'é-
toit une colonie fondée par Augufte ; fon nom étoit
Babba; & Julia Campejlris fut le nom qu'on lui ajouta
lorsqu'on la repeupla.
JULIA-CLARITAS. Voyez Claritas Julia.
, JULIA-CLAUSTRA , lieu d'Italie, dans les Alpes
Juliennes , par lequel on pafle de chez le peuple Carni ,
dans le Norique. C'eft Pacatus qui en fait mention ; ck
quelques modernes croient que c'eft la Chiufa , bourg
du Fridul , aux confins de l'Allemagne ck de la haute
Carinthie, dans l'état deVenife. * Baudrand,éd. 1682.
JULIA - CONCORDIA , ancienne ville d'Espagne,
flans la Bétique. Voyez Nertobrica.
1. JULIA - CONSTANTIA , ancienne ville de la
Mauritanie Tingitane. Son nom étoit Zilis. Augufte, qui
y établit une colonie,lui ajouta le nom de Julia- Conjlan-
tia. * Plin. 1. 5 , c; 1.
1. JULIA-CONSTANTIA , ancienne colonie d'Es-
pagne , dans la Bétique, à l'oppofite de Séville ; avant
la colonie qui fit donner au lieu ce nouveau nom , fous
Augufte,. on le nômmoit Offet. * Pline, 1. 3 , c. 1.
JULIA-CONTRIBUTA , ancienne ville d'Espagne,
dans la Bétique , félon Pline ; Antonin la met fur la
route d'Italica à Mérida , à quarante-quatre mille pas de
la dernière ; Perceïana entre deux, étoit à vingt-quatre
mille pas de Mérida. Quelques-uns difent que c'eft au-
jourd'hui Fuente de Cantos , bourg de l'Andaloufie.
Voyez ce mot.
JULIA-CRYSOPOLIS , ancien lieu d'Italie , fur la
voie Claudienne , à quinze milles de Rome , félon les
Actes du martyre de S. Domnin. * Ortel. Thefaur.
JULIA -FAMA, colonie Romaine, en Espagne.
Pline , l.j , c. 1 , dit que ce nom avoit été donné à
un lieu déjà nommé Séria. C'eft préfentement Féria,
dans l'Eftremadure , à neuf lieues de Badajoz.
JULIA-FELICITAS, ancien nom de Lisbonne. Voyez
Lisbonne.
JULIA-FELIX. Voyez Beroot.
<5ijt
1. JULIA- FIDENTIA , la même que Fidentia,
Voyez ce mot.
2. JULIA-FIDENTIA , ancienne ville d'Espagne ,
dans la Bétique, entre le fleuve Baîtis tk l'Océan, fé-
lon Pline , /. 3 , c. 1.
JULIA-GADITANA-AUGUSTA. Voyez Gades.
JULIA-GuRMANICIA. Voyez Germanicia.
JULIA JOS.E. Voyez César ée S.
JULIA-JOZA. Voyez Julia-Traducta. i.
JULIA-LIBERALITAS ; Pline , /. 4 , c. 22, dit que
ce tut le furnom donné à la ville d'Ebora en Lufitanie.
C'eft préfentement Evora.
. JULIA-LIBYCA , ancienne ville de l'Espasne Tar-
ragonnoilé, dans la Cerrétame, félon Ptolomée , /. 2,
c. 6. C'eft préfentement Livia, petit lieu de la Cerdai-
gne.
JULIA-MIRTYLIS , félon Ptolomée ou Mirtylis Am-
plement , félon Mêla, l.x,c. 5 , ck Pline, /. 4, c. 22,
ancienne ville de Lufitanie. C'eft' préfentement Mertola.
en Portugal.
JULIA-NASICA, la même que Calagurris, félon
Baudrand, éd. 1682.
JULIA-NOVA. Voyez Giulia-Nova.
JULIA-P1ETAS , furnom que l'on donna à la ville
de Pola en Iftrie. Voyez Pola.
JULIA-RESTITUTA , ancienne ville d'Eîpagne,
dans la Bétique. Pline, l. 3 , c. 1 , nous apprend que
l'on donna ce nom à la ville de Segeda. Voyez Se-
GEDA2.
JULIA-RAMULEA. Vovez Hispal/s.
JULIA-SCARABANTIA', ancienne ville du Nori-
que, félon Pline, /. 3 , c. 24. Anto.'ïin la met à trente-
quatre mille pas de Sabaria ; on croit que c'eft préfen-
tement Scapring ; d'autres difent que c'eft Sapron , que
l'on nomme aufli (Edenbourg.
JULIA-SEG1SAMA , coionie Romaine, établie en
Espagne, fous l'empire de Claudius. Ptolomée, /. 2,
c. 6, la romme Segifama, Julia. Pline en nomme les
habitans Segifames Julienses. Le P. Hardouin ayant exa-
miné la pofition de Ptolomée, croit qu'elle occupoit la
place où eft préfentement Sierra d'Occa , allez près de
l'Ebre, aux confins de la vieille Caftille. ,
JULlA-SENA , ancienne ville d'Italie, dans l'Etrurie.
Voyez Sienne.
JULIA COLONIA-SUTRIUM. Voyez Sutrium.
i. JULIA-TRADUCTA, ancienne ville d'Espagne*
dans la Bétique. Les anciens géographes la placent fur
la côte, à l'occident de Carteïa. L'Itinéraire d'Antonin
n'en fait aucune mention , ck Pline la met fur la côte
d'Afrique, pour éclaircir cette contrariété apparente.
(Voyez l'art. fuiv.)Strabon, /. 3 ,p. 140, appelle cette
ville Julia Joça ; mais Bochart , lib. 3 , c. 24 , a re-
marqué que ce dernier mot fignihe la même chofe dans
la langue Phénicienne que celui de traduSa en latin,
c'eft-à-dire tranfportée. Ptolomée , /. 2, c. 4, la nomme
TpcWtw]* , & la met chez les Baftu'es. On a trouvé en
Espagne deux médailles de Julia-Traducta , qui font
croire que Julia-Traducla étoit fituée dans le même
lieu où l'on voit aujourd'hui Tarifa. * Mémoires lit-
téraires de la Gr. Bretagne , t. 1 , p. HO.
2. JULIA-TRADUCTA , ou Colonia-Julia-
Traducta , ancienne ville de la Mauritanie , ck la
même que Tingis. Une médaille de l'empereur Claude,
rapportée dans le Tréfor de Goltzius , page 240, 6k
par Mezzobarba , p. 45 , porte cette infeription : Colo-
nia-Julia-Traducla. Les autres géographes ne la con-
noiflent que fous le nom de Tiyh:™ ito^rfuj ; c'eft-
à-dire Tingis de Mauritanie. Pline , l. 5 J fect. I ,'• lui
donne cependant les deux noms , en ces termes : Tingi
à Claudio Cœfare , cùm cnloniam factret , appdlatum
Traduiïa Julia; c'eft ce partage de Pline qui a embarrafle
tant d'habiles géographes , & qui a été un écueil où ils
ont échoué. Quoique tous les manuferits difent que ce
fut l'empereur Claude qui tranfporta cette colonie ,
Voffius, lib. 1 , Obferv. in Melam,q. 168, a foutenu
qu'il falloit lire à C. J. Cœfare, au lieu de à Claudio ,
par la raifon que Strabon , qui étoit mort fous le règne
de Tibère , ck par cor.féquent long-tems avant celui de
Claude , avoit fait mention de Julia- Jo/îa. Le P. Norris,
in Cenotapk. Pifan. p. 91 , ne fait quel parti prendre
par rapport à ce paflage de Pline, Saumaiiè , in Soiin,
6i6
JUL
JUL
p. 188 , accufe Pline d'erreur , ou tout au moins d'obf-
curité, lorsqu'il met Julia-Traducla dans la Mauritanie,
où il nie qu'il y ait jamais eu une ville de ce nom ;
& Patin , in Sucton. p. 1 1 5 , s'étant imaginé d'y trou-
ver des médailles qui donnoient le nom de Julia-Tra-
ducla à la ville de Tingis , dès le tems d'Augufte , n'a
point balancé à foupçonner une erreur dans le paffage
de Pline. Mais le P. Hardouin , Nummi illujlrati , loco
citato ,- prétend qu'aucun de ces auteurs n'a b en pris
le fens de Pline , & qu'ils font tombés eux-mêmes
dans l'erreur qu'ils attribuent à ce géographe. Il con-
vient que le nom de Julia-Traducla fut donné à une
ville de la Bétique , fituée fur la côte oppolée à celle
d'Afrique, lorfque , fous le règne d'Augufte, les Tingi-
tains &C les Zélitains y furent transportés , ainfi que l'a
remarqué Strabon ; mais il dit que ce fut fous l'empe-
reur Claude que ces mêmes Tingitains furent de nou-
veau transportés de la Bétique dans leur ancienne de-
meure ; qu'ils devinrent ainfi une colonie , & que con-
servant le nom de leur première ville , appellée Tingis,
ils portèrent encore celui de Colonia-Julia-Traducla ,
différent de Julia-Traducla de la Bétique, par la nou-
velle prérogative du nom de colonie qui n'avoir pas
été donnée à celle-ci. Le P. Hardouin dit, en premier
lieu, que le filencede Pline, qui ne fait aucune mention
de Julia-Traducla dans la Bétique , eft une des preuves
du fentiment qu'il avance , en ce que ce géographe dont
on cohnoît l'exactitude fcrupuleule à décrire les villes
dont il avoit eu le gouvernement , n'ayant point parlé
de celle-ci, c'eft une marque qu'elle ne fubfiftoit plus,
depuis que fes habitans avoient été transportés en Afri-
que ; & il ajoute que fi Strabon , Ptolomée & Marcian
d'Heraclée ont connu Julia-Traducla , ou Julia- Jo^a ,
qui eft la même chofe , c'eft que l'ufage de ces géogra-
phes étoit de rapporter également les noms des villes
qui avoient exifté , quoique détruites , & ceux des villes
qui fubfiftoient actuellement , & dont ils trouvoient
que les anciens auteurs avoient parlé. Le même au-
teur rapporte une féconde preuve de fon fentiment :
elle eft tirée des paroles même de Pline , qui dit que
l'empereur Claude faifant l'établiflement de cette eo-
lonie , [ cum coloniam faceret ] donna à Tingis le
nom de Julia-Traducla ; ce qui fait voir clairement
que cet empereur transporta dans la Mauritanie les ha-
bitans de Julia-Traducla de la Bétique, pour en faire
une colonie , & qu'il donna à Tingis le nom of le
droit de colonie que n'avoit pas eu la Julia-Traducla
de la Bétique.
Le nom de Julia , que porta cette colonie , n'a pas
dû faire croire qu'elle ait été un étabîiflement de Ju-
les-Cefar, puisque ce mrnom a été donné , même dans
la Bétique , à plufieurs villes , dont on ne peut pas dire
que Jules-Cefar ait été le fondateur , ni qu'il y ait fait
aucun étabîiflement. Telles font Julia-Fidenti , Forum-
Julium ; la ville d'Oflet furnommée Julia-Conjlantia,
& Séria , dite Fama- Julia ; Rejlituta- Julia , Contribu-
ta- Julia , Concordia- Julia ; Ûrgia , furnommée Caf-
irum-Julium , &c. On trouve en Portugal la ville mu-
nicipale Olifipo , appellée Felicilas-Julia ; celle d'E-
bora , Liberalitas-Julia , &c. Et quoique , félon le
même Pline , il y eût neuf colonies dans la Bétique , &
cinq dans la Lufitanie, aucune des villes, qui viennent
d'être nommées , ne font cependant de ce nombre. Il
eft bon de remarquer que l'on ne trouve le nom de
colonie fur aucune des médailles pour la ville de Julia-
Traducla de la Bétique , avant le régne de l'empereur
Claude , foit que ces médailles foient frappées du tems
d'Augufte , foit qu'elles foient du tems de fes enfans ; au
lieu que ce titre fe trouve marqué fur celle de l'empe-
reur Claude , rapportée au commencement de cet ar-
ticle ; de forte qu'il y auroit de rinjuftice à aceuferdo-
rénavant le pafîage de Pline en queftion d'oblcurité ou
d'erreur , & de demander des preuves plus claires du
droit de colonie donné à Tingis, auflï-bien que du fur-
nom de Traducla.
JULIA-VALERIA. Voyez Valeria.
JULIA-UND A. Virgile ànGeorg. //, v. 163 1-
Julia qua Porno longe fonas unda refufo,
C'eft la même chofe que Portus-Julius. Voyez cet ar-
ticle au mot Portus.
1. JULIA CUM , nom latin de Julien.
2. JULIACUM , nom latin de Juilli. Voyez ce
mot.
1. JULIADE , en latin Julias ; ou Livias ; car,
comme le remarque D. Calmet, Diclionnaire.de la bible ,
Joleph donne ordinairement le nom de Julie à l'impé-
ratrice Livie , femme d'Augufte. On connoît deux villes
de Juliade dans la Judée.
2. JULIADE , ville de la Paleftine , à l'embouchure
du Jourdain , dans le lac de Tibériad'e. Cette ville eft;
la même que Bethzaïde , & on ne la nomme pas autre-
ment dans l'Evangile. D. Calmet croit qu'elle étoit au-
delà du Jourdain , dans la Gaulanite. Voyez BETii-
Zaïda 1. Plin. 1. 5 , c. 14 & 15 ; Jofeph de Bello ,
1..2,c. 8; &lib. i,c.ï:
3. JULIADE , autre ville de la Paleftine , à l'em-
bouchure du Jourdain, dans, la mer Morte. Elle fut bâ-
tie au même lieu où étoit auparavant Betharan , ou
Betharamptha. Elle fut augmentée & nommée Juliade
par Hérode , furnommé Philippe.* D. Calmet , Dic-
tionnaire. JoJ'eph -, Antiq. 1. 18 , c. 3 , dt Bello; 1. 2 ,
JULLE ALPES , les Alpes Juliennes. Voyez ALPES.
JULiANI, ancien peuple delà Carrétanie, enEfpagne.
Ce font les habitans de Julia-Libyca , aujourd'hui Li-
via, dans la Cerdaigne.
JULIAN1S , ancienne ville épiscopale d'Afrique, dans-
la Byzacène . félon la Notice épiscopale d'Afrique.
JULIANI, ou Sancti Julii IisSULa, ifle d'Italie,
où commandoit Ménulphé*, qui fut tué par Agilulfe ,
félon Paul Varnehid , /. 4. Vignier dans fa Bibliothè-
que hiftoriale , dit que cette ifle étoit dans le Lac-ma-
jeur. Mais Paul le Diacre ne dit point où étoit cette
ifle. Il dit feulement que Ménulphé y commandoit :
His diebus Agilulfus rex occidit Minulfum ducem de
injulâ Sancli-Juliani eà qubd Jefuperiori Umpore Frari-
corum ducibus tradidiff'ec. D'autres exemplaires portent
Menulfum au lieu de Minulfum & Sancli- Julii , au lieu
de Sancli-Juliani. On ne fait guères où étoit cette ifle';
car celle du Lac-majeur que Vignier avoit en vue, né
s'appelle pas Juliana , mais Vilaliana-Jnfula.
JULIAS. Voyez Juliade i & 2.
JULIENSE Castrum ; c'eft aujourd'hui Clità di
Friuli.
1. JULIENSES , ancien peuple , d'entre lès Carnes.
C'étoit les habitans de la ville de Friuli , d«ns le Frioul,
qui en prend le nom. Plin.l. 3 , c. 19.
2. JULIENSES, ancien peuple de l'Afie mineure,
vers la grande Phrygie , félon Pline cité par Ortélius,
Thefaur.
Voyez les articles Atigi , Aretini , Romari ,
TEARI , FOROJULIENSES.
JULIENSIS Vicus. Grégoire de Tours fait fouvenr.
mention d'un village de ce nom , dan^ la Gaule. Orté-
lius croit que ce lieu étoit dans l'Aquitaine.
JULIERS , ville d'Allemagne , dans lé cercle de
V/eftphalie j dans un petit pays qui porte le titre de
duché de Juliers. Les Allemands écrivent Julich ; Zey-
1er écrit Guelch. Elle eft fituée à la portée d'une pierre
de la rivière de Roer. La reflemblance de fon nom
avec celui de Jules-Cefar a fait croire à quelques-uns
qu'il en avoit été le fondateur : d'autres en font honneur
à Agrippine , femme de Claudius , & mère de Néron.
Il eft certain qu'elle eft ancienne. Elle eft nommée Ju-'
liacum dans l'Itinéraire d'Antonin : il la met à douze
mille pas de Coriovallum , à huit mille pas de Tiberia-
cum , & à dix-huit mille pas de Cologne. Elle étoit au
pays des Ripuaires. Ammien Marcellin en fait auffi men-
tion , /. 17 , c. 2 , comme d'une ville entre Cologne &
Reims. Le Livre des Merveilles de S. Bernard , c. 12,
dit : venimus Juliacum quod à Julio Ccefare cajlrum.
cedificatum & ejus nomine ejl injîgnitum. C'étoit alors
une forterefle , & elle avoit fon avoué. Elle a une
grande & bonne citadelle , dont les murs épais font
bâtis fur pilotis , & par conféquent peu 'propres à être
minés , félon le rapport de Zeyler. Cette place ne laifla
pas d'être prife , en 1610, par le prince Maurice de
Naflau , au nom des héritiers qui en difputoient la fuc-
ceflion ; en 1622 , par les Espagnols commandés par
Henri , comte de fierg. Ils la gardèrent jusqu'à la paiy
des Pyrénées , par laquelle ils s'en défifterent en faveur
du
JUL
JUL
du duc de Neubourg , & depuis ce tems-Ià les élec-
teurs Palatins en ont joui. Elle eft à quatre miiies d'Al-
lemagne d'Aix-la-Chapelle, tbt presqu'au milieu entre
Cologne & Maftrecht. * ( a ) Zeylcr. Weftphal. To-
pogr. p. 28. (b) Vdef. Notit. Galliar. (c) Baudrand,
cdit. 1705.
Le duché de JULIERS , petit pays d'Allemagne ,
dans la Veftphalie , avec titre de duché , félon d'Audi-
fret, Geogr. t. 3 , p. 248. Il eft borné par la Gueldre,
au feptentrion , par l'archevêché de Cologne à l'orient ;
par le pays d'Eiffel & le duché de Luxembourg au midi,
& par le pays d'Outre- Meufe à l'occident. Ce n'étoit au-
trefois qu'une feigneurie pofTédée par une maifon fort
ancienne. Gérard II, comte de Juliers, laiffa deux fils;
Guillaume IÎI qui eut en partage le comté de Juliers ,
& Adolphe qui eut celui de Berg. Gérard III , fils de
Guillaume, fut aïeul de Guillaume IV, à qui l'empe-
reur, Louis de Bavière, donna le titre de marquis, l'an
1339, & qui ensuite fut créé duc de Juliers, par l'em-
pereur Charles IV, l'an ij'jô. Guillaume V, fon fils,
étant mort fans enfans, l'an 1402, laiffa fes états à fon
frère Renaud, dont la fille unique époufa Jean d'Egmont.
Adolphe, de la branche de Berg , lui fuccéda, maigre les
prétentions d'Arnould d'Egmont , dont le petit -fils,
nomméCharles , céda fes droits, l'an 1467, à Guillaume,
comte de Ravensberg , frère d'Adolphe , duc de Berg ,
& père de Gérard qui eut de Dorothée de Brunsvic ,
Guillaume VI. Marie , fa fille unique , porta les duchés
de Juliers et de Berg dans la maifon de la Marck, par
fon mariage avec Jean III , dit le Pacifique , duc de Cle-
ves.
Les principaux lieux de ce duché font :
Juliers capitale,
Duren , \ villes.
Aix-la-Chapelle.
S. Corneille,
Burscheid.
abbayes.
JULIN , ancienne ville de la Vandâlie , dans l'ifie
que forment la Suine & le Divenow, qui portent les
eaux de l'Oder dans la mer, c'eft-à-dire dans Fille de
Vollin qui eft de la Poméranie. Albert Krantz (a) en
parle ainii : la ville de Julin étoit autrefois très-belle ;
c'eft préléntement à peine une miférable bourgade. On
dit qu'elle reçut ce nom de Jules- Céfar , fon fonda-
teur , de même que Volgaft étoit nommée autrefois
Julia-Augujla ; que Dtmyn vient de ces mots latins
domina mundi & Tribu^esir, de ceux-ci tributum Cz-
Jaris, &£ qu'enfin Robel vient du mot rébellion. Mais ce
fage hiftorien ne rapporte ces étymologies que pour les
réduire à leur jufte valeur. Ce font, dit-il, des conso-
nances qui fe lont trouvées par hazard entre les langues
latine & wandalique, comme il s'en trouve dans toutes
les autres. Certainement, poursuit-il, Jules -Céfar ne
peut lui avoir donné ce nom ; car après avoir paffé deux
fois le Rhin , & mis le pied dans l'Allemagne , il fit
d'abord repaffer fes troupes dans les Gaules fur les ponts
qu'il avoit fait dreffer ; c'eft ce qu'il rapporte lui-même
dans fes Commentaires. Après lui les généraux des ar-
mées Romaines ne pafferent jamais au-delà de l'Elbe
qu'Augufte donna pour borne à l'empire. Si pourtant on
veut, à toute force, que ces noms ayent une origine la-
tine , il faudra (uppoferque des feigneurs entre les Van-
dales , voulant voyager , vinrent en-deçà de l'Elbe , &
fervirent quelque tems en Allemagne , fous Drufus ou
fous Germanicus , ou fous quelques autres capitaines ;
qu'ensuite étant retournés dans leur patrie , pleins d'ad-
miration pour ce qu'ils avoient vu , ils donnèrent des
noms latins à leurs fortereffes. Strabon , Corneille , Ta-
cite &£ les écrivains de l'Hiftoire d'Augufte , font men-
tion de plufieurs princes étrangers , qui vinrent voir les
Romains. Quoi qu'il en foit , du tems des Vandales ,
Julin étoit une ville très-marchande ; & le commerce y
étoit fi floriffant, qu'à la réferve de Conftantinople,qui
étoit alors la principale ville du monde, il eût été diffi-
cile d'en trouver une qui fût égale à Julin. On y voyoit
des Ruffiens , des Danois , des Sembes , des Saxons.
Chaque nation y avoit fes rues & fes places publiques.
Pas un peuple n'en étoit exclus , finon ceux qui au-
.617
roient pu parler de Chnftiamsme. C'étoit une condi-
tion que l'on impofoit à ceux qui y venoient, foit par
terre , foit par mer , de ne pas dire un feul mot , tou-
chant la religion Chrétienne. Cette ville étoit fituée du
coté de la Suine \ comme il paroît par ce paffage de cet
hiftorien, p. 121 : Pons illic amni Zuintz fuperpofuus ,
oppidum conjungit adversœ ripa. C'étoit la plus impor-
tante place des Vandales , qui, à la faveur de leur ma-
rine , mfeftoient les côtes de la mer Baltique de leurs
pirateries. Tous les bandits & les fcélérats qui s'enfuyoient
duDanemarck, pour éviter le châtiment de quelques
crimes, venoient y chercher un afyle qu'on ne leur re-
fufoit pas. Ce fut pourquoi les rois de Danemarck firent
fouvent tous leurs efforts pour la détruire. La Poméra-
nie ayant enfin fes ducs , ils travaillèrent à la conver-
fion de cette ville Q>). Boleflas II réuffit à celle des
deux frères Vratiflas & Ratibor, princes de la Poméra-
nie citérieure ; Othon VIII , évêque de Bamberg , qui
poiîédoit parfaitement la langue des Hénetes , fut ap-
pelle pour annoncer l'évangile aux Poméraniens. Il eut
le bonheur de convertir "\V ratifias & fes fils Cafimir &
Bogiflas , à qui il conféra le baptême. Ce fut par fon
conseil que Vratiflas établit un évêché à Julin. Comme
on parloit alors, avec beaucoup d'admiration, des prodi-
ges que Dieu opéroit par S. Adelbert , évêque de Pra-
gue , martyrifé près de Fischaufen , en Prufle , par les
Barbares , à qui il étoit allé prêcher la foi , on bâtit le
premier temple à Julin , fous l'invocation de ce faint.
Albert en fut le premier évêque, & mourut l'an 11 58,
Le chapitre lui donna pour fucceffeur Conrad , fous le-
quel Waldemar, roi de Danemarck, fit perpétuellement
la guerre aux Vandales , fans parier de Henri le Lion ,
qui attaqua la Poméranie , du côté de la terre. Durant
ces guerres, les habitans de Julm ayant pris la fuite, les
Danois fe rendirent maîtres de la ville , & la brûlèrent.
Elle avoit effuyé, de tems en tems, de fâcheux délàftres;
mais elle s'étoit toujours rétablie ; elle ne put jamais fe
relever de ce coup ; & ce qui acheva de l'obscurcir, ce
fut la tranflation du fiége épiscopal à Cammin , l'an
I188; (voyez cet article,) & la fondation de quelques
nouvelles villes (c) que les Saxons bâtirent fur cette côte,
furtout la ville deLubec, qui, s'étant beaucoup accrue en
peu de tems, obsurcit les anciennes villes delà Van-
dalie. * (a) Vandal. /. 2, c. 33,^. 44. Q>) Chitrœi, Saxon.
/. I , p. 9. (c) Krançii , Vandal. p. 124.
1. JULIOBONA, 'l^liUra > ancienne ville de la
Gaule Lyonnoife , dans le pays des Caletes , félon Pto-
lomée , /. 2 , c. 8. Antonin en fait mention en plufieurs
routes différentes. Dans celle de Carocotinum à Augus-
tobona , c'eft-à-dire du Crotoy, port de mer à Troyes,
en Champagne , en paffant par Rouen & par Paris , il
compte dix mille pas de Carocotinum à Juliobona.
Carocotino ,
Juliobonam , X. M. P.
Lotum , vi. m. P.
Latomagum, XIII. M. P.
Rothomagum , IX. M. P.
En fuppofant que Carocotinum eft le Crotoy, comme le
pense Hadrien de Valois , il y auroit de ce port de mer
à Juliobona dix mille pas, & de Juliobona àRouen virïgt-
fept ; ce ne fauroit ëutDicppe ; car il y a au moins onze
lieues de diftance du Crotoy à Dieppe ; ce qui eft bien
différent de dix mille pas : de Dieppe à Rouen , il y a
douze petites lieues , & l'Itinéraire ne marque que vingt-
huit mille pas ; autre preuve que Juliobona ne fauroit
être Dieppe. Les diftances conviennent encore moins
a la ville de Honfieur, qui eft trop loin de Carocotinum,
pour les dix mille pas d'Antonin. Sigebertdans faChro-'
nique , dit : Juliabona in Caletenfi pago regione inter
Sequanam & mare Jîia , juxtà Sequanam ejl /edes fe"
gia. C'eft-à-dire : Juliobona dans le pays de C^ux,
fituée entre la Seine & la mer , ejl une demeure toyaU
auprès de la Seine. Il a pris Juliobona pour 1 IJl:bonnet
& il n'eft pas le feul qui foit tombé dans cette erreur*
Orderic Vital, l. 5, dit : il y a un village qui appartient
au roi , auprès de la Seine , où étoit une ancienne ville,
nommée Caleius, de laquelle le pays voifin avoit pris 'e
nom de CaUgius Pagus. Jules-Céfar l'affiégea & la dé-
truifit. Mais ayant ensuite confideré l'avantage du lieu,
Tome 111. Iiii
6i8
JCJL
JOL
il y mit uire garni fon , & l'appella de fon nom Julio-
bona, C'eft elie que les Barbares appellent préfentement
Yljlebonnc. Le même auteur, /. 12, dit que Jules-Céfar
afliégea la ville de CaLetus; que l'ayant prife, il la détruilit,
mais qu afin que- la province ne fût pas entièrement fans
garnifon , il fortifia une place qu'il nomma Juliobona ,
& que le patois barbare en a fait Yljlebonne par corrup-
tion. Hadrien de Valois a raifort de dire que cette ville
CaUtus a été inconnue aux anciens , & qu'elle n'a ja-
mais exifté , ni là ni ailleurs. Le nom de Caletenjis pa-
gus , donné au pays , ne vient pas d'une ville nommée
CaUtus, mais du peuple même nommé Cahttz , ou Ca-
lais. La refTemblance de nom a trompé ces deux auteurs
& plufieurs autres, (avoir Turnebe, Papire, Maflon, &c.
Il eft certain que Dieppe n'eft pas une ville aviez an-
cienne , pour avoir été du tems de Jules-Céfar, quoique
c'ait été un port de mer depuis long-tems. Nous avons
auprès de cette ville un ancien lieu , nommé la cité de
Limes , qui donneroit lieu à mes conjectures , fi les dis-
tances d'Antonin y convenoient ; mais elles ne s'y ac-
cordent pas.
2. On cherche une autre JULIOBONA qui doit avoir
été une ville épiscopale. Dans le concile de Châlons ,
fous Clovis le Jeune , on trouve entre les prélats qui
fouscrivirent, Betton , évêque de Juliobona, Betto epis-
copus ecclefa de Juliobona. On voit afTez que cette Ju-
liobona ne fauroit être celle du pays de Caux , puisque
ce pays n'a jamais eu d'évêque particulier , & a toujours
été du diocèlè de Rouen, comme il en eft encore au-
jourd'hui. Il y a trois fentimens pour expliquer cette dif-
ficulté, i. Le (avant P. Sirmond dit bien, à la vérité, que
ce n'a jamais été un évêçhé fixe, mais que cependant
on avoit donné ce lieu à l'évêque Betton , de même que
l'on donna à Auftrapius &( à Munderic, évêques ^ des
lieux qui n'étoient pas des évêchés ; mais ces évêques
étoient défignés fucceffeurs , l'un au diocèfe de Langres,
l'autre à celui de Poitiers. Ce n'étoient pas des diocè-
fès , mais des réfidences qu'on leur affignoit m atten-
dant que les fiéges ausquels ils étoient défîmes, niffent
vacans. Mais ici il n'eft point queftion de cela ; l'évê-
que Betton ne fuccéda point au diocèfe de Rouen , &
il n'y a jamais eu à Rouen d'archevêque de ce nom.
a. Hadrien de Valois juge que ce peut bien être la ville
deTroyes qui étoit alors, & eft encore épiscopale. Oc-
tavius, dit-il, ayant été adopté par Jules-Céfar , prit le
nom de Jules , & reçut ensuite le furnom $ Augufte : il
fe peut faire que la ville deTroyes ait été auffi-bien ap-
pellée Juliobona , qu' 'Augujlobona ; nom que quelques
anciens lui ont donné ; & il fe rencontre afTez jufte que
dans le concile de Châlons il n'eft fait aucune mention
d'un évêque de ce diocèfe , fous le nom de tcdejia Tri-
cajfma. Cela fait croire qu'il pourrait bien être défigné
par le nom de Juliobona. 3. Le troifiéme fentiment eft
fondé fur ce qu'à ce concile il ne paraît point non plus
d'évêque d'Angers , fous le nom iïecclejîtz Andegaven-
Jïs. On fait qu'Angers a été nommé par les anciens Ju-
liomagus ; peut- être a-t-on mis Juliobona pour Julio-
magus , & que Betton étoit évêque d'Angers , & non
pas de Troyes. Quoi qu'il en foit, il fe tint, l'an 1080,
un concile à Juliobona , en préfence de Guillaume le
Conquérant. .
J'ajouterai un quatrième fentiment, qui feroit bien le
plus vraifemblable , fi je trouvois dans quelque ancien,
que Bayeux , ville épiscopale , a été autrefois nommée
Juliobona BiducaJJium ; mais c'eft D'Audifret, Geogr.
hiffi. t. 2, p- 193 , qui 'e ait , & j'ignore fur quelle au-
torité il s'appuie ; & fuppofé que Bayeux ait été ainfi
nommé autrefois „ il eft furprenant que ce nom ait
échappé à Ortélius , à Hadrien de Valois , &; à tant
d'autres géographes. _ .,;,„,
3. JULIOBONA , ancienne ville de la haute Panno-
nie,' fur le Danube, félon Ptolomée, l.l, c. 15. On
croit que c'eft préfentement la ville de Vienne.
JULIOBRICA, ancienne colonie d'Espagne, félon
Pline. Il dit que l'Ebre a fa fource dans la Cantabrie,
afTez près de la ville de Juliobrica. C'eft préfentement
Fiante d'Ivero, le nom moderne veut dire la foutce de
l'Ebre. Morales, fol. 67, fournit une inscription dans
laquelle on lit Juliobrigensi EX GENTE Canta-
BBORUM.
JULIOBRIGA , ville de l'Espagne Tarragonoife ,
dans la Cantabrie, fur la côte de TOcéan. Quoique les
anciens n'ayent point marqué d'autre Juliobriga ou Ju-
liobrica , dans la Cantabrie , que celle dont on vient de
parler , Baudrand cite Grégoire de Argaiz , qui dit que
c'eft préfentement El-Puerco de SANTONA , dans la
Biscaye , & qu'il eft ainfl nommé, à caufe de S. Ana-
nie , qui y fut martyrifé , d'où eft venu le nom de San-
tonna.
JULIODUNUM, nom latin de Loudun ; les an-
ciens n'en ont point ufé. a
JULIOGORDUS. Voyez Juliopoeis.
JULIOLA, ancienne ville de l'ifle de Sardaigne, fé-
lon Ptolomée, /. 3 , c. 3 ; elle étoit dans fa partie fep-
tentrionale. Cluvier a cru que c'étoit Cajlro-Doria, mais
François de Vico juge que ce doit être Fignola ; &:
Baudrand, éd. 1681, juge que ce dernier fentiment eft
le plus vraifemblable.
1. JULIOMAGUS, nom latin d'ANGERS. Dans la
fuite cette ville quitta fon nom, pour prendre celui du
peuple, dont elle étoit la capitale, 6c qu'elle conserve.
2. JULIOMAGUS, ancienne ville de la Germanie,
entre Ténédone &: Brigobanne , à quatorze mille pas
de l'une , & à onze mide pas de l'autre , félon la Ta-
ble de Peutinger. Beatus Rhenanus croit que c'eft Pful-
lendorff, dans la Suabe. Cluvier croit que c'eft Dutlin-
1. JULIOPOLIS , ancienne ville de l'Afie mineure.
On l'appelloit auparavant Gordiu-Come , félon Pline ,
/. 5, c. 31. Elle étoit près de Dadaftane &c du mont
Olympe. Strabon, /. ta, p. 574, nous apprend le fens
du nom de Gordiu-Come, & dit qu'un nommé Cléon ±
chef de voleurs , fit une ville du village Cordus ou Gor-
dius , &l la nomma Juliopolis. Tite-Tive, /. 38, c. 13,
nomme ce YieuGordiutichos ; le nom eft grec Top^iu ■myf.z ,
& fignifi'e le mur de Gordius ; il compte trois jours do
marche de Gordiutichos à Tabœ , ville aux confins de la
Pifidie. Cette ville fut épiscopale. Dans le concile Qui-
nifexte , il eft fait mention de l'évêque Ifidore : Jfidorus
episcopus Gprdojervorum civitatis , Bithynorum provin-
cial. Ptolomée , /.«5 , c. 2 , nomme une ville de l'Afie
Juliagordus ou Juliogordus. Ce nom marque afTez que
ce doit être la Juliopolis, ou Gordiu-Come ; ce qui fait
la difficulté , c'eft qu'il la met dans la Lydie ou la Méo-
nie : or Gordiu-Come étoit dans la Bithynie ; Se le
même Ptolomée , ibid. c. 1 , place en Bithynie une autre
Juliopolis , & c'eft cette dernière qui étoit fur la route
marquée par Antonin, de Conftantinople à Antioche par
Nicée , Dadaftane, Juliopolis, Ancyre, &c. Juliogor-
dus étoit bien loin de cette route , près du mont Sipile.
Antonin, au refte, compte vingt-fix mille pas entre Da-
daftane & cette Juliopolis. Ortélius diftingue deux vil-
les, favoir la Juliopolis de Ptolomée, dont Pline nom-
me les habitans JuliopoliTjE ; Juliopolis GoRDiu-
Come ; je crois que c'eft la même , mais qu'elle eft
très-différente de Juliogordus ou Juliagordus.
2. JULIOPOLIS, ville d'Afie, dans la petite Armé-
nie, dans la préfecture deRhavene, près de l'Euphrate,
félon Ptolomée , /. 5 , c. 7.
3. JULIOPOLIS, ancienne ville d'Egypte , fur le
Nil , à deux mille pas d'Alexandrie , félon Pline, /. 6^
c. 13. Hermolaiis Barbarus & Ortélius, ont cru qu'il fal-
loit lire Heliopolis ; mais outre que les manuscrits por-
tent Juliopolis , félon le témoignage du P. Hardouin ,
d'Alexandrie, il y avoit plus de fix cents mille pas à Hé-
liopolis , au lieu qu'à Juliopolis il n'y en avoit que deux
mille. D'ailleurs M. M. ne fignifient que cela, & non
pas un millier de milles.
JULIS , ville de l'ifle de Céa. Ptolomée , /. 3, c. if ;
Suidas &£ Valere Maxime en font mention. Ce dernier,
/. 2 , c. 6, n. 8 , rapporte la mort courageuie d'une
femme de cette ville. Voyez l'article Caressus. Cette
ville étoit la patrie de Bachiljde , fameux poëte Grec ,
& neveu de Simonide , qui étoit de la même ifle , &
apparemment de la même ville. * Le Fevre,, Vie des poè-
tes Grecs.
JUL1UM-CARNICUM , ancienne ville du peuple
Carni, dans les Alpes Juliennes ; Ptolomée , /. 3 , c. 1,
la nomme colonie. L'Itinéraire d'Antonin la met à foi-
xante milles d'Aquilée ; le lieu qui étoit à moitié chemin
s'appelloit ad Tricefimum ; quelques-uns croient que
c'eft un village du Frioul, nommé Zuglio par les Italieas.,
JUM
s- m
■6
& Zoël par les Allemands , à quatre milles de Pon-
teba ; mais il n'y a là aucun veflige de grand chemin.
Lazius a cru que c'étoit Ponteba , bourg fitué fur un ruis-
seau de même nom , & il y a plus d'apparence. Voyez
PONTEBA.
JULIUM praesidium ; c'eft le même lieu quëSca-
labis , aujourd'hui Saniaren en Portugal.
JULIUS-Portus. Voyez Portus-Julius,
JULIUS-Vicus. Voyez au mot Vicus.
JVLLY. Voyez Juilli.
. JUMIEGE, bourg de France , en Normandie , au
pays de Caux, fur la rivière de Seine , cinq lieues au-
deftous de Rouen, à trois de Saint-Georges", de Saint-
Vandrille & de Caudebec , & cinq quarts de lieues au-
defious de Duclair , en latin Gemmeticum. Ce bourg,
dont la paroifie eft dédiée à Saint- Valentin , eft connu
principalement par une abbaye royale , qu'en latin on
appelle fanclus Parus Gemmeticenfs. Cette abbaye que
poflédentles Bénédiftins de la congrégation de S.Maur,
fut fondée, vers l'an 650, par S. Philibert , fon premier
abbé, fous le régne de Clovis II, qui en a été le princi-
pal bienfaiteur , avec fainte Batilde, fa femme. L'églife,
qui porte le titre de S. Pierre , eft grande & très-foli-
dement bâtie , avec feize piliers de chaque côté dans fa
longueur, & des chapelles autour du chœur , dans le-
quel on voit un très-grand, candélabre de cuivre, à neuf
branches , un aigle & fix grands pupitres du même mé-
tal , très-bien ouvragés. Cette vafte églife eft couverte
de plomb, auffi-bien que la groffe tour carrée, ouverte
en lanterne, fur le milieu du chœur. Les deux gros clo-
chers de pierres, bâtis à l'antique, d'un même deftéin, &
à trois étages, s'élèvent beaucoup au- deftùs du grand
portail, contre lequel eft adoflèe l'orgue, & ils fe ter-
minent en hautes pyramides couvertes d'ardoife. Entre
les cloches , de cette abbaye, il y en a une du poids de
fept milliers. On conserve dans le tréfor de cette églife
plufieurs reliques très-précieufes & anciennes , &, en-
tr'aufres, celles de S. Philibert, renfermées dans une très-
belle châiTe d'argent , représentant une églife des mieux
ornées d'architeâure & de fculpture. On y voit encore
diverses figures d'argent , & deux chefs auffi d'argent ,
dans l'un desquels eft la tête de S. Valentin, évêque &
martyr , & dans l'autre une partie de celle de S. Léger,
évêque d'Autun, & de S. Aicadre ,■ fécond abbé de Ju-
miege. Le cloître, à côté de l'églife, eft grand & très-
beau. Les bâtimens des religieux tiennent beaucoup de
l'antiquité. On en a commencé un nouveau de trois
cents dix pieds de longueur fur une même ligne. La bi-
bliothèque eft grande & très-bien fournie de livres &£
de manuscrits , dont quelques-uns lont fort rares. La
mai'on abbatiale eft "bâtie de neuf, & à la moderne. Le
ierreinque l'abbaye de Jumiege occupe, eft fort étendu,
& lts jardins font très-fpacicux. Le voilinage d'un bois ,
les prairies & la rivière en rendent le féjour agréable.
Elle a droit de pêche & poftede plufieurs baronnies. On
lit dans le cloître les inscriptions fuivantes : Les deux
aînés ûc Clovis II, & de fainte Batilde, s' étant révoltés
contr' elle, pendant un voyage d'outre-mer de Clovis,vain-
cus & pris dans le combat, au il revint fur fes pas pour
leur livrer, furent condamnes à avoir les nerfs des bras
coupés. Ahiji énervés à Paris . mis & abandonnés fur
la Seine , dans un bateau fans bateliers ni avirons , ils
abordèrent au port de Jumiege , accompagnés d'un feul
ferviteur. S. Philibert les y alla prendre, & les reçut re-
ligieux en ce rnonajiere où ils font inhumés.
S. A:cadre , choifi par S. Philibert , pour lui fuccéder
au gouvernement de ce rnonajiere, & fécond abbé, vers l'an
670, ayant demandé à Dieu le neceJJ aire pour lafubji-
fiance de neuf cents religieux qu'il y avoit , fut averti
par un ange , que quatre cents cinquante iroient en trois
jours au ciel • 6- l'ange entrant de nuit dans le dortoir
les déjigna d'une baguette. Le faint fait rapport en cha-
pitre, de cette révélation.
Fers le milieu du neuvième ficelé , les Danois étant
entrés dans la Neuftrie par la rivière de Seine, avec une
pwfjante flotte , que le fameux & redoutable Hafiing
coiumandoit,fous les ordres du prince Bier , furnomme
Côte de Fer, abordèrent à Jumiege, après avoir faccagé
une grande étendue de pays , y mettant tout à feu & à
fang , & mafacrant plufieurs religieux , tandis que Us
tC)
autres fe dérobent par la fuite à leur fureur , & ce qu'ils
ont de plus précieux , vont chercher un a/y le dans le Cjm-
bréfîs , au prieuré d'Aspre , dépendant de ce rnonajiere.
Guillaume Longue-Epée , duc de Normandie , chas--
fant dans la forêt de Jumiege , y trouva deux moines
qui lui racontèrent comme leur monaflere avoit été ruiné,
& lui préfenterent du pain d'orge & de l'eau, qu'il re-
fufa avec mépris; & continuant fa chaffe, il rencontra
un fanglier qu'il blefla. Le fangiier fe j elta. fur lui & le
renversa.. Le duc revenu à foi , retourna aux re'i°ieux ,
reçut leur préfent, promit de rebâtir leur monaflere. Il le
fit & y mit, vers l'an 904, dou7j moines avec Martin;
leur abbé, quefafœur, comtefje de Poitiers, avoit tirés de
5 aint-Cyprien.
Taffillon , duc de Bavière & Teudon, fon fils , font
enterrés dans cette abbaye, qui fut réformée, l'an 1616,
par les Bénédi&ins de la congrégation de S. Maur. Elle
a produit plufieurs hommes îlluftres; S. Hugues, abbé
6 archevêque de Rouen; S. Eucher, évêque d'Orléans;
Robert, évêque de Londres & de Cantorbery ; Fréculfe,
évêque deLifieux; Jacques d'Ambroife, évêque de Cler-
mont ; tk Hélifacar, abbé & chancelier de Louis le Dé-
bonnaire. * Mémoires dreffés fur Us lieux, en 1704.
JUN, canal royal de la Chine, où il traverse toute
la province de Xanton , qu'il partage, & à laquelle il
eft d'autant plus avantageux, que les vaifleaux n'ont point
d'autre partage pour porter les marchandées à Pékin ; il
commence à Socien , d'où il eft tiré depuis la rivière
Jaune, jusqu'à celle de Guey. Il a été creufé à grands
frais ; &c comme en certains endroits il n'y auroit pas
allez d'eau pour de grandes barques bien chargées , il y
a plus de fix cents éclufes , faites de grandes pierres de
taille, fort folides , qui y font ménagées pour élever
ouabaifler l'eau, à proportion que l'on en a be bin. Un
peu avant que l'on foit à moitié chemin de Chining, il
y a le lac de Cang, qui fournit autant d'eau que l'on en
veut ; mais comme le réfervoir du lac eft plus bas que
le terreinparoù l'on parte, & qu'il s'écouleroit bientôt
entièrement, il y a huit éclufes l'une auprès de l'autre
pour en foutenir les eaux. Ces éclufes s'appellent en
Chinois Tungfea. *Niewhof, Ambaflad. des Hollandois
à la Chine, p. m.
JUNA , ancienne ville de l'Albanie , au-delà du Cy-
fus, félon Ptolomée, /. 5 , c. 12.
JUNCARIA , ancienne ville de l'Espagne Tarrago-
noife, félon Ptolomée , qui la met au pays des Indigé-
tes. Quoique dans ce même pays il y ait aujourd'hui
un lieu nommé Jonquere , qui mérite moins le nom de
ville que celui dé village , il ne faut pas croire que ce
foit le même lieu. Antonin marque l'ancienne Junca-
ria , immédiatement après le porte nommé Summum
Pyrenceum ; il ne laifte pas d'y mettre une diftance de
feize mille pas entre deux , Se cette dirtance tombe pré-
ciiément à Figueras. Voyez ce mot.
JUNCAR1US CAMPUS , campagne au midi de la-
quelle étoit fituée l'ancienne ville Juncaria , au lieu que
la Jonquere d'aujourd'hui en eft au nord. Strabon , A3,
dit : les habitans d'Ampurias avoient, dans l'intérieur
du pays,- des terres, dont quelques-unes éroient fertiles;
d'autres ne produifoient que du jonc, & qu'on l'appel-
loit le champ du jonc, Juncarium Campum. Cette cam-
pagne garde encore fon ancien nom , & c'eft la vallée
de Jonquere. Mais la ville a perdu le fien Si s'appelle
Figueras. L'une & l'autre le tiroient du jonc.
1. JUNCENSIS , fiége épiscopal d'Afrique, dans la
Byzacene , félon la Notice d'Afrique, qui nomme fon
évêque Tertullus Juncenfis. Il s'eft tenu un fameux con-
cile en cette ville, l'an 524, dont Ferrand rapporte un
canon dans fon Abbrégé des canons. Il eft parlé de
Juncense Littus dans la Vie de S. Fulgence.
2. JUNCENSIS, autre fiégé épiscopal d'Afrique, dans
la Mauritanie Céfariense. Nous ne leconnoirtons guères
que par la Notice d'Afrique ,' qui nomme en premier
lieu Glorinus Juncenfis. La Conférence de Carthage
fait aurfi mention de Ralentinianus Juncenfis.
JUNCHEU , petite forterefle de la Chine , dans
le Pélcéli. Elle eft plus occidentale que Pékin de 26',
par les 40 d. s 6' de latitude. * Allas Sinentis,
JUNCHING , fortererte de la Chine , dans la pro-
vince de Quanton , au département de Taching , pig-
Tome III. Iiiiij
ë2b J[TN
trière fortereffe de la province. Elleeft plus occidentale
que Pékin de 5 d. 49', par les 23 d. 45' de latitude.
* Atlas Sinenfis.
IUNG , cité de la Chine -, dans la province de Su-
chuen , au département de Kiating, trpifiéme grande
cité de la province. Elle eft de 12 d. 26' plus occiden-
tale que Pékin , fous les 29 d. 47' de latitude. * Atlas
Sinenfis.
JUNGAN, ville de la Chine, dans la province de
Quangfi, au département de Pinglo , quatrième métro-
pole de la province. Elle eft plus occidentale que Pékin,
de 7 d. 20',, par les 25 d. 8' de latitude. * Atlas Sinenfis.
JUNGARIUS , 'Ityîtfios ; c'eft le même que Jun-
cabius Campus.
JUNGCE, ville de là Chine, dans la province de
Honan , au département de Caifung , première métro-
pole de la province. Elleeft plus occidentale que Pékin,
de 3 d. 54', par les 36 d. de latitude. * Atlas Sinenfis.
1. JUNGCHANG, ville de la Chine, dans la pro-
vince de Junnan , dont elle eft la huitième métropole.
Elle eft de 17 d. 42' plus occidentale que Pékin. Sa la-
titude eft de 24 d. 58'. Elle a été la capitale du puiffant
royaume de Gailao , &: on la nommoit alors Puguei.
Hiaou, empereur de la famille de Han, en jetta les fon-
demens. Comme elle étoit le cher-lieu d'un territoire
arrofé par la rivière de Lançang, on. lui donna le nom
de cette rivière ; mais ensuite elle fe détacha de la
Chine, & fe donna au royaume àsjungchang; on l'ap-
pella de ce nom. * Allas Sinenfis.
Un auteur Chinois parle ainii des habitans. Ils ont
pris les différentes moeurs des étrangers. Les uns cou-
vrent leurs dents d'une feuille d'or; & on les appelle
Kinchi , c'eft-à-dire les gens aux dents d'or. Les autres
aiment à les avoir très-noires ou de quelqu'autre cou-
leur, &; fe lèr\ent pour cela de drogues. Quelques-uns
fe font deflîner des figures fur le vilage en piquant légè-
rement la peau avec des aiguilles , & partant deiïus
quelque couleur qui s'imprime ; coutume qui leur eft
commune avec quelques Indiens. Ils vont à cheval fans
felle ; ils mettent feulement un tapis. Ils ont en abon- ,
dance de l'or, delà cire, du mie', du marbre, de l'am-
bre, de la foie, du lin. La ville eft grande & bien peu-
plée ; elle a appartenu au grand royaume de Kinchi ;
elle eft préfentement à la Chine. Elle a quatre villes
dans fon département,, Se trois fortererefles qui lui fer-
vent de barrière.
JUN
Les villes font ;
Jungchang ,
Laye,
Lukiang ,
Jungping.
Les fortereffes font î
Fungkii
Xitien,
Lukiang.
Le P. Martini eft persuadé que cette ville eft la même
qu'Unchiang, dont parle Marco-Paolo le Vénitien. L'af-
finité de nom , les mœurs du peuple , la fituation du
pays, tout y convient. D'ailleurs les Chinois n'ont au-
cun caractère pour exprimer la fyllabe un , & ils écri-
vent toujours iun. * Atlas Sinenfis.
2. JUNGCHANG, ville de la Chine, dans la pro-
vince de Suchuen , au département de Chungking , cin-
quième métropole de la province. Elle eft plus occiden-
tale que Pékin de 11 d. 33', par les 29 d. 46' de latitude.
* Atlas Sinenfis.
3. JUNGCHANG, fortereffe de la Chine , dans la
province de Xenfi. Elle eft plus occidentale que Pékin
de 13 d. 56', par les 38 d. 5' de latitude. * Atlas Si-
nenfis.
JUNGCHEU, ville de la Chine, dans la province
de Huquang, dont elle eft la treizième métropole. Elle
eft fituée entre de belles montagnes couvertes de ver-
dure, dans le voifinage de la rivière de Siang, & eft
la plus méridionale des villes de toute la province. Un
roi de la famille de Taiminga y a fait fa réfidence , & on
en voit encore te palais qui eft très-beau. Il y a auflï une
colline remplie d'arbres tk d'édifices , & quatre temples
consacrés à des hommes illuftres. Ce département con-
tient fept villes , favoir ;
Tari, Ningyverï^
Tunggan , Jungning ,
& Kianghoa.
Cette contrée étoit autrefois du royaume de Cu. La
famine de Hana la nomma Linling. Elle fut ensuite aux
rois d'U, & fut appellée Iungyang. La famille deTanga
lui a donné le nom qu'elle porte aujourd'hui. Outre la
rivière de Siang, qui y paffe au nord, elle a le ruiffeau
de Siao qui y coule &; fe perd dans cette rivière. * Atlas
Sin.nfis.
J'ungcheu, eft de 6 d. plus occidentale que Pékin,
&£ comp e 26 d. 42' de latitude.
1. JdNGCHING, ville de la Chine, dans la pro-
vince de Honan , au département de Queite , féconde
métropole de la province. Elle eft plus occidentale que
Pekm de 46', parles 31 d. 12' de latitude. * Atlas Si-
nenfis. ■
2. JUNGCHING, ville delà Chine, dans le Pékéli,
au département de Paoting, deuxième métropole de la
province. Elle eft plus occidentale que Pékin de 58',
par les 39 d. 36' de latitude. * Atlas Sinenfis.
JUNGCHUEN , ville de la Chine , dans la province
de Suchuen , au département de Chungking , cinquième
métropole de la province. Elle eft plus occidentale que
Pekm de 11 d. 16', par les 30 d. de latitude. * Atlas Si-
lui
Jungeheu,
Kiyang,
UNGCHUNG, ville de la Chine, dans la province
deFukien, au département de.Civencheu, féconde mé-
tropole de la province. Elle eft plus orientale que Pékin
de 1 d. 29', par les 25 d. 14' de latitude. * Atlas Si-
nenfis.
JUNGCING, ville delà Chine, dans le Pékéli , au
département de Pékin j première métropole de la pro-
vince. Elle eft plus orientale que Pékin àe 9', par les
39 d. 22' de latitude. * Atlas Sinenfis.
JUNGCUN , ville de la Chine , dans la prevroce de
Queicheu , au département deLïping, feptiéme métro-
pole de la province. Elle eft de 8 d. 50' plus occiden-
tale que Pékin, par les 26 d. 3 5 ' de latitude. * Atlas Si*
nenfis.
1. JUNGFO, ville de la Chine, dans la province
de Quangfi, au département deQueilin, première mé-
tropole de la province. Elle eft plus occidentale que Pé-
kin de 7 d. 48', par les 25 d. 43/. * Atlas Sinenfis.
2. JUNGFO , ville de la Chine, dans la province
de Fokien , au département de Focheu, première mé-
tropole de la province. Elle eft plus orientale que Pékin
de 2 d. 4', par les 25 d. 45' de latitude. * Atlas Si-
nenfis.
JUNGFUNG, ville de la Chine, dans la province
de Kianfi , au département de Kiégan, neuvième mé-
tropole de la province. Elle eft de 2 d. 5' plus occi-
dentale que Pékin, fous les 27 d. 46' de latitude. * Atlas,
Sinenfis.
1. JUNGGAN, ville de la Chine , dans la province
de Fokien, au département de Jenping, cinquième mé-
tropole de la province. Elle eft plus orientale que Pékia
de 13', par les 25 d. 56' de latitude. * Atlas Sinenfis.
2. JUNGGAN , ville de la Chine, dans la province
de Quanton , au département de Hoeicheu , quatrième
métropole de la province. Elle eft plus occidei.tale que
Pékin de 3 d. 6', par les 23 d. 4' de latitude. * Atlas
Sinenfis.
JUNGHING, cité delà Chine, dans la province de
Huquang, au département de Chincheu, féconde grande
cité de la province. Elle eft plus occidentale que Pékin
de 4 d. 35', par les 26 d. 4' de latitude. * Atlas Si~
nenfis.
JUNGKANG , ville de la Chine , dans la province,
de Quangfi , au département de Taiping , huitième mé-
tropole de la province. Elle eft plus occidentale que Pé-
kin de 12 d. 5', parles 23 d. 42' de latitude. * Atlas
Sinenfis.
JUNGKIANG, ville de la Chine, dans la province
de Chekiang , au département de Kinhoa , cinquième-
métropole de la province. Elle eft plus orientale que
Pékin de 2d. 39', par les 28 d. 45' de latitude. * Atlas
Sinenfis.
JUNGKING , ville de la Chine , dans la province-
JON
ÎUN
621
âe Suchuen1, au département d'Yacheu, fixiéme grande de Huquang, au département de Juncheu , treizième
cité de la province. Elle eft de 14 d. 32' plus occiden
taie que Pékin, fous les 30 d. 31' de latitude. * Atlas
Sinenjis. ,
*JUNGLI , ville de la Chine , dans la province de
Queicheu, au couchant de la ville de Sintien. Elle a fous
elle deux fortereffes , favoir P'mgfa IkTaping. Lesmon-
rds voifins , à force de fréquenter les Chinois , en
tropole de la province. Elle eftplus occidentale que Pé-
kin de 6 d. 18', par les 26 d. 3' de latitude. * Atlas
Sinenjis.
9. JUNGNING, cité militaire de la Chine, dans le
Pékéli. Elle eft plus occidentale que Pékin de 6', par
les 40 d. 24' de latitude. * Atlas Sinznjis.
o. JUNGNING, ville de la Chine, dans la pro-
bnt pris un peu des mœurs. Ils vont cependant toujours vince de Channa , au département de Faencheu ,
armés , & aiment la guerre. Il y a à Jungli un très-beau cinquième métropole de la province. Elle efl plus oc-
cidentale que Pékin de 6 d. 30', par les 38 d. 30' de
latitude. * Atlas Sinenjis.
1. JUNGPING, ville delà Chine, dans le Pékéli»'
dont elle eft la huitième métropole. Elle eft de 1 d. 34'
plus orientale que Pékin , & fous les 40 d. de latitudel
Son territoire eft tout relevé de montagnes & de colli-
nes ; mais comme elle confine au golfe de Cang , il
n'y manque rien de tout ce qui eft néceffaire à la vie ;
le poiffori y abonde ; &c on y trouve la fameufe racine
dit ginseng , à laquelle on attribue tant de vertus , &Ç
pour laquelle on donne le triple du poids en argent. On
y a auffi des mines d'étain , & on y fait du papier. Ce
canton a autrefois été de la province de Kicheu. La fa-
mille de Cin la nomma Leaoji. Les rois de Guey appel-
pont de pierre. * Atlas Sinenjis.
JUNGMUEN, forterefle de la Chine, dans la pro-
vince de Chékiang , au département de Chinxan , pre-
mière forterefle de la province. Elle eft plus orientale
que Pékin de 4 d. io', par les 26 d. de latitude. * Atlas
Sinenjis.
JUNGMUI, cité militaire de la Chine , dans la pro-
vince de Huquang , au département de Xi , première
cité militaire de la province. Elle eft plus occidentale
que Pékin de 6 d. 32', par les 30 d. io' de latitude.
* Atlas Sinenjis.
1. JUNGNING, ville de la Chine, daris la province
d'Iunnan , dont elle eft la onzième métropole. Elle eft
de 15 d. 48' plus occidentale que Pékin, fous les 27 d.
33' de latitude. C'eftla ville la plus feptentrionale de la lerent la y'iWeLulung , & la famille de Tanga Pingch'uu*
province , aux confins du royaume de Si/an. Elle a fous Ce département contient fix villes , favoir;
elle quatre fortereffes , favoir j
Jungping , Changli ,
Jungning , Ketien, Ciengan, Lo,
Laçuho, Hianglo^ Vuning,, Loting,
Valu;
Il y a dans la ville deux fameufes pagodes. Elle eft avan«
Il y a dans ce canton quantité d'excellentes vaches. Les tageufement fituée pour défendre l'empire, étant entou-
Chinois les appellent ly ; ils en emploient la queue à or-
ner leurs étendards Ô£ leurs casques; &C du poil, ils font
: de rivières ck de montagnes , auprès de la ville ci le
mont Jang, qui eft haut, ci d'où il fort plufieurs tor-
des tapis & des habits excellens contre la pluie. Ce can- rens. * Atlas Sinenjis.
ton s'appelloit autrefois Talang. C'eft la famille de Ju'en, 2. JUNGPING , petite forterefle de la Chine , dans
qui lui a donné le nom qu'il porte. Auprès eft la mon- lé Pékéli, au département de Vuning. Elle eft plusorien-
tagne deCANMO, riue ck ifolé, & toute de pierre, dans taie que Pékin de I d. 35', par les 39 d. 48' de latitude.
une grande plaine. A l'orient de Jungning eft le lac * Atlas Sinenjis. .
Lucu, affez grand, & dans lequel il y a trois ifles en- JUNGSlN, ville de la Chine, dans la province de
tiérement égales. Chacune a une colline de cent per- Kianfi , au département de Kiégan , neuvième métro-
ches de haut. * Atlas Sinenfis. pôle de la province. Elle eft de 3 d. 31' plus occidentale
2. JUNGNING, ville de la Chine, dans la province que Pékin , fous les 27 d. 25' de latitude. * Atlas Si-
ée Queicheu, où elle tient le fécond rang entre les cités, nenjis.
Elle eft de 12 d. 20' plus occidentale que Pékin ,
!•) d. 2' de latitude. Ce fut la famille de Juen, qui la
fonda. Son département contient deux autres places , fa-
Yoir;
Muyo &î Tingipg.
Elle a un affez grand territoire , mais rempli de mon-
tagnes, peuplées de cinq diverses nations qui fe fervent
de l'arc , de la flèche, & de petites épées très-pointues.
Entr'autres particularités, ce ne font point les parens Sinenjis_
. JUNGTING, ville de la Chine, dans la province,
de Fokien , au département de Tingcheu , fixiéme mé-
tropole de la province. Elle eft plus occidentale que Pé-
kin de 1 d. par les 24 d. 31' de latitude. * Atlas Si-
nenjîs.
_ 2. JUNGTING, forterefle de la Chine, dans la pro-
vince de Fokien , au département dePumuen, première
forterefle de la province. Elle eft plus occidentale que
Pékin de 1 d. 18', parles 24 d. 33' de latitude. * Atlas
qui font les mariages ; mais les parties intéreffées elles
mêmes conviennent ensemble de leurs faits; * Atlas
Sinenjis.
3. JUNGNING , forterefle de la Chine, dans la
province de Queicheu; elle eft de 12 d. 42' plus oc-
cidentale que Pékin, à 27 d. 33' de latitude. * Atlas
Sinenjis.
4. JUNGNING, forterefle de la Chine, danslapro
JUNGXAN, ville de la Chine, dans la province de
Suchuen, au département de Xunking, troifieme mé-
tropole de la province. Elle eft plus occidentale que Pé-
kin de 10 d. 25', par les 31 d. 20' de latitude. * Atlas
Sinenjis.
„. JUNGXEU, ville de la Chine,' dans la province de
Xenfi , au département de Sigan , première métropole
de la province. Elle eft plus occidentale que Pékin de
vince de Suchuen. Elle eft plus occidentale que Pékin 8 d. 34', parles 36 d. 36' de latitude. * Atlas Sinenjis.
JUNGXUN, cité militaire de la Chine, dans la pro-
vince de Huquang , au département de Xi , première
ville militaire. Elle eft plus occidentale que Pékin de
7 d. 52', par les 29 d. 32' de latitude. * Atlas Sinenjis.
JUNGYANG, ville de la Chine, dans la province
de Honan , au département de Caifung , première mé-
tropole de la province. Elle eft plus occidentale que Pé-
' de latitude. * Atlas
de 14 d. 50', par les 28 d. 21' de latitude. * Atlas Si
nenjis.
<j. JUNGNING, ville de la Chine , dans la province
de Kianfi , au département de Kiégan , neuvième mé-
tropole de la province. Elle eft de 3 d. 35' plus occi-
dentale que Pékin, fous les 27 d. 12' de latitude. * Atlas
Sinenjii
de'
tropo
6. JUNGNING, ville de la Chine , dans la provine kin de 3 d. 43', parles 35 d. 52''
Qùangfi, au département de Queilin, première mé- Sinenjis.
>pole de la province. Elle eft plus occidentale que Pé- JUNHO , ville de la' Chine , dans la province de
kin de 7 d. 39', par les 25 d. 36' de knitude. * Atlas Chékiang, au département de Chucheu , feptiéme mé-
Sinenjis. tropole de la province. Elle eft plus orientale que Pékin"
7. JUNGNING, ville de la Chine, dans la province de 2 d. 30', par les 27 d. 40' de latitude. * Atlas Si-
de Honan , au département de Honan , fixiéme métro- nenjis.
pôle de la province. Elle eft plus occidentale que Pékin JUNING , ville de la Chine , dans la province de
de 6 à. par les 35 d. 17' de latitude. * Atlas Sinenjis. Honan, dont elle eft la huitième métropole, à 2d. 56'
8. JUNGNING, ville de la Chine, dansla province plus à l'occident que Pékin, ckà 33 d. 53' de latitude*
6n JUN
Elle eft fituée à l'orient du lac de Si, qui fe dégorge dans
la rivière de Ju. Cette ville a quatorze villes dans Ion
département, favoir:
Juning, Loxan,
Xangçai,
Sip'mg,
Sinçay,
•Siup'ing,
Chinyangj
Sinyang ,
:Au nord de la ville eft le mont Tiengchung , auquel ils
attribuent la propriété d'être au centre de l'univers.
* Atlas Simnjîs.
■ JUNMUNG, ville de la Chine , dans la province de
Huquang, au département de Tegan , quatrième métro-
po'e delà province. Elle eft plus occidentale que Pékin
de 3 d. 55', par les 3 1 d. 40' de latitude. * Atlas Si-
Jim
coup de chofes qui ont paru fabuleufes, Se qui pour-
tant font très-vraies. Le P. Martini , qui le juftifie à cet
égard , trouve feulement que ce qu'il en raconte n'étant
pas affez fuivi , ni dans un ordre allez clair , n'a pas
été bien entendu en Europe. Voici une table géograpm-
que des places de cette province avec leurs pofitions.
Le ©, fignifie plus oriental que Pékin , d'où fe prennent
les longitudes Se le P , plus occidental que cette même
ville.
injîs.
JUN
lUNNA , nom latin de la Juine, rivière de France.
JUNNAN , province de la China , la dernière de
toutes en rang ,■ Se la plus occidentale. Elle mérite
néanmoins d'être comptée entre les meilleures provinces
de l'empire. De rifle écrit , félon la prononciation ,
Younnan. Elle eft bornée au nord par la province de
Sukuen , ou Soutchouen ; à l'orient, par la province de
Queicheu ; au midi , par le Tonquin Se le royaume de
Laos ; au couchant , par les états du roi d'Ava Se du
royaume de Laffa ou de Boutan : c'eft ce dernier que les
Chinois nomment Sifan. * Atlas Simnjis.
C'eft la plus riche de toutes les provinces , Se où les
vivres font à meilleur marché : on tire du fable beaucoup
d'or ; Se les Chinois affurent que fi l'on ouvroit les mi-
nes, on en tireroit de grandes richeffes. De-là vient la
façon de parler proverbiale , lorsque l'on voit à la Chine
un mauvais ménager qui jette fon bien par les fenêtres,
on lui demande fi fon père eft receveur du domaine
dans la province d'iunnan. Cette province a auffi de
l'ambre, mais un pei plus rougeâtre que celui de Prufle :
on n'y en trouve point de jaune. Elle nourrit d'excel-
lens chevaux Se des éléphans. Les rubis , les faphirs , les
yeux de chats, & autres pierres précieufes , fe rencon-
trent dans cette province; le mufe, la foie , le beijoin,
6e autres marchandées que l'on tire du Pegu , de Laor
Se de Quangnan.
Cette province a douze grandes villes du premier
rang , huit autres villes militaires , plus de quatre-vingt-
quatre cités , fans compter diverfesfortereffes. Elle a été
autrefois plus grande , Se on en a démembré quelques
parties pour les joindre au Tonquin. On y compte
13x958 familles, Se 1433110 âmes. Elle renferme di-
verfes nations fur le nombre desquelles on ne s'accorde
point , parce qu'elle n'eft pas entièrement foumife. Il y
a quelques feigneurs particuliers qui font de petits fouve-
rains , Se abfolus chez eux ; ce qui ne fe trouve point
ailleurs dans toute la Chine. Ils reconnoiffent l'empe-
reur de la Chine; mais cela ne les empêche pas d'être
maîtres de leurs fujets , Se leur gouvernement eft hé-
réditaire. Le tribut que cette province paye en riz,con-
iifte en 1400^68 facs de riz , Se celui du fel eft de
56965 , poids de fel , fans parler de quantité de tributs
que payent les marchandées Se les terres.
• Comme la province d'iunnan eft plus proche des In-
des que les autres provinces de l'empire , elle participe
auffi davantage aux moeurs des Indiens. Les femmes y
font moins renfermées qu'ailleurs. Plufieurs n'y enterrent
point les morts , félon l'ufage des Indiens ; ils les bru-
lent fur un bûcher. Mais ils ne brûlent point avec eux
des perfonnes vivantes; ils tiennent pour barbare cette
coutume des Indiens.
Les habitans de cette province font plus robuftes Se
plus courageux que les autres Chinois : ils prennent ,
moins l'épouvante dans le combat , dans lequel ils fe
fervent d'élëphans. Ils font doux, complaifans, humains.
Le premier prince Chinois qui ait conquis cette province
fut l'empereur Xi , tige de la famille de Cin. Comme
peu après ils fe révoltèrent , Hiaou , chef de la famille
de Han, les remit à la raifon. Les Tartares de la famille
de Juen y envoyèrent de colonies. Marco Paolb le Vé-
nitien , qui a eu connoiffance de ce pays , en a dit beau-
Noms.
Long
tude.
Lati
ude.
I. Ville métropolitaine.
Degr.
Min.
Degr.
Min.
Junnan ,
H
25.
25
0. p.
Fumin,
H
38.
25
3. p.
Yleang,
H
20.
25
30. p.
Caoming 0,
H
46.
2,
10- p.
Cynning 0j
H
12.
24
52. p.
i^ueicheoa ,
•4
20.
2* .
10. p.
Chingcung,
14
10.
M
20. p.
Gannmgo,
H
41.
24
45. p.
Loçu,
H
46.
24
50. p.
Lotung ,
l4
57-
24
38. P.
Queuyang,
H
30.
24
àampao ,
!4
40.
H
25. P.
Ymuen.
14
50.
24
35- P-
II. Ville mêtropol.
Tali,
16
56.
25
27- p.
Chao 0 ,
16
40.
M
46. p.
lunnan ,
16
12.
M
32. p.
f engch'uen 0 ,
16
55-
2?
34- p-
Lanckiung ,
16
56.
26
0. p.
Pinchuen.
ï7
10.
M
43: P.
III. Ville mêtropol.
Lingan ,
14
19.
24
6. p.
Kienxui 0,
r4
II.
23
50. p.
Xepmg ®,
'4
H
0. p.
(Jmi e> ,
'3
57
24
2. p.
Ning 0,
'4
0
24
10. p.
Sinp'ing,
H
25.
23
42. p.
Tunghai ,
H
10
M
I4. ;p.
Hofi,
H
29
24
10. p.
Siego ,
H
43
H
15; p.
Mungçu.
13
56
23
35- P-
Forterejfes,
1
Naleu ,
'4
25
23
19. 'p.
Kiaoha,
H
16
23
36. p.
Vanglung,
14
,■
23
34. P.
18. p.
Hiyung,
14
14
^3
Kichu,
iS
6
23
33- P-
Sut'o ,
14
40
23
33- P-
Çoneng,
14
49
13
15. p.
Locung,
'4
3o
23
28. p.
Gannan.
13
50.
23
21. p.
IV. Ville mêtropol.
Çuhiung,
iî
24.
M
56- p.
Quangtung,
*î
19.
24
43- p.
Tingyuen,
'5
5'-
25
23- p.
Tingpien ,
16
9-
2*
18. 1 p.
Okia,
15
17-
24
24. p.
Nangan 0,
',
12.
24.
55- P-
Chinnan.
'5
36.
24
4°':>,
V. Ville mêtropol.
1
Chingkiahg,
14
A-
24
29. 'p.
Kiangchuen,
13
53-
24
22. p.
Yangrju ,
H
5-
24
45. p.
Vnhing"|,
Lunan,
M
i7-
24
34. p.
13
49.
24
31. .P-
JUN
JUN
62 *
Noms. 1 Longi
ude.
Lat
tude.
Noms.
Longitude.
Latitude.
VI. Ville métropol. Degr.
Min
Degr
Min.
Degr.
Min.
Degr.
Min.
Munghoa ,
ï6
38
2-5
23. P
Kiucin ,
'7
24.
27
1.
p,
Linglung.
s7
10.
15
24. p
Linfi.
17
T-9-
27
%}•
P-
VII. Fille métropol.
VII. Ville militaire.
Kingtung.
16
30.
24
52. P
Juenkiang.
H
33-
23
54-
P-
VIII. Ville métropol.
Forterejfe.
Quangnan ,
J3
2-ï-
M
O. p
Lopie,
lî
20.
13
53-
p=
Fu ©.
12
59^
*3
48. p
VIII. Fille militaire.
IX. Ville métropol.
Iungchang,
ll
42-
24
58.
P-
Quangfï,
'3
35-
24
»4-P
Laye 0 ,
l8
38.
15
29.
p.
Sucung 0 ,
13
40.
H
o.p
Lukiang,
17
ï6.
M
49.
P«
Miîe '■=> ,
M
46.
14
12. p
lungping,
17
16.
25
10.
P-
Vimao e.
'3
2Ï-
23
29-'P
Fungki ,
17
27.
2î
10.
P-
Xitien.
x7
46.
24
37.
p.
X. Ville métropol.
Fortereffe.
Chinyuen.
16
26.
14
37: P
1
Lukiang.
18
15.
2Î
21.
P-
Forterefe.
1
Grandes cites.
Loco.
rï
•56.
24
37'P
Pexing ©,
16
8.
26
44-
5-
P-
P-
XI. Ville métropol.
Sinhoa.
H
55-
24
[ungning,
lï
48.
2-7
33-P
Forterejfes'.
Lacuho ,
If
34-
27
39- p
Ketien ,
l6
5-
2-7
41. p
Chelo,
16
16.
24
18.
p.
Hianglo,
l6
?1:
27
53-P
Langçang.
16
19.
27
3-
P-
Valu.
l6
27
49- P
Cité.
XII. Ville métropol.
Langkiu 0.
iî
Sî-
27
»8.P.
Xunning.
17
18.
24
46. p
Forterefles.
Villes militaires.
Tengcheng ,
1?
30.
2Î
4Ï
?•
I. Ville militaire.
Cheli,
Mopang.
16
18
59-
21.
22
22
42. p.
51. p.
FCiocing ,
!?
48.
M
35- P
Yeço,
13
28.
2-9
19. p
Cités.
^hanye 0 ,'
13
58.
M
15. p
Loleang a(
13
51-
i?
6.P
Mengyang 0,
Mengking ©.
*7
S?-
23
6.
p.
Mailing © ,
13
50.
25
44- P
l7
39-
2Î
ï7
p.
Lohiung ©.
13
56.
14
57-.P
Forterejfes.
II. Ville militaire.
Menglien ,
3
M-
23
16
P-
Yaogan s
15
50.
26
3-P
Mengli,
î-
24
3
P-
Yao 0,
M
3ï-
M
'«
Mengting ©5
18
«t
24
29.
p.
Tayao.
16
0.
26
Mengtien,
18
22
8.
P-
Mengco ,
19
6.
22
0
P.
III. Ville militaire.
Mengchang,
16
ï°-
23
32-
P-
Cioking,
16
40.
26
28. p
Mien,
Pape ,
a
19.
30.
23
22
3-
0.
P-
P-
Kiench'uen © ,
16
59-
26
48. p
Santihiung,
18
0.
12
8.
P-
Xen 0.
16
35-
26
Sochung ,
18
16.
21
58.
P-
Mungyang ,
:i
4-
23
«7-
P-
IV. Ville militaire.
Mitien ,
41.
23
l7-
P-
Laochua,
16
58.
22
3-
P-
Vutmg,
H
59-
M
27. P
Canyai ,
18
38.
24
3i-
E-
Hokio 0,
15
3.
2ï
16. p
Nantien.
18
43-
25
8.
P-
Yuenmeu ,
'4
6.
25
J2. p
Lokiuen 9.
46.
2Ï
39- P
Cités.
V. Ville militaire.
Lungchuen © ,"
18
28.
24
16.
P-
Queiyueti ©,
16
ïf.
24
20.
P-
Cintien.
13
51.
26
4. p
Vantien 0 ,
18
36.
24
3i-
P-
Chingc'an ©,
17
19.
24
!7-
P-
VI. Ville militaire.
Tahen.
16
S6.
24
a8.
P-
Likiang ,
16
si
26
54- P
Forterejfes.
Paoxan 0 3
16
45-
27
9. p
Nieuki ,
16
3-
24
17-
P
Lan e
<7
2.6.
l7
i6.)f
Mangxi.
18
ÎO,
23
$»<
p.!
JUN
624
2. JUNNAN, ville de la Chine, dans la province de
même nom , dont elle eft la première métropole. On
peut voir dans l'article précédent fa pofitton , & les
noms des villes qu'elle a fous elle. Il n'étoit point (ait
mention de ce canton avant les rois de Çû , qui en po(-
fédoient la partie feptentrionale. On l'appelloit le
royaume de Tien , d'un lac qu'il renfermoit Les mé-
moires les plus anciens où il foit parlé de cette ville ,
font ceux de la famille de Han. Ce n'étoit alors qu'une
cité nommée Jechéu ; mais on changea ensuite ce nom
en celui dé Junnan , à foccafion de quelques nues où
l'on remarquoit une grande variété de couleurs, qui fu-
rent obfervées par Hioau , empereur , qui étoit alors
dans ce pays. Cyn la nomma Nincheu ; & la famille de
Tanga, l'appella Nauning. A caufe de l'étendue defon
territoire, on le partagea en fix départemens , où l'on
établit autant d'officiers pour recevoir les tributs. La fa-
jnille de Juen ayant vaincu tous ces officiers , nomma
cette ville Clmngking ; mais la famille de Taiming lui
rendit l'ancien nom de Junnan. Le territoire de la ville
eft agréable & fertile ; il y a de belles montagnes (k
d'excellentes eaux : on voit çà & là des collines & des
plaines. Le pays jouit d'un air très-temperé. Les habi-
tans ont beaucoup d'esprit & le corps robufte. La ville
peut être comparée aux plus belles & aux plus grandes
de toute . l'Afie. Le commerce y fleurit ; les édifices y
font magnifiques , & les temples d'une grandeur ik d'une
beauté lurprenante. Il y a un grand nombre de rues. La
fituation en eft délicieufe , au bord (eptentnonal du
grand lac de Tien , qui baigne les murs de la ville , du
côté de l'occident. Des canaux , tirés de- là jusques dans
la ville , y donnent entrée aux bateaux. Il y a dans 1 en-
ceinte des murs une montagne nommée Uhoa , qui
mérite d'être vue pour les temples , les édifices publics
& particuliers , & les bosquets dont elle eft couverte.
* Atlas Sinenfis.
Outre les palais des gouverneurs , il y en a un ou le
gouverneur général nommé le Moquuung fait fa de-
meure. Ce titre répond à la qualité du duc en Eu-
II y avoit autrefois dans ce canton différentes nations
dont les noms font presque ignores à préfent ; elles
avoient chacune quelque fingularité dans leurs mœurs,
& beaucoup d'attachement pour la doûrine idolâtre de
Fé. Les armes &C l'agriculture étoient leurs principaux
emplois. Ils n'époufoient point de fille , qu'un autre n'en
jouît fecrettement avant l'époux ; quelques-uns étoient
bafanés comme les Indiens, d'autres étoient blancs. En
montant à cheval , ils n'ont qu'un tapis pour toute felle.
Ce canton a des chevaux admirables ; quelques-uns néan-
moins font petits , mais forts & pleins de feu. On ne
fait nulle part ailleurs de plus beaux tapis. Le lapis la-
7uli & le beau verd s'y tirent de la terre. Entr'autres
temples confacrés aux hommes illuftres , il y en a deux
qui furpafTent les autres en magnificence.
Au couchant du lac & de la ville eft la montagne de
Kingki , qui eft fort grande , & vient jufqu'au lac. Le
mont Xang, vers le nord de la ville, a une fource d'eau
très-froide , qui foulage les paralytiques.
3. JUNNAN , autre ville de la Chine, dans la pro-
vince de même nom , dans le département de Tali , fé-
conde métropole. Pour mieux fentir la différence de
cette ville avec la première métropole , je joindrai ici
leurs politions, * Atlas Sinenfis.
Longit. Latit.
Iunnan , métrop. I4d- 25'- 25cl- o'.
Iunnan, 16 d. 12.'. 25 d. 32'.
JUNOGIMA , petite ifle du Japon , qui n'eft
marquée dans aucune Carte de cet empire , mais qui
doit être fur une des côtes de l'ifle de Ximo. Sur la
fin du XVIe fiécle , elle devint fameufe par la retraite
d'un grand nombre d'illuflres confeffeurs , qui avoient
été profcrits par l'empereur Tayco-Sama , en haine de
la religion Chrétienne. Elle appartenoit alors au grand
amiral du Japon , Auguftin Tsucamidono , qui y entre-
tenoit à l'es frais ces illuftres bannis ; mais quelques an-
nées après, Tayco-Sama qui craignoit ces braves gens ,
dont quelques-uns étoient des plus grands feigneurs de
l'empire , 6c fur-tout Jufte-Ucondono , qui avoit été
JUN
généraliffime de fes armées , & qui pafloit pour le
plus grand homme de guerre de l'empire , réunit à
ton domaine l'ifle de Junogima , ôr. donna en échange
au grand amiral, dont il avoit befoin , presque tout le
royaume de Fingo , avec le titre de roi. * Le père
Charkvoix , Hift. du Japon , /. 7.
JUNON , déefle du paganisme ; les Grecs là nom-
moient H£#. Son nom fut donné à beaucoup d'endroits
qui lui étoient confacrés. Les principaux étoient:
I. &C 2. JUNONIA Insula, nom latin d'une ifle
entre les Canaries ; c'eft préfentement l'ifle de Gonur.
Pline, /. 6, c. 31 , dit qu'il y en avoit deux de ce
nom ; l'une plus grande , où étoit une chapelle bâtie
entièrement de pierres ; l'autre plus petite &c voifine ,
mais qui ne fubfifte plus ; la mer l'a , fans doute ,
fubmergée. Cette dernière eft peut-être celle que Pto-
lomée appelle Aprojïtos , c'eft -à -dire inacceffible.
Les Espagnols l'appellent la non Trovada &. la Incdn-
tada.
3. JUNONIS ÏNSULA, ifle d'Espagne, fur l'Océan.
On la nommoit auffi l'ifle de Vénus Aphrodyjias ,
Plin, 1. 4, c. 22.
4. JUNONIA , furnom de là ville de Carthage , qui
étoit fous la proteftion particulière de cette déefle.
5. JUNONIA , ou Colonia-Junonia-Falifca. Voyez
Falisques.
JUNONIS Ara &c Templum , c'eft-à-dire Pau\
tel & le temple de Junon , lieu d'Espagne , hors du dé-
troit de Gibraltar , félon Pomponius Mêla , /. 3 , c. X.
Ce lieu étoit fans doute voifin du promontoire de Junon j
dont parle Pline.
JUNONIS ArgivjE Templum , temple bâti par
Jafon en l'honneur de Junon d'Argos, dans le Picen-
tin , entre Surrentum & le fleuve Silarus , félon Pline ,
/. 3, es;. Mais Diodore fait comprendre que ce fur-
nom de la déefle Junon fe doit prendre du navire
Argo , & non pas de la ville d'Argos ; ainfi il faudrcir.
dans Pline Argots , ik non pas Argivce. Ce lieu s'ap-
pelle préfentement Gifoni , & il y a encore à préfent le
temple ; mais on l'a confacré au vrai Dieu , fous l'invo-
cation de la fainte Vierge , au rapport de Holftenius.
JUNONIS LacinijE Templum. Voyez Laci-
niwm.
JUNONIS Lucus , le bois de Junon : il étoit dans
l'ifle de Samos , félon Caton , de Re ruflicâ, 1. 3.
JUNONIS Murus. Voyez Her^um.
JUNONIS Portus , port de l'ifle de Samos , félon
Athénée cité par Ortélius.
JUNONIS Prata , lieu particulier dont parle Euri-
pide dans fes Phéniciennes.
1. JUNONIS PromontoriUM , ou le promontoire
de Junon , félon Pline , /. 1 j c. I. C'eft aujourd'hui le
cap de Trafalgar. C'eft la Naos HeraS de Ptolomée.
2. JUNONIS Promontorium , pomontoire de
Grèce. On le nommoit auffi Acr^ea , félon Tite-Live ,
l. 32 , c. 23. Il étoit vis-à-vis de Sicyone ', dans le
Péloponnèfe. C'eft, félon la conjafture d'Ortélius , la
même chofe que le temple de Junon , Junonis fantlm de
Ptolomée , /. 3 , c. 16 , qui le met fur le territoire des
Corinthiens.
JUNONIS Sacrum , ou Fanum , ou Templum;
Ptolomée , /. 4, c. 3 , le nomme , en parlant de l'ifle de
Malthe. Quelques-uns croienr qu'il a voulu parler d'une
ifle particulière , & que c'eft l'ifle de Gozo; mais il fuffit
de voir fon livre pour connoître qu'il ne parle que d'un
lieu de l'ifle de Malthe ; car il dit :
L'ifle de Malthe dans laquelle fe trouve,
Longit. Latit.
Malthe ville. 38 d. 45'. 34 d. 40'.
Et la Cherfonnèfe. 38 40. 34 d. 45.
Et le temple de Junon. 39 o. 34d. 40.
Et le temple d'Hercule. 38 45. 34d. 6.[
Il eft clair que ce font des endroits de cette ifle. Mal-
the eft ce qu'on appelle la cité vieille ; la Cherfont:efe
eft la presqu'llle qu'on appelle la pointe du Frioul , le
temple de Junon étoit iur cette langue qui fépare la
calle de Marfa-Scala de la calle de S. Thomas. Le
temple d'Hercule étoit au midi de l'ifle , vers la poinie
de l'Eperon, Ckeron , dans ù. quatrième V'errine , met
IVÔ
JÔV
.ce temple dé Jimon dans l'iïle de Màîthé , & Vàlére
Maxime , de Rc/igione en fait auffi mention.
JUNONIUM Castrum , lieu particulier de la
Thrace. Demofthene en parle dans la première Olyn-
thyenne. Toureil rend ce nom par HÉRÉE , & dit dans
,une Remarque, t. $,p. 69 : Hérée, fortereffe de Thrace ,
bâtie par les Samiens qui l'appellerent Hérée , du nom
de Jurion leur divinité favorite , nommée en grec É&.
Hera.
JUNOPOLIS , ville d'Afie , dans la Paphlagonie.
Elle étoit épiscopale , félon la Notice de Léon le Sage
ck celle de Hieroclès. Son évoque affifta au concile de
Nicée.
JUNPING. Voyez Jungping.
. 3UNQUERA, abbaye crhommes , ordre de Cîteaux,
de la congrégation de Caftille en Espagne, dans ia Galice,
au diocèië d'Orense.
JUNQUERE. Voyez Jonquere & Juncaria.
, JUNSALAM , port de mer d'Afie, au royaume de
Siam; quelques-uns écrivent Junçalam ; d'autres Jonfa-
lam. , entr'a'utres , Gervaife , Hifl. nat. & polit, du
royaume de Siam , p. I <, , qui en parle ainfi : le port de
Jonfalam eft un des meilleurs parmi ceux qui ont befoin
que l'art perfectionne la nature. Il eft à l'occident de la
péninfule de Malaca, environ au 8e d. entre la terre-
ferme ck une ifle qui porte fon nom , ck qui n'en eft
éloignée que de deux lieues. Le feul défaut de ce port ,
c'eft qu'il n'a pas affez de profondeur pour porter de
jgrands bâtimens ; mais une fort belle racle , qui en eft
proche, y peut fuppléer aa'antageufement. C'eft un afyle
pour tous les vaiffeaux qui vont à la côte de Coroman-
del , quand, par malheur, ils s'y trouvent furpris de l'ou-
ragan , lequel arrive ordinairement aux mois de Juillet
& d'Août. Ce port & Celui de Mygri, ou Myrgui , font
les feuls , non-feulement dans toute cette côte de Coro-
mandel , mais encore dans tout le royaume de Siam ,
où l'on puiffe être en fureté pendant ce fâcheux tems ;
car il n'y a par-tout ailleurs que des rades foraines £k
expoféés à tous les vents. Le port de Jonfalam eft d'une
grande conféquence pour le commerce de Bengale , de
Pégu , & de plufieurs autres royaumes voifins.
JUNTING , cité militaire de la Chine dans la pro-
vince de Huquang , au département de Xi , première
cité militaire de la province. Elle eft plus occidentale
que Pékin de 6 d. 53' , par les 30 d. 20' de latitude.
* Atlas Sinenjis.
JUNXUS , rivière de la Mauritanie Tingitane , fé-
lon Pomponius Mêla , /. 3 , c. 10 , qui place la ville
de Lixus tout auprès. C'eft ainfi qu'Ortélius lifoit dans
cet auteur. Voffius réforme ces noms, ck appelle Lixus
la rivière , ck Linx la ville. Il obferve que cette ville eft
nommée par Artémidore huyjçà , ck que d'autres l'ap-
pellent Linx & Lixa. C'eft la rivière qui paflbit auprès
de Lixa , à laquelle Larache a fuccedé.
JUN YANG , ville de la Chiné , dans la province de
Suchuen , au département de Queicheu, fixiéme métro-
pole de la province. Elle eft plus occidentale que Pékin
de 9 d. par les 30 d. 52' de latitude. * Atlas Sintnfs:
IVOGASIMA, c'eft-à-dire ifle defoufre , ifle du Ja-
pon , dans la province de Saxuma. On l'a crue long-
tems inacceûible à caufe d'une fumée épaiffe ck noire
qui en fort continuellement , ck dans laquelle l'imagina-
tion frappée des peuple» d'alentour fe figurait des monf-
tres horribles ; de forte qu'ils ne doutaient point qu'elle
ne fût habitée par des diables. Enfin un particulier fut
affez hardi pour aller la reconnoître : il trouva un ter-
rein plat , &c tellement couvert de foufre , que de quel-
que côté qu'il marchât , une fumée épaiffe fortoit de
deffous fes pieds. Depuis ce tems-là elle rapporte au
prince de Saxuma environ vingt caiffes d'argent , outre
ce que lui pioduifent les arbres qui croiffent fur fes ri-
vages. * Notes du P. Charlevoix.
1. IVOIRE ( rifle d' ) ifle d'Afrique , formée par
deux bras de la rivière de Sénégal. Le grand canal du
côté du nord , conferve le nom de fénégal , ck celui
du côté du fud , prend le nom de rivière à' Ivoire. Un
autre bras du Sénégal fépare cette ifle , du côté de
l'oueft , de l'ifle de Bilbas. L'iile d'Ivoire qu'on appelle
auffi l'ijle du Morfil , a quarante-quatre lieues de lon-
gueur , fur cinq de large. On lui donne le nom d' 'Ivoire ,
à caufe de la grande quantité de dents d'éléphans que les
François y achètent. Le terroir eft riche , & bien cul-
tive; on y voit des troupeaux de quarante, à cinquante
éléphans , qui quelquefois font de grands ravages dans
les^ plantations. Les Nègres creufent de grandes foffes
qu'ils couvrent de branches pour les prendre. Quand un
éléphant y eft tombé , ils le tuent à coups de flèches,
* Voyage du fieur Brue fur le Sénégal
z. IVOIRE , ( côte d' ) Voyez Côte des Dents,
. ÎVOLLUM , i'«Wor , . ville ancienne de la baffe
Pannonie. Lazius croit que le nom moderne eft Vy-
LACH , qui eft en Hongrie , fur le Danube. * Ptolomêt
1. 2, c ié.
• IVOY , ville de France , au pays de Luxembourg \
aux frontières de Champagne. Les Allemands l'appellent
Ipfch, nom qui vient du nom latin Epufus ou Epoifus,
marqué dans l'Itinéraire d'Antonin ck dans la Notice de
l'Empire , ou l'on voit à la fection 65 , que cette place
étoit alors confidérable , puisqu'elle étoit la réfidence
d'un officier militaire ou préfet des troupes , Lcetorum
Aclorum. Elle étoit auffi bien connue fous les François
Mérovingiens ; ck Grégoire de Tours , au huitième
livre de (onHiftoire , nomme IvoyEpoJlum Cafirum ; Se
il rapporte qu'un diacre nommé VulfLaic , Lombard
de nation, bâtit, à huit milles de ce lieu-là, un monaf-
tère & une églife dédiée à S. Martin. L'églife & le
monaftère ont été ruinés, il y a long-tems ; mais il y
a une églife collégiale ck un chapitre de chanoines fé-
euhers dans la ville. Sigebert7, dans fa Chronique, ap^
pelle ce même lieu Evojïum , ck dit qu'on le choiftt
pour l'entrevue de l'empereur S. Henri, ck de Robert,
roi de France. Anselme de Gemblours écrit Yvofium;
ck avant l'an 1100, le nom ftlvoy étoit en ufage, puis-
qu'on le trouve dans l'Hiftoire de Lambert d'Aschaffen-
bourg : Villa Trois in confinio fta regni Francorum &
Teutonorum , fituée aux confins du royaume des Fran-
çois ck des Teutons ou Allemands. Les comtes de Chiny
s 'étant fort accrus , fe rendirent maîtres d'Ivoy , ck par
eux il vint aux ducs de Luxembourg , ck ensuite aux
maifons de Bourgogne ck d'Autriche. Cette place fut
prife l'an i^i, par Henri II, roi de France; ck en la
rendant, cinq ans après le traité de Cateau, Cambrefis,
il obtint qu'elle feroit démantelée fans pouvoir être rér
tablie. Nonobftant cet article, ce porte fut encore fortifié
dans la fuite; mais il fut attaqué, l'an 1637, par le ma-
réchal de Châtillon qui le prit, ruina les murailles ck
une partie de la ville qui n'eftplus qu'un village. Louis XIV
donna Ivoy, avec fes dépendances , au comte de Sois-
fons, de la maifon de Savoye , ck changea le nom à'i-
voy en Carignan , qui eft le nom d'une ville de Piémont,
dont étoit lêigneur le prince Thomas de Savoye , père
de ce comte. * De Longuerue, Descr. de la France,
part. 2 , p. 118.
JUPILLE ou plutôt Jopil, village du pays de Liège,
fur la rive droite de la Meufe , à une lieue au-deffous de
la ville de Liège. On y peut quelquefois paffer la rivière
à gué, pendant l'été. Ce lieu eft nommé Jopilia dans
la Vie de S. Lambert. Pépin mourut dans ce village j
l'an 714.
JUPITER, fauffe divinité, à laquelle les payens don-
noient le titre de maître des dieux & des hommes. Sur
ce préjugé iln'eft pas étonnant qu'il y ait eu beaucoup de
lieux qui lui étoient confacrés. Telles étaient les villes
nommées DlOSOPOLIS par les Grecs.
, Jovis FANUM, Ai'ifipov, ancien lieu d'Afie , dans
la Lydie, affez près de Philadelphie, félon, Ptolomée^
/. 5 , c. 2. Ortélius en fait une ville.
Jovis FONS, ou la fontaine de Jupiter. Voyez Fons.
Jovis Ammonis FONS , la fontaine de Jupiter Am-
rnon. Je parle de cette fontaine dans l'article d'AM-
mon 4.
Jovis ditis templum, temple de l'Allé , auprès
de Synope, ville de la Paphlagonie, félon Tacite, /. .4
Eiflor.
Jovis INDIGETlS LU CUS , bois d'Italie, dans le
Latium, auprès de la ville d'Ardée , félon Pline, /. 3,
c. <f. Ce Jupiter eft nommé dans une inscription con-
fervée parDenys d'Hahcarnaffe, Antiq. Rom. 1. 1, c. 56.
Après avoir raconté la mort d'Enée, il ajoute : le len-
demain on ne trouva nulle part le corps d'Enée ; les
uns crurent qu'il avoit été enlevé chez les dieux ; d'au-
tres, qu'après fa mort, on l'avoit jette dans le fleuve
Tome III, K-kkk
6i6
JUR
1VR
Numicius , qui n'étoit pas éloigné du champ de bataille.
Les Latins lui élevèrent un petit temple , fur lequel ils
mirent cette inscription : Au Jupiter père de la patrie,
qui tient fous fa puijfance les eaux de la rivière Numt-
cius. Quelques-uns , pourrait cet hiftorien , ont dit que
ce même temple fut bâti par Enée à l'honneur d'An-
chilé , qui étoit mort un an avant cette guerre : le tom-
beau n'eft pas grand ; il eft entouré d'arbres dispolés
d'une manière qui fait plaifir à voir. Ce font apparem-
ment ces arbres que Pline appelle le bois de Jupiter.
i. Jovis MONS ou la montagne de Jupiter, montagne
de l'Afrique propre, félon P olomée, /. 3 , c. 3. Elle
n'étoit pas fort éloignée du Bagrada-.
2. Jovis MONS, montagne de la Phénicie , félon la
Notice de l'Empire , fecl. 13. C'eft peut-être la monta-
gne de Jupiter [ùrnommé Cajzus.
3. Jovis MONS , montagne de l'Espagne Tarrago-
noife. C'eft préfentement Mont Joui. Il eft près de Bar-
celone. *Méla, 1. 2, c. 6,n. 28.
4. Jovis MONS , autre montagne d'Espagne, près
d'Ampurias , félon Valerius.
Jovis PROMONTORIUM , promontoire de l'ifle de
Taprobane ; c'eft le cap le plus occidental de l'ifle de
Ceylan.
Jovis sàlïnarum. Voyez Sàlïnarum.
Jovis servatoris portus , port de Grèce, au
Péloponnèfe, dans le golfe Argotique, félon Ptolomée,
/.•3, C. 16» A*vf Zftilîpr KipL .
■ Jovis Sthenii Ara, l'autel de Jupiter Sthenijs. Oh
le nomma ensuite la pierre de Théfée. 11 étoit au Pélo-
ponnèfe, près de Trœlène, félon Paufanias, /. 2, c. 32.
Jovis templum, heu particulier de Grèce , dans
la Macédoine , auprès de l'embouchure du fleuve Ba-
phyre . félon Tite-Live , /. 44.
Jovis VlCELlM TEMPLUM. Il.étoit en Italie, dans
le territoire de Cofla, félon le même hiftorien , /. 24.
Jovis 'villa, lieu particulier de l'ifle de Caprée, fé-
lon Suétone, inTiberio.
Jovis Urii FANUM. Arrien le décrit en Afie , fur
le Bosphore de Thrace. Les Grecs lui ont conservé fon
ancien nom de Ieron , au rapport de Pierre Gilles. C'eft
peut-être le même heu que CHRYSOPOLIS.
JUPOLIS. Voyez Iopolis.
I. JURA, haute montagne dont parle Céfar de Bello
Call. 1. 1 , c. 2. Strabon la nomme Jurajfus , les Alle-
mands der Jurten. Quelques géographes lui donnent le
nom de Montagne S. Claude. Elle eft fort élevée,
& eft bornée à l'orient par ce coude que fait l'Aar, lors-
qu'il fe jette dans le Rhin à Coblentz ; tire au fud-cueft
jusques vers Nantira , & de-là directement au fud , jus-
qu'à S. Genis d'Hoft. Au fud elle eft bornée par l'Aar,
les lacs de Bienne & de Neufchâtel ; la Venoge , partie
du lac de Genève & le Rhône , depuis fa fortie de ce
lac jusqu'à l'embouchure du Rhin , comprife entre les
embouchures de l'Aar , lui fert de bornes au feptentrion.
Ses limites, du côté du nord-oueft & de l'oueft, font la
Brife , qui , depuis fon embouchure à Lauffon , la fé-
pare de Laumont ; une ligne tirée de Lauffon à Fran-
chemont, de-là le Doux, le Lizon. Son étendue de
Coblentz aux montagnes de Malabronde , dans le Nan-
tua, pendant laquelle le Jura tire toujours au nord-oueft,
peut être de foixante-dix lieues communes de France ;
& de Nantua, où le Jura fe tourne directement Contre
le fud à S. Genis d'Hofte , de quinze lieues ; en tout
quatre-vingt-cinq lieues.
Le Jura traverse la Suifle entre Bafle fk Soleure, d'où,
paffant par une partie des états du prince de Porentruy,
il fépare les comtes de Neufchâtel & de Vallengin ; le
pays de Vaud , le territoire de Genève & le bailliage de
Gex,de la Franche-Comté ; traverse ensuite le Valromey,
& va enfin fe perdre dans le Bugey , vis-à-vis de S. Ge-
nis d'Hofte , qu'il laifle au midi , à ce grand coude que
fait le Rhône dans 1 evêché de Belley. Quelques géogra-
phes ne terminent le Jura, qu'à quelques lieues de Lyon.
Cette montagne prend divers noms , félon les divers
lieux par où elle paffe. On l'appelle Bolt\berg entre
Bruck ou Brugg ; le Frichtal , près de la rivière d'Aar.
(C'eft cette partie du Jura, que Tacite appelle Vocetius
mons.) On l'appelle Scharffmatt entre Arraw & Oltin-
gen ; Howenftein , vis-à-vis du BuchusgO'W ; Wafferfall,
vis-à-vis de Falckenftein; Pierre-port, entre le Munfter-
taî &c le lac de Bierine ; Freyberg , ou le Franche-montd'
gne , près de Francmont. Les principa'es rivières qui
prennent leur fource dans le Jura, font la Brilè, le Doux,
la Teille ou l'Oibe, la Venoge , le Lizon, l'Albarine,
le Séron &. la Vsiîeronnë. * Supplément au manuscrit
de la Bibliothèque ue M. de Corberon, premier préfident
au conseil Jbuverain d'AIJace.
2. JURA, (l'iOe de) rlle d'Ecoffe , l'une des Weftef-
nés , au midi de l'ifle de Mull &L au nord de celle d'IIa.
Elle a vingi-quatre milles en longueur^ & fix ou fépt en
largeur. Elle parle pour un pays des plus fains de toute
l'Ecolîe , &. à peine trouve-t-on ailleurs des hommes
qui vivent plus long-tems que ceux qui l'habitent. Elle
abonde en pâturages , en beftiaux &. eh bêtes fauves ;
& on y pèche de très -bon «union. Il y a une églife ,
qui j'appelle Killearn, &: plufieurs fources d'eau minérale.
*Etat prèj'tnt de la Gr. Bretagne , t. a. , p. 285.
IVKÉAGH , baronnie d'Irlande , dans la province de
Munfler. C'eft une des huit qui compofent le comté de
Kerry. *Etat préjent de l'Irlande , p. 50.
IVRÈE , Eporedia , ville «l'Italie , en Piémont, ca-
pitale du Canavez, que l'on appelloit autrefois le mar~
quLjat d'Ivrée. Elle eft fur la Doire ou Doria , que
l'on y pafie fur un beau pont de pierre , & eft le liège
d'un évêché fuffragant de l'archevêché de Turin. Elle
eft entre deux collines , bien forte, avec un ancien châ-
teau & une bonne forîerefle. Cette ville eft très- an-
cienne ; &£ Velleïus Paterculus , /. 1, c. 16, raconte
que fous le confulat de Marius ck de Valerius Flaccus,
les Romains y envoyèrent un*. colonie. Pline , /. 3 ,
c. 17, parle des habitans d'Eporedia, comme de gens
habiles à dreffer des chevaux pour le manège. Cela s'ac-
corde avec l'opinion que l'on a des anciennes ruines,
que l'on trouve à Bolenc , heu fitué à un mille d'Ivrée;
on croit que ce font les débris d'un édifice qui iervoit
d'écuries aux Romains. Strabon, l. 4, p. 201) , dit que
les Salaffiens ayant été vaincus par Céfar, on les mena
à Ivrée , & on les y vendit à l'encan. Brutus parle de
cette ville dans fes Lettres à CiCeron. Antonm en fait
mention dans l'Itinéraire. Avec le tems on changea le
nom £ Eporedia en celui d'EBOREÏA , dont Annoin, ou
fon continuateur des Annales de France , fe font fervis.
D'autres chroniqueurs ont dit IPOREGIA , Iporienfis ci-
vitas , Ivoreïa ; & ce nom a été tant de fois changé
qu'on eft parvenu à dire Ivrée, qui eft le nom moderne.
Elle eft plus remarquable par fon ancienneté que par fa
beauté ; elle n'eft pas auffi peuplée qu'autrefois , & elle
n'a pas plus de fix milles âmes. La Doria qui l'arrolè y
eft très rapide. On la paffe fur un pont fait, l'an 600,
par Agiluf, roi des Lombards , & qui n'a qu'une feule
arche ; on affure que les deux bords de la rivière Soient
autrefois ornés demailons, & qu'il y avoit plufieurs pa-
lais que les guerres civiles des habitans ont ruinés.
*Baudr. éd. 1705.
Le marquifat d'Ivrée eft fouvent nommé dans leshis-
ftoires. Il commença fous l'empire de Charlemagne. De
même que les Romains avoient placé là une colonie,
pour fervir de barrière à l'Italie ; cet empereur , après
avoir défait Didier , roi de Lombardje , &c conquis Ces
états , établit deux marquifats , (avoir , celui de Suze &
celui d'Ivrée , pour tenir en bride les peuples qu'il avoit
fournis au-delà des Alpes. Asprand fut le premier mars
quis d'Ivrée; & on croitque fe* descendans lui iùccéde-
rent jusqu'au dernier nommé Ardoin , marquis , que les
princes Italiens choifirent unanimement pour roi d'Italie,
à l'aflemblée de Pavie. Après fa mort, arrivée l'an 101&,
fes fils n'ayant point aflez de force , pour fe maintenir
contre Henri de Bavière & Arnulphe, évêque de Milan,
partifans de Henri, ne purent conserver l'héritage de leur
père. La ville d'Ivrée & tout fon marquifat, qui con>
prenoit la plupart des vallées voifines , Sa une grande
partie de la province Cifalpine , furent réduits à fubir
la domination des empereurs d'Allemagne , jusqu'à l'art
1248; car alors l'empereur Frédéric II en gratifia Tho-
mas de Savoie, comte de Morienne, en reconnoiflance
de fes fervices. Cette donation fut confirmée, quatre ans
après, par Guillaume , comte de Hollande , élu roi des
Romains ; & pourannuller le droit que l'églife prétendoit
y avoir, le pape Innocent IV ratifia par un bref ce que les
empereurs avoient fait à cet égard. Ce transport, en fa-
veur de la maifon de Saveye , fut foixante ans fans effet,
ÏVR
JUS
par les obftafcles qu'y mirent les marquis dé Montrerra*.
Enfin ces marquis , les Milan'ois &c autres , harcelant
fans celle les habitans d'ivrée ; ces derniers , laffés des
infultes qu'on leur faifoit au dehors, & des troubles qui
les agitoient au-dedans, par la méfintelligence des par-
tis , dépouillèrent l'esprit de faction , Ô£ fe donnèrent
à Amédée le Grand , comte de Savoye, fils de ce comte
Thomas , dont on a parlé, & à Philippe de Savoye,
prince d'Achaïe , oncle paternel d'Amedée. Ces deux
princes avoient été créés par Henri VII , vicaires de
l'empire en Italie ; ils fe préfenterent avec une armée
au;; portes de la ville, qui leur transporta le domaine, à
certaines conditions, par l'entreinife de l'évêque Albert
Gonzague , du confentement des comtes de Valsperg
& de S. Martin , qui étoient les chefs de faction. La
mai fon de Savoye eft toujours demeurée en polTeffion
d'ivrée, malgré les oppositions des. marquis de Mont-.
ferrât, &C nonobftant les guerres qui font furvenues .entre
les maifons de Bourbon & d'Autriche , dont cette ville
a fouvent fouffert.
JUREN'ÇON, village de France, dans le Béarn, à
un quart de lieue au midi de Pau. Nous n'en failons men-
tion qu'à caufe de l'exellent vin qu'on y fait. Nolhn appelle
ce lieu Jurançon , c'eft une faute.
JURGANO. Voyez Frateria.
IVRI. Vofez IVRY.
JURIA, "iveia. , nom d'un chemin Romain en Italie ,
dans le Latium. Denys d'Halicarnafle , Antlq. Rom.
i. i , p. il, dit : à quatre-vingt flades de Riéti , en
marchant par la Foie Jurie , proche du mont Corcte ,
eft Cursule , qu'on a ruinée depuis quelque tems. Syl-
Lurge met la Voie Salarienne à la place. Le P. le Jay,
dans une note, dit qu'il faut peut-être lire Julie, de. la
Porte Julie , qui donnoit fon nom au chemin auquel elle
conduifoit. Fabricius fait mention de cette porte, dans
fa Description de Rome. Mais cette conjecture eft inu-
tile ; car la Voie Jurie n'alloit pas jusqu'à Rome, comme
je le ferai voir ; ce n'étoit pas même une voie mili-
taire , & par conféquent ce ne peut être la Voie Sala-
rienne, qui en étoit une. Cette dernière partoit de Rome
au nord h paffoit par Fidènes, Eretum, Riéti, Cutilies,
Intérocréa, village, Phalacrine, &c; elle lailtoit à gau-
che la Voie Jurie, chemin de traverse, qui partoit de la
Voie Salarienne, paiToit à Cursule & à Norcie. Il n'eft pas
étonnant que ce chemin n'ait pas été fort célèbre ; mais
il fe détachoit de la Voie Salarienne à Riéti ou même
au-delà ; ainfi il n'approchoit pas plus près de Rome ,
& n'avoit rien de commun avec la Porte Julie.
| JUROUX, village d'Ane , dans la Perse, dans la
prairie de Fesa, qui eft entre Yezd & Abrecouh. Il
eft remarquable à caufe d'une bataille qui s'y donna en-
tre Chah-Manfour (k Chah-Yahaya, fon frère. * Hijl.
de Timur-Bec, 1. 3 , c. 23 , p. 176.
JURUMEA , petite rivière d'Espagne, dans le Gui-
puseba,, où elle arrofe S. Sebaftien. Voyez Urumea.
i. IVRY, bourg de France, en Normandie, fur la
rivière d'Eure , entre Anet & Pacy , à quatre lieues de
Dreux, vers le nord, '& à quinze lieues de Paris , au
pied d'une colline , fur laquelle il y avoit autrefois un
château bien fort par fa fituation , mais entièrement ruiné
à préfent. Il y a une abbaye de l'ordre de S. Benoît,
fous l'invocation de Notre-Dame. Elle fut fondée, en
1077, par Roger * feigneur d'Ivry, & réformée en 1669,
par les Bénédictins de la congrégation de S.Maur. C'eft
dans la plaine de cet Ivry quefe donna la bataille de 1590,
entre le roi Henri le Grand , & les rebelles connus
fous le nom de Ligueurs. C'eft de cette victoire que
Malherbe fait parler ce monarque dans cette fiance ;
N'ai-je pas le cœur auffi haut ,
Et pour ofer tout ce qu'il faut ,
Un auffi grand defir de gloire ,
Que j'avois, lorsque je couvri
D'exploits d'éternelle mémoire
Les plaines d'Arqués &c d'Ivri ? '
î. IVRY, village de l'Ifle de France , en latin Ivria-
U J U 2 7
'etnri , feiofi queîqi'ies-iins, Ibriacitm pour Ikeriacnm, à
une petite lieue de Paris, à la gauche de la rivière de
Seine. C'eft le lieu de la retraite de S.Fraimbaud ou S.Fram-
bour. * Bailla, Topogr. des Saints. .
3. IVRY-SUR-SEINE, château de l'Ifle de France >,
au-deffus de Pans. 11 a été bâti pour Claude Bosc du
Bois , conseiller d'état , ancien prévôt des marchands ,
&£ -procureur- général de la cour des aides. L'avenue
commence au grand chemin de Paris , &, après avoir fait
un coude , fe termine devant la porte du château. La
porte eft haute , mais fîmple 6k fans ornement. La cour
eft fermée d'un côté par le château , & des autres' côtés
par des grilles de fer, qui la féparent du parterre Se du
jardin. Le château eft à main droite, ls parterre à gau-
che , &c le jardin en face de l'entrée. Le château n'eft
qu'un corps de logis catré, & afîèz Amplement décoré ;
mais les appartenons font commodes & les vues char-
mantes. Elles donnent du côté de Paris & du côté dé
la rivière , & font une très-belle perspective. Le par-
terre eft agréable, orné d'un baffin à jet d'eau; & d'une
terraffe en forme de demi-lune, rk paliffadé de tous cô-
tés de charmilles. Le jardin offre d'abord une longue
& très-belle allée de marroniers, palifladée,de charmil-
les des deux côtés ; les potagers font du côté de la ri-
vière; & de l'autre font plufieurs allées, parmi lesquel-
les on remarque celle des orangers , au milieu de laquelle
il y a un baffin qui reçoit les eaux des cascades. Ces
cascades font au haut du jardin ; elles font petites, mais
fort longues, & fortent d'un jet d'eau qui eft au-defliis,
& auprès duquel cri voit deux boulingrins, & une fta-
tue du roi Louis le Grand , femblable à celle qui eft
à l'hôtel de ville de Paris. La terraffe , où eft cette fla-
tue,efi belle pour les vues & le coup d'œil ; & au bout,
il y a un petit pavillon carré , qui eft un agréable ré-
duit. * Piganiol de la Force, Déscr. de la France, /. 2,
p. 243.
1. JUS,'"Iof, lieu du Peloponnèfe , dans la Schiriti-
que, félon Xénophon, Hift. Grec. /. 6 , p. 607.
2. JUS. Voyez Ios.
. JUSSEY, ville ancienne de France , dans la Franche-
Comté, aux confins de la Champagne 6k delà Lorraine
fur le bord d'un marais fi tué fur la rivière de Manse.
Elle eft à huit ou neuflieues de Langres, & à pareille
diftance de Véfoul , & presque toute ruinée; erisprte
qu'il n'y refte plus qu'un rang de maifons , qui en font
par le bas le circuit du côté' du marais. Les ruines de
cette place, fe voient parmi des rochers escarpés, qui
en font le haut, d'où coule un petit ruifîeau , venant
d'une fource qui tombe par des augets de pierre & de
bois , au pied de l'églifè paroifliale. Il n'y eft reflé
qu'un couvent de Capucins , de plufieurs autres qu'on y
a vus autrefois ; ce couvent eft parmi des rochers Se
des brbfîailles , dans un endroit fi élevé , qu'on a de
la peine à le discerner quand on eft au bas de la ville %
avec des lunetes d'approche. II y a un baillif haut-jufti-
cier, refïortiiTant par appel à Véfoul pour le civil, St
au parlement de Befançon pour le criminel. *Corn. Dict.
Mém, dreffés fur les lieux, en 1706.
JUSSY», eft un bourg de l'ancien domaine de l'églifè
d'Auxerre ; le vicomte Rainard l'ôta à l'évêque Geran,
au commencement du dixième fiécle ; mais Betton, fon
fucceffeur, le recouvra à prix d'argent, auffi -bien que
Gy qui y eft contigu, vers l'an 915. On ne fait depuis
quel tems ce n'eft plus une terre d'églife. Elle eft parta-
gée entre plufieurs feigneurs. On lit dans l'Hiftoire des
guerres des Calviniftes, ati pays Auxerrois , fous Char-
les IX , que les habitans de JuiTy ne srétoient pas con-
tentés de leur fermer les portes, & qu'ils tirèrent même
fur eux; mais ils forent bientôt forcés par les reiftres;
Je bourg fut mis au pillage, tout y fut réduit en cend-es,
excepté l'églifè de Notre-Dame ; il y eut bien cinq à
fix mille muids de vin perdus ou emmenés, A.m<- le tenft
de ce ravage. Le nom latin de ce Jnffy. même dans les
hiftoriens du dixième fiécle , eft Juffiacum. * ATotes db
le Reuf , chanoine d'Auxerre.
JUST. Voyez S- Just, au mot Saint.
JUSTEMONT, Juftus wons, abbaye régulière de
l'ordre de Prémontré, au diocèl'e, & à quatre lieues de
Mets, dans le Luxembourg.
JUSTINI MONTES ; Dioscoride nomme ainf: de*
Tome III. Kkkkii
6ll
JUS
JUT
montagnes d'Italie. Ortélius conjefture qu'il faut lire
VtOim.
JUSTINGEN, bourg d'Allemagne , en Suabe &
chef- lieu d'une ieigneune de même nom. Ce petit pays,
qui s'étend en longueur, eft borné au fud-eft par le Da-
nube au-deffus d'Ulm. Il y a le grand Juftingen, qui eft
le bourg; & afiéz près eft le petit , qui n'eft qu'un vil-
lage. Il a le territoire de Blauberen au nord, & la ba-
Tonnie de Steifling au midi occidental. Le monaftere
d'Urspring eft dans cette feigneune, qui appartient aux
barons de Friedberg. * Robert de Vaugondy , Atlas.
Hubner , Géogr.
i. JUSTINÏANA. L'empereur Juftinien airnoit beau-
coup à bâtir de nouvelles villes, à orner & réparer les
anciennes, &t à conftruire des fortereffes. Procope nous
a laifle fix Livres , fous le titre des Edifices de Juftinien.
Il n'eft pas étonnant après cela, que le nom de Jujiiniana
ait été commun à plufieurs villes. Il y en a eu qui l'ont
pris & l'ont peu gardé , comme i. & 2. Adrumete &C
Carthage. D'autres l'ont gardé plus long-tems, fk
font connues dans l'hiftoire, fous ce nom.
2. JUSTINÏANA prima , ville de la Bulgarie.
Voyez Archride.
3. JUSTINÏANA sectjndA, ancienne ville de l'ifle
de Cypre , félon Califte , cité par Ortélius , Thefiaur.
Cypre eft nommée Jujiiniana j'ecunda par Curopalate,
de Officiai. Confiant.
4. JUSTINÏANA tertia ; c'eft la même ville que
Chalcédoine. Voyez ce nom.
^ JUSTINÏANA nova, ville de Bithynie. Il en eft
parlé au cinquième concile de Conftantinople. * Ortel.
Thef.
6. JUSTINÏANA nova Camulensium.^ Il en eft
auffi parlé dans ce concile. Ortélius croit qu'elle étoit
en Capadoce, & il a raifon. Voyez Camulianum.
7. JUSTINÏANA nova secunda , ancienne ville
d'Egypte. Le même concile en fait auffi mention.
8. JUSTINÏANA nova ouDarasci civitas. Le
concile , déjà cité , parle auffi de cette ville. Ortélius
avoue qu'il ne fait où elle étoit. Seroit-ce Dara en Perse ?
On voit dans Procope, que Juftinien y avoit fait beau-
coup de dépense pour en réparer les murs , y conduire
un aqueduc , & autres embelliffemehs.
Cette ville étoit épiscopale, félon une Notice grecque,
rapportée par le P. Hardouin, qui la place dans l'Ilau-
rie, & nomme Stephanus un de fes évêques.
9. JUSTINÏANA nova. Voyez Cypsela* i.
10. JUSTINÏANA nova ou Secunda. Voyez Ul-
pianum.
n 1. JUSTINIANOPOLIS, ancienne ville de TArmé-
nie , félon le cinquième concile de Conftantinople.
Voyez Bazanis.
2. JUSTINIANOPOLIS , ville épiscopale de la Pi-
fidie, félon la Notice de Hieroclès.
3. JUSTINIANOPOLIS , ville épiscopale d'Egypte,
dans la féconds Thébaïde. La Notice de Léon le Sage
porte Conto feu Jufiiniapolis. Le premier eft apparem-
ment pour Coptos. Le p changé en n , & 1'.$ finale omife,
à caufe de l\squi fuit, font des fautes très- ordinaires aux
copiftes.
4. JUSTINIANOPOLIS, ville épiscopale d'Ane,
dans la Phénicie du Liban, félon la Notice de Léon le
Sage. Elle y eft nommée Evarius iïve Jujiinianopolis.
Voyez Barcusena.
5. JUSTINIANOPOLIS , ville épiscopale , félon la
même Notice ; elle étoit métropole de la Galatie. On
la nommoit auffi Pisinus.
6. JUSTINIANOPOLIS , autre ville épiscopale de
la Galatie. La même Notice de Léon le Sage , après
avoir nommé Amplement Pifinunte la métropole , dans
la lifte générale des évêchés , nomme au feptiéme rang
Spar.ia ou
7. JUSTINIANOPOLIS. Voyez Anazarbe. Voyez
auffi Mosteni & Sina.
Les villes fuivantes prennent leur nom de l'empereur
Juftin.
1. JUSTINOPOLIS. Voyez ,£gtda & Istria.
2. JUSTINOPOLIS , ancienne ville de la Dardanie
Européenne. Procope parlant de Juftinien, Aldific. 1. 4 ,
ci: il y avoit en Dardanie une ville nommée Ulpiane,
dont il a réparé presque toutes les murailles, qui tom-
boient en ruine ; & après l'avoir embellie , il l'a nom-
mée fieconde Juftinienne. Il a fondé une autre ville voi-
fine , qu'il a riommée Jufiinopole, du nom de l'empereur
fon oncle. ,
3. JUSTINOPOLIS, ville d'Afie, dans la Bithynie,
félon Onélius , qui dit que c'eft le même lieu que le
JUSTINIANOPOLITANUM territorium de ZlNIS , dont il
eft fait mention dans le cinquième concile de Connanti-
nople.
4. JUSTINOPOLIS, ancienne ville d'Afie, dans la
première Cappadoce , dont il eft parlé dans le concile
de Chalcédoine.
5. JUSTINOPOLIS. Voyez Edesse. i.
6. JUSTINOPOLIS. Voyez Anazarbe.
JUTiE , nom latin des habitans du Jutland. Ce mot
• n'a point été employé par les anciens; & Ptolomée, /. 2,
c. 1 1 , n'appelle point autrement que Cimbrcs les peuples
qui , de fon tems , habitoient le nord de la presqu'ifle
qui en a pris le nom de Cimbrique. Entr'eux & les Sa-
xons, il met les peuples fuivans dans cet ordre:
Siculones ,
Sabalingii
Cobandi ,
Chali,
Phundufti,
CharudesQ
Le mot Juta , en recompenfe, a été connu des auteurs
du moyen-âge. Bede , /. I , c. 1 5 , dit : Angli de illâ
patrid qua Anglia dicitur , & ab eo tempore usque ma*
nere dcjerta inter provincias Jutarum & Saxonum per-
hibetur. On voit que le peuple Angli , en paffant dans
la Bretagne qui porte aujourd'hui fon nom , avoit laifle
fon ancienne patrie presque déferte ; mais le peuple
Juta fubfiftoit encore en Allemagne, quoiqu'il eût aufft
fait partir des colonies pour l'Angleterre. Voici com-
ment en parle la Chronique Saxone publiée en Saxon.
& en Latin par Gibfon. Après avoir dit, ad Ann.p 449,
qu'Hengefte & Horfa furent appelles par Vortigerne roi
des Bretons , elle ajoute qu'ils expoferent à leurs com-
patriotes la bonté du pays , & la lâcheté des Bretons ,
& les invitèrent à venir avec eux. Ceux-ci leur envoyé*
rent du fecours ; & il en vint de trois provinces de
Germanie, (avoir, des anciens Saxons, des Angles, &
des Jutes. Elle marque pofitivement que des Jutes , qui
vinrent alors , font fortis les Cantuariens & les Veftua-
riens , c'eft-à-dire les peuples de Cantorberi & de
l'ifle de Wight. Ensuite elle poursuit ainfi : hœc eft ea
gens qua nunc incolil Veclam (l'ifle de Wight) qua-
que gens apud occidentales Saxonas adhuc vocatur Ju-
tarum progenies .... ab Anglis quorum patria ab eo
ufique tempore manjït defierta inter Jutas , & Saxonas ,
origincm duxerunt Angli orientales , Mtditerranei ,
Mercii , <S- omnes Northymbri.
C'eft donc une néceffité , quand on parle des Jutes ,
de diftinguer les peuples ainfi nommés , qui demeurèrent
en Allemagne : ce font les habitans du Jutland. Il faut
auffi diftinguer ceux qui pafferent en Angleterre , & s'é-
tablirent au pays de Kent ôt dans l'ifle de 'Wight.
JUTHIA, ou Judia : félon Kaempfer, ffift. du Ja-
pon , ville capitale du royaume de Siam. Gervaife ,
Hift. nat. de polit, du royaume de Siam , p. 41 , dit
de ce royaume : la capitale eft appellée par les Siamois
Meuengfijouthia , & par les étrangers Juthia ou Odiaa,
qui font les noms que les Chinois lui ont donnés ; les
étrangers l'appellent Siam , du nom du royaume auquel
même ils l'ont donné , car ce n'eft pas plus le nom du
royaume que celui de la ville. Voyez au motSlAM. De
la Loubere , Defcription du R. de Siam , t. 1 , p. 17 ,
parle ainfi de ce nom.
Quant à la ville de Siam, les Siamois l'appellent, Si-yb*
thiyà , l'ô de la fillabe yb étant encore plus fermé qift
notre diphtongue au. Quelquefois auffi ils l'appellent
Crungthé-papra-Mahà-N acon. Mais , pourfuit - il , la
plupart de ces mots font difficiles à entendre , parce
qu'ils font pris de la langue Balie , qui eft la langue fa-
vante des Siamois , 6k qu'ils n'entendent pas toujours
bien eux-mêmes DeSi-yâ-tki-yà, nom Siamois de
la ville de Siam , les étrangers ont fait Judia & Odiaa ,
par où il paroit que Vincent le Blanc & quelques au-
JUV
IZA
très auteurs distinguent mal-à-propos Odiaa de Siam,
Voyez Siam. ( la ville de )
JUTLAND, (le) pays de Danemarck, au nord de
l'Allemagne , &c plus particulièrement au nord du Holf-
tein dont il eft feparé par la rivière de l'Eyder , & par
la petite rivière le Pefon , qui tombe dans la mer Bal-
tique , au golfe de Kiel.
On le divife en deux parties , par une ligne qui va en
ferpentant depuis Ripen jusqu'à Colding. Ces deux villes
& tout ce qui eft au nord de cette ligne , s'appelle le
Nord-Jutland , ou le Jutland propre : ce qui eft au midi
jusqu'à l'Eyder s'appelle le Jud-Jutland ou le duché de
Sleswig.Le Nord-Jutland appartient entièrement au roi
de Danemarck. Le Sud-JutLand ou le Sleswig appar-
tient à ce monarque 6c au duc de Holftein, Voyez
Sleswig.
, Le Jutland proprement dit , ou le Nord-Jut-
land , ou le Jutland feptentrional , eft borné par la
mer au couchant , au nord &c au levant. Il a au midi le
Sleswig , comme nous avons dit.
Il eft divifé en quatre diocèfes. Celui d'Albourg oc-
cupe toute la partie feptentrionale. Celui SArhus oc-
cupe la partie orientale ; celui de Rypen, la partie mé-
ridionale ; 6c celui de Vibourg , eft entre celui d'Al-
bourg &c celui de Ripen. Voyez les articles particuliers
de ces diocèfes.
JUTUNG1. Suidas nomme ainfî un peuple qui pafla
le Danube. S. Ambroife , dans une de {es Lettres , fait
mention des Juthungi ; & il paroît par le témoignage
d'Ammien Marcellin , /. 17 , que c'étoit un peuple de
la Germanie , qui habitoit un pays contigu à l'Italie.
Ortélius croit qu'ils font nommés Vithungl par Eume-
nius, & Vithungi par Sidonius , in Panegyric. & Vir-
tungi par Pollion , in Aurelio. Spangeberg les place
dans le comté du Tirol. * Ortel. Thef.
JUTUNÏORUM. Voyez Forum Diuguntorum.
. 1. JUTURNA, fontaine &C petit lac d'Italie , dans
le Latium. Les anciens fuppofoient que Jaturna , feeur
de Turnus , avoit été changée en Nayade , après avoir
fatisfait la paffion de Jupiter. Sa fontaine & fon lac font
au pied du mont Albano , & les Romains en vantoient
la falubrité. On appelloit ci-devant le lac Lago di Ju-
turna , dit Cluvier , liai. ant. Quelques-uns l'ont en-
suite nommé Lago di Turno. Mais il y a quelque tems
que l'eau s'en eft écoulée par des conduits fouterreins.
Le cardinal Setra qui avoit là une maifon de campagne,
a fait deflecher le lac, afin de rendre l'air plus fain. C'eft ,
dit Baudrand , éd. 1682 , ce que l'on voit dans les inf-
criptions d'Urbain VIII , placées à Cartel - Gandolphe.
* Ovid. Faft. 1.2. , v. 585; Virgil. JEndd.l. 12, v. 139
& 140.
_ 2. JUTURNA , ancien nom de la fontaine de la
ville de Rome. Elle eft près de l'églife de Santa-Maria
Libératrice. * Baudrand , éd. 1682.
JUVANENSES , félon Ortélius , ancien peuple dont
il fait mention dans une infeription rapportée par Gol-
tzius. On voit dans une inscription trouvée à Burchau-
fen , St alléguée par Aventin , Juvavenifium. C'eft appa-
remment la même chofe que le Juvenfe Cajlrum de la
Notice de l'Empire ,1a Juvavia &c le Jovavium de l'Iti-
néraire d'Antonin , Ylvavi de la Table de Peutinger.
Comme on a trouvé à Saltzbourg quelques-unes des ins-
criptions où ce lieu eft nommé , quelques favans ont cru
que cette ville étoit l'ancienne Juvavia. * Gruter. Inscr,
P- S7"m n- ->-,ftâ- ?8-
JUVANTIUM , ou , félon d'autres exemplaires de
Pline , /. 3 , c. 13 , Vibatinum Flumen. Le P. Har-
douin lit dans d'autres , Batipum Flumen qu'il préfère ;
ancien nom du Tordino, rivière d'Italie.
JUVENSE Castrum. Voyez Juvanenses.
JUVERNA. Voyez Juerna & Juerné.
JUVIGNI , ou Juvegny , abbaye de filles , ordre
de S. Benoît , fituée dans le pays de Luxembourg , près
de Stenay, à huit lieues de Verdun. Richilde, femme de
Charles le Chauve , la fonda en 874, en l'honneur de
fainte Scholaftique , & y mit une partie des reliques de
cette fainte , qu'on y voit encore aujourd'hui. Par la
fuite des tems , cette maifon s'eft vue réduite à trois ou
uatre religieufes, qui, prenant la qualité de chanoinedes,
voient peine de fubfifter. Madame Scholaftique-Ga-
brielle de Livron y mit la réforme en 1629, tk reçut
629
1
plus de trente religieufes : elle toléra l'ufage de îai
mais elle fonda fa réforme fur une grande retraite , ban-
nit de l'office les orgues , les inftrumens &C la mufique ,
& ne voulut pas qu'on exigeât de dots. * Extrait du
premier voyage littêr. de D. Martenne.
IVAMI , province du Japon dans l'ifle de Niphon, au
midi d'Idsumo. Elle a deux journées de longueur du
nord au fud , &c eft divifée en cinq diftrifts.
JUXE , cité de la Chine dans la province de Channfi,
au département de Leao, féconde grande cité de la pro-
vince. Elle eft plus occidentale que Pékin de 4 d. 21' ,
par les 37 d. 54' de latitude.. * Atlas Sinenjîs.
_ JUYAO, ville delà Chine dans la province de Ché-
kiang, au département de Xaohing , huitième métropole
de la province. Elle eft de 30 d. 4' plus orientale que
Pékin, fous les 29 d. 50' de latitude. * Atlas Sinenjis.
IWANOGOROD, fortereffe de l'empire Ruflien,
dans l'Ingrie , fur la rivière de Narva. Comme cette ri-
vière terminoit les états de Livonie & de l'Ingrie, que
le Czar Iwan Bafilowitz avoit conquilé , il fit bâtir cette
fortereffe à l'oppofite de Narva ; de-là vient qu'on l'ap-
pelle auffi la Narva Rufflenne. Toutes les deux places
font également de la Ruffie ; & la Suéde , qui les avoit
aquifes , les a perdues avec l'Ingrie & la Livonie. Voyez
Narva.* Rob. de Vaugondy , Atlas.
IWAN-QSERO , grand lac de l'empire Ruflien , à
la fource du Don, au duché de Rézan. Il a au midi la
forêt cVOkiniiçilies , ou d'Epiphanovlies. Il reçoit les
eaux du lac nommé Polotga-Oçero , qui eft au fud-oueft ;
& au nord-eft , on a coupé un canal de communication,
pour paffer de ce lac dans la rivière d'Uppa , qui tombe
dans POcca. A l'orient de l'Ivan-Ofero eft la fortie par
laquelle le Don s'écoule vers Voronecz , où étoient les
chantiers de Pierre le Grand. Voyez VORONECZ.
* Rob. de Vaugondy, Atlas.
. IWARAGASIMA , petite ifle du Japon , de la baie
de Nangazaki , où les Hollandois qui arrivent des Indes,
font obligés de régaler les Japonois envoyés pal le
gouverneur , ou le magiflrat, pour les reconnoître.
IXAR, petite ville d'Espagne , dans l'Aragon , fur
la rivière de Martin. C'eft la même que Hijar.
IXIA , félon Strabon , ou
IXLE , félon Etienne le Géographe, petite contrée de
l'ifle de Rhodes , ainfî nommée du port Ixus.
IXIAS , ancienne ville d'Italie , dans l'Océnotrie ,
félon Etienne le Géographe. Gabriel Barry croit que
c'eft préfentement Carolei.
IXIBATjE , ancienne nation voifine du Pont-Euxin
& de l'Inde , félon le même Etienne. Il me feinble que
cette Inde doit s'entendre de la Colchide , à laquelle on
a donné ce nom , comme on a vu au mot Inde.
IXIRUS , rivière , félon Phavorin , dans fon Lexi-
que. Il ne dit point quel pays elle baigne.
IXO ou ISJO , royaume du Japon , dans l'ifle Ni-
phon , qui a le royaume d'Omi à l'occident , celui de
Vqari à l'orient , & celui d'Inga au midi. Ce royaume
eft célèbre dans l'ancienne religion du pays , parce que
l'on prétend que le dernier des fept esprits céleftes , qui
eompofent la première dynaftie des fouverains. du Japon,
y a fait quelque tems fa réfidence , &C que fon fils Tenlio-
Dai-Dfin , le chef de la féconde dynaftie , y a un
temple , qui eft le plus ancien de l'empire , & le terme
d'un fameux pèlerinage, * Notes du P. Charlevoix.
IXOMATjE. Voyez Exomat^e.
IXUS. Voyez IxiAS.
LYWORTH, bourg d'Angleterre , dans la province
de Suffolck. Il n'a rien de remarquable que fon marché
public.
IYO, le royaume d'iYO, félon Baudrand, édit. 170^,
qui dit que c'eft une province du Japon , dans la pro-
vince occidentale de l'ifle de Chicocli , vers celle de
Ximo , avec une ville de ce nom ; fur quoi il cite
Chardin. C'eft la petite province d'IJO , qui eft la cin-
' quiéme dans la province de Nankaïdo , feptiéme grande
contrée. Il feroit bien difficile de reconnoître dans cet
article un des quatre royaumes , qui eompofent l'ifle de
Xicoco. Voyez Xicoco.
IZALA , montagne d'Afie, quelque part vers la Per-
fide, félon Amnien Marcellin, /. 18.
IZAME , petite province d'Afrique , dans l'ifle de
Madagafcar , au couchant de la vallée d'Amboule. C'eft
IZL
©30
où fe forge le meilleur fer, &c où fe fait le mènachil ,
ou huile clé Séfalrie , en plus grande quantité. Les habi-
tans font les plus hardis & les plus vaillans de cette
ifle & font environ huit cents hommes. * Flacourt ,
Hift! de Madagascar , c. 3 ,p. 10.
IZARUS. pour Jesraël. y . ..
IZATHA , ville de la Mauritanie Cefanenfe , félon
Ptolomée, A 4, c. 2..
IZELOS , ou EiSELOS , EÏÇii>iw , fortereffe de Sicile,
félon Etienne le Géographe.
ISGI , ancien peuple de l'Inde , félon Plme , /. 6 ,
c. 17. Ils étoient vers les monts Emodes.
IZJIZUM , lieu d'Egypte , félon l'Itinéraire d'Anto-
nin. D'autres exemplaires portent T^ïti^um. Ce heu étoit
fort avant au-delà de Syenne.
IZYRALLA , Izyrallum , ou Tirallum , félon
les divers exemplaires de l'Itinéraire d'Antomn , lieu
de Thrace. Ortélius croit que ces noms font corompus ,
& qu'il faut lire TuRULLU M.
IZIRIANENS!S, fiége épifcopal d Afrique , dans la
Numidie. Dans la Conférence de Carthage , on voitFs-
lix episcopus pkbis I^rianmfis. .
IZLI, ou Zezil, ville d'Afrique, en Barbarie, au
royaume de Tremecen. Marmol , Afrique ,1. 5, c. 5, t. 2,
p. 323 , en fait cette defcription. Ceftune place fermée
de murailles , dans une plaine qui eft entre le defert
d'Angad & le territoire de Tremecen. Les hiftonens af-
ifurent qu'elle a été bâtie par les anciens Africains , pour
fervir de frontière à ce royaume. Elle étoit tort peuplée
fous le règne des Abdel vêtes , qui tenoient une bonne
garnifon contre les Arabes du défert; mais elle _ fut rui-
née par Jofeph , prince de la race des Benimennis , &
fut long-tems dépeuplée , jusqu'à ce que certains Mora-
bites s'y vinrent habituer; car les rois de Tremecen ,
& les Arabes même , traitent fort bien cette ville , 6c
ne lui font rien payer, à la confidération de ces nou-
veaux habitans ; mais on ne laiffe pas d y vivre mifera-
blement, à caufe de la ftérilité de la contrée; & les
maifons n'y font bâties que de terre , couvertes de
IZQ
paille , on de branches d'arbres. On voit fourdre près
de la ville une belle fontaine , qui fert à arrofer les ter-
res d'alentour ; &t fans cela on n'y recueilleroit aucun
fruit , à caufe de l'exceffive chaleur. Quelques-uns di-
fent que cette ville a été bâtie par les Romains , & il le
paroît à lés mut s , qui font de pierres de taille , fort
hauts , fk mieui: faits que ceux des habitans du pays.
On la nommoit autrefois Giva ; ck Ptolomée la met à
14 d. 30' de longitude & à 32 d. 30' de latitude.
IZQUINÏENANGO , ville de l'Amérique , dans la
nouvelle Espagne , dans la province de Chiapa , pres-
qu'au bout de la vallée de Capanabaftla , & à deux
lieues des Cuchumatlanes. C'eft une des plus jolies villes
d'Indiens , qui foient dans toute la province ; elle eft
très-riche , tant à caufe de la quantité de coton qui s'y
recueille , que particulièrement par fà fituation ; car
comme elle eft fur le chemin de Guatimala , tous les
marchands du pays , qui trafiquent avec leurs mulets
de ce côté-là , panent par cette ville , où ils vendent
des marchandées , Sî en achètent d'autres , & ainû
l'enrichiilent par l'argent qu'ils y apportent avec les
marchandifes des pays les plus éloignés. Il y a une
grande quantité de fruits , & patticuliérement de celui
que les Espagnols appellent^inài ou ananas , parce qu'il
relTemble à la pomme de pin. Elle eft bâtie fur le bord
de cette grande rivière qui pafTe à Chiapa des Indiens %
& qui tire fa fource proche des montagnes Cuchu-
matlanes , St néanmoins elle eft fort large & profondé
devant cette ville ; en forte qu'on ne la peut paiîer
qu'en bateau ; & parce que ce chemin eft fort fréquenté ,
particulièrement par ceux qui conduifent des troupeaux
de mulets , chaque troupeau étant d'ordinaire de cin-
quante ou de foixante , ce paflage , qui eft occupé jour
& nuit , donne un revenu coniidérable tous les ans à
la ville , parce que les Indiens , outre le bac ou bateau
qui fert au paffage , en ont auflî plulleurs autres petits
pour monter & defeendre fur la rivière, * Gage } Voya™
ges , 2. parc, c. io8i
LE GRAND
DICTIONNAIRE
GÉOGRAPHIQUE,
HISTORIQUE ET CRITIQUE.
K.
Cette lettre que nous avons avons empruntée des Grecs , eft très-farniliere aux étrangers , fur-tout aux peuples
qui parlent allemand , ou dont la langue eft une dialecte de l'allemand. Ils l'emploient plus volontiers que leC,
dans les noms propres de l'Afie , de l'Afrique & de l'Amérique ; au lieu qu'en françois nous préferons le C , qui
a le même fon que leK, devant les lettres A, O & U , à moins qu'il n'ait fous lui une cédille Ç ; car alors il eft
équivalent à l's fortement prononcée. Les mots dont la première fyllabe eft Ka , ou Ko , ou Ku , qui ne fe trou-
veront point lous le K , doivent être cherchés fous la lettre C,
KAB
AA ; palais dans l'Ethiopie , auprès de
Gohdar, en Abiflinie. Il y a un magnifi-
que baffin d'eau , qui fert aux cérémonies
de l'Epiphanie, félon le rite des Abilîins.
*Poncei, Voyage inféré dans les Lettres édi-
fiantes , t. 4, p. 98.
KABALLAH, (le territoire de) eft fitué à l'oueft de
Schamachie, dans une plaine agréable, entre des mon-
tagnes ; il y a pkifieurs villages , tant grands que petits.
Au nord il eft borné par de hautes montagnes, qui font
toujours couvertes de neiges. Les terres font très-fertiles
fen bled & en fruits ; il y a fur-tout beaucoup de châ-
taignes, de figues & de grenades, dont une espèce, en-
tr'autres, eft fort petite & fort douce. Les pâturages y
font auffi fort beaux & bons. Les habitans font Maho-
métans ; ils ont un langage mêlé du Turc 6c du Tar-
tare. Ils étoient autrefois fournis à la Perse; mais depuis
1713,11s le font au Turc : le Khan de Schamachie yen-
Voie toujours un Naïb qui gouverne ce territoire , en
reçoit les revenus & les envoie à Schamachie. Le Daud-
beg &c le Sirrehei ont mafiacré Une parrie des habitans,
emmené l'autre en captivité , ruiné les villages. Ce pays
fourniffoit autrefois beaucoup de foie à Schamachie ;
nais à préfent tout eft ruiné. * Description des peuples
occidentaux de la mer Caspienne, faite fur les lieux , par
M. Garber, officier au fervice de la Poulie.
KABANIA. Voyez Katania.
KABASHIR,_(l'ifle de) ifle d'Afrique, dans le
royaume de Fonia , fur la rivière de Gambra , vis-à-vis
de Jameifoi t , du côté du fud. Elle n'eft féparée de la
terre que par une espèce de torrent. On y trouve quan-
<ité d'excellente pierre, qui fert aujourd'hui aux befdins
KAC
de Jamesfort. * Carte de la Garnira , par Jean Léach^
J732-
KABATA , rivière & village d'Afrique , au royaume
de Kumbo, au midi de la rivière de Gambra, qui re-
çoit celle dont nous parlons ici. Les Anglois ont un
comptoir à Kabata , qui n'eft remarquable que parce
qu'il fournit des provifions à la garnifon de Jamesfort.
Il y a toujours une grande abondance de chèvres , de
volaille & de beftiaux. * Voyage de Moore. Carte de la.
Gambra, par le capitaine Jean Léach , 1732.
KABILAK, ou, félon De l'Ifle,KoBiLAK, petite ville
de Pologne , fur une petite rivière qui tombe dans le
Don, !k qui reçoit le Worklo, rivière qui paffe à Pul-
tawa. * Andr. Cellar. Descript. Polon. p. 393.
KABIOSA, Ka&aM A*»<JW<t , furnom deLaodicée,
ville 'de Syrie, chef-lieu de laLaodicène, félon Ptolo-
mée. Quelques critiques ignorans ont cru faire merveil-
les , en mettant Scabiofa. pour Sabiofa ou Cabiofa.
KABLI , petite rivière de Tarrarie, dans le Turkeftan.
Le Rabli & le Kam^i , ou Cabli tk Cam^i. , font deux:
petites rivières , qui, venant du nord-nord-eft , fe dé-^
chargent dans la rivière de Sirr ou Sirth , vers les 45 d."
de latitude , au pied des montagnes qui féparent à pré-
fent le pays du Turkeftan des états du Contaisch, grand
Cham des Calmoucks. *HiJloire des Tatares , 3. part.
P"kACHAN. Voyez Cachan.
KACHEO, Cascheu, Cacheu, Cacheau ou
Cacho , ville d Afrique , dans la Nigritie , au bord
méridional de la rivière de S. Domingue , que Baudrand
prend mal à-propos pour une des embouchures du Niger,
environ à fix lieues de fon embouchure en remontant (a).
3*
KAC
KAI
Elle eft occupée par les Portugais qui y ont trois forts,
dont le principal peut bien avoir dix ou douze pièces
de canon , & les deux autres deux ou trois ; un capi-
taine major en a le gouvernement, qui dépend du gou-
verneur des ifles du Cap-Verd. On lui envoie tous les
ans trente ou quarante Portugais, qui en font ordinaire-
ment bannis , pour remplacer ceux qui meurent , faute
de bonne nourriture , par néceffité , ou pour s'abandon-
ner trop aux femmes ; c'eft pour eux une espèce d'exil
qui ne laide pas de leur être quelquefois fupportable.
Il peut y avoir dans la ville deux ou trois cents habi-
tans ; la plupart font mulâtres , les autres ont leurs fem-
mes ou des concubines. Il y a dans la ville un receveur
ides droits du roi , pour les bâtimens qui y viennent né-
gocier , qui payent dix pour cent d'entrée & de (ortie ,
avec un écrivain , qui tient lieu de notaire & de gref-
fier. C'eft le gouverneur qui rend la juftice. Il y a une
églife paroiffiale , un curé, un vifitador , (qui eft comme
un grand-vicaire en France,) qui font toujours mis dé
la part de l'évêque de S. Jacques-. Il y a suffi un cou-
vent de Capucins , où ils ne font guères que trois ou
quatre religieux. Les habitans de la ville ont de petits
bâtimens , & des barques avec quoi ils négocient fur les
rivières de Noue, (Nougne,) Pougues, (Pogne,)ck.
Serre-Lionne, &dans les ifles de Bezagots, (Bifagos ,)
où ils font grand commerce de cire, 'd'esclaves, & quel-
que peu d'ivoire. (a) Relations de la fuite du Voyait de
le Maire, p. 200.
KASCHEGUER, ancienne capitale d'un royaume
de même nom ; elle ne diffère de CASCHGAR , que
par l'orthographe.
KASCHEMIR. Voyez CACHEMIRE.
KACHETI, Kaket ou Caket (le) étoit autrefois
une province de la Géorgie (a). Ce pays eft borné au
nord par les Circaffes noirs ; à l'orient , par le Caucafe
ÔC le Dagueftan ; au midi, par le Carduel ou Gurgiftan ;
& au couchant, par le pays d'Yrimette. Giorgi V le fé-
para de la Géorgie , & en fit un royaume en faveur de
fon fécond fils Davit, dont la poftérité a toujours joui
jusqu'à l'an 1713 que Schachmavas ÎI s'étant déclaré
Chrétien , fut chafle de fes états par Schah-Séphi , roi
de. Perse ; ce prince dethrôné fe retira en Ruffie , 6c
donna à de L'îfle une Table généalogique des rois de
Géorgie , que M. de Guignes a inférée dans fon ouvrage.
(a) Voyez l'Hifleire générale des Huns , p. 433, &fuiv.
La (b) Géorgie & toutes fes provinces embraflerent le
Chriftianisme fous Miran , qui régnoit du tems de Dio-
ctétien , & entra par la fuite dans le fchisme Grec ; mais
dans le quinzième fiécle , les Perfans ayant rendu les
royaumes de Karduel & de Kacheti tributaires , forcè-
rent les princes de ces deux états à embrafler le Maho-
métisme : ils portèrent même une loi que personne ne
pourroit être Kan de Kacheti &C de Karduel , qu'il ne
fût Mahométan. On laiffa la liberté de religion au peu-
ple ; mais le Chriftianisme s'y eft peu-à-peu oublié ,
fur-tout à Kacheti ; fk l'on y trouve aujourd'hui fort
peu de Chrétiens. On voit encore, à la vérité, quel-
ques cloîtres Chrétiens à Kacheti , dont la plupart font
abandonnés , & les autres ne font habités que par de mi-
férables religieux, qui à peine favent lire. On trouve plus
de Chrétiens & de cloîtres à Karduel ; mais le nombre
en diminue tous les jours, depuis que les Turcs en font
les maîtres , parce qu'ils font esclaves ceux qui demeu-
rent attachés au Chriftianisme. Le Kacheti ne confifte
plus qu'en villages , dont le principal , qui eft comme
la capitale , parte que le Chan y fait fa réfidence , s'ap-
pelle Kara-Agatsch. Les habitans de ce pays parlent la
langue Géorgienne ; ils en ont encore une autre qui eft
un mélange de Turc & de Tartare ; ils font aflez bien
pourvus d'armes. Le pays eft presque tout formé deplai-
. nés très- fertiles, où l'on engraiffe facilement lesbeftiaux.
Les Turcs firent une invafion dans la Géorgie, en 1724,
avec une armée confidérable. Mahomet-Couli Can, fou-
verain de Kacheti , fut obligé de fe foumettre ; on lui
ôta Karduel , qu'il pofledoit avec Kacheti ; on ne lui
laiffa que le fécond , & l'on établit un Bâcha à Teflis,
duquel Mahomet dépend. Ce pays ne paye aucun tribut
au Turc ; mais Mahomet eft obligé de faire de grands
préfens au Bâcha de Teflis. (b) Description des peuples
occidentaux de la mer Caspienne, faite fur les lieux , par
M. Garber, officier au fervice de la Ruffie. C'eft l'Ibérie
des anciens,
KACHSCHAGA. Voyez Kokschaca.
KACKERLACKES ; I'e de la première fyllabe eft
muet & ne fe prononce point. Les Hollandois nom-
ment ainfi les habitans des ifles fituées au fud - eft de
Ternate. Corneille le Brun, Voyage dcMosc. & des In-
des, p. 354, ajoûteque ces gens voient beaucoup mieux
la nuit que le jour , & ne fauroient foufïrir là lumière du
foleil \ ce qui fait qu'ils tiennent toujours les yeux à demi-
fermés , & qu'ils ne paroiffent pas pendant le jour.
KACONGO. Voyez Caconc-o.
KADELBOURG, village de Suiffe, au comté de
Bade. Il appartient au chapitre des chanoines de Zur-
zach. * Etat & délices de la Suiffe, t. 3 , p. 143.
KADESCH. Voyez Cades.
KADSUSA , province du Japon , dans le pays à'0~
chio , entre celles d'Ava au midi , & Simoofa au nord.
Elle a trois journées de long du nord au fud, & eft di-
vifée en onze diftri&s. Le pays eft extrêmement mon-
tagneux.
KADÙMIN. Voyez Çadumin.
KAEN, royaume d'Afrique, au fud de la rivière de-
Gambra , à l'eft de celui de Fonia , dont il eft féparé
par la rivière de Vintam ou Bintam. On donne à ce
royaume vingt-trois lieues d'étendue le long de la Gam-
bra ; les lieux les plus confïdérables font Tankrowal &î
Tendebar. Cet état eft gouverné par un empereur &
un roi, tous deux Mandingos. * Carte de la Gambra,
: Voyez»
KjENOPOLIS. Voyez C&NÛPOI.ÎS.
KAjEI-TE-FOU, ville de la Chine, dans la pro-
vince de Honan. Le P. GozaniJéfuite, {Lettres élif. 1. 1,
p. 2 , ) qui nous en apprend le nom , n'a point marqué
fa pofition plus précifément. Je ne la trouve point dans
les liftes de l'Atlas Chinois.
KAFFA ou Kefet. Voyez Caffà.
KAFFUNGEN , ou Cappung , en latin Confu-
S'a, monaftere & petite ville d'Allemagne , au pays de
effe , dans le diocèfe de Paderborn , près de Caflel.
Sainte Cunegonde , impératrice, femme de l'empereur
S. Henri , y fit bâtir un monaftere célèbre de religieu-
fes , fous le titre de la Sainte-Croix , vers l'an 1018,
pour acquitter un vœu qu'elle âvoit fait durant la mala-
die qui l'avoit retenue en ce lieu ; elle s'y retira après
la mort de S. Henri , s'y fit religieufe, & y mourut en
1040; mais fon corps fut porté à Bamberg, & mis au-
près de l'empereur, fon mari. * Bailla , Topogr. des
Saints.
KAFRE-CHIRIN , ville de Perse. Tavernier qui la
met à 71 d. 50' de longitude , & à 34 d. 40' de latitude,
dit dans fon Voyage de Perse, /. 3 , c. dernier; Ce ft^ert
qu'une petite ville, mais qui a été autrefois fort grande.
Elle fut bâtie par un roi de Perse, appelle Nouchireuon-
Aadel, furnommé le Jujlc. C'eft fur les faits & les dits
de ce roi , qu'eft fondée la morale des Perfiens.
KAHT , ville de la Tartarie , datis le pays de Cha-
rasme, à 41 d. 45' de latitude , fur la rive feptentrionale
de la rivière de Khéfell , vers les frontières de la grande
Bucharie. Elle eft presque ruinée. * Hijl. généalogique
des Tatars , p. 738.
1. KAI , rivière de la Tartarie, où elle traverse le
pays d'ALSOG , qui eft la Sogdiane des anciens. *Abul-
féda , Corasm. Descr. p. 33 , edit. Oxon.
2. KAI , ville de la Chine , dans le Pékéli , au dé-
partement de Taming , feptiéme métropole de cette pro-
vince ; elle eft d'un d. 56' plus occidentale que Pékin,
fous les 36 d. 20' de latitude. * Atlas Sinenfis.
3. KAI, province du Japon, dans la grande ifle Ni-
phon ; elle eft au nord de Surunga , & à l'occident du
Muiâfi, dont la capitale eft Jédo. C'eft de cette province
que les Japonois tirent leurs meilleurs chevaux. *Note$
du P. Charlevoix.
KAIEN, ville de Perse, à 83 d. 20' de longitude,
& à 36 d. 22' de latitude, .félon Tavernier, Voyage de
Perse, l. 3. c. dernier. Cette ville jouit d'un très-bon
air; il y a d'excellens fruits, & elle eft en réputation
de nourrir les pli s beaux esprits de la Perse.
KAIGOROD , ville de Ruffie, fur IaKama, dans la
Permie, aux confins de la Zyranie. On la nomme auffi
Heigorodeck ; c'eft, dit Isbrand Ides, c. 17, une
forterefle paflablement grande ; vers l'an 1692, elle fut
incendiée & pillée par des bandits. Corneille parle ainft
KAI
KAK
He cette même ville ', fur la garantie d'Adarrï^Branrz l
auteur d'un Voyage deMoscovie à la Chine. (Ce voyage
eft inféré dans celui de le Brun , p. loi.) Il nomme cette
ville Kaïgerod. Elle eft , dit- il, fituée fur la rivière de
Kama, & pourvue d'une forte garnifon ; on veille avec
foin à la confervation de cette place , à caufe que les Zy-
rianes qui l'habitent , font gens à qui on ne peut fe fier
entièrement : d'ailleurs elle eft fouvent attaquée par des
voleurs , qui ont la témérité de tout entreprendre. Ce
peuple a fa langue propre , toute différente de celle des
Rufîîens, quoique les uns &t les autres profeffent la même
religion.
KAIMACHITES , (les) peuple d'Afie , dans la
grande Tartarie, fort étendus le long de Ghamma, au
Septentrion des pays de Thibet &C de Tangut , félon
Baudrand, éd. 1705, qui ajoute: on n'en parle point
dans tous les Itinéraires récens , & dans les relations
les plus exaftes que l'on puiffe recouvrer de ces pays ;
c'eft infinuer que ce peuple n'a pas beaucoup de réalité,
ou du moins qu'il ne fubfifte plus en ce lieu-là , ni fous
ce nom.
Edrifi , géographe de Nubie , fait un royaume du pays
des Kaïmachites , &c dit qu'il y a feize villes. On ne fait
guère aujourd'hui où placer le royaume &i les villes.
KAIRAVAN. Voyez CaïRavan.
. KAIRIOVACOU , petite ifte de l'Amérique , & la
plus belle des Grenadines , c'eft-à-dire de ces petites
ïfles qui font au nord de la Grenade , l'une des An-
tilles de l'Ame;rique. Elle a environ huit ou neuf lieues
de circuit, tk une très-belle baie en demi-rond du côté
du nord. Au feptentrion de cette baie , il y a un gros
rocher qui couvre un des plus beaux havres , qu'on puiffe
trouver dans toutes les ifles. Le P. du Tertre qui s'eft ar-
rêté long-tems à celle-ci , &. qui a examiné attentive-
ment tout ce qu'elle a de particulier , dit qu'allez pro-
che de fon havre, il y a un étang d'eau faumcxhe, c'eft-
à-dire, à moitié (alée, qui doit être de quelque fontaine
d'eau douce , qui fe vient perdre dans l'eau falée , qui eft
au bord de la mer. La couleur de cette eau eft rouge
comme du fang ; les crabes qui en fortent font colorés :
le fond ne laiffe pas d'être de fable blanc , mais couvert
de limon rouge; ce qui donne lieu de croire que cette
eau pafte au travers d'une mine d'ochre. Le fel de cette
îfle eft noir, & elle a toutes les apparences d'une terre
très-fertile: on y voit dugibier de toutes fortes , & en
abondance, fur-tout un efpece de phaifans, qui y font des
cris confus, plus forts & plus importuns que ceux de plu-
fieurs poules qui viennent de pondre.
1. KAIROAN, ou Kaïravan , ou Grenne, ville
d'Afrique. Elle répond à l'ancienne Cyrène de la Penta-
pole. Voyez Caïravan & Cyrene.
2. KAIROAN, Kaïraoan, ou Caïroan, Caï-
KAOAN, & par corruption Carvan, ville d'Afrique, dans
un gouvernement de même nom, au royaume de Tunis,
& par conséquent bien loin de la première , 5c beau-
coup plus au couchant , y ayant un grand golfe entre
deux. Cette dernière a été autrefois la capitale d'un petit
royaume. Marmol en parle ainfi, /. 6, c. 34 : c'eft une
grande ville , nommée proprement en Arabe Caïra-
VEN. Elle doit fa naiflance à Occuba, général de l'ar-
mée d'Odman, fucceffeur de Mahomet, & troifiéme Ca-
life, environ l'an 651. Elle eft dans une plaine, & les
hiftoriens Arabes affurent que c'eft la plus belle ville &
la meilleure qui fe foit bâtie en toute l'Afrique. Elle ne
fut fondée que pour fervir de retraite à leur armée, &
renfermer les richeffes & les tréfors qu'ils rerriportoient
de toute la Barbarie, &c de toute la Numidie , après le
fac de Carthage. Tout le pays d'alentour n'eft qu'un dé-
fert fi fablonneux, qu'il n'y croît ni bled ni fruit; &C on
les y apporte par charroi des villes de la côte , dont la
plus éloignée n'eft qu'à quatorze lieues. Il y a une mon-
tagne à quatre lieues de la place , qui étoit fort habitée
du tems des Romains; & l'on y voit encore, en divers
endroits des ruines de fuperbes bâtimens : maintenant ce
font des forêts de Carrobiers, & des fontaines par-tout :
au lieu que clans la place que nous décrivons, on n'y
rencontre ni fource , ni puits , ni rivière , mais feulement
de grandes citernes, où l'on recueille l'eau de la pluie.
Au refte , il y en a de fi grandes hors de la ville , qu'elles
fervent pour abbreuver le gros &t le menu bétail ; ik l'on
y aborde de tous côtés en fi grande foule . que fouvent
^3 3
il n y a pas d'eau jusqu'au mois de Juillet ; car les Ara-
bes de Numidie viennent en été paître leurs troupeaux
aux campagnes d'alentour ; ce qui redouble la dilefte de
bled & d'eau ; mais ils apportent tant de chair Se de
dattes de foixante ou foixante & dix lieues loin , que cela
fupplée à rout. On accouroit autrefois en cette unïver-
fitéde tous les côtés de l'Afrique, comme les François
font à Paris, & les Espagnols à Salamanque ; & leurs an-
ciens écrivains , & leurs vieux dofteurs , fe vantent d'a-
voir étudié-là. Mais elle a été tourmentée & ruinée par
les Arabes , ce qui joint au défaut de vivres , qui s'y ren-
contre dans les mauvaifes années, l'a empêchée long-tems
de fe rétablir. Ceux qui y demeurent à préferît, font dé
pauvres gens , qui apprêtent fort délicatement les peaux
d'agneaux, dont les feigneurs, & les principaux d'entre
les Arabes portent des camifoles. Sous le règne du père de
Muley-Halcen , elle étoit fi chargée d'impôts , quequand
Barberoufle fe rendit maître de Tunis , elle reçut volon-
tairement une garnifon de Turcs. Depuis , quand l'em-
pereur chaffa Barberoufle de Tunis , elle élut pour roi le
principal Alfaqui de la grande mofquée , pour ne point
retomber fous la puifîance de ces princes. Celui-ci , à la
faveur du peuple , & de quelques Arabes , fe faifît de
pluneurs lieux de la contrée , & prit le titre de roi de
Carvan. Il régnoit encore , lorsque l'armée de l'empe-
reur s'empara de la villed'Afrique , & entretenoit alliance
avec le roi de Tunis, ayant marié l'une de fes filles à
l'un de fes fils. Pour cela donc , & pour chaffer Dragut
de la ville d'Afrique , il fournit quelques vivres aux Chré-
tiens , & quelques troupes , pour allurer la campagne ,
fans vouloir fecourir Dragut , quand il vint pour faire
lever le fiége ; ce qui fut caufe que Dragut conjura con-
tre lui , avec quelques Alfàquis, & quelques habitans de
la ville ; & y étant entré de nuit à l'improvifte, il le tua
& fe rendit maître de la place , qui eft encore aujour-
d'hui au pouvoir des Turcs. Elle a une autre ville qui y
eft attachée , ou plutôt un grand fauxbourg bâti par Sab-
dela, dernier roi de la maifon d'Agleb, à caufe du grand
concours du peuple qui y arrivoit de toute part , depuis
fes conquêtes d'Italie; de forte que l'ancienne ville n'é-
toit pas fufhTante pour les loger ; ce qui fait que les Arabes
nomment cette place les deux villes. Voilà toutes les
places de la province , qui font au-dedans du pays.
KAIS, ifle de l'Arabie heureufe, éloignée du rivage
de la mer de quatre lieues : il y a une pêcherie de per-
les. * Mff. de la Biblioth. du roi.
KAISERBERG , orthographe vicieufe pour Kay-
SERSBERG,
KAISERSHEIM , Cœfarea , abbaye 'd'hommes , or-
dre de Cîteaux , dans la Bavière , au duché de Neu-
bourg, dans le diocèfe d'Augsbourg, fondée, l'an 1132
à une lieue au nord de Donavert, L'abbé a féance au
banc des prélats du Rhin.
KAJUTSIU, ou Caoyeu, ville de la Chine, dans-
la province de Kiangnan, au département de Yangcheu,
feptiéme métropole de cette province , à l'entréedu lac
de Piexe. Elle eft de z d. il' plus Orientale que Pé-
kin, à 33 d. 33' , de latitude. Elle eft fituée à côté du
canal royal , fort peuplée , & a des fauxbourgs embel-
lis de très-magnifiques bâtimens. Son territoire a desha-
tans & des édifices, du côté de l'orient, en fi grand nom-
bre, qu'on le prendroitpour une grande ville : vers l'oc-
cident, on ne voit presque que des eaux, des rofeaux, Se
des joncs, que l'on donne à ferme au profit du public»
On s'en fert au lieu de bois & de tourbes , & il eft rare
que l'on voie des arbres dans ce quartier. C'étoit au
pied des murailles de Kajutfiu , que tous les vaifleaux
qui vendent de Nanking, par la grande rivière de Nan-
king , étoient autrefois contraints d'arrêter durant les
tempêtes ; mais ces retardemens nuifant au commerce, il
fut jugé à propos, pour éviter les périls du lac, de per-
cer à l'on côté oriental , un canal, long de quatre lieues ,
qui fut garni de pierres de taille blanches , carrées & très-
grofles. * Atlas Sinenfis. Ambaffade des Hollandois à la
Chine , c. 37.
KAKEGAVA, ou Kakinga, ville du Japon , fur
la route de Fammamatz à Iédo, à deux lieues de Fu-
kuroy. Ksempfer , Hift. du Japon , /. 5 , c. 1 1 , p. i\ z ,
en parle ainfi : cette ville a des portes & des corps
de garde avec un fauxbourg à chaque bout. Le château
eft au côté feptentrional , fk confifte en un grand bâti-
Tomtlll, LUI
634
KAL
KAL
ment quarré , entouré d'une muraille toute unie fans
corps-de-garde , ni aucune autre défenfe. Au milieu du
château , eft une magnifique tour blanche , haute de plu-
sieurs étages avec les ornemens ordinaires. L'an 1691,
une partie des maiibns fut réduite en cendres , par un
accident. Cette ville eft affez proche de la mer , ck
dans la province de Tootomi , au fud-oueft de celle de
Surunga.
KAKHRA, château d'Ane , au pays de Roum , fut
la frontière de Syrie. * Hift. de Thimur-Bec, t. 3.
KAKINGA, Voyez Kakegava.
KAKOUCHAS , (les) peuples de l'Amérique , dans
la Nouvelle France. Ils ont leur habitation vers la côte
feptentrionale du grand fleuve de S. Laurent , à l'en-
droit où ce fleuve groffit des eaux du Saguenay. *Baudr.
édition 1705.
Ce peuple ne fe trouve plus fur les cartes modernes.
Il étoit aux environs de TadouiTac , au-deffous de Ké-
bec, dans le Saguenay.
KALA. Voyez Cala ck Chellés.
KALAAR, ville d'Ane, dans la Perfe. Tavernier,
Voyage de Perfe , t. 3 , c. dern. lui donne 76 d. zf de
longitude, ck 37 d. 2.5' de latitude. C'eftune des plus
coniidérables du pays de Ghilan , fck on y fait une grande
quantité de foie.
KALA , KuLUSTAHAN , montagne de Perfe , a de-
mi-lieue de la ville de Baku. On voit au pied de cette
montagne les reftes de la muraille , ck des tours d'une
ancienne fonereffe. Il y en a de rondes, encore affez
entières , ck quelques fondemens féparés de la muraille,
fur le penchant de la montagne à droite , entre de gros-
fes pierres qui paroiffent au-deffus de la terre , en def-
cendant. Il y en avoit de femblables à gauche, vers le haut,
proche de la tour , ck une plus groffe que toutes les au-
tres fur le fommet de la montagne. Cette montagne eft
efcarpée. Au fommet , eft une voûte fouterreine , où l'on
defcend fept à huit pas au fud , par une grande arcade
de groffes pierres polies ck bien jointes ; mais elle eft
enfoncée ck remplie de décombres. Il y a une autre ar-
cade entière, vis-à-vis de celles-ci, au nord-eft, dont l'ou-
verture fait horreur, en jettant la vue en bas , à caufe
de fa profondeur , entre les montagnes qui l'environnent ;
auffi n'y a-t-il point de murailles de ce côté-là , dont
on n'a pu approcher. Ces deux arcades , qui fervent
d'entrée à cette voûte , font à quarante - quatre pas de
diftance l'une de l'autre. Lorsqu'on eft descendu dans
cette voûte , on trouve à droite un paffage affez court
ck affez étroit , avec une espèce de fenêtre , qui donne
contre le rocher de la montagne. On paffe à gauche de
l'autre côté qui eft à l'oueft , par-deffus une arcade en
forme de porte , mais fi baffe qu'on eft obligé de fe cour-
ber pour entrer dans un petit appartement , duquel on
paffe dans un autre femblable par une petite allée , ck
de-làdans un troifiéme, lesquels font très-bien voûtés.
La muraille fur laquelle ces voûtes font pofées , a cinq
pieds d'épaiffeur à l'entrée , ck huit en avançant; ck ces
appartemens où ces voûtes font féparées les unes des au-
tres , par de petits paffages. L'auteur, cité à la fin de cet
article n'ofa y entrer à caufe de l'obscurité , outre que
le chemin de la dernière voûte étoit rempli de pierres
ck de décombres ; & il conclut néanmoins , qu'il falloit
que la plus grande partie de ces voûtes traversaffent la
montagne à l'oueft ck au nord-oueft , où eft fa longueur.
J'observai auffi , dit-il, que les pierres des voûtes des paf-
fages, qui font plates , étoient de la largeur de ces paf-
fages , pofées par les deux bouts fur les murailles , ck que
toutes les pierres y étoient bien jointes , ck bien cimen-
tées , quoiqu'elles ne le foient pas fi proprement que
celles de bâtimens des anciens, ck fur- tout des Romains
qui ont excellé en cela. *Le Brun , Voyages de Mos-
covie, de Perfe, ckc. c. 31,/'. 154.
Au fortir de ces voûtes fouterreines , l'auteur mefura
la largeur de la montagne par en-haut, ck trouva qu'elle
avoit environ cinquante pas, à l'endroit le moins large ,
ck quatre-vingt au nord-oueft : on trouve, vers le milieu
de cette montagne, un grand puits , dont on n'ofe appro-
cher , les bords en étant dangereux. Les tours dont eft
flanquée la muraille du bâtiment qu'on voit fur la mon-
tagne, font à foixante-dix ou quatre-vingt pas de diftance
les unes des autres , à l'endroit où elles font le plus pro-
ches ; cette muraille descend beaucoup plus bas autour
de la montagne à l'eft , où elle a peut-être bieri un de-
mi-mille de long. On dit que c'étoit une fortereffe dé-
molie par Tamerlan.
KALASSUI, rivière d'Ane, dans la Tartane, On la
nomme préfentement Orthon. Elle a fa fource dans le
pays des Mongales vers les 45 d. 40' de latitude, ck court
du fud-fud-eft au nord-nord-oueft. Elle vient enfuite fe
jetter dans la Selinga , à 50 à. de latitude. C'eft fur fes
bords que le Kam des Kalcka-Mongales fait ordinaire-
ment fon féjour. C'eft encore aux environs de cette ri-
vière, que le Kutuchta, ou grand-prêtre des Mongales de
l'oueft , fe tient à préfent. Il étoit autrefois accoutumé
de camper vers Nerzinskoi , ck au bord de la rivière
d'Amù ; mais depuis que les Ruffes fe font établis en
ces quartiers , il ne paffe plus en deçà de Selingiskoi.
C'eft aux environs de la rivière d'Orthon , ck même vers
la Selinga, du côté de Selingiskoi qu'on trouve abon-
dament la rhubarbe ; ck tout ce que la Ruffie en fournit
aux pays étrangers , vient des environs de cette ville.
Comme cette racine eft fort eftimée en Europe , le tré-
for de la Sibérie n'a pas manqué de s'emparer de ce
commerce , qui pourrait être fort avantageux à la Ruffie,
s'il étoit fidèlement adminiftré ; car , dit l'auteur cité ,
je ne fâche pas qu'il en vienne préfentement d'ailleurs
que de la Ruffie. S'il en eft autrefois venu de la Chine ,
c'étoit de la rhubarbe qui y avoit été portée du pays des
Mongales ; d'autant que les caravanes de la Sibérie ont
fait, dans les tems paflés, quelque négoce de cette racine
à Pékin. Mais à préfent que les Européens la tirent di-
rectement de Ruffie , on ne trouve plus à la débiter
à la Chine. La rhubarbe croît en fi grande abondance
dans le territoire de Selingiskoi, que le tréfor de Sibérie en
vend jusqu'à 15000 livres à la fois. *Hift.desTatars, p. 181»
A l'égard de la rhubarbe , voyez l'article Rha.
KALCHREIN , Cdla B. M. adClivuma Calcarium;
abbaye des filles de l'ordre des Bernardines , dans le bas
Thourgaw, en Suiffe , entre Steineck &c Herderen. Elle
fut fondée environ l'an 1214, par un baron de Hohen-
Klingen. L'an ifzi, cette abbaye fut entièrement con-
sumée par le feu , avec tous fes titres : fa perte fut fi
grande, qu'elle demeura quarante ans déferte. A la fin
on la rebâtit ; ck maintenant il y a vingt religieufes avec
une abbeffe, fous l'inspection de Vetteingen.*.Eta£ &
Délices delà Suijfe, t. 3 , p. 171.
KALCKBERG , fortereffe d'Allemagne. Voyez Lu-
NEBOURG.
KALEBERG , Mons- Calvus ; on l'appelle auffi le
Mont de Sainte-Croix , à caufe d'un monaftere de ce
nom, qui y eft fitué. Montagne de Pologne, au Palati-
nat de Sandomir , au couchant de la Viftule. C'eft le mont
le plus haut de tout le royaume, ck il n'y a point d'ar-
bres, d'où lui vient fon nom de Kaleberg. Le monas-
tère de Sainte-Croix eft une abbaye de Bénédictins, oit
l'on garde une portion de la vraie Croix, qui l'a rendu
fameux par plufieurs miracles. *Andr. Cellar. Descript.
Polon. p. 191.
KALENBERG. Voyez Calenberg.
KALENHAUSEN, ou Calbenhenhausen , ou
Kalenhusen. Voyez Calone. i.
KALEWAKO, rivière des Indes, dans le royaume"
de Vifapour. Elle prend fa fource dans la province de
Balaguate. Elle prend d'abord fon cours du nord au fud,
puis vers le couchant, ck fe rend dans la mer à Dabul*
qu'elle arrofe. * Voyages de Mandeflo. Robert de Vau-
ogndy, Atlas.
KALIN , ville de Perfe. Selon Tavernier , Voyage de.
Perfe, 1. 3, c. dern, elle étoit à 87 d. 5' de longitude,
ck à 31) d. 15' de latitude. Son territoire eft fertile en
bled : il y croît de très-beaux fruits , ck on y nourrit aufli
beaucoup de bétail.
KALINBOURG , ville de Danemarck , dans l'ifle de
Séhnde.Hermamdès,(DaMœDefcript.p.6<)4,) l'appelle
Kalundborg, ouCallunlurg ; en latin Calumburgum, Cette
place eft fituée au fond d'un golfe , dont l'ouverture eft
à l'entrée feptentrionale du grand Belt. Il y avoit autre-
fois une citadelle. Ce lieu s'appelloit autrefois Hervig;
ck des pêcheurs y avoient leurs cabanes , lorsque Esber
Snare , frère d'Abfalon, evêque de Rofchil, en fit une
ville, l'an 1158 , ou 1171 ck y ajouta une citadelle ,
une églife , ck divers édifices. Le golfe y forme un ha-
vre naturel , où les vaiffeaux font, en fureté. Saxon le
KAL
KAL
Grammairien la nomme Kallunda, ck Meurnus Kallim-
(Itburgum ; (De l'Ifle dit Kallundborg.~) Ce flît-là que ter-
minales jours Chriftienne II, l'an 1559- Ceft. le chef d'un
bailliage confidérable, & quelques-uns en font un comté.
KALIS, petite ville de l'Allemagne , dans la nouvelle
Marche de Brandebourg , fur un petit lac formé par la
rivière deTrage, peu loin de Furftenau, ck des frontières de
Pologne, à trois milles d'Arnswalde, Se vis-à-vis deFride-
land, ville de la Pomerelle. *Ztyler, Brand. Topogr.^. 36.
1. KALISCH, province de la baffe Pologne , avec
titre de Palatinat. Baudrand , édit. 1705 , écrit , Kaliss,
Sr.De l'Ifle Kalïsh. Elle eft fur la rivière de Warte, en-
tre le Palatinat de Pofnanie , au couchant ; de Siradie
au midi ; de Sendomir au fud-eft ; de Lencicza ck de
Cujavie , à l'orient ck au nord-eft. Sa principale ville eft
Gnesne. Les autres lieux remarquables l'ont Kalifch, dont
elle porte le nom , Freybach ck Nackel.
2. KALISCH, ville de la grande Pologne, dans la
province de même nom, entre des marais , & fur leruis-
feau de Profna, qui le rend un peu après dans laVarte.
Elle fut prife ck maltraitée par les Suédois , durant les
guerres du fiécle paffé. Il y a un magnifique collège de
Jéfuites, fondé parSranillas Carneowski , archevêque de
Gnesne. Elle eft à cinq milles d'Allemagne de Siradie,
au feptentrion ; autant des frontières de Siléfie, ck à douze
de Breflau. * Bandrand , édit. 1705.
KALKA-LARGAR, contrée de la Tartarie, près de
la grande muraille de la Chine , arrofée par la petite ri-
vière Aypeyha-Mouren. Il eft habité par des Mogols.
* Hifi. ginér. des Huns, par M. de Guignes , /. 4, p. 239.
KALKAS, branche des Mogols , qui ont été maîtres de
la Chine , en ont été chaffés , & habitent actuellement
Ja Tartarie. Vers l'an 1170 , les Chinois chafferent entié-
Tement les Mogols de la Chine, ck rentrèrent fous la
domination d'un prince de leur nation. Les Tartares
retournèrent en Tartarie, où ils prirent le nom de Kal-
kas, à caufe de la rivière de Kalkipira. Ces Kalkas ha-
Litent depuis la Jenifen jusques vers le 134e d. de longi-
tude. On ne trouve point la fuite de leurs princes. Peu
après leur retour dans la Tartarie , toutes les hordes fe
dispersèrent , 6k chaque chef devint comme fouverain
dans fa horde. Les Chinois les attaquèrent, Si les pour-
fuivirent affez avant dans le nord. Les Kalkas, à la fin,
fe fournirent à trois princes ; (ce fut vers l'an 1688.) Ces
chefs prirent le titre de Kans. Un d'eux fut pris & tué
par les Eleuthes ; le fécond fe fauva , avec la plupart
de fes fujers dans les forêts qui font au nord du Toula;
le troifiéme campa fur les bords de Kerlon , afin d'être
toujours p'êt de fe fauver dans le pays des Mantcheous ,
en cas que les Eleuthes le vmffent attaquer. Par la fuite ,
ces deux princes fe fournirent à l'empereur de la Chine,
qui leur affigna des terres.
Le pays que lesKaikas habitent à préfent, eft borné
à l'eft par la Tartarie orientale ; au fud , par la grande
muraille de la Chine ; à l'oueft, par le pays des Eleuthes
ou Kalmoi.ks. 11 y a plus de de, x cents lieues , de l'eft
à l'oueft , c'eft-à-dire , depuis le mont Altài jusqu'à la
province deSolon, ck du nord au fud depuis le 50e d. de la-
titude, jusqu'à l'extrémité méridionale du défert de Cha-
mo. C'eft dans cette partie que fe font formés tous ces
grands empires , dont il eft parlé dans l'Hiftoire de la
Tartarie. On y trouve les rivières de Kalkapira, de
Kerlon , de Toula , deToui , de Selinga, d'Altai ou de
Sibà, de Dfan où Tsan-Mouren, d'Ergoué & autres. Le
Kan des Kalkas réfide fur la rivière d'Orkhon , dans un
lieu nommé Urga ou Hargas , à deux journées de Se-
linghinskoi , vers le fud eft. Plufieurs petits Khans qui
habitent vers les fources de la rivière de Jénifea , &
près des déferts de Goby, lui payent tribut. Il s'eft fou-
rnis à 1 empereur de la Chine , pour pouvoir en être
appuyé contre les Kalmouks. Mais cette foumiffion n'eft
que précaire ; il ne lui paye aucun tribut , & lui fait feule-
ment des préfens.
Le nom de Kalkas , paroît être réfervé aux descen-
dans des Mogols de la Chine , qui fé retirèrent vers
les rivières de Selinga , d'Otkhon , de Toula & de Her-
bon, où ils fondèrent un empire , fous le nom de Kal-
kas. Leur langage eft le Mogol. Les carafteres qui font
fur les anciens monumens, font les mêmes que ceux
d'aujourd'hui : ils diffèrent de ceux des Mantcheous. Ils
font d'une taille médiocre, mais robufte ; ont la face
large ck plate , le teint bafané , le nez plat , les yeux
noirs , les cheveux noirs ck àuflî forts que le crin : ils
fe les coupent ordinairement àffez près de la tête , 6k
n'en laiffent croître qu'une touffe au fommet de la tête.
Ils ont peu de barbe. Ils font greffiers , mais d'un affez
bon naturel. Ils font fales dans leurs tentes ck leurs ha-
bits. Ils font fort habiles à dompter les chevaux , ck à
tirer de l'arc. Ils font fi pareffeux qu'ils aiment mieux
manger de l'herbe , que de cultiver la terre. lis n'efti-
ment les chofes qu'autant qu'elles font utiles , ck n'ont
aucun égard à la beauté. Ils font d'un caraâere extrême-
ment gai. Ils s'occupent principalement à la chaffe , ck
à la pêche. Leur habit ordinaire eft compofé de peaux
de mouton , d'agneau dont ils tournent la laine du côté
du corps; Leurs armes font la pique , l'arc ck le fabre.
Leurs troupeaux font compofés de chevaux , de chameaux,
de vaches, ck ce moutons. Leur religion eft celle de Fo
qu'ils appellent Tuchekï : ils croient à la transmigation
des âmes ; rendent une obéiffance aveugle aux Lamas ,
qui paffent pour favans , lorsqu'il favent lire leurs livres ,'
qui font écrits en langue du Tibet. Ces Lamas font fort
ignorans, leur libertinage eft exceffif; ils ne s'occupent
qu'à courir les tentes , où ils répètent certaines prières ,
pour lesquelles ils fe font payer , ou à quelques pratiques.
de médecine , dans lesquelles ils fe prétendent fort ha-
biles. Ils n'ont point de facrifices, ni l'ufage des offran-
des : le peuple fe met fouvent à genoux devant eux, pour
recevoir l'abfolution ; ils prétendent auffi avoir le pou-
voir de faire tomber la grêle ck la pluie. On croit que
ces Lamas n'ont paffé en Tartarie que fous le règne de
Kublai-Khan ; mais il eft certain qu'il y en avoit au-
paravant. Quelques-uns penfent qu'ils font desreftes des
Chrétiens, qui étoient en Tartarie, fous le règne du même
prince ; ck ils fe fondent fur ce que les Lamas emploient
l'eau bénite, chantent dans le fervice divin , prient pour
les morts , portent la mitre comme nos evêques , ck ont
d'autres cérémonies & coutumes qui reffemblent à celles
des Chrétiens. Cette conjecture eft du P.Gerbillon. Ces La«
mas ont à leur tête unKoutouktou ouFo vivant, qui réfide
à Koukou-Hotun, ck qui eft envoyé par le grand Lama i
mais celui des Kalkas n'eft point fournis au grand Lama ; iï
s'eft fouftrait peu-à-peu de (on autorité. On le regarde com-
me un dieu , ck il a fous lui plufieurs autres Koutouktous.
Le peuple eft perfuadé qu'il vieillit à mefure que la lune
décline , ck que fa jeuneffe recommence avec la nou-
velle lune. Dans les grands jours de fête , il paroît au
fon des inftrumens, fous un magnifique dais de velours
de la_ Chine, ouvert par-devant. Il eft affis fur un grand
couffin de velours , les jambes croifées, avec une figure
de Fo à chaque côté. Les autres Lamas de diftinftion
font au-deffous de lui fur des couffins moins élevés ,
lifent fans articuler. Après que le peuple s'eft profterné
devant cette affemblée , les Lamas apportent des encen-
foirs avec des herbes odoriférantes ; on encenfe d'a-
bord Fo , ensuite le Koutouktou ck le peuple. On ap-
porte, après cela, plufieurs vafes de porcelaine , remplis
de liqueurs, ck de confitures. On en place fept devant
chaque image de la divinité, autant devant le Koutouk-
tou , qui en goûte un peu, ck fait diftribuer le refle aux
chefs des hordes. Ce Koutouktou n'a pas de demeure
fixe ; comme ie Dalai-Lama ou Grand-Lama. Pendant
l'été , il campoit quelquefois aux environs de Nerchins-
koi ; mais depuis que les Ruffes fe font emparés de ce'
canton , il ne paffe plus au-delà de Selinghinskoi. On le
voit ordinairement fur les rivières d'Orkhon , deSelinga,
ck d'Urga, où il eft toujours environné d'un grand nom-
bre de Lamas , ck de Mogols armés. Le peuple fe pré-
fente fur fa route, pour recevoir fa bénédiftion.
Tel eft l'état aftuel de ces anciens maîtres de la Chine
ck de toute l'Afie. Ces peuples, après avoir eu parmi eux
les plus grands hommes dans les feiences , dans le gou-
vernement ck dans la guerre ; après avoir adopté les
loix d'un peuple anffi policé que la Chine , ont tout laiffé
en paffant la grande muraille ; ck ils font rentrés dans là
Tartarie, auffi greffiers qu'ils en étoient fortis. Ils ont enfin
repris leurs tentes ck leurs troupeaux; c'eft ce qui eft ar-
rivé à toutes les nations Tartares , qui ont conquis la
Chine, ck en ont été chaffées. * H'ifl. générale desHuns%
par M. de Guignes , /. 4, p. 234 &fuiv.
KALKULÀN , grand lac de la Tartarie Moscovite,
d'où fort finis.
TomtUI, LUI ij
6},6
KAM
KAM
KALLUNDA, ou
KALLUNDBORG, ou
KALLUNDEBURGUM. Voyez Kalînbourg.
KALM1NTZ, ouKalmuntz , village d'Allemagne,
'en Autriche , aux confins de la Moravie , près des four-
ces de laTaye , à dix lieues au-deffus de Naïm. On croit
que c'étoit la Celemantia de Ptolomée.
KALMUCS. Voyez Calmoucks.
KALNICK, ville de Pologne, au Palatinat de Bracklav,
fur la rive occidentale du Sup , ruiffeau qui tombe dans
la rivière de Boh. Elle eft à l'orient , 8e à îix milles d'Al-
lemagne de Bracklaw , Se eft bien fortifiée. Elle eft di-
vifée en trois parties , qui ont chacune leurs murailles ;
ce qui la rendoit autrefois confidérable. L'an 1674, elle
fe rendit au roi de Pologne, après avoir perfifté dans la
rébellion pendant vingt-fept ans. *Andr.Cellar. Descript.
Polon. p. 370.
KALNE. Voyez Calné Se Calanna.
KALO , forterefle de la haute Hongrie , dans le comté
"de même nom , félon Baudrand , qui y met un ruiffeau
de mêmenom. Il dit qu'on la nomme auffi Nagh-Kalo ,
Se qu'elle eft à trois milles de Debrecin , Se à quatre de
de Tokai. Il paroît avoir confulté la carte de Hongrie
par De Vitt. On y voit un bras de la Theiffe qui s'en fé-
pare entre Samos Se Tokai , Se forme des inondations
où font quelques ifles. Dans l'une eft K.ALO, ou Kallg,
qui doit être le Kalo , ou Nogh-Kalo de Baudrand ; Se
à l'orient de ce bras de la Theiffe , eft une bourgade
nommée Kisch-Kallo. Dans cette carte, ces deux
lieux font du comté de Zabolc. Corneille parlant du
comté de Kalo le nomme Bihorienfis Comitatus , comme
fi Kalo avoit quelque chofe de commun avec le comté
de Bihor, qui eft borné au nord par les comtés de Krafna
& de Zabolc. Kalo eft marqué par De l'Ifle , dans le
comté de Zatmar , aux confins de celui de Zabolc. Le
ruiffeau de Kalo de Baudrand , 8e le bras de la Theiffe
de De Vin , disparoiffent dans la Hongrie de De l'Ifle ,
publiée en 1717.
KALOS-LIMEN. Voyez Calos.
KALTERBORNE , abbaye d'hommes , ordre de
S. Benoît , en Allemagne, dans la baffe Saxe, au dio-
cèfe d'Hildesbeim.
KALT-VÉHÉBRUNNEN, fontaine de Suiffe , à
une lieue Se demie deLucerne, au-deffus de la vallée d'Ei-
genthal, en montant au Mont-Pilate. On lui attribue la
vertu de guérir la fièvre tierce. On n'a, pour cela, qu'à en
boire tant qu'on en peut avaler. *Etat & Délices de la
Suiffe, t. 2, p. 394.
KALVE. Voyez Calb.
KALVORDE. Voyez Calvorde.
KAM, en Suiffe. Voyez Cham 3.
KAMA , (la) grande rivière de l'empire Ruflîen.
Elle a fa fource au pays des Czérémiffes , dans les ma-
rais qui font au midi des vaftes forêts des Ziranni ; de-
là, ferpentant vers le nord-eft,le long de cette forêt, elle
baigne une lifiere de la province de Viatka , puis une
partie du pays des Ziranni , à l'extrémité orientale du-
quel elle reçoit le ruiffeau de Chasim Se celui de Nat-
CIMPERIS; unis dans un même lit, baigne la ville de
Kaigorod, g. circulant vers l'eft & le fud-eft, elle coupe
la province de Permie , où elle reçoit la Vifchora , g.
l'Ufolska, qui paffe à Solkamskaïa, g. l'Oreol, auprès
de la ville de même nom., d. le Jaïva, ruiffeau, g. ce-
lui de Sloutca, d. laSufov/a, g. un autre ruiffeau àRib-
naïa Sloboda , d. un autre à Sérapoulé , d. la Viatka à
Laifof; après quoi, elle fe tourne vers le couchant , Se
va fe perdre dans le Volga , au royaume de Cafan.
Adam Brandt , dans fon Voyage de Moscou à la Chine,
dit qu'elle eft plus large que le Vefer, Se coule avec
beaucoup de rapidité. Olearius dit que fes eaux font
noires; qu'à fon embouchure on voit deux ifles, dont la
plus grande eft nommée Zokol; Se en terre ferme, eft
un beau village nommé Pagantçina. Corneille le Brun,
dans fon Voyage de Mofcovie , c. 1 5 , p. 83 , dit : la ri-
vière de Kama tombe à gauche dans le Volga, à foi-
rante verftes de Cafan. Elle eft fort large, Se vient du
nord-eft avec un cours fi impétueux , qu'il fert feul à faire
aller les barques pendant plufieurs lieues. On dit que l'eau
en,„ br;,,n,e', ma,s 'e re 1Vl Pas trouvée ainfi. Il eft vrai
quelle eft fi douce, que celle du Volga en devient beau-
coup meilleure.
. KAMAKURA , ifle du Japon. Ce mot veut dire côté,
Elle eft fur la côte méridionale de Niphon, à une lieue
de la côte de Jédo , entre l'embouchure de la rivière
de Bansju Se celle de Fudfifava. Vis-à-vis du village de
Kawanda , on voit près de la côte un rocher en forme
de pyramide ; à une lieue plus loin des côtes, direftement
au fud-eft, eft la fameufe ifle de Kamakura , qui paroît
ronde, petite , d'une lieue de tour au plus , pleine de
bois de haute-futaie , Se plate. Les côtes en font extrê-
mement hautes , de forte qu'on les peut voir de loin ;
elles font escarpées Se pleines de rochers , Se il n'y a
aucun lieu pour y monter tout au tour de Fille : les ba-
teaux qui y portent des prifonniers , ou des provifions ,
doivent être élevés ou descendus par des grues Se autres
machines. Le P. Craffet , dans fon Hiftoire de l'églife
du Japon, t. 1 , p. 31, décrit ainfi cette ifle, fans h nom-
mer : les rois, (c'eft-à-dire lès grands,) qui ont fait
quelque faute confidérable , ne font jamais punis de mort;
mais font envoyés en exil dans une ifle qui a une lieue
de circuit, Se qui eft toute environnée de corps- de gar-
des. Comme l'ifle ne produit rien , on leur envoie tous
les mois ce qui eft néceffaire pour leur fubfiftance , qui
fe réduit à un peu de riz ; Se quelques racines. Ils
logent dans de petites hutes fort baffes , Se font expofés
à toutes les rigueurs des faifons, fans qu'on ait compafiïon
d'eux. Ils font obligés, outre cela , de travailler à ramaffer
de la foie \ Se à en préparer une quantité , félon la tâche qui
leur eft preferite. * Kœmpfer Hift. du Japon,/. 5, p. 224.
KAMAN , ville de l'indouftan , dans la presqu'ifle ,
d'en-deçà le Gange , au royaume de Carnate , fur la route
deTripi'ti à Gandicote, à dix-huit lieues de la première,
& à trente-fept ou trente-huit de la féconde ; à dix-huit
de Chandegri. * Robert de Vaugondy j Atlas.
KAMARAN. Voyez Camarana.
KAMENTS, ville d'Allemagne, dans la baffe Si-
léfie, au duché de Monfteberg , près de la rive Septen-
trionale de la Neiff , au levant de la ville de Varte.
* Zeyler. Atlas de Jaillot,
1. KAMIENIECK, bourgade de Pologne , dans la
Mazovie, fur la rivière méridionale du Boug. * Robert
de Vaugondy, Atlas.
2. KAMIENIECK, autre bourgade de Pologne, en Li-
thuanie , au nord oriental de Brzescie. *Roberl de Vau-
gondy, Atlas.
KAM1N , petite ville de Pologne i au Palatinat de
Kalish, fur le bord feptentrional de la Varte , entre
Gnesne Se Lencicza. *Rob. de Vaugondy, Atlas.
KAMINIEK, forterefle de Pologne, dans la Podo*
lie , fur une montagne, au pied de laquelle paffe la pe-
tite rivière de Smotrzicz, qui tombe dans le Nieller,
aux confins de la Moldavie. Quelques-uns croient que
c'eft la Clepidava des anciens. Elle a un evêchéfuf-
fragant de Lemberg. Elle eft petite, mais très-forte , étant
fur un rocher escarpé. On n'y peut aller que par un petit
chemin fur un rocher coupé par deux ponts-levis défen-
dus par le vieux château Se par le château neuf. Les Turcs
la prirent en 1672; Se comme il comptoient de la gar-
der, ils y firent des fortifications d'un travail prodigieux;
mais ils la rendirent à la Pologne par la paix de Car-
lowitz. Sa latitude eft au 49e d. Se fa longitude au 45e.
Baudrand Se Maty nomment la métropole Lembourg
au lieu de Lemberg. Corneille, qui n'aime pas à ci-
ter Baudrand, cite Maty ; Se trouvant dans d'Audifret ,
que cette métropole eft nommée Leopol, il apporte ces
deux fentimens, fans avertir que Lemberg Se Léopol font
deux noms d'une même ville.
KAMINKE , petite rivière de Moscovie, qui fe jette
dans celle de Pinse , auprès de la ville de Pinse.
KAMINO-KUNI ; c'eft un des noms que les Japon-
nois donnent au Japon , 8e il fignifie le pays ou ^habi-
tation des dieux. * Notes du P. Charlevoix.
KAMISA,villede la petite Arménie, félon Strabon,/.J.
KAMISINKA. Voyez Kamuschinka.
KAMMA-JAMMA, ville du Japon , entre Mia &
Minakutz, fur la route du golfe de Quano ou Kwano
à Méaco. Kœmpfer , Hift. du Japon , t. 2 , p. 2^2, dit :
elle eft grande Se belle, bâtie fur deux collines féparées
par un petit vallon. Le château eft à la droite , Se fes
murs Se fes foffés font contigus aux rues de la ville ; elles
font irrégulieres à caufe de l'inégalité du terrein : la ville •
eft entourée de bonnes murailles , avec des portes for-
KÀM
feAîvî
fixées , 6k contient environ deux mille maifbns, fans
compter celles des deux fauxbourgs. Elle eft nommée
Cammi-Ammi , dans la carte qui montre la route d'O-
faca à Iédo , pour la relation de l'ambafTade des Hollan-
dois au Japon.
KAMMER5TOCK, montagne de Suiffe , au canton
de Glaris , proche de la vallée de Linthal. Il y a beau-
coup de chamois , Singuliers en ce qu'ils n'ont aucune
boule dans le ventre , comme ont ordinairement les au-
tres. * Etal & DU. de. laSuijfc, t. 2., p. 478.
KAMPS , petite rivière d'Allemagne. Elle a fa fourcè
aux frontière'; de la Bohême, d'où, coulant au levant
par la haute Autriche, elle le rend dans le Danube , près
de Crembs. * Baudrand, éd;t. 1705.
KAMSKY, ou K.AN, rivière de la grande Tartarie,
en Sibérie ; elle fe jette dans le Séniscei : il y a fur l'es
bords des Tartares payens , qui demeurent dans des hures
d'écorce de bouleau, 6k vivent de poiffon & de ve-
haifon , qu'ils mangent cruds ou cuits, avec des racines
de lys jaunes.
j KAMTZCÔATKÂ, grande presqu'Ifle, au nord-eft de
l'Afie , entre un golfe de même nom 6k la mer du Ja-
pon , à l'extrémité orientale de l'empire Ruffien 6k de
notre continent. On a douté, jusqu'au commencement cie
ce fiécle , fi l'Afie étoit contiguë par le nord-eft à l'A-
mérique feptentrionale. On a même cherché des rap-
ports entre les ufages des Américains 6k ceux des Tar-
tares , pour en conclure une communication entre ces
peuples. On droit de-là deux conféquence ; l'une , que
l'Amérique- avoit été peuplée par des Asiatiques , qui y
avoient pafîé fans le fecours de la navigation ; 6k l'au-
tre , qu'il n'étoit point poffible à des vailieaux d'aller par
la mer Glaciale dans la mer Orientale. Mais depuis la
découverte du pays de Kamtchatka, on fait, à n'en plus
douter, que l'Amérique n'eft point contiguë au nord-eft
de l'Afie ; car les bàtimens Ruffes côtoyant la terre-
ferme pafient à préiënt le cap Suotei-Nos ou le promon-
toire-Saint, 6k viennent négocier avec les Kamtzchadales,
fur la côte de la mer Orientale , vers les 50 d. de lati-
tude ; mais il faut, pour cet effet, qu'ils paffent entre la
terre-ferme , 6k une grande ifle qui eft' au nord-eft da
cap Suetoi-Nos. Il y a fi peu de tems qu'on a découvert
le pays de Kamtzchatka, & il eft fi éloigné des autres états
delà Rufiie, qu'on n'en a point encore de connoiffance
bien précife ; cependant, voici à quoi fe réduit ce qu'on
en a pu apprendre de certain après une recherche exafte.
* Hijl. des Tatars , p. 108 6k fuiv.
Le pays de Kamtzchatka , qui eft fitué entre les 150
&C \-j^ d. de longitude, eft une grande langue de terre,
qui s'étend à-peu-près du nord au fud , depuis le cap Sue-
toi-Nos, qui eft fitué à 6l d. de latitude, jusques vers le
nord du Japon , & les 39 d. de latitude ; enforte qu'elle
a plus de 300 lieues d'Allemagne en longueur ; mais fa
largeur eft fort inégale ; car en quelques endroits elle a
plus de 100 lieues en largeur; 6k en d'autres , elle n'en
a pas plus de 30 à 50. Elle eft habitée par divers peu-
ples, dont ceux qui occupent la pointe du fud , font fort
différens des autres peuples de ce continent , tant en leur
manière de vivre, qu'en leur habillement ; 6k comme
ils reffemblent d'ailleurs, en quelque manière, aux Japon-
nois , on croit que ce font des colonies du Japon , qui
n'eft féparé de la pointe du fud de ce pays, que par un
détroit de quinze à vingt lieues, tout parfemé de peti-
tes ifles. Les Kamtzchadales , qui occupent la plus grande
partie de ce pays vers le milieu, payent contribution aux
Ruffes en pelleteries, & fur-tout en peaux de caftors d'une
grandeur extraordinaire. Depuis le commencement de
ce fiécle-, les Rufles y ont établi des colonies qui ont
déjà commencé à y bâtir plufieurs bourgs 6k villages, 6k
fe louent de la bonté du terroir de ce pays : une chaîne
de fort hautes montagnes venant de la mer Glaciale, tra-
•verfe tout ce pays en droite ligne du nord au fud ; 6k l'on
prétend qu'il y a des mines fort riches, 6k des eaux mi-
nérales excellentes dans la partie méridionale. Les habi-
tans de la grande ifle qui eft à l'eft du cap Suetoi-Nos,
payent contribution aux Rufies en pelleteries ; mais ceux
d'une autre grande ifle qui eft à l'eft de ce pays , vers les
5^0 d. de latitude, 6k dont on ignore jusqu'ici la vraie
étendue à l'eft, n'en payent point encore.
Le pays de Kamtzchatka eft féparé du refte de la Si-
bérie, par un grand bras de mer Orientale , qui s'étend
637
directement du fud au nord , depuis la côte feptentrio-
nale de la Corée , jusques vers les 58 d. de latitude, ne
taillant de ce côté jusqu'à la mer Glaciale , qu'une éten-
due de pays d'environ s; d. de largeur , par où le pays
de Kamtzchatka eft contigu à la Sibérie. Précifément
dans la pointe du nord-eft de l'Afie , 6k vers le cap Sue^
toi-nos, habitent deux peuples alliés , appelles les T^uk-
î^cki&alesTichalaïki; 6k au fud d'eux, fur les bordsde
la mer Orientale, un autre appelle les Olutorski, qui font
les peuples les plus féroces de tout le nord de l'Afie; ils
ne veulent abfolument point avoir de commerce avec
les Rufles , dont ils tuent inhumainement autant qu'ils
en peuvent attraper ; 6k lorsque quelques-uns d'eux tom-
bent entre les mains des Rufies , 'ils fe tuent eux-mêmes:
pour cette raifon, les Rufles ont été obligés jusqu'ici de
iùivre les bords du golfe de Kamtzchatka, pour entrer
en ce pays, afin d'éviter la rencontre des partis de ces
peuples ; mais depuis quelques années , ils ont commencé
d'y aller par eau, en pâffant de la rivière d'Ochota vers
les 54 d. de latitude, à fa pointe la plus proche du pays
de Kamtzchatka ; ce qui leur épargne beaucoup de che-
min. Le feu empereur de la Ruffie, envoya, cinq ou fix
années avant fa mort, un officier de marine, du côté de
cette rivière , pour examiner s'il n'y avoit pas aux en-
virons de-là du bois , qui fut propre pour la conftruc-
tion des grands vaifieaux ; 6k il revint avec un rapport affez
favorable ; mais divers incidens qui furvinrent depuis 4
empêchèrent ce grand monarque de pouffer plus loin ce
deffein.
Les Kamtzchadales font beaucoup plus civilifés
6k mieux faits que leurs voifms du nord ; auilï font-ils
mieux nourris 6k mieux couverts qu'eux : ils arment la
pointe de leurs javelots 6k de leurs flèches d'un cryftal
fort tranchant, au lieu d'acier ; ce qui fait desbleffures
fort difficiles à guérir. Les Curilski, qui habitent la
pointe la plus méridionale , femblent être une colonie de
Japonnois.* Biji. des Tartares ,p. ^06.
, L'éditeur Anglois de l'Hiftoire du Japon, de Ksmp-
fer, a raifon de dire , dans fon discours préliminaire,
p. 17: ce pays femble être le même que les Japonnois
appellent OkuJeso, ou Jeso la supérieure , (nous
dirions en françois le haut Iéço,~) dont ils ne favent pres-
que rien , excepté que c'eft un pays. Il parle ensuite des
peuples de ce canton , félon les Mémoires fur lesquels
nous venons de les détailler. Il vient aux KurL'ski , 6k
ajoute : ce qu'il y a de certain, c'eft que, félon les Hiftoires
Japonnoifes, ces peuples dépendent de l'empereur du Ja-
pon , fous l'autorité duquel ils font gouvernés par un
prince , qui fait fa réfidence à Matfumai , 6k qui , comme
les autres princes du Japon , vient tous les ans à Iédo ren-
dre hommage à l'empereur.
Le détroit de Kamptzchatka, bras de mer ,
au midi du pays de même nom, qu'il féparé de rifle de
Niphon. Les nouvelles découvertes tracées dans la carte
l'Empire Puiffien, publiée à Leyde, en dernier lieu, nous
apprennent que ce détroit, afléz large à fa partie occi-
dentale, eft refferré à l'orient, & entre-coupé d'un grand
nombre d'ifles habitées par des colonies de Japonnois. Les
canaux qui Séparent ces ifles , ne font point encore na-
vigables aux vaiffeaux des Européens ; 6k c'eft pour cela
que ne pouvant en faire le tour , ils ont douté fi Niphon
étoit une ifle , ou une presqu'ifle. Ces découvertes lèvent
le doute. L'ifle de Matfumai eft dans ce détroit.
Le golfe de Kamtzchatka, grand golfe d'Afie, en-
tre la Tartarie Moscovite , le pays de Kamtzchatka , le
Japon, la Corée, 6k la Tartarie Chinoife. Il s'étend du
fud-fud-eft au nord-nord-oueft , depuis le 35e d. jusqu'au
58e d. de latitude. Ce golfe n'eft connu que depuis peu
d'années. Le fleuve A mur y tombe dans là partie méri-
dionale ; le fleuve Penschinka tombe dans l'enfonce-
ment feptentrional ; quantité de petites rivières s'y ren-
dent , tant à l'orient qu'à l'occident. Il y a deux ifles vers
le 5 Ie d. de latitude, la plus grande au couchant, 6k la
moindre au levant. Il n'y a que deux paffages pour en-
trer dans ce golfe , l'un entre la Corée 6k les ifles du
Japon, l'autre entre ces mêmes ifles 6k le pays de Kamtz-
chatka ; de-là vient qu'on a été fi long-tems enEurope à
en avoir, connoiffance. * Carte nouvelle de tout l'Empire
de la grande Ruffie.
Dans ce qui eft cité de l'Hiftoire des Tartares , j'ai
réformé les chiffres des degrés de longitude 6k de lati-
<538 KAM
tude fur la carte que je crois plus exacte que les notes ,J
pour la vraie étendue , tant du pays que du golfe de Kamtz-
chatka.
Selon la carte des nouvelles découvertes au nord de
•la mer du fud , fournie fur les mémoires de de l'Ifle , le
Kamtzchaïka s'étend depuis le 51e d. de latitude jus-
qu'au 6 1 e, & depuis le 171e d. de longitude jusqu'au 1 80e.
KAMUSCHINKA , Kamuschinca , Kami-
SIMCA ou Kamishinka , petite rivière de l'empire
Ruffieft, au royaume d'Aftrakan , entre le Don & le
Wolga. Elle fe jette dans ce dernier fleuve , au midi
d'une montagne , & vis-à-vis d'une ville nommée
comme elle. De l'Ifle fournit la montagne. Cette ri-
vière & cette ville font devenue; fameufespar le deffein
qu'eut Pierre le Grand d'y taire une communication en-
tre les deux fleuves. Voici comme en parle le capitaine
Perri , ingénieur Anglois , qui y fut employé , dans fon
Etat préfent de la grande Ruffie , p. 2. Il s'agiffoit de
procurer une communication entre la mer Caspienne
& la mer Noire; de forte que des vaifTeaux, tant de
guerre que marchands , puffent pafïer de l'une dans l'au-
tre, par le moyen du Wolga & du Don. Ces ^ deux
grandes rivières font éloignées l'une de l'autre d'envi-
ron 140 milles de Moscovie ; mais cette diffance eft
fort diminuée par deux petites rivières, dont l'une ap-
pellée Lavla , fe jette dans le Don ; & l'autre qu'on
nomme Kamuschinka , fe perd dans le Wolga. Dans
ces deux dernières rivières il falloit faire des éclufes
pour les rendre navigables , & ouvrir un canal 'à travers
les terres , dans l'endroit où ces deux rivières s'appro-
chent le plus ; ce qui n'eft qu'un efpace d'environ qua-
tre milles de Ruffie. Cet ouvrage conduit à fa perfec-
tion , feroit extrêmement avantageux au pays du Czar ,
principalement en cas de guerre avec les Turcs , les
Tartares de la Crimée , la Perfe , ou quelqu'un des
pays voifins de la mer Caspienne. Cet ouvrage avoit
été cpmmencé par Breckell , Allemand de nation , qui
étoit colonel dans l'armée du Czar , & avoit la répu-
tation d'être fort bon ingénieur ; mais il avoit fans douté
fort peu de connoiffance de ce dont il s'étoit chargé ;
car il traça le canal d'une manière étrange à ne pouvoir
pas fe juftifier ; & la première éclufe qu'il fit, étoit
comme en l'air., c'eft-à-dite qu'il laiffa un espace vuide
fous les fondemens par où l'eau prit fon cours dès qu'on
eut fermé les portes de Féclufe. Cela fit qu'arrivant à
Moscow l'hyver fuivant , il demanda un paffe-port pour
un de fes domeftiques , & fe fervit lui-même de ce
paffeport , pour échapper & fortir du pays. Il fe plaignit
que le prince Gallitzin eût traversé les travaux , parce
qu'il avoit intérêt que ces ouvrages ne fe fiffent point.
Le capitaine Perri donna un autre plan pour exécuter
la communication. On y travailla trois ans ; mais fur
la fin de 1701 , après la bataille de Narva , le Czar fit
discontinuer l'ouvrage. Corneille le Brun , qui y paffa le
14 de Mai 1703 , dit dans fon Voyage de Moscovie,
de Perse , &tc. p. 87 : on trouve à gauche au-deffous
de la ville la rivière de Kamuschinka qui coule vers
l'oueft. On dit qu'elle a fa fource dans le canal d'Iloba
qui tombe dans le Don. ( On la trompé. \JIloba ou
ïlava , ou , comme écrit le capitaine Perri , Lavla , a fa
fource différente de celle de cette rivière. ) Les Cofaques
qui habitent les rivages du Don fe rendoient , à ce
qu'on prétend , en bateau , de cette rivière dans le
Wolga , 6t commettoient de grands défordres en ce
quartier-là , quoiqu'on y envoyât fouvent des gens de
guerre pour les réprimer ; mais ce'a n'étant pas fuffifant,
on a fait bâtir cette ville pour les tenir en bride. On y-
travailloit auffi à un fort ceint d'une muraille de terre
de l'autre côté de la Kamuschinka. Mais cet ouvrage
n'avançoit guères , les travailleurs n'y pouvant fubfifter
à caufe du mauvais air. Sans cela, poursuit le voyageur,
le Czar y auroit frit creufer un canal pour aller dans la
mer Noire. J'allai voir cet ouvrage ; ck on médit qu'on
avoit eu deffein de bâtir la ville à. l'endroit ou ce fort
avoit été commencé ; mais qu'on ne Favoit pas fait ,
parce que Fair y étoit trop mal-fain. On avoit auffi ré-
folu d'y faire une digue , d'une montagne à l'autre, pour
arrêter le cours de la Kamuschinka , & l'empêcher de
tomber dans le Wolga ; mais il fallut abandonner cet
ouvrage , les portes des éclufes ne pouvant réfifter à la
violence des eaux qui tombent des montagnes , de tems
KAN
en terris , outre que le terrein qui eft fous la fuperficie de la
terre eft fi pierreux , & même fi rempli de roches vives eh
plufieurs endroits , qu'on ne peut y pénétrer : tout cela ,
dit-il, a obligé l'entrepreneur à fe déiîfter de fon entre-
prife, pour prévenir le chagrin qu'il en auroit pu recevoir.
On vient de voir ce que l'entrepreneur dit lui-même
des motifs qui firent discontinuer cet ouvrage. Ce qu'il
dit des Cofaques qui pafloient en bateau du Don dans
le Wolga, n'eft point exact. Struys dit beaucoup mieux,
que cette ville empêche que les Cofaques n'entrent dans
le Wolga auffi ailément qu'ils failoient auparavant ,
puisqu'ils ne laiffent pas d'y entrer en transportant leurs
barques fur des machines à quatre roues ; après quoi , ils
trouvent moyen de croifer autour des iflès qui font le
long de ce fleuve.
. KANAS A V A , ville du Japon dans la grande ifle dé
Niphon , & capitale du royaume de Canga , & non pas
Caga , comme le ditReland. Voyez Canga. * Bellin,
Carte du Japon.
KANCHEU , ville de la Chine. On prononce Cant-
CHEOU ; quelques-uns écrivent auffi de même.
KANDAL. Voyez Kendal.
KANDEL , rivière de Suiffe au canton de Berne.
Les auteurs varient un peu fur le lieu où eft fa fource.
Wagner la met dans la montagne d'ENGSTLlNGEN ;
& Stumpf dit dans le mont Rav>n , aux frontières du
Vallais. Scheuchzer dans fes Cartes de la Suiffe , ne
nomme ni l'une ni l'autre montagne. Voici comment
il trace le cours de la Kandel. Elle a deux fources ,
l'une au nord occidental du mont Geishorn , &
l'autre au midi oriental de cette même montagne. Ces
deux fources fe réunifient un peu au ■ deffus de Kan-
DF.LSTEG , village au-deffous duquel la rivière reçoit
un ruiffeau ; puis , ferpentant vers le nord , elle fe tourne
vers le nord-oueft pour recevoir la rivière d'ENG-
STLEN , au nord dû château de Frutingen. Elles vont en-
femble à Wimmitz fitué à l'occident de Spiez , où la
Kandel fe mêle avec la SlMMEN; puis elles vont tom-
ber enfemble dans le lac de Thun. * Etat & Délices
de la Suiffe , t. 2, p. 228;
KANGCO , fortereffe de la Chine , dans la province
de Queicheu : elle eft de 11 d. 50' plus occidentale que
Pékin , fous les 25 d. y' de latin de. * Atlas Sinenfts.
. KANHASUM, tour de Perfe , au couchant d'été , &c
à une lieue de Tauris. Elle eft au milieu d'un champ ,
& fon diamètre eft d'environ cinquante pas. Cette tour,
quoiqu'à demi-ruinée , eft encore fort haute; & il fem-
ble qu'elle ait été le donjon de quelque château. Il refte
encore à l'entour de hautes murailles , qui , pour n'être
que de gazon , ne laiffent pas de paroître fort anciennes.
On ne peut dire certainement par qui cet ouvrage a été
fait , mais plufieurs lettres Arabes, qui font fur la porte ,
donnent lieu de croire que c'eft des Mahométans. L'an
165 1 , il y eut à Tauris & aux environs un grand trem-
blement de terre , dont plufieurs maifons furent renver-
fées ; & cette tour fe fendant du haut en bas , il en
tomba une partie qui en remplit le dedans. * Tavernier,
voyage de Perfe, /. 1 , c. 4, vers la fin.
KANJOKU , ancien palais du Japon : voici ce qu'en
difent les Faftes du Japon , rapportés par Kaempfer , & par
le père Charlevoix , fous le règne de Kookin VIII, Dairi ,
qui régnoit 216 ans avant J. C. «Vers ce tems-là régnoit
» à la Chine SinofiWan , prince auffi fameux par fes profu-
» fions & par fa magnificence , que redouté de fes fujets
» pour fa cruauté & fa tyrannie. If monta fur le trône de la
» Chine , Fan 246 ; il envoya 300 jeunes hommes avec au-
>> tant de jeunes filles au Japon , fous la conduite d'un de fes
.«méJecir.s, qui le lui avoit confeillé , fous prétexte de lui
» aller chercher des plantes qui ne fe trouvoient que dans
» une feule de ces ifles , & dont il prétendoit , difoit-il ,
» compofer un remède univerfel pour empêcher l'em-
» pereur de mourir. Cette troupe étant arrivée au Ja-
» pon , s'y établit ; le médecin fe fit roi , & bâtit un
» palais qui fut appelle Kanjohu, c'eft-à-dire grande
» mai/on femblable aux deux. Les planchers en étoiént
» couverts d'or & d'argent ; & tout le palais étoit d'une
» grandeur &c d'une magnificence , qui ontpaffé enpro-
» verbe. * Notes du P. Charlevoix.
KANIOW , Raniovia , ville de Pologne , en
Ukraine , au Palatinat de Kiowie , au bord occidental du
Boryfthène , au-deffous de l'embouchure du Roff ,
KAP
KAR
rivière qui , venant du couchant , & panant à Riala-
cerkiew & à Korfum -, tombe dans ce fleuve , à dix-
fept où dix-huit milles d'Allemagne , au defïbus de
Kicwie. * Andr. Cellar. Defcr. Polon. p. 390. Robert
de Vaugondy, Atlas.
KANISCA , Canifia , ville d'Afrique dans le royaume
deWoolli, à trente milles au nord de la Gambra. C'eft
la réfidence ordinaire du roi. Voyez Canise. * Cane
de la Gambra, par Jean Leach , 1732.
KANTOR , royaume d'Afrique au fud de la rivière
de Gambra , à l'eft de celui de Tomanï. On ne connoit
de ce royaume que vingt lieues d'étendue le long de la
rivière , Moore ayant terminé là fon voyage. On y
connoît la ville de Kolar qui eft fix milles au-deffous de
Fatatenda. * Voyage de Moore. Carte de la Gambra par
le capitaine Jean Leach, 1731.
KAOCHEU , ville de la Chine , dans la province
de Quanton , dont elle eft la feptiéme métropole. Elle
eft de 5 d. 40' plus occidentale que Pékin. Sa latitude
eft de 22 d. 33'. La famille de Haha lui avoit donné
le nom de Caoking. Le roi Léang lui donna celui qu'elle
porte maintenant. Son territoire eft entouré de la mer
ou de montagnes , & comprend fix villes , favoir ,
Kaocheuj Hoa, ©
Tienpe , Vuchuen ,
Siny , Xeching.
Ce canton nourrit quantité de paons , Se des vautours
admirables pour la chaffe : on y a des carrières de mar-
bre que les Chinois fcient par feuilles dont ils font des
tables. Ces marbres font veinés & bigarés , de manière
qu'on y trouve des représentations naturelles de mon-
tagnes , d'eaux , de payfages. La mer voifine produit
des perles ; &r l'ufage de les pêcher eft fort ancien en-
tre cette ville & Tille d'Haïnan. Il y a auffi une forte
de poiiïon qui a quatre yeux & fix pieds , & a la figure
du foie^ On dit qu'il jette des perles ; il fe peut qu'il les
ait avalées avec les huitres. Il y a des écreviffes qui ,
quand on les tire de l'eau , ck qu'elles fentent l'air , fe
pétrifient , & reffemblent à la pierre la plus dure. Le
Lien, rivière qui baigne la ville , y fait remonter les
vaifTeaux par le moyen du flux ; ce qui lui procure bien
des commodités ck des reffources. Au levant de la
ville, le mont Fem eft fi haut , que dans le tems du dé-
luge des Chinois , fa cime fut toujours exempte de l'inon-
dation; ce qui fauva quelques hommes. * Atlas Sinenjîs.
KAOLI , ( le pays de) eft encore appelle Kao-Kinli.
C'eft une contrée particulière de la Corée. Il eft fitué à
l'orient du Léatong , dont il eft éloigné de mille li ;
au midi, ii confine au Tchaofien ck au pays de Goeinme ;
à l'orient , il eft borné par celui de Vou-Tcou , ck au
nord par celui de Fouyu. Il peut avoir environ deux
mille li d'étendue; & il eft couvert de montagnes où il
y a des vallées très-profondes , dans lesquelles les peu-
ples demeurent. C'étoit un royaume très- puiffant. Les
princes étoient originaires de celui de Fouyn. Les
hiftoriens donnent une origine fabuleufe aux rois de ce
pays. Quoi qu'il en foit leur poftérité y ré^na environ
neuf cents ans , au bout desquels elle fut déthrônée par
une autre dynaftie qui y «égna plus de quatre cents ans.
Cette féconde fut depoffédée par une troifiéme qui eut
fouvent affaire aux Japonnois , contre lesquels les Chi-
nois leur prêtèrent du fecours. Nos voyageurs font en-
core mention d'un roi deKaoli,en 1720. *Voye \l His-
toire générale des Huns , parM. de Guignes, t. 1, p. 132.
KAPEL , montagne d Allemagne, dans la Carniole,
fur la route de Laybach à Villac , entre cette dernière
ville ckNewbourg , félon Zeyler, Carniœ Topogr. p. 118.
KAPFENBERG, petit bourg d'Allemagne , dans la
Styrie , avec un beau château fur une montagne , à un
demi-mille de la ville de Brugg-ander-Muer. Lazius y
cherche des traces de l'ancienne Capcdunum des Scor-
disques. * Zeyler, Stiriae , p. 82.
KAPILI-DER-VEND , montagne de Bulgarie, qui
eft fort rude ck fort fâcheufe.
KAPOS , rivière de la baffe Hongrie. Elle a h fource
au comté de Tolna , au midi du village de Giuta ; ck
ferpentant vers l'orient , elle arrofé Kapofwnr , forte-
reffe à laquelle elle donne fort nom ; auprès de Dombo,
village , elle reçoit un ruifteau qui vient du midi ; elle
polie à Dobrakos , autre fortereffe , & fe joint avec le
Kopan ; fck alors ces deux rivières prennent le nom de
Sarvitça; ck c'eft fous ce nom qu'elles arrivent au Da-
nube , dans le comté de Batha. * De l'IJle , Hongrie.
KAPOSWAR. Voyez l'article précédent. Elle eft à
douze lieues ck au couchant de Tolna.
KAPPELBERG. Voyez l'article qui fuit.
KAPPL ouCappel, gros bourg d'Allemagne, dans
la Carinthie. Il y en a deux de ce nom ; ck op. le1; dis-
tingue par les mots over, haut; under, bas. Ober-Kappl
eft fur le ruiffeau Dumpach ; & Under-KappL eft fin-
la rivière de Lépin , ck près de Kappdberg. * Zeyler j
Stir. Topogr. p. 100.
KAPPUT, maifon deplaifance du roi de Prune, dans
la moyenne Marche de Brandebourg , ck dans une ifle
formée par la Sprée Ôk le Havel , à une lieue de Pots-
dam. * Relation des cours de Pruffé & Hanover 1702;
KAPSTE1N ou Kapestein. Lazius, {R. R. I. i>
c. S , Je8. 3 , ) doute fi ce n'eft pas le nom moderne dé
Capedunum. C'eft un village de Stirie.
KAPUL , ifle de la mer des Indes , entre les Phi-
lippines, au midi de l'ifle de Manille. Voyez Capul.
KARA. Voyez Cara.
KARACHE , (l'ifle de) ifle d'Afrique fur la côte dé
Nigritie, une de celles de Biiagos entre l'ifle de Waran-
gue, & celle de Kafegut. Eile eft environnée de bancs
de fable , ck de bofles , excepté du côté du fud. Voyez
Bisagos.
KARADABO-MONOU , pays d'Afrique , dans la
haute Guinée, à l'eft de Bulm-Monou, & au nord de
Quoja. Les habitans font toujours en guerre avec ceux
de Hondo , quoique les uns Se les autres dépendent du
roi de Quoja. * Côte de Guinée, par BdYm.
KARAHISAR, ville détruite de la Natolie ; elle eft,
félon Paul Lucas , l'ancienne ville capitale de la Cappa-
doce ; c'étoit une grande ville afîez belle ; l'on voit
par-tout des ruines de temples , de palais , où les co-
lomnes, les piedeftaux, les corniches , les pièces de mar-
bre avoient été prodigués ; à fa fortie on trouve une
belle fortereffe, bâtie fur la pointe d'un rocher escarpé,
qui étoit peut-être, dit-il , autrefois la citadelle de cette
ville. *Paul Lucas, Voyage de l'Afie mineure, t. 1.
KARAKATAI. Voyez Caractay.
KARAKATOFF, ou Karackatoi"W, où Krac-
KATOUW, pointe de l'ifle de Java, àa nord de fa côte oc-
cidei;tale,felon Corneille le Brun, Voyages, p. il1) ck 336".
KARAPONAR , petite ville d'Afie , dans la Cara-
manie , province de la Perse.
KARASERA , grande ville d'Afië , dont oh ne voit
plus que les ruines dans la Méfopotamie , fur la routé
d'Ourfa à Mofful , félon Tavernier , Voyage de Perse ,
1. 2, c. 4, qui en parle ainfi : nous arrivâmes au gîte ».
Karafera , qui a été autrefois une grande ville , èk fans
doute habitée par des Chrétiens , comme on peut juger
par fept ou huit églilés qu'on y voit encore à moitié
rompues , ck dont les clochers ne font pas gâtés. Elles
font affez éloignées les unes des autres ; & au nord d'une
de ces églifes il y a une belle galerie , au bout de la-
quelle'on trouve une petite porte par où on descend
un escalier d'environ cent marches , dont chacune a dix
pouces de haut. Venant fous cette églife , on en trouve
une autre plus grande ck plus haute de voûte , Iaque:;^
eft foutenue par plufieurs piliers. Le bâtiment eft fait
avec tant d'art, qu'on y voit plus clair que dans celle dé
deffus ; mais depuis quelque tems la terre a bouché plu-
fieurs fenêtres. Le grand autel eft dans la roche ; ck ait
côté droit, On y voit une chambre qui reçoit le jour de plu-
fieurs petites fenêtres pratiquées dans le roc. Sur la porte
dé l'églife d'en-haut , on voit une grande pierre de taille,
où il y a plufieurs lettres qu'on ne peut pas connoîtie;
Au nord de la même églife , il y a deux grandes citer-
nes fous terre , chacune d'environ quatre cents cinquante
pas de long , avec deux grandes arcades , foutenues de
plufieurs piliers i tous les ans on les emplit d'une eau
qui descend de la montagne prochaine , & fait une pe-
tite rivière. A un quart de lieue decette églife on descend
huit à neuf cents pas parmi des rochers , ck on y trouve
de côré ck d'autre de petites chambres creulées dans lé
roc. Sur chaque porte il y a une croix, ck dans chaque
chambre, comme une table, un banc 8f une petite place
un peu creulée, de la longueur d'un homme, avec (irië
640
KAK
KÀS
forme de chevet au bout, comme une manière de lit ,
le tout taillé dans le roc. Au fond de ces roches on
trouve une grande fale , au bout de laquelle eft entaillé
un banc pour s'afTeoir. Ce qui fert de plancher d'en-
haut, eft tout uni, &: non pas en voûte ; & au milieu il
y a un trou qui perce jusqu'au-defius de la montagne :
comme il ne donne point de clarté , il y a apparence
qu'il n'a été fait que pour biffer fortir la fumée , s'ils y
faifoient la cuifine, ou bien pour attirer la fraîcheur,
comme j'ai vu en plusieurs villages le long du golfe Per-
fique. Sur la porte de cette dernière grotte , on voit en-
taillée dans la roche la figure d'un feu , où font repré-
fentées plufieurs personnes au milieu des flammes. Au-
deflus de la plus haute de ces montagnes , il y a un mé-
chant village , dont on peut tirer des vivres. Mais avant
que la caravane arrive, quelques marchands vont s'in-
former des pâtres , s'il n'y a point de voleurs dans les
grottes, où ils fe viennent fouvent cacher. L'an 1638,
Sultan Amurat allant affiéger Bagdat , paifa par ce même
lieu , tant pour voir ces ruines , que pour faire rafer un
fort qui étoit à deux lieues de Karafera , & qui fervoit
de retraite aux voleurs du pays. 11 fit nettoyer en même
tems quatre journées de chemin , qui étoit très- incom-
mode, à caufe d'une prodigieufe quantité de pierres, qu'il
fît ôter & accumuler par monceaux d'espace en espace;
ce qui fervoit à montrer le grand chemin. Il fit bâtir auffi
un pont pour paner la rivière ; & le paflage du Grand-
Seigneur dans ces quartiers-là, fut avantageux aux voya-
geurs.
KARASUT. Voyez Garasou.
KARCHIN , contrée du Petchéli ; e'eft, fans contre-
dit, la meilleure de toutes celles qu'habitent les Mogols.
Les princes , qui le gouvernent à préfent , étant Chinois
d'origine , ils y ont attiré un grand nombre de leurs com-
patriotes qui y ont bâti plufieurs bourgades. La terre y
eft fi fertile, qu'outre leur fubfiftance, ils trouvent encore
de quoi faire le commerce avec leurs voifins. Il y a de
vaftes forêts d'un très-beau bois , que l'on transporte à
Pékin, pour la conftruâion des édifices. Le trifaïeul du
prince qui y régne à préfent, s'enrichit tellen-.en" par ce
commerce, qu'il fe trouva en état de rendre de fi grands
iêrvices au prince qui régnoit alors , que celui-ci lui
donna fa fille en mariage , &, à fa mort, le défigna pour
fon fuccefleur. Pour s'affermir dans fa principauté , il fe
joignit aux Mantcheous, lorsqu'ils firent la conquête de la
Chine. Il obtint, pour récompense demies fervices , le
titre de Ting-vam, que l'on prend aujourd'hui pour régulo,
qui eft le plus haut degré d'honneur qu'un prince puifle ob-
tenir de l'empereur de la Chine. Le pays de Karchin
n'a pas du nord au fud plus de quarante-deux lieues de
France ; mais il s'étend beaucoup plus de l'eft à l'oueft.
La feule ville de ce pays , qui mérite quelque attention ,
eft celle de Chahan-Subarchan-Hotun , c'eft-à-dire la
Ville de la Pyramide , à caufe d'une pyramide à plu-
fieurs étages, qui fe voit dans ce lieu. C'eft dans ce can-
ton que l'empereur de la Chine a plufieurs belles mai-
fons de campagne , où il s'exerce fouvent à la chafle, &
où il pafle ordinairement les chaleurs de^ l'été , qui font
en cet endroit plus fupportables qu'à Pékin. * Hifloire
générale des Huns, par M. de Guignes, t. 4, p. 235.
KARCKH,ou CARCKH, lieu d'Afie. C'eft le faux-
bourg, ou même la partie occidentale de la ville de
Bagdat. Almanfor , fécond Khalife de la race des Abaf-
fides , qui avoit fait bâtir cette ville , fît transporter en
ce fauxbourg le marché qui fe tenoit autour de fon
palais impérial , afin d'éloigner de lui le bruit de la po-
pulace. Il y avoit un pont fur le Tigre pour paffer de
l'un de ces lieux à l'autre. Le nom de Rarckh devint cé-
lèbre , depuis ce tems-là , à caufe de ce marché , & fut
une partie fort confidérable de la ville de Bagdat. Il y
eut même quelques Khalifes qui y firent leur féjour.
* D'Herbelot, Bibliot. orient.
KARDUEL , (le royaume de ) étoit une province
de la Géorgie. Il eft borné au nord par le royaume de
Kaket ; au midi , par la province de Kendgia Su l'Armé-
nie ; au levant , par le Dagueftan & le behirouan ; &c
au couchant par la partie de la Géorgie , qui eft foumife
au Turc. Les rois de Karduel ont autrefois pofledé toute
la Géorgie , & font regardés comme fouverains de
toute cette contrée. * Hifloire générale des Huns , t. I ,
P- 439-
KARG. Voyez Carg.
1. KARGAPOL, ville de l'empire Ruflîen, dans la
province de même nom , par les 62 d. & 3 ou 4' de
latitude , à l'orient, & à 1 6 milles d'Allemagne du lac
d'Onega, fur le bord occidental de la rivière d'Onega ,
encore voifinede fa fource. * De l'IJle, Moscovie, 1706.
2. KARGAPOL , province de l'empire Ruffien ,
dans fa partie feptentrionale. Elle eft bornée au nord
par la province de Cargapolskdia , Korela , ou Caré-
lie de Kargapol , & par celle d'Onega ; à l'orient, par
celles de Vaga & d'Oftioug ; au midi, par celles de Yc-
logda . & d'Ob-Oneskaïa-Pecina , c'eft-à-dire du quar-
tier d'au-deçà de l'Onega , & au couchant , par le grand
lac d'Onega. Kargapol eft l'unique ville que nous y
connoiffions. Ce pays eft couvert de forêts, & coupé de
rivières. Outre l'Onega qui y prend fa fource & va fe
perdre dans la mer Blanche , & la Vaga , qui en coupe
une lifiere au fud-eft , il y a la Saala , la Pudoa , la
Nikijfîma , ÏAndama , 6c une autre que mes cartes ne
nomment point , outre une fîxiéme qui traverfe le lac
nommé C^outçko-Oçcro. Ces fîx coulent vers le cou-
chant & portent leurs eaux dans le grand lac d'Onega.
*-De l'IJle, Moscovie, 1706.
KARHAIS , Carhaïs ou KERAHES , Caretum ,
petite ville de France , en baffe Bretagne , dans l'évê-
ché de Quimper , fur la rivière d'Auen , à feize lieues
de Breft, & autant de Tréguier; à fept de Hennebon,
& à onze de Quimper. Elle étoit autrefois plus grande;
& félon l'apparence, elle étoit connue fous le nom de
Kris. Le gibier des environs de Carhaïs eft excellent ,
& les perdrix fur-tout font fort vantées par ceux qui ai-
ment la chair délicate. * Baudrand, &c Piganiol de la
Force, Defcr. delà France, t. 5 , p. 138.
KARIKIZIT , petite province du pays de Charasme,
fituée à l'occident de la ville d'Urgens, entre le pays de
Pischa & celui d'Ogurza, qui eft fort dépeuplé , depuis
que la rivière d'Amu ne parte plustlevant la ville d'Ur-
gens. * Hijl. généalogique des Tatars , p. "546.
KARKOUH , ville de Perse. Tavernier, Voyage de
Perse, 1. 3 , c. dtrn. lui donne, félon les géographes du
pays, 74 d. 45' de longitude , ÔC 32 d. i<j' de lati-
tude. Il ajoute : cette ville eft un lieu de paffage pouf
tous les pèlerins qui vont à la Mecque, & qui viennent
des hautes contrées de la Perse.
Cette ville n'eft point différente de Carcoub ou Car-
cub.
KARN-TAUR , Taurus Carnicus , hautes montagnes
d'Allemagne , dans la Carniole.
KARN-WALD , forêt. Voyez Kern-wald.
KAROPNISE, montagne de la Turquie en Europe;
dans la Macédoine , dans la province de Jamboli , aux
frontières de la Romanie, félon Baudrand , éd. 170?,
qui dit que c'eft l'Orbelius Mons des anciens ; que
d'autres l'appellent le mont Gliuboren , & qu'elle fe
rejoint au mont Argentaro fur les confins de la Bulgarie.
KARROU ou Carou , pays d'Afrique , dans la
Nigritie , au royaume de Folgia , proche les rivières de
Rio-Junk & Arveredo. Les habitans de ce pays , nom-
més Karrous , font des peuples très-belliqueux. * Voyez
Daptr p. 252 271 , fk fuiv. Petis de la Croix t. 3 ;
Corn. Dift. • *
KARS, ville d'Afie.. Voyez Cars. i.
KARSTAD , ville de Franconie , fur le Meyn , à
l'évêque de "NVurtzbourg. C'eft la même que Carlfladt.
Voyez Carlstadt 4.
KARSTEIN , montagne. Voyez Carso.
KASAMANK A , rivière d'Afrique, dans le royaume
de Jéréja , où elle prend fa fource vers l'extrémité
orientale , & va porter fes eaux dans la mer entre la
rivière de Gambie , Se celle de San-Domingo , au nord
du cap Rouge. Cette rivière eft affez large & affez pro-
fonde pour recevoir de gros vaiffeaux ; mais la barre
eft fi dangereufe qu'il n'y peut entrer que des canots ,
des chaloupes , & d'autres petits bâtimens qui n'y font
pas même exempts de dangers. * De l'IJle, Carte d'Afrique
Voyage de Brué
KASAN ( le royaume de ) eft , de même que celui de
Crimée , un démembremenr de l'empire du Captchak.
Il a été formé à-peu-près dans le même tems, c'eft-à-
dire, vers fan 1488. Ce royaume eft fîtué fur les bords
du Volga ; il a été continuellement agité par les guer-
KAS
KAU
64.Ï
res civiles , 6k en guerre avec les Ruffes. Les peuples
de Kafan ont presque toujours été unis avec ceux de
Crimée contre la Ruffie. On trouve fouvent des princes
de Crimée dans les Khans du Kafan. Enfin les peuples
du Ka/an, mécônterts d'un de leurs Kans envoyèrent à
Moscou demander du fecours au Czar. Jwan Wali-
lewitz, qui occupoit alors le trône de Ruffie envoya un
officier , à la tête de quelques foldats dans le Kasan ,
qui amena le Kan à Moscou. Les Kafans fe fournirent
alors au Czar £k lui prêtèrent ferment de fidélité : mais
ils fe révoltèrent peu de tems après 6k établirent pour
leur Kan Edikerai , fils du roi d'Aftrakhan. Le Czar
marcha auffi-tot contre eux , affiéga Kafan , la prit
d'affaut l'an 1551. Edikerai obtint ensuite fa grâce ,
vint à Moscou , où il fut baptifé 6k nommé Simon.
*H'iftoire générale des Huns , par M. de Guignes , /. I ,
p. 295.
KASBIN. Voyez Casbin.
KASEGUT, (l'ifle de) ifle d'Afrique, fur la côte de
Nigritie , une des plus grandes & des plus fertiles des
Bifagos au fud-oueft de BhTao , dont elle eft éloignée
de douze lieues. Elle eft renfermée dans un cercle de
bancs de fable , 6k de baffes, excepté aux deux pointes
du nord-eft , 6k du fud-oueft où les vaiffeaux peuvent
mouiller en fureté. Les habitans de Kafegut font les plus
civils de tous ces infulaires , 6k doivent cet avantage au
commerce. La longueur de l'ifle furpaffe trois fois fa
largeur. Son terroir eft riche 6k bien cultivé. Il produit
en abondance des lataniers, des palmiers 6k des oran-
gers, du maïs , du riz, des pois 6k d'autres espèces de
légumes. * Côte. d'Afrique , corrigée fur les manuscrits du
dépôt des Cartes de la Marine.
KASEMIECH , rivière de Syrie, qui a fa fourcedans
l'Anti-Liban ; 6k après, avoir reçu la rivière de Litani ou
Létane , elle fe jette dans la mer, à une lieue de Tyr, 6k
à fept de Leyde. Monconys nomme cette rivière Cas-
mie.
KASI-ARMEN , ville de la petite Tartarie , dans le
pays desTartaresdeDobruce, fur le Niéper qui le jette
deux lieues plus bas dans la mer Noire. Les Ruffiens la
prirent en 1695. * Baudrand, édit. 1705.
KASIMIERS , petite ville de la haute Pologne, fur
la Wiftule. Voyez Casimir.
KASIRUN. Voyez Cazerom.
1. KASKASKIAS , natibn Illinoife , établie fur le
bord oriental du Miffiffipi , dans la Louifiane.
2; KASKASKIAS , petite rivière dans la Louifiane ,
dans l'Amérique feptentrionale , mais très-profonde, 6k
qui monte jusqu'à vingt-cinq pieds de haut, dans le tems
des inondations. Elle fe décharge dans le Miffiffipi, vers
les 34 d. 39' de latitude nord, 6k reçoit fon nom des
Sauvages qui font établis fur fes bords. * Notes du per'e
Charlevoix.
KASKUR, petite ville de la Tartarie Moscovite;
elle eft fermée d'une muraille de bois , flanquée de tours ;
elle a quelques églifes de même matière, & eft à cent
vingt werftes de Samara.
KASNABAC, (l'ifle de) ifle d'Afrique, fur la côte
de Nigritie, une de celle de Bifagos. Elle eft à la tête
des bancs , 6k des baffes qui environnent cette chaîne
d'ifles. Elle eft fertile 6k peuplée. L'eau fraîche y eft en
abondance. Voyez Bisagos*
KASRICHIRIN, ville de Perse, tombée en ruine,
à 82 d. de longitude, & à 35 d. de lattiude. Elle a été
bâtie pour Chirin , maîtreffe de Khosver , ancien ioi de
Perse , de la quatrième dynaftie. C'eft de-là que cette
ville a pris fon nom. L'on y voit encore les vertiges
d'anciens 6k beaux édifices. * Manuscrits de la Bibl. du
roi.
1. KASSAN ou Kasson, royaume d'Afrique , fur
les bords du Sénégal , à l'eft , 6k au nord-eft de celui de
Galam , entre les Cataradt.es de Felu Se de Govina. Le
roi qui porte le titre de Segadora, fait faréfidence ordi-
naire à Gumel. Il eft puiffant , & autant respe&é de fes
voifins que de fes fujets. Les Mandingues de Tombuto
ck deBambuk font fes tributaires. Les habitans de Kas-
ian étoient Foulis d'origine ; leur roi pofledoit ancien-
nement le royaume de Galam. Dans celui , dont nous
parlons ici, il y a des mines d'or, d'argent 6k de cuivre
en grand nombre.
a. KASSAN ou Kasson , (l'ifle de) ifle. ou pénin-
fiile d'Afrique , au royaume de même tioin , au nord du
Sénégal, cSc formée par deux rivières , favoir par la ri-
vière Noire & la rivière Blanche. Cette ifle a environ,
fbixante lieues de longueur , fur fix dans fa plus grande
largeur. Le terroir en eft fertile , 6k bien culrivé ; elle
eft très-peuplée , 6k fon commerce d'une grande éten-
due. * Second voyage de Brue , fur le Sénégal.
3. KASSAN ou Kasson, grand lac d'Afrique, aià
nord de la rivière du Sénégal. C'eft clans ce lac que fe
rendent deux bras du Sénégal , auxquels on a donné les
noms de rivière Blanche , 6k de rivière Noire • le pre-
mier au nord , l'autre au midi. Du côté de foueft du
lac on en voit fortir la rivière de Gumel , qui fe rend
dans le Sénégal à Kahaydé. -
KASSRE - EL - LEHOUS , ville de Perse. On la
nomme auffi Kengavar. Elle eft fituée , félon Tavernier,
Voyage de Perse , 1. 3 , c. dern. à 76 d. 20' de longi-
tude, &à 33 d.. 35' de latitude. Le pays eft bon , 6k
porte d'excellents fruits.
KATANIA, châ.eau de la Tartarie , dans la Daurie,
dont il eft la première fortereffe, entre le grand lac Baï-
kal 6k le bourg d'Jlinskoi, félon Isbrandldes, Voyage^
c. 24 6k 25. Ce lieu eft nommé Kabania , fur la nou-
velle Carte de ikmpire Ruffien.
KATARACGUîf ou Catarocouy ; c'eft le nom
que les Américains donnent au lieu où eft bâti le fort
Frontenac. Voyez Catarocoy.
KATHAY ou Kithay. Voyez Cathay.
KATIF, (le) ville de l'Arabie heurcui'e. danslapro-
vincedeBahrain, 373 d. 5 5 ' de longitude , ck à 22 d.
35/ au deuxième climat, félon Abulféda qui en parlé
ainfi dans fa Description générale de l'Arabie, «.39:
cette ville eft da côté de Ahsa , fur la côte du golfe
Perfique ; il y a des lieux aux environs où fes habi-
tans pèchent des perles ; fon éloignement de Ahsa eft
d'environ deux ftations; ck elle eft à l'orient de cette
ville , tirant un peu vers le nord. Ses palmiers font plus
petits que ceux de Ahsa. Nous avons appris de quelques
habitans de Katif, que la ville a des murailles, un toffé
6k quatre portes , que dans les hautes marées la mec
vient jusqu'au pied des murs , ck que dans les baffes
une partie de la terre aux environs refte à découvert.
Katif a un canal ou un petit golfe , par lequel les plus
gros navires;; entrent chargés ck s'approchent de la ville
avec la marée. On compte fix journées de chemin de
Katif àBosrah, quatre de Katif à Kademah, ck il faut
un mois entier pour aller de Katif à Oman. Katif eft
fembiable à Sélamiya pour la grandeur , Ôk celle-ci eft
plus grande que Ahfa.
1. KATWYCK, village des Provinces-Unies, dans
la Hollande, au bord de la mer, dans les Dunes, à
deux lieues au-deffous de Leyden, à l'endroit où le bras
mitoyen du Rhin entrait autrefois dans l'Océan. A pré-
fent cette embouchure eft fermée par les fables , dans
lesquels fe perdent les eaux du Rhin affoibli par le
grand nombre de canaux qui y aboutiffent. C'eft auprès
deKatwyck qu'étoit la fortereffe, dont nous avons parlé
à l'article Huys the Britten.
2. KATWYCK-OP-RHIN , beau village de Hol-
lande, fur le canal mitoyen du Rhin, entre Leyden êk
la mer , à une lieue 6k demie* de cette ville.
KATZ , village de Suiffe , au pays des Grifons , dans
la jurisdiftion de Thufis. Il y avoit autrefois un couvent
de religieuiès nobles. Les revenus en ont été diftribués
aux églifes 6k écoles proteftantes de la Ligue grife. *Etac
& Délices de la Suiffe, t. 4, p. 25.
KATZBACH, rivière d'Allemagne, dans la baffe Si-
léfie. Elle prend fa fource dans la principauté de Jawer;
6k, prenant d'abord fon cours vers le nord, elle coule
à Schonaw 6k à Newkirck ; elle entre ensuite dans la
principauté de Lignitz, en fe détournant vers le levanr,
arrofe Goldberg, Lignitz, 6k va fe rendre dans l'Oder,
entre les principautés de Breflaw 6k de Wolav. * Bau-
drand , Atlas de Jaillot.
■ KAVARNA , port de la Turquie , dans la Bulgarie ,
fur la mer Noire, au nord-eft de Varna. C'eft l'ancienne
Cullatia, quoique Baudrand dife que c'eft aujourd'hui
Calica.
KAUFFBEUREN, ville libre impériale d'Allema-
gne, dans la Suabe, dans la vallée de Verdach, fur la
rive gauche de la rivière de Verdach , qui fe jette dans
Tome III. M mm m
«42 KAY
le Lech à Augsbourg. Elle doit fon origine à Gui Glads,
'baron de ville , qui vint de France , avec 1 empereur
Lothaire I, ck qui la bâtit en 841. Les barons, lès fuc-
ceffeurs , pofféderent la ville ck le château, qui étoit où
eft l'églife de S. Blaife , l'espace de deux cents ans. Le
baron Otton abufant de la femme d'un bourgeois , le
mari l'aflaffma ; ce feigneur laiffa une fœur, qui, conjoin-
tement avec un autre frère , chanoine d' Augsbourg,
fonda le monaftere de Meyerhoff; ck ce fut d'eux, à ce
qu'on dit, que les KAUFFBEUROIS achetèrent leur li-
berté , moyennant cinquante mille guides. On prétend
que le nom de ce lieu, qui fignifie hameau ou village
acheté, vient de-là. Divers empereurs , lavoir Rodol-
phe I, Adolphe , Louis IV, Winceflas, Sigismond,
Frédéric IV, ck Maximilien I, ont accordé de beaux
privilèges à cette ville ; la religion Catholique y eft la
dominante ; cependant les Luthériens y ont exercice
public. Les hypothèques doivent être enregiftrées à là
chancellerie , fous peine de nullité. Cette ville a (ou-
tenu plufieurs fiéges dans le quatorzième fiécle. Les
Suédois la prirent & reprirent durant les guerres civi-
les en 1633 ck 1634. L'an 1315, le jour de fainte Mar-
guerite, la ville ck le monaftere de fainte Claire furent
réduits en cendres ; ck il ne refta que fept maifons.
* Zeyler , Suev. Topogr. p. 45.
KAUFFSTEIN. Voyez Kufftein.
KAUSTEVEN, petit pays d'Angleterre, dans la par-
tie feptentrionale du comté de Lincoln , félon Baudrand,
KAUTUMBUL , rocher de la mer Rouge ; il eft fort
élevé dans la mer, à une demi-lieue de la terre ferme
d'Arabie , félon la relation du médecin Poncet. * Lettres
édifiantes, t. 4, p. 171.
KAWATSY , Kavadsi ou Cavacci , une des
cinq provinces du Japon , dans la grande ifle Niphon,
qui compofent la Tense , ou le domaine de l'empereur.
Voyez Cavacci. * Notes du P. Charlevoix.
KAXUMO. Voyez Axum. -
KAYL, bourgade d'Allemagne, dans 1 Eiffel, au
comté de Manderscheid , félon Hubner , Geogr. p. 470.
1. KAYSERSBERG ou Kaysersperg. La langue
allemande , comme nous en avertirions ailleurs , met fi
peu de différence entre le B & le P, kD ck le T, &c.
qu'elle les emploie fouvent l'un pour l'autre. Ce nom
CjESARIS MONS
KED
l'autre. Elle étoit autrefois libre & impériale; mais l'erri»
pereur la donna par engagement à l'électeur Palatin,
en 1402. On croit qu'elle eft ancienne ; que les Romains
y avoient une fortereffe qui fut détruite par Attila , ré-
tablie par Charlemagne , & renouvellée & augmentée
par Frédéric. On y voit un affez grand palais impérial.
Cette ville eft un paflage de Metz ck de Lorraine au
Palatinat. * Corneille , Dictionnaire. Zeyler , Palatin.
Topogr. p. 31.
•KAYSERSTUHL , (prononcez Kaifirfthoul) ville
de Suiffe , au comté de Bade. Elle eft fituée fur lin co-
teau élevé au bord du Rhin , du côté de la Suiffe, avec
un pont fur ce fleuve ck un château au bout du pont ,
du côté de 1" Allemagne. On croit qu'anciennement les
R.omains àvoient-là une bonne fortereffe , qu'ils avoient
bâtie pour défendre le paffage du Rhin aux Allemands,
&c que Kayièrftuhl eft le forum Tiberii des anciennes
Notices. A l'endroit le plus élevé de la ville , près de
l'entrée ; on voit une tour antique , qui eft entièrement
ïembtable à celle de Soleurre , en figure , en groffeur 5c
'en hauteur. L'an 1530, les habitans de Kayferftuhl em-
bradèrent la communion de Genève. Cette ville appar-
tient aux évêques de Confiance, depuis l'an 1294,
qu'un évêque nommé Henri de Klingeberg , l'acheta des
feigneurs de Regensbourg. Elle eft un paffage fort im-
portant à caufe de ion pont fur le Rhin , qui eft le der-
nier qui le voie fur ce fleuve , ?. la réferve de celui de
Bafle. * Etat & Délices de la SuiJJe, t. 3 , p. 134.
KAYSERSWAG , étang d'Allemagne , auprès de
Kayferslautern, En 1479, on y pécha un brochet, fous
l'ouïe duquel on trouva une petite pièce de cuivre , fur
laquelle on lilbit en grec ces paroles : Je fuis le premier
poifjon qui ait été mis en cet étang , de la main de Fré-
déric Il , empereur, le 5 Octobre iz^o. On fait d'ailleurs
que ce prince aimoit la langue grecque. Ce brochet avoit
vécu deux cents quatre-vingt- dix-ièpt ans dans cet étang;
il avoit dix-neuf pieds de long, 6k lut mangé à la cour
de Heidelberg. * Wagenscil , Synops. Geogr. p. 387.
KAYSERWERD , petite ville d'Allemagne , dans le
bas diocèfe de Cologne , entre Cologne ck Rhein-
bergen , dans un lieu qui étoit autrefois une ifle entou-
rée par le Rhin, qui a pris un autre cours. Les Romains
y ont eu gàrnifon, à ce que l'on croit. Les empereurs
Henri III ck Henri IV , y ont fait leur réfidence. Elle
étoit très-forte en 170a, lorsqu'elle foutint un fiége de
veut dire montagne de l'empereur , v-œ.*--"-*'- '•-.-,
ville de France, en Alsace. La plupart des François coijjv deux mois. Le marquis de Blainville 1a défendit pouf
om ck écrivent Kaiferberg. Cette ville eff
petite 6k fort pauvre , mais agréable & fituée dans la
contrée d'Alsace , la plus fertile en vins; Elle eft à deux
lieues de Rappolftein, à dix de Baffe ,. ck fut entourée
de murailles , par ordre de l'empereur Frédéric II. Elle
fut pillée par les troupes du duc de Lorraine , l'an 1652,
ckfouffrit beaucoup pendant la guerre de 1674 ck 1675 j
ce qui a été caufe qu'elle n'a pu encore fe rétablir. On
y compte environ cent cinquante maifons, deux cents
familles ck onze cents habitans. C'eft une des fix villes
l'électeur de Cologne contre l'armée des alliés , com-
mandée par le prince de Naffau-Sarbruck ; ck les forti-
fications eu furent rafées. * Corn. Dict.
KAZERON , ville de Perse. Tavernier lui donne
88 d. 30' de longitude ck 28 d. 30' de latitude. Voyez
Cazerom. C'eft la même ville.
KAZIM1ERS. Voyez Casimir. .
KÉAD1NG ; un malheureux copifte de Corneille
ayant mal formé une R, Corneille l'a prife pour unK,
ck en a fait un bourg de Kéading en Angleterre. Mais
de la préfecture de Haguenau. Elle a été fondée, dans le ce qu'il en dit , ne convient qu'a RÉADING , non pas
treizième fiécle , par Wulfelin , préfet d'Alsace , pour bourg ) mais ville capitale de Berkshire. Voyez Rea-
l'empereur Frédéric II, comme nous l'apprenons du moine
Richer , au fixiéme chapitre du quatrième livre de là
Chronique de Sennone. * Piganiol de la Force, Descr.
de la France, t. 6, p. 434.
2. KAYSERSBERG ouKAYSERSPERG,bourg d'Al-
lemagne , dans la Styrie , fur la rivière de Saltel , au
comté de Cilley , à l'orient ck à fix lieues de la ville de
Cilley. * Longuerue, Description de la France, t.. part,
p. 240.
KAYSERSHEIM ouKeisheim, abbaye d'Allema-
gne, au duché de Newbourg. L'abbé, qui prétend être
état immédiat de l'Empire , a eu fur ce fujet de grandes
disputes avec la maifon de Newbourg. *Hubner, Géogr.
P' KAYSERLAUTERN , ville d'Allemagne , dans le
bas Palatinat. Ce nom devroit être en latin Cœjarea
ad Lutram, c'eft-à-dire fur laLauter, parce qu'en effet
elle eft fituée fur cette rivière qui fe perd dans laNahe.
Baudrand eftropie cruellement ce nom , ck en fait Ca-
SELOUTRE , nom barbare qu'il préfère au véritable ,
dont les bons auteurs ne font point de difficulté de fe
ièrvir. La ville eft fituée dans un fond couvert d'un
côté par un grand marais, ck par des bois fort épais, de
KÉAN,port d'Afie,daris là Cochinchine. LesPP.Jé-
fijites y établirent au commencement du fiécle paffé une
miffion, ck y fondèrent une églife que les perfe'cutions
rendirent très-fioriflante. * Voyage du P. Alexandre de
Rhodes , p. 1 666.
KEANLOCH, bourg de l'Ecoffe feptentrionale, dans
la province de B raid- Albin, félon d'Audifret, Géogr.
hijt. t. 1, p. 214.
KÉBACH, abbaye de religieufes Bénédictines, dans
la haute Bavière , au midi du Danube , ck au couchant
de Pfaffenhofen.
KÉ-CIO. Voyez Checo.
KECH. Voyez Sebz,.
KECHICH-DAGHI ; c'eft le nom que les Orientaux
donnent au mont Olympe, dans la Bithynie , en Na-
tohe. *HiJl. de Timur-Bcc, 1. 5, c. 51.
KÉCHMICH. Voyez Kismich.
KECOU, ville du royaume de Tonquin, au bord
d'une rivière, à environ vingt lieues de Chéco , capi-
tale de ce royaume. * Tavernier, Descr. du Tonquin.
KEDAI, bourgade du Tonquin , félon le P. Alexan-
dre de Rhodes, Voyages, p. 156.
KEI
KEM
KEDGE-HAVAS, village de Perse, dahs le Fars.
* Hiji. de Timur-Bec , I. .3 , c. 24.
KEFTÉEN , gros village de Syrie , à fix lieues &
demie d'Alep, en allant vers Tripoli. Il donne le nom
à des plaines qui s'étendent à perte de vue, vers le midi.
Elles (ont presque par-tout très-fertiles Si bien cultivées.
En y entrant, on découvre tout-à-la-fois vingt-quatre vil-
lages. Vers l'occident, l'on voit, pendant plufieurs milles,
une haute chaîne ou fuite de montagnes , qui ne font
Voir que de grands rochers tout nuds , fans la moindre
apparence de terre , ni d'aucune production utile. Oh
diroit,en les regardant, que la nature a tiré, pour favorifer
le laboureur, toutes les pierres de la plaine, & qu'elle les
a entafiées iur cette montagne. Le village de Keftéen
eft grand, bien pourvu de toutes chofes, & fitué à l'oc-
cident de la plaine. Les champs d'alentour abondent en
grains , avec lesquels les habitans nourriflent une fi grande
quantité de pigeons , que l'on y trouve plus de colom-
biers que de maiions. Ils affurerent Maundrell , {Voyage.
d'Alep à Jèrnfalem , p. 3 & 4, ) qu'on trouve encore
dans les montagnes & dans les roches voifines , les rui-
nes de plufieurs églifes & de plufieurs .monafteres.
KEGWORTh, bourg d'Angleterre, dans ia province
de Leiccfter. On y tient marché public. * Etat préfent
de la Gr. Bretagne', t. 1.
KEHKER , rivière d'Afie , dans l'Indouftan. L'his-
torien de. Timur-Bec, A4, c. 16, dit : le 10 de Ru-
biuléve, (ou le 7 Décembre,) l'Emir Solyman-Chah
partit avec tout Pâtirait , qui étoit devant Mounec, (châ-
teau;) & il fe transporta auprès de la ville de Samané,
où il demeura une nuit. Le 11 de Rubiulével, (ie8 Dé-
cembre,) il arriva au bord de la rivière de Kehker; &
Timur qui étoit parti de Touhené , (village,) en dili-
gence , pour aller contre les Gétes , joignit Solyman-
Chah, au bord du Kehker, près de Samané. Une noie
avertit que Samané ell une ville près de Dehli. Le Keh-
ker me paraît devoir être un des ruiffeaux qui tombent
dans ie i_ c-mene , qui paiïe à Dehli & à Agra.
KEHUE , ville de la Cochinchine. Le P. Alexandre
de Rhodes , Voyages, p. 16, dit en parlant de ce
royaume : la ville où le roi fait fon féjour, s'appelle Ke-
huè ; fa cour y eft fort belle, & le nombre des feigneurs
fort grand. Ils font fuperbes en habits ; mais leurs bâti-
mens ne font pas magnifiques, parce qu'ils ne bâtiffent que
de bois. Ils font pourtant fort commodes & affez beaux à
caufe des colomnes fort bien travaillées qui les foutien-
hent. Le nombre du peuple y eft fort grand.
KEIDER-PEIJAMBER , montagne de Perse, s'é-
tend du nord au fud , vers le Curdiftan ; c'eft une bran-
che du mont Taurus. Les Perfans difent qu'il y a un
tombeau d'un de leurs prophètes, qui a donné le nom à
cette montagne , au pied de laquelle il y a une très-belle
vallée pari'emée d'un grand nombre de villages, fuivant
Oléarius.
KEIOUE-BAGH, ville d'Afie , au Mogoliftan. his-
toire de Timur-Bec, 1. 5 , c. 4.
KEIS, ifle du golfe Petfique, auprès d'Ormus. Voyez
KlSMlCH.
KEISERBERG. Voyez Kayserberg.
KEISERLAUTEN. Voyez Kagserlautern.
KE1SERPERG. Voyez Kaysersperg.
KEISERWERT. Voyez Kayserswert.
KEISERSTOUL, ou Ceisers-stuel, petite ville
deSuifle , dans le comté de Bade: elle eft fur un coteau,
au bord du Rhin , avec un pont fur ce fleuve : on croit
que c'eft l'ancien Forum Tiberii, c'eft-à-dire, le Tribunal
de Céfar, parce que Tibere-Céfary avoit rendu la juflice,
félon Cluvier, /. 2 de fa Germanie. Les Romains l'a-
voient fortifiée pour défendre le paffage du Rhin aux Al-
lemands : elle eft entre Egliffav & Zùrzach ; elle ap-
partient à l'évêque de Confiance ; mais les cantons , fei-
gneurs de Bade , en font fou.verains, & le bailli de Bade
a la connoifTance des caufes criminelles. Ses habitans
font Proteftans.
KEiÇHEIM. Voyez Kaysersheim.
KEITH,iflede Itcofle méridionale, dans la rivière
«4.
de Forth. Elle eft vis-
port
de Lith , & fertile
en bons pâturages pour les chevaux ; ce qui fut caufe ,
félon quelques-uns , que les François l'appellerent l'ifle
des chevaux , lorsqu'ils la prirent fur les Anglois du tems
de Henri VIII. .
KELADGI , tribu Tart'are. II en eft fait mention dans
i'hiftoire de Timur-Bec, /. 3 , c. z%.
KELAPINE, ville d'Afie, au Mogoliftan. * ffift. de
Timur-Bec , I. 5 , c. 4.
KELAT , ville de Perse, au fud de Mazendran , en-
tre Macad & Tous, félon le même auteur, l. 2, c. 36.
KELATIENS, nation robufte &c nombreufe, entré
les Ouganis. Voyez Ouganis.
KELBINS , peuple de Syrie. Ils vivent dans la cam-
pagne voifine des Drufes , à deux ou trois lieues. Quoi-
qu'ils ne foient ni Chrétiens ni Turcs , ils montrent plus
de penchant pour les vérités chrétiennes que pour le
Mahométisme. * Corn. Dift.
KELHAIM , ville d'Allemagne , dans la baffe Ba-
vière ; dans une ifle au confluent de la rivière d'Altmul
avec le Danube ,à la gauche de ce fleuve.
' KELKERAN , lieu de la Perse , à un quart de lieue
d'Ardebil. Zeyd-Zeybrail , père de Cha-Sefi , y a urt
tombeau , qui eft un fameux pèlerinage pour les Maho-
métans. Ce lieu eft fort orné , très-riche , ci fort fré-
quenté , félon Sttuys , voyageur Hollandois , troijiéme
Voyage, c. 27 &f 28.
KELL, (le fort de) fortereffe d'Allemagne , fur
la rive droite du Rhin , à la tête du pont de Strasbourg.
Les François l'avoient bâtie fur les deffeins du maréchal
de Vauban , pour affurer la conquête de Strasbourg. Ils
la cédèrent à l'empire par la paix de Rysvyc , la repri-
rent , en 1 703 , & par le traité de Bade , il a été réglé que
ce fort demeureroit à l'empire , que le pont & le Rhin,
feraient communs entre les Impériaux & les François ;
qu'on ne ferait aucun fort dans les ifles , qu'on démolirait
au contraire ceux qu'on y avoit faits ; ce qui a été exé-
cuté. Voyez Strasbourg. * Mém. du tems.
KELLEN , village. Voyez Colonia Trajana.
_ KELLER-AMPT, feigneurie en Suiffe. Elle appar-
tient à la ville de Bremgarten , & comprend les villages
de Jonen , à' JE le & de Lunghojen. Elle y a la baffe juris-
diftion ; mais la haute juftice, &la connoiffance desaf-
faires criminelles , appartient à Zuric, depuis l'an 142c..
* Etat & dét. de la Suiffe , t. 3 , p. 148.
t. KELLES , ou Kelis , ville d'Irlande, dans la pro-
vince de Leinfter , au comté d'Eft-Meath , fur la petite ri-
vière de Blackwater, qui fe perd dans la Boyne , près de
Navan. C'eft une des principales entre les onze baronni -s
de ce comté ; elle envoie les députés au parlement, &c
donne le titre de vicomte au comte de Cholmondeley,
en Angleterre. Voyez Laberus. * Etat préfent de Tir-
lande, p. 38.
2. KELÉL , baronnie d'Iilande , dans la province de
Leinster, au comté de Kilkenny , avec une ville demême
nom , à fix milles à l'eft de Callen, fur une petite rivière
quife rend dans laNure. * *Etat préfent de l'Irlande,^. 41.
KELLINGSTON , bourg d'Angleterre, dans la pro-
vince de Cornouailles ; il a droit de tenir marché public.
* Etat préfent de la Gr. Bret. t. 1.
KELMART, ou
KELMUNTZ, petite place d'Allemagne, en Suabe,
fur la rivière d'Iler, à trois milles d'Allemagne, au-des-
fous de Memmingue , en descendant vers Ulme , à cinq
de cette dernière, & à neuf d'Augsbourg. Voyez CêLIUs
MONS. I. * Baudrand , éd. 1705.
KEMAC, fortereffe d Afie, au pays de Roum , aux
confins de la Natolie & du Courdiftan , à fept lieues de
la ville d'Arzendgian. L'hiftorien de Timur-Bec, /. 5,
• c. 43 , dit : le château deKemac eft un des plus célèbres
de l'Afie. Il eft fitué fur un rocher haut & efearpé , & il
eft entouré d'un détroit en forme de labyrinthe. Il y a
au pied des murs , des jardins , & des parterres de fleurs ,
fur le bord de l'Euphrate ; & jamais aucun prince ne l'a
conquife par force. Plufieurs poètes l'ont comparée au
patadis terreftie , à caufe que tous les ans auprintems^
pendant trois jours confécutits , il tombe de l'air de pe-
tits oifeaux , gros comme des moineaux nouvellement
emplumés ; les habitans les ramaffent , les falent tk les
Conferventdans des vafes. Si on ne les prend pendant ces
trois jours , leurs ailes deviennent grandes & ils s'envo-
lent. Les généraux de Timur-Bec ne laifferent pas de l'en
rendre maître.
KEMACH. Voyez Chemach & Camachus.
KEM ARAT, ville d'Afie, aux confins des royaumes
de Laos 5c deSiam. C'étoit autrefois la capitale d'unpe-;
Tome III, Mmmm ij
644
KEN
KEN
it royaume, qui fait préfentement partie de l'état d'A va,
aviez près delà lburce du Menam, qui couleàSiam.*2?iî
Fille, Carte des Indes.
KEMMERUUF , ou Guergon , ville de l'Inde , au-
delà du Gange , dans les états du roi d'Ava , au nord-
oueftdu lac de Chianiai,dans le royaume particulier ÏÏA-
fem ou Acham, dont elle eft la capitale, aux confins du
rovaume de Boutan. * De l'IJle, carte des Indes.
KEMNITZ. Voyez Chemnitz:
REMOI, (les) peuple fauvage d'Aile ; ils occupent
la partie orientale delà Cochinchine, & font léparés du
refte de ce royaume par une chaîne de montagnes. Ils ont
au couchant le royaume de Camboge , & au midi celui
de Ciampa. * De L'IJle , Carte des Indes.
KEMPELAND, pour Kempenland.
i. KEMPEN, petite ville d'Allemagne, dans l'élefto-
rat, & au territoire de Cologne. Il y a une abbaye , elle
eft remarquable par la vi&oire qui y tut remportée par
le comte de Guebriant , le 17 Janvier 1641 ; il fit pn-
fonniers les généraux Lamboi &c Merci ; ce qui lui valut
le bâton de maréchal. C'eft la patrie de 1 homas , à
Kempis, auteur duTraité de l'imitation de Jeius-Chnft,
2. KEMPEN, ou
KEMPENLAND. Voyez Campine.
KEMPS : village dans le SuntgaV. Je ne le cite que
parce que la plupart des géographes croient que c'eft le
Cambate des anciens.
KEMPTEN, ville d'Allemagne , enSuabe, dans 1 AI-
gow, fur filer ; & quoique petite, elle eft libre & impé-
riale. Son nom latin eft Campidona tkCampodunum. Elle
dépendoit autrefois de l'abbé; mais elleracheta (a liberté,
en i5i<;.Ilyavoitfurune hauteur le château SHilarmunt
ou Hillermont , que l'on appella ensuite Burghalden , qui
eft emiérement ruiné. Ce château eft remarquable pour
avoir été la réfidence la plus ordinaire des anciens ducs
de Suabe. * Baudrand , reftifié fur divers mémoires.
Cette ville eft Luthérienne , quoi qu'elle doive fon
principal éclat à une abbaye de l'ordre de S. Benoît ,
dont l'abbé eft prince de l'empire , & à droit de féance
&; de fuffrage dans les diètes. Tous les moines font de
qualité , & élifent leur abbé. Il eft exempt de la juris-
di&ion de l'ordinaire , & ne relevé que du pape immé-
diatement pour le fpirituel , en vertu d'un privilège d'A-
drien I, où Campidona eft qualifiée une J. coude Rome,
Il n'y a aucune place de conséquence ; cependant ce petit
état ne làiffe pas de contenir foixante & douze paroiffes,
beaucoup de fiefs, & quelques châteaux. Il eft entre l'é-
vêché d'Augsbourg, la baronniede Mindelheim, & les
comtés de \Valbourg & Koenigsek. Cette abbaye doit
fa fondation à Hildegarde , fille de Hildebrand, duc de
Suabe, laquelle lui donna de grands biens, félon d'Au-
difret ; mais le monaftere qu'elle fonda , ne fubfifteplus,
félon les notices qui accompagnent le plan que Mérian en
a gravé. On y lit ces mots, S. Hilgard FurJllichCloJler
Jo ieti abgebrochen. En effet cette ville ayant été prife par
les Suédois , en 1631 , ils pillèrent, faccagerent & détrui-
firent le monaftere , n'y laiffant rien d'entier que quel-
ques murailles ; le 3 de Janvier de l'année fuivante , les
Impériaux eutent leur tour, & faccagerent la ville , pil-
lant , tuant, fans égard pour l'âge ni pour le fexe : ils
n'épargnèrent pas même la chancellerie , où étoient gardés
les privilèges de la ville. Ils brûlèrent tout le fauxbourg.
L'abbave a été rétablie depuis ce tems-là.
KEN , rivière d'Angleterre , dans le "SVeftmorland.
Elle fe forme de cinq ou fix ruifteaux qui coulent déjà
dans un même lit , au-deflbus de Kendale , d'où, ferpen-
tant vers le midi occidental , elle lé jette dans un golfe
de la province de Lancaftre. La vallée où elle coule, prend
le nom de Kendale ou vallée de Ken , dont la principale
ville s'appelle de même.
KENCHESTER, village d'Angleterre , dans le Hert-
fortshire, à trois milles au couchant de Hertford , fur la
Wie. Il eft remarquable par les ruines qu'on y voit de
l'ancienne Ariconium.
KENDAL, ou Kandale , ville d'Angleterre , en
Veftmorland. C'eft le Concangium des Latins , à ce qu'on
croit. C'eft la meilleure place de la province. Elle eft fi-
tuée fur le Ken , dans une valée, à laquelle proprement
appartient le nom de Kendale , que prend cette ville.
Elle eft bâtie en forme de croix ; deux grandes rues fe
traversant l'une l'autre , outre lesquelles il y a de petites
rues: elle eft riche & bien peuplée, fait un grand commerce
o.t draps, de droguets, de ferges, de coton, de bas, &
de chapeaux. Sur la rivière il y a deux ponts de pierre ÔC
un de bois. A quelque ciiftance de ce dernier, on voit en-
core les ruines d'un château , où Catherine Parre, fixiéme
femme du roi Henri V III , prit naiflance. L'égliie de Ken-
dale eft grande ; outre celle-là, il y a deux annexes. Près
du cimetière eft une école publique , d'où l'on envoie
de tems en tems un certain nombre d'écoliers , au col-
lège de la reine, à Oxford. * Etat prefent de la Gr. Bret.
t. 1, p. 121.
KENN , rivière d'Ecofle , dans la province de Gal-
Iowai : elle a (a fource aux frontières de Nithesdale, au-
deffus de celle d'Orr , coule au midi , & forme un lac de
quatre ou cinq. milles de long , qu'on nomme Kennmoot ;
&, f'ortant de ce lac , elle fe jette un mille plus bas dans
la Dée.
KENNAOUG, ville de l'Indouftan , au paysdeHend,
au lecond climat, à 1 15 d. de longitude, rk à 26 de la'i-
tude, félon D'Herbelot, BibUoihequt orientale. On y voit
un grand concours de marchands qui viennent y trafi-
quer. Il y a une mine d'or fort abondante dans le terri-
toire de cette ville.
KENN.4SSERIM, ville de Syrie , peu é:oignée d'A-
lep, 372 d. de longitude, & à 35 d.vjo' de latitude. Cos-
rcës , roi de Perse , la prit fur l'empereur Phocas ; &c
les Kalifes de Damas & de Bagdat s'en empa/erent en-
fuite. Ahmed-Ben-Touloun, qui avoit conquis l'Egypte,
envahit ai ffi une partie de la Syrie, & prit Kennaferim.
* D'Herbelot , Bibl. orient.
KENNEMERLAND ; ce pays a eu diverses bornes
en divers tems. Les Kennemarsesont fuccédé aux Mar-
satiens , tk ils fe font diftmgués par beaucoup de guerres
foutenues avec vigueur. Harlem étoit la capitale de l'an-
cien Kennemerland , mais elle en a été détachée dans la
fuite ; & ce pays commence préfentement au-delà de cette
ville , & comprend une partie confidérable de la Hol-
lande feptentrionale. Alktnaër & Beverwyck en font
les principaux lieux. Le catalogue des biens de l'églife
d'Utrecht, Stockius & Btka nomment Kinnemaria, une
partie du territoire des anciens Marlàiiens; qui eft le long
de l'Océan , entte le Rhin & le Kinnem , ruiffeau qui
donne le nom à ce pays-là, &c le (èpare de la "WeftîHfe.
Nous ferons voir au mot Kinherlt, qu'il ne faut pas le
confondre avec Kinnem & Kinnemaria: Le Kinnem ,
pour le dire ici, eft un ruiffeau, qui, fortant du lac de Scher-
mer que l'on a defféché , & dont on a fait un polder ,
pafle au nord d'Alckmaër, & fe jette dans l'Océan, à Pet-
tem. Voilà donc la véritable borne du Kennemerland de
ce côté-là. Dans les Annales de Rheginon , ad an. 884,
on lit Danemarca , dans un paffage où il n'eft nullement
queftion du Danemarck. Scriverius foupçonne qu'il faut
lire Kinnemaria ,. ou Kinnemarca. Cependant ce chan-
gement n'eft point néceffaire : car les Danois , bien des
années auparavant ayant fait leur première irruption dans
ce pays , avoient donné occafion de le nommer Da-
nemarck, ou pays des Danois. C'eft la penfée d'Alting ,
Notit. German. infer. part. 2 , p. 107. Charles le Simple
donna àThierri I, l'an 913 , le Kennemerland, malgré
les habitans qui haïffoient la nobleffe ; mais lorsqu'ils
furent une fois fournis , ils rendirent des grands fervi-
ces dans les guerres. Voyez les articles Kinhem &:
Kinnem.
KENNETH, (le) rivière d'Angleterre : elle a fa
fource en Wiltshire , au couchant méridional de Marbo-
roug , qu'elle arrofë : de-là, coulant vers l'orient, elle en-
tre en Barkshire,"& y baigne Hungerdford, Newbury ôc
Réading , où elle fe jette dans la Tamife. * Wischer ,
Enaland.
KENOQUE, ( le fort DE la ) fort des Pays-bas,'
dans la Flandre Teutonne, entre Ypres &Furnes, à deux
lieues & demie de Dixmude., proche de l'embouchure de
l'Yfer dans l'Yper.
KENRY, baronnie d'Irlande , dans la province de
Munfter. Elle eft une des neuf qui compofent le comté
de Limerick, &iîtuée au fud-oueft\leLimerick. * Etat
préjent de f Irlande.
1. KENT, autrefois royaume particulier de la grande
Bretagne , durant l'heptarchie , c'eft-à-dire , dans le tems
que l'Angleterre étoit partagée en fept royaumes , dont
chacun avoit fon fouverain particulier, Son premier mor
KEN
KER
narque futHengift , qui commença de régner, Fan 457 ;
félon d'autres-, deux ans plutôt; mais ce royaume fut con-
quis , auffi-bien que les autres , par Ecbert, roi des Saxons
occidentaux, qui les réunit , Se décruifitainfi l'heptarchie.
Depuis ce tems-là Kent n'eft plus qu'une province d'An-
gleterre.
2. KENT , royaume , L. Cantiœ regnum , ancien
royaume d'Angleterre , fut fondé par les Saxons : Hen-
gift en fut le premier roi, l'an 455 , & Baldred le der-
nier, l'an 805 ; il étoit borné au midi par la mer, 8e à
l'orient : il avoit la Tamife au nord, Se le royaume de
Suffex à i'o;cident : il avoit lbixante milles Anglois de
long , & trente dans fa plus grande largeur. Ses principa-
les villes étoient Dorobern, nommée eniiiite Centorbéri ,
qui en étoit la capitale ; Douvres Se Rochefter : il y en
avoit quelques autres moins confidérables par leur firua-
tion & la commodité de leurs ports, comme Sandvr'ich,
Déale, Folckfton Se Reculver.
3. KENT , province maritime d'Angleterre , à l'orient
ckà l'entrée de la Manche, dans les diocèfesde Cantor-
béri Se de Rochefter : elle a cent foixante milles de cir-
cuit, Se contient environ douze cents quarante-huit mille
arpens , ci trente-neuf mille deux cents quarante-deux
maifons. Suivant la différence defon terroir, on la divife
en trois parties , fa voir;
Les dunes, où l'on a fantéfans richeffes ;
Les endroits marécageux, où l'on a richeffes
fans famé.
Et les PARTIES MEDITERRANEES , où l'on a fantè
& richeffes.
Une partie de cette province eft pleine de bois ; une
autre abonde en bleds , Se une autre en pâturages. Son
terroir, dans un endroit produit beaucoup de froment;
dans un autre, de l'orge, Se ailleurs d'excellentes cerifes
& des pommes de reinette d'un goût exquis. Ses rivières
font, outre la Tamife, qui la fépare d'Effex, le Médwai, la
Stoure , &c. Le f,umon du Médwai eft très-bon , & les
truites deFordwich, prèsdeCantorberi, font d'une grar.-
deur extraordinaire. Ce fut dans cette province que les
Saxons s'établirent d'abord, Se qu'ils embrafferent le
Chriftianisme , parla prédication de S. Auguftin, moine
de l'ordre de S. Benoît , Se l'apôtre de l'Angleterre,
Quand les Normands conquirent ce royaume, Guil-
laume furnommé le Conquérant , confirma les anciens
privilèges des habitans de Kent. Les trois principaux de
leurs droits font, i° Que les hoirs mâles partagent éga-
lement les biens de terre. 2.0 Que tout héritier, à l'âge
de quinze ans, peut vendre Se aliéner. 3° Que nonobs-
tant la conviction du père atteint de quelque crime ca-
pital , le fils ne laiffe pas d'hériter de les biens ; de-là
vient le proverbe : The Father to the Bough / and tht
fin tothePlough; c'eft-à-dire : le père au gibet, & le fils
à la charrue. Ce (ont ces privilèges que l'on appelle G A-
.VELKIND.
Ses villes Se bourgs ou l'on tient marché font :
Cantorbéri, capitale.
*Rochefter, Feversham,
*Maidftone, Folkftone,
*Dover ou Douvres, Goodhurft,
•Sandwich, Gravefend,
*Romney, Lenham,
*Queenboroug^ Lid,
*Hyeth , Sevenoke,
Appledore^ Tenterden,
Asford, Mallig,
Bromley, Milton,
Cranbrooki Tunbridgey
Cray , Veftram ,
Darsford ,- Wolwich,
Eltham, Wrotham^
& Wye.
C'eft dans cette province que fe trouvent les princi-
paux d'entre les cinq ports qui ont de grands privilèges ,
Se dont les députés au parlement font appelles barons
des cinq ports. Ces ports font préfentement au nombre de
huit , dont quatre font de cette province , favoir :
64;
Douvres ,
Sandwich ,
Romney ou Romeney.
Hyeth.
Les quatre autres font dans la province de Suffex, fa\
Haftings, Rye,
Winchelsea, Séaford.
Kent donne le titre de duché à Henry de Grey. Les
îfles de Thanei Se de Shepei font de cette province. * Etat
préf.ntde la Gr. Bret. , t. I , p. 75.
KENTÉ , petite ille de l'Amérique feptentrionale ,
dans la Nouvelle France, fur la côte feptentrionfre du lac
de Frontenac. Il y a une habitation Françoife. *Bj.udr*
édit. 1705.
KENTRO, montagne do l'ifle de Candie relie eft toute
pelée ; il en fort plufieurs fources.
KENTZINGUE, petite ville d'Allemagne: dans le
Bnsgaw, lur l'Elz, peu loin du Rhin. Eiïe appartient
à l'empereur, & à une églife , où font les tombeaux de
beaucoup de gentilshommes. Éiie louiîrit beaucoup du-
rant la longue guerre d'Allemagne; & le maréchal de
Villars en fit rafer les murailles, en 1703. On y paffe
l'EIzentreEndin^en Se Ettenheim. *Ziy!er, Allât. Too.
p. 27. Corn. D.ft.
KEPPEL , ancien château Se feigneurie dans le; Pro-
vinces-Unies, au comté de Zutpllën, fur le vieux IiTel,
aune graide lieue au-deffus de Doë : bourg.
KERAH, ville de Perse, à 86 d. 40' de longitude,
5e à 34 d. 15' de latitude, félon 1 avernier , Voyage de
Perse , 1. 3 , c. dern. C'eft une ville dans un bon pays ;
Seelle fe contente de ce qu'il produit, fans, avoir aucun
commerce en dehors.
^ KERAMÉE , Keramaîa , lieu de la Grèce , dans
l' Afrique ; il eft ainiî nommé , parce qu'on y fait des tui-
les d'une terre graffe q l'on tire des champs qui font plan-
tés d'oliviers. Spon , Voyages , t. 2 , p. 1 1 1 , dit qu'on
le nommoit autrefois Céramique par la même rai. on ;
comme ce fauxbourg étoit auffi appelle académie, parce
qu'un particulier avoit donné ce qu'il y pofladoit, pour en
faire une école. Voyez Académie. Ce favant voya-
geur marque le fentiment des autres, qui placent ailleurs
le Céramique, Se répond amplement aux objecïions que
l'on peut voir dans le livre même. Ce lieu de Keramaîa
eft du côté dEieulïs. A l'égard du Céramique, il yen avoit
deux; l'un &tta (juxuot ■,< îe Céramique intérieur ; &
! -: u .'-> - "Cm le Céramique extérieur. Le premier
étoit dans la ville , & failbit un quartier d'Athènes; c'é-
toitune promenade agréable , Se le rendez-vous des cour-
tifanes ; l'autre étoit un fauxbourg où l'on failbit des tui-
les , Se où Platon enfeignoit la philofophie. Ceft à ce
dernier que Spon applique ce qu'il dit de Keramaîa.
KERAS. Voyez Ceras.
KERATA. Voyez Cerata, Se KeraTopyrgo.
KERATEIA , iieu de Grèce , dans l'Attique , à une
heure Se demie au-delà, 6k au (ùd d'une églife ruinée,
entourée d'oliviers, ckà quatre ik demie du village de
Marcopoli. On nomme ainfi ce lieu, à caufe des arbres
qui portent des gonfles cornues, Se qui croiffent d'eux-
mêmes. C étoit une ville ancienne ck grande , qui s'étoit
confervée jusqu'à ce qu'elle fût détruite par les corsaires,
il y acnquante ou lbixante ans , c'eft à-dire, vers le
commencement du fiécle paffé. Les habitans avoient leurs
epitropi ou archontes jusqu'alors, qui portoient de hauts
chapeaux couronnez comme les Athéniens. "Wheler doute
fi ce lieu Kerateia n'eft pas Anaphylifta. Voyez Ana-
PLYSTUS. * Wheler, Voyages, t. i,p. 260.
KERATOPYRGO, tour de Grèce, fur le chemin
d'Eleufine à Mégare. Elle eft ruinée ; mais elle fert par
fon nom à faire connoître que la montagne , fur laquelle
elle ei\Cnuée,e(ï h Cerata, ou Kerata des anciens. Voyez
Ceras Se Cerata. * Spon , Voyages , t. 2, p. 167.
1. KERBAL , bourg de Perse , entre Ispahan Se Abre-
couch. * Hfc. de Timur-Bec , 1. 3, c. 23.
2. KERBAL, ville d'Alie, en Perse, au Couheftan,
entre Yezd Se Ispahan. * Hiftoire de Timur-Bec , I. 3
c. 68.
KERBELA , campagne d'Afie, dans la Perse , fur
l'Euphrate. C'eft où l'Iman Huffein, fils d'Ali, Se petit-
fils de Mahomet, fut tué en combattant contre les trou-
pes d'Iézid , fils de Moavie , qui lui disputoit le Kalifat,
Elle eft, félon le traducteur de l'Hiftoire de Timur-Bec,
/. 3 , c. 38 ; à 77 d. de longitude, Se à 31 d. 30' de lati-
tude. D'Herbelot, Bibliothèque orientale, dit qu'elle eft
KEH
'646 KEK
proche de Coufah, ckàl'occident de la ville de Cas-Ben- de ce concile, ne nomment pas le lieu d'une manière
Hobeïrab. Uniterme. Quelques-uns dilent Kirdinige ; d*autres
KERCKGHEUL , lac d'Afie , au pays de Captchac , Kirding, d'autres Kerling. Vigorn dit que celieu.de-
c'eft-à-d!re, au royaume d'Aftracan, ou pays de Nagaia, voit être dans le royaume d'Eftanglie. Spelman fait
entre le Voïga & leJai'c. Il eft formé & traversé par une cette objection : je ne trouve, dit-il, aucun lieu dans
rivière gui feioienant avec quelques autres, prendfon cours toute l'hftanglie, aucune maifon qui ait porté un de
vers l'occident , & va tomber dansje Wplgaauprès de ïr '
ville de Samara , qu'elle arrofe. * De Fi/le, Tartane.
KERDESTAN , bourg de Perse , au Coureftan , vers
les frontières du Fars. * Èijl. de Timur-Bec ; 1. 3 , 0 24.
KERÈS, (le) rivière de Hongrie : elle a la fource
dans la Tranfilvanie , au comté de Zarand , dans les mon-
tagne : delà elle coule quelque rems vers le midi ; circule
autour de Keresbanja, bourgade qu'elle arrofe ; fe replie
vers le nord ; entre en Hongrie vers le couchant ; paffe
au midi d'Almagi, fortereffe ; reçoit quelques ruiffeaux,
prend le nom de Eeir-Kerès , forme une ifle , où eft Re-
noms. Mais dans la lifte des villages du territoire de
Cantorbéri , on trouve Kirding, ik je crois que c'eft
la même chofe que Kadagt , réfidence des barons de
North. Pour moi , ajoute Gibson, je croirois que c'eft
Kyrtlington, en Oxfordshire ; car , en premier lieu ,
poursuit-il, je m'embarraffe peu d'une r changée en m;
des copiftes négligens ont pu aifément s'y tromper. Se-
condemept on voit que l'évêque Sidement , mort au
concile, fut enterré à Abbandune ou Abbington. On
ne chercha fans doute qu'à lui donner la fépulture dans
quelque abbaye célèbre la plus voifine ; or s'il (ùi mort
jfieno , fortereffe au Comté d'Arad , fe^ecourbe vers le dans FEftanglie , pourquoi ne l'eut-on pas mis à Medcs-
nord-oueft , fe groffit de quelques fources , paiïe à Giula , hamjlide , aujourd'hui Peterburrow^ , fans le porter à Ab-
entre au comté de Tarental , où elle reçoit une autre ri- bington ? Quel rapport avoit. un évêque de Devon avec
viere appellée Fekete-Kerès , qui vient du levant , & des ce monaftere qui eft en Berckshire ? Voyage pour voyage,
frontières de Tranfilvanie , & dans laquelle eft entré le ne vaioit-il pas mieux le rapporter à fa cathédrale , où il
Kellefer. Le Kerès blanc , chargé de ces deux rivières , avoit fouhaité de repofer ? Cependant le roi & S. Duns-
pourfuit fa route au nord-oueft , reçoit le Sebès-Kerès , tart le firent enterrer à Abbington. Gypson en conclut
& enfin le Berecziow , ck fe perd enfin dans la Teiffe , au que Kyndingtune _de la Chronique Saxone , Kirding ,
comté de Czongratz. * De l'IJle , Hongrie particulière. félon Hoveden , Kerling, félon Bede , étoit en Ox-
Parcet article on voit qu'il y a plus dune rivière nom- fordshire , ci que ce lieu s'appelle préfentement K.YRT-
méeKerès, qui toutes aboutiffentnéanmoins aune même LINGTON.
rîviere. Le plus méridional eft le Feir Kerès, qu'on appelle KERLON , rivière d'Afie , dans la Tartane: elle a
le.Keri.sWd/2e, auprès de Giula. Ilyaenfuitele Fekett Ke- fa fource à Kudak, réfidence du Kutukta - Lama , au
Tes ou le Kerès noir; & enfin le plus feptentrional eft royaume de Kalka , d'où circulant vers le midi ck l'o-
ie Sebès Kerès , qui paffe au nord du grand Varadin. rient, elle paffe à Par, ck va couler le long du Xamo
KERETZEN , village de Suiffe , au bord du lac de ou défert fablonneux qui borde la Chine ; ensuite elle re-
"Wahleftatt, au canton de Glaris. Il y a auprès de ce çoit une autre rivière qui vient de Calcahan ou Thula ;
village une 'montagne qui eft percée à jour dans fon fom- puis entrant dans la Daourie , elle fe perd dans un lac
met , tellement que ceux qui font dans un certain endroit d'où fort l'Argus qui va groflir le fleuve Amur. * De
du lac, peuvent voir le ciel à travers cette ouverture, ^7^«_,_Tartane.
Etat & dél. de la Suiffe , t. % , p. 467
KERHEROUD, bourg de Perse, dans le Couheftan,
à 84 d. io' de longitude, & à 35 d. de latitude. * Hijl.
de Timur-Bec, \. 3, c. 22.
KERI-KERD , château d'Afie , dans le Coureftan , à
quatre lieux de Toftar. * Hifi. de Timur-Bec, c. 13.
KÉRIMAIA, ville d'Afie , dans l'ifle de Bornéo ,
félon Corneille, qui ajoute , fur la foi de Davity, qu'elle
eft fituée en la contrée du fud-oueft , dans un marais , fk
que l'on y compte deux ou trois mille maifons.
Je crois que ces auteuts ont pris pour une ville une
ifle nommée diverfement Cherimata , Kerimata ou Cri-
mata'ia , fituée en effet au fud-oueft de la grande ifle de fouverains particuliers , &c vers la fin du fiécle paffé, ce-
Bornéo , dans le détroit qui la fépare de l'ifle de Banca. lui qui commandoit dans cette province, avoit la préro-
KERKA , (la) rivière de Dalmatie : elle arrofe gative de Vali. Ce titre s'eft conservé long-tems à
Scardone & Sebenico, puis fe rend dans le golfe de Ve- ceux qui étant les légitimes héritiers & descendans des
nise, près du fortS. Nicolas , à trente-huit milles de Zara princes fubjugués par la Perse, obtenoient.le gouverne-1
vers 'le levant. * Bauârand, éd. 1705. ment des états dont leurs ancêtres avoient été les pro-
C'eft le Litiumjlumen de l'Illyrie , ci dont parle Pline , priétaires. Cependant le P. Sanson miflionnaire , Etat
prêf. du royaume de Perje , p. 43 , dit que depuis peu ler
roi de Perfe avoit réduit le Valide Kerman comme les
autres Begueler-Beguis ( on dit en Turquie Beglerbeis. )
Je ne fais , dit-il , fi c'eft parce que leur race a man-
KERMAGUEN ; Corneille dit que c'eft une ville
d'Allemagne à quelques milles de Cologne * & qu'elle
appartient au duc de Neubourg, à caufe de Juliers , fur
quoi il cite les plans &£ mémoires géographiques de
1698. C'eft fans doute une faute de fon copifte qui a
voulu indiquer RemaGEN fur le Rhin f au pays de Ju-
liers-au-deffus de Bonne.
1. KERMAN , province de Perse dans fa partie mé-
ridionale. Elle repond à la Carmanie des anciens.
Quoique nous en ayons déja^ dit quelque choie à l'arti-
cle Carmanie, nous y ajouterons ici quelques détails
que nous n'y avons pas touchés. Le Kerman a eu (es
l. 3, c. 11.
KERLBURG, bourgade de Hongrie, fur le Danube,
à quelques lieues au-deffous de Presbourg , vers le midi.
On y cherche la Jerulata des anciens. * Baud. éd. 1705.
La Martiniere auroit dû reprendre Baudrand, qui fait
deux articles de KERLBOURC , & de Charlebourg.
Cependant , c'eft la même chofe : les uns le mettent en
Autriche , les autres dans la Hongrie ; c'eft ce qui a oc-
cafionné l'erreur. Cluvier croit que c'eft la Gerulata , &
ou fi c'eft qu'ils ont voulu remuer. On peut voir
dans la Bibliothèque de D'Herbelot bien des détails ae
l'hiftoire de cette province. Mais il ne fait point men-
tion de Kerman , qui , félon quelques-uns , Si entr'au-
tres Tavernier , en doit être la capitale. Selon D'Her-
îon pas Jerulata d'Antonin : or la Gerulata d'Antonin , belot la capitale du Kerman étoit autrefois Causchir ,
eft la même ville que Ptolomée appelle Chertobalus. qui a été aufli nommée Berd Ardschir , à caufe de fon
KERLING, lieu d'Angleterre où s'eft tenu un con- fondateur qui fut Ardschir-Babegan, premier joi de Perse
cile. La chronique Saxone, publiée en Latin & en Saxon , de la dynaftie des Saffanides. Le mot Berd, fignirie en la
par Gipson , ad ann. 077 , porte que l'on tint cette an- langue de ce pays-là, ville ou château. On l'appellp ■*•
" Pâques, à KyntlintUNE un grand concije
née après ,
&c que l'évêque Sidement y mourut de mort fubite. Elle
ajoute : il étoit évêque de Devon , & avoit fouhaité
d'être enterré à Cridiantune , dans fa cathédrale ; mais
le roi Edouard ck l'archevêque Dunftan ordonnèrent
que fon corps feroit porté au monaftere de fainte Marie ,
à Abbandune-, ce qui fut exécuté, &c. CRIDIANTUNE
eft aujourd'hui Kyrton', où étoit alors le fiége de l'é-
vêque de Devon. Abbandune eft Abbington , en
Berckshire. On ne convient pas demême du lieu où
château.. On
jourd'hui par abréviation Berdafchir ; mais elle n'en
eft plus la Capitale ; car Girefi ou Sirefi & Sirgian font
beaucoup plus confidérables aujourd'hui. Zerend , Sar-
mafehir &£ Bam font aufli mifes au nombre des bonnes
villes de cette province , quoique quelques-uns don-
nent Zerend au Ségeftan. Le même auteur borne ainlï
le Kerman ; à l'orient, il confine au Mecran & au Ségef-
tan ; au couchant, au Fars ; le grand défert de Naubzn-
digian le fépare du Khoraffan vers le nord ; la mer
& le golfe de Perse le terminent au midi. Quelques
étoit Kyntlingtum, Les auteurs même qui ont parlé géographes,
orientaux, rangent le Kerman ck
KEBL
KSS
le Suran entre les provinces des Indes. Cela dépend des
tems & des conquêtes qui en ont été faites en divers
fiécles. On rencontre , dit le même auteur , beaucoup de
cantons dans le Kerman qui font entièrement déferts, à
caufe qu'il ne s'y trouve point d'eau ; car il n'y a dans
tout le pays aucune rivière confidérable qui l'arrofe.
Tavernier, Voyage de Perfe, 1. i , c. 8, loue extrême-
ment la laine de Kerman. La meilleure , dit-il, fe prend
dans les montagnes voifmes de la ville qui porte le
même nom que la province. Les moutons de ces quar-
tiers-là ont cela de particulier, que lorsqu'ils ont mangé
de l'herbe nouvelle, depuis Janvier jusqu'en Mai , la toi-
fon entière s'enlève comme d'elle-même , & IaifTe la
bête auffi nue & avec la peau auffi unie que celle d'un
cochon de lait qu'on a pelé dans l'eau chaude ; de
forte qu'on n'a pas befoin de les tondre , comme on
fait en France. Ayant ainfi lavé la laine de ces mou-
tons , ils la battent ; ck le gros s'en, allant , il ne de-
meure que le fin de la toifon. Si on en veut faire amas
pour les transporter ailleurs , avant que de les emballer ,
on jette de l'eau falée deffus ; ce qui empêche que les
vers ne s'y mettent &r_ qu'elles ne le corrompent. On ne
teint point ces laines : elles font presque toutes natu-
rellement d'un brun-clair , ou d'un gris-cendré , & il
s'en trouve fort peu de blanches : auffi font-elles beau-
coup pius chères que les autres. C'eft dans le Kerman
que presque tous les Gaures fe font retirés ; & ce font
eux qui ont tout le négoce de ces laines , & qui les
travaillent. Ils en font des ceintures dont on fe fert
dans la Perse , & quelques petites pièces de ferge, qui
font presque auffi douces & auffi luftrées que la foie.
2. KERMAN ou KlRMAN. Tavernier, Voyage de
Perse , 1. i , c. 8 , appelle ainfi la capitale d'une pro-
vince de même nom. C'eft , dit-il , une grande villace
qui a été ruinée à plusieurs reprifes , & où on ne voit
rien de beau qu'une maifon & un jardin où les der-
niers Kans ont fait de la dépense pour rendre le lieu
agréable. On fait en cette ville une forte de vaiffelle
de terre qui approche fort de la porcelaine , & qui pa-
roît auffi belle & auffi fine. Voilà ce qu'en dit ce voya-
geur. Comme cette ville de Kerman eft inconnue aux
géographes Orientaux , il faut croire que c'eft quelqu'une
des villes dont il a été parlé ci - deffus. Il lui donne
8i d. 15' de longitude , & 29 d. 50' de latitude. Cette
latitude eft la même que celle de Berdafckir ou Bar-
dashir , félon Ulug-Beig &C Naffir-Eddin.
KERMANSCHAON , ville de Perse, dans le Cur-
diftan. Elle a un gouverneur.
KERMASIN , ville d'Afie , en Perse, d'ans l'Iraque-
Adgemi , au midi de Hamadan. Naffir-Eddin &. Ulug-
Beig lui donnent 83 d. de longitude & 34 d. 30' de
latitude.
C'eft la même ville que KiRMDNCHA. Voyez ce
mot.
1. KERMEN , ville de Turquie dans la Romanie,
près d'Andrinople. Voyez GermiA.
2. KERMEN , dans la Tartane. Voyez KasiKAR-
MEN.
IM-KER.MEN , cap de la petite Tartarie , dans la
presqu'ifle de Crim , fur la côte occidentale , à l'en-
droit où elle s'avance au midi , dans la mer Noire , à
près de cent milles dtCaffa , félon Baudrand , éd. 1705;
Les anciens nommo'ent ce cap le front du bélier, eh
grec, Kp;e~ /w t6)tîv , Crin Metopon.
KERMENT, ville de Hongrie, fur le Raab, au con-
fluent de la Bincka , à deux milles d'Allemagne des
confins de la Stirie , & autant de S. Godart. Les Turcs y
perdirent une bataille en 1664.
KERMAN , canton d'Afie , dans la Natolie. Voyez
Germian.
KERMINIICH , petite ville de la Trânfoxane, en-
tre Samarcand & Bokhara. Elle a beaucoup de villages
dans fa dépendance. * Manujcrit de la Bibl. du roi.
KERMUA , ifle de l'océan Ethiopique, affez près de
celle de Raneg , & à trente milles de la côte de Zan-
guebar. Ses habitans font noirs , & on les appelle Bo~
mim , félon d'Herbelot, Biblioth. orient.
KERNRIED , village de SuifTe , dans l'étendue du
bailliage de Fraubunnen , au canton de Berne. L'auteur
de l'Etat &c Délices de la SuifTe dit que, l'an 1605 ,
près de ce village, deux petits bergers trouvèrent un pot
647
plein de vieilles pièces d'argent de monnoie Romaine
au nombre de 1500. Il y en avoit de Galba, de Tite,
de Domitien , d'Adrien , de tous les empereurs fuivans
jusqu'à Dioclétiën, &. de quelques impératrices, des
deux Fauftines , mère & fille , de Lucile , de Plautile ,
de Julie Sohéme, de Julie Mammée , &c. Les Bernois,
comme fouverains , s'en faifirent , & en ornèrent leur
bibliothèque publique. *Etat & Délices de la Suife,
t. 2, p. 169.
KERN w ALD , chaîne de montagnes chargées de
forêts, dans le canton d'Underwald , en SuifTe. * Etat
& Dél. de la Suiffe , t. 2 , p. 447.
KEROSCA , bourg de la baffe Hongrie, près dû
Danube. Quelques-uns difent Kurusca, d'autres CÉ-
ROSIGKA Voyez Cucci.
KEROUDGEH , petite ville du Khoraffan : elle
eft fur le fommet d'une montagne. On en tire du fer
& du plomb. Le pays abonde en pommes , poires ,
abricots, pêches, &c. Il y a dans cette ville une fource
d'eau chaude fur laquelle le Sultan Hujfein-B ûkarah à
fait conftruire un fupetbe édifice. L on y vient pour fon
plaifir & pour fa fanté. * Manufcrit de la Bibl. du roi.
, KEROUKH , ville & canton d'Afie dans le Kho-
raffan, à 97 d. de longitude, & à 3 5 & demi de latitude.
Le canton eft une vallée entre des montagnes : il a
vingt lieues en long & en large , & eft couvert d'ar-
bres. Il eft rempli de vignes & de jardins. L'air y eft
bon. Il y a beaucoup de terres eniemencées dont la
récolte eft en abondante. * Manujcrit de la Bibl. du.
roi.
KERPEN, petite ville d'Allemgane , chef-lieu d'une
feigneurie particulière dans la dépendance de l'électoral
de Cologne, enclavée dans le duché de Juliers, fur la
rivière d'Erift. Kerpen , Sleiden & Muidrag en font les
principaux lieux. * Sanson, Atlas.
KERRI, Kerrienjîs comitatus , comté d'Irlande, dans
la province de Munfter. Il porte le titre de comté Pala-
tin, & a Limérick & Corckà l'eft , l'océan Atlantique
à l'oueft ; le Shannon le fépare du comté deTho-nond
au nord , & il a au fud Desmond St une partie de TO-
céan. Il a foixante milles de long Se quarante - fept de
large. C'eft un pays de montagnes, couvert de forêts ,
quoiqu'il y ait des champs labourables en divers endroits,
& qui portent de bon bled. On divife ce comté en huic
baronniês qui font :
Iraghticoner,
Clanmoris,
Corkaguinie,
Trughenackmy,
Magunihie",.
Glanaroghty,
Dunkeron
& Ivréagh.
D y a une ville qui a droit de tenir marché , & trois
qui envoient leurs députés au parlement. Ardfuzrt, fiége
épiscopal , Trally, Dingle & Cajllemain font les princi-
paux lieux de ce comté. * Etat préfent d'Irlande ,-p. 50.
KERSCH , ville maritime des Cofàques , fur la mer
Noire , auprès du Don. * D'Herbelot, Bibl. orient.
Cette ville eft fur le détroit de Daman , qui joint la
mer Noire aux Palus-Méotides ; fon porr eft excellent;
mais comme il eft entre les mains des Tartares , & que
ces peuples n'ont pas de marine , & ignorent absolu-
ment la navigation il leur eft entièrement inutile. Elle
eft fort marchande ; on y compte vingt-deux mosquées,
& deux églifes grecques. Les maifons y font de pierre,
6c le toit eft bâti en plate-forme.
KERSIMIE , rivière de Ruffie ; elle fe jette dans le
Volga.
KERTSERS, ad Carceres , village de Suiffe, au
bailliage de Morat , à l'exemple de laquelle il em-
brailà la communion de Genève. L'églife de ce village
fut donnée, en 962 , à l'abbaye de Payerne, par la reine
Berthe, époufe de Rodolphe II , roi de Bourgogne, fon-
datrice de cette abbaye. * Etat & Délices de la SuiJJé ,
! kERWAK, ville de Perse, à87d. 32' de longitude,
fk à 34 d. 15 de latitude, félon Tavernier, ^ Voyage de-
Perse , 1. 3 , c . dernier. Il ajoute que le territoire eft
abondant en fruits.
KÉSANG, fort dans I'iûe Formofe , poffédé d'abord
par les Espagnols , &pris ensuite fur eux par les Hollan-
dois. * Notes du P. Charlevoix*
ê48
KES
KES
KESAT, bourgade du Tonquin , au bord occidental
de la rivière de Chale , aux confins du royaume de Bao.
La religion Chrétienne y étoit floriffante ; il n'y avoit
plus que fix familles idolâtres , & il s'y trouvoit plus de
deux mille Chrétiens fous la direftion des millionnaires
Jéfuites & des Dominicains qui y avoient leurs églifes.
Ce lieu avoit été regardé comme un afyle, d'où les mis-
fionnaires partoient plufieurs fois, durant le cours de l'an-
née , pour fe répandre dans les diverses provinces du
royaume. Kefat étoit même refté tranquille durant les
persécutions qui fe font élevées au Tonquin ; mais en
172 1, la cour y envoya des officiers qui faccagerent la
bourgade , emprifonnerent les Chrétiens , démolirent
les églifes & diffiperent cette églife naiflante. On en
trouvera les détails au dix-huitiéme volume des lettres
édifiantes.
KESCH , ville de Tartarie , dans la province de
même nom. Ce n'étoit d'abord qu'un village , nommé
Khouadgé-Ilgar, dans lequel naquit le fameux Tamerlan.
Lorsque ce prince eut fournis toute la Tartarie , il fit de
ce village une ville célèbre , l'entoura de murailles , y
fit conftruire un palais magnifique ; & avant d'en jetter
les premiers fondemens, il confulta les aftronomes. Il y
établit les plus habiles gens dans les fciences & les arts,
la nomma le dôme de lafeience & de la vertu. Il y pas-
foit tous les étés. Elle étoit fi agréablement fituée, qu'on
l'appelloit la ville verte , à caufe de la fraîcheur de fes
jardins. *Hijl. générale des Huns, par M. de Guignes, t. 5,
p.ï&iz. _, .
KESCHING , village d'Allemagne , en Bavière, près
d'Ingolftad &c du Danube. On croit que c'eft la C.ESA-
REA BoioRUM, de la Table de Peutinger.
KESILLRABAT, petite province fituée vers les bords
de la rivière de Khefell ou Kefill, au nord-oueft de la
petite ville de Tuk. Ce petit pays eft très-peuplé, & pro-
duit en abondance toutes fortes de bons fruits. *Hifioire.
généalogique des Tatars, p. 57g.
KESKER, contrée de Perse , au bord méridional de
la mer Caspienne , entre le Ghilan & le Mafanderan*
C'eft un gouvernement particulier , qui a un Calanter ou
lieutenant du roi. Oléarius, /. 6 , t. z, p. 10 & 11 , le
regarde comme faifant partie du Ghilan. Il dit que la ri-
vière de DlNATSAR fépare le pays de Kesker de ce-
lui d'Aftare. Reland , Carte de la Perse , ne connoît
point cette rivière non plus que la nouvelle Carte de
la mer Caspienne , publiée à Amfterdam chez Ortens.
L'un & l'autre donnent le nom de Kesker à une ville
qu'ils placent au fond d'un golfe, au levant de l'embou-
chure de la rivière de Kifilozan. Mais Oléarius nous aver-
tit que le vrai nom de cette ville eftKuRAB ; qu'elle eft
à deux lieues de la mer , &t toute cachée dans fes ar-
bres. Il ajoute : ceux qui l'appellent Kesker, lui donnent
le nom de la province, en laquelle elle eft fituée ; c'eft le
lieu de la naiffance de Schach-Sephi.
KESMARK , ville Si fortereffe de Hongrie, au comté
de Scepus, fur la rivière de Paprad, au nord occiden-
tal & à deux milles de Leutschow, en allant vers le mont
Krapac &: la Pologne. Quelques - uns nomment cette
ville en latin Cafareo-Forum , comme fi fon nom figni-
fioit le MARCHÉ impérial , au lieu qu'en allemand
c'eft Kesmarck, c'eft-à-dire le marché au fro-
mage; ainfi ilseuffent mieux fait de la nommer Tyro-
polium. LesHongroisdifentKESMARCK, StlesEscla-
vons KESMAREK. Ceux qui en font une ancienne ville,
dérivent ce nom de Quads-Marck , comme s'il figni-
fioit frontière des Quades ; mais ils n'en apportent au-
cune preuve ancienne. Cette ville s'eft formée de
trois villages voifins , dont l'un portoit le nom de Saint-
Pierre & de Saint-Paul, l'autre de Saint- Michel ; le
troifiéme, qui étoit le plus grand, s'appelloit Kesmarck.
Ces trois villages s'unirent, 6c il s'en forma un bourg,
puis une ville à laquelle on ajouta une citadelle. Les
noms des deux villages font voir que Je Chriftiamsme
y étoit déjà reçu quand la ville fut bâtie. Elle devint
flonflante fous les régnes de Bêla IV, & d'Etienne V,
qui ratifièrent fes anciens privilèges , &t lui en accordè-
rent de nouveaux, Si fut honorée du titre de ville royale.
Elle jouit de fa liberté jusqu'au régne de Jean Zapoly,
qui prétendit à la couronne de Hongrie. Mais ce roi
avant été chaffé par Ferdinand I, fon concurrent, cette
ville, que Jean avoit fortifiée, fe fournit comme les au-
tres ; 5>c l'an 1 5 18 , Louis Pekry y vint commander dé
fa part. Jean , qui s'étoit réfugié en Pologne , fe voyant
appuyé par Sultan Soliman , rentra en Hongrie , reprit
pofTeflion de Kesmarck , & des droits que les habitans
payoient au roi. Il en gratifia Jérôme Lasky , dont il
avoit reçu de grands fervices. A la paix de Hongrie, les
Lasky gardèrent cette place jusqu'à l'an 1571 , qu'ils l'en-
gagèrent à Jean Ruber , qui commandoit en Hongrie ,
pour l'empereur Maximilien. Ruber fit en cela un mau-
vais marché ; car en 1 577, le château fut brûlé ; il fit de
folles dépenses pour le rebâtir ; & la même année, il l'en-
gagea àStaniflasTurzon, pour douze mille florins. Il le
dégagea en 1579, &c l'engagea de nouveau à Sébaftien
Tékéli , pour quarante-fept mille florins. La réparation
qu'il avoit faite , fe montoit à plus de quarante - deux
mille. Tékéli fit changer l'hypothèque en propriété hé-
réditaire. Les Tékélis n'oublièrent rien pour abolir les
franchifes de Ketsmack. Ferdinaxid III s'y oppofa, &
foutint la ville. Enfin Eméri Tékéli s'étant mis à la tête
des mécontens , fous le régne de Léopold ; & fa levée
de bouclier n'ayant pas eu tout le fuccès qu'il' en avoit
attendu, fes biens furent confisqués. La ville de Kes-
mark fut rétablie dans fes privilèges , & voulut même
s'approprier le château ; ce qu'elle obtint moyennant une
fomme qu'elle paya au comte Ferdinand Ruber. La ville
eft petite, ceinte d'un mur flanqué de tours; mais elle
eft commandée par quelques hauteurs. L'églife a le titre
de Sainte-Croix. * Belius , Hungar. antiq. & nov. Pro-
dro. p. 91 &feq.
Le château eft enfermé d'un double mur , orné de
cinq groffes tours. La cour en eft grande ; la chapelle
eft enrichie de marbre. Tout y étoit magnifique jusqu'aux
écuries ; mais les habitans ayant acheté le château ,
en 1701, y ont fait de grands dégâts, & n'y ont pres-
que rien laiffé de fon ancienne fplendeur.
KESROAN, chaîne de montagnes d'Afié, & partie
du mont Liban ; les Européens l'appellent Castre-
VENT; Les Arabes la nomment Galad-KhariÏah
ou le Liban extérieur ; c'eft en effet le dehors d'une,
partie du Liban , tournée vers la mer Méditerranée.
C'eft une des plus belles contrées & des plus étendues
de tout le mont Liban. Elle eft bornée à l'orient, par le
pays deBalbec; au nord, par la région de Gèbail; du
côté du midi, par le pays des Drufes; & au couchant,
par la mer de Syrie, dont presque toutes les côtes font
au pied des montagnes. Le Nhar-Khelb , ou le fleuve
du Chien, divife toute cette région en deux parties. La
première, qui regarde le feptentrion , eft nommée Kes-
ROAN-Gazir , & tous fes habitans font Maronites.
L'autre partie , oppofée au midi , eft appellée KESROAN-'
Bkkfaja ; elle eft habitée par des Maronites & par des
Grecs Melchites. Au refte rien n'égale la fécondité des
terres du Kesroan ; meuriers pour la foie, vignobles dont
le vin eft excellent, oliviers gros comme des chênes,'
prairies , pâturages , bleds & fruits de toute espèce ; ce
font les richefles de cet agréable pays , qui abonde d'ail-
leurs en gros & menu bétail , en gibier & en bêtes fau-
ves. Les meuriers & les oliviers font presque par-tout
plantés à la ligne dans les vallons , & forment des al-
lées agréables , qui font bordées par de petits canaux ;
l'eau y vient des fontaines & des torrens , dont le pays
efttout rempli, laquelle on détourne pour cet ufage. Les
vignes font auffi plantées dans un certain ordre qui fait
plaifir à la vue. On les tient fort élevées , & presqu'en
façon de treilles, par le moyen des longues perches qui
les foutiennent , Se par d'autres que l'on met en travers,
fur lesquelles les farmens s'étendent & d'où pend le rai-
fin, qui acquiert par ce moyen une parfaite maturité ;
il y a aufïi un intervalle confidérable d'un fep ou pied de
vigne à l'autre ; ce qui ne contribue pas peu à leur {&•
condité & à la groffeur du raifin qui eft extraordinaire.
Il y a dans le Kesroan un plus grand nombre de bourgs
& de gros villages , que dans les autres régions du Li^
ban; & plufieurs de ces villages font fur des hauteurs admi-
rablement bien fituées, avec des vues toutes charmantes,
principalement ceux du côté du couchant, qui regardent
la mer. Telle eft , entre les autres , la fîtuation d'Au-
GUST A , fur les confins du Kesroan rk du pays des Drufes,
à trois lieues de la mer. C'eft la demeure du prince qui
eft le chef de la nation Maronite , & qui eft auffi lecom-
du pays , fous l'autorité de l'Emir des Drufes,
Va
■
KET
EHA
Un fil beau pays, fitué dans un climat que je crois le plus
doux Si le plus tempéré de toute la Syrie , femble con-
tribuer en quelque manière à la douceur de l'esprit , aux
tonnes inclinations Se au>: mœurs toutes louables de les
habitans. Il eft "rare, en effet, de trouver d'auffi bonnes
gens dans les montagnes , qui inspirent pour l'ordinaire
des manières rudes Se fauvages, que le font les Maroni-
tes du mont Liban , mais fur-tout ceux qui peuplent le
pays dont nous parlons; pays dont les vices en général
& la mauvaife foi Se fur-tout le larcin, font tellement
bannis, qu'on n'en entend jamais parler. On n'y parle point
auffi de procès , ni de grandes conteflations fur des ma-
tières d'intérêt, 6c encore moins de punir quelqu'un de
peine affliftive, parce que les délits , qui méritent cette
peine, ne s'y commettent jamais. * La Roque, Voyage
de Syrie Se du mont Liban , t. i , p. 219, edit. Parif.
p. 177, éd. d'Amft.
KESSEL , gros village des Pays-bas , dans la haute
Gueldre , avec un beau château, chef-lieu d'un pays au-
quel il donne fon nom, Se. à l'extrémité méridionale du-
quel il eft fitué , aux confins du comté de Horn , au
bord occidental de la Meufe , entre Ruremonde 8e Venlo,
La terre ce Kessel ou le pays de Kessel,
canton des Pays-bas, dans la haute Gueldre, entre le
Péeland, au couchant, & ia Meufe à l'orient , le pays de
Cuyk au nord, Se le comté de Horn au midi. Le -pays
de Keflei a été cédé au roi de Pruffe, par le traité d'U-
trecht. Il faiibit auparavant partie de la Gueldre Espa-
gnole.
KESSEL-ÎSSAR , château de Bulgarie, qui défend le
défilé., nommé DervaitCapi , qui dure fix bonnes lieues;
c'eft la porte Trajane des anciens.
KESTEVEN, petite province d'Angleterre , une des
trois parties du comté de Lincoln, au midi de la rivière
de Witham, confine au midi avec la province de Lei-
cefter ; les Saxons la nommoient Céojlefne-Wald. L'air
y eft bon, le terroir eft fec, mais fertile.
KÉTAC, contrée d'Afie, à l'extrémité fëptentrionalë
du Tonkin , entre la rivière de Chalé Se la province de
Quanfi, qui eft de la Chine. * Robert de Vaugondy, Atlas.
KÉTAY", autre canton, au fud-oueft du Kétac , aux
deux côtés de la rivière de Lancan Se aux confins du pe-
tit Laos , entre ce pays Se le lac de Quadac. * Robert de
Vaugondy, Atlas.
KËTCHITÈouKesicton, contrée de la Taftarie,
proche la grande muraille de la Chine. Elle eft divifée en
deux barrières. Ses principales habitations font fur une
petite rivière , qui va le rendre au fud-eft dans le Sira-
Mouran. '' Hijl. générale des Huns, t. 4, p. 138.
KÉTÉ , bourg de l'Indouftan, à fix milles de Man-
doula, ville voilîne de la rivière de Jaoun , Se à douze
milles de Géannuma. Le Jaoun paffe à Firouz-Abad,
qui n'eft qu'à trois lieues de Dehli. * Hijl. de Timur~
Bec, 1. 4, G. 21. .
KÉTIEN , ville de la Chine , dans la province de
Junnan , au département de Jungning , onzième métro-
pole de cette province. Elle eft de 16 d. 5' plus occi-
dentale que Pékin , fous les 17 d. 41 ' de latitude. * Atlas
Sincnfù.
KÉTIR, ville de la Natolie, à 62 d. de longitude,
8e à 43 de latitude , peu loin de la mer Noire , entré
Prufe Se Sinope. * Hijl. de Timur-Bec , 1. 5 , c. 50.
KÉTOY, ville d'Aiîe, auTonquin, entre une rivière
8c des montagnes, environ à vingt-cinq lieues de Ciampa,
8e à trente de Checou. C'eft, fans doute , la même chofe
que la Kehoi de De rifle, qui n'en fait qu'une bour-
'gade , à l'orient du lac de Cuadac , que traversé la ri-
vière de Lancan. * Tavernier, Descr. du Tonquin.
KETTERING, bourg d'Angleterre, dans la province
de Warvick. On y tient marché public. * Etat prèfent
de laGr. Bretagne, t. I.
KÉTUER , montagne d'Afie , dans la province de
Bédakchan , à 115 d. de longitude, Se à 36 de latitude.
Elle étoit peuplée d'idolâtres , qui avoient un roi parti-
culier , lorsque Timur en entreprit la conquête. Us
avoient mis les Mahométans , leurs voifins , à contri-
bution. Il eut des peines incroyables à y arriver ; Se leurs
montagnes étoient couvertes de neiges , quoique ce fût
au mois de Juin. Ils avoient une citadelle, au pied de
laquelle paffe une groffe rivière. On peut voir les dé-
tails de cette conquête dans l'Hiftoire de Timur-Bec,
ëM
1.4, c. 3. Ce peuple , dit l'hiftorieri , a une langue
particulière qui n'eft ni Perfienne , ni Turque, ni In-
dienne ; Se fi ce n'étoit les habitans des lieux circon-
voifins qui s'y trouvent par hazard , Se qui , ayant appris
leur jargon , leur fervent d'interprètes , perfonne ne
pourroit les entendre.
KETVIN , prévôté de chanoines réguliers , dans la
baffe Autriche , près de Krems.
KEU , ville de la Chine , dans la province de Xan-
TUNG ou Channton, au département deTungchang,
troifiéme métropole de cette province. Elle eft de 1 d.
34^ plus occidentale que Pékin , fous les 36 d. 54' de
latitude.
KEVACHIR ou Verdèchis. , ville de Perse , à
80 d. 30' de longitude, Se à 28 d. 15' de latitude, fé-
lon Tavernier , Voyage de Perse, l. 3 , c. dernier.
KEW, bourg de Hongrie , fur le Danube , au-deffus
de Futack. Voyez Onochrnium.
KEXHOLM ; on l'appelle auffi Carelogorod^
ville de l'empire Ruffien , dans la Carélie , au bord oc-
cidental du lac Ladoga. Elle étoit ci-devant à la Suéde,
8e étoit le chef-lieu d'une partie de la Carélie Suédoife ,
que l'on diftinguoit en Carélie Finoife , Se Carélie de
Kexholm , comme nous le difons au mot CarIlie.
Voyez cet article.
KEYHOOKA, grande ville de l'Amérique, dans la
Nouvelle Espagne , au midi de la baie de Campèche.
C'eft une grande ville de commerce , Se bien riche ,
fituée à quatre lieues de la rivière de Guafickwalp , (ou
GuAZACOALCO,) à fon oueft. Elle eft habitée de quelques
Espagnols en petit nombre , Se d'un grand nombre de
Mulâtres , la plupart voituriers ; ils ont quantité de mu-
les , avee lesquelles ils vifitent fouvent la côte , où croît
le cacao , pour en "acheter , Se ils parcourent ainfi tout
le pays qui eft entre Villa de Mofe Se la Verà-Cruz,
* Dampier , Voyages, t. 3, part, a, p. 183.
KEYSERSBERG. Voyez Kaysersberg.
KEYSERSLAUTERN. Voyez KayserslautERn.
KEYSERSTUL. Voyez Kaysersthul.
KEYSERV/ERT. Voyez Kayserwerd.
KHABERAN, canton d'Afie, dans le Khorafîàn. Il
eft bien peuplé , Se a donné naiffance à plufieurs per-
fonnes illuftres. * Manuscr. de la Bibl. du roi.
KHACOUNI, montagne de la Barbarie d'Ethiopie.
Voyez BAREARIA 2. Elle a fept croupes qui s'avancent
fur la mer , Se une autre vers la terre , Se s'étend jus-
qu'à une province fort peuplée , que l'on appelle Ha-
VI AT. * D 'Herbe-lot , Biblioth. orientale.
KHAÏBAR , ville de l'Arabie heureufe. Elle eft , fé-
lon Abulféda , à 76 d. 30' de lon'gitude , Se à 24 d. 20';
de latitude. Le même auteur en parle ainfi dans fa Des-
cription de l'Arabie, article 10, p. 309 , de la Traduc-
tion de De laRoque. Khaïbar abonde en palmiers, Se c'eft
la terre des enfans d'Anzab. Khaïbar, dans la langue des
Juifs , fignifie un château. Son éloignement de Médine
eft d'environ fix ftations entre le feptentrion Se l'orient.
Khaïbar, félon Edriffi , eft une petite vijle femblable à
un grand château , abondante en fruits Se en palmiers :
au commencement du Mahométisme , ce n'étoit qu'une
maifon entre Karida Se Ennadit , Se c'étoit la demeure
des enfans de Koraïtab Se de Nodaïr ; c'eft -là auftj
qu'a habité Sarhoul , fils d'Adiya. Il y a quatre ftations
de Khaïbar à la Mecque. Le traducteur François observe
furl'étymoîogie de Khaïbar, qu'on prétend que ce nom,
fignifie plutôt ligue Se confédération, à caufe que c'eft
en ce lieu que les Juifs réunis contre les premiers Muful-.
mans, livrèrent bataille à Mahomet.
KHAIRABAD. Voyez Khourehfars.
KHALED , ifle d'Aiîe, au bas de l'Euphrate. Ma-
LEK eft une autre ifle voifine. * Hifî. de Timur-Bec ,
1. 5, c. 38..
KHALfAT , petit pays de l'Arabie heureufe. Il eft
renfermé entre les villes de Merbath Se de Scharmah,
dans la province d'Hadramut. On y voit une montagne
qu'on nomme Giabal-Alcamar , c'eft-à-dire montagne
de la lune , à caufe de fon fommet qui a quelque res-
femblance avec le croiffant ; au pied de cette montagne
eft un vallon auquel elle a donné le nom de Gab- Al-
CAMAR. *D,Herbelot, Bibliot. orient.
KHANBALEKy ou
KHANBALIKj ou
Tome II J, N n n n
6*ro
KHA
KHE
KHANBLIG nom de la ville que nos hiftoriens & rendirent maîtses ;, fous le régne d'Oktaikan , fils de
nos géographes ont appellée Cambalu , & qu'ils ont Ginghiskan * D'Herbelot , Biblioth. orient,
placée dans la grande Tartarie , au feptentnon de la KHARTAN, îfle dans le golfe de la mer dYemen,
Chine Mais fuivant les géographes & les hiftoriens ou de l'Arabie heureufe. Ses habitans ont une langue par-
Orientaux il eft confiant que c'eft une ville de la Chine, ticuliere, qui n'eft point entendue des autres Arabes, &
Ebn-Sâïd ' dans Abulféda , lui donne 130 d. de longi- font trafic d'ambre gris , que la mer jette quelquefois fur
tude & \ S à. iï' de latitude feptentrionale , & la place le rivage de leur îfle. *D'Herbelot , Biblioth. orient,
dans 'le quatrième climat ; Se les Tables intitulées Al- KHARAF, canton de Nichabour, dans leKhoafian,
haraïr, ne lui donnent que 1 14 d. de longitude, & 49 d. 393 d. de longitude, Sc35d.de latitude. Selameh, Sind-
de latitude feptentrionale , &la reculent jusqu'au fixiéme gian & Zerken font des bourgs de ce canton. Le pays
climat. Mais la fupputation d'Ebn-Sâïd eft plus con- abonde en raifins , melons, grenades ikfoie. *Manuscr.
forme à la vérité , fi l'on fait attention au chemin que de la Bibl. du roi.
rirent les ambafladeurs de Schahrokh Se d'Ulug-Beig , KHAZAR. Voyez Khosar. _
fon fils, pour arriver à cette capitale de la Chine fep- KHESELL,(le) ouKhesill, grande rivière d Ane,
tentrionale. Néanmoins Ebn-Sâïd , & l'auteur des Tables dans la Tartane, au pays des Usbecs ;] c'eft la même
Alharaïr , conviennent en ce qu'ils écrivent que Khan- que la fameufe DARIA , rivière dont on a fait tant de
balig eft fituée dans le Khathaï , c'eft-à-dire , dans la bruit depuis le commencement de ce fiécle. Mais ce mot
Chine, bien avant dans l'orient. Ebn-Sâïd ajoute qu'elle Daria eft un nom général, qui fignifie Amplement ri-
étoit fort célèbre de fon tems , par les relations des viere ; amfi ce n'eft pas le nom propre de celle-ci ; c'eft
marchands qui y alloient , & qui en apportoient des
marchandifès ; qu'il y avoit des mines d'argent dans fon
voifinage , & qu'à fon midi , fon terroir étoit borné par
les monts de Belhar , ainfi appelles du nom. d'un puis-
fant roi des Indes, voifin de la Chine. Al-Bergendi,
dans fa Géographie intitulée Reffala meffahar ardh,
écrit que la ville de Khanbalig eft fituée a l'extrémité
du Turqueftan , & que ce que l'on difoit de fa grandeur
& de fa puiflance , paroifîoit incroyable. Il faut remar-
quer que cet auteur prend ici le Turqueftan pour tout le
vafte pays, qui s'étend depuis la mer Caspienne jusqu'à
la mer Orientale , qui borne la grande Tartarie St la
Chi.
le Kesell ou Kesill , qu'on doit l'appeller.
Elle a fa fource dans les montagnes qui féparent les
états du Contaich, grand Kan des Kalmoucks de la
grande Boucharie, vers les 43 d. de latitude, & les 96 d.
30' de longitude. Son cours tend à-peu-près de l'orient
a l'occident ; &C après avoir traversé tout le pays de
Charaffin , & parcouru environ cent cinquante lieues
d'Allemagne de pays, elle vient fe dégorger dans la mer
Caspienne, à 40 d. 30' de latitude, à ^5 lieues d'Allema-
gne , au nord de l'embouchure méridionale de la ri-
vière d'Amù. Les bords du Khefell font extrêmement
fertiles par-tout où ils font cultivés ; mais la plus grande
La première conquête que Ginghiz-kan fit, après partie en eft négligée par les Tartares , habitans des pro-
s'être rendu maître abfolu dans la grande Tartarie , fut
celle de Khanbalig , qu'il prit par fes lieutenans fur Al-
tankhan , qui étoit alors empereur de la Chine ; & il la
laifTa à l'adminiftration d'un gouverneur , pendant qu'il
vint en personne jusqu'en-deçà du Gihpn , où il fit d'au-
tres conquêtes. A fon retour dans fes états , ayant appris,
vinces qu'elle arrofe : ils ne daignent même pas profi-
ter des excellens pâturages , que les bords de cette ri-
vière leur offrent, quoique meilleurs que ceux qu'on
trouve du côté de la rivière d'Amù. On ne trouve de '
ce côté , fur-tout le Khefell , que de petites villes ; en-
core font-elles à moitié défertes , parce que les Tartares
pendant cette expédition , que les Khathaïens ou les Chi- Usbecks de la grande Boucharie , &C du pays de Cha-
nois avoient fecoué le joug, il fe préparait pour y re- rafs'm , cherchent également les frontières des Perfans ,
tourner en personne, lorsqu'il mourut. Mais Oktaî Khan, où ils trouvent mieux à exercer leurs talens , que vers
fon fuccefleur , ayant exécuté fon projet , ne contraignit les frontières des Kalmoucks & des Cara - Kalpakks.
pas feulement les peuples, qui s'étoient révoltésà fe fou- C'eft dans la rivière de Khefdl, de l'autre côté de la
mettre une autre fois, il étendit encore fes conquêtes petite ville de Tuk, que le bras feptentrional de la
dans le grand empire de la Chine , plus loin que n'avoit rivière d'Amù s'eft venu décharger , il y a environ qua-
fait Ginghizkhan ; & depuis ce temsKhanbalig , & tout tre-vingt ans, après avoir quitté fon ancien canal, qui
ce qui en dépendoit, demeura long-tems fous la domi- paflbit devatit la ville d'Urgens. Mais, depuis quelques
nation des empereurs Ginghiz-kaniens. * D'Herbdot , années , les Tartares du pays de Charafs'm , ont encore
Biblioth. orient. détourné le cours de la rivière de Khefell ; enforte
Voyez CAMBALU & PÉKIN, qui font les noms d'une qu'elle ne fe décharge plus dans la mer Caspienne; ce
même ville,
KHANKOU , ville de la Chine. Elle efttrès-confidé-
rable par le concours des marchands , que le négoce y
attire de tous côtés ; c'eft la dernière & la plus éloignée
du côté du levant, où ils abordent ; elle eft fituée au fud-
eft de la ville de Sangiouch, &t n'eft éloignée de la mer,
que d'une demi- journée: Il n'y a pas d'autre eau que
celle des puits; & quoiqu'il n'y ait point de jardinage,
elle ne laiffe pas d'être fort peuplée , à caufe du com-
merce qui s'y fait. Edrifli , cité par d'Herbelot , parle
auffi de Khancou en ces termes : c'eft , dit-il , un très-
grand port de la Chine , éloigné de quatre journées de
navigation , & de vingt journées de chemin pa£ terre
qui arriva ainfi. Pierre le Grand , ayant extrêmement à
cœur de rendre fes états florifans , par le moyen du
commerce , portoit fans celle fes pensées fur tout ce
qui pouvoit faciliter ce deffein : & ayant compris que
la communication de la Sibérie, avec les états méri-
dionaux de l'Afie , y contribueroit infiniment , il jugea
que cette communication fe pourrait établir le plus
commodément par le moyen de la rivière, de Sirth ,
laquelle arrofe le pays de Turqueftan , prefumant avec
vraifemblance , que cette rivière fe déchargerait dans la
mer Caspienne. Pour cet effet, il fit accompagner, à plu-
fieurs reprifes , les Cofaques du Jaïck , qui font accou-
tumés de courir le long des côtes de cette mer, par
de Loukin," ville des Indes la plus prochaine. Elle eft des gens entendus dans la marine, pour examiner en
éloignée de Giankou ou Giankova , autre ville des In- quel endroit la rivière de Sirth pouvoit y avoir fon eVn-
des , de huit journées. Al-Bergendi en parle autrement bouchure ; ces gens ne trouvant aucune rivière confi-
que les deux auteurs précédens. Il dit en deux endroits, dérable qui fe déchargeât dans la mer Caspienne , en-
de fa Géographie , que c'eft le nom d'une province delà tre la rivière de Jemba & l'Amù, que la feule rivière
Chine , que les habitans lui donnoient, mais qui néan- de Khefell, crurent que ce devoit être la rivière qu'ils
moins étoit plus connue de fon tems , fous celui de Kha- cherchoient ; &t ce qui acheva de les tromper , fut que
tha. * D'Herbelot , Bibliot. orient
KHAOUS, petite ville d'Afie , dans la Tartarie, au-
defl'ous de Samarcande ; elle eft éloignée de fept para-
fanges de la ville ae Zamin, & de neuf de celle de Khosch-
kat, fituée fur la rivière de Schasch. *D'Herbelot,B'ib\.
orient.
KHARADIN, petite ville de la grande Arménie. Elle
étoit autrefois très-grande & très-peuplée,
de la Bibl. du roi,
les Cofaques les affuroient que cette rivière portoit le
nom de Daria , qu'ils favoient être pareillement celui
de la rivière qu'ils cherchoient , fans favoir que ce fût
un nom général. C'eft pourquoi ils firent leur rapport,
en conformité de ce qu'ils avoient remarqué. Là-def-
fus l'empereur de Ruflie, prit, vers l'année 1719, la
réfolution d'y envoyer, par la voie d'Aftracan, un cer-
Manuscrits tain brigadier, Beckowit^, avec deux mille cinq cents
hommes , pour s'emparer de l'embouchure de cette ri-
KHARAGIA-BENOU-JAKSIN, ville du Kathay, viere. Cet officier, Circafle d'extradtion & qui poffé
fituée fur la rivière de Caramoran. LesMogols s'en doit la langue tartare, paroùToit plus propre à réuffir
KHE
KHO
qu'un autre. Cependant les Tartares ayant pris de l'om-
brage de ce qu'on étoit venu diverfes fois reconnoîtrè
la rivière de Xhefell,&L ayant remarqué d'un autre côté,
par Jes ouvertures qu'ils étoient, de tems en tems, obligés
de faire à cette rivière , pour abbreuver leurs terres ,
qu'il feroit facile de la faire tomber dans le lac d'Arall ,
par le moyen de certaines terres baffes , qui fe trou-
voient de ce côté , ils réfolurent d'entreprendre cet ou-
vrage ; & pour cet effet, ils faignerent la rivière en tant
d'endroits, qu'ils vinrent enfin à bout de la conduire,
par trois bras différens , dans le lac d'Arall ; ce qui ayant
extrêmement affoibli le véritable lit de la rivière , ils
achevèrent facilement de la boucher tout-à-fait; enforte
que Beckowiti étant arrivé quelque tems après avec fes
bâtimens à l'embouchure de la rivière de Khefell, la
trouva tout-à-fait à fec. Cependant pour obéir à fes
ordres , ils ne laiffa pas de faire, mettre pied à terre à
fes troupes,, & de commencer à bârir quelques forts aux
environs, le mieux que le terrein, extrêmement fablon-
neux , le voulut permettre; mais à peine les avoit-il
mis en état de pouvoir faire quelque réfiftance , que les
Tartares Chivinski ,. qui font les mêmes que les Us-
becks du pays de Charafs'm le vinrent attaquer avec
une nombréufè cavalerie : Beckowiti fe défendit avec
tant de réfolution , que défesperant à la fin de venir, à
bout de lui par la force, ils eurent recours à la fraude.
Pour cet effet le Chan des Tartares , qui commandoit
en perfonne, lui fit dire en fecret qu'il étoit dans fon
cœur véritable ami des Ruffes , 8* qu'il ne fouhaitoit
rien davantage que de les voir établis en fon yoifinagë ,
mais qu'il étoit obligé de s'qppofer en cette occafion à
eux, à caufe des autres princes; Tartares, fes parens &
fes voifins ; qu'on avoit réfolu de faire encore un der-
nier effort contre lui le lendemain , & qu'en cas qu'on
ne réufsît pas mieux , on tâcheroit d'en venir à un ac-
commodement. Comme ce même Chan avoit fait faire
peu de tems auparavant des proteftations femblables à
la cour de Ruffie , par un envoyé , Beckowiti fe laiffa
perfuader qu'il pourroit bien y avoir quelque chofe de
vrai à tout cela , & qu'il falloit voir ce qui en arrive-
roit. Cependant les Tartares ne manquèrent pas , con-
formément à l'avis donné , d'en venir aux mains avec
lui le lendemain ; ce qui alla même fi loin , que , con-
tre leur ordinaire , un grand nombre d'entr'eux mit
pied à terre en cette occafirtn , pour pouvoir faire de
plus grands efforts ; mais ayant été repouffés à la fin
avec beaucoup de perte , le Chan lui envoya deux de
fes Murfes , pour s'informer pourquoi il étoit venu fe
jetter à main armée dans fes états, & ce qu'il fouhai-
toit : Beckowiti demanda qu'on fermât les ouvertures
faites à la rivière , & qu'on la débouchât entièrement ,
pour qu'elle pût reprendre fon cours ordinaire. Les Tar-
tares lui repréfenterent là-deffus-qu'ils pourroient bien,
à la vérité , déboucher la rivière , mais que l'eau fe
jettoit toute dans les trois bras fusdits , qui la portoient
dans le lac d'Arall , & cela, avec une fi grande rapidi-
té, qu'il leur étoit abfolument impoffible de les boucher;
fur quoi Bekowiti prit le parti de leur propofer qu'ils
«uffent à lui donner un certain nombre d'otages, &
qu'il iroit le faire avec fes troupes. Comme c'étoit-là
juftement ce que les Tartares fouliâitoient, ils ne man-
quèrent pas de lui accorder tout ce qu'il demandoit ,
après cependant avoir fait toutes les façons qu'ils cru-
rent néceffaires pour le faire mieux donner dans le pan-
neau. En exécution de cette convention , Beckowiti
fe mit en marche avec fes troupe» pour aller déboucher
la rivière , après avoir laiffé quelque monde à la garde
de fes forts. Mais les otages qu'on lui avoit donnés, &c
qui lui fervoient en même tems de guides , le menè-
rent par des endroits tout-à-fait déferts, où il n'y avoit
que quelques mauvaifes mares d'eau croupiffante ; en-
core ne pouvoient-elles pas fuffire pour tout le monde;
enforte qu'après cinq jours de marche, Beckowiti &
fes troupes manquèrent abfolument d'eau. Alors leurs
conducteurs leur propoferent, comme d'eux-mêmes,
de fe partager en différens corps , & de marcher par di-
verses routes , afin de trouver plus aifément autant
d'eau qu'il leur en falloit. Beckowiti fe voyant engagé fi
avant , fut obligé de confentir à cette propofition , quoi-
qu'il ne laiffâtpas d'entrevoir ce qui en pourroit arriver.
Les Ruffes s étant féoarés en différens corps , les Tar-
M
tares les vinrent envelopper les uns après les autres , fi?
rent mourir Beckowiti avec la plus grande. partie de fes
gens, &. mirent le refte à l'esclavage ; ceux qui étoient
reliés à la garde des lorts ne manquèrent pas de fe rem-
barquer au plus, vite, & de retourner à Aftracan. On
avoit publié que le fable de la nviere.de Sirjh étoit
très-riche en or , la cour de Ruffie en avoit été défa-
bufée avant le public; mais elle n'ayoit pas. jugé à pro-
pos de faire connoître la fauffeté de ces brutis, dont
elle étoit bien-aife de tirer parti. Quoi qu'il en foit, c'eft
par cetie aventure que la rivière de Khefcfl n'a plus
aucune communication avec la mer Caspienne, & qu'elle
porte toutes fes eaux , & une grande partie de celles
de la rivière d'Amù , dans le lac d'Arall. * Hijl. des
Tatars, p. 694.. . ;
KHI , ville de la Chine , dans la province de Pékbj'
au département de Paoting , deuxième métropole de
cette province ; elle, eft de 1 d. plus occidentale que
Peking, fous les 38 d. f.7' de latitude.
KHIVAK, ville d'Afie, au midi du Gihon, dan*
le royaume de Carezem , qui eft la Çhorasmie de Pto-
lomée, & le Khouarezm des Orientaux. * Hijl, de
Timur-Bec , 1. 5 , c. 33.
KHOCH1NG , ville de la Chine , dans la province
de Pékin, au département de Chinting, quatrième mé-
tropole de cette province; elle eft de 2 d 48' plus oc-
cidentale que Pékin , fous les 3 8 d. 1 5 ' de latitude. * At-
las Sinenjis.
, KHODAISER, bourg d'Afie, dans le Khoraffan,'
dans le territoire de Samarcande. Il eft de la dépen-
dance d'Oroufchnah ,. fort connu & fort peuplé. C'eft là
même chofe que Çhodaisàr. Voyez ce mor. * D'Hère
bélçt, Bibl. orierit. ,.
KHOGEND,. ou Khogenda, ville d'fiAe, dans
la Tranfoxane , des dépendances de Farganah , fituée
fur le Sihun , le Jaxartes des anciens , qui porte auffi le
nom de fleuve de Khogend. Quelques géographes lui
donnent 90 d. 3 5.'. de Jongitude , & 41 d. 15' de lati-
tude feptentrionale , & d autres 40 d. 50' de latitude.
Suivant Abulféda , le géographe Àmed-Al-Khateb met
fept journées de diftance de K-hogend à Samarkande j
& quatre de la même ville à Schajch. Suivant l'auteur
du livre de Géographie ,' intitulé Al-Lebab , c'eft une
grande ville environnée de beaucoup de jardinages , qui
portent des fruits trés-exquis. Al-Bergèndi en parle de
la même manière dans fon cinquième Climat. Cette
ville eft la même que COGENDÈ. Voyez ce mot.'
* D'Herbelot, Biblioth. orient.
KHOLGIÀN , pluriel de Klialig ,' qui fignifie un
golfe de la mer. Les géographes Arabes comptent trois
Kkolgian , ou golfes principaux dans notre continent ,
favoir Bahr-Fars ou le golfe Perfique; Bahr-al-Roum ,
ou la Méditerranée ; & Bahr-Khoiar , qui eft la mer
Caspienne. D'Herbelot ajoute : il eft certain que la mer
Caspienne n'eft pas un golfe ; & il a raifon ; mais je
m'étonnerois fort que les Arabes euffent oublié Bahr-
Colfum ou Kholium, qui eft le golfe Arabique. * D'Her-
belot , Biblioth. orient.
KHORASSAN, (le) ou le Corasan, ou la'
Corassane, pays d'Afie, à l'ex:rémité de la Perfe,
au nord-eft. D'Herbelot, qui avoit lu les géographes,
Orientaux, en parle ainfi. Khoraffan eft, dit- il, le
nom d'une province, ou plutôt d'un pays de très-grande
étendue. Voici la description que le géographe Per-
fien en a donnée.
Touchant l'origine du nom , il remarque que le mot
de Khor ou Khour fignifie le foleil ; & Afjan , Lieu,
habité: c'eft pourquoi, par le mot de Khoraffan, ont
entend une grande étendue de pays bien peuplé du
côté du foleil, c'eft-à-dire du foleil levant ; auffi les Per-
fans de l'Iraque Perfique difent que le Khoraffan s'é-
tend depuis Rheï , ville de la Perfe montagneufe , qui
s'appelle auffi Erak-Agem (Irac-Agémi) ou Iraque
Ptrjïque, jufqu'à Mathla-Afitab, jufqu au lever du foleil.
Mais voici de quelle manière il le décrit plus particu-
lièrement.
Le Khoraffan eft borné par lin défert vers le cou-
chant, du côté duGiorgian & du Gébal , ou de l'Iraque
Perfique: vers le midi, il a un autre défert, entre la
Perfe proprement dite, & le pays de Comas; le Se-»
geftan 6c les Indes vers le levant, & le Mauharalna-
TomiHI. Nnnn ij
KHO
6f2
har, avec une partie du Turqueftan , vers le feptentrîon.
A l'égard de ce défert qui eft au midi , & dont on
vient de parler, le même auteur le décrit ainfi. Il a une
partie des confins delà Perfe au couchant, une autre
partie & le Kerman au midi ; au levant, une partie du
Mekran & une partie du Ségeftan , & au feptentrîon
le Khoraffan, &c une partie du Ségeftan. En allant du
Khoraffan en Perfe , du côté du midi , la première ville
que l'on rencontre, après avoir paffé le défert, eft celle
d'Yezd. En allant vers Ispahan on arrive à celle d'Ar-
deftan ; vers le Kerman , à une petite ville appellée Ha-
béidh; & vers le pays de Comas, les villes de Semnan
& de Damagan.
Dans cette grande étendue le Khoraffan a quatre vil-
les royales , où les rois qui y ont régné ont fait leur ré-
sidence, à favoir les villes de Balkh, de Mérou , de
Nichabour & de Hérat. Le roi des Usbecks , ou Tar-
tares , fait fa demeure ordinaire dans celle de Hérat.
Les anciens rois de Perfe ont eu le Khoraffan fous
leur puiffance. Cependant l'auteur du Leb-Tankh re-
marque que, du tems de Narfj - Bed - Gudarz , il étoit
occupé par Moviad •& par Ramin. Après la conquête
de la Perfe, les Arabes s'en rendirent les maitres , tous
ie Khalife Othman. Les Tabériens, les Samamens, Mah-
moud Sebeckteghin , (es fucceffeurs, & les Bouides , y
régnèrent les uns après les autres. Les Selgiucides chal-
ferent les derniers. Les Khouaresmiens vinrent après ,
& enfuite les Gaurides. Mais les Khouaresmiens y étant
rentrés, en furent dépouillés par Ginghiz-khan , qui le
laiffa à fes fucceffeurs , lesquels y demeurèrent jufqu'à
Tamerlan, (Timur-Beg,) qui le conquit fur eux, &.
le laiffa à fes enfans. Ceux-ci s'y maintinrent , jusqu à
ce qu'ils furent contraints de le céder aux Usbecks , les-
quels y régnent encore aujourd'hui , nonobftant les ru-
des guerres qu'ils ont eues à foutenir contre les rois de
Perfe, de la race qui régne préfentement. Voici une
Table géographique des villes du Khoraffan , ou Kho-
rafan , félon Naffir Eddin , avec leurs longitudes &
latitudes , félon le climat.
KHO
Noms des villes
Longitude.
Latitude.
Climat.
du Khoraffan.
Degr.
Min.
Degr.
Min,
Baftam,
¥
30
3<S
10
4
Biyar,
89
50
35
45
4
Forawah,
90
0
39
0
5
Mazinan ,
90
30
36
0
4
Sabwar ,
91
0
36
0
4
Esfarayin ,
91
5
36
55
4
Maisabur,
(Nichabour,)
Tus,
92
30
3<î
21
4
9*
30
37
0
4
Tarshiz ,
92
0
3Ï
0
4
Tabs-Cili ,
92
O
33
0
3
Tun ,
91
30
34
30
4
Kaïn ,
93
20
33
40
4
Tabs-Mafina ,
94
«S
33
M
3
Zauzan,
93
30
35
20
4
Fushâng ,
94
M
34
5°
4
Harah ou Hé-
rat,
94
10
34
30
4
Badagis,
Sarachas ,
94
30
35
20
4
94
30
3f
0
4
Maru-Alrud ,
94
0
36
30
4
Maru Shah-
jan , ou MÉ-
ROU,
S
0
37
4°
4
Muzjanan ,
0
">%
30
4
Farayab ,
99
0
36
45
4
Ashrurkan,
100
0
3?
45
4
Balck ,
IOI
0
36
41
4
Bamiyan ,
102
0
34
35
4
Sémencan ,
102
0
36
0
4
|Kobadyan,
102
2
37
45
4
| Welwaleg .
I102
20
36
55
4
1. KHORREM, petit pays d'Afie, dans le voifinage
de la ville d'Ardebil. * D'Herbeiot, Bibl. orient.
2. KHORREM , ville de l'ifle de Sérandib , qui eft
Ceïlan, au pied de la haute montagne, où Adam eft en-
terré , fuivant la tradition des Mufulmans , &: où quel-
ques-uns croient qu'étoit le paradis terreltre. Elle eft
nommée de ce mot arabe , qui fignifie joyeux , à eaufe
que c'étoit un lieu de joie & de plaifir. * D Herbelot y
Bibl. orient.
KHOSARS (les) étôient une branche de Turcs. Les
Chinois les appelloient Turcs-Kofa , & les Grecs, Turcs
orientaux; ils s'établirent dans la Cherfonnèfe Taurique,
ou ce que nous appelions la Tartarie Crimée ; étendirent
leur domination jusque dans les pays feptentrionaux de
la Ruflîe. Ils firent un traité avec l'empereur Héraclius,
contre Cosroës , roi de Perse, & ravagèrent l'Adher-
bidjiane. Pour cimenter cette alliance , Héraclius pro-
mit fa fille Eudocie en mariage , au chef de ces Barba-
res i mais ce chef étant mort, le mariage n'eut point
lieu. Juftinien II, ayant été dépouillé de l'empire, par
Tibère Ablîmare , fe retugia auprès du Kan des Kho-
fars , qui lui donna en mariage fa fceur Théodora; mais
s'étant ensuite laifTé corrompre par les préfens, que lui
offrit Abfïmare , il forma le projet de faire périr Jufti-
nien. Celui-ci en ayant été averti par fa femme Théo-
dora, >e fauva chez les Bulgares. Sous Léon flfaurien,
les Kh< l'ars ravagèrent la Médie &c l'Arménie , & bat-
tirent ceux qui voulurent s'oppofer à leur paffage. Ils eu-
rent fou vent affaire avec les Arabes , qui ne remportè-
rent aucun avantage fur eux. Enfin ces Khofars , après
avoir long - teins habité les pays fitués au nord de la
Géorgie , & s'y être maintenus , malgré les efforts des
Arabes, fe diviferent, & formèrent en quelque façon de
nouvelles nations. Telle eft celle des Cabars , qui fe re-
tira chez les Turcs, proprement dits , & fixa fa demeure
dans le pays que les Patzinaces ont occupé depuis. Ils y
furent fuivis par les Néces,_ les Madgiares, les Curtu-
germas, IesTarians, les Génach, les Carcs & les Ca-
fés , toutes races Khofares , qui fe joignirent à d'autres
Turcs , & leur firent prendre leur langue. * Hifcoire gé-
nérale des Huns , par M. de Guignés , t.r, p. 507.
KHOSCHKET, ville d'Afie, dans le Mauaralnahar.
Elle eft fituée fur la rivière de Schafch , à neuf parafan-
ges de la ville de Khaous , félon Abulféda. * D'Herbe*
lot, Bibl. orient.
KHOSCHOUFGAN , gros bourg d'Afie, dans le
Mauaralnahar. II eft fituë en la vallée de Sogd : on l'a
appelle auffi Ras-Alk.HANTARAH, nom qui fignifie la
tête du pont. * D'Herbel. Bibl. orient.
KHOTAN ou Khoten, pays d'Afie, au Turques-
tan , au-delà de Bourkend , & en-deçà ou plus bas que
Cafchgar. Sa capitale , qui eft fort peuplée , eft auffi
nommée Khotan. La longitude de cette ville , fuivant
les tables Perfiennes , eft de 107 d. & la latitude de 42 d.
fuivant l'auteur du Canoun ; fa longitude & de 100 d.
feulement & 40', & fa latitude de 43 d. 30'.
Ce pays eft à l'extrémité du Turqueftan, & arrofé
de plufieurs rivières, dans le cinquième climat. Alber-
gendi place auffi le Khotan dans le Turqueftan , en fon
cinquième climat , 6c en fait un pays très-peuplé , Se
coupé de plufieurs rivières. Abulféda, en marquant que
le Khotan eft à l'extrémité du Turqueftan , infinue que
c'eft la partie feptentrionaie de la Chine , appellée au-
trement Khataï. Ce peut être aufîï , pourfuit D'Herbe-
lot, la partie de la Tartarie, qui borne la Chine du côté
du feptentrîon. Ainfi Tchin v. Khotan, que l'on
trouve joints enfemble en quelques auteurs , fignifie Chi-
ne méridionale , 6" feptentrionaie , ou la Chine & la
Tartarie. H y a pourtant lieu de croire que le Khotan
eft dans la Chine, parce qu'il s'y trouve une province
appellée Khara-Khotan , ou le Khotan noir, qui pour-
rait être la Tartarie , ainfi nommée , à caufe qu'elle eft
couverte de bois , comme le pays de Carabogdan,
la Moldavie noire, ou à caufe de la barbarie de fes peu-
ples. On trouve auffi fouvent le mot de Khata. Ainfi il
femble que Khata V. Khotan , fignifie la même
chofe, à favoir la Tartarie, de même que Tchin,
V. Matchin , fignifie la Chine en général. Quoi qu'il
en foit , le pays de Kotan V. Hhatha , eft celui d'où
vient le mufe. * D'Herbelot. Bibl. orient.
KHOTLAN , ou Khotol , ou Khotolan, pays
d'Afie, dans la Tartarie. Il eft fitué au-delà de Balkh,
en approchant du Turqueftan. On le nomme auffi Kho-
KHO
ÎCHÛ
6
ÎAN. Il eft entre les rivières de Vaiii-ischab & de
HARRAT , qui le féparent d'avec celui de Badakfchan ,
dans le quatrième climat. Tout ce pays eft partagé en
deux grandes contrées , favoir Khotol &c VAkhsh ,
qui ne font qu'une nation fous un même gouvernement,
Bc chaque contrée a fa ville principale, qui porte fon
même nom. Le Khotolan a eu fes rois particuliers; &
en général, il eft fort fertile , arrofé de plufîeurs rivières,
couvert de bois Se d'arbres fruitiers; 6c l'on trouve
même de l'or mêlé avec le fable dans les torrens qui des-
cendent dans fes valons. Les Turcomans , avant que de
paffer le Gihon , s'établirent dans le Khotoian , où il y
a deux villes nommées Halaouerd Se Laqukenq ,
outre Khotol qui en eft la capitale.
KHOVAGEH-ILGAR , petite ville de la Tranfo-
xane, dans la contrée de Schascb. Elle eft remarquable
pour avoir été le lieu de la naiffance de Tamerlan ou
Timur-Bec, que l'on explique Timur 'e Boiteux. Quel-
ques-uns difent qu'il étoit fils d'un fimple berger, & qu'il
s'éleva à la fouveraineté par fa valeur & par fa bonne
conduite. S'étant mis à la tête de quelques troupes
ramaffées à la hâte, dans le quatorzième fiécîe, il fe
lendit redoutable à tous les princes Orientaux , Si fuc-
céda au Chan des Tartares , dont quelques-uns préten-
dent qu'il étoit parent. Il remporta de grands avantages
dans la Perfe, fit la guerre à fes voifins, dompta les
Parthes, força la grande muraille de la Chine, fubjuguà
plufîeurs provinces des Indes , 8c répandit la terreur
par-tout, avec une a-mée de huit cents mille comba-
tans. Son bonheur donna de la jaioufie à Bajazet, em-
pereur des Turcs, qui fur le grand bruit de fes conquê-
tes, le traitoit de voleui s£ de revolié. Tamerlan le
fut, 8c réfolut de punii e prince Turc d?r discours in-
jurieux, qu'il tenoit de lui: 11 lui donna bataillé près
de la ville d'Angarie en Galatie , l'an 1399, félon les
uns, Se 1402, félon les autres; 8e l'ayant vaincu, il
le fit enfermer dans une cage de fer , contre les bar-
reaux de laquelle Bajazet fe cafta la tête de désespoir.
Tamerlan mourut deux ou trois ans après cette écla-
tante victoire , tk fes conquêtes furent partagées en
fes fils * D'Hcrbdot, Bibl. orient. Corn. Dift-
KHOUAKEND , ville d'Afie , dans le Mauaralna-
har , dans la dépendance de ceiie de Farganah , fui-
■vantAl-Bergendi, dans fon cinquième climat. Abùlfédà
la met auffi fous la même dépendance . dans la contrée
fupérieure de Nefïa , & lui donne après les Tables Per-
fiennes 90 d. 50' de longitude, & 42 d. de latitude. Il
ne faut pas la confondre avec Khogend. * D'Hcrbdot,
Biblioth. orient.
KHOUBOUCHAR ou Khotjdgian, un des meil-
leurs bourgs duKhoraffan, de là cépendance de Nicha-
bour. L'eau 8c l'air y lont bons, ainfi que les bleds Se le
fruit. * Manuscr. de la Bibl. du roi.
KHOVAREZEM ., ou Khovarezm, pays d'Afie,
fitué en partie ert-deçà du Gihon, ou de l'Oxus, du
côté du Khoraffan , & en partie lu-delà , du côté de
Mauaralnahar ou de la Transoxane: il a à l'occident ÔC
au feptentrion le Turqueftan , félon ce qu'écrit Alber-
gendi , à l'orient la Tranfoxane, Se au midi le Kho-
roffan. Il y a dans ce pays , jufqi'à l'embouchure du
fleuve Oxus , cinq ou fix journées de chemin , fans qu'on
trouve aucune ville dans tout cet espace. Ce pays eft ex-
trêmement froid ; & fa capitale , qie plufîeurs appellent
Khouare^jn , eft nommée Korgang ou Giorgianiah par
les Arabes. Le même Albergendi -apporte que fes ha-
bitans ont une fi grande difpofiticn pour la mufique,
que les enfans crient ÔC pleurent er fredonnant. Ils ont
l'efprit plus fin que ceux de Samanande , ÔC s'adonnent
fort à la poëfie. Il y a d'autres aitéurs qui étendent le
Khouare^m , jufqu'à l'embouchure de l'Oxus , fur le ri-
vage de la mer Caspienne. Ce piys qui eft tout envi-
ronné de déferts, a fouvent chaigé de maîtres; ôc il
fait aujourd'hui partie des états dts Usbecks , qui l'ont
ôté à la poftérité de Tamerlan. Sts lieux les plus remar-
quables après Korgang', font Kah, Zamakhsckar, He-
fhrash, Daran & Fcrben. Il y 1 une rivière appellée
auffi Khouareim , qui fe déchargedans le Gihon. Quel-
ques-uns veulent que ce foit ur lac fitué au-delà du
Khouarezm, dans lequel le Gihcn fe jette, après avoir
roulé fes eaux par un défert qui s'étend depuis ce pays
jusqu'au lac. *D'Herbelot , Bhl. orient.
Ce pays , qui tient lieu de h Chorasmie des anciens ,
$3
eft diverfement appelle par les Européens Khouarezm
Cansme, Carass'm ÔC Care^em. L'auteur de l'hiftoir..
des fatars , p. i , dit Charass'm , ôc en parle ainfi
dans une note. Le pays de Charass'm , dans l'état où il
eit prefentement, confine, au nord au pays de Turqueftan
ôc aux états du Contaifch, grand Kan des Calmoucks,
à l'orient à la grande Boucharie ou le pays de Mauren-
ner, ( Mauaralnahar,) au midi à la Perfe, ôten parti-
culieraux provinces d'Aftarabat & de Chorofan, dont
il eft féparé par la rivière d'Amù , fi fameufe dans l'his-
toire de l'antiquité , fous le nom de la rivière d'Oxus ,
Se par les déferts fablonneux d'une grande étendue , à
l'occident, à la mer de Wazanderan , autrement la mer
Caspienne. Il peut avoir quatre-vingt milles d'Allema-
gne en longueur, & autant, à-peu- près, en largeur ; &
comme il eft fitué entre le 38e & le 43e d. de latitude, il
eft extrêmement fertile , par-tout où il peut être arrofé.
Ce pays eft d'ordinaire partagé entre divers petits prin-
ces Tartares, d'une même maifon, dont il n'y a pour-
tant qu'un feul, qui porte le titre de Kan, avec une es-
pèce de fupériorité fur les autres , telle qu'il a l'esprit
de la faire valoir ; ôc ce Khan fait fa réfidence dans la
ville d'Urgens, ou aux environs de-Ià, vers les fron-
tières de Perse. On appelle communément Tartares de
CLva, les Tartares de Charass'm, à caufe que l'on ap-
pelle Chiva le camp de leurKhan , qui campe pour l'or-
dinaire, pendant l'été, fur les bords de la rivière d'A-
mù. Ce Khan eft fouverain en fes états , ôc ne dépend,
en aucune manière, de celui de la grande Boucharie. Ce-
pendant les Perfans , confondant les Tartares de ces deux
pays , les appellent d'un nom commun Tartares Usbecks.
Ce pays eft prefentement habité par trois fortes de
peuples, favoîr,
Les S art es, les Turkmans ou Turcomans,&les Usbecks:
Les Sartes font les anciens habitans du pays.
Les Turkmans y vinrent s'établir long-tems avant les
Tartares , après s'être féparés des Ranklis , parmi les-
quels ils habitoient auparavant dans le Turkeftan.
Les Usbeks font les Tartares qui y vinrent avec Scha-
bacht Sultan , & les autres descendans de Scheybani-
Chan , fils de Zutzi-Chan. Les Sartes ôc les Turkmans
s'entretiennent de leur bétail 5c de l'agriculture ; mais
les Ubecks vivent, pour la plupart, de rapines ; ôc comme
ils font un même peuple avec les Usbecks de la grande
Boucharie , ils ont auffi le même extérieur , le même
culte, les mêmes inclinations, Ôc les mêmes coutumes
que ces derniers , excepté qu'ils font plus greffiers 6c plus
inquiets. Ils habitent en hyver dans les villes 6c les vil-
lages qui font vers le milieu du pays , Se en été ils vont
camper pour ^ la plus grande partie aux environs de la
rivière d'Amù , ôc dans les autres endroits, où ils peu-
vent trouver de bons pâturages pour leur bétail, en at-
tendant quelque occafion favorable de brigander. Les
Usbecks de ce pays font inceffamment des courses fur
les frontières de Perse ; ôc il n'y a ni paix, ni trêve qui
les en puiffe empêcher , puisque les esclaves 6c autres
effets de prix , qu'ils emportent en ces occafions , font
toute leur richefie. Lorsque les forces de cet état ne font
point partagées , il peut facilement armer quarante à cin-
quante mille hommes d'affez bonne cavalerie.
Voici une table géographique des villes de ce pays,'
félon Naffir-Eddin, qui le nomme Chowarcçm , dansl'é-,
dition d'Oxford,
Noms des villes du
Longitude.
Latitude.
Clim.
Khouarezm.
Degr. Min.
Degr. Min.
Balur,
108 0
37 0
4
Nucorgang',
Corcang', capit.
Hazaraff,
Cath.
93 45
94 30
7$ 0
95 0
42 35
42 17
41 0
41 36
ï
5
5
5
KHOUNSAR , ville de Perse , dans l'Irakagémi , à
vingt-huit lieues au nord-oueft d'Ispahan , dans une vafte
plaine environnée de jardins. On y recueille aux en-
virons une manne fort eftimée. * ÛAnville , Carte de
Perse 175 1.
KHOUREH, ville de Perse, félon D'Herbelot, Bi-
blioth, orient. Il dit qu'elle donne fon nom à la pro-
KIA
6S4-
vince de Ho-Khuriftan , & qu'elle a été bâtie par Da-
"b , fils de Bahaman , ancien roi de Perse.
KHOUREHFARS , ville de Perse, bâtie par Ardes-
KlA
KIACU, forterefle de la Chine, dans la province de
Quanton. Elle eft d'un degré 29' plus occidentale que
Pékin, fous les 23 d. n' de latitude. * Atlas Sinenfis.
chi'r-Babeghan, laquelle a été rebâtie par Adrïad-Aldou- KIAHING , ville de la Chine dans la province de
lât, Sultan de la dynaftie des Dilémites , &c nommée Chekiang, dont elle eft la féconde métropole. Elle eft
auffi Khaïfab AD. *D'Herbelot, Bibl. orient ! '
KHOUREHSCHAPOUR, ville d'Ane, bâtie , ou
plutôt rebâtie par Sapor , roi de Perse. C'eft la même
que la ville de Suse. Voyez ce mot. * D'Herbelot ,
Biblioth. orient.
KHOUSISTAN. Voyez Chusistan.
KHOUS , ville qui a donné ("on nom à la province de
Khouzistan. Elle a été auffi appelles Firouz-Abad.
Voyez fous ce nom.
KHOUZISTAN. Voyez Chusistan.
dans un lieu agréable , environnée d'un terroir fertile &
coupé de lacs & de canaux que l'art y a diftribués. On y
nourrit des vers à foie en fi grande quantité , qu'au prin-
tems il n'y a point de maifon où il n'y en ait. La ville eft
entourée d'eau douce, brillante par la grandeur Se la beauté
de fes édifices , floriflante pas fes richefTes , entre-coupée
de canaux que l'on patTe fur des ponts , ck dont les quais
font revêtus de pierres de taille ; de forte que dans les
rues les barques ck les gens à pied vont d'un lieu à l'autre
avec une égale commodité. Ce qu'il y a de fingulier ,
KHOZAR ou Kh ASAR , pays d'Aile , dans l'empire t eft que les places publiques ont tout a 1 entour des por-
Ruffien. Il eft fitué au feptentr.on de la mer Caspienne, tiques fous lesquels on peut aller a couvert quelque tems
s'étend depuis le Wolga, en tirant vers le levant , *& a qu il Me. On voit beaucoup d arcs de triomphe , tant
pris fon nom d'une ville bâtie par Khozar , feptiéme dans la ville que dehors. Il y en a jusqu a quinze qui font
fils de Japriet. Albergendi , en décrivant le pays de Kho- Jutant de malles bâties de marbre, au couchant de la ville,
zar, en fait BelengiAR , la ville principale , & il y fur le quai d un canal ou patient les barques; on y trouve
place encore celles de Siahkoueh & de Saraï. Le pays attfti un pont a plufieurs arcades, qui a fo.xante & dix pas,
de Capchakeft voifin de celui de Khozar, & même ils mefure de ta Crime. Ce lieu eft encore remarquable par un
font confondus fouvent l'un avec l'autre. Nouschirvan , bâtiment à neut étage,. A I égard des ponts, le P. Martini
de Perse , pour empêcher les courses des habitans dit en avoir compte jusqu a quarante , qui ont plufieurs
,.». Am„ „,,,* „„«;♦ hit hSnr „nf. muraille aui les arcades, ck il aiome que le nombre des petits efhnnom-
de ces deux pays , avoit fait bâtir une
tenoit renfermés au-delà du mont Caucafe. Les Khoza-
riens ont eu leurs rois particuliers , ck l'on trouve dans
l'Hiftoire d'Ebn-Batrick , que l'empereur Hérachus ob-
tint de celui qui régnoit fur eux , de fon tems, un grand
fecours contre les Perfans, ck que pour cela il luiavoit
promis un thrône , c'eft-à-dire une place honorable dans
les afiemblées de fon palais impérial. Il étoit permis aux
Khozariens, félon Edriffi, d'embrafler telle religion que
chacun vouloit. Abdalmalek , cinquième Calife de la
petil
brable. Il y a fix villes dans ce territoire, favoir.
Kiahing,
Kiaxen ,
Haiyen ,
Pinghu,
Çungte ,
Tunghiang;
Cetteville a été jadis appèllée SitVCHtv.* Atlas Sinenfis:
1. KIAI, ville de la Chine, dans la province de Xenfi ,
teméntdeCungch'ang, cinquième métropole de
maifon des Ommiades, les ayant attaqués dans l'Armé- cette province. Elle eft de 11 d. 16' plus occidentale que
nie, les fit brûler dans leurs églifes , & les défit ensuite Pékin fous les 34 d. 5 5 'de latitude. * Atlas Sinenfis.
aux Portes-deFer. Ceux quk relièrent après la bataille, 1. KIAI, ville de la Chine, dans la province de Chanfî;
fe firent Mufulmans. * D'Herbelot , Bibl. orient. au département de Pingyang, deuxième métropole de cette
KHUMANO Le P. Charlevoix , dans fon Hiftoire province. Elle eft de 7 d. 5 ' plus occidentale que Pé-
du Japon , parle d'une province appèllée Khumano , kin fous les 36 d. 2.0' de latitude. * Atlas Sinenfis.
où il dit que l'idolâtrie a commencé dans cet empire ; KIAIHIEU , ville de a Chine , dans la province de
mais il n'en marque point la fituation; ck elle ne fe trouve Chauvi, au département de Fuencheu , cinquième métro-
dans aucune Carte de ces ifles , pas même dans celle qui pôle de cette province. Elle eft de 5 d. 45 ' plus occidentale
eft à la tête de fon livre. * Notes du P. Charlevoix. que Pékin,fousles 38 d. de latitude. Atlas Sinenfis.
1. Kl , ville de la Chine, au Pékéli , au département KIAKIANG , ville de la Chine , dans la province de
de Xuntien , première métropole de cette province. Elle Kianfi , au département de Linkiang, huitième métropole
eft de 36' plus orientale que la capitale, fous le40e d. 3' de la province. Elle eft de ad. 30' plus occidentale que
de latitude. * Atlas Sinenfis. Pe£n' (°us leTS l8 d- \ ^ lat,'tude- Ath Sïm?fis-
1. Kl , ville de la Chine , au Pékéli , au département KIAM ou Jamçe; [le) quelques-uns écrivent Kiang,"
de Chinting, quatrième métropole de cette province. nviere de laChine. On traduit ordinairement ce nom It
Elle eft d'un degré 26' plus occidentale que Pékin, fous les fik de la mer ; mais le P. le Comte, Mémoire fur V état pré-
3 8 d. <! ' de latitude. * Atlas Sinenfis. fa1 ds la chl™-> r- I > P- *°° > croit qu on fe trompe ; car
3. Kl, ville de la Chine, dans la provincede Chanfi, la lettre dont fe fervent tes Chinois pour écrire Tarn,
au département de Taiy ven, première métropole de cette eft différente de celle qui fjgmfie : la mer , quoique le fon
province. Elle eft de 4 d. 39' plus occidentale que Pé- & l'accent en foient femblables. Parmi plufieurs fignifica-
kin, fous les 38 d. 23' de latitude. * Atlas Sinenfis. Hons que cette lettre peut avoir, celle qu'on luidonnoit
4. Kl , ville de la Chine , dans la province de Hu- autrefois fait affez à notre fuiet. Sous le régne de l'empe-
quang au département de Hoangcheu , cinquième mé- reur Yon , elle fignifbit une province de la Chine, que ce
tropole de cette province. Elle eft de i d. 26' plus oc- fleuve borne au (ud ; il eft probable qu on donna au fleuve
cidentale que Pékin > fous les 30 d. 55' de latitude, ce même nom, parce que ce prince y détourna les eaux
* Atlas Sinenfis. qui inondoient alors tout le pays. Ce fleuve prend fa
5. Kl, ville delà Chine, dans la province de Honan, fource dans la provincede Junnan, traverse celle de Sout-
au département de Caifung , première métropole de cette chuen, (Suchuen) daHouquam, (Huquan) de Nankin ; &
province. Elle eft de 2 d. 33' plus occidentale que Pé- après avoir arroié qtatre royaumes dans 1 étendue dequa-
kin, fous les 3 5 d. 36' de latitude. * Atlas Sinenfis.
6. Kl , ville de la Chine, dans la province de Honan,
au département de Gueihoei , quatrième métropole de
cette province. Elle eft de 3 d. 17' plus occidentale que
Pékin, fous les 36 d. 38' de latitude. * Atlas Sinenfis.
1. KlA, ville de la Chine, dans la province de Ho-
nan , au département de Ju , grande cité de cette pro-
vince. Elle eft de 4 d. 25 ' plus occidentale que Pékin ,
fous les 34 d. 50' de latitude. * Atlas Sinenfis.
2. KlA, ville de la Chine, dans la province de Xenfi ,
au département de Iengan , huitième métropole de cette bilité qu
province. Elle eft de 7 d. 25' plus occidentale que Pé-
kin , fous le 29e d. de latitude. * Atlas Sinenfis.
KIACIANG , ville de la Chine , dans la province de
Xantung , au département d'Yencheu , féconde métro-
pole de cette province. Elle eft de 40' plus occidentale
que Pékin , fous les 36 d. 14' de latitude. * Atlas Sinenfis.
tre cents lieues , 11 ~ft jette dans la mer orientale , vis-à-
vis de l'ille deTçounmin, formée à fon embouchure par
les fables qu'il y charte! Les Chinois ont un proverbe qui
dit : la mer n'a pointde bornes , & le Kiam n'a point de
fond. En effet,en quelqies endroits,ils n'en trouvent point;
en d'autres ils prétenlent qu'il y a deux ck trois cents
brafTes d'eau. Je fuis néanmoins persuadé , dit le P. le
Comte, que leurs pilotes, qui ne portent que cinquante bu
foixante brafTes de co-de tout au plus, n'ont jamais eu la
curiofité de fonder jusqi'à trois cents brafTes; ckTimpoMi-
" " y a de trou'er te fond avec leurs fondes ordi-
naires, fuffit,à mon avs, pour les porter à de femblables
exagérations. J'ai fou/ent navigé fur ce fleuve, & j'ar
même pris avec foin ft\n cours ck fa largeur, depuis Nan-
kin jusqu'à l'embouchure c'une autre rivière, dans laquelle
on entre pour fui vre le chemin de Canton, tl a devant Nan-
kin, à plas de trente lieues ie la mer, une petite demi-lieue
KIA
KIA
de large ; le paffage en eft dangereux, ck devient chaque
jour plus fameux par les naufrages. Dans Ion cours, qui
eft très-rapide, il forme un grand nombre d'ifles, toutes
très-utiles'à la province par la multitude des joncs de dix
à douze pieds de haut, qu'elles produifent 6k qui fervent
au chauffage de toutes les villes d'alentour, car à peine a-
t-on allez de bois pour les bâtimens ck pour les vaifleaux.
Elles font d'un grand revenu, 6k l'empereur en retire des
droits confidérables. La rivière que les torrens des monta-
gnes enflent quelquefois extraordinairement, devient fi
rapide que fouvent elle emporte ces illes ou les diminue
de la moitié ; par la même raifon elle en forme ailleurs
de nouvelles ; & l'on efl tout furpris de les voir ainfi chan-
ger de place en peu de tems, comme fi en plongeant elles
avoient parle fous l'eau d'un lieu à un autre. Cela n'ar-
rive pas toujours ; mais toutes les années il s'y trouve un
changement fi confidérable, que pour ne s'y pas tromper,
les Mandarins les font mefurer de trois en trois ans, pour
en augmenter ou en diminuer les droits , félon l'état où
elles fe trouvent.
Le Kiam a plufieurs fources dans la province d'Iunnan :
la plus méridionale eft au fud de la capitale de cette pro-
vince. Serpentant vers le nord, il reçoit diverses rivières,
entr'autres Kinxa , qui vient du royaume de Boutan.
Mais il a encore une autre fource confidérable au nord
de la province de Soutcheou, 6k qui, coulant vers le midi
oriental , fe partage en diverses branches , 6k forme d'af-
fez grandes ifles , après quoi fes branches fe réunifient
pour tomber ensemble dans la rivière, qui vient de Iun-
nan. Ce n'eft plus alors que le Kiam , qui pafle au nord
de Sioutcheou, prend fa route vers l'orient 6k fe groflît de
plufieurs autres rivières, ferpentant toujours, tantôt vers le
nord, & tantôt vers le midi ; mais avançant toujours vers
le levant, il arrofe Queitcheou, entre dans la province de
Houquan, rafe la partie feptentrionale du lac formé par
rencontre de plufieurs rivières, baigne Iotcheou, Ha-
6fS
nyan , Voutchan 6k Hoantcheou , coupe une lifiere du
, reçoit la rivière de Can , qui baigne cette pro-
,ii ce, pafie ensuite dans celle de Kiangnan, dont il ar-
E
rofe la capitale, qui eft Nanquin, 6k fe jette dans l'Océan.
*£>e ÛIflc , Carte de la Chine.
KIAMSI. VoyezKiAFSi.
KIANENDE, ville forte de la Turquie Afiatique, dans
laNatolie, au golfe de Nicée, félon Fhiftorien de Ti-
mur-Bec, l. K, c. 51.
1. KIANG , ville de la Chine , dans la province de
Channfi, au département de Pingyang, féconde métropole
de cette province. Elle eft de 6d. 18' plus occidentale que
Pékin , fous les 3 6 d. 50' de latitude. * Atlas Sinenfis.
2. KIANG, ville de la Chine, dans la même province
& la même métropole. Elle eft de 6 d. 10' plus occidentale
que Pékin, fous les 36 d. 55 ' de latitude. * Atlas Sinenfis.
3. KIANG, ville de la Chine, dans la province de
Quangfi , au département de Taiping , huitième métro-
pole de cette province. Elle eft de 12 d. 26' plus occi-
dentale que Pékin, fous les 23 d. 13' de latitude. * Atlas
Sinenfis.
K1ANGAN , place de la Chine , dans la province de
Suchuen, fous la la cinquième cité. Elle eft de 11 d. 20'
plus occidentale que Pékin, fous les 29 d. 4' de latitude.
* Atlas Sinenjïs.
KIANCHAN. Voyez Kiangxan.
KIANGCHUEN, ville de la Chine, dans la province
de Iunnan,au département deChingkiang, cinquième mé-
tropole de cette province. Elle eft de 13 a. 53' plus occi-
dentale que Pékin, fous les 24 d. 22' de latitude. * Atlas
Sinenjïs.
KIANGCING, ville de la Chine, dans la province de
Suchuen, au département de Changking , cinquième mé-
tropole de cette province.l Elle eft de 10 d. 40' pins oc-
cidentale que Pékin, fous les 30 d. 19' de latitude. * At-
las Sinenfis.
KIANGHOA , ville de la Chine, dans la province de
Huquang, au département de Jungcheu, treizième mé-
tropole de cette province. Elle eft de 5 d. 48' plus occi-
dentale que Pékin, fous les 25 d. 41' de latitude. * Atlas
Sinenfis.
KIANGIN. Voyez Kiangyn.
KIANGNAN , province maritime de la Chine. Elle
tenoit autrefois le premier rang lorsque les empereurs y
avoient leur réfidence ., dans la capitale , qui eft Kiang-
ning , & que l'on a appellée Nanquin ou Nankin , nom
que l'on donne auffi à la province. Le Pékéli où eft
Pékin, étant devenu le féjour des empereurs, a pris le
premier rang , 6k Kiangnan n'a plus que le neuvième.
C'eft-là que les familles d'U , de Cin , de Sung , de Ci ,
de Léang , de Chin , & celle de Tanga qui a régné, du
côté du midi , firent long-tems leur féjour. La famille
de Taiminga y régna auffi quelque tems, avant qu'elle fe
transportât à Pékin , pour être plus à portée de s'oppo-
fer aux entreprifes des Tartares. Cela n'avoit pis empê-
ché que l'on n'eût confervé dans la ville de Kiangning ,
le palais de l'empereur avec tous les Mandarins , comme
à Pékin; mais dans la dernière révolution arrivée par
l'irruption des Tartares, vers l'an 1630, ces peuples
acharnés contre la famille de Taiminga qui les avoit
autrefois chafles de la Chine , détruifirent les fépul-
cres des empereurs qui étoient magnifiques. Ils firent
d'affreux dégâts dans la capitale , renversèrent le palais
de fond en comble , changèrent le nom de la capitale
qui étoit Ingtien en celui de Kiangning : ils donnè-
rent celui de Kiangnan à la province que l'on appelloit
auparavant Nankin , la privèrent du titre de royale ,
fck y fupprimerent tous les officiers qui fe trouvent dans
une cour.
Cette province eft grande , fertile , 6k jouit d'un grand
commerce ; elle renferme les plus fameufes villes de
tout l'empire. On y voit une foule de marchands , 6k
un abord continuel dé denrées , qu'il faut avoir vu ,
pour le croire auffi grand qu'il eft. Cela devient plus
probable , quand on fait réflexion que tout le pays eft
entre-coupé de rivières 6k de canaux , 6k que des flottes
entières peuvent s'y rendre de toutes les côtes orientales
de l'Afie. Le fleuve Kiam dont nous parlons ailleurs, la
coupe en deux parties , 6k s'y jette dans la mer.
Cette province a peu de montagnes , fi ce n'eft vers
le midi. Elle a de la foie 6k du coton en telle abon-
dance , que dans la cité de Xanghai , 6k dans les bourgs
qui en dépendent, il y a , dit-on , deux cens mille tifle-
rands occupés à faire des toiles de coton. Les femmes y
excellent fur-tout ; fck les hommes s'occupent à cultiver
la campagne. Il y a même des ménages, où, tandis que
la femme travaille à la toile , les hommes ont foin des
enfans ck de la maifon. Tout ce qui fe fait dans le
Kiangnan eft plus eftimé que ce qui fe fait ailleurs , 6k la
marque que l'on y attache en augmente le prix.
Le Kiangnan eft borné à l'eft 6k au fud-eft par la
mer , au fud par le Chékian , au fud-oueft par le Huq-
quang , au nord-oueft par le Honan , 6k au nord par le
Chanton.
On le divife en quatorze métropoles , qui ont chacune
leur département , 6k fous lesquelles on range cent dix
cités , 6k d'autres moindres lieux fans nombre. On y
compte près de deux millions de familles : 6k près de
dix millions d'hommes. Le tribut du riz eft de plus de
cinq millions neuf cens quatre-vingt-quinze mille trente-
quatre facs : elle paye en foie filée fix mille huit cens
foixante-trois livres ; vingt-huit mille quatre cens cin-
quante-deux pièces d'étoffes de foie de toutes fortes :
deux mille foixante 6k dix-fept pièces de toile de chan-
vre : le tribut du coton eft en argent ; cinq millions
huit cents quatre mille deux cens dix-fept bottes de paille
ou de foin pour les écuries de l'empereur; fept millions
cinquante-un mille poids de fel. Tout ce tribut fait une
fomme fi grande , qu'on allure que cette province feule
met tous les ans dans les coffres de l'empereur , tout
compté , près de trente-deux millions de ducats. Outre
les tributs que l'on vient de fpécifier, il y a encore cinq
bureaux , où tout ce qui entre dans Nankin , 6k ce qui
en fort paye un certain droit.
Les habitans de cette province font fort polis , 6k
ont l'esprit propre à l'étude Se aux arts.
Avant la dernière perfécution, qui, après la mort de
l'empereur Kam-hi , a fait cefler dans les provinces de
tout l'empire l'exercice de la religion Chrétienne, il n'y
avoit presque point de canton où les PP. Jélùites euf-
fenf plus de Chrétiens que dans le Kiangnan. On y voyoit
quantité d'églifes dédiées au vrai Dieu : il y en avoit
deux dans la capitale.
Voici les noms 6k les pofitions des villes de cette
province , telles qu'elles font déterminées dans l'Atlas
Chinois du pete Martini.
f;6
KIA
KIÀ
Noms.
Longitude.
Latitude.
Noms.
Longitude.
Latitude.
I. Fille métropolitaine.
Degr. Min.
Degr.
Min.
Degr.
Min. Degr.
Min.
Kiangning ou Nankin,
I 2.6
3*
- 4°i0,
Cingho ï
2
2
34
30 0.
Kiuyung ,
2. ■ 0
3*
3*;°-
Gantung ,
2
46
34
36 0.
Lieyang,
* M
32
20, 0.
Taoyuen ,
1
30
34
40 0.
Liexui ,
1 54
3*
120.
Moyang ,
2
10
34
40 0.
Caoxun ,
Kiangpu ,
i 30
1 14
3*
3*
480'
Haio ©,
Canyu ,
2
i
3i
15
3S
35
13 0.
30 0.
Loho.
1 45
3*
50 0.
P'i ©,
Sociuen ,
0
46
6
35
34
6 0.
55 0.
IL Fille.
Ciuning.
0
48
34
50 0.
Fungyang,
0 30
33
-480.
IX. Fille, i
Linhoai ,
3 10
34
7o.
Hoaiyuen ,
3 2
34
00.
Lucheuj
0
8
33
4P-
Tingyuen ,
0 29
33
310.
Xuching,
0
30
3*
35P-
58 p.
Vho,
0 43
34
100.
Lukiang ,
0
2
3i
Hung,
I O
34
170.
Vuquei ©}"
0
28
3i
40.
Heu e,
3 31
33
32 p.
Cao , 1
0
12
3*
32p-
Hokieu ,
I 0
33
27 p.
Logan ©,
0
57
3*
3|p.
Mungching,
3 35
34
12 p.
Jugxan ,
1
3f
3*
8P.
Su &,
34
30.
Hoxan.
1
8
3*
58 p.
Hiutai ,
1 38
34
00.
Tienchang,
1 52
33
S5°-
X. Filli;
So s,
3 O
34
36-
Lingpi,
3 24
34
450.
Ganking,
0
20
3»
20 p.
Ing ©,
I 2
34
5P-
Tungching ,'
0
0
3i
40-
Taiho ,
I 40
34
23P-
Cienxam, .
1
4
3*
44P-
Hao ®,
l 28
34
34 P-
Taihu,
1
26
3i
36p.
Ingxan.
I 40
34
3P-
Sofung, -
1
17
31
3P-
Vanglaang.
i
0
3i
15 p.
III. Fille.
XL Fille.
Sucheu ,
5 30
3*
520;
Quenxaii ,
Chahgxo ,
î 57
31
0 0.
Ta'iping,
1
10
31'
20 0.
3 5*
3*
130.
Vuhu,
0
57
3*
16,0.
Ukiang,
3 30
3i
34 ô.
Fachangi
0
59
3*
70.
Kiating ,
4 *5
3i
340.
Taiçang ©>
4 J5
3*
13 0.
XII. Fille.
Gungling.
S 24
31
200.
Ninque,
I
0
31
406.
IV. Fille.
»• .
Ningque,
I
13
31
9'o.
iKing,
0
li
31
20 '0.
Sungkiang ,
4 30
3i
10 0.
Taipmg ,
0
30
45'o-
Xanghai,
4 49
3i
3o'°'
;Cingte,
0
58
30
49 ,°-
Cingpu.
4 10
3i
180.
1 INanling.
0
40
3i
54 0.
V. Fille.
XIII. Fille.
Changcheu ,
2 çô
3i
45 0.
Chicheu,
0
153*
360.
Vufie,
3 5
32
30 0.
Cingyang,
0
4031
30 0.
JCiangyn ,
3 1632
390.
(Tungling,
0
30 3*
45 0.
Gnihing ,
1 3831
170.
Xetai,
0
4031
30.
Cingkiang.
3 0
3*
Ï4 0.
Kiente,
0
*5 3°
42 p.
v '
Tunglieu.
0
3*3*
8P.
VI. Fille.
1
XIV. Fille.
Chingkiang,
Tanyang ,
i 28
2 32
3*
3*
49 0.
40 0.
iHoeicheù,
0
553o
i8'o.
Kiutan.
i 26
3*
300.
'Hieuning,
0
4030
150.
Vuyuen ,
0
41 29
30 0.
VII. Fille.
Kimuen ,
0
16 30
100.
In,
0
16 30
3o|o.
Yangcheu,
2 15
33
60.
Cieki.
I
19.30
160.
Ychin,
1 3
31
jôio.
Taihing ,
* 38
33
5J0.
I. Grande cité.
Caoyeu ©à
2 22
33
33 °-
!
Hinghoa ,
2 49
II
Vo.
Quangte © ,
ï
5031
1 320.
Paoyng ,
2 14
Kienping.
I
s63i
100.
Tai ©,
1 45
33
20 0.
Iucao ,
3 36
33
12 0.
IL Grande cité.
Tung,
3 38
31
580.
Haimuen ,
4 ic
3*
. 480.
Hocheu © ,
I
0
3*
500.
Quache , grande for-
Hanxan.
0
41J32
400.
terefle.
2 ZÇ
32
53 0.
III. Grande cité.
VIII. Fille.
Chucheu © ,
Civenciao ,
I
I
26I33
u 33
310.
1510.
Hoaigan ,
12
34
170.
Laigan,
I
39
33
20 '0.
IV
KIA
Noms.
Long
tude.
Latitude.
IV. Grandi cité.
Degr.
Min.
Degr.
Min,
Siucheu,
0
3
35
0.
Siao,
Tangxan;
Fung,
Poi.
o
0
o
o
*3
30
35
H
34
35
35
35
51 :P.
61 P.
20 'p.
-26 p.
KIANGNING , ville de la Chine , dans la province
de Kiangnan dont elle eft la première métropole. On
la nomme plus ordinairement Nankin. Voyez ce mot.
KIANGPU , ville de la Chine , dans la province de
Kiangnan , au département de Kiangning , première
métropole de cette province : elle eft d'un degré 14' plus
orientale que Pékin , fous les 32 d. 48' de latitude.
* Atlas Sincnjîs.
KIANGSI. Voyez KiansI.
KIANGXAN , ville de la Chine, dans la province
de Chékiang , au département de Kiuchen , hxiéme
métropole de cette province. Elle eft d'un degré 19'
plus orientale que Pékin, fous les 28 d. 23' de latitude.
* Atlas Sincnjîs.
KIANGYÊU , ville de la Chine , dans la province
de Suchuen , au département de Lunggari , feptiéme
métropole de cette province : elle eft de 12 d. 10'
plus occidentale que Pékin , fous les 32 d. 20' de la-
titude. * Atlas Sincnjîs.
KIANGYN , ville de la Chine , dans la province
de Kiangnan , au département de Changcheu , cin-
quième métropole de cette province. Elle eft de 3 d,
16' plus orientale que Pékin, fous les 32 d. 39' de
latitude. * Atlas Sincnjîs.
K1AN-MEN , village de la Chine , entre Quanton &
Chaokin. Ce village eft fameux pour fa longueur : il a
plus de cinq lieues de long. On y compte plus de deux
cents tours carrées , qu'on remplit de foldats, en tems de
guerre, pour la défenié des habitans. * Lettres édifiantes ,
t. 3 , p. 139.
KIANSI , ou KlAMSl, ou Kiangsi , province de
la Chine , où elle tient le huitième rang. Elle tient à
celle de Huquang au nord & au cou,chant ; à celle de
Kiangnang,au nord-eft; à celle de Chekiang,'à l'orient;
à celle de r/okien, au fud-eft , &c à celle de QuantUng,
ou Canton , au midi. Elle n'eft guères plus petite que
celle de Huquang , quoique celle-ci pafle pour le gre-
nier de toute la haute Afie. Long-tems avant que cette
province fût foumife à l'empire , une grande partie
appartenoit aux rois de Çu, &c l'autre à ceux d'U. Elle
eft feparée du Fokien & du Quantung par une grande
chaîne de montagnes , qui, fe recourbant vers le nord,
la fépare encore du Huquang. Les peuples, qui habitent ces
montagnes, font grofliers, fauvages, (k prétendent ne pas
dépendre de l'empiré de la Chine : ils fortent quelque-
fois de leurs cavernes pour aller marauder; mais ils ne
s'écartent pas , &C ne peuvent entreprendre rien de
grand , étant reflerrés par des forts &C des châteaux qui
les tiennent en bride. On a tâché en vain de les fou-
mettre , parce que leurs montagnes font inacceffibles à
tout autre qu'à eux , quoiqu'on y trouve de fort belles
vallées , & une campagne bien cultivée. Cette province
eft très-peuplée, & produit abondamment tout ce qui
eft neceflaire à la vie. Elle eft arrolèe presque par-tout
par des ruifleaux , des rivières & des lacs. Les mon-
tagnes lui fervent de boulevard, & ont des mines d'or,
d'argent , d'étain , de plomb &C de fer. Le nombre des
habitans eft fi grand, que par toute la Chine on les ap-
pelle \esfouris, à caufe de leur multiplication. Le pays
ne fuffifant pas à cette multitude , ils lé répandent de
tous côtés dans la haute Afie , où ils font tailleurs , de-
vineurs, forciers même, en cas de befoin. Naturellement
fordides dans leur économie , ils n'ont rien dans leurs
demeures de la magnificence que l'on voit ailleurs. Su-
perftitieux, ils obfervent les jeûnes des idolâtres , &
s'abftiennent des viandes défendues par la doftrine de
la Métempfycofe qu'ils fuivent. Du refte ils ont l'es-
prit fubtil ; & à chaque promotion des lettrés, il y en a
toujours quelqu'un de cette province. Ils s'avancent dans
KIA 6;7
fcs charges de Mandarins , &r. parviennent aux pre-
mières dignités.
Il y a, dit-on , dans cette province 1363629 famil-
les , & 6549800 horrimes; Elle paye à l'empereur
1616600 facsderiz; 8230 livres de foie crue ; 11516
paquets de foie filée , tans parler des douanes & dés
droits qui fe lèvent en divers bureaux.
Elle- eft divifée en treize métropoles , qui ont cha-
cune d'autres villes fous elles', & commandent à foixante-
fept cités. Ses lacs & fes rivières font navigables. Là
rivière de Can la partage en deux, du fud au nord. Mais
ce qui la rend plus confidérable, c'eft qu'il n'y a que
dans le Kianfi & dans un feul bourg où 1 on faffe la
meilleure & la plus belle porcelaine , dont ce bourg
fournit toute l'Afie. Voye^ le P. le Comte, lettre 6 , t. 1,
Ses rivières ont diverfes fortes de poiflbns , entrautres
des faumons , des truites , &C des efturgeons. L'auteur
de l'Atlas Chinois dit en avoir acheté un qui pefoit cent
foixante livres, pour (ix réaies d Espagne, oc une truite
qui pefoit dix livres, pour trois fols.
Voici une table géographique qui contient les noms
&c les positions des villes de cette province , telle qu'elle
fe trouve dans l'Atlas Chinois.
Noms.
Longitude.
Latitude.
I. Ville.
Degr.
Min.
Degr.
Min.
Nanchang,
j
36
45
3
13 E
37 r
Fungching,
î
Cinhien,
I
6
29
5 I
.
Fungfin ,
2
5
29
*5 E
:
Cinggan,
2
16
29
ii I
.
Ning 0,
2
59
29
Il £
,
Vuning.
2
20129
43 [
.
IL Ville.
Iaocheu ,
0
3i
29
40 f
.
Jukan,
0
3°
29
26
.
Loping,
0
8
29
33 I
.
Fe'uleang ,
0
7
29
44 f
.
Tehing,
0
10
2-9
20 ;
Gangin i
0
• 28
29
O t
Vannien.
a
22
29
N-i
III. Ville.
Quangfin ,
0
21
28
36 c
,
Ioxan ,
0
55
28
4° c
Ieyang ,
0
io
28
49 c
.
Queiki ,
0
*9
28
41 p
Ionxan,
0
3
28
iO c
•
Iungfung,
0
35
28
25 c
Hinggan.
0
6
28
40 c
IV. Ville.
Nankang,
i
13
39
2 P
Tuchang,
0
54
30
5 P
Kienchang,
z
0
29
50 p
Gany.
1
48
29
41 p
V. Ville.
Kieukiang ,
1
34
30
25 p
Tégan ,
ï
50
30
2 p
Xuichang,
1
*s
30
20 p
Hukeu ,
1
8
30
26 p
Pengçe.
0
.54
30
43 P
VI. Ville.
Kienchang ,
0
43
28
Up
Sinching,
0
20
27
55ÎP
Nanfung ,
0
49|
n
41|p
Quanchang ,
1
9
27
H?
Luki,
1
iol
27
43 IP 1
Tome III.
Oooo
'65 8
KIA
KIB
Noms;
Vucheu,
Cunggin,
Kinki,
Yohang,
Logan ,
Tunghiang.
VIII. Ville.
Linkiang,
Sinkin ,
Sinyn ,
Kiakiang.
IX. FilU.
Kiëgan,
Taiho ,
Kiexui,
Iungfûng,
Ganfo ,
Lungciven .
Vangan ,
Iungfin ,
Iungning.
X. Ville.
Xvicheu,
Xangcao,
Sinchang.
xi. rau.
Jvencheu ,
Fueny,
Pinghiang ,
Vançai.
XII. Ville.
Cancheu,
V tu,
Sinfung,
Hingque ,
Hoeichang ,
Ganynen ,
Ningtu ,
Xuiîcin ,
Lungnan ,
Xeching,
Changning ,
Tingnan.
Nangan ,
Nankang ,
Xangyeu ,
Çungy.
Longitude. Latitude,
Degr. Min.
Degr.
28
18
28
28
Min.
42: p.
44iP-
3o!p.
10 i p.
2 p.
52 p.
28 p.
30 p.
11 p.
42 p.
28 p.
47 P-
46 3.
55 P-
0 p.
8 P
25 P.
12 p.
r
1
47 p.
49 p.
25 p.
30 p.
28 p.
42 p.
10 p.
5° P-
55 P-
41 |p-
49 P-
56 P-
15 P-
14 1 p.
KIAOHO , ville de la Chine , dans le Péleli , au
département de Hokien , troifiéme métropole de cette
province. Elle eft fous le 38 d. 20' de latitude : fa
longitude eft la même que Pékin. * Atlas Sinenfis.
KIARADA , ville d'Ane , dans la Natolie , auprès
de Rhodes. *HiJloire de Timur-Bec 1. 5 , c. 50.
1. KIATING, ville de la Chine, dans la province
de Kiangnan , au département de Sucheu , troifiéme mé-
tropole de cette province. Elle eft de 4 d. 15' plus
orientale que Pékin, fous le 31 d. 34' de latitude.
* Atlas Sinenfis.
2. KIATING , ville de la Chine , dans la province
de Suchuen , dont elle eft la troifiéme cité. Elle eft de
13 d. 2' plus occidentale que Pékin, fous le 29e d.
48' de latitude. Son territoire arrofé de lacs & de ri-
vières , abonde en riz Se en autres chofes néceffaires
aux befoins , & contient fept places , favoir :
Kiatingj
Somui ,
Hungià,
Laikiang ,
Kienguei ,
lung,
KIAO , ville de la Chine , dans la province de
Channton, au département de Laicheu , fixiéme métro-
pole de cette province. Elle eft de 3 d. 2' plus orien-
tale que Pékin , fous les 35 d. 46' de latitude. * Atlas
Sinenfis.
K1AOCHING, ville de la Chine , dans la province
de Channfi au département de Taiyven , première mé-
tropole de cette province. Elle eft de 5 d. 30' plus
occidentale que Pékin, fous les 38, d. 27' de latitude.
* Atlas Sinenfis.
•KIAOHA , forterefle de la Chine , dans la province
de Iunnan. Elle eft de 14 d. 16' plus occidentale que
Pékin , fous les 23 d. 36' de latitude. * Atlas Si-
nenfis.
Gueyuen.
KIAXEN , ville de la Chine , dans la province de
Chékiang , au département de Kiahing, deuxième mé-
tropole de cette province. Elle eft de4d. 10' plus orien-
tale que Pékin, fous les 31 d. 18' de latitude. * Allas
Sinenfis.
KlAYU, ville de la Chine , dans la province de Hu-
quang, au département de Vuch'ang, première métro-
pole de cette province. Elle eft de 3 d. 51' plus occi-
dentale que Pékin , fous les 30 d. 30' de latitude. * Atlas
Sinenfis.
KlAZtMEH, port de l'Arabie, dans le golfe Perfi-
que, entre Catif & BalTora. C'eft un gîte des Arabes,
& un endroit qui abonde en pâturages. On s'y fert d'eau
de puits. Il y a un cap qui s'avance dans la mer. Le
paiTage, pour y entrer, eft fermé par une porte ; lorsque
cette porte eft gardée , on peut y palier la nuit en fu-
reté. * Manuscrits de la Bibliothèque du roi.
KIAZIZ , bourg du Khoraflan ; ce bourg eft fameux
par la naiflance de l'nnpofteur Hakem, fils de Hecham,
furnommé le Faifcur de Lune. Il faifoit fortir d'un puits
une lumière qui refïembloit à une lune , & esperoit, par
ce prodige, fe faire pafîer pour dieu. * Manuscrits de la.
Bibliothèque du roi.
KIBLÂH , lieu vers lequel les Mahométans fe tour-
nent , lorsqu'ils font leurs prières , félon Bespier, Rem.
fur Ricaut , t. 2 , p. 626. C'eft le temple de la Mec-
que , c'eft-à-dire proprement cette tour carrée , qui eft
au milieu de l'enceinte du parvis, ou de l'amphithéâtre,
qui l'environne. Vartoman décrit cet ouvrage au cha-
pitre 17 du Ier livre de fes Navigations , & en parle
comme l'ayant vu. Il dit donc « qu'au milieu de la Mec-
» que il y a un temple fait à-peu-près comme l'amphi-
» théâtre de Rome , mais avec cette différence qu'il
» n'eft bâti que de briques. Cet amphithéâtre aquatre-
» vingt-dix ou cent portes, & eft voûté tout à l'entour.
» (Il veut dire qu'il y a des arcades;) on y descend par
» des escaliers de douze degrés. Dans le veftibule on
» ne vend que des colliers ; lorsqu'on eft entré , l'or ,
» dont les murailles font couvertes , éblouit les yeux.
» Au bas , c'eft-à-dire fous les arcades, il y a une in-
» finité de perfonnes ; & on y voit jusqu'à quatre ou
» cinq mille marchands , qui ne vendent que des par-
» fums, &: particulièrement d'une certaine poudre odo-
» riférante qui fert à embaumer les corps morts. Le
» milieu de cet amphithéâtre, ou de ce temple, n'eft
» point couvert, &: là fe voit une tour carrée, qui a
» fix pas de chaque côté ; elle eft couverte d'étoffe de
» foie , & n'eft pas plus haute qu'un homme : on entre
» dedans par une porte d'argent , & on dit que de côté
» & d'autre , il y a des vafes pleins de baume , que
» chacun a la liberté de voir le jour de la Pente-
» côte. Le 23 de Mai , une infinité de monde com-
» mença à faire fept fois le tour de ce lieu, en baifant
» chacun de fes coins, & en les touchant, de fois à
» autre , &c. » C'eft cette tour ou chapelle qu'on ap-
pelle proprement Kiblah : c'eft de côté-là qu'il fe faut
tourner lorsqu'on fait fes prières. C'eft pourquoi dans
KIC
K'E
toutes les mosquées de Turquie , il y a une niche rlàni
la muraille du midi, qu'ils appellent Kiblah ou Kibleh,
comme le remarque Thevenot chap. 37, de fon Voyage,
première partie; mais il écrit Kéblé , ck cela, à caufe
que le temple de la Mecque eft au midi , à l'égard de la
Turquie. Ce mot de Kiblah lignifie en Arabe un lieu
vers lequel on a le vif âge tourné; Se de-là il a été don-
né particulièrement au lieu vers lequel on doit regarder
en priant, qui eft parmi les Mahométaus le Kiblah. On
appelle auffi cette cnapelle Caabah , à caufe de fa figure
carrée ; car en arabe Vaahab lignifie un dais , une
maifon carrée , &, par excellence, le temple de la Mec-
que , c'eft-à-dire cette tour carrée dont nous avons par-
lé; car la grande enceinte eft en forme d'amphithéâtre,
comme le remarque Vartoman. Enfin on l'appelle en-
core Bei-tullah, ou Beito-llah, c'eft-à-dire la maifon de
Dieu;iaBeito-lharam , la maifon facrée , dont l'accès
eft défendu aux perfonnes fouillées ou profanes; &
Beito-latik la maifon ancienne. L'amphithéâtre qui l'en-
vironne , & au mileu duquel elle eft placée , s'appelle
Haram , ou Haramo-llah , c'eft-à-dire le lieu J ocré ; on
interdit aux perfonnes impures le lieu où Dieu a défendu
d'entrer. Voyez Golius, pag. 354 &C 601 de fon Lexi-
con arabe, ècThevenot, chaptre 21 de la féconde par-
tie de fon Voyage.
KIBOURG , ou K.YBOÙRG , ville de SuiiTe , au can-
ton de Zuric, fur la rivière de ThoëlT. Elle n'eft pas fi
confidérable par fa fituation forte &c élevée fur une hau-
teur , que par fon château , qui a été la réfidence des
anciens comtes de Kibourg. Ils étaient très-puiflans ; Se
même durant quelques fiécles, ils étoient les plus puiffans
feigneurs de toute la Suifle: ils pofledoient une bonne
partie du pays d'alentour , dont Zuric a fait un beau &
grand bailliage , outre quantité de terres en divers en-
droits : il y a eu un tems qu'ils avoient des terres jus-
qu'aux portes de Berne. Le premier de ces comtes fut
Hartman, qui fut invefti de ce comté, l'an 9'jO, par
Othon. I. Le dernier de cette race , nommé auffi Hart-
man, mourut en 1264, ne laiflant qu'une fille nommée
Elifabeh , qui fut privée de la fucceffion de fon père par
Rodolphe de Habsbourg , quoiqu'elle fut femme d'E-
berard , comte de Habsbourg, couhn de Rodolphe. Ebe-
rard & Elilabeth laiflerent leur droit à leur fils Hart-
man. Le dernier de leur poftérité fut Egk ou Egon ,
^ui mourut vers l'an 1400 , & prit le titre de comte de
Kibourg, fans en jouir. Rodolphe, qui avoit privé de
ce comté Elilabeth de Kibourg, le donna à fon fils Al-
bert , dont les defeendans jouirent de Kibourg , jufqu'aù
tems du concile de Confiance. Ce fut alors que Fré-
déric d'Autriche fut privé d'une partie des terres qu'il
avoit en ce pays , &c ceux de Zurich eurent le comté
de Kibourg ; mais quelques années après, ils s'engagèrent
dans une guerre contre les autres cantons, l'an 1441 , &
ils furent dans un grand péril ; de forte que , pour tirer
du fecours de l'empereur Frédéric III, ils remirent Ki-
bourg à la maifon d'Autriche ; mais il leur fut reftitué
par un traire, l'an 1461; & depuis ce tems-là, ils en ont
toujours joui; c'eft ce qu'en dit le dofte abbé de Lon-
guerue. L'auteur de l'Etat &c des Délices, t. 2, p. 45 ,
purge un peu la mémoire de Rodolphe de Habsbourg ,
d'une ufurpation auflî inique que celle que l'on vient de
rapporter. Il prétend que ce Rodolphe étoit neveu, fils
de la foeur d'Harttnan , dernier comte de Kibourg ; à la
vérité , cette qualité de fils d'une feeur ne lui donne au-
cun droit de préférence fur Hartman , fils de la légitime
héritière, qui étoit Elilabeth. Cependant, comme le
remarque l'auteur cité , cela lui fervit comme d'éche-
lon pour monter à la grandeur , où on le vit élevé dans
la fuite. Il pourfuit ainfi : Sigismond d'Autriche vendit
cette terre à la ville de Zuric, l'an 1452. Voilà une
différence fenfible , qu'il n'eft pas de mon fujet de con-
cilier. Ce Rodolphe eft le premier empereur de la mai-
fon d'Autriche. * Etat & Dél. de la Suiffe, t. 2, p. 45.
Longuerue , Defcr. de la France, 2 part. p. 255.
Quoi qu'il en (bit , Kibourg eft préfentement un des
plus beaux bstliiages de ce canton. Du tems que Rodol-
phe étoit empereur, le château de Kibourg fervit à gar-
der les joyaux de l'empire, qui furent depuis transportés
à Nuremberg ; aujourd'hui c'eft la réfidence du baillif.
KÏBTH. Voyez Kift.
KICE , ville delà Chine , dans la province de Pé-
6;p
km, au département de Quangping, fixiéme métropole
de cette province elle eft de 1 d. 20' plus occidentale
que Pékin, tous les 37 d. 33' de latitude. * Atlas Si-
nenjis.
KICHICHOUANNE , rivière de l'Amérique fepten-
trionale ; elle a fon embouchure au fond de la baie
d'Hudfon, entre la rivière de Monfoni ou S. Louis, Sç
l'embouchure orientale , du lac des deux décharges ; elle
fort du lac des Chriftinaux, Se en traverfe le pays. * De
l'IJle, Cane de la Nouv. France,/». 170s;.
Le fort Kichichouanne, ou Sainte-Anne , eft à
l'embouchure de la rivière de Kichichouanne, dont il
emprunte le nom.
KICHU, forterefle de la Chine, dans la province
de Iunnan , au département de Lingan, troifieme mé-
tropole de la province. Elle eft de 15 d. 6' plus occi-
dentale que Pékin, fous les 23 d. 33' de latitude. * At~
las Sinenfts.
KICOU-KIAN, lieu de la Chine, fur la route de
Nankin à Hoangcheu , ou Hoantcheou , capitale du Hii»
quang. Les PP. Jéfuites y avoient une églilé ; c'eft peut-
être quelque village ou bourg négligé, dans l'Atlas Chi-
nois, à moins que ce ne foit Kieukiang. Voyez ce
mot. * Lettres édifiantes , t. 8 , p. 140.
KICOU-HOA-CHAN, montagne delà Chine, fé-
lon le P. d'Entrecolles, miflïonaire Jéfuite : il ne nous dit
point dans quelle province, mais il nous en apprend par
occafion les détails fui vans. Il y a un fameux temple-;
on y va en pèlerinage de fort loin; les pèlerins, dès
qu'ils font au bas de la montagne, s'agenouillent &c fe
profternent à chaque pas qu'ils font pour y monter.
Ceux qui ne peuvent faire le pèlerinage, chargent quel-
ques-uns de leurs amis de leur acheter une grande feuille
imprimée & marquée à un certain coin par les Bonzes.
Au milieu de la feuille eft la figure du dieu Fo ; fur l'ha-
bit de Fo, Se tout autour de fa figure , font de petits cer-
cles : les dévots Se les dévotes au dieu Fo , prononcent
mille fois cette prière; Una-mo-o-mi-to-Fo, à laquelle ils
ne comprennent rien ; car elle leur eft venue des Indes avec
la fefte de Fo. Ils font de plus cent génuflexions , après
quoi, ils marquent d'un trait rouge un de ces cercles ,
dont la figure eft toute couverte. De tems en tems, on
invite les Bonzes à venir à la maifon , pour y faire des
prières, ck pour fceller ck authentiquer le nombre des
cercles qui ont été remplis. On les porte en pompe aux
funérailles dans un petit coffre bien fcellé par les Bon-
zes ; c'eft ce qu'ils appellent Lou-in , c'eft-à-dire paffe-
port pour le voyage de cette vie en Vautre : ce paffeport
ne s'accorde point qu'il n'en coûte quelques taëls ; mais
auffi, félon eux, on eft afluré d'un voyage heureux.
* Lettre édifiantes , t. 13 , p. 342.
KIDDERMINSTER , bourg d'Angleterre, au com-
té de Worcefter. On y tient marché ; & il eft fur là
Stoure , qui le coupe en deux. II eft célèbre à caufe de
tes étoffes. * Etatpréf de la Gr. Bret. t. 1 , p. 125. Da-
vid , Anglet.
KIDG, ville d'Afie, au royaume de Mécran, dont
elle eft la capitale. Elle donne le nom à la province où
elle eft fituée , à 99 d. de longitude , & à 27 d. 50'
de latitude. * Hift. de Timur-Bec , 1. 3 , c. 68 ; ck 1. 2 ,
c. 45.
KIDWELLI , ville d'Angleterre, ^ au pays de Galles,
dans la province de Carmarthen , à l'embouchure du
Fowi , rivière qui y forme un havre.
KIÉ , ville de la Chine, dans la province de Channfi,
au département de Pingyang , deuxième métropole de
cette province. Elle eft de 7 d. 13' plus occidentale que
Pékin, fous les 37 d. n' de latitude. Le mot Kie
lignifie bonheur. * Atlas Sinenfis.
KIÉCHI, ville de la Chine, dans la province de
Channfi , au département de Tayven , première métro-
pole de cette province. Elle eft de 4 d. 2c/ plus occiden-
tale que Pékin, fous les 39 d. 30' de latitude. * Atlas Si-
1. KIÉGAN, ville de la Chine, dans la province
de Kianfi , dont elle eft la neuvième métropole ; elle
eft de 2 d. 49' plus occidentale que Pékin, fous les 27 d.
42 de de latitude ; elle eft fituée au bord occidental de
la rivière de KlAM , à l'endroit où commencent les
dangereufes roches de Chepatan ou Xepatan ; car au-
deflbus de cette ville , la defeente de la rivière eft très-
Tome III. Oooo ij
66o
KIË
KiE
périlleufe ; & quantité de barques y ont fait naufrage , à
taufe des écueils pointus ôt cachés fous l'eau , autour
"desquels l'eau eft emportée avec rapidité. Ou compte
dix- huit endroits où l'on court le plus grand risque;
& c'eft ce qui a donné lieu au nom de Chipatan ,
qui veut dire dix-huit gouffres ou chûtes d'eau; mais le
pire de tous eft à Hoangoung. * Atlas Sinenfis.
Le territoire de Kiégan eft hérifle de quelques mon-
tagnes qui ont des mines d'or & d'argent. Les valons
& les champs font agréables & fertiles, & font à cou-
vert de la féchereffe. Il comprend neuf villes j (avoir ;
Kiégan,
Taiho ,
Kiexui,
lungfung j
Ganfo,
Lungciven,"
Vangan ,
Iungfin,
Jungning.
Le premier nom de cette ville étoit Kugcheu; mais la
famille de Taiminga la changea en Kiégan, qui veut dire
le bonheur des montagnes ou montagnes heureufes.
2. KIÉGAN , ville de la Chine , dans la province
de Quangfi, au département de Taiping, huitième mé-
tropole de cette province. Elle eft de il d. 45' plus oc-
cidentale que Pékin, fous les 23 d. 47' de latitude.
KIEKIENA-SEROPHQF, bourg de l'empire de
Ruffie : ' il a deux grands bâtimens , dans l'un desquels
demeure le gouverneur; il eft à deux milles d'allemagne
de Kolomna.
KIELL, (prononcez Kl LL) ville d'Allemagne, dans
la baffe Saxe , au djehé de Holftein , au fond d'un
golfe long & étroit qui en prend le ftom de Killer-Wick.
Gaspard Danckwerth , (New Lands Befchreibung der
Zwcy H cri Zogt humer Sehleswieh und Holftein,) croit au
contraire que la ville a pris ce nom du golfe, qui l'a eu
lui-même à caufe de fa figure ; car Ke'il, en allemand ,
ou Keil, en bas Saxon , lignifie un coin, à fendre ; & ce
golfe a été comparé à un coin , qui s'enfonce dans les
terres du côté du midi. Il ajoute qu'il eft croyable que
ce golfe eft le finus Chalufus , & que le Schwen-
tin eft le fluvius Chalufus de Ptolomée. Cette ville eft
à 43 d. 36' de longitude, & à 54 d. 19' de latitude,
à onze milles de Hambourg ; à neuf de Hufum & de
'Lubec; à huit de Flensbourg, d'Itzehoë , d'Oldenslohe
& de Beileigenhafen ; à fept de Ne-wfiadt & d'Olden-
bourg ; à fix de Schles'wig & de Segeberg ; à quatre de
Ploen & de Newmunfter; à trois d'Eckernfohr &: de
Rensbourg, & à deux de Pretz. L'anonyme continua-
teur de la Chronique d'Helmold attribue la fondation
de la ville & du château au comte Adolphe IV, qui fut
enfuite relig'eux , & la nomme en latin Kilo, onis. Il
n'en parle que comme d'une chofe incertaine ; mais il
parle plus affirmativement , quand il ajoute que ce Prince
l'exempta du droit de Holftein, & lui accorda le droit
de Lubec. Il y bâtit un monaftere où il prit l'habit , &
il y fut enterré en 1261. Outre l'églife qui fubfifte , il
y a encore celle de S. Nicolas. 11 y a au nord-eft de la
ville le palais ducal, qui eft un mélange de vieux bâti-
mens & de modernes. La ville a deux portes; celle de
Danemark eft près du château ; l'autre au fud-oueft ,
nommée h porte de Holftein, aboutit à un fauxboutg.
Ce qui rend la ville deKiel remarquable, c'eft une foire
qui s'y tient tous les ans, après la fête des Trois-Rois; il
s'y rend une multitude de perfonnes de toute condition ,
& fur-tout la nobleffe des duchés de Schleswig & de
Holftein : ceux qui ont de l'argent comptant , trouvent
à qui le placer ; les uns y viennent pour recevoir leurs
rentes, les autres pour payer celles qu'ils doivent. C'eft
à cette afîemblée qu'en huit jours il fe négocie des ton-
nes d'or, & c'eft à ce tems-là que la plupart des paye-
mens & des rembourfemeas font remis ; c'eft ce que
les Allemands appellent Umbfchlag. La foire, qui fe
tient enfuite , vient d'autant plus à propos que chaque
famille , qui a reçu de l'argent , y acheté ce dont elle
abefoin, !k y fait fes provifions pour un an de ce que
les terres ne lui produifent pas. Une petfonne qui a pris
des engagemens, ne doit non plus manquer à la foire de
Kiell, qu'un banquier d'Amfterdam à la bourfe. Il eft
censé avoir fait banqueroute & eft fournis à de rudes pei-
nes, outre le déshonneur. La ville de Kiell a acquis un
nouvel avantage par la réfidence qu'y fait le duc de Hol-
ltein-Gottorp , depuis que le roi de Dimemarck s'eft
approprié le Schles-^ig. Il y a, outre cela, une univerfité
fondée, en 1665, par Albert, duc de Holftein, comme le
difent très-bien Baudrand, édit. 1682, & édit. 1705, &
Hubner, & non pas en 1669, comme le dit Corneille,
après Maty. Baudrand nomme cette ville en latin Chi-
lonium ; Bertius de même. Hermanidès, Daniœ Dcfcr.
p. 940, dit Kiela, pour la ville , &: Kielenfis prœfeclura
pour le bailliage.
Le bailliage de Kiell , contrée d'Allemagne,
au cercle de la baffe Saxe , dans le Holftein : il s'étend
l'efpace de cinq milles avec le bailliage deBordesholm,
depuis la rivière de Levensav jufqu'au bout du territoire
deNe-wmunfter. L'Eyder, le Schwentin, la Schwale & le
Bornbeck l'arrofent. Le terroir eft naturellement fertile,
excepté dans le territoire de Newmunfter qui eft moins
bon. Il y a des lacs qui fourniffent du poiffon en abon-
dance. Il y a des bois , & de hautes futaies en quel-
ques lieux , fur-tout auprès de Pretz.
KIELUNG, ville de la Chine, dans la province de.
Quangfi , au département de Taiping, huitième métro-
pole de cette province. Elle eft de 11 d. 46' plus occi-
dentale que Pékin , fous les 23 d. 27' de latitude. * At~
las Sinenfis.
1. KIËN, ville de la Chine, dans la province de
Xenfi , au département de Sigan , première métropole
de cette province. Elle eft de 8 d. 38' plus occidentale
que Pékin , fous les 36 d. 27' de latitude. * Atlas Si-
nenfis.
2. KIEN , ville de la Chine , dans la province dé
Suchuen , au département de Chingtu , première mé-
tropole de cette province. Elle eft de 12 d. 23' plus oc-
cidentale que Pékin , fous les 30 d. 26' de latitude,
* Atlas Sinenfis.
3. KIEN, ville de la Chiné, dans la province de
Suchuen, au département de Paoning, féconde métro-
pole de cette province. Elle eft de 1 1 d. 24' plus occi-
dentale que Pékin, fous les 32 d. 42' de latitude. * Al-
las Sinenfîs.
1. KIENCHANG , ville de la Chine, dans la pro-
vince de Kiangfi , dont elle eft la fixiéme métropole.
Elle eft de 43 d. plus occidentale que Pékin, fous les 28 d;
12' de latitude. Quoique cette ville foit fur un terrein
fort inégal, elle ne laifle pas d'être agréable & même
magnifique. Elle eft dans un canton fertile fur la fron-
tière du Fokien. Son département renferme cinq villes 5
favorr j
Kienchang, Nanfung ,
Sinching, Quanchang,
& Luki.
Un roi de la famille de Taiminga y a fait fa réfi-'
dence, & y bâtit un palais d'une ftrufture royale. Les jar-
dins en font très-beaux, les appartemens fort ornés , &
les meubles fort riches. Kianchane tire auffi de l'agré-
ment de deux lacs , dont l'un eft clans la ville , & l'au-
tre dehors ; ce dernier eft devenu très-utile par les ca-
naux qu'on a creufés pour la communication. Les PP. Jé-
fuites y avoient une églife. Il y a auffi deux temples con-
facrés à la mémoire des hommes illuftres. On y fait avec
le riz un breuvage que le P. Martini trouve plus excel-
lent que le vin de l'Europe ; on le nomm, macu, & c'eft
une des délices Chinoifes. Le riz de ce canton eft fi exquis,
en comparaifon de celui qui fe recueille dans le refte de
l'empire, qu'on l'envoie de-là à l'empereur : on le nomme
le grain d'argent, à caufe de fa bonté. On y fait auffi de
fort belles étoffes de toutes fortes. Cette ville s'appel-
loit Kienvu fous la famille deTanga, celle de Sunga lui*
a donne le nom quelle porte prélëntement.
2. KIENCHANG, ville de la Chine, dans la pro-
vince de Kiangfi, au département de Nankang, quatrième
métropole de cette province. Elle eft de 2 d. plus oc-
cidentale que Pékin, fous les 29 d. 50' de latitude. .
3. KIENCHANG, ville de la Chine, & fortereffe
de Suchuen. Elle eft de is; d. 4' plus occidentale que
Pékin , fous les 28 d. 31' de latitude. * Atlas Sinenfis.
KIENCH'UEN, ville & fortereffe de la Chine,
dans la province d'Iunnan , au département de Ciokinç,
troifiéme cité militaire de cette province. Elle eft de
1,6 d. 59' plus occidentale que Pékin, fous les 26 d. 34'
de latitude, * Atlas Sinenfis,
KIE
KIF
66 i
KINGUEI, ville de la Chine, de la province dé
Snchuen ,' au départementde Kiating , troifiéme grande
cité de cette province. Elle eft de 12 d. 51' plus oc-
cidentale que Pékin, fous les 29 d. 29' latitude. * At-
las Sinenjis.
KIENLI, ville de la Chine, dans la province de
Huquang, au département de Kingcheu , fixiéme métro-
pole de cette province. Elle eft de 5 d. 6' plus oc-
cidentale que Pékin, fous les 30 d. 20' de latitude. * At-
las Sinenjis. .
1. KIENNING, vilte de la Chine, dans le Fokien,
au département de Xaoùù , huitième métropole de cette
province. Elle eft de 44' plus occidentale que Pékin ,
fous les 27 d. 13' de latitude. * Atlas Sinenjis.
2. KIENNING, ville de la Chine, dans la province
de Fokien , dont elle eft la quatrième métropole. Elle
eft d'un degré plus orientale que Pékin , fous les 27 d.
de latitude. Elle eft fituée fur le bord oriental du Min ,
ck eft aulfi grande que Fokien. Son territoire eft très-
iétendu, & comprend fept villes , favoirj
Kienning, Puching,
Kienyang^ Chinghoj
Çunggan, . _ Sungki ,
.Xeuning.
Elle a été autrefois appellée Kitncheu. Le P. Martini
croit que c'eft la Quelinfa de MarcoP-aolo-Venitien.
Elle fouffrit beaucoup durant la guerre & l'invafion des
Tartares ; comme elle avoit fecoué leur joug , elle fut
àfliégée & reprife , &c ils y mirent le feu. L'églife que
les Jéfuites y avoient, périt avec le refte de la ville. Le
beau pont fur lequel on y pafle la rivière qui y eft très-
rapide, pour aller à un magnifique temple, étoit fur
des piliers de pierre de taille : il étoit couvert &c bordé
de maifons St de boutiques des deux côtés : il fut pres-
que détruit en cette occafion : on l'a pourtant réparé ;
mais lorsque le P. Martini ëcrivoit , la ville ne fe rétâ-
blifîbit que lentement; quoique les villes de la Chine,
foient , dit-il , plus aifées à rebâtir que celles de l'Eu-
rope, parce que prefque toutes les maifons en font de bois.
Kienning eft une ville affez marchande, parce que c'eft .
iin paflags pour les marchandifes qui defcendent ou re-
montent la rivière. * Atlas Sinenjis.
KIENPING, ville de la Chine, dans la province de
Kiangnan, au département de Quangte, première grande
cité de cette province. Elle eft d'un degré 56' plus
orientale que Pékin, fous les 31 d. 10' de latitude.*^/-
las Sinenjis.
KIENTE , ville de la Chine , dans la province de
Kiangnan, au département de Chicheu , treizième mé-
tropole de cette province. Elle eft de 15' plus occiden-
tale que Pékin, fous les 30 d. 42' de latitude. * Atlas
Sinenfis.
, KfENXI , ville de la Chine , dans la province de
Suchuen , au département de Queicheu , fixiéme mé-
tropole de cette province. Elle eft de 7 d. "jô' plus oc-
cidentale que Pékin, fous les 30 d. 24' de latitude.
* Atlas Sinenfis.
KIENXU1, ville de la Chiné, en la province d'Iun-
nan, au département de Lingan , troifiéme métropole
de cette province. Elle eft de 14 d. 19' plus occiden-
tale que Pékin, fous les 23 d. 50' de latitude. * Atlas
Sinenjis.
K1ENYANG , ville de la Chine , dans la province
de Fokien , au département de Kienning , quatrième
métropole de cette province. Elle eft de 45' plus orien-
tale que Pékin , fous les 27 d. 22' de latitude. * Atlas
Sinenfis.
KÏEOUTCHI , ( le royaume de) eft fitué dans le
Tibet. Les rois de ce pays &leursfujets étoient des Bar-
bares appelles Ti, qui étoient divilés par tribus ou hor-
des. Ils habitoient dans la partie occidentale de la pro-
vince de Sietchuen & s'étendoient vers l'occident, vers
le Tibet: là ils vivoient comme lesTibétarw , avec les-
quels ou les confond communément , quoique quelques
hiftoriens prétendent qu'ils foient originairement Chi-
nois. Dèf le tems des Han , ils faifoient fonvent des in—
turfions dans l'empire des Chinois. Ils avoient à leur
tête différens chefs , du nombre desquels un nommé
Filong devint très-puiffarit : il adopta pour fon fils Méou-
féou , qui , à l'occafion des troubles dont ia Chine éroit
agitée 'fous Hoei-Ti, empereur des Tien, s'en retourna
dans le pays de Kieoutchi, où il prit le titre de roi de Ti, Sr.
fut joint par un grand nombre de mécontens & d'exilés j
vers l'an 996 de J. C, Sa poftérité y régna jusqu'à l'an 6oj
que Chao-Tien fut vaincu par l'empereur des Goei , oiî
Topa, & fon royaume entièrement détruit. Ces rois de
de Kieoutchi furent fouvent reconnus par le- empereurs
de la Chine, qui leur donnoient Je titre de rois de Vou-
ton, ou de Kieoutchi ; mais ces titres n'étaient accordés
que pour en impofer aux peuples : ces prétendus rois
étoient fournis aux empereurs de la. Chine. * Voyez
YHJloire générale des Huns, par M. de Guignes, t. 1 ,
p. itf-
KIERNOW, ville de Lithuanie, fur la rivière de
Vilia: elle a été affez long- tems la réhdence des ducs
de Lithuanie.. .
KIEU., ville de la Chine , dans la province de
Channton , au départementde Tungchang, troifiéme
métropole de cette province. Elle eft d'un degré 16'
plus occidentale que Pékin , fous les 37 d. 18' de lati-
tude. * Atlas Sinenjis.
. KIEUKIANG, ville de la Chine,. dans la province
de Kianfi, dont elle eft la cinquième métropole. Elle
eft d'un degré 34' plus occidentale que Pékin , fous les
30 d. 25' de latitude. C'eft une grande ville fort mar*
chaude, au bord méridional du fleuve Kiam , à l'endroit
où il fe groflit des eaux dont fe décharge le lac dePoyang,
Comme les barques paffent là pour fe rendre à la mer j
on y en voit un nombre incroyable ; car quoique Kieu-
kiang foit à environ cent lieues de l'Océan, on ne laiffe
pas d'y pêcher des poiflbns de mer, qui remontent la ri-
vière jufqu'à cette ville, comme des faumons , dau-
phins, &c. Dans les tems de nouvelle & de pleine
lune, aux grandes marées, on s'apperçoit que la mer re-7
foule jufqu'au voifinage de la ville ;. & d'ailleurs le cours
du fleuve eft fi lent en cet endroit, qu'à peine s'apperçoit-
on de quel côté il coule ; de forte que l'on y peut vo-
guer à pleines voiles, du côté que l'on veut , fans appré-
hender la dérive. L'empereur a dans cette ville un bu-
reau de douane qui lui vaut beaucoup. Au refte elle eft
fituée au nord de Nanchang , première métropole 6k ca-
pitale de la province ; & fon territoire eft entouré
d'eau au nord & au levant , & eft borné au midi par le
mont Quangliu. Il renferme cinq villes, favoir;
Kikeuiang , Xuichang ,
Tégan , Hukeu ,
Pengce.
Là famille de Hana nomma cette ville lUGHANG ; on
lui rendit enfuite fon ancien nom de Kieukiang , qu'on
lui ôta encore pour l'appeller Tingkiang ; & enfin la fa-
mille de Taimingà lui rendit le premier nom qu'elle
garde encore. * Atlas Sinenjis.
KIEXE , fortereffe de la Chine, dans la province de
Quantung. Elle eft d'un degré 49' plus occidentale que
Pékin , fous les 22 d, 50' de latitude. * Atlas Sinenjis.
KIEXUI , ville de la Chine , dans la province de
Kianfi,, au département de Kiégan , neuvième métro-
pole de cette province. Elle eft de 2 d. 30' plus occi-
dentale que Pékin , fous les 27 d. 47' de latitude. Elle
eft au confluent du Su, ruiffeau, & de la rivière de Kiam.
Elle eft en triangle, &C fon circuit eft d'une heure &
demie. On peut y entrer par quatre portes qui font ar-
mées de fer, &t défendues par de forts baftions & par des
remparts affez hauts & très-bien flanqués ; cette ville eft
ornée de fuperbês bâtimens & de magnifiques temples,
dont l'un eft enrichi par-deffus ; les autres d'un grand
nombre d'images , & de ftatues très-bien travaillées. A
l'entrée d'une longue rue eft un arc triomphal, qui, par
fon antiquité & par la beauté dé là ftructure, mérite l'at-
tention des curieux. * Ambajjade des Hollandais à la.
Chine , c. 9. Atlas Sinenjis.
KYEYANG , ville de la Chine , dans la province de
Quangtung, au département de Chaocheu, cinquième
métropole* de cette province. Elle eft d'un degré 18'
plus occidentale que Pékin , fous les23 d. 54' de latitude.
* Atlas Sinenfis.
K1FT, ville d'Egypte, dans le Saïd-Aâla , qui eft la
haute Thébaïde, Elle n'eft éloignée du Nil, que de (efi
66 1
KIL
KIL
parafanges. Tous Ces habitans font infidèles , au jugement
des Mahométans , c'eft-à-dire Chrétiens ; c'eft ce qu'en
dit Abdalmoal dans le fécond climat. D'Herbelot, Bibl.
orient, qui rapporte ces paroles , ajoute : cette ville eft
l'ancienne Coptos , qui a donné autrefois le nom à
une des provinces de l'Egypte , Copticus Nomos. Il pou-
voit dire de plus, qu'elle l'a donné au Nil Se à toute l'E-
gypte. Il poursuit ainfi : aujourd'hui cette même ville,
que l'on appelle auffi KlBTH , donne le nom à toute
l'Egypte & à toute la nation , que les Arabes appellent
Al-Kibth, auffi-bien queMESR. Ce font les Coptes
ou Copthes. Voyez les articles Copthes & Coptos.
KIGNANFU, grande ville delà ÇMne; elle eft com-
merçante, a de belles rues, Se un fauxbourg au midi.
KIINO-KUNI, province du Japon, dans l'ifle Ni-
Çhon , fur la mer du Japon , au fud de là province d'Id-
fumi , & de celle de Jamatto. Elle eft renommée par
fes mines de cuivre le plus fin , & le plus malléable ,
qui fe tire de fes ifles.
KIKIANG, ville de la Chine , dans là province de
Suchuen , au département de Chungking , cinquième
métropole de cette province. Elle eft de 10 d. 40' plus
occidentale que Pékin , fous les 29 d. 48' de latitude;
* Atlas Sinenjis.
KILAKI , (les) habitent au bord de l'embouchure
de la rivière d'Amur , Se ne payent point encore de con-
tribution à l'empire de Ruflie. * Hifl. généalogique des
Tatars , p. 488.
KILAN. (le) Voyez Ghilan.
KILBEG. Voyez Calebeg.
KILBEKAN, petite ville d'Irlande, dans la province
de Leinfter, au comté de "Weft-Méath , fur la rivière de
Brasmagh, vers les frontières du comté du roi, à dix
milles, & au fud-eft de Ballimore. Elle envoie deux dé-
putés au parlement. * Etat préfent de l'Irlande, p. 45.
KILCONNEL , baronnie d'Irlande, dans la province
de Cannaught. C'eft une des dix-fept baronnies qui
compofent le comté de Gallway. * Etat préjent de l Ir-
lande.
KILDARE ouKildar, ville d'Irlande, dans la pro-
vince de Leinfter, au comté de Kildare, à onze milles
& presqu'à l'oueft de Naas , ville du même comté.
Kildare en eft la capitale Se le liège d'un évêque , avec
le droit de tenir marché public , Se d'envoyer deux
députés au parlement. Elle eft à vingt-fept milles, Se au
fud-oueft de Dublin. Elle a été autrefois très-fameufe, à
caufe de fainte Brigite. Elle y fit bâtir un monaftere ,
& elle y réfidoit ordinairement. La réputation de cette
fainte rendit ce lieu fi célèbre Se fi fréquenté , que le
grand nombre d'édifices que l'on y bâtit de fon vivant,
même autour du monaftere , y forma une ville qui de-
vint aflez confidérable dans la fuite , pour y faire trans-
férer le fiége métropolitain de la province. Baillet écrit
KlLDAR ou Kill-Dare, en latin Cella-Quercus. *Bail-
let , Vie des Saints , au premier Février.
Le comté de Kildare, contrée d'Irlande, dans
la province de Leinfter. Il a Dublin Se Wicklow à l'eft;
le comté du roi Se celui de la reine, à l'oueft ; Eftméath
au nord , 8e Caterlagh au fud. Il a trente-huit milles de
long Se vingt-trois de large. Il eft riche, & abonde en
toutes chofes. On le divife en huit baronnies , qui font,
Carbury ,
Connel,
Ikéathy ,
Ophalli,
Sait,
Noragh Se Reban,
Naas,
Kiléah Se Mone.
Il y a deux villes qui tiennent marché , favoir Carburi
Se Kildare , Se trois qui envoient leurs députés aux par-
lemens , favoir Naas , Kildare Se Athy. * Etat préjent
d'Irlande, p. 39 &40.
KIL, ville du Holftein. Voyez KiELL.
KILCOURSY , baronnie d'Irlande , dans la pro-
vince de Leinfter. C'eft une des onze qui compofent le
comté de Kingscounty. * Etat préfent de t 'Irlande, t. 3.
KILDUN , château d'Ecofle , dans la province de
Roff, fur la rivière de Connel ou Connan , qui fe jette
dans la baie de Cromarty ; il appartient au comte de
Scaforth.
KILE , province d'Ecofle. Voyez Kyle.
K.ILFENOR, félon Baudrand, village d'Irlande, dans
la province de Connnaught, au comté deClare. C'étoit
autrefois un lieu plus confidérable , Se le fiége d'un évê-
que fufFragant de l'archevêque de Cashel.
KILHAM , bourg d'Angleterre, dans la province
d'Yorck. On y tient marché public. * Etat préfent de
la Gr. Bretagne , t. 1.
KILIA INSULA, ifle de la Tartarie, en Europe, au
Budziac, à l'embouchure du Danube, qui la forme. Sa
branche la plus feptentrionale l'enferme au nord. Elle
prend fon nom d'une bourgade nommée KlLlA , &
furnommée t Ancienne , pour la diftinguer de Kilia-la-
Neuve , qui eft au nord , de l'autre côté du bras fepten-
trional du Danube , à l'orient de Bialogrod. * De Wit j
Atlas.
KILIA NOVA , bourg de Befférabie , vers l'embou-
chure la plus feptentrionale du Danube ; c'eft l'ancienne
Tomes, lieu de l'exil d'Ovide que la Motraye croit être
Témisvara, qui eft entre Cuftangi Se Varna.
KILISSIM , montagne d'Afie en Perse , dans l'Irac-
Agémi , iur la route de Kom à Saba ou Sava , environ
à cinq lieues de la première. Elle eft à la droite du ca-
ravanferai nommé Schaferabath. Elle n'eft que médio-
crement haute; mais elle eft ceinte, de tous les côtés, de
plufieurs collines pierreufes , qui ne produilent que du
fel, auffi-bien que toute la campagne voifine, qui eft
toute blanche de fel Se de falpétre. Cette montagne Se
celles deNachïjian, de Kuib, deZrumi, de Kemre, de
Hémédan , de Bi^etun Se de Suldus foumiflent toute la
Perse de fel , que l'on en tire comme d'une mine. Les
Perfans difent de la montagne de Kiliffim , Kim-Ke.ds.r-
Kelmes, c'eft-à-dire que ceux qui y montent n'en des-
cendent point ; équivoque qui ne contient qu'un rébus
badin, Se que quelques-uns ont pris a.i pied de la let-
tre, comme fi l'on avoit dit qu'ils n'en descendent ja-
mais , ce qui eft faux ; l'auteur 'de cette badmerie a feu-
lement voulu dire qu'ils. n'en descendent point alors,
dans le tems qu'ils y montent ; ce qui eft vrai de toutes
les montagnes du monde. * Oléarius , Voyages, 1.6,
/?• 5 . c. 2.
KlLISTINONS ou KiRistinOUS ,- (les) ouïes
Christinaux, ou lesKRicQS, peuple de l'Amérique
feptentrionale, au fond de la baie de Hudson , dont ils
occupent les bords, depuis le fort Bourbon ou Nelson ,
Se l'embouchure de la rivière de Sainte-Thérèfe , au
couchant de cette baie , jusqu'aux montagnes qui bor-
nent au nord les Pitchibouronni. Ils font bornés, au cou-
chant, par les Pouls ou Afifenipoils; au midi, par le Ca-
nada ; Se au levant , par les Eskimaux. De la Poterie ,
qui a traité fort amplement certains points de l'Hiftoire
de l'Amérique feptentrionale , t. 1, p. 175 , regarde les
Christinaux ou Kricqs , c'eft-à-dire , félon lui ,
fauvages qui habitent les lacs, comme un peuple parti-
culier de cette côte , Se dit qu'ils demeurent à cent foi-
xante lieues du fort Nelfon. Ils ont, dit-il, l'ufage des
calumets de paix ; c'eft-à-dire de la pipe. C'eft une na-
tion nombreufe , dont le pays eft vafte ; ils s'étendent
jusqu'au lac fupérieur. Ils vont quelquefois en traite au
faut de Sainte-Marie Se de Michilimakinak ; ce font gens
fort vifs , toujours en aftion. Ils font guerriers , Se ont
affez les manières des Gascons. Ils vivent dans l'idolâtrie;
chez eux la polygamie eft en ufage. Les autres peuples
qu'il range le long de cette côte , font ceux-ci :
1. Les Ouenebigonhelinis font ies plus proches du fort
Nelfon. Leur nom fignifie gens du bord de la mer. Ils
vivent de chatte Se de pêche.
2. Les Monfaunis, c'eft-à-dire gens de marais, habi-
tent un pays plus haut que les Ouenebigonhelinis , qui
eft fort rempli de marais.
3. Les Savanois ou sens de Savanes, font plus loin
en montant vers le furL
4. Les Chriflinaux ou les Kricqs ; nous en avons parlé
ci-deffus.
5. Les Migichihilinious , c'eft-à-dire Sauvages qui ont
des yeux d'aigles. Ils demeurent à deux cents lieues.
6. Les Oskquifaquamais vivent de poiflbn, ont peu
de caftors ; mais leurs peaux font très-grafles.
7. Les Michinipicpœts , c'eft-à-dire hommes de pierre
du grand lac , demeurent à trois cents lieues. Cette na-
tion habite nord Se fud.
8. LesNctaouatscmipoets,c,eû-à.-dhehommes depoince,
demeurent à quatre cents lieues.
KlL
Kl M
9. Les Attimospiquayes ; ce mot fignifie côte des
chiens.
10. Les MaskegoneMrints font en guerre avec ces der-
niers , ci les empêchent de venir au fort Nelfon.
Les François ont un fort chez les Abitibis , peuple
fitué aux fources de la rivière de S. Louis ou de Mon-
fauni. Ils ont d'ailleurs peu d'établiffemens dans ce pays.
Voyez les Lettres édifiantes du P. Gabriel Mareft ,
miffionnaire Je fuite , t. 10, p- 313-
Le lac des Kilifunons ou des Chrijlinaux , grand lac
de l'Amérique feptentrionale. Il communique au grand
lac des Affenipoils, qui eft à l'oueft-fud-oueft , & d'où
fort la rivière de Bourbon, qui va fe perdre au tortNel-
fon , dans la baie de Hudson. Outre cela, il communi-
que au midi avec le lac Alemipigon , qui eft du Canada.
On foupçonne qu'il communique aufîî a\>ec la rivière de
Sainte-Anne , qui tombe dans la baie de Hudson. Mais
ce pays eft très-peu connu. * Robert de faugondy ,
Atlas. •
KILKAN , baronnie d'Irlande , dans la province de
Leinfter. C'eft une des huit qui compofent le comté de
Kildare. * Etat préfent de l'Irlande, p. 39.
KILKENDYLIB, baronnie d'Irlande, dans la pro-
vince de Leinfter. C'eft une des onze qui compofent le
comté de Kilkenny. * Etat préfent de l'Irlande , p. 41.
1. KILKENNY, ville d'Irlande, dans la province de
Leinfter , au comté auquel elle donne fon nom, & dont
elle eft la capitale , Se au milieu duquel elle eft fituée
fur la rivière de Nure ; cette ville eft grande , forte, la
mieux peuplée , la plus riche & la plus négociante qu'il
y ait entre toutes les villes d'Irlande , qui font reculées
dans les terres. Elle tient un marché public , & eft le
fiége d'un évêché qui étoit auparavant à OfTery. On la
divife en deux parties. L'une eft Ylrlandoife, ou l'an-
cienne ville qui n'eft plus aujourd'hui que le fauxbourg
de l'autre. C'eft-là qu'eftla cathédrale ; l'autre eft VAn-
gloije ou la ville neuve. Elle fut bâtie par les Anglois
fous Ranulphe , comte de Chefter. Elle eft devenue la
principale. Kilkenny eft à cinquante-fix milles au fud-
oueft de Dublin , ôc à huit de Go-wran , autre ville du
même comté. * Etat préfent de l'Irlande , p. 4t.
Le comté de Kilkenny, canton d'Irlande, dans la pro-
vince de Leinfter. Il a Caterlagh & Wexford à l'eft ;
Tipperary à l'oueft , le comté de la reine au nord, ck
'Wacerford au fud, & en eft féparé par la Shure. Il a
quarante milles de long , &C vingt-deux de large. Ce
pays eft très-agréable à la vue , orné de villes fk de
châteaux , &t aufli fertile & abondant en toutes chofes
qu'aucun autre. On dit communément de ce comté, ou
du moins des environs de fa capitale , que fon eau ejl
fans bourbe , fon air fans brouillards , 6- fon feu fans
fumée. On le divife en onze baronnies qui font :
66$
Fafladinig,
Gowran,
Galmoi ,
Kells,
Cranagh,
Knocktopher.
Kilkendylib ,
Ida,
Shellilogher ,
Ibeicon ,
Iverck.
Il n'y a qu'une feule ville en tout, qui ait droit de tenir
marché public ; mais il y en a huit qui envoient leurs
députés au parlement. Ces huit villes font :
Kilkenny,
Thorrias-TWn.
Gowran ,
Inishteige,
Callen,
Knocktopher,
Kells,
Saint-Canice.
1. KILKENNY, baronnie d'Irlande, dans la province
de Leinfter. C'eft une des onze qui compofent le comté
de "Weftméath. * Etal préfent de la Gr. Bretagne , t. 3 .
KILKERAN , bourg d'Ecofle , au comté de Cantyr,
dont il eft un des principaux lieux, Cantir ou Kyntire
& Argyle font deux provinces différentes, félon l'Etat
préfent de la Grande-Bretagne. Cependant Baudrand
n'en fait qu'une province.
KILLALA ou Killaloo, ville d'Irlande, dans la
province de Connaught, au comté de Mayo, dont elle
eft la principale. Elle eft petite , & néanmoins c'eft le
fiége d'un évêque. Elle eft auprès de la mer, ou plutôt
d'ime grande baie, à trois milles ou environ, & au nord-
oueft de Mayo. * Etat préfent de l'Irlande, p. 31.
_ KILLALOV bu Cabv , ville d'Irlande, dans la pro-
vince de Connaught , au comté de Clare ou de Tho-
mond, dont elle eft la capitale, fur le Shannon , dans
le voifinage du comté de Tipperary , à dix milles au nord
de Limerick ,, & à près de quatre-vingt-dix au fud
de Dublin. Cette ville a droit de marché public ; mais
elle n'envoie point de députés au Parlement. Elle a été
autrefois confidérable , & tombe aujourd'hui en déca-
dence, quoiqu'elle foit le fiége d'un évêque, auquel on
a uni celui d'Achonry. *Etat préferi: de C Irlande, p. 34.
KILLEHANE , baronnie d'Irlande , dans la province
de Connaught ; c'eft une des dix-fept qui compofent le
comté de Galfway. *Etat préfent de l'Irlande,
KILLIN , ville de Beflarabie , à vingt-huit lieues de
Bender , & à huit lieues de l'embouchure du Danube,
Cette ville eft grande , bien peuplée de Turcs, de Juifs,
de Grecs & de quelques Arméniens ; il y a un grand fk
vieux château.
_ KILLYLAGH , petite ville d'Irlande , dans la pro-
vince d'Ulfter , au comté de Down , fur le lac de Strang-
forg. Cette ville envoie deux députés au parlement ; elle
eft à dix fept milles de Dromore , au levant.
KILLMA1NE, baronnie d'Irlande, dans la province
de Connaught. C'eft une des neuf baronnies du comté
de Mayo. * Etat préfent de la Gr. Bretagne, t. 3.
KILLMALOCK, ville d'Irlande, dans la province
de Munfter, au comté de Limerick, ck à feize milles
au fud delà ville de Limerick. Cette ville eft riche, bien
peuplée , enceinte d'une muraille , & envoie deux dé-
putés au parlement. Elle donne le titre de vicomte à la
famille de Sarsfield. * Etat préfent d'Irlande, p. ^3.
KILMACALO , Kilmacough , ou Kilmach-
Duach , petite ville d'Irlande , dans la province de
Connaught , au comté de Galoway, entre la ville de ce
nom & celle de Clare , environ feft lieues de l'une Se
de l'autre. Elle étoit autrefois bien plus confidérable }
car elle étoit le fiége d'un évêché fuffragant de l'arche-
vêché de Tuam ; mais cet évêché a été uni à celui da
Clonfert. * Baudrand , éd. 1705.
KILMALOCK. Voyez Killmalock.
KILMARE, bourgade d'Irlande, dans la province de
Munfter, au comté de Kerry, fur un ruiffeau nommé
auffi Kilmare, qui tombe dans une baie de mêm; 1.0m.
* Allard, Carte de l'Irlande.
1. KILMORE, ville d'ËcoiTe, dans la province de
Knapdail , fur la côte feptentrionale de la baie de Loch-
finn , qui fépare cette province de celle d'Argyle propre-
ment dite. * Allard, Carte de TEcofTe.
2. KILMORE, petite ville d'Irlande, dans la province
d'Ulfter, au comté de Cavan, à trois milles Stau fud-
oueft de Cavan. L'évêché a été uni à Armagh. * Etat
préfent de [Irlande , p. 59.
3. KILMORE, baronnie d'Irlande, da.is la province
de Munfter , au midi de celle d'Orrery. C'eft une des
quinze qui compofent le conité de Corck. * Etat pré-
fent de t 'Irlande , p. 48.
KILNALONG , baronnie d'Irlande, dans la province
de Munfter. C'eft une des quatorze qui compofent le
comté de Tippérari , au couchant de celle d'Eliagurty.
* Etat préfent de la Gr. Bretagne, t. 3.
_ KILN AMANIA , baronnie d'Irlande, dans la pro-
vince de Munfter. Elle eft au midi de Kilnalong , Se
une des quatorze du comté de Tippérari. * Etat préfent
de la Gr. Bretagne, t. 3.
KILNATALLON, baronnie d'Irlande, dans la pro-
vince de Munfter. C'eft une des quinze qui compofent
le comté de Corck. *Etat préfent de l'Irlande , p. 48.
KILTARTAN, baronnie d'Irlande , dans la province
de Connaught. C'eft une des dix-fept qui compofent le
comté de Gallvav. * Etat préfent de f Irlande.
KIMBOLTOft, bourg d'Angleterre, dans le Hun-
tingtonshire. On y tient marché public. * Etat préfent
de la Gr. Bretagne, t. I.
KIMPECH. Voyez Campeche.
KIMPER ou Quimper-Corentin (*) , ville de
France, en baffe Bretagne, dans l'évêché de Quimper,
au confluent de l'Oder, & d'une petite rivière nom-
mée Benaudet. Ce nom Kimper , en langue Breton 1. -,
fignifie entouré dt murailles. Le P. Hardouin , in Plin.
664 KIM
l. 4, c. 18, expliquant le Carlosvelius de Pline j fait
cette remarque : Céfar les nomme Curiofolites ; leur
ville, dont nous fommes, étoit Corijbpitum, Kimper ,
mot qui, en Breton, lignifie une petice ville murée. Le
diocèlè s'appelle Cornouaille , en latin Cornugallïa ; à
l'égard de Cariosvelues oaCurioJolius, on peut voir l'ar-
ticle , où nous en parlons expreffément (b). On ne
trouve aucune trace de Kimper , dans l'antiquité , avant
S. Corentin , Ton premier évêque , dont elle a pris le
nom (c). Quelques-uns croient que ce faint fut facré
évêque par S. Martin , métropolitain de la Bretagne j
mort vers l'an 397: d'autres difent qu'il a vécu fous le
régne de Dagobert, vers l'an 630. La cathédrale eft dé-
diée fous l'invocation de S. Corentin ; fon chapitre eft
compoié de fix dignités , & de douze chanoines. Les
dignitaires font le doyen , les deux archidiacres , le tré-
sorier, le chantre, le théologal. L'abbé de Daoulas eft
premier chanoine de ce chapitre. ïl a fa chaire dans
le chœur , vis-à-vis celle de l'évêque. Dans les pro-
ceffions , fes religieux marchent à la gauche des chanoi-
nes , & l'abbé à la gauche de l'évêque. *(a) Piganiol
de la Force, Description de la France, t. 5 , p. 13g.
(1>) Longuerue, Description de la France, p.t)i. (c) Pi-
ganioL de la Force , Description de la France , t. 5 ,
p. 149.
Le diocèfe de Kimper comprend plus de deux cents
paroiffes. Il s'étend le long de la côte : les villes de ce
diocèfe font,
KiN
Kimper-Corentin ,
Quimperlé ,
Concarneau,
Karhais ,
Châteauneuf,
Gourin,
Chàteaulinj
Faou, •
Audierne,
Pont-Croix ,
Pont-1'Abbé,
Douarnenez^
Crozon, etc.
Les quatre premières envoient leurs députés aux états
de la province.
KIMPERLÉ. Voyez Quimperlé.
KIMSKY, ville de la Tartarie Moscovite. Cette ville
eft dans un fond , entre des rochers et des montagnes ,
fur une petite rivière de même nom , qui vient du nord-
oueft , et va vers le midi dans le Tunguska, On trouve
autour de cette ville, quantité de martres zibelines plus
noires qu'ailleurs.
KIM-TE-TCHIM , gros bourg de la Chine , dans la
province de Kianfi , et la dépendance de Feuléang ou
Féouléam, quatrième ville du département de Jaocheu,
(ou Jaotcheou,) féconde métropole de cette province.
Ce lieu eft très-remarquable par la porcelaine qui s'y
fait. Elle eft d'un blanc vif, éclatant ci d'un beau bleu
célefte. Il s'en fait dans beaucoup d'autres endroits ,
mais elle eft bien inférieure ; celle de Foukien eft d'un
blanc de neige , qui n'a nul éclat , ce qui n'eft point
mélangé de couleurs. Des ouvriers de Kim-te-tchim y
portèrent autrefois tous leurs matériaux, dans l'espérance
d'y faire un gain confidérable , à jraufe du grand com-
merce que les Européens font à Lmoui ; mais ils ne
purent réuffir. L'empereur (Cham-Hi) a fait conduire à
Pékin des ouvriers en porcelaine , & tout ce qui s'em-
ploie pour ce travail ; ils n'oublièrent rien pour réuffir
fous fes yeux : cependant on allure que l'ouvrage man-
qua. Il fe peut faire que des raifons d'intérêt ou de po-
litique eurent part à ce peu de fuccès ; quoiqu'il en foit,
c'eft Kim-te-tchim qui fournit la plus belle porcelaine
à toutes les parties du monde ; le Japon même en vient
acheter à la Chine.
Il ne manque à Kim-te-tchim qu'une enceinte de mu-
railles, pour avoir le nom de ville. Ces endroits nom-
més Tchim , qui font en petit nombre , mais qui font
d'un grand abord ce d'un grand commerce, n'ont point
coutume d'avoir d'enceinte, peut-êtte afin qu'on puiffe
les étendre & les aggrandir autant que l'on veut ; peut-
être auffi afin qu'il y ait plus de facilité à embarquer Se
débarquer les marchandées.
On compte à Kim-te-tchim dix-huit mille familles. Il y
de gros marchands , dont le logement occupe un vafte
espace, ci contient une multitude prodigieufe d'ouvriers;
auffi l'on dit communément qu'il y a plus d'un million
d'ames ; qu'il s'y consume chaque jour plus de dix mille
charges de riz , ci plus de mille cochons. Au refte, Kim-
te-tchim a une grande lieue de longueur , fur le bord
d'une belle rivière. Les rues font tirées au cordeau ; elles
fe coupent ci fe croifent à certaines diftances ; tout le
terrein y eft occupé ; les maifons n'y font même que
trop ferrées , ci les rues trop étroites : en les traversant,
on croit être au milieu d'une foire. On y voit un grand
nombre de temples d'idoles , qui ont été bâtis à beau-
coup de frais. Un riche marchand, après avoir traverfé
de vaftesmers pour fon commerce , a cru avoir échappé
d'un naufrage par la proteftion de la reine du ciel. Pour
accomplir le voeu qu'il fit alors , il vient de lui faire
conftruire un palais , qui l'emporte, pour la magnificence,
fur tous les autres temples.
La dépense eft confidérable à Kim-te-tchim , parce
qu'il faut faire venir d'ailleurs tout ce qui s'y consume,
& même jusqu'au bois néceffaire pour entretenir le feu
des fourneaux. Cependant nonobstant la cherté des vi-
vres , Kim-te-tchim eft l'afyle d'une infinité de pauvres
familles des villes voifines ; on y trouve à employer
les jeunes gens , ôt les personnes les moins robuftes :
les aveugles même ci les eftropiés y gagnent leur vie à
broyer les couleurs. Anciennement on ne comptoit que
trois cents fourneaux à porcelaine dans Kim-te-tchim;
préfentement il y en a bien trois mille. Il n'eft pas fur-
prenant qu'on y voie fouvent des incendies. C'eft pour
cela que la génie du feu y a plufieurs temples.
Kim-te-tchim eft dans une plaine environnée de hau-
tes montagnes ; celle qui eft à l'orient, & contre laquelle
il eft ado fié, forme en dehors une espèce de demi- cer-
cle. Les montagnes, qui font à côté, donnent iffue à deux
rivières qui fe réunifient ; l'une eft petite , mais l'autre
fort grande , & forme un beau port de près d'une lieue
dans un vafte baffin , où elle perd beaucoup de fa rapi-
dité. On voit quelquefois dans ce vafte espace jusqu'à
deux ou trois rangs de barques ; tel eft le fpeclacle qui"
fe préfente , lorsqu'on entre par une des gorges dans le
port ; des tourbillons de flamme & de fumée , qui s'é-
lèvent en différens endroits , font d'abord remarquer l'é-
tendue , la profondeur Si les contours de Kim-te-chim ;
à l'entrée de la nuit , on croit voir une vafte ville toute
en feu. Peut-être cette enceinte de montagnes forme-
t-elle une fituation propre aux ouvrages de porcelaine.
Un lieu fi peuplé , où il y a tant de richeffes, où une
infinité de barques abordent tous les jours , & qui n'eft
point fermé de murailles, eft gouverné par un feul Man-
darin, fans qu'il y arrive le moindre dé.fordre; à la vé-
rité, Kim-te-tchim n'eft jqu'à une lieue cle Fouléam , 8c
à dix-huit de Jaotcheou ; mais il faut avouer que la po-
lice y eft admirable. Chaque rue a un chef établi par le
Mandarin ; et fi elle eft un peu longue, elle en a plu-
fieurs. Chaque chef a dix fubaltetnes , qui répondent
chacun de dix maifons. Ils doivent veiller au bon ordre,
accourir au premier tumulte Si l'appaifer , en donner
avis au Mandarin , fous peine de la baftonnade. Chaque
rue a fes barricades , qui fe ferment durant la nuit. Les
grandes rues en ont plufieurs. Un homme du quartier
veille à chaque baricade, &C n'oferoit ouvrir la porte de
fa barrière qu'à certains fignaux. Outre cela, la ronde fe
fait fouvent par le Mandarin du lieu , & de tems en tems
par les Mandarins de Féouléam. De plus il n'eft guères
permis aux étrangers de coucher à Kim-te-tchim : il
faut , ou qu'ils paffentla nuit dans leurs barques, ou qu'ils
logent chez des gens de leur connoiffance, qui répon-
dent de leur conduite. Cette police maintient par-tout
le bon ordre, Sf. établit une fureté entière dans un lieu
dont les richeffes réyeilleroient la cupidité d'une infinité
de voleurs.
J'ai extrait cet article d'une lettre écrite par le P. d'En-
trecolles , Jéfuite , millionnaire à la Chine , au P. Orri ,
Jéfuite, eu 171 2 , Si inférée dans les Lettres édifiantes,
t. 12, p. 255 & faiv.
KIMUEN , ville de la Chipe , dans la province de
Kiangnang, au département de Hoeicheu , quatrième
métropole de cette province. Elle eft de 16' plus orien-
tale que Pékin, fous les 30 d. 10' de latitude. * Atlas
Sïnenfis.
1. KIN, ville de la Chine, dans la province de Xen fi,
au département de Linyao , fïxiéme métropole de cette
province. Elle eft de 1 1 d. 57' plus occidentale nue Pé-
kin, fous les 37 d, 24' de latitude, * Atlas Sïnenfis.
KIN
KIN
a. KIN, montagne de la Chine, dans la province de
Kiangnang ou Nankin ; elle forme une ifle dans la ri-
vière de Kiang , au nord-oueft de la ville de Cliinkiang.
Elle eft fameufe à came de plufieurs temples Se monas-
tères qui y font. * AmbafJ'adés des Hollandois à la Chine,
KINALÉA , baronnie d'Irlande , dans la province de
Munfter. C'eft une des quinze qui compolent le comté
de Corck. * Etat préfent de Urlande , p. 48.
> KINEATMEAKI, baronnie d'Irlande, dans la pro-
vince de Munfter. C'eft une des quinze qui compolent
le comté de Corck. * Etat prifent de [' 'Irlande, p. 48.
KIN-MEN , (l'isle Dt) ifle d'Afie, dans l'Océan
oriental , fur la côte de la Chine , dans la province de
Fokien, à fix heues d'Hiamen ou Emoui. Il y a un port
nommé LÉAOLS. * Lettres édifiantes, t. 14, p. 14.
KINCARDIN, ville d'Ecoiïe, dans la province de
Marr, fur la Dée.
1. KING , ville de la Chine , dans la province de
Quangtung, au département de Liencheu, huitième mé-
tropole de cette province. Elle eft de 7 d. 55' plur oc-
cidentale que Pékm , fous les 22 d. 18' de latitude.
* 'Atlas Sineufis.
1. KING, ville de la Chine, dans le Pékéli , au dé-
partement de Hokien , troifiéme métropole de cette pro-
vince. Elle eft de 25 ' plus occidentale que Pékin , fous
les 38 d. 20' de latitude. * Atlas Sinerijis.
3. KING , ville de la Chine , dans la province de
Xenfi, au département de Pingléang , quatrième mé-
îropole de cette province. Elle eft de 9 d. 10' plus oc-
cidentale que Pékin, fous les 37 d. 6' de latitude. * Allas
Sinenfis.
4. KING, ville de la Chine, dans la province de
Kiangnang , au département de Ningque , douzième
métropole de cette province. Elle eft de 54' plus orien-
tale que Pékin, fous les 31 d. 40' de latitude. * Atlas
Sinenfis.
5.. KING, contrée libre & indépendante de la Chine,
entre des montagnes limées dans la partie du nord -eft
de la province de Suchuen , aux contins des frontières
de Honan & de Chenfi. Ce royaume ne relevé point
des empereurs de la Chine. Ce font des habitans de
King , qui, pour éviter le bruit des guerres, & la vio-
lence des foldats, fe font réfugiés dans ces montagnes,
où ils vivent tranquillement , & dans une pleine liberté,
fuyant même la compagnie des Chinois, dont ils font
environnés de tous côtés. Ils ne laifTent point entrer
dans leur pays : ils ont un roi, qui, par une espèce d'in-
veftiture, reçoit une couronne & les ornemens royaux ,
de l'empereur. Il y a d'agréables vallées , &c des plaines
bien cultivées ; & ils fe tiennent fi bien fur leurs gar-
des, qu'il n'eft pas poflible de les furprendre. * Ambaf-
fades des Hollandois à la Chine, c. 52. Atlas Sinenfis.
KINGCHEU, ville delà Chine, dans la province
de Huquang , dont elle eft la fixiéme métropole. Elle
eft de 5 d. 48' plus occidentale que Pékin , fous les 30 d.
50' de latitude, fur la rive feptentrionale du fleuve Kiang,
& entourée au nord &c au levant par le lac Tung ; ce
qui la rend très-forte, & la met à couvert de toute in-
fulte de la part des ennemis. Elle eft remarquable par la
beauté de (es édifices , Se par fon commerce. Ancienne-
ment c'étoit la réfidence des rois de Çu ; ensuite Iuen,
de la famille de Léanga, y fit auffi fon féjour. Son ter-
ritoire eft grand , fertile , & bien fourni de tout ce qui
eft néceffaire à la vie. Il renferme treize villes, favoir ,
66f
KINGLING, ville de la Chine, dans la province
de^Huquang, au département de Chingtien , quatorzième
métropole de cette province. Elle eft de 4 d. 40' plus
occidentale que Pékin, fous les 30 d. 3^ de latinide
KINGMUEN, ville de la Chine, au même dépar-
tement que la précédente. Elle eft de sd. 48' plus occi-
dentale que Pékin, fous les 31 d. 30' de latitude.
, ^NGNING, ville de la Chine , dans la province
de Chekiang , au département de Chucheu , feptiéme
métropole de cette province. Elle eft de 2 d. jo' plus
orientale que Pékin, fous les 27 d. 53' de latitude.
KINGSALE , ville d'Irlande , dans la province de
Munfter, au comté de Cork, à douze milles au fud de
Cork, & à huit milles presqu'à l'eft de Badonbridge,
près de l'embouchure de la rivière de Banne. Elle eft
bien peuplée , très-marchande , environnée de vieilles
murailles , avec un excellent port. C'eft la féconde ville
du comté ; eiie tient un marché pub'ic, & envoie deux
députés au parlement. * Etat prifent de l'Irlande. n tn
KINGS-CH A RLES-SOU THLAND , c'eft-à-dire le
pays méridional du roi Chai Les. Les Anglois ont autre-
fois donné ce nom à une contrée de la terre de Feu
à l'entrée orientale du détroit de Magellan.
KINGS COUNTY. Les Anglois nomment ainfi une
contrée d'Irlande , dans la province de Leinfter. Les
François difent le COMTÉ DU ROI.. On l'appelloit au-
trefois Offali. Il a Kddare à l'eft ; le Shannon, qui
le fépare de Gallwai , & partie de Tippérari , à l'oueft;
Weft-Méath au nord , & Tippérari , avec le comté de
la reine, au fud & au fud-oueft. Il a quarante huit milles
de long ,; & quatorze de large. Il n'eft pas fi riche que
certains autres comtés, & on le divife en onze baron-
nies, qui font:
"Warren's-TWn,
Çool's-Town ,
Philip's-Town,
Geshil,
Kilcourfi,
Ballicowen ,"
Balliboi ,
Carri-Caftel.
Eglish ,
Balhbrit,
Kingcheu,
Cunggan,
Xeuxeu ,
.Iling 0 ,
Changyang ,
Itu,
Kienli,
Sungki ,
Chikiang ,
Juengan ,
Quei ®%
Hingxan ,
Patung.
La famille de Han lui donna le nom qu'elle porte au-
jourd'hui ; &, ce qui eft rare à la Chine, elle l'a tou-
jours gardé depuis. * Atlas Sinenfis.
KINGFU, ville de la Chine, dans la province de Su-
chuen, au département de-Sieucheu, quatrième métro-
pole de cette province. Elle eft de 12 d. 32' plus occi-
dentale que Pékin , fous les 29 d. 3' de latitude.
Clenlish.
Il y a une ville qui a droit de tenir un marché, & trois
qui envoient leurs député* au parlement. Philip's-
Town , la capitale , a ce double avantage ; les deux qui
députent^ au parlement font Bunalin ÔC Bir. * Etat pri-
fent de l'Irlande , t. 3 , p. 42.
KINGS LYN. Voyez Lyn.
1. KINGSTON, ville d'Angleterre, au comté de
Surrey, fur la Tamife , à dix milles de Londres. C'eft
où fe tiennent les Affilés. * Etat préfent de la Grandi.
Bretagne, t. 1 , p. 115.
2. KINGSTON , upon Hull. Voyez Huix.
3. KINGSTON, ou King's-Towne , ou*Phi<-
LIp's-Town , c'eft-à-dire la ville de Philippe, ou vïllt
du roi, ville d'Irlande, dans la province de Leinfter,
au comté du roi , dont elle eft la capitale , vers les par-,
tiesfeptentrionales, à trois milles des frontières d'Eaft-
Méath. Elle tient un marché public, & envoie deux
députés au parlement; mais elle n'a pas autre chofe qui
foit remarquable. * Etat préfent de l'Irlande , p. 41.
KINGTU , ville de la Chine , au Pékéli , dans le dé-
partement de Paoting , deuxième métropole de cette
province. Elle eft de 2 d. 7' plus occidentale que Pé-
kin, fous le 39e d. 10' de latitude. * Atlas Sinenfis.
; KINGTUNG , ville de la Chine , dans la province
d'Iunnan , dont elle eft la feptiéme métropole. Elle eft
de 16 d. 30' plus occidentale que Pékin, fous les 24 d.
52' de latitude , entre de hautes montagnes fort ferrées.
Ses habitans ont eu bien de la peine à s'acoutumer aux
caractères Chinois; & plufieurs encore, vers le milieu
du fiécle palTé , fe fervoient plus volontiers de la ma-
nière d'écrire ufuée au royaume de Mien , qui n'eft
pas différente de celle du Bengale. Elle fut d'abord
nommée Inseng , c'eft-à-dire argent naifjant, nom
qui a rapport aux mines d'argent dont elle eft envi-
ronnée. La famille d'Yuen la nomma Caïnan ; &
celle de Taiminga en élargit l'enceinte , & y fit une
muraille de huit lis de circuit. Tout fon territoire eft
très-fertile , fur-tout en riz. Au couchant de la ville ,
au-deflus d'une valée très-profonde , eft un pont , qui
n'eft CQHipofé que de chaînes de fer : il y en a vingt ,
Tome III. Pppp
666
kin
KM
dont chacune eft longue de douze perches. Ce pont
branle quand plufieurs perfonnes pailent enfemble ; Se
ce mouvement eft d'autant plus effrayant, que l'on voit
fous foi des précipices horribles. On dit queMing, (ou
Mim-ti,) empereur de la famille de Hana, le fit cons-
truire vers l'an 65 de l'ère chrétienne. Au nord de la
ville eft le Munglo, montagne très-élevée ; dans le
voifinageeft le PlNCTAI, autre montagne, fur laquelle
eft une fortereffe, où l'on entretient garni fon. Cette ville
eft l'unique qui foit dans fon territoire ; ce qui eft affez
rare à la Chine, où chaque province a plufieurs métro-
poles , dont chacune a plufieurs villes dans fon diftrift.
* Allas Sinenjis.
KINGXAN , ville de la Chine , dans la province
de Huquang , au département de Chingtien , quatorzième
métropole de cette province. Elle eft de 4 d. 46 plus
occidentale que Pékin, fous les 31 d. 31' de latitude.
* Allas Sinenjis.
1. KINGYANG, ville de la Chine, dans la pro-
vince de Xenfiou Chenfi, au département deSigan,
première métropole de cette province. Elle eft de 8 d.
13' plus occidentale que Pékin, fous les 35 d. 57' de
latitude.
2.. KINGYANG , ville de la Chine , dans la province
de Xcûfi, dont elle eft la feptiéme métropole. Elle eft
de 9 d. 6' plus occidentale que Pékin , fous les 37' d.
72 de ladtude. Elle eft recommandable par la force de les
remparts, par la profondeur de fes foffés, & elle eft d'au-
tant plus forte , qu'elle eft accompagnée de plufieurs ou-
Trages extérieurs : elle étoit autrefois de la Tartarie , Se
Se non pas de la Chine. Xi, premier empereur de la
famille de Cin, la conquit & l'enferme dans la grande
muraille , & la nomma Peii ; la famille de Tanga la
nomma Kintcheou , ou Kincluu. Celle de Sung lui
donna le nom qu'elle porte. Son territoire eft bien arrofé
de ruiffeaux & de fontaines. Les montagnes & les ri-
vières forment autour d'elle une efpece de boulevard. Il
y a trois fameux temples : un entr'autres qui eft dans
la ville eft fort grand. Dans une galerie foutenue fur de
grandes colomnes, on voit les porraits de trente-fept rois
de la famille de Cheu. On recueille en ces quartiers
une forte de riz qui eft laxatif & diurétique, & une
herbe qui reffemble à des cheveux blonds; on la nomme
Kinfu, c'eft-à-dire foie dorée. Elle eft amere au goût_,
plutôt froide que chaude. Elle eft déterfive , Se guérit
les maladies de la peau. On y trouve auffî une forte de
fève, qui eft un excellent contre-poifon. Le territoire de
Kingyang contient cinq villes , favoir :
Kingyang,
Hoxi,
Hoan.
Ning,
St Chinning.
Au nord de la ville eft la montagne de Taipe , où la
rivière de He prend fa fource. * Atlas Sinenjis.
1. KINGYUEN, villede la Chine, dans la pro-
vince de Chékiang , au département de Chucheu , fep-
tiéme métropole de cette province. Elle eft de 2 d. 18'
plus orientale que Pékin, fous les 27 d. de latitude.
* Atlas Sinenjis.
1. KINGYUEN, ville de la Chine, dans la pro-
-vince de Quangfi , dont elle eft la troifiéme métropole.
Elle eft de 9. d. 46' plus occidentale que Pékin, fous les
15 d. 2' de latitude. Son territoire eft presque par-tout
environné d'affreufes montagnes ; outre cela , elle eft
voifine de ce montagnards fauvages , qui habitent dans
un coin du Queicheu. Elle reçoit de cette province les
rivières de Tugni Se de Ço. Elle
très villes , favoir :
en diftingue deux, à caufe de leur beauté. Entre les mon"-
tagnes , celle d'Y , au nord de la ville , eft remarquable
parce qu'elle paroit tort petite en comparaifon des au-
tres qui font très-hautes ; on voit, du même côté celle
qui eft nommée Tienmutn, c'eft-à-dire la porte du ciel,
à caufe de fes deux fommets. Au nord de Kingyuen
coule la rivière àtLung, que l'on nomme auflî Cokiang
Se Lieu. * Atlas Sinenjis.
KINGYUN, ville de la Chine, dans le Pékéli , au
département de Hokien , troifiéme métropole de cette '
province. Elle eft de 15 d. plus orientale que Pékin,
fous les 38 d. 8' de latitude. * Allas Sinenjis.
KINHEM : ce nom eft employé pour fignifier un
comté particulier de la Hollande , vers le Teflel. Il en
eft fait mention dans un diplôme de l'empereur Ot-
ton III , de l'an 985, par lequel, outre d'autres terres
en-deçà du Rhin , il ajoute aux étas de Thierri II tout
le rivage entre Kinhem Se le Flevus. Il n'avoit pas droit
de le donner, Se cela eft contraire à ce qui avoir déjà été
réglé du tems des Carlovingiens ; mais le droit ne fait
rien à notre fujet. Kinhem eft donc différent du Ken-
nemerland , parce que ce dernier pays eft au couchant ,
Se en-deça de la rivière de .Kinnem , au delà de laquelle
eft le pays donné par le diplôme. Ce comté étoit
borné par cette rivière Se par l'Océan. On ne fait pas
de même quelles bornes il avoit à l'orient Se au midi.
* Alting. German. infer. Notit. part. 2, p. 106.
K1NHIANG , ville de la Chine , dans la province
de Xantung , au département de Yencheu , deuxième
métropole de cette province. Elle eft de 18 d. plus oc-
cidentale que Pékin , fous les 35 d. 58' de latitude.
KINHOA , ville de la Chine, dans la province de
Chékiang , dont elle eft la cinquième métropole. Elle
eft de 2 d. 12' plus orientale que Pékin , fous les 28 d.
57' de latitude. Cette ville doit fon nom à une petite
fable badine que racontent les Chinois , ou plutôt qu'ils
ont inventée pour expliquer ce nom. C'eft un petit
conte aftronomique qui mérite bien d'être rapporté. Ils
fuppofent donc que l'étoile nommée Venus, qu'ils nom1-
ment Kinjing, c'eft-à-dire l'étoile d'or', eut difpute, pour
une fleur, avec une certaine autre étoile nommée Vànin,
c'eft-à-dire la femme guerrière. Venus gagna la fleur;
Se la ville qui fut bâtie en cet endroit , porta le nom
de Kinhoa , c'eft-à-dire fleur de Venus. Elle a été au-
trefois grande, magnifique en fes édifices, avant que
les Tartares Feuffent affiégée ; elle fit une très-belle dé-
fenfe : ils s'en vengèrent en la brûlant. Cependant
on l'a réparée du mieux qu'on a pu ; fur-tout le grand
pont, qui eft au couchant fur la rivière de Ho, a été
bien rétabli. On y fait la meilleure boiffon de riz &C
d'eau, qui fe boive dans toute la Chine ; elle fournit aufli
des greffes prunes que l'on fait lécher , Se des jambons
qui paffent pour être délicieux. Son territoire renferme
huit villes , favoir :
a fous elle huit au-
Tienho ,
Sugen ,
Hochi,
Hinching ,
Nanchuen ,
Lypo,
Tunglan ,
Pangti.
Les Chinois difent que ce pays a des mines d'or; mais
les habirans fe contentent de ramaffer celui qu'ils trou-
vent dans les rivières. On y trouve par-tout de l'aré-
que. Sous la famille de Tanga , cette ville fut appellée
Gaocheu; celle de Sung lui donna le nom qu'elle porte
aujourd'hui. Il y a plufieurs temples parmi lesquels on
Kinhoa,
Lanki ,
Tungyang ,
Yû,
Iungkang,
Vûy,
Pukiang,
Tangki.
Ce canton eft entre-mêlé de montagnes Se de plaines
fertiles en riz. C'eft le peuple le plus guerrier de tout
l'empire, & les Tartares l'ont bien éprouvé. Sous la
famille de Léang , cette ville s'appelloit Kinhoa ; elle
eut fucceffivement les noms de Vucheu , & de Paouu ;
on lui rendit enfuite le premier. * Atlas Sinenjis.
La Montagne de Kinhoa a trois cents lis. C'eft
proprement là que l'on met la fcéne du conte aftro-
nomique rapporté ci-devant : elle eft au nord de la ville.
* Atlas Sinenjis.
KINIBEK1, ou Rivière desCanibas, qui font les vrais
Abenaquis ; rivière de l'Amérique feptentrionale dans la
Nouvelle France. Elle coule nord Se fud , Se fe dé-
charge dans la côte du fud , entre l'Acadie Se la Nou-
velle Angleterre. Sa fource eft un petit lac , d'où fort
une autre petite rivière, qui fe rend dans le fleuve
Saint-Laurent , vis-à-vis de Québec , où elle forme le
faut de la Chaudière. * Hijl. de la Nouvelle, France par
le P. Charlevoix.
1. KINKI, ville de la Chine, dans la province de
Kianfij au département de Vucheu , feptiéme métropole
KIN
KIO
66
"ce cette province. Elle eft de 41' plus occidentale que
Pékin , fous les 28 cl. 30' de latitude. * Atlas Sinenfis.
1. KINKI, province de Corée, félon le P. Mar-
tini. Voyez Corée.
KINKIUN , fortereffe de la Chine , en là province
de Queicheu , au diftrict de Queiyang , première métro-
pole de la province. Elle eft de 11 d. 51' plus occi-
dentale que Pékin, fous les 15 d. 51' de latitude. * Atlas
Sinenfis.
K1NNEM , petite rivière des Pays-bas, dans laNort-
Hollande. C'eft la décharge de l'ancien lac de Scher-
mer , qui fe rendoit àl'oueft dans l'Océan , par une em-
bouchure que l'on voit encore auprès de Pettem , &C
au midi dans l'Ye , par la rivière de Sane , qui donne
le nom à Sanredam , Sardam. Le nom de Sane étoit
autrefois commun à ces deux rivières , comme il paroît
au village de Sancgeejl, qui efi encore aujourd'hui au-
près de Tandem Kinnem. * Alting, German. Infer.
TopavT.part. 1, p. 106.
KlfVNEMARlA. Voyez Kennemerland.
KINONGAM1CHIS , ( le lac des) lac de l'A-
mérique feptentrionale , dans la Nouvelle France. Il eft
formé par la rivière de Saguenai , fck par la rencontre
de pluiieurs rivières qui s'y rendent de tous côtés.
De l'Ide nomme ce lac le Lac de Saint-Jean. Les trois
principales rivières, qui y tombent, font Kakigaoufipi ,
qui vient du nord; Necouba, qui vient du nord-oueft ;
fk Periboca , qui vient du nord-eft. Le pays où eft le
lac s'appelle Saguenay, du nom de la rivière , qui porte
fes eaux à Tadouffac , dans le grand fleuve de S^ht-
Laurent. Kinongarr.ichis eft proprement le nom du
peuple Américain qui habitoit à l'entcur.
' KINSALE. Voyez Kingsale.
KINSIMA, ou Isle d'or. On nomme ainfi une
ifle qu'on prétend être à l'orient du Japon. Voyez Gen-
SIMa. * Notes du P. Charlevoix.
KINGSTON , bourg d'Angleterre , dans la- province
de Surrey. Il a droit de tenir marché public. * Etat
prèfient de la Gr. Bretagne, t. I.
K1NTAIL, contrée d'Ecoffe, dans la province de
Roff : elle fait face à f ifle de Sky , dont elle eft féparée
par un petit détroit.
1. KINT'ANG, fortereffe de la Chine, dans la
province de Xentî. Elle de 8 d. 6' plus occidentale
que Pékin, fous les 38 d. sV de latitude.
2. KINT'ANG, ville de la Chine, dans la pro-
vince du Suchuen , au département de Chingtu , pre-
mière métropole de la province. Elle eft plus occiden-
tale que Pékin de il d. 30' par les 30 d. 56' de lati-
tude. * Atlas Sinenfis.
KINTZEN, bourg d'Allemagne , en Bavière, fur
le Danube , entre W iltzhoven 6c Ofterhoven , à fix
lieues de Paffau. Aventin 6c d'autres auteurs croient
que ce bourg tient la place de l'ancienne Augujla Quin-
tanorum ou Quintianorum , ville de la féconde Rhétie
ou de la Vindelicie , laquelle eft nommée Quintanœ ,
dans la Notice de l'Empire, où l'on lit , fecl. 59: Prœ-
fcclus Alce prima Flavice Rheforum QuiNTANIS. Elle
eft appellée Quintiana par Ântonin , qui la place en-
tre Ovilabis ck Augujla Vindelicum, ( Augsbourg,) à
XX. M. P. de cette dernière ville, ck à XXIV. M. P.
de Boïodurum. D'autres , d'après une ancienne inferip-
tion, nomment la même ville Quintana ouÇhùntiana
Cajlra. Ortélius cite une médaille de l'empereur Nerva,
fur laquelle on lit: Quintanorum Colonia Augujla. Le
nom que portoit cette ville , fait voir qu'elle avoit été
d'abord un camp fortifié d'une cinquième légion.
K1NTZIG , rivière d'Allemagne. Elle a plufîeurs
fources , dont la plupart s'unifient àSchiltack, dans la
principauté de Furflenberg, au cercle de Suabe , félon
Samson, dans fon Atlas ; elle reçoit encore quelques au-
tres ruiffeaux auprès de Wolfach , où elle paffe. Elle
arrofe ensuite les bourgs de Hasflach fck de Huffen ; puis
entrant dans l'Ortnaw , elle paffe à Gegenbach ck à
OlFenbourg; ck fe partageant à Wilftedt , elle forme
deux bras qui vont le perdre dans le Rhin , près du fort
deKehl ck au-deffous. Corneille dit: cette rivière donne
fon nom à une vallée qu'elle arrofe , ck eft devenue fa-
rneufe, en 1703 ck en 1704, par le pafïage de deux
différentes armées de France, commandées, l'une par le
maréchal de Villars, 6c l'autre par le maréchal de Tal-
l'ârd , qui^ allèrent joiidre Féleéteur de Bavière. Il la
nomme Kintsche ou Kinlçig, en latin Kintia.
KINVER, bourg d'Angleterre , dans la province de
Stafford. On y tient marché public. * Etat prij'ent de la.
Gr. Bret. t. 1.
KINXAN , fortereffe de la Chine , dans la province
de Chékiang. Elle eft de 4 d. 38' plus orientale que Pé-
kin , fous les 30 d. 35' de latitude. * Atlas Sinenfis.
KLNXEFAN, fortereffe de la Chine, en la province
de Queicheu. Elle relevé de Queiyang , première mé-
tropole de cette province. Elle eft de 11 d. 55' plus
occidentale que Pékin, fous les 2? d. ai,1 de latitude.
* Atlas Sinenfis. , ■
KIO ou Méaco , ville du Japon , capitale de l'em-
pire, ck réfidence du Dairi. Voyez Méaco. '
KIOCHE ou Kiosche ; ce mot eft turc, ck fe pro-
nonce Kioch ou Kiocks , en une fyllabe. H veut dire pa-
villon. Quelques-uns écrivent Kiosques. Pietro délia
Valle, t. 1, lett.i, décrit ainfi ces fortes d'édifices. Ce
font, dit-il, certains bâtimens élevés au niveau du ter-
rein ; les Turcs les appellent Kiosques ; ce font des ta-
lons ou de grandes chambres féparées des autres ap-^
partemens de quelques pas à la ronde , dont les toits
font hauts 6k montent en pointe , en façon de pyrami-
des ; ck les planchers du dedans font de la même figure,
taillés , dorés ck peints d'une façon très-galante, comme
les murs intérieurs font revêtus de fines porcelaines, avec
des arabesques de pluiieurs couleurs, ci quelques-unes
de pur or. De quelque part qu'on fe tourne dans ces fa-
les , ce ne ne font que grands marche -pieds couverts
de tapis, un peu élevés de terre, pour pouvoir s'y as-
feoir , ou s'y coucher ; mais ils font faillie en avant 6k
s'avancent hors de murs, e.r façon de balcons; ce qui
donne à l'édifice une forme extraordimire , faifant plu-
fîeurs angles fck coins tout à l'entour, qui font di verte-
ment diftingués par des diftances proportionnées; 6c ces
fortes de lits ou d'eftrades n'ont point d'autres couver-
tures que celle du toit commun à tout le refte , fck ne
font environnées que de jaloufies , fans aucune balus-
trade, fi bien que l'on ouvre fck ferme ces jaloufies avec
la commodité de voir à travers, ou aflîs, ou couchés,
ce qui fe paffe au dehors. Mais pour achever la descrip-
tion des Kioschs, fck pour en donner une idée parfaite,
j'ajouterai à ce qu'en dit Pietro de la Vallée , ce qu'en
a remarqué M. Girardin, conseiller du roi en tous fes
conseils , 6c lieutenant-civil de Paris , dans la curieufe
6c dans l'exafte description qu'il a faite du ferrail. Voici
ce qu'il en dit dans les manuscrits qu'il a communiqués
à M. Bespier. Ces Kiosches font les plus agréables bâti-
mens qui fe trouvent parmi les Turcs. Ils en font fur le
bord de la mer fck des rivières , mais fur-tout dans leurs
jardins , proche des fontaines ; fck voici à-peu-près leur
manière. Ils élèvent un grand falon , fur quantité de co-
lorhnes en figure oflogonale ou dodécagonale; ce falon
eft ouvert de tous côtés ; fck on en ferme les ouvertures
avec de grands matelas , qui s'élèvent fck 'qui s'abbais-
fent avec des poulies, du côté que vient le foleil, polir
conserver la fraîcheur pendant l'été. Le pavé eft ordi-
nairement de marbre , fck ils font au milieu , fck en plu-
iieurs coins, de différentes fontaines, dont l'eau coule
après fa chute , à travers le falon , par quantité de pe-
tits canaux. Il y a un lieu élevé, qui régne tout à l'en-
tour, qu'on couvre de riches tapis fck de grands carreaux
pour s'affeoir , faits des plus belles étoffes de Perse ck de
Venife. Le plancher lambriffé eft divilé en plufîeurs co:n-
partimens dorés fck azurés fort agréablement , fans re-
préfenter pourtant aucune fleur ni aucun animal , cette
forte de peinture étant rigoureufement défendue parmi
les Turcs ; il fait toujours frais dans ces talons , qui
font ordinairement élevés de terre de cinq ou fix mar-
ches. Les plus riches de l'empire en ont dans leurs jar-
dins, où ils dorment après dîner, en été, fck où ils en-
tretiennent leurs amis , à leurs heures de loifir. * Bes-
pie~, Remarques fur l'état de l'emp. Ottoman, par Ri-
caut , t. 1 , p. 8 fck 9.
KIOCHEC, pays d'Afie, dans la Perse, au Cou-
heftan , près d'Ispahan, félon l'hiftorien de Timur-Bec,
/. 3, cet.
KIOCHKI-TOUPAN , colline d'Afie, dans la Perse,
entre Réï fck Ave, dans le Couriftan, félon le même,
ibid. c. il.
Tome III. Pppp ij
668
KIO
■KIO
KIOCING , ville & fortereffe de la Chine , dans, la
province d'Iunnan. C'eft la première viUe militaire pour
le rang , dans cette province. Non-feulement elle eft
indépendante, mais même elle en a cinq autres auxquel
les elle commande , favoir ;
Yéço , Loléang ,
Ghanyé ®, Malung>
8c Lohiung.
Elle eft de 13 d. 48' plus occidentale que Pékin, à
25 d. 35' de latitude. Dans cette ville , comme dans
les autres villes militaires j les bourgeois oc les fbldats
vivent pêle-mêle. Cette ville a un territoire qui avance
du côté du Tonquin, 8e par confèquent eft une clef de
l'empire, de ce côté-là. Outre les cinq autres villes que
nous avons nommées , Se quelques autres forts , elle a
les rivières de Pépuon 8c Naupu , qui lui fervent de bar-
rières. Les habitans de ce canton font bons laboureurs,
mais grands plaideurs , 8c consument en chicane le fruit
de toute une année de travaux. Au couchant de la ville
eft le mont Fukiu , où eft une fource, dont les Chinois
difent que l'eau a la vertu de donner de l'esprit aux en-
fans. Peut-être n'eft-ce qu'une badinerie inventée pour
faire aimer l'eau 8c la boiffon (impie à ces enfans , de
même qu'en Europe, on leur fait accroire, en certains
endroits , que l'eau rend les cheveux blonds Se les yeux
plus beaux. * Atlas Sinenfîs.
KIOCHEU, ville de la Chine, dans la province de
Pékin , au département de Quangping , fixiéme métro-
pole de cette province. Elle eft d'un degré 56' plus oc-
cidentale que Pékin, fous les 37 d. 24' de latitude. * Atlas
Sinenjis.
. KIOHEU , ville de la Chine , dans la province de
Channton, au département deYencheu, deuxième mé-
tropole de cette province. Elle eft de 14' plus orientale
que Pékin, fous les 36 d. 8' de latitude. * Atlas Si-
nenfis.
K.IOMITZ , lieu du Japon , qui n'eft marqué dans
aucune carte , 8c qui n'eft connu que par un excellent
ciment qu'on y fait, & dont le principal ingrédient eft
la réfine tirée des fapins, qui croiflfentfur les montagnes
voifines : il fe pourroit pourtant bien faire que ce lieu
fût le même qui a donné fon nom à un fameux temple
auprès de Méaco , & qui porte le même nom. Kaempfer
& le P. Charlevoix en ont donné la description. * Nous
du P. Charlevoix.
KIOS ATAC , montagne d'Afie , dans le Courdiftàn,
entre Van Se Alichgherd. * Hijl. de Timur-Bec , 1. 3 ,
KIOU , fortereffe d'Afie , en Perse , dans le Kouhes-
tan , à 84 d. de longitude , 8e à 36 de latitude. *HiJi.
de Timur-Bec, 1. 3, c. ai.
KIOUTAYÉ. Voyez Chiutaye & Cotyjeum»
KIOW, prononcez KlOFF, on dit auffi KlOVIE,
Kyow ScKyovie, Kiovia, ville autrefois de Polo-
gne , & préfentement de l'empire Ruflîen ; elle étoit ca-
pitale d'un palatinat de même nom, dans la Ruffie Po-
lonoife 8c dans l'Ukraine. Nous parlerons ensuite du
palatinat ; nous nous bornons préfentement à la ville.
Elle eft fous les 48 d. 26' de longitude , à 50 d. 11'
de latitude , fur le bord occidental du Boryfthène ,
autrement le Niéper, au-deffous de fa jonction avec la
Dezna. Vis-à-vis de la ville, le fleuve forme plufieurs
ifles Ç"). Cette ville étoit floriflante dans l'onzième fié-
cle. C'étoit la réfidence du prince des Ruffes, 8e laca-
pirale de fon état. C'étoit dès-lors le fiége d'un archevê-
que , Se il y avoit plus de quatre cents églifes 8c huit
marchés (b). C'étoit l'abord 8c le refuge de quantité
d'esclaves fugitifs, lorsqu'elle fut prife par Boleflas, duc
de Pologne, l'an 1075. Beauplan, dans fa Description
de l'Ukraine, qu'il nomme Ukranie , parle ainfi de cette
ville (c) : Kiov, autrefois appellée Kifovie , fut jadis
une des anciennes villes de l'Europe , comme les anti-
ques veftiges le donnent encore à connoître, la hauteur
& la largeur de fes remparts , la profondeur de fes fof-
fës, les ruines de fes temples, les vieilles fépultures de
plufieurs rois, qui s'y trouvent. De fes temples , il n'en
eft refié que deux , fainte Sophie & S. Michel ; car de
tous les autres il ne s'en remarque que des ruines ; comme
de S. Bafile, dont il y a encore des murailles de cinq à
fix pieds de hauteur , avec des inscriptions grecques de
plus de quatroze cents ans fur des albâtres , mais qui font
presque effacées ; parmi les ruines de ces temples , on
découvre les fépultures de plufieurs princes de Ruffie. Le»
églifes de fainte Sophie Se de S. Michel ont été rebâties
à l'antique. Celle de fainte Sophie a une jolie façade &
eft d'un bel aspect. , de quelque côté que l'on la regarde ;
car on y Voit les murailles relevées de plufieurs figures
5c hiftoires à la mofaïque. Ce travail eft fait de petites
pierres de diverses couleurs , brillantes comme du crys-
tal , & fi bien rapportées , qu'on ne fauroit discerner fi
c'eft peinture ou tapifferie. La voûte n'eft faite que de
pots de terre remplis Se enduits de plâtre, de tous côtés*
Ce temple contient les tombeaux de plufieurs rois , &
l'archimandrite y fait fa demeure. Le temple de S. Mi-
chel eft appelle le toit a" or , parce qu'il eft couvert de
plaques dorées. On y montre le corps de fainte Barbe ,
qu'on dit y avoir été apporté pendant les guerres deNi-
comédie. *(*) Ditmar , Reftit. Leibnit^, circà finem.
(b) Fleuri,H.\tt. eccléfiaft.f. \i,adann. 1021. (c) Beau-
plan, Descr. de l'Ukranie, p. 1 &fuiv.
Cette ville ancienne eft aiîife en une plaine , fur le
fommet d'une montagne, qui commande, d'un côté,
toute la campagne, & de l'autre le Boryfthène, lequel
paffe au pied de cette montagne ; c'eft entre cette mon-
tagne 8c ce fleuve , qu'eft fituée la nouvelle Kiovie,
ville qui eft à préfent affez mal peuplée , 8c ne contient
pas. plus de cinq à fix mille habitans. Elle a environ
quatre mille pas d'étendue le long du Boryfthène; Se fa
larœur, depuis ce fleuve jusqu'à la montagne, eftde'trois
rnrTOs ; elle eft formée d'une muraille de bois & d'un
méchant fofté de vingt-cinq pieds de large ; fa figure
eft triangulaire Se a quelques tourelles de bois, comme
la muraille. Son château eft fur le penchant de la mon-
tagne , 8c commande la ville neuve ; mais il eft corn*
mandé par l'ancienne Kiovie. Il y a dans la ville une
univerfité. Cette ville n'a que trois belles rues , tou-
tes les autres n'étant ni droites ni régulières ; ce font
dés détours en forme de labyrinthe. On confidere Kio-
vie comme deux villes ; l'une eft la ville de Civique oh
eft la cathédrale ; l'autre eft appellée la commune. Le
Commerce y eft affez bon pour le pays , 8c confifte en
grains, fourrures, cire, miel, luif, poiflon falé, &cc. Il
y a quatre jurisdiftiohs, celle de l'évêque, celle du pa-
latin qui eft en même tems Starofte , celle du Wouyt ,
& enfin celle des magiftrats de la ville.
Les' maifons y font bâties à la manière des Moscovi-
tes , toutes de plein pied , aviez baffes , 8c rarement à
plus d'un étage ; les cheminées font poftiches , 8c fe
vendent au marché toutes faites. Kiovie appartient à pré;
fsnt à l'empire Ruflîen; mais le palatinat de Kiovie eft
refté à la Pologne.
KIOUTAYE. Voyez Chiutaye.
KIOXAN , ville de la Chine , dans la province de
Honan, au département de Juning , huitième ville mé-
tropolitaine de cette province. Elle eft de 3 d. 17' plus
occidentale que Pékin , fous les 33 d. 40' de latitude.
* Atlas Sinenjis.
KIOYAO , ville de la Chine , dans la province de
Channfi, au département de Pingyang, deuxième mé-
tropole de cette province. Elle eft de 5 d. 45' plus oc-
cidentale que Pékin, fous les 36 d. 53' de latitude.
* Atlas Sinenjis.
KIPSCHACH, Kapchac,Kipzak, Capschac,
Capsac ; grand pays d'Europe 8c d'Afie , entre la ri-
vière de Ja'ik 8c le Boryfthène. Le traducteur de l'His-
toire généalogique des Tatars , en parle ainfi dans une
note. Le pays de Kipzak ou de Capfak , comme d'au-
tres auteurs l'appellent , eft la véritable patrie des Cofa-
ques, dont on a en vain cherché jusqu'ici à découvrir
l'origine. Il y a trois raifons pour n'en point doute*.
1. La nation que nous connoiffons aujourd'hui fous le
nom de Cofaques , habite précifément les limites que
tous les écrivains qiù ont parlé de la Tartarie , donnent
au pays de Kipsak ou de Capsak , favoir les Landes qui
fe trouvent renfermées entre la rivière de Jaïk &c l'em-
bouchure du Boryfthène ; 8c il ne paroît point par le
moindre indice , que cette nation ait jamais habité ail-
leurs. 2. Les noms font abfolument les mêmes ; 8c ce
n'eft que la commodité de la prononciation qui a formé
le mot de Cafek , comme les appellent les Ruffien* 8c
KiR
les Tartares , de celui de Kipsak ou Capsak. \ . Les Go-
ïâques d'aujourd'hui gardent toujours une forte inclina-
tion pour les Tartares , qu'ils appellent leurs frères &
alliés , & ils ont à-peu-près les mêmes inclinations. Petis
de la Croix, dans fbnHiftoire de Genghizcan, nomme
le Capschac, & le décrit ainfi. Le pays de Capschac eft
d'une fort grande étendue , & parle pour la plus confidé-
,^fable partie de la Tartarie ; il s'étend d'orient en occi-
dent , depuis le Turqueftan jusqu'au Volga ; & en cô-
toyant l'ancienne Bulgarie & l'ancienne Ruffie , il va du
Volga jusqu'au pays de Crimée , où font les peuples ap-
pelles les petits Tartares. Sa plus grande largeur, du nord"
au midi, eft depuis la mer Caspienne jusqu'aux grands
déferts fablonneux , ou plutôt jusqu'à la mer Glaciale.
Ce pays a peu de villes. Ses terres , fi l'on en excepte
les grands déferts, qui font du côté du nord, font pres-
que toutes excellentes ; les grains , les pâturages &c le
bétail y font en abondance. On ne peut trouver ailleurs
Un meilleur air ni de meilleures eaux. Les femmes y
font mieux faites qu'en tout autre lieu de la Tartarie ;
les hommes y font courageux ck aiment la guerre. Ils
fontdivifés en tribus, dont planeurs font encore préfen-
tement compofées de Mogols & de Turcs. Comme les
villes y font en petit nombre , & les campagnes fort
vàftes , chaque tribu fe transporte d'un lieu à un autre ,
& cherche tous les ans en hyver le midi de fon pays ,
& en été le nord. Quoique chaque tribu ait fon prince
ou Can, qui la gouverne, cette partie de Tartarie, de-
puis que les Mogols l'ont fubjuguée, a toujours eu un
roi ou grand Can , à qui les autres ont obéî. Ce pays,
dans les fiécles paffés, a été fort abondant en hommes;
& ce fut d'où fortirent autrefois les Huns , les Getes ou
Goths, les Gépides, les Vandales, les Alains, les Suédois &
autres peuples qui ne fe font rendus que trop fameux dans
le monde par les défordres qu'ils y ont faits. Serai eft la
ville capitale de Capschac ; elle eft fituée fur la rivière
de Sengla , qui fe décharge dans le Volga. Batu-Can
en jetta les fondemens ; & Béréké-Can , fon frère , la
fit achever. Les trois plus belles rivières de Capschac
font le Volga, le Jayc & l'Irtisch.
Le Capschac ou Kipschack a eu autrefois fes fouve-
rains particuliers. On le trouve auffi nommé Deght-
Capschac &: Decht-Berecke. Le mot Decht,
fignifie lanaes & grandes campagnes unies ; ainfi le pre-
mier de ces deux noms fignifie les landes du Capschac;
Béréké eft le nom d'un prince, petit-fils de Genghizcan.
Il fuccéda après Batu-Can, fon frère, à la fouveraineté
de Capschac, à laquelle il donna fon nom ; & ce fut
le premier des Cans Mogols de Capschac, qui fit pro-
feffion de la religion Mahométane. Une grande partie
du Capschac, dont le royaume d'Aftracan fait partie,
eft fous la domination de l'empire Ruffien.
KIRBY-MORESIDE , bourg d'Angleterre , dans la
province d'Yorck. On y tient marché public. * Etat
préfent de la Gr. Bret. t. i.
KIRBY-STEVEN, bourg d'Angleterre, dans le Veft-
rnorland. On y tient marché public * Etat préfent delà
Gr. Bret. t. I.
KIRCHBACH, abbaye d'hommes, ordre de Cîteaux,
dans le diocèfe de Spire, à la gauche de l'Entz, fécu-
larifée par la paix de Nv'eftphalie, en faveur des ducs de
.Wurtemberg.
i. KIRCHBERG, petite contrée d'Allemagne , avec
titre de comté, au cercle de Suabe, autour du Danube, au-
deffus de la ville d'Ulm. Il eft divifé en deux parties par
la baronnie de Juflingen. Ehingen eft le principal lieu
de la partie occidentale; Erbach, & Kirchberg qui lui
donne ie nom , font les principaux de la partie orientale.
Ce comté appartient à la maifon d'Autriche. * Baudr.
éd. 1705.
2. KIRCHBERG, contrée d'Allemagne , au basPa-
iatinat dont elle eft un bailliage. * Hubner , Géogr,
3/KIRCHBERG, (la justice dé) cortrée de
S ; . & Tune des communautés de Tockenbourg in-
férieur. C'eft auprès de ce lieu que les comtes Jacques
de Lmzelftein , Louis de HelfFenftein & Jean de Rech-
bere , capitaine de la garnifon de Zurich , furent défaits,
en 1.146, par Peterman de Raren & les Tokenburgeois.
On voit dans cette communauté les reftes des anciens
K[JL s<$
c?.atenu>: de Lampréchtscbry & es Bruriberg. * E:m &
Pet.de la Suïfi, t. 3, p. 3 il. '
. KIRCHELtSSÉ, Quadragintc-Ecckfiœ , petite ville
de la Turquie, dans la Romanie, félon Leuriclave, cité
par Baudrand , éd. 17O).
KIRCHEHER , ville d'Afie , dans la Natolie , entré
Célarée & Angoura, félon l'hiftorien de Timur-Bec,
qui lui donne 66 d. 30' de longitude, & 39 d. île lati-
tude.
KIRCHHEIM , Onter-Zeck , ou communément KlR-
CKEN, petite ville ou bourg d'Allemagne, au duché
de Wurtenberg , au-deffeus du château de Teck, à une
heure de chemin des petites villes de Veilhelm & d'O-
ven. En 1170 ou 1284, Conrad, duc de Teck, l'en-
ferma d'une muraille; & deux ans après, Frédéric, duc
de Teck & la ducheffe fa femme , bâtirent hors de là
ville un monaftere de filles , où a été la fépulture des
ducs & des ducheffes de Teck. Cette ville appartient
préfentement au duc de Wurtenberg avec fon bailliage,
qui comprend quatre petites villes, favoir Kirchheim,
\Veilheim, Oven & Wendlingen. * Zeyler, Sue v.To-
pogr. p. 47.
KIRGISES, (les) peuple d'Alie, dans la Tartarie,
au midi de la Sibérie. Quelques-uns écrivent Kergis.
L'hiftorien des Tatars , {fon livre a. paru en 1716;
voye^fa note, p. 99,) en parle ainfi : il n'y a p3S vingt
ans que les Kirgiles habitoient encore entre la rivière
de Sélinga & le Jéniscéa , vers les 52 d. de latitude;
ex comme ils étoient continuellement en course, ils in-
commodoient extrêmement, non-feulement les fujets de
la Ruffie de leur voifinage , mais auffi les Mongales al-
liés de la Chine. Ils étoient fujets du Contaisch & s'ha-
billoient à la manière des autres Calmoucs ; mais paroj
qu'ils aiment naturellement la guerre & le défordre, ils
ne les imitoient pas dans leur manière de vie paifible &
innocente. Cependant, comme il en paffoit quantité de
familles, tant du côté des Ruffiens que du côté des Mon-
gales , le Contaisch a trouvé moyen, depuis peu, de ve-
nir les tirer de ces confins & de les transporter quelque
part vers'les frontières des Indes ; en forte qu'on nefàu-
roit dire précifément en quel lieu ils font aujourd'hui.
KIRI ou Chiri, petite rivière de Dalmatie ; elle
paffe à Scutari, & peu après fe jette dans la Boïana.
KIRIN , province de la Tartarie Chinoife orientale ,
bornée au nord par la Sibérie , au levant par le golfe
de Kamtchatka , au midi par la Corée , & au couchant
par la province de Teitcicar. Cette province qui s'é-
tend du midi au nord , l'espace de plus de trois cents
lieues communes de France , & de deux cents cinquante
du levant au couchant , eft arrofée par le fleuve d'A-
mour. Sa capitale, qui porte le même nom, eft fur la
rivière de Songari , au 44e d. de latitude. Il y a, outre la
capitale , les villes de Pétoune , Ningouta & Pontaioafes.
KIRKALDI, petite ville d'Ecoffe, dans la partie oc-
cidentale de la province de Fife , fur l'Océan. La com-
modité de fon havre, où l'on peut mouiller en fureté,
lui failbit entretenir autrefois un grand commerce avec
fes voilins. Elle a droit de députer au parlement. *Corn.
Dift.
KIRKBI ou KiRBY-MoRESiDE , bourg d'Angle-
terre , dans la province d'Yorck ; il envoie fes députés
au parlement. * Etat préfent de la Gr. Bretagne, t. 1 ,
p. 1x7.
KIRKBYSTEVENouKtREY-STEVEN, bourg. d'An-
gleterre, en Weftmorland , aux confins dïorkshire. Il
députe auffi au parlement. * Etat préfent de la Gr. Bret-,
t. 1 , p. 121.
KlRKHAM, bourg d'Angleterre, dans la province
de Lancaftie, On y tient marché public. * Etat préfent
de la Gr. Bret. t. I.
KIRKLS1A, petite ville d'Afie, dans le Diarbeck,
fur l'Euphrate , aux frontières de l'Arabie délèrte , vingt-
cinq lieues au-deffous de la ville deRika. C'eft lamêm*
que ClRCESlUM. Voyez ce mot. *Baudrand. édit. 1705.
KIRKUBRIGHT, petite ville d'Ecoffe, dans la pro-
vince de Gallvai , fur la côte feptentrionale du golfe
de Soldai, à l'embouchure de laDée. Elle envoyoit fes
députés au parlement d'Ecoffe.
KIRKWAL, ville ou bourg de l'ifle de Pomona na
Mainbnd , qui eft la principale des Orcades ; c'eft la
670
KIS
KIT
feule ville ou le feul bourg qui font dan5 ces îfles , le
refte n'étant que des villages. Il eft agréablement fitué
fur une baie , presqu'au milieu de l'ifle. Il n'y a qu'une
rue qui s'étend l'espace d'un mille. Les maifons y font
bien bâties , la plupart couvertes d'ardoife. On y tient
les cours de juftice. Il y avoit autrefois un château qui
eft tombé en ruine. Patrice Stuart, comte des Orcades,
fit bâtir un palais près du château , en 1574; fa mort
prématurée l'empêcha de le finir. Il y avoit plufieurs
chambres parfaitement bien peintes, qui repréientoient
des hiftoires de l'Ecriture fainte. L'églife de Kirkwal en
eft un des principaux ornemens. On l'appelloit autrefois
du nom de S. Magnus , qu'une tradition populaire dit
avoir été leur premier apôtre. Elle eft fort belle , bâtie
de pierres de taille , parfaitement bien polies. Elle a
quatorze piliers de chaque côté , & un clocher au mi-
lieu élevé fur quatre gros piliers. Cette églife eft une
espèce de labyrinthe pour les étrangers , tant il y a dé
tours & de détours. Kirkwal a auflî une école latine ,
deux marchés la femaine , & une foire tous les ans, qui
dure trois jours de fuite. Cette ville eft gouvernée par
un prévôt , deux bailiirs & un conseil des bourgeois.
*Etat préfent de la Gr. Bret. 1. 2 , p. 299.
KIRMAN , province de Perse , fituée entre celles
de Fars & de Ségeftan. Elle s'étend depuis les frontiè-
res de l'Yérak-Azemi , & les 3 1 d. 30' de latitude , jus-
qu'au détroit d'Ormus ; la partie feptentrionale de cette
province eft fort montueufe ; mais les vallées font d'une
fertilité extraordinaire. Elles produiiént une prodigieufe
quantité de rofes avec lesquelles les habitans font une
eau qui eft fort eftimée , dans tout l'Orient. L'on fait cas
des armes & de l'acier de ce pays. On y fabrique de
«jès-beaux tapis , parce que la laine y eft très-belle ; les
habitans ne la teignent point ; ils l'emploient dans fa
couleur naturelle , qui eft ou d'un brun clair , ou d'un
gris cendré, ou d'un beau blanc ; mais les étrangers ont
difficilement de cette dernière , parce qu'on l'emploie à
faire les habits des Moullhas. On trouve en cette pro-
vince beauc.oup de Gaures, qui descendent des anciens
habitans de la Perse, & ont conservé le culte du feu.
Ce font eux qui fabriquent les belles étoffes de ce pays.^ La
ville de Kirman , capitale de cette province, eft fituée à
29 d. 40/ de latitude. C'eft une grande villace qui n'a
rien de beau que le palais où le gouverneur de la pro-
vince fait là réfïdence. On trouve dans cette ville de fort
bon vin , & les vivres y font à grand marché. On y
fait des vafes de terre cuite , qui approchent beaucoup
de la porcelaine. La ville de Gomron , & l'ifle d'O-
mus font de la dépendance de Kirman. * Hifi. généa-
logique des Tatars , p. 295 , 296.
1 . KIRMONCHA , ville d'Aile, dans la Perse, à 63 d.
45' de longitude, &c à 34 d. 37' de latitude, félon Ta-
vernier , Voyage des Indes , 1. 3 , c. dern.
2. KIRMONCHA a été une grande ville, jusqu'aux
derniers troubles de Perse , qu'elle a été pillée & rui-
née. Elle eft à trente lieues au fud-oueft de Hamadan
au 3 5 e d. de latitude, & 66 d. 20' de longitude. * D 'An-
ville , Carte de Perse, 1751.
KIRN , château d'Allemagne, au cercle du Rhin, dans
le comté de Spanheim , près de la rivière de Nahe , à
fix lieues au-deflus de Creutznach. C'eft le chef-lieu d'un
comté de même nom.
KIRN-BOURG , petite ville d'Allemagne, près du
château de Kirn , au comté de même nom.
1. KIRTON, bourg d'Angleterre, en Lincolnshire,
au nord de Lincoln. Il envoie fes députés au parlement,
&: eft remarquable par la beauté de ("on églife.
2. KIRTON, ou, comme porte la carte de Viffcher,
CrÉDITON. L'Etat préfent de la Grande-Bretagne le
nomme Kirton , bourg d'Angleterre, en Devonshire ;
il te nommoit anciennement Cridiantum , d'où le
nom moderne s'eft formé par contraction. L'ancien
nom vient de ce que ce lieu eft fur la petite rivière de
Crédi , qui tombe dans la rivière d'Ex. C'étoit le fiége
épiscopal de la province , Se une petite ville de la pro-
vince de Weftfex. Ce fiége a été depuis transféré à
Exeter. Il eft fouvent parlé de ce lieu dans l'Hiftoire ec-
cléfiaftique d'Angleterre. * Gibson , ad calcem Chronic.
Saxon.
KISjOuKjsch ouKeisch. Voyez Kismich,
KISANNI , rivière de Géorgie ; elle patte auprès
d'une grande mosquée nommée Schetta.
KISCH , petite province de Perse. Elle eft contigue
à celle de Mécran. Les Portugais appellent ces deux
provinces Cache &t Marron. Texeira les nomme
des royaumes , en ces termes : Reynos entre Goadel, y
los Abindos , en la entrada dd Sino Perjico.
K1SILAGATZ , petite ville de Perse , dans le god»
vernement d'Aftéra. Son nom lignifie bois rouge ou bois
doré. Elle eft à cinq lieues de Lenkéran ; & entre ces
deux villes, on trouve les rivières de Kajiende , Noahine,
T[ili & Buladi. Elle n'a point de murailles , & eft fituée
dans une plaine , à une bonne demi-lieue de la mer
Caspienne , fur une petite rivière nommée Willeschi.
Sulfager Chan la vendit autrefois au Chan d'Ardebil ,
qui la laiffa à fon fils ; & ce dernier la poffédoit lors-
qu'Oléarius, Voyage , 1. 6 , t. 2, p. 25 , y pafîa en 1638.
Vis-à-vis de Kifilagatz , & environ à trois lieues de la
terre ferme , fe voient deux ifles nommées Kéléchol
ôc Aalibaluch.
KISILAT, rivière de Circaffie ; elle fè jette dans la
mer Caspienne ; c'eft YAdonta de Ptolomée , félon
Oléarius.
KISILOSAN, (le) rivière de Perse, dans la pro-
vince de Dilem.
Cette rivière que De l'ifle nomme Keftl-ou-Zan ,
prend fa fource dans l'Adirbéitzan , que De l'ifle nomme
Adirbijane , fépare le Ghilan du Lahetzan , & fe jette
dans la mer Caspienne , près de Recht. Oléarius die
qu'elle eft d'une rapidité incroyable , que fes eaux font
blanchâtres ; ce qui fait que, dans la province de Kilan ,
on la nomme Isperuth.
KISMA ; il eft parlé d'une ifle de ce nom , dans le
havre de Nangazaqui , au Japon ; mais elle n'eft point
marquée dans le plan de ce havre, qui fe trouve dans
les Hiftoires de Kœmpfer & du P. Charlevoix. Ce
dernier conjecture que ce pourroit être la même que
l'ifle de DÉSIMA. Voyez ce mot.
KISMICH ; Kisch , félon Reland ; Quesomo ,
félon Thévenot; KlilSHOM, félon l'Hiftoire des voya-
ges; &r. Kechmich, félon Tavernier , Tylus minor ,
ifle d'Afie , fur le golfe Perfique, à quatre lieues & demie
deGomrom, proche de celle d'Ormus, à fon couchant.
Cette ifle qui a vingt. lieues de longueur du levant au
couchant , &C non pas du nord au fud , comme le mar-
que Reland , eft fertile & bien habitée. Comme il n'y
a point de fources d'eau vive , les habitans font obligés
de creufer des puits pour arrofer leurs jardins, qui font
très-beaux. On pêche, près de cette ifle , de fort belles
perles que les habitans du pays appellent marvarid ;
c'eft de ce mot que vient le mot latin margarita. La
ville capitale de cette ifle , qui porte aufli le même nom,
fut pillée & brûlée par les Portugais, en 1508. * Carte
de l'Océan oriental, I740. Hifl. générale des Voyages.
KISMUL , petite ifle d'Ecoffe , une des "Wefternes ,
près de celle de Barra; elle aune église & une chapelle;
les natifs font Catholiques. Macneil, roi de Barra, y fai-
foit fa réfïdence dans un château à double étage , qui a
une tour , une fale , &C un magafin entouré d'une mu-
raille de pierres de taille.
KISOUK , bourg de Perse. Il eft fitué entre Nacfivan
&C Zulfa , aux frontières du Curdiftan ; on y trouve un
couvent de Chrétiens Arméniens, qui tiennent que S.Bar-
thelemi & S. Matthieu ont été martyrifés en ce lieu-là,
& qu'ils en ont encore quelques reliques. Plufieurs Ma-
hométans y vont par dévotion, fur-tout pour être guéris
des fièvres. Les moines de ce couvent vivent avec une
grande auftérité , & ne mangent prefque jamais que des
herbes. * Tavernier, Voyage de Perfe , /. 1 , c. 4.
KISRAG , pays d'Afie , au feptentrion des Indes , à
trois mois entiers de chemin de la ville de Gaznah. Il
fut conquis par le Sultan Mahmoud-Sebekghin , ainfi que
tous les autres pays des Indes , félon D'Herbelot , Bibl.
KITAY , vafte pays d'Afie. Voyez Cathay.
KlTAY-KlTAY , c'eft la même chofe que la Chine.
KITBA-Dercan ; ce titre, chez les Arabes, veut dire
le chef de cent familles.
KITZINGEN, ville d'Allemagne , en Franconie,au
diocèfe de Vurtzbourg , à trois milles de la ville de ce
KiU
KNÀ
nom , fur le Meyn , aux confins des terres du margrave
d'Anspach.
i. KIU , ville de la Chine , dans la province de
Channton , au déparrement de Cincheu, quatrième mé-
tropole de cette province. Elle eft d'un degré .39' plus
orientale que Pékin , fous les 35 d. 54' de latitude.
* Atlas Sinenjîs.
2. KIU , ville de la Chine , dans la province de Su-
chuen, au département de Xunking , troifiéme métro-
pole de cette province. Elle eft de 9 d. 57' plus oc-
cidentale que Pékin, fous les 31 d. 5' de latitude.
* Atlas Sintnjis.
KIVAC , ville d'Alie ; dans le pays de Caresem ou
Khouaresm, au fud-oueft du Gihon, à 9^ d. 35' de
longitude , & à 39 d. 2.0' de latitude. * Hift. de Tlmur-
Bec, 1. 3, c. 1.
KIUCHEU , ville de la Chine , dans la province de
Chék;ang, dont elle eft la fixiéme métropole. Elle eft
d'un degré 37' plus orientale que Pékin, à 28 d. 42' de la-
titude , fur le bord oriental du fleuve Changyo, aux con-
fins de la province de Fokien. Marco Paolo Vénitien la
nomme Cugui. C'eft la ville la plus méridionale de la
province. La famille de Cin la nomma Taimo ; celle
de Han SlNGAN: le nom qu'elle porte aujourd'hui, lui
a été donné par la famille de Tanga. Elle a dans fon dé-
partement cinq villes , favoir :
67i
Kieucheu ,
Lungyeu ,
Changxan .
Kiangxan ,
& Caïhoa.
Au midi de la ville eft le mont LANO. * Atlas Sinenjîs.
KIUCIN , ville de la Chine , dans la province de
Iunnan , au département de Likiang , fixiéme métropole
des villes de guerre de cette province. Elle eft de 17 d.
24' plus occidentale que Pékin, fous les 27 d. i' de
> latitude.
KIUKIANG , ville de la Chine , dans la province
de Suchuen , au département de Changking , cinquième
métropole de cette province. Elle eft de 8 d. 37' plus
occidenrale que Pékin, fous les 30 d. 17' de latitude.
K1U1UNG , ville de la Chine , dans la province de
Kiangnan , au département de Kiangning , première mé-
tropole de cette province. Elle eft de 2 d. plus orientale
que^Fékin, fous les 3id. 32' de latitude.
KIULO , ville de la Chine , dans la province de Pé-
kin , au département de Xunte , cinquième métropole
de cette province. Elle eft de 2 d. 1 1' plus occidentale
que Pékin , tous les 37 d. 45' de latitude.
KIUN , ville de la Chine, dans la province de Hu-
quang, au département de Siangyang , troifiéme métro-
pole de cetie province. Elle eft de 6 d. 30 plus occi-
dentale eue Pékin, fous les 33 d. 13' de latitude.
K'UNCHEU, ville de la Chine, dans la province de
Quantung , dont elle eft la dixième métropole. Ellen'eft
pas en terre ferme , mais dans l'Ifle D'Haman , dans la
partie orientale, fur un promontoire, de 6. d. 36' plus
à l'occident que Pékin, fous les 19 d. 40' de latitude.
Elle eft entourée de lacs & d'eau, de tous côtés,- eft
la capitale de l'ifle, & contient treize villes dans fon dé-
partement , favoir :
Kieuncheu ,
Chingyu,
Linkao ,
Tingan,
Yenchang,
Hoéïtung,
Cangen.
Lohoéï,
Cheu 0 ,
Changhoa ,
Van s ,
Lingxui ,
Taie,'
KIUNCHING, ville de la Chine , dans la province
Xantung , au département de Yencheu , deuxième mé-
tropole de cette province. Elle eft de 59' plus occiden-
tale que Pékin , fous les 36 d. 24' de latitude.
KIUNG , quatrième cité de la province de Suchuen ,
à la Chine ; elle eft de 13 de 30' plus occidentale que
Pékin , fous les 30 d. 16' de latitude. Il y a trois places
dans fon département , favoir ,
Kiung.
Taye,
Pukiang ,
KIUN GPU, fprtereffe de la Chine, dansîa province
de Suchuen. Elle eft de 14 d. 15' plus occidentale oue
Pékin, fous les 29 d. 8' de latitude.
KIUTAN, ville de la Chine, dans la province de
Kiangnan, au département de Chingkiang , fixiéme mé-
tropole de la province. Elle eft de 2 d. 26' plus orien-
tale que Pékin , par les 32 d. 30' de latitude. * Atlas
Sir.enjis.
K1UYANG , ville de la Chine, dans la province de
Huquang, au département de Xincheu , douzième mé-
tropole de cette province. Elle eft de 8 d. 22' plus oc-
cidentale que Pékin, fous les 27 d. 50' de latitude.
KIU YE , ville de la Chine , dans la province de Xan-
tung , au département de Yencheu , deuxième métropole
de cette province. Elle eft de 26' plus occidentale que
Pékin, lous les 36 d. 5' de latitude.
1. KIXAN , ville de la Chine , dans la province de
Xenfi , au département de Fungciang , féconde métro-
pole de cette province. Elle eft de 9 d. 3 ' plus occide-n-
taie que Pékin , fous les 36 d. 28' de latitude.
2. KIXAN , forterefle de la Chine, dans la province
de Channton. Elle eft de 4 d. 27' plus occidentale que
Pékin , fous les 37 d. 13' de latitude.
KIXU1 , ville de la Chine , dans la province de Hu-
quang , au département de Hoangcheu , cinquième mé-
tropole de cette province. Elle eft de 2 d. 30' plus oc-
cidentale que Pékin , fous les 31 d. io' de latitude.
KIYANG, ville de la Chine, dans la province de
Huquang, au département de Juncheu, treizième métro-
pole de cette province. Elle eft de 5 d.43' plus occiden-
tale que Pékin , fous les 26 d. de latitude.
K1SCOULA ; ce nom lignifie la tour de la pucelle.
Les Turcs le donnent à une tour bâtie fur un rocher , au
milieu de la mer, dans le trajet de Conftantinople à Scu-
tan. Cette tout a été élevée par les foins d'un des der-
niers empereurs Grecs , pour tendre de-là une chaîne
jufqu'au monaftere de S. George , & fermer aînfi le Bof-
phore. * UHerbdot , Biblioth. orient.
KLAGENFURT. Voyez Clagenfurt.
KLATAU. Voyez Glattou.
KLETGOW, petit canton, aux confins d'Allemagne
&: de Suifle , entre Waldshut & Schafhoufe , l'Hegow
& le Rhin. Il comprend p'ufieurs bailliages , (avoir, ce-
lui de Neuhaulèn , celui de Rutlingen , Buchberg & Cap-
pel, d'où dépend Elliken; celui de Beringen ScdeHem-
methal , & celui de Laningen & Guntmadingen. * Etat
& Dél. delà SuilTe, t. 3, p. 96.
KLETTENBERG, bourg d'Allemagne, au cercle de
la haute Saxe, dans laThuringe, à deux lieues de Nort-
haufen, dans le comté de Hohenftein. C'eft le chef-lieu
d'une feigneurie , & il a eu autrefois le titre de comté.
* Baudrand, éd. 1705.
KLINGENA'W ou Klingnau, ville de SuilTe, au
comté de Bade , fur la rive droite de. l'Aar. Voyez
Clingenav.
KLOGHER. Voyez Clogher. * Etat & Délices
de la Suiffé, t. 3 , p. 133.
KLOSTERTHAL, vallée de Suifle, au pays des
Grifons, aux frontières du Tirol. Elle appartient aux
archiducs d'Autriche , & s'avance vers les montagnes du
pays d'Algow & au mont d'Alenberg. On y trouve la
fource de l'Alfens, au mont Silberberg. Elle coule vers
le midi. * Davity & Corn. Dift.
KNAPDAIL, petite contrée d'Ecofîe, dans la pro-
vince d'Argyle. Elle en eft la partie la plus fertile , & fe
joint à Kintyre, du côté du nord, par unifthme qui n'a
qu'un mille de largeur. C'eft pourquoi les bateliers font
pafler leurs bateaux par-deflus cet ifthme , plutôt que
de faire le tour de Kintyre. Kilmore en eft la ville uni-
que. *Elat prijent de la Gr. Brct. t. 2 , p. 262.
KNARESBOROUG , petite ville d'Angleterre, dans
la province d'Yorck. Elle envoie lès députés au parle-
ment, & a droit de tenir marché public. * Etat préfent
de la Gr. Bret. t. I .
KNARINGEN, anciennement Grinario , bourg
d'Allemagne en Suabe , dans le marquifat de Burgau ,
fur la rivière de Knarlac, aune demi-lieue de la ville
de Burgow. C'étoit une ancienne ville de la Vindélicie,
félon Baudrand, éd. 1705. Samson & De l'ifle nom-
ment ce lieu Knoringen, & la rivière Carntack»
61 1 KOI
KNIGTON, ville d'Angleterre, au pays de Galles,
en Radnorshire.
KNI ou Khnin, petite ville deDalmatie, au haut
d'une colline, fur la rivière de Chéréa , qui y reçoit la
Botiniza, aux frontières de la Bosnie , &: à trente milles
d'Italie de Sébénico. Les Turcs , à qui elle appartenoit,
la fortifièrent. Elle fut prife, en 1688, par les Vénitiens,
& elle leur demeura par le traité de Ca-lowitz. *Baudr.
éd. 1705. On croit que c'eft ÏArduba dont parle Dion,
KOCKFERGUS ov Carricfergus , ville d'Ir-
lande, dans la province d'Ulfter , au comté d'Antrim ,
à douze milles, & à l'eft d'Antrim. Elle eft lituée fur une
haie de même nom. C'eft une ville riche, bien peuplée,
munie d'un bon château , & la capitale du comté. Elle
a droit de tenir un marché public , & jouit d'un excel-
lent port. Elle envoie deux députés au parlement. Jfcile
eft presqu'au nord , à huit milles de Belfaft , & à quatre-
vingt-dix de Dublin. * Etat prèfent de L'Irlande, p. 58.
KNOCKNOPHER, baronnie d'Irlande, dans la pro-
vince de Leinfter. C'eft une des onze qui compofent le
comté de Kilkenny. * Etat prèfent de l'Irlande , p. 41.
KNOTSENBOURG, fortereffe des Provinces-Unies,
dans la Gueldre , fur la rive droite du "Wahal, vis-à-vis
de Nimégue.
KNOTSFORD, bourg d'Angleterre, dans la province
de Chefter. On y tient marché public. * Etat prèfent de
la Gr. Bret. t. I.
KNYSSIN , ville de Pologne , dans la Podlaquie*
.Voyez EnySSIN.
KOARASM. Voyez Khovarezem.
KOBA , ville d'Afie, dans le Mavaralnahr , au cin-
quième climat, & dans le pays de Fargan, félon Abul-
féda, Collccl. Oxon. t. 3 , p. 53. Cette ville eft, félon
Alfatas, à 91 d. 15' de longitude, & à 43 d. 15' de
latitude.
Selon Albiruni , à 9 1 d. 50' de longitude, 6c à 42 d.
50' de latitude.
KOBADYAN, ville d'Afie, dans le Chorafan. Naflïr-
Eddin & Ulug-Beig lui donnent 102 d. de longitude,
& 37 d. 45' de latitude.
KOCBEN , lac de l'empire de Ruffie , dans la pro-
vince de Wologda.
KOCHER , rivière d'Allemagne, en Suabe. Voyez
Cocher.
KOCHERSBERG , félon Baudrand , bourgade de
France , dans la baffe Alsace , avec un château , entre
Strasbourg & Saverne. Les Allemands y furent battus
en 1677.
K.OCKEL , village de Bavière , fut le lac de même
nom. On y cherche l'ancienne CovelIjE, lieu de la
Vindélicie.
KOCKEL-ZÉE, ou le lac de Kockel , lac de Ba-
vière ; il eft formé par la rivière de Loifa , à dix lieues
de Munich.
KOCKZUBI, petite ville de Beffarabie ,. au pays des
Tartares d'Ockzakow , à deux lieues de l'embouchure
du Niefter , du côté du midi.
KODEN, petite ville de Lithuanie, dans la Poléfie,
fur le Bug , cinq lieues au-deffus de Breftki. ,
KOL
KCENIGSBERG ,
KCENIGSECK,
KŒNIGSTEIN,
KONIGSBERG.
Voyez ^ Konigs-Eck.
KOÎSIGSTEIN.
KOGE, (prononcez Kœgtje,) bourg & port de Da-
nemark, dans Lifle de Séeland. Il donne fon nom à un
enfoncement que fait la mer en cet endroit , que l'on
appelle la manche de Koge. Ce lieu eft à quatre
lieues de Coppenhague.
KOGERTLIK, province particulière du pays de
Charasme, fituée fur les frontières de la grande Bucha-
rie, au nord de la province de Jangiarik. * Hift. généa-
logique des Talars, p. 799.
KOISU , rivière d'Afie, dans la Perse. On la trouve
à fept lieues de Tarbu. Elle a fa fource dans le mont
Caucafe , & quelques-uns croient que c'eft l'Albanus de
Ptolomée. Ses eaux font fort troubles, & fa largeur eft
pareille à celle de l'Elbe ; elle eft extrêmement pro-
fonde , 6c fon cours eft fort rapide. * Oléarius, Voyage
de Perse.
KOKENHAUSEN, félon Baudrand, comme pro-
noucent les Allemands j ou Kohenhuys , comme écri-
vent les Hollandois , ville de Livonie , dans la province,
de Letten, fur la Dwine, avec un château où réfidoit
autrefois Févêque de Riga, à quinze milles de la ville
de ce nom. Elle a été fuccelTivement aux Polonois, aux
Suédois , & enfin aux Rufliens qui la poffedent.
KOKERI, peuplade des Indes, fur la côte de Co-
romandel, aux confins des royaumes de Gingi,deTan-
jaour & de Maduré ; îur la route de Coutour ôc de Cou-
nampati. * Lettres édifiantes , t. 9, p. 136.
KOKSCHAGA , petite ville de l'empire Ruffien, au
royaume de Cafan , fur le Volga , à trente werftes ,
& au-deffous de Sabakzar , félon Corneille & le Brun,
Voyage de Moscovie , p. 81. Oléarius dit, qu'elle eft fur
la gauche de ce fleuve, dont les eaux font fi baffes en cet
endroit-là , qu'à peine y en trouve-t-on affez pour un na-
vire.
KOKURA ou COCURA , que l'auteur des Ambaffa-
des des Hollandois an Japon , nomme KOKERO. C'eft
un port de mer de l'ifle dé Ximo , & ville capirale du
royaume deBuygen, fur le canal quifépare l'ifle deXimo
de la grande ifle Niphon. Kasmpfer cité par la iViarti-
niere , dit Kiufiu pour Ximo , &c fe trompe. * Notes du
P. Charlevoix.
KOKUTAN, ville delà Chine; les Chinois l'ont
bâtie hors de la grande muraille , & ont pris foin de la
fortifier, pour arrêter les- «ourses des Calmoucs , & les
empêcher d'aller jusqu'à la Chine : elle eft dans un
pays affez défert , & à quinze journées de Pékin. * Le
P. Avril , Voyages de Tartane.
1. KOLA, port de mer & bourg de la Laponie Mof-
covite , à l'embouchure d'une rivière de même nom ,
dans la mer Glaciale , avec un lac qui s'appelle auffi de
même , entre Wardhuys & la mer Blanche.
2. KOLA, rivière de la Lapponie, qui traverfe un
lac de même nom , & fe jette dans l'Océan feptentrio-
nal, au port auquel elle donne fon nom.
1. KÔLAR, ville d'Afrique, dans le royaume de
Barra , fur une rivière de même nom , & fur la rive
nord de la Gambra. Les Anglois y avoient établi un
comptoir, en 173 1. L'ivoire, la cire & la gomme y
faifoient l'objet du commerce ; mais la Compagnie né
trouvant pas qu'il répondît à fes espérances , prit le
parti de l'abandonner, en 1733. * Voyage de Moore,
Carte de la Gambra , par Jean Leach, 1732.
2. KOLAR , ville d'Afrique , dans le royaume de
Kantor, au fud de la rivière de Gambra , fix milles au-
deffous de Fatatenda. Ce fut-là que Moore , dont nous
empruntons cet article, finit fon voyage, d'où il compte
cinq cents milles jusqu'au cap Sainte-Marie, qui fait la
pointe fud , de la Gambra a fon embouchure. * Voyage
de Moore , p. 23. Carte de la Gambra par Jean
Leach, 1732.
KOLBENS-EY, petite ifle de l'Océan feptentrio-
nal , au nord de l'Iilande fur la côte.
KOLDING. Voyez Colding.
KOLMOGARA , ville de l'empire Ruffien , à cin-
quante werftes d'Archangel , au fud-oueft de la D\eina;
C'eft le fiége d'un Vladika , ou archevêque du rit
Grec, qui y a un palais affez grand, joint à un mo-
naftere. La ville eft affez grande. * Le Brun , Voyage
de Mofcovie, p. 19.
KOLLOMENSKE, ville de l'empire Ruffien, dans
le voifinpge de Mofcou, fur une éminence. Elle a une
belle apparence, un beau monaftere, une églife & deux
tours. On y entre des deux côtés , en traverfant la ri-
vière fur un radeau de poutres jointes enfemble, de
manière qu'on en peut détacher une partie , lorsqu'il y
a des vaiffeaux à paffer, & les rejoindre enfuite. * Le
Brun, Voyage de Mofcovie, p. j6.
KOLOMNA, ville épiscopale de l'empire Ruffien,
à l'Eft de Mofcou , au fud-oueft de la ville de Mofca.
Elle eft à cent quatre-vingt werftes de la capitale , par
eau , à caufe des grands détours de la rivière fur laquelle
il y a un pont, ou plutôt un radeau femblable à celui
dont on vient de parler. * Le Brun , Voyage de Mos-
covie , p. 76.
KOL-OSTEGOG, château fort de la Mofcovie,
vers la mer feptentrionale. Il eft fitué aux frontières de
Rajofe
KOM
KON
Pajofe-Volock, ck peu éloigné de Drinskoî & de
Korgol. *Corn. Dift.
KOM, ville dePerfe,à cinquante lieues au nord-oueft
de la capitale, au ^3 moins, quelques degrés de lati-
tude, &au 67e de longitude. Les géographes Orientaux
lui donnent 75 d. 40' de longitude , fk 36 d. 3<|/ de
latitude. Tavernier, Voyage de Perfe , 1. 1,-06, en
parle ainfi. Kom eft une des grandes villes de Perfe,
dans un pays plat & fort abondant en riz: il y croît de
bons fruits , & particulièrement de groffes ck excellen-
tes grenades. Elle n'a que des murailles de terrre , avec,
de petites tours fort près les unes des autres ; ck les
maifons , pour n'être auffi que de terre , n'en font pas
moins propres au dedans. A l'entrée de la ville on paffe
une rivière fur un pont de pierre , d'où en tournant à
droite fur un fort beau quai, on trouve un caravanferai
bien bâti & fort commode. Ce qu'il y a de plus remar-
quable à Kom , eft une grande mofquée , que les Per-
fans n'ont pas en moindre vénération que celle d'Ar-
deuil. C'eft où on voit les fépultures de Cha-Séfi &
de Cha-Abas II, ck celle de Sidi-Fatima , , fille de
Iman-Hoccn , qui étoit fils d'Ali & de Fatima-Zuhra ,
fille de Mahomet. La grande porte de cette mosquée
répond fur une place plus longue que large , où il y a
un caravanferai ck des boutiques qui, au dehors, ont quel-
que beauté. Un des côtés de la place eft comme fermé
d'une muraille fort baffe ; par-deffus on voit la grève ck
la petite rivière qu'on paffe fur un pont où la même
place vient aboutir. Sur le grand portail de la mos-
quée, on voit de 1 écriture en lettres d'or, à la louange
de Cha Ahas II. On entre d'abord dans une cour qui eft
plus longue que large , & qu'on pourroit appeller jardin ,
puiqre des deux côtés de l'allée du milieu, qui eft pavée,
il y a des carrés de fleurs. Un ba'uftre de bois, qui régne
des deux côtés le long de l'allée, empêche que les paffans
ne puiffent rien cueillir; & on a grand foin de tenir le
lieu en bon état. Dans cette première cour on voit à
gauche, en entrant, de petites chambres où ceux qui reçoi-
vent les aumônes que, par la fondation de la mosquée,
on y diftnbue tous les jours, vont manger leur portion;
après quoi, ils fe retirent. Ces mêmes chambres fervent
d'afyle à ceux qui ne peuvent payer leurs dettes , comme
à la mosquée d'Ardeuil. Ces lieux de franchi fe ne font pas
comme les nôtres , où il faut que celui qui s'y retire fe
nourriffe à les dépen' . De la première cour on paffe dans
une autre q m eft plu* g-ande fk toute pavée, ck de celle-ci
à une troifié'iie qui eft carrée & relevée en terraffe.
On y entre pir une porte qui eft au bout d'un large per-
ron , ck c'tft où lont les logemens des Moullahs ou
prêtres de la mosquée. De cette troifiéme cour, par
un escalier de brique de dix ou douze marches, on
pafle à une quatrième , qui eft auffi relevée en terraffe,
ck au milieu de laquelle il y a un beau badin ; il fe
remplit continuellement par de petits canaux d'eau cou-
rante qui tombe dedans , ck fe vuide à mefure par d'au-
tres canaux, qui vont donner de l'eau à divers lieux de
ce grand enclos. Il y a quelques bâtimens en cette cour;
& un des côtés eft occupé par la face de la mosquée,
qui n'eft pas defagréable. Ce font trois grandes portes
affez bien entendues, à la mode du pays ; 5c il y a au
devant une muraille de brique à hauteur d'homme , ck
percée à jour, en manière de lozange : le feuil de la
porte du milieu eft couvert d'une plaque d'argent ; ck
il y a entre ces trois portes ck celle du dôme de la mos-
quée plufieurs Moullahs ou dofteurs qui tiennent les li-
vres où ils lilènt inceffamment. Cette mosquée eft un
oftogone , ck à chaque angle il y a une petite porte de
bois de noyer verniffé de gris fk de jaune. La fépulture
de Sidi-Fatima, petite-fille de Mahomet, eft au fond de
la mosquée, n'y ayant que pour paffer un homme entre
la muraille ck le tombeau : il eft entouré d'une grande
frille d'argent de feize pieds en carré , de laquelle les
arreaux font ronds ck pommetés aux endroits où ils fe
croifent ; avec la lumière qui fort de quantité de lampes
d'or ck d'argent , tout cela enfemble ne peut produire
qu'un très-bel effet. Le dedans de la mosquée , jusqu'à
l'élévation des angles de l'ottogone qui fupporte le
dôme, eft de carreaux d'un beau venis de diverfes cou-
leurs ; fk la coupe du dôme , comme la voûte du por-
tique de la mosquée , eft une peinture en moresque
673
d'or ck d'azur. De chaque cô é de la nwq'iée, & près
du lieu où eft le tombeau de Sidi-Fatima, on voit une
grande fale, où on diftribue aux pauvres les aumônes
royales , qui confident , en pilau ck autres vian-
des apprêtées fort proprement. De ce tombeau ort
tourne à gauche vers un efcalier qui en eft éloigné de
vingt-cinq ou trente pas; ck cet efcalier même a une
porte , au-deffus de laquelle il y a encore quelque écri-
ture à la gloire de Cha-Abas II. La porte étant ouverte,
on voit le lieu où repofe le corps de ce roi ; ck par
une autre porte grillée , on découvre fous un petit dôme
le tombeau de Cha-Séh fon père , qui eft couvert d'un
drap d'or.
KOMARE, ou Komore, ifle ck fortereffe de
Hongrie. Voyez CoMORE.
KOMBREGUDU, royaume d'Afrique, dans la Ni-
gritie , qui occupe les bords de la rivière de Falemé ,
au midi de celui de Kontu , rk au fud-oueft de Bam-
buk Quoique ce pays ait le titre de royaume, il n'y a
pourtant pas de roi. Les principaux villages ont des
chefs, appelles Farims , ci qui ont autant d'autorité
que des fouvera'ns. Les habitans n'ont guères d'au-
tres reffources que celle de leurs mines d'or , mais dont
ils ne favent pas faire ufage. * Voyage de M, Compa-
gnon au pays de Bambuk fkc. en 1716.
KOMIS , province de Perfe , ck faifant partie du
Khorafan qu'elle a au levant, l'Irak Agémi au fud-oueft,
ck le Mazanderan au nord. Elle a cinquante lieues de
long, ck autant de large. Damgan , Simnan, ck Bes-
tam font les villes qu'on y trouve. * D'Anvill: , Carte
de Perfe, 1751.
KOMOL, port d'Afrique, fur la côte occidentale de
la mer Rouge , à foixanté huit lieues au nord de Sua-
quem, latitude n d. 30'.
Ce port eft très-fûr, quoique d'une petite étendue.
Un baiïc de fable fert tout-à-la-fois à défendre l'entrée,
& à tempre l'impetuofv.é de la mer. La terre, qui l'en-
viror.ne, forme une perspective agréable. Elle eft ha-
bitée par les Badwis , qui (ont des Arabes errans. * Hifl,
générale des Voyages , t. 1 .
KOMPAS, nation d'Afrique, voifine des Véteres fk
des Iffinois. Leur pays s'étend trente ou quarante lieues
de l'eft à l'outft , (ùr quinze ou vingt lieues de largeu-.
Cette nation eft gouvernée en forme de république , ou
plutôt d'ariftocratie, car ce font les chefs des villages;
qui dilcutent les intérêts publics, fk qui en décident à
la pluralité des voix. Leur pays eft compofé d'agréa-
bles collines que les habitans cultivent foigneufement,
& qui produifent tous les grains qu'on y feme ; tandis
que le terroir des cô'es, qui n'eft qu'un fable fec &C
brûlé, demeure éternellement ftérile. Les Kompas pro-
curent aux Iffinois & aux Véteres leurs p ncipales
provifions , & reçoivent en échang; des armes à feu,
des pagnes fk du fel, dont ils font entièrement dépour-
vus. C eft d'eux encore que les Iffinois tirent l'or qu'ils
emploient au commerce , ck que les Kompas retirent
d'une autre nation , qui habite plus loin dans les ter-
res. * Voyage du B. Loyer , dans Le royaume d'I/fîni
1701 , 1701, 1703.
KONGAL, ou Kongel, petite ville de Norwége;
au gouvernement de Bahus , fut la rivière de Gorhehba,
au couchant de Bahis. Elle étoit autrefois aux Danois,
qui la cédèrent aux Suédois, en 1638, par le traité de
Rofchild. * Baudrand , édit. 1705.
KONIA , nom que quelques-uns donnent a l'ani
cienne Iconium. Voyez ces mots ck Cogni.
KONIECPOL, ville de Pologne, dans la baffe Po-
dolie, fur leBog, à vingt-quatre lieues au-deflbus de
Braclau.
KONIGINGRETZ , ville de Bohême. Voyez
Graiz 1.
KONIGSAHL: c*eft la même chofe qu'AuuCA;
ancien évêché d'Allemagne , transféré à HltDEZ-
HEIM. Voyez ces deux titres.
1. KONIGSBERG, petite ville de Bohême, avec
un joli château , fur une montagne , au bord de l'E-
ger, entre la ville de ce nom ckFalkenau, à deux mil-
les de l'une ck de l'autre. Elle a appartenu quelque teins
aux feigneursde Guttenftein, ckenfuite, vers l'an 1741,
à Hierome Schlickens, * Zeyler, Bohem.Topogr./\37,
Tome III. Qqqq
674
KON
KON
KONIGSBERG, ville de la Prufle ducale, ou,
pour parler félon l'ufage préfent , capitale du royaume
de Prufle , fur la rivière de Prégel , au 54e d. 42/ de la-
titude , & au 39e d. 10' de longitude. Les Polonois la
nomment Kro'efski. Elle a été fondée au treizième
fiécle par les chevaliers de l'ordte Teutonique ; &C ils
la nommèrent Konigsberg , en l'honneur de Primiflas-
Ottocare, roi de Bohême , en reconnoiflance du fe-
cours qu'il leur avoit amené contre les habitans de ces
quartiers, qui étoient encore payens. Son étendue n'étoit
pas alors fi grande qu'elle eft à préfent, puisqu'outre les
fauxbourgs, qui font fort grands, on y ajouta, en 1300,
cette partie de la ville nommée Lebenicht, &, l'an 1380,
celle qui eft appellée Kniphof. Elles ont chacune leur
magiftrat particulier , tant pour la police que pour la
juftice. Le palais a été fini par George-lrédéric de Bran-
debourg, duc de Prufle , qui le fit bâtir , fur la fin du
feiziéme fiécle. On y remarque, entr autres chofes, une
fale fans piliers, quoiqu'elle ait deux cents foixante &
quatorze pieds géométriques de longueur , fur cin-
quante-neuf de largeur, & une fort belle bibliothèque,
compolée d'un très-grand-nombre de volumes, parmi
lesquels, dans des tablettes pleines délivres garnis d'ar-
gent , fe trouve celui qu'Albert de Brandebourg , pre-
mier duc de Prufle, a fait & écrit de fa main, pour l'ins-
truction du prince fon fils , & pour le gouvernement du
pays , après fa mort. L'univerfité de Konigsberg a^ été
fondée , ( en 1544, ) par le même pince qui tâcha
de rendre cette ville l'une des plus confidérables de
tout le nord. La rivière de Pregel , qui a fa fource dans
la Lituhanie , & qui entre dans le Frifchaf, à^ une lieue
au-deflbus de la ville, contribue beaucoup à en faire
fleurir le commerce; aufli eft-elle tellement peuplée,
qu'il fe trouve quelquefois fept à huit familles en une
même maifon. Le langage ordinaire eft l'Allemand,
•quoique la plupart des habitans fâchent aufli le P0I0--
nois & la langue que l'on parle dans la Lithuanie , &
celle de Curlande. On leur apporte de Lithuanie & de
Pologne du bois de chêne pour la menuiferie &c pour
faire des douves , & des cendres qui fervent à faire du
favon : on lenr apporte aufli de la cire, du miel, de l'hy-
dromel, des cuirs, des fourrures , du lin & du chanvre .
Les Suédois, les Hollandois & les Anglois y portent
du fer , du plomb , de l'étain , des draps , du vin , du
fel , du beurre , du fromage , &£ autres denrées. Cette
ville fut fort affligée de la pefte, en 1709, qui en éclair-
cit fort les habitans. * OUarius, Voyages, /. 1.
3. KONIGSBERG, ou Konigsperg, ville d'Al-
lemagne, au cercle de Franconie, auprès de Mainburg,
à deux milles de Schweinfurth : elle appartient à la maifon
de Saxe-Weimar. Quoiqu'elle foit placée dans le cercle
de Franconie , elle n'en eft pas, & elle dépend du cer-
cle de Saxe , à caufe des princes qui en font proprié-
taires. Suantibor III, duc de Poméranie, époufa Anne
de Henneberg , qui lui apporta pour dot cette ville.
Quelques années après,ce prince la trouvant trop éloignée
de fes autres domaines, s'en accommoda avec Balta-
zar , landgrave de Thuringe , pour une fomme d'argent.
* Zeykr, Francon. Topogr. p. 19.
4. KONIGSBERG. tleuzner, dans fon Itinéraire
d'Allemagne, de France, d'Angleterre & d'Italie, p. 4,
dit Kunsberg. Nehelius , Exegef. Lufacitz, p. 283, dit
Konigsbruch. Mercator dit Konigsberg , petite ville de
la haute Luface, aux frontières de la Mifnie.
5. KONIGSBERG, ou Kunsberg, petite ville de
Siléfie , dans la principauté de Troppau , auprès de Bé-
nischa-w , Hiltfchin , Wagftadt & Oftra. * Zeykr,
Saxon, fuper. Topogr. p. 110.
6. KONIGSBERG, petite ville d'Allemagne, au
pays de Hefle , à un mille de Giffen. Le landgrave
Henri l'acheta en, 1356, d'un comte de Salms, à qui elle
appartenoit alors , à condition néanmoins que le comte
la garderoit jusqu'à fa mort. On y trouva, vers le milieu
du fiécle paffé, quantité de médailles Romaines, parmi
lesquelles il y en avoit de Jules Céfar. Aflez près de-Ià eft
la fameufe montagne de Dynsberg, que l'on voit de
quinze milles aux environs. * Zeykr , Hafl". Topogr.
'7. KONIGSBERG, Konigsperg, ouKinsperg,
ville d' Allemagne, dans l'éleftorat de Brandebourg , &
dans la nouvelle Marche, à la diftance d'un demi-mille
de l'Oder , fur la petite rivière de Roriche, entre Gne-
fenhagen &c Beerenvald , fur la route de Stettin à Cus-
trin. Cette ville eft petite , & aflez mal bâtie. Elle fi.it
prife, en 1630, par les Suédois. * Zeykr , Brandenb.
Topogr. p. 67.
Le mot Konig fe prononce comme s'il étoit éctit
Kœn.G, (k lignifie roi; le nom de Konigsberg veut
dire montagne, du roi , & répond à nos mots françpis
Royaumont &C Mont-Royal, en latin Mons-Regius , ou
Regiomontum ; ce dernier nom, quoique très-barbare, a
été préféré par quelques-uns ; & parmi les mathéma-
ticiens célèbres, il s'eft trouvé Jean Muller, favant aftro-
nome , plus connu fous le nom de Regiomontanus
que fous fon propre nom : nous avons fa vie écrite par
Gaflendi.
1. KONIGSBRUCK. Voyez Konigsberg 4.
2. KONIGSBRUCK, Pons-Regis,zbbaye de France,
en Alface , au diocèiè de Strasbourg: elle fut fondée
en 1118, dans la forêt de Haguenau. Ce font des filles
de l'ordre de Cîteaux. Cette abbaye dépend de celle de
Lutzel.
1. KONIGS-BRUNN, château d'Allemagne , dans
la Suabe : il appartient à la maifon de Wurtemberg. Le-
comte Ulric l'acheta, en 1450, avec Heydenheiiri &
vingt-cinq villages , ÔC quelques châteaux , parmi les-
quels Konigsbrun fe trouva. * Zeykr, Suev. Topogr.
' ï. KONIGS-BRUNN, Regius-Fons ; abbaye d'hom-
mes , ordre de Cîteaux , dans le Wurtemberg , au diocèfe
d'Augsbourg , à trois lieues de Nortlingen , & à huit au
nord-oueft de Dillingen , fur la rivière de Brentz. Elle a
été fécularifée à la paix de Weftphalie, en faveur des ducs
de Wurtemberg. Elle fut fondée, en 1302, par l'em-
pereur Albert I, & l'impératrice Elifabeth, fa femme.
KONIGS-ECK, félon Baudrand , château , bourg Se
comté d'Allemagne, en Suabe , proche de la rivière de
Sçhufs, entre les villes d'Uberlingen & de Buchau , à
quatre ou cinq lieues de l'une &t de l'autre. C'eft le
chef d'un comté que porte une famille divifée en deux
branches diftinguées par les noms & Aukndorf & de
Rottenfels.
KONIGSÉE , petite ville d'Allemagne , dans la
Saxe , en Thuringe , au comté de Schurtzburg , peu loin
du château de ce nom , fur le ruifleau de Rinne. * Zrikr,
Saxon. Topogr. p. 109.
KON1GSEIL, Aula-Regia, abbaye d'hommes, ordre
de Cîteaux , dans le royaume de Bohême , au cercle de
Bérau.
1. KONIGSFELD, feigneurie d'Allemagne, dans la
haute Saxe, en Misnie. * Zeikr, Saxon, Topogr. p. 13.
z. KONIGSFELD, ou Kunigsfeld , ou Kungs-
FELD , c'eft-à-dire k champ du roi, bailliage de Suifle ,
dépendant du canton de Berne , &£ à une petite demi-
lieue de Brouck, entre cette ville &c le paflage de la
rivière de Reufs. C'étoit autrefois un riche monaftere ,
pofledé par des religieux de S. François , & des reli-
gieufes de fainte Claire , qui demeuroient enfemble fous
un même couvert, mais dans des appartemens difFérens ,
comme on peut juger. L'empereur Albert , fils de Ro-
dolphe de Habsbourg , fut aflafliné, l'an 1 308, par for»
neveu Jean , duc de Souabe, près du paflage de la Reufs,
& alla expirer dans la campagne voifine: ce fut, dit-on,
une fille de joie , qui fuivoit la cour , qui le recueillit
dans fon fein , & qui lui ferma les yeux. Les hiftoriens
font partagés fur le lieu où cet aflaflinat fut commis ;
mais il ne faut point d'autre preuve que le monaftere
de Kunigsfelden , qui fut bâti, pour conferver la mé-
moire de ce tragique événement ; d'autant plus que ce
furent Elifabeth, veuve d'Albert, &c Agnès fa fille,
reine de Hongrie, qui fondèrent ce fuperbe couvent:
elles mirent l'autel de l'églife à l'endroit où le défunt
empereur avoit rendu l'ame. Au milieu de l'églife on fit
un grand caveau, pour fervir de tombeau, &C furie
caveau on éleva un beau maufol^e carré , long de neuf
pieds , large de trois & demi, &c haut de quatre, fans
les ornemens , tout revêtu de marbre noir & blanc.
On y mit aufli une inscription, qui contenoit le récit de
la mort tragique de l'empereur. Dans la fuite du tems
pluJieurs princes & princeffes voulurent être enfevelis
KON
KON
dans ce lieu ; il y en a; jufqu'à dix-fept , comme dn l'ap-
prend d'un tableau qui en fait l'énurnération. On y
■voit, entr'autres, la fépulture & les écus de Léopold
d'Autriche , troifiéme de ce nom , & de plufieurs fei-
gneurs & gentilshommes , qui furent tués avec lui dans
la bataille de Sempach, l'an 1386. Le duc de Rohan
ayant été bleffé à la bataille de Rheinfelden l'an 1638
vint mourir en ce lieu ; on y mit fes entrailles , 6c fon
corps fut porté à Genève. On a trouvé ici quelques
monumens d'antiquité , comme deux urnes , &C un bel
aqueduc, qui ctfnduifoit l'eau de Brouk à Kunigsfeld.
En 1513, les dames de cette maifon ayant demandé au
confeil de Berne la permiffion de fortir de leur clôture,
en 1524, on accorda la liberté à celles qui voudraient
fortir , ou demeurer , de le faire. Il y en eut quelques-
unes qui fe marièrent ; mais le couvent fubfifta jusqu'en
1519 que Catherine Troukfes , née baronne de Wald-
bourg , abbeffe de Kunigsfeld, fommée par les feigneurs
de Berne de fortir de fon abbaye , avec les filles qui s'y
trouvoient de refis , leur obéi , &: remitt cette mai-
fon entre leur mains , moyennant une penfion viagère.
Elle fe maria quelque tems après, avec un Zuricois ,
nommé Georges Goeldin , chevalier ( b )• Les Bernois
ont fait de ee couvent un bailliage , qui eft petit , mais
riche, & célèbre par fes antiquités. * ( a) Etat & Dé-
lices de la. Suijfe , t. 2 , p. 196. ( b ) Hijt. de la Réjor-
malion de la Suiffe , t. 2 , 1. 6 , p. 376.
KONIGSHEID, ou Kunicsheid , plaine d'Al-
lemagne, en Franconie, auprès de Goldcronach, qui
eft un bailliage appartenant aux margraves de Culmbach.
Une tradition confufe rapporte qu'un roi doit y avoir
livré une bataille. * Zeyler, Francon. Topogr. />. 70.
KONIGSHOFEN , c'eft-à-dire la cour du roi , pe-
tite ville d'Allemagne , en Franconie , dans l'évêché de
Wurtzbourg. Quoique très-petite, elle eft bien fortifiée,
& eft fituée fur les frontières de Henneberg. * Hubner,
Geogr. p. 479.
1. KONIGSLUTTER , abbaye d'Allemagne, au
duché de Brunswig, dans le pays de Wolfenbuttel. Elle
a été fondée pour des religieufes de l'ordre de S. Au-
guftin. Le premier fondateur fut le célèbre Bernard de
Haldenschleben qui la commença; mais comme il mou-
rut avant que d'avoir pu l'avancer beaucoup , il chargea
fon fils Bernard le Jeune de continuer cette entreprife,
on ne fait pas bien en quelle année ; les guerres qui fui-
virent ce premier établiffement en détruifirent , ou
du moins en diffiperent les aftes. De ce premier éta-
bliffement il ne refte que l'églife qui fe fent encore de
la fimplicité de ce tems-là. Elle prend le nom de Lut-
ter, d'un ruiffeau nommé, ainfî qui fort de l'Elme, grande
forêt, pafïe à l'abbaye &£ à la petite ville de même nom.
Après la mort des deux fondateurs , l'abbaye fut fous la
protection de Lothaire de Saxe, qui fut enfuite empereur,
& qui étoit un de leurs defcendans ; car dans le di-
plôme de fondation, il dit expreffément que l'abbaye de
Lutter avoit été fondée par fes ancêtres. Les dames qui y
vivoient fe relâchèrent bientôt de leur première fer-
veur , & s'attirèrent par leur conduite la haine & le
mépris du peuple &. du prince. Lothaire devenu em-
pereur , ne fe vit pas plutôt débarraffé des guêtres qu'il
avoit foutenues contre fes compétiteurs qu'il marqua à
Dieu fa reconnoiffance par le foin qu'il prit de faire
fleurir la piété. Il bâtit, ou releva divers monafteres.
Il longea alors au monaftére de Lutter; il fut fcanda-
lifé des abus qui y régnoient , & de la réfiftance que
faifoient les religieufes indociles qui ne vouloient point
entendre parler de réforme. Il prit là-deffus le confeil
de Rodolphe , évêque de Halberftadt : pour effacer ce
fcandale , on.ôta toutes ces religieufes de Lutter & on
les transporta dans un monaftére de leur ordre, nommé
Drubeck, dans le Hartz. Après leur départ, on mit quan-
tité d'ouvriers pour bâtir un magnifique monaftére ;
l'empereur lui-même mit la première pierre, avec l'im-
pératrice Richfen, fa femme ; &C il n'eut point de re-
pos que l'églife , le cloître , les dortoirs fk les autres
lieux réguliers ne fuffent achevés ; & quand il eut fini
tous ces édifices, il longea à y mettre des perfonnes
qui réparaffent par leur ferveur les défordres de celles
qu'on en avoit tirées.. * Zeyler, Brunsw. Topogr./». 131.
Dans ce tems-là on parloit fort avantageuïement du
monaftére de S, Jean-Baptifte, fitué fur une montagne
6js
auprès de Magdebourg. Il étoit de l'ordre de S. Benoît,
& avoit eu pour fondateur l'empereur Otton le Grand ,
qui l'avoit richement doté. Lothaire démanda à l'abbé
Annon qui gouvernoit alors ce lieu, avec bien de l'édi-
fication lèpt, religieux de choeur diftingués par leur piété.
L'un d'entr'eux, nommé Everard, fut fait abbé. Cesfept
vinrent prendre poffeffion, dans toutes les formes, du
nouveau monaftére, &C des revenus que l'empereur avoit
augmentés , en y ajoutant la propriété héréditaire de
la petite ville de Lutter , & les forêts d'Elm , de Brock,
Se autres biens considérables. Il confirma cette dona-
tion par un diplôme daté de Newenbourg, l'an 1 135, le
premier d'Août. Les troubles d'Italie l'y ayant appelle,
l'année fuivante il envoya des reliques très précieufes à
l'abbaye de Lutter. ( On en peut voir le détail dans
Zeyler à l'endroit cité.) A la fin de 11 37, comme il re-
venoit dans fa patrie , il mourut au village de Bredina,
dans les montagnes d'Italie, le 3 Décembre. Son corps
fut porté dans l'abbaye de Konigslutter. Cette abbaye
eft aujourd'hui un monaftére proteftant.
2. KONIGSLUTTER , ( * ) ville d'Allemagne ,
dans le pays de Brunswig- Wolfenbuttel. Elle doit fa
naiffance à l'abbaye , aux environs de laquelle fe raf<
femblerent les habitans d'un village nommé Schorftadt,
dont on voit encore quelques reftes , & qui fut détruit
dans la guerre de Mansfeld. Elle prend fon nom de
l'abbaye, qui tient elle-même le lien d'un rideau,
comme nous avons dit dans l'article précédent. Ce
ruiffeau nommé Lutter , a fa fource au-deffus de l'ab-
baye , dans une roche au pied de la montagne , &c cette
roche s'appelie Duckflein; on en fait d'excellente bière
que l'on nomme par cette raifon Duclflùn ou (b) Tuchs-
tein. Le nom latin, tant de la ville que de l'abbaye, eft
Lutera regia. Elle n'eft pas éloignée de Helmftadt.
*C) ZeyAr, Brunsv. Topogr. p. 136. (b) Hubner y
Géogr. p. 517.
KONIGSOR, maifon de plaifance du roi de Suéde,'
dans le Weftermanland , à un mille d'Arboga, furie
lacMéélar, à dix-huit milles de Stokholm. * Hubner,
Géogr. p. 693.
1. KONIGSTEIN, petite ville d'Allemagne, dans
le Wefterwald. * Zeyler, Haffis,&c. Topogr. p. 8.
2. KONIGSTEIN , petite ville & fortereffe d'Alle-
magne , dans f électorat de Saxe , à environ deflx mille;
de Pirn, en Misnie fur l'Elbe, aux frontières de Bo-
hême. Cette fortereffe fut bâtie par l'électeur Augufte,
fur une montagne ; & Chriftian I , fon fils & fucceffeur
à l'éleftorat , en perfectionna les fortifications; de forte
qu'elle paffe pour imprenable. Il n'y a qu'un feul en-
droit par où elle eft acceffible , & elle prend fon eau
d'une fource très-profonde , fur la montagne ; il y a
des terres labourables ; de manière qu'elle ne peu! être
brusquée ni affamée. La ville qui eft au pied de la mon-
tagne , au bord de l'Elbe , eft petite Sk peu de chofe.
* Zeyler, Saxon. Topogr. p. 109.
1. KONIGSWARTH, feigneurie d'Allemagne, dans
la haute Luface ; elle appartient à MM. de Schleunitz.
* Zeyler, Saxon. Topogr. p. IK.
2. KONIGSWARTH , ou
KONIGSWERTH, monaftére de Bohême, ordre
de Cîteaux, au cercle d'Elnbogen , auprès de Konigs-
berg. Il y a auffi un bourg & un château de même nom,
qui, en 1542, appartenoit àGaspar Pflugen , félon Brus-
chius qui le nomme Konigswart. C'eft auffi de cette
manière que les modernes l'ont appelle. * Zeyler, Auftrise
Topogr./;. 38.
KONIGSWISEN ou KuniGWISEN, feigneurie d'Al-
lemagne , dans la haute Autriche , au comté de Mach-
land , aux environs de Freiftadt. La forêt voifine eu
prend le nom deKONlGSWiSEVALD. * Zeyler, Bohem.
Topogr. p. 18 6-36.
KONIN , ville de Pologne , dans le palatinat de Ka-
lisch, fur la rive méridionale de la Warta, à huit milles
au nord deKalisch. * Guaguin.' Rer. Polon. t. x,p, 31.
KONITZ, ville de Pologne, dans la Pruffe royale ,
fur le torrent de Broo , près du défert de Waldow , aux
frontières de la Poméranie ultérieure ou de Brandebourg,
à huit milles Polonois de Culm, au couchant. * Baudr.
6 KONNI-TUNGUSES. (les) Voyez Tunguses.
KONOPISCHT, château de Bohême, dans le cercle
% Tome III, Q q q q ij
676 KOP
de Muldau, auprès de Newyklau & de Tloskov, félon
Zeyler. *Bohem. Topogr. p. 38.
KONRADICZ , CuNRADlCZE , château royal de
Bohême , à un mille de Prague. On le nomme auffi le
nouveau château. C'eft où mourut l'empereur Wenceflas,
roi de Bohême , le 16 Août 1419, après avoir été dé-
trôné.
KONTU , royaume d'Afrique , le long de la rivière
de Falemé, au nord du royaume de Kombrégudu, à
l'oueft de celui de Bâmbuk , au midi de la rivière du
Sénégal. Il a pour capitale une ville appellée Sambanura:
nous n'avons connoiffance de ce royaume, que depuis
l'an 1716, que le fîeur Compagnon eut le courage d'y
pénétrer pour découvrir les mines d'or , qui y font en
grand nombre , ainfi que dans les autres pays voifins de
celui de Bambuk. * Carte du cours des rivières de Fa-
lemé & Sénégal , levé fur les lieux , par Compagnon.
KOODSUKE, province du Japon , dans Me Ni-
phon, bornée au couchant , par celle de Fida, & au le-
vant par celle de Simoodfuke. Elle a quatre journées de
longueur d'orient en occident. C'eft un pays chaud tx
qui produit quantité de mûriers.
i.KOPERSBERG, montagne de Suéde, dans la Da-
lécarlie, aux confins de la Geftricie. Il y a de riches mi-
nes de cuivre , d'où lui vient fon nom qui fignifie mon-
tagne de cuivre ; le nom eft commun à la montagne &
à une ville que l'on appelle plus particulièrement Fah-
lun, Baudrand met cette ville dans la Geftricie , auprès
du lac de Ronn. C'eft une erreur ; le lac de Rund & la
ville font de la Dalécarlie , elle en eft même le princi-
pal lieu. * Mémoires communiqués. Voyez FAHLUN.
La principale mine de cuivre eft au couchant , & à
environ mille pas de la ville. Avant que d'y arriver, il
faut traverser des monceaux de cuivre brûlant, nommés
Rallroflar par les Suédois , ôc d'où il fort une vapeur
de foufre capable d'incommoder. Olaus Nauclerus fait
une description fort détaillée de cette mine dans fa dif-
fertation de Magnâfodinâ Cuprimontand, où il la nomme
la huitième merveille du monde. Ce livre eft rare, & en
voici un extrait.
On voit d'abord fur la terre diverses ouvertures ou de
mines ou de puits, (Jchachtet,) avec leurs engins. Il y a
plufieurs fortes de mines ; on peut les divifer par rap-
port à leur grandeur , là plus grande , les médiocres &£
les petites. Celles-ci font au nombre de dix , & ont les
noms de ceux qui les ont trouvées ou que le hazard leur
a fait donner. Il y a donc ,
Les mines d' E rie-Matthias , & de Jean-Matthias ;
Au couchant , les deux mines des Corneilles , Krak-
grufivorne;
La mine des Ours , Biorngrufivan ;
Celle des fontaines, Riallgrufwan ;
Celle de Bonne-Espérance , Forhoppning-Grufwan;
Celle de l'Horloge, Drapgrufivan;
Celle de Jean-Eric;
Et ce que l'on a creufé fous le pont des machines hydrau-
liques, Sanknigen under Konjlrbon , auprès de la mine
de Magnus Nicolas.
Quelques-unes de ces mines font travaillées ; d'autres
ont été abandonnées par les travailleurs fatigués de n'y
rien trouver, &jfe font remplies d'une eau teinte de vitriol.
Il y en a fix moyennes, favoir :
SkiarsGRUFWAN , vers le couchant ; elle pafle pour
la plus ancienne de toutes ; il n'y a personne qui fe fou-
vienne d'y avoir vu travailler. Elle eft fort profonde &
d'une grande étendue fous le roc , comme on l'a appris
de quelques ouvriers qui y étoient descendus. Elle eft
prétèntement pleine d'eaux que foutiennent, d'un côté, des
digues de bois ; car ce lieu étant élevé, on en fait cou-
ler auffi-bien que de la mine nommée Crondiiket, par de
longs tuyaux de bois ajuftés l'un à l'autre , &c attachés
par des bandes de fer , une grande quantité d'eau que
l'on conduit aux grandes mines , pour faire tourner les
roues des machines qui fervent à tirer des fouterreins les
métaux , les pierres & les terres inutiles.
Vers le midi eft la mine de la reine, Drottning Gruf-
ivan , & de Magnus Nicolas, Man-Nils Grafwan , qui
eft fameufe par l'excellente qualité du métal , qu'on en
tire. Elle a été long-tems négligée ; mais à préfent on
y travaille avantageufement.
KOP
A l'orient eft la mine de S. Jean, S. Iang Gruswan ,
&L Mardskiu Grufwan ; c'étoit autrefois une mine cie
foufre , d'où vient qu'on la nomme encore Swaswd-
gropen.
Outre ces mines , il y a d'autres ouvertures ou espè-
ces de puits dont l'entrée eft plus étroite, &qui fervent
la plupart à tirer la matière ; pour cet effet on a com-
mencé à creufer fur la fuperficie de la terre , en perçant
la roche aux dépens du public. Les Suédois les nomment
Schachtet. Il y en a dix grandes & royales. Elles ont pris
leurs noms ou des rois , ou des personnes illuftres qui
préfidoient au collège métallique , en mémoire des foins
qu'ils fe font donnés pour les procurer , favoir ;
Au couchant Krakeschachter, le puits de la reine Ulri-
que. II a 40S pieds de profondeur.
Celui du roi Charles XII en a 444.
Celui du roi Guftave , en a 413.
Celui de la régence en, 1661, en a voit 540; en 1675,
il étoit rempli de décombres, & n'en avoit plus que 330 ;
on l'a nettoyé & fa profondeur eft préfentement de 567.
Celui du roi Charles XI en a 569.
Les deux de Flemming, l'un , favoir le royal, auquel
on travailloit encore, il y a peu d'années, & qui avoit
déjà 180 pieds de profondeur. L'autre fecreufe aux frais
des intéreffés , au profit des travaux métalliques ; on
nomme ce dernier Mans-lsils-Grufwas-Schacht.
Celui de Vrede a 466 pieds ;
Celui de Mardskins , 168 ;
Celui de la Croix, z6j.
Ces puits font obscurs tk pleins de vapeurs ; tout
homme , qui n'y eft pas accoutumé , n'y faùroit entrer
fans que la tête & les yeux lui tournent. Au bord de ces
puits il y a des engins que deux , trois ou quatre che-
vaux font tourner , & qui, par le moyen des cables de
chanvre ou de cuir, élèvent dans des corbeilles ou dans
des tonneaux la matière que l'on tire de la mine.
Outre ces engins, il y a d'autres machines nommées
opfordringswark que l'eau fait tourner : les Suédois les
appellent Jpeel & fpeelhuus ; ce font de grands refer-
voirs d'eau fur la terre : ils font bâtis, de bois ; ils raf-
femblent l'eau qui tombe des hauteurs voifines , & qui,
par des tuyaux coule fur des roues d'environ cent pieds
de circonférence , fuj; l'aiffieu desquelles fe roulent des
cordes à préfent de cuir; c'étoient autrefois des chaînes
de fer. Ces roues élèvent les métaux , la terre ck les
pierres des mines dans des corbeilles , des caiffes ou des
coffres. Auprès de chacune de ces machines il y a deux
logemens, l'un pour celui qui la gouverne fveeliyrarens,
& l'autre pour l'écrivain qui tient compte des corbeilles
que l'on tire. Ces machines font très-ingénieufes. On en
a l'obligation à Chriftophe Polhammsers, grand mécha-
nicien. Celles qui fervent à faire écouler les eaux dont
les mines fe rempliraient, font auffi très-belles. Avant
que l'on eût i'ufage des pompes , on emportoit l'eau dans
des facs de cuir ; ce qui demandoit un tems ck des pei-
nes incroyables. A préfent il y a telle mine d'où l'on
fait remonter l'eau par le moyen de dix-huit ou vingt
pompes.
Sur la terre il y a des bâtimens qui forment une es-
pèce de bourg ; dans les uns on garde les métaux jus-
qu'à ce que l'on puiflè les transporter aux forges où on
les prépare. Il yi a une affez belle chapelle , où, tous les
jours, à neuf heures du matin on fait la prière publique.
Lefénat, la cour de juftice , la chambre des comptes
ont leurs appartenons dans la maifon où eft la chapelle.
On trouve jusqu'à un hôpital , une prifon , des charpen-
tiers & des forgerons pour les outils néceffaires aux ou-
vriers.
Ces mines apportent un revenu confidérable au royaume
de Suéde.
2. KOPERSBERG ou Fahlvn , petite ville de
Suéde , auprès des mines dont elle prend fon premier
nom. Voyez l'article précédent.
KOPING ; ce nom veut dire marché & entre dans
la terminaifon de plufieurs noms de villes ou de bourgs
en Suéde. Tels font Falkoping , Ionekoping , Lidkoping,
Lindkoping, Nordkoping , Nykoping , Surderkoping.
KOPING , ville de Suéde, dans le Weftmanland ,
au nord du lac deMaler, au couchant de Wefteraas, &
au fud-oueft de Kongsor , maifon royale. * Robert de
Vaugondy , Atlas,
KOR .
KOU
KOPPAN, petite ville de la baffe Hongrie, au comté
de Zigetn, a neuf lieues d'Albe royale, du côté du midi.
KOPPEL , village de la baffe Hongrie , fur le Danube,
près de la ville de Bude. Sim 1er croit que c'eft la Cam-
pana de la baffe Pannonie , dont il eft parlé dans l'Iti-
néraire d'Antonin.
KOPPENHAGUE. Voyez Coppenhague.
KOPYS , petite ville de Lithuanie , au palatinat de
Msciflaw, fur la rive droite du Dnieper. Cette ville eft
bâtie de bois , fortifiée de murailles de bois, de tours ck
d'un château de bois , qui eft au milieu d'une haute col-
line ; elle eft à quinze mille pas d'Orffa ; elle appartient
à la maifon de Radzivil.
KOREISI , peuple d'Afie , dans IaTartarie, auxfron*
tieres de la Sibérie ck de la Chine. Il y a apparence, dit
Isbrand Ides, Voyage de la Chine , c. 29, qu'ils font
originaires de CoÉLA, qui n'eft pas fort éloigné 6k où
l'on peut fe rendre en fort peu de jours, avec un vent
favorable. On dit qu'ils vinrent d'abord habiter fur les
bords de l'Amur , ck qu'ils fe font étendus plus avant
dans la fuite. Ceux qui demeurent fur les côtes de la
mer, vivent de la pêche; ck ceux qui font plus avant
dans le pays , vivent de la ebaffe , dont ils s'enrichif-
fent , parce qu'on y trouve les plus belles pelleteries du
monde. Ce pays eft du reffort du gouverneur de Ja-
kutzkoi , qui fait tenir bonne garde dans les bois , pour
empêcher les Chinois d'y prendre des martres zibelines.
KORNBOURG, bourg d'Allemagne, enStyne, fin-
ie Raab, à trois milles d'Allemagne, des frontières de
la baffe Hongrie, au couchant, en allant vers Gratz ,
dont elle eft â fix milles ck à deux de Rackelsbourg, vers
le nord. Voyez Carrodunum 3. *Baudr. éd. 170^.
KORNEWBOURG, petite ville d'Allemagne, dans
la baffe Autriche , fur la rive gauche du Danube, à deux
milles d'Allemagne , au-deffus de Vienne au couchant.
Torftenffon, général Suédois, la fortifia en 1645. *Bau-
drand, édit. 1705.
KORNIK ou Swornick, bourg de Bosnie ; ilétoit
autrefois confidérable , & avoir fîx mosquées.
KOROM , bourg de la baffe Hongrie , fur le Danube,
vis-à-yis de l'embouchure de la Teiffe ; quelques-uns le
prennent pour la CoRNACUM de Ptolomée. * Baudr.
édit. 1701;.
KORSOÉ, ouKorsor, ou Corseur, petite ville
& fortereffe du Danemarck , fur la côte occidentale de
l'ifle de Séelande, fur le grand Belt, vis-à-vis de l'ifle
de Funen & de la ville de Nybourg, à quatorze lieues
de Coppenhague, au couchant! C'eft de fon port que
l'on fait d'ordinaire le trajet de l'ifle de Funen. Char-
les-Guftave,y aborda en 1658, lorsqu'il alla affiéger Fré-
déric III, roi de Danemarck, dans fa capitale. * Baudr.
édit. i-jo^.
KORSUM, petite place de Pologne, enWolhinie,
6c au palatinat de Kiovie , fur la rivière de Roff. Elle
fiât bâtie par le roi Etienne Battori, en 1581. Les Polo-
nois y furent défaits , en 1648 , par les Cofaques , félon
Baudrand , édit. 1705 ; elle eft préfentement aux Mosco-
vites. Il devoit dire qu'elle eft de l'Ukraine Polonoife ;
ck non pas de la Wolhinie. Elle eft au couchant , à neuf
milles Polonois de Czircaffi, & à cinq du Niéper.
KORTELIN, (le) pays fi tué dans le Petchéli, pro-
che la grande muraille de la Chine. Il eft divifé en
deux cantons qui font Turdéda-Chaley ou Dgélaïr. Ce
pays n'eft que des plaines ftériles. Les habitans, au lieu
de bois , brûlent de la fiente de vache Se de cheval. Ils
n'ont de l'eau que par le moyen de puits très-profonds,
qu'ils creufent en terre. Il y a cependant une rivière
dans le canton de Turbéda ôk dans celui de Dgélaïr. Ce
pays , du nord au fud, comprend environ quatre degrés,
ck s'étend fix lieues au nord du Haïtahan ; mais il n'a pas
plus de 3 d. 25' de l'eft à l'oueft. * Hijl. générale des
Huns , par M. de Guignes , t. 4, p. 236.
KORTY, groffe bourgade d'Afrique , au royaume de
Sennar , fur le bord du Nil. C'eft-là que les caravanes
quittent ce fleuve pour prendre entre l'oueft & le midi ,
& entrer clans le défert de Bihouda , afin d'éviter les
voleurs qui font le long de Nil , au-deffus de Korty.
*Poncet , Voyage d'Ethiopie.
KOSEL, Kossel, Cossla ou Cosla , petite
ville de Siléfie , au duché d'Oppelen , près de l'Oder ,
entre le petit Glogau ck Beuthen , en approchant de
677
Leschnitz, de Sosnicowitz ck de Roffental, vers la Po-1
logne. Cette ville eft forte ck accompagnée d'un châ-
teau. * Zeykr, Silef. Topogr.
KOSLOF ou Koslov, ville de la Crimée, avec un
bon port fur la mer Noire. Cette ville riche ck mar-
chande , eft fortifiée par une bonne muraille ck par des
tours. Elle eft peuplée de Turcs, de Tartares qui y ont des
mosquées. Les Juifs y ont une fynagogue. Les Ruffiens
pillèrent cette ville en 1736.
KOSSIR, COiSIR ou CHOSAÏR, Bérénice ; ville
d'Afrique, fur la côte occidentale de la mer Rouge, &
la plus méridionale de l'Egypte , à cent trente-fix lieues
au nord de Suaquem , latitude 26 d. 15'.
Cette ville, qui eft l'ancienne Bérénice, étoit autrefois
fituée deux lieues plus loin fur la côte ; mais faute d'un
port capable de recevoir le grand nombre de vaiffeaux
qui y arrivoient, on lui a fait changer de fituation. On
voit encore quelques reftes de l'ancienne ville, qui por-
tent le nom de vieux KoJJir. La nouvelle eft fort petite.
Les maifons font bâties de cailloux ck d'argille, ou fim-
plement de terre, ck couvertes de nattes, pour fe ga-
rantir du foleil , plutôt que de la pluie qui tombe rare-
ment. Leport eft fpacieux ; mais il eft incommodé par
k vent d'eft. Les vaiffeaux y font à l'ancre, entre la
côte ck quelques petits bancs de fable , contre lesquels
la mer fe brife. On a creufé, près de la ville, trois puits
qui fourniffent de l'eau aux habitans ; mais elle eft très-
mauvaife. Il ne croît ni fur la côte , ni dans la plaine,
ni (ur les montagnes, aucune forte d'herbes, de plantes ,
d'arbres ck de buiffons. Le fonds du terrein entre les
montagnes 6k la ville., n'eft que du fable mêlé de gra-
vier. On compte de Koflîr au Nil quatre journées.
* Journal de Caftro , Portugais.
KOSTROMA, ville de l'empire Ruflîen , dans le
duché de Susdal , fur la rive gauche du Volga , au-
deftous de Romanow."
KOTEN , bourg d'Allemagne , au cercle de haute
Saxe, dans la principauté d'Anhalt, fur une petite ri-
vière , à quatre lieues de Deffau ck de Bernbourg. * Bau-
drand, édit. 1705.
KOTNAR ou Kotinara, bourgade de la Mol-
davie , au nord de Soczova , fur la petite rivière de
Scifia , qui fe rend dans le Pruth. Ce lieu eft fameux
par les bons vins que produit fon terroir.
KOTO, royaume d'Afrique, dans la Guinée, fur la
côte des Esclaves. Il s'étend l'espace de feize lieues, le
long de la côte , depuis la rivière de Volta , qui eft à
l'oueft, jusqu'au cap de Monte, qui eft à l'eft, où il eft
borné par le royaume de Popo. Le terroir de ce can-
ton eft fablonneux ck ftérile, ne produifant que des pal-
miers ck des cocotiers fauvages. L'ufage des habitans eft
de voler des esclaves dans les pays intérieurs ; ils les
vendent aux Portugais, qui fréquentent beaucoup cette
côte. La capitale de cet état s'appelle Koto ou Kerku.
* Desmarchais , t. 2 , p. 4.
KOTRIS , lac ck torrent de l'empire Ruffien , dans
le duché de Roftow. Le lac , qui eft près de la ville de
Roftov, eft formé par le torrent, lequel le rend dans le
Wolga près de Jaroflow.
KOUCO , ville d'Afrique, dans la haute Guinée,
entre les rivières de Sierra-Leone ck deScherbro, fur
celle de Gamboas, à quinze lieues de fon embouchure,
fur la droite. Les chaloupes remontent jusqu'à cette
ville. * Côte de Guinée , par Bellin.
KOUCHT, ville de Perse, dont le terroir porte d'ex-
cellent bled ck de très-bons fruits. Elle eft à 83 d. 40'
de longitude, & à 33 d. 20' de latitude. *Tavernier,
Voyage de Perse , /. 3 , c. dern.
KÔUH DE Mavend, ville de Perse, à 74 d. 15'
de longitude, ck à 36 d. 1 ^' de latitude. C'etoit ancien-
nement une des plus grandes villes de tout le pays. Elle
eft préfentement fort petite. * Tavernier , Voyage de
de Perse , /. 3 , c. dern.
KOURS , ville d'Afie , fur la route de Van à Tauris ,
du tems de Tavernier , Voyage de Perse , 1. 3 , c. 3. Elle
appartenoit à uil Bey, tributaire du roi de. Perse, ck qui
demeurait dans un ancien château , éloigné de-là d'une
demi-lieue.
KOUSSAN. petite ville de l'Iraque-Arabe , à deux
lieues de Baydat. Elle a cent villages dans fon diftricL
* Manuscrits de la BihU du roi.
678
KRE
. KRU
KOUSSOUICH , bourg du Khoraffan , au feptentrion
& à l'occident de Foucherdge ; l'on y voit encore quatre
vieilles murailles, qui font les relies d'une fortereffe. * Ma-
nuscrits de la Bibl. du roi.
KOW , baie de Kow , dans la Jamaïque. Voyez
Ouatirou.
KREMNITZ. Voyez Cremnitz.
KREMPE , ville d'Allemagne , dans le Holftein.
Voyez Crempen.
i. KREMS ou Krembs , petite ville d'Allemagne ,
dans là bafle Autriche , fur la rivière gauche du Da-
nube, à deux milles d'Allemagne, au-deffous de Mé-
dont elle eft
KOWER, ville d'Afrique , dans le royaume de Bur- leck (Mcelch) , en descendant à Vienne .
fali , au nord de la Gâmbra , à trois milles de Joar, à douze milles , félon Baudrand.
dont elle eft féparée par une jolie plaine. Elle eft divifée *• KREMS ou Krembs- Munster , bourg & ab-
en trois parties , &C toutes trois lituées au pied de plu- baye d'Allemagne , dans la haute Autriche , lur une pe-
fieurs collines. La première &C la dernière font habitées tue rivière nommée Krembs. Taffillon , duc de Bavière,
par des Mahométans , & l'autre par des Jalofs ; cha- fonda cette abbaye, fous 1 empire de Charlemagne, après
cune n'a pas moins d'un mille de tour. C'eft la princi- que Ion fils aîné Gonthier , eue été déchiré par un fan-
pale ville de la Gambra, & la plus célèbre pour le corn- gher. Le pape Adrien y donna quelques reliques, entre
rnerce On y fait de très-bonnes étoffes de coton, autres , le corps de S. Agapit , de Prénefte , martyr. En
* Voyage deMoore. Carte de la Gambra, par Leach, 1731. 1626 , les paysans du haut de l'Ens pillèrent ce monaf-
KOWNO ville de Pologne , en Lithuanie, au pa- ïere. Le château de Krembjegg, qui appartient aux fei-
latinat de Troki, aux confins de la Samogitie , à l'em- gneurs de Grunthal, n'eft pas loin de-la. * Marc. Velfèr.
bouchure de la Villa, dans le Niémen , à huit milles Polo- ■ 5 Rer. Boicar. p. 321. Hundius , t. 1. Metrop. Sahs-
burg./o/. 293 ; OiAndr. Brunnern , part. 1 Annal. Boï-
nois de Troki , &C à treize de Vilna. * Baudr. édit. 1705.
KOY , ville de Perse , à 60 d. 40' de longitude , &
à 37 d. 40' de latitude , félon Tavernier , Voyage de
Perle , 1. 3 , c. dern.
KRAIBOURG, bourgade d'Allemagne ,en Bavière,
fur l'Inn , à fix lieues de Burckhaufen , du côté de l'oc-
cident. Quelques-uns la prennent pour Carrodtjnum.
Voyez ce mot, n°. 2. . ■
KRAIN , nom Allemand de la Carniole. Voyez
cor. 1. <j, p. 715.
KREMSIR , château d'Allemagne , dans la Moravie ,
fur la Morava : l'évêque d'Olmûtz y fait fa réfidence
ordinaire.
KREMSTEIN ou Krembstein , place de Bohème,
en Moravie. * Zeyler , Bohem. ïopogr. p. 107.
KREUTZBOURG, en Silène. Voyez Creutzberg.
KRItZEUiSA, bourgade de Ruine , à deux lieues
de la ville de Novogorod. Elle eft remarquable par un
fort beau couvent qui n'en eft éloigné que de iix cens pas.
KRAIOWICZE' ville de Pologne , dans le palatinat Quelques-uns le nomment Nachatim , & on l'appelle le
de Cujavie, près d'e Radzieiow.' Ce fut dans ce lieu pjus communément Knfieuija-Chutma-Spafof - Mona-
i 1 app>
M'iîladmw'l^krtek', roi de Pologne, eut une entrevue >>• Ce monaftere eft bien bâti, & encore mieux fitué;
avec le grand-maître de l'ordre Teutonique, au fujet de i' a un abbe & foixante moines , & quatre cents payfans
la ville de Dantzick, dont cet ordre s'étoit emparé, rk qui cultivent les terres qui en dépendent. Dutems d'O-
qu'il ne vouloir plus rendre à fon véritable maître, léarïus , Voyage de Mojcovie & de Perse, 1. 1 , il entrete-
* Joan Dlwofflttiû. Polonica, p. 917. noit cent hommes de la garnifon de Novogorod , au
KRAIS Voyez KREIS. lervice du Czar.
KRANOSTAU. Voyez Cranostav. KRIIZOW , petite ville de Lithuanie , dans le pala-
KRANOWIT Z , petite ville de la haute Siléfie , dans tinat de Mczilaw , fur le Lotz : c'étoit la patrie d'Escu-
la principauté de Troppau, entre Ratibor & Troppau. lape; on la nomme Stanchio ; aujourd'hui fa ville capi-
* Zeyler Silef. Topogr. p. 155. taie porte le même nom ; elle eft épiscopale & défendue
KRAPPITZ , petite ville de Siléfie , fur l'Oder , à la par une bonne fortereffe. Pline dit , que cette îfle a porté
ionftion de la rivière de Breunick , au duché d'Oppelen , le riorh de Merope , Meropis & Nymphée , & qu'elle a en-
en tirant vers la ville de ce nom , & vers Falkenberg. viron cent mille pas de circuit , qu'elle n eft éloignée de
* Zeyler, Silef. Topogr. p. 156. la côte d'Afie, que de quinze milles. Strabon dit que
KRASNOBROD , village de Pologne , dans le païa- fa capitale fe nommoit Afiypalee , & enfuite Cos. Thé-
tinat de Lublin. Il eft fitué en un espace découvert au venot & plufieurs voyageurs parlent d'un arbre qu'il
milieu d'une forêt , à trois lieues de Chebrechin , & re- y a dans cette ville , dont les branches font d'une fi
nommé par le combat que Jean Sobieski , alors grand- grande étendue, que deux milles perlonnes y peuvent
être à l'ombre. Voyez COS.
KRIKÉ, province d'Afrique. Elle confine, du côté du
couchant, à celle de Moco. On y entre en remontant
de Rio-real , à vingt milles ou environ de la côte. * De
la Croix , Relat. de l'Afrique, t. 3.
KRIKS (les) nation fauvage de l'Amérique fepten-
trionale , au nord de la Nouvelle France. Voyez KiLiS-
TINONS.
KRIMENDA. Voyez Crim.
KRIMSKI. Voyez Crimée.
KRINOCK , bourg d'Ecoffe , fur un petit golfe de
maréchal' , & depuis roi de Pologne , y donna aux Tar-
tares, dans les bois des' environs , deux ou trois ans avant
fon élection. Il les mena battant, au travers de ces forêts,
jufqu'à à Komarnouf , où ils crurent être à couvert de
l'étan" de cette ville , qui paroît un lac &£ un bras de
mer,°plu,ot- qu'un étang; mais Sobieski les y alla cher-
cher', traverfa cette pièce d'eau , fous la conduite d'un
guide qui lui en montra l'endroit guéable, & les pouffa
au-delà du Nieller. C'étoit dans le tems que le roi Michel
l'avoit proferit , & qu'il avoit convoqué contre lui Par-
riere-ban , qui le trouva de quatre-vingt mille chevaux^
■nforte qu'il l'avoit enfermé entre ce corps de nobleffe même nom , dans la partie occidentale. C'eft le paffage de
& les Tartares ; mais une fi périlleufe fuuation ne l'é- la pofte & du pakebot de ce royaume , en Irlande. Son
tonna pas II chargea les Tartares qu'il avoit en tête; & port eft bon; il eft à l'abri des montagnes qui l'envirow-
après s'en' être débarraffé en trois batailles fanslantes , il nent, & d'un grand mole, le long duquel les barques & les
tourna contre le roi Michel & contre fon arriere-ban , vaiffeaux fe rangent pour fe charger & fe décharger plus
qu'il fit reculer jufqu'à douze lieues au-delà de Warfovie. facilement. * Corn. Did. Jouvin de Rochefort , Voyage-
Le bois où eft le village de Krasnobrod , s'étend encore d'Angleterre.
une lieue plus loin ; ci à l'entrée qui eft de ce côté-là , KRU MI AU ou Crumiau. Voyez Cromiau.
on a bâti un hofpice de Dominicains, avec une chapelle KRUMLOW. Voyez CruMLAV.
dédiée à S Hyacinthe, où l'on voit des reliques de ce KRUMMENAU, village de Suiffe , dans le Thour-
faint & une ima^e miraculeufe de la Vierge. * Mémoires thaï , qui fait la partie lupéneure du Tockenbourg. * Etat
du chevalier de Beaujeu , p. 218. & Dil.de la Suffit , t. 3 ,p . 316. *■
KRASNOYARCK , ville de l'empire Ruffien , dans KRUSWICIv , petite ville & chatelleme de Pologne ,
laSibérie,& province de Jénifcéa. Elle eft fur la gauche dans_ la Cujavie , au palatmat de Brzescie > fur le lac
de la Jénifcéa ", 50 lieues au-deffus de la capitale.
KREIS ou Creiss , étendue de pays , en Allemagne ,
quenous exprimons par le nom de cercle. Voyez CERCLE.
KRE1SS , ou Kreitz , ou Creitz, ou Creutz,
comté de Hongrie , dans l'Efclavonie ; le chef-lieu fe
nomme Crtut^ ou Saimt-Croix. Voyez Creutz,
de Guplo. Miecisla-w I y fonda , l'an 966 , un évêché
qui fut transféré enl'uite à WladislaV. C'étoit la patrie
du fameux Piaft , qui n'étant qu'un fimple laboureur,
ou tout au plus Un bourgeois de cette bourgade , fut
élevé fur le trône. * Hubner , Geogr.
Auprès c\f £.r»«'"»i oO «" rM*yi -■• 1 P0-
KUB
piel Iï , ftirnommé le Chauve ; ce malheureux prince
s'étoit abandonné à la débauche ; & (a femme , qui avoir,
fes vues , en l'y entretenant , gouvernoit &. s'approprioit
toute l'autorité royale. Elle s'apperçut que le peuple mé-
content de fa conduite, penchoiten faveur de deux oncles
de Popiel ; un mari de ce caraftere n'étoit pas difficiles
gagner; elle lui repréfenta que s'il n'affuroit pas la cou-
ronne aux deux enfans qu'il avoit eus d'elle , lés oncles
les fupplanteroient. Les deux oncles furent empoifon-
nés ; & ce prince ayant pouffé l'inhumanité jusqu'à leur
refufer la fép'ulture , il s'engendra de la corruption de
leurs cadavres des rats extrêmement gros, & en fi
grande quantité que le palais en fut inondé. Etonné
de ce prodige , &t voulant éviter la morfure de ces
bêtes, _ Popiel & fa femme firent allumer des feux au-
tour d'eux , ni cet expédient ne leur reuffit , ni l'eau
même du lac de Guplo ne les mit à l'abri du danger :
ces bêtes n'en vouloient qu'à eux feuls. On les vit tra-
verfer le lac , & chercher leur proie jusqu'au milieu des
gardes , qui vouloient les empêcher d'en approcher : le
lupplicefut cruel ; & il le fut d'autant plus pour Popiel,
qu'avant que d'expirer , il fut témoin de la mort de fa
femme, & de celle de fes enfans. Piaft, dont nous ve-
nons déparier, fut élu après lui, Sr. devint la tige d'une
maifon royale , dont la mémoire eft encore en véné-
ration. * Le Laboureur , Voyage de Pologne , Dlugoff,
p. 76. Çromer , p. 38.
1 . KRYLOW , bourgade de Pologne , au palatinat de
Belz , fur la rive gauche du Boug , au-deifous &C au nord
occidental de Belz , au midi d'Irodlaw. *Robeut de Vau-
gondy , Atlas.
2. KRYLOW , autre bourgade de Pologne , dans une
petite ifle , que forme la rivière de Czehrin , en tombant
dans le Boryfthène, au midi de Czehrin-Dabrowa , en
Ukraine , au palatinat de Kiovie. *Robert deVaugondy,
Atlas. Baudrand en fait deux villes.
KRYNAW , juftice en Suiffe. C'eft une des commu-
nautés dépendantes du bas Tokenbourg. *Etat & Délices
de la Suiffe, t. •$ , p. 32L
KRZÉMIENIEC , ville & châtellenie de Pologne,
au palatinat de Volhinie. Elle eft fur le penchant d'une
colline , qui s'étend jufqu'à la rivière d'IlCwA, &c eft com-
mandée par un château bâti fur le fommet. *D'Audifret ,
Géogr. hift. t. 1.
KUBAN ou Kouban, rivière d'Afie, dans la Tar-
tarie. Elle a fa fource dans la Mingérlie, dans la partie
du mont Caucafe , que les Rufiiens nomment Turki-Gora ;
de-là, coulant d'orient en occident , elle vient tomber
dans la mer de Zabache, à 45 d. ts;' de latitude, en^
tre Taman qui eft fur le détroit , & Afow qui eft à l'autre
extrémité de cette mer. On croit que c'eft la même ri-
vière , appellée Copa. * Voyez VHiJl. des Tartares, p. 474.
KUBANS ou KoUBANS , (les) peuple Tartare, qui
habite le pays fitué au fud d'Afo-w, & à l'orient de la mer
de Zabache. Ils prennent leur nom de la rivière dont ils
occupent les bords. C'eft une branche des Tartares de
la Crimée , & ils étoient autrefois fournis au Kan de
cette presqu'ifle ; mais il y a bientôt cinquante ans qu'ils
ont leur Kan particulier , qui eft de la même famille que
celui de la Crimée. Il ne reconnoît point les ordres de
la Porte , & fe maintient dans une entière indépendance
de fes voifins. Quoique ces Tartares occupent quelques
méchants bourgs & villages, le long de la rivière de Kou-
ban , la plus grande partie d'entr'eux vit fous descentes ,
vers le pied des montagnes du Caucafe , où ils vont cher-
cher un afyle , lorfqu'ils fe voient trop prefles par les
puiffances voifines. Ils ne fubfiftent absolument que de
ce qu'ils peuvent piller & voler fur leurs voifins, de quel-
que nation , qu'ils puifTent être ; ils font même des cour-
fes jufqu'au Wolga , &j,le paffent fouvent en hyver , pour
aller (urprendre les Kalmouks & le Tartares de Nagaï.
Pour alTurerle royaume de Calan contre leurs invafions,
Pierre I, empereur de Ruffie, fit élever ce grand retran-
chement, qui commence auprès de Zaritzalur leWolga,
êf. vient aboutir au Don, vis-à-vis la ville de Tivia. Ils
ne différent en rien des Tartares de la Crimée , excepté
qu'ils ne font pas tout- à-fait fi aguerris , & qu'il y a moins
d'ordre &c de fubordination parmi eux. Les Turcs les mé-
nagent extrêmement , parce que c'eft principalement par
leur moyen qu'ils fe foumiflent d'esclaves Circaffiennes,
KUC 670
Géorgiennes & AbaiTes, qu'ils recherchent fort ; &c ils
craignent qu'en cas qu'ils voulurent les pouffer trop , ces
peuples ne fe miffent fous la proteftion de la Ruffie ; ce
qui incommoderoit beaucoup les provinces voifines'de la
Turquie. * Hijl. des Tartares, p. 474.
Lorsque les Tartares de Crimée font menacés de quel-
que grande tempête, ou qu'il s'agit de quelque grand coup
à faire , les Tartares Koubans ne manquent pas de leur
prêter la main. Ils peuvent faire environ 40000 hommes
tout au plus.
KUBESCHAH , grand village fitué au nord des
Chaïtaki , & proche les Cara-Chaïtaki , fur une mon-
tagnequi eft environnée de plufieurs autres , qui font très-
élevées &T. presqu'impraticables. Comme il n'y a qu'un
feul chemin , & même fort étroit , pour arriver à ce
village , il paiTe pour la plus forte place de tous ces ter-
ritoires. Les vallées, qui fe trouvent entre les montagnes,
font cultivées ; mais elles foumiflent peu de bled.
Les habitans de ce village fe nomment Frcencks , nom
que les Orientaux donnent aux Européens. Ils prétendent
que leurs ancêtres fe font établis en ce lieu , il y a plus
de mille ans ; mais ils ne favent comment &. pourquoi.
Ils préfument , cependant, que c'étoient des marchands,
qui trafiquoient par mer , qui firent naufrage fur ces côtes,
& s'y établirent , n'ayant plus de vaiffeaux pour regagner
leur pays. Quelques lettrés , parmi les Perfans & les Cad-
fchy , difent qu'autrefois les Grecs & les Génois faifoient
un grand commerce fur la mer Cafpienne , & que plu-
fieurs d'entr'eux s'y établirent pour travailler aux mines,
qui font dans ces montagnes , d'où ils tiroient de l'ar-
gent du cuivre & d'autres métaux , qu'ils employoient à
toutes fortes d'ouvrages ; que divers peuples des envi-
rons fe joignirent à eux pour travailler , & pour parti-
ciper à leurs profits ; mais que ces mines & ces fabri-
ques ayant été ruinées par les Tartares , ces différens
ouvriers fe retirèrent à Kubefchah, qui eft fortifié par
la nature , & s'y font conservés depuis ; ce qui paroît d'au-
tant plus vraifemblable , qu'ils font tous artiiàns rk ou-
vriers. Ils fabriquent de très-bonnes armes à feu , les
ornent de divers ouvrages d'or Se d'argent. Leurs fabres
& leurs cuiraffes paffent auffi pour très-bons. Ils font en
outre de fort beaux ouvrages d'orfèvrerie, & on leur envoie
de tous côtés de l'or & de l'argent pour le travailler.
Ces ouvrages ne font cependant pas comparables à ceux
d'Europe. Ils ont dans leur village plufieurs pièces de
canon , depuis une livre de calibre , jufqu'à trois: ils bat-
tent des monnoies d'argent femblables à celles de Tur-
quie & de Perfe ; &c l'on dit qu'ils ont même déjà com-
mencé à battre des roubles. Ces monnoies font de bon
argent, ont le poids requis ; enforte qu'il a cours. Tous
les habitans de ce village font riches. Leur langue eft par-
ticulière , & n'approche d'aucune autre. Ils font Maho-
métans-Sunni. Ce peuples toujours été libre, & s'efl
toujours gouverné par fes propres loix. Tous les ans ils
élifent douze anciens d'entr'eux, auxquels ils obéiffent ,
& qui prononcent fur tous les différends qui s'élèvent
entr'eux : comme ils font tous égaux , chacun d'eux
parvient à fon tour au gouvernement. Ils font fujets de
la Ruffie, depuis 1715, que leurs anciens firent hommage à
l'empereur ; mais ils ont toujours confervé leurs privi-
lèges , & ne payent aucun tribut ; 8c l'on ne fonge pas
à les y forcer , parce qu'on auroit peine à en venir à bout,
leur pays étant inacceffible. Le Daud-Beg , lors de la
rébellion , voulut fe rendre maître de leur pays ; mais ils
vinrent à fa rencontre, & pointèrent leurs canons fur fes
gens dans le défilé , lui tuèrent tant de monde qu'il lâcha
bientôt prife , &c rechercha leur amitié à force de pré-
fens ; ils font tous fi attachés à leur liberté, que, pour la
conferver, ils perdroient tous la vie. Ce font d'ailleurs
de fort bonnes gens, fort doux & paifibles.
Le Schamchall, l'Asmey, leSurchai, Si autres princes &
regens de ces cantons, s'aflembloient ordinairement en ce
lieu, comme dans un pays neutre, lorsqu 'ilsavoient quelque
différend , & venoient les y difeuter. Beaucoup de gens
y apportent leurs biens en rems de guerre , comme en
un lieu sûr. Le Surchai , entr'autres y a (on tréfor , qu'on
dit être confidérable. * Cet article efl tiré de la D-.fcription
des peuples [uués à l'occident de la mer Cafpienne , faite
fur les lieux', par M. Garber, officier au fervice de la Ruffie.
KUCHEL , bourgade d'Allemagne , en Bavière , fur
68o
KUM
KUP
la rivière de Saltz , dans l'évêché de Saltzbourg , à cinq
■lieues de Saltzbourg ; on la prend pour l'ancienne Cu-
CULL,E OU CUCULLI.
Kl/CHING, ville delà Chine, dans le Pékéli , au
département de Hokien , troifiéme métropole de cette
province. Elle eft de 51 d. plus occidentale que Pékin ,
fous les 37 d. 56' de latitude, à huit lieues d'Uçin, &
eft arrofée,au nord, des eaux du fleuve de Guei. Elle a
plus de deux heures de circuit , Si lés murailles font hau-
tes Si épaifles. Ses bâtimens font magnifiques, & un de
{es fauxbourgs eft très-peuplé. Les campagnes , dont elle
eft environnée , font plates 6c très-asréables. La rivière
eft bordée de beaux villages où l'on fait un grand négoce
de toiles de coton. * Atlas Sinenfis. Corn. Dift. Si Ara-
baffades des Hollandois à la Chine.
KUDACH, fortereffe de Pologne, dans l'Ukraine,
au palatinat de Kiovie, fur la rive droite du Boryllhène,
qui y reçoit la Samara, vers lesPoroùis ou chutes du Bo-
ryfthène , aux frontières de la petite Tartarie. Elle fut for-
tifiée par les Polonois , en 1637, pour empêcher les cour-
fes des Cofaques fur la mer Noire ; mais peu de tems
après, ces derniers s'en rendirent maîtres ÔC égorgèrent
la garnifon. * Baudrand, édit. 1705.
KUFA. Voyez Cufa.
t KUFSTEIN ; Zeyler , Tirol , Sic. Topogr. p. 14^ ,
écrit Kop/Jlein Kucjdem ; place forte d'Allemagne, au Ti-
rol, fur la droite de l'inn. Eile eft petite, mais jolie Si très-
forte, environ a huit milles d'inspruch, aux frontières
de la Bavière Si du Tirol. Il y a le château . nommé Gc-
ro/liegg , qui pafle pour imprenable , il eft bâti fur le
roc, au-deftus de la ville qu'il commande, Si l'on n'y
peut monter que par une avenue unique. Après la mort
de lafameulè Marguerite de Maultafch , duchefle de Ca-
rinthie,Si comtefle duTirol, fa fucceffion , qu'elle avoit
donnée fucceffivement aux maifons de Bavière Si d'Au-
triche , caufa des troubles qui furent appaifés en 1 360 ,
par l'empereur Charles IV. Les Bavarois gardèrent Kytz-
bihel , Kufftein Si Rattenbourg. Mais en 1504, l'empe-
reur Maximilien reprit Kufftein , & le rejoignit au Ti-
rol. Cependant ce château fut pris en 1703. Le 18 Ju;n ,
le commandant c!e Kufftein ayant fait brûler le rauvbourg,
aux approches d'une armée commandée par l'élefteur
de Bavière , le feu ie communiqua à la ville & enfuite à
une tour du château. La garnifon qui n'étoit que de trois
cents hommes étant occupée à l'éteindre , le château fut
furpris. L'empereur s'en eft reffaifi après les disgrâces de
Félefteur. Ce lieu donne le titré de comte à une maifon
d'Allemagne. * Corn. Dift.
KUGANG, ville de la Chine, dans le Pékéli, au
département de Pékin. Elle eft de 15' plus orientale
que la capitale, fous les 39 d. & demi de latitude.
* Atlas- Sinenfis.
KUIGAN , (le pays de) eft une province particu-
lière du pays de Carafme , au nord de la rivière de Ko-
heiell Si du pays de Bakirgàn. Elle s'étend jufqu'aux fron-
tières des Cara-Kalpakks Si des Callmouks , Si ne con-
fifte, pour la plus grande partie , qu'en plaines , dont les
pâturages feroient fort bons, s'ils étoient fuffifamment
fournis d'eau ; l'herbe , à la vérité , y vient très-haute ;
mais elle féche au point qu'elle n'eft plus propre à rien.
Au printems les Tartares y mettent le tèu , Si la flamme
s'étend dans toutes les plaines des environs, à plus de
cent lieues à la ronde, incontinent après la nouvelle herbe
poulie avec tant de force , qu'en moins de quinze jours,
elle a plus d'un empan de hauteur ; ce qui prouve la
grande fécondité de ce vafte pays. * Hiji. généalogique
des Tatars , p. 708.
KULP ou Ktjlpe, (la) en latin Colapis, rivière
du royaume de Hongrie , dans la Croatie ; elle a fa
fource dans le Windilchmarfch, en Carmole , vers Bu-
cariza, jufqu'où s'étendent les montagnes des Alpes que
cette rivière borne, d'où, courant au levant d'été, elle
pafle à Metling , Se de-là à Carloftadt en Croatie ; après
quoi, s'étant accrue de quelques autres rivières, elle le
rend dans la Save à Craftowitz , un peu au-defîus d'A-
gram, & aux frontières de l'Efclavonie, félon Lazius Si
autres. *Baudr. édit. 1705.
KUMBO ou Kombo , royaume d'Afrique , au fud de
la Gambra, Scie plus voifin de Ion embouchure. Il s'é-
tsnd depuis le cap Sainte-Marie, jusqu'à la rivière de Ka-
batâ, l'espace de onze lieues. Il n'y a de remarquable
que Kabata , comptoir Angiois. Voyage de Moore. Carte
de la Gambra , par Jean Léach , 1732.
KUMKALA , petite ville (ïtuée , au milieu du Cha-
rasm, au nord de la ville d'Ualir. Elle ne mérite aucune
eonlidération. * Hiji. généalogique des Tatars , p. 721.
KUMKANT, petite province du pays de Charasm,
à l'orient de celui de Gordisch , vers la rive feptentrio-
nale de la rivière d'Amù. C'eft fur les confins de cette
petite province Si du pays de Gordifch , que l'Amii fe
partage en deux bras, vers les 88 d. 30' de longitude.
Hijt. généalogique des Tartars , p. 572.
KUiviUKIS , (les) habitent une vallée fituée en-
tre de hautes montagnes , Se ont les Chafficks au levant.
Leur territoire n'eft pas grand , Si n'a que peu de villages,
tout près les uns des autres. Ces peuples font Mahcmé-
tans , Si parlent la langue Kumuke ; ils font fournis à
un chef nommé Sutai-Beg, lequel ne dépend de per-
fonne , ils cultivent les terres ëi ont des troupeaux; ils
font fort tranquilles dans leur territoire, Si ne font mal à
perfonne. Lors de la rébellion , le Daud-Beg Si le Surchai
invitèrent le Sutai-Beg à fe joindre à eux , &, pour l'y
eni.a er, lui prélènterent l'appas du pillage ; mais il leur
répondit qu'il étoit content de ce qu'il pofledoit , &C
qu'il n'avoit pas befoin du bien des autres ; enfin il de-
meura tranquille. Lorfque le nom de Kumuki ie prend
en général, on entend auffi les Légis, 6i une panie des
Dagiftans ; Si pour diftinguer ceux dont il eft queftion ,
il faut les nommer les Kumukis qui appartiennent au
Sutai-Beg. * Descriyt.on des peuples Occidentaux de la
mer Caspienne , faite fur les lieux par M. Garber ,
officier au fervice de la Ruffie.
KUNDORF , château & bailliage d'Allemagne , au
comté de Henneberg, entre la Thuringe Si les pays de
Heilè , de Wurtzbourg Si de Cobourg. *Hubner, Géogr.
p. 48s.
KUNGCHANG , ville de la Chine, dans la province
de Sucliuen , au département de Siucheu , quatrième mé-
tropole de cette province. Elle eft de 12 d. 18' plus oc-
cidentale que Pékin, fous les 28 d. 44' de latitude.
Atlas Sinenjîs.
1. KUNGUR, rivière d'Afle , dans la Tartarie Chi-
noife , au royaume de Cafan , à l'orient de la Kama.
Ses bords font habités par les Tartares , Uffinski ou Tar-
tares d'Uffi , entre la Pufawaya Si l'Uffa. Son cours eft
d'orient en occident , Si elle va fe jetter dans la Kama.
* Isbrand-Ides , Voyage de la Chine , c. 29.
2. KUNGUR, ville de l'empire Ruffien, fur la ri-
vière de même nom. Le Czar y entretient garnifon.
^ KUNIGSPERG. Voyez Konigsberg.
KUNITZ , village de Suiffe , à une bonne lieue de
Berne. Il comprenoit autrefois cette ville dans fa paroiffe,
ou du moins le lieu où elle eft. Il fut donné, il y a quel-
ques fiécles , aux chevaliers de l'ordre Teutonique , qui
le pofledent encore, Si qui en ont fait un petit bail-
liage , dont ils font obligés de donner l'adminiftration à
un bourgeois de Berne. La charge de ce bail 1 i f eft à vie,
s'il le veut; mais pendant qu'il la poffede, il ne peut
point entrer dans l'état. * Etat & Délices de la Suiffe t
t. 2, p. 164.
KUNLIEN , ville de la Chine , dans la province
de Suchuen , au département de Siucheu , quatrième
métropole de la province. Elle eft plus occidentale que
Pékin, de 12 d. 45', parles 28 d. 13' de latitude.
* Allas Sinenfis.
KUNOW , bourg de la haute Pologne , au palatinat
de Sendomir , à quinze lieues de Sendomir, vers le nord.
Elle eft fameufe par les carrières de marbre , qui font
dans fon territoire. * Baudr. édit. 1705.
KUPFERBERG ; ce mot eft allemand , & fignifie
une montagne , où il y a une mine de cuivre. C'eft le
nom particulier de quelques villes ou bourgs.
1. KUPFERBERG , petite ville de Silélie , au duché
de Jauer, fur le Bober. * Zeyler, Silef. Topogr. p. 154.
2. KUPFERBERG. Voyez Kopersberg , ville de
Suède.
3. KUPFERBERG, bourg d'Allemagne , en Thu-
ringe . au comté de Mansfeld , furja "Wipper.
4. KUPFERBERG, bourg d'Allemagne , en Fran-
conje , dans l'évêché de Bamberg. Ce bourg a été
presque
KUR
KUT
presque réduit en cendres, dans le mois de Novem-
bre 1756.
KUPPENHEIM, petite ville d'Allemagne, dans le
cercle de Suabe, fur la rivière de Murg , au-deffus de
Raftat. Elle eft- comprife dans le haut margraviat de
Bade. * D' Audifrcl , Géogr. t, 3. Robert de Vaugondy ,
Atlas.
KUPRULIH, c'eft- à-dire la ville du pont, ville de
Grèce , dans la Macédoine. On y voit, au rapport d'E-
douard Brown , voyageur Anglois , une fort grande ri-
vière, que l'on nomme PJînia, fur laquelle eft bâti un
fort beau pont , qui apparemment a fait donner à la ville
le nom qu'elle porte.
KUR ; rivière d'Afîe , la même que le CYRUS des
anciens. J'en ai déjà parlé fous ce titre. Le P. Avril,
Voyage d'Europe , d'AJîe, &C fe contente de la décrire
ainfi ; elle a fa fource dans la Géorgie ; &c après avoir
arrofé diverses campagnes , elle porte l'abondance dans
plufieurs villes, et enrichit le pays par la quantité d'es-
turgeons que l'on y pêche ; ensuite de quoi elle va fe
décharger dans la mer Caspienne. Chardin , 1. 1, p. 95,
dit que le fleuve Kur a fa fource dans le mont Caucafe,
à quelques douze lieues du bourg d'Acalziké , & qu'il
y paffe. Ce fleuve le mêle avec YAras ou Araxe, avant
que 'd'entrer dans la mer Caspienne. J'ai parlé de leur
jonction à l'article de cette autre rivière. Voyez auffi
l'article Cyrus.
KURAB , petite ville de Perse, fituée à demi-lieue de
la mer Caspienne , & presque cachée dans fes arbres.
Quelques-uns l'appellent Kesker , du nom de la province
dont elle eft la capitale. Voyez Kesker. * Oléarius ,
Voyage de Perse , /. 6.
KURjEIS, (nation des) fituée près dufleuveSa-
mara , au couchant. Le territoire qu'elle habite eft con-
tigu à plufieurs hautes montagnes, entr'autres, à celle de
Gattun-Kull. Il y a environ dix ou douze villages fitués
près les uns des autres. Les Kurads font Mahométans ,
parlent la langue Lesgine , &c favent un jargon compofé
du Tartare & du Turc. Chaque village a fon ancien ;
mais ce n'eft que pour la forme ; on ne lui obéit en
aucune manière quelconque , & chacun n'a pour loi
que fà volonté. Us font étroitement liés avec les Ku-
rœli. Ces peuples ne cultivent point la terre , fck n'ont
point de troupeau ; ils ne fubfiftent que de vols & de
pillages. Ils vont continuellement, en petits partis, rava-
ger les territoires voifins où ils enlèvent tout ce qu'ils
rencontrent , chevaux , beftiaux , brebis , &c. Lorsqu'on
peut les attrapper, on ne leur fait aucun quartier; on leur
tranche la tête fur le champ. Ils font, en général, bien
montés, bien armés & téméraires. Ils ont été déjà ruinés
«ne fois, par ordre du Schah ; mais ce fut avec beaucoup
de peines & de fatigues. Ils revinrent bientôt rebâtir leurs
maifons , &c ont recommencé leur métier. Lorsqu'on
leur publia qu'ils étoient fujets de la Ruflie , en confé-
quence du traité fait entre cet Empire ôc la Porte , &c
qu'on leur commanda de comparoître , pour prêter Iè
ferment de fidélité , il en parut beaucoup auxquels
on préfenta les articles , fur lesquels ils dévoient jurer.
3° Qu'ils gardaffent la fidélité due à leur fouverain ;
a0 qu'ils euffent à s'abftenir de vols &£ de briganda-
ges, &c. Ceux qui habitoient le plus près des frontières
du territoire , prêtèrent le ferment ; mais les autres
refuferent , difant que le vol étoit leur champ &c leur
charrue ; que c'étoit de vols que leurs ancêtres avôient
fubfifté , & qu'ils n'avoient hérité d'eux que de vols ;
que ce que chacun d'eux poffédoit étoit volé ; qu'ainfi
ils feroient réduits à mourir de faim fous la domination
de la Ruflîe ; qu'on fit enfin d'eux ce qu'on voudrait ;
mais qu'ils fe défendroient , aimant mieux mourir en
braves gens, que de périr de faim. Etant ensuite re-
montés fur leurs chevaux, ils prirent la fuite. On les a,
depuis cetems, laiffé tranquilles. * Description des peu-
ples Occidentaux de la mer Caspienne , faite fur les lieux,
par M. Garber , officier au fcrvice de la Ruffie.
KUR-fELI, (les) habitent près de Tabaffaran, dont
i ils font féparés par des montagnes qui les bornent au
levant. Leur territoire s'étend, du côté du midi, jusqu'au
fleuve Samura ; & du côté du couchant, jusqu'au pays
des Kurasis , &c n'eft qu'à quatre lieues de la mer Cas-
pienne. Il contient , à-peu-près , vingt villages qui font
fitués fort près les uns des autres , entre les fleuves Sa-
68
mura & Jasgerei. Ils parlent un mélange de Turc & de
Tartare, & ont outre cela une langue particulière, qu'on
appelle Lesgine. * Description des peuples Occidentaux
delà mer Casphnne, faite fur les lieux , par M. Garber,
officier au fervice de la Ruffie.
KURBALI, rivière d'Afrique, dans laNigritie. Elle
prend fa fource au royaume de Cabo , d'où , prenant
Ion cours au fud-oueft , elle paffe au village deKurbali,
ou elle fe perd dans la rivière de Geves. Ses bords font
fort unis des deux côtés , & cultivés avec beaucoup de
foin ; mais les habitans font obligés de veilkw nuit &
jour, pour garantir leuts plantations des éléphans rk des
chevaux marins. Parmi ces habitans il y a grand nom-
bre de Portugais qui font un commerce confidérable par
le fecours de leurs gromettes. * Voyage de Brue en.
Afrique, en 1701.
KURDES, (les) (a) font originaires de ces hautes
montagnes, qu'on trouve aux environs de la Géorgie.
On prétend que le nom de Kurds, qui fignifie loups, leur
Vient de ce que leur pays eft rempli de cette espèce d'a-
nimal. Us étoient autrefois divifés en différentes hordes,
parmi lesquelles étoient celles des Ravadiens, des Ké-
kânens & autres (1>). Us obéiffent à plufieurs pefits fou-
verains qui prennent le nom de Bey, parmi lesquels celui
'de Breths eft le plus puiffant : il peut mettre jusqu'à
vingt-cinq mille chevaux fur pied. Us fe mettent tantôt
fous la proteftion du Turc , tantôt fous celle des Per-
fans, félon que leurs intérêts le demandent, & aucune
de ces deux puiffances ne les a encore affujettis , parce
que les détroits, dont leur pays eft jempli , en rend la
conquête difficile. Us font bons cavaliers, affez braves,
lnais fort brutaux ; ils font Mahométans, fans avoir ni
Mulhas ni mosquées, excepté dans deux ou trois villes (c)„
Us font pafteurs; & lorsque les pâturages leur manquent
dans un endroit, ils vont dans un autre. Ce font les fem-
mes qui ont foin^ des troupeaux ; les hommes s'occu-
pent à fuivre & à piller les caravanes. Leurs pavillons
font de grandes tentes d'une espèce de drap brun foncé,
fort épais & fort greffier. L'enceinte eft un quarré long,
fermé par des treillis de canne, de la hauteur d'un homme,
tapiffé de bonnes nattes en dedans. Pour décamper, ils
plient leurs maifons comme des paravents , &c les char-
gent avec leurs uftenfiles & leurs enfans fur des bœufs &
des vaches. Leurs enfans font presque tout nuds. Us ne
boivent que de l'eau de glace ou du lait bouilli à la
fumée de bouze de vache,que l'on amaffe avec foin. Les
hommes ont grand foin de leurs chevaux , & n'ont que
des lances pour armes. Les femmens vont, partie fur des
chevaux , partie fur des boeufs ; elles font fortes &c vi-
goureufes , mais fort laides. Ces peuples , dans l'été , fè
répandent le long du Tigre &C de l'Euphrate ; en hiver,
ils rentrent dans le Kurdiftan. (a) Hiftoire générale des
Huns, t. 2, Ie partie p. 161. (b) Hift. généalogique des
Tatars , p. 35. (c) M. de Tournefort. Voyage du le-
vant, lettre 18. , t. 11.
^KURDISTAN, (le) eftfitué à l'eft du Tigre, &c
s'étend depuis les bords de cette rivière, jusqu'à trois
journées de la ville de Tauris. Il a au nord la province
d'Aran , qui eft de la Perse ; le gouvernement de Bag-
dad, qui eft de la Turquie, au fud. Ce pays eft rempli
de montagnes ; il produit cependant , même en abon-
dance , ce qui eft utile à la vie. Les montagnes font cou-
vertes de noyers , de chênes , qui portent les meilleurs
noix de galle , qui viennent du levant ; &C les plaines
produifent le meilleur tabac du monde. Il y a des vignes
en abondance. * Hifloire généalogique des Tatars, p. 3 ^5.
KURGAN, (le) rivière d'Afie: elle a fa fource
dans la province de Khorafan, vers les 85 d. de longH.
tude , & les 3 5 d. de latitude , au nord des montagnes,
qui régnent dans la partie méridionale de cette pro-
vince. Le cours de cette rivière eft vers le nord-oueft ;
&, après avoir ferpenté pendant quelque rems dans la
province de Khorafan , elle fe jette dans la province
d'Aftrabath , à travers les montagnes qui féparent ces
deux provinces , & vient enfin fe dégorger dans la mer
Caspienne, à l'oueft de la ville d'Aftrabath , après un
cours d'eavirori foixante lieues d'Allemagne. Cette ri-
vière eft fort poiffonneufe , & {es eaux font les meil-
leures qui fe trouvent en ces quartiers ; auffi les can-
tons qu'elle arrofe dans le Khorafan, font-ils comme le
paradis de cette province; mais dans celle d'Aftrabathj
Tome M, R r r t
68 2
KUT
KYN
■Tes bords font trop élevés pour pouvoir répandre la
même fertilité. * Hift. des Tartans , p. 626.
KURIÉ , bourg de la Turquie , en Afie , dans la Na-
tolie, auprès de Prufe. * Hift. de Timur-Bec, 1. 5, c. 51.
KUR1LSKIS , peuples , qui habitent la partie méri-
dionale d'Yflb , ou de Kamtschatka , & qui font tribu-
taires de l'empereur du Japon. * Noces du P. Charlevoix.
KUS, ville de la haute Egypte, la plus confidérable
de tout le Saïd, fur la rive droite du Nil : il y a dans cette
ville plufieurs reftes d'antiquité , avec un château , félon
Golle, fou Golius , cité par Baudrand, édit. 1705.)
Elle eft a cinq journées au-deffous d'Asna , au fepten-
trion , • & à quatre du port de Coffir , qui eft fur la
mer Rouge au couchant.
Il y a long-tems que les chofes ne font plus ainfi ; &
c'eft préfentement Girgé, qui eft la principale ville de
la haute Egypte. Cette ville de Kus eft fans doute la
même que Hus , ville ruinée, laquelle eft bien mar-
quée dans la carte du cours du Nil , inférée dans les
Voyages du fieur Paul Lucas.
KUSAR , montagne d'Afie , dans la Tartarie , au
Maurhlnahar , entre Cachi rk Kech. * H'ifi. de Timur-
Bec, \'.\, c. 65.
KUSMADEMIANSKI , ville de l'empire Ruflîen,
dans la Tartarie , au pied d'une montagne , à huit
milles allemands de Vafiligorod. On voit en ces quar-
tiers des forêts d'ormes , dont les habitans vendent l'é-
corce par tout le pays, pour en faire des traîneaux. Les
arbres font fouvent fi gros , que le bois étant coupé en
cylindre , ils en font des cuves , des barils rk des cer-
cueils tout d'une pièce , qu'ils portent vendre aux villes
voifines. * Olearius, Voyage de Mofcovie, /. 4.
KUSNACHT , bourg de Suifle , dans le canton de
Sclwitz , près d'une montagne : il y avoit autrefois
Une fortereflè , qui eft maintenant ruinée : cette for-
tereflè étoit la réfidence du baillif ou gouverneur en-
voyé par l'empereur Albert. Dans le voifinage de Kus-
nacht , en avançant dans le pays , on voit l'endroit où
Guillaume Tell tua le gouverneur d'un coup de flèche.
* Etat de Délices de la Suifle, t. 2, p. 423.
KUSSANA; c'eft le nom que Stibbs , dans la Rela-
tion de fon Voyage , donne à la ville de Kanka.de.
Voyez ce mot.
KUSTRIN. Voyez Custrin.
KUTEIL , bourg d'Afie, dans l'Indouftan, à dix-
fept milles de Samané. * Hift. deTimur-Bec, 1. 4, c. 16.
KUTT, (MONTAGNE de) chaîne de montagnes
d'Afie , dans la Tartarie. C'eft un rameau de cette
partie du mont Caucafe que les Calmoucks appellent
Uskun-Luk-Tugra : il fe détache de ces montagnes à
l'oueft des fources de la Jeniféa, & court à-peu-près
en droite ligne du fud ou nord, en côtoyant toujours
la rive occidentale de cette grande rivière, à la diftance
d'une ou de deux journées, jusqu'à l'endroit où il joint,
vers les ^1 d. de latitude, l'autre branche du Caucafe ,
qui eft appellée en langue Mogole Tugra-Tubujluk. Ce
rameau du Caucaufe eft appelle préfentement Chaltaï.
Hiftoire des Tartares , p. 91.
KUTTEJAR , ville d'Afrique , dans le royaume
d'Yani, dans cette partie qu'on appelle le haut Yani ,
fur la rive nord de la Garnira: à un mille, les Anglois
y avoient un comptoir ; mais les inondations l'ayant
renverfé en 1725 , on le transféra à Samy, ou Samey,
d'où il fut encore transféré à Walley. * Carte de la
Gambra par le capitaine Léach, 1732.
KUTTENBERG , ville de Bohême , à fept milles
de Prague , en tirant vers la Moravie , en latin Gute-
berga, Cutna rk Cutna mons : elle eft affez bien bâtie,
& doit tout fon luftre aux mines d'argent, qui font dans
la montagne dont elle prend fon nom. En 1300, on
commença à y frapper des gros de Bohême. En 1307,
cette ville n'étoit point encore murée. Elle eft petite.
Les Bohémiens l'appellent HoRA. * Zeyler, Bohém.
Topogr. p. 40.
KUTTUP-SCHAMACH , ( le pays de) vafte
pays de notre continent. L'auteur de l'Hiftoire généalo-
gique des Tartares, p. 22, entend , par ce pays, ce qui eft
litué au nord fk au nord-oueft de !a rner Caspienne ; ck
au nord-eft des Indes ; ce qui comprend à préfent la Chine,
le Japon, la grande Tartarie, la Sibérie., & tout ce qui en
dépend ; la Rufîie , la Pologne fk la Norvège.
KUWANA, Kfana, ou Quano, ville du Ja-
pon : elle eft fort grande , rk la première de la province
d'Owari : elle eft fituée fur un port fpacieux, ou plu-
tôt fur une baie de la mer du midi. Elle eft compolëe
de trois différentes parties , qui font comme autant de
villes. La première eft entourée , de même que la troi-
sième , d'une haute muraille fk de foflës : les portes
font fortes &: bien gardées. La féconde partie , ou celle
du milieu , n'a point de murailles ; mais elle eft en-
tourée d'eau, à caufe que le pays eft plat & plein de
rivières. Au côté méridional de la troifiéme partie , eft
le château où demeure Matzindairo Jetfu Cami : il eft
bâti dans l'eau. Les murailles en font fort hautes , à
caufe des barbacanes , & couvertes d'un toit fort pro-
pre : on y a bâti des fortins à peu de diftance l'un de
l'autre : ce château occupe un grand terrein. Le côté de
l'eft feulement eft un peu rond : il eft féparé de la
ville par un fofle profond, fur lequel on a mis deux ponts
de communication. Les trois autres côtés font baignés
de la mer. Au milieu du château, il y a une tour carrée
& blanchie, de fept étages de hauteur, avec plufieurs
tours à la manière du pays , qui contribuent beaucoup
à la beauté de la place. Ce château fut bâti par l'em-
pereur Gengoin , qui avoit naturellement de l'averfion
pour le fexe, & fur-tout pour l'impératrice fon époufe ;
de forte qu'il ordonna qu'elle, les dames delà cour,
& la propre nourrice de l'empereur, y pafleroient le refte
de leurs jours. * Kœmpfer , Hift. du Japon, /. 5, p. 107.
KUYNDER, fortereflè des Pays-bas, dans l'Overyf-
fel, au bailliage de Wollenhoven , à quatre petites lieues
deSteenwik: le Théâtre de Blaeu la met dans la Frife.
Elle avoit, en 11 96, fes comtes particuliers , qui étoient
en guerre avec Baudouin , évêque d'Utrecht. * Dift.
géogr. des Pays-bas. Blaeu , Theat. urb.
KUYVEN , ville de la Chine, dans le Xenfi, au
département dé Pingleang , quatrième métropole de
cette province. Elle eft de 10 d. 7' plus occidentale que
Pékin, fous les 37 d. 18' de latitude. * Atlas Sinenfî*.
KYAKYA, ou Kiakiang , ville de la Chine, dé-
pendante de celle de Linkiang , huitième capitale de la
province de Kianfi. Voyez KlANKIANG.
KYBOURG. Voyez Kibourg.
KYLBOURG, petite ville d'Allemagne, dans l'élec-
torat de Trêves , fur la rivière de Kyll , à cinq lieues
de Trêves. Elle eft le chef-lieu d'un bailliage de même
nom. * Baudrand , édit. 1705.
KYLE, province d'Ecofte, dans fa partie méridio-
nale: elle eft bornée au nord par l'Irwin, qui la fépare de
la province de Cunningham , fy. au midi par le Dun , qui
la fépare de la province de Carrick. On l'appelle autre-
ment the Shire of Air, le comté d'Air , du nom de fa
capitale. Cette province eft fertile, & produit toutes
chofes néceflaires à la vie humaine. Les principales fa-
milles de cette province font les Stuafts , Campbels ,
Cunninghams , "Wallaces , Cra-wfords , Lockarts , Chal-
mers , Dumbars & Creightons. Campbel , comte de
Londoun , eft baillif héréditaire de cette province.
L'office de baillif eft le même que celui de Shérif en,
d'autres provinces. Air en eft l'unique ville. * Etat pré-
fent de la Gr. Bretagne , t. 2 , p. 260.
KYLL, rivière d'Allemagne, dans le cercle électo-
ral du Rhin : elle a fa fource aux confins des duchés de
Limbourg St de Juliers , coule dans le comté de Man-
derfeheid , & dans l'archevêché de Trêves , baigne
Stadtkill, Gerolftein, Kilbourg, rk fe jette dans
la Mofelle, à deux lieues au-deflbus de la ville de Trêves.
* Baudrand, édit. 1705.
KYNETON , bourg d'Angleterre , dans la province
de Héréford. On y tient marché public, * Etat préf
de la Gr. Bretagne , t. I.
rt*yw
LE GRAND
DICTIONNAIRE
GÉOGRAPHIQUE,
HISTORIQUE ET CRITIQUE.
LAA
A ou Las, ville ancienne du Péloponnèse,
dans la Laconnie , a«- Les Dioscures
l'ayant prife , en furent appelles Laptrsa,
Aavipaa, , félon Strabon , /. 8. Elle étoit
fur une roche élevée , félon Etienne le
Géographe.
LAA, ou Laab, ouLaba, félon Baudrand , petite
ville d'Allemagne i dans la baffe Autriche, près delà
rivière de Téja , à deux milles au-devant de Znaïm ,
cnpaffant vers Niklausbourg , dont elle eft à pareille dis-
tance. Elle n'eft remarquable que par le combat qui s'y
donna , en 1*78, entre l'empereur Rodolphe de Haps-
bourg, qui demeura victorieux, SeOttocare, roi de Bo-
hême , qui y fut tué ; ce qui a acquis l'Autriche Se la
Stirie à la mailbn qui les pofféde aujourd'hui.
LA-ABEZ , ou La-Avez.. Voyez Labez.
LAAHOLM. Voyez LaHOLM.
LAALEN4 GÉSULE, montagne d'Afrique, au royaume
de Maroc , dans la province de Sus. Le nom de GéfuU
eft un refte du mot Gérulie, un peu altéré. Sa pente eft
douce; elle a au couchant le mont Henquife, Se au le-
vant la province qui porte fon nom , vers le midi, les
plaines de Sus ; & le grand Atlas, au nord. Voici ce que
Marmol. /. 3 , c. 30 ajoute, à cette defctiption. Elle eft
habitée par des Béréberes de la tribu de Muçamoda ,
qui fe piquent d'une ancienne nobleffe , pour s'être
mieux garantis de l'alliance des autres peuples , que le
refte de leur nation. Outre cela , ils font les' plus riches
en terres Se en^bétail, Se ont plufieurs chevaux. Ils ne
diffèrent point pourtant des autres en habits ni en cou-
tumes , quoiqu'ils fe traitent mieux qu'eux. Ils ont une
mine d'argent , qui a entretenu long-tems entr'eux la di-
vifion ; car avant le régne des Chérifs, ils vivoient en
liberté, comme les autres peuples de la province; Se
chaque branche avoit fon Chec, qui la gouvernoit ; mais
ils prétendoient tous à la mine. Il y en a encore d'au-
tres de cuivre Se de laiton fur cette montagne , d'où
l'on tire quantité de métal ; Se l'on en tirerait encore
plus, fi l'on s'employoit davantage au travail, & à la
recherche. Mais ils fe planent plus à labourer qu'à creu-
fer la terre , parce que le pays eft bon , & rapporte
beaucoup de bled Se d'orge. Ils ont outre cela quantité
de miel Se de cire, Se plufieurs troupeaux de gros Se menu
LAA
bétail , qui eft leur principal revenu. Ils font fix mille hom-
mes de combat, parmi lesquels il y a plufieurs cavaliers Se!
plufieurs arquebufiers. Les Gafules , qui gardent les portes
de Fez , de Maroc Se de Tarudant , Se ceux que le Chérif
tient pour la garde de fa perfonne, font de cette montagne,
parce qu'à l'exemple de fon père , il fe fie plus à eux qu'à
pas un autre. C'eft-làque finiffent les habitations de S s.
LAAR, ou Lar , ou Laer, comme écrivent les re-
lations des Hollandois; ville de Perfe, dans une pro-
vince dont elle eft la capitale. Elle étoit autrefois le lieu
de la réfidence du roi de cette province , du tems que
les Guebres étoient maîtres de ce pays. Schah-Abas la
leur ôta ; Se maintenant il y a un Kan, qui réfide Se
commande à toute la province , que l'on nomme Ghermê,
& qui s'étend jusqu'aux portes de Gomtom ; d'où Laar
eft à quatre journées de chemin. Le gouvernement de
Laar s'étend d'ailleurs jusqu'à celui de Sc'hiras. Laar eft
forte, petite, &e fituée fur un rocher. Elle n'a point
de murailles, mais feulement un méchant foffé, au-delà
duquel il y a plufieurs maifons allez bien bâties, du
nombre desquelles eft celle des Hollandois ; Se ce font
comme les fauxbourgs. Il n'y a rien de remarquable
dans la ville que la mailbn du Kan , la place , les ba-
zars Se le château. La maifon du Kan regarde fur le
folié ; lés murailles font , de ce côté-là , fort élevées ;
Se à l'extrémité il y a un divan couvert, propre à
prendre le frais. L'entrée de cette maifon eft dans la
place qui eft fort jolie. Elle eft carrée , Se tout à l'en-
tour ce font des atcades terraffées par-deffus avec
un baluftre qui régne auffi tout à l'entour. Ce baluftre.
eft compofé d'arcs entrelacés , hauts d'environ deux
pieds , qui font faits d'une bande de pierre , épaifle
d'environ quatre pouces. Au milieu, du côté de la
place , qui eft vers le levant , eft le portail de la maifon
du Kan , qui s'avance un peu dans la place , Se a fept
faces. Vis-à-vis de ce portail, au côté oppofé, il y a
une grande porte , au-deffus de laquelle eft un grand di-
van couvert. On va par cette porte aux bazars , qui font
fort beaux, larges Se pavés de grandes pierres fort unies,
& bien couverts. Entr'autres, il y en a un, dont le toit
eft couvert d'un fort grand dôme bien fait , Se les bou-
tiques en font bien garnies. Après avoir palfé par les
bazars, Se traverfé la ville, qui a fort peu de largeur,
Tome III. Rrrr ij
684
LAfi
LAB
& s'étend en longueur, du midi au nord, on vient au
quartier des Juifs, qui font en grand nombre dans cette
ville : leur demeure eft auprès du pied de la montagne,
fur laquelle eft le château qui, ainfi-que la montagne,
s'étend du midi au nord ; & il eft au couchant à l'é-
gard de la ville. Ce château eft tout bâti de pierres , &
eft fort lonÇ. Les murailles en paroiffent bonnes , &, par
intervalle, ilya des tours. La montagne fur laquelle il
eft fîtué eft toute de foc, & escarpée presque de tous
côtés. Ce château commande tous les environs; & il y
a une muraille , qui en eft tirée un peu fur le penchant,
du côté de la ville, avec quelques tours. Il eft aflez fort"
pour le pays , & a été bâti par les Guebres. On fait
en cette ville de bonne poudre à canon. La boiflbn y
eft fort mauvaife ; car on n'y a que de l'eau de citerne,
qui eft fort-mal faine. Il eft bon d'y éteindre un fer
rouge , & de la palier par un linge , à caufe des vers
qui s'y trouvent. Toute la campagne aux environs de
Laar eft pleine de tamariffes extrêmement gros ; & Thé-
venot (Suite du Voyage de Levant, c. 4, p. 256, ) de
qui j'emprunte ce que je viens de dire , ajoute qu'il
n'en a jamais tant vu en un endroit. Corneille le Brun
(Voyage de Perfe, c. 59 , p. 317,) qui y paffa vers la
fin d'Août 1705 , dit que c'eft une place de grand né-
goce , où il fe fait des manufactures de foie , & les meil-
leurs canons de funls de toute la Perfe. Je trouvai, dit-
il, toutes les avenues de cette ville bien entretenues , Se
la plupart des maiibns fort élevées, entre lesquelles il y
en a plufieurs qui ont des ouvertures pour recevoir le
vent. Le bazar, qui eft au milieu de la ville, en eft le
plus beau bâtiment: il eft de pierre, voûté, & rempli
de boutiques , avec deux rangées au milieu , ôe a deux
cents feize pas de longe. ... Les avenues de cette ville
reffemblent à un bois, le terrein en étant rempli de
palmiers, d'orangers &C de citronniers; ce qui fait qu'on
a de la peine à la voir par dehors. . . Elle eft ou-
verte comme un village , ck s'étend fort loin, de côté &
d'autre, entre les montagnes. Il s'y trouve un grand nom-
bre de mosquées ; mais il n'y en a point de belles : la
principale, qui a un grand dôme, fe nomme Pirpanon
d'après un de leurs faints;
1. LA AS, contrée d'Afie , dans la Tartarie. Voyez
Làsa.
2. LAAS, petite ville d'Allemagne, au cercle d'Au-
triche, dans la Carniole, avec un château fur le Boick
ou Poyck, peu loin du lac de Czircknitz. Ce lieu eft
fameux dans l'Hiftoire de la guerre du Cilli, en 1435.
fZeyler, Carn. Topogr.
LAATTHA, A«*Vôa , ville de l'Arabie heureufe,
félon Ptolomée , /. 6 , c. 6. L'édition de Bertius porte
A*ï95«, Laaththa.
LAB A , ville de l'Arabie heureufe , vers le golfe Ela-
nitique , félon le même.
LABAC, bois de France , au département de la
maitrife des eaux & forêts de Pamiers; il eft de cent
foixante-fept arpens &£ demi.
LABACA, ville de l'Inde, en-deçà du Gange , au
pays du peuple Pandovi , félon Ptolomée, l.j, c. 1.
LABAE, ville de la Chattenie , contrée des Ger-
rhéens, dans l'Arabie heureufe, félon Etienne le Géo-
graphe , Se un fragment du treizième livre de Polybe.
C'eft la même que Laba de Ptolomée , au jugement de
Berkélius ; mais il n'a pas fait réflexion fur l'éloigne-
ment du pays des Gerrhéens & du golfe Elanitique ; il
y avoit toute l'Arabie entre deux : ainfi ces deux lieux
n'ont rien de commun qu'une reffemblance de nom.
LABAN, lieu dont il eft parlé au Deuteronome, ci,
v. 1. D. Calmet, qui dit qu'il eft inconnu , obferve
pourtant qu'il étoit au-delà du Jourdain , dans les plaines
de Moab.
LAB AN A, lieu de la Paleftine, dans la Tribu de
Juda , félon le livre de Jofué , c. 15, v. 42. Les Sep-
tante lifent Lebna. Voyez Lebna.
LABANATH, lieu de la Paleftine, dans la tribu
d'Afer , félon Jofué, c. 29 , v. 27. D. Calmet croit
que c'eft le promontoire Blanc, fitué entre Ecdippe &
Tyr , félon Pline , /. 5 , c. 19. L'hébreu lit Sihor La-
banath, au lieu de Sihor Se Labanath ; ce qui fait croire
que ces deux mots ne marquent qu'un même lieu , Se que
Sihor eft le nom d'un ruiffeau, comme qui dirait: Et
le rui(feau d'eau trouble qui ejl fur le promontoire Blanc.
LABANIS, ifle de l'Arabie heureufe, dans la mer
des Indes , félon Ortélius , qui cite Pline. L'édition du
R. P. Hardouin, 1.6, t. 2§, lit Labatanis.
LABAPI, ou Lauapia, rivière de l'Amérique mé-
ridionale , au Chili , à quinze lieues de celle de Biobio.
Ces deux rivières font féparées l'une de l'autre par une
large Se fpacieufe baie , fur laquelle eft la province d'A-
rauco. Celle de Labapi eft à 37 d. 30' de latitude méri-
dionale, félon Herrera , Se court depuis la fortereffe que
les Espagnols tiennent en ce lieu-là contre ceux d'A-
rauco, vers le fud-oueft; de forte qu'elle femble fortir
de la même baie. Elle eft fort poiflbnneufe , Se ne
porte que de petits bâtimens. * Corn. Dict. De Ld'ét,
Ind. occid. I. 12, c. 14.
LAB ARA, bourg d'Àfie, dans la Carie, félon Etienne
le Géographe.
LABASA, ou DabaSjE, félon les divers exemplaires
de Ptolomée , /. 7, c. 1, peuple de l'Inde , en-deçà
du Gange.
LABASSIS, ou DalAsis, contrée d'Afie, dans là
Cilicie, félon Ptolomée, cité par Ortélius.
LABATHA. Voyez Lodabar.
LABATHLAN, village de la baffe Hongrie, à une
lieue deGran. On y a trouvé une infeription qui donne
lieu de conjecturer que c'eft l'ancienne Commercium de
la baffe Pannonie. * Baudrand, éd. 1705.
LABBANA; Voyez LambanA.
LABDALUS , fort particulier de la ville de Syra-
eufe, félon Thucydide , /. 6,/>. 482; Se/. 7 , p. 491.
Ortélius croit que c'eft la même hauteur que Tite-Live,
/. 24, c. 21 , appelle Hexapylum.
LABDENSIS , fiége épiscopal d'Afrique , dans !a
province proconfulaire. Il eft fait mention de Rufin, fon
évêque, dans la Conférence de Carthage,/. 282, édit.
Dupin.
LABEATiE Se Labeates , ancien peuple d'Illyrie.
Pline, /. 3., c. 22, en parle comme d'un peuple qui ne
fubfïftoit plus de fon tems. Ils etoient aux environs de
Scodrd , aujourd'hui Scutari. Tite-Live, /. 44, c. 25
6* 3 1 , dit qu'ils étoient fournis au roi Gentius, Se nomme
leur pays Labeatis Terra. Scutari étoit leur plus
forte place.
LABEATIS PALUS ; le lac de Scutari. Tite Live
décrivant la ville de Scodra , ancien nom de Scutari , dit
qu'elle eft entre deux rivières, dont l'une eft la Barbana
( Boyana ) qui vient la baigner au couchant , Se a fa
lôurce dans le lac de Labeatis. Ortélius dit avec Niger:
fi ce lac Labeatis n'eft pas le même que le lac de Scu-
tari , il faut dire que ce dernier n'avoit point de nom
chez les anciens.
LABECIA , ville de l'Arabie heureufe. Elle fut une
des places que détruifit Gallus dans fon expédition , fé-
lon Pline , /. 6 , c. 28.
LABEDE, ou Labade, très-petit royaume d'A-
frique, fur la côte d'or, entre le royaume d'Akra , au
couchant, Se celui de Ningo au levant. Quoiqu'il n'ait
que quatre lieues , tout au plus, de circonférence , on y
trouve cependant deux villes affez confidérables , favoir
Orfo, SeLabade; cette féconde eft très-peuplée. Elle eft
environnée d'un mur fec de pierre. Sa fituatiorreft dans
une vafte prairie. Tous les Nègres de ce carron font
généralement livrés à la culture de leurs terres , & ont
de nombreux troupeaux de moutons. * Anus, p. $z;
Barbot. p. 184. Cote de Guinée, par Bellin.
LABELLUM, nom latin de La vello. Voyez cenom:
LABEO, nom latin de Lons-LE-Saunier. Voyes
ce mot.
LABER, (le) rivière d'Allemagne, dans la Bavière.
Il y en a deux fort voifines l'une de l'autre ; Se on les
diftingue par les furnoms de grofs Se de hlein , de grand
& de petit. Toutes les deux,, après avoir enfermé en-
tr'elles la petite ville de Rain , fe perdent dans le Da-
nube, entre Augsbourg &c Straubing, beaucoup plus»
près de cette dernière. * Carte particul. de la Bavière.
La rivière de Laber ne coule point à Rain , qui en
eft bien éloigné, & placé fur la rivière d'Acha. On
donne à connoître qu' Augsbourg eft fur le Danube ; ce
qui eft faux. II eft fur le Lech, à une très-grande dis-
tance de Straubing. Il falloit dire que le Laber fe rend
dans le Danube, entre Ratisbonne & Straubing, mais
plus près de cette dernière.
LAB
LAB
68;
LABERRIS, ville de l'Espagne Tarragonnoife, dans
l'ancienne Aftrurie, félon Ptolomée , /. 2 , c. 6. Quel-
ques-uns croient que c'eft préfentement Penaflor, entre
Léon & Oviédo.
LABERUS, ancienne ville de l'Hibernie, félon le
même. On difpute fi c'eft préfentement Kildare , dans
la province de Leinfter en Irlande , au comté de Kil-
dare , ou Kells , dans la même province , au comté
d'Eaft-Méath.
LABESE. Voyez Lambesc.
LABESZAN , contrée de Perfe, dans le Kilan , le
long de la mer Caspienne , félon Olearius , Voyage de
Perfe , /. 4. Elle eft renommée , à caufe de l'excellence
de fa foie. Ses villes les plus confidcrables font :
Lenkeru, Kutsesbar,
& Amelckende.
LABEZ , autrefois royaume , préfentement contrée
du pays d'Alger. C'eft un pays de montagnes, qui con-
fine à l'eft du Couco , & habité par des peuples fembla-
bles, {don Laugier de Taffî, Hift.duR. d'Alger,/;. 149.
Ils ont les mêmes mœurs & les mêmes maximes ; mais
comme ils ne peuvent empêcher l'abord des troupes
d'Alger , ils font obligés de payer le tribut au Dey.
Ce tribu confifte ordinairement en chevaux. Cette mon-
tagne n'eft pas beaucoup fertile en grains ni en fruits.
Us n'y a presque que du glayeul , espèce de jonc dont
on fait les nates qu'on nomme en arabe Labe[; Se c'eft
de- là qu'eft venu le nom au royaume de Labez. Bau-
drand y met une capitale de même nom, dont même il
cherche la fondation chez les anciens. Cette ville eft
imaginaire.
LABIAV , forterefle du royaume de PruiTe , dans la
petite province de Samland , & aux confins de la Na-
dravie , fur la rivière de Dremme , en approchant du
golfe de Curlande. Elle fut bâtie l'an 1158. Il y a une
douane. * Zeyler, Boruff. Topogr. p. 3?.
LABICI, ScLaviciou
LABICUM, & Lavicum, ancienne ville d'Italie,
dans la Latium, aux environs de Tusculum. Elle étoit
ancienne. Strabon , /. 5 , p. 237, le dit: riaAa'ov aoSihov.
Tite-Live, /. 4, c. 47 dit: ad Lavicos duclus excrcitus;
& enfuite : Senatus cenfuic frequens , Colonïam Lavicos
deductndam. Ciceron, 2. Agrar. c. 35, dit: Labicos, Fi-
dtnas , Collatiam, Silius Italicus , /. 8, v. 367, dit:
Habiles ad aratra Labici.
On ne fait, dans ce vers, s'il nomme la ville ou les ha-
bitans. Les poètes difent communément Labici pour La-
blcani , témoin Virgile, ./Eneïd. /. 7, y. 796:
. Et picli fcuta Labici.
Les anciens ont dit non-feulement Labici au pluriel pour
lignifier ce lieu, mais encore Labicum au fingulier;
outre Strabon cité ci-defTus, Silius, /. 12 , y. 534, dit:
Campos ingreffus & arva Labici.
Tite-Live, l. 16 , c. 9 , en marque la fituation lors-
qu'il décrit le voyage d'Hannibal, qui, marchant par le
territoire de Frufinum , de JPerentinum & d' 'Anagni ,
vint dans le territoire de Labicum ; in Labicanum. C'eft
préfentement la COLONNA, au rapport de Holftenius ,
à quinze milles de Rome , à la. droite du chemin auquel
ce lieu donnoit le nom de via Lavicana.
Ce chemin, au refte eft nettement décrit par Strabon ,
/. 5, />. 237. La voie Lavicane commence, dit-il, à
la porte Exquiline, où commence auffi la voie Prénes-
tine. Enfuite la laifiant à gauche avec le champ Exqui-
lin, elle avance au-delà de fix vingt ftades , &r appro-
chant de l'ancienne Lavicum, place fituée fur une hau-
teur fk à préfent ruinée , elle laiiTe ce lieu & celui de
Tusculum à droite , & va au lieu nommé ad Picl.is
fe terminer dans la voie Latine.
LABIE^I CASTRA, lieu de la Gaule Belgique, dont
parle Cefar, /. <\ & 6 de fes Commentaires. On a ap-
pelle enfuite ce lieu LaubiUm, Laubacum; tx on y
a bâti us monaftere qui eft l'abbaye de Lobe. Voyez
ce mot.
LABIN1US , nom latin du Lavino , rivière d'Italie,
dans le territoire de Bologne , à huit milles de la ville
de ce nom, en tirant vers Modene. C'eft dans une ifle
de cette rivière que les triumvirs s'abouchèrent & par-
tagèrent entr'eux l'empire Romain. Appien, Civil. K4,
qm rapporte ce fait, fe trompe en ce qu'il dit que c'étoit >
prés de Modène ; le Lavino n'en approche point affez. Il
fe trompe encore quand il dit que c'étoit dans une ifle
de cette rivière; il n'y en a point qui fût propre à une
pareille conférence, de manière que les triumvirs puf-
fent parler au milieu librement, & fans être entendus de
ceux qui gardoient le rivage & les ponts. Dion Caffius,
/. 46, fub finem , dit beaucoup mieux que ce fut dans une
petite ifle de la rivière qui coule à Bologne. Ainfi ce
n'eft plus une ifle du Lavino , mais du Réno que Pline
nomme la rivière de Bologne. Voyez Réno. Suétone,
in Augufi. dit que les troupes des triumvirs s'afîem-
blerent à Bologne; & Plutarque, in Ciceron. dit: ils
s'entretinrent feuls , fans témoins, durant trois jours, au-
près de la ville de Bologne, & le lieu de leur entrevue
étoit devant le camp, & enfermé par la rivière. Ainfi
l'autorité d'Appien tombe , & le Lavino n'a rien de
commun avec l'entrevue des triumvirs. Ce fut dans
une ifle du Réno, non auprès de Modène, mais auprès
de Bologne.
LABISCO, génitif onis ; lieu de la Gaule Narbon-
noile, fur la route de Milan à Vienne, entre Lemincum.
& Auguflum , à quatorze mille pas de l'une &c de l'autre,
félon l'Itinéraire d'Antonin. On croit que c'eft préfente-
ment le Pont-Beauvoisin, petite ville duDauphiné.
Voyez au mot Pont.
LABO , petite ville des Indes , fur la côté occidentale
de Tifle de Sumatra, au nord-oueft de Sinkel. Cette ville,
qui dépend d'Achem, produit du poivre qui fait tout fon
commerce. Dans la Carte de Robert on l'appelle Labau.
Longit. 112 d. latit. 3 d. * Rob. de Vaugondy Atlas.
LABOCLA , ville de l'Inde en -deçà du Gange,
félon Ptolomée ,/. 7, c. 1.
LABODES AQILE, ancien lieu de Sicile, qui pre-
noit fon nom des eaux minérales ; il s'y établit une co-
lonie nommé Thermie, les Thermes. Pline, l.-t
c. 8 , dit : Thermœ colonia. Antonin dans fon Itinéraire
dit Amplement, ad aquas , & ailleurs, ad aquas Laro-
des; & la table de Peutinger porte, ad aquas Labodes.
Quelques exemplaires d'Antonin portent Lubodas&La-
rodas. Voyez au mot ad le 9e article AD Aquas
LABORATORIS TERRA. Voyez Labrador.
LABORES. (ad) Voyez Cibalis.
LABORI^E, contrée de l'Italie, dans la Campanie;
Pline, /. 18, c. 11 , dit : autant que la Campanie fur-
pafTe en bonté les autres pays, autant elle eft elle-même
furpaflee par le canton qui en fait partie , que l'on ap-
pelle LABORlvE , & que les Grecs appellent Phle-
GRE1UM. Ce canton des Labories eft borné par deux
voies confulaires , lavoir celle qui vient de Pouzzol , Se
celle qui vient de Cumes, & toutes les deux aboutif-
fent à Capoué. Olivier, hal. ant. 1. 4 , c. 2, chicane
Pline fur ce paffage , & l'explique mal. Pline, /. j,c. <jt
nomme ce même canton Laeorini campi ; &: Phle-
GR£lCAMPi; & c'eft la même chofe , félon le P. Har-
douin. Cluvier les diftingue. Il veut que l'on dife Le-
BORIjE & non pasLABORl^E , & fe moque de ceux qui
croient que de-là eft venu le nom moderne que porte
la Campanie , que l'on appelle aujourd'hui la terre de
Labour, Terra DI Lavoro. Il s'appuie de l'autorité
de la Chronique du mont Caîfin , où il en eft fouvent
parlé, & où ce canton eft conftamment nommé Libé-
ria, mot qui, dans l'Hiftoire mêlée, /. 16, eft cor-
rompu & changé en Liguria : Cumanos , Puteolanos ,
& alios plurimos in Liguria degentes. Sanfélice cité par
Baudrand , éd. 1682, dir que c'eft préfentement, terri-
torio di Gaudo ; mais Camille Pérégrinus prétend que
c'eft C.impo quarto. Vide Harduin. in Plin. loco citato.
LABOTAS , rivière de Syrie , près d'Antioche. Voyez
Hypatus 2.
LABOVA , fort de l'ifle de Bachian, une des Molu-
ques, félon Baudrand, ou plutôt dans l':flede Labova,
voifine de Bachian, félon l'hiftorien des Moluques, qui
686
LAB
LAB
nous apprend que ce fort , appelle auffi Barneveld, ap-
partient aux Hollandois.
LABOUR, (la terre de) province d Italie, au
royaume de Naples. Les Italiens la nomment terra di
Lavoro. Nous avons remarqué , au mot Campanie,
l'ancien état de cette contrée , qui en faifoit partie ,
& au mot LABORliE le fentiment de quelques favans
fur l'origine du nom moderne! Cette province eft grande,
très-fertile , bien peuplée , &C la première du royaume.
Elle eft bornée au nord par l'Abruzze ultérieure & cité-
rieure ; à l'orient, par le comté de Molifle &c par la prin-
cipauté ultérieure ; au midi, par la même principauté, &C
par le golfe de Naples ; & au couchant, par la mer Tyr-
rhène , &C par la Campagne de Rome. On a auffi appelle
ce pays la Campanie heureufe, Campania felix , à caufè
de la bonté de fon air, & de la fertilité de fon terroir
qui produit en abondance tout ce qu'on peut fouhaiter
de meilleur ; fon étendue , le long de la mer , eft de
près de cent quarante milles , fur trente-trois dans fa
plus grande largeur. Elle eft d'autant plus confidérable
que fa capitale donne le nom à tout le royaume. Entre
{es principales villes , on compte trois archevêchés Se
un bon nombre d'évêchés.
fNaple
le long^
de la '
*ier.
les , capitale du royaume Se de la
I province.
Pouzzol , Puuoli.
| Caftel à Mar di Volturno , àl'embou-
Cités. { chure du Volturno.
IVico, Viens.
Sorrento, Surrentum.
Mafia di Sorrento.
(Gaéta , Caïela.
(Sperlonga, Spelunca*
Mola.
Patria.
Cuma.
II Caftel di Baïa, Baianum Caftellum.
villes &^ Mergolino , Mereelina. ou Mergulï-
I bourgs. num s ]jeu ou demeuroit le fameux
Sannazar. Il en fit préfent aux pères
Servites.
Torre del Greco, Turris Graca ; d'au-
tres veulent que ce foit Tunis Oc-
tava , parce qu'elle eft à huit milles
| de Naples.
^ (Torre dell' Annunciata.
(La nouvelle Capoue.
Noie.
Aversa.
Seffa, Suefa.
Fondi, Fundi.
Acerra.
Traïetto , Trajectum, ,
Alifi, Alifr.
Aquino , Aquinunii
Monte Caffino , Caflinus Moiis.
Sora , duché.
Tiano , Teanum.
Caïazzo ou Gaïazzo, Calatia.
j)ans Calvi , anciennement Cales.
lester-* Jelefe, Tel fa.
Venafro , Venajrum.
Carinola, Carinula.
Cazerta, Caferta.
(Larino, Larinum.
Jtri, bourg joliment fitué.
Caftro Nuovo.
Arce, Arx.
Arpino , Arpinum.
San-Germano, au pied du mont Cas-
fin.
Gallucio , Gallutium, près de Vena-
fre. C'eft-là que Roger, fils de Ro-
ger , comte de Sicile , ayant été af-
fiégé par le pape Innocent II, ce
Petites* pontife fut fait prifonnier, ÔC traité
( Cités.
villes & avec beaucoup de douceur Se de
bourgs. respect.
Santa Maria di Alvito , par corrup-
tion pour Olivao ; Sancla Maria.
Olivetina.
Torre Francolifi , Tunis Francoli-
Santa Maria délia Gracia , ou Capua
vetere ; c'eft le lieu où étoit l'an-
cienne Capoué , à deux milles de
la nouvelle.
Marcigliano , Marlianum , ou Maria-
num , ou Merdianum.
Poggio Reale , palais bâti par Ferdi-
nand I , roi d'Aragon , fur les rui-
nes de Paléopolis. Il tombe en ruine,
faute d'entretien.
Matalone , comté qui appartient aux
Caraffes.
Morone , Moronida.
Durazzano , Duratianum.
Somma , joli bourg , au pied du Vé-
fuve , qui en prend fon nom mo-
derne.
Les rivières les plus considérables de cette province,
font:
Le Gariglan , L'iris.
Le Saône ou Livigliano, Savo.
Le Volturno qui reçoit le Calvi, le Sabato, &c.
Le Clanio ou Patria.
Le Sarno ou Searàti.
Les lacs font :
Mare-Morto. C'eft plutôt un golfe qu'une mer,
L'Averne ou Lago di Tripergole.
Lago di Collucia , Aeherujius.
Il y a des bains fans nombre. Nous en avons marqué
les principaux, aux motsBAINS & BAGNIj-
Les principales montagnes font:
Le Véfuve ou le mont de Somma.
Le Pofilipe, Paufdipus.
Monte-Ciftello , Ci/Iellus mons.
Aftrugno , AJlrunus.
Monte-Chrifto.
Monte-Dragone , Mons Draconis.
On voit dans Cette province deux fameufes grottes ; l'une
eft la grotte de la Sibylle , en latin Baiana ou Cumané
Crypta. Elle h'avoit autrefois aucune iffue ; & les poètes
en publioient une infinité de merveilles imaginaires ;
mais Agrippa , le gendre d'Augufte , ayant fait abbatre
le bois d'Averne & pouffer la folle .jusqu'à Cumes , dif-
fîpa les fables que l'on avoit imaginées fur les ténèbres
de ce lieu-là. L'autre grotte eft celle de Naples , dont,
sous parlons ailleurs.
LABOURD , (le) petite contrée de France , dans
la Gascogne , & au pays des Basques , dont il fait par-
tie. Il eft borné au nord par l'Adour & par les Landes;
à l'orient, par la Navarre Françoife,& parle Béarn; au
midi, par les Pyrénées , qui la féparent de la Biscaye &
de la Navarre Espagnole ; & au couchant, il a l'Océan
& le golfe de Gascogne. Il prend (on nom d'une place
nommée Lapurdum, qui ne fubfifte plus. Voyez ce
mot. On recueille dans ce canton beaucoup de fruits,
un peu de bled & de vin. C'eft par-là que les anciens
Vascons ou Gascons , &c après eux les Sarazins , ont
commencé à fortir d'Espagne &c à pénétrer dans l'Aqui-
taine. Le Labourd s'étendoit autrefois jusqu'à S. Sébas-
tien, dans la province de Guipuscoa; mais les rois d'Es-
pagne s'en font approprié tout ce qui eft deçà de la ri-
vière de Bidafloa à leur égard. La ftérilité du pays eft
caufequè les habitans ne payent qu'une petite redevance
au roi , & il n'y a point d'impofitions ordinaires. Les
principaux lieux font ;
LÂB
Bayonne ,
Uftarits
S. Jean Luz,
Andaye
Sibour,
Bidache
Guiche ,
&c.
Le bailliage du pays de Labourd dépend du fénéchal de
Dax. On attribue aux peuples de ce pays d'avoir
été les premiers à la pêche de la baleine. * Piganiol
de la Force, Description de la France, /. 4 , p. 505
& 579.
LABRADOR, grand pays de l'Amérique feptentrio-
nale , borné au notd-eft par le détroit de Hudson , &
par la mer du nord ; au fud-eft, par le détroit de Belle-
Ifle, qui le lépare de Terre -neuve ; au midi, par le golfe
& par la rivière de S. Laurent , par le Saguenai ck par
les Chriftinaux , qui font partie du Canada , ck enfin au
couchant par la baie de Hudson. Il s'étend depuis le 50e d.
de latitude jusqu'au 63e ; & depuis le 301e de longitude
jusqu'au 323 e ou environ ; c'eft une espèce de triangle.
Le peuple qui l'habite s'appelle les EskimaUX. Voyez
ce mot. Quoique le nom , que les Espagnols lui ont
donné, Se qui fignifie la terre du Laboureur, femble
infinuer qu'elle eft cultivée , cependant il y a bien de
l'apparence que la plus grande partie en eft inculte. Nous
n'en connoilfons que les côtes ; l'intérieur du pays n'eft
guères connu des Européens. La pauvreté & la férocité
des habitans de la côte, & le grand froid qui y régne, ont
détourné les colonies qui auroient voulu s'y établir. Ce
pays eft bordé de plufieurs ifles. Au couchant , dans la
baie de Hudson , il y a fi/le de Mansfeld ou de Phely-
peaux ; au midi de celle-là, font les ifl.es de la Trinité ;
on les nomme auffi la douzaine du Boulanger. Plus près
de terre, il s'en trouve d'autres dont les noms font igno-
rés. Au nord , dans le détroit de Hudson, il y a les ifles
de Diegue , de Salisbury, du Charlbs ck de Boutons. Au
couchant méridional de ces dernières , eft une baie ap-
pellée la baie du fud, par rapport au détroit. On n'en
connoît point le fond , & on foupçonne que ce pour-
roit bien être un détroit qui communique avec une au-
tre espèce de baie , qui eft dans la partie occidentale
dans la baie de Hudson , & remplie de quantité d'ifles.
Ainfi la terre des Eskimaux, ou de Labrador, feroit fé-
parée en deux parties , dont une feroit une ifle ; mais il
n'y a encore rien de certain là-deffus. Peut-être auffi fe
trouvera-t-il avec le tems , qu'il y a tjrois parties , dont
deux font des ifles, ck la grande entrée que Davis trouva
en 1686, ck où il trafiqua avec les naturels du pays, ck
dans laquelle Weimouth s'avança trente lieues ; cette
entrée , dis-je, pourroit bien communiquer avec les deux
autres baies.
La petite Labrador ; on appelle ainfi la partie
méridionale & orientale de l'Ifle-Royale , au midi du
golfe de S. Laurent.
Mer de Labrador; (la) on appelle ainfi un in-
tervalle de mer, qui coupe par la moitié l'Ifle-Royale, à la
réferve de huit cents pas de terre, ou environ, qu'il y a
depuis le fort S. Pierre , jusqu'à cette extrémité de mer
de Labrador, qui fait une espèce de golfe, dont l'ou-
verture eft à l'orient de l'Ifle-Royale, & finit à l'occident,
du côté du fort S. Pierre. Denis, auteur de cette Descrip-
tion , qui y a été gouverneur général pour le roi , pen-
dant long-tems, a fait faire un chemin dans cet espace,
pour faire paffer à force de bras des chaloupes d'une mer
à l'autre , ck pour éviter le circuit qu'il faudroit faire par
mer. La marée monte jusqu'à l'extrémité du golfe , ck
l'on compte vingt lieues depuis fon entrée jusqu'à huit
cenfs pas du fort où elle aboutir ; & lorsqu'il eft pleine
mer en Labrador , il eft baffe mer de l'autre côté , vis-
à-vis Iefqrt. L'ouverture de cette petite merde Labra-
dor eft à l'eft, juftement à l'oppofite de l'autre côté. Ce
qui fait cette différence de marée , c'eft que la baie de
S. Pierre a fon ouverture droit à l'oueft , & qu'il n'eft
jamais^ pleine mer dans un havre , que la lune ne foit
droit à l'oppofite de l'entrée du havre , foit au-deffus ou
au-deffous de l'horizon. Dans Labrador il y a un grand
baflin ou étang de huit lieues de longueur , ck de cinq
de largeur, avec des anses de chaque côté,, qui entrent
fort avant clans les terres : tout le tour de cette mer eft
bordé de montagnes , dont partie font de plâtre. Les ter-
res n'y font pas bien bonnes ; les montagnes font cou-
vertes d'arbres, dont la plus grande partie font pins &C
LAB 687
fapins mêlés de bouleaux £î de hêtres. La pêche n'y
eft pas bonne ; il s'y trouve feulement des huîtres, qui
font affez mauvaifes, quand elles font nouvellement pê-
chées , à caufe qu'elles font trop douces ; mais on les
peut garder huit ou dix jours, fans qu'elles perdent leur
eau ; après quoi, elles font falées ck perdent cette fadeur
que leur caufe l'eau douce des rivières, à l'embouchure
desquelles on les pêche. * Denis, Descr. de l'Amérique
feptentr. t. 1 , c. 6.
LABRENTUM. Voyez Latjrentum.
LABRIONENSIS. Ortélius , Thefaw. trouvant an
concile de Lyon , un fiége nommé ainfi , foupçonne
qu'il faut le chercher en Espagne.
LABRIS , ville de l'Arabie heureufe, félon Ptolomée.
1.6, c.7.
LABRONÈS, ancien peuple, qui n'eft connu que par
un paffage de Paul Diacre qui dit qu'Attila les fit mar-
cher contre Aëtius, général Romain. Quelques exem-
plaires poi tant Olibriones. * Ortélius ,Thehur.
LABRONIS-PORTUS, ou Amplement Labro.
Voyez Livourne.
; LABSA, ouLapsa, ou Lassach , ville d'Afie dans
l'Arabie heureufe , à vingt lieues d'Elcatif, félon Bau-
drand, éd. 1705. Voyez Lahasa.
LABYRINTHE , grand édifice dont il eft difficile de
trouver l'iffue. Les anciens font mention de cinq fameux
labyrinthes , dont nous parlerons féparément.
1. Le labyrinthe d'Egypte eft le plus ancien
de tous. Pline , /. 5 , c. 9 , dit qu'il étoit dans le lac Mœ-
ris , ck bâti fans aucun bois. Pomponius Mêla,/. 1, c. 9,
avoit dit beaucoup mieux : le labyrinthe contient trois
mille appartemens ck douze palais dans une feule en-
ceinte de murailles. Il eft bâti & couvert de marbre. Il
n'y a qu'une feule descente ; mais au-dedans il y a une
infinité de routes par où l'on paffe ck repaffe, en faifant
mille détours, ck qui jettent dans l'incertitude, parce qu'on
fe retrouve fouvent au même endroit. Ce nombre d'ap-
partemens paroît incroyable ; mais Hérodote , qui avoit
vu ce labyrinthe , dit, /. 2, c. 148 , qu'une moitié de ces
appartemens étoit fous terre , ck l'autre au-deffus , ck
que ce labyrinthe n'étoit pas dans le lac Moeris , mais
un peu plus loin , proche la ville des Crocodiles, au-
jourd'hui Arjinoé, dont on voit encore les ruinas , où
ces animaux étoient en grande vénération. Je rapporte-
rai dans la fuite le paffage entier. Voici ce qu'en die
Paul Lucas, Voyage en 1714, /. 5 , p. 24. Le labyrin-
the eft presqu'à l'extrémité méridionale du lac Mceris,
un peu du côté du levant , à dix lieues des ruines de la
ville des Crocodiles.
Cet édifice , auprès duquel on trouve une grande
quantité de pierres &£ plufieurs décombres , conserve
encore de grandes marques de fon ancienne fplendeur ;
on voit d'abord un grand portique de marbre foutenu par
quatre groffes colomnes auffi de marbre de plufieurs piè-
ces. Trois de ces colomnes font encore fur pied. Au
milieu eft une porte , dont les montans ck l'entable-
ment font fort maffifs , ck au-deffus une frife fur laquelle
eft repréfentée une tête avec des ailes déployées, le long
de la frife, & plufieurs hiéroglyphes au-deffous. Cette
tête eft couverte d'une espèce de voile, (k or. remarque
encore quatre pointes de matbre , qui font comme des
rayons qui l'environnent ; fur ce premier entablement
régne une frife , dont les pierres repréfentent des fer-
pens fort gros, au-deffous de la tête, mais dont le corps
va en diminuant jusqu'en bas. On voit fur cette frife les
ruines de plufieurs portes dans difFérens étages , qui fer-
voient apparemment d'entrée aux appartemens qui étoient
au-deffus ck qui font à prêtent entièrement détruits. On
remarque encore, dans la porte du milieu, deux Anubis
chargés d'hiéroglyphes. L'architefture de cet édifice ne
reffemble à aucun des quatre ordres que nous avons ap-
pris des anciens. Ce portique eft tourné du côté du le-
vant. Lorsqu'on entre par ce portique , on trouve d'a-
bord une grande ck belle fale, toute de marbre , ainfi
que le plafond qui eft fait de douze tables de marbre ,
unies ies unes aux autres , ck qui ontthacune vingt-cinq;
pieds de long fur trois de large, & traversent la cham-
bre d'un bout à l'autre : le plafond n'étant point fait en
voûte, mais plat comme les nôtres , faifit d'admiia ion
par fa hardieffe. On ne fauroit comprendre comment
il a pu , dans cette forme A peu naturelle à un fi grand
688
LAB
LAB
poids , fubfi/ter pendant tant de fiécles. Cette fale a à
prêtent quarante pieds de haut, fans compter que la pous-
fîere & les débris , dont le parquet eft couvert , déro-
bent encore une partie de fon exhauiTement. On trouve
au bout de cette fale , vis-à-vis de la première porte ,
un (ècond portique lèmblable au premier dans tous les
ornemen's , excepté qu'il eft plus petit-; on entre par-là,
dans une féconde laie moins grande que la première-,
dont le plafond n'a que huit pierres. On trouve au bout
de cette chambre, fur la même ligne, un troifiéme por-
tique plus petit "encore que le fécond , auflï-bien que la
fale qui eft après , quoiqu'on ait employé treize pierres
à fon plafond , mais qui font beaucoup moins grandes
que celles des autres. Au fond de cette troifiéme fale eft
un quatrième portique , adoffé contre la muraille , 8c
qui n'eft là que pour faire fymmétrie avec les autres.
Cet édifice , tel qu'il eft à préfent , n'a de profondeur
que la longueur de ces trois fales. C'étoit fur les deux
côtés , Se fur-tout fous terre , qu'étoit ce nombre prodi-
gieux de chambres & d'avenues. En effet les fales, que
je viens de décrire , font percées en plusieurs endroits
par où l'on entre dans d'autres chambres qui font au
même niveau-, d'où l'on monte dans celles qui fontplus
•élevées , & on descend dans celles qui font fous terre.
J'entrai dans plus de. cent cinquante de ces chambres',
tantôt en"me traînant fur le ventre, par des ouvertures à
demi- bouchées , tantôt en retirant quelques matériaux
qui en ferment le paffage ; mais avec toutes ces précau-
tions , il ne me fut pas poffible d'aller bien avant.
Pour bien entendre la conftruction de cet édifice , îl
faut fe figurer qu'on entre d'une chambre dans une au-
tre, quelquefois dans une allée percée en différens lieux
qui répondent à d'autres avenues , d'où fouyent , fans
s'en appercevoir, on revient au même endroit d'où l'on
eft parti, 6c voilà l'artifice de ce labytinthe. Toutes ces
chambres & ces allées où régnoit une ^parfaite obscurité^
ne font ni d'égale grandeur , ni de même forme. Il y en
a de longues, de carrées, de triangulaires. J'avois pris
la même précaution qu'Ariane fit prendre à Thefèe ,
lorsqu'il fut obligé d'aller combattre le Minotaure dans
le labyrinthe de Crète , qui n'étoit ni fi grand ni fi va-
rié que celui-ci. J'avois en effet pris plus de deux mille
braffes de ficelle , de la paille hachée pour répandre fur
ma route , 6c un grand nombre de flambeaux :
Janua difficilis filo eft inventa, rellclo.
Un Arabe , d'environ quatre-vingt ans , qui étoit avec
nous , m'affûta qu'étant entré autrefois dans ce labyrin-
the , il avoit marché dans les chambres fouterreines ,
jusqu'en un lieu où il y avoit une grande place , envi-
ronnée de plufieurs niches qui reffembloient à de pe-
tites boutiques , d'où l'on entrait dans d'autres allées &
dans des chambres , fans pouvoir en trouver la fin ; d'où
il conclut qu'il falloit , depuis ce tems-là que, la plupart des
avenues , qui y conduifoient , fe fuffent bouchées par les
débris qui s'y étoient amaffés. C'étoit à ce labyrinthe ,
bien mieux qu'à celui de Crète , qu'on pouvoit appli-
quer ces beaux vers de Virgile, JLneïd. 1. 5, v. 589 :
Parledbus textum cœtis iter, ancipitemque ,
Mille viis habuijfe dolum , quà figna fequendi ,
Fallerat indeprensus & irremeabilis error.
Après cette description faite, depuis le commencement
de ce fiécle, il fera bon de joindre celle qu'a faite , ily
a plus de deux mille ans , Hérodote qui avoit vu cet
édifice entier.
J'ai eu, dit cet auteur, le plaifir de voir ce labyrin-
the , plus grand que fa renommée. En effet , on ne con-
cevra jamais rien qui réponde au travaille à la dépense
de cet ouvrage. Il y a douze fales voûtées qui ont leurs
portes à l'oppofite les unes des autres ; fix regardent le fep-
tentrion, & fix le midi, toutes contiguës & enfermées
en dehors d'un même mur. Il y a dans ce labyrinthe
deux étages , l'un fous terre , Se l'autre deffus ; Se tous
les deux contiennent trois mille chambres , mille cinq
cents chacun. J'ai vu &c confidéré celui d'en-haut; mais
j'ai feulement ouï parler de celui qui eft fous terre ; car
les Egyptiens , qui le gardent , ne voulurent jamais nie
permettre de te voir, parce que c'étoit, difoierit-ils, la
fépulfure des rois qui avoient bâti cet édifice, & celle
des crocodiles facrés ; c'eft pourquoi je ne parle du fou-
terrein , que fur le rapport d'autrui ; mais j'a vu celui
d'en-haut qui furpaffe la croyance Se tous les ouvrages
des hommes. Je ne puis me repréfenter les tours Se dé-
tours qui mènent & ramènent par les fales, fans entrer
dans une profonde admiration. D'une fale on paffedans
des cabinets, des cabinets dans les chambres, des cham-
bres dans d'autres fales , 8c encore des cabinets dans
d'autres chambres. Le plancher de tous ces lieux eft de
pierres , comme les murailles ; mais il eft enrichi de di-
vers ouvrages de fculpture de tous côtés. Chaque fale eft
presqu 'environnée de colomnes faites de pierres blanches,
bien polies. Il y a au coin où finit le labyrinthe une py-
ramide de quarante toifes de haut, où l'on voit de grands
animaux gravés ; Se le chemin, pour y entrer, eft fous
terre.
À ce récit d'Hérodote, que rapporte le voyageur mo-
derne , il joint quelques réflexions qui mettent fous les
yeux du lecteur l'état préfent de cet édifice. 1. Héro-
dote dit qu'il y avoit, de fon tems, dans le labyrinthe
douze fales voûtées, qui avoient leur porte à l'oppofite
les unes des autres. Pline affure qu'il y en avoit feize,
pour marquer "les feize gouvernemens de l'Egypte; mais
comme cet auteur ne parle que fur le rapport d'autrui ,
fe relation eft fort imparfaite. Tenons-nous-en à Héro-
dote , 6c difons qu'il y a bien de l'apparence que l'ex-
térieur de ce bâtiment avoit quatre faces & douze fales
qui répondoient aux frontispices , mais qu'elles ont été
détruites par le tems , comme il paroît pat le grand nom-
bre de ruines qui font à l'entour ; ensorte qu'il ne reftè
plus à préfent que la quatrième partie de cet ouvrage ,
c'eft-à-diré un i'eul portique à moitié, trois fales Scies
chambres qui font aux côtés. 2. Hérodote dit que ces
fales étoient voûtées. Cette expreffion eft impropre ; ce
font des plafonds faits de grandes pièces de marbre, qui
vont d'un bout à l'autre des fales , en quoi Strabon à
été exact, , affurant que ces plafonds étoient faits de
grandes pierres qui les traversoient d'un bout à l'autre ;
ce qui eft très-vrai. Ce judicieux auteur fe contente dé
dire que ces marbres étoient d'une grandeur énorme %
fans la déterminer. Il dit auffi que les chambres fouter-
reines étoient conftruites de greffes & longues pièces dé
marbre; ce qui eft encore vrai. II ne paroît pas au refte*
comme l'aflure Hérodote , qu'il y ait eu dans cet endroit
aucuns bas reliefs ni des hiéroglyphes ; mais on doit
appliquer cette remarque aux portiques , aux colomnes
&c aux murailles qui en étoient remplies , Se où l'on en
diftingue encore plufieurs. Je vis même , poursuit le fieur
Lucas , dans une des chambres que je vifîtài , une ni-
che dans le fond, 6c, aux deux côtés, des bas-reliefs , qui
repréfehtoient des Anubis grands comme nature , quoi-
qu'on ne puiffe pas bien diftinguér fi c'étoient les figures
d'Anubis , d'Ofiris ou de quelqu'autre divinité. Je crus
cependant que c'étoient celles du premier , parce qu'il
eft très-bien repréfenté fur les frontispices. 3. Il yavok,,
dit Hérodote, double étage, l'un fous terre, L'autre dei-
fus. Je crois , pour moi , qu'il étoit triple 8c qu'il y
avoit fur celui qui eft au rez-de-chauffée un autre étage,,
comme il paroît par le frontispice , dont la partie fu-
périeure eft presqu'entiérement renversée ; peut-être
étoit-elle dans cet état , dès le tems de cet hiftorien,
4. Pour le nombre des chambres qu'il contenoit, Hé-
rodote n'a pu le favoir que par la relation des prêtres
ôc de ceux qui gardoient le labyrinthe , pu'rsqu'il ne lu»
fut pas permis de les vifiter , comme il l'avoue lui-
même. Il n'eft pas poffible à préfent de dire au jufte le
nombre de ces chambres , la plupart des avenues, qui y
conduifent, étant bouchées. 5. De favoir maintenant à
quel ufage avoit été conftruit cet édifice ; fi c'étoit pour
fervir de fépulture aux rois qui l'avoient fait bâtir, Se.
pour celle des crocodiles facrés , comme le dit Héro-
dote, c'eft ceque je n'oferois affûter. Je dirai feulement
qu'il eft bien confiant qu'aucun peuple n'a jamais eu au-
tant de foin que les anciens Egyptiens , d'avoir de fu-
perbes tombeaux Se d'embaumer les cadavres ; 6c fi les
pyramides , comme on le croit communément , avoient
été conftruites pour cet ufage, rien n'empêche de croire
la même chofe du labyrinthe. 6. Hérodote ne s'eft pas
bien exprimé au gré de notre voyageur , en difant que
dans les fales, les planchers ck les colomnes font d'une
belle
LAB
belle pierre blanche & polie ; il devoit dire qu'elles
étaient d'un très-beau marbre blanc ; car quoiqu'il (bit
un peu rembruni aujourd'hui par la longueur du tems ,
cependant il eft ailé de fe convaincre de ce que je dis. Cet
luitorien eft plus exaft en ce qu'il dit des bas-reliefs fie
des hiéroglyphes qu'on voyoit de fon tems & qu'on voit
encore aujourd'hui fur les portiques. 7. Ce n'eft pas feu-
lement le tems qui a détruit ce labyrinthe ; la malice des
habitans d'Héracléopolis , qui, au rapport de Pline, por-
toientune haine mortelle à ce monument, fie les Arabes
qui ont cru y trouver des tréfors , en ont démoli la plus
grande partie , fie opt renversé en differens tems quan-
tité d'autres bâtimens qui étoient aux environs & qui
compofoient apparemment ces vaftes édifice, qu'il falloit
parcourir avant que d'arriver à l'endroit qui fubfifte en-
core aujourd'hui. 8. Pline allure qu'on croyoit commu-
nément que le labyrinthe étoit un ouvrage consacré au
Soleil ; pour juftifier cette remarque , je dois dire que la
tête, qu'on voit fur le frontispice , eft fans doute celle
du Soleil; les pointes de marbre, qui l'environnent, mar-
quent (es rayons , fie les aîles déployées la rapidité du
cours de cet aftre. 9. On ne peut décider ni par quel
prince, ni dans quel tems ce labyrinthe a été conftruit.
Strabon , /. 17, p. 811, dit qu'auprès du labyrinthe étoit
le tombeau ,du roi qui l'avoit fait bâtir ; mais il ne nous
apprend point le nom de ce prince. Pomponius Mêla
M donne la gloire à Psammetichus. Pline dit qu'on en
faifoit honneur à plufieurs rois , fit qu'il étoit conftruit
trois mille fix cents ans avant lui ; ( ce qui ne fauroit
être vrai. ) Hérodote allure qu'il étoit l'ouvrage des
douze rois qui avoient régné ensemble , fit partagé l'E-
gypte en autant de parties après la mort d'un prêtre de
"Vulcain, qui l'avoit gouvernée feul pendant fa vie, &
que ces princes avoient voulu laifler de concert ce mo-
nument à la poftérité. Il y a bien de l'apparence que
c'eft l'ouvrage du même roi qui avoit fait creufer le lac
Mceris, Si lui avoit donné fon nom. 10. Pline affiire
qu'on voyoit dans le labyrinthe plufieurs temples des
dieux d'Egypte, & quinze chapelles dédiées à la déefle
Néméfis. Tout cela èft détruit préfentement, à moins
qu'on ne prenne pour ces chapelles les chambres qui font
remplies d'hieroplyphes. Ce même auteur allure qu'il y
avoit plufieurs pyramides ; mais Hérodote ne parle que
d'une feule, dont il marque la hauteur. C'étoient apparem-
ment les tombeaux de quelques princes qui font préfen-
tement détruits. Je n'y ai vu non plus aucune de ces co-
lomnes de porphyre, dont parle le même Pline, qui
avoit un peu trop ajouté foi aux relations qu'on lui
avoit faites à ce (ujet , comme il paroît par ce qu'il dit
de ce bruit épouvantable qu'on entendoit dans les
chambres louterreines , comme fi c'eut été le tonnerre;
hyperbole fondée fur ce qu'il y avoit fans doute plufieurs
échos dans ces caves , qui failbient retentir la voix qui
fe communiquoit d'une voûte à l'autre , & formoit un
grand bruit. Ce qu'il y a de plus raifonnable dans fa re-
lation , eft ce qu'il dit de ces grofles colomnes fie de la
maçonnerie folide des frontispices, qui effectivement eft
telle. 11. Il ne faut pas confondre le labyrinthe auprès
du lac Mceris, avec le tombeau d'Ismendas ou Ofiman-
dias , dont Hécatée fait la description dans Diodore de
Sicile ; quoique quelques auteurs y ayent été trompés.
Cet édifice étoit dans la Thébaïde, bien loin du laby-
rinthe & du lac Mceris. D'ailleurs la relation, qu'il en
fait, eft trop différente de celle d'Hérodote fil des autres
auteurs, pour s'y laifler furprendre ; quoique l'ouvrage ne
fut guères inférieur à celui que l'on vient de décrire,
li. On ne doit pas être furpris de la diverfité des rela-
tions que les anciens auteurs ont faites du labyrinthe ,
puisqu'il y avoit tant de chofes à confidérer , tant de
détours fie de chambres à parcourir, tant d'édifices dif-
ferens, par lesquels il falloit pafter , que chacun s'atta-
choit à ce qui lui paroiflbit le plus admirable, fit négli-
geoit ou oublioit dans fon récit ce qui l'avoit le moins
frappé. 13. Ma dernière conjefture eft que le labyrinthe
étoit un temple immense , dans lequel étoient renfer-
mées des chapelles à l'honneur de toutes les divinités
de l'Egypte. Ce fentiment eft parfaitement conforme à
ce que difent les anciens , de ce nombre prodigieux d'i-
doles qu'on y avoit renfermées , &c dont les figures de
différentes grandeurs s'y voyoient de tous côtés fie s'y
.voient encore aujourd'hui dans ce qui refte d'entier.
LAB 689
Quoique le labyrinthe fût une espèce de Panihéon, con-
f^c'é à tous les dieux d'Egypte, il étoit cependant dé-
dié plus parriculiérement au foleil qui étoit la grande di-
vinité des Egyptiens ; ce qui n'empêche pas qu'on n'y
ait pu enterrer des crocodiles &C autres animaux consa-
crés à ces mêmes divinités dont ils étoient les fym-
boles.
Les habitans du pays , très-ignorans , nomment ces
reftes le palais de Caron , &C iuppofent qu'il a pris des
mefures, par le moyen de certains talismans , pour em-
pêcher qu'on n'enlevé les tréfors qui y font dépofés.
Comme ce heu , qui eft extrêmement défert , a fouvent
fervi de retraite aux Arabes , qui croyoient s'y mettre à
couvert contre la recherche des Turcs, il s'y eft donné
plufieurs combats dans différentes occafions.
2. Le LABYRINTHE DE L'iSLE DE CrÉTE fut bâti
fur le modèle de celui d'Egypte. Dédale en fut l'archi-
tecte par l'ordre de Minos, afin d'y enfermer le Mino-
taure, monftre né du libertinage de Pafiphaé , femme
de ce roi, fie de la paillon infâme qu'elle avoit eue pour
un taureau. Dédale y fut enfermé lui-même , avec fon
fils ; Se ils ne s'en fauverent que par ces fameufes aîles
dont les poètes ont tant patlé. C'eft de ce labyrinthe
que Virgile parle dans les vers déjà rapportés. Ovide ,
/. 8,^155, fiec. dans fes Métamorphofes , le décrit
auffi à l'occafion du Minotaure.
Crtvtrat opprobrlum generis : fiadumque patebat
Matris adultcrium monjlrï novitate bifiormis.
Dcjiinat hune Minos thalamis removere pudorem;
Multiplieique domo , cœcisque indudere teelis.
Dedalus ingenio fiabra eeleberrimus unis ,
Ponit opus : turbatque notas , & liminaflexu
Ducit r
Non ficus ac liquidas Phrygiis Maandros in arvis
Ludit ; & ambiguo lapsu refluicque fiuuque :
Oceurrensque Jibi venturas aspicil undas :
Et nunc ad finies ,
n iiare versus c.pertum ,
Incertas exercet aquas. Ita Dtcdalus implet
Innumeras errore vias : vixque ipse reverti
Ad limen poluit ; tanta ejl fialLacia ttcli.
C'eft- à-dire , comme traduit Corneille : (Thomas)
Il voit avec horreur l'opprobre de fa race
Augmenter chaque jour fa furieufe audace.
Elle n'a plus de borne ; fie, pour la réprimer,
Confus d'un pareil monftre , il le veut enfermer.
Dédale à qui le ciel fur tous ceux de fon âge,
Dans l'art de bien bâtir donna tant d'avantage,
D'une vafte prifon inventant les détours ,
Des malheurs qu'il caufoit., rompit le trifte cours.
Mille chemins divers avec tant d'artifice ,
Coupoient de tous côtés ce fameux édifice,
Que qui, pour en fortir, croyoit les éviter,
Rentrait dans les fentiers qu'il venoit de quitter.
Ainfi, comme incertain du chemin qu'il faut prendre
Serpente avec fes eaux le finueux Méandre;
On dirait, à le voir descendre 6k retourner,
Qu'au devant de lui-même il cherche à les mener ;
A peine a-t-il coulé vers la mer qui l'appelle,
Qu'amoureux de fa fource il remonte vers elle,'
Et rompt en tant de lieux fon cours mal afluré,
Qu'il femble en tournoyant qu'il fe foit égaré.
L'ingénieux Dédale eut ce modèle en vue,
Lorsque du labyrinthe embarraffant l'ilTue,
II fit tant de fisntiers , qu'en cefTant de bâtir,
De leurs détours lui-même il eut peine à fortir.
Tome III. S Ù'f
690
LAB
LAC
Pline
bât
/. 36, c. 13, dit que ce labyrinthe de Crète fut
par' Dédale, fur le modèle de celui d'Egypte ;
qu'il n'en imita pas la centième partie , & que cepen-
dant il contenoit des tours 8c des détours, dont il ne-
toit pas poflible de le démêler. Il n'en reftoit plus au-
cun vertige de fon tems, non plus que de celui d Italie,
duquel nous parlerons ensuite. Ce labyrinthe étoit au-
près de Gnoffe , félon Paufanias , in Aidas , & quel-
ques autres. Il paroît qu'il étoit découvert, par l'étrange
manière dont la fable a fuppofé que Dédale & fon fils
Icare s'en tirèrent ; au lieu que celui d'Egypte etoit
couvert & obscur. ,
3. L'autre labyrinthe de Crète fe trouve dé-
crit dans les Mémoires de l'académie royale des fcien-
ces, année 1701, p. 190, par de Tournefort, qui 1 a
examiné à loifir. Voici comment il en parle. Le laby-
rinthe de Candie efl un conduit fouterrein, en manière
de rue , qui, par mille tours 8c détours pris en tout fens
& fans aucune régularité, parcourt tout l'intérieur d une
colline fituée au pied du mont Ida , du côté du midi , a
trois milles de l'ancienne villede Gortine.On entre dans ce
labyrinthe par unéouverture de fept ou huit pas de large,
où à peine un homme de médiocre taille pourroit palier
fans fe courber. Le bas de l'entrée eft fort inégal ; mais
le haut eft affez plat & terminé naturellement par plu-
fieurs lits ou couches de pierres pofées horizontalement
les unes fur les autres. On trouve d'abord une espèce
de caverne fort ruftique, dont la pente eft douce; mais
à mefure qu'on avance, ce lieu paroît tout- a-fait fur-
prenant. Parmi tous ces détours il y a une allée bien
moins embarraflante que les autres, laquelle, par un che-
min d'environ douze cents pas , qui le fourche a (on ex-
trémité , conduit à une grande & belle fale au fond du
labyrinthe. Pour trouver cette allée, _ il faut le détourner
à gauche, environ à trente pas de 1 entrée. Si 1 on en-
file quelqu'autre rue , on s'engage , après avoir fait bien
du chemin , dans une infinité de recoins 8c de culs-de-
facs , d'où on ne fauroit fe tirer fans danger. Nous
fîmes, dit l'auteur cité, en demi-heure de tems, onze
cents foixante pas dans cette principale allée , fans nous
écarter à droite ni à gauche. Elle eft haute de fept ou
huit pieds, lambriffée" d'une couche de rocher horizon-
tale &c toute plate, comme le font la plupart des lits de
pierre de ce quartier-là. Il y a pourtant quelques endroits
où il faut un peu bailler la tête, &C un , entre les autres,
que l'on rencontre vers le milieu du chemin, ou Ion
eft obligé de marcher, comme l'on dit, à quatre pâtes.
Cette allée eft ordinairement affez large pour laiffer paf-
fer deux ou trois perfonnes de front. Le pavé en eft
uni ; il ne faut ni monter ni descendre confidérable-
ment. Les murailles font taillées à plomb , ou faites de
pierres que l'on a pris la peine de ranger , comme 1 on
fait celles des murailles où l'on n'emploie point de mor-
tier ; mais il fe préfente tant de chemins de tous cotes,
que Von s'y perdroit indubitablement , fans les précau-
tions néceffaires. Après avoir bien examiné ce lieu,
nous convînmes tous qu'il n'y avoit aucune ^apparence
que ce fût une ancienne carrière dont on eut tire les
pierres pour bâtir les villes de Gortine & de Gnofle ,
ainfi que Bellon & quelques auteurs modernes l'ont
pensé. , .
Il y a beaucoup plus d'apparence que ce labyrinthe n elt
qu'un conduit naturel , que d'habiles gens ont pris plai-
fir, il y a plufieurs fiécles, de rendre praticable , en fai-
fant aggrandir la plupart des endroits qui étoient trop
refferrés. Pour en exhauffer le plancher , on ne fit que
détacher quelques lits de pierre, qui naturellement font
par couches horizontales dans toute l'épaiffeur de la mon-
tagne. On tailla les murailles à plomb dans certains en-
droits , & on prit foin de ranger la plupart des pierres
qui embarraffoient les chemins. Peut-être que l'on ne
toucha pas à l'endroit où il faut marcher à quatre pâtes ,
pourfaire connoître à la poftérité comment le refte etoit
fait naturellement; car au-delà de cet endroit, 1 allée eft
auffi belle qu'en-deçà. Comme tout ce qui avoit appa-
rence de grandeur frappoit les anciens Grecs , & fur-
tout en matière de bâtimens , il y a apparence qu'ils per-
fectionnèrent ce que la nature n'avoit fait qu'ébaucher.
Quelques bergers , peut-être , ayant découvert ces con-
duits fouterreins , donnèrent lieu aux grands hommes de
ce tèms-là de les aggrandir & d'en faire ce merveilleux
labyrinthe , qui ne donne aujourd'hui retraite qu'à des
chauves- four is , & qui peut avoir fervi d'afyle à plu-
fieurs familles, pendant les guerres civiles, ou fous les
régnes des tyrans ; car ce lieu eft extrêmement fec , &c
l'on n'y voit ni égouts ni congélations , comme dans
les caves-gouttieres. On peut ajouter à cette conje&ure,
qu'il y a deux ou trois autres conduits naturels fort pro-
fonds, dans les collines voifines du labyrinthe, dont on
pourrait faire de femblables merveilles. Les cavernes
font fort fréquentes par toute l'iile de Candie. La plu-
part des rochers , 8c fur-tout ceux du mont Ida, font per-
cés à jour par des trous à y fourer les deux poings ou la
tête. On y voit plufieurs abîmes profonds 8t perpendi-
culaires ; pourquoi n'y auroit-il pas des conduits fouter-
reins horizontaux dans les lieux où les bancs de pierre
font affis horizontalement' les uns fur les autres ?
Ce r.'eft pas le fameux labyrinthe dont les anciens
ont parlé. Celui-ci avoit été fait par Dédale, furie mo-
dèle du labyrinthe: d'Egypte , cent fois plus grand que
celui de Candie, ainfi que le rapporte Pline , l. 36,
c. 15, qui affure que de fon tems il ne reftoit plus au-
cun veftige de ce dernier. Je ne connois personne qui en
ait fait mention, que l'auteur du grand Diftionnaire éty-
mologique grec ; ActQùemc; h t*. K/m't» t» via? isi smi-
Xaiov av7fàS'i(.
M. de Tournefort emploie le refte du Mémoire à tirèV
de ce labyrinthe des preuves en faveur de fon opinion
touchant la végétation des pierres ; 8c ce qu'il en dit, ne
regarde que la phyfique.
4. Le LABYRINTHE DE L'iSLE DÉ LEMNOS , fé-
lon Pline, /. 36, c. 13 , étoit femblable à ceux, dont on
vient de parler; ce qui doit s'entendre de l'embarras des
routes. Ce qui le diftinguoit, c'étoient cent cinquante
colomnes, qui, pendant qu'on les tournoit, étoient fi éga-
lement ajuftées dans leurs pivots , qu'un enfant fuffifoit
pour les mouvoir , pendant que l'ouvrier les travailloit.
Ce labyrinthe étoit l'ouvrage des archite&es Zmilus,
Rholus, 8c de Théodore de Lemnos. On en voyoit en-
core des veftiges du tems de Pline.
5. Le labyrinthe d'Italie fut bâti parPorsenna,
roi d'Etrurie , qui voulut fe faire un magnifique tombeau^
8c procurer à l'Italie la gloire d'avoir furpaiTé la vanité
des rois étrangers. Ce que l'on difoit étoit fi peu croya-
ble , que Pline n'a ofé prendre fur foi ce récit ; il aime
mieux employer les propres termes deVarron. Ce roi,
dit ce dernier , fut enseveli au-deffous de la ville de Clu-
fium , où il laiffa un monument de pierres de taille.
Chaque côté avoit trois cents pieds de largeur^ &C cin-
quante de hauteur. Dans la bafe qui étoit carrée, il y
avoit un labyrinthe d'où l'on ne fe pouvoit tirer ; qui-
conque avoit l'imprudence de s'y engager , fans un pelo-
ton de fil , n'en retrouvoit plus la fortie. Au-deffus, il y
avoit cinq pyramides , quatre aux quatre coins , 8c une
au milieu ; elles avoient foixante 8c quinze pieds de lar-
geur à leur bafe, 8c cent cinquante de haut , &c ; il n'en
reftoit plus rien du tems de Pline.
A l'imitation de ces labyrinthes, on en a fait pour fer-
vir d'ornement dans les jardins, où l'on n'étoit pas obligé
de ménager le terrein ; 8c par le moyen des allées d'ar-
bres , on a trouvé le moyen de faire faire beaucoup de
chemin inutile à ceux qui y entrent fans avoir de guide.
Le labyrinthe de Versailles eft un des plus
beaux ouvrages modernes en ce genre. Voyez Ver-
sailles:
Le lac du labyrinthe. Voyez Lac.
LAC , fubftantif masculin , grand amas d'eaux douces
ou falées , qui ne tarinent jamais , 8ç qui^ font entourées
d'un rivage , de tous côtés , excepté à l'entrée ou à la
fortie de quelque ruiffeau ou rivière. Ulpien dit que la
différence entre le lac 8c l'étang confifte en c? que le
lac a toujours de l'eau, 8c ne tarit en aucune iaifim de
l'année ; au lieu que l'étang eft fujet à n'avoir point
d'eau dans les grandes fécherefles. Il y a quatre fortes
de lacs.
1. Quelques-uns ne reçoivent ni ne rendent aucune
rivière. S'ils font petits, on les nomme étangs; s'ils font
grands, ils gardent, pour la plupart , le nom de lac.
2. Il y en a d'où il fort des rivières , 8c où il n'y en
entre aucune. (
3. Il y en a d'autres où il entre des rivières, 8c dou
il n'en fort point,
LAC
'4. Enfin il y a des lacs où il entre' des' rivières 8f
d'où il en fort.
Ceux du premier ordre font ou grands , ou petits , ou
médiocres. Les médiocres & les petits fe defféchent
fouvent, lorsque les étés fontbrûlans; & en ce cas ce
ne font pas des lacs, mais des étangs. Il fuffit, pour les
former, qu'un terrein foit bas & d'un fol que l'eau ne
pénétre pas facilement ; alors les pluies du voifinage s'y
ramallern & forment un petit lac. C'eft ainfi que dans
les Indes on ménage des lieux bordés de pierres pour
y conserver de l'eau , au bord des grands chemins , afin
de donner à boire aux pafTans ; ce qui eft une grande
charité chez les idolâtres de Flndouftan. Il y en a d'un
mille ou de deux milles de circuit. Ils fe rempliffent dans
les laitons pluvieufes, qui tiennent lieu d'hyver à ce cli-
mat. Il fe forme auffi de petits lacs & des étangs du dé-
bordement de certains fleuves. C'eft ainfi que le Nil,
le Gange , &c. qui ont des débordemens réglés, biffent
dans leur voifinage des lacs & des étangs, lorsque l'inon-
dation eft paffée. Les lacs qui ne reçoivent point de ri-
vières apparentes , ne font pas toujours un effet des
pluies. Il y en a qui ont dans leur baffin des fources qui
leur fourniffent des eaux à mefure que l'air & le foleil
les diffipent, ou que le rivage les boit.
Ceux du fécond rang , c'eft-à-dire , les lacs d'où il
fort des rivières, fans qu'il paroifle qu'il y en entre au-
cune , font en grand nombre. Ils fe forment de ce que
la fource ou les Sources d'une rivière fe trouvant dans
un endroit plus bas que tous les lieux qui font à l'entour,
il faut que l'eau rempliffe ce creux , jusqu'à ce qu'étant
montée à un certain niveau, elle trouve une fortie.
Il y a au contraire des lacs où il entre des rivières &
d'où il ne paroît pas qu'il en forte aucune. Tel eft le
Jac Asphalthe où tombe le Jourdain, qui n'en fort pas.
Quelques-uns ont donné le nom de lac à la mer Cas-
pienne,parce que, diibnt-ils, il n'y a, à proprement parler,
de mer que l'Océan &c les grands golfes qui en font des
appendices ; au lieu que la mer Caspienne n'a aucune
communication vifi.ble avec l'Océan. Il eft vrai que l'on
a conjeâuré , avec .bien de la vraifemblance , qu'elle a
des conduits fouterreins par lesquels elle communique
avec la mer Noire & le golfe Perfique ; mais on n'en a
aucune certitude phyfique ; & cette communication fem-
ble avoir été devinée après coup, afin de rendre raifon
pourquoi cette mer, qui reçoit de grands fleuves, comme
le Kur, l'Aras, le Wolga, le Jaïk^le Sihien, le Gé-
hon & quantité d'autres , ne s'accroît pas néanmoins ,
quoiqu'il ne paroifle aucun débouchement de toutes ces
eaux. 11 fe peut faire qu'une partie de ces eaux fe perde
dans des cavités , & paffe dans des réfervoirs des mon-
tagnes , dont ces fortes des lacs font environnés , &
qu'elle y forme la fource d'autres ruifleaux &c rivières
qui tombent ailleurs , ou qui ne reviennent qu'en partie
dans cette mer. Outre que le fond du baffin peut être,
en quelques endroits , d'une terre poreufe , qui laiffe
échapper une partie des eaux. * Kir cher. Mund. fub-
terran.
Il y a enfin des lacs qui fe forment du concours de
plufieurs rivières, & qui fe déchargent par une autre ri^
viere, ou qu'une rivière traverfé. Les uns rendent par leur
fortie beaucoup plus d'eau qu'il n'y en entre ; Si en ce
cas il faut que dans le baffin il y ait des fources fecrettes
qui y aboutiffent. D'autres rendent beaucoup moins
d'eau que la rivière qui y entre ne leur en apporte ; &
alors il faut dire qu'une partie de cette eau , ou fe dé-
tourne par des conduits fouterreins , ou fe perd dans un
fonds fpongieux. D'autres enfin en rendent & en reçoi-
vent également , & en ce cas il n'y a aucune des caufes
qui produiiént les effets dont on vient de parler.
Les lac formés par des rivières ou des ruiffeaux tien-
nent, pour la qualité de leurs eaux, de la nature de celles
du ruiffeau ou de la rivière qui les forme. La plupart
font d'eau douce ; quelques-uns font d'eau falée, foit à
caufe du voifinage de la mer avec laquelle ils ont une
communication connue ou cachée, foit par la qualité
faline des terres dont leur baffin eft formé , foit par le
mélange de quelques fources falées qui s'y rendent. Il fe
peut auffi que la rivière, qui produit un lac, foit très-
douce, comme le Jourdain, & que le lac ait une eau de
qualité différente , comme le lac Asphaltite ou la mer
Motte. Cela vient du terrein où. le lac s'eft formé,
LAC 69 ï
Il y a des lacs où il y a des ifles dont quelques-unes
font allez grandes pour être habitées. Les Grecs rendent
le mot de lac par a/u:;i &l par a**xȍ ; & c'eft de ce
dernier que les Latins ont fait Lacus, d'où viennent les
mots de Lago & Laguna des Italiens , le Lake des An-
glois Se le Lougth des Irlandois. Les Allemands fe fer-
vent du mot Set, qui lignifie auffi une mer, avec cette
différence que dans la lignification de lac, il eft mafeu-
lin ; & dans celle de mer, il eft féminin.
Le LAC d'Agnano. C'eft on affez petit lac entre
Naples & Pouzzol , fur le bord duquel eft là grotte du
chien. Voyez Grotte du Ckien.
Le lac d'Alemibig ou d'Alemibigen, ou plutôt,
Le lac d'Alemipegon. Voyez Alimibig.
Le lac d'Alto-Bosco, lacd'Alie, dans la partie
occidentale de la Natoiie , près d'un bourg de même
nom, peu loin d'Ephèlé. Voyez Alto-Bosco.
Le lac d'Amitatan , ou d'Amuitan. Voyez;
Amitatan.
Le lac d'Àndoria. Voyez Andoria.
Le lac d'Anguillara : c'eft le même que le lac
de Bracciano. Voyez ci-après.
Le lac d'Anneci. Voyez Anne ci.
Le lac d'Aquilonde. Voyez Aquilonde.
Le lac des Assinibouls. Voyez ASSIN1BOULS.
Le lac d'Atitlan. Voyez Atitlan.
Le lac d'Averne. Voyez Averne.
Le lac d'Aulagas. Voyez Aulagas.
Le lac d'Autacan , lac d'Egypte , dans fa partie
feptentrionale, du côte d'Alexandrie. Baudrand, éd. 1705,
dit qu'on le nomme plus fouvent le lac de Buchiara ou
Bucheira. Voyez Buchiara.
Le lac de Bacalal. Voyez Bacalal.
Le lac de Baikal. Voyez Baikal.
Le lac de Balaton, lac de la baffe Hongrie ; lès.
Allemands le nomment Platféc ; il s'étend en long, au.
comté de Salavar , Se eft formé par la rivière de Sar-
witz, qui, au fortir de ce lac au nord-eft , paffe à Albe-
Royale : Kanischa eft au fud-oueft, & à un peu moins de
fept petites lieues de ce lac. * Robert de Vaugondy'r
Atlas.
Le LAC DE BaSSANO, petit lac d'Italie, dans l'état
de l'églife, au Patrimoine de S. Pierre, près du bo.irg
de même nom , à une lieue au couchant du Tibre , Se
de la ville d'Orta, au midi. * Baudrand, éd. 1705.
Le lac de Bienne. Voyez Bienne.
Le lac de Bientina. Voyez Bientina.
Le lac de Boicale. Voyez Baikal.
Le lac de Bolsena, lac d'Italie, au duché de>
Caftro , qui eft de l'état du duc de Parme Se de Plai-
fance , quoique léqueftré par le pape. Il prend fon nom
de Bolfena, bourg fitué fur la rive feptentrionale, &
eft formé par plufieurs ruiffeaux qui y tombent entre Bol-
fena Si Borghetto. A l'orient de ce lac eft Montefias-
cone. Sur la rive méridionale font Bilèntio , Capo di
Monte , ck Marta. Auprès de ce dernier lieu eft la dé-
charge du lac dont fe forme une rivière nommée aulîi
Maria. Il y a deux ifles , dont la plus occidentale s'ap-
pelle Bifentina , & la plus orientale Mariana. Il a été
connu des anciens fous le nom de Vulsinus Lacus.
Voyez ce mot. Quelques-uns l'ont appelle le Lac de Mar-
ia , à caufe du lieu &c de la rivière de même nom.
* Magin, Ital.
Le LAC DE BONBON , petit lac de l'Amérique mé-
ridionale au Pérou, dans l'audience de Tima, au nord-
eft de la montagne de Los Atavillos , à la fource de la
Xaucan ou de la rivière de Maragno.
Le lac Bonbon doit êtte le même que le lac de
Lauri-Cocha , où la rivière des Amazones prend fa
fource. Mais il faut bien diflinguer cette rivière de celle
de Xauca, qu'on confond ici mal-à-propos.
Le lac de Borno, ou lac de Bournou, lac
d'Afrique, vers la fource du Niger, félon quelques-uns.
De rifle dans fa carte particulière de la Barbarie , de la
Nigritie & de la Guinée, avoit fuivi ce fentiment , en
1707; mais il en a changé depuis; & dans fon Afrique
publiée, en 1711, il donne ce lac comme fource du Ni-
ger , wrs ie 36e d. de longitude, Sj par 1e 16e d. de la-
titude-nord, à l'orient de la ville de Bournou.
Le LAC nommé par les Indiens, la bouche de la mer ;
lac de l'Amérique méridionale, au Brefil, dans la capi-
TomelII. Sfffij
6 g i
LAC
LAC
tainerie de Spiritu - Santo. Il en fort au couchant une
rivière qui va groflir Rio-Dolce.
Le lac du Bourget. Voyez Bourget.
Le lac de Bouron. Voyez Bouron.
Le lac de Bracciano. Voyez Bracciano.
Le lac Buade, ou Missisacaïgan, lac de l'A-
mérique feptentrionale , au Canada, entre le lac Supé-
rieur à l'orient, & le Mifliffipi encore yoifm de la fource
au couchant. Il fe forme de quatre ruiffeaux qui y tom-
bent au nord. Et il en fort une rivière nommée Mendeoua-
camon, qui tombe dans le Mifliffipi, au-deffus & auprès
du paffage de S. Antoine de Pade. * De l'Jjh , Canada.
Le lac de Bochiara. Voyez Buchiara.
Le lac de Burgian , lac d'Afie, dans la Khoraf-
fane , près de la ville de même nom.
Le lac de Buriana. Voyez Buriana 2.
Le lac de Capes, ou le lac des Lépreux.
Voyez Capes , rivière d'Afrique , dont ce lac reçoit fes
eaux Se fon nom.
Le lac des CARACARES, lac de l'Amérique mé-
ridionale, au Paraguay, entre les rivières d'Urvaig, de
Paran & de la Plata. Il a plufieurs ifles , &t fe perd dans
cette dernière rivière.
Le lac de Carasui. Voyez Carasou 6.
Le lac DE Cassipa , lac de l'Amérique méridio-
nale , dans la Guiane. I! fe forme dé quatre ruiffeaux ,
& va fe rendre par un canal dans l'Orénoque.
Le lac de Castel-Gandolphe. Voyez Cas-
tfl-Gandolphe.
1. Le lac de Castiglione. Voyez Casti-
GLIONE.
2. Le lac de Castiglione, petit lac d'Italie,
dans la Campagne de Rome. On l'appelle auffi le lac de
Sainte-Praxede. Il eft à quarre milles de Rome, fur le
chemin de Paleftine, Si à deux de Trivoli.
Le lac des Castors. C'eft le même que le lac
DES NlPlSSlRINlENS , au Canada.
Le LAC de Castro-Joanni , petit lac de la Sicile,
dans la vallée de Noto. Il a emiron quatre milles de
tour , & eft à cinq milles de Caftro-Joanni , au midi.
* Baudrand, éd. 1705.
Le lac de Celano. Voyez Celano.
Le lac de Chapala. Voyez Chapala.
Le lac de la Chaudière. Voyez Chaudière.
Le LAC DE Chiamay, grand lac d'Afie, dans les
états du roi d'Ava , aux confins des royaumes d'Afem,
de Boutan & de la Chine. Il en fort deux rivières re-
marquables, favoir celle de Laquia, qui va tomber dans
le Gange, près deDaca, dans le royaume de Bengale,
& celle de Caïpoumo , qui va fe perdre dans le Ménam-
kiou , ou rivière d'Ava , près de Laftoroa , un peu au-
deffous dAva. MM. Sanfon en font fortir toutes les ri-
vières , qui font depuis l'embouchure de la rivière de
Siam. Mais ils ont fuivi en cela , comme en bien d'au-
tres chofes, d'anciennes conjectures, -qui ne fe font pas
trouvées vraies. * Rob. de Vaugendy , Atlas.
Le lac de Caïavenne. Voyez Chiavenne.
Le lac de Commacchio , ou l'Etang de
Comacchio. Voyez au mot Comachio l'article
les Vallées de Comacchio.
Le lac de Come. Voyez Come.
Le lac de Comidie, lac de la Turquie , en Afie,
dans la Natolie, près des ruines de l'ancienne Nicomédie.
Le lac de Constance. Voyez Constance.
Le 1 ac DE CORAS , lac de la grande Tartarie, félon
Baudrand , éd. 1705 , qui ajoute : on prétend qu'il eft
fort grand ; mais nous n'en favons rien de particulier,
ni même de bien certain.
Le lac deCrapolace, petit lac d'Italie, dans
l'Etat du pape, & dans la Campagne de Rome entre la
côte de la mer de l'Eglife que l'on appelle de-là la
Spiaggia di Crapolace, & les Marais-Pontins. Il n'a
que trois à quatre milles de long , entre le lac de la So-
reffa &r_ celui des Monaci , au couchant , félon Jacques
Améti cité par Baudrand, éd. IJO').
Le Lac de la Croix , lac de l'Amérique fepten-
trionale , dans le Canada , au nord du Saguenai , félon
Albanel cité par le même.
Le lac de Czirknitz. Voyez Zirnick.
Le LAC DE DAMBÉE. Voyez Dambée.
Le lac des deux Montagnes , petit lac de l'A-
mérique feptentrionale , au Canada. Il eft formé par la
rivière des Outouacks, à l'endroit où elle fe joint à la
grande rivière , au-deffus de Mont-?>.éa! ; il a fept ou
huit lieues de long Se environ quatre de large.
Le LAC de Dummer. Voyez Dummer-ZÉE.
Le lac des Eaux Salées , petit lac de l'Amérique
feptentrionale , au Canada. Il eft de figure ronde , au
midi du lac Huron, Se au nord du lac Erié, dans la
communication de l'un à l'autre. Baudrand dit que les
naturels le nomment Tfiketo. De fille le nomme lac
de Ganatcb.io , ou de Sainte-Claire.
Le lac Erié. Voyez Errié.
Le lac d'Exséchia, lac d'Afie, dans la grande
Arménie. Quelques-uns le prennent pour le Lychnites3
ou Lycknhis Palus des anciens.
Le lac de Fogliano. Voyez Fogliano.
Le lac de Fondi. Voyez Fondi.
Le lac de Frontenac. Voyez Frontenac.
Le lac de Fucéchio. Voyez Fucéchio.
Le lac de Gaoga, ou Kaugha. VoyezGAOGA,
Le lac de Garde. Voyez Garde.
Le lac de Génésareth. Voyez Cénereth; &
au mot Mer l'article Mer de Tibériade.
Le lac de Genève. Voyez Léman.
Le lac de Gensano , petit lac de l'Etat de l'églife,
en Italie , dans la Campagne de Rome , près d'un châ-
teau dont il prend le nom. On lui donne auffi celui de
Némi.
Le lac de Grenade , lac de l'Amérique feptentrio-
nale. Voyez Grenade 8 , Se Nicaragua.
Le lac de Guarde. Voyez Guarde i.
Le lac des Hurons. Voyez Hurons.
Le LAC DE LA Janna, lac de Grèce, dans la pro-
vince de la Janna, fur les frontières de la baffe Albanie ,
avec une ville de même nom, dans une ifle. Ce lac eft
formé par la rivière de Selampria. C'eft le lac de Caf-
fiope des anciens.
Le lac d'Idro. Voyez Idro.
Le lac d'Ilmen. Voyez Ilmen.
Le lac d'Iséo. Voyez Iséo. •
Le lac des Kinongamichis. Voyez Kinonga,-
michis.
Le lac de Labrador, petit lac de l'Amérique
feptentrionale , dans fille du Cap-Breton , dans le golfe
de Saint-Laurent.
Le lac du Labyrinthe, petit lac de l'Amérique
feptentrionale, au Canada, au midi du fort des Abi-
tibis, vers les fources d'une rivière, qui, paffant auprès
de la Maifon-Françoife, va fe joindre à la rivière du
Perray, Se forme avec elle la rivière de S. Louis , qui fe
perd dans la baie de Hudfon, au nord du fort S. Louis.
Le lac de Ladoga. Voyez Ladoga.
Le lac de LiïfcSANE. Voyez Lausane.
Le lac de Lentini. Voyez Lentini.
Le lac de Léon. Voyez Léon 10.
Le lac de Lésina, petit lac d'Italie , au royaume
de Naples , dans la Poiïille Se dans la Capitanate, près
de Léima , qui n'eft plus qu'un village, après avoir été
une ville , & à trois milles feulement de la côte du golfe
de Veni.'e.
Le lac de Liasto. Voyez Liasto.
Le lac de Livadie. Voyez Livadie.
Le lac Lomond , ou Lomond-Loch, lac d'E-
coffe , au vicomte de Lewin , au nord de Dumbarton.
Voyez Lomond.
Le lac de Longpendu. Voyez Longpendu.
Le lac de Lucerne. Voyez Lucerne.
Le lac LucRin. Voyez Lucrin.
Le lac de Lugano. Voyez Lugano.
Le lac Ma jour, ou Majeur, ou Major, lac
d'Italie en Lombardie, au duché de Milan. Les anciens
l'ont nommé Verbanus LacuS , 8c les Italiens l'appellent
Lago Maggiore. Il s'étend en long du feptentriou au
midi , l'espace de trente-neuf milles , fur. cinq ou fis
milles de largeur. Il reçoit un affez grand nombre de
rivières , dont la principale eft leTeffin , qui le traverfe
dans toute fa longueur, y entrant à l'orient de Locarno ,
& en fortant à l'occident de Sefto. Locarno & la
partie feptentrionale du lac font partie des bailliages
d'Italie , qui dépendent de la Suiffe. La partie méridio-
nale, depuis les villages de Brifago & de Colmsgna, in-
LAC
LA^
dufiverr.ent, eft du Milanez. Les autres rivières, qui tc:n-
Lent clans ce lac , l'ont au couchant du nord , au fud !e
Mélezzo , la rivière de Canobio , la Tola qui y porte
les eaux du lac d'Orta ; à l'orient, la Treffa , qai vient
du lac de Lugan, 6k quelques ruiffeaux ou torrens , dont
un fe charge des eaux de quelques petits lacs, favoir le
lac de Gautra, celui de Mono. , 6k celui de Terna. Sur
la côte occidentale il y a quelques illes , favoir la Mal-
paga 6k la Vitaiiana , auprès de Canobbio 6k de Can-
cro. Plus au midi, il y en a quelques autres, favoir celle
de Sam Angelo 6k de San-V'utore, 6k deux petites qu'on
appelle iïmplement JfelU. Elles font dans un golfe for-
mé par l'embouchure de laTofa, 6k par une rivière qui
n'eft autre chofe que la décharge du lac de Mergozzo.
Il n'a point d'autres villes fur fes bords que Locarno Si
Sefto. * Robert de Vav.gondy , Atlas.
Le lac de Mantoue. 'Voyez Mantue.
Le lac de Maracayeo. Voyez Maracai'so.
Le lac de Marsi. C'eft le même que le lac de
Célano. Voyez ce mot.
Le lac de Marta : c'eft le même que le lac de
Bolséna.
Le lac de Méchoacan, lac de l'Amérique Sep-
tentrionale dans la Nouvelle Espagne, 6k dans la pro-
vince de Méchoacan, à fept lieues de la ville de ce nom,
vers le nord. Il eft formé par les eaux d'une rivière
dont la fource eft affez près de la rivière de San-Pedro ,
6k qui, au lieu d'y tomber d'abord, s'en écarte vers le
r.ord , puis vers l'eft , 6k s'élargiffant enfuite, fe jette à
droite 6k à gauche, au nord de Méchoacan , ville, 6k de
\ alladolid , bourgade. La branche occidentale n'a point
d'ilîuë , 6k fe termine à un cul-de-fac : l'orientale a un
débouchement , qui , en circulant vers le fud-eft 6k le
fud, tombe dans la rivière deSan-Fedro. * Rob. de Vau-
gondy ^ Atlas.
Ll LAC Msler. Voyez MÊLER.
Le lac de Mexico, ou de- Mexîque. Voyez Me-
xico.
Le lac MezzAno. Voyez Mezzano.
Le lac de Mit higan. Voyez Michigan.
Le lac Mimipègon; c'eft un petit lac de la Nou-
velle France , qui fe décharge dans la partie du nord
du lac Supérieur. Il eft lui-même la décharge de plu-
fieurs autres lacs, beaucoup plus grands, dont la pofuion
.n'eft pas encore bien connue.
Le lac de Missisacaïgan ; c'eft le même que le
Ï.AC DE BUADE.
Le lac DES Mistasins , lac de l'Amérique fepten-
trionale, au nord du Canada. 11 a deux décharges ; l'une
au midi par la rivière de Kakigaoufipi , dans le lac de
S. Jean , 6k de-là dans la rivière de Saguenay ; l'autre ,
qui eft plus confidérable , eft au couchant , par la ri-
vière de Rupert qui traverfe le petit lac de Némisko ,
& fe perd dans un golfe, au midi de la baie de Hudfon
& de Fifle de Charlefton.
Le lac des Moines , ou lago delli Monachi,
petit lac d'Italie, dans l'Etat de l'églife, dans la Campa-
gne de Rome. Il s'étend en long l'espace de fept milles,
entte le lac de Fogliano au couchant 6k celui de Crapo-
lace au levant , 6k leur eft joint par des canaux. Il eft
fort'refterré entre la Plage Romaine au midi, 6k les Ma-
rais - Pontins au feptentrion, félon Jacques Améli cité
parBaudrand, éd. 1705.
Le lac de Morat, ou Murât. Voyez Morat.
Le lac des Nadouessioux, lac de l'Amérique
feptentrionale, au pays des Nadoueffioux, qui font par-
tie des UTati orientaux , au fud-oueft du lac des Sioux.
C'eft moins un lac que la fource un peu élargie de
la rivière de S. François, qui tombe dans le grand fleuve
de Miffiffipi, encore voifin de (ss fources.
Le lac Naffia, petit iac de Sicile, dans la valée
deNoto, près de la petite ville de Palagonia, à vingt-
cinq milles d'Agoufte au couchant , 6k à quatorze de
Lentini. C'eft le Palicorum lacus des anciens.
Voyez PaLICI. * Baudrand, éd. 170^.
Le LAC DE Némi, petit lac d'Italie dans la Campagne
• de Rome, près d'un château qui lui donne ce nom.
Il a fept milles de circuit, & eft à dix-huit milles de
Rome, en allant vers Velitres , dont il n'eft qu'à qua-
tre milles. C'eft le même que le LAC DE Genz.^O }
nom qu'il prend d'un autre château.
693
Le LAC DëNemisko, lac de î'A.ménque feptentrio-'
nale, au pays des Kiliftinons. Il eft au midi de la ri-
vière de Rupert, qui le forme, en paflant, du lac Mis-
tafin , au fond de la baie de Hudson.
Le lac de Neuchatel. Voyez Neuchatel.
Le lac de Nicaragua. Voyez Grenade 6k Ni-
caragua.
Le lac de Nicée. Voyez Nicée.
Le lac Nipissing , lac de l'Amérique feptentrio-
nale au Canada. Cn le nomme auffi le Lac DES Ni-
P1SSIRINIENS 6k LAC DES Castors. Il eft entre la ri-
vière des Outaouaks, au nord-eft, 6k le lac Huron au fud-
oueft. De l'ifle ne donne qu'une décharge , dans le lac
Huron, par une rivière qu'il nomme la rivière de S. Fran-
çois. Le P. Hennepin , qui donne le nom de rivière de
S.François à celle des Outaouacks, la fait communiquera
ce lac par un canal où il met un faut. Une carte plus nou-
velle 6k plus détaillée marque ce même canal avec trois
portages nommés les galots , le portage des rofes, 6k le
portage de la Mujlave. Elle met fur la rivière de comirm-
nication de ce lac au lac Huron , un portage nommé des
Récol/ets, 6k remplit d'ifles le lac de Nipifiïng.
Le lac des Nipissiriniens. C'eft le même que
le précédent.
Le lac d'Ochrida , lac de la Turquie en Europe.
Voyez Ochrida.
Le lac d'Onega. Voyez Onega 2.
Le lac Ontario. Voyez Ontario.
Le lac d'Orbitelle. Voyez Orbitelle.
Le lac d'Orta, lac d'Italie. Voyez Orta.
Le lac de Paria, ou lac d'Aulagas , lac de
l'Amérique méridionale, dans le Pérou, dans l'audience
de los Charcas. Il communique par un long canal avec
le lac de Titicaca , qui eft beaucoup plus au nord.
Le LAC de Parime , lac imaginaire.
Le lac de Patria. Voyez Patria.
Le lac de PjÏrouse. Voyez Pérouse.
Le lac Pesole. Voyez Pesol,
Le lac Pi.ïi'US. Voyez Peïpus.
Le lac de Pié-di-Luco. Voyez Pié-di-Luco.
Le lac de Pilate. Voyez Frakmont.
Le lac de Pusiano. Voyez Pusiano. •
Le lac des Puteotamis , ou la baie des
Puants. Voyez Baie.
Le lac des Quatre- Villes en Suisse; c'eft le
même que le LAC DE LuCERNE. Voyez Lucerne.
Le lac de Rieti. Voyez Rieti.
Le lac de Rive , ou le lac de"\Vallenstadt,
lac de Suifle. Voyez Rive.
Le lac de Ronciglione, ou le lac de Vico.
Voyez Ciminius Lacus, 6k Ronciglione.
Le lac DE Rufumbo , lac d'Afrique , dans les états
du Monoëmugi, au nord de la Couama, près de la
montagne de Rufumbo.
Le lac de S. François , lac de l'Amérique fepten-
trionale , au Canada. C'eft moins un lac proprement
dit , qu'un élargiffement médiocre du grand fleuve de
S. Laurent, un peu au-deflus de Mont-Réal.
Le lac de S. Jean, ou de Pingagami , petit lac
de l'Amérique feptentrionale , au Canada. Il fe forme
de la rivere de Kakigaoufipi , qui lui porte les eaux du
lac Miftafin, qui eft au nord-nord-oueft , 6k de la ri-
vière de Nilbuba qui vient du couchant : il fe décharge
par la rivière de Saguenay dans le fleuve de S. Laurent,
près de Tadoufac.
Le lac de S. Louis: on a autrefois donné ce nom
au lac de Frontenac.
Le lac de Sainte-Praxede: c'eft le même que
le Lac de Cajliglione.
Le LAC du S. SACREMENT, lac de l'Amérique fep-
tentrionale, dans le Canada. Il fe forme par la rivière
de Richelieu , qui elle-même n'eft que la décharge du
lac de Cnamplain , dont celui du S. Sacrement n'eft
qu'à une lieue. Il à dix ou onze lieues de long.
Le lac de Sainte-Susanne, lac d'Italie, dans
rOmbrie,.près de Riéti 6k du lac de Cantalice, proche
du château de Sainte-Sufanne , dont il prend fon nom.
Il n'a que deux ou trois milles de tour. Cluvier croit
que c'eft le Septcm+Aqutz de Cicéron.
Le lac DE Sarchad, lac de Tranfilvanie , au<
frontières de la haute Hongrie. Il eft petit 6k formé par
<5p4
LAC
LAC
la rivière de Fekler-Kères , qui le traverfe au-deffous
de la ville de Giula.
Le lac de Scutari , lac de l'Albanie , vulgaire-
ment appelle Lac de Penca. La rivière de Batiana ou
Bojana , qui fort de ce lac , dont le tour eft de quatre-
vingt milles , borde du midi la ville de Scutari , félon
Corneille , qui cite Corovic. Itin.
Le lac de la Soressa. Voyez Soressa.
Le lac de Stive. Voyez Copaïs &c Livadie.
Le lac de Straccia-Cappa. Voyez Straccia-
Cappa.
Le lac Supérieur , grand lac de l'Amérique fep-
îentrionale , au Canada. Il peut être confîderé comme
la fource du grand fleuve de S. Laurent , au nord du lac
des Illinois. Il communique au nord avec le lac Alemi-
pigon , & , au fud-ëft, au lac Huron où il envoie une
partie de fes eaux. Il en reçoit d'un grand nombre de
ruiffeaux. Il y a plus de foixante lieues du fond occiden-
tal de ce lac, à la pointe de terre qui,s'avançant du midi,
femble le vouloir partager en deux, &C plus de ioixante
aurres de-là à fon extrémité orientale. Il y a un très-
grand nombre d'ifles le long de fes bords. La princi-
pale eft celle de Minong, qui a dix-huit à dix-neuf lieues
de longueur ôt eft féparée du continent par un ca-
nal allez large. On le nomme auffi quelquefois le lac
de Traci. Il eft navigable pour toutes fortes de bar-
ques.
Le lac fupérieur avoit été nommé le lac de Tracy en
l'honneur du marquis de Tracy, lequel, en 1663 , fut
nommé vice-roi de l'Amérique Françoife, &, après avoir
vifité les ides Antilles, arriva en Canada, en 1665, où
il fît la guerre aux Iroquois ; mais ce nom n'efî plus en
ufage. On ne connoît point celui que les Sauvages don-
noient à ce lac , le plus grand que l'on connoiffe dans le
monde , & on l'a apparemment nommé Supérieur, parce
qu'il eft le plus feptentrional des grands lacs de la Nouvelle-
France. On lui donne deux cents quatre-vingt-cinq lieues
de Teft à l'oueft ; environ quatre -vingt de large du
nord au fud , & cinq cents de circuit. Son embouchure
dans le lac Huron eft par les 45 d. z8' ; ci il le dé-
charge par un détroit de vingt -deux lieues de long,
fott embarraffé de rochers. Toute la côte méridionale de
ce lac eft allez droite : il feroit dangereux d'y être fur-
pris d'un vent du large , parce qu'on n'y trouve presque
point d'abri ; mais la rive feptenttionale eft bordée de
rochers , entre lesquels il y a quantité de petits havres
fort commodes pour les voyageurs , qui s'accordent tous
fur une particularité de ce lac , qu'il eft bon de favoir.
Ils dilent que quand il doit y avoir une tempête fur le
lac , on- en eft averti deux jours auparavant ; que tout le
premier jour, on apperçoit un petit frémiffement fur la
furface de l'eau ; que le lendemain les lames y font affez
groffes , mais ne fe brifent pas encore ; de forte qu'on
peut naviguer fains crainte, & faire même beaucoup de
chemin, non a le vent favorable ; mais que, letroifiéme
jour, le lac eft tout en feu , & que l'Océan dans fa plus
grande fureur, n'eft pas plus agité.
Les Sauvages, par reconnoiflance pour la grande quantité
de poiffbns que leur fournit ce lac , & par le respect que
leur inspire fa vafte étendue , en ont fait une divinité , &
lui offrent des facrifices à leur manière; mais il fe pour-
rait bien faire que ces honneurs religieux ayent pour ob-
jet le dieu Michabou , qui a formé ce lac , difent ces
peuples, pour prendre des caftors: ils ajoutent que les
rochers dont j'ai dit qu'eft rempli le détroit du lac Supé-
rieur , font des reftes d'une chauffée que le dieu avoit
conftruite, pour arrêter les eaux des rivières & des lacs
dont il vouloit former celui-ci. Il y a long-tems qu'on
fait qu'il y a beaucoup de cuivre dans les ifles &c dans
le continert du lac Supérieur: on a fouvent trouvé des
morceaux propres à être mis en œuvre fur les falaifes.
? Notes du P. Charlevoix.
Le lac de Tailla- Cozzo, lac d'Italie, au
royaume de Naples. C'eft le même que le lac de Celano.
Le lac de Thun, Voyez Tung.
Le lac des TiMAGAMiNG : c'eft le même que le
lacdeMiflafin au Canada.
Le lac de Titicaca. Voyez Titicaca.
Le lac de Traci. C'eft le même que le laç Su-
périeur.
Le LAC DE Varane, Voyez Varano,
Le lac de Vaspurac an : c'eft le même que le lac
d'Aclamar. Voyez Actamar.
Le lac de Vastran : c'eft le même que le lac de
Van. Voyez Van.
Le lac Vener, ou Vaner. Voyey Vener.
Le lac de Veter, ou Vater. Voyez Veter.
Le lac de Vico : c'eft le même que le lac de Ron-
ciglione.
Le lac de Xaragua. Voyez Xaragua.
Le LAC des Xarayes : les Espagnols difent Laguna.
de los Xaraies , grand lac de l'Amérique méridionale,
entre le Pérou au couchant , le Brefil au levant , & le
Paraguai au midi , dans le pays des Xarayes , à la fource
de l'iguatu , qui , un peu au-deflous , eft nommée rivière,
de Paraguai. Il y a une fort grande ifle qui en occupe
une partie confidérable, au-deflous une autre moindre,
& quelques petites au couchant. * Rob. de Vaugondy,
Atlas.
Le LAC BE ZACHAF, lac d'Afrique, dans la baffe
Ethiopie , dans l'empire du Monoèmugi , d'où fort la ri-
vière du S. Esprit, qui court dans le Monomotapa, félon
Baudrand , qui cite quelques relations. Il devoit citer de
bonne fois les cartes de MM. Sanfon , où cela fe trouve
ainfi. Ce lac eft imaginaire , auffi-bien que le cours de
la rivière du S. Esprit.
Le lac DE Zaflan, autre lac imaginaire d'Afrique,
vers le 60e d. de latitude fud , félon les cartes de MM.
Sanfon. Les anciens géographes en dérivoient une ri-
vière qu'ils fuppofoient être une des origines du Nil ,
& qui eft auffi peu réelle que le lac même.
Le LAC DE Zaïre , autre lac d'Afrique , d'où l'on a
cru long-tems, que le Nil prenoit fa principale origine -
au-delà de l'équateur. Les cartes de MM. Sanfon nom-
ment ce lac Zaïre ou Zemhre, & le mettent au "jo" d.
de longitude, &. entre le 5e & le 15e d. de latitude mé-
ridionale.
Ces trois lacs disparoiffent dans les cartes de De l'Ifle.
Le LAC DE Zambeze , grand lac d'Afrique , dans la
Cafrerie, entre le royau mede Chicova& celui d'Abutua,
à l'occident de la ville de Chicova , &c de la rivière
de Zambelé. De l'Ifle le marque, mais fans le nommer.
Le lac de Zell , lac d'Allemagne , dans laSuabe,
fur la frontière de la Suiffe , &£ au-deffous du lac de
Confiance, près de la petite ville de Zell, qui lui donne
le nom. Il na guères que trente mille pas de circuit.
Le Rhin le traverfe dans fa partie méridionale.
Le lac de Zenta ; c'eft le même que le lac de,
Scutari.
Le lac de Zug. Voyez Zug.
Le lac de Zurich. Voyez Zurich*
Outre cette lifte , il faut consulter aux mots Lago J
Lagune, Logh, Lough & Osero. Tous ces mot*
ne veulent dire que lac.
LACANITIS, contrée d'Afie , dans la Cilicie , fé-
lon Ptolomée, l. 5 , c. 8, qui met une ville unique,
favoir Irenopolis.
LACCI , grand marais , dans la Lybie extérieure j.
félon Ptolomée, qui lui donne 55 d. 30' de longitude,
<k i6 d. 40' de latitude. Ortélius met ce marais dans la
Marmarique ; mais il ne s'eft pas fouvenu que Ptolo-
mée , /. 4, c. 5 , ne parle pas feulement de la Marmari-
que dans ce chapitte , mais qu'il y déetit auffi la Lybie-
& l'Egypte.
LACCINI ; ce mot fe trouve dans quelques vieilles
éditions de Pline , comme fi c'étoit le nom d'un peuple
de la huitième région de l'Italie. Le P. Hardouin, /. 3,
c. 15, avoue que ne le trouvant dans aucun manuscrit,
& ne voyant d'ailleurs aucun géographe qui ait nommé
une ville qui ait du rapport avec ce peuple , il a effacé
ce nom.
LACCIVOLO, (la Pùnta de) cap de l'ifle de
Corse , dans fa côte occidentale , à fept lieues de la ville
de Calvi, du côté du nord, & à huit de San-Fiorenzo,
vers le couchant. Voyez Attium, qui eft l'ancien nom.
* Baadr. éd. 170^.
LACCOBARDI , Aa.wCépfo,. Voyez Lango-
BARDI.
LACCOBRIGA. Voyez Lacobriga.
LACÊDEMONE, ville de Grèce, au Péloponnèfe,
fur la rive droite ou occidentale de l'Eurotas. Baudrand
dit qu'elle fut fondée par Lacédémon , dont elle prit le
LAC
LAC
nom, &£ fut ensuite zppelléeSparie , du nom de la reine
Sparta, fille d'Europe. Corneille dit qu'elle fut origi-
nairement appellée Lélie ou Lélégie, du nom de Lèlex ,
Ion fondateur , & qu'on l'appella depuis indifférem-
ment Lacédémone on Sparte; Lacédémone , du nom de
Lacédémon , qui fuccéda à Lélex ; & Sparte , de la reine
Spana, fille d'Europe, & du même Lacédémon. Pau-
fanias dit beaucoup mieux. On la nomma d'abord Sparte,
& ensuite Lacédémonc , ce dernier nom n'étant aupara-
vant que celui du pays. Etienne le Géographe , dit : La-
cédémone , ville très-célébre , au Péloponncfe ; aupa-
ravant on la nommoit Sparte. Homère, lliad. B. v. 88,
diftingue très-bien ces deux noms. Ceux , dit-il , qui ha-
bitoient la baffe ck la vafte Lacédémone , Phare, Sparte
& Meffé , fèjour fi aimé des colombes , bryfées , &c.
Par Lacédémone il entend le pays nommé la Laconie ;
ck par Sparte , la ville même qui étoit la capitale de ce
pays. Le Schohafte dit , en expliquant ces vers d'Ho-
mère : Lacédémone eft le nom du pays , ck Sparte ce-
lui de la ville ; d'autres donnent à la ville les deux noms
indifféremment. Le i'urnom de baffe , Ko/a» , creufe,
donné au pays, a rapport au Taygéte , ôi autres mon-
tagnes dont il eft environné. On peut voir Meuriîus ,
iur l'origine de ces deux noms ; on y trouvera une éru-
dition qui n'eft pas de notre fujet. Quoiqu'elle ne tût
pas fi étendue qu'Athènes , eile l'égaloit au moins en
puiffance. Pohbe, /. 9, c. 20, dit que le circuit étoit de
quarante-huit ftades. Celui d'Athènes étoit bien plus
grand. Lorsque Lacédémone étoit flonffante , elle n'a-
voir aucuns murs , ck te croyoït affez fortifiée par le
courage de Ces citoyens. Cornélius Népos, in Agejilao,
c. 6, dit: lorsqu'Epaminondas affiégeoit Sparte, comme
cette ville n'avoit point de murailles , il fit voir tant de
conduite, qu'il iembla alors à tout le monde que , ckc.
Enfin vers le temsde Caffander, ou peu après, lorsque
les tyrans étoient maîtres de la ville , ne fe fiant ni à
leur .courage ni à leurs forces , ils environnèrent la
ville d'une muraille ; ce n'étoit d'abord qu'une maçon-
nerie légère ck faite à la hâte ; mais Nabis la perfec-
tionna. Juftm, /. 14, c. 5, dit : Caffander marchant
contre la Grèce , fit la guerre à plufieurs villes , dont la
ruine alarma les Spartiates , qui en furent effrayés
comme d'un incendie qui les menaçoit. Ce fut alors
que (è défiant de leurs forces , ils donnèrent des murs
à leur ville , ck la fortifièrent malgré les réponses des
oracles , ck au mépris de l'ancienne gloire , qui étoit
beaucoup plus grande. Paulanias , in Ackaïc. c. 8 , met
le tems de la conftru&ion de ces murs aux tems de
Démétrius ck de Pyrrhus. Les murs de Sparte, dit- il,
avoient été élevés à la hâte , lorsque Démétrius &. Pyr-
rhus l'affiégeoient : le tyran Nabis les perfectionna en-
fuite , de manière que rien n'y manquoit pour être fo-
lides. Tite-Live, /. 34, c.38, dit : Sparte étoit autre-
fois fans murailles. En dernier lieu , les tyrans avoient
fait un mur aux lieux ouverts , & d'un accès trop facile,
fe contentant de mettre fur les hauteurs , ck aux endroits
moins abordables, des corps-de-garde , pour les défen-
dre.
Je renvoie à Plurarque dans les Vies de Lycurgue, de
Lyfandre , d'Agéfilas , d'Agis ck de Cléomène , ceux
qui voudront s'inftruire des mœurs, des coutumes ck de
la politique des Lacédémoniens.
La ville de Sparte étoit capitale d'un royaume, dont
Lacédémone étoit le vrai nom ; ck ce nom , comme
nous avons dit, fut ensuite donné à la ville. Ce royaume
a eu diverses révolutions, dont on peut voir les princi-
pales dans l'Hiftoire géographique de la Grèce au mot
Grèce. J'ajouterai ici quelques traits particuliers. Une
ancienne tradition donnoit aux Spartiates ck aux .Juifs
une origine commune. Cependant il y a bien de l'appa-
rence que ce fentiment ne commeiça que depuis les
Maccabées. D. Çalmet, Dicl. dit : les Hébreux ne
commencèrent à connoître les Lacédémoniens , & à
avoir commerce avec eux que depuis les Maccabées.
Aréus , roi de Lacédémone, écrivit au grand -prêtre
Onias , l'an 183 , avant l'ère vulgaire , qu'ayant appris
que les Juifs & les Lacédémoniens étoient frères, & de
la race d'Abraham, il les prioit de leur mander l'état de
leurs affaires. Onias reçut très-bien les envoyés d'Aréus,
& récrivit aux Lacédémoniens, reconnoiffant aveepiai-
fir la parenté des deux nations, C'eft ce qu'on ht aupre-
6()5
mer livre des Maccabées , c. 12, v. 7 & feq. Plufieurs
années après, Jonathas-Maccabée ayant envoyé des dé-
putés à Rome, pour renouveller l'alliance des Juifs avec
les Roumains , donna ordre à {es gens de repafier par
Lacédémone , ci de porter aux Lacédémon iens une let-
tre , dans laquelle il rapporte toute entière celle d'A-
réus , dont on vient de parler , ck dit qu'enxore que les
Juifs n'ayent pas befoin du témoignage d'Aréus, pour fe
persuader de leur parenté réciproque , puisqu'ils ont des
livres faints qui la leur apprennent ; ck quoique dans la
fituation préfente de leur république , ils ne foient pas
dans la néctlîré de recourir à leurs fecours , ils ne bif-
fent pas de leur envoyer des ambaffadeurs , pour renou-
veller leur amitié & leur union , ck pour leur rendre
compte de l'état où étoient alors les affaires de leur na-
tion ; diiant qu'ils ont été expofés à beaucoup de per-
fécutions, mais que le Seigneur les en a délivrés d'une
manière toute miraculeulè. On n'a pas la réponse des
Lacédémoniens. Long-tems auparavant , Jalon , faux
grand-prêtre des Juifs , ck frère d'Onias III , ayant été
obligé de fe fauver de fa patrie, à caufe de fes crimes,
fe retira auprès des Lacédémoniens , espérant y trouver
un afyle, (Maccab. 1. 2, c. 5, v. 7;) mais les Lacédé-
moniens ayant appris le fujet de fa fuite, l'abandonnè-
rent, ck il mourut fans qu'ils daignaffent lui donner
l'honneur de la fépulture. Quant au fond de la queftion
fur la parenté des Juifs ck des Lacédémoniens, on peut
voir la Differtation particulière , que D. Calmet en a
faite à la tête de fon Commentaire fur les Maccabées.
Lacédémone a été le fiége d'un évêché qui étoit
encore fuffragant de Patras , dans le tems que la
Notice de 1 évêque de Cathare a été écrite. On y
trouve pour huitième fuffragant Lauricensern ou Lace-
damonensem. Dans la Notice de Hieroclès.on lit Lace-
dczmcn metropolïs Laconica , quez prias Sparta. Dans
la Notice de Nilus Doxapatrius , Patras n'a plus que
cinq fufrragans , dont le premier eft Lacédémone ; ck
dans une autre Notice faite , fous Léon le Sage , pour
régler les rangs entre les métropolitains , Patras eft le
trente-deuxième, & Lacédémone le foixante ck dix-
huitiéme. C'eft-à-préfent un archevêché , qui a fous lui
trois iuffragans, Cariopole, Amiclès ck Breftène. Nous
marquons l'état ptéfent de Lacédémone au mot Misi-
tra, qui en eft le nom moderne.
Le pays de Lacédémone. Voyez fort ancien état, au
mot Laconie; ck fon état prêtent, aux mots Maina
ck MAGNOTES. La Sacanie ou Zacanie n'a rien de
commun avec la Laconie des anciens, comme nous le
prouvons en fon lieu.
LACEDOGNA. Voyez Cedogone.
1. LACERIA , ville de la Magnéfie , félon Etienne
le Géographe.
2. LACERIA , ville d'Italie, félon le même.
_ 3. LACEPJA, nom que l'on donnoit auiîï à la ville
d'Hennion , félon le même.
Cet auteur ne dit point où étoit cette troifiéme. La
féconde eft inspecte , ck la première a befoin d'explica-
tion. Commençons par celle-ci :
1. Nicétas, au rapport d'Ortélius , fait mention d'une
Laceria, vers la Phrygie. Cela donne lieu à ce géogra-
phe de conjecturer, (forte,) que ce peut être la Lace
ria de Magnéfie , nommée par Etienne.
2. Laceria d'Italie eft i\ fuspefte à Berkélius , com-
mentateur d'Etienne , qu'il a cru qu'I-m*/ c étoit une
faute des copiftes, pour ef<n*.?.iaç , de Thtffalie &c non
pas d'Italie. En effet, Pindare, Pyth. od. 3, fait men-
tion d'une Laceria clans ces cantons ; & fon fcholiafte
dit expreffément qu'elle étoit fur le lac Bcebéîde. Apol-
lonius , l. 4, dit qu'elle étoit fur l'Amyre , rivière qui fe
décharge dans ce lac.
LACETANI & Lacetenia, ancien peuple & pays
d'Espagne. Pline , /. 3 , c. 3 , met auprès des Aufetani
les peuples Itam & LaCETANI. Le premier eft i] peu
c >nnu , que le P. Hardouin l'efface comme une faute
provenue de la répétition vicieufe de quelques (yllabes
en dictant. A l'égard du fécond peuple, il elt plus connu.
Tite-Live, /. 21 , c.6o, en parle, & en marque même
la pofition affez expreffément , lorsqu'il dit : Scipion
étant parti de l'embouchure du Rhône , & ayant dé-
paffé les Pyrénées , Se pris terre à Ampurias, il y dé-
barqua fes troupes ; ôt commençant par les Lacétaniens,
696 LAC
il fournit à la domtinaion Romaine toute la côte, jusqu'à
l'Ebie, partie en renouvellar.t les anciennes alliances; &c
partie en enfailàntde nouvelles. Ces Lacétaniens font les
Jaccetani de Ptolomée ,l.%, c. 6 , diffétens des Jac-
cetani deStrabon,/. 3 , p. 161, qui étoient dans la
Vasconie ou Gascogne en Espagne. Selon le P. Briet ,
Parait. 2. part. L 4 , p. 269 , les Lacctj.ni & les Jacce-
tani répondent à une partie du diocèfe de Lérida , 6c
à une partie de la nouvelle Catalogne. Voici les villes
qu'il y met :
Jespus , Belpuci.
Udura , peut-être Andore.
Pompai Trophaa , lieu près d' Andore , où l'on voit
encore les reftes de ce trophée.
Acerris , Gerri.
Setdjis, Urgel, ou, félon d'autres, Aftarlid.
Cerèjfus, peut-être Solsone.
Anabis , peut-être Igualada.
LiJJa ou Lefja , peut-être Oliana.
Cellarius, Giogr. ant. 1. 2, c. 1 , p. 147, dispofe ces
lieux autrement. Voici l'idée qu'il donne de la Lacéta-
hie , ou Jaccétanie de Ptotomée.
Liffa , ville détruite , auprès de Manrefa.
Udura : il femble que ce foit Cardone.
Settlfis, peut-être Solfona.
Telcbis, aujourd'hui Martorel, fur la rive occiden-
tale du Lobregar.
i^à/ndeTite-Live, ou Kifa de Polybe : on croit
que c'eft Guifïbna.
On trouve ceci expliqué Se prouvé par de Marca ,
HifpanA. 2, c. 23.
LACETER. Voyez Lacter.
LACHERE
i\<iy 1
ville de l'Arabie heureufe .
félon Ptolomée , /. 6, c. 7.
LACHl, bourg de l'Albanie, fur la mer Ionienne ,
à deux lieues de la ville de Durazzo, du côté du midi.
C'étoit anciennement une petite ville du royaume de
Macédoine, nomméePera, de laquelle Célar & Lu-
cain ont fait mention. Voyez PetRA. Baudr. édk. 1705.
LACHIS , félon D.Calmet, Dict. ville de la Pales-
tine , au midi de la tribu de Juda. Eufebe fk S. Jé-
rôme difent que , de leur tems , on voyoit un bourg
du nom de Lachis, à fept milles d'Eleutheropolis , tirant
vers le midi. Sennacherib afliégea Lachis , mais il ne la
prit pas. C'eft de-là qu'il envoya Rabfacès contre Jérufa-
lem. * Jofué , c. 10 , v. 26 ; c. 15 , v. 39. Reg. 1. 4,
c. 18, v. 17; c. 19, v. 8; & Parai. 1. 2, c.32, v.9.
LACHMIORUM INSULA , ifle dont Xénophon,
auteur d'un Périple cité par divers auteurs anciens , dit
que le roi vécut huit cents ans. Quelques éditeurs de Va-
lere Maxime, l. 8 , c. 13 , n. 7, qui copie ce fait, ne
connoilïant point cette ifle des Lachmiens , ont changé
le mot de Lachmiorum en Lamorum ; d'autres en Lati-
morum ou Latinorum. Pighius, Se autres favans, tien-
nent qu'il ne faut rien changer à Lachmiorum qui fe
trouve dans les manuscrits.
LACHTER, gros bourg de Perse, dans le Fars.
* Hifl. de Timur-Bec , 1. 3 , c. 22.
LACIA. Voyez Laciadje.
LACIACUM. Voyez Laviacum. ^
LACIADjE, lieu municipal de Grèce, dans l'Atti-
que, de la tribu (Enéide. C'étoit la patrie de deux
grands capitaines, Miltiades & fon fils Cimon. Il y a voit
dans ce bourg un temple du héros Lacius , qui avoit
donné le nom à ce peuple. *Spon, Lifte de l' Afrique,
P- 3 ") 5-
LACIBI, félon Pline, /. 3 , c. 1, ou
LACIBIS, félon Ptolomée, /. 2, c. 3, ancienne
ville d'Espagne, au pays des Turdules , dans les terres.
LACIBURGIUM , ancienne ville de la grande Ger-
manie, vers la mer Baltique : on n'en connoît plus la
place, quoique des conjectures l'ayent placée, ou à
Roftock,.ou à Stralfund, qui font des villes beaucoup
plus modernes. * Ptolomée , 1. 2 , c. II. Le plus com-
mun femiment eft pour LaWENBOURG.
LACINIENSES, ancien peuple de la Liburnie , félon
Pline, /, 3, c. 21.
LAC
LACINIUM PROMONSTORIUM , promontoire
d'Italie, dans la grande Grèce, au pays des Brutiens,
au midi de la ville de Crotone. C'eft où commence le
golfe de Tarente,. terminé de l'autre côté par le promon-
toire Salentin , félon Pomponius Mêla , /. 2 , c. 4, n. 53
& 55. Il y avoit un temple de Junon Lacinienne , 'qui ,
au rapport de Strabon , l. 6 , p. 261, étoit autrefois
rempli de riches offrandes. Cela fe rapporte à ce que dit
Cicéron, de Divinat. 1. 1 , c. 24, qu'Annibal ayant ré-
folu d'enlever de ce temple de Junon Lacinienne une co-
lomne d'or mafiif, il en fut détourné par un avertiffe-
ment qu'il reçut en fonge. Tite Live, /. 28, remarque
que ce général fit quelque féjour chez les Brutiens , au-
près du temple de Junon Lacinienne. Le même hifto-
rien rapporte, /. 42, c. 28, que Fulvius Flaccus fut puni
par une mort funefte & honteufe , de ce qu'il avoit pillé
ce temple. On peut ajouter à cela ce que dit Valere
Maxime, /. 1 , c. 1, Ex. 20. On appelle aujourd'hui ce
promontoire Capo delle Colonne, le Cap des Co-
lomnes, à caufe de quelques colomnes fort belles qui y
font reftées d'un ancien temple. J'aurois cru que c'étoit
de ce temple de Junon Lacinienne ; mais Hardion, dans
une note fur la quatrième églogue deThéocrite, m'ap-
prend que c'eft d'un temple déuié à la Fortune équeltre.
Il ajoute : Théocrite donne au cap Lacinien l'épithète de
Slolaiiov , qui ejl au levant, pure; que ce promontoire étoit
effectivement a l'orient de Crotone, La remarque n'eft
pas conforme à l'exacte géographie, à moins que Har-
dion ne donne le nom d'orient ou de levant au midi tant
foit peu oriental. Mais ce promontoire eft réellement à
l'orient, non delà ville, mais de la partie m
du territoire Crotoniate , le long de la côte, au fond du
golfe de Squilace. * Mémoires de littérature de l' Acadé-
mie des inscriptions , t. 8.
LACIPEA , lieu d'Espagne , félon Antonin , Itiner.
fur une route de Mérida à Sarragoce , à vingt mille pas
de la première, félon quelques exemplaires.
LACIPPO , félon Pomponius Mêla, /. 2, c. 6; &
Pline, /. 3 , c. 1, ou
LACIPPUS, tva.r.twmc , félon Ptolomée, /. 1, c. 4,
ancienne ville d'Espagne , dans la Bétique.
LACMELLUM. Voyez Laumellum.
1. LACOBRÎGA, ville dEspagne, dans la Lufita-
nie. Pomponius Mêla, /. 3 , c. 1 , dit qu'elle étoit dans
le Promontoire facré. Vafaeus cité par Ortélius, Tlic-
faur. dit qu'on en voit encore les ruines , & des verti-
ges d'anciens édifices , auprès de Lagos , ville de l'AI-
garve , dans un village nommé en Portugais Lagon.
C'eft de celle-là que les habitans font nommés Lango-
brita par Plutarque , in Sertorio^ , fi nous en croyons
Ortélius. Cellarius croit que cet auteur Grec a parlé des
habitans d'une autre Lacobriga, dont nous ferons mer>
tion ci-après.
2. LACOBRIGA , autre ville d'Espagne, dans la
Lufitanie , félon Ptolomée , qui la nomme Lancobrica ,
A<tyx»£&y.a ; ce ne peut être celle de Pomponius Mêla,
qui étoit au Promontoire facré. Celle-ci en étoit trop
éloignée , comme il paroit par ces pofitions, que Ptolo-
mée détermine ainfi.
Longit. Latit.
Sacrum Promontorium 2 d. 30'. 38 d. 15'.
Lancobrica J 45'. 40 15'.
Cette différence de trois degrés quinze minutes fur la
feule longitude eft trop grande , à moins qu'on ne dife
que les chiffres dePtolomée font corrompus. L'orthogra-
phe de cet auteur s'accorde d'ailleurs avec ce qu'on lit
fur une médaille de Galba , qui porte ces mots, Lacco-
briga Mun , c'eft-à-dire Laccobriga Municipe. C'eft
peut-être à celle-ci qu'appartiennent les Langobrita,
Aa.yfoCfhiuj de Plutarque. Le redoublement de C fur
la médaille , &C celui de y dans le nom écrit par l'hifto-
rien, conviennent affez au yx. de Ptolomée, &c favori-
fent ma conjecture.
3. LACOBRIGA, ville de l'Espagne Tarragonoife ,
au pays des Vaccéens. Ptolomée, /. 2, c. 6, ne la
nomme point dans les exemplaires grecs ; mais on
trouve dans les éditions latines Lacobriga, & dans le
grec Meoriga: C'eft de celle-là dont Pline, /. 3, c. 3,
nomme les habitans Lacobrkenfes, Cellarius tk le
P. Har-
LAC
Lac
P. Hardouin y rapportent auffi les Laccobruœ de PIu-
tarque. Antonin nous en marque lafituation, & la met
fur la route d'Aftorga à Tarragone , entre Viminacium
& Deffobriga , à dix mille pas de la première , & à
quinze de la féconde.
Voici le paflage de Vafaeus , in Êpiscopatuum Cata-
logo , au fujet de la première de ces uilles. Duas inve-
nta Lacobrigas , altérant in promontorio facro , quod
vulgb promontorium D. Vmcentii appellatur, cujus nunc
ruina & antiquorum œdificiorum veftigia extant propè
Lagos , Algarbiorum urbem , in vico qui Lufitanicâ lin-
guà dicitur à Lagoa. On voit que cet auteur ne con-
rioîi point la Lancobrica de Ptolomée, ou qu'il la croit
la même que la Lacobriga de Mêla , faute d'avoir pris
garde à la différence des polirions. Feftus dit que ce
nom eft formé de Lacu Se Briga. Le P. Hardouin
ajoute que Briga veut dire un bourg, ou une petite ville,
oppidum. Il falloit dire que ce mot lignifie un pont ; &,
comme nous l'avons remarqué ailleurs , ce mot n'entre
dans les noms géographiques que pour exprimer des lieux
où il y avoit un ponr.
LACONIE , (la) ou le pays de Lacédémone,
contrée de Grèce , au Péloponnèfe , entre le royaume
d'Argos au nord, l'Archipel à l'orient , le golfe Laconi-
que au midi, la Mefïérie au couchant, ck l'Àrcàdie au
nord-oueft ; des deux côtés de l'Eurotas , qui la parta-
geoit en deux parues tort inégales, dont la plus grande
étoit à l'orient. Toure la côte de la Laconie s'étendoit
depuis Tœnarium , ville ck promontoire, entre le goife
Mefleniaque ck le golfe Laconique , jusqu'au lieu Pra-
fium ou Prafia ;maiî avec leterns, les conquêtes desLa-
cédémoniens s'étendirent dans la Meffenie ; de-là vient
que Ptolomée , /. 3 , c. 16, commence la Laccnie à
Leuftre , qui eft clans le goife Meffeniaque. Il met de ce
côté-là, appartenant alors aux Lacédémoniens, Leuftre
&le promontoireTsînarien. Puis, le long du golfe Laco-
nique, il range ainfiles lieux fuivans :
Tsnarium , L'Embouchure de l'Eurotas ,
Csiie , Acria ,
Theuthrona, Biandina ,
Las , Afopus, ville;
Gythium , Onugnatos , promontoire ;
Trinafus , Boae ;
Et Malée , promontoire.
De-là, continuant vers le golfe Argolique , il met :
Minoa, port & promontoire;
Le port Dios Soteros , ou de Jupiter Sauveur',
Epidaure ,
Zarex ,
Cyphanta , port ;
Et Prafia.
Dans les terres, il marque:
Cardamyle , Blemmina ;
Lacédémone, capitale; Thalame,
Cyphanta, Gerenia,
Lerna, CEnoë,
Thurium, Bithyla.
Voyez les articles Eleuthero-Lacones , Lacédé-
mone , Mistra, Maina & Sacame. Onélius,
Thefaur. obferve que la Laconie a été anciennement
nommée Lélegie , puis FCÊbalie. Voyez au mot Za-
CONIE.
Le golfe de Laconie, Laconicus Sinus, golfe
de la mer de Grèce , au midi du Peloponnefe, à l'orient
du golfe Meffeniaque, dont il eft féparé par un cap
nommé autrefois le promontoire Tccnarien. C'eft pro-
prement une anfeterminée à l'orient, par un cap nommé
parles Grecs Onugnatos, c'eft-à-dire la mâchoire d 'âne.
Pour dire la même choie avec les noms d'aujourd'hui ,
cette anfe nommée préfentement golfe deColochine, eft à
l'orient du golfe de Coron , dont elle eft féparée par le
cap Matapan, ck le termine à l'ifle de Cervi , qui a été
détachée du continent auquel elle tenoit autrefois.
Cette ifle eft un refte de l'Onugnàtos , ck eft voifine du
cap Malée, qui borne préiemement cette anfe du côté de
697
l'orient. Sur la cÔLe occidentale de l'anfe , afîez près du
cap de Matapan, eft Maina, qui donne préfentement à
la Laconie le nom de Brazzo de Maina, & à fes
habiran; celui de MaGnotes. Voyez ces mots.
LACONiMURGIUM , anc'enne ville d'Espagne,
chez les Venons, peuple fi'hié- à l'orient dë.la Lûfitaniè,
félon Ptolomée, /. %, c. 5. Pline en fait suffi mention.
Le P. Hardouin , /. 3 , c. 1 , croit que c'eft p'rélente-
ment Conftantina , dans l'Andaioulîe, au nord de Pé-
naflor.
LACONUM Ossigi. Voyez Ossigt.
LAÇÔNUM Trophjîa:' c'eft ainfi que l'on appel-
loit un monument érigé près des 1 hermopyles, en l'hon-
neur de trois cen's Lacecemoniens , qui , étant c itn-
mandés par Léonidas . leur roi, firent tête à la formi-
dable armée du roi de Perle.
LACOSTE, haute montagne de France, dans la
baffe Auvergne, proche le mont d'Or. Par les obferva-
tions qui ont été faites, il fe trouve qu'elle eft élevée. fur
la mer de 8<;i toiles. * Mémoires de F Académie, t. 1.
LACOTENA, lieu dont parle Ammien Marcellin.
Il étoit quelque part, vers le mont Taurus, & dans la pe-
tite Arménie , au jugement d'Ortéiius, Thefaur.
LACRIASSUS , ville de la petite Arménie , dans la
préfecture Rhavénienne , félon Ptolomée , /. 5 c. 7.
LACROMA, Eaudrand. éd. 1705 dit: petite iile de
la mer Adriatique , éloignée d'une demi-lieue de Ragufe.
Elle a environ une lieue de circuit, ck une ancienne ab-
baye de l'ordre de S. Benoit , unie à la congrégation da
mont Caffin. Richard I , roi d'Angleterre, ayant, dans
une tempêce fait, un vœu de faire bâtir une chapelle en
l'honneur de la fainte Vierge, fur la première terre qu'il
trouverait , aborda en ce..e ifle; mais les Ragufiens le
prièrent de faire rebâtir leur cathédrale, ce qu'il exécuta.
Le P.. Coroneili , Ifolar. part. 1, p. 163, col." 1 , dit
plus Amplement, qu'au voifinage du port Ragufe, fur
l'écueil da Lacromi , eft un monaitere remarquable dédié
à la bienheureufe Vierge, que c'eft une abbaye de Bé-
nédictins, laquelle s'unit , en 1446, à. la congrégation
du mont Caffin. Cet écueil eft nommé Ckirona dans la
carte de la Grèce par De rifle.
LACTARIUS Mons; Cafliodore, Variar. 1. 1 , ai
beatum V. C. appelle a'm'î une montagne célèbre par la
falubrité de l'air; mais il ne dit point en quel pays.
LACTER , \ax\tf , promontoire de l'Ile de Co , vers
le midi, félon Strabon,. /. 14, p. 657. Le même au-
teur le nemme suffi LaSsrïum promontorium. C'eft fans
doute le Lacet cr A«;.»r.;p que Plutarque, Qjiseft. Gmc.
met dans rifle de Cos.
LACTEUS Mons, montagne d'Italie, aux environs
du Véfuve , près du bord de la rivière du Dragone , fé-
lon l'ancienne traduction latine de l'ï'iftvre des Goths
par Procope /. 3, p. antepenult. edit. Rome, ann. i<;o5.
Grotius, Gothicœ Hifl. I.4, p. fl^, traduit par Lacla-
rius mons , ck dit : in vicinum monlem confugiunt, quem
Lalini Lactarium vocant.
LACTISMA. Vovez Opsîcella.
LACTODORUM, ou Lactorodum, ancien lieu
de la grande Bretagne. Selon l'Itinéraire d'Antonin , il
fe trouvoit fur la route du rempart , au port de Ritupte
ou Stonar , entre Bennavenna ck Magiovintum , à douze
mille pas de la première, ck à dix-fept de la féconde.
Gale, in Antonini Itiner. p. 60, rend Bennavenna par
"Weedon, & Magiovintum par Dunftable, ck il croit
que Laclorodum eft Stoni Streatford : ce qu'il explique
par ces mots Vadum as Stratam Saxeam, c'eft-à-dire, un
gué fur le chemin pavé. Il aime mieux lire Lacloroio que
Laaodoro, parce qu'en langue Bretonne, Uch lignifie
une pierre , 2-c rb.yl un gui.
LACTORACTUM, 1
LACTORENSIUM f
CIVITAS, ou
LACTORUM
CIVITAS. ou >
LACTORIUM , ou I
Lectorium, ou
LACTURA. )
LACUBAR.ENCIS , fiége episcopal d'Afrique, dans
la province proconsulaire. Kindiciui, ("on evêqu;, fous-
Tomt III. Tttt
Voyez Lectouxk.
6 9%
LAD
LAD
au premier concile de Carthage tenu l'an 348.
* Harduin. Coll. conc.
LACUHO, ville de la Chine, dans la province
d'Iunnan, au département de Jungning onzième, métro-
pole de la province. Elle eft plus occidentale que Pékin
de 1^ d. 34', par les 27 d. 39' de latitude. * Atlas Si-
nenfis.
LACURIS, ancienne ville de l'Espagne Tarragonoife,
au pays des Orétains , félon Ptolomée, /. 2, c. 6; le
grec porte Adxwv , tk l'exemplaire Palatin porte Lava-
ris. On trouve dans Antonin Larcarls fur la route de
Mérida à Sarragoce , entre Sifapone & les Tours, (ad
Turres) à vingt milles de la première place, & à vingt-
quatre mille pas de l'autre lieu. Zurita croit que le nom
moderne eft Alarcon , dans la Caftille neuve. D'autres
difent que c'eft Loquera, dans le même royaume, aux con-
fins de celu
édit. 1701;.
:lt Loq
de Mi
fins de celui de Murcie , vers Caravaca. * Baudrand ,
LACUS-DULCIS , fiége episcopal d'Afrique ; on ne
fait dans . quelle province la Conférence de Carthage
fournit Quintianui à Lacu Dulci. * Harduin. CollecL
conc.
LACUS REGIUS, lieu d'Afrique , dans laNumidie.
Antonin , Itiner. le met fur la route de Lambèfe à Cir-
tha, à vingt milles de cette dernière. Orrélius, Thefaur.
obferve qu'il eft parlé d'Aquts-Regiœ , & à'Aquce-Re-
gienfes dans Viftor d'Utique ; & il doute que ce foit le
même lieu. Il pouvoit affurer' plus hardiment que ces
lieux font différens. UAquœ-Regiœ du concile eft auffi
marqué par Antonin, Itiner. fur la route de Suffétula a
Clypée, entre Masclianœ & Vicus-Augufti , à dix-fept
mille pas de l'une , & à trente-cinq de l'autre.
LACYDON , AanvS-cv , port des Marfeillois, félon
Euftathe for la Periégèle deDenys, in verf. 75. Porapo-
niùs Mêla, /. 2, c. 5 , range de fuite Cytharijles tkLa-
cydon , Maffilienfium portus & in eo ipfa Mafjilta.
Quelques-uns ont voulu mettre Halycidon ; & Hermo-
laiis Barbarus étoit de ce nombre. C'eft proprement le
nom du port de Marfeille. La ville & le port avoient ainfi
leurs noms particuliers.
LACYMORUM, ville épiscopale de la Carie, félon
la Notice de Léon le Sage.
LADAC, ou Leh, royaume d'Afie, dans le grand
Thibet, au levant de Cachemire. Il commence au haut
d'une montagne affreufe, toute couverte de neige, nom-
mée Kantel, dont une partie eft du domaine de Cache-
mire , & l'autre dépend du Thibet. La capitale de ce
royaume s'appelle auffi Ladùk , qui eft la fortereffe où
rende le roi appelle Ghiampo.
Tout ce pays n'eft que montagnes 8t précipices. Le
haut & le bas des montagnes font également imprati-
cables. Presque tout le chemin, depuis Cachemire jus-
\ qu'à Ladak, eft fi étroit qu'à peine y trouve-t-on affez
d'espace pour pofer le pied : pour peu qu'on fit un faux
pas, on rouleroit dans de grands précipices ; on eft fou-
vent contraint de fe déchauffer pour appuyer le pied avec
moins de risque.
L'hy ver eft presque la feule faifon qui règne à Ladak ,
toute l'année. En tout temps, la cime des montagnes eft
couverte de neige. La terre ne produit que du bled & de
l'orge : on n'y voit presque ni arbres, ni fruits, ni légumes.
Les maifons font petites, étroites, faites de pierres pofées
groffiérement, Se fans art, les unes fur les autres. Les ha-
bitans n'ufent que d'étoffes de laines pour leurs vêtemens.
Les laines font le grand commerce de cette ville ; ce qui
y attire grand nombre de Mahométans qui viennent de
Cachemire. * Leur. édif. Rec. 15.
LADANA , ou Dalanda , ville de la petite Ar-
ménie, fur l'Euphrate , félon ■Ptolomée, /. <;. c. 7.
LADE, Ifle de la mer Egée, devant Milet, fur la
côte d'Afie. Hérodote, l. 6, c. 7, dit qu'elle eft petite.
Thucyde, /. 8 , p. 568 Se 571, dit que les Athéniens
étant mal reçus par les Miléfiens , fe jetterent fur l'Aie
as Lade, qui eft devant la ville. Paufanias, Attic. c. 35,
dit: devant la -ville des Miléfiens eft l'ifle de Lade, en-
tourée de quelques autres iflots,qui paroiffent en être dé-
tachés. Pline, /. 5 , c. 31 , dit: la côte d'Ionie à Lade,
qui auparavant s'appelloit Late, &c. Etienne dit qu'elle
étoit de l'jEolie.
LADENBOURG, petite ville d'Allemagne, dans le
Palatinat du Rhin , entre Heidelberg Se Manheim , fur
leNecker.l Elle appartient à l'évêché de Wormes; mais
un évêque en engagea une partie , en 1571,3 l't lecteur
Palatin. * Hubner Géogr. Baudrandr. , édit. 1705.
LADEPSI , ancien peuple d'Afie , dans la Bithynie,
félon Etienne le Géographe, qui cite Théopompe.
LAD ESTA, ouLadestum, Théopompe; cité par
Etienne , nomme ainfi une des ifles de la côte de Libur-
nie. Elle eft aulîî nommée dans une ancienne inscrip-
tion, qui fe trouve à Aquilée. * Ortel. Thef.
LADICUS Mons , montagne d'Espagne ; on la
trouve lorsque l'on va du royaume de Léon dans la Ga-
lice. On l'appelle aujourd'hui los Codos de Ladoco , &
par abbréviation Laroco. Le nom latin fe trouve dans
une ancienne inscription fur la montagne même , au
rapport d'Ambroife Morales, dans les Antiquités d'Espa-
gne. C'eft une extenfion des Pyrénées. * Ortel. Thef.
LADII, ancien peuple , félon Capitolin, dans la Vie
d'Antonin Pie , où il dit: il donna pour roi Pacorus aux
Ladiens. Ad Ladios eft un lieu nommé par Antonin ,
dans fon Itinéraire , entre Sirmium & Saignes. Egnatius
croit qu'il faut lire La^i au lieu de Ladii , dans le paf-
fage de Capitolin. * Ortél. Thef.
LADIK, Ladiki, ou Ladikia: c'eft le nom que
l'on donne encore aux ruines de Laodicée , réduite au-
jourd'hui à un bourg.
LADISACITES Sinus , anfe ou petit golfe dans la
mer de Perfe , félon le Périple de Marcien , tel qu'Or-
télius l'a vu. L'édition d'Oxford, p. 16, porte Mœfa-
nites Sinus , fur quoi une note avertit qu'on pourroit
lire Madifanites , comme il y a dans Ptolomée. Ce
dernier fournit en effet Madifanites Sinus , ou, comme
il y a dans d'autres exemplaires, Mefanitcs , golfe de l'A-
rabie heureufe. De ce mot Madifanites on aura fait, par
corruption, celui de Ladifacites, dans le Périple de Mar-
cien.
LADISKIA. Voyez Ladoga.
LADOC , rivière d'Afrique , en Barbarie , au pays
d'Alger ; elle fort des montagnes du grand Atlas, qui font
dans le voifinage de Conftantine ; & après avoir traverfé
la plaine, elle fe rend dans la mer Méditerranée , à une
lieue de la ville de Bonne au levant. * Davity , Afrique.
Corn. Dift.
Caftald croit que Ladoc eft le Rubricatus de Ptolo-
mée.
LADOCO, (los Codos de) c'eft-à-dire les Cou-
des de Ladoco , chaîne de montagnes en Espagne , au
royaume de Léon , au couchant de la capitale. Elle com-
mence aux frontières du Portugal &c de la province de
Tralos-Montes, ck court au nord, entre la Galice à l'oc-
cident, & le royaume de Léon au couchant , & fépare
ces deux provinces jusqu'à Ponferrada. En cet endroit
elle fe tourne vers l'orient, puis vers le nord, jusqu'à une
autre chaîne de montagnes, qui s'étend entre le royaume
de Léon au midi Se les Afturies au feptentrion. Le nom
latin ettLadicus mons ; &: on y a trouvé une inscription
avec ces mots, Jovi Ladico., félon Morales & Ortélius.
Baudrand dit : Jovi Ladoco & Ladocus mons. De l'ifle
marque bien cette montagne , mais fans la nommer.
* Robert de Vaugondy, Atlas.
1. LADOGA, ville de l'empire Ruffien , fur la rive
gauche de la rivière de Volkova , au deffus du monaftere
de S. Nicolas, qui eft fitué à l'embouchure de cette ri-
vière, dans le lac de Ladoga. De l'Isle, de qui nous em-
pruntons ce détail, met environ vingt-huit v/eriles ou
cinq milles & demi d'Allemagne entre celte ville & le
lac, au lieu que la nouvelle Carte de tout l'empire de la
grande Ruffie met la ville immédiatement au bord mé-
ridional du lac de même nom.
2. LADOGA , grand lac de l'empire Ruffien , entre
la Carélie au nord, l'Ingrie & la province de Novogrrd
au midi. Il forme quantité de rivières. Les principales
font la Voxen ou Corela , qui lui apporte les eaux ds
plufieurs petits lacs ; la Suir , qui eft une décharge du
grand lac d'Onega; & la Volchova, qui vient du midi,
outre un grand nombre de ruiffeaux qui le groffiffenr.
Lui-même il fe décharge dans le golfe de Finlande, par
un canal que l'on nomme la Niewa ou la Nie, fur le-
quel la ville de S. Pétersbourg eft (ituée. Il a environ
cent foixante werftes ou milles de Moscovie en fa lon-
gueur du nord au fud , entre 60 bi 61 d. 50' de la-
titude , & environ cent cinq werftes de largeur d'occi-
LAD
LAE
«Sent en orient, entre 41 d. 39' & 51 d. 20' de lon-
gitude. Pierre le Grand ne trouvant pas que ce lac fut
navigable à fon gré, dans la partie méridionale, y a fait
creuier un canal , pour établir une communication pour
les barques qui portent à S. Petersbourg les marchandées
des provinces voifines. Ce canal aboutit à la rivière de
Volchova ; & par ce moyen, on peut aller en bateau
jusqu'à Aftracan , par les rivières de Volcha , de Mefta,
de Sna , ex par un canal qui joint depuis cette dernière
à la Tuertza , rivière qui tombe dans le Wolga. Le lac
deLadoga eft extrêmement poiflbnneux ; on y prend une
quantité prodigieufe de faumons, èk une espèce depoif-
fon particulier, gros comme un harange : on le nomme la-
dog; tk. c'eft de-là , dit-on, que le lac prend le nom de
Ladoga. *Baudrand, édit. 1705.
1. LADON (le) rivière de Grèce, au Péloponnèfe ,
dans l'Arcadie , félon Pline , /. 4 , c. 6 , qui en met la
fource dans les marais de la ville de Phénée. Paufanias,
/. 8, c.t.0, dit que la fource du Ladon eft à cinquante
ftades des limites qui féparoient les terres des Clitoriens
& des Phinéates. Il dit, fur la foi d'autrui, que l'eau qui
fe répand dans le marais qui eft dans le territoire de Phi-
née, paffant de-là dans les fouterreins des montagnes
voifines, en fort, & forme la fource du Ladon. Il ne le
garantit point ; mais il ajoute ,1.6, c. 22 , que cette ri-
vière furpafle toutes celles de la Grèce, par la beauté de
fes eaux , & qu'elle fe perd dans le Pénée , auprès de Py-
los. Il dit, /. 8, c. 15 , que la rivière de Tuthoa tombe
dans le Ladon , près des confins des Héréens , & que
les Arcadiens nomment ce lieu la plaine , Xliitot, ck que
l'endroit où le Ladon lui-même tombe dans l'Alphée,
s'appelle C Ijlc-aux-Corbeaux. Cette différence femble
infinuer que cet auteur parle de deux Ladons , dont l'un
tombe dans le Pénée, ci l'autre dans l'Alphée. Il devoit
dire VAlphée dans les deux partages, puisqu'il s'agit d'une
feule rivière , comme on verra par la fuite du partage. Il
y a eu, dit-il , des gens qui ont pris Enispe , Stratie &C
Rhipe , lieux dont parle Homère, Iliad. B. pour des
iftes du Ladon, qui étoint, peuplées d'hommes. Je crois
que cette opinion eft une grande erreur ; car le Ladon n'a
point d'ifle aflez grande pour un bac: quoique ce foit la
plus belle de toutes les rivières, tant des Grecs que des
Barbares , le Ladon n'eft pourtant point aflez grand ,
pour avoir des ifles de l'étendue de celles qui font dans
le Pô , ou dans le Danube. Ovide, Fajlor. 1. <; , v. 89 ,
en parle auffi , mais en homme qui confulte plus le be-
foin de fapoëfie,:que la nature de cette rivière; car il
lui donne de la rapidité :
699
Arcades hue, Ladonque
rapax.
Selon lui , le Ladon entraîne tout ; & Metam. /. I ,
v. 702, il dit au contraire, qu'il roule tranquillement fes
eaux fur le fable :
Donec arenojî placidum Ladonis ad amnem ,
Venerït.
Denis le Périegete , v. 417, lui donne le furnom d'O-
gigius , Qyvyt@-, que l'interprète Latin rend par pris-
cus, ancien. Prifcien dans fa Périégèfe 413, traduite de
celle de Denis , dit de même :
Tenditur atque vêtus qua longo gurgite Ladon.
Cette ancienneté eft fans doute une allufion à la fable
de Daphné , que les Arcadiens iùppofoient s'être pafiee
auprès de cette rivière.
2. LADON; (le) il y avoit une rivière de ce nom,
quicouloitau pied de la ville de Sardes, dans l'Afie mi-
neure, au rapport de Varron , dans ce partage rapporté
par Nonius. Ladon jluens fub Sardibus flumen tulit au-
reum later quod eonquadrav'u religio. C'eft ainfi qu'Or-
télius lifojt ce partage; mais l'édition dAlde, p. 1275,
porte: Ludo Jluens fub Sardibus flumen tulit aurum la-
ter quod eonquadrav'u religio.
3. LADON, (le) rivière de Grèce , dans la Béo-
tie. Paufanias, /. 8, c. 10, dit qu'on l'appelloit ainfi,
avant la naiflance d'Ismenius, dont elle prit enfuite le
nom. Voyez l'article Ismenus.
4. LADON. (le) Voyez Lethon.
y LADON (le) Ortélius, Tkefaur. dit que Philos-
trate nomme ainfi COrente, fleuve de Syrie, dans la
Vie d'Apollonius , /. 1 , c. 12.
LADGNCEA ou Ladocea, village de Grèce, au
Péloponnèfe, dans l'Arcadie, félon Paufanias.
LADRE , petit bois de France. C'eft un biiiflbn
d'onze arpens de la maîtrife des eaux & forêts de Com-
minges.
LADRONES (IJlas delos ) ou les Isles des Lar-
rons , ancien nom des IJles-Mariannes. Voyez Ma-
RIANNES.
LJEh, ifle nommée auffi Aphrodites. Voyez APHRO-
disias 6.
LjEjE AqUjE , lieu particulier de l'Espagne Tarra-
gonoife, au pays des i urodes, félon Ptolomée, /. 2, c. 6.
L^EANA , pour jElana.
LjEANITES Sinus. Agatarchide nomme ainfi le
golfe SAllana.
LAECENI ou Laceni, ancien peuple de l'Arabie
heureufe, félon Ptolomée, l. 6 , c. 7.
LjEDENATA, ville de la première Mcefie, félonies
Notices de l'Empire , fecl. 30. Quelques exemplaires
portent Lacdenata.
LiEDUS. Voyez Ledus.
LAEENI. Voyez Laeceni.
LAEETANI. Voyez Laletani.
LALEIA, ville de la Carie, félon Eienne le Géo-
graphe, qui cite le cinquième livre de Paufanias.
LAELANNONIUS. Voyez Lelaannonius.
LAELIA , ville d'Espagne, dans la Boetique, au pays
des Turdétains , félon Ptolomée , /. 2 , c. 4.
, LjEMOCOPIA, ville d'Europe, dans le Bosphore de
Thrace, fur la Propontide. Chnlcondyle, /. 8 , dit qu'elle
fut bâtie par Mahomet , fils d'Amtiraih. Une note mar-
ginale avertit qu'elle eft proche de Seftos , ôt qu'on la
nomme présentement Boga^afar.
LAEMON , montagne voifine du golfe Arabique,
félon Agatarchide cité par Ortélius, Thefaur.
LjEPA , furnommée la grande, ancienne ville d'Es-
pagne, dans la Bastique, au pays des Turdétain-,, lèlon
Ptolomée , /. 2 , c. 4. Ce furnom de grande fait con-
noître qu'il y avoit encore une autre ville de même
nom , mais plus petite. Pomponius Mêla , /. 3 , c. 1 ,
n. 3 1 , met enfemblè Olintigi, Onoba & Lapa dans la
Baltique, & les nomme de petites villes, ou même des
bourgs , parva oppida. Cela me porte à croire que le
nom de Lapa, dans ces deux auteurs, fignifie deux villes
différentes, diftinguées par les furnoms de grande &C de
petite. La grande eft celle de Ptolomée ; la petite eft
celle de Pomponius Mêla. Les critiques ont cru, après
Ortélius, que l'une de ces deux villes avoit été nom-
mée Latinorum Lœpia par Pline. En effet , dans les
éditions ordinaires de cet auteur, on y trouve ce mot;
mais cela eft différent dans celle du P. Hardouin, /. 3 ,
c. I. Au lieu de Beturia habet oppida non igno-
bilia Arfam , Mellariam , Mirobricam : regiones OJin-
tigi , Sifaponem , Gaditani conventus , civium Romana.
Regina , Latinorum Lœpia , Vlia , Carifa , cognomint
Aurélia , Urgia cognominata Caflrum Julium : on y
lit: Altéra Beturia Habet oppida non igno-
bilia : Arfam , Mellariam , Mirobricam , regionis Ofln-
tiadis Sifaponem. Gaditani conventus : civium Roma-
norum Regina : Latinorum Regia , Carijfa cognomine
Aurélia : Urgia , &c.
Ainfi Regina étoit une colonie de citoyens Romains;
& Regia Cariffa, furnommée Aurélia, étoit habitée
par des gens du pays Latin , ou qui jouirtoient Ample-
ment des droits du Latium. Les noms de Lepia 6c de
Vlia ne fe trouvent point dans les manuferits, au rapport
du P. Hardouin.
LjEPHANIA. Phavorin , Lexic. nomme ainfi une
ville , fans nous aporendre de quel pays elle étoit.
LjEPIA. Voyez L^pa.
LAERNA, nom d'un lieu ; il fe trouve dans une an-
cienne inscription rapportée au Tréfor de Goltzius.
LAERTE, AaépÎH , ville de la Cilicie montagneufe,
dans la Pamphilie, félon Ptolomée, /. f, c. 5. Etienne
le Géographe nomme Laertes , Aa.îfln; , une petite con-
trée de la Cilicie. Il nomme aurtî de même une monta-;
Tome III. Tttt ij
7ôo
UES
LAG
Il fait plus ; il place ces Leftrygons de Sicile auprès de
la ville de Lentini, v. 12.6 & 127:
Prima Leontinos vajîarunt pralia campos,
Regnatam duro quondam Lajrrygone terram.
Cela eft conforme à l'autorité de Pline, A3, c. 8,
qui met les champs des Leftrygons Lajlrygonii campi,
gne ckune ville, & cite Alexandre. Ortélius , Thefaur.
trouve ce nom employé par /Etius le Médecin, pour dé-
figner une montagne de la Pamphilie. C'étoit une place
forte, fituée fur .une colline, avec garnifon, félon Stra-
bon , A 14, p. 669.
1. LiESTRGYONES , Aa,çpvyo'nç , ancien peuple
que les anciens ont placé diverfement. Homère, Odyff.
1. 10, les met en Italie, aux environs de Lamus , ville
qui, dans la fuite, a été nommée Formies. Il appelle leur auprès de Lentini. Cela s'accorde auiîi avec ce que dit
pays la fpaciaife Leftrygome. Ils avoient pour roi An- Polybe, p. 1377, dans un Extrait tiré du huitième Li-
tiphate , géant &£ anthropophage. Madame Dacier re- vre : les Leftrygons , qui , à ce qu'on raconte , occu-
marque là-deflus , que tous les hiftoriens conviennent poient la campagne de Lentini.
que la ville de Lamus eft Formies, & que Formies étoit Par-tout-là il n'eft queftion que d'un peuple dont les
l'ancienne habitation des Leftryngons. Elle le prouve poètes te (ont fait une tradition que les hiftoriens n'ont
ainfi. Ciceron ad Attic. 1. 2, epift. 13, dit: Si verb in adoptée qu'avec défiance. Madame Dacier, dans fa note
hanc TithrnivKoy veneris Atuçpuyitint , Formias dico. fijr i'Odyfïee d'Homère, déjà citée , croit que les Les-
Pline, /. 3 , c. y. Oppidum Formicc , Hormia ante die- tryngons, dans leur première origine, ont habité la Si-
tum, ut exiftimavere, antiqua Lccjlrygonum fedes. Voilà cuei fil* le fleuve Terias ; &c elle le prouve par le paflfage
pour les Leftrygons du continent, fur les côtes de la de Pline. Elle ajoute: ceja eft fi vrai, que le nom de
Campanie. Voyez L^STRYGONI^E RUPES. Leflrygon, & celui de Léontin , ne font que le même
2. LiESTRYGONES , A^s-p^oVes , ancien peuple nom; car, comme Bochart l'a démontré, Lœftrygi
de la Sicile , félon quelques-uns. Euftathe expliquant un
partage du neuvième livre de l'Odyflee, où Homère
parle de l'arrivée d'Ulyfle chez les Cyclopes, s'exprime
ainfi: les anciens difent que de même qu'jEole régnoit
dans les ifles de Lipari, de même les Cyclopes & les
Leftrygons régnoient .dans le territoire de Lentini , &
eft un nom Phénicien, lais tercam , Lion qui dévore^
ck ce nom a été rendu en latin par celui de Leonlin ,
qui fignifie la même chofe, ck qui marque les mœurs
féroces ck léonines de ces peuples barbares. Il y a donc
de l'apparence que, comme les Phéaciens avoient quitté la
Sicile pour aller à Corcyre , les Leftrygons, ou une
aux environs de l'Etna; que c'étoient des hommes cruels Pa«'e, des Leftrygons , la quittèrent de même
& barbares, & que par cette raifon toute la côte, le
long du détroit,n'étoit pas abordable pour tout le monde.
Thucydide, A 6, avoit dit long-tems auparavant, que les
plus anciens habitans de la Sicile avoient été les Cyclo-
pes ck les Leftrygons qui en occupoient une partie; mais
ce qu'il ajoute fait voir qu'il ne le donne que comme une démette fameufe reine de L.ybie, appellee Lamia , parce
tradition fort obscure. Je ne fais, dit-il , ni quelle forte qu'elle fendoit le ventre des femmes grofles , pour dé-
d'hommes c'étoit, ni d'où ils étoient fortis, ni où ils font y°rer leurs enfans. Horace en parle dans lont Art poe-
pafles. Il fuffir, ajoute ce judicieux hiftorien, de favoir ce tique, v. 340:
que les poètes en ont dit ; ck chacun en peut penfer ce qu'il
lui plait : après ces peuples, lesSicaniens font les premiers.
Lycophron ayant parlé des erreurs d'Ulyfle , dans fon
poème, d'une manière très-obscure à fon ordinaire, en
difant : il verra enfuite les reftes des flèches, Tzetzès ; fon
commentateur, dit: par les reftes des flèches; le poëte
entend les Leftrygons, peuple qu'Hercule extermina pres-
qu'entierement à coups de flèches , lorsqu'il emme-
noit les bœufs de Geryon qui avoit eu l'audace de lui
faire la guerre. Il appelle donc refte des flèches ceux qui
échaperent du carnage que fit Hercule. Les Leftrygons
font les mêmes que le peuple de Sicile, nommé à préfent
allè-
rent s'établir fur les côtes de la Campanie : on ne peut
pas douter que Lamus qui bâtit Formies ne fût un Leflry-
gon: fon nom même le témoigne; car Lamus fignifie
décorateur, étant tiré du Phcemcien Laham ou Lahama,
qui fignifie dévorer ; ck de-là même a été tiré le nom
Neu pransa Lamia vivum puirum extrahat alvo.
Qu'on ne voie jamais dans vos pièces arracher du vert^
tre d'une Lamie un enfant tout vivant qu'elle ait dévoré.
' L.ESTRYGONIE, ville dont Héfyche ne rapporte
que le nom. * Orul. Thef.
LAETE , bourg dont il eft parlé dans on fragment de
Salufte. * One/. Thef.
LAETI. Voyez Leti. .
LAETIA , nom latin de Liesses.
Ly£TRINA , ville nommée par Lycophron. Tzetzès
Leontins. Voilà ce que dit Tzetzès, commentateur de dit qu'elle étoit dans l'Elide au Péloponn'èie. Paufanias,
Lycophron. Diodore , A4, fait bien mention de ce inEliac. paiVsdesLatrinai. Voyez Leprium.
combat d'Hercule en Sicile; mais il dit que ce fut avec LiEVI. Voyez Levi, peuple de la Ligune.
les Sicaniens , ck non pas avec les Leftrygons. Voyez LAFIDARI. Voyez Fidari.
l'article fuiyant. LAFRANQUAIN, mouillage de France, fur la côte-
LjESTRYGONLE RUPES, les roches des Leftry- de Rouflîllon. Michelot, dans fon Portulan de la mer
gons. Silius Italicus, A 7, v. 176, 409 kfeq. nomme Méditerranée, p. 55, dit laFranquine, & ajoute qu'on
ainfi la ville de Formies, dans la campanie. appelle ainfi une anfe de fable, qui eft du côté du nord
de la pointe du cap de Leucate , dans laquelle on peut
Hinc Lceflrygoniafaxofo monte premebant mouiller avec des galères , à une petite portée de canon
A tergo Rupes. de terre, où il y a cinq à fix brafiés d'eau, fonds de fa- -
Eut autemfiatu Claffis Phœniffa fecundo blefin. On y eft à couvert des vents depuis, le fud-fud-
Liltora Caietx, Lœftygoniosque recejfus, eft, jusqu'au nord-oueft; mais le vent d'eft-nord-eft y
Sulcabat roflris. donne à plein , ck il ne faut pas s'y laifler furprendre. A
dire vrai, ces fortes de mouillages ne font bons que dans
Il met, A 8, v. 530, fur le même rivage Caïere, l'ancien une néceflîté, ck pendant la belle faifon.
LAGADIUM , pour Algidum.
LAGAMAN, ouLamgan, ville d'Afie, au royaume
de Cachemire, aux frontières de celui de Candahar.
* Hijl. de Timur-Bec, 1. 3 , c. 2.
gtc, LAGAN , petite rivière d'Irlande , dans la province
d'Ulfter, félon Baudrand , édit. 1705. Mais elle eft
Par-tout-là il s'agit des Leftrygons d'Homère, dans la nommée Lagen-Water, dans l'Etat préfent d'Irlande,
Campanie. Mais ce poëte reporte dans la Sicile le P- *6. On y voit qu'elle a fa fource dans le comté de
royaume d'Antiphate , ck le peuple Leftrygon. Il fup- Dow, baigne Dromore, Lisbrun ck Belfaft, ck fe
pofe, avec la tradition rapportée par Thucydide, que les décharge dans la baie-de Carrickfergus.
Leftrygons ck les Cyclopes avoient précédé les Sica- . LAGANIA, fiége episcopal , dans la première Gala-
niens dans la Sicile , A 14, v. 33 ck 34: tie3 entre Juliopolis, ck Mini^on, ou Mni^on. Euphra-
Jius, fon evêque, fouscrivit au fécond concile de Chal-
Pojî dirum Antiphata regnum & Cyclopia régna, cédoine, tenu, l'an 451. * Harduin. Collée!, conc.
Vomert vtTMunt primum nova rura Sicani. LAGANICÏ. Voyez LeusaniCORUAX.
royaume d'Antiphate, Linterne , Cume , ckc :
El regnata Lamo Cajeta , domusque
Antiphatœ comprejfa. freto Jiagnisque paluflre
Linternum & quondam fatorum confeia Cume,
LAG
LAG
LAGAR, rivière d'Iflande , dans fa partie orientale."
C'efi la plus grande de l'ifle : elle coule auprès du mo-
naftere de Sridu , félon Théodore Thorlac , cité par
Baudrand, édit. 1705.
LAGARA, ruines de l'ancienne ville de Lagaria ;
elles font dans la Calabre citérieure , fur le Cannftafo,
environ à une lieue de Cafîano , 6c à deux du golfe de
Tarente. Voyez Lagaria.
LAGARES , bourg de Pouugal , dans la province de
Beira, à un quart de lieue de la rivière de Céa & duCo-
fcral. Il eft de l'univerfité & de l'évêché de Coïmbre ,
&: de la dépendance de Guarda.
LAGARIA, Ax.yo.fi* ,' ville ancienne de la -grande
Grèce , dans le territoire des Thuriens , félon Strabon ,
/. 6 , p. 1.61, , & Etienne le Géographe. Le premier dit
que c'étoit une forterefîe , ipûeiei , bâtie par Epeùs ,
& que c'étoit une colonie de Phocéens. Le fécond cite
Strâbon , &c met Lagaria en Sicile ; fur quoi Berkélius ,
fon commentateur croit, que les copiir.es ont misS/K6,yW;
pour Itoài'«?, la Sicile, pour l'Italie. Ortélius , Thefaur.
croit plutôt que cela vient de ce que , du rems d'E-
tienne, cette partie de l'Italie s'appelloit la Sicile, comme
cela a été depuis : en effet les royaumes de Naples & de
Sicile ont été nommés les deux Siciles, comme nous le
remarquons en fon lieu. Gabriel Barri cité par Ortélius ,
dit que cette ville de Lagaria ne fubfifte plus ; que le lieu
où elle étoit , eft défert & fans habitans ; que la monta-
gne fur laquelle la ville étoit fituée , eft appellée par les
habitans voifins Cirnlftafo , du nom de la rivière Cy-
lijlarnus, qui coule auprès.
LAGÉ , petite ville d'Allemagne, dans la baffe Saxe,
au duché de Mecklenbourg, fur le rnifîeau de Rekenitz,
au fud-eft, ck à trois bons milles de Roftock. * Zeyler,
Saxon infer. Topogr./;. 151.
LAGECIUM. Voyez Lagentium.
LAGÉNIA,nom latin de la province de Leinfler, en
Irlande. Quelques écrivains ignorant le vrai nom , ou
trouvant celui-ci plus doux, écrivent en françois Lagenie.
LAGENIE , province d'Irlande. Voyez Leinster.
LAGENTIUM, Lagecium, ou Legeolium ,
ancien lieu de la grande Bretagne , félon l'Itinéraire
d'Antonin , fur la route d'Yorck à Londres , à vingr-un
mille pas de la première ; & à feize mille pas de Da-
num, qui eft Doncafter, on trouve un lieu nommé La-
gecium ; & fur la route de Londres à Lugwallium , on
retrouve entre les mêmes lieux , à même diftance , le
même lieu nommé Legolium. Sur quoi Gale, in Anta-
nin. p. 97, obferve que c'eft préfentement Caflleford,
ou plutôt Caflerford , au confluent des rivières l'Are &
la Caulder. L'anonyme de Ravenne , /. 5 , c. 3 1 , met
en ce même lieu Lagentium ; peut-être faut-il lire Lage-
tium , qui s'éloignera moins de Lagecium d'Antonin.
Gale croit que les Lagcntes dont il eft parlé- dans la Notice
de l'Empire , y ont été autrefois en quartier ; il ajoute
que, près de Caflleford, on trouva un auffi grand nombre
de monnoies Romaines , que fi on les y avoit femées.
LAGHI, ville de l'Arabie heureufe , vers les côtes de
la mer d'Arabie , au royaume d'Adramout. Elle eft fu-
jette à un prince particulier, &c eft fituée à quatre-vingt-
dix mille pas d'Aden , au levant d'été , & à deux cents
cinquante du cap de Gardafui, vers le nord , félon Bau-
drand , édit. I701).
1. LAGHLYN , ou Lotjghlen , ou le vieux
LouGHLEN , lieu d'Irlande, dans la province de Leins-
ter, au comté de Catherlagh. C'eft une ville considéra-
ble , à huit milles presqu'au fud-oueft de Catherlagh ,
& elle a droit d'envoyer deux députés au parlement.
* Etat de l'Irlande, p. 37.
2. Il y a auffi une autre ville de même nom , à trois
milles à l'éft de la précédente, fur le Barrov. C'étoit
une ville confidérable, (k le fiége d'un évêque. Aujour-
d'hui ce n'eft plus qu'un village , &T. l'évêché eft réuni
avec celui de Féarns.
Baudrand confond ces deux villes.
LAGHOLM, petite ville de Suéde, dans la pro-
vince de Schonen , fur une petite rivière. Cette ville eft
ancienne , mais peu confidérable.
LAGIA. Pline dit que c'eft un des anciens noms de
Délos.
1. LAGINA , ancienne ville d'Irlande , dans la pro-
vince de Leinfter. On ignore fon nom moderne ; c'é-
70.Ï
toit la patrie de fainte Brigitte, felnn Surius, dans la Vie
oi ceae fainte. L'Àbregé de IHiftoire de l'ordre de
S. Benoit, /. 1 , e. 8, n. 6 , t. 1, p. 81 , portequ'elle
étoit née dans un village du diocèlé d'Arnach. Dans ce
cas, Lag'ma auroit été dans la province d'Ulfter.
i. LAGINA, (génitif on/m) bourgade de la Carie, fé-
lon Strabon, /. 14, p. 663 , à huit cents cinquante fta-
des de Physcus, & à deux cents cinquante d'Alabanda.
C'eft la même que Laginia d'Etienne le Géographe.
1. LAGINIA. Voyez l'article précédent.
2. LAGINiA, ville de Bythynie, félon Etienne le
Géographe.
LAGLERA, petite rivière d'Espagne, dans la vieille
Caftille : elle paffe à S. Domingo de la Calçada.
LAGMUS , montagne de la Paphlagonie , félon Ly-
cophron, comme l'explique Canterus in Liycoph.
LAGNEY , Latiniacum , paroiffe de France , au dio-
cèfe de Toul , le chapitre de Toul en eft feigneur, par
échange de l'an 1626 , avec le chapitre de Porfas. La.
cure eft à la collation du pape : fon églife paroiffiale eft
dédiée fous l'invocation de S. Clément.
LAGN2 , ou Lagny , Latiniacum. , abbaye de
France. Elle fut bâtie par S. Furfi , vers l'an 644,
dans une tetre d Erchinoald ou Archambaut, maire du
palais, au diocèlé de Paris, fur les limites de la Brie, à
fept lieues de cette ville , vers le levant. Il en fut le
premier abbé; mais il n'y mourut pas; fon corps a été
transporté à Peronne. L'abbaye de Lagni a été mife
depuis, fous la régie de S. Benoit. Elle fut rétablie par Hé-
ribert, comte de Troyes 8c de Meaux , fur la fin du di-
xième fiécle. * Longuefue, Defcr. de la France, 1. part.
p. 14*.
2. LAGNI, ville de France, dans le territoire de Paris,
fur la Marne, à fix lieues au-deffus de Paris, en allant vers
Meaux , d'où elle eft à quatre lieues. Son nom latin eft
Latiniacum. Il y a trois paroiffes , dont la principale eft
fous le nom de S. George ; outre la fameufe abbaye des Bé-
nédictins de la congrégation de S. Maur, fous l'invocation
de S. Pierre, fondée dans le feptiéme fiécle, par S. Furfi,
gentilhomme Ecolfois. Thibaut le Jeune, comte de Cham-
pagne, donna à cette abbaye le comté de Lagni. On voit ■
au milieu de la place de Lagni une belle fontaine, dont
l'eau eft excellente & coule abondamment; on dit que
Dieu l'accorda aux ferventes prières de S. Furfi. Louis
le Débonnaire tint fon parlement dans cette ville, l'an
83 5 , où il ordonna la réparation des églifes qui avoient
été ruinées pendant les troubles. Yves, légat du faint fiége,
y tint un concile, l'an 1142. L'an 1431, fous le régne de
Charles VII, les Anglois affiégerent Lagni ; mais le fe-
cours que le roi y envoya , fit lever le fiége. Henri IV
ne fut pas auffi heureux en 1590; car cette ville futaffié-
gée & prife par le duc de Parme, fans que le maréchal
d'Aumont, qui y marchoit avec des troupes, pût y arri-
ver à tems. Pierre d'Orgemont, chancelier de France ,
& Geoffroi, ancien poëte Ftançois , étoient de Lagni.
* Piganiol de la Force, Defcr. de la France, '.3,
p. 116.
LAGNIEU, petite ville de France, dans le Bugey,
au diocèlé de Lyon , fur le bord du Rhône. Elle tait
partie du marquilat de S. Sorlin : l'églife collégiale a
été érigée, en 1476. C'eft le fiége d'un grenier à fel ,
& elle députe aux aflemblées du Bugey.
LAGNO , rivière d'Italie , au royaume de Naples.
Voyez AGNO.
LAGNUS-SINUS , golfe de la mer Baltique, lequel
touche au pays des Cimbres , félon Pline, /. 4, c. 13.
Le P. Hardouin dit que c'eft cet espace de mer , qui
baigne le Judand , le Holftein & le Mecklenbourg.
LAGNUTUM, ville de la Mauritanie Céfarienfe ,
félon Ptolomée, /. 4, c. 2. Marmol ck Caftald croient
que c'eft préfentemen TENESt.
LAGO-NEGRO , petite ville d'Italie , au royaume
de Naples, dans la Bafilicate, au pied de l'Apennin, &
aux frontières de la principauté citérieure, à cinq milles
de Lauria, au nord-oueft, Se à fept du golfe de Poli-
caftro, au levant. * Baudrand, édit. 1705.
1. LAGON , dans l'ifle de S. Domingue, à la fépa-
ration des deux quartiers françois du nord Se du lùd.
C'eft un lac qui peut être à dix ou douze lieues avant
dans les terres du fond du cul-de-fac de Saragua. Il a
quelque communication fouterraine avec la mer , puis-
LAG
•qu'il a flux &r reflux, & qu'il abonde en poiffons de mer.
L'on y trouve auffi quantité de caïmans Se de requiens :
il peut avoit huit ou dix lieues de tour.
2. LAGON: ce mot fe trouve dans quelques rela-
tions de voyageurs pour fignifier une espèce de lac. Il y
"a dans la Nouvelle-Espagne un Lagon qui renferme trois
ifles , toutes trois proche de fon embouchure. Il aboutit
•par fon autre extrémité à la rivière de Veftaqua.
3. LAGON. Voyez Lagos i.
LAGORD, bourg de France, au pays d'Aunis,
diocèfe & intendance de la Rochelle.
LAGORIA, nom d'une ville, félon le Lexique de Pha-
Vorin. Peut-être faut-il lire Lagaria.
1. LAGOS, ville ancienne d'Afie. Tite-Live, l.tf,
c. 15, dit que l'armée Romaine , partie de Cibyre , tra-
verfa la campagne des Sindiens , paffa la rivière deCau-
lare, Se campa. Le jour fuivant, on côtoya le marais
Garalitide , Se on s'arrêta à Mandropo'is: enfuite otl
s'avança vers Lagos où l'on ne trouva perfonne; la peur
en avoit chaffé tous les habitans : on pilla cette ville.
De-Ià on marcha, depuis la fource de la rivière de Ly-
fe, jusqu'à une autre rivière nommée Cohalatus ; Se on
alla faire lever le fiége d'ifionda que les Termeffiens te-
ndent bloquée.
2, LAGOS, ville de Portugal, à trois lieues du cap
de S. Vincent. On prétend que Bohodes , capitaine
Carthaginois ,' ayant fait la paix avec les Lufitaniens de
l'Alentéjo, leur demanda un endroit dans l'Algarve où
il pût établir une habitation qui fût un marché public,
& un lieu de commerce pour les deux nations.^ Non-
feulement les Lufitaniens y confentirent; mais même ils
aidèrent à fortifier l'endroit où fe forma la ville de La-
COBRIGA. Voyez ce mot. C'eft le même lieu où eft au-
jourd'hui la ville de Lagos , félon Diego Méndes, dans
fes Remarques. Elle fut rétablie dans le rang de ville par
le roi Sébaftien. Elle eft dans la province de Beïra, &
dans l'évêché de Coïmbre , à dix lieues de la ville de
Guarda, fur une hauteur, entre deux rivières Se plufieurs
lacs , d'où lui vient fon nom de Lagos. Les feigneurs de
Bombadella en étoient autrefois les propriétaires. * Ber-
nardo de Brito de Monarchiâ Lufit. t. 1 , /. 2 , c. 12.
Il eft abfurde de dire que Lagos foit dans la province
de Beïra , & à dix lieues de la ville de Guardia. Lagos
eft dans le royaume des Algarves, & dépend de l'évêché
de Faro. Elle eft fur la côte méridionale, avec un port.
LAGOUS-AMNIS , rivière de. la Sarmatie Afiatique.
Elle prend fa fource dans, le monts Cathées , Se fegroffit
des eaux de l'Opharus , félon Pline, /. 6 , c. 7.
LAGRÈ, bois de France en Languedoc. Il eft de quatre
cents trente-huit arpens Se demi vingt-neuf perches, dans
la maîtrife des eaux Si forêts de Montpellier. _
LAGULA, bourg d'Afie, dans la Natolie , à fept
lieues de Pendarachi. Quelques auteurs y placent l'an-
cienne Acona, ouAcone, petite ville de Bithynie.
* Baudrand , édit. 1705.
Molet, Se plufieurs autres croient, au contraire, que
c'eft Naxio. Voyez ce mot.
LAGUNA (la) bourgade de l'Amérique méridio-
nale , dans le gouvernement de Maynas, fur le bord d'un
grand lac , à cinq lieues au-deffus de l'embouchure du
Guallaga. Ce lieu, compofé de plus de mille Indiens, raf-
femblés de diverfes nations, eft la principale million de
toutes celle de Maynas. Quoique près d'un lac, il eft
dans un terrein fec Se élevé ; latitude 5 d. 14'. * M. de
la .Condamine , Carte de l'Amazone.
LAGUNE ; ce nom fignifie une espèce de lac ou d'é^
tendue d'eau.
LAGUNE, ou San-Christoval de la Lagu-
NA, ville des Canaries, dans l'ifle de Ténérife, au
pied du pic de Ténérife , près d'un lac , d'où elle a pris
fon nom. Wafer la décrit ainfi dans fon Voyage impri-
mé à la fuite de ceux de Dampier.
Lagune eft une affez grande ville , bien ramaffée, &
dont l'aspett eft fort agréable. Elle eft en partie fituée
fur une montagne, & en partie dans un terrein uni. La
plupart des maifons y font bâties de pierres, Se couvertes
LAG
de tuiles. Quoiqu'elles ne foient pas uniformes, elles
font un affez joli effet. Il y a quantité de beaux édifices,
entre lesquels on peut mettre deux églifes paroiffiales ,
deux couvens de religieufes , quatre monafteres , un
hôpital Se quelques chapelles, outre plufieurs maifons de
gentilshommes. Les monafteres font ceux de S. Auguftin,
de S. Dominique, de S. François & de S. Diego. Les.
deux églifes ont des clochers affez hauts, & carrés, dont
le fommet s'élève au-deffus de tous les autres bâtimens.
Les rues ne font pas régulières ; mais elles font larges ,
pour la plupart ci affez jolies. Vers le milieu de la ville
on trouve une grande place environnée de belles mai-
fons : il y à d'un côté une prifon bien forte , Se tout au-
près un aqueduc de bonne eau , qui en fournit à toute
la ville. Les habitans on quantité de jardins remplis
tout-à-1'entour d'oranges , de limons Se d'autres fruits;
Derrière la ville, ori découvre une vafte plaine de
trois ou quatre lieues de long, Se de deux milles de large r
qui produit une forte d'herbe épaiffe,dont la verdure n'é-
toit pas moins agréable alors , que celle de nos prairies
d'Angleterre l'eft au printems. A l'eft de cette plaine, &
fort près de la ville, il y a un lac ou un étang naturel d'eau
douce. Il a environ demi-mille de circonférence ; mais
comme l'eau en eft dormante, on ne s'en fert que pour ab-
breuverle bétail. En hyver plufieurs fortes d'oifeauxfau-
vages fe rendent ici , & fourniffent quantité de gibier aux
habitans de Lagune, qui tire fon nom de ce même lac ; car,
en espagnol, un Laguna fignifie un lac ou un étang. Cette
plaine eft bornée à T'oueft, au nord-oueft, Se au fud-oueft
par de hautes montagnes escarpées, qui dominent autant
fur la plaine, que celle-ci eft élevée au-deffus de la mer;
Se c'eft du pied d'une de ces montagnes que la ville eft
fournie d'eau, qui coule à travers la plaine dans un aque-
duc bâti de pierre, Se foutenu par des arcades. Il faut
avouer qu'à regarder la fituation de cette ville , fa vue
du côté de l'eft , qui s'étend jusqu'à la grande Canarie,
fes jardins , la fraîcheur des berceaux qu'il y à , fa belle
plaine, fa campagne verdoyante, fon lac, fon aque-
duc , & la douceur de fes brifes , elle ne peut être qu'un
féjour fort agréable, fur tout pour ceux qui ne font pas
obligés de s'éloigner ; car cette ifle eft presque toute
remplie de montagnes escarpées Se rabo\eufes , qui fa-
tiguent beaucoup les voyageurs , à moins qu'ils ne pro-
fitent de la fraîcheur du matin Se du foir. Auffi n'em-
ploye-t-on dans ce pays, que des mules ou des ânes, foit
pour les monter, ou voiturer les denrées.
Au-delà des montagnes , du côté du fud-oueft , on
peut voir de la ville Se de la plaine une petite monta-
gne pointue, qui domine fur toutes les autres. C'eft celle-
là même qu'on appelle le pic de Ténérife , fi renommé
par fa hauteur; mais nous le vîmes d'ici, avec tant de
defavantage , à caufe de la proximité où nous étions
des montagnes voifines , qu'il nous parut peu de chofe en
comparaifon de ce qu'on en dit.
Les LAGUNES DE Marano , étangs ou lacs d'Ita-
lie , dans le Frioul , le long de la côte du golfe de Ve-
nife , près de la fortereffe de Marano. Elles ont quel-
ques milles d'étendue , Se font à quatre-vingt milles de
Vénife, au levant, vers Palma. * Baudrand, édit. 1705.
Les lagunes de Venise , marais ou étangs d'Ita-
lie, dans lesquels la ville de Venife eft fituée. M. de S. Di-
dier, Ville & Répub. de Venife , pag. 1 , Se fuiv. en parle
ainfi: il n'y a presque perfonne qui n'ait ouï dire que
Venife eft fituée dans la mer ; mais il n'eft pas facile de
fe former une idée jufte de la dispofition finguliere de ce
lieu, puisque parmi ceux qui y ont fait quelque féjour,
il s'en trouve beaucoup qui confondent la mer avec les
lagunes , fans prendre garde qu'elles en font tout-à-fait
féparées , étant, comme de grandes plaines que l'art au-
roit inondées, à deffein de rendre la fituation de Vénife
auffi forte qu'elle eft admirable ( a ).
Dans le fond du golfe Adriatique, au-deffus des embou-
chures des rivières du Pô de 8c l'Adige , du côté de l'oc-
cident , il femble que la nature eût oppofé à la violence
de la mer une forte digue qui s'étendoit du midi au fep-
tentrion de la longueur de trente-Cinq milles, & (b) de
(a) L'on ne peut pas dire que les lagunes de Venife foient comme de grandes plaines qu'il femble que l'art ait inon-
dées , pour fortifier cette ville ; ce font des marais d'une grande étendue , formés par la nature, Si entretenus par
l'art , moyennant des dépenfes confidérables , le tout pour la fureté de cette ville célèbre.
(i>) La lagune de terre, qui fépare les lagunes de la mer, n'eft pas, à beaucoup près, fi large qu on le dit ; & en quel-
LAG LAG 7o3
cinq ou fix cents pas de large, pour couvrir tout le pays peuvent paffer. Ces routes ne font pas droites, & font
qui p.iroit préfentement inondé ; mais ( c ) la mer ayant marquées, de diftance en diftance égale, par de hauts pieux
rompu cette langue de terre , s'eft fait paiiage par fix que la république téroit couper dans une néceffité pref-
differentes bouches, &, courant fur tout ce qui s'eft trouvé faute, pour rendre la ville inacceffible aux ennemis ; car
de bas terrain au-delà, y a fait ce qu'on appelle les Lagunes, quelque légers bâtimens qu'ils euffent,il feroit impoffible de
laifiant dans toute cette étendue , qui n'eft que de cinq faire un trajet de cinq milles , fans donner fur le fec ; de
ou fix milles de large , un grand nombre de petites ifles forte qu'avec certains bâtimens & des machines que les
qui ne font guères plus élevées que la fuperficie de l'eau. Vénitiens ont dans leur arfenal, ils rendroient inutiles , à
Les Lagunes font ( d ) bornées, du côté de terre ferme, ce qu'ils croient, les entreprifes de leurs ennemis,
depuis le midi jusqu'au nord, par le Pélefin, vers le Pô Le peu de profondeur des Lagunes, qui fait toute la
& l'Adige ; par le Padouan, vers la Brente ; par le Tré- force de Venife , fait en même tems toute l'appréhen-
vifan & le Frioul, vers l'embouchure delà Piave. Elles fion de la république, laquelle voyant que le fond fe
font comme un grand demi-ovale fermé, du cçté de la hauffe infenfiblement aux environs de la ville, &: dans
mer , par les relies d'une langue de terre , qui font comme les embouchures de fes ports, craint avec railbn, qu'elle
au'ant de chauffées naturelles qui en défendent l'entrée , ne demeure enfin à fec, ou du moins inaccefîible à toutes
& dont la mer a fait autant d'ides différentes , qu'elle fortes de bâtimens , & en même tems inhabitable , à
s'eft ouvert de paffages pour inonder le plat pays, caufe de la corruption qui s'engendreroit dans l'air,
Les fix bouches par où la mer déborde, dans les Lu- comme il fe voit dans quelques ifles voifines , où les
ganes , font les iéuls ports qui conduifent à Venife , du atériffemens bourbeux, qui s'y font faits, pouffant des ex-
côté de la mer , l'avoir: halaifons malignes , rendent ces lieux déferts ( S ). En ef-
fet, la diminution de profondeur eft fi grande, que dans le
iBrondolo , port de Malamoque où il y avoit autrefois trente ou qua-
Chiola , rante coudées d'eau, il ne s'y en trouve préfentement que
Malamoque. douze ou quinze ; de forte que les grands vaiffeaux ne fau-
Lido. roient en fortir que dans la plus grande hauteur du flux ( h).
Ceux qui croient que c'eft la mer qui fe retire , & non
La bouche \ S-Erasme" If fond 1u' fe hauffe, fe trompent fans doute, puisque
(des Trois-Ports. l'on voit, que lorsque l'eau eft dans fa hauteur ordinaire,
elle bat encore fur le feuil des portes des plus vieux pa-
Cette dernière eft (f) ainfi nommée, à caufe de trois ou- lais de Venife & d'autres édifices, qui ne font guères
vertures affez proches les unes des autres ; mais l'eau y eft moins anciens que la république.
û baffe qu'il ne peut y palier que des barques de pêcheurs. Ces inconvéniens, qui font de la dernière importance,"
Venife eft fituée dans ces Lagunes qui font fa principale obligent la république à faire une dépenfe inconcevable
fureté, & dans lesquelles il y a des routes par où les barques depuis environ quarante ans ( ' ) . ( L'auteur étoit à Ve-
nues endroits, il n'y a pour toute féparation entre la mer {k les marais, qu'une digue munie de très-forts remparts,
pour rélifter à l'inipéiuofité de la mer.
(•") La mer n'a point fait de brèches dans cette digue, pour s'ouvrir une communication avec les marais ; il y a
toujours eu communication, avec cette feule différence, que ces ouvertures ou bouches donnent l'entrée à des ports
plus ou moins capables, félon la plus grande ou la moindre maffe d'eau que l'art ou la nature leur a fourni.
(d) Les lagunes, du côté de terre ferme, font bornées, depuis le midi jusqu'au nord, par le Dogado proprement
dit , vers l'Adige 6c la Brença, aufli-bien que vers le Sile & la Piave. Le Polefin , le Padouan, le Trévifan Se
le Frioul ne s'étendent aucunement jusqu'à fervir de bornes aux lagunes.
(e) Les ports aujourd'hui font , Malamocco , S.Nicolo, Lido , Chio^a , S. Erasme & Trois- Ports, qui n fe
doivent diftinguer en poris ni en bouches ; car ce font tous de véritables ports, fi par ce nom l'on entend l'entrée
ck l'iflùe réciproque de la mer; mais fi l'on veut marquer ces feuls ports où peuvent mouiller des vaiffeaux, il n'y
en a que trois , c eft-à-dire Malamoco , Lido & Chio^a , quoique de ce dernier l'on ne faffe ufage que pour les
barques de pêcheurs & quelques autres femblables.
(f) Pour les Trois-Ports, ils ne font pas ainfi nommés, à caufe de trois ouvertures, comme on l'affure ici ; car elles
ne s'y trouvent point aujourd'hui , & on ne fait fi elles y furent anciennement. Il eft vrai d'ailleurs que depuis qua-
rante ans, il fe décharge dans ces TroisPorts un autre canal nommé Port-de-Lio , lequel avoit autrefois fon iffue
fur le rivage de la mer, plus proche de l'ancienne embouchure de la Piave; mais àpréfent les fables en ayant bou-
ché l'ouverture , il va fe mêler , comme l'on a dit , avec le port de Trots-Ports.
(s) Le port de Malamocco , qui eft le principal de tous , doit être diftingué de ce canal , qui eft hors du port dans
la mer , & qui eft nommé Foce ou Fuoça. Au refte, fi jamais ce port a été profond, il l'eft à préfent, depuis qu'on
a détourné le cours de la Brenta , qui tomboit vis-à-vis dans les lagunes , & qu'on y a mis de très-grandes paliffa-
des nommées Guardiani ; ce qui l'a rendu un port très-commode &c très-fûr ; Se l'on ne peut rien ajouter à fa per-
fection. Certainement, depuis la diverfion des rivières, Brenta, Backiglione , Sile & Piave, qui tomboient autrefois
dans les lagunes , & depuis l'éloignement des embouchures du Pd d'un côté , & de la Piave de l'autre , l'on ne
craint plus que ces lagunes demeurent à fec ; car fi en des endroits quelques canaux ont diminué , par hazard , de leur
profondeur, d'autres en onLacquis une plus grande ; & puisque les eaux de ces marais, moyennant ces opérations,
font devenues entièrement falées , cela a contribué beaucoup à la falubrité de l'air , &; à l'épanchement de l'eau ; le
falé ayant cette propriété de ronger & de nettoyer les fonds des canaux du limon qui s'y aecumule. Quant à ce
que l'on dit que le port de Malamocco avoit autrefois trente ou quarante coudées, c'eft-à-dire quarante-cinq à foixante
pieds de profondeur, nous ne l'examinerons point ici ; mais c'eft une vérité inconteftable que préfentement fa pro-
qu'011 attende la haute marée, & l'embouchure où le Fuo^a peut donner le paffage aux plus gros navires , pourvu
fondeur eft bien plus grande , & qu'ils foient conduits par celui qui , fous le titre S Ammiraglio , eft chargé de ce
foin , un des avantages de ce port étant luftement de n'être point acceffible qu'à ceux qu'on y a introduit.
(h) Il n'eft pas vrai que, puisque l'eau dans la haute marée , ou, comme on l'appelle à Venife, à commune, vient
battre fur le leuil des portes des plus vieux palais de la ville, ce foit une preuve que la mer ne s'eft point retirée,
comme croient la plupart ; car tout au contraire il paroît aux édifices même de deux ou trois fiécles, que la haute
marée monte plus haut qu'elle ne faifoit autrefois ; & depuis l'an fjoo, elle s'eft accrue d'un pied & demi , pour
ne pas dire de deux pieds,:; c'eft de quoi l'on ne peut pas douter, car l'on a remarqué que la même choie eft arrivée,
non-feulement à Venife, mais dans les côtes qui font plus vers le nord, aufli-bien que dans celles de laRomagne
& ailleurs.
(') La république de Venife a, de tout tems, & non-feulement depuis quarante ans , prodigué ries tréfors pour le
maintien de ces lagunes , qu'elle regarde avec raifon comme un des fondemens de fon augufte liberté ; cV puisqu'el-
les fe trouvent quelquefois endommagées par divers accidens , elle ne laiffe pas de consulter dans lebefoin les plus
habiles mathématiciens & ingénieurs; & depuis quelques années, le fénat donne des appointemens à M. Zendrini, en
qualité de Ion mathématicien , & avec la ûirintendance générale des eaux ; c'eft un favant très-connu dans la ré;
publique des lettres ; il a fouvent donné des marques de fa grande capacité.
704
LA;
LAG
ïiife, en 167a, 1673 ck 1674.) Il n'y 3 point d'ingénieurs
qu'elle n'écoute volontiers fur les moyens de nettoyer
les lagunes & d'empêchsr le limon de s'y acumuler. C'eft
pourquoi on y voit de pïodigieufes machines pour creu-
fer inceflar.iment les avenues & les principaux canaux des
lagunes. Et comme la république a toujours été per-
fuadée que ces alterriffemens éîoient particulièrement cau-
fés par les dégorgemens de la Brente (*) & delaPiave
qui charrioient du fable dans les lagunes , elle a fait faire
des travaux extraordinaires pour en détourner le cours,
jettant l'une vers Brondolo , par un nouveau canal
qui a plus de trente milles de long, fck qui eft taillé dans
les plaines, 6k f ai tant paffer l'autre au-detïus de l'embou-
chure des trois portes, par des canaux , qui, ne pouvant
que difficilement rélîfter à la rapidité de ion cours, coû-
tent beaucoup à entretenir , fans toutefois que ces tra-
vaux produifent beaucoup d'effet ( ' ).
Quelques-uns croient que cette diminution de pro-
fondeur vient de ce que les Vénitiens , pour aggrandir
leurs Lagunes , rompirent & firent applanir une digue qui
alloit autrefois de Chiofa à Fucine (m) , & qui avoit
par conféquent plus de vingt milles de long; comme elle
étoit directement oppofée au cours que le flux donne à
l'eau de la mer , elle étoit caufe aufïï qu'elle s'en re-
tournoit avec plus de rapidité, 6k que non-feulement
elle emportoit le limon qu'elle laifTe, depuis que fon
mouvement fe trouve ralenti par la vafte étendue qu'on
lui a donnée au-delà , mais aufïi que ce même cours plus
rapide, qu'elle avoit autrefois, entretenait la profondeur
du port Malamoque, qui étoit oppofé à cette digue.
Des ijles qui font dans ces lagunes.
L'on compte environ foixante ides dans toute l'éten-
due des lagunes, parmi lesquelles il y en a plus de
vingt-cinq de bâties, 6k confidérablement peuplées , en
y comprenant celles qui féparent la mer d'avec les la-
gunes, ausquelles les Vénitiens donnent le nom de Lido
qui lignifie ravage. Celles-ci font longues , értoites , 6k
le terroir en eft maigre & fablonneux ; cependant, par le
travail des habitans, il eft devenu fertile en plufieurs en-
droits, où l'on voit quantité de jardins. De toutes ces ifles
qui bordent la mer, celle qu'on appelle la Pakflrine, eft
la plus peuplée & la plus agréable. Voyez Palestrine.
Celles des autres illes , qui font habitées , font ou occu-
pées par un feul couvent dont l'eau environne les mu-
railles de toutes parts , comme font ceux du S. Esprit ,
de S. George d'Aléga , de fainte Seconde, & plufieurs
autres ; ou bien elles compofent des villages 6k de peti-
tes villes peuplées de quantité d'habitans , avec des cou-
vens de religieux, de religieufes, 6k de belles églifes.
(k) On n'a pas feulement détourné les rivières Brtnta 6k Piave, comme nous l'avons déjà dit, mais auffi celles
du Sile 6k du Bacchiglior.e , 6k même le Pô , parce qu'il venoit tomber trop près, relativement aux ports & aux
lagunes. La divertion de la Brenta a été faite par le moyen de deux canaux, dont l'un part àaDolo, 6k l'autre de
la Mira, 6k tous les deux vont fe terminer à Brondolo : le premier a été fait dès l'an 1488 ; mais il n'eut fa per-
fection que beaucoup d'années après ; le fécond, l'an 1610, ayant l'un ck l'autre un cours de vingt milles. La rivière
du SUe a été divertie par un canal de quatre milles, qui aboutit à la Piave, laquelle s'étoit d'eile-même détournée
auparavant dans les marais inférieurs de Caorle, quoiqu'aujourd'hui elle ait fon embouchure dans la mer, à Cortel-
lazzo, ayant rompu la digue qu'on lui avoit oppofée. Pour la Liven^a, afin qu'elle fit place à la Piave , elle fut
dirigée vers les marais fupérieurs de Caorle ; de forte que préfentement les lagunes de Venife ne reçoivent d'autre
eau douce que celle de trois petites rivières, Defe , Zéro ck Mar^enego , qu'on détournera auffi quelque jour.
(') Il eft arrivé ce que l'on s'étoit propofé par ladiverfion des rivières; car les atterrifTemens de lagunes ne font
pas tels aujourd'hui ,~qu'on ne puifle les ôter facilement, ck autant qu'il le faut , à l'aide des machines ordinaires
dont on fe fert pour tirer le limon ; ck d'un autre côté l'air que le gouvernement de Venife a eu auffi en vue dans
ces diverfions de rivières, eft réduit préfenrement au poffible degré de bonté.
(m) La digue , dont on parle ici, formée depuis l'an 1610, fublîfte encore, S: on l'appelle h digue de la conter-
nunatione , le long du canal de la Brema , qu'on appelle Taglio noviffimo : c'eft elle qui fépare le domaine du
privé, c'eft-à-dire les lagunes des terres des particuliers. Cette digue, qui n'y étoit pas avant la dernière divertion
de la Brenta, ne caufe point, comme on le dit ici , le repouffement ou le contre-choc des vagues de la mer; mais
elle empêche les eaux douces de fe joindre avec celles des marais , ck de les gâter ou de les embourber; c'eft pour-
quoi tout le raifonnement de l'auteur , par rapport à cette digue , s'oppolé à la vérité du' fait.
(") L'ifle de Burano eft très-peuplée par la commodité de la mer voifine, ck du port de Trois-Ports^ Les deux
autres de Maçiorbo ck de Torcello font peu habitées, non pas tant à caufe de l'air qu'à caufe que leurs habitans,
(qui font presque tous des pêcheurs,) fe font transférés à Burano , lieu plus commode pour la pêche. Les couvens
de religieux y font, à la vérité, presqu'abandonnés ; mais c'eft parce qu'ils en ont de meilleurs à Venife. Pour les reli-
gieufes que la clôture oblige de demeurer toujours dans leurs couvens, il eft faux qu'elles ayent un teint jaunâtre ;
mais elles jouiflent d'une parfaite fanté , fur-tout depuis qu'on a détourné la rivière du Sile. Ses eaux douces, mêlées
Teilles font les ifles de Burano , de Mayorbe , de Tor-
celle, à quatre ou cinq milles de Venife. Elles étoient
même très-confidérabks, dans les premiers tems de la ré-
publique ; mais l'alteraïion de l'air, pour les raifons que
nous avons expliquées, les a fait abandonner par les meil-
leurs habitans.
Ces ifles compofent un évêché dont l'évêque eft con-
traint de faire fa réfidence ailleurs ; les religieux même
qui y oft des couvens (n) les abandonnent pendant
l'été, à caufe de la malignité de l'air, eu y entretenant
néanmoins quelques pauvres prêtres, pour ne pas laiffer
manquer de meffes les habitans que la néceffité oblige de
demeurer dans ces lieux-là. Quant aux religieufes, comme
elles n'ont pas la liberté d'aller ailleurs ,- elles y demeu-
rent malgré elles, ck témoignent à ceux qui les vontvi-
fiter, un déplaifîr extrême de porter fur leur vifage des
marques évidentes du mauvais air qu'elles respirent. A
leur teint jaunâtre, on donnerait quarante ans à celles qui
n'en ont pas encore vingt-chiq.
De toutes les ifles des lagunes , après celles qui com-
pofent le corps de la ville de Venife , Murano ou Mou~
ran eft la plus contïdérable.
LAGUSA , petite ifle , dans la mer de Crète, auprès
de Sicinus, félon Strabon, /. 10, p. 484, ck Etienne le
Géographe.
LAGUSSA, ifled'Afie, dans la mer de Lycie, fé-
lon Pline, /. 5, c. 31 , qui dit qu'elle étoit vers le fleuve
Glaucus : or ce fleuve étoit de la Carie ; le P. Hardouin
écrit Lagusa, ck confond cette ifle avec la précédente,
en quoi il fe trompe*
LAGUSSjE , au pluriel, génitif arum , ifle d'Afîe , fur
la côte de Troade , félon Aéthnée cité par Ortélius.
LAGUSTA , petite ifle de Dalmatie, dans le golfe
de Venife, près de l'ifle de Curfola, au midi, 6k à qua-
tre-vingt mille pas de Ragufe, dont elle dépend. * Bau-
drand , éd. 1705.
LAGYRA , ville de la Cherfonnèfe Taurique, ou , ce
qui eft la même chofe, ancienne ville de la Crimée, fé-
lon Ptolomée. Niger, Comment, ix , p. 2^0, croit que
c'eft préfentement 5'OLDAÏA, mot qu'Ortélius avoit très-
bien écrit. Baudrand, éd. 1705, faute de confultef Ni-
ger, écrit Soldadia, comme fi ce mot étoit dans Niger,
en quoi il s'eft trompé.
LAHA , ou Laa , ou Lab , petite ville d'Allemagne,
dans la baffe Autriche , fur la rivière de Téya, aux fron-
tières de la Moravie , ck à huit milles de Vienne. Gas-
pinien la nomme en latin Laha , ck Bonfinius Lava. Elle
eft remarquable par plufieurs événemens hiftoriques.
Frédéric, duc d'Autriche, le dernier de l'ancienne maifon
d'Autriche, étant tombé dans la disgrâce de l'empereur
Frédéric II, fe ligua contre lui, avec Wenceflas , roi de
avec les falées des lagunes , caufoient principalement cette infalubrité d'air,
fes , de même que le refte des habitans de ces ifles. * Notes tirets du Didior.
Venife.
fleiitoient autrefois ces religieu-
n de la Martiniere, imprimé ,'
LAH
LAH
Bohême, à qui il remit cette ville pour fureté. Mais ce
duc , à qui il ne reftoit plus que fort peu de fon pays ,
s'étant ensuite rendu maître de Vienne , fe brouilla avec
le roi de Bohême, avec qui pourtant il fe raccommoda
par un mariage. En 1160, les Hongrois & leur roi Bêla
furent défaits par les Bohémiens , auprès de Laha. Dix-
huit ans, après Rodolphe I y livra bataille à Ottocare,
roi de Bohême, qui fut apporté moùranfdans la ville, où
il expira. Elle fut prifepar ftratagême, en i4o6,parScheo-
kel, (en latin Sccolius,) qui la pilla & la garda. Le duc
Léopold voulut la prendre d'affaut , &C fut réduit à la
racheter pour une bonne fomme d'argent. On peut voir
le refte des événemens dans Zeyler , Auflr. Topogr.
P-25- ,
LAHELA (a), pays de la Paleftine, au-delà du Jour-
dain; c'eft où Téglatphalafïar , roi d'Affyrie, transporta
les tribus de Ruben, de Gad & delà demi-tribu de Ma-
naiïë (b). Il y a beaucoup d'apparence que Lahéla eft le
même que ItADÉ , dont il eft parlé au quatrième livre
àes rois, c. 17, v.6, îk c. 18 , v. 10 , ck peut-être le
même pays que Hevila ou CholA , dont la GenèCe
fait mention , ck qui étoit vers la Colchide & l'Armé- :
nie. Voyez à ce fujet la DifTertation de D. Calm'et, fur
le pays où les dix tribus furent transportées. (a) D. Cal-
ma, Dict. (b) Paralip. 1. I, c. 5, v. 16 ; ck Reg. 1. 4,
c. 15, v. 19.
LAHE ■• ; ce mot eft' mis pour Bethléem , au premier
livre des Paralipomènes, c. 4, v. 22.
LAHERI, ville de l'Inde, dans la province deSinde,
à 101 degrés ck demi de longitude , OC 22 & demi de
latitude , à l'orient &£ à l'embouchure d'un des bras
de l'mde : l'e^u eft quelquefois falée à Lahéri, à caufe
du reflux de la mer. Cette ville eft ancienne , & le pott
de mer de la province deSinde. * Manuscrits de laBibl.
du roi.
LAHIJON , ville de Perse, félon Tavernier, t. 1 ,
'/. 3 , c. dernier , qui la met à 74 cl. 25' de longitude ,
& à 37 d. 1 5 ' de latitude. On y fait plufieurs ouvrages
de foie , & particulièrement une étoffe rayée , que ceux
du pays appellent Tefiile, laquelle eft moitié foie & moi-
tié coton , ck dont ils font leurs veftes qu'ils nomment
kabayes.
Cette ville eft la même que d'autres auteurs nomment
'Lahdj an ou Lahigan, Si dont ils marquent la longitude
au 6£>e cl. 30'.
LAHN , ville de Siléfie , dans la principauté de Javer,
fur le Bober , au couchant de Javer. * Robert de Fau-
gondy, Atlas.
LAHOLM , ville de Suéde, dans la province de Hal-
land , fur la côte deSchager-Rack, ou de la Manche de
Danemarck, Se furies confins de laprovince deSchone,
avec un ancien château ck un port. Elle avoit été forti-
fiée par les Danois , qui la cédèrent à la Suéde , par le
traité de Bromsbroo, en 1645 ; elle a été fort maltraitée,
durant les guerres. Laholm eft à deux milles ck demi
(milles de 1 5 au degré) de Helmftadt , ck à neuf de Hel-
fîngborg , fur le bord feptentrional de la rivière de
Laga.
LAHOR, ville d'Afie, clans l'Indouftan, au royaume
de Lahor , dont elle eft la capitale. D'Herbelot, Bibl.
orient, la nomme Lahawar Sf. Lahaver, ck ajoute:
Ville royale , qui a été autrefois la capitale des Indes ;
nous l'appelions aujourd'hui Lahor. Elle eft, dit-il, fituée
dans la province nommée Pengiab , fous les 109 d. 20'
de longitude, ck à 31 d. 50' de latitude feptentrionale ,
dans le troifiéme climat , félon les Tables arabiques ;
mais nos voyageurs lui donnent 32 d. 15' ou 20' d'élé-
vation polaire. (Le P. Riccioli donne 32 cl. 40' pour la
latitude, ck 102 d. 30' pour la longitude.) La longitude
eft 91 d. félon les différentes Cartes. D'Herbelot pour-
fuit ainfi : le terroir de cette ville , qui eft arrofé par la
ïiviere nommée Ravi ou Raver, eft extrêmement fertile
en toutes fortes de grains ck de légumes. Le grand iVio-
gol y a un fuperbe palais ; mais Akàbar ayant transféré
leiïége de fon empire à Agra , Lahor eft beaucoup moins
peuplée qu'elle n'étoit autrefois. Le fameux chemin de
deux cents cinquante lieues françoifes , qui eft bordé
d'arbres plantés au niveau, depuis une de ces villes jus-
qu'à l'autre , eft affez connu par les Relations moder-
nes. Les Orientaux donnent auffi à la ville de Lahaver
le nom deRAHVER, qui a affez de rapport à ce chemin
70$
royal ; le mot de R.AH fignifie en Perfien un chemini
lUiosrou-Schah , fils de Baharam-Schah , qui fut le der-
nier des Suitans de la dynaftie des Gaznevidcs, ayant
été chaffé par le Sultan des Gaurides , nommé Gauri-
Ben-Sam , fè retira à Lahor , où il régna paifiblement le
refte de fès jours. Son fils Khosrou , qui lui fuccéda, ne
jouit pas long-tems^ de ce royaume ; car le même Sul-
tan ,^ qui avoit laifîè fon père en repos , le dépouilla de
fcs états ,( ck le tint prifonnier jusqu'à fa mort. Depuis
ce tems-là, les Gaurides demeurèrent maîtres des royau-
mes de Dehli & de Lahor , ck de plufieurs autres dans
les Indes.
Thévenot , Voyagé des Indes , c. 37 , p. ijz , qui
avoit long-tems voyagé dans l'Indouftan, parle ainfi de
Lahor.
Il y a quarante-huit ou cinquante lieues de Lahors,
(c'eft ainfi qu'il écrit,) jusqu'aux limites de Cachmir, qui
eft à fon nord, comme Dehly eft à fon midi, ck Lahors
eft éloigné de Dehly de cent bonnes lieues ; car on
compte deux cents codes de l'une à l'autre ville, ck les
coffes, ou demi-lieues font grandes en ce pays. Multan
eft à l'occident de Lahors, ck en eft éloigné de foixante
& quelques lieues, ck il y a, à fon orient, de hautes mon-
tagnes, habitées en quantité d'endroits par des Rajas,
dont quelques-uns font tributaires du Grand-Mogol ; Se
d'autres ne le font point , parce qu'ayant des lieux forts,
où ils fe retirent, ils ne peuvent y être forcés, quelques
voleries qu'ils exercent fur les marchands ; ck quand on
voyage en ce pays, on eft obligé de fe faire accompa-
gner de foldats, pour défendre les caravanes contre ces
voleurs. (Ces Rajas ont été peu-à-peu fubjugués fous les
régnes pofté rieurs , au tems où l'auteur cité écrivoit.)
Lahors eft fituée au 3 Ie d. 50' de latitude, près du fleuve
Ravy, qui fe rend dans l'Indus comme les autres. Elle
n'eft plus fur le Ravy, comme elle a été long-tems, parce
que cette rivière ayant un lit fort plat, elle s'en eft éloignée
de plus d'un quart de lieue. Elle a été très-belle quand les
rois y ont tenu leur cour , ck qu'ils ne lui ont point pré-
féré Dehly ck Agra. Elle eft grande ck a été ornée, comme
les autres, de mosquées , de bains publics , de karvanfe-
ras , de places, de tanquiès, de palais ck de jardins. Le
château y fubfifte encore, parce qu'il eft bien bâti. II
avoit autrefois trois portes du côté de la ville, ck neuf
du côté de la campagne ; ck le palais du roi, qui eft de-
dans, n'a pas encoreperdu tous fes ornemens, Il y a quan-
tité de peintures aux murailles, qui repréfentent les ac-
tions des grands Mogols ; leurs aïeux y font peints avec
pompe, ce il y a un crucifix fur une porte , S: un tableau
de la Vierge fur une autre ; mais je crois , dit notre judi-
cieux voyageur, que ces deux pièces de dévotion n'y
ont été niilès que par l'hypocrifie du roi Gehanguir, qui
feignit d'affectionner la religion Chrétienne, pour flatter
les Portugais. Beaucoup des principaux bâiimens de la
ville tombent peu- à-peu en ruine ; Si on voit avec quel-
que douleur, dans certaines rues , qui ont plus d'une lieue
de long , des palais qui deviennent des mafures. Cepen-
dant la ville n'eft pas ancienne ; car avant le roi Hu-
mayon , ce n'étoit au plus qu'un bon bourg. Ce roi en
fit une ville ; il y fit bâtir un château , y tint fa cour;
ck elle s'accrut tellement en peu de tems ; qu'elle a eut
jusqu'à trois lieues de long, y comprenant les fàuxbourgs.
Comme il y a beaucoup de Gentils en cette ville , il y
a aufli beaucoup de pagodes ; il y en a de bien ornées ;
ck toutes font élevées au-delïus clu rez-de-chauffée, de
fept ou huit degrés.
LAHOR , autrefois royaume , à prélent province de
l'empire du grand Mogol , dans l'Indouftan. Outre le
nom de fa capitale, que lui donnent les Européens, les
Mogols lui ont donné celui de Par.gcab , qui fignifie les
cinq fleuves , à çauîê qu'il en coule cinq dans fon terri-
toire. Ces cinq fleuves ont reçu tant de noms particu-
liers des modernes qui en ont parlé, qu'on a préfente-
ment de la peine à les discerner les uns des autres; 6k
même laphifuit de ces noms fe font confondus, quoi-
que Ptolôirtfe les ait afle; rjiftirigués ù~>\i- ceux q'JccL'l~
nés, Cop'Ms', 'Hydarphes, Zaradràs es: H tphlîs. (L'au-
teur' cité a tort de nommer iciPtolomée, à qui ces cinq
noms font inconnus. Il devoit plurôt nommi r Pline qui
en nomme quatre ; VAcefine-s , lèCiphes , l'Hydaspc ck
ïHypafa ; car c'eft ainfi' que ces 1 nuis i'e doivent écrire.
Pour le Zaradràs , c'eft apparemment le Zadradas de
Tome III, V u u u
7o6
LAÏ
LAI
Ptolomée.) Il y a, poursuit le même voyageur, des mo-
dernes qui les nomment Bchat-Canab,Find, Ravy-Van.
D'autres leur donnent d'autres noms , qui ne font point
'ceux du pays , ou, au moins, qui ne leur font attribués
qu'en certains cantons où ils paffent. Tous ces fleuves
ont leurs fources dans les montagnes du nord , & com-
pofent l'Indus où ils fe vont rendre , après avoir pris le
nom de Sinde , dans un long espace de pays. La pro-
vince deLahor eft une des plus grandes &c des plus abon-
dantes des Indes ; les fleuves , dont on vient de parler,
la rendent extrêmement fertile ; elle fournit de tout ce
qui eft néceflaire à la vie. Le riz y eft en abondance ,
auffi bien que le bled & les fruits ; il y a même d'affez
bon vin , & le fucre y eft meilleur qu'en aucun endroit
de l'Indouftan. Il fe fabrique, dans les villes de cette pro-
vince , des toiles peintes de toutes lès manières ; & il y
a des manufactures de tout ce que l'on travaille clans les
Indes. J'ai déjà parlé du grand chemin bordé d'arbres ,
qui commence à Agra &c a été pouffé jusqu'à Lahor ;
quoique ces deux villes foient éloignées de cent cinquante
lieues l'une de l'autre. Ce cours eft fort agréable, à cauiè
que les arbres d'Achi, dont il eft planté, ont leurs bran-
ches grandes & épaiffes, qu'elles s'étendent de tous cô-
tés, & couvrent toute la route : il y a auffi beaucoup de
pagodes fur le chemin de Lahor à Dehli , rk particuliè-
rement vers la ville de Janaffar, où l'on peut dire que
l'idolâtrie s'exerce avec liberté. * Theyenot, Voyage des
Indes , c. 37, p. 17^.
Quoique le pays de Lahor foit plutôt une province de
l'empire qu'un royaume , on le divife en cinq farcars ou
provinces ; & on y compte trois cents quatorze pargames
ou gouvcrnemtns , qui rendent deux carols, trente-trois
laqs Sz cinq mille roupies. Nous avons déjà dir ailleurs,
que le carol vaut cent laqs, c'eft-à-dire dix millions, &£
qu'un laq vaut cent mille roupies ; ce qui fait en tout
23305000 roupies, forte de monnoie qui vaut trente fols
de France. On y fait, dit le P. Catrou dansfon Hiftoire
du Mogol,/>. 258, édition de Paris, i/z-40 171 5, des toiles
fines, des pièce*, de foie de toutes les couleurs, des ouvrages
de broderie , des tapis à fleurs, & de groffes étoffes de
laine. C'eft de-là que l'on tire ce fel de roche qu'on trans-
porte dans tout l'empire.
Nous avons remarqué que Lahor n'eft pas une ville
fort ancienne ; cependant quelques modernes , comme
Baudrand, Corneille, &c. y ont cherché la ville qu'A-
lexandre fit bâtir en mémoire de Bucéphale.
1. LAHR, ville de Perse. Voyez Lar.
2. LAHR ou LoHR , feigneurie d'Allemagne, dans le
margraviat de Bade , entre l'Orthnau & le Brisgov.
Cette terre &c celle de Mahlberg ont été long-tems pof-
fédées parles barons de Geroldseck ; Gautier & Henri,
fils de Gautier de Geroldseck , les eurent eh partage.
Leur poftérité finit, en 1393, Par Henri qui n'eut point
d'enfans d'Ursule d'Eberftein ; ci fa fceur nommée Adé-
laïde, comteffe de Sarverden, hérita de ces deuxfeigneu-
ries ; les comtes de Sarverden vendirent celles de Mahl-
berg, & une partie de celle de Lahr,au marquis de Bade,
vers le milieu du feiziéme fiécle ; ck dans le dix-feptiéme
fiécle, Frédéric, marquis de Bade-Dourlac, acquit l'autre
partie, par la donation que lui fit en mourant, Anne-Marie,
fille unique de Jacques, dernier feigneur de Geroldseck,
Veuve de Frédéric, comte de Solms, qui l'avoit époufée
en quatrièmes noces, le 13 Février 1644, *D'Audifret,
Géogr. t. 3 , p. 188, édit. ira-40, Paris, 1696.
1. LAIASSE ou Lajazzo , ville de la Turquie, en
Afie, dans la partie orientale de la Natoiie , dans laCa-
ramanie , vers les confins de la Syrie, près du mont
Néro. C'eft l'Iffus des anciens , félon Bunon , dans fes
Notes fur l'Introdu&ion de Cluvier ; mais il écrit Ajaç-
ia , & retranche /' comme article. Mais Ajazza , ou
Laïaffe, ne fauroit être l'Iffus des anciens , quoiqu'aumot
Issus, nous ayons fuivi le torrent des géographes , qui
font la plupart de ce fentiment. IJfus étoit au fond du
golfe, près des montagnes qui féparoient la Cilicie de
la Syrie ; au lieu que Laïaffe , Lajaffb , ou Aja^a, ou
Ajano, eft fur la côte feptentrionale de ce golfe affez
près de fon embouchure, & à fix lieues communes, au
moins , de l'endroit où les anciens mettent la ville d'Is-
fus.
2. Le golfe de LAIASSE, ou Lajazze , refte tou-
jours le même que l'Issicus Sinus des anciens. Ce
golfe eft dans la Méditerranée , à l'extrémité de l'Afie
mineure & du mont Aman , entre la Caramanie & la
Syrie , entre Adana & Antioche. Il y a dans ce golfe
deux lieux remarquables ; au nord 6c affez près de l'en-
trée, eft Lajazzo, qui lui donne le nom, ScAlexandrete.
3. LAIASSE. Paul Lucas, Voyage dans VAJïe mineure^
V Afrique, & autres dieux , t. 1, c. 37 , p. 268 , nomme
ainfi des montagnes voifines de la ville d'Adana. Il dit
que les chaleurs font fi grandes dans cette ville, que tous
les bourgeois font contraints de fe réfugier dans des mon-
tagnes que l'on appelle Laïajje , & qu'il croit être des
dépendances du mont Taurus. Je crains que le voyageur
n'ait manqué d'exaftitude en cet endroit.
LAICHEN ; c'eft, au rapport de Baudrand, édit. 1705,
undes principaux villages du canton deSchwitz, enSuiffe.
L'auteur des Délices de la Suifle , t. 2 , p. 436, dit qas
dans le quartier dé la Marck , au canton de Sclrwitz ,
LACHEN (& non pas Laichen ,) eft un joli bourg, bâti
comme une ville , & où l'on vient de conftru-re une
églifè magnifique. Il eft fitué au bord méiidional du lac
de Zurich. Ai"'!i tire-t-il fon nom du mot latin lacus ,
continue Ruchat. C'eft l'abord de ceux qui veulent al-
ler de Zurich par eau dans les cantons des montagnes.
LAICHEU , ville de la Chine , dans la province dé
Canton ou Xantung, dont elle eft la fixiéme métropole.
Elle eft de 3 d. 9' plus orientale que Pékin , à 36 d. 57'
de lathude. Son nom vient des anciens peuples deLao,
que les rois de Ci fubjuguerent : ces rois ayant fini , la
famille de Han la nômmaTuNGLAl ; &cen même teins,
eiie garda obftinément le nom qu'elle porte aujourd'hui.
Le tetritoire de cette ville eft fur un promontoire ou lan-
gue de terre, dont trois côtés font fermés par la mer,
fk le quatrième par des montagnes. Il contient fept vil-
les, favoir:
Laicheu ,
Changye
Pingtu,
Kiao e ,
Vi,
Caomie
& Cie-me.
Il y a cinq temples remarquables -, & plufieurs fort dis—
perfés le long de la mer. Au midi de la ville, eft le mont
HoANG,qui a reçu ce nom d'une fille appellée de même,
à laquelle on érigea un temple en mémoire de fachafteté.
* Atlas Sinenjïs.
Maty, Corneille & Baudrand qui appellent mal-à-pro-
pos cette ville Caïcheu, difent que c'eft l'ancienne Cat-
tigara , que d'autres cependant placent à Quangcheu ,
capitale de la province de Quanton.
LAIGAN , ville de la Chine , dans la province de
Kiangnan, au département de Chucheu, troifiéme grands
cité de la province. Elle eft d'un degré 39' plus orien-
tale que Pékin, par les 33 d. 20' de latitude. * Atlas
Sinenjïs,
LAIGNÉ, bourg de France , en Anjou, dans l'élec-*
tion de Châteaugonier.
LAIGNÉ- EN-BÉLIN, bourg deFrance,dans leMaine,
diocèfe &: élection du Mans.
LAIGNES , bourg de France, dans la Champagne,1
diocèfe de Langres , élection de Tonnerre.
LAIGUETE , petite rivière de France , dans la Gas-
cogne ; elle a fa fource à Iftaque , paffe par la Baftide
de Clarence, & fe perd dans l'Adour , au-deffus de
Bayonne.
LAIKIANG, cité de la Chine, dans la province de
Suchuen , au département de Kiating , troifiéme cité de
la province. Elle eft de 13 d. 52' plus occidentale que
Pékin, fous les 30 d. 10' de latitude. * Atlas Sinenjïs.
LAILLY, bourg de France, dans l'Orléanois, diocèfe
de Blois & éleftion de Beaugenci.
LAINDRY, bourg de France, dans la Champagne^
diocèfe de Langres , & éleftion de Tonnerre.
1. LAINO, place d'Italie, au royaume de Naples ,'
dans la Calabre citérieure , près de la rivière de même
nom, au pied de l'Apennin, & fur les confins de laBa-
filicate, à douze milles de la côte du golfe de la Scaléa
au levant, & à fix feulement de Lauria, félon Baudrand,
éd. 1705.
2. LAINO, (le) petite rivière du royaume de Na-
ples, dans la Calabre citérieure. Elle tire fa fource de
l'Apennin, aux confins de la BafiUcate , Se fe jette dans
LaL
LAM
ïa mer de Naples , au golfe de Policaftro , près de la
Scaléa.
LAIPIN , ville de la Chine , dans la province de
Qiiangfi , au département de Lieucheu , féconde métro-
pole de la province. Elle eft plus occidentale que Pékin
de 9 d. 53' , par les 24 d. 54' de latitude. * Atlas Si-
nenjls. % .
LAIRAC , prieuré de France , au dîocèfe de Con-
dom, fur la Garonne, fous l'invocation de S. Martin.
Ce font des moines de l'ordre de Cluni.
Lairac , n'eft pas fur la Garonne , mais fur la Gélife ,
près de fon embouchure dans la Garonne.
LAIRUS , ille , félon Phavorin , dans fon Lexique.
Ortélius foupçonne que ce peut être une faute, au lieu de
Léros.
LAIS (a) ou LESEM, autrement Panéas, ensuite Cé-
faréedc Philippe, Si enfin NeroniadeQ>~), ville de la Pa-
leftine. Plufieurs croient que c'eft la même que Dan ;
mais il eft certain que Dan étoit différent de Lefem Si
de Panéas. Dan étoit à quatre milles de Panéas , en ti-
rant du côté de Tyr , au rapport d'Eusèbe , in Locis
Bebr. in Dan & in Betsame. *(3) D. Calma, Dift.
(b) Jojeph, Antiq. I. 20, c. 8.
LAISSE , rivière de Savoye ; elle fort des montagnes
des déferts , parte au fauxbourg de Chambery, Si fe jette
dans le lac du Bourget, avec l'Albans qui paiîe àCham-
fiery.
LAIUU , ville de la Chine , dans la province dé
Channton, au département de Cinan , première métro-
pole de la province. Elle eft plus orientale 'que Pékin
d'un degré i', par les 36 d. 35' de latitude. * Atlas Si-
Tienfis.
LAIXUU ville de la Chine, dans le Pékéli , au dé-
partement de Paoting , féconde métropole de la pro-
vince. Elle eft plus occidentale que Pékin d'un degré
1b1, par les 39 d. 40' de latitude. * Atlas Sinenjîs.
LAIYANG, ville de la Chine, dans la province de
Channton , au département de Tengcheu , cinquième
métropole de la province. Elle eft plus orientale que
Pékin de 3 d. 40', parles 36 d. 50' de latitude. * Atlas
Sinenjis.
LAKIUM ou Bischops-Lack, bourg d'Allemagne,
au cercle d'Autriche, dans la Carniole, fur la petite ri-
vière de Zéir , environ à deux lieues de Crainbourg.
Quelques géographes prennent ce bourg pour l'ancien
lieu Pmtorium Latum ou Letovicorum , que d'autres
mettent à Pridanik , village de la Carniole, fur la ri-
vière de Gurck, vers le lac de Czernick. * Baudrand,
édit. 1705.
LALA , ville de la grande Arménie , félon Ptolomée,
7. 5, c. 13.
LALACAUM , teteKact , nom d'une contrée de
l'Ane mineure , félon Cédrène , Curopalate Si Zonare
cités par Ortélius.
LALAIN, bourg, château Si terre des Pays-bas, en
Hainaut , fur la Scarpe , environ à deux lieues au-defïus
de Douai. Elle a titre de comté. Baudrand l'érigé en du-
ché.
LALAND , petite ifle du royaume de Danemarck ,
dans la mer Baltique , entre celles de Langeland au nord-
oueft, de Séeland au nord, de Falfter au levant, & de
Fémeren au fud-oueft. Elle a eu autrefois le titre de du-
ché, Si n'a aucune ville importante ; quoiqu'elle ait quel-
ques lieux fortifiés, entr'autres, Naxchow , Saxkoping,
Neuftadt ouNyjled & Fue/fe. On la divife en cinq can-
tons ; l'un porte le nom de Guldebourg, le long du dé-
troit qui fépare l'ifle de celle de Falfter; les quatre au-
tres font des bailliages , favoir :
Mufleherret , Norreherret,
Fuelfeherret , Sinderherret.
Les deux premiers prennent leur nom des bourgs qui ert
font les chefs-lieux. Au milieu de l'ifle eft un lac, au
nord duquel étoit un monaftere appelle Maribo. Cette ifle
a feize lieues d'orient en occident , Si dix du nord au
fud. Elle eft très-fertile en bled , & en envoie à Cop-
penhague. Outre les villages Se châteaux de la noblefle,
Pontanus y met quatre villes principales , favoir :
707
NaxchoV, Nyfted ,
Saxkoping SiLevmskoping,
La dernière ne fe trouve point dans les Cartes de cette
ifle. * Robert de Vaugondy , Atlas. Henr.anid. Dan.
Descript.
LALASIS , ancienne ville de l'ifaurie , dans les ter-
res , félon Pline , l. j , c. 27. D'anciennes éditions en
faifoient un fleuve.
LALENESIS , ville de la petite Arménie , dans la
Mélitène, félon Ptolomée, /. 5 , c. 7. D'autres exem-
plaires portent Ladœneris.
LALETANI , ancien peuple d'Espagne , félon Pline,
/. 3 , c. 3 , qui dit que leur pays commençoit auLobre-
gat. Ptolomée , /. 2 , c. 6 , les nomme L^etani /.„,.
■ntvot , ou, félon d'autres exemplaires, L£Ctani,A!ux]«o(,
Si leur donne fur la côte Subur Si Barcino , c'eft-à-
dire , félon les interprètes , Siges ci Barcelone , Si dans;
les terres Rubricata. Ce qui fait voir que l'orthographe
de Pline eft la véritable, c'eft que Martial, /. 1, ep. 50^
donne le nom de Lalétanie à ce pays :
Aprica répètes Tarraconis titora,
Tuamaue Laletaniam.
Ortélius, Thefaur. dit que ce peuple fut ensuite nommé
Gotholani, Si qu'on le nomme par corruption Catalu-
na, & citeTaraphe pour fon garant. Quoiqu'il en foit,
ce peuple faifoit partie de la Catalogne d'aujourd'hui ,
Si occupoit Barcelone Si fes environs.
_ LALEU, Allodium, bourg de France , au pays d'Au-
nis.
LALI, Casilirmar St., Otmagiuchi. Baudrand
donne ces trois mots comme fynonymes, .Si noms mo-
dernes du fleuve Halys ; il ajoute que cette rivière ar-
rofe Otmagiuch , &: fe jette dans la mer Noire, à fept
lieues de Cimifo , vers le couchant. Voyez Halys.
LALlM , bourg de Portugal , dans la province de
Beïra , à deux lieues deLamégo ; il fait partie du comté
de Tarouca , & doit , dit-on , fa fondation au roi Za-
dan-Aben-Huin.
LALISANDA , ville d'Ifaurie , félon Etienne le Géo-
graphe , qui dit que, de fon tems, on la nommoit Dali'
fanda. Voyez Dalisandus.
1. LAMA, ancienne ville de la Lufitanie, au pays
des Vettons, félon Ptolomée, /. 1 , c. 5. Quelques-uns
croient que c'eft Lamegal, bourg du Portugal, dans la
province de Tra-los-Montes , à fept lieues de Guarda,
du côté du nord. Voyez LAMEGAL. * Baudrand, édit.
1705.
2. LAMAouLAMAO, ifle de l'Océan oriental. Ma-
telief, dans fon Voyage aux Indes orientales, inféré entre
les Voyages de la Compagnie Hollandoife, t. 3, p.xjr,
dit : Lamao, ifle qui eft à quatre lieues de la côte (de la
Chine,) & qui a trois ou quatre lieues de long. 11 y a
plufieurs autres ifles à l'eft & à l'oueft, dont celle-ci eft
la plus grande. Par le travers de fa côte occidentale , il
y a un grand golfe dans le continent , au- delà duquel
on découvre d'abord deux collines , puis une troifiéme.
Une lieue plus avant , en remontant la rivière , eft la'
ville de Tieuchieu , où fe fabriquent la plupart des ar-
moifins de la Chine. Elle eft à deux journées de Chin-
cheo , tant par eau que par terre. L'ifle de Larriao eft
presque divilée en deux, par une fente qui y eft entre les
terres , où l'eau entre, du bout de laquelle on découvre
la merde l'autre côté. La ville eft à l'eft, dans renfon-
cement d'un beau golfe , où l'on eft à l'abri de tous
vents. Le pays eft haut, pierreux & montueux; il n'y a
presque point d'arbres. Comme les pirates du Japon, Se
même ceux de la Chine , en faifoient une retraite , vers
l'an 1482, l'empereur de la Chine y établit un Man-
darin , avec fix cents hommes fous lui, ci plufieurs jon-
ques d'environ quarante tonneaux. Il ne s'y fait aucun
commerce ; les jonques même , qui, pour aller de Cin-
cheo à Canton , vont palier entre le continent & l'ifle,
n'y relâchent point ; Si les pêcheurs , à ce qu'on dit,
n'oferoient y descendre à terre. Elle gît dans un endroit
bien commode, favoir entre les grandes villes de C 1 -
ton, Tieuchieu, Chincheo , Si l'ifle de Lanquin, Sîc^
Tome III. Vuuu ij
7o 8
LAM
LA M
ck l'on y peut aller de toutes parts, auffi aifément & plus
■qu'à Canton.
MM. Sanson, dans leur Carte particulière delà Chine,
mettent Chinchco clans la partie méridionale de la pro-
vince de Fuqtùm ou Fok'un , & Lama dans la partie
feptentrionale de la côte de la province de Canton. Elle
eft nommée Vifle de Lamoa , dans le Voyage de Hage-
naar, au même Recueil , t. 5 , p. 368.
3. LAMA, (la) château de la Tartane orientale, où
les Ruffiens s'embarquent pour paffer à Kamtzchatka. Il
eft fitué par les 5 s; d. de latitude nord , & vis-à-vis de
Priftan , ville de É.amtzchatka. * Notes du P. Charle-
voix.
LAMACHA , ville d'Afie, quelque part vers l'Armé-
nie , félon Laonic Chalcondyle , cité par Ortélius , Tke-
faur.
LAMAI , petite ifle de l'Océan oriental , fur la côte
occidentale de l'ifle Formofe, dans fa partie méridionale.
*Robert de Vaugoniy, Atlas.
LAMAO. Voyez Lama 2.
LAMAR, rivière de l'Amérique Françoife, dans l'ide
de la Martinique , paroifle du Pr Jcheur , à une lieue au
fud du bourg de la paroifle. Elle tombe au bas de la
montagne pelée.
LAMAS de Orelhaon, bourg du Portugal, dans
la province de Tra-los-Montes , au pied d'une monta-
gne , dans l'archevêché de Brague. Il dépend de la tour
de Moncorvo , ck du marquifat de Villa-Réal. (Jne tra-
dition nationale allure qu'il fut autrefois gouverné par
un roi Maure , nommé Orelhaon, contemporain de famt
Léonard ck de fainte Colombe. Ce prince ayant voulu
forcer cette fainte à fatisfaire fa brutalité , elle s'enfuit
avec faint Léonard , ck fe réfugia dans une grotte. On
voit encore dans le rocher le trou par où l'on dit qu'ils
entrèrent , ck au fommet de la montagne font deux her-
mitages , qui portent les noms de ces deux faints, que l'on
y vénère. C'eft au pied de cette montagne que le bourg
eft fitué. On voit plus haut les ruines d'une fortereffe que
les Maures y avoient bâtie. Les Cartes de Sanson , du
P. Placide, ck de Robert, ne font aucune mention de ce
bourg. * D. Raphaël Balteau , Ypcab. Portug.
LAMASBA, ancien lieu d'Afrique, dans laNumidie.
Ilfalloit que ce fût un lieu de quelque coniîdération ; car
Antonin, hiner. en fait le terme d'une route , ck le com-
mencement d'une autre. Voici la première :
A Tamugadi Lamasbam.
M. P.
LXII.
Sic.
Tadutti,
XXVIII.
M. P.
Diana Veteranorum , XV ï.
M. P.
Lamasbam ,
XVIII.
M. P.
a féconde fui
immédiatement :
A Lamasba Sitifi.
M. P
LXII.
Sic.
Zaraï,
XXV.
M. P.
Perdices,
XII.
M. P.
Sitifi,
XXV.
M. P.
Cette ville fut le fiége d'un évêque. Avitus eft qualifié,
dans la Conférence de Carthage, episcopus plebis Lamas-
venjis , p. 167 , édit. Du-Pin. Il avoit un concurrent
nommé Janvier , que les mêmes Aftes appellent Janua-
rius Lamasbenfis, ibid. p. 179. Dans le concile de Car-
thage , tenu fous S.Cyptien, on trouve entre les pères,
Pujlllus à Lamasbâ ; ck la Notice épiscopaie d'Afrique
fournit , entre les prélats de Numidie , Secundinus La-
masvenjis.
LAMBACH, abbaye d'hommes, ordre de S. Benoît,
en Allemagne , dans la haute Autriche , à la gauche de
la rivière de Traun , à huit lieues au nord-eft de Mon-
zée.
LAMBALE ouLamballe, ville de France, dans la
Bretagne, au diocèfe de S. Brieuc, à cinq lieues aufud-eft
de cette ville, & à quinze au nord-oueftde Rennes ; c'étoit
anciennement la capitale du peuple Ambiliates , dont
parle Céfar. Voyez Ambiliates. Elle eft divifée en
haute & baffe ville ; dans la première il y a une grande
place, avec un marché couvert, Se dans la baffe une
grande me , habitée par des tanneurs ck des teintu-
riers. Cette petite ville eft regardée comme le chef- lieu
du duché de Penthievre , puisque c'eft-là que font le
château, les archives, &i les principaux officiers de ce
duché. Le fameux François de la Noue , Bras-de-fer, fut
tué au fiége ce Lamballe, l'an 1591. * Piganiol de la
Force, Descr. de la France , t. 5 , p. 249.
On voit, à deux lieues de Lamballe, les reftes du châ-
teau de Bro>.S, que Ton a rafé; ck ces reftes font voir
qu'il étoit extrêmement fort, 6k peu éloigné du bourg de
Brons.
LAMBANA , ou, félon d'autres exemplaires, Labba-
na, ville de la Méfopotamie , fur le Tigre , félon Ptolo-
mée, /. f, c. 18.
LAMBANUS ; ce mot fe trouve dans Ptolomée, à
l'occafion d'une Apollonie qu'il place fur le Lambanus;
expreffion qui laifie douter îï, par ce mot, il entend une
rivière , ou une montagne. Nous avons observé à l'arti-
cle APOLLONIE x , que Berkélius, commentateur d'E-
tienne , croit que Ptolomée eft corrompu en cet endroit,
ck qu'il faut lire ^eiiiatKÙdiio, au lieu de n&ç Aa-pZzva :
en ce cas, la queftion eft décidée ; il s'agit de Celbianum
ou Cilbanum.
LAMBATE. Voyez LAMPAG.E.
LAMBAYA, ville fur la côte occidentale d'Afrique,
au royaume de Baol , dont elle eft capitale, au fud-eft de
Sanghay. Voyez BAOL. * Labat, Afrique occidentale.
LAMBE, ifle du golfe Arabique, auprès de Miofor-
mos, c'eft- j-dire du Port de la Souris, félon Pline, 1.6,
c. z8. Le P. Hardouin lit ïambe.
LAMBERT, t' landt van Lambert, ou la Terre
de Lambert, partie du Groenland , vers le 78e d. de la-
titude. Il fut découvert par les Hollandois , en 1670;
mais ils n'en difent rien de particulier. * Baudrand ,
édit. 1705.
LAMBESA. Voyez Lambese ck Lamp^ESA.
LAMBESC, ville de France , en Provence, en latin
Caflrum de Lambesco. Elle eft petite , mais fort jolie,
& appartient à l'aîné de la branche d'Armagnac , dans
la maifon de Lorraine, à qui elle donne le titre de prince
de Lambese. Il y a de belles maifons , un couvent de re-
ligieux de l'ordre de la Trinité, ckun autre de reliaieu-
fes Ursulines. C'eft où fe tiennent, tous les ans, les affem-
blées générales de la province. La juftice en eft en pa-
riage entre le roi ck le feigneur. Lambese étoit autrefois
chef de vallée; ck en cette qualité, fon député entre aux
affemblées générales de la province. C'eft la patrie du
favant Antoine Pagi , religieux de l'ordre des Frères mi-
neurs conventuels , un des célèbres critiques du dix-fep-
tiéme fiécle. Il mourut au mois de Juin 1699.
LAMBESE, ancienne ville d'Afrique, dans la Numi-
die. Antonin, Itiner. la nomme plus d'une fois. lien fait
d'abord le lieu du départ d'ur.e route qui mené à Sitifi ,
à Labense Sitifi. ( C'eft ainfi que portent quelques édi-
tions, au lieu AtLambefe,') & compte de cette ville à
Taduti dix- huit mille pas. Ensuite il la met fur une
route de Thevefte à Sitifi , entre Tamugadi ck Diana ,
à quatorze mille pas de la première , tk à trente- deux
mille pas de la féconde. Ptolomée , /. 4, c. 3, la nomme
Lampœfa ou Lambœfa , félon les divers exemplaires ,
AauTraiVa, js.afiSa.ha.. Entre les PP. qui fouscrivirent
au concile tenu fous S. Cyprien à Carthage, on trouve
Janvier, évêque de Lambàfe , (Lambejïtanus :) ceae
ville étoit un des fiéges épiscopaux de Numidie. Dans
le concile, dont on vient déparier, on trouve deux évt-
ques de ce fiége; l'un, n° 6 ; l'autre, n° 75. S. Cyprien,
dans une de fes Lettres, nomme ce lieu Lambefiiar.a co-
lonia; ck l'évcque de Lambèfe , dans la Conférence de
Carthage,^. 183, édit. Du-Pin, eft nommé FelixLam-
bienfts ; dans la Notice épiscopale d'Afrique, on trot ve
Benenatus Lambiritanus ou Lanviritanus ; mais il y a
lieu de douter fi c'eft toujours le même lieu de Lam-
bèfe. Baillet, Topogr. des Saints,/!. 255 , dit que cette
ville , qui étoit à huit ou neuf lieues de Cirthe , devint
célèbre par la perfécution de l'an 259 ; on y fitmourirun
nombre prodigieux de martyrs. Le gouverneur de Numi-
die, qui y faifoit fa réfidence, les y avoit fait venir de
divers endroits de la province. Entre les plus céiébres
on compte S. Jacques , diacre ; S. Marien , Ie&eur ;
S. Emihen, chevalier; S. Agap'uis &S.Secondin, évê-
LAM
LAM
'ques ; fainte Teriuîle Se fainte Artonie, vierges, qu'on
y avoit transportés des priions de Cirthe. Baudrand dit
que c'eft prélentement une ville de Barbarie, au royaume
d'Alger, & dans celui de Ccnftantme , qui en dépend,
fur la rivière de Suffegmar, à vingt-quatre mille pas de
Conftantine au midi , oc il la nomme Lambesca.
Il fe tint à Larrbèle, l'an 240, un concile compofé
de quatre-vingt-dix évêques , contre l'hérétique Privât.
LAMBETH, village d'Angleterre, au comté deSur-
rey, furlaTamife, au-deffus de Soutlre'arck, fauxbourg
féparé de Londres par la rivière , Se presque vis-à-vis-
de Weftminfter. Il y a un palais , qui eft la rélîdence la
plus ordinaire de l'archevêque de Cantorberi. * Baudr.
rectifié fur les lieux.
Il s'y tint un concile l'an 1261 , or un autre l'an 12.81.
LAMBEY , léion Baudrand, petite ifle, fur la côte
orientale d'Irlande , dans la Manche, dans la province
de Leinfler, au comf-' de Dublin, à trois milles de la
côte d'Irlande, & à onze de Dublin. Les anciens l'ont
connue fous le nom de Lymnus. Voyez ce mot. On
dit que S. Neffan y mena une vie fort auftere dans les
jeûnes, les veilles & la prière. * Etat de £ 'Irlande, p. 79.
LAMBEYE , petite ville de France , dans le Béarn ,
au diocèlé de Lescar. On y a uni pour les finances les
lieux d'Arnau Se de Vauze. La ville eft fituée fur une
hauteur.
LAMBIENSIS. Voyez Lambèse.
LAMBIRITENSIS ou Lambiritanus , fiége épis-
copal d'Afrique, dans la Numidie ; la Notice d'Afrique
indique Benenatus Lambiritanus. La Table de Peutinger
fourmi Lambirïs , ville de la Numidie ; Se la Conférence
de Carthage , un éveque qualifié Crescentilianus Lambi-
rittnjis. C'eft le même lieu que l'anonyme de Ravenne
appelle Lambridis.
LAMBRA , haute montagne de France , dans les Se-
vennes , à la fource de la rivière de Loire.
LAMBRANI , ancien peuple dont parle Suétone
dans la Vie de Jules-Cefar , c. 9. Cet hiftorien dit: le
même Curion Se M. Aclonus Nafon allurent que Jules-
Céfar avoit conspiré avec Cneïus-Pifon , jeune homme,
qui étant foupçonné d'être complice d'une conjuration
formée à Rome , avoit eu le département de l'Espagne,
fans l'avoir demandé , Se qu'ils étoient convenus qu'ils
feroient de nouvelles intrigues, chacun de fon côté , l'un
hors de Rome , & l'autre dans la ville , par le moyen
àes Lambrani , & des habitans d'au-delà le Pô. Ce peu-
ple Lambrani a donné la gêne aux interprètes ; d'autres
ont lu Ambrant. Cal'aubon entend par ce nom quelque
peuple barbare de l'Espagne citérieure , des forces de
qui Pifon devoit fe fervir dans fa révolte, de même que
Céfar devoit employer celles des Transpadans ; d'autres
tie trouvant en Espagne aucuns Lambrani , ont mieux
aiméexpliquer cemot par les habitans du pays que baigne
le fleuve Lambrus, aujourd'hui le Lambro. Voyez ce
mot.
709
LAMBRIACA.
LAMBRIS.
> Voyez
Flavia Lambris.
LAMBRO , (le) rivière d'Italie, dans laLombardie,
au Milanez. Elle a là fource près de Pescaglio, entre le
lac de Côme Se le lac de Lecco , d'où, ferpentant vers
le fud , le fud-oueft & le fud-eft , elle fépare le lac de
Puffiano, Se le lac de Cério; pafie à Monza, à Mari-
gnano ; entre dans le Lodéfan, Se s'y perd dans le Pô,
à fix ou fept milles au - deflùs du pont de Plailànce.
* Jaillot, Duché de Milan.
LAMBRON, petit pays de France, dans la baffe Au-
vergne, le long de l'Allier, entre Iffoire Se Brioude. Le
chef-lieu eft S. Germain de Lembrun. Ce pays eft un de
ceux dont on ignore prélentement les limites. * Baudr.
éd. 1705.
LAMBROS , village de France. Grégoire de Tours,
in fine, lib. 4, dit que Chilpéric fortant de Cambrai,
avec fa femme & fes engins, enterra au village de Lam-
bros, fon frère Sigebert, dans les mêmes habits dans les-
quels il avoit été maflacré, d'où ce corps fut enluite
transféré à S. Médard de Soifîbns , &c. Les PP. Béné-
dictins obfervent, fur ce mot Lambros, que c'eft un vil-
lage fur la Scarpe, entre Cambrai Se Arras. Coufin,
dans fon Hiftoire de Tournai, le met auprès ce Douai,
fur | : chemin d'Arras , où l'or, trouve effectivement un
village nommé Lambre , far la rive gauche de la Scarpe;
au lieu qu'entre Cambrai Se Arras , on ne trouve rien
de pareil ; & de plus la Scarpe n'a rien de commun avec
la route de Cambrai à Arras.
LAMBE.USSE, village de France, en Provence, an
diocèfe de Sénez. Ce lieu eft nommé en latin Cajlrum.
de Lambruscâ dans les Actes.
LAMBRUS, rivière d'Italie, félon Pline. Il conferve
encore aujourd'hui le même nom; Si on l'appelle Lam-
bro, & quelquefois Fiume di Marignane, du nom d'une
place qu'il arrofe. Ortélius dit que Bern. Saccus aflure
que cette rivière s'appelle aujourd'hai Monda: ce mot
n'eft pas le nom moderne de la rivière ; mais c'eft le
nom latin deMon{a, ville où pafle le Lambro. Mérula
dit qu'il y a er.coie un autre Lambro, Se que les Lom-
bards fappellent Mcridiano. Voyez Lambro. -
LA..;BSPRING, petite ville d'Allemagne, en baffe
Saxe. II y a une abbaye dans cette ville , dont l'abbé
eft fouvetain: fon chapitre eft compofé de moines An-
glois ; cette ville eft Luthérienne : ainfi les magiftrats
que l'abbé choifit pour la police de la ville, font tous
Luthériens.
LAMBULA , Si Petra-Sanguinis: Procope, de.
Bdlo Goth. 1. 3 , nomme ainfi deux défilés que l'on paffe
dans les montagnes de la Lucanie , pour aller au pays
des Erutiens.
JLAMÉGAL, Lama, bourg de Portugal, dans l'é-
vêché Se dans la dépendance de Vifeu: il eft pourtant
dans la province de Tra-los-Montes, dans une plaine,
entre Pinhel Se Trancofo. Il a appartenu autrefois aux
marquis de Caitel-Rodrigo.
LÀMEGO : Baudrand dit Lamegue, en latin Lameca,
ou Lamacum; c'eft fous le nom de Lameca, qu'il en eft
fait mention dans les Actes du troifiéme concile de To-
lède ; ville de Portugal, dans la province de Beïra , à
cinquante lieues de Lisbonne , entre Coïmbre Se Guar-
da. Elle eft lkuée dans un fond , Se tellement entourée
de montagnes, qu'on ne la peut voir. Quelques ai leurs
Portugais croient que c'eft la même que Laconimur-
gum, qu'ils prétendent avoir été bâtie par une colonie
de Lacédémoniens, conjointement avec les Celribéri ; s.
Quoi qu'il en foit, les Arabes l'ont conquife deux fois fur
les Chrétiens qui la reprirent enfin : elle fut enluite dé-
truite, Se rebâtie. D. Alphonfe-Henrique, roi de Portu-
gal, ytint, en 1143, les premiers états généraux de fon
royaume, Se on y établit de nouvelles loix. D. Jean II,
l'exempta de toute impofition : cette ville jouit à pré "ent
de grands privilèges. Il y a dans le quartier ie plus élevé
une citadelle bien fortifiée, au milieu de laquelle eft une
haute tour. Lamégo eft le fiége d'un évêque furfragant
de l'archevêché de Brague. * Bultcau, Vocab. Portug.
LAMEIA, ouLamia, montagne de Grèce, auPé-
loponnèfe, dans l'Arcadie , félon Etienne le Géographe.
, LAMELLUM: Platine cité par Ortélius, flufaur.
nomme ainfi une ifle de la mer de Tofcane, à l'em-
bouchure de l'Arne ; fon nom moderne eft Malora»
LAMEN1UM. Voyez Laminium.
LAMENTANA , bourg Se château d'Italie, dans l'E-
tat de l'églife, dans la Sabine, à trois milles de Monte
Rotondo , Se à douze milles de Rome. Elle appartient
au prince Borglièlè. C'eft le même lieu que Nomen-
TUM , ville ancienne Se épiscopale. Voyez ce mot.
LAMENTIN. C'eft un quartier maritime de la côte
occidentale de l'ifle Espagnole, immédiatement au nord
de Leogane. * Notes du P. Charlevoix.
LAMERAC, bourg de France, dans la Saintonge.
LAMETIA , ancienne ville de l'Italie , dans la grande
Grèce, au pays des Brutiens. Cluvier la met fur un goife
qu'il nomme, àcaufe d'elle, Lameimus Sinus ; Se ilfup-
pofe que c'eft la même que Lampuia, dont parle Etienne,
qui cite le treizième livre de Polybe. Mais, comme le
remarque Cellarius, Etienne diftingue Larnpetia , qui eft
la même que Clampetia, d'avec le peuple Lametini , dont
la ville, ouïe bourg Lameria, devoit être, non au bord
de la mer, mais auprès de la fource du fleuve Lametus.
Cluvier croit donc que Lametia eft aujourd'hui Sainte-
Euphémie , qui donne fon nom au golfe qu'il appelle en
latin Lamuinus Sinus. Voffius parle ainli de Lametum ,
ÏO
LA M
LAM
dans tes Obfervations fur Mêla, /. % , c. 4. obferv. 56.
Il prétend que dans ce vers des Mélamorphofes d'O-
- vide , / 1 5 , v. 705 , au lieu de ,
Romechiumque legit, Caulonaque, Naryciamqut ,
ïl faut lire:
Lamentumque legit , &c.
A l'occafion de cette conjecture , il ajoute : la petite
ville de Lametum étoit dans l'ifthme le plus étroit de l'I-
talie , qui eft refferré entre les golfes Scylacée & Hip-
poniate (aujourd'hui les golfes de Squillaci & de Sainte-
Euphémie), peu loin des fources du fleuve Lametus.
On la nomme aujourd'hui Maida , nom corrompu fans
doute de Lamatia , par le retranchement de la première
fyllabe; ck parce que cette ville étoit fituée presqu'au
milieu de l'ifthme, loin de la mer, il eft arrivé qu'on l'a
xnife près du golfe de Squillaci. Ainfi Etienne dit Lame-
tini , ville du Lametus, rivière près de Crotone, félon
Hécatée, dans fonEurope. Des favans ont repris Etienne ;
mais ce font eux qui fe trompent , quand ils placent
cette ville au bord du golfe Hipponiate, & croient que
c'eft à prefent Sainte-Euphemie ; car il n'y a eu ni Lam-
petia , ni Lametus en cet endroit.
Voici ce que D. Mattheo Egitio dit fur ce lieu , dans fa
lettre à M. Lenglet du Fresnoy. Lametia, Citraro, ou
Sar.ta-Eufemia: vous confondez ces deux lieux, pour
n'avoir pas affez connu Ja diftance , ni la différence entre
Clampetia tk Lametia. Barrius croit que Lampetia ou
Clampetia eft Cetraro, près du cap Fella; mais ilnes'eft
jamais avifé de dire que le golfe de Santa-Eufemia , Si-
nus-Terina;us, ou Sinus-Lametinus foit près du Cetraro
qu'Holftenius prend pour le Scidrum des anciens.
Promontorium Lametum. Selon le même Clu-
vier, & après lui l'abbé Lenglet du Fresnoy, fe font
trompés en traduifant cap Sovano , il faut dire Capo-Su-
varo. On croit , ajoûte-t-il , que Lametia eft Santa-Eu-
femia ; mais Holftenius , dans fes Notes fur Etienne le
Géographe , dit que Lametia eft YAmantea. Ortélius, au
contraire , prend YAmantea pour Térina.
* Notes du P> Charlevoix.
LAMETINI. Voyez l'article précèdent.
LAMETUS , rivière d'Italie , dans la grande Grèce ,
au pays des Brutiens, félon Etienne le Géographe. C'eft
aujourd'hui la rivière de Lamato , ou YAmato.
LAMFOCTENSE OPPIDUM, bourg ou petite ville
de la Mauritanie , félon Ammien Marcellin , /. 19 , c. 5.
Un manuscrit de la bibliothèque Colbertine, porte Jam-
fotenfe-Oppidum,. Valois croit que ce lieu étoit dans la
MaurititanieSitifenfe. Dans la Notice d'Afriqne on trouve
Vindemms Lemphaclenjis entre les évêques de cette pro-
vince; d'autres exemplaires portent Lemphoclenjis ; c'eft
le même lieu.
LAMFUENSIS. Voyez Lampuensis.,
1. LAMIA , ville de Theflalie. Elle eft fameufe par
la guerre que les Grecs firent contre les' Macédoniens,
après la mort d'Alexandre le Grand. Strabon, /. 9, dit
qu'elle étoit à trente ftades , c'eft-à-dire à environ cinq
quarts de lieue du fleuve Sperchius: il la compte un peu
après entre les villes de la Phthiotide. Pline, /. 4, c. 7,
met de même Lamia dans cette même contrée. Cette
guerre , dont on vient de parler , eft appellée Lamia-
cum kellum A«fuaxè< nsAsftoC , & commença de ce
qu'Antipater étant vaincu, fe réfugia à Lamia, où les
Athéniens l'affiégerent. Tite-Live , /. 39 , c. 23 , parle
auffi de cette ville affiégée par Philippe , à qui les Ro-
mains en firent lever le fiége : il dit auffi, /. 36, qu'elle
étoit à fept mille pas de l'Héraclée de Phthiotide. C'eft
aujourd'hui la ville de Reïton.
2. LAMIA. Quelques éditions de Pline mettoient une
Lamia dans laBceotie; mais le P.HardouinmetZ.a/jOT/zrt.
3. LAMIA, ville de Cilicie , félon Etienne le Géo-
graphe ; peut-être n'eft-elle point différente de Lamus
cepitale de la Lamotide.
4. LAMIA, rivière de Grèce: elle couloit vis-à-vis
du mont CEta, félon Paufanias, in Alticis.
5. LAMIA. Voyez Lameïa.
6- LAMIA, ou Scala Marmorea , port du dé-
troit delà mer Noire, devant Conftantinople , fur la
côte de Natolie , près de la ville de Calcédoine. Bau-
drand , édit. 1705 , lui donne pour anciens noms La-
mia, Amycli, Amyci, Daphne portas.
LAMLE , ifles , ou plutôt écueils de l'Archipel , de-
vant la Troade, auprès des ifles Lagufîes, félon Pline,
/. î, c. 31.
LAMICUS , pour Maliacus. Voyez ce mot.
LAMIANI-HÔRTI , jardins au voifinage de Rome ,
ck hors la ville. Suétone, in Calig. dit qu'on y brûla le
corps de Caligula.
LAMIATÈ , place de France, dans le haut Langue-
doc, fur l'Agoût, vis-à-vis de S. Paul, à deux lieues
au-deflûs de Lavaur , en allant vers Cadres , & dans le
diocèfe de Caftres. * Baudrand , édit. 1705.
LAMIDA , ville de la Mauritanie Célàrienfe, félon
Ptolomée , /. 3 , c. 2 , qui la place dans les terres.
LAMIGGIGENSIS , fiége épiscopal d'Afrique, eu
Numidie. Il y en avoit deux de ce nom dans la même pro-
vince. La Notice d'Afrique fournit deux évêques, qui por-
toient pareillement ce titre , favoir Maximus Lamiggi-
genjis, n. loi , & Cardelus Lamiggigenjis , n. 122. De
même on trouve dans la Conférence de Carthàrge deux
évêques Donatiftes , dont les fiéges portoient également
le même nom , favoir Junien , c. 128 , & 198 ; & Ré-
cargentius, c. 187. Ortélius avoit lu quelque part La-
MIGGINENSIS.
LAMINA , petite place de Grèce , dans la province
de Janna , fur la rivière d'Agrioméla , vers la côte du
golfe de Zeyton. Molet fuivi par Baudrand, édit. 1682»
croit que c'eft l'ancienne Lamia de Theflalie. Voyez l'ar-
ticle Domochi , où nous faifons connoître l'erreur de
Baudrand ; pour l'ancien nom de Lamina.
LAMINITANI , peuple d'Espagne , &
LAMINITATUS AGER. Voyez LamiNîum.
LAMINIUM , ancienne ville de l'Espagne , chez les
Carpétaniens , félon Ptolomée , /. 2 , c. 6. C'eft à préJ
fent MONTIEL. Laminhtm donnoit à fon territoire le
norn de> Laminitanus ager , de même que ce même
canton s'appelle préfentement Campo de MontieL Pline ,
/. 3 , c. 1 , dit que YAnâs, rivière, a fa fource in agro Lami-
tano ; nous dirions aujourd'hui que la Guadiana a fa
fource dans la campagne de MontieL II nomme les ha-
bitans de cette ville, c. 3, Laminitani. Voyez Mo NTIEL.
LAMMAS, Aa/j./j.àç. Ortélius nomme ainfi un lieu
de la Paleftine , dont il eft parlé au Livre de Jofué ,
c. 15, v. 41. L'hébreu porte Lackmas ; & c'eft ainfi
que lit le Clerc. La Vulgate lit Leheman. Quoi qu'il en
foit du nom , cette ville étoit du partage de la tribu de
Juda.
LAMN.EUS , rivière de l'Inde ^ félon Arrien, Peripl.
Maris Erythrai, p. 25 , edit. Oxon. qui en parle ainfi:
on traverfe ce golfe , quand on prend le large pour al-
ler à Barigaza: à la hauteur de trois cents ftades, on
laifle fur la gauche une ifle qu'on voit d'affez loin , &
on fait route vers l'orient jusqu'à l'embouchure du fleuve
nommé Lamneus Aapvaloç. On foupçonne que ce fleuve
eft le Namados vsay.iïoç , de Ptolomée. Voyez ce
mot.
LAMNUM. Voyez Tamnum.
1. LAMO, petite ville de Natolie, dans la CaramaJ
nie , près de la vîlle de Tharfe , du côté du couchant.
Elle étoit autrefois un fiége épiscopal, fuffragant de
Séleucie; mais à préfent elle eft presque réduite en vil-
lage. Voyez Lamus.
2. LAMO, ville d'Afrique, dans une ifle de même
nom , fur la côte de Mélinde , avec un port, C'eft la
capitale d'un royaume.
3. LAMO, royaume & ifle d'Afrique, fur la côte de
Mélinde , entre l'ifle de Pâté & le royaume d'Ampeaz
au nord , & le royaume de Mélinde au midi. Le roi de
Lamo fut tué, en 1^89, par les Portugais.
LAMONES. Sempronius , cité par Ortélius, dit que
Ce nom a été donné au petit canton que les anciens ont
nommé Campi-Lapidei, &c que nous appelions aujour-,
d'hui la Crau.
LAMONIA, lieu d'Egypte, félon Guillaume deTyr,'
//19, v. 25. Il ajoute qu'à dix milles de-là eft un défilé,
ou pafîage entre des collines, nomméSel'em, c'eft-à-dire,
port$, félon lui,
LAM
LAM
LAMOSI. Voyez Lamus.
LAMOTIS, petice contrée d'Afie, dans la Cilié. Elle
prenoit ce nom de la ville de Lamus , félon Ptolomée,
/. 5 , c. 8.
LÂMP, rivière. Voyez Lom.
LAMPAA , Voyez Lappe.
LAMPACAO, port de la Chine, le même que Ma-
CAO. Voyez ce mot.
LAMPACH, Lambach ouLeembach, Tergo-
lape, ancien bourg d'Allemagne, dans la haute Autriche,
fur le Traun , à fix lieues de Lintz , au midi. Il y a un
monaftere célèbre. * Baudrand, édit. 170s;.
LAMPADOUSE. Voyez Lampedouse.
LAMPAÉSA, Aa^w*iVa , ville de l'Afrique propre,
félon Ptolomée, /. 4, c. 3. Voyez LambÈse.
LAMPAGjE ouLaMBATjE, félon les divers exem-
plaires de Ptolomée, ville de l'Inde, en-deça du Gange.
LAMPAS , lieu maritime fur le Pont-Euxin , dans la
Cherfonnèfe Taurique, félon Arnen, dans fon Périple
du Pont-Euxin.
1. LAMPE, ville de l'ifle de Crète. Voyez Lappa.
2. LAMPE, ville d'Arcadie. Voyez Lampia.
LAMPEDOUSE ou Lampadouse , petite ifle de
la mer d'Afrique, fur la côre de iunis, à foixante ik
dix milles du continent , &t. à cent de l'ifle de Malthe.
Les Italiens la nomment Lampedojh, , & Ptolomée Lo-
padufa. Ce dernier, /. 4, c. 3 , lui donne 33 d. 21'
de latitude. Dapper , Afrique, p. 532, lui donne
34 d. Il ajoute: elle eft inculte & inhabitée. Anofte,
dans fon Roland furieux, la dépeint fans mailbns ; mais
quelques autres, comme Crufius, écrivent qu'on y voit les
mafures d'un vieux château, de plufieurs maifons, de mu-
railles & de tours de ville ruinée; mais qu'on n'y peut
demeurer , à caufe d'une certaine fatalité, qui femble
n'être autre chofe que quelque vifion ou fonge effrayant,
fi ce n'eft que par le mot de fatalité, on veuille entendre
des apparitions dephantômes& de fpeclxes effroyables,
qui, félon Crufius, apparo. fient pendant la nuit. Cepen-
dant il eft certain qu'il y a une éghfe app^llée/à/n/e Marie
de Lampadoufe , & divifée en deux parties , dont l'une
eft confacrée pour les Chrétiens , &£ vifitée par les pè-
lerins, qui y viennent offrir de l'argent, des habits, du
pain, de la poudre à canon, des boulets, en un mot,
des chofes dont ils font le plus de cas. L'autre eft vifitéé
par les Mahométans, qui viennent y faire leurs offran-
des , fans qu'aucun d'eux emporte la moindre chofe de
ce qu'on y apporté , parce qu'il y a un préjugé fuper-
ilitieux , félon lequel celui qui n'y apporte rien , ou qui
veut emporter ce qui y eft déjà n'en peut jamais fortir.
Les chevalierf de Malthe, fans égard pour cette opinion,
y viennent avec leurs galères, Se prennent les pré'ens que
les Chrétiens y ont faits , ck tes portent ou à Malthe ,
ou à leur hôpital de la Nonciata, qui eft à Trapani en
Sicile, pour l'entretien des pauvres & des malades.
Baudrand, édit 1705 , dit que l'ifle n'a que quinze à feize
milles de circuit , & qu'elle eft délerte. Mais elle eft
remarquable , pourfuit-il , par la dévotion de tous les pi-
lotes, de quelque nation qu'ils foient , envers la fainte
Vierge , dont il y a une chapelle , où ils portent tous
leurs offrandres , &i par le naufrage de l'armée navale
de Charles V , près de cette ifle, en 1^2.
Lampedoufe a feize milles de circuit , & fix de lon-
gueur, à foixante milles au levant d'été de Tunis , & à
cent trente de Malthe: elle a un affez bon port, &C
les vaifleaux y vont faire de l'eau.
LAMPETÈS , montagne &t promontoire d'Italie ,
félon, Lycophron , Alexand. v. 1067 & feq. .\a 7; »-.
Cet auteur dit que les matelots des descendans de Nau-
bolus viendront à Témeffe où le Lampetès , qui eft une
' pointe de la montagne d'Hippon , s'avance dans la mer
fur quoi Tzetzès, fon commentateur, oblèrve que Té-
mefle, nommée auffi Tempfa , étoit une ville de la Ca-
labre, &C qu'Hippon étoit également le nom d'une ville
& d'une montagne. Le nom de ce promoontire a jette
Cluvier dans l'erreur: il en a pris occafîon de mettre au
bord de lamer^au même endroit, Lametia, ville qui
étoit vers le milieu de l'ifthme, &t qu'il a confondue avec
Lampetia. Voyez LaMETIA.
LAMPETIA , Aa.!J7!tTiia ville de la grande Grèce ,
au pays des Brutiens, félon Etienne le Géographe , qui
cite Polybe. Barri croit que c'eft préfentement Cutario}
711
bourg fitué fur une roche qui avance fur la mer. C'eft
apparemment la Clampetia de PomponiusMéla &t de
Pline. Voyez ce mot.
LAMPETIUM, fépulcre dans l'ifle de Lesbos, fé-
lon Etienne le Géographe. Ortéli'is croit que c'eft la
même chofe que Lepethymus ou LEPETHYMNUb de
Philoftrate. Voyez ce mot.
LAMPEUS. Voyez Lampia.
LAMPI, nom que les François donnent au royaume
Ningo. Voyez NlNGO.
LAMPIA, ouLampea, Aiww, montagne du Pé-
loponnaife, dans l'Arcadie, au pied de l'Erymanthe,
montagne beaucoup plus haute, félon Strabon, /. 8,
p. 341 ; &£ Paufanès , /. 8 , c. 24. Le premier dit que
le mont Scollis , qui eft pierreux &c commun à divers
peuples ( qu'il nomme) fe joint à une montagne d'Ar-
cadie nommée Lampia. Le fécond dit: le fleuve Ery-
manthe a (es fources dans le Lampia , montagne confa-
crée à Pan, & le Lampia eft peut être une partie du
montErymanthe. Homère dit, dans un de fes Poèmes,
qu'Erymanthe , amant de Lampia , avoit coutume de
chafler fur le Taygete & l'Erymanthe. On a cru que
Paulanias avoit en vue des vers du fixiéme livre de l'O-
dyffée , où l'on ne voit aucune trace de cet amour d'E-
rymanthe pour Lampia, mais où il eft dit Amplement
que Diane chaffoit fur le Taygete & l'Erymanthe. Pline,
/. 4, c. 6 , appelle cette montagne de Lampia, Lam-
peus, & fait mention de la ville de Lampe , qui étoit
apparemment au même endroit. Cette ville étoit épis-
copale, au rapport du P. Hardouin, qu; cite Epiphanius
qui en en étoit évêque. Stace, dans la Thébaïde, A4,
v. 290 , tait mention de Lampea :
Cand-nsque jugis Lampea nivojîs.
C'eft toujours la même montagne. Quelques-uns ont
cru qu'il parloit d'une ville. L'abbé de Marolles écrit
Lampia dans le texte , & dit dans fa traduction Lampia,
qui blanchit fur les coteaux neigeux où elle eft bâtie.
Dans lés notes, il ne parle plus de la ville, & dit que
Lampin eft une montagne dans l'Arcadie, autrement ap-
peîléè le pied du mont Erymanthe, félon Strabon &
Paulanias. Il n'a confulté ni l'un ni l'autre , mais Orté-
lius dont il a emprunté fa note.
LAMPIS, ville de l'Afie mineure, près du Méandre,
félon Nicétas cité par Orrélius.
1. LAMPON, ville d'Afie, au fond d'un golfe, dans
la partie la plus méridionale de l'ifle de Sumatra. Elle
donne fon nom au pays où elle eft fituée , 8c que l'on
appelle le pays de Lampon , & au golfe de Lampon.
* Robert de Vaugondy , Atlas.
Les Lampons font ennemis jurés de ceux de Java, Se
particulièrement deBantam, quoiqu'il fe trouve quantité
de Javanois qui s'aflocient à eux. Leur occupation conti-
nuelle eft le meurtre & le brigandage ; ils entrent auda-
cieufement dans les villes & dans les maifons; ils volent
en plein jour, & coupent la tête à ceux qui leur réfiftent.
Le golfe de Lampon eft dans le détroit de la Sonde ,
fur fa côte feptentrionale , dans l'ifle de Sumatra , vers
les 5 d. 40' de latitude méridionale. Il eft rempli d'ifles.
* Robert de Vaugondy , Atlas.
2. LAMPON (le port df) port de l'Océan orien-
tal , fur la côte orientale de Luçon, l'une des ifles Phi-
lippines : dans le golfe de Mauban, par le 15e d. de la-
titude feptentrionale, à 140 d. de longitude.
1. LAMPONEA, ville delà Troade }< félon Etienne
le Géographe, ou Lamponium, feion Hérodote, /. 5 ,
c. 26. C'eft la' même ville. Il la met avec Antandre,
dans la Troade , fk dit qu'elles furent prifes par Otanès.
2. LAMPONEA, ville d'Afie. Strabon, /. 13, c.610,
la nomme avec Gargara , & dit qu'elle étoit de I'jEo-
lide, au jugement d'Hellanicus.
LAMPONIA, petite ifle, vers la Cherfonnèfe de
Thrace , félon Pline, /. 4, c. 12.
LAMPONIUM. Voyez Lamponea i.
LAMPR./E, iiajuwe??.. Il y avoit, félon Suidas, deux
municipes de ce nom dans l'Attique, l'une au bord de la
mer, & l'autre fur une hauteur, & toutes deux dans la
tribu Erechreïde. Cependant Théocrite, dans fon Eglo-
giielV, nomme Lampriade , une'trihu particulière; St
Hardouin {Mémoires de l'Académie des belles lettres,
t. 6, p. 141 &C246) dans la tradu&ion qu'il en a faite,
7i2 LAM
rend ainfi les vers de ce poëte Bucolique: « vois-tu ce
» taureau roux ! Grands Dieux , qu'il eft maigre ! Je
» voudrais qu'on n'en eût jamais d'autre dans la tribu
» Lampriade, lorsqu'ony facrifie à Junon; ce font tous
» coquins à qui je ne puis fouhaiter que du mal.» Il dit
dans une Note : Heinfius entend par cette tribu les ha-
bitans d'un hameau qui pouvoit être aux environs du
temple de Junon lurnommée Lacinienne , à caufe du
cap Lacinien , où ce temple étoit bâti. Mais, comme
cette déeffe étoit auffi révérée des Crotoniates que des
habitans du cap Lacinien , on peut entendre par cette
tribu, les habitans d'un quartier deCrotone, qui n'avoient
peut-être pas bonne réputation , ou qui avoient donné
à Théocrite quelque fujet de mécontentement. Le fcho-
ïiafte de Théocrite ne nous apprend autre chofe fur ce
paffage, finon que le mot de Lampriade vient d'un Lam-
prius, qui avoit donné fon nom à toute la tribu. Soit que la
tribu de Lampriade nommée par Théocrite ait été vers le
cap Lacinien, ou dans le pays deCrotone, elle étoit dans
la grande Grèce, & par conséquent n'avoit rien de com-
mun avec les deux municipes Lampriœ, fitués dans l'At-
tique. Spon, Lijle de VAttique. , p. 25Ç , les nomme
Lampra , l'un & l'autre , ik les diftingue en b-a/Mif*
K«3-râïp9e>' ou Lampra fupérieure, qui s'appelle encore à
préfent Palceo Limbrica, St j^a^aà Imiv ifî-v $ ou Lam-
pra inférieure, voifine de la précédente, proche de la
mer, entre Sunium Se Phalere. On y voyoit dans l'une
ou dans l'autre le tombeau de Cranaiïs , roi d'Athènes.
LAMPSAQUE, Lampsacus, ville ancienne de l'A-
fîe mineure , dans la Myfie , presqu'au bord de la mer,
à l'entrée de la Propontide , avec un bon port , vanté
par Strabon , vis-à-vis de Callipolis, ville d'Europe,
dans la Cherfonnèfe deThrace. Elle s'étoit accrue des
ruines de la ville de Pcefus , fituée entre Lampsaque &£ -
Parium, & dont les habitans parlèrent à Lampsaque.
Son territoire étoit excellent pour le vignoble : c'eft
pourquoi Lampsaque avoit été amgnée àThémiftocle, par
Artaxerxès, pour lbn vin, comme Cornélius Népos, in
Themijlod. &C Diodore de Sicle, /. 11 , c. 57, le rap-
portent. On y adoroit plus particulièrement qu'ailleurs
Priape, le dieu des jardins. Ovide, Triji, 1. 1 , Eleg. 9 ,
dit:
Et te ruricela , Lamface , luta £)eo,
Wheler parle ainfi de cette ville, dans fes Voyages ,
t. 1 ,p. 136. Lampsacus , à préfent Lampsaco , a perdu
l'avantage qu'elle avoit, du tems de Strabon, fur Calli-
poli , n'étant à préfent qu'une petite ville peu habitée ,
par des Turcs & des Grecs. Strabon la met environ à
cinq milles du détroit ; Se je crois qu'il n'y a pas beau-
coup plus , ni beaucoup moins. Lampsaco étoit une des
villes que Xerxès donna à Themiftocle pour fon entre-'
tien.Magnéfie étoit pour fon pain, Myunspourfa viande,
& celle-ci pour fon vin. Auffi y ai-je remarqué de très-
belles vignes à l'entour , &: principalement du côté du
fud ; elle eft ceinte de grenadiers. Elle s'appelloit an-
ciennement Petyufa. Il y a un bon port , à cent foixante-
dix ftades, ou à fept lieues d'Abydos. On n'y compte, pas
plus de deux cents maifons ; la mofquée eft affez belle ;
le portail en eft foutenu par des colomnes dç marbre
rouge. C'étoit d'abord un temple Chrétien , comme on
le prouve par des croix qui font gravées fur les chapiteaux
des colomnes. J'ai vu dans le jardin d'un Turc de belle,
inferiptions. La première eft une dédicace d'une ftatue à
Julia-Augufta , remplie des titres de Vefta tx de nouvelle
Cères, par la communauté; mais les deux côtés de la
bafe , & l'érection fut faite aux dépens de Dionyfius , fils
d'Apollonotimus , intendant de la jufte diftirbution des
couronnes, facrificateur de l'empereur, Se maître de la
couronne de toute la famille , tréforier dufénat, pour la
féconde fois. La féconde eft la bafe d'une ftatue dreffée
en l'honneur d'un certain Cyrus, fils d'Apollonius, mé-
decin très- habile de la ville, érigée par la communauté,
à caufe de plufieurs bienfaits, qu'elle en avoit reçus,
l'ayant élevée avec éclat , Se avec beaucoup de fomp-
tuofité , Se y ayant dépensé plus de mille talens. A un
quart de lieue de la ville, on voit environ une douzaine
de colomnes de marbre de front, couchées les unes/ur
les autres , dont les payfans affurent que quelques-unes
ayant été emportées par les Turcs dans la ville , pour
en bâtir une mosquée , elles furent rapportées la nuit en
■AN
leur première place , fans que personne sût comment ,~
& cela, par deux fois. Les Turcs ne font pas fi fcrupuleux
en ce lieu qu'ailleurs , où ils n'ofent planter des vignes ,
le vin leur étant défendu par la loi. Ici , fous prétexte
d'avoir des raifins , ils fe donnent la liberté de taire des
vins cuits, au lieu de forbet, Se de l'eau-de-vie, dont
les moins fcrupuleux fe fervent comme nous. Grelot, dans
fon Voyage de Conftantinople , ^.32, dit que Lampsace
n'eft plus qu'un miférable bourg qui n'a rien confervé de
fon ancienneté que les collines qui l'environnent, fur les-
quelles il croît encore quelques vignes , dont les rai-
fins 6c les vins font excellens , mais en très-petite quan-
tité.
LAMPSEMANDUS , petite^isie d'Afie, fur la côte
de la Carie, dans le golfe Céramique, félon Pline,
/. 5 , C.3 1 . Etienne le Géographe la nomme Lepsemandus.
Le P. Hardouin doute s'il ne faut pas divifer ce mot
en deux, & lire Lampfis Myndus ; quelques manuferits
portent Lampsœmindus.
1. LAMPSUS, petite place de la Theffalie, dans
Tite-Live. /. 31, c. 14. Il la qualifie cafiellum ou forte-
fejfe ; mais il la nomme avec d'autres qui n'avoient guè-
res de réputation.
2. LAMPSUS , contrée de l'Ane mineure ; elle fai-
foit partie du territoire de Clazomène.
LÀMPTA, bourg d'Afrique, au royaume de Fez,'
auprès de la capitale. On dit qu'il a été bâti des ruines
de l'ancienne Vobrix ou Bobrix , ville de la Mauritanie-
Tingitane , félon Baudrand, idit. 1705.
LAMPTER. Voyez Phocée.
LAMPUENSIS ou LAMFUENSIS , ancien lieu d'A-
frique , dans la Numidie. C'étoit le fiége d'un évêque ;
& la Notice d'Afrique nomme Maxime Lamfuenfis.
Ponce, autre évêque de ce lieu , Ponthcs episcopus pie-
bis Lamfuenfis , fouscrivit au concile de Carthage , tenu
fous Eoniface l'an 525; & l'un des évêques de la Confé-
rence de Carthageeft nommé Safargius episcopus pkbis
Lampucnlis.
LAMPURA. Voyez Selàmpura.
LAMPYRENSES , Aa.^vSf,( , peuple de l'Attique ,
félon Strabon , 1.8, p. 398.
5 LAMSORTENSIS , ancien lieu Se fiége épifcopal
d'Afrique, dans la Numidie ; il ne faut pas le confondre,
comme a fait Ortélius, avec Lamfoclenfis , qui étoit de la
Mauritanie Sitifense. La Notice épiscopale d'Afrique les
diftingue très-bien ; on y trouve Félix Lamsortcnfis entre
les évêques de Numidie, & Vindemius Lcmfocîenfis
entre ceux de la Mauritanie Sitifenfe. La Conférence
de Carthage fournit Amonianus episcopus Lamsorten-
fis , & ne fait aucune mention de l'autre Jîége.
LAMUM , bourg d'Italie , dans le Latium , félon
George Fabricius , qui, dans fes Voyases, dit qu'on le
nomme Marino. * Orcel. Thef.
LAMURA , ville Se rivière d'Afie , dans la Lycie ,
félon Etienne le Géographe. Voyez LlMYRA.
1 Se 2. LAMUS, ville Se rivière de Cilicie , félon
Ptofomée , /. 5 , c. 8. Il met l'embouchure de la rivière
de ce nom, entre Sébafte Se Pompeïopolis ; Si la ville
dans un canton qui en prend le nom de Lamotide. Ce
canton eft nommé Lamufia par Etienne. Cette même
ville Lamus eft épiscopale , & eft nommée dans la No-
tice de Hieroclès, & dans celle de Léon le Sage, comme
ville de l'Ifaurie.fous Séuleucie, métropole. On la nomme
encore Lamo. Voyez ce mot.
3. LAMUS , ville des Leftrygons , félon Homère.;
Voyez au mot LvESTRYGONS. Ortélius croit que c'eft
Cajete ; mais les anciens ont cru que c'étoit Formies ,
Formioe.
4. LAMUS, ruiffeau fur le fommet de l'Hélicon ^
félon Paufanias , in Atticis.
5. LAMUS. Paul-Diacre , HiJ!.Lor.Sobard,l 2, c. 16,
nomme ainfi une ville de la Lucanie.
LAMZELLENSIS , fiége épiscopal d'Afrique , dans
la Numidie. La Conférence de Carthage fait mention
de Donaùanus Lam^elUnjis.
1. LAN. Voyez Laon.
2. LAN , ville de la Chine , dans la province de
Xenfi , au département de Linyao , fixiems mérropole
de la province ; elle eft plus occidentale que Pékin, de
12 d. 20' par les 37 d. 4' de latitude. * Atlas Sinenfis.
3. LAN, ville de la Chine, dans la province d'Iun-
Lan
Lan
Jlàn , su département de Likiang , fifiéme ville mili-
taire; elle eft pins occidentale que Pékin, de 17 d. 26'
par les 27 d. >6' de latitude. * Atlas Sinenjîs.
LANARIUS Flbvius, rivière de Sicile. Antonin,
Itin. la met fur la route d'Agrigente à Lilybée entre ad
Aquas ck Mazare , à dix mille pas de cette dernière , 6c
à vingt-deux de Lilybée.
LANÇA: (le pays de) les Bramines nomment ainfî
l'ifle de Ceylan &C le royaume d'Achem , dans l'ifle
de Sumatra ; & ils croient que ces deux pays étoient
contigus anciennement.
LANCASHIRE, ou la province de Lancaftre, pro-
vince maritime d'Angleterre , au diocèfe de Chefter , le
long de la mer d'Irlande , qui la borne au couchant.
Les provinces de Cumberland ck de Weftmorland la
terminent au nord ck'au nord-eft , Yorckshire au levant ,
ck Cheshire au midi. Elle a cent-foixante ck dix milles
de circuit , ck contient environ il 50000 arpens , &
40102 maifons. L'air y eft fort bon , ck peu fujet aux
brouillards , ck les habitans y font généralement robuftes
Se vigoureux. Une partie de ce pays eft plate Se unie ,
produifant fur-tout beaucoup de froment Se d'orge , Se
le pied des montagnes de très-excellente avoine. Mais
les endroits montagneux, qui font du côté de l'eft , font
la plupart pierreux Se fteriles. Il y a dans le plat pays des
marais, qui ne font pas tout-à-fait inutiles ; car on en
tire d'excellentes tourbes; &, ce qui eft furprenant, on
y trouve quelquefois des arbres entiers qui croilTent fous
la terre, comme font d'autres plantes , fuivant l'opinion
de Cambden. Les principales rivières de cette province
font le Mersey , la Ribble St le Lon , dont le cours eft
de l'eft à l'oueft. Le Mersey la fépare de Cheshire au
midi. La Ribble l'arrofe vers le milieu, Se le Lon vers
le nord. Il y a auffi divers lacs, dont les principaux font
le Winder&cleMerton. Le premier a dix milles de lon-
gueur Se quatre de largeur ; c'eft le plus grand lac qu'il
y ait en Angleterre. II fépare une partie de la province
dé celle de Weftmorland. Son eau eft fort claire , Se le
fond eft couvert de petites piertes. On y trouve en quan-
tité des truites, des brochets, des perches, mais parti-
culièrement un poiflbn très-délicat , qui s'appelle chaar,
& qu'on ne trouve point ailleurs , hormis dans Ulles-
Water , autre lac fur les confins de Cumberland Se de
iVeftmorland. Quelque fteriles que foient certains en-
droits de cette province, le refte eft très-fertile en bled
& en pâturage, ck généralement en volaille, en gi-
bier ck en poiflbn. Les bœufs de ce pays, comme ceux de
Sommersetshire , font d'une grandeur prodigieufe. Pour
le chauffage, il y a non-feulement des tourbes , mais auffi
abondance de charbon de terre , dont on fait plufieurs
uftenfiles prefqu'auffi beaux que fi c'étoit du jayet.
Pour bâtir il y a diverfes carrières ; ck pour faire de
la toile , le chanvre y croît à merveille. De toutes les
provinces d'Angleterre, il n'y en a point où il y ait tant
de Catholiques que dans celle-ci. Les femmes y font très-
belles , ck c'eft peut-être de-là que vient cette expreffion
proverbiale : les Sorciers de Lancajlre. Cette province
eft du nombre de celles qu'on appelle palatines ; Se elle
a donné à plufieurs princes du fang le titre de ducs
de Lancajlre. Ses villes ck bourgs où l'on tient marché,
font :
* Lancaftre, capitale;
Colne ,
*Clithero,
Bury,
*Leverpool,
Burnley,
*Prefton,
Charnley,
*Wigan,
Dalton,
* Newton ,
Leigh ,
Manchefter,
Ormskirk ,
"Warrington,
Poulton ,
Bolton,
Hallingden
Ecclefton,
Garftang ,
Hauwkshead,
Kirkham ,
Hornby,
Prescot,
Blackbourn,
Ulverfton ,
Cartmel,
Rochdale.
le nom de Lâncashire ou comté de Lancaftre. Cambden
croit que c'eft le Mediolanum des anciens ; d'autres , que
c'eft leur Lcgovicum. (Elle n'eft pas fi ancienne : il s'en
faut beaucoup.) On l'appelle Lancafire ou Loncaftre,
parce qu'elle eft fituée fur le Lon , rivière qui y a un
beau pont à cinq arcades. La ville eft à cent quatre-vingt-
fept milles de Londres, ck à cinq milles de la mer d'Ir-
lande. Sur une éminence , auprès de la rivière , il y a
un petit château, qui fert maintenant de prifon pour la
province , ck où l'on tient les Affiles. La ville n'eft pas
grande , ck il n'y a qu'une belle ck grande églife. *Etat
prèfent de la Gr. Bretagne , t. I , p. 80.
LANCE, lieu d'Espagne, félon Antonin, Itiner. fur
la route de la Galice. L'emplaire du Vatican porte :
Lacoirica ,
Câmala, M.
Lance, M.
XXIV.
XXIX.
Ad Lcugas VII. Geminam,
Les fix premières envoient des députés au parlement.
* Etat préf. de la Gr. Bretagne , t. I , p. 78.
LANCASTRE , ville d'Angleterre , dans une pro-
vince dont elle eft la capitale , Se à laquelle elle donne
Le copifte trouvant Leg, abrégé de Legionem, a cru qu'il
s'agifloit de lieues , en quoi il s'eft trompé : le mot Ge-
minam , s'il l'eût entendu , l'en auroit garanti , puisque
ce motdeGem , Gemina ou Gemella , étoit un furnom
commun aux légions formées de deux autres légions.
Zurita met beaucoup mieux ad Legionem Fil. Geminam^
M. p. ix. Voyez l'article Leg 10 Germanica. au mot
LEGio.Ce dernier éditeur lit Lanciaaulku de Lance;
Il s'agit donc d'un lieu nommé Lance ou Lancia , à neuf
milles ou à trois lieues de Léon. Voyez l'article Lancia
Oppidana.
s LANCEROTE, ifle d'Afrique, une des Canaries,
à dix-huit heues de la Grande-Canarie , vers le fud-eft.
On lui donne treize lieues, du'nord au fud, fur neuf lieues
de largeur ; fon circuit eft d'environ quarante lieues j
latitude 18 d. 30'.
j Une chaîne de montagnes , qui divife cette ifle, fert
d'afyle à quelques bêtes fauvages , qui n'empêchent pas
les chèvres ck les moutons d'y paître tranquillement ;
mais il y a peu de bêtes à corne , ck moins encore de
chevaux. Les vallées fontféches ck fablonneufes ; elles
ne laiflent pas de produire de l'orge ck du froment mé-
diocre. Cette ifle conquife, au profit de l'Espagne , par
Jean de Betencourt , fut prife, en 1 596, par les Anglois.
La 'ville qui eft à l'eft de l'ifle , ck qui porte le même
nom , n'étoit pas compofée de plus de cent maifons ,
dont la plus belle n'avoit que l'apparence d'une cabane.
Elles étoient bâties de cannes ck de paille, ck couver-
tes de boue endurcie au foleil. L'églife n'étoit pas mieux
bâtie. A un demi-mille de la ville, ils trouvèrent un châ-
teau très-fort, fitué au fommet d'une colline, ck gardé par
une centaine d'Espagnols ou infulaires.
. LANCHESTER , village d'Angleterre , dans la pro-
vince de Durham , à trois lieues de la ville de Durham;
les géographes croient y trouver l'ancienne Longovi-
CUM. * Baudr. édit. 1705.
LANCHIDOL. (la mer de) Quelques géogra-
phes nomment ainfi la partie de l'Océan oriental , qui eft
entre l'ifle de Java, les Moluques, la Nouvelle Hollande,
Se une partie des Terres-Auftrales. * Baudr. édit. 1705.
1. LANCIA, ifle fur la côte d'Espagne, félon Ma-
riana, Hifl.Hisp. 1. 1 , c. 11 , qui lui en joint une au-
tre, ck dit que ce font préfentement les ifles de Ba-
jona, fur la côte de la Galice.
2. LANCIA, ancienne ville d'Espagne, dans l'A»
fturie. Elle eft qualifiée ville ttès-forte , validiffima
civitas par Florus, /. 4, c. 12; ck, comme l'obferve
Cellarius , il ne s'agit point là d'une ville des Venons,
dans la Lufitanie , mais de Lancia, qui étoit dans l'A-
fturie; car il y eft queftion de la guerre contre les Aftu»
riens. Dion-Caffius, parlant de cette même guerre,/. 53,
p. 514, dit de Carifius, lieutenant d'Augufte, qu'il s'em-
para de Lancia , la plus grande ville de l'Afturie , qu'il
trouva déferte ; ck Ptolomée , /. 1, c. 6 , met dans l'A-
fturie Lanciatum , qui ne diffère point de la Lancia de
Florus ck de Dion. C'eft auffi la Lance ou Lancia d'An-
tonin. Voyez Lance. C'eft préfentement la Pcnna di
Francia, lieu fameux par une dévotion à fainte \"iergc,
fi nous en croyons Baudrand, qui confond la Lancia
Oppidana de Ptolomée, avec h Lance d'Antonin, quoi-
que cette dernière ne fut qu'à ix. m. p. ou trois lieue*
Tome 111, Xxxx
714
LAN
LAN
de Léon, & que l'autre en foit après de cinquante lieues :
nous ignorons la place précife de cette Lance , Lancia
ou Lanciatum , qui doit avoir été quelque part dans le
voifinage de Manfilla , comme le remarque très-bien le
ï>. Briet, Parai. 2. part. 1. 4, p. 164. Pline , /. 3 ,
c. 3 , en nomme les habitans Lancienses , & les met dans
l'Afturie.
3. LANCIA OPPIDANA, ancienne ville de la Lu-
îîtanie, chez les Vettons, félon Ptolomée, /. 2 , c. 5.
On en trouve un monument du fiécle d'Augufte , dans
une inscription au Recueil de Gruter, p. 199 , n. 3.
Term. Aug. Inter.
Lanc. OFP. ET IG-EDIÎ.
C'éft de celle-là qu'il faut entendre ce que Bâudrand dit
de Penna di Francia , au levant d'été de Ciudad-Rô-
drigo. Pline , /. 4 , c. 22 , nomme les habitans de cette
Ville Lancienses.
4. LANCIA TRASCUDANA , félon Gruter , ou
Transcudana, félon Vafeus. Ortélius dit que, dans une
inscription qui eft à Alcantara , fur un pont , il eft fait
mention de Lancienses Oppidani , & de Lancienses
Transcudani. On ne fait aujourd'hui ce que c'eft , quoi-
que Bâudrand ait conjecturé que c'eft préfentement
Guarda en Portugal.
LANCIANO ou Lanciana , ville d'Italie , au
royaume de Naples , dans l'Abruzze citérieuré , dont
elle eft la capitale , avec un archevêché érigé en 1 562.
Elle eft affez grande, & peuplée , à cinq milles de la côte
du golfe de Venife, fur le torrent de Feltrino , à deux
milles de la rivière deSangro, à fept d'Ortona au midi,
à dix de la petite rivière de Lenta , & presqu'au milieu,
entre Chiéti & Guafto di Amone , environ à quinze mil-
les de chacune de ces deux villes ; elle eft célèbre par
{es foires. Voyez Anxani. * Baudr. éd. 1705*
LANCIATUM. Voyez Lancia, i.
LANCIENSES. Voyez Lancia. 1, 2 & 3.
LANCKIUNG , ville de la Chine, dans la province
d'Iunnan , au département deTali, féconde métropole
de la province. Elle eft plus occidentale que Pékin , de
16 d. 56', parles 26 d. de latitude. * 'Atlas Sinenfis.
LANCOBARDI. Voyez l'article Lombards.
LANCOBRICA. Voyez Lacoerica.
LANDA , monaftere de Pologne, dans le palatinat
de Posnanie , fur la Warta. Il eft de l'ordre de Cîteaux,
& fut fondé, l'an 1145 , par.Miecifhvw", en mémoire de
la victoire qu'il avoit remportée fur les Ruffes comman-
dés par Vladiflas II, roi de Pologne. DlugoJJ". p. 472.
LANDAFF, petite ville d'Angleterre, au pays de Gal-
les , dans le comté de Glamorgan , fur le TafF, un peu
au-deffus de CardifF. C'eft une cité, mais fi petite, qu'elle
n'a point de marché. C'eft néanmoins le fiége d'un évê-
que. Mais l'auteur de l'Etat prélent de la Grande-Breta-
gne , t. 1 , p. 142 , dit que la prodigalité de l'évêque
Kitchin , autrement Dunftan , réduifit cet évêché à un
tel degré de pauvreté , qu'à peine eft-il capable d'entre-
tenir fon évéque. Baudraad dit qu'il y a un vieux châ-
teau, & que la ville dépérit tous les jours , étant presque
réduite en village avec peu d'habitans , à caufede la pro-
ximité de CardifF, dont elle n'eft qu'à un mille, & à
deux feulement de la Manche de la Saverne, &à trente
milles de Briftol au couchant, & à cent vingt-trois milles
de Londres. Il fe tint à LandafF, l'an 988 , un concile,
appelle Landavenfe concilium,
LANDAIS, Landejïum, lieu de France, dans le Berri,
au diocèfe de Bourges , avec une abbaye fous l'invoca-
tion de Notre-Dame, ordre de Cîteaux, de la filiation de
l'abbaye de l'Aumône. Elle fut fondée, l'an 1 1 1 5, par Ar-
chambaud d'Argy, fk Etienne Mufel, gentilshommes , &
lut d'abord occupée par des filles auxquelles des religieux
fuccéderent, l'an 1 143. * Piganiolde la Force, t. 6, p. 423.
LANDAU, ville de France, dans la baffe Alface,au
pays de "Vasgou ; quoique cette ville en foit féparée
d'une diftance de cinq ou fix lieues , & qu'elle foit en-
clavée dans le bas Palatinat, fur la rivière de Queich,
qui fe jette dans le Rhin à Germesheim. C'eft une des
plus anciennes villes impériales , à qui Rodolfe I donna
les mêmes prérogatives & franchifes qu'à Haguenav,
en 1291. Ces avantages & la bonté du terroir, y ayant
attiré beaucoup d'habitans , il fallut en augmenter l'en-
ceinte. L'empereur, Louis de Eaviete , vers l'an 1320,'
donna cette ville en engagement à l'évêque de Spire, qui
en jouit près de deux cents ans. Enfin l'empereur Maxi-
milien I la retira , l'an 1 5 1 1 , fk la joigr.it à la préfecture
ou landvogtey d'Alsace ; ce qui fut confirmé, l'an 1521,
par l'empereur Charles V, qui ordonna qu'elle ne pour-
roit jamais être féparée de la préfecture. Elle fut réunie
à la couronne de France , par un arrêt du conseil d'Al-
face, l'an 1680. Après cela le feu roi Louis XIV y fit
faire des fortifications dont nous parlerons dans h fuite
de cet article; de forte qu'elle fbutint, l'an 1702, un
grand fiége contre l'empereur Jofeph , qui étoit alors roi
des Romains , & qui commandoit en personne. L'armée
Françoife l'affiégea, &c la reprit, l'année fui vante 1703 ;
mais en 1704, après la journée de Hochftedt, les Im-
périaux, avec leurs alliés , l'affiégerent, pour la féconde
fois, Sx. la reprirent. Ils en jouirent neuf ans, durant,
lesquels ils en perfectionnèrent les fortifications; ce qui
n'empêcha point les François de la prendre encore, l'an
171 3. Les Allemands prétendoient que cette ville étant
hors de l'Alface , devoit être reftituée par les François ;
mais par le traité de Bade, l'an 1714, l'empereur Char-
les VI , avec tous les états de l'empire, ayant abandonné
cette prétention , confentirent qu'en vertu du traité de
Ryswyck,la ville de Landau avec fes dépendances, con-
fiftant dans les villages de Nusdorff, Damhcin & Quic-
kein , demeurât fortifiée au roi très-Chrétien , pour en
jouir comme il faifoit avant la guerre. *Longueruet
Descr. de la France, 2. part. p. 238.
Cette ville, dit Piganiol de la Force, Description de la.
France, t. 7, p. 435, eft fituée dans l'endroit le plus
fertile & le plus agréable de la province , fur la rivière
de Queich, qui pafle au milieu, & à l'entrée delà Gorge
d'Anveil. Elle eft environnée de belles prairies & d'un
grand nombre de petites villes, bourgs & villages, dont
les habitans fréquentent les marchés qui fe tiennent, deux
fois la femaine , à Landau. La plupart des bourgeois font
Luthériens. On compte dans cette ville fept cents mai-
fons , neuf cents familles , & environ quatre mille habi-
tans , dont la plupart font marchands ou Cabaretiers.
Landau étoit une des dix villes impériales de la préfec-
ture d'Haguenav. Cette place eft tellement commandée,
du côté des montagnes d'Alface , que le maréchal de
Vauban fut obligé de fe fervir, pour Ces fortifications, du
fyftême qu'il avoit inventé pour Béfort , qu'il a rectifié
en cette occafion , & perfectionné au Neuf-Brifac. La
figure de la place eft un octogone allongé , compofé de
fept tours baftionnées , & de huit courtines qui les joi-
gnent. A la place d'une huitième tour baftionnée, on à
conftruit un grand baftion retranché par la Gorge, qu'on
appelle réduit , & qui fert de citadelle à cette place, parce
que fon retranchement commande la ville. Les fept tours
baftionnées font couvertes chacune d'une grande con-
tre-garde ou baftion détaché, qui, avec les tenaillons qui
font entre chacun, & qui leur fervent comme de cour-
tine , forme cette féconde enceinte , laiffant entre deux
un foffé. Cette féconde enceinte eft encore enveloppée-
d'un grand foffé , dans lequel il y a huit demi-lunes qui
couvrent les fronts de la place. Le réduit eft couvert
par une grande contre-garde de terres, auffi-bien qu'une
des demi-lunes qui le joint , mais qui eft revêtue. Le
tout eft accompagné d'un grand chemin couvert & d'un
grand glacis , au-delà duquel, du côté des montagnes, eft
un avant-foffé fort large , qui régne presque tout autour
de la place, & dans lequel on a pratiqué^ deux redou-
tes. Une de ces redoutes fert à couvrir une éclufe ; l'autre
couvre le pont qui fert de communication au fort qui eft
fur la hauteur. Du côté de la ville, font trois autres pe-
tites redoutes de terre , entourées chacune d'un petit
foffé ; elles font placées à l'extrémité du glacis ; elles
fervent à empêcher les approches. A la fortie de la ri-
vière font deux grandes éclulès qui fervent à faire des
inondations autour de la ville. La fortie de la rivière eft
défendue par plufieurs ouvrages de terre irréguliers, éle-
vés les uns fur les autres pour couvrir entièrement la
tête du canal de fortie. On entre dans la ville par deux
feules portes , celle de France & celle d'Allemagne. Les
rues, pour la plupart, font belles, & les bâtimens bien
conftruits ; la place, qui eft au milieu de la ville, eft
grande , & fa figure carrée. Il n'y a dans Landau que
quatre églifes , & feulement deux magafins ; mais on y
LAN
LAN
voit plufieurs corps de cazernes. Sur le rempart du côté
de la porte de France , il y a trois grands cavaliers de
terre. k
Le fort, qui eft fur la hauteur, occupe un cornmande-
ment ; c'eft une espèce d'ouvrage à couronne, compofé
de trois battions entiers , & de deux demi-baftions. Ces
deux derniers font du côté de la ville ; ils forment en-
femble quatre fronts de fortifications ; les deux fronts ,
qui font fur la hauteur, font couverts chacun d'une demi
lune , le tout de terre. Cet ouvrage a plufi:urs tra-
verses fur les courtines ; & on en peut remarquer une
fur-tout bien plus grande que les autres , dans le grand
baftion du milieu. Tous ces ouvrages du fort font en-
tourés d'un foffé fec & d'un chemin couvert. La tête du
pont de communication eft au centre de cet ouvrage ;
elle eft: couverte par un petit ouvrage de terre avec fon
petit foffé plein d'eau. La gorge du fort eft formée par
un foflé plein d'eau dans lequel eft conftruit cet ouvrage.
Entre l'avant-fofle , & ce foffé eft un marais impratica-
ble. Ce port a une porte de fecours. Sur la hauteur voi-
fine du fort eft une commanderie ruinée ; mais il y a
trois redoutes de terre , lesquelles enferment chacune
lire redoute à mâchicoulis ; elles communiquent l'une
à i'autre par un conduit ibuterrain , & ces redoutes com-
muniquent auffi au fort. Le canal de Landau eft formé
principalement des eaux de la Queich ; il vient d'An-
-wdier, & a été conftruit pour en amener les matériaux
pour la confiruction de Landau ; il eft formé par deux
jettées de charpente, qui foutiennent les terres. L'on voit,
d'espace en espace, fur ce canal plufieurs éclufes bien re-
vêtues.
i. LANDAW, petite ville d'Allemagne,dans la baffe
Bavière, fur l'Isère, au-deffous deDingelfingen, fur une
côte, à fix milles de Landshut, en allant vers Paffau, Sf à
quatre milles de Straubing, vers le midi. * Baudrand,
édit. 1705.
2. LANDAW", petite ville & château d'Allemagne,
au comté de Waldeck , fur une ttès - haute montagne.
Le comte Henri bâtit ce château, en 1360 ; ce lieu a été
le féjour de quelques douairières de cette maifon. *Zey-
ler, Haffiae ci vicin. Topogr. p. 57.
1. LANDE, (la) en Fronfadois , vifle de France,
dans la Guienne , diocèfe &c élection de Bourdeaux.
2. LANDE-HÉROULD, (la) ou d'Airou, au-
trefois petite ville , aujourd'hui village de France , en
Normandie , à côté de Ville-Dieu , & à fix lieues de
Coutances , félon Corn. Dicl. Elle a été réduite en fim-
ple paroiffe, depuis Tan 1153 , qu'arriva le grand phéno-
mène que Sigebert a décrit dans fa Chronique. Il s'é-
leva dans ce quartier-là un tourbillon qui enlevoit tout ce
qu'il rencontroit; & enfin apparut une colomne colorée
de bleu & de rouge , contre laquelle étoient lancées des
flèches de divers endroits , & il y avoit tout-à-1'entour
quantité d'oifeaux de diverses fortes ; ce qui fut fuivi
d'une pefte , qui dépeupla tous les lieux voifins , ad
ann. 11 53. In Landâ Aronis , ce font les termes de Si-
gebert , circà meridiem quafi de terra- emergens turbo ,
maxima quœque proxima involvit & rapuit. Ad uhimum
yuafi quœdam columna rubri & cœrulei coloris jub tur-
bine ascendens , in fublime fiait , & videbamur & au-
diebantur quafi fagitta & lancées in ipsâ celumnd de-
figi , liât non apparent intuentibus quis cas agitant, &
in turbine qui Jlabat fuper columnam apparebant quafi
diversœ fpecies volucrumin eoàcmvolitaruium. Subfecuta
tjl illico in eâdem villa mortalilas hominum , inter qttos
& domimii villa occubuit , nec folàm in ifid villa, fed
etiam in mulds locisNormanniœ &finitimarum regio.num,
mortalitas hoc anno grajjata efi. La Chronique dit mal
Landa Aronis ; il falloit dire Heroldi. Au refte la Lande-
Haroud, ou d'Airou, eft du diocèfe de Coutances. Quel-
ques-uns ont cru qu'il y avoit eu autrefois, en cette pa-
roifle un prieuré dit de .5". Léonard des Bois, & que,
depuis ce tems-là, il eft devenu un hermitage. Il eft ré-
duit aujourd'hui à une fimple chapelle qu'on appelle de
S. Blaife, mais fans hermite & 1ans terres. André du
Chesne dit , dans fes Antiquités des villes de France,
que la ville pu le bourg de la Lande d'Airou avoit un
château dont, pour toute marque, il ne irfte plus qu'un
champ proche de-là, qu'on nomme encore aujourd'hui
h Pré du château.
3. LANDE ; (la) bois de France, dans l'Angou-
71$
mots. Il y en à deux que l'on diftmgue par les furnoms
de grande & de petite. C'eft un bois de cinquante-trois
arpens & demi, dans la maîtrife des eaux 8c forêts du
duché d'Angoulême.
LANDECOURT , prieuré de Lorraine , au diocèfe
de Toul , ordre de S. Benoît. Il dépend de l'abbaye de
S. Epvre de Toul, & eft en commende & à la colla-
tion de l'abbé de S. Epvre.
1. LANDECK., petite ville de Prnffe , dans la Po-
merelle , aux environs de Fridland & de Schlochau,
félon Zeyler, BorujJ'. Topogr. p. 36.
2. LANDECK, petite ville de Bohème, au comté
de Glats. 11 y a un bain d'eaux chaudes minérales. *Zey-
1er , Boh. Topogr. p. 41.
LANDELEAU , bourg de France , dans la baffe Bre-
tagne, dans l'évêché de Quimper, au fud-oueft de Kar-
haïs. * Baudrand, édit. 1705.
LANDELLE , bourg de France, dans la baffe Nor-
mandie , diocèfe de Coutances. Il y a marché , tous les
jeudis , tk quelques foires annuelles. C'eft une baronnie ,
où il y a une juridiction pour le feigneur du lieu.
LANDEMERIA , ancienne ville épiscopale d'Angle-
terre. Le P. Hardouin , qui en fait mention, cite Grego-
rius Landemerienfis.
LANDEM1NE , bois de France , dans le Bourbon-
nois : il couvre cent cinquante-fix arpens, ck dépend de
la maîtrife des eaux & forêts de Moulins.
LANDEN , petite ville des Pays bas Autrichiens,
dans le Brabant , au quartier de Louvain , entre Han-
nut & Tillemont , à deux lieues de cette dernière , &
un peu plus de S. Tron , aux frontières de l'évêché de
Liège , fur le ruiffeau de Becke. C'eft où mourut Se fut
enterré le bienheureux Pépin qui en étoit feigneur. Ce
fut auffi le lieu de la naiitance de la fille de fainte Ger-
trude. De notre tems elle eft devenue fameufe, par la
bataille que le maréchal de Luxembourg y donna , le mer-
credi 29 Juillet 1693, à l'armée des alliés , commandée
jsar le prince d'Orange , roi d'Angleterre , & par l'é-
lecteur de Bavière ; le maréchal y acheta la victoire par
un très-grand carnage. On appelle auffi cette journée la
bataille de Nervinde ou Neerwinde , du nom d'un village
voifin. * Hifi. du tems. Baillet, Topogr. des Saints,
p.' 614.
LANDERNEAU , ville de France, dans la baffe Bre-
tagne , au diocèfe de Léon, fur la rivière d'Elhorn, dont
elle fe fert avec avantage, & qui va fe rendre à Breft,
à quatre lieues au-deffous de Landerneau. Cette ville eft:
le chef-lieu de la baronnie de Léon , l'une des plus an-
ciennes baronnies , &. des plus diltinguées de Bretagne.
Il y a trois paroiffes dans cette ville , favoir S. Julien ,
S. Ouerdon , & S. Thomas. * B.iudrand , édit. 1705.
Piganiol de la Force , Descr. de la France ,t. 5 , p. 245.
Jaillot , Carte de la Bretagne.
LANDERON , petite ville deSuiffe, dans la princi-
pauté de Neufchâtel , à deux lieues de la ville de ce nom,
près de Thièle. On prétend qu'elle a été bâtie des rui-
nes d'une grande ville nommée Neionica , en françois
Nericu , qui tenoit depuis le mont Jura jusqu'à la Thièle,
&: depuis Landeron jusqu'à Creffi, village de cette châ-
tellenie. * Etat& Del. delà Suijfie, t. 3 , p. 244.
LANDES, (les) ou les Lanes de Bordeaux;
en latin Ager-Sirticus , pays de France, dans la Gasco-
gne. Une partie dépend de l'élection de Bazas , géné-
ralité de Bordeaux, une autre de l'élection de Dax,
généralité d'Auch ; enfin une autre de Marsan , pays
abonné. Les landes font un pays de fables , de bruyè-
res, de forêts de pins dont on tire le brai Se le gou-
dron , & qui fait le principal commerce du pays. Il y a
en outre. beaucoup de Chênes verts, dont l'écorce fait le
liège , &J le tout en plaire ; ce qui préfenre à la vue un
grand défert , allez trifte , quoique toujours verd. On
divife les landes en grandes & en petites ; les grandes
font entre Bordeaux & Bayonne ; les petites, entre Ba-
zas & Dax. 11 n'y croît point de froment , ck fort peu
d'autres grains.
. Landes & bruyères font presque fynonimes en Gas-
cogne , fk lignifient une étendue de pays ou de terre in-
culte. * Mémoires drejjés fur les lieux.
LANDES , bourg de France , dans la Saintonge, dais
l'élection de Sainf-)ean-r!'Anî;e,v.
LANDE-VAND, riviez de la Norvège, qui prend
Tome III. Xxxx ij
7i6 LAN
fa fource à foueftde Chriitiana, au gouvernement d'Ag-
gherus, & le rend dans la mer, au midi , près de la pe-
tite iile d'Aag-Holm.
LANDÈVE ou Landeves , Landevii; abbaye de
France, au diocèfe de Rheims en Champagne, fur la
droite , Si auprès de la rivière d'Aisne , vers le diocèfe
de Verdun , à douze lieues de Rheims. Cette abbaye de
chanoines réguliers fuit la régie de S. Auguftin, Si eft de
la congrégation de Sainte-Geneviève : c'étcit ci-devant
un prieuré'" dépendant du Val-des-Ecoliers. Il fut érigé en
abbaye, au commencement du dix-feptiéme fiécle, &
reçut la réforme de fainte Geneviève, i'an 1633. L'abbé
eft régulier.
LÀNDEVENEC, Landana ; bourg de France,
en Bretagne , dans le diocèfe de Quimper - Coren-
tin , à trois lieues de Breft , & vis-à-vis de cette
ville , fur la même baie , au bord de la mer , Si
à neuf de Quimper. Il y a une abbaye d'hommes,
ordre de' S. Benoit. Quelques-uns dii'ent qu'elle fut
fondée par Gralion , roi des Bretons ; d'autres affurent
avec plus d'apparence , qu'elle le fut dans le cinquième
fiécle, par Gralion, comte de Cornouailles , l'an 405.
On y voit encore aujourd'hui fon tombeau. S. Guenau
8i fon disciple S. Guinailles en furent abbés. Baillet,
Topogr. des Saints, p. 256, dit que S. Guinolé, autrement
S. Guingalois, jetta les fondemens de ce monaftere, vers
Fan 480, Si en fut le premier abbé. Il ajoute : la maifon
devint rrès-florifiante par la discipline qu'il y établit, jus-
qu'à ce que, dans la fuite, elle embraffa la régie de S. Be-
noît , l'an 818. S. Guenau ou Guenoël , fon disciple, lui
fuccéda dans cette administration ; mais il la quitta au
bout de fept ans , & il fe retira en Angleterre. Il revint
ensuite en Bretagne, où il bâtit d'antres monafteres. *Pi-
faniol de la Force , Descr. de la France , t. 5 , p. 149 ,
i autres Mémoires.
S. Guenau ne revint pas en Bretagne , mais mourut
en Angleterre , l'an 570.
LANDFOCTIE ; ce mot eft allemand d'origine, Si
travefti à la françoife, Landuochtey, que l'on exprime en
latin par prcefiêlùra, Si, quelquefois en françois, par pré-
fecture, ou bailliage. On dit la Landfociie de Haguenau,
pour fignifier une partie de l'Alface , dont Haguenau eft
le chef-dieu. Elle comprend les dix villes d'Alsace, qui
étoient autrefois villes libres & impériales.
LANDGRAVIAT ; ce mot eft allemand, & lignifie
un état fouverain , poftédé par un landgrave. Il eft corn-
pofé des mots land, pays Si graviatus , mot de la baffe
latinité , employé pour dire comté.
De même que les fénat eurs Romains étoient ainfi ap-
pelles , parce que les premiers avoient été des vieillards,
de même les premiers comtes étoient des feigneurs atta-
chés à la personne du prince ; de-là vient leur nom la-
tin de comtes , comités. On les appella en allemand
grau , mot
qui accompag
de leurs conseils. Dans des fiécles où tout fe latinifoit
par une f:mple termînaifoh, de grauen pluriel de grau,
ou de grafen pluriel de graf, on fit gravît.
Comme le fouverain n'avoit point de réfidence fixe
dans l'état, Si ne faifoit presque, toute l'année, que fe
promener d'une province à l'autre , on ne favoit ce que
c'étoit que parlement, ni que chambre de l'empire. Il y
avoit feulement des juges ; & les parties qui fe croyoient
léfées, attendoient que le prince parlât par le lieu même,
ou dans le voifinage, & tînt cette afîemblée que les écri-
vains de la baffe latinité appellent mallus , Si que nos
ancêtres ont nommée les grands jours. Alors les juge-
mens , dont on fe plaignoit , étoient revus par le prince
affilié des graves ; Si quelquefois ils étoient renvoyés au
grave du palais . que nous appelions le comte palatin.
Il étoit impoffible au prince de parcourir fouvent un
état , dont les parties étoient éloignées les unes des au-
tres ; & il y avoit trop de danger à laiffer des provinces
entières, qui jouiffoient rarement de la préfence du fou-
verain , à la discrétion de leurs juges. Pour remédier
aux inconvéniens que l'éloignement du prince pouvoit
caufer dans le gouvernement , on établit des graves en
diverses provinces , Si on attacha à ce nom des fyllabes
qui marquent la différence de leur jurisdicYion. Les gra-
ves, qui avoient le gouvernement d'un canton , s'appel-
loient landgraves : ceux qui commandoient fur la fron-
LAN
: qui lignifie gris ; c'étoient des personnes âgées
pagnoient & fuivoient le prince, Sil'affiftoient
tiereetoient nommes markgraves ou marquis; ceux qui
n'avaient qu'une fortereffe s'appeiioient burggraves ; nos
ancêtres les nommoicm feigneurs châtelains. On nomma
Rhingrave , le grave du Rhingo'W , Si Wildgrave , celui
qui avoit la juridiction des Ardennes , Si ainfi de quan-
tité d'autres.
Ces dignités n'étoient d'abord que des charges que le
fouverain conférait Si ôtoit à fa volonté ; mais comme
elles ne fe donnoient qu'à des personnes puiftantes , les
furvivances continuées , l'intrigue, Si fur-tout le befoin
que l'on eut de ces feigneurs dans des guerres, où p'u-
lieurs concurrents fe disputoient la couronne impériale,
& mille autres conjonctures, Rendirent ces charges héré-
ditaires dans les familles qui les poffédoient; de forte
qu'elles devinrent des fouverainetés.
Comme je parle de ces landgraviats , dans leur ordre
alphabétique, il fufnt ici de les indiquer :
fd'ALSACE,
de Baar,
de Brisgau,
de Frauvenfelds,
de Hegou,
de Hesse-5Cassel'
Le landgra-^ ~|d'Armstadt,
viat de Klegov,
de Luchtenberg,
de Nellenbourg,
I de Sisgou,
de Stulingen,
Ide Thcringe,
'■de Turgau.
LANDI , ancien peuple de la Germanie , félon Stra-
bon , l.j , p. 193 , qui dit qu'ils furent défaits par Ger-
manicus-Céiar. Cluvier, Germ. ant. 1. 3 , c. 19, p. 79,
toujours très-hardi à changer dans les anciens tout ce
qui ne lui plaifoit pas, vouloit qu'on lût Marfipoav Lana'i.
Hwûy au lieu de Aa:S'àv.
LANDOSIA, ville d'Aile, dans la Galatie. Selon
Ptolomée , Ifs , c. 4 , elle étoit fous le peuple 1 eclo-
LAND-PABU ouTrepabu, monaftere de France,
dans la baffe Bretagne, dans le bas pays de Léon, au
couchant de Breft, dans la pareille de Ploumoguer, près
du Conqueft. Il fut bâti par S. Tugal. *Bailki, Topogr.
des Saints, />. 614.
LANDRECI, ville de France, aux Pays-bas, dans le
Hainaut ; les gens du pays difent Landrechies, Si dans les
titreslatins on ht Laudericiacum èiLandericite. Cette petite
ville eft fur la droite de laSambre, dans une plaine baffe &
très-unie. C'étoit autrefois une feigneurie particulière.
Les François s'en étant emparés fous François I, Char-
les V les en chaffa, l'an 1 ^43 ; Si ayant acquis cette ville
des feigneurs de Croi, il la réunit à fon domaine de Hai-
naut. li la fit fortifier, afin de lérvir de boulevard à tout
le pays contre les François. Elle a fouffert plufieurs liè-
ges ; & ayant été prife par le roi Louis XIV, l'an 165 },
elle fut cédée à la France, par le traité des Pyrénées. On
y entre par deux feules portes , & il n'y a rien de re-
marquable dans le dedans. Son enceinte eft compoféede
cinq baftions , ouvrage du chevalier de Ville , mais qui
ont été réparés par le maréchal de Vauban. Il y a cinq
demi-lunes autour de la place, Si deux contre- gardes.
Le tout eft entouré d'un foffé plein d'eau , accompagné
de fon chemin couvert Si de ion glacis. Au-delà font
deux ouvrages à corne, l'un fur l'autre , qui couvrent
une des portes. Leur foffé n'eft formé que par les eaux
des ruiffeaux, Si par celles d'une petite rivière qui y paffe.
De ce même coté-là, il y a une très-grande inondation
qui couvre la place d'un côté, Si de l'autre eft un. ma-
rais impraticable. Landreci rut affiégée. en 171 2, par ie
prince Eugène ; mais le maréchal de Villars lui en iit
lever le fiége. * Longuerut , Descr. de la France., 2. part.
p. 101. Pigauiol de la Force, Descr. de la France, t.-;,
p. 272.
LANDROVE, petite rivière d'Espag-.e , dan- la Ga-
lice. Elie ccule à Vivero , Si fe jette un peu au delîï us
dans la mer. * Délices d'Espagne, p. 124. Roter 1 de fc:>
gondy, Atlas.
1. LANDSBERG, petite ville d'Allemagne , dans la
LAN
LAN
Bavière , aux frontières de la Suabe , fur la rivière de
Leck , à vingt mille pas au-deffous d'Augsbourg. Elle
fut prife par les Suédois, en 1632. * Baudr. édit. 1705.
2. LANDSEERG ou Landsperg , canton d'Alle-
magne , l'un des bailliages du duché de Deux-Ponts, au
midi de la ville de Deux- Ponts. Il n'y a de lieux remar-
quables que le château, dont il prend le nom, 6k le bourg
de Franckenfrem. * Baudr. édit. 1705.
3. LaNDSBERG ou Landsperg, ville d'Allema-
gne, dans la nouvelle Marche de Brandebourg, aux fron-
tières de la Pologne ; elle eft d'une grandeur médiocre.
C'eft ou l'on paffe la Warte. * Hubner, Géogr. p. 633.
4. LANDSBERG, petite ville du royaume de Prufle,
dans la province de Natangen , entre Barteinftein 6k
Zinten, fur la petite rivière de Stein, qui fe joint avec
l'Elme , pour le dégorger ensemble dans l'Alla. *Zeyler,
Boruff. Topogr. p. 35.
5. LANDSBERG, bourg ou petite ville d'Allema-
gne , dans la Misnie , au cercle de Leipfig , dans l'Ofter-
land. C'eft une leigneune entre la Sala 6k la Milde , as-
fez près de Hall. Le château de Landsberg étoit ci-de-
vant une forte place élevée fur la montagne. Ce- n'eft
plus que des matures ; & il n'en refie plus qu'une an-
cienne chapelle , dans laquelle eft une colomne de mar-
bre qui porte la voûte du chœur ; & il n'y refte plus
rien de ion ancien état, du tems que ce château étoit la
rélidence d'un prince. C'eft de ce château que les mark-
graves de Landsberg prenoient leur titre. *ZyA;r, Saxon,
fuper. Topegr. p. 1 10.
1. LANDjCROON, fortereffe de France, dans la
haute Alface , diocè e de Bafle , bailliage de Lai^er.
C'eft une peti.e place, fituée fur une hauteur, à une lieue
de balle, dans le Suntgau, fur la frontière de SuifTe. Il
y a toujours une garnilon de deux ou trois compagnies.
2. LANDSCROON. Voyez Landskroon.
LANDS-E>iD , c"eft-à-dire t extrémité du pays : on
appelleainfi le cap le plus occidental de fille de la Grande-
Bretagne , à vingt- quatre degrés de longitude , en comp-
tant ces degrés d'orient en occident , 6k commençant au
méridien de Londres. C'eft la pointe de l'oueft de la
province de Cornouailles.
1. LANDSHUT, ville d'Allemagne, en baffe Bavière,
fur Filer. Elle tft affez forte , avec un bon château, fur
une côte voifine , à vingt mille pas de Fre^fingen, au
levant , 6k à trente de Ratisbonne , vers le midi. Il y a
à Landshut un clocher d'une hauteur extraordinaire, qu'on
appelle Landshut, c'eft- à-dire le chapeau du pays , parce
que de ce clocher on voit presque toute la Bavière. C'eft
du moins l'explication qu'en donne Baudrand, éd. 1705.
2. LANDSHUT, petite ville de Bohême, en Siléfie,
au duché de Schweidnitz, fur le ruiffeau de Ziéder, qui
tombe dans la Bober, un peu au-deflous de ce lieu. Jean,
roi de Bohème, avoit pris cette petite ville. Boleflas,duc
de Schweidnitz, la reprit par le moyen d'un chariot de
foin, dans lequel il avoit caché deslbldats, qui lui ai-
dèrent à s'en rendre maître. Ce duc mourut en 1368.
* Zeylcr, Bohem. Topogr. p. 156.
3. LANDSHUT, petite ville de Moravie, fur la rive
occidentale de la Mora , au-deffous de Goding, 6k au-
deffus du confluent de cette rivière avec la 1 eye , aux
confins de- la Hongrie 6k de l'Autriche. Quatte ou cinq
mille Hongrois mécontens , commandés par les géné-
raux Olzkâi , Efterhafi 6k Blasko^'itz , ayant pafié par
la Morave, fur la glace, au mois de Février 1706, atta-
quèrent cette place, où deux cents dragons & cavaliers
étoient accoutus pour la défendre. Ces troupes fécon-
dées par les habitans, firent toute la réfîftaiice poffible,
& ne purent empêcher qu'elle ne fût prife d'affaut : la
plupart furent tués , 6k les autres faits prifonniers. Les
vainqueurs pillèrent la place , 6k la brûlèrent ensuite.
* Zeylcr, Carte de la Moravie, par Commémus. Corn.
Dift.
1. LANDSKROON, petite ville de Suéde , dans la
province de Schon , fur la côte du détroit duSund.Jîlle
eft petite, mais forte. C'eft une place affez récente, 6k
bâtie par Eric de Poméranie, roi deDanemarck. en 1413,
dans l'endroit où étoit auparavant le château de Soëby.
Depuis ce tems-là, elle avoit toujours été au roi de Da-
nemarck, jusqu'en l'année 1618 , qu'elle fut cédée, par le
traité de Roschild , au roi de Suéde, qui en a joui de-
puis. Elle fut prife3 à la vérité, par les Danois, en 1676 ;
'7*7
mais ils la rendirent, trois ans après, en exécution du
traité de Fontainebleau. Cette ville a un affez bon port,
6k un château peu loin de i'ifle de Huène, 6k à dix-huit
milles de Coppenhague. Ce fut près de cette place, que
Chriftian V, roi de Danemarck, fut défait, en bataille
rangée, par Charles XI, roi de Suéde, le 24 Juillet 1677.
* Baudr. éd. 1705.
2. LANDSKROON ou Landscron, fortereffe de
la petite Pologne, au palatinat deCracovie, felon^Hub-
ner, Géogr. p. 710.
3. LANDSKROON, château fortifié dans le Sun-
gaw, à trois petites lieues de Bafte , fitué fur une mon-
tagne du Laumont , au pied de laquelle paffe le Birfick.
Ce château fut pris, en 1639, par les troupes du duc de
V/eymar. * Supplément au Manuscrit de la Bibliothèque
de M. de Corberon , premier prifident au conseil fouv train
d'Alsace.
LANDSPERG. Voyez Landsberg 3.
LANDSPRING , petite vilie 6k abbaye d'Allemagne,
dans la baîie Saxe, au diocèfe d'Hildesheim. L'abbaye
eft occupée par des Bénédictins Anglos, qui y ont un
abbé régulier. Ils font preuve de nobleffe ; 6k l'abbaye
eft foumife immédiatement au pape , fous la protection
de l'électeur de Cologne. La ville eft habitée par des An-
glois Catholiques.
1 . LANDSTRAS, abbaye d'hommes de Cîteaux, dans
la baffe Carinthie, au diocèfe de Gurck.
2. LANDSTRAS ou Landstrais, petite ville, dans
le V/indismarck , avec un château , dans une ifle formée
par la rivière de Gurck, iîx lieues au-defious de Rudolps-
werd.
LANDSTAL ou
LANDSf UL ; quelques-uns ont dit par corruption
Nanflal ou Nanftul, bourg d'Allemagne, ave: un châ-
teau, dans le Wasgow, 6k dans les montagnes , entre
Deux-Ponts & Keyfers- Lautern. C'eft un bien de la
maifon de Sikingen. Le château eft une forte place fur
un rocher; mais les maifons du lieu reffemblent'phis à
un bourg qu'à une ville, quoique ce bourg foît entouré
de murailles.
LANDT-MEUR. Voyez Lanmeur.
LANEBOURG , petite ville de Savoye , au comté de
Maurienne, fur la rivière d'Arc, que l'on y paffe fur un
pont. Jaillot,dans là grande Carte, écrit Lannebourg, par
une double nn. * Baudr. édit. 1705.
LANERK. Baudrand écrit Lanerick, Lanrick, Lancik
ou Lanar, ville de l'Ecoffe méridionale, dans la province
de Clydsdale, dont elle eft la capitale. Quelques-uns ont
même donné le nom de The Slurc of Lancrck à cette
province, dont le duc d'Hamilton eft Shérif héréditaire.
L'évêque de Lefley dérive le nom de Lanerk de Lanarum
arca, comme étant un magafin de laine, qui a fait autrefois
le grand commerce de cette province. Baudrand n'en
fait qu'un bourg, 6k dit qu'il eft fur la rivière de Cluyd,
à fept lieues au-deffus de Glascou ; que c'eft un vicomte
de la maifon d'Hamilton, & qu'il a féance au parlement
d'Ecoffe. * Etat prèfent de la Gr. Bretagne, t. 2, p. 255.
LANES. (les) Voyez Landes.
LANEUM, lieu de la Myfie Afiatique, félon Orté-
lius , Thefaur. qui dit que c'étoit une terre d'Ariftide ,
qu'il cite pour garant.
LANGA, (le cap ou la pointe de) ou Langa-
Ness , cap de f Iflande, dans la partie fepteiitricnale de
I'ifle , où la côte fe courbe vers l'orient.
LANGADOiS , petit canton de France, dans la bafle
Auvergne. Il s'étend depuis la rivière deLaviou jusqu'au
Vélay.
LANGANICO. Voyez Longanico.
LANGARIA ou Lagaria , golfe d'Afie, près de
Troye, lélon Ortélius qui cite Lycophron. Maiscepoëte
ne dit rien quidéfigneou étoit ce lieu; il ditfiinplement :
O <T' 'iTT-'ïicmv Azy^atUç h ày<(.il.\xi< ,
que le traducteur Latin rend ainfi :
Equi fabricator in Langarits jinu.
Au lieu de quoi Scaliger dit:
Langariœ in cubilibus.
i8
LAN
On auroit pu dire plus littéralement :
Langaria in ulnis.
Il n'y a nulle nécefîïté de l'entendre d'un golfe , encore
moins d'un golfe près de Troye. Tzetzès dit que Lan-
garia étoit une ville d'Italie , Aa^Ja&ia woA/f ItiAikii.
Ainfi la conje&ure d'Ortélius n'eft pas jufte.
LANGATES ou Langenses, ancien peuple de la
côte de Ligurie , aujourd'hui la côte de Gènes. Quel-
ques-uns croient que c'en: préfentement Lagnasco. Ce
peuple, au refte, eft nommé de ces deux manières dans
une inscription gravée fur le cuivre, ck qui eft à Gènes.
LANGBOURN, bourg d'Angleterre , dans la pro-
vince de Berck. Il a droit de tenir marché public. *Etat
prèfent de la Gr. Bretagne , t. I.
LANGCANG, fortereffe de la Chine , dans la pro-
vince d'Iunnan, au département de Pékin, première
cité militaire de la province. Elle eft plus occidentale
que Pékin de 16 d. 19', par les 27 d. 3' de latitude.
* Atlas Sinenjis.
LANGEAC , ville de France, dans l'Auvergne, dio-
cèfe de Clermont &£ éleftion de Riom. ( Elle eft fiége
d'une prévôté royale, qui reflbrtit à la fénéchauflee de
Riom. Cette petite ville a donné fon nom à une maifon
d'où elle apafle, par alliance, dans une branche de la
maifon de la Rochefoucault.
LANGE-ACKER-SCHANTZ , fort de la feigneune
de Greningue , l'une des fept Provinces-Unies fur le
bras de mer, nommé Dolbairt , aux confins de 1 Ooft-
Frife, à deux grandes lieues du fort d'Eideler, ck a trois
petites de Winschote. * D'ici, géogr. des Pays-bas.
LANGEAY. Voyez Langets.
LANGE-ISLAND ou Isle longue , ifle d Améri-
que. Voyez au mot LONGUE 2.
LANGELAND, ifle du royaume deDanemarck, dans
la mer Baltique. Ce nom qui veut dire long-pays, mar-
que la figure de l'ifle ; elle eft effectivement tort longue,
ck s'étend dans le grand' Belt , entre lifte de Fune au
couchant, la Séiande au nord-eft, ck 1 ifle de Laland au
fud-eft. Dans l'a partie méridionale, elle fe recourbe vers
l'occident. Elle n'a guères qu'un bon mille , (de quinze
au degré,) dans fa largeur, pour la partie qui s'étend du
nord'au fud , ck un peu plus de fix milles dans la lon-
gueur prife dans ce même lens; mais la partie qui s'a-
vance vers le couchant , a deux de ces mêmes milles,
dans fa longueur d'orient en occident , fur un mille de
largeur. Elle eft bordée, vers le nord ck le nord-eft, par
quelques iftots ; les plus remarquables font Omme, Ag-
eer ck Egholm. Il y a dans l'ifle un bourg ou une petite
Ville : Hermanidès, Dama Descr. p. 685 , la nomme
Rutcoping, ck un château appelle Francker &fix villa-
pô'int Lr.ngcfl en françois , encore moins Langejhim en
latin. Pigamolde la Force dit : Langeay, Lan^ey, Lan-
gets ou Lange^ , ck en latin Alingavia , Alïngavienjis
viens, Lingia , Langiacum ck Langejium. Cette petite
ville, dit-il, eft fur la Loire, ck au nord de cette rivière.
Son château fut premièrement bâti par Foulques Nerra,
comte d'Anjou; mais étant tombé en ruine, ii fut réta-
bli dans l'état où il eft aujourd'hui , par Pierre de Brofie.
Ce bâtiment , dans fon vieux goût , répond aiTez aux li-
chettes immenses de fon reftaurateur , qui étoit miniflre
d'état fous le roi Philippe le Hardi. Langeai n'a qu'en-
viron cinq cents feux, ck deux mille habitans. Ii y a
deux paroiftes , dans l'une desquelles eft un petit chapi-
tre. Ce que les étrangers trouvent de plus agréable dans
cette ville , c'eft d'y goûter, dans la faifon, de ces excel-
lens melons qui font les délices des meilleures tables de
Paris ; ils font vineux, ck d'un goût exquis. Aune lieue
au-deffus de Langeai , on voit le château de S. Mars ,
ck un pilier de briques fi dures, qu'on dit qu'il eft à
l'épreuve du canon ; on l'appelle h pile de S. Mars; fck
la tradition veut que ce foit Cefar qui l'ait fait bâtir, de
même que celle du port de Pile , fur les limites de la
Touraine ck du Poitou.
Le vrai nom latin de Langeis, eft Langejtum ; car !e
concile qui y fut tenu, l'an 1278, eft nommé Langtfunse
toncilium.
LANGEY, ou
LANGEZ. Voyez l'article précédent.
LANGHES , (les) ou les Langues. Voyez Lan-
gues.
LANGIA. Voyez Neméa %-,
LANGIALOUS , ifle de la mer des Indes. Elle eft,
félon les géographes Orientaux, à dix journées de celle
de Serendib , qui eft Ceylan ; mais ils n'en marquent
ni la longitude ni la latitude.
LANGIENS ; (les) on appelle ainfi les habitans du
royaume de Lao.
LANGIONE, ville d'Afie, au royaume de Laos, dont
elle eft la capitale, au milieu du royaume, à 22 d. 30'
de latitude feptentrionale. Elle a, d'un côté, de bons fof-
fés ck des murailles extrêmement hautes , ck de l'autre
le grand fleuve , pour la défendre contre les entreprifes
des ennemis. Le palais royal , dont la ftrufture ck la
fymétrie font admirables , paroît de fort loin : il eft, en,
effet, d'une prodigieufe étendue, & fi grand, qu'on le
prendroit pour une ville , tant à l'égard de la fituation,
que du nombre infini de gens qui y demeurent : l'appar-
tement du roi, qui eft orné d'un magnifique portail, ck
quantité de belles chambres accompagnées d'une grande
falle, font toutes de bois incorruptible, & ornées dehors
ck dedans de bas-reliefs excellens , ck dorés fi délicate-
ment, qu'ils femblent plutôt être couverts de lames d'or
que de feuilles de ce métal. De-là, en entrant dans les
L'ifle eft affez fertile : elle produit du bled pour fes cours , qui y font fort fpacieufes , on voit d'abord une
habitans, & des pâturages pour les beftiaux : la pêche
y eft bonne, & plufieurs familles en fubfiftent. *DelIJle,
Carte du Danemarck. .
LANGENSALTZ, ville d'Allemagne, danslaThu-
ringe , chef lieu d'un bailliage de l'Unftrut , fur la rivière
de Saîtza , avec un château ducal. .'•-•-„
LANGERAC ou Langeract, baronme des Pays-
bas, furleLeck, au-deffus de la petite ville de Niew-
port, en Hollande.
LANGEST. Voyez Langets.
LANGESTRAAT, contrée des Pays-bas : on nomme
ainfi un petit pays de la Hollande , au voifinage du Bra-
bant, entre Hemden & Bois-le-duc, où lont les beaux
villages de Velwic en Brabant, ck de Beloin en Hol-
lande, avec quantité d'autres. *Dicl. géfgr des Pays-bas.
LANGETS. C'eft ainfi qu'écrivent Jaillot & De 1 Ifle.
Baudrand & quelques autres écrivent Lange fl. Cet abbé
dit: Langefl, en latin Langeftum, petite ville de France,
dans la Touraine , fur la rivière de Loire , a cinq heues
au-deffous de Tours, au couchant , en descendant vers
Saumur.BaiUet, Topogr. des Saints, p. 614, dit: Langey,
(&nonLanç.eft\) en latin Alingavia, bourg de Touraine,
à quatre lieues de Tours vers le couchant, heu converti
à la foi par S. Martin , qui en démufit le temple , ck
y bâtit une églife. Cette différence d'un bourg à une
ville fe doit prendre du tems de S. Martin. Au refte, la
reflexion de Baillet eft jufte : le nom de cette ville n'eft
grande fuite de maifons toutes de briques, ck couvertes
de tuiles, où demeurent ordinairement les fécondes fem-
mes , ck par dehors un rang d'autres maifons qu'on y a
bâties à côté, dans la même fymmétrie, pour les officiers
des Mandarins. L'auteur cité dit qu'il feroit un volume
entier, s'il entreprenoit de décrire exactement toutes les
autres parties du palais , les richefiès , les appartenons ,
les jardins , ck plufieurs autres choies femblables. Les
maifons des principaux feigneurs ck des riches, l'ont fort
élevées, fort belles, ck toutes de bois, avec beaucoup
d'artifice, ck plus ou moins d'ornemens, félon la dépense
que les particuliers y veulent faire ; mais le peuple ck les
pauvres font mal logés, ck leurs réduits font plutôt des
hutes ck des cabanes que des maifons^ Il n'y a que les'
Talapoins qui ayent permiffion de bâtir leurs couvens.
ck leurs maifons de brique ck de pierre ; les gens de
condition fe fervent , au lieu de tapis , de certaines peti-
tes nattes de rofeaux, dont le tiffu eft fi délicat, ck fi orné
défigures ck de feuillages difféfens , qu'elles plaifent ex-
trêmement à la vue; ils en couvrent ordinairement Jes-
murailles de leurs maifons ck de leur-, chambres , qu'ils
tiennent fort proprement , ck dont ils ont un foin très-
particulier. A l'égard des Langiens , voyez leurs mœurs
&t leurs ufages à l'article de LaO. * Le P. Marini, Re-
lation nouvelle ck cuneulè des royaumes de Tonquin 6k
de Lao, p. 341.
LANGKI, fortereffe de la Chine, dans la province
LAN
LAN
de Queicheu, au département de Sunan, troifiéme mé-
tropole de la province. Elle eft plus occidentale que Pé-
kin de 10 d. 10', parles 27 d. 55' de latitude. * Atlas
Sinenfis.
LANGKIU , cité de la Chine , dans la province
d'Iunnan. Eile eft de 15 d. 55' plus occidentale que Pé-
kin , par les 28 d. 28' de latitude. * Atlas Sinenfis.
LANGLEY ; il y a deux lieux de ce nom en Angle-
terre , dans Herfordshire , près de Watfort ; l'un nommé
Kings-Langley, ou Langley du roi ; l'autre Abbots-Lan-
gley, ou Langley de l'abbé. Le premier étoit ancienne-
ment une maifon royale, où naquit Edmond îurnommé
de Langley, duc d'Yorck, fils d'Edouard lit. Il y avoit
un couvent ou prieuré de Dominicains , où Richard II
fut enterré d'abord , après avoir été malheureufement
maflacré ; on transporta ensuite fon corps à Weftmins-
ter. L'autre fut furnommé Langley de l'abbé, parce que
ce lieu appartenoit aux abbés de S. Alban. C'eft dans ce
dernier Langley que naquit Nicolas Bréakspere, qui fut
pape fous le nom <S Adrien IV ', qui fut le premier qui
ait travaillé à la converfion de la Norwége. *Cambden,
Britann.
1. LANGO, ancien lieu du Peloponnèfe, dansl'Elide,
félon Plutarque, inCleomen.
2. LANGO, ifle d'Afie, dans l'Archipel, à vingt mil-
les de la terre ferme de Natolie. C'eft l'iSLE DE Cos
des anciens. Voyez ce mot. On la nomme auffi Sianco
& Stanchio. Voyez STANCHIO.
LANGOBARDI, ancien peuple d'Allemagne: ils fe
répandirent dans les provinces méridionales, ck formè-
rent un royaume en Italie. Voyez les articles Lombar-
dii & Lombards.
LANGOBRICA. Voyez Lacobrica.
LANGOGNE ou Langougne , ville de France,
dans le Gevaudan , fur l'Allier, vers fa fource , à deux
lieues de Pradelles. *Baudr. éd. 1705.
LANGON, Alingonisportus , petite ville de France,
en Gascogne , dans leBazadois, aux confins du Borde-
lois, fur la Garonne, à une lieue au-deffus de Cadillac,
& à cinq au-deffus de Bourdeaux. Il y a un couvent de
Capucins , & un de rel'igieufes Ursulines. Elle a titre de
marquifat. *Baudr. édit. 170 5.
Langon eft renommé pour fes bons vins.
LANGONNET, Langonium, abbaye de France, en
Bretagne , au dipcèfe de Quimper. Ce font des moines
de l'ordre de Cîteaux. Le monaftere fut fondé par Co-
rian III, duc de Bretagne, en 1137.
LANGPORT, bourg d'Angleterre , dans la province
de Sommerfet. Il a droit de tenir marché public. *Etat
préfent de la Gr. Bretagne , t. I.
LANGRES , Lingonum civitas , ou même Lîngones,
ville de France , en Champagne , dans le Baflîgni , fur
une haute montagne , aux confins des deux Bourgo-
gnes (a). Cette ville eft de figure presqu'ovale , d'en-
viron trois quarts de lieue de circuit. Elle eft très-an-
cienne ; mais c'eft exagérer que de dire que c'eft une des
premières villes que les hommes bâtirent après le dé-
luge. Du tems de Jules -Céfar, elle étoit la capitale du
peuple nommé Lîngones , & fe nommoit Andema-
TUNUivi ou Audomatunum. Voyez ces articles. Cette
ville a été fujette à diverses révolutions. Elle fut enve-
loppée dans le malheur où tombèrent la plupart des vil-
les de France, où Attila paffa : elle fut prife & brûlée;
& après avoir été rétablie, elle éprouva le même fort
dans le tems de l'irruption des Vandales , qui maffacré-
rent S. Didier, fon évêque, l'an 407 (b). Après que les
Barbares eurent envahi l'empire Romain, Langres tomba
fous le pouvoir des Bourguignons ; & lorsque ceux-ci
eurent été vaincus par les François , cette ville fit tou-
jours partie du royaume de Bourgogne. Après le partage
qui fut fait par les enfans de Louis le Débonnaire, Lan-
gres échut à Charles le Chauve. Depuis , les rois don-
nèrent aux évêques de Langres la feigneurie temporelle
de tout leur diocèfe , que ces prélats donnèrent en fief
à plufieurs chevaliers laïcs, qui étoient leurs vaffaux. A
l'égard de la ville de Langres, elle a eu fes comtes par-
ticuliers, jusqu'à ce que Hugues III , duc de Bourgogne,
ayant aquis ce comté de Gui de Saulx , il le donna à fon
oncle Gautier de Bourgogne , évêque de Langres ; &; ce
prélat l'unit au domaine de fon églife à perpétuité, l'an
1179. Ce fut la m;me année que Langres, qui n'étoit
719
auparavant qu'un comté , fut érigé en duché par le roi
Louis VII, félon Baugier, qui dit que Hugues l'avoir,
acquife de Henri, duc de Bar, & qu'il la donna à Gautier,
fon oncle, en échange du domaine de Dijon (c). Comme
les évêques de Langres étoient autrefois feigneurs tem-
porels ou féodaux , dans toute l'étendue de leur dic=
cèfe , les comtes de Champagne relevoient d'eux pour
plufieurs villes & feigneuries ; & les ducs de Bourgo-
gne , pour leurs terres de la Montagne , ont été feuda-
taires de ces évêques; & d'autres feigneurs en ont auffi
relevé, comme les anciens comtes de Dijon. Langres
ayant été mis par les empereurs Romains , fous la pre-
mière Lyonnoife , fon évêque reconnoît pour fon mé-
tropolitain l'archevêque de Lyon. Depuis le régne de
Philippe - Augufte , ces prélats ont toujours été ducs
& pairs, s'étant maintenus libres tk indépendans con-
tre les entreprifes des ducs de Bourgogne Se des comtes
de Champagne (d). L églife cathédrale, qui étoit autre-
fois dédiée fous l'invocation de S. Jean l'Evangélifte, à
maintenant pour patron titulaire S. Mammet'z, martyr,
depuis qu'on y apporta les reliques de ce faint, qui étoit
de Cappadoce. Cette églife a été fondée par Paulin, fep-
tiéme évêque de Langres, parent de l'empereur Gratien,
qui en fournit les deniers. Le chœur, dont l'architecture eft
très-belle , eft conftruit d'une manière toute finguliere ;
il eft foutenu tout-à-1'entour par des colomnes d'ordre
Corinthien , qui ont deux pieds de diamètre , & portent
une frife à feuillage. On croit que ce chœur falloir partie
d'un temple dédié à quelque divinité des Gaulois payens.
Cette églife eft très-obscure (e) ; on y garde un tréfor
affez curieux. Devant le grand-autel (f) il y a un tom-
beau de bronze , fous lequel repofent , dit-on , les trois
jeunes gens que Nabuchodonofor fit jetter dans la four-
naife ; on prétend à Langres, qu'ils y furent apportés en
490, fous l'empire de Zenon. Il y a une lampe, oc deux
chandeliers d'argent, d'une grandeur extraordinaire, fur
lesquels il y a des cierges allumés, qui éclairent jour 5c
nuit ce tombeau ; & fur un pilier, à gauche , fe lit cette
épitaphe ridicule :
Sub hoc farcophagb ,
\nt Sidrac , Mifac , Abdenago ,
>s rex Persarum Zenonas,
Juflîl ire Lingonas ,
Ad defendendos dœmonas.
Charon , fieur de Monceaux , dans fon Hiftoire univer-
felle , imprimée in folio , en l6ir , rapporte cette ins-
cription en ces termes :
In hoc jacent farcophago ,
Sidrac , Mifac , Abdenago ,
Igné ujli ut pelago ,
Quos rex Perfarum Zenonas
Transfirri jujjit Lingonas,
Ad effiigandum damonas.
On peut croire avec Baugier que, cette dernière eft l'an-
cienne , & qu'étant tombée en ruine , elle a été répa-
rée par celle que nous avons rapportée la première.
Quoi qu'il en fort , l'une & l'autre eft un monument
de l'ignorance &C de la barbarie du fiécle où elle a été
faite (S ). Le chapitre de la cathédrale eft compofé d'un
doyen nommé par le chapitre , ( il peut être doyen fans
être chanoine) fept archidiacres , un tréforier à la colla-
tion du chapitre, huit autres chanoines demi-prébendés,
qui font à la collation du doyen , &C de plufieurs chape-
lains. (a) Baugier, Mem. hift. de Champagne, t. 1 %
P' 347 (b)- Longuerue, Descr. de la France, part. 1 ,
p. 39- (c) Longuerue, ibid. (d) Baugier, t. I , p. 348 i
(•)*. 2 p. 70; (/)/•»> P- 349; (s) t. r, p. 70.
11 y a dans la ville de Langres trois paroiffes, un grand
féminaire, qui a été commencé à bâtir par Sébaftien
Zamet , évêque de Langres ; un collège , établi par
le même prélat ; un couvent de Dominicains ; un de
Capucins , & un de Carmes Déchauffés ; quatre cou-
vens de religieufes, des Annonciades, des Urfulines ,
de la Vifitation & de S. Dominique, & deux hôpitaux.
La ville a une belle promenade, publique nommée le
cours, hors de la ville , à la porte de Dijon. Ce cours
planté de beaux arbres, a un quart de lieue de longueur,
LAN
720
& eft terminé par une fontaine , qui prend fa fonrce dans
une grotte, & fait, en coulant, trois grands baffins, deux
cascades & un jet d'eau pouffé par un dauphin que
tient un triton. Toutes ces eaux font environnées d'ar-
bres dans un beau vallon.
Albérique, évêque de Langres, y reçut, en 830, l'em-
pereur Louis le Débonnaire, &Lothaire, fon fils aîné. Il
y fut tenu en leur préfence un concile provincial pour
la réformation du clergé féculier & régulier. Julius Sa-
binus, qui commandoit une armée contre les empereurs
Othon & Vitellius , étoit né à Langres. Lorsque l'on y
travailloit , en 1670, 1671 Se 1671, à faire des chemins
couverts fur la contrescarpe , on trouva trente-fix pièces
curieufes , confiftant en ftatues , pyramides , piedeftaux ,
vafes, tombeaux, urnes & autres antiquités Romaines.
Elles furent envoyées à M. de Caumartin, intendant, qui
les donna au miniftre d'état Colbert. Deux ans après,
on trouva une ftatue fans tête, qui eft gardée dans l'hô-
tel de ville. On foupçonne que la tête eft au pouvoir de
M. de laVrilliere, fecrétaire d'état. On a aufli trouvé,
en fouillant les terres, quantité de médailles antiques,
d'or , d'argent & de bronze.
Le dioècse de Langres s'étend plus loin que la
fénéralité & le gouvernement de Champagne. Il eft
orné au feptention par ceux de Troyes & de Chaalons-
fur-Marne ; au midi, par ceux d'Autun &c deChâlon fur-
Sône ; au levant, par ceux de Dijon, Befançon & de
Toul ; & au couchant , par ceux de Sens & d Auxerre :
il a environ trente lieues de longueur. La ville de Ton-
nerre , & plufieurs autres , qui ne font ni du gouverne-
ment, ni de la généralité de Champagne, font- de ce
diocèfe, qui eft compofé en tout de cent quarante-cinq
cures , fous fix archidiacres.
LANGROIVA , bourg de Portugal, dans la province
de Beïra , au territoire de Pignel , entre Meda & Tran-
cofo. Il eft dans un fond entouré de quatre collines, &
fur le bord de Rio-Pisco. Ferdinand Mendez de Bra-
gance le peupla , l'exempta de tout impôt , & fit bâ-
tir la citadelle qvi'il donna, en 1145, ,aux Tem-
pliers. Il eft aujourd'hui de l'évêché & de la jurisdiâion
de Lamégo. On y a découvert, depuis quelques années,
des fontaines d'eau chaude , qui font d'un grand fecours
pour les malades des environs. * Raphaël Bulteau ,
.Vocab. Portug.
LANGRUNE, bourg de France, dans la Norman-
die , diocèfe de Bayeux , & élection de Caen , fur la
côte de Beffm. On y a établi un fiége d'amirauté , qui
étoit auparavant à Berniere.
LANGTEIN, abbaye d'hommes, ordre de Cîteaux, en
Allemagne, dans la Franconie, au diocèfe de Bamberg.
LANGUEDOC, (le) province maritime de France,
dans fa partie méridionale. Il eft borné au nord par le
Quercy & le Rouergue , qui font de la Guienne ; & du
même côté, il touche à l'Auvergne & au Lyonnois, par
le Gevaudan, le Vêlai & le Vivarez ; à l'orient, le Rhône
le fépare du Dauphiné , de la provence & de l'état
d'Avignon ; à l'occident, la Garonne le fépare de la Gas-
cogne; au midi, il eft borné par la mer Méditerranée,
& les comtés de Rouflillon & de Foix. Nous rapporte-
rons, dans la fuite de cet article, les autres noms qu'a eu
ce pays,. & l'origine de celui qu'il a préfentement. * Lon-
guerue,~Descr. de la France, 1. part. p. 2.2,6 &Juiv. & Pi-
ganiolde la Force,T>escx. de laFrance, t. 4,^. 103 & 224.
Le Languedoc eft de plus grande étendue que n'étoit
la féconde Narbonnoife ; car il comprend l'Albigeois, le
Gevaudan & le Vêlai , qui étoient de la première Aqui-
taine , &c outre cela le Vivarez , qui étoit de la pre-
mière Viennoife. Quant à la première Narbonnoife, elle
eut ce nom fous Conftantin & fes enfans , après la pre-
mière divifion & multiplication des provinces des Gau-
les. Les peuples, qui l'habitoient, étoient appelles Vol-
quts , Vole» ; ceux qui étoient vers l'occident, depuis
Touloufe jusqu'à Beziers & Agde étoient nommés Vol-
ques-Teclofages ; & ceux qui étoient vers l'orient,avoient
le nom de Volques-Arècomiques. Les Romains firent la
conquête de cette province , fous le confulat de Quintus
Fabius Maximus, fix cents trente-fix ans après la fon-
dation de Rome. Elle demeura fous leur domination jus-
qu'au tems de l'empereur Honorais, qui, voyant que les
Vandales occupoient l'Espagne , & faifoient de fréquen-
ts irruptions dans les Gaules , éloignées d'ailleurs du
LAN
fiége de l'empire , fit donation des Gaules & de l'Es-
pagne aux Goths. Les hiftoriens difent que cette dona-
nation fut faite ious deux conditions; la première , que
le pays feroit confervé dans fes loix & privilèges ; Se la
féconde, que la prescription de trente années ne pourroit
être oppoièe à Honorais ni à Ces fucceffeurs , lorsqu'ils
voudraient retirer ces provinces des mains des Goths,en
leur afîignant d'autres terres. Ce fut en vertu de cette
donation, que les Goths prirent poffeflîon de ce paysi
Atolphe, leur prince, établit fon féjour fur l'embouchure
du Rhône , dans le lieu que l'on appelle préfentement
5. Gilles , & qu'on nommoit auparavant le palais des
Goths. Ses fucceffeurs jouirent de ce pays, pendant près
de trois cents ans fous le régne de trente rois, qui, depuis
Walha avoient transféré leur fiége en Espagne qu'ils
avoient conquife fur les Vandales. Le dernier de ces
trente rois , nommé Roderic , périt dans la, bataille qui
fournit l'Espagne aux Mores. Ces derniers, q::e notre
Hiftoire de France appelle les Sara^ins , pour profiter
de leur viftoire, palTerent dans le Languedoc , fe rendi-
rent maîtres de la plus grande partie de cette province j
&: pouffèrent même leurs conquêtes jusqu'à Lyon.
Le Languedoc s'appbiloit alors Septimanie; & ce nom
étoit déjà en ufage dans le cinquième fiécle, puisque Si-
donius Appollinaris le lui donne dans une de fes' Lettres,
l. 3 , epijl. 1 . Ce n'eft pas que les Goths ne lui euffent donné
le nom de Gothie. Quelques favans même ont cru que
le nom de Languedoc étoit venu des Goths, & cor-
rompu de Lande-Got , qui, en Allemand, fignirte , félon
eux, pays des Goths ; c'eft une erreur : premièrement, il
aurait fallu dire, félon le génie Allemand, Gothen-Land.
En fécond lieu , le nom de Lande-Got ne fe trouve
point dans les hiftoriens de la première ou la moyenne
antiquité. Pasquier n'a pas mieux rencontré dans Ces Re-
cherches où il maintient que ce mot Languedoc eft cor-
rompu pour Langue de Got , puisqu'on trouve par-tout
Languedoc , ou Lingua-doc dans les archives de Tou-
louféj comme le témoigne Catel dans Ces Mémoires. Le
Languedoc a donc pris fon nom de ce que, dans la langue
que l'on y parloit, on difoit Oc , pour dire oui. Les or-"
donnances de l'an 1316 établiffent une différence entre
la langue Françoife & la langue d'Oc. Il eft aufli fait
mention des enquêtes pour la langue Françoife, & des
enquêtes pour la langue d'Oc, dans une ancienne Charte
du parlement de Paris, qui eft du tems de Philippe le Bel;
6, ce qui eft encore plus fort & plus pofitif , c'eft que
dans les anciens Aftes de la province de Languedoc ,
elle eft appellée la Linguadoc. Froiffart, vol. 3 , c. 7,
affureque, de fon tems, c'eft-à-dire dans le quatorzième
fiécle, toute la France étoit divifée en langue d'Oui, dont
Paris étoit la première ville, & en langue d'Oc, dont
Touloufe étoit la capitale ; de forte qu'en latin le pays
de langue d'Oc étoit nommé dans les titres , & autres
monumens, patria Occitana. On ne trouve point qu'on
ait donné le nom de Languedoc à ce pays , avant 1270.
Joinville, dans la Vie de S. Louis, le (nomme les pays
de langue Torte. On ne laiffoit pas de Pappeller toujours
Septimanie, nom qui vient de ce que l'on y comptait
fept cités:
Touloufe ,
Tolofa.
Béziers ,
Betcrrœ.
Nismes ,
Nemaufus.
Agde,
Agatha.
Maguelone ,
Magalona.
Lodeve,
Luteva.
Ufez,
Ucecia.
On avoit donné ce nom de Septimanie au pays où
étoient ces fept villes, par la même raifon que l'Aqui-
taine, province voifine, avoit été appellée Noyempopu-
lartie , à caufe des neuf peuples qu'elle renfermoit. Les
Goths femblerent même -s'attacher à ce nombre de fept;
car, l'an 707, après la défaite d'Alaric, les François s'é-
taiit emparés des villes de Touloufe & d'Ufez ; à ces
deux villes perdues , les Goths en fubfti tuèrent deux
autres , Carcajfonne & Elne qu'ils érigèrent en cités ;
de forte qu'il y eut toujours fept cités dans la Goth:e.
Il eft abfurde d'avancer , comme ont fait plufieurs la-
vans, que le nom de Septimanie a tiré fon orieine des
SepùmanUnsouJoldats delà, j'tptièmt légion, établis dans
LAN
LAN
la colonie de Béziers , puisque cette colonie ne fut ja-
mais capitale de la province , & que le nom de ces fol-
dats Septimaniens étoit abfolument inconnu , lorsque
celui de Septimanie commença d'être en ufage. Il n'eft
pas moins abfurde d'avancer , comme ont fait d'autres ,
que le nom de Septimanie, donné au feul pays de Nar-
bonne, vient de fept provinces des Gaules , dont l'em-
pereur Honorius avoit fait une union , ck qui avoient
Arles pour capitale : fi cela avoit été , le nom de Septi-
manie auroit plutôt dû être donné aux peuples voifins
d'Arles , & à la première Viennoife qu'à la Narbon-
noife.
La Septimanie, ou Gothie, après la ruine entière des
Wifigoths en Espagne, vint au pouvoir des Maures,
ou des Arabes , ou des Sarazins-Mahométans qui ve-
noient d'affervir presque toute Espagne. Fiers de leurs
premiers progrès, ils oferent avancer jusqu'à Tours, où
ils furent défaits par Charles Martel, en 725. Des hifto-
riens affurent que, dans cette bataille, les Sarazins per-
dirent trois cents foixante & quinze mille hommes.
Charles-Martel les pourfuivit en Languedoc , Se fe ren-
dit maître des villes de Nîmes , de Mague !one &c de
Béziers. Pépin, fon fils & fucceffeur, afliégea & prit
Narbonne, en 759, & fe rendit maître de Touloufe ,
de l'Albigeois &. du Gevaudan ; & le Languedoc fut
ainfi fournis à la puiffance des rois de France. Charle-
magne paffa aufli en Languedoc, pour y affermir fon au-
torité ; & à la naiffance de fon fils , Louis le Débon-
naire, il érigea le royaume d'Aquitaine auquel il joignit
■Touloufe & la plus grande partie du haut Languedoc ;
& en attendant que ce prince fût en état de gouverner
par lui-même , il établit dans les principales villes des
comtes, des ducs, ou des marquis; car Louis le Débon-
naire fe fervoit indifféremment de ces titres, pour mar-
quer la qualité de commandant &£ de gouverneur. Ces
comtes étoienr deftituables à volonté. Chorfon ou Tor-
iin fut établi comte de Touloufe par Charlemagne , en
778 ; et c?eft de lui que font descendus les comtes de
Touloufe. Il y a apparence que Charlemagne fit la même
chofe dans les autres villes du Languedoc , qui étoient
fous fa domination , & fur-tout à Narbonne , où quel-
ques-uns ptétendent qu'il établit Emeric en qualité de
vicomte. Ce qu'il y a de plus confiant , c'eft que Louis
le Débonnaire mit, dans la fuite, un gouverneur dans Nar*
bonne, avec la qualité de duc de Septimanie, ou mar-
quis de Gothie , pour avoir, dans le bas Languedoc, la
même autorité que les comtes de Touloufe avoient dans
le haut. Ces ducs ou marquis avoient fous eux les vi-
comtes de Béziers , d'Agde , de Lodève , de Souftan-
cion, &c ; mais on ignore fi ce; vicomtes avoient été
■établis par les rois ou les ducs de Septimanie.
Le titere de duché de Septimanie ne fe bornoit pas
au bas Languedoc. Charlemagne , après avoir chaffé les
Sarazins, conquit enfuite le Rouffillon & la plus grande
partie de la Catalogne. Tous ces pays joints enfemble tu-
rent nommés la Marche d'Espagne , dans laquelle com-
mandoit le duc de Septimanie ou de Gothie, qui
n'étoit qu'un officier ou commandant général.
Ces ducs commandèrent donc , depuis l'an 829 jus-
qu'en 936. Le premier fut Bernard I, fils du vicomte
de Narbonne, & le huitième Hermengaud ou Raimond,
ion fils, qui firent tous deux hommage du duché de Sep-
timanie à Raoul, roi de France, l'an 913.
D'autres prétendent que cette dignité de ducs de Sep-
timanie, fous qui étoit la marche d'Espagne, ne dura
que jusqu'au régne de Charles le Chauve , & que depuis
•ce tems-là, il n'y eut plus ni ducs de Septimanie, ni
marquis de Gothie ; car, difent-ils, quoique les comtes
de Touloufe ayent pris dans le dixième fiécle quelque-
fois le nom de ducs , ou de marquis, ce duché ou mar-
quifat ne regardoit pas la Septimanie ou Gothie, mais
l'Aquitaine dont ils avoient quelque partie ; car avant
Raimond de S. Gilles , qui le premier ufurpa le titre de
duc de Narbonne , & prit même celui de comte de la
plupart ^ des villes du Languedoc, les comtes de Tou-
loufe n'avoient en ce payslà , hors des limites de leur
comté de Touloufe , aucune fupérieurité , comme nous
verrons dans les articles particuliers de ces villes.
Quoi qu'il en foit, après la mort d'Ermengaud Se
celle de Raimond, fon fils, Pons Raimond , comte de
Touloufe, foit qu'il leur fût parent, ou le plus puifiant
721
de la province , s'empara du marquifat de Gothie ; 6c
parce moyen, le marquifat deGoîhie fut uni au comté
de Touloufe; tk depuis ce tems-là, les comtes de Tou-
loufe ont pris, tantôt la qualité de ducs de Septimanie ,
tantôt celle de marquis ou princes de Septimanie , &
tantôt celle de ducs de Narbonne. C'eft pour cette rai-
fon que Simon de Montfort voulut, avec l'inféodation
du comté de Touloulè , avoir l'invefthure du duché de
Narbonne. Les comtes de Touloufe acquirent le Gevau-
dan, parle mariage d'Alphonfe I, comte' de Touloufe,
avec Faidide de Provence, fille de Gilbert I, comte de
Provence , & deTiburge, comteffe de Gevaudan. Il pa-
roît par divers aftes, que les comtes de Touloufe étoient
propriétaires de l'Albigeois & du Vêlai ; mais on ne fait
précifément en quel tems ni comment ils en avoient fait
l'acquifition. Il faut dire la même chofe duVivarez, que
Bertrand , comte de Touloufe , donna pour douaire à
Elefte fa femme. Les guerres des Albigeois ayant com-
mencé en Languedoc, quelque tems après l'an 1208,
Raimond, comte de Touloufe , Ve du nom , fe mit à
la tête du parti de ces gens-là ; & Pierre de Château-
neuf, légat du pape , ayant été tué à S. Gilles , par
l'ordre du comte, on fe croifa contre les Albigeois &
le comte Raimond. Ce dernier craignit les fuites de
cette guerre, & fe fournit aux volontés du pape Inno-
cent III. Il prit la croix , & fe joignit à l'armée des
croifés ; mais peu de tems, après il manqua à tous fes
engagemens , & retourna à fes erreurs. Les croifés pri-
rent pour leu rchefSimon, comte de Monfort, l'an 1 114;
6c le concile aflemblé à Montpellier, lui donna le comté
de Touloufe &: la propriété des autres villes qui avoient
été conquifes fur les Albigeois. Cette donation fut con-
firmée par une bulle d'Innocent III, l'an 1115 ; mais
comme ce comté ne pouvoit être inféodé que par le roi
de France, Simon, comte de Montfort, en vint deman-
der Pinveftiture à Philippe-Augufte , qui étoit pour lors
à Melun. Il la reçut au mois d'Avril 12 16, Se fit hom-
mage du comté de Touloufe , du duché de Narbonne ,
de la vicomte de Béziers , de Carcaffonne , St des au-
tres terres qu'il avoit conquifes dans le Languedoc. Si-
mon, comte de Montfort, étant mort, en 121 8, au
fiége de Touloufe , le lendemain de la S. Jean , Amauri
de Montfort , fon fils , lui fuccéda , de même qu'a-
près la mort de Raimond VI, arrivée en 1222, Rai-
mond VII , fon fils , fuccéda au droit qu 'avoit fon père
fur le comté de Touloufe.
Amauri ne fe fentant pas affez fort pour conferver les
conquêtes de fon père, contre Raimond VII, en fit cef-
fion à Louis VIII, roi de France, au mois de Février
de l'année 1223 , par un acte qui eft dans les archives
du roi à Montpelier, & par-là les rois de France uni-
rent le droit de propriété à celui de fouveraineté, qu'ils
avoient auparavant fur cette province. Louis VIII la
fournit presque toute entière, & mourut à Montpen-
fier en Auvergne , en revenant de cette expédition, le
8 Novembre de l'an 1226. S, Louis, fon fils, lui fuccéda.
Le comte Raimond , voulant profiter de la minorité de
ce prince , recommença la guerre ; mais fe voyant
extrêmement preffé par les troupes du roi S. Louis , il
demanda la paix & l'obtint. Le traité en fut conclu à
Paris, au mois d'Avril 1 228 ; & par cet afte, le comte
de Touloufe cède au roi toutes les terres qu'il a en-deçà
le Rhône, à la réferve du diocèfe de Touloufe, qui
doit refter au comte. Par le même traité on conclut le
mariage de la fille du comte de Touloufe avec Al-
phonle, comte de Poitiers , frère du roi S. Louis ; Se il
fut ftipulé que Touloufe &C les autres terres réfervées au
comte par le traité, appartiendraient aux enfans d'Al-
phonfe , &, au défaut d'enfàns, feraient unies à la cou-
ronne. Raimond mourut le 27 Septembre 1249; AI-
phonfe & Jeanne , en 1 270 ; & n'ayant point laiffé
d'enfàns, le roi Philippe le Hardi commit Cohardon,
fénéchal de Carcaflbne,pour prendre poiTeffion du comté
de Touloufe au nom du roi : il reçut le ferment des ha-
bitans, avec promefie de conferver les privilèges, ufa-
ges , libertés & coutumes des lieux.
Le Languedoc ne fut pas néanmoins dès-lors réuni
expreffément à la couronne; ce ne fut qu'en 1361 , par
lettres-patentes du roi Jean , portant réunion du duché
de Bourgogne, du comté de Champagne & du comté
de Touloulè, fans autre condition que comme à lui ap*
Tome II I, Yyyy
LAN
72i
partenant de plein droit. Voilà la véritable hiftoire de h
réunion du Languedoc à la couronne , quoique Moréri
& (es continuateurs ayent dit que cette province avoit
été réunie à la couronne fous ces trois conditions, i. qu'il
ne feroit donné au Languedoc aucun gouverneur, qui
ne fût prince du fang ; 2. que le roi n'impoferoit point
de tailles fans le confenternent des états de la province;
3. que cette province ne feroit point obligée d'ufer d'au-
cun autre droit que du droit écrit. Autant de condi-
tions , autant de chimères. Les droits des rois de France
fur le Languedoc font les mêmes qu'ils ont fur les autres
provinces. Il leur appartient par droit de conquête , par
la ceffion d'Amauri de Montfort, en 1123, 5c parie
traité de Paris , en 1 228.
Le Languedoc eft la province de France où le clergé
eft le plus nombreux 6c le plus riche : on y compte trois
archevêchés :
Lan
Narbonne ,
Alby.
Touloufe,
Il n'y avoit autrefois de métropole eccléfiaftique que
Narbonne; mais le pape Jean XXII érigea Touloufe
en archevêché, en 13 16; 8c Fevêché d'Albi fut dé-
membré de Bourges, 6c érigé en archevêché, en 1676.
Il y a vingt évêchés dont voici les noms ; ceux qui font
marqués d'une étoile, furent érigés par le pape Jean XXII.
Agde,
Béziers ,
*Lavaur,
*Mirepoix,
Lodève,
Montpellier ,
Montaubai
Rieux ,
Nîmes,
*S. Papoul,
Alais ,
Mende ,
* Saint-Pons ,
Caftres ,
Ufez,
Le Puy,
Carcaflbnne,
Viviers,
Alet,
Cominges
L'évêché de Montpellier a fuccedé à celui de Mague-
lone. Montauban eft dans le Querci, 6c du gouverne-
ment de Guienne; mais comme plufieurs paroiffes du
bas Languedoc font de ce diocèfe , 6c qu'en cette con-
sidération l'évêque de Montauban a féance aux affem-
blées des états généraux du Languedoc , on peut le com-
pter ici.
Des états du Languedoc.
Le Languedoc étant un pays d'état , l'afliette 8c la le-
vée des impofitions font différentes de celles des autres
provinces , 6c cette différence m'engage de parler des
états ou affemblées générales. L'origine des états de
Languedoc eft ancienne. Avant la réunion de cette pro-
vince en un feul corps , le comte de Touloufe 8c chaque
feigneur particulier afTembloient les peuples qui leur
étoient fournis , lorsqu'ils vouloient faire fur eux quelque
impofition. Les rois, après la réunion du Languedoc à
la couronne , obferverent à-peu-près ce même ordre ,
6c les afTembloient par fénéchauffées ; mais enfin ils trou-
vèrent plus à propos de convoquer les fénéchauffées en
un feul corps , où l'on appelle de chaque diocèfe , un
député du clergé qui eft l'évêque, un député de lanô-
bleffe qui eft le baron , 6c les députés des villes princi-
pales. On croit que c'eft fous Charles VII , que cette
dernière forme des états. a commencé; mais cette épo-
que n'eft pas bien fûre; car depuis le régne de ce
prince , on trouve encore quelques commiflions adref-
îées aux fénéchaux. Dans cette incertitude on ne peut
dire autre chofe , fi ce n'eft que, depuis l'an 1500, les
états de Languedoc fe font tenus en la forme qu'ils fe
tiennent à prefent, comme il parîot par les régiftres de
cette aflemblée , qui ne remontent pas plus haut.
Par les lettres parentes du roi François I , de l'an 1533,
les états de Languedoc doivent s'affembler alternative-
ment dans les trois fénéchauffées , pour la commodité
que les peuples peuvent retirer de cette convocation.
C'eft l'archevêque de Narbonne , qui eft préfident né de
ces affemblées ; mais cette préfidence lui a été quelque-
fois conteftée. L'évêque du diocèfe dans lequel les états
fe font tenus , lui a quelquefois disputé cette prérogative.
Les états ayant été convoqués à Nîmes en 1364, par
Arnoul d'Andrehan , maréchal de France, & gouverneur
de Languedoc, l'évêque de Nîmes prétendit y préfi-
der ; mais la préfidence fut adjugée à l'archevêque de
Narbonne. Le roi Charles VII, ayant, -en 1441 , con-
voqué lui-même les états à Montauban , Sa Majefté l'ad-
jugea par lettres- patentes à l'évêque de cette ville, ayant
égard à ce qui s'étoit pratiqué quelque tems auparavant
à Touloufe, en faveur de l'archevêque de cette ville ,
contre les prétentions de celui de Narbonne. L'an
1579, on tint les étas de Languedoc à Caftelnaudary,
en préfence de Catherine de Medicis, 6cc. Ce fut Ale-
xandre de Bardis , évêque de S. Papoul , qui y préfida
en qualité d'évêque diocèfain. Cette aflemblée com-
mença le 27 d'Avril , 8c finit le 8 de Mai. Depuis ce
tems-là, il a toujours été pratiqué, conformément aux dé-
libérations des états, que la préfidence appartient à l'ar-
chevêque de Narbonne, &, à fon défaut, au plus ancien
archevêque ou évêque, 5c, au défaut des prélats, au vi-
caire général du plus ancien évêque. Malgré cet ufage,
l'archevêque de Touloufe prétend être de droit vice-pré-
Jldent des états de Languedoc.
Par édit donné à Paris , au mois d'Oftobre de l'an
1649, les ^tats ^e Languedoc doivent être affemblés
tous les ans, au mois d'Oftobre, pendant un mois feule-
ment ; 6c les aflïettes particulières un mois après les états,
pendant huit jours. Par le même édit il eft porté que
nulle impofition ne fera faite , fans lettres-patentes de Sa
Majefté , 6c fans délibération des états.
Les états de Languedoc font compofés de trois or-
dres, de l'églife, de la nobleffe, 6c du tiers-état.
L'ordre de l'églife eft compofé de trois archevêques
6c de vingt évêques , dont le rang eft réglé par l'ancien-
neté de leur facre. Lorsqu'ils ne peuvent affilier à l'af-
femblée, ils ont droit d'y envoyer leurs vicaires généraux.
L'ordre de la nobleffe eft compofé d'un comte , d'un
vicomte 6c de vingt-un barons.
Le comte eft le comte dAlais. Cette terre fut achetée
par le pape Clément VI , qui la donna au comte de
Beaufort,-fon frère. Philippe de Valois l'érigea en comté ;
& en confédération du pape, la nobleffe de Languedoc
confentit qu'il eût la première place 6c la première voix
aux états ; ce qui a toujours été continué depuis en la
perfonne de ceux qui ont été revêtus de ce comté.
Le vicomte eft le vicomte de Polignac , qui a la fé-
conde place fixe.
Les [barons font le baron de Tour du Vivarez, c'eft-
à-dire celui des douze barons du Vivarez, qui ont droit
d'entrer alternativement aux états, de douze en douze
années , 8c qui ont place immédiatement après le vi-i
comte. Ces douze barons du Vivarez font les barons da
Tournon , de la Voulte , d'Annonay, de l'Argentiere ,
d'Aps , de Cruffol , de Joyeufe , de Sainte-Remaife , du
Chaylar, de Montlor, de Boulogne, de Privas Se
de Chalançon. Ces deux derniers ne font qu'une
place , 6c par conféquent entrent alternativement tous
les vingt-quatre ans. Le baron du Tour de Gevaudan a
fa place après celui du Vivarez. Il y a huit barons en
Gevaudan , qui entrent alternativement aux états de
Languedoc. Ce font les barons de Mercosur, de Canil-
lac, de Tournel, de Randon , de Florac, d'Apcher,
de Peyre 6c de Cenaret.
Les autres barons de Languedoc , qui ont entrée aux
états, font les feigneurs des baronnies de Florenfac, d'Am-
bres , de Calviflon, de Caftries, de Mirepoix, de Vil-
leneuve , d'Arqués de la Gardiolle , de Calftelnau, de
Bonnnafoux, de Clermpnt, deLoèdve, de Rouveyroux,
de Lanta, deCaftelnau, d'Eftratefons , de Ganges , de
Gouffoulens, de Rieux 8c de S. Félix. Ces barons n'ont
point de place fixe.
Lorsque les propriétaires des comté, vicomte Se ba-
ronnies ne peuvent aller en perfonne , ils ont droit d'en-
voyer en leur place un gentilhomme porteur de leur
procuration ; mais pour lors le procureur, avant que de
prendre place pour la première fois , doit, de même que
les barons, faire preuve de nobleffe de quatre généra-
tions du côté paternel , Se d'autant du côté mater-
nel , fuivant la délibération des états , du 5 Mars da
l'an 1654.
Le tiers-état eft compofé des maires , coniuls 8c dé-
putés des villes , chefs de diocèfe , 8c des villes dio-
céfainês, qui entrent par-tout aux états pour les intérêts
Lan
du dlocèfe , à l'exception de la ville du Puy , qui n'en-
voie point de diocéfhin , ce de fept diocèfes qui ont leurs
villes fixes, lesquelles entrent tous les ans. Telles font
Gignac pour le diocèfe de Béziers , Peianes pour celui
d'Agde, Clermont pour celui de Lodève, Maruejol pour
celui deMende, Caftelnaudary pour celui de S. Pa-
poul, Valentine pour celui de Cominges, 6e Fanjaux
pour celui de Mirepoix.
Après que le préiident de l'aiTemblée a fait une pro-
pofition , un prélat commence à opiner, enfuite un ba-
ron, puis deux députés du tiers-état, que l'on appelle
par le nom de leurs villes, 6e ainfi de fuite. On voit par-
la , que le tiers-état feul a autant de voix que le clergé
& la noblefle enfemble. Quant aux villes , voici l'ordre
que l'on garde; on commence par Touloufe, enfuite
Montpellier* Carcafïbnne, Nismes , Narbonne, le Puy,
Béziers, Ufez, Alby, Viviers, Mende, Caftres, S.Pons,
Agde , Mirepoix, Montauban, Lodeve, Lavaur, S. Pa-
poul , Aleth , Limoux , Rieux 6e Alais. Après que ces
Capitales ont opiné, on appelle les villes diocéfaines qui
changent tous les ans , 6c celles qui font fixes par leur
nom , à la réferve de Valentine qui eft appeliée fous le
nom de Cominges qui eft fa capitale. Les évêques 6e
les barons font placés dans les hauts fiéges ; les pre-
miers à la droite du préfident , 6e les barons à la gauche :
outre ces trois ordres , la province a encore fept offi-
ciers qui entrent aux états. Ces officiers font trois fyn-
dics généraux pour chacune des trois anciennes féné-
chauflées de Touloufe , de Carcaflbnne 6c de Beaucaire ;
deux greffiers ou fecrétaires, 6e deux tréforiers de la
bourlè, qui étoient alternativement en exercice; mais
depuis quelque tems, ces deux charges fontpofledées par
une même perfonne.
Pour convoquer ces afTemblées générales, le roi fait
expédier par le fecrétaire d'état , qui a le Languedoc
dans fon département , des lettres de cachet pour tous
les titulaires des deux premiers ordres , pour les villes
qui doivent y entier, 6c les officiers de la province. Ces
lettres font envoyées au gouverneur ou au général qui
doit tenir les états , qui les fait diftribuer , 6e écrit à
ceux à qui elles font adreffées. Lorsque tous les dépu-
tés fe font rendus au lieu 6e jour marqués , les com-
miflaires du roi font l'ouverture de Faffemblée par la
lefture des commiilîons du roi, 6e s'occupent, pendant
l'aflemblée, ou à recevoir des remontrances des états fur
les chofes qu'ils ont propofées , ou à deux commiflîons,
dont l'une eft la vérification des dettes des communau-
tés , 6e l'autre le rapport des impofitions. Les commil-
faires font feuls dans la première ; mais dans la dernière
ils travillent avec des commhïaires des états , & exami-
nent fur les rolles des tailles, fi l'on n'a pas impofé au-
delà de ce que l'on a dû.
Les commiftaires du roi n'entrent dans l'aflemblée des
états que le jour de l'ouverture , le jour qu'ils doivent
faire la demande du don gratuit, lorsqu'il faut donner
la ferme de de l'équivalent, 6e toutes les fois qu'ils ont
quelque chofe d'important à communiquer aux états.
Lorsque les commiflaires du roi vont à l'aflemblée , ils
font reçus à la porte de la rue par les trois fyndics gé-
néraux ; dans la cour de l'hôtel de ville , par les maires 6c
les confiais des cinq premières villes , 6c, au bas de l'es-
calier, par les barons 6e envoyés de la noblefle, au nom-
bre de vingt-trois. Lorsqu'ils fortent, ils font conduits
jusqu'au haut de l'escalier, par fix prélats ; & les autres
corps observent le même cérémonial que lorsqu'ils font
entrés.
Les commiflaires du roi aux états, font le gouverneur
de la province , le lieutenant-général , les trois lieute-
nans de roi , l'intendant 6c deux tréforiers de France ,
un du Bureau de Touloufe , 6c l'autre de celui de Mont-
pellier.
On traite, dans l'aflemblée des états, de toutes les affai-
res qui regardent la province en général, ou quelqu'un
des ordres en particulier. Les impofitions, qui y font ré-
folues , font départies fur les vingt-trois diocèfes de la
province , conformément à un ancien tarif dont on eft
convenu. Cette jépartion étant faite, elle eft autorilée
le jour de la clôture des états; & l'aflemblée expédie
& lignifie des commiffions 6c mandemens , afin que cha-
que diccèfe fafle dans une aflemblée diocélaine l'impo-
iîtion de la fornme que chaque communauté doit don-
LAN 723
nër , oc qu'elle diftribue ensuite fur tous les particu-
liers qui font contribuables. Après cela, les états vont
en corps offrir aux commiflaires du roi la fomme que la
province donne à Sa Majefté; ce qui étant fait, l'af-
lemblée fe fépare.
Les afïïettes doivent être tenues fuivant l'édit de l'an
1649, un H10'5 aPrès la tenue des états. On appelle^
Jietus les aflemblées particulières de chaque diocèfe, qui
font la répartition fur toutes les communautés du dio-
cèfe , des impofitions qui ont été départies par les états
fur chaque diocèfe. Elles font compofées de l'évêque,
d'un baron, des députés des villes 6c lieux principaux,
6c d'un commiflaire principal, qui a commiffion du gou-
verneur pour autorifer l'aiTemblée de la part du roi. Il
y a trois pays qui ne fe contentent pas du nom Sajfutus ,
6c qui fe difent états particuliers , 6c ont une forme dif-
férente ; ce font le Vivarez , le Vélay 6c le Gevaudan.
En Vivarez, les barons préfident à cette aflemblée ; &
l'évêque n'y vient qu'à fon tour, comme baron. Us peu-
vent, en leur abfence, envoyer un fubrogé qui tient faf-
femblée. Lebaillif du pays y aflifte toujours; le grand-
vicaire de l'évêque y entre comme baron de Viviers.
Treize consuls 6c deux baillifs y entrent auffi. Le baron
duTour, ou fon fubrogé, ligne le premier ; 6c le commif-
faire principal, le fécond ; ce qui eft fingulier , car dans
tous les autres diocèfes il ligne le premier.
Les états particuliers du Vélay font compofés de l'é-
vêque du Puy , qui y prefide ; du commiflaire principal ,
du fénéchal, du vicomte de Polignac, qui préfide en
l'abfence de l'évêque , de huit députés du clergé , de
feize barons du pays , 6c de neuf consuls.
Ceux du Gevaudan font compofés de l'évêque de
Mende, ou de fon grand- vicaire, qui y préfide; d'un
commiflaire principal, du baillif du pays; des consuls de.
Mende_ 6c de Maruejol , commiflaires ordinaires ; de
fept députés de Péglïfe , dont fix font abbés, 6c le fep-
tiéme eft chanoine de la cathédrale , de huit barons ,
de dix-huit consuls des principaux lieux , 6c d'un fyn-
dic, qui change l'aflemblée lorsqu'il le juge à propos.
Le département qui eft fait dans les alfiettes fur les
communautés du diocèfe , fe fait fur la recherche parti-
culière de chaque diocèfe. La recherche eft une procé-
dure faite par un officier de la cour des aides , avec des
experts-arpenteurs 6c indiesteurs , qui ont vifité 6c efti-
mé les fonds qui compofent le diocèfe , eu égard à la
bonté 6c_qualité du terroir, 6c du commerce qui s'y fait.
C'eft fur cette recherche que l'on régie la portion de
l'impolition générale que chaque communauté doit
payer ; 6c parce que cette portion eft réglée par livres ,
fols , deniers , oboles , pittes , 6c mailles , elle eft ap-
peliée aiivrcmtnt. Ce département étant ainfi fait dans
l'aflemblée diocéf.iine, chaque communauté diftribue en-
fuite fa portion fur les particuliers qui la compofent; Se
cette impofition fe fait fur le compoix ou cadajlre de
chaque communauté. Le compoix, ou cadajlre , eft un
regiftre public, fait par autorité de la cour des aides, qui
contient la qualité, l'eftimation 5c le nom des proprié-
taires des fonds de chaque communauté ou paroiflê , 6f
ne diffère de la recherche qu'en ce qu'elle eft faite pour
tout un diocèfe , 6c le compoix ou cadaflrt pour un feul
lieu. L'une Se l'autre ne font en ufage que dans le Lan-
guedoc 6c les autres provinces où les tailles font réelles.
Toutes les impofitions , qui font faites dans les
états 6c les aflîettes , regardent le roi, ou les affaires Se
dépenfes des états , des diocèfes , ou des communau-
tés. Celles des états font réglées, par l'édit de l'an 1649,
à foixante 6c quinze mille livres.
Les droits, qui appartiennent au roi, font le domaine,
les impofitions qui font fixes 6c certaines, ou arbitrai-
res, comme le don gratuit, 6cc. Le domaine du roi eft
confidérable en Languedoc. Il confifte en cinq articles,
i° dans le domaine, albergues ou péages; 2° en gref-
fes ; 30 en amendes ; 40 dans le controlle des exploits ;
<i° dans les formules. La ferme des falines de Pecais,de
Mardirat 6c Sigean rapporte au roi deux millions cinq
cents mille livres.
Il y a dans la province de Languedoc deux chambres
des monnoies , une à Touloufe, Se l'autre à Montpellier.
Dans chacune il y a plufieurs officiers en titre d'office ;
deux juges-gardes, un procureur du roi, un tréforier, uo,
controlleur contre-garde, uneflayeur, 6c un graveur.
Tome III. Yyyyij
724 LAÎ^
Le commerce de cette province eft très-confidérable.
Il confifte en manufaftures & en denrées, Se (e fait dans
les pays étrangers ou au-dedans du royaume. Les den-
rées Se les marchandas qu'on envoie hors du royaume,
font les vins, qu'on transporte fur les côtes d'Italie, les
huiles que l'on débite en Suiffe & en Allemagne , les
bleds qu'on envoie en Italie Se en Espagne , dans les bon-
nes années, les châtaignes feches , Se les raifins fecs ,
que l'on porte à Tunis St. à Alger ; les draps que l'on
débite en Suiiïe , en Allemagne & que l'on envoie dans
le Levant. Ce dernier commerce eft le plus confidéra-
ble , & celui qui mérite le plus d'attention. Ce fut fous
le miniftere Scia protection de M. Colbert qu'on entre-
prit de faire valoir une manufacture ancienne , appellée
S apte, établie auprès de Carcaflone. Vers l'an 1678, on
en établit une autre près de Clermont , en Languedoc.
Il s'en eft formé depuis une troifiéme à Carcaffonne, en-
suite une autre à Rieux , Se enfin une au château de la
Grange-des-Prés , Se une autre à S. Chignan , où il y a
plus de mille ouvriers, fans parler de ceux qu'elle occupe
dans la campagne des environs. Outre ces manufaaures
il y en a plufieurs autres en différens endroits de la pro-
vince, où l'on fabrique de petites étoffes de laine, ap-
pelles cadis , burals , ferges , bayâtes , ratines , crê-
pons , Sec.
Le commerce de la foie eft encore un des plus conli-
dérables , qui lé faffent en Languedoc. On croit que c'eft
Catherine de Médicis, qui a pensé la première à hntr»
duire
LAN
eft d'abord dure , Se d'un verd un peu transparent ; &
quand elle eft mûre, elle eft rouge. Après l'avoir arra-
chée, on en fait un gerbier, qu'on laide confire un tems;
ensuite on la brûle dans un trou qu'on fait dans la terre,
de la figure d'un puits, grand à proportion de la quantité
qu'on en a. On pétrit cette herbe avec des malles ; Se
à inefure qu'on la pétrit elle parolt, toute en feu, liquide
comme de la fonte; Se quand elle eft toute brûlée Se re-
froidie , c'eft un rocher des plus durs , qu'on vend fix
ou fept livres le quintal. Elle fert pour faire le favon Se
le verre.
On compte encore cent quatre-vingt plantes curieufes
ou médicinales, qui croiftent, pour la plupart, ou dans les
Pyrénées , ou dans les Sevennes , ou fur le bord de la
mer. On trouve auflï dans cette province des mines de
fer, de plomb, d'argent Se d'or ; mais ces dernières font
fi peu abondantes , qu'elles font entièrement négligées.
Les carrières de marbre , qui font auprès de la ville
de Cosne, font plus avantageufes à la province. On en
tire du marbre , qui a le fond d'un rouge vif, avec de
grandes taches blanches. Il eft connu fous le nom de
marbre de Languedoc.
Auprès de la petite ville de Simore, du côté d'Ausch»
à Gimont , Se à Cajlres, on trouve des mines de turquoi-
fes , peu inférieures à celles qui nous viennent d'Orient.
La matière, qu'on tire de ces mines, eft tantôt blanche Se
tantôt d'une couleur qui reffemble à celle du tripoli de
Venife. Au lieu que l'aftion du feu affoiblit ou même
e dans le royaume ; cependant il n'y a qu'environ détruit entièrement la couleur des autres pierres précieu-
quatre-vinet ans, qu'on fait des étoffes de foie dans cette fo , elle colore les turquoiies Se les rend bleues. Mais
province L'on ne peut pas déterminer au jufte la quan- ce qu il y a de plus finguher , c eft que cette forme de
ïité de foie qui fe fait en Languedoc ; ce que l'on peut Pierres a ete autrefois une matière oueule, Se que fuivant
dire de plus approchant de la vérité , c'eft que dans les a tradition du pays , elle conserve la figure ou des os de
bonnes années on en fait jusqu'à douze ou quinze cents la jambe, ou de ceux du bras, Se même des dents. Cette
quintaux ■ Se on y en fabrique presqu'autant qu'il s'en matière minérale repréfente des os pétrifiés , non-feu-
recueille, parce que la foie qui eft enlevée par les mar-
chands de Lyon , eft remplacée par celle que ceux du
Languedoc achètent en Provence , en Dauphiné 8c dans
la principauté d'Orange. Ce commerce peut aller tous
les ans à dix-huit cents mille livres ou environ. ^ _
Il y a en Languedoc quatorze collèges ; dix etoient
occupés par les PP. Jéfuites , trois le font par les pères
de la doarine Chrétienne , Se celui de Pézenas par les
prêtres de l'Oratoire ; il y a deux imiverfités , favoir
Touloufe Se Montpellier ; deux académies de belles-let-
tres , Touloufe Se Nîmes ; Se une pour les feiences Se
les arts à Montpellier. „',,-,
Le Languedoc, pris en gros , eft tres-fertile en grains,
en fruits , Se en vins fort exquis.
Les rivières les plus confidérables qui l'arrofent , ou
qui y prennent leurfource , font le Rhône, la Garonne,
l'Aude , le Tarn , l'Allier , la Loire Se plufieurs autres ,
moins confidérables. Je parle du canal royal de Langue-
doc au mot Canal. v ., . _
Il n'y a point de province de France, où il y ait un auffi
grand nombre de fontaines minérales. Voici les noms
d'une partie de ces eaux:
Maine ;
de Vahls ,
de Lodève,
de Camarez ,
de Gabian ,
d'Olargues ,
de Balaruc ,
delà Baftide,
de Roméïroufe .
de Vendres,
de Guillaret,
de Campagne :
de Rennes ,
de Maillât ,
de S. Laurent,
d'Youfet,
de Peyret,
de Monfrin ,
de Beleftat , Sec.
Auprès deNarbonne, dans le terroir de Liviere, l'on
trouve cinq abîmes d'eaux , nommés Œlials , en latin
Oculi-Livoria. Ils font d'une profondeur extraordinaire;
Se les bouillons de leurs eaux forment un canal qui fe
joint à celui de la Robine. La terre qui environne ces
goufres , tremble fous les pieds de ceux qui ont la har-
diefle de les aller voir. Ces abîmes font fort poiffon-
neux , Se les payfans des environs y vont fouvent pê-
cher.
Dans les diocèfes d'Agde, Béziers Se Narbonne, on
recueille du falicot ; c'eft une Herbe qui vient au moyen
lement par la figure extérieure , mais encore par fa tif-
fure intime , étant compofée de différentes couches on
écailles , dont les feuilles forment quantité de cellules
remplies de la matière qui s'y eft pétrifiée , la colore de
plus en plus jusqu'à un certain point , après quoi la cou-
leur diminue, Se s'altère de façon qu'elle n'a plus aucun
rapport à celle de la turquoife.
A Boutonntt , petit village à deux portées de fufil de
Montpellier, l'on trouve des pétrifications dans un ro-
cher, Se dans une couche profonde de trois toiles ; mais
au-deffus Se au-defTous de cette couche , l'on ne trouve
rien de femblable. Ces pétrifications ne font autre chofe
que de la terre qui s'eft durcie dans la cavité de diffé-
rentes coquilles. Il y a peu de coquilles dans nos mers,
qui ne foient imprimées dans cette roche. M. AJlruc,
favant médecin , Se académicien de Montpellier, croit
que la campagne des environs étoit autrefois presque
toute couverte par la mer, qui y alaiffé les coquilles qui
ont fervi de moule à la terre, qui s'eft durcie parla fuite
des tems.
Il croît dans les bruyères du bas Languedoc , Se fur-
tout vers les bois de Grammont , une espèce de chêne
verd , de la hauteur d'un arbriffeau , qui produit une
graine que l'on appelle vermillon. Elle eft couleur de
brique , Se de la groffeur d'un petit pois. Elle fert à faire
une confection appellée alkermes , dont on envoie une
grande quantité en Hollande. Cette graine fert aufli aux
teinturiers , pour teindre en écarlate.
LANGUES , (les) petit pays d'Italie , dans la par-
tie méridionale du Piémont Se du Montferrat , entre
l'Apennin Se les rivières deTanare, d'Orbe, deSture,
jusqu'aux frontières de l'état de Gènes : on le divife or-
dinairement en deux parties , qui font les Langues
hautes Se les Langues basses, * Baudr. éd. 17c").
Les Langues hautes ont pour capitale Albe au Mont-
ferrat ; Se c'eft en même tems la capitale de tout le pays ;
Se les Langues baffes font au midi de la ville d'Aft en
Piémont. Tout ce pays eft extrêmement fertile Se peu-
plé , avec plufieurs bourgs , châteaux Se villages.
LANIANG, ville de la Chine , dans la province de
Honan , au département de Caifung , première métro-
pole de la province. Elle eft plus occidentale que Pékin,
de 2 d. }i', par les 35 d. 57' de latitude. * Atlas Si-
nenfis.
LANIGARA , ancienne ville de la Mauritanie Cé!a-
d'une graine qu'on feme comme les autres grains. Elle riense, félon Ptolomée , L 4, c. z. Voyez Guagida
LAN
LAN
LANfON, ville de France, en baffe Bretagne, vers
k côte de la Manche , au diocèfè de Tréguier , à trois
lieues de la ville de ce nom , en allant à Moriaix, fur le
Léguer. Il y avoit autrefois un grand commerce de beurre ;
mais il eft fort déchu depuis que les marchands de Paris
tirent leur beurre d'Ilîgni, en baffe Normandie. Il nerefte
plus à Lanion, que le commerce des vins de Bordeaux
& de la Rochelle , qu'on y apporte, & celui des chan-
vres, que les marchands de S. Malo & autres viennent
enlever. Elle dépend du duché de Penthievre. *Baudr.
édit. 1705. Piganiol de la Force, t. 5 , p. 248.
LANIOBRENSIS , fiége épiscopal d'Espagne. On
trouve dans le concile de Tolède, tenu l'an 683, lafous-
cription de Brandila Laniobrenjis. * Harduin. CoilecT:.
conc.
LANISE , petite ifle de la mer iEgée , félon Pline ,
l. 4, c. 12.
LANIVIUM. Voyez Lanuvium.
LANIZA , rivière de la Turquie en Europe, dans la
Bulgarie. Cet article, qui eft plus long dans Baudrand,
n'eft qu'un tiffu de fautes. Le nom eft Panifa : il dit
qu'elle paffe à Develtus , ce qui n'eft vrai que d'un ruis-
feau qu'elle reçoit ; il ajoute qu'elle fe jette dans la mer
Noire , auprès de Varnes ; il falloit dire entre Rofico ôi
Tonzi, à vingt milles de Varnes, félon Sanson. De l'Ifle
dit Rofito & Erite , au lieu de Rofico & Tonzi , &
nomme cette rivière Urana , qu'il fait couler au midi
de Marcenopoli.
LANKA , lac d'Afie ; il eft formé par une décharge
du lac de Lapana , qui reçoit trois fources au midi du
mont Cantez. Ce lac de Lança eft grand. Le P. Gaubil
en détermine la latitude à 29 d. 50' , c'eft la même que
celle du Lapama ; & il dit que Lança eft de 36 d. 30'
plus occidentale que Pékin , ce qui fait 95 d. 21 ' 30"
de latitude. Au fortir de ce lac , le Gange, qui le traverse
d'orient en occident , va en ferpentant rencontrer le
Matcheou , rivière plus feptentrionale que lui. * Soucia,
Recueil d'obfervat. p. 139, & feq.
LANKAN ou Lancan, grande rivière d'Afie. Elle
a fa fource dans la Tartarie , à l'orient de Laffa ou Ba-
latbla , au royaume de Laffa ou de Boutan. De-là elle
court vers l'orient, entre dans la province d'Iunnan, qui
eft de la Chine ; ensuite elle coupe le petit Laos en deux
parties , forme le lac de Ketay ; puis, prenant fon cours
•vers le midi , elle baigne le Tonquin , remplit le lac de
Quadac. Après cela, elle s'élargit confidérablement ; &,
fe tournant vers l'orient, elle va fe perdre dans le golfe
de la Cochinchine, entre Cadac ouïe grand port, &c Ké-
nam, vis-à-vis de l'ifle de Haïnan. *Rob. de Vaugondy,
Atlas.
_ LANKA\VN ; Baudrand croit que l'ifle de Céïlan eft
ainfi nommée par fes habitans.
LANKI, ville de la Chine, dans la province de Ché-
kiang , au département de Kinhoa , cinquième métro-
pole de la province. Elle eft plus orientale que Pékin,
«le 2 d. 9', par les 29 d. 8' de latitude. '''Atlas Sinenfis.
LANKIANG, cité militaire de la Chine, dans la pro-
vince de Huquang , au département de Xi , première
cité militaire de la province. Elle eft plus occidentale
que Pékin de 7 d. 30' , par les 29 d. 20' de latitude.
T Atlas Sinenfis.
LANMEUR, petite ville de France , en Bretagne, au
diocèfe de Tréguier, à environ deux lieues de la côte Si
autant de Moriaix. Elle n'eft connue que par la juftice
royale, qui y eft établie.
LANNEPAX , petite ville de France, avec juftice
royale , dans l'Armagnac , diocèfe d'Auch ôt éieftion
d'Armagnac.
LANNES. (les) Voyez Landes.
1. LANNOY, petite ville de France, avec titre de
comté, dans la Flandre "Wallone , à deux lieues de Lille ,
dans la châtellenie de cette ville , en allant vers Tour-
nay, dont elle eft à trois lieues. Elle eft à la France de-
puis l'an 1 667. * Dicl. géogr. des Pays-bas , Baudrand ,
éd. 1705.
2. LÀNNOY , Lanneium , abbaye de France , en
Beauvoifrs , au diocèfe & à cinq Iieuss au nord-oueft
de Beauvais, fur le petit terrein de Beauvais , ordre de
Cîteaux, filiation de Beaubec. On rapporte fa fondation
à l'année 1137, par Jean , feigneur de Rocherolles, dont
71$
on voit le tombeau clans la croifée de 1 eg'ife. On y voit
aulîi celui de plufieurs autres personnes distinguées par
leur naiffance , tels que Raoul de Préaux , chevalier &
fire deRayneval, mort en Décembre 1285; Pierre, vi-
comte de Poix, mort l'an 1283; Robert , vicomte de
Poix, & fils du précédent; Marguerite de la Tournelle,
femme dudit P<.ob;rt.
LANOBRE, bourg; de France, dans l'Auvergne, dio-
cèfe & élection de Clermont.
LANS, bois de France, en Poitou. Il eft de trois
cents douze arpens , dans la maîtrife des eaux fk forêts
de Poitiers.
LANS-LE-BOURG, bourg de Savoye, dans la haute
Maurienne, fur la rivière d'Arc. C'eft la même chofe
que Lanebourg.
LANSER ou Lanseren , gros village & vieux châ-
teau ruiné du Songau, voifin de la Hart , éloigné d'Alt-
kirck de deux lieues & demie , & d'une & demie de
Mulhaufen. * Supplément au Manuscrit de la bibliothèque
de M. de Corberon , premier préjident au conseil fouvs-
rain dAlsace.
LANTAINE , rivière de France , dans la Franche-
Comté. Elle prend fa fource aux montagnes de Vosge ,
& , prenant fon cours vers le fud-oueft , parle à Fauco-
gney, à Luxeuil ; reçoit ensuite l'Angrone ; paffe à Fa-
verney, à Conflandey, tk. fe rend avec l' Amenée dans
la Saône , au-deffous de ce dernier lieu. ,
LANTENAC , Lanteniacum , abbaye de France, en
Bretagne, au diocèfe de S. Brieuc , fur la rivière cleEla- '
vet, à une demi -lieue de la petite ville de la Cheze.
Elle eft de l'ordre de S. Benoît , & a été bâtie & fon-
dée, en 1 1 5 3 , parEudon, pour lors paifible poffeffeur
du duché de Bretagne. * Piganiol de la Force , t. 5 ,
p. I}2.
LANTERNE, (cap de la) cap d'Italie, dans l'é-
tat, fk proche la ville de Gènes. C'eft une partie de la
montagne appellée Cajfcllo.
LANTIEN , ville de la Chine , dans la province de
Xenfi , au département de Sigan , première métropole
de la province. Elle elt plus occidentale que Pékin de
7d. 53', par les 35 d. 31' de latitude. * Atlas Sinenfis.
LANTRIGUIER, ville de France, dans la baffe Bre-
tagne. Voyez Tréguier.
LANVAUX , Landavallis , abbaye de France , en
Bretagne , au diocèfe de Vannes , à quatre lieues au
nord-oueft de cette ville. Elle eft de l'ordre de Cîteaux,
de la filiation de Bégard. Elle fut dotée, l'an 11 38, par
Alain de Lanvaux. * Piganiol delà Force, Descr. de la
France, /. ^ , p. 148.
LAN-VETHLIN ou Lanvillin , bourg d'Angle-
terre , au pays de Galles , dans le comté de Montgo-
meri, à cinq lieues de cette ville, aux confins du comté
de Denbig. On le prend pour l'ancienne MedioLinum
Ordovicum. *Baudr. édit. 1705.
LANVILLE, Lanvilla, prieuré conventuel de l'or-
dre de S. Benoît, en France, au diocèfe d'Angoulême.
LANUVIUM, ville d'Italie , dans le Latium , fur la
voie Appienne. Cicéron fait plufieurs fois mention de
cette ville, dans fon Oraifon pourMilon , c, 10, 17, &c.
qui en étoit dictateur. Il y avoit un temple dédié à Ju-
non Conservatrice. Tite-Live,/. 22, c. 1, fait mention
des facrifices qui y furent décernés ; 6i Silius Italiens s
/. 13 , v. 364, parlant de Milon, dit :
Lanuvio generate , inquit , quetn Sospita Juno
Dat nobis , Milo.
Il y avoit dans le territoire de Lanuvium un champ
nommé Solonius campus ; Cicéron en parle au premier
livre de la Divination , c. 36. Il ne faut confondre cette
ville de Lanuvium, avec Lavinium. La première étoit
Albano, Aricie &Ârdée ; fon nom moderne eft Civita-
Indovina, à quinze milles de Rome ; l'autre eft plus près
de la mer, entre Oftie, Ardée & Vélétri. Son nom eft
Civita-Lavina , à près de vingt milles de Rome.
LANXAN , ville de la Chine , dans la province de
Huquang , au département de Hengcheu , dixième mé-
tropole de la province. Elle eft plus occidentale que Pé-
kin de 5 d. 14', par les 25 d. 46' de latitude. *A:ks
Sinenjts,
?26 LAO
LAO ou Laos, royaume d'Afie, au-delà du Gange.
Il eft borné, au nord , par la province d'Yunnan, qui eft
de la Chine ; à l'orient, par le Tonquin & la Cochin-
chine ; au midi par le royaume de Camboge , & au cou-
chant, par de hautes montagnes qui le féparent des
royaumes de Siam & des états du roi d'Ava. Il eft éga-
lement borné, à l'orient par une chaîne de montagnes ;
de forte qu'il peut être confidéré comme une vallée très-
longue à proportion de fa largeur, où coule le^Menan-
con. Sa capitale eft nommée Langchang , par l'abbé de
Choifî ; mais Lanchang , félon De Tille , n'eft qu'une
bourgade fur la rive occidentale du fleuve. Il met plus
haut Lcng , qui eft apparemment la Langions du P. Ma-
rini , qui nomme ainfl la capitale du royaume de Lao.
Ce père , qui a fait tout un livre fur ce royaume, en
parle fort amplement. Voici un extrait de ce qu'il en dit.
Corneille en a raccommodé le ftyle qui étoit diffus &5
furanné. . ,
Des forêts entières de haute- futaie, qui font au pied
des montagnes , régnent également autour du royaume ,
& femblent avoir été plantées pour fervir de ^rempart
contre les eaux qui s'y précipitent avec une extrême vio-
lence. Ces eaux contribuent à la fertilité des campagnes,
fans quoi il ne s'y feroit jamais de récolte , à caufe des
exceffives chaleurs qui s'y font fentir pendant une grande
partie de l'année. Quand les pluies continuent long- tems,
l'eau, qui s'y rend alors, n'y croupit point & ne forme au-
cun marais ; elle fe précipite par les lieux les plus bas ,
dans la grande rivière , qu'ils nomment la mer des fleu-
ves , & qu'ils divifent en plufieurs canaux , qui devien-
nent presque tous navigables pour l'utilité de ce royaume.
* Le P. Marini , Relation nouvelle du R. de Lao , t. i
Les Langiens, ou peuples de Lao, font bien faits , de
riche taille, robuftes, plus gras que maigres, & de cou-
leur olivâtre. On les voit rarement malades , pourvu
qu'ils viennent à bout de régler leurs pallions, & qu'ils s'af-
franchiflent de l'incontinence , qui en fait mourir beau-
coup. Ils font chaque jour quatre grands repas, qui con-
fident en riz, poiffon, chair de bufle & différens légumes.
D'ordinaire ils ne mangent ni vaches, m poules. Néan-
moins , quand quelqu'un en fouhaïte , pour recouvrer la
famé, ou par quelqu'autre raifon particulière, on en af-
fome avec un bâton, fans les égorger, parce qu'ils croient
qu'il n'y a point un crime plus grand que de répandre
le fans de ces animaux, lorsqu'ils font vivans. Les vafes
où ils gardent l'eau pour leurs néceffités particulières ,
& ceux dont ils fe fervent pour boire , [ont fuspendus
ordinairement dans le tuyau de la cheminée. Ils ont l'es-
tomac excellent, &c vont la plupart la tête découverte;
mais ils font fort pareuffeux , & s'appliquent feulement
à l'agriculture Se a la pêche , fans fe foucier ni des arts
ni des feiences. On n'entend parler de voleurs en ce
royaume , que comme d'une chofe extraordinaire ; & fi
par hazard on fait quelque vol, ou meurtre, fur les grands
chemins, & qu'on ne puifle trouver les coupables , les
habitans des lieux circonvoifins font obligés de fubir la
peine due à la qualité du crime , &c de dédommager la
partie en rendant la valeur des chofes volées. Par ce
moyen , la vie &: les marchandifes font en fureté dans
tout le royaume. Certains crimes , dont l'abomination
s'eit répandue en plufieurs endroits de l'Afie , font in-
connus en ce pays. On y tolère feulement la fornication
parmi les laïques , mais jamais chez lesTalapoins. Une
femme convaincue d'adultère, perd fa liberté, &c|devient
l'esclave de fon mari. Les habitans de Lao peuvent avoir
plufieurs femmes , les uns plus , les autres moins , cha-
cun félon leur pouvoir. Il y en a pourtant une qu ils
nomment U principale, à l'exclufion des autres. C'eft
la première avec laquelle ils ont contracte. Pour faire
connoître qu'ils veulent que le mariage foit pour eux Un
lien indiffoluble, ils choififlent deux personnes mariées
depuis long-tems ; ces deux personnes , comme témoins
irréprochables , reçoivent la parole des deux époux qui
promettent de vivre jusqu'à la mort dans une parfaite
intelligence, à quoi ils manquent ordinairement pour de
îrès-foibles raifons , dont le mari fe fert pour chercher
une autre femme , & la femme pour prendre un autre
mari. . . .
Les jeunes gens vivent dans une tort grande inconti-
LAO
nènee , par la liberté qu'on laiîTe aux filles & aux gar-
çons de fe voir fouvent &t de demeurer enfemble. Les
occafions les plus dangereufes fe rencontrent dans le tems
des veilles qui fe font l'espace d'un mois dans la maifon
d'une femme nouvellement accouchée. Toute la famille
s'y rend ordinairement ; & on parle tout ce tems en
danfes Se en toutes fortes de jeux, pour écarter les ma-
giciens, les empêcher de faire perdre le lait à la mère,
& d'enibrceler l'enfant. Ils font auflî une fête l'espace d'un
autre mois, au décès de leurs parens, dont ils célèbrent les
funérailles avec beaucoup de magnificence. On enfevelit
le mort , &c on le renferme dans un cercueil qu'on en-
duit tout à Tentour d'un bitume, qui empêche que quel-
que mauvaife odeur ne s'élève du dedans. Il y a feftiri
tous les jours ; mais on n'y invite que lesTalapoins , qui
font bonne chère , & qui emploient une partie du tems
à des chanfons particulières à cette cérémonie, & par ïè
moyen desquelles ils difent qu'ils enfeignent à l'ame le
chemin du ciel , afin qu'elle ne s'égare point en ce pays
inconnu. Le mois expiré, ils élèvent, félon la qualité des
perfonnes, une pyramide fort bien taillée, & chargée
d'une infinité d'orneinens & de bas-reliefs. Ils y mettent
le feu, après y avoir pofé le cadavre, dont ils ramaffent
les cendres pour les transporter dans le temple des ido-
les , qui eft rempli de fuperbes maufolées , à la conftruc-
tion desquels les plus riches emploient de fort grandes
fommes. Après cela , on ne fe fouvjent plus du défunt ,
parce qu'étant perfuadés de la transmigration, ils croieni
que l'ame eft paiTée au lieu qui lui étoit deftiné , &
qu'elle ne lui appartient plus.
Les Langiens s'étant fouftraits à la domination des
Chinois , formèrent une espèce de république , qui fub-
fifta jusqu'en Tan 600 de la venue de notre Seigneur ,
que leur état devint monarchique. Enfuite ceux deSiani
s'y rendirent comme amis, &c de leur confentement,pour
aider à peupler ce grand pays. Comme ils en trouvèrent
Tair fain & fort bon, ils s'y établirent. Les plus anciens
des Langiens , pour mieux affermir leur domaine , réfd-
lurent d'élire un chef, qui auroit entre les mains l'auto-
rité abfolue , Se qu'ils reconnoîtroient pour leur fouvé-
rain; mais n'ayant pu s'accorder entr'eux fur ce fujet,
& la brigue de ceux de Siam étant très-puiffante , ifs
jetterent les yeux fur un prince de cette nation , & Télé-
verent fur le trône. On tient que, depuis ce tems-là jus1-
qu'à préfent, quoiqu'il y ait plus de mille ans, les rois
de Lao en font descendus fucceflivement; auflien gardent-
ils encore l'idiome ck là manière de fe vêtir. Le roi ne re-
connoît perfonne au-defius de lui, tant pour les affaires
civiles, que pour celles qui regardent la religion. Les
charges , les emplois & les honneurs dépendent de lui^
& il les accorde à qui il lui plaît , fans qu'il y ait aucune
espèce de nobleffe qui puifle donner le droit d'y préterf-
dre , ni de celle que la naiffance peut communiquer, ni
de celle qu'on peut acquérir par les belles actions. Tou-
tes les terres lui appartiennent en propriété, & il n'y a
aucune famille qui puiffe hériter ni jouir de quoi que ce
foit qu'on auroit laiffé par teftamenr. Tout ce qu'il aban-
donne à des enfans orphelins, confifte en biens meubles ;
mais les maifons , les héritages , les fiefs , Tor, l'argent &
les armes retournent à la chambre, qui en tire des avan-
tages fort confidérables. Ainfi perfonne ne fe peut dire
feigneur d'un feul pouce de terre.
Il n'eft point de ibuverain, quelle que foit fa puifïance,
que le roi de Lao ne confidere au-defïbus de lui. Il fein-
ble même qu'il affecte de ne point céder aux empereurs
de la Chine. De quelque importance que foient les af-
faires , ils n'en traite jamais que par le miniftére d'un
truchement. Il aime à avoir quelque chofe de particulier,
qui le faffe remarquer; Se cela confifte dans certains trous,
d'un diamètre fort grand, que ceux qui ont eu foin de
fon éducation , ont commencé à lui faire dès fa plus
tendre jeuneffe, en la partie la plus charnue des oreilles;
ceux du pays , pour fe conformer à cette coutume , fe
les font ordinairement percer au même endroit. Pour
porter ces ouvertures à cette grandeur extraordinaire,
onfe fert, la première fois, d'une petite cannulle d'or, pour
lui percer les oreilles. On la retire un mois après, pour
y en introduire une plus groffe ; ce qui eft continué plu-
fieurs mois , en changeant toujours les cannulles , jusqu'à
ce qu'enfin la grandeur ds ces ouvertures , qui eft le kie-.
LAO
LAO
foglyphique de fa prééminence fur les autres , faffe attein-
dre jusqu'à fes épaules les extrémités de fes oreilles. Sa
couronne eft une petite bande , ou un ruban tiffu d'or
autour de fa tête , qui fert encore à lier fes cheveux, &
à les arrêter dans la fituation où il veut qu'ils foient. Il
ne fe fait voir à fon peuple , que deux fois l'année , &
cela, pendant trois jours. Le peuple, pour lui marquer fa
reconnoiffance, n'oublie rien de tout ce qui peut con-
tribuer à fon divertiffement. On a pour cela plufieurs
éléphans dreffés à mille chofes plaifantes , & plufieurs
bêtes farouches , qu'on fait combatre en un lieu fort fpa-
cieux , où le roi fe rend pour jouir de ce fpeftacle. Des
lutteurs , des gladiateurs , ôt d'autres fortes de combatans
font des escarmouches qui durent jusqu'au foir , fk ter-
minent ces réjouiffances.
Quand on veut voir la cour de Lao dans tout fon
éclat, il faut attendre le tems où le roi fort de fon pa-
lais, pour vifiter le temple de quelqu'une de fes idoles.
Il n'y a rien de plus fuperbe , foit pour la beauté des dé-
corations , & la quantité de gens qui l'accompagnent ,
foit pour la diverfité des dévifes &; la magnificence des
habits. Divers chœurs de mufique ouvrent la marche ,
& précèdent tous les Mandarins richement vêtus , qui
vont chacun , félon les charges qu'ils exercent dans le
royaume, & avec leurs boëtes qui mettent de la diffé-
rence entr'eux , félon leur grandeur ck leur forme. Les
grands du royaume terminent cette cavalcade , dont le
loi fait le principal ornement , fur un éléphant des plus
hauts & des plus beaux que l'on puiffe voir, fuperbe-
ment équipé avec une houfTe en broderie , qui traîne
jusqu'à terre. On peut dire que, dans ces occasions , ce
prince porte les richeffes d'un royaume , par le nombre
infini de pierreries, dont il eft couvert. Les gens qui le
fuivent, montent tous des chevaux. Ils font vêtus de ri-
ches étoffes , & marchent en très-bel ordre , avec des
carabines où brillent mille pierres précieufes. Plufieurs
bêtes chargées de préfens pour l'idole , &t avec des
couvertures auffi curieufes qu'éclatantes , ferment la mar-
che. Il n'eft pas permis aux femmes d'aller par la ville
ce jour-là. Quand le roi paffe , elles paroiffent à leurs
fenêtres , &C répandent des eaux de fenteur fur ce prince
ckfurle préfent que l'on deftine à l'idole. LesTalapoins,
fâchant la marche du roi , fortent de leur couvent , re-
vêtus de leurs plus fuperbes habits , & vont au-devant
de lui , à quelque diftance du temple qu'on prendroit
alors pour un bureau de marchands. Ils ce l'abandonnent
point pendant la cérémonie du facrifice qu'il fait , tant
pour les hommes que pour les femmes, en qualité de per-
fonne publique. Sur la fin , ils partagent ce qui a été of-
fert de plus utile ck de meilleur à l'idole.
Lorsque le roi de Lao reçoit des ambaffadeurs , il eft
aflls fur un thrône extrêmement élevé , revêtu de fes ha-
bits de cérémonie, & répond à leurs civilités par fon
chancelier, ne s'entretenant d'ailleurs avec eux. que par le
miniftere d'un truchement. lia plufieurs petits rois tribu-
taires, qui fe rendent en fa cour, pour lui faire hommage,
qui lui font de magnifiques préfens , pour marque qu'ils
3e reconnoiffent pour leur fouverain , tandis qu'il vit
dans l'indépendance, fans relever de l'empereur de la
Chine, comme le roi de Siam, ck plufieurs autres beaucoup
plus riches que lui. Il y a cent ans, ou environ , que le
roi d'Ava ayant fournis les royaumes de Siam ckde Pégu,
moins par le fer que par le feu qu'il y mit de tous cô-
tés, fe rendit auffi maître de Lao , dont il écarta les vé-
ritables habitans qu'il contraignit d'aller peupler le Pégu.
Quelques années après , les Langiens , confternés de leur
exil , formèrent entr'eux une conspiration , afin de pou-
voir'recouvrer leur liberté. Ils convinrent tous, qu'à jour
nommé, l'épée à la main , ils forceroient ck extermine-
roient entièrement les Péguans , en quelque endroit qu'ils
fuffent. Cette entreprife fut exécutée avec un entier fuc-
cès, ck ils auroient pu aifément fe rendre maîtres de tout
le royaume, ck s'en conserver la poffeffion, fi l'amour de
leur patrie ne les eut fait retourner fous les armes dans
leur premier royaume de Lao , où les Péguans , qui y
commandoient avec insolence , furent défaits en divers
combats, ck perdirent avec la vie les biens qu'ils y avoient
ufurpés. Ainfi la grande ville de Langione fut repeuplée
par les Langiens, fes naturels habitans , qui, au bruit de
la défaite de leurs ennemis , s'y étant rendus des monta-
gnes circonvoifines, 8c des forêts qui leur avoient fervi
727
de retraite pendant cette perfécution , rétablirer;
royaume dans fa première fplendeur , ck reconnurent
leur roi légitime. Celui d'Ava , qui poffédoit alors
le Pégu , ne fe trouvant pas en état de fe venger des
Langiens , diffimula fon reflentiment, & feignit de vou-
loir vivre avec eux en bonne intelligence , quoiqu'il fit
fecrétement des préparatifs de guerre , que fa mort arri-
vée en 1647, ruina entièrement. Le prince, qui fuccéda
à la couronne d'Ava ck de Pégu , envoya des ambaffa-
deurs chargés de riches préfens au roi de Lao , n'exi-"
géant de lui , pour vivre en paix , qu'un éléphant tous
les ans pour tribut, ck une des plus belles filles qui fe-
roient dans fon royaume. Le roi de Lao , irrité de la
propofition , fit enlever aux ambaffadeurs tout leur équi-
page, ck voulut que l'on s'affûrat de leurs personnes, après
quoi, il envoya quelques compagnies de fes meilleures
troupes fur les frontières de Pégu , où le roi d'Ava avoit-
fait toutes fes munitions de guerre, fans les précautions
nécefîaires pour les garder. Les Langiens ayant mis le
feu aux magafins, rompirent par ce moyen toutes les me-
fures de ce prince, qui étant haï de fes fujets, n'ofa li-
vrer combat aux Langiens, dans la crainte d'une révolte.
Le roi de Lao tire un revenu très - confidérable du
benjoin , qui croît dans' fon royaume, en grande abon-
dance, ck dont l'espèce eft excellente. Auffi eft-il dé-
fendu à qui que ce foit d'en laifler emporter aux étran-
gers. II produit auffi la laque dont on le fert pour faire
la cire que l'on nomme d'Espagne. Ce n'eft qu'une terre
qui fe rencontre dans quelques forêts autour des fourmi-
lières. Ce même royaume fournit plus d'ivoire qu'on
n'en peut trouver ailleurs , les éléphans y étant en fi
grand nombre, qu'il en a tiré fon nom, puisque le mot
de Langiens fignifie proprement milliers aélepkans. On
y tire encore de grands avantages de plufieurs autres ani-
maux, principalement des bœufs & des bufles qu'on y voit
en quantité, des fruits qui croiffent dans les jardins, & du
riz que les terres y produifent. Les rivières y font rem-
plies de poiffons de toutes fortes. Il y en a de fi gros,
qu'à peine deux pêcheurs des plus robuftes fuffifent
pour en porter un. La pêche des autres qui font plus pe-
tits eft très-abondante ; ce qui fait qu'on en a .. poids
de cent livres pour fortpeude chofe. On les fale comme
on fait parmi nous les anchois & les harengs. Les pauvres
en font leur provifion pour accompagner le riz qui eft leur
nourriture ordinaire. On fait un grand commerce de fel
en ce royaume, & il s'y forme de cette façon. Des vents
de fud s'élèvent fi-tôt que les pluies commencent à cef-
fer; ck les terres qui ont été ensemencées de riz, pro-
duifent , immédiatement après la moiffon , une espèce
d'écume en forme de neige , laquelle couvrant la cam-
pagne l'espace de plufieurs milles, devient folide, ck fe
convertit en fel , par la force du foleil qui l'affermit. Les
nouvelles pluies, qui furviennent après cette féconde ré-
colte, purifient de telle forte ces campagnes, que le riz
qu'on y feme de nouveau , ck qu'elles produifent dans
le tems , a un goût particulier que n'a point celui qui
croît dans les autres régions.
Les dignités ck les charges principales ne font qu'au
nombre de huit. Celle de vice- roi général eft la pre-
mière. Son emploi confifte principalement à fe charger
d'une partie des affaires du royaume , ck à foulager le
roi en toutes celles qui regardent le gouvernement. Si
le roi vient à mourir, c'eft à lui de convoquer les états,
ck à dispofer de tout comme fouverain , pendant l'inter-
règne. Alors tous les Mandarins font obligés de lui obéir.
Le royaume étant divifé en fept provinces, on y nomme
fept autres vice-rois qui ont un pouvoir égal , chacun
dans le gouvernement qu'on lui confie. Ces fept vice-rois
font toujours auprès du roi; ck ils paroiffent comme fes
compagnons d'office & fes confeillers , jouiffant dubéné1-
fice &C des revenus du gouvernement , dont ils commet-
tent le foin à des lieutenans que chacun y envoie pour
y commander en fon nom. Chacune de ces provinces a
fes milices, qui confiftent en infanterie Se cavalerie, dis-
tinguées par les officiers de guerre, qui les commandent,
ck dépendent du vice-roi général , ck celui-là du roi.
Les troupes fubfiftent des revenus qui leur ont été as-
fignés en chaque province; en forte qu'à leur égard le
roi ne fait point d'autres dépenses , quoiqu'ils foient tous
obligés de le fervir où les affaires du royaume les appel-
lent , fans en rien espérer de plus , tant qu'on les fait
LAO
728
jouir des fonds affe&és pour leur fubfiftance. Chaque vice-
roi a beaucoup de train , Se grand équipage.
Outre tous ces officiers , il; s'en trouve encore a la
cour une infinité d'autres , qui y font tous diverfement
oc cupés. Pour ne fe pas tromper dans le rang des cour-
tifa ns , il ne faut que regarder de certaines boëtes d'or
& d'argent, de différentes formes & grandeurs, qu'un
page porte d'office, après fon maître, dans toutes les af-
femblées publiques, &qui les diftinguent les uns d'avec
les autres. Le vice-roi général a encore cet avantage, que
quand il fe fait quelque cavalcade , il lui eft permis de
monter fur un éléphant fuperbement équipé , tandis que
les autres vice-rois n'ont point d'autre privilège que de
fe faire porter en de petites chaifes garnies de draps d'or,
que plufïeurseftafiers accompagnent avec de belles livrées.
Les Mandarins &c autres officiers , de quelque condition
qu'ils foient, vont à pied fans cette cérémonie de boë-
tes, quoiqu'ils en ayent ; mais ils ne peuvent les porter en
de femblables occafions , à moins qu'elles ne foient fort
petites & couvertes»
Il y a peu de loix dans le royaume, parce qu'à vivre,
félon la coutume du pays , les Langiens n'en ont pas be-
soin. Le peuple eft élevé au travail , & n'a pas beaucoup
de commerce avec les étrangers. La volonté du roi leur
tient lieu de règlement. Il y a pourtant une ordonnance
particulière, qui les tient dans une très-rude fujettion.
Elle confifte en une certaine obligation de dépendance
d'une famille toute entière à un feul , qui en eft comme
le chef; en forte qu'à l'exception des Talapoins, comme
gens dévoués aux chofes de religion, tous les Langiens
qui ne descendent pas en ligne directe de la principale
branche d'une famille, de quelque condition qu'ils foient,
conftitués en dignité ou non, riches ou pauvres, en dé-
pendent toute leur vie, fans pouvoir jamais s'en affranchir.
Quand ceux qui viennent de cette ligne indirecte, con-
tractent mariage, la famille fedivife de forte que les enfans
mâles, qui en descendent, fuivent la branche du père, &
font dans la même obligation , ainfi que les filles dans
celle de la mère ; dépendance dont les fuites font très à
charge , en ce qu'ils font obligés , deux fois l'année , de
faire leur reconnoiffance , & de porter quelques préfens
au chef de la famille. Si ce même chef veut célébrer
quelque fête en l'honneur des idoles , faire un voyage
ou pour fon plaifir, ou pour fes affaires particulières , la
loi oblige fes parens en ligne collatérale de l'accompa-
gner à leurs dépens , les uns en qualité de foldats pour
fa garde, les autres comme officiers de fa maifon. Ces
fujettions font un fi grand avantage pour le roi , qu'il
peut faire en peu de tems un corps d'armée très-confidé-
«•able , fans une grande dépense , puisqu'il fuffit pour cela
de faire avertir les chefs de famille. Ce qu'il y a de plus
rude & de plus fâcheux , c'eft que fi, par malheur, un
chef de famille eft convaincu de quelque grand crime ,
tous ceux qui lui appartiennent , en quelque degré d'af-
finité que ce foit , font en même tems déchus de leurs
droits, &on ne les occupe plus qu'au fervice des éléphans.
Les crimes font rares en ce pays; la févérité avec la-
quelle on les punit, retient dans le devoir. Quant aux
affaires civiles , fur les moindres apparences , le juge peut
condamner les parties , fans qu'elles ayent droit d en ap-
peller.
La religion des peuples de Lao eft embarraflee d'opi-
nions fi extravagantes & fi oppofées , que plus leurs doc-
teurs entreprennent d'en discourir & de les concilier, plus
ils difent d'abfurdités en les expliquant. Ces peuples ont
vécu long-tems en forme de république, dans la pratique
des loix naturelles , plutôt que dans celles des Chinois
leurs voifins, qu'ils fuivoient en partie, avant qu'ils fe
iuffent affujetfis à des rois. Ils ne favoient ce que c'étoit
que le culte des idoles , & un je ne fai quoi qu'ils efti-
moient au-deffus de toutes chofes , étoit leur dieu qu'ils
adoroient fous le nom de Mandarin. Ils demeurèrent
fans maîtres , dans cette fimplicité, jusqu'à ce que les dis-
ciples de Xaca fe répandirent par toute l'Inde.
Quoique les habitans de Lao ayent eu quelque con-
noiffance de l'enfer, ils ne veulent pas néanmoins qu'on
leur en parle , de peur de troubler , par la confédéra-
tion des peines éternelles qu'on y fouffre , les plaifirs
qu'ils ne fauroient fe réfoudre de refufer à leurs fens. Ceux
qui continuent à fuivre les opinions de l'ancienne loi, &
qui nient la Métempfycofe , difent qu'à la mort les âmes
LAO
des médians font anéanties , mais que les âmes des bons
prennent un corps d'air auffi fubtil que la pure lumière
du foleil , &C qu'en parcourant infenfiblement feize deux,
où elles jouifient de tous les plaifirs qui s'y rencontrent,
elles s'en retournent ensuite très- heureufes , pour fe réu-
nir à leurs corps, & fe rétablir dans le même état d'hom-
mes qu'elles poffédoient auparavant , mais remplies de
toutes fortes de biens.
Les prêtres de Lao, nommés Talapoins, font d'or-
dinaire le rebut Se la lie du peuple , pareffeux & enne-
mis jurés du travail; leurs couvens font autant d'univer-
firés d'hommes vicieux, d'afyles de vagabonds, de fai-
néans & d'écoles de toutes fortes d'abominations. Moins
ils ont de naiffance , plus ils fe montrent fuperbes , &
deviennent infolens , quand ils fe voient élevés à la di-
gnité de Talapoin. Ils commencent à embraffer la vie
religieufe dès leur plus tendre jeuneffe , & en éprou-
vent les rigueurs, en qualité de novices , jusqu'à l'âge de
vrhgt-trois ans , après lesquels on les examine avant de
les incorporer à la congrégation. Des gens députés de
la comminauté les interrogent pour juger du progrès
qu'ils ont fait dans l'intelligence de leurs maximes, de
leur théologie &c dans la pratique de leurs cérémo-
nies ; & félon qu'ils font fatisfaits par leurs réponfes ,
on en avertit la communauté, qui reçoit le novice, à la
pluralité des fuffrages.
LAOCHUA , fortereffe de. la Chine , dans la pro-
vince d'Iunnan. Eile eft plus occidentale que Pékin, de
16 d. 58', par les 22 d. 3' de latitude. * Atlas Si-
nenjîs.
LAODAMANTIA ou Laomedontia, ifle.de la
Libye, félon Etienne le Géographe, qui cite Artémi-
dore.
LAODAMANTIUM , Aa(»f>a',7i«» , village d'E-
gypte, dans le nôme de Libye, félon Ptolomée, /. 4, c. 5*
i.LAODICÉE, AAOAIKEA, Laodicea, ville d'Afie.,
dans la Carie, feion Ptolomée, /. 5 , c. 2. Il la nomme
Laodicée fur le Lycus , pour la diftinguer des autres
villes de ce nom. Pline /. 5 , c. 29 , dit que c'étoit une
ville très-célèbre; qu'elle étoit fur le Lycus, & que fes
murailles étoient baignées de chaque côté par l'Afopus
& le Caper ou Caprus. Elle fut d'abord appellée Dios-
polis, puis Rhoas. Strabon, /. 11, fub fin. la donne
à laPhrygie, & dit qu'Apamée & Laodicée étoient les
plus grandes villes de laPhrygie. Etienne le Géographe,
qui la met dans la Lydie , nous apprend l'origine du
nom de Laodicée, quand il dit qu'elle avoit été rétablie
par Antiochus , fils de Stratonice , dpnt la femme s'ap-
pelloit Laodice. Cette ville eft nommée entre les fepf
églifes ausquelles l'Esprit faint, addreffe fes avertiffemens
ou fes reproches dans l'Apccalypfe , c. 1 , y. 11 ; & 3,
14. S. Paul en fait aufli mention dans fon Epître aux
Coloflîèns , c. 2, v. 1 ; & c. 4, v. 15. Cicéron, /< 2,
epifi. 17, l. 3 ; epift. 5 , epifi. 20 , parle auffi de cette
Laodicée comme d'une ville fameufe & de grand com-
merce, où l'on changeoit fon argent. Tacite dit : la même
année, Laodicée, l'une des villes illuftres de l'Afie, étant
presqu'abîmée par un tremblement de terre , fe releva
fans nous & par fes propres forces. Il y a une médaille
de l'empereur Commode , où cette ville &c les deux ri-
vières, le Lycus &c le Caprus, font nommées Aa><fW«,,
Au'xof k*t«<. Les habitans ont été nommés par Tacite
Laodicini. Le Lycus,qui la baignoit, fe perd dans le Méan-
dre. On croit qu'elle étoit au lieu où eft préfentement
Eskihiffar, c'eft-à-dire Y ancien château: c'eft le fenti»
ment du P. Hardouin , in Plin.
Laodicée, Laodicea ad Lycum , étoit une fort grande
ville, comme on le voit par fes ruines : elle étoit bâtie
fur fix ou fept montagnes , qui renfermoient un grand
espace: il y avoit trois théâtres de marbre blanc, qui font
encore auffi entiers que fi on venoit de les bâtir. Proche
d'un de ces théâtres , on lit une inscription gréque à
l'honneur de Tite-Vespafien. Spon ne s'accorde pas avec
Vhéler , qui met quatre théâtres ; peut-être a-t-il pris
un cirque pour un quatrième théâtre. Les Turcs appel-
lent les ruines de cette ville Eskihiffar au vieux châ-
teau. Ferrari s'eft trompé , en difant qu'ils l'appellent
Laudichia: il s'eft auffi trompé , en prenant Laotik,
proche d'Angoura, pour Laodicée. Cette ville étoit ar-
chiépiscopale: on y a tenu divers conciles, dont le plus
confidéiable fut, en 352,fuivant quelques auteurs, & en
î»4*
Lao
LaO
314, félon Baronius: elle eft à demi-lieue du fleuve Li-
cus , qui fe perd clans le Méandre , un peu au-deiïbus , à
dix lieues de la ville de Colofle au nord-eft , Se à deux
lieues 8e demie d'Hiérapolis au fud. Pline dit qu'elle a
porté le nom de Diospoiis , Se enfuite celui de Koas.
2. LAODICÉE , ville d'Afie, dans la Syrie, dans un
pays qui en prenoit le nom de Laodicene , félon Ptolo-
mée, /.' s;, c. ij , qui la diftingue par le nom de Ca-
biofa Laodicea. Elle étoit fur l'Ôronte , entre Emèfe Se
Paradyfus , peu loin du Liban : cette ville eft la même
que Laodicée, près du Liban, que Pline, /. 5 , c. 23 ,
défigne par ces mots , ad orie.nte.rn Laodiceni qui ad Li-
banwn cognominanlur. Elle eft nommée fur des mé-
dailles d'Antonin, de Caracalla Se de Sévère AAOAtrr.
nrcc aiban". Il ne faut pas la confondre avec Laodicée
de l'article fuivant. Strabon, /. 16, parlant du canton
de Marfya , dit qu'il commence à Laodicée , fituée au
pied du Liban. Elle eft nommée Colonie dans le Digefte.
legs 1, de Cenjlbus, §. 3, où il eft dit qu'elle étoit
dans la Cceléfyrie-, Se que l'empereur Sévère lui avoit
accordé les droits attachés aux villes d'Italie, à caufe
des fervices qu'elle avoit rendus pendant la guerre civile.
C'eft d'elle qu'il s'agit dans l'Itinéraire d'Antonin, où
elle eft marquée fur la route de Sériane à Scythopolis ,
entre Emèfe Se Lybon , à dix-huit mille pas de la pre-
mière, Se à trente-deux mille pas de la féconde. Elle eft
Amplement appellée Laodicée, dans la Notice de Léon
le Sage, qui la range avec Emèfe Se autres villes , dans la
Phœnicie du Liban.
3. LAODICÉE sur LA MER, autre ville de Syrie.
Strabon , /. 16, dit : Laodicée eft fituée au bord de la
mer ; c'eft une ville bien bâtie ; elle a un bon port Se
un teritoire fertile en grains, Se des vignobles qui lui pro-
duifent beaucoup de vin.Lentulus,le fils, dans une Lettre
à Cicéron , /. il, epiji. 14, dit que Dolabella exclus
d'Antioche , n'avoit point trouve de ville plus fûre ppur
lui que Laodicée en Syrie, fur la mer, Se qu'il s'y étoit
retiré. Il y a des médailles, où il eft fait mention de cette
Laodicée bien expreflément Se fur lesquelles ont lit:
Aaoaikebn ripoc ©aaassan; Laodicenjium qui ad
marefunt. Jofeph les qualifie de même a-c^ikùt ° if--
pài/i 1, & dit qu'Hérode fit bâtir un aqueduc aux habi-
tans de Laodicée maritime. Denys le Periégete,r. 915,
fait aufli mention de cette ville. Pline, /. 5, c. 21, nous
défigne fa fituation , en difant qu'elle étoit fur une pointe
de terre , & la nomme Laodicée libre. Promontorium
in quo Laodicea libéra; Se Ammien-Marcellin la met entre
les quatre villes qui faifoient l'ornement de la Syrie ,
favoir Antioche , Laodicée , Apamée Se Séleucie. Elle
avoit reçu fon nom de SeUucus , qui nomma les quatre
villes dont on vient de parler. Il donna à la première
le nom de fon père, à la féconde celui de fa mère, à
la troifiéme celui de fa femme , Se le fien à la quatrième.
Cette ville eft aufli marquée dans l'Itinéraire d'Antonin,
fur la route d'Antioche à Alexandrie , entre Cathela Se
Gabala , à feize mille pas de la première Se à dix- huit
mille pas de la féconde. La Notice de Hiérocles la met
dans la première Syrie avec Antioche , Séleucie , Ga-
bala , Sec. Le P. Hardouin dit que c'eft préléntement La-
takii. Ptolomée a -aufli marqué cette ville de Laodicée.
* Vaillant , Pièges Syriae , p. 262. ,
4. LAODICÉE, furnommée la Brûlée, Laodicea
combufta, AxcFMx K.dî&y.s>tavfiiv» , ville d'Afie. Les au-
teurs varient extrêmement furie nom de la province à la-
quelle ils doivent l'attribuer. Les uns la mettent dans la
Pifidie , d'autres dans la Phrygie , d'autres enfin dans la
Lycaonie, parce qu'en effet elle étoit aux confins de ces
différens pays. Ptolomée, /. 5 , c. 4, la donne au peu-
ple Be^eni., peuple qu'il range fous la Galntie. Etienne
le Géographe la donne à la Lycaonie. Strabon , /. 14,
l'y met aufli, quand , en décrivant une route qui va d'E-
phèfe vers l'orient, il dit: là commence la Lycaonie
qui finit àCoropalTus, en paflant par Laodicée la Brûlée,
huit cents quarante ftades. Selon ce calcul, cette Laodi-
' cée tomberait vers le milieu de la Lycaonie. La Notice
de Hiérocles la range entre les villes épiscopales de la
Pifidie , celle de Léon le Sage , de même. Socrate ,
JJift. eeelef. 1. 6, c. 18, parle d'Ammonius , évê-
que de la Laodicée de Pifidie. Les Notices citées font
voir qu'il entend Laodicée la Brûlée. Elle prenoit ce fur-
. . 725
nom de la nature de fon terrain qui pâroiftbit brûlé , &C
qui étoit for; fujet aux tremblemens de terre.
ï. LAODICÉE , ville d'Afie, aux confins de la Me'-
die Se de la Perse propre: Pline, 1.6, c. 26, parlant
de la Perfide , "dit qu'à fon extrémité elle a une Laodi-
cée bâtie par Antiochus, ce qui doit s'entendre de l'ex-
trémiié^qui confine à la Médie; de-là vient que ces li-
mites n'étant pas bien fixes, Strabon , /. 1 1 , Se Etienne
le Géographe placent cette ville dans la Médie.
6. LAODICÉE , ville de la Méfopotamie , félon
Pline , /. 6 , c. 26. C'eft une de fix villes que Séleucus
avoit bâties , Se ausquelles il avoit donné le nom de fa
mère , dit le P. Hardouin.
Ptolomée fournit les pofitions des quatre premières.
Les voici:
Longitude. Latitude.
Laodicée furie Lycus, 59 d. 15'. 38 d. 40'.
Laodicée Cabiofa, ou près du
Liban, 69 d. 40'. 33 d. Aj> '.
Laodicée fur la mer, 68 d. 30'. 3 5 d. 6'.
Laodicée la Brûlée , 61 d. 40'. 39d. 40'.
Voyez les articles Latakié, Laudichia Se Lav-
dicia.
7. LAODICÉE ; il y avoit encore une feptiéme Lao-*
dicée, au Péloponnèfe , dans la Mégapolitide, félon Po-
lybe , /. 2 ; Se Thucydide , V. 4, la met dans l'Oreftide.
C'eft la même que la Ladoncea de Paufanias.
1. LAOMEDONTIA. VoyezLAODAMANTiA.
2. LAOMEDONTIA. Etienne le Géographe ob-
ferve qu'Epaphrodite donne ce nom à la ville de Lamp-
faque.
LAON, (prononcez Lan)- ville épiscopale de France,
en Picardie , dans le Laonois , petit pays auquel elle
donne fon nom. Elle relevé du baillage de Vermandois.
Elle eft célèbre, parce que fon évêque a le titre de
duc il pair de. France, quoique le roi foit le véritable
feigneur immédiat de la ville. Lorsque, fous Louis d'Ou-
tre-mer , les feigneurs ufurperent le haut domaine des
villes où ils commandoient , Hugues le Grand , duc
France Se comte de Paris , contraignit ce prince à lui
céder Laon; ainfi il ne refta presque plus à Louis que le
nom de roi. Néanmoins lés fucceflears , Lothaire Se
Louis, rentrèrent en pofteflîon de cette place , qui (è
donna à Charles , duc de Lorraine ou de Brabant , frère
de Lothaire , lorsque ce duc disputoit la couronne à
Hugues-Capet ; 'Se c'eft là où le même Charles fut pris,
Se de-là mené en prifon à Orléans. * Longutme, Descr,
de la France , part. 1 , p. 18.
Cette ville, fituée fur une haute montagne, n'a jamais
été donnée en apanage , ni féparée du domaine ; elle
a feulement été engagée comme tant d'autres. Elle s'ap-
pelle en latin Laodunum ou Loduxum j mais on voit que
les plus anciens la nommoient Lugdunum , qui étoit fur-
nommée Ctavatum. Elle a été fort connue du tems des
Romains , s'il eft vrai, comme plufieurs le prétendent ,
qu'ellefoit laBibrax dont parle Céiàr, Se qui étoit dans
le tetritoire de Reims. Voyez ce mot.
Elle eft affez forte par fa fituation , mais n'a aucunes
fortifications modernes, Elle eft bien bâtie ; fes rues font
belles; l'air y eftfain, fon féjour agréable ; Se les puits,
qui n'y font pas trop profonds , foùrnhTent des eaux
■ pour i'es befoins. Plufieurs de nos rois y ont leur fait de-
meure , Se c'eft dans leur palais que les jurisdicr.ions
de cette ville tiennent leurs féances. La greffe tour a été
bâtie lous Philippe-Augufte. Le château Se la ville de
Laon étoient autrefois regardés comme le rempart de la
France. Guibert, abbé de Nogent, parlant de cette ville,
l'appelle regni caput , régie ambitionis thalamus &
unicum hac cetate propugnaculum. Louis XI accorda
aux habitans de cette ville l'exemption de tailles; mais
ils ne jouiflent plus de ce privilège. Laon fut occupé, pen-
dant la ligue, par le duc de Mayenne, afliégé Se pris par
Henri le Grand , en 1 Ç94. Le monaftere des Bénédic-
tins eft dans l'enceinte des murailles du château, Se bâti
fur la croupe de la montagne ; au bas eft une abbaye de
filles appellées Montreuil-Us-Dames. Elle eft principale-
ment connue par la Véronique ou fainte F^ce 'Je Jélus-
Chrift , qui y attire, en tous tems, un grand c incours de
peuple. L'original de cette image fut apporté, félon la
Tome III. T.ZZZ
73o LAO
' tradition, de Jérufalem à Rome, où il eft encore. Celle-
ci n'en eft qu'une copie qui fut envoyée aux rehgieules
de Montreuil, en 1149, par Urbain IV, qui n etort en-
core qu'archidiacre de Laon, Se chapelain d'Innocent IV.
Au haut de cette image, il y a des deux côtés ces let-
tres IC. XC. qui fignifiént Jéfus-Chrift. Au bas du
cadre, dans lequel elle eft enchaflée , on voit une ins-
cription, qui, dans ces derniers tems, a donné de l'exer-
cice aux favans. * Piganiol de la Force , Descr. de la
France , t. 3 , p. 77. •
On peut voir cette inscription dans Piganiol de la
Force, & les Œuvres du P. Hardouin , />. 918, édition
d'Hollande ; mais je ne puis omettre ici un fait qui fait
voir combien on doit fe défier des conjectures wgé-
nieufes des favans. Le P. Mabillon avoue de bonne foi ,
que les caraéteres lui étoient inconnus. Le P. Har-
douin crut y trouver un vers grec hexamètre, & fit, pour
le prouver , une diflertation imprimée dans le Journal
des favans, 1707 , Se dans fes Œuvres. On s'en feroit
tenu à fa décifion , fans le P. Honoré de Sainte-Ca-
therine, Carme Décbauffé. Ce dernier donna à fon tour
une diflertation fur la fainte Face, dans le fécond tome
de fes Réflexions fur la critique, & prétendit que cette
inscription étoit Sclavone, Se non Grecque. Il appuya (on
fentiment de l'autorité de plufieurs Moscovites de confi-
'dération qu'il avoit consultés'; mais leur autorité ne fut
pas fumfante. L'on eut pouf ce religieux toute la hauteur
qu'inspire ordinairement le grand (avoir; Se nous le-
rions peut-être encore dans l'incertitude , fi le Czar ne
fût pas venu à Paris. Le P. Honoré , de Sainte-Cathe-
rine pria le maréchal de Telle d'obtenir du prince Kou-
rakin , de dorîner un coup d'ceil fur l'image de la famte
Face , Se de vouloir bien examiner fi lés^ caractères qui
font au-deflbus, étoient Sclavons, Se ce qu'ils fignifioient.
Ce prince, qui favoit le franqoisauflî parfaitement que
fa langue naturelle , repondit par écrit, qu'ils fignifioient
le portrait du Sauveur ou du Seigneur imprimé fur le
mouchoir, bandeau, ou couvre-chef de la Véronique.
Cette explication eft entièrement conforme à celle que
les autres Moscovites avoient donnée au P. ^ Honoré ,
à qui un religieux de S. Balte, qui fervoit d'aumônier
aux princes Narisquins , pendant qu'ils étoient à Paris ,
avoit déjà dit qu'il y avoit dans l'inscription obra{ gos-
poden naoubrous ; termes qui lignifient : Imago Domini
in linuo. Ces. témoignages ont diffipé les ténèbres que
Fart Se l'érudition avoient répandues fur cette inscrip-
tion ; Se l'on ne peut plus raifonnablement douter qu'elle
ne foit Sclavone.
Il y a un bailliage Se fiége préfidial à Laon , 8c une
jurisdiftion pour la pairie qui reiïbrtit nûement au par-
lement de Paris ; le bailliage de Laon, autrefois beaucoup
plus étendu qu'aujourd'hui , eft encore un des plus grands
ou royaume. Il comprenoir. une partie de la Picardie &
de la Champagne, Se avoit dans fon reflort les vil'es de
Rheims, de Solfions , de Noyon, de S. Quentin , Se quel-
ques autres , qui n'étoient que des prévôtés royales refior-
tilTantes,en tous les cas , au fiége de Vermandois à Laon.
Le préfidial eft du premier établiflement des préfi-
diaux , fous Henri II. Il y a auflï dans la ville de Laon
une prévôté royale , avec la jurisdi&ion en première ins-
tance dans toute la ville Se banlieue.
L'évêché de Laon fût fondé, (dit l'archevêque Hinc-
mar dans fes Epîtres,) vers l'an 515 , par S. Rémi ; Se
S. Genebaud en fut le premier prélat. On prétend auffi
que ce fut Hugues-Capet , qui fit duc 8c pair de France,
Adalberon, évêque de cette ville, pour lui avoir livré
Charles, duc de Lorraine, dernier prince de la race des
Carlovingiens. Quoi qu'il en foit, l'évêché eft fuffra-
gant de Rheims ; St fon évêque eft duc Se pair de France,
Se porte au facre de nos rois la fainte Ampoule. Cet
évêché a plufieurs abbayes, Se quatre cents feize parois-
fes.Son revenu n'étoit pas d'onze mille livres; mais de-
puis que l'on y a uni la manfe abbatiale de S. Martin ,
il eft d'environ trente-cinq mille. Il y a quatre chapitres
dans la ville. Celui de la cathédrale eft compofé de
de cinq dignités; le Doyenné , le grand archidiaconé ,
l'archidiaconé deThiérache , la chantrerie , la tréforerie,
Se de quatre-vingt-quatre prébendes , dont le revenu eft
d'environ fix cents livres, & de cinquante chapelles de
cents livres chacune. Saint-Jean, Sainte-Geneviève 8c
LAP
Saint-Julien font trois collégiales. Les prébendes de la der-
nière font tout ce qu'il y a de plus modique en fait de ca-
nonicats. Il y a à Laon plufieurs abbayes, S. Vincent
DE Laon , dont on rapporte la fondation à la reine Bru-
nehaut, femme de Sigebert , roi d'Auftrafie ; Se S. Jean
DE Laon , fondée par fainte Salaberge , pendant qu'At-
tillon étoit évêque de cette ville , font de l'ordre de
S. Benoît. Il y eut d'abord une communauté de filles ,
Se une d'hommes ; mais il n'y a plus que des moines.
S. Martin de Laon de l'ordre Prémontré, eft une ab-
baye en régie.
LAONNOIS , (le) petit pays de France , en Picar-j
die (prononcez Lannois.) 11 eft borné au nord par la
ïhierache; au levant, par la Champagne; au couchant
& au midi, par le Soiifonnois : la capitale de ce petit
pays eft Laon, dont il tire fon nom. Les autres lieux
remarquables font :
Corbigni,
Lieffe,
Couci,
Prémontré , abbaye ;
Follenbray , -
Novion-re-Vineux.
Corbigni 5c LieiTe font deux pèlerinages célèbres ;
Se No vion-le- Vineux eft un village, dont les habitans
doivent à leur feigneur une espèce de taille de vin, de
cent muids par an. Il intervint arrêt du parlement de
Paris, en 1505,. confirmatif d'une fentence qui dé-
boutent les habitans dé Novion-le-Vineux , de la .de-
mande qu'ils faifoient , à ce que cette rente de cent muids
par en, fût fixée en argent. La fin de cet arrêt, qui eft en
latin , eft remarquable : Sauf toutefois à l'intimé défaire
aux apellans telle gract qu'il avifera bon être, à caufe
de la mifire & calamité du tems. Cette claufe, qui fem-
bleroit à préfent inutile jusqu'à l'impertinence, étoit ap-
parernment pour lors de quelque poids , pour infïnuer
dans l'esprit d'une perlonne de qualité une confidération
d'équité que le parlement ne pouvoit pas prescrire avec
juttice.
LAOR, ville dans l'ifle de Minorque : on lui donne
le nom de ville, quoiqu'elle ne mérite guère ce titre, n'é-
tant compofée que d'un très-petit nombre de maifons.
LAORIPPA, ville de l'Arabie heureufe , félon Pto-
lomée , /. 6 , c. 7. Ses interprètes lifent Lat'hrippa.
1 . LAOS , ville d'Italie , félon Hérodote. Voyez
Latjs.
î. LAOS, (le royaume de) Voyez Lao.
3. LAOS, peuple de l'Inde de-là le Gange, félon
Baudrand qui dit que le pays de ce peuple eft appelle
le royaume des Laos, Il devoit avertir que c'eft le même
pays que Lao ; que ces Laos ne font pas différens des
Langiens du P. Marini , Se que Lantchang , que M. de
Choili leur donne pour capitale, n'en eft pas une ; mais
que leur capitale eft appellée Leng par les uns , & Lan-
gione par les autres, Se qu'elle eft différente de Lant-
chang. •
LAPADUSA. Voyez Lopadusa.
LAPA: le cap de Lapa eft à la pointe de la côte de
Paria: entre ce cap 6c le cap Boto , qui eft à la pointe
du nord-oueft de l'ifle de la Trinité, eft l'ouverture de
ce que Chriftophe-Colomb , à fon troifiéme Voyage ,
en 1498, appella Boca del Drago , parce qu'il avoit
couru un grand danger dans ce détroit , qui n'eft que
de deux lieues, mais qui s'élargit ensuite. * Noies du
P. Charlevoix.
LAPA , nom d'un lieu dont il eft fait mention dans
l'Hiftoire des plantes de Théophrafte , /. 2., c. 8. Voyez
Lappa.
LAPAN , bourg de France, .dans le Berri, fur le Cher,
à quatre lieues de Bourges , Se à deux de Château-T.euf.
LAPARA, Ax-naf*, canton d'Afie, dans la Cappa-
doce. Cédrere cité par Ortélius, en parle ainfi : ce lieu
a été ainfi nommé , à caufe de fa graiffe Se de la fer-
tilité du terroir: à préfent on l'appelle Lycandum,
jiu«.â.i<fiv , Porphyrogenete Se Curopalatè en parlent auifi.
LAPACIA CORI, A*W]('a. K«'p=u , promontoire de
l'Espagne Tartagonoife, chez le peuple Callalci Lucen-
fes , félon Pline, qui le nomme auifi TrjleucuM.
Voyez ce 'mot.
LAPATHIOS, antienne ville de l'ifle de Candie, fur
la cô:s feptentrionale , près du cap de Cormachitti ; elle
LAP
LAP
eft réduite en village, & a pourtant un évêque du rit
grec.
LAPATHOS, félon Strabon, /. 14, p. 681, ou
LAPATHUS, lieu de l'ancienne Grèce; c'étoitune
fortereffe au-defTus du lac Afcuride , fur un paffage pour
pour aller de Theflalie en Macédoine, félon Tite-Live,
l. 4, t. 3..
LAPDENSIS , fiége épiscopal d'Afrique , dans la pro-
. vince proconsulaire. La Notice d'Afrique fournit Jona.
Lapdenfis, & dans le concile de Carthage , tenu l'an 525,
on trouve la fouscription de Victor. * Harduin. CollecV
conc.
Cette ville étoit épiscopale. Didymus , fon évêque,
fouscrivit au concile de Chalcédoine, tenu l'an 451.
LAPETHUS , Aœni^H , félon Nonnus & Etienne le
Géographe, ancienne ville de l'ifle deCypre. Cette ville
avoit des arfenaux fk un port , 6c on en attribuoit la
fondation aux Lacédemoniens.
LAPHISTIUS, montagne de Grèce, dans la Béotie.
Héfyche & Paufanias en font mention. Ce dernier dit,
/. 9, c. 34 : il y a vingt ftades au plus, ( c'eft-à-dire
deux milles &. demi ) de Coronée au mont Laphiftius,
& à l'aire de Jupiter Laphiftien: la ftatue du dieu eft
de pierre. Lorsqu'Athamas étoit fur le point d'immoler
Phryxus & Hellé en cet endroit, on dit que Jupiter fit
paroître tout-à-coup un bélier à toifon d'or , fur lequel
ces deux enfans montèrent &£ fe fauverent. Plus haut eft
l'Hercule furnommé Ckarops , c'eft-à-dire , aux yeux
bleue. Les Béotiens dilént qu'Hercule monta par-là lors-
qu'il traînoit Cerbère , le chien de Pluton. A l'endroit
par où l'on descend le mont Laphiftius pour aller à la
chapelle de Minerve Itonienne, & le Phalare , rivière
qui fe dégorge dans le lac Céphife. Au-delà du mont
Laphiftius, eftOrchomène, ville célèbre, &c. C'eft ce
que Paufanias remarque de cette montagne.
LAPICINI, peuple ancien de l'Italie , en-deça de l'A-
pennin , félon Tite-Live qui les nomme, avec les Garn-
ies St les Hercates. Ortélius croit qu'ils étoient de la
Ligurie.
LAPIDA, ville ancienne de l'ifle de Chypre. Elle
eft ruinée, & il n'y refte plus rien qu'un cloître de moines
Grecs , qui eft au bord de la mer, & une vieille églife
qu'on prétend que les apôtres ont fait bâtir. On voit par
quelques mafures de vieux édifices , que plufreurs mai-
fons avoient leurs rivières , dont l'eau fe renouvelloit
par le moyen de celle de la mer. C'eft peut-être le La-
pathos de Strabon. * Corn. Dift. Le Brun , Voyage du
levant.
LAPIDES- ATRI, c'eft-à-dire, les pierres noires, lieu
de l'Espagne Tarragonoife , chez les Aufétaniens, près
des villes Illiturgis & Mentijfa, où Tite-Live, /. 26,
dit qu'Asdrubal étoit campé. Ptolomée, /. 2, c. 6, met
chez les Oretani , Biatia , que Molet fon Interprête dit
être préfentement appellée pennas negras ; mais il ajoute
qu'il n'ofe aflùrer que ce foit le même lieu dont parle
Tite-Live.
LAPIDIENSIS , fiége épiscopal de la Mauritanie
Cefarienfe. La Notice épiscopale d'Afrique fournit un
évêque de ce fiéoe, nommé Reftitutus Lapidienfis.
LAPIS ADJÙTORII. Voyez les articles au mot
Pierre.
LAPITHiEUM, AAniQ'ioN, montagne de la La-
conie , félon le même Etienne. Paufanias , /. 3 , c. 20 ,
reconnoît une ville dans le Peloponnèfe , fur le mont
Taygete , dans le même canton. Elle étoit apparemment
fur une partie de cette montagne , & donnoit fon nom à
cette partie.
-LAPITHE, Voyez l'article qui fuit.
LAPITHES, (les) ancien peuple de Macédoine,
près du mont Olympe, félon Diodore de Sicile, /. 4,
c. 71 ; mais il n'en dit rien que ce que la fable en a pu-
blié. Procope, JEd\}. 1. 4, c. 3 , parle auffi de ce peu-
ple ; mais il traite de fable ce que les poètes en racon-
tent. Etienne le Géographe met dans la Thcffalie une
ville qu'il nomme Lapithé aihioh , & cite pour
fon garant Epaphrodite dans (es Commentaires fur Ho-
mère.
LAPITHUS. Voyez Lapethus.
LAPPA, AAirnA, ville de l'ifle de Crète, dans les ter-
res, félon Dion, l, 36, p, 8, qui dit que Métellus la
/ i
prit d'afTaut. Ptolomée, /. 3 , c. 17, la met dans les ter»
res, entre Artacine & Subrita. Polybe, /. 4, c. 54,
p. 445, femble l'appeller Lampœorum Urbs, ffî a-j/j-
inuàv \\ovï ; & quelques lignes plus bas, il en nomme
Amplement les habitans A2/twTa70/„ Cela s'accorde avec
la Notice de Hiéroclés , qui nomme cette ville Lampes t
& la met entre les fiéges épiscopaux de cette ifle. Dt-
metrius , fon évêque , fouscrivit , l'an 451, au fécond
concile de Chalcédoine ; & Paulus , l'an 43 1 , au pre-
mier d'Ephèfe.
LAPPEN'. Voyez Lappons.
LAPPIA. Voyez Lapponie.
LAPPONIE, grand pays, au nord de l'Europe Se de
la Scandinavie , entre l'Océan feptentrional , la Nor-
wège , la Suéde , & l'empire Ruffien, Elle s'étend des
deux côtés du cercle polaire, depuis le 65e degré de la-
titude feptentrionale jusqu'au 72e, or. depuis le 31e de-
gré de longitude jusqu'au 60e. Elle eft partagée entre
ces trois couronnes; & on y diftingue
(Danoise,
La Lapponie/Suédoise,
(.Moscovite ou Ruffienne,
Avant que de traiter fes divifions nous, parlerons de la
Lapon ie en général. On appelle ce pays Le.ponit, Lapie,
Lapponie , Lappie ; les Allemands difent Lappeland:
fes habitans font nommés Lapons , Lappons , Loppes ,
Loppes , Lapes: les Allemands difent, Lappcn & Lap-
pelander, on les appelle auffi Dikilopes ; ce dernier nom,
dans la langue Ruffienne , fignifie Lappons, Sauvages
qui ne demeurent que dans les bois; c'eft apparemment
par abbréviation de ce mot , qu'ils ont été auffi nommés
Kiloppes. Ziégler croit que la Lapponie a été nommée
Lappie ou Lapie, par les Allemands. Les peuples de
cette région ont , dit-il , auffi-peu de jugement que d'a-
drefte; & en allemand le mot de Lappe , fignifie 'un
homme qui fait & dit toutes chofes mal-à-propos.
Cela ne prouve rien. Les Allemands n'ont connu la Lap-
ponie , que long-tems après les Finnes ou Finons , les
Suédois fk les Mofcovites. Les plus anciennes hiftoires
d'Allemagne ne parlent, en aucune manière , de la Lap-
ponie; & la fignification du mot Lappe, pour dire ftu-
pide & mal-adroit, n'eft point particulière à la langue
allemande. Par toute la Ruffie, on appelle les habitans de
la Lapponie Lappes &C Lappons ; &. comme la langue
Ruffienne n'a rien de commun avec les autres langues
de l'Europe , il n'eft pas vraifemblable que les Runes
ayent emprunté des Allemands le nom qu'ils donnent
à un pays qui leur eft limitrophe, & dont. ils poffedent
une partie. D'ailleurs les Lappons ne font ni fi ftupides
ni fi mal-adroits qu'on le veut perfuader. Ils ont des arts
qu'ils cultivent, lis font des ouvrages à l'aiguille; 01 por-
tent des habits de leur façon , brodés d'or & d'argent ;
ainfi il n'y a guères d'apparence que le mot Lappon.
vienne de Laper ou Kinlaper , qui fignifie en Suédois
pièce & guenille , comme fi , par ce nom , on entendoit
un peuple vêtu de haillons. Il n'y a pas , ce femble, non
plus lieu de croire qu'ils ayent été appellée Leupes ou
Lopes , d'un mot Suédois , qui veut dire courir ; les
Lappons ne courent pas. Ils s'élancent ; &c avec des fou-
liers propres à aller fur la glace, ils y gliflent d'une ex-
trême viteffe. Je crois, dit Scheffér, qui a traité ample-
ment ce qui regarde cette nation dans un livre , dont cet
article n'eft qu'un extrait; je crois, dit-il, que la Lapponie
a été appellée ainfi , parce qu'elle eft habitée par les Lap-
pes, dont le nom, dans la langue des Finons, ou Finnes,1
ou Finois , veut dire , chaffes du pays , & pouffes jus-
qu'aux lieux les plus reculés. En effet les Lappons ont
été forcés à quitter la Finlande , d'où ils font originaire-
ment fortis; & c'eft pour cela que les Finnes, les Sué-
dois & les Ruffes, les ont nommés Lappes & Lappons :
les Allemands ont reçu ce mot des peuples que nous
vennons de nommer; & de Lappon s'eft fait le nom de
Lapponie , que l'on a donné à leur pays. Mais les Lap-
pons eux-inêmes appellent la terre qu'ils habitent Sab-
micnladti. Ils haïffent le nom de Lappons , comme une
epithète injurieufe. Ce nom eft même affez nouveau ;
il eft inconnu aux Grecs St aux Latins qui parlent
des Finnes ex de la Finlande, & ne difent rien de ce
TomtllU Zzzzij
7i2 LAP
peuple fous ce nom là. Saxon le Grammairien , auteur
d'une Hiftoire de Danemarck, qui flonflon fur la fin du
douzième fiécle , eft le premier qui ait parlé de la Lap-
ponie &; des Lappons. .<._
Tout le pays que l'on comprend aujourd'hui , fous
ce nom , a été connu des anciens fous le nom de Scri-
tofinnes. SchefFer y joint le nom de BiarmU , qui a été
inconnu aux anciens. Selon lui , ce pays comprenoit plu-
iieurs peuples , les Cynocéphales , les Buziens, les Tro-
glodytes, les Pygmées & les Hymantopodes , & fe ren-
doit entre les montagnes de la Norvège , vers l'occi-
dent; entre l'Océan feptentrional , vers le nord & la
mer Blanche; & le lac de Ladoga, vers l'orient. lia au
midi la Finlande , la Carélie, la Tavaftie , qui font à l'o-
rient, du grand golfe de Bothnie , la Bothnie le long du
golfe de même nom ; & au couchant de ce golfe , l'In-
germanie & le Jempterland.
La Lapponie Danoife , partie de la Lapponie, foumife
au roi de Danemarck. On entend maintenant une lifiere
de la Lapponie , refTerrée entre la Norvège , le Nord-
land , & la Lapponie Suédoife. Il n'eft pas aifé d'en mar-
quer au jufte les véritables limites.
Si nous en croyons SchefFer , ou plutôt fon traducteur
le P. Lubin, géographe de Sa Majefté très-Chrétienne,
qui a drefle une carte particulière de la Lapponie , inférée
dans la traduction françoife de l'Hiftoire de la Lapponie
de cet auteur, la Lapponie Danoife , la Finmarke (Fin-
marchii) & la Scritfinnie , eft une feule & même contrée
fans villes ni bourgs ni villages , depuis les monts Fel-
lices, où il termine la Norvège, jusqu'au golfe, qui eft
au couchant de Porfanger. Selon lui Andacoes , Troènes,
Trumfoï, Skrifoii, Ewenes , Lingen , Huvalfund, Por-
fanger, Nordkaap , Waranger , Lan^ord & TmokiU
font de la Lapponie Suédoife. Il eft pourtant vrai que
tous ces lieux n'en font point, &C appartiennent à la
couronne de Danemarck. Ils ne font pas même compris
aujourd'hui dans la Laponie Danoife ; mais ils font par-
tie du royaume de Norvège.
Il faut convenir qu'ils ont été cenfés être de la Lappo-
nie ; c'eft pour cela que, lorsqu'en 1600, on fit des ob-
servations pour régler la latitude & longitude des princi-
pales places de la Lapponie , ces lieux ne furent pas né-
gligés , & fe trouvent dans la table qu'on en fit alors ,
& que nous donnerons ci-après. Cependant l'ufage n'eft
point de les comprendre dans la Lapponie Danoife, en-
core moins dans la Suédoife.
Les rois de Danemarck & de Norvège , s'étant ren-
dus maîtres de toute la côte qui s'étend depuis le golfe
d'Oftrafiord & la ville de Sergen , jusqu'à la rivière de
Pacz, où commence la Lapponie Ruffienne, l'unirent à
la Norvège &c au diocèfe de Drontheim. Ce diocèfe,
comme l'on parle en ce pays , ou cette préfecture de
Drontheim, a deux parties ; l'une qui eft la préfecture
de Drontheim proprement dite , où eft la ville de ce
nom ; l'autre eft appellée Nordland , c'eft-à-dire pays
feptentrional, & comprend le gouvernement de War-
dhuys ; or c'eft dans le Nordland que fe trouvent les
lieux dont nous avons parlé ci-deflus , & que le P. Lu-
bin met très-mal à-propos dans^ la Lapponie Suédoife,
quoiqu'ils en foient bien éloignés.
L'origine de fon erreur eft aifée à démêler. Il tra-
duifoit SchefFer, qui fait profeffion de ne traiter que de
la Lapponie Suédoife ; &. trouvant dans ce même livre
une table des longitudes &c latitudes des places de la
Lapponie, fituées au couchant & au nord de la Suéde,
il a cru que toutes ces places étoient de la Lapponie Sué-
doife, quoique SchefFer ne le dife pas. Cette erreur lui
a fait commettre une faute encore plus grande. Perfuadé,
comme il eft vrai , que toute cette côte, depuis la Nor-
vège jusqu'à Porsanger, eft au Danemarck, Se voulant
pourtant donner à la Suéde tout ce qui eft nommé fur
la table des longitudes & latitudes, fournie par SchefFer,
il a éloigné de la mer, & même de la côte, plufieurs
places qui font en effet au bord de la mer immédiate-
ment. 11 met dans les terres, aflez loin de la mer, Troè-
nes 6c Skrifoé , qui font réellement des ifles fur ia côte
du Nordland.
Concluons de ces remarques, que laLapponie Danoife
eft un nom qui peut être pris dans deux fens très-diffé-
rens : l'un très-étendu, comprend fous ce nom le pays
LAP
qui eft entre le gouvernement de Drontheim , en Nor-
vège, la mer, la rivière de Pacz &C la Lapponie Sué-
doise ; l'autre, plus conforme à l'ufage préfent, détache de
tout ce pays toute la côte nommée le Nordland, jus-
qu'au gouvernement de "Wardhuys inclufivement, fk ré-
lèrve le nom de [Lapponie à une lifiere du pays froid
fîérile & presque dèlert entre le Nordland & la Lappo-
nie Suédoife. Il n'y a ni ville, ni bourgs, ni peut-être au-
cun village dans ce canton. Il y a pourtant quelques pau-
vres habitans , dont on voit quelques-uns venir en Nor-
vège , & même en Danemarck.
La Lapponie Suédoife eft la plus confidérable des
trois Lapponies, &, pour ainfi dire, la feule qui foit bien
peuplée à proportion d'un climat où le froid eft fi rigou-
reux. Elle eft bornée au nord par la Lapponie Danoife,
à l'orient par la Lapponie Moscovite , au midi par les
provinces de Bothnie , d'Angermanie & d'Iempterland,
qui font de la Suéde , Se au couchant par une chaîne de
montagnes , qui la féparent de la Norvège. On peut
l'appeller h)Lapponie méridionale ; &, par la même rai-
fon, la Danoife fera la Lapponie feptentrionale , St la
Moscovite la Lapponie orientale.
On divife la Lapponie Suédoife en fix provinces ou
cantons :
Angermanland-Lapmarck, ou Lapponie d'Angermanie.
Uhma-Lapmarck , ou la Lapponie- d'Uhma.
Pita, ou Pithéa-Lapmarck , ou laLapponie dePithéa.
Lula, ou Luhléa-Lapmarck, ou la Lapponie de Luhléa.
Torna,ou Tornéa-Lapmarck,ou la Lapponie deTornéa.
Kimi, ou Kiémi-Lapmarck , ou la Lapponie de Kimi.
Chacune de ces contrées prend fon nom de la principale
rivière qui l'arrofe. Ces contrées fe fubdivifent en d'au-
tres petites , que l'on nomme Biar.
La Lapponie d'Angermanie n'a qu'un feul biar nommé
Aofalha.
La Lapponie £Uhma a quatre biars , félon SchefFer;
Uhma, Lai ou Ramby, Granbi, Vapften.
De l'Ifle, qui en retranche Uhma , pour le donner à la
Bothnie, met cinq biars ; car, en la place d'Uhma, il met
ceux de Loisby & de Likfala.
La Lapponie de Pitchéa ou Pita, en a fept, félon
SchefFer :
Graotceksby ,
Arfuvejefrby,
Lochteby, Nordvefterby,
Wifierby, Wefterby,
Arieplogsby. '
De l'Ifle , qui dit Semijîerwi pour Wiflersbl , ajoute uns
huitième biar , favoir NafTafiel.
La Lapponie de Luhla a cinq biars , félon SchefFer;
Jochmoch, Torpenjaur,
Sochioch , Zerchiflocht ,
Rautomjaur.
De l'Ifle y en met encore un fixiéme , favoir Syrovoma;
La Lapponie de Tornéa en a huit , félon SchefFer :
Tingavara ,
Siégevara,
Sondevara,
Ronolabi,
Pellejerf,
Kantekiémo ,'
Aviovara ,
Tenouthfejochki.
;&le
De l'Ifle nomme le fécond Seqwaro ou Sié[
quatrième , pays de Rounala.
La Lapponie de Kemi a aufîî huit biars , qui font
Enaraby, Manfialka, ou Manfelkei
Sambéaoby , Saodenkila ,
Kimibi ou Kiémikila, Kitilabi ,
Kolajert.
Schefrer en compte huit , & n'en nomme que fepT.
De Fille nomme le huitième Somby. SchefFer compte
en tout dans les fix contrées trente - trois biars. De
l'Ifle en met trente-lix, comme nous avons obfervé.
LAP
LAP
Chaque blar contient plufieurs feux , ou famille? que
les Suédois appellent Rekar; chaque rekar, a pour (e nour-
rir lui 6k fes troupeaux, une portion de terre , où il y a
des bois, des lacs, des ruiffeaux, 6k qui n'eft fermée
ni de foffés ni de murailles. Cette étendue de terrein
eft ordinairement très-grande , & il fe trouve plufieurs
rekars qui ont de tous côtés plus de dix lieues d'éten-
due.
La Lapponic RuJJienne, ou Moscovite , eft bornée au
nord par l'Océan; à l'orient, par la mer Blanche, qui y
forme un grand golfe , 6k par la rivière de Zaloticza qui
a ion embouchure dans cette mer, au levant de Kiémi.
Les bornes quittent enfuite cette rivière pour courir
plus au midi ; enfuite elles fuivent une ligne presque pa-
rallèle à cette rivière, jusqu'à fa fortie du lac de Mau-
ringogerwl ; après quoi, elles remontent le lac dePajer-
fui ; 6k , courant le long du méridien qui eft par le 47e cl.
de longitude , elles fe tournent vers le nord-eft , paffent
à l'orient du lac d'Enare , 6k vont joindre la rivière de
Pacz , qui, à ion embouchure, fépare cette Lapponie du
gouvernement de Wardhuys. Ainfi elle a la Carélie Sué-
doife au midi , la Carélie Moscovite 6k la mer Blanche
à l'orient ; la Lapponie Suédoife, laDanoife, & le gou-
vernement de Wardhuys au couchant, & l'Océan au nord
oriental. Les villes 6k bourgs font le long des côtes. En
commençant par le midi de la mer Blanche, on trouve,
en faifant le tour du golfe ,
Kiémi , ville fur l'embouchure de la Salotitza.
L'ifle de Solofski, où eft un monaftere de même nom.
Kéretti , ouICiélit, à l'embouchure de la rivière fraî-
che.
Kéméloé, ifle accompagnée de quelques autres.
Kovoda, à l'embouchure d'une rivière qui vient du
lac de Pajerfwi.j
Kandalax , ou Kandalox.
Ombai , à l'embouchure de la rivière de même nom,
qui tombe dans la Gouba ou rivière falée.
Volna-Oftrof , ou l'ifle des Cerfs.
Le cap de Touria.
Soutkete , 1
Cascavaron , j
Varfiga, } bourgs ou villages:
Polengi ,
Pélitza, j
Sousnowitz , ou l'ifle de la Croix.
Les trois ifles , à l'embouchure de la rivière de Po-
noi.
Le cap Orlogone , avec une baie 6k un mouillage à
l'entrée de la mer Blanche.
Les ifles de Lombacho.
Le cap de Svetenoës , 6k les ifles de même nom ,
dans une anse , au fond de laquelle eft le bourg de la
Jokéna, fur une rivière nommée de même, fort abon-
dante en poiflons.
Nook-Oftrof , en françois , l'ifle du Clou ; les Hol-
landois l'appellent Nagel-Eylant.
Le golfe du Marinier.
Les Sept-Ifles, à l'embouchure d'une rivière remplie
de faumons ; presque toutes les rivières de cette côte
en font pleines.
La baie d'Or.
Daëlna-Olinie, ou Olinie l'éloignée , pour la diftin-
guer de l'autre ifle, nommée aufli Olinle.
Daëlna Silenfi , ou Silenfi l'éloigné , port ainfi fur-
nommé par la même raifon.
Le port Gabriel.
Le port de Varonia.
Bliesna-Olinie, ou l'ifle d'Olinie , qui eft proche.
Bliesna-Silenfi , port de Silenfi, qui eft proche.
L'ifle de Kilduin.
La rivière , la ville 6k le lac de Kola.
L'ifle des Pêcheurs.
Petzinka , rivière, avec un monaftere de même nom.
Dans les terres ; le lac de Polina ou Polina-Ozéro,
avec une ville nommée aufli Polina. C'eft de ce lac
que fort la rivière de Jockéna, dont nous avons parlé
ci-defîus.
73 3
Description, gênerait des Lappons ; Extrait de Cklfiolre
de la Lapponie par Sckejfer.
Les Lappons font les plus petits hommes du fepten-
tnon , n'ayant ordinairement que trois coudées de hau-
teur. On en voit même qui font encore plus petits. Us
font la plupart laids & courbés. Les Lapponnes font beau-
coup moins laides. Elles ont les cheveux noirs , 6k fur le
vifage un rougenaturel , mêléfde blanc , qurn'eft pas defa-
gréable. Les hommes ont le vifage pâle, bafané , le
corps noir 6k comme roux, l'eftomac large , le ventre
petit, les cuiffes 6k les pieds menus, la tête groffe, le
vifage 6k le front larges , les yeux bleus, enfoncés 6k chaf-
fieux , le nez court ck plat , les joues abbatues , le menton
long , les cheveux courts , droits , durs 6k noirs , ainfi
que la barbe. Ils font fort colères ck brutaux. Les femmes
fur-tout s'emportent jusqu'à l'excès.
La Lapponie eft fi voifine du pôle , que le foleil ne s'y
couche pas l'été , ck que l'hyver il n'y paroît point fur
l'horizon. Us ont en hyver trois mois de nuit, ck au-
tant de jour en été. Le froid , qu'on fouffre dans cette pre-
mière faifon eft fi violent, qu'il n'y a que les naturels du
pays, qui le puiffent fupporter. Les fleuves les plus rapides
fe trouvent fouvent gelés, ck la glace eft épaiflë d'une, de
deux, 6k quelque fois de trois coudées. La chaleur n'eft guè-
res moins exceflive dans l'autre faifon;carlesLapponsri'ont
ni printems ni automne. Quoique le foleil ne donne pas
à plomb fur la Lapponie , cependant lorsqu'il entre dans
le figne de l'écreviffe, la chaleur augmente 6k continue
dans ce pays , pendant quelques mois , fans qu'elle puifle
être modérée par la fraîcheur de la nuit. Ce qui tempère
cette chaleur, ce font les vapeurs de la mer voifine , ck
les neiges , qui demeurent tout l'été dans des foffes ou
il y a de l'ombre, 6k fur le fommet des hautes monta-
gnes. Il y pleut rarement au fort de l'été; mais l'hyver
la terre eft toute couverte de neige. Le ciel eft d'ordi-
naire ferein en Lapponie , l'air net 6k fain, à caufe qu'il
y eft agité par de fort grands vents , qui font presque
continuels. Les Lappons, pour fe dérober à leur fureur,
fe jettent dans des cavernes 6k dans le creux des rochers
avec tous les animaux dont ils fe fervent, 6k ils y de-
meurent tant que dure la tempête. La terre n'eft ni grade
ni maigre, mais fi pleine de pierres 6k de rochers , que
le grain n'y peut venir : le terroir en plufieurs lieux eft
humide 6k mou ; enforte qu'il s'affaifle fous le pied , à
caufe de l'incroyable quantité de marais 6k de ruiffeaux.
Aufli ne s'y trouve-t-il presque point d'endroit où l'on
puifle labourer commodément. Il y a des pâturages fort
gras , de petits arbres qui naiffent fans avoir été plan-
tés , de très-bonnes herbes à manger , 6k d'autres de dif-
férentes espèces d'un verd admirable. La Lapponie eft
pleine de montagnes , aufli-bien que de rochers. Celles
qu'on nomme Dofrlms , font la féparation de la Nor-
vège d'avec la Suéde. Leur hauteur eft effroyable ; 6k les
vents, qui régnent fur leur fommet, empêchent les arbres
d'y prendre racine. Au pied de celles qui féparent la
Norvège de la Lapponie, on trouve de vaftes forêts où
il y a clés lacs , des marais , 6k où les arbres font affez
éloignés les uns des autres. Au bas des coteaux on voit
des vallées charmantes , qu'arrofent un nombre presque
infini de belles fontamesek d'agréables ruiffeaux, qui
fe déchargent dans les rivières 6k les lacs , 6k de-là dans
le golfe de Bothnie. Quant aux bêtes fauvages , il y en
a une multitude prodigieufe , avec une fi grande quan-
tité d'oifeaux 6k de poiflons , que la plupart des habitans
s'en nourriflënt. Ce pays abonde d'ailleurs en gibier 6k
en venaifon ; enforte qu'ils en font trafic avec les na-
tions voifines.
Les Lappons étoient payens avant que d'embraffer le
Chriftianisme, 6k leur religion nedifféroit pas beaucoup
de celle des Finons ; le mot de Jumala eft encore en ufage
chez eux, 6k lignifie Dieu. Ils ont aufli adoré pour Dieu,
celui que les Suédois appellent Thor; mais on ne peut
rien dire de certain touchant le cuire que les Lappons
rendoient à ces dieux. Ce qu'il y a ,ii- confiant, c'eft
que Jumala étoit repréfenté fous la figure d'un homme
aflîs fur un espèce d'autel, une couronne fur la tête, or-
née de douze pierres précieufes , avec un collier d'or de
trois cents marcs au cou ; d'autres diient qu'au lieu d'un
LAP
734
collier , il avoit autour du cou un ruban d ou penaoït
une espèce de médaille d'or gravée , ci couverte de pier-
reries.
Oluiïs rapporte dans Ton Hiftoire , qu on avoit bâti au
dieu Jumala en une forêt une manière de temple où les
peuples les plus éloignés, auffi-bien que les plus proches,
venoient l'adorer , & que ce temple étoit entouré d'une
haie fort haute , fermée d'une porte , pour en défendre
l'entrée à ceux à qui il n'étoit pas permis-d'en approcher.
L'iHitoire d'Herrodi nous apprend que l'or , 6c tout ce
qu'il y avoit de plus précieux , ayant été enlevé de ce
temple , la figure du dieu , & tous les ornemens facrés ,
furent brûlés & réduits en cendres , ce qui tait connoître
qu'elle étoit de bois.
Les Lappons difent qu'ils n'ont été inftruits des mys-
tères de la religion chrérienne, que depuis deux fiécles.
Au tems de Guftave, roi de Suéde, quand fes officiers
alloient en Lapponie , pour y recevoir les droits, ils étoint
accompagnés de prêtres qui baotifoient les enfans. On ne
fe contentoit pas de leur faire une fimple prédication,
on les obligeoit de de l'entendre fk d'en rendre compte.
Charles IX fut le premier qui prit le foin de faire bâ-
tir des églifes en chaque contrée , & de mettre en cha-
cune de ces églifes des prêtres entretenus^ à fes dépens.
On en bâi it deux en la Lapponie de Torna, l'une, en 1 600,
appellée Tenotekis ; ik l'autre trois ans après, fous le
nom dejukasjerf. La reine Chriftine donna fes lettres
patentes, en 164O, pour la conftru&ion de quatre au-
tres églifes à Jiwiti-jcrf, à Arieplog , à Silbojoch & à
Nafifid. Depuis ce tems-là, il y a toujours eu des églifes
de Chrétiens dans la Lapponie. Elles font fort fimples,
mais fort propres : leurs matériaux font des pieds d'ar-
bres. On y a conftruit de petits bâtimens tout auprès,
afin d'y mettre des cloches. Il y a des chambres pour
la demeure des prêtres , & pour tenir à couvert la mul-
titude du peuple, qui vient de fort loin, & fe délaffe
en hiver auprès du feu qu'on y fait. Les Lappons aiment
& honorent leurs prêtres, qu'ils appellent herfai, c'eft-
Z-due feigneurs. Quand ces prêtres leur viennent rendre
vifite , ils vont fort loin au-devant pour les prendre fur
leurs rennes , & les amènent dans leurs cabanes prépa-
rées pour les recevoir, avec de petites branches de bou-
leau, jettées par terre, St couvertes de peaux de rennes.
Tous les Lappons de la famille y accourent & les fa-
luent avec une grande humilité. Ils ont pour fervice du
poiflon fec , de la chair de renne deffechée , des lan-
gues rôties & des os chauffés au feu, qu'ils caffent , &
dont ils tirent la moelle. Ils mangent ces viandes fans pain
& fans fel , mais ces prêtres en apportent avec eux, ainii
que du vin. Les Lappons leur préfentent de l'eau pour
boire, dans des taffes faites d'écorces. Ils gardent reli-
gieufement les dimanches &c fêtes. Quelques-uns même
quitent le travail dès le famedi. Ils font auffi repofer
leurs troupeaux ik leurs bêtes de monture; &C il s'en
trouve de iî fcrupuleux, qu'ils ne veulent pas traire ces
jours-là. Il entendent fort attentivement la prédication ,
& chantent les pfeaumes en commun. Us font grand état
d;s facremens, fur-tout du baptême. Ainfî, dix ou douze
jours après que les femmes font accouchées, elles entre-
prennent de longs voyages, au travers des plus hautes
montagnes, le long des lacs, & au milieu des forets,
pour porter leurs enfans au prêtre Sr. les faire baptifer.
Us confeffent leurs péchés avant que de fe préfenter à la
communion qu'ils reçoivent avec un profond respeft.
. Quoique les rois 6c les prêtres n'ayent épargné ni
peines ni foins pour détruire la fuperftition dans leur
esprit, la plupart la confiderent comme l'héritage qui
leur a été laiffé par leurs ancêtres, qu'ils ne veulent acu-
fer ni d'impiété ni d'ignorance, ne pouvant croire qu'ils
ayent été allez dépourvus de jugement, pour n'avoir pas
fu ce qu'ils doivent adorer pour Dieu. Ils observent les
tems & les faifons, & établirent deux fortes des jours,
les uns blancs, les autres noirs. Us mettent au nombre
des noirs les fêtes de S. Clément , de S. Marc rk de
fainte Catherine; & loin d'ofer entreprendre ces jours-
là aucune affaire importante, ils s'abftiennent de chaffer.
Ils font des réflexions fuperftitieufes fur le premier ani-
mal qu'ils voient en fortant de leurs cabanes, & ne
permettent point à leurs femmes d'en fortir par la même
porte qu'ils en font fortis, pour aller chaffer. Ils ne
LAP
croient que foiblement à la réfurredtion des morts & à
l'immortalité des âmes , fk donnent au vrai Dieu & à
Jefus-Chnft des dieux imaginaires pour compagnons.
Ceux de Pitha & de Luhlâ ont trois dieux , Tlwr ou
liwrdoën, Storjunkare & le foleil, avec d'autres dieux
moins confidérables. Les Lappons révèrent, fous quelque
nom que ce ibit les mânes , c'eft-à-dire les âmes qui
font forties du corps des hommes, parce qu'ils croient
qu'après la mort il demeure quelque chofe. Ils craignent
extrêmement ces âmes fk les tiennent mal-faifantes>
jusqu'à ce qu'elles foient rentrées en d'autres corps. Ou-
tre ces maues, ils ont des fpeâres tk des démons qu'ils
croient, roder autour des rochers & des montagnes, fur
les lacs & les rivières; ik ils leur rendent quelque forte
d'honneur divins, comme fai:oient les Romains aux Fau-
nes , aux dieux des bois ck aux Tritons. Il y a encore , à
ce qu'ils difent, de bons fk de mauvais génies. Ils les ap-
pellent la troupe des Julhins , & s'imaginent que ces
esprits courent par l'air en grand nombre , principale-
ment au tems des fêtes de Noël, qu'ils nomment Julh
en leur langue.
Le premier dieu desLappons, qui font demeurés ido«
làtres , eft appelle en Suédois Thor ou Thordo'én, qui
veut dire le tonnerre. Ils lui donnent en leur langue le
nom de Tiermes , qui lignifie tout ce qui fait un bruit
effroyable , & celui SAijeke , aïeul , bifaïeul fk tri—
faïeul. Us l'adorent comme ayant pouvoir de vie fk de
mort fur tous les hommes, & lui attribuent celui de châ-
tier & foudroyer quelquefois les démons mal-faifans. Ils
lui donnent un arc pour cela, afin qu'il puiffe tirer fes
flèches contre eux. Le lieu où ils adorent ce dieu , eft
derrière leurs cabanes , dont il n'eft éloigné que d'un
trait de flèche. Us dreffent en cet endroit une espèce de
de plancher ou de grande table , qui reffemble à un au-
tel, & tout-à-1'entour ils mettent des branches de pin fk
de bouleau, qui marquent l'espace fk la grandeur de cette
forte de temple. Us bordent de branches des mêmes ar-
bres l'allée qui conduit de la cabane à ce lieu facré. La
figure du dieu Toron fk Termes eft toujours de bois de
bouleau. Ils donnent à cette idole une forme groffiere
& en font la tête , avec la racine du bouleau , fk tout le
refte du corps, avec le tronc du même arbre. Afin qu'on
fâche que c'eft l'idole de Toron, ils lui mettent à la main
droite un marteau qui eft fa marque particulière , &C lui
fichent en la tête un clou d'acier ou de fer, auquel ils
attachent un petit caillou , afin que ce dieu puiffe faire
du feu quand il lui plaira. Tous les ans, quand l'hiver
approche , ils font une nouvelle ftatue à ce dieu , dans
les facrifices qu'ils lui offrent , & lui immolent un renne
mâle, lui perçant le cœur avec la pointe d'un couteau.
Us reçoivent dans un vafe le fang qui en fort , fk en
frotent aufli-tôt la tête fk le dos de l'idole, après quoi
ils lui en tracent fur l'eftomac , des lignes en forme de
croix. Cela fait , ils adorent cette idole , derrière la-
quelle ils arrangent le bois & les plus grands os de la
tête du renne immolé. Us mettent devant cette même
idole une espèce de boëte faite d ecorce de bouleau y
pleine de petits morceaux de chair, pris de toutes les par-
ties du corps de ce renne , avec la graifle fondue par-
deffus.
Le fécond des principaux dieux des Lappons idolâtres
eft appelle Storjunkare. Ils font perfuadés que la plupart
des biens ne font accordés aux hommes que par fon mi-
niftere, fk que tous les animaux font fous fon empire.
Us prétendent , félon Jean Tornéus , qu'il a fouvent ap-
paru à ceux qui pêchoient ou chafioient aux oifeaux, tous
la figure d'un homme de belle taille, vêtu de noir , te-
nant à fa main un mousquet, avec cette feule différence
que fes pieds étoient femblables à ceux des oifeaux ; que
toutes les fois qu'ils l'ont apperçu ou debout fur le ri-
vage ou dans le bateau, leur pêche a été heureufe ; qu'a-
vec fon mousquet il a plusieurs fois tiré en volant , tué
des oifeaux fk qu'il les a diftribués à ceux qui fe font
trouvés préfens. Le lieu où ils le levèrent eft quelque
rocher , le bord d'un marais ou quelque caverne des plus
inaccefubles, perfuadés que ce dieu 'épiait à y demeurer.
La figure de Storjunkare eft de pierre ; fk c'eft de ces
idoles que les auteurs parlent, quand ils difent que les
idoles des Lappons font de grandes pierres. La victime ,
qu'ils irn;nolent à ce dieu, eft pour, l'ordinaire, un renne
LA?
LAP
mâle. Us lui paffent un filet rouge au travers de l'oreille
droite, & l'attachent derrière la cabane, au même
endroit où ils ont coutume d'attacher la victime de i o-
ron. Ensuite ils l'immolent de la même manière ,. &
gardent auffi le fang qui en eiî forti. Cela fait, celui qui
a eu le loin du facrifice, porte le bois de la victime
avec les os de la tête &t du cou, les pieds tk les on-
gles , fur la montagne dédiée au Storjunkare. Quand
il eft arrivé , Se qu'il approche de la pierre facrée, il
s'incline profondément, fléchit les genoux, & lui rend
de grands honneurs ; après quoi, il frotte la pierre avec
le fang qu'il a apporté, Se une partie de la graiffe du
jnéme animal. 11 met le bois derrière l'idole , attachant
à la corne droite la partie avec laquelle cet animal mul-
tiplie fon espèce, & à la corne gauche un filet rouge,
paffé au travers d'un morceau d'étain , avec une petite
pièce d'argent.
Leur troifïéme dieu eft le foleil, qu'il appellent Balwe.
Ils t'honorent tout l'été , parce qu'il a diflipé les ténèbres
où ils étoient avant qu'il leur eût rendu la lumière, &
qu'il leur eût apporté la chaleur. Us l'adorent auffi comme
l'auteur de toutes les productions. Us n'ont aucune image
du foleil, à caufe que de lui-même il eft vifible, & ne lui
fecri fient que des rennes jeunes Sr. femelles. Us y obfervent
les mêmes cérémonies dont on a parlé, fi ce n'eft que
le filet, qu'ils paffent au travers de l'oreille droite du renr.e
eft blanc. Us ne prennent pas non plus, comme aux au-
tres facrïfices une branche de bouleau, mais de bois de
faule , pour faire le cercle qui eft de la grandeur des
cerceaux dont on relie les demi-tonnes de bière. Us
attachent à ce cerceau de petits morceaux de chair, pris
de chacune des parties du corps de la victime, Sr. les
pendent derrière leur cabane fur une espèce de table, &
au même lieu où ils offrent des facrifices à Toron. Us
rangent fur cette table , en forme cercle, les os princi-
jaux de la victime.
Us n'offrent jamais de facrifices à Toron , à Storjun-
kare ou au Soleil, qu'ils n'ayent reconnu auparavant, par
le moyen d'un Inftiument qu'ils nomment Kannus ,
presque femblable au tambour des anciens , fi la victime
fera agréable. Après qu'ils l'ont attachée derrière la ca-
bane, ils tirent un poil de deffous le cou du renne , Sr. l'at-
tachent à un àes anneaux du tambour dont ils veulent fe
fervir ; un d'entr'eux frappe fur ce tambour ; Sr. les
hommes mêlant leurs voix à celles des femmes , de-
mandent en chantant, fi le dieu veut agréei la victime.
Si le paquet d'anneaux , à l'un desquels on a attaché
le poil , fe remue en même tems qu-on frappe fur le
tambour, & qu'il aille fe repofer fur la figure de Toron, ils
prennent ce mouvement pour une preuve que le facpfice
lui plaira. Si au contraire le paquet d'anneaux demeure
fixe, ils offrent la même victime à Storjunkare. Après
avoir battu une féconde fois le tambour, ils lui deman-
dent tous enfemble, encore en chantant, s'il veut accep-
ter leur facrifice, ci profèrent le nom de la montagne
où ils ont réfolu de l'offrir. S'il arrive que le paquet d'an-
neaux change peu-à-peu de place, S: fe repofe fur l'endrejt
du tambour où l'image de Storjunkare eft deffinée, il ne
doutent point qu'il n'y consente. S'il demeure fixe comme
la première fois, ils s'adreffent au foleil , St.tâchent de dé-
couvrir s'il veut bien que la victime lui foit immolée.
Outre ces trois dieux , les Lappons en ont d'autres
petits, comme les mânes des' déruts , Sr la troupe des
Juhles. Us ne donnent point de nom particulier aux
mânes. S: appellent feulement les morts, en général, Suie,
fans ériger aucune figure en leur honneur. Ils fe conten-
tent de leur offrir certains facrifices; & quand, parle
moyen du tambour, ils ont reconnu que la victime leur
eft agréable, ils lui paffent au travers de l'oreille droite
un filet de laine noire , qu'ils lui attachent aux cornes.
Cette victime étant ainfi confacrée, ils vont l'immoler,
& mangent fa chair, ne réfervant qu'une petite partie
du cœur, Se une autre du poumon, qu'ils divifent en-
core chacune en trois parties , au travers desquelles ils
paffent de petites broches de bois , qu'ils trempent dans
le fang du renne, Sr qu'ils mettent dans une espèce de
corbeille faite comme un traîneau de Lapponie. Us en-
terrent cette espèce de corbeille, auffi-bien que tous les
os décharnés, afferr.blés Sr mis dans un panier fait ex-
près. Ceux des Lappons qui, font encore attachés aux
fuperftitions ck leurs ancêtres, obfervent ces- cérémonies
7U
quand ils veulent appaifer les mânes. Quant aux Juhles,
ils ne leur consacrent aucune image non plus qu'aux mâ-
nes. Le lieu deftiné pour les honorer, eft fur quelqu'ar-
bre, à la portée d'un trait de flèche derrière la cabane.
Le culte fe termine par un facrifice fuperfticieux , en
l'honneur de cette troupe vagabonde de Juhles qu'ils
imaginent roder en l'air par les forets & les montagnes
voifines, la veille Sr le jour de Noël. Us jeûnent le pre-
mier jour, ou plutôt ils ne mangent point de chair, Sr,
gardent quelque morceau des autres alimens qu'ils pren-
nent. Ils font la même chofe le jour de la fête. '
Les Lappons n'avoient point anciennement de Ioge-
mens fixes. Us ne bâtiffoient des cabanes que pour peu
de jours , tantôt dans un lieu , tantôt dans un autre, fé-
lon qu'ils le trouvoient propre pour la pêche Sr la chaffe ;
mais Charles IX leur ôta la liberté de roder ainfi , Se
affigna, en 1601, un territoire particlier à chaque famille.
Us ont commencé , depuis ce tems, à poffeder certains
1 espaces de terre , fans que la coutume de changer de lieu
fe foit entièrement abolie; mais ils ne transportent leurs
logemens d'un lieu en un autre, que dans les limites de
l'espace qui leur a été affigné: la néceffiré qu'ils ont de
chercher des vivres , eft la feule caufe de ces changemens
continuels. Lorsqu'ils font confiâmes en un endroit, il en
faut chercher ailleurs. Ce changement de demeure ne fe
fait pas de relie manière qu'ils abandonnent entièrement
les premiers endroits pour n'y plus revenir; mais ils vont
comme en tournant, Sr. font une manière de cercle. Les
Lappons des montagnes les quittent quand il n'y a plus
de pâturages, & Os y reviennent lorsque les herbes font
grandes. Ainfi il arrive qu'à la fin de l'année ils ont
parcouru tous les logemens de l'espace dont ils ont la
propriété. Ceux qui ont leurs habitations dans les forêts,
retournent plufieurs fois par an aux cabanes bâties fur
les bords des rivières, & pi es des lacs, félon les diffé-
rentes faifons propres à la chaffe ou à la pêche. Les
premiers bâtiffent leurs cabanes d'une autre manière que
les Lappons des forêts. Us dreflent aux qua:re coins qua-
tre pièces de bois, tur lesquelles ils mètrent trois perches
en forme de foliveaux, une fur chaque côté, Se *a troi*
fiéme au derrière, fans qu'il y en ait fur la face de de-
vant. Us appuient fur ces foliveaux d'autres perches
beaucoup plus longues ; enforte qu'elles fe touchent pres-
que par le haut ; mais elles font fort éloignées à l'en-
droit où elles- pofent fur la terre. Cette, cabane reffem-
ble à un toît de quatre pans , ou à un pavillon qui a la
figire d'une pyramide. Us jettent fur ces perches une
efpèce de manteau de la plus groffe étoffe qui fe trouve,
Sr les plus riches en jettent encore une autre par-deffus
d'une .toile torte. Ceux des forêts bâtiffent leurs, cabanes ,
quelques-uns avec desplanches,d'autres avec fix pieds d'ar-
bres, qui (ë touchent par le haut,Sr font comme une espèce
de cave. Us jettent par-deffus des branches d'arbres ou de
pin , ou des écorces, d'ordinaire de bouleau , qu'ils font
cuire, afin de les plier & de les mettre plus facilement en
Œuvre. Ils les couvrent quelquefois de peaux d'animauxou
de cuirs bien tannés. Cette (bru de cabane diffère de l'au-
tre, en ce qu'on ne la couvre presque jamais de toile ou
d'étoffe , & qu'elle a fix angles au lieu de quatre. Cha-
que cabane a deux portes , l'une fur le devant , qui eft
la plus grande . & ouverte tous les jouts, Sr par laquelle
on entre Sr on fort. Celle de derrière, plus petite , Sr en
forme de poterne, fert à apporter dans la cabane toutes
les chofes néreffaires pour la nourriture , Sr, entr'autres,
ce qu'ils ont pris dans les bois ou dans les lacs. Ceféroit
mn crime de les apporter par la grande porte, comme
su contraire, il ne'ft permis à aucune femme d'entrer
dans la cabane, ni d'en fortir par la porte de derrière,
tant parce qu'ils ont, de ce cote-là , le lieu où ils offrent
des facrifices à leurs dieux, que parce que la rencontre,
ou la préfence d'une femme, eft d'un très-mauvais ^aujure
à un homme qui va à la chaffe. La petite porte, félon.
Vexionius, fe ferme d'elle-même en retombant. Vis-
à-vis eft une fenêtre qui donne du jour. C'eft par cette
porte qu'entrent ceux qui reviennent de la chaffe. On
quitte l'habit de chaffe dans la garde-robe , large d'une
aune , Se longue de trois. Elle eft d3ns,la cabane au-de-
dans delà fenêtre, Sr. il eft défendu aux fëmmes'd'y met-
tre le pied. Cette garde-robe eft feulement un certain
espace marqué par quelques pièces de bois , qui en lont
les bornes. Le pavé de la cabane eft partagé de telle
736 LAP
manière que le foyer fe trouve au milieu. Ce foyer eft
garni de pierres tout-à-1'entour , pour empêcher les ac-
cidens qu'on peut craindre. Il y a toujours un chaudron
■fuspendu fur le feu , auprès duquel ils placent trois che-
vrons fur lesquels ils coupent avec une hache la chair,
le poiffon, &£ tout ce qu'ils accommodent pour manger.
Il n'y a que les hommes qui puiffent entrer dans l'espace
que ces trois chevrons renferment. La petite porte, qui
eft ordinairement vers le feptenrion , eft au milieu de
cet espace ; Se la grande, vers le midi, à l'oppofite. Le
père de famille & la femme ont leur lit dans l'un
des côtés. La mère a les filles auprès d'elle. Les garçons,
la plupart du tems, demeurent de l'autre côté où fe tien-
nent les valets & les fervantes. Le refte de l'espace jus-
qu'à la porte eft occupé par les femmes. Ils couvrent
toute l'aire de la cabane de branches de bouleau, pour
empêcher l'humidité. C'eft-là leur manière de paver.
Pour y être plus proprement, ils couvrent ces branches
de quelques peaux de rennes fur lesquelles ils s'affeyent.
Outrie ces logemens, ils ont des bâtimens particuliers ap-
pelle's Halla , où ils confervent leurs provifions. Ils les
•bàtiffent ordinairement de cette forte. Ils dépouillent un
fapin ou un pin de fon écorce , Se en coupent les bran-
ches , afin qu'il (bit poli Sr. gliiïant , ou de lui-même,
ou par quelque graiffe dont ils le {Votent , pour empêcher
que les rats Sr. les bêtes fauvages n'y puiffent monter. Ils
le coupent à la hauteur de cinq ou fix aunes, depuis la
racine ; ensuite ils font des mortoifes fur le plus haut
de cet arbre , Se paffent , au travers de ces mortoifes ,
deux pièces de bois emboetées l'une fur l'autre en forme
de croix. Ces pièces de bois leur fervent comme de fa-
blieres fur lesquelles ils bâtiffent le garde-manger qu'ils
couvrent de planches ou d'écorce de bouleau ; & ils y
font une porte. La figure de ce bâtiment eft presque fem-
blable à celle de nos colombiers qu'on bâtit fur des
piliers ou fur des poteaux de bois. Ce qui les oblige à
mettre ce garde-manger en un lieu fi élevé , c'eft la peur
qu'ils ont des ours ou des goules. Cet édifice a ceci de
particulier, que la porte eft au-deffous, en forme de bat-
tans ou de trape , afin que lorsque le Lappon defcend,
elle fe ferme d'elle-même par fa propre pefanteur. On
y monte avec une espèce d'échelle faite d'une pièce de
bois , où il y a quelques fortes de degrés.
Les Lappons ne s'habillent pas tous de la même forte.
Les hommes portent en été des hauts-de-chauffes fort
étroits , qui leur ferrent le corps de tous côtés , 8e leur
tombent jusqu'aux oieds, le long des cuiflès. Ils mettent
par-deffus une robe avec des manches. Cette robe , qui
eft fort large, leur defcend jusqu'à la moitié des cuiffes,
êe ils ont une ceinture par-deffus ; ils n'ont ni linge ni
chemife par-deffous. Ces vêtemens font de laine : ceux
despayfans font blancs ou gris, de la couleur de la faine
employée, fans avoir paffé à la teinture ; l'étoffe en eft
fort grcffiere. Les habits des riches font d'une étoffe
plus fine , verte, bleue, fort fouvent rouge, & jamais
noire, parce qu'ils ont cette couleur en horreur. Leurs
ceintures font de cuir que les plus riches garniffent de
petits boutons d'argent , attachés fort près les uns des au-
tres ; ceux des plus pauvres ne font que d'étain. Ils pen-
dent à cette ceinture un couteau dans une gaine , une
bourfe carrée, plus longue que large, un lac fait de cuir,
& un étui avec des aiguilles & du fil ; la gaine eft de
cuir de renne , coufue par le côté avec des filets d'étain,
ayant .de petits anneaux qui pendent au bas : la bourfe eft
auffi de cuir de renne, mais avec le poil; on y ajoute
un autre cuir auffi grand que la bourfe ; Se ce cuir qui eft
couvert d'un morceau d'étoffe rouge , ou d'une autre
couleur, brodé auffi de filets d'étain, fe ferme avec trois
petits nœuds. Ils mettent leur tabac dans cette bourfe,
& les autres chofes peu confidérables , avec une pierre
à feu , d'ordinaire de cryftal , un morceau d'acier & du
foufre pour faire du feu. Le fac eft du même cuir de
renne ; fa figure eft longue Se ronde ; ils y mettent leur
argent & ce qu'ils ont de plus précieux; l'étui des aiguil-
les eft fait d'une façon fort particulière. Ils prennent une
pièce d'étoffe carrée, plus large par le bas que par le
haut, qui4a la figure d'un triangle long, mais coupé par
la pointe : ils bordent cette étoffe avec du cuir , & y
mettent des aiguilles ; ils fourrent cet étui dans un autre
de même figure, couvert par-deffus d'étoffe rouge, ou
d'une autre couleur, bordée avec des filets d'étain , &
LÂP
qui fe tire avec la couroie. Ils pendent encore à leur cein-
ture de petites chaînes de laiton, & un grand nombre
d'anneaux du même métal ; ces petites chaînes leur font
attachées autour du corps ; la bourfe pend au bas du
ventre , Se les autres chofes font fur les côtés.. Ils ie
couvrent ordinairement la tête d'un bonnet tel que ceux
que l'on prend en France en fe couchant; les plus riches
y font faire un bord de peau- de renard , de martre ou
de caftor : il y a de ces bonnets faits de la peau d'un
oifeau nommé loom , qui a encore toutes fès plumes.
Ils accommodent quelquefois l'oiléau entier avec tant
d'adr'effe, que, fans en ôter ni les aîles ni la tête, ils
s'en font un bonnet. Leurs fouliers font de cuir de renne
avec le poil, même en la partie qui répond à la plante
du pied. Ils font cette partie de deux pièces coulùes en-
femble, dont l'une a le poil tourné vers le devant, &c
l'autre en arrière, parce que cette femelle eft trop grif-
fante, lorsque le poil eft tout d'un côté. La forme du
foulier eft mal faite, ayant feulement une ouveriure par-
deffus , afin que le pied y puifl'e entrer. Le devant eft
comme un bec tourné vers le haut, & qui va en pointe.
Ils les garniffent de quelques coutures , par lesquelles ils
y attachentun petitmorceau fort court d'étoffe, ou rouge,
ou de quelqu'autre couleur ; ils mettent leurs pieds nids
da;is ces fouliers, Se les lient au bas de la jambe, avec
une courroie ; ils y fourrent quelque peu de foin ; ils ont
en hyver des hauts de chauffes de peaux des pieds de
rennes avec le poil ; Se leurs habits de cette faifon, qu'ils
appellent muddts , font auffi de la peau velue de cet ani-
mal. Les plus eftimés de ces muddes. font des peaux de
petits rennes , dont le premier poil eft tombé. Les Lap-
pons portent auffi, dans cette mé'me faifon, des bottes Si
des mitaines de ces mêmes peaux qui ont encore le poil,
&e_ fé couvrent la tête d'une espèce de bonnet fort large,
qui couvre leur"s épaules en partie, nelaiffant qu'un trou
au-devant par où ils peuvent regarder ; le refte les garan-
tit du troid, des neiges & de la pluie. Le poil des peaux,
dont ils font vêtus, eft en dehors; enfyrte qu'ils paroif-
fent comme les bêtes même, couverts de poil depuis
la tête jusqu'aux pieds.
Les femmes portent en été des robes qui leur cou>
vrent le fein , les bras Se tout le corps , ayant quelques
plis par-devant , qui vont jusqu'en bas : elles n'ont ja-
mais de chenilles , non plus que les hommes ; les femmesi
de la plus baffe condition,font couvertes d'une étoffe grof-
fiere que fon tles payfans de Suéde. Les plus riches ont du
drap d'Angleterre rouge ou d'écarlate, Se fe parent, fur les
reins, d'une ceinture, large fouvent de trois doigts: ces
ceintures font enrichies de lames de la longueur d'un
doigt , où il y a des( figures gravées , des fleurs, de petits»
oifeaux , Se autres chofes femblables : ces figures font
attachées par-deffus fur une bande de cuir, &C mifes très
près les unes des autres : elles y pendent plufieurs chaî-
nes de laiton, à l'une desquelles elles attachent un cou-
teau avec la gaine , à l'autre la bourfe, & à un autre un
étui avec des aiguilles; elles attachent à toutes ces cho-
fes qu'elles portent fuspendues devant elles, quantité
d'anneaux de laiton; Se le bruit qu'ils font les uns con-
tre les autres , leur fait croire qu'il contribue à faire
eftimer leur bonne mine. Les Lappones fe mettent fur
le fein un ornement d'étoffe rouge ou d'une autre cou-
leur , auffi large que la paume de la main. Il tourne au-
tour de leureou, en manière dé collier; defcend des
deux côtés fur le fein , & finit en pointe : elles mettent
fur cette étoffe, à l'endroit du fein, Se quelquefois auifi
vers le cou , quantité de balles ou boutons fort près les
uns des autres , avec des petites lames ou feuilles de mé-
tal pendantes. Les plus riches ont des boutons d'argent,
ou dorés, gravés & cifelés de différentes manières: elles
en ont fur cette espèce de colier , Se fur leur robe , à
l'endroit qui ferme le fein , jusqu'à deux ou trois rangs
attachés les uns contre les autres : celles qui ne peuvent
avoir des boutons d'argent, en ont de cuivre ou d'étain ;
& c'eft en cela que confifte leur principal ornement :
leur co'éffure eft plate par deffus, ronde par les côtés, Se
de couleur rouge. Les femmes Se les filles les plus riches
y mettent des galons de fil de lin. Ellesfe couvrent les cuis-
fes avec des chauffes qui leur vont jusqu'aux pieds; leurs
fouliers font femblables à ceux des hommes. Leurs vête-
mens en hyver ne font guères différens. Elles ont des mud-
des de rennes avec le poil , des hauts-de-chauffes, à caufe
des
La?
LAP
des neiges,du mauvais tems 6k de la difficulté des chemins,
6k des bonnets, dont elles le couvrent toute la tête.
Elles portent quelquefois pendant l'été de ces fortes de
bonnets pour fe garantir des piqueures des moucherons.
Elles les ferrent fous le cou avec un lien , 6k redreffent
par deffus la tête , l'autre partie qui en hyver leur tombe
ÏUr les épaules. La nuit elles fe couchent fur des peaux
de rennes , 6k en jettent quelques-unes fur des branches
ck des feuilles de bouleau, qui leur tiennent lieu de paille
ou de matelas. L'été, elles ont des couvertures de laine;
le poil des filets de ces couvertures eft fort long ; elles
s'en enveloppent tout le corps, 6k toute la tête, à caufe
des moucherons , afin que leur pefanteur ne leur ôte pas
la facilité de respirer, elles les fuspendent ordinairement
avec des cordons du côté de la tête , au haut de la'tente
ou cabane: elles font toutes nues fous ces couvertures,,
tant en hyvér qu'en été.
Comme les Lappons, qui demeurent dans les monta-
gnes, ne vont presque jamais à la pêche , 6k qu'ils ont
toujours des rennes en très-grand nombre , ils en tirent
feuralimçnt le plus ordinaire. Ils n'en mangent en hyver
que la chair cuite , 6k en été ils fe noùrriflènt des fro-
mages de leur lait , 6k de leur chair defféchée à l'air
pendant l'hyver. La langue de renne pafie pour un mor-
ceau très-friand: ils la font rôtir. Lagraiffe ci la moelle
des os font pour eux des mets délicieux. Leur nourriture
la plus ordinaire eft le fang du même animal cuit, dans
de l'eau. Les Lappons des forêts vivent de poiflon, de
bêtes fauvages ckd'oifeaux. Ils préfèrent la chair d'ours à
celle des autres bêtes. L'ufage du pain 6k des autres nour-
ritures faites de farine, eft fort rare parmi eux. Ils n'ont
point de fel, 6k en mettent très-peu fur leurs viandes
quand on leur en porte. Au lieu de farine 6k de pain, ils
prennent des poiflons qu'ils expofent l'hyver à l'air ex-
ceffivement froid, 6k en été au veatj 6k au foleil, 6k les
mettent en poudre, après les avoir ainfi defféchés. Olaiis
Magnus rapporte qu'au commencement de l'été ils cueil-
lent les bouts des pins , dont la moelle eft fort douce, 6k
qu'ils s'en fervent au heu de pain. L'écorce de ces ar-
bres leur tient lieu de fel, après l'avoir préparée. Pour
cela,ils dépouillent les pins deleurgrofle écorce, aux en-
droits les plus proches de la terre ; ils lèvent la petite
écorce intérieure , qu'ils nettoyent bien , 6k la mettent
en feuilles fort déliées , qu'ils font enfuite fécher au
foleil, après quoi ils les rompent en petits morceaux, 6k
en rempliffent des caiffes: ils mettent ces caiffes dans la
terre , 6k les couvrent de fable, laifïant tout le long
d'un jour ces écorces s'attendrir 6k cuire dans leur cha-
leur. Ils font brûler dans l'endroit où les caiffes font en
terre une grande quantité de bois ; le feu recuit encore
ces écorces , leur fait prendre une couleur rougî , ck
leur donne une faveur très-agréable. Après qu'ils ont
fait la pêche, ils vuident tous les poiflons qu'ils ont pris,
dont ils font cuire une partie, 6k mangent les autres iècs.
Ils font bouillir ceux qu'ils ne font pas fécher, ou feuls,
ou avec de la chair de bêtes fauvages ou d'oifeaux , ne
faifant jamais rôtir ni la chair ni le poiflon, à la referve
de la langue du renne, & des os qu'ils mettent fur le feu,
ck qu'ils caftent enfuite, afin d'en manger la moelle. Ils
n'ont que de l'eau pour boiftbn. Afin qu elle ne gèle pas
l'hiver , ils la tiennent dans un chaudron fuspendu fur le
feu, au milieu de la cabane, 6k chacun en prend tant
qu'il veut avec une cuillère. Ils ont , outre l'eau com-
mune, une boiffon qu'ils nomment labma ; c eft le bouil-
lon où il? ont fait cuire le poiflon avec la chair. Lors-
qu'ils veulent faire la débauche, ils boivent des eaux-de-
vie de France , qu'ils achètent en Norwége , à la foire
de Saint-Jean. En hiver,ils font leurs repas dans la cabane,
vers le côté où le père de famille fe tient avec fa femme
ck fes filles , à droite en entrant par la grande porte ;
en été ils mangent dehors fur des gazons. En quelque en-
droit qu'ils mangent, ils ne gardent aucun rang. Ils fe
mettent à plate terre, ou fur une peau étendue, les pieds
plies par derrière l'un contre l'autre. Lorsqu'ils font affis
ainfi en forme de cercle, on met les viandes fur un ais
qui leur fert de table : chacun prend ck tient à la main
fa pièce de chair ou de poiflon , ck fouvent ils en ti-
rent eux-mêmes du chaudron autant qu'ils en ont befoin ,
ck mettent ce qu'ils en tirent , ou fur leurs gants , ou
dans leur bonnet. Si c'eft quelque chofe de liquide, du
lait, du potage , ils ont pour cela un grand vaiffeau fait
717
d'un tronc de bouleau creufé en long. Le repas fini , ils
lèvent les mains au ciel , 6k rendent grâce à Dieu ,
après quoi ils fe donnent mutuellement la main droite ,
s'exhortant à conserver l'amitié qu'ils ont les uns pour
les autres.
Quand un Lappon veut fe marier, il cherche une
fille riche qui ait grand nombre de rennes ; car les Lap-
pons en donnent en propre à leurs enfans , fi-tôt qu'ils
font nés. Le prétendant va voir les parens de cette fille,
avec quelques-uns de fes amis , dont l'un eft chargé de
traiter l'affaire. Ce médiateur porte avec lui quelque bou-
teille du meilleur esprit de vin, qu'il peut rencontrer;
fck quand ils font arrivés à la cabane ; on les convie tous
d'entrer, à l'exception de l'amant, qui doit demeurer
dehors, jusqu'à ce qu'ils ayent bu le vin de la bien-
venue , ck que la propofition ait été faite. Il entre en-
fuite; 6k on lui donne à manger, fans qu'il voie la fille.
S'il peut obtenir lapermiflion de lui parler, il fort de la
cabane après le repas , ck va prendre dans fon traîneau
fes habits de laine ck tout ce qu'il porte aux jours des
plus grandes fêtes'. Il vient faluer fa maîtrefle en cet état;
ce qui fe fait par un baifer , en s'appliquant le nez for-
tement l'un contre l'autre. Cela fait , l'amant lui préfente
une langue de renne, de la chair de caftor, 6k d'autre-s
viandes qu'elle refufe d'abord en préfence de fes fceurs
6k de fes autres parens ; mais en même tems elle fait
ligne à l'amant de fortir de la cabane. Lorsqu'ils font
tous deux en particulier, elle reçoit ces mêmes préfens.
L'amant la priant, après cela, de lui permettre de dormir
auprès d'elle dans la cabane ; fi elle ne le veut pas , elle
jette les préfens pa* terre , pour marque de fon refus ;
lï elle y confent , l'affaire pafle pour conclue entr'eux.
Cependant l'approbation -des parens, absolument né-
ceffaire , eft quelquefois retardée deux ou trois ans ; ce
qui vient des grands préfens qu'il faut que l'amant leur
fafle pour les gagner. Il ne laiffe pas de voir fa maîtrefle ;
mais il eft obligé , toutes le fois qu'il veut avoir ce plai-
fir, de porter de Pêau-de-vie; 6k cela eft caufe que le
père , qui eft bien-aile d'en boire long-tems , diffère
d'approuver le mariage. Lorsque le jour en eft arrêté,
tous les parens 6k les alliés de chaque côté s'affemblent
la veille dans la cabane de la fille , où l'amant fait les pré-
fens de noces , au père un gobelet d'argent , un grand
chaudron de cuivre , 6k un lit avec toutes les couvertu-
res 6k autres étoffes néceflaires pour le garnir ; à la merê,
une ceinture d'argent, une robe de parade, 6k un col-
lier garni par-tout de boutons d'argent ; aux frères , aux
fceurs , 6k autres plus proche parens , des cuillères d'ar-
gent , des joyaux auflï d'argent pour pendre au cou , 6k
chofes (èmblables. Le lendemain, l'épouiè commence par
délier les cheveux , donnant la bande qui les avoit jits— -
ques-là tenus noués, à fa plus proche pivente d'entre
les filles. Elle les peigne ', les laiffe tomber , 6k met fur
fa tête nue une ou deux ceintures d'argent doré, de cel-
les dont les femmes ont acoutumé de fe fervir au lieu
de guirlande ; enforte que fi la ceinture eft trop large
pour la tête, on la refferre, 6k on en fait pendre le bout
par derrière. Ce jour-là, elle prend fes plus beaux habits,
ainfi que l'époux ; 6k ils vont tous deux ainfi parés, rece-
voir la bénédi&ion nuptiale. Si le chemin eft long , 6k
que ce foit en hiver, on fe fert de rennes attachés à des traî-
neaux. Lorsqu'on eft arrivé près de l'églifè , un Lappon,
qu'ils nomment autolmdma, c'eft- à-dire meneur, marche la
premier, comme conducteur de toute la troupe ; l'époux
marche immédiatement après lui , 6k tous les hommes le
fui vent. Quelques filles vont devant l'époulée, qui a un
homme 6k une femme à lès côtés pour la foutenir, &
qui témoigne beaucoup de trifteffe, pour faire connoître
que c'eft par contrainte qu'elle quitte fon père 6k fa mère.
Les autres femmes la fuivent ; 6k lorsqu'ils font entrés
dans l'églifè , on fait les mêmes cérémonies qui s'obser-
vent parmi les Chrétiens dans les mariages. Le feftin des
noces fe fait ensuite dans la cabane des parens de l'épou-
fée , où tous les conviés apportent, chacun dès le loir,
leur portion des viandes , qu'on y doit manger. La plus
grande partie en eft fournie par les parens du marié 6k
de la mariée, qui la donnent toute crue à un Lappon éta-
bli pour la faire cuire. Le marié 6k la mariée font affis
à table l'un auprès de l'autre , 6k ensuite tous les pare'is
6k les alliés. Chacun reçoit ce que lui préfente le Lap-
pon, qui fait l'office de traiteur, 6k qui, commençant par
Terni III. Aaa a a
LAP
73»
les mariés , diftribue ensuite la portion a tous les autres.
Comme la cabane eft trop petite pour contenir tout le
monde , les garçons ck les filles , qui n'y peuvent trou-
ver place montent fur le toit , ck font descendre des
ficelles , au bout desquelles il y a de petits crochets ; on
y attache des pièces de chair, afin qu'ils ayent leur part du
Feftin. Les noces achevées, il n'eft pas encore permis au
marié d'emmener fa femme avec les biens qui lui appar-
tiennent ; il eft obligé de demeurer avec fon beau-pere,
& de le fervir un an entier. Après cela , fl on le juge à
propos, il établit féparément fa famille. Ils lavent les
enfans nouvellement nés dans de l'eau froide , ou de la
neige , jusqu'à ce qu'ils voient qu'ils ont de la peine à
respirer ; alors ils les mettent dans de l'eau chaude , ck
prennent garde qu'il ne leur en tombe aucune goutte fur
la tête , jusqu'à ce que le prêtre les ait baptifés. Si-tôt
que les enfans font ainfi lavés, ils les enveloppent dans
une peau de lièvre. L'accouchée a fon lieu particulier
dans la cabane , où elle demeure au lit fort peu de tems.
Quand elle a recouvré fes forces , c'eft-à-dire, le quator-
zième jour, pour le plus tard, après fes couches, elle
fe. met en chemin , grimpe fur la cime des montagnes
les plus hautes , pafle le long des lacs les plus étendus ,
ck traverse d'épaîfles forêts , pour porter fon enfant au
prêtre, afin qu'il lui donne le baptême. L'hiver elle l'at-
tache au traîneau, fur lequel elle eft portée, ck entêté
fur le bât dont elle charge le renne. Les Lappones n'ont
point de nourrices ; elles donnent elles-mêmes à tetter
à leurs enfans, durant trois ou quatre années , & les ac-
coutument à la viande de fort bonna heure. Leurs ber-
ceaux font faits d'une groffe pièce de bois creufée_, gar-
nie de cuir par dedans, ck à l'endroit delà tête il y a
comme un petit toît en rond , fait auffi de cuir. Elles y
mettent leur enfant tout nud; ck au lieu de langes, on
fourre par- deflbus une espèce de moufle rouge fort douce,
qu'elles font bien fécher en été. Elles changent cette
meuffe toutes les fois qu'il faut remuer l'enfant. Il y a,
le long des côtés, des peaux de jeunes rennes, dont elles
le couvrent. S'il faut le bercer pour l'endormir, elles fus-
pendent le berceau au toît de la cabane, & le font ainfi
aller en l'air d'un côté à l'autre ; pour l'amufer ck le
réjouir, elles y attachent des anneaux de laiton , qui, en
faifant du bruit , lui fervent de hochets. Elles y mettent
quelques marques qui avertificnt l'enfant de bonne heure
de fa condition , & de ce qu'il doit faire quand il fera
grand. Si c'eft un garçon , elles attachent à fon berceau
un petit arc, de petites flèches , ck une petite hallebarde,
tout cela bien travaillé , ck fait de corne de renne ou
d'étain ; fi c'eft une fille , elles y pendent les aîles , les
pieds & la tête d'un oifeau trcs-blahc, pour leur appren-
dre qu'elles doivent être très-pures & très-promptes à
remplir tout ce qui eft de leur devoir. Ces enfans n'ont
point d'autres maîtres que leurs parens pour leur appren-
dre les arts qui leur peuvent être néceflaires. Les pères
inftruifent les garçons à tirer des flèches avec l'arc à un
certain but ; ci fi-tôt qu'ils favent un peu tirer, on les
oblige tous les jours de vifer contre un morceau d'écorce
de bouleau pendu au bout d'une grande perche ; 6k on
ne leur donne point à manger qu'ils n'ayent donné dans
ce but. Les mères apprennent aux filles à coudre des bot-
tes, des fouliers , des gants, des habits , ck tout le har-
nois qu'on met fur les rennes , quand on les attache à
des traîneaux. La coutume des Lappons eft_ de donner
à chacune de leurs filles , auflï-tôt qu'elle a été baptifée,
.-un renne femelle ; ils lui en donnent encore un quand les
dents commencent à lui percer. Ils gravent fur les cornes
de ces animaux la marque de la fille ; & tous ceux qui pro-
viennent de ces rennes , lui font confervés. Si on en
échange pour de l'argent, du cuivre, du laiton ou des ha-
bits, tout, ce qui eft acquis par le troc, eft pour cette fille.
En Lapponie , l'occupation des hommes eft ou la pê-
che, ou la chaffe ; ils fe fervent de flèches ou d'armes à feu,
fuivant que l'animal qu'ils poursuivent eft plus ou moins
redoutable. Les femmes feules préparent le boire & le man-
ger ; elles s'occupent à tailler ck à coudre des habits, à faire
des gants , des fouliers ck tout ce qui eft néceffaire pour
attacher les rennes aux traîneaux , qui font les feules voi-
tures en ufage dans ce pays. Les Lapponnes fort ordinai-
rement leur fil avec des nerfs de renne , battus & pré-
parés à-peu-près comme du lin que le froid exceflïf ne
permet pas de faire venir en Lapponie, Elles tirent auffi
LAP
du fil de la laine de brebis , pour en faire des bandes ck
des rubans; elles font auffi du fil avec du poil de lièvre
blanc, & if leur fert pour des bonnets qu'elles font en
tricotant avec trois ou quatre petites broches de fer, fem-
blables à celles dont on fe fert pour fabriquer des bas de
foie ou de laine , dans les autres pays de l'Europe.
Il y a deux chofes principales parmi les Lapons, l'une
qui regarde -la juftice, l'autre les tributs. Les hiftoriens
rapportent fort peu de chofe touchant la juftice, dont
il femble que leurs rois ont été les maîtres , & qu'ils
l'exerçoient lorsque cette nation jouifloit encore de fa
liberté ; mais depuis -que les Birkales leur ont commandé
fous le titre de préjîdens ,• ils ont toujours reconnu leur
gouvernement. Ces Birkales ont été des fujets du roi de
Suéde , appelles ainfi , parce qu'ils étoient de la paroifle
de Birkala , 6k ont toujours eu coutume d'aller de Suéde
en Lapponie. Il eft vrai que le roi Guftave I ne parle
point dans fes Lettres de Birkales, d'une feule paroifle,
mais de plufieurs, & qu'au lieu de nommer ces'paroifles
Birkala, il les appelle Pitha, Luhla ck Torna. Cela vient
de ce que, dans 'la fuite, quelques Birkales , nés- dans la
Tavaftie , furent établis dans les villes de Luhli ', de Pi-
tha ck de Torna , pour y commander aux Lappons, ck
trafiquer avec eux par même moyen. Comme le com-
merce avec ces peuples fauvages n'étoit permis qu'aux
Birkales , Buraeus les nomme marchands , ck remarque
que les habitans de laBoîhnie, & particulièrement ceux
qu'on appelle Birkales , avoient foin d'acheter, pendant
l'été, des marchands qui vendent fur leurs côtes par le
golfe de Bothnie, les denrées qu'ils connoifloient néces-
faires aux Lappons, ck qu'ils les portoient en Lapponie,
lorsque les lacs &c les fleuves étoient tout-à-fait glacés.
On voit par-là , que les Birkales étoient habitans , non
d'une feule paroifle , mais de toute la Bothnie. On pour-
qu'ils ne demeuraient anciennement que clans
roit di;
la paroifle de Birkala ; que depuis ils ont parle dans les
régions plus avancées f Se qu'ils y ont confervé dans tous
les pays ck toutes les villes , les droits qu'ils ont obtenus
d'abord du roi Magnus - Ladulaos. Ces droits étoient
qu'ils auroient feuls une autorité entière fur les Lappons,
& qu'aucun autre ne lèverait de tributs fur ce peuple ,
avec lequel il ne ferait permis qu'à eux feuls de trafiquer.
Voilà le pouvoir des Birkales fur les Lappons, fous l'au-
torité des rois de Suéde. Ziéglérus ne reconnoît aucun
juge parmi eux. I! dit feulement qu'ils venoient en Suéde,
pour y terminer leurs différends fur le droit douteux. Ces
fortes d'affaires étoient rares,, parce qu'on n'entend point
parler enLapponie de larcins, de vols, d'aflaflînats, d a-
dulteres , ni d'autres crimes femblables. Il n'y a que la
feule impiété magique qui régne parmi ce peuple, quoi-
qu'elle y ait été défendue expreffément de tout tems, ck
févérement punie. Depuis qu'ils ont reçu le baptême ,
ils n'ofent plus enfeigner cet art , ni s'en fervir ouver-
tement , à caufe qu'il y va de la vie. Si-tôt que Guftave I
eut éloigné les Birkales du gouvernement, ck qu'il eut
donné aux Lappons des préfets particuliers , on régla
avec plus d'ordre les informations ck les procès. Char-
les IX fit apprendre à ces préfets les loix de la Suéde ,
ck les obligea d'accommoder, autant qu'il ferait poffible,
leur manière de vivre à ce qui étoit réglé par ces loix.
Les Lappons ont aujourd'hui trois tribunaux. Le premier
eft pour la Lapponie d'Aongermanne ; le fécond pour
les Lappons d'Uhma , de Pitha ck de Luhla ; ck le troi-
fiéme pour celles de Torna ck de Kiémi. Il y a trois pré-
fets , un pour chacun de ces tribunaux devant qui vont
toutes les affaires. Ils font obligés de rendre la juftice à
tous leurs peuples , au nom de la couronne , ck en la pré-
fence du juge & du prêtre. Les tributs qui confiftoient,
au commencement, en peaux de bêtes fauvages , étoient
payés plus par les Birkales que parles Lappons, non pas
tant pour le profit que pouvoit en recevoir la couronne
de Suéde , que pour marquer l'obéiflance des Birkales à
cette couronne , dont ils tenoient leur autorité fur les
Lappons. Ces tributs confident préfentement en espèces
de monnoie , en rennes ck en peau ; chaque Lappon
paye à proportion , ck félon la qualité du territoire qu'il
occupe. Les territoires les plus étendus font appelle', d'un,
entier, ou dujufie tribut ; rk les plus pe'its territoires,
d'un demi- tribut. Celui qui a un territoire d'un tribut
entier, paye tous les ans à la couronne deux richdales
en espèces; ôc^elui qui n'a qu'un héritage de demi-tri-
Lap
LAP
but, paye feulement une richdale. Comme il arrive fou-
vent que plufieurs d'entr'eux n'ont point de richdales ,
ils donnent des peaux de renards ci d'écureuils. Cin-
quante peaux d'écureils font eftimées une richdale , &C
une peau de renard avec une paire de fouiiers à la mode
des Lappons, vaut la même chofe.Les poiffons doivent
être fecs ; il en faut deux livres du grand poids, pour
égaler une richdale. Ils donnent auffi la dixme de leurs
rennes , & ce tribut te levé fur chaque pays, & non lur
les familles particulières. Outre cela, chaque chef de fa-
mille eft obligé de donner ou une peau de renard blanc,
ou deux paires de fouiiers du pays ; & quand il ne peut
fournir ceschofes, il paye une demi-livre du grand poids
de brochets fecs. Une partie de ces tributs s'emploie à
entretenir les prêtres, qui demeurent en ce pays, pour
inftruire les Lappons.
Depuis qu'ils n'ont plus été affujettis aux Birkales, ils
ont eu une grande liberté de trafiquer avec les autres
nations. Ceux qui demeurent proche des montagnes qui
féparent la Norvège de la Suéde, ont commerce avec
les Norvégiens & les Suédois. Ceux qui font plus éloi-
gnés de ces montagnes, n'en ont qu'avec ces derniers; &c
ceux qui font plus vers le nord & l'orient, trafiquent avec
les Ruffes & les Finons. Les marchandées qu'ils échan-
gent avec de l'argent, des richdales, des étoffes de laine,
de la toile , du cuivre , du laiton , de la farine, du fel ,
des peaux de bœuf, des aiguilles , des couteaux, de l'es-
prit de vin, & fur-tout avec du tabac qu'ils aiment pas
fionnément, font des rennes & des poiffons qu'ils pien-
nent en fi grande quantité , qu'ils en remplifïent des ré-
iérvoirs, &c en mettent dansdes banques, pour porter aux
provinces voifines qui font la Northbothnie Se la Ruffie
blanche. Ils trafiquent auffi de peaux extrêmement blan-
ches, qu'ils nomment des armdines, & d'autres peaux, de
rennes, de renards noirs, de roux, de bleus & de blancs,
de goulus , de loutres, de martres -^de caftofs,de loups,
d'ours & d'écureuils , de robes du pays , de gants , de
fouiiers, de bottes , de brochets defféchés & de fromage
de lait de rennes.
Les Lappons ne s'appliquent aii travail que lorsque le
manque de vivres les y oblige , & mènent une vie affez
folitaire, à caufe que chaque famille demeure dans lès
cabanes féparées, &i (ouvert fort éloignées de toutes les
autres. Us (è plaifent fort à vifiter leurs parens & leurs
amis. Les plus riches fe font un plaifir de régaler ceux
qui les viennent voir. Ils ont des jeux qui charment leur
oifiveté, fur-tout en hiver, lorsqu'ils s'aflèmblent aux lieux
deftinés pour y mettre en vente leurs marchandées , ck
rendre la juftice. Les hommes tracent une ligne fur la
neige, & mettent un but au-delà, dans la diftance de
quelques pas. Chacun d'eux court depuis ce but jusqu'à
la ligne , où étant arrivés , ils fe lancent en jutant le plus
loin qu'ils peuvent , ck celui qui peut lauter plus avant
remporte le prix. Quelquefois le jeu confifte à qui pourra
fauter le plus haut , ck pour cela on- tient une corde ou
un bâton à une certaine hauteur, &f ils tâchent l'un après
l'autre de fauter par-deffus cette corde ou ce bâton. Ils
Ont un autre jeu qui fe fait avec les flèches. Ils marquent
un but fort petit , où ils tirent avec l'arc, d'une certaine
diftance, & le vainqueur eft celui qui donne plufieurs
fois dedans. Les hommes & les femmes jouent auffi
quelquefois enfemble avec une balle de cuir remplie de
foin. Ils fe partagent en deux bandes : l'une tient un cer-
tain espace, ck l'autre un autre, avec quelque diftance
entre deux. Etant ainfi dispofés, tous ceux d'un parti frap-
pent la balle l'un après l'autre avec un bâton , ck la font
voler en l'air de toute leur force. Si quelqu'un de ceux
de l'autre parti peut l'attraper de la main , avant qu'elle
tombe à terre , le jeu fe change ; ce parti frape la balle
à fon tour ck l'envoie en l'air. Quelquefois ils tracent
deux lignes fur la neige gelée , éloignées l'une de l'au-
tre d'un certain espace. Les hommes ck les femmes fe
partagent indifféremment en deux partis, qui entrepren-
nent chacun de défendre une de ces lignes. Ils s'allem-
blent tous enfuite au milieu de l'espace qui eft entre
deux, ck tâchent de pouffer la balle avec des bâtons,
vers la ligne- du parti contraire. Celui des deux partis
qui réuffit , remporte l'avantage. Les femmes dans l'un
& l'autre de ces jeux , ne font pas paroître moins dV
dreffe 6c de vigueur que les hommes. Ceux qui font
71$
avancés en âge^ dnt .un jeu qui leur eft particulier. Us fé
divifent en deux clafles pour lutter les uns contre les au-
tres. Une claffe le pofte fur une longue ligne de front;
comme un. rang de foldats en bataille, & 1 autre le range
fur une ligne oppofée. Ils prennent chacun leur adver-
fàire par la ceinture, ck celui qui peut le renverfer par terre,
fort victorieux du jeu. Les prix que remportent ceux qui
gagnent , font tantôt des écureuils ck tantôt des chofes
de moindre valeur. Quelquefois ils jouent les balles de
mousquet , dont ils fe fervent à la chaffe ; ck celui qui
les perd ainfi , ne pouvant plus y aller, en reçoit un
grand dommage, puisqu'il ne fauroit plus faire provifion
d'aliment pour l'avenir, jusqu'à ce qu'il ait recouvré d'au-
tres baies. .,.-..,
Les Lappons n'ont point de médecins , & ne croient
pas en avoir bel'oin , n'étant point attaqués de beaucoup
de maladies, communes ailleurs. Le mal des yeux qu'ils
ont pleureux, chaftîeux ck enflammés ; eft parmi eux la
plus ordinaire , ck elle eft affez fouvent fuivie de la perte
de la vue. Cela vient de la fumée , dont leur cabane eft
toujours remplie , & de la lueur du feu devant lequel
ils font la plupart du tems dès leur naiffance. Ils devien-
nent quelquefois poulmoniques , ck'font affligés de pleu-
réfie , de douleurs aux épaules , à l'eftomac , à l'épine
du dos , ck de vertiges ; mais cela leur arrive rarement.
Contre tous les maux, internes , ils fe fervent d'un breu-
vage fait de la racine d'une moufle, qu'ils nomment j enh z
ck à Ion défaut , ils prennent de l'angélque. Ils font
cuire la tige de cette herbe dans du lait clair de renne,
& cette déco&ion leur tient lieu de médecine. Quand
ils fentent des douleurs en quelque partie du corps , ils
prennent une espèce de champignons qui viennent aux
arbres de bouleau, en manière de gâteau ; & après y
avoir mis le feu , ils l'appliquent tout ardent fur la par-
tie affligée, afin que l'ulcère, qui s'y forme, attire toutes
les mauvaifes humeurs. Si l'application s'en fait comme
il faut, le champignon s'enlève de'lui-même, & la dou-
leur celle. Us n'ont point d'autre appareil pour les plaies,
que la réfnie qui diftille des lapins. Lorsqu'ils ont quel-
que membre gelé de froid , ils prennent du fromage de
renne, le fourrent dans un morceau de fer tout chaud;
ck avec ce qui en découle en forme d'huile , ils fro-
tent la partie affligée , qui eft foulagée presque auffi-
tôt.
La plupart des Lappons vivent jusqu'à foixante 8c
dix , quatre-vingt , ou quatre-vingt-dix ans , fans que
les cheveux leur blanchilient , ck qu'ils ceffent de cou-
rir au travers des bois & fur les montagnes. Il s'en trouve
même, parmi eux, qui paffent cent ans. Si quelqu'un vient
à être dangereulèment malade, foit de vieilleffe , foit
par accident , ils tâchent d'apprendre, par le moyen de
leur tambour, quel doit être le fuccès de la maladie; et
lorsqu'ils croient qu'il n'a pas long-tems à vivre , ils
l'exhortent à bien mourir , ck à avoir toujours dans le
cœur la paffion du Sauveur du monde. S'ils font peu
zélés pour la religion des Chrétiens , ils abandonnent le
mourant, ck le mettent feulement en peine du feftin des
funérailles. Dès que le malade a rendu l'esprit, tous les
affiftans quittent la cabane où le corps eft étendu. Si lé
mort eft riche , ils enveloppent fon corps dans un drap
de toile , lui couvrant toute la tête ; s'il eft pauvre, on
l'enlèvelit dans de l'étoffe de laine. Il eft mis enfuite
dans un cercueil par un Lappon que les parens ont prié
de lui rendre ce dernier office. Us font obligés de lier
un anneau de laiton au bras droit de ce Lappon ; ck il
y demeure attaché, jusqu'à ce qu'il fe foit acquitté de ce
devoir. Ils croient que* cet anneau eft un fur préfervatif
contre le mal que lui pourroient faire les mânes du mort.
Le cercueil fe fait ordinairement d'un tronc d'arbre
creulé. Ceux qui demeurent fur les montagnes des fron-
tières de Norvège , au défaut de bois , mettent le corps
du défunt dans un traîneau. Les Lappons , avant qu'ils
fuffent Chrétiens, enterroient Jeurs morts au premier en-
droit , ck particulièrement dans les bois ; ce qu'ils font
encore préfentement lorsqu'ils font fort éloignés del'é-
glife. Quelques-uns mettent fimplement le corps avec
fon traîneau dans la terre , & ils i
en couvrent principa-
lement dans les pays où il n'y a que des rochers far
bies. Les autres l'entourent de pièces de bois de tous
côtés, & fur-tout dans les forêts. Us en mettent par-
Tome III, Aaaaa ij
74»
LAP
LAP
deflbus,de peur que le cercueil ne fe gâte , aux côtés &
par-deiïus, pour empêcher les bêtes fauvages de man-
ger le corps. Ceux qui n'obfervent pas les cérémonies
du Chnftianisme , enterrent avec le corps la hache du
mort, un morceau d'acier 6c un caillou. Ils prétendent
que le mort, fe trouvant au dernier jour dans les téné-
ores, aura belbin de quelque lumieie , & qu'il pourra
allumer du feu avec cet acier 6c le caillou. Quant à la
hache , ils en donnent pour railbn , que fi le mort trouve
en fon chemin des broffailles 6c des branches d'arbres
capables de l'arrêter, il les coupera, parce que !a loi a
été impofée aux mort's d'arriver au ciel par le fer & le
feu. Ceux'qui embraflent les cérémonies des Chrétiens,
font porter le corps dans le cimetière qui eft proche des
églifes , à quoi le prêtre a foin de tenir la main. On
l'enterre comme il fe pratique parmi les Chrétiens; ÔC
les parens font paroître leur affliction , en fe trouvant
au convoi avec leurs plus mauvais habits. Ils ont ceci de
particulier, qu'ils laiffent dans le cimetière le traîneau
fur lequel on a apporté le corps du défunt , 6c tous les
vêtemens qu'il avoit durant fa maladie, fon lit, fes cou-
vertures & autres chofes pareilles. Le feftin des funé-
railles fe fait trois jours après la cérémonie de l'enterre-
ment ; les parens & les alliés du mort y font conviés.
On y mange la chair du renne qui a traîné le corps au
lieu de la fépulture. Comme il a été immolé en l'hon-
neur du mort , ils ont foin d'en amafTer tous les os dans
un panier fur lequel ils mettent une figure d'homme
grande ou perite, à proportion de la taille de celui qui
eft la caufe de ce feftin , 6c ils enterrent toutes ces cho-
fes. Les biens qui tombent entre les mains des héritiers,
Ôc qui confident en troupeaux de rennes , en vafes de
laiton , de cuivre , d'airain , 6c en argent monnoyé, fe
partagent entre les frères 6c foeurs ; les deux tiers aux
uns , & l'autre tiers aux autres ; ils mettent toutefois à
part, avant le partage, les rennes qui leur ont été donnés
dès leur enfance , avec tous ceux qui en peuvent être
pro venus. Quant aux immeubles, comme les terres, les '
lacs , les montagnes 6c les eaux où l'on fait la pêche ,
les enfans de l'un 6c de l'autre fexe les poffedent par in-
divis, fans les partager. Cet ufage eft appuyé fur la di-
vifion que le roi Charles IX fit faire de toute la Lap-
ponie , donnant un territoire particulier à chaque fa-
mille.
Les animaux les plus remarquables qu'on trouve dans
cette contrée, font les rennes, les ours, les élans , les
loups & les goulus. Il y a une fort grande quantité de.
caftors , de renards , de martres & d'écureuils. Les écu-
reuils y ont cela de particulier, qu'ils changent tous les
ans de couleur, rk qu'au lieu de roux, ils deviennent
gris, fi-tôt que l'hyver s'approche. On tient encore des
Lappons cette espèce d'animaux nommés hermelines ou
armelines , 6c plus communément hermines , dont les
peaux font très-blanches , 6c qu'ils échangent avec tou-
tes fortes de marchandifes. C'eft une belette blanche ,
qui a au bout de la queue une petite pointe fort
noire.
Table géographique des principaux lieux de la Lapponie
Suédoife & du Noidland.
Uhma,
Pita ou Pithéa ,
Lula ou Luhla,
Torna ou Tornéa ,"
Kimi ou Kiémi ,
Lappijaerf,
Antcware,
Ténokiile,
Porfanger ,
Lingen ,
Troènes,
Ewenes,
Titifare ,
Piala , -
Siguar,
Tinguvar^
Longit.
Latit.
D. M.
D. M.
38 0
65 11.
40 0
66 14.
40 30
66 30.
41 27
67 0.
42 50
67 1.
4* 33
70 9.
44 4
70 26.
46 0
70 50.
44 1
71 41.
37 30
70 30.
32 30
70 2f.
33 35
70 O.
37 55
69 40.
68 i?.
41 40
38 35
68 59.
38 0
69 40.
Longit. Latit,
D. M. D. M.
Rounula ,
39 3° 69 47.
K-oiuokrine
42 0 69 17.
Waranger,
45 0 71 3^.
Lanzord,
45 35 7« 16.
Huvalfund,
42 40 71 12.
Skrifoé ,
38 50 71 18.
Trumlas ,
35 5* 70 55.
Andacaës,
32 0 70 30.
Sergen ,
32 20 69 30.
Wardhus 01
Vardhuysi
31 0 71 5f.
Norkaap ou
Nordkap.
45 30 7a 3<*
LA PSIAS , fleuve de l'Afie mineure , dans la Bithyniè,
félon Pline , /. 5 , c. 3 2 , le feul qui en ait parlé.
LAPTÉE, prieuré de France , en Champagne, à
demi-lieue de Troyes. Il y avoit des Chartreux ; ce font
à préfent des Bénédiftins.
LAPURDUM, ancienne ville de la Gaule, dans la
Novempopulanie. La Notice de l'Empire fait mention
de cette ville , en ces termes : in provinciâ Novempopu-
lanâ tribunus cohortis Novempopulanie Lapurdo ; d'où
il eft aifé de voir que Lapurdum eft une ville de la No~
vempopulanie , où étoit en garnifon une cohorte levée
dans cette même province , 6c que cette cohorte y étoit
fous les ordres d'un tribun. Sidonius Apollinaris , /.8,
epijl. 12, dans une de fes Lettres , appelle Lapurdenjes
locuftas , une forte de poifton qui eft fort commun
dans ce pays , 6c qu'on y appelle langoujle. Dans l'ac-
cord entre Gonthram 6c Childebert , rois de France,
Lapurdum eft mis au rang des villes qui étoient du
royaume de Paris, qui avoit appartenu à Charibert. Sca-
liger, dans fes Leçons fur Aufone , /. 2, c. 7 , dit que
Lapurdum èft Lourde en Lavedan , dans la Bigorre;
en quoi il fe trompe, puisqu'au treizième fiécle la ville
de Bayonne s'appelloit encore Lapurdum , 6c fes évê-
ques 6c vicomtes étoient nommés plus fouvent en la-
tin Lapurdenses que Bayonenfes. Scaliger lui-même a
reconnu fon erreur ; 6c dans une édition poftérieure ,
en 1590 , il dit que Bayonne a été autrefois nommée
Lapurdum &C civitas Boatium , ce qui eft très-véritable
à l'égard du premier nom. Oihenard , écrivain Gascon,
affure que Lapurdum étoit un nom Gascon ou Basque ,
donné à ce lieu , à caufe des brigandages des habitans,
6c de leurs pirateries , dont il eft parlé dans la Vie de
S. Léon , évêque de Lapurdum. Le canton , où eft
Bayonne s'appelle encore aujourd'hui le pays de La-
bourd ; de-là vient que dans les anciens monumens, les
évêques de Bayonne font appelles Lapurdenjes, parce que
Lapurdum 6* Bayonne font deux noms d'une même
ville. Il eft arrivé à celle-ci la même chofe qu'à Da-
ramajia, 6c Ruscino , villes qui ont cédé leurs noms aux
pays dont elles étoient les capitales , 6c en ont pris d'au-
tres. Ainfi Tarantaife, Rouffillon 6c Labourd, qui étoient
des noms de villes, font devenus des noms de pays; 6c
au contraire, Paris, Tours, Rheims , Arras, &c. qui
étoient des noms de peuples ,' font devenus les noms de
leurs capitales.
I En rapportant ce que dit Scaliger, que Bayonne a été
autrefois nommée Lapurdum 6c civitas Boatium , j'ai
dit que cela eft très-véritable du premier nom. Tous nos
favans ne conviennent pas que cela foit vrai du fécond.
Hadrien Valois, Notit. G ail. p. 261 , tient pour l'affir-
mative, 6c dit que dans l'ancienne Notice des provin-
ces 6c des villes de la Gaule, elle eft nommée civitas
Boatium . 6c qu'elle tient le fixiéme rang entre les douze
cités de la Novempopulanie, 6c, dans un exemplaire de
cette Notice, le feptiéme rang. Il y a d'autres exemplaires
qui ajoutent, id eft, Boïus ; ou bien hoc eft, Boïus; ou bien,
quod efi Boïus in Burdigaknjl ;■ ce qui , félon ce favant
homme, eft indubitablement faux , puisque Lapurdum ou
civitas Boatium doit être chez lesTarbelliens, nation ma-
ritime de la Novempopulanie , 6c n'a rien de commun
avec les Boii, petit peuple, 6c village du Bouf dllois, dans la
féconde Aquitanie. Le dofte abbé de Longuerue, Descr.
de la France, i.part. p. 192, n'eft pas de ce fentiment.
II le réfute ; 1. en difant que cette Notice, fur laquelle
on s'appuie, n'eft pas, à beaucoup près, aufli ancienne
LAR
LAR
qu'on la fait. La haute antiquité de cette Notice a , dit-
il, été risjettée par le lavant Pierre Pithou , au chapitre
premier du fécond livre de fes Adverfarla , où il afîure
que plufieurs ont fauffement attribué cette Notice à Ân-
tonin, & qu'elle eft beaucoup plus récente, ayant été
tirée des canons d'ilidore , c'eft- à-dire du faux Ifidore.
l. Le rapport , que l'on croit trouver entre le nom de
Bayonne ck celui, de Boates , eft abfurde , parce que
Bayonne n'a jamais été appelléei?o«M<z, comme on vou-
drait le faire accroire, mais Baïona ou Bahiuna qui fignifie
en langue Basque un beauport. 3. Le même abbé, p. 17Z,
prétend que le pays de Buoh , ou Boates, étoit dans la
Novempopulame , & pourtant appartenoit au Bourde-
lois. Il ne faifoit pas une cité particulière , clvitas ; il y
avoit feulement un château , cajîrum ; c'eft pourquoi
l'auteur de la Notice alléguée, ou fes copiftes, fe font
abufés quand ils ont mis clvitas Boatïum ■; il falloit
écrire cajîrum Boatium. L'origine de cette erreur vient
de ce que, pour abbréger, l'on ne mettoit fouvent qua
la lettre C , pour l'un ck pour l'autre de ces noms ; ck .
c'eft ce qui a fait confondre clvitas avec cajîrum. Voyez
pourtant l'article Boatium Civitas, où l'on trouve
le fentiment d'Hadrien de Valois.
De Longuerue, l. c. p. 191, dit que Lapurdum étoit
un château bâti , du tems des Romains , dans le pays
des Tarbelliens ; cependant aucun géographe , ni Grec,
ni Latin , n'en fait mention, pas même Antonin, pas
même l'anonyme de Ravenne Quant à Bayonne , qui
a fuccédé à ce château, elle n'a commencé à. être con-
nue que fur la fin de l'onzième fiécle, car dans tous les
monumens de l'hiftoire & de l'antiquité , on ne con-
noît que Lapurdum , Labourd , dont le nom eft refté
au pays , après que le lieu, dont il avoit tiré ce nom, a
été anéanti. Les premiers évêques de cette ville ont
été auffi appelles évéques de Labourd ; ck il eft étrange,
pourfuit-il toujours , qu'il fe foit trouvé des gens qui
ayent voulu foùtenir cette opinion , ( touchant civitas
Boatium pour Bayonne,) après qu'elle a été fi folide-
ment réfutée par Oyhenart, en fa Notice de Gascogne,
& par l'illuftre Pierre de Marca , en fon Hiftoire de
Béarn , qui , nés l'un ck l'autre dans, le voifinage de
Bayonne , ck ayant examiné à fond les antiquités &
les monumens de ce pays , dévoient en être crus. Il
ajoute enfin que quand on prouverait qu'il y aurait eu
dans la Novempopulanie une cité nommée civitas
Boatium, on ne démontrerait pas que ce ferait la même
ville que Bayonne , ck Lapurdum.
LAQUEDONIA, nom latin de la Cedogna, ville
épiscopale du royaume de Naples. Laquedonenfis fe
trouve dans la Notice de Milon, ck dans celle de l'é-
vêque de Cathare. Voyez CEDOGNA.
LAQUENSIUM , génitif pluriel de Laqucnfes, pour
'Aqucnjlum ou Aquenjes ; on lit ainfi ce nom dans une
ancienne Notice des villes des Gaules. On a voulu mar-
quer le fiége de Dacqs. Voyez ce mot.
LAQU1A, rivière de l'Inde, au-delà du Gange ; elle
fort du lac de Chiamai ; ck, ferpentant le long des mon-
tagnes qui bordent ce lac au couchant , elle entre au
royaume d'Acham ou Azem , qu'elle traverfe d'orient
en occident ; elle paffe enfuite au royaume de Bengale ,
où, fe recourbant vers le fud-oueft ck le fud , elle fe di-
vife en trois branches qui forment deux ifles , dans
l'une desquelles eft fituée la ville deDaca, fur le Gange,
où fe perd .cette rivière. * Robert de Vaugondy ,
Atlas.
1. LAR., rivière de l'Arabie heureufe, félon Ptolo-
mée,,/. 6, c. 7.
2. LAR , fortereffe de la Mauritanie Céfarienfe. Anto-
nin la met entre Cartenna , colonie , ck Cartlli , à qua-
torze mille pas de la première , ck à quinze mille pas
de la féconde. Voyez Larensis.
3. LAR, Laer, ou Lara, ville de Perfe, autre-
fois capitale d'un royaume particulier , fck la réfidence
du roi , lorsque les Guébres , ou anciens Perfans, étoient
maîtres de ce pays. Le grand Schah-Abas la leur ôta.
Maintenant il y a un Khan , qui commande à toute la
province, que l'on nomme GhermÈS, & qui s'étend
jusqu'aux portes de Gomrom. Cette ville qui eft à qua-
tre, journées de Gomrom, & fituée fur un rocher, eft
fort petite ; elle n'a point de murailles, mais feulement
74î
un méchant fofle , au-delà duquel il y a plufieurs maî-
fons allez bien bâties , du nombre desquelles eft celle
des Hollandois , & ce font comme les fauxbo: r s. Il
n'y a rien à voir à Lar que la maifon du Khan , la
place , les bazars & le château. Les environs de ee'te
ville refiemblent à un bois ; ils font plantés de palmiers,
d'orangers & de citronniers , ce qui fait qu'on ne peut
la découvrir de loin. *Thevenot, Suite du Voyage du Le-
vant, c. 4 , p. 20. Voyez GemelLi Careri , Voyage du
tour du monde, t. 2 , p. 272. Corneille le Brun, Voyage
de Perfe, p.} 17.
Le Brun , étant Hollandois , écrit Laer , félon l'or-
thographe de fa nation. Thevenot, Gemelli Careri ,
Tavernier, Struys , d'Herbeiot, ck quantité d'autres,
écrivent Lar; Chardin écrit Laar ; Texeïra écrit Lar
ou Lara. Baudrand écrit Lar pour la ville , ck Lara
pour la province. Corneille fait trois articles aux titres
Laar, Lar ck Lara ; il met la première en Afie,
la féconde en Perfe, la troifiéme dans la Caramanie dé-
ferre. C'eft la même ville qui eft en Perfe, & par con-
féquent en Afie, ck dans une province qui faifoit partie
de l'ancienne Caramanie. La province de Perfe, dont
Lar eft la capitale, s'appelle Ghermes, comme on a dit;
mais le royaume de Lar s'appelloit le Laristan. Voyez
ce mot.
1. LARA. Voyez Laristan.
2. LARA, bourg d'Espagne, dans la vieille Caftille,
fur l'Arlanza. Ce lieu a été autrefois confidérable , ck
a donné le nom à une grande famille ; mais à préfent
ce n'eft plus qu'un bourg avec un ancien château , au
pied des montagnes d'Urbion, à quatorze lieues deBur-
gos, à l'orient, en allant vers la Rioja. C'étoit autre-
fois une ville épiscopale, appellée Maujlna, félon Bau-
drand , éd. 1602 & 1705. Ce nom de Maujlna eft
inconnu aux Notices eccléfiaftiques d'Espagne. ■
JLARABETHA , bourg d'Espagne dans l'Afturie.
C'eft préfentement Sant-AndERO. Voyez cet article
au mot Sant.
LARACHE : d'Ablancourt dans fa Traduction de*
Marmol , ou peut-être Richelet , fon éditeur , regarde 17
comme article , ck écrit l'Arache. Ce mot eft cor-
rompu d'el Arays-Beni-Aroz , qui eft le nom que
les habitans donnent à cette ville, en la langue de leur
pays. Quoi qu'il en foit, LARACHE eft un nom com-
mun à une ville ck à une rivière quil s'y jette dans l'O-
céan.
La ville de Larache eft ancienne, quoique bâtie par
ceux du pays , fur la côte, à l'embouchure d'une rivière
de même nom. Elle eft bordée par la mer, d'un côté,
ck de l'autre par le fleuve. Elle étoit fort peuplée lors-
que les Chrétiens fe rendirent maîtres d'Arzile; mais les
habitans l'abandonnèrent, jusqu'à ce que, vingt ans après,
Mulei-Nacer la fortifia , & repeupla gour fervir de rem-
part contre les Chrétiens de Tanger ck d'Arzile. L'en-
trée de la rivière eft allez dangereufe pour les navires;
ck Mulei-Nacer a fait bâtir un château tout proche. La
ville eft fermée de murailles , ck environnée de grandes
prairies ck d'étangs , où il y a beaucoup d'anguilles , Se
quantité d'oifeaux de rivière. Sur le bords du fleuve , il
y a des bocages fort épais , remplis de lions ck d'autres
bêtes farouches. La plupart des habitans fon charbon-
niers, ck leur principal trafic eft de charbon, qu'ils por-
tent vendre dans les places voifines. On recueille force
coton aux champs d'alentour , ck l'on pêche des alofes
dans la rivière. Il y a un allez bon port pour les petits
vaifieaux. Grammaye croit que la ville de Larache eft
eft le jardin des Hefpérides des anciens ; ck Sanut le
palais d'Antée, & le lieu où Hercule lutta contre ce
géant. C'eft la Lixa de Ptolomée , ck le Lixos de Pline.
Elle a été, pendant. long-tems, une des meilleures forte-
refles de Fez , fur laquelle les Espagnols ck les Portu-
gais avoient fait fouvent d'inutiles tentatives ; mais, l'an
16 10, Mulei-Xec, gouverneur de cette place, la livra
au marquis de S. Germain, général de l'armée Espa-
gnole. La ville eft ornée de beaux ck fuperbes bâti—
mens, 6k fermée de bonnes murailles. Il y a trois châ-
teaux auxquels les Espagnols ont donné les noms de
divers faints. Le château qu'ils ont appelle du nom de
Sainte-Marie , étoit entouré d'un large folTé , défendu
par un bon rempart , fck avoit trois portes de fer , ck
74î
LAR
LAR
foixame pièces de canon , dont trente ëtoient pointées
fur le château Saint-Antoine. Les Espagnols s'étant ren-
dus maîtres de cette place , & voyant de quelle canfé-
quence elle étoit pour la navigation , la fortifièrent en-
core davantage. Mais ils la perdirent, en 1681. Les
Maures la prirent auflî-bien que Mamûrra. * Marmol,
t. 1,1.4, c- 4°- Dapptr. p. ICI. ■
LARANDA , ( génitif orum ) ancienne ville d'Afie ,
en la Cappodoce, dans Y Antiochiana , félon Ptolomée,
/. 5, c. 6, qui joint ce canton à la Lycaonie. En effet,
cette ville étoit aux confins de la Lycaonie, de la Pifidie
& de l'Ilàurie : de-là vient que les anciens la donnent à
diverfes provinces. Etienne le Géographe dit qu'elle
étoit de la Lycaonie. Les Notices de Léon le Sage , &
de Hiéroclès l'y mettent auiîi. Strabon, /. 11, ayant
dit qu'Antipater , le Tyran , avoit fa réfidence à Derbe ,
ajoute que Laranda lui étoit auffi foumife. Dipdore de
Sicile, /. 18, c. n, dit: Perdiccas, & le roi Philippe,
fortirent de Cappadoce, marchèrent vers la Pifidie, fit
réfolurent de détruire deux villes , dont l'une étoit La-
randa. Àmmien-Marcellin, l. 4, c. 7, dit: ils vinrent
auprès de la ville de Laranda. Antonin met la ville de
Laranda à dix-huit mille pas de Cocufum, en venant
de Céfarée en Cappadoce , & allant vers Anazarbe. Elle
conferve encore fon nom , félon Baudrand ; car il dit que
Laranda eft une petite ville de la Turquie d'Afie, dans
la Natolie, dans la province de Cogni , allez avant dans
le pays , fur les frontières de la Caramanie , à la fource
delà rivière du Cydne ou du Carafou, avec un évêché
du rit Grec.
LARASSA, ou LarasA, ville de la Médie, félon
Ptolomée, L 6, c. i, qui la met peu loin d'Ecbatane.
LARBORtJM , ville épiscopale de la Carie , félon
la Notice de Léon le Sage.
LARBOUST, vallée de France, eh Gascogne, furies
frontières de l'Arragon. C'eft un ancien titre de vicom-
te, & titre d'archiprêtre.
LARCABAU , bourg de la baffe Navarre, à une des
fources de la 'rivière de Bidoure , à quatre lieues de
Saint-Jean-Pied-de-Port, vers le couchant. * Baudrand,
éd. 1705.
LARÇHANT , ou Saint-Mathurin de l'Archant,
petite vilie de France , dans le Gâtinois , au pied d'une
montagne , à deux lieues de Nemours , &C à dix-fept de
Paris. * Baudrand, éd. 170 J.
LARCHAMPS, bourg de France, dans le Maine,
élection de Mayenne.
LARD , félon Baudrand , ancien bourg de Barbarie^
au royaume de Tripoli, fur la côte occidentale du golfe
de la Sidre, près du cap de Lard, & au nord du bourg
de Zédic. On foupçonne que c'eft YAspisàes anciens.
LAKDJEA, lieu quelque part vers la Mcefie, félon
Nicétas cité par Ôrtélius , Thefaun
LARECA. Voyez Lareke. .
LAREDO , ville maritime d'Espagne , dans Iâ Bis-
caye , avec un affez bon port. Elle eft fituée entre des
rochers, & eft la première des quatre villes de cette côte,
entre Bilbao & Sant-Andero^ à huit lieues de la pre-
mière , & à fix de la féconde.
LAREK , petite ifle d'Afie , dans le golfe Perfique»
à cinq lieues de Gomrom au fud-fud-eft, à une lieue
d'Ormus. Son terroir eft mauvais & falé. Elle s'étend
en longueur du nord-nord-oueft au fud-eft , & il n'y a
rien qui foit digne de remarque, fi ce n'eft la fortereffe;
encore eft-elle très-peu de chofe. Les Hollandois la
commencèrent, fous ombre d'y établir une factorerie ;
mais les Perfans qui reconnurent leur deffein , après les
avoir chaffés l'achevèrent.
LAREMA , ville d'Espagne; on la nomme préfente-
ment Lerme. Voyez ce mot.
LARENDA, ville de la Turquie, en Afie, dans le
Roum. C'eft la même que Laranda.
LARENDANl , ancien peuple de l'Arabie heureufe ,
félon Pline, /. 6, c. 18.
LARENSIS, fiége épiscopal d'Afrique, dans la pro-
vince proconsulaire. Viftor fait mention de ce lieu dans
fon Hiftoire des Vandales, l.l, n. i. Au concile de
Carthage, tenu fous S. Cyprien, on trouve entre les
fuffrages celui A' Hortenfianus à Laribus. Vitulus, évêque
de Lar, episcopus plebis Larenfîs, a/Ma au concile de
Càrthnge de l'an 515. Ce fiége eft différent d'un autre Làr
qui étoit en Afrique , mais dans la Mauritanie Célarienfe,
&c, par conféquent, différent du fiége dont on vient de par-
ler. Cet autre lieu étoit une fortereffe nommée Larcaflel-
lum par Antonin , ôt n'a rien de commun avec cette
ville, qui étoit proche de Sicca-Veneria; & ce fut-là
que l'on transporta les évêques, qui dévoient être con->
fines dans le défert. S. Auguftin, epijl. 261 antiq.
edd. fed 129 edit. Benedict. dans fa Lettre au comte
Darius, fait mention d'Hilare, Hilarenfe oppidum, &
de Sicca. Dupin croit qu'Hilârenfe eft la même chofe
que Larenfis , dans l'Afrique proconsulairê. S. Auguftin
dit qu'Hilare étoit du territoire de Carthage.
LARES , ou Laris , ville de l'Afrique propre , félon
Ptolomée, /. 4,. c. 3, Aapç; il la met dans le terri-
toire de Cirthe. Voyez Laris & Laribum.
. LAPIEZ de Guahana ou Guahaba , ville de
l'ille Espagnole , bâtie par Nicolas Ovando , gouver-
neur des Indes occidentales t. fur la côte feptentrionale
de I'ide, en un endroit que les infulaires nommoient
Guahana ou Guahaba. Ovando , qui avoit été com-
mendeur de Larez , lui donna le nom de cette commen-
derie: elle devint, en peu de tèms, fi confidérable, que.
fous le pape Juies II, elle fut érigée en évêché; mais
les bulles de l'évêque nommé ne furent point expédiées;
bi cette ville étant devenue fort peu de chofe dans la
fuite, on changea cette deftination. Larez eft préfen-
tement tout-à-tait détruite. * Hifloire de S. Domingue.
du ptrt Charlevbix , t. 1 .
LARG , (la) petite rivière du Sontgo^i bu Suntgaw.
Elle a fa fource en deux endroits difterens de la monta-
gne du Laumont.La baffe Larg à^Vinckel d'où fort l'Ifle ,
ôt la haute Larg un peu àu-deffus à Oberlarg. Les ruiffeaux
coulent d'abord vers le nord , fe réunifient vers Sapois-
hant , à deux bonnes lieues dé leur fource , d'où , conti-
nuant à couler au nord jusqu'à Marspach ( Mempè en pa-
tois) près de Danneifiarie , en allemand Dommerkirck ,
elle tourne an couchant , ci fe jette dans l'Ifle vis-à-vis
d'Ifle, fort entre Altkirck & Mulhauferi. Elle parcourt
tout le Suntgaw , fans en fortir ; & fon cours eft de
fix bonnes lieues de France , pendant lequel elle reçoit
les ruiffeaux de Ballersdorff & de la Chapelle S. Nicolas.
* Supplément au Manuscrit de la bibliothèque de M.
Corberon , premier préfident au confeil fou-ver ain d'Al-,
face.
. LARGA , ancien lieu de la Gaulé. Antonin le met
fur la route de Befançon , à Brifach & à Strasbourg.
LARGET , petite rivière de France , dans le Lan-
guedoc. Elle afa fource au mont Cabirole, dans le eomté
de Foix; &C, après un cours de peu d'étendue, elle va
fe perdre dans l'Ariégé. * Corn. Dift.
LARGIS, bourg de l'Ecoffe méridionale, dans la
province de Cuningham , fur le golfe de Cluyd , à fept
lieues de Reinfreu , vers le couchant* * Baudrand ,
édit. 1705.
. LARIAGARA , ville ancienne de l'Inde , au-delà du
Gange, félon Ptolomée, /. 7, c. 1.
LARIBUM, ville ancienne de l'Afrique propre: l'An«
tonin de l'édition de Schotus porte Laribum coloniam;
mais celle d'Aide, de Simler, & l'exemplaire du Va-
tican , portent à l'ablatif pluriel Laribus colonia. Surita
témoigne que les manuscrits ont Laribus; ainfi le vrai
nom de ce lieu étoit Lares , & il étoit différent du La-
res de Ptolomée. Ce dernier met le fien au midj orien-
tal de Cirtha; & Antonin met le fien fur la route de
Carthage àThevefte, & par conféquent bien loin de-là«
S. Auguftin, dans fon fixiéme Livre contre les Donatis-»
tes , nomme Hortenfianus , évêque de Lares, à Laribusj
ce fiége étoit différent de Lares de Ptolomée , ce qui fé
prouve par leur pofition ; mais c'eft le même que La.*
renjis dont nous avons parlé. -
LARIBUS. Voyez l'article précédent.
1. LARICE, pays de l'Inde , en- deçà du Gange.'
Ptolomée , l. 7, ci, y met fur la côte de l'embou-
chure du fleuve Mophis , Pacidare , village ; l'embou-
chure du fleuve Namade, & le promontoire de Baléej
& dans les terres , au couchant du Namade, Barygaça ,
ville de commerce. Il nomme le peuple les Larices.
2. LARICE , lieu de Norique , fur la route d'Aqui-
lée, à Launacum, félon Antonin Itiner. à cinquante-;
LAR
LAR
quatre mille pas de la première. Lazius croit que c'eft
prélentement Larfdd, qui conferve l'origine de l'ancien
nom , qui vient de l'arbre nommé Larix.
LARICINUM. VoyezLARiGNUM. .
LAR1ENSES , ancien peuple. Strabon dit qu'il fut dé-
truit par un tremblement de terre. Grtéiius, Thefaur.
foupçonne que ce peuple étoit dans la Grèce.
LARIGNUM, fortereffe proche des Alpes, félon Vi-
truve, l. r , c. 9. Il rapporte que Jules-Céfar , étant
campé vers ces montagnes , voulut fe rendre maître de
ce château, parce que ceux qui étoient dedans, le croyant
imprenable par l'avantage de fa fituation , avoient re-
fufé d'obéir à l'ordre qu'il avoit donné , dans tous les
lieux circonvoifins, de fournir à fon armée les chofes
qui lui pou voient être néceffaires. 'Céfar ayant fait avan-
cer l'es troupes , apprit qu'il y avoit devant la porte du
château une tour faite de bois, Se d'une telle hauteur,
que les ennemis en pouvoient ailément empêcher l'ap-
proche en jettant des pierres , ou en lançant des leviers.
Céfar fit jetrer au pied de cette tour un grand nombre
de fagors, afin d'y mettre le feu, Se en peu de tems elle
parut embralée ; mais le feu s'étant éteint de lui-même,
fans qu'il eût confumé le bois de la tour, Céfar fut
réduit à faire faire une tranchée tout-à-Pentour , hors de
la portée des armes & des obftinés, qui furent enfin con-
traints de le rendre. On lui dit alors que la tour étoit cons-
truite d'un bois appelle larix , qui avoit donné le nom de
Larignum au château , Se que ces fortes d'arbres qui
étoient communs dans le pays, en ce tems-là? ne pou-
voient être en dommages par les flammes. Ce même nom
fe trouve écrit Laricium dans Ifidore , /. 17 , c.-j.
1. LARINA, ville des Laviniens, félon Etienne le
Géographe. C'eft une faute. Il faut lire des Dauniens.
Voyez l'article fuivant.
2. LARINA. ville d'Italie, au royaumes deNaples,
dans la Pouille, & dans la province de la Capitanate ,
avec un évêché fuffragant de l'archevêché de Bénévent.
Elle eft petite, mal peuplée, aux confins du comté de
Molife, près de la rivière de Tiferno , à fix milles de
Guardia-Alferez , Se à douze de Termini, fur le chemin
de Bénévent. Voyez les articles Frentani Se Lari-
NUM.
De la Martiniere fe trompe; cette ville étoit de l'an-
cien Samnium , Se fe nomme LAR1NO. * Notes du Père
Charlevoix.
LARINATES, furnommé Frentani, ancien peu-
ple d'Italie, dans la Pouille. Voyez les articles Fren-
tani Se Larinum.
1. LARINE, fontaine de l'Attique, félon Pline, /. 4,
c. 7.
2. LARINE, village d'Epire , félon Athénée, /. 9.
LARINUM , ancienne ville d'Italie, fur la rive droite
du Tiferno . ou Fortore , qui anciennement donnoit le
furnom de Frentani à les habitans. Etienne nomme cette
ville Larina ; Se c'eft le nom qu'elle porte encore au-
jourd'hui. Ptolomée /. 3 , ci; Cicéron, pro Clutnt.
c. 9 ; & Mêla , /. 2 , c 4, difent Larinum. Les habi-
tans font nommés Larinas au fingulier. Silius Italicus ,
/. 15, y. ^65, dit:
Quaque jacet fuperi Larinas accola Pond.
Pline , /. 3 , c. 1 1 , les appelle au pluriel Larinales ,
cognomine Frentani. On pourrait croire que ce furnom
étoit pour les diftinguer de quelqu'autre auffi nommé
Larinates ; mais, comme on n'en connoît point d'autres ,
il faut que ce furnom ait été ajouté, ou par un caprice
de l'ufage , ou pour quelqu'autre raifon que nous igno-
rons. Le territoire de cette ville, qui étoit affez grand,
eft nommé Larinus ager par Cicéron pro Cluent, &C La-
rinas ager par Tne-Live, /. 22 & 27.
t. LAR1S, ville d'Afrique. Salufte en parle dans fon
Hiftoire de la guerre de Jugurtha ; mais on croit que La-
ris eft un génitif: peut-être auffi Luris eft-il pour Lares ,
de même que Salufte dit omnis pour omnes. En ce cas
je ferais affez porté à croire que c'eft le Lares de l'Afri-
que proconfulaire. Voyez LaRENSIS.
1 2. LARIS. Guillaume de Tyr nomme ainfi une ville
ancienne Se maritime enrre l'Egypte Se la Syrie , dans un
défert. * Ortdius. Thefaur.
1. LARISSE, ville de Grèce, dans la Theflalie, fur
743
la rive droite du fleuve Pénée , aujourd'hui de la Selam-
pria , dans la Pelasgiotide, dix milles au-deffous d'Atrax.
Cette ville , qui av^it. toujours tenu un des' premiers
rang entre les villes de la Theflalie , étoit déchues dès
le tems de Lucain, qui dit, /. 6, v. 355 :
Atquz olim Larijfa potens.
tes Latins ont dit également Larijfei Se Lariffenfes'y
pour en défigner les habitans. Vide Cafar. Civil. 1. 3,
c. 81; Se Tue-Liv. 1. 31, c. 31. Elle fubfifte encore
prélentement ; Se Edouard Brown , Voyageur Anglois ,
p. 75 , qui la vit le fiécle paffé , en parle ainfi. Les Turcs
lui donnent le nom de Lmifabar, Elle eft fituée fur le '
bord de la rivière de Selampria, Se a, du côlé du midi,
une. grance plaine , Se de celui du feptentrion le mont
Olympe. Sa fituation eft fort agréable , étant fur une terre
un peu élevée. Il y a de fort belles places publiques ,
plufieurs mosquées pour les Turcs, à qui elle eft, Se quel- .
ques églifes pour les Chrétiens. Cette ville eft archiépisco-
pale , Se a plufieurs évêchés qui en dépendent. La ca-
thédrale eft dédiée à S. Achilleus. Le Grand-Seigneur
pafla quelques années en cette ville, dans le tems de la
guerre de Candie. Le palais qu'il habitoit, eft au pius haut
de la place. Le roi Philippe, père d'Alexandre, ayant
réiblu de tourner fes armes contre les Grecs, après avoir
fait fa paix avec les Illyriens Se les Pannoniens , choifit
fa demeure dans !a ville de Larifle , Se par ce moyen il
s'établit fi bien dans la Theflalie , que les habitans de
ce pays ne lui fervirent pas peu dans les guerres qu'il
eut enfuite contre les Grecs. Céfar rapporte qu'avant la
bataille de Pharfale , Scipion étoit dans Larifle avec une
légion; Se c'eft la première place où Pompée fe retira,
lorsqu'il eut été défait. Il ne voulut point s'y arrêter;
mais il vint fur le bord de la rivière, Se prit un petit
bateau pour aller du côté de la mer , où il trouva un na-
vire prêt à lever l'ancre. Il y a un affez beau pont de
pierre fur cette rivière. Ce pont a neuf arches, entre
chacune desquelles on a eu foin de faire des trous , Se
des partages , afin que l'eau puifle s'écouier , qu^nd elle
eft trop haute , Se pour empêcher que le pont ne tombe,
lorsque la rivière fe déborde. Les rues où fe fait le plus
grand trafic dans Larifle font couvertes , auffi-bien que
dans les autres villes de Turquie. Les boutiques fon: pe-
tites, mais fort pleines, Se l'on y voit toures fortes de
marchandiles. Le maître de la maifon , qui eft affis les
jambes croifées , les vend ainfi à tous ceux qui en de-
mandent , Se qui s'arrêtent d'ordinaire dans la rue, fans
entrer dans la boutique. Quant à celles qu'on ne trouve
point dans ces boutiques, il y a toujours un homme à
chevalqui va tout autour de la ville, pour crier tout
haut dans quel endroit, Se à quel prix on les peut avoir.
Les Juifs, qui demeurent dans Larifle, y parlent ordinai-
rement espagnol , comme ils font en Macédoine , en
Servie Se en Bulgarie. Paul Lucas, qui y étoit en 1706,
nomme cette ville Lar^e ; c'eft le nom qu'elle a dans
beaucoup de Cartes géographiques. Voici ce qu'il en dit,
Voyages dans la Grèce, l'Ajle mineure , la Macédoine 6*
l'Afrique , t. I , c. 30. Larze eft fituée affez avantageu-
fement dans une plaine fertile , Se fort arrofée d'une
belle rivière qui paffe au pied de fes maifons. Il y a en-
tre la ville Se le refte de la plaine' une communication
par un pont de pierres des mieux conftruits. Sa rivière
porte deux noms ; un que lui ont donné les Grecs , qui
eû-Siilampria ; l'autre Licouftum, qu'elle tient des Turcs.
Malgré la diminution de Larze , il ne laiffe pas de s'y
faire un petit commerce de diverfes fortes de clrv'es ; mais
le négoce le plus ordinaire eft de peaux de rouffi: il y
eft véritablement confidérable. Pour fes habitans, c'eft
comme presque par toute la Turquie ; il y en a de trois
fortes. Les Turcs y font la plupart méchans Se effron-
tés. Il n'y a qu'une églife pour les Chrétiens Grecs,
quoique ce foit un évêché. Les Juifs y font au nombre
de plus de deux cents familles , dont la plupart poffé-
dent de grandes richeffes , Se font la banque. Depuis
quelques années, on y a établi un conful Anglois : il y
(ait , pour la nation, un fort gros commerce de bleds,
dont il charge ordinairement plufieurs bâtimens, qu'il en-
voie dans les différentes parties du monde , Se qui lui
rapportent un grand profit. Cette Larifle étoit la patrie
d'Achille; Se c'eft d'elle que Racine fait dire à ce héros,
d^ns Iphigenie, aile ^}fc.6i
744
LAR
LAR
Jamais vaiffeaux partis des rives du Scamandre ,
Aux champs Theffaliens oferent-ils defcendre?
Et jamais dans Lariffe un lâche raviffeur
Me vint-il enlever , ou ma femme ou ma fœur ?
2. LARISSE , furnommée Cremafle, c'eft-à-dire fus-
pendue. Strabon lui donne ce furnom; il nous apprend
encore qu'elle étoit auffi nommée Pilasgie , apparem-
ment parce qu'elle avoit été bâtie par les Pelasges, quoi-
que fituée hors de la Pélasgiotide. Tite-Live la diftin-
gue de l'autre : le général , dit-il , attaqua à l'improvifte
la ville de LarifTe , non pas la fameufe ville de ce nom
qui eft dans la Theffalie, mais une autre nommée Cré-
mafle , & s'en rendit maître , excepté de la citadelle.
Celle-ci étoit presqu'au bord de la mer, entre Echinus
& Antron. Euftarhe & Porphyrogenete , cités par Or-
télius , difent qu'elle avoit été anciennement appellée
Argos.
3. LARISSE, fortereffe de la Theffalie, près du mont
Offa, différente de celle qui étoit fur le Pénée. Etienne
le Géographe les diftingue. Strabon, /. 9, ^-440, la
quaïide^de petit lieu ou château ; ~c. ■
4. LARISSE, autre place de la Theffalie, aux con-
fins de la Macédoine, félon le même Etienne , dont elle
eft la huitième.
5. LARISSE, citadelle du Péloponnèfe, dans l'Ar-
gie , félon Strabon , /. 9 , />. 440 , &. Etienne le Géo-
graphe. Pàulânias, /. 3 , c. 17 , P- 2^0, nous en mar-
que la fituation , quand il dit: les Thébains ont Cadmée,
les Argiens ont Lariffe ; mais les Lacédémoniens n'ont
rien de pareil , c'eft-à-dire que Thébes avoit une cita-
delle nommez Cid;:iéc; qu' Argos en avoit auffi une ap-
pellée Lariffe , mais que Sparte n'en avoit point du tout;
ainfi Lariffe étoit la citadelle d'Argos.
6. LARISSE, lieu du Péloponnèfe, aux confins de
l'Achaïe propre, 6k.de l'Elide , félon Xénophon , Hijl.
Grœc. 1. 3 , p. 471. Quelqu s favans veulent qu'au lieu de
x*\ù A-locemi , on life xâ\à s.iet<s<soi , c'eft-à-dire qu'au
lieu d'une place , on entende une rivière qui couloit dans
ces quartiers , comme on fait d'ailleurs qu'il y en avoit
une ; mais cela n'eft point néceffaire. Sur cettte rivière
nommée Lariffus, rien n'empêche qu'il n'y ait un bourg,
ou une place appellée Lariffe ; rk même Strabon , /. 9,
p. 440 , dit , en parlant dé cette rivière deLariffus, qui
féparoit l'Elée 6k le territoire de Dyme, que Théopompe
met fur cette frontière une ville nommée Lariffe. Cela
eft clair , ck s'accorde avec Xénophon.
7. LARISSE. Antonius Liberalis , félon Ortélius,
-place une Lariffe entre Corinthe 6k Tégée. Ortélius
foupçonne que ce pourroitbien être la même que la La-
riffe des Argiens; mais cette dernière étoit auprès de la
ville d'Argos.
8. LARISSE, ville de Crète , félon Strabon , qui dit
qu'elle avoit été refferrée dans la Japygie ; c'eft une faute
de' fes copiftes. Strabon a dit fans doute , que Lariffe fe
fondit dans la ville de Jerapydna , 6k alors on entend
ce qu'il veut dire: on connoît Jerapydna, ou Airapydna
en Crète , ck on n'y connoît point de Japygie.
9. LARISSE, ville d'Italie, dans la Campanie, félon
Denys d'Halicarnaffe , Antiq. rom. 1. I , c. 13 ; il dit:
les Pélasgiens prirent fur les Àrunces , peuple barbare,
une grande partie de ces agréables terres , fécondes en
pâturages , que nous appelions Campanie. Ils y bâtirent
plufieurs villes , 6k Lariffe , entr'autres , qu'ils appelè-
rent ainfi du nom de la capitale du Péloponnèfe. Quel-
ques-unes de ces villes fubfiftoient encore de mon tems,
après avoir fouvent changé de^ maîtres. Pour Lariffe,
ell eft C\ déferte &c fi ruinée , qu'il n'en refte d'autre ves-
tige que le nom feul , qui même eft aujourd'hui peu
connu. Cette ville n'etoit pas éloignée du lieu qui porte
le nom «le Popilius.
10. LARISSE, ville d'Afie, fur le fleuve Hermès, dans
la Mconie, aux confins de PEolide , au couchant 6k au-
deffous deMagnéfie du montSipyle.C'eftlacinquiémed'E-
tienne , qui la met clans VEolide, aux environs de Cume,
furnommée Pkricor.idc. Strabon , /. 9 , p. 440 , donne
ce furnom à Lariffe. Il dit, /. 13: quand on a paffé
3'Hermus , de Lariffe à Cyme ou Cume il y a foixante
6i dix ftades. Xénophon dit dans ton Hiftoire gré-
que, /. 3, p. 481 : enfuite Tymbron àffiégea Lariffe
(urnomiriée L'Egyptienne , 6k ajoute que cette ville fai-
fant une trop bonne réfiflance , les Ephores lui firent le-
ver le liège. Elle étoit nommée Egyptienne , parce que
ce fut une des villes que Cyrus l'Ancien donna à ies
Egyptiens, qui étant venus pour les intérêts du roi d'As- '
fyne , pafferent au fervice de fon vainqueur après la ba-
taille. Cyrus leur donna des villes dans les hauts pays, dit
Xénophon , Cyroped. 1. 7, lesquelles , pour cette raifon,
ont été appellées les villes des Egyptiens. Il leur donna
encore Lariffe , 6k Cyllène dans le voifinage de Cume ,
proche de la mer; & toutes ces villes font encore main-'
tenant poffédées par leur poftérité.
11. LARISSE, ville d'Afie, dans la Lydie, furie
Caïftre. C'ïft la feptiéme d'Etienne. Il y avoit un tem-
ple d'Apollon. Strabon fait auffi mention de cette ville,
6k la met dans le champ du Caïftre , au-deffus de Sar-
des , à trente ftades.
12. LARISSE, ville d'Afie, dans la Troade , au bord
de la mer, entre Colona 6k le promontoire Lecium. Stra-
bon, A 9, p. 440 , la met auprès de Humaxitus. C'eft
la quatrième d'Etienne.
13. LARISSE, ville d'Afie, dans la Carie; car c'eft
ainfi que je lis avec Paulmier dans Strabon , /. 9 , p. 440.
£1 rfKaLvy.ffl pour eVtj? a'tI/x? , dans l'Attique. On a
très-bien remarqué que l'Attique étant fi parfaitement
connue, que l'on l'ait jusqu'aux noms des moindres villa-
ges , il feroit étonnant qu'il y eût eu une Lariffe , qui
auroit échappé à tous les Grecs , 6k dont il n'y auroit
eu que le feul Strabon, auteur Afiatique , qui écrivoit à
Rome, qui en eût fait mention. Strabon lui-même n'en
dit pas un mot dans fa Description de l'Attique. Cepen-
dant cette faute a été copiée par Etienne le Géographe,
ck c'eft une preuve qu'elle eft ancienne.
14. LARISSE , ville de Syrie , à diftance à-peu-près
égale, entre Apamée ck Epiphanie. Ptolomée, /. 5, c. 15,
la met dans la Caffiotide ; ck Strabon, /. 16, nommant
les villes placées aux environs d'Apamée, nomme Lariffe
la première. Pline , /. 5, c. 23, la défigne par le nom de
fes habitans, qu'il appelle Lartffei. Elle étoit épiscopale;
ck Léontius , ton évêque , qui affifta au concile de Ni-
cée, eft entre les prélats de la Céléfyrie. Antonin, qui
la met fur la route d'Antioche à Emèfe, entre Apamée
6k Epiphanie, la met à feize mille pas de ces deux villes.
15. LARISSE, ville d'Affyrie, fur le Tigre. Xéno-
phon , dans fa Retraite des dix mille , /. 3 , dit : ils ar-
rivèrent au bord du Tigre , près d'une grande ville dé-
ferte, nommée LariJ/e, qui avoit autrefois été habitée par
les Médes. Elle avoit deux lieues de tour, avec un mur
de cent pieds de haut , &k vingt-cinq de large, tout bâti
de briques; mais le bas étoit de pierre jusqu'à vingt pieds
de hauteur.
16. LARISSE, ville de l'Arabie heureufe. Plinenomme
trois villes bâties par les Grecs en ce pays , favoir Aré-
thufe , Larisse ck Chalcis , qui ne fubfiftoient déjà plus
de fon tems , ayant été détruites en diverfes guerres.
17. LARISSE, montagne de l'Arabie pétrée, le long
de la mer Méditerranée. C'eft le nom moderne du mont
Caffius, fi nous en croyons Thévet. Baudrand, qui le fuit
en cela, ajoute qu'elle a pris tbn nom de l'ancienne La-
riffe ouLariffa, ville d'Idumée , fituée à douze lieues de
Gaza , vers le midi. Pompée le Grand y fut tué ck en-
feveli. Baudouin, premier roi de Jérufalem, mourut auffi
en cette ville de Lariffe, l'an 11 18.
18. LARISSE, rivière de la Turquie, en Europe, dans
laRomanie. Elle a fafource entre Andrinople 6k Chiour-
lick,d'où, coulant au midi, elle fe rend dans l'Archipel,
au golfe de Magarife , après avoir arrofé Bergas, Ipfala,
Aspri ok autres lieux.
LARISSUS, rivière du Péloponnèfe. Elle féparoit
l'Achaïe proprement dite, d'avec l'Elide , comme le di-
fent Paufanias, /. 7, c. 16 ; ok Tite-Live , /. 27, c. 31.
Ce dernier dit : étant partis de Dyme, 6k ayant uni leurs
troupes, ils pafferent la rivière de Latiffus, qui fépare le-
territoire des Eléens de celui de Dyme. Le premier dit
que, près du bord de cette rivière, étoit un temple confa-
cré à Minerve Larifféenne.
LARISTAN, (le) pays aux environs de Lar, ville
de Perfe. Il appartenoit autrefois à un prince particulier,
qui prenoit le titre de roi du Lariflan. Ce petit état a été
gouverné autrefois par des princes qui fe difoient descen-
dus
LAR
dus de Siroës , fils de Khosroës-Aparuiz ,. roi de Perfe ',
& qui faifoient profeftton de la religion des Mages ; les
Arabes les en ayant dépouillés, ceux-ci furent chafiës
par les Curdes, lan 500 de l'hégire, & de Jéfus- Chrift
le 1 106e ; & ceux-ci s'y font maintenus jusqu'au régne de
Schah-Abbas , qui fe rendit maître de tout le pays. La re-
ligion des Mages ou des anciens Perfes , adorateurs du
feu , n'y fut point entièrement abolie par le Mahomé-
tisme jusqu'à Schah-Abbas , lequel confina ce qui reftoit
des anciens Ghébres ou idolâtres, un peu plus avant dans
le Kerrhan , où ils habitent fur les mers de Perfe & de
l'Indouftan , dans un pays qui a retenu leur nom , &c
que l'on appelle encore aujourd'hui le Moghejlan , c'eft-
à-dire h pays des Mages. Le Lariftan s'étend depuis le
2.5 e d. de latitude jusqu'au 27e.
LARITENSIS , Laritanus, fiége épiscopal d'Afrique,
dans la Numidie. Rejlitutus, évêque Donatifte, eft nommé
episcopus Laritenjïs, dans la Conférence de Carthage,
die i,c. 208.
LAR1US LACUS , ancien nom latin du lac de Côme.
LARNECA, bourg de l'ifle de Cypre, dans fa partie
méridionale, & fur la côte qui regarde l'Egypte , avec
un bon port. Le Noir, millionnaire , en parle ainfi dans
la Relation des miflions des vicaires apoftoliques, en 1674,
3. part. c. 3, p. 185. Ce'lieu ne paroît qu'un grand vil-
lage , dont les maifons font fort petites, & n'ont qu'un
étage. Il y a néanmoins deux confiais , un François &c
un Vénitien , à caufe du grand abord des marchands de
toute l'ifle. Les trois quarts des habitans font Chrétiens Eu-
ropéens & Grecs, 6c la quatrième partie eft de Turcs ; ce
qui fait qu'on y parle également le Grec moderne, l'Ita-
lien 6c le Turc. Comme lesMahométansy font les moins
forts en nombre, les Chrétiens ne fouffrent pas beaucoup
de leur part, ôc ils exercent la religion avec presqu'au-
tant de liberté qu'en France , jusques-là qu'on y fait la
proceffion du S. Sacrement , avec grand éclat 6c au fon
des boëtes. Paul Lucas , dans fon Voyage du Levant,
*. 1, p. 141, 142, nomme ce lieu Ernica, & avec l'arti-
cle {'Ernica. Le P. Dandini , dans fon Voyage au mont
Liban, c.6, p. 18, le nomme Arnique, & le met à un
mille des falines ; mais il dit que c'eft un monaftere de
religieux qui demeurent là en petit nombre, pour la com-
modité de quelques marchands Italiens. Corneille dit que
Larneca eft une bonne plage de l'ifle de Cypre, au cou-
chant de Famagoufte , qui n'en eft éloignée que d'une
journée par terre. De cette plage il y a une grande demi-
lieue jusqu'au lieu où demeurent les confuls 6c les mar-
chands des trois nations Françoife, Angloife 6c Hollan-
doife ; & ce lieu-là n'eft qu'un très-méchant village, où
eft une petite maifon de Capucins qui deffervent la cha-
pelle du conful de France ; ôc un autre de religieux Ita-
liens, qui dépendent du gardien de Jérufalem. Il faut ob-
ferver que dans toutes les Echelles du Levant, lorsqu'il y
■ a une place de conful vacante , de quelque nation que
ce foit , c'eft le conful François qui la remplit jusqu'à ce
que la nation y ait pourvu. On charge ordinairement à
Larneca des cotons filés & à filer , Se de groffes laines
pour des matelas. Après ces détails, Corneille, dans l'ar-
ticle fuivant, dit que Larnica eft une petite ville , fur la
côte de l'ifle de Cypre, avec un port très-fréquenté par
les Européens , 6t qu'on la nomme auffi Arnica , ôc
renvoie à ce mot. S'il avoit confulté la moindre Carte,
il auroit vu que Larnica, Arnica ou Larneca n'eft qu'un
feul & même bourg.
LARNENSES. Voyez LarntjM.
LARNIA, ville de la Toscane, félon Sozomène, Hijl.
ecclef. 1. 9, c.6, qui dit qu'elle fut confervée par des
tonnerres ôc par un affreux orage , dans le tems qu'Ala-
ric l'afliégeoit. Zofime, Hijl. Rom. 1. 5 , c. 41 , qui ra-
conte la même hiftoire, nomme le lieu Neveia , tiiCma.
Ortélius , Tkefaur. a très - bien averti qu'il falloit lire
Narnia dans l'un & dans l'autre. Coufin , dans fa Tra-
duction de Sozomène , ôc l'abbé Fleuri , dans fon His-
toire eccléfiaftique , à l'année 409, ont profité de cette
remarque.
LARNOS, ifle déferte,fur la côte de la Cherfonnèfe de
Thrace,vers l'ifle de Samothrace, félon Pline, A4, c. 12.
LARNUM, rivière de l'Espagne Tarragonoife, félon
Pline, /. 3,c. 3, qui nomme immédiatement après Blan-
VM, aujourd'hui BlanÈS en Catalogne. Cette rivière fe
nomme préfentement TORNERA. Le P. Hardouin trou-
LAR
7 AS
vant peu après dans Pline, /. 3 , c. 3, un peuple nommé
Larnenses , croit qu'il prenoit ce nom de Larnum ,
ville fituée fur la rivière nommée de même.
LARO. Caton cité par Ortélius, Thefaur. nomme ainfi
une rivière de la Toscane. Léandre dit que le nom mo-
derne eft Anne. C'eft peut-être le LAROS de Phavorin.
LAROBO , port ôc bourg d'Afrique , fur la côte de
Barbarie, au royaume d'Alger, au pays de Conftantïne,.
au levant d'Alger. On y cherche le Collops parvus
des anciens.
LARODES aqvje. Voyez au mot ad l'article ad
Aquas 9.
LAROLUM , aï&mv , ancienne ville d'Italie, fur la
voie Flaminienne , aflez près de Narni , félon Strabon,
/. î , p. 227.
1. LAROS, A«£ff , rivière d'Italie. C'eft peut-être
le Laro de Caton. Voyez ce mot.
2. LAROS. Voyez Larus.
LARPENT, bois de France, dans la province de Lan-
guedoc. Il eft de cinquante arpens , ôc dépend de la
maîtrife des eaux ôc forêts de S. Pons.
1. LARRE Y, prieuré de France, en Bourgogne, dans
l'étendue de la paroifleS. Philibart de la ville deDijon,
uni à la Manfe conventuelle de S. Bénigne de cette ville.
2. LARREY, bourg de France, en Bourgogne, au dio-
cèfe de Langres , avec titre de marquifat • le pays eft plat
ôc montagneux. Il y a des vignes, 6c point de rivière.
1. LARRON. (L'iSLE du) Voyez ISLE.
2. LARRON, (le BOIS du) bois de France, en
Béarn. Il a fix cents quatre-vingt-huit arpens d'étendue.
LARRONS ; (les ifles des) on les nomme auffi les
isles Mariannes. Voyez Mariannes.
LARTA. Voyez Arta.
LARTHENIANUM, ville d'Italie, dans l'Etrurie. On
la nommoit auparavant Enianum , 6c enfuite les Ro-
mains l'appellerent Veîens ; c'eft ce qu'on lit dans les
fragmens desOrigines de Caton. Dans un fragment de l'Iti-
néraire d'Antonin, on lit LARTHENIANOyFre Veïente.
L ARTHES, rivière d'Italie , félon le même fragment.
Voyez Ossa.
LARTOL^EET^, ancien peuple de l'Espagne Tarra-
gonoife, entre les Pyrénées 6c l'Ebre. Il étoit contigu
aux Lacétaniens, félon Strabon , /. 3 , p. 159.
s LARUNESIjE, ifles de la Méditerranée, fur la côte de
l'Afrique proprement dite, félon Ptolomée, /. 4, c. 3.
Il y en avoit deux de ce nom.
1. LARUS, mentagne voifine de la colonie nommée
Claudia, auprès de la rivière Adum, aux confins du peuple
nommé Tfgurini, félon Hygin , de Limit. conflit, p. 165.
2. LARUS. Voyez Laros.
3. LARYMNA, ville de Grèce, dans la Béotie, vis-
à-vis de l'ifle d'Eubée. Pomponius Mêla en metuneen-
tre Anthédon 6c Aulide. A moins que l'ordre ne foit trou-
blé , elle doit être différente des deux autres, dont il eft
queftion dans les articles fuivans.
1 & 2. LARYMNA , ville maritime de Grèce , dans
la Béotie, à l'embouchure du Céphife, félon Paufanias,
Bœot. c. 32, 6c Strabon. Le premier dit qu'elle apparte-
noit anciennement aux Opuntiens,c'eft-à-dire qu'elle étoit
du territoire d'Opus , ville des Locres. Mais la puifiance
des Thébains s'étant accrue, elle fe donna aux Béotiens ;
de-là vient qu'il dit enfuite: Larymne, ville appartenante
aux Béotiens, fituée au bord de la mer. Pline, /. 4, c. 7,
dit : la côte des Locres où eft Larymna. La vérité eft
qu'elle étoit aux confins de la Locride 6c de la Béotie ;
c'eft ce qui a trompé Strabon, /. 9, qui, ne réflechiffànt pas
allez fur le changement de domination, que cette fituation
favorifoit, a cru qu'il y avoit deux villes de même nom
au bord de la mer, l'une dans la Locride 6c l'autre dans
la Béotie. Cependant il y en avoit deux ; l'une dans les
terres, près du lac Copaïde; 6c l'autre, au bord de la mer.
De l'ifle les a très-bien marquées dans fa Carte ds la
Grèce.
LARYSIUS, Aafitr/©-, montagne du Péloponnèfe,
dans la Laconie, félon Paufanias, /. 3, c. 22. Il y avert
un temple dédié à Bachus , à l'honneur de qui on céli-
broit une fête tous les printems ; cette montagne eft en
terre ferme , au-deffus de Migonium , contrée qui eft vis-
à-vis de l'ifle de Cranaé.
LARZE. Vovez Larisse. r.
LARZICOURT, petite ville de France, en Cham-
TomeUL Bbb bb
74<S
LAS
LAT
pagne , fur la Marne , à quatre lieues au - de/Tous de
S. Dizier, & environ autant de Vitri-!e-François.
LAS , ville du Péloponnèfe dans la Laconie, proche la
montagne Cnacadion , félon Paufanias, /. 3, 0,14. Ptolo-
mée , /. g,' c. 1 3, la place entre Tcuthrona 6k Gythium.
1. LASA ou Lésa ; Moïie , Genef.c. 10, v. 19, mar-
quant les limites de la terre de Chanaan, dit qu'elle s'é-
tend, du côté du midi,, jusqu'à Le/a ou Lofa. Le Cha'déen
' & S. Jérôme croient que Lfcfa eft la même que Callirhoé,
qui eft au feptentrion de la mer Morte, 6k dont les eaux
fe déchargent dans cette mer. MaïsE). Calmet, Dut. croi:
qu'il eft bien plus naturel de l'entendre de Lefa , Kuja
ou Elufa , qui étoit à-peu-près à diftance égale , entre
la mer Morte 6k la mer Rouge. Ptolomée connoît, pour-
fuit-il, cette ville de Zu/à, auffi-bien queJofeph6k£.tienne
le Géographe. m
2. LASA. Voyez Lassa. 1.
LASiEA. S. Luc dit dans les Aftes des apôtres, c. 27,
v . 7 & 8 : nous paflames au-deflbus de Crète par.Sa'lmone;
6k, rangeant l'ifle avec peine., nous vîmes en un certain
lieu, nommé Bons-ports, près duquel étoit la ville de La-
fsea (Note de la Verfion de Rich. Simon.') Le Grec or-
dinaire , le Syriaque Jk les deux éditions Arabes portent
LaSAÏA ; mais on lit dans l'ancien manuscrit grec d'A-
kxm.\-\z'Ahjf-. La.Vulgate dit THALASSA.
' LASAMIÇÈS , lieu de la Cyrénaîque. Antonin, Ili-
■nzr. le met entre PtolémaïJe 6k Cyrène , à vingt-cinq
nulle pas de la première.
LASBÂNUM , nom' d'une terre d'Afie, quelque part
vers !a Perfide , félon l'Hi-ftoire mêlée.
• LASCAR. Voyez Lescar.
LASCORÏA, ville d'Afie, dans ; la Galatie, félon Ptr>
lomée, /. s; , c. 4. Elle failbit partie du peuple Trocmi.
1. LASIA, ifle d'Afie, fur la côte de Lycie , félon
Pline, /. 5, c. 32.
2. LASIA, autre ifle de la mer, fur 'la côte du Pélo-
ponnèfe , vis-à-vis de Troëzène.
3. LASIA : Callimaque dit que c'étoit auflî l'un des
noms de l'ifle d'Andros, au rapporr.de Pline, /.4,-c.ji;
c'eft moins un 'nom , à proprement parler ^qu'une. épi-
théte, qui fi piiûe kérijfée. Cefurnom avo.it étéauflï donné
à. l'ifle de Lesbos;
LASICE, lieu d'Afrique, dans l'Afrique proprement
dite, aflez Drès de Bilàcina, félon Ptolomée, /, 4, c. ;,
' 1. LASIO, ville du Péloponnèfe, dans la Triphilie,
félon Diodore de Sicile , /. 15. Polybe , /. 4; 6k Xéno-
phon , Hift. Gr. L 3 &CJ, ont fait mention de cette
ville. Diodore écrit Lajjw par une double [f.
2. LASIO , montagne de l'ifle de Crète. S. Epiphane
dit qu'on y montroit le tombeau de Jupiter."
■ LASNËiiOURG; Voyez Lans-le-bourg, ou La-
NEBOURG.
LASOS , ville de l'ifle de Crète, dans les terres,felon
Pline, /. 4, c. 12, le feul qui en ait parlé.
LASPI, petite ville d'Afie, dans la Natolie, vers les
bouches -des Dardanelles, un peu au nord de Lampfaque.
Voyez' Priapus.
1. LASSA, (le royaume de) pays d'Afie, dans la
Tartane, entre la Chine à l'orient, les états du roi d'Ava
au midi, ceux du Grand-Mpgol au couchant, & le royaume
de Tangut au nord. On le confidere, comme faifant partie,
de ce dernier. Lcjfa ou Barato/a; Poutala, château, réfi-
dençe du grand Lama, Couti ck Tache-Linbou, en font
les principaux lieux. On le nomme auffi le royaume de
BotjTAN. Voyez ce mot.
2. LASSA ou BaRATOLA, ville d'Afie, dans laTarta-
rie, au royaume de même nom. Elle eft par le 1 1 f ■ d. de
longitude, vers le 29e d. de latitude. Le P. Avril , Voya-
ges, I. 3, p. 151, dit que la capitale du Tanchul, (Tan-
gut,) eft la ville àzBarcntola, où il y a un prince tempo-
rel, nommé Diva. Le Dala'é-Lama, chef de la religion des
Lamas, habite dans une forterefîe qui s'appelle Bèatalae,
(c'eft la Poutala de De l'ifle,) 6k qui eft auprès de cette
même ville. Le P. Avril met tout cela dans le Tangut.
3. LASSA, ville de l'Arabie heureufe, dans l'Yémen,
au quartier de laHadramitène, ck peu éloignée de la ville
d'Abin. Elle eff fituée fur la côte maritime, 6k a dans fort
voifinage une fource d'eau chaude , où les malades trou-
vent fouvent leur guërifon. Il y a dans cette ville un Bâ-
cha héréditaire, qui ne reconnoît que par forme l'autorité
du Turc. * D'Hubdot, Bibl. orient.
LASSAN, .(le lac de) petit lac d'Allemagne, dans
la Pomérartie Suédoife, dans l'ifle d'Uiédnm , fur la cote
de la mer Baltique. H eft formé par le bras oriental de
l'Oder, entre -U:éclom ckWolgaft. Il prend fon r.om d'un
virage nommé auffi Lajj'an. * Baudrand , édir. 1-05.
LASSAY, petite ville de France , dans le Maine , avec
titre de manjuifat, dans l'élection du Mans , fur un ruis-
feau qui tombe dans la Mayenne, à feize lieues du Mans.
Il y a un château fortifié dé iix ou huit groflés tours. Sa
jurjsdiiStion sJétend fur trente paroi'îes.
LASSiPPA, ou Lasjppa , ville de l'Inde, au delà du
Gange , félon Ptolomée j /. 7, c. 2.
L ASSIR A , ancienne vifle de l'Espagne Tarragonoife, au
pays des Hedeiani, dans les terres, félon Ptolomée, i. i,c.6.
LASSITI, montagne ce l'ifle de Candie, dans la par-
tie orientale du territoire de Candie , vers le midi.
Elle s'avance du côté de- Gera-Petra, félon Baudrand,
éd'u. 1705, qui dit que c'eft la Dicte des anciens.
LASSU , bourg de France , dans le Béarn ,' au diocèfe •
de Tarbe, au confluent de la petite rivière de Générer,
avec le Gave de Pau. Il y une abbaye de Bénédictins.
LASTIC, bourg de France j dans l'Auvergne, au
diocèfe de Saint-Flour.
LASi IGI, ancienne ville d'Espagne, dans la Bétique,'
félon Pline, L. 3 , c. 1.
LASTILADER, forêt de France, en Languedoc. Elle
a quatre -vingt-fept arpens, ck eft de lamaîtrife de.seaux
ck forêts de Saint- Pons.
LASTORACIUM , pour Lactoratium. Voyez
Lectoure.
LA.SULONIS , lieu de la Pannonie , félon quelques
exemplaires d'Antonin, Inner. D'autres éditions portent
Jafulofiibus ; d'autres Jadillones. Lazius croit qu'il faut
lire JafrilJor.es. * Orul. ^Tlrefaur.
LATALSI ,. contrée d'Afrique , entre les pays d'Equea
& c\e Garninanach à l'oueft, le petit Accara, au nord & à
l'eft, ck Ningo au iùd. Ainft elle doit être de la Guinée.
Il y a dans ce quartier un grand marché, mais moins boa
que celui d'Abonoe. *De (a Croix, R.elat.derAfrique,/. 3»
LATACUNDA, ville du Pérou, dans la province
de Quito.. Cette ville fut détruite par un tremblement
de terre , en 1691.
LATAGE, ville de l'Inde, dans le territoire desPra-
fiens, félon iÉlien* Hift. anim. 1. 16, c. 10.
LATAKIÉ. Voyez Latao_uié.
LÀTAMÉDA ou Catabéua, félon les divers exem-
plaires de Ptolomée , /. 7 , c. 2 , rivière de l'Inde , au-
delà du Gange.
LAT AN, petite rivière de France, dans l'Anjou. Elle
prend fa fource près de celle de i'Authion , pafl'e à l'ab-
baye de Loroux, ck fe joint à I'Authion entre Vivy 6k
Beaufort.
LATANIA, ville d'Afie, dans." la Bithynie, félon
Ptolomée , L 5 , c. 1.
LATAQ.UIÉ ou Latakïé , ville de Syrie, fur la côte,
à deux perte journées deTortofe. C'eft un refte de l'an-
citenne Laodicée. Paul Lucas en parle ainfl clans fon
Voyage au Levant, t. 1 ,' c. 18.
L'entrée de fon port eft fort étroite , ck on le pour-
roit fermer avec une chaîne; mais les grands vaiflbau.i
n'y peuvent mouiller , à caufe des fables dont il eft
comblé ; de forte qu'on n'y trouve que deux braffes
d'eau dans l'endroit le plus protond. Il tombe fouvent
dans fon entrée de groiTes pierres d'une vieille forterefîe
ruinée; ce qui fait qu'on n'y peut entrer ni en fortir, fans
danger. La douane de ce lieu eft un édifice allez bien
bâti pour le pays ; 6k il y a même uwe mosquée , plu-
fieurs magafins, 6k quelques maifons. La ville, qui n'tft
éloignée de ce part que d'un quart de lieue, eft: allez
grande 6k allez peuplée pour une ville de Turquie. Il y a
beaucoup de Chrétiens , . qiù ont leur évêque. On y
trouve auffi quelques Juifs: le principal négoce des ha-
bitans eft de» tabac 6k de foie. Â un demi-quart de lieue
de-là on voit les'reftes d'une ancienne églife dans une
grande campagne, où beaucoup de petits monts , qui
n'ont été faits que par les milles des bâtimens , font
juger que îa^ille étoit autrefois placée. Os remarque eu
plufieurs endroits de grofîes murailles qt:e le tems achevé
de ruiner ,.6kp!u.'îeurs' coToinnes presque couvertes de
terre , 6k dont on ne voit guères que les chapiteaux.
La tradition porte que fainte Hélène a fait bâtir cette
LAT
grande églife. Ce qui en refte eft d'une fort belle achitec-
tûre: elle a trois portes, 6k la voûte en eft tout-à-fait
tombée. La plupart des belles colomnes qui en foute-
noient le comble, font encore debout. Au-deflbus de
l'églife, font de longues voûtes qui fervent préfente ment
à retirer des bœufs , des chèvres , & de moutons. On
afîure que cette églife étoit dans le milieu de la ville ,
ce qu'il eft aifé de croire par les ruines qui font à l'en-
tour. Paul Lucas, qui a vu tous ces anciens monumens,
dit qu'en prenant un autre chemin pour revenir à la ville,
il y compta quatre-vingt colomnes-, fi groffes , que
deux hommes n'en pourroient embraffer une. Elles ne
fortent de terre qu'environ à moitié, 6k font de gra-
nité ; on juge'par-là qu'il y a beaucoup de bâtimens en-
tiers fous la terre. Cela paroît auffi par un bain dans le-
quel il faut descendre comme on fait dans une cave.
Ce lieu eft magnifique; on entre d'abord dans une falle
toute revêtue de maibre jaspé 6k de porphyre. La voûte
eft ibutenue par dix-huit colomnes de différens marbres
noir 6k blanc , de porphyre 6k de granité ; il y en a
deux , entr'autres, très-belles, d'un jaspe verd. Tout le
tour de cette falle eft rempli de niches qui apparemment
étoient la place des ftatues des dieux du paganisme. On
parle de- 1 1 clans d'autres appartemens , qui répondent à
la magnificence de cette falle , mais que les Turcs n'ont
pas foin de tenir propres. Il y a des inscriptions gré-
ques fur diverfes pierres. Des jardins , pleins d'oliviers ,
fourniffent des promenades allez agréables , 6k couvrent,
dit-on, des rhaifons ck des palais tout entiers. Un homme
ayant donné quelque coups de pioche dans un endroit
qu'il croyoit être un morceau de roc , rompit une voûte,
& tomba au fond avec les pierres. Ce lieu étûit tout plein
de ftatues que ceux du pays mirent en pièces. Il doit y
en avoit beaucoup dans cette ancienne ville , puisqu'on
en trouve par-tour de rompues. Tous les lieux des envi-
rons font très-agréables. Ce ne font que plaines ,6k colli-
nes, toures plantées d'oliviers, de meuners, de figuiers 6k
d'arbres de toutes espèces. Les campagnes femées de
toutes fortes de grains offrent aux yeux un aspect, char-
mant par la diverfité de leurs couleurs , & celles où croît
le tabac paroiffent comme dans des vallées. Il y paffe
un bras de l'Oronte, qui af rofe, en ferpentant, une bonne
partie de tout ce pays. Le miniftre Maundrell , dans fon
Voyage d'Alep à Jérufalem , nomme cette même ville
Latichei. Voici ce qu'il en dit, p. 18. Elle eft fituée
■dans un pays plat 6k très-ferrile , fur le bord de la mer.
Cette ville fut bâtie par Seleucus Nicanor, lequel la
nomma à l'honneur de fa mère r\a.oS"m.na. , dont elle ré-
tient encore le nom avec très-peu de changement. C'é-
tait autrefois un lieu magnifique ; mais elle fut réduite
à un état déplorable , par la révolution générale qui arriva
en ce pays-là , ck elle eft demeurée long-rems- dans cet
anéautillèment ; mais elle a été rebâtie depuis quelques an-
nées^ eft devenue la ville la plus floriflante de cette côte.
Elle doit fon rétabliflement ck fon négoce à Coplan-Aga,
homme riche & de grande autorité en ces quartiets-là, le-
quel étoit grand amateur du négoce. Cette ville, comme
l'onvoit, eft lamêmeque Laociicéefur lamër ; ck Cor-
neille, quifépare ces deux voyageurs dans deux articles
différens , devoit avertir que ces deux noms fignifient un
même lieu , c'eft-à-dire Laodicêe fur la mer , de la-
quelle nous parlons en fon lieu. VoyezLAODicÉE 3.
LAT ARA , forterefle de la Gaule Narbonnoife, félon
Pomponius Mêla, /. 2, c. <; , n. 33. Voyez Latera ;
c'eft ainfi qu'il faut lire ce mot.
LATARACO ou Latarico, château & bourg du
royaume de Naples , dans la Calabre citérieure , à fix
milles de Saint-Marc , au pied du mond Apennin, ck
fur le ruiffeau de Perditio. Voyez Hetriculum.
Baudrahd dit Lataraco dans l'édition latine, 6k dans la
françoil'e; Holftenius dit Lattarico.
LATAVUM, ville de Phrenicie. LaNocice de l'Em-
pire, fiel. 13 % dit: Equités Dalmatce lllyricïanl Latavi.
LAlEA Aal'-ce ou Latth a, félon divers exemplai-
res de Ptolomée , /. 6, c. 7, ancienne ville de l'Arabie
heureufe.
LATEMNAS. Voyez Latymnus.
LATERA. Pomponius Mêla, l. 1., c. 5 , n. .33
homme ainfi un château de la Gaule Nirbounoife. On
Je nomme préfentement la tour de Latte 6k le château
LAT
747
de Latte. Pline , /. 9 , c. 8, donne ce nom à un étang
voiim, qu'il dit être dans le territoire de Nîmes. Cela
ne doit point furprendre , puisqu'il avertit , /. 3 ', c. 4 ,
que vingt-quatre villes ou bourgs des Ancomici dépeu-
doient de Nimes. Il raconte, /. 9, c. 0, au fujet de
cet étang , une pêche que les Dauphins faifoient de cou--
avec les hommes ; on peut en voir le détail dans
fon livre mêr
yez Latte.
LATERE, village fur la côte occidentale de Me de
Code, vers la ville d'Aiazzo. C'étoit anciennement un
lieu nommé Arcnofum lima, c'eft-à-dire le rivage, fa-
blonneux , ou la grève. * Baudrand. éd. 1705.
LATERIUM, mai fon de campagne en Italie. Elle
appartenoit au frère de Cicéron. Il en eft parlé au Li-
vre X des Lettres à Atticus , epift. I. Ortélius foupçonnë
qu'elle étoit clans la Campanie.
LATERRA. Voyez Latera 6k Latte.
LATHIUS , fontaine près de l'Oëta, félon l'étymo-
logique.
LATHON. Voyez Lethon.
LATHRIPPA. Voyez Laorippa.
LATIA , ou Latina Via. Voyez au mot Vois
l'article de la Voie Latine.
LATICZOW , petite ville de la Ruflie rouge , en
Pologne , dans la haute Podolie, fur le Bog, à vingt-
cinq lieues au-deffus de la ville de Bradai. C'eft une
châtellenie.
LATINS, (les) Voyez Latium.'
LATITUDE , fubftantif féminin , terme de géogra-
phie , qui fignifie la largeur cle la terre , depuis l'équateur
jusquà l'un des pôles. L'origine de ce mot vient de ce-
que les anciens ne connoiflbient pas la terre comme nous
la connoiffons aujourd'hui. La Carte dreffée par Aga-
thodœmon fait voir que leurs connoiffances alloient
bien plus loin de l'occident en- orient, que du fepten-
trion au midi ; 6k quoiqu'un globe n'ait , à proprement
parler, ni longueur, ni largeur, ces deux dimenfions
étant égales , les géographes n'ayant égard qu'aux pays
habités ck connus, la longueur de la terre étoit pour
eux d'occident en orient ; ck fa largeur du midi au fep-
tentrion. Ils connoiflbient fi peu de chofes au-delà de
l'équateur, que cela peut bien n'être compté preque
rien. Depuis leur premier méridien , j'entends celui cle
Ptolomée , qui eft aujourd'hui le nôtre , ils avoient
pouffé leurs, connoiffances jusqu'à "183 d. de longitude;
du moins ils étendoient jusques-là les côtes orientales
de l'ancien continent, quoiqu'il s'en faille beaucoup
qu'elles foi-ent fi loin de nous : foixante degrés au nord
de l'équateur, ck tout au plus vingt degré? au-delà;
voilà à quoi fe bornoierït leurs découvertes. Ils ap-
pellerent longitude de la terre, ou fa longueur , fa plus
grande étendue qu'ils connuffent ; ck latitude de la terrey
ou fa largeur , fa plus petite étendue bornée entre l'é-
quateur ck les deux pôles. On a confervé ces noms, 6k
ils ont été confacrés par les géographes qui s'en fervent
tous pour marquer la diflance d'un lieu à l'équateur.
Si l'on comprend que l'équateur coupe le globe en
deux^arties égales, 6k que l'axe cle ce même globe, ter-
miné par les deux pôles, Si perpendiculaire à l'équateur,
chacun de ces deux pôles fera éloigné également de ce
gtand cercle; 6k la diftance de ce même cercle à l'un
ou à l'autre de ces pôles, eft un quart de cercle, cle 90 c!.
Auffi la plus grande latitude ne palle j unais ce nombre ;
au lieu que la longitude qui fe compte fur l'équateur par-
court le cercle entier de 360 degrés-.
La latitude particulière d'un lieu eft la diftance de l'é-
quateur au zénith de ce lieu-là ; 6k comme plus nous
avançons vers un pôle, plus l'équateur s'abbaiffe à notre
éyard , 6k plus le pôle s'élève par rapport à nous; de-là
vient que les aftronomes ont pris le parti de calculer
la hauteur du pôle à l'égard des principaux lieux , où ils
ont pu l'obferver. De même plus nous avançons vers
un pôle, plus nous nous éloignons de l'équateur.; ainfi
plus la latitude s'accroît. Cela pofé , il eft aile de com-
prendre que la hauteur du pôle, ck la latitude reviennent
au même calcul. Voici une Table de; longitudes 6k lati-
tudes des principaux lieux de l'univers. On va joint les
noms 6k les fentimens des auteurs à l'égard dos longitudes :
pour bien entendre cette Table , il faut lire la articles
Longitude 6k Méridien.
Tome IIL Bbbbb ij
743
LAT LâT
TABLE GÉOGRAPHIQUE
DES LONGITUDES ET DES LATITUDES
Noms des Villes, Fleuves
Lacs, Montagnes, &c.
DES PRINCIPAUX LIEUX DU MONDE.
Différence des Méridiens
en
s. D. M. S.
M.
Abbeville.
48
Lieutaud ,
o
1
De la Hire
o
2
12
Des Places
o
I
52
Acapulco.
Harris
7
M
11
Agde.
Des Places
o
4
33
Agra au Moeol,
Lieutaud
4*
57
30
De la Hire
5
"4
0
36
Des Places
4
57
Harris
5
42
ii
Agra.
58
P. Gaubil
4
0
Aisou, ville.
26
P. Gaubil
S
23
Aix en Provence.
Lieutaud
o
12
' 48
De la Hire
o
12
48
Des Places
o
12
Street
o"
12
*9
Alby.
Lieutaud & Des Places
o*
0
48
Alençon.
Lieutaud
o
9
0
De la Hire
o
9
30
Des Places
°
9
30
Alep en Syrie.-
Lieutaud
2-
20
0
. Des Places
2
20
0
Harris
2*
iS
49
Street
2*
25
19
Alex and rete en Syrie.
16
16
16
Lieutaud
2
0
Chazelles
2
0
Des Places
2
0
Alexandrie d'Egypte.
6
Lieutaud
1
51
De la Hire
1
5*
0
36
Des Places
O
51
Harris
2
3
30
Street
I
43
49
Bouche orientale d'AlGOUEY.
26
P. Gaubil
5
44
Fin ou eueft des monts Altay.
6
P. Jartoux
6
14
Leur fin.
P. Gaubil
6
2
14
Amiens.
8
Lieutaud
o*
0
De la Hire
o
0
8
Des Places
o
0
Harris
o*
0
ii
Amour, riv. Voyez Onon.
Amsterdam.
36
Lieutaud
o
10
De la Hire
o
10
10
Des Places
o
11
32
Harris
°*
9
49
Street
o*
11
'9
Ancone.
De la Hire
o
47
40
Des Placés
°*
47
40
ANCERS.
36
Lieutaud
o*
II
De la Hire
o
12
15
Des Places
o
II
36
Antibe.
Lieutaud
o
19
11
Des Places
o
19
11
De la Hire
°
J9
11
Antioche.
Street
*
25
l9.
Anvers.
oc.
0
27
0
0
28
0
85
35
'5
1
S
Jï
74
81
24
0
0
0
74
8J
24
35
*S
74
24
0
80
51
30
3
5
12
16
0
15
2
22
30
2
22
30
35
0
0
35
0
0
33
34
45
36
«9
45
34
0
0
34
"5
0
34
0
0
07
56
30
28
0
0
27
54
0
30
52
30
25
57
»5
86
6
30
93
31
30
93
31
30
0
2
12
0
3
0
0
2
0
0
S
J5
2
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Bourges.
Lieutaud
De la Hire
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Brandebourg.
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Breslaw. Siléfi*.
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Des Places
Brest.
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De la Hire
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Bristol.
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Bruges.
Des Places
Bruxelles.
Lieutaud
De la Hire
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Cadiz.
Lieutaud. Des Place*
De la Hire
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Caen.
Lieutaud
De la Hire
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P. Gaubil
Caifumeu.
P. Gaubil.
Le Caire en EgyptcS
Lieutaud
Des Flaces
Harris
Street
Calais.
Lieutaud
De la Hire
Des Places
Harris.
Lieu de la défaite de Cala'an,
deux lieues du mont Han.
P. Jartoux
Camboya aux Indes.
De la Hire
Des Places
Harris
Cambrai.
Lieutaud. Des Places
Cambridge.
Street
Camoul.
P. Gaubil
Can-Cheou.
P. Gaubil
Candie, ville.
Liejtaud. Des Places
De la Hire
Harris
La Canée, enj'ifle de Candie
Des Places
Harris
Cantcheou.
P. Gaubil
Cantés , mont.
P. Gaubil
Canton en la Chine
Lieutaud
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0
3
Des Places
0
0
3
Harris
o*
0
11
Street
o
0
20
Durazzo , en Dalmatie.
Harris
I
11
40
Edimbourg.
Lieutaud
o
2L
41
De la Hire
o
20
20
Des Places
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20
■ 0
Harris
o"
20
40
Street
o
21
10
EmbdEN.
Harris
o*
22
20
Embrun.
Lieutaud
o
j-,
" 20
Des Places
l6
0
Montagne d'où fort l'Ergut,
rivière, ou leGoeuicou.
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Méridiens
en
D.
M.
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or.
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4
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5°
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0
55
58
0
55
47
0
56
10
0
55
.57
0
Noms
LAT
LAT
Noms des Filles, Fleuves,
Lacs , Montagnes , &c.
Différence des Mèridit
P. Gaubil
6
9
26
Sources de l'EriCHIS.
P. Jartoux
6
9
26
L 'ijle de Fer. Voye^ Isle-FeR-
RARE.
Iieutaud
o*
37
5
De la Hire
o
39
3
Des Places
o
34
44
Fez , en Afrique.
Harris
o
32
40
La Flèche.
Lieutaud. Des Places
o
9
52
De la Hire
o
9
y-
Florence.
Lieutaud
o*
35
58
De la Hire
o
3*
39
Des Places
o
35
58
Harris
o*
38
20
Street
o
33
0
FRANCFORT-fur-le-Mein.
Lieutaud
o
25
0
De la Hire
o
24
40
Des Places
o
24
40
Harris
o
25
20
Street
o
22
0
Frascati.
P. Borgondio
o
42
44
Fu-Cheu.
P. Noël
8
5<*
24
Fum-Chim,
P. Noël
8
49
28
FuM-SlN.
P. Noël
8
S1
28
Gand.
Lieutaud
o
6
20
De la Hire
o
6
0
Des Places
o
l
8
Harris
o*
6
20
Street
o
6
'9
GÈNES.
Lieutaud. Des Places!
o
25
3
De la Hire
o
25
3
Harris
o
30
«
Genève. s
Lieutaud. Des Places
o
16
0
Harris
o
18
20
Street
o
'7
0
GlTI.
P. Gaubil
ï
8
Goa.
Lieutaud. Des Placée
De la Hire
4
45
40
Harris
4
46
0
P. Noël
4
46
20
Goks , en Zélande.
Des Places
o
6
48
Harris
o
9
20
Gooulcou, rivière. Safourc*.
Elle s'appelle encore Ergut.
Voyez ce mot.
P. Gaubil
6
43
26
L'/Jle GorÉE , près du Cap-
De la Hire
i
17
40
Des Places
i
"7
40
Harris
i
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30
Gratz.
Street
o
54
0
Greenwich. Obfervatoire
royal d'Angleterre.
Harris
o
8
40
Des Places
o
9
10
Grenoble.
Lieutaud
o
12
48
De la Hire
o
i?
9
Des Places
o
12
48
Harris.
o*
i?
Street
o
'7
0
La Guadaloupe.
Des Places
4
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15
Harris
4*
0
5°
Source de la rivière HaÏ-ToV.
P. Gaubil
6
48
6
Hambourg.
De la Hire.
8
n
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30
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D. M. S.'
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43
43
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47 0
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5°
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°.
0
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S
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° Tome III.
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Ccccc
41
0
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^A
1
Noms des Vdhs , Fleuves
i
Lacs, Montagnes, &c.
en
H. M. S.
Des Places
o
33 o
Harris
o
33 20
Street
o
30 0
Hami.
P. Gaubil
6
13 18
Hankeou.
P. Gaubil
7
25 25
Camp de Harcas.
P. Gaubil
■5
7 26
Le Havre-de-Grace.
De la Hire
. o"
8 40
Des Places
o
S 40
Harris
o
8 10
La Ha vi.
Des Places
o
9 16
Heidelberg.
Harris
Q
28 20
Street
o
7.6 0
"Hia-ïÇiam.
&5S
8
52 8
P. Noël
9
3 40
Hoaingak , près Nankin.
P. Noël
7
47 °
P. Gaubil
Harris
7
46 49
Holin ,- au nord du défert des
Sables.
P. Gaubil.
6
54 4*
HOTCHEOU.
P. Gaubil
6
54 54
Source de L'HOTOMNI.
P. Gaubil
5
29 26
L'HoTOiim fi perd dans les fa-
bles.
P. Gaubil
S
35 26
Hou-Hou-Tou, lac.
P. Gaubil
6
y 26
HuKEU.
P. Noël
8
52 32
Hull.
Street
0
11 0
Jamaïque v Port-Royal.
Harris
5*
12 40
Jau-Cheu.
P. Noël
8
56 52
Source de la Jeniscia,
P. Gaubil
6
39 *6
JÉRUSALEM.
Lieutaud
i
12 0
De la Hire
j
34 3*
14 0
Des Places
Street
2
20 0
Insruck.
Harris
0*
38 20
Irghen, ville.
P. Gaubil
6
4 46
Source de l'Irtis.
P. Gaubil
6
9 26
Irtitche , rivière.
P. Gaubil
6
7 26
Source de l'Ili.
P. Gaubil
5
29 26
Imte , ville.
P. Gaubil
S
35 44
L'Isle de Fer.
De la Hire
î
22 / 0
Harris
î
4 20
J.SPAHAN.
Lieutaud
3
22 e
De la Hire
4
14 0
Des Places
3
22 O
Harris
4
II 20
KAN-FIAY.VoyezLoP-OMO,OU
Lac.
Kanton. Voyei Canton.
Kao-ym.
P. Noël
9
6 32
Kebeck. •
Lieutaud. Des Places
4*
48 52
De la Hire
4
5° »
LAT
Différend des Méridiens
D.
M.
S.
8
8
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5°
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5°
30
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5
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Latitude ou :/£-.'
leur du Foie.
D.
M. S.
53
53
53
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41
43
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30
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5
5
32
32
32
36
25
40
30
14
46*
46
LAT
LAT
W;î des Vîlks, Fleuves
Lacs, Montagnes , &c.
H.
M.
S*
Harris
4*
4S
4
Kem. Voyt? Obt, rivière.
Source du KeROLEM ou Ker-
•L01i,dansUs mon/jKENIEHAN.
Pierre Jartoux
7*
7
«4
Kertouma.
P. GaubU
5*
8
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KlA-HlM.
P. Noël
9
15
8
Kia-Tim.
P. Noël
4
M
8
Kia-Xen.
P. Noël
9
12
48
Kiam-Pu.
P. Noël
9
3
5«
Source du çrand KlANG.
P. GaubU
5
49
26
KlA-YU-KOAN.
P. Gaubil , \
6
6
*3
*5
4*
50
Kie-Ngan.
P. Noël
8
Si
3*
Kie-Xui.
P.Noël
8
53
M
KiEN-Cham, dans la province
de Kiamsi.
8
8
P.Noël \
KlEN-KlAM.
53
57
20
P. Noël
8
53
48
Kien-Tan.
P. Noël
9
7
31
Kiu-Yum.
P. Noël
9
5
36
Sour e du KOLON.
P. Gaubil
7
4
6
Le KOLON fe jette dans l'Or-
GOUN.
P. GaubU
6
56
6
Komg-ki-Tao , capitale de la
Corée.
P. Gaubil
36
8
KoNIGSBERG.
f
Harris
'3
20
Cump de KOR.
P. GaubU
34
22
KouKE.
P. Gaubil
9
2<S
Langres.
Lieutaud
IX
O
Des Places
12
6
Lanka , lac.
P. Gaubil
5*
9
26
Lac au dcjfus de Lanka.
P. Gaubil
8
6
Sow.e du LATSAN.
P. Gaubil
8
46
Lapama , lac.
P- GaubU
5*
12
6
Lassa , ville.
PP. GerbUlon &. Dorvilte
47
18
Latac.
P. GaubU
4*
56
46
Leghorn.
Harris
0
4*
20
Lentz , en Autriche.
Harris
o*
5«
20
Xeyde.
Street
o
9
0
Liampo. Voyc\ NiMGPO.
Liège.
Lieutaud. De la Hire
o
M
0
Harris
o
15
20
Des Places
0
■4
0
P. Maire
o*
14
45
LlKlANGFOU.
P. GaubU
6
31
26
Lie-Yam.
P. Noël
9
8
8
LlN-KlAM.
P. Noël
8
48
12
Lima, au Pérou,
Lieutaud
5*
33
0
De la Hire
5
33
0
Des Places
5
33
0
Harris
S*
31
43
D':jîèr:nct dis Méridiens
D,-
7»
106
48
30
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30
«38
47
«38
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22
136
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0
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5°
40
4°
40
39
Tome III. Cccccij
7S<5
LAT
LAT
Non> s des Villes , Fleuv-es ,
I
Lacs , Montagnes , &c.
en
K.
M.
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Lincoln.
Sreet
0
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LlPSICK.
Lieutaud
o
40
0
De la Hire
o
44
0
Des Places
o
4<>
0
Harris
o*
44
20
Lisbonne.
Des Places. Lieutaud
o
43
0
De la Hire
o
5*
0
Harris
o*
5°
40
LlSIEUX.
Lieutaud
o
8
20
Lille.
Lieutaud ■
o
3
0
Dés Places
o
2
40
LlVERPOOL.
Street
o
20
0
LlVOURNE.
Des Flaces
0*
32
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LoANGTCHEOU.
P. Gaubil
6*
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Londres.
Lieutaud
0*
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De la Hire
o
9
10
Des Places
o
9
41
Harris
o"
9
IO
Street
o*
10
O
Lopomo. L lac.
P. Gaubil
5
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LOUVAIK.
Street
o
10
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Luhi.
P. Noël
8
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Lyon.
Lieutaud
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Noms des Villes., Fleuves,
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P. Noël
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P. Noël
Nankin.
P. Noël
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P. Noël
Nantes.
Lieutaud
De la Hire
Des Places
Marris
Naples.
Lieutaud
De la Hire
Des Places
Narbonne.
Lieutaud
De la Hire
Harris
Des Places
Narsinga.
Harris
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Street
Ngam-Kim.
P. Noël
Ngan-Tum.
P. Noël
Ngam-y.
P. Noël
Nice , en Provence.
Harris
Des Places
Ningpo ou LiAMPO.àla Chine.
Harris
Nipchou , ville.
P. GaubU
Nipckou , rivière ; fa fiurce.
P. Gaubil
Nîmes.
Des Places
NoRWICH.
Street
Source du NOUK.AKG.
P. Gaubil
Nuremberg.
Lieutaud
De la Hire
Harris
Street
Source de l'ObT.
P Gaubil
Oliivde. Brésil.
Lieutaud
De la Hire
Des Places
Harris
Source de l'OnoN, ou AMOUR.
P. Gaubil
L'Onon fe jette dans un lac.
P Gaubil
Orléans.
Lieutaud
De la Hire
Des Places
Street
Ormus.
Des Places
Ostende.
Des Places
Outé , ou
<Outi , ville.
P. Gaubil
Oute . ou
Outi , rivière.
P. Gaubil
Oxford.
Harris
Street
Des Places
Ozaça, au Japon.
Différence des Méridiens
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P. Gaubil
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P. Noël
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P. Gaubil
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Quanton. Voye^ Canton.
Québec. Voye^ Kebec.
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Ratisbonne.
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LAT
LAT
Noms des Filles , Fleuves,
Lacs, Montagnes, &c.
■ Harris
Street
Reggio , en Italie.
Harris
RfIMS.
Des Places ..
Rennes.
Lieutaud
Des Places
De la Hire
Rhodes.
Chazelles
Harris
Street
La Rochelle.
Lieutaud
De la Hire
Des Places
Harris
RûCHESTER.
Street
Rodes.
Lieutaud. Des Places
Rome.
Lieutaud. Des Places
De la Hire
Harris
Street
ROSTOGH.
Harris
ROTERDAM.
De la Hire
Harris
Rouen.
lieutaud
De la Hire
Des Places
Salamanque;
Harris
Street
Saloniqoe.
Lieutaud
Des Places
San-Ken-ta-li, lac;
P. Régis
San-Xui.
P. Noël
Source du SeLIN'GUÉ.
P. Gaubil
Lieu oùpajje le SelinGUÉ.
P. Jartoux , Frédeli & Bonjour
Embouchure du SELINGUÉ, dans
le lac PaÏCAL.
P. Gaubil
Sens.
Lieutaud
De la Hire. Des Places
Le cap de SÈTE.
De la Hire
Des Places
Sêville.
Harris
SHREWSfeURT.
Street
Siam.
Lieutaud. Des Places
De la Hire
Harris
P.Noël
Sienne.
Des Place»
Siganfou.
P. Gaubil
Source du SlHUN,
P. Gaubil
Sin-Chim.
P. Gaubil
SlN-HoEÏ.
P. Gaubil
Sin-Hoï.
P. Gaubil
SlNING.
Diprenct des Méridiens
3
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30
94
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30
Latitude ou Hau-
teur du Pôle.
D.
M. S.
43
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49
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10
».
22
26
109
55
30
LAT
LAT
Noms des Villes , Fleuves,
Lacs , Montagnes , &c.
Différence des Méridiens
H.
M.
S.
T. Gaubil
6
36
23
Sin-Kan.
P. Noël
8
5*.
48
Siu-Chuj
P. Noël
8
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20
Suunc du Sir.
P. Gaubil
5
11
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ou
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26
Smyrne.
J-ieutaud
i*
39
39
'P. Feuillée
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39
59
Harris
x*
39
20
Des Places
i
39
59
So-ClVEM.
P. Noël
9
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Stetin.
Street
0
48
0
Stockholm.
Lieutaud
i
8
•20
De !a Hire. Des Places
i
S
0
Harris
i
1
20
Strasbourg.
Lieutaud
o
11
40
De la Hire
o
21
0
Des Places
0
21
40
Su-Cheu , près de Nankin.
P. Noël
9
3
4°
Su Cheu.
P. Noël
9
11
16
SuM-KlAM.
P. Noël
9
14
12
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P Noël
8
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40
Surate.
Lieutaud. Des Places
4
40
0
De la Hire
4
42
0
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Harris
o
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20
Tai-Ho.
P. Noël
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28
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P. Noël
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Harris
o
33
10
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P. Noël
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29
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P. Noël
9
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28
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P. Gaubil
6
36
46
TcrfANG Kia-Keou;
P. Gaubil
7
31
26
TCHASITING.
P. Gaubil
5*
2
46
Soit ce du TcHOUCOU.
P. Gaubil
7
3
26
Tegouric , rivière.
P. Jartoux )
P. Frédeli \
6
«7
2
P Bonjour J
Tidore.
Harris
6
28
0
Source du TOBOUL OUTOBOL.
P. Gaubil
4
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26
Tolède.
Lieutaud
o
22
4^>
De la Hire
o
28
0
Harris
O
22
40
Street
O
25
10
ToMOURTCHEW.
P. Gaubil
4*
47
26
Tongoi-Patchi.
P. Gaubil
s
0
5 =
Tongosco. Voye^ Angara.
Source eu Toula.
P. Gaubil
7
3
14
Embouchure de la TOULA dans
la mer orientale.
P. Gaubil
7
37
6
Toulon.
Lieutaud
o*
•4
22
De la Hire
o
M
22
Des Places
o
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22
Harris
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Joulouphan ou Tourphaw.
D.
M.
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Latitude ou Hau-
teur du Pôle.
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0
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30
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Noms des filles, Fleuves > Différente des Méridiens Latitude ou Haâ-
Lacs , Montagnes, &c. en en leur du Pôle.
D. M. S.
H.
M.
S.
P. Gaubil
5
47
54
Toulouse.
Lieutaud. Des Places
o
3
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De la Hire
o
6
40
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P. Gaubil
4*'
58
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La Tour de Cordouan.
Voyc^ Cordouan.
ToURPHAN OU ToUROUPHAN.
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5
40
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P. Gaubil >
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Lieutaud. Des Places
o*
6
40
De la Hire
o
6
40
Trébizonde.
P. de Beze
Trinquemale;
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s
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Lieutaud
o*
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Harris
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44
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Des Places
o
44
44
Troyes , en Champ*
Lieutaud
o
6
40
Des Places
o
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TSEPROUG.
P. Gaubil
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Tsin-yven-hien.
P. Gaubil
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P. Noël I
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P.Noël
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Lieutaud
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20
De la Hire. Des Places
o
20
40
Street
o*
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5°
Valence, en Espagne.
Harris
o*
4
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Lieutaud
4
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Des Places
4
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De la Hire. Des Places
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De la Hire
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Des Places
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Lieutaud
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P. Noël
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Lieutaud
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Harris
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X
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Vilne, en Pologne.
Street
I
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Harris
*
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De la Hire. Des Places
o
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Harris
o*
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o*
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Utrecht.
Harris
0*
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P. Noël
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Noms des Filles, Fleuves,
Lacs , Montagnes , &c.
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Xam-Hai.
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P: Noël
Xt-MtfEN.
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P. Noël
Yarmouth,
Street
Ychin.
P. Noël
Yen-Theoufow.
P. Gaubil
Yhoam.
P. Noël
Ylo , au Pérou.
Lieutaud
Yn-Te.
P.Noël ■
YORCK.
Harris
Street
Yum-Fum.
P. Noël
Tous les peuples comptent- les latitudes de même,
€>C commencent à l'équateur ; ainfi lorsqu'il y a de la
différence , cela vient du plus ou du moins d'exa&itude
que l'on a apportée dans les obfervations : il n'en ëft
pas de même des longitudes, comme nous le faifons
voir aux mots LONGITUDE Se MÉRIDIEN.
Lorsqu'une carte eft bien orientée , c'eft-à-dire que
le nord eft au haut , le midi au bas , l'crient 8c l'occi-
flent à la gauche & à la droite , les latitudes fe trou-
vent comptées fur les deux côtés de bas en haut pour
tous les pays qui font en- deçà de l'équateur , Se de
haut en bas pour tous ceux qui font au-delà. Dans les
Cartes très-générales, les degrés de latitude font marqués
de dix en dix, ou de cinq en cinq. Dans les moins généra-
les, chaque degré eft diftingué; Se dans celles qui nont
qu'un pays médiocre à repréfenter, on y trace les minu-
tes. Les fécondes fe marquent rarement : ce n'eft qu#
pour une plus grande précifion que les modernes les me-
tent dans leurs calculs. Les anciens géographes fe bbr-
noient aux degrés & aux minutes.
LATIUM : (le) nous avons accoutumé nos yeux Se
nos oreilles à ce mot, qui eft purement latin; & on s'en
fert pour défigner un pays de l'ancienne Italie, fitué au
levant du Tibre , Se au midi du Teverone. Ortélius dit
que c'eft aujourd'hui la Campagne de Rome; cela
n'eft vrai qu'en partie ; car pour faire la Campagne de
Rome, il faut joindre au LatïUM les RùTULES, les
Volsques, les Herniques 6c les Eques ou Equi-
•CULES des anciens. Anifi le Laûutn & la Campagne de
Rome n'ont pas les mêmes bornes; Se il en occupoit à
peine la moitié. Les habitans du Latlum étoient les Latins.
Ily eut un teins , dit Denys d'Halicarnaffe,. /. \ , c. n ,
que les Latins, les Ombres, les Aufons, Se plufieurs autres,
ne furent connus chez les Grecs , que fous le nom de Tyr-
rhéniens , p-irce que l'éloignement des lieux déroboit à
leur connoiffance i état' de ces peuples. Rien n'eft plus obs-
cur ni moins certain, que l'ancienne Hiftoire de ce pays.
Denys d'Halicarnaffe , que je viens de citer, a tâché de
la débrouiller dans fon premier Livre, & n'a rien épargné
pour concilier ce qu'il trouvoit. tant dans les fables rédui-
tes au fond hiftorique, que dans des traditions populaires,
ou dans des Mémoires qui fubfiftoient encore de (on tems.
Voici à quoi ie réduirois fommairement ce qui me pa-
roît plus vraifemblable dans ce récit.
Les Aborigènes , ou 'Aborigines , font les plus anciens
habitans. Leur nom même le déclare. Leur pays n'éioit
pas borné au Latium; ils poffédoient le pays d'eri-deçà
le Tibre ; car une colonie de Pelasgiens ou Pelasgues,
net des Méridiens»
D.
76l
latitude ou Hau-
teur dit Pôle.
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s'étant jointe à eux , y fonda Céré , Pife , Saturnîe , Al-
fium, Sec, que lesTusciens leur enlevèrent avec le tems.
Les Pelasgues , accablés de maux, dans la fuite, tombè-
rent dans une extrême décadence, de laquelle les Tyr-
rhéniens profitèrent. On ne fait pas trop quelle étoit l'o-
rigine de ceux-ci , 8e il y a bien de l'apparence que c'é-=
toit un ancien peuple d'Italie ; d'autres les font Lydiens
d'origine. Quoi qu'il en foit, environ foixaite ans avant
la guerre deTroye, une nouvelle flotte des Grecs aborda
en Italie, & débarqua dans le canton, où un refte des
Pelasgues s'étoit uni aux Aborigènes , 6c ne faifoit plus
qu'un même peuple avec eux.
Ces' Grecs nouvellement arrivés vanoient de Palan"
tium , ville d'Arcadie. Leur chef étoit Evandre., fils
, d'une Arcadienne , qui paffoit pour être inspirée des
dieux, Se que les hiftoriens Romains ont appellée en
leur langue Carmenta. Cette colonie n'étoit point en-
voyée du confentement de la nation ; ce fut un parti de
Grecs , qui, dans une fédition, s'étoient trouvés les plus
foibles , 8c avoient pris la fuite. Faunus , qui régnoir
alors fur les Aborigène^ , reçut avec humanité ces Ar-
cadiens , qui étoient en trop petit nombre pour lui eau-
fer de l'inquiétude, Se il leur donna autant de terrin
qu'ils en voulurent. Ceux-ci confeillés par la mère de leur
capitaine, choifirent une colline, Se y bâtirent un village
qui n'avoit d'étendue que ce qu'il en falloit pour une
troupe venue furdeux vaiffeaux. Ils nommèrent leur bour-
gade Palantium , en mémoire de leur ancienne patrie ;
Se cette même bourgade devint, avec le tems, une par-
tie de la ville de Rome : la colline , où elle étoit, eft la
même que le mont Palatin.
Quelques années après, une autre flotte , conduite par
Hercule, qui avoir fubjugué l'Espagne , aborda dans ce
pays'. Quelques-uns de ceux qui avoient fuivi ce héros,
dans fes conquêtes demandèrent leur congé; ils l'obtin-
rent. Ils relièrent dans cette contrée , où ils s'établirent,
Se fe bâtirent une petite ville fur une colline, dont la
fituation leur parut commode. Cette colline, qui n'eft
éloignée que de trois ftades , ou trois cents feptante-cinq
pas de Palantium , eft la même que le mont du Capi-
tole. La plupart de ces Grecs étoient Pélopponéfiens ,
Phénéates , ou Epéens nés dans l'Elide, tous détermi-
nés à ne plus retourner chez eux , parce que leur pays
avpit été ravagé, dans les guerres que ces peuples avoient
foutemies contre Hercule. Ils avoient aufli parmi eux:
quelques Troyens , qui, fous le régne de Laonu:don,
avoient été faits captifs par Hercule , lorsqu'il prit llior»
d'affaut. Je fuis perfuadé , dit l'hiftorien , que d'autres
Tome III. Ddddd ij
LÂÎ
764.
encore fatigués des travaux paffés, 6k effrayes des courfes
qui leur reftoient à faire , fe joignirent à eux du confen-
tement d'Hercule. Ainfi fe peupla le Capitole, nommé
autrefois mont Saturnien. Peut-être même ne firent ils
que relever les anciennes 'chaumières, qui y avoient été
I élevées du teins de Saturne ; car les Romains ont pré
" tendu que ce ' dieu , fuyant la colère de Jupiter , fon fils,
s'étoit tenu quelque tems caché en cet endroit , 6k que
du mot lateo, fe cacher , étoit venu au pays le nom de
Latium, duquel les habitans s'étoient fait celui de La-
tins , Latini. Ovide, Fajl. 1. 1, v. 235, dit en ce
fens-là : .
Hat ego Saturnum memini tellure receptum j
Cœlitibus regnis ab Jove pjdTus erat.
Inde dià genti manjit Saturma nomen;
Dicta quoque ejl Latium terra , latente Dec
ïl met ces vers dans la bouche de Janus , qui lui raconte
les antiquités des lieux , où Rome a été enfuite bâtie.
Vatron veut que le nom de Latium , pris de lateo , fe
cache , vienne de ce que ce pays eft en, quelque façon,
caché, entre les précipices des Alpes 6k de l'Apennin.
Denys, d'Halicarnaffe ne croit pas que les Latins ayent
pris leur non du Latium , puisqu'il dit qu'ils furent ainfi
nommés, à caufe de Latinus, qui régnoit au tems de
la guerre de Troye. Virgile , dans les fix derniers livres '
de fon Enéide , s'eft avantageufement fervi de ce perfon-
nage qu'il lùppofe avoir été beau-pere d'Enée.
Quoi qu'il en foit , les Latins étoient bornés à bien
peu de chofe du tems d'Enée 6k des rois d'Albe, Ces fuc-
ceffeurs , fuppofé que l'arrivée 6k le régne de ceTroyen
en Italie ayent quelque fondement réel dans l'hiftoire.
La ville de Rome s'étant formée, 6k ayant fubjugué
la ville d'Albe , qui depuis long-tems étoit le féjour des
rois Latins , affervit infenfiblement le Latium , qui fut
pouffé jusqu'au promontoire Circeïum, ou Monte-Cir-
cello ; car il ne faut pas entendre trop , à la rigueur ce
que dit Pline , ' l. X , c. 5 , que l'ancien Latium fut con-
fervé depuis le Tibre jusqu'à ce cap. Strabon dit beau-
coup mieux que l'ancien Latium fut accru par des pays
qu'on y joignit , 6k qu'on l'étendit depuis le Tibre jus-
qu'à Monte-Circillo. Ainfi l'acien Larium de Pline n'eft
pas le plus ancien de tous, mais l'ancien déjà accru d'une
partie du pays d«s Volsques. Taquin le Superbe , dit
Strabon, /. 5 , p. 13 1 , leur avoit déjà pris Sueffa, leur
capitale.
Après que l'on eut chaffé les rois de Rome , les con- *
fuis eurent la guerre contre les Eques , les Volsques , les
Herniques &C les Auronces ; cette guerre fut fanglante 6k
opiniâtre ; mais ces peuples furent vaincus ; 6k leur pays,
LAT
i mefure que l'on en faifoit la conquête , étoit réuni au
Latium. Et c'eft ce que Strabon, /.- 5,^. 128, tkp. 131,
a voulu faire entendre , quand il dit : le Latium com-
prend bien des chofes qui n'appartenoient point aux La-
tins, comme les Eques, les Volsques, les Herniques,
les Aborigihes autour de Rome, 6k les Rutules, quipof-
fédoient l'ancienne Ardée, outre plufieurs autres peuples,
tant grands que petits, qui étoient aux environs de Rome,
dans le tems qu'on la bâtiffoit, dont quelques-uns étoient
libres 6k indépendans, 6k habitoiént des Bourgades fans
faire corps avec aucune nation. De fon tems on y comprë-
noiî non-feulement les Volsques entièrement , mais en-
core les Auronces ou Aufones jusqu'à Sinueffe , c'eft-à-
dire une partie de la terre de Labour jusqu'au couehaix:
du' golfe de Ga'éte. En ce fens le Latium , d'abord beau-
coup plus petit que la Campagne de Rome, fut beau-
coup plus grand qu'elle n'eft; ck le Liris , aujourd'hui le
Gariglan , y naiffoit , & n'en fortoit point depuis fes
fources jusqu'à fon embouchure.
Il faut donc diftinguer le Latium ancien ^ du Latium
augmenté. LesRutules, les Volsques, les Aufones, les
Eques 6k les Herniques , exclus du. premier , font com-
pris dans le fécond ; 6k ni l'un ni l'autre ne répond exac-
tement à la Campagne de Rome ; le premier eft trop
petit, eft le fécond 6k trop grand. Dans l'Enéide il n'eft
queftion que du Latium très-petit. Après cela, il faut y
comprendre les Rutules devenus Latins après la mort
de leur roi Turnus. Laurentum , qui avoit été bâtie par
Latinus, en fut la capitale, Enée fit bâtir une ville,
qu'il appella Lavinium, du nom de fa femme Lavinie ;
leur (ils Jule fonda la ville d'Albe, qui devint capitale du
Latium à fon tour. Rome , fondée par Romulus , fut at-
taquée de bonne heure par les établiffemens voifîns.
Tullus Hoftilius, troifiéme roi de Rome, fournit la ville
d'A-lbe. Ancus Martius fit bâtir Oftie à l'entrée du Ti-
bre. Tarquin le Superbe prit, dans le Latium, Ardée,
ancienne capitale des Rutules, Ocriculum 6k Gabies,
6k il entama le pays des Volsques, en fe faififfanc
de Sueffa -Pometia, leur capitale. Tel fut le fécond
état du Latium. Cependant, dix ou douze ans après I'ex-
pulfion des rois,' il s'en falloit beaucoup que tous ce pays
ne fut acoutumé au joug. Sora , Algidum ,-Satricum ,
Corniculum , Ventiles 6k Bovilles firent beaucoup de
peine à la république naiffante. Tibur, qui, dans la fuite,
fut presque regardé comme un fauxbourg de Rome , 6k
Prénefte, coûtèrent desfieges, dont le fuccès fut de-
mandé par de longues prières, 6k par mille vœux, dans
le Capitole. Les Eques 6k les Volsques firent une guerre
epiniâtre , 6k ne furent abfolument fubjugués que par Lu-
cius Quinftius, qu'on tira de la charue pour le faire die-; '
tateur. Tel fut le troifiéme état du Latium.
Le Latium,
comprenoit fix
peuples.
Le Latium AN-
CIEN, OU PRO-
PREMENT DIT
comprenoit
Villes mariti-
mes.
ÏOfi
Laurentum , à préfent San-Loren^o.
'Albe, ville ruinée;
Tibur , Tivoli ;
Gabii, l'Hofteria de Finochio;,
7V<E/zç/?e,Paleftrina;
Villes dans les Tusculum, Frascati;
terres. { Tusculanum; le monaftere de fàinte Marie de Grotta-Ferrata;
Lavicum , ou Labicum , Colonna ;
Lanuvium , Civita Indovina ;
Aricia , la Riccia ;
Bovillœ , Bauco ;
(Lavinium , Civita Lavina.
(OJlienfîs Lacus , aujourd'hui Stagno;
Les LACS )-R-egit-us Lacus , aujourd'hui le lac de fainte Praxede;
jArici'nus Lacus, aujourd'hui lago di Jenfano & Nemo ;
KAlbanus Lacus, aujourd'hui lago d'Albmo.
[Le Tibre;
Les RiviE- I Anio , le Teverone ;
RES ou RUlS-{ Almo, Acqua Taccia;
SEAUX. | Aqua , la Marana ;
KNumicius, Numico.
II. f f Ardée;
Les Rutu- •{Les VILLES çYiAphrodifîum , vers le bogrg de Sainre-AnaftafieJ
ES. .( ICafirum Inuh
Lat
lat
. Le LatiumI
comprenoit fîx J
peuples, J
III.
Les Volsques.
IV.
Les Aurunces,
OU AUSONES
avoient
( Villes ma- (Antium , Anzio Rouinata ; .
RITIMES. \ Navale Antiatum , Porto- Nettuno;
{ Circcei , Civita-Vecchia ;
\Anxur, Terracine;
\Feronice Lucus , S. Orefte.
'Sueffh-Pomctia, ville entièrement ruinée;
VeLtrce, Velitri;
Norba , Norma ;
Sigma, Segni;
Sacriportus, versralianoj 7
Setia , Sezza ; 4?
SuLno , Sermoneta ;
Privernum , Piperno ;
■ Mat dus collis , près de Lanuvium , à l'orient ;
VILLES DANS 'Corioli, déjà détruite du tems de Pline j.,
LES TERRES, j Forum Appii , vers S. Donat ; W
Très Taberntz , Cifterna;
Frujino , Frafelone ;
Fregeilanum , Fregellx & Fregdla , Ceperaro ;
Fabrateria , Flavaterra ;
Interamna Lirinas , vers Ponte-Corvo ;
Cajlnum , le mont Caffin ;
Atina, Atino;
Arpinum, Arpino;
Sora.
Lires, le Garialan ;
?6$
Rivières. ^
Rivières yù&f"* P'scia'
tombent dlns\T"T,US,l.ri?'
leGariglan. jf/?lS> Mf*'>
3 \Fibrenus. Fibre:
Fibreno.
AJîura , Aftura ou Stura;
Nymphaus, laNympha;
Ufens & Dccennonius, Ait fento , OuBaudinoj
/Imafenus , Toppia.
ISpelunca villa , Sperlonga ;
Amydce ;
VlXLES MA-lCaieia , Gaëte ;
RITIMES. . j Forniianum , Villa di Cicérone ;
] Formia , Mola ;
(Minturnœ } Trajefto.
Villes dans
les terres.
Fundi ,
Vesda,
Aufonia.
V.
Les Herniques;
VI.
Les Eques avoient
Mafiicus Mons , Monre-Dragone.
SAnagnia, Anagni;
Alatrium, Alatro;
Ferentinum , Ferentinum ;
Vtfule, Veroli.
(Algidum, l'Ofteria;
Corbio ,
Vitellia colonia,
Treba, Treva;
Vàleria, ou Varia, Vico-Varo;
Carfeoli , Arfuli ;
Sublaaueum , Sublaco. •
Cette Table eft empruntée des Parallèles du P. Briet. Il
n'y fait point mention de la ville de Rome, parce qu'il
avoit traité au long de cette ville , à laquelle il donne
une Table particulière , que nous plaçons en fon lieu.
Nous traitons, au mot VoYE, des grandes routes qui cou-
poient le Latium. Le Latium eft furnommé Hesperium
par Virgle dans fon Enéide , félon la remarque d'Or-
télius , qui cite le feptiéme livre.
LATMICUS SINUS , golfe de la mer Méditerranée,
fur la côte d'Afie , aux confins de l'Ionie & de la Carie,;
Strabon, /. 14, p. 63 5, place dans'ce golfe Héraclée,
furnommé Héraclée fous le Latmus. On le nomme à pré-
fent le golfe de PALATCHIA.
1. LÂTMOS ou Latmus, montagne d'Afie, partie
dans l'Ionie, &t partie dans la Carie: Pomponius Mêla ,
1, 1, c, 17, dit qu'elle étoit fameufe par l'aventure fabu-
leufe d'Endymion , pour qui la lune eut de l'amour. Il
la met dans l'Ionie. Cicéron, Tuscul, 1. 1, c. 38, au
contraire, met la fcène en Carie. Endymion , dit-il , fi
nous voulons écouter les fables,s'endormit je ne fais quand
dans le Latmus, qui eft une montagne de la Carie, &c;
de-là vient qu'Endymion eft nommé LatMIUS Héros
par Ovide, Trijl. 1. a, v. 299; & LatMIUS Venator
par Valerias Flaccus, l.%, v. z8. Le fcholiafte d'Ap-
pollonius dit que le Latmus eft une montagne de Carie,
où Endymion logeoit dans une grotte : le nom moderne
de cette montagne eft PALATCHIA, félon Baudrand»
Elle a à fon extrémité un promontoire qui s'appelloitPo
Sidium , à càufe d'un temple conlàcre à Neptune; &
ce cap féparoit le golfe Latmique au nord, & le golfe de
Jaffus au midi.
a, LATMUS , rivière Se village de Cilicie , félon
y 66 LAT
Strabon, /. 14, p. 671. C'eft le Lamus de Ptolomée^
lieu auquel appartenoit la Lamotide de cet auteur, &C
la Lacusie d'Etienne. Ce lieu, que Strabon ne traite
que de village, fut, avec le tems, une ville épiscopale;
& les Notices le donnent à l'Ifaurie , en la nommant
Lamus ; mais elle eft appellée Latmus dans les Actes
du concile de Chalcédoine.
LATO. Voyez Camara i.
LATOBICI. Voyez LatovicI.
LATOBRIGES, (les) Latobrigi ck Latobrici, an-
cien peuple de la Gaule , au voifmage des Helvétiens.
Quelques critiques les ont placera Laufanne, d'autre
dans le Valais, d'autres dans le Cletgow. Nicolas San-
fon en parle ainfi dans fes Remarques fur la Carte de l'an-
cienne Gaule , p. 30. » Latobrigi ne peuvent pas être
» éloignés des Suiffes, 6c font apparemment près de
» Rauraci & de Ti^lngi , & vers l'Allemagne. Rau-
» raci font aux environs de Balle; Tulingi, apparem-
» ment vers les fources du Danube , & où eft Dutlin-
» gen. Cela étant , Latobrigi ne fe peuvent plus choifir
» mieux , que pour le Brisgou contigu au territoire de
» Bade , & à celui "de Dutlingen ; & cela s'accorde à
» l'ordre que Céfar leur donne, quand il parle despeu-
» pies auxquels les Helvétiens ou Suiffes avoient pér-
it fuadé de quitter le pays, & d'en chercher un plus avant
» dans les Gaules , & qui fût hors des courfes conti-
» nuelles des Germains. Perfuadent (comme il dit)
» Rauracis , Tulingis & Latobrigis finitimis fuis , uti
, » eodem ufi confilio oppidis fuis , vicisque txuftis , unà
» cum iis proficiscantur , &c. Ils perfuadent a ceux de
» Balle, de Dutlingen & de Brisgou, leurs voifins,
» de fuivre le même confeil , & de fe joindre avec eux,
» après avoir brûlé toutes leurs villes & leurs bourga-
» des ; & le fens commun fait pour notre opinion , y
» ayant toutes les apparences du monde , que ces trois
» peuples'étoient du côté de la Germanie , à l'égard
» des Helvetii , & avoient un même fujet de quitter le
».pays, comme faifoient les Suiffes; & cette explica-
» tion eft cent fois plus plaufible que celle de Marlian,
» qui les place à Laufanne , que celle de Cluverius, qui
» les eftime dans le VaÙais &c; l'un & l'autre quar-
» tier étant trop éloignés de la Germanie; & de plus,
» Laufanne. eft dans le corps des Suiffes ; & Brig du Val-
» lais eft dans le corps des P. Seduni, qui font de la
»> Gaule Narbonnoife, province déjà fujette aux Romains.
LATO-BULGlUM. Voyez Blatum Bulgium.
LATOIS , Av\oif , métairie d'Afie , près d'Ephèle ,
dans la montagne. C'eft d'où venoit le vin nommé
Pramnium vinum , félon Athénée. * Ortel. Thefaur.
LATOMAGUM , ancien lieu de la Gaule , fur la
route de Juliobona à Rouen , à feize mille pas de la pre-
mière, & à treize de la féconde.
LATOMLE ; les Latins avoient emprunté ce mot des
Grecs, pour fignifier un lieu où l'on coupoit les pier-
res , & il a été commun à toutes les grandes carrières
d'où l'on en tiroit. Ainfi il n'eft pas étonnant que les
anciens ayent donné le nom de Latomics à divers en-
droit de l'Italie, de la Sicile de l'Afrique, & ailleurs.
Les Latonies de Sicile étoient très - fameufes : c'étoit
d'abord une carrière ; mais les tyrans en firent , avec
le tems, une prifon, où ils faifoient enfermer ceux qui
avoient le malheur de leur déplaire. Ces prifonniers y
demeuroient quelquefois fi long-tems , que quelques-uns
s'y font mariés, & y ont eu des enfans. Ce lieu eft pré-
fentement "nommé leTagliate. Cicéron reproche à Ver-
res d'y avoir fait enfermer des citoyens Romains. Dans
le tems de perfécution, ces Latomies furent fouvent
remplies de Chrétiens que l'on y envoyoit , pour les y
faire fouffrir de longs travaux , quand on eut remarqué
que la mort , loin de les épouvanter , étoit l'objet de
leur efperance. * Cluver. Sicil. ant. /. 1.
LATOMIE; il y avoit fix petites ifles de ce nom
dans le golfe Arabique, félon Strabon , /. 16.
LATONÉ , ville d'Egypte , fur le Nil , félon Ptolo-
mée, /. 4, c. 5. Le nom grec eft Anloùf wo'ak , c'eft-
à-dire, la ville dé Latone, parce que Latone, meré d'A-
pollon, y ayoit un temple & un culte particulier. Elle
etoit la capitale d'un nôme qui en prenoit le nom de
Latopolite , AnVmAÎw , félon le même géographe. Ses •
interprètes difent que c'eft préfentement DÉROTE, ville
lameufe, mais fans murailles.
LAT
LATOPOLIS. Voyez l'article précèdent &' celui de
Lato ru m.
1. LATOPOLITES NOM05 , contrée d'Egypte,
dont la capitale étoit dédiée à Latone , & fituée à |a
gauche du Nil. Voyez l'article précédent. Pline parle
auffi de ce Nôme.
1. LATOPOLITES NOMOS, autre contrée d'E-
gypte, dont la capitale étoit la ville nommée LATORUMi
URBS, Ac£\mf7iOKtf. Voyez LATORUM.
LATORIA. Voyez Latoïs.
LATORUM URBS, ville d'Egypte, dans le nôme
Hermonthite , félon Ptolomée. Ortélius croit que c'eft
de cette ville, que le nôme Latopolite tiroit fon nom.
Je crois qu'il fe trompe auffi - bien que quand il dit que
c'eft la Letus d'Antonin. L'auteur de l'Itinéraire marque
deux lieux très-différens l'un de l'autre, tous deux enj
Egypte. Les voici :
N'iqu , Hermuntim.
LetusXXVUl. M.P. Laton XXIV. M. P.
Memphin XX. M. P. Apollonos fuperioris XXXII. M. PJ
Il eft vifible que la Letus de l'Itinéraire, à vingt mille pas*
de Memphis, eft la Letus de Ptolomée , ah1'"î w«A/s,
ou Latopolis ; & que. Laton, à vingt-quatre mille pas
d'Hermuntis , & à trente-deux mille pas de la ville d'A-
pollon, eft la même que fa Laton, A«j»c w/a*?, que fes
interprètes rendent Laiorum , par un génitif pluriel ,
comme en effet c'en eft un dans le grec. La Notice da
l'Empire, fiel, ao, en fait un fubftantif neutre Latum, £c
dit : Equités fagitiarii indigente Lato.
LATOVICI, ancien peuple de la Pannonte , felor»
Pline, /. 3, c 15. Ptolomée, /. 2, c. 15, met les
Latovici, fous le Norique, dans la haute Pannonie;
& Antonin , Itiner. place Pratorium Lat&vicorum,
fur la route d'jEmona à Sirmich, à trente-quatre mille
pas de la première. Cela répond aux environs du con-
fluent de la Save & de la Sane.
LATRA, (génitif orum,) lieu de la féconde Mcefie,
félon la Notice de l'Empire, fiel. 29, qui dit: Cuneus
Equitum fcutarioium Latris.
LATRE , aô^h , montagne d'Afie auprès d'Ephèle ,r
félon Cédrene. ' Curopalate le nomme Latrius nions.
* Ortel. Thefaur.
LATRECEY , bourg de France , dans la Bourgogne,
diocèfe de Langres. Ce bourg eft du marquifat d'Arcq
en Barrois. Il eft fitué dans une plaine , au pied d'une
montagne. Le fief de la Loge, la Grange, Tillieres en,
dépendent. Il y a un prieuré à fimple tonfure, de quatre
cents livres de revenu.
LATRINGES, peuple dont parle Capitolin, dans la
Vie de l'empereur Marc-Antonin le Philofophe. Il y a
apparence, dit Ortélius , que ce peuple étoit de la àar-
matie en Europe. * Ortel. Thefaur.
LATRIS , ifle de la Germanie , à l'embouchure de la
Viftule , félon Pline, /. 4, c. 13. Niger croit que c'eft
le Grojfwerder, ifle de Pruffe , à l'embouchure de la
Viftule. Ortélius aime mieux croire que c'eft Frifeh-
nering. Le P. Hardouin donne un troifiéme fenti-
ment , 6c explique le Clylipcnus Sinus de Pline par le;
golfe de Riga , & l'ifle Latris par l'ifle d'CEsEL.
LATRIUS MONS. Voyez Latre.
LATRONES. Voyez Lestée & Mariannes.
LATARIO , montagne d'Italie , au royaume de Na-
ples, dans la principauté citérieure, au-delà de la ri-
vière de Sarno , entre le mont de Somma •& Sorrento ,
à trois ou quatre milles de Lettere, &C à pareille diftance .
de Caftel- à-Mare. *Com. Dift." .
LATTAY, ou S. Lambert, bourg de France, dans
l'Anjou, diocèfe &c élection d'Angers._
LATTA , ville de l'Arabie heureule , la même que
Latea.
LATTE , Latera , village de France , au bas Lan-
guedoc , à demi-lieue de Montpellier , au bord d'ua
étang, que l'on appelle quelquefois V étang de Latte , à
caufe de ce village. C'eft même fon ancien nom. On
l'appelle auffi l'étang de Peraut.
1. LATUM. Voyez Latorum.
2. LATUM. Voyez Blatum.
LATURUS SINUS, golfe ds la mer Méditerranée,
LAV
LAV
fur !a côte de Numidie, félon Pomponius Mêla , /. l ,
c. 6. v
LATUSATES : c'eft ainfi qu'on lit ce nom d'un
peuple de l'Aquitaine , dans les éditions communes de
Pline. Le P. Hardouin avertit qu'il faut lire TartifaUi.
LATYMNUS , montagne de la grande Grèce , au-
près de Crotone, félon Théocrite. Son fcholiafle dit
que quelques-uns donnoient ce même nom à une mon-
tagne de la Laconie , au Péloponnèfe. * Ortd. Thefaur.
LATZ, Latium, rivière de Suifle. Elle a fa fource
auprès de Bergen , dans la communauté d'Oberfatz, dans
la Ligue de la Caddée. Elle a fa fource au mont Albu--
la, &C fe jette auprès de Félifur, dans une autre rivière,
avec laquelle elle fe perd dans le Rhin, auprès de Sils ,
au nord oriental de Tufis. * Sch.zuch.7tr , Carte de la
Suiffe.
1. LAVAGNA, petite ville d'Italie, dans l'état de
Gènes , &C fur la côte du Levant, auprès de l'embou-
chure d'une rivière nommé auffi Lavagna, qui fe jette
dans la mer de Gènes. Elle a été autrefois plus confî-
dérable qu'elle n'eft & a eu des comtes particuliers delà
maifon de Fiesque. Baudrand la nomme en latin Lebo-
nia &T. Lavania. Elle eft à préfent fort petite. * Bau-
drand , édit. 170°).
2. LAVAGNA, rivière d'Italie, dans l'état de Gè-
nes. Elle a fa fource dans l'Apennin , à dix milles de
Gènes, à l'orient; &, coulant vers le midi, après- avoir
reçu la Granveglia , elle fe rend dans la mer auprès de
la petite Lavagna , entre ce lieu &£ Chiavari. * Baudr.
édit. 1705.
Le père Hardouin croit que Lavagna a été appellée
anciennement Feritor.
LAVAIX , abbaye d'hommes , ordre de Cîteaux, en
Espagne , dans la Catalogne au diocèfe d'Urgel.
1. LAVAL, prieuré de France, en Franche-Comté,
au diocèfe de Befançon. Il dépend du mont S. Benoît.
C'eft un bénéfice fimple de douze cents livres de rente.
2. LAVAL, ville de France, dans le bas Maine. Elle
eft fituée fur la rivière de Mayenne , à fix lieues de la
ville de ce nom , à feize du Mans, à quatorze de Ren-
nes, vers les frontières de Bretagne, & à la même dis-
tance d'Angers & de' la Flèche. Cette ville que l'on ap-
pelle autrement Laval-Guyon ,,en latin Fallis Gui-
donis , a titre de Comté-Pairie , & s'efî rendue recom-
mandable par le grand trafic de toiles que l'on y fait. On
y voit un collège, deux églifes paroifliales , qui font la
trinité & S. Vénérand , & deux collégiales ; la première
qui eft auffi paroiffiale, eft dédiée à S.Thugal, & l'au-
tre à S. Michel. On y trouve un prieuré de chanoines
réguliers de S. Auguftin , de la congrégation de fainte
Geneviève , du titre de fainte Catherine , fk un autre
prieuré fimple , appelle S. Martin , qui donne fon nom
à un fauxbourg ; une grande & célèbre maifon de Cor-
deliers , dont Téglife eft belle & enrichie de marbres ;
un couvent de Dominicains , un de Capucins , un d'Ur-
fulines, un de Bénédictines , & un de Cordelières, dont
on nomme le couvent Patience ; un hôtel-dieu pour les
pauvres malades , dédié à S. Julien , deflervi par des
religieufes de S. Jofeph, & un hôpital général du nom
de S. Louis. La ville de Laval renferme deux châteaux
qui font féparés par un feul mur, tk eft entourée de for-
tes murailles & de tours , avec un pont de pierres , fur
lequel font bâties des maifons aux deux côtés, &c deux
petites tours au bout, qui font une porte de la ville pour
aller à un de fes fauxbourgs, appelle le pont de Mayenne.
Elle appartient aux feigneurs de la Trémoille. Il y a une
chambre des comptes pour les terres défendantes de ce
comté, un fiége royal , fiége des traites , élection , gre-
nier à fel, & département de Gabelles , Fougères, Vi-
tré, Ernée, Laflay, Sablé, Château-Gontier, Craon,
Sainte- Sufanne , & plufieurs gros bourgs font dans le voi-
fînage de Laval. Laval eft la principale ville du bas Maine,
quoique jusqu'à préfent elle n'ait jamais été dans le do-
maine royal , rk qu'elle ait toujours eu fes feigneurs très-
puiflans & illuftres depuis l'onzième fiécle , où vivoit
Gui I , feigneur de Laval , dont la poftérité masculine
finit feulement dans le douzième fiécle. Ce fut alors
qu'Edme de Laval , fille aînée & héritière de Gui de
Laval , apporta les grands biens de cette maifon à fon
mari Matthieu II, feigneur de Montmorenci, &: conné-
table de France. De ce mariage vint un fils nommé Guit
767
qui , à caufe de fa mère , féconde femme de Matthieu ,.
pofîéda les biens de Laval , &c prit le même nom de
cette maifon. Cette branche a duré fort long-rems de-
puis le régne de S. Louis, jusqu'à celui de Charles VI.
Ce fut alors-que Gui , feigneur de Laval , mourut , l'an
141 2. Après lui, ce comté étant tombé en quenouille,
Anne de Laval-Montmorenci,qui avoit époufé le comte
Jean de Montfort , feigneur de Kergorlai en Bretagne ,
& étoit fille de Gni , , feigneur de Laval , hérita de fon
père , _ & laifia la terre de Laval & tous fes biens à fon
fils qui fut nommé Gui , comme fes prédéceffeurs. C'eft
en faveur du même Gui , qui avoit pris le nom de La-
val, & qui étoit fils de Jean de Montfort, tk d'Anne
de Laval - Montmorenci , que Charles VII érigea en
comté cette feigneurie , l'an 1420 ; & de ce premier
comte de Laval descendoit par maies, Gui, comte de
Laval, qui mourut fans enfans, l'an 1547 > & eut pour
héritière Renée de Rieux, fa nièce, fille de fa feeur Ca-'
therine , femme de Claude de Ryeux. Renée qui avoit
époufé Louis de Sainte-Maure, marquis de Nèfle, étant
moue fans enfans, elle eut pour héritier Paul de Coligni ,
qui étoit fils de fa feeur Claudede Ryeux, & qui prit le nom
de Gui. Son fils Gui , comte de Laval fut tué , & mou-
rut fans enfans, l'an 1605. Ainfi tous les biens de la mai-
fon de Laval vinrent au duc de la Trémoille, qui des-
cendoit d'Anne de Laval , feeur puînée de la dame de
Ryeux. Les héritiers de ce duc jouiffent encore de La-
val , qui eft une ville peuplée Si marchande. Elle s'ap-
pelle en latin Vallis-Widonis , ou Vallis-Guidonis , à
caufe de fes feigneurs qui s'appelloient Gui. *Corn. Mem.
dreffés fur les lieux. Longuerue , Descr. de la France ,
i- part. p. 96.
• LAVAN T, petite rivière d'Allemagne , dans la baffe
Cannthie_. Elle paffe par la vallée de ce nom, appellée
par fes habitans Lavanthal; baigne la ville de S. André,
& fe rend enfuite dans la Drave à Lavanmund , deux
milles d'Allemagne plus bas. * Baudrand, éd. 1705.
LAVANT-MYND , ou Lavant-Mund , Lavan-
tum, petite ville d'Allemagne , au cercle d'Autriche,
dans la Carinthie, à l'embouchure du Lavant , dans la
Drave. Elle appartient à l'archevêque de Saltzbourg, &C
eft ornée d'un château & d'un évêché fondé en 1228,
par un archevêque de Saltzbourg , dont elle eft fuftrà-
gante. * Baudrand , éd. 1705.
L'évêque fait fa réfidence à S. André, château fur la
rivière de Lavant.
LAVAR. Voyez Laura.
LAVARA, ou Lavare , k*v*^ , ancienne ville de
la Lufitanie, dans les terres, dit Ptolomée , /. 2 , c. 5.
On croit que c'eft préfentement la ville d'Avéïro.
LAVARDENS, petite ville de France, dans l'Arma-
gnac , au diocèfe d Auch.
1. LAVARDIN, bourg de France, dans la Beauce ,
au diocèfe de Blois.
2. LAVARDIN, feigneurie de France, dans le Maine,
près de Montoire. Ce lieu a donné fon nom à une très-
illuftre famille du Vendômois.
LAVATRA, génitif orum, ancien lieu de la grande
Bretagne-, félon 1 Itinéraire d'Antonin , qui en fait deux
fois mention , Sr toujours entre Caraiïoni & Ferteris,
à feize mille pas de la première, & à quatorze mille- pas
de la féconde, félon une route , &, félon l'autre, à dix-
huit mille pas de la première, &c à treize de la féconde.
Comme on place Caracloni à Cattaric , & Ferteris , à
Brough, on croit que Lavatra étoit à Bowes. Il en eft
fait mention dans la Notice de l'Empire , où l'on lie
prafteius numeri exploraiorum Lnvatres. Il femble, die
Gales , qu'il refte encore des vertiges de ce nom dans
celui de Lartington . bourgade voifine , fituée fur le
ruiffeau de Laver. L'anonyme de Ravenne nomme La-
varis ; nom qui n'approche pa<; mal de celui du ruifTtau.
Ce lieu étoit florifTant fous l'empire de Sévère. Car Vi-
rius- Lupus, qui gouvernoit pour lui lj Bretagne, y ré-
tablit un bain dont l'édifice avoit été br11é. Cela a donné
lieu à une conjefture , lavoir fi, au lieu de Lavatris , il
ne faudrait point lire Lavacris. Le mot de Lavacra a
été employé par Eutrope pour dire des bains.
LAVAUR, ville de France, dans le haut Languedoc,
aux confins de l'Albigeois , fur PAgout. Ce nom eft
compofé du nom même & de l'article, & devrait s'é-
crire l^-Fam ; •sar le nom latin eft V~*umm , Faurium
LAU
768
ou Caflrum-Vaurl. Ce n'étoit autrefois qu'un gros bourg
avec un beau château ; & il n'a été fermé de murailles
que depuis quelques fiécles. Cette ville fut une des plus
confîdérables du parti des Albigeois ; &£ c'eft à quoi les
prélats du concile, qui y fut tenu en 1212, ou en 12.13,
félon le P. Labbe, faifoient aliufion, lorsqu'ils appelèrent
Lavaur fedes Satana atque erroris har&tici primatia.
C'eft dans la Lettre qu'ils écrivirent au pape Innocent III.
Ils'y tint un autreconcile fous 'le papeUrbain V,en 1368.
Lavaur eft préléntement le fiége d'un évêché fuffragant
de l'archevêché deTouloufe, qui n'étoit qu'un prieuré
dépendant de l'abbaye de S. Pons , lorsque le pape
Jean XXII l'érigea en évêché, l'an 1316. L'églife ca-
thédrale eft dédiée à S. Alaire ; & fon chapitre confifte
en un prévôt, un archidiacre , un facriftain , & douze
chanoines. Ce diocèfe ne renferme que quatre-vingt huit
paroiftes, &: une abbaye qui eft celle de Sorèfe. * Piga-
niol de la Force, Descr. de laFrance , t. 4, />. 2,53 & 326.
LA VAUX, petit bourg de France, en Bretagne ; il
eftfitué fur la Loire, à l'oppofitede Paimbœuf, & l'on
y tient une foire le lendemain de S. Symphorien. Les ha-
bitans du bourg nourriflent des oies & des moutons ;
on y élevé auffi des chevaux.
1. LAUBACH, Nauportus, ville d'Allemagne, dans
la Carniole , dont elle eft la capitale. Les Italiens la nom- ■
ment Lubiana. Un voyageur en parle ainfi dans les re-
marques hiftoriques 6c critiques , faites dans un voyage
d'Italie en Hollande, en 1704, t. 1 , p. 17. La ville
n'eft pas fort grande , & n'a presque qu'une grande rue ;
mais elle eft allez proprement bâtie, les pierres n'y man-
quant point pour bâtir & pour y élever les maifons auffi
haut que l'on veut fur un terrein très - folide. Il y a un
château fur une coline qui joint la ville ; mais comme
cette colline a beaucoup plus d'étendue que le château ,
il peut être facilement attaqué à terrein égal , de la hau-
teur de la même montagne. D'ailleurs la ville a de très-
belles campagnes tout-â-1'entour , & un fauxbourg , ou
partie de la ville, au-delà d'une petite rivière qui pafle
auprès , & qui fe jette dans la Save , à deux heures de-là.
La ville eft épiscopale, depuis l'empire de Frédéric III,
qui donna à cet évêché, pour premier évêque, un de les
aumôniers qu'il affectionnoit. Comme le chapitre n'y eft
pas compofé de nobles , & que ce prince fut le fonda-
teur des revenus de l'évêché , fes descendans , c'eft-à-
dire les princes de la maifon d'Autriche , ont le droit
de nommer les prélats & même les chanoines, qui font
fjx feulement ; un feul d'entr'eux eft à la nomination de
Tévêque , parce qu'il fait la fonction de curé primitif de
l'églife. Il y a dans cette ville une maifon de la province :
elle eft belle, &C c'eft où les états s'aflemblent. Le prince
d'Aversberg y a auffi un palais. Il y a plufieurs couvens
de l'un & de l'autre fexe, & un collège de Jéfuites. La ri-
vière de Laubach,a entr'autres fingularités, celle de nour-
rir des écreviffes les plus grandes de l'Europe , & dont
cinq, avec l'étendue & la largeur de leurs ferres, mefurent
la hauteur d'un homme. Un gentilhomme du pays fut
fiflé à Vienne pour l'avoir dit ; il dépêcha auffi-tôt un
exprès fur les lieux , d'où on lui envoya de quoi juftifier
ce qu'il avoit avancé.
2. LAUBACH, rivière de la Carniole. Voyez l'ar-
' ticle précédent. Elle fe forme de deux ruiffeaux , dont
. l'un eft nommé Laubach ; rk l'autre qui s'y jette, eft
nommé KLEIN Labbach ou le petit Laubach ; ils
fe joignent enfemble auprès d'un bourg auffi nommé
KLEIN LAUBACH. Plus haut, fur la rivière de Laubach,
eft allez près de fa fource une bourgade appellée OBER
Laubach, c'eft- à-dire le haut Laubach, à caufe
de fa fituation, par rapport au cours de la rivière. * Jail-
lot, Atlas.
3. LAUBACH , bourg d'Allemagne , en Vétéravie,
au comté de Solms, aux confins du comté de Nida , ci
du landgraviat de Heffe , à trois lieues de la ville de
Gieflen. *Baudrand, éd. 1701;.
D'Audifret appelle Harles, la rivière qui coule à Lau-
bach.
LAUBAN , petite place d'Allemagne , dans la haute
Luface , fur la Queifs , aux confins de la Siléfie , à qua-
tre lieues deGorlïtz, du côté du levant. Elle appartient
à 1'élefteur de Saxe. *Baudrand , éd. 1705.
LAUBESPIN, bourg de France, dans le Forez, au
diocèfe de Lyon, élection de Montbrifon,
LAU
LAUBLE & LAUBIUM..
LAUBRIERE, bourg de France, dans l'Anjou, dans
l'élection de Château-Gontier.
LAUCATE. Voyez Leucate.
LAUCH , ( le ) rivière de France , en Alface ; elle
pafle à Rouffac , (k fe jette dans l'Iil.
LAUCONNE, monaftere de France, dans la Fran-
che- Comté , dans le Montjou. Il fut bâti par S. Ro-
main &t S. Lupicin , vers le milieu du cinquième fïécle,,
& étoit du diocèfe de Lyon , quoique dans le territoire'
de Befançon. Il fut fournis, dans la fuite, au monaftere de
Condat, dont S. Romain avoit été le premier abbé, &c
S. Lupicin enfuite , depuis S. Oyend , dont il prit le
nom, qu'il quitta à la fin pour celui de S. Claude. Lau-
conne eft devenu enfin un prieuré, fous le nom de S. Lu-
picin , dont le corps s'y eft toujours confervé jusqu'au-
jourd'hui. On ne doit pas confondre Lauconne avec
Leuconaus, qui'eftSaint-Valeri, au pays de Vimeu,
en bafle Picardie. *Baillet , Topogr. des Saints , p. 260.
LAUD, fleuve de la Mauritanie! ingitane, félon Pline,
/. 5, c. 2, qui dit qu'il eft navigable. Le P. Hardouin croit
que le nom moderne eft Gomera.
1. LAUDA, place d'Allemagne , enFranconie, fur
le Tauber , dans l'état de l'évêque de Wurtzbourg , &
aux confins des états de l'électeur de Mayence, à deux
milles d'Allemagne de Mariendal, en allant vers Wer-
theim, &: à cinq de Wurtzbourg. Elle n'eft point diffé-
rente de Lauden , que Davity dit avoir été vendue dix
mille florins à Ruprecht ou Robert, comte Palatin, par
les comtes de Hohenloé , quoique Corneille en fafle
deux villes. * Baudr. éd. 1705.
LAUDA , Locedium , abbaye d'hommes , ordre de
Cîteaux , dans le Montferrat, au diocèfe- de Cafal.
LAUDANIA, nom latin de Lothian.
. LAUDERCONA, ouLaudenova. Voyez Blan-
DENONA.
LAUDER, rivière de l'Ecoffe méridionale , dans la
province de Mers ; elle coule dans une vallée à laquelle
elle donne le nom de Lauderdale. Cette rivière eft
remarquable par l'exécution qui s'y fit des favoris de
Jacques III , fur un pont , où ils furent pendus , après
avoir été arrachés de la cour par Une partie de la no-
blefle , fous la conduite du comte d'Angus. II ,y a fur
la Lauder un bourg de même nom. * Etat préfent de la,
Gr. Bret. t. 2 , p. 237.
LAUDERDALE , vallée d'Ecoffe , où coule la ri-
vière de Lauder. Cette contrée, qui fait partie de la pro-
vince de Mers , donne le titre de duc à la principale
branche de la famille de Maitland , qui a une belle mai-
fon près du Lauder , laquelle eft appellée Lauder-
FORT.
LAUDIA , bourg ou ville de la Mauritanie Céfarienfe,'
félon Ptolomée, /. 4, c. 2; elle étoit dans les terres.
LAUDIACUM , ou Laudiacus mons , ancien
village de France , à fix mille pas de la ville de Tours,'
félon Grégoire de Tours, l. 2. De ce mot qui doit être
Mont-Louy en François, on a fait Mont-Lois. Voyez
ce mot.
LAUDIAS , forterefle d'Afie , vers l'Euphrate , félon
Ammien Marcellin , /. 18, c. 7.
LAUDICIA. Symmaque dans une de fes Lettres à Eu-
fraife, /. 4, ep. 64, vante les chars des Laudicianiens.
Ortélius foupçonne que ces gens-là étoient dans l'Espa-
gne ou dans la Gaule. Mais comme Symmaque, dans la
Lettre qui précède celle-ci, parle des chars d'Antioche,
il fe peut faire qu'il parle ici de ceux de Laodicée.
LAUDICIA,
LAUDICK, petite ville de la grande Pologne , fur
la rivière de Warte , dans le palatinat de Kalisk, à douze
lieues de la ville de Kalisk du côté du nord. * Baudr.
éd. 1705.
LAUDiKIA, ou Laudichia, Ladix & Ladikia,
nom moderne de Laodicée. Baillet , Topogr. desSaints,
2. part, dit que Laudichïa eft le nom vulgaire de Lao-
dicée, ville ancienne deLydie, en l'Afie mineure. Bau-
drand, éd. 1705 , nomme Ladik ou Ladikia. une Lao-
dicée de Syrie, à la fource de la rivière de Farfar, à
cent milles de Damas, au levant. Il entend Laodicée
près du Liban. Il ajoute qu'elle eft à demi-ruiiée.
LAUDUN, ville de France , dans le bas Languedoc,
au diocèfe d' Ulez. .
LAU-
LAV
LAUDUNUM , ville de France. C'eft la même que
la ville de LaON. Voyez ce mot. Elle eft auffi nommée
Lugdunum-Clavatum.
LAVE, (la) rivière de France, en Artois ; ellepafïe
près de Béthune , moyennant un canal que l'on a tait
pour y communiquer , Se qui a douze cents toifes de
long. Elle fe jette dans la Lis à la Gorgue.
LAVÉAN , (le bois de) bois de France, au dépar-
tement de Comminges. Il a près de deux cents arpens
d'étendue.
LAVEDAN, (le) vallée de France, au comté de
Bigorre , entre les Pyrénées ; elle peut avoir dix ou douze
lieues de longueur , fur fept à huit de large en quelques
endroits. Sa principale place eft Lourde ; il y en a peu
d'autres qui ("oient confidérables. La vallée de Lavedan
«'toit fous la domination de Raimond , comte de Bi-
gorre , l'an 94s; , lorsqu'il y fonda le monaftere de S. Sa-
vin , de l'ordre de S. Benoît , qui avoit été détruit par
les Normands, & dont la C harte eft rapportée au neu-
vième livre de l'Hiftoire de Béarn. Ce comte avoit alors
en cette vallée deux vicaires ou lieutenans , l'un nommé
Anermanus , Se l'autre Anerilius. Le premier vicomte
héréditaire de cette vallée , a été Fortanerius , qui vi-
voit, vers l'an 1000 , du tems de Louis , comte de Bi-
gorre. La poftérité masculine a toujours pofledé le vi-
comte de Lavedan jusqu'à Arnauton , qui tût le dernier
mâle de cette maifon , Se mourut fous le régne de Char-
les VI. Les feigneurs de la maifon du Lion . barons de
Malauçc, n'ayant eu qu'une fille nommée Jeanne , elle
époula Charles , bâtard de Bourbon , fils naturel de
Jean 11 , duc de Bourbon , à qui elle apporta Tes biens ;
la poftérité masculine de Charles & de Jeanne du Z.:'o.?,
a joui du vicomte de Lavedan jusqu'à l'an 1609, que
Jean Jacques de Bou bon , vicomte de Lavedan, mou-
rant lans enfans , donna ce vicomte , par teftament, à fa
femme Marie de Gontaud de S. Genie^e , qui le donna
aux feigneurs de N svailles ; il n'eft refté pour héritier
de cène maiCon de Navailles, que des filles ; Se après la
mort de la duchefle <¥EU<<suf, qui étoit l'aînée , le vi-
comte de Lu-\*dan a été adjugé au marquis de Ro'elin,
fils de la leconde fille. Ce vicomié ne comprend pas au-
jourd'hui tout le pays de Livedan , mais feulement une
partie , 8c, entr'autres choies, les lieux de Cafldlobon Se
de Beaufent ; le territoire de Lourde & la vallée de Ba-
reige ("ont du domaine Se du comté de Bigarre ; ce lieu
de Bareige eft au pied de la montagne de Forma/et, Se
à une lieue du royaume à' Aragon , dont il eft féparé
par les hautes Pyrénées. Ce lieu eft célèbre par fes eaux
iiourbeufes, d'une très- grande vertu ; tout ce pays du
Lavedan, quoiqu'environné de très-hau'es montagnes,
abonde en tou-es les choies néceffaires à la vie. * Lon-
guerue, Descr. de la France , ï. part. p. 105.
LA VELLO, Labellum, ville d'Italie, au royaume de
Naples , dans la Pouille , & dans la province de la Bafi-
licate , avec un évêché fufFragant de l'archevêché de
Barri , près de l'Offante , dont elle n'eft pas à plus de
trois mille pas , Se aux confins de la Capitanate. F Ile eft
aflez peuplée , avec quelques reftes de ("on antiquité, en-
tre Meifi Se Minarbino , & à douze milles de Canofe.
*Baudr. éd. 1705.
LAUENBOURG. Voyez Lawenbourg.
L A VENH AM , bourg d'Angleterre , dans la province
de Suffolck. On y tient marché public. * Etat préj'ent
de la Gr. Bretagne , t. I.
LA VENSA , petite ville d'Italie , en Toscane, dé-
pendante du duché de Mafia , à l'embouchure d'une pe-
tite rivière de même nom, dans la mer ; le duc de Mo-
dène y fait faire de grands travaux , pour y établir un
port ; il fait auffi travailler à de grands chemins, à tra-
ders l'Apennin, pour commercer avec le Modénois.
LAVERDANCE, bourg de France, dans l'Armagnac,
au diocèfe d'Auch. Il y a une carrière de plâtre.
LAVERNA, ou Laberna .
lieu où étoit
une grande crevaffe dans la terre : on la fit remarquer à
Sylla, lorsqu'il partoit pour la guerre des alliés; Se il en
fortit en abondance des flammes qui s'élevoient vers le
ciel. Plutarque, Vie de Sylla , dit: lorsqu'il fut envoyé
avec l'armée' contre les alliés , il (e fit tout d'un coup
dans la terre , près du lieu appelle Liverne, une grande
ouverture , d'où il l'ortie un grand feu 5c des tourbillons
; LAU 7-59
de flammes qui s'élevèrent jusqu'aux cieux, Sec. Las
Romains regardoient Laverna ennuie une dée'fe, à la-
quelle les voleurs fe recommandoier.t. Elle avoit un bois
dans la voie Salarienne ; Se comme ce bois étoit fort
épais , les voleurs s'y retiroient avec d'autant plus de
fureté qu'ils y étoient fous la protection de leur JéeiTe.
*Acron, \nHora:. Epift. t6.
LAVERNATS, bourg de France, dans l'Anjou , dans
l'éle&ion de la Flèche.
LAVERNIUM, heu d'Italie ; il en eft parlé dans une
des Lettres de Cicéron à Atticus , l. 7 ; Se dans les Sa-
turna'es de Macrobe, /. 3. Il prenoit ce nom d'un tem-
ple de la déefle Lavernej comme ceux de Dia e Se de
Minerve avoient donné lieu aux noms Diamum Se Mi-
nervium.
LAUFF, ou
1. LAUFFEN, félon Baudrand, bourg d'Allemagne,
en Franconie , fur le Pegnitz , dans le territoire de Nu-
renberg , à qu3fre lieues de cetee ville , vers l'orient.
2. LAUFFEM, félon Baudrand, g os bourg d'Alle-
magne dans la Suabe , au duché de Wurtenb^rg , fur le
Ne:ker, à deux lieues au-de!ius de Hanoron.
3. LAUFFEN, ville de SuifTe , dans Iafeigneurie de
Zwingen , dans l'évêché de Bafle. ( ette ville eft petite,
fituée dans une campagne agréable 5c fertile , vers l'en-
droit où deux petites nvieies. le joignent, ("avoir la Byrs
Se la Lutzel. Elle dépend de la (èigneune de L nnien;,
qui eft un château du voifinage , & ei'e donne "on nom
à toute la vallée d'alentour. * Etat & Délices de la.
Sw.Jjé , t. 3 , p. 267.
4. LAUFFEN, village de SuifTe , au canton de Zu-
rich, fur la rive gauche du Rhin , à u.ie hetite Iteue au-
deffous de Schafhoule. On y voit la mertfeil eufè cata-
racte du Rhin, où l'eau, tombant de la h uiteir de qua-
rante coudées, fe précipite parmi des rochrrs, a.ecun
bruit fi étrange , qu'on l'entend qu^lquefo s de quatre
lieues loin , dans une nuit calme. Il y a ià une douane
ou haile, de l'autre côté de la rivière, où l'on recha-ge
fur des bateaux les marchandifes q l'on amené de S-.iiaf-
houlè pa- terre * Etat & Délices de laSuijJe,t. 2,0.32.
LAUFFENBO'JRG , ville d'AHem.gie, dans la
Suabe, Se l'une des quatre villes foreftieres, fur le Rhin,
enre Bafle Se Schafhoule. Le Rhin coupe ce.re ulicea
deux parties presqu'égales, qui ont communication par
un pont couvert à la manière de buiffe. La plus petite
a un châ'eau dans l'endroit le plus élevé de la ville,
auprès duquel il y a une large rue qui descend au pontj
d'où Ton peut voir la chute que tait le Rhin , un peu
au-deffous. On la peut voir de plus près , lorsqu'on a
pafTé le pont , en fe promenant le long d'un quai , d'où
l'on va au lieu où font les machines qui fervent à re-
tenir les bateaux qui descendent ou qui montent ce dan-
gereux pas qu'il feroit facile d'applanir , félon ce que
difent les habitans , fi l'on ne craignoit de perdre le
profit qu'on tire de la pêche des faumons qui ne peu-
vent franchir le pas qu'avec peine. Ce qu'il y a déplus
beau dans l'autre partie de Lauffenbourg , ce font deux
églises principales , &C une place à laquelle .nbouri'ïent
deux ou trois rues tournoyantes Se mal dispefées. Cette
ville appartient à l'empereur, comme archiduc d Autri-
che. Elle fut prii'een 1638, par le duc Bernard de Saxe-
xVeymar.
Cet article eft de Corneille qui l'a tiré des Voyages
de Jouvin de Rochetort , Se de la Géojraphie d'Au-
di Iret. Il écrit à la Françoife L-jufembourg, Se Baudrand
Ldiijfembzrg ; c'eft une faute que font les François de
mettre une m devant les fyllabes bourg Se berg dans les
terminaifons des noms propres. Au refte on dit égale-
ment Laufftnbourg Se Laufenberg , pour lignifier cette
ville. Faute d'avoir fu cela Corneille trouvant que Guil-
liman, au troifiéme livre de Ion Hiftoire, c. 11, a parlé
de Laufenberg, il en a fait un nouvel article . Se a cru
que c'etoit une ville différente de Lauffenbourg ; ce qui
eft une erreur.
LAUGASA , ou Laustasa, ville d'Afie, dans la
petite Arménie , dans la préfecture Laviniane , ièloil
Piolomée , /. s; , c. 7, auprès de l'Euphrate.
LAUGINGEN , prononcez Laughingue , ville
d'Allemagne, en Suabe, au duché de Neubourg, fur le
Danube , dans les états de l'électeur Palatin. On la
Tome 111, Eeeee
yyo LA v
nomme auffi Lavingen. Elle étoit anciennement ville
libre &c impériale ; mais enfmte elle fut otee de la ma-
tricule de l'empire , & jointe au duché de Neubourg.
Elle a un oont fur le Danube , à un mille d Allemagne,
au-deffus de Dillingen , &C presqn'au milieu entre Ulm
& Donawert , environ à cinq milles de ces deux villes.
*Baudrand, éd. 170^. . .„ .
LAVIACUM, ville d Autriche, aujourdhuiLaurxen,
félon Lazius.
LAVICUM. Voyez LXbicum.
LAVIGNAC, place de France, en Languedoc, pro-
che de Touloufe. Elle eft fituée à côté de la forêt Ba-
conne, Se confidérable par un riche monaftere de filles.
* Corn. Dia. Duchefne.
LAVINASENA ; c'eft, félon Strabon , une des cinq
préfectures , entre lesquelles la Cappadoce fut partagée
fous Arc'nelaiis. C'eft fans doute la même contrée qae
la préfecture Laviniane de Ptolomée. Voyez ce mot.
LAVINCA ou Lavica ; c'eft la même ville que
Laubach.
LAVINGEN, abbaye de religieufes, ordre deCiteaux,
dans la Suabe , au diocèfe d'Augsbourg.
LAVINIANA, ou
LAVINIANENSIS ou Lavianesina. Ces noms fe
trouvent dans les divers exemplaires de Ptolomée , /. f ,
c. 7. & fignifient une contrée ou préfefture de la petite
Arménie , le long de l'Euphrate. Il y avoit
LAU
Corne ,
Métita,
Claudias
;î
fut l'Euphrate.
LAUMAGNE. Voyez LomagnE.
LAUMELINE, (la) contrée d'Italie , au duché de
Milan, entre Pavie & Calai, le long du Pô, qui lafé-
pare en deux parties. Mortare & Valence en font les
principaux lieux. Elle prend fon nom de LAUMELLUM.
Voyez ce mot.
LAUMELLUM , ville d'Italie , dans le territoire du
peuple Liblci ou Lebul , qui faifoit partie de Flnfubrie.
Ptolomée , /. 3 , c. 1 , donne à ce peuple deux villes,
favoir Vercella Sr. Laumellum. Les anciens Itinéraires
en font mention ; celui d'Antonin met Laumellum fur
la route de Verceil à Lodi:
à Vercellls Laudem , M. P. 1XX. Jîc.
Laumdlum ,
M.
P. XXV.
Ticinum ,
M.
P. XXII.
Laudem ,
M.
P. XXIII.
Caparcelis , _ ï
Dizoarra ou Zizoatra, j
Pafarne, I
Cizara , 'dans les terres Se a quelque
Sabagina, diftance du fleuve.
Nolaiéne,
Laugafa,
LAVINIUM. Etienne le Géographe écrit haZliiav ,
& Appien AaCouîne» ; vi!!e d'Italie , dans le Latium , à
dix milles de Rome , félon Appien , ôe à huit milles de
la mer, félon Servius. Elle ne devoir pas erre loin de
Laurens cajlrum ou Laurentum ; car Tibulle , qui de-
voit bien connoître ces lieux-là , les met fous un feul
coup d'œil:
Ante oculos Laurens cajlrum, murusqut Lavlnl eft.
Quelques-uns confondent ces deux places ; la Table de
Peutinger les met à fix mille pas l'une de l'autre. Enée
trouva Laurentum bâti. C'étoit la réfidence du roi, dont
il époufa la fille Lavinie. Il fonda une nouvelle ville
pour les Troyens (a), Se la nomma Lavlnium,d\i nom
de fa femme. Sous fon fils, les Laviniens bâtirent la ville
d'Albe, qui fut la réfidence de fes descendais jusqu'à
la fondation de Rome. Quantité de gens ont confondu
Lavinium ôe Lanuvium ; lorsque l'on nediftingue point
les v des u , ces deux noms fe reffemblent affez pour
s'y tromper, fur -tout fi les lettres font mal formées.
Voyez ce qui eft remarqué au mot Lanuvium.
*(a) Tite-Live, 1. 1, c. 1 ; Se Farro de L. L. 1. 4, c. 32 ;
& de Rerujl. 1. 2, c; 4.
LAVINIUS , ou Lavinus, rivière; c'eft la même
que le Lavino.
LAVINO, (le) petite rivière d'Italie , dans l'état de
l'églife , au Bolonois. Elle a fa fource près^ de Vergato ,
d'où, coulant au feptentrion, elle paffe à Forcelli , à
fept milles de Bologne , au couchant ; de-là elle paffe
au village de Lavino, avec elle fe rend dans le Réno ;
cette rivière eft la même que le Labinius. Voyez fous
ce nom , ce qui regarde le partage des triumvirs.
LAVIT, petite ville de France, en Gascogne, au
pays de Lomagne , d'où vient qu'on l'appelle auffi La-
va de Lomagne. Il y a un lieutenant de juge, de la vicomte
de Lomagne.
LAVIZARO, bourg ou village d'Italie , au Milanez,
fur la Gogna, dans leNovarez, à deux lieues de Novare,
vers le midi. Voyez au mot Forum l'article FORUM
Lebuorum.
La Table de Peutinger, Segm. 2, met entre deux C«r
lia, à treize mille pas de Verceil, & à douze mille pas
de Laumellum. Ce lieu Cutlœ, aujourd'hui Cozo , eft
nommé ad Coulas ci-ms l'Itinéraire de Jérufalem. Lau-
mellum s'y trouve placé ainfi :
Mutatio, AdCottias,
M.infw, Laumellum j M. P. XII,
Mutatio, Di lis, m. p. ix.
Ce n'eft plus préfenterr-int qu'un village du Milanez, fur
la Gogna , entre Vi^evano Se Valence. Il donne fon
nom a la Laun, -. .
LAUMONT,, LoMONT, ou, félon les Allemands, der
BLw, montagne de la Suifie. Elle eft bornée, au levant,
par la Brife qui le (ëpare du Jura ; tire à l'oueft ; Jaiffs
LaufFon fur la gauche ; paffe par le château de Lands-
kroon , Ferette, l'abbaye de Luxelles , Sainte-Vifane,
Cornaft. Porentruy, Roche-d'or , Veferoi , Blamont,
Clermonr, Sainte-Hypolite; ou, traverfant le Doux, il
s'étend par Châtillon , Neufchâtel en Franche - Comté ,
les Porcnes , les grand rk petit Crofey, Montfaucon
jusqu'à Befançon , Toraife , Arban, Quingey, au-delà
duquel , traverfant la forêt de Chaux , il fe termine au
confluent de la' Louve & du Doux. Son étendue de-là
à Pfernugen , peut être de trente à trente-cinq lieues de
France.
On peut confidérer comme une branche du Laumont,
cette chaîne de montagnes moins élevées , Se la plupart
cultivées , qui de Beaumes-le-Nones , tire , en remon-
tant le Doux, parClerval , l'Ifle Châtelet , jusqu'à Dam-
pierre, où, ceflant de le côtoyer, elle palîe par Mont-
béillard, Chantenoi , Effer, Challonvillers , Cravan-
ches , Sec. Se va enfin fe perdre dans les montagnes de
Vosge , du côté de Giromagny.
Les principales rivières qji fortent de cette montagne
font l'ifie, la Larg & la Halle,' ou l'Allaine.
Le Laumont a deux paffages ou das en allemand,
l'un nommé la Pdlotte ou Plaw, félon le langage du
pays, qui conduit à la perite ville de Lauffon ou Lauf-
fen en allemand ; le fécond de Cornau ou Cornaulb. Il
eft éloigné de fept heures de chemin de celui de la
Pellotte. *Copie d'un anden Manuscrit de la bibliothè-
que de M. de Corberon , premier prijzdent au confeUfou-
verain d'Alface ; & Notes fur ce Manuscrit.
LAUN ou Launu , ville royale de Bohême , allez
près de PEgre. On ne fait , ni quand , ni par qui elle
a été bâtie. Elle eft- dans une belle plaine qui a quel-
ques éminences en certains endroits. La rivière d'Egre
fournit beaucoup de commodités aux habitans. Le terroir
produit du fromenr, Se fur-tout des pommesrdont on
fait cas dans toute la Bohême. Outre les fruits, il y a
d'excellens pâturages aux environs; Sa fituation eft d'au-
tant plus avan.rageufe, que Laun eft fur la route de Leipfik
à Prague. L'éghfe paroifhale, la maifon de ville , Se les
greniers publics* méritent d'être vus. * Zeyler, Bohême ,
Topogr. p. 42.
1. LAUNAY, Alnctum, bourg de France, dans le
Maine , dans l'élection de Laval.
2. LAUNAY, abbaye d'hommes, ordre de Citeaux,
LAU
LAU
dans le Beauvoifïs , à une lieue de celle de Beaupré ,
dans le doyenné de Montagne, diocèfe de Beauvais.
LAUNCESTON , ville d'Angleterre , au pays de
Cornouailles. On la nomme auffi Dunkivid, félon l'au-
teur de l'Etat préfent de la Gr. Ere;agne, t. i,p. fi, où
il eft dit que c'eft une bonne ville, à cent foixante
& dix milles de Londres , fituée près du Tamer, qui fé-
pare cette province de celle de Devonshire. Cambden
dit qu'elle eft. à quelque diftance du bord de cette ri-
vière , . & la nomme Lanfluphadon , c'eft- à-dire Saint-
Etiennë , Fanum fanctl Stephani, Se vulgairement
Launjîon. Il la traite de jolie petite ville, oppidulum ni-
tidum. Baudranda rendu cela par le mot de bourg, quoique
ce foit la capitale de la province, qu'il y ait la prifon
publique du pays, qu'on y tienne fouvent les affiles, Se
quelle envoie un député au parlement.
LAUNOMAR1 MONASTERIUM , nom latin de
Moraitr- en-Perche , ou Monùer-Saint-Lomer. Voyez au
mot Monstier.
LAUNSTOUN. Voyez Latjnceston.
LAURA, en françois Laure ; les folitaires nommoient
ainfi dans l'Orient un amas de cellules d'anachorètes.
Quelques écrivains eccléfiaftiques confondent ce mot avec
celui de monaflere; Se on en peut voir une foule d'exem-
ples , dont Du-Cange fournit les citations. Cependant,
comme il le remarque , il y avoit une vraie différence
entre la laure & le monaftere. Le monaflere étoit oc-
cupé par des moines qui vivoient en communauté ,
fous la conduite d'un abbé , & menoient la vie coeno-
bitique ; la laure, au contraire, étoit formée de cellules
détachées , dans lesquelles vivoient des folitaires fépa-
rés les uns des autres , quoique fournis à un même abbé.
S. Cyrille raconte dans la Vie de S. Euthyme, num. 4^
& 48, que dans la laure de ce faint , chaque fohtaïre
avoit fa cellule à part , & que ces cellules étoient dis-
perfées dans le déièrt. S. Gérafime éleva un monaflere
au milieu de la laure, afin que les novices fe formaient
dans les exercices de la vie monaftique ; Se loisqu'ils
avoient atteint le degré de perfection qu'on exigeoit
d'eux, on les mettoit dans les cellules de la laure, où
ils vivoient en reclus. On n'y admettoit que les moines
d'un âge avancé , & on en excluoit les jeunes sens. Il y
a parmi nous un pareil ulage chez les Carmes Déchauf-
fés. Cet ordre a des lieux qui font de véritables déferts ,
où l'on ne reçoit que ceux qui ont fait de très - grands
progrès dans la pratique de la vie intérieure. _
1. LAURA , bourgade dans le territoire de Crotte.
Tzetzès en parle dans fon Commentaire fur LycopKron.
2. L'AURA , rue de la ville d'Alexandrie , en Egypte,
félon Athénée, /. 12, c. 19.
3. LAURA, rue ou quartier de la ville de Samos,
félon le même.
4. LAURA , bourg de Portugal , dans l'Alentéjo , fur
une hauteur , dans le territoire d'Èvora. Du tems des
Marres c'étoit une ville qui étoit appellée Lavay ou
Lavar, d'où, par corruption , on a fait Laura: on en
voit encore les ruines près du couvent de S. Michel.
Le bourg eft baigné d'une rivière qui rend fertiles les
campagnes d'alentour. Le roi D. Denys l'avoit peu-
plée : Lambert de Horques , Allemand , établi en Por-
tugal, s'engagea à augmenter le nombre des habitans;
ck D. Jean lui donna pour récompenfe le fort de Lavar,
près de Montemor , Se un terrein de dix lieues de lon-
gueur, fur trois de large, avec exemption de tout impôt,
pendant fefpace de vingt années. Le fils de Lambert de
Horques jouit, comme fon père, de cette feigneune, ck
du gouvernemeut de Laure, Se, après quelques années- de
poffeffion, fe démit de la qualité de gouverneur de ce
bourg, en faveur du roi Edouard. Les comtes ce Santa.
Cruz en font aujourd'hui feïgneurs. * Buheau , Vocab.
Portug.
LAURAC LE GRAND, bourg de France , dans le
haut Languedoc, au diocèfe de Mirepoix.
LAURAGUAIS, (le) petite contrée de France,
dans le haut Languedoc. Il a pris l'on nom de Laurac ,
ck fe nomme en latin Lauriacenfis ager. Ce châ'eau de
Laurac étoit autrefois une place confidérable , Se n'eft
plus rien aujourd'hui. Elle appartenoit aux comtes deCar-
caffonne , auffi-bien que Foix ; car ce* comtes avoient
une partie de l'ancien comté ou territoire de Tnuloufe ,
fans qu'on fâche comment avoit été fait le partage de ce
•71
territoire, à canfe de la grande obfcurité de l'Hilbire,
dans les dixième & onzième fiéces. Le Lauraguais vint
au pouvoir du corn:e de Barcelone, a\ ;c Carca.l.-hne ,
dont il dépendait. Alphoni'e , roi d'Aragon, &e comte
de Barcelone, do-inj, en 1179, le château de Laurac ,
& tout le pays de Lauraguais, à Roger, vicomte de
Béziers, pour le tenir de lui en fief. Depuis 'ce tems-là,
les vicomtes de Léziers , qui étoient suffi viconves de
Carcaffonne , abandonnèrent leur feigneurie au roi
S. Louis, qui obtint, par le traité de l'an 1258, la ces-
fion des droits q;ie les rois d'Aragon, comte- de Bar-
celone, avoient fur le château de Laurac, & fur le Lau-
raguais, qui fut enfuite réuni au domaine royal. Il n'en
fut féparé que l'an 1477, par Louis.XI, qui donna le
Lauraguais à Bertrand de la Tour, comte d'Auvergne,
pour l'indemnifer du com-é de Boulogne qu'il avoit
perdu. Madelaine déjà tour, petite-fi'ile de Bertrand,
époufa Laurent de Médicis. Ils eurent une fille unique,
Catherine de Médicis, qui fut reine de Fraice. Se femme
de Henri II. Cette reine donna entre- 'ifs le comté de
Lauraguais à Charles de Valois, fils nature! de Char-
les IX ; mais la donation fut caffée , l'an 1606, par un
arrêt du parlement, qui ajugea le comté de Lauraguais
à la reine Marguerite , fille de Catherine de Médicis.
La même année, la reine Marguerite donna tous fes biens
à Louis XLI , alors Dauphin, ainfi le Lauraguais fut
réuni à la couronne. * Longuerue, Defcr. de la France,
i.part. p. 231.
Le Lauraguais eft fitué à l'orient du Touloufain : il fe
divifs en haut Se BAS. Le haut Lauragutis renferme
le diocèlè de Saint-Papoul , ck le bas Lauraguais le
diocèle de Lavaur. Le haut Laurig îais eft mêlé de plai-
nes ck de montagnes: on y recueille du bled & du mil-
let en affez grande quantité. Les payfans vendent le
bled , ck le nourriffent du millet. Le bas Lauraguais eft;
plus uni, ck prodjit d;s grains Se des vins. Les villes les
plus confidérables du pays font :
Caftelnaudari , capitale du haut Lauraguais,
Lavaur, Revel ,
Pui-Laurens, Saint-Papoul,
Villepinte.
LAUREACUM. Voyez Lauriacum. '
LAURENS &
LAURENTUM, ancienne ville d'Italie, dans le
Latium , dont elle fut quelque tems la capitale , Se la ré-
fidence du roi Latinus. Pomponius Mêla, /. 2 , c. 4", la
nomme entre Ardée ck Oftie. Virgile, JbZndd. 1. 7,
v. 171
dit;
Tecîum augujlum , ingens, etntum fublime columnis ,
Vrhe fuit Jummâ , Laurentis regia Pici.
Voilà un pakis bien magnifique pour un petit roi de ce
tems-là. Tibulle, /. 2, Èleg. 5, dit :
Ante oculos Laurens Caftrum .murusque Lavini ejl.
Lavinium ck Launns-C aftrum , ou Laurentum , ne dé-
voient pas être fort loin l'un de l'autre. Il falloit que ce
lieu fût peu de chofe fous Trajan, puisque Pline, Epifl. \jt
l. 2, parlant d'une métairie de ce quartier-là, dit qu'elle
tiroit ce dont elle avoit befoin , non de Laurentum ,
qui étoit fort proche, mais de la colonie d'Oftie. Com-
mode (a), dans un tems de contagion , fe retira à Lau-
rentum. Ce lieu prenoit fon nom , à caufe des forêts de
lauriers dont ce pays étoit couvert, félon Hérodien.
Les habitans étoient nommés Lauréates Q>) , ck le ri-
vage Larentinum Litus (c). C'eft dans ce petit canton
qu'étoit la belle maifon de campagne de Pline , qui en
fait une description fi belle Se fi détaillée , qu'un railleur
a dit qu'il fembloit qu'il !a voulût vendre. * (a) Hère-*
dian. 1. 1 , c. 12. (b) Virg. JEneïd. paffim. (c; Martial.
1. 10, Epig. 37.^ .
Cette ville a été episcopale. Ptcrus Laurenfis fous-
crivit au concile tenu à Rome, l'an 487. On appelle au-
jourd'hui cette ville San-Lorenzo. Voyez ce mot,n° z.
LAURESSE, bourg de France, dans le Quercy, au
diocèfe de Cahors.
1. LAURETUM, Voyez Lorette.
Tome lll, Eeeeç ij
LAU
77z
2. LAURETUM. Voyez LoredO.
LAURI, petit lieu aux environs cl'Utrecht, félon les
anciens Itinéraires.
i. L.AUR'IA. Voyez Loria-Villa.
1. L-URIA, ville d'Italie au royaume de Naples ,
dans la Bafilicate, afl.fud-eft de Lago-Negro. Molet
croit quec'eftla ville d'Z/lci dont parle Ptolomée.
LAURIACENilS-AGER. Voyez Lauraguais.
LAURIACUM, ancien lieu du Nonque. Antonin le
met. pour l'extrémité d'une route, à vingt-fix mille pas
d'Ovilabis. 11 en eft lait auffi mention dans la Notice de
l'Empire. Lazius 6k Brufchius croient que c'eft Enfs
en Autriche. Simler croit que c'eft Lonh.
LAURI- COCHA, (lac de) lac de l'Amérique
méridiona'e au Pérou, dans l'audience de Lima; latit-
tude méridionale 1 1 d.
Ce mot de Lauri-Cocha eft une corruption de Yauri-
Cocha, qui, dans la langue des Incas, lignifie lac défi-
gure d'aiguille. Ce lac eft devenu fameux, depuis qu'on
y a découvert la fouice de la rivière des Amazones. Le
P. Samuel Fritz , Jéfuite Allemand , en fît la découverte
en 1707. *Voyez Puviere des Amazones.
LAURIOL, ville de France, en Dauphiné, près de
la Drome, à demi -lieue de Livron , à une lieue du
Rhône, fur la gauche, en allant vers le Creft , dont
elle eft à deux lieues, &k ptesqu'à moitié chemin, en-
tre Valence au nord, ckMontelimar au midi. On la prend
pour l'ancienne Batiana. Voyez ce mot. Corneille,
qui n'en fait qu'un bourg, ajoute qu'il feuffrit beaucoup
pendant les guerres civiles du feiziéme fiécle , ayant été
pris & repris par les deux pattis. * Baudrand.éà. 1705.
LAURÏS, Cafirum de Laureis , château de France,
en Provence, au département d'Aix: il fut érigé en ba-
ronnie, en 1551, par Henri II, en faveur de François
de Peruffis.
LAUK1SHAM , ou LORSCH , bourg d' Allemagne, au
cercle électoral du Rhin , à trois lieues de Worms,
dans une petite ifle formée par la rivière de Welchnitz.
Il y a une célèbre abbaye. Voyez LoRSCH.
1. LAURIUM; Apollonius, Argonaut. 1. 4, nomme
âinfi un lieu de laScythie, vers les bouches du Danube.
2. LAURIUM, montagne de Grèce, dans l'Attique:
il y avoit des mines d'argent, qai apparrenoient aux
Athéniens, félon Thucydide, /. 2. Plr.tarque^ en parle
dans la Vie de Nicias, 6k dans celle de Thémiftocle.
Paufanias la met entre le promontoire Sunium 6k le port
du Pyrée.
3. LAURIUM. Voyez Loria-Villa.
LAURO, ou Lauron, ancienne ville de l'Espagne
Tarragonnoife. Ceft où les troupes de Julius Céfar dé-
firent celles de Sextus Pompée , qui y périt. Cette ville
eft préfentement , ou le bourg de Lliria , au royaume de
Valence, à cinq lieues de la capitale, félon quelques-
uns, ou Laurique, qui n'en eft pas loin , félon Morales.
* Front'w. Plut, in fertor. Applan. Civ. /. I. Orof. I. 5.
LAURONA, Logrono , ou Legrono. Voyez Lo-
GROGNE.
LAUS, rivière & petite ville d'Italie, dans la Lu-
came, félon Pline, /. 3, c. s\ Strabon la nomme de
même a ~<t> , 6k met la ville 6k la rivière. Léandre fe
trompe, quand il dit que Strabon , /. 6, />. 2.Ç3 , dit Ta-
laus. Ortélius a cru que fon erreur venoit d'avoir confon-
du ta , article , avec Laos. Mais Strabon ne met point
d'article en cet endroit. Léandre dit que cette rivière eft
préfentement le Cocco , Collénius dit le Sapri, 6k Niger
le Laino , c'eft-à-dire qu'on ne fait aujourd'hui quelle
eft cette rivière. Barri dit que la ville eft Scalea.
D. Mattheo Egitio, dans fa Lettre à l'abbé Leng'et
du Fresnoy , prétend que le fleuve Laus eft aujourd hui
le Sapri, qui borde la Lucanie du côté de la mer Tyr-
rhénienne, 6k que le Lausfinus eft le golfe de Policaftro,
qui prenoit ce nom du fleuve Laus.
LAUS-POMPEIA , nom latin de Lodi.
^ LAUSADUS , ville de l'Ifaurie , félon la Notice
d'Hiéroclès qui la met fous la métropole de Séleucie.
1. LAUSANNE, ville deSuifle, capitale du pays de
• Vaud, au* canton de Berne, avec un évêché fuffra-
gant de Befançon, & dont l'évêque réfide maintenant à
Fribourg. L'auteur des Délices de la Suiffe, /. z,p. 253,
en parle ainfi : Laufanne , connue anciennement fous le
nom de Laujonna, 6k de Laufunum, eft une belle 6c
LAU
grande ville , bâtie à demie-lieue au-deffus du lac , Se
lkuée fur trois collines, qu'elle occupe entièrement, avec
les vallons qui font entre deux; tellement que quelques-
uns ont comparé fa fituation à celle de Jérufalein. Ces
trois collines font celle de la cite au nord , celle de
S. uni-François & du bourg au midi , 6k celle de Saint-
Laurent à l'occident. Celle de la cité eft terminée à Fo-
rient par des rochers efearpés , au pied desquels coule
l'un des deux ruifleaux qui arrofent la ville ; & l'on
monte du bas de la ville au quartier d'en-haut, d'un
côté , par des degrés taillés dans le roc , 6k de l'autre
par des degérs de bois , ck couverts.
Dans le quartier de la cité, le plus élevé, on voit
trois édifices, qui méritent particulièrement d'être re-
marqués ; le château, ^académie ou le collège, & !e gr.:nâ
temp e. Le châ'.eau eft à l'extrémité !a plus élevée de
la ville: c'eft un bâtiment carré, conftruit à l'aurque,
de pierres de tailie, excepté le deffils qui eft de brique,
avec des murailles épailfes de plus de fi* pieds, envi-
ronné de foflés fecs , fort profonds, du côté de l'en-
trée , 6k couronné de quatre tournelles. C'eft-là que
réfidoient autrefois les évêques , 6k c'eft maintenant la
réfidence des baillifs.
_ Au-deffous du château eft le collège, bâti de belles
pierres de taille, compofé de clafies pour les écoliers, Se
d'auditoires pour les étudians , avec une belle 6k grande
place au-devant , fermée de murailles. Les Bernois y en-
tretiennent ordinairement fix protrffeurs, èk autant de ré-
gens, pour l'inftruftion de la jeuneffe qui fe deftine au mi-
n.ftère. Ils la fondèrent, l'an 1537; on er.feignoit aupar-
avant dans le château deMenthon,qui eft à l'autre bout de
la cité; mais ce château ayant été brûle 6k confumé tout'
entier , à la réferve de deux tours qu'on y voit en-
core, les Bernois firent bâtir le collège, l'an 1587, en
1 état où il eft. Cette académie a été célèbre dès (es
commencernens , ck l'on y a vu de grands hommes ,
comme Pierre Viret , l'un des réformateurs ; Théodore
de Beze; François Hottoman, Cœlius Secundus Cutio ,
jEmilius Portus , Grec, natif de Candie; Guillaume
Bucanus, Marc de Sauffure, Gabriel de Petra; 6k, entre
les modernes , feu Elle Merlat , qui , chaffé par la per-
fécution , fe réfugia à Laufanne, l'an 1682, ck y mou-
rut au mois de Novembre 1705. C'eft dans Laufanne que
Théodore de Beze a fait la traduction des Pfeaumes en
vers françois , qui fut fi bien reçue de toutes les églifes
fnmçoifes proteftantes, que d'abord on la mit en mufi-
qué*; 6k on l'introduifit par-tout dans le fervice public,
avec celle de Clément Marot, qui avoit traduit cin-
quante Pfeaumes avant lui. Depuis l'an 171 1 , les fei-
gneurs de Berne ont établi à Laufanne un profeffeur en
droit; pour ce fujet , ils firent venir de Berlin M. Bar-
beyrac , qui eft connu dans la république des lettres
par divers ouvrages importans, & qui, en 1717, quitta
Laufanne pour Groningue.
Le grand temple, appelle de Notre-Dame, eft à l'ex-
trémité de la cité. Il fut fondé dans le onzième fiécle,
par un évêque nommé Henri; mais il ne fut achevé qu'an
bout de deux cents ans: auffi faut-il avouer qu'iljeft ma-
gnifique , fort grand 6k fort fpacieux ; il eft terminé par
une très-belle voûte, d'une hauteur furprenante, 6k fou-
tenu tout le long de la nef, par deux rangs de colomnes,
de toutes tailles , fort hautes , 6k dont les petites font
toutes d'une pièce. On y en compte deux cents foixante
6k douze. Il eft conftruit en forme de croix, comme le
.font tous les temples anciens. Le choeur eft féparé de la
nef par une belle galerie , foutenue d'une rangée d'onze
colomnes de marbre noir, du côté de la nef; 6k tout
près de-là dans la nef, il y a deux grandes tables de
beau marbre noir, qui fervent pour l'adminiftration de
la cène. Il y a grande quantité de tombeaux avec des
épitaphes, tant dans la nef que dans le chœur; elles
ne font ni fott anciennes, ni conlidérables par quelque
fingularité. Le chœur étoit magnifique du tems des Ca-
tholiques ; mais on y a tout renverfé. On y voit encore
les lièges des chanoines , diverfes ftatues d'évêques
couchées fur leurs tombeaux, mais fans infeription, 6k,
dans une chapelle , la figure d'un chevalier de la maifon
de Granfon , en marbre blanc, couché, 6k eh habit mili-
taire. Il y a diverfes perfonnes illuftres enfevelies dans
ce chœur, entr'autres, le duc Charles de Schomberg, qui
fut tué ent,Piémont, l'an 1693.
LAU
On entre dans ce temple par trois portes , deux gran-
des Se une petite ; Tune des grandes a un joli poruque
orné de colomnes tort hautes, toutes d'une pièce, Se les
ftatues des douze apôtres , avec la fainte Vierge au mi-
lieu: l'autre porte a aufli un magnifique portail, orné
dune infinité de petites figures en relief, qui repréfen-
tent diverfes hiftoires , Se de quelques ftatues de gran-
deur naturelle; mais comme ce portail eft exppfé au vent
& à la pluie, ces figures font fort endommagées. Ce
temple eft terminé dans fa longueur par deux tours ,
doni la plus grande fert de clocher. Elles étoient cou-
ronnées l'une Se l'autre d'une flèche; mais, l'an 1672,
le feu du ciel tomba fur celle du clocher, Se le confuma
entièrement.
Ce temple étoit l'églife cathédrale ; il y avoit un col-
lège de (Ihanoines , qui dévoient tous être nobles, ou
docteurs gradués. Il étoit dédié , fous l'invocation de
Notre-Dame. On y alloit en pèlerinage ; Se tous les fept
ans il y avoir indulgence, pléniere. Il y avoit hait autres
églifes à Laufanne ; la collégiale de Sainte-Marie , près
du château, où il y avoit un collège de chanoines, cinq
paroifTes, & deuxeouvens, l'un de Cordeliers, & l'au-
tre de Dominicains. Aujourd'hui la plupart de ces égli-
fes font démolies ; mais on a confervé celle des Corde-
liers, qui porte le nom de S. François, pour l'ufage de
la partie iniéiieure de la ville. Cette églilè eft belle Se
fpacieufe ; mais il n'y a rien de bien fingulier dans fa
flruclure.
Pour revenir au quartier de la cité , il eft terminé à
l'occident , Se tout joignant le grand temple , par une
jolie terrafte, bordée d'une muraille à hauteur" d'appui ,
où l'on a la vue fur tout le refte de la ville.
Dans le quartier d'en-bas , il n'y a d'édifice considé-
rable que l'hôtel de ville , foit pour fa fituation qui eft
le plus bel endroit de Laufanne , foit pour fa ftruâure.
Toute la partie inférieure eft voûtée: le portail eft orné
de deux colomnes de marbre jaspé , Se le toit furmonté
d'une petite tour avec une horloge , qui fonne les heures,
les demi-heures , Se les quarts d'heures , qui eft l'uni-
que dans tout le canton , excepté une qtaî eft à Berne ,
au milieu de la ville. Près de cet hôtel, & dans la
même rue , il y a une grande fontaine à quatre tuyaux ,
dont l"un jette de l'eau très-bonne à boire; mais qui a
cette qualité iînguliere, qu'elle ne vaut rien pour cuire
les légumes.
L'eau des autres tuyaux n'a rien de femblable. Cela
vient de ce que les eaux de la fontaine viennent de deux
fourecs différentes, Se fe portent auxtuyaux, fans fe mêler.
Laufanne a été autrefois ville épiscopale, Se jouit de
plufieurs :ranchi!ès. Le baillif ne commande point fur la
ville : la junsdiftion qu'il y a, ne comprend que l'aca-
démie, Se les étudians. Lorsque les Bernois chafTerent
le dernier évêque, Se le dépouillèrent, ils biffèrent aux
Laufannois 'a haute,moyenne&c baffe juridiction fur leur
ville 6c fa banlieue ; 8c ils leur donnèrent encore toutes
les églifes paroiffiales, &C les deux couvens qui étoient hors
de la ville, S. Sulpy , Montheron Se Belles-Vaux ; le
tout, fous cette condition, qu'une partie de fes rentes fer-
viroit à l'entretien des miniftres de la ville; amfi les
Laulannois ont leur cbnfeil des Deux-Cents, avec un chef
qu'ils choififfent d'entr'eux , Se qu'on nomme bourg-
n^Jlre ; un confeil de foixante, tiré de celui-là; & un au-
tre de vingt-huit , qui s'afTemble fréquemment , Se traite
les affaires qui fe prélenfent à l'ordinaire. Ils établiiïènt
deux châtelains pour adminiftrer la juftice dans les deux
jurisdiftions qu'ils ont hors de la ville, Momheron Se
S. Sulpy. La connoiftance des affaires criminelles appar-
tient à un feul quartier de la ville , qu'on appelle le bourg,
par une conceffion de l'empereur Sigismond. Quand on
a quelque mal-faiteur à juger , on eft obligé de prendre
des ji'ges de ce quartier. Le baillif n'a jurisdiftion pro-
prement que fur les quatre paroifTes de la Vaux.
Le pays autour de Laufanne, eft, comme le terrein de
la ville, inégal &c montueux. Il va s'élevant d'une pente
afièz rude jusqu'au bois du Jorat, qui eft à une bonne
lieu au-defTus de Laufanne: mais en récompenfe on y a
une vue enchantée , fur-tout à la hauteur , qui eft à l'itTue
du Jorat , Se à celle du bois de Sauvabelin , où eft le
lignai, à un quart de lieue au-defTus de Laufanne ; car de
ces deux endroits, la vue s'étend fur la ville, le lac , la
Savoye, jusqu'à Genève, n'étant bornée que par les
LAU 775
Alpes, Se le grand mont Jura. Le territoire de Laufanne
eft un pays de vignes , de champs Se de fruits ; mais les
vignes ne font qu'au- deftous de la ville. A demi-lieue dé
Laufanne, il y a dans le territoire d'un hameau nommé
BÉMONT, une colline d'où l'on tire depuis quatre à cinq
ans, du charbon de pierre qui, par l'épreuve qu'on en a
faite , fe trouve être de fort bon ufage.
Laufanne a été honorée, dans le quinzième fîécle, de
la tenue d"un concile ; les pères de celui de Bade ayant
quitté cette dernière ville , l'an 1449 > allèrent tenir
leurs féances à Laufanne. On y en tint cinq ; Se le pape
Félix V y réfigna fa dignité papile, Se la céda a Ni-
colas; Se par- là le fchisme fut éteint, à caufe de quoi
l'on fit ce chronographe:
LVXfVLXIt MVnio FeLIX Cejflt NICOLAO.
Ce qui fait 1449. °n n'a point fait attention au D qui
vaut CCCCC. Ce pri.ice fe retira au couvent de Ripaille
qu'il avoir fait bâtir auparavant dans le Chablais, au bord
du lac; Se il y mourut, l'an 1451. On voit dans la bi-
bliothèque de l'académie de Laufanne un volume ma-
nuscrit des aftes de ce concile. Le bailliage de Laufanne
eft le plus grand de tous ceux du pays de Vaud. II a
cinq lieues de long, depuis le pont de la Vévayfe, jusqu'à
celui de la Vénoge; Se la moitié autant de large, depuis
le port de Laufanne jusqu'au milieu du bois du Jorat. Il
comprend les terres qui étoient autrefois une partie du
temporel des évêques de Laufanne , & du chaoitre. J'a-
jouterai à ces remarques quelques faits que fournit le
dofte abbé de Longuerue. Descript. de la France, part. 2
p. 264. Il eft fait mention de Laufanne dans les anciens
Itinéraires; dans celui d'Antonin enrre la colonie Eques-
tre, qui eft Noyon Se Urba, aujourd'hui Orbe. On voit
Lacus-Laufonius , ou Lacus-L ;ufone. Cela fait voir que
le lac Léman a porté le nom deZ, lufanne , avant que de
prendre celui de Genève. Laufanne a eu le; mêmes révo-
lutions Se les mêmes feigneur; que le pays de Vaud. jus-
qu'à lamort de Berchtold V, duc de Zéringen. Elle
étoit déjà franche Se libre ; après quoi, Tévêque de L ,u-
fanne fut prince de fa ville, mais non pas abfolu, à caufe
des privilèges des habitans.
Guillaume de Challand, évêque de Laufanne, y fit
bâtirunchâteau,fousl'empiredeSigismond,versl'an 1420;
Se les différends augmentèrent dans la fuite. Charles II
duc de Savoye, étant au pays de Vaud, fut choifl arbitre
par Tévêque Engel^ Se les bourgeois , l'an 1 f 1 6. Le duc
profitant de l'occafion , décida le différend comme s'il
avoit été le fouverain des parties , qui s'en choquèrent,
Se ne vou'urent ni aquiescer à ce jugement , ni recon-
noître l'autorité du duc , Se firent alliance avec les can-
tons.
Sébaftkn de Montfaucon, qui fuccéda à Tévêque En-
gel , trouva fa ruine dans cet'e alliance; car les Bernois
ayant conquis fur le duc le pays de Vaud, fe rendirent
maîtres ablolus de Laufanne . où ils abolirent Texcercice
de la religion Catholique, en bannifTant les prêtres, les
religieux Se le chapitre. Ils donnèrent à leur baillif les
revenus de la manfe épiscopale , Se ceux de la manfe.
du chapitre, au collège qu'ils établirent , Se que Ton
nomme académie.
L'évêque Sébaftien fe rerira à Fribourg, où il fut con-
traint de fe contenter du vain titre d'évêque de Laufanne
Se de prince de l'empire , n'ayant pour vivre que ce qu'il
recevoir deSavoye.Ses fucceffeurs qui prennent toujours
les mêmes titres, font nommés par les ducs de Savoye
qui poùvo.ent à leur fubiîftance. L'églife cathédrale
fut dédiée par le pape Grégoire X, Tan 1275, en pré*
Cerxe de l'empereur Rodolphe de Hapsbourg.
Le liège épiscopal de Laufanne eft préfentement aboli.
Il y avoit été établi au commencement du feptiéme
fiécle, par Tévêque Marius, appelle vulgairement S. Maire.
après la deftruftion d'Avanches , Avtnticum, où cefiege
étoit auparavant.
2. LAUSANNE, ville de Moldavie, entre la Prut
Se le Niefter, entre Jaffi, Hus Se Raskov, félon De
l'Ifle , Hongrie.
LAUSERTE, ville de France, dans le Querci. Elle
eft bâtie fur un rocher, à fîx lieues deCaJiors, aux front
tieres de Querci , vers l'Agénois.
LAUSNITZ. Voyez Lvsaçe.
LAW
77\
LAUSTASA. Voyez Laugasa.
LAUSUN, ville de France, dans l'Agénois, avec
titre de duché.
LAUTADE, bois de Fiance, en Languedoc, dans
le d;rrrift de Saint-Pons.
LAUTEMBACH, dans la haute Alface, diocèfe de
Strasbourg. Il y a un chapitre compofé d'un prévôt,
d'un doyen & de douze chanoines. Quelques-uns des
canonicats valent jusqu'à 800 livres. Ce chapitre dé-
penâoit autetbis immédiatement du fa;nt fiége ; mais
il s'eft volontairement fournis à l'évêque de Strasbourg,
& lui paye 100 livres pour le droit de fa protection.
LAUTENTHAL. Voyez Lauthenthal.
1. LAUTER, (la) petite rivière d'Allemagne, dans le
Palatinat. Quelques-uns l'appellent la Loutre ; on écrit
Lauter, & on prononce Lautre. Elle a (a fource au bailliage
de Keyferslauter, auprès de la fortereffe de ce nom ; de-là,
ferpentant vers le nord, &, fe groffiffant de beaucoup
de ruiffeaux, elle coule à Wolffftein rk à Lautreck, où
elle fe perd dans la rivière de Glann , avec laquelle elle
paffe à Meifenlieim , &£ fe jette enfin dans la Nave.
2. LAUTER, (la) rivière de la baiïe Alface. Elle
tire fa fource des montagnes de Lorraine , d'où débou-
chant par la gorge de Lhann , elle paffe par Kronn-
WeiiTenbourg, traverlé le Bévald ou Bienvald, & tombe
dans le Rhin, vers Lauterbourg, à neuf ou dix lieues de fa
fource. Son cours dirigé au levant, décline un peu au fud.
*Suplement au Manujcrit de la Bibliothèque de JV£ de
Corberon, premier prèjident au con/eilfouverain d' Alface.
3. LAUTER, (LE) rivière d'Allemagne, dans le
duché de 'Wirtemberg ; elle coule àOven, au pied delà
montagne fur laquelle eft le château de Leck ; de-là elle
va arrofer la ville de Kircheim , & va fe joindre au
Necker. * David , duché de Wirtemberg, Robert de
Vaugondy , Atlas.
LAUTERBERG, ancienne abbaye d'Allemagne, dans
le duché de Magdebourg , fur une montagne, à quatre
lieues au nord-eft de Hall. Le monaftere a été détruit ;
mais dans l'églife , qui a été confervée , on voit le tom-
beau de plufieurs Marquis de Misnie, qui y avoient leur
fepulture. Cette abbaye a été fécularifée , l'an 1 540.
LAUTERBOURG (a), petite ville d'Allemagne,
dans les états de l'évêque de Spire. Elle eft pré-
fentement à la France 6c eft comptée entre les villes
de la baffe Alface (b). Elle eft fur la rive méridio-
dionale de la Lauter, à environ mille pas géométriques
de diftance du Rhin, qui fait plufieurs ifles en cet en-
droit, en fe divifant en plufieurs branches". * ( a) Hubner,
Géogr. p. 457. (b) Robert de Vaugondy, Atlas.
LAUTHENTHAL, petite ville d'Allemagne , dans
le Hartz & dans les états de la maifon de Brunswig.
C'eft une des quatre villes des montagnes Berg-Stadte ,
que les branches de Brunsvig Se d'Hanover poffedent
en commun , félon Hubner , Géogr. p. 518.
LAUTREC , place de France , d:ms le haut Langue-
doc, & dans l'Albigeois , fur une haute montagne, avec
un vieux château ruiné, dans le Caftrez, à deux lieues
de Caftres, vers le feptentrion. Elle a le titre de vi-
comte que tenoit autrefois Odon de Foix , général d'ar-
mée, fi célèbre fous le nom de Lautrec , fous le régne
de François I. * Baudrand. édit. 1705.
LAUTRECK , ou Lautereck , fortereffe & bail-
liage d'Allemagne, dans l'état de la maifon Palatine,
au partage de la branche de "Wéldens , aux confins du
duché de Deux-Ponts, au confluent de la Lauter, avec la
rivière de Glann.
1. LA.UTUL.rE, lieu d'Italie, auprès d'Anxur , félon
Tite-Live, /. 7, qui dit que les Romains y combatirent
Couvent contre les Samnites.
Le même auteur, /. 9, nomme de même un lieu
qu'il place chez les Samnites, & que Diodore , /. 19,
appelle Lauflolce , Axnrtxa. Q. Catulus, conful; &
Q.-fElius, meftre de cavalerie, perdirent la bataille con-
tre les Samnites.
2. LAUTULjE ; Feftus appelle ainfi un lieu hors de
Rome , où il couloit une eau qui fervoit à laver.
1. LAVENBOURG, petite ville d'Allemagne, dans
la Poméranie ultérieure , dans les états de l'éleâeur de
Brandebourg. Elle eft le chef-lieu d'une feigneurie de
même nom.
a. LAWENBOURG, Tille d'Allemagne, dans le
LâY
cercle de baffe Saxe, dans un duché particulier auquel
elle donne fon nom. Elle eft fituée fur la rive droite de
l'Elbe, vers le lj3e d. js/ de latitude; elle eft dans la
vallée, &c a un château fur la hauteur. Elle prend fon
nom de fon fondateur Henri le Lion, Heinrich der Law{;
& ce nom veut dire Vàville du Lion: le prince furnommé
de même, enleva ce canton aux Wendes; après lui, Ber-
nard, duc de Saxe, de la maifon d'Anhalt, pofféda cette
ville, & de fa poftéiité fe forma une nouvelle branche
de la maifon d'Anhalt-Saxe , qui en prit le nom de Saxe-
Lawenbourg. Lawenbourg eft à deux milles de Lu-
nebourg, à fix de Hambourg, & allez bien placée pour
le commerce, à caute du cours de l'Elbe, fi Hambourg
n'attiroit pas à foi tout le trafic du pays citeonvoifin. •
Cette ville à été Couvent affiégée & prilè durant les lon-
gues guerres d'Allemagne. Elle appartient préfentement
au roi d'Angleterre, élefteur d'Hanover, en qualité d'hé-
ritier du duc de Zell , fon beau-pere, qui la ténoit en
fequeftre depuis lextinftion de la branche de Saxe-
Lawenbourg. Voyez Saxe-Lawenbotjkg.
LAWERS, Lavica , petite rivière des Provinces-Unies
des Pays-bas. Elle fépare la province de Frife de celle de
Gromngue; traverfe le canal de Groningue à Dokum,
& (e va perdre dans un .petit golfe à l'extrémiré de ces
deux provinces. Cette rivière a été nommée aufli La-
BEKE, 6k adonné lieu à une divifionde la Frife que l'on
partageoit ainfi. La Frife entre le Flévus &C le Labecke ,
inter Flevum & Labicam , c'eft ce qui eft au couchant
du Lawers & la Frife, entre le Labeke & l'Ems , inter
Lavicam & Emefam ; c'eft ce qui eft au levant du Lawers
jusqu'à l'Ems. C'eft a'mfi que l'explique le dofte Alting,
dans fes Cartes où il nomme cette dernière, Frife, Frifia
Circaria.
LAUZADUS, Aal/ÇJV; ville.de Cilicie, félon Or-
télius , Thefaur. qui cite Porphyrogenete.
LAWINGTON, bourg d'Angleterre, dans la pro-
vince de Wilts. Il a droit de tenir marché public.
* Etat préjent de la Gr. Bretagne, t. I.
LAXENBOURG, petite ville d'Allemagne, en Au-
triche, fur la petite rivière de Schwecha, à quatre lieues
deVienne. Elle tft remarquable par un château où l'em-
pereur va fouvent fe déiarler. *Baudr. édit. 1705.
LAXI, bourg d'Angleterre, dans l'ifle de Man. Il eft
fitué fur la côte orientale , ainfi que Ramfey fk Douglas.
* Robert de Vaugondy , Atlas.
LAXIENS , peuple Sarmate , félon Hérodote , in
Thaliâ ; il demeuroit près d'un enfoncement des Palus-
Méotides , vers le nord. Ortélius , Thefaur. foupçonne
que ce peuple Laxii pourrait bien être le même que les
peuples Lazi ; car, ajoûte-t-il , YX & le Z ont été em-
ployés indifféremment l'un pour l'autre par les anciens.
Voyez Lazique.
LAXTA , ville de l'Espagne Tarragonoife., dans la
Celtiberie, félon Ptolomée, /. 2 , c. 6. Les uns difent
que c'eft HlTA ville de la Nouvelle-Caftille; les autres
que c'eft Tragazete, village de la même province,
aux frontières de l'Aragon.
1. LAY, ou ALAMPI, ville d'Afrique fur la côte
d'Or , au royaume de Ningo , à deux lieues à l'eft du
grand Ningo. L'ancrage y eft excellent; les habitans font
doux & civilifés. Ce canton eft fameux pour le com-
merce des esclaves; ce qui y attire beaucoup les Fran-
çois, les Anglois , ck fur-tout les Portugais. Les Anglois
y ont fait bâtir un fort. * Barbol. p. 186. Côte de Gui-
née par B'ellin.
2. LAY , rivière de France. Ce nom eft commun à
trois rivières , & on les diftingue par les furnoms de
grand Lay , de petit Lays & du plus petit Lay.
Le GRAND Lay commence au Poitou, au vieux
Poufanges , baigne Poufanges dans l'éleftion de Fonte-
nai-le-Comte ; paffe à la Mefféraye , à Saint-Germaip-
l'Aiguillier, à Samt-Gemme des Bruyères, à Bafoges,
à Saint-Philibert, à la Bertaudiere , à Saint-Vincent du
fort de Lay, à la Réorte, à Pui- Maufray , à Trizay , à
Sainte-Pézane, aux Moûtiers; à Mareuil , au Pont de la
Claye, à.Curfon, à Saint-Benoît ; Se, après un cours de
quinze lieues , il va tomber dans la mer , à côié de l'ab-
baye du Jar , au havre de Saint-Benoit.
Le petit Lay vient de Saint-Paul en Pareds ; tra-
verfe un coin de l'éledlion de Mauléon; entre dans l'élec-
tion de Fontenai-le-Comte,paffe au midi de Montchamp;
LAZ
LE
rentre dans l'éleftion de Mauléon , baigne Sainte-Cé-
cile ; repafle dans l'élection de Fontenai , &c , coulant
fous un pont qui eft entre Saint-Hilaire de Vouzi&Chan-
tonai , tombe dans le grand Lay , vis-à-vis de la Bertau-
diere.
Le plus petit Lay commence aux Cerifiers ; paffe
à Saint-Hilaire de Vouzi, àCreil-Bournezeau, à Saint-Ouin,
& fe perd dans le grand Lay, entre Trizay &Sainte-Pé-
fane.
Ces articles font très-différens dans le Dictionaire de
Corneille. Baudrand n'en dit rien.
LAYE , ville de la Chine , dans la province d'Iunnan ,
au département de Jungchang , huitième ville militaire
de la province. Elle eft plus occidentale que Pékin de
ï8 d. 38', par les 15 d. 29' de latitude * Atlas Sï-
nenjîs.
LAYON, (le) petite rivière de France, qui fort de
l'étang d'Iffemay , fur les frontières du Poitou &: de l'An-
jou ; paffe à Bénévent , où elle fe grofiît des eaux d'un
étang qui eft au pied de ces murailles ; va de-là dans
l'Anjou, où elle reçoit le ruiffeau de Douay; reçoit le
Lys au-deffus du pont de Montigni , la ligne au deffus
du pont Saint-Lambert , & le jeu près de chaudefonds,
ck fe jette dans la Loire fous le pont deChalonne, vis-
à-vis de l'ille déferte.
LAZAMATES, ancien peuple voifin des Palus-Méo-
tides. Juigné, Diïl. cosmogr. dit, fur l'autorité d'Alexan-
dre, dont il cite le liv. 1, c. 22 & 24, & fur la foi
duquel il dit que les hommes combatoient à pied , & les
femmes à cheval, &t qu'elles n'avoient la liberté de fe
marier qu'après avoir tué un de leurs ennemis.
1. LAZÉ, peuple qui a occupé la Colchide, à laquelle
îl a donné quelque tems le nom de LAZIQUE.
2. LAZE , ou Lazica. Voyez Lazique.
LAZICHÉNE, ville épiscopale , félon Ortélius, qui
trouve ce nom employé par Siméon Métaphrafte dans la
Vie de S. Eutyche.
LAZIENS, ck
LAZIQUE , peuple & pays d'Afie de l'un & l'autre
côté du Phafe , dans la Colchide. Procope , H/fi. de la
guerre des Perfes, 1. 2 , c. 29, p. 185 , trad. de Coufln,
parle ainfi de la Lazique. Le fleuve Boas prend fa fource
dans le pays des Arméniens qui habitent Pharangion ,
proche les frontières des TzANIENS. (Voyez ce mot.)
Il eft toujours étroit & guéable jusqu'aux extrémités de
l'Ibérie & au bout du mont Caucafe. Ce fleuve reçoit
divers ruiffeaux; &, quittant le nom As Boas, il prend
celui de Phafe , ck porte de grands vaiffeaux jusqu'au
Pont-Euxin où il fe décharge. C'eft fur fes deux bords
qu'eftla Laxique. Le côté droit eft fort peuplé jusqu'aux
frontières de l'Ibérie, ck rempli de diverfes villes. Les prin-
cipales font Archceopolis , qui eft très-forte ; Sebafiopolis
Rodopol/s ck Moror/fis , outre les forts de Pit/on , de
Scands ck de Sarapane. Il n'y a, du côté gauche, que
l'espace d'une journée de chemin ; mais cet espace eft
défert ck n'eft habité que par quelques Romains qui ont
été furnommés Pondants. C'eft en cette partie de la
Lazique que Juftinien bâtit la ville de Pétrée. En allant
de cette ville vers le nord, on rencontre auffi-tôt les fron-
tières de l'empire, où font plufieurs villes fort peuplées,
comme Réfée , Athènes ci Trébifonde. Les Laziens ,
dit le même Procope, habitoient autrefois dans la Col-
chide , ck obéiffoient aux Romains. Ce n'eft pas qu'ils
leur payaffent ni tribut ni redevance; mais quand leur
roi étoit mort , fon fucceffeur recevoit de la main de
l'empereur les marques de la dignité royale, ck s'obli-
geoit de garder à fes dépens, ck avec fes troupes les
fortereffes du pays , &C de s'oppofer à l'inondation des
Huns, qui, defcendantdu Caucafe fe répandoient au tra-
vers de la Lazique , fur les terres de l'empire. Les Laziens
entretenoient commerce avec les Romains du Pont. (Ce
font les Pontiques dont il eft parlé ci-deiïus , ) ck leur
donnoient des peaux ck des esclaves en échange du bled
& du fel qu'ils recevoient d'eux. Cavade, roi de Perfe ,
ayant voulu forcer l'empereur Juftin , à lui céder la Lazi-
que; ck ce prince l'ayant refufé, il attaqua les Ibériens
dont il crut la conquête plus aifée. Girgène, roi d'Ibé-
rie, implora le fecours de Juftin , qui lui envoya" Pro-
bus, neveu de l'empereur Anaftaie, qui envoya quelques
troupes de Huns dans la Lazique , & revint fans avoir
77S
rien fait. Girgène vivement attaqué par les Perfes , St fi
peu fecouru par l'empire, fe réfugia dans la Lazique.
Comme les Laziens reîufôierit de garder eux-mêmes leurs
frontières , Juftin y envoya des troupes fous la conduite
d'Irenèe. Quand on a paffé les limites de l'Ibérie, on
trouve fur les terres des Laziens deux forts , desquels on
avoit toujours confié la garde à des habitans du pays, qui
vivent dans une extrême mifere. L'empereur y mit une
garnifon, a qui d'abord les Laziens portèrent des vivres;
mais dans la fuite ils s'en lafferent. Ainfi les deux forts
furent abandonnés par les Romains ck occupés par les
ennemis. Les foldats Romains s'étant établis dans la La-
zique, pour la défendre contre les Perfes, fe rendirent
fort à charge aux habitans. Pierre , leur commandant, n'y
contribua pas peu par fon humeur fiere, avare ck vio-
lente. Les fucceffeurs que l'empereur lui donna ne fe
comportèrent guères mieux. Jean Tzibès , homme de
baffe naiffance, ruina entièrement les affaires par famau-
vaife conduite. Il perfuada à l'empereur de lsâtir , dans
la Lazique, une place forte, qu'il nomma Pétrée, où il
pût demeurer comme dans une citadelle , & y amaffer
comme dans un magafin tout ce qu'il enlevoit des biens
de ce miférable peuple. Il ne permettoit point aux mar-
chands d'acheter ailleurs du fel 64 d'autres provifionspour
les porter en Colchide : il s'étoit rendu feul arbitre
du commerce , achetant tout ck le revendant au prix
qu'il vouloit. En un mot, le peuple fut tellement réduit
au défespoir, qu'il eut recours à Cosroës qui régnoit
alors en Perfe , pour le délivrer du joug des Romains. Il
reçut leur propofition avec plaifir , ck demanda s'il pou-
rvoit traverfer la Colchide avec une grande armée , parce
qu'il avoit oui dire que les forêts rer.doient les chemins
fi étroits , qu'un homme vêtu à la iegere n'y paffoit qu'à
peine. Ils répondirent qu'il y avoit moyen de faire un
paffage , pourvu que l'on eût des hommes pour couper
les arbres ck combler les précipices. Ils fe chargèrent de
fervir de guides. Procope obferve que lorsqu'ils menè-
rent ce prince à Pétrée , ils lui firent traverler le fleuve
Boas , afin , difoient-ils , d'épargner le tems ck la peine
de paffer le Phafe ; mais c'étoit en efLt pour ne pas'
faire voiraux Perfes leur pays & leurs villes. LaLazique,
pourfuit-il eft toute pleine des rochers escarpés, 6k dont
les avenues que les Romains appellent des pas , font im-
pénétrables ; mais, à caufe qu'il n'y avoit point de trou-
pes qui gardaffent les partages, ck que les Laziens fer-
voient de guides , les Perfes furmonterent les difficultés
des chemins. Ce qu'il dit de la perfidie de Cosroës qui
voulut affujettir les Laziens ck fe défaire deGubaze, leur
roi, ck de la prudence avec laquelle celui-ci échappa au
péril , font des cliofes qui appartiennent à l'hiftoire. Ce
que nous avons dit, fuffit pour faire connoître ce qu'étoit
en ce tems-là la Lazique ck le peuple qui l'habitoit.
LaLazique fut auflî une province ecclefiaftique, où
étoient cinq évêchés dont voici les titres , félon la No-
tice de Léon le Sage :
Phafidis , Abifenorum ,
Rhodopolis , Petrarum ,
Tzinganeorum.
Phafide étoit métropole , & tenoit le vingt-huitième
rang entre celles du partiarchat de Conftantinople. Cepen-
dant il fe trouve une autre Notice, qui marque Trébi-
zonde pour métopole de la Lazique ; èk ce métropoli-
tain prenoit la qualité d'exarque. Nous avons remarqué
ailleurs que la hiérarchie ecclefiaftiquetavoit aufiî fes exar-
chats. Pline, 1.6, c. 4, met le peuple Lagi fur la côte
delà Colchide; ékPtolomée, l. <j , c. 10, les nomme
Lafcc. Voyez MlNGRËLIE.
1. LAZZARA, petite rivière de la Turquie, en Afîe,
dans la Natolie. Elle fe rend dans la mer de Marmara ,
entre Cyzique & Lampfaque. C'eft le Granique , qui
eft devenu fameux par la viftoire qu'Alexandre le Grand
y gagna contre le Perfes.
2. LAZZARA , félon Niger, eft le nom moderne du
Granique; mais Spon dit que les Turcs le nomment
Spiifoa.
LE, fortereffe de la Chine, dans la province de Su-
chuen, au département de Jungning, première fortereffe
de la province. Elle eft plus occidentale que Pékin , de
j76
LEA
LEA
14 d. 40', par les 26 d. 43' de latitude. • Atlas Si-
1. LEA , ville de l'Ethiopie , fous l'Egypte , feloa
2. LEA ,' petite ifle de la mer iEgée , félon le même ;
c'eft présentement l'iQe de Piana & Piano/a, voifine
de Namfio , & Saint-Erini dans l'Archipel.
LEJE , ville de f Afrique proprement dite , félon
Ptolomée, /. 4, e. 3. ,
LE A El, ancien peuple de la Pœome , aux contins
de la Macédoine & de la Thrace, fur le Strymon , fé-
lon Thucydide. Etienne, qui le cite, les nomme Laini.
LEAN, cap d'Irlande, dans le comté de Thomond,
& à l'embouchure du Shannon.
LEANDIS, ville de la petite Arménie, dans la con-
trée appellée Cataonï , félon Ptolomée, l. <, e. 7.
LEANDRE, (LA TOUR DE) tour d'Afie, dans la
Matolie , au le Bosphore de Thrace , auprès du Ser-
rail de Scutari , Se du cap de même nom. M. deTour-
nefort en parle ainfi dans fon Voyage du Levant : la
tour de Léandre eft tout près du cap de Scutari ; fem-
perei.r Manuel la fit bâtir lur un écueil (tfolé) d'envi-
ron deux cents pas de tour, & en fit conftruire une au-
tre, du côté d'Europe', au monaftere de Saint-George ,
pour y tendre une chaîne qui fermât le canal. Pierre Gil-
les a remarqué qu'il y avoit autrefois un mur dans là mer,
lequel occupoit le paffage qui le trouve entre l'ecueil,où
eft la tour & la terre ferme d'Afie. \\ y a beaucoup
d'apparence que c 'étoit l'ouvrage du même empereur ;
car, par ce moyen, la chaîne étant tendue d'une tour à
l'autre, il n'étoit pas pr flîble aux vailTeaux de remonter
le canal de la mer Ncre. Pierre Gilles affure que les
Turcs ont démoli ce mur, pour en employer les pierres
à d'autres bâtiment : ils nomment cette tour h tour de la
Puce/le ; mais les Francs ne la connoiuentque fous le nom
de la tour de Léandre, quo.qve les amours de Léandre
& de Héro le (oient paffées bien loin de-là, fur les bords
du canal des Dardanelles. Cette tour eft carrée , ter-
ininée par un comble pointu, garnie de quelques pièces
d'Artillerie, enfermée dans une enceinte qui c-ftai.ffi car-
rée. Elle eft presque Tans riéenfe, & n'a pour toute gàr-
nifon qu'un concierge, qui reçoit lesappoimemens de ion
gouvernement, fur ce que lui donnent les Janniflaires oii
les marchands de Coi (lantinople , qui vont s'y divertir
en fecret. On prétend que l'eau douce du puits qui eft
creufé dans cet écueil foit une fource vive: d'autres af-
furent que ce n'eft qu'une citerne dans laquelle fe vui-
denf les égouts du comble, par un tuyau caché dans la
muraille.
LEANE , (la) rivière d'Irlande : elle a fa fource
dans la province de Mùnfler , au comté de Kerry;
«ourt à l'oueft , & fe jette dans la baie de Dingle.
LEANCHEU , fortereffe de la Chine, dans la pro-
vince de Xenfi. Elle eft de 15 d. ■50' plus occidentale
qve Pékin, parles 38 d. 5' de latitude. * Atlas Sî-
nenfis.
LEANGHIANG , ville de la Chine, dans le Pékéli,
au département de Pékin, première métropole de la pro-
vince. Elle eft plus occidentale que Pékin de 19', par
les 39 d. 40' de latitude. * Atlas Sinenfis.
LEANGSAI, fortereffe de la Chine, dans la province
deQueicheu, au département de Liping , feptiéme mé-
tropole de la province. Elle eft plus occidentale que Pé-
kin de 8 d. 36', pu- les 17 d. il1 de latitude. * At-
las Sinenfis.
LEANGXAN, ville de la Chine, dans la province
deSuchuen, au département deQueicheu, (même mé-
tropole de la province. Elle eft plus occidentale que
Pékin de 9 d. par les 31 d. 10' de latitude. * Atlas
Sinenfis.
LEANITjÇ, peuple de l'Arabie heureufe, auprès
d'un golfe qui en prenoit le no\n , &£ que l'on appel -
loir teannes- Sinus, félon Ptolomée. Quelques exem-
plaires portent Laanitse pour le peuple , & Laanites
pour le golfe. Voici les lieux que ce géographe range
ibus cette nation :
Longit. Latit.
D. M. D. M.
Mallaba ville, 80 10 16 10.
Pointe de la presqu'ifle ,' 80 20 a6 30.
Longit.
Latir.
D. M.
D. M.
Le golfe Léanite ,
79 45
27 0.
ï:an-,os, port,
79 40
27 20.
Adare, (la ville d')
79 '5
27 43.
LEANTANG, ville de la Chine, dans la province
de Xenfi, au département duCunghang, cinquième mé-
tropole de la province. Elle eft plus occidentale que
Pékin de 9 cl. 5-1 '■, par les 35 d. 40' de latitude.
* Atlas Sinenfis.
LEANUM. Voyez Lianum.
LEAO , grande cité de la Chine , dan* la province
de Chanli: elle eft de 4 d. plus occidentale q ie Pékin,
à 37 d. 56' de latitude. Elle en a deux autres fous elle,
favoir Juxe §t Hoxun. Son territoire eft borné, à l'o-
rient, par la chaîne de montagnes appellée Heng ; &ce
qui le rend recommandablc, c eft qu on y trouve la pré-
cieulè racine du ginieng , & qu'il y a du mule eu abon-
dance. Il y a deux temples magnifiques, dont l'un nom-
mé Sienchin, a été élevé par la famille impériale de
Chéva , en l'honneur d'un général qui remporta en cet
endroit une grande vi&oire , qu'il acheta néanmoins par
tant de bltflures, qu'il en mourut presqu'a'iffi-tô; , or»
y voit fon tombeau qui eft magnifique. * Atlas Sinenfis.
LEAO, rivière. Voyez Léaotung 2.
LEAOLO , pdrt de i'ifle de Kin-Meri, fur la côtede
la Chine. * Lettres édif. t. 14, p. .'4.
I.-LEAOTUNG, (on appelloit ainfj la Corée dans
les commencement de la monarchie Chinoilè ) grande
contrée d'Afie, entre la Chine dont elle eft léparee par
la grande muraille , & le g Ife deCang, lé royaume de
Corée, <k les montagnes d'Yalo, qui la féparent du pays
desTa-tares Bogdoïou Niuché. Quoique ce pays loitaileZ
grand & allez peuple, peur mériterd êtreunedes provinces
delà L h ne, la famiiledeTaiminga ne voulut pas lui accor-
der ce titre, parce qu'ayant aboli le nom <\e ville &. de ci-ê,
elle y érigea des forterelles où commandoient des offi-
ciers; on ne laiJTa q 1; peu de places, pour être la réfï-
dence du vice-roi & du vifueur du royanme ; cela fe fit
parce que l'empere>.:r de ia Chine étoit obligé d'entrete-
nir beaucoup de troupes dans tout ce pays, & d'y avoir
quantité de garnifons , à caiife des incarnons qje l'on
craignoiî toujours de la part ries Tartares. Voici les bor-
nes du Léaotung , félon le P. Martini dans fon Atlas Chi-
nois. Il eft borné à l'orient par le fleuve Yalo, & un golfe
qui le fépare de la Corée ; car ce fleuve qui descend de
la Tartane iépare-la Corée &T. le Lé.io ung. Sur fa rive
occidentale commence la fameufe muraille , qui, fe on ce
père, borne leLéaoïung au nord ; au lieu que, félon des
Mémoires plus récens il eft absolument hors & au-delà
de cette muraille. Mais, félon le P. Martini, cette mu-
raille, s'étendant d'orient en occident, depuis Caiyuer»
jusqu'à Kichin, fépare ce pays d'avec la Tartarie. Le Pé-
kéli lui fert de bornes au couchant , de même que le
fleuve Lmohang, qui coule entre deux. Le refte, qui eft
plus au midi, eft terminé Jk baigné par le j»nlre de Cang.
Autrefois le Léaotung étoit divifé en deux parties,
dont l'une appartenoit à la province de Ki , 5c l'autre à
la province de Cing ; fous l'empire de Xun , la partie
où eft au]ourd'liui Quangning* tut annexée au pays de
Jeu. Du tems des rois , le Léaotung fut nommé Yen.
L'empereur Xu, fondareur de la famille de Cin , l'ap-
pella Lèaojï. Hiao qui étoit de la famille de Haria, après
avoirlbumis laCorée,en tira bien des habitans qu'il trans-
planta dans le pays de Léaotung , & donna le nom de
Caokiuli , à la province où il établit ces colonies. La
famille de Tanga conquit de nouveau ce pays & la Co-
rée, & y bâtit deux grandes villes , Cal & Léao. Les
rois d'Urai donnèrent à cette dernière ville le nom de
Tungking. La famille de Kina, famille Tartare, lui
donna celui de Léaoyang; nom qu'elle garde encore avec
un léger changement.
Tout le pays de Léaotung n'a que deux grandes villes
du premier rang ; mais il y a quantité de fortereffes plus
grandes & plus peuplées que certaines villes du premier
rang.
Les villes font :
Léaoyang ,
Ning-Yuen.
Forte»
LEA
LEA
Fortereffes du premier rang ,
Ycheu © , Ning-Yuen ï
Caiyuen , Chmyang,
Quangning, Kincheu ©,
Cai.
Places moins confidérables que celles-là, ou du fécond
Haï,-
Chékiao,
Tieling,
Chéai ,
Chungçu,
Puho,
Quangning.
Tingléao ,
Kin ©,
Ganlo ,
Fo ©,
Piéyang ,
Luixun ,
Sanuan,
Tanyang.
rang:
Fortereffes du troifiéme rang :
Chuntung , Jeu ,
C; o, Heutun,
Yeutun.
Comme on vient de le voir, le P. Martini donne au
Léaotung pour capitale la ville de Leaoyang ; cependant
Je P. de F ontenai , dans une Lettre inférée entre les
Lettres édifiantes , t. 7, p. 147, dit : tant du fleuve Yalo,
qui fépare la Tartarie de la Corée , que de ce fleuve
jusqu'à la ville de Clûn-Yang , capitale de la province
de Léao-ion, (car c'eft ainh qu'il écrit ce nom,) on
compte foixante lieues de Ching-Yang à Chin-Hai,
qui eft l'entrée de la Chine du côté du Léao-ton, qua-
tre-vingt , & de Chanhaï à Pékin foixante-fept. Ainfi ,
félon lui , Chan-Yang, capitale du Léaoton , eft à qua-
tre-vingt lieues de la Chine , à cent quarante-fept de
Pékin , & à foixante de la Corée. 11 eft aifé de conci-
lier ces deux auteurs, en diftmguant les tems. On a vu,
ci-devant, que le Léaotung étoit une annexe de la Chine.
Les Tartares orientaux le conquirent en 1630. Ils fubju-
guerent enfuite la Chine, & il femble qu alors ils au-
raient dû l'y rejoindre ; c'eft ce qu'ils n'ont point fait.
On voit dans un Mémoire lur l'Etat des Millions de la
Chine, préfenté par le P.François Noël , Lettres édi-
fiantes , t. 7, p. 68-, au P. général de la compagnie de
Jefus, en 1703; on voit , dis-je, que les PP. Jéfuites n'a-
voient point encore alors d etabliffement au Léaoton ,
mais qu'ils avoient formé le deffein de s'établir à Chin-
yang , qui en eft la capitale & de toute laTartarie orien-
tale. Cette ville, dit ce père, eft confidérable ; ci l'em-
pereur y établi quatre tribunaux fou verains, pour y ju-
ger en dernier reffort toutes les affaires des Tartares;
car le Léaoton parle aujourd'hui pour être de la Tartarie ,
&c on n'en regarde plus les habitans comme Chinois, mais
comme Tartares. Ainfi on voit l'origine des changemens
arrivés entre les divers tems où ces auteurs ont écrit.
Les habitans du Léaotung n'ont aucune dispofition
pour l'étude; la plupart lont robuftes , hardis, courageux,
bons guerriers & accoutumés à la fatigue. Souvent fub-
jugiiés par les Tartares ou par les Chinois, ils ont beau-
coup plus de fympathie &t de reffemblance avec les prer
miers qu'avec les derniers. On a vu qu'ils avoient ci-
devant deux métropoles ; c'eft que leur pays ayant été
démembré par les Tartares qui s'étoient rendus maîtres
de Leaoyang, capitale, l'empereur de la Chine en fubs-
titua une antre, lavoir Ningyuen, que les Tartares con-
quirent auffi ben que tout le refle du pays. Ce pays pro- '
duit la plante de ginfeng , dont la racine eft fi précieufe;
il fournit des fourrures de caftors , de martres, de zibeli-
nes , dont ce peuple fe fert comme les Tartares , & en
fournit la Chine. Les petites noix ne fe trouvent nulle
part en Afie fi abondammenr que là ; on y a beaucoup
de froment & de millet, mais point de ris; en récom-
penl'e le terroir eft fertile en légumes & autre jardinage,
fur-tout en choux, dont on ne voit presque point dans
toute la Chine. Il porte des raifins, des figues, des pom--
mes , des poires & autres fruits de l'Europe. Ce pays eft
beau ci bon, principalement en quantité de lieux où il
n'y a point de montagnes, &. qui , voifins de la mer,
font propres pour le commercé. Il manque aux habi-
,tans d'avoir du génie & du goût pour les arts ; fi cela
771
etoit , il feroit aifé de faire de ce pays un des meilleurs
de tout l'Orient ; mais le P. Mauini obferve que les guer-
res continuelles y font un grand obftacle à la culture des
terres. La ^religion du pays eft la même que celle de la
Chine , même idolâtrie , même entêtement du dogme
de la Métempfycofe ; ce qu'il y a de particulier, ce font
des danteufes qui »e reffemblent pas mal aux Bohémien-
nes d'Europe. On les emploie pour chafler d'une maifon
une maladie , un mauvais fort qu'on foupçonne que quel-
qu un y a jette , ou un fpeclre dont les apparritions in-
quiètent ; elles viennent frappant d#s tambours & des
baffins,( font un grand charivari nuit & jour , danfent&C
fe démènent fansceffe.
TABLE GÉOGRAPHIQUE
DES PRINCIPAUX LIEUX DU PAYS
DE LÉAOTUNG.
Métropole.
Leaoyang,
Ycheu o,
Caiyuen,
Quangning,
Ningyuen ,
Kingcheu,
Caïcheu ,
Ningyuen 0.
Tuxun,
Kincheu ©,
Focheu ,
Haicheu,
Villes.
Places moins confidérables,
Tiéling,
Chékiao ,
Chéahai,
Chungeu,
Puho,
Quangning,'
Tingléao ,
Ganlo,
Piéyang,
Sanuan ,
Tanyang ,
Chungtun ,
Cientun,
Quangningchung ,
Quangninço ,
Quangningyeu,
Quangningheutun,
Quangningyeutun.
Il y a dans cette province plufieurs montagnes. Les
plus confidérables font:
Funghoang , auprès de Leaoyang;
Hunglo, auprès de Chungtun;
Tatuon, aux environs de Ningyuen;
VANSUNG, auprès de Quangning;
Lungcheu, auprès de Tiéling ;
Gu , montagne qui forme clans la mer une ifle , far
laquelle eft le fort de Xanghai.
Il y a encore d'autres i îles ; LlENYUNG , ifle auprès
de la ville de Cai ; Tachoa , ifle dans la mer au-delà
de Ningyuen; il y a un grand abord de vaiffeaux , àcaufe
de la bonté de la rade.
ChangpÉ eft une montagne auprès de l'endroit où
commence la grande muraille ; elle court jusques dans
la Tartarie ; elle eft grande Se très-haute. On y voit un
lac de quatre-vingt ftades d'étendue , & d'une profon-
deur immenfe ; deux rivières y prennent leurs fources j
l'Yak» qui coule vers le midi , & le Quennmg qui .
Ton» LU. Fffff
Longit.
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0
4
33
39
40
0
LEB
17%
après avoir coulé quelque tems vers le nord , fe tourne
vers l'orient.
2. LÉAOTUNG , (rivière de) dans la Tartane, ou
plutôt LÉAO ; elle a fa fource dans la Tartane, au-delà
de la grande muraille, &c le perd dans la mer, au cou-
chant de la fortereffe de Sanuan. Du côté de l'occident,
cette rivière eft très - rharéeageufe , &C fes bords fort
chargés de limon, auffi les hiftoriens Chinois ont- ils
rapporté que quand Taïçungum, de la famille de Tanga
voulut la taire traverfer à fon armée, pour la mener en
Corée ; il fut obligé d'élever une chauffée de deux cents
flades.
LÉAOYANG , métropole du LÉAOTUNG. Voyez
cet article.
LÉAWAVA , port de mer , fur la côte orientale de
l'ifle de Ceylan , dans le pays de même nom. Il y a
dans la partie occidentale de rifle un autre port nommé
Portaloon , d'où une partie des habitans de cette côte
& de l'ifle tire du fel & du poiffon. Mais comme les
parties orientales du royaume ne pourroient tirer du fel
de ce port , tant à caufe de f éloignement , qu'à caufe de
la difficulté qu'il y a de conduire du bétail au travers
de tant de montagnes , elles font foulagées d'une autre
manière dans laquelle on peut remarquer un effet de la
Providence divine. Quand le vent d'eft régne, il fait
entrer l'eau de la mer dans le port de Léawava, qui eft
fur la côte de l'eft ; & enfuite lorsque le vent d'oueft
amené le beau tems, cette eau fe congelé & fournit aux
habitans du pays plus de fel qu'il ne leur en faut. Ce
qu'il y a encore de remarquable , c'eft que la ville de
Léavava eft fituée de telle manière que les Portugais
ni les Hollandois n'ont jamais pu ôter aux Chingulais
ce fel-là, dont ils font un fi grand cas , qu'ils le mettent
entre les principales provifions que l'on doit taire pour
les tems de troubles. Auffi la plupart de ceux-ci en ont
de petits magafins. Cette place eft entourée de monta-
gnes du côté de la terre ; ck du côté de la mer, iln'eft
pas fur pour les vaiffeaux de s'y mettre à l'ancre. Au
refte, le pays eft mal-fain ; ce qu'ils attribuent à un puis-
sant dieu qui eft fur le grand chemin d'un village des
environs, appelle Coteragom ; tous ceux qui vont
fe pourvoir de ce fel , grands & petits , font obligés de
faire quelque offrande à ce dieu ; fa puiffance _& même
fon nom jettent la terreur dans l'esprit de ces idolâtres,
jusques-là que ceux du pays qui ont trahi leur prince,
& qui ont fervi les étrangers contre lui , n'ont jamais
voulu fe joindre à eux pour faite une irruption du côté
où réfide ce prétendu dieu. * Knox, Relat. de Ceylan ,
I. part. c. z, p. 16. ,',«-,
LEBADIA , ancienne ville de Grèce, dans la Beo-
tie. Elle a été également nommée par les Grecs At W«t
& Antxf-tt* > Lebadia &C Lebadea. Elle étoit voifine de
Chéronée , félon Paufanias , Bxtic. c. 39. Suabon, l.a,
dit plus précilément, qu'elle étoit entre l'Hélicon &
Chéronée, auprès de Coronée. Aulu-Gelle, décrivant la
route d'Athènes à| Delphes par Lébadie , dit que c'étoit
tin ancien bourg , dans la Béotie , Oppidum. Stace,
dans fa Thébaïde, /. 7, v. 345, dit :
Etvalhs, Lebadea, tuas & Hyampotis acri
Subnixam fcopulo.
Il y avoit à Lébadée un oracle de Jupiter Tropho-
nien. Strabon , ' loc. cit. dit que pour le confulter on des-
cendit dans une ouverture qui s'étoit faite fous terre.
Voyez TROPHONIUS. Pline, /. 8 , c. s8, parlant de
Lébadie, dit qu'il n'y avoit point de taupes , & que
quand on y en portoit elles fuyoient la^terre. Ce lieu
n'a presque point changé de nom , & s'appelle encore
Livadia; nom qu'il donne à toute la contrée. Voyez
Livadie. "'* '.
LEBjEA, ville de la haute Macédoine, félon Héro-
dote , /. 8 , c. 1 37.
LEBAHIM ; Arias Montanus dit que c eft le nom hé-
breu de Cyrène.
LEBAN. Voyez Lebona.
LEBAOTH , ancien lieu de la Paleftine. Dom Cal-
rnet dit que c'étoit une ville de la tribu de Juda. Il en
eu parlé au Livre de Jofué , c. 15, v. 3 %.
LEBECCE, ou Lsbescbe, ou Libeccio; quel-
LEB
ques voyageurs emploient ce mot fur la Méditerranée
& ailleurs, pour fignifier le fud-oueft.
LEBECII. Voyez Lebui.
LEBEDA, ou Lipeda , félon Baudrand, ville de .
Barbarie, au royaume de Tripoli, fur la côte de la mer
Méditerranée, avec un affez bon port ôi un vieux châ-
teau, entre le golfe de Capez au couchant,. & celui de
laSidre au levant, à cent milles de Tripoli vers l'orient.
On y voit quantité de ruines , la plupart enfevelies dans
les fables, entr'autres , celles d'un amphithéâtre bâti par
l'empereur Sévère , dont on croit que cette ville étoit la
patrie. C'eft de-là qu'on a tiré tant de belles colomnes
de marbre , que l'on a transportées en France ; celles du
giand autel de Saint- Germain-des-Prez , à Paris, font
de ce marbre. .
Voyez LeptiS, qui eft l'ancien nom de cette ville.
LEBEDONTIA , ville de l'Espagne Tarragonoife,'
fur la côte de la Méditerranée. Feftus Avienus, Ora ma-
rk, v. 507.
Mox quippe Scllus , (nomen hoc monti ejî vêtus)
Adusque cclj'a nubiumfitbducitur ,
Adftabat ijium civitas Lebedontia,
Prwre fœtJo, nunc ager vacuus lare,
Lujlra & fer arum fujïmet cubilia.
C'eft-à-dire que la ville de Lébédontia avoit été auprès
du mont Sellus ; qu'elle ne fubfiftoit plus , fk que la
place où elle avoit' été , étoit déferte, & fervoit de re-
traite aux bêtes fauvages.
LÉBEDUS , ville ancienne de l'Afie proprement
dite, "dans l'Ionie, ou fur l'ifthme , ou du moins auprès
de l'iflhme , entre Smyrne & Colophone , félon la Ta,-
ble de Peutinger , qui compte ainn la diftance :
omyrna,
Teos,
XX. M
Lebedos ,
XV. M
Colofon ,
XX. M
Pline , /. 5 , c. 19 , qui fuit un ordre tout oppofé, dit
Colophon , que baigne le Halèfe , enfuite le temple d'A-
pollon Clarién , Lebedos. Strabon , /. 14, parle des jeux
que l'on y célébroit, tous les ans, en l'honneur de Bac-
chus ; c'eft à quoi fe rapporte une médaille de Géta
avec la figure de Bacchus, & ce mot A&BEAinN. Lyfi-
machus renverfa Lebedus, & en transportâtes habitans
à Ephèfe , comme Paufanias, Attic. c. 9, le raconte.
Depuis ce tems-là , cette ville ne put fe relever, & de-
meura moirts un bourg qu'un village. Horace, /. 1, «/.il,
v. 5 &feq. dit à ce fujet :
An venit in votum Attalicis ex urbibus una ,
An Lebedum laudas odio maris atque viarum ?
Scis Lebedus quàm fit Gabiis defertior atque
Fidenis viens. Tamen illic vivere vellem , fkc.
C'eft-à-dire : Souhaiterie^-vous de faire votre féjour dans
quelqu'une des villes d'A'.talus ? où vous arréterieç-vous
à Lebedus , à caufe de l'averfion que vous ave^ pour la.
mer & pour les incommodités du voyage ? Save^-vous
que Lebedus eft un village plus defert que Gabies & que
Fidenes ? Cependant j'y voudrois pafjer ma vie , occ.
Surquoi Dacier remarque : on fait par Strabon que Le-
bedus étoit un lieu affez défert , plus des trois quarts de
l'année , & qu'il n'étoit fréquenté que pendant que les
comédiens y féjournoient pour jouer leurs pièces & cé-
lébrer les fêtes de Bacchus. C'eft pourquoi les Lébédiens
les recevoient avec tant de joie. Hérodote, Strabon Se
Mêla parlent de Lebedus , comme étant l'une des douze
anciennes villes d'Ionie. Ortélius obferve que quelques
interprètes d'Horace fefont trompés, endilànt, que Le-
bedus , dont ce poëte parle ici , n'étoit pas l'ancienne
ville d'Ionie, mais quelque village maritime d'Italie, où
quelques-uns alloient goûter la fraîcheur pendant l'été.
LEBEGÙIN, lieu d'Allemagne, au duché de Mag-
debourg, aux frontières du pays d'Anhalt.
LEBENA , a £»,* , ville de l'ifle de Crète , fur fa côte
méridionale , félon Ptolomée. Elle étoit voifine du pro-
montoire de Léon ;■ c'étoit une ville marchande qui
fervoit de port à la ville de Gortyne , dont elle étoit à
LEB
quatre-vingt-dix ftades, félon Strabon, /. 10.' Paufànias,
Corinth. c. 26, dit qu'ily avoit un temple d'Esculape ,
bâti fur le modèle de celui qui étoit à Cyrène ; & Phi-
loftrate, /. 4, c. 11 , dans la vie d'Apollonius dit que
toute la Crète fe rendoit à ce temple , de même que
toute l'Afie fe rendoit à Pergame. Ce temple eft nommé
Lebeneum, AiCwiaii» , félon Ortélius. Cemotneveut
dire que le temple des Lébéniens.
LEBER , ( la rivière de ) rivière de la haute Alface.
Elle a fa fource à l'orient des montagnes de Vosge, aux
confins de la Lorraine , auprès de Kéburg ; elle ferpente
quelque tems vers le nord, & reçoit, entr'autres ruifleaux,
celui qui vient d'un village auquel il donne fon nom de
petit Lèbcreau. Les François ont changé ce nom encelui
de petit Lièvre. Cette rivière étant arrivée à Sainte-Ma-
rie-des-Mines , fe tourne vers l'orient, &, continuant à
fe charger de divers ruiffeaux, palje à un lieu nommé
le grand Lébereau , fe mêle avec une autre rivière à
Rainftein ; fe partage en deux branches , puis en deux
autres , qui forment plufieurs ifles. L'un de ces bras
tombe dans les folles de Schleftadt ; un autre arrofe le
territoire de cette ville, & va au-deffeus le jetter dans
l'ill ; le troifiéme paffe à Ebersheim & le jette dans la
même, rivière à fon tour. *H. Sengre, Carte d'Alface.
La vailée qu'arrofe la rivière du Leber, eft appellée
ou Leberaw ou LEBERTHAL. Sainte-Marie-aux-Mi-
nes en eft l'endroit le plus important.
LEBERON, Lebcro, montagne de France, en Pro-
vence.' Elle s'étend, au couchant , l'espace de quelques-
lieues , fur la frontière de Dauphiné , entre la Durance ,
la ville d'Apt &t la rivière de Colaxon , au feptentrion.
* Baudrand , édition 1705.
LEEETHRIUS. Voyez Libethra.
LEBIDON, lieu où facrifioient les A.rabes Moabi-
tes , félon Hé yche. * Ortel. Thef.
LEBINTHUS, ifle de la mer de Crète. Pomponius
Mêla, l. x, c. 7, nomme comme ifles voifines l'une de
l'autre Nifyros, Lebinthos , Calymnia. Ovide, dans fes
Métamorphoi'es, /. 8, v. 222, dans la description du vol
d'Icare & de Dédale fon père, dit de même :
Dcxtra Lebynthos erat fœcundaqut mette Cafymne.
Pline, /. 4, c. ix, nomme cette ifle entre les écueils
Corajiœ, aujourd'hui Dragoniji, & l'ifle de Léros, C'eft
• prélentemènt Levita , ifle de l'Archipel.
1. LEBNA, campement des Israélites, dans le dé-
fert, entre Remnon-Pharez & ReiTa. D. Calmet , Dicl.
croit que ce campement étoit dans le territoire , &,
comme parle l'Ecriture, dans le défert de la1 ville de
Lebna ou LEBONA, au midi de la terre de Chanaan.
Lebna fut, dans la fuite, donnée à la tribu de Juda ; elle
fut cédée aux prêtres & devint une ville de refuge.
* Num. c. 23, v. il.
Il y avoit le campement de Lebna & la ville de Lebna.
Le campement nommé Lebna dans notre Vulgate, à l'en-
droit cité , eft appelle Lebona par S. Jérôme , de Locis
hebr. Lebona, dit-il, in dejlrio , cajlra fdiorum Israël.
2. LEBNA, Lobna ou Labana , ou Léena. Les
trois premiers noms fe trouvent dans la Vulgate , cV le
quatrième dans Eusèbe,- iktous figni fient une même ville
de la Paleftîne , dans la tribu de Juda. S. Jérôme dit
que Jofué en jouit, après en avoir tué le roi. Elle eft
comptée entre les villes facerdotales, auiLvre de Jofué,
c. 21 , v. 13, &c au premier des Paralipomènes , c. 6 ,
v. 57. Sennachérib, roi d'Aflyrie, aflîégeoit cette ville,
lorsqu'en une feule nuit l'ange duSeigneur tua, {Reg. 1. 2,
c. 19,') quatre-vingt-cinq mille hommes de fon armée.
Il eft parlé de cetrevi! e dans Ifaïe, c'. 37. Voyez Lobna.
LEBNAW, village d'Allemagne, en Bavière, dans
l'archevêché de Saltzbourg, fur laSaltz, au-deftous de
LaufFen. Quelques au'eurs prennent ce lieu pour l'an-
cienne Artcbriga de Vindélicie , qve d'.autres mettent à
Artzborrg , village îîrué fur le Danube.
1. LEBONA. S. Jérôme nomme ainfi le campement
de Lebna, dans le défert, comme nous l'avons remar-
l que ci-deflus.
2. LEBONA, ville de la Paleftine , dans la tribu
d'Ephraïm, au nord de la ville de Sino. Maundrel, dans
fon Voyage d'Alep à Jérufalem , croit que c'eft un lieu
nommé Ch AN- LABAN, à quatre lieues de Sichem,
LEC 779
vers le midi ," Se à deux lieues de Béthel. * Judic. c. 21,
v. 19.
LEBRIXA, ville d'Espagne, dans l'Andaloufie, au
nordd'Arcos de laErontera, & à quatre lieues de*Sainr>
Lucar de Baraméda. Cette ville eft ancienne & fort
agréable, quoique médiocrement grande. Elle étoit au-
trefois fur la branche orientale du Guadalquivir ; mais
cette ^branche ayant été bouchée, Leb-ixa fe trouve au-
jourd'hui à deux grandes lieues de ce fleuve. El.e fut
connue des anciens fous le nom de Nebrisa, d'oùs'eft;
formé le nom moderne , ou plutôt qu'elle porte encore
avec un fort léger changement. On y voit un vieux châ-
teau , qui a rélifté aux injures du tems & qui marque
quelque choie de ce que cette ville étoit anciennement*
On ne peut rien voir de plus beau que les dehors de
cette place. C'eft une vafte & fertile campagne, où, de
quelque côté qu'on tourne les yeux, on ne voit que des
objets qui font plaifir ; ici ce font d'agréables prairies
émaillées de fleurs , là des champs abondans en grains,
ou des vignes qui produifent d'excellent vin, entre-cou-
pées de bois d'oliviers, dont on tire la meilleure huile
qui fe fafle en Espagne.
LEBUI ou Libui , ancien peuple de la Gaule Cispa-
dane. Tite-Live, /. 21 , c. 38, en fait mention en plus
d'un endroit ; dans l'un, parlant du partage d'Annibal ,
il dit ; ces deux partages ne l'auroient pas conduit chez
le peuple Taurini, (le Piémont,) mai, par les monta-
gnes des Salaffes, (le Val-a'Aofte,) ii ferait arrivé chez
les Lébùens., qui {ont un peuple Gaulois. Cluvier, liai.
ant. croit que ce nom Lebui eft le même que Libici
ou Lebecii , dont Verceil & Laumello étoient les vil-
les ; mais Tite-Live lui-même empêche qu'on ne tombe
dans cette erreur ; car il dit bien exprefi'rment, /. 5,c. 35,
que les Libuens occupoient le pays où font Bnxia & Vé-
ronne. Voyez Libici.
LEBUNI , ancien peuple de l'Espagne Tarragonoifs,
félon Pline , /. 3 , c. 3. Hermolaùs Barbarus a conjec-
turé que ce devoit être le même peuple que les Lmni^
dont parle Pline dans le même livre ; &f Ortélius a eu
la même penfée. C'eft une erreur , dont Pline fournit
lui-même la preuve. Nous avons dit à l'article d'EsPA-
GNE qu'elle étoit divilee, fous les Romains, en aiTemblées
nommées en latin convenais : or Pline met les Lebuni
fous l'aîTemblée de Lugos ; au lieu que les Leuni étoient
fous l'aîTemblée de Braga: ainfi c'étoient deux peuples
difFérens l'un de l'autre.
LEBUSA, village d'Afie, dans la Natolie , entre Ni-
comédie & Chalcédoine. C'étoit autrefois une ville ma-
ritime de Bithynie, appellée LlBYSSA. Voyez ce mof.
LEBUSS, Lebus ouLibus, ville d'Allemagne, dans
le Brandebourg (a) , entre Cuftrin & Francfûrt-fur-1'O-
der, à un mille d'Allemagne de la première, & à deux
de la féconde. Les premiers ducs Chrétiens de Pologne
partent pour en être les fondateurs. Elle eft entre deux:
petites montagnes , fur l'une desquelles on voit l'ancien
château de l'évêque, à qui cette ville appartenoit ; il a
été brûlé Se" il n'en refte plus que des mafures (b). Ce
lieu a été le fiége d'un évêché fondé, en 966, par Miecis-
lav, duc de Pologne. Cafimir I, roi de Pologne, y
fonda, l'an 1044, un monaftere de l'ordre de Clugni ,
qu'il dota richemenr. Boleflas, duc de Silélie, mit, en
1178, des Bernardins dans ce monaftere, & ledota en-
core plus richement qu'il ne l'étoit. Boleflas le Chauve, fils
de Henri le Pieux, duc de Siléfie, étant réduit à de grandes
extrémités , à caufe des guerres qu'il avoit fur les bras ,
engagea ou vendit Lebus Se l'on territoire à Jean Se Ot-
ton, marquis de Brandebourg, vers l'an 1260; & de-
puis ce rems-là cet évêché demeura au pouvoir & fous
la protection de la maifon de Brandebourg, qui le l'ap-
propria enfin l'an 1556. Il eft fécul.irifé. *('') Zeyhry
Brandeburg,Topogr.jE>. 71. Q>) GJiyij;<ei , Saxon, je. 955.
LECCA , l'un des canaux par lesquels le Rhin lé rend
dans l'Océan. Voyez Lecic.
LECCE, Âltiium , ville d'Italie , au royaume de Na-
ples, dans la terre d'Ctante, dont elle eft la principale.
C'eft la rélïdence du gouverneur ik le ii '^e rj'u . e.ecaé
fuff-agant de l'archevêché d'Ocrante. Quoiqu'elle n'ait
point de rivière & qu'elle (bit même à fept ou huit
milles du golfe de Venife, elle ne laiife pis d'être firc
grande. Elle paffe pour la ville la plus peuplée de tout
le royaume de Naples, & eft presWau milieu .-entre
TomtlII. Fffffij
LEG
700
Brindes & Otrante , dont elle eft à 'vingt milles, & à
quinze de Nardo. Les laines de Lecce étoient autrefois
frès-eftimées, & connues fous le nom de laines Tarenti-
nes. Il y a dans le territoire de cette ville beaucoup d'a-
mandiers , & d'oliviers. D. Matthéo Egirio croit que
Lecce eft l'ancienne Lupia ; mais en cela il ne s'accorde
pas avec Ptolomée ck Pline qui placent Lupitz lur la
côte de la mer. Ainfi j'aime mieux dire avec Cluvier, que
Lupiœ eft aujourd'hui San-Cataldo ; & AUtium, Lecce.
Lupiœ a été auttetois ville épiscopale ; l'évêché a été
transféré à Lecce, de-là vient qu'on dit AUtinus , ou
Lupiurum episcvpus. C'eft fans doute ce qui a occafionné
l'erreur. * Baudr. éd. 1705.
LECCENA , torêt de la Gaule , dans la première
Aquitain*, où la reine Brnnehault avoit une mailon, fé-
lon Aimoin 6c Hugues de Fleuri , qui met cette forêt
aux contins du Berri ck de l'Auvergne. Hadrien de Va-
lois , Nota. Gall. p. 266 , dit qu'il faut chercher cette
forêt Leccena ou Lt
LEC
dans le Bourbonnois. * Or-
tel. Thef.
LECCO , petite ville d'Italie , en Lombardie , dans
le Milanez , à l'endroit où la rivière d'Adda, fort du lac
de Côme , fur la frontiete de l'état de Venife & du
Bergamasque , à neuf ou dix milles de Côme, félon Ma-
gin. * Baudr. éd. 1705.
LECCUM , bourg de Grèce, dans l'Attique, ck com-
pris dans la tribu Antiochide , félon Spon , Lifte de
l'Attique.
LECH , rivière d'Allemagne ; elle a fa fource au Ti-
■rol , furies frontières des Grifons , d'où, prenant fon
cours vers le nord, 6t féparant la Suabe de la Bavière,
elle paffe à Sueffen , à Schong;.u , à Landsperg & à
Augsbourg ; puis fe jette quelques milles plus bas dans
le Danube , à Lechmund , près de Rain , & un peu au-
deffous de Donawert. * Baudr. éd. 1705.
LECHjEUM , port fur Je golfe de Corinthe ; il
fervoit de port à la ville même de Corinihe. Polybe,
Strabon , Ptolpmée ck Paulanias , & quantité d'autres en
font mention. La ville de Corinthe , comme nous le
remarquons ailleurs, quoique fituée entre deux mers,
ce qui fait dire à Horace Bimaris Corinlhï, n'étoit pour-
tant lur le bord ni de l'une ni de l'autre ; mais elle avoit
de chaque côté un lieu qui lui fervoit de port , favoir
Cenchrées au levant, ck Leçhaum au couchant. C'eft pré-
fentement LJîeiocori, félon Molet cité par Baudrand.
LECHE, rivière des Pays-bas, dans le duché de
Luxembourg , où, après, avoir arrofé Ham , elle fe jette
dans un antre épouvantable , où elle fe cache l'efpace
de près d'une lieue. Elle en fort enfuite auflî claire qu'au-
paravant ; perfonue n'a été afiez hardi pour le paffer en
bateau. Quelques matelots y étant entrés avec des
flambeaux, paflerent entre des rochers, au milieu des-
quels l'eau couloit avec un bruit qui les épouvanta. Etant
parvenus à un lieu qui reffembloit à un petite mer , ils
n'oferent s'engager dans des détours dont ils auroient pu
avoir de la peine à fe retirer. * Corn. Dift. Longuirue ,
Description de la France.
LECHI , lieu de la Paleftine, ainfi nommé à caufe de
l'ufage que Samfon y fit d'une mâchoire; car ce motZ,£-
chi fignifie la mâchoire ; &C voici ce qui y donna occafion.
Samfon ayant quelque fujet de n'être pas content des
Philiftins, (Judic. c. 15,) lâcha fur leurs terres trois
cents renards, ayant des flambeaux à leurs queues, ck
par ce moyen mit le feu dans toutes leurs moiffons. Il
les battit encore, dans la fuite, en plufïeurs rencontres ;
enforte qu'ils mirent une armée fur pied , ck entrèrent
dans les terres de Juda. Ceux de Juda leur demandèrent
pourquoi ils vouloient leur faire la guerre. Les Philis-
tins répondirent : nous n'en voulons qu'à Samfon, pour
lui rendre tout le mal qu'il nous a fait. Alors trois mille
hommes de Juda allèrent trouver Samfon , ck lui dirent
qu'ils vendent pour le lier ck pour le livrer aux Philis-
tins. Samfon leur répondit : promettei-moi de ne me
point tuer, &c je me bifferai lier ck conduire aux Philis-
tins. Ils le lui promirent, ck il fe laifla lier.
Lorsqu'ils furent arrivés près de l'armée des Philis-
tins , ceux- ci vinrent contre lui avec de grands cris.
Mais l'Espr t de Dieu ayant faifi tout-d'un-coup Samfon ,
il rompit les cordes dont il étoit lié ; & ayant trouvé
une mâchoire d'âne, qui étoit à terre, il la prit; ck fe
jettant fur les Philiftins , il en tua mille hommes. Alors
il chanta ce cantique de viftoire : Je les ai défaits avec
une mâchoire d'âne , avec la mâchoire d'un poulain
d'âneffe , ck j'ai tué mille hommes. Après cela, il jetta
fa mâchoire , ck nomma ce iieu Ramath-Lcchi , ['éléva-
tion de la mâchoire. Etant enfuite prefié d'une grande
foif, il cria au Seigneur, ckdit: Scgneur, c'eft vous qui
avez donné cette victoire à votre ferviteur ; ck mainte-
nant je meurs de foif, ck je tomberai entre les mains de
ces incirconcis ; ck le Seigneur ouvrit une des greffes
dents de la mâchoire, ck il en fortit une fomajne, qui
fervit à défaltérer Samfon , & qui conferva le nom de
Lichi , ou de mâchoire.
Les Hébreux donnoient quelquefois le nom as dents (a),
aux rochers nuds &iescarpés : Dieu ouvrit donc un ro-
cher, nommé Machtes, ou h. dent mâcheliere, qui étoit
au lieu où Samfon avoit remporté la viftoire , avec une
mâchoire d'âne, ckque pour cette raifon il avoit mmmé
Lechi, ou la mâchoire. Cette fontaine, fortie du rocher
nommé la dent mâcheliere , fitué au lieu nommé la mâ-
choire, a fait croire à plufieurs perfonnes (b), que la fon-
taine, dont il s'agit ici, étoit fortie immédiatement de
l'alvéole de la mâchoire d'âne ; ce qui feroit un miracle
fort furprenant. Mais de la manière, dont nous venons
de l'expliquer, on reconnoit le miracle de la fontaine,
fortie du rocher à la prière de Samfon , ck on ne mul-
tiplie pas les merveilles fans néceffité. Le fentiment que
nous avons propofé , eft fuivi par Jofeph , Antiq. L'Ç ,
c. to; par le paraphrafte Jonathan, & par un bon nom-
bre de commentateurs (c). Cette fontaine a fubfifté long-
te.ns, & fubfifté apparemment encore dans la Paleftine.
Glycas (d), ck le martyr Antonin (e) en parlent, ck di-
fent qu'on la voit au fauxbourg d'EIeuthéropolis. *(a) Reg.
1. I, c. 14, v. 4, 5. Job. c. 39, v. 18. Q>) Vau],. Druf.
Bonfrer. Grot. Bochart. alii plerique. (c) Ar. Mor.t. Dnzjl
Jun. Pifcat. Amama , Cajlel. Cleric. Schmid. (<>) fa^.
nal. part. 2, p. 164. (e) Anton. Martyr. Itineraf.
Cet article eft tiré de D. Calmet.
LECHLADE, bourg d'Angleterre, dans la province
de Glocefter. On y tient marché public. * Etat prèfent
de la Gr. Bret. t. 1.
LECHMIUM-LOCrLEÀ & Coryphe , lieux du
Péloponnèfe , aux environs de Corinthe , félon la con-
jecture d'Ortélius , Thefaur. qui cite Polyen ck Wetté-
ranus, fon interprète. Il ajoute que c'eft une faute ck que
les deux premiers noms ne font autre chofe que le nom
de Lechœum diverfement corrompu.
LECHNICH , petite ville d'Allemagne , dans le haut
éle&orat de Cologne , fur la frontière du duché de Ju-
liers , à trois milles d'Allemagne, de Cologne & Zul-
pich. Le nom latin eft Legionacum.
LECK , (le) de Lechi , rivière des Pays-bas ; à pro-
prement parler , c'eft moins une rivière qu'un bras du
Rhin , qui prend ce nom à "Wyck-te-Duerftede ; arrefe
Ravensway, g. Boëfecom, g. Culenbourg, g. Everdtrtg,
g. Hageftein , g. Viane , g. "Wreeswyck , d. Lecks-
monde , g. Jacsrsvelt, d. Àmeyde , g. Langerack, g.
Nieuport, Schonhove, d. Hem, d. Liesvelt , g. Groot-
Ammers, g. Steeskerk, g. Leckerkerk, d. Krimpe , d.
où il fe perd dans la Merve. Corneille , Dicl. dit q;ie
c'eft le canal de Corbulon , Fojja - Corhulonis , ck cite
Cluvier, qui ne dit rien de pareil. Cet auteur dit, au con-
traire (a), que le nouveau canal , dans lequel Civilis fit
couler le Rhin , eft préientement le Leck , Lecca , qui,
coulant à Culenbourg, à Viane, à Schoonhove , fe perd
dans la Meufe, près du village de Krimpen. Il reprend
enluite Ortéliiis, qui, trompé par Junius, confond le Leck
avec la foffe de Corbulon (b).. Un diplôme deCharfe-
magne, en 776, nomme cette rivière Lockia : Orton le
Grand, dans un adte de 944, la nomme Lake ; mais l'é-
vêque Burchard, dans {'es Lettres de l'an 1 108 , dit Lec-
kia. Héda dit que ce fut en 841, que l'on releva fes bords
de fortes digues. * (a) De tribus Rheni alveis , c. 6.
(b) Alting. Not. Germ. infer. part. 2, p. 1 1 1.
LECTOURE,Leictoure, ou Leitoure, Laciora,
Lcclorium , Leclura fck Lcclurum ; jolie ville de France,
dans le gouvernement de Guienne , généralité d'Auch,
enclavée dans l'éleftion de Lomasne, dont elle ne dé-
pend point. Elle eft fur une montagne , au pied de la-
quelle paffe la rivière de Hers. Cette ville ck là dépen-
dance lont un pays de fubvention , qui ne paye que "
trois mille livres par an de don-gratuit. Il y a un évêché,
LED
LEE
fuffragent d'Auch. On y voit encore une fontaine qui fut
bâtie par les Romains. La conftruftion en eft afièz fingù-
liere. On voit à l'hôtel de ville un débris deTauroboIe.
Elle eft à cinq lieues à l'eft de Condom ; à huit, au iùd-
oueftd'Agen; à cinq, au nord d'Auch; à cent quarante-
trois, au fud-nord-oueft de Paris.* Mém.drefjésfur les Li.ux.
André Duchêne a prétendu que cette ville s'appelloit
anciennement Tauropolium , la ville des Taureaux; mais
ce mot, qui eft dans une infeription, qu'on trouve fur
le perron de la prifon de l'ofncialité , fignifie un lacrifice
de taureaux, fait à la mère des dieux. Cette ville étoit
le chef-lieu du peuple Laclorates, dont le nom eft mar-
qué dans une infeription Romaine. Il ne le trouve point
marqué ailleurs dans les écrits des anciens , avant l'Iti-
néraire d'Antonin , où l'on voit la ville de Leictoure, fur
le chemin qui alloit à Comminges, paffant par Auch. Il
eft vrai qu'il eft fait mention dans Pline des peuples ,
dont le nom fe trouve écrit Latufates ; mais ce nom
étant corrompu , il n'eft pas fur de le vouloir rétablir fur
des fimples conjectures , n'y ayant d'ailleurs aucune
preuve que ces Latufates ayent habité la ville Se le terri-
toire de Leictoure. * Longuerue , Defcr. de la France ,
I. pari, p. 196.
Depuis le cinquième fiécle , le nom Laclora, Se celui
des évêques de cette ville, le trouvent dans lesfignatu-
res des conciles ; elle a toujours été célèbre , paflant
pour la plus forte de toute la Gascogne, paj fa (îtuation
fur une montagne escarpée, Se par fes fortifications. Elle
confifte en une triple muraille , avec un aftez bon châ-
teau. Philippe le Bel acquit Lectoure en 1300 , d'Elie
Talleiran, comte de Périgord. Il la donna enfuite à Ar-
noud de Goût , dont la petite - fille nommée Ré-
gine, la donna par teftament à Jean I, comte d'Arma-
gnac , fon mari. Jean V , comte d'Armagnac, y fut
tué en 1473 , étant forti du château où il étoit affiégé ,
pour conférer avec Jean JofFroi , ou Joffiridi , évêque
d'Albi , cardinal , Se commandant l'armée qui faifoit le
fiége.
L'évêché de Lectoure, ou Leitoure, eft ancien, Se de
dix-huit mille livres de revenu. Son diocèfe n'a que foi-
xante-treize paroiffes. L'églife cathédrale eft dédiée à
S. Gervais & à S. Protais ; Sefon chapitre eft compofé
de quatre archidiacres , dont deux n'ont point de revenu ;
Scies deux autres ont, l'un feize cents livres, & l'autre
huit cents livres, & de douze chanoines, qui ont cha-
cun quatre cents cinquante livres. * Piganiolde laForcey
Descr. de la France , t. 4, p. 484.
Les comtes d'Armagnac regarcioient la ville de Lei-
toure, comme la capitale de leurs états, après qu'ils' eu-
rent uni la Lomagne à leur domaine ; mais aujourd'hui
c'eft la ville d'Auch , qui eft la capitale de tout l'Arma-
gnac; ce Leitoure ne l'eft que de la Lomagne. '
1. LECTUM, promontoire de l'Afie mineure, dans
la Troade , à l'extrémité du mont Ida. Plutarque , in
Lucullo ; ScAriftote, Animal. 1. 5, en font mention.
C'eft préfentement le cap Scorpiata de Sophien.
%. LECTUM. Ortélius trouve en Afrique une place
de ce nom, au bord de la Méditerranée, Se cite le pre-
mier Livre de la guerre contre les Vandales parProcope.
LECUM, ville de la Paleftine, dans la tribu de Neph-
tali. *Jofi/é, c. 19, v. 33.
LECITHUS, ville de Grèce, dans l'Eubée, félon Thu-
cydide, I.4, fubfin.
LEDA , (Notre-Dame de) couvent de religieux de
l'ordre de Chrift, en Portugal, à une lieue deLisbonne.
LEDESMA, ville d'Espagne, au royaume de Léon,
au midi de la capitale , fur la rivière de Tormes , à qua-
tre ou cinq lieues de fon embouchure. Sa fituation eft
très-avantageulè...Elle eft fortifiée par la nature Se par
l'art, Se pourvue de tout ce qui eft néceffaire à la vie. Elle
renferme, dans fa jurisdi&ion, 389 villages qui tousen-
femble font environ 19000 feux. Elle eft ancienne, Se a
été connue des Romains fous le nom de Bletia. Cette
opinion eft appuyée fur un marbre qui porte cette ins-
cription :
Terminus Augufial.
Inter Bletifam.
Et Mirobr.
Et Salam.
Les deux derniers noms qui font abrégés, font Mirobriga
781
& S alamantica. Près de Ledesma, à l'orient, tirant vers
Salamanque, on trouve au bord de la rivière de Tormes,
un bain d'eau chaude, très-utile pour la guérifon- de di-
yerfes matadies. Se fur-tout de la gale. Cette eau eft ren-
fermée dans un long Se large baffin, qu'un Maure fit faire
après en avoir éprouvé la vertu. Il y fit bâtir aufli une mai-
fon, au milieu de laquelle fe trouve ce bain, pour la
commodité de ceux qui le vont prendre : l'eau eft d'une
chaleur modérée , ce qui fait qu'on s'y baigne avec plai-
iir. * Vayrac , Etat préf. de l'Espagne, t. 1 , p. 188.
1. LEDO, nom latins de Lire ouLiere , enBrabant.
Voyez Lire.
2. LEDO-SALINARIUS , autrement LeodO, Se
depuis Leodomum , noms latins de Lions-le-Saunier,
en Franche-Comté.
3. LEDO, (cap) dans l'Amérique méridionale au
Btéfil, dans la Capitainie de Paraïba, au midi de celle de
Rio-grande. * Océan méridional, par Bellin.
4. LEDO , (cap) en Afrique , dans la Guinée , le
même que Tagrin. Voyez ce mot.
LEDRENSIS , liège épiscopal de l'ifle de Cypre. La
ville s'appelloit Ledrés, Se Leucothée, félon Baillet,
Topogr. des Saints, p. 161. C'eft la Leucosia ,
A>wjri* , delaNotice deHiérocèls, félon le Manuscrit
de la bibliothèque Farnèfe. On la nommoit aufli LeU-
theon. Quelques-uns croient que c'eft préfentement
Nicosie.
LEDRINI , peuple du Péloponnèfe. Xénophon ,
ffift. grac. 1. 4, en parle. Ortélius, Thefaur. doute fi ce
ne font point les Letrini de Paufanias.
LEDUS , rivière de la Gaule-Narbonnoife : c'eft au-
jourd'hui le Lez , qui coule à Montpellier , dans le
Languedoc. * Pomponius Aléla , 1. 2, c. 5.
LÉE , rivière d'Irlande : elle a fa fource dans le comté
deCorck, dont elle arrofe la capitale, Se, bientôt après,
fe jette dans la mer, après avoir fait plufieurs ifles.
LÉEDE, feigneurie des Pays-bas, à une lieue 5c
demie d'Albft, Se à deux de Dendermonde. * Dicl.
Géogr. des pays-bas.
LÉEDS, ville d'Angleterre, en Yorcfchire, fur la
rivière d'Are, à vingt milles d'Yorck, Se à cent trente-
neuf milles de Londres. C'eft une des meilleures villes
de la province. Elle a été durant, l'heptarehie, le fiege
des rois de Northumberland. Il y a une grande manufac-
ture de draps. Elle donne le titre de duc au fieur d'Os-
borne. * Etat préf. de la G r. Bretagne t. I, p. 130.
LÉEFDAL, baronnie des pays-bas, au Brabant, a
deux lieues de Louvain. Elle eft fort ancienne. * Dicl.
géogr. des Pays- bas.
LÉEK, bourg d'Angleterre, dans le comté de Stnftord.
On y tient marché public. * Etat préféra de la Gr.Brc
tagne , t. I .
LÉERBERG, montagne de Suifïe. C'eft la partie du
mont Jura, qui s'étend fur les confins des cantons de
Bade , de Soleure Se de Berne , entre les petites villes
d'Arau Se de Hombourg. * Baudrand , édit. 1705.
LÉERDAM, petite ville des Pays-bas , dans la pro-
vince de Hollande, fur la rivière de Linge, dans le do-
maine du feu roi Guillaume III , dont le grand-oncle , le
princePhiiippe, l'avoiteue comme héritier d'Anne d'Eg-
mond , fa mère. Cette ville eft fituée à deux lieues de
Gorcum, Se à une Se demie de Viane. C'eft la patrie de
Corneille Janffen, connu, fous le nom de Janfeniusy
mort à Ipres où il étoit évêque, en 1639, âgé de cin-
quante-quatre ans. Son livre, où il fe propofoit d'expii-
quer les fentimens de S. Auguftin, fur les matières delà
Grâce, a donné lieu à un malheureux fchisme , dont l'é-
glife, Se fur -tout celle de France a fouflert de grandes
plaies. Léerdam eft un fief de la noble Se ancienne
maifon d'Arkel. Frédéric, comte d'Egmont, ayant époufé
Marie, fille du feigneur d'Arkel, tut le premier comte
de Léerdam.
LÉERORT. Voyez Lieroort-Schantz.
LÉERPOL, ou Leverpool, petite ville d'Angle-
terre, qu'on appelle aufli Licwereol, en latin Liferpalus.
Elle eft dans le comté de Lancaftre, à fix lieues de Ches-
tre. Se à l'embouchure du Merlèy, dans la mer d'Ir-
lande, où elle a un grand port. Cette ville a droit de
députer au parlement. * Maty , Di£t. de Koll. 1701»
Corn. DicL
LÉEWE. Voyez Levés.
LEG
782
LEG. Ces trois lettres , employées dans les exemplai-
res d'Antonin , ont été diverlément expliquées. Zurita
croit que c'eft l'abbrégé de Legio ; & plein de cette idée,
il fuppofe que l'Iauteur de funéraire a voulu marquer
quelle légion avoit fes quartiers en un endroit , toutes
les fois qu'il trouve ce mot Leg, avec un nombre. Ainfi
il dit:
Afa Paulini M. P. XV. Leg. X.
Lunnam M. P. XV. Leg. X.
Matifcontm M. P. XV. Leg. X.
Tinurtiùm M. P. XIX. Leg. XUT.
Cabdlionem M. P. XXI. Leg. XIV.
Augufiodunum M. P. XXXIII. L. XXI I.
Sidoloucum M. P. XXVII. L. XVIIU
Aballonem M. P. XXIV. L. XVI.
Antejodorum M. P. XXXIIU L. XXILi
Eburobrincam M. P. XVIII. Le. XII.
Tricafes M. P. XXXIII. L. XXIIi
&c.
ïl eft bien certain que les lettres Leg. ou Le. ou L.
font ici pour Lega ou Leuga, lieue gauloife de quinze
cents pas , ou, ce qui revient au même, d'un mille &£
demi. Ainfi on voit que les trois premières diftances
font également bien marquées , par quinze milles ou dix
lieues ; de même que celle de vingt-un milles, par la même
raifon , eft de quatorze de ces mêmes lieues ; celle de
trente-trois milles répond à vingt-deux lieues. La pro-
portion de 33 à 22, de 18 à 12, denà 14, de 27 a .
18, &c. étant la même par-tout, c'eft-à-dire d'un tiers
de chaque fomme. Cependant Zurita , quoique favant
& judicieux par-tout ailleurs, félon le témoignage de
Bergier , Hifi. des grands chemins ,1. 3 , c. 4, p. 503 ,
s'eft mis en tête , iur quelques légères conjectures, de
changer ce nom de Lega, qui lignifie lieue, Se defubfti-
tuer en fa place celui de Legio ; ce qu'il a fait, tant au
gros qu'au détail; &: par ce moyen, il s'eft vu obligé de
eorompte les nombres, pour les approprier à fes légions
imaginaires. C'eft le reproche que lui fait Bergier, de-là
vient , pourfuit-il , qu'il y a dans l'édition imprimée de
Zurita :
Inde DurocortoTUm qua fuit Legio XX.
M. P. CCCCXXXII
au lieu que tous les anciens manuscrits portent:
Inde Durocortorum M..P. CCCXXXII.
Quafunt Leuge ccxxi ;
ce qui revient au calcul' marqué ci-deffus.
Dans l'édition imprimée on lit:
Inde Gefforiacum quee fuit Legio XX.
M. P. CLXXIV.
au lieu qu'il y a dans les manuscrits :
CLXXIV.
CXVI.
Zurita avoue de bonne foi, qu'il l'a trouvé ainfi dans les
manuscrits ; il les nomme , & rapporte en détail leur té-
moignage. Néanmoins il ne laifle pas de foutenir,/>. 511,
que du mot Légion , les copiftes ignorans en ont fait
des lieues , & donné deux Itinéraires pour un ; & il ré-
pète cette aceufation comme un point de critique , dont
il eft perfuadé, en quoi il fe trompe lui-même.
Le mot Lega ou Leuga, dans Antonin, fignifie une lieue
de quinze cents pas: les lieus ordinaires font préfentement
du double. Le chemin de Rheims à Trêves à Durocorioro
Treviros, usque eR à'iR'mgué par lieues, & non point par
milles ; mais il y a des lieues de l'Itinéraire, où il faut en-
tendre le mot de Légion néceffairement. Ceux, par exem-
ple, où, après le mot Leg, & le chiffre qui défigne la Lé-
gion , on trouve ajouté le mot Ala, & fur-tout les lieux
où l'on voit le nom paticulier de la Légion, comme Le-
gio 1 , Italica ; Legio 1 , Ionia; Legio XI , adjutrix ;
Legio X & XIV, gemina , Se autres qui fe trouvent en
LEG
divers endroits de l'Itinéraire. C'eft à un rage comment
tateur à diftinguer cela avec favoir &£ jugement. Voyez
Mesures itinéraires.
LEG^E. Voyez Leges.
LEGENSIS , lîégt épiscopal d'Afrique, dans la Nu-
midie. Entre les prélats qui comparurent à la Conférence
de Carthage, on trouve Cresconius , episcopus Legenjis ,
entre les évêques Donatiftes; rk laNotice d'Afrique fait
mention de Januarius. * Harduin. Colleft. conc.
LEGES, ,1 Ves, ancien peuple d'Afie : il habitoit
vers le Caucafe, entre l'Albanie & les Amazones, le long
de la mer Caspienne. Plutarque en tait mention dans la
Vie de Pompée. Strabon, /. 1 1 , p. 503 , le nomme Le-
gce, Aiîjm, fk les met expreffément entre les peuples
Scythes.
LEGIA, rivière des Pays-bas. Il en eft parlé dans la
Vie de S. Berthulphe. Le nom françois eft la Lis.
LEGIENSIS , fiége épifcopal d'Atrique , dans la Nu-
midie. La conformité de nom 6i de province la fait
confondre avec Legenjis. C'eft cependant un fiége diffé-
rent; car la Notice d'Afrique fait mention de Viclonnus
Legenjis, &C de Januarius Legenjis; es qui prouve que ce
n'étoit pas le même fiege.
LEGIO. Voyez aux mots LÉGION & LÉON.
LÉGION, partie de l'armée Romaine. La légion j'
félon Danet. Dicl. des Antiq. Rom. étoit compofée de
dix cohortes , chaque cohorte de dix manipules , chaque
manipule de deux centuries. Les légions étoient diftri-
buées fur les frontières , où elles étoient dans des camps^
çajira ; & quelques-uns de ces camps font devenus des
villes avec le tems ; de-là tant de noms géographiques
où le mot caftra fe trouve inféré. Plufieurs de ces villes
formées de ces camps ont pris leur dénomination parti-
culière des légions Romaines , qui y avoient fait un long
féjour. Ainfi on voit dans l'Itinéraire :
Ratiariam Legio XIV , Gemina.
(Efcon. Legio Macedonica.
Nonas Legio I , Italica.
Dorojlorum Legio XI , Claudia.
Les lieux où il n'y avoit qu'une aile d'une légion , étoient
diftingués fur l'Itinéraire par le mot Ala. Ainfi on y
trouve ;
Inde Gefforia
Qua funt Leuga ,
Durnomagum
Buruncum
Novejîum
Geldubam
Leg. vu, Ala.
Leg. v, Ala.
Leg. v, Ala.
Leg. ix, Ala.
Dans ces demies lieux , il eft indécis fi les lettres Leg
lignifient lieue, ou légion* Bergnier, Hijl. des grands
chemins, 1. 4, c. 6, tient pour le premier fentimenr. II
croit que cela fignifie que de Cologne à Durmagen il y a
fept lieues, dé-là à Worringen cinq lieues , à Nuys cinq
lieues , à Gelb neuf lieues , & que le mot Ala fignifie
qu'à chacune de ces places il y avoit une aile en garni-
fon. D'autres croient, au contraire, que ces lettres figni-
fienr en cet endroit Légion, & que le mot Ala fignifie
que la légion n'y étoit pas entière , & qu'il n'y avoit
qu'une aile de cette légion. Voici une Table géographi-
que des légions Romaines , & des lieux où elles avoient
conftament leurs quartiers, telle que la fourniiTent Orté-
lius &t Baudiand ; mais nous y farfons quelques correc-
tions.
LÉGIONS ROMAINES
ET LEURS QUARTIERS.
Legio I. Adjutrix , à Bregetion , aux confins
de la Valérie & de la Pannonie.
Legio I. Jovia, àTROSMi, dans la baffe Mce-
fie.
Legio L Italica, àNovE, dans la même pro-»
vince.
Legio I. Macedonica , à Œscus, dans la même
province.
Legio II. Adjutrix , à Acincum ou Aquin-
cum , dans la Valérie.
Legio II. Augusta , à Isca Silurum, dans la
Grande-Bretagne.
LEG
LEI
Legio II.
Legio IL
Legio III.
Legio III.
Legio IV.
Legio V.
Legio VI.
Legio VI.
Legio VI.
Legio VI.
Legio VI.
Legio VII.
Legio VIL
Legio VIII.
Legio IX.
Legio X.
Legio X.
Augusta , à Cartenna, dans
la Mauritanie Céfarienfe.
Herculia, à N oviODUNUM,dans
la Scythie.
Diocletiana , àTnÈBES,en
Egypte.
Sebasta, àLAMPESA, dansl'Afri-
à Worringen^kNuys. BURRUNCI
& Novesci.
à Samosate, en Syrie.
HERACLEA,à ONOCHRiUM,dans
la Pannonie.
NlCEPHORIA OU VlCTRIX, à Ca-
MULODUNUM, dans la Grande-Bre-
tagne.
Victrix, à Yorclc.
à Durmagen , dans la baffe Ger-
manie.
Glaudiana. Voyez Vienne, en
France.
Germanica , à Léon , capitale
d'un royaume en Espagne.
à Strasbourg. On cite Antonin ;
mais on y prend ici des lieues pour une
légion.
à Gelby Geldub^E.
Germanica, auprès àsStngonie,
ou de Tata , en Hongrie.
à Harenatium.
Leg
Legio
> Ces d
IO XII. ( porte ]
10 XIL ( ca&]
) des lé;
Ces deux chiffres, aux noms que tap-
Baudrand , favoir Eburobri-
EgoriGIUM, nefignifientpas
gions , mais des lieues.
Germanica, au lieu où eft l'églife
de S. A ndré, près de Bude, en Hongrie.
Apollinaris, à Satala, dans l'Afie
àBARBESOLA, dans la Bétique, en
Espagne.
à COLOGNE, dans la Germanie in-
férieure.
Victrix, vel Nicephoria , à
Deva, dans la Grande-Bretagne.
à TROYES, dans la Phrygie.
Legio XXII. ïCes chiffres, dans Antonin, fignifient
Legio XXIII. >des lieues, & non des légions , aux
Legio XXIV. Jnoms que rapporte Baudrand.
Legio XIV.
Legio XV.
Legio XVI.
Legio XVII.
Legio XVIII.
Legio XIX.
Legio XX.
Legio XXI.
à Aix en Provence.
à Tu CCI, dans la Bétique , en Espa-
gne.
Cette légion n'étoit pas à Boulogne-
fur-mer , comme le dit Baudrand ;
mais Cejjoriacum , ou Boulogne-lur-
mer, étoit àvingt-fix lieues, ou à trente-
neuf milles du lieu nommé Pontes.
Elle étoit dans la Mauritanie Céfa-
rienfe.
Ulpia. Voyez l'article Ulpia
Trajana.
LÉGION. Cette addition du mot légion aux noms pro-
pres de ces lieux ne fignifie pas toujours que cette légion
nommée à la fuite du nom du lieu, fût une dénomination
confiante de ce lieu-là.Cela étoit quelquefois, par exemple,
à Léon en Espagne, Carunntz en Afrique, êVc. Nous
voyons que des ouvrages, où il n'étoir point queftion d'al-
figner les quartiers des légions, fourniflent des lieux défi-
gnés par le nom d'une légion ; mais il en eft tout autrement
de l'Itinéraire d' Antonin ; c'eft un recueil des routes mili-
taires; fk il étoit naturel d'y marquer fur les frontières,
Legio XXV.
Legio XXV.
Legio XXVI.
Legio XXVII.
Legio XXVIII.
Legio XXIX.
Legio XXX.
aux noms des lieux où les légions avoient leur pofte,
quelle légion y étoit en tout ou en partie. Voyez l'ar-
ticle Leg.
i. LÉGION, ville de la Paleftine; elle eft célèbre
dans les écrits d'Eufebe & de S. Jérôme; elle étoit au
pied du mont Carmel, à quinze milles de Nazareth,
vers l'occident. C'eft apparemment le même lieu qui
eft encore aujourd'hui nommé Légune. C'éroit un camp
où les Romains entretenoient une légion de foldits ,
pour garder le paffage de Ptolémaïde à Céiarée de Pa-
leftine. C'étoit, pour ainfi dire, la clef du pays de ce
côté-là. Il s'eft donné plufieurs combats aux environs de
Légion. * D. Calma. Dift.
2. LEGION , Legïodunum ; c'étoit une ancienne
ville de l'Inlùbne : ce n'eft maintenant qu'un village du
duché de Milan , fitué fur le bord oriental du lac Ma-
jeur.
LEGIONENSIS CIVITAS ; Léon, capitale d'un
royaume de même nom en Espagne. Legionenjls episto-
pus ,^ Véveaue de Léon; Legionenfe regnum , le royaume
de Léon.
LEGIONUM CIVITAS, ville de la grande Breta-
gne. Bède cité par Ortélius, Thefaur. dit qu'elle eft
nommée Legaccfrer par les Anglois, &C Caérlegion par
les Bretons. Ortélius ajoute que c'eft la même qu'/sca.
LEGISAMO , ancien lieu d'Espagne, félon Anto-
nin, Itmer. entre Afforga rk Tarra:one.
LEGIS VOLUMINI , fiége épiscopal d'Afrique , dans
laNumidie. Victor, l'on évêque,fouscrivit au concile tenu
à Arles, l'an 314. * Harduïn. collect. conc.
1. LEGNA, lieu de l'Afie mineure, dans laGalatie,
félon Antonin, Itiner. Il la met fur la route de Claudio-
polis à Ancyre.
2. LEGNA, bourg de France, dans la Saintonge,
dans l'élection de Marennes.
LEGNAGO , Leon'iacum ou Leonïcum , place d'Ita-
lie, dans l'état de la république de Venife , dans le Véro-
nois, fur l'Adige, aux confins du Padouan, à vingt-fept
milles de Vérone, en allant vers Ferrare. Les Vénitiens
l'ont fortifiée. * Baudrand , édit. 1705.
LEGOPOLIS, ville des Léléges , félon Ortélius,
qui appuie cette conjecture fur l'aurorité de Cédrene.
LEGROGNO. Voyez Lecrogne.
LEGUM. AÎiyiv , ville de Sicile, dans les terres, af-
fez prè; de Ség^fte Se d'Entalla, félon Ptolomée,/. 3, c. 4.
LEHAL, ville de Livonie, au quartier de \ ickez-
land , avec un bon château , fur la côte de la mer Bal-
tique , & dans une espèce de baie , à douze milles de
Rével. * Baudrand, édit. 1705.
LEHON , monafiere de France, en Bretagne, au
diocèfe de Saint-Malo, près de Dinan. On l'a nommé
enfuite Saint-Magloire.
LEJARMA, village d'Afie, près de l'Euphrate, entre
Anna & Tscrite. * Hift. de Timuo-Bcc, 1. 3 , c, 30. •
LEIBNITZ, bourg & château d'Allemagne, dans la
baffe Carinthie, fur la rivière de Secka, &: les frontières
de la Stirie.
LEICESTER, ville d'Angleterre , dans la province
à laquelle elle donne le nom de Lcicejlershire , fur la
Stoure, à quatre-vingt milles de Londres. Elle eft dans une
agréable fituation , & ornée de plufieurs beaux bàtimens.
Il y a cinq paroiffes. Cette ville a été autrefois grande,
riche & bien peuplée. Iî y avoit une églife collégiale ,
une abbaye , & un château pour fa défenfe ; mais elle
fut démantelée par Henri II, qui l'aflîégea fk la prit , à
l'oCcafion de la rébellion fuscitée contre lui par Robert
Crouch, comte de Leicefter. Richard III y tut enterré,
après la journée de Bosworth. La dignité de comté de
Leicejler eft plus ancienne que la conquête d'Angleterre
par les Normands ; car il y a eu trois comtes de Lei-
cefter, du tems que les Saxons régnoient , favoir Léo-
frike , Algar & Edwin. * Etat préfent de la Grande-
Bretagne , t. I , p. 82.
LEICESTERSHIRE, province d'Angleterre, dans
l'intérieur du pays , au diocèfe de Lincoln; elle a qua-
tre-vingt-feize milles de tour , & contient environ cinq
cents foixante mille arpens , tk quatre-vingt-dix-huit
mille fept cents mailbns. C'eft un pays où l'on respire-
un bon air, & où le terroir abonde en bleds & en pâtu-
rages. Les pois ôt le fèves particulièrement y viennent
78.
LEI
LF.I
très bien. Il y a auftî abondance de charbon de terre,
ck la laine de les brebis eft la plus grande qu'il y ait
en Angleterre. Ses principales rivières font la Stoure ,
le Recic, & le Swift. * Etat préfent de la Grande-Bre~
fagne, t. I , p. 82.
Ses villes & bourgs où l'on tient marché.
LEICESTER, la Capitale.
Ashby de la Zouch , Hinckley ,
Bilsdon , Lutterworth ,
Bosworth, Loughborough ,
Harborough, Miiton ,
Hallaton, Mount-Sortel ,
Kegworth.
LEIDA. S. Athanafe nomme ainfi dans fon Apologie
à Conftantin, un liège d Itahe , dont l'évêque s'appel-
loit Denis. C'eft lans fans doute une corruption du nom
de Lauda du mot Lans.
1. LE1DE, ville de Hollande. Voyez Leyde.
2. LEIDE. (l'ille de) Voyez au mot Leyde.
LElGH , bourg d'Angleterre , dans la province de
Lancaftre. On y tient marché public. * Etat préfent de
la Grande-Bretagne, t. I.
LEIGHNiGH, ou Lein. Voyez l'article Leinster.
LE1GME, (la rivière DE) rivière de France, en
Champagne , au comté de Tonnerre. Elle a fa fource à
Leigne, d'où, ferpentant vers le nord, elie paffe à l'ab-
baye de Molesme, & va fe perdre dans la Seine, au
midi de'Bar-fur-Seine. * Robert de Vaugondy , Atlas.
LEIGTHON., bourg d'Angleterre, dans la province
de Bedford. On y tient marché public. Etat préfent de la
Grande-Bretagne, t. I.
LEIME, Ltcmen-Dti , abbaye de France, dans le
Querci , au diocèle de Cahors. Ce font des rehgieufes.
LEINE, (la) rivière d'Allemagne, elle a fa fource
à Heyligenftadt , dans f Eichfeld , paffe à Gottingen
qu'elle traverfe, à Eimbecke, & reçoit au village de
- Coldingen la rivière d'Innerfte, après quoi elle continue
de ferpenter vers le nord , paffe à Hannôver , delà à
Neuftadt , &f. va fe perdre enfin dans l'Aller * Sanfon ,
Atlas.
LEININGEN, ville d'Allemagne. Voyez Linange.
LEINSTER , Lagenia ; quelques-uns l'ont nommée
Lemfter , & anciennement Lagen ; les naturels du pays
l'appellent Ltiglimgh, ou Leighningh, & les Gallois Z,e//z.
Elle eft bornée à l'eft par la mer d'Irlande, ou le canal
de Samt-George , à l'oued par la province de Con-
naught, dont le Shannon la fépare, au nord, par le comté
d'U ifter, au fud par l'Océan, ci au fud oueft par le comté
de Munfter que la Shure en fépare durant un périt espace
de chemin. Pour fa figure, elle approche un peu de celle
d'un triangle. * Etat préfent de la Gr. Bretagne, t. 3 ,
p. 19.
Sa longueur depuis les parties les plus feptentrionales
d'Eaft-Meath jusqu'à Hoocke-lWer, la pointe méridio-
nale du comté d Wexford, eft d'environ cent douze
milles, & fa largeur depuis la ville d'Wieklow jus-,
qu'à la partie la plus occidentale du comté du roi, & de
foixante & dix milles ou environ ; elle peut avoir près
de trois cents foixante milles de circuit , à compter fes
tours & fe retours.
Ses principales rivières font le Barro-tf , la Shure , la
Boyne ou Leffy , la Nure , l'Urrin ou la Slane &C l'Inni.
L'air, de cette province eft doux & ferein; le chaud
& le froid n'y font jamais exceffifs. Elle eft très-fertile
en grains & en pâutrages , en gros Se en menu bétail ,
en poiffons & en oifeaux aquatiques ; elle nourrit auffi
de très-bons chevaux. Ses habitans reffemblent beau-
coup pour les mœurs aux Anglois de qui ils font des-
cendus pour la plupart, & c'eft la plus confîdérable de
toutes les provinces d'Irlande.
Après que Guillaume III eut fait le maréchal .de
Schomberg duc & pair d'Angleterre , Se que celui-ci eut
laide le titre à fon plus jeune fils , le comte Charles, pré-
férablement à fon aine, le comte Ménard, avant que le
litre échût au dernier, le même roi le fit duc de Leinfter.
Il y a dans cette province un archevêché , qui eft
celui de Dublin, & trois évêchés; il y en avoit autre^
fois davantage , favoir :
Laghlin , Glendelach, Kildare, Kilkenni, Fearn.
Il y a feize villes qui ont des marchés publics , quarante-
fept ville, de commerce, autant de villes ou bourgs qui
ont droit d'envoyer leurs députés au parlement , cent
deux châteaux bien fortifiés par les Ang'ois , & neuf
cents vingt-fix paroiffes. La principale de toutes les vil-
les eft Dublin, capitale du royaume d'Irlande.
Cette province étoit autrefois partagée en deux
royaumes, celui de Leinfter <k celui de Mé.ith. Cha-
cun avoit (on roi , jusqu'à ce qu'ils vinrent a le brouiller
enfemble , &C leur metintelligence donna occafion à
Henri II de les conquérir l'un & l'autre. Leinfter a
toujours été, depuis ce tems-là, iniéparablement annexé
à la couronne d'Angleterre. Méaih fut donné à un Ici-
gneur Anglois, nommé Hugue Lucy , à titre de fief à
cens : dans la fuite il fut néanmoins réuni a la cou-
ronne, & il ne forme plus aujourd'hui qu une n.ême
province avec Leinfter. Ce pays étoit anciennement par-
tagé entre, divers peuples, lavoir:
Les Brigantes
qui occupoient
( Kilkenny,
) Catherlagh,
) Le comte du roi ,
(^ Le comté de la reine.
IENS £ Wexford & les environ*'
qui occupoient
Les Cauci qui
avoient
i Wicklow & lés dépendances.
LesBLANU, ou 1 Dublin,
ELbanii , qui ) Eft-Méath,
tenoient (. Weft-Méath.
E'nfuité le pays fut divifé en deux royaumes, comme
nous venons de dire. On le divife préfemeinent en onze
comtés, qui font:
Longfoord ,
Weft-Méath,
Eft-Méath,
Dublin,
Wieklow,
Kildare,
Le comté du roî,
Le comté de la reine j
Kilkenny ,
Catherlagh,
Wexford.
L'Etat préfent de la grande Bretagne comprend clanî
cette province le comté de Louth ; ainfi il y en a douze.
LEINUM , ancienne ville de la Sarmatie , en Europe,
folon Ploloméé. Le grec porte azicwov, Leianum.
C'eft aujourd'hui Lucko , ville de Pologne , dans la
Volhinie , félon le fentiment de Niger.
LEIPSIC, Leipsig , Leipsick. , Lipfia , grande
ville d'Allemagne , dans la Misnie , au cercle qui en
prend fon nom , dans une belle plaine, fkun terroir fer-
tile fk agréable , entre deux grandes rivières, la Saale & la
Mulde, au confluent de trois auires rivières, la Pleyffe,
l'Elfter, & la Barde. On met fa' longitude à 30 d. 40',
& fa latitude à 51 d. 15'. La ville eft carrée, & n'eft
pas fort grande; mais elle eft très-accréditée pour le com-
merce. Elle a de remarquable fes prairies, fes jardins , fes
murs, fesfoffés, fes tours , le palais, la fortereffe, deux
églifes, deux écoles particulières, une académie, un
tribunal où fe jugent les caufes de la province, & trois
foires par an. C'eft le dépôt d'une infinité de marchan-
difes. II y avoit plufieurs monafteres & couvens. Celui
des chanoines réguliers fut fondé parThierri, margrave
de Misnie, l'an 1218. Celui de S. Thomas fut confirmé
par l'empereur Adolphe , l'an 1294. Il y avoit un cou-
vent de religieufes hors de la ville, outre un monaftere
de Bernardins de l'ordre de Cîteaux. Trois forts, qui fu-
rent enfermés dans l'enceinte des murailles, furent con-
facrés à des ufages religieux. Celui de la porte du Grim
•fut donné aux Dominicains , qui y bâtirent une églifeen
l'honneur de S. Paul. L'autre eft ce qu'on appelle Pletf-
fenbourg. Le troifiéme étoit dans la rue des Franciscains
qui
I.EI
LEL
-§ui y élevèrent auflï une magnifique églîfe. La ville qui,
jusques-là avoit été triangulaire , devint à-peu-près car-
rée, par les accroiflemens qu'on y fit. En 1263, Thierri,
margrave de Lansberg, accorda aux habitans le privi-
lège de le gouverner par leurs propres loix , & de ne
pouvoir être cités que devant leurs magiftrats. Vers l'an
1510, les échevins de Leipfig commencèrent à ouvrir
leur tribunal , &: à décider ies procès. Augufte , duc &
électeur de Saxe, régla ainfi ce collège; il y a un pré-
sident, fix affeffeurs , dont trois font jurisconsultes , Se
trois conlèillers, avec un actuaire. L'an 1488, Albert,
duc de Saxe, établit à Leipfig un confeil provincial, dont
un gentilhomme eft préfident, trois gentilshommes affef-
feurs , & autant de jurisconfultes , quatre avocats ordi-
naires pour préparer les caiifes, Sr. pour accorder à l'a-
' miable les parties, deux gentilshommes avec'autant de
- jurisconfultes. La foire de Leipfig fut confimée par l'em-
pereur Maximilien I, en 1467 &T. en 1469. Il régla
qu'on la riendroit deux fois l'an , en automne & au
premier Janvier, avec défenlè, d'en tenir de pareille dans
les pays de Halberftadt , de Misnie & de Mersbourg , à
la diftance de quinze milles. L'univerfité de Leipfig fut
formée de celle de Prague, fous l'électeur Frédéric , en
1408 ; il lui accorda deux collèges. Les nations y font
diftinguées en diverfes claffes , qui portent les noms de
Misnii , de Bavière, de Saxe & de Pologne. Jean XXIII,
pape, accorda à l'univerfité fix canonicats, deux de l'é-
véché de Misnie , deux de Mersbourg , & deux de
Naumbourg &c de Zeitz. Les princes lui firent auflî'pré-
fent de trois villages. Maurice lui fit beaucoup de bien
vt fon tour; lui donna cinq villages , & y fit venir d'ha-
biles profeffeurs. Joachim Camerarius fut de ce nombre.
Le palais fat bâti, en l<j 5 6, avec les boutiques des
marchands, & le poids au-defîus duquel eft une grande
fale où le font les feftins des perfonnes' de diftinftion.
- Le Pleiffenbourg fut commencé par Maurice, & achevé
par Augufte. L'univerfité de Leipfig a eu des Souverains
pour (es recteurs. En 1 595 , Ulric , duc deSleswig & de
. Holftein, fut recteur; en 1602, ce fut Jules, duc deStetin
& de Poméranie ; & deux ans après, ce fut Adolphe-Fré-
déric, duc Mecklenbourg. Cette ville & fon territoire
ont fervi de théâtre à plufieurs événemens fameux, du-
rant la longue guerre d'Allemagne. * Bertïus, Comment,
rer. German. /. 3 , p. 501.
Ortélius croit que cette ville a été connue de Ptolo-
mée, fous le nom de Cupfurdum.
LEIRAC , prieuré de France : c'eft le même que Lai-
Tac. Il y a un bourg dont le prieur eft feigneur conjoin-
tement avec le roi. Corneille dit que c'étoit une ville,
mais qu'elle a été démantelée.
LEIRIA , ville de Portugal , dans l'Eftramadoure ,
entre les torrens de Lis & de Linares , à trois lieues de
l'Océan , à dix-fept de Lisbonne , & à onze de Coïm-
bre; il y a un évêché fuffragant de Lisbonne. Le fiége
fut érigé , l'année 1 544 , par le pape Paul III. Il y a
trois paroiffes & quelques communautés religieulès : la
ville eft environnnée de fortes murailles , & défendue
par un château. * Baudrand , édit. 1705. Dcscr. fuma-
ria del Reino de Portugal.
LEISZNICK, petite ville d'Allemagne, dansl'électo-
ratdeSaxe, dans la Misnie, fur la Mulde, au pays de
Leipfig, à quatre milles de Meiflen, Si à cinq de Leip-
(]g, entre ces deux villes. * Baudrand, édit. 1705.
LEITH , ou Lyth , ville d'Ecoffe , avec un port de
mer dans la province de Lothian, fur le golfe de Forth,
à un mille écoffois d'Edimbourg. On y voit les ruines
d'une forterefTe qui y avoit été élevée du rems de Crom-
•vrel: elle a été démolie comme les autres fortifiications de
cette place. C'eft le port d'Edimbourg, & le plus fréquenté
de toute l'Ecoffe. L'auteur de l'Etat de la grande Bretagne,
t.z, p. 245, en parle comme d'une ville floriffante. Jouvin
de Rochefort, Voyage d'Angleterre, parle ainfi de cette
ville. Elle eft {ïtuée à l'embouchure d'une rivière de
même nom, qui forme un port fi profond en fe déchar-
geant dans l'Océan, que les plus gros vaifteaux entrent
78.
jusqu ;
lieu de la ville, où ils abordent chargés, & fe
rangent le long du quai , quelquefois au nombre de plus
de cinquante. Cette rivière de Leith fait la féparation
d'un grand fauxbourg fitué à l'autre bord , où l'on pafle
'fur un grand pont de bois, qui joint ce fauxbourg à la
ville. C'eft la demeure des pêcheurs & des matelots;
& il y a des chantiers où l'on bâtit d'affez gros vaifféaux.
On voit du même côté une citadelle au bord de la mer,
dont les vagues ont miné les baftions, de telle manière
que l'on n'y tient plus de garnifonpour la garder. (C'eft
fans doute la même citadelle dont nous avons marqué
ci-deffus la démolition.) Enfuite de ce grand quai, il y a
un mole en façon d'un pont de bois. Ce mole s'avance
plusde deux cents pas dans la mer , pour empêcher que
les fables qu'elle entraîne ne bouchent l'entrée du port.
LEITLAND. Voyez Letten.
LEITOMERITZ. Voyez Leutmeritz.
LELAANNONIUS SINUS , ou plutôt Lemàan-
NONius, comme on lit dans les meilleurs ma'nuscrits
dePtolomée, l.z, c. 3 ; golfe de l'ifle d'Albion, ou, ce
qui eft la même choie, de la Grande-tiretagne ; je crois
que c'eft le Logh-Fyn , partie du golfe de la Clyd, en
Ecofle.
LEL£A. Voyez Lil^ea.
LELALITANUS , ou Lelalitensis , fiége ép'is-
copal d'Afrique, félon la Conférence de Carthage, ci-
tée par Ortélius.
LELANTA , ou Lelantus campus , campagne
de Grèce, dans l'Eubée, au-defîus de Chalcide. Stra-
bon , /. 1*0 , p. 447 , dit qu'il y avoit des eaux chaudes
minérales, que Cornélius Sylla, général des Romains,
prit pour fa fanré.
1. LÉLEGES, (les) ancien peuple d'Afie. Homerei
Iliad. 1. 21 , dit: Altès', qui régne fur les belliqueux Lé-
leges , dans la ville de Pédafe, fur les bords du Satnion.
Strabon , /. 13 ,p. 605 , dit: quand vous aurez parte le
promontoire Lectum , vous verrez les villes les plus cou-
ftclérables des Eoliens, & vous entrerez dans le golfe
d'Adramytte, au bord duquel Homère place la plus
grande partie des Léleges & des Ciciliens car la
croupe, qui s'étend denuis le promontoire de Lectum
jusqu'à l'Ida , eft au-deflus de l'entrée du golfe , & c'eft-
là qu'Homère place d'abord les Léleges. Il dit, /. 12,
p. 572 : les Pélasgues , les Cauçons , & les Léleges , na-
tions qui parcouroient anciennement diverfes parties de
l'Europe Les Gariens qui étoient autrefois éta-
blis dans les ifles, &L les Léleges, commencèrent à ha-
biter le continent , par l'affiftance dès Cretois. ... ;
Les montagnards de la Pifidie , partagés de même que
les Ciliciens, fous la domination de quantité de petits
tyrans, s'accoutumèrent au brigandage ; & on dit que les
Léleges, peuple vagabond, s'étant anciennement mêlés
avec eux , vivoient en leur compagnie , à caufe de la
reiTembiance de leurs mœurs. Il faut remarquer que les
Ciliciens de Strabon , en ce Dallage , ne font pas ceux
qui habitoient au midi de l'Afie mineure. C'étaient des
Ciliciens plus feptentrionaux , comme il paroît par ces
paroles du même géographe , qui fervent en même tems
à faire connoùre que les Léleges avoint féjourné dans
la Carie, & fur-tout aux environs de Milet. Dans toute
la Carie, dit-il .
ck à Milet , on montre les ie-
pulcres, les forterefles & les mafures des villages des
Léleges : lçs Ciliciens d'Homère occupoient le bord de
la mer , immédiatement après les Léleges ; & ce pays
eft préfentement occupé par les peuples Adramytteni y
Atarnei & Pitanœi, jusqu'à l'embouchure du Caïque;
Ainfi on peut en conclure que les Léleges étoient un peu-
ple vagabond, mêlé enfuite avec les Cariens, les Piiï-
diens (k autres nations , &C que la plus grande partie
habitoit le long du golfe d'Adramytte, auprès des Cili-
ciens d'Homère. Strabon croit que ces deux peuples
avoient de leurs troupes dans l'amée des Troyens con-
tre les Grecs , ck que fi Homère ne les a point mis dans
la lifte du fécond Livre, c'eft qu'ils ne faifoient pas une
aiïcz grande figure.
2. LÉLEGES , ancien nom des Mégariens , félon Pau-
fanias, l. 1 , c. 39 , rk c. 44, il dit qu'une tradition des
Mégariens prétendoit, que douze générations après Ca-
rès, fils de Phoronée,Lelex vingt d'Eaypte, & que, fous
fon régne, les habitans de la Mégaride furent nommés Lé-
leges ; qu'il eut pour fils Csefon , qui fut père de Pylas,
dont le fils Sciron époufa la fille de Pandion.
3. LÉLEGES. (les) Le même Paufanias , /. 3 , c. r,
dit que le premier roi de la Laconie fin Lélex, origi-
naire du pays, <k que les peuples qu'il gouvernoit (c'eit;
Terne HT. G g g g g
786
LEM
/
à-dire les Lacédemoniens) en prirent le nom de Léleges:
il dit auffi, /. 4, c. i, que la Laconie en fut appellée
Lélégie.
Paufanias, /. 7, c. z, fait entendre que les Cariens
faifoient anciennement partie des Léleges. •
LÉLÉGIE, (la) ancien nom de la Laconie. Voyez
Léleges 3.
LÉLÈGIS, ancien nom de la ville de Milet, au rap-
port de Pline, & d'Etienne le Géographe. Voyez Mi-
Letus. 1.
LELII, peuple d'Aile, vers les Falus-Méotides , félon
Orphée, Argonaut.
LELOV , ville & château de la haute Pologne, fur
la rivière de Pilcza, dans le palatinat de Cracovie , à
dix-fept lieues au nord de cette capitale.
LÉMAN, (LE LAC) lac deSuiffe & de Savoye. On
le nomme auffi communément le lac de Genève. Il oc-
cupe une partie du côté méridional de la Suiffe , & lui
fert de barrière, la féparant de la Savoye. Il fait à-peu-
près la figure d'un arc ou d'une demi-lune, dont le côté
convexe regarde la Suiffe; ce qui fait qu'il a feize lieues
de longueur du côté de la Suiffe, au lieu qu'il n'en a
guères plus de douze du côcé de la Savoye. Il eft allez
étroit à fes deux bouts, & va en s'élargiffant peu-à-peu;
enfin, vers fon milieu, il s'ouvre à la largeur de cinq lieues,
à l'endroit de Roi le. Il borde tout le pays de Vaud qui
préfente un aspect tout-à-fait agréable à ceux qui navi-
gent fur le lac, par la variété meryeilleufe de coteaux,
de vallons , de campagnes &c de vignobles qu'on y re-
marque. Ce lac eft formé en partie par le Rhône, qui
le traverfe dans toute fa longueur, &t en fort à Genève.
II n'y conferve nullement fa couleur comme on le pré-
tend; il ne le fait qu'à quelque espace dans la tête du lac,
par la violence avec laquelle il y entre ; mais il n'y a rien
là qui n'arrive à toutes les grandes rivières , qui fe pré-
fentent dans quelque lac ou dans quelque mer. Une autre
chofe plus furprenante, & qui eft de notoriété publique,
c'eft que ce lac , au contraire de tous les autres , décroît
en hiver, & croît en été quelquefois da la hauteur de
dix pieds & davantage. On attnbue cela aux neiges des
montagnes voifines, qui, fe fondant en été , par la cha-
leur, groffiffent de leurs eaux les rivières qui entrent dans
ce lac, & le lac lui-même par conféquent. Ce lac eft
proibnd, & par-là il n'eftpas fi orageux que quelques au-
tres. On y fent, de tems en tems, des vents fouterreins qui
foulevent les eaux, mais qui ne font pas dangereux. Il
eft abondant en bons poiffons: l'on y pêche, entr'autres,
d'excellentes truites , & d'une autre espèce de poiffon qui,
je penfe , eft particulière à ce lac , & que nous appelions
des perches. Il y a environ quarante ans qu'on y voit un
poiffon vorace, nommé mottila , dans la langue du pays,
qu'on n'y avoit jamais vu auparavant: on ne fait d'où ii
eft venu. Quelques-uns croient qu'il eft defcendu du lac
d'Yverdon ou de Neufchâtel , où l'on en voit beaucoup
de cette espèce , & qu'il a paffé par quelques canaux
fouterreins , ou par le moyen du canal qu'on a creufé en-
tre le lac d'Yverdon & celui de Genève , ck qui, com-
muniquant immédiatement au premier de ce lacs , com-
munique à l'autre par le moyen de la rivière la Venoge.
D'autres difent que cela vient d'un étang bâti par un
gentilhomme du pays , près de la Venoge , où il y a
quantité de ces poiffons , & que l'étang ayant été gâté
par une inondation qui fuivit de longues pluies, le pois-
fon qui s'y trouva s'en alla dans la Vétioge, & de-là
paffa dans le lac. Quoi qu'il en foit, il y fait beaucoup de
mal, mangeant les autres poiffons comme le brochet. Je
remarquerai encore , que le lac de Genève eft le feul de
tous ceux de la Suiffe , qui ne fe gelé jamais. * Etat &
Délices de la Suiffe, t. 4, p. 306.
LEMANO, ou Oddisso, ancienne ville de Bulga-
rie , fur les confins de la Romanie , fk près de la mer
Noire, fur le cap Lémano, anciennement appellée Tirijlra.
LEMANUS, ou Lelienus, npm latin d'une rivière
d'Angleterre, félon Lhuyd, qui dit que le nom vulgaire
eft Roder; c'eft ce que dit Ortélius. Gale, in Ariionin.
p. 84 , écrit Roiher, & dit que la Rother ne fauroit être
la rivière Lemana; car c'eft ainfi que l'annoyme de Ra-
venne, /. 5 , c. 31 , écrit ce nom. Le même anonyme
en fournit la preuve ; car il nomme de fuite Lemana &C
Rovia , comme des rivières différentes l'une de l'autre; il
LEM
n'y a nu! doute que Rovia ne foit la Rother. Lemana eft
la Lyme; c'eft d'elle que prend ion nom le port de tyine,
nommé par Antonin Lemanis portus , à feize mille pas
romains de Durovernum, qui eft Cantorbéri. C'eft d'elle
auffi que prend fon nom Lymckill , montagne voifine.
LEMAV1, ancien peuple de l'Espagne ïarragonnolfe,
félon quelques exemplaires de Ptolomée, /. 2 , c . 6 , qui
leur donne pour ville Daclonium.
LEMBA, ville d'Afie, félon Jofeph, Antiq. I. 13,
c. 23 , qui la met entre les villes que le Juifs poiïedoient
dan les pays des Moabites.
LEMBAIS, village de France. Il en èft parlé dans la
Vie de lainte Hunegonde par Surius. * Ortel. Thefaur.
LEMBEGE , ville de France , dans le Béarn, où elle
eft la capitale d'une petite contrée appellée le Par/an
de Vievilljt', qui confine avec le bas Armagnac, & qui
eft mêlé de vignobles, de terres labourables 6t de châtai-
gniers. Quoique cette ville foit peine , les habitans l'é-
levent comme fi c'étoit la première du pays. Le quartier
où elle eft fituée, produit de bons vins. * Corn. Dift.
Davity. Béarn.
1. LEMBERG, Lewenberg , ou Leutemberg,
Leoberga, ville de baffe Silefie , dans le duché de Jawer.
C'étoit autrefois une bonne ville ; mais les guerres l'ont
ruinée. * Hubner , Geogr./J. 620.
2. LEMBERG, ville de la Pologne, dans la petite
Ruffie, ou la Ruffie rouge, au palatinat de Lemberg ,
dont elle eft la capitale. Les Polonnois ja nomment Lu-
VOW , qui eft le vrai nom: les Allemands la nomment
Lkmberg, & on l'appelle en latin Leopolis. Quelquefois
on dit en françois LÉOPOL. Voyez ce mot.
LEMBOLLAS, petite rivière de France, dans le
Querci. Elle a fa fource entre les villages de Palias & de
Saint Hilaire; & après avoir reçu les eaux de la Lute &C
de quelques autres ruiffeaux , elle fe perd dans le Tarn, à
l'orient de Moiffac. * Sanfon, Atlas.
LEMBOURG , village de Pologne. Voyez LÉOPOL.'
LEMBRO, nie de l'Archipel, fur la cô,e de la pres-
qu'ifle de Romanie. Les anciens l'ont nommée Imbros.
Elle a vingt-fept milles de circuit , avec un bourg de
même nom , fk un port fur fa côte orientale. Elle eft à
douze milles du cap Grec &t des bouches des Dardanelles,
en allant vers l'ifle de Stalimène, presqu'au milieu , en-
tre rifle de Samandrachi fk celle de Ténédo. Baudrand
ajoute qu'elle eft mal placée dans toutes les Cartes récen-
tes. Il ne faut pas comprendre dans ce nombre celle de
la Grèce , par De l'ifle , ni celle de la Méditerranée par
Berthelot. * Baudr. édit. 1705.
LEMELLENSE-CASTELLUM, ville d'Afrique,
dans laMauiitaniSitifenfe: il en eft parlé au fécond Li-
vre de S. Optât, du Schisme des Donatiftes ; fk dans la
Notice épifcopale d'Afrique, on trouve ce nom un peu dé-
guifé ; fk l'évêque de ce lieu y eft nommé Jacobus Le-
melefinfîs, entre les évêques de la Mauritanie Sitifenfe.
LE MÈNE, petite rivière d'Italie , dans l'état de Ve-
nife fk au Frioul ; elle coule du feptentrion au midi ,
entre la Livenza fk le Tajamento. Elle paffe à Potto-
Gruaro fk à Coucordia , puis fe rend dans le golfe de
Venife, vis-à-vis de Caorle. * Baudr. édit. 1705.
LEMENNIS , ou Lemnis , lieu d'Afrique , dans la
Mauritanie Céfarienfe , à l'entrée , en venant de la Mau-
ritanie Tingirane, à l'orient, Se à deux mille pas dufleuva
Malva, qui féparoit les deux Mautitanies. * Antonin ,
Itiner.
LEMFOCTENSIS. Voyez Lamfoctense.
LEMGOW, pettite ville d'Allemagne, en Weftpha-
lie , au comté de la Lippe, fur la rivière de Bege , à>
quatre milles de Minden. Elle appartient à la branche
aînée des comtes de la Lippe. * Hubner, Geogr. p. 508.
LEMICA ; Sigebért de Gemblours, cité par Ortélius,
fait mention, dans fa Chronique, de Lemica, ville d'Es-
pagne , dont Idace étoit évêque. Ortélius croit que c'eft
la même ville que Lameca. Voyez Lamego.
LEMINCUM, ou Lemnicum , ancien lieu de la,'
Gaule Narbonnoife , félon l'Itinéraire d' Antonin , où;
il eft marqué fur le chemin des Alpes -Graîennes , à
Vienne; ce lieu s'appelle Lemens, près de Chambèry,
fk fut donné, dans le onzième fiécle, à l'abbaye d'Ainai
de Lyon, par Rodolphe III, roi de Bourgogne.
LEMISE, village, Sa. autrefois ville épiscopale de l'ifle*
LE M
LEM
787
de Cypre, fur la côte méridionale de Fifle; en latin Le-
miffus nova ou Neapolis.
JLEMNICUM. Voyez Lemincum.
LEMNIS. Voyez Lemennis.
LEMNOS , ifle de Grèce, dans la mer -£gée; Pline
îainet à vingt-deux milles d'Ombros, & à quatre-vingt
fepMnilles du mont Athos: elle a, félon le calcul de
Pline, /. 4, c. 11, cent douze milles de circuit. Il y a
deux villes, favoir Hephafiia fk Myrine , dans le marché
de laquelle le mont Athos jette fon ombre durant le fols-
tice. Etinne dit : Lemnos ^ ifle vers la Thrace, a deux
villes, Hephsftia fk Myrine. C'eft à caufe de ces deux
villes qu'on lafurnommoit Dipolis , Ai'toak , mot-dont
fefertle fcholiafte d'Apollonius, ad L 1, v. 604; Pto-
lomée y place auffi ces deux villes; mais il dit Hephas-
tiade au lieu â'Hepha/lia , fk il les met l'une fk l'autre
dans les terres. Le nom iïHcphefîiadi vient d'Haro?,
qui eft le nom grec de Vulcain , le dieu du feu , à qui
cette ifle étoit confacrée. Valerius Flaccus, Argonauc.
L z, v. 78, dit:
Jam fùmmis Vulcania furglt
Lemnos aquis.
& v. 9î:
Lemnos cara Dio , ntc famâ notior ALtn&
Auc Liparts Domus.
Il y avoit dans cette ifle un des quatre fameux labyrin-
thes de l'antiquité. Elle étoit fort tourmentée par les
Sauterelles, félon Pline, /. 11, c. 19; & l'on impofa à
chaque habitant l'obligation d'en apporter au magiftrat
un certain nombre tous les ans. Pline, /. 35, c. 6;
& Vitruve, l. 7, c. 7 , parlent d'une forte de terre
rouge- nommée Jlnopis , dont la meilleure espèce fe
trouvoù dans l'ifle de Lemnos. Davity parle fort au long
de la terre de Lemnos, qui. a, dit— il , donné de tout
tems beaucoup de réputation à cette ifle. On lui attri-
bue de grandes vertus pour arrêter le fang , pour garan-
tir des fuites du poifon fk de la piqûure des lerpens , et
pour guérir les maux de reins fk de rate. On tiroit an-
ciennement cette terre avec beaucoup de cérémonies ;
une prêrefie faifoit cette fonction folemnelle, fk char-
geoit de cette terre une chafette que l'on conduifoit à
Hephaîftia. Préfentement on ne fait pas moins de pré-
paratifs pour aller prendre cette terre au haut d'une col-
line rougeàire , qui ne porte aucune plante. Les Turcs ,
lès Grecs, les prêtres fk les Caloyers s'aiïemblenr,
le 6 d'Août, jour de la Transfiguration de Jelus Chrift,
îk après la méfie que l'on célèbre dan; une chapelle,
félon la liturgie gréque, ils vont tous en ordre à la col-
line qui eft à. trois portées de flèches de la chapelle. Ce
jour-là même on, y envoie de grand matin des gens
pour fouir & trouver la veine d'où cette terre fe tire ; fk
après qu'on l'a tirée, les Ca'oyers la mettent dans de pe-
tits facs qu'ils donnent aux Turcs qui font préléns, fk
particulièrement au Sous-Bachi de l'ifle qui en envoie la
plus grande partie au Grand- Seigneur , & vend le refte
aux marchands , ou le garde pour l'on ufage. 11 y a dans
l'ifle une fortereffe occupée par les Turcs , fk où rélîde
le Sous-Rachi, qui eft le gouverneur de l'ifle. Les Chré-
tiens habitent la campagne & font fort laborieux. Il y a
foixante fk quinze villages. Le nom moderne de l'ifle
eft Stalimene ou Stilimenos, noms corrompus d'tfî t»V
Afuov. *Caw. Dift.
LEMO, perite rivière d'Italie. Elle fort de l'Appen-
nin, dans, l'état de Gènes, fk p.ifle à Voltaggio fk à
Gavi , puis fe rend dans l'Orbe au territoire d'Alexan-
drie dans le Milanez. * Baudrand. édit. 1705.
LEMONIUS-PAGUS , village d'Italie auprès, de
Rome, en fortant de la porte Capène , dans la voie La-
tine , félon Feftus. Frontin nomme un bourg Lemonium,
dans un exemplaire manuscrit de fon Livre de laMefure
des champs. * 0«e/. Thefaur.
LEMOVICES, ou Limovici, ancien peuple delà
Gaule Aquitanique. C'eft aujourd'hui le Limoufin, pro-
vince de France , ou, ce qui revient au même , les dio-
cèfes de Limoges & de Tulle, ce dernier n'étant qu'un
démembrement de l'autre. Jules Céfar, dcBello Gallict
1. 7, c. 7s; , les nomme dans une espèce de Lite qui a
donné lieu à quelques modernes de croire qu'il les avoit
placés entre les cités armoriques ou mariiimes. Univerjis
tivitaùbus qua Oceanum atùngunt queeque corum con-
fuetudine Armoricce appellantur , quofunt in num-ro Cu-
riofoliies, Rhedones , Ambiburi , Cadetes, OJîsmii , Le-
movices , Vcnetï , UnelLi , Sena. ( Milita. ) On voit
bien que Cél'ar nomme ici des peuples de la cô:e de Bre-
tagne fk aux environs. Nicolas Sanfon ne s'accommode
point de ce prétendu déplacement. Il en parle ainfi dans
l'es Remarques fur la Carte de l'ancienne Gaule. « Lemo-
» vices, dit-il, font mal-à-propos mêlés entre Jes cités
» armoriques, ou maritimes, pour diverfes raifons. Les
» cités, ou peuples armoriques & maritimes, s'étendent
» le long de la mer, & depuis la Loire jusqu'à la Seine
» inclufivement , fk s'entre-iiennent les uns aux autres.
» Lemovices font éloignés de la mer, fk loin au-delà
» de la Loire, fk ne touchent point aux autres cités ou
» peuples armoriques. Céfar a'iffi en fait mention entre
» d'autres peuples , avant que de venir aux peuples ou.
» cités armoriques. Céfar encore dî fti îg-ue les peuples
» Piclones fk Santones , bien qu'ils foient fur la mer,
« du corps des cités armoriques , à plus forte ra^bn
» Lemovices , qui f*ut plus avam dans les terres fk au-
» delà de Santones fk Piclones :, à l'égard des cites ar-
» monques. Lemovices donc ne peuvent erre cernés en-
» tre ces cités armoriques , puisqu'ils en font léparés
» par d'aurrés peuples qui n'en font point , puisqu'ils
>> ne touchent point à la mer , fk qu'il en a été fait
» mention féparément fk hors des cités armoriques. »
» Ces derniers mots regardent divers autres partages,
où un peuple nommé Lemovices, eft accompagné d'au-
tres noms de peuples qui ont plus de rapport avec
le Limoufin. Dans le chapitre cité ci-defTus , quelques
lignes avant les mots rapportés, on lit : Bellovacis X.
lotidem Lemovicibus , octona Piclonibus &■ Turonis, fkc.
Ces mots font remarquables , fk nous en ferons ufage
dans le moment. Au chapitre 4 du même Livre, on
lit: Senones, Parifios, Piclones, Cadurcos, Turones ,
AuLrcos , Lemovices, Andes, fkc. Il n'eft point ques-
tion ici d'Armoriques. Ciaconius fk Jol'eph Scahger ,
ne connoi-flant point de peuple nommé Lemovices fur la
côte, effacent ce nom du partage que j'ai rapporre en
premier lieu. Cependant Daviès témoigne que tous ies
manuscrits fk le traducteur Grec fournilîent ce nom en
cet endroit. Ainfi il y a de la témérité à l'en ôter. Il y
avoit certainement un peuple Lemovices , duquel Limo-
ges fk le Limoufin conièrvent encore le nom fk le pays;
mais de même qu'il y a^oit trois peuples à qui "le nom
d'Aa/erci étoit commun, ne peut il pas y avoir eu deux
peuples nommés Lemovices? Le chapitre même de Céfar
fait voir que cela eft ainfi ; car, dans ledétai des milices
que l'on demanda aux provinces , il met dix mille hom-
mes pour le contingent du peuple Lemovices, c'eft-à-
dire du Limoufin, fk feulement fix mille aux peuples
Armoriques , dont les autres Lemovices faifoient partie.
Mais qui font ces Lemovices maritimes? nous l'ignorons.
Combien d'autres peuples dont l'exiftence eft certaine fk
le pays entièrement inconnu? Il y avoit donc deux peu-
ples nommés Lemovices par Céfar dans un même cha.->
pitre, favoir:
1. LEMOVICES, anciens habitans du Limoufin.
i. LEMOVICES, ancien peuple de la Gaule, vers
la côte 'de Bretagne.
' LEMO VII, ancien peuple de la Germanie, félon Ta-
cite . de Mor. Germ. c. 38. Il les aflbcie avec les Ru-
giens. L'ifle de Rugen décide du lieu où étoient les'Ru-
giens dont elle confervele nom. Cluvier, German. anc.
1. 3 , c. 3s;, croit que ce peuple Lemovii eft le même,
qui a été enfuite nommé les H:rules. Quelques favans
ont cru que les Lémoviens fk les Rugiens étoient féparés
par la Viper; mais c'eft une conjecture fans preuve«
Strabon , /. 7, parle auffi du peuple Lemovii.
LEMPDE, bourg de France, dans l'Auvergne, au
diocèle de Clermont.
LEMPI ; les François appellent ainfi le royaume de
Ningo. Voyez NlNGO.
LEMPSTER, Lemster ou Leominster, petite
ville d'Angleterre, en Herefordshire, avec titre de b.i-
ronit. On y tient marché public , elle envoie Ces dé-
Tome III. Gggggij
788 LEN
pûtes au parlement , & fe distingue par la bonté de Ton
pain & de fa laine. * Etat préfcnt d« la Gr. Bretagne ,
i'. LEMPTA , petite ville d'Afrique, fur la côte de
Barbarie , au royaume de Tunis , avec un château ck un
petit port, entre Soufe ck l'Afrique; les Chrétiens l'ap-
pellent Monaftero, félon Baudrand. Marmol, /. 6 , c. 26,
dit S uft au lieu de Soufe, ck Monefhr au lieu de Mo-
naftero.
a. LEMPTA ou Lemta, (le désert de) ou le
ȃSERT D'iGUIDl. Dapper, 'Afrique, p. 117, dit:
ig-.ddi eft le nom de la principale habitation, & Lempta
celui des habitans de ce délert. De l'ifle diftingue ces
noms, comme lignifiant des lieux voifins. Voyez IGUIDI.
LEMURINUS MONS: ce doit avoir été le nom
d'une montagne d'Italie dans la Lig'urie , fi l'on s'en rap-
porte à une ancienne inscription fur le cuivre , laquelle fe
garde à Gè les. * Oriel. Thef.
LEMWICK., petite ville deDanemarck, dans le dio-
eèfe de Rypen au nord , ck allez près d'Holfterbrock.
*Hermannid. Dcscr. Danitt.
LENA, (la.) grande rivière d'Afie, dans la grande
Tartarie. Elle a la fource dans des montagnes ,và deux
jourTiées du. lac Baïkal, & on croit qu'elle en fort par
quelques communication fouterreinf. Le P. Avril, Jé-
fûitfc, Voyage de la Chine, 1. 3 , p. 179 , parle ainli de
cette rivière. Le cours de la Lena eft plus uniforme que
celui de l'Obi Se du Géneflaï (Jeniflea;) mais Ion em-
bouchure eft difficile Se dangereufe ; car, quoiqu'on n'y
voie pas tant de glaces que dans l'Obi.la quantité Recueils
& de rochers qu'on y remarque, a empêché jusqu'à cette
heure les va'ifleaux même médiocres d'y paflèr. On fe
bazarde feulement à y conduire quelques gondoles pla-
tes pour ramaffer certains os de poitîbns blancs Se noirs
qu'on trouve fur ces rochers , & dont on fe fert pour
plufieurs ouvrages. Sur une carte drefTée après les derniè-
res obfer va-ions, la Lena a fa fource au nord du lac
Baïkal , d'où, ferpentant vers le feptenmon , elle ren-
contre la rivière de Kuta , g. au deffiis d'Uskut, ville;
enfuite elle reçoit la rivière de Wittin, d. celle d'O-
' leltma. , d. baigne la ville de Jakutskoi , g. fe groffit
des rivières SAldan, d. de Vihyik, g. & dtSiranka, d.
6c fe perd dans la mer Glaciale, vers le 131* d. de lon-
gitude. Son cours eft d'environ deux cents-vingt lieues,
en n'ayant point d'égard aux détours qu'elle fait, c'eft-
s-dire qu'il y a cette diftance de fa fource à fon em-
bouchure, en prenant cette diftance en droite ligne; nous
entendons ici des lieues de 20 au degré. * H'iftoirt dts
Tatars , 2. part. c. 8.
LENCICI, Lanschitz, LandchutzouLends-
CHUTZ, ville de Pologne, au palatinat de même nom,
dans un marais, au bord de la rivière de Bfura: elle eft
ceinte d'un mur Se d'un foiTé, avec une forterelTe bâtie
fur un rocher. Il y a allez loin de la ville une églife
collégiale , dans un lieu qui eft très-propre à être forti
LEN
Rovigo . à deux ou trois lieues de la ville de Rovige. Iî
y a environ quatre mille habitans, quoique l'air y foir
un peu grofîïer en été. Baudrand le met presqu'au mi-
lieu, entre Ferrare St Padoue. * Corn. Dicïion. Davityt
ôc De Seine , nouveau Voyage d'Italie.
LENE, (la) petite rivière de France, dans le Lan-
guedoc , où elle coule ck fe perd dans la rivière de
fougue.
LÈNEHAM , ou LENHAM , Alnhamum , bourg
d'Angleterre, dans le comté de Kent , à fix lieues de
Cantorbery, vers le couchant. ■ Il s'y eft tenu un concile ,
l'an 1009, appelle Ainhamenfc concilium.
LENEY , baronnie d'Irlande , dans la province de
Connaught , au comté de Slego , dans fa partie la plus
d,ccidentale-.
LÈNGHUIER, bourg d'Ane, dans le KhoralTan.
Il tut bâti par Tamerlan ; il a aujourd'hui trois cents
boutiques, plufieurs édifices publics, des vignes & des
jardins. Le raiiin ck les melons y font excellens. * Ma*
nuscrit de la bibliothèque du roi.
LENIUM , bourg de la Lufitanie, félon Hirtius. *0r*
telius , Thefaur.
LENNAS , lieu épiscopal d'Ane , félon Guillaume
de Tyr, quelque part vers la Syrie, félon Ortélius.
LENNOX ou Le.nOX, province de l'Ecolfe méri-
dionale, lur la côte occidentale ; elle eft entre Merttheith
au nord, Se la rivière de Clyde au midi : on la nomme
auffi autrement LE COMTÉ DE DuMbarton , tht
shire of Dumbarton , du nom de fa capitale. Peut-être
qu'elle s'appelle Lenox, par contraction pour LtVE- -
NOX, de la rivière de Leven , qui fort du lac Lo-
mond. Se qui fe jette dans la Clyde. Une partie de cette
province /particulièrement celle qui eft fituée fur les ri-
vières, eft très-fertile en bledv; mais le relie eft pltin
de montagnes , qui ne font pas néanmoins infructueu-
fes, puisqu'elles nourriflent quantité de bétail, dont les
habitans tirent un grand avantage. Lenox a donné le
titre de comte, Si enfuite celui de duc, à une branche
de la famille des Stuarts. Matthieu , comte de Lenox,
père de Henri lord Darnley, le père de Jacques VI,
annexa, par fon mariage avec là reine > Marie d'Ecofié,
cette province à la couronne. Enfuite elle fur donnée
par Jacques VI à Esme , fils du feigneur d'Aubigni , en
France, qui étoit d'une branche de la famille de Lenox,
laquelle rut éteinte par la mort de la duchefte de Riche-
mond &>' Lenox. Cetie branche de Lenox a produit de
grands hommes , particulièrement Bernard , qui, fous le
régne de Charles VIII ck celui de Lou'n XII, comman-
doit fix mille EcofTois au fervice de la France, Si qu'on
appelloit \esjîx mille diables, à caufe de leur valeur. Ce
Bernard rendit auffi grand fervice à Henri , duc de Ri»
chemond ,' lorsqu'il s'en alla de France en Angleterre,
pour détrôner Richard III. Les autres familles de mar-
que de cette province font les Cambels , Colchous,
Napers, Mardalans , Macalans Haldens. Quelques-uns
fié. La ville eft remarquable par fa foire , Sv par la diète des Hamiltons & des Semples , ck les Buchanaris , font
de la noblelTe de la province qui s'y afifcmble , ck par les
tribunaux qui y réfident. * Andréas CelUr'ms , nov.
Descr. Polon. p. 137.
Le I'aLATInat de LenciCi , procince de Pologne :
entre les palatinats de Rava, de Siradie , de Califch , de
Posnanie ck de Cujavie: on le divife en trois territoires,
qui font autant de petits palatinats, favoir de Lencici
propre , de Bre^ini Si SOrlow. Il y a aufïï quatre châ-
telains qui ont rang dans les diètes du royaume , favoir
ceux de Lencici, de Breçini, cYInovlod, ck de Conar.
LENCZNA, ville de la Pologne, dans le palatinat
de Lublin , fur la rive droite du Wipers , au nord de de Rofiere-aux-Salines. Cette ancien
Cranoftaw, fur les confins du palatinat de Chelm. * At-
las Sinenfis.
De l'Ille écrit Linric{a pour le nom du palatinat Se
pour celui de la ville.
LENDELIN, ou Saint-Sauveur de Lendelin,
petit bourg de France , dans la baflë Normandie , au
diocèfe & dans l'éleftion de Coutance.
LENDENARE. Voyez LendinarA.
LENDIGO, ou Lindo , (le cap de) cap de la mer
de Rhodes , à foixante milles de la ville de ce nom.
*Corn. Dift. Le Brun, Voyage du levant.
LENDINARA, bourg fortifié d'Italie, dans l'état de
auffi originaires de ce pays , qui a produit George Bu-
chanan , qui a fait tant d'honneur à la république de*
lettres. Dumbarton eft la capitale de la province. * Etat
prcftnl de la Gr. Bnragnt , t. 2, p. 253.
< LENONCOURT, feigneurie de Lorraine, au diocèfe
de Toul , dans la prévôté de Nanci ; fon églife parois-
fîale eft dédiée fous le titre de la Nativité de la faintt
Vierge. Cette terre a donné le nom à l'illuftre maifori
de Lenoncourt , après qu'elle eut fait échange, en 1153,
avec le fouverain du château de Nancy, dont elle por-
toit le nom , contre cette terre de Lenoncourt &C celle
famille tire fon
origine d'Oldéric de Nancy, qui vivoit en 1069. Elle a
donné à Féglife plufieurs évêques , archevêques Se car-
dinaux. Il y a dans ls terre de Lenoncourt cinq chapel-
les en titre Si un hôpital.
LENS, félon Baudrand, ville de France, dans l'Ar-
tois, fur le ruilTeau de Souchets, à trois lieues d'Arras,
6k à quatre de Douai. Quelques-uns y ont cherché I'He-
LENjE-Vicus, village où Clodion perdit une ba-aille.
Voyez Hele"nE7. Quoiqu'il en (bit de leur conjecture,
Lens a été autrefois une place forte ; mais on en a rafé
les fortifications. Elle fut prife Si reprife bten des fois.
Ce fut dans les plaines de Lens que le fameux prince de
U république de Venife , fur l'Adige , dans le Poléfin de Coudé battit l'armé, 6 Espagnole, en 164S. Cette ville fut
LEN
LEO
cédée à la France par le traité des Pyrénées, en 165g,
& n'a point changé de maîtte depuis ce tems-là.
i. LENTA, bourg de France, dans le haut Langue-
doc , au diocèie de Touloufe.
1. LENTA, rivière d'Italie , au royaume de Naples,
dans l'Abruzze citérieure. Son cours eft du midi aunord-
eft, où elle fe rend dans le coite de Venife, entre Pes-
«ara & Ortona à Mare. * Magin , Carte de l'Abruzze.
LENTIA. Voyez Lintz.
LENTILLAC , bourg de France , dans le Querci ,
audiocètéde Cahors, & dans l'clettion de Figeac.
LENTINI, (Ville de Sicile, dans la vallée de Noto,
fur la rivière à laquelle elle donne (on nom , à cinq
milles de la mer, à dix de Catane, & à vingt de Syra-
cuSe ; elle étoit fort considérable avant qu'elle fût en-
dommagée par le tremblement de terre , qui arriva
en 1693. Elle eft affez peuplée néanmoins.
Lentini eft la ville de toute l'ifle la plus ancienne. Le
lion a été (on Symbole ; c'eft ce qu'on voit dans les an-
ciennes médailles qui (ont de douze ou treize cents ans,
antérieures aux armoiries qu'on a préfenrement en Eu-
rope. Ces médailles qu'on trouve gravées dans la Sicile
de Goltzius, & dans celle de Paruta, (è gardent dans plu-
fieurs cabinets. Lentini tire même (on nom du lion ; car
on appelle les habitans de cette ville Leontini en latin,
ck hiivûy-i en grec, du nom au., xk» ■©-
Les habitans de cette ville firent graver en l'honneur
de Philippe V, à fon avènement au thrône d'Espagne,
une médaille qui reprélénte un lion tenant un globe iiir
lequel eft gravée la. Sicile , pour marquer que les Lenti-
riiens font les premiers habitans de l'ifle , ck; qu'ils s'en
font les premiers emparés.
Il y a auprès, fur une montagne voifine, Carlentini, for-
tereffe que Charles V fit bâtir. Le lac voifin, connu des
anciens lous le nom de Herculeus lacus , s'appelle au-
jourd'hui Uc de Lentini. Voyez Leontini.
LENTIENSES , ancien peuple d'Allemagne , félon
Ammien Marcéllin, /. 156-31. Scudus croit que c'eft
préfentèment Luijjgoewar, peuple de la Vindéhcie.
LENTUBAT, petite rivière de France, dans la bafïe
Navarre , où elle fe joint à la Bidouze , au nord de
Saint-Palais. * Robert de Vaugondy, Atlas.
LENTUDUM, ville ancienne de la haute Pannonie,
félon Ptolomée , /. i, c. 15. Lazius. conjecture que c'eft
préfentement Lutenberg.
LENTZBOURG , petite ville de Suiffe , au canton
de Berne, dans l'Argaw, £c capitale d'un bailliage qui
porte fon nom. Elle eft fort propre , bâtie dans une
vafie plaine , à deux petites lieues d'Arau , au pied d'un
mont fort élevé , où eft le château du baillif , qui au-
trefois étoit la réfidence des comtes de Lentzbourg. Ces
comtes tenoient un rang fort confidérable dans le pays.
Dès le commencement de l'onzième (iécle, Ulric, comte
de Lentzbourg, époula Richenza , fille de Radeboton,
comte d'Altenbourg , & fœur de Wernher , premier
comte de Hapsbourg. Le dernier mâle de cette-race fut
Ulric, qui étant entré dans l'ordre des Auguftins, fut
élu évêque de Coire , dans le pays des Grifons ,
l'an 1332., & mourut l'an 1335. Le comté de Lentz-
bourg fut enfuite uni au domaine de la maifon d'Autri-
che, qui en fut en poffeffion jusqu'au concile de Cons-
tance, & à l'an 1415, que les Bernois avec les fecours
de leurs alliés , s'en emparèrent , & d'une grande partie
de TArgaw. Le château , qui étoit la réfidence des com-
tes, eft tort, & firué avantageufement; & le chemin en
eft fort rude & fort mauvais. On n'y peut point conduire
le vin par des chariots ; on tire en haut les futailles par
le moyen de quelques poulies faites exprès. Ce qu'il y
a de plus remarquable dans ce château , c'eft un puits
taillé dans le roc , à la profondeur de trois cents pieds.
*Etat & Délices de la Suiffe . t. a , p. 189.
Le bailliage de Lentzbourg a au nord celui de Bibers-
ftein , & au midi les terres du canton de Lucerne. C'eft
un des plus grands, & le plus riche de ceux qui font en-
tre les mains des Bernois. Il contient une vingtaine de
paroiffés , & un grand nombre de villages & de châ-
teaux, dont les uns font ruinés en tout ou en partie, &c
les autres fubfiftent encore ; entre les premiers font
Hapsbourg & Bruneck. C'eft dans ce bailliage que
font les bains de Schinzenach.
Q
7 "9
I.ENUS. Etienne le Géographe nomme ainfi une con-
trée. Onélius doute fi elle n'étoit point dans la Pélagonie.
LENZA,. (la) rivière d'Italie. Elle a fa fource au
mont Apennin, lur les frontières de la Toscane, d'où,
courant au feptentrion par la vallée de Caulieri, 'elle Sé-
pare l'état du duc de Par. ne , de celui du'duc de Modène,
& fe rend dans le Pô , auprès de B«:rfêlIo , vis-à-vis de
Viadana. * Magtk^ Irai.
LEOCATA. «pyez Leucate & Licate.
LEOL>IA-hILVA ou Leodiga , nom latin de la
FOitÊT D'ORLÉANS.
LEODIUM. Voyez Liège.
LEODURICIUM , petit bourg de Grèce, dans la
Locnde, auprès du Pinde , félon Calchondile.
LEOGANE. On prétend que ce nom a été formé de
celui tSYaguana, que les habitans de l'ifle Esj^gnoîe
donnaient à un canton de la partie occidentale de c< tte
ifle, voifiri du lac Xaragua. En 1504, toute l'ifle é.ant
foumife aux Eipagnols , le grand commendeur Û. Ni-
colas Ovando , gouverneur-général des Indes . y forma
une ville, qui fut nommée Santa-Maria de la Vera-Pa\.
Elle étoit placée affez près du lac dont je viens de par-
ler, à deux lieues de la mer, dont on l'approcha, dans
la fuite, fous le nom de Santa-Maria de! Puerto. Mais
le nom A'Ya^uana prit le deSfus dans l'ufage ord-naire,
& c'eft de-/a que les François ont formé celui de Léo-
gane Cette vide étoit éloignée de Soixante &C dix lieues
de San-Domingo.
Vers l'année 1 5 1 9, dansune Lettre que l'audience royale
de San-Domingo écrivit à Charles-0_uint pour lui expo-
fer l'état où le trouvoient les colonies Espagnoles de l'A-
mérique , il eft dit que la ville d Yaguana avoit un b-.in
port , des mines , de la caffe . ck tout ce qui étoit né-
cellaire pour y établir un grand commerce. Mais en
1591 , elle fut prite & preique entièrement ruinée par
Chriftophe Nevport, Anglois ; èk, cinq ^11 Six ans après,
les Eipagnols eux-mêmes achevèrent de la démolir, auffi-.
bien que Puerto di Plata ci Bayaha , parce que, contre
les déSent'es de la cour , les habitans de ces villes conti-
nuoient de (aire le commerce avec les étrangers. Ceux
d'Yaguana & de Bayaha Se joignirent enièmble ck allè-
rent à l'Orient, où ils formèrent une ville qu'ils appel-
lerent Bayaguana.
Le P. I ibat , dans fon Voyage des Ifles , t.x,p. 140 ,
parle ainfi de Léogane. « On prétend que tout le pays
» qui eft depuis la tiviere de PArtibonite jufqu'à la plaine
» de Jaqnin , qui eft du côté du Sud , a été érigée en prin-
» cipauté , fous le nom de Léogane , en faveur d'une fille
» naturelle de Philippe III, roi d'Efpagne. On dit même
» que cette prir.cefle y a fini Ses jours ; ck dn voit en-
» core les reftes d'un château qu'on fuppofe lui avoir
» fervi de demeure , ck qui doit aveir été confidé-
» rable , fi on en juge par les ruines. Il étoit fitué dans
» un lieu qu'on appelle à préfent le grand Boucan ,
» à deux lieues ou environ de l'Efterre. Il -en reftoic
«encore, en 1701 , quelques voûtes affez entières,
» toutes de briques, grandes & bien tiavaillées. Il y en
» auroit bien davantage , fi les habitans n'avoient dé-
» moli ces bâtimens pour avoir les briques , ck s'en
» Servir à faire les cuves de leurs indigoteries. Ce qu'il
» y a de' plus entier , c'eft un aqueduc qui conduifoit
» l'eau de la rivière au château , & qui a plus de cinq
» cents pas de long , à en juger à la vue ; ce châ:eau
» étoit bâti fur un terrein un peu élevé, au .milieu d'une
Les Èfpagfibls étant retournés à Léogane, en furent
chaSfés par les Hollandois, qui ne s'y établirent point.
Les François en profitèrent ; & vers l'an 1660, il y avoit
là un aSfez joli établiSiement qui, en 1691, étôit celui
de la colonie Françoil'e de S. Domingue , dont les ha-
bitans étoient plus a leur ailé ; ils étoit'nt .établis dans ce
qu'on sppelle aujour'hui la plaine de Léogane. C'eft le
meilleur & le plus bel endroit qu'ils y ayènt encore
aujourd'hui. En 1711, Léogane fut érigé en gouverne-
ment particulier ; mais à la mort de M. de Paty à qui
il avoit été donné, il fut Supprimé, & -relevé quelques
années après, en Saveur de M. de Nolivos; êk on en
établit un en même tems à Saint-Louis pour la côte
du Sud. Ainfi le gouverneur-général de Tille de Saint-
Domingue pour la France , a fous lui les gouverneurs
79o LEO
particuliers de Sainte-Croix pour le nord , de Léogâne
pour l'oueft, & de Saint Louis pour le fud.
On fut affèz long-terris incertain où l'on placerait la
ville ceLéogane, dont le quartier étoit devenu le lé-
jour du gouverneur-général & de l'intendant. On la
plaça enfin à deux lieues de l'ancienne Yaguana, entre
i'Efferre & la petite rivière, & à une demi-lieue, de la
mer. Ainfi elle n'a point de port , djks feulement une
rade foraine , qui n'efl pas des meille^s ; outre l'incom-
w inodité de l'embarquement & du débarquement , le
terrein qui eft entre cette ville & la mer , étant maré-
cageux, l'air n'y doit pas être fort fain. Ce qui eft cer-
tain, c'eft que Léogane ne le peuple point, quoiqu'on
ait démoli la bourgade de l'Efterre, pour l'enrichir de
fes habitans. 11 paroît même que le gouverneur-général
ix l'intendant lé font fixés au petit Goave , ou il eft
néceffaire d'ailleurs de tenir les vaifïeaux du roi ; mais
le confeil fupérieur fe tient toujours à Léogane. * Hijl.
de S. Dom. du P. Charlevoix.
Le terrein , qu'on appelle proprement la plaine de
Léogane, peut avoir douze a treize lieues de longueur
ce 1 eft à l'oueft , fur deux , trois ik quatre lieues de
large, du nord au fud. Cette belle plaine commence
aux montagnes du grand Goave , & finit à celles du
cul-de-fac. C'eft un pays uni , àrrofé de plufieurs riviè-
res Se ruifleaux , d'une terre profonde , &£ fi bonne ,
qu'elle eft également propre à tout ce qu'on veut lui
faire porter, (bit cannes, cacao, indigo, rocou , tabac,
manioc, mil, patates, ignames , toutes lortes de fruits,
de pois & d'herbes potagères.' Tous les environs
de la rivière des cirronniers , & decelie des cormiers,
à deux lieues ou environ de la ville de Léogane, auffi-
bien que toutes les gotges des montagnes qui font de
côté-là , font autant de forêts de cacaoyers. On ne peut
croire la quantité d'arbres de cette efpece que l'on y cul-
tive , & la beauté du fruit que l'on y recueille. Mais les
chaleurs excefîives, & l'air corrompu de la contrée, çaufé
par les maréoges où font les^ décharges de plufieurs
petites rivières & fources, empêchent qu'un pays, fi bon
d'ailleurs, ne puiffe être auffi peuplé^ qu'il devrait l'être.
Les habitans anciens <k nouveaux font tiès-fouvent at-
taqués de fièvres continues & violentes qui deviennent
i la fin putrides; fk quand on en échappe , elles dégénè-
rent ordinairement en hydropifies ou dyffemeries très-
difficiles à guérir. Il n'y a que les chafléurs qui vivent
dans les bois, qui foient exempts de ces maladies. L'exer-
cice qu'ils font , le bon air qu'ils refpirent , confervent
leur embonpoint fk leur fanté ; l'intempérance & la
débauche des habitans eft encore une caule de ces ma-
ladies : ils boivent & mangent avec excès , & fe livrent
au jeu avec la plus grande pafîïon. Chacun fait de fon
mieux pour étaler fes richeffes , & faire oublier l'état au-
quel il eft venu à la côte , & le métier qu'il y a fait.
Plufieurs qui font venus en qualité d'engagés , ou valets
de boucaniers font devenus fi gros feigneurs, qu'à peine
peuvent-ils fe refondre à faire un pas fans être dans un
carroffe à fix chevaux ; en récompenfe, ils pratiquent
l'hospitalité mieux qu'en aucun lieu du monde ; ils font
charitables , & font généreufement part de leur fortune
à ceux qui's'adreffent à eux. 11 y a un nombre confidé-
rable de ehaifes & de carroffes à Léogane. Il n'y a pres-
que que de petits habitans qui aillent à cheval ; pour
peu que l'on foit bien dans fes affaires, on a une chaife.
LEOGUS , nom latin de l'ifle de Lewis.
LEOMANÏA. Voyez la Lomagne.
1. LEON, Asî> , promontoire de l'ifle d'Eubée, fé-
lon Ptolomée, /. 3 , c. 15. C'eft aujourd'hui Cabo-
Mantello , félon Sophien. Ortélius croit que c'eft le
Leucé acie de Strabon.
2. LÉON , rivière de Phœnicie , félon Ptolomée ,
3. LÉON, promontoire de l'ifle de Crète, dans la
côte méridionale , félon le même, /. 3, c. 17.
4. LÉON, promontoire de l'ifle de Co, félon Héra-
elide , in Polhiis.
5. LÉON, village de Phrygie, félon Athénée, /. 1,
qui dit qu'on y trouvoit des eaux âpres & nîtreufes.
6. LÉON , Legio , ville de France , fur la côte fep-
tentrionale de Bretagne, dans le pays appelle le LÉo-
pois , dont elle eft la capitale j c'eft une des premières
LEO
barônnies de toute la Bretagne , poffédée depuis long-*''
tems par les ducs de Rohan, qui, à caule de cette vi-
comte, or.t droit de prélider alternativement aux états
de Bretagne avec ie duc de la Tremouille , baron de Vi-
tré. Les vicomies de Léon font appelles ordinairement
princes. Ils n'ont pas néanmoins la (eigneurie de; la ville
de S. Paul ou S. Pol, dont la junsdichon temporelle,
auHï-bien que la fpintuelle , appartient à l'évêque. qui y
fait la réfidence. Un nommé Paul ou Pol Aurctien t
dans le fixiéme fiécle , fut le fondateur ik le premier
évêque de cette ville ; ce qui l'a fait appeller depuis
S. P ul de Léon ou S. Pol de Léon. Il y établit le liège
épiscopal des Ofumiens , qui etoient les plus célèbres
entie lesArmoriques. Un les appelle Ojismu 6t Oximii,
L'abbé de Longuerue fouweiit que les evêques des Uxis-
. miens, marques dans- les conciles de rrance , ne lont
pas de prétendus évêques d'Hiesme, au pays d'Auge,
mais qu'ils font des évêques des Arm 11 ques; ce qui eft
démontré, parce que Mumenoïus , prince des Uretons,
chafta de fon liège Liberalis , évêq.ie des Oxismiens,
dans le neuvième liecie. Le même Numenonis érigera un
nouveau fié^e épucopal dans le monaftere de S. Rabu-
tuai ; ce qui fait voir que l'ancien é'oit celui qui avoit
été étahh trois fiécles auparavant à Léon , dont on ne
fait point avec certitude la linte des évêques, ni la
chionologie, à caulèque tout eft obscur dans l'ancienne
hiftoire de ce payi. Ce qu'on fait, c'eft que les Ofis-
miens ou Oxismiens avoient comme les autres u.ne*ville
capitale, dont on ignore le nom . 6c qui ne peut avoir
été fituée au lieu ou eft aujourd hui S. • ol ou S. Paul.
Cette dernière n'efl pas plus ancienne que le fixiéme fié-'
cle,.&' que l'évêque S. Paul ou S. Pol. Les géographes
placenr cette cité des Olis'iniens en.différens lieux , §C
où il leur plan. Ce ferait perdre fon tems que de s'amu-
fer à discuter leurs raiibns ou plutôt, leurs conjéâtiresr
Léon lèroit bien peu de choie fans le voifmage du port
de Roscof qui lui 1er: comme de fauxbourg. Eguinard
Baron, qui profefta le droit à Bourges, avec beaucoup
de réputation , & duquel nous avons un commentaire
fur les Inftituts de Juitinien , &c. étoit natif de Léon,
& mourut à Bourges le 22 Août i^^ âgé de cinquante-
cinq ans. * Piganiol de lu Force, Descr. de la France,
t. 5 , p. 241 ; Si De Longucrue ; Descr. de la France ,
pare; 1 , pag. 93. . • - ■
■ L'évêché de Léon eft fitué à l'extrémité de la baffe
Bretagne, dont il occupe toute la longueur de la côte,
depuis la rade de Breft jusqu'à la rivière de Morlaix.
Les principaux lieux de ce diocèfe font:
S. Paul de Léon , S. Renaud ,
Breft, Landemau,
Lesneven , Le Conqueft ,
L'ifle d'Oneffant. .
7. LÉON, royaume d'Espagne. Il tire fon nom de fa
ville capitale , & a pour bornes f Afturie au feptentrion,
la Galice, & une partie du Portugal à l'occident, & la
vieille Caftille au midi & au levant. Il s'étend en lon-
gueur, du nord au" fud, cinquante lieues ou environ, fur
quarante de large. * Vnirac, Etat préfent de l'Espagne,
/. 1 , p. 282.
Ses plus confidérables rivières font le Duero , qui Ië
partage en deux parties à-peu-près égales , la Pifucrga -,
le Canon, le Tormes, le Tono, la Tera, VEJla & l'Orbsgo.
Le pays eft fertile en tout ce qui eft néceffaire à la
vie, fur-tout un certain quartier, qu'on appelle le pays
de Vier™, aufli-bien que le territoire de .Ledesma. Le
vin y eft paflablement bon, & on y trouve des mines
de turquoiles. _ '
Le naturel des habitans tient allez de celui des Cas-
tillans. Ceux de Salamanque font acculés de n'être pas
bons amis, comme ii paroît par le proverbe qui dit :
Ni buen rapato de Waldres , ni buen amigode Sala-
manca ; ceft-à-dire: Ni bonfoulier de Kaldres, ni bon\
ami de Salamanque.
On compte dans le royaume de Léon une trentaine
de villes aflèz confidérables, parmi lesquelles Léon, As-
torga, Salamanque , Palencia , Zamora, Médina de
Rio-Seco &Ciudad- Rodrigo font honorées du titre dç
LEO
,E0
S. LÉON, ville d'Espagne, capitale du royaume de
même nom. Elle rut bâtie par les Romains du 'rems de
Galba, & appellée Legio fepùma Germanica , à caufe
qu'on y mit une légion Romaine de ce nom , &£ c'eft
de-Ià que le mot Léon s'eft formé par corruption , ainfi
qu'il eft prouvé par des briques anciennes qu'on y a trou-
vées avec cette inscription.
Leg. VII. P. F.
Elle eft fîtuée à l'extrémité d'une vafle campagne qui
fe termine aux montagnes d'Afturie, entre les deuxlbur-
ces de la rivière d'Efta. Elle eft honorée d'un évêché
fort ancien , qui, du tems des rois Goths, eut le privilège
singulier de ne dépendre d'aucune métropole, &C de re-
lever immédiatement du laint fiége.
Il n'eft pas poffible de pouvoir dire en quel tems cette
églife fut fondée ; dès l'an 158, on y voit un évêqueap-
pellé Martial, unique de ce nom. Baronius croit qu'il
fut le premier qui occupa ce fiége ; mais il le remplit
fi indignement, qu'après avoir eu une longue & fré-
quente communication avec les Gentils, il renia la foi
de Jefus-Chrift, & fut déclaré apoftat par le pape Etienne.
Ce malheureux eut des fuccefleurs, qui, par leur piété, ré-
parèrent la brèche qu'il avoit faite à fon églife, dont ils
fournirent l'éclat jusqu'à l'invaiion des Mores , qui en
bannirent le culte divin , jusqu'en 901, que le roi Al-
fonfe III reprit la ville de Léon fur eux ; il n'en fut
pas plutôt en pofltffion, qu'il fit rédi fier la cathédrale,
& nomma pour évêque Vincent , unique de ce nom.
Anciennement ce' évêché étoit fuflvagant de la métro-
pole de Braga ; mais le pape Lucien 1 le déclara indé-
pendant , &. voulut qu'il ne relevât que du famt fiége.
Le chapitre eft compofé de onze dignitaires, quatre-
vingt-quatre chanoines , vingt prébendiers , ck douze
bacheliers. Le roi eft le premier chanoine ; & quand il
fe trouve à Léon , il affilie au chœur en cette qualité ,
& reçoit la rétribution comme les autres. Le marquis
d'Aftorga jouit du même privilège. Le diocèle s'étend
fur mille vingt paroifles. L'évêque jouit de 12000 du-
cats de re\enu.
Son églife cathédrale eft célèbre par la beauté de fa
ftruéture , & le grand nombre de reliques de faints qui
y repofenr. Il n'y en a point en Espagne qui lui foit com-
parable à ces deux' égards ; de- là vient que les Espa-
gnols difent par manière de proverbe : Sevilla en gran-
de\a ; Toledo en requie^a ; Compojl-Ua en fortaliia ; y
Léon en foulera ; c'eft-à-dire : Sevdk en grandeur, "To-
lède en richefje, Compojielle en force , &cLéon en délica-
Outre les faints qui y font en dépôt , on y voit les
tombeaux de trente- le pt rois d'Espag.e, lk d'un empe-
reur. Dans le neuvième fiécle , le roi Ferdinand ayant
obtenu de Benaveth , roi More , qui tenoit fon fiége à
Séville , le corps de S. Ifidore , le fi; transporter dans
l'églife cathédrale dé Léon, &£ le fit ppfer dans une chafte
d'argent doré , fur l'autel de S. Jean-Baptifte.
La ville étoit autrefois plus grande , plus riche & plus
peuplée qu'elle ne l'eft aujourd'hui. Elle a été la pre-
mière place importante que les Chrétiens reprirent fur
les Mores. Pelage s'en étant rendu le maître en 712,
la fortifia, & y bâtir un bon château. Elle a eu l'hon-
neur d'être la capitale du premier royaume Chrétien
d'Espagne, ou, pour parler plus jufte , le lieu de la réfi-
dence des rois, l'espace d'environ trois fiécles, c"eft-à-
dire depuis Pelage jusqu'en 1029 , que le royaume fut
uni à celui de Caftille ,-par la mort de Vérémond III.
On y voit encore le palais royal , bâti au commence-
ment du treizième fiécle , par Bérengere, femme du roi
Alfonfe.IX.
9. LÉON, (LE NOUVEAU ROYAUME de) royaume
de l'Amérique feptentrinnale, dans la nouvelle Espagne.
Il eft borné au nord -eft par la rivière du Nord , qui
tombe dans, le golfe du Mexique, au midi pai- le pays
de Panuco ou Guaftuco & par la nouvelle Galice , au
nord par la nouvelle Biscaye. Ce royaume n'eft presque
point peup'é. Il y a beaucoup de montagnes , parmi
lesquelles il y a des mines. Les mines les plus connues
font celles de Caouila au nord , &c celles de Guanahate
au midi ; du refte, point de villes ni de colonie conli-
dérable.
79*
10. LEON DE NICARAGUA, ville de l'Améri-
que, dans la nouvelle Espagne, dans la province de
Nicaragua. Eile eft à douze lieues de la mer du Sud,
fur le bord d'un lac, que les Espagnols appellent lagund
de Nicaragua. Ce lac a flux & reflux comme la mer,
& plus de cent trente lieues de tour , fi l'on en croit
les Sauvages qui demeurent par bourgades aux environs,
en très-grand nombre. La ville appellée Lion de Ni-
caragua eft bâtie en ifh lieu fablonneux, & environnée
de tous côtés d'un bocage fort épais. On l'a jugée au-
trefois fort commode pour exercer le trafic entre l'une
& l'autre mer, à caufe qu'elle n'eft qu'à foixante & dix
lieues du cap^ de Honduras , où le chemin eft afïez aifé. Il
y a une églife cathédrale avec quelques monafteres de
religieux de la Merci. Le gouverneur de la province &
les autres officiers du roi y font leur réfidence ordinaire,
& elle eft le fiége de l'évêque de Nicaragua. On dit
qu'il y a dans ce diocèfe plus de fix vingt mille Sauva-
ges, qui payent tribut tous les ans aux Espagnols. A
trois lieues de la ville , du côté du nord du lac , on
voit une fort haute montagne, dent le Ibmmet eft aigu,
avec une grande gueule ouverte , d'où, foir &£ matin , il
fort une fumée fort épaifle. Cette montagne vomit quel-
quefois quantité de pierres de ponce fuifurées. A quatre
lieues de-là , presqu'au pied d'une autre montagne , qui
vomit aulfi des flam.nes , il y a un petit lac rond fk en-
foncé de plus de mille coudées. Quoiqu'il foit environné
de rochers-, les Sauvages y descendent chargés à: cou-
ches, bc ils remontent enfur.e avec une adreflè qui ne
i'e peut exprimer. Thomas Gage dit , en par'anr d.i vol-
can qu'on trouve à trois lieues de Léon de Nicaragua ,
qu'un des habitans perfuadé que le métal qui brûioit dans
ce volcan étoit de l'or, fit attacher un grand chaudron
à une chaîne de fer, afin de le descendre au bas de l'ou-
verture de la montagne, ne doutant point qu'il ne le reti-
rât rempli de cet or fondu ; mais par la force du (m , le
chaudron fut détaché de la chaîne , & fondu en un mo-
ment. * De Lait , Ind. occid. /. 7, c. 10.
En 1685, des Flibuftiers Anglois prirent & pTerent
cette ville , à la face d'une armée Espagnole , qui r.'a-
voit ofé ni les attaquer ni accepter le combat qu'ijs
luiavoient préfenté , parce qu'elle attendoitde plusgtan-
des forces , ck qu'elle n'avoit encore que fix hommes
contre un. * Notes du P. Charlevoix.
LEONA , nom employé par quelques-uns pour ligni-
fier S. POL DE LÉON.
LEONARD , (saint) petite ville de la Carinrhje.,
fur la rivière de Lavant. Elle dépend de l'évêque de
Bamberg. -
LEONATA, ville de la Pcmnonîe, près delà Save.
Antonin,dans fon Itinéraire, en fût mention, au rapport
d'Ortélius. Je ne l'y ai pas trouvé. Ptolomée n'en parle
pas non plus.
LEONCEL, Leoncellum, abbaye de France, en D?.u-
phiné, au diocèfe de Vaience , ordre de Cîteaux. Ella
eft de la filiation de Bonnevaux, à trois lieues de R.o-
mans. Elle fut fondée en 1157.
LEONDARI, petite ville de la Morée, dans la Za-
conie, aux confins du duché de Clarence , à la (burce
de la rivière de Rifo , ck à quatre lieues de la ville de
Dimizana vers le nord. On, la nomme aufii Larifja* fé-
lon Baudrand, id. 1705. Selon le géogr.iphe de Vitt ,
le Rifo eft le Rifo , anciennement Lariffus , fur lequel
la ville de Léondari eft fiiuée.
LEONESSA , petite place d'Italie , au royaume de
Naples, dans l'Abrtizze ultérieure, entre des montagnes,
fur la frontière de l'Ombrie, à fept milles de Riéti , ck
autant de Civita ducale. * Baudr. éd. 170s;.
LEONICA, ville de l'Espagne chérieure, au pays des
Hédétains, félon Ptolomée , /. 2 , c. 6. Ses habitans font •
nommés Leonicenfes par Pline, /. 3 , c. 3. C'eft préfen-
rement Alcanit{ , fur la rivière de Guadalupa dans l'A-
ragon , ck , félon d'autres , Oliete,
LEONINA-URBS. On a ainfi nommé une partie de
la ville de Rome , ou plutôt un fauxbourg qui eft de
l'autre côté du Tibre, entre le Vatican ck le château
S. Ange , où font le palais du Vatican ck-la Bafilique de
S. Pierre. Ce lieu étoit hors de la ville, ck expofé aux
infultes des Barbares , qui venoient maflacrer les fidè-
le';, qu'attiroit en ce lieu la dévotion envers les tom-
beaux des faints apôtres, (k piller les grandes richefles
79*
LEO
LEO
•jue la libéralité ries Chiliens avoit accumulées dans
cette églife. Le pape S. Léon fit faire une muraille au-
tour de ce fauxbourg , 6k l'enferma comme le refte de
la ville ; ce qui lui a fait donner le nom de ville de
Sainf-Leon. Son nom moderne eftBoRGO. On nomma
auffi ce même canton urhs Ravennatium , la ville des
Ravennois, parce qu'on y avoit mis en quartier les fol-
dats de la flotte de Ravenne. * PLtine, Vit. S. Leonis.
LEONIS MONASIERfUM , nom latin de Lemps-
TER. Voyez ce mot.
LEONTALE, port de l'Amérique, fur la côte de l'ifle
àc S. Domingue , avec une habitation françoile, félon
Baudrand , éd. 1705.
LEONTARI, ouLeondario, ville de la Morée,
dans la Zaconie. De Witt croit que c'eft la fameufe Mé-
galopolis des anciens. Baudrand dit qu'elle eft fur PAL-
phée, au pied des monts, à vingt-cinq milles du golfe de
Coron. Il ajoute qu'elle eft peu habitée 6k presque ré-
duite en viiiage ; que les Vénitiens s'en emparèrent
en 16S7, & qu'ils la poffedei.t encore. Cela étoit vrai
alors ; mais ils l'ont perdue avec tout le refte de la Mo-
rée.
LEONTINI , ancienne ville de Sicile , félon Pompo-
nius Mêla, /. 2, c. 7 ; & Pline, l. 3, c. 8. Ptolomée,
/. 3 , c. 4, l'appelle Leontium. Polybe, dans un frag-
ment du livre 7, décrit ainfi cette ville. La ville des
Léontins eft tournée vers le nord, fi l'on a égard à la
pente de tout le terrein. La ville eft travertée au milieu
par une espèce de vallée unie , dans laquelle eft l'hôtel
de ville 6k le lieu des tribunaux , 6k enfin le marché.
Chaque côté de cette vallée eft bordé de collines escar-
pées <k taillées en précipices ; mais au deffus de ces col-
lines eft une plaine couverte de mailons 6k de temples.
Il y a deux portes , l'une à l'extrémité méridionale de la
vallée, 6k qui mené à Syracufe ; l'autre , à l'extrémité fep-
temrionale , mené dans des campagnes nommées les
champs Léontins, où font des terres labourables. Le long de
la colline, qui borde la vallée au couchant, eft une rivière
appellée LiJJon; au pied de la roche, eft un rang. de mai-
fons également diftantes de la rivière dont elles font fé-
parées par une rue. Cicéron parle de ces campagnes
comme de terrestres-fertiles. JEtnen/is ager, qui J'oie*
but ejfc cultiffimus , & quod caput efi rei fumentaria ,
campus Leontinus. Pline nomme la ville Leontini , 6k
cette campagne Latflrygonii campi. Cela s'accorde avec
une ancienne opinion qui plaçoit les Leftrygons en ce
lieu-là. Silius Itaiicus, L 14, v. 126, dit en ce fens:
Prima Leontinos vajldrunt pralia campos ,
Rignatam dura quondam Lafirygone urram,
Diodore de Sicile dit que cette campagne avoit été auffi
nommée Xuthia ager, du nom de Xuthus, fon ancien
maitie. La ville fubfifte encore 6k fe nomme Lentini.
Les anciens nommoient Leontinus Jinus , la partie mé-
ridional du golfe de Catane.
1. LEONTIUM. Voyez l'article précédent.
2. LEONTIUM , ville du Péloponnèfe , dans l'A-
chaïe proprement dite, félon Polybe, l.l, c. 41 ; 6k
' LeÔnTOCEPHALE, a^-™^*^. Ce nom fignifie
tête de lion. Appien , in Mithridat. appelle ainfi une très-
forte place de la haute Phrygie. Plutarque, in Themijlod.
la met au botd de la mer Egée, fi on en croit Ortélius.
Le P. Lubin relevé cela fans le nommer, 6k dit: Plutar-
que n'en met pas la fituation fur la mer Egée, comme
font quelques auteurs ; il dit feulement que Themiftocle
allant vers la mer , le Satrape de la haute Phrygie le
voulut faire aftaffiner quand il pafferoit par la ville de
Léontocéphale. Sa critique eft jufte. Voici le paffage
entier de la tradition de Dacier. Quelque tems après,
Themiftocle étant allé vifiter les provinces maritimes,
pour queïques affaires qui regardoient la Grèce, un fei-
gneur de Perle, nommé Epixyes , Satrape de la Phry-
gie fiipérieure , lui dreffa des embûches, 6k apofta quel-
ques foldats Pifidiens, pour le tuer, quand il feroit arrivé
dans la vile appellée Léontocéphale.
1. LEON! ON, ou Leontos, ancienne ville de la
Phamicie, félon Pline, /. <f, c. 20. Scylax, p. 40, 6k
Strabon, /. 16, p. 7-56. Ce mot veut dire la ville des
■fions ou du lion ; Leontos. Elle étoit voifins de Sitlon
& de Béryfe, & peut-être fur le fleuve Léon qui appa-,
remment lui donnoit le nom.
2. LEONTON , ou LeonTOPOlis , ancienne ville
d'Egypte , capitale d'un nôme qui prenoit d'elle le nom
de Leontopolites nomus. Ptolomée, I.4, c. 5, fait men-
tion de l'un 6k de l'autre.
1. LEONTOPOLIS. Voyez Leonton.
^ 2. LEONTOPOLIS, ville épiscopale d'Afîe , dans
l'Hénélopont , félon la Notice de l'empereur Léon le
Sage , dans laquelle on lit Zalichi Jîve Leontopoleos. Ce
nom eft fimplement Za.lich.en dans la Notice de Hiè-
rocles.
3. LEONTOPOLIS. Il y a une ville épiscopale de
ce nom, attribuée à l'Ifauriepar Photius , Nornocanont
6k dans le fixiéme concile de Conftantinople.
5 LEONUM SPECULA , l'Echauguette des lions, lieu
d'Ethiopie, fur le golfe Arabique, lèlon Strabon, /. 16,
p. 774. Elle étoit voifine du port de Pythangele.
LEONUM URBS. Voyez Leonton & Leonto-
lis.
LEOOMNE, montagne de Grèce, fur le golfe dé
Macédoine, ou de Salonichi. Pline, /. 4, c. io, parle
de cette montagne.
LEOPHORA via, chemin public, aux environs de
Sufe , ville de la Perfide , comme nous l'apprend Dio-
dore de Sicile , /. 2. Paufanias, in Phocicis , la décrit
auffi. On la nommoit encore Memnonia via , parce que)
Memnon l'avoit fait applanir.
LEOPODUM, heu maritime d'Afie, dans l'Iorie^
auprès d'Eryihiès, félon Athénée, qui dit que le cada-
vre du roi Cnopus y fut jette.
LEOPOL, ville de Pologne, au palatinat (a) de
Ruffie, dont elle eft la capitale , fur la rivière de Bug 4
6k le ruiffeau de Pel.ew , au 49e d. 5' de latitude, 6k au
42e d. 40' de longitude. Les Allemands l'appellent Lem-
berg, les Polonois Lwow ou Luouf ; le nom latin eft
Leopolis. Elle a été bâtie par Léon, duc de Ruffie, dont
elle porte le nom. Elle a un archevêque 6k un chapitre
du rite Latin, dont les revenus font fort petits à la vé-1
rite , mais dont le reffort eft fort étendu , puifqu'il n'y à
dans toute la Pologne que cet archevêché 6k celui de
Gnefne. La Ruffie n'a qu'un feul palatin , du nom gé-
néral de la province, & plufieurs Starofties, dont celle
de Léopol eft une des meilleures. Quant à la ville, qu'on
doit regarder comme la dernière de Pologne de ce côté-
là , elle eft fituée dans un fond , entourée de montagnes,
ou coteaux, à plufieurs étages, qui la commandent abso-
lument, fur-tout une hauteur fupérieure aux autres, dont
elle eft couverte à l'orient, 6k fur l'arrête de laquelle efi
un ancien château de brique 6k de pierre , long 6k ferré,
fans autre défer.fe que des tours , des angles , des mur-
trieres , des créneaux fans foffé , fans ouvrage extérieur.
Il eft auffi tout-à-fait inutile ; car il ne fauroit défendre la
place , ni la commander en citadelle , à caufe de fon élé-
vation : néanmoins on l'a un peu reparé le fiécle paffé,
6k on y a creufé un grand puits. La ville eft allez belle,
bâtie de brique , les rues larges , les mailons exhauffées,
la place très-vafte , fort riante, entourée de bâtimens
confidérables. Pour les églifes , il y a peu de villes en
Pologne, qui en ayent tant, 6k de fi belles. Ceile-ci efi
pleine de marchands François , Grecs , Arméniens , Ecof-
fois , Valaques , Levantins , qui tous y apportent les den-
rées de leurs pays ; la république y tient les magafins
d'armée 6k fon arlénal. Tous les officiers y font leurs pro-
vifions 6k leurs équipages. Tout cela ne peut manquer de
rendre cette ville fort riche 6k fort diftinguée. Elle eft
enfermée d'une double enceinte de murailles de brique,
flanquées détours rondes, couvertes d'un petit foffé ma-
récageux , à quoi on ajouté , du côté qui regarde le pays
des Turcs, quelques ouvrages modernes, demi-lunes,
ravelins , battions revêtus , qui ne lui fervent guères.
On a tracé encore au-delà une fortification régulière",
qui n'eft en aucun état de défenfe , les Polonois fe con-
tentant de marquer leur deffein, fans en venir à l'exécu-
tion ; 6k on a fortifié par-deffus tout certains monafte-
res bâtis fur les hauteurs voifines qui commandent. la
ville, 6k qu'il vaudrait mieux rafer. Tout ce travail ne
laiffe pas de coûter beaucoup , 6k d'être fort mal em-
ployé, les Turcs n'étant pas gens à s'arrêter devanr une
auffi méchante place. En effet ils ne voulurenr p~s la
. prendre en 1671 , 6k fe contentèrent de brûler fes fa 'x-
bourgs,
LEP
LE
pp
bourgs , Se de compofer avec la ville qui fe racheta
pour cent milie écus , Se donna pour otages de cette
fomme dix riches bourgeois , qui moururent la plupart
dans les priions de Kaminieck , faute de l'avoir payée.
(b) Il y a deux portes & deux fauxbourgs, où l'on compte
environ quinze cents mailbns Se plusieurs églifes. Il y a,
tant dans la ville que dehors, de beaux jardins ; les en-
virons ont auffi des vignes qui fourniffent tous les ans
une centaine de tonneaux de vin. Quelques ruiffeaux ,
entr'autres , le Peltew , fourniffent du poiffon , favoir
des brochets, des carpes, des perches, des goujons.
On tient tous les ans une belle foire à Léopol , le jour
de S. Agnès. Cafimir III, furnommé le Grand, fe ren-
dit maître de cette ville, en 1340; 8e fon évêché fut ho-
noré de la dignité d'archevêque, l'an 136t. * (a) Mé-
moires de Baujeu , /. 2 , c. 1. (b) Andr. Cellar. Defcr.
R. Polon. p. 311 & feq.
Les Suédois escaladèrent cette ville, en 1704 , & y
firent couronner Staniflas Leczinski par l'archevêque de
cette ville.
La Chatellenie de Léopol , contrée de Polo-
gne , au palatinat de Ruffie , avec lequel on la confond
fouvent , quoiqu'elle n'en foit qu'une partie.
1. LEOPOLDSTADT , ville de Hongrie , fur le
Vag ; elle eft petite Se bien fortifiée. L'empereur Léo-
pold , dont elle porte le nom, la fit bâtir en 1665 , deux
ans après la prife de Newhaufel par les Turcs. Cette ville
eft dans le comté de Neitra. * Baudrand, édit. 1705.
2. LEOPOLDSTADT , fauxbourg de Vienne, ca-
pitale de l'Autriche , de l'autre côté du Danube. L'em-
pereur Léopold le fit fortifier en 1704 , pour le garantir
des ravages des mécontens de Hongrie , qui étoient les
maîtres de la campagne. * Baudrand , édit. 170?.
LEOSTHENIUM, golfe du Bofphore de Thrace ,
félon Etienne le Géographe. Ce même golfe eft nommé
Lajihenes , par Denys de Byzance , au rapport de Pierre
Gilles , qui croit que c'eft auffi le même qui eft nommé
par Pline, /. 4, c. il, Cajlhems. Le P. Hardouin
dit que tous les manufet its s'accordent à dire Câjlhenes ,
& qu'il a autrefois foupqonné avec divers favans , qu'il
vaudrait mieux dire Lajihenes; de manière que ce mot
feroit pour Leofthenes , Aém<?6 s'm -, OuLeoJlhenios, AimtrQivio;.
Il n'ofe, dit-il, écrire Sojlkencs , contre la foi des ma-
nuferits , quoique Nicéphore , dans fon Abrégé de l'Hif-
toire , ait fait mention du port Softhenius , ad ann.
DCCXVII, & que dans l'Anthologie gréque , il y ait
une épigramme en l'honneur d'une danfeufe dont la fta-
tue étoit in Sojlhenio.
LEPANTE , Naupaclus, ville de Grèce, dans la
Livadie propre , avec un port fur la côte feptentrio-
nale du golfe , qui prend d'elle le nom de golfe de
Lepante. Spon en parle amfi : elle étoit ancienne-
ment appellée Naupaclus , d'un mot grec , qui fignifie
bâtir un vaijjeau, foit que les Héraclides euffent fabriqué
là le premier navire , ou les peuples de la Locride ,
comme le veulent quelques auteurs. Le P. Coronelli dit
dans fes Mémoires hiftoriques & géographiques de la
Morée , p. 130, que la ville de Lepante eft appellée
des Latins Naupaclus ; du vulgaire Epaclos , Se des
Turcs Einebachti. Elle eft fituée dans le pays de Livadia,
fur le rivage , peu loin de l'ouverture du golfe de même
nom , autour d'une montagne de figure conique , fur le
fommet de laquelle eft bâtie la fortereffe , fermée de
quatre rangs de groffes murailles féparées par de petits
vallons entre deux , où les habitans ont leurs maifons.
Le port n'a pas plus de cinquante pieds de circuit. ( Il y
a erreur dans le calcul,) Se on pourroitle fermer à chaîne,
étant affez étroit à fon ouverture ; ce qui fait auffi qu'il
ne s'y peut ranger qu'un petit nombre de vaiffeaux ; &
même il arrive quelquefois qu'ils ne peuvent en fortir
faute d'eau ; Se fi le fameux corfaire , Durach Bey , s'y
tenoit à l'abri avec les galères , c'eft qu'il prenoit un
foin très-particulier de le tenir net. Durant le régne de
l'idolâtrie , il y avoit à Lepante quatre temples confacrés
à quatre divinités, un à Neptune, l'autre à Vénus, le
troifîéme à Esculape , " Se le quatrième à Diane. Elle eft
fous la domination des Turcs . & gouvernée par un Vai-
vode. Il y a fept mosquées, deux églifes de Grecs, qui
font traitées avec le dernier mépris par les Turcs , &
trois fynagogues de Juifs. Si au-dedans les habitans man-
quent de lieux agréables , ils ont dehors, au levant , du
793
côté de la mer, une abondante fource d'eau, qui, après
avoir ièrvi à faire tourner des moulins à poudre, Se aux
aprêts des marroquins , en quoi conlifte toute la richeffe
de ceux du pays , arrofe enfui te une douzaine de planes
d'une belle groffeur , Se rend ce lieu très -délicieux.
L'attaque de cette place étoit très-difficile avant l'ufage
du canon. En 1408 , elle étoit foumife à l'empereur de
Conftantinople ; mais l'empereur Emanuel trouvant trop
de peine à la foutenir,la céda à la république deVenife;
fous cette domination, elle prit une nouvelle forme, Se fuc
munie d'une manière à pouvoir réfifter à une puiffante
armée. En effet, au fiége de 1475 , il périt trente mille
Turcs , Se leur armée rut contrainte de lever honteufe-
ment le fiége , après l'avoir tenu plus de quatre mois. Ba-
jazet II la prit fur les Vénitiens. On y voit encore le faint
Marc de Venife, dit Baudrand. Ce fut près de cette
ville que D. Juan d'Autriche remporta, en 1^71 , la fa-
meufe victoire fur la flotte des Turcs. Corneille en parle
affez au long.
Le golfe de Lepante , pris dans fa longueur, du fep-
tentrion jusqu'au rivage de l'Achaïe, Se au midi à celle
de la Morée , fépare l'une de l'autre ces deux grandes
parties de la Grèce ; il a eu plufieurs noms que les au-
teurs lui ont donnés, félonies diffe.ens tems & les oc-
cafions particulières. Les anciens l'appelloient Cricefus ;
Strabon mer d'Alcion, Sec; fon nom le plus ordinaire
étoit le golfe Corinthien. Il comprend quatre écueils dans
fon étendue , Se reçoit fes eaux de la mer Ionienne, par
l'entrée qui eft entre deux promontoires , avancés du
continent, & fur lesquels font deux châceauxqu'on nomme
les Dardanelles. Toutes les marchandifes qui forte ut de
ce golfe, comme les cuirs, les huiles, le tabac , le riz,
l'orge , payent à YEmin trois pour cent ; & cet officier
en rend fix mille piaftres par an au Grand-Seigneur. Au-
trefois Lepante étoit l'entrepôt des marchandées qui ve-
noient d'Occident ou du Levant, par le golfe d'Engia;
mais à prélent l'entrée n'eft plus libre aux navires étran-
gers, qui, à caufe de cela, font obligés de s'arrêter àPa-
tras ; Se la plus grande partie de ceux qui abordent à
Lepante,- font des corfaires; auffi appelle-r-on cette ville
le petit Alger.
LEPAS , Al&a.; A'xfa/of ; Thucydide nomme ainfi le
fommet d'une roche en Sicile , dans le territoire de Sy-
racufe. C'eft aujourd'hui Crimiti.
LEPE, autrefois ville de l'Espagne, dans la Bétique.
Ce n'eft plus qu'un bourg de l'Andaloufie , environ à
une lieue de Cadix , entre l'embouchure de laGuadiana
Se celle de l'Odier. * Baudr. édit. 1705.
LEPETHYMNUS, ou Lepethymus , montagne de
l'iUe de Lesbos. Philoftrate , de Vir. illuftr. la met aux
environs de Méthymne. Le texte latin port t Lepethymnus.
Antigone , in mirabil. dit Lepethymnus , Se Théophrafte
de même. Quelques éditions de Pline, /. 5 , c. 31, por-
toient Lepethymus; celle duP. Hardouin a Lepethymnus.
Le nom moderne de cette montagne eft Leptimo, c€ mon-
tagne de S. Théodore. Ortélius, Thejaur. croit que c'eft
la même que Lampetium.
LEPHANA. Voyez Leuphana.
LEPIDE , ville d'Afrique , dans la province de Tri-
poli , au royaume de Tunis. On la nomme auffi Ullo &c
Aloa. Elle eft fermée de bonnes murailles fort hautes
faites de grandes pierres de taille, Se doit fa fondation
aux Romains. Les hiftoriens du pays témoignent qu'elle
fut extrêmement peuplée auttefois , Se que l'Europe y
entretenoit un grand trafic. Cette ville que Ptolomée
met à 40 d. 30' de longitude , Se à 3 1 d. 40' de latitude,
fut détruite par l'armée d'Occuba, la première fois que
les fucceffeurs de Mahomet pafferent en Afrique , Se fe
repeupla depuis. Elle demeura fous l'obéiffance du Ca-
life de Carvan, jusqu'à ce qu'une autre armée d'Arabes
paffant en Afrique contre le rebelle qui avoit porté cette
place à fe foulever, la ruina entièrement. Quoique la ville
de Tripoli de Barbarie ait été bâtie de fes ruines , on
nelaiffe pas de voir encore quelques reftes de fes anciens
bâtimens. * Marmol. Afrique, 1.6, c. 43.
Cette citation de Ptolomée n'eft pas jufte. Voici quelle
eft, félon ce géographe, la iituation des deux villes nom-
mées Leptis:
Longit. Latit.
Leptis parva, 37 d. 10' 3id. 36'
Leptis magna, az o 31 40
Tome III. Hhhhh
794 LEP
On voit bien que Marmol a été perfuadé que Lepidi
eft la même ville que la grande Leptis. Voyez Leptis.
LEPIDOTUM, AvriïÔToi, ville d'Egypte, félon
Ptolomée,/. 4, c'y. Elle étoit dans le Nôme Panopolite.
LEP1NUS Mons, montagne d'Italie. Columelle ,
/. 10, en fait mention dans ce vers:
Que Marucinï, qua. Signio, monts. Lepino.
LEPONTII, ancien peuple, aux confins de l'Helvé-
îie , de la Rhétie , & de l'Italie , félon les différens au-
teurs qui en ont parlé; &, à dire vrai, rien n'eft moins
certain que la véritable place de ce peuple , fi-tôt que
l'on contulte plufieurs géographes anciens , Se il n'y a
guères de nations fur qui ils s'accordent fi peu. Si on
prend à la lettre ce qu'en dit Céfar, /. 4, leur pays eft
préfentement celui des Gnfons. Rhenus oritur ex Le-
pontis, qui Alpes incolunt. Le Rhin a, dit-il, fa fource
chez les peuples Lépontiens , qui font dans les Alpes.
Toutes les fources du Rhin font aujourd'hui dans les
Grifons. Les peuples Lépontiens , félon lui , étoient aux
fources du Rhin. Ils étoient donc au pays où font pré-
fentement les Grifons. Cela eft clair.
Mais fi l'on confulte Pline, /. 3 , c. 10 , ils feront dans.
le Valais ; Rhatorum Vennonetes , Sarunetesque ortus
Rheni amnis accolunt , Lepontiorum qui Viberi vocan-
tur fontem Rhodani. C'eft-à-dire: les peuples Vennone-
tes & Sarunetes d'entre les peuples Rhéliens, font à la
fource du Rhin ; les Vibériens , qui font des peuples Lé-
pontiens, font à la fource du Rhône. Le Rhône a fes fources
dans le Valais. Ces Lépontiens étoient donc dans le Valais.
Si on s'en rapporte à Ptolomée, A3, c. 1, ils feront
fur les confins du Dauphiné &c du Piémont : in Alpi-
busCottiis Lepontiorum urb s Oscela. Oscela, dit -il,
ville des Lépontiens , eft dans les Alpes Cottiennes. Il
femble, félon Nicolas Sanfon , de qui font ces remar-
ques, que Ptolomée ait confondu YOcelum de Cefar,
qui eft dans les alpes Cottiennes , avec Oscela Lepon-
tiorum qui en eft allez loin. Quoi qu'il en foit, les Alpes
Cottiennes font aux environs du Mont-Genevre, là où
Briançon eft du côté du Dauphiné , & Sufe du côté du
Piémont. Les Lépontiens étoient donc, félon ce fys-
tême, aux environs du Mont-Genevre , entre le Dau-
phiné & le Piémont.
Pris à la lettre de Strabon , /. 4, p. 106, ils feront à
l'occident de Côme : Supra Comum quoi ad radiées Al-
pium (itum ejihinc Rhceti & Vennones ad orientem verji
colunt , Mine Lepontii & Tridentini , &c. C'eft-à-dire :
au-deffus de Côme , qui eft au pied des Alpes, d'un côté
font les peuples Rhétiens , <k les Vennons vers l'orient";
de l'autre côté font les peuples Lépontiens , &c. Si les
Rhétiens & les Vennons étoient à l'orient de Côme, &
les Lépontiens de l'autre côté , ceux-ci feront donc à
l'occident, & cela eft véritable à l'égard des Lépontiens
feulement. LesRhétiens &c les Vennons font au nord de
Côme & non pas à l'orient ; le peuple Tridentini , de
l'évêché de Trente, font bien loin vers l'orient, & non
pas vers l'occident, comme le dit Strabon, y ayant même
divers peuples entre deux.
La fiti'ation des Lépontiens fe prouve par celle de leur
capitale Oscela, qu'on appelle encore aujourd'hui domo
d'Oscela, & par corruption domo d 'Ofula ; & par l'une
des principales vallées , que ce peuple a occupées , qui
retient l'ancien nom du peuple , favoir Val-Leventina ,
comme qui diroit Lepontina , laquelle eft à la fource du
Téfin ; 6c cette afliette , qui approche de l'opinion de
Céfar & de celle de Pline , n'eft pas fort éloignée de
celle de Ptolomée , & s'accorde même avec celle de
Strabon. Les Lépontiens font à l'occident de la ville &
du lac de Côme ; ils ne font pas fort éloignés de Sufe,
n'y ayant que Salaff: , le Val-dAofte entre deux ; ils
font au midi & au pied des Alpes, du côté de l'Italie, au
nord desquelles le Rhin prend fa fource d'un côré , &
le Rhône de l'autre ; de forte que Céfar & Pline ont
approché du but. Ptolomée s'en eft un peu écarté ; Stra-
bon y a touché , mais plutôt par hazard qu'autrement.
Au refte , ces peuples ont tenu les environs du Lac-ma-
jeur, tirant vers les Alpes. Cela comprend pariie de l'état
de Milan , & presque tous les bailliages que les Suiffes
tiennent en Lalie, favoir Bellinzone. Lugan, Lucarne, &c.
Telles font les obfervations de Nicolas Sanfon, fur le
peuple Lépontiens.
LEP
LEPRIA, ifle d'Afie, fur la côte d'Ionie, félon Pline,"
/. 5,c.3i.
LEPRIUM, Lepreum, Lepreon & Lepreus,
ville du Péloponnèfe , dans l'Elide , à trente ftades de
Samicum, &t de la côte de la mer, félon Strabon, /. 8.
Paufanias dit Lepreus pour le nom de la ville , & Le-
preatœ pour défigner fes habitans. Lepreus, dit-il, Ailiac.
1. 1 , c. 5 , & 1. 2, c. 1 5 , ville de la Triphylie & de
Leprée , qui eft dans la Triphylie. Il dit auflî, /. 1, c. 5 :
les Lepréates veulent paner pour Arcadiens ; mais il eft
clair qu'ils ont été anciennement du nombre des Eléens.
Ceux de cette ville , qui remportoient le prix aux jeux
olympiques, étoient proclamés par le cneur public, &£
qualifiés Eléens de Leprée. Cette prétention des Lepréa-
tes infinue qu'ils étoient voifins de l'Arcadie , & cela ne
quadre point du tout avec la fituation que Strabon leur
donne fi près de la mer. Us dévoient en être plus éloi-
gnés qu'il ne dit, autrement ils n'auroient pas été voi-
fins de l'Arcadie. Ptolomée met Leprium dans les terres,
allez près des confins de l'Arcadie ; ce qui eft plus jufte.
Niger croit que le nom moderne eft Chaiapa. Pline ne
fe contente pas de donner Lepréon à l'Arcadie , il lui
joint même le nom de cette province comme un fur-
nom Lepreon Arcadice.
LEPROSIUM, nom latin de Levroux. Voyez ce
mot.
LEPSIA , ifle d'Afie, fur la côte de Carie , dans la
mer de Rhodes , dans la Méditerranée , félon Pline, /. 5,
£.31.
1. LEPTE A CR A, promontoire de l'Inde, félon Pline,
/. 6, c. 29. Il dit que d'autres le nommoient auflîDRE-
PANUM.
2. LEPTE Acra, lieu maritime de la Galatie, félon
Arrien, Peripl.
3. LEPTE Acra, lieu^maritime d'Egypte , fur le
golfe Arabique , auprès de Bérénice , félon Ptolomée ,
1.4, M-
LEPTIMAGNUS,
LEPTIMIENSIS, £
LEPTIMIUS.
Voyez Leptis.
LEPTIS , ancienne ville d'Afrique ; il y en avoît
deux que l'on diftinguoit par les furnoms de grande &
de petite.
LEPTIS-MAGNA, ou la grande Leptis, ville &c
colonie Romaine , en Afrique ; elle étoit dans la contrée
nommée Syrtique, & l'une des trois,qui donnèrent le nom
de Tripolis à cette contrée. Ptolomée, qui liait la côte
d'occident en orient , nomme la grande Leptis immé-
diatement, avant le fleuve Ciniphe. On ht dans cet auteur,
/. 4, c. 3 : Néapolis que Von appelle aujji Tripolis. C'eft
ainfi que portent les éditions ordinaires. Mais l'ancien
interprète Latin & le Manuscrit de la bibliothèque Pa-
latine dilent beaucoup mitnx , Néapolis qu on appelle
an ffz la grande Leptis. Nous verrons au mot Tripolis,
que ce n'étoit pas le nom d'une ville , mais d'une con-
trée où étoient trois villes , dont la grande Leptis étoit
une. Strabon, /. 17, dit: Néapolis que l'on appelle auftt
Leptis. Ceux qui ont voulu employer l'autorité de Pto-
lomée , pour dire que la ville de Tripoli eft la même
que la grande Leptis, n'ont pas fait réflexion que Tri-
poli- Vechio, ou le vieux Tripoli, encore moins celui
d'aujourd'hui , n'eft pas allez près de la rivière , mais
qu'ils font l'un & l'autre beaucoup plus au couchant. Si
Ptolomée avoit écrit, comme ils le prétendent , quelle
apparence y a-t-il qu'il n'eût point fait mention d'une
ville auffi confidérable que la grande Leptis, qui durait
encore, ôf confervoit fon même nom dans le tems que
les Itinéraires ont été drefles , c'eft-à-dire long-tems
après Ptolomée ? Il eft vrai que Pline, /. 5, c. 4, dis-
tingue Néapolis de Leptis, furnommée la grande; mais
il fe trompe fur la trace de Pomponius Méiaquis'eft fort
brouillé en cet endroit. Le P. Har.douin tâche en vain de -
le juftifier. Cette ville, en qualité de colonie Romaine,
eft nommée fur les médailles Col. Vie. Jul. Lep.Co-
lonia viclrix Julia Leptis , c'eft-à-dire Leptis, colonie
viclorieufe Julienne. L'Itinéraire d'Antonin & la Table
dePeutinger lui confirment cette qualité de colonie. Cette
ville étoit épiscopale.Dans la Notice épiscopale d'Afrique,
Callipide, évêque de la grande Leptis, Callipides Lep-
LEQ
LEPv
ilmàghetijîs eft nommé le premier entre les évêqnes de
la province Tripolitaine.
LEPTIS PARVA, ou Leptis MINOR, c'eft- à-dire
la. petite Leptis, ville d'Afrique, dans ^ la Byzacène.
Dans quelques exemplaires de l'Itinéraire d'Antonin, on
lit Lcpti minus civitate ; c'eft ainfi qu'Aide & Simler le
mettent dans leurs éditions, 6k la Table de Peutinger
porte Lepte minus. Il ne faut pas croire que ce fût pour
cela une petite ville. Elle ne s'appelloit ainfi que par rap-
port à l'autre Leptis, 6k pour les diftinguer; car du relie
c'étoit une belle & grande ville. Pline, /. 5 , c. 4, l'ap-
pelle Liberum oppidum , ville libre , 6k Hirtius , c. 7 ,
Libéra civitas & immunis , ville libre 6k tranche. Sur la
Carte de Peutinger, elle a la marque des grandes villes ;
& Céfar y mit fix cohortes en garnifon. Hirtius, c. cfj ,
dit: il condamna à une groffe amende les Leptitains,
dont Juba avoit pillé les biens les années précédentes,
ckqui s' étant plaints au fénat par 'des députés, 6k en ayant
obtenu des arbitres, avoient recouvré ce qui leur appar-
tenoit. Il s'agit ici de la petite Leptis ; ck c'eft de cette
querelle de Juba, que Céfar , Civil. 1. a , c. 38 , fait men-
tion. Elle étoit aufli épiscopale , 6k la Notice d'Afrique
met dans la Byzacène Fortunatianus Leptiminenjis. De
même, dans la Conférence de Carthage, on trouve Ro-
main, évêque de la petite Leptis , Romanus Leptiminen-
Jis. Au concile de Carthage , tenu fous S. Cyprien, on
voit Demetrius à Leptiminus.
La grande Leptis eft nommée LEPIDE par Marmol ,
Lebeda ou LepedA. par Baudrand, LebidA par Paul
Lucas. Corneille fait un article de Lepte' , ville de l'A-
frique , dans la province de Byzacène. Il ne dit point
que cette Lepte foit une des villes nommées Leptis ; tout
ce qu'il dit de Lepte, confifte en un abbrégé de la Vie
de S. Fulgence, dont ce lieu étoit la patrie: on ne s'ac-
corde pas fur le nom de la ville où ce faint étoit né. Ba-
ronius, ai ann. 490, 6k Sponde , fon abréviateur, di-
fent Lepte, comme Corneille; Surius de même. L'abbé
Fleuri, Hift. eccl. 1. 30, c. 58, 6k Dupin dans fa Bi-
bliothèque eccléfiaftique , article de S. Fulgence, t. 6,
difent Telepte. Voyez ce mot.
LEQUElTIO , petite ville ou bourg d'Espagne , au
bord de la mer, dans la Biscaye, vers les confins du
Guipuscoa , au couchant feptentrional de Bilbao. * Ro-
bert de Kaugondy , Atlas.
LEQUEBRA , rivière d'Espagne , dans l'Aragon ,
félon Davity 6k Corneille : elle fe jette dans l'Ebre à
SarragoiTe. Le nom de cette rivière dans la grande Carte
d'Espagne par Jaillot eft LA Guerva.
LEQUIOS, LiqueïoS, ou Riuku. Ce font plu-
fieurs iiles de l'Océan oriental , au nombre de fix prin-
cipales, accompagnées de plusieurs petites. Ce petit Ar-
chipel coupe obliquement le 145e d. de longitude vers
les 16e 6k 17* de latitude, au fud-oueft deSaxuma, pro-
vince du Japon , dont elles dépendent, un roi de Saxu-
ira en ayant fait la conquête vers l'an 1610. Si nous en
croyons les Japonnois, elles font fi fertiles, que les mêmes
terres y produifent tous les ans deux récoltes de riz.
Les habitans, presque tous laboureurs, y font d'une hu-
meur fort gaie 6k fort douce. Ils vivent contens 6k fans
ambition; 6k après avoir travaillé tout le jour, ils fe
délaffent en buvant de la bière de riz, 6k en jouant de
leurs inftrumens de mufique, qu'ils portent même avec
eux, quand ils vont à leur travail. Leur langage eft une
espèce de Chinois corrompu ; 6k dans le dernière révo-
lution de la Chine , plufieur* des habitans de ce vafte
empire fe réfugièrent dans ces ifles où ils s'appliquèrent
au commerce.
Les rois ou princes de Saxuma y entrteiennent de
bonnes gamifons : à cela près, ils regardent ces infulai-
res plutôt comme des tributaires que comme des fujets;
car tandis qu'ils tirent les deux tiers du revenu des ter-
res de Saxuma , ils fe contentent d'un cinquième du
produit de celles de Léquios , où il fe levé encore cha-
que année une fomme d'argent qu'on envoie, par forme
de tribut, à l'empereur de la Chine. Du refte, ce peuple
fe gouverne par fes propres loix ; 6k il a, comme les
Japonois , fon Daïri auquel il attribue aufli une origine
célefte, ck rend presque les honneurs divins.
Depuis que le commerce du Japon eft fermé aux
étrangers, ces infulaires n'y peuvent vendre de marchan-
dées que pour la valeur de vingt -cinq mille taëls, ou
79$
Vingt-trois caiffas d'argent, chaque année, oc ne font
reçus que dans le port de Cangoxuna, qui eft de la pro-
vince deSaxuma; mais ils ne font ni moins habiles, ni
moins heureux que les Chinois, à faite la contrebande. Ils
portent au Jupon des étoffes de foie» 6k autres marchandifes
de la Chine , des denrées de leur pays, comme du bled,
du riz , des légumes , des fruits de Vawamuri , qui eft
une espèce d'eau-de-vie tirée du refte de leurs récoltes ;
des nacres de perle, de ces pentes coquilles qu'on ap-
pelle coris dans les Indes , où elles font reçues comme
monnoie courante ; de celle des côtes de Léquios, où elles
font en grande abondance; on fait une espèce de blanc,
dont les jeunes gens des deux fexes fe fardent. Ces infu-
laires apportent encore au Japon de grandes coquilles
plates , polies 6k presque transparentes , dont les Japo-
nois fe fervent au lieu de vitres ; des fleurs rares , des
plantes cùrieufes & diverfes autres chofes. * Kampfer ,
Hift. du Japon , t. 1. Le P. Charlevoix , Hiftoire du
Japon, t. 1 , & 11.
LERAN, baronnie de France, dans le haut Langue-
doc, au diocèfe de Mirepoix. Elle a donné fon nom à
une branche delà maifon de Mirepoix.
LERE, ou Leyre, petite rivière de France , en
Gascogne. Elle fort des Landes , 6k ie jette dans le
golfe d'Arachan , au couchant de la ville de Bordeaux ,
félon Baudrand, édit. 1705.
LERGUE, petite rivière de France, en Languedoc.
Elle prend fa fource dans les montagnes qui féparent le
diocèfe de Lodève du Rouergue , près de Pegairoles.
Elle parle par Lodève, ck fe rend dans l'Eraut près de
Canet.
1. LERIA , ifle de la mer Egée, l'une des Sporades,
félon Strabon. Ortélius, T/iefaur. doute fi c'eft la même
que l'ifle de Leros , ou fi c'eft quelque Hle voifine. Voyez
Leros.
2. LERIA, ville ancienne de l'Espagne Tarragon-
noife, au pays des Hédétains, dans les terres, félon
Ptolomée , /. 1, c. 6. On la nommoit auffi Hedera ,
félon cet auteur. Clufius 6k Morales difent que c'eft Li-
ria ; Florien, que c'eft Oliere. * Ortélius , Theiaur.
LER.ICI, Erix, ou Encis Portus , port d'Italie j fur
la côte orientale du golfe de la Specia , dans l'état de
Gènes, 6k dans la partie qu'ils appellent la rivière d:',
levant, avec un château vis-à-vis de Porto- Venere, où
l'on s'embarque fort fou vent en venant de Luques 6k de
Mafia pour aller à Gènes. Il eft à trois milles de Sarzane,
6k autant des ruines de Lima, à quatre du fort de Sainte-
Marie , à quarante de Porto-Fino , 6k à cinq de la Spe-
cia , félon Baudrand , édit. 1705. Le P. Labat dit: Lé-
ricé, bourg ou petite ville. ... Il y a devant la ville un
enfoncement , qui eft regardé comme un port naturel „
avec un vieux petit château , où il y a quelques canons
pour donner l'alarme , 6k faire connoitre aux corfaires
de Barbarie , qui viennent s'y promener, qu'on eft fur
fes gardes.
LERIDA, ville d'Espagne, dans la principauté de Ca-
talogne. Les anciens l'ont connue fous le nom Slletda,
dont le nom moderne n'eft qu'une espèce d'anagramme.
Elle fe rendit célèbre, dans l'antiquité, par fon commerce
ck par la vi&oire que Jules Céfar y remporta fur les
lieutenans de Pompée. Elle eft fituée fur une colline ,
dont la pente s'étend infenfiblement jusqu'au bord de la
Ségre. Elle eft fortifiée par de bonnes murailles de pierres
de taille, 6k par un beau château qui la domine, 6k au
dedans duquel on voit les reftes d'un palais des rois d'A-
ragon. Elle eft paflablement grande , ck bien bâtie. C'eft
le fiége d'un évêque fuffragant de Tarragone ; te il y a
une Univerfité , fondée en 1300. Son territoire eft fertile
en vin, en grains, en huile» fck en toutes fortes de fruits:
la Ségre fournit d'alïez bons poiflbns , 6k la campagne
des beftiaux 6k du gibier. Ce qu'il y a d'incommode pour
les habitans, c'eft le voifinage de la Ségre, qui, de teins
en tems, élevé des brouillards fombres , épais 6k mal-
f'ains. Cette rivière, qui eft fujette à fe débouler, caufe
des dégâts épouvantables. En 514, il y eut un concile
fort célèbre; 6k eu 1238, Jacques I, roi d'Aragon,
ayant affiégé Valence, que les Maures pofiedoient , dé-
clara que les premiers qui i'emporteroient,auroient l'hon-
neur de donner leurs poids , leurs mefures 6k leur mo-
nôie à ceux de Valence. Cette bizarre prérogative ex-
cita l'émulation des habitans de Lérida ; ils fe jetterent
Tome III. Hhhhh ij
LER
796
fur cette place avec une valeur intrépide , 6>C s en ren-
dirent les maîtres ; fi bien qu'après en avoir chaffé les
Maures, ils y envoyèrent une colonie pour la repeupler,
& y introduifirent leurs poids , leurs mefùres & leurs
monnoies , dont on fe lèrt encore aujourd'hui ; ce qui
fait que la ville de Valence , quoique capitale d'un
royaume de même nom, reconnoît celle de Léiidapour
l'a mère. Elle s'eft rendue fameufe par le fiége qu'y mit
le grand Condé , qui fut réduit à le lever ; ci par la
gloire que le duc d'Orléans y acquit en laprenant,en^707,
malgré les efforts qu'elle fit pour fe conferver à l'archi-
duc. Lérida eft à trente lieues de Barcelone. Avant
Finvafion des Maures, le fiége épiscepal^ de cette
"' étoit à Roda ; mais ces Br.rbares l'ayant dé-
LER
l'entrée , par trois ou quatre braffes d'eàu ; 8c l'on y
feroit à i'abri de plufieurs vents. A la pointe du fud de
cette ifle , il y en a une autre petite & pla:e , environ-
née d'écueils ; de forte qu'on ne peut parler entre les
deux, qu'avec des bateaux. La plus grande élévation de
Fille eft du cô;é du nord ; c'eft-là qu eft la citadelle. Ou
peut mouiller avec des galères, fous cette citadelle, du
côté de l"eft , pour fe mettre à couvert des vents du
fud-fud-oueft & de l'oueft. On y eft par fept, huit à neuf
brafles d'eau, fond d'herbe vafeux. On peut, fi l'on
veut , porter des amarres à terre. Environ à un mille,
vers le nord de la citadelle , il y une longue pointe baffe
fur laquelle eft une tour de garde , & deux maifons au-
près ; mais autour de cette pointe il y a quelques bancs
egllie CtOit a IVOCia , UiaiS LCS UdlDdlCS ldi<illl U&~ t"*-J 1 mou au.vyui vi*. v.^.*. yv.m^ ». j
truire, après qu'ils furent chaffés de Catalogne, D. Rai- de fable & de vafe, de même que dev
mond Bérenger, comte de Barcelone , le traruféra à Lé-
rida, en 1146, & nomma pour premier évêque, Guil-
laume Perez. Le chapitre eft compofé de fix dignitaires,
qui font le doyen , l'archidiacre major, l'archidiacre de
Ribagorça, le chantre, l'archidiacre de Corron, &
l'archidiacre de Venasque; de vingt-trois chanoines, de
douze femainiers , de vingt prébendiers, & de cent dix
bénéflciers. Le diocèfe s'étend fur deux cents douze pa-
roiffes , dont cent foixante font en Aragon, & cinquante-
deux en Catalogne , fur deux abbayes, fur quatre églifes
collégiales, qui font Roda, Moncon, T amante, ccJl-
colia. Lévêque jouit de 11000 ducats de revenu. * Vaî-
rac, Etat d'Espagne, t. 1 , p. 12.3; & t. a,/>. 345.
LERtN, Ltrina, petite ville d'Espagne, dans la
haute Narrave, fur la rivière d'Ega , entre Eftella &
Caîahoîra. Elle a titre de comté, q.ii a pafle, par femmes,
en 1565, dans la maifon de Tolède. * Baudrand, édit.
LERÎNS ; (LES ISLES E>e) Ltrina infulte ; nom de
deux petites ifles de la mer Méditerranée , fur la côte de
Provence , à deux lieues d'Amibes, vers le midi. La plus
proche de la côté , eft la plus gtande , la plus élevée, &
s'appelle l'ifle de Sainte-Marguerite. Il y a une bonne
citadelle avec un gouverneur & une garnifon d'invali-
des, pour garder les prifonniers d'état. Elle a environ une
lieue 6i demie de long fur une demie de large. Les Es-
pagnols la prirent, en 1635; mais les Fra»Ç,°is les en
chaflerent, en 1638: les Anglois la prirent, en 1746.
M. le maréchal de Belle- Ifle la reprit, en Mai 1747;
cette ifle eut autrefois des folitaires , & S. Eucher y
vécut quelque tems. Elle eft presqu'inculte, mais abon-
dante en perdrix & lapins. Les côtes ne^font guères fré-
quentées que par quelques bateaux de pêcheurs, qui fer-
vent aufli à transporter les marchandifes de contrebande,
au profit du gouverneur & de la garnifon, fans que les
ordres de la cour y ayent jamais pu apporter aucun re-
jnède.
L'autre ifle, plus petite & plus baffe, eft du côté de
l'oueft ; elle s'appelle Vijle de Saint-Honorat ou Honoré,
parce que ce faint y fonda un célèbre monaftere qui
eft aujourdhui une abbaye de Bénédictins (a). Le bâti-
ment de cette abbaye eft au fud de l'ifle & reflemble à
une tour carrée, fur laquelle font quelques pièces de ca-
non, pour en défendre l'approche. (a) Abbrégédel'Hifi.
de L'ordre de S. Benoît , 1. 1 , p. 43.
Les ifles de Lerins aujourd'hui de Sainte-Marguerite,
confiftent, en deux ifles principales, & quelques iflots qui
ne font plus habités (a). Au fud de l'abbaye de l'ifle
Saint Honoré, il y a plufieurs écueils , tant fur l'eau que
défions , <k à environ trois cents toifes au fud-quart-fud-
eft de cette abbaye, on voit un petit banc de roches,
tant hors de l'eau que fous l'eau: on l'appelle les Moi-
nes. Il eft très-dangereux; la mer brife presque toujours
fur celui qui eft le plus au large de l'ifle. Il y en z plufieurs
autres aux environs de cette ifle, du même côté; mais on
les voit paroître au-deflus de l'eau. Vjs-à-vis la pointe
de l'eft de cette ifle , il y a un gros écueil comme un
bateau, &r. quelques autres petits auprès. * Michelot, Por-
tulan de la mer Méditerranée, p. 81. (a) Mémoires
communiqués.
L'ifle de Sainte-Marguerite eft tout proche de celle de
Saint-Honoré. On peut paffer , dans une néceffité, en-
tre ces deux ifles avec une galère , y ayant au moins
deux braffes de profondeur; & la diftance de l'une à l'au-
rre, en certains endroits , eft d'environ deux cents toi-
fes : on y pourroit même mouiller, principalement à
les ifles Sainte
Marguerite & Saint-Honoré. On y peut néanmoins paf-
fer avec une galère , pour peu de connoiflance qu'on
en ait.
De la pointe de l'ifle Sainte-Marguerite à celle de la
Garoupe , qui eft en terre ferme , il y a environ quatre
milles à Feft-nord-eft , & entre ces deux pointes eft un
grand enfoncement qu'on appelle d'ordinaire la rade de
Gourjan , où l'on peut mouiller plufieurs vaifleaux &C
galères. Cette rade eft facile à reconnoître , en venant
du côté de l'oueft, par les ifles Sainte- Marguerites, comme
il vient d'être expliqué , & venant de l'eft par le cap de
la Garoupe, où eft Notre-Dame d'Amibes , qui eft fur
le haut de ce cap. Il eft important d'obltrver, en venant
du côté de l'oueft, pour aller mouiller dans la rade de
Gourjan , de ne point trop ranger la pointe de l'Ile de
Sainte-Marguerite , à caufe des écueils qui font auprès ,
comme on a dit ci-deflus.
LERME, ville d'Espagne, dans la vieille Caftille, â
C^x lieues de Burgos , à douze de Valladolid , fur la pe-
tite rivière d'Arlanzon ( a ). Elle appartenoit ancienne-
ment à l'illuftre maifon de Lara ; mais ayant été réunie
à la couronne, elle fut érigée en comté par Ferdinand
le Catholique , en faveur de D. Bernard de Sandoval,
& Roxas, fécond marquis de Dénia, Sr. enfui te en
duché par le roi Philippe III, le 11 Novembre 1599,
en faveur de fon favori 6c premier
.iftr
.-ranço
Gomez de Sandoval , &c Roxas qui fut le fameux duc
de Lerme , & enfuite cardinal après la mort de fa femme
Catherine de la Cerda. Ce duché eft venu enfuite au
duc de l'Infantado &Paftrana (b). Le château de Lerme
a été bâti par ce favori dont nous avons parlé. Il eft
fur une hauteur , d'où l'on découvre un grand parc du
côté du nord : ce parc eft dans la plaine d'en-bas , où
font les prairies qu'arrofe une petite rivière qui entre-
tient un bois & des allées qui la bordent. Le château,
qui eft devant une grande place conftruite en galeries ,
eft un carré de quatre grands corps de logis, qui n'ont
vue qu'au dehors. Au dedans, ce font deux rangs de
portiques , comme deux cloîtres l'un fur l'autre. Il y
a encore d'autres petites cours en quelques endroits ; de
forte que c'eft une grande malle de bâtimens. Aux qua-
tre coins, font quatre autres pavillons, mais qui ne font
pas plus gros que de petits clochers, félon la mode d'Es-
pagne ; de-là il y a un cortidor qui donne dans un cou-
vent de religieufes. * (a) Fairac , Etat de l'Espagne,
'• 3 • ( b ) Journal d'un Vogage d'Espagne.
1. LERNA , ville du Péloponnèfe, dans la Laconie,
& dans les terres aux confins du pays d'Argos, félon
Ptolomée. Paufanias, Corinth. c. 36, parle auffi de
Lerna auprès de Temenium , & dit que, pour y aller
d'Argos, on pafle l'Erafin, qui, fe mêlant avec le Phrixus,
ruifleau, a fon embouchure dans la mer, entre Teme-
nium- & Lerna. Il dit plus pofkivement encore, que
Lerna eft au bord de la mer, fans marquer fi Lerna eft
une ville, une rivière , ou un marais. Strabon , /. 8 ,
dit : Lerna eft un marais du territoire d'Argos & de
Mycènes. Ainfi il femble que ce marais étoit entre Ar-
gos & Mycènes ; ce qui répugne au partage de Paufanias
cité ci-deflus, & au vers où Pindare, olymp. Od. 7,
v. 60, dit le rivage Lernéen. Çellarius, Geogr.ant.l.z,
c. 13, ajufte ainfi ces autorités. S'il y avoit , dit-il, une
ville de ce nom, elle étoit près de la mer, & le ma-
rais étoit plus loin dans l'intérieur du pays. Le fchoiiafte
de Pindare dit: les uns difent que Lerna eft une ville. Pom-
ponius Mêla dit plus pofitivement encore : dans le golfe
Argolique font l'Erafin &c l'Inachus, rivières célèbres, &ç
1ER
Y
terne, ville connue : il eft à croire que Stace, Tktbaïd.
1. 2 , v. 433 , entendoit quelque chofe de plus qu'un ma-
rais par ces mots :
Fdicibus Argos
Aufpiciis , Lernamque regas.
2. LERNA , marais du Péloponnèfe , au royaume
d'Argos. Il étoit fameux par les fables que les poètes
avoient inventées à fon fujet. Ils fuppofoient qu'Hercule
y avoit triomphé de l'hydre. Strabon. Virgile, JEnetd.
I. 6 , v. 803 , dit en parlant d'Hercule :
Lernam tremcfccerit arcu.
Et Stace, Thebaïd. 1. I , v. 360, dit :
LES
Et
ifpumavit Le
Et dans une de fes Silves, /. 2. Carm. i,v. 181, il la nomme
Anguifera Lema. Corneille, Dict. qui avoit fort étudié
les poètes, dit: on tient que les Danaides y jetterent les
têtes de leurs maris qu'elles égorgèrent la première
nuit de leurs noces. Il ajoute: il fortoitde ce marais
plufieurs ruiffeaux , dont les exhalaifor.s étoient fort in-
fectes ; ce qui a donné lieu aux poètes d'en faire un
monftre à fept têtes qu'ils ont nommé hydre. Hercule
ayant defféché ces ruiffeaux & le lac d'où ils couloient,
ils prirent de-là occafion de dire qu'il avoit vaincu ôr.
tué l'hydre. L'infection de ce marais , pour nous en te-
nir à la vérité géographique Se phyfique , n'avoit rien
que de naturel; elle paffa en proverbe, & on s'accou-
tuma à dire une Lerne de maux , pour dire des maux
accumulés. Strabon en donne pour raifon les expiations
qu'on y avoit faites ; & Héfyche dit que les habitans
d'Argos y avoient jette les immondices.
3. Ce marais avoit fon déboucheraient par une rivière
qui portoit fes eaux dans la mer, & que l'on appelloit
auffi Lema. Cette rivière ne devoit pas avoir des eaux
fort mauvaifes , puisque le poiffon y vivoit , & même
en quantité. Virgile, JEneid. 1. 12, v. 518 , dit:
Pif co fat fiu
Lernœ.
Il y avoit le marais de Leme, au pays d'Argos ; au
lieu de ces ruiffeaux que Corneille en fait fortir , j'ai-
merois mieux dire que c'étoient autant de fources qui fe
perdoient dans ce marais ; cela convient mieux aux tê-
tes de l'hydre des poètes. Ce marais de Lerne s'écou-
loit par une rivière qui, entrant dans le pays de Laconie,
portoit fes eaux dans la mer, &au nord de fon embou-
chure. Entre la rivière de Lerne & les confins d'Argos,
étoit une petite ville de même nom que le marais & la
rivière , au bord de la mer : ainfi on concilie tous ces
auteurs ; ci c'eft de cette manière que le favant De
]'Ifle arrange tous ces objets dans fa belle Carte de l'an-
cienne Grèce.
4. LERNA , fontaine de la ville de Corinthe, félon
Paufanias , /. 2, c. 4.
LER1SLEUS FONS, autre fontaine du Péloponnèfe,
dans la Laconie. Hygin , cité par Ortélius, dit qu'on
la nommoit auparavant Amymonius, à caufe d'Àmy-
mone, fille que Neptune y avoit deshonorée.
LERNjEUS FLUVIUS. Voyez ci-devant Lerna ri-
vière.
LERNÉ, bourg & châtellenie de France, dans la
Touraine , élection de Chinon.
LERNÉCA. Voyez Larneca.
1. LERO, ifle vers les bouches du Rhône, félon
Strabon. Voyez LERINS.
2. LERO & Leros. Lero eft le nom moderne , &
Leros l'ancien nom ; ifle d'Afie , dans la mer Egée , fur
la côté de Carie, l'une de Sporades , félon Pline, A4,
c. 12; ck /. 5, c. 31. Au rapport de Strabon, A 14,
étoit une colonie de Miléfiens ; cela s'accorde avec ce
que dit Hérodote, /. 5 , c. 125 , qu'Hécatée l'Hiftorien
confeilloit que , fi l'on étoit forcé par Darius à quitter
la ville de Milet, on paflât dans rifle de Leros; qu'on y
élevât une fortereffe, qu'on y demeurât tranquille; Se que
de-là on repafferoit à Milet. Les habitans de Leros
avoient allez mauvaife réputation du côté de la probité,
797
ne de Phocydide , qui
comme il paroît oar une epig
fe trouve dans l'Anthologie. Chevreau, Œuvres mil
p. 369, l'a traduite ainfi:
Ceux de Leros ne valent rien,
Hors Patrocle pourtant, qui, malgré fa "ai Tance,
A paffé jusqu'ici pour un homme de bien.
Mais quand avec Patrocle on a fait conno iTance,
Encore trouve-t-on qu'il tient du Lérien.
LERONE. Voyez Lerins.
LiiRRA , nom latin de la rivière de Couesnon.
1. LERS , rivière de France, dans le haut Langue-
doc: elle a fa fource vers les monts Pyrénées, d'où, pre-
nant ion cours au feptentrion, elle baigne Mirepoix ;
fournit des eaux au canal de Langued ic, &r_ fe jette dans
l'Auriége , un peu au-deiîus de Cinte-Gabelle. * Bau-
drand , édir. 1705.
2, LERS (le petit) pet'te rivière de France au haut
Languedoc ; elle eft moindre que la précédente , £>c a
fa fource dans le Lauraguais, près de Caftelnaudri, d'où,
coulant vers Touloufe, elle pafle près de Ville-Franche
de Lauraguais ci de Mongiscar, en fourniffant auffi de
l'eau au canal de Languedoc , puis fe rend dans la Ga-
ronne, à deux lieues au-deffous de Touloufe. * Baudrand,
édit. 1705.
LERSÂ, ancien lieu Espagne, aux envions de Cas-
tulon. Appien , in Ibericis , en parle.
LERVET , commenderie de l'ordre de Malthe , en
France, dans la Champagne, au diocèfe de Châ'ons. C'eft
ainli que l'on trouve ce nom écrit dans le Dictionnaire
de la France. Baugier, que je crois plus exact Se mieux
inftruit, dit, t. 2, p. 181 : il y a entre Join ville ScSaint-
Dizier une commenderie de l'ordre de S. Jean de Jéru-
falem , nommée LES RuETS , ou Rupt. Elle vaut fix
ou fept mille livres de rente.
LERWICH, petite ville de l'ifle de Mainland à fon
orient. Elle confidérable, à caufe de fon commerce, 8t
on y compte jusqu'à trois cents familles. * Etat prifent de
la Gr. Bretagne , t. 2.
LESA, ouLaSA: Moïfe, marquant les limites de la
terre deChanaan,dit quelle s'étend du côté du midi jusqu'à
Lefa. Le Chaldéen &c S. Jérôme croient que Lefa eft la
même que Callirhoë , qui eft au feptentrion de la mer
Morte , & dont les eaux fe déchargent dans cette mer ;
mais il eft bien plus naturel de l'entendre de la ville
de Lefa , Lufa , ou Elufe , qui étoit à-peu-près à dis-
tance égale, entre la mer Morte &C la mer Rouge.
Voyez Luza. *D. Calmet, Dict. Genef c. 10, v. 19.
LESBOS, fameufe & grande ifle de la mer Egée,
fur la côte de l'A fie mineure , Sr. plus particulièrement
de l'iEolie. Les iEoliens l'habitoient, dit Scylax. Ta-
cite, /. 6, c. 3 , la traite d'ifle fameufe &C agréable.
Pline, /. 5, c 31, dit qu'on la nommoit auparavant
Lasia, Pelasgia, jEgira, 4£thiope , Maca-
RIA. Diodore de Sicile, /. 5 , c. 82 , nous aprend l'o-
rigine de quelques-uns de ces noms. Celui de Pdasgis
venoit de ce qu'elle avoit été peuplée par les Pélasgues
{es plus anciens habitans. Celui de Macarie venoit de
Macarée, petit-fils de Jupiter, qui y avoit tait fa réfidence,
& celui de Lesbos , de Lesbus , petit-fils d'^Eole , gendre
cV fucceffeur de Macarée. Strabon , /. 13 , lui donne cinq
cents foixante ftades de longueur depuis Sigrium au nord,
jusqu'au promontoire Malie au midi , & mille cinq cents
ftades de circuit. Les lieux les plus confidérables de
l'ifle étoient :
Sigrium , Singnum ,
Sitriutn.
Arisba ,
Pyrrha ,
Ereffus , ou Erefus ,
Antijfa,
Met l:\mna ,
ôt Mitylene.
De cette dernière s'eft formé le nom moderne de l'ifle,
qui eft Metelin. Voyez ce mot.
LESBUM , ou Lesbus, lieu de la Mauritanie Cé-
f.irienfe. Antonin , dans fon Itinéraire , met fur la route
de Sititi à Saldes :
7o8
LES
Horreai M. P. xvnr.
Lesbi, M. P. XVIII.
Tubufuptum , M. P. XXV.
'Voyez Lesvitanus-.
L.ESCAR, ville de France, clans le Béarn. Piganiol
de la Force, Defcr. de la France, t. 4, p. 444, dit que
le nom latin eft Bearnenfîum civïtas &C Lascurra , 6k
qu'elle fut bâtie, vers l'an 1000, des ruines de Bencarnum,
qui fut détruite par les Normands, l'an 84^. Cette ville
eftfituée fur une colline à une lieue au-deflbus de Pau,
à cinq d'Oleron ckd'Ortez, 6k à dix-fept de Bayonne.
Eile jouit d'un afpecT; agréable, ayant la vue d'une plaine
très-fertile , & de la rivière du Gave Béarnois , qui
n'en eft éloignée que d'un quart de lieue. Nous avons
fait voir au mot Beneh ARNUM, que l'on n'a aucnne cer-
titude de l'opinion qui établit Le/car fur les ruines de
"cette ville. Lefcar, au contraire, fut bâtie par Guillaume
Sanche , duc de Gascogne , l'an 980, dans un lieu cou-
vert d'un bois fort épais , & où il n'y avoit qu'une pe-
tite chapelle , fans qu'il y eût de veftige d'aucun bâti-
ment. On la nomma Lascourre on Lescourre , à caufe
de certains ruifleaux qui faifoient plufieurs tours; ce qu'on
appelloit dans la langue des Gascons , Escourre ou Les-
courre ; ce n'eft que dans les tems moins anciens que l'on
a corrompu le nom Lescourre en Lescar. Gudlaume
Sanche , qui étoit maître 6k fouverain de ce pays ,
'(comme il étoit de Bigorre ) fonda une églife cathé-
drale dans la nouvelle ville de Lescar , dans laquelle il
établit l'évêché de Béarn , fans néanmoins que la nou-
velle jouît de la prééminence de l'ancienne , Lescar
ayant toujours cédé fans conteftation la préféance à Mor-
las. * Longuerue , Defcr. la France, 1. part. p. 208.
L'évêché de Lescar fut établi dans le cinquième fié-
cle. Il eft fuffragant de l'archevêché d'Audi , 6k vaut
trize ou quatorze mille livres de rente. L'évêque de
cette ville eft prélident des états de Béarn, 6k premier
confeiller au parlement de Pau. Le chapitre de la ca-
thédrale eft compofé de feize chanoines, 6k de huit pré-
bendiers. Les canonicats valent fept cents livres de re-
venu, 6k les prébendes deux cents livres. Il n'y a point
d'autre chapitre dans ce diocèfe. Il n'y a qu'une feule ab-
baye de filles ; celle de S. Sigismond , près d'Orthès ,
qui eft de l'ordre de Cîteaux, 6k fort pauvre. * Piganiol
de la Force , t. 4 , p. 416.
Il y a deux abbayes d'hommes ; celle de la Reule de
Saubeflre, à Pau, eft de l'ordre de S. Benoît : elle donne
entrée à l'abbé aux états de Béarn , 6k vaut deux mille
livres de revenu. Celle de Saubalade, ou Sauvalade, eft
de l'ordre de Cîteaux , 6k fut fondée pat Gafton , vi-
comte de Béarn , en 1 117; elle vaut à l'abbé trois mille
livres de revenu.
LESCARA , ville de l'ifte de Cypre , près de la mer,
au pied du mont Olympe. Il n'y a rien de remarquable
dans cette ville , qu'une belle rivière qui y pafle , 6k qui
fort de la montagne : on voit plufieurs villages affez
agréables le long de cette rivière ; 6k c'eft en ce lieu que
fe recueille le ladanum. * Corn. Dift. Le Brun, Voyage
du Levant.
LESCHE , (LA) rivière des Pays-bas. De l'Ifle écrit
la Leffe ; Baudrand 6k Corneille écrivent Lefche. Elle a
fa fource au duché de Luxembourg , entre Villance 6k
Ochamps ; 6k, fe joignant avec un autre ruifteau, elle fer-
pente vers le nord ; fe perd en terre auprès de Han, dans
un lieu que l'on nomme le trou de Han ; elle fort de
terre, au-delà de Han, qu'on appelle à caufe d'elle
Han -fur -Leffe, ou fur Lefche, à peu de diftance de
Rochefort. Elle fe charge d'une rivière qui vient de cette
place ; entre dans le Condros , qui eft de l'état de l'évê-
que &k prince de Liège; pafle à Hour en Famine ; 6k
groffie de quelques ruifleaux, elle fe jette dans la Meufe,
auprès d'Anceresne, un peu au-deffus de Dinant.
LESCHEZ, (le) petite rivière de France , dans la
Gascogne; elle a fa fource en Bigorre , au levant de
Lourde; coule vers le nord; pafle au couchant delà ville
de Tarbe; de-là , pafle à Vic-Bigore , après quoi, elle fe
jette clans l'Adour , auprès de Maubourguet, à l'entrée
de l'Armagnac. * Robert de Vaugondy , Atlas.
LESCOA, ou Lescona, ville de la Turquie, en
LES
5arie. De l'Ifle écrit Lescova^ , et
Europe , dans îa
n'en fait qu'un village, fur là Lipperitza. Tout ce qu'on
y voit de plus remarquable , c'eft une fort grande tour
qui paroît très-ancienne. Il y a une grande place fermée,
où, tous les ans, fe tient une foire qui y attire quantité de
monde. *Ed. Brcnfn, Voyage de Vienne à Lande.
LESCURE, petite ville 6k baronnie de France, en
Languedoc , au diocèfe d'Albi.
LESDIGUIERES, bourg de France, en Dauphiné ,
au diocèfe de Grenoble , avec titre de duché. Les terres
de Lesdiguieres 6k de Champfaur furent érigées en duché
6k pairie, en faveur de François de Bonne, l'eigneur de
Lesdiguieres , maréchal de France , 6k de Charles de
Blanchefort, fire de Créqui, fon gendre, par lettres-paren-
tes du mois de Mai 161 1 , confirmées par d'autres let-
tres du 14 Septembre 1619, rêgiftrées le ^Novembre
fuivant. Lesdiguires eft au bout de la vallée de Champ-
faur, qui eft arrofée du Drac. Il eft orné d'une fort belle
maifon , où, entr'autres bàtiinens, eft une chapelle ornée
de marbre 6k de jaspe aux autels, 6k aux élfi^ie-i de ce
même François de Bonne, premier duc cl j Lesdiguieres,
à qui fes fervices méritèrent l'épée de connétable. Les
appellations de ce duché reffortiffent nuë lient au parle-
ment de Grenoble. * Etat de la France , t. 2. Corn.
Dia.
Lesdiguieres appartient, pour le fpirituel, au diocèfe de
Gap, quoi qu'on le comprenne dans le Gra'fivaudan.
LESEM, ancienne vill de la Paleftine. Le Livre de
Jofué, c. 19, v. 47, porte que les enfans de Dan, ayant
marché contre Lefem, l'affiégerent 6k la prirent; ilspaf-
ferent au fil de l'épée tout ce qui s'y rencontra : ils
s'en rendirent maîtres, 6k y habitèrent, l'appella.it Lefem-
Dan , du nom de Dan leur père.
LESER, (le) Lefura, rivière d'Allemagne , dans
l'éaorat de Trêves. Ella a fa fource aux confins de l'Eif-
fel, d'où, coulant au midi, elle arrofe Manderfcheid 6k
"Witlichj puis fe rend dans la Mofelle , près du village
de Lefer , vis-à-vis du château de Veldentz , à deux pe-
tites lieues au-deflus de Trarbach. Voyez Lesura.
1. LESINA, (l'isle de) Voyez Liesina; car c'eft
ainfl que l'écrivent les Vénitiens , à qui cette ifle ap-
partient.
2. LESINA, ville d'Italie, au royaume de Naples ,'
dans la Capitanate. Cette ville qui a eu un évêché fuf-
fragant de Bénévent , fut détruite, en 1617, par un
tremblement de terre , 6k n'eft plus^ qu'un petit village ;t
trois milles du golfe de Venife, 6k à vingt-deux de Man-
fredonia près du lac de même nom.
LESKARD, bourg d'Angleterre, dans la province
de Cornouailles. Il a droit de tenir marché public. *Etat
' prèfent de la Gr. Bretagne , t. 1.
LESMÉE, bourg de France, dans le Maine, ékaion
du Mans.
LESNEVEN, petite ville de France, en Bretagne,
au diocèfe de Saint-Pol de Léon. Elle appartient au roi
en propre, eft au milieu des terres , 6k n'a aucun com-
merce. * Piganiol de la Force, Defcr. de la France, t. 5,
p. 245.
LESNO, place de la Grande-Pologne, aux frontières
de la Sdélie, 6k au palatinat de Kalifcb.. * Baudrand ,
édit. 170*,.
LESNOUILLERES, bourg de France, en Sain-
tonge , au diocèfe de Saintes , dans l'éleaion de S, Jean
d'Angeli.
LESNOW, petite place de Pologne , dans la Vol-
hinie, à quinze milles de Lucko , au midi , vers la Ruf-
fie rouge , où Jean Cafîmir , roi de Pologne , défit
entièrement l'armée des Cofaques 6k des Tartares ,
en 1651.
LESOU. De l'Ifle écrit Leffow , petite ifle du
royaume de Danemark, fur la côte orientale du Jutland,
6k du diocèfe d'Alborg: elle eft à trois lieues 6k demie
de la côte, ( lieues Danoifes de 1 5 au degré.) Elle a
trois villages , favoir Hall au nord , Vettereek au cou-
chant, 6k Burum au midi oriental. Quoiqu'elle foit en-
tourée d'un banc de fable, il y a deux mouillages, favoir
au nord 6k au levant.
LESPARE , bours; de France, en Guienne, dans le
Médoc , entre la Gironde 6k l'Océan , à trois lieues
de la mer 6k à deux de la rivière, félon De l'Ifle, Cor-
LES
LET
neille la met fur la Gironde
Vaugondy, Atlas.
LÈSPÂUX , bourg de France , en Auvergne , aux
confins du Bourbonnois & de la Marche , au nord d'E-
vaux. Il y a un bois de cent vingt-fept arpens & trois
quarts ; & on tient dans ce bourg cinq bonnes foires ,
où l'on vend des beftiaux.
LESPIAM , lieu quelque part vers l'Egypte. Frécul-
phe , /. 2 , /. 6 , c. ï6 , qui le nomme , dit que les Chré-
tiens s'v tenoient cachés.
LES'QUEMIN, ifle &port de de l'Amérique, proche
deTadoufac, dans le Canada, fur le fleuve de S. Lau-
rent. L'ifle eft de peu de cooféquence. Le port eft fort
connu & fameux quoique mal fur , à caufe de quantité
de roches qui l'environnent. L'embouchure en eft fi
étroite qu'il n'y peut palier qu'un navire à la fois. Ce-
pendant les Basques ont accoutumé d'y fréquenter, pour
harponner la baleine. * Corn. Dift. De Lait. Ind. occid.
l.z,e.7.
LESSAC , bourg de France, en Poitou, au diocèfe
de Poitiers.
LESSAY , Exaquenfe oppidum , bourg de France ,
en Normandie , au diocèfe de Coutance vis-à-vis^de
l'ifle de Jerfey. Il y a un marché , & des faunes où 1 on
fait du fel blanc. Il y a une églife paroiflîale dédiée
fainte Opportune , une abbaye de Bénédictins , fondée
en io^o, & dédiée à la fainte Trinité.
LESSIN, ou BEAULiEU,dit/e5zn, abbaye de France,
au diocèfe d'Arras. Ce font des religieufes qui fuivent la
règle de S. Auguftin.
LESSINES , petite ville de Pays-bas , dans le Hai-
naut, fur la Denre, dans une belle plaine, aux frontières
de la Flandre , entre Ath au midi , & Grandmont au
nord , &c à cinq lieues de Bruxelles au couchant. Elle a
été prife plufieurs fois, durant les guerres. * Bauirand ,
écit. 1705.
LESSUS. Voyez Lissus.
LEST AD jE, village de l'ifle de Naxe, félon Athé-
née , /. 8. ;
LESTjE: mot grec qui (îgnifie voleurs, \'\é\aj. C eft
le nom propre d'un peuple de l'Inde, au-delà du Gange.
Peut-être les Grecs leur donnerent-ils ce nom, comme
nous avons donné le nom cYifles des Larrons aux ifles
Mariannes. * Ptolomêe, 1. 7, c. 2.
LESTEJOCORI , bourg de laMorée, dans l'ifthme
de Corinthe , à une lieue de la ville de ce nom , fur le
golfe de Lépante. On croit que c'eft le Lechœum na-
vale , qui étoit un des ports de la ville de Corinthe ,
comme nous le difons en fon lieu.
LESTOFF, bourg d'Angleterre, dans la province de
Suffolck. On y tient marché public. * Etat préfent de la
Gr. Bretagne, t. I.
LESTWITHIEL , ville d'Angleterre , dans la pro-
vince de Cornouailles. Baudrand qui écrit Lejlutkiel, dit
qu'elle eft la principale du comté de Cornouailles ; c'eft
une erreur. Elle eft fur le Fov/ey , à cent quatre-vingt-
huit milles de Londres. Elle envoie fes députés au par-
lement , & on y tient marché public. * Etat préfent de
la Gr. Bretagne , t. I , p. 50.
LESTINtS, ou Listines , ou Liptines, Liflinœ,
ou Liptince , autrefois palais des rois de France , au dio-
cèfe de Cambrai, dans le Hainaut, peu loin de Binch.
Il s'y tint un concile foule régne deCarloman, & fous
le pontificat du pape Zaciiaiie , l'an 743. * Labbe, Con-
cilior. geogr. Tab./>. 349 & p. 93.
LES VITANUS , fiége épiscopa! d'Afrique , dans la
Mauritanie Sitifenfe. Il en eft fait mention dans la Con-
férence de Carthage , où Romain eft qualifié Romc.nus
episcopus Leswitanus. La Notice épiscopale d'Afrique
fournit Vadius Leswltanus. Ce lieu eft nommé Lesbi
dans l'Itinéraire d'Antonin. Voyez Lesbum.
799
ft erreur. * Robert de LET. (le) Voyez le Lez.
LETA, rivière d'Italie, dans lePicenum, aujourd'hui
le Leto.
LETANDROS , ifle de l'Archipel , l'une des Spo-
rades, allez près de celle de Gyare, félon Pline, /. 4,
LETANE , rivière d'Afle , dans la Syrie : elle a la
fource à deux journées de la vallée de Bucca, près de
Baibec; &c, continuant fon cours le long de cette vallée,
elle va fe rendre dans la rivière de Cafimeer, félon l'or-
thographe du minutie Maundrel , Voyage d'Alep à Jéru-
Jalem , p. 202. Elle a un pont de pierre à cinq arcades,
auprès d'un village nommé Kor-Aren.
LETANUM, ville de la Prcpontide; elle avoit été
bâtie par les Athéniens , félon Diodore de Sicile, /. 12.
LETÉ, ville de Macédoine, félon Pline, /. 4, c. 10.
Ptolomêe, /. 3, c. 13, la nomme Lete, a»it», & la
met à l'extrémité de la Mygdonie, aux confins de l'Am-
phaxitide. Harpocration la nomme Lité, a;t» ; 5c Pline,
/. 3 1 ,fecl. 46 , lui-même l'appelle LitjE au ^ ,r: J..
1. LETHjEUS-FLUVIUS, ancien nom d'une rivière
de l'Afie mineure. Elle a fa fource dans le montPaftyas,
qui eft dans le pays des Ephéfiens , & tombe dans le
Méandre, félon Strabon, /. 14, p. 554; cette petite
rivière pafloit encore plus près de la ville de Magnéfie
que le Méandre , quoiqu'on la nommât Magnejie-fur-
le-Méandre.
2; LETFLEUS-FLUVIUS , rivière de Macédoine.
Elle couloit auprès de Tricca, & on difoit qu'Escu-
lape étoit né auprès de cette rivière. * Strabon , 1. 14 ,
p. 645.
3. LETH^EUS-FLUVIUS, rivière de l'ifle de Crète.
Vibius Sequefter dit qu'on la nommoit ainfî , à caufe
qu'Hermione , fille de Vénus , y oublia Cadmus , fon
mari. Strabon , l. 10, p. 478, dit qu'elle traverfoit en-
tièrement Go-ryne.
4. LETHiEUS-FLUVIUS. Strabon, /. 14, p. 647;
connoît une quatrième rivière de ce nom , & la place
chez les Libyens occidentaux. Sur quoi Cafaubon ob-
ferve qu'on ne voit nulle part ailleurs la diftin&iort
des Ly biens en orientaux & occidentaux, & qu'on n'a
jamais lu dans aucun auteur ancien, qu'il y eût là un fleuve
Lethèen ou Jleuve de Lethé. Il veut qu'on life *IC»p si y
au lieu de Libicis , Afévui , &C alors tout cadre bien; il
y avoit des Ibériens orientaux en Afie , & des Ibériens
occidentaux en Europe ; &c tout le monde fait que le
fleuve Lethé , ou de l'Oubli étoit en Espagne. Cafaubon
a reconnu, dans la fuite, que les anciens ont connu des
Lybiens occidentaux , &C cite un paffage de Maxime de
Tyr, Disput. 38, p. 373. Cependant il ne change rien
à fon fenliment, par rapport à la rivière qu'il renvoie
toujours en Espagne. Voyez LetHÈS 2.
1. LETHÈ, forterefle d'Ane, dans l'empire des Per-
fes. Coufin, Hijl. de Cor.ftantinople , t. 1 , Guerre des
Perfes , 1. 1 , c. 5 , p. 13 , l'appelle le château de l'Ou-
bli , tk traduit ainfi Procope , qui nous apprend l'ori-
gine de ce nom. Ils eurent horreur de tremper leurs
mains dans le fang royal , & fe contentèrent d'ordon-
ner qu'il (Cavade, tyran des Perfes,) feroit mis dans le
château de l'Oubli. Il y a une loi qui défend, fous peine
de la vie, de parler de ceux qui y font enfermés , &
même de nommer leur nom. Procope raconte enfuite, à
ce fujet , une aflez longue hifioire qu'on peut voir dans
l'original. Agathias & i'HJloire mêlée tont auffi men-
tion de ce château de Lethé.
2. LETHÉ , fleuve des enfers. Ce nom de Lethé
veut dire Oubli. Les anciens poètes ont fuppofé que
dans les enfers il y avoit une rivière de ce nom ; que
tous les morts en buvoient un trait, qui leur faifoit ou-
blier tout le paffé. Voyez LethÈs.
LETHÉON, haute montagne d'Italie, félon Lyco-
LESURA , ancien nom du Le^er , rivière qui tombe phron. Ortélius croit qu'elle étoit dans la Campanie.
dans la Molélle. Aufone dit dans fon Poëme de la Mo- j, LETHÈS , fleuve d'Afrique , félon Lucain, Phar-
felle, v. 365: J'ai, \. 9, v. 355, dans quelques éditions; d'autres por-
tent Lethon ou Lathon. Le fcholiafte de Lucain dit:
il eft certain que le Lethé eft en Afrique, à l'extrémité
d'une des pointes du golfe des Syrtes, & qu'il paffe au-
près de la ville de Bérénice ; en ce cas, il devoit être
bien loin du lac Triton; mais il a été permis à un poëte
de le déplacer. Lucain fuppofe que cette rivière avoit
Proetereo exiltm Lefuram.
LESURA , ancienne montagne de la Gaule. Pline ,
/. 11, c. 40, nomme ainfi le mont de Lofere, dans le
Gévaudan.
8oo
LET
LET
fa fource dans le fleuve Lethé, qui coule aux enfers, fé-
lon la Mythologie :
Et Ce dilecla Tritonida dixit ah undâ ,
Quam iuxtà Lethes tacitus pralabitur unda
Infernis,utfama,
ahens oblivia venis.
Voyez Lethon. *'
1. LETHÈS , fleuve d'Espagne , felén Strabon, /. 3,
p. 153 , qui dit que quelques-uns le nomment LiMjEA.
Le paflage de Pline eft remarquable. On s'eft, dit- il,
trompé à l'égard des rivières fameufes. Depuis le Minho
il y a deux cents mille pas , au rapport de Varron , jus-
qu'à l'jEMINIUS , que quelques-uns placent ailleurs,
& appellent LiMjEA ; il a été appelle le fleuve d'Oubli
par les anciens , & on a bâti beaucoup de contes à fon
occafion. Erratum & in amnibus indytis. Ab Minio
quem fuprà diximus CCM. pajf. {ut auclor ejl Farro)
abefl Alminius , quem alibi quidam intelligunt & Li-
mceam vocant , oblivionis antiquis diclus , muliùmque
fabulofus. Le P. Hardouin dit que cette rivière eft pré-
fentement I'Agueda, nom qui lui eft commun avec la
ville qu'elle arrofe. Baudrand croit que c'eft préfente-
ment la LlMA , rivière de Portugal, laquelle pafle à
PuentedeLima, entre le Minho & le Duero. Voyez
Lima. C'eft apparemment de cette rivière que Silius
Italicus , /. 1 , v. 23 5 , dit :
Quique fuper Gravios lucentes volvit arenas
■ Inferna populis rtferens oblivia Lethes.
Strabon, l. ■>,, p. 153, rapporte que les Celtiques & les
Turdules ayant fait une courfe de ce côté-là, &£ ayant
pafle la rivière de Limée , il s'éleva entr'eux une fédi-
tion; & leur chef étant mort fur ces entrefaites, ils
s'arrêtèrent en cet endroit, disperfés comme ils étoient ,
& que de-là vint a cette rivière le nom d' Oubli, ou
Lethes.
3. LETHÈS, ancien nom S El Rio GuadaletE,
rivière d'Espagne, dans l'Andaloufie, félon Baudrand,
édit. 1682, qui cite Strabon.
LETHON, rivière d'Afrique, dans la Cyrénaïque,
félon Pline, /. 5 , c. 5. Ptolomée , A4, c. 4, écrit La-
thon. Le P. Hardouin croit que c'eft le Lethœus fluvius,
que Strabon place chez les Libyens occidentaux. Voyez
LETH.EUS FLUVIUS 4. Pline & Ptolomée font cette
rivière voifine de la ville de Bérénice. Voyez auffi Le-
thes. 1. Athénée nomme cette rivière Lethon, A-may,
LETI , a»1« , ancien peuple de la Gaule , chez qui
Zofime A 2 , dit que vivoit l'empereur Magnence. Vi-
gnier croit qu'il faut lire Rteti : ne vaudroit-il pas mieux
lire Helveti ? Il eft pourtant fait mention de Leti dans
les Notices de l'Empire.
C'eft article eft d'Ortélius. Je ne trouve point dans
Zofime que Magnence ait vécu chez un peuple qui eût
un nom approchant , mais feulement qu'il eut la penfée
de prendre le chemin de la Rhétie , parce que ce pays
étant fitué du côté de la Gaule , &C dans le voifinage de
l'IUyrie , il comptoit d'en employer les troupes , félon
fes vues.
LETIA & UrtA ; ce font deux rivières dans le pays
des Ardennes. Il en eft parlé dans la Vie de S. Monon,
fur quoi Ortélius dit VUrta eft l'OURT : Letia eft peut-
être la Lesche.
LETO , (le) ou LETO-MORTO , petite rivière d'I-
talie , dans l'Etat de l'Eglife , & dans la Marche d'An-
cone. Elle vient de l'Apennin , & pafle près deFermo,
puis Ce jette dans le golfe de Venife, un peu au-deflous
de la ville de Venife.
C'eft ainfi qu'on lit dans Baudrand, édit. 1705; & il
y a une faute vifible , puisqu'il n'y a rien de commun
entre la rivière qui coule auprès de Fermo &. la ville
de Venife. La Carte de la Marche d'Ancone , par Ma-
gin , fait couler au midi , & affez près de Fermo , un
torrent nommé dans tout fon cours Leta-Vivo ; il re-
çoit , aflez près de Fermo , un ruifleau moins confidéra-
ble, qui eft peut-être Leta-Morto. Mais ce nom ne pa-
roit point fur la Carte. Baudrand a pris le nom de
Morto de l'article d'Ortélius , Thejaur. qui dit Leta Pi-
ceni fluvius fie olim diclus : nunc Morto , fi creditur
Francisco Adamo in Firmanorum Geflis. Cette mauvaife
répétition du mot Venife eft venue de ce qu'on a copié
Maty fans l'entendre. Il dit : « elle coule dans la Mar-
» che d'Ancone , à l'orient de la ville de Fermo, tk fe
» décharge dans le golfe de Venife, un peu au-deflous de
» cette ville, » c'eft-à-dire de Fermo, & non pas Venife.
Il n'y a rien de pareil dans l'article latin de Baudrand.
On y dit : ex Apennino monte , per agrum Firmanum in
Hadriaticum mare influens ttfle Francisco Adamo. La
citation eft prife d'Ortélius. Ce que Maty ajoute , que
cette rivière coule à l'orient de la ville de Fermo , ne
s'accorde point avec les Cartes de Magin. Elle y coule
au midi.
LETOA , ifle de la mer de Libye , près de l'ifle de
Crète, felon Ptolomée, /. 4, extremo. C'eft une des
ifles adjacentes de celle de Candie. Ses interprètes di-
fent que le nom moderne eft Chrijliana.
LETCEUS , quartier de la ville d'Alexandrie, felon
Etienne le Géographe , qui cite Triphon.
LETOIA. Voyez Lotoa.
LETOIS, Ai/Jo/e, métairie d'Afie , près d'Ephèfe,
fur la montagne. C'eft où venoit le vin vanté fous le
nom de vin Prammien , felon Athénée , cité par Orté-
lius, Thefaur.
1. LETRIM, contrée d'Irlande , felon l'Etat préfenc
de Vit dande , p. 30, dans la province de Connaught,
au nord-eft de cette province , avec titre de comté. Elle
eft bornée à l'eft ou nord-eft par Cavan & Fermanagh,
qui font du comté d'Ulfter, par Slégo & Roscommon;
à i'oueft, où elle a très-peu d'étendue, par l'océan , Se
une petite partie de Dunégal , qui eft du comté d'Uls-
ter; aunord&aufud-oueft parLongford, dans le comté
deLeinfter. Elle a quarante-quatre milles de long, &t dix-
huit de large. C'eft un pays montagneux, qui abonde en
excellens pâturages, & où l'on nourrit quantité de gros
& menu bétail. On le divife en cinq baronnies:
RoseLOGHER, Carrigallen,
Drumhaïr , Letrim ,
ck Mohil.
2. LETRIM , ville d'Irlande , dans la province de
Connaught, dans le comté dont elle eft la capitale, &
auquel elle donne fon nom. Elle n'eft pas fort éloignée
du Shannon , & non pas fur cette rivière , comme le dit
Baudrand qui la qualifie feulement château. Elle n'eft pas
grand' chofe à préfent , & eft à près de trois milles de
Carrick-Drumrush , Se à foixante &C quinze de Dublin.
* Etat préfent de l'Irlande, p. 30.
LETTEN , (LE PAYS de) Lettonia (a) , petit canton
de l'empire Rumen , dans la Livonie. On la nomme
auffi Lethland , en latin Lethlandia ou Lithlandia. (Elle
a l'Eftonie au nord ; au midi la Duna , qui la fépare de
la Semigalle , quoiqu'à parler exactement, elle ait une
petite lifiere en-deçà de cette rivière. Ses principaux
lieux font:
Riga , capitale ; Segewald ,
Venden, Wolmar,
Dunemunde, Linbourg,
Cobronfchants , Kokenhaufen ,
Salis , Dunebourg.
Les ifles d'CEfel 5f de Dagho font de cette province (b).
A l'égard de Kokenhaufen , les Saxons , après le mal-
heureux fiége de Riga, en 1701 , firent fauter en l'air
cette fotterefle. *(a) Matt. Strubyc^ii, Livon. Livoniae
descript. (b) Cellar. Geogr. noftri tempor. p. 196.
LETTfc.RE, petite ville du royaume de Naples, dans
lePicentin, & dans la principauté citérieure , fur le
mont Laclarius, du côté de Stabia, aujourd'hui Cafiel-
lamare : elle a un évêché fuifragant d'Amalfi , & elle
eft aflez marchande. On y voit une fource d'eau foufrée,
au rivage de la mer, près de l'églife des Carmes. LesJé-
fuites y avoientun collège. * D.Mattheo Egitio, Lettre
à M. Lenglet du Fresnoy.
i. LETUS, montagne d'Italie, dans la Ligurie, fe-
lon Tite-Live & Valere-Maxime. Léandre dit que c'eft
aujourd'hui VAlpi del Pelegrino.
2. LETUS, génitif du mot grec Leto, aiîK, Latone.
Voyez Latorum uebs.
LETUS-POLIS , ville d'Egypte. Voyez au mot La-
tone.
LEVACI,
LEU
LEU
LEVACI, ancien peuple de la faille , entre les cliens
ou vaffaux des Nerviens, félon Céfar, ie.Bdl.Gall. 1. 5,
c. 39. Nie. Sanfon, après avoir averti que l'on ne peut
en marquer la poiition que par conjeâure, trouve vrai-
femblable que le pays de la Lœuve , entre la Flandre &
l'Artois , ou le pays de "Waës en Flandre , répond au
nom de ce peuple.
LEVADIE. Voyez Livadie.
LEVANT : (le) ce mot fignifie proprement le côté
d'où le foleil fe levé. Il eft ordinairement fynonyme du
mot orient • & on peut dire également bien , une mai-
fon tournée vers l'orient , ou vers le levant. Il eft op-
pofé au couchant, de même qu'orient eft oppofé à l'oc-
cident; mais l'orient &le levant diffèrent, pour le fens,
en certaines phrafes auxquelles plufieurs écrivains ne
font point allez d'attention.
Lorsqu'il s'agit de commerce & de navigation, on ap-
pelle le levant toutes les côtes d'Ane , le long de la Mé-
diterranée , & même toute la Turquie en Ane ; ainfi
toutes les échelles, depuis Alexandrie en Egypte jusqu'à
la mer Noire , & même la plupart des ifles de l'Archi-
pel, font comprifes dans le levant. Un voyage du le*
vant, des marchandifes du levant, &c. Ce feroit par-
ler improprement, que dédire du voyage d'orient , des
marchandifes d'orient, &c. à l'égard de ces lieux -là ;
car alors par orient , on entend la Perfe , les Indes ,
Siam, leTonquin, la Chine, le Japon, &c. Ainfi le
levant eft la partie occidentale de l'Ane , & l'orient eft
tout ce qui eft au-delà de l'Euphrate. J'ai dit que cela eft
ainfi, en fait de commerce & de navigation ; car en fait
d'Empires, d'Hiftoire eccléfiaftique, on doit toujours dire
l'orient. L'empire d'orient, Féglife d'orient. Autrefois
par ['orient on entendoit le patriarchat d'Antioche , qui
étoit regardé comme la capitale de l'orient.
LEVANZO , ifle d'Italie, proche la côte occidentale
de la Sicile. Elle eft vis-à-vis de Trapam , à dix milles
de cette ville, au couchant; à cinq de la Favognana, au
nord : elle n'a que douze milles de tour , & quelques
hameaux. Voyez Phorbantia & Bucinna. *Baudr.
édit. 1705.
LEUBEN, ou LÉOBN, ou Leubn , Leobium, petite
ville d'Allemagne, dans la haute Stirie, fur la Muer, au
cercle d'Autriche. Elle eft jolie , affez ornée ; &£ c'eft
la capitale d'un grand comté , qui a eu fes comtes par-
ticuliers de lamaifon deHohenwart , qui eft de Bavière,
& que l'on appelloit aufli les comtes de Schrobenhaufen.
Après l'extinftion de cette famille, la ville & 1| comté
de Leuben pafferent à Conrad , évêque de Freifingen ,
frère de Sifroi ,& d'Otton, comtes de Hohenwarr. En 1 146,
il vendit ce bien, pour une bonne fomme d'argent, au
duc de Carinthie ; &C cette ville a parlé avec la fucces-
fion de ces ducs dans la maifon d'Autriche, qui en a la
propriété. En 1191, l'archevêque de Saltzbourg, &c Ot-
ton de Bavière prirent & pillèrent Leuben ; & au prin-
tems de 1646, elle fut à moitié confirmée par les flam-
mes. A un quart de mille de cette ville, eft Gos%, fameufe
abbaye de religieufes qui font preuve de nobleffe , en
latin Goffinfe Cœnobium. Elle eft fur la Muer, & l'abbefle
eft fort riche. * Zeyler, Stirîas Topogr.^. 71.
LEUBUS, Leobal'ium, abbaye d'hommes, ordre de
Cîteaux , dans la baffe Silène , au duché de Wolaw, fur
l'Oder , neuf lieues au-deffous de Breflau. Elle fut d'a-
bord fondée, en 1050, par Cafimir le Grand, roi de
Pologne, pour des Bénédiftins. Elle paffa, un fiécle après,
à l'ordre de Cîteaux. Cette abbaye, depuis fa fondation,
a été le lieu de la fépulture des princes & des grands de
Siléfie, & de plufieurs évêques de Breflau.
1. LEUCA, ancienne ville d'Italie, au pays des Sa-
lentins, félon Strabon, /. 6 ,j>. 281. Elle étoit fort pe-
tite, Se voifinedu promontoire Japygien. Lucain la nomme
aufli dans ce vers, /. 5, v. 375 :
Antiquusque Taras , fecretaque littora Leuccc.
C'eft pféfentement Sancta Maria de Leuca, dans
la terre d'Otrante.
2. LEUCA , ancienne ville d'Afie , aux confins de
l'Ionie Se de l'Éolie. Pomponius Mêla, /. 1 , c. 17, la
nomme Leuca, &c la met avec l'Hermus, rivière, dans
le golfe de Smyrne. Pline, /. 5 , c. 19, dit: la ville de
Ltuce , fur un promontoire qui étoit autrefois une ifle.
80 ï
Ces deux auteurs , & Strabon , /. 14 j />. 647, qui la
nomme Leuca au pluriel , s'accordent à la mettre auprès
de Phocée. Diodore de Sicile, /. 15, la met entre Cu-
mes & Clazomènes , mais plus près de la première que
de la féconde.
3 . LEUCA ; mot que les Gaulois ont employé dans
la baffe latinité , pour exprimer la forte de lieue, dont
ils fe fervoient pour mefurer les chemins. Saint Jé-
rôme , dans fon Commentaire fur le prophète Joël,
dit : il n'eft pas étonnant que chaque nation ait des
noms particuliers , pour fignifier la mefure par laquelle
elle exprime les diflances des lieux; les Latins ont leurs
milles; les Gaulois , leurs lieues; les Perfes, leurs para-
fanges, &c. Quum & Latini mille pa(j 'us vocenl,& Galli
leucas, & Perjcc parafangas, & raflas univerfa Germa~
nia. Ces mots leuca ou leuga , ou même lega , ont été
inconnus aux auteurs de la bonne latinité. Ammien-
Marcellin, en parlant du confluent du Rhône & de la
Saône où eft Lyon , dit, /. 1 5 , c. 28 : de-là on ne compte
plus par mille pas , mais par lieues : Exinde non millenis
pafiîbus , fed leucis itinera metiuntur. Paul Varnefrid,
communément Paul le Diacre, dans le quinzième livre
qu'il a ajouté aux quatorze livres d'Eutrope dit : on ar-
riva de part & d'autre dans la plaine de Châlons-fur-
Marne, qui a, dit-on , cent lieues de longueur fur fo-
xante & dix de largeur , félon la manière de compttr
des Gaulois : convenitur ex utrâque parte in campos Ca-
talaunios , qui cenlum in longitudine leucis & ex là'thii-
dine feptuaginta , ut Gallis mos ejl meliri feruntur. Jor-
nandès, dans fon Hiftoiredes Goths, deReb. Gtt. c. 36,
nous apprend quelle étoit l'étendue de la lieue Gauloil'e :
Leuca gallica mille & quingentorum paiïuum quantkate
metitur. On voit par-là qu'lfidore, dans les Origines, n'eft
pas exaft, lorsque, vers la fin du quinzième livre, il dit:
Leuca finitur pajjibus quingentis ; il eft tout vifible que
le mot mille a été omis par les cbpiftes. Voyez au mot
Leg, où nous remarquons qu'il eft arrivé à Surita de
prendre des lieues pour des légions dans l'Itinéraire
d'Antonin. Voyez aufli Lieue Se Mesures itiné-
raires.
4. LEUCA. Voyez Leucopolis.
1. LEUCADE, ancien nom de l'ifle de SainTE-
Maure , dans la mer Ionienne , fur la côte de la baffe
Albanie , à l'entrée feptentrionale du détroit qui fépare
l'ifle de Céphalonie de la terre ferme. C "étoit ancienne-
ment une presqu'ifle. Homère la nomme rivage d'Epire,
c'eft-à-dire de l'Acarnanie , comme l'explique Strabon,
/. 10. Ce poëte y met trois villes , Ncricum, Grocylée
&iAgylipe, dont la première, favoir Ncricum , ou, félon
d'autres , Neriton , fut transpolée par les Corinthiens
qui percèrent l'ifthme, & mife à l'endroit où avoit été
l'ifthme ; &c ce lieu ayant été creufé , en prit le nom
de Dioryclos , A/o'puifw; nom grec que Pline, /. 5 ,
c. 5, emploie fans changement, fck qui fignifie canal ou
détroit; Scylax de Cariande, parlant de Leucade, dit:
c'eft maintenant une ifle, depuis qu'on en a coupé l'ifthme.
Thucydide ne parle ni de l'ifle ni de la coupure de
l'ifthme : cela a donné lieu à Voirais de conjecturer
qu'elle n'étoit point encore une ifle de fon tems ; cepen-
dant cet hiftorien parle de l'ifthme en plus d'un endroit.
Tite - Live nous apprend que , la même année qu'on
livra bataille à Philippe II, roi de Macédoine, c'eft-à-
dire l'an de Rome ^57, félon Varron, Leucade étoit
encore une presqu'ifle. Dodwel, de Pcripli Scylacis
state, p. 53, croit qu'on n'en fit une ifle que lorsque
les Romains ôterent Leucade de la jurisdiftion de l'Acar-
nanie; Ce qui arriva, l'an de Rome, félon Varron 587,
lorsque Perfée fut réduit à Pobéiffance des Romains, à
caufe de la faftion des Acarnaniens qui favorifoient Per-
fée, au préjudice des Romains. 11 convenoit alors aux
habitans de la presqu'ifle , qui venoient d'être détachés
des Acarnaniens , & déclarés libres ; il leur convenoit,
dis-je , de fe retrancher par ce foffé contre leurs anciens
maîtres. Scylax, dont nous avons le Périple, vécut après
ce tems-là, & par conféquent il ne fauroit être plus an-
cien que Polybe. Ovide , Metam. I. 15, v. 289; Tile-
Live, /. 33, c. 17 ; &c Strabon, /. 10, en parlent comme
d'une ifle. Ovide dit :
Leucada contintlam veleres habuere Coloni,
Nunc fréta çircunuunt.
Tome III. Iiiii
>02
LEU
LEU
les premiers habïtans de Leucade l'ont poffedee jointe
au continent ; insintenant elle eft environnée de la mer.
Tite-Live dit : Leucade , qui eft préfentement une ifle
féparée de l'Acarnanie, par un détroit rempli de^ baffes,
& creufé à force de bras , étoit alors une presqu'ifle, &
tenoità l'Acarnanie, au couchant, par une gorge étroite,
laquelle avoit cinq cents pas de longueur, fur fix-vingt
de" large ; dans ce défilé eft Leucade, ville fituée fur le
penchant d'une colline qui regarde l'orient Se l'Acar-
nanie. Le Las de la ville eft plat , & s'étend le long de
la mer, qui fépare Leucade d'avec l'Acarnanie. On voit,
dans le latin même de cet auteur, qu'il nomme l'ifle
LEUCADIA, Leucadie, &C la ville LeUCAS, Leucade.
Lorsqu'elle le vit indépendante des Acarnaniens , elle
coupa l'ifthme ; les vents rapportèrent des fables dans
le canal & le bouchèrent. Pline, I.4, c. 1 , dit: Leu-
cade, qui eft une presqu'ifle autrefois appelléeNÉRlTIS,
féparée de la terre ferme par le rravaii de les habitans,
ci rejointe au continent par l'amas des fables que les
vents y ont accumulés. Denys d"Halicarnaffe, /. 1, c.43,
dit que les Romains donnèrent aux Acarnaniens Leucade
& Anatorium, qu'ils avoient ôtées aux Corinthiens.
Suivant ce paffage, on peut concilier Plme & Strabon.
Le premier dit que le foffé fut creufé par les habitans de
Leucade, & l'autre dit que ce fut par les Corinthiens.
Ce canal a pu être creufé à plufieurs reprifes , & à me-
fure que les fables le rempliffoient. A la fin, les habitans
ayant été réunis avec les Acarnaniens, n'eurent plus be-
foin de cette féparation , & ne travaillèrent plus à l'en-
tretenir ; de-l,à vient que Pline dit que cette ifle ayant
été détachée du continent, y fut enfuite rejointe par les
fables. Polybe , auteur plus fur Sf plus voifin de ces
tems-là, que Tite-Live, gâte un peu le calcul chronolo-
gique fur ce qui regarde la date de cette ouverture ; car
il la place avant l'an 536 de Rome, félon Varron , /. 1,
c. °) , lorsqu'il dit de Philippe, roi de Macédoine : pour
lui étant parti de Céphalonie avec fa flotte , il aborda à
Leucade, deux jours après , durant le filence de la nuit,
où ayant tout préparé dans l'ifthme nommé Dioryclosy
& ayant fait paffer fes vaiffeaux par cet endroit, il entra ,
dans le golfe d'Ambracie. On a tout lieu de croire que
Tite-Live eft moins exaft que Polybe , & que ce pas-
fage de Philippe fe fit vers le commencement de fon ré-
gne. Polybe fait entendre que ce canal n'étoit pas en-
core bien débouché , &: que l'on n'y paffoit pas encore
avec des barques ; car fon but étoit de furprendre les
ennemis qui ne fe doutoient point qu'il pût arriver par
ce chemin ; & fi c'eût été un paffage ouvert & ordinaire,
il n'y auroit point eu de furprife. Voyez Sainte-Maure
au mot Sainte, où nous parlons de l'état préfent de
cette ifle.
2. LEUCADE , ville ancienne de l'ifle Leucade.
Nous avons remarqué que les Latins ont nommé Leu-
cadie Leucadia , l'ifle ou la presqu'ifle , & Leucas
la ville : il faut en excepter Florus , qui nomme l'ifle
LEUCAS, A 4, c. 11. Cette ville devint très-floriffante,
& fut la capitale de l'Acarnanie. Tite- Live dit , /. 33 ,
c. 17 : on prit cette réfolution à Leucade ; c'étoitle chef-
lieu du pays , & le lieu de Taffemblée générale de tous
les peuples. Il dit, /. 36, c. 11: voyant qu'il n'étoit pas
ailé de détacher du parti les Leucadiens dont la ville
eft capitale de l'Acarnanie. Thucydide dit : les Leuca-
diens demeuroient dans l'inaction , pendant que l'on
ravageoit leur territoire, tant hors de Fifthme que de-
dans , où font fitués la ville même de Leucade & le
temple d'Apollon; quoique la ville fût dans l'ifle, elle
tenoit à la terre ferme par un pont. * Sirab. 1. 10.
11 faut distinguer de l'ifle tk de la ville de ce nom un
promontoire de ce même endroit, nommé Lsucate, fur
lequel étoit le temple d'Apollon. Voyez Leucate. i.
LEUCADIEN , Leucadius , furnom d'Apollon , à
caufe du temple qu'il avoit à Leucade. Properce dit :
Leucadius verfas acies memorabit Apollo.
1. LEUCADII, \es Leucadiens, habitans de l'ifle ou
de la ville de Leucade.
2. LEUCADII. Pline, /. <;, c. 13, met des Leuca-
diens, habitans de la Syrie, aullï-bien que des Larifféens.
Cela vient , comme le remarqvie le P. Hardouin , de ce
que les Macédoniens étant maîtres de ce pays, pendant
quelque tems, avoient donné à leur phantaifie des noms
des villes Grecques à des villes de Syrie, qui en avoient
déjà d'autres. Nous autres Européens, nous en faifonsde
même dans nos établiffemens des Indes , de l'Améri-
que, &c.
1. LEUCyE. Voyez Leuca 2.
2. LEUCjE. Pline, /. 5, c. 32, nomme ainfi cinq
petites ifl'es, près de Lesbos. Ce nom veut dire les Blan-
ches : l'une de ces ifles avoit une fource d'eaux chau-
des, & fe nommoit Cydonea.
3. LEUCjE Camini , ou Luci Camini, Se
4. LEUCnS Nap,E ; il y avoit deux bourgades, ou
villages , nommés ainfi dans la Marmarique , à quelque
ditlance de la côte, félon Ptolomée, /. 4, c. 5.
LEUCOS, Leuca & Leuce font un même adjec-
tif de la langue Grecque, lequel veut dire blanc.
LEUCjE STYLEE, c'eft-à-dire Us colom m s blanches,
lieud'Afie, quelque part vers lajCarie, félon Hérodote,
Tcrplich. fub fin
LEUCV"
./El HIOPES. Voyez LeucOjEthiopes.
LEUCARISTUS , ville de l'ancienne Germanie, fé-
lon Ptolomée, /. 2 , c. 11.
LEUCARUM, ancien nom d'un lieu de la Grande-
Bretagne , fur la route de Calleva à Urioconium , félon
Antonin , Itiner.
Muriduno ,
M.
P. XXXVI.
Scaton,
Scadum Nunnio
■um, M.
P. XV.
Excter,
Leucaro,
M.
P. XV.
Loghor,
Bômio ,
M
P. XV.
Boverton
Ce lieu Leucarum étoit fur la rivière de Loghor , Se
c'eft vrailèmblablement le Leucomagus de l'anonyme de
Ravenne.
LEUCAS. Voyez Leucade.
1. LEUCASIA, ifle de la mer Tyrrhène, fur la côte
occidentale d'Italie , devant le golfe de Pcefium , pour
parler comme les anciens. C'eft aujourd'hui la Licofa,
écueil au royaume de Naples. Voyez au nom moderne
Seau mot Leucosia.
2. LEUCASIA , rivière du Peloponnèfe , dans la
Meffénie ; elle fe perd dans le Balyras. * Pau fan. 1. 4,
LEUCASIUS Vicus, village du Peloponnèfe, dans
l'Arcadie, félon Paufanias, /. 8, c. 25.
LEUCASPIS, port d'Afrique. Ptolomée, /. 4, c. 5,
le met dans le nôme de Libye.
1. LEUCATE , ancien nom d'un promontoire d'A-
carnanie, auprès de la ville de Leucade; Tite-Live dit:
Lévinus ayant dépafïé le cap de Leucate , Se étant arri-
vé à Naupafte, (à Lepante,) déclara qu'il en partoit
pour Antycire. Florus , /. 4 , c. 1 x , dit : Céfar ayant
pofté fon armée enEpire, avoit envelopé de fa flotte
l'ifle de Leucade , le mont Leucate Se les deux pointes
du golfe Ambracien. Virgile, Alneïd. I. 3, v. 274, dit:
Mox & Leucatœ nimbofa cacumina montis ,
El formidatus nautis aper'uur Apollo.
Car le temple d'Apollon étoit fur cette montagne. Il
dit,/. 8, v. 676:
Totumque injlruclo Marte videres ,
Fervere Le,
Claudien, in 1. Conful. Stilic. 1. 1, v. 174, dit :
Nec 'juga Ltucatœ ferions fpumanlia fiuau ,
Deterrebat hieihs.
2. LEUCATE, ville de France, en Languedoc. Elle eft
ancienne , & Pomponius Mêla en a parlé. Mais il dit que
ce nom ne défignoit que le rivage, fans dire qu'il y eût ni
ville ni bourg. Ultra cji Leucata, littoris /zomen. Il nomme
enfuite Salfes , qui n'étoit pas alors une ville , mais une
fimple fontaine d'eau falée. Et Salfulafons non dulci-
bus , fed falfioribus etiarn quàm marina Jlnt , aquis de-
fiuens. Cette fontaine eft marquée fur l'Itinéraire, &
Leucate n'y eft^ pas ; c'eft que Leucate ne fe trouve pas
fur une route , & eft, au contraire, fur une langue qui fé-
pare l'étang de la mer ; au lieu que Salles fe trouve fur
LEU
LEO
îa route de Narbonne au Pyrénée. Sur la fin du treizième
lîécle , on trouve que Leucate appartenoit à des gentils-
hommes qui portoient le nom de Darelbe & à'Crban ,
& quelquefois de Leucate. Lorsque les Espagnols étoient
maures du Rouffillon , Leucate étoit la isule place qui
couvrît Narbonne de ce côté-là. Elle n'étoit qu'un vil-
lage commandé par un fort qui n'étoit pas grand. Phi-
lippe le Bel, acquit en 1309, de Raimond d'Urban écuyer,
le château &£ la léigneurie de Leucate ; &, la même an-
née, ce roi donna quelques terres à Amauri , vicomte de
Narbonne, pour le dédommager de ce qui lui apparte-
noit à Leucate. Cette place té rendit célèbre par le fiége
qu'elle foutint, l'an 1637, contre l'armée Espagnole qui
y fut défaite par les François , fous le maréchal de Schom-
berg , duc d'Halluin , alors gouverneur de Languedoc.
Ce fort a été raie comme inutile, fous le régne de Louis
le Grand. * Longuerue , Descr. de la France , 1. pan.
p. 244.
3. Le cap de LEUCATE eft une longue pointe,
de moyenne hauteur , fur le haut de laquelle il y a une
tour de garde.
4. L'étang de LEUCATE eft une espèce de golfe,
aux confins du Languedoc & du Rouffillon ; fa partie
fepientrionale eft dans le Languedoc , & fa partie mé-
ridionale dans le Rouffillon. Il eft fermé, du côté du golfe
de Lyon, par la langue fur laquelieLeucate eft fnuée, &
par une ifle allez longue, qui eft du Rouffillon; ainfi il a
deux ouvertures. Quelquefois on le nomme l'étang de
Leucate , & quelquefois Y 'étang de Salfes , parce qu'il
baigne le territoire de ces deux places , avec cette diffé-
rence que Leucate eft au bord de l'étang , Se que Salfes
en eft plus éloignée. De l'autre côté de l'étang, eft ie pays
de Corbière. Voyez Corbaria & Corbière. *San-
fon, Atlas.
5. LEUCATE, Leucatas , cap d'Afie , dans la Bi-
thynie , & l'un des deux- qui ferment le golfe nommé
par les anciens Aftacenus finus , aujourd'hui le golfe de
Comidia. * Plin. 1. 4, c. 1.
LEUCATH^E, ancien peuple d'Afrique. Procope ,
jEdific. 1. 6, c. 4, dit: les Maures barbares, furnom-
més Leucaihes , firent une irruption fur les Vandales , Se
défolerent Leptis. Il les nomme, /. 2, Leuchat^E ,
Leuchates.
LEUCATIUS, précipice au bord de la mer, dans le
voifinage de Nicomédie : il en eft parlé dans l'Hiftoire
mêlée, /. 19. Ce nom fk fa fituation ont beaucoup de
rapport avec le cap Leucate. Voyez Leucate 4.
1. LEUCE , petite ifle de la Sarmatie en Europe.
Voyez AchillÉE 2.
2. LEUCE , petite ifle ou écueil fur la côte fepfen-
trionale de l'ifle de Crète , félon Diodore cité par Bau-
drand, édit. 1705 , qui dit que c'eft aujourd'hui San-
Theodoro.
LEUC-EACTE, A.,Uy.l iUI» , Album littus: ces mots
qui lignifient le rivage blanc, font devenus un nom com-
mun en plufieurs lieux; car il y avoit :
1. LEUCE-ACTE, promontoire de l'ifle d'Eubée,
dans fa partie méridionale , félon. Strabon, /. 9, p. 399.
2. LEUCE-ACTE , petite ville ou bourg de la
Thrace , vers l'ifthme de la Cherfonnèfe, félon Dé-
mofthène , in Halonef.
3. LEUCE-ACTE, lieu de la Propontide , félon
Suidas. Cédrene nomme ainfi un lieu fort près de Cons-
tantinople. * Ofttl. Thefaur.
4. LEUCE-ACTE, lieu de la Marmarique , entre le
port de Hyzis & le promontoire Herméen , félon Pto-
lomée , /. 4, c. <,. C'eft le même lieu que Strabon ap-
pelle Leucogée, AivyJ^fio<.
LEUCE-COME, village de l'Arabie heureufe, dans
un golfe de la mer Rouge, félon Strabon , /. 16, p. 781.
Ce lieu étoit important pour le commerce, Se un entre-
pôt confidérable des' marchandifes d'Arabie, que l'on
portoit de-là à Petra, puis à Rhinocolura , ville de la
Phœnicie, ( de la Paleftine) aux confins de l'Egypte:
les traducteurs latins difent albus pagus. Nos ancêtres
l'auroient nommé à leur manière Blar.c-Ménil.
LEUCHATjE. Voyez Leucath^e.
LEUCHTENBERG, château & bourg d'Allemagne-,
■.au palatinat de Bavière, dans un périr canton auquel il
donne le nom de landgraviat de Leuchtenberg , dans le
Nortgow, fur une montagne auprès de Pfreim qui en
eft le chef-lieu, à un mille de la rivière de Nab , & à
qnatred'Amberg. * Hubn.tr, Géogr. Baudrand, éd. 1705.
LE LANDGRAVIAT DE LUCHTHENBERG , petit
canton d'Allemagne, dans le Nortgow, aa palatinat de
Bavière, dans lequel il eft enclavé. Il prend ("on nom du
château de Leuchtenberg , & n'a qu'une feule ville, fa-
voir Pfreim & quelques villages. Ce petit pays qui, a ti-
tre de landgraviat, entra dans la maifon de Bavière, oar
le mariage de Melchtilde de Leuchtenberg avec Henri,
duc de Bavière. Elle fut mère de Maxirm lien-Henri qui
fut électeur de Cologne, & tante de Maximilien-Adam,
dernier landgrave de Leuchtenberg , qui mourut fans
enfans, en 1646. Albert de Bavière, qui héritoit alors du
landgraviat, s'en accommoda pour quelques autres biens
fitués en Bavière, avec fon frère Maximilien- Henri, qui
monrut, en 1688 , St laiffa cettte terre à Maximilien-
Philippe, le plus jeune fils d'Albert. Après que l'élec-
teur de Bavière eut été mis au ban de l'empire durant la
guerre pour la fucceffion d'Espagne, la maifon d'Am-
berg obtint l'inveftiture du landgraviat de Leuchtenberg,
en 1708 ; mais à la paix de Raftad fk de Bade, ces biens
revinrent à la maifon de Bavière, en 1714. * Imhoff',
Notit. procer Imp.
LEUCI , ancien peuple de la Gaule , Se qui répond
aux peuples du diocèfe de Toul , qui s'étend en Lorraine
& en Barrois, & eft l'un des plus grands diocèfes qu'il
y ait en France. Quoique les fàvans conviennent allez
généralement de ce rapport, je ne laifferai pas de citer
ici une espèce de querelle qu'il y eut autrefois entre le
P. Monet, Jéfuite, & le géographe Nicolas Sanfon. Voici
de quelle manière ce dernier la raconte dans fes Remar-
ques fur la Carte de l'ancienne Gaule. « En 163 ï , le
» P. Monet m'écrivit de Lyon , fous ombre de me don-
» ner charitablement avis de plufieurs fautes qu'il pré-
» tendoit avoit remarquées dans ma Carte de l'ancienne
» Gaule.» Entr'autres choies il me mande, que j'ai mis
plufieurs Jimp les villes pour des peuples entiers, & que
j'ai laijje plufieurs peuples import ans en arrière, d'au-
tant qu'ils nom point de villes, ni métropoles , ni ca-
thédrales; & voici comment. Votre Belgique première
comprend les Trévérois , Médiomatrices , Loties , Verdit-
nois. Les Lev.ces & Verdunois ne font que les noms de
villes cathédrales de peu d'étendue dans le corps des Mé-
diomatriques ; Hé ! que fere~-vous des Luxembourgeois,
Ardennois , Liégeois , dont vous paffe^ les noms & les
peuples fous filence, quoique célèbres en t hi foire ? » Il y
» a dans cette Lettre , pourfuit Nicolas Sanfon , cin-
» quante faillies de cette force, &C n'eût été qu'une per-
» fonne de créance & de mérite me montra la Lettre
» qui lui avoit été écrite exprès pour me faire tenir celle
» qui s'adreflbit à moi , je n'eufle pu croire que le père
» Monet eût été capable de donner ces avis. Leuci dont
» le P. Monet fait fi peud'eftime, font tellement connus
» chez les anciens, que Céfar, Strabon, Lucain , Ta-
» cite, Pline, Ptolomée , &c. en font mention ; St la
» Notice des provinces 5c des' cités de la Gaule les met
» dans la première Belgique ; & cette Notice & Ptolo-
» mée font leur ville capitale Tullum ; Sr. le diocèfe de
» Toul qui répond au peuple Leuci , eft cinq ou fix fois
» grand comme celui de Paris. Véritablement le dio-
» cèle de Verdun n'a que la fixiéme partie de celui de
» Toul en continence (c"eft-à-dire en étendue,) 6c
» le premier qui a parlé de Verduni, a é'c Pline, chez
» qui même le nom eft corrompu en Veruni ; mais
» puisque Célàr ne parle point de celui-ci , nous en
» traiterons aifeurs. (Voyez Veruni.) Pi ur ce qui ert
» des Luxembourgeois, des Ardennois & Liégeois , dont
» le P. Monet fait tant d'état, &c fe plaint que je n'en
» ai fait aucune mention , je ne les connois point dans
» toute l'antiquité; Se fi le P. Monet eût voulu prendra
» la peine de me les montrer dans quelques anciens
» auteurs , je lui eulfe donné tout au moins quarante-
» neuf mille ans, pour en trouver l'un des trois feule-
» ment, j'entends dans un ancien auteur, 6c qui ait
» écrit pendant que les Romains ont eu le pied dans
» les Gaules. »
LEUTICIANA, ancienne ville d'Espagne. Antonin
la met (ur la route de Mérida à Tolède, entre Lacipea.
Se Auguftobriga, de cette manière :
Tome II J, I i i i i ij
LEU
LEU
Eménta ,
Lacipeam ,
Leucianam ,
M.
M.
P.
P.
XX.
XXIV
Augujlofrigam ,
Toletum ,
M.
P.
XII.
M.
P.
LV.
JPtolomée met LlONIANA dans la Lufitanie.
LEUCI-CAMINÏ. Voyez Leuce-Camini.
LEUCIMMA, cap de l'ifle de Corcyre; félon Pto-
lomée, /. 3, c. 14, Leucimna, félon Thucydide,
/. 3 , p. 225. C'eft aujourd'hui Capo blanco dans l'ifle
de Corfou.
LEUCK , gros bourg de Suifle , dans le Valais , fur 'a
rive droite du Rhône , dans un lieu élevé & fortifié par
la nature , ayant le Rhône en front, une montagne à
des, & deux petites rivières qui coulent dans un lit
profond aux deux côtés. On y voit d'aflez beaux bâtimens,
deux églifesj l'une grande, l'autre petite, une belle rnai-
fon de ville, & un château antique, qui appartient à l'é-
voque de Sion. Leuck eft presqu'au milieu du Valais ;
c'eft pourquoi les députés du pays s'y aflemblent iouvent
avec ceux de l'évêque pour délibérer des affaires d'état.
La langue du pays change à Leuck; au-de(Tus de ce bourg,
dans tout le haut Valais , on ne parle qu'Allemand; au-
deflous dans le refte du pays on parle François. Mais le
peuple ufe d'un patois ou jargon corrompu du François,
comme dans tout le refte de la SuifTe Romande, où
chaque province a fon patois particulier. A Leuck ,
les deux langues font en ufage; cependant, dans toutes
les deux parties du Valais , fur-tout dans les principaux
lieux, on s'applique beaucoup à favoir l'Allemand, le
François , l'Italien & le Latin ; & on y voit même des
gens du commun qui favent parler également bien ces qua-
tre langues. * Etat & Délias de la Suffi, t. 4, p. 187.
Les bains DE Leuck ,' célèbres par toute la Suifle,
font à deux lieues de Leuck, au nord, .au pied du mont
Gemmi, dans une vallée étroite & protonde, fermée de
toutes parts de hautes montagnes , qui ne laiflent qu'un
pailàge étroit dans un bois, au midi. Il y a cinqfources
d'eau minérale chaude que l'on conduit en divers bains,
pour l'ufage des malades qui s'y rendent en foule tous les
étés. Cette eau eft claire, fans odeur, cV fi chaude, qu'elle
cuit les œufs & déplume une poule. Elle eft d'un excel-
lent ufage pour plufieuts maladies. Le lieu où font les
bains, étoit inhabité, il y a trois ou quatre fiécles ; mais à
l'occafion de ces bains, on y a bâti, par fucceflion de tems,
un beau village avec une églife. Pour revenir à Leuck,
on voit en chemin , fur la rive gauche du Rhône , un
grand bâtiment qui fert de halle , où l'on décharge les
marchandises que Ion veut envoyer en Italie par les Al-
pes , ou qui viennent d'Italie. Il y a près de-là un grand
gouffre très-profond, nommé Ullgrabf.n , creufe par
des torrens qui fe jettent là dans le Rhône. On dit que
Leuck étoit autrefois en cet endroit-là. * Etat & Délices
de la Suffi, t. 4, p. 187.
LEUCOA , ville méditerranée de la Marmarique ,
félon Ptolomée , /. 4, c. 5. Ç'eft vrailèmblablement
Leucon qu'Hérodote in Melpomen. met aux environs de
la ville de Cyrène.
LEUCO-jETHIOPES , ancien peuple de la Libye
intérieure , au pied du mont RifTadius , félon Ptolomée,
/. 4, c. 6. L'édition de Bertius porte Leucaethiopes. Pom-
ponius Mêla, /. 1 , c. 4, les place fur le bord de la mer
«le Libye. Pline, /. 5 , c. 9, l'a copié Amplement.
LEUCOGjEUS. Voyez Letjcé Actce 4.
LEUCOGjEI COLLES, colline d'Italie, entreNa-
ples &. Pouzzol, félon Pline , /. 18, c. 11 ; & /. 35 ,
£.15. Ce nom lui avoit été donné par les Grecs , à
caufe de la blancheur du terroir; auflï Pline n'en parle-
t-il qu'à l'occafion d'une forte de craie & du foufre qui
fe trouvoit dans cette colline. Le nom moderne eft la
Lumera. Il y avoit au même endroit des fources d'eaux
que Pline, /. 31 , CI, nomme Leucogœi fontes , qui
étoient très-bonnes pour les yeux & les plaies.
D. MathœoEgitio, lettre à M. Lenglet du Fresnoy, dit
que c'eft le Forum Vulcani des anciens , & le Solfara
d'aujourd'hui entre Naples & Pouzzol. Voyez Grotte
du Chien.
LEUCOLA, port de l'ifle de Cypre, félon Strabon,
/. 14, p. 682. Il étoit entre Arfinoé & le promontoire
Peddlurr.. Sauinaife le confond mal-à-propos avec le
LcucolU de Pline. Voyez Leucolla.
LEUCOLITH1, peuple de l'Afie mineure , dans la
Lyaconie, ou du moins de quelques pays voifms ; car
Pline, /. 5 , c. 27, n'en parle qu'à roccafion de cette
province. Ce nom vient de la blancheur des roches, qui
rendoit leur canton remarquable.
LEUCOLLA, cap d'Afie, dans la Pamphylie, avec
une ville de même nom, félon Pline, /. 5, c. 31.
Saumaife, in Solin. p. 252 , confond cette ville avec le
port Leucola qui étoit dans l'ifle de Cypre , & dont par
le Strabon.
LEUCON, Voyez Leucoa.
LEUCONAUS, ancien nom d'un monaftete, près
deSaint-Valery, en Ponthieu. Voyez au mot Saint l'ar-
ticle Saint- Valéry.
LEU'. ONIA. Voyez Leuconium 2.
LEUCON1ENSIS , habitant de Leuconium.
1. LEUCONIUM, bourg de Grèce, dans l'Attique
& dans la tribu Léontide. Démofthène parle d'Apol-
lodore Leuconien , & ce bourg étoit la patrie du célè-
bre mathématicien Méton, au rapport de Spon , Lifie
de l'Attique.
2. LEUCONIUM, ville d'Afie, dans l'Éolide, fé-
lon Thucydide, /. 8, p. 572. C'eft la même que Leu-
conia, colonie des habitans de Chio, de laquelle parle
Plutarque, de Virtut. mulier. &£ Polyen, l. 8.
LEUCON.US FONS, fontaine du Péloponnèfe ,'
dans l'Arcadie, félon Paufanias , /. 8, c. 44. Elle étoit
fur un chemin auprès de Tégées, petite ville.
LEUCONUM, ancienne ville de la Pannonie, fé-
lon Antonin, Itiner. 11 la met fur la route d'Hemonia à Sir—
mium, en parlant par Scifcia, rk compte vingt-cinq mille
pas de Pecentinum à Leuconum. Voyez LlUTSCH.
1. LEUCOPEDIUM, c'eft-à-dire le champ blanc,
campagne de Grèce, dans le territoire Mégare, félon
Hefyche.
2. LEUCOPEDIUM, plaine d'Afie, dans la Bithy-
nie, aux environs de Dafcylon , félon Paufanias, A4,
c. 35. Voyez Cardie 2.
1. LEUCOPETRA, promontoire d'Italie, au pays
des Brutiens , dans le tetritoire de Rhégio , félon Stra-
bon, Ptolomée, & Cicefon. Le premier dit, /. 6, qu'il
avoit fon nom , à caufe de fa couleur. Ptolomée , /. 3 ,
c. I , le met immédiatement après Rhénium Julium , &
compte pour rien le promontoire Rhegium dont parle
Thucydide , l. 6, p. 441 ; ce qui a donné lieu à quel-
ques-uns de croire que, par ce nom, cet hiftorien avoit
entendu le cap de Leucopetra ; mais Cluvier , Ital. anU
croit que ce cap dont Thucydide fait mention , eft entre
Rhegium & le promontoire Leucopetra; ce qui eft très»
vraifemblable, la côte qui eft fort hachée de ce côté-là ,
ayant plufieurs caps tout de fuite. Ce cap eft fameux dans
les écrits de Ciceron. Les vents, dit-il dans fa première
Philippique , c, 3 , m'ayant pouffé de la côte de Sicile
fur le cap de Leucopetra, qui eft dans le territoire de
Rhegium, je m'embarquai ;en ce lieu pour pafler; Se
dans une de lès lettres à Atticus, /. 16, epijl. 7, parlant
du même voyage , il dit : étant parti de Leucopetra %
après environ trois cents ftades, (c'eft-à-dire environ
douze de nos lieues) un vent du midi, qui fouffloit avec
violence , me repoufla fur le cap de Leucopetra. C'eft le
même cap apparemment, qui eft appelle Bruuium pro-
montorium par Sallufte , dans un fragment confervé par
Servius fur Virgile, in jEneïd. 1. 3 , v. 400. Ce cap eft
préfentement nommé Capo dei Armi.
2. LEUCOPETRA, montagne d'Afie. Polybe, /. 10,
nomme ainfi la partie d'une chaîne de montagnes, qui fé-
paroit la Parthie de l'Hyrcanie. En ce cas, c'eft le Coro-
nus mons de Ptolomée, /. 37, c. 10.
3. LEUCOPETRA: un paffage de Pline nous ap-
prend qu'on y trouve Y Aspilatis pierre précieufe ; &
Ortélius conjecture que ce lieu étoit vers l'Arabie. Pline
femble l'infinuer.
1. LEUCOPHRYS, ville d'Afie, dans la Phrygie,
& plus particulièrement dans la plaine du Méandre, félon
Xénophon , Hijl. Grœc. 1. 3 , p. 490; & 1. 4, p. ^39.
2. LEUCOPHRYS, ancien nom de l'ifle Ténédos.
Vovez ce mot.
LEUCOPOLIS, ville d'Afie, dans la Doride, fut
LEU
LEU
ls golfe, félon Pline, /. jf, 'ci 29. C'eft la mêmevilie
que Pomponius Mêla, /. 1 , c. 16, nomme Leuca.
LEUCOPYRA, bourg de Grèce, dans l'Attique,
dans ia tribu Antiochide, félon Héfyche.
LEUCORIA. Voyez Leucosia & Marcilianum.
1. LEUCOS , petite rivière de Turquie, dans la
Morde: elle coule entre la ville de Gaftani ci la rbrte-
refle d'Achaïa, & fé décharge dans le golfe de Patras ,
à une lieue au midi de la ville de Pairas. On la nomme
auffi Patraffo. Les anciens l'ont connue fous ie nom de
Glanais. Voyez GlAUCUS I. Baudr. édit. 1705.
2. LEUCUS-LIMEN, AiVy.k a,^, ,, port d'Egypte,
furie golfe Arabique, félon Ptolomée, /. 4, c. 5. Ce
nom eft grec & fignifie en latin Albus-Portus, en fran-
çois le port-blanc.
3. LEUCOS, A£Vzoç nda^or, c'eft-à-dire la rivière
blanche, rivière de Macédoine, auprès de Pidna, félon
Plutarque, dans la Vie de Paul-Emile. Dacier , Hommes
illufir. t. 3 , p. 122. édit. d'Amjîerd. traduit iïmplement
le fleuve du Leucus. Ortélius , Thefaur. foupçonne que
c'eft la même rivière qui eft nommée Lycus dans la Vie
de Flaminius, par le même auteur, Hommes illufir. t. 3 ,
p. 545. Si le Leucus ou Leucos couioit auprès de Pidna,
comme le croit Ortélius , ce ne peut être le Lycus , qui,
félon Plutarque , couioit dans la Daffarétide ; & par con-
conféquent,.il y avoit bien loin de l'un à l'autre.
1. LEUCOSIA , ifle de la mer Tyrrhène, fur la côte
occidentale d'Italie. Pomponius Mêla, tx Pline qui l'a
copié , placent au même endroit une ifle nommée Leu-
tothée, dont aucun autre qu'eux ne fait mention. Mêla
ne parle point de Leucofie ; ainfi on auroit lieu de croire
que c'eft la même ifle nommée par Mêla Leucothée &T.
Leucofie, ou Leucafie par les autres géographes. Ce qui
fait de la difficulté , c'eft que Pline, après avoir nommé
Leucothée comme Mêla , dit dans le chapitre fuivant :
contra Pajlanum jinum Lcucafia cjl ab Sirène ibi fe-
pulta ; devant le golfe de Pefturn eft l'ifle de Leucafie,
ainfi nommée d'une firenne qui y fut enterrée ; mais
il y a remède, comme Cellarius le remarque: il arrive
quelquefois à Pline de multiplier les objeis fans néceflîté.
Il aura trouvé Leucothée dans Mêla, & Leucafia dans
Strabon, ou dans Denys d'Halicarnaffe, & en aura fait
des ifles différentes. Strabon, /. 2, nomme de fuite Pro-
chyta , Caprées & Leucafie, mais il dit, 1.6; Ca-
ptées & Leucofie. Denys d'Halicarnaffe, /. ï , p. 43,
dit Leucafie. Enfuite , dit-il, ils abordèrent à l'ifle de
Leucafie, qui porte le nom d'une parente d'Enée qui y
fut enfevelie. Lycophron, in Alex. v. 723 ; Tzetzès, fon
commentateur; & Ovide, Metamorph. 1. 15 , v.708,
difent Leucofie. Ce n'eft aujourd'hui qu'un écueil uni au
continent nommé le cap de la Licofa.
2. LEUCOSIA. Voyez Marcilianum.
LEUCO- SYRIE, (la) contrée d'Ane dans la Cap-
padoce, dont elle faifoit partie, vers l'embouchure du
Thermodon, félon Ortélius. Pline lui donne plus d'éten-
due ; car , parlant du fleuve Cappadox , il dit que ces
peuples en ont pris le nom de Cappadociens , & qu'on
les nommoit auparavant Leuco-Sy riens. Les nom de Sy-
riens & à'AJJyriens ont été fouvent employés l'un pour
l'autre par les poètes: Apollonius dit dans fon poëme
des Argonautes , /. 2 , v. 965 : ils quittèrent l'Halys , ils
quittèrent l'Iris & l'Affyrie. Denys le Periégete , r.772,
fe fert de la même expreflîon gréque dont s'eft fervi
Apollonius pour exprimer cetteAffyrie. Awufi'iif ^p»
3(8oi'ôr, Ajfyrite adluvio terra; tk fon tradu&eur Fef-
fus Avienus, v. 949, dit en latin:
Poft hos Affyria tenduntur jugera terra:.
Ainfi les poètes ont donné le nom d' Affyrie à ce qui
étoit véritablement la Cappadoce. Il femble étrange
qu'un auteur tel que Denys le Periégete, ait ainfi déplacé
les Affyriens ; car la véritable Affyrie étoit au-delà
du Tigre, & n'avoit rien de commun avec la mer Noire.
Mais le nom d' Affyrie tk de Syrie s'étendit bien au-delà
de la véritable Affyrie, & comprit comme le remarque
Pomponius Mêla, l. 1 ;' c. 11 , des pays qui avoient
encore des noms particuliers, favoir la Célélyrie, la
Méfopotamje , la Damafcène , l'Adiabène , la Babylo-
nie, la Judée & la Sbphène. Elle a encore, dit-il, d'au-
tres noms. On la nomme Palejline t aux confins de l'A-
80J
rabie; & Phœnicie, aux confins delà Cilicie. Ainfi tout
cela étoit la Syrie. Strabon, /. 16, dit auffi: il femble
que le nom des Syriens fe foit autrefois étendu depuis la
Babylonie jusqu'au golfe d'Iffus, Se de-là jusqu'au Pont-
Euxin ; & les Cappadociens , tant ceux qui font auprès
du mont Taurus, que ceux qui habitent le long de FEuxin,
font encore appelles Lcuco-Syriens. Ainfi il n'eft pas
étonnant que quelques auteurs ayent donné le nom £ Af-
fyrie ou de Syrie à la Cappadoce. La diftinftiou des
noms à' Affyrie & de Syrie n'a pas été de tout tems. Les
Cappadociens furent nommés Leuco-Syriens ou Syriens
blancs , parce qu'ils étoient plus feptentrionaux & moins
bafànés que les autres Syriens. Strabon dit , /. 12, jus-
qu'aux Leuco-Syriens, que nous appelions auffi Cappado-
ciens. Il en marque les bornes : l'Halys , dit-il, tombe
dans le Pont-Euxin entre les Syriens & les Paphlago-
niens. C'étoit donc^à cette rivière que la Leuco- Syrie
commençoit; il ajoure l'autorité d'Hérodote , qui dit de
même , tk nomme les Syriens Cappadociens. Le paffage
d'Hérodote, /. 1 , c. 6 , porte en effet ce que dit Stra-
bon ; & il dit encore, c . 72 : les Cappadociens font
nommés Syriens par les Grecs. Ptolomée place dans la
Cappadoce , en- deçà de l'Iris, un lieu qu'il nomme
Leuco-Syrorum cubitus , c'eft-à-dire le coude des Leuco-
Syriens. Voyez Pyramus.
1. LEUCOTHEA. Voyez Leucosia i.
2. LEUCOTHEA, fontaine ou ruilleau de l'ifle de
Samos, félon Pline, /. 5,4.31.
3. LEUCOTHEA, ville d'Arabie.
4. LEUCOTHEA, grande ville d'Egypte, félon Pline,
/. 5, c.ç). Ortélius foupçonne que c'eft \Elethyias de
Ptolomée , & le P. Hardouin ne s'en éloigne pas.
LEUCOTICOS, Atmlfy, , lieu d'Egyp e , près
de Memphis, félon Hérodote & Diodore de Sicile.
Thucydide femble en faire un des quatiers de la ville
même de Jdemphis. * Ortel. Thefaur.
LEUCTRES , Leuclra ,( au pluriel , génitif orum. )
Baudrand en fait une ancienne ville deBéotie. Il dit dans
fon ouvrage latin oppidum; mais tous les anciens que je
connois, ne difent point que ce fut ni une ville ni un
bourg. Mêla, Pline & Ptolomée ne nomment feule-
ment pas ce lieu. Strabon, /. 9, p. 414, qui en a parlé
le plus, dit: Leuêtres eft l'endroit où Epaminondas ,
ayant vaincu les Lacédémoniens dans une bataille com-
plette & décifive , trouva le moyen d'entamer leur
puifiànee qui avoit été fort grande jusques-là ; car depuis
cette défaite, les habitans de Sparte ne purent jamais re-
prendre la fupériorité qu'ils avoient eue fur le refte de la
Grèce , fur-tout après qu'ils eurent été fort maltraités à
une féconde bataille qui fe donna auprès de Mantinée.
Cependant, quelles que fuffent leurs pertes, ma gré le dé-
fordre de leurs affaires , ils furent fe garantir du joug, &
fe conferver dans l'indépendance jusqu'à la conquête que
les Romains firent de la Grèce ; encore ces vainqueurs
eurent-ils toujours beaucoup d'égards pour eux, à caufe
de l'excellence de leur gouvernement. On montre Leuc-
tres dans le chemin qui conduit de Platées à Thespies :
rien de plus fameux que la bataille de Leucfres, rien de
moins connu que la prétendue ville de ce nom. Plutar-
que , in Amatoriis, parle de Leu&res , village dans le ter-
ritoire de Thespies; mais on ne fait pas fi c'étoit du côté
de Thespies , ni s'il avoit quelque chofe de commun avec
la plaine illuftrée par la viftoire d'Epaminondas. Cepen-
dant Strabon lui-même nous fait connoïtre qu'il devoit y
avoir des habitans, &c même en allez grand nombre, pour
envoyer ailleurs des colonies; car parlant, 1.2, p. 360,
de Leuclrum dans le Péloponnèfe , il dit que c'étoit une
colonie des Leuftriens qui étoient dans la Béotie.
LEUCTRA. Voyez l'article qui fuit.
1. LEUCTRUM, ville du Péloponnèfe, dan- laLaco-
nie , fur le golfe Mefleniaque , félon Ptolomée , /. 3 ,
c. 16, affez près du promontoire Taenarien. Paufanias,
Laconic. c. 21 , dit de même : au-deflus du Tœnare, cap
occidental de ce golfe, font Canepolis, (Etylos Se Leuc-
tra. Pline, l. 4, c. 5 , le nomme auffi Leuclra; & le
P. Hardouin avertit de ne le pas confondre avec Leuc-
tres de Béotie , où les Lacédémoniens furent vaincus
par Epaminondas. Plutarque , in Pelopid. dit : on ap-
pelle Leuclrum une petite ville , ou bourgade de la La-
conie , fituée fur la mer ; & Strabon, 1.8, p. 360, dit:
Tylus que quelques-uns appellent (Stylus, enfuite Leuc-
8o6
LEV
LEV
trum , colonie des Leu&riens qui font en Eéotie. Ge-
mifte cité par Ortélius , nomme ce même lieu Main ,
ce qui eft remarquable. Voyez Maina.
i. LEUCTRUM, ancienne ville du Péloponnèfe,
dans l'Arcadie. Selon Paufanias, l. 8, £.27, ce fut une
des villes qui furent abandonnées par leurs habitanspour
aller peupler Mégalopolis.
3. LEUCTRUM, village du Péloponnèfe , dans l'A-
chaïe proprement dite, au territoire de la ville de Rhypae;
ce que Strabon, /. S, p. 387, appelle la Rypide.
LEUCUS. Voyez Leucos &c Lycus.
LEUCYANIAS , rivière du Péloponnèfe. Elle fe perd
dans l'Alphée, félon Paufanias, in AHiac.
LEVEFANO. On trouve ce nom dans la Table de
Peutinger fur le Rhin , il eft à l'ablatif ; &t à l'écrire
comme il faut, ce devroit être Leva fanum ,. le temple
de la déeffe Leva , qui donnoit auffi le nom à Lewen-
dal, la vallée de Lexe. Cluvier, German. ant. croit que
ce temple a donné le nom à Lewen qui eft dans la Guel-
dre au quartier de Nimegue ; & Alting , Notit. Germ.
infer. part. 1, p. 87, juge que Levefanum étoit immé-
diatement au-deflus deBatavodurum, &C peut-être à
Ëatavodurum même.
LEVEN, ou, comme écrit Baudrand, Levin, rivière
d'Ecoffe , dans fa partie méridionale ; elle fort du lac de
Lomond , qui occupe une partie de la province de Le-
nox; &, ferpentant vers l'orient & le midi, elle baigne
la ville de Dunbarte ou Dunbnton , & tombe dans la
Clyde. Elle donne le nom latin de Levinia à la province
de Lcnox. Vovez Lenox.
LEVENTINA. Voyez Levontina.
LEVERPOOL , ville d'Angleterre. Voyez LÉER-
ï>OL.
LEVES, ou S. Lazare de Levés, bourg de France,
dans la Beauce , diocèfe &: élection de Chartres.
LEUGA. Voyez Lluca.
LEUGfESA, ^iCya-oa. , ville d'Afie, dans la petite
Arménie , dans la province nommée Mélitene , i'elon
Ptolomée, l. 5 , c. 7.
LEUGNÉ , village de France, dans la Franche-Comté,
au diocèfe de Befançon , à trois lieues de Baume les- No-
tiains. On voit auprès de ce village une caverne qui fert
de glacière naturelle. La largeur de fon entrée eft à-peu-
près de vingt pas ; il faut en descendre trois cents pour
arriver de-là à la porte de la grotte , qui eft deux fois
plus haure , &C plus large qu'une grande porte de ville.
On voit allez clair par toute cette caverne, à caufe qu'elle
eft couverte par une espèce de voûte haute de foixante
pieds. La grotte a trente-cinq pas de profondeur , &C
foixante de largeur; & plufieurs gros morceaux déglace
pendent de la voûte , ce qui produit un bel effet. La plus
grande quantité, qu'on y en voit,fe forme d'un petit ruis-
ièau qui occupe une partie de la caverne , tk qui eft eau
en hyver, & glace en été. Au tond font des pierres qu'on
prendrait pour des écorces de citron confites. Ceux des
environs jugent du tems qu'il fera par l'air pur, ou les
brouillards épais qu'on voit quelquefois dans cette ca-
verne ; ces brouillards font une marque de pluie pour le
lendemain. * Davity , Franche-Comté.
LEUHIA , ville de la Chine , dans la province de
Channton , au département de Tengcheu , cinquième
métropole de la province. Elle eft plus orientale que Pé-
kin de 4d. 7', parles 36 d. 40' de latitude. * AtlasSi-
nenjh. _ *
LÉVI, l'un des douze patriarches , troifiéme fils de
Jacob & de Lia. Sa poftérité eft connue dans l'Hiftoire
fainte , fous le nom de tribu de Levi.
1. La tribu DE LÉvi fut disperfée, &c n'eut point
départage comme les autres tribus, qui avoient chacune
une étendue de pays. Au lieu de cela, Dieu, qui avoit
appelle cette tribu aufacerdoce, pourvut à fa fubfiftance,
en lui donnant les dîmes des grains, des fruits & des
animaux dans Israël, {Numer. c. 18;) mais les Lévites
en dévoient eux-mêmes donner la dixième partie aux
prêtres. Outre cela, Dieu aftigna à la tribu de Lévi qua-
rante-huit villes, dont fix furent déclarées VILLES DE
refuge. Nous les diftinguons ici par un afterisque. Ces
ilx villes ck fept autres appartenoient particulièrement
aux prêtres; & ce font les treize villes facerdotales. Les
trente-cinq villes, qui reftoient des quarante-huit, furent
pofiédées par les ftmples Lévites, qui n'étant point de la
race d'Aaron, n'avoient point de part au facerdocs.
Voici les noms de ces villes. J'ai marqué , à côté , de
quelle tribu elles étoient prifes , & à quelle branche de
la famille de Lévi elles appartenoient. Mais, pour mieux
entendre cette table & la diftribution des branches de
cette famille, il faut remarquer que Lévi eut trois fils,
Caath , Gerjbn & Mérari , &C une fille nommée Joca-
bed. Amram , fils de Caath , né en Egypte auffi-bien que
Jocabed, fa tante , &, de plus, né le même jour qu'elle,
l'époufa enfuite , & en eut deux ûls Moïfe &c Aaron, &C
une fille nommée Marie. Tous les Lévites furent donc
partagés en trois branches qui portoient le nom de leur
tige ; on les appelloit du nom général de Lévites ; &C,
pour diflingner les branches, on y ajoutoit le nom par-
ticulier de la branche, ou as Caath, ou de Gerfon, ou
de Mérari. Comme Dieu avoit féparé la famille d'Aa-
ron, en y attachant le 'facerdoce , cela fit une quatrième
branche , qui ne s'entend que des fils & des descendans
d'Aaron ; car les enfans même de Moïfe ne furent que
de fimples Lévites. Nous fuivons ici l'ordre que le fort
avoit marqué , .& que le livre de Jofué a fuivi :
TABLE GÉOGRAPHIQUE
DESVILLES
DE LA TRIBU DE LÉVI.
* Hébron, ou Cariath-Arbé,^
Lobna, ou Libna,
Jether ou Jathir,
Eftémo, i
Holon ,
Dabir, ou Débit',
Ain ,
Jeta , ou. Juta ,
Beth-Samès,
Ides tribus de|
\ Juda& de
SlMÉON.
Aux enfan*
. d'AARON.
tribu de
Benjamin.,
(delà
} Bek
ide là tribu
d'EpHRAÏM.
Gabaon, ou Gibéon,
Gabaé, ou Géba,
Anatoth,
Almon ,
Sichem, ouSéchem,
Gazer,
Cibfaïm , ou Kibfaïm
Beth-Horon ,
Elthéco , *) Aux enfans
Gabathon , ou Gibéthon ,f de la tribu de .fdeCAATH,
Aïalon, Ç Dan..
Geth-Remmon, )
Thanac,
Geth-Remnôn,
Gaulon, ou Golan.
Bosra,
Céfion, ou Kafion,
Dabéreth, ou Dabrath,
Jaramoth, ou Jarmoth,
Engannim,.
Méfiai, ouMiféal,
Abdon,
Helcath,
Rohob, ou Réhob,
Cédés en Galilée,
Hammoth-dor ,
Charthan,
Jecnam ,
Cartha,
Damna,
Naalol ,
Rainoth en Galaad,
Manaïm ,
Héiëbon,
lafer.
|de la tribu de
j ManasséJ
}de la tribu de
Manassé.
[de la tribu
,d'ISSACHAR.
fde la tribu
f d'ASER.
|de la tribu
y de Neph-
\ tali. J
Îde la tribu ie]
Zabulon.
Aux enfans
de Ger-<
SON.
'Aux enfans
? de Mi-
1 RARI.
de la tribu de
l Cad. '
LEV
LEU
8-o-
Bofor au défert,
Ue la tribu del
( Ru BEN.
Mifor,
Jafer,
Iethfon ,
Méphaath,
ux en fans
de MÉ-
RARI.
2. LÉVI, ou LfeVi, ancien peuple d'Italie, dans la
Ligurie , proche les Infubriens , le long du Pô. Tite-
Live, /. 5 , c. 35, dit: les Salluviens s'étibhrent près
des Lèves Liguriens, ancien peuple qui demeure aux en-
virons du Téfin , rivière. Pline dit : les Lèves & les
Manques bâtirent Ticïnttm , (Pavie,) près du Pô. Le
premier les nomme Lœvi , le lècond Livi, &. Polybe,
/. 2, c. 17, Laoï, Aa'oi. Ainfi ce peuple étoit aux en-
virons de Pavie , & occupoit le Pavefan.
3. LÉVI, (la pointe de) cap de l'Amérique, fur
la rive méridionale du -fleuve de Saint-Laurent, ou, pour
parler comme les gens de mer, à la bande du lud , pres-
que vis-à-vis de Québec ; elle forme le port ou la rade
de Québec, qui efl un grand canal, étendu depuis la
côte de Beauport jusqu'à cette pointe. Son nom lui vient
de M. de Ventadouv, neveu de l'amiral de Montmorenci,
& depuis vice-roi delaNouvelle France, parla ceffion
de fon oncle. * Mémoires communiqués.
4. LÉVI, château de l'Irte de France, proche l'ab-
baye de la Roche, à lix lieues de Paris. Il a donné l'ori-
gine à la mailbn de Mirepoix.
1. LÉ VIN, (le LAC de) lacdel'Ecoffe méridionale,
dans la province de Fife. Il reçoit ks eaux du concours
de plufieurs rivières & ruiffeaux ; dont plufieurs viennent
de la province de Menteith. Il eft remarquable par fon
ifle , où eft un château dans lequel la reine Marie d'E-
cofle (ut mile en prifon. Il fe décharge dans la mer par
une rivière de même nom. * Allard , Atlas. Etat préf.
de la Gr. Bref. t. 2, p. 247.
2. LÉ VIN , (leJ rivière de l'Ecofie méridionale,
dans la province de Fife. Au fortir du lac de même nom,
elle prend fon cours vers l'orient, reçoit une autre ri-
vière & quelques ruifleaux, & fe perd dans le golfe de
Forth, près de Levinsmouth. * Etat préfent delaGr. Bret.
t. 2, p. 247.
3. LEVIN , autre rivière d'EcolTe. Voyez Leven.
LEVINER-THAL. Voyez Levontina.
LEVIN1A , nom latin de la province de Lénox, dans
l'Ecoffe méridionale.
LEVINSMOUTH, ville d'Ecoffe , fur la côte orien-
tale, dans la partie feptentrionale du golfe de Forth, &c
dans la province de Fife, fur la rivière de Levin, àfon
embouchure. *Etat préf. de la Gr. Bret. t. 2, p. 250.
LEViTA , petite ifle de l'Archipel , la même que la
Lébinthos des anciens, entre Léro au feptentrion, Stam-
palie au midi , Stanchio à l'orient, & Amorgos au cou-
chant. Elle a un bon port , appelle de S. George , dans
fa côte méridionale.
1. LEUNI , ancien peuple de la Vindélicie , félon
Ptolomée, /. 2, c. 13. Aventin , Annal. Boior. 1. 2,
croit que c'eft le même peuple que les Gelons d'Ho-
race , & qu'ils habitoient les bords du G Ion , petite ri-
vière ou ruifleau de la haute Bavière, auprès deGlaneck.
Il peut avoir raifon à l'égard de la rivière ; mais je n'y
vois pas la même apparence en ce qui regarde les Ge-
lons d'Horace. Voyez GELONS.
2. LEUNï , ancien peuple de l'Espagne Tarragon-
noife, félon Pline, A4, c. 20. Le P. Hardouin croit
qu'ils étoient entre leDuéro & le Minho. Ortélius croit
que ce (ont les mêmes que les Lebuni.
LEVOMNE, montagne de Macédoine, quelque part
vers la presqu'ifle de Pailène, félon Pline, /. 4, c. 10.
C'eft la même que Lecomne.
LEVONI , ancien peuple que Ptolomée , /. 2, c. 1 1,
place vers le milieu de la Scandie, qu'il prend pour une
ifle. Ortélius croit que leur pays répond à la Bothnie
orientale &c occidentale. Il a peut-être voulu dire au
Gothland.
LEVONTINA, (vallée,) les Allemands difentle-
viner-Thal, vallée de Suifle ; on y descend du mon-
S. Gothard, lorsqu'on prend la route d'Italie. Les habi-
tans font Italiens, & fujets du canton d'Uri , dont ils
font partie. Il y a trois villages, entr'autres, dignes de re-
marque , favoir Airolo ou Ariolo , en allemand Orient^,
au pied de S. Gothard , & à la tête de la vallée. Au
milieu de cette même vallée, eft Pfait , Faido , & au
bas Irais, Irenicum. Ces gens dépendent delevêquede
Milan, pour le fpirituel ; mais pour le temporel, le can-
ton d'Uri y envoie un baillif, pour les gouverner, depuis
que Galéaz-Marie, duc de Milan , les a cédés au canton
d'Uri , par le traité de Lucerne, du 14 Août 1466. On
trouve dans les montagnes voifines quantité de cryftaux, ,
& diverfes pierres rares & curieufes, de différentes cou-
leurs. Près d' Airolo, il y a une fontaine d'eau minérale ,
qui charrie du vitriol & du falpêtre. * Etat & Délices de
la Suiffe, t. 2, p. 420.
LE UPAS , port de l'Arabie heureufe , dans fa partie
méridionale, félon Pline, /. 6, c. 28.
LEUPHANA , ou Liphana , ancienne ville de la
Germanie , félon Ptolomée. Quelques-uns de lés inter-
prètes fe font imaginés que c'eft Hanova:
LEUPHITORGA, ancienne ville de l'Ethiopie, fous
l'Egypte, félon Pline, l. 6, c. 29.
ÉEURCY-le-Sauvage, bourg de France, dansleBour-
bonnois , éleftion de Moulins.
LEURE , (la) petite rivière de France ; qui a fa
fource au-deffus de Beaupreau ; &, ayant arrofé Montre-
vaux-le-Petit, chargé du Pintau qu'elle reçoit au pont
de Gevrife , où elle eft navigable , elle fe jette dans la
Loire à fa rive gauche, au-defions de S. Florent.
LEVROUX, Leprofium, ville & châtellenie de France,
dans le Berri , élection d'ifloudun. Si l'on en veut croire
la Légende de S. Sylvain, cette ville s'appelloit ancien-
nement Gabatum , &, prit le nom qu'elle porte aujour-
d'hui, à l'occafion d'un miracle que S. Martin opéra, par
l'interceflion de S. Sylvain. Le feigneur de ce lieu etoit
attaqué de la lèpre; S. Martin l'ayant baifé , il en fîit à
l'inftant guéri; & en mémoire de ce miracle, le peuple
changea le nom de la ville, & l'appella Leprofum,ceÛ-
à-dire Locus-Leprofi. D'autres veulent que Levroux ait
été bâti par Roui de Déols , & que de Loco-Raiulphum
ou Locum-Badulphi, on ait fait par corruption Levraoul ;
mais cette féconde étymologie eft moins (butenable que
la première; car, dans les anciens titres, dans les Char-
tres ck dans les auteurs , cette ville eft toujours appel-
lée Leprofum ou Lcbrofum. Ce qui paroit de plus cons-
tant fur cette ville , c'eft qu'elle eft ancienne. Cela eft
juftirié par les vertiges de la grandeur Romaine, que l'on
y remarque encore, tels que h place des Arènes, & 1! am-
phithéâtre. L'on a fouvent trouvé, en fouillant la terre,
des médailles & des monnoies Romaines ; & au com-
mencement du dernier fiécle on y découvrit une lame de
cuivre , fur laquelle étoit cette infeription : FlaviaCubay
Firmiani filia , Colojfo deo Marti [uo , hoc figuum fecit
Auguf.o ; ce qui prouve que les Romains ont autrefois
habité dans cette ville. Elle eft à quinze lieues de Bour-
ges , dans un fond , clofe & fermée de murailles , de
tours &c de foffés. Il y a une églilè coUegiale dédiée à
S. Sylvain. Au-deffus de la ville eft un grand château,
au milieu duquel fe voit une tour d'une prodigieufe gros-
feur, accompagnée de deux autres. Ce château fut alliégé
& pris par Philippe- Augufte , qui le donna à fonvcou-
ftn , fils de Thibaud , comte de Champagne. Cette ville
eft fuuée à cinq lieues d'ifloudun, tk à quinze de Bour-
ges , au pied d'un coteau , où font encore les ruines d'un
château. Ii y a une collégiale, fous l'invocation de S. Syl-
vain , 8c fondée avant l'an 1012, par Eudes de Déols,
feigneur de Châteauroux & de Levroux. Il y a auffi un
hôpital. La terre de Levroux a appartenu à une branche
cadette delà mailbn de Déols, d'où elle a pane dans
les mailbns de Dupeschin , de la Tour d'Auvergne & c!e
Fiesque. Cette dernière la pofiede encore. *Piganiol de
la For.ce , Descr. de la France , t. 6 , p. 480.
LEUSABA, ancienne ville de l'ïllyrie , félon Anto-
nin , Itin. qui la met fur la route de Sirmich à Salones.
LEUSANICORUM Antra , cavernes d'Afriqie,
dans la Pentapole , félon Ptolomée. Quelques exemplai-
res portent Laganicorum.
LEUSE , petite ville des Pays-bas Autrichiens , dans
le Hainaut, à deux lieues & demie d'Ath , à trois &
demie de Condé , & à cinq & demie de Mons , fur un
petit ruiffeau qui fe rend à Ligne fk à Ath, 011 il tombe
dans la Dendre. Le prince de Valdeck y fit baïui ;-ar
le maréchal de Luxembourg , le 19 Septembre 1691.
8o8
LEW
LEW
LEUSINIUM; ancienne ville de la Dàlmàfiè, félon
Antonin , limer. Il la met fur la route de Salones à Dyr-
rachium, entre Dalluntum & Andarba, à XL. M. P. de
la première , & à XXIX. M. P. de la féconde.
LEUTARNIA , côte d'Italie, dans la Japygie. Stra-
bon, /. 6, p. a8i , dit : on dit que les géans nommés
Leuurniens , qui s'étoient fauves de Phlegre de Campa-
nie, furent pourfuivis jusqu'ici par Hercule, &C furent en-
gloutis par la terre , & que de leur fang fe forma la fource
infefte qui coule en ce canton-là, (auprès de Leuca,) ôc
que par cette raifon , la côtes'appelle Leuternia. Ly-
cophron femble y mettre une ville de ce nom, v. 978.
LEUTEMBERG, félon Robert de Vaugondy, Atlas,
ville de Siléfie. C'eft la même que Lemberg. i. Voyez
ce mot.
LEUTKRICK , petite ville d'Allemagne , au cercle
de Suabe, félon Baudrand, dans l'Algow, à trois milles
de Memmingue , & à fix de Lindau, fur le torrent d'Es-
chach , qui fe jette peu après dans l'Ifer. C'eft une ville
allez nouvelle ; cependant elle eft ville libre & impériale.
Baudrand, qu'on cite dans cet article, appelle cette ville
Leutkirck, & non pas Lcutkrick ; il dit encore avec rai-
fon, que cette ville eft fituée fur l'Efehach , qui fe rend
dans riller, & non pas dans l'Ifer, qui eft une rivière
bien différente.
LEUTMERITZ, ville de Bohême, dans la Bohême
propre , au cercle de laquelle elle dohne fon nom , fur
l'Elbe , à huit milles au-deflbus de Prague, & à dix de
Dresde. On la nomme auflî LlTOMlERSK. C'eft le
fiége d'un évêché érigé , en 165 5, par le pape Alexan-
dre VII, fous l'archevêché de Prague.
LEUTOMISSEL , ville royale de Boneme , dans le
cercle de Chrudim , fur la rivière de Lavesna. Il y avoit
anciennement une abbaye de l'ordre de Prémontré, qui
fut érigée en évêché par le pape Clément .VI,en 1344;
mais la ville ayant été ruinée par les Huflïtes, 1 evêche
a été fupprimé. Il y a un beau château qui appartient au
comte de Trautsmandorf*
LEUTSH , Ltuconum , ville de la haute Hongrie, au
comté de Scepuz, au pied du mont Krapack, aux fron-
tières de Pologne , auprès de la fource de la rivière de
Hernat , à fept milles d'Allemagne de Caffovie. Elle eft
fortifiée. ■.
LEUWIN, (LA TERRE DE) ou de la Lionne, pays de
la nouvelle Hollande , dans les terres Auftrales, entre la
terre d'Èndracht, ou de la Concorde & la terre de Nuyts,
entre le nf d. fkle 136e de longitude, & entre les 30=
& 35e d. de latitude fud. La côte en eft découverte à
l'orient jusqu'à la terre de Nuyts, mais non pas au nord,
où l'on ne fait fi elle eft contiguë à la terre d'Endracht.
* Robert de Vaugondy, Atlas. .
LEWARDE, Ltowardia, ville des Pays-bas, dans la
république des Provinces -Unies. Elle eft fituée dans
l'Ooftergo , l'un des cantons de la province de Frife, à
quatre lieues de Dockum , fk à égale diftance de la mer
du nord. C'eft une belle & grande ville , capitale des
comtés d'Ooftergo , de Weftergoc , & de Sevenwol-
den ; la réfidence du ftadhouder de la province , & le
lieu où fe tiennent la cour fupérieure & la chancellerie
de toute la Frife. *Janf.Urb. Belg.Tab./. 1.
Bien des écrivains fe font imagine que le nom latin
Leowardia venoit de celui d'un petit ruiffeau nommé
Leu, qui, difent quelques-uns, fe déchargeoit autrefois
en cet endroit, dans un bras de mer, dont nous parle-
rons ci-après. Mais il paroît plus vraifemblable que le
nom de Lewarde , tire fon origine de celui d'un feigneur
nommé Lewio, qui demeuroit anciennement dans ce lieu,
& que de Lewio on a fait Leowardia ; comme perfonne
ne peut douter que A'Econe on n'ait formé Ecowerdia ,
de Jucone Jucwerdia , de Feldone Feldwerdia , &c.
Alting, Not. Gerrn. inf. part, il , p. 116, donne une
autre origine à ce nom. Il le dérive de Liew ou Leew ,
nom d'homme fort commun en Frife, & de weerth, qui
lignifie une ijle, ou une élévation au milieu d'un marécage.
Dans divers titres de l'églife d'Utrecht , au lieu de
Leowardia on lit Lywart; &t le premier de ces titres eft
de l'année 1117. Mengo, abbé de Werum, fait mention,
fous l'année 1 147, des bourgeois de Liwerth; &C dans les
Tables de Scotanus, fous l'année 1300, on lit Lieuwerth.
Quoi qu'il en foit , dans le tems que cette ville com-
mença de fe former, elle avoit dans fon voifinage deux
villages , l'un à l'orient & l'autre à l'occident. Chacun
de ces villages avoit fon églife. L'un s'appelloit Olde-
hova , du nom de fon églife : l'autre fe nommoit Hoca,
qui, dans la langue du pays, fignitie un angle & un hame-
çon. Depuis quelques fiecles , ces deux villages & leurs
églifes ont été renfermés dans la ville. Ils y ont con-
fervé leur ancien nom , & jouiffent du droit de paroiffd.
Lewarde s'eft auffi accrue du côté du midi ; de forte
que fon enceinte* prife en dedans des foffés , eft tout au
moins de feize cents pas.
Cette ville eft riche, peuplée, fortifiée de bons rem-
parts, magnifique par fes bâtimens, tant publics que parti-
culiers, & partagée par divers canaux , où coule une eau
vive. Sa figure eft carrée ; mais les côtés du carré font
inégaux. L'un de ces côtés regarde le nord , l'autre le
midi, le troilîéme le levant , & le quatrième le couchant.
Dans cette enceinte il n'y a que trois portes cou-
vertes chacune d'une espèce de demi-lune. La première
eft au midi ; la fecbnde au couchant , & la troifiéme
tout auprès de l'angle du côté qui regarde l'orient d'été.
Mais il y a quatre canaux, dont l'iffue eft pratiquée foUs
le rempart ; ce qui donne la liberté aux bateaux d'entrer
&C fortir. La ville n'a qu'un fauxbourg; & il lui eft con-
tigu, du côté de l'orient; Il a beaucoup de maifons &
de jardins. On lui a donné le nom de V'liet.
La place publique eft beaucoup plus longue que large.
Elle contient un grand espace de terrein le long d'un
canal. On y a placé le poids de la ville; & c'eft le lieu
où les marchands s'aflemblent pour leurs affaires. Il y a
eu autrefois un château bâti en 1499 , par Albert , duc
de Saxe j & feigneur de Frife. La maifon de ville eft belle,
& d'une architecture moderne. On l'a bâtie au même
endroit où étoit l'ancienne. Jean-Guillaume-Henri-Fri-
fon , prince d'Orange & ftadhouder de Frife & de
Groningue , y mit la première pierre, le 2 Avril 171 5 ,
comme on le voit par l'infcription Flamande écrite en let-
tres d'or. * Délices des Pays-bas, t. 4 , p. 313.
Il y avoit autrefois à Lewarde trois églifes paroiffià-
les; celle A\4ldenkove dédiée à S. Vit; celle deNyen-
hove, dédiée à la fainte Vierge, & celle de fainte Ca-
therine. La première, qui étoit la principale, devint la ca-
thédrale, en 1 5 59. Elle fut ruinée, vers l'an 1 580. Il n'en
refte que la tour qui avoit été bâtie Iong-tems après l'é-
glife , & qui en étoit détachée ; car on avoit intention
d'y ajouter une églife nouvelle, ce qui n'a jamais été exé-
cuté. L'églife de Notre-Dame fubfïfte encore, &c celle
de fainte Catherine fert d'arfenal. La principale églife
d'aujourd'hui a fervi autrefois aux Domirlicains. Elle fut
bâtie en 1487. Elle eft affez belle. Il y avoit, du tems
de la Catholicité, quatre couvens à Lewarde, des Domi-
nicains , des Récollets , des dames Blanches , de l'ordre
de S. Dominique , & des Sœurs grifes , outre plufieurs
hôpitaux bien tondes , qui fubfiftent encore aujourd'hui*
La Frife a été long-tems foumife, pour le fpirituel, aux
évêques d'Utrecht. En 1559, le pape Paul IV érigea,
dans la ville de Lewarde, un évêché fuffragant du nou-
vel archevêché d'Utrecht. Outre fïx prébendes qu'il y
avoit déjà dans l'églife de S. Vit, on iùpprima l'abbaye
de Mariengarde , ordre de Prémontré , à une lieue de
Lewarde ; & le revenu fut partagé en neuf prébendes.
Pour la manfe épiscopale , on prit les revenus du riche
prieuré de Bergum , proche de Lewarde. Ce prieuré ap-
partenait à des chanoines réguliers de S. Auguftin. On
y joignit une prévôté de l'ordre de Prémontré à Bols-'
vaërt. Ce nouveau diocèfe comprenoit fous fa jurisdic-
tion dix villes , plufieurs bourgs ck villages divifés en
onze doyennés ruraux. On y comptoit dix abbayes, qua-
torze prévôtés ou prieurés , &C vingt- fix autres monas1-
teres. Rémi Druitius , confeiller du grand-conlëil à Ma-
lines, ik prévôt de Notre-Dame à Bruges , fut nommé
premier évêque de Lewarde, en 1560. Il devint fécond
évêque de Bruges, en 1569, avant que d'être facré. Cu-
nerus-Petri , dofteur de l'univerfité de Louvain, Se Ple-
ban de S. Pierre, fut facré évêque de Lewarde, en 1561.
Il tint, l'année fui vante, un fynode. Il fut chaffé en 1 578,
dans le tems de la révolution, & mourut à Cologne,
en 1580.
Le fouverain confeil de la province de Frife réfide en
cette ville, où il fut transféré, en 1 504, par George, duc
de
LEW
LEY
de Saxe, & feigneur de Frifc. Il eft maintenant compofé
de douze confeillers, & d'un préfident, qui jugent louve-
rainement & (ans appel de toutes les caufes.
Le magiftrat ordinaire confifte en douze perfonnes ;
trois bourg-meftres , & neuf échevins. Au renouvelle-
ment, qui le fait chaque année, le premier jour de l'an, il
fort un bourg-meftre & deux échevins. Les trois bourg-
meftres préfident par quartier dans les affemblées ; le pré-
fident ligne les actes publics , & garde les clefs de la
ville. Il y a encore trois penfionnaires perpétuels , qui
font jurisconfultes. Un de ces trois eft ordinairement lé-
erétaire de la ville, & garde des archives. La recette publi-
que eft adminiftrée par quatre tréforiers , dont l'un re-
çoit le revenu de la ville ; l'autre, celui du fpirituel; le
troifiéme reçoit les revenus de la campagne ; & le qua-
trième, ceux des fermes qu'on nomme confompùons.
Les habitans font doux, affables, polis, civils, &£ in-
génieux ; ils aiment la propreté; ils font laborieux, &
s'appliquent aux arts Se au négoce. Leur commerce ne le
borne pas dans la province ; il s'étend dans toute la Frile,
dans la Hollande , la Gueldre , le Brabant , la Flandre,
l'Angleterre, la France, l'Espagne, le Danemarck, la
Suéde , la Pruffé, la Pologne, la Lithuanie & la Rus-
sie. *Sanf. Urb. Btlg. Tab. p. i.
Lewarde eft fituée dans un terrein fertile , fur-tout du
coté du nord Se du couchant. Tout le pays eft coupé
de ruiffeaux Se de canaux qui portent des barques. Le
quartier qui regarde le couchant, &c qui s'étend afléz loin
du midi au feptentrion , eft maintenant de la même hau-
teur que le refte de la campagne ; il s'eft couvert peu-
à-peu d'un limon gras, que les flots y ont pouffé. C'é-
toit autrefois un bras de mer , qui entroit dans les ter-
res. Il s'âppelloit Borneda. * Âlûng. Nôt. Germ. inf.
Parmi les rivières qui entrent dans Lewarde , la plus
confidérable eft celle qui fe rend à Dockum , ville éloi-
gnée de Lewarde , de deux grands milles d'Allemagne ;
de-là, après avoir parcouru un autre mille, elle va fe jet-
ter dans un golfe entre des ifles & le continent. Elle
porte jusqu'à Lewarde des barques de médiocre gran-
deur, St même de celles qu'on appelle caravelles, &qui
peuvent fupporter la mer. Cet avantage lui facilite le
commerce avecHufum, Hambourg, Brème, Embden,
&: Groningue. Une autre rivière fort de Lewarde, du
côté de l'orient, où elle prend le nom de Via. Elle
coule du même côté , durant quelque espace de che-
min ; elle tourne enfuite du côté du midi. Après s'être
jettée dans des lacs , une partie de fes eaux le partage
fur la droite en divers ruiffeaux , pai lesquels on peut
aller en bateau à Sneeck , à lift , à Worcum , à Hinde-
lopen St à Bolswaart. Le refte de fes eaux fe partage en
deux rameaux , dont l'un, s'étant rendu à Staveren, l'au-
tre à Slooten , ils vont enfin fe jetter tous deux dans la
mer. Cette féconde rivière facilite le commerce avec
Amfterdam, Muçiickendam, Edam , Enchuyien , Mé-
demblick, Dewenter, Zwol , Campen, Haffelt, Har-
devyck, Elbourg, 5tc. D'ailleurs, avant que de fe jetter
dans les lacs , dont il vient d'être parlé , elle reçoit à
fa gauche des ruiffeaux portant bateaux ; ce qui facilite
le transport à Lewarde des denrées que fourniffent les
pays voifins. La tre ifiéme rivière coule du côté du cou-
chant. A quelque aiftance de Lewarde , des digues la
fouriennent ; elle paffe à Franeker & fe rend à Harlin-
gen , d'où elle fe jette dans la mer.
On a vu de grands hommes à Lewarde. Elle a donné
la naiffance à quelques-uns ; d'autres y ont feulement
vécu. Les uns & le; autres fe font acquis beaucoup de
réputation dans la république des lettres. De ce nom-
bre a été Pierre Aucama , jurisconfulte célèbre , qui fut
tué dans une fédition. en 148 t. George Rataller fut un
, perfonnage célèbre dans le lèiziéme fîécle. 11 commença
par être affeffeur du grand-confeil de Malines ; il fut en-
fuite envoyé en ambafTade à la cour de Danemarck ,
par Marguerite de Parme , gouvernante des Pays -bas.
Enfin il fut préfident de la cour provinciale d'Utrecht ;
& après avoir exercé quelque tems cette charge avec
honneur, il mourut en 1681. Les ouvrages qu'il nous
a laiffés,font la preuve de fon érudition. Celle de Bayus
Camminga. ne fut pas moins eftimable. Il étoit de la
première nobleffe_du pays , feigneur de Tille d'Ameland,
& intime ami d'Erasme , comme on peut le voir par
les lettres de ce dernier. Il fut affafliné en 1500. Il étoit
habile dans le grec Se le la'in. Il avoit fait des leçons
publiques de ces deux langues, à Erfort & à Louvain.
On pourroit aufïl ranger au nombre de ce? grands hom-
mes Suffridus Pari , s'il eût été moins crédule , & s'il
eut appr.té plus de discernement & de jugement pour
écrire l'hiftoire; occupation à laquelle il fe donna, étant
déjà vieux. Enfin Vigilius Zukhemus s'attira la gloire
d'avoir furpaffé l'érudition de tous fes compatriotes. Il
n 'étoit pas né à Lswarde, mais dans le voifinage; Si il
fut élevé clans la ville dès fa plus tendre jeunette.
LEWE-LEWECK, ville de l'Inde, au-delà duGange,
au royaume de Camboye,'; dont elle eft la capitale, fur la
rivière de Camboye ; nom que l'on donne auffi à cette
ville. Voyez Camboye.
LE'VENEZ, ville de la haute Hongrie , au comté de
Bars, & dans le gouvernement de Neuhaufel, vers les
montagnes & fur la_riviere de Gran. Ses habitans l'ap-
pellent Leiva. Les Turcs y furent défaits par le général
de Souches, François, en 1664. Elle eft à cinq milles
d'Allemagne, de Neuhaufel, Jk à fix de Gran. * Baudr.
édit. 1705.
1. LEWES('), petite ville d'Angleterre , en Suffex,
fur une éminence. Il y a fix paroiffes , & marché public
toutes les femaines. Elle eft à quatre milles de la côte, à
quarante de Londres, Se presqu'à moitié chemin entre
Chicefter & la Rie. Elle eft connue par un grand com-
bat qui s'y donna en 1164, fous Henri III (i>). La ville
avoit alors un château St un prieuré fitué au pied de ce
château, comme ilparoït par les détails de cette bataille.
Lewes envoie fes députés au parlement ; & les affifes de
la province fe tiennent, tantôt en cette ville, & tantôt à-
Grinstéad. Le nom latin eft Lesva. * (a) Etatprèfent
de la Gr. Bret. t. 1 , p. 117. Q>) Rapin Thoiras , Hift.
d'Anglet. t.i, p. 488.
2. LEv/ES, Lewen, Leuw-, ou Leuwe, petite
ville du Brabant (a) , dans les marais que fait la rivière'
de Jette, aux frontières du pays de Liège, à quatre lieues
de Louvain, à deux deTirlemont, & à une de S. Tron.'
Les François Q>) l'avoient prife,en 1678. Ils la rendirent
par la paix de Nimegue. *(a) Dicl. géoçr. des Pays-bas.
{^Baudrand, édit. 1705
LE VIN. Voyez Lewin. i.
LEWIS, (l'isle de) Voyez au mot Isle.
LEXIANJE, ancien peuple de l'Arabie heureufe, fé-
lon Pline. 1.6, c. 18.
LEXOBII & Lexovii, ancien peuple de la Gaule;
leur pays répond au diocèfe de Lisieux. Voyez ce mot.
Ptolomée les nomme en grec AjÇksiz/m.
LEYBNICZ , anciennement Polybianum , bourg Se
château d'Allemagne , dans la baffe Stirie , fur la rivière
de Sacka, à une lieue de fon embouchure, dans le Muer,
à cinq lieues au-deffous de Gratz. C'eft la réfidence or-
dinaire de l'évêque de Seckau.
LEYDE ; (les Flamands écrivent Levden , & pro-
noncent Leyen,) grande ville des Provinces-Unies , en
Hollande , fur le Rhin , Si l'une des plus belles de la
province.
On eft affez généralement d'accord fur le nom latin
& l'ancienneté de cette ville.
Les géographes la reconnoiffent pour le LugJunum
Batavorum , dont Ptolomée fait mention comme d'une
ville déjà célèbre , St que l'Itinéraire d'Antonin appelle
Lugdunum ad Rhenum cavut Germaniarum. C'étoit une
feigneurie confidérable des l'an 1090. Les comtes de
Hollande lui donnèrent des feigneurs héréditaires, avec
le titre de burgraves ; c'eft de-ià qu'eft venue la famille
des feigneurs de Ltyden. *Alting. p. m.
A l'égard du nom qu'elle porte aujourd'hui , il y en a
qui veulent qu'elle le tire àelegia, dérivé de legio, parce
que les Romains y tenoient ordinairement une légion.
Mais cette opinion ne peut guères fe foutenir, puisque
c'eft la ville de Liège qui a porté ce nom , comme l'a
prouvé Boxhomius par ces vers de Notger, évîque do
Liège , S: reftaurateur de fon églife :
Legia dolatur per me , Caprimons fpolialur.
Hic mit, heee furgit , manu hceç, nec iîle rerurgz\
Ce qu'il y a de confiant , c'eft que 1- nom de cette
ville a beaucoup varié dans tous les tems. Dans un an-
cien inventaire des biens de l'églilè d'LWcht, elle eft
Temi III. Kkkkk
8i
Lfc* i
LEY
appellée LetTI-1'en ouLetthen ; & ce nom eft donné
à" trois que l'on diftingue par les titres de première, fé-
conde & troifiéme, à l'imitation, i'ans doate, des trois pro-
vinces Lyônnoifes des Gaules. Il eft vrai que l'on trouve
dans des titres très-anciens trois LlETH.E, favoirLlTTE,
pour délîgner Leyden; c'eft dans un diplôme de l'empe-
reur Henri IV", donné l'an 1064. LlETHEMUTHEN dans
une tranfacrion de l'an 1063 , & LlETKORPE dans un
diplôme de Baudry, évêque d'Utrecht , de l'année 943.
On lit Lithis ck Leithis dans d'autres diplômes; ck
Leydis dans un diplôme de Guillaume II, comte de
Hollande. Quelques-uns ont écrit Leidni, qui appro-
che allez de Leyden. Les Annales de Fulde difentLiG-
DUIN , que le copifte a corrompu en écrivant Linduit.
Au refte, ces Annales femblent nous donner la véritable
origine du nom de cette ville. Leyden venant de Lig-
duin , tout le monde voit que Ligduin a été cor-
rompu de Lugdunum. * Alting. Not. Germ. inf. p. z,
p. m.
La ville de Leyde eft fituée très-avantageufement ,
presqu'au milieu des autres villes de Hollande. Delftck la
Haye n'en font qu'à trois lieues : Harlem Se Tergouw
à cinq, Utrecht fk Dort à fept ; &C Amfterdam 2 huit.
Elle eft dans une plair.e , & entourée, de tous côtés, de
canaux, de prairies ck de jardins. Son enceinte renferme
cinquante iiles, 6k dans ce nombre il y en a trente rk une,
autour desquelles les barques peuvent palier. On y compte
cent quarante-cinq ponts, dont plus des deux tiers font
bâtis de pierre ; les autres font de bois. *Janf. Vrb. Belg.
Tab. p. 1.
Leyden eft cenfée une des fîx premières villes de la
Hollande. Elie eft la capitale du Rhinland, ck quarante-
.cinq bourgs ou villages en dépendent. Les habitans- de
ces villages y apportent leurs denrées; ce qui faitquela
ville eft abondamment pourvue de toutes les choies que
la terre produit. La proximité de la mer, (car Leyden
n'en eft éloignée que d'une lieue,) fait qu'elle fe trouve
Lien fournie de poiffon. On y a auffi en grande abon-
dance du poiffon d'eau douce, ck des oifeaux aquatiques
•de toute espèce. En un mot , rien de ce que le pays
fournit ne manque dans cette ville , l'une des plus pro-
pres fk des plus agréables de tous les Pays-bas.
Anciennement Leyde n'étoit pas fi grande qu'elle l'eft
aujourd'hui. D'un côté , elle étoit bordée par le Rhin ,
■& de l'autre par le Rapen-burg & le Steen-Scheuyr. Elle
contenoit à peine quarante-cinq arpens, mefure deRliin-
knd. On l'avoit partagée en quatre quartiers. Le premier
étoit celui de Sainte-Catherine, du nom d'un monaftere
qui eft aujourd'hui un hôpital ; le fécond tire fon nom de
la manufacture où l'on faifoit des draps ; la manufacture
de laine avoit donné le nom au troifiéme , comme le
marché public avoit donné le fien au quatrième. En 13 5 1,
on élut dans chacun de ces quartiers un bourg-meître ,
pour gouverner la ville , conjointement avec le préteur
& le fénat. L'enceinte de cette ville a été augmentée
jusqu'à quatre fois différentes , favoir dans les années
1249, 1355, 1399 ck 1611 ; de forte qu'elle eft aujour-
d'hui presque de figure ronde , rk contient cent foixante
êc douze arpens , mefure de Rhinland. D'un côté, fon
enceinte eft formée par une muraille foutenue d'un rem-
part de terre , rk à laquelle on a ajouté de grands bou-
levards ; mais du côté que l'on a augmenté la ville , en
dernier lieu , on a élevé un bon rempart de gazons,
fortifié de quelques baftions , 6k tout autour de la ville
régne un large fofle. Après Amfterdam, Leyde eft la
ville la plus peuplée de la Hollande. Une quantité prodi-
gieufe d'étrangers venus de Flandre, d'Artois & du pays
de Liège , l'ont accrue confidérablement, & augmenté
iès richeffes. * Janj. Vrb. Belg. p. 1.
Il y a trois églifes principales. La première eft celle
de S. Pierre 6k S. Paul. Le Catalogue des (a) églifes dé-
diées dans le diocèfe d'Utrecht , prouve que cet édifice
exiftoit dès l'an iizi. Il étoit orné d'un belle tour, qui
manqua par les fondemens" (b). Sa chute ne caufa que
fort peu de dommage aux maifons voifines, & aux ha-
bitans ; la féconde églife eft celle de S. Pancrace, nom-
mée aujourd'hui Hooghlantfe - Kerck. La troifiéme eft
Sainte-Marie , autrement L. Vrouwen-Kerck. On comp-
toit autrefois dix- huit monafteres ou autres édifices de
piété, tant dans la ville que dans les fiuxbourgs. *{^)Al-
ting. p. 112, C") Jar.f.Ifrb. Belg. Tab. p. I,
Le château fert aujourd'hui d'ornement; autrefois c'é-
toit une fortereffe. Il lui fut bâti en 449, par Engifte, duc
des Saxons, ou, fuivant d'autres, roi des Frifons , à fon
retour de la conquête de la Grande-Bretagne. Il eft fur
le bord du Rhin , fur une élévation de terres rapportées.
Cette efpece de colline a au bas trois cents toifes de cir-
cuit, 6k cent quarante à fon Commet. Ce château, com-
munément appelle le Burght, n'eft qu'une feule enceinte
de pierres fans maifons. Il eft bordé en dehors de plulieurs
arbres fruitiers. La figure de_ l'enceinte eft ronde. On y
monte par un escalier d'environ cinquante marches; &
fa muraille eft fort épaiffe, ck a en dedans vingt ck un
pieds de hauteur. Il y a tout-à-1'entour une galerie voû-
tée , de deffus laquelle on a une très-belle vue qui s'étend
fur la ville 6k la campagne. Dans le_ voifinage du châ-
teau , on voit une pierre fameufe par fon ancienneté qui
approche de celledu château. On l'appelle la pierre bleue.
C'eft dans cet endroit que fe faifoient les exécutions.
Mais Philippe de Bourgogne donna, en 1464, lapermif-
fiôn aux habitans de faire les exécutions à Sgraveftein.
On conferva pourtant une ancienne coutume , qui vou-
loit que les bourgeois , lorsque le cas fe préfentoit, fus-
fent dépouillés, dans ce lieu, de leur droit de bourgeoifie.
Il y a plus de cent ans que cet ufage a été aboli.
On voit encore plulieurs édifices remarquables. De ca
nombre eft la maifon de ville. Dans le bas fe tiennent
les tribunaux ; celui de l'académie , celui de la ville , 6k
celui du Rhinland. On y voit auffi l'arcenal 6k la bou-
cherie, de même que la grande 6k petite tréforerie. Dans
l'étage, du haut, où l'on monte par un double escalier de,
vingt-deux marches , on trouve une grande fale qui con-
duit à diverfes chambres , où les bourg-meftres , les cu-
rateurs de l'académie , les juges êk autres officiers de
juftice s'afTemblent.
La maifon des orphelins n'étoit pas autrefois fi grande
qu'elle l'eft aujourd'hui; elle n'étoit pas non plus dans le
même lieu. Le nombre des orphelins s'étant augmenté
à mefure que la ville s'aggrandifîbit, on les transféra,
en 1583 , dans le monaftere iejainte Marie, au voifi-
nage de Féglife de S. Pancrace ou Hoeghlantfe- Kerck ;
ck comme cette nouvelle maifon ne fuffifoit pas encore,
en 1604 6k en 1607, on l'augmenta de nouveaux bâti-
mens.
En 1574, pour récompenfer les habitans de la valeur
avec laquelle ils avoient foutenu le fiége, le prince d'O-
range 6k les états de la province réfolurent l'établifle-
ment de l'académie , ck la fondèrent , l'année fuivante,
le 8 de Février. On la plaça d'abord dans le monaftere
defainte Barbe, appelle aujourd'hui la Couf du Prince,
't Princen-Hof. En 1581, on la transféra dans le monas-
tères des filles Blanches ; mais ce bâtiment ayant été
brûlé, en 1616, on la plaça de nouveau dans le monaftere
de fainîe Barbe. Le jardin des plantes y eft bien fourni.
Dans la fale d'anatomie, on trouve un grand ck magni-
fique théâtre, qui fut c'onftruiten 1597. Il y a un cabinet
dans lequel on conferve une infinité de chofes curieu-
fes , des momies , des fquelettes grands & petits , des
animaux rares, &c; on y voit, entr'autres, quelques-uns
de ces vers , qui, environ l'an 1735 j rongèrent les pieux:
qui forment la digue de la Nort-Hollande, & empêchent
que le pays ne foit inondé par la mer. Cette digue com-
mence à l'endroit où finiffent les dunes , qui fervent de
barrière naturelle. Ces vers, dont nous parlons, furent
apportés de l'Amérique : ils s'échappèrent d'un vaiffeau
qui étoit à l'ancre, près de la digue ; s'attachèrent aux
bois, ck les criblèrent en peu de tems. Pour obvier à de
pareils inconvéniens, les Etats-généraux font apporter
de la pierraille, pour en former à la longue des espèces .
de petites dunes. Ce projet eft digne de la prévoyance
6k de la patience des Hollandois. La bibliothèque eft
nombreufe. On y trouve quantité de manuscrits rares rk
anciens.
Il y a auffi un collège que les états de la province fon-
dèrent, en iV)i, pour l'entretien de quarante étudians
en théologie.
Les grands perfonnages qui ont fait le plus d'honneur
à cette académie, font: Jean Douza , Jofeph Scaliger,
Adrien Junius , Pierre Foreft , Rambert Dodonasus ,
François Rapheleng, Jean Cocceïus , François Goma-
rus, PaulMéruia. Charles Clufius , Conrad Vorftius,
Jaques Arminius , Daniel Heinfius , Dominique Baudius,
LEY
LEZ
Antoine Matthêeus, Antoine Levenhoeck , &c. Mais
Arminius, Gomarus, Vorftius & Cocceïus ont occa-
fionné, par leurs disputes théologiques , non-feulement
des troubles dans l'académie , mais des fadions dans
l'état. Cette ville a auffi donné la naiffance au fameux
Jean de Leyne, autrement nommé Bucold, tailleur d'ha-
bits , qui le fit roi des Anabaptiftes , & s'empara de la
ville de Munfter, en 1536. Ces chofes font trop connues
pour les détailler ici. Mais je ne puis pafTer fous filence le
fameux Cluvier, géographe, dont je respecte les grandes
lumières; il vivoit à Leyde, Se y mourut fort pauvre,
en 1623, après avoir enrichi la république des lettres par
fes excellens ouvrages. Peu d'académies ont eu des pro-
feffeurs auffi célèbres que celle de Leyde ; on y a vu
MM. Burman enfeigner les belles-lettres; Sgravefende,
les mathématiques ; Boërhaave, la médecine ; Vitriarius, le
droit public , &c plufieurs autres , dont le feul nom eft
devenu un éloge.
Le confeil de la ville, qu'on appelle Frœdfehap,, eft
compofé de quarante perfonnes , qui doivent être nées
dans la province, âgées au moins de vingt- huit ans,
& fàil'ant profeffion de la religion réformée. Ce confeil
a droit d'élire les bourgue-meftres. Il en nomme tous
les ans trois à la S. Martin, & ces trois gouvernent la
ville avec un des quatre de l'année précédente. Ce con-
feil nomme auffi tous les ans, le 25 Juillet, feize perfon-
nes, du nombre desquels les états de la province en
choifilTent huit pour échevins. Ils fe font réfervé ce
choix, depuis la mort de Guillaume III , roi d'Angleterre.
Il nomme pareillement trois fujets aux étais de la pro-
vince, qui en choififTent un pour remplir la charge de
grand baillif de Leyden. C'eft ce magiftrat qui adminiftre
la juftice civile &C criminelle , conjointement avec les
échevins.
Le fiége de cette ville, fait par les Espagnols en 1573,
acquit beaucoup de gloire à fes habitans. 11 dura depuis le
dernier d'Octobre jusqu'au 24 Mars 1574, que l'arrivée
du comte Louis de Naflau, frère du prince d'Orange,
d g^gea les Espagnols à abandonner leur entreprife.
Qutique tems après, lorsqu'ils eurent battu le comte
Louis, l'on frère Henri <k Chriftophe, comte Palatin,
ils retournèrent devant Leyden , & en recommencèrent
le fiége, lois le commandement de François Baldez. Ce
général, quelque tems après, ne croyant pas que la ville
pût être priie par force, réfolut de l'affamer par un blo-
cus. Les bourgeois fouffrireht infiniment. La famine &
la pefte les réduifirent à 1" extrémité ; mais ils ne perdi-
rent pas courage. Enfin le 3 d'Octobre , les digues de
la Meule & de l'IfTel ajant é é percées, Louis Boifot,
amiral de Zélande , fit entrer dans la ville un convoi
confïdérable, par le moyen d'un grand nombre de bateaux
plats. Les affiégeans abandonnèrent alors les forts qu'ils
avoient conftruits pour l'affamer. Trois chofes concou-
rurent à la levée de ce fiége ; le convoi qui étoit entré
dans la ville ; la chute du mur entre la Porte-aux-Vacfks,
autrement Kœpoort,&c la Tour de Bourgogne; le' Espa-
gnols épouvantés du bruit , s'imaginèrent qi:e les affiégés
failbient une fortie fur ei.x , ck l'inondation que caula
l'eau qui fonit par la brèche.
On fit, durant le fiége, une forte de rronnoie de pa-
pier ; on l'échangea pour des pièces d'argent , quand la
ville fut en liberté. Ces pièces étoient de deux prix ; les
unes valoient vingt-huit lois, & les autres quatorze. Sur
celles de vingt-huit fols, on voyoit un lion teram une per-
che furmontée d'un chapeau, avec cer:e légende tour à
l'entour : H/EC LlBERTATIS ERGO ; au revers, on li-
foit autour dans la partie extérieure: Deus servet
Leidam; &c dans la partie intérieure étoient ces lettres
capitales , N. O. V. L. S. G. I. P. A. C. c'eft-à-d.re :
Nummus objfejja urbis Lugdunenjis jub gubernatione
illuflriflimi principes Auriaci cujus. Dans les pièces de
quatorze fols , il y avoitun lion dreffé, tenant une épée
d'une pâte , & de l'autre un bouclier aux armes de la
ville ; au revers étoient écrits ces mots : PuGNO PRO
PATRIA.
La fabrique des draps eft plus célèbre dans cette ville
qu'en aucune autre de la Hollande. Il y a une fort he:!e
halle pour cette forte de marchandife. Les draps de Ley-
den font fi eftimés, qu'on en transporte une très-grande
quantité chez l'étranger , Se même jusques dans le Le-
vant.
O
or £
i.^LEYDE, (l'isle de) petite ifle des Indes, fur
la côte occidentale de l'ifle de Cey'a:,, dont el e n'eft
féparée que par un petit détroit, dans la baie de Nlanar ,
joignant le pays de Jafanaparan. Les Indiens la nomment
Ourature ; & comme elle eft la plus e-ande des ft-pr ifles
qui font dans ce lieu, les Portugais i ont nommée llhz
grandi. Les Hollandois , qui ont chifté les P - -tu •=>'• -'e
cette côte, lui ont donné le nom de Leyde, de même
qu'ils ont appelle Amfttrdam ik Mtaaewou g de ..v nies
voilines. Il y a dans celle-ci un village nomme aulû
Leyde. * Baudrand , & De rifle.
3. LEYDE, ( l'isle de) autre petite ifle des Indes,
fur la côte feptentrionale de Java, dans la baie de Ba.a-
via , au midi de L'ifle d'Alckmaar. * Keland, Carte de
Java.
Les Hollandois ont encore donné ce nom à quelques
autres lieux de leurs conquêtes.
LEYDSENDAM, c'eft-à-dire la digue de Leyde,
village de Hollande, entre Leyde, la Haye & Delft.
Comme les eaux du cô'é de Leyde ne font pas au même
niveau que celles de l'autre côté, il y a en cet endroit,
une éclufe pour les foutenir. Les eaux de ce village font
poiflbnneufes ; ce qui donne occafion aux habitans des
villes voifines d'en faire un rendez vous où ils vont fe
régaler en poiffon. Outre que c'eft un abord continuel
des barques de paffàge & de voiture , on y voit, presque
tous les beaux jours de l'été, des fociétés d'amis qui
s'y viennent divertir. * Mém. dreffis fur ks lieux.
LEYME, Lumen-Dei; Eremus, abbiye de filles en
France, de l'ordre de Cùeaux, dans le haut Quero , au
dincèfe , ck à neuf lieues au nord-eft de Cahors près de
Saint-Céré.
LEYNE, (la) rivière d'Allemagne, dans la baffe
Saxe. Elle a la fource dans l'Eichfeld, près de Heiligen-
ftadt , d'où, coulant par le duché de Brunswig , elle ar-
rofe Gottingen, pafle près d'Eimbeck , à Alt'eld; de-là
elle reçoit l'fnnerfte à Sarftede ; Se, pafïant à Ha îovre Si
à Neuft.-idt, elle fe rend peu après dans la rivière d'Al-
ler, entre Zell & Ferden. * B.iudrand , édit. 170s;.
LEYOANG, ville de la Chine , où elle eft la pnn-
cipale de la province de Leaotung. * Atlas Simnjîs.
LEYRAC, prieuré de France, dans le Rouergue, au
diocèfe de Rodez.
LEYRE , peti.e rivière de France, en Gascogne:
elle fort des Landes , ck fe jette dans le havre d'Arca-
chon.
On croit que c'eft le Sigmanus de Ptolomée.
LEYTE, (la) nviere'd'Allemag.e. Elle a fa fource
aux confins de la Stirie tV de la balle Autriche. Elle s'y
g uffif des eaux de la Schs-artza, avec laquelle elle change
Ion cours, qui jusques-là avoit été vers le nord, ck fe
tourne vers l'orient ; pafte fous le pont de Lanczdorf;
coule enfuite vers le nord-eft jusqu'à Ebenfurt , où elle
fe recourbe au nord-oueft; puis ferpentant au nord-eft,
.elle reprend à Bruck, bourgade, la route de l'orient;
entre dans la Hongrie , arrive à Ovar, ck s'y joint à une
branche du Danube qui forme le Schut. Selon De rifle,
elle forme dans fon cours une ifle où eft la ville de
Neuft idt , avant que d'arriver à Ebenfurt. * /aillât &
D- l'ifle.
LEY TON, village d'Angleterre, dans le comté d'Ef-
fex , aux confins de Mi.ldellèx. On y cherche le Duro-
litum des anciens. * Baudrand , édit. 1705.
LEYTRAC, petite ville de France, au bas Arma-
gnac , dans le vicomte de Brulois , dont elle eft le chef-
lieu.
LEYWITTER , village de Lorraine. C'eft un de
ceux qu'on rendit au duc, par le traité de Paris, 1718.
LEZ, (le) petite rivière de France, dans le bas
Languedoc, en latin Ledum, Leius , ck Licia , félon,
Baudrand, édit. 1705. Elle a fa fource dans la vallée
de Montferrand , à trois lieues de Montpellier qu'elle ar-
rolè, & fe rend un peu plus bas dans l'étang de Perraut..
LEZADOIS , (le) petit pays de France, dans le
Languedoc. Vovez Lezat.
LEZARD-POINT , ou la pointe du Lézard,
cap de la côte occidentale d'Angleterre, à vingt milles
de Landfend , dans la province de Cornouailles.
LEZARO, (Rio) petite rivière d'Espagne, dans la
Galice. Elle couie près de Finiftere. On croit que c'eft
le Florins de Pline,
Tome III, Kkkkkij
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LIB
rme une
6c quatre
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812
LZZ 4T petite ville de France, dans le haut Langue- octogone*. L'eau, qui s'eleve du milieu, £
doc ! , .,,';,, de Foix , su diocèfe de Rieuse , fur la ri- qui tombe en jonc, par cinq différens fauts
vierè de Lè'ze, ck qui donne ion nom au canton de Lé- tons jettent l'eau d'autant de côtés. Le j<,.u... = ,lfcl»lD
zadois 11 v a dans ce lieu une abbaye d'hommes , ordre eft bien garni: le carré eft une grande pièce d'eau , fer-
de S. Benoit : elle eft de la congréatior. de Cluny, Se mée par des arbres qui forment des arcades de feuillage ;
tire fon nom de la rivière de Lèze qui y pafie. Elle a
été fondée , l'an 842, par A thon , vicomte de Bigorre ,
qui s'y
6i au milieu eft une ifle ronde où l'on va avec de peti-
tes barques. On trouve dans cette ifle une fale ronde,
loine. 'On'y cdnferve le chef de S. Antoine-, formée de feuillages, & percée de plufieurs arcades. Le
oui y a été apporté deConftant'mopie Dardeux religieux, pré des fontaines eft tout entouré d'eau, orné de piu-
cle même que les corps des SS. Calix £k Cyprien, martyrs, iieurs jets , & d'une belle gerbe qui s'élève au milieu , &
tombe par différentes cascades. On trouve encore bien
des chofes gracieuiès ck bien ménagées dans cette belle
deux
haut Lan-
,'une fontaine qui eft près
Se des reliques desSS. Albin , Crespin ce Crespinian _
LEZAY, bourg de France , dans le Poitou , élection
de Poitiers , au couchant , Se près de Ro;
lieues au fud-oueft de Lufignan.
LÈZE , (la) petite rivière de France
guedoc. Elle prend fa fource d'une fontai
de Cadarcet ; paffe à Lezat , à Saint-Sulpice , à Beau-
mont, 6c fe perd dans l'Arriège , entre Verne 6c la
Gardelle. .
LEZERT, (le) petite rivière de France. Elle prend
fa fource dans le Rouergue , à la montagne de Laidarole , lornée L 3 , c. }.
paffe à Sauveterre & Caftel-Marie , ou elle fepare le LIASTO , lac ou petit golfe de
Rouergue du Languedoc ; enfuite elie fe joint au Violer nommé par ceux du pays Lago, Li.ifto, ouLico, & Porto
dans le Mirandol. Lugoduni , en latin Lugudone , Liguidonis, ou Liguido
maifon , comme le jeu de longue paume, le baffin oval,
le canal de l'escot , la fale d'eau , le pré des tilleuls , les
dix-fept fontaines , 6ec.
LIANE , Elna , petite rivière de France , en Picar-
die, dans le Boulonois. Elle tire fa fource des frontières
de l'Artois, d'où, courant à l'occident, elle fe jette dans la
Manche, au-deffous de Boulogne. * Baudr. édit. 1705.
LI ANUM , ville de Sarmatie , en Europe , félon Pto-
iile de Sarda
:;;i1C
LEZiGNAN , petite ville de France , au bas Lan-
guedoc entre des collines , à trois lieues de N ai-bonne ,
en allant vers Carcafîbnne. * Baudrand , édit. 1705.
Hubner qui a confondu cette ville avec Lulignan, s'eft
avifé de la placer dans le Poitou. _ _
LEZON : (le) c'eft le nom que porte la rivière de
Touques, depuis fa fource jusqu'à Lnîeux.
LEZOUX, petite ville de France, en Auvergne, dans ture que c eft peut-être le Libum de 1 itinéraire cl An-
la Limagne, près de l'Allier , à deux lieues de Tiers & tonin,
enjium Bonus. Il eft à l'embouchure de la petite rivière
de tedro, ck au levant de la ville de Sargano. * Corn.
Dift. Maty, Dift. de Holl. 1701.
1. LIBA; ifle de la Carmànie, félon Ptolomée, /. 6,
c. 8. Elle eft dans la mer des îndes.
2. LIB A, lieu d'Afie , du côté de Nicomédie, félon Cé-
drène cité par Ortélius , Tlufaur. Ce dernier conjec-
i quatre'de Clermont. Il y a une collègue ious 1 invoca-
tion de S .Pierre. L'air de Lezoux eft très-iam , & les
environs font très-fertiles. Cette ville eft fort ancienne.
LEZUZA, village d'Espagne, dans la Nouvelle-Cas-
tille, à quatre lieues d'Alcaraz. On y a trouvé une an-
cienne inscription , qui donne lieu de croire que c'eft un
refte de l'ancienne Lwifoca , ou Libifona des Romains.
LHCEGRIA. Si nous en croyons Walfmgham cité
par Ortélius , on appelloit autrefois ainfi cette partie de
l'ifle de la grande Bretagne , qui eft à préfent nommée
fAnglcterre. . __
Ll , ville de la Chine , dans la province de Xenfa , au
1. LIBAN, (le) montagne célèbre d'Afie , aux con-
fins de la Paleftine 6c de la Syrie. L'écriture fainte donne
à cette montagne le nom de Liban: d'autres néanmoins
aiment mieux i'appelier Anti-Liban , nom que l'on donne
à cette fiie de montagnes, qui eft féparée du Liban par
une longue vallée , comme l'on dit le Taurus 6e XAnù-
Taurus , le Cragus 6c X ' Anti-Cragus , le Cafius Se XAn-
ti-CaJius ; mais le fentiment de ceux qui veulent que le
Liban termine la Paieftine, femble le plus raifonnable. En
effet, fuivant le témoignage des écrivains anciens Si
modernes, il femble que le Liban eft différent de FAnti-
Liban, &E qu'il touche, du moins en quelques endroits,
département de Cunghang, cinquième métropole de la aux frontières de la Paleftine. D'ailleurs le nom <TAx
province. Elle eft plus occidentale que Pékin de 10 d. Liban paraît devoir être donné à cette montagne, dont
12' par les 35 d. 45' de latitude. * Atlas Sinenfis. la fituation eft oppofée à celle du Liban; de forte qu'il
LIACOURA , montagne de la Grèce , dans la Liva- convient d'eppeller Liban toute cette fuite de monta-
die propre , auprès de Caftri ou des ruines de Delphes, gnes , qui prend depuis le bord de la mer , &C s'étend lé
C'eft la même que le Pamaffe , fi fameux dans les écrits long des confins de la Paleftine , 6c qui n'eft ni oppo-
des poètes anciens Se des modernes. Voyez Parnassus. fée au Liban , ni féparée du Liban par une vallée. * Âe-
LIAMPO, ville de la Chine, dans la province de lundi, Pakeftina, p. 3 II.
Checchiara. Elle donne fon nom à un cap célèbre, le Quant aunomZi^rt, on ne peut douter qu'il ne vienne
plus oriental qui fe trouve dans ce continent. * Corn, de la blancheur des neiges dont cette montagne eft cou-
j)1Qi verte ; comme le nom des Alpes a été formé du latin
Le P. Martini ne connoît ni la ville de Liampo,nila Alpus ou Albus , qui fignifie blanc, de même Liban
vient du mot hébreu Liban, qui veut dire blanc. *D. Cal-
ma, Dift.
Les anciens géographes ne s'accordent pas fur la fltua-
province de Checchiara.
LIAN COURT, belle maifon de campagne, au duc
de la Rochefoucaud, aux environs de Paris. Elle eft en-
La principale porte
" " effet , Se ac-
tion du Liban Se de l'Anti-Liban. Strabon , /. 16, les
décrit de manière, que l'une 6e l'autre de ces monta-
gnes commencerait à l'occident , affez près de la mer de
Phénicie, Se s'étendroit vers l'orient, jusques dans le voi-
tourée de foffés de pierre de tail
eft ornée d'un boflage qui fait un affez bel
compamée de deux niches, dans chacune defquelles il y a
une ftaïue. A gauche eft un grand corps de logis , dont la
principale face donne fur le jardin. Le haut eft occupé par finage de Damas. Pline, /. 5, c. 20, femble placer le Li ban,
une longue galerie couverte, ornée fur le devant dun & l'Anti-Liban, de façon que ces deux montagnes s'éten-
ran » deVilaïlres Se de frontons, dont les uns font à angles droient du midi au feptentrion. Ptolomée étend leLiban 5c
ôc les autres en demi-cercles ; tout cela eft foutenu par l'Anti-Liban du couchant au levant , de forte cependant
fept arcades ouvertes des deux côtés. Au fond delà qu'il s'étendroit auflî du feptentrion au midi; lentiment qui
cour font deux ailes ou corps de logis, qui donnent approche plus du témoignage des écrivains Se des voya-
princi paiement du côté du grand parterre. Le petit corps geurs modernes qui ont examiné les lieux. Eufeube, in
avancé qui en occupe le milieu, eft à quatre étages, ter- Onomajiico, dit enfin que le Liban eft plus occidental,
rr.iné par un fronton , Se par les deux ailes qui font en rk s'étend le long de la mer de Phénicie , 6c quel'An-
dèmi-cerce. Les deux pavillons qui font au bout, à droite ti-Liban eft plus oriental, Se doit être placé dans le voi-
ck à gauche font de la même hauteur , Se terminés par une ftnage de Damas.
Quelques auteurs modernes nous ont donné beaucoup
coupe carrée, chargée d'une petite lanterne. Les quatre
coins du château font occupés par autant de grands pa-
villons carrés. * Pigar.ïol de. la Force , Descr. de la
France, t. 3, v. 55^
Les cascades font belles. Les nappes d'eau Se les deux
grands baftins font un agréable effet, Le plus grand eft
plus exactement la fituation du. Liban 6c de l'Anti-Li-
ban. Maundrell, Itinér. p. 100, dit que le Liban régne
le long du rivage de la mer Médiierranée, du midi au
feptentrion, Se que l'Anti-Liban, t)ui en eft féparé par une
vallée, s'étend pareillement du midi au feptentrion; ion.
LI
TB
LIE
coté oriental approchant de Damas. Sanutus nous avoit
appris avant lui , que !e Liban ne seloigne point de la
nier l'espace de deux lieues, (i ce n'eft auprès de Tri-
poli , où il s'en éloigne l'espace de trois , Se que dans
certains endroits il s'approche tellement de la mer, qu il
n'y a pas le moindre chemin peur palier. M. de la Ro-
que, Voyage de Syrie & du Mont-Liban, t. i, p. 31, dont
l'exa&itude eft connue, ajoute qu'on doit appeiler ie£i-
ban les plus hautes montagnes de la Syrie. Le commen-
cement de cette montagnes dit-il, eft vers la ville de
Tripoli, S: le promontoire appelle par Strabon , e*»"
TT&a&Ticv $ la face de Dieu , aujourd'hui le cap Rouge,
Se la fin au-delà de Damas , joignant d'autres monta-
gnes de l'Arabie déièrte. Cette étendue eft du couchant
à l'orient, environ fous le 35e degré d'élévation.
L'Anti-Liban , ainti appelle, à caulé de ia fituation
oppofée à celle du Liban , eft une autre fuite de mon-
tagnes , qui s'élèvent auprès des ruines de Sidon , &
vont fe terminer à d'autres montagnes du pays des Ara-
bes, & vers la Trachonitide, fous le 34e d.
Chacune de ces montagnes eft d'environ cent lieues
de circuit, fur une longueur de trente-cinq à quarante
lieues ; ce qui eft facile à comprendre , fi on fait réflexion
qu'elles occupent un espace fort vafte dans trois provin-
ces , qui font celles qu'on appeiloit autrefois la Syrie pro-
pre , la Cœlé-Syrie , ôe la Fhénicie , avec une partie de
la Paleftine.
De cette façon le Liban 5e l'Anti-Liban pris enfem»
ble, ont à leur midi la Paleftine ; du côté du nord, l'Ar-
ménie mineure , la Méfopotarnie ou le Diarbek , avec
partie de l'Arabie déferte , à leur orient; 6c la mer de
Syrie du côté du couchant.
Ces deux hautes montagnes font féparées l'une de l'au-
tre, par une diftance presque égale par-tout; 6e cttte dis-
tance forme un petit pays extrêmement fertile 5c agréable,
auq el on donnoit autrefois le nom de Cœlé-Syrie, ou
Syrie creufe. C'eft une profonde vallée presque renfer-
mée de toutes parts.
Pline, /. 5 , c. 10, parle d'une muraille tirée d'une
montagne à l'autre, & qui, en les joignant enlemble, îèr-
moit cette vallée ; mais il ne refte aujourd hut aucun ves-
tige dun ouvrage (i confidérable.
En navigeant dans la mer de Syrie, ou en parcourant
par terre tout le rivage, on ne s'apperçoit presque pas de
la réparation qm te trouve entré les deux montagnes. On
diroit, à voir le Liban 5i l'Anti-Liban , qu'ils ne compo-
fent qu'une même chaîne de montagnes , dont le c m-
mencement feroit à Tripoli , & le dernier terme un peu
au-delà de Tyr. s' étendant du nord au midi. Cela vient
.de leur figure extérieure que l'on peut comparer à celle
d'un double triangle : les deux baies regardant la mer, &
étant presque jointes , empêchent de diflinguer au de-
hors cette féparat'on, 5c de voir autre chofe qu'une con-
tinuité de fommets & de bras de montagnes, qui, en des-
cendant infenfiblement , forment les divers caps Se les
ports de cette mer. On parle avec éloge des cèdres du Li-
ban dans les Livres facrés ; 5c on en trouve encore au-
jourd'hui, quoiqu'en afféz petit nombre: nous en par-
lons ailleurs. * Reland , p. 310.
Cédrène, Compend. tfijt. part. 2, p. 114, rapporte
^quel'on a trouvé fur le mont Liban, en creufant la terre,
des poiffons pétrifiés ; ce qui prouve que cette haute mon-
tagne fut couverte des eaux du Déluge. Glycas, Annal,
part, z, p. 114, rapporte la même chofe. Voici fes
propres termes : Quum enim nannulli é cacuminibus
Libuni montis faxa conférèrent ad flrucluram a.iificio-.
rum , ajjeru.runt fe inler Libani concavitatem inveniffe
pifees induratos in limo defixos , quod etiam dixit Jo-
Jepkus.
Les montagnes du Liban ont fouvent été la retraite
des brigands , & d'une infinité de gens , qui n'avoient
d'autre profeffion que de faire des courfes fur les terres
des peuples voifins. Du tems des Ifraëlites, les Cliiwai
habitoient le mont Liban ; 5c du tems de l'empereur
Conftantin Pogonate , les Mardaïtes y avoient leur de-
meure. * Reland, p. 312. Jud. III. 3.
On donne auffi au temple de Jéruiàlem le nom de Li-
ban: Liban, ouvre tes portes . & que le feu dévore tes
cèdres, dit Zacharie , XI. 1 , en parlant de la future dé-
folation du temple par les Romains; &c Ezechiel, XVII. 3
fjn grand aigle avec de grandes ailes cjl venujur le Li-
ban, cy a_enrcrte la. vieilli du cèdre. I! parle de Nabu-
f'° -; '''--■ 'I'11 P-''t le fciii;!e, le brûla & en enleva tous
tesrrefors. 'D. Calmée. Dict.
Enfin on a donné au palais de Salomon , bâti dans Jé-
ruiàlem , le nom de Maifon du Liban , Domusfaltus
p*'"">aPparemment à caulé de fon' élévation , ou de
la blancheur de fes murs, ou plu.ôt à caulé de la quan-
tité de bois de cèdre 5c de colomnes qui y étoient.
*• LIBAN, (la. TOUR du) Salomon, dans le Canti-
que des Cantiques , compaie le nez de fon époufe a la
tour du Liban qui regarde Dam, s. Les voyageurs par-
lent d une tour que l'on voit fur le Liban , du côté de
Damas , & qui paroît avoir été fort haute. Benjamin
allure que le, pierres, de cette rour , dont il avoit vu
es reftes , avoient vingt paumes de long Se douze de
large. Gabriel Sionite dit que le château avoit cent cou-
dées de long, fur cinquante de large. Le mimftre Mauri-
drell, Voyage d'Alep àjérufalem, parle auffi de cette
tour; mais il ne la vit qje de loin.
LIBANA, vife ancienne de l'Espagne Tarraaonnoife,
au pays des Celtibériens, félon Ptol'omée, /. 4, c. 6;
d'au'tes difent Lœbana.
-LIBANjE , ville de Syrie, félon Etienne le Géo-
graphe.
LIBANOPHOROS , c'eft-à-dire la contrée qui pro-
duit 1 encens, pays de 1 Arabie heuteufe, félon Ptolo-
mée, /. 6, c. 7.
LIBANOTI, bourg d'Italie, au royaume de Na-
ples, dans la principauté citérieure , fur la rivière de
Sapn , au levant de PôJycaftro. On croit qje e'cft l'an-
cienne S abris , ville delà Lucarne. * Baudr. édit- 170Ï.
LIBANOVA , bourg de Grèce , dans la Macédoine ,
& dans la province de Jamboii, fur la cote du golfe de
ConteiTa, au pied de Monte-Santo. Il y a peu d habitans,
6c n'eft remarquable que parce que c'eft le refte de Sta.-
gyre, patrie d'Ariftote. * Buudr. édit. 1705.
LIBARNA, ancienne ville d'Italie, dans la Ligurie,
dans l'Apennin , félon Ptolomée, /. 3, c. 5; 5c Pline,
l- 3 , c. t. Elle eft nommée Libarnum par Antonin, Iti-
ner. Se dans la Table de Peutinger. Elle étoit à XXXV
M. p. de 1 ortone , Se à xxxvi M. P. de Gènes.
LIBATTE, ou Chilongi, terme ufité dans quel-
ques royaumes d'Ethiopie , pour fignifier un amas de
maifons, de cafés, ou plutôt de chaumières peu élevées,
bâties de branchages , enduites de terre grade , Se cou-
verres de chaume. Cet amas de maifons eft environné
d'une haie de groiTes épines, haute Se épaifle, que les
animaux carnaciers, dont le pays eft plein, ne peuvent
franchir ni forcer. Il n'y a qu'une porte que l'on a foin
de fermer avec des faifeeaux de grottes épines. Ces amas
de maifons font en manière de camp , êè presque fur le
modèle des camps des Romains ; & qui en a vu un, les a
tous vus. * Le P. La'bat, Voyage d'Ethiopie, /. 1 ,p. 98;
ôc t. 2 , p. 151.
Les officiers qui font chargés du foin de former ces
camps , ayant reconnu Se remarqué le terrein qui leur
eft propre , le partagent en fept quartiers , dont fept des
principaux officiers de l'état ont le commandement Se
Pinspeètion. On élevé au milieu les bâtimens qui doi-
vent fervir pour la perfonne du prince, de fa famille,
de fes officiers, de toute fa cour, & de fes esclaves. C'eft
toujours un grand carré; Se les épines qui le défendent,
font plantées de façon qu'elles forment une espèce de
labyrinthe.
Le fécond pofte eftdeftini auGolambolo, c'eft-à-dire
au lieutenant-général ou capitaine des gardes. On l'ap-
pelle encore Muta-Alta, c'eft-à-dire \e chef de la guerre,
ou Muta à Ulongo , c'eft-à-dire patron du navire. Cet
officier a la plus grande autorité après le roi dans l'état.
Il faut que ce foit un homme de cœur Se d'expérience.
II eft obligé de donner le premier dans une bataille. II
doit être inhumain, cruel, barbare, fans compaftîon
pour les vaincus , Se le plus exacl obfervateur des Ioix
impies des Quixilles. C'eft lui qui donne les ordres
nécelTaires pour les courfes , pour la marche de l'armée,
pour les campemens & déeampemens. Il va avec le
Singhilla, qui eft le chef de leur religion, reconnoître
Se marquer le terrein des nouveuax Chilongis.
Le troifiéme quartier eft commandé par le Tendala,
C'eftlui qui conduit l'arriére- garde, que l'on appelle Ao-
qua. Cet officier eft le premier de ceux qui ont droit
14
LIB
LIB
d'élire le roi, & qui, pendant l'interrègne, gouverne tout
l'état. Il faut pour cette charge un homme qui fâche
les intérêts de la nation. Il eft auffi respecté que le prince
même ; & quand il veut fe (èrvir de fon autorité , il
juge les coupables , fur-tout quand il eft à l'armée.
Le côté du camp, qui regarde l'orient, eft fous le com-
mandement du Mani-Lumbo. Ou appelle ce côté Mun-
tunda. Cet officier eft le furintendant & l'ingénieur
principal. C'eft lui qui fait élever les haies & les tran-
chées qui environnent le camp , &: défendent le quartier
du roi. Sa charge lui donne pouvoir d'entrer chez le roi,
& d'en avoir audience , quand il le juge à propos ; auffi
eft-il très-confidéré.
Le cinquième quartier eft à l'occident. Il eft fous les
ordres d'un officier de confiance , qui reçoit les corri-
miffions fecrettes , &r_ les fait exécuter.
• Le fixiéme quartier eft commandé par le Illunda;
c'eft le capitaine des bagages. On l'appelle auffi Quicumba.
Il reçoit & fait exécuter les ordres du lieutenant-général
de l'avant-garde. Il faut pour cet emploi un homme d'au-
torité, fier ik cruel, qui fâche ce faire obéir &c fe faire
respecter par les esclaves. Dans les tems de paix, fi tant
eft que ces peuples en ayent , c'eft à lui à remplir les
magafins d'armes , & à les conferver.
Un autre Illunda a le commandement du feptiéme
quartier. C'eft, à proprement parler, le grand-maître de la
garde-robe du roi. Sa charge l'attache tellement auprès
de la perfonne du prince, qu'il eft rare qu'il s'en éloigne.
On choifit pour cet emploi un homme d'une fidélité
éprouvée , chofe rare dans un pays rempli de voleurs.
Pour l'ordinaire, c'eft un prince du fang, qui eft revêtu
tle cette charge.
Le Mani-Curio eft l'intendant-général des vivres. Il
faut pour cette charge le plus fignalé , le plus adroit , lé
plus inexorable voleur que l'on puiffe trouver. Il a fous
fes ordres quantité d'officiers & d'esclaves tous grands
frippons; car c'eft en volant qu'on fait les provisions
néceffaires pour la cour. On n'a jamais fu ce que c'étoit
que d'en acheter, à moins q'-ie ce ne foit des Européens ;
& ceux-ci doivent bien être fur leurs gardes , . pour ne
livrer leurs marchandifes qu'argent comptant. Comme
cet argent ne confifte qu'en esclaves , qui ont les jambes
bonnes, c'eft aux marchands à s'en bien âffurer par de bons
fers, &£ à les marquer, à leur marque auffi-tôt qu'ils les ont
reçus ; encore leur en échappe-t-il fouvent. Quand cela
arrive, c'eft peine perdue de les aller réclamer: on leur
répond qu'on les a payés , & que c'étoit à eux à con-
ferver le prix de lamarchandife qu'on leur avoit livrée.
Si on excepte les befoins de la cour, cet officier a peu
d'exercice ; car on ne donne point de vires ^aux troupes
qui vont à la guerre. C'eft aux foldats à s'en fournir,
comme ils le jugent à propos , en pillant & volant tout
ce qu'ils trouvent, à qui que ce foit qu'il appartienne.
Leur pis-aller, ou. pour parler jufte, ce qui leur con-
vient davantage , c'eft de trouver des créatures humai-
nes : ils font bonne chère alors ; ils ne fe donnent pas
même la peine de les faire cuire.
Il y a d'autres officiers , dont le nombre & les devoirs
fourniraient un affez ample catalogue, mais peu intéref-
fant : ce qu'on peut dire , c'eft que ces cours barbares ,
comparées à celles des autres princes du monde, ne re-
préfentent que mifére & pauvreté.
LIBAU , place de Curlande , avec un port fur la côte
de la mer Baltique , & aux frontières de la Samogitie.
Elle fut prife plufieurs fois par les Suédois, dans les der-
niers tems ; mais elle fut rendue, en 1660, par le traité
depaixd'Oliva au duc de Curlande à qui elle appartient.
Elle eft à dix-huit milles Germaniques de Mémel , & à
vingt-cinq de Mitau. *Baudrand, édit. 170^.
L1BERALIENSIS , fiége épiscopal d'Afrique, dans
laNumidie. On trouve dans la Conférence de Carthage,
c. 133, que l'évêque Viftorin de Tabude répondit pour
fon confrère Gorgonius , évêque plebis liberalienjïs : ces
deux évêchés étoient voifins ; on ne trouve aucune trace
de celui-ci dans la Notice épiscopale d'Afrique.
LIBERALITAS-JULIA , ûirnom donné à Ebora,
municipe d'Espaene : ce furnom fe trouve exprimé fur
des médailles d'Augufte. Pline parle auffi de ce furnom.
LîBERDUNUM, nom latin de LlVERDUN.
1. LIBERO , nom latin de LlVRON , bourgade de
France, dans le Dauph'mé.
2. LIBERO, ville de la Ligurie, felcn Callifte , /. 4-
c. 22 , cité par Ortélius , l. 14, c. 5. Zozime la nomme
Ai,ïEpa>a ; c'eft apparemment la Libarna de Ptolomée.
LIBERTHAL, ouLeberthal. Voyez Leber.
LIBERTIN I, (les) dont il eft parlé aux Ades des
Apôtres, font nommés avec des peuples. Voici le paf-
fage , c. 6, v. 9: Surrexerunv autem quidam de j'yna-
gogd qucz appellabatur Libertinorum & Cyrenenjium &
Alexandrinorum , & eorum qai iront à Cilicid & Afiâ
difputantes cum Stéphane : c'eft-à-dire à la lettre : Or
quelques-uns (è levèrent de la lynagogue nommée des
Libertins , des Cyrénéens & des Alexandrins , des Cili-
ciens & des Afiatiques disputant avec Etienne. L'abbé de
Marollesdit des Libertins : le P. Amelote , MM. Sacy,
Huré, & quantité d'autres, tràduifent ce mot par affran-
chis, qai entre dans la fignification du mot latin Liber-
tini; car les Romains nommoient Liberti leurs affran-
chis, & les enfans des affranchis étoient proprement ap-
pelles Libertini. Ainfi il faudroit dire : la fynagogue qui
avoit pris lbn nom des fils d'affranchis , s'il étoit ques-
tion d'un niot latin en cet endroit ; mais Libertini, dans
la verfion latine , n'eft que le mot exprimé dans l'original .
grec , A;J?f 111 1: or ce mot grec n'eft point du corps de
la langue grecque , & ne fe trouve pas dans un autre au-
teur : ainii il n'a nen de commun avec la fignification
ordinaire du mot latin, dans le sens A' affranchi. Suidas,
qui
ot des Actes , dit: jmm
s3i'« ^ nom de p:uple. Voilà déjà une autorité que l'on
peut compter puur quelque choie. Après les Libertins ,
le livre des Aètes nomme les Cyrénéens , les Alexan-
drins', peuples d'Afrique, & commence par les plus
éloignés ; ce qui eft. à remarquer. Qui empêche que les
Romains , qui avoient de grands établiffemens en Afri-
que, n'y ayent envoyé une colonie qui ait porté le nom
de Libtrf.ua , & que les Juifs qui s'étoient déjà répandus
à Alexandrie , & à Cyrène, n ayent eu auffi des sens
de leur nation en ce lieu de Libertina, fous le nom du-
quel ils étoient diftingués, quand ils vendient à Jérula-
lem ? On voit dans l'article qui fuit , qu'il y avoit en
Afnque un fiége épiscopsl de ce nom.
L1BERTINENSIS , fiége épiscopal de l'Afiique pro^
confulaire. A la Conférence de Carthage, c. 116, il y
avoit en même tems Victor & Janvier, deux évêquès
qui prenoient la qualité de episcopus tcckf.ee Libertinen-
Jis. Le premier étoit évêque Catholique , l'autre étoic
pour le parti Donatifte ; mais, comme on le lui reprocha,
il n'avoit point de troupeau, & perfonne ne communi*
quoit avec lui.
1. LIBETHRA & Libethrum ; Pomponius Mêla
dit Libethra. Pline dit : la Thefiaiie eft jointe à la Ma-
gnéfie, où eft la fontaine de Libethra; ÔC Pomponius
Mêla explique ce que c'eft que cette fontaine, carmi-
num fontes : ce font, dit-il, des fources' fameufes par
les écrits des poètes ; en effet les poètes en donnent aux
Mufes le furnom de Libethrides. Virgile, Ecclog.j,
v. 21 , dit :
Nymphœ , nojler amor, Libethrides, aut mihi
QuaU meo codro , Concedite.
Strabon , /. 9, met dans l'Hélicon l'antre des nymphes
Libethrides, outre le temple des Mufes ÔC l'Hippocrène.
Libethra eft au plurier dans Mêla & dans Pline.
2. LIBETHRA , ville de Grèce. Paufanias, /. 9,
c. 30, la place fur le mont Olympe , du côté de la Ma-
cédoine , & en raconte cette hiftoire. Auprès de cette
ville étoit le tombeau d'Orphée. Un oracle de Bacchus,
dans la Thrace, annonça aux Libéthriens, que leur ville
ferait détruite par le Jus , (mot qui veut dire un pour-
ceau,^) dès que les os d'Orphée auraient été découverts.
Ils craignirent peu cette menace, perfuadés que des mu-
railles auffi fortes que celles de leur ville, ne pouvoient
pas être renverfées par aucun animal , quelque force
qu'il put avoir. Un beau midi, un berger s'étant endormi
auprès de ce tombeau , fe mit à chanter, en rêvant, des
vers d'Orphée , fi mélodieufement que les bergers &
les laboureurs d'alentour , attirés par le charme de fa
voix , s'attroupèrent autour de lui ; comme ils fe pouf-
foient l'un l'autre , pour en approcher & l'entendre de
plus près, ils renverferent lacolomne; l'unie tomba Se
le brifa ; les os d'Orphée parurent au grand jour; ôc la
LIB
LIB
Si
iiuit fuivante , le torrent nommé Sus, groflî par les eaux
d'un grand orage, tomba du mont Olympe , rcnverla
les murs, les temples de ies maijons des Libéthrien?, &
fubmergea Jes hommes &c les animaux qui étc;ent dans
la ville. Telle eft la tradition populaire quePaufanias nous
a confervée. La ville ne fubfiftoit déjà plus depuis long-
tems.
LIBETHRIADE, fontaine de Grèce. Voyez l'article
fuivanr.
i. LIBETHRIUS-MONS; montagne de Grèce, en-
viron à quarante ftades ou cinq milles, c'eft-à-dire deux
petites lieues de Ccronée , en Béotie, félon Paufanias,
/. 9, c. 34. Il y avoir les ftatues des Mules Si des Nym-
phes Libethrides, oc une fontaine que l'on appelloit auflî
Libcthriade. Il y avoit auflî une autre fontaine ou étoit
une pieire façonnée comme lefein d'une femme, Si l'eau
fortoit de fes mammelles comme du lait.
2. LIBETHRIUS, montagne Si ville de Thrace, fé-
lon Tzeizès cité par Ortélius, qui ajoute qu'Orphée en
parle auflî Mans fes Argonautiques
3. LIBETHRIUS, montagne d'jEtolie, félon Vibius
Sequefter. L'édition de Reflelius porte Libethris, & on
avertit qu'il ne le trouve point dans l'édition de Florence.
LIBIAS, OU LllilADE. Voyez LlVIADE.
LIBICI, ou Lebui, ou Libicii , ancien peuple d'Ita-
lie, dans la Gaule Transpadane. Ptolomée, /. 3, c. 1,
leur donne deux villes , (avoir Verceil Si Laumeilum .
Pline, A3, c. 17, donne de même au peuple Lieici
la ville de Verceil. Polybe , /. 2, c. 17, dit Lebecii.
Ce font les Llbui de Tite-Live, /. 21 , c. 38. Voyez
ce mot. Mais il faut avertir qu'il y a d'autres LlBUI que
Tite-Live , /. 5 , c. 3 5 , met dans le Véronois ck au
Breffan.
LIBISOCA, félon Ptolomée.
LiBISONA , félon l'Itinéraire d'Antonin.
LIBISOSA , félon Pline, A3, c. 3 , ancienne ville
d'Espagne, félon ces auteurs. Ce dernier dit qu'on la
furnommoit Foro-Âugujlana. On pourrait douter quel
eft le vrai nom ; mais il y a des preuves qui détermi-
nent. Le vrai nom de cette ville étoit Libijbfa , comme
le marque Antonin. Une inferiprion confacrée en l'hon-
neur de Mar -Antonin, & rapportée par Gruter, /. 3 ,
porte Colonia LlBISOSANORUM. Ainfi le peuple de
Libijbfa étoit nommé Libifofani , ce qui eft dans l'or-
dre. Quand Pline dit Libifojbna, c'eft une faute des co-
piées , pour Libifofana , adje&if de colonia , dont la
répétition eft fous-entendue; car Pline dit, ex colonia Ac-
citanâ Gcmelk.-fs, Si Libifofana cognomine Fo'oaugufta-
na , quibus duabus jus Italia. iatum eft. Acci ou Acci-
tana colonia , & Libijbfa , ou Libifofana colonia, étoient
deux colonies auxquelles on avoit accordé les mêmes
privilèges qu'aux villes d'Italie. A l'égard de Ptolomée ,
c'eft unX pour un S, faute affez ordinaire aux copiftes,
fur-tout dans les noms propres. Il la met dans le pays
du peuple Oretani. Quant àAntonin, il la met àqua-
torze mille pas, c'eft-à-dire à environ quatre lieues^ Si
demie des fources de la Guadiana. Morales dit que c'eft
préfentement un village nommé Lezuza. Voyez ce
mot.
LIBISTUS , ancienne ville de la Thrace, félon Pline,
/. 4, en, vers la baffe Mcefie , dans le pays qu'avoient
occupé Ifs Arotères, peuple Scythe.
LIB'UM. Voyez Lieu M.
LIBNA. Voyez Lïbna 2.
LIBCEUS, ou Libnius , rivière d'Irlande , félon
Ptolomée, /. 1, c. 2, fur fa côte occidentale. Ses in-
terprètes difent que c'eft la BAIE DE SLEGAH.
1. LIEONA , ville de l'Arabie. Il en eft parlé dans
la Notice de l'Empire , fict. 22.
2. LIBONA , ancienne ville d'Espagne, félon Ptolo-
mée, /. 2, c. 6, qui la met au pays des Celtibériens ;
c'eft tout ce qu'on en fait. Au refte , c'eft Cellarius qui
lit ainfi dans Prrlomée ; car je ne trouve dans la Celti-
bérie de Ptolomée , que deux villes, dont le nom fe rap-
porre à ce'iu-ci , :avoir Libora Si Libana , ou Lœbana •
c'eft (ans dowe l'une des deux qu'il appelle Libona,
LIBONOlUS, l'un de>: douze vents ; nous n'avons
point fur notre bouflble de nom qui marque au juftece
rumb de vent : en voici la raiion. Ariftote Si Pline ont
divilé les vents en douze. Le quart de cercle qui s'étend
entre le midi, Aoûts, ouAuJltr, Si l'occident Zcp':y-
ru's ou FjivorJiis, fe trouve partagé en deux intervalles
de trente degrés chacun ; Si ces deux espaces font rem-
plis par ceux vents , lavoir Libonotus Si Africus , éloi-
gnés l'un de l'autre à diftance égale. Le premier eft au
milieu, entre le vent d'Afrique nommé Lips, Apparies
Grecs , & le vent du midi , nomme Notos , No'-rc; dans
la même langue. Ainfi ee te divifion par douze ..e fàu-
roit s'accorder avec la nôtre, qui eft par trente-deux.
Le vent dont le Libonotus approche le plus , c'eft le
fud-oueft quart au fud ; Si comme nous dilbns fud-
oueft pour hgnifierle vent qui (buffle au milieu précué-
menr entre le fud cil'oueft, d'un nom compile cl. ces
deux , de même les anciens ont uni les noms de Lins St
h'otits , Si ont appelle Libonotus le vent qui ;ouiic pré-
cifément entre ces deux autres vents.
LLBOPHCENICES. Voyez LibyphcenicïS.
LIBOR.A, ville de l'Espagne Tarragonnoife, a» pays
des Carpétaniens , félon Ptolomée ,1.2., c.6. C'eft pré-
fentement TALAVERA DE LA REYNA.
LIBOURNE , ville de France , en Guienne , dans le
Bourdclois , fur la Dordogne , qui eft fort large en cet
endroit. Quoique le nom latin LlBURNUM ait un cer-
tain air d'ancienneté , on ne voit pas que ce lieu ait été
marqué dans l'antiquité ; il n 'eft célèbre que dans l'his-
toire moderne : nous y voyons que Libourne a été plu-
sieurs fois prife & reprife durant ies gaerres avec les An-
glois , Si durant les troubles de France. C'eft aujour-
d'hui le fiége d'une fénéchauftée Se d'un préfidial. Elleeft
fort marchande, parce que c'eft un des entrepôts du
commerce de Bordeaux , dont elle eft à cinq lieues.
Elle eft petite, mais bien peuplée, auflî -bien que fes
environs Si fa banlieue. Le tel fait une partie de fon
commerce , Si on en envoie dans le Périgord Si dans
le Querci par la Dordogne. Il y a plufieurs couvens,
& la cour des aides de Bordeaux y a été plufieurs fois
transférée. *Longutrue, Descr.de la France, 1. part.
P- 17°-
LIBUI , ancien peuple d'Italie , aux environs de Vé-
rone Si deBrescia. Voyez Lelui, à Foccafion desquels
on parle de ce peuple qu'il ne faut pas confondre avec
les Libui, qui étoient à Verceil Si à Laumellum, comme
nous en avertiffons en ce lieu.
LIBUM, lieu d'Afie, dans la Bithynie , entre Ni-
comédie Si Nicée, félon l'Itinéraire d'Antonin. Ce
lieu eft nommé Libium dans l'Hiftoire mêlée , au rap-
port d'Ortélius , Thifaur. Cédrène auflî , (èlon lui ,
nomme Liba, lieu voifin de Nicomédie; c'eft toujours
le même.
LIBUNCA , ancienne ville de l'Espagne Tarragon-
noife , au pays des Calltcci Lucenfes , ou de la Galice
de Luaos.
1. LIBURNA, ville de la Liburnie , dans l'illyrie,
félon Strabon, l.j, c. 15. Cafaubon fait cette remar-
que: comme cette ville de Liburna ne fe trouve point
ailleurs, il faut regarder ce nom comme un adjectif at-
taché au nom de Scardone, qui eft elîeftivement de l'an-
cienne Liburnie, Ainfi au lisu de lire & urbes Scardon
& Liburna, il faut lire , félon lui, & S cardon JLiburna.
urbs.
2. LIBURNA, ville épiscopale d'Afie, vers h Cilicie.
Il en eft fouvent fait mention dans le concile de Calcé-
doine. * Ortel. Thef.
LIBURNIA , province de l'illyrie, le long de la mer
Adriatique, aux confins de l'Italie. Elle eft entre l'iftrie
Si la Dalmatte, Si s'étend depuis le mont ÂUJius jus-
qu'àla mer Adriatique. Le fleuve Arfia la féparoit de l'Is-
trie , Si le fleuve Titus ou Titius la féparoit de la Dal-
matie. Cependant Ptolomée comprend encore dans la
Liburnie la ville de Scardona, fituée à l'embouchure de
ce fleuve, quoiqu'au midi. Il faut diftinguer la Libur-
nie , dans un fens étendu , de la Liburnie dans un Cens
plus reflèrré , ou, ce qui eft la même chofe, de la Libur-
nie proprement dite. Dans le premier fens, elle com-
prenoit deux peuples , dont le fleuve Tédanium, aujour-
d'hui la Zermâgna, faifoit la féparation. Ces deux peu-
ples étoient,
les Japydis o\i J apodes; les Liburniens propres.
J'ai parlé fufhTamment des premiers, au mot Japodes.
Il s'agit ici des Liburniens proprement dits. Le P. Bnet
:8;5
LIB
LIB
■dit qu'ils occupoient la partie occidentale de laBalmatie.
-Leurs vilies étoient, félon lui :
'■JEnona oit
Enona, aujourd'hui Nona.
Jadera , aujourd'hui Zara.
Corinium, aujourd'hui GHuba, ville ruitrée.
Le P. Briet le troinpe. C'eft aujourd'hui
Cari.
Scardona, aujourd'hui Scardone.
^,n, \' (Curcum, aujourd'hui Zucca.
JJans les ) . ■ ' ' r ■ ,, , .
terres \Aruc\a '> ?n ne fait ou elle etoit.
' (S tupi, aujourd'hui Bergane , ruinée.
Les ifles,
îddufo
Voici les villes que Ptoloméé place dans la Liburnie.
Il eft vrai qu'il n'obferve point de dillinguer celles de la
Japydie, de celles de la Liburnie propre. Mais la distinc-
tion eft aftez faire par la remarque, que nous avons déjà
donnée , en avertiilant que le fleuve Tédanium les fépa-
Villes maritimes
Dans lés terres.
Alvona ,
Tediajlrum >
Flavona ,
Arucia ,
Tarfatica ,
Ardotium ,
<Eneiflu; OJlia
, Stlupi ,
Velctra ,
Curcum ,
Senia ,
AuJ'ancali $
Lopfica ,
Uaruaria ,
Tedanii Jlu ;
OJlia, Saluia,
Ortopla,
Adra ,
Vepia ,
Atanzona j
Argyrutum ,
Corinium ,
Enona ,
AfeJta,
Burnum ,
Sidrona j
Jaàera co'enia.
Blanona,
Tin fia ; OJlia,
Ouporum ,
Scardona.
Ntdinum.
Ifles adjacentes, avec, leurs villes, d*
Apforrus
\
Crepfa ,
Apforrus*
Curicta ,
{
Fulfiniiim ,
Curicum.
Scardona
>i
Arba,
Colentum'.
Les LIBURNIENS avoient autrefois pafle la trier, &
jpoffédé une partie de la côte orientale d'Italie. Pline ,
/. 3 , c. 13 ck 14, le dit des environs de Trutntum, au-
jourd'hui Torre di Seguro, fur le Tronto. 11 le dit aufli
de la côte de la Gaule , qui commençpit à Ancone. Il
nous apprend que les Sicules &i les Libumiens en ^voient
été chaflés par Les Ombres , lesquels en avoient été chaf-
fés à leur tour par les Etrusques , 6c ceux-ci par les Gau-
lois.
Solin, /. 4, c. 3 , trouve un peuple de Liburniens,
en Afie.
LIBURNICUS-SINUS ; c'eft-à-dire le golfe de Li-
fcurnie.
LIBURNIDES-INSULjE, ifles de la mer Adriatique,
le long de la Liburnie. Strabon, c. 8, en compte foi-
xante. Ce font préfentement les ifles qui bordent la côte
orientale du golfe de Venil'e, le long de la côte de la
Croatie ; mais pour faire ce nombre , il ne borne pas
les ifles Liburnides à la rivière de Scardone , où finifloit
erTe&ivement la Liburnie; mais il y confond celle de la
côte de Dalmatie.
LIBYA. Voyez Libye.
LTBYA-PALUS, lac de l'Afrique proprement dite, fé-
lon Ptoloméé , /. 7, p. 315-, le- grec porte x/Ci/'m Xlpv»,
Les exemplaires latins portent LlBNA PALUS; ce qui
peut être une faute des copiftes.
LIBYA, ville d'Espagne. Voyez LïBlE 3;
LÏBYyEGYPTU , ancien peuple de la Libye propre-
ment dite. Pline, 2. 5 , c. 8, dit que ce peuple étoit voi-
fm des Gétuliens & des Leucsetliiopiens. Pomponius
Mêla , /. 1 , c. 4, les met àu-deflus du pays qu'arrofe la
mer de Libye, c'eft-à-dire au midi de la Libye, qui
étoit au bord de la Méditerranée , & par conféquent au
couchant de la Thébaïde. Ptoloméé , /. 4 , c. 5 , en dé-
termine la fituation encore plus particulièrement, en met-
tant de fuite les Nitriotes, les Oafites & les Libyaegyp-
tiens. L'Hiftoire des folitaires d'Egypte nous fait con-
noître le défert de Nitrie , &C on fait d'ailleurs la fitua-
tion d'Oafis.
L1BYARC1LE, ancien peuple de la Libye, 6k plus
particulièrement de la Marmarique , dont ils occupoient
la partie feptentrionale, félon Ptoloméé, /. 4, c. <j.
LIBYCA. Pline, /. 3, c. 4, nomme ainfi les deux
moyennes embouchures du Rhône. Ce font celles qui
forment la Camargue, félon le P. Hardouin. Ces deux
embouchures avoient , outre ce nom commun , cha-
cune leur nom particulier, l'une s'âppelloit Hispan'unfi
oflium , & l'autre Metapinum.
LIBYCI. Voyez Libici.
L1BYCI-MONTES, montagnes d'Egypte, au cou-
chant du Nil , félon Ptoloméé , /. 4, c. 5. Synéfius en
fait auflî mention au rapport d'Ortélius.
LIBYCUM-MARE, la mer de Libye. Les anciens
nommoient ainfi la côte de la mer Méditerranée , qui
étoit le long de la Libye Maréotide. Elle étoit bornée
au levant par la mer d'Egypte , Sr. au couchant par la
mer d'Afrique.
LlBYCUS-CAMPUS. Voyez Libyssus.
LIBYCUS-MONS , montagne d'Egypte , auprès de
la grande ville de 1 hèbes. Il y en a une autre à l'op-
pofite , nommée le mont facré. Le Nil coule entre ces
deux montagnes , félon Synéfius , di Provid.
LIBYE, (la) Pline, /. <j , c. 1 , dit que les Grecs
ont fouvent employé ce nom , comme lignifiant généra-
lement cette partie du monde , à laquelle nous donnons
aujourd'hui le nom d'Afrique , '" qui n'étoit alors que le
nom d'une de fes provinces. Ptoloméé intitule airfi le
Livre quatre de fa géographie, où il iraitede tonte l'Afri-
que, c"eft-i-dire des Mauritanies , de l'Afrique propre,
de la Cyrénaïque , de l'Egypte , rkc : Expofition de toute
la Libye, félon fes provinces & gouvernemens. Mais il ne
laifle pas enfuite de donner plus particulièrement le nom
de Libye » certaines portions de tout ce vafte piys. Les
poètes Lati'ns fe font conformés à cet ancien u'fage ; & on
dit la Libye pour l'Afrique en général , ou pour des
lieux d'Afrique, qui n'étoient point de la Libye propre-
ment dite. Virgile dit dans fûn ^Enéide, /. 1, v. 2.6 :
Prageniem fed enim Trojano & fanguine duci ,
Audierat Tyrias olim qua veruret urbes,
Hbzc populum laie regern , bclloqut Jupcibum ,
Venturum excidio Libyae,
On voit bien que le po'éte parle là de Carthage , fa^
vorilée deJunon, & dont la ruine devoit être l'ouvrage!
des Romains. Il dit, plus loin que les Troyens , effrayés
par la tempête , fe hâtèrent de gagner la côtç la plus
proche , & mirent le cap fur l'Afrique.
Defeffl Alntadet , qua proxima , littora curfa.
. Contendunt petere , & Libyx vertuntur ad or as.
Nous n'en donnerons pas un plus grand nombre d'exem-
ples, tirés de Virgile , chez qui ils font fréquens, do
même que chez les autres poètes. Venons- aux pays à
qui le nom de Libye étoit propre.
La Libye Maréotide , ou Amplement la Maréo-
tide. On appelloit ainfi le pays fitué entre Alexandrie &
la Cyrénaïque. C'eft la MARMARIQUE de Ptoloméé,
félon le P. Hardouin, in Plin. 1. 5 , c. 7 ; mais il ne s'ex-
plique pas exactement , ce me femble ; car Ptoloméé
place entre la Cyrénaïque & Alexandrie trois cantons
qui fe fui vent, favoir immédiatement après la Cyrénaï-
que, la Marmarique, après laquelle commence le nome
de Libye, qu'il appelle dans le fommaire de fon quatrième
Livre, la Libye proprement dite, & enfin le nomme Ma-
riote ou la Maréotide proprement dite. Pline lui-même
diftingue clans cette étendue de pays trois peuples ^ la-
voir les Marmarides , les Adimarchides Se les Maréoiei.
Ainû
LlB
L
! R
Ainfi la Maréo.'ide, ou Libye de Pline, ne répond qu'en
partie à la Marmarique de Ptolomée , c'eft-à-dire feu-
lement pour ce qui concerne les Marmarides. Voici les
Keux qu'il met dans le riô'me de Libye :
Tachorfa,
Azicis ,
Nemefium ,
Tifarchi ,
Philonis,
Sophanis,
Bibliaphonumj
Scope ,
Calf.i,
Laodamantium .
Catabatmus le petit !
Pedonia ,
Pnigeus ,
Glaucum,
Tuccitora ,
Thanutis,
Pednopum -,
Climax,
Siropum ,
Mareotis.
s 17
tit canton fabloineux, avec une petite bourgade, appel-
lée Libyffa. C'étoit-Ià qa'Ànnibal faifoit ta demeure or-
dinaire ; & comme il connoiffoit le peu de fermeté 6c
la timidité de Pruiïas , & qu'il craignoit toujours les Ro-
mains , il avoit pratiqué de longue main , fous terre ,
fept conduits qui répondoient tous à fa maifon, & qui ,
prenant tous de différens côtés , alloient aboutir fort loin
par des iffues imperceptibles. Ce fut là que ce grand ca-
pitaine évita, par une mort volontaire, le chagrin de fe
voir livré aux Romains , & s'empoifonna. Eutrope le
dit, &C marque que ce fut àLibyffa, dans le voifinagede
Nicomédie. Ptolomée , /. 5 , c. 1 , place Eribée entre
ces deux villes. Antonin met Libyffa fur la route deCons-
tantinople à Antioche , entre Chalcédoine &: Nicomé-
die , de cette manière :.
LIBYE-INTÉRIEURE, (la) Ptolomée ,/. 2 , c.{;
horrîme ainfi un vafte pays, borné au nord, parles trois
Mauritanies d'Afrique & la Cyrénaïque ; à l'orient, par
une partie de la Marmarique &a par l'Ethiopie ; fous l'E-
gypte, au midi, par l'Ethiopie intérieure, jusqu'au grand
golfe de l'Océan , qui eft aujourd'hui le grand golfe de
Guinée; & à l'Océan, depuis ce golfe jusqu'à la Mauri-
tanie Tingitane. Je me dispenfe d'inférer ici tout le cha-
pitre où il traite de ce pays ; 1. parce qu'il eft très-
long ; 2. parce qu'à la réferve de quelques lieux de là
côte , les Grecs du tems de Ptolomée n'avoient qu'une
connoiffance très-fuperflcielle & très-irtcertaine dé te
pays, qui n'eft. même pas encore bien connu, fi on eri
excepte les lieux maritimes que les Européens ne fré-
iquentent que depuis peu de fiécles.
LIBYPHŒNICES. Pline, /. 5, c. 4; Solin, c. 27,
& 49 ; & Marianus Capella , /. 6 , nomment ainfi les
Phœniciens établis en Afrique. Comme Carthage étoit
une colonie deTyr, ceux qui pafferent de cette dernière
en Libye , c'eft-à-dire en Afrique , s'y mêlèrent avec les
naturels du pays ; &C la poftérité de ces deux peuples ainfi
mêlés, n'étant ni d'origine Africaine tout-à-fait, ni du fang
Phcenicien entièrement , fut appellée Liby-Phœniciens.
Diodore , /. 20, les nomme LlBOPHŒNICES. Ce nom
Libypkxniciens, ou Libophœniciens, peut bien, indépen-
damment de ce mélange, avoir été donné à ce peuple,
pour diftinguer ces Phœniciens établis en Afrique , des
Syrophœniciens , c'eft-à-dire des Phœniciens qui étoierit
demeurés en Syrie , dont la Phcenicie faifoit partie.
LIBYSONIS-TURRIS, la Tour de Libyfon. Pline.,
î. 3, c. 7, écrit ainfi ; Ptolomée, /. 3, c. 3 , écrit
nJpT-oî AiC/ru-owof , ou même, commeportent des ma-
nuscrits, ï'tesavot, Tut ris Libifjonis ou Bifjonis. Selon
Pline, /. 3 , c. 7 , c'éroit la feule colonie de l'ifle. Co-
ioma una quœ voc.atu; ad turrim Libyfonis. Dès le tëms
de l'Itinéraire d'Antonin, on difoit fimplementTuRRlS,
la Tour. On trouve dans l'Itinéraire,
Tibulis,
Ad Herculem ,
Ad Turrtm , -
Noram ,
M. P. LVin.
M. P. XVIII.
M. P. XVlIi
Félix , fon évêque , eft nommé Fclix de Turribus ,
dans les Notices. Selon quelques-uns, il ne refte plus
qu'un port nommé le port de la Tour , Porto DI
TORRÉ. Le P. Hardouin dit que l'on croit qu'elle étoit
au lieu où eft préfentement Safari.
LIBYSOSA, ou Libysosana colonia. Voyez Li-
BYSOCA.
LIBYSSA ou LibIssa , ancienne ville maritime d'A-
fie, dans la Bithynie. Ptolomée écrit Libiffd par un i,
à la première &C à la féconde fyllabe ; mais Pline écrit
par un y dans la féconde. Pline en parle comme d'une
ville qui n'exiftoit déjà plus de l'on tems , & où il ne fe
voyoit plus rien que le tombeau d'Annibal. Plutarque,
(Hommes illujlres , t. 3 , p. 583, trad. de Dacier, édit.
de Hollande,} dans la Vie de Flaminius , dit quelque
particularité de Libyffa , qui mérite d'être inférée ici. Il
y avoit, fur la mort d'Annibal, un ancien oracle qui di-
îbit : la terre LibyJJa engloutira le corps d'Annibal. Les
Carthaginois ne doutaient point que l'oracle ne parlât
de la Libye , & qu'il ne lui prédît qu'il feroit enterré à
Carthage , où vraifemblablement il devoit finir fes jours ;
mais dans la Bithynie, affez près de la mer, il y a unpe-
Chalcedonia ,
Pantiçhium ,
Libyjfam ,
Nicomediam ,
M.
M.
M.
P. XV.
P. XXIV,
P. XXII.
L'Itinéraire de Bordeaux à Jérufalem , fuit bien lé
même ordre, mais compte les diftances autrement: dé
Conftantinople, y dit-on , vous paffez la mer ; vous ve-
nez à Chalcédoine, ôc vous marchez dans la Bithynie.
Naffete,
Pandicia ,
Pontamus ,
Libiffd,
ïbipofuus efire;
Brunga ,
Nicomedia ,
M. VII. S.
M. VII. S.
Ai. ix. *
A'nnibalianus qui fui
Afrc
M. XII.
M. XIII.
La Table de Peutinger fuit auffi le même ordre, favoir,
Chalcédoine xxxvn ; Liviffa xxili ;,Nicomédie.
La différence qui eft entre ces diftances, pour les nom-
bres, vient de ce qu'en partant de Chalcédoine, pour
venir à Libyffa , il n'y avoit que trente-fept lieues en
droiture , en ne paffant point par Pandicia ou Panti-
chium , &c trente-neuf en y paffant ; il en coûtoit deux
milles de détour , pour paffer en ce lieu-là. De Pandi-
chium à Libyffa il y avoit vingt-quatre mille pas, félon
l'Itinéraire d'Antonin. Il y en avoit du moins autant en
paffant par Pontamus ; cependant l'Itinéraire de Bor-
deaux n'en met que vingt-deux ; c'eft ce qui me rend
fufpect. le neuf, qui fuit le mot Libyffa ; & je fuis per-
fuadé qu'il faut lire on^e, & non pas neuf; car alors ces
Onze , & les treize qui font entre Pandicia & Pontamus,
font enfemble le nombre de vingt -quatre. Nous avons
dit que Libyffa étoit une ville maritime ; cela eft con-
forme à ce que dit Etienne le Géographe, qui dit ex-
preflément que c'étoit une fortereffe maritime. On à vu
le paffage de Plutarque. La manière , dont il s'explique
dans le grec, met la iitualion de ce lieu dans ce que nous
appellerions des dunes en Hollande &c en Angleterre.
Ce n'étoit qu'une bourgade d'abord , & du tems d'An-
nibal. Son tombeau la rendit célèbre ; il s'y forma une
ville, qui fut fortifiée avec le tems ; elle n'étoit pas loin
de la mer ; cela fuffit pour la nommer maritime ; elle
n'étoit pas précifément au bord ; de-là vient que Ptolo-
mée la met dans les terres. Bellon, voyageur, dit avoir
encore vu, de fon tems, le tombeau d'Annibal, dont nous
venons de parler. Selon lui, ce lieu fe nomme Diaribê.
Pierre Gilles , qui dit que c'eft un village, le nomme
Diacibyffa. Busbeque dît que le nom moderne eft Ge~
byfe. Leunclave dit Lebafa. Voyez l'article "LeB'JSA &t
Gebise. Appien, in Syriac. p. 150 ,_ne connoit en ce
lieu ni ville, ni bourg, ni village, mais fimpleinent une ri-
vière nommée Libyjfus. Cette rivière àeLibyffus coule,
félon lui, en Bithynie, & donne le nom à la campagne
qu'elle arrofoit, laquelle en fut nommée Plaine de Li-
byffe, Libyjfus ager ou campus. Mais qui empêche qu'il
n'y ait eu un village, puis une ville, une campagne &:
une rivière de même nom ?
1. LIBYSSUS, rivière d'Afie, dans la Bithynie. Voyez
l'article précédent.
2. LIBYSSUS, lieu de la ville de Rome, On le nomma
auffi Àrgaus, Ce fut enfuite la rue de Toscane , Iclon
Tome III. LIll'l
8i8
Ur
io
LÎC
Fabius Piâor, cité par Ortélius. Fefiiis dit dans le même
fens: Libycus campus in agro Argeo appellatus. Il donne
auffi-tôt la raifon cle ce furnom de Libycui : c'eft que le
premier grain qu'on y fema , avoit été apporté de Li-
bye ; c'eft pourquoi , pourfuir-il , Céres fut fumoramée
Libyenne, LlBYS'SA , par les Argéens.
LIBYSTINE. Voyez Colchide.
L1BYSTI. Voyez l'article fuivant.
LIBYSTINI , ancien peuple d'Afrique , félon Iface
Tzetzès , commentateur de Xénophon , ou plutôt félon
Ortélius , qui le cite. Il ajoute qu'Avienus en fait auffi
mention dans fon po'éme de la côte de la mer ; mais
c'eft ce que je ne trouve pas. Ce poëte dit feulement ,
Ora mant.s.W) :
Igitur columna , ut dixeram Libyjlidis ,
Europte in agro adverj'a furgit altéra.
On voit bien que Libyjlidis n'eft-là que pour Libyte,
nom général de l'Afrique , qu'il a pris de Derys le Pe-
riégete, qui l'emploie ibuvent dans ce fens là. Macrobe,
Saturnal. I, parle d'Apollon lurnommé Libyjîinus ,
c'eft-à-dire le Libyen.
LICANDRUS , partie de la Capadoce. Voyez Li-
PARA.
LICANIACENSIS-VICUS , village de France , en
Auvergne. Grégoire de Tours, Hi/l. Franc. 1. 2, c. 6,
p. 71, en fait mention. Quelques manuscrits portent Li-
cinianenfis.
LICATA. Baudrand appelle ainfi une ville que les
autres géog aphes appellent Alicata. Voyez ce mot.
LICATES, félon Pline, l. 3, c. 20.
LICATlI, félon Strabon, La,, p. 206; & Ptolomée,
ancien peuple de la Vindélicie. Le premier ne les nomme
qu'entre les peuples des Alpes de qui Augufte triompha.
Le fécond en parle comme d un des peuples les plus tur-
bulens' fk les plus mauvais de toute la Vindélicie. Ils
avolent une place forte , nommée Damajia. Le troi-
sième obferve qu'ils étoient aux bords du Lycias , au-
jourd'hui la rivière de Leck.
LICDON, ou Saint-André de Licdon, bourg
de France , dans la Saintonge , diocèfe &. parlement de
Bordeaux, ck élection de Saintes.
LICH ou LlCHA, bourg d'Allemagne, en Wétéra-
vie, dans la partie orientale, du côtédeSolms, fur la
rivière de Wetter , à deux lieues de la ville de Gieffen,
& un peu plus loin de Burzbach. * Baudr. édit. 1705.
LICHA. Ortélius, Thefaur. foupçonne que c'étoit une
ville de Lycie , ou quelque part dans le voifinage , &T.
cite Thucydide , /. 8.
LICHjE-AR^E, autels & colomnes , dans l'Ethiopie,
fous l'Egypte , félon Strabon cité par le même.
LICHAS. Ovide dit , dans les Métamorphofes , que
Déjanire, femme d'Hercule, lui ayant envoyé par Lichas
une chemife qu'elle croyoit avoir la propriété de lui re-
donner dugoût pour elle , ce préfent tunefte empoifonna
ce héros , ck lui fit foufFrir des douleurs qui le forcè-
rent à s'ôter lui-même la vie. Avant que de mourir, il
appercut le malheureux domeftique qui fe cachoit , 6k
il le précipita dans la mer , où il fut changé en rocher.
Ovide ajoute, /. 9, v. 126.
Nunc quoque in Eubo'ico feopulus brevis emicat alte
Gurgitc & humante fervat vejligia forma ,
Quem quafi fenfurum nautœ. calcare verentur,
Appellantque Lichan.
Corneille , le même qui a fait le di&ionnaire géographi-
que , rend ainfi ces vers :
Ainfi ce malheureux , dont la crainte a glacé
Tout le fang que le cœur a vers lui ramafié ,
Manquant d'humidité change en l'air de nature ;
Il tombe ; fk confervant fa première figure ,
On le voit en rocher élevé fur les flots ,
Qui donne de fa chute avis aux matelots.
Ils le nomment Lichas , fk dans ce nouvel être,
Comme û le touchant fa peine devoit croître ,
Dans la peur de lui nuire, il n'eft point de nocher
Qui , parcourant ces mers, veuille s'en approcher.
Voilà donc l'origine fabuleufe du rocher Lichas , qui
étoit entre l'Eubée & la Grèce propre. Pline, £4, c. 12,
nomme les Ltchades au pluriel. Strabon , /. 9 , p. 426 ,
dit bien formellement que lesLichades, ainli nommées
de Lichas , étoient au nombre de trois ; il les place fur
la côte des Locres Epicnéimdiens. Il avoit dit aupara-
vant, /. 1 , p. 60, fur la garantie deDémétrius de Ca-
latia, que, dans un des tremblemens de terre, arrivés
dans la Grèce, une partie des ifles Lichades &cdu Cé-
née avoit été fubmergée.
LICHENl , peuple ancien de l'Arabie heureufe , fé-
lon Pline, /. 6, c. 28.
LICHFELD, ville d'Angleterre, en Staffordshire , à
dix nulles de Stafford au couchant , à quatre-vingt-qua-
torze de Londres, félon Baudrand, édit. 1705. Elle efi
de l'ancien royaume de Mercie , fk eft ainfi nommée ,
comme qui diroit lé champ des corps , félon Baillet, To-
pogr. des Saints, p. 265 , à caufe de la multitude des
martyrs qu'on y avoit fait mourir , du rems de Diocté-
tien & de Maximien- Hercule , avant que Cor.ftance-
Chlore fut céfar. Théodore de Cantorbery, primat d'An-
gleterre , y mit le fiége de l'épiscopat du royaume de
Mercie, vers l'an 660, & y établit S. Céadde pour évê-
que. 11 y joignit auffi l'évéché de Lindish oa Lindiffz ,
autrement Lindisfar, au comté de Lincoln, qu'il ne faut
pas confondre avec Lindisfarne. Le fiége épiscopal fut
transféré, de Lichteld à Chefter, l'an 1075, &, quelque
tems après, de Chefter à Cowentry ; mais ayant été re-
mis à Lichfeld, en 1 148, on y bâtit une églife en l'hon-
neur de la fainre Vierge & de S. Céadde.
/ L1CHINDUS , ville de Sicile , félon Etienne le Géo-
graphe.
LlCHfNG , ville delà Chine, dans la province dé
Channfi, au département de Lugan, quatrième métro-
pole de la province. Elle eft de 3 d. 50' plus occidentale
que Pékin , fous les 37 d. 20' de latitude. * Atlas Si-
nenfis.
LICHNENI, ancien peuple dé 1'ifle de Corfe, félon
Ptolomée, /. 3, c. 2. Ses interprètes croient qu'ils habi-
toient la vallée nommée aujourd'hui Val-de-Niolo.
LICHNION, ou Lichnium , lieu de Grèce, dans
l'Attique , près d'Athènes , félon Ttetzès fur Lycophron.
LICHO, rivière de l'Afie mineure, dans la Turquie.
Baudrand, édit. 1705, dit qu'elle coule dans la province
de Germian; qu'elle paffe àLADlCHlA, fkfe jette dans
le Madré. C'elt le Lycus de Phrygie. Voyez cet arti-
cle.
LICHOS , fleuve de la Phœnicie , félon Pomponius
Mêla, /. 1, c. 12. C'eft le Lycos de Pline. Voyez ce
mot. Les éditions poftérieures à celles qu'a vues Ortélius
ont Lycos. Je n'aurois pas fait cette remarque , fi ce la-
vant homme ,- par une trop grande défiance de fes lu-
mières , n'eût douté que le Lichos de Mêla fût le Lycos
de Ptolomée. Il ne risquoit rien à prononcer. La mo-
deftie eït excefiive , quand elle porte à douter de ce qui
eft clair.
LICHTENAU , petite ville d'Allemagne , dans la
Suabe, près de la rive orientale du Rhin. Elle éft com-
prife dans le pays d'Ortnau , fur les confins du margra-
viat de Bade. * D' Audifret, Géogr. t. 3. Robert de Fau-
gondy, Atlas.
1. LICHTENBERG, château de France, dans la baffe
Alface, au diocèfe de Strasbourg , fur une montagne de
difficile accès , à cinq lieues à l'occident de Haguer.au.
C'étoit autrefois une place allez forte ; mais les Fran-
çois l'ayant prife, en 1678, elle a été démantelée. C'eft
le cher-lieu d'un comté de même nom , dans lequel font
PafFenhoven , Bromt ck Busv/eiler. Ce comté appartient
au comte de Hanau, qui en fait hommage à la France,
depuis 1681. On y entretient un gouverneur & un état-
major.
2. LICHTENBERG, bailliage d'Allemagne. C'eft un
des cinq qui compofent le duché de Deux-Ponts.
LICHTENBOURG, petite ville d'Allemagne, dans •
l'électorat de Saxe. Ce heu a un château , où Péleftrice
douairière Palatine, veuve de Charles, dernier électeur
de la maifon de Simmeren , ck fille de Frédéric III, roi
LIC
L1D
de Danemarck, vécut jusqu'à fa mort arrivée le 23 Avril
1706. * Hubner, Géogr.
LICHTENFELS , petite place d'Allemagne, en Fran-
conie , dans l'état de i'évêque de Bamberg.
LICHTENSTEIG, ou
LICHTENSTE1N , ville de Suiffe , dans le Tocken-
bourg, presqu'au milieu du pays , au bord du Thour.
C'eft-là que s'aflemble le confeil de Tockenbourg , que
l'on juge les caufes criminelles , les appellations , Ôc que
l'on régie les autres affaires d'importance. Le baillifde
l'abbé raifoit autrefois fa réfidence ici. Cependant les af-
faires civiles ont toujours été jugées par le confeil parti-
culier de la ville , où préfide fon chef de police , qui a
le titre de fchutdtheïs ou d'avoyer. Cette ville, pour la
commodité delà fituation, étoit autrefois , non la réfi-
dence des comtes de Tockenbourg , car ils demeuroient
dans la forterefle du nouveau Tockenbourg , mais celle
de leurs domeltiques & de leur cour. Les armes de la
ville font d'argent à un pal de gueule. Neu-Tockenbourg,
ou la forterefle du nouveau Tokenbourg, étoit fituée au-
deffus de la ville 6t du village de Waflèrflu , fur une
éminence. Elle fut ruinée, en 1083, par Hulric, abbé de
Saint-Gall. Comme les armes de cette forterefle étoient
chargées d'un dogue d'Angleterre de fable, lampafle de
gueules, avec un collier de ter, je croirois volontiers que
ce dogue auroit pu donner le nom de Doggenbourg au
pays ; à moins qu'on ne veuille le dériver du mot Turc-
ken , nom d'un village à l'extrémité du lac du Zurich.
* Etat & Délices de la Suiffe , t. 3 , p. 3 14.
LICHTSTALL; quelques François écrivent Liejlel,
ville de Suiffe , au canton de Bade, dont elle eft à deux
lieues, près du bord de la rivière d'Ergetz. Elle eft jo-
lie , médiocrement grande , compofée de trois rues pa-
rallèles, avec une églife au milieu. Elle fut confumée
par le feu, l'an 1381. Mais elle s'eft bien relevée de fes
ruines, & les maifons y font bien bâties. On y trouve
quelques antiquités Romaines , de vieilles murailles , &C
des routes fouterreines 6c murées , qui répondent à cel-
les d'Augft. Elle eft en quelque façon la capitale du pe-
tit pays de SiJ/gaw, dont une partie appartient à I'évê-
que de Balle, 6c où eft la petite ville àeSiffach. Comme
Lichtftal eft fur la grande route de France 6c d'Italie en
Allemagne, il y a toujours grand abord de monde. Elle
a de beaux privilèges qui lui ont été accordés ou con-
fervés par la ville de Balle. *Etat & Délices de la Suiffe,
t. 3 , p. 39.
L1CIN, ville de la Chine, dans la province de Chann-
ton , au département de Cinan , première métropole de
la province. Elle eft d'un degré 30' plus occidentale que
Pékin , fous les 37 d. 45' de latitude. * Atlas Sinenfis.
LLCINII-FORUM. Voyez Forum-Licinii.
LICINIA-STAGNA , étang dont parle Stace, dans
faThébaïde, La,. Ortélius conjefture que cet étang étoit
vers le Péloponnèfe.
L1CIN1I LIBERTI AUGUSTI MONUMENTUM,
c'eft- à-dire le monument de Licinius , affranchi d'Au-
giijle. Ce monument , qui étoit d'un travail exquis, étoit
à deux milles de Rome , fur la voie Salarienne, félon
Cornutùs fur Perfe. * Ortel. Thefaur.
L1CODIA, ville de Sicile, dans la vallée deNoto.fur
une haute montagne, à douze milles de Calatagirone, 8>t
à trente de Syracufe, félon Fazel, cité par Baudrand ,
éd. 1705. Cette ville eft aflez peuplée.
LICOLA, (LAGO Dl) Lucnnus ou Baïanus lacus;
ancien lac d'Italie , dans la Campanie, aujourd'hui au
royaume de Naples, dans la terre de Labour, &C près de
l'ancienne ville de Bayes. 11 étoit fameux pour la grande
quantité d'excellens poiffonsque l'on y pêehoit. L'an 1 538,
un tremblement de terre bouleverfa ce lac , élevant de
fon tond une montagne de cendres , &C changeant le refte
en un marais, qui ne produit plus quedesrofeaux. *Baudr.
éd. 1705.
On donne auffi le nom de Licolo aux veftiges d'un
canal que l'empereur Néron avoit entrepris de taire de-
puis le golfe de Baves jusqu'au port d'Oftie.
L1CÔPOL1S. Voyez Lycopolis.
LICOSA , petite ille d'Italie, au royaume de Naples,
fur la côte du golfe de Policaftro , dans la principauté
citérieure. C'eft la Leucofia des anciens. * Baudrand ,
ejj. 1705.
L1COSTOMO i Scotufa ou Scotufla, ancienne ville
8l9
de Grèce , dans la Theffalie , fur le Pénée , près de fon
embouchure , dans le golfe de Salonichi. Elle a un évê-
ché fuffragant de Larifle. * Baudrand, éd. I7CK.
LICQUES. Voyez Liques.
LICUDIACUM. Voyez LiGUGEY.
LICUS. Voyez Lycus.
LID , bourg d'Angleterre , dans la province de Kent.
Il a droit de tenir marché public. * Etat préfent de la.
Gr. Bref. t. 1.
1. LID A, petite rivière de Suéde, dans le Weftro-
gothland. C'eft proprement la décharge du lac qui eft
entre Skara & Falkoping ; elle tombe dans le Waner,
auprès de Lidkoping , après s'être groffie de quelques
ruifleaux.
2. LID A, petite ville de Pologne, dans laLithuanie,
au palatinat de Troki , aux confins de celui de Vilna %
fur le ruiffeaude Dzila, qui, coulant de-là vers le midi,
tombe dans la rivière de Niémen. Elle eft à dix-fept
lieues de Trokfi. Cette ville qui a une châtellenie, dont
elle eft le chef-lieu , 6c une citadelle fur un rocher, fut
fort maltraitée par les Ruffiens , l'an 1655.
LIDBURY, bourg d'Angleterre, en Héréfordshire ,
fur la Lidden : on y tient marché public. Allard écrit
Lydburye ; 6c Corneille écrit Lidubry.
LIDDA ou Lidde, ancienne ville de la Paleftine,
dans la tribu d'Ephraïm. Les Arabes la nomment encore
aujourd'hui Lidde, 6c les Grecs Diospolis , c'eft-à-dire
la ville de Jupiter. Elle étoit une des onze toparchies,
ou principautés de la Terre promise. Ce lieu eft fort agréa-
ble, tant pour fa fituation qui eft dans une grande plaine,
a une lieue de Ramatha, vers le feptentrion, que pour
le terroir qui eft fécond , 6c où l'on recueille du coton
en abondance. Ce fut dans cette ville de Lidda , que
S. Pierre guérit un paralytique ; 6c cette ville, du tems que
les Chrétiens l'habitoient, étoit un évêché. Les Grecs en
pofledent maintenant l'églife,ôc l'ont dédiée à S. George:
ils croient que ce faint y a fouffert le martyre , 6c c^ft
un lieu de dévotion pour les Chrétiens de ce pays ; il
y a toujours dix ou douze religieux Grecs , qui y font le
feryiee divin. Les Arabes ont détruit une magnifique
églife qu'on y avoit bâtie. Aujourd'hui Lidda n'eft plus
qu'un bourg où l'on tient marché toutes les femaines. Il
s'y fait un grand trafic de coton , 6c de toute forte de bé-
tail. *Corneille Dictionnaire. Le P. Roger. Voyage de la
Terre-fainte , /. 1, c. 13.
LIDDEL , (la) rivière de l'Ecofle méridionale. Elle
a fes fources dans la province de Liddesdale , à laquelle
elle donne fon nom ; 6r, groflïe d'un bon nombre de ruis-
leaux , elle la traverfe, & va fe joindre à la rivière d'Esk,
qui coule dans la vallée d'Eskdale , qui fait partie de la
nrême province. Leur jonftion fe fait à l'extrémité mé-
ridionale de ces deux vallées qui fe rencontrent aux con-
fins du Cumberland, province d'Angleterre ; 6c elles vont
fe perdre enfemble dans la baie de Solway. * Allard t
Atlas.
LIDDESDALE , province de l'Ecofle méridionale.
Elle eft aux confins de l'Angleterre , où elle eft féparée
par une chaîne de montagnes des provinces deNortham-
berland au levant , 6c de Cumberland au midi ; elle a au
nord Tiviotdale 6c Twedale, &c au couchant Annandale.
Elle prend fon nom de la rivière de Liddel qui l'arrofe ;
6c comme c'étoit une province frontière , lorsque l'E-
cofle 6c l'Angleterre avoient leurs intérêts féparés , les
deux nations ont fouvent eu, au fujet des confins, des
disputes qui furent enfin terminées en faveur des Ecos-
fois , après que le roi Jacques d'Ecofle fut monté fur le
trône d'Angleterre ; 8c ces terres furent données en fief
au chevalier Robert Douglas, 5c à Jacques Maxwel, qui
les vendirent au chevalier Jean Ker, 6c il les revendit
à "Walter Scot , comte de Buccleugh. Il y avoit autrefois
dans cette province un château nommé ïhermitage, que
l'on a démoli. L'auteur de l'Etat préfent de la Grande-
Bretagne , t. 1 , p. 133 , rapporte à la province de Lid-
desdale , YEskdale , ïEusdale 6c W.ichopdale , trois ter-
ritoires qui prennent leurs noms des rivières VEsky
YEw, 6c Wachop. Les familles les plus confîdérables
dans ces quartiers, étoient celles des Armftrongs, Gra-
hams, Johnftons, Eliots, Irwins, Bels, Mofrets, La-
timers, 6c c. * Allard, Atlas.
LIDKOPING, ville du royaume de Suéde, dans le
Weftro-Gothland, furie lac Waner, à l'embouchure
Terne III. Lllll ij
20
LIE
LIE
de la rivière de Lida dans ce lac. Ainfi ce nom s'expri-
meroiten latin, par celui de Lida forum; il lignifie pro-
prement le marché de Lida , ou fur la Lida. Elle eft à
deux milles de Skara, & trente de Falkoping & de Ma-
rieftadt. Il y a à Lidkoping un évêché fuffragant d'Upfal.
? Zeyler, Rcgn. Suecict Descr. p. il.
LIDOLIA. Voyez Liddesdale.
LIEBANA ou Lievana , petite contrée d'Espagne,
dans PAfturie de Santillane. L'abbé de Vairac, Etat dt
t Espagne, t. i, p. 300, parlant des Afturies dit: au
milieu du pays eft la petite province de Liebana , longue
de neuf lieues , & large de quatre. Elle eft partagée en
cinq vallées , qui font , Cilorigo , Val-de-Prado , Vahe-
taro, Gereceda, & Polahos. La capitale de cette petite
province s'appelle Potes , ville médiocrement grande ,
fituée à neuf lieues de Santillane , fur la Déva. C'eft le
pays le plus rude & le plus raboteux de toute l'Es-
pagne: il eft entre-coupé de montagnes fi hautes, qu'il
iemble que leurs cimes vont heurter le ciel. Ce fut là
que les Chrétiens s'enfuirent après l'invafion des Mau-
res; 8c ils y trouvèrent un fi bon rempart préparé par la
nature, une fituation fi avantageufe pour fe défendre ,
qu'ils repouflèrent toujours avec fuccès les efforts des in-
fidèles qui ne purent jamais y pénétrer, ni s'en rendre
maîtres.
LIEBAW ou Liebe , ville de la haute Luface , dans
le cercle , & à cinq lieues au fud-eft de Bautzen. C'eft
la ville la plus ancienne du pays ; elle fouffrit un grand
incendie, en 1710.
LIEBENA W, petite ville d'Allemagne , dans le pays
de l'élefteur de Brunswig-Hanover, au comté de Hoya,
près du 'Wefer. * Hubner , Géogr.
LIEBENTHAL, ville de Siléfie. Voyez Luben-
THAL. ,
LIEBENWALD, petite ville d'Allemagne, fur le
Havel, dans Féle&orat de Brandebourg , & dans
l'Uckermarck, aux confins de la moyenne Marche, Se
du comté de Rupin. *Baudrand , édit. 1705.
LIEBERTHAL. Voyez Leber.
1. LIECHTENAW, petite ville avec un château,
dans la baffe Alface , au-delà du Rhin , entre Strasbourg
& Bade : elle a un grand territoire coupé par le Rhin, où
font les petites villes de Wilfter Se d'Offenthorff & de
Prufenheim, Se appartient aux comtes de Hanau. *Bau-
drand, édit. 1705.
1. LIECHTENAV, petite ville d'Allemagne, dans
la Franconie, fur la rivière de Berzell, au margraviat
d'Anspach , à une lieue 8c demie de la ville de ce nom,
avec un château. Quoique fituée dans ce petit état, elle
appartient à la ville de Nuremberg. * Baudr. édit. 1705.
LIECHTENTHAL, I««</tf-/^//«, ancienne ab-
baye de filles, ordre de Cîteaux, dans le haut marquifat de
Bade , à demi - lieue de Bade. Elle fubfiftoit encore
en 1658. On y voit plufieurs tombeaux des marquis de
Bade.
LIEFKENSHOECK, fort des Pays-bas, dans la Flan-
dre Hollandoife , fur la rive gauche de l'Escaut , vis-à-
vis de Lillo. Voyez LiLLO.
LIEFLAND. Voyez Livonie.
1. LIÈGE, (le) bourg de France, dans la Tou-
raine , dans l'éleftion de Loches.
1. LIÈGE, (la) petit ruiffeau d'Allemagne, au pays
de Liège. Son nom latin eft Legia , Si elle tombe dans
la Meule à Liège même , capitale du pays à laquelle elle
donne fon nom, félon quelques-uns.
3. LIÈGE, ville d'Allemagne, dans l'évêché de
même nom , dont elle eft le fiége Se la capitale , dans le
cercle de Weftphalie, furlaMeufe, entre Hui Se Mas-
tricht , à cinq lieues de la première , Se quatre de la fé-
conde. Si on en croit ceux qui lui donnent une extrême
antiquité , on la nommoit autrefois Legia , à caufe d'une
légion Romaine que les habitans du pays défirent, de
même que cinq cohortes commandées parCotta 8c Sabi-
nus, comme le remarque Céfar , /. 5. Cependant quel-
ques-uns veulent qu'elle tire fon nom d'une petite rivière
qui a fa fource'dans un village à trois lieues, au-deffus
de Liège, qui s'appelle Legia, Liège, ou Legione, 8c
qui fe rend dans la ville , où elle le joint à la Meufe.
J. Lipfe , 8c quelques autres écrivains nomment cette ville
«n latin Leodicum, Se même Leodica. Le premier de ces
•deux noms fç trouve dans U Vie de Çharlemagne , 6e
dans celle de Louis le Débonnaire: on la trouve 'auflî
dans quelques écrivains, fous le nom de Leodium. En
Allemand on la nomme Luttich, Se en Hollandois Luyk.
De vieilles murailles à demi-détruites , Se quantité de
monumens , qui fe voient, tant au dehors qu'au dedans ,
prouvent qu'elle eft ancienne. Dans les affaires d'im-
portance, on fe fert d'un fceau on l'on lit ces mots : Le-
gia Romane ecclefia unicafilia.
Ljége eft fituée dans une vallée fort agréable, 8c en-
vironnée de montagnes que féparent des vallons 6c des
prairies, par où coulent les petites rivières de Vèfe, Ute,
Se Ambluar , qui fe déchargent dans la Meufe , avant
que ce fleuve entre dans la ville. Il la traverfe , mais
fans pafler au milieu. La partie qui eft du côté gauche
en descendant, 8c où eft le port nommé la Batte, a bien
plus d'étendue, Se eft bien plus peuplée que celle du côté
droit, que l'on appelle Outre-Meufe. * Corn. Dift.
Hubertus Thomas prétend que cette ville fut fondée
par Ambiorix que Céfar fit mourir pour fa perfidie.
D'autres foutiennent qu'il ne fut pas le fondateur de cette
ville, mais feulement le reftaurateur: ils veulent même
que Liège doive fon origine aux Grecs. Cependant la
plupart des meilleurs écrivains (a) difent que S. Hubert,
originaire d'Aquitaine, fut le premier évêque de cette
"ville ; que ce fut lui qui la fonda ; qu'il lui donna le
nom de Legia , 8c qu'avant ce tems-là, ce n'étoit qu'un
village. Ce qu'il y a de certain , c'eft que des auteurs ont
écrit que la ville de Liège fut anciennement la métropole
des Eburones, Se qu'elle fut une ville royale, jusqu'au tems
où Charles, duc de Bourgogne, l'obligea de fe foumettre à
fon évêque (b). Guichardin néan moins l'a honorée du ti-
tre de ville impériale, de façon pourtant que l'empereur n'y
a aucun droit. Sa feule fujétion eft de fournir à l'em-
pereur un petit nombre de foldats , ou plutôt un léger
fubfide , lorsqu'il doit faire la guerre au Turc. Par rap-
port temporel Se au fpirituel , elle n'eft foumife qu'à fon
évêque; encore jouit-elle de fi grands privilèges, qu'elle
peut être regardée comme une république libre, gouver-
née par fes bourg-meftres, fes confeillers, Se autres ma-
giftrats municipaux. Il y a deux bourg-meftres , vingt
confeillers créés les uns 8c les autres, moitié parl'évêque,
&c moitié par la ville. Deux de ces confeilleurs font per-
pétuels, ainfi que le greffier qui porte le nom de grand"
greffier de la cité , 8c qui eft en même tems greffier du
tiers-état. Il y a auffi un grand-majeur 8c deux ma-
jeurs fubalternes. * Délices des Pays-bas, p. 156.
Liège a trente-deux collèges d'artifans qui ont part
au gouvernement civil. On ne peut publier aucun édit ni
prendre aucune réfolution où le public foit intéreffé,
fans qu'ils y aient donné leur confentement. Dans les
affaires eccléfiaftiques les appels fe portent à Cologne, &
de-là à Rome ; 8c dans les affaires civiles , ils fe por-
tent à la chambre impériale. * ( a ) Richard , Waflen-
burgius , 8c Jean Placentinus. (b) Imhof. Not. imp,
Rom. Germ. L'y, c. 13.
Dans la partie de la ville qui eft à gauche delà Meufe,
eft l'églife cathédrale, du nom de Saint- Lambert. Elle
eft affez grande , mais groftiere Se maffive. Au devant
font deux tours égales , plus petites que celles de Notre-
Dame de Paris. Il n'y a point de grand portail. Devant
Se derrière l'églife, font deux espèces de cloîtres , par-
deffous lesquels on y entre des deux côtés. Derrière le
le chœur eft le marché, où, du côté de l'églife, il y a
une fontaine ; Se à l'autre bout,la ftatue d'un illuftre bourg-
meftre, * Corn. Dift.
Il coule dans toutes les rues de la ville une eau extrê-
mement claire: elle vient des fontaines, qui font en fî
grand nombre, que chaque maifon en a ordinairement
deux ou trois.
A un coin du marché eft l'hôtel de ville; 8e à gauche
de l'églife, on trouve une grande place où eft le palais
épiscopal, qui eft très-confidérable. On y voit deux gran-
des cours presque carrées, entourées par le bas de galeries
fur lesquelles il y a de beaux logemens. Au milieu de
la féconde cour il y a une belle fontaine. Ce palais fut
bâti, en 1506, par Erard de la Marck, évêque de Liège,
préfident du conlèil de l'empereur Charles-Quint , Se de-
puis cardinal en iezi. Il mourut en 1538. Sa fépulture
eft élevée en bronze, au milieu du chœur de la grande
églife. Il la fit faire lui-même de fon vivant, avec ce»
4eu xvers latins.
LIE
LIE
821
Dlcipimur votis , & tempore fallimur ; airai
Mors ridet curas ; anxia vita nïhïl.
Au devant de cette églife eft le cloître où habitent les
chanoines , qui doivent tous être nobles, 8c dotteurs
ou licentiés. Ils font au nombre de foixante , 6c ont
droit d'élire leur évêque, qui eft fuffragant de Colo-
gne. * Corn. Dift.
Il y a peu de tréfors comparables à celui de cette
«glife. Outre des reliques ornées de pierreries, 8c quan-
tité de figures d'or 8c d'argent , on y voit une chape Se
une chafuble données par le pape Grégoire X , qui avoit
été archidiacre dans cette cathédrale. Sur le devant de
la chafuble, eft une Vierge tenant un petit, Jéfus tout
4le groffes perles ; & fur le derrière, un Chrift en croix,
suffi tout de perles, avec des doux de gros diamans.
Elle ne fert qu'au prince, évêque de Liège.
S. Lambert, évêque deMaftricht, étant à Liège, vers
l'an 708 , fut attaqué avec fa famille , 8c tué par les gens
•de Dodon , frère d'Alpaïde, maitreffe de Pépin , maire
du palais. Il fut enterré d'abord dans une églife de la
ville de Maftricht , où l'on rapporta fon corps ; mais
S. Hubert le reporta à Liège, l'an 711, treize ans après
la mort du faint. Il y établit auffi le liège épiscopal , avec
l'on chapitre ; Se fes fucceffeurs y font demeurés jusqu'à
préfent. S. Hubert fut ainfi le premier évêque de Liège,
quoique fucceffeur de ceux de Tongres & de Maftricht.
Cette double translation du corps de S. Lambert 6c du
liège de Maftricht , donna l'origine à la grandeur où l'on
a vu depuis s'élever la ville Se Féglife de Liège , qui ho-
nore S. Lambert comme fon patron , 8c S. Hubert
comme fon fondateur. Le corps de S. Hubert , mort à
Fure ou Vueren , entre Louvain 6c Bruxelles , l'an 717,
fut rapporté à Liège ; & 98 ans après, à Andain , qu'on
nomme à préfent S. Hubert en Ardennes. L'églife ca-
thédrale fut bâtie fur la place même où l'on avoit tué
S. Lambert; 8c elle fut dédiée fous le nom delafainte
^Vierge, Se fous celui de ce faint évêque. S. Albert, des
comtes de Louvain, archidiacre de Liège, fut fait évê-
que, après Raoul mort le 5 d'Août de l'an 1191.
On compte à Liège dix grands fauxbourgs , dont voici
les noms: De Bayard , de Saine-Léonard , de Vignis,
de Sainte-Walburge, de Hocke-à- Porte, de Sainte-Mar-
guerite, de Saint-Martin, des Bogards , du P on- Amer-
cœur , qui eft triple, favoir S ' aint-Remacle , Brejjoux ,
& Long- Dos ; Se le fauxbourg Saint- Avrai, qui en
comprend deux autres petits , qui font Caulchies , Saint-
Gille, in fur la Fontaine. * Délices de Pays-bas, t. 3,
p. 242.
Outre l'églife cathédrale, il y a fept chapitres; i°la
collégiale de S. Pierre. L'églife a été bâtie par S. Hu-
bert , qui y fut enterré, l'an 730, dans l'églife fouter-
reine. Ses reliques furent transportées, en 825, dans
l'abbaye de S. Hubert. i° La collégiale de S. Paul , bâ-
tie , vers l'an 966, par S. Eraclie, feiziéme évêque. Elle
eft remarquable par fa ftrufture , Se les ornemens de
marbre qu'on y a ajoutés depuis quelques années. 30 La
collégiale de S. Martin-au-Mont, fondée, vers l'an 970,
par le même S. Eraclie. Ses chanoines ont le titre de
chevaliers , Se le privilège de jouir de leurs prébendes
lorsqu'ils veulent aller faire leur réfidence en France ,
dans l'églife de S. Martin de Tours. 40 La collégiale de
S. Jean l'Evangelifte, bâtie en 980, par l'évêque Notger.
5° La collégiale de Sainte-Croix, fondée par le même
évêque, vers l'an 979. 6° La collégiale de S. Denys,
bâtie en 987, par Nithart, chanoine de S. Lambert, Se
par fes deux frères Jean 8c Godefchalc. 70 La collégiale
de S. Bathelémi, bâtie, l'an 1015, par Godefchalc de
Moriamé , prévôt de S. Lambert. Outre ces collégiales,
il y a encore dans la cathédrale deux petits chapitres ,
l'un de S. Materne, Se l'autre de S. Gilles , autrement
de la petite Table.
Le nombre des abbayes Se des monafteres eft fort
grand. On en compte jusqu'à quarant-fix, tant dans la
ville que dans les fauxbourgs. Il y a, outre cela, trente-
deux paroiffes. Une quantité fi prodigieufe d'églilès a fait
dire à Pétrarque : Vidi Leodium , infignem clero locum.
*Janf. l7rb.Belg.Tab.
On compte à Liège jusqu'à cent cinquante - quatre
rues , feizes porte Se dix-fept ponts, dont le plus beau eft
celui des Arches, Les appuis de ces ponts fonts de fer fa-
çonné. Il y a deux quais, entr'autres, qui font très-beaux,
8c plantés d'arbres ; celui de S. Léonard, qui borde la
Meufe, du côté de Maftricht ; 8c celui de Saint- Avrai ,
qui borde la même rivière , du côté de Hui.
Il y a un petit bras de la Meufe, qui fait une ifle dans
la ville ; 8c fur ce bras eft, entr'autres, un petit pont
qu on appelle le pont des Jéfuites , à caufe que leur col-
lège eft proche de- là. Sur ce petit bras de la Meufe , ré-
pondent les derrières des plus belles maifons de Liège.
*Corn. Dift.
La maifon de ville , qui étoit bâtie à l'antique , fut
ruinée par le bombardement de l'année 1691 , 8c rebâ-
tie en 1718. La magiftrature y tient fes aflemblées.
Liège eft la patrie de Jean Warin nommé par
Louis XIII, graveur-général des poinçons pour les mon-
noies. On a de lui des médailles qui paffent pour des
chefs-d'eeuvres.
4. LIEGE, (l'évêché de) étendue de pays , encla-
vée dans les Pays-bas, Se qui fait partie de la baffe Al-
lemagne. Il a pour limites, au nord, une partie du Bra-
band &c de la Gueldre ; à l'orient, les duchés de Lim-
bourg & de Juliers ; au midi, le duché de Luxembourg
8c les Ardennes ; 8c à l'occident, le Braband 8c le comté
de Namur.
On prétend que ce pays embraffa la foi Chrétienne
au commencement du fécond fiécle , 8c que S. Materne
y prêcha l'évangile. Il ne paroît point cependant qu'il
y ait eu d'évêque particulier à Liège, dès ce tems-là. Cette
ville ne faifoit, dans les premiers hécles, qu'un feuldiocèfe
avec Trêves 8c Cologne. C'eft pourquoi jEgyd. Buche-
rius , Differt. de primis Tungr. epife. c. 3 ; 8c Aubert le
Myre, Fafl. Belg. p. 165 8c 245 ont, été furpris de la
hardieffe que quelques écrivains modernes ont eue, de
nous donner des catalogues des évêques qui ont rempli
dès ce tems-là, ces fiéges, 6c de fixer même les époques
de leur éleftion 8c de leur mort. En effet il eft certain
que le premier évêque du pays \S. Servais} fut établi ,
en 311, dans la ville de Tongres , après que Conftan-
tin le Grand eut procuré la paix à l'églife Chrétienne.
Les Huns ayant enfuite ruiné la ville de Tongres , l'é-
vêché fut transféré, dans ce même fiécle, à Maftricht ,
d'où S. Hubert, un de fes évêques , le transporta à Liège,
vers l'an 709 , avec le corps S. Lambert, fon prédéces-
feur. * Imhof. Not. Rom. Germ. Imp. c. 13.
Avant l'ére&ion des nouveaux évêchés dans les Pays-
bas , le diocèfe de Liège étoit d'une plus grande étendue
qu'il n'eft aujourd'hui. Il renfermoit tout le comté de
. Namur, avec une grande partie du duché de Gueldre Se
de celui de Brabant. On l'a partagé en fept archidiaconés,
qui comprennent vingt 8c un doyennés ruraux, 8c en
tout 1500 paroiffes.
Le pays eft divifé en dix dro[farderies , ou grands bail-
liages , qui font à la collation du prince , qui ne les
donne qu'à des gentilshommes reçus dans le corps de
la nobleffe. On y compte cinquante-deux principales ba-
ronnies , un grand de nombre comtés & de feigneuries ,
outre Wick, ville contigué à Maftricht, dont elle n'eft
féparée que par la Meufe; il y a vingt- quatre villes, ou
bourgs confidérables , fur lesquelles l'évêque de Liège
a la jurisdiction de prince ou d'évêque:
Liège,
Tongres,
Huy, ,
Mafeyck ,
Verviers ,
Hajfelt,
Dînant ,
S. Tron,
Bouillon ,
Vifet,
Ciney,
Thuin ,
Florenne,
Stavelo ,
Malmedi,
BUfen,
Fumay,
Borchlo'èn.
Godefroi de Bouillon, en partant pour la Terre-
fainte, avec fes frères Euftache 6c Baudouin , vendit à
l'évêque Audebert, en 1098, le duché de Bouillon.
Dans la fuite, les comtes de la Marck, 6c les princes de
Sedan, formèrent des prétentions fur ce duché ; 6c avec
le fecours de Henri II, roi de France, ils fe rendirent
maîtres, en 1551, du château de Bouillon, place de
grande importance ; mais à la paix de Cambrai , ils ren-
dirent ce château à l'évêque.
Depuis que la maifon de la Tour a fuccédé aux.prm*.
8i2
LIE
LIE
ces de Sedan , elle a pris le titre & les armes de Bouil-
lon ; & elle a tant fait, qu'à la paix de Nimegue , il fut
réglé par l'article 28, que le différend entre l'évêque &C
le prince de Liège, 5c les ducs de Bouillon, pour raifon
du château & du duché de même nom , feroit terminé
à l'amiable, par des arbitres, fans qu'il fut permis d\ifer
de voies de fait, & que cependant le duc de Bouillon
feroit maintenu dans la poffeffion où U étoit.
L'air de ce pays eft bon Sx. tempéré ; le terroir eft
fertile en grains, en fruits fit en vins. Il y a auffi grande
abondance de gibier de toutes fortes. H fe trouve dans
ce pays des mines de fer , & quelques-unes de plomb ,
avec plufieurs carrières ôt lieux fouterreins, d'où l'on
tire du charbon de terre, que l'on appelle de la houille.
Cette terre y eft en fi grande quantité, que d'une lieue
aux environs de Liège , la ville en étant fournie , on en
transporte pour plus de deux cents mille écus, quoique
cette matière foit d'affez bas prix. * Corn, reftifié.
i. LIEN, rivière de la Chine , dans la province de
Quangtung , ou Canton , dans le territoire de Lien-
cheu , ville à laquelle elle donne fon nom. Elle a deux
fources aux frontières du Quangfi ; elles fe joignent au-
deffus de Xélien qu'elle arrofe, & continuant de fer-
penter vers le midi, elle reçoit le ruiffeau de Mingyve;
pafTe à Liencheu ; &, va fe jetter dans l'Océan, dans un
golfe formé en partie par l'ifle de Haynati. * Atlas Si-
nenfis.
2. LIEN , forterefle de la Chine , dans la province
de Quangtung, au département de Quangcheu, pre-
mière métropole de la province. Elle eft de 4 d. 48'
plus occidentale que Pékin, fous les 24 d. 55' de lati-
tude. * Atlas Sinenfis.
LIEN ARES, bourg d'Espagne , dans l'Andaloufie,
vers les confins de la Nouvelle-Caftille , à trois lieues de
Baé'ça, &.à cinq de Jaën, & d'Anduxar. On croit
qu'il a été bâti des ruines de l'ancienne CASTULO.
Voyez ce mot. * Baudrand , édit. 1705.
LIENCHEU , ville de la Chine , dans la province de
Quantung, dont elle eft la huitième métropole. Elle
eft de 7 d. 12' plus occidentale que Pékin, fous le 12e d.
de latitude; elle eft le chef-lieu d'un canton qui ren-
ferme quatre villes, fa voir:
Liencheu ,
King,
Lingxan,
Xilien.
Ce canton eft la partie la plus occidentale de la pro-
vince, &c confine avec le Tonquin, dont il eft fé-
paré par une chaîne de montagnes affreufes & inac-
ceffibles , lorsque l'on veut palier de-là dans le Tonquin.
Cette ville étoit autrefois du pays de Nangao. La famille
de Cin l'annexa au pays de Siang. La famille de Han
nomma ce lieu Hopu; celle de Suil'appella Hocheu :
la famille de Tanga le nomma LlENCHEU : la famille
de Sunga'lui changea encore ce nom en celui de Tal-
PING ; mais celle de Taiminga l'appella de nouveau
LlENCHEU. Ce territoire produit des paons, des per-
les, & beaucoup d'ouvrages en écailles de tortue. Elle
a deux temples principaux, érigés en mémoire des hom-
mes illuftres. Au nord de la ville eft une montagne fort
vafte , fk dans laquelle il y a une espèce de labyrinthe.
On trouve fur cette montagne des fruits que l'on ne
Yoit nulle part ailleurs. Il eft permis à chacun d'en man-
ger fon faoul, mais non pas d'en emporter. Ceux qui s'y
hazardent ne peuvent jamais fortir de ce labyrinthe. Le
P. Martini qui rapporte cela, le traite de fables. Le ter-
ritoire de Liencheu eft borné au midi par l'Océan ; & il
s'y forme un golfe allez grand, que l'ifle d'Haynan borde
au fud-eft.
LIENCHING , ville de la Chine, dans la province
deFokien, au département deTingcheu, fixiéme mé-
tropole de la province. Elle eft plus occidentale que Pé-
kin de 28', par les 25 d. 34' de latitude. * Allas S i-
LlÉNKIANG, ville de la Chine, dans la province
de Fokien-, au département de Focheu , première métro-
pole de la province. Elle eft de 2 d. 59' plus orien-
tale que Pékin, fous les 26 d. 11' de latitude. * At-
las Sinenfis.
LIENTZ, ou Luentz, Loncium, ville & château
du Tirol , fur la Drave , au confluent de l'Ifola , à qua-
tre milles allemands d'Innichen. Elle étoit autrefois de la
Carinthie; mais elle eft à préfent du Tirol. Lientz a
appartenu quelque tems aux comtes de Gortz. Léonard ,
dernier comte de cette maifon , en accommoda l'empe-
reur Maximilien I ; &c elle fut annexée au Tirol , en
1 5 1 1 . Euphémie , comteffe de Gortz , y fonda un cou-
vent de Carmélites , où elle eft enterrée. * Zeyler, Ti-
rol , Topogr. p. 145.
LIENXAN , ville de la Chine , dans la province de
Quangtung, au département de Quangcheu, première
métropole de la province. Elle eft de 4 d. 58' plus oc-
cidentale que Pékin, fous les 24 d. 38' de latitude.
* Atlas Sinenfis.
L1EPU , ville de la Chine , dans la province de
Quangfi, au département de Pinglo, quatrième mé-
tropole de la province. Elle eft plus occidentale que Pé-
kin de 7 d. 35', par les 25 d. 15' de latitude. * Atlas
Sinenfis.
LIERE. Voyez Lire.
LIEROORT-SCHANTZ, fort des Pays-bas, dans
l'Oft-Frife , ou Frife orientale, fur la rivière de FEmbs,
à trois grandes lieues au-deffus d'Embden. Il eft aux
états-généraux des Provinces-Unies.
1. LIESINA, Phariajfie de laDalmatie,dansIe golfe de
Venife, & que les Esclavons appellent aujourd'hui Huar.
Elle eft fituée au fond du golfe de Narenta , à huit mil-
les de la terre ferme , &c au voifinage des ifles de Liffa ,
de Brazza, de Curzola & de la péninfule de Sabioncello.
Elle eft allez étroite, n'ayant que feize milles dans fa
plus grande largeur ; fa longueur eft de 70 milles, &c fon
circuit de 130. La partie de cette ifle, qui regarde la terre
ferme, eft baffe, &c remarquable, par la ftructure de deux
châteaux peu éloignés l'un de l'autre , avec un pavé de
mofaïque; mais ils font tombés en ruine. *Coronelli,
I/ol. t. 2, p. 154.
Aujourd'hui on compte, dans cette plaine, cinq villa-
ges habités par des pâtres &c par des payfans qui cultivent la
terre dans cette partie de l'ifle ou elle eft plus fertile. Le
refte eft presque tout couvert de montagnes: on y a ce-
pendant en abondance des olives, du fafran & du mie'
La vigne y produit même tellement , qu'on y ramafft
tous les ans cinq mille muids de vin. On y cueille auffi
beaucoup de grain ; &c l'on y trouve, outre cela, toutes les
chofes nécefiaires à la vie.
Il y a, vers le nord, une campagne de feize milles
de circuit, que l'on cultive avec foin: C'eft le meilleur
qitartir de l'ifle. Les habitans y font robuftes, vifs & fi
fobres fur l'article du vin , qu'ils regardent comme un
grand crime de le boire fans eau.
On compte dans cette ifle onze bourgs , dont le plus
petit n'a pas moins de quarante feux: les médiocres en
ont cent vingt, quelques-uns deux cent trente, &C le plus
grand en a cinq cents. Les maifons de ce dernier font
grandes. Comme l'on trouve continuellement des ruines,
lorsqu'on remue la terre , on conjeâure qu'il y a eu dans
cet endroit une ville affez confidérable. Sur la côte, il
y a deux autres lieux qui ne cèdent en rien à ce bourg,
foit pour la grandeur des maifons , foit pour la beauté
des églifes. La magnificence du monaftere de S. Pierre,
martyr, & celle des autres églifes, qui font en grand
nombre dans chacun de ces bourgs, font des preuves de
la piété & de la richeffe des habitans.
La pêche fur-tout a contribué à leur richeffe. On y
comptoit autrefois jusqu'à cent quatre-vingt barques ou
bateaux de pêcheurs. En effet le poiffon abonde fur cette
côte ; &c cette partie de l'ifle eft fort propre pour pêcher,
tant par la grande quantité de golfes & d'anfes qui s'y
trouvent , que parce qu'il n'y a aucune vafe au fond de
la mer , &c que l'eau eft affez profonde. D'ailleurs les
vents qui foufflent fur les mers d'Albanie, de la Pouille&c
de Dalmatie , obligent les poiffons à fe retirer dans ce
lieu qui eft plus tranquille. Enfin diverfes nations du
monde viennent dans cet endroit faire emplette de
poiffons; ce qui apporte un grand profit.
Il n'eft pas étonant qu'il y ait eu autrefois dans cette
ifle deux villes, l'une au levant, l'autre au couchant,
avec deux ports. On y déterre tous les jours des débris
d'édifices de marbre , des ftatues fit des pavés en mo-
faïque. Vers le milieu de l'ifle, on trouve des veftigesds
bàtimens confidérables, des pierres de taille, & des puits
d'eau douce. Les côtes de cette ifle font fi escarpées, que
Lie
fi elle n'avoit pas quelques ports, il feroit comme im-
poffible d'y faire de delcente.
2. LIESINA , ville capitale de l'ifle de même nom ,
avec titre de comté. Elle fut érigée eu évêché, à la
prière de Bejla , roi de Hongrie ; Se fon évêque eft fuf-
fragant de Spalato. Elle occupe une grande partie de la
plaine de l'ille. On l'a bâtie au pied de deux montagnes,
dont l'une , qui eft à l'orient , efl occupée par un bourg
d'environ fept cents mailbns toutes, de pierre de taille: à
la cime de l'autre, eft une forterefle inacceffible, Si très-
escarpée, qui commande Se défend la ville.
Dans l'espace qui eft entre ces deux montagnes , on
remarque deux grandes places, l'une au-devant de la ca-
thédrale, Se l'autre au-devant du palais épiscopal. La
plus belle de ces places eft du côté du levant, Se or-
née de diverfes fontaines : l'autre s'étend jusqu'au rno-
naftere de S. Marc FEvàngeiifte , qui appartient à des
Domicains.
Au-delà de ce rnonaftere , on en trouve deux autres ,
l'un de l'ordre des Hermites, fous le titre de S. Nicolas,
l'autre appelle le monajiere de Sainte-Croix'; mais tout
deux font hors de la ville.
Du côté du couchant, près de l'églife de S. Marc,
on voit le palais du gouverneur. 11 eft bien bâti, Se orné
d'une tour, dont laftrufture eft magnifique.
La république de Venife envoie, tous les deux ans, à
Liejîna deux nobles Vénitiens , l'un avec le titre de
comte Se de provéditeur , l'autre avec le titre de camer-
lingue Se de cajlellan. Ce dernier eft prépolé pour
veiller à la perception des deniers publics, & à la garde
de la forterefTe qui commande la ville.
Lorsque le doge , Pietro Orfeolo il , alla dans l'ifle
de Liejina, en 994, il eut une peine extrême à réduire
les habitans qui s'étoient révoltés. A la fin cependant ,
les ayant vaincus par la for.:e des armes , il détruifu la
ville de fond en comble ; & quoique depuis elle ait été
rebâtie, elle demeure toujours fans fortifications, Se n'a
pas même une enceinte ^'e murailles.
Le port eft beau , & capable de contenir toutes fortes
de vailieaux. Il arrive quelquefois que l'on n'y voit le
matin aucun bâtiment , Se que le foir on y en compte
jusqu'à vingt ou trente de diffe = tes grandeurs; ce qui
fait voir combien ce poit eft :réquenté. Il fut bâti ,
en 1597, des deniers des habitans. Le noble Almoro
Tieporo étoit alors général de la Dalmatie, Se le no-
ble Martio Fizzamano étoit comte & provéditeur de
Liefina. On fit pour cela une dépenfe de quatre cents
ducats, & l'on jetta dans la mer un mole pour la com-
modité de flottes Vénitiennes , qui ont leur rendez-vous
dans cet endroit.
A l'extrémité de l'ifle , du côtés qu'elle regarde la pro-
vince de Pnmcge, à l'orient, on trouve le château de
Saint-George , qui détend un port flanqué de deux mo-
les. 11 étoit anciennement d'une fi grande force, Se fi
avantageux pour les habitans de l'ifle, qu'il leur aida à
foumettre la Damatie, la Liburnie , l'Iftrie, Se la côte
de Narenta. Les Romains , jaloux de cette prospérité ,
cherchèrent long-tems à les abaifler; mais Démétrius ,
originaire de cette ifle , étant devenu roi de l'illyrie ,
vengea fa patrie, en ruinant le pays ennemi , fur le-
quel il fit des coudes. Depuis, Démétrius ayant eu du
deflous , les Romains viôorieux firent beaucoup de mal
aux habitans de cette ifle. La Dalmatie ayant enfuite
été agitée de grands troubles , par la jaloufie Se la haine
que fe portoient les Vénitiens Se les Génois, Liefina
fut encore faccagée, en l'année 1353. En 1500, les Turcs
vinrent l'attaquer ; mais le général Pefara les défit en-
tièrement: en 1^71, elle tomba fous la puiffance du
corfaire Uluzzali ; de forte que, depuis l'aquifition qu'en
avoit fait le doge Orfeolo , elle changea fouvent de do-
mination, Se fut fujette aux mêmes révolutions que les au-
tres lues du voifinage ; en 1 180, fous le dogat de Giacomo-
Contarini , elle étoit retournée volontairement, au rap-
port de Vianoli , fous l'obéiflance de la république de
Venife ; mais , comme le dit Verdizzotti , la domina-
tion de la république fur cette ifle ne fut établie que
l'année 1411.
LIESNE. Voyez Liesses.
LIESSE, ou Notre-Dame de Liesse, ou Lies-
SESANS Marchais, bourg de France, dans la Picar-
die , au diocèfe de Laon. On nomme ce lieu en latin
JLJL-..> ; I
Noflra Domina de Lœtitid: on'l'appell it
Lie/ite, du nom qui femble n'être de nulle lang :. k
d'où les Picards ont fait celui de Lience ou te:nc ... ij
peut fe rapporter à Lieffe, comme Lœtantia fe rappone
à Lçtïtia. * Baillet, Topogr. des faints, p. 617.
Ce bourg n'a qu'une rue formée par des hôtelleries Se
par des boutiques de merciers qui vendent des chape-
lets Se des médailles. * Pigamol, Description de la
France, t. 3, p. 81.
L'églife de Notre-Dame de Lieffe eft célèbre dans
tous le monde Chrérien , par les pèlerinages presque
perpétuels que l'on y fait. L'églife eft peu de chofe pour
le bâtiment ; mais fon jubé paffe pour un des plus ma-
gnifiques ouvrages en ce genre. L'autel eft fermé d'une
baluftrade, Se décoré de quatre colomnes. L'image mï-
raculeufe de la Vierge eft fur le tabernacle. Les Annales
de l'ordre de Malthe difent que trois frères, du diocèfe
de Laon Se de la maifon d'Eppe , étant entrés dans Per-
dre de S. Jean de Jérufaiem , ci ayant fait le voyage
de la Terre-fainte , y furent faits prilbnniers par les Sar-
rafins. On mit tout en ufage pour leur faire embrauer le
Mahométisme. Le Soudan envoya même fa fille Ismé-
rie les viliter dans leur prifon; mais bien loin de les
pervertir, elle fut elle-même à demi-convertie par leurs
discours , Se demanda à voir la figure de la mère de
Dieu incarné, dont ils parloient. Ils le lui promirent;
Se s'étant endormis, à leur réveil ils trouvèrent auprès
d'eux une image de la Vierge , qui acheva la converfion
d'Ismérie. Par une, fuite de miracles, les trois chevaliers
fe trouvèrent transportés auprès de Laon ; où ils firent
bâtir une chapelle, dans laquelle ils dépoièrent cette mi-
raculeufe image.
LIESSES ou
LIESSIES , Lcctice ou Latienfes-Cœnobium , abbaye
régulière dans le Hainaut , à une lieue Si demie d'Â-
vesnes, vers le levant, fur la rivière d"Hespre, diocèfe
de Cambrai, Se de l'ordre de S. Benoît (a). Cette ab-
baye fut fondée du tems du roi Pépin , fiis de Charles
Martel , par le comte V/ibert forti d'une iiluftre famille
du Poitou, & par fa femme nommée Ada. Pépin leur
ayant donné une terre aux confins de laTiérache Se du
Hainaut, ils allèrent s'y établir. Un jour le co nre Vi-
bert étant à la chafle , il pourfuivit un fanglier jusqu'à
la rivière de Hespre, Se le prit dans un lieu nommé Lœ~
tia. Il trouva tant d'agrément dans cet endroit , qu'il ré-
folut d'y fonder un rnonaftere en l'honneur de S. Lam-
bert. Il exécuta de deffein, & mit, pour premier abbé,
un de fes fils nommé Gontard, qui fe rendit recom-
mandable par la fainteté de fa vie. Ce Gontard avoit
une feeur nommée Hiltrude , qui fe déroba à l'époux
qu'on lui avoit deftiné, 8c vécut (b) réclufe Se vierge
dans cette abbaye. Elle y mourut, fur la fin d feptiéme
fiécle, Se fon corps fe garde maintenant dans l'églife
de l'abbaye. Ce rnonaftere a été illuftré par de grands
hommes. Louis de Blois, dit Blofius , étoit abbé de
Liefîies au feiziéme fiécle. * (a) Aub. Mirai, Orig. Coe-
nob. Belg. c. 23. (b) Baillet, Topogr. des "faints ,
p.. 267.
LIEU : ce mot' a un grand ufage dans la géographie.
Il fignifie un endroit en général , Se fouvent endroit déjà
defigné dans le discours & dont on ne répète point la
qualification, comme quand, après avoir parlé d'une ville,
d'un bourg, d'un village , d'un champ, d'une monta-
gne , d'une foret , au lieu de répéter l'un de ces mots ,
ou le nom propre qui diftir.gue l'endroit dont on parle,
on dit Amplement ce lieu ; en ce cas, il fe dit générale-
ment de tous les lieux du monde. Il femble pourtant
qu'il ne fe dit que de ce qui eft fixe Se permanent. Par
exemple, on ne le diroit pas bien, ce me femble , en
parlant d'une rivière, d'un torrent, Sec; mais bien
d'un endroit du rivage ou d'une ifle qui feroit dans cette
rivière ou dans ce torrent.
L'univerfalité de ce mot lieu , par rapport à tour ce
qu'il peut défigner, fait que les géographes s'en fervent
quelquefois , lorsqu'ils rencontrent un nom géographi-
que, qui n'eft point caracfénlé par celui qui le fait con-
noître , Se qu'ils ne trouvent d'ailleurs rien qui déter-
mine fi c'étoit une ville ou un boutg , ou un village ;
alors ce mot lieu les fauve d'une fixation hazardée. Je l'ai
quelquefois employé en ce fens-là.
On appelle CHEF-LIEU le pricipal endroit d'uns fei-
s;._. ! , ;.'•.'! quijla plupart du tems, en donne lenom,ck
où eft d'ordinaire la félidence du feigneur ou de celui qui
le repré'.ente à l'égard de cette feigneurïe. _ ,
On dit les saints-lieux pour lignifier les endroits de
.la Palefiine, où s'eft confomnié ie myftere de notre
rédemption; quelquefois on étend cette lignification à
d'autres endroits auxquels des reliques très-précieufes, ou
des miracles frcquér.s ck célèbres, ont attaché la véné-
ration des Chréuëns qui vont en pèlerinage.
On appelle LIEU de plaisance une jolie maifon à
la campagne, oïl l'on va palier la belle faifon, & jouir
d'un bon air & d'une agréable vue.
On dit le LIEU NATAL pour lignifier la patrie de
quelqu'un , ou même plus particulièrement l'endroit où
il efl né.
Par LIEUX RÉGULIERS, on entend dans les abbayes,
monafteres 6k couvéns , les parties de l'édifice, qui (ont
dans l'enceinte de la clôture, ck qui fervent aux ûfages
de la communauté. Les traducteurs de l'Ecrituré-fàinte
appellent haut s lieux les collines & les montagnes où le
rendoit un culte idolâtre, fckque Dieu a réprouvés. Voyez
Hauts lieux au mot Hauts.
Je paile d'autres lignifications du mot lieu, qui n'ont
q\ie peu ou point de rapport avec la géographie.
LIEU-CROISSANT , abbayes d'hommes de l'ordre
de Cîteaux , dans le diocèfe de Be'fançon , dans la Fran-
che-Comté.
LIEU-DIEU, Locus-Dei. Ce nom eft commun à
pluiîeurs abbaye ck monafteres;
ï. LIEU- DIEU, abbayes de France, en Picardie,
au diocèfe d'Amiens, fur la BrefTe, qui le fépare de la
Normandie. Ce font des Bernardins de l'ordre de Cî-
teaux , de. la filiation de Foucarmont. Lieu-Dieu fut
fondé en Janvier 1190 ou 1191, par Bernard, feigneur
de Saint- Vallery.
2. LIEU-DIEU , abbaye de France. Voyez Loc-
Dieu.
3. IJEU-DIEU, prieuré de France, dans le Berri,
au diocèfe de Bourges. II eft à la nomination du pape, ck
dépend de Clugni.
4. LIEU-D1EU-EN-JARD , abbaye de France , au
bas Poitou, vers la mer, à fept lieues de Luçon, ck à
trois lieues des Sables d'OIone. Ce font des Prémontrés.
Richard, roi d'Angleterre jetta les fondemens de cette'
abbave , ou plutôt il en fut le reftaurateur.
1.' LIEU-NOTRE-DAME, abbaye de France, au
diocèfe de Lyon. Ce font des religieufes de l'ordre de
Cîteaux.
2. LIEU-NOTRE-DAME, abbaye de France, au
diocèfe d'Orléans , près de Romorentin. Cette abbaye
a des filles de l'ordre de Cîteaux , ck fut fondée en 1 2 50,
par Ifabelle, fille de Thibaut V, comte de Blois, ck
femme de Jean , comte de Chartres.
LlEU-RESTAURÉ,Ioc/«-.R^B*M/w,abbaye d'hom-
mes en France, de l'ordre de Prémontré , dans le Valois,
au diocèfe de Solfions , fur la rivière d'Autonne , à une
lieue au levant de Crespi , & à fept lieues de SoifTons.
Elle fut fondée, en 1 140, par Raoul, comte de Verman-
dois.
LIEUCHEU , ville de la Chine , dans la province de
Quangfi , dont elle eft la féconde métropole. EUe eft de
S d. 42' plus occidentale que Pékin , ck compte 25 d.
io' de latitude. Son nom lignifie la ville desfaules. Son
territoire a beaucoup d'eaux très-claires Si de montagnes,
ck comprend douze villes, favoir,
Lieucheu , Laïpin,
Coyung, Siang,
Loching, Vueiven,
Lieuching, Pin,
Hoaiyven, Cienkiang,
Yung, Xanglin.
Hyolin , SiANG, Lucing, font des noms qu'elle
' a portés, avant que d'avoir le nom quelle a à préfent. Il
eft formé du nom de la rivière de Lieu qui Farrofe ;
cette rivière s'appelle encore Ço ck CunG , ck a fa
fource dans la province de Queicheu, auprès delà for-
terefTe de Cingping ; pafle à Tucho ; entre dans le dis-
trict de cette ville ; fe mêle avec d'autres rivières, en-
tr'autres, avec celle de Ço, dont elle prend le nom, ck fe
va perdre, dans le Ta. Ses bords font couverts de faules.
L
IF.
LIEUCHING, ville de h Chine , dans le Qusngf»,
au département de Lieucheu , féconde métropole de
cette province. EUe eti de 9 d. 8' plus occidentale que
Pékin , fous les 25 d. 15' de latitude.
LÏE.UE ; forte de mefure , dont on fe fert pour mar-
quer la diftance d'un lieu à l'autre. Ce terme eft parti-
culier aux François ck aux Espagnols ; car les Anglois,
les Italiens, les Allemands, ckc. fe fervent du mot de
mille , quoiqu'ils ne donnent pas la même étendue à
leurs mille, .y en ayant qui font cinq fois plus grands
que les autres. Il en eft de même de nos lieues. Nous
en avons déjà touché quelque chofe à l'article Leg.
Nous traitons encore cette matière au mot Mesure. Il
fuffit ici de dire que la lieue des anciens étoit de quinze
Cents pas : à préfent la lieue commune de France eft
de deux mille cinq cents pas géométriques , la petite de
deux mille , ck la grande de trois mille, ck, en quelques
endroits, de trois mille cinq cents ck même plus. Nous
avons remarqué que le mot lieue vient de leuca ou
leuga. Pasquier ck Ménage font du même fentiment;
Nicod croit qu'il vient du grec Mvhv , c'eft-à-dire
blanehe, à caufe des pierres blanches qui étoient dispo-
fées, le long des grands chemins, de mille en mille , &
qui étant numérotées , ont donné lieu à cette manière
de compter lesdiftances, adprimum, adfeeundum,ad
tertium , ad decimum , ad vicefunum , ckc. en y aj ûtant
le mot lapidera, exprimé ou fous-entendu. Ainfi chaque
mille pas étant limités par une de ces pierres, on comp-
toit les pierres au lieu des milles. Voyez Mesures iti-
néraires.
LIEUYANG, ville de la Chine , dans la province de
Huquang, au département de Changxa, huitième mé-
troqole de la province. Elle eft de 4 d. 31V plus occi-
dentale que Pékin, fous les 29 d. 3' de latitude. * Atlas.
Sinenjîs.
LIEVE , (la) rivière des Pays-bas. Elle a fa fource
en Flandres i auprès de Damme, entre Bruges ck FE-
clufe ; &, coulant de Damme vers l'orient, elle pafle au
midi ck à quelque diftance de Middelbourg , qui eft uni
bourg de ce pays , puis rabatant vers le fud-eft, quelque-
fois vers l'eft , elle tombe dans les fofTés de Gand , oui
elle trouve l'Escaut qu'elle groffit de fes eaux. * Robert-
de Vaugondy, Atlas.
LIEVRE, (la rivière DU) rivière de l'Amérique
feptentrionale , dans la Nouvelle-France, au Canada, à
trente lieues de Montréal.
LIEURE, ou Lieuray, bourg de France , en Nor-
mandie, au Lieuvin ; il eft fitué entre Bernay, Pont-
audemer, Morttfort, ck Lifieux, dans le voifinage da
Cormeilles ck de Pierrecburt. *Corn. Dift.
LIEUVIN , (le) Lexoviertfis ager, petite contrée de
France, dans la Normandie, au diocèfe de Lifieux, dont
elle fait partie. Elle confine au Roùmois, du côté du le-
vant ; au pays d'Auge , du côté du couchant & du fep->
tentrion ; au territoire de Séez , au Perche ; ck au pays
d'Ouche, du côté du midi. Le Lieuvin comprend les
villes ck bourgs de
Lifieux, Honfleur,
Bernay, Tiberville, é
Pdnt-audemer, Lievray. ;
Sept abbayes , favoir :
S. Evroul, Préaux A. hommes,
Bernay , Greftain ,
Cormeilles, N. D. de Lifieux,
Préaux A. filles.
tes bailliages de
Montreuil, Orbec, Pont-audemefj
Les marquifats de
Nonant, Condé,
Piefrecourt, Bonneval.
Les baronnies de
Gaffey, Chambrais, Cormeilles, Sec.
C*
LIG
Ce pays eft abondant en grains, en beaucoup d'endroits,
& ceux qui font moins propres à la culture , ont des
pâturages fort utiles. Il eft bien peuplé. Il y a des mines,
des forges, & des manufactures où l'on fait des frocs,
des pinchinats, & différentes étoffes de laine. *Com. Dift.
Manoir es drejfés fur les lieux.
LIEWENHORST, maifon & feigneurie, dans les
Provinces-Unies , en Hollande , dans le voifinage de
Nortwick, entre Leyde ék Harlem. C'étoit une riche
abbaye, de laquelle bien des terres rele voient, avant
■que la révolution en eût chafîe l'abbé &c les moines,
& fait une feigneurie féculiere. * Dicl. des Pays-bas.
LIEXUI , ville de la Chine , dans la province de Nan-
1cin , au département de Kiangning ou Nanking , pre-
mière métropole de la province. Elle eft d'un degré 54/
plus orientale quePékin, fous les32 d. 12' de latitude.
* Atlas Sincnjis.
LIEYANG , ville de la Chine , dans la province de
Nanking, au département de Kiangning ou Nanking,
première métropole de la province. Elle eft de 2 d. i%'
plus orientale que Pékin, fous les 32 d. 20' de latitude.
* Atlas Sincnjis.
LIFFE, rivière d'Irlande, dans la province de Leins-
ter. Elle a fa fource au comté de Wexford, environ à cinq
milles Anglois au fud de Dublin , d'où elle s'éloigne en
ferpentant, tantôt vers le fud , puis vers le fud-oueft,
£c enfin vers l'oueft, dans le comté de Kildare , après
quoi, elle le courbe vers le nord, &C enfin vers l'eft, &C
fe va perdre à Dublin , où elle fait un vafte port. Bau-
drand îè trompe quand il la fait couler dans la Conna-
cie; cette faute a été copiée par Corneille. *Allard,
Atlas.
LIFFLAND. Voyez Livonie.
LIFFORD, petite ville d'Irlande, dans la province
d'Ulfter, au comté de Dunégal, fur la rivière de Lough-
foyle , à cinq milles au fud-eit de Raphoë , près des fron-
tières de Tyrone. Elle envoie deux députés au parle-
ment. Elle donne le titre de baron à une famille du
'pays; & le comte Marton François, fils du comte de
Roye, en a pris le titre de comte de Liffbrd. * Etat pré-
sent de l'Irlande, p. 62.
LIGA , jfle de la mer Britannique , félon Antonin.
Cambden croit que le nom moderne eft Ligon. * Ortel.
Thef.
LIGANA-SILVA, forêt d'Italie , près du lac de
Garde , où l'empereur Claudius II défit une multitude
d'Allemands , félon Paul le Diacre , ad Eutrop. 1. 9.
Ortéiius avertit que fon manuscrit portoit Ligona, &
doute fi ce ne feroit point la Litana de Tite-Live.
LIGANIRA, ville de l'Inde, en-deçà du Gange, fé-
lon Ptolomée, /. 7, c. 1.
LIGE A. Solin, c. 2, edit. Salmaf. in Solin. p. 62,
dit : l'ille Ligée, ainfi appellée, parce que le corps d'une
firene y fut jette. Sur quoi Saumaife fait cette remar-
que. Il n'y a point d'ifle , que je fâche , qui ait été ap-
pellée de ce nom. Plufieurs exemplaires portoient Lyn-
<ea. Ligée eft, à la vérité, le nom d'une Jirene ; mais je
ne connois point d'ifle qui fe nomme de la forte ; car les
les ifles Sirenuffes , ou des Sirènes, portent le nom des
Sirènes en général; mais aucune de ces ifles n'eft appel-
lée en particulier du nom de Ligée , de Leucojle ou de
■Partkenope , qui font les noms des trois firenes. Il y a
bien eu une ifle deLeucofie qui n'eft pas loin de-là ; &
Strabon dit qu'elle prenoit le nom d'une firene , dont le
corps y fut jette ; mais cette ifle n'eft pas du nombre des
trois ifles Sirenuffes , & même il y a des autorités qui
montrent que ce nom lui venoit d'une parente d'Enée ,
appellée Leucofie , & non pas de la firene Leucofie. Où
a-t-on donc pris ce nom de Ligée ? Lycophron appelle
Terine,['\(ïe où le corps de la firene Ligée fut jette. Etienne
le Géographe en fait une ifle, fur l'autorité de Lycophron.
Seroit-ce qu'on auroit donné le nom de Ligée à cette
ifle de Térine ? Cela ne feroit pas difficile à croire,
■ni'» ck ai>« font à-peu-près la même chofe , par rap-
port au chant. TêpeiVa <a<f'a un chant tendre , Kiytia. <J<T«,
un chant mélodieux. Cela revient bien au même ; mais
c'eft Etienne qui fe trompe. Lycophron , en nommant
Terina , n'a point dit ni voulu dire que ce fût une ifle ;
il a feulement entendu une ville en terre ferme. Voyez
Térifa. Solin en fait une ifle, fans autorité ni raifon.
LIG 82;
Voici ce qu'on peut dire de moins embrouillé fur cette
géographie mythologique. Les trois ifles Sirenuffes, ondes
Sirènes , prirent ce nom parce que les firenes y vivoient
enfemble ; ces ifles n'ont rien de commun avec les trois
autres lieux qui fuiyent. Les corps de ces firenes après
leur mort , furent jettes par la mer , chacun en un en-
droit , dont deux prirent le nom de la firene qui y étoit
abordée ; le corps de Parthenope , au lieu où eft à pré-
fent la ville de Naples , dont l'ancien nom eft Parthe-
nope; le corps de Leucojîe, à l'ifle nommée enfuite de
même^ & le corps de Ligée, à Térine, dans le conti-
nent où elle eut fa fépulture. Etienne en fait une ifle
de Térine ; c'eft une erreur. Solin nomme cette ifle Li-
gée , ck l'erreur eft double.
LIGER, &c
LIGERÎS , nom latin de la Loire , rivière de France.
Voyez Loire.
LIGET, Chartreufe de France, dans la Touraine,'
proche la ville de Loches.
LIGH, bourg d'Ane, dans le Mogoliflan. * Hift. de-
Timur-Bec , 1. 3 , c. 22.
LEGIA. Voyez Ligea.
LIGIENS , Ligii , ancien peuple de la Germanie.
Voyez Lygii.
LIGIR , tiyHp , rivière de Grèce , félon Etienne le
Géographe : elle coule auprès de Platée. Berkélius, fon
commentateur, dit; nul géographe ne met une rivière
de ce nom dans la Béotie. Cela eftbien; mais ily avoir
plus d'une Platée; ck comme Etienne ne parle de cette
rivière qu'en paffant , ck à l'occafion d'une reiïemblancà
grammaticale, entre la fin de ce nom avec celui de Béchir»
Kiyup tk @txt'p , il ne dit point dans quel pays elle étoit.
Peut-être auffi le difoit-il , & que le grammairien Her-
molaiis l'a négligé ?^ Qu'importe à un homme de cette»
espèce de favoir où coule une rivière ? Mais c'eft un
grand point pour lui , de favoir qu'il y a des noms pro-
pres terminés en s/p.
LIGITANI , ancien peuple d'Espagne , fi l'on s'ert
rapporte à une infcription fur laquelle il eft parlé d'un
municipe nommé MUNICIPIUM Fravasosonense
Ligitanorum. Morales, dans fes Antiquités d'Espa-
gne, croit que ce lieu étoit vers la Sierra d'Ayllo , à trois
mille pas d'Alcaudete. * Ortel. Thef. ad vocem Frava-
sosonensis,
LIGNANO, village d'Italie, dans le duché de Milan.
Il eft remarquable par la bataille que l'empereur Frédé-
ric y perdit contre les Milanois.
LIGNE , bourg des Pays-bas , dans le Hainaut , fur
la Denre , à deux lieues au-deffus d'Ath , & un peu plus
au-deffous de Leufe. Il a été érigé en principauté de
l'empire , en 1602.
LIGNI. Voyez Ligny.
1. LIGNIERES, ville de France, en Berry. Voyez
Linieres.
2. LIGNIERES, bourg de France, dans la Touraine,
dans l'éleftionde Tours. La paroiffe dépend del'abbay»
de tous les Saints, à Angers.
3. LIGNIERES, bourg de France , dans la Picardie,
au diocèfe d'Amiens.
4. LIGNIERES-LA-DOUCELLE , bourgade, dans
le Maine, au diocèfe du Mans. Elle eft remarquable par
fes eaux minérales , qui participent du fer.
LIGNITZ , ville du royaume de Bohême , dans la
Siléfie , au duché auquel elle donne fon nom , fur le ruis-
feau de Deifcha, à deux milles allemands de Jauer, ôt
à fept de Breflau. On a prétendu qu'elle avoit été fon-
dée par les Lygiens, peuple dont nous parlons en fon
lieu ; mais il eft certain que ce peuple n'avoit point de
villes , & d'ailleurs on ne connoît pas affez prccifement
quel pays il occupoit. Cette étymologie eft principale-
ment fondée fur une refiemblance dans les trois premiè-
res lettres du nom ; ce qui ne lignifie rien, lorsque toutes,
les autres preuves manquent. Quelques-uns ont voulu
que Lignitz fût YHcgetmatia de Ptolomée. Nous rap-
portons fous ce mot cette opinion , ck nous la réfutons
en même tems. D'autres dérivent le mot Lignicium de
Lech, premier prince de Pologne , & veulent qu'on ait
dit Lechni^ium. Ce qui pourroit confirmer ce fentiment
c'eft que cette ville eft appellée Legnit^ dans d'anciens
monumens. Mais qu'a eu de commun avec cette ville
Tome III, M m m m m
82<5
LIG
LIG
un prince de Pologne , dont le pouvoir n'arrivoit pas en
ce tems-là jusqu'à la Siléfie ? Les urnes & autres raonu-
mens, que l'on trouve aux environs de Lignitz, ne prou-
vent point une origine Romaine , les Sarmates Se les
Slaves brûloient auffi leurs morts ; & de plus on trouve
de ces fortes d'antiquités dans toute la Siléfie. Lignitz
n'étoit encore qu'un village , quand Boleflas furnommé
le Haut , l'entoura de murs , & lui donna la prérogative
de ville. Il y fit fa réfidence , & l'orna de manière qu'a-
près Breflau , elle étoit la première ville du pays. Bo-
leflas le Chauve embellit encore cette ville qui étoit
dans fon partage; 6c comme c'étoit un prince guerrier,
il la fortifia. Frédéric II y fit un fofle pour la garantir
des Turcs , qui répandoient la terreur jusques-là par
leurs courfes ; enfin Henri XI acheva les fortifications,
aggrandit le fofle, éleva de nouveaux ouvrages; Scia
guerre d'Allemagne étant furvenue , Montevere fit faire
de nouveaux travaux, pour défendre les portes Se les
courtines. Le château eft bien moins ancien que la ville,
qui ne s'étendoit pas alors jusques-là. * Schurfleisch, de
Lignicio , Disput. 60.
La principauté de Lignitz, petit pays de Silé-
fie, fitué entre l'Oder Se la principauté de Jauer. Il a
eu les princes particuliers, dont le dernier mourut en 1675 ;
&c alors ce pays avec ceux de Brieg Se de Wolau, qu'il
poffédoit auffi, furent dévolus à l'empereur, qui en eft
fbuverain 6c propriétaire. Les principaux lieux de cette
principauté font:
Lignitz capitale , Goldberg, Se Woldftadt.
LIGNON, rivière de France, dans le haut Forez. Elle
à fa fource aux confins de l'Auvergne, au-deflus de Thiers,
d'où , coulant au levant par Noirétable , Saint-Didier,
Rochefort , l'Hôpital 6c Bouen , elle fe rend dans la
Loire, proche de Feurs. * Baudrand, édit. 1705.
Cette rivière tire fon plus grand luftre de ce que
d'Urfé a choifi fes bords , pour y mettre la fcène de fa
Paftorale intitulée VJJirée , Roman qui a eu beaucoup de
réputation , & qui trouve encore aujourd'hui des lec-
teurs.
I. LIGNY, Lineium, ou même Ligniacum , Linia-
cum , ville de France, avec titre de comté, dans le Bar-
rois , 6c mouvante du diocèfe de Toul. Elle eft fituée
fur la rivière d'Orney ; 6c après la capitale , elle eft la
ville la plus confidérable du bailliage de Bar. C'eft une
très-ancienne feigneurie , qui appartenoit autrefois en
propre aux comtes de Champagne. Mais Thibaut le
Grand, mariant fa fille Agnès avec Renaud H, comte
de Mouflon & de Bar, lui donna en dot la châtellenie
ou feigneurie de Ligny , que l'on écrivoit autrefois Li-
nei, Se par- là elle fut unie au Barrois. * Longucrue ,
Descr. de la France, I. part.
Il y a néanmoins long-tems que la feigneurie utile
n'appartient plus aux comtes, aujourd'hui ducs de Bar,
parce que Henri II, petit- fils de Renaud fk d'Agnès,
mariant fa fille Marguerite avec Henri , qui fut le pre-
mier comte de Luxembourg de la maifon deLimbourg,
lui donna en dot la châtellenie de Ligny. Henri 5c Mar-
guerite eurent deux fils, qui laiiîerent poftérité. Henri,
qui étoit l'aîné , fut comte de Luxembourg ; 8c c'eft de
lui que font descendus les comtes 6c ducs de Luxem-
bourg. Valeran, qui étoit le puîné, fut feigneur de Li-
gny ; 6c de lui font descendus , en ligne directe mascu-
line , ceux qui ont porté le nom de Luxembourg en
France , jusqu'au régne de Louis XIII. Les comtes de
Bar s'étoient réfervé la feigneurie directe fur Ligny; ce
qui, dans la fuite, excita des guerres avec les comtes de
Champagne , qui vouloient que les feigneurs de Ligny
fuffent leurs vaffaux. S. Louis rendit, dans les années
1167 5c 1168, des jugemens qui ne terminèrent pas en-
tièrement les différends ; mais lorsque Philippe le Bel
reçut l'hommage de Henri, comte de Bar, l'an 1301,
il comprit dans fon aveu Se dénombrement le fief, la
ville Se la châtellenie de Ligny ; ce que le roi approuva,
fans que ce droit ait été contefté aux fuccefleurs du
comte. Cependant Charles V, roi de France, érigea la
feigneurie de Ligny en comté , par fes lettres données à
Paris, en Septembre 1367, à quoi on ne voit point que
les comtes de Bar , ou leurs fuccefleurs , ayent formelle-
ment confenti , ni qu'ils s'y foient oppofés , parce que
Gui de Luxembourg étoit vaffal du comte de Bar, à
caufe de Ligny.
Louis de Luxembourg, conné;able de France, qui
descendoit en ligne directe de Gui de Luxembourg , eut,
entr'autres enfans, Antoine , dont vinrent les comtes de
Brienne Se de Ligny. Son petit-fils, nommé auffi An-
toine, eut deux fils, Jean Se François. Jean, qui étoir
l'aîné, fut comte de Brienne Se de Ligny, 6e n'eut qu'un
fils Charles , qui mourut fans enfans , 6e eut pour fucces-
feurfon oncle François, qui fut créé duc de Piney 8c
pair de France. Le duc François fut père de Henri de
Luxembourg, qui n'eut que des filles. L'aînée, Charlotte-
Marguerite , laiffa de fon fécond mari , qui étoit de la
maifon de Clermont, une fille qui hérita, Se fut femme
de François- Henri de Montmorenci, duc de Luxem-
bourg, maréchal de France, dont le fils Charles-Fran-
çois-Frédéric, duc de Luxembourg , gouverneur de Nor-
mandie, comte de Ligny, a vendu ce comté à Léopold I,
duc de Lorraine , après avoir gagné fon procès contre
les marquis de Béon , qui lui en difputoient la propriété,
en qualité de descendans de Louife de Luxembourg ,
foeur de Charles de Luxembourg, comte de Brienne Se
de Ligny, laquelle avoit époufé Bernard de Béon, fei-
gneur de Maffez.
L'églife paroiffiale de cette ville eft dédiée fous l'in-
vocation de la fainte Vierge. Il y a une collégiale, fon-
dée, en 1179, par Agnès , fille de Thibaud , comte de
Champagne, femme de Renaud II, comte de Bar, 6c
dame de Ligny de fon chef ; elle eft fituée dans le châ-
teau de Ligny. L'églife en eft dédiée à la fainte Vierge
6e à S. Evre. Cette érection a été confirmée par Eudes
de Vaudemont, évêque de Toul , Se par Innocent III. Il
y avoit auparavant une chapelle dédiée à S. Evre. Cette
collégiale eft compofée de douze chanoines , 6c de treize
prébendes. Le premier chanoine prend la qualité de
doyen , 5c jouit de deux prébendes. Chaque prébende
eft de 1 ioo livres Barois , année commune. L'on con-
-ferve dans cette églife l'image de Notre- Dame des
Vertus , dont Urbain IV fit préfent à Charles d'Anjou,
roi de Naples , frère de S. Louis. Jeanne I , reine de
Naples, l'avoit donnée aux Chartreux de Crappy, qui,
en 1435, en firent préfent à Antoine des Salles, gentil-
homme Provençal, 6c ambaffadeur de René d'Anjou ,
duc de Lorraine 6c de Bar, au royaume de Naples ; ce
feigneur la donna enfuite à cette collégiale. Il y a trois
chapelles allez bien rentées dans l'églife paroiffiale ; cel-
les de la Vierge , de S. Martin 6c de S. Pierre , 6e fis
fondées dans la collégiale ; celles de S. Jacques, de la
Magdelaine, de S. Michel, de S. Pierre-le- Vieil , de
fainte Catherine 6e de dame Effeline.
Il y a un collège fondé, l'an 1 585, en partie des biens
de l'ancien hôpital , 6e en partie des deniers de Margue-
rite de Savoye , veuve d'Antoine de Luxembourg, comte
de Ligny, qui donna la rente du principal de 14400 francs
Barois, à prendre fur la terre de Tréverez. Cette rente
a été fupprimée par une bulle de Clément VIII , de
l'an 1597, Se à la place l'on a uni à ce collège une pré-
bende du chapitre de Ligny, Se les chapelles de S. Jean
de Froide-Entrée 6c de dame Effeline. Le principal du
collège eft chanoine de la collégiale. Cet hôpital , à la
place duquel a été fondé le collège , étoit deffervi par
cinq prêtres , que l'on croit avoir été de l'ordre hospi-
talier du S. Esprit.
Il y a à Ligny deux couvens d'hommes Se trois de fil-
les ; les couvens d'hommes font les Cordeliers établis
par George de la Trimouille , Se enfuite dotés par Louis
de Bourbon, comte de Roucy. Les Capucins ont été
établis, en 1484, par Marguerite de Savoye, comteiîe
de Ligny. C'eft le premier couvent de leur ordre , dans
la province de Lorraine. Les religieufes font les Annon-
ciades, qui ont été établies dans un vallon défert, en-
tre deux montagnes, à un quart de lieue de Ligny ; les
religieufes de la congrégation de Notre-Dame, Se les
Urlulines ; elles ont été fondées dans le dernier fîécle.
L'archidiaconé y a été transféré de Bar ; il comprend
cinq doyennés, qui font ceux de Ligny, Belrain, Gondre-
court, Vaucouleurs 6e Commercy. Le doyenné a cinq lieues
de long, fur quatre de large; & il eft arrofé 6c traverfé, de
l'orient à l'occident , par la rivière d'Orney , depuis la
LIC
LIG
Nenveville , annexe de Treverez, jusqu'à Longueville.'
Il comprend vingt-deux cures , i'ept annexes , un chapi-
tre , deux prieurés , un hôpital , un collège <k quatre
couvens.
2. LIGNY, terre de France, en Champagne, élec-
tion de Tonnerre.
LIGONA. Voyez Ligana.
i. LIGOR, ville d'Afie , autrefois capitale d'un pe-
tit royaume de même nom , à prêtent ville de Siam,
fur la côte orientale de la presqu'ifle de Malaca, où elle
a un port à environ quarante lieues au midi de Piply ;
elle eft fort ancienne , dit l'abbé Gervaife, Hijl. de Siam ,
l.part. c. il, p. 61. Les Hollandois y ont unefafture,
c'eft- à-dire un magafin de leur compagnie : les vais-
feaux qu'ils envoient pour trafiquer à la grande Barre,
ne manquent pas de paffer à Ligor tous les ans ; mais
ils n'oient pas entrer dans le port , parce qu'il eft ex-
trêmement difficile , & qu'ils feroient en danger d'y
échouer.
2. LIGOR, (le royaume de) petit pays , fur la
côte orientale de la presqu'ifle de Malaca , aux environs
de la ville de Ligor. Le roi de Siam en eft fouverain
depuis bien des années. Il y a fur la côte de Ligor, trois
grandes ifles à dix degrés de latitude feptentrionale, la-
voir Puli-Cornam , Puli-Sangori &£. Puli-Bardia. Les
côtes de ce royaume font , au midi , une terre baffe &C
plate : plus loin, vers le nord, elles font fort escarpées
& pleines de rochers , &c , au jugement de Ksmpfer ,
H'ifi. du Japon, t. i, p. il, allez femblables aux cô-
tes de Suéde ; il y a plufieurs bas-fonds & rochers dan-
gereux , & de petites ifles , partie habitées & partie dé-
fertes; ce qui le furprit avec raifon, d'autant plus' qu'on
n'en trouve pas, dit-il, la moindre trace dans nos car-
tes. Il remarque, à cette occafion, que la plupart de nos
cartes marines font fi défeftueufes , qu'il s'étonne qu'il
n'en arrive pas plus d'accidens ; car on n'y fauroit faire
aucun fond. 11 nous apprend que les Siamois nomment
Samajorn le plus grand des rochers &: les ifles dont on
a parlé , & Pran ou Prani les rochers &c les ifles qui
bordent la côte.
LIGOURE, petit pays de France, en haut Limofin,
entre Peyre , Bufliere & Maffiere. Il a environ trois ou
quatre lieues d'étendue. Le lieu le plus remarquable de
cette petite contrée eft S. Jean de Ligoure , avec quel-
ques paroiffes ou hameaux. * Corn. Dift. Davity , Li-
mofin.
LIGOURNE. Voyez Livourne.
LIGRON , bourg de France , dans l'Anjou , élection
'de la Flèche.
LIGUA, montagne de l'Amérique méridionale, au
Chili , entre les Andes , près de S. Juan de la Fron-
ura , vers le couchant. C'eft un volcan qui vomit des
flammes.
LIGUE ; nom commun aux trois parties qui compo-
fent le pays des Grifons. Voyez Grisons.
LIGUE-GRISE, ou Ligue-haute , en allemand
Graw-bundt. C'eft la plus conlidérable des trois Ligues,
qui compofent le pays des Grifons. Elle a communiqué
fon nom à tout le pays. Le nom latin eft Fœdus fuperius
ou Fœdus canum.
Cette ligue occupe à-peu-près toute la longueur du
pays des Grifons , dans la partie occidentale ; ainfi elle
a au nord, à l'occident &. au midi /les mêmes bornes
que le pays entier ; à l'orient, elle eft féparée du comté
de Chiavenne par de hautes montagnes, oc de la Ligue
de Caddée , en bonne partie , par le haut Rhin. C'eft
dans ce pays que le trouvent les trois fources du Rhin.
TElat & Délices de la SuïJJe , t. 4, p. 9.
La ligue Grife eft partagée en huit grandes commu-
nautés , qui contiennent vingt-deux jurisdiftions. Voici
l'ordre qu'elles obfervent pour la féance dans leurs diètes.
(DlSENTIS,
I. Communauté, de) Tavesch ,
Difentis.
)Brigel,
\Tron.
II. Communauté, deŒ™SBOURG '
LLax.
Walunsbourg.
III. Communauté,dejLuGNiTZj
Lugnit^. \Vals.
ÏV. Communauté, de S £ A.N™ » .
/Flims ,
V. Communauté, dej^fï"^'
Fiims. Wrts"
^Damint^.
(Thusis,
VI. Communauté,de) Cepina ,
Thufis. \StuJfau,
\Hinlrenberg.
VIL Communauté , ïSchams ,
de Schams. Ue Rhinwald.
-7
VIII. Communauté
SMasoxer-thal;
de Mafoxer-< ^ . , , ,
,11 \Glankerthal
Les quatre premières communautés font limées au-des-
fus d'une forêt , qui fépare Lax de Flims. On les ap-
pelle Oberwoldner, gens d'au-deffus du bois.
Les habitars de la Ligue Grife ont trois fortes de lan-
gues. Les uns parlent allemand, les autres parlent italien,
Ôc les autres parlent un certain jargon qu'ils appellent
roman. Il eft mêlé d'italien ou de latin , & de la langue
des anciens Lépontiens. Près des fources du haut Rhin,
& dans la vallée de Domlesch , on parle allemand ;
dans la vallée de Schams , qui eft entre deux , on a ce
langage dont il vient d'être parlé ; dans la vallée de Ma-
fox,on parle mauvais italien ; dans le Rhinwald, St dans
les jurisdiftions de Tavetsch , d'Oberfax , de Stuffau, de
Tenna , de Vais & de Cépina , on parle Grifon. *Etat
& Délices de la Suiffe , t. 4 , p. 36.
LIGUE DELA CADDÉE, ouMaison-de-Dieu.
Voyez Caddée.
LIGUE-HAUTE. Voyez Ligue-Grise.
LIGUE DES DIX JURIDICTIONS, on des dix
Droitures. C'eft la troifiéme Ligue des Grifons. Elle
tire fon nom des dix jurisdiftions qui la forment. Sa
fituation eft dans la partie feptentrionale du pays ; ainfi,
elle fait face , du côté de l'orient & du côté du nord ,
au comté de Tyrol ; & à l'occident, en partie, au comté
de Sargans , dont elle eft féparée par le Rhin. De tous
les autres côtés , elle eft environnée de la Ligue de la
Caddée. *Etat & Délices de laSuiJfe, t. 4, p. 71.
Elle a reçu le nom de dix jurisd clions , quoiqu'elle
n'ait que fept communautés générales , parce que les
trois dernières communautés fe fubdivifent chacune en
deux jurisdiftions , ce qui fait le nombre de dix. Ces
communautés font:
I. Communauté de
II. Communauté de
III. Communauté de
Davos.
Zum Klœsterlein.
Castel.
IV. Communauté de Schiers.
V. Communauté de
Meyenfeld.
< Meyenfeld , Mala
VI. Communauté d'Alve- Ç Alvenea ou BelforTj
elfort.
CAL
\Chu
dden.
VIL Communauté de 5 Saint-Pierre, ou
ScHANFICK. }Saint-Puer-Langwiis.
Tous les habitans de la Ligue des dix jurisdiftions par-
lent allemand, à la réferve d'un village ou de deux de
la communauté d'Alveneu, qui parlent Grifon.
LIGUEIL, ville de France, en Touraine, avec ti-
tre de baronnie. On trouve dans une plaine voiline une
Tome III. M m m m m ij
8*3
Lie
LiC
infinité de coquillages qui , lorsqu'ils font réduits en pou-
dre, fervent particulièrement à fumer les terres, Se aies
rendre très-abondantes. Il y a une chapelle du titre de
Notre-Dame, des Anges , laquelle eft fort fréquentée des
gens du pays. ,
LIGUEUX, Ligurium, abbaye de France, enPen-
gord, près de Pérîgueux ; ce font des filles de l'ordre
de s' Benoît. Il paraît qu'elle fut- d'abord fondée pour
l'un & pour l'autre fexe , vers l'an noo; & on rapporte
l'occafion de fon établifTement au folitaire Geraud de
Sala. Comme parmi le grand nombre de perfonnes que
la réputation de fa fainteté attirait dans fa folitude, il fe
trouvoit beaucoup de frères Se de foeurs, parens Sr. pa-
rentes ; fa piété Sf. celle de fes frères , qui étoient des
feigneurs très-puiffans dans le pays , leur fit pourvoir aux
beloins de tous ces fidèles , dont quelques-uns, voulant
fe détacher entièrement du monde , donnèrent auffi tous
leurs biens pour la fondation de cette maifon. La bulle
du pape Clément III , de l'an 1 188 , fait mention des pri-
vilèges de ce monaftere.
LIGUGEY, Locociacum , Locogeïacum, Licudiacum,
puis Ligugiacum, premier monaftere des Gaules^, dont
l'biftoire nous donne la connoiffance. Il fut bâti par
S. Martin , dans le Poitou , à deux ou trois lieues de
Poitiers, fous l'autorité del'évêque S. Hilaire, long-tems
avant fon épiscopat. Mais il fut ruiné avec le tems, Se
réduit enfin en prieuré , qui appartenoit autrefois aux
Jéfuites. *Baillet, Topogr. desSaints, p. 617.
LIGUIDONISPORTUS, portdel'illedeSardaigne.
Antonin , Itiner. le met fur la route de Tibules à Ca-
gliari, en parlant par Olbia, & les diftances, qu'il cal-
cule, font voir que ce port doit être vers le milieu de la
côte orientale de Me. Le P. Briet, Pa.raLl.pan. 2. /. 5,
c. 12, donne pour nom moderne Lagoliajlo, autrement
Lago d'OgliaJiro. Au couchant de ce golte font des mon-
tagnes au milieu de l'ifle , entre lesquelles fe trouvoit la
ville ou le bourg de Luguldo , ou Luquido , dont les
habitans font nommés par Ptolomée, A3, c. 3. Lucui
Donefii ahkV'ji tattislmi . Mais il ne met point leur ville,
& n'en fait aucune mention , pas même du port.^ Le
P. Briet met l'un & l'autre , favoir le port fur la côte ,
& la ville entre les villes Méditerranées. De l'Ifle mar-
que auffi l'un &c l'autre dans la Carte d'Italie.
LIGULA , nom que donnent les auteurs Latins à Evo-
la, rivière d'Italie, qui coule dans la Campagne de Reine.
*Corn. Diâionnaire.
1. LIGURES, anciens peuples d'Italie, & même des
Gaules, de l'Espagne, & de la Colchide. Mais les plus
confidérables de tous , & les mieux connus , ce font les
Liguriens propres qui habitoient le pays qu'occupe pré-
fentement la république de Gènes ; la principauté de
Monaco , la partie du Piémont qui s'étend le long de
la côte jusqu'au Var ; en un mot, le pays qui s'appelloit
proprement la Ligurie , dont nous parlons dans l'article
qui fuit. Outre cela , il y avoit des Liguriens dans la
Pouille. Pline, /. 3, c. 11, met, entre les peuples de la
Pouille , des Liguriens qui faifoient deux corps diftin-
gués, dont l'un s'appelloit Ligures Corneliani ; & l'au-
tre Ligures Behiani. Ligures qui cognominantur Corne-
liani & qui Bebiani. Ces Liguriens étoient deux colo-
nies qui étoient diftinguées par les noms des magistrats,
fous l'autorité desquels elles avoient été conduites. Fron-
tin, dans fon Livre des Colonies, dit : AgerLiguris Ve-
vianus & Cornelianus Muro duclus , &c.
2. LIGURES, ancien peuple de la Gaule, dont ils
occupoient toute la côte, jusqu'à l'Espagne , où même
ils avoient étendu leurs progrès. Les Grecs les nom-
moient Ligues h'tyva , que quelques interprètes Latins
rendent par Ligyes. Strabon , A 4 , dit : les Salyens ha-
bitent les Alpes le long de la côte , & une partie du ri-
vage jusqu'à Marfeille, & un peu au-delà , & font mê-
lés avec les Grecs. Les anciens Grecs les ont nommés
Ligyes, St ils ont donné le nom de Ligujlique au pays
qu'occupent les Marfeillois. Pline , /. 3 , c. 5 , dit de
même : les Sailuviens , les Déciates & les Oxibiens
font les plus fameux des Liguriens, au-delà des Alpes.
Denis d'Halycarnafle &c Thucydide nous apprennent
qu'ils pénétrèrent en Espagne , Se chafTerent les Sica-
niens qui habitoient alors au bord de la Ségre , rivière
nommée, en ce tems-là, Sicanus. Le premier dit , l. 1 ,
en parlant de la Sicile : elle étoit alors habitée par les
Sicaniens, nation d'Ibérie , qui, étant chaffée parles
Liguriens, étoit venue s'y établir, Se avoit appelle de
fon nom Sicanie , l'ifle que l'on appelloit auparavant
Trinacrie , à caufe de fa figure triangulaire. Le fécond,
A 6 , dit : la vérité découvre que ce font des Ibériens
que les Liguriens avoient chaflés d'auprès le fleuve Si-
canus, qui eft en Ibérie, & qu'ils ont donné le nom de
Sicanie, à l'ifle que l'on appelloit auparavant Trinacrie.
Silius Italicus confirme en trois vers cette migration. On
voit bien que ces Liguriens s'étoient rendus là par mer;
il n'y a pas d'apparence qu'ils euiient voulu quitter les
Alpes pour les Pyrénées , comme le remarque le doâe
Marca , Hispan. 1. 2 , c. 26. Ils perdirent ces conquêtes
avec le tems ; St Feftus Avienus , dans fa Description
des côtes de la Méditerranée , fait entendre que les Li-
guriens chafles par les Celtes , Sr. découragés depuis
long-tems par la perte des batailles qu'ils avoient li-
vrées, fe réfugièrent dans les montagnes, laiflant la cam-
pagne dépeuplée , Sr. vécurent cachés entre les rochers
& les huilions , n'olant fe montrer ni approcher du ri-
vage ; qu'enfuite ils reprirent courage peu-à-peu , &Ê
revinrent au bord de la mer.
Cespitem Ligurum fubit
Cajfum incolarum. Namque Celtarum manu ,
Crebrisque dudàm praiin vacuata funt.
Liguresque puljî , ut jkpi fors aliquos agit ,
Venere in ijta quee. pa lion entes tenent
Plerumque domos : crtber /lis Jcrupus locis ,
Rigidaque rupes , atque montium mina
Cœto inferuntur. Et fiigax & hœc quidem ,
Diu inter arcia cautium duxit diem ,
Sécréta ab undis ; nam fali metuens erat ,
Priscum ob periclum : pofl quies & otium y
Securitate roborante audaciam ,
• Perfuajit altis devehi cubilibus ,
Atque in marinos jam locos descendere.
Voyez Ligurie , Ligustica , Ligusticum &
Ligyes.
LIGURIE, (la) ancienne province de la Gaule Cis-
padane , fur la mer de Ligurie. On a compris quelque-
fois dans cette province divers peuples des Alpes , qui
tiraient, pour la plupart, leur origine des Liguriens. Il y
en a qui ont étendu fes bornes jusqu'au Rhône, & même
jusqu'aux Pyrénées. Mais pour ce qui eft de la Ligurie»
prife dans un fens propre, elle doit être bornée par les.
rivières Varus &t Macra. Elle s'étendoit allez le long de
la côte ; mais elle avançait peu dans les terres , ne s'é-
tendant point fur les Alpes. Ce font les bornes que lui
donne Pline ,• qui a décrit cette côte avec exactitude.
*Cellarius, Geogr. ant. /. 1, c. 9. B riet. ItA. ant. part, i,
lié. 5.
Cependant il eft certain que Lucques Sr. Pife font pla-
cées dans la Ligurie , par la plupart des anciens géogra-
phes , &i que les Ligures- Apuani s'étendoient jusqu'à
l'Arnus , qui féparoit la Ligurie de la Toscane. Ce futÀu-
gufte qui refferra ces bornes. Il voulut que la rivière
Macra , aujourd'hui Magra , bornât la Ligurie; ce qui
fixa les géographes. Silius Italicus, dans fes vers, étend
ce pays jusqu'au laç de Péroufe ; Se d'autres l'avancent
quelquefois jusques fur l'Appennin, comme on le voit
par la Notice de l'Empire.
Les habitans de la Ligurie tiroient leur origine des
Celtes, comme l'a prouvé Cluvier , Ltalite- ant. 1. 1,
p. 51. Les Grecs les appelloient hlyv; Se aijuk , Se
quelquefois Ligufiini. Les Romains les ont appellées Li-
gures. Euftathe & Etienne ont avancé qu'ils tiroient leur
nom du fleuve Ligur. C'eft une pure imagination ; la,
rivière de Loire, qu'ils entendent par Ligur, n'a rien
de commun avec la Ligurie. Le même Euftathe vou-
drait encore faire dériver Ligures d'un certain Ligure,
que Tzetzès dit frère d'Albion , qui s'oppofa à Her-
cule, lorsque ce héros alla chercher les bœufs de Ge-
ryon : autre imagination , qui n'a pas plus de fonde-
ment que la première. Paul Diacre. Longoé. 1. 2, c. 16,
croit que le mot Ligures a été formé de légère legumina ;
il fe fonde fur ce que cette province eft fertile en légumes.
Voici les villes que Ptolomée place dans la Ligurie.
LI(
ci
LIG
'Albiniminium ,
Albigannum ,
Genua,
EntMa fiuvii ojlia,
Tigullia ,
Villes maritimes.^ Veneris portus ,
i Ericis portus ,
Ericis finus intima ,
\Macrallce fluvi ojiia,
\Divertigium Boacli Jluvii.
rSabata ,
l Polentia ,
Villes dans les tenes.lAJla-Colo ,
lAlba-Pompeïa,
^Libarnum.
' Selon le P. Briet, Antiq. Ital.part. 2 , /. 5, la Ligurie
comprenoit le marquifat de Saluées , partie du Piémont,
la plus grande partie du Montferrat , toute la côte de
Gènes, la feigneurie de Mourgues, partie du comté de
Nice , & la partie du duché de Milan , qui eft au-deçà
du Pô. Le même géographe dit que les Liguriens étoient
divifés en Liguriens chevelus, {Ligurii capillati,') & en
Liguriens montagnards, (Ligurii montant.) Il ajoute que
les Liguriens chevelus habitoient les côtes de la mer ,
& que les Liguriens montagnards habitoient l'Apennin
& les Alpes. Voici de quelle manière il divife leur pays.
Liguriens chevelus.
{Nicœa MaJJîlienJtum , aujourd'hui Nice
Ien Provence.
Herculis Moo'ènci Por- Monaco , autre-
tus, ment Mourgues.
VeDI AflTnATropœa Augujli, Torbia.
Cemenelio ou Cime- On n'en voit plus
nceum, que les ruines.
I Varus Fluv. IlVaro, en fran-
^ çois le Var.
t Albium Intemelium, Vintemillej
ÏNTEMELII. < ou Albintemelium.
{.Rutuba Fluv. la Rotta.
T C Albium Ingaunum, Albenga,
INGAUNI. \Galmariainfula. Ifola d' Albenga.
ffada Sabbi
Veri LlGU-jJ"™*'
MI.
Vagianni.
Vadi.VaïouVé,
Savone ,
enua, Gènes,
| Portus Delphini, Porto-Fino,
*BoacIes Fluv. Brignolo, rivière.
Liguriens montagnards.
fAugufla Vagienno- Aujourd'hui Car-
1 rum , magnole ,
rum ,
)Pollentia,
\Padifontes
Polenzzo ,
LesfourcesduPô.
[Aqua Statiela ou Acqui,
IAqua Statielorum,
Alba-Pompeïa , Alba,
uïAiiïLi uu, AJla adTanari urbis- Afti.
StATELATES.i quefiuminum con-
sentes.
I Tamàrus Fluv.
\Urbs Flavius. Orba, rivière.
(Felia , Ville fituée ou fur
le Verfa, ou fur
le Tidone,
DertonaouDarthona, Tortona,
Claflidium , Chiafteggio ,
Bondincomagus , Cafal.S.Vas:
Libarnum , On voit fes ruines
auprès d' Arqua,
Ma, Voghiera,
Comiliomagus ou Co- Brone à ce qu'on
meliomagus , peut- croit.
• être Camillomagus.
Veliates
furnommésVz-{ "ubZ'num
CHELII
029
. De tout terris, les Liguriens parlèrent pour d^s hom-
mes vigoureux ot ^donnés au travail ; ce qui venoit de
ce qu'ils habitoient un pays , dont la terre eft maigre
&c ftérile. Les femmes fur-tout étoient laborieufes. Stra-
bon fait entendre qu'ils vivoient de lait & de fromage ;
& qu'ils ufoient d'une boilfon faite avec de l'orge. Titê-
Live & Virgile difent que les Liguriens fupportoient coas-
tamment la fatigue &C le travail : Durum in armis gé-
mis, dit le premier: AJjuetumque .malo Ligurem, dit le
fécond. Virgile les dépeint aufli comme des gens faux,
& qui cherchent à tromper. Claudien infirme la même
choie ; & Servius , 2. Originum , les traite de menteurs,
& de gens fans étude ni lettres ; tant il eft vrai , que la
mauvahe réputation , qu'ont les Génois, eft presqu'auffi
ancienne que la nation même.
LIGURNUS-PORTUS , ou finalement Ligur-
NUM , heu fur la côte d'Italie ; il en eft fait mention
dans l'Itinéraire maritime d'Antonin , ck dans le Livre
de Caton, fi tant eft, dit Ortélius , qui le cite , que cet
ouvrage foit vraiment de lui. On croit que c'eft Li-
vourne, & ce nom favorife ceux qui nomment cette ville
Ligourne. On trouve dans l'exemplaire de Ptolomée,
fur-tout dans celui que l'interprète Latin a fà\v\,Liburnus
portus, d'où le mot de Livourne eft formé ; mais ce port
eft déplacé dans ces exemplaires , & on le met entre
l'Ame & Luna.
LIGURON. Voyez Ligus.
LIGURUM MONTES, les montagnes des Liguriens.
Léandre les décrit dans la Toscane, & dit quece font
aujourd'hui les montagnes de Carrara , & de la Luné-
giane.
LIGUS. Euftathe , in Dionyf. Pericg. nomme ainfi un
fleuve, dont il prétend que les Ligurniens prenoient leur
nom. Etienne le Géographe l'appelle Ligurum ou Ligu-
ron Aiyi,pov
LIGUSTICA-SAXA, roche dont parle Juvenal, Sa-
tyr- 3> v- M4- S°n vieux commentateur n'y penfoit pas
quand il a pris ces roches pour une ifte ; & je m'étonne
qu'Ortélius ait laiffé paffer cette bévue fans la relever;
car c'eft lui qui la rapporte. Il y a dans ce poète :
Modo longa coruscat
Sarraco veniente abies , atque altéra Pinum ,
Plaujlra vekunt , nutant alù populoque minanlur.
Namjî procubuit , qui fax a Ligujlica portât
Axis , & everfum JuJit fuper agmina montem ,
Quidfuperejl de corponbus ? Quis membra, quis offa7
Invenu > &cc.
II parle des embarras & des dangers des rues de Rome.
A cette occafion il fait un détail de ces poutres , de ces
fapins traînés fur des machines, ck qui menacent d'eftro-
pier tous ceux qui parlent. Si, dit-il, un aiffieu venoit
à manquer, fi une de ces charrettes, qui font chargées de
pierres de taille, coupées dans les montagnes de la Ligu-
rie, venoit à verfer, & qu'elle fît tomber une fi terrible
maffe fur la foule , que de gens feraient écrafés de ma-
nière que l'on retrouveroit à peine quelque partie de
leurs corps ! Des ifles portées fur des charrettes, cela eft
nouveau.
LIGUSTICA-ORA ; dans là langue latine , ce mot
lignifie proprement la côte de Gènes, quand il eft que -
tion du moderne ; mais dans l'antiquité elle eft beaucoup
plus étendue , & s'étend quelquefois depuis l'Ame en
Toscane, jusqu'aux Pyrénées , comme nous l'avons re-
marqué dans les articles précédens.
L1GUSTICA-URBS , ou REGIO, ville ou pays ap-
partenant aux Liguriens. Euftathe dans fa paraphrafe fur
Denys le Périégete, p. 16, edit. Oxonienjis, dit : il faut
favoir qu'il y avoit dans la Colchide quelques Liguriens,
Aiyua; , qui étoit une colonie de ceux d'Europe. Lico-
phron le déclare lorsqu'il dit qu'entre les Colches étoit
Kutïa, ville des Liguriens, Kvmiuv Aijvcîy.nr mV.u.
LIGUSTICUM-MARE ; on appelloit afalr'lé gblfi
de Lyon, dans fa partie orientale depuis l'Ame, rivière
de Toscane, jusqu'à Marfeille. Niger lui donne beaucoup
plus d'étendue , & appelle mer Ligujlique depuis le dé-
troit de Gibraltar, jusqu'à la Sicile. Luitprand de Pavie
tombe dans un excès oppofé ; il dit que Gènes , (urbem
Januenfem,) eft fur la mer d'Afrique, (ad Africanz 71
mare.) On pouf roit l'excufer fur l'autorité d'Iface , qji
30
LIL
LÏL
Dordogne , entre Libourne au levant , &c Fronfac aii
couchant.
2. LILLE,, ville de France, capitale de la Flandre
Gallicane &C de toutes les conquêtes de Louis XIV ,
dans les Pyas-bas. Cette ville a commencé par un châ-
teau qu'un des comtes de Flandre fit bâtir avant l'an-
née 1054. Baudouin, comte de Flandres, fut furnommé
Baudouin de Lille , parce qu'il y demeurait ordinaire-
ment : il l'environna de foflës , & la fortifia d'une mu-
raille; Rigord, ad an. m;, dans les Geftes du roi Phi-
lippe Augufté, fait mention de cette ville: movitrext
dit-il, de Tornaco ut ïret ad caftru/n, quod InsULA
mincupatur. Guillaume le Breton l'appelle auffi Infula
dans les vers fuivans :
Infula villa placens ; gens callida lucrafequendo:
Infula quce nilidis je mercatoribus ornât ,
Régna coloratis illuminât extera pannis:
Inslua eft le nom latin qu'on lui donne le plus com-
munément. Quelques-uns difent Infulœ au pluriel. Les
François difent Yljle ou Lille , & les Allemands difent
Ryjjel. Elle a été appellée Infula,?. caufe de fa fituation;
car elle eft bàue entre deux rivières qui l'environnent
presqu'entiéi ement. Ges rivières font la Lys & la Deule.
Des lettres de Baudouin, conmte de Flandres, données à
Lille , en 1066, appellent cette ville IJla, & fon territoire
dit que la mer de Libye & la mer de Ligune ne font
qu'une même chofe ; cela eft vrai dans le fond , mais
quant aux noms cela eft faux. C'eft comme qui dirait
que la mer de France & la mer du Sud font la même
chofe ; c'eft bien la même mer qui s'étend par-tout la ;
mais qui transporteroit un événement comme un com-
bat, un naufrage, &c. d'une mer à l'autre, dirait une
impertinence très-grofle.
LIGUSTICUS-LACUS. Avienus, dans fa descrip-
tion des côtes de la Méditerranée , parlant de la rivière
Tarteflus , dit qu'elle fort ex Liguftico Lacu ; d'autres
lifent Ligufiino , d'autres Libupco. Saumaile à qui ces
noms déplaifoient , vouloit y trouver , qui exila vajlo
lacu.
LIGYES, ou Ligues , Kyvtç, nom grec des Li-
guriens ; de-là vient qu'on trouve des Ligyes , par-tout
où les anciens avoient mis des Liguriens en Espagne ,
comme on l'a vu dans un paffage de Thucydide , en
Colchide , félon Euftathe ; & dans les côtes de France
& d'Italie , & même en Afrique ; Hérodote, /. 7, en
met auffi dans l'Aile : Zonare en place auprès, du Cau-
cafe. Il paraît par les anciennes hiltoires, que c'étoit un
peuple fort répandu.
LIGYRGUM, montagne du Péloponnèfe, dansl'Ar-
cadie , félon Polybe , /. 4. Strabon , /. 8 , la nomme
Lygurgius mons.
LIGYRII , peuple ancien dans la Thrace. Il y avoit
chez eux un lieu tenu pour faint , & confacré à Ba- IJlenfe temtorium. Aujourd'hui les habitansfont appelles
chus , qui y rendoit des oracles, félon Macrobe , Sa^ Infulenfes en latin, fx Lillois en françois. On nomme
turnal,
LIGYSTICA ,
LIGYSTICUM,
LIGYSTICUS.
(LlGUSTICA.
Voyez <Ligusticum.
(Ligusticus.
LIKIANG , ville militaire de la Chine , dans la pro-
vince d'Iunnan , & la fixiéme en rang. Elle eft plus oc-
cidentale que Pékin , de 16 d. 58', par les 16 d. 54' de
latitude. * Atlas Sinenfis.
1. LILiEA, Mxoua. , ville de Grèce , dans la Pho-
les terres de fa dépendance Cajlellania Infulenjis , la
CHATF.LLENIE DE LlLLE. Il y en a pourtant qui, au
lieu de dire Infula, difent Lila &C. Lilenfes pour Infulenfes.
Ces mots fe l'ont formés par corruption. Cependant la
Chronique de l'abbaye d'Anchin fe fert du mot Lilenfis.
La ville de Lille & fa châtellenie ont fait partie dut
comté de Flandres, depuis Finftitution de ce comté, jus-
qu'au commencement du quatorzième fiécle, & jusqu'au
régne de Philippe le Bel , qui, ayant fait prifonnier Guy
de Dampierre, comte de Flandres , & Robert de Béthune^
fon fils, les contraignit à lui engager les villes de Lille Sa.
cide, félon Etienne le Géographe. Strabon , /. 1 6-9, de Do'uay , l'an 1305. Depuis", ïe même comte Robei
la met plus particulièrement auprès des fources du Ce- céda au rol phllippe [a propriété de ces villes, l'an 1 3 1 1 ;
P if'LILiEA, ville d'Afie , dans la Doride , félon Pto-
lomée.
3. LILiEA , ville du Péloponnèfe , dans 1 Arcadie.
Mais il écrit le nom de cette dernière par la diphtongue
« , dans la première fyllabe \il\aja.
LILjEUS MONS , montagne des Indes , contiguë au
fleuve Indus , félon Plutarque , de Flumin.
LILANTUM. jElien nomme ainfi un canton des
Chalcidiens, dans l'Eubée , WvV. Strabon écrit ce
nom par un « , dans la première fyllabe xnhànoi ; Calli-
maque de même, & fon fcholiafte remarque que c'eft une
campagne de l'Eubée. Pline nomme Lelantus une
rivière qui arrofoit, fans doute, cette campagne. Voyez
Lelanta. * Hift. var. /. 6. Orttl. Thef.
LILERS , petite ville de France , en Artois. Voyez
Lillers.
LILIENFELD , campus liliorum, abbaye d hommes,
ordre de Cîteaux , dans la baffe Autriche.
LILING , ville de la Chine , dans la province de Hu-
quang , au département de Changxa , huitième métro-
pole de la province. Elle eft de 4 d. 40' plus occiden-
tale que Pékin, fous les 2.8 d. 35' de latitude. * Atlas
L1LINTGOW, ville de l'Ecoffe méridionale , dans
la province de Lothiane , & dans fa partie occidentale.
Il y a un château royal , & donne le titre de comte à
la maifon de Levington.
1. LILIUM , nom latin de l'abbaye du Lys , en
France , dans le Hurepoix , à une petite demi- lieue
de Mélun.
a. LILIUM, place marchande de l'Ane mineure, dans
la Bithynie, félon Arrien dans fon Périple du Pont-
Euxin.
1. LILLE, Illa ou Ella, félon Baudrand , rivière de
France, en Guienne. Elle a fource dans le Limofin, d'où,
pafîant par le Périgord , elle y arrofe les villes de Pé-
rigueux & de Muffidan , puis reçoit la Dronne , au-
deflbus de Coutras , &c vont fe rendre enlëmble dans la
& ce comte les céda de nouveau à Louis Hutin, l'an 13 1 5.
*Longuerue, Descr. de la France, part. 2, p. 80.
Les chofes demeurèrent en cet état, jusqu'à l'an 1369,
que Charles V, faifant le mariage de fon frère Philippe»
duc de Bourgogne , avec Marguerite, héritière de Flan-
dre , lui transporta la ville de Lille &c quelques autres
places , à la charge de la réverfion à la couronne , en
cas de défaut d'héritiers mâles , fortis de fa femme Mar-
guerite. C'eft cette réferve qui fut caufe que ces villes
ne furent point réunies au comté de Flandre, Si qu'elles
firent toujours une province féparéè.
Charles, due de Bourgogne, étant mort , & n'ayant
laifîé qu'une fille, Louis XI, roi de France, foutintque
ces villes lui appartenoient en vertu du traité de Gand,
de l'an 1369; mais Marie de Bourgogne demeura tou-
jours en pofleffion de ces villes, de même que fon fils
Philippe, auffi-bien que Charles-Quint, fon petit-fils.
Les rois de France, Louis XI, Charles VIII, &
Louis XII, fe réferverent toujours leurs droits fur ces
villes ; mais François I fut contraint , au traité de Ma-
drid, de renoncer aies droits &prétentions fur Lille, &c;
ce qui fut confirmé par des traités faits entre les mêmes
princes, & enfuite entre Henri II, roi de France, &C
Philippe II , roi d'Espagne. Ainfi les fucceffeurs de
Philippe II ont joui de ces villes jusqu'à l'an 1667,
qu'elles furent prifes par Louis XIV. Elles lui furent cé-
dées, l'année fui vante, par le traité d'Aixrla-Chapelle; &c
elles lui ont été confirmées parla paix d'Utrecht,en 1713,
les états généraux des Provinces-Unies lui ayant remis la
ville St la citadelle de Lille , qu'ils avoient prifes en
1708 , avec l'affiftance de leurs aHiés.
La grande place eft remarquable par la beauté des bâti-
mens , dont elle eft environnée. Celui où eft le corps de
garde paroît ancien : le bâtiment de l'hôtel de ville eft
partagé en quatre petits pavillons qui s'élèvent , en ma-
nière de clochers , au-defïus de trois corps de logis qui
les accompagnent. La petite horloge de ville , faite en
façon de beffroi, eft à la principale face de cet édi-
fice. Ceux qui veulent aller voir de-là la grande maifon
LÎL
& le collège , paffent par-deffous. Ce collège eft dans
la rue Notre - Dams , proche une des portes de la
ville. La rue des malades eft une des plus belles de Lille.
Elle commence à la porte de la maladerie par où l'on va
à Tournai , & finit à la grande place divifée en deux
parties par la bourfe. L'une conierve Ton nom de grande
place; & l'autre a celui de petit marché. La bourfe eft
un bâtiment carré & environné de galeries , où s'affem-
blent les marchands pour parler de leur négoce. * Corn.
Dift.
La rue de S. Pierre eft aufli fort belle. Elle commence
à la porte de la ville, & on y trouve une églife de même
nom. Cette églife a un chapitre très-illuftre , fondé, en
1055, Par Baudouin V, furnommé Baudouin de Lille,
comte de Flandres , ck par Adèle de France, fille du roi
Robert. Il y établit un prévôt & quatre chanoines, dix prê-
tres, dix diacres, dix fous-diacres & dix acolytes. Les évo-
ques de Tournai font du nombre des chanoines-prêtres,
auflî-bien que ceux de Bruges , à caufe de la prévôté de
S.Donat, incorporée en partie pour leur rétribution. Les
évêques de Térouane avoient aufli une de ces chanoi-
nies ; mais après la ruine de leur ville, en 1555, cette
chanoinie fut partagée avec fes autres revenus, entre l'é-
vêque de Boulogne" ck celui d'Ypres, qui ont chacun une
demi-prébende de Lille. Le chœur de cette églife eft fort
beau. On voit au milieu le tombeau de fon fondateur
qui y eft repréfenté. Le tombeau de Louis , comte de
Flandre , duc de Brabant, ck comte d'Artois, eft dans la
chapelle de Notre-Dame-la-Treille. Il eft remarquable
par plufieurs petites figures d'airain, qui repréfentent tou-
tes les perfonnes de cette famille , avec des colomnes qui
foutiennent le deffus de ce tombeau, où paroît ce prince
comme dans un lit de parade , entre fes deux femmes.
Alix de France , comtefte de Flandres , fit préfent à l'é-
glife de S. Pierre d'une couronne d'argent de vermeil,
d'une grandeur extraordinaire. Elle eft fuspendue à l'en-
trée du chœur ; ck tout-à-1'entour, il y a des fleurs-de-
lys-
Ce que l'on remarque de particulier dans l'églife de
Sainte-Catherine , c'eft un tabernacle où font plufieurs
petite figures de faints , diftinguées par des pyramides
de bas-reliefs , ck autres mignatures de menuiferie, fort
délicatement travaillées. Il eft du côté de l'évangile du
maître-autel. Le baptiftere , qui eft tout d'airain , mérite
aufli l'attention des curieux , pour la quantité de figures ,
entre lesquelles eft celle de S. Jean baptifant Notre Sei-
gneur.
Il y a de très-belles peintures dans le couvent des Mi-
nimes. Elles repréfentent admirablement l'hermitage de
S. François de Paule , qui eft en Calabre.
On fort par l'ancienne porte de la Barre , fi on veut
aller à la citadelle ; ck l'on peut fe rendre aufli à la belle
rueEsquermoife, qui, un peu avant que définira la grande
place , paffe devant l'églife de S. Etienne. Le clocher
de cette églife fert de tour d'horloge à la ville. Les cha-
pelles font environnées de baluftrades d'airain. Il n'y
en a point dé plus fréquentée que celle de l'Ange Gar-
dien , dont les peintures font fort eftimées.
L'églife de S. Maurice, près du marché au poiflbn, eft
fort confïdérable , pour la grandeur de fon bâtiment, ck
la magnificence de fon maître-autel foutenu de plufieurs
colomnes diftinguées de quelques figures. La chaire du
prédicateur eft de marbre de différentes couleurs. Elle
eft ornée des figures des quatre évangeliftes , avec de pe-
tites colomnes ck d'autres miniatures. On voit dans la
grande chapelle de S. Druon les plus belles peintures de
toute la ville. Cette collégiale eft la plus riche églife après
celle de S. Pierre.
L'églife de S. Sauveur fe trouve à côté de la grande
rue, qui commence au marché aux herbes dans une lar-
geur admirable , ck va finir à la porte de S. Maurice.
Cette églife eft une très-grande paroiffe,où il y a un beau
baptiftere.
'• On compte dans Lille environ cinquante églifes, dont
il y en a dix paroiffiales. Il y a aufli plufieurs beaux cou-
vens. L'Hôpital-Comteffe eft magnifique, &c les malades
y font fervis en vaiffelle d'argent. L'on entre dans Lille
par fept portes , fans compter une porte d'eau : elles font
magnifiques , ornées de fculptures. L'enceinte eft fott ir-
rcguliere , ck a été réparée par le maréchal de Vauban,
qui y a ajouté plufieurs baftions ck autres ouvrages.
LIL 831
L'augmentation de la ville eft couverte d'une nouvelle
enceinte ajoutée à la vieille. Elie eft compofée de qua-
tre grands baftions. Sur le premier front, du côté de la
citadelle , lequel contient la porte S. André qui eft cou-
verte d'une demie-lune avec fon réduit, eft un grand bas-
tion avec fa courtine. Le baftion fuivant a deux cavaliers
revêtus, l'un fur l'autre. Le baftion eft couvert d'un grand
ouvrage à corne , dont le front eft couvert d'une demi-
lune. La courtine fuivante a un tenaillon de terre , ck eft
couverte d'une demi-lune. Le baftion qui fuit, a dans fon
centre un grand corps de cazernes. La courtine comprend
la porte d'eau , & eft coupée par deux grands batar-
deaux pour foutenir le paffage de fortie de la Deule.
Cette porte eft couverte d'un grand ouvrage appelle lu-
nette , compofé d'une demi-lune à flancs , & de deux
demi-contre-gardes, qui couvrent chacune de Ces faces,
le tout féparé en particulier par un petit foffé , ck en- '
fermé d'un autre. On trouve enfuite encore un baftion
qui enferme un magafin à munition , fck un moulin. La
courtine eft couverte d'un tenaillon à flanc irrégulier.
Dans fon fofle eft une demi-lune, ck voilà en quoi con-
fifte la nouvelle enceinte. Quant à la vieille, on trouve
d'abord un baftion irrégulier, n'étant compofé que de
deux flancs ck d'une face. Dans la courtine eft la porte
de la Madelaine , qui eft couverte d'un ouvrage à corne,
retranché par une demi-lune double , ck par deux demi-
lunes. Le front de cet ouvrage eft couvert par une pe-
tite demi-lune revêtue. On trouve enfuite un petit bas-
tion ancien où il y a un moulin à vent. Le front eft
couvert par une double demi-lune. La porte S. Maurice
eft dans la courtine fuivante, qui eft couverte par une
petite demi-lune ancienne. Le baftion d'après eft petit, ck
contient deux corps de cazernes. La courtine eft couverte
d'un petit ouvrage de terre , dans lequel eft le jardin ap-
pelle de la contrescarpe. Après cette courtine eft une
plate-forme à la manière du chevalier de Ville. De cette
plate-forme à l'angle flanqué régne une grande muraille,
le long de laquelle font trois grands corps de cazernes
nouvellement bâtis. Enfuite eft une espèce de petit bas-
tion. Sur la courtine eft la porte de Fives, couverte d'une
petite demi-lune ; ck au devant eft une faufie-braie de
la manière du chevalier de Ville. Le baftion d'après a
une ancienne porte bouchée , & un moulin à vent. Ce
baftion a été bien réparé par le maréchal de Vauban.
La courtine eft couverte d'une demi-lune avec un réduit.
Le baftion, qui fuit, eft petit ; ck au-deffus s'élève un ca-
valier de terre. Il eft couvert d'un ouvrage à corne, à la
Vauban, dont le front eft couvert d'une petite demi- lune".
Après le baftion dont le grand front eft le réduit de S. Sau-
veur.eft un grand baftion retranché parla gorge. Son front,
du côté de la ville, eft couvert d'une petite demi-lune qui
défend la porte. Au dedans eft une chapelle, ck des corps
de cazernes. Ce baftion eft couvert d'une contre-garde,
ck entre deux eft une demi-lune. La porte des malades
eft dans la courtine qui fuit ; elle eft couverte par une
demi-lune, & fon réduit. Le baftion qu'on trouve après,
eft grand , ck réparé par le maréchal de Vauban. Il eft
chargé d'un cavalier revêtu ck couvert d'un ouvrage à
corne, dont le front eft défendu par une petite demi-
lune. De-là à la porte Notre-Dame, l'enceinte eft fort
irréguliere, ck compofée de plufieurs redans. Cette porte
eft fur une courtine, dont les deux extrémités font occu-
pées par deux petits baftions irréguliers, & eft cou-
verte d'une demi-lune avec fon réduit. La courtine fui-
vante eft couverte d'une petite demi-lune ; ck dans le
baftion qui fuit , eft une petite hauteur appellée le Cal-
vaire. De ce baftion à la citadelle, l'enceinte eft irrégu-
liere, ck compofée de plufieurs lignes droites qui for-
ment des angles rentrans ck faillans. Sur la plus longue
de ces lignes, eft la porte de la Barre, qui eft couverte
par une petite demi-lune. Enfin cette enceinte, qui eft
fermée par la citadelle , eft entourée d'un large foffé
plein d'eau , accompagné d'un chemin couvert revêtu ,
& d'un petit glacis, au-delà duquel eft, en plufieurs en-
droits, un petit avant-foflè. * Piganiol , Descr. de la
France, t. 7, /'. 137.
La citadelle eft la plus belle qu'il y ait en Europe, &
la première que le maréchal de Vauban ait fait conftruire.
Sa figure eft pentagonale , compofée de cinq baftions
réguliers ; ck au-devant de chaque courtine, eft un tenail-
lon de terre. Chaque front eft défendu d'un triple rang
3*
LIL
LIL
d'arbres ; on y trouve une églife , la maifon du gouver^
neur, & plufieurs corps de cazernes. Elle eft entourée
d'un bon fofTé qui communique par un feul endroit à
telui de la place , & qui eft entouré d'un chemin cou-
vert avec fon glacis. On entre dans cette citadelle par
deux portes ; celle du côté de la ville, s'appelle la Porte
Royale, & celle qui eft du côté de la campagne, la Porte
dufecours. Au-delà du glacis eft un avant-foiTé qui corn,
rnumque à celui de la place : il a auffi fon chemin cou-
vert & fon glacis. Dans cet avant-foiTé, du côté de la
campagne, font fept demi-lunes de terre, placées dans les
angles rentrans. Cette citadelle eft couverte, d'un côté,
par un grand retranchement en forme de digue , & par
un foffé plein d'eau. A la tête , du côté de la Deule, eft
une grande redoute carrée, appellée deCamellet. Elle eft
couverte de deux demi-lunes , & défend le retranche-
ment & l'entrée de la Deule dans la place. Cette rivière
fert d'avant-fofle à la dernière enceinte de la citadelle.
Elle entre dans la ville , proche la porte Notre-Dame ,
& eft enfuite coupée, à la porte de la Barre, par une
grande éclufe. Depuis là jusqu'à la porte Notre-Dame,
le retranchement eft accompagné de plufieurs redoutes
de terre.
V esplanade, qui eft entre la citadelle & la ville, eft
plantée de quatre rangs d'arbres qui font une très-agréa-
ble promenade.
Il y a plufieurs jurisdiftions à Lille. Les unes font pour
la juftice, les autres pour le public ou pour les finances.
La gouvernance du fouverain bailliage de Lille
eft un tribunal que l'on croit avoir été établi par Phi-
lippe le Bel, en 13 14. On lui donne le nom àt gou-
vernance , parce que le gouverneur de la ville en eft le
chef: on lui donne auffi le furnom de fouverain bail-
liage, parce quTl eft le bailliage royal, c'eft- à-dire du
fouverain. Ce tribunal connoît des cas royaux ; & fa ju-
risdiftion s'étend fur la ville de Lille , & fur tous les vil-
lages de la châtellenie. Il eft compofé d'un lieutenant-
général civil &C criminel , d'un lieutenant particulier , de
jix confeillers , d'un avocat du roi , d'un procureur du
roi , d'un dépofitaire ou receveur des confignations , &
d'un greffier. Le roi Louis le Grand érigea tous ces
offices en charges héréditaires, parédit de l'an 1693.
LeBAlLLlAGEdeLille eft une jurisdi&ion établie par
les comtes de Flandres , du tems que ce pays étoit fous la
domination de la France. La fonction du baillif reffem-
ble à celle des procureurs du roi dans les autres tribunaux.
Il n'a point de voix délibérative : il ne fait que conjurer
les hommes de fiefs de rendre juftice fur les cas qu'il
leur propofe. Les baillifs des quatre feigneurs de la châ-
tellenie de Lille fe font rendus adjudicataires de l'office
de baillif, avec faculté d'exercer tour-à-tour cette charge,
chacun trois mois de l'année , & de faire exercer par
un de leurs confeillers. la charge de lieutenant, qu'ils
ont auffi achetée. Les autres officiers de ce bailliage font
dix confeillers, dont les charges ont été créées en 1693,
6c un greffier ; celui-ci jouit d'un droit particulier fur les
lettres de conftitition de rente qui fe partent en préfence
des auditeurs du fouverain bailliage. Ce droit du greffier
t'appelle droit de maille , ck confifte au centième denier
des fommes principales pour lesquelles' on paffe con-
trat. Les auditeurs du bailliage fouverain font propre-
ment les clercs du greffe. Leur fonftion confifte à palier
avec un notaire les contrats de conftitution de renfe
On applique à ces contrats le fceau du fouverain bail-
liage , dont le lieutenant-général de la gouvernance eft
le gardien; ck par le moyen de cette formalité, les
créanciers on une hypothèque fpéciale fur tous les
biens que leurs débiteurs poffedent dans la châtellenie
de Lille.
Le bailliage de Fahmpin , ou de la châtellenie de
Lille, doit fon établiffement aux châtelains , qui étoient
les gouverneurs de Lille , avant que le roi Philippe le
Bel
établi
un gouverneur, en 1314.
. Les châte-
lains n'ont pas laiffé de jouir, depuis l'etabliffement du
gouverneur, des revenus affe&és à leurs châtellenies, &
d'y commettre des officiers pour y rendre la juftice en
leur nom; ck c'eft ce qui a donné lieu à l'etabliffement
de la châtellenie de Lille , qu'on appelle aufti de Fa-
lempin , parce que le principal revenu du châtelain eft
au village de Falempin , à trois lieues de Lille. Ce bail-
liage eft compofé du baillif, d'un procureur du roi ck d'un
greffier. Ce font les hommes de fiefs, qui jugent à la fe*
monce du baillif.
_ Le magiftrat de Lille eft un tribunal qui à la juftice
civile, criminelle, ck la police, dans la ville & banlieue.
Il connoît de toutes fortes des cas , à la réferve des cas
royaux. Ce corps eft compofé de quarante-neuf person-
nes , qui font le reuvart ; douze échevins , dont le chef
eft appelle mayeur, douze confeillers, huit prud'hom-
mes, cinq gard-orphenes , cinq appaifeurs, trois confeil-
lers-penfionnaires , un procureur-fyndic , ck deux gref-
fiers. Tous ces officiers font renouvelles, tous les ans, le
jour de la Touffaints. Les huit prud'hommes fck les cinq
appaifeurs font nommés par les Curés des quatre plus an-
ciennes paroiffes de la ville. Les autres magiftrats font
nommés par les commiffaires du roi. Les prud'hommes
font établis pour veiller aux intérêts des bourgeois, ck les
appaifeurs pour appaifer les querelles particulières qui ne
méritent pas de peine affliftive. Le roi y met un prévôt,
qui fait la fonftion de procureur du roi , mais feulement
dans jes matières criminelles ck de police. L'office du
prévôt eft domanial , ck a été vendu vingt mille livres.
t Les jujlices des feigneurs font peu confidérables , à la
réferve de celle du chapitre de S. Pierre , & de celle de
Brceucq, qui appartient au prince d'Epinoi.
Philippe le Hardi, duc de Bourgogne, établit, en 1385,
une chambre des comptes à Lille. Elle connoiffbit des ma-
tières de finance , & de celles de la juftice ordinaire.
Jean , duc de Bourgogne, jugea à propos de féparer cette
chambre ck fes fonctions, l'an 1409. Le corps auquel il
attribua la juftice ordinaire, fut établi à Gand, où il
fubfifte encore aujourd'hui , fous le nom de confeil de
Flandre. Celui de la finance fut fixé à Lille, où il a
fubfifte jusqu'au tems que, cette ville a été foumife à
l'obéiffânce du roi. Pour lors les officiers fuivirent la
domination du roi d'Espagne , & furent établis d'abord
a Bruges, & enfuite à Bruxelles.
Le roi de France n'ayant pas jugé à propos de réta-
blir cette cour , a feulement commis un garde des archi-
ves , pour avoir, foin fous les ordres de l'intendant de
la province, des titres & regiftres de la chambre des
comptes , des Chartres , & d'une infinité d'autres papiers
qui concernent ce pays. Parmi ces papiers, il y a
quatorze ou quinze mille pièces originales , ou copies
autentiques, dont le roi ck le public pouroient tirer
de grands avantages. Il feroit à fouhaiter pour ceux qui
s'attachent à l'hiftoire, qu'on voulût bien en publier le
catalogue. Depuis l'an 1667, que le roi Louis le Grand
fe rendit maitre de la ville de Lille, ce précieux dépôt a
toujours été confié aux foins de MM. Godefroi , dont le
nom eft fi célèbre dans la république des lettres, depuis
près de cent cinquante ans.
Par édit du mois de Septembre 1691, Louis XIV éta-
blit un bureau des finances à Lille. Ce tribunal eft com-
pofé d'un premier & d'un fécond préfident; de treize
tréforiers de France, dont l'un eft garde-fcel ; d'un
procureur du roi , d'un fubftiftut , d'un payeur de gages ,
d'un greffier, ckc. Son reflbrt s'étend fur toutes les
villes ck pays de ce gouvernement , & fur tout l'Ar-
tois, qui eft du gouvernement de Picardie. Sa Majefté
a attribué à ce bureau la jurisdiction contentieufe du do- .
maine, Penrégiftrement des lettres d'oftroi , d'éreftions
de terres en dignités, 6k d'annobliffement; les matières de
finances , l'audition des comptes ck des oftrois de quel-
ques villes , bourgs ck villages , ck la réceprion des foi,
hommages, aveux & dénombrement des fiefs tenus du roi.
L'hôtel des monnoies de Lille fut érigé en 1685, pour
y faire fondre des réaux 5c caftilles d'Espagne qui étoient
dans le pays, ck dont le roi ordonna qu'on fît de nou-
velles espèces, qui furent appellées Bourguignones ,
parce qu'elles étoient marquées aux armes de France Se
ck de Bourgogne. Les officiers de cet hôtel des mon-
noies font deux juges-gardes , un contre-garde , un pro-
cureur du roi , & les officiers néceflaires pour la fabrique
des espèces. On remarque qu'en moins de huit ans, on
y a fabriqué pour fept millions de Bourguignones, Ô£
réformé pour vingt huit millions de toutes fortes d'es-
pèces d'or & d'argent.
Il y a auffi à Lille une maîtrife particulière des eaux
fck forêts fous la grande maîtrife du département de Pi-
cardie, Artois & Flandre. Elle eft compofée d'un maî-
tre particulier, d'un lieutenant, d'un procureur du roi
Se
L1L
L1L
S
& d'un greffier. La jurisdiction de ces officiers s'étend
fur les bois de Falempin , qui appartiennent au toi en
qualité de châtelain de Lille.
La jurisdiétion des traites , établie à Lille, &£ com-
pofée d'un préfîdent , d'un lieutenant , d'un procureur
du roi & d'un greffier. Cette jurisdiftion & la maîtrife
des eaux &c forêts ont été créées pendant la guerre
qui précéda la paix de Ris-wick.
La ville de Lille a fon gouverneur , qui eft toujours le
gouverneur-général de la province. Dans l'ablénce du
gouverneur, elle a un lieutenant de roi, un major, trois
aides-majors, & trois capitaines des portes. Ils ont tous
des appomtemens du roi, des gratifications de la ville, &
le logement. La citadelle a auiïi un gouverneur, un lieu-
tenant de roi, un major, un aide-major, & un capitaine
des portes. Le petit fort, appelle Saint-Sauveur , n'a
qu'un commandant & un major.
La province de Lille eft un pays d'états , que le
roi fait aflembler ordinairement fur la fin de l'année, par
une lettre de cachet. C'eft le gouverneur qui y préfide ;
l'intendant y explique les intentions de Sa Majefté. Cette
aflemblée, qui fe tient toujours dans la ville de Lille, eft
compofée du magiftrat de Lille , qui y tient le premier
rang ; de quatre iéigneurs hauts-jufticiers, ou de leurs
baillifs; des députés du magiftrat de Douai, & de ceux
de la ville d'Orchies , qui font chargés des intérêts des
habitans de ces villes & de la campagne.
Les eccléfiaftiques 6c les nobles n'étant point fujets
aux fubfides , n'afEftent point à cette aflemblée ; mais,
trois ou quatre jours après qu'elle eft finie , le gouver-
neur ck l'intendant de la province en affemblent une
pour le clergé &c la nobleiïe. L'intendant leur demande,
au nom du roi, une fomme pour le foulagement des villes
& des peuples de la campagne ; 6k ces deux ordres ac-
cordent ordinairement le vingtième ck demi du revenu
des biens qu'ils font valoir par leurs mains.
La fomme, que le roi fait demander aux états, eft
ordinairement de deux cents cinquante mille livres. Elle
eft toujours accordée ck fournie, en partie par les villes
ck les habitans de la campagne , à raifon du vingtième
du revenu des biens , ou par les impôts qu'on y lève en
vertu d'octroi.
La ville de Lille donne, outre cela, tous les ans, la
fomme de trente-fept mille cinq cents îivres , pour l'en-
tretien des fortifications. La ville de Douai lève auffi en-
viron quarante mille livres , qui font pareillement em-
ployées aux fortifications. Le roi lève encore un droit
de quatre patars par bonnier de terre ; ck la fomme, qui
en provient, eft employée, fuivant le befoin, aux fortifi-
cations de Lille ou à celles de Douai.
Les magiftrats de Lille ont l'adminiftration des finan-
ces de la ville ; ck ce font les quatre iéigneurs hauts-jus-
ticiers, ou leurs baillifs, qui ont l'adminiftration des finan-
ces de la campagne. Ces quatre feigneurs hauts-jufticiers
font le roi, à caufe de fa chatellenie de Lille, fck feigneu-
rie de Falempin ; le prince d'Epinoi , à caufe de fa terre
ék feigneurie de Cifoing ; le feigneur & baron de Wau-
rin ; 6k le prince de Chimai , à caufe de fa baronnie
de Commines. Ils font admis à l'adminiftration des fi-
nances, parce qu'ils prétendoient autrefois, ainfi quetous
les feigneurs de Hautbert , que l'on ne pouvoit faire au-
cune impofition fur leurs vaffaux, fans leur confentement.
C'eft pourquoi les comtes de Flandres & ducs de Bour-
gogne s'adreflbient à eux , pour impofer les fubfides
dont ils avoient befoin.
Ces feigneurs hauts-jufticiers ne fe donnent pas la peine,
depuis long-tems d'affifter , aux afTemblées qu'ils font
obligés de tenir pour leurs impofitions ; ils fe contentent
d'y envoyer leurs baillifs. Ces aflcmblées font composées
de quatre baillifs, de deux confeil'ers-penfionnaires. d'un
greffier , & de deux receveurs. Les quatre baillifs s'as-
femblent ordinairement dans un des appartemens de l'hô-
tel de ville de Lille; ck dans les affaires qui leur font
communes avec le magiftrar de Lille, ils s'aflemblent ck
travaillent de concert aux affaires dont il eft queftion.
Les levées ordinaires qui , fe font dans la province,
montent à environ deux millions par an , fans y com-
prendre la capitation, non plus que toutes les autres
impofitions extraordinaires qu on levé, pendant la guerre,
daiis les provinces qui font fous la domination du roi.
La gabelle, ou impôt fur le fel, n'a point lieu dans
31
la province , non plus que dans le refte du Pays-bas
conquis. On y a maintenu les peuples dans le droit du
franc-falé.
On eftime que le domaine du roi rapporte environ foi-
xante mille livres par an. Cependant il ne jouit pas de la.
fixiéme partie de ce revenu , parce qu*il a été presque
tout engagé par les rois d'Espagne , ou par le roi de
France lui-même, depuis la conquête du pays.
La ville ck la châtellertie de Lille ont beaucoup d'a«
vantage fur le refte des pays conquis, pour faire fleurie
le commerce. La fertilité du pays , la commodité de la
navigation , la facilité du débit des marchandées , ck fur-
tout le génie ck la richefle des habitans, qui les rendent
propres à former de grandes entreprifes , & à les faire
réuffir^y contribuent beaucoup. On y fabrique toutes
fortes d'étoffes, de draps, de ferges, de râtinès, dà
damas , de velours , de camelots , de coutils , de dert*
telles, de tapifferies, de favons, &c.
Les deux principales manufactures font celles des S AYE*
TEURS ck des BoURGETEURS, qui travaillent les uns
& les autres aux ferges. Les fiyettuis ont été ainfî
nommés , parce qu'ils font des fayes ; Se les Bourgeteuri
ont pris leur nom de la ville de Bourges , d'où ils vinrent,
il y a plus de deux cents ans. La jaloufie , qui eft entre ces
deux corps, produifoit autrefois une émulation utile;
mais elle a enfin dégénéré en une haine ck une envie
qui ruinent les uns & les autres. Il y a environ foixante
ans que ces ouvriers fabriquoient jusqu'à trois cents mille
pièces d'étoffes; mais la mifere, inféparable de la guerre,
les a obligés de quitter le pays, ck d'aller s établir à Gand,
à Bruges, ou dans les villes d'Allemagne. Le commerce,
que la ville de Lille entretient avec la France, fe fait par
charroi, ou par Dunkerque. La France en retire beaucoup
d'argent, à caufe de la grande confomma;ion des vins
& eaux- de- vie. Il eft vrai que les troupes l'y rappor-
tent ; mais il retourne auffi-tôt d'où il eft'venu , ck ainfî
ce commerce eft plus utile à la France qu a la province
de Lille.
Le commerce avec la Hollande eft néceffaire ; mais
les Hollandois en emportent tout le profit , parce que
1 on prend chez eux ce que l'on pouroit tirer en droiture
des lieux mêmes , où ils le vont chercher. Le commercé
avec les Pays bas Autrichiens leur eft plus avantageux
qu'à la province de Lille , parce qu'ils manquent de dé-
bit. Enfin le commerce le plus profitable au pays de
Lille, eft celui d'Espagne ck des Indes ; auffi les négo-
cians le recherchent-ils avec beaucoup d'ardeur. Ils ne
fe contentent pat de marchandifes que leur province four-
nit i ils cherchent dans tous le pays ce qu'ils croient pro-
pre à être débité aux Indes; & lorsqu'ils ne peuvent
le faire eux-mêmes, ils fe joignent à des marchands
étrangers, pour faire enfembls un plus grand commerce.
Il y deux manières de commerce avec l'Espagne 8t
dans les Indes; l'une, quand un négociant envoie en
Espagne des marchandifes qu'il fait enfuite pifler aux
Indes pour fon compte ck à fes risques, ce qui s'appelle
groffe aventure ; l'autre eft , quand un négociant acheté
pour le corps des marchands d'Espagne, ce qui s'appelle
commiffion. La première manière de trafiquer eft plus
profitable, ck la féconde eft plus fûre, à caule des risques
de la mer , du mauvais débit , des guerres fréquentes ,
ck des induits qu'il faut payer au roi d*Espagne. C'eft
néanmoins ce dernier commerce qui enrichit cette pro-
vince ; puisque c'eft celui qui lui apporre de l'argent
qu'on y feroit venir en nature, fi l'Angleterre ck la Hol-
lande ne tro-'ivoient le moyen de l'attirer dans leur pays,
pour en envoyer la valeur en marchandifes -& en let-
tres. Ce commerce monte, tous les ans, à quatre ou cinq
millions.
3. LILLE (n chatellenie de) eft divifée erj
cinq quartiers , qui font :
Le Melanctois, La Wfpe,
Le Ferain, Le Carembatjd;
La Pevle.
Piganiol, Defcr. de la France , t. 7, p. if f, dit que
la chatellenie de Lille eft divifée en fept quartiers ; mais
il ne les nomme point. Il ajoute qu'elle renferme cent
trente-fept villages. * Longutrut , Defcr. de la France,
part, z , /». 81.
Tome III. Nnr.nn
34
LIL
LIM
4. LILLE en Doudon , petite ville de France , en Gas-
cogne , au comté de Cominges , à trois lieues au nord
d'Aurignac. On y compte un millier d'habitans, ck un
couvent de Jacobins. C'eft une des cinq châlellenies de ce
comté , à la gauche de la Garonne.
" 5. LILLE, ville de Fiance, dans le haut Languedoc ,
au diocèfe d'Albi , fur la droite du Tarn , une lieue au-
defious de Guiliac. Cette ville , qui eft moderne , eft aflez
Çen bâtie. Elle contient environ deux mille âmes. Il y a
un couvent d'Auguftins & un d'Auguftmes. C'eft un des
lièges de juftice de la judicature d'Albigeois.
6. LILLE , vilie de France , dans la Provence , au dio-
cèfe de Cavaillon , dans une ifle formée par la rivière de
Sorgues. On y compte environ fix mille habitans. Il y a
collégiale , collège dirigé par les Doctrinaires, cinq au-
tres maifons rêligieulés, fur une petite rivière, entre Tab-"
Haye de la Valalîé au nord, 6k la Seine au midi , à égale
diftance de l'un ck de l'autre.
' LÏLLEEONNE, Julwbona, petite ville de France ,
en Normandie , & dans le pays de Caux , près de la
Seine, vers fon embouchure, à fept lieues du Havre au.
levant , en allant à Caudebec dont elle eft à deux lieues,
ck vers Rouen dont elle eft à neuf. * Baudrand, édit,
1705.
LILLERS, petite ville de France , en Artois, furie
Navez. Les Efpagnols la cédèrent à la France par le traité
des Pyiénées. Elle avoit été autrefois fortifiée; mais de-
puis , on en a rafé toutes les fortifications : elle eft prefque
au milieu, entre A.i.rè ck Béthune , & à fept lieues d'Ar-
ras. C'eft le chef-lieu d'un bailliage , qui eft le plus petit
de la province , n'étant compofé que de vingt-trois com-
munautés. *Baudrand, édit. 1705. Piganiol delà Force,
t. 3 , p. 246.
LILLO , forterefie des Pays-bas , fur l'Escaut , dans un
petit pays qui appartient à la république des Provinces-
Unies , & qui n'a qu'une lieue de longueur , fur autant
de large , 'entre la feigneurie de Zantvliet ck la terre de
Ryen. Ce petit pays contient quatre forts , dont le plus
important eft le fort de LlLLO, fur l'Escaut , à trois lieues
ati-deftous d'Anvers. Les habitans d'Anvers, quitenoient
ehcore le parti des confédérés , commencèrent, en 1583,
à conftruire ce fort , & l'achevèrent l'année fuivante.
Leur but étoit , par le moyen de ce fort , ck de celui de
LlEFSKENHOEK, qu'ils firent bâtir vis-à-vis, de l'autre
côté de l'Efcaut , de fe conferver la libre navigation de
cette rivière. Les Efpagnols n'ont jamais pu fe rendre
maîtres de ce fort ; & Mondragon qui y mit le liège, en
1588 , avec un corps de fix mille hommes , fut obligé de
le lever après trois femainés d'attaque , ck avec perte de
deux mille hommes , par la vigoureufe défenfe du com-
mandant Odet de la Noue-Teligni , fils du fameux la
Noue , furnommé Bras-de-Fer. Depuis ce tems-là , les
états-généraux font reftés en pofleffion de Lillo , 6k en
ont augmenté les fortifications.
Son rempart eft flanqué de fix baftions, entouré d'un
foffé large ck profond , ck défendu par une contrefearpe.
Ce fort eft bordé de canon , pour empêcher les gros vaif-
feaux de monter à Anvers, & d'en defeendre , confor-
mément au traité de Munfter. Les états généraux y ont
auffi une frégate au milieu de la rivière , pour obliger
tous les bâtimens de s'arrêter à_ ce fort , ck de payer les
droits établis fur les marchandifes. L'amirauté de Zélande
y entretient pour cet effet un receveur, un controlleur,
& quelques commis des recherches. Il y a actuellement
une garnifon de deux compagnies d'infanterie , ck quel-
ques canoniers , fous les ordres d'un commandant , établi
par les états-généraux , ck dont l'autorité s'étend fur les
forts de Kruifchans ck de Liefkenshoek. Ce comman-
dant a fous lui un major de la place. Le magafin eft fous
la direction d'uncommis du confeil d'état. Il y a un nom-
bre raifonnable de maifons , ck quelques cabarets dans le
fort, avec une églife proreftante. Ce lieu eft une feigneu-
rie qui a haute , moyenne & baffe juftice , ck qui appar-
tient à la famille de Van-Daël. Le feigneur établit Yef-
couret ck fept échevins avec un fecrétaire, pour l'admi-
niftration de la police ck de la juftice ; mais les états-gé-
néraux y jouiflent des mêmes droits de la fouveraineté ,
que dans les autres pays fous leur domination.
A une demi-lieue au-deflus de Lillo , du côté d'An-
vers , fur la même rivière , eft un autre fort , flanqué de
quatre baftions , qu'on nomme K.RUISSCHANS ou fort
di la Croix, Il y a quelques foldats en garnifon , com-
mandés par un major.
Un peu au-deflous de Lillo , le long de l'Efcaut , il y
a encore deux autres forts ; le premier eft celui de Blav-
GAREN , & l'autre porte re nom de Frédéric-Henri,
A quelque diftance de ce dernier, du côté la terre, il y
aune redoute, & près de Lillo un autre petit tort, qu'on
nomme le vieux Lillo.
LILYBjEUM-PROMONTORIUM , cap de l'ifle de
Sicile , à roppofite de l'embouchure du port de Carthage,
dont il n'étoit éloigné que de mille ftades. C'eft le plus
occidental de l'ifle. Son nom moderne eft Capo-Boco
ou LlLIBEO. * Ptolomée, 1. 3 , c. 4.
L1LYB.EUM, ville de Sicile , dans fa partie occiden-
tale , près du cap de même nom. Cette ville a été en-
fuitenommée Hclvia Colonia, ck c'eft préièntement Mar-
SALLA. Voyez ce mot. Elle étoit fort grande du tems
des Piomains , qui y tenoient jui'qu'à dix mille hommes
de garnifon , au rapport de Tite-Live , /. 1 1 , c. 49.
LIMA, (a) ville de l'Amérique méridionale, au Pé-
rou , dont elle eft la capitale. Cette ville eft fituée dans
une vafte plaine, au bas d'une vallée, qu'on appelloit au-
trefois Rimac, du nom d'une fameufe (b) idole qui rea-
doit des oracles , ck qui étoit représentée fous la figure
d'un homme. Les Incas ck les grands-feigneurs du Pérou,
envoyoient des ambafladeurs pour la confulter fur les af-
faires les plus importantes. Ses réponfes à toutes les de-
mandes qu'on lui propofoit, lui avoient fait donner le nom
de Rimac, c'eft-à-dire, en notre langue, celui qui parle.
Le nom de Lima s'eft formé pa'r corruption ou par la
difficulté que trouvoient les Indiens de prononcer YR
auffi rudement que les Efpagnols. Quelques-uns veulent
néanmoins, que les Efpagnols eux-mêmes ayent cor-
rompu ce nom, comme tant d'autres; & qu'au lieu de
dire Rimac-, qu'ils trouvoient peut-être trop dur , ils ont
enfin prononcé Lima. Quoi qu'il en foit , le nom de Lima
eft différent de celui que le fondateur de cette ville lui
donna. *(a) Fréter, Relation du voyage de la mer du fod,
/. 1 , p. 359 & fuiv. (b) Feuiliée ,' Journal des Obferv.
t. 1 , p. 494.
Ce fut François Pizarre , qui la commença fous le régne
de Charles V, ck de Dona Juana fa mère, qui régnoient
enfemble dans le royaume de Caftille. Il la nomma ville
des rois , LOS Reyes. Les fentimens font partagés fur
l'origine de ce nom. Le P. Feuiliée , après Garcilaffo de la
Vega , dit que cette ville fut appellée ville des rois , du
jour de fa fondation, qui fut celui de l'Epiphanie de l'an-
née 1534. Mais Francifco-Antonio de Montalvo veut que
Lima ait été fondée, le 18 Janvier 1531; , jour de la fête
de la chaire de S. Pierre. Cette circonftance ck le dé-
tail du nombre des xommiflaires , députés pour le choix
du lieu où la ville devoit être bâtie , font de forts pré-
jugés contre Garcilaffo. D'un autre côté, Hçrrera con-
vient avec Garcilaffo du jour de la fondation ; mais il
diffère par rapport à l'année. Il marque comme Mon-
talvo l'année 1535. * Fréter, p. 359. Vie du bienheu-
reux Toribio.
Haies dans fon Hijl. des tremblemens de terre , arri-
vés à Lima , met la fondation de cette ville à l'année
1534; mais je penfe qu'il faut la rapporter à l'année fui-
vante ; car outre le fentiment de Montalvo , nous avons
une très-bonne relation d'un voyage fait dans l'Amé-
rique méridionale , imprimée à Madrid , par Antonio
Marin , 1748, où on dit formellement que Lima fut fon-
dée le jour de l'Epiphanie, en 1535 , par dont François
Pizarre.
L'époque, que donne Montalvo , fe trouve encore dé-
terminée par les raifons que Pizarre avoit de bâtir une
ville dans l'endroit où eft aujourd'hui Lima. Herrera nous
apprend que le baillif, ou Adelantado dom Pedro de
Alvarado, étant venu avec une bonne armée de Gua-
timala, au Pérou, à deffein de s'en rendre maître , Pi-
zarre vint faire un établifiement dans la vallée de Lima ,
auprès du port de Callao, qui eft le meilleur de la côte,
afin de l'empêcher de venir par mer, pendant que dom
Diego Almagro alloit lui faire face dans la province de
Quito.
Les Espagnols , toujours attentifs aux devoirs ex-
térieurs de la religion , ava:it que d'ériger aucun bâti-
ment, jetterent les fondemens'de l'églife, à-peu-prè<; au
milieu de la ville. Pizarre traça enfuite les rues , diftribua
LIM
les ifles dés maifons , par quartiers de I jo varres , ou rV
64 toiles en carré. Douze Espagnols qui en furent les
premiers citoyens, fous les ordres de Pizarre, commen-
cèrent à s'y loger ; enfuite trente hommes de San-Gallan,
fck quelques autres de Xauxa , vinrent fe joindre à eux ,
& formèrent en tout le nombre de foixanre & dix habi-
tans , qui fe font fi confidérablement accrus , que Lima
eft aujourd'hui la plus grande ville de l'Amérique méri-
dionale.
La diftribution du plan en eft fort belle ; fa figure eft
triangulaire. Elle a de longueur 1920 toifes , & (a plus
grande largeur eft de 1080; les rues font bien alignées,
ck d'une largeur commode. Les unes font percées du
midi au feptentrion , ck les autres de l'orient à l'occi-
dent. Toutes font pavées ,6k on y a creufé des canaux ,
la plupart voûtés, qui contribuent beaucoup à la propreté.
La principale rue va de l'eft à l'oueft : elle a près d'une
lieue de longueur ; 6k huit carroffes poutroient y paffer
de front , fans embarras. Lettres édifiantes , Recueil VII ,
p. 54. Feuillée , Journ. p. 496.
Dans le milieu de la ville eft la place royale, où fe
trouve tout ce qui eftnéceflaire pour les befoins publics:
on y voit plufieurs tentes que les Indiens dreffenr tous
les matins pour vendre leurs fruits 6k les autres chofes
néceffaires à la vie. Le cô;é oriental eft occupé par la
cathédrale 6k l'archevêché; celui du nord, par le palais
du vice-roi; l'occidental, par la maifon du Gabildo , par
la juftice, par la prifon , 6k la (aie d'armes avec une fuite
de porches uniformes : enfin le côté du midi eft, comme
ce dernier, orné de porches 6k de boutiques de marchands.
Au milieu de la place eft une fontaine de bronze, or-
née d'une belle ftatue de la Renommée , 6k de huit lions
de même matière , qui doivent jetter de l'eau tout autour.
Cette fontaine eft encore cantonnée de quatre autre pe-
tits baffins fort riches & auffi de métal. * Fréter, p. 363.
A un quartier de la place royale, du ccVé du nord ,
palTe la rivière de Lima , qui eft prefque toujours guéa-
ble , excepté en été , dans le tems des pluies 6k de la
fonte des neiges. On la faigne en plufieurs endroits , pour
arrofer les rues 6k les jardins de la ville , & on la conduit
par des canaux couverts ; car chaque maifon a fon jardin.
La partie que cette rivière retranche, du côté du nord ,
a communication avec le gros de la ville , par un pont
de pierre , compolé de cinq arches , d'affez bonne conf-
truftion , 6k qui fut bâti fous la vice toyauté de Montes-
claros. La rue qu'il enfile , conduit directement à l'églife
de S. Lazare, paroiffe d'un fauxbourg , qu'on appelle
Malambe , & le termine auprès de la Lameda , qui eft
une promenade de cinq allées d'orangers , longue d'en-
viron 100 toiles , dont la plus large eft ornée de trois
baffins de pierre pour les fontaines. La beauté de ces ar-
bres toujours verds , les odeurs agréables que les fleurs
répandent ptefque toute l'année , 6k le concours des ca-
lèches, qui s'y affemblent tous les jours à l'heure de la
pro -emde. font de ce cours un lieu de délices, fur les
cinq heures du foir.
Vers le milieu de ce cours , eft une chapelle nommée
Santa-Liberata. Elle tut bâtie en 171 1 , dans un endroit
où furent trouvées les hofties du faint ciboire de la cathé-
drale, qu'on avoit volé 6k enterré au pied d'un arbre. Ce
petit cours aboutit au pied de la montagne , où eft un
couvent d'Obfervantins , reformés par S. François So-
lano natif du Paraguai. Plus à l'eft, eft une autre mon-
tagne, contiguë avec celle-ci, où eft l'hermitage de faint
Chriftophe , dont elle porte le nom. Au pied de cette
montagne, coule un bras de la rivière , dont le réfervoir
fert à faire moudre plufieurs moulins à bled, 6k un mou-
lin à poudre , 6k qui tient lieu de bain public. *Fréçjer,
p. 364.
Les tremblemens de terre, fréquens dans le Pérou, ont
fort endommagé cette ville, 6k inquiètent tous les jours
leshabitans.il y en eut un, en 1678, le I7de Juin: il ruina
une grande partie de la ville , 6k particulièrement les égli-
fes dédiées à h Vierge. Mais celui de 1681 fut fi vio-
lent , qu'il démolit prelqu'enfiérement les édifices pu-
blics 6k les maifons des particuliers ; de forte que l'on
mit en délibération , fi on ne devoit point tranfplanter
les habitans dans un lieu plus avantageux. La mémoire
de cet affteux tremblement s'y renouvelle, tous les ans, le
19 Octobre par des prières publiques. Si l'on en croit la
voix commune, il fut prédit par un religieux de la Merci,
LIM 83;
qui, pluneuis jours auparavant , crioit par les rues , comme
un nouveau Jonas: Faites pénitence. Le jour prédit ar-
riva; la terre trembla extraordinairement ; de demi-quart
d'heure en demi-quart d'heure , elle donnoit d'horribles
fecouifes ; de forte qu'en vingt-quatre heures on en compta
plus de deux cents.
Ces tremblemens de terre font qu'on voit à Lima peu
de maifons à deux étages. L'expérience a appris aux ha-
bitans que les fuperbes édifices élevés avec une grande
magnificence par les premiers fondateurs de cette ville,
ont fervi de fëpulture à la plupart de ceux qui les occu-
poient. Aujourd'hui les maifons ne font belles qu'en de-
dans. Elles ^ ne font couvertes que de rofeaux , fur lef-
quels on répand de la cendre , pour empêcher que la
rolée ne paffe au travers. Ces couverts fi légers font
faits à deiîein. Si malheuresement on étoit furpris , du-
rant la nuit par quelque ttemblement de terre, qui ren-
versât les maifons, on ne feroit pas du moins en danger
d'être écralé fous leurs toits. Les murailles des plus bel-
les mailbns ne font bâties que de briques crues, c'eft-
à-dire de terre pétrie ave: un peu d'herbe fechée fimple-
ment au foleil ; ce qui dure pourtant des fiécles , parce
que la pluie ne la délaie jamais. *Fré\ier, p. 378. Feuil-
lée , Journ. p. 499.
Les murs de la ville ne font pas bâtis d'autre matière.
On y a employé des carrés longs de terre, dont la lon-
gueur eft d'environ un pied 6k demi , fck l'épaiffeur d'ùrt
demi-pied. Ces murs ont dix-huit à vingt pieds de haut,
6k neuf pieds d'épaiffeur au cordon ; de forte que dans
tout le contour de la place , il n'y a pas un feul endroit
affez large pour y mettre un pièce de canon. Auffi les murs
de cette ville n'ont-ils proprement été conftruits que pov.r
marquer la magnificence, 6k nullement pour la mettre àeou-
vert des infultes des ennemis , à moirisque cenefoit de cel-
les que pourraient faire les Indiens. L'enceinte eft flanquée
parirenie-quatre baftionsdequinzetoifes de flanc , perpen-
diculaires-^ la courtine , 6k d'environ trente toifes de face ,
qui font l'angle de l'épaule de cent trente degrés , d'où
vient une défenfe fi fichante , que les deux tiers de la.
courtine (ont en fécond flanc, 6k que les angles flanqués
ibnt louvent trop aigus. Comme les courtines font de
quatre-vingt toiles , la grande ligne de défenfe eft d'en-
viron cent dix toifes. Au refte, il n'y a ni foffé ni dehors.
Ces fortifications ont été conftruites, vers l'an 1685, ,ous
la vice- royauté du duc de la Palata, par un prêtre Flamand ,
appellée dom Jean Ramond. *Feuilléi. p. 4.08 Fré^'er
P- 378. * W L" »
On compte dans Lima, entre feize 6k dix-huit mille
blancs ; ce (ont les Espagnols , dont le tiers ou le quart
eft compoië de la principale nobleffe du Pérou. Plufieurs
(ont décorés dentures de Cajhlie, anciens ou modernes.
On y voit jusqu'à quarante cinq comtes & marquis, 6k,
à proportion, des chevaliers de divers ordres militaires.
Les ramilles nobles, qui ne jouiffent pas des mêmes hon-
neurs , (ont néanmoins très-brillantes. Les Nègres Se les
Mulâtres tiennent le fécond rang. Us y exercent les arts
méchaniques , 6k y font en plus grand nombre que les
blancs. Les Indiens 6k les Meftis font la troifiéme claffe ;
mais elle eft peu nombreufe en comparaifon de celle des
Nègres 6k des Mulâtres.
On voit rouler dans Lima , cinq à tîx mille chaifes ,
tirées chacune par un mule feulement. Elles font telle-
ment dorées^, & fi bien travaillées , qu'il n'y en a aucune ,
qui n'ait coûté environ mille piaftres. Il y a auffi une
multitude de carroffes. Toutes ces voitures font néceifaires
dans une ville , toujours embarraflee par un prodigieux
nombre de mules, qui entrent & fortentcontinuellement^
& caufent une pouffiere infupportable dans les rues.
Pour donner une idée de l'opulence de cette ville il
fuffit de rapporter ce que les marchands y étalèrent de
de richeffes, vers l'an 1681 , à l'entrée'du duc de la Palata '
lorfqu'il alla prendre pofieilion de la ville. Dans l'éten-
due de deux quartiers , les rues de la Merced 6k de los
Mercadcres , par où le duc devoit entrer à la place royale,*
où eft le palais , furent pavées de lingots d'argent quintes \
qui pèlent ordinairement environ deux cents marcs , louas
de douce à quinze pouces , larges de quatre à cinq , %c
épais de deux^à trois. Il eft vrai que Lima eft , en quelque
façon, le dépôt des tréforsdu Pérou. On a fuppnté autre-
fois , qu'il s'y faifoit pourfix millions d'écus de dépenfe.
Il en faut beaucoup rabattre aujourd'hui , depuis que le
Tçmt III, Nnnnn ij
836
LIM
LlM
commerce des François y a apporté les marchandifes
d'Europe à bon compte , 6k que celui qu'ils font à Arica ,
Ylo 6k Pil'co , détourne l'argent qui venoit à Lima.
Les hommes 6k les femmes aiment également la magni-
ficence dans les habits. Les femmes , non contentes dé
la richeffe des plus belles étoffes, les ornent, à leur ma-
nière , d'une quantité prodigieufe de dentelles, & femblent
fe di'puter à qui aura le plus de perles , de pierreiies , de
brafîelets, de pendants d'oreilles 6k autres atirails.
Généralement parlant, les femmes font affez belles.
Elles ont un air vif: peui-être doivent elles une partie de
leur beauté à l'oppofition des Mulà'res, des Noires , 6k des
Indiennes, qui font le plus grand nombre dans tout le pays.
La ville de Lima eft le iiége ordinaire du vice-roi du
Pérou , qui eft abfolu comme le roi même , dans les au-
diences de Lima, Chuquifacha , Quito , Panama, du
Chili , & de Terra firme. Il eft capitaine-général de tous
les royaumes 6k provinces de ce nouveau monde. Ce font
les qualités qui lui font données dans fes titres. Il a qua-
rante mille piaftres d'appointement par an , fans parler des,
autres gages extraordinaires , comme lorfqu'il fort pour
vifiter quelques provinces ; il lui eft affigné alors dix mil-
les piaftres , 6k trois mille pour aller feulement au Callao,
qui n'eft éloigné de Lima , que de deux lieues. Il nomme
à plus de cent corregimientos , ou gouvernemens. Enfin
il eft marre de tous les emplois triennaux , tant du civil
que du militaire.
, Le nouveau vice-roi , dès qu'il a débarqué au port de
Payta, à deux cents quatre lieues de Lima , dépêche une
perfonne de diflinftion , comme fon ambaffadeur , à cette
capitale, pour informer la ville, & le vice-roi, qui y réfide,
de l'arrivée du fucceffeur. L'ambafladeur eft gratifié de
quelque joyau de prix , ou d'un corregimiento. Le corregi-
dor accompagne le nouveau vice-roi depuis Payta , juf-
qu'à ce qu'il (oit relevé par le corregidor qui fuit, ainfi
des autres ; & par-tout on a foin de fournir au vice-roi,
ck à toute fa fuite, les chofes dont on peut avoir befoin
dans un pays fi vaïte , 6k où il fe rencontre encore quel-
ques déferts inhabités. _ _
Le nouveau vice-roi étant arrivé à Lima , où il doit
faire fa réiïdence , la traverfe incognito pour fe rendre
au port de Callao , à deux lieues environ de Lima; c'eft
là qu'un des alcades ordinaires de Lima, avec tous les
officiers des troupes , le reçoivent dans le palais qu'on y â
bâti , 6k qu'on orne avec une extrême magnificence pour
cette cérémonie. Le lendemain, le vice-roi placé fous le
dais, eft complimenté par tous les tribunaux eccléfiafti-
ques 6k féculiers , 6k par toutes les perfonnes de diftinc-
tion.
Les deux vice-rois fe rencontrent enfuite à une chapelle,
qui eft à mi-chemin de Lima, au port de Callao ; & ils
y defcendent l'un 6k l'autre de carroffe. L'ancien vice-roi
met alors entre les mains de fon fucceffeur le bâton de com-
mandement ,& chacun enfuite continue fon chemin. Le nou-
veau vice-roi va ordinairement loger dans fon palais, en at-
tendant le jour qu'il a déterminé pour fon entrée publique.
On drefle des arcs de triomphe avec la plus grande magnifi-
cence *, 6k on voit aifément par la fomptuofité de tous les
préparatifs , qu'on eft dans le voifinage des mines d'or 6k
d'argent. Le jour qu'on a choifi étant venu, le vice-roi
fe rend, deux heures après midi, au monaftère de Mont-
ferrat , d'où il fort pour entrer par un arc de triomphe ,
dans le chemin qu'il doit tenir. Les compagnies de milice
font à la tête de la marche, 6k fuivies des collèges 6k de
l'univetfité.
Le tribunal des comptes , l'audience royale marchent
à leur tour ; 6k ces magiftrats font revêtus de robes de
velours cramoifi , 6k coëffés de toques , qui ne fervent que
dans cette occaiion. Le vice-roi avance à cheval, 6k fe
place fous un dais. Toute fa maifon , montée fur les che-
vaux que la ville a ordonné de tenir prêts , l'environne,
6k ferme la marche. Deux alcaldes ordinaires faifant la
fonction de valets de pied , tiennent les rênes du cheval
que monte le vice-roi.
Le vice-roi eft reçu par l'archevêque , 6k fon chapitre;
à la porte de la cathédrale , où l'on chante le Te Dtum.
11 y affifte encore, le lendemain, à une meffe célébrée pon-
tificalement par l'archevêque même , & un membre du
chapitre y prononce un difeours. La nuit de ce même
jour , 6k les deux jours fuivans , on diftribue des rafraî-
çhiffemens à toutes les perfonnes de diftinftion des deux;
fexes. Les combats de tauraux viennent enfuite, 6k durent
pendant cinq jours.
Les courfes terminées , on reconnoit par une foleinnité
particulière , le vice-roi pour vice patron royal.
L'univerfité fe diftingue auffi dans cette fête. Elle de-
mande au vice-roi le jour où il voudra l'honorer de fâ
préfence. Il arrive dans le tems marqué , & il s'affied
dans la chaire re&orale , ornée comme un fuperbe trône ;
& il eft harangué par le refteur. Le lendemain, le refteur
va lui préfenter le recueil des vers qu'on a compofés.
Ce recueil eft dans un coffret , ou un baffin d'argent dé
mille ou huit cents piaftres , jamais au-deffous. Les au-
tres collèges fuivent l'exemple de l'univerfité.
Il faut remarquer que la plupart des charges ne fe ven- ■ I
dent ou ne fe donnent que pour un tems.
Les vice-rois 6k préfidens font en place ordinairement
pendant fept ans. Quelques corrégidors ou gouverneurs
poffédent leurs charges , pendant cinq ans ; le plus grand,
nombre ne les pofféde , que pendant trois. 11 eft ailé de
découvrir l'intention de ce règlement. C'eft fans doute,-
afin que les pourvus n'ayent pas le tems de fe faire des
créatures , ni de former des partis contre un roi qui eft fi
éloigné d'eux , qu'il faut des années pour recevoir fes or-
dres. Mais auffi , il faut convenir que cette politique doit
avoir beaucoup d'inconveniens inévitables , qui font, fans
doute, la principale caufe du mauvais gouvernement de
la colonie , & du peu de profit qu'elle donne au roi d'Ef-
pagne. Les officiers regardent le tems de leur exercice
comme-un jubilé , qui ne leur doit arriver qu'une fois
dans la vie, Se à la fin duquel on fe moquera d'eux,
s'ils n'ont pas fait leur fortune.
La garde ordinaire du vice-roi eft compofée de trois
Compagnies. Il y en a une de quarante haUcbardiers , une
de cent chevaux, 6k une de cent fantaffins. Ces deux
dernières font payées par le roi ; 6k celle des hallebar-
diers eft entretenue des fonds qu'a laiffés , en mourant,
une dame de Lima, qui étoit très-riche. Il y a une qua-
trième compagnie , qui eft de cinquante perfonnes choi-
sies , tous gens de considération , qui marchent à côté
du vice-roi , lorfqu'il fait fon entrée.
Le vice-roi a dans fon palais une.chapelle royale, com-
pofée de fix chapelains, d'un facriftain, ck d'un chœur
de muficiens , tous aux gages du roi.
Ce font des troupes de milices bourgeoifes , qui com-
pofent la garnifon. Elles ne tirent aucune folde du roi ,
excepté les officiers généraux , 6k les fergens des com-
pagnies d'infanterie. En voici le détail :
Quatorze compagnies d'infanterie Efpagnole , ck bour-
geoife;
Sept compagnies du corps du commerce, qui ont de
plus que les précédentes , un fergent-major ck deux aides
de camp ;
Huit compagnies d'Indiens, natifs de Lima , 6k qui,'
outre les officiers ordinaires , ont un meftre de camp , un
major, 6k un aide-major;
Six compagnies de Mulâtres , 6k de Noirs libres , qui ont
un major, deux aide-majors , 6k un lieutenant-général ;
Toutes ces compagnies font de cent hommes chacune*
6k n'ont pour officiers qu'un capitaine, un enfeigne 6k
un fergent ;
Dix compagnies de cavalerie Efpagnole , de cinquante
hommes chacune , dont il y en a fix de la ville , 6k qua-
tre des maifons de campagne, ou métairies circonvoifines..
Chaque compagnie a un capitaine, un lieutenant 6k
un cornette.
Officiers généraux gages du roi:
Piaftres.'
Le capitaine-général 6k vice-roi a par an 40000
Le gouverneur-général _ 7000
Le lieutenant-général de la cavalerie 1500
Le commiffaire-général de la cavalerie 1500
Le lieutenant de la meftre-dë-camp 1 200
Le lieutenant du capitaine-général 120a
Autres officiers nommés par le vice-roi:
Le capitaine de la fale-d'armes
Un lieutenant d'artillerie
Deux aides d'artillerie , chacun
Quatre maîtres canoniers, chacun
1200
1200
300
544
LIM
,IM
8?7
Un armurier principal 1500
Quatre armuriers , chacun 600
Un maître charpentier 1000
On dit, qu'en cas de befoin, le vice-roi peut mettre
fur pied cent mille hommes d'infanterie , & vingt mille
chevaux, dans toute l'étendue du royaume; mais quel-'
ques-uns (butiennent qu'il n'auroit pas de quoi en armer
la cinquième partie.
Après l'autorité du vice-roi , le gouvernement du
royaume roule fur celle de l'audience royale, à laquelle
il prélide pour les affaires de conlequence. Ce tribunal,
que l'on peut, en quelque façon, comparer à un parle-
ment, eft compofé de ieize oidors, ou audicnciers , de
quatre alcaldes de cour , de deux fiscaux, d'un alguacil
major ou grand huiilier, & d'un protecteur général des
Indiens. 1 outes ces places ont chacune trois mille pias-
tres tk treize réaux dappointement annuel ; mais les
oidors ont de plus d'autres gages , attachés aux chambres
où ils font employés. Ce corps a auffi des officiers en
titre , comme avocats , procureurs , notaires , fer-
gens , Sec.
L'audience royale eft fubdivifée en une chambre de
juftice, une chambre criminelle, une chambre des comp-
tes, & deux chambres du tréfor, dont il y en a une char-
gée des rentes que les Indiens nchts ont laitfées, en mou-
rant , pour lubvenir aux néceffités des pauvres de leur
nation. Enfin elle comprend la chancellerie , qui n'eft
compofée que d'un oiior ck d'un chancelier , à qui on
donne ce titre avec de très- petits appointemens, parce
que le grand chancelier eft toujours en Espagne.
Le cabildo, ou le tribunal de la police, luit après celui
de l'audience royale. 11 y a plus de régidors qu'aux tri-
bunaux de police des autres villes.
De plus il y a un fergent major de la ville , ou algua-
cil m^jor, pour le: affaires de la guerre , & un grand pré-
vôt, lous le nom de alcaldz de la Hermandad. Il peut
condamner à mort , en pleine campagne.
Le tribunal de la trélorene royaie eft établi pour la
caifle des deniers royaux , comme le quint de l'argent
qu'on cire des minières , le droit Salcavala, qui eft de
quatre peur cent, de toutes lortes de marchandas , de
gram~, -ck autres droits qui , dans cette colonie, l'ont en
petit nombre, il a l'es |uges contadors , fecrétaires, ikc.
11 y a auili une chambre de la monnoie , qui a l'es tré-
soriers, corn olleurs , directeurs, gardes, écrivains, &c.
Il y a de plus un oidor , qui en tire des appointemens
indépendamment de ceux de l'audience royale.
Le commerce a pour tribunal le confulat, où préfide
un prieur avec deux coniùls qu'on choilir parmi les
maidiands les plus intelligent dans le commerce ; ck
afin que tien ne manque a cette ville de tout ce qui peut
y conierver le bon ordre & la faire fleurir, 011 y a éta-
bli piufi urs tribunaux de jurisdiétion eccléfiaftique.
Le premier eit celui de l'archevêché. Il eft compofé
du chapitre de la métropole, & de 1 officialité ; & il a
pour officiers un fi cal , un alguacil , ck des notaires. Le
fécond , S* le plus redoutable de tous les tribunaux , eft
celui de l'inquifition , dont le feul nom jette la terreur
par-tout ; patee que , i° le délateur eft compté pour
témoin ; 2° on ne donne aucune connoiflance aux ac-
culés de ceux qui les chargent ; 30 il n'y a point de
confrontaiion de témoins. Ainli tous les jours on arrête
des innocens , dont tout le crime confifte à avoir des
gens intérelîés à leur perte. On dit néanmoins à Lima,
qu'on n"a pas lieu de le plaindre des inquiliteurs , peut-
être, parce que le vice-roi & l'archevêque lbnt à la tête
de ce corps.
L'inquifition fut établie à Lima, en l'jôo, avec tous les
miniftres, confeillers , calificadores , familiers, fècrétai-
res, ck alguacil major, comme en Espagne. Il y a trois
juges fupéneurs , qui ont chacun trois milie piaftres d'ap-
pointement. La jurisdicition de ce tribunal s'étend dans
toute l'Amérique méridionale Espagnole.
Le troifiéme tribunal eccléfiaftique eft celui delà croi-
fade , qui fait, en quelque façon, panie de l'audience
royale; car il y entre un oidor de la chambre de jus-
tice. Il fut établi, en 1603, fous la direction d'un com-
miffaire général , qui tient fes audiences chez lui , où il
juge, affilié d'un juge conlèrvateur , d'un lecrétaire, d'un
comador, d'un tréforier, <k d'autres officiers nécefiaires
à la diftnbution des bulles , examen de jubilé ck indul-
gences. Les appointemens du commiflaire général ne font
que de mille piaftres. C'eft peut-être trop pour un em-
ploi ii inutile.
Enfin il y a un quatrième tribunal pour 'es tefiamens
& dernières volontés des défunts. Il tait rendre compte
aux albaceas ou collecteurs , prend foin des chapelle-
mes ck de leurs titres, .pour lesquels il y a plufieurs offi-
ciers.
Pour fournir de bons fujets à tant de tribunaux, Char-
les-Quint fonda à Lima, en 1545, une univerfi:é. fous
le ture de S. Marc. Il lui accorda plufieurs privilèges ,
qui furent confirmés par Paul III , ck Pie V, qui l'in-
corpora, en 1571, à ceile de Salamanque, pour la faire
jouir des mêmes exemptions &£ prérogatives. Elle eft
gouvernée par un recteur , dont l'élection fe fait tons
les ans. On y compte environ cent quatre-vingt docteurs,
ou en théologie, ou en droit civil & canonique, ou en
médecine. Il y a ordinairement près de deux mille étu-
diahs. Il en fort d'affez bons fujets pour la fcholaftiq:ie
& la chicane de l'école , mais très-peu pour la pofitive.t
Dans l'uni verfité il y a trois collèges royaux, & vingt
chaires bien rentées. Le premier fut fondé par don Fr.
Yoledo, vice- roi du Pérou, fous le titre de S. Philippe
ck de S. Marc; le fécond, par le vice-roi don Martin
Henriquei, Pou.r l'entretien de quatre -vingt écoliers
d'humanités , jurisprudence ck théologie. Les Jéfuires en
étoient les recteurs ck profeiTeurs. On l'appelle le collège
de S. Martin. Le troifiérae fut fondé par l'archevêque
S. Toribio, ck en porte le nom. II fut deftiné à l'encre-
tien de vingt-quatre écoliers qui fervent au chœur de la
cathédrale. Ils ont l'habit gris , avec une bande violette
qui leur pend en double , par derrière. Ils écud'ent les
Iciences ecciéfiaftiques , fous un prêtre qui en eft le rec-
teur. Ce collège entretient auffi fix enfans de chœur,
fous la conduite du maître de la chapelle & du vicaire
ou fous-diacre qui y demeure. Il a plus de quatorze mille
piaftres de rente.
Le chapitre ou cabilào de la métropolitaine eft com-
posé d'un doyen , d'un archi-doyen , d'un chantre, d'un
écolâtre, d'un tréforier & de dix chanoines, dont on en
a retranché un , pour en donner la rence à l'inquifition.
Chaque dignité a fept mille piaftres de revenu ; les cha-
noines eii ont cinq mille , les lix rationcros prébendiers
en ont trois mille chacun ; & les trente chapelains en
ont chacun fix cents , fans parler des muficiens ni des
enfans de chœur.
L'églife cathédrale, autrement la Major, a trois nefs
magnifiques. Elle a aux deux angles du devant deux grandes
tours fort élevées, & plus éminentes que la voûte de
l'églife. Quoique fort hautes déjà, elles n'étoient pas
finies en 1710. *Feuiliée, p. 499.
Cette éghfe, qui fut le premier édifice de Lima, fut
bâtie par François Pizarre, fous le titre de 1: ' Ajjbmpdan.
Mais Paul III, l'ayant érigée en cathédrale, en 1541,
lui donna le titre de S. Jean l'Evangelijie , pour la dis-
tinguer de la cathédrale de Cusco , qui avoit déjà le
même nom. Elle fut futfragante deSéviile, jusqu'en 1 546,
que le même pape Paul III l'érigea en métropolitaine.
On lui a donné pour fuffragans les évêchés de Panama,
Quito, Truxillo , Guamanga, Ariquipa, Cusco, Sant-
iago Se la conception du Chili. * Fréùer, p. 394.
Le premier archevêque tut dom Fray Geronymo de
Loayfia, Dominicain. Il affembla deux conciles provin-
ciaux; le premier, le 4 Octobre 1551 ; il ne s'y trouva
aucun évêque , mais feulement les procureurs des évê-
ques de Panama , Quito ck Cusco. Le fécond fut ou-
vert le 1 Mars 1567: les évêques de la Plata, Quito &C
Impérial y affilièrent avec les procureurs des autres ca-
bildos. Ce premier archevêque rétablit l'églife ruinée,
ck la couvrit de manghers.
Le troifiéme archevêque, don Toribio, a été cano-<
nifé en 1725.
Le neuvième , don Mclchior de Linan y Cisneros , à
la mort du marquis de Malagon , fut nommé vice-roi ,
gouverneur & capitaine général des provinces du Pérou.
C'eft le premier en qui l'on a vu ces deux dignités réu-
nies , qui ne parodient guères compatiffables dans un
même fujet.
11 y a en outre plufieurs églifes paroiffiales , bâties
M
LIM
LîM
félon les régies de l'art, &fur les plus excellens' modèles
d'Italie. Les autels ibnt propres & fuperbement parés.
L'or &c l'argent n'y font point épargnés; mais le tra-
vail ne répond pas à la richeffe de la matière.
On compte huit paroiffes dans Lima. La première eft
la cathédrale , où il y a quatre curés & deux vicaires ;
ce qui eft contre les loix canoniques , qui ne prescrivent
qu'un curé à une églife. * Fréter, p. 395.
La féconde eft celle de Sainte-Anne , qui a deux cu-
rés & un vicaire.
La troiliéme le nomme Saint-Sebaftien j elle a auffi
deux curés. .
La quatrième , appellée Saint-Marcel, n'a qu'un curé.
La cinquième, Saint- Lazare, a un curé-vicaire de la
cathédrale.
La fixiéme, N' S'Acocha, eft annexée & dépendante
de la cathédrale. On l'appelle Los Hucfanos.
La feptieme eft le Cercado. Elle étoit la paroifïe d'un
fauxbourg d'Indiens. On l'a renfermée dans la vilie, de-
puis qu'on en a fait l'enceinte. Les Jéfuitesen étoient curés.
La huitième eft établie depuis peu d'années. On l'ap-
pelle San-Salvador ou Saint- Sauveur.
Il y a douze hôpitaux pour les malades & les pauvres
de la ville. Le premier , connu fous le nom de Saint-
André, eft de fondation royale, & deftiné pour les Es-
pagnols , c'eft-à-dire pour les Blancs. Celui de San-
Dlego eft fondé pour ceux qui fortent en convalescence
de Saint- André. Celui de Saint- Pierre fut fondé uni-
quement pour les prêtres, par l'archevêque Toribio. Ce-
lui du Saint-Esprit, fondé pour les gens de mer, eft en-
tretenu de leurs contributions & aumônes. 11 y a pour
cet effet une taxe fur les vailfeaux de charge. Celui de
Saint-Barthelemi fut fondé pour les Noirs, parle P. Bar-
thelemi de Vadillo. Celui de Saint-Laçan eft une fon-
dation royale , deftinée pour ceux qui tombent du mal
caduc, & pour les fous ; on y traite auffi des maladies
vénériennes. 11 y a auffi une maifon pour les enfans trou-
vés, joignant N. D. A'Atocha. On l'appelle los Huer-
fanos. L'hôpital de Saint-Corne & de Saint-Damien a
été fondé par les habitans de Lima , pour les femmes
Espagnoles. Celui de Sainte- Anne fut fondé par le pre-
mier archevêque Jérôme de Loayfia^ , pour les Indiens.
Le roi en fait aujourd'hui la dépenfe. 11 y a un hôpital
pour les incurables ; un autre pour les Indiens convales-
cens, au dehors delà ville. On y reçoit ceuxqui fortent
de Sainte- Anne & des autres hôpitaux. Enfin il y en a
un fondé par un prêtre, pour les prêtres convalescens.
Outre les hôpitaux deftinés pour les malades , il y a une
maifon de Charité, dans la place de l'Inquifition. On y
-reçoit les .pauvres femmes & les pauvres filles. On y
marie ces dernières ou on les fait religieufes. Dans le
collège de Santa-Crux de las Minas , on élevé un cer-
tain nombre de filles trouvées , que les inquisiteurs do-
tent quand elles fe marient. Un prêtre a auffi laiffé une
fondation de plus de fïx cents mille piaftres , fous la di-
rection du doyen de la cathédrale, & du prieur de S. Do-
minique , pour marier vingt filles. On donne cinq cents
piaftres à chacune. La confrérie de la Conception marie
une quarantaine de filles, à chacune desquelles elle donne
quatre cents cinquante piaftres. Il y a une fondation fous
le titre de .iV. D. de Cocharcas , pour les pauvres tilles
des Caciques, fk un collège pour les garçons. Ils y ont
toutes fortes de maîtres.
Les Dominicains ont quatre couvens ; le principal eft
celui du Rofaire. Les autres font la Récolleilion de la
Magdelaine , S. Thomas d'Aquin , où eft leur étude , ôc
Sainte-Rofe de Lima. Ce dernier a pris fon nom de fainte
Rolè, vierge, religieufe du tiers -ordre de S. Domi-
nique. Elle naquit à Lima, en 1586. Elle y paffa toute
fa vie, & y mourut en 1617. Les Coraeliers ont quatre
couvens ; celui de Jefus, ou le erand couvent , qu'on ap-
pelle auffi S. François. Il enferme plus de fept cents
hommes, tant moines que domeftiques, &il occupe l'es-
pace de quatre quartiers ; c'eft le plus beau de la ville.
Le fécond eft la Récolleclion de fainte Marie des Anges
ou Guadalupe. Le troifiéme eft le collège de S. Bona-
vcr.ture. Le couvent des Déchaufles de San-Diego fait
le quatrième. Les Auguftins ont auffi quatre couvens ,
qui contiennent plus de cinq cents moines ; voici leurs
noms : S. Aagujlin , Nqfira fanta de Copa-Avana , le
eolUgt de S. lldefonfe , & le Novitiat qui eft hors de
la ville ; autrement la Réforme de N. D. de Guia. L'or-
dre de la Merci a trois couvens, la Merci , la Récolléc-
tion de N. D. de Bethléem, & le collège de S. Pierre de
Nolasque. Les Jéfu'ues avoient cinq maifons , S. Paul,
S. Martin , le Noviciat , ou S. Antoine , le Cercado ,
fous le nom de S. Jacques , où ils font curés , & los
Defemparados , ou N. D. de Douleur, qui eft leur mai-
fon profelfe. Les Bénédictins ont le monaftere de jV. D.
de Mont-Serrat. Les Minimes occupent depuis peu l'é-
glife de N. D. del Socorro , ou du Secours , qui porte
auffi le nom de S. François de Paule , & une chapelle
de Noftra-Santa de la Viâoria , où étoit le grand cou-
vent , qu'on appelle du nom de leur patriarche. Les frè-
res de S. Jean de Dieu ont la direction de l'hôpital de
San Diego. Les Bethléémites ont deux hôpitaux ; celui
des Incurables, & celui de N. D. duCarmel, qui eft
hors de la ville. Ces moines font fortis depuis peu de
la ville, de Guatimala au Mexique , où le vénérable frère
Pierre-Jofeph de Betanciir les inftitua , pour fervir les
pauvres. Innocent XI en approuva la régie, en 1697.
Ils ont déjà neuf couvens dans le Pétou. *Ba'dkt, To-
pogr. des Saints , p. 167.
11 y a à, Lima un peu moins de religieufes que de moi-
nes. On n'y compte que douze couvens de filles. i° Ce-
lui del Incarnation ; ce font des chanoineffes régulières
de S. Auguftin. i° La Conception, ordre fous la même
règle. 30 La Trinité, de l'ordre de S. Bernard. 40 S. Jo-
feph de la Conception , plus auftere que le précédent ; ce
(ont les Déchaujjées de la régie de S. Auguftin. 50 Sainte»
Claire, de la fondation de Toribio. On y conîérve le
cœur du fondateur. Ce couvent contient plus de trois
cents filles de l'ordre de S. François. 6° Sainte-Cathe-
rine de Sienne, de l'ordre de S. Dominique. 70 Sainte-
Roje de fanta Maria , du même ordre. 8° Le couvent
del Prado , peuplé d'Auguftines Récollettes. 90 Sainte-
Therefe, de l'inftitut du Mont-Carmel. io° Sainte-Rofe
de Viterbe. Il0 Les Trinitaires. 12° Le Jefus- Maria,
des Capucines établies en 1713 , par quatre religieufes
venues d'Espagne. On compte en gros plus de quatre
mille religieufes ; &: parmi ces couvens, il y en a quatre
ou cinq où l'on mène une vie très-réguliere. On pour-
roit ajouter ici une maifon de la fondation de Toribio,
pour les femmes en divorce. Il eft incroyable à quel
excès on pouffe ici cet abus. Tous les jours on voit,
des gens fe démarier , avec la même facilité que fi le
mariage n'étoit purement qu'un contrat civil. Tout fert
de prétexte ; de fimples plaintes de méfintelligence , de
peu de fanté , ou de mécontentement , fuffifent ; &f , ce
qui eft encore plus étonnant , ils fe remarient à d'au-
tres. Cet abus eft venu d'Espagne, dans le tems même
de l'établiffement de la colonie. Le commerce qu'on y
avoit eu avec les Mores , avoit rendu le divorce fi com-
mun, que le cardinal Ximenès fe crut obligé d'y cher-
cher remède ; & parce que l'affinité fpirituelle fervoit
fouvent de prétexte, le concile de Tolède, qu'il afTem-
bla en 1497, ordonna que dans les baptêmes ,on auroit
foin d'écrire le nom des parreins & marreines, afin qu'on
connût la vérité. Les filles Repenties ont auffi une retraite,
qui n'eft pas des plus peuplées. On fe fait peu fcrupule à
Lima du libertinage, & l'on prend auffi peu de foi»
de le réprimer. On appelle ces filles las Amparadas de
la Conception.
Il y a toujours à Lima un jufte milieu entre le froid
de la nuit & la chaleur du jour. Les nuages y couvrent
ordinairement le ciel , pour garantir cet heureux climat
des rayons que le foleil y darderoit perpendiculaire-
ment ; &c ces nuages ne fe changent jamais en pluie qui
puiffe troubler la promenade ni les plaifirs de la vie :
ils s'abbaifîent feulement quelquefois en brouillard , pour
rafraîchir la furface de la terre ; de forte qu'on y eft tou-
jours afîuré du tems qu'il doit faire le jour fuivant. Si
le plaifir de vivre, dans un air toujours également tem-
péré , n'étoit pas troublé par les' fréquens tremblemens.
de terre, il n'y auroit pas de lieu plus propre que celui-
ci à donner une idée du paradis terreftre ; quoique,
dans certaines faifons , on foit bien incommodé à Lima
par plufieurs fortes d'infeftes.
Outre les fruits qu'on y transportés d'Europe, comme
pommes, figues, raifins, olives, &c. on y trouve ceux
des iflesdes Antilles, comme ananas , gouyàvis, patates ,
bananes , fandUs , melons , & d'autres qui font parti-
LIM
LIM
culiers au Pérou ; de ce genre, les plus eftimés font les chi-
nmoyas, qui reffemblent en petit à l'ananas & à la pomme
de pin : ils font pleins d'une fubftance blanche & ferme,
mêlée de grains de la groffeur des haricots ; la feuille
reffemble un peu à celle du meurier , &L le bois au
coudre.
2. LIMA, (l'audience de) grande province du
Pérou. Elle eft bornée au nord par l'Audience de Quito ;
à l'orient, par la Cordelière des Andes ; au midi, par l'Au-
dience de los Ckarcas ; & à l'occident , par la mer du
fud. Il y a dans cette Audience de hautes montagnes ;
les principales font la Sierra & Los Andes. La rivière
de Moyobamba prend fa fource dans cette province ; &C
après avoir été groffie des eaux de plufieurs petites ri-
vières, elle va fe jetter dans celle des Amazones. Les
principales rivières qu'elle reçoit, font VApurimac, YYu-
cai, VAbancai* hBilcas, la Vinoque , Parcos, Picos,
la Xauxa , los Ckapachos , los Mutïlones , &C Les
principaux lieux font :
Lima,
Ckumbibilças ,
Zana, ou Mirafiores,
Cotapamba &£ Omafayos,
Chacaynga ,
Aimare{ ,
Truxillo,
Collaguas ,
S. Miguel de la Ribera,
Santa , ou La Parilla ,
Los Conchucos,
Cuamanga ,
Arcquipa ,
Andaguaylas ,
Los Viticos ,
Yca ou Valverde ,
Los Chupachos ,
Vilca-Bamba ou S. Fr. de
Bonbon ,
la Vittoria,
Los Attavillos ,
Cusco , ancienne capitale,
Zuuxa ,
Canas & C anches.
Moyobamba ,
S. Juan del Oro.
Guaylas ,
_ 3. LIMA, (la VALLÉE de) appellée auffi avant l'ar-
rivée des Espagnols, la VALLEE deRimac, du nom
de la faillie divinité qui y rendoit des oracles. Cette
vallée s'étend principalement à l'oueft de la ville de
Lima, jusqu'à la ville de Callao , &C au fud, jusqu'à la
•vallée de Pachacamac. On voit dans cette vallée, fur-
tout entre Lima & Callao , des maifonsj de campagne
fort propres , & des jardins charmans , dans lesquels les
paltas , les lucumus , les cherimolas , & d'autres fruits
domeftiques & étrangers, fe trouvent en grand nombre.
Les campagnes dans lesquelles on ne feme pas de bled,
font remplies (ïalfarfars. On appelle alfarfar un champ
femblable à nos prairies , dans lequel on feme une graine
qui pouffe une plante , que nous appelions luzerne ou
Medica en France , à cauié que fa femence nous fut ap-
portée de la Médie. Elle eft un genre de plante à fleurs
légumineufes , dont la tige eft longue de plus de deux
pieds, divilée, vers fon iommet, en plufieurs branches,
chargées de peti es fleurs bleues, qui, lorsqu'elles font
épanouies , rendent ces campagnes d'une beauté admi-
rable. Ces prairies ou alfarfar s font vertes toute l'année.
On n'a pas plutôi coupé ces plantes , qu'elles pouffent
une autrefois ; & tous les matins, on voit entrer dans
Lima une infinité d'ânes chargés d: 'alfarfar. Leurs con-
ducteurs leur mettent à la bouche un gros os , en ma-
nière de mords, pour les empêcher de manger ces her-
bes. Ces plantes fervent à nourrir toutes les bêtes de
charge, pendant toute l'année ; on n'a pas d'autre foin
à leur donner que Xaljarftr. * Feuillèe , t. 1, p. 497.
Depuis le tremblement de terre de 1678, cette vallée
ne produit pas du bied comme auparavant ; c'eft pour-
quoi on trouve meilleur marché de le faire venir du
Chili , d'où l'on tire, tous les ans, de quoi nourrir cin-
quante ou foixante mille hommes. * Fréter t p. 411.
Dans la vallée de Lima, entre la capitale de même
nom Sr. la ville de Callao , on voit les ruines d'une an-
cienne ville , qui avoit été bâtie du tems des Yncas.
On a remarqué que les rues en étoient fort étroites, &
' que, par les chemins qui traverfoientles champs, &c qui
étoient bordés de murailles qui ont été abbatues par
les Espagnols , à peine deux hommes pouvoient-ils y
paffer de front. Les Indiens d'aujourd'hui difent, que les
peuple* autrefois étoient plus ménagers du terrein que les
Espagnols, parce que leur nombre' étoit (i grand, qu'on
avoit befoin de cultiver foigneufement toutes les campa-
gnes , pour fournir à leur fubliftance. On voit dans les
S39
ruines de cette ville une grande muraille à créneaux, bâ-
tie avec de grands pans de terre , renfermant un grand
palais qu'on dit être la maifon où Iogeoit FYncas , lors-
qu'il alloit de Cusco à ces contrées. Les maifons des
particuliers, dont la plupart des murailles font encore
élevées de plus de trois pieds fur le terrein , étoient
en quarré-long , les unes plus grandes que les autres ; ce
qui marquoit la différente qualité des Indiens, qui les ha-
bitoient.
4. LIMA, (la RIVIERE DE) belle rivière de l'Amé-
rique méridionale, au Pérou, dans l'Audience & dans
la vallée de Lima. Elle descend des hautes montagnes
de la Cordelière des Andes, & paffe au nord de la ville
de Lima , & le long de (es murailles. Cette rivière ar-
rofe toute la vallée par une infinité de petits c .naux
qu'on a pratiqués au milieu des plaines. On conduit ainfi
tes eaux dans tous les jardins & dans les campagnes
cultivées, qui, fans_ cela, leroient brûlées par les grandes
chaleurs , particulièrement dans le tems où il ne tombe
pas une rofée fuffilante pour pouvoir y conferver la fraî-
cheur. Elle va fe jetter dans la mer, au nord de la ville
de Callao , où elle fournit de l'eau pour l'aiguade des
vaiffeaux. * Fripier, p. 495.
5. LIMA , rivière d'Espagne & de Portugal. Elle a
fa fource dans la Galice , auprès de Villa- del-Rey, d'où,
prenant fon cours vers le lùd-oueft , elle entre en Por-
tugal dans la province d'entre Minho & Douro, & fe
perd dans un golfe qu'elle forme à fon embouchure,
après avoir paffé fous un pont qui en prend le nom de
Ponte de Lima. Les anciens l'ont connue fous le nom
de Leth.es. Voyez LethÈS 2. * Robert de Vaugondy.
Atlas. S Ji
6. LIMA, ou Ponte de Lima , petite ville de Por-
tugal , dans la province entre Minho & Douro, au fond
d'un golfe que forme à fon embouchure la rivière de
Lima , que l'on y paffe fur un pont , dont elle prend fon
nom. C'eft la capitale d'un petit pays nommé comme
elle. *Robert de Vaugondy, Atlas. Baudr. édit. 1705.
LIMjEA , rivière de la Lufitanie , félon Strabon , /. 3;
/>. 153 , qui dit qu'on la nommoit auffi Lethes , Aa'sj.
Pline & Silius Italicus parlent d'un fleuve de l'Oubli, ou
de Lethès , dans les paffages que j'ai rapportés au mot
LethÈS 2. On trouve une rivière nommée Limium par
Ptolomée, non pas dans la Lufitanie , mais dans l'Es-
pagneTarragonnoife , chez les Calldici Brcecarii ; &, par
conféquent, le Limius de cet auteur eft différent de la
Limœa de Strabon : auffi y avoit - il plufieurs fleuves
nommés Lethes. La rivière, que les Espagnols nomment
Guadaleté , conferve encore le nom de Lethé , & le
mot guadal ou guadil fignifie une rivière ; de façon
que Guadaleté n'eft autre chofe que la rivière de Le-
thé. Mais malheureufement le Guadaleté ne fauroit
être ni la Limai de Strabon , dans la Lufitanie , ni le
Limium de Ptolomée , qui étoit dans la Tarragon-
noife, puisqu'il eft dans la Bétique des anciens. J'en
fuis fâché , cela gâte la découverte. Il faut recom-
mencer les conjectures. D'ailleurs la Limita de Stra-
bon eft entre le Duero & Minho , & le répond au-
jourd'hui à la rivière de Lima ; ainfi c'eft le Limium
de Ptolomée; &c par conféquent, elle eft bien loin du
Guadaleté , dont l'étymologie , prife du mot Lethé, de-
meure toujours fans fondement fur l'autorité des anciens.
Au refte, la différence qu'il y a entre Strabon qui donne
Limœa à la Lufitanie , & Ptolomée qui met Limium
dans l'Espagne Tarragonnoife , n'eft pas fi grande que
fon diroit bien, elle n'eft qu'apparente. L'un donne tout
l'Entre-Duero ik Minho à la Lufitanie ; l'autre ledonne
à l'Espagne : cette différence vient du tems auquel ils
ont écrit ; ■ les gouvernemens s'accroiffent de tems en
tems , aux dépens les uns des autres. Mais ces deux
géographes mettent entre ces deux fleuves la rivière
dont il eft ici queftion, & ils s'accordent dans le prin-
cipal. Voyez Lethès 2; & Lima 5.
LIMADURA, village des Indes, à trois lieues de la
ville de Cambave. Il eft renommé par une mine de
chalcédoine, félon Vincent le Blanc, Voyages, 1. part.
c. 15.
LIMAGNE, (la) pays de France , félon Baudrand,
édit. 1705, dans la baffe Auvergne, dont il contient la
meilleure partie, le long de la rivière d'Allier, du midi
au feplentrion l'e-pace de quinze lieues , entre la Dore
84o
LIM
LIM
au levant , & lés montagnes à côté de Clermont au
couchant. C'eft une plaine extrêmement fertile & abon-
dante en toutes choies , Se un des plus beaux pays de
France ; ce qui eft caufe qu'il eft fort peuplé.^ Grégoire
de Tours appelle ce pays la Limant. Belleforêt s'eft mis
en tête , que cet hiftorien avoit marqué par ce nom une
rivière. Il fe trompe, parce qu'il n'a eu égard qu'à un
feul paflage ; au lieu qu'il falloit raffembler les quatre
où il eft fait mention de ce pays dans cet écrivain ; les
voici. Dicert tnim trat folitus rtx : Felim, inquit,Ar-
vernam Lemanim qua tanta jucunditatis gratid reful-
gert dicitur , oculis centre. (Hift. Francor. iL 3, c. 9.)
Ce prince , qui marchoit dans un brouillard épais , re-
grettoit de ne pouvoir pas voir la beauté de la Limagne
d'Auvergne , qu'on lui avoit vantée , Se où il paflbit,
fans jouir d'une fi agréable vue , à caufe de l'obscurité
de l'air. Il dit , i 3, c. 33 , au fujet des inondations
desquelles l'Auvergne fouftnt beaucoup en 580. Arvtr-
norum. rtgiontm diluvia magna prejj'trunt , ita ut per
dits duodecim non cejfaret à pluvid : tantâque inunda-
tione Limant eft i/ifufum , ut multos ne ftmtnttm j act-
rent prohibent. Flumina quoqut Liger, Sec. Voilà appa-
remment le paflage fur lequel Belleforêt a jugé ce mot
infufum, plus propre à un fleuve qu'à un pays , au lieu
qu'il devoit confidérer que eft infufum n'eft pas régi par
Limant, qui eft l'ablatif, mais que c'eft un imperfonnel.
L'hiftorien parle des grandes inondations de l'Auvergne,
d'une pluie continuelle pendant douze jours ; que cela fe
répandit fi bien dans la Limagns , qui eft une plaine ,
que l'on fut hors d'état de femer ; Se après les défor-
dres que caufa la pluie tombée dans cette plaine , il pafle
aux débordemens des rivières, comme la Loire , l'Al-
lier, Sec. Limant eft là au lieu de per Limantm. Dans
ion livre de la Gloire des Confefîeurs , c. 31, il parle
d'un prêtre qui logea dans la hute d'un pauvre homme
de la Limagne : ad hospidolum cujusdam pauptris Li-
manici manfionem expetiit. Il dit enfin, /. 1, c. 84, à
l'occafion d'un gros amas de paille où le feu prit : Li-
mant , veftitumfegetibus , nudum habttur à jilvis. La
Limagne , qui eft couverte de grains , manque de bois.
Belleforêt croit qu'il eft ici queftion du Lymone ou La-
mont , rivière de ce quartier-là ; Se Coulon , dans les
rivières de France, 1. part. p. 164, dit: aucuns tirent
le nom de la rivière de Limont , qui descend du haut
Auvtrgnt , pafle à Saint-Fleuret , Se entre dans l'Allier
à Saint-Martin. Mais Siméoni , qui a donné une carte
particulière de la Limagne , n'y fait pas la moindre men-
tion ni de Limont , ni de Saint-Fleuret , ni de Saint-
Martin. Sidonius Apollinaris fait une magnifique descrip-
tion de la Limagne ; voici les paroles mêmes , /. 4 ,
Epift. 21 : Taceo territorii peculiarem jucunditatem ; ta-
ceo illud aquor agrorum , in quojîne ptriculo quaftuofa.
fluctuant in fegetibus unda. , quod indujlrius quisque ,
quo plus fréquentât , hoc minus naufragat. Viatoribus
molle, frucluofumaratoribus, venatoribus voluptuofum ;
quod montium cingunt dorja pascuis , latera vinttis ,
terrena villis , faxofa caflellis , opaca lu/Iris , aptrta
culturis , concava fontibus , abrupta jluminibus : quod
deniqut hujusmodi eft ut femtl vifu/n advtnis , multis
patriœ obliviontm fzpè perfuadtat.
LIMANDUS. Curopalate nomme ainfi un canton ,
qu'Ortélius croit être le même canton de la Cappadoce,
que d'autres nomment Lapara. Voyez ce mot.
LIMAS , rivière de Portugal , dans l'Alentejo. Elle
a fa fource entre la Guadiana Se l'Andaloufie , afTèz près
de Moura ; Se, ferpentant d'un cours aflez femblable à ce-
lui de cette rivière , elle s'en approche toujours de plus
en plus, jusqu'à ce qu'elle s'y perde un peu au-deflus de
Mertola. On la pafle à l'orient Se à deux mille pas de
Serpa, en fuivant la grande route de Béja à Payinogo,
qui eft de l'Andaloufie. * Jaillot, Atlas.
LIMAT, (le) rivière de Suifle. Elle a fa fource au
comté de Sargans, fur les confins des Grifons, auprès
des Alpes. De-là, circulant vers l'orient , & enfuite vers
l'occident , elle fe jette dans le lac de Wallenftat.
Scheuchzer ne la nomme pas Limât, ni Limmet en cet
endroit, mais Weift-Tann. Elle fort du lac, au couchant,
auprès de Welen, d'où , coulant le long du canton de
Glaris , elle reçoit une rivière qui vient du midi , Se qui
pafle près de la ville de ce nom ; de-là elle fe rend, en
ferpentant , dans le lac de Zurich, Elle traverfe enfuite
la ville même de Zurich, d'où elle porte bateaux, Se eft
navigable jusqu'à Baden , où elle pafle , partageant la
ville en deux , & va, une lieue au-deflbus deWindisch,
fe perdre dans l'Aar, déjà groflïe des eaux de la Reufs.
Ainfi on peut aller par eau de Zurich à Bade, de Bade à
Klingnau , &c de Klingnau jusqu'au Rhin. L'auteur de
l'Etat & Délices de la Suiff't dit, après Ruchat, le Lim-
met. Nous difons en françois le Limât.
LIMATA , ancien lieu d'Afrique. Il y avoit un évét-
ché. S. Optât , dt Schismatt Donatiflar, 1. I, c. 13,
parle d'un certain Purpurius , accufé d'homicide , Se
dit: homicida Purpurius .qui inttrrogatus dt filiis foro-
ris fua , quàd tos in carcere Milei necaffe diceretur, con-
fejjus tft dicens ; & occidi & occido non eos folos Jed
& quicumqut contra me fecerit ; fur quoi Dupin obferve
que S. Auguftin parle auflî d'un évêque de Limata , &
que c'eft peut-être le même fiége , qui eft nommé La.-
miggiienjis dans la Notice.
L1MBET, (le) petite rivière de l'Amérique , dans
Fille de S. Domingue , au quartier des François , à la-
bande du nord. Elle prend fa fource , comme toutes
les autres , dans les hautes montagnes qui couvrent le
milieu de cette grande ifle ; & , après un cours de huit
lieues dans ces belles vallées , formées par ces monta-
gnes , elle fe jette dans la mer entre le port Margot &
le port François , 6i donne le nom à une colonie , ou
habitation, qui eft entre cette rivière & la rivière Rouge.
LIMBOURG , ville des Pays-bas , au duché dont
elle eft la capitale, & auquel elle donne fon nom, fur
une montagne, près de la petite rivière de Vefe, qui en
lave le pied , avec un vieux château , aux frontières de
l'état de Liège , dont elle eft à fix lieues, à quatre d'Aix-
la-Chapelle, 6c à fept de. Maftricht.
Le duché de Limbourg eft borné au nord, &
à l'orient par le duché de Juliers ; &t du même côté , il
confine avec le territoire d'Aix la Chapelle. Au midi, il
a le marquifat de Franchimont , qui eft du pays de Liège ;
Se à l'occident, la^Meufe le fépare du pays &c de l'évê-
ché de Liège. De ce même côté, cette province eft bor-
née par le territoire de Maftricht. On appelle ce même
pays le pays d'Outrt-Meufe , à caufe de (a fituation au-
delà de cette rivière , à l'égard du Brabant ; & il n'a eu
ce nom, que depuis que les ducs de Brabant l'ont pos-
fédé. Cette province comprend le duché , autrefois
comté de Limbourg, & les trois feigneunes annexées,
qui font Dalem ou Dalheim , Rolkduc ou Kodleduc ,
en allemand Hert^ogenrod ; &c Fauquemond , en alle-
mand Valkenbourg. * Longuerue , Description de la
France, t. part. p. 119.
Le duché de Limboutg proprement dit , par les trai-
tés faits entre Philippe IV, roi d'Espagne, & les états-
généraux des Provinces-Unies , étoit demeuré entière-
ment au roi Philippe ; &c les trois autres feigneuries fu-
rent partagées entre le roi Se les états généraux, par le
traité de la Haye, conclu le 19 de Décembre 1661;
Se ces feigneuries , ou la plus grande partie , ont appar-
tenu à d'autres qu'aux ducs de Limbourg. Le duché de
ce nom eft fitué fur les confins du marquifat de Fran-
chimont ; il a pris le nom de fa capitale Limbourg, qui
n'étoit d'abord qu'un château bâti fur un rocher, dans
le pays d'Ardenne. On ne voit point qu'il ait été bâti
avant le dixième fiécle ; mais feulement que Henri
avoit le titre de comte de Limbourg, dès l'an 1073, comme
on le voit par la Chronique des evêques de Liège, écrite
par Egidius ou Gilles, moine d'Or val, dont l'extrait eft
rapporté par Duchesne,dans les preuves de l'Hiftoirede
Luxembourg & de Limbourg. Son fils, Henri II, lui fuc-
céda au comté de Limbourg. Quelques-uns difent , &
même Duchesne , que ce comte prit le titre de duc de
Limbourg, dès l'an 1093, & prétendent le prouver par
une Charte rapportée par Fréhérus,en fes origines du Pa-
latinat ; mais cette Charte eft faufïe ; Se on a marqué à la
marge, dans l'ouvrage de Duchesne , qu'elle eft fort
douteufe. Ainfi on ne voit point que Henri II, comte
de Limbourg , ait pris le titre de duc, avant que l'empe-
reur Henri 111 ou IV, l'ait créé duc de la bafle Lorraine;
Se quoique fon fils Henri IV ou V l'ait depuis dépouillé
de ce duché , Se de fon ancien patrimoine , lorsque le
même duc Henri fe fut remis en poffeffion de Lim-
bourg, il continua à prendre le titre de duc, qu'il laifla
à fes fuccefleurs, Valeraa , fon fils , fut, durant quelque
LIM
LIM
tems duc de la baffe Lorraine ; mais Henri, fon fils, fut
privé de ce duché par l'empereur, &L il ne lui refta que
le duché de Limbourg.. Valeran II , qui descendoit de
Henri en ligne directe , époufa en fécondes riôces l'hé-
ritière de Luxembourg , dont le comté paffa à fort fils du
fécond lit, Henri ; mais le duché de Limbourg appartient
au fils de la première femme , nommé auffi Henri, qui
laiffa le duché de Limbourg à Ces descendans , dont le
dernier mâle , qui fut Adolphe de Limbourg, comte
de Bergue , près de Cologne , ayant hérité du duché de
Limbourg, parce qu'Hermengarde de Limbourg, fille du
duc Valeran III étoit morte fans enfans , transporta ce
duché, & tous les autres biens de fon oncle Valeran;
à Jean I, duc de Brabant, & dès-lors le duché de Lim-
bourg fut uni à celui de Brabant , & le duché de Lim-
bourg fut nommé le pays d'Outre-Meufe. Le territoire de
Limbourg eft fort fertile, abondant &c bien peuplé. Il
n'a point d'autre ville murée que Limbourg. Louis XIV,
roi de France, l'aflîégea en perfonne, & la prit l'an 1675 ;
& environ deux ans après , les Hollandois & leurs al-
liés menaçant d'un fécond fiége la ville de Maftricht,
on en fortifia la garnifon, en y mettant les troupes qui
étoient à Limbourg que l'on fit démanteler. Le pays
demeura fous l'obéiffance des François jusqu'à la paix de
Nimégue , par laquelle le duché de Limbourg fut rendu
à Charles II , roi d'Espagne. Après fa mort, on fit forti-
fier cette ville de nouveau , ci les impériaux & leurs
alliés s'en emparèrent, l'an 1701. Elle eft demeurée à la
maifon d'Autriche, par les traités dé Raftadt & de Bade,
après lesquels Charles VI, voulant gratifier l'électeur Pa-
latin Jean-Guillautne-Jofeph, fon oncle & fon allié, qui,
par les traités de paix avoit été obligé de reftituer à l'é-
lecteur de Bavière le haut Palatinat , avec la dignité de
premier électeur féculier, il lui donna le duché de Lim-
bourg & fes annexes, l'an 171 5 ; mais les états de ce du-
ché , & ceux de toutes les provinces des Pays-bas , s'é-
tant oppofés à cette aliénation , cet électeur mourut fans
avoir pu terminer ce différend.
1. LIME, ville d'Angleterre. Voyez LyME-Regis.
2. LIME , rivière de la Turquie en Afië, dans laNa-
tolie &C dans la province de Becfangil. Elle fe rend dans
la mer Noire , entre Penderachi & Lippo. De l'Ifle en
met la fource auprès de Caftromena , & l'embouchure
auprès d'Elen , dont elle prend auffi le nom de rivière
d'Elen.
LIMEIL , Limonium , petite ville de France, dans le
Périgord , fur la Vézere , qui s'y jette dans la Dordogne,
entre les villes de Sarlat & de Bergerac.
LIMENA. Voyez Limenopolis.
LIMÈNE. Voyez Lemène.
LIMENËIA, ou Limenia, ville, de l'ifle de Cypre,
dans les terres, félon Strabon, /. 14, />. 683. Le lieu
où elle étoit, conferve encore à-peu-près l'ancien nom,
& s'appelle Limnat. Ce n'eft plus qu'un fimple village.
*Ortêlius.
LIMENÉOCHUS : l'auteur de l'Etymologique donne
ce nom au cap Héracléen , près de l'embouchure du
Thermodon , félon Ortélius. Voyez Heracleum
Promontorium 3.
LIMENOPOLIS , ville de l'Afie mineure , de laquelle
il eft fait mention dans la Lettre que les évêques de ce
canton là écrivirent à l'empereur Léon ; Lettre qui fe
trouve dans la Collection des conciles. Ortélius, qui four-
nit ce nom & cette autorité, foupqonne que cette ville
étoit dans la Bithynie ou dans la Phrygie. Ce doit être
la même ville que Limen^E, A/^evai, ville de Pifidie,
qui eft marquée dans la Notice de Hieroclès. Celle de
Léon le Sage, n'en dit rien. Elle étoit épiscopale, &c re-
connoiflbit pour métropole Antioche de Pifidie.
LIMENOTIS , presqu'ifle de la Celtique, dit Etienne
de Byzance. Elle n'en eft pas plus connue par cette dé-
finition.
LIMERA. Voyez Epidaure 3.
LIMERAY, bourg de France , dans la Touraine, élec-
tion dAmboife.
LIMERICK., ou Limrick. ,■ Limericum , ville d'Ir-
lande, dans la province deMunfter, dans un canton au-
quel elle donne le nom de comté de Limerick, & dont
elle eft la capitale. On la nomme auffi LoUGH-MÉATH.
Elle a droit de tenir marché public, envoie deux dépu-
tés au parlement, c£ eft un fiége épiseopal. Elle eft belle,
84 1
riche , grande , bien peuplée & très-forte, firuée en par-
tie fur une ifle que forme le Shannon , & divifée en
deux villes , la haute & la baffe. Ôii entre dans la haute
où eft le château &C la cathédrale par deux grandes por-
tes , à chacune desquelles il y a un beau pont de pierre,
dont l'un conduit à l'eft , & l'autre à l'oueft , avec des
boulevards St des ponts-levis. La baffe ville fortifiée
d'une muraille & d'un château , n'a qu'une porte , & fe
joint au pont de la haute , qui conduit à l'eft. Quoi-
qu'elle foit à cinquante milles de la mer, de gros vais-
feaux de charge peuvent venir jusqu'à fes murailles. Elle
eft d'ailleurs à environ nonante-cinq milles presqu'à
l'oueft de Dublin. Elle effuya deux lièges fort rudes»
en 1690 & 1691 ; & par le dernier, elle fut obligée de
fe rendre à Guillaume III. Thomas Dungan eft comte
de Limerick. * Etat priant de L'Irlande, p. iji.
Le comté de Limerick, ou de Limrick , corï-*
trée d'Irlande, dans la province de Munfter. Ce comté
a le comté de Tipperari à l'orient ; celui de Kerry , au
couchant ; le Shannon qui le fépare du comté de Tho-
mond , avec un petit quartier de celui de Tipperari , ait
nord; &t le comté de Corck, au midi. Il a quarante-huit
milles de long, & vingt-fept de large. Ce pays eft fer-
tile & bien peuplé . mais il y a peu de bonnes villes ; il
eft montagneux à l'oueft , mais plein & uni par - tout
ailleurs. On le divife en neuf baronnies , favoir :
Clonello ,
Kenry ,
Limerick,
Ownyheg ,
ck Coshléa.
Connaught ,
ClaiTS'ilïiain,
Smal-County,
Coshma ,
Il n'a proprement que quatre villes , qui méritent d'être
nommées ainfi , favoir :
Limerick ,
Askéaton ,
Athdorâ,
Ksillmalock.
LIMES ; ce mot latin répond au mot limites , que
nous en avons emprunté, &C. lignifie bornes; l'extrémité
qui fépare un champ , un pays, d'avec un autre. Ce mot
appartient proprement à la topographie , c'eft-à-dire à
la description des lieux particuliers. Dans les pays qui
étoient diftribués aux colonies , les champs étoient par-
tagés entre les habitans à qui on les donnoit à cultiver ,
& on les féparoit par des limites qui étoient ou un che-
min battu par un homme à pied , ou des pierres pofées
aux extrémités. Ces pierres étoient facrées , &c on ne
pouvoit les déplacer fans crime. Frontin St Hygin ont
traité de ces fortes de limites, fur-tout le dernier qui en
fait un livre intitulé de Limitibus conflituendis.
Le mot LlMES fignifie auffi la fromiere , lorsqu'il eft
queftion d'un état entier , & ceci fournit un point de
géographie fort important pour l'hiftoire.
Augufte , fe voyant maître de l'empire , en partagea les
provinces entre lui & le fénat. Il lui donna toutes cel-
les qui étoient paifibles , & où il n'y avoit aucun befoin
d'armées ; il fe réferva celles où l'on pouvoit craindre
quelques mouvemens ; & fous ce prétexte, il avoit tou-
jours les troupes dans les provinces qui lui étoient af-
fectées. Il diftribua donc les légions Romaines dans ces
pays , &t établit neuf limites , à chacune desquelles il
donna un certain nombre de légions, pour les défendre
en cas de befoin. Les empereurs fuivans y en ajoutèrent
à mefure que les frontières de l'empire changeoient.
Voici ces limites :
Sous Aupi/lt,
I. En Espagne , III légions.
H. Dans la Germanie inférieure, fur le Rhin, IV lé-
gions.
III. Dans la haute Germanie, fur le Danube, IV lé-
gions.
IV. Dans la Dalmatie , II légions.
V. Dans la Pannonie , III légions.
VI. Dans la Syrie , IV légions.
VII. En Egypte, II légions.
VIII. En Afrique , I légion.
IX. Dans la Mcefie, fur le Danube , II légions.
En tout XXV légions.
Tome W. Oooe»
;42
L1M
Sous Claudius.
LIM
X. Dans la Grande-Bretagne , III légions.
Sous Vespajltn.
XL Dans la Cappadoce, II légions.
Sous Trajan.
XII. Dans la Dacie, II légions.
XIII. Dans l'Arménie & la Méfopotamie , fur le Ti-
gre , II légions.
XIV. En Arabie, I légion.
En tout XXXV légions. Mais l'empire Romain fe
voyant , avec le tems , attaqué par divers peuples , on
ajouta de nouvelles limites aux anciennes , qu'on dimi-
nua , comme n'étant plus de la même utilité. Dion ne
compte que treize limites fous l'empire d'Alexandre. La
Notice de l'empire, au contraire , en met quinze dans le
feul empire d'Orient , lavoir deux fous des comtes , ck
treize fous des ducs :
Sous des comtes
jL'Eg
\L'Lfa>
Sous des ducs,
/La Libye,
La Thébaïde,
La Phœnicie,
L'Euphratenfe ,
La Paleftine,
L'Osrhoëne,
^ La Méfopotamie ,
L'Arabie ,
L'Arménie ,
La féconde Mœfie ,
La Scythie ,
La Dacie Ripenfe,
iLa première Mœfie.
Zozimedit que Dioclétien éleva, à l'extrémité des fron-
tières , des forterefïes &c des places de guerre , où il logea
les troupes pour arrêter les Barbares , &c que Conftantin
les en retira pour les mettre dans des villes, où les fol-
dats s'étant amollis par les fpeftacles & par les plaifirs, ils
devinrent à charge aux citoyens ; de forte que les villes
fe dépeuplèrent, & que les Barbares trouvant les fron-
tières dégarnies , prirent leur tems pour entrer dans l'em-
pire.
Après le tems où la Notice de l'empire fut dreffée,
l'empire d'Occident étant détruit, Léon, empereur d'O-
rient, ajouta trois nouvelles limites à ces quinze, dont
nous venons de parler, ôc leur donna un comte à cha-
cune, fa voir:
La Pamphilie , La Lycaonie , La Pifidie.
Il en ajouta un autre , qui fut de la Pannonie , fous
un duc. En échange la Paleftine & la Méfopotamie, qui
avoient eu des ducs différens , ne firent plus enfemble
que le département d'un feul duc. Voyez au mot Rome,
ce que nous difons des frontières de l'empire Romain.
LIMES, (la cité de) plaine remarquable de France,
en Normandie , au pays de Caux , à une demi-lieue de
Dieppe, vers l'orient d'été. On la nomme communé-
ment cité , & une tradition populaire veut qu'il y ait eu
autrefois une ville, qui fut détruite en une nuit; &£ on a
tâché en vain de rebâtir , l'ouvrage de la veille fe trou-
vant détruit le lendemain. Il eft plus naturel de prendre
l'étymologie de fon nom dans le mot Limes , borne ou
frontière. Les favans du pays nomment ce lieu le CAMP
DE CÉSAR, caftrum Cafaris. Sa fituation ne laiffe pas
douter que ce n'ait été un champ des Romains. Une
enceinte de terre, qui eft encore fort haute , quoiqu'elle
ait dû s'affaiffer beaucoup en tant d'années , régne tout-
autour de ce terrein , excepté du côté de la mer qui bat
le pied de ce champ. L'art ou la nature ont ménagé de
ce côté-là une descente. Cette enceinte a une ouverture
du côté de Dieppe ; & la montagne eft fi rapide en cet
endroit , qu'on ne la peut monter ni descendre qu'à.pied.
Il y aune pareille ouverture à l'oppofite, du côté de Belle-
ville , & une troifiéme qui communique à la vallée où
eft le village du Puy. Ce camp n'eft à préfent qu'un pâr
turage , dont les villages de Barquemont Se du Puy
jouiffent en commun.
LIMETARUM SOLITUDO. Califte nomme ainfl
un défert , qu'il dit que Grégoire de Théopolis traverfa.
Evagre le nomme auffi ; & Ortélius , Thefaur. conjec-
ture que ce défert devoit être en Arabie.
LIMEUX , bourg de France , dans le Berry. Il y a un
prieuré qui étoit à la collation des Jéfuites de Limoges.
LIMITE. Voyez LiMjEA.
LIMICI , ancien peuple de l'Espagne Tarragonnoife,
félon Ptolomée , /. z, c. 6; il lui donne une place uni-
que, favoir Forum Limicorum. Pline, l. 3 , c. 3 , lé
nomme auffi, & le range fous la jurisdi&ion de Brague.
LIMIGANTES, ancien peuple de la Sarmatie , félon
Ammien Marcellin , /. 17 , c. 13. C'étoient des esclaves
qui s'étoient emparés du pays , à l'exclufion de leurs maî-
tres ; l'empereur Confiance en fit un grand carnage , &
les chafia du pays qu'ils s'étoient approprié. Ils étoient
entre la Theiffe & le Danube.
LIMINIUM OPPIDUM, ou Lamenium, félon
d'autres exemplaires de l'Itinéraire d'Antonin , ancien
lieu d'Espagne , fur la route de Mérida à Saragoce , en-
tre Mariana &Alces, à trente milles delà première & à
quarante de la féconde. C'eftla même que Laminium.
LIMIOSALEUM, ^""^'^ ancienne ville de la
grande Germanie, félon Ptolomée , /. 1 , c. 1 1.
Appien croit que c'eft aujourd'hui la ville de Gnesne.
LIMIRA, petite ville de la Turquie, en Afie, dans
la Natolie , & plus particulièrement dans le Mentès-Ili ,
entre la ville deMentèfe & celle de Finica. *Baudrand,
édit. 1705.
LIMISSO, ville d'Afie, dans l'ifle de Cypre, dans fa
partie méridionale , avec un évêché du rite grec , fuffra-
gant de Nicofie. Elle eft à préfent presque ruinée , & ré-
duite en village. On compte de-là foxiante milles à Bafo,
& cent milles à Famagoufte. Les Turcs la prirent aux
Vénitiens, en 1572. Quelques auteurs prennent Limiffo
pour l'Amathonre des anciens. * Baudrand, édit 1705.
LIMITROPHE , terme de géographie. Ce mot fe dit
des pays contigus l'un à l'autre, qui fe touchent par leurs
limites. Ainfi la Normandie & la Picardie font limitro-
phes. On dit en ce fens pays limitrophe ; terres limitro-
phes. Richelet décide mal , quand il dit qu'on ne fe fert
guères de ce mot. C'eft un terme de géographie ; & le
mot de voifîn n'eft pas fi propre ni fi jufte en certains
cas.
LIMIUM & LIMIUS. Voyez Limjea.
LIMMET. Voyez Limât.
LIMMICENSIS, fiége épiscopal d'Afrique , dans la
Byzacène. Donatus, fon évêque, fouscrivit à la Lettre
adreffée à l'empereur Léon. * Harduin. Colleft. conc.
LIMMOCHEIRIS , lieu de l'Afie mineure , fur le
Méandre, où il y a un pont pour paffer cette rivière,
félon Nicetas cité par Ortélius , Thefaur.
1. LIMNjE, ville de Thrace , dans la Querfonnèfe,
félon Strabon; auprès de Seftos , félon Etienne le Géo-
graphe. Strabon, /. 14, p. 635, ne s'en éloigne pas,
quand il dit qu'elle étoit au bord de l'Hellespont. Il
ajoute que c'étoit une colonie des Miléfiens.
ï. LIMNjE , lieu du Péloponnèfe , aux confins delà
Meffénie & de la Laconie. Il y avoit un temple de
Diane , où l'on venoit de toutes parts , & des deux pays
également. Les Mefféniens violèrent les filles qui y
étoient venues pour fàcrifier à la déefie. On demanda'
juftice de cette violence, & le refus des Mefféniens donna
lieu à une guerre qui caufa la ruine de leur ville. C'eft
de ce temple de Limna qu'eft venu le nom de Diane
Limnéenne , donné à un temple qui étoit dans la ville
même de Lacédémone.
3. LIMNjE , tribu de l'Attique , dans la Grèce pro-
pre, félon Ortélius, Thefaur. Spon, p. 1*,%, dit dans
i'a Lifte de l'Attique , Limna , dont la tribu eft incer-
taine, étoit un quartier proche de la ville (d'Athènes)
où il y avoit un temple de Bachus , dans lequel on célé-
broit à fon honneur un fête le 12 du mois Antheftirion,
& on y faifoit combattre des jeunes gens a la lutte. C'é-
toit dans ce temple, où, dans les premiers fiécles d'A-
LIM
thènes on lifoit un décret des Athéniens , qui obligeoit
leur roi, lorsqu'il vouloit le marier, de prendre une
femme du pays, & qui n'eût pas été mariée auparavant.
4. LIMNiE , lieu de la Macédoine , félon Laonic
Calchondile , /. 6, cité par Ortélius , Thcfaur.
LIMN^EA , lieu de Grèce, près du golfe d'Ambracie,
félon Polybe, /. 4; Si 1 hucydide , /. 1 & j. Etienne
le Géographe dit village d'Argle , Si cite Thucydide. Il
étoit en effet voifin d'Argos, non pas de la ville d'Argos
au Péloponnèfe , qui donnoit le nom à l'orgie, mas
d'Argos f Amphilochique, qui n' étoit pas loin du golfe
d'Ambracie.
LtMNEASPHALTIS , grand lac d'Afie , dans la Ba-
bylonie, félon Vftruve , /. 8, c. 3. C'eft le Bituminis
Fons dont parle Quinte-Curie , /. 6.
L1MN1AS, lieu de la Cy-rénaique, à vingt-un mille
pas de Cyrèie , en allant vers Alexandrie , félon l'Itiné-
raire d'Antonin.
LIMNITjE. Cedrène nomme ainfi un peuple fournis
aux Turcs. Ortélius , Thefaur. croit que c'eft le même
que les Dilimnius. Voyez DlLlMNITiE.
LYMNOS , ifle de l'Océan Britannique. Ptolomée ,
/. z, c. 2 , .la met fur la côte orienrale d'Irlande , Si dit
qu'elle étoit délérte. Dans les anciennes éditions de
Pline , elle étoit nommée S'dïmmis. L'édition du père
Hardouin porte Limnus. Pline la met avec Mona, Si quel-
ques autres entre l'Irlande & l'Angleterre ; mais il y met
aufli Fille de "Wïght, cequi ne convient pas. Cambden dit
qu'elle eft nommée Sym.cn par les Bretons , & Ramfey
par les Anglojs, Si qu'elle eft fouvent nommée Limenda.
infida dans la Vie de S. David, évêque. Baudrand, qui
cite Varaeus, dit que Limnos eft appellée aujourd'hui
Lambey.
LIMOGES , ville de France , dans la province du
Limofin, dont elle eft la capitale. Cette ville que les
Latins appellent Rauajlum , vicus Ratiatcnjïs , civi-
tas Ratiaûca , Lemovicœ , Lemovica. urbs, cïvitas Lemo-
vica , Lemovicina urbs , eft fituée en partie fur une col-
line , Si en partie dans un vallon. La rivière de Vienne
pafTe le long de fes. fauxbourgs , du côté du levant.
L'enceinte de la ville eft mal bâtie, Si il n'y a point de
place publique d'une grandeur raifonnable. Les maifons
font de charpente , fort ferrées, ("ombres, Si fujettes à
de fréquens incendies, On y voit quelques maifons de
pierre à façade Angloife, dont les fenêtres font à arcs
aigus. On partage Limoges en ville Si cité. La cathé-
drale eft dans la cité ; Si fi l'on en croit les gens du pays,
elle a été bâtie par les Anglois. L'édifice n'eft pas achevé;
mais ce qui eft fini, eft beau. On remarque dans le chœur
quelques tombeaux. Le palais épiscopal eft mal bâti.
La Régie eft une abbaye de filles de l'ordre de S. Benoît,
fondée, vers l'an 817, le bâtiment eft affez joli. Les
jardins eh terraffe donnent fur la rivière, Si l'églife eft
tien ornée. Les Cordeliers ont un églife aflez grande.
En y entrant on voit un crucifix de grandeur naturelle,
couyert d'une espèce de robe ; on eft frappé de ce fpec-
tacle la première fois qu'on le voit. L'abbaye de S. Au-
guftin eft dans les fauxbourgs, Se dans une belle fituation,
avec de très-agréables vues. C'eft une mailbn des plus
commodes, où les eaux vont, de tous côtés, à la cui-
fine, au réfeftoire, Si au jardin. S. Martial eft une églife
collégiale , très-connue , fans être belle , parce que les
Limofins ont une grande dévotion pour S. Martial ,
qu'on croit, dans ce pays , avoir été l'apôtre de la pro-
vince. L'églife paroifliale de S. Michel eft dans le lieu
le plus élevé de la ville. Son clocher fe découvre de
très -loin. C'eft encore un ouvrage des Anglois, fi l'on
en croit les gens du pays, accoutumés à leur attri-
buer les plus beaux ouvrages gothiques qui font dans le
royaume; fauffe opinion dont toutes nos provinces
font infatuées, comme fi nos architectes n'avoient pas
été capables par eux-mêmes de produire de bons mor-
ceaux. Le féminaire eft une belle maifon de pierre ,
bârie fur le modèle de celui de S. Sulpice de Paris ; mais
la cour eft plus grande. Limoges, qoiqu'éloignée des
ports de mer, Si fans rivière navigable, ne laide pas d'ê-
tre très-marchande; c'eft l'entrepôt du commerce de Pa-
ris avec Touloufe, Si de Bordeaux avec Lyon. Les
marchands de Limoges font un commerce très-confidé-
rable dés cuirs qu'on prépare dans les tanneries de cette
ville , des draps ôc du papier qu'on fait à S. Léonard,
LIM 843
Les doux à ferrer les chevaux, qu'on fait à Limoges ,
font regardés comme les meilleurs qu'il y ait : les maré-
chaux de Paris , Si des principales villes du royaume,
en font venir pour leur fourniture. Le fer de ce pays
étant très-doux Si ployant, le fil en eft excellent. On
fait des émaux fhr du cuivre , qui mériteroient l'atten-
tion des curieux, fi ceux qui y travaillent, étoient plus
habiles qu'ils ne font dans le delîein &C la peinture;
car^ on prétend que les eaux de Limoges ont une pro-
priété finguliere pour embellir les émaux. On travailloit
autrefois beaucoup en épingles dans cette ville ; mais ,
depuis quelque te. ris-, ..cette manufa&ure eft presque tom«
bée. Le préfidial de Limoges fut créé en 1551 , Si ren-
ferme dans Ion reffort environ quinze lieues de pays,
dans lequel il n'y a aucune fénéchauffée royale , mais
feulement plulieurs prévôtés, ou juftices feigneuriales.
Les prévôtés, ou juftices royales subalternes, font celles
de Limoges , de Solognac , de Chalucet , de Campanac,
de Raivon Si de Coudon. Celle de S. Léonard eft en
pariage entre le roi l'évêque de Limoges , Se celle de
S. Irier, entre le roi Si le chapitre de cette ville. Les
principales juftices feigneuriales du refiort de ce préfi-
dial , font la cité , la fale épiscopale , l'ifle de S. Juriien,
Esmoutiers , S. Léonard pour la partie qui appartient
à l'évêque , S. Germain , Bénévenr , Pierre-Bufnerre ,
Escars , Chàteauneuf , Laftour , Bonneval , Charlus ,
Aire, Solon, Porchère, Vie, S. Vaury , Si quantité
d'autres moins confidérables. Il y a à Limoges des juges
des traites-foraines, Si un bureau établi en're cette ville Si
celle de S. Junien , dans un lieu appelle la Barre , qui
eft dans une petite partie du Poitou , enclavée dans le
Limofin. On prétend que ce bureau des traites rap-
porte fort peu au roi, Si eft très-préjudiciable au publie-
Le bureau des finances de Limoges étoit un des plus
étendus du royaume, avant qu'on en démembrât les
éleftions de Saintes Si de Cognac , qai furent d'abord
jointes à la généralité de Bordeaux , Si enfuite à celle
de la Rochelle. On a aufli démembré l'éleftion de
S. Jean-d'Angely , pour l'unir à cette dernière généra-
lité. Les tréforiers de ce bureau des finances le font main-
tenus dans la jurisdiction qui eft attribuée aux bureaux
des finances. Ils connoiffent des matières du domaine,
Si reçoivent les foi Si hommage ; mais il n'eft pas d'u-
fage qu'aucun d'eux affilie au département des tailles,
comme il fe pratique dans plulieurs généralités. Il y en a
toujours un qui aflifte à la vifite Si adjudication des
ponts &i chauffées. * Piganiol de la Force, Description
delà France, t. 6, p. 364, 367, 368, & 373.
La ville de Limoges tomba au pouvoir des Vifigoths,
dans le cinquième fiécle , Si fut prife fur eux par les
François, avec le refte de l'Aquitaine, fous Clovis. Sous
les enfans de ce roi Si fes petits-fils , elle changea plu-
sieurs fois de maîtres jusqu'au régne de Clotaire II, &£
de Dagobert , après quoi, elle fut toujours fujette des
rois de Neuftrje, jusqu'à ce qu'Eudes, duc d'Aquitaine,
s'y rendit abfolu Si fouverain. Ses fucceffeurs, Hunaud
Si Gaifre, furent aufli le maîtres de la même ville, jus-
qu'à ce qu'elle fut prife par Pépin, dans le huitième fié-
cle. Dans le fuivant, après la divifion que les enfans de
Louis le Débonnaire firent de fes états , cette ville de-
meura avec toute l'Aquitaine à Charles le Chauve ; Se
fes fucceffeurs en jouirent jusqu'à ce que Louis d'Outre-
mer la cédât à Guillaume nommé Tête - d'Etoupes ,
comte de Poitiers Si duc d'Aquitaine , avec tout le Li-
mofin , qui n'étoit pas alors de fort grande étendue, parce
que la Marche n'en étoit pas encore féparée. Les fucces-
feurs de Guillaume au duché d'Aquitaine , ont eu la
même ville jusqu'à Eléonore, duchellè propriétaire d'A-
quitaine, qui apporta en dot tous fes états à l'on fécond
mari Henri II, toi d'Angleterre; Si après fa mort, ils
appartinrent fucceflivement à fes enfans Richard Cceur-
de-Lion, Si Jean-fans-Terre. Ce fut fur celui-ci que Li-
moges fut prife, vers l'an 1105 , par Philippe Augufte.
Mais S. Louis ayant fait, l'an 1259, une paix perpé-
tuelle avec Henri III, roi d'Angleterre, il rendit Si céda
à ce prince tes villes de Saintes, de Péiigueux, de Li-
moges, de Cahors Si d'Agen, avec toutes leurs dépen-
dances , à la charge que le roi d'Angleterre lui en fe-
roit hommage , comme de tout le refte de l'Aquitaine.
Enfuite, par le traité de Bretigny, conclu en 1360, la
France céda à l'Angleterre , non-feulement la propriété;
Tomt III. O o o o o ij
844
LIM
LIM
mais la fouveraineté de Limoges , & de tous les pays qui
font entre la Loire & les Pyrénées. Les Anglois ne
jouirent par long-tems de cette fouveraineté; car là
guerre ayani recommencé, fous Charles V, fucceifeur
du roi Jean , les Anglois perdirent la plupart des pays
qu'on leur avoit cédés dans les fiécles fuivans , quoiqu'ils
fe fuffent rendus maîtres de Paris. Ainfi il y a environ
trois cents quarante ans que Limoges a été réunie à la
couronne. * Longuerue , Descr. de la France, i.part.
p. 140.
Outre la feigneurie & le haut domaine qu'ont eu en
cette ville les ducs de Guyenne & les rois , il y avoit
un feigneur particulier qui y avoit aufli la fienne , &
portoit le titre de vicomte. Le premier .de ces feigneurs ,
qui a été héréditaire , fe nommoit Geraud , & vivoit
dans le dixième fiécle , fous le régne de Lothaire , fils
de Louis d'Outremer. La race masculine de ces vicom-
tes finit en la perfonne d'Aimard III , Qui vécut jusqu'en
1116, &c laiffa pour héritiers fes neveux Gui & Ai-
mard, fils de fa fceur Humberge & d'Archambaud le
Barbu , vicomte de Comborn. C'eft de cet Aimard
que defcendoiti Marie , qui époufa Artus , duc de Breta-
gne , dont le fils Jean III, duc de Bretagne, fut auffi
vicomte de Limoges. Sa nièce Jeanne, fille de Gui, fon
frère, lui fuccéda au vicomte, &C époufa Charles de
Blois , dont le fils Jean fut comte de Penthievre & vi-
comt de Limoges. La petite fille de Jean, nommée
Françoife, fut vicomteffe de Limoges, & époufa Alain
fire d'Albret, bifaïeul de Jeanne d'Albret , reine de
Navarre, qui apporta le vicomte de Limoges , avec tous
fes autres biens , à fon mari Antoine de Bourbon , père
de Henri IV; -
LIMON, Ae/juiVj c'eft-à-dire la. prairie : ce nom
étoit commun non-feulement à toutes les prairies , mais
encore à quelques lieux & villages. Paufanias parle d'un
village appelle ainfi au Péloponnèfe, dans TArgie; &
Strabon donne ce nom à un lieu de la Carie , à trente
ftades de la ville de Nyfe , vers le midi.
LIMONA -, (isle de) Limonîa , petite ifle de l'Ar-
chipel, entre celles de Carchi au couchant, & de Rho-
des au levant , dont elle eft à dix milles. Elle a un port,
mais peu d'habitans. * D'Herbelot, Baudrand, Maty.
LIMONADE , quartier de la dépendance^ du cap
François , dans l'ifle dé Saint-Domingue, extrêmement
fertile, & dans un affez bon air; mais la Savonede
Limonade où M. de Cuffy, gouverneur de Saint-Domin-
gue , fut défait & tué par les Espagnols , en 1691, eft
aviez ftérile : ce quartier , s'étend du fud au nord jusqu'à
la mer, presqu'à diftance égale du cap François & de
Bayaha, aujourd'hui Port-Dauphin.
LIMONE, & non pas Li AMONE, comme lé dît le fieur
d'Anville, dans fa carte d'Italie, Î743 , rivière del'ifle
dé Corfe. Elle prend fa fource , vers le milieu de l'ifle,
près de celle de Tavignano ; &C, courant au fud-oueft,
elle pafTe près de Vico , & fe rend dans la mer , à
quatre milles au fud de la ville de Sagone. *Magin, Carte
de l'ifle de Corfe.
LIMONUM , Lemonum ou LemUnum : les di-
vers manuscrits de Céfar varient fur l'orthographe de ce
nom : il y en a même qui portent Linnonem ou Limo-
nem, &C d'autres en ont fait Lemovicum; & de cette
dernière leçon ils en ont pris un prétexte de l'expliquer
par Limoges ; mais comme le remarque très-bien Nico-
las San fon , dans fes Remarques fur l'ancienne Gaule,
p. 31, c'eft faute de prendre garde que de quelque fa-
çon , que ce nom foit écrit dans les Commentaires de
Céfar , il eft dans le Poirou. En effet tout ce qu'il en
dit convient beaucoup mieux à Poitiers qu'à Limoges,
foit que l'on confidere celui qui affiége la place, favoir
Dumnacus, dux Andium, qui venoit d'Anjou, foit
qu'on fafTe attention à fa retraite vers la Loire , & l'en-
droit où il fut battu , près du pont de Ce ; & d'ailleurs
Ptolomée met auffi LeMONUM en Poitou , & les Itiné-
raires Romains en vérifient l'affiette à Poitiers. Antonin,
en divers manuscrits , & dans les imprimés , l'appelle
Limonum , Lomonum , Lomunum ; la Table de Peutin-
ger Lemunum; & par l'un & l'autre Itinéraire, l'affiette
delà place eft entre Xaintes, Nantes, Tours, Bourges
& Limoges.
LIMOSE, petite ifle d'Afrique, dans la mer Médi-
terranée, fur la côte de Barbarie & du royaume de Tu-
nis , dont elle dépend , qu'elle en foit affez éloignée, Se
au nord de Lampadufa, vers Malthe , d'où elle eft à
foixante milles. C'eft la même que Linose. Voyez ce
mot. * Baudrand, édit. 1705.
LIMOSIN, (le) ou le Limousin , (l'un & l'au-
tre font en ufage) (a) province de France. Elle eftbop-
née au feptentrion par la Marche , à l'orient par l'Au-
vergne , au midi par le Querci , & à l'occident par le
Périgord. Ce pays, ck fa capitale Limoges , tirent leur
nom du peuple Lemovices qui étoient les plus vaillans
d'entre les Celtes du temps du Céfar, ayant foutenu opi-
niâtrement le partie dé Vercingetorix. Augufte, dans là
nouvelle divifion qu'il fit de la Gaule , les attribua à l'Aqui-
taine; & lorsqu'on fubdivifa ces provinces, ils furent mis
fous la première Aquitaine , dont Bourges fut la capitale!
c'eft pour cela que l'évêché de Limoges, eft comme il a
toujours été, fous cette métropole. Nous avons déjà dit à
l'article de LIMOGES , qu'Eléonore de Guienne porta
cette province , en mariage à Henri II, roi n'Angle-
terre (b). Elle fut confisquée & réunie à la couronne,
vers l'an 1204; mais environ cinquante ans après,
S.Louis la rendit aux Anglois, &t ne fe réferva que le
Poitou , & ce qui étoit en-deçà de la Charante. Par le
traité de Bretigni , ce pays avec le refte de la Guienne
fut laiffé aux Anglois; mais Charles V, roi de France,
regarda ce traité comme nul , & reprit fur eux entr'au-
tres pays, ceux qui compofent préfentement la généralité
de Limoges, dont ils n'ont rien poffédé depuis, quoiqu'ils
foient demeurés en poffefTion de ce qu'on appelloit pour
lors le duché de Guienne , jusqu'au régne Charles VII ,
fous lequel on les en chaffa. On voit encore entre Gueret
& Saint- Vaury, petite ville du Limofin, une croix de
pierre de taille , autour du piedeftal de laquelle eft gra-
vée la couronne d'Angleterre , qui marque les limites du
Limofin &c de la Marche. *■(*) Longuerue, Des-
cription de la France, 1 pan. p. 140. (b) Piganiol de la.
Force, Descr. de la France , t. 6, p. 352.
Le climat du HAUT LlMOSIN eft froid & quoiqu'il
approche plus de l'equateur que celui de Paris, il eft
cependant moins tempéré, à caufe des montagnes.
Le BAS LlMOSIN eft plus tempéré, tk même affez
chaud en quelques endroits , fur-tout aux environs de
Brive.
Ce pays eft couvert de forêts de châtaigniers. Les ter-
res , qui ne font point couvertes de châtaigniers ou d'au-
tres bois, produifent du froment; mais communément
elles font plus propres pour le feigle. On y feme aufli
beaucoup de bled.farrazin , Si on y cultive une espèce
de groffès raves. Le bled farrazin, les raves, les châtai-
gnes font la nourriture ordinaire des payfans, & même
ces gens du commun. Il n'eft cependant point' vrai que
l'on faffe du pain de châtaigne, comme le difent Moréri
& fes éditeurs , ce fruit n'étant pas propre à êcrç moulu,
& ne pouvant fe lier comme de la farine de bled.
Le haut Limofin. produit peu du vin, encore n'eft-il
potable que pour les gens du commun ; mais le bas
& fur- tout les environs de Brive en produifent de
fort bon. Ceux du pays d'ARNAT, à quatre ou cinq
lieues de Brive, 5c ceuxd'ALLEZAT femblent approcher
de la bonté du vin de Bourgogne.
On a découvert plufîeurs mines de plomb , de cuivre ,"
iïètain & 8 acier, dans l'éleftion de Limoges, & du
côté de Tulle. Lé fleur de Roddès en fit ouvrir àe plomb
& à'étain, en 1703 , àSAlNT-HlLAlRE, à quatre lieues
de Limoges, au Tralage; à une lieue de Saiat-Hi-
laire ; à FarGEAS , à une demie - lieue du Tralage ;
à Pierra-Bruna , qui eft une haute montagne , à fix
lieues de Limoges , &c. Le même de Roddès découvrit
auffi, à fix lieues de Limoges , une mine d'acier pur , in-
comparablement meilleur que l'acier faftice; mais toutes
ces entreprifes ne réuflîffent point malheureufement pour
la France, qui manque de plomb.
Il y a aufli des mines de fer fort abondantes, & des
forges, dans l'éle&ion de Limoges., du côté de Cous-
SAT, Bonneval & Saint-Ihier ; mais ces mines &C
ces forges font moins confidérables que celles d'Angou-
mois. Il y dans la province deux évéchés: LIMOGES
fit Tulle. Les Limofins veulent que leur apôtre St
premier évêque foit S. Martial, un des disciples de Jefus-
Clirift ; ce qui ne fe prouve par le témoignage d'aucun
ancien. Grégoire de Tours rapporte un paffage de la le-
Lifvi
L1M
geude de S. Saturnin , qui fait envoyer de Rome dans
les Gaules Maniai avec fix autres évêques , fous le con-
ciliât de Décius & de Gratus , l'an 250; ce qui eft hors
de toute vraifemblance , puisqu'en toute cette année il
• n'y a eu à Rome aucun pape , à caufe de la terrible per-
fécution de l'empereur Décius. Ainfi ce qui regarde
S. Martial eft douteux; & on ne connoit certainement
aucun évêque de Limoges avant Ruricius , dont Sidonius
Apollinaris a fait mention , ot à qui il a écrit une lettre,
l'an 470.
Tous le Limofin eft régi fiiivànt le droit Romain , ou
le droit écrit, & eft du reffortdu parlement de Bordeaux.
Il y a un fénéchal d'épée pour toute la province, ci il
a dans l'étendue de fa charge trois préfidiaux :
8+;
Limoges, Brive,
Et quatre fénéchauflees :
Limoges ,
Brixe,
Tulle,
Tulle,
Uferche,
Le roi ne jouit en Limofin d'aucun domaine en fonds
tle terre, parce que tout ce qui appartenoit aux vicomtes de
Limoges a été aliéné par Henri IV, foit avant, foit après fon
avènement à la couronne. Ce grand prince avoit préten-
du que ces aliénations étoient incommutables, &, pour cet
effet, fit un édit par lequel il déclara qu'il vouloit tenir
ce domaine, aufli-bien que les autres, de fon patrimoine
féparément de celui de la couronne. Il confirma même
fes intentions, par une déclaration du 27 Juillet de
l'an 1602 ; mais on n'a eu aucun égard à cet édit ni à cette
déclaration , parce que le patrimoine des rois de France
eft tellement uni de fait au domaine de la couronne ,
lorsqu'ils montent fur le trône , qu'il ne leur eft pas per-
mis d'en dispofer autrement que fuivant la loi du do-
maine , c'eft-à-dire avec la faculté, de radia perpétuel.
Les aides & la gabelle n'ont point établies en Limo-
fin , parce qu'il eft réputé province étrangère ; 6k par
conféquent , les marchandifes qui entrent 5c fortent par
la frontière du bas Poitou, font fusettes aux droits de
traite foraine. Cette province eft d'ailleurs fujette aux au-
tres droits compris dans le bail de cinq greffes fermes. Les
autres impositions , tant ordinaires qu'extraordinaires,
ont aufîi lieu dans le Limofin, comme dans le refte de
h France.
La généralité de Limoges eft compofée des élections
de Limoges, de Tulle, de Brive, de Bourganeuf &c
d'Angoulême. Les appellations des trois premières ref-
fortiffent à la cour des aides de Clermont.
Le commerce des beftiaux eft le plus confidérable du
Limofin. Les chevaux de cetre province font les plus
fins, & les meilleurs qu'on élevé en France. Ils ne font
bons qu'à l'âge de fept ou huit ans; mais quand ils ont
été attendus jusques-là , ils durent plus que les autres.
Les barbes &c les chevaux d'Espagne font les étalons les
plus propres pour ce pays.
Il y a trois grands fiefs titrés en Limofin , le vi-
comte de Turenne, le duché-pairie de Ventadour, et
le duché-pairie de Noailles. Il y a dans le haut & le bas
Limofin des villes dont voici les plus confidérables :
Dans le haut ;
Limoge capitale , Pierre-Buffiere,
Saint-Junien, Saint-Yrier,
Saint-Léonard, Chalus , &c.
Dans le bas :
Tulle,
Brive ;
Uzerche ,
Uffel,
Bord,
Neuvi ,
Le vicomte de Turenne, &c.
Le Limofin fournit d'aides-à-maçon- à la plupart des
atteliers de Paris & du royaume ; & on appelle en fran-
çais LlMOSINAGE, une maiïbnnerie groffiere & rnaf-
five, telle qu'eft celle des fondemens. Cela a donné lieu
au difton particulier de cette province : Ton fils a-t-il
de l "esprit? Bouté lo-umafon: n'en à-t-H point ? Ficha
lou prêtre.
LIMOVICES, Limovici. Voyez LemoviceS.
LIMOURS , petite ville de France , dans le Hure-
poix , au diocèfe de Paris. Il y a un prieuré fimple &un
château royal , où Henri IV alloit fouvent fe délafîer.
C'efl un gouvernement particulier de l'ifle de France , &
il y aune prévôté royale reffbrtiffante à la prévôté & vi-
comte de Paris.
1. LIMOUX, ville de France, au bas Languedoc,
au diocèfe de Narbonne, quoiqu'à une lieue d'Alet, dans
le comté de Razez,, en latin Limofum oppidum, ok
Limofus vicus, in comitatu Reddenfi , fur la rivière
d'Aude. C'eft la capitale du comté de Razez, qui étoit
l'apanage des féconds fils de vicomtes de Carcaffbnne.
Les habitans de Limoux prirent parti pour le comte de
Montfort contre les Albigeois ; mais leur fidélité ne dura
que jusqu'en 1226 ; pour lors ils favoriferent les Albi-
geois , même contre la foi qu'ils avoient donnée au roi
Louis VIII ; ce qui leur attira les cenfures du concile
provincial, tenu la même année à Narbonne, ou il fut
ordonné qu'eux nommément habitans de Limoux, feroient
excommuniés, au fon des cloches & à l'extinction des
cierges. Prcefertim Mi de Limofo , extinclis candelis &
pulfatis campams dmunciarentur excommunicati. 1! y a
à Limoux une fénéchauffée, dans laquelle font deux bail-
liages royaux, l'un ïSault, dont le baillif eft d'épée,
& au nom duquel on rend la juftice, fauf l'appel à Li-
moux. L'autre bailliage eft celui d'Ésperaça , dont le
baillif eft de robe , & où la juftice fe rend en fon nom.
Elle eft affez agréable , 8c fes environs font abondansen
bon vin blanc. Jean XXII avoit deffein d'y établir le
fiége de l'évêché qu'il a établi à Alet; mais comme cette
ville appartenoit pour le temporel aux archevêques de
Narbonne , il ne put y réuffir. Quoique Limoux foit
refté dans le diocèfe de Narbonne , il a été démembré
de fa recette , pour ne former avec Alet qu'une recette^'
qu'on appelle recette d'Alet & de Mimoux. L'archevêque
de Narbonne y tient un officiai. L'on y fait des draps
& des ratines : c'eft l'entrepôt du fer de toutes les forges
des environs. * Piganiol de la Force , t. 4, p. 36 & 2721
2. LIMOUX. Il y a un autre Limoux dans le voifi-
nage de Paris, anciennement nommé Limoligni, feton
Corneille , Dicl. ce dépendant de l'abbaye de Chelles.
LIMOYSE , bourg de France, dans le Bourbonnois,'
à deux lieues de Bourbon. On y tient tous les ans une
foire, le 14 Septembre.
1. LIMPOURG, ou Limpurg , petite ville d'Al-
lemagne , dans l'état de l'électeur de Trêves , & dans
la Wettéravie, félon Baudrand , fur la Lohn, aux en-
virons du Wefterwald. Elle étoit autrefois ville libre &
impériale ; mais dans la fuite du tems elle a été ôtée de
la matricule de l'empire, & foumife à l'électeur de Trê-
ves. Elle eft entre Wetzlar Si Naffau , à trois milles al-
lemands de la dernière.
2. LIMPOURG , ou Limpurg , château d'Allems-
gne , félon Baudrand , dans la baronnie de même nom,
dont elle eft le chef-lieu.
3. LIMPOURG, ou Limpurg, petit état d'Allema-
gne, félon Baudrand , au cercle de Franconie , quoiqu'en-
clavé dans la Suabe, au midi de Hall. Il peut avoir fix
lieues de long, & deux ou trois de large, Gaildorf,
Chombert & le château de Limpourg en font les prin-
cipaux lieux.
LIMUSA , ville ancienne de la baffe Pannonie. An- '
tonin , Itiner. la met fur la route de Sirmium à Lauria-
cum , entre Soppianœ & Silaccnœ , à trente-deux mil-
les de la première, & à feize de la féconde.
LIMYRA, ville d'Afie, dans la Lycie, auprès d'une
rivière de même nom. D'autres nomment Limyrus
cette rivière de la Syrie dans l'Afie mineure. Pline, A 7,
c. 27 , dit qu'elle reçoit les eaux du fleuve Arycandus.
Elle coule à l'orient des ruines de la ville de Myre , Se
avoit fur fa rive orientale une ville nommée Limyra.
Velleïus Paterculus, /. 2, c. 102. dit que Caïus mou-
rut de maladie, dans une ville de Lycie, nommée Li-
myra, in urbe Lycix Limyram nominant ; quelques-uns
lifent Lymiram. On lit dans les Métainorphofes d'Ovide,
/. 9, v. 645:
Jam Cragon & Lymiren , Xantique rcliquerat undasi •
846
LIN
LIN
Il faut écrire Lymira Se Lymiren : les Grecs difent cons- autre habitant , .plus fort par la difficulté de fon abord
tamment Aipv&t & même au pluriel ra Ai/M(f. , dit hors de tout paffage de communication, que par la bont
Strabon. /. 14, p. 666. I' nomme le fleuve Limyros
Atpv&f. Ftolomée nomme la ville Aif^s* , & la met
dans les terres. Strabon la met à vingt , ftades , c'eft-
à-dire à deux -milles Se demi de l'embouchure du
Limyrus. Pomponius Mêla nomme également Limyra
la ville &i la rivière.
Certe ville a été épiscopale. On trouve dans le con-
cile de Conrtantniople , tenu l'an 381, la fouscnption
de Lupicinus Limyrenjis ; & Mujianus, fon autre évêque,
affilia à celui de Chalcédoine, l'an 451.
LIMYRIjE, pays de l'Inde, en-deçà du Gange, fé-
lon Ptolomée, l. 7 , c. I. Arrien en tait auffi mention
plus dYne; fois dans fon Périple de la mer Erythrée ,
p. 32., 33 & 34.
LIMYRNI1, ancien peuple chez qui les femmes
étoient commupes, &£ qui en élevoient les enfans en
commun , au rapport de Stobée cité par Ortélius , The-
1. LIN , ville de la Chine, dans la province de
Channfi, au département de Fuencheu , cinquième mé-
tropole de cette province. Elle eft de 6 d. 40' plus oc-
cidentale que Pékin, fous les 38 d. 35' de latitude. * At-
las Sinenjïs.
2. LIN , ville de la Chine , dans la province de Ho-
département de Changte , troifiéme métropole
de fes fortifications. L'air eft fi épais en cet endroit, qu'on
n'y voit presque jamais le foleil ; & il y a du brouillard
Il n'y croit rien du tout pour la vie , &
toute 1 année.
l'on ne pourroit y demeurer long tems en famé : les hom-
mes y vivoient fans commercer , & de ce qu'ils alloient
chercher, ou qu'on leur apportoit d'ailleurs; & comme
c'eft l'extrémité de la France de ce côté-là, il femble aufli
quecefoitlebout du monde. Il y a eu cependant long-tems
des gouverneurs de ce château ; mais il en falloit changer
fouvent, parce qu'ils y mouroient en peu de tems : il eft
à prélent démoli, & \\ heu abandonné. *Baugur, Mé-
moires hift. de la Champagne, /. 1 , p. 5 19.
LINCHANCHI, guérite & ville de l'Amérique, dans
la Nouvelle - Espagne, au pays d'fuca an. Dampier,
Voyage a la baie de Camphch , c. 1 , p. 11, en parle ainfi :
A trois ou quatre lieues de Selam , vers l'oueft il y a
une autre échauguette fur un arb-e fort haut, laquelle fe
nomme Liclianchi , du nom d'une grande ville Indienne
qui eft à quatre lieues plus avant dans le pays ; & à deux
lieues au-delà, il y a une autre ville qui s'appelle Chi-
CHANCHi. j'ai pris terre vers ces guérites , & j'ai par-
couru toute cette côte, foit par mer dans un canot , ou
par terre à pied , depuis Rio de la Gartos jusqu'au cap
Condecedo : cependant je n'ai jamais vu des villes ou des
villages auprès de la mer, ni d'autres maifons fur toute
trpté Sifal. Il
de la province. Elle eft de 3 d. 40' plus occidentale que "tte côte que des cabanes de pêchei
Pékin , fous les 37 d. 7' de latitude. * Atlas Sinenjïs.
LINANGE , petit pays d'Allemagne , avec titre de
comté. Les Allemands difent &i écrivent Leiningen. II
eft enclavé dans le bas Palatinat, & dépend de fes com-
tes. Cette maifon eft partagée en quatre branches entre
lesquelles le comté eft partagé, & qui prennent leur nom
diftinftif de la partie qu'ils pofledent.
Il y a I. Linange proprement dit. C'eft en effet ce
qui eft enclavé dans le Palatinat. Comme fon comte eft
feudataire de l'évêque de Metz , pour cette raifon il
avoit été réuni à la France , en 1681 ; mais le traité de
Bys-uick a rétabli ces comtes dans leur ancien état , par
le IVe article qui eft général, & par le XVe, où ils font
expreffément nommés les comtes de Leiningue. Ce tropole de la province. Elle eft de 3 di'n' plus occiden-
petit pays eft près de Franckendal. Les principaux lieux taie que Pékin , fous les 37 d. 18' de
y a plufieurs petits réfervoirs Talés entre Sélam & Lichan-
chi. Ils font d'une figure afi'ez régulière, & léparés les
uns des autres par de petites levées de terre : le plus
grand n'a pas plus de dix verges (la verge eft de fix pieds)
de long & fix de large. Les habitans de ces deux villes,
Sélam & Linchanchi , fe rendent à ces réfervoirs dans
les mois de Mai, Juin & Juillet, pour en récueillir le
fel , dont ils fourniffent tout le pays d'alentour ; & il y
a entre la mer & ces réfervoirs une lifiere de bois , qui
empêche qu'on ne les voie , ou les gens qui y travail-
lent , jusqu'à ce qu'on ait mis pied à terre.
1. L1NCHANG, ville de la Chine, dans da province
de Honan , au département de Changte, troifiéme mé-
font :
Ne-w-Leiningen.
Turcheim ,
Grundftadt,
Et Lamsheim-.
Les autres branches de ces comtes pofledent,
II. Hartenberg, au milieu du Palatinat, non pas
loin de Worms.
III. DACHSBOURS , dans le Weftreich , &
IV. Westlrbourc, dans la Wettéravie.
LINARES, petite ville de Portugal, dans la province
de Beira , fur le haut d'une montagne , à quatre lieues
de Guardia , & à deux de Célorico. Elle eft défendue
par un château & n'a qu'une églile avec trois cents habi-
tans. * Corn. DicL Descr. fumar. del Reino de Por-
tugal.
LINATUS MONS, montagne d'Afie. On la nomma
enfuite le mont de la congrégation , au rapport de Mé-
: latitude. * Atlas Si~
nenjis.
2. LINCHANG , ville de la Chine , dans la province
deXenfin au département de Sigan , première métropole
de la province. Elle eft de 8 d. <j' plus occidentale que
Pékin , fous les 3 5 d. 40' de latitude. * Atlas Sinenjïs.
LINCHI, ville de la Chine, dans la province de
Channton , au département de Chincheu , quatrième
métropole de la province. Elle eft d'un degré 20' plus
orientale que Pékin; fous les 36 d. 56' de latitude.
* Alas Sinenjïs. .
LINCHIANG, ville de la Chine, dans le Kiangft.
Voyez Linkianc.
LINCHIN G, ville de la Chine, dans la province de Pé-
kin , au département de Chinting, quatrième métropole
de cette province. Elle eft de 2 d. 28' plus occidentale que
Pékin , fous les 38 d. 28' de latitude. * Atlas Sinenjïs.
LINCHUEN, ville de la Chine, dans la province
taphrafte, dans la Vie de Sainte Pélagie. Elle eft auprès deQuangfi,au département deQueilin, première métro-
deTarfedeCilicie, félon Ortélius, fhef,
LINCAO, ville de la Chine, dans la province de
Quantung, au département de Kiuncheu, dixième mé-
tropole de la province. Elle eft de 7 d. io' plus occi-
dentale que Pékin, fous les 19 d. 48' de latitude. * At-
las Sinenjïs.
LINCASII, ancien peuple de la Gaule. Strabon , /. 4,
p. 186, dit que la Sône fervoit de borne entre les Sé-
quaniens, les iEduens, & les Lincafiens. Ortélius croit
qu'il y a ici une faute de copines, & s'étonne que Ca-
faubon ne s'en foit pas apperçu , & n'en dife rien. Xilan-
pole de la province. Elle eft de 7 d. 50' plus occicle
taie que Pékin, fous les 26 d. 7' de latitude. * Atlas
Sinenjïs.
2. LINCHUEN, ville de la Chine, dans la province
de Chanfi , au département de Ce , troifiéme grande
cité de la province. Elle eft de 4 d. 8' plus occidentale
que Pékin, fous les 36 d. 54' de latitude. * Atas Si-
nenjïs.
LINCIN, ville de la Chine , dans la province de
Channfi , au département de Pingyang , féconde métro-
pole de la province. Elle eft de 7 d. n' plus occiden-
der croit que ce font les Lincons , & Ortélius y voit taie que Pékin , fous les 36 d. 28' de latitude. * Atlas
bien de l'apparence. Sinenjïs.
LINCAY, petite ville de France, au diocèfe d'Au- LINCING , ville de la Chine, dans la province de
xerre, a huit lieues^ de la ville de ce nom, à trois Channton, au département de Tungchang, troifiéme
de Saint-Sauveur , à deux de Dreux, à une de Thuri métropole de la province. Elle eft de od. ^'plusocci-
& a demi-heue de Péreulè. Elle eft fermée de murailles, dentale que Pékin, fous les 37 d. 26' de latitude. Cor-
ï °m teHlt0!tD pr?duit des grains- neille > D'&- d"4 qu'on la nomme aufli Lixinfui. Elle eft
LINCHAMP , lieu de France en Champagne , près à huit lieues de Tungchang. Elle eft fituée dans une plaine
#e Rocroi. C etoit autrefois un château feul , làns aucun fablonneufe , au bout du canal de Lun qui y mêle fes
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eaux , avec celles de la rivière de Gmï. Son aflîatte eft
triangulaire & fort inégale , Si deux grands Se forts châ-
teaux font fa défenfe. L 'împétuofité du fleuve de Guei y
eft arrêtée par deux puiffantes éclufes. Comme elle eft le
rendez-vous, Si le pailage de tous les vaiffeaux de la
Chine , qui y font un magafin de toutes fortes de denrées,
elle pafîe pour une ville des plus marchandes, Si des
plus opulentes de la province. Son côté feptentrional eft
plus agréable que les autres, à caufe d'un pont de bateaux,
qui eft inceflamment couvert d'habitans, qui vont aux au-
tres endroits de la ville. Ses remparts font élevés, & fort
circuit eft de deux heures, fans y comprendre fes faux-
bourgs , dont celui qui eft au feptentrion , a une tour
magnifique & très-bien bâtie. Cette tour eft odtogone, Si
à neuf étages. Sa hauteur, depuis la terre jusqu'à fon
fommet, eft de quatre-vingt dix coudées, & fa largeur
à proportion. L'extérieur de la muraille eft tout de terre
de porcelaine, peinte & embellie de mille jolies figures.
Au dedans elle eft revêtue de marbres de différentes cou-
leurs , fi unis Si fi polis , qn'on peut s'y regarder comme
on fait dans un miroir. On y monte par un escalier à vis,
qui n'eft point au milieu de la tour ., mais entre des murs
doubles. On va par cet escalier dans tous les étages, Si
de-là à de très-belles galeries faites de marbre gravé. Il y
a des grilles de fer doré ; qui défendent & ornent les
faillies dont cette tour eft environnée. Près des) galeries
en dehors, Si particulièrement en haut, font des clo-
chettes pendues , qui rendent un fon très-agréable lors-
que le vent les agite. Au dernier étage on voit la ftatue de
la déefle à qni cette machine eft dédiée. Elle eft faite de
plâtre jette en en moule , Si non pas de cuivre fondu ,
comme quelques-uns l'ont écrit. Près de cette tour font
quelques temples confacrés aux idoles. La ftructure Si l'or-
donnance en font admirées, ainfi que l'architecture des
bâtimens de la ville, qui font magnifiques. * Atlas Sincn-
fis. Ambaflàde des Hollandois vers l'Empereur de la
Chine , c. 4Z.
LINCK, fort des Pays-bas, dans la Flandre , à une
lieue Si demie de Bourbourg , proche la rivière de
Colme.
LINCOLN, ville de la grande Bretagne, au royaume
d'Angleterre , fur le Wirham , dans une province , dont
elle eft la capitale , Si à laquelle elle donne le nom de
Lincolnshire ; elle eft fur la pente d'une colline, à cent
quatre milles de Londres. On la croit bâtie àei ruines de
LlNDUM. Voyez ce mot. Lorsque l'Angleterre tomba
entre les mains de Guillaume le Conquérant , Lincoln
ctoit grande , riche & bien peuplée ; c'eft pourquoi ce
prince y fît bâtir un château pour brider les habitans ; Si
Rémi évêque deDorchefter, y transféra fon fiége épifeo-
pal, & bâtti la cathédrale qui eft très-belle. Quoique
cette ville ait beaucoup foufîert par les guerres, elle ne
laifle pas d'être d'une aflez grande étendue. Elle a titre
decomté. * Etat préfent de la Gr. Bretagne, p.8l.
S. Hugues, né en Bourgogne , profès à la grande Char-
treufe, fut fait évêque de Lincoln, l'an 1186. Ce fiége
étoit vacant depuis dix-huit ans. Il eft fuffragant de Can-
torberi. Le nom latin eft Lindum &c Lindecollinum, ou
Lindocoiina , félon Bede. Le nom Breton étoit Lmdcylne.
Elle eft nommée Lindocolina civitas , Lindicolina, Lin-
decolina. Le commencement de ce nom vient du mot
Breton hlyn , un lac , un marais , une terre ma-
récageufe. Lincoln a été quelque tems la réfidence des
rois de Mercie.
LINCOLNSHIRE, Mon L'Etat préf. de UGr.Bret.
t. 1 , p. 83. province maritime d'Angleterre, dans le
diocèfe de Lincolin. Elle bornée à l'eft par l'Océan Ger-
manique , a 180 nulles de tour, & contient environ
1740000 arpens , 4590 maifons. Du côté du nord & de
l'oueft , c'eft un pays fertile & charmant ; mais à l'eft Si
au fud, il eft marécageux; de-là vient que cette partie eft
moins fertile en bled ; mais ce défaut eft recompenfé par
fa grande abondance de poifîon Si de gibier. C'eft dans
cette province Si dans celle d'Yorck, que l'on trouve
grand nombre de chevaux fins. L'Humber qui la fé-
pare d'Yorkshire , Si la Trente qui en fépare une partie
de Nottinghamshire, font fes principales rivietes ; outre
lefquelles il y a le "Wrtham , le Nen & Véland , qui
traverfent Lincolnshire. Cette provinces l'une cL:s plus
grandes d'Angleterre, eft divifée en trois parties, favoir :
LlNDSEY, HOLLAND & K.ESTEYEN.
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Le première contient les parties feptentrional es , 6c
embrafle environ la moitié de la province. Holland eft
au fud-eft, & Kefteven à l'oueft de Holland. Ses villes
& bourgs, où l'on tient marché, font :
Bofton
Grantham ,
Stamford ,
Grimsby,
Ganesborough ,
Bullingbrook,
Binbrook,
Alford,
Burton ,
Barton ,
Kirton,
Bùrgh ,
Boum ,
Deeping ,
LlNCOEN la capitale,
Dunington ,
Crouwland,
Folkingham ,
Holbech,
Horncaftle ,
Lytcham ,
Louth ,
Sléaford ,
Saltfléat ,
Spalding,
Spikbv,
Rafen ,
Stanton ,
Tattershall ,
LINCOPING. Voyez Lidkoping.
LINDANA , ou Lindanje Portus ; quelques-uns
nomment ainfi en latin Landevenec, ville de France, en
Brctegne , au diocèfe de Quimper.
1. LINDAU, ville libre & impériale d'Allemagne,
dans la Suabe,en latin Landlvïa, & Lindavium. Elle eft
firuée en une ifle du lac de Confiance, dont le tour eft
de quatre mille quatre cents cinquante pas , proche de
la terre ferme , à laquelle elle eft attachée par un pont
de pierres , long de deux cents quatre-vingt-dix pas , à
l'extrémité de la Suabe, entre Algove, au levant; la
Suiffe, au couchant ; lesGrifons,au midi ; ci le refte de
la Suabe, au nord. Il y a, du côté du couchant, une grande
campagne , /éparée de la ville par des foffés Si par une
muraille. Cette campagne ne fert de demeure qu'à des
pêcheurs & eft fort peuplée de vignes. L'églife princi-
pale de. Lindau eft dédiée à S. Etienne, & la ville eft
comme l'étape des marchandées de diverfes nations :
toutes les fèmaines on y voit entrer par la porte , qui
répond à la terre ferme , près de quinze cents charrettes
ou chariots , à caufe que les marchands de huit ou neuf
lieues aux environs , & d'un grand nombre de villes y
vont au marché. Ceux de Suabe &c de Bavière y font
de grands amas de froment , de fel , de fer Si du cui-
vre , qu'ils vendent enfuite aux Suifles Si aux Grifons.
Tous les famedis, on y porte par le lac une grande quan-
tité de vin & de froment, qu'on y conduit de Hégow
Si de Turgou , & qu'on va vendre après en Algow, en
Suabe Si en Bavière. On y porte aufîî de Bregents &
des montagnes de Suiffe , d'Appenzel Si des Galons, une
incroyable quantité de beurre Si de fromages , outre le
poiffon & les fruits de toutes fortes , les planches , les
chevrons Si les folives qui viennent du voifinage , ôc
les marchandifes qu'on y apporte des pays feptentrio-
naux, Si qui paffent par Nuremberg Si par Augsbourg,
pour être conduits en Italie. * Corn. Dift.
C'eft-là qu'eft la célèbre ABBAYE DE Lindau. On
en attribue la fondation à Albert , maire du palais de
Charlemagne , qui prit foin de la doter Si l'enrichir, en
quoi il fut imité par les comtes de Robac. Les pèlerins
y firent d'ailleurs de riches dons ; en forte que I'abbeffe
devint non-feulement princeffe de l'empire , mais -en-
core affez puiffante pour avoir fon maire du palais qui
fe tenoit à Vafferbourg. Il alloit à fi grand train, qu'elle
fut contrainte, à cault de la grande fuite qu'il menoit,
d'ordonner qu'il ne vînt plus à Lindau qu'avec douze
cheveux. Les religieufes , qui doivent prouver leur no-
bleffe de trois races , fe font nommer dames & chanoi-
nejfes , Si ne portent aucun habit qui les diftingue des
autres. Elles peuvent fe marier , & font feulement obli-
gées de chanter au chœur, Si de dire les heures cano-
niales. Cette abbaye , par un privilège ipécial des em-
pereurs , fert d'afyle aux criminels.
Lindau avant été quelque tems dépendante & fu-
jette à l'abbeffe , Si enfuite aux ducs de Suabe , fut re-
<^ue enfin au rang des villes impériales , Si obtint plu-
sieurs privilèges , principalement celui de battre mon-
noie. L'an 1175, l'empereur Rodolphe de Hapsbourg
permit au peuple d'élire un bourg-meftre Si un ftat-am-
nian , du corps des patriciens ou du peuple , à fon choix,
848
LIN
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pour gouverner avec le fénat , outre huit tribuns du peu-
ple , fans qui les autres ne peuvent rélbudre aucune af-
faire importante, comme de religion , de guerre ou d'al-
liance. On change les magiftrats, tous les ans, le jour de
S. Jean-Baptifte. Les habitans font Luthériens, & ne lais-
sent pas de bien vivre avec l'abbefTe &c les chanoineffes,
qui font Catholiques.
2. LINDAU. Voyez Lindow.
LINDE , petite ville de France , au haut Périgord,
fur la Dordogne. Elle a pour défenfe une tour carrée ,
haute de dix pieds ou environ, de laquelle fort une fon-
taine , qui fait moudre deux moulins au retour qu'elle fait
près de fa fource. * Duchefne , Antiq. des villes de
France.
LINDEMACUS , ou Limagus , nom latin du Li-
mai, rivière de Suifle.
LINDESZAS , petite place de Suéde , dans le Veft-
manland , fur un ruiffeau qui tombe dans une rivière ,
laquelle vient de Nora, paffe à Arboga, & fe perd dans
le lac de Maler. Elle eft à l'orient des montagnes où
font les mines de Lindesberg. On voit bien que les
montagnes tirent leur nom d'une même fource. * De
Fille , Couronnes du nord.
LINDI COLONIA ,
LINDISFAR, ou Lindish, ou Lindissi, ville épis-
copale d'Angleterre , félon Baillet. Il la met dans le ter-
ritoire ou comté de Lincoln, & avertit qu'elle eft fort
différente de Lindisfarne , qui étoit à l'extrémité du
Northumberland , du côté de l'Ecoffe. Il ajoute que
Théodore de Cantorberi joignit cet évêché à celui de
Lichfeld, dans le comté de Stafford , au royaume de
Mercie, pour en charger S. Céadde. Voyez Lichfeld.
Je crois que cet article n'eft rien moins qu'exaft. I. Le
fiége épiscopal , dont Céadde fut évêque ^ eft le même
que l'abbaye de Lindisfarne , dont les abbés après S. Ai-
dan , réunifloient le pouvoir abbatial & l'épiscopal en
leurs perfonnes. 2. Je ne trouve nulle part que Lindish
ou Lindissi fût une ville , encore moins une ville du
territoire de Lincoln. Maison trouve que Lindissa
étoit une province d'Angleterre. Il en eft parle en ces
termes dans la Vie de S. Suibert ; & Bede l'explique
encore mieux , quand il dit qu'elle s'étendoit au midi de
l'Humber jusqu'à la mer, & il y met une ville nommée
LlNDOCOLlNA. Il eft clair que cette ville eft préfente-
ment Lincoln, nommée par les anciens Lindun , & par
les écrivains du moyen âge Lindocolina, ouLinde-
COLLINUM , & que LlNDISSA eft le nom de la pro-
vince nommée Lincolnshire. Nous avons vu que
Lincoln étoit laréfidence des rois de Mercie ; Se nous
voyons dans le Martyrologe Romain , au 2 de Mars ,
que S. Céadde étoit évêque de Mercie &c de Lindisfarne;
fur quoi le P. Lubin remarque dans fes Notes fur le
Martyrologe, p. 2, que S. Céadde étoit évêque de
Lichfeld ou Lichnéld, qui étoit du royaume de Mercie.
Il dit, /j. 9, que ce faint étoit évêque de Lindisfarne;
que Lindisfarne étoit une abbaye célèbre , & un fiége
épiscopal , dont S. Céadde fut évêque , aufli-bien que
de Mercie. Voyez l'article fuivant.
LINDISFARNE , Lindisfarni, (gen. orum,) ou Lin-
disfarna , Lindisfarena , Linderfarena , Linderfareona ,
Lindisfarnenfîs infula , anciennement Haligealand , à
préfent Holy-IJland , nom qui fignifie l'ifle fainte , à
caufe du grand nombre de faints, qui y repofent, ou des
faints moines qui l'ont habitée. Le commencement de
fon nom a la même origine que celui de Lincoln , &
vient du Breton hlyn, un lac, un marais. Cela s'accorde
allez avec ce que Bede, /. 3, c. 5, en dit : Bis quotidie
heee in/lar infula maris circumluitur undis ; bis renu-
dato littore contigua terra redditur. La marée qui cou-
vre &C découvre deux fois par jour le terrein qui eft en-
tr'elle &C la terre voifine, tantôt l'environne comme une
ifle, & tantôt la rejoint à la terre ferme. Elle eft fur la
côte du Northumberland. Il y avoit dans cette ifle un
monaftere fort célèbre. S. Ofual , roi de Northumber-
land, voulant faire fleurir le Chriftianisme dans fes états,
s'adreffa aux moines Ecoflbis de l'abbaye de Hy ou d'Y-
comkil,qui lui envoyèrent un d'entr'eux, nommé Aidam,
avec quelques autres religieux. Aidam fut ordonné évê-
que, & obtint du roi, pour fon fiége épiscopal, Lindis-
farne, presqu'ifle que le flux de la mer réduifoit en ifle
ieux fois le jour. Elle eft à quatre milles de Varwic, en
Ecofle. Le P. Lubin , dans fes Notes fur le Martyrologe
Romain, dit que, dans l'ifle de Lindisfarne, étoit une ville
nommée de même , fk qu'on l'appelloit auffi Auguftal-
dia & Hagujlaldia ; qu'il y avoit en cet endroit un fa-
meux monaftere & un fiége épiscopal , dont les évêques
étoient quelquefois nommés évêques de Lindisferne , 8c
quelquefois évêques de Hagufiald ; mais il y a une diffi-
culté. On lit dans fhiftoire de l'ordre de S. Benoît, 1. 1,
/. 3, c. 7, §. 6, que S. Wilfrid bâtit l'églife de Hagus-
tald , que l'on regarde depuis comme un miracle d'ar-
chite&ure, & qui fut le fiége d'un évêché. On voit en-
fuite que la reine Audri , qui étoit la protectrice de faint
Wilfrid, étant morte ; & Egfrid, roi de Northumber-
land, ayant époufé Ermenburge en fécondes noces,
cette princeffe ne put fouffrir le pouvoir & le crédit du
faint prélat ; & fous prétexte qu'il étoit plus avantageux
au Northumberland d'avoir plus d'un évêque , elle en-
gagea l'archevêque Théodore à le dépofer & à fubfti-
tuer à fa place deux religieux , Bofa pour gouverner
le pays des Dures , & avoir fon fiége dans Yorck ,
& S. Eat pour être le pafteur des Berniciens, & réfider
à Lindisfarne , ou dans Haguljlald. Eat ayant fixé fa
réfidence à Lindisfarne, Von mit] encore Tumbert à Ha-
gufiald, Edhed àRippon & Trumwin dans l'églife des
Piftes. Un peu après , dans la même hiftoire , on voit
que S. Wilfrid étant rétabli par le même archevêque
Théodore, qui l'avoit dépofé, il reprit la conduite des
monafteres de Haguftald & de Rippon qu'il avoit fon-
dés. On peut juger par ces différens paflages , que le
monaftere de 'Lindisfarne & celui d'Haguftald étoient
différens. S. Wilfrid , fondateur du fécond, étoit à peine
né, lorsque S. Aidam fonda le premier. D'ailleurs il n'eft
pas vraifemblable qu'une ifle, comme celle de Holy-Is-
land, ait eu deux évêques & deuxfiéges épiscopaux; car
l'évêché d'Hagulftald fubfifta encore long-tems. On.
compte Tumber , Acca , S. Eat , entre fes évêques. Ce
n'eft pas que ces deux fiéges n'ayent pu être poffédés par
un même évêque. On voit qu'après la mort de S. Cuth-
bert, évêque de Lindisfarne, arrivée en 687, S. Wilfrid
gouverna cette églife conjointement avec celle de Ha-
guftald. On ordonna enfuite Edbert, évêque de Lindis-
farne. S. Wilfrid conferva fans doute l'autre églife, puis-
qu'en 709, un peu avant que de mourir, il marqua qu'il
fouhaitoit que le prêtre Acca en eût la conduite après
lui. Ce fut par l'ordre de cet Acca , évêque d'Haguls-
taldque le moine Eddi écrivit la vie de S. Wilfrid. L'é-
glife de Lindisfarne fut minée en 793, par les Danois
qui tuèrent ou emmenèrent captifs la plupart des reli-
gieux. L'an 868, ils revinrent à la charge , & ravagè-
rent de nouveau cette églife. Enfin , vers l'an 882 , le
fiége 8c les reliques de S. Cuthbert furent transférées à
Chefter, & de-là, en 995 , à Durham, où eft encore
l'évêché. Voyez Durham.
Outre cette ifle de Lindisfarne , qui eft maintenant
appellée Haly-Ifland, c'eft-à-dire l'Ifle-Sainte, il y a,
en (uivant la côte vers le fud-eft, d'autres ifles plus peti-
tes , dont la plus grande eft l'ifle de Farne, où S. Cuth-
bert fe retira pour y vivre dans la folitude , comme il
avoit fait, avant que d'être évêque de Lindisfarne. L'his-
torien de l'ordre de S. Benoît , A 3 , c. 9 , §. 3 , dit :
après avoir exercé douze ans la charge de prieur , il fe
retira dans l'ifle de Farne, avec la permiflîon de fon ab-
bé ; cette ifle eft à deux lieues de la péninfule de Lin-
disfarne. Ce fut de cet endroit qu'on l'arracha , malgré
lui, après neuf ans, de folitudepour le faire évêque ; & il y
retourna, pour y attendre fa mort qui arriva deux ans
après fa confécration. De l'ifle dit: l'ifle de Farne, ou Lin-
disfarne, pour défigner cette petite ifle, & nomme Am-
plement Holy-lland, ou l' Ifle-S ainte , la grande ifle. Il
fe trompe, Holy-IJland oui' Ifle-S ainte eft la même que
Lindisfarne où étoit l'abbaye , & eft très - différente de
Farne où S. Cuthbert mourut. La première eft une ifle
affez petite , dont l'air n'eft pas fain , ni le terroir fer-
tile ; de-là vient qu'elle eft mal peuplée ; il n'y a qu'un
bourg, un château & une églife. Le havre eft allez bon,
& défendu par un fort. L'ifle de Farne n'eft qu'un ro-
cher inhabité. Voyez Farne.
LINDISSA. Voyez Lindisfar.
LINDKOPING , ville de Suéde. Voyez Lidko-
PING.
LINDO, petite place de l'ifle de Rhodes, vers la côte
méridionale
LIN
LIN
méridionale de la Natolie , avec un port fur la cote-
orientale de cette ifle. Elle étoit autrefois une des trois
principales places; mais elle eft presque réduite en vil-
lage , depuis qu'elle eft aux TurCs. Voyez Lindus.
*Baudrand, éd. 1705.
LINDOCOLINA , ou Lindi- Colonia. Voyez
Lindum Se Lincoln.
LINDOSO, place de Portugal, dans la province d'En-
tre-Duero Se Minho. C'eft un château d'un très-difficile
accès , fermé d'une bonne muraille , & défendu par
un petit fort irrégulier de cinq battions. Ce château
n'eft gardé que par une compagnie d'infanterie. * Le-
quien de la Neuville , Hift. générale de Portugal , t. 1,
jp.28.
1. LINDOV, ville d'Allemagne, dans l'électorat de
Brandebourg. Zeyler, Brandburg. Topogr. p. 72, écrit
LlNDAU, Se dit que c'eft une petite ville à deux mil-
les de Neuen-Rupin, & dans le comté de Rupin, qui
eft du Brandebourg. Il y a en cet endroit un monaftere
de filles de qualité.
2. LINDO"\V ou Lindau , bourg d'Allemagne, dans
la Poméranie ; il a les privilèges 8t les franchifes d'une
ville.
LINDRE ; (l'étang de) étang de Lorraine, à
deux lieues de Marfal , vers le levant , Se à huit de
Nanci. Son circuit eft de quatre lieues , 8c la rivière
de Seille en tire fa fource. * Corn. Dift.
LINDSEY , contrée d'Angleterre en Lincolnshire,
où elle fait une des trois parties de cette province :
comme on a vu dans l'article LINCOLNSHIRE. Il eft
vifible qu'elle a confervé le nom de LlNDISSA, ancien
nom de cette province : elle eft entourée d'eau , & a
donné le titre de comte de Lindfey à plufieurs feigneurs
Anglois.
1. LINDUM, ancienne ville de l'ifle de la Grande-
Bretagne. Ptolomée, /. 2, c. 3, la donne au peuple Co-
ritanu Antonin , hiner. la met fur la route de Londres,
à Carleil, entre Caufennœ, aujourd'hui Nottingham, 8t
Segelocus, aujourd'hui Litteburow, à vingt-ftx mille pas
de la première , 8c à quatorze mille de la féconde. L'a*-
nonyme de Ravenne nomme cette ville Lindum colo-
nia; 8c par-là il nous rend intelligible une fouscription
du concile d'Arles , où l'on trouve : Adelphius episcopus
de civitate colonia Londi , fans doute pour colonia Lindi.
Cela s'accorde avec Lindicolina ou Lindocolina deBede.
Par-tout là il s'agit de Lincoln. Voyez ce mot.
2. LINDUM. Voyez Lindus Se Lindo.
1. LINDUS, ancienne ville de l'ifle de Rhode, fé-
lon Strabon, /. 14; Pomponius Mêla, /. 2, c.j; Pline,
/. 5, c. 31 ; 6c Ptolomée , /. 5, c. 2. Diodore de Si-
cile en attribue la fondation aufli-bien que celle de Ca-
mirus 8c de JaliJJus à Tlépolème , fils d'Hercule , &C
ajoute qu'après les avoir élevées il partit avec Agamem-
non, pour le fiége de Troye. D'autres font honneur de
la fondation de ces trois villes aux Héliades , petits-fils
du Soleil , qui portoient les mêmes noms que ces vil-
les, à qui chacun d'eux donna le fien,] C'eft Strabon qui
rapporte cette opinion. Cette ville fe conferva , &c ne
fut point abforbée par la capitale. Euftathe, in Perieges.
Dionif. v. 505, dit que de (on tems Lindus avoit encore
de la réputation. C'étoit la patrie de Cléobule , l'un des
fep* fages de la Grèce , & il y avoit un temple dont
Minerve prenoit le furnom de L'indienne. La&ance, /. 1,
c. 3 1 , rapporte une circonftance affez remarquable. A
Linde , ville de l'ifle de Rhode, dit cet écrivain, il y a
des facrifices en l'honneur d'Hercule , dont les cérémo-
nies font différentes de toutes les autres ; car on ne les
célèbre point par des euphèmies , comme parlent les
Grecs , c'eft- à-dire par des bénédictions , mais par des
malédictions Se des imprécations ; Se on tiendrait ces
facrifices pour profanes, fi , pendant qu'on les célèbre, il
échappoit à quelqu'un, même fans le vouloir, de pro-
noncer une bonne parole. Lindo a été une place im-
portante du tems que les chevaliers hospitaliers de faint
Jean de Jérufalem poffédoient l'ifle de Rhode. L'abbé
de Vertot parle du château de Lindo dans fon Hiftoire
de Malte , /. 2 , /. 4 , p. 171, à Foccafion du grand-maî-
tre Villaret qui s'en empara. Ce château , dit cet abbé ,
eft fitué fur une montagne au côté oriental de l'ifle, en-
viron à fept milles de la ville de Rhode. Outre un bon
port qui eft au pied de ce château , on trouve encore au
849
feptentrion une grande baie, dont le fond eft net, ferme
8c fablonneux ; & un peu plus loin, il y a un endroit ap-
pelle triande ou le canton des ferpens , au-deffous du-
quel on trouve une fort bonne rade , où les vaiffeaux
font à l'abri des vents d'orient 8e de fud-eft.
2. LINDUS , rivière d'Afie, entre la Carie &c la Ly-
cie , auxquelles elle fervoit de bornes, féparant ces deux
provinces , au rapport de Quintus Calaber, /. 8. Orté-
lius foupçonne que c'eft le Calbis de Ptolomée.
1. LlNG , ville de la Chine, dans la province de
Channton , au département de Cinan , première mé-
tropole de la province. Elle eft de o d. 26' plus occiden-
tale que Pékin, fous les 37 d. 46' de latitude. * Atlas
Sinenjis.
2. LING , ville de la Chine , dans la province de
Huquang, au département de Hengcheu, dixième mé-
tropole de la province. Elle eft de 4 d. 56' plus occiden-
tale que Pékin, fous les 26 d. 52' de latitude. * Atlas
Sinenjis.
1. LINGA. Voyez TinGIS.
2. LINGA. Voyez Lingen.
1. LINGAN, ville de la Chine, dans la province
de Junnan , dont elle eft la troifiéme métropole. Elle
eft de 14 d. 19' plus occidentale que Pékin, fous les
24 d. 6' de latitude. ' Cette métropole a fous fa dépen-
dance dix cités 6c neuf fortereffes.
Lingan ,
Kienxui ©s
Xeping 0,
Omi &,
Ning ®,
Naleu,
Kiahoa,
Vanglung,
Hiyung ,
Sinping ,
Tunghai ,
Hofi,
Siégo,
Mungçu.
FortereJJes.
Gannan,
Kichu ;
Suto,
Çoneng ,'
Locung ,
C'eft contre l'ufage ordinaire , que cette métropole
a dans fa dépendance toutes ces forrereffes. La raifort
en eft qu'elle fe trouve voifîne du royaume de Tunkin,
&c que l'empereur de la Chine eft obligé de tenir quan-
tité de troupes dans ces quartiers, pour être en état de
faire tête', en cas de befoin, aux Tunkinois. En effet le
roi de Tunkin s'eft emparé de toutes les terres qui font
à l'orient de cette ville ; & elles font actuellement fous
fa domination. * Atlas Sinenjis.
Anciennement ce pays faifoit partie du royaume de
Kingting. Lorsque la famille Han l'eut fournis , elle en
fit une principauté qui fut appellée Ciangho. Il devint en-
fuite une dépendance du royaume de Mung; Se le lieu
où eft fituée Lingan , fut appelle Tunghai. La famille
Sunga le nomma Lieuxan, & la famille Juen en fit une
ville très-bien fortifiée Se affez grande. Son territoire eft
diverfifié de plaines , de collines &C de montagnes ; il
renferme auffi deux grands lacs : il eft coupé par quel-
ques rivières ; 8c on y trouve une grande quantité de
villes , de fortereffes , de châteaux 8c de villages. Dans
la partie feptentrionale de la ville , il y a un fort beau
pont que fit bâtir la famille Juen.
2. LINGAN , ville de la Chine , dans la province
de Chékiang , au département de Hangcheu , premiers
métropole de la province. Elle eft plus orientale que
Pékin de 2 d. 38', par les 30 d. 15' de latitude. * Atlas
Sinenjis.
LINGEN , petite place d'Allemagne , dans la Weft-
phalie. Elle donne le nom à un comté, dont elle eft le
chef-lieu, à l'orient delà rivière d'Embs. Elle eft encla-
vée entre cette rivière , l'évêché de Munfter 8c celut
d'Osnabrug; elle appartenoit à Guillaume III, roi de la
Grande-Bretagne, Se eft poffédée préfentement par le
roi de Pruffe. Corneille a tort de dire qu'elle eft de la
Frife , 8c frontière d'Allemagne. Il falloit dire tout le
contraire. Elle eft en Allemagne , 8c frontière de la
Frife. Elle eft à huit lieues de Coëvorde, 8c à feize de
Munfter. Selon Olivier, cette ville eft l'ancienne Asça'
lingium , capitale des Dulgibins.
LiNGEN, (le COMTÉ de) petit pays d'Allemagne,
Tome III* Ppppp
LIN
8yo
en Weftphalie, au bord oriental de l'Embs. Il eft borne
au nord par le pays de Meppen ; à l'orient, par l'évêche
d'Osnabrug; au midi, par le territoire de Bévergern,
dont il efTïéparé au fud-oueft par l'Aa, &£ au couchant
par l'Embden. Il n'y a que la ville de Lingen ; les au-
tres lieux font des bourgades ou des villages. L'an 1545,
l'empereur Charles V ôta ce comté par confiscation ,
avec celui deTecklenbourg, & la fcigneurie de Reyden,
au comte Gérard de i ecklenbourg , & en gratifia Maxi-
milien d'Egmond. La famille de Tecklenbourg tâcha en
vain d'y rentrer, en vertu delà tranfa&ion de Paflau.
Maurice , prince d'Orange, général de l'armée des états,
prit la ville de Lingen, en 1597; & le marquis Ambroife
Spinola la reprit pour le roi d'Espagne, en 1605. Elle
fut prife en 1674, Par l'évêque de Munfter, qui la ren-
dit peu après. Ce comté étoit du domaine de Guil-
laume III; le roi de Prune s'en eft porté héritier, &le
poflede à ce titre.
LINGFUNG, montagne de la Chine, dans la pro-
vince de Kianfi , au voifinage de la ville de Xangcao.
Elle a cela de particulier , que quand il y pleut, durant le
jour, on y voit pendant la nuit une grande flamme ; ce
qui n'eft pas , lorsque le teins eft fec. * Atlas Sinenjîs.
LINGHE, (la) ou la. Linge, rivière des Pays-
bas. Elle a fa fource en Gueldre , dans le haut Betuve ,
pane à Hemmen , g. Moll, g. à Sceten, d. à Gulder-
mufer, g. à Tricht , d. à Deil, g. à Marienwsrt, d. à
Rund, g. à Renoy, d. à Akoy, d. à Asperen , g. a
Leerdam, d. à Hœckelum, g. à Spyck, g. à Arckel, d. à
Gorcun , où elle tombe dans la Meufe. * Diiî. géogr.
des Pays-bas.
LINGK1EU , ville de la Chine , dans la province de
Channfi , au département de Taitung , troifiéme mé-
tropole de la province. Elle eft de 3 d. 28' plus occi-
dentale que Pékin, fous les 39 d. 44' de latitude. * Atlas
Sinenjîs.
LINGLUNG , ville de la Chine , dans la province
d'Iunnan, au département de Munghoa, fixiéme mé-
tropole de la province. Elle eft de 17 d. 10' plus occi-
dentale que Pékin , fous les 25 d. 24' de latitude. * Atlas
Sinenjîs.
1. LINGO. Voyez Lingones, qui en eft le plu-
riel.
2. LINGO. Voyez Lingon.
LINGON, (le) petite rivière de France, dans le
Vermandois. Après avoir baigné les murs du château de
Nelle , elle va (é joindre à la Somme. Le véritable nom
de cette rivière eft l'Ingon , en latin Ingo. Comme l'In-
gon fe prononce de la même manière que Lingon , in-
fenfiblement on a écrit Lingon pour l'Ingon. * Hadr.
Valefii Not. Gai. p. 375.
1. LINGONES , nom d'un ancien peuple & d'une
ancienne province de France , aujourd'hui le Langrois.
Céfar eft le premier qui ait fait mention des Lingones.
Il leur défendit de fournir du froment ni aucune autre
chofe aux Helvetii , qui avoient pris la fuite ; & dans
une autre occafion , il leur ordonna de lui fournir à lui-
même du froment. En effet le terroir de ce pays pro-
duit du bled en abondance ; ce qui a fait dire à Clau-
dien , Conful. II, Stilic. v. 93 &£ 94 :
Aut quitus aufpiciis fxcundâ Tibris ab Arclo ,
Vexit .Lingonico fudatas vomert méfies.
Céfar dit encore , /. 41 , que la Mofelle descend ex
monte Fogefo, qui eft in finibus Lingonum ; du mont de
Vosge , qui eft à l'extrémité des Lingons.
Strabon corrompt le nom des Lingones ; il les ap-
pelle tantôt Aiyyonf , tantôt Aiyyjtmot , Lincafîi. On
ne fauroit dire non plus dans quelle province il les place,
fi c'eft dans la Gaule Belgique, ou dans la Gaule Celti-
que ; car s'il a décrit allez exactement la Gaule Nar-
bonnoife & l'Aquitaine , il a tout confondu dans la Gaule
Belgique & dans la Gaule Celtique. Quelquefois il joint
les Senones avec les Rémi , quoique les uns appartien-
nent à la Gaule Celtique, &c les autres à la Gaule Bel-
gique ; quelquefois il met au nombre des Belges mari-
times les Veneti & les Ofismii , quoique ces deux peu-
ples n'appartiennent pas à la Gaule Belgique, mais à la
troifiéme province Lyonnoife. Tite-Live, Lucain font
LIN
auffi mention de ces peuples , mais feulement par rap-
port à l'établiflement qu'ils avoient en Italie.
Les Lingones , auflî-bien que les Aldui , eurent le ti-
tre d'alliés des Romains ; ce qui fait que Pline les ap-
pelle Lingones fxderati. Il les met dans la Gaule Belgi-
que. Ptolomée & Aimoin les y placent pareillement ;
mais Ptolomée les appelle ^iy-yum. On voit , par ces
témoignages, que, du tems de Pline Se de Ptolomée,
les Lingones étoient attribués à la Gaule Belgique. Dans
la fuite, ils furent mis dans la Gaule Celtique. Commeils
font fiiués aux limites de ces deux Gaules , il n'eft pas
étonnant qu'ils ayent été attribués, tantôt à l'une, tantôt
à l'autre. D'ailleurs Céfar ayant dit que les Gaulois étoient
féparés des Belges par la Marne rk par la Seine , il n'é-
toit pas ailé de décider fi les Lingones, qui fe trouvoient
à la fource de la Marne, dévoient être regardés comme
Celtes , ou comme Belges.
Tacite, Hijl. 1. 1, fait mention de civitas Lingonum ;
fck Frontin , Stratag. 1. 1 , dit que ce pays étoit très-
opulent , &c qu'il fournit foixante Se dix mille hommes
armés à l'empereur Domitien. Cependant, par le mot
civitas, on ne doit pas entendre la capitale précifément,
mais encore tout le pays qui eft très-vafte. On trouve
SOLUM LlNGONICUM dans Euménius, in Paneg. ad
Conft. Caf. COMITATUM LlNGONICUM dans les An-
nales de S. Bertin, ad an. 839, & PAGUM LlNGONI-
CUM. Dans deux Lettres de l'an X225, on ht : Nul-
LEIUM IN LONGOINNE , &C NULLEIUM EN LaN-
GONE. Dans Langoinne &£ dans Langone on trouve des
traces de pagus Lingonicus , auffi-bien que dans LibRjE
LingoniCjE, monnoie vulgairement appelléeLANGO-
NES, du nom de la ville de Langres. Cette vendue fut
faite pour trois cents livres de Langones. Dans des Let-
tres de l'année 1255, on lit : dix livres d' EJlevenans ,
ou de Langoines , c'eft-à-dire dix livres d'Ejliennes ou
de Langones. Ces Eftiennes étoient des écus de Dijon ,
ainfi nommés du nom de l'églife de S. Etienne de cette
ville.
Dans la Notice de l'Empire on lit : Prafecius lato-
rum Lingonenjîum per diverfa Belgica. primai disperjo-
rum ; &C fur d'anciennes médaillesRomaines : Cohors fe-
cunda Lingonum ; Cohors IV Lingonum ; Cohors XXIX
Lingonum in Armenià. L'empereur Galba ufa d'une
grande févérité envers les Lingons & envers les Treviri,
parce qu'ils avoient été attachés à Néron.
Les évêques de ce diocèfe , autrement les évêques de
Langres, furent anciennement très-puiflans. Odon, comte
de Nevers & de Tonnerre , leur fit hommage pour le
comté de Tonnerre ; <k Marguerite , reine de Sicile, &
femme du roi Charles, leur fit le même hommage: ils
invertirent Hugues , duc de Bourgogne, d'une partie de
la terre de Châtillon-fur-Seine , deMontbar, &c. Les
rois de Navarre & les comtes de Champagne relevoient
d'eux, à caufe de Bar-fur-Seine, de Bar-fur-Aube, de la
. Ferté-fur-Aube , de Chaumont , de Noigent , de Mon-
tigney, &c ; de forte qu'ils comptoient parmi leurs vas-
faux, non-feulement des comtes 6c des ducs, mais en-
core des rois.
On met une grande quantité de pays fous la dépen-
dance des anciens Lingones , favoir , le pays des Attua-
rii , leDuesmcis, le Lecois , le Maimont, le Digé-
nois, aujourd'hui le Dijonois ; le pays de l'Ouche, le
Tonnerrois , le Baffigni , le Pagus Portuenfis , ou Por-
ttnjîs , peu connu à préfent ; le pays de Bar-fur-Seine ,
& celui de Bar-fur-Aube. Presque tous ces pays étoient
anciennement compris fous la dénomination de Pagus
Lingonicus.
2. LINGONES , peuples de la Gaule Cispadane. Ils
tiroient leur nom des Gaulois Lingolns , qui avoient
pafte en Italie avec les Boïens. Voyez au mot Gaule.
Ils étoient tellement liés avec les Boïens , qu'ils femblent
n'avoir formé qu'une feule nation avec eux. C'eft ce qui
a fait dire à Polybe, /. 2 , que lés Boïens étoient voifins
des Senones. Cependant originairement c'étoient deux
peuples dlftingués l'un de l'autre. Du côté du feptentrion
ils étoient féparés des Veneti par le Pô ; du côté de
l'orient , ils avoient pour borne le fleuve Montone ; du
côté du midi , l'Apennin les féparoit de la Toscane ;
& du côté du couchant, la rivière d'Idice les féparoit
des Boïens. * Briet, Antiq. liai. p. 2, /. f.
Leur pays comprenoit ainfi une partie du Bolo-
LIN
GNESE , de la RoMAGNE, & de la RoMAGME Flore-
mine. Voici l'es villes qu'ils pofiedoient :
rForum Cornelii,
-..,. , T • \Claterna,
\ îllesdesLingo-J paverttia
nes« )solon<e,'
^•Batrium ,
aujourd'hui Imola,
Quaderna,
Faënza ,
Cita di Sole,
Budrio.
çldex, l'Idice,
n. . i t- \Silarus, Sillarootf Sillero,
RllieTesdesLm-\F-amnuso\iSaiemus,Samtmo,
gons. ISenniis, Senno ou Senio ,
^Anemo, ArmoneoaAmone.
3. LINGONES, ancien peuple de la grande Germa-
nie.
4. LINGONES , ancien peuple d'Espagne , félon
Tacite , Hijl. I. 1 , t. 78 , qui dit qu'Othon tâcha par
ies largefîes de gagner les cœurs des peuples &C des pro-
vinces. Il ajouta de nouvelles familles aux colonies
à'Hipfal &C d'Emerita, (de Séville 6c de Mérida,) gra-
tifia tous les Lingons du droit de bourgeoifie, & donna
des pays de la Mauritanie à la province de la Bétique.
D'Ablancourt traduit les Lingons de ce paflage par ceux
de Langres, qui n'ont que faire en cet endroit. Qu'ont
de commun les Lingons de la Gaule ou de l'Italie, avec
un peuple qui de voit être en Espagne, & qui eft nommé
par Tacite entre Séville , Mérida & l'Andaloufie? Jufte-
Lipfe, not. 131, a bien vu que le mot Lingones étoit
une faute de copiftes , & qu'il falloir en cet endroit le
nom d'un peuple Espagnol ; il propofe Lufones ou II-
lurconcs , Se prie fes le&eurs de penferà quelqu'autre
mot qui convienne mieux. Seroient-ce les Lungones
de Ptolomée , qui leur donne la ville de Pelontium ?
Il n'y a qu'une difficulté qui m'empêche de décider, &
la voici. Les Lungons faifoient-ils en Espagne une afTez
grande figure , pour s'attirer l'attention d'Othon ? C'eft
ce que j'ignore.
LINGPAO , ville de la Chine , dans la province de
Honan, au département de Honan, fixiéme métropole
de la province. Elle eft de 6 d. 50' plus occidentale que
Pékin , fous les 35 d. 53' de latitude. * Atlas Sïnenfis.
LINGPI , ville de la Chine , dans la province de
Kiangnan, ou Nanking, au département de Fungyang,
féconde métropole de la province. Elle eft de od. 24'
plus orientale que Pékin, fous les 34 d. 45' de latitude.
* Atlas Sinenjis.
LINGT'AI, ville de la Chine, dans la province de
Xenfi, au département de Pingléang , quatrième mé-
tropole de la province. Elle eft de 9 d. 3 ' plus occi-
dentale que Pékin, fous les 36 d. 56' de latitude. * Atlas
Sinenjis.
LINGXAN , ville de la Chine , dans la province de
Quangtung , au département de Liencheu , huitième mé-
tropole de la province. Elle eft de 7 d. 15' plus occi-
dentale que Pékin, fous les 13 d. o' de latitude. * Atlas
Sinenjis.
LINGXE , ville de la Chine , dans la province de
Channli, au département de Fuencheu, cinquième mé-
tropole de cette province. Elle eft de 6d. 30' plus occi-
dentale que Pékin , fous les 58 d. 20' de latitude. * Atlas
Sinenjis.
LINGXEU , ville de la Chine, dans la province de
Pékin, au département de Chinting, quatrième métror
pôle de cette province. Elle eft de 3 d. 6' plus occi-
dentale que Pékin, fous les 38 d.6o' de latitude. * Atlas
Sinenjis.
LINGXUI, ville delà Chine, dans la province de
Quangtung, au département de Kiuncheu , dixième mé-
tropole de la province. Elle eft de 6 d. 52' plus occi-
dentale que Pékin , fous les 18 d. 24' de latitude. * Atlas
Sinenjis.
LINHOAI, ville de la Chine, dans la province de
Kiangnan ou Nanking , au département de Fungyang ,
féconde métropole de la province. Elleeft de o d. 10' plus
orientale que Pékin , fous les 34 d. 7' de latitude. * Atlas
Sinenjis.
L1NIACENSIS , fiége épiscopal d'Afrique , félon
S. Optât & S. Auguftin, cités par Ortélius, Thefaur.
L1NIER.ES , petite ville de France , dans le Berri ,
LIN 8yt
à dix lieues de Bourges, du côté du midi ; elle eft fer-
mée de murailles avec des tours & des folles. L'églife
de Notre-Dame eft collégiale , & le château a été bâti
par Jérôme de Nouveau. Les feigneurs ont toujours porté
les titres dejires, de princes, & de barons de Linieres.
*Pigamol de la Force, Descr. de la France, t. 6,p. 470.
LINITIMA, ville de l'Ethiopie, fous l'Egypte, fé-
lon Pline , l. 6, c. 29.
LINIU , ville de la Chine, dans la province de Ho-
nan , au département de Caifung , première métropole
de la province. Elle eft de 3 d. 30' plus occidentale
que Pékin , fous les 34 d. 52' de latitude. * Atlas Si-
nenjis.
LINKIANG , ville de la Chine , dans la province de
Kiangfi, dont elleeft la huitième métropole. Elle eft de
2 d. plus occidentale que Pékin , fous les 28 d. 35' dé
latitude. Elle fe trouve au couchant de la ville de Vu-
cheu , autre métropole de la province , & eft bâtie fur
la rive méridionale du fleuve Kiam , qui lui procure de
grands avantages. Le terroir des environs de cette ville
eft très fertile. Comme tous les bâtimens, qui naviguent
fur le fleuve Kiam , patTent à Linkiang , on voit conti-
nuellement dans cette ville une grande quantité de vais-
feaux ; elle a quatre villes dans fa dépendance :
Linkiang,
Sinkin ,
Sinyu,
Kiakiang.
Du tems des rois , tantôt elle fut foumife aux rois Cu ,
tantôt aux rois U. Sous la famille Cm, elle appartint à
Kieukiang ; fous la famille Han , elle fut pofïédée par
Juchang. La famille Sunga lui donna le nom qu'elle
porte aujourd'hui. On compte à Linkiang trois temples
célèbres , dédiés à des hommes illuftres. * Atlas S't-
nenjis.
LINKIU , ville de la Chine , dans la province de
Channton, au département de Cincheu, quatrième mé-
tropole de la province. Elle eft d'un degré 43 ' plus orien-
tale que Pékin , fous les 36 d. 47' de latitude. * Atlas
TlNLÏTHGOV, LINLITQUO, ou Lithquo, ville
de l'Ecofle méridionale , dans la province de Lothian.
Elle eft embellie d'un châ;eau royal & d'un beau tem-
pie, & accompagnée d'un lac très- poiflbnneux. Elleeft
à onze ou douze milles d'Edimbourg ; elle eft ancienne,
ôc s'appelloit Lindum.
LINNE. Voyez Lin-Regis.
LINOA, ville épiscopale de la féconde Bithynie, fé-
lon des Notices grecques. On trouve qu Anajlajius, 3a-
Jilius , Cyritlus, ont occupé ce fiége. * Harduin. Col-
lecL conc.
LINOCASTRUM ; quelques-uns nomment ainfi en
latin, Chateau-Lin, place de France, en bafle Bre-
tagne.
LINOIS , bourg de France , dans le gouvernement de
Tille de France. Baudrand dit qu'on prononce Linas.
LINOSE, ifle de la mer Méditerranée, fur la côte
d'Afrique. Elle n'eft qu'à fept ou huit lieues , &, félon
de Brèves , qu'à cinq lieues de Lampadoufe , du côté du
nord-eft, à 34 degrés de latitude feptentrionale, &c pres-
que vis-à-vis de la ville de Mahomette en Barbarie. Sa-
nut dit que c'eft l'jEth'ufa de Ptolomée. Elle a environ
cinq lieues de tour ; 8c dans tout cet espace, elle n'a pas
un lieu commode où les vaiffeaux puiflent aborder.
* Dapper, Descr. des ifles d'Afrique , p. 532.
Les Turcs ont fouvent tenté de s'emparer de cette
ifle , & de celles de Malthe , de Goze & de Comin ;
mais tous leurs efforts ont été inutiles. Baudrand la
nomme Limose.
LINSBOURG , maifon de plaifance de l'élefteur
d'Hanovre, dans le voifinage même d'Hanovre.
LINSI, ville de la Chine , dans la province d'Iunnan,
au département de Likiang , qui a le rang de fixiéme
ville militaire de la province. Elle eft de 17 d. 19' plus
occidentale que Pékin , fous les 27 d. 3 1 ' de latitude.
* Atlas Sinenjis.
LINSIANG , ville de la Chine, dans la province de
Huquang, au département de Yocheu , feptiéme mé-
tropole de la province. Elle eft de 4 d. 17' plus occi-
dentale que Pékin, fous les 30 d. 3' de latitude. * Atlas
Sinenjis,
Tome III. Ppppp ij
8n LIN
LINSTOCK, bourgade d'Angleterre, dans le Cum-
berland. Voyez OlenaCUM.
LINT, rivière de Suiffe, au canton de Glaris. Elle a
fa fource au nord de la montagne de Fisma , d'où, cou-
lant vers le nord, dans une belle & grande vallée , qu'on
appelle Lintthal, & qui eft fort peuplée, elle reçoit plu-
sieurs ruiflèaux qui y viennent principalement du côté
de l'orient; elle arrofe plufieurs villages , entr'autres,
Lintthal & Schwanden ; & auprès dé ce dernier, elle re-
çoit les eaux de la Sernft , avec laquelle elle continue fa
route , parte à l'orient de Glaris » Se, fe recourbant vers
l'oueft , elle fe charge des eaux qui viennent du lac de
Clonthal , (Clonihaler-See,) & va enfin fe perdre dans
le Limât , au-deffous & au nord-oueft du lac de Wal-
lenftadt. * Etat & Délias de la Suijjc, t. 2, Scheuck-
%er, Carte de la Suiffe.
LINT-THAL, village & vallée, en Suifle, fur la
rivière de Lint, au canton de Glaris. Voyez LlNT.
LINTERN A-PALUS , marais, ou plutôt lac d'Italie,
dans la Campanie. Voyez Linternum.
LINÏERNUM, ou Liternum, ou Liternus,
ancienne ville d'Italie , dans la Campanie , à l'embou-
chure de la rivière Clanis , (l'Agno,) Se auprès d'un
lac que Stace , Silv. 4, Carm. 3, r. 66, nomme Ma-
terna-Palus. C'eft à caufe de ce lac ou marais que Silius-
Italicus, /• 6, v. 653 , nomme la ville Stagnofum-Lin-
urnum , ck qu'il dit , /. 8 , v. 53 1 :
Stagnisque palujlre Liternum,
C'étoit une colonie Romaine. Tite-Live -, /. 34, c.tf,
dit que la même année on mena des colonies à Pouz-
zol , à Vulturne Se à Literne. Cette colonie fut , ou re-
nouvellée, ou augmentée fous Augufte. Frontin, de Co-
lon, dit : Liternum muro duclum , colonia ab Augujlo
deduclà. Tite-Live, l. 32., c. 29, dit expreffément Aci-
lius , tribun du peuple obtint que l'on enverroit cinq co-
lonies fur la côte de la mer ; deux à l'embouchure des
rivières Vulturne Se Literne ; une à Pouzzol , une à Sa-
lerne Se on y ajouta Buxentum. Ces colonies furent
effeai'vement menées , Se nommément celle de Liter-
num. C'eft-là que Scipion l'Africain, ou le grand Sci-
pion, fe retira, lorsqu'ayant été aceufé par les tribuns
du peuple , d'avoir reçu de l'argent d'Antiochus ; roi de
Syrie, pour lui faire donner la paix, il trouva moins
ionteux de fe bannir volontairement de fa patrie , que
de venir fe défendre devant fes concitoyens qu'il avoit
défendus avec tant de gloire. Il paffa le tefte de fa vie
à Linterne, où il mourut, fans avoir voulu retourner à
Rome ; on mit ces paroles fur fon tombeau : Ingrata
patria , ne qu'idem ojja mea habes. Tous les auteurs qui
ont parlé de Linternum , difent qu'après fa deftruclion
par les Vandales, en 455, on érigea la tour qu'on y voit
encore , & où étoit le même fépulcre. Comme il n'é-
toit refté de l'inscription que le léul mot patria, cette
tour eft appellée TORRE DI PATRIA. Le lac voifm au-
trefois Literna ou Linterna-Palus, s appelle LAGO DELLA
PATRIA. Cette ville a été épiscopale ayant que d'être
détruite ; mais elle fut entièrement ruinée. On en voit
encore les mafures fur le golfe de Gaëte , entre Pouzzol
& l'embouchure duVolturno, environ à trois lieues de
l'une Se de l'autre , près de la tour de Patria. Voyez
PATRIA. *Corn. Dift. Baudr. édit. 1705.
LINTON , bourg d'Angleterre , dans le comté de
Cambridge. On y tient marché public. *Etat prifent de
la Gr. Bret. t. I .
L1NTPURGUM, bourg de la Gaule, daps le mont
de Vosge , félon Surius , dans la Vie de S. Poppon.
1. LINTZ, ville d'Allemagne, dans la haute Autri-
che, dont elle eft la capitale. Elle a un pont furie Danube,
qui y reçoit la rivière de Traun, Se un fort beau château
fur une colline, où les empereurs font quelquefois leur
féjour. L'empereur Frédéric IV y mourut en 1493. La
ville eft dans une fort belle plaine , à douze milles d'Al-
lemagne, au-deffeus Se à f orient de Paffau, Se à trente
au-deflus de Vienne. Baudrand donne pour noms latins
de cette ville Aurelianum-Lintum, & Lentia. Le
pont qu'elle a fur le Danube, eft de bois; Se c'eft le che-
min de Bohême. Toutes fes rues Ibnt belles Se larges,
& fes grandes places environnées d'affez belles maifons;
la mailon de ville eft un des plus remarquables édifices.
LIN
On voit dans la grande églife beaucoup de tombeaux
de perfonnes de qualité. Les étendards Se les armes des
plus nobles font attachés autour des piliers qui foutien-
nent la voûte. Lintz eft tout-à-la-fois une ville de no-
bleffe Se de trafic , ce qui ne fe rencontre pas fouvent
dans une même ville. Il y a deux châteaux , l'un fur la
colline, de grande étendue, Se forts d'amette ; c'eft celui
dont parle Baudrand. Celui d'en- bas eft fortifié par l'art,
avec de larges foffés Se de groffes murailles. Léopold
s'y retira en 1683 , avec beaucoup de précipitation, pen-
dant le fiége de Vienne ; Se ne s'y croyant pas en fureté,
il remonta jusqu'à Paffau. Lintz a une excellente manu-
facture. La ville n'eft pas grande par elle-même , mais
par (es fauxbourgs. Outre la paroiffe , il y a un collège
de Jéfuites & un couvent de Capucins. A une heure de
Lintz, eft le mont Calvaire, où l'on a imité celui de la
Paleftine Se un faint fépulchre. * Baudr. éd. 1705. Corn.
Dicl. Jouvin de Rochijort. Voyage d'Allemagne.
2. LINTZ , petite ville d'Allemagne , dans le haut
éleâorat de Cologne, au Wefterwald ; fur le Rhin,
aux frontières du duché de Juliers , à cinq milles au-des-
fous de Coblents , Se à fept milles de Cologne.
LINUM.OU LlNI-PROMONTORIUM, A,vv
««©£,
promontoire d'Italie, dans la Chonie, félon Lycophroni
Gabriel Barri dit que le nom moderne eftVERRE. * Or-
tel. Thef.
2. LINUM, contrée d'Afie, dans la province de l'Hel-
lespont, entre Parium SePriape, félon Strabon, /. 13^
& Etienne le Géographe.
LINUS, fontaine du Péloponnèfe , dans l'Arcadie.
Elle avoit, au rapport de Pline, /. 31 , c. 2, la pro-
priété de conferver le fruit des femmes enceintes , &
d'empêcher l'avortement. Ifidore , qui parle aufli de cette
propriété , nomme la fontaine Leghnus.
LINUU , ville de la Chine, dans la province deHu-
quang , au département de Hengcheu , dixième métro-
pole de la province. Elle eft de 4 d. 50' plus occiden-
tale que Pékin , fous les 25 d. 54' de latitude. * Atlas
Sinenjis.
LINXUI, ville de la Chine, dans la province deSu-
chuen t, au département de Xunking , troifiéme métro-
pole de la province. Elle eft de 10 d. 1 6' plus occiden-
tale que Pékin, fous les 30 d. 49' de latitude. * Atlas
Sinenjis.
LINYAO , ville de la Chine , dans la province de
Xenfi, dont elle eft la fixiéme métropole. Elle eft de
12 d. 6' plus occidentale que Pékin, fous les 36 d. 47'
de latitude. Linyao eft renommée , parce que c'eft au-
près de cette ville que finit la grande muraille ,, Se parce
qu'un roi de la famille Taminga y fit faréfidence. * Atlas
Sinenjis.
Dans la divifion que fit Yvu , ce pays devint une priiï-
cipauté qui eut le nom de Sikiang ; la famille Cin , qui
s'en empara , l'appella Lungji y la famille Sunga le
nomma Yencheu ; Se le roi Situ lui fit porter le nom de
Kint , qui lignifie terre d'or : en effet dans les monta-
gnes vaifines, & dans les torrens on trouve une grande
quantité d'or. Enfin la famille Tanga lui donna le nom
de Linyao. Cette ville eft bâtie fur une montagne, Se
{es murailles en renferment une partie. Elle a fous fa de-
pendance cinq villes , qui font :
Linyao, Lan 0,
Gueiyven, K.in,>
Ho 0.
1. LINYE , royaume de l'Inde; il confinoit au Ton"
quin, Se étoit fitué au fud de cette contrée. Ancienne-
ment les Chinois le nommoient Siam-Kiun , c'eft-à-
dire le pays des éléphans. Sur la fin des Han , Se pen-
dant les troubles quiagitoientlaChine,un officier nommé
Tçao eut un fils appelle Lien , qui fe fit roi de ce pays.
Sa poftérité lui fuccéda. Sous un de fes descendans ,
nommé Fany , fils de Fanhiong ou Fantui , un esclave
qui lui appartenoit , nommé Fan-ven , fuivit des mar-
chands qui alloient à la Chine ; Se il étudia les mœurs
des Chinois. Quand il fut de retour dans fon pays , il
inftruifit le roi deLinye; on commença à bâtir dans ce
pays des maifons, des villes ; Se on fit différens inftru-
mens. Dans la fuite Fan-ven fe révolta, empoifonna le
roi, s'empara du thrône, Se fournit plufieurs pays voifins,
LIÔ
H avoit quarante ou cinquante mille hommes de troupes.
Sa poftérité rut détruite, vers l'an 808. On croit que ce
pays répond à celui que nous appelions royaume de
Siam. Les Siamois prétendent que leur royaume a com-
mencé vers l'an 855, de J. C. C'eft, fans doute, après
les troubles qui fuivirent la deftruftion de la famille des
Fan. * Hifloire générale des Huns, t. 1 , p. 175. Voyez
SlAM.
2. LINYE, ville delà Chine, dans la province de
Channton, au département de Cinan, première métro-
pole de la province. Elle eft de o d. 36' plus orientale
que Pékin , fous les 37 d. 35' de latitude. * Atlas Si-
nenfis.
LINYEU , ville de la Chine , dans la province de
Xenfi, au département de Funciang, féconde métro-
pole de la province. Elle eft de 9 d. 10' plus occiden-
tale que Pékin, fous les 36 d. 40' de latitude. * Atlas
Sinenjîs.
1. LION, ville de France. Voyez Lyon & Lug-
DUNUM.
2. LION; (LE GOLFE de) C'eft ainfi que l'on appelle
par corruption un grand golfe de la Méditerranée, qui eft
entre l'Espagne, la France & l'Italie ; au lieu que l'on de-
vrait dire le Golfe DU Lion , Sinus Leonis , & non
pas Sinus Lugdunenjis. Qu'a de commun la ville de.Lyon
avec ce golfe , dont elle eft fi éloignée , puisqu'elle eft
fur le Rhône , à plus de foixante lieues de fon embou-
chure, même en comptant pour riérrles détours qu'il fait,
en ferpentant de-là jusqu'à la mer ? Quelques-uns s'ima-
ginent faufiement que cette ville a donné fon nom au
golfe; ce qui n'eft ni vrai ni vraifemblable. On l'a ap-
pelle ainfi, comme le remarque le docte abbé de Lon-
guerue , Defcriptwn de la France , 1 . part. p. 2 5 3 , à caufe
des grandes tempêtes , dont il eft fréquemment agité , &
des bas-fonds qu'on trouve à ces côtes-l.i, qui font périr
les vaifleaux qui y abordent , ou qui y font portés par la
tempête; de forte que l'on compare la cruauté de cette
mer orageufe & dangereufe , qui engloutit ceux qui y na-
vigent , à celle d'un lion dévorant. Plufieurs auteurs ont
bien expliqué ce mot-là ; je me contenterai de citer ici
Guillaume de Nangis, qui vivoit , il y a plus de quatre
cents ans, & qui dit, dans la Vie de S. Louis, que cette
mer du Lion eft ainfi nommée , parce qu'elle eft toujours
agitée , orageufe & cruelle. Mare Leonis idebjîc nuncu-
palur qubd eft femper afperum , flucluofum & crudde.
Les Espagnols l'appellent Golfe-Leone. Baudrand a con-
jecture que ce nom pouvoit avoir été donné à ce golfe,
à caufe des tempêtes auxquelles il eft fort fujet. En écri-
vant l'article de Golfe DE Lyon qui eft au mot Golfe ,
je n'ai régardé ce fentiment que comme une penfée hazar-
dée ; mais en étudiant plus à fond cette matière , j'ai été
convaincu que c'eft la véritable origine de ce nom.
3. LION, (le) d'Angers, bourg de France, en
Anjou , fur l'Oudon . qu'on y pafle fur un pont de pier-
res, à quatre lieues d'Angers.
LION-LE-SAUNIER, Ledo Salinarius ou Leodo, &
quelquefois Leodomum, petite ville de France, en Fran-
che-Comté , lur la petite rivière de Sofvan, vers les li-
mites du diocèfe de Charlon-fur-Sône. Voyez l'article
Lons-LE-Saunier, qui eft le vrai nom de cette ville.
1. LIONE. (Porte-) Voyez Porto-Lione.
2. LIONE, (Sierra.-) Voyez Sierra-Lione.
LIONENSES , ancien peuple du Péloponnèfe , fé-
lon Polybe, /. 2, Atonïs.
1 . LIONS, en Beaucerai , bourg de France, dans l'Or-
léanois ; en latin Leones in Belfia.. Il eft à cinq lieues de
la ville d'Orléans , en tirant du côté de Thury.
2. LIONS, en Normandie: quelques-uns écrivent
Lyons; petite ville de France, dans la haute Norman-
die, à deux lieues d'Ecouis, à quatre de Gournai, & à
fix ou fept de Rouen , entre le Vexin-Normand , & le
pays de Bray. Elle eft dans une forêt dite la forêt de
Lions , fur le penchant d'une côte , au bas de laquelle
coule la petite rivière d'Orleau , fur laquelle on tait flotter
du bois, qui va tomber dans la rivière d'Andelle, à Char-
leval. On y voit quelques ruines d'un ancien château. Son
unique paroifle eft dédiée à S. Martin , & eft dans le
fauxbourg. Sur la muraille de la ville , il y a un couvent
de Cordeliers , & dans fon enceinte un prieuré de Béné-
dictines, près de la chapelle, ou prieuré du titre de S. De-
nis. Lions àbailliage, éle&ion, vicomte, maîtrife des eaux
LIP 8; 3
& forrêts, maire, échevins, & autres officiers de ville.
Le bailliage reffortït au préfidial d'Andelis, & 1'éieCtion
comprend foixante pareilles. Cette ville a été la patrie de
Benferade, qui brilla beaucoup à la cour, fur la fin du
régne de Louis XIII , & durant partie de celui de Louis
le Grand. Avant que l'opéra fe repréfentât en France ,
on danfoit, chez le roi , de grands ballets , pour lesquels
on compofoit des vers , afin de faire connoître le ("ujet
& le caractère que chacun devoit repréfenter en danfant.
Benlerade avoit un talent fingulier pour mêler le carac-
tère propre &c perlbnnel de la perfonne danfante , avec
le caractère du perfonnage repréfenté ; & cela lui four-
nifloù des plaifantenes ingénieufes. Il étoit homme de
qualité; fut reçu à l'académie françoife , en 1674, &
mourut le 15 d'Odobre 1691, âgé de foixante & dix-
huit ans. * Corn. Didt.
3. LIONS , ou Lihons , bourg de France, en Pi-
cardie, au diocèfe de Noyon, ck dans le Santerre, donc
il prend le furnom de Lions- en-Sanurre ; il eft à fept
lieues d'Amiens &; de Noyon. Il y a un prieuré d'ancienne
fondation, fous le titre de S. Pierre.
4. LIONS-SUR-LOIRE, Leones ad Li°irim , bourg
de France, dans l'Orléanois, au bord méridional de la
Loire , entre les villes de Sulli & de Gien , a trois lieues
de la dernière , à & une de la première.
LIOU , rjviere de France , au pays de Gex. Elle a fa
fource dans la montagne de Gex, & va de-là fe répandre
dans le Rhône.
LIOYANG , ville de la Chine , dans la province de
Xenfi , au département de Hanchung , troifiéme métro-
pole de la province. Elle eft de >od'. 6' plus occidentale
que Pékin, tous les 34 d. 54' de la'itude. * Allas Sïnenfis.
1. LIPARA, ifle de la mer Méditerranée, au nord
de la Sicile, & la plus grande des ifles appellées Lipa-
reorum ou Liparenfium injultz , autrement les IJles-Eo-
lits ou Vulcanitnnes. Voyez Eolies. * Cluver. Irai,
ant. /. 2.
( 2. LIPARA , ville de Tille de même nom. L'une &
l'autre même l'ont confervé , fi ce n'eft que les habi-
tans , auffi-bien que les Siciliens , les nomment Lpari>
au lieu de Lipara. Les Grecs anciennement difoient
Aitt ';ai , Lipara , au pluriel ; & comme la voyelle a
avoit le fon de l'e fimple, que les Siciliens prononcent
ordinairement comme un i , infenfiblement on eft venu
à prononcer, lire ci écrire Lipari au lieu de Lipara.
Vovez Lipari.
Divers auteurs nous ont donné l'origine du nom Li-
para. Pline, l. 3 , c. 9, dit que cette ifle a été ainfi
nommée du roi Liparus,qui fuccéda à /Eole. Cependant
fi on aime mieux croire le plus grand nombre des écri-
vains , on dira que ce fut jEole qui fuccéda à Liparus.
On rapporte, dit Diodore de Sicile, /. ^ , que les ifles
Eolies n'étoient point anciennement habitées ; que
dans la fuite Liparus, fils du roi Aufon, voyant les
frères foulevés contre lui , s'embarqua fur des galères
avec une armée, & s'enfuit dans cette ifle , dont il s'em-
para , & à laquelle il donna fon nom. Il ajoute que lors-
que Liparus fut vieux, ./Eole, fils d'Hippota, aborda à
Lipara, où il époufa Cyane, fille de Liparus , & que par
ce mariage il devint roi de l'ifle, après la mort de fon
beau-pere. Solin, Ifidore tk Hermalaiis, abbréviateur d'E-
tienne le Géographe , difent tous que Liparus fut le
premier qui régna dans Lipara , & qu'jEole fut fon fuc-
cefleur. Il fe pourroit donc bien faire qu'il y auroit faute
dans Pline, & qu'il faudrait lire , comme on lit effecti-
vement dans quelques exemplaires: Lipara dicta à Liparo
rege cuifiicceflit Atolus.
Avant Liparus, cette ifle s'appelloit Ui^tyuvU , Meli-
funis. Pline dit Mtligonis ou Meligunis. Pomponius Sa-
înus écrit Longonis ; mais c'eft apparemment une fauté
des copiftes , ou de Sabinus lui-même.
3. LIPARA, capitale de l'ifle de même nom. Voyez
Lipari.
LIPARENSIUM INSUL.E. Voyez Lipara. i.
LIPAREORUM INSULTE. Voyez Lipara. i.
i. LIPARI: (les isles) Voyez Lipara & Eolies.
2. LIPARI , ifle de la mer Méditerranée , au nord de
la Sicile , & la plus grande des ifles de Lipari , auxquelles
elle a donné ion nom. Le circuit de cette ifle peut
être de dix-huit milles. Le climat en eft trèi-fain; l'air
y eft fort tempéré > & terroir eft fertile & gras. On y
Sj4 L1P
•cueille principalement des figues & des raifins, que l'on
•envoie dans toutes les parties de 1 Europe. Outre les fruits
que cette ifle produit avec abondance , elle fournit auffi
du bitume, du foufre & de l'alun ; & 1 on y a quantité
defources dont les eaux font chaudes, Si propres pour
laguérifon de diverfes maladies. Les cotes font poiffon-
neufes ; 5c le poiffon s'y trouve en fi grande abondance,
qu'on en fait un commerce allez confidérable avec 1 e-
traneer. * Coronelli Ifclar. P- 97- ... .,. . .
i LIPARI, ville épiscopale & capitale de hfle de
même nom. Elle eft très-ancienne. On prétend qu'elle
fut bâtie avant le fiége de Troye, & quUlyffe y alla voir
jEole qui avoit fuccédé à Liparus, fondateur de la ville.
Les Lipariens , au rapport de Diodore de Sicde , & d An-
tiochus de Syracufe , étoient une colonie de Cnidiens ,
nation Greccrue, originaire de la Carie. Ces peuples fon-
dèrent dans la Sicile, fur le promontoire Lilybee, une
ville qu'ils nommèrent Motya. L'époque de cette fon-
dation eft rapportée à la cinquantième Olympiade , vers
l'an 580 , avant l'ère Chrétienne. Peu de tems après ,
les Phéniciens & les Carthaginois s'étant emparés de
Motya, les Cnidiens fe transportèrent a Lipara, ou les
defeendans d'jEole les reçurent, fck leur permirent de
s'établir dans leur ifle. Dans la fuite, les Carthaginois
s'emparèrent de la ville de Lipara, fous la conduite de
Himilcon , & lui impoferent un tribut de trente talens.
* Claver. Itaî. anfiq. /. 2.
Diodore, llb. 14, rapporte une hiftoire, qui fait honneur
à un des chefs des Lipariens. Les Romains, dit-il , ayant
fubjugé les Veïens attaquient attaquoient depuis onze ans,
le diétateur eut l'honneur du triomphe , & le peuple Ro-
main employa la dixième partie du butin à faire une coupe
d'or, qu'il confacra àApo.lon de Delphes. Il arriva que
les ambafTadeurs, qui étoient chargés de porter 1 offrande,
furent pris par des pirates de Lipara, qui les conduifirent
prifonniers dans leur ifle ; mais Timafïthée, leur chef, bien
loin de retenir les ambafTadeurs , leur fit rendre leurof-
frande, & les fit escorter jusqu'à Delphes. Le peuple Ro-
main, informé de cet a£te de générofité, fit l'honneur à Ti-
LIP
LIPAXUS , ville de Thrace, félon Etienne le Géo-
graphe. Hérodote en fait auffi mention, /. 7, c. 123 ;
mais il ne la met pas dans la Thrace ; à moins qu'on ne
mette la Thrace jusqu'au golfe Therméen , où elle étoit
limée dans la Paraxie, allez près de Potidée.
LIPENIUM, lieu quelque part dans la Grèce, félon
la conjecture d'Ortélius, Thefaur. qui cite Cédrene &
Curopolate.
LIPES , lieu & mines de l'Amérique méridionale , au
Pérou, à foixante & dix lieues de Chiouchiou, & à
égale diftance de Potofi. Ces mines ont fourni, pendant
long-tems , beaucoup d'argent ; il y a huit moulins tra-
vailians , fans compter ceux des petites mines des envi-
rons, comme Escala, Aqueguaix. Saint-Chrifloval, dans
lesquelles il y en a fix. Lipes eft divifé en deux parties
éloignées l'une de l'autre de moins d'un demi-quart de
lieue ; l'une s'appelle Lipes , & l'autre Guaïco. Dans
ces deux endroits , y compris le monde qui travaille en
bas de la colline , où font les minières d'argent , il peut
y avoir environ huit cents perfonnes de toute espèce.
Cette colline eft au milieu de Guaïco & de Lipes, toute
percée d'ouvertures de mines , entre lesquelles il y en a
une fi profonde, qu'on y a trouvé la fin du rocher, au-def-
fous duquel étoit du fable & de l'eau ; & on a appelle ce
lieu de la mine les Antipodes. * Frejier, Voyage de la
mer du fud , t. 1 , p. 252.
LIl'HEIM, bourg d'Allemagne, dans la Suabe, fur
le Danube , avec un château à demi-lieue de Gungt-
bourg. Ce lieu eft peuplé de marchands de bled , qui
transportent leurs grains par le Danube. Les rues en font
étroites &c mal dispofées. Jouvin de Rochefort, Se, après
lui, Corneille , en font une ville ancienne.
LIPHLUM, ancienne ville d'Italie, dans le pays des
JEques. Les Romains la prirent fous le confulat de Va-
lérius Se de Manljes, au rapport de Diodore de Sicile,
/. 14. Voyez l'article qui fuit.
LIPHQECUA , AjpoïKi**, ville -çres jEques, prife par
les Romains, Lucius-Lucrétius, Caïus-jEmilius , Caïus-
Rufus & Ver. Sulpicius , félon le même Diodore , /. 14.
Henri Etienne croit que Liphlum & Liphœcud font
une même ville.
LIPHON, nom de lieu. Prochore en fait mention
dans la Vie de S. Jean-Baptifte. * Ortel. Thefaur.
LIPIA, ou Lupia. Voyez La Lippe, rivière.
LIPINÊS , forêt royale de France , au bas Languedoc.
Elle eft de quatre cents foixante-dix-neuf arpens , dans la
maîtrife des eaux ot forêts de Saint-Pons.
LIPING , ville de la Chiné , Hans la province de
Queicheu , dont elle eft la feptiéme métropole. Elle eft
de 8 d. 35' plus occidentale que Pékin, fous les 26 d.
41' de latitude. Son territoire confine à la province
de Quangfi; Scelle a fous fa de pendance quatre villes^
Se onze forterefles.
maiïfhée d'établir avec lui un droit d'hospitalité ; Se cent
trente-fept ans après , lorsque les Romains firent perdre
aux Carthaginois la fouveraineté de Lipara , ils voulu-
rent que la poftérité de Timafïthée fût exempte de toutes
fortes d'impofitions. Quelque tems après, Lipara devint
apparemment colonie Romaine ; car Pline, /. 3 , c. 9, en
parle en ces termes : Lipara cum. civium Romanorum
cppido. ,01
L'ancienne ville , fituée fur un rocher escarpe, Se dont
la mer baignoit la plus grande partie de l'enceinte, fut
ruinée de fond en comble, en 1544, par Barbe roufle,
qui fit esclaves plus de fept mille habitans de la ville, ou
de la campagne , Se les emmena en Turquie. Charles-
Quint , touché de compaffion, travailla à la rétablir. Il
releva fes murailles, Se en fit une place , qui eft regardée
comme imprenable. * Corondli , Ifolar. p. 97. VilleSi
Lipari eft la réfidence d'un évêque fuffragant de l'ar-
chevêque de Meffine. Augufte, évêque de Lipari, fous- Liping, Cu,
crivit au troifiéme concile Romain , fous le pape Symma- Jungcung , Hung.
que; & Grégoire le Grand, epiji. 13 , lib. 2, indict. 10,
fait mention de l'églife de Lipari , dont il confia la con- Fortereffes.
duite à un certain Paulin. * Geogr.facr. Italiœ, p. 66.
L'ille de Lipari avoit autrefois un Volcan, c'eft-à-dire Tanki 0, Léangfai ,
une montagne qui jettoit des flammes de tems en tems!; Çaotie , Geuyang ,
& le nom d'infula Vulcanice, ou ijles de Vulcain, eft Pacheu, Sidhoa,
venu de-là; mais cela n'eft plus depuis quelque tems, fe- Sixan, Chunghlin,
Ion Baudrand. A l'égard de la ville , cet auteur dit qu'elle Huul , Chéki ,
eft à quarante milles de la côte feptentrionale de la Si- Lungli.
cile , &C environ cinquante de la côte de Calabre la plus
voifine. Les ifles de Lipari ontfuivi, depuis long-tems,
la deftinée de la Sicile , dont elles font regardées comme
une annexe.
LIPARIS, rivière de Cilicie , félon Pline, /. 5 , c. 27.
Elle couloit auprès de Soloë , petite ville de cette pro-
vince. Vitruve dit : à Soloë , qui eft une petite ville de
Cilicie , coule une rivière nommée Liparis ; &c ceux qui
s'y baignoient ou qui fe lavoient de fon eau , étoient oints
comme fi c'eût été avec de l'huile. Solis quod oppidum cjl poules aux démons. * Atlas Sinenjis
Cilicia Jlumen nomine Liparis, in quo notantes aut la- LIPONTII. Voyez LEPONT1I.
vantes ab ipfâ aquâ ungantur. Antigonus, Hifl. Mirab. LIPPA, ville de la haute Hongrie, fur une haute
c. i<(0, dit la même chofe. Le mot Liparis a afTez de montagne, fur la rive méridionale du Marifch, entre
rapport avec hfna.^% 7 gras , luifant , 6c vient de A/mif , Témeswar au midi &, Giula au nord-oueft, la rivière en-
fraife.
Sous la famille Han , le pays s'appelloit Yangco. Sous
Utai il dépendoit de la province du Sucheu. La famille
Juen fît bâtir une forterefle à laquelle elle donna le
nom de Tanki , & la famille de Taiming fit de cette for-
terefle une ville qu'elle appella Liping. Les habitans de
la campagne font communément appelles Hiunnuon. Ils
parlent une langue particulière ablblument inconnue aux
Chinois. Quand ils font malades , ils offrent des os de
LIP
LIR
tre deux. Elle eft environnée d'un foffé plein d'eau, av«c
de bonnes murailles: le château qu'on voit au milieu, eft
fortifié de quatre baitions, & auffi entouré d'un foffé. Elle
fut prilé par les Turcs en I552;"& ils la gardèrent jus-
qu'à l'an 1688, que les Impériaux la prirent d'affaut, le 1 9
de Juin ; & il y eut plus de fix cents Turcs tués. Le châ-
teau fe rendit le 11 du même mois; & lagarnifon , qui
étoit de plus de deux mille deux cents hommes , fut faite
prifonniere de guerre. En Septembre 1595, la garnifon
de Lippa ayant fait une fortie fur les troupes du Grand-Sei-
gneur, elle fut fi vivement repouffée, & fuivie de fi près
par les Turcs , qu'ils entrèrent confufément dans la place
avec les Chrétiens ; s'en rendirent maîtres ; en démoli-
rent les fortifications , ck l'abandonnèrent. * Baudrand
& Corneille.
LIPPARI. Voyez LiPARl.
LIPPE , rivière d'Allemagne , dans la Veftphalie ;
on la nomme en latin Lippa ou Luppia. Tacite , l.i.;
Ann. /. 5 Hijl. dit Luppia; Pomponius Mêla , /. 3 ,
c. '2 , Lupia ; Dion & Strabon , /. 7 , Aairiat ; & dans
les Annales de France , Lippa Sr. Lippia. Dansl'Hiftoire
de Velleïus Paterculus, /. 54, c. 2 , on lit: ad caput Ju-
lie Fluminis. Il faut , ou que le mot Julia foit une faute
de copifte pour Lupia, ou que cette rivière ait été nom-
mée Julia en l'honneur de Jules Céfar ; mais comme
Augufte ne pofféda. pas long-tems le pays où coule la
Lippe , &c que fon empire fut enfuite borné par le Rhin,
peut-être que cette courte poffeffion ne donna pas à ce
nom le loifir de s'établir. Cette rivière donne le nom au
bourg, où elle a fa fource qui s'appelle Lippspring, c'cA-
à-dire , fource de la Lippe ; à une ville nommée Lipp-
Jladt ou ville de la Lippe; à Lippenheim , lieu dont il eft
fouvent fait mention dans les Annales de France, ck à
un comté que l'on nomme le comté de la Lippe. Elle a fa
iburce, non pas dans les montagnes de Fieffé, comme
le dit Alramer , in Tacit. Germ. mais au pied du château
& du bourg de Lippspring, à une mille de Paderborn ,
dans l'évêché de ce nom. Elle reçoit au-deffus de Neu-
hufen la rivière de Pader , &£ celle d'Effen un peu au-
deffous. Strabon a cru qu'elle fe perdoit dans la mer avec
l'Ems &C le Wefer ; ce qui eft une grande erreur. Mêla
dit beaucoup mieux que le Meyn & la Lippe fe perdent
dans le Rhin. Après avoir coulé quelque tems dans les
terres de l'évêché de Paderborn, elle fépare de l'état l'évê-
que de Munfter d'avec le comté de la Marck , & paffe à
Ham, àLuyne, àHalteren, àDorften; & enfin, traverfant
une partie du duché de Clèves, elle y trouve le Rhin,
dans lequel elle fe perd au-deflus & auprès de Wéfel.
Le comté de la Lippe, petit état d'Allemagne,
dans la Weftphalie , avec titre de comté, entre les évê-
chés de Paderborn & de Munfter , le duché de Weft-
phalie , les comtés de Ravenfperg & de Pirmont. Il a
fes comtes particuliers , dont la famille eft partagée en
deux branches ; l'une eft celle de Detmold, & l'autre de
Buckenbourg. Cet état fe divife en deux parties , la fep-
tentrionale & la méridionale.
La partie feptentrionale du comté de la Lippe eft quel-
quefois nommée le comté de Lemgo , &£ eft entre les com-
tés de Rietberg, de Ravensberg & de Schawenbourg ,
& l'évêché de Munfter. Elle a environ dix lieues de long
& quatre de large.
La partie méridionale, qui eft proprement le comté de
la Lippe, ck qu'on appelle auffi le comté d'Obervald,
eft fituée autour de la rivière de la Lippe. Les princi-
paux lieux du comté de la Lippe , pris enfemble , font :
%U
Lippe ou Lippftadt,
Detmold.
Lemgo,
Sch-walenberg ,
Sternberg ,
Blumberg,
Bracke ,
Alverdiflen ,
Lipperode,
Buckebourg.
a. LIPPE, ville. Voyez Lippstadt.
LIPPI. Voyez au mot AD l'article ad LlPPOS.
LIPPO, petite ville de Turquie, dans la Natolie, près
de la mer Noire , au midi de Pendérachi , & fur une ri-
vière nommée auffi Lippo. Cette rivière eft la même
que VHypius des anciens.
LIPPSPRING, bourg ck château d'Allemagne, en
Weftphalie , à la fource de la Lippe, comme ce nom le
dit aflez. Les hiftoriens de Charlemagne difent que ce
tut en cet endroit que les Saxons vinrent fe foumçttre,
& qu'il y tint plufieurs conciles, entr'autres celui de 781.
Il y fut campé affez long-tems. Au commencement du
quinzième fiécle, leshabirans de Lippspring, qui étoient
paylans fit esclaves , furent affranchis , tk leur village
érigé en bourg. * Monum.Paderbornenfia. p. 16.
LIPPSTADT , petire ville d'Allemagne , dans la
Weftphalie , au comté de la Lippe , dont elle eft la capi-
tale, & fur la Lippe de qui elle reçoit fon nom. Elle
eft entre Paderborn 6c Souft , dans un marais qui en rend
l'air fort mal-fain. Elle a été libre & impériale. Les com-
tes de la Lippe s'en étant rendus maîtres , l'un deux en
engagea la moitié au comte de la Marck, dont la fucces-
flon étant venue avec celle de Clèves aux élefleurs de
Brandebourg, ceux-ci, en qualité de co-feigneurs, ont la
moitié de l'exercice de tous les droits de la jurisdiftion,
tantféculiere qu'eccléliaftique. Quelques-uns croient que
c'eft \z Luppia de Ptoloinée; & le favant évêque de Pa-
derborn, Ferdinand de Furftenberg, penche affez pour
ce fentiment. D'autres difent qu'elle n'eft que du dou-
zième fiécle, & qu'elle a été fondée par Bernard II.
LIPSYDRIUM, lieu de l'Attique, fur le mont Par-
nèthe, félon Suidas. Les Alcmœonides l'avoient d'abord
ferme d'une enceinte de murailles , & on l'avoit depuis
fortifié. Il fervit d'afile à des perfonnes illuftres exilées
d'Athènes; mais ils y furent pourfuivis par les troupes
de Pififtrate. Il y avoit un proverbe à Athènes. C'eft ce
que je trouve dans Suidas au mot Émhu-J. S~aa.
LIPINES, ancien palais des rois de France. Voyez
Lestines.
LIPTOW , çomré de Hongrie , au midi de celui de
Scepus. Il eft d'une figure irréguliere, ayant vingt lieues
d'étendue, dans fa plus grande longueur, & dix-huit
dans fa plus grande largeur. Ses habitans font presque
tous Esclavons.
LIPUDA , petite rivière du royaume de Naples, dans
la Calabre citérieure. Elle paffe à Umbriatico, & fe rend
dans la mer Ionienne, entre la ville de Strongoli &le
golfe de Tarente. * Baudrand, édit. 1705.
Barri croit qu'elle a été appellée anciennement Are-'
TAS.
LIQUENTIA , rivière d'Italie , au pays de la Véne-
rie, félon Pline, /. 3 , c. 18, qui dit qu'elle a fa fource
dans les monts voifins d'Opitergium {Oder^o ou UderTo,')
& qu'elle a un port de même nom. Le nom moderne
eft la Livenza. Voyez ce mot.
LIQUES, Licum ou Likeum , ancienne abbaye de
Prémontré , fituée à une demi-lieue d'Ardres, ckàtrois
lieues de Calais , diocèfe de Boulogne. Elle a été fon-
dée , en 1 1 3 1 , par Robert , comte de Boulogne , & vaut
par an à l'abbé quatre mille livres.
LIRA, village de France, dans la Normandie, au-
près de Verneuil au Perche. Il n'eft remarquable que
pour avoir donné la naiffance au fameux Nicolas de
Lyra, auteur d'une glofe fur l'Ecriture-fainte. Voyez
Lyra 2.
LIRE, bourg de France, dans l'Anjou , sle&ion
d'Angers.
LIRE ou LlERE, ville des Pays-bas Autrichiens,
dans le Brabant , au quartier d'Anvers, fur la rivière
de Nethe, à deux lieues au nord de Malines, & à trois
au fud eft d'Anvers. Ce lieu, comme le remar que'labbé
deLonguerue, Descr.de la France, 2. part. p. 54, feroit
très-ancien , s'il étoit bien fûrement le même que Ledus ,
ou Ledo , marqué dans la divifion du royaume de Lo-
thaire, l'an, 876; mais comme cela eft fort incertain,
ou ne voit point que cette ville ait été fondée avant le
treizième fiécle. Ce fut pour lors qu'on y établit un col-
lège de chanoines , l'an 1260. On y a auffi fondé une
Chartreufe. Quand on écrit Liere , \'e de la première
fyllabe ne fe fént point en prononçant.
Cette ville eft le chef-lieu de la principauté de Can-
tecroix.
1. LIRIA, rivière de la Gaule Narbonnoife. C'eft le
Le{, qui arrofe le diocèfe de Montpellier, en Languedoc.
Voyez Lez.
2. LIRIA, ouLLiria, bourg d'Espagne, au royaume
de Valence, furie Guadalviar, à quatre lieues de Mor-
vedro , & à cinq de Valence & de la côte de la mer.
On prétend que ce bourg eft fort ancien ; & quelques-
uns le prennent pour la petite ville des anciens Contes-
8;6
LIS
LIS
1 1 nommée Lauro , Lauron Se Laurona , où les trou-
pes de Jules-Céfar défirent & tuèrent Sextus- Pompeïus :
& d'autres mettent la même ville à Laurique , bourg fur
la même rivière , à cinq lieues de LLirias , & prennent
Liria ou LLirias pour Leria Edita , ou Hedeta. Voyez
LIRIMIRIS , ancienne ville de la grande Germanie ,
félon Ptolomée , l.z, en.
LIRINAS, furnom de la ville SInttramna, fur le
fleuve Liris, qui eft le Gariglan. Dans la terre de La-
bour, Inuramna Lirivas ne lignifie que înuramna furie
Liris, pour la diftinguer des autres villes de même nom.
Pline , /. 3 , c. 5 , en nomme les habitans Lnteremna-
us Succafini qui & Lirinates ; & c'eft d'eux qu'il faut
entendre ce vers de Silius Italicus , /. 8 , v. 403 :
Je Lirinatum dextris focia hifpidus arma
Commovet.
LIRIO , bourgade d'Afie en Natolie , dans l'Amafie,
à l'embouchure du Cafalmac , qui , à caufe de ce lieu ,
eft nommé par quelques-uns rivière de Liris. Quelques-
uns y cherchent la Thémiscyre des anciens.
LIRINENSE CCENOBIUM, le monajlere de Lerins.
Voyez Lerins.
LIRIS , rivière d'Italie. Voyez Garillan.
LIRNUTIA, Aifri™, ville d'Afie, dans la Pam-
philie , félon Hecatée, cité par Etienne le Géographe.
LIRON, (le) petite rivière de France, en Langue-
doc. Elle a fa fource dans les montagnes , au couchant
de Cazouls; ferpente vers le fud-eft, puis vers l'eft ;
paffe à Puifferguier, à Ramejan , à Maureillan , à Li-
ron, &' fe perd dans l'Orbe à Béziers.
I. LIS, (la) Legia, rivière des Pays-bas François.
Elle prend fa fource à Lisbourg , en Artois ; paiTe par
les ruines de Thérouenne ; arrofe Aire, Saint- Venant ,
la Gorgue , Armentieres , Varneton tk Commines , d'où
elle entre dans les Pays-bas Autrichiens , & fe rend dans
l'Escaut , à Gand. Les habitans de Lisbourg jugent par
la clarté' des eaux de la fource de cette rivière , de la
dispofition du tems qu'il doit faire ; lorsqu'il doit pleu-
voir , la fource charrie en bouillonnant un petit fable qui
la brouille plus ou moins , félon la force de la pluie qui
doit venir ; au contraire, quand il doit faire beau tems ,
l'eau fort très- claire du fein de la terre. * Piganiol de
la Force, Descr. de la France, /. 3 , p. 115.
1. LIS , abbaye de France. Voyez Lys 1.
LISA, ville d'Afie, dans l'Indouftan , dans la pro-
vince de Doltabat, fur la route d'Aurangeabad à Cal-
var, qui eft fur la frontière de Golconde, entre Nander
Se Dantapour. *Thevenot , Voyage des Indes , c. 45.
LISjÊ, Aiâltu, ville de Grèce, dans la Pallène , ou
aux environs , félon Hérodote. Ortélius croit que c'eft
la Lissa d'Antonin. Voyez Lissa.
L1SANICULUS ; c'eft le nom d'un volcan dont
parle Pacien dans fon Traité de Peznitentiâ & Confefifwne,
au rapport de Baronius , cité par Ortélius , Thefaur.
LISBONNE , ville d'Europe , en Portugal , dont elle
eft la capitale. Elle eft fituée fur le Tage , à environ
quatre lieues de l'Océan, à foixante lieues de Se ville,
& à trente-quatre de Coimbre. Une ancienne tradition
nationale veut que cette ville ait été premièrement nom-
mée Elysea , & qu'elle ait tiré ce nom de fon fonda-
teur Elyfa , frère de Tubal , fils de Javan , tk petit-fils
de Noé. D'autres s'imaginent que Lisbonne eut le nom
d! 'Elyfa, parce que les campagnes étoient les champs Ely-
fées , fi renommés dans les anciens poètes. Sur ce fon-
dement , l'auteur de la Chrographie Portugaife , t. \ ,
p. 109, après avoir fait la description de l'abbaye de
S. Salvador de Britiandos, fituée dans la province de
Minho, parle, en ces termes, des champs Elyfées. « Nous
» favons par tradition que c'eft ici le lieu où étoient les
» champs Elyfées , c'eft-à-dire le lieu où les âmes des
« juftes venoient jouir d'un grand repos, après avoir
» paffé le fleuve de Lima, autrement le fleuve Léché.»
Voyez Lethé. * Divers Mémoires rectifiés par un fei-
gneur Portugais.
Une autre tradition veut qu'Ulyffe , après la deftruc-
tion de Troye, vint dans ces quartiers; qu'il y jetta les
premiers fondemens de Lisbonne, &c que dès- lors elle
fut appellée Ulyffpone ou Ufyjfipo , ou même Olyfiipo.
Mais il fe pourroit bien faire que la reffemblance des
noms auroit occafionné cette opinion. En effet , outre
qu'il feroit difficile de prouver qu'Ulyffe foit jamais
forti de la mer Méditerranée , le véritable nom de cette
ville n'étoit pas Ulyjfipo ni Olyffipo , mais Olijïpo ,
comme on le voit par l'inscription fuivante , qui a été
trouvée à Lisbonne :
Imp. Ces. M. Julio.
Philippo. Fel. Aug.
pontif. man.
Trib. Pot. II.
PP. Cons. III.
Fel. Jul. Olisipo.
Cette infeription confirme de plus que Lisbonne, après
avoir reçu une colonie Romaine , prit le nom de Felici-
tas-Julia.
L'incertitude & l'obfcurité dans lesquelles nous IahTe
l'hiftoire fur l'origine de Lisbonne , font une preuve
certaine de l'ancienneté de cette ville.
Lisbonne eft fituée fur fept montagnes , qui portent les
noms de S. Vincent , de S. André , de S. George , de
fainte Anne, de fainte Catherine , écdasChagas, c'eft-
a-dire des plaies de notre Seigneur. De ces di verfes mon-
tagnes on découvre la campagne, la mer, le fleuve du
Tage , lés forts qui le gardent , & un très-beau payfage.
Elle forme un fuperbe amphitéatre par la diverfité de fes
fomptueux bâtimens. Elle paroît d'une extrême longueur,
parce que l'on a bâti un grand nombre de maifons fur
le bord du Tage, pour la facilité du commerce.
Cette ville n'étoit pas fi grande autrefois. Elle n'oc-
cupoit d'abord qu'une feule colline , quoiqu'elle s'éten-
dît jusqu'au bord du Tage. Avec le tems elle s'accrut ; il
y a plus de deux cents ans qu'elle occupoit déjà cinq
collines , & l'on y comptoit jusqu'à vingt mille maifons.
Elle en renferme aujourd'hui environ trente mille, qua-
rante églifes paroiffiales , vingt monafteres d'hommes &
dix-huit de filles. Il y a en outre plus de cent trente con-
fréries, qui quêtent pour les pauvres ; il entre tous les
jours dans Lisbonne, par la feule porte de S. Antaon,
quinze cents bêtes chargées de farine ou de fruits , plus
de mille par la porte de S. Vincent , plus de douze cents
par 4a porte de fainte Catherine , & plus de neuf cents
par celle de fainte Croix.
On voit dans Lisbonne un grand nombre d'édifices
fuperbes & plufieurs places publiques. Il eft vrai que fa
fituation eft un peu incommode , à caufe des collines &C
des vallées où elle eft bâtie ; de forte qu'il faut presque
toujours monter ou descendre , outre que les rues y font
la plupart affez étroites & mal-propres.
Le port eft regardé comme un des plus célèbres de l'Eu-
rope. Il a près de cinq lieues de long , à compter de San-
Benito jusqu'à Cascaës ; mais l'entrée en eft extrême-
ment difficile, à caufe des bancs de fable &c des rochers ;
en récompense les vaiffeaux fe trouvent dans le port, par-
faitement à l'abri des vents ordinaires , étant couverts
d'un côté par les collines fur lesquelles la ville eft fituée,
& de l'autre par les bords oppofésduTage,qui font fort
élevés. Malgré ces avantages , ils ne laiffent pas d'être
expofés à des ouragans , qui quelquefois font de terri-
bles ravages. Les vaiffeaux mouillent dans le Tage, en-
tre la ville &C le château d'ALMADA, à dix-huit braffes
d'eau , fur un fond de bonne tenue. Cette rivière que
les Portugais appellent , o rey dos rios , c'eft-à-dire le
roi des rivières , a près d'une lieue de largeur dans cet
endroit-là. La marée y monte ordinairement douze pieds
à pic , & plus de dix-huit lieues en avant vers fa fource.
Lorsque les vaiffeaux arrivent, ils font obligés defaluer
d'un coup de canon la fortereffe de Bélem , qui eft à
deux lieues au-deffous de Lisbonne.
La place publique la plus belle eft celle qu'on nomme
o terreiro do paço , c'eft-à-dire la place du palais,
parce que le palais royal eft fitué à l'un des côtés. Elle
eft fur la rive du Tage , bordée d'une muraille qui régne
tout le long du fleuve, à hauteur d'appui ; on découvre
de-là les vaiffeaux qui font à l'ancre, le long du port;
de plus on voit d'un côié le palais royal qui eft à l'une
des extrémités , un autre palais qui eft à l'extrémité op-
pofée , & dans le fond un rang de fort belles maifons.
Cette place eft la fcène où l'on célébroit autrefois la fo-
lemnité
LIS
LIS
lemnité des auto da fè ; on y célèbre encore aujour-
d'hui la fête des taureaux, qui n'eft autre chofe qu'un
combat d'hommes choifis , contre des taureaux fauva-
ges, & qui s'exécute en ce pays comme en Espagne,
avec une grande dépenfe ; c'eft auffi fur cette place qu'on
célèbre les actes de foi de L'inquifitïon ; c'eft-à-dire qu'on
y exécute ceux que ce tribunal a condamnés.
Près de la place royale , il y en a une autre fituée de
même au bord du Tage , &C où fe tient le grand mar-
ché de la ville , nommé à Riheira. On y vend tout ce
qui descend du Tage, fruits, poiffon, &c.
Outre ces deux places , il y en a plufieurs autres fort
belles, en divers quartiers de la ville. La plus grande eft
celle qu'on nomme le Rucio. C'eft fur cette place que
fe trouve le palais de l'inquifition, le couvent des Do-
minicains & l'hôpital. Elle a la forme d'un amphithéâ-
tre , à caufe des collines qui l'environnent. On y tient
foire chaque femaine.
Sur le haut de la montagne de S. George» eft un châ-
teau de même nom. Il commande la ville , & eft flan-
qué de plufieurs tours carrées. Dans fes murailles il ren-
ferme comme une petite ville , où il y a des rues , des
palais & des églifes. Ce n'étoit pas autrefois une place
forte ; mais on y a ajouté des terraffes bordées d'artille-
rie, qui le rendent aujourd'hui affez fort. Le marquis de
Cascaés en eft 1' ' alcaïde-mor ; c'eft ce qu'on appelle en
France feigneur châtelain ou gouverneur. Cette charge,
qui eft dans fa maifon depuis trois lïécles , paffe aux hé-
ritiers de fes biens & de fon nom.
Le palais des rois de Portugal eft bâti au milieu de
la ville, fur le bord du Tage, & à l'extrémité de la
place royale ; de forte que le roi peut voir de fes fenê-
tres tous les vaiffeaux qui arrivent à Lisbonne , & tous
ceux qui en partent. C'eft un grand dôme carré, élevé
de quatre étages. Il y a dans ce palais de très-belles fa-
les & des chambres magnifiques. Au troifiéme étage, eft
la bibliothèque du roi. Les livres y font dans de petits
cabinets de noyer. De ce dôme part une galerie décent
pas de long , au bout de laquelle il y en a deux de même
longueur. Elles ont chacune deux étages & des fenêtres
ornées de balcons. Les vues des chambres &C des fales
donnent fur une terraffe qui va jusqu'à la mer , & où
l'on fe promené à pied. Les appartenons font grands ,
commodes & fuperbement meublés en hyver; mais en
été on détend les tapifferies , parce que les murailles
font lambriffees. Les états généraux fe tiennent dans la
fale des gardes du roi. Cette fale eft du côté de la
ville. La chambre du confeil de guerre eft à l'une des
extrémités ; & dans les appartemens d'en-haut , il y a
plufieurs tribunaux. La chapelle du roi eft à l'un des cô-
tés du palais dans la cour intérieure. Elle eft grande &c
richement ornée.
h'afandega , ou la douane , eft tout près du palais du
roi. C'eft un édifice vafte & bien bâti. Il renferme plu-
fieurs magafins voûtés où l'on eft obligé de porter tou-
tes les marchandifes qui arrivent , ou qui fortent , pour
y être plombées, moyennant un certain droit. La ferme
de cette douane eft un des plus grands revenus du roi.
Outre cette douane , il y a la cafa dos tsclavos , où , de
vingt esclaves, qu'on amené d'Afrique, il en faut laifter
quatre pour les droits du roi. Près de-là eft l'arfenal, qui
eft affez bien fourni d'artillerie, de mousqueterie & d'au-
tres munitions de guerre. Il y en a un autre près du pa-
lais royal. Dans ce dernier font les magafins deftinés
aux chofes néceffaires pour l'équipement des vaiffeaux.
Le Corpo-Santo eft un quartier où fe trouve le Corte-
Réal , grand palais , où demeuroit le prince régent,
Pierre II, du tems du roi Alfonse VI , fon frère. Ce pa-
lais eft auffi au bord du Tage. Il a quatre beaux corps
de logis , ornés de belles tours , avec des galeries où
l'on fe promené, &d'où l'on a la vue fur la rivière. Ce
palais fut confisqué au marquis de Cafiel-Rodrigo , parce
qu'il embraffa le parti des Espagnols, dans le tems de
la révolution du Portugal; mais par le traité qui fut fait
entre les deux couronnes , il étoit porté que tous fes
biens lui feraient rendus ; & ce palais a été reftitué à
fa maifon. Le nom de Corpo-Santo a été donné au quar-
tier , à caufe d'une chapelle de même nom qui s'y trouve.
A l'un des côtés de la place royale eft une halle pu-
blique, nommée Terreïro , où s'affemblent les magiftrats
de la police. C'eft-là qu'on diftribue tout le bled qui fe
8j7
confirme dans Lisbonne. Lortqu'il commence à devenir
rare , on a grand foin d'obferver l'égalité dans la diftri-
bution , afin que perfonne n'ait fujet de fe plaindre. La
boucherie eft auffi fur cette place.
Lisbonne a trois différentes enceintes. La première,
& la plus ancienne , ne renferme que le château avec
quelques petites rues au - deffous ; la féconde renferme
cette première avec la grande églife , qui eft la cathé-
drale , près de laquelle il y a encore quelques portes ,
entr'autres, celle de S. Antoine. C'eft auffi dans cette fé-
conde enceinte que fe voit l'hôtel de ville ; la troifiéme
eft d'une fort grande étendue, &C renferme presque toute
la ville. Ces trois clôtures de murailles font envelop-
pées d'une nouvelle, qu'on a commencée avec de belles
fortifications, &dont le tour n'a pas moins de fix lieues.
Mais ces travaux commencés , fur l'avis qu'en avoit
donné le fameux marquis de Marialva , font demeurés
imparfaits.
L'églife métropolitaine , appellée la Sée , eft fituée fur
le penchant d'une colline. C'eft un bâtiment très -an-
cien ; il eft orné de deux clochers fur fon portail , &£
d'une lanterne en façon de petit dôme , au milieu de la
croifée de l'églife. Proche du grand- autel eft la châffe
de S. Vincent , fous l'invocation de qui cette églife eft
dédiée, & en mémoire de qui MM. du chapitre entre-
tiennent perpétuellement deux corbeaux qu'on voit vo-
ler dans l'églife, fans qu'ils en fortent jamais. On pré-
tend qu'après que S. Vincent eut fouffert le martyre,
fon corps fut jette à la campagne , pour fervir de pâ-
ture aux bêtes carnacières & aux oifeaux du ciel ; que
des corbeaux le gardèrent , jusqu'à ce que des perfon-
nes pieufes l'euffent enlevé , pour le porter dans un lieu
proche de Valence en Espagne , où il étoit né , & que
c'eft pour conferver le fouvenir de cette merveille , que
l'on garde ces corbeaux. Alphonfe I, roi de Portugal,
ayant enlevé Lisbonne aux Mores, l'an 1 147, on déterra
le corps de S. Vincent , & on le transporta dans cette
églife.
L'églife des Dominicains , dans le Rucio , paffe pour
très-belle. On y, 'remarque, entr'autres, trois chapelles,
toutes dorées depuis le haut jusqu'au bas. Dans l'une on
voit la généalogie de la fainte Vierge , en bas reliefs, &
dans l'autre la généalogie de S. Dominique de même
ouvrage. Dans celle du milieu on voit un beau crucifix
enfermé d'une grille d'argent. Le faint Sacrement eft
continuellement expofé dans cette dernière ; fix cierges
de cire blanche éclairent perpétuellement cette chapelle,
de même qu'un grand nombre de lampes d'argent. La
maifon des religieux eft confidérable , & répond à la
magnificence de l'églife.
Près du couvent de S. Dominique , eft la maifon de
l'inquifition, que les Portugais appellent lo Santo-Officio.
C'eft-là que s'affemble le confeil du faint office , ê>£ que
Finquifiteur général, qui en eft le préfident, fait fa de-
meure dans un appartement fuperbe. Ce confeil eft fou-
verain & tous les autres tribunaux ; de l'inquifition du
Portugal &c des Indes font quelquefois obligés de lui
rendre compte de leurs procédures , quoiqu'ils foient
auffi fouverains. Devant le portail de cette maifon , il y
a une belle fontaine, chargée de ftatues de marbre, &£ qui
jette de l'eau de tous les côtés.
Il y a Lisbonne une jolie églife qui porte le nom de
Madré de Dios. On y garde un faint fuaire , que l'on
montre tous les ans, le jeudi faint. Derrière le château de
S. George eft l'églife des Auguftins , dite NoJJa Senhora
da Gratia. On y voit une croix d'or, garnie de pierre-
ries ; on eftime cette pièce cent mille écus , & on la
porte dans les proceffions des grandes fêtes. La reine ,
femme de Jean IV , a fondé une petite églife appellée
NoJJa Senhora dos Remedios, qui eft toute lambriffée d'é-
bène, depuis le pavé jusqu'à la voûte. Elle eft foutenue
par des colonnes qui font auffi de même bois , & or-
nées de moulures dorées. Cette princeffe a voulu y être
enterrée. Elle fit bâtir cette églife, pour remercier Dieu de
ce que le roi, fon mari, avoit été miraculeulément pré-
fervé, en cet endroit, d'un affaffinat concerté entre le duc
d'Albe & un Portugais.
Les Cordeliers ont un couvent très-grand , dans le-
quel vivent deux cents cinquante religieux ; leur églife
étoit affez vafte ; la voûte étoit foutenue par de grands
piliers , qui , de même que la voûte , étoient dorés &
Tome IU. Qqqqq
858 LIS LIS
années. On l'a ^aU plus bea ^J £*> it. Pres.de la. du£ ^ ^ p -s command-s par
fecnftie , il y a une chapelle de marbre qui lert de Lisbonne abandonnée & fans détente
fépulture aux archevêques de Lisbonne. Les religieux V
de S. Benoît ont une maifon appellée vulgairement San-
Benito; elle eft à l'extrémité de la ville, au nord- eft.
Le bâtiment fait connoître les revenus de la maifon. Une
feule façade a cent cinquante pas de longueur ; il y a
deux étages avec quantité de fenêtres ; l'escalier a deux
montées , & ceux qui montent ne fe voient pas les uns
les autres. On y a fait une grotte de la même façon que
celle de l'Éscuriâl, qu'on appelle Panthéon. C'ell la fé-
pulture des comtes de Cafiel- Rodrigo. Chez les Carmes,
dont la maifon eft belle , on voit un grand puits ; la
fe fournit au roi d'Espagne. Le duc d'Albe y entra, &
punit ceux qui paroiffoient encore attachés aux intérêts
de D. Antoine de Bragance. Plufieurs eccléfiaftiques fu-
rent bannis ; d'autres furent mis à mort. Ceux des ma-
giftrats ou des officiers , qui avoient été établis par
D. Alphonfe, furent dépottédés honteufement ; les moins
malheureux furent bannis. Enfin le Portugais ayant tué
le Ier Décembre 1640, le fecrétaire de la vice-reine , le
duc de Bragance fut proclamé, à Lisbonne, roi de Por-
tugal , 6c prit le nom de Jean IV.
Parmi tant de révolutions , presque tous ceux qui de-
pierre qui le borde au-deffus, eft toute de ,aspe 6c d une ; { maîtres de Llsbonne la regardoient comme
feule pièce. L'égUfe de S. Louis eft .pente mais très- affurée eu e^ cas ë ,jls ne ff
gentille ; le retable eft dore , 6c 1 egl.fe eft toute peinte ffi ^ ,jls 'ouvolent f^rmer. SiF cl>lm
la dépenle en a été faite par les François qui trafiquent ^ fon z&Jg & fo Vortifications les mettoient à cou-
dans Lisbonne. ( . - • ; ver£ du refl-entiment & de l'infulte de leurs ennemis ,
Il y a dans Lisbonne une confrérie célèbre, qu on ap- ^ , ^ ^^ dg rautre cfité h douceur de ce
pelle la confrérie delà M^ncorde, en Portugais irmen- gft k ,us fam & ,e meilleur dg t0Me VR$_
dade da Mifincordia, Elle eft compoiee de tout cequ A 'n4fenlble qfton y vive dans un printems conti-
y a de plus honnêtes gens , & des plus qualifies ; le roi lui- £ ^ j ië é des fleurs , k naî(re au mi_
même & les' nrinces ne font point difficulté de s y en- j.^ d/r>h
roller. Elle a u.i préfident ou pourvoyeur , que les Por- Lisbonn; en' le fié du relacao que nous appellonS
tugais nomment prouvedor, ce dont 1 emploi et allez en f is h rkment. Cette cour fouveraine , & la
onéreux, quoique fort eftime. On le change tous les ans, ^ du royaume eft compofée d'un préfident,
& celui qui en eft revêtu n en fort guère? fans depenfer ^^ ^ é que k roi choifu ordinairement {
plus de cent mille francs de fon bien s il veut exercer ks ^ ks jM lifiés & ; a k drre de •_
a charge avec honneur. Cetie pieufe confrérie fe de- °uarante confe.Uers , qu'on nomme de^mbar^a-
voue à'fecourir les pauvres. Elie affilie tous ceux qui
font dans quelque néceffité , ceux que la honte empêche
de mendier, les veuves, les orphelins, &c. Elle entre-
tient un grand nombre de pauvres filles , & les marie ,
lorsque l'occafion s'en préfente. Elle a foin que rien ne
leur manque , pourvu qu'elles vivent bien ; elle affifte
les prifonniers , foit en leur donnant des fecours , foit
en travaillant à leur procurer la liberté , foit en les ac-
compagnant & les confolant , lorsqu'ils font condamnés
au fupplice. Elle ne borne pas fes foins aux vivans , elle
les étend jusqu'aux morts. Elle a une belle & magnifi-
que églife , où l'on dit par an plus de dix mille^mefïes
pour le falut des confrères & de tous ceux qui font
morts, & qui fubfiftoient par la charité de la confrérie.
Enfin elle n'eft pas bornée dans la ville de Lisbonne;
elle eft encore établie dans toutes les villes du Portugal,
& dans les pays qui en dépendent.
Il y a encore dans Lisbonne une maifon de miféri-
corde. C'eft un vafte hôpital , deftiné pour les pauvres
malades. L'infirmerie eft une des plus belles que l'on
puifle voir. Lorsque les malades font guéris , on leur
donne une petite fomme d'argent, pour qu'ils puiffent
vivre dans le repos durant quelques jours , afin de ré-
tablir entièrement leur fanté. Cette maifon porte le nom
d'hôpital de tous les faints.
Cette ville a été plufieurs fois conquife Se reconquife
par différens peuples. Au commencement du cinquième
fiécle, les Alains mirent le fiége devant Lisbonne. Cette
ville n'avoit pourHa défenlè que des habitans peu aguer-
ris , qui fe confèrent & firent une fomme confîdérable
qu'ils donnèrent à leurs ennemis , pour s'affranchir de
leur tyrannie.
D. Ordogno III, qui commença de régner, en 958,
prit 6e rafa Lisbonne. Elle fut rebâtie ; &C les Mores
s'en étant emparés , D. Henri la reprit vers le commen
cernent du douzième fiécle. Elle tomba encore depui
d'un chancelier, qui eft dezembargador, qui garde
les fceaux , 6>C connoît des contraventions , 6c gé-
néralement de toutes les affaires qui lui font rapportées,
6c de deux procureurs du roi ; ces deux derniers ont
auffi le rang de dezembargador. Les privilégiés , ou ceux
qui ont droit de committimus , vont plaider par- devant
les corregidores de la corte , ou infpefteurs fur les offi-
ciers de juftices , pour l'obfervation des loix 6c coutu-
mes.
Il y a dans ce parlement différens bureaux-, pour ju-
ger les procès, fuivant la matière dont ils font; crimi-
nels, civils, interlocutoires, définitifs, ou concernant
le domaine du roi. Le régidor préfide en la première
chambre, qui eft toujours compofée de dix juges. Il eft
alTis dans un fauteuil , fous un dais , au bout d'une ta-
ble , le long de laquelle font affis les confeillers des
deux côtés fur des bancs. Il doit affifter à toutes les
délibérations ; il ne prend point fa place que revêtu de
noir, avec un manteau , un rabat 6c une épée. Il porte
toujours , ou il fait porter auprès de lui , pour marque
de fa dignité , un bâton blanc de quatie ou cinq pieds ;
il ne donne fa voix qu'en matière criminelle , lorsque
les juges fe trouvent partagés en opinions. Dans les au-
tres chambres il n'y a point de préfident particulier.
Tous les procès fe jugent par écrit ; le régidor les dis-
tribue , 6c en envoie faire le rapport aux différens bu-
reaux, où ils doivent être portés. Il retient ceux qu'il
juge à propos, pour être examinés devant lui.
Les dezembargadors font vêtus de foutanes, 6c d'une
robe par-deffus ; elle reffemble affez aux robes que les
juges portent en France, excepté que les manches font
étroites ; 6c ils portent une espèce de toque. Ils font
obligés de fe rendre tous les matins au palais , à fept heu-
res , 6c ne peuvent s'en exempter fans une caufe légitime,
dont us doivent faire part au régidor. Ils vont au bureau
fous la"PuTiïa"ncë dés Mores ; mais, en 1 147, D. Alphonfe où les affaires dont ils font chargés les appellent. Tous
l'emporta Sut avec le fecours d'une flotte de Fran- réponde™ a la prem.ere chambre : ils travaillent nisqua
S Angb 6c Allemands croiféspour la Terre-fainte. midi, 6c ne retournent point 1 apres-dmee au palais,
fl avoient campé dans le lieu où l'on a bâti depuis l'é- Les procès criminels en première inftance , ou par ap-
elife des Martvrs pel , & les appellations des interlocutoires en matière
Dès le cinquième fiécle, il y avoit eu à Lisbonne un civile, fe rapportent ôc fe jugent fur le champ; les au-
évêché fuffragant de Mérida. Lorsque cette ville eut été très affaires fe rapportent. Celui. qui en eft charge dit
reprife par D. Alphonfe fur les infidèles , le pape Eu- fon avis, & le rédige par écrit , avec les ra.fons fur les-
gène III rétablit cet évêché , qui , en 1 390, fut érigé en quelles il eft fondé ; après quoi , il donne fon avis 6c
archevêché.En 1716 , Clément XI érigea la chapelle du remet le procès ainfi railonne a celui qui le fuit ; celui-
palais des rois en églife patriarcale , 6c y joignit un ci l'examine chez lui en particulier, 6c donne pareille-
chapitre. Le patriarche eft ordinairement cardinal , 6c ment fon avis par écrit. Le procès paffe alors au troi-
exerce les fonctions épiscopalw dans cette chapelle. fié.ne, qui fait la même chofe que les deux antres. Si
Henri , roi de Caftille , en 1 373 , attaqua Lisbonne les trois avis font conformes , il y a arrêt-, 6c Ion ex-
par mer & par terre , 6c la prit, parce que les liabi- pédie le jugement; s'ils font différens, le procès pake
LIS
aux juges , qui fuivent , félon l'ordre du tableau , jus-
qu'à ce qu'il y ait trois avis conformes.
Il eft dû à chacun de ces juges , pour fa fignature,
une rétribution qui eft fixée par rapport à la qualité de
l'affaire ; mais cette rétribution eft fort modique. Cepen-
dant ces émolumens , joints aux gages que le roi leur
donne , & aux diftributions qu'il leur fait faire , certains
jours de l'année, peuvent produire à chacun d'eux en-
viron deux mille livres par an.
^Les deux procureurs du roi ont leur fonction féparée.
L'un prend connoiffance de ce qui regarde les préroga-
tives & intérêts de la couronne. L'autre connoît du
courant des finances & des revenus du roi. Ils donnent
premièrement leurs conclurions par écrit , & enl'uite ils
l'ont entendus avant qu'on juge le procès ; ils ne pren-
nent point de part aux affaires qui regardent 1 egilfe ou
les mineurs , ni aux matières criminelles. Quand il n'y
a point de partie civile, toute l'inltruction le fait d'of-
fice par les juges.
II y a quarante avocats choiiîs par le régidor pour
travailler dans toutes les affaires. Lorsqu'il en manque
quelqu'un, le régidor en nomme un autre. Ceux qui
ne font point de ce nombre , ne peuvent point ligner
d'écritures ni- d'actes de juftice. S'ils veulent travailler,
il faut que ce (bit fous le nom d'un des quarante. Cha-
que partie choifit dans ce nombre de quarante, l'avocat
qui lui convient. Il n'y a point de procureurs; les avo-
cats inftruilènt toutes les affaires. Il y a feulement des
folliciteurs publics , dont on n'eft pas obligé de fe
fervir.
Les greffiers, qu'on nomme écrivains, les huiffiersou
akaïdes , les tabellions , & toutes les charges générale-
ment quelconques , qui ont rapport à la juftice , font à
la disposition du roi , qui y pourvoit gratuitement. Il
ne les accorde qu'à des gens qui prouvent quelques fer-
vices perfonnels , ou de famille , 6c fur l'avis du de-
[embargo-do-pajfo , qui eft un confeil qui répond au con-
lèil privé en France.
' Comme les jugemens rendus par le parlement font
en dernier refTbrt , on peut le pourvoir lèulement par-
devers le roi , par voie de recours , ou de réviiîon ; ce
qui ne fuspend point l'exécution des jugemens , 'contre
lesquels on fe pourvoit, jusqu'à ce qu'ils foient rétractés
par un décret du roi , & donné de l'avis du confeil
de^embargo-do-pafjo.
Le relie des corregidores , qui font dans la ville de
Lisbonne , conlifte en juges des affaires civiles & cri-
minelles , & en juges des affaires des Indes & de la
Mine. Il y a auffi un juge des propriétés , par-devant le-
quel fe règlent les fervitudes des maifons , & enfin il
y a deux provifeurs ; l'un , pour la délivrance des legs
pieux, ck. des fondations ; l'autre, pour la délivrance des
legs particuliers.
La maifon de ville de Lisbonne a auffi fes juges par-
ticuliers. Elle ne diffère des autres maifons de ville du
royaume , que par le grand nombre de fes officiers. Ses
principales fonctions confiftent à remplir de vivres les
magafins publics , &à y mettre la taxe.
On a grand foin de la police , foit pour la réparation
des édifices publics , foit pour l'entretien des grands
chemins. Ceux qui en font chargés, font appelles almo-
taces , ou grands- voyers. Leur fonction dure quatre
mois ; après quoi , ils fortent d'exercice.
Pour ce qui regarde la religion , Fétabliflement du
fiége archiépiscopal & l'inquilition , voyez à l'article
Portugal. Je me contenterai de dire ici, que l'arche-
vêché de Lisbonne , qui vaut quarante mille ducats de
revenu , a huit fuffrages :
Léira , S. Jacques du Cap-Vert ,
La Guarda, Funchal, dans fine de Madère;
Angola, en Afrique; Angra , dans l'iile de Tercere;
S.Thomas, enAfri- Congo, dans la baffe Guinée,
que;
L'univerfité de Lisbonne fut fondée, en 1290, par le
pape Nicolas IV. Le roi Jean V, y établit deux acadé-
mies ; l'une en 1720 , qui porte le titre d'académie
royale d'hijloire ; &£ l'autre en 1713 , dont les mem-
bres ont pris le nom d'académiciens appliqués.
•t'es légères,
fabri-
-. Les
Lyon,
ppor-
bac,
nation a fo:
n juge
LIS gyp
H y a à Lisbonne plulîeurs marchands François , tant
Catholiques que Proteftans, qui y font un commerce
conhdérable. Les premiers y font fous la protection de
la france, & les autres fous celle dAngleterre ou de
Ho lande. On y peut compter auffi près de cinquantefa-
milles Ang'cilés , autant de Hollandoifes , & quelques
autres étrangères. Elles s'ennehiffenten peu de teins , par
le grana trafic des marchandifes de leur pays. Les baàas
d Angleterre , qui font de petites f '
quees à Colcheiter , lé débitent a
toiles de France, les étoffes de !oie
les rubans , les dentelle;. , fk 1 ; q
tent de gros profits, par les fetoui
d'indigo , de cacao , &c. Chaqu
coniervaa-ur.
Il n'entre rien dans la ville., qui ne foit viuté. Les
galons, les franges , brocars , & rubans d'or & d'argent,
lont confisqués, comme marchandées de contrebande 't
n étant permis à qui que ce foit d'employer de l'or ni
de l'argent_ filés en fes habits , non plus qu'en fes meu-
bles. Les livres , en quelque langue qu'il foient , entrent
auffi-tôt à l'inquilition, pour être examinés, &£ même
brûlés, s'ils déplaifent aux inquifiteurs.
Lapiûpart des carroffes de Lisbonne font des carroffes
coupés, qu'on y porte de France. Il n'y a que ceux du
roi <k des ambafladeurs qui puiffent être attelés avec
fix chevaux ou fix mules. Les autres perfonnes, de quel-
que nation ou diftinction qu'elles foient , ne peuvent
avoir que quatre chevaux ou quatre mules dans la ville ;
mais elles en peuvent mettre cent, lorsqu'elles font hors
de l'enceinte de la ville. Les jeunes gens font les feuls
qui vont en carrofie ; les vieillards & les dames fe fer-
vent de litières. Ces deux voitures ne fpnt même per-
mîtes qu'aux nobles , aux envoyés , aux réfidens , aux
conluls & aux eccléfiaftiques ; c'eft ce qui fait que les
plus riches bourgeois &. les négocians ne fe fervent que
d'une espèce de calèche à deux roues , & tirée par un
cheval, qu'ils conduifent eux-mêmes. Les jeunes cava-
liers fe promènent à cheval dans les rues, pour fe faire
admirer. Les moines rentes ne font presque point de
vifite à pied , le couvent entretient toujours une grande
quantité de mulets de feile , dont ils fe fervent alterna-
tivement.
Cette ville a fouffert plusieurs tremblemens de terre;
un, entr'autres, au Seizième liécle, & celui du premier No-
vembre 1755, qui a été fuivi de plufieurs autres, <k l'a
presqu'ennérement ruinée , auffi-bien que Sétuval, dont
il ne refte plus de vertiges, & nombre d'auttes villes de
ce royaume. Ce furieux tremblement fe fit fentir depuis
Bayonne jusqu'à Gibraltar, & a endommagé quantité de
villes en Espagne. Il paifa même jusqu'en Afrique, & y
fit des ravages affreux, le même jour & presqu'à la même
heure, fur-tout dans les royaumes de Fez & de Maroc.
Ses effets le firent fentir, non-feulement fur la terre, mais
encore fur la mer, & dans les rivières & les canaux,
depuis Malaga fur la Méditerranée, jusqu'au détroit de
Gibraltar. * Mémoires du Tems.
LISBOUM. Pline, /. 9, c. 15, parle de certains pois-
fons qui s'engrailfent & groffiliént à tel point dans les
rivières, qu'on les prend avec un hameçon enchaîné, Se
qu'on les tire à terre avec des attelages de bœufs. Iner-
tia pinguescins , ad mille aliqunndo libi as , caunato
captushamo , nec nifi jugis boum extrahitur. Il vient
ensuite au détail, ck: dit qu'on en tire, fur-tout dans le
Mein , rivière de Germanie , à force de bœufs , prote-
lis boum, & que dans le Danube on y emploie des mar-
res , forte d'mitrument de 1er, & in Danubio marris ex-
trahitur. Un copifte , qui ne lavoit point que protela
boum veut dire l'effort que font des bceuts attelés en-
femble pour tirer un fardeau ou une voiture, a lu lis-
boum tout en un mot , & a fuppofé que c'étoit un nom
géographique ; & ne fâchant que faire de proie, qui res-
toit, il en a fait une particule, & l'a changé en prope,
auprès de Lisboum. Après ces prétendues corrections ,
il étoit naturel de penlér que Lisboum devoit êtte un
lieu proche du Mein. Dans cette prévention , Beatus
Rhenanus a cherché quelque lieu , dont le nom appro-
chât de celui-là ; & trouvant Erlenbrunnen , il a cru de-
voir faire un nouveau changement dans Pline, jk qu'il
falloit lire Erlisborni ; c'eft-à-dire que s'étant apperçu
Tome IU, Q q q q q ij
LIS
%5o
que le chariot étoit renverfé d'un côté , il Ta renverfé
de 1 autre, au lieu de le relever. Lisboum n'eft point un
nom de géographie ; au lieu de propè Lisboum, il faut
lire dans Pline , proulis Boum.
LISbOURG, bourg de France, dans l'Artois , à la
fource de la rivière de Lis , au diocèfe de Saint-Omer.
C'eft un marquifat érigé, en 1619 , en faveur de la mai-
fon de Noyelle. Il eft préfentement poffédé par une au-
tre famille.
LISCA-BIANCA , petite ifle , au nord de la Sicile,
entre les ides de Lipari , dont elle eft la plus petite. Le
P. Corone'li la nomme Lisca-Bianca, ou LisiA, ou
Euonymus, ou EuONYMOS, & prétend que ce dernier
nom fignifie infula candida , ou l'ijle blanche ; ce qui
n'eft pas vrai. Le mot EuONYMOS eft grec, & fignifie
<j ui a un bon nom , ou un nom heureux , ou le bien
nommé. De Plfle dit mieux ; mais il ne s'explique pas
aflez : ^ Euonymos , id eft, finifira. Ce mot Jîmfira a deux
fens très-différens. Dans le fens propre, il veut dire qui
eft à gauche. L'autre fens, ou le figuré, dérive de celui-
là , & fignifie également deux chofes entièrement op-
pofées , (avoir heureux &c malheureux , lorsqu'il s'agit
de préfages. Cela vient de ce qu'il y avoit des objets qui,
étant vus ou entendus à la gauche, fignifioient du bon-
heur. Intonuit lavum , dit Virgile , ^JEnéid. I. 1 ; &
qu'il y avoit d'autres objets , qui , dans la même cir-
conftance, pronoftiquoient un malheur. Virgile, Eclog.i,
dit aufli :
Sape malum hoc nobis , Ji mens non lavafuijfet,
De ccelo taclas memini prœdicere quercus ;
Sapé Jïnijlra cavâ pradixit ab ilice cornix.
Si cette ifle a pu être nommée en latin fmijlra par
quelqu'un, ce n'eft que dans le fens d'un heureux pré-
fage , & par allufion à Euonymos. Cette ifle d'Euony-
mos eft au fud-eft de Pifle Strongyle , & n'en eft l'é-
patée que par un petit détroit, félon la Carte de De l'Iflej
Mais fi Strongyle & Lipara étoient comme il les range,
comment entendre le paflage de Strabon , qui dit qu'elle
etoit nommée e.m^« , Euonymos, parce que ceux
qui alloient de Lipara en Sicile , la laifloient à la gau-
che ? Cela ne fauroit être ; fi elle étoit au nord de Li-
para, en allant de cette dernière vers la Sicile, qui eft
au midi de Lipara , on n'a voit cette petite ifle ni à
droite ni à gauche , mais derrière foi. Strabon dit qu'elle
croit déferte ; & Lisca Bïanca n'eft qu'un rocher en-
tièrement défert. De rifle ne donne point de nom mo-
derne à l'Euonymos des anciens , il la nomme Ample-
ment l'IJlet. Mais il appelle Licia , l'Herculis infula
des anciens , &c nomme ifle de Panaria , celle qu'ils
nommoient Hicejla.
LISCENE, pays voifin de l'Euphrate. Strabon, /. 11,
p. 511, dit : l'Euphrate a fes fources dans les parties fep-
tentrionales du mont Taurus ; de-là, coulant par la grande
Arménie, vers le couchant, jusqu'à la petite Arménie,
il a celle ci à la droite , & la Liscéne (rà> Aiç^mùr,) à
la gauche. Sur quoi Xylander obferve qu'au lieu de ce
nom, l'épitome porte Aclisena; mais Cafaubon ajoute
qu'il faut peut-être lire rfo ïttmkawÀv , la Bafilène ;
car, ajoûte-t-il , Ptolomée nomme ainfi un canton fur
l'Euphrate , & j'ai cherché inutilement ailleurs un pays
nommé la Liscène. Dans des manuscrits il y a Aiflm»
Lifene, qui approche affez d"'0(£aA<«i<ii , Orbalifene,
qui eft un canton de la petite Arménie ; mais il avertit
en même tems , qu'il ne croit pas que Strabon ait voulu
parler de ce canton.
LISÉïS, bourgade delà tribu (Eneïde, dans l'Attique,
félon Hefyche cité par Ortélius.
LISIA. Voyez Lissia.
LIS1EUX, ville de France, en Normandie, au Lieu-
vin , en latin Civilas Lexeviorum , Lixoviorum , Lexo-
fium . Lixeviun , ou Luiacenjïs civitas : elle eft à dix-
huit lieues de Rouen, à dix de Caën,à cinq de la côte de
la mer, à trois de Pont-1'Evêque, entre Séez & Ver-
"e|"' ■> <:" Partie *"■• "ne côte , & en partie dans une très-
belle vallée , où font des pâturages d'un grand revenu , au
confluent de deux rivières, dont l'une, appellée rivière
d Arbec , paffe au travers de la ville ; l'autre qu'on nomme
hrmere de Gafey, en arrofe les murailles ; & depuis le
LIS
confluent , qui fe fait à la pointe du jardin des Domini-
cains , la rivière prend le nom de 1 ouques. La ville eft
environnée de très-bons fofles, avec des murailles flan-
quées de tours. Elle a quatre portes &f quatre fauxbourgs.
Elle porte le titre de comté , titre attaché à ion évêché,
l'un des plus confidérables de la province , & qui vaut
cinquante mille livres de rente. L'églife cathédrale eft an-
cienne & aflez belle : elle eft fous l'invocation de S, Pierre.
Son chapitre eft compoié d'un doyen , d'un grand chan-
tre , d'un tréforier , d'un chef-vecier , d'un écoiâtre , d'un
théologal, d'un pénitencier, de quatre archidiacres, de
trente fix chanoines, de deux demi-prébendés, de qua-
tre vicaires , de trente chapelains , de huit officiers nom-
més dou{e livres ; de quatre autres qu'on appelle demi-
dou^e livres ; de fix enfans de chœur , d'un maître de mu-
fique , 61 d'un organifte. Le doyenné eft de douze cents
livres de revenu, &c les prébendes depuis trois cents jus-
qu'à mille livres , fans compter les cliftributions manuel-
les , qui vont par au à cinq cents livres. Le chapitre a
un privilège fingulier. La veille & le jour de S. Uifin ,
dont on célèbre la fête , l'onzième de Juin , deux cha-
noines, qu'on élit au chapitre pour être comtes, fuivant
un accord pafie avec l'évêque , montent à cheval en fur-
plis, ayant des bandoulières de fleurs par-defliis , & te-
nant des bouquets à la main , font précédés de deux bâ-
tonniers, de deux chapelains , &£. de vingt-cinq hommes
d'armes , qui ont le cafque en tête , la cuiraffe fur le dos ,
ck la hallebarde fur l'épaule. Les officiers de la haute juf-
tice les fuivent aufli à cheval , en robes , ayant de même
des bandoulières & des bouquets de fleur1.. En cet équi-
page ils vont prendre pofTeffidn des q :atre portes de laj
ville , dont on leur préfente les clefs , & où ils Iaifient
un nombre d'hommes armés pour les garder Les droits de
la coutume , &c de la foire qui fe tient !ejour de S. Urfin,
leur appartiennent , à condition qu'ils, donneront à chaque
chanoine un pain & deux pots de vin. Pendant ces deux
jours, les chanoines font comtes , & tonte la jufrice civile
& criminelle leur appartient. Si , pendant ce teins , quel-
que bénéfice vient à vaquer j les deux chanoines-comtes
y préfentent.
Le palais épiscôpal eft une belle maifon ; In chapelle
en eft grande & d'une architecture de bon goût ; le jar-
din a des jets d'eau &C d»s cafeades , & offre une vue qui
s'étend plus de fix lieues , le long de la vallée du côté de
la mer. L'églife de S. Germain & celle de S. Jac-
ques font deux églifes paroiffiales , dont les chanoines
font curés primitifs , & dont le cTergé eft compofé de plus
de cent prêtres. Les religieux de l'ordre de la Trinité,
pour la rédemption des captifs , ont en cette ville un cou-
vent confidérable, où ils reçoivent tous les religieux paf-
fans. La rivière lave les murailles de leur jardin. LesUr-
fulines font établies à Lifieux depuis 163 1 ; leur couvent
eft d'une grande étendue. Leur chapelle eft très propre.
Les filles de la Providence font chargées d'aller inftnùre
les jeunes filles dans la campagne. Les Eudiftes ont la
direction du collège; & leur maifon eft un feminaire,où
l'on inftruit les jeunes clercs , qui fe deftinent aux ordres
facrés. Cette maifon eft fort belle , & fituée dans un des
plus beaux quartiers de la ville , où il y a dix-huit rues ,
la plupart fort larges. Les fontaines publiques & particu-
lières , qui font en grand nombre en divers endroits, &
forment autant de ruifTeaux qu'il y a de rues , les rendent
fort nettes. Il s'y tient trois marchés chaque femaine , &
plufieurs foires en divers tems. La maifon de ville eft gou-
vernée par un maire. Il y a encore un procureur du roi ,
& un greffier en titre d'office. Tous les trois ans on élit
deux échevins, parmi les bourgeois.
Le plus confidérable des quatre fauxbourgs eft celui
de S. Defir. Il a une belle paroifie fous l'invocation de
ce faint. On y vient 'le tous côtés invoquer S. Eutrope,
qui en eft le fécond patron. Elle eft deftervie par deux
curés & plufieurs prêtres. L'un de ces curés eft obligé de
dire tous les jours une haute meliè à l'abbaye des Da-
mes : c'eft une abbaye royale , fondée vers l'an icko ,
par Lesceline, femme de Guillaume, frère naturel de
Richard , fécond duc de Normandie , & par Hugues , évo-
que de Lifieux , fils de Lesceline , qui lui donna de grandi
revenus. Ce prélat mourut en odeur de fainteté, en vifi-
tant fon diocèfe, l'an 1077 , & voulut être enterré dans
leur églife. Madame de Matignon, qui en étoit abbefîe, a
LIS
faît rebâtir tout le monaftere , & élever une églife ma-
gnifique , fur laquelle il y a un très-beau dôme. Les reli-
gieules font des Bénédictines mitigées. Les Dominicains
ont auffi leur églife dans ce faaxbourg ; leur couvent eft
dans une ifle. Celui des Capucins eft dans le fauxbourg de
Paris : tout y eft propre, &t leur jardin eft très- beau.
L'hôpital général eft au-defîbus. C'eft un fort grand bâ-
timent , conftruit depuis peu d'années.
Il fe fait à Lifieux une grande fabrique de toiles, de
frocs , & de pinchinats. Les toiles fe portent à Paris :
les étoffes de laine fe diftribuent de tous côtéi ; ce qui
fait fubfifter beaucoup d'habitans. Il n'y a point de lieu-
tenant de police : cette charge eft exercée par les offi-
ciers de la haute juftice.
Il y a quantité de belles maifons aux environs de Li-
fieux , comme celles des marquis de Prix & de Pierre-
court ; celles des barons de Elangi & de Combrai , &C
celle d'Hermival. Le château des Loges eft la maifon de
plaifance des évêques; mais comme ils ont été plus de
cinquante ans fans l'habiter , il tomboit en ruine dès le
commencement de ce fiécle.
Au-deflus de Lifieux , du côté de l'orient , il y a de
belles campagnes, très-fertiles en bled ; c'eft ce qu'on ap-
pelle Lieuvin. Au-deflbus, vers l'occident, eft le pays
d'Auge ; &C du côté de feptentrion , font de belles prai-
ries , dans lesquelles on engraifle quantité de bœufs pour
envoyer à Paris.
LlSlEUX , dit de Longuerue , Defcription de la France,
l.part. p. 75 , a tiré fon nom des peuples LEXOvn ou
Lexobii. Sous les rois de France, elle fut la capitale d'un
pays, qui eft nommé dans les Capitulaires Lisvinus Si
Livinus , Se comitatus Lisvinus , le comté de Lifieux.
Ce comté a été donné à l'évêque , qui par-là eft devenu
feigneur temporel de la ville. Lifieux eft encore de la
haute Normandie &de la généralité de Rouen , mais fur
les confins de la bafle. Ce favant homme croit que les
Lémovices de l'Armorique , dont nous avons parlé dans
l'article Lémovices , ont une faute de copifte pour fon-
dement, & qu'il s'agit là des Lexobii ou Lexovii ; 6c il
prétend qu'ils étoient véritablement de l'Armorique ,
parce qu'elle s'étendoit depuis la Loire jusqu'à la Seine.
Le moine Erric , au cinquième livre de la vie de faint
Germain , qu'il a écrite en vers , dit :
Gens inter geminos notijjima clauditur amnes ,
Armoricana prias veteri cognomine dicta.
Voyez Lieuvin &c Lémovices.
L'ÉVÊCHÉ DE LlSlEUX , félon Piganiol de la Force ,
reconnoît pour fon premier évêque Litarde qui affifta
au premier concile d'Orléans , l'an 511. On compte parmi
Ces fuccefleurs Nicolas Orefme , précepteur du roi Char-
les V. Ce diocèfe comprend cinq cents quatre-vingt pa-
roiffes , diviféesen quatre archidiaconés. De cesparoif-
fesilyen a une appellée S. Cande-le-Vieil, qui eft dans
la ville de Rouen , &£ quatre aux environs , S. Etienne
de Rouvrai , Sotteville , le Petit-Couronne & Etrepagni.
S. Candeeft une églife collégiale oi paroiflïale, compo-
fée de quatre chanoines qui font curés , & en font alter-
nativement les fonctions chacun fa femaine. Le doyenné
de ce chapitre eft uni à l'évêché de Lifieux , qui a droit
d'exemption pour cette paroifle & les quatre autres , à
la réferve du crime d'héréfie Se de la preftation de fer-
ment des abbés & abbefles , qui appartiennent de droit
à l'archevêque de Rouen.
LISINAS, ville de Grèce , dans la Theflalie, folon
Tite-Live, /. 32, c. 14, ou plutôt Ortélius qui le
dit ainfi. Voci le paffage de l'hiftorien : dedidere deinceps
fe qui argenta , quique Pherinum , 6- Thimarum , & Li-
Jlnas , 6- Stimonem & Lampfum habent , aliaque caftella
juxtà ignobilia. Cela nous fait connoître que le nom de
ce lieuétoit LlSlN-E au pluriel; & à l'accufatif Lifinas;
en fécond lieu , que ce n'étoit pas une ville , mais un
fimple fort.
1. LISLE, petite ville de France , dans le Comtat-
Vénaiffin, dans une ifle formée par la rivière de Sorgae,
entre Sorgue & Vauclufe.
2. LISLE, petite rivière , dans le comté de Ferrette.
Voyez la copie d'un ancien manuscrit , à la fin de cet
ouvrage.
;.. lis . >si
LïSMORE , ville d'Irlande , dans la province de
Munfter , au comté de Waterford, à treize milles à l'oueft
de Dungarvau , fur la rivière de Balltwa. C'étoit autre-
fois le fiége d'un évêche, qui a été réuni à celui de Va-
terford. Elle envoie deux députés au parlement; mais
elle tombe en décadence. * Etat préjent de l'Irlande ,
p. <;6.
LISONZO, (le) I fondus , rivière d'Italie , dans l'é-
tat de la république de Vemfe, & au Frioul. Elle a fa
iource dans les Alpes & dans la haute Carinthie , d'où ,
partant au Frioul fc> dans le Carlo, elle s'accroît de plu-
fieurs torrens , & coule à Formino, puis par le comté de
Gontz, où elle baigne la capitale. Elle pafie à Gradisca,
reçoit l'Idria, le,Vipao & le Na.ifone, d'où, féparant
le territoire d'Aquilée de celui de Montefalcone , elle
fe jette dans le golfe de Venife , au port de Lifonzo ,
entre le golfe de Inerte à l'orient , Se les lagunes de
Maran & Grado à l'occident. * Baudr. édit. 1705.
LISPOR, place de l'Inde, en-deçà du Gange', au
royaume de Decan, au pays de Balagate , allez' avant
dans le milieu des terres. Elle eft à ibixante-dix lieues
Espagnoles de la côte de la mer des Indes, au levant, en
allant vers le golfe de Bengale , dont elle n'eft guères
plus éloignée.
1. LISSA ou ISSA, ifledugolfede Venife, fur lacôta
de Dalmatie, & appartient aux Vénitiens. Cette ifle dé-
pend du comtéjde Liéfina. Elle eft fameufa par la pêche
des fardines &£ des anchois, que l'on trouve en abon»
dance fur fes côtes. Tous les habitans font pêcheurs.
Cependant le terroir de l'ifle eft aflez bon, cY produit
d excellent vin &C en abondance.
Les principaux lieux font Banda h grande, Banda la
petite, Saint-Nicolas, Saint-Vit & Madona de Campo-
grande. Vers le milieu de l'ifle , du côté du nord , on
trouve un port nommé \e port Saint-George. Il eft paf-
fablement grand, lïïr & commode, malgré fafituation:
du côté du midi, on a la baie Comifla, au fond de la-
quelle a été bâti le fort Saint-Nicolas.
Quoique cette ille foit une des plus petites de celles
qui font fur la côte de Dalmatie , elle ne iaiffe pas d'ê-
tre célèbre dans l'Hiftoire ancienne. Jules-Céfar, Corn.
1. 4 de Bel. cîv. en parle , auflî-bien que Tite-Live ,
Dec. 4, lib. 1. Ils duent qu'elle avoit donné à la répu-
blique Romaine un fecours de vingt vaifleaux armés ,
contre Philippe , roi de Macédoine.
Quelques-uns confondent L'JTa & Iffa. Voyez Issa.
Elle eft auffi différente de Lujfna.
2. LISSA, ancienne ville d'Espagne, au pays du peu-
ple Lacetani , ou Jacetani , félon Ptolomée, l.z, c. 6.
Les exemplaires varient. Quelques-uns portent Lijfa ,
Aies* : d'autres aJ^. Cellarius, Geogr. Ane. 1. 2, c. I,
conjecture que cette ville, qui ne fubfifte plus , étoit au-
près de Manrefa.
3. LISSA. Voyez Lissus 3.
4. LISSA. Voyez Lixa.
5. LISSA, petite ville de la grande Pologne, au pa-
latinat de Posnanie, aux frontières de Siléfie , & à peii
de difiance de Glogau. * Robert de Vaugondy , Atlas.
LISSAC, Lijjîacum, prieuré de filles de l'ordre de
Cîteaux , dans le Querci , diocèfe de Cahors , à une
lieue de Figeac , fur un ruifteau , qui fe jette dans le Lor.
LISSEL1N , bois de France, dans le Bourbonnois. Il
eft de cent trente arpens , & fous la maitrife des eaux &C
forêts de Moulins.
LISSERE , (la) rivière de la Turquie Européenne ,
dans la Bulgarie ; elle fe rend dans le Danube , au-def-
fus de celle de l'Isca , &: les anciens l'ont appellée Utus.
LISSÏA , ifle de l'Océan Britannique , félon Antonin.
C'eft une ifle fur la côte occidentale de la grande Bre-
tagne , entre les Sorlingues , & la province de Cor-
nouailles. Quand la marée eft bafie, on la découvre. C'eft
plutôt un rocher appelle aujourd'hui the gulphe, c'eft-à-
dire le goufre.
LISSON , AiWov , rivière de la Sicile ; elle arrofoit
Leontium , du côté du couchant. C'eft maintenant Fiume
di Limini.
LISSUM. Voyez Lissus.
1. LISSUS, ancienne ville de l'IUyrie, dans la Dal-
matie, félon Ptolomée, l. 1 , c. 17, qui la met entre le
Drin à fon embouchure , 6i la Macédoine précifément
Î6
LIT
LIT
à la frontière. Cela s'accorde avec ce que dit Pline , /. 3,
t. il, qui nomme ce lieu Lijjum oppidum , ck ajoute que
c'écoit une colonie de citoyens Romains, à cent mille pas
d'Epidaure, & enfin que c eft où commençoit la Ma-
cédoine. A Lifo Macedonia provinda. Diodore de Si-
cile , /. 1 5 , c. 1 3 , nous apprend qu'il y avoit un port ai-
fez grand ; que c'éteit l'ouvrage de Denys le Sicilien,
qui avoit mené une colonie à LiiTus, qu'il ceignit de
rnurs&aggrandit. Cette place étoit accompagnée dune
citadelle nommée ÀCROLissus. Voyez cet article.^
i. LISSUS , rivière de Thrace; elle fut tarie par l'ar-
mée de Xerxès , à laquelle elle ne put fuffire. Elle cou-
loit entre les villes de Mefembria, £k de Strynu, ville
desThaîîens, lélon Hérodote, l. 7 , c. 108.
3. LISSUS, lieu de l'ifle de Crète, fur la côte mé-
ridionale, au couchant de Tarba. C 'eft par ce lieu que
Ptolomée commence la description de cette côte. LaTa-
ble de Peutrager met Lifo à trente milles de Cantano,
- (Cantanus.) Scylax de Caryande dit dans ion Périple ,
p. 18, edit. Oxon. Au midi eft Lifta, ville, avec un port.
LISSUS eft appelle aujourd'hui Cafid-Sdino, bourg
de l'i/le de Candie. Voyez ce mot.
LISTA, ancienne ville d'Italie , dans le pays des Abo-
rigines , dont elle étoit capitale , au rapport de Denis
d'Halicarnafle, L 1 , c. 6. Elle étoit à vingt-quatre fta-
des (c'eft-à-dire à une de nos lieues françoifes de trois
mille pas) au-delà de Tiore ou Matiera. Les Sabiris
fortirent autrefois d'Amiternes pendant la nuit, la iùr-
prirent, &s'en rendirent maîtres. Ceux des habitans,qui
échaeperent aux vainqueurs, Ce réfugièrent à Riéti, d'où ils
firent fouvent de vains efforts , pour reprendre ce qu'ils
avoient perdu ; mais n'ayant pu en venir à bout , ils^con-
facrerent aux dieux tout le pays, comme s'il leur eût en-
core appartenu , & firent mille imprécations contre ceux
qui s'en approprioient les fruits.
LISTÉE ou LlFFi, petite rivière d'Irlande, dans la
Lagénie, en latin Lïffius Se Libnius. Elle arrofe la ville
de Dublin , & fe décharge peu après dans la mer d'Ir-
lande. "Maty.i Dict. deHoll. 1701- Corn. Dict.
LïSTO & Gniosa, petites ifles de h mer Méditer-
ranée, vers la côte méridionale de l'ifle de Candie.
Voyez l'article MYLJE INSULvE.
LISTRE. Vovez Lvstre.
L1STRO-GAUGIUM, ancien nom d'un canton des
Pays-bas, fur la rivière de la Lis, vers Saint- Venant ,
Armentier.es & Ccurtrai. 11 en eft fait mention dans la
Vie de S. Poppon , au Recueil de Bollandus ; & ce can-
ton a été nommé Legienjls pagus.
LITA , petite ville de Turquie , dans la Macédoine ,
vers le golfe , à vingt mille pas de la ville qui donne le
nom au" golfe. * Baudrand , édit. 1705.
LITAGRUM , ELITABRUM , ancienne ville de
l'Espagne Tarragonoife , félon Tite-Live , /. 35 , c. 11.
Elle étoit riche & fortifiée. Le proconlul M. Fulvius s'en
rendit maître. Son nom moderne , félon la plupart des
géographes, eft Baytrago. Voyez ce mot.
LYÏMJE , Ail-la', ville du Péloponnèfe , dans la
Laconie , félon Apollodore ,' cité par Etienne le Géo-
graphe.
LITANA-SILVA, forêt de la Gaule, au midi des
Alpes, félon Tite-Live & Frontin, de qui nous appre-
nons que l'armée Romaine y fut défaite^ par les Gaulois.
Ortélius doute fi ce ne feroit point la même que Ligana
SILva. Voyez ce mot. Quelques-uns penlent que la forêt
appellée Sdva de Lugo , dans laRomagne, eft un refte
de cette ancienne forêt.
L1TANOBRIGA, ou, félon quelques exemplaires
d'Antonin, LatinobriGA; lieu de la Gaule Belgique,
fur la route d'Amiens à Soiflbns, entre Cafiromagum,
(Béarnais)?* A tegujîomagum, (Senlis) à dix-huit mille
pas de la première, & à trois ou quatre mille pas de la
féconde. Quelques-uns , comme Cluvier , l'ont entendu
de Vtrmuil fur l'Oife.
L1TAR. (le cap) Vovez Cap.
L1TAR.ELS, contré de Syrie, à environ trois cents
ftades, (c'eft à-dire à douze lieues fk demie) de Theo-
polis, c'eft-à-dire d'Antioche de Syrie, félon Evagre
& Callifle. D'autres la nomment fitarbus , d'autres Li-
t argus, gntr'autres, l'Hifloire mêlé. Julien l'Apcftat, dans
fes Lettres, la met dans la Chalcide de Syrie. * Ond.
Thefaur.
LITBADA , Ortélius dit: métropole de la grande
Rhofie, Si. cite Curopolate, ojfdalibus Conjïantinopo-
litanis. Il ajoute qu'il croit qu'elle i-.ù\t dans la 1 hrace.
Dans la Notice des métropoles , fous Andronic Paléo-
logue, n. 8l , je trouve Lilbada , au voifinage de la
grande Rofie, a obtenu le rang de métropole, fous l'em-
piré d'Andronic , &é le patriarchat de Jean Glycas.
Schelftrate rend ces mots it37iii ot-mHç ,us>«Kii>- Pao-Wr,
par ceux-ci, Vidna magna Rufî ce , voifuie de la grande
Ruflie ; ce qui me paroit plus jufte que de l'entendre de
la Thrace, comme fait Ortélius.
LITBUNUM, ville épiscopale , fous le patriarchat
de Conftantinople, félon Bellamon, cité par Ortélius,
Thefaur.
LITE , ville de Macédoine, félon Hypéride, allégué
par Suidas. Ortélius doute fi ce n'eft pas la même que
Lue.
LITERNA PALUS , "> y
LITERNUM, S V
LlNTERNUM.
LITHACUS ; ce mot fe trouve entre les noms de ri-
vières, à la fin de Porphyrogenete.
LITHAW ; les Allemands nomment ainfi la Lithua-
nie; & quelques écrivains du moyen âge la nomment en
latin Lithavia ou Litevia , 5c les habitans Lithavi , ou
Litavi.
LITHOPROSOPOS , montagne de Syrie , auprès
de Botryos , félon Cédrene.
LIÏHOSORjEA, lieu de la Bulgarie, vers la Thrace.
Cédrene en fait mention. Il eft nommé Lilhforie dans
l'Hiftoire mêlée.
LlTHOfOslLE ou Latomije, carrières & lieux:
ou l'on tiroit & tailloit des pierres. C'eft la même chofe
que Latomiœ.
LIIHROS, Ai5&ç. Ortélius dit: ville de la petite
Arménie, & cite Strabon , /. 11, p. 556. Le paflage
de cet ancien géographe fait voir que Lithros n'eft pas
une ville , mais une montagne. Le voici en latin : Eft
Pharnads. contigu.i Sidaicl & Themifcyra. Suprà hœc
jaceï Phanaroea , Pond partem occupans optimam ;
nam & oleifrax eft & boni vini , & r cliquas omnesha-
bet dotes. Verjus ortuni ei pratenditur Paryadres mons ,
in longitudinem cequis fpaciis pornêlus : ab oecafu Li-
thrus & Ophlimus ; convatlis eft juflee longitudinis &£
latitudinis, &c. On voit qu'il s'agit là de Phanaroeu%
canton qui occupe le meilleur du pays de Pont , canton
fertile en huile, en bons vins, &C qui a tous les avanta-
ges qui font un excellent pays ; que ce pays eft terminé
à l'orient par le mont Paryadres , & au couchant par Li-
thros & Ophlimos ; que la vaiiée, qui eft entre ces mon-
tagnes, eft paflablement longue & large à proportion.
LLTSORLfL Voyez Lithosor^a.
LITHUAN1E, grand pays de l!Europe , autrefois en-
tièrement feul îk indépendant, & préfentement uni à la
république & à la couronne de Pologne , avec titre de
grand duché. Il a cent cinquante lieues de long , & cent
lieues de large. Du côté du nord, il a pour bornes la Li-
vonie , la Curlande , & partie de l'empire Ruftien ; à l'o-
rient le même, empire; au fud-eft & au midi, la Ruflie
Polonoife; au couchant, les palatinats de Lublin & de
Podlaquie , le royaume de Prufle , 6k la mer Baltique.
Une ancienne tradition porte que le nom de Lithud-
nie vient àeLittalanus ou Liants, fécond roi de la nation.
Quoiq u'il en Toit, on fut longtems fans bien connoître
ce pays; & il avoit même anciennement des bornes allez
étroites. Il comprenoit feulement laSamogitie, la Cur-
lande, & la partie de la Lithuanie, qui eu entre la Dv/ine,
la ville & les autres rivières qui fe jettent dans cette der-
nière, comme la Dubiffa, la Niewiafa & la Swienta:
*Hartnoch , Descr. Lithuan. L 1 , c. 9.
Les ducs de Ruflie lbbjuguerent autrefois la Lithuanie,
& l'obligèrent à leur payer tribut. Ce tribut coniiftoit en
une certaine quantité de chaufliifes faites d'écorce de til-
leul, en des faifieaux d'herbes & en des feuilles d'ar-
bres; mais, par une vrciffitude de fortune ailez ordi-
naire, les vaincus devinrent à leur tour maîtres de leurs
vainqueurs. Au commencement du treizième iiécle, les
Polonoiss'étant emparés de la partie méridionale de Ruflie,
taudis que les Scythes ou Tartares, inondant par leur
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multitude ce même état , travailloient à Ce le fendre
tributaire, les Lithuaniens fongerent à profiter de l'oc-
cafion pour fecouer le joug qui leur avoit été impofé.
Ils prirent les armes; entrèrent dans la Ruffie; vengèrent
les injures que leurs ancêtres avoient reçues , & contrai-
gnirent une partie confidérable du pays à leur payer tri-
but. Erdivil, leur duc, fe rendit ainfî maître, en 1217,
de tout le pays qui fe trouve entre la rivière de Viiie Sr.
celle de Pripecz , & fe qualifia duc de Nowogrod.
Ses fuccefleurs eurent le même avantage dans la Pruffe,
laMazovie & la Pologne. Ces heureux fuccès firent que
Ringeld, qui fe voyoit maître de la Lithuanie, de la Sa-
mogitie, de laCourlande, delà Subl'ylvanie, de No-
vogrod, de Moyriz, de Pintzko, deSévérie & de Czer-
nichov, prit le titre de grand duc de Lithuanie.
Mendogus, qui fuccéda à Ringeld, tut auffi entrepre-
nant , mais moins heureux que fes prédeceffeurs. Ses
voifins portèrent les chevaliers Teutoniques à entrepren-
dre de fubjuguer la Lithuanie, & leur abandonnèrent la
Prufle , pour le prix d'une expédition jugée fi néceffaire.
Mendogus fut preffé fi vivement pat les chevaliers Teu-
toniques, qu'il fut contraint de fe faire Chrétien, &
d'abandonner aux chevaliers la Subfylvanie , la Samogi-
tie, laCourlande, Sec. En récompenfe néanmoins, l'or-
dre Teutonique engagea, le pape à donner à Mendogus
le titre de roi de Lithuanie; mais ce prince ne perfévéra
pas dans la religion Chrétienne. Il retourna au culte des
idoies , & reprit la Courlaade fur les chevaliers Teuto-
ques.
Vers l'an 13 19, Gedimin, grand duc de Lithuanie,
prit les armes pour châtier les Ruffes , qui avoient fait
des courfes fur les terres de Novogrod. Il emporta la
ville Wldadimir , fournit la Wôlhynie , & y établit des
magiftrats. Il fit encore diverfes autres conquêtes; Se par
les terres qu'il partagea entre fes enfans , on peut juger
combien étoit grand l'empire des Lithuaniens; car pour
éviter les conteftations qui auroient pu naître entr'eux
après fa mort, il leur diflribua fes états. Il donnaàMont-
wid, Kiernow &. Slonim; à'Narimond, Pinski, Mozirz,
& une partie de la province de Y/ladimir; à Oligerde,
Crew tk toutes les terres depuis cette place jusqu'à la ri-
vière Berefina; àKieyftut, laSamogitie, les territoires
de Troki & de Syden , Upiz & la Subfylvanie; à Ko-
riatz,Nowogrod Wolkowisk; à Lubart, une partie de la
province de Wladirnir , & la \V olhynie ; à Javnut , Vilna,
la capitale de la Lithuanie, Osmiana, & Braczlaw.
Oligerde dépofféda fon frère Javnut, & devint grand-
duc de Lithuanie. 11 fit de nouvelles conquêtes ; (es ar-
mes prospérèrent d'autant plus facilement, que les che-
valiers Teutoniques fe trouvoient alors extrêmement af-
faiblis par différentes batailles qu'ils avoient données.
Jagellon, fils d'Ohgeide, Se grand-duc de Lithuanie,
après la mort de fon père , fe rendit redoutable à la Po-
logne; mais ayant offert de recevoir le batpême, & d'u-
nir à ce royaume le duché de Lithuanie , fi on confentoit
à fon mariage avec la reine Hedwige , les Polonois ac-
ceptèrent fes offres qu'ils trouvèrent avantageufes. Il fut
batifé à Cracovie, le 11 de Février, 1386. 11 prit alors
le nom SUladiJlas ; il époufa deux jours après Hedwige,
ôr. fut proclamé roi de Pologne.
Par-là Lithuanie fut unie à la Pologne; mais comme
il eût été difficile de maintenir la paix entre deux na-
tions , de tout tems , ennemies, & fi nouvellement récon-
ciliées , Jagellon donna l'inveftiture de la Lithuanie à fon
coufin Vitold , qui avoit été baptifé avec lui , & qui avoit
été nommé Alexandre.
Vitold étoit un prince courageux , entreprenant , &
d'une ambition qui ne lui permettoit pas de négliger les
moyens de s'aggrandir. L'empereur Sigismond & les che-
valiers Teutoniques l'engagèrent contre le roi de Polo-
gne, fon bienfaiteur. L'empereur le flata du titre de roi
de Lithuanie , &f les chevaliers lui offrirent des armes Si
de l'argent ; de cette façon , Jagellon ne put chaffer les
chevaliers Teutoniques de la Pruffe. Il fut long-tems oc-
cupé contre Vitold, à qui il fe vit contraint, quoique
vainqueur, d'abandonner encore le gouvernement de la
Ruffie. Vitold accrut fer états des duchés de Pleskow , de
Nov/ogrod S: de Smolensko , & il défit une horde en-
tière de Tartares , dont il emmena les prifonniers aux envi-
rons de Vilna, afin de peupler 8c de cultiver le pays.
Taraerlaii (Timur-Bec) arrêta fes conquêtes, en 1399:
en vain Vitold offrit de faire la paix avec lui ; le Tartans
voulut combattre. Vitold eut peur, pour la première fois :
il s'enfuit, Se fon armée fut taillée en pièces. En 1406,
il futpleus heureux contre Bafiie, C^ar de Moscovie: il
pilla fon pays , St l'obligea de faire une paix défavantâ-
geufe. * Le Laboureur, Voyage de .a reine de Pologne.
La Lithuanie comme on vient de voir, avoit autre-
fois (es fouyerains particuliers ; ce n'a été que fous Alexan-
dre, prédéceffeur de Sigismond I , père de Sigismond-
Augufte, le dernier de la poftérité de Jagellon, ou plutôt*
fous Sigismond-Auguftelui-même,eni 569,3 ladiéte de Lu-
bhn, qu'elle fut parfaitement unie à la couronne de Polo-
gne. Cette réunion fe fit à condition qu'elle fubfiftenoit
comme une principauté alliée, qui auroit fes grands offi-
ciers, fon armée, fontréfor &£ fes généraux; qu'elle con-
ferveroit fes coutumes, & qu'elle auroit part à l'élection
du roi , qui fe feroit néanmoins en Pologne. La Lithuanie
n'eft obligée de fournir que le tiers des troupes de la cou-
ronne; Sepour les revenus du roi, le quart feulement pour
fa quote-part.
Le P. Briet, de Poloniâ, c. 3 , donne deux divifions
de cette province: il la diftingue en Lithuanie ancienne,
& Lithuanie moderne ou véritable. Voici ces deux di«
vifions :
La Lithuanie ancienne.
La Lithuanie, La Samogitie ,
La Wolhinie, LaPodlakie,
Partie de la Ruffie.
Lithuanie moderne ou véritable.
(Le territoire de $ „.. . ,
I Vilna. \rtlna, Vilne.'
JLe ^ territoire f Osmiana, bourg bâti
1 SOsmiana. \ de bois.
Palatinat de,1
VlLNA. \ Le territoire de Çrilkomeria, Vilkomer1
Vilkomer. \ fur la Suuienta.
Le territoire iesBraflavia , Braflau , 01*
, Braflau. \ Braczlau.
(Le territoire de f# _ , .
Troki. jTroca, Trok..
Le territoire de $ ~ , _ ,
Grodno. \yrodna, Grodno.
Le territoire de $ „ _
Couuno. "\youuna, Couuno.
Le territoire de C , . ,
Lida. \Llda> Lide;
Le territoire Ç rr . IT .
I £Upitl. \Upna, Upitz.
( Minscum , Minsk.
Palatinat de MiNSKiABorifovia, BoriuW, fur la Bé-
C rézine.
Palatinat de
Troki.
Le territoire de Ç Novograda, Novogro-
Novogrodeck. \ deck.
LeiSrde{^— > Slonim.
Palatinat de
NovOGRO- { Le territoire de Ç Volkoviscum , Volko-
IVolkovisco. \_ visko.
Le territoire Ae{Ndsvl^m ' Nefuis, au
nfluent de lOsza
Nefuis.
(. Se de la Niémen.
(Le territoire de Ç „ „. „
nl . , ( Breftia. jSreJlta , Brzesae.
Palatinat de) J c
BRESTIA. ) Le territoire de ÏPinska , Pinsko, fur le
■\ Pinsko. \ Pripecz.
864
LIT
LIT
(Le territoire de (Kiovia , Kiov.
Kiovic. \Circafium, Circas.
Palatinat de ! Le territoire de (Mofera , Mozy ou Mo-
Kiovie. | Moiy. \ fer , fur le Pfipick.
| Le territoire de $Rec{ica, Reczick, fur
V Riecyk. % le Borifthène.
Palatinat de MsciS- ^Miscijlavia , Mscziflaw , fur la
1AU. \ Sosz.
(Le territoire de Ç Vitebscia, Vitepsk, fur
I Vitepsk. \ la Dwine.
Le territoire de C Onta/urleBorifthène,
Vitepsk. Orsha. } & ^ur l'Orshicza.
Le territoire de (Mohilovia , Mohilou,
Mehilouu. \ fur le Borifthène.
(Poloka, Polocs-
ko , fur la
Dwine , 8t
fur la Polota.
Palatinat de, Disna.
POLOCZK. \Druha, fur la
Druha Se fur
la Dwine.
Duché de
Skluch.
$Sluka, Skluch, fur la
l Skluch.
Le duché de Lithuanie eft un pays uni , agréablement
diverfifié de lacs , 8c de quantité de grandes rivières ,
dont quelques-unes vont defcendre dans la mer Noire ,
& les autres dans la mer Baltique. Les principaux fleuves
font le Dnieper ou Niéper , autrement le Borifthène , &
la Vilia ; l'un Se l'autre prennent leur fource dans la Li-
thuanie : la Dwine la traverfe ; Se la Niémen , qui s'y
forme d'un grand nombre de rivières , va fe perdre dans
le golfe de Courlande. Le Pripecz va groffir le Boryfthène.
On a voulu autrefois établir un canal de communication
entre le Pripecz Se le Boug , qui fort de la Lithuanie , Se
fe joint à la Viftule ; mais ce projet n'a pas été fuivi. Ces
rivières font fort ponWnneulès, de même que tous les
lacs, dont elles reçoivent les eaux. * Le Laboureur,
Voyage de la reine de Pologne , p. nj.
Les forêts abondent en gibier : il s'y trouve même des
beccaffines , quoiqu'il n'y ait point de vignes dans le pays ;
mais les buiflons portent certains petits fruits fauvages ,
dont ces oifeaux s'engraiflent.
Cette province peut être regardée comme un pays
excellent , qui fournit abondamment les commodités de
la vie. Cet avantage n'eft pourtant que pour les nobles.
Les payfans font encore plus miférables que ceux de Po-
logne. Ils font véritablement efclaves , tout ce qu'ils ont
appartient au feigneur ; du moins le feigneur leur enleve-
t-il tout ce qui lui agrée. C'eft apparemment la caufe de
la négligence qu'ils ont à cultiver un pays qu'un peu de
rravail rendroit très-fertile. Cependant leurs maifons ,
quelque pauvres qu'elles foient , font des hofpices francs
pour les voyageurs. Leur pain eft noir comme la terre.
Ils boivent une bière , compofée de toutes fortes de
grains , ou bien une liqueur appellée médon; c'eft un breu-
vage de miel cuit avec de l'eau.
On remarque , que les nobles Se le peuple font grands
mangeurs. Leurs feftins durent dix ou douze heures , Se
ils font quelquefois fuivis de querelles 8c de meurtres.
Miechow , Sarmat. Europ. dit qu'il femble que la na-
ture leur ait voulu reprocher leur intempérance , par
l'exemple d'un animal qui eft particulier à la Lithuanie
6c à la Mofcovie. Il ne fait aucun profit aux hommes , ni
mort ni vivant. On l'appelle rojjomal^a : il eft de la hau-
teur d'un chien ; il a la tête d'un chat , le corps Se la queue
d'un renard ,&c il eft tout noir. Il mange des charognes:
il s'en remplit jufqu'à ce qu'il ne puiffe plus en prendre: il
enfle alors comme un ballon ; il cherche enfuite deux ar-
bres qui foient bien près l'un de l'autre : il fe preffe fi fort
entre deux , qu'il rend tout ce qu'il a mangé : il retourne
enfuite à la charogne , Se ne l'abandonne point qu'il ne
l'ait toute dévorée. Miechow , ibid, ajoute, que de fon
Cems, la coutume de vendre les hommes, régnoit encore en
Lithuanie ; qu'il y en avoit de ceux qui étoient nés libres,
qui vendoient leurs enfans pour foulager leur pauvreté ,
Se qu'il y en avoit qui fe vendoient eux-mêmes , pour
être bien nourris. Leur habit eft gris , Se leurs chauflures
font d'écorce de tilleul, en manière de fandales.
Le trafic du pays confifte en bleds , miel , cire , 8c en
peaux de zibelines, de panthères, de caftors, d'ours Se
de loups. Mais les habitans ne portent guères ces mar-
chandises hors du pays. Les étrangers les viennent cher-
cher. Au refte , tout ce qu'il y a de payfans travaille à la
terre. Il y en a quelques-uns qui doivent cinq ou fix jours
de la femaine au fervice de leur feigneur ; Se à peine leur
refte-t-il affez de tems pour gagner de quoi vivre pau-
vrement. Auflî n'obfervent-ils ni dimanches ni fêtes.
Quand on le leur reproche, ils donnent cette réponfe qui
ne fouffre guères de réplique : Nefaut-ilpas aujji manger
le dimanche ?
Outre cette Jfujétion , ils ont encore celle de la taille ,
qui n'eft pas moins rude. C'eft un pefant fardeau , que de
donner, trois ou quatre fois l'année, de l'argent , dans un
pays où il eft extrêmement rare. Si le feigneur eft avare,
il peut encore leur impofer d'autres taxes.
Les Lithuaniens ont une manière de labourer, qui leur
eft commune avec les habitans de la Ruffie blanche. Ils
coupent, dans l'été, des branches 8c des buiffons ; il éten-
dent ce bois fur la terre ; ils couchent deflus de la paille,
qui le couvre pendant l'hyver. L'été fuivant, ils y mettent
le feu; ils fement fur la cendre Se furies charbons, 8t
auflî-tôt ils paffent la charrue par-deflus. Cette opération
ne fe fait que de fix ans en fix ans , Se quelquefois de
huit ans en huit ans. C'eft ordinairement dans les forêts
que l'on feme; après avoir coupé les branches des arbres.
Comme le pays eft ouvert aux courfes des Tartares , les
Lithuaniens ferrent tous leurs grains , la paille , la chair
falée , Se généralement tous leurs vivres , Se tout ce qu'ils
pofledent , dans des cavernes , qu'ils creufent dans les fo-
rêts ; & ils couvrent l'entrée d'écorces Se de branches
d'arbres.
On parle en Lithuanie la langue Efclavone ; mais c'eft
un idiome fi différent, que les Polonois ne peuvent l'en-
tendre. Ceux qui font voifins de Pruffe , parlent un Pruf-
fien corompu ; Se ceux qui font voifins de la Li vonie , ont
un jargon qui tient des deux langues. Cependant les no-
bles Se les habitans des villes parlent Polonois : les pré-
dicateurs même font leurs fermons dans la même langue.
Le paganifrne a régné dans la Lithuanie jufqu'au tems
de Jagellon , Se peut-être plus fuperftitieufement que chez
aucun peuple du monde. Il n'y a point de bête qu'ils
n'ayent adorée. Ils avoient un grand refpect pour les fo-
rêts : à peine ofoient-ils brûler du bois , de peur d'of-
fenfer quelque divinité inconnue. Les ferpens Se les af-
pics étoient leurs dieux les plus ordinaires. Jagellon s'é-
tant converti à la foi Chrétienne , retourna en Lithuanie ;
8c il travailla fi heureufement à défabuler ce peuple , que
la plus grande partie fut baptifée. Il àvoit avec lui l'arche-
vêque de Gnefne, 8c quelques eccléfiaftiques; 8c il fai-
foit le devoir d'interprète ou plutôt d'apôtre. Il en gagna
autant parfes libéralités que par les raifons qu'il leur don-
noit: il faifoit préfent d'un habit gris à chaque perfonne
qui fe convertiffoit. Aujourd'hui, il y a en Lithuanie un
grand nombre de Juifs 8c de Tartares. Ces derniers font
pour la plupart, Mahométans. La religion gréque a auffi
long-tems régné dans le pays; mais il y a actuellement
peu de perfonnes qui la profelTent. Plufieurs ont embraffé
la doftrine de Luther ou de Calvin.
On ne peut ôter de l'imagination des Lithuaniens, qu'ils
font iflus des Romains, Se que le mot de Lithuanie eft
une corruption du nom de l'Italie , que le pays porta,
difent-ils , après que les Romains eurent commencé à
l'habiter. Il fe pourrait faire que , pour tenir les Scythes
en bride , on eût envoyé dans ce pays une colonie Ro-
maine, ou bien, que quelques vaifleaux de Céfareuflent
échoué à la côte. En effet on remarque dans le langage des
Lithuaniens beaucoup de mots latins ; Se de plus , ils
avoient quantité de coutumes des Romains , entr'autres,
l'ufage de brûler les corps morts ; les augures ; les arufpi-
ces ; le culte d'Efculape , fous la figure d'un ferpent ; celui
des Lares, des Lémures, Sec.
La Lithuanie porte le titre de grand duché , parce qu'elle
a dans fon étendue plufieurs duchés particuliers très-an-
ciens,
LIV
UV
26
ciens , & dont la plupart ont été les partages des cadets
des grands ducs. La race des grands ducs fe continue en-
core ; &C les branches éteintes ont laiffé leurs biens 8c
leurs titres à la poftérité de leurs filles. Nous en avons
des exemples dans les maifons des princes de Radziwil,
de Chodkiewcz, &c.
LITICIANI , ancien peuple. Paul "Warnefrid le compte
entre les nations de la Germanie ; Se Ortélius doute fi ce
ne font pas les Liai de Ptolomée.
LITITTA. Ortélius , Théfaur. dit feulement : métro-
pole de la nouvelle Rome, Se cite Curopalate. L'Etat pré-
sent du patriarchat de Conftantinople , publié par Thomas
Smith , met entre les évoques 8c métropolitains de ce pa-
triarchat : Bindana propi Sophiam, Didymotichi, Litiqœ,
Byfitz , Selembrice; tous ces fiéges étoient de la Thrace.
LITLAND , contrée de la Livonie. Voyez Letten.
LITLEBOURG, ou Lïttlebourg, bourg d'An-
gleterre , au comté de Nottingham , Se fur la frontière
de celui de Lincoln , fur la rivière de Drente , à huit milles
de Lincoln , Se à vingt-deux de Nottingham , félon Bau-
drand. Ce bourg eft inconnu à l'auteur de Y Etat préfent
de la Gr. Bretagne.
Cependant Cambdenen fait mention , & croit que c'eft
YAgelocum ou Segelocum des Coritains. Th. Gale eft
auffi de ce fentjment.
LITOMERIUM , nom latin de Leutmeritz, , ville
de Bohême.
LITOPH AUM , village de France. Il y en a qui croient
qu'il devoit être quelque part autour de Moret en Gâti-
nois. Ortélius, qui le dit, cite la Bibliothèque hiftoriale de
Vignier.
LITOPOLITES. Voyez Letus-Polites , & La-
topolites-Nomos.
LITRjE , Anfm , lieu d'Egypte. Phlégon Trallianus
dit qu'on y voit de grands corps. * Ortel. Thefaur.
LITTAMUM, lieu de la Norique, fur la route d'Aqui-
lée à Veldidena. Antonin le met entre Aguntum & Se-
batum, à vingt-trois mille pas de l'une Se de l'autre. La-
2ius croit que c'eft Lutach , un peu au-deffous des
fources de la Drave.
LITTUS, mot latin, qui veut dire RIVAGE, côte
DE LA MER. Ce mot étant joint avec certaines épithètes,
a été donné comme nom propre, affecté à certains lieux ;
par exemple :
LITTUS ALTUM , s\ir3;i s'w*» : quelques-uns le ren-
dent par Ripa alta , qui revient au même fens, ifles voi-
sines d'Albion , c'eft-à-dire de la Grande-Bretagne, fé-
lon Ptolomée ,' Lï. ,' c. 3.
LITTUS CJESIJE; KaicUc hiym.ho; , ville de l'ifle
deCorfe, félon le même, /. 3, c. 2. Pinet croit que c'eft
Calvi.
LITTUS FINITIMUM, ou adnexum, hlyiixm *p°-
nyiïf , lieu de la Sardaigne, félon le même, /. 3 , c. 3.
LITTUS LONGUM, ou
1. LITTUS MAGNUM , (i^u Al?*À,g, lieu de
l'Arabie heureufe , félon le même ,1.6, c. 7.
2. LITTUS MAGNUM , ville de l'ifle de Tapro-
bane , félon Ptolomée , /. 7, c. 4.
LITUBIUM: ancien lieu de l'Italie, dans la Ligurie ,
félon Tite-Live, /. 31. C'eft préfentement RlTORBlo,
■village du Milanez , dans le Pavéfan.
1. LIVADIE: (la) ce mot fignifie des chofes très-
différentes , par rapport à leur étendue ; car il fignifie en
premier lieu tout le pays que les anciens entendoient par
la Grèce propre ou Hellas, Se en ce cas il fe divife en
trois parties , fa voir:
La Livadie proprement dite ,
La Stramulipa,
Le duché d'Athènes.
La Livadie proprement dite, n'eft donc qu'une
partie de la Livadie , au premier fens , Se comprend
ce que les anciens appelloient la Phocide, la Doride, 8c
la Locride. C'eft la partie méridionale de la Livadie, prife
dans le fens le plus étendu. Elle a au levant le duché
d'Athènes Se la Stramulipa , & eft entre ces deux pays,
la Macédoine , la baffe Albanie , & le golfe de Lépante.
Baudrand lui donne pour capitale la ville de Lépante.
*Baudrand, édit. 1705.
m
1. LIVADIE , ville de Grèce , dans la Livadie , à la
quelle elle donne fon nom. Les anciens l'ont connue fous
le nom de Lebadea , Se il y fubfifte encore des inferiptions,
dans lesquelles on lit: iioaisaebaaeqn Se AEBAa.EiÈqy.
Elleétoit autrefois célèbre par l'oracle de Trophonius ,
qui étoit dans un antre de rocher, où il falloitdefcendre
avec affez de peine : on faifoit des jeux publics, un jour
de l'année, à l'honneur de ce dieu , ou héros Trophonius ,
où la jeuneffe de la Grèce venoit faire paroître fon adreffe.
Il n'y a aucun auteur qui en parle , fi ce n'eft peut-être Ju-
lius Pollux qui ne dit autre chofe , finon que les jeux
Trophoniens prenoient leur nom de Trophonius , fans
marquer en quelle ville ils fe faifoient ; mais on l'apprend
d'un marbre qui eft à Mégare , Se qui porte qu'ils fe cé-
lébraient à Lebadia. Livadia eft partagée par un ruiiTeau
qui a fa fource au pied d'un rocher , joignant lequel la
ville eftaflife, 8c d'où l'eau fort en fi grande abondance ,
qu'elle fait d'abord tourner des moulins , 8c fait beau-
coup de bruit par les cafeades qu'elle/ fait fur les roches
8c fur les cailloux. A une portée de rnoufquet de la ville,
ce ruifleau fe jette dans un autre , Si fe rend enfin dans
le lac de Livadie. Livadie négocie en étoffes de laine
qu'elle fabrique , en bleds Se en riz qu'elle fournit à toute
la Grèce. Elle eft peuplée de Turcs 8c de Grecs , avec
peu de Juifs. Les Turcs y ont cinq ou fix mosquées , 8c
les Grecs autant d'églifes , dont les principales font Pa-
nagia , fainte Anne , 8c faint George. Celle de Dimi-
try avoit été brûlée un peu avaqt que Spon allât dans ce
pays. * Spon , Voyage , t. 2 , p. 50.
Le lac de Livadie , lac de Grèce ; il a été connu
des anciens , fous le nom de Copays. Voyez ce mot.
Spon en parle ainfi. Les Grecs l'appellent Limnites
Livadias , 8c non pas, comme difent quelques-uns de nos
géographes , Stivo , qui ferait plutôt le lac de Thèbes. Il
reçoit plufieurs petites rivières , le Cephijfus 8c les autres
qui arrofent cette belle plaine qui a environ quinze
lieues de tour , 8c eft abondante en bleds 8c en pâtura-
ges. Auffi étoit-ce autrefois un des quartiers les plus peu-
plés de la Béotie. Mais l'eau de cet étang s'enfle quel-
quefois fi fort par les pluies 8c par les neiges fondues ,
qu'elle inonda une fois deux cents villages de la plaine.
Elle ferait même capable de fe déborder règlement tou-
tes les années , fi la la nature , aidée peut-être par l'art ,
ne hn avoit procuré une fortie par cinq grands canaux ,
fous la montagne voifine de i'Euripe, entre Négrepont
8c Talanda , par où l'eau du lac s'engouffre, Se fe va jet-
terdans la mer, de l'autre côté delà montagne. Les Grecs
appellent ce lieu Catabathra. Strabon , parlant de cet
étang, dit néanmoins qu'il n'y paroiffoit point de for-
tie de fon tems , fi ce n'eft que le Cephiflus s'en faifoit
quelquefois une fous terre. Mais il ne faut que lire les
changemens qu'il rapporte de ce marais , pour ne pas
s'étonner de celui-ci. "Wheler , Voyage , t. 2 , p. 54 , dit :
nous trouvâmes que l'eau n'a qu'une fortie, qui eft un
trou percé à travers un grand rocher à l'extrémité orien-
tale , lequel eft foutenu d'une haute montagne. Nous ne
vîmes pas couler l'eau à travers ce paffage, où elle avoit
accoutumé de couler , parce qu'il étoit bouché de boue
Se de brouffailles ; mais on voit bien qu'elle a accou-
tumé d'y paffer , lorsque les pluies 8c les neiges fondues
font déborder ce lac. Et je crois que fon paffage ordi-
naire eft plus profondément fous le gravier ; car on dit
que cette eau recommence à paroître au-deffous de Del-
phes , où elle fait la petite rivière de Scilaliza: fans cela,
toute la vallée ferait couverte des eaux qui tombent des
montagnes jusqu'à delphes ; 8c ce fut peut-être une des
raifons naturelles du Déluge qui arriva du tems de Deu-
calion , Se qui l'obligea à fe fauver fur la plus haute pointe
du Parnaffe.
Ce voyageur nomme Hercyna le ruiffeau de Liva-
die. Il ne le qualifie pas ruiffeau : il dit, au contraire , que
c'eft une groife tiviere , dès qu'elle approche de tous ces
moulins ; ce qui empêche de croire que ce ne (bit qu'un
ruifleau ou une fontaine, mais plutôt que c'eft quelque
rivière du mont Hélicon , qui fort par quelque paffage
fouterrein , fous cette montagne.
LIVÀDOSTA , petite place de la Grèce , dans la
Livadie , 8c fur la côte du golfe de Lépante , prés de
l'ifthme de Corinthe , aux confins du duché d'Athènes.
Elle eft préfentement réduite en village. * Baudrand ,
édit. 170?.
Tome III. Rrrrr
866
LIV
L1V
LIVALLIA SILVA , forêt d'Italie , au territoire de
Pife. Il en eft parlé dans la Vie de S. Guillaume , comte
& hermite. * Onel. Thef.
LIVANIA. Gratius , dans fon poëme de la chafle , dit:
Prœgravat
pernix
Livania cultro.
Turnebe croit qu'il faut lire Albania.
LIVAROT , bourg de France , en Normandie , au
diocèfe de Lifieux , fur la rivière de Vie , au nord de Vi-
monftiers , très-connu par les fromages qui s'y débitent ,
& dont on fait afîez de cas.
LIUCHEU , ville de la Chine, dans la province de
Suchuen , où elle a le rang de cinquième grande cité.
Elle eft de 1 1 d. 27' plus occidentale que Pékin , fous
les 29 d. 14' de latitude. Son département a quatre villes:
Liucheu j
Naki,
Hokiang ,
Kiangai).
La ville de Liucheu eft fituée fur la rive feptentrionale
du fleuve Kiang, dans un lieu fort agréable, & très-fré-
quenté des marchands. Cette ville eft ornée de quantité
de beaux édifices. Il y en a un , entr'autres , dans la par-
tie orientale de la ville , ck dans l'endroit où deux riviè-
res, fe joignant enfemble , forment une efpece de lac. C'eft
la famille Sunga , qui l'a fait élever, afin de profiter
de la vue du lac, qui prélente un très- bel afpeft. Il y a
dans cet édifice une infinité d'appartemens. * Atlas Si-
ntnJU.
LIVENZA, (la) Liquentia, rivière d'Italie, dans
l'état de la république de Venife. Elle a fa fource aux con-
fins du Belluneze, d'où, coulant au midi, elle fépare le
Frioul de la Marche Trevifane ; & étant accrue de quel-
ques autres rivières moins confidérables , elle fe jette dans
le golfe de Venife, au-deflous des ruines de l'Ilbla, &à
vingt milles de Venife, au levant d'été. * Baudrand ,
édit. 1705.
LIVERDUN, (a) bourgade de France, au diocèfe
de Toul , fur la rive gauche de la Mofelle , entre Toul
& Pont-à-Mouffon. On l'appelle en latin Liberum-Du-
num , ou Liberdunum. Elle doit fon origine à Pierre de
Brixei, évêque de Toul , qui y fit bâtir un château , & y
fonda une collégiale avec un chapitre, vers l'an 1 170. Ce
chapitre a été uni depuis peu au féminaire de Toul : il y
a cependant une partie des chanoines qui fe font oppofés
à cette union. La principale églife du bourg eft dédiée
fous l'invocation de S. Pierre, &£ cette paroiffe eft à la
collation du chapitre. (b) On y vénère S. Euchaire , frère
de S. Aloph. Sa châfte fut brûlée , & fes reliques diffipées
par les Reïtres, en 1587 ; mais fon culte y fublifte toujours.
* (a) Longuerue, Descr. de la France , part. 1, p. 213.
(t) Bailla , Topogr. des Saints , />. 618.
LIVERSAY, ou S. Jean de Liversay , bourg de
France , au pays d'Aunis , au diocèfe de la Rochelle.
L1VET, bourg de France, dans le Maine. Il y en a
deux , qui font l'un & l'autre dans l'éleâion & au dio-
cèfe du Mans. Pour les diftinguer, on appelle l'un Livet
EN CHARNIE, & l'autre LlVET EN SûUNOIS.
LIVIA. Voyez Llivia.
LIVIADE , ou JULIADE, ville de la Paleftine , de-là
le Jourdain. Hérode lui donna ce nom en l'honneur de
Livie , femme d'Augufte ; & les Grecs exprimant cet a
par i , il eft arrivé qu'on a dit également Libias &C Livias.
Voyez Beth-Haran ; c'eft la même ville.
LIV1ERE , Livoria , lieu de France , en Languedoc ,
auprès de Narbonne. On y voit trois abîmes d'eaux, nom-
més (Elials, en latin Ocull Livoritz. Ils font d'une pro-
fondeur extraordinaire , & les bouillons de leurs eaux for-
ment un canal qui fe joint à celui de la Robine. La
terre qui environne ces goufres, tremble fous les pieds de
ceux qui ont la curiofité & la hardiefle de les aller voir.
Ces abîmes font fort poifï'onneux , & les payfans des en-
virons y vont fouvent pêcher. * Piganiol de la Force ,
Descr. de la France, /. 4, p. 221.
LIV1NIERE , (la) petite ville de France, dans le
bas Languedoc, au diocèfe de S. Pons. Elle eft ville dio-
cèfaine.
LIVIOPOLIS , ville d'Afie , fur la mer Noire. Pline ,
1.6, c. 4, la nomme entre Philocalée &C Phamacée, ÔC
dit qu'elle n'avoit point de rivière.
LIVO,villedela Chine, dans la province de Xen(i,au
département de Sigan, première métropole de la pro-
vince. Elle eft plus occidentale que Pékin, de 8 d. 40',
par les 35 d. 28' de latitude. * Atlas Sïnenjis.
LIVONIE , (la) province de l'empire Ruflîen, avec
titre de duché , fur la mer Baltique , qui la borne au
couchant, & fur le golfe de Finlande, qui la borne au
nord. Cette province eft d'une grande étendue. Sa lon-
gueur eft d'environ cent milles d'Allemagne , en la pre-
nant depuis les frontières de la Prufle, jusqu'à Riga ; &
fa largeur la plus grande eft d'environ quarante milles ,
fans y comprendre les ifles ; mais en les y comprenant,
elle peut avoir foixante-dix lieues marines du midi au
nord ; & foixante du levant au couchant , entre le 56
& le 59e d. de latitude , & entre le 39e d. 30' , & le
46e d. 40' de longitude. On y trouve une grande quan-
tité de forêts & de bons pâturages ; elle produit en
abondance du bled, du miel, & toutes les chofes né-
ceiTaires à la vie. * Matt. Strubyc^ , Livon. Descr.
cm.
La Livonie comprenoit anciennement deux provin-
ces , l'Efthonie & le Lethland : dans la fuite des tems,
l'ordre des chevaliers Porte-Epée, s'étant emparés de la
Livonie , ils y joignirent encore la Courlande , d'où
dépend la Sémigalle.
Ce ne fut que vers l'an 11 58 que l'on commença à pé-
nétrerdans ce pays. Des marchands de Lubec y allèrent
pour commercer ; & , par occafion ils y annoncèrent
i'Evangile. Le premier évêque du pays fut Ménard, moine
ou chanoine deSégeberg. L'archevêque de Brème le fa-
cra , & il établit fon fiége à Uxekel. Son fuccefleur fut
l'évêque Berthold , qui fonda la ville de Riga ; & le
fuccefleur de celui-ci , nommé Albert I, la fortifia. Il ap-
pella auprès de lui les chevaliers Porte-Epée, dont l'or-
dre fut confirmé, en 1204, parle pape Innocent III;
&C il s'aflocia avec eux , pour fe défendre contre les ha-
bitans du pays , qui étoient encore barbares. Le premier
grand - maître des chevaliers Porte-Epée , fe nommoit
Vinnon. * Hartknoch , 1. 1 , c. 8.
Ces chevaliers ne fe trouvèrent pas aflez forts pour
repoufier les infultes des Barbares. Ils entrèrent dans
l'ordre Teutonique; & la Livonie par-là fut foumife au
grand-maître de cet ordre , qui étoit alors établi dans
la Germanie , & qui depuis fixa fa réfidence dans la
Prufle. Au contraire, lesévêques de Prufle furent fournis
à l'archevêque de Riga , en qualité de fuffragans ; ce qui
n'arriva néanmoins que long-tems après.
La Livonie demeura, pendant plus de trois cents ans,
fous Iapuiflance du grand-maître de l'ordre Teutonique.
Elle étoit gouvernée par un maître particulier. Mais ,
en 15 13, Guillaume de Plettenberg quarante-unième maî-
tre particulier de la Livonie, moyennant une fomme
d'argent qu'il donna à Albert, margrave de Brandebourg,
grand -maître de l'ordre Teutonique, fecoua le joug de
l'ordre , devint fouverain dans la Livonie , 6c fut créé
prince de l'empire.
Depuis, Sigismond- Augufte joignit la Livonie au
royaume de Pologne ; mais la caufe de cette union eft
rapportée différemment par les hiftoriens. Suivant Al-
bert-Wynk Kojalowicz , Hift. Lithuan. 1. 8, p. 433,
Guillaume de Furftemberg , maître des chevaliers Livo-
niens , embrafla la religion Luthérienne, & voulut ôter
les églifes aux Catholiques. Comme il trouva de gran-
des oppofitions de la part de Guillaume, archevêque de
Riga, il convoqua les états généraux de la province à
Wenden ; il l'accufa d'avoir tramé une confpirationavec
Sigismond-Augufte, roi de Pologne, e£ avec Albert,
duc de Prufle ; il prouva même, par des témoignages
fuppofés , que la Courlande avoit été promife à Albert,
& la Livonie à Sigismond. Furftemberg ne s'en tint
pas là ; auffi-tôt après la tenue des états , il prit les ar-
mes, s'empara des biens de l'archevêché , & fit renfer-
mer l'archevêque, qu'il avoit fait prifonnier, dans la for-
tereffe de Kokenhus. Enfin Sigismond porta fes armes
en Livonie, & fe rendit maître de cette province, en 1 5 57.
Au rapport de Kojalowicz &: de divers écrivains qui
l'ont fuivi, ce rut-là l'origine de la guerre, & la caufe
de l'union de la Livonie avec la Pologne. Mais quoi-
qu'il foit vrai de dire que le changement de religion
occafionna en partie les brouilleries qui furvinrent en-
tre l'archevêque de Riga 6t le maître de l'ordre Teuto-
LIV
LIV
nique en Livonie , il eft certain que ce ne fut pas là la
feule caufe de la guerre. 11 faut remonter plus haut pour
en trouver la vraie fource.
Pans l'année 1546, les états de Livonie régelrent
que ni l'archevêque , ni le maîtae de l'ordre Teutoni-
que , ni les évêques , ne pourraient avoir un étranger
pour coadjuteur; néanmoins au préjudice de ce règlement,
& des promefles qu'il avoit faites , l'archevêque de Ri-
ga , fans consulter même fon chapitre , choifit le duc
Chiftophe de Mecklenbourg pour fon coadjuteur. Henri
de Galen , maître de l'ordre en Livonie , & les évêques
de la province, voulurent s'oppofer à cette violation du
règlement. Alors l'archevêque eut recours à l'autorité de
Sigismond-Augufte , roi de Pologne , qui étoit protec-
teur de l'archevêché de Riga; &, pendant ce rems-là, les
états de la province délivrèrent les fujets du ferment de
fidélité qu'ils avoient fait à l'archevêque.
Dans ces entrefaites , Guillaume de Furflemberg fut
préféré à Caspar de Munfter > maréchal de l'ordre, &
fut élu coadjuteur du maître de l'ordre en Livonie. Of-
fenfé de cette préférence , Caspar alla chercher de la
proteftion auprès du roi de Pologne , & l'archevêque
même prit vivement fon parti. La guerre commença
dans ce tems-là contre l'archevêque. Le maître de l'or-
dre, comme il a été dit, fit l'archevêque prifonnier,
ce qui engagea le roi de Pologne à porter fes armes en
Livonie.
Henri de Galen étant mort, en 1Î57, Guillaume de
Furflemberg , fon fucceffeur , fongea à mettre fin à la
guerre, & l'empereur offrit fa médiation pour terminer
les troubles de la Livonie, par un accommodement. Le
roi de Pologne n'étoit pas éloigné non plus de traiter à
l'amiable ; mais il demandoit que premièrement l'arche-
vêque de Riga fût rétabli dans fon fiége & tous fes biens,
ck qu'enfuite le maître de l'ordre &. les états de la pro-
vince lui fiffent une fatisfaftion convenable. Enfin ce-
pendant les plénipotentaires de l'empereur négocièrent
un accommodement entre les parties. * Mat.Strubyc^
Liv. Descr. c. 2..
Peu de tems après que la tranquillité eut été rétablie
dans la Livonie, Yvan , grand duc de Moscovie, en-
tra dans cette province, à la tête d'une armée nombreufe ;
s'empara de plufieurs places ; ravagea le pays , pendant
quelques années, rk fit prifonnier le maître de l'ordre.
Guillaume Kettler, élu maître de l'ordre à fa place,
fe voyant hors d'état de réfifter au Moscovite , de con-
cert avec les états de la province , demanda du fecours
au roi de Pologne ; mais ils étoient déformais réduits à
une trop grande extrémité , pour pouvoir espérer d'être
fecourus gratuitement. Sigismond ne confentit à prendre
les armes en leur faveur, qu'à condition que la Livonie
feroit unie à la Pologne & au grand duché de Lithua-
nie. La crainte de devenir les esclaves des Mo;covites ,
les obligea de fe foumettre à cette loi , quelque dure
qu'elle fût. Le traité, qu'ils lignèrent, portoit que la Li-
vonie feroit, à perpétuité, foumiie au roi de Pologne,
& que le roi de Pologne la défendroit de toutes fes for-
ces , contre les entreprifes des Moscovites , & contre
tout autre ennemi.
Kettler eut de quoi fe confoler de la ceffion qu'il avoit
faite. Sigismond lui donna Pinveftiture de la Courlande
& de Sémigalle, &£ le créa duc de Courlande ; après
quoi, il enleva aux Moscovites la plus grande partie des
places dont ils s'étoient rendus maîtres dans la Livonie.
Les troubles continuels , dont la Livonie étoit agitée ,
obligèrent la ville de Rével à fe mettre fous la protec-
tion d'Eric, roi de Suéde. Il y eut alors deux partis dans
la province. Le roi de Suéde crut y avoir autant de droit
que le roi de Pologne. Il prit fur les Polonois Habfal ,
Léhal, Pernau &: divers autres lieux. * Hartknoch , 1. 1,
c. 8.
Un incident augmenta la puiiïance du roi de Suéde
dans la Livonie. Jean, duc de Finlande, ayant époufé
lafœur du roi Sjgismond, prêta à ce prince quatre-vingt
mille thalers , quelques-uns difent cent vingt- quatre
mille ; &, pour fureté de cette fomme, on donna au duc
les fortereffes de Wittenitein , de Karchis , de Frichat,
de Helmult, d'Ermis, de Ruja & de Ëortvic. Le roi
Eric ne prit pas ce mariage en bonne part. Il aceufa le
duc Jean d'avoir fait avec le roi de Pologne, une alliance
préjudiciable aux intérêts de la couronne de Suéde, Se
<~
l'obligea de lui remettre les châteaux que le roi de Po-
logne lui avoit hypothéqués.
; Après la mort d'Eric & de Sigismond , le grand-duc
de Moscovie créa roi de Livonie, Magnus, duc de Hols-
tein , & ne négligea rien pour le mettre en pofieffion de
cette nouvelle monarchie, quoiqu'il ne penfât nullement
à la lui laifTer, lorsque la tranquillité feroit rétablie;
mais Jean III , roi de Suéde , & Etienne Bathori fe li-
guèrent pour chafîer le Moscovites de la Livonie. Les
armes des deux rois eurent d'alïez heureux fuccès. La for-
tune favorifa pourtant davantage les Suédois , qui pri-
rent dans la Livonie Loda, Léhal, Habfal & Narva ;
outre cela, la province de Viech , Vitteuftain , Carelo-
grad , fk diverfes fortereffes.
Le roi de Pologne , craignant que les Suédois à la fin
ne fe^ rendiflent maîtres de toute la Livonie, fit fa paix
féparément avec les Moscovites. Le traité portoit, en-
tr'autre$,_ que le grand-duc de Moscovie céderoit toute
la Livonie aux Polonois ; mais les Suédois eurent foin
de conferver leurs conquêtes dans cette province.
Lorsque Sigismond III , fils de Jean III, roi de Suéde,
fut élu roi de Pologne , après la mort d'Etienne Eathori ,
les Polonois lui firent promettre que fon père Sigismond
rendoit la partie de la Livonie dront les Suédois s'é-
toient emparés, & qu'elle feroit réunie au royaume de
Pologne ; mais rien ne put obliger Sigismond à acquitter
la promeffe de fon fils.
Charles IX , qui fuccéda au thrône de Suéde, après
la mort de Sigismond , eut une guerre continuelle avec
la Pologne, pour la fouveraineté de la Sivonie. Guftave-
Adolphe continua la même guerre , cV avoit fournis pres-
que toute la province, lorsqu'en 1629, il confentit à une
trêve de fix ans. Quand cette trêve fut expirée , il en
fit une autre pour vingt-fîx ans. Charles- Guitave rompit
cette trêve, en 16^4; & enfin, après la mort de ce prince,
la Suéde Se la Pologne conclurent la paix d'Oliva. Par ce
traité, les Polonois cédèrent , en Livonie, aux Suédois ,
toutes les provinces qui font au-delà de la Dwina , (k
celles que les Suédois avoient poffedées au-deçà de la
Dwina , dans le tems des trêves ; ils renonçaient en-
core à toutes leurs prétentions fur 1 Efthonie & fur l'ifie
d'Oëfel. Le roi de Pologne reetnoit la Livonie méri-
dionale, où font Dunebourg, Rofîten, Luzen, Markn-
hufen, &c.
Frédéric-Augufte , roi de Pologne , s'étoit engagé, à
fon couronnement, de faire rentrer fous l'obéiffance de
la république, toutes les provinces qui avoient appartenu
à la Pologne, & qui en avoient été démembrées. On lui
perfuada que la Livonie étoit de ce nombre. Il entreprit
de s'en rendre maître , & fon entreprife lu coûta fa cou-
ronne. Une pareille tentative de la part du Czar , Pierre
le Grand, fut à la veille de renverfer l'empire de Rufiie
de fond en comble. La fortune favorifa à la fin les armes
de ce prince. Le gain de la bataille de Pultova lui faci-
lita la conquête de cette province, &£ le traité de Nies-
tadt lui afïura la poffeffion. Dans ce traité les Suédois
lui cèdent, entr'autres, la Livonie , l'Efthonie & l'ifie
d'Oëfel , à condition que ces trois provinces confërve-
ront tous les privilèges dont elles avoient joui fous les
précédens gouvememens.
Matthias Strubitz nous a donné une divifion delà Li-
vonie, du tems qu'elle fut foumife tout-à-la fois au Czar,
au roi de Pologne, au duc de Holftein , tems auquel
l'archevêque de Riga, l'évêque de Derpt, & l'ordre Teu-
tonique, n'avoient plus l'autorité fouveraine dans la pro-
vince qui avoit alors le titre de duché.
La Livonie comprenoit :
La Courlande , L'archevêché de Riga ,
La Sémigalle , L'évêché de Derpt ,
L'ifie d'Oëfel , Les terres du maître de l'ordre
Teutonique.
Les terres du maître de l'ordre Teutonique ren-
fermoient :
Le Wirthlanth , Le pays de "Wicklte ,
La Gervie , vulgai- L'Efthonie ,
rement Jerven ,
La Harri , ou Har- Le pays de Lyven ,
rieu,
Le Lethlanth.
Ton:: III. Rr rrr ij
868
LlV
LlV
Le duché de Livonie étoit borné à l'orient par le lac
Peipus , aux frontières de la Ruflie-Blanche , au raidi par
le ducé de Lithuanie, au couchant par la PruiTe, &. au
nord par la mer de Suéde , vulgairement Schweedifche
Scheeren. _
Le roi de Pologne étoit feigneur direct de la Cour-
lande & de Sémigalle; & Gothard Kethler, auparavant
maître de l'ordre Teutonique , étoit duc de Courlande &£
de Sémigalle , à titré de fiudataïre de la Pologne. Ces
deux provinces s'appelloient la province d'en-deçà de
la Dwine , parce qu'elle étoit entre la Dwine &C les fron-
tières du grand-duché de Lithuanie &c de la Samogitie.
L'ifle d'Oëiél étoit pofTédée par le duc de Holftein,
frère du roi de Danemarck.
La province d'au-delà de la Dwine , qui comprenoit
les terres de l'archevêché de Riga, & colles du maître
de l'ordre Teutonique, étoit fous la dépendance du roi
de Pologne , qui en étoit feigneur-direft ôt héréditaire i
ainfi que du diocèfe de Derpt.
Villes ck fortereffes de la Livonie.
(Neuburg , fortereffe aux confins dii
grand duché de Lithuanie.
FrawenburgkjonereiïeimhTlTyme.
Schmnden , fortereffe fur l'Albe.
Hafenpoth , fortereffe fur le Has.
Turben, fortereffe fur la Liffe-
Greben, fortereffe fur la Liffe.
Alswangen, fortereffe, aux environs
du lac Ssacke.
Windau, fortereffe & ville furl'Al-
Dela Courlande. < be, avec un territoire.
Goldingen , fortereffe Ô£ ville, avec
territoire.
Sabel , fortereffe , aux environs de
l'Albe.
Candau , fortereffe , aux environs
de l'Albe.
Ducklum , fortereffe , aux environs
de l'Albe.
Kawerden, fortereffe , aux eflvirons
t de l'Albe.
Vihtn , fortereffe , aux environs de
l'Albe.
Edwalen, fortereffe, furie lac Edon,
Hafenpot , fortereffe toute environ-
née d'eaux.
Angermune, fortereffe.
Irven , château.
Dondangen, fortereffe.
Neuhaus, fortereffe, aux frontières
de la Lithuanie.
Ambothen, fortereffe, aux frontières
de la Lithuanie.
Daljfe , fortereffe.
\Saoke , fortereffe.
(Duppelin , fortereffe & ville fur la
I Bresze.
I Mitcau , bonne fortereffe & ville
De la province de 1 aux environs de l'Aë.
Sémigalle. i Bauffke , fortereffe &_ petite ville ,
aux environs du Mémel.
ISelburg, fortereffe, aux environs
l de la Dwine.
sArensburg, fortereffe &£ ville du pays
l de "Wycke ; c'étoit anciennement
De l'ifle d'OëfeU un évêché.
jSonneburg, fortereffe & ville très-
*■ riche.
fLe château archiépiscopal , dans la
ville de Riga.
De l'archevêché] l/xhul, fortereffe ruinée , aux envi-
de Riga. i rons de la Dwine.
I Lenewarth , fortereffe fur la Dwine,
SJiokenhaufen , bonne fortereffe &
Du diocèfe de
Courlande.
( ville en partie fur la Dwine, & en
partie fur la Bresze.
Creutçburg, fortereffe en partie fur la
Dwine, & en partie fur l'Ermès.
Landon, forterefle, aux environs de
l'Ermès.
Lawon , château fur le lac Lavon ,
Seffwegen, fortereffe.
Schwanneburg, fortereffe, aux envi-
rons du lac de Schwor.
Marienhaujïn , fortereffe, au milieu
De l'archevêché | d'un lac
de Riga.
Du chapitre de Riga
j S-erwen , fortereffe.
Runeburg, fortereffe, aux environs
de l'Aë:
Schmilten , fortereffe.
Lemfel, fortereffe &c petite ville.
Treiden , fortereffe , aux environs
de l'Aë.
Bewalg, fortereffe, aux environs de
la Bresze.
Wanfel, château.
Salis , château fur la côte de la mer
Baltique.
(Dalen , fortereffe , au milieu de la
I Dwine.
Cremon, fortereffe , aux environs de
Soc{d, fortereffe , aux environs de
De la nôbleffe du
diocèfe de Riga. ■
Dumaîtredel'or
dre Teutonique , en
Livonie, au-delà de
la Dwine , dans le
Lethland.
I la Bresze.
\Nevchof, château.
May au, fortereffe.
Ropp , fortereffe.
Rofcnbech , fortereffe.
Perckel , fortereffe.
Hochrofen , fortereffe.
Berfon , fortereffe.
Erle , fortereffe.
\Kalecienaiv , fortereffe.
Riga; la fortereffe & la ville de Riga,
à l'embouchure de la Dwine.
Dunemunda, bonne fortereffe, à
l'embouchure de là Dwine.
Kircholm , fortereffe fur la Dwine.
Ajjcherad , fortereffe fur la Dwine.
Duneburg, fortereffe & territoire.,
aux environs de la Dwine , vers
les frontières de la Lithuanie.
Rojîten, forterefle & ville avec terri-
toire , & environnée d'eau.
Lucien, fortereffe & ville, avec ter-
ritoire fur le Luno.
Marienburg , fortereffe bâtie au mi-
lieu d'un lac , avec territoire con-
fidérable.
Trikaten , fortereffe & territoire ,
aux environs de l'Aë.
Nevemul, fortereffe, aux environs de
J la Bersze.
Rodenpeis, fortereffe fur la Bersze.
Jurgeburg , fortereffe.
Nittau, fortereffe.
Lemburg, fortereffe.
Schvien, fortereffe.
Segewalth, fortereffe, aux environs
de l'Aë.
Wolmer, fortereffe & ville, aux envi-
rons de l'Aë.
Wenden , fortereffe & ville i aux en-
virons de l'Aë.
Loda , fortereffe , aux environs du
Loë.
Burnick , fortereffe fur le lac Bur.
Sfirflet , fortereffe.
Ad fiel fortereffe, aux environs de
l'Aë.
Ermes , fortereffe , aux environs du
Ferffer,
Livr
Du difttia d'E-
thonie.
YWahk, forterefle.
I Wolfàrth , fortereffeo
(Arries , forterefle.
Sara, forterefle.
\Gutmansbeck , château.
Tellin, forterefle & -ville, avec terri-
toire, aux environs de la Welle.
Pernau, forterefle & ville, avec ter-
ritoire , fur la côte de la mer.
Oberpoln, forterefle, aux environs
de l'Ober.
Lais , forterefle.
) Terwcftli , forrerene , aux environs
I du lac de Ferflér.
Talkofin, forterefle.
Karkus, forterefle, aux environs
de l'Aë.
Helmeth , forterefle.
Ruycn, forterefle.
fildepernau, forterefle.
(Happfel, forterefle fur la mer Balti-
Du diftrict de \Leul, forterefle.
vWickke. i Ke.uncke.nkau , forterefle aux envi-
rons de l'Oregk.
I Margenfa , forterefle.
(Maësçel, forterefle.
De la nobleffe
dans le diftrift de
Wickke.
Fxkkel, forterefle.
Audder , forterefle.
Jervean.Sledétr0itd1^#"/"'^ bo"ne fortereffe'
(Rével, forterefle & ville avec terri-
toire , fur la côte de la mer de
Suéde.
Saint-Brigita , monaftere de filles.
Padis, monaftere d'hommes.
~i Feyfiver, forterefle aux environs du
DudiftriddeHar-
rieù*
De l'évêché de
Derpt , dans le dis-<
Lell, forterefle aux environs de la
Loë.
Kolke , forterefle fur la côte de la
{ mer Baltique.
Derpt, forterefle & ville, avec ter-
toire , fur le Ferflér.
Falkenau , monaftere aux environs
du Ferflér.
Werpeck, forterefle aux environs du
Ferflér.
trift de l'Efthonie ,
Kiriempe , forterefle aux environs
du Ferflér.
Olentorn , forterefle fur le lac Peis-
bas.
Odenpd, forterefle.
Ringen, forterefle.
T-i t 1,1 ir (0lfen-'> forterefle.
I De, *. "?}**£ ACaaneGchc, forterefle.
dans lediftnftdEs-U^^ fortereflre.
thonie, KCunclal, forterefle.
[Narva, forterefle, ville & territoire,
fur la mer Baltique, aux frontières
de la Ruffie Blanche , & fur la
Breze.
Talspurg, forterefle, aux environs
Du diftria deWir- , de la mer de Suéde.
lanth, ^ Jfefedburg , forterefle.
Borcholm , forterefle aux environs
d'un grand lac.
NeufchlojJ', forterefle , fur le lac de
Peisbas , aux frontières de la Rus-
fie ou de la Moscovie.
.;:, LIV 869
. De la noBîeffef . , ,
dans le diftrift de)f.c/l' forteref •
Wirlanth. \Elcl-> forterefle.
La Livonie eft un pays fertile & abondant ; néanmoins
les payfans y vivent aflez miferablement. Ils parlent dif-
férentes langues. On en compte jusqu'à trois, qui ont
pourtant une espèce de rapport enfemble, & qui paroiflênt
tenir du langage dess Lithuanien, il y a pareillement peu de
différence^pourlesmœurs,entrelesLivoniens& les Lithua-
niens. A l'égard des nobles &des bourgeois, ils tirent pour
la plupart leur origine de l'Allemagne, & ils en ont retenu
les mœurs & la langue. * Guagnin. Descr. Polon.
On cueille beaucoup de froment dans la Livonie ; ce
qui attire une grande quantité de vaifleaux de Lubec ,
d'Amfterdam , de Danemarck & de Suéde. Ils y viennent
charger des bleds qu'ils transportent dans leur pays,
dont cette province eft comme le grenier. Tout le bled,
que l'on charge dans les ports , n'eft pourtant pas du cùr
de la province: on y en apporte de Ruffie & de Lithua-
nie par la Dwine, & par la rivière de Narva.
Le pays abonde encore en bétail. Les lacs & les riviè-
res fourniflent beaucoup de poiflbns : les campagnes font
pleines de gibier, & les forêts nourriflent quantité de bê-
tes fauves. On y trouve des urus , des bifons, des élans,
des martes, des ours, &c. Les lièvres n'ont pas la même
couleur toute l'année ; l'hiver, ils font blancs; & l'été,
ils font gris , eu plutôt couleur de cendre.
1. LIVOURNE, autrefois Herculis-Labronis-Por-
tus, ville d'Italie, dans l'état du grand duc de Tos-
cane , dans le Pifan , avec un port , Pun des plus fameux;
de la Méditerranée , à caufe de fon commerce & du
grand abord des étrangers. Elle appartenoit ci-devant
aux Génois. Côfne I , grand-duc de Toscane , l'eut d'eux
en échange pour Sarzane qu'il leur céda. Chacun trou-
yoit fon compte dans cet échange, quand il fut fait. Au-
jourd'hui les Génois s'en repentent ; mais il n'eft plus
tems. Elle n'étoit autrefois guères qu'un mauvais village,
au milieu d'un marais infect & puant. Ce n'étoit pas
aufîi en vue feulement d'avoir cette ville que Côme I
céda aux Génois une ville épiscopale aflez considérable
d'elle-même, & qui lui donnoit une entrée dans leur
pays ; mais il connoiflbit la bonté du port de Livourne ,
& ce qu'on en pourrait faire dans la fuite, pour intro-
duire dans fon pays la meilleure partie du commerce de
l'Italie. Il commença auflï-tôt ce que fes fucceflèurs ont
achevé depuis, je veux dire l'enceinte d'une ville con-
fldérable , & un mole double avec un retour, con-
tenant plus 'd'un mille & demi de longueur , qui ren-
ferme deux ports. L'extérieur eft très-grand, & fait
presqu'un carré. L'intérieur appelle la Darce , qui eft
fermé avec une chaîne attachée d'un côté à un fort trian-
gulaire , dont deux baftions regardent la mer , le grand
port, la rade, & le troifiéme regarde la ville. L'autre bout
de la chaîne eft attaché à l'extrémité du mole intérieur,
près d'un corps-de-garde , fortifié de bonnes barrières
doubles , auprès duquel eft le bureau de la fanté, & celui
de la douane. C'eft dans cette darce que font les galè-
res de l'état. Pour l'ordinaire, le grand duc en entretient
quatre, & quelquefois cinq. Ce font le chevalierss de
S. Etienne, qui les montent , qui y font leurs caravanes ,
& qui ont fait avec elles de belles actions , qu'on voit
Peintes à pilé dans leur maifon conventuelle & dans leur
égliië , avec les étendards qu'ils ont gagnés fur les infi-
dèles. Il eft vrai qu'il y a un nombre d'années qu'ils lais-
ferent prendre leur réale dans un combat, où ils rem-
portèrent beaucoup de gloite, & un avantage confidé-
rable, mais qui fut bien contre-balancé par cette perte.
La gaieté qui a remplacé cette réale, porte encore aujour-
d'hui le petit deuil. On dit que, pendant plufieurs années,
fa pouppe étoit toute peinte en noir: à préfent il n'y a'
plus qu'un gros trait noir qui l'environne, & qu'elle por-
tera jusqu'à ce que les chevaliers ayent le honneur de
prendre une autre réale fur les infidèles. Cette darce eft
plus longue que large ; & comme il ferait incommode
d'en faire le tour , pour aller gagner la porte de la ville,
on l'a coupée par une double digue , dont l'entrée n'a
de largeur que ce qu'il en faut pour laitier palier une ga-
lère, les rames hautes; & il y a fur ce paffage un pon-
ton qu'un esclave fait aller d'un bord à l'autre, pour la
■87
0
LIV
Liv
idité de Ceux qui veulent palier. On voit à côté garde un très-grand ordre , Se une discipline févere ,
non une fontaine qui ferait d'un grand foulage- pour ceux qui y font renfermés. . •
La ville elt grande, Se bâtie tres-regulierement. Le
carrée, lon-
commod
du ponte. _..-
ment pour la marine , h 1 eau en etoit meilleur
la bonne eau manque à Livourne ; Se les gens a.fes en milieu eft occupe par une très-grande pla
font venir dePife où elle eft excellente. Il y a au même gue , du milieu de laquelle on voit les portes de Te
endroit une ftatue' pédeftre du grand duc Ferdinand I, 6c de la Marine.^Le bout oriental eft occupé par la façade
plus haute que le naturel, parfaitement bien faite; elle de l'égliie paroiffiale & principale de toute
r. . .n . n i i_ i -,„.. — ni ,\a n,nir» fiern- elt be e_ bien r ei-nree . N mcTiiernir à efr.
la ville
repréfentent quatre esclaves Turcs , qui eurent la har-
diefle d'enlever une galère pour fe fauver , mais qui tu-
rent repris. „ , ,.
Je viens de dire que le port extérieur, ceft-a-dire ,
celui qui eft renfermé entre les trois branches du mole ,
étoit très-grand; mais il a un défaut auquel on n a pu
jusqu'à préfent trouver aucun remède. Son milieu eft
plein de hauts-fonds, qui n'empêchent pas, a la vente, le
partage des barques, mais qui feraient périr tes vaifleaux
qui risqueraient de paner deflus. Le mouillage lur pour
les vaifleaux & les galères , qui n entrent pas dans la
Darce, eft derrière labranche extérieure du mole. L eau
y eft profonde, le fond net ; 8c il y a lur le mo e de
petites colomnes, Se dans le mur des anneaux de fer
pour amarrer les bâtimens (a). Tout le mole eft pave de
grandes pierres unies Si bien cimentées; les murs {ont
de briques avec des chaînes de pierres d
point vu de muraille &c de pavé mieux entretenus
peut-on fe promener fur les moles
la ville, fans craindre de fe crotter.
bien décorée , Se mériterait d'être une cathé-
extrémité oppofée eft occupée par trois maifons
eft fur un piedeftal de marbre , cantonne de quatre figu- eft belle,
res de bronze , une fois plus grande que le naturel qui drale. L,
■■ '■ ■•- uniformes , que des marchands Anglois ont fait bâtir. Le
palais, ou loge du grand duc, quand il vient à Livourne,
occupe une grande partie du long côté qui regarde la
porte de la Marine. Ce bâtiment a été fait par un feign
Seda
Ile. Je
âufli
les rues de
Turc, qui s'étoit retiré à Livourne: l'édifice étoit tout-à-
fait dans le goût des Orientaux , quand il en fit préfent
au grand duc. On y a fait, depuis fa mort, quelques chan-
gemens qui l'ont accommodé à nos ufages. L'autre côté,
& tout lerefte, eft rempli de maifons, qui, fans être en-
tièrement uniformes, ne laiflent pas d'être fort belles,
& de faire un beau coup d'oeil. Toutes les rues de cette
ville , trois ou quatre exceptées , font tirées au cordeau,
Se d'une largeur raiionnable. La plupart des maifons, Se
fur-tout celles qui font depuis la place jusqu'aux envi-
rons de la porte de Terre , font toutes belles , bâties de
briques avec des chaînes , des entablemens Se des corni-
ches de pierres de taille , Se même de marbre (b). Les
portes font décorées , les dedans très-bien entendus ; &
on voit reluire par-tout le bon goût Se la magnificence.
Les rues font très-propres, pavées de grandes pierres ou
L'ënceïntede la ville eft compofée de battions Se de de briques pofées de champ. Tout le quartier, depuis la
courtines avec de faufles braies , Se des chicannes dans place jusqu'au bout occidental de la ville , s'appelle la
Ip milieu du fofle qui eft fort large , Se toujours plein pente fenije , à caufe que toutes les rues ont un canal au
d'eau Les chemins couverts font fort beaux Se bien en- milieu, renferme par des quais magnifiques, accompagnés,
fretenus Les Dalifladar font foutenues par un mur, avec d'espace en espace, de ponts entièrement ou presqu'entiére-
de< bammettes de briques. Il y a presque par-tout un ment de marbre. Ces canaux font d'une très-grande coin-
avant fofle à l'extrémité du glacis. Les baftions, qui don- modité. Les chaloupes chargés apportent les marchandifes
nent ou côté de la campagne , ont des cavaliers dans leur jusqu'aux portes des magafins. On met celles qui ne crai-
rentre Se font fort garnis de canons. La ville n'a que gnent pas l'humidité dans les caves , dont les entrées font
deux portes celle de La Marine qui donne fur la darce, dans les murs des quais , à une hauteur où l'on eft fur
Bt celle de terre qu'on nomme Royale. Celle-ci eft ac- que les plus hautes marées ne fauroient arriver (c). Cette
comparée d'un gros pavillon voûté , où font les corps- commodité pour le transport des marchandifes en pro-
de-garde, avec dDes ailes où font les cazernes; le to" ' -
d'un grand goût , très-propre , Se bien entretenu. Oui
le fort triangulaire qui eft a 1 entrée de la darc-: do
le fort tnangu -,-
i'ai déjà parlé, il y a, à la droite de la porte de terre, une
citadelle compofée de deux baftions de l'enceinte de
ille, Se de trais baftions aflez réguliers ^ayee une
lune Se un fofle plein d'eau , du côté
duit encore une autre , qui eft de délivrer la ville dus
chevaux Se des charrettes. Il ne laifle pas d'y avoir des
carrofles & des chaifes roulantes très-propres; mais à
moins que d'être incommodé , c'eft un plaifir d'aller à
pied , dans des rues fi nettes. Le cours intérieur de Li-
.; ■.., >.. ,ie ,,,,,. D.mmir, auc*. icguut.o, «v^ u.,>. vourne eft le mole: les dames y vont en carroflè ou en
demi -lune Se un fofle plein d'eau , du côté delà chaife , en font le tour aifément, Se ont le plaifir de voir
... ' les bâtimens qui font dans le port. Se cexx qui font en
V' Il v a encore au côté oriental du port une autre espèce rade. Le cours , que j'appellerai extérieur, eft hors de la
de forterefle dont la principale deftination feittble être ville, fur le bord de la mer, où la promenade eft unie
couvrir 'le lieu où l'on renferme , pendant quarante Se fort agréable , ou à côté du canal qui conduit à Pife ;
Fours les hommes Se les marchandifes qui viennent des on y avoit commencé un plant d'arbres. La rade eft fur
cavs Yuspe&s de pefte, afin de les aërer 8e parfumer le mouillage, qui, depuis demi-mille jusqu'à deux milles
avant que de leur permettre l'entrée de la ville. Le laza- au large, efl très-bon. Les gros vaifleaux, Se fur-tout les
ret eft «rand; il y a des logemens , des cours Se des han- corfaires, s'y arrêtent afin d'être préparés à tout événe-
gards, fous lesquels on expofe les marchandifes; on y ment (d).
O Les vaifleaux qui peuvent entrer Se mouiller au-dedans du grand mole , ont leur mouillage à la droite en
entrant ■ au milieu le fond manque, de manière qu'il faut tourner la pouppe vers le mole, Se la proue vers la
ville L'eau y eft profonde de douze à treize pieds ; Se plus l'on eft proche du mole , meilleur eft le fond. Les
vaifleaux marchands fe mettent pareillement avec la pouppe en tête du mole, où ils trouvent un fond de dix-huit
à vingt pieds, félon le Portulan de Michelçt. .
(i> Y II y a plufieurs maifons qui ont des belveders , ou 1 on monte pour y jouir de la vue de la mer, de même
que pour découvrir les vaifleaux qui arrivent au port. ,,,,., ,
(c ) Là où les canaux n'aboutiflent point , on y fupplee par des esclaves , dont il y a un grand nombre ; ce font
eux qui portent les mafehandifes par-tout où le befoii
le demande.
(<0 Proche de la ville , il y a deux tours environnées de la mer,^ dont l'une qui eft la plus haute , Se blanche
du côté de Pife, eft appellée le Mar^occo ; Se il faut s'en éloigner à caufe des rochers qui font aux environs. A
l'entrée même du mole , on voit de ces rochers, fur l'un desquels eft placée une fentinelle. Pour y entrer fans
danger on a befoin d'un pilote. A la tête du mole, il y a deux batteries, bien munies d'artillerie, placées l'une
au-deflus de l'autre. De l'autre côté, vers le Lazaret, eft bâtie l'autre tour fur un écueil où eft un fanal , que l'on
allume le foir, pour fervir de fignal aux navires. La mer eft ici pleine de rochers, tout autour, l'espace d'un demi-
mille. Il y a une petite ille qui s'élève presqu'à fleur d'eau , nommée la Melora, Se s'étend , félon Michelot , à
l'oueil fix degrés vers le nord du mole de Livourne , dont elle eft éloignée de cinq milles , Se peut avoir cin-
quante ou foixante toifes d'étendue. On y a fabriqué, une petite tour blanche , qui doit être obfervée par ceux
qui veulent entrer dans ce port ; c'eft cette petite ille qui fait la rade bonne Se fûre ; fans elle , le port de Livourne
feroit peut-être impraticable. A un quart de lieu, loin de cette petite ifle, il y a des écueils fous l'eau presque par-
tout' mais principalement vers le nord, ou à la diftance d'une demi-lieue, l'on trouve un banc de fable qui n'a
que fept à huit pieds d'eau ; Se c'eft précifément où la mer brife ayee violence. Dans la même ligne , à trois ou
LIV
LIV
_ Le port deLivoume eft franc & libre, auflî-bien que la
ville. Tout le monde y eft bien venu. Quoi qu'il n'y ait
à Livourne exercice public que de la religion Catholique,
cependant toutes fortes de communions y fonttolérées.Les
Grecs ont une églife , où ils font leur fervice félon leur
rit. Les Arméniens y ont auffi une églife, & les Juifs une
fynagogue ; & quoiqu'il y ait un tribunal de l'inquifition,
il ne le mêle que ce de qui regarde les Catholiques do-
miciliés dans la ville. La franchife du port paroît encore
dans le peu droits que le grand duc prend fur les mar-
chandifes qui entrent dans la ville. On ne les vifite ja-
mais: les droits fe prennent par balles, ou futailles, fans
fe mettre en peine de ce qu'elles contiennent: la balle
paye deux piaftres d'entrée; qu'elle foit de foie ou de
papier, qu'elle pefe cent livres ou quinze cents , c'eft
toujours le même droit ; on n'eft point fujet à ces vifites
importunes qu'on ne voit que trop presque par-tout ail-
leurs; & l'on fait au jufte ce qu'on doit payer. Rien
n'eft plus prompt & mieux réglé que la juftice qu'on rend
aux négocians , quand il y a entr'eux quelque difficulté.
Les officiers du prince ont une attention merveilleufe ,
que les affaires ne traînent point en longueur , & que rien
ne traverfe le commerce. C'eft pourquoi les négocians
de toutes fortes de nations ont fi bien goûté le plaifir &
l'avantage de faire leur commerce dans cette ville , que
celui de Gènes eft extrêmement tombé , & que Li-
vourne devient de jour en jour l'échelle de toute la
^Méditerranée, la plus riche & la plus floriffaute. Les écus
du grand duc appelles Livournincs portent d'un côté le
bufte du prince, & de l'autre le port de Livoutne, &
une vue de la ville avec ces mots : Et patet &favet, pour
faire connoître qu'il eft ouvert à tout le monde , & qu'on
y jouit de la protection du prince.
On ne peut favoir au jufte le nombre des habitans
de Livourne : les uns le font monter à cinquante mille,
d'autres à plus, d'autres à moins. Ce qu'il y a de certain,
c'eft qu'en 1710, il y avoir deux mille Juifs. Ces gens
regardent Livourne, & le refte des états du grand-duc,
comme une nouvelle terre de promiflbn ; en effet ils y
font libres , ne portent aucune marque qui les diftingue
des Chrétiens , ne font point enfermés dans leur quar-
tier, font riches, font un commerce très-étendu , ont
presque tous les fermes du prince, & font protégés de
manière que c'eft un proverbe en Toscane , quil vau-
dront mieux battre le grand duc qu'un Juif. Leur quar-
tier comprend trois rues; les maifons y font belles;
mais les rues y font plus fales que dans tout le refte de
la ville. La langue portugaife eft fort en ufage parmi eux.
Ils ont des écoles où ils envoient leurs eiîfans pour
l'apprendre. Ils s'en fervent entr'eux , dans leur com-
merce : ils tiennent leurs livres & font leurs écritures en
cette langue. Ils ont une très-belle fynagogue.
Les Grecs ont une églife dans Livourne : elle n'eft pas
fort grande ; auffi ne font-ils pas en grand nombre ; mais
elle eft très-belle , & bâtie à leur manière. Les Cordeliers
font auflï établis en cette ville. Leur églife eft affez grande,
fort propre & très-fréquentée ; mais celle qui m'a paru la
plus jolie, eft celle des Trinitaires déchauffés; elle eft
dans le quartier de la petite Venife, bâtie, ornée, en-
richie & fondée par un homme qui avoit eu le parti des
galères du grand duc. Les Jéfuites ont un collège auprès
de la poiffonnerie : Les religieux de la Charité ont un
hôpital & un couvent dans la ville : les Frères Prêcheurs
ou Dominicains y font; établis depuis le commence-
ment de ce fiécle.
Les forçats des galères du grand duc ne demeurent
dans les galères que quand elles font armées. Dès que la
campagne eft finie, &t que les galères font desarmées , les
esclaves & les forçats , c'eft-à-dire les Chrétiens con-
71
damnés aux galères pour crimes, ou qui s'y font engagés
de bonne volonté , & les Turcs , qu'on a pris fur mer,
font renfermés dans un lieu, à qui on a donné le nom
de bagne , à l'imitation des Turcs , qui appellent ainfi
les priions où ils enferment les esclaves Chrétiens.
Le^ bagne de Livourne eft un grand bâtiment ifolé ,
fermé de bonnes murailles hautes & fortes , au milieu
duquel eft la principale cour environnée de bâtimens
comme des galeries , où les forçats d'un côté , les Bo-
navogles de l'autre , & les Turcs dans un lieu féparé ,
ont^ leurs lits. Ces lits font les uns fur les autres, jus-
qu'à fix de hauteur; diftans 1ns uas des autres d'envi-
ron cinq pieds, fupportés par des planches foutenues
par des bouts de foliveaux fcellés dans les murs. On
monte à ces diftèrens étages par une échelle de corde:
les forçats y font ainfi féparés les uns des autres, &n'o-
feroient fe trouver deux dans un même lit, fous peine d'une
rigoureufe baftonade. Il y a des lampes alumées toutes
les nuits dans ces galeries , & des gardiens qui veillent
& fe promènent fans ceffe pour empêcher les bruits , les
querelles & les désordres qui pourroient arriver. Ils ont
en dedans des cordes qui répondent à des clochettes
qui font dans la cour , qui fervent à appeller les gardes
qui font au dehors , quand les gardiens de dedans ont
befoin de leur fecours, pour réprimer les infolences
des forçats. Il y a dans la même enceinte une cha-
pelle pour les Chrétiens , une infirmerie pour les mala-
des , des fontaines , des lavoirs , en un mot, tout ce qui
eft néceffaire pour le fpirituel & le temporel de ces mi-
férables. Les Turcs ne font point mêlés avec les Chré-
tiens. On a un très-grand foin que tous ces lieux foient
propres : on les lave & balaie tous les jours , & on les
parfume toutes les femaines avec du vinaigre qu'on verfe
dans des poêles de fer toutes rouges ; la fumée que cela
caufe , eft excellente pour chaffer le mauvais air. Tous
les forçats qui ont des métiers peuvent les exercer dans
la ville, pourvu que ceux pour qui ils travaillent répon-
dent d'eux corps pour corps , & , moyennant une petite
.reconnoiffance pour les argoufins qui les conduifent le
matin, où ils doivent travailler, & les vont chercher le
foir, pour les renfermer dans le bagne; car il n'eft pas
permis de les Iaiffer coucher en ville.
Il aborde à Livourne tant de gens du Levant, ou d'au-
tres qui y ont été , & qui y ont contracté l'habitude de
fe fervir des étuves & des bains à la Turque, que cet
ufage s'y eft introduit auffi-bien qu'à Marfeilie.
Cette ville eft fouvent fujette à des rremblemens.
En 1742, on y fentit en peu de jour jusqu'à vingt deux
fécouffes , la dernière fut fi violente que plufieurs églifes
en furent renverfées , & il n'y eut pas de maifon qui
n'en reçut quelque domage. Il n'y périt qu'ne trentaine
ee perfonnes, parce que la ville fut abandonnée; mais
fi cet accident fut arrivé pendant la nuit , il auroit péri
plus de la moitié des habitans.
Livourne dépend pour le fpirituel de l'archevêché de
Pife. Le prélat a un grand vicaire réfident dans la ville,
6i les officiers qui font néceffaires pour compofer une
cour eccléfiaftique ; car en Italie, tous les évêques ont
une jurisdiftion où bien des gens ont leurs caufes com-
mifes. Tels font les clercs mariés , les officiers des tri-
bunaux eccléfiaftiques, ceux des églifes & des hôpitaux,
& quantité d'autres. La hauteur du pôle de Livourne ,
lelon les obfervations de Caflini , dans fon Voyage d'I-
talie, de 1694, eft de 43 d. 33' 2".
2. LIVOURNE ou LivORNO, Liburnum, petite
ville d'Italie , au Montferrat, dans des marais , près de la
fource de la petite rivière de Gardina, à quatre lieues
de Trin , du côté du couchant. Elle appartient au roi de
Sardaigne. * Baudrand , éd. 1705.
quatre milles de ce banc, il y en a un autre couvert de deux brades d'eau, lequel fe joint à la pointe d'une autre
grande braffe qui aboutit à S. Pietro in Grado , lieu fitué entre Livourne & Pife; de forte qu'il eft néceffaire de ne
point s'approcher de h Melora, du côté du nord, mais de fe tenir au large un petit mille entre l'oueft & fud, où
il n'y a rien à craindre. Au refte, lorsque les vaiffeaux viennent d'occident, & font la route de Livourne, ils s'ap-
prochent de 1'ifle Gorgona : enfuite , paffant au midi de la Melora , ils vont mouiller à une demi-lieue à I'oueft-
nord-oueft du mole de Livourne ; c'eft ici la grande rade qui a fept , huit & dix braffes d'eau , & un fond de
bonne tenue, où les vaiffeaux ne font expofés qu'aux vents de terre ; & parce qu'elle eft environnée presque par-
tout de bancs de fable , depuis l'eft-fud-oueft jusqu'au nord-eft , & que la petite ifle de la Melora la couvre des
vents , les vaiffeaux y font à la bonace , & la mer ne les incommode point ; c'eft pourquoi cette rade eft très-
bonne. L'ifle de la Gorgone gît à l'oueft-quart au fud-oueft du mole de Livourne; & l'on y peut aborder de toutes
parts. * Nous du Dictionnaire de la Martiniere , édition de Fenife.
872
LLA
LOA
LIVRADOIS, (ie) petit pays de France, dans la
baffe Auvergne, aux environs d'AMBERT qui en eft le
chef-lieu. On veut que ce nom lui vienne de ce qu'il a été
délivré des eaux qui en couvraient les campagnes avant
que l'on eut coupé un rocher qui en arrêtoit le cours , &
qui eft auprès de la tour Goyon. Ce nom eft affez ancien.
LIVRAY, bourg de France, dans l'Anjou, élection
de Château-Gonthier.
LIVRIERE, (la) ou plutôt, comme écrit Sanfon,
LA Leviniere, petite ville de France, au bas Langue-
doc, au diocèfe de S. Pons, aux confins de celui de
Rieux.
LIVRON , Libero & Liberonium, bourgade de France,
en Dauphiné, fur une hauteur. Ses murailles font à pré-
fent presque toutes démolies ; c'eft néanmoins un lieu
confidérable à caufe de fa fituation. Il n'eft qu'à une
petite lieue de la rive droite du Rhône , & la Drome
côtoie la colline fur laquelle il eft firué. II y faut parler
ce torrent dans une barque, & ce palîage eft très-incom-
mode & quelquefois très- dangereux. * Piganiol de la
Force , Descr. de la France , p. 60.
LIVRY, Livriacum , village & feigneurie de France,
dans l'ide de France, à trois lieues de Paris, du côté de
Chelles, avec une abbaye d'hommes de l'ordre de S. Au-
guftin, fondée par Guillaume de Gallande, l'an 1 186.
LIUTICI, ancien peuple d'entre les Slaves, au bord
de l'Oder. Voyez Luticii.
LIUXUN, ville de la Chine, dans la province de Jun-
nan. Elle eft de 4 d. 37' plus orientale que Pékin,
fous les 38 d. 38' de latitude. * Atlas Sinenfis. ■
LIUYANG , ville de la Chine, dans la province de
Huquang , au département de Hengcheu , dixième mé-
tropole de la province. Elle eft de 4 d. 47' plus occi-
dentale que Pékin, fous les 27 d. 18' de latitude. * Atlas
Sinenfis.
LlX, A/|, félon Ptolomée , I.4, c. I. Linx, A,r!; ,
félon Etienne le Géographe, Lixos , félon Strabon ,
/. 17, p. 817 , rivière de la Mauritanie Tingitane. Elle
arrofoit une ville nommée LlXA., fur le rivage de l'O-
céan. C'eft préfentement la rivière de Larache. La ville
de Lixa eft nommée Lixos par Pline, /. 5 , ci, qui
en parle comme d'une ville fur laquelle les anciens
avoient débité beaucoup d'hiftoires ; il ajoute qu'elle
étoit devenue colonie fous Claudius. Il ne faut pas la
confondre avec Lissa, qui étoit plus près du détroit,
& qui ne fubfiftoit déjà plus du tems de Pline.
LIXA, &
LIXOS. Voyez l'article précédent.
LIZANT, bourg de France, dans le Poitou; élection
de Poitiers.
LIZISIS, KtTjsti, ancienne ville de la Dacie, félon
Ptolomée , /. 3 , c. 8. Lazius croit que c'eft préfente-
ment LAORZALOS , lieu qui tombe en ruines. * Ortel.
Thef.
LIZON, petite rivière de France, dans le comté de
Bourgogne. Voyez la copie d'un ancien manuscrit, à la
fin de ce Dictionnaire.
LLANBEDER , bourgade d'Angleterre , au pays de
Galles, dans le comté de Cardighan, fur le Tivy. * Da-
vity & Corneille.
LLANDILO, ou Llandilovare, bourgade d'An-
gleterre , au pays de Galles , dans le comté de Carmar-
then , fur le Tovy , qui eft le Tobius de Ptolomée ,
comme nous le remarquons en fon lieu.
LLANELTHIE , port de mer du même comté. *Da-
vily & Corneille.
LLANES , petit port de mer d'Efpagne , dans l'Aftu-
rie , entre Riva de Sella , & S. Vincent de la Barquera.
* yairac , Etat préf. de l'Espagne , t. 1 , p. 198.
LLANY1NTHEFRY , bourgade d'Angleterre, au
comté de Carmarthen , entre le Brant & la rivière de
Towi. * Davity & Corneille.
Corneille en fait des villes.
LLERENA , ville d'Espagne , dans l'Eftramadure , au
midi de la Guadiana , aux frontières de l'Andaloufie.
* Vairac, Etat pref. de l'Espagne, t. 1 , p. 261.
Selon l'abbé de Vairac , elle eft paflablement grande ,
fituéeau milieu d'une fort belle plaine, abondante en tout
ce qui peut contribuer aux douceurs de la vie. Elle fut
bâtie, en 1241 , par les maures de l'ordre de S.Jacques,
& honorée du titre de cité en 1640, par Philippe IV. Les
chevaliers en font feigneurs, & y entretiennent un évê-
que de leur ordre, dépendant immédiatement du faint fiége,
& dont la jurisdiftion s'étend fur quantité de villes & de
bourgades qui dépendent de l'ordre , &C desquelles Lle-
rena eft le chef-lieu. La ville eft bien bâtie , les rues en
font belles ; & une grande place, quieft devant la cathé-
drale , lui donne beaucoup de relief. Les rois Catholi-
ques y ont établi un tribunal de l'inquifition. C'eft la
même ville que Baudrand nomme ELLERENA. Voyez
ce mot.
LL1RIAS. Voyez Liria.
LLIVIA , ville d'Efpagne, dans la Catalogne, au
comté de Cerdagne. Elle eft fort ancienne ; & quelques-
uns ont voulu que ce ioit la Libia ou Libya d'Antonin,
qui la met fur une route de l'Espagne Tarragonnoife ,
félon l'exemplaire du Vatican:
Calagorra ,
Verela,
Aritio ,
Libia ,
Segafa-Mundo ,
XXVIII. M. P.
XVIII. M. P,
XVIII. M. P.
VI. M. P,
eft changé dans l'édition de Surita , qt
Calagurrim ,
Variant ,
Tritium ,
Olbiam ,
Segeja-Munclum ,
XVIII. M. P.
XVill. M. P.
XVIII. M. P.
VII. M. P.
Il avoue pourtant qu'il a trouvé , dans quatre manus-
crits au moins, Lybia , ou Libia ; & il change ce nom en
Qlbia , fur ce qu'Etienne dit Olbia Iberica. Il faudroit
une meilleure autorité pour changer l'Itinéraire , & pour
corriger Ptolomée, qui dit Olyba. Quoi qu'il en foit,
Llivia de Cerdagne n'a rien de commun avec la Lybia,
Libia, ou Lybia d'Antonin, ou Oliba de Ptolomée.
Celle-ci étoit au-delà de l'Ebre , & bien loin du pays
qui eft aujourd'hui la Cerdagne. Llivia eft plutôt l'an-
cienne Julia Libyca du peuple Cermtani , au pied des
Pyrénées , aux frontières de France : Julia Libyca eft
donnée pour ville unique du peuple les Cerrétains : Lli-
via a été la capitale de la Cerdagne. Elle eft fur la Sè-
gre, & eft fort déchue de fon ancien luftre; & il refte
peu de tus vieilles murailles. Sa fituation eft à une lieue
de Puicerda , à l'orient , en allant vers Perpignan dont
elle eft à quinze lieues , & à une lieue fk demie de Mont-
Louis. * Ptolomée , 1. 2 , c. 6. Baudrand, édit. 1705.
LLOBREGAT. Voyez Lobregat.
LLORA , petite ville d'Espagne , au royaume de Gre-
nade , fur la frontière de l'Andaloufie , entre des mon-
tagnes, avec un ancien château. Elle eft prefque réduite
en village , & eft à deux lieues de Cartama , vers le nord,
& à fix de Malaga. Quelques-uns la prennent pour l'an-
cienne Ilurgis ; d'autres pour l'Arcilacis des Turdules ,
que d'autres géographes cherchent à Hardales , bourg
d'Andaloufie , au couchant, fk à trois lieues de Llora.
LLYNSAVATHAN, lac d'Angleterre, au pays de
Galles , en Brecknockshire. Il a deux milles de long
& autant de large , & reçoit la rivière de Leveni , fur
laquelle on croit qu'étoit fituée l'ancienne ville Leven-
tium de Ptolomée , à caufe que les chemins de ce pays
conduifent de tous côtés à ce lac. * Davity & Corn. Dicî.
LO , ville de la Chine, dans la province de Pékin,
au département d'Jungping, huitième métropole de cette
province. Elle eft d'un degré 18' plus orientale que Pékin ,
fous les 39 d. 40' de latitude. * Atlas Sinenfis.
1. LOANDA , petite ifle d'Afrique, dans la mer d'E-
thiopie , fur la côte du royaume d'Angola, & vis-à-vis
de la ville de S. Paul de Loanda. Cette ifle n'eft éloi-
gnée du rivage que d'environ un quart de mille. Elle eft
très- confidérable par les avantages qu'on en relire, quoi-
qu'elle n'ait qu'environ un mille de largeur , fur cinq
lieues de longueur. C'eft fur fes bords que l'on recueille
ces petites coquilles appellées [imbis , qui fervent de
monnoie courante avec les Nègres. Comme les zimbis,
qu'on ramaffeà la côte de cette ille, font d'une couleur
brune & luftrée , & très-fins , ils font auflï très-recher-
chés & très-eftimés. Auflï n'eft-il pas permis à tout le
monde d'en aller chercher dans cet endroit. Ce' droit eft
une
LÔA
LOA
une partie des domaines du roi de Portugal , qui fait avec
ces coquillages, ce qu'on ne fait ailleurs qu'avec les mé-
taux les plus précieux. * Le P. Labat, Voyage d'Ethio-
pie , t. i , p. 88.
Outre cet avantage , cette ifle en produit un autre.
Elle fournit toute la ville d'eau douce. Quoiqu'elle foit
environnée des eaux de la mer, on n'a qu'à creufer des
puits de trois ou quatre palmes de protondeur , & on
les voit fe remplir auffi-tôt d'une eau légère , claire ,
douce , excellente. Mais il faut la puifer pendant que la
mer eft haute ; car dès que la mer defcend à fon reflux,
cette eau li pure Si fi bonne devient faumâtre , Si tout-
à-fait falée , quand celle de la mer eft à fon plus bas.
C'eft une merveille que l'on admire tous les jours. Elle
a fervi Si elle fervira encore long-tems à exercer les phy-
siciens, qui, félon les apparences, n'en trouveront pas iî-tôt
1» dénouement. On voit la même chofe dans Tille de Ca-
dix , & dans plufieurs lieux de l'Amérique. On peut faire
cette expérience dans une infinité de plages , fur le bord
de la mer.
Les Portugais ont plufieurs habitations fur cette ifle.
Us y ont bâti quatre églifes , Si ont fait quantité de jar-
dins , ou l'on élevé des palmiers avec fuccès : ils ont
auffi confirait des fours à chaux. On la fait avec des co-
quilles d'huitres.
2. LOANDA , (S. Paul de) ville d'Afrique, dans
la baffe Guinée , au royaume d'Angola , dont elle eft la
capitale avec un fort bon port , vis-à-vis de l'ifle de
Loanda , qui lui donne fon furnom. Elle eft belle Si
grande pour le pays. On prétend , qu'il y a environ trois
mille maifons d'Européens , bâties de pierres Si de chaux,
& couvertes de tuiles , Si un plus grand nombre de mai-
fons de Nègres , qui font les naturels du pays. Ces der-
nières ne font bâties que de terre, Si couvertes de chaume.
Il y a un prodigieux nombre d'efclaves. On dit que les
PP. Jéfuites , qui y faifoient les fondions de curés , Si
qui avoient foin des écoles , en avoient jusqu'à douze
mille : c'eft la demeure ordinaire de l'évêque de ce pays.
Comme elle n'eft ba:gnée par aucune rivière, il n'y a
d'eau douce que celle que l'on va chercher dans les ri-
vières voifines avec des canots. On y mange du pain de
manioc , Si la chair de mouton n'y eft pas fort faine.
Leur queue eft plus pefante qu'aucun des quatre quartiers.
On n'y trafique point avec de la monnoie , mais par
échange. Au lieu de petite monnoie , on fe fert de zim-
bis , qui font des coquilles du Congo. La grande mon-
noie eft la toile , les esclaves, Sic. Les Hollandois avoient
ôté cette ville aux Portugais ; mais ces derniers l'ont re-
prife, & l'ont confervée. * Baudrand, édit. 1705.
Tous les quartiers de la ville ont des églifes qui font
comme autant de forts, qui mettent la ville Si les habi-
tans à couvert de leurs ennemis. Il y a pourtant une for-
tereffe. * Le P. Labat , Relat. de lEthiop. t. 1 , p. 86.
L'églife cathédrale eft un bâtiment comidérable, digne
<îe la piété & de la magnificence des Portugais. L'églife
du S. Elpnt eft dans le quartier appelle la Praya. Celle
des Carmes déchauffés eft dans le quartier de flambotta.
On trouve dans le voifinage une égiife fuperbe , dédiée
à la fainte Vierge de Nazareth , & la chapelle ou oratoire
de fainte Marie-ivladelaine. L'églife de S. Amaro , & le
couvent du tiers-ordre de S. François , font dans le
quartier de la Magnanga, ainfi appelle, parce que c'eft
le lieu où font les caflimbes , c'elt-à-dire les folles , où
l'on conferve l'eau pour les ufages des esclaves noirs des
Portugais. Le collège qu'occupoient les PP. Jéfuites, eft
grand & magnifique. Le grand hôpital eft à côté du col-
lège , Si de l'autre côte de la place eft l'églife de la con-
frérie de S. Jean-Baptifte. Le couvent des Capucins en
eft proche. L'églife & le couvent font très-propres, mais
bâtis dans les régies de la {implicite Si de la pauvreté
qui conviennent à leur état.
1. LOANGO , ou Lotango , royaume d'Afrique,
dans la bafle Guinée, fur la côte de l'océan Ethiopique.
Il commence au cap Sainte-Catherine , par les deux de-
grés de latitude méridionale , Se finit à la rivière de
Loango-Louile , qui eft par les cinq degrés de la même
latitude; ce qui lui donne trois degrés ou foixante Si
quinze lieues de côte , nord & fud. Son étendue , eft Se
oueft, dans les terres depuis le cap Nègre, jusqu'aux mon-
tagnes de Bachameula, eft d'environ cent lieues. Il eft
féparé du royaume de Congo par le Zaire Si les royau.
87S
mes de Cacconda Si d'Angoi , qui font peu confidéra-
bles. *Le P. Labat, Voyage d'Ethiopie , t. 3 , p. .. 1 t.
Ce royaume comprend diverfes contrées , dont les
principales font Lovangiri , Lovangomongo , Cylpngo „
Si Piri. Il étoit autrefois partagé en fouverai -;ctés , qu'ha-
bitoient diflférens peuples qui fe font fait une longue guêtre.
Ces peuples éroient fauvages , Si fe manjeoient les uns
les autres. Après que les princes de ces d.fîerentes narions
fe furent livrés diverfes batailles. Manilovango , que l'on
dit tirer fon origine dé Zerri en Kakongcr, iurmonta les
autres , Si devint leur maître. Il partagea" leurs terres en-
tre ceux qui l'avoient le mieux fervi ; Si laiflant quel-
ques-uns des fiens dans fon propre pays , il fe retira dans
la province de Piri ; mais à caufe des montagnes , ou
parce que le pays eft trop éloigné de l'eau, cet endroit
lui deplur. Il alla de-là au lieu où les rois de Loango
font leur demeure aujourd'hui , Si qui appartenoit aupa-
ravant aux princes de Piri. *Corn. Dift. '
Les principales villes Si bourgades font Kaie , Bœke,
Salafy, Makonde, Sékie, Kate, Kango , Piri, Cey-
longo , Jamba, Cato'é, Senie, Gennô Si Lanfy. Les
principaux bourgs font autour de Loango ,.à une journée"
Si demie de chemin. Ceux qui font plus avant dan-; le
pays, font plus petits. Jamba , Kango , Xaie , 1 ëke'
Piri, Kotie, Si Ceylongo ont diverfes feigneùries dans
leurs domaines , avec des rivières Si des bois.
La capitale, où le roi réfide avec fa coi:.-, eft fituée à
4 d. Si demi de latitude méridionale. Si à une lieue Si
demi de la côte. On l'appelle Loanga ou B an^a-Low an-
giri; Si dans la langue des Nègres , on la nomme com-
munément Boarie. Ce mot de Lowangiri n'eft qu'une
contraction de Loango-Piri , mots que l'on a joints en-
femble depuis que ces deux peuples ont été unis par les
conquêtes du roi de Loango. Cette ville eft affez grande,
Se a de belles rues , que les habitans ont fotn de net-
toyer. Les bâtimens ne fe touchent pas , Si il y a devant
les maifons de grandes allées de bananas , de palmiers
Si de bankoves. Il y en a auffi fur le derrière ; Si quel-
quefois, pour plus d'ornement, elles en font environ-
nées.
Au milieu de la ville , on trouve une grande place,"
proche le palais du roi. Ce palais eft ceint d'une palis-
fade faite de branches de palmiers , Si forme un quarré
large Si long d'une lieue Si demie. Il n'y a que trois ou
quatre grands appartemens. On y voit un grand nombre de
maifons pour Ces femmes , Si fes concubines qui font au
nombre de quinze cents. On les reconnoît à leurs bras-
felets d'y voire. Elles font fort étroitement gardées.. Si
quelqu'une eft furprife en adultère, on la précipite du
haut d'une montagne , avec l'homme à qui elle s'eft
abandonnée. Il n'y a point de miféricorde pour ce
crime.
Les fils du roi ne font pas héritiers de la couronne ;
ce font ceux de la feeur , ou de l'aînée de fes feeurs ,
-parce qu'ils font certainement du fang royal, Si qu'elle
n'eft connue que d'un feul mari. Le roi a tant de fem-
mes Si d'enfans , qu'il y aurait toujours des guerres en-
tr'eux, Si l'on ne fauroit lequel élire. En effet ce prince
a de fes concubines plus de cinq cents enfans des deux
fexes, qui ne peuvent parvenir à aucunes charges ni
dignités. Ainfi les mâles deviennent des voleurs , Si les
filles des malheureufes qui fe proftituent. Chacun peut
prendre autant de femmes qu'il en peut entretenir , Si
on les tient fort refferrées. 11 faut qu'elles gagnent la
vie de leurs maris , comme font tomes les autres fem-
mes de la côte d'Afrique. Elles cultivent la terre avec
des bêches Se des hoyaux, fement Si moiflonnent, pen-
dant que les hommes s'amufent où demeurent couchés'
fur le côté , comme font les femmes en Espagne. Elles
fervent leurs maris à table , puis vont manger leurs res-
tes dans la cuifine. * Van-den-Brocck , Voyage de 1»
Comp. des Indes or. t. 4, p. 319.
Les habitans de Loango mangent beaucoup de pois»
fon , Si de la chair de plufieurs fortes de bêtes ; mais ilî
la mangent puante , ou du moins à demi-corrompue.
Quelques-uns même y laiffent venir des vers, avant que
de manger. Ils ont diverfes espèces de bons fruits Ils
boivent de l'eau Si du vin de palme , qu'ils tirent des
arbres. Ils ont un fruit nommé; colliz, dont ils font i.iàge,
comme les Indiens font de l'areque Si du bétel, l's eu
mâchent presque tout le long du jour. En commençant
Tome III. S(((i
8/4
LOA
LOA
à le mâcher, on le trouve amer; puis on le trouve fort
doux. On tient qu'il eft très-fain, ck c'eft ce qui en rend
?ufage fi commun. _
Pendant que le roi boit, perfonne n ofe le regarder,
ou bien il en coûte la vie fans rémiflion. Avant qu'il
boive , on fonne une clochette , 8c chacun baiffe le vi-
fage contre terre. Quand il a bu , on fonne encore , &C
chacun fe relevé. Il arriva un jour que le fils aîné de la
fceur du roi , deftiné pour fuccéder à la couronne , ^ qui
avoit à-peu-près neuf ans , &c qui étoit fort aimé du
roi , toucha fans y penfer l'habit de ce prince , 8c le
regarda dans le moment qu'il buvoit. Le roi le tua fur
le 'champ, Se fit offrir fon fang aux idoles. Il faut que le roi
en ufe envers fes propres enfans avec cette févérité,ou
qu'il meure lui-même. Tous les jours de fête, le roi fe
fait voir publiquement dans la place qui eft devant fon .
palais , où les grands de l'état , pour l'honorer, danfent
& fautent en fa préfence ; hommage qui s'appelle fa-
cralilla. D'abord qu'ils paroiffent à l'entrée de cette
place , ils fe profternent le vifage contre terre ; puis
s'étant relevés, ils vont toujours fautant jusqu'auptès de
lui , 8c s'y afféyent à terre.
Les revenus de ce royaume confiftent en dents d'é-
léphans, en cuivre, en habits qu'on nomme Llavou-
■gus , qui font faits d'herbes, & qui font la monnoie qui
a cours. Le roi en a des maifons pleines. Mais les prin-
cipales richeffes confiftent en esclaves des deux fexes.
Les habitans font noirs, mais bien faits. Ils ont plus
de penchant pour les Hollandois que pour les Portugais;
ils fonr careffans , & ne font point larrons. Quand ils
fe rencontrent iis fe frappent dans les mains , pour fe
faire honneur, & pratiquent, ainfiqueles grands, le/à-
cralilla à leur manière. Ils font fort fiers de leurs ha-
bits , quoiqu'ils ne (oient faits que d'herbes. Les hom-
mes portent de longues jupes , &C ont autour du corps
un demi eu un quart d'aune de drap, en forme de cein-
ture. Par-deffus ils ont une peau de léopard, ou de quel-
qu'autre bête , qui leur pend comme un tablier. Ils ont
les épaules découvertes , 8c fur la tête des bonnets d'her-
bes piqués , avec une plume deffus , ck une queue de
bufle fur l'épaule , ou dans la main , pour chaffer les
mouches. Ils portent de larges braffelets de cuivre ou
d'argent.
Les femmes n'ont que des lavougus de paille, d'une
aune en carré, dont elles couvrent ce qui diftingue leur
fexe. Ces lavougus les entourent jusques fur le derrière,
quoiqu'elles en laiffent encore la moitié à découvert. Le
refte de leur corps eft nud par le haut & par le bas. Elles
s'oignent d'huile de palmier Se de bois rouge mis en pou-
dre. Elles ont autour des jambes des chapelets de peti-
tes perles qu'elles font de coquilles , ck des braffelets
d'yvoire au bras. Elles portent toujours fous le bras une
petite natte, pour s'affeoir defTus par- tout où elles vont.
Il faut bien fe donner de garde d'avoir aucun commerce
avec elles; car de dix qui s'y hazarderont, à peine y en
aura-t-il un qui n'en meure, ou qui du moins n'y gagne
une groffe maladie. Il faut que cela vienne de ce que
leur tempérament eft tout- à- fait contraire au nôtre,
de leur extrême lubricité ou des vivres qu'elles man-
gent , qui font corrompus 8c puants.
Quoique les hommes portent diverfes fortes d'armes ,
ils ne font point guerriers , mais bons pêcheurs. Ils fe
mettent au matin dans leurs canots , vont à la mer, ck
apportent fouvent à midi beaucoup de poiffon. Il y a
dans ce royaume quantité de volailles, d'éléphans, de
bufles , de bœufs, de vaches , de cerfs, de biches, de
pourceaux, de brebis, de boucs, de tigres, de léopards,
de chats-civettes , diverfes fortes de guenons , ck d'au-
tres bêtes qui fourniftent de très-belles peaux.
Du tems que Van-den-Broeck étoit dans le pays, on
tua un homme fauvage à Manicongo. Il étoit propor-
tionné comme un autre homme, hormis qu'il avoit tout
le corps hériffé de poil. Il avoit le nez plat , les nari-
nes larges , 8e, par derrière, au-deffus du croupion, une
queue longue ck groffe d'un pouce. Les habitans qui
prétendent en avoir vu d'autres, difent qu'ils ne parlent
point , & qu'ils parlent les nuits dans les arbres. Ce
fut auffi dans un arbre qu'il fut furpris avec fa femme
& fon enfant ; mais fa femme ck l'enfant échappèrent,
car ils font fort légers à la courfe.
©n allure qu'il y a dans le royaume de Loango des
mines d'étain ck d'argent ; mais les habitans font fi pa-
reffeux, qu'ils ne veulent pas y travailler. Il y a des en-
droits où il croît du poivre , comme celui de Bénin ,
du gingembre ck des cannes de fucre , dont on ne fait
point d'état. Les Portugais de Loanda ck de Saint-Paul
ont ttatiqué autrefois des lavaugus dans ce pays , & ce
font des lavaugus qu'on donne en aux foldats du roi d'Espa-
gne , dans une place que ce prince a conquife à trente
lieues de Lovanda 8c de Saint-Paul , dans les terres ap-
pelles Mafagaum. Les Portugais achètent à Loango
beaucoup de bois rouge ck des dents d'éléphans.
Telle eft la relation que nous a donnée Van-den-
Broeck , dans fes Voyages de la Compagnie des Inde*
orientales , établie en Hollande. Depuis ce tems les
chofes ont heureufement changé de face. Dans l'an-
née 1663 , un célèbre millionnaire , nommé le P. Ber-
nardin de Hongrie , fe trouvant à Loango , eut quelques
conférences avec le roi , l'inftruifit des myfteres de la
religion Chrétienne , le convertit à la foi , & le baptifa,
de même que la reine , fes fils , 8c quelques perfonnes
de fa cour. * Lettre du P. Bernardin, du 25 Juillet 1663.
Les peuples furent plus difficiles. L'exemple du roi les
toucha peu. Ils fe moquèrent des ordres que ce prince
donna de ne point travailler le dimanche , ck refuferent
de fe rendre à l'églife, pour affifter aux inftruûions. Un
des coufïns du roi , homme très-attaché à l'idolâtrie , fe
mit à leur tête, féduifit une partie des nouveaux Chré-
tiens, par des promeffes, des préfens , ck fe vit bien-
tôt en état de préfenter bataille à fon fouverain. * Le
P. Labat , Relat. d'Ethiopie , t. 3 , p. 430.
Le roi qui étoit brave , 8e qui avoit levé des trou-
pes, ne s'épouvanta point. Il alla chercher les rebelles,
Se leur livra bataille. Mais ceux-ci ayant trouvé moyen
de débaucher fes troupes , il fut contraint de fe retirer
avec ce qui lui refta de fujets fidèles. Les vainqueurs lui
offrirent de mettre les armes bas Se de le reconnoître
comme auparavant , s'il vouloit quitter la nouvelle reli-
gion qu'il avoit embraffée , & remettre les chofes comme
elles étoient. Le prince , convaincu de la vérité de la
religion Chrétienne , répondit qu'il ne quitteroit jamais
le culte du vrai Dieu , ck qu'il répandroit jusqu'à la
dernière goutte de fon fang , pour foutenir la religion
Chrétienne.
Il y eut encore d'autres combats entre le roi 8c les
rebelles. 'Dans le dernier de ces combats, les troupes du
roi furent taillées en pièces , 8c lui-même fut tué les
armes à la main. Cette déroute arriva vers la fin de
l'année 1664. Tout céda alors au vainqueur. Il fut re-
connu roi , 8c employa tous fes foins à détruire la reli-
gion Chrétienne , ck à élever le paganisme fur {es rui-
nes ; mais fon triomphe ck fon régne furent de courte
durée. Un des enfans du roi défunt s'étant fauve de la
bataille , où le roi fut tué , remit des troupes fur pied ,
protefta hautement que c'étoit moins pour défendre fes
droits que pour l'intérêt de la religion Chrétienne qu'il
prenoit les armes , 8c qu'à l'exemple de fon père, il la
fbutiendroit jusqu'à dernier foupir. Il donna enfuite une
bataille, dans laquelle le tyran fut défait 8c maffacré,
avec presque toutes fes troupes. Le prince Chrétien fe
mit alors fur le trône , 8c fit fleurir la foi dans fes états.
2. LOANGO ; (la baie) elle paffe pour être bonne.
Cependant, à l'entrée , vers l'extrémité feptentrionale,
il y a un banc, qui court depuis la pointe, près d'une
demi-lieue le long de la côte. Il gît à environ deuxbras-
fes 8c demie de profondeur, 8c n'eft pas large. Quand
on l'a dépaffé , on trouve cinq braffes 8c demie d'eau ,
jusqu'à la portée d'un petit canon , du côté de la terre;
ck à cette diftance, on trouve trois braffes, fond d'argille
rouge. C'eft l'endroit où les vaiffeaux ancrent ordinai-
rement. Cette baie fe reconnoît aifément par les hautes
montagnes rouges, qui font du côté de la mer, n'y en
ayant point d'autres femblables fur la côte. Depuis le
cap de Lopo jusqu'à Loango, les terres courent presque
toujours au fud-eft quart de fud, Se au fud-fud-eft. Pres-
que toute l'année, les courans portent au nord, avec tant
de rapidité, qu'il paroît fort difficile de les furmonter
8c de gagner au fud. On eft empêché par les vents du
fud-eft, qui régnent continuellement fur la côte; quoi-
qu'il s'élève au matin une petite fraîcheurde terre, qui,
à midi, vient du large. La failbn la plus propre, pour fur-
monter les courans 8c gagner au fud, c'eft celle de Jan-
LOB
LOC
vier, de Février, Mars fck Avril. Il' y pleut extrême-
ment, & on y a fans celle des grains fck des travades ;
ii on s'en lert à propos , le mauvais tems porte où on
veut aller. Sans cela , la choie feroit comme impoffible.
Les courans rapides que forment les rivières, qui lé dégor-
gent dans la mer, font fi forts , qu'il faut toujours navi-
ger à dix ou douze lieues de . terre. * Van-den-Broeck ,
Voyage de la compagnie des Indes orientales , t. 4,
p. 31b'.
LOANS, LOHANS ou Louans, ville de France,
en Bourgogne , dans le Châlcnnois , fck dans une espèce
d'iile ; entre les rivières de Seilles , la Salle fck Solnant,
à fix lieues au fud-oueft de Chàlons , à quatre de Tour-
nus, fck à neuf de Mâcon. Cette ville eft fort refTerrée
par fa htuation, fck n'a que deux portes. La longueur de
la vilie d'une porte à l'autre n'eft que de quatre cents
pas , la largeur de deux cents dix , fck le circuit de quinze
cents pas. On marche à couvert par toute la ville , par
le moyen des toits des maifons qui font avancés , ck
d'une grande commodité , mais qui rendent les maifons
fort fombres. Il n'y a qu'une feule paroifTe, fous l'invo-
cation de S. Pierre ck de S. Paul ; la cure eft. du diocèfe
de Befanqon, fck à la nomination de l'abbé de Tournus.
Il y a un couvent de Cordeliers , un hôpital , un collège
où les miffionnaires de Ja congrégation de S. Jofeph de
Lyon enfeignent toutes les clartés , hormis la théologie.
Le feigneur de Loan a haute fck baffe juftice , ck les ap-
pellations des jugemens font portées au bailliage de Chà-
lons. On y juge félon les loix Romaines , parce que
Loans eft de la Breffe Châlonnoife. Il y a auffi un gre-
nier à tel. * PiganioL de la Force , Descr. de la France,
/. 3 , p. 490.
Selon Carreau, Description de la Bourgogne , il y a
trois portes dans cette ville , à la diftance de deux cents
pas l'une de l'autre. On trouve au fortir de la porte ,
appellée d: 'Amont, un cours qui eft côtoyé dans toute
fa longueur par la rivière de Salle , ck qui conduit à l'hô-
pital , ck enluite aux Cordeliers. La manufacture des
étoffes, ck celle des toiles font affez confidérables. Il y a
un dépôt établi àLouans, pour les marchandilés que l'on
fait palier de Lyon en Suiffe, en Allemagne, ck autres
pays étrangers , pendant les quatre foires franches de
Lyon. La viile de Louans, Lovincum , félon le même
auteur, appartenoit anciennement à la maifon de Vienne,
îfiùe des aimés des comtes de Bourgogne. La maifon de
Vienne pofiédoit î^a^ny, Seurre, Pourlans, Longepierre,
Mervans , Louans , Sainie-Croix , ck autres terres, dont
les ducs de Bourgogne acquirent la mouvance ck la fou-
veraineté. Herri d'Antigny concéda, en 1169, 'es fran~
chifes fck privilèges de la ville de Louans , & il requit
le comte ae Bourgogne, ck Hugues, comte de Vienne,
feigneur de Pastny , duquel relevoit immédiatement
Louans , d'y appofer leurs fceaux. Les armes de cette
ville lont, de gueule , à deux clefs d'or pofées en fau-
toir, les anneaux en pointe.
LOBAN. Voyez Laban.
LOBAO. Voyez LOBON.
LOBAW, petite place de la Prufle Polonoife , aux
confins du royauine de Prufle. Elle a un château qui eft
la relidence ordinaire de l'évêque de Culm. Elle donne
fon nom à un petit canton circonvoifin, qu'on appelle
le pays de Lobo. Elle eft à treize milles d'Allemagne de
la ville de Culm , au levant.
LOBBES, félon Baillet, Topogr. des Saints, p. 274,
ou LauBE & LOBE, félon Baudrand,en latin Laubia:&c
Laubium , abbaye des Pays - bas , au bourg de même
nom, dans le Hainaut , au diocèfe de Cambrai, mais
dans les enclaves du pays de Liège , fur la rive Septen-
trionale de la Sambre, près de la ville deThuin, bâtie,
l'an 653, par S. Landelin , qui en eft regardé comme
le premier abbé ; mais il n'y demeura pas , fck fut excité
depuis à bâtir divers autres monafteres, dont le dernier
fut CrÉPIN où il mourut. Le^ premiers abbés de Lob-
bes furent tous évêques , mais évêques régionaires ck
ians diocèfe. Lorsque S. Landelin le fut retiré dans la
folitude du Hainaut où il bâtit Crépin , S. Ursmar fut
fait abbé de Lobbes, l'anôSô. Affifté des libéralités de
Pépin, il acheva, l'an 697, le monaftere de Lobbes, qui
devint dans la fuite l'un des plus riches & des plus célè-
bres du pays. L'églife de cette abbaye où S. Ursmar
87;
etoit enterré, étant devenue depuis la paroiïïe de ha-
lans de Lobbes, fut érigée aprèo en chapitre , ck donnée
à des chanoines qui transportèrent leur chapitres dans
la petite ville de Binche, l'an 1408, avec les corps de
S. Ursmar, de S. Ermin, fon fucceffeur, ck de fix autres
faints. Depuis ce tems, l'abbaye n'eft plus qu'une paroifTe
de village.
LOBETANI, ancien peuple de l'Espagne Tarrago-
noife. Ils prenaient ce nom de leur ville, que Ptolo-
mée, l.z, c. 6, appelle Lobetum.
LOBETUM , ville de l'Espagne Tarragonoife , félon
Ptolomée. C'eft préfentement AlBARACIN.
LOBITZUM, lieu de laThrace, duquel il eft parlé
dans les écrits de Cédrer.e, de Zonare fck de Nicetas.
Gabius appelle ce même lieu Lomzum. * Ortel. The-
faur.
LOBNA , ville de la Paleftine , dans la tribu de Jti-
da (a), dans la partie méridionale de cette tribu. Elle
fut cédée aux prêtres pour leur habitation , ck déclarée
ville de refuge (b). Eusèbe ck S. Jérôme difent qu'elle
étoit dans le canton d'tleuthéropolis. Selon D. Calmet,
c'eft la même que Libna ck Lebna, au voifinage de
laquelle les Israélites campèrent (c), dans leur voyage du
déiert. *(a) Jofué, c. 15 , v. 41. (b) Par.il, 1. 1 , c. 6,
v-55> 57- (c) Num.c. 31, v. 10.
LOBON ou Lobao, ancien bourg d'Espagne, dans
l'Eftramadure , fur la Guadiana, en re Ménda fck Bada-
jox, à cinq lieues de l'une fck de l'autre. * Bauarand,
éd. 1705.
Selon Ortélius, c'eft la Lycon de Tite-Live.
1. LOBREGAT, (le) Rubricaïus , rivière d'Espa-
gne, en Catalogne. Elle tire la (ource des montagnes,
au-deffus deBaga, fur la frontière de la Cerdagne, d'où,
coulant au midi par Berga, fck près de Mar.rèle, où elle
reçoit le Cardonero entre cette ville fck Montferrat , fck
enfuite la Noya, à Martôrel. Enfin elle fe rend dans la
mer Méditerranée, à deux lieues de Barcelone au cou-
chant. *Baudr. éd. 170°).
2. LOBREGAT, petite rivière d'Espagne, dans La
Catalogne; elle coule dans l'Ampurdan, baigne le châ-
teau d'Ampurias , fck fe jette dans le golfe de Lyon, au-
près de la ville deRofes. C'eft le Clodianus des an-
ciens. Cette rivière que Baudrand dit être le Clodianus
de Ptolomée, n'eft pas différente de Fluvian. Voyez
ce mot. * Baudr. éd. 17O).
LOBRINl-MONTES, fii'vm ffi, montagnes d'A-
fie , dans la Phtygie , félon le Scholiafte de Nicandre.
LOC-DIEU, ou Lieu-Dieu, Locus Del , abbaye,
de France, dans le Rouergue , au diocèfe de Rhodez,
ordre fck de la réforme de Cîieaux, fille de Dalon. Elle
a été fondée, le 12 des kalendes d'Avril 1123 , félon
d'aurres le 3 des ides de Novembre , c'eft-à-dire le
21 Mars 1113, ouïe 11 Novembre 1 134. Entre fes
principaux bienfaiteurs, on compte Aldoin de Parifî ,
(de Parijîo,) qui donna, au mois de Mai, l'an 1124, au
monaftere de Notre-Dame deLoc-Dieu, ou Lieu-Dieu,
fck aux religieux qui y fervoient Dieu , tout ce qu'il pos-
fédoit en différens endroits. Voici ce que l'on fait de
l'origine de ce monaftere , fuivant un Cartulaire prêté
au P. de Sainte-Marthe , par feu l'abbé Fleury, fous-pré-
cepteur des enfans de France , auteur de YHiJloire ecclè-
fiaflique, fck confeffeur dû roi Louis XV. Il étoit le cin-
quantième abbé de cette maifon. Au tems du roi Phi-
lippe, un certain Geraud, (de Sala,) vint dans l'Aqui-
taine, où, cherchant des lieux déièrts, il fonda fept mo-
nafteres qu'il inftitua fuivant l'habit fck le régime de*
vivre des religieux de Cîteaux , fous la régie de S. Be-
noit, le père commun de ces moines. Voici les noms
de ces monafteres :
Cadouin , Caduinum. Grandfelve, Grandis-Silva.
LeChaftelier, Caflellaris. Bornet, Bornetum.
Dalon , Dalonium. LesAUeus, Allodii, ckc.
Abfie, Abfia.
LOC-RENAN, ou Saint-Renan, petite ville de
France, avec une abbaye de filles, en baffe Bretagne,
au diocèfe de Léon , au-delà de Breft , vers le nord-
oueft , bâtie par S. Paul , premier évêque de Léon, au
feptiéme fiécle. * Bailla, Topogr. des Saints , p. 6t8.
Tome III. Sffffij
876
LOC
LOC
LOCANA. Ortélius, Thefaur. trouve ce nom dans
Curopalate & dans Cedrène, & ci oit eue c eft le nom
d'une vdle d'Arménie. r
LOCANUS , rivière de la grande Grèce , félon 1 to-
lomée , qui femble y terminer la Locnde de la grande
Grèce. En ce cas ce feroit la même que la Sapra , de
Pline, aujourd'hui Sarigria.no. Cependant Barri croit,
que cette rivière eft appellée aujourd'hui Proteriato.
LOCARICUM. Voyez Calata-Fimi.
LOCARNA, ville du Paropanife. Voyez Loch ARNA
Ce bailliage eft partagé, pour la police, en quatre com-
munautés.
I. La ville & la campagne de LOCRANO.
IL La vallée de Verzascha.
III. La ville de BrïsAGO.
IV. Et le bourg de GAMBARONIO.
LOCASTRA, ville de la Médie, félon Ptolomée,
/. 6 , c. i. Quelques exemplaires portent Choaflra.
' LOCCHÂ; A»**, grande ville d'Afrique. Scipion la
prit par une capitulation, que les foldats violèrent mal-
LOCARNO', ville de Suiffe , au bailliage de même gré lui , au rapport d'Appien , Punk. Cette place ne de-
qui eft un des quatre bailliages d'Italie ,T&d°nt voit jpas^êttje fort kj?^^» f;
LOCCHEM , petite ville des Pays-bas , dans la pro-
nom, .,-
elle eft la capitale. Les Allemands la nomment LUGGA-
ris C'eft une jolie ville, affez grande, au bord occiden- vince de Gueldre , au comte de Zutphen au bord de
tal du lac Majeur, étant lavée'd'un côté par la Magia, la petite rivière de Berckel, qui va fe perdre a environ
qui fe jette dans le lac en cet endroit. On peut juger deux milles au-deffous, dans 1 Iffel auprès de Zutphen.
cl- U erâriaeur de cette ville , parce qu'il y a eu dans Elle eft auffi a deux milles de Groll, félon Pontanus.
un tems jusqu'à quatre cents familles. Elle eft bâtie dans Le Diftionnaire géographique des Pays-bas, Hifi Geins.
une plaine, au pied d'une montagne fort haute, & dans 1. I , dit quelle eft a trois grandes lieues de Zutphen.
une Station fort agréable. L'air y eft doux & pur. Les Baudrand , qui prend les nulles de Pontanus pour des
montages qui l'environnent au nord & au midi , fer- lieues, ny met que deux lieues de d.ftance. Il remar-
vent à tempérer d'un côté la rudeffe & l'impétuofité que qu'elle fut pnle , en 1671, par les François , qui la
des vents froids de la bile, & la chaleur excefiive des quittèrent, en 1674, après en avoir rafe les fortifications,
vents du fud. A l'occident & à l'orient , le pays eft ou- LOCCUNG , fortereffe de la Chine, dans la province
vert & les vents y ont un cours libre. Comme Locarno de Junnan , au département de Lingan , troifiéme métro-
eft la ville la plus grande qu'il y ait aux environs du pôle de la province. Elle eft de 14 d. 30' plus occiden-
lac Majeur , auflî eft-elle fort fréquentée par les négo- taie que Pékin, fous les 23 d. iS' de latitude. * Atlas
dans, & il y a toutes les femaines de gros marchés, Sinenfis. ,^^„,DT7D X7 ,
où l'on va de toutes les parties des bailliages voifins , LOCHABAR, LOCHABER. Voyez Lochquha-
auffi-bien que des autres endroits de celui de Locarno. EIR. „ .„,,'. , . . ,
Il v a dans cette ville une grande place au bord du lac, LOCHANG, ville de la Chine, dans la province de
fort propre Si commode pour cet ufage. Il y avoit là Quangtung, au département de-Xaocheu féconde mé-
autrefois un bon port carré, flanqué de bonnes tours à tropole de la province. Elle eft de 4 cl. 7' plus occiden-
fes quatre coins ; mais il y a long-tems qu'il a été corn- taie que Pékin, fous les 15 d. 7' de latitude. * Atlas .
blé par le «ravier que la Magia. y a charrié. Là étoit Sinenfis.
autrefois une fortereffe avec un palais, qui appartenoit LOCHARNA, ville d'Aile , dans le pays des Paro-
aux comtes Rusca, feigneurs du pays ; mais elle fut dé- panifades, félon Ptolomée , /. 6, c. 18.
molie par les Suiffes, Van 1531, & ils n'y laifferent que _ LOCHAU , petite ville d'Allemagne, dans la prin-
le palais qui fert de réfidence aux baillifs. Locarno eft cipauté de Lunebourg. Elle eft chef d'un bailliage, dont
au milieu d'un pays abondant en pâturages, en vins 6k la plupart; des habitans font Vandales d'origine, & en
en bons fruits; mais il manque fouvent de bled, à caufe ont confervé le langage.
du peu de champs qu'il y a. Le lac fournit quantité de LOCHES , Luccce , petite vilte de France , dans la
bons^poiffons , entr'autres, des truites que l'on porte jus- Touraine, fur la rive gauche de l'Indre , entre Châtil-
qu'à Milan. Quant au gouvernement civil, cette ville Ion & l'abbaye de Cormeri. Elle eft confidérable par
eft partagée en trois ordres ; les nobles, les anciens fon château, & par fes grandes mouvances ; car le comté
bourgeois, & le peuple. Le premier jour de l'an , toute la de Montrefor en relevé de même que douze châtelle-
communa'uté , qui eft compofée de la ville & de la cam- nies , &; plus de foixante fiefs. Elle peut paffer pour an-
pa->ne, s'affenible à Locarno, & choifit fes officiers, cienne; car dès la fin du cinquième fiécle, Euftochius,
qut font vingt -un confeillers , un thréforier, &c. De évêque de Tours, y bâtit un monaftere.^ Loches avoit
feillers douze font pris de Locarno , trois de fes feigneurs particuliers depuis le neuvième fiécle , &c
>u Ascona; & les fix autres font tirés des villa- ils reconnoiffoient les comtes d'Anjou. Leur race s'é-
tant éteinte, cette ville fut réunie à la Touraine & au
domaine des rois d'Angleterre , comtes de Touraine,
félon l'abbé de Longuerue, Descr. delà France, p. 107.
Piganiol dit : elle pafla aux comtes d'Anjou par ma-
riage, & fut réunie à la couronne, par félonie, l'an 1101.
Cette ville eft fituée à mi-côte , au pied du château, &c
eft entourée d'un côté de collines chargées de vignes
ces cor,
Scona c
ges & des vallées d'alentour. Des douze confeillers pris
de Locarno , il y en a fix qui font tirés de la nobleffe,
quatre des anciens bourgeois , & deux du peuple. Cha-
que village a l'on conful , qui exige de chaque famille
le cens annuel , auquel elle eft taxée ; les confias le li-
vrent au thréforier qui en rend compte au confeil. *Etat
& Délices de la Suiffe, t. 3 , p. 516.
Le BAILLIAGE de LOCRANO eft à l'occident de au bas desquelles font des vallées très-fertiles, & de lau-
celui de Lugano. Il occupe les deux côtés de la partie tre , une grande prairie traverfée par un pont d'une lon-
fupérieure du lac Majeur. Ce lac, que les Italiens appel- gueur extraordinaire. Le château eft affez vafle & fort;
lent laoo Maggiore, (parce qu'il eft le plus grand des le donjon a été commencé , il y a environ deux cents
trois lacs de la^Lcmbardie,) & qui eft le Verbanus la- . cinquante ans , & fut achevé fous le régne de Louis XII.
eus, des anciens, eft long & étroit. Il s'étend du nord On y remarque deux cages de bois, garnies de fer, qui ont
au fud; & dans l'étendue, de dix ou douze milles, il eft fix pieds de large & huit de long, dans l'une desquelles
à la Suijjc; & dans tout le refte il dépend du duché de mourut Ludovic Sforce, l'an 15 10. Le cardinal de la
Milan. Il s'élargit confidérablement dans le milieu de Babue fut auffi renfermé dans ce château, l'an 1469, &
fa longueur, & forme un golfe à l'oueft où font les ce- y refta onze ans. L'appartement, que ceux du pays ap-
lébres ifles Borromées ; mais nous en parlons en fon lieu, pellent ks faits, eft celui du roi, quia été bâti par or-
Ce bailliage eft grand, & contient quarante- neuf pa- dre de Louis XI. Un capitaine de ce château, nommé
roiffes. Il eft compofe de trois ou de quatre vallées fer- Pont-Briant , y découvrit des voûtes fouterreines, fer-
tiles, & arrofé de belles rivières, qui fe jettent toutes mées avec une porte de fer , au bout desquelles eft une
dans le lac. Le Téfin , venant du canton d'Uri & du chambre quarrée où il fe trouva un géant affis fur une
bailliage de Bellinzone , entre dans la tête du lac. La
Madia ou Magia, venant de la vallée qui porte fon nom,
entre dans le "lac près de Locarno. La rivière de Ver-
zafcha fe jette dans le lac , à une bonne lieue au nord
de la orécidente. Les vallées deCento-Valli & d'Offe-
pierre, ayant fa tête appuyée fur fes deux mains, comme
s'il eut dormi; mais auffi-tôt qu'il fut expofé à l'air, il
s'en alla en pouffiere , excepté la tête & quelques offe-
mens qu'on a confervés long-tems dans 1 eglife de Lo-
ches. Auprès de ce géant étoit un petit coffre , dans le-
ron ont auffi chacune une rivière qui l'arrofe, & quife quel il y avoit quantité de beau linge, qui fut auffi ré-
jettent toutes deux dans la Magia. duit en pouffiere , dès qu'on y toucha
LOC
LOC
L'églife collégiale de Notre-Dame de Loches, eft dans
l'enceinte du château. On voit au milieu du chœur un
magnifique tombeau de marbre noir, éievéde trois pieds
de terre ; au-deflus eft une figure de marbre blanc, qui
représente Agnès Sorel. Deux anges tiennent l'oreiller ,
fur lequel repofe fa tête, & à fes pieds font deux béliers.
On lit autour de ce tombeau cette épitaphe:
Ci gît noble damoifelle Agnes Seureile, en fon vivant
dame de Beauté ,
Rochefferie , d'Ifïbudun , de Vernon-fur-Seine , pitieufe
envers toutes gens,
Et qui largement donnoit de fes biens aux églifes ci aux
pauvres, laquelle
TrépafTa le neuvième jour de Février 1449. Priez Dieu
pour elle.
Trois autres inscriptions latines font employées à rele-
ver la beauté, la nobleffe Se la charité de cette maîtrefle
de Charles VII, roi de France. Elle étoit née au village
de Frornenteau, en Touraine, & auprès de Loches. Elle
eft blâmable d'avoir fait un ufage fi peu chrétien de fa
beauté ; mais on la louera toujours d'avoir fauve la France.
Au lieu que les maîtrefies des rois ne fervent qu'à les
e/Féminer & à deshonorer leur régne , celle-ci retira
Charles VII de la tranquilité léthargique avec laquelle
il voyoit le progrès que faifoient les Anglois dans fon
royaume. Elle changea de conduite , &r. le tourna en-
tièrement vers la piété. Les chanoines de Loches lui ac-
cordèrent cette fépulture , en confédération des libérali-
tés qu'elle leur fit ; car elle leur fit prêtent des terres de
Fromer.teau 5c de Bigorre ; elle leur donna auffi une
très-belle lapifièrie , plufieurs joyaux , reliquaires & or-
nemens , entr'autres, une image d'argent de la Magde-
laine, & une des côtes de cette fainte.
Dans la ville même il y a une pareille & fîx couvens.
On n'y compte qu'environ huit cents feux , & mille huit
cents habitans. Le domaine eft engagé à un gentilhomme
du nom de Bracque, qui prend la qualité de comte, de
Loches. Les habitans de Loches ont une vénération ridi-
cule pour une meule du moulin de S. Ours; laquelle, fi
on veut les en croire , fubfïfie dans fon entier, fans au-
cune diminution, depuis environ douze cents ans, quoique
les meuniers la piquent tous les jours. La ville de Loches
eft féparée de la ville de Beaulieu par la rivière d'Indre,
& par un pont qui en fait la communication.
La forêt de Loches eft auprès de cette petite
ville : elle contient cinq mille arpens de bois de haute-fu-
taie , & appartient au roi.
LOCHI, fille de la Chine, dans la province de Su-
chuen, au département de Tungchuen, première grande
cité de la province. Elle eft de 11 d. 50' plus occiden-
tale que Pékin , fous les 30 d. 40' de latitude. * Atlas
Sincnfis.
LOCHIA, promontoire d'Egypte , auprès de Pharos,
félon Strabon, /. 17, p. 791. Ortélius croit que c'eft
aujourd'hui Castelleto. Strabon écrit Rx.o*ixia.t en
feul mot ; &, p. 794 , il le divilé ainfi : &6yja.< àV.ga .
1. LOCHING, ville de la Chine , dans la province
de Pékin, au département de Chintinh, quatrième mé-
tropole de cette province. Elle eft de 2 d. 16' plus oc-
cidentale que Pékin , fous les 38 d. 36' de latitude.
? Atlas Sinenjzs.
2. LOCHING, ville de la Chine , dans la province
de Quangfi , au département de Lieucheu , féconde mé-
tropole de la province. Elle eft de 9 d. 26' plus occiden-
tale nue Pékin, fous les 25 d. 17' de latitude. * Atlas
Sinenjzs.
LOCFIIS , ou AUCHIS , félon les divers exemplai-
res Ptolomée, /. 5 , c. 9, ancienne ville de la Sarmatie,
en Afie.
LOCHMABEN , ville & château de TEcoffe méri-
dionale, dans la province d'Annendale , au nord-oueft
d'Anr.and. * Etat préfent de la Gr. Bretagne.
LOCHQUHABlR, province d'Ecoffe , dans fa par-
tie Septentrionale. Elle eft au nord des provinces deLorn,
d'Argyle, & de Braid-Albain , auxquelles elle confine
au midi, à l'occident de celle d'Athol : elle a celle de
Murraye au nord-elt , & celle de Rofs au nord ; & enfin
h?
1 Océan occidental la baigne au couchant. Elle abonde
en pâturages : lès lacs & fes rivières nourriflent beaucoup
de poiftbn ; le plus grand lac eft au milieu de la pro-
vince. Sa ville la plus confidérable -ft celle d'Inverlochi.
Cette province eft remarquable dans l'Hiftoire, par la
prophétie de Banquho, vers l'an 105:0 , que fa pofténté
jotiiroit de la couronne pendant une longue fuire d'an-
nées. Le tyran Macbeth, qui régnoit pour lors enEcofte,
le fit affaflîner , à caufe de cette prophétie qui ne laifîa
pas pourtant de s'accomplir; car fon fils s'enfuit dans le
pays de Galles. Il eut un fils nommé Gautier, qui prit le
nom de Stuard, en Ecoffe, &c duquel la famille royale
de ce nom eft descendue. * Etat préfent de la Gr. Bre-
tagne , t. 2 , p. 262.
LOCHTOA , rivière de Finlande, dans la Cajanieou
Bothnie orientale. Elle a fa fource dans une grande chaîne
de montagnes, qui féparent la Cajanie de la Thavaftie, Si
tire les eaux d'un lac nommé Lestierwi ; d'où, coulant
vers le nord-oueft, elle le charge, chemin faifant, de deux
ruiiïeaux , & va fe perdre dans le golfe de Bothnie , au
midi du bourg de LoCHTO , entre" la vieille Carleby au
midi, ck la roche de Kala au nord. Cet intervalle de la'
côte eft plein de roches. * De flfie , Couronnes du
nord.
LOCHUEN, ville de la Chine, dans la Province de
Quangfi, au département de Gucheu, cinquième métro-
pole de la province. Elle eft de 7 d. 38' plus occiden-
tale que Pékin, fous les 22 d. 54' de latitude. * Atlas
Sinenjzs.
LOCING, ville de la Chine , dans la province de
Chékiang , au département de Vencheu , onzième mé-
tropole de la province. Elle eft de 4 d. 28' plus orientale
que Pékin, fous les 27 d. 49' de latitude. * Atlas Si-
nenjzs.
LOCK.UM, abbaye d'Allemagne, dans la princi-
pauté de Calenberg. Il y a aujourd'hui un abbé Luthé-
rien fort riche , avec un cerrain nombre de conventuels.
LOCKMARIAKER, bourg de France, dans la balle
Bretagne , au diocèfe , ÔC au fud-eft de Vannes, proche
la mer. Ce bourg eft bâti , en partie , fur les ruines de
l'ancienne capitale des Venètes, appellée par Ptolomée
Dariorigum. On y voit encore les fondemens des murs
& des tours , & plufieurs autres vefbges , qui prouvent
qu'il y avoit autrefois dans cet endroit une grande ville.
En 1748, on trouva dans les ruines fubmergées, en dra-
geant des huitres , une ftatue d'or de deux pouces repré-
sentant Harpocrate , dieu du filence. Voyez DaRio-
RIGUM.
LOCO , fortereffe de la Chine, dans la province de
Junnan, au département de Chinyuen, dixième métro-
pole de la province. Elle eft de 15 d. 56' plus occiden-
tale que Pékin, fous les 24 d. 37' de latitude. * Atlas Si-
nenjzs.
LOCO-BORMANI, ou Lucum Bormani, félon
les divers exemplaires d'Antonin, Itiner. lieu ou bois ,
entre Albengue & Antibes , à quinze mille pas de la pre-
mière. C'eft le Bormani ou Bormanni de Pline.
LOCOR1TUM , ancienne ville de la grande Germa-
nie , félon Ptolomée , /. 2, c. 11. Pierre Appien con-
jecture que c'eft ForcheiM fur le Mein.
LOCOZUS, ancienne ville d'Afie, dans laPhrygie:
elle fut abîmée dans une inondation , félon Etienne le
Géographe.
LOCRA , rivière de l'ifle de Corfe. Elle a fon em-
bouchure fur la côte occidentale, félon Ptolomée, /. 3,
c. 2. Léandre croit que c'eft aujourd'hui le Talabo.
LOCRENAN, bourg de France, dans la Bretagne,
diocèfe & recette de S. Pol de Léon. Il y a une ma-
nufacture royale de toiles pour les voiles des vailîeaux,
dont on fournit l'arfenai de Breft.
LOCRES, Locri, peuples d'Afrique , dont Virgile
fait mention dans ce vers de l'Enéide , /. 1 1 , v. 265 :
Libycove habitantes littore Locros.
Servius, Comment ar. in Virg. 1. 2, p. 1597, remarque
fur ce vers de Virgile , que les Locres Epizéphyriens Se
les Locres Ozoles furent compagnons d'Ajax; la tempête
partagea leur flotte. Les Epizéphyriens abordèrent dans
le pays des Brutiens , où ils fondèrent la ville Locri. Les
Ozoles furent jettes fur la côte de la Pentapole. Quel-
LOC
LÔ^
ques-uns difent néanmoins , qu'il y avoit dans le pays
des Bruthns un endroit de ia côte , nomme le rivage de
[■ bis. D'autres croieMque ces peuples fixèrent leur de-
meure iur le polte de la Sidre; d'autres veulent qu'ils fe
foient établis dans les illesde laLybie , qu'ils y ayent d'a-
bord été appelle* Nifammones, & dans la <mte, par cor-
ruption, Nafammor.es. Il s'en trouve qui foutiennent que
ces peuples , après avoir perdu leurs vaifTeaux dans le
golte de la Sidre , prirent terre , & avancèrent dans l'in-
térieur des terres, jusqu'es dans le pays d'Ammon, Se
qu'ils bâtirent dans le quartier de; Nafartltnôms une ville
qu'ils nommèrent Aurda. Il y en a qui avancent quelles
Locres, dont il eft ici queftion, s'emparèrent, fur la côte
d'Afrique, d'une ifle nommée Cercina. Enfin quelqu'un
s'eft imaginé que dans les vers fuivans , qui, dans le fond,
paroiiîent un peu obscurs, Denys le Périégète plaqoit
les mêmes Locres fur la mer Atlantique :
Htc;
ixn.
-2p
r
LOCRES EPICNÉMIDIENS , (les) Locri Epicne-
midii, peuples de la Grèce propre, dans la Locride. Ils
étoient féparés des Locres- Ozoles par le mont ParnalTe,
& ils habitoient les terres qui font entre cette montagne
& le golfe Maliaque. Strabon, /. 9, dit qu'ils tiraient
leur nom de la montagne Cnemis ou Cnemides. Eus-
rathe, in Periea. v. 416, pour avoir mal entendu cet
endroit de Strabon , veut que cette montagne foit fituée
auprès du mont (Eta ; mais comme Ptolomée place fur le
golfe Maliaque la ville, tnpiïii , Cnemides, ainfinoir.-
mée du nom de la montagne , au pied de laquelle elle
étoit bâtie , il eft à croire qu'il y avoit dans ce quartier
une montagne appel'ce Cnemis. Voyez ce mot. A moins
que l'on ne donne ce nom à cette file de montagnes ,
qui s'étend depuis le mont (Eta, jusqu'à la mer. Voyez
LoCRlS. * Ce'lar. Geogr. ant. t. 2 , c 13.
Les Locres Epicnémidiens habitoient tout le pays,
depuis les limites des Locres Opuntiens , jusqu'au golfe
Maliaque ; & la ville de «.nuitet , Cnemides ou Cne-
mis, étoit une de leurs places maritimes. Ptolomée la
met par erreur chez les Opuntiens , dont elle étoit li-
mitrophe. Le P. Briet, de Regno Macedon. part. 1,1. 3,
je ne fais fur quelle autorité , dit que les Locres Ozoles
descendoient des Locres Epicnémidiens.
LOCRES OPUNTIENS, peuples de la Grèce propre,
dans la Locride. Leur pays s'étendoit depuis les Locres ,
jusqu'à la Eéotie, en tirant vers le midi. Ils furent appelles
Opuntiens. de leur capitale nommée Opus. Voyez Lo-
CRlS. *Cel!ar. Geogr. ant. /. 2, c. 13.
LOCRES OZOLES, Locri O^olœ (a), peuples de
la Grèce propre , dans la Locride. On les trouve auffi
nommés Zephyrii, c'eft-à-dire Occidentaux, parce que
leur pays s'étendoit à l'occident de la Locride : il com-
mencoit à Naupaclus aujourd'hui Lepanto , & finilToit
aux confins de la Phocide ; ainfi il ne comprenoit, le long
de la côte de la mer , qu'un espace de deux cents [rades
au plus; ce qui revient à huit lieues ou environ. Leur ca-
pitale étoit Amphija (b). Une partie de leur pays étoit
très-fertile; l'autre partie étoit coupée de roches. On dé-
rive leur nom du grec élu , fentir mauvais. Parmi le grand
nombre d'applications qu'on a faites de ce lirnom, les plus
yraifemblables font celles qui veulent que ces peuples ayent
été ainfi nommés, ou parce qu'ils ciemeuroient auprès d'un
marais qui répandoit une mauvaife odeur, ou pareeque
leurs habits fentoient mauvais; car ils étoient habillés de
peaux non corroyées. Ils ne fe fervoient pas delaine comme
les autres peuples de laGréce (c). Ils étoient adonnés à
la fodomie (d). Leurs femmes étoient communes en-
tr'eux (e). Ils faifoient des feftins à la mort de leurs pa-
ïens. Ils crevoient les yeux aux voleurs (f). Si, contre
la défenfe du médecin, un malade buvoit du vin , il avoit
beau revenir en fanté , on le faifoit mourir. Ces mœurs
& ces ufages doivent s'entendre des tems les plus an-
ciens , & avant que la Grèce fût auffi polie qu'elle le fut
dar.s la fuite. * (a) Cellarius , Geogr. ant. /. 2 , c. 13.
(b) Le P. Brict, de Regn. Macedon. p.r, A3. (c) Max.
Tyrius. (<>) Athenaeus. (e) Heraclides. (f) jElian. in
Variis, 1. 2 , c. 37.
LOCRI C) , ville de la grande Grèce , au midi de fa némidiens,
partie occidentale , auprès du promontoire Zephyrium t
u
en tirant vers le nord. Ptolomée la nomme ÀoKfo}, Lo'cri:
Tite-Live la met chez les Brutiens. Pline, 1. 3 , c. y,
dit que les Locres étoient furnommés Epi{ephyrii , à
caufe du promontoire Zephyrium, dont ils étoient voi-
fms (b). Au refte Locri étoit autant le nom de la ville,
que celui d un peuple : c'eft pourquoi Strabon, /. 6 , dit :
h m. Ut ci 1 «cp3< 0} È-TTiQçûeto , urbs Locri Epiftphyrià
Le même géographe juge que Locri fut bâtie par les Lo-
cri Ofo.'œ. Il y a plus d'apparence néanmoins qu'elle fut
fondée par les Epicnémidiens, dont Naray, ou Nary-
cum étoit la ville. En effet Virgile, JEneid , 1. 3, v. 399,
faifant mention des Locri d'Italie, dit :
Hic & Narycii pofuerunt mania Locri.
Ovide, 15, Métam. v. 705, donne même le nom de
Naricia à la ville de Locri. * « Orw/.Dift. Q>) Cd-
ïar. Geogr. ant. /. 2, c. 9.
Le nom du peuple étoit Locri Si Locrenfes ; car on
lit dans Tite-Live, Lib. 22, extremo. Metapontini, Cro-
ïonienfes, Locrique ; & lib. 23, c. 30: Locrenfes defei-
vere ad Pœnos. Le territoire <k le pays étoit appelle par
les Grecs Aoxe«' , Locride , puisque Strabon dit âKfi
t;7s AmtlS'of , promontorium Locridis , le promontoire de
la Locride.
Quelques écrivains prétendent que la ville LOCRI fut
d'abord bâtie fur le promontoire Zephyrium ;<]u'enfuite
elle fut transférée dans l'endroit où l'on voit aujourd'hui
Giera^o ou Cirace , & qu'il y paiToitune rivière à l'em-
bouchure de laquelle étoit PORTUS Locrorum. La ri-
vière Alex, aujourd'hui Alece, bornoit d'un côté le pays
des Locres, &. .eféparoit du pays de Rheginum, aujourd'hui
Rhegio , ck la rivière Sagra le bornoit du côté du nord.
Les Locres ne laiiTerent pas pourtant de bâtir la ville de
Caulonia entre cette rivière Si le promontoire Cocintum:
ils poflederent auffi Peripolium, ville fur l'Alex, Si que
l'on croit être aujourd'hui Mendolia. * Pkil. Cluver. Ital.
ant. /. 4.
LOCRIS, ou Locride, contrée de l'Achaïe. Le
ParnalTe , félon Strabon , /. 9 , la partageoit en deux par-
ties. Cellarius, Geogr. mit. 1. 2, c. 13, dit que celle qui
étoit en-deçà de ce mont, étoit habitée par les Locres
Oboles, &l bornée par l'Etolie & par la Phocide: la par-
tie au-delà du ParnalTe , s'étendoit vers le détroit des
Thermopyles , le long de la côte de l'Euripe , vis-à-vis
de l'Eubée. Les Locres, qui habitoient au-delà du Par-
nalTe, étoient divifés en deux peuples , favoir les Locres
Opuntiens fur la mer d'Eubée , Se les Locres Epicnémi-
diens , qui avoient pris leur nom de la montagne Cné-
mife. Strabon appelle encore les Locres Oroles , îniie'n
Aoifoi, Locres occidentaux , pour les distinguer des Lo-
cres d'au-delà du ParnalTe, qui étoient dans la partie
orientale de l'Achaïe. Il y a des écrivains qui n'admettent
pas la divifion des Locres d'au-delà du Parnnaffe : ils les
appellent en général Locres Epicnémidiens. Le Scholiafte
de Pindare eft de ce nombre. Voici ce qu'il dit in Olymp.
Od. 1 1 : Locrorum triafunt gênera , Epi^ephyrii , 0{o-
Ice , Epicnemidii. Ex his Epiçephyrii Locri Junt in Ita-
liâ; 0{o!œ ad JEtoliam ; Epicnemidii juxta Eubœam,
Cependant la plupart des géographes divifent les Locres
au-delà du ParnalTe en Locres Opuntiens Se en Locres
Epicnémidiens. Ptolomée eft du nombre de ceux qui les
divifent. Voici les villes qu'il attribue à chacun de ces
peuples. Voyez Locres.
Locres Ozoles.
fMolycria.
Antirrhium Promont.
mes. .Naupacius.
I iLvanthia.
^Chaleus.
(Dans les terres.{Amphifa.
( Villes manu- $ Cnemides.
Locres Opun- mes. \Cynus.
tiens. ")
(^Dans les terres. {Opus.
Villes mariti- ÇBoagrijlu
Locres Epie- ) mes. \Scarphia.
Dans les tenes.{Thronium.
LOD
La divifion que donne le P. Brier , de Fera Gracia ,
part. 2 , 1. 3 , eft différente de celle de Ptolomée : elle
ajoute, entr'autres, plufieurs villes au pays des LocresEpic-
rAmphijfa.
t /-» i )Naupaclus, aujourd'hui Levante.
Locres OzohsJMJ^a QU ^olicrioa%
\Antirrhium, promont.
t /-. (Opus ou Opoeis.
Locres OpunO ^ in(uL aujourd'hui Jalendi.
nens- ICynus.
[Cnemïdes ou Cnemis-Mons.
IThronium.
... Parafopias.
némidiens. )Afopus,fluv.
I Heraclea , cognomento Trachin.
[Thermopylœ fauces.
LOCTA , nom latin de Loket , petite ville de la
Bohême proprement dite. Voyez Elnbogen.
LOÇU , ville de la Chine, dans la province de Jun-
nan , au département de Junnan , première métropole
de la province. Elle eft de 14 d. 46' plus occidentale
que Pékin, fous les 24 d. 50' de latitude. * Atlas Sinenfis.
LOCUNG , forterefle de la Chine, dans la province
de Iunnan , au département de Lingan, troifiéme mé-
tropole de la province. Elle eft de 14 d. 30' plus occi-
dentale que Pékin, fous les 23 d. 28' de latitude. * Atlas
Sinenfis.
LOCUS. Ce mot eft latin, Se lignifie LIEU. Il eft com-
mun à tous les lieux du monde, dans de fens général.
Nous en avons marqué l'ufage au motLlEU; mais avec
une addition il devient propre à un lieu particulier.
LOCUS ARCjE , le lieu de l'Arche. Métaphrafte,
dans la Vie de S. Martinien , dit qu'il y avoit une
montagne ainfi nommée, auprès de Célarée, dans la Pa-
leftine. C'eft ne rien défigner; il y avoit plus d'une Cé-
farée dans ces cantons-là.
LOCUS-FELIX , ou Lacus-felix , ou Lacus-
FELICS, félon les divers exemplaires d'Antonin , an-
cien nom d'un lieu ou d'un lac de la Norique , entre Ar-
lape 5c Lauriacum , à xxvi. M. P. de la première & à
XX. M. P. de la féconde.
LOD. On lit au premier livre des Paralipomènes ,
c. 8 , v. 12 , qu'Elphaal eut pour fils Heber , Mifaam 5c
Samad , Se qu'il bâtit Ono Se Lod , Se fes filles , ou fes
dépendances. Voyez Lydda.
LODABAR , ville de la Paleftine. On n'en fait pas
bien lafituation; Miphibofeth, fils de Jonathas, demeu-
roit à Lodabar , après la mort de fon père , lorsque Da-
vid le fit venir à fa cour. Lodabar étoit apparemment
au-delà du Jourdain. Reg. 1. 2, c. 9, v. 4 & 5.
Lodabar peut fignifier Lod de delà'. D. Calmet
qui croit que Lod eft la même ville que Lydda ou Dios-
polis, foupçonne qu'elle étoit la Lod d'en-deçà, Se que
Lodabar ou Lod de delà étoit ainfi nommée par op-
pofition.
LODDEN, bourg d'Angleterre, dans la province de
Norfolok. On y tient marché public. * Etat préfent de la
Gr. Bretagne , t. I.
LODEGA, orthographe vicieufe pour Ladoga.
Voyez ce mot.
LODESAN, (le) petit pays d'Italie, au duché de
Milan , le long de la rivière de l'Adda , entre le Crémo-
nois Se le Cremasque au levant , le Milanès propre au
nord, le Pavefan au couchant, & le Plaifantinau midi.
Il prend ce nom de Lodi, fa capitale. Il eft très- fertile Se
très-peuplé. Il eft .préfentement à la maifon d'Autriche,
ainfi que le refte du Milanès.
LODEVE, ville de France, au bas Languedoc,
fur la Lergue, au pied des Sevennes , vers les confins du
Rouergue , avec un évêché fuffragant de l'archevêché de
Narbonne ; en latin Leuteva , Leoteva, Luteva Se Forum
Neronis. Pline , /. 3 , c. 4, en nomme les habitans Lu-
tevani , qui efl Foroneronienfts ; ainfi leur ville étoit ap-
pellée Luteva Se Forum Neronis: ce furnom étoit le nom
propre d'une autre ville du peupie Tricajlini. Le même
auteur dit que c'étoit une ville Latine, fans doute à caufe
LOD 879
de la colonie à l'occafion de laquelle on l'avoit furnom-
mée Forum Neronis. 11 parle enfuite des Arecomici, au
fujet de la ville de Niines , Nemaufum Aremicorum. Je
ne vois point en tout cela ce qui a engagé le dofte abbé
de Longuerue, Descr. de la France , p. '248 , à dire que
Lodeve nommée en latin par Pline Leuteva, eft une an-
cienne ville des peuples Arécomiques , que cet auteur
allure avoir été Forum Neronis. Ce qu'il ajoute me pa-
roît encore moins fondé. Leuteva, dit-il, a été depuis
corrompu en Luteva , Loteva , Lodova 6c Luteha 6c Lu-
tuba. J'aurois cru, au contraire, queLeuteva étoit une des
corruptions du mot Luteva , Se Lutevani que je trouve
dan- les édi tior.s de Pline, par Dalechamp , par les Elze virs
& par le P. Hardouin , (ans que ce dernier ait remarqué
qu'on lile autrement daus les manuscrits. Le pape Boni-
face I, écrit Lutuba le nom de cette ville dans une Let-
tre datée du [treizième confula' d'Honorius, 5e du dixième
de Théodofe le Jeune , & qui appartient à l'an 422 , où
il parle d'une entreprife que Parrocle, évêque d'Arles,
avoit faite hort de ia province, dont le clergé 5t le peu-
ple, Lutuenjis ecclejicc chorus &plebs, s'étoient plaints au
faint fiége. On préttnd que le roi Louis VIII, en recon-
noiffaace des férvices qu'il avoit reçus de Pierre V, évê-
que de Lodeve, dans la guerre des Albigeois, voulut qu'à
l'avenir on appellât cette ville Ludova, comme qui di-
roit ville Louis. Cette idée efl peu vraifemblable. Lodeve
ièroit un des plus anciens évêchés de Frande, s'il etoit
vrai , que S. Flour, un des foixante 5c douze disciples
de Jesus-Ch«ist eût été fon premier évêque. Mater-
nus , évêque de Lodeve , ouscrivit en ^06 , au concile
d'Agde. Les évêques de Lodeve, fufrragans de Narbonne,
ont affiné non-leulement aux conciles qui fe font tenus
en cette métropole, mais auffi à ceux de Tolède, parce
que ceux de Lodeve éroient fujets des rois des Wifi-
goths, S: ne furent fournis aux François que fous la race
des Carlovingiens. S. Fulcrain , évêque de Lodeve, mou-
rut le 13 de Février de l'an 1006; fon corps s'étoit con-
fervé tout entier, jusqu'en 1 ^7;, que les Proteftans, durant
les troubles de religion, le traînèrent par les rues, & le
brûlèrent. Il en refte encore une main 5c quelques autres
reliques dans la cathédrale. * Pigamol de la Force,
Descr. de la France ,p. 372.
Lodeve a eu fes vicomtes auffi-bien que les autres
villes du Languedoc ; 5c on voit par la Vie de S. Fulcran,
que, l'an 1006, Heldinus tenoit cette vicomte. Les vi-
comtes de Béziers, qui font quelquefois nommés comtes ,
avoient auffi quelques portion de la feigneurie de Lo-
deve , 6c cette portion vint aux vicomtes de Narbonne.
Le vicomte Pierre donna, l'an 1192, cette portion à
Raimond de Maderis , évêque de Lodeve, 6e à fon
églife; ce qui fut confirmé, l'année fuivante, par Raimond,
comte de Touloufe , comme feigneur féodal. Cet évê-
que avoit encore le comté de Montbrun , qui lui avoit
été disputé par le comte de Rhodes , mais qui lui fut
confirmé , avec fes autes droits , par une patente du roi
Louis VIII donnée, en 1226 , cela le rendit feigneur do-
minant de tout fon diocèfe.
L'acquifition du droit des comtes 6c du comté de
Montbrun eft attribuée par Piganiol de la Force,/». 243,
à l'évêque Pierre de Posquieres. Il fut enfuite fermer Lo?
deve de murailles à fes dépens; 6c, en 1160, le roî
Louis VIII lui accorda le droit de régale 6c les mines
d'argent , 6c autres de fon diocèfe. Cette conceffion fut
depuis confirmée par Philippe Augufte, avec pouvoir de
battre monnoie, bâtir des tours 5c des fortereffes , ôc de
connoître des caufes civiles 6c criminelles. L'évêque de
Lodeve jouit encore de tous ces droits, eycepté celui de
battre monnoie.
Le chapitre de la cathédrale eft composé d'un prévôt ,
d'un précenteur , d'un facriftain 5c de douze chanoines.
Cet évêché n'a que cinquante 5c une piroifTes, 6c vaut
dix-huit mille livres de revenu. On y compte deux ab-
bayes d'hommes; celle de S. Sauveur Je Lodeve fondée,
en 980 , par S. Fulcran ; 6c celle de S. Guillaume le
Défert , fondée , en 804 , par S. Guilbume , comte de
Touloufe , toutes deux ordre de S. Benoît ; 6c une ab-
baye de filles, favoir Gorian, fondée en 1350; ce font
des Bénédiftines.
Le diocèfe de Lodeve eft un pays fec 6c ftérile . qui
ne produit pas, à beaucoup près allez de bled pour nour-
rir ceux qui l'habitent ; cependant c'eft un des plus ri-
n
LŒ
LOG
ches , à caufe de manufactures des draps & de cha-
peaux.
Baudrand s'eft trompé , quand il a mis Lodeve au
nombre des évêchés érigés par le pape Jean XXII. Il
met Lodeve à neuf lieues au-deffus d'Agde & de Béziers,
'& à quinze de Nîmes.
1. LODI, ville d'Italie, enLombardie, au Milanez ,
dans le Pavefan, fur le Silaro. Les anciens l'ont connu
fous le nom de Laus-Pompeii , ou Laus-Pompeîa. Cette
ville , que Pompée avoit pris foin de faire réparer , fut
long-tems une ville riche , floriiTante , abondante en
toute chofe. Son opulence ayant excité la jaloufie des
Milanois, ceux-ci formèrent le deffein de la détruire , &
l'exécutèrent. Afin d'empêcher qu'elle ne fe relevât de
fa chute , ils en disperferent les habitans dans plulîeurs
villages, & leur défendirent en même tems , fous de ri-
goureufes peine; , de peniér jamais à la rebâtir , ni même
à fortir des lieux qui leur avoient été affignés pour de-
meure. Ce lieu n'eft plus qu'un bourg , fur le chemin de
Pavie. On l'appelle Lodi-Vecchio : on y trouve des mé-
dailles , des infcriptions , & autres marques de Ion anti-
quité. *Corn. Dict. Lafjds, Voyage d'Italie. Délices
d'Italie, ». I.
2. LODI. L'ancienne ville de ce nom, fur le Silaro,
ayant été ainfi détruite de cette manière, cinquante ans
après , l'empereur Frédéric-Barberouffe , que la conduite
des Milanois avoit irrité, leur donna des marques dé fon
indignation , en raifant rétablir Lodi qu'ils avoient rui-
née , &£ dont ils avoient eu tant de jaloufie. Ce ne fut
pas dans l'endroit où elle avoit été autrefois , mais à
trois milles de-là , fur l'Adda. Ce prince , accompagné
de toute fa cour , en vit pofer les premiers fondemens ,
&l lui donna de grands privilèges , qui lui fervirent à
maintenir fort long tems fa liberté, fous la protection
de l'empire : dans la fuite elle fe choifit un feigneur ,
qu'elle prit d'entre fes habitans; & enfin elle fe fournit
aux ducs de Milan. Lodi eut beaucoup à fouffrir des fac-
tions des Guelfes ik des Gibelins, auflî-bien que des
guerres des François. Ceux-ci ayant été entièrement
chaffés d'Italie, elle tomba au pouvoir des Espagnols ,
qui l'ont poflédée, avec le refte du Milanez, jusqu'à la
conquête que les alliés en firent pour l'archiduc , qui
eft aujourd'hui l'empereur Charles VI , à qui le Milanez
eft demeuré. Lodi eft à vingt milles de Milan , & autant
de Plaifance, de Pavie , & de Crème, fi nous en croyons
Baudrand. Il fe trompe,' il devoit dire à vingt-cinq mil-
les de Milan & de Pavie , à fept de Crème & à dix-
huit de Plaifance. Son territoire eft agréable , fertile &c
abondant en toutes chofes. Il eft arrofé de plufieurs ri-
vières, & de quantité de canaux ; ce qui tait qu'on y fau-
che le foin jufqu'à cinq fois l'année. Aufîî y nourrit-on
quantité de bétail; ce qui rend cette ville renommée
pour les excellens fromages qu'on y fait. On en vante
fur-tout les langues de veau fumées , qui parlent pour
un friand morceau ; & l'on y mange de très-bon poif-
fon. On y fait de la vaifTelle de terre , qui égale en beauté
celle de fayence. L'air y eft merveilleux , le climat tem-
péré , & l'eau faine & belle. On y compte douze mille
habitans , & plufieurs familles très-confidérables. Son
circuit eft d'environ deux mille pas. L'évêché, qui avoit
été établi dans l'ancienne ville , fut transféré dans la
nouvelle.
LODRINO. Voyez Drin.
LODRONE , ou Londrone , bourg d'Italie , àti
Trentin, lur le petit lac d'Idro, à l'endroit où il reçoit
la rivière de Chièfe, vers la frontière du Breffan , & de
l'état de Venife. * Baudrand, édit. iyo1). Simler croit
que c'eft l'ancienne demeure des Alutraenfes.
LŒDIAS , rivière de Grèce , dans la Macédoine.
Echine en fait mention , au rapport de Suidas. Voyez
Ludias.
LŒILLY , bourg de France , en Normandie , au
diocèfe de Rouen. Il appartient à l'abbé de S. Victor.
LCET , Loa , petite rivière de France , dans la Beauce.
Elle fe jette danslaJuine, à Eftampes. Elle eft remar-
quable par la bataille qui s'y donna entre Clotaire , &
Théodoric roi de France.
LŒVE. (la) Quelques-uns nomment ainfi un petit
pays d'Artois , entre Armentiere & Eftaire. Les François
l'appellent VAUœue , ou pays de l'Alkue,
LŒVEN. Voyez Louvain.
i. LŒVENSTEIN , ancien château des Pays-bas J
dans la province de Hollande , dans la pointe de fille
de Bommel , entre la Meufe & le Variai , vis-à-vis
de Worcum. C'eft dans ce château que l'on renferme les
prifonniers d'état. Quelques-uns y cherchent le LtvaFa.-
num des anciens.
2. LŒVENSTEIN, pays d'Allemagne , dans la Fran-
conie , avec titre de comté, en latin Lovenjlanienjis co~
mitatus. Sa longueur eft de quatre lieues , là largeur de
deux; &; il eft presque enclavé dans le duché de Wir-
temberg , n'ayant rien de remarquable qu'un château de
fon même nom. Des comtes d'une maifon fort ancienne ,
.ont joui long-tems de ce comté. Frédéric le Victorieux ,
électeur palatin du Rhin, l'acheta, en 1441 , du dernier
comte appelle Louis , pour la fomme de quatorze mille
florins d'or du Rhin. Cet électeur, dont descendent les
comtes de Lœwenftein , fit donation de fes biens , l'an
1452, à Philippe, fils unique de l'électeur Louis IV , fon
frère , à condition qu'il conferveroit la dignité électorale
fa vie durant , & qu'il ne fe marieroit pas ; mais il ne
laiffa pas d'époufer Claire de Tettingen, dont il eut deux
fils, Fridéric & Louis, que l'empereur Maximilien I fit
comtes , leur affignant les feigneuries de "Veinsperg, de
Mekmul , &c de Scharffeneck. Fridéric étant mort en
i^ô , Philippe reprit ces terres , & donna en échangé
le comté de Lcewenftein. Louis ayant pris le parti de
Robert le Vertueux , comte palatin , contre Albert le
Sage , duc de Bavière , qui fe faifoient la guerre, pour la
fiicceffion de George le Riche , du; de Bavière, fut mis
au ban de l'empire , 6k dépouillé de fes états par Ulric,
duc de Virtembsrg , qui ne les rendit qu'à la charge
qu'il lui en ferait hommage. Louis , fon petit fils, époula
Anne , fille de Louis , comte de Stolberg , de laquelle il
eut les comtés 9fe Wertheim , de Rochefort , & de Mon-
taigu , les feigneuries de Herbemont & de Chaffepierre ,
& une partie de celle de Brenberg. II laiffa quatre fils ,
& ordonna par fon teftament , que ces deux aîné; , Chris-
tophe-Louis, & Louis , auraient le comté de Lr ■■ven;-
tein; que les cadets, Volfgang-Erneft & Jean Thierri,
jouiraient des biens fitués dans les Pays-bas, avec la'
partie delà feigneurie de Brenberg, &c que le comté de
"Verthein feroit poffédé indivifiblement par les quatre
frères , & par leur poftérité. Louis & Volfgang-ErriéS
étant morts , lés deux autres frères partagèrent leur fuc-
ceffion. Chriftophe-Louis a fait la branche de Virnem-
bourg, ainfi nommée du comté de Virnembourg , qu'il
acquit en époufant Elifabeth , fille de Joachim , comte
de Manderscheid. Jean Thierri a fait celle de Roche-
fort. * D'Audi fret, Géogr. t. 3.
LOFAN , fortereffe de la Chine , dans la province
de Queicheu , au département de Queiyang, première
métropole de la province. Elle eft de 11 d. 24' plus oc-
cidentale que Pékin, fous les 25 d. 35' de latitude.
* Atlas Sinmfis.
LOFUNG , ville de la Chine , dans la province de
Junnan , au département de Junnan , première métro-
pole de la province.. Elle eft de 14 d. 57' plus occiden-
tale que Pékin , fous les 24 d. 43 ' de latitude. * Atlas
Sinenjis.
1. LOGAN , ville de la Chine, dans la province de
Kiangfi , au département de Vuchueu , feptiéme mé-
tropole de la province. Elle eft d'un degré 46' plus occi-
dentale que Pékin , fous les 28 d. i' de latitude. * Atlas
Sinenjis.
2. LOGAN , ville de la Chine , dans la province
de Channton, au département de Cincheu , quatrième
métropole de la province. Elle eft d'un degré 43' plus
orientale que Pékin , fous les 37 d. 14' de latitude.
* Allas Sinenjis.
3. LOGAN, fortereffe de la Chine, dans la province
de Kiangnan, ou Nanking, au département de Lucheu,
neuvième métropole de la province. Elle eft de o d. 57'
plus occidentale que Pékin , fous les 32 d. 38' de lati-
tude. * Atlas Sinenjis.
LOGANA , ou LOGANUS, nom latin de la Lohn,
rivière d'Allemagne. Voyez au nom moderne. Braver
obferve que Venance Fortunat , /. 7 , v. 7 , dit Lau-
gona , & qu'on trouve dans d'anciens actes Logano.
Voici les vers même du poète Fortunat :
Tamque diu pugnas , acie fugitnte , fecutus ,
Laugona dum vitreis terminus effet aauis.
LOGE:
LOG
LOG
83
LOGE : ce mot a un afTez grand nombre de ligni-
fications , qui n'ont presque point de rapport avec la géo-
graphie ; mais il en a un qui eft important. Dans les
voyages , &c fur les cartes géographiques , on appelle
loge certains établiffemens que les Hollandois & les Ari-
glois ont dans les Indes. C'eft, à proprement parler , un
magafin accompagné de maifons où demeure le fac-
teur , avec les perfonnes qui font fous fes ordres. Là
plupart de ces loges font fortifiées , & fuffiiàmment pour-
vues pour réfifter à un coup de main , & pour fe dé-
fendre en cas d'attaque. Les Hollandois difent lodge.
i. LOGES, (les) lieu de France, dans la forêt de
faint Germain. Il y a un couvent d'Auguftins déchaufles.
i. LOGES, (les) monaftere de l'ordre de Fonte-
vraud , dans l'Anjou , au diocèlé d'Angers.
LOGES-MARCHIS , (les) bourg de France, dans
la Normandie, diocèlé & élection d'Avranches.
LOGH, ou Loch : c'eft ainfi que l'on appelle un lac
en Ecoffe , où il y en a un allez grand nombre. Voici
les plus remarquables :
LOGH-ARKEG, lac d'Ecoffe, dans la province de
Lochquhabir : il lé décharge, à l'orient, dans le Logh-Logh.
LOGH-ASSYN , dans la province de Rois. Il fe forme
de plusieurs petites rivières , & feperd dans l'Océan , au-
près de la petite ville d'Afîyn-beg.
AW-LOGH , dans la province de Lorn. Il eft grand ,
& contient plufieurs ifles : il fe décharge dans le golfe de
Dunftafag , auprès de cette ville , vis-à-vis de l'ifle de
Mull.
LOGH-BRAYN , dans la province de Rofs. C'eft
moins un lac qu'une espèce de golfe. Il eft bordé, à fon
entrée de quantité, d'iflets.
LOGH-D1NART , lac de la province de Strathna-
vern. Il eft formé par la rivière , qui a fon embouchure à
l'orient de Farehead.
EW-LOGH, dans la province de Rofs. Il contient
plufieurs ifles , ci fe décharge , au couchant , vis-à-vis de
la petite ifle de Rona.
LOGH-EYRACHELE , dans la province d'Athol. Il
fe décharge dans le lac de Rennach.
LOGH-GARRERON , petit port d'Ecoffe , dans la
province de Sttathnavern.
LOGH-GARRÏF , petit lac de la province de Bade-
noch. Il reçoit les eaux de plufieurs ruiffeaux , &; les en-
voie au lac Nefs.
LOGH-GARRY, petit lac, dans la province d'Athol.
C'eft la foui ce d'une rivière qui coule à Blair, fe joint
avec le Timmel , &c enfuite avec le Tay.
LOG-HOUP , dans Strathnavern.
LOGH-KENNERIM , dans la province de Mentheith.
C'eft la fource de la rivière de Forth.
LOG-LAGGAN , dans la province de Lochquhabir.
C'eft la fource d'une rivière , qui fe groffit des eaux de
Logh-Logh.
LOGH-LEFFAN , tans l'ifle de Mull : c'eft une es-
pèce de golfe , fur la côte occidentale.
LOGH-LEVIN , dans la province de Fife : il fe forme
de quatre rivières au nord, au couchant & au midi; forme
la rivière de Levin , qui a, auprès d'une ville de même
nom , fon embouchure au golfe de Forth.
LOGH-LOGH , grand lac , dans la province de Loch-
quhabir. Il reçoit les eaux du lac d'Arkeg, ck les rend
avec les tiennes à la rivière qui vient du lac de Laggan.
LOGH-LOMOND. Voyez Lomond.
LOGH-LOYOL , dans la province de Strathnavern ,
■vers la fource d'une rivière qui coule au couchant d'In-
nern-navern.
LOGH-LUSFORD , petit golfe , fur la côte occiden-
tale de Strathnavern.
LOGH-MEATY , dans la province de Rofs. Il eft
formé par une rivière , qui vient des montagnes fk de
l'orient , &c fe vuide par la même rivière, du coté de l'oc-
cident.
LOG-NADAL, golfe de l'ifle d'Yla , l'une des
Wefternes. Kilmorow eft fitué au fond & au nord de ce
golfe.
LOGH-NAVERN, dans la province de Strathnavern,
vers la fource de la rivière , qui baigne Innernavern , 6c
fe perd dans la côte feptentrionale de cette province.
LOGH-NESS, dans la province de Badenoch. Il eft
fort long , & porte les eaux du lac Garrif , avec les lîcn-
hes dans le golfe de Muray , auprès d'Innernefs.
, LOGH-RENNACH , dans la province d'Athol. Il
reçoit plufieurs petites rivières j fert de décharge au lac
d'Éyrachele , & forme la rivière de Timmel , qui va
groffir le Tay.
LE LOGH-RUNN , golfe , dans la province de Gal-
loVay. En fe rapprochant de la baie de Glen-Luce, il
forme une presqu'ifle à l'extrémité occidentale de cette
province.
LOGH-SINN , dans l'Utherland. Ce lac a une dé-
charge dans une rivière , avec laquelle il envoie fes eaux
dans le golfe de la Thayne.
LOGH-SNESPORT , golfe dans l'ifle de Skie. II a
fon embouchure dans la côte occidentale de cette ifle ,
& prend fon nom de Snesport , dont il eft le port.
LOGH-STRATHY , lac formé par la rivière, à l'em-
bouchure de laquelle eft fituée Strathi , fur la côte fep-
tentrionale d'Ecoffe.
LOGH-TAY , dans la province de Braid-Albain. Il
eft formé par la rivière de Tay. Voyez ce mot.
Il eft inutile d'avertir ici qu'en parlant françoïs , on
dit le lac de Tay , le lac de Siun , &c ; nous n'avons mis
ici le mot Logk , que parce qu'il eft fouvent écrit ainfi fur
les carres des étrangers. Sur quelques-unes , ce mot eft écrit
par un C , Loch; & c'eft comme Allard écrit ce mot. Il
n'eft pas étonnant que quelques-uns de ces lacs ("oient des
golfes. En voici une raifon affez naturelle. Il eft très-
croyable que ces lacs ont été autrefois plus féparés de
la mer, qu'ils ne le font aujourd'hui ; ils n'avoient d'ou-
verture , que ce qu'il en falloit pour l'écoulement de leurs
eaux ; cette ouverture s'eft élargie par les tempêtes, &
la mer en a fait un vrai golfe dont l'entrée eft plus ou
moins large , félon la nature du terrein plus ou moins dis-
pofé à être rongé ou à réfifter. La dénomination de las
une fois donné , on n'y a rien changé. C'eft ainfi qu'en
Languedoc on a des étangs , qui font de véritables ports ,
ou des baies, ou des golfes , comme l'étang de Vacarais,
l'étang de Perraut, le grau de Vendre, l'étang de Leu-
cate , &c. Voyez LoUGH. C'eft le nom que l'on donne
aux lacs d'Irlande.
LOGHOR , village d'Angleterre , au pays de Galles ,
au comté Glamorghan, fur la petite rivière de Loghor,
à une lieue Se demi de fon embouchure , & du bo ; de
Lanelly. On croit que c'étoit autrefois Leucarum, pe-
tite ville des Silures. *Baudrand , édit. 1705.
LOGI, ou Lugs , ancien peuple de la partie fepten-
trionale de l'ifle d'Albion, félon Ptolomée , l. %', c: j.
Boëce croit qu'ils occupoient le pays de Strathnavern ,
au nord de l'Ecoffe.
LOGIA , rivière de l'Ibernie , félon Ptolomée ,1.1,
c. 1 , c'eft-à-dire de l'Irlande. Cambden croit que c'eft
Louch-Foyle. Voyez Foyle.
LOGIONES. Zofime , /. 1 , c. 67, nomme ainfi un
peuple de la Germanie , que l'empereur Probus battit au-
près du Rhin. Il avoit pour chef un certain Semnon , qui
fe fournit avec fa nation.
LOGITZ, village d'Allemagne, dans la Carniole , à
fept ou huit lieues de Laubac , du côté du midi. On y
cherche le Longadcum d'Antonin.
LOGNE, bourg de France, dans le Maine , diocèfe
& élection du Mans.
LOGNINA STATIONE, ouPorto di Lognina;
port, tour, & village de Sicile, dans le Val-de-Dé-
mone , entre le golfe de Catania , &£ celui de fainte
Thecle. Voyez Ulyssis Portus.
LOGROGNE, ville d'Espagne, dans la vieille Cas-
til'e , fur les frontières de la Navarre , dans une varie
plaine , fur le bord méridional de l'Ebre ,' qui y paffe fous
un beau pont de pierre. Elle n'eft commandée d'aucun
côté , & tout le pays d'alentour eft fort découvert : fa
campagne eft extrêmement fertile , & rapporte tout en
abondance. Les jardins y produifent de bous herbages
& des fruits exquis ; les champs du froment & des légu-
mes , du lin & du chanvre ; les vignes de fort bon vin ;
les oliviers de l'huile d'un goût délicat , Se des meuriers
qui fervent pour nourir les vers à foie. Il y a aufli de
bons pâturages, & une très-grande abondance de gibier.
Quelques géographes mettent cette ville dans la pro-
vince de Rioja; mais d'autres prétendent qu'elle eft dans
Terne III. Ttttt
88t
LOH
LOI
la Caftille. L'abbé de Vairac tient cette dernière opinion
plus certaine. Les habitans y jouiflTent de quantité de
beaux privilèges que Charles V leur accorda, à caufe de
leur bravoure Se de leur fidélité. Il y a un tribunal de l'in-
quifition.
LOGUDORO, (la province de) contrée de l'iile
de Sardaigne , dans fa partie feptentrionale. Lorsque
cette ifle fut divifée en quatre royaumes , ou judicatures ,
Torres ou Lugodoro étoit le nom de la première,
qui devint une espèce de petit royaume, dont on peut
voir l'hiftoire dans l'Etat préfent de l'Espagne , de l'abbé
de Vairac, 7. I , p. 475.
LOHANEC, village de Bretagne, au diocèfe deTré-
guier, vers le nord. S. Yves fut curé de cette paroiffe , Se
il y mourut. * Bailla , Topogr. des Saints , p. 609.
LOHAN5. Voyez Loans.
LOHARDE, (la préfecture de) petit canton
de Danemarck, dans le Sud-Jutland', dans la préfecture
d'Hadersleben : il comprend le monaftere de Lohm , avec
le territoire qui en dépendoit. Il a crois milles de lon-
gueur, & environ deux de largeur , Se tire fon nom de
Lohnbecke , ruiffeau qui l'arrofe. Il eft partagé en deux
portions , l'une qui renferme le monaftere , Se fon terri-
toire appartient au duc de Holftein ; l'autre partie de Lo-
harde appartient au roi. Cette dernière eft un fond
bas, qui n'eft pas fort différent du Marschland. L'autre
partie produit toute forte de grains, Se particulièrement
du froment. Il n'y a point de forêts , mais bien quelques
marais. Le LoHEEC, qui le traverfe , y forme un petit
port que l'on pourroit rendre meilleur. Le monaftere
de Lohm, ou Loehm-Closter, ou Lugum Cos-
TER , fut fondé par Odinkare , fécond ou troifiéme évê-
que de Rippén. Le dernier abbé fut Martin , qui mourut
en 1548; Se il y demeura jusqu'à fa mort, par la permis-
sion du duc Jean l'Ancien ; après quoi , on renvoya les
moines , Se les revenus du monaftere furent appliqués à
d'autres ufages. Le territoire de l'abbaye eft bon à iémer
du bled , &c fur-tout du feigle : il y a du bois en quel-
ques endroits , & par-ci par-là des bruyères Se des ma-
rais. Il renferme trois paroiffes, entre lesquelles plufieurs
villages font partagés. *Hcrmanid. Dan. Descr. p. 819.
LOHARS.E , village d'Aragon , fur le Galiego , entre
Huesca &e Jacca. Quelques-uns y cherchent la Calaguris
du peuple Nascitani , félon Baudrand.
LOHâVOHLTS. (les) On appelle ainfi une des qua-
tre fortes de Noirs de la province d'Anoffi, dans l'iile de
Madagascar. Ils descendent des Voadfiri , qui font grands
parmi les Nègres ; toute la différence qui fe trouve entre
eux , c'eft: que les uns ont le commandement fur tout un
quartier. Se que les autres n'ont de jurisdiftion que dans
leur famille, Se fur leur village. Quelques-uns ne laiffent
pas de pofféder en propre plus de huit cents bêtes. *Corn.
Dift.
LOHIUNG, fortereffe delà Chine, dans la province
de Junnan, au département de Kiocing, qui, a le rang
de première ville militaire de la province. Elle eft de 13 d.
56' plus occidentale que Pékin, fous les 14 d. 57' de
latitude. * Atlas Sinenfis.
LOHM, ou Lhom-Closter. Voyez Loharde.
LOHN , (la) rivière d'Allemagne. Elle a fa fource
dans la haute Reffe , qui, par cette raifon, eft appellée
principauté fur la Lohn , d'où , prenant fon cours vers
l'orient feptentrional , elle va pafïer à Laspe , au comté
de "Witgeftein , où elle n'eft encore qu'un ruiffeau. Elle
en reçoit quelques autres qui la groffiffent ; Se après avoir
ferpenté quelque tems vers l'orient méridional , Se enfin
vers le midi , elle forme une ifle qui fait partie de la ville
de Marpurg : elle en fait une autre beaucoup plus grande
au-deffous , Se détermine fon cours vers le couchant ; Se,
circulant tantôt vers l'oued:, tantôt vers le fud , elle paffe
à Stauffenberg , d. à Gieffen, d. à Wetzlard , g. où elle
reçoit la Dill ; entre dans le comté de Solms, Se dans
celui de "Weilbourg , où elle arrofe V/eilbourg ; enfuite
elle baigne les comtés de Beilftein , de Runckel , Se un
canton de l'éle&orat de Trêves , Se la principauté de
Naffav/. Elle y arrofe Dietz, où elle reçoit l'Aar , ruis-
feau. Elle paflè àNaffaa, où elle fe groifit du ruiffeau de
MiLL, & tombe enfin dans le Rhin, à une lieue & demie
au-defuis d'Ehrenbreitftein Se de Coblentz.
LOHNGAW , petit canton d'Allemagne, fur la Lohn.
Il eft nommé dans les auteurs Loganenjls pagus ; Lo-
GENGOVE, & LoGONEHE, félon Paulini , Geogr. curiof.
di Pagis , p. 113, qui remarque que le nom latin de la
Lohn eft" Logona Se Logonus , Se non pas Lona , ni La-
nus. Limpurg, feigneurie , dans le Loh;igow , L'wpurg
auf der Lohn, dont il eft parlé dans les Annales de Trê-
ves du P. Browerus, l. 9, p. 445 , appartient à l'électeur
de Trêves.
LOHO , ville de la Chine, dans la province de Kian-
gnan, ou Nanking, au département de Kiangning, ou
Nanking , qui en eft la première métropole. Elle eft d'un
degré 45' plus orientale que Pékin, fous les 31 d. 50' de
latitude. * Atlas Sincnjis.
LOHCEI , ville de la Chine , dans la province de
Quangtung , au département de Kiuncheu , dixième mé-
tropole de la province. Elle eft de 6 d. 23' plus occiden-
tale que Pékin, fous les 19 d. io' de latitude. * Atlas
Sinenfis.
LOHR , feigneurie d'Allemagne. Voyez Lahr.
LOJA. Voyez Loxa 2.
1. LOIGNON. (le) Corneille dit que Loignon , pe-
tite rivière de France, coule dans le Vêlai ; qu'elle a fa
fource dans les montagnes du Vivarais , Se fe décharge
dans la Loire, un peu au-deffous de Bolacq. Baudrand
dit Loignon, auflï-bien que Corneille, Se dit que fon
embouchure dans la Loire , eft à dix lieues au-deffous
du Puy.
1. LOIGNON. Voyez Lougnon.
LOIGNY S. REMY, bourg de France , dans la Tou-
raine , électron de Loches.
LOIN , (le) rivière de France. Elle a fa fource en
Pùifaie, fur les confins de Bourgogne, d'où elle traverfe
le Puifaie ; Se , coulant vers le feptencrion , vers le Gâ-
tinois , elle paffe à Châtillon , Montargis , Nemours &C
Moret, qu'elle traverfe ; ôe après avoir reçu en chemin
plufieurs autres petites rivières , elle fe rend dans la
Seine, un peu au-deffous de Moret. Son nom latin eft
Lupa ou Lupia. *Jaillot , Atlas.
LOIOLA, lieu d'Espagne, dans la Biscaye, au pays
de Guipuscoa. C'eft le lieu de la naiffance de S. Ignace,
fondateur de la compagnie deJefus. * Bailla, Topogr.
des faints , p. 619.
LOJOWOGOROD, petite ville de Pologne, dans
la baffe Volhinie, fur le Boryfthène, aux confins de la
Lithuanie , environ à vingt lieues de Kiovie , vers le
nord. * Baudr. édit. 1705.
LOIR, (le) Lidejicus , rivière de France. Elle a
pour fource les étangs de l'abbaye du Loir, dans le Per-
che. Le Loir paffe enfuite à Iliers , à Châteaudun , à
Cloye, à Vendôme, à Lavardin , àMontoire, auVau-
du-Loir, à Château-du-Loir , à la Flèche , à Durral , &
fe perd dans la Sarte , à Briolé , demi-lieue au-deffus de
l'ifle de S. Aubin ; Ménage reprend avec raifon Guil-
laume le Breton d'avoir dit que c'étoit à Durtal. On
pourroit augmenter fa navigation depuis Waft, jusqu'aux
Roches-l'Evêque , Se même jusqu'à Vendôme. *Piga-
niol de la Force, t. s; , p. 456.
1. LOIRE, (la) Liger, Ligeris, rivière de France.
Elle a fa foure au Vivarais , au mont Gerbier-le-Joux,
aux confins du Vêlai. Elle circule vers le couchant, Se
enfuite vers le nord; de- là, entrant clans le Vêlai, elle
baigne le Puy ; paffe dans le Forez, auprès de Feurs, d. Se
de Roane, g. enfuite fe tournant vers le nord-oueft,
affez près de Semurj d. reçoit la Berbince & autres ruis-
feaux qui viennent de la Bourgogne , qu'elle fëparè du
Bourbonnois ; entre dans le Nivernois où elle baigne
Nevers; reçoit l'Allier; paffe à la Charité, à Briare, d.
où eft le canal de communication ; &, côtoyant le Berry,
qu'elle fépare de l'Orlêanois , elle arrofe Gien Se Or-
léans , où, fe tournant vers le fud-oueft , paffe à Bau-
genci, d. àBlois, d.àAmboife, g. à Tours, g. reçoit le
Cher Se l'Indre, & enfuite la Vienne; puis elle paffe
Saumur,.g. Seau-defious du pont de Ce, elle fe grofîit
des eaux de la Sarte , qui vient d'Angers ; puis, foi tant
de l'Anjou , elle entre dans la Bretagne , baigne Nantes ;
Se, élargiffant fon lit, qui eft femé d'ides, elle te perd
dans l'Océan, entre le Croiflc Se Bourgneuf.
Elle commence à être navigable à Roanne. A fon en-
trée dans le Forez, fes eaux font trop baffes pour por-
ter bateau; Se fon cours eft fouyent interrompu par des
LOM
rochers , & fur-tout une lieue au-deffus de Roanne, dans
an endroit qu'on appelle le Jaut de Piney. Les mar-
chands ck les habitans des villes fituées fur cette rivière
& fur celles qui y tombent , ayant un intérêt fort fen-
fible à maintenir la navigation, ont obtenu des rois de
France la permiflîon de lever un certain droit fur les
marchandifes qui y paffent. Ces deniers font employés
au balifage de la rivière, 6k à y maintenir la fureté de
la navigation ; chaque ville de la Loire élit un député,
pour en avoir foin dans fon diftrict ; & ces délégués
s'afTemblent, tous les quatre ans, au dixième jour de Mai,
à Orléans, devant l'intendant, où ils éiilènt deux préfi-
dens 6k un receveur, ck font bail de balifage & droit
de boëte, qui monte ordinairement à feize mille livres.
Les rois de France n'ont pas pris un moindre foin d'em-
pêcher les débordemens de ces mêmes rivières. Ils ont,
pour cela, fait faire des levées dans les endroits néceffai-
res, 6k ont donné, dans tous les tems, une attention toute
particulière à les faire entretenir ; les dépenfes , qui fe
font pour cet entretien , montent par an à deux cents
mille livres. *Piganiol de la. Forez, t. I, p. 94; &
t. U p. 5.
2. LOIRE , bourg de France, dans le Forez, dans
l'élection de S. Etienne.
3. LOIRE, bourg de France, dans l'Anjou, élec-
tion d'Angers.
LOIRET, (le) Ligtrulus , pehte rivière de France,
dans l'Oriéanois. Elle a fa fource dans la Sologne , au-
deffus d'Olivet , & à une lieue d'Orléans , au bas d'une
côîe ; ck quoiqu'elle n'ait pas plus de deux lieues de
cours , elle porte bateau dans cet espace , à caufe de
l'abondance de (es eaux que sroflïiTent encore les ruis-
feaux de Saint-Cir ck de Caubrai , ck elle eft aufli grofle
à fa fource qu'à fon embouchure. Elle fe perd dans la
Loire, à une lieue ck demie au-deffous d'Orléans. Elle
ne gèle ne tarit jamais, mais fes débordemens font dan-
gereux. Elle a deux ponts de pierre , l'un à Olivet , ck
l'autre à S, Memin. On dit en proverbe :
Quand Loire ck Loiret s'entretiennent ;
Il n'y a pays qu'ils ne tiennent.
LOISERON , bourg de France, dans le Maine, élec-
tion de Laval.
LOKET. Voyez Elbogen. i.
LOKEU, fortereffe de la Chine, dans la province
deQueicheu, où elle a fon gouverneur particulier. Elle
eft de 11 d. 50' plus occidentale que Pékin , fous les
oq d. 20' de latitude. * Atlas Sïntnfis.
LOKIANG, ville de la Chine, dans la province de
Suchuen , au département de Chintgu , première métro-
pole de la province. Elle eft de 12 3. 40' plus occiden-
tale que Pékin, fous les 31 d. iz' de latitude. * Atlas
Sinenlîs.
LÔKIUEN, fortereffe de la Chine, dans là province
de Junnan , au département de Vuting, qui a le rang de
quati'iéme ville militaire de la province. Elle de 14 d.
46' plus occidentale que Pékin, fous les 25 d. 39' de lati-
tude. * Atlas Sinenjis.
LOLEANG, fortereffe de la Chine, dans la province
de Junnan , au département de Xunning, douzième mé-
tropole de la province. Elle eft de 1 3 d. 5 1 ' plus occi-
dentale que Pékin, fous les 25 d. 6' de latitude. * Atlas
Sincnfîs.
LOLING , ville de la Chine , dans la province de
Channton, au département de Cinan , première métro-
pole de la province. Elle eft de o d. 46' plus orientale
que Pékin , fous les 37 d. 50' de latitude. * Atlas Si*
nenfis.
LOLLEN ou Lellen, petite ville de Grèce, dans
la Livadie , près de la fource du Céphife. Ce lieu eft, à
ce qu'on croit, le même que LlL^EA. * Baudr. éd. 1705.
LOLODA , petit pays des Indes , dans l'ifle de Gi-
lolo. Il comprend la plus grande partie de cette ifle, ck
prend ce nom de fa capitale nommée LOLODA. *Baudr*
édit. 1705.
LOM, ou Lamp (la) rivière de la Turquie Euro-
péenne, dans la Bulgarie. Elle fe joint à l'Ogeft, pour
fe rendre dans le Danube. On croit que c'eft VAuguJla,
dont il eft parlé dans l'Itinéraire d'Antonin.
LOM 883
LOMAGNE , (la) ou la Laùmagne , pays de
France, en Gascogne. II fait partie du bas Armagnac,
& eft environné des pays de Verdun, de Gaure ck d'Ar-
magnac propre. Ce pays étoit autrefois une vicomte,
qui relevoit des ducs de Gascogne ; pour lors Leâoure
en etou la capitale , Se Vie de Lomagne la réfidence
des vicomtes. La famille de ces vicomtes étant tombée
en' quenouille, la Lomagne paffa aux comtes d'Arma-
gnac. Ce pays forme à prélent une éleftion, dont le
jiege eft a Fleurence. Les lieux principaux font Vie de
Lomagne , ck Beauniont ; le commerce de cette élec-
tion eft peu confidérable. L'on transporte du bled & du
vin dans les montagnes du pays de Comenges , ck à
Bayonne , ck par la Garonne à Bordeaux.
LOMBARDIE , grande contrée d'Itaiie, qui répond;
dans fa plus grande partie, à la Gaule Cifalpine des Ro-
mains. Elle a pris ce nom des Lombards, qui y fondè-
rent un royaume, après le milieu du fixiéme fiécle. Cette
contrée avoir eu divers noms en différens tems. On la
trouve nommée Bianora, Fdjtna, Doria, Boij , Gal-
lia-Togata, Galha-Cis-Apennina, Aurélia, Aîmilia ,
(rattia-Cispàdana & Gallia-Transpadana. Mais quel-
ques-ans de ces noms font imaginaires : d'autres ne con-
viennent qu'à une partie du pays : il y en a même qui
appartiennent à des provinces voifines , qui ne firent ja-
mais parie du royaume des Lombards, ni par confé-
quem de laLombardie. L'Emilie, par exemple, fut quel-
quefois attaquée par les Lombards ; mais dès qu'ils y
eurent fait quelques ui'urpations , on les contraignit par
la force des armes à fe retirer. Voyez Emilie ck
Lombards. * Liand. Alberti , Defcr. di tutta Ital
P- 353-
Comme la Gaule Cis-Alpine des Romains comprenoit
la Gaule- Transpadane & la Gaule-Cispadane , dans le
royaume de Lombardie, il y avoit pareillement la Lom-
bardie- i ranspadane & la Lombardie-Cispadane ; & ces
deux ponions de royaume , prifes enfemble , étoient
bornées au nord par les Alpes, qui féparent l'Italie de
la Germanie ; à i'orient, en partie parla Marche-Tré-
vifane , ck en partie par l'Emilie ; au midi, par l'Apen-
nin, qui féparoit la Lombardie de la Ligurie ; ck à l'oc-
cident, par les Alpes , qui féparent la Gaule-Cifalpine de
la Gaule-Tranfalpine.
La Lombardie-Cispadane 6k la Lombardie-Transpa-
dane font regardées comme deux des plus beaux quar-
tiers de l'Italie. Les collines y font couvertes de vignes,
de figuiers, d'oliviers, ckc. Les campagnes coupées dé
plufieurs rivières poiffonneufes , & portant bateau , pro-
duifent en abondance de toutes fortes de grains. Les es-
pritsmême femblent fe fentir de la bonté du terroir;
car il eft forti du pays quantité d'hommes célèbres , foii
dans les belles-lettres, toit dans les armes, (bit dans le
négoce. * Cosmograph. Paul. Merulœ , p. 2, 1. 4.
A la faveur des guerres d'Italie, Se des révolutions qui
furvinrent, tant dans l'Allemagne que dans la France
il fe forma dans le royaume de Lombardie diverfes fou-
verainetés 6k républiques. Dans la fuite, ces fouveraine-
tésSc ces républiques, ayant fait de nouvelles acquifitions
de nouvelles terres , furent par-là annexées au royaume
de Lombardie ; de forte que ce royaume , alors impro-
prement dit royaume de Lombardie , fe trouva renfer-
mer divers états , qui n'avoient jamais appartenu aux rois
Lombards. Voici les terres que l'on comprend aujour-
d'hui fous la dénomination de Lombardie improprement
Etats
pofieclés,
fous le
f Le Padouan ,
I Le Véronois ,
La république] Le Vicentin,
de Venife. <Le B reflan,
Le Crémasque ,
! Le Bergamsaque.
La maifon C Le duché de Milan;
d'Autriche. ^Le duché de Mantoue.
T -r j (Le Piémont,
La maifon ^Le comté dé Nice,
Savoye. |Le duché dg Momferrat>
La maifon de C Le duché de Guaftalla ,
nom de { Mantoue. \ Le duché de Sabionette, &c«
Tome III. Tttttij
884
Lombar-
die impro-
LOM
LOM
La maifon de
Modène.
(Le duché de Modène,"
I Le duché de Reggio ,
• La principauté de Carpi,
La Frignane ,
^La Carfagnane , 6cc.
Le duché de t'arme ,
La maifon de) Le duché de Plaifance,
La maifon de 1;
Mirandole.
L'état Palavicini,
La principauté de Landi, 6tc.
[Le duché de la Mirandole.
Et quelques petits états enclavés dans ceux
( qui viennent d'être nommés.
LOMBARDS, (les) Langobardi, font très-connus
dans l'hiftoire par les guerres qu'ils ont eues à foutenir
contre les Romains, qui ne purent les empêcher de s'é-
tablir en Italie ; par les disputes continuelles qu'ils eu-
rent avec les papes, qui les regardoient comme un obs-
tacle à leurs defleins ; enfin par les viftoires de Char-
lemagne, qui détruifu leur empire, fit abolit leur nation.
Quelques-uns prétendent queTacite,<je/77z. c.40, a voulu
les défigner fous le nom de Langobardi , qui habitoient
la Germanie entre l'Elbe 6c l'Oder, 6c qui furent défaits
par Tibère fous Augufte ; mais il n'y a pas d'apparence
que les Langobardi de Tacite , 6i les Lombards dont il
eft ici queftion , foient le même peuple. (Je ne rappor-
terai point les différens fentimens fur l'étymologie de
leur nom ; ils font tous fi peu fondés , qu'on ne doit
pas s'y arrêter.) Les Lombards , loin d'être un peuple
de Germanie , femblent être une horde de Tartares,
qui, comme les Huns, les Alains , les Avares, fitc. s'a-
vança peu-à-peu dans l'occident de la Tartarie , fuivit
les bords occidentaux de la mer Caspienne , monta jus-
qu'aux Palus- Méoîides, les paffa , vint fur les bords
du Danube, enfin s'établit en Pannonie, fous la con-
duite d'Alboiiin ; elle fit aliance avec les Avares, qui lui
aidèrent à battre & piller les Gépides. Albciiin , roi des
Lombards , ayant fait prifonnier Guinemond^, chef des
Gépides, le fit tuer ; ordonna qu'on lui arrachât le crâne,
ik en fit une coupe dans laquelle il fe faifoit fervir à
boire. Cette alliance avec les Tartares, pour piller,
prouve de l'uniformité de caraftere entre ces deux na-
tions • cette cruauté d'Alboiiin envers Guinemond, mon-
tre la férocité des Tartares. _
En ^66, l'eunuque Narsès, qui avoit achevé les con-
quêtes comrrencées en Italie par Bélifaire , fit. avoit
remis ce pays fous la domination de l'empereur, reçut
de fi grands mécontentemens de la part de Juftin II, qui
ëtoit alors monté fur le thrône impérial, qu'il manda à
Alboiiin , roi des Lombards , de quitter la Pannonie ,
de venir en Italie, dont il lui faciliteroit la conquête.
Alboiiin fe mit en mar.che , le 2 Avril 568 , entra en
Italie par l'Iftrie 6t la Vénétie : ne trouvant point de
réfiftance , il s'empara de plufieurs villes , fit conquit
presque toute l'Italie. Il fe fit proclamer roi à Milan,
ck donna à fes états le nom de Lombardie. Sesfucces-
feurs renflèrent toujours aux efforts que l'empereur de
Conflantinople fit pour les chafîer de l'Italie , & éten-
dirent leurs conquêtes ; mais leur ambition caufa enfin la
ruine du royaume des Lombards.
Vers l'an 730 , la ville de Rome fie l'exarcat de Ra-
venne s'étant foulevés contre Léon l'Ifaurique fit ion fils,
qui vouloient introduire l'héréfie des Iconoclaftes , for-
mèrent une république , dont le pape devoit être le chef
& l'arbitre. Luitprand, dix-neuviéme roi des Lombards,
fongeant à profiter d'une conjoncture fi favorable^ pour
étendre fes états , fe rendit maître de quatre villes fituées
dans le duché de Rome. Le pape implora alors le fe-
cours de Charles Martel, dont le crédit fut fuffifant pour
engager Luitprand à rendre ce qu'il avoit pris.
Mais fes fuccefleurs ravagèrent les terres du faint fiége ;
&Aftolphe, vingt-deuxième roi, fubjugua S^ufurpa tous
les états de la république , excepté Rome qu'il aiïiégea ,
6t qu'il eût réduite fous fa puiflance, fi le pape Zacha-
rie n'eût eu encore recours à Pépin , qui étoit devenu
roi de France. Ce prince employa d'abord la négocia-
tion , pour engager Adolphe à reftituer les terres qu'il
avoit ufurpées. Pendant ce tems , Zacharie mourut :
Etienne II, fon fuccefleur, renouvella fes prières auprès
de Pépin , qui pafla en Italie , avec une forte armée
en 754; ferra de près le Lombard dans Pavie, fit le
contraignit à promettre de reftituer à la république Ro-
maine tout ce qu'il avoit pris.
Sur cette promette , Pépin repaffa les Alpes ; mais As-
tolphe, qui croyoit n'avoir rien à craindre, continua à
garder ce qu'il avoit ufurpé. Le pape fe plaignant au roi
de France de la mauvaite foi d'Adolphe , lui écrivit en
ces termes: Ne unius palmi terrtz jpatinm beato Petro
fanctœque Dei ecdefiœ , vel reipublica Romanorum red-
dtre paffus cfi. Fréhétus au lieu de ces paroles reipubliciz
Romanorum, a eu l'audace de corrompre le texte, fie de
fubftituer le mot imperium. Au refte , fur ces nouvelles
plaintes, Pépin retourna, l'année fui vante, en Italie : il y
défit une féconde fois Aftolphe , qui voulut lui disputer
la descente des Alpes; il aifiégea Pavie , fie contraignit
de nouveau le Lombard à demander la paix, fit à pro-
mettre de remettre au pape Etienne tout l'exarcat , dont
Pépin fit une donation à l'apôtre S. Pierre fit à l'ég'.ife
Romaine.
Didier, duc de Toscane, foutenu du crédit du pape
Etienne, s'empara du royaume de Lombardie, 6c rut le
vingt-troifiéme fit dernier roi ; mais devenu ingrat au
faint fiége , il voulut ufurper les biens de l'églife. Char-
lemagne, alors appelle par le pape, pafie en Italie, aflîége
Pavie, le prend, fit fait Didier prifonnier. Ainfi finit le
régne des princes Lombards en Italie , deux cents fix ans
après qu' Alboiiin y eut donné commencement.
Charlemagne, après fa viftoire ne trouvant , plus de
réfiftance, mit le pape en pofîeflïon de ce que Pépin & lui
avoient donné à l'églife Romaine, fie nomma des gou-
verneurs dans les principales vfles de fes nouvelles con-
quêtes. Elles comprenoient ce que nous appelions au-
jourd'hui le Piémont , le Montferrat , la rivière de Gè-
nes , le Modénois , la Toscane , le Milanez, le Brefian ,
le Véronez , le Frioul , 6c enfin ce qu'il abandonnoit
au pape.
Le roi détrôné fut conduit en France. On croit qu'il
fut relégué à Liège , 6c qu'il mourut depuis dans le mo-
naftere de Corbie. Quoi qu'il en foit , depuis ce tems,
Charlemagne joignit au titre de roi des François celui
de roi des Lombards. Les papes le lui donnoient dans
les Lettres qu'ils lui écri voient. Il le prenoit dans les aftes
publics ; 6c on le voit fur quelques-unes de {es mon-
noies.
Quoique le régne des rois Lombards fût fini , on peut
cependant dire que le royaume fubfiftoit encore ; fit que
les principaux de cette nation, voyant leur roi pris, fans
espérance de reflburce, ne firent que reconnoitre Char-
lemagne à fa place, pour en être gouvernés félon leurs
loix. Eu effet nous avons encore les capitulaires , ou le
code de leurs loix particulières , félon lesquelles Charle-
magne 6c fes fuccefleurs les gouvernèrent ; 6c l'on voit
plufieurs des capitulaires de ce prince, inférés en divers
endroits. * Le P. Daniel , Hiftoire de France, Char-
lemagne.
LOMBERS, Lomberia, ville fit baronnie de France,"
dans le haut Languedoc &C dans l'Albigeois, avecjuftice
royale. Elle relevé de la jurisdi&ion de Caftres. Cette
ville a été rafée , vers l'an 1 176 , à caufe que les habitans
s'étoient révoltés en faveur d'une fefte nommée les bons
hommes. Il y fut tenu un concile, l'an 1165, nommé
Lumbarienfe concilium.
LOMBÈZ, Lombariam ou Lumbaria, ville épisco-
pale de France , dans la Gascogne , au comté de Com-
minges, dans le petit pays de Sammathan , fur la petite
rivière de Save. Elle n'eft confidérable que par fon évê-
ché. Ce n'étoit d'abord qu'une abbaye de l'ordre de
S. Auguftin. Le pape Jean XXII l'érigea, l'an 1317,
en évêché fuffragant de Touloufe. L'églife cathédrale
eft fous le titre de YAJfomption de la Vierge. Le chapi-
tre eft compofé d'un prévôt, d'un archidiacre, d'un pré-
centeur , d'un facriftain, 6c de douze chanoines. L'évê-
que affilie aux états du Languedoc. Cette ville, qui eft
petite 6c désagréable, eft à huit lieues au fud-outft de
Touloufe, à cinq au nord-oueft de Rieux , fit à quatre
au fud-eft d'Auch.
LOMBRON, bourg de France, dans le Maine, élec-
tion du Mans.
LON
LON
LOMELINE. (la) Voyez Laumeline.
LOMELLO ou Lumello, village d'Italie, au Mi-
lanez. C'eft leLAUMELLUM des anciens. Voyez ce mot.
LOMOND, (Logh) ou le lac de Lomond, lac
d'Ecofle , dans la province de Lennox. C'eft un des
plus confidérables du royaume. Sa longueur du nord au
iud eft de vingt-quatre milles, & fa plus grandeUargeur
de huit milles. Il y a trente ifles dans ce lac, dont trois
ont des églifes; & la plupart des autres font habitées. Ce
lac eft fort poiffonneux, & c'eft le feul endroit où l'on
pêche une forte d'anguille délicate, que les gens du pays
appellent pollue ou poan. En quelques endroits de ce
lac on trouve des planches attachées eniemble , & cou-
vertes de mottes de terres ; on s'en fert comme d'un ba-
teau, pour aller d'un endroit en un autre. Cela a donné
lieu de dire que ce lac avoit des ifles flottantes. * Etat
prefent de Gr. Bretagne, t. I , p. 254.
LOMPRÉ-CORPS-SAINTS, lieu de France, en Pi-
cardie , au diocèfe d'Amiens. Il n'efl remarquable que
par un chapitre cornpofé d'un doyen & de douze cha-
noines , à la collation du feigneur de ce lieu-là.
LONATO, petite ville d'Italie, en Lombardie, dans
le Breflan. Elle étoit autrefois au duc de Mantoue; mais
il y a plus de deux fiécles qu'elle a paffé au pouvoir des
Vénitiens. Elle eft presqu'au milieu , entre Brescia &
Peschiera , à trois milles de Defenzano Si du lac de
Garde. * Baudraud , édit. 1705.
LONDANO, ou Landano, petite ville de Tur-
quie, dans la Morée; quelques-uns dilént dans la Zaco-
nie , d'autres dans le Belvédère , à huit lieues de Cala-
mata. * Baudrand, édit. 1705.
LONDE, (la) terre de France, en Normandie, avec
titre de marquifat, à quatre lieues de Rouen, à une d'El-
beuf , dans le voifinage de la Sauffaye , de Berthomas ,
d'Iinfreville , de Bourgtheroude & de la Bouille. Le
marquifat de la Londe eft très-confidérable, & il y a
plus de trente fiefs qui en relèvent. * Corn. Mem, dreffés
fur les lieux.
LGND INFERE, bourg &£ baronnie de France, dans
la Normandie , au pays de Caux, fur la droite de l'Eaune.
Il y a marché public toutes les femaines, &plufieurs foi-
res par an. La baronnie appartient au chapitre de Notre-
Dame de Rouen. Ce bourg eft fitué à deux lieues &
demie de Neufchâtel , & à trois petites d'Envermeu.
* Mon. dnfj es fur les lieux.
LONDINiUM, ancienne ville de la grande Bretagne,
fur la Tamife , chez les Trinobantes. Londinium , dit
Tacite, /. 14, c. 33 , cognomento quidem colonitz non
ïnfigne , fed copia negociutorum & commeatuum maxi-
me célèbre. Il îalloit que ce fût la plus importante place
de l'ifle , dès le tems que l'Itinéraire d'Antonin a été
dreffé ; car c'eft de-là comme du centre, qu'il fait com-
mencer fes routes , c'eft-là qu'elles aboutiflent. On ne
fait pas au jufte, fi elle a été colonie Romaine; car , d'un
côté, Tacite dit bien formellement qu'elle n'en étoit pas
une; d'un autre côté, Ammien Marcellin Aw.Lundinium
vêtus oppidum quod Augujtam pojléritas adpelluvit.
Cambden , /. 27, c. 18, dit, fur la foi des Annales Bre-
tonnes , que Conftantin le Grand ferma de murailles
cette ville. Il fe peut faire que c'eft-là défais que porte
le furnom SAugutra que marque Ammien Marcellin.
Bede, /. 2, c. 4'; & 7, c. 3 , la nomme Lundonia &
ClVITAS LUNDONIA. Les anciens ont dit aflez cons-
tamment Londinium. Les Chroniques Saxones portent
Lundene , Lundone , Lundune , Liindcnbyrig , Lunden-
hurgh Jk Lundenceafter , & enfin Lundenric, comme l'a
obltrvé le dofte Gibfon. Les Anglois d'aujourd'hui l'ap-
pellent London, les Italiens Londra, &i les François
Londres.
LONDOBRIS, ifle de l'Océan, félon Ptolomée,
/. 2 , c. s; , qui la met fur la côte de Lufitanie. Voyez
Barlenga 2.
LONDON. Voyez Londres.
LONDONDERRI, ville d'Irlande, dans la province
d'Ulfler, au comté de Colerain, que l'on appelle ainfi le
comté de Londonderri. Le véritable nom de cette ville
eftDERRl,ouDORY; & c'eft ainii qu'elle s'appelloit, il
y a fix-vingt ans. Elle eft fur la rivière Lough-Foyle,
près des frontière": deDunegal, à quatorze milles pres-
qu'au fud-oueft dcLimnevadi, à cent huit milles presqu'au
nord-oueft de Dublin. Elle n'eft ni grande ni bien forte,
88j
eu égard à la manière dont on fortifie à prefent les pla*
ces ; mais elle eft très-célébre pour avoir vigoureufe-
ment foutenu plufïeurs fiéges. Sur tous, celui de 1689 a
été un des plus mémorables. Elle a un port très-com-
mode , un fiége épiscopal , & le cher-lieu d'un comté
particulier , dont le lord Ridgvay porte le titre; elle
tient marché public. Son nom s'eft augmenté des deux
premières fyllabes, à l'occafion d'un colonie Angloife qui
y vint de Londres , en 1612, & qui ajouta le nom de
London ou Londres qu'elle quittoit , à celui de Derri que
cette ville portoit auparavant. * Etat prefent de l'Irlande,
p. 64.
Le gomte de Londonderri , ou de Colerain;
contrée d Irlande, dans la province d'Ulfter; on le
nomme auffi quelquefois Krine. Ce canton a au levant
Amnm, dont la rivière de Banne le fépare; au couchant,
Dunnegal ; au nord, partie de Dunnegal , <k l'océan Deu-
calédonien ; au fud & au (ud-oueil, Tyrone. Il a cinquante-
fix milles de long, & trente de large. Ce pays eft plat
&f découvert en quelques endroits; mais il eft très-fer-
tile. On le divife en cinq baronnies qui font :
Colerain, Kenougth,
Loghinsholm , Tyrekery ,
Londonderri.
Il n'y a dans ce comté qu'une feule ville qui ait droit
de tenir un marché public , & trois qui envoient leurs
députés au parlement ; les principales font:
Colerain, Londonderri,
Limmevadi , Cumber,
Tome Caftle.
LONDRA : les Italiens nomment ainfi la ville de
Londres.
1. LONDRES, ville de la grande Bretagne, au
royaume d'Angleterre , dont elle eft la capitale , le fiége
de la monarchie , une des plus grandes , des plus riches
& dis plus marchandes villes de l'Europe. Elle eft de
2 d. 48' plus occidentale que l'obiervatoire de Paris ;
& fa latitude eft de 5 1 d. 3 1 ' félon les obfervations de
l'académie royale des feiences. Elle fe trouve dans la
province de Middlefex , du côté feptentrional de la
Tamife, fur un coteau élevé , fitué fur un fond de gra-
vier , & par confequent fain , où la rivière forme une
espèce de croiffant. La marée y monte pendant quatre
heures, & baille pendant 8', & les vaifleaiix de charge
peuvent avancer preique jusqu'au pont de Londres ■ ce
qui eft un avantage infini pour le commerce. Son éten-
due de l'orient à l'occident , eft d'environ huit milles *
mais fa largeur du feptentrion au midi , n'eft pas de plus
de deux milles & demi , même dans les endroits les plus
larges; comme depuis l'extrémité de S. Léonard Skore-
ditk , jusqu'aux extrémités de Blanckmanjlreet , en South-
wark. Elle fe trouve éloignée de la mer d'environ foi-
xante milles ; &c dans cette fimation , elle eft à couvert
de toute furprife de la par des flottes ennemies. Du côté
du nord, elle eft l'abri des vents part Hampjhd , High-
Gate , & le terrein élevé d'Iflington ; mais elle eft dé-
couverte au couchant , qui eft moins froid.
La ville de Londres contient cent trente-cinq parois-
fes ; foixante-ièpt dans l'enceinte , & feize au dehors ,
outre quinze paroifles qui font dans les provinces de
Middlefex & Surrey , & fept qui (ont dans la cité, & les
franchifes de "Veftminfter. Il y a, pour l'exercice public
de la religion Anglicane, cent une églifes paroiffiales, ou-
tre l'églifè cathédrale de S. Paul , dans Londres , l'églife
collégiale de S. Pierre dans Weftminfter, & grand nom-
bre d'annexés ÔC de chapelles. Ce qui fait que le nom-
bre des églifes eft moins grand que celui des paroifles ,
c'eft que , depuis l'embrafemcnt de Londres , il n'y a à
prefent en plufïeurs lieux qu'une églife pour deux pa-
roifles. Mais depuis le régne du roi George , le parlement
a établi un fonds, pour bâtir cinquante nouvelles églifes
à Londres & à Weftminfter , îk l'exécution de ce projet
eft fort avancée. A l'égard des non-conformiftes , on
compte qu'ils ont au moins quatre-vingt temples ou as~
jhnblées.
On compte dans cette ville cinq mille rues, tant gran-
des que petites , cours & allées , dans lesquelles il peut
y avoir cent vingt mille maifons logeables , & environ
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des eens de manne , ou dont les métiers fe rapportent de l'édifice, eft de la plerrede Portland, qui durepres-
aux tffâires de la mer : les marchands ou ariïlans habi- qu'autant que le marbre.
rent la principale partie de la cité; la ville & les faux- L'églife collégiale de Wdtminfter a ete anciennement
bourss de Weftminfter font occupés par la grande & une éghie abbatiale ; elle fut enfuite une cathédrale ; &
petite nobleffe & par des marchands qui vendent en c'eft pour cela que Weftminfter conferva le nom de
détail Les maifons étoient de bois avant l'embrafe- cité , quoique la reine Ehfabeth convertît cette églife
ment' mais aujourd'hui elles font de briques, & bâties épiscopale en collégiale , où elle établit un doyen &
fort proprement : cependant les murailles font aflez foi- douze grands chanoines, outre les petits chanoines & les
b'es n'ayant «Tière qu'une brique & demie , c'eft-à-dire chantres. On l'a appelle, Weftminfter, Wcft-monaftcriumt
environ 'treize pouces d'épaiffeur. qui veut dire églife d'oueft, par oppofition à l'églife de
On voit dans Londres un grand nombre de belles & S. Paul , qui eft à 1 eft. L églife de Weftminfter , quoi-
erandes places , telles que font celles de Lincolns-lnn- que dans un fond , comme le refte de la cité du même
Fields de 5 cric-Court , Grays-Inn-Red-Lion , Blooms- nom , fe voit cependant de fort loin , à caufe de fa hau-
bury 'Soko ," Golding, S. James , Leicefter-Fidds , De- teur. Edouard le Confeffeur en ! <: le fondateur , dans le
vonshire , (k'autres , qui font que l'air des rues voifmes fe onzième fiécle , & lui donna de grands revenus. Henri III
trouve p'ius fain. Entre ces places, celle de Linçolns- la rebâtit dans le treizième fiécle , avec cette belle ar-
Inn-Fields eft la plus fpacieufe , & celle de Soho eft or- chite&ure gothique , qu'on y voit encore aujourd'hui,
née d'un très-beau jardin au milieu. On voit auffi un Henri VIII y ajouta, du côté de l'orient, une chapelle qui
grand nombre de belles & fpacieufes rues , particulié- pafle pour un chef-d'œuvre. C'eft dans cette églife , dé-
rement Cornhill , Cheapjlde , FUeflret - Grtatt - Hatton- diée fous l'invocation de S. Pierre , que s'eft presque tou-
Street Pallmal , &c. ; & pour la longueur , Thumesfireet, jours fait le couronnement des rois d'Angleterre , depuis
le' Strand & Holbourn , dont la dernière , qui eft auffi la conquête des Normans. On y voit les tombeaux de la
la plus large , a un mille de long. Les nouvelles rues font plupart des rois & reines , & de plufieurs grands per-
les plus propres pour ceux qui vont à pied , le devant fonnages ; on y admire fur-tout dans la chapelle celui
des maifons étant pavé des deux côtés, à une largeur de Henri VII, qui eft d'airrjn iruflif & artiftement tra-
fuffifante, de grandes pierres de taille fort unies, &c dé- vaille. Dans le cloître eft une bibliothèque ouverte le.
fendu par des poteaux , à qnelque diftance les uns des matin , Se le foir, dans le tems des léances des cours de
autres, pour empêcher les charrettes St les carroffes d'en juftice. ,,.„'.,,
approcher. Outre ces deux egliles , il s en trouve plufieurs parois-
Outre l'eau de la Tamife , qui eft conduite dans "la plû- fiales ; les principales font , celle de S. Laurent , S. Mi-
part des maifons , on aencore à Londres l'eau de la nou- chel de Cornhil,Bow-Church , Chrift-Church , S. Bride,
vetle rivière , dont on eft redevable aux foins , à l'habi- dans la cité S. Dunftan , & S. André de Holbourn ; &
leté & à la Grande dépenfe du chevalier Hugh-Middle- dans Weftminfter , S. Clément , S. Paul de Convent-
ion gentilhomme du pays de Galles. Il commerça cet garden , S. Martin, fainte Anne, S. James , Stfainte Mar-
ouvrase en 160'i , Si le finit en cinq ans. Cette rivière guérite. Entre ces églifes, Bow-Church,qui eft enChéap-
pt-endta fource en deux endroits près de Ware , dans la fide , & S. Bride près de Fleetftreet , font particulière-
province de Hartford; elle fait foixante milles de che- ment remarquables pour leurs clochers, qui font extrê-
min avant que d'arriver à Londres , & pafle fous huit mement élevés ( Se d'une belle &folideftrufture. S.Paul
cents' ponts. Le canal en eft étroit , mais profond en plu- J - . , . . -
de Con vent- garden pafle pour un excellent morceau
d'architefture. Il y a cela de remarquable , à l'égard des
clochers , que quoiqu'ils foïent en grand nombre dans
la ville de Londres , ils diffèrent tous dans leur ftrucr.ure ;
& il n'y en a pas deux qui foient femblables.
II y a encore près de quatre-vingt temples , ou aflem-
blées , dans la ville & les environs , pour les non-con-
formiftes, depuis l'afte de tolérance. Les Proteftans étran-
fieurs endroits ; en d'autres, il eft porté au-deflus de quel-
ques vallées , plus de vingt pieds au-deflus de la terre ,
dans des auges toutes ouvertes. Il y eut fix cents hommes
employés chaque jour à ce grand ouvrage. .
Il ne refte que fort peu de chofe des anciennes mu-
railles de cette ville : quand elles furent élevées , la cité ,
ou Londres proprement dite, n'avoit que trois milles de
circuit ; mais aujourd'hui les fauxbourgs font presque cinq gers, qui font pour la plupart François , en ont vingt-cinq
fois plus grands , & on a bâti des maifons fur les anciens ou trente ; les uns fe conforment à l'églife Anglicane,
murs de la ville. Cependant la plupart d«s portes fub- les autres fuivent l'ufage de Hollande. Les Allemands
fiftent encore , entre lesquelles Lugdatc Se Ncwgace, qui ont deux affemblées, dont l'une s'appelle Vajfemblée Prus-
furent ruinées par l'incendie de Londres , font à préfent Jîenne, qui fuit la réformation de Calvin; & l'autre eft
rebâties plus folides qu'auparavant; & celles que le feu Luthérienne, dans le lieu où les Catholiques Romains
épargna, comme Aldersgate, Cripplegatc-Aldgate , &C. avoient une chapelle fous le régne de Charles II. Les
font°tenues en allez bon état. La plupart de ces portes Hollandois ont une grande & fpacieufe églife ; les Da-
ont des niches où l'on voit les ftatues de quelques rois nois en ont deux Luthériennes , une dans Triniti-Lane ,
ck reines , particulièrement la porte appellée Temple- ck l'autre à Wapping. Les Suédois en ont auffi une, 5c
Bar en Fleetftreet. les Juifs ont , près de Duckes-Placcs dans Londres , une
Les principales églifes font S. Paul, la cathédrale , & belle fynagogue.
l'églife collégiale de Weftminfter ; la première eft fituée De toutes les maifons royales , dans l'étendue deWeft-
dans l'endroit le plus élevé de la cité de Londres ; fk minfter , il n'en eft refté que deux en leur entier, S. Ja-
Tautre , dans le fond le plus bas de Weftminfter. Celle mes & Somerfet. La première eft fituée près du parc de
de S. Paul étoit anciennement un temple dédié à Diane; & ce nom ; ce qui la rend très-agréable. Ce palais a été fort
celle de S. Pierre, qui eft celle de Weftminfter étoit un autre augmenté , depuis que l'incendie de Wittehall a obligé les
temple, dédié à Apollon. L'églife de S. Paul, la métropole rois d'y faire leur réfidence. Somerfet-Houfe , dans le
dudiocèfe de Londres, ayant été brûléedans l'embrafement Strand, eft ainfi appelle du nom de fon fondateur Edouard,
de Londres, onapris foin depuis delà rebâtir. Pour cela, duc de Somerfet, oncle du roi Edouard IV. C'eft dans
on mitune taxe de dix-huit fols fur chaque chaldron de char- cette maifon que font ordinairement régalés, pendant huit
bons , outre plufieurs contributions volontaires , & 30000 jours, les ambaffadeurs après leur entrée publique. Ce pa-
livres fterlin, accordées depuis, par afte du parlement, lais eft habité par divers particuliers à qui le roi y donne
pour finir promptement l'ouvrage , qui a enfin été des appartenons ; il a un beau jardin fur la Tamife. Ce
amené à fa perfeclion. Sa longueur de l'orient à l'occi- palais a été long-tems fort négligé,
dent , en y comprenant les marches , eft de 570 pieds; Près de l'abbaye de Weftmiifter, il y avoit autrefois
fa largeur du feptentrion au midi, y comprenant les deux un magnifique palais , dont une partie fut brûlée fous le
portiques , eft de 311 pieds ; & le dôme , à compter régne de Henri VIII. Celle qui fut fauvée, fert pour les
depuis le rez-de-chauffée , eft d'environ 338 pieds de affemblées des feigneurs & des communes en parlement,
hauteur. Le chœur de cette églife eft orné d'excellentes £>: pour les principales cours de juftice. La grande fale où
fculptures, pavé de marbre ; &c fes portes font de fer avec ces cours s'aflemblent, s'appelle Wcflminficr-Hall.
quantité d'ornemens. Cechceurayantétéfini,dutemsdela Whitehall fut brûlé le 4 de Janvier 1698 ; & à peine
conclufion de lapaix de Ryswick , fut ouvert pour y faire le en eft-il refté aucune partie , hormis Banquetting-Houfe ,
LON
LON
ou la fale des banquets , bâtiment fuperbe , converti pré-
sentement en chapelle. Ce palais faifoit face , d'un côté ,
à la Tamife, Se de l'autre , au parc de S. James ; il avoit
toujours été le lieu de la réfkîence des rois &c des rei-
nes d'Angleterre, depuis Henri VIII , qui en prit poffes-
fion après la mort du cardinal Wolfey , à qui il appar-
fenoit.
Dans le Strand , près de Somerfet-Hoùfe , eft la Sa-
voye, autrefois un palais, ainfi appelle de Pierre, comte
de Savoye & de Richmond, oncle d'Eléonor, femme
de Henri III , qui l'acheta enfuite pour fon fils Edmond ,
duc de Lancafter. Une bonne partie , depuis un grand
nombre d'années , a été convertie en maifons à vente , &
à peine y refte-t-il aucune trace de palais. Cependant l'an-
cienne chapelle fubfifte encore , St fert d'églife à la pa-
roiffe de fainte Marie , appellée la Savoye. Dans l'en-
ceinte de ce vieux palais , il y a auffi une églife Fran-
çoife de la communion Anglicane , deux églifes Alle-
mandes , une Luthérienne & l'autre Calvirfifte , & un
temple de Quakers.
On trouve , en quelques endroits de cette ville, des fta-
tues des rois. Celle de Charles I , qui le voit à Charlng-
crofs, eft la plus belle. C'eft une.fi.atue équeftre de bronze,
élevée fur un piedeftal de marbre, orné de trophées de
guerre , & environné de barreaux de fer. Elle efi de la
façon de le Sueur , excellent ftatuaire François ; elle fut
renverfée par les parlementaires , du tems du même Char-
les I , & vendue à la livre à un chauderonnier , qui l'en-
terra 6c la conferva ainfi en entier jusqu'au rétabliffement
de la famille royale. 11 y en a deux du roi Charles II ,
une à Stocks-Banquit , à un des bouts de Lombard-
Strect , & l'autre dans la place de Soho. La première eft
de marbre blanc , Se repréfente ce roi à cheval , foulant
aux pieds un ennemi. Elle a' été élevée aux dépens du
chevalier Robert Viner , echévin de Londres. Celle de
la place de Soho efl fur un piedeftal , au milieu d'une fon-
taine, ayant à fes pieds quatre figures, repréfentant les
quatre principales rivières d'Angleterre , la Tamife , la
Saverne , la Trente, & l'Humber , verfant leurs eaux dans
le hâflin. On voit encore, parmi les ruinés de "Whitehall,
la ftatue de bronze de Jacques II , qui efi fur un piedeftal
environné de barreaux de fer.
La tour de Londres eft une fortereffe , ainfi nommée
à caufe d'une grande tour blanche & carrée , qui eft au
milieu. Cette fortereffe eft fituée près de la Tamife , au-
deffous du pont , & à l'orient de la ville. Elle a environ
un mille de tour ; & fon enceinte eft une vieille muraille ,
avec un foffé fort large & profond.- Elle commande la
cité & la rivière , St tous les jours on y envoie une com-
pagnie de foldats pour monter .la garde. Mais en cas de
danger , il y a certains quartiers dépendans de la tour,
qu'on appelle HamUts , dont la milice , qui confifte en
deux régimens d'infanterie , forme un corps d'environ
trois à quatre mille hommes. Ce corps eft obligé, au
premier commandement de la tour, de venir renforcer
la garni fon. Il y a toujours à la tour foixante pièces de
canon en batterie , que l'on tire les jours de réjouiffance
publique. Tous les navires, qui paffent devant cette for-
tereffe, la faluent; rk pour trois coups de canon, la tour
en rend un. Elle eft le grand' arlénal de la nation pour
les armes & les munitions de guerre. On y fabrique auffi
la monnoie, & l'on y garde les joyaux de la couronne.
C'eft le dépôt des archives du royaume, & la prifon des
pairs du royaume Se des membres de la chambre baffe
du parlement. Quant au bureau de la monnoie , il y a
piufieurs officiers qui en dépendent , dont les gages fe
montent à plus de deux mille livres fterlin par an. Dans
la chambre des joyaux on voit les regelia , c'eft- à-dire la
couronne , le diadème , lé globe , le feeptre royal avec
la croix , le feeptre avec la colombe , qui eft l'emblème
de la paix, le bâton de S. Edouard d'or battu , curtaua,
ou l'épée fans pointe , emblème de la clémence , que l'on
porte le jour du couronnement entre les deux épées de
la juftice , lafpiritue/le & la temporelle : les éperons d'or ,
l'ampoule ou aigle d'or, qui contient l'huile facrée, avec
laquelle les rois !k les reines l'ont joints, & la cuilliere
d'or, dans laquelle levêque verfe l'huile, la couronne
de parade que fa majefté porte, lorsqu'elle va au parle-
ment, & piufieurs autres fymboles de l'autorité royale.
Les archives contiennent les actes de parlement , les trai-
tés de paix, &c. en original. On y trouve une infinité
827
de pièces authentiques , touchant les exploits de la ;,a-
rion en France Se autres pay; ; les loix qui regardent
l'Irlande , la domination & le pouvoir des Anglois fur
les mers Britanniques , les contrats qjf affûtent aux par-
ticuliers la poffeffion de leurs terres ; les prétention» des
Anglois au royaume de France ; la fondation des ab-
bayes & autres maifons religieufes ; l'étendue des terres;
te maifons feigneuriales ; les donations de la part de la
couronne , aux fujets, tant au dedans qu'au dehors du
royaume •; les actes paffés à l'échiquier entre partie &C
partie; l'établiffement de tous les offices dans le royaume;
les bornes de toutes les forêts en Angleterre, avec les
droits qu'ont les habitans aux communes & aux pâtura-
ges qui s'y trouvent, & piufieurs autres actes & pièces
publiques. Tous les jours, excepté ceux de dimanche,
de fête , de jeûne , ou d'actions de grâces , le bureau
des régiftres eft ouvert , depuis fept heures du ma-
tin jusqu'à onze , & depuis une jusqu'à cinq après-
midi. Dans les mois de Décembre , Janvier & Février,
il n'eft ouvert que depuis huit heures du matin jusqu'à
quatre de l'après-midi. Il y a une églife parn ffiale dans
cette tour, qui eft à la nomination du roi , &t exempte
de la jurisdiction de l'archevêque. Pour le commande-
ment de cette importante place, il y a un connétable
qui eft ordinairement une perfonne de la première qua-
lité, un gouverneur ou lieutenant , qui a fous lui un
fouslieutenant Se un autre officier qu'on appelle le gent-
leman porter, ou l' officier de la porte. Les gages du con-
nétable font de mille livres fterling par an , °& ceux du
lieutenant de deux cents. II tire d'ailleurs des profita
confiderables de ceux qui font prifonniers à la Tour ,
& du privilège qu'il a de dispofer des offices de gardes
prifonniers. Un duc prifonnier, à la Tour, paye deux
cents livres fterling pour fon entrée, &r toute autre per-
fonne au-deffous des pairs, paye cinquante livres fterling.
Le connétable & le lieutenant font , en vêtu de leur
office, juges de paix dans les provinces de Middlefex,
Surrey & Kent.
. Entre la tour tk le pont de Londres, eft la coutume i
c'eft-à-dire la douane où l'on reçoit les droits d'entrée
& de fortie de toutes les marchandifes. C'eft un bâti-
ment magnifique, uniforme & commode, qui coûta au
roi Charles II dix mille livres fterling à bâtir , après
que l'ancien bâtiment eût été cenfumé par le feu.
Le pont, qui eft fur le Tamife, eft compofé de dix-
neuf arcades de pierre, à vingt pieds l'une de l'autre. II
a huit cents quarante pieds de long, trente de large, &
foixante de haut, avec un pont-levis, presqu'au milieu.
De chaque côté on voit un rang de maifons avec des
boutiques bien fournies. Au nord de ce pont , en mé-
moire de l'embtafement de Londres , qui' arriva le 12,
de Septembre 1666, on a érigé un monument ou py-
ramide près du lieu où le feu commença. C'eft une co-
lomne ronde qui palle pour un des plus hardis morceaux
d'architecture. Elle eft bâtie de greffes pierres de Port-
land , elle a 200 pieds de hauteur Si 15 de diamètre.
Elle eft fur un piedeftal de quarante pieds de hauteur ,
& de 21 en carré, dont le front eft orné d'emblèmes!
Au dedans eft un escalier à vis , dont les barreaux de
fer régnent jusqu'au Commet , où fe trouve un balcon
avec une baluftrade auffi de fer, qui a vue fur toute la ville.
Les côtés du nord Se du fud du piedeftal, ont chacun
une inlcription en latin, dont une repréfente la défo-
lation de la ville réduite en cendres , & l'autre fon
prompt rétabliiïement ; car quoique l'année d'après l'em-
brafement, la ville de Londres eût le malheur d'être
cruellement affligée de la pefte , cela n'empêcha pas
qu'elle ne fe trouvât rebâtie en peu d'années, S: plus beile.
& plus commode qu'auparavant ; Si le nombre de ces
maifons s'eft tellement accru depuis ce tems-là , prin-
cipalement du côté de la cour, qu'on en compte, pour
le moins, cinquante .mille de plus qu'il n'y en avoit avant
l'incendie.
A quelque diftance delà pyramide, on trouve dans
le Cornhill la boude royale, qui eft un des plus beaux
édifices de l'univers, dans ce genre. Elle iùt fondée p.;r
le chevalier Thomas Greslum , riche marchar.J , fous
le régne de la reine Elifabeth , l'an i'jôô, pvécifémerit
cents ans avant qu'elle fut brûlée.' Elle eft actuellement
beaucoup plus belle qu'elle n'étoit avpt fincendie. Les
marchands s'y affemblent tous les jours , excepté les di-
'888
LOSf
LON
, . grandes fêtes & les jours de ieûne. Cette îement. On compte en Angleterre quarante mille per-
bourï ell un quatre long de *,0 pieds, de l'orient à foc- fonnes gur vivent de proces_,_dont plufieursgagncntdes
130 pieds,
cident,~&~de'l7J pieds, duleptentrion aumidi. La fa-
çade en eft magnifique ; & tout-à-1'entour, régne un beau
portique foutenu de grandes colomnes de pierre. Au
fommet eft une tour où il y a une horloge &un carillon
de douze cloches. La cour du dedans ell pavée, & les
ealeries, qui font tout autour , font voûtées & (outenues
de piliers de pierres de taille. Au-deflus de ces piliers
on voit en marbre & en albâtre les ftatues des rois
& des reines qui ont régné en Angleterre , depuis a
conquête des Normands ; au milieu de la cour eft la
ftatue du roi Charles II , faite par un fameux fcu.pteur
Anglois, nommé Grimly Gibbons; elle eft for un piédes-
tal d'environ fept pieds de haut ; le roi y eft reprelente
avec l'ancien habit des empereurs Romains , une cou-
ronne de laurier for la tête. A un des côtés du piédes-
tal font les armes d'Angleterre & de France écarte-
lées ; à un autre côté celles d'Ecoffe , au troifieme cel-
les d'Irlande , & toutes foutenues par unCupidon ; en-
fin le quatrième côté eft chargé d'un pompeux éloge
de Charles II. Au-defTus des portiques il y a des gale-
ries où l'on compte près de deux cents boutiques pleines
de marchandifes, outre les boutiques qui font en bas, le
long du portique, & les grands celliers qui font fous
terre. Ce bâtiment a coûté plus de cinquante mille livres
fterling à bâtir, & produit quatre mille livres fterling de
rente; de façon que c'eft peut-être le plus nche do-
maine qui foit au monde, pour fa grandeur.
Le nouveau, change dans le Strand, pouvoir valoir au-
tant aux comtes de Salisbury, lorsque fon négoce etoit
plus floriflant qu'il n'eft à préfent. Robert Cecil, comte
de Salisbury, & grand tréforier d'Angleterre , fous le
régne de Jacques I , en fut le fondateur. Il confifte en
deux longues allées au niveau de la rue , Se deux autres
qui font en haut, pavées de pierre de taille, avec deux
rangs de boutiques , où l'on vend des marchandifes ,
c )inme dans la bourfe. .
On ne voit nulle part d'auffi grandes fales que dans
Londres. Celle de Weftminfter eft la principale, & n'a
point fa pareille ; elle a 170 pieds de long, fur 47 de
large ; fa hauteur eft proportionnée ; Se, ce qu'il y a de
merveilleux , c'eft que le toit eft foutenu fans aucune co-
lomne. Cette fale eft le paflage ordinaire pour aller au
parlement, lorsqu'il eft affemblé. Dans le tems des qua-
tre féances des cours de juftice , la cour de la chancel-
lerie, celle du banc du roi Se des plaidoyers communs,
s'y aiTemblent. C'eft en cette fale que fe fait le feftin du
couronnement , tk où l'on érige une cour exprès, quand
il s'agit de juger un pair accufé de quelque crime capi-
tal. Près de cette fale eft la fameufe bibliothèque érigée
par le chevalier Cotton , compofée de plus de mille vo-
lume de manuscrits , dont la plupart regardent l'hiftoire
d'Angleterre , Sr. la bibliothèque royale.
Guildhall , qui eft la mailon de ville , où les cours
des magiftrats de la cité fe tiennent , a encore une belle
fale , auffi-bien que le Blackwdl-Hall , qui eft le grand
magafin de toutes fortes de draps , & où ils font expo-
fés en vente.
Les corps de métiers , divifes en foixante-deux corps,
ont chacun un hôtel , ou maifon magnifique , que les
Anglois appellent hall, du nom delà plus grande cham-
bre , où fe font les réglemens pour le négoce de ce
corps. Cette fale eft allez fpacieufe pour y régaler deux
ou trois cents perfonnes, & allez belle pour y recevoir
une tête couronnée. L'hôtel des drapiers a un beau jar-
din bien entretenu & ouvert à toutes perfonnes au-des-
fos du- commun. A l'hôtel des épiciers eft la banque
d'Angleterre , qui fut établie fous Guillaume III , pour
fournir, par prêt d'argent, aux befoins de l'état, en payant
huit pour cent d'intérêt.
Outre les hôtels des corps de métiers, chaque collège
de gens de juftice a auflî une halle ou fale. Ces collèges
font pour le droit coutumier; Se la chancellerie, deux,
qu'on appelle fergent en loix , l'un en Fleet - Street. , &
l'autre en Chancery-Lane , outre quatre collèges qu'on
nomme Inns os court. Dans tous ces collèges, les gens
de loi vivent d'une manière collégiale , dans le tems
des féances des cours de juftice. Ils ont là leur cham-
bre à part , où ils travaillent hors du bruit & de l'em-
barras des familles , & où les cliens les trouvent faci-
centaines de livres fterling par an , & les autres des mil-
liers. Ils l'ont un des plus puiifans corps de l'état , tk.
celui qui a le, plus de crédit & d'autorité. Plufieurs per-
fonnes de ce corps ont eu l'honneur d'être faits pairs
du royaume , Se de parvenir à la charge de chancelier.
Le temple étoil autrefois le collège des chevaliers Tem-
pliers, il eft divifé en deux, parties, dont l'une s'appelle
l'Jhner-Tempk, Se l'autre le Middle- Temple. Leglife
desTempliers iublifte encore, rk le miniftre.qui la des-
fert, eft appelle le minijire du Temple , the majhr ofthe
Temple. A l'entrée on voit fur neuf tombes plates, les figu-
res de neuf chevaliers armés de pied en cap. Près de la
cathédrale de S. Paul , il y a un coliege de docteurs en
droit civil , appelle doaors commons, où réfi loient au-
trefois les juges Se les plus lâvans docteurs en droit ci-
vil. Dans la fale de ce collège on tient diverles cours,
qui fe règlent par le droit civil. Dans Warwick-Lahi.
eft le collège des médecins , qui a une cour fpacieuléi,
un amphithéâtre, où fe font les diiTectious, & une biblio-
thèque. Le nombre des médecins, qui font de cecoliége^
ne doit être que de quatre-vingt. Ils ont de grands privilè-
ges accordés par le roi ou par le parlement. Par exem-
ple, un médecin, quoiqu'il ait pris (es degrés à Oxford ou
à Cambridge , ne peut fans licence obtenue fous le fceau
du collège, pratiquer la médecine à Londres, ou à fept
milles aux environs. Ce collège peut condamner à l'a-
mende Se à l'emprifonnement tout contrevenant. Il a
àuffi le droit de vifiter les boutiques des apothicaires dans
Londres Se aux environs, Se de voir fi leurs drogues &
compofitions font bonnes Se bien préparées.
Le collège de Gresham mérite de trouver place ici. Il
eft ainfi appelle du nom du fondateur, le chevalier Tho-
mas Gresham , qui bâtit auffi la bourfe royale, Se deftina
à l'établilTement de ce collège le revenu qui en provién»
droit ; il fut dit que la moitié de ce revenu feroit em-
ployée à l'entretien de quatre perfonnes capables , qui
enfeigneroient dans ce collège la théologie , l'aftrono-
mie, la mufique Se la géométrie; & l'autre moitié pour
trois autres perfonnes qui enlèignero:ent la rhétorique,
le droit civil Se la médecine. Les gages de chaque pro-
felTeurfont aujourd'hui de cinquante livres fterling par arc,
avec un logement. Le collège de Sion , près de Crip-
plégate, étoit autrefois une maifon reiigieulè; ce fut en-
fuite un hôpital ; maintenant c'eft un collège & un hô-
pital tout enfemble , l'un Se l'autre fondés, l'an 1631,
par le Dr White de Briftol, vicaire de S. Dunftan à
Londres. Le collège eft pourl'ufage de tous les miniftres
de Londres , qui font de l'églife Anglicane ; Se l'hô-
pital , pour dix pauvres hommes Se autant de pauvres
femmes. Il y a une fale bâtie, depuis quelque tems, des
contributions des "membres de ce collège , avec une
bibliothèque de livres de théologie, principalement des-'
tinée à l'ufage du clergé de Londres. Enfin il y a un col-
lège de héraults , nommé communément en anglois the
heralds office , qui dépend du grand-maréchal d'Angle-
terre. Les principales fonctions de ces héraults , font de
déclarer la paix Se la guerre , de tenir regiftre des ar-
moiries des familles , de régler les formalités des cou-
ronnemens, des mariages, baptêmes', funérailles, en-
trevues & feftins de; princes, cavalcades, Sec. Le prin-
cipal d'entr'eux eft appelle Garter. Il fut inftitué par
Henri V, pour affilier aux folemnités des chevaliers de
la Jarretière, & en régler le cérémonial. Sa création eft
une espèce de couronnement ; on apporte d'abord une
épée Se un livre , enfoite une couronne , un collier d'es-
fes , Se une coupe de vin ; après cela une cotte d'ar-
mes de velours richement brodée, un badge d'or émaillé
dans une chaîne d'or. Pendant qu'il eft à genoux devant
le grand maréchal , Se qu'il met fa main for le livre Se
l'épée, un autre roi d'armes lui lit la forme du ferment,
enfoite la patente de fa charge, pendant lequel tems le
grand maréchal verfe le vin deflus fa tête, Selui donne
le nom de Garter ou Jarretière; met fur lui la cotte
d'armes , le collier d'eiTes , Se la couronne fur fa tête.
Il faut que tous les héraults foient gentilshommes de nais-
fance , Se ils font faits écuyers, dans le tems de leur
création.
Un des plus beaux ornemens de Londres , eft la fo-
ciété royale, qui fut établie par Charles II, au mois
d'Avril
LON
d'Avril i<S6î, pour perfectionner la fcience des chofès
naturelles, oc des arts utiles', par des expériences. Le roi
lui-même s'en déclara le fondateur, le patron, le chef,
& en même tems l'un des membres. Cette fociété a
fait un grand nombre de découvertes , & a beaucoup
perfectionné l'architeclure , l'art de l'agriculture, & ce-
lui de la navigation. Elle a une bibliothèque 8c un ca-
bine: qui contient un trè«-grand nombre de curiofités ,
comme bêtes, oifeaux, poifl'ons, ferpens, mouches,
coquillages , plumes , momies , gommes , minéraux ,
foffiles , ckc. Le nombre des membres de cette fociété
n'eft point fixé; on y a reçu ci-devant un grand nom-
bre d'étrangers , avec une facilité dont on a commencé
à connoître l'abus. Elle eft gouvernée par un confeil
compofé de vingt-un membres , dont dix fortent tous
les ans, & dix autres font mis à leurs places. L'éle&ion
s'en fait le 30 de Novembre; le chef du confeil porte
le titre de préjtdent.
Il y a à Londres plufieurs écoles publiques pour l'é-
ducation de la jeuneffe , fans parler d'un nombre infini
d'écoles particulière-". Par écoles publiques , il| faut en-
tendre des écoles fondées pour l'éducation d'un certain
nombre d'écoliers que l'on y enfeigne gratis. Telles
font l'école royale de "Weftminfter, fondée, par la reine
Eliiabeth, pour quarante écoliers enfeignés & entretenus
aux dépens de l'école ; celle de S. Pau! , qui fut fon-
dée, en 15 12, parleDr Collet, doyen de S. Paul, pour
y enfeigner cent cinquante- trois enfans gratis ; l'école
des marchands tailleurs, près de Cannon-Street, fon-
dée par le chevalier Thomas White , échevin & mar-
chand tailleur de Londres. Dans cette feule école, on
enfeigne trois cents écoliers , cent gratis , cent pour deux
fchelins fix fols par quartier chacun , 8k cent autres1 pour
cinq fchelins. Il y en a auffi une à ia chapelle des mer-
ciers en Chéapfîde, fondée par la compagnie des mer-
ciers ; à quoi on peut ajouter l'école de l'hôpital de
Chrift , & quelques autres.
Le nombre & la grandeur des hôpitaux, le foin que
l'on a des pauvres & des malades , ck l'ordre que l'on
y obferve , tout eft digne d'admiration. Sans compter
plufieurs petits hôpitaux particuliers , on en compte huit
grands , y comprenant ceux de Greenwich èk Chelfey,
qui ne (ont pas éloignés de la ville. L'hôpital de Chrift
eft un des principaux. C'étoit autrefois un couvent qui fut
fupprimé par Henri VIII, & converti en hôpital, en 1553,
par fon fils Edouard VI. On l'appelle \' hôpital des en-
fans bleus , parce qu'ils font habillés de cette couleur.
Il y a une école latine pour les garçons , dont on des-
tine les uns pour l'univerfité , ck les autres pour des mé-
tiers. II y en a eu qui ont été élevés aux premières
dignités de la ville , & un d'eux a été lord-maire de
Londres. Il y a auffi une belle école pour apprendre à
écrire ; une de mathématiques , dans laquelle on en-
feigne toutes les parties de cette fcience , mais princi-
palement la navigation. Tous les ans, on en envoie dix
ou douze en mer, pour joindre la pratique à la théorie.
L'hôpital de S. Barthelemi , qui eft tout proche de l'hô-
pital de Chrift, eft deftiné pour les pauvres malades,
eftropiés ck bleffés ; ils y font fort bien entretenus. Cet
hôpital fut d'abord fondé par un nommé Rayhert ,
l'an 1 102 , fous le régne de Henri I ; ck après la fuppres-
fîon des monafteres , il fut fondé de nouveau par
Henri VIII , en 1 546. Dans le cloître il y a une espèce
de change, avec des boutiques des deux côtés. Pour le
foulagement & l'entretien des pauvres lunatiques ou in-
fenfés , il y a dans Moor-fields un magnifique hôpital
appelle communément Bedlam. Il fut bâti en 1676,
dans un fort bon air.
L'hôpital de S. Thomas , à Southwarck, eft mainte-
nant un bâtiment régulier & commode ; il eft deftiné,
comme celui de S. Barthelemi , pour les eftropiés 8k les
bleffés. L'hôpital de Sutton , ( autrement appelle la
Chartrettfe, parce qu'originairement c'étoit un monaftere
de Chartreux,) fut donné, après la fuppreffion des mo-
nafteres, par Henri VIII, au chevalier Thomas Audley,
orateur de la chambre des communes. M. Sutton l'acheta,
en 161 1, pour le prix de treize mille livres fterlin , & en
a fait un hôpital à fes propres frais , pour quatre-vingt
pauvres gentilshommes , gens de guerre ou marchands,
qu'on appelle communément penfîonnaires , qui y doi-
vent être entretenus libéralement , ck vivre dans la dé-
LON 889
votion 8c îa retraite. Il y fonda en même tems une école
pour quarante jeunes garçons , ,à qui on enfeigne le lî ;
tin 8c le grec ; &c après quelques années, on les met en
apprentiflage ; ck on envoie ceux qui font propres pour
l'étude à l'univerfité de Cambridge, où l'on fait tenir à
chacun d'eux, pendant huit ans, la fomme de vingt livres
fterhn pour fa dépenfe ; &c comme il y a neuf bénéfi-
ces qui dépendent de est hôpital , ceux qui font les plus
capables de les remplir, y ont un droit afîuré. A Hoxton
il y a un hôpital depuis peu , qui eft fort beau ; il a été
fondé par M. Ask, échevin de la ville de Londres, &
membre de la fociété des chapelliers , pour l'entretien
de vingt pauvres vieillards de ce corps, ck d'un pareil
nombre de jeunes garçons.
L'hôpital royal de Chelfey , à un mille de Weftmins-
ter, a été commencé par Charles II , continué par fon
frère Jacques II , ck achevé par Guillaume III. C'eft un
très-bel édifice, ouverrdu côté de la rivière, ck deftiné
pour l'entretien des officiers ck foldats eftropiés. Le nom-
bre des penfîonnaires ou de (impies foldats entretenus ,
eft d'environ quatre cents. Ils ont tous des jufte-au-corps
rouges , doublés de bleu ; ils font fournis de tous les
autres habillemens néceffaires ; &c outre le blanchua^e
ck le feu , il ont un jour de paye , chaque femaine , pour
fe divertir ; à l'égard des officiers , on leur donne par
an Une certaine fomme pour les menues néceffités.
Quoique cet hôpital foit beau , celui de Greenwich l'eft
davantage. Il a été fondé par Guillaume III , pour l'en-
couragement des matelots, en pourvoyant à leur fubfis-
tance , lorsque, par vieillefïe, bleffures, ou autres acci-
dens, ils font devenus incapables de fervir, comme auffi
pour les veuves , ou enfans de ces matelots , tués ou
noyés au fervice de l'état. Le nombre des penfîonnaires
eft d'environ trois cents. Pour chaque centaine , il y a
fix veuves de matelots pour prendre foin d'eux , à (î.t
livres fterlingpar an, ck deux fchelins. par femaine, de
plus, pour celles qui fervent dans l'infirmerie. Leur or-
dinaire eft le même qu'à l'hôpital de Chelfey; 6k pour
leurs menus plaifîrs , ils ont chacun par 'emaine un fche-
lin. Les officiers ont le chapeau bordé d'or. lis ont les
meilleures chambres , prennent place au haut bout de la
table, ck reçoivent par femaine dix-huit fols. Pour éta-
blir cette fondation, le roi Guillaume donna une terre
à Greenwich , contenant près de neuf arpens , avec le
palais royal, que le roi Charles II y avoir fait bâtir
tk qui avoit coûté trente-fix mille livres fterling.
II n'y a à Londres que deux maifons publiques de
travail , qui foient fameul'es ; l'une s'appelle Bridwel, 8k
eft une grande maifon bâtie autrefois par Henri VIII
pour la réception de Charles-Quint , ck qui fut conver-
tie par Edouard VI , à l'ufage qu'on en fait à préfent.
Il y a cent quarante pauvres garçons qui y font entrete-
nus, à qui l'on apprend des métiers ; ck il y a pour cet
effet vingt- deux maîtres logés gratis, outre le profit qu'ils
tirent du travail de leurs apprentis ; car chacun de ces
garçons eft engagé , avec fon maître , pour fept ans ; après
quoi, ils entrent dans les droits de bourgeoifie de Lon-
dres. L'hôpital leur fournit les habits , le linge 8c les
lits, Scie maître la nourriture. Une partie de cette mai-
fon eft auffi deftinée pour la correction des ferviteurs Se
fervantes infolens ; pour les femmes proftituées, ck au-
tres gens de mauvaife vie. L'autre maifon de travail eft
en Bishopsgau-Street , fondée depuis peu de tems , pour
employer les pauvres , jeunes ck vieux , les vagabonds de
profeffion, les mendians robuftes , 8c autres fainéans ou
de mauvaife conduite. On apprend aux filles à coudre,
filer 8c tricoter; ck tous y apprennent à lire, à écrire,
avec le catéchisme 8k les principes de la religion. Les
gens robuftes , dont la conduite avoit été déréglée , font
employés à battre du chanvre, à râper du bois de Bre-
fil , ou à quelqu'autre rude Travail ; êk on ne leur donne
pour leur fubfiftance, que ce qu'ils peuvent gagner par leur
travail ; c'eft ce qui fait que la plupart d'entr'eux , pour
fe tirer de ce lieu, s'engagent volontiers au fervice de
mer ou de terre ; 8c d'autres fe font transporter aux co-
lonies de l'Amérique.
Quoique Londres 8c Weftminfter ne foient propre-
ment qu'une ville, ou plutôt deux villes contiguës, la
police en eft diftincle ; le lord-maire de Londres n'a
aucune infpeftion fur Veftminfte* , ck le high-fleward
de Weftminfter ne fe mêle point de ce qui regarde
Tome III. V uuuu
■go
LON
LON
' Londres-, à l'exception de la rue appellée S. Martin le
Grand, qui le trouve (bus la jurisdiftion de Veftmins-
ter. Le gouvernement civil de Londres reffemble en tou-
tes choies au gouvernement de la nation ; car comme
le pays eft gouverné par un roi , les feigneurs ck les
communes, ainfi la ville eft gouvernée par le lord-maire,
les échevins , ck le conléil commun.
La charge du lord-maire de Londres eft fort confidé-
rable ; & il n'y a que lui , & celui d'Yorck , qui pren-
nent le titre de lord ou feigneur. 11 eft choifi , tous les ans,
par les citoyens, le 19 de Septembre, ck entre dans l'exer-
cice de fa charge, en grande folemnité, le 19 d'Oclobre
fuivant. Son autorité s'étend fur la cité , une partie des
fauxbourgs, ôk fur laTamilé , dont il fut déclaré le con-
servateur par Henri VII ; fa jurisdicTtion fur cette rivière
commence depuis le pont de Stones jusqu'à l'embou-
chure du Medway. Il eft le premier juge de Londres,
& a le pouvoir de citer ck d'emprifonner. 11 a fous lui
de grands & de petits officiers , 6k , entre les premiers , un
porte-épée. On lui donne pour fa table mille livres fter-
ling par an ; pour fes plailirs , une meute de chiens en-
tretenus , 6k le privilège de chafTer par-tout dans les
trois provinces de Middleléx, Suilex 6k Surrey. Le jour
du couronnement du roi , il fait l'office de grand échan-
fon ; il prélénte à boire au roi dans une coupe, d'or ; 6k
après que le roi a bu, la coupe eft pour lui. Ce qu'il y
a de remarquable , c'eft que lorsque Jacques I fut in-
vité à venir prendre pofTeffion de la couronne, le lord-
maire figna le premier l'afte, avant les pairs du royaume.
Les vingt-fix échevins ou aldermans font, après le lord-
maire , ceux qui ont le plus de pouvoir. Ils ont infpec-
tion chacun (ur un quartier de la ville qui eft auffi par-
tagée en vingt-fix quartiers ; ils ont fous eux un certain
nombre de perfonnes du commun conléil , dont l'un eft
leur lieutenant. Par les Chartres , qui contiennent les
privilèges de Londres , les échevins qui ont été maires,
& les trois qui les fuivent immédiatement , font juges
de paix de la ville. II y a auffi un magiftrat , que l'on
nomme recorder ou greffier, qui fert .de concilier au
lord-maire , pour l'informer des loix & coutumes de la
ville. Il prend fa place dans le confeil , ck dans la cour
du maire , devant tous les échevins qui n'ont pas été
maires. C'eft lui qui prononce les fentences de la cour.
Les deux shérifs de Londres 6k de Middlefex font auffi
des magiftrats confidérables , fur-tout par le pouvoir
qu'ils ont de choifir les jurés , pour le jugement d'une
caufe. Ils font élus , tous les ans , dans la maifon de ville,
par les compagnies des corps de métiers ; 6k fi quel-
qu'un d'eux ayant été choifi, refufe la charge , il faut
qu'il paye une amende de quatte cents vingt livres fter-
ling, à moins qu'il ne jure qu'il n'a pas mille livres fter-
ling vaillant. Enfin il y a un tréforier, qu'on nomme
Chamberlain , qui eft un porte d'importance. lia le tfé-
for de la ville entre fes mains , & la caille des orphe-
lins. Une partie des fondions de fa charge regarde auffi
les apprentifs fur lesquels il a une grande autorité.
Comme la ville de Londres a le privilège de fe gou-
verner elle-même , elle a fes cours de juftice , qui , pour
la plupart , s'aflemblent à la maifon de ville. La principale
de ces cours s'appelle comrnon council, ou commun con-
feil , 6k c'eft une espèce de parlement compofé de deux
ordres. Le lord-maire 6k les échevins repréfentent la
chambre des feigneurs , 6k les autres membres, du con-
feil reptéfentent celle des communes. Ces derniers font
au nombre de deux cents trente -un , choifis dans les
différens quartiers de la ville. Dans cette cour fe font
les loix municipales, qui lient tous les bourgeois, cha-
cun y donnant fon confentement, ou par lui-même, ou
par ceux qui le repréfentent. Cette cour feule a le pou-
voir de donner à un étranger le droit de bourgeoifie.
Outre cette cour, il y a celle du lord-maire , où l'on
}uge les caufes civiles à peu de frais; la cour des éche-
vins ; celle des Huflings; les affilés ; la cour des shé-
rifs ■; celle du trélorier, 6k autres.
Le lord-maire eft encore commandant en chef des mi-
lices de la ville ; il a commiffion du roi pour cela. Les
milices de Londres confiftent en fix régimens, qui font
en tout neuf mille hommes, fans y comprendre deux ré-
gimens des paroifles , qui dépendent de la tour , ni le ré-
giment de Souhtwarck. Mais en cas de néceffité , on levé
ks milices auxiliaires , compofées d'apprentis , qui font fix
autres régimens , chaque bourgeois qui a deux apprentis,"
étant obligé d'en fournir un pour cet effet. Pour donner
des officiers à toutes ces milices , il y a une- compagnie
de fix cents hommes choifis , qui font commandés eu chef
par un officier nommé par ie roi. C'eft ce qu'on appelle
la compagnie de l'artillerie , qui fait , tous les quinze jours,
l'exercice dans un lieu fermé de murailles, auprès de
Moorfields. ;
En matières eccléfiaftiques , cette ville eft gouvernée
en chef par fon évêque , à qui eft commis le foin de tout
le clergé de Londres.
La ville 6k les fauxbourgs bu dépendances de West-
minster , qui s'étendent du côté de Londres jusqu'à
Temple-Bar, n'a pour fon gouvernement , ni maire , ni
échevin , ni shérifs. Le chapitre eft revêtu de toute la ju-
risdiction civile ck ecclefiaftique , depuis la réformation.
Il eft vrai que le gouvernement a été mis entre les mains
des laïcs , choifis ou confirmés par le chapitre. Le chef
de tous les magiftrats eft celui qu'on appelle ffigh-
Steward, qui eft d'ordinaire-un noble du premier rang,
choifi par le chapitre, & qui poiléde cette charge pen-
dant fa vie. Pour en, exercer les fondions, il choifit uri
homme bien verte dans les loix , qui doit être confirmé
par le chapitte ; 6k ctfi lui qui tient j avec d'autres ma-
giftrats, la cour qu'on nomme Lut, Après lui eft le
bailhf, qui tient !i: u He shérif ; car il convoque les ju-
rés ; tous les fcigeiis de Wcftminfter lui font fournis, 6k
c'eft lui qui régie les tonnai. tés pour l'éleclion des mem-
bres de parlement pour la ci é de Veftminfter. Toutes
les amendes ck confiscations lui appartiennent , ce qui
rend (a charge fort lucrative. 11 y a auffi un grand con-
nétable choifi par la cour de Leet , qui a fous fon com-
mandement tous les autres connétables. D'ordinaire il
eft continué deux années en cette charge. Enfin il y a.
quatorze des principaux bourgeois qu'on appelle Bur-
geffes , dont fept font pour la cité , ck les fept autres pour
les fauxbourgs 6k dépendances , qu'on nomme auffi li-
bertés 6k franchifes. L'office de ces quatorze bourgeois
a beaucoup de rapport^avec celui des échevins de Lon-
dres , ayant chacun un Ward ou quartier particulier fous fà
jurisdiction. Dans ces quatorze , il y en a deux qui font
élus , fous le nom de Head-Burgeffes, ou chefs de bour-
geois ; l'un eft pour la cité, ck l'autre pour les dépen-.
dances.
Londres eft la patrie du célèbre Thomas Morus , chan-
celier d'Angleterre , qui fut décapité , parce qu'il ne vou-
lut jamais reconnoître Henri VIII pour chef de l'églife
Anglicane; de François Bacon, auffi chancelier d'An-
gleterre, célèbre jurisconsulte, poète ck hiftorien ; du
fameuxpoëte Milton, 6k de plufieurs autres hommes illus-
tres.
2. LONDRES, ville de l'Amérique méridionale, dans
le Tucuman, au voifinage du Chili. Elle fut bâtie, en
1558 , par Gomez de Zurita, gouverneur de Tucuman ,
pour tenir les Indiens de ces quartiers-là en bride. Elle
eft fous les 19 d. ou environ de latitude. Le fondateur
la nomma Londres , pour faire fa cour à la reine Marie
d'Angleterre, qui étoit alors époufe de Philippe II, roi
d'Espagne. La ville ne fubfifte plus. * Woodes Rogers.
Voyage autour du inonde , t. 1 , p. I Ç 3.,-
3. LONDRES, (LE MARAIS de) dans l'Amérique
méridionale , au pays de Tucuman. Ce marais tire fon
nom de la ville de Londres , au midi de laquelle il fe
trouve. Il eft formé par une petite rivière , qui vient des
Andes ; coule dans la vallée de Palcipa , ck le perd dans
ce marais. * Robert de Vaugondy , Atlas.
4. LONDRES , (LA nouvelle) bourgade de l'A-
mérique feptentrionale , dans la nouvelle Angleterre, fur
une rivière que les Anglois ont appellée la Tamife,
quoiqu'elle ne métite pas ce nom, n'étant ni fi grande
ni fi belle que la Tamife de la grande Bretagne. * Moll.
Carte de la nouvelle Angleterre.
5. LONDRES , bourg ck château de France, en
Languedoc, au diocèlé de Montpellier , vers les Seven-
nes, à cinq lieues de Montpellier , vers le nord. * Bau-
drand , édit. 170s;.
LONE, prieuré de France, en Bourgogne , de l'or-
dre de Cluny, fondé en abbaye par Tierri, roi de Bour-
gogne , dans le feptiéme fiécle , ck à prefent uni au
prieuré de Saint-Vivant-fous-Vergy. L'églife du prieuré
ds Lône étoit magnifique; mais elle fut démolie , dans le
LON
LON
fiécle dernier , pour fortifier l'avenue de la ville de Saint-
Jean-de-Lône. La rivière de Sône eft entre le village de
Lône , &c la ville de Saint-Jean-de-Lône.
i. LONG-CHAMP , abbaye royale de filles , en
France , fituée à deux lieues de Paris ; en latin Longus-
Campus. Elle fut fondée, l'an 1260, fous le titre de
VHumiïaé de la Vierge, par fainte Elifabeth , fceur de
S. Louis , roi de France, fille de Louis VIII, &c de Blanche
de Caftille. Cette princefle, pour fe vouer entièrement à
Dieu, après avoir refufé d'époufer Conrad, roi des Ro-
mains, fils de l'empereur Frédéric Barberouffe , & affocié
par lui à l'empire , de l'aveu du roi , fon frère , choitit
pour le lieu de cette abbaye la plaine de Long-Champ,
entre le bois de Boulogne & la rivière de Seine, vis-à-
vis de Surêne & du mont Valérien , le bois n'étant pas
encore fermé de murailles ; c'eft ce qui avoit donné lieu
à nommer cette plaine le Coupe-Gorge , à caufe des vols
& des meurtres fréquens qui s'y commettoient , le voi-
sinage du bois fervant de retraite aux voleurs. On lit
dans un afte capitulaire de cette abbaye, qu'il fe fit
une grande cérémonie , pour jetter les fondemens de
cette églife & des autres bâtimens. La première pierre
fut mife par le roi S. Louis; la féconde, par la reine Mar-
guerite , fon époufe , fille de Raimond Berenger II du
nom, comte de Provence ; la troifiéme, par Louis, leur fils
aîné ; & la quatrième, par fainte Elifabeth. Plufieurs fou-
verains pontifes ont confirmé cette fondation par des
bulles authentiques , 'avec des immunités & des privilè-
ges confidérables. Les religieufes obfervent la régie de
S. François. Sainte Elifabeth fit conftruire pour elle un
bâtiment au dehors du monaftere , & n'a point été reli-
gieufe, peut-être pour éviter d'être fupérieure, puisque fa
piété , fon rang ck fes bienfaits n'auroient pas manqué
de la faire élire. Pour introduire dès le commencement
une bonne discipline dans la maifon , elle demanda au
général de l'ordre de S. François quelques religieufes de
iainte Claire de Rheims, afin que les nouvelles religieu-
fes de Long-Champ puffent être inftruites par elles dans
l'exafte obier vance de la régie. Ce général lui en donna
cinq , dont l'une appellée fxur IfabeLle , futla première fu-
périeure , mais feulement en qualité de prieure ; & ces
cinq religieufes furent incorporées pour toujours dans
cette nouvelle abbaye , par un bref du pape , qui auto-
rifa leur translation. Ce fut un mercredi, veille de la
fête de S. Jean-Baptifte , 1260, que fe fit la cérémonie
de l'introducfion de ces cinq religieufes dans l'abbaye ,
& de la vêture de foixante novices. Le roi S. Louis y
fut prêtent , &c fit aux nouvelles religieufes un discours
très-édifiant & très-pieux, ayant voulu par humilité s'as-
feoir aux mêmes bancs qu'elles occupoient. La première
abbeflt: fut fceur Agnès Dannery; la féconde, fceur Ma-
haut de Guyencourt ; &c la troifiéme , fceur Agnès d'Har-
court , dont la mémoire eft en vénération , & qui étoit
intimement unie avec fainte Elifabeth. Les abbeffes font
triennales, & ne peuvent être continuées; mais le cha-
pitre les peut élire de nouveau , après trois ans d'intermif-
fion. L'abbaye de Long-Champ s'eft toujours confervée
dans.fa première nobleffe &c dans fa régularité. La fitua-
tion en eft très-avanrageufe & très-l'aine. L'églife eft fort
belle & fort bien entretenue ; qn y remarque une dignité 8t
une propreté , qui ne font guères ordinaires dans les ancien-
nes abbayes. Elle a eu des religieufes non-feulement
des plus illuftres maifons de France, comme Jeanne de
Saint-Fargeau , veuve de Raoul de Naudiere , feigneur
de Gueux, qui prit l'habit à vingt-fept ans, après avoir
demeuré veuve trois ans ; fa fceur Agnès de Saint-Far^
geau;& fa fille, Marie de Gueux, qu'on élut deux-fois ab-
beffe, mais aulft plufieurs pnnceffes, l'avoir, Marguerite
deBrabant, & Jeanne de EraDant fa fceur, toutes deux
filles de Godefroi de Brabant, dont la fceur, Marie de
Brabrantfut femme de Philippe le Hardi, roi de France,
& Blanche de France , fille du roi Philippe le Long. On
voit leurs tombeaux placés dans le chœur , &c dans l'a-
vant-chœur de l'églife, à laquelle les rois de France fuc-
ceffivement, &t plufieurs princes, ont fait de grands
dons. *Corneille, Diftionnaire. Mémoires drefTésfur les
lieux , en 1706.
2. LONG-CHAMP , bourg de France , en Norman-
die , auprès d'Heudicourt. Il y a un prieuré à la nomina-
tion de l'abbé de S. Etienne de Caën , qui prélente aufli
à la cure.
89
3. LONG-CHAMP, village de France, en Bour*
gogne , au diocèfe de Langre^. Une partie de ce vil-
lage &c le clocher même font du bailliage de Dijon,
dont ce village eft à trois lieues dans les bois. Il y a une
verrerie où l'on travaille proprement.
LONG-FOND, prieuré de France, dans le Berri,
au diocèfe de Bourges. Il eft de l'ordre de Fontevrault,
& a été fondé , en 1 1 10 , dans la terre du Breuil : l'abbé
de Font-Combault le fonda pour des religieufes.
LONG-JUMEAU, bourg de France, dans l'Ifle de
France, à quatre lieues de Paris, fur la petite rivière
d'ivette. Il y a une prieuré de chanoines réguliers de la
congrégation de fainte Geneviève; il n'y a que cinq
religieux avec le prieur.
LONG-PONT, Longus-Pons , abbaye d'hommes, eri
France , de l'ordre de C îteaux , filiation de Clairvaux ,
dans le Valois, au diocèfe, & à trois lieues de Soiffons,
vers le midi, près de la forêt de Rez, appellée aujour-
d'hui VW.ers-Coterets , fondée, l'an 1131, par Joflelin ,
évêque de Soifions.
■ LONG-PRÉ, bourg de France, dans la Picardie, à
quatre lieues au-deflous d'Abbeville , au confluent du
ruifleau de Betencourt , avec la fomme. Il y a un cha-
pitre compofé d'un doyen & de douze chanoines , à la
collation du feigneur du lieu. * PiganioL de la Force,
Descripion de la France, t. 3 , p. 137.
LONGAGES, monaftere de l'ordre de Fontevrault,
dans le haut Languedoc , au diocèfe de Rieux.
LONGANICO, petit bourg de la Morée, dans le
Belvédère, fur l'Alphée, aujourdhui l'EraJzno, à trois ou
quatre lieues de fon embouchure dans la mer. On le prend
pour l'ancienne ville d'Olympia , qui donnoit fon nom aux
jeux Olympiques. Voyez Olympia. * Baudr.éà. 1705.
LONGANUS, en grec, Acjjk,^, ancien nom d'une
rivière de Sicile. Polybe , /. 1 , c. 9, dit : dans la plaine
de Milazzo , auprès d'une rivière qu'on appelle Longa-
nus.. Son nom eft Ru^olino-Fiume ; & comme elle a
fa fource auprès de Caftro-Réale , de-là vient le nom
que lui donne Baudrand , $11 Fiume di Cajlro-Rcale ;
de même que les navigateurs étrangers, au lieu de dire
la Gironde , difent la rivière de Bordeaux , Se la rivière
de Nantes pour dire la Loire.
LONGAROLA , rivière de Turquie , dans la Morée.
Elle a fa fource dans la Zaconie , près de la petite ville
de Landano ; traverfe le Belveder ; & , coulant fur les
confins de l'ancienne Elide & de l'ancienne MefTénie,
elle fe décharge dans le golfe de Zonchio.
C'eft ce qu'en dit Baudrand , édit. 1705 ; mais il y a
bien des fautes dans ce peu de lignes. La Longarola n'a
point fa fource dans la Zaconie , ni près ni loin. Elle n'a
rien de commun avec Landano. Elle ne pourroit paffer
de la Zaconie au Belveder , fans paffer par le Brazzo
de Maina ; & s'il étoit vrai qu'elle eût fa fource dans la
Zaconie , Baudrand n'auroit pas dû omettre qu'elle tra-
verfoit aufli l'ancien pays de Lacédémone; mais il n'en
eft rien. Dans la Morée de De Witt , on voit que la
Longarola eft une petite rivière , qui a fa fource dans le
Belveder, où, coulant d'occident en orient, après une pe-
tite courfe , elle vient fë perdre dans la mer , presque
vis-à-vis de fille de Prodano.
LONGAS. Voyez Longatis &Longon.
LONGATICUM , lieu entre Aquilée & ^Ennonia,
félon Antonin, hiner. à vingt-deux mille pas du Vipao.
Lazius croit que c'eft Logit^ , village de la Carniole.
LONGATIS , Myïàr.ç, contrée de Grèce de la Béo-
cie, félon Lycophron. Tzetzès, fon commentateur, dit
que l'on difoif aufli Longas. * Ortel. Thefaur.
LONGCHUEN , ville de la Chine, dans la province
de Junnan. Voyez LUNCHUEN. I.
LONGELA. Voyez Longula.
LONGEMAY, barormie de France , au Maine, élec*
tion de la Flèche, dans la paroiffe de Mélèré. Elle ap-
partient au roi ; & le fieur la Haquaye de Montgiraut ,
maréchai de camp, en jouit par engagement.
LONGEPlERRE,baronnie de France , dans la Bour-
gogne, au diocèfe de Befançon, à deux lieues de Seurre,
à trois de Verdun , à quatre de Châlons. La rivière du
Doux y paffe.
LONGERON , bourg de France , dans l'Anjou.
LONGEVILLE , bourg de France , dans le Poitou ,
au diocèfe de Luçon , élection des Sables d'Oionne. "
Tome III, Vuuuu ij
g9i LON
LONG FORD , ville d'Irlande , dans la province de
Leinfter, au comté de Longford , dont elle eft la capi-
tale. Elle eft fituée lûr la rivière de Camlin , à cinq mil-
les, presqu'à l'oueft de Saint-Johnftown, & à fix milles
d'Ardagh. Elle a droit de tenir un marché public, &
envoie' deux députés au parlement; mais quoiquelle ait
titre de comté, cette ville eft très-peu de chofe. * Etat
prcfent d 'Irlande , p. 43.
Le COMTÉ de LONGFORD , petit canton d'Irlande,
LON
Que de cercles au ciel coupent ce grand ouvrage'.
Au milieu la torride où jamais aucun tems
Par l'excès des chaleurs ne fouffrit d'habitans.
Aux deux extrémités font les deux glaciales :
Entre elles & la chaude, en mêmes intervales,
Les deux autres ont place , & chacune y reçoit
Un tempéré mélange & du chaud & du froid.
le plus au nord-oneft de toute la province de Leinfter. Il
a Veftméath au fud, & Eaftméath à l'eft : Letrim , qui
e^,de,La,Cv:'îCeude Connaugh^'„& Cava'î ' qUA ei1e Ce préjugé, leur faifant regarder la terre comme inhabî-
celle d'Ulfter , e bornent au nord & au nord-oueft ; & le ^P ^ S » d & au ^ « ^ concevoient ,a 20„e
Shannon , qui le fepare de Roscommon , dans la province éré C£ { fevie'nt au môme dans lg4ur { yftê
de Connaugt , 1 enferme a 1 oueft. 1 a^vingt-fept milles Ja ferre ^ & .^ bea k,s , lar gj
de long , & fetzeje large. Le comte eft petit mais n- fa fe ^j { ^ d,occsiden4t en ^
che & agréable. On le divife en fix baronnies , favoir :
Longford,
Granard,
Ardagh,
Moydo'ë ,
Rathlin,
Shrovle.
LONGIDIDUNI. Dans quelques exemplaires de Pto-
lomée, on lit ainfi ce mot, comme li c'étoit le nom
d'un peuple de la grande Germanie Dans d'autres exern- r . f f ; ^ zone tornde & ^
p aires on ht ce nom fepare de cette manière, LutiDt- . .^ in^abita^eS-
1s s'accoutumèrent donc à nommer longitude l'étendue
d'occident en orient; tk parla même raiofn, ils prenoierit
fa largeur ou latitude depuis la 2one torride jusqu'à la zone
glaciale. C'eft la raifon pour laquelle on compte les longi-
tudes d'occident en orient , & les latitudes de l'équateur
vers le pôle. L'habitude étoit prife de compter aïnfi ;
& cette manière a fubfifté , quoique l'on foit revenu de
LONGINI FOSSATUM, A.ni«f«™r, c'eft-à-
dhelefofff deLongm. Procope , Mdific. 1. 3 , c.6; dit
que Juftinien y fit"bàtir un fort nommé le fort de Noce,
W'vy~i n/icj», & non pas le bourg de Noê, comme le
rend Coufin. Voici le paffage de fa traduction à cela
près. Il fit encore bâtir à gauche , vers le feptentrion ,
tin fort qu'il appella \efort de Noce, dans un endroit qui a
été nommé le foffi de Longin, à caufe que ce capitaine ,
qui étoit Ifaurien , y campa autrefois avec les Romains
qu'il commandoit , lorsqu'il faifoit la guerre auxTzaniens.
Ce fofle étoit ou dans leur pays, ou aux frontières.
LONGISARIA, félon Baudrand; Longifaria , fé-
lon d'autres; &LUNGIFARIA félon quelques interprètes
Les anciens géographes , dont les ouvrages ou les noms
font parvenus jusqu'à nous , ont é.té ou des Egyptiens ,
ou des Grecs , ou des Romains. Il étoit naturel qu'ils
connufîènt mieux les parties occidentales de notre con-
tinent , que celles qui font à l'extrémité orientale , qui
n'a été connue des Européens , qu'avec le tems , & après
de longs voyages. Ils ont donc commencé par l'extré-
mité la plus connue, & ont pris de-là leur longitude ,
c'eft-à-dire qu'ils ont commencé de-là à compter les
parties de la longueur de la terre.
L'hémisphère fupérieur , par rapport à nous , eft na-
turellement divifé par l'équateur , ou, ce qui eft la même
chofe , par la ligne que le foleil décrit, dans le tems des
équinoxes. Si donc on fuppofe qu'une ligne, formée par
de Ptolomée, petite ville d'Afrique , à la pointe orientale l>ornbre d'un fil tendu à plomb , au point jufte de midi ,
du golfe de. la Sidre. Quelques-uns croient que c'eft "
L'APTUCHl'FANUM de la Pentapole.
LONGITUDE. Ce mot qui, dans la lignification ori-
ginelle, ne fignifie que longueur , a une lignification par-
ticulière en géographie ^ &C fignifie la diftance du méri-
dien d'un lieu propofé à un autre méridien , que l'on con-
sidère comme premier méridien à l'éeard de celui-là.
Nous traitons au mot Méridien les -différentes manières nTth'd'uniîêu dont on peïrt fàvorf la' làtiïdi?eft-a^dire7d
' géographes cho ;i(i lient feur pj-emjer mendien , & point du c;ej f qu; eft précifementau-deiïus de ce lieu-là ;
& , comme nous l'avons expliqué ailleurs, cet éloigne-
ment , compté depuis l'équateur , eft ce que l'on appelle
rv * ~A..i \-t j;a-.«« j.» «rtu x 1»/ —
foit prolongée d'un pôle à l'autre , cette ligne fera une
véritable méridienne , plus ou moins vraie à proportion
que l'on aura choifi avec jufteffe le point précis du midi,
pour l'obferver. Cette méridienne eft coupée par l'équa-
teur en deux parties , <k à diftances égales des deux pôles j
& il ne manque point de marques auxquelles on peut con-
noître dansleciell'éloignement qu'ily adel'équateur auzé-
nous y donnons la manière de les réduire à un même cal
cul. 11 eft queftion d'expliquer ici ce que c'eft que les lon-
gitudes , & quelle eft la véritable manière de les com-
pter.
Les connoiffances des plus anciens géographes ne s'é-
tendoient pas fort loin vers le nord ; & ilscroyoient que
la zone la plus proche du pôle , c'eft-à-dire la zone
glaciale , & la zone la plus proche de l'équateur , c'eft-à-
la latitude. D'un autre côté, la diftance du pôle à l equa-
teur, eft: précifement un quart de cercle , c'eft-à-dire une
diftance de nonante degrés ; 6c comme il eft aifé de fa-
voir par les inftrumens de combien de degrés & de mi-
nutes le pôle eft élevé fur l'horizon , il eft facile par-là
de favoir quelle eft la latitude du lieu , puisque cette la-
t',ui,l''M ^ — ,/ • • 1 1 * ui y r îavuir queue cil la iduuiuc uu ucu , [jliis^uc lcllc
dire la zone torride , n etoient point habitables, a caufe titude & cette élévation ne font qu'une même chofe.
de l'horrible froid, ou des chaleurs étouffantes. Ovide._
Metamorpk. 1. I , v. 45 & feq- marque très-bien ce
préjugé :
Utque dua dextrâ calum totidemquejînifirâ.
Paru fecant {once , quinta ejl ardentior Mis.
Sic omis inclufum numéro dijlinxit eodem
Cura Dei : toddemque plaga tellure premuntur.
Quarum que média ejl , non eft habitabilis œjlu.
Nix tegitalta duas : tàtidem inter utramque locavit ,
Temperiemque dédit mixtâ cum figure fiammâ.
Corneille traduit ainfi ces vers :
Et comme au lieu célefte où brille fon palais ,
Cinq zones tout autour par qui fa fphère eft ceinte ,
Deux à droit , deux à gauche, en traverfent l'enceinte,
Et que la plus ardente échauffe le milieu ;
Même ordre eft pour la terre obfervé de ce dieu.
Autant de régions en bornent le partage,
Il n'en eft pas de même de la longitude. Comme le
ciel tourne ou femble tourner autour de la terre , il n'y
a aucun point fixe dans le ciel d'où l'on puifle commencée
à la compter : il faut donc prendre ce point fixe fur la
terre; ck ce point fixe eft un premier méridien, d'où fe
prennent les diftances d'occident en orient , c'eft-à-dire
la longitude du lieu que l'on examine par rapport à ce
point fixe.
Nous avons remarqué que les latitudes fe comptent
jusqu'au nombre de nonante degrés , parce qu'il y a
précifement cette diftance de l'équateur jusqu'au pôle,
qui eft un terme fixe , auquel aboutiflent toutes les lignes
que l'on peut tirer de l'équateur au point de ce pole-
Mais il n'y a rien de pareil d'occident en orient; ainfi
on compte le cercle entier , parce que l'on ne trouve rien
dans le ciel , qui puifle fixer ; & ainfi on parcourt de fuite
trois cents foixante degrés , qui ramènent précifement
au point fixe d'où l'on eft parti.
Après cette explication, une perfonne , qui commence
à étudier la géographie , ne s'étonnera plus de voir que,
dans les cartes, les degrés de latitude, marqués de bas en
haut pour l'hémisphère feptentrional , &C de haut en bas
LON
pour l'hémisphère méridional, foient toujours bornés à
nouante degrés au plus ; au lieu que ceux de longitude ,
qui (ont marqués fur le bord'd'en-haut & d'en-bas de la
.carte d'occident en orient, s'étendent depuis un degré
jusqu'à trois cents foixante , parce qu'il faut , pour con-
noître la longitude, favoir de combien de degrés le lieu
en queftion eft éloigné du point fixe , ou du méridien
d'où l'on commence à compter la longitude.
Nous avons déjà averti que rien n'eft plus aifé que
d'obferver la hauteur du pôle ; 5c l'aftronomie en four-
nit plufieurs opérations. Ce n'eft pas ici le lieu de les
marquer ; nous remarquerons feulement que cette facilité
eft fondée fur ce qu'il y a des points fixes dans le ciel ,
par exemple, les deux pôles , qui fervent de bafe à l'opé-
ration ; mais , en fait de longitude , il n'y a rien de pareil.
L'aftre que l'on voit près de l'horizon au couchant , ne
paroîtra bientôt plus , 6c s'enfoncera dans l'hémisphère
du ciel, qui eft inférieur par rapport à nous ; 5c il fera
remplacé par d'autres qui disparaîtront à leur tout. De-là
vient qu'il n'eft pas fi aifé de déterminer les longitudes.
Les géographes ont pourtant trouvé le moyen de s'en
aflurer, Se voici comment. Lefoleil n'éclaire pas tout-à-
la-fois le globe de la terre. Il n'en illumine que la moitié ,
tandis que l'autre moitié eft dans les ténèbres , & il ré-
pand lùcceflîvement fa lumière à tout le globe ; de-là vient
l'alternative des jours Se des nuits. Il parcourt le cercle
.entier en vingt-quatre heures : or le cercle étant de trois
cents foixante degrés , il faut qu'il parcoure quinze de-
grés en une heure ; d'où il s'enfuit qu'il fe levé d'une heure
plutôt dans un lieu que dans un autre , qui fera de quinze
degrés plus occidental.
L'aftronomie avant trouvé l'art de calculer les éclip-
ies , on s'en eft fervi pour connoître la longitude des
lieux ; car , fi l'éclipfe eft obfervée en divers lieux, avec
toute la précifion dont eft capable un aftronome pourvu
de bonnes pendules bien vérifiées, & que les obfervateurs
marquent le tems jufte & exact , auquel a commencé &
fini l'éclipfe , la différence qui eft entre ces tems , mar-
quera celle qui eft entre les méridiens de lieux où l'ob-
fervafîon s'eft faite ; & par-là on faura, dansla plus grande
exattitude poffible, quelle eft leur longitude, pourvu que
l'on connoiffe celle de l'un ou de l'autre de ces lieux.
Quelques-uns ont voulu déterminer les longitudes fur
l'eftime des voyageurs & des pilotes; mais les uns Se les
autres font fujets à de fi grandes méprifes , qu'ils ont jette
dans d'extrêmes erreurs les géographes qui les ont voulu
fuivre; & depuis un fiécle , la géographie eft occupée à
les réformer par lefecours de l'aftronomie. Les anciens ,
à la vérité, comme le remarque De Vallemont , Elèmens
de l'HiJl. 1. 1 , c. 3 , ne régloient la longitude des villes ,
que par la mefure actuelle Se des diftances itinéraires.
Les Romains, qui avoient toujours en tête de devenir
maîtres de toute la tetre , en faifoient faire des descrip-
tions avec tout le foin poffible. En Italie , où la chofe fe
faifoit avec plus d'exactitude , on marqua les diftances
par milles, le long des côtes , Se fur les grands chemins.
Enfin, dit Caffmi , dans fon excellent Discours fur l'o-
rigine Se le progrès de l'aftronomie , ce ne fut que fous
l'empire d'Augufte , que la description du monde, à la-
quelle les Romains avoient travaillé , durant deux cents
ans, fut achevée fur les Mémoires d'Agrippa, Se fut
mife au milieu de Rome , dans un grand portique bâti
exprès; Se l'Itinéraire que l'on attribue à l'empereur An-
tonin, peut parler pour l'abrégé de ce grand ouvrage ; car
cet Itinéraire n'eft en effet qu'un recueil de diftances
qui avoient été mefurées dans toute l'étendue de l'em-
pire Romain.
On fait à Ptolomée l'honneur de dire que ce fut lui
qui, ayant réduit les diftances de tous les lieux de la terre
en degrés Se en minutes, rangea ces mêmes lieux dans
des cartes géographiques, félon ladiffé-ence de leur lon-
gitude & latitude , telle qu'on les lui fourniffoit. D'au-
tres y avoient travaillé avant lui ; & il y a bien de l'ap-
parence qu'il ne fit que recueillir & perfectionner ce qui
étoit déjà fait de fon tems. Il ne s'en tint pas aux diftan-
ces itinéraires , qui peuvent être incertaines à caule de
la rencontre des rivières & des montagnes , qui obligent
les voyageurs de fe détourner. Il prit pour fondement de
la nouvelle géographie les obfervations aftronomiques ,
faites dans les principales villes des différentes provin-
ces , depuis l'Irlande jusqu'à la Chine ; Se, ce qui fait hon-
LON 8PJ
ne'ur à l'aftronomie , c'eft que par-tout où les obferva-
tions aftronomiques lui ont manqué , il s'eft beaucoup
éloigné de la vérité géographique.
L'expérience a fait connoître , dit le favant Caffinï ,
auffi-bien que la raifon , que cette méthode de dispofer les
pays , félon leurs parallèles , 6e leurs méridiens par l'ob-
fervanon des aftres , eft la plus exacte Se la plus affurée
pour la conftruction des tables géographiques. C'eft pour-
quoi les meilleurs géographes s'en font iervis pour mettre
leurs cartes dans l'état où elles font à préfent.
Comme le commencement Se la fin des éclipfes de
lune , qui arrivent à fon entrée dans l'ombre de la terre
Se à fa fortie , peuvent être vus au même inftant de di-
vers lieux de la terre, éloignés les uns des autres, on a
remarqué en divers lieux l'heure de ces phafes , qui donne
la diftance du foleil au méridien; Se, comparant enfuite
enfemble les heures oblèrvées en divers lieux , ou les
diftances du méridien qui en réfultent , on a trouvé la
différence des longitudes, qui eft mefurée parla diffé-
rence des diftances , entre le méridien du foleil 5c les
autres méridiens.
Cette méthode eft d'une grande reffource pour les géo-
graphes ; car, par exemple , fi l'on fait certainement qu'une
éclipfe de lune ou de foleil a paru plutôt à Stockholm
qu'à Paris , on eft conféquemment affuré que Stockholm
eft plus orientale que Paris. Si cette éclipfe a été vue une
heure huit minutes vingt fécondes plutôt qu'à Paris , il en
réfulte que Stockholm eft de dix-lèpt degrés cinq minu-
tes plus orientale que l'obfervatoire de Paris. Si enfuite
on veut avoir la longitude totale de Stockholm , c'eft-à-
dire, par rapport au premier méridien fixé à l'ifle de Fer ,
la plus occidentale des Canaries ; il n'y a qu'à ajouter la
longitude de Paris à cette ifle , favoir i h. 5e il' d'heure ;
ce qui fait 18 d. à ce qui a été trouvé par l'éclipfe , favoir
17 d. <j'; cela produit 35 d.1;', qui font la longitude to-
tale de Stockholm , ou la différence de fon méridien à
celui de l'ifle de Fer.
Il eft vrai que les anciens n'avoient guères de ces ob-
fervations des éclipfes de lune , faites en même tems en
divers lieux ; Ptolomée n'en rapporte qu'une feule dans
fa Géographie , entre Arbele 5c Carthage. C'eft pourquoi
il fut obligé d'établir la plupart des lo'ngiti^es des lieux
de la terre ,_ par les diftances itinéraires pnBs d'occident
en orient, fur les parallèles à-peu-près connus , fuppo-
fant les nombres des ftades compris' dans un degré du
grand cercle de la terre , Se à proportion des degrés d'un
grand cercle à ceux de chaque parallèle ; 6c il ne faut pas
s'étonner, fi ayant été obligé de fe fervir de cette mé-
thode , faute d'avoir des obfervations des éclipfes , il ne
put éviter de très-grandes erreurs dans l'établiffement des
longitudes.
Ce n'eft que depuis environ deux fiécles que l'on a
vu un affez grand nombre d'éclipfes de lune , obfervées
en divers lieux , dont une grande partie a été comparée
enfemble par le-P. Riccioli. On trouve, à la vérité, par cette
comparaifon , que la différence des méridiens entre deux
villes , qui doit être toujours la même , par l'obfervation
de diverfes éclipfes , 5c par celle de diverfes phafes d'une
même éclipfe , paroît fouvent différente , 5c que cette dif-
férence monte quelquefois à plufieurs degrés. Cela vient
de ce que les obfervations ont été faites négligemment 6c
fans aucune précifion ; car depuis que l'on s'eft accou-
tumé a bien obferver les éclipfes par des lunettes , Se
qu'on a marqué non-feulement les phafes qu'on obfer-
voit auparavant , mais auffi l'immerfion des taches prin-
cipales dans l'ombre , 6c leur émerfion , des obfervateurs
bien exacts , ne diffèrent ordinairement plus que d'une
ou deux minutes d'heure dans la détermination des mê-
mes phafes , comme on peut voir par toutes les obferva-
tions faites à l'obfervatoire de Paris ; 5c comme on ob-
ferve un grand nombre de phafes dans une même éclipfe ,
en prenant un milieu entre les différences , on approche
de plus près de la vérité.
Avant que l'on obfervàt avec tout ce détail , on fe con-
tenait d'une attention fuperficielle fur la durée totale de
l'éclipfe. Cela produifoit des erreurs de calcul, qui ont
révoké contre les obfervations aftronomiques ; 6c il le
trouve des écrivains de réputation, qui ont témoigné pu-
bliquement n'en avoir pas une idée fort avantageufe.
» Les aftronomes , dit Sanfon , Introduction à la do-
it graphie , 1. 2, , c. 7 K ont prétendu que les éclipfes de.
894
LON
LON
foleil & de lune pouvoient régler exactement la lon-
» gitude ; mais les géographes y ayant reconnu trop de
t> défauts , ont trouvé par expérience, que les diftances
» itinéraires y font fouvent beaucoup plus sûres. » L'ex-
périence eft contraire à ce qu'il avance ici. Dans les lieux
fort éloignés l'un de l'autre , il n'y a point de diftances
itinéraires qui puiffent fervir à en trouver la longitude.
Les voyageurs les plus habiles n'ont point de méthode
pour trouver des longitudes de lieux auflî éloignés que
Paris l'eft de Siam , fans s'expofer à une infinité de fautes,
foit qu'on faffe le voyage par terre , foit qu'on le fafle
par mer. Ceux qui voyagent par terre , fe contentent or-
dinairement de marquer les diftances des lieux par où ils
parlent, félon l'eftime du tems qu'ils mettent d'un lieu à
l'autre, ou félon celles des lieues ou des milles dont la
mefure eft différente en différens pays , fans que l'on puifle
réduire les unes-aux autres avec aflez de juftefle. On ne
tient pas compte des fraftions , qui , dans une diftance
compofée d'une infinité d'autres , peuvent monter à une
grande fomme ; & comme ils n'ignorent pas que les dé-
tours allongent les chemins , ils en ôtent , à discrétion ,
ce qui leur i'emble fans aucune régie certaine, & fans avoir
mefure les angles qu'ils font en différens endroits. On
ne s'oriente autrement que par l'eftime , & rarement par
l'aiguille aimantée , qui d'ailleurs eft fujette à diverfes va-
riations , en différens lieux, où on ne les obferve pas tou-
jours. Le plus grand fecours que l'on puifle avoir pour la
juftefle des diftances , eft celui qu'on tire de ce qui nous
refte des Itinéraires anciens d'Alexandre & des Romains ,
qui faifoient mefurer la longueur des chemins , dans leurs
expéditions militaires , mais non pas leurs angles , & ra-
rament les traverfes d'un chemin à l'autre ; ce quinefuffît
pas pour drefler de bonnes cartes ; d'où vient qu'il n'y a
rien de plus informe que les cartes anciennes , fondées
fur ces mefures itinéraires, comme font celles que Peu-
tinger nous a confervées , & que l'on croit avoir été fai-
tes du tems de Théodofe I. Pour fe fervir avec plu1; d'u-
tilité de ces diftances , il a fallu que les aftronomes y ajoû-
taflent les obfervations céleftes des hauteurs du pôle , fai-
tes en divers lieux , &c déterminées par les hauteurs du
foleil & des aftres , ou par les étoiles fixes qur rafent
l'horizon , oupar la longueur des ombres équinoxiales ,
ou par l'obfÉfcration de la longueur dû plus grand jour
de l'année , priur placer chaque lieu dans fon propre cli-
mat. Il leur a fallu faire des obfervations du pôle en diffé-
rens lieux éloignés , placés fur un même méridien , &
mefurer leurs diftances enftades,en milles ou en lieues,
pour avoir à-peu-près la mefure d'un degré de la circon-
férence de la terre. Il leur a fallu trouver la proportion
entre les degrés d'un grand cercle , & ceux de chaque
parallèle , pour favoir combien de longitude répond à
la diftance de deux lieux qui font fous un même paral-
lèle , puisque les diftances égales fous divers parallèles
répondent à des longitudes inégales.
Pour bien entendre cela, il faut fe fouvenir que tous
les cercles , qui coupent le globe d'occident en orient ,
font parallèles à l'équateur, ik par conféquent également
diftans l'un de l'autre, 5i de l'équateur, dans toutes leurs
parties ; de-là vient que les degrés de latitude font égaux
par-tout , & comprennent une étendue uniforme depuis
l'équateur jusqu'au pôle. Il n'en eft pas de même des mé-
ridiens qui mefurent la longitude. Tous les méridiens
pofîïbles , qui font diftinftement féparés l'un de l'autre
auprès de l'équateur, fe rapprochent l'un de l'autre à
mefure qu'ils avancent vers le pôle où ils fe raflem-
blent de telle forte que leur extrémité commune n'eft
qu'un feul & même point. Il s'enfuit que les degrés des
parallèles qui les coupent , font plus grands près de l'é-
quateur , & plus petits auprès du pôle. Si l'on divife un
grand cercle & un petit cercle par le même nombre , il
y aura un nombre égal de parties dans tous les deux ;
mais les parties de l'un feront plus petites que celles de
l'autre, à proportion de l'inégalité qui étoit entre les gran-
deurs totales des deux cercles divifés. Ainfi les degrés
de longitude entre deux méridiens donnés, font les mê-
mes d'un parallèle à l'autte quant au nombre ; mais ils dif-
fèrent de plus en plus , quant à l'espace qu'ils doivent oc-
cuper fur l'arc du parallèle , qui eft entre les deux méri-
diens. Auffi pour évaluer les degrés de longinHe pu lieues,
il faut, ou fe borner aux degrés pris fous lYquat ur, ou
favoir au jufte la véritable diminution des cegré, depuis
l'équateur jusqu'au lieu dont il s'agit ; & cela demande
plufieurs calculs.
On n'a pratiqué que rarement 'la manière de trouver
la différence des longitudes de deux lieux éloignés par
leurs hauteurs du pôle , & leur diftance réduite en de-
grés ; ce feroit une manière aflez fûre , fi on avoit autant
de jufteffe dans les diftances que dans les hauteurs du
pôle. Les diftances des lieux très éloignés, prifes fur terre,
neréfultent que d'une infinité de petites diftances de lieux
entre l'un & l'autre , qui, étant toutes fujettes à quelqu'er-
, reur inévitable , les accumulent toutes dans la diftance
totale.
Enfin on a pratiqué en quelque endroit la manière de
trouver la différence des longitudes entre deux lieux pro-
chains , que l'on peut voir l'un de l'autre, par les hau-
teurs du pôle & leurs angles de pofition ; mais il en fau-
drait un fi grand nombre pour la différence des lieux très-
éloignés , que les erreurs imperceptibles dans toutes les
différences particulières des longitudes pourroient faire
une erreur très-confidérable dans la fomme de toutes.
Il ne faut donc pas s'étonner fi les deux plus excellens
géographes de toute l'antiquité , Marin Tyrien , & Pto-
lomée , fe fondant fur les mêmes relations de voyages ,
& étant d'accord de la mefure d'un degré de la terre , &C
dans la proportion des principaux parallèles , fe font trou-
vés en différend de 47 à 48 degrés, pour la longitude des
villes principales de Sines & des Seres , par la feule dif-
férence de l'eftime de ce qu'il falloit ôter à la longueur
des chemins, pour trouver les véritables diftances." Les
obfervations modernes favorifent la correction de Ptolo-
mée, qui réduifit les longitudes de 115 d. établis par Ma-
rin , à 187 d. & demi ; mais elles font voir auffi quePto-
lomée n'en retrancha pas aflez. Il n'y a qu'à lire le pre-
mier livre de fa Géographie , depuis le quatrième cha-
pitre jusqu'au dix-feptiéme , pour voir l'incertitude des
conjectures dont ces auteurs anciens ont été obligés de
fe fervir dans l'examen des voyages faits fans le fecours
des obfervations céleftes , qui auroient été néceflaires
pour déterminer les véritables longitudes &c latitudes des
lieux de la terre.
Quoique, depuis ce tems-là , on ait beaucoup travaillé
pour perfectionner la géographie par les voyages , & le
fecours des inventions qu'on a trouvées depuis , on n'a
presque jamais examiné avec un peu d'exactitude les car-
tes qui ont été faites avant l'an 1690, qu'on n'y ait trouvé
des fautes confidérables. La France a eu d'excellens géo-
graphes ; les Sanfon , les Duval , les Du Treillage , dcc.
qui ont travaillé avec foin à faire les cartes de ce royaume ;
& cependant les obfervations faites par l'académie royale
des fciences , ont découvert des fautes très-confidérables
dans la fituation des villes principales. Les preuves ne
manquent point , & le détail meneroit trop loin.
Ceux qui voyagent fur mer, ne font pas feulement ex-
pofés aux mêmes erreurs que ceux qui voyagent fur terre,
mais encore à plufieurs autres caufées par la difficulté
d'obferver en mer, avec la même juftefle que fur terre,"
& par la difficulté d'eftimer la longueur des voyages , à
caulè des courans & de la force des vents, difficile à me-
furer , quelque foin qu'on y apporte par des inftrumens
inventés à cet ufage. Les modernes, à la vérité, ont un
grand avantage fur les anciens , à caufe de l'invention
de la bouflble qui fupplée au défaut des angles de po-
fition, pourvu qu'on obferve fouvent la variation de l'ai-
mant , & à caufe des inftrumens aftronomiques, qui don-
nent les hauteurs du pôle par des opérations fimples &
faciles ; mais ces inftrumens font petits ; ôr. par eux on
n'évite pas de petites erreurs, qui, dans les longs voyages,
s'accumulent dans les longitudes , &: forment enfemble
une erreur fenfible. C'eft un inconvénient qu'on ne peut
jamais éviter dans les voyages de terre & de mer ; mais
on l'évite par les obfervations des éclipfes , par lesquelles
on trouve les différences des longitudes par une opéra-
tion qui n'eft pas plus compofée pour les plus grandes dif-
férences que pour les plus petites.
Les éclipfes de foleil & de lune avoient un inconvé-
nient ; car outre qu'elles n'arrivent pas aflez fouvent- pour
pouvoir en amaffer un grand nombre d'obfervations réi-
térées , leur durée eft capable de lafier l'obfervateur dont
l'attention fe relâche; & il arrive fouvent que l'air eft trop
chargé , & ne permet pas d'obferver. La découverte des
fatellites de Jupiter par Galilée , a paru un incident favo-
LON
LON
rable ; & on a cru qu'ils pourroient fervir à cet ufage , en
quoi on ne s'eft point trompé. Il étoit queftion de trou-
ver les régies de leurs mouvemens ; &, heureufement pour
la géographie , diveriès puiffances de l'Europe, perfuadées
de l'importance de cette méthode , encouragèrent les as-
tronomes à y travailler. Ceux qui s'y appliquèrent les pre-
miers, en furent rebutés parles difficultés qu'ils y trouvè-
rent ; &c quelque progrès qu'on eût fait pendant près d'un
fiécle , depuis la première découverte de ces aftres , on
n'avoit pas encore pu reconnoître dans leurs mouve-
mens tout ce qui étoit néceffaire pour faire avec fuc-
cès les premiers efîais de cette méthode.
Il fembloit que tout cônfpirât pour décourager ceux
qui tiavailloient à préparer ce fecours pour la géographie.
Le père Fournier, Jéfuite , dans fon Hydrographie , avoit
employé cinq chapitres à exagérer le peu de iûreté qu'il
y a à fe fervir des éclipfes des planettes , pour régler les
longitudes. Le P. Riccioli , Géogr. réform. 1. 8 , c. 19 ,
n. 7, prop. 5 , qui avoit joint l'étude de l'aftronomie à
celle de la géographie , ne confîdérant point allez d'où
venoient les fautes que des obfervations mal-faites avoient
occafionnées dans les ouvrages des géographes, prit la
réfolution de n'aquiescer jamais tellement aux éclipfes,
en fait de longitude, qu'il ne fe fût bien affuré auparavant,
fi la différence de longitude demeurait dans les bornes
d'une diftance vraifemblable tirée des intervalles choro-
graphiques. Il ne laiffa pas dé donner dans ce même ou-
vrage la méthode de trouver la différence de longitude
par des obfervations des éclipfes de-, fatellites de Jupiter,
faites en deux lieux différens. Il loue cette invention
comme utile par elle-même ; il fe plaint feulement, qu'elle
ne puiffe être pratiquée fur la mer , à caufe de l'embarras
d'un long télescope , & du balancement du vaiffeau , qui
ne permettent pas de regarder un feul objet auffi long-
tems ni auffi furement qu'il le faudroit , pour faire fonds
fur l'obfervation. Sanfon lui-même , fi prévenu contre les
longitudes trouvées par les obfervations aftronomiques ,
ne laiffa point de rectifier ce qu'il avoit dit, & que nous
• avons rapporté ci-devant, & ajouta ces mots. « Meilleurs
» les aftronomes de l'académie royale des fciences pré-
tendent régler les longitudes par les éclipfes des fatel-
» lites de Jupiter ; leur intelligence en ces matières , &
i> leur grande exactitude, nous doivent faire espérer la
» réuffite de cette entreprife. » Ils ont abondamment ré-
pondu à fes espérances , & le public n'a plus rien à dé-
lirer d'eux à cet égard. MM. Caffini , la Hire, & les au-
tres aftronomes de ce docte corps , ont fi bien éclairci
cette matière , que pour peu qu'un obfervateur foit exercé,
il ne court point risque de tomber dans l'étrange méprife
du père Antoine-Marie de Rheitha. On a reproché à ce
bon père d'avoir pris des étoiles fixes, qui étoient proche
de Jupiter, pour les fatellites.
Ces éclipfes font fréquentes , & peuvent fournir à un
bon nombre d'obfervations répétée?. Il y a des éphémé-
rides calculées pour le méridien de Paris , par lesquelles
des obfervateurs , en quelque lieu du monde qu'ils (oient,
font avertis de fe tenir prêts pour obferver. Ces éclipfes
ainfi annoncées avec une précifion furprenante , font
comme un fignal donné du ciel, au mêmeinftant, à divers
obfervateurs placés fur la furface de la terre. A ce fignal ,
qui eft comme celui que l'on ferait en cadhant & décou-
vrant un flambeau , chacun marque l'heure, la minute
& la féconde de l'obfervation , foit par une horloge bien
réglée fur le mouvement du ioleil , foit par la hauteur de
quelque aftre. Si l'heure aftronomique eft abfolument la
même dans deux obfervations de la même éclipfè , &
qu'il n'y ait nulle différence dans les minutes, ni dans les
fécondes , c'eft une preuve certaine que les deux lieux
d'obfervation font fous un même méridien. S'il y a de la
différence, elle donnera celle qui eft entre les méridiens
ck ces deux lieux; de manière que celui où l'éclipfe a
été vue plutôt, eft plus oriental que l'autre.
Depuis que Caffini, de concert avec fes collègues , a
perfectionné cette méthode , les plus habiles aftronomes
fe font fait un plaifir de la mettre en pratique ; & c'eft ce
qui a valu à De l'Ifle la fupériorité qu'il a hautement ob-
tenue fur tous les géographes précédens , parce qu'il a
eu foin de recueillir 6c d'employer dans fes cartes les
corrections que l'aftronomie lui fourniffoit ; au lieu que
fes concurrens , confervant foigneufement les anciennes
erreurs, font tombés & tombent tous les jours de plus en
9Î
plus dans le décri. Les PP. Jéfuites , qui font répandus
en Afie , en Afrique, ik enAménque , ont fourni Se four-
niflent encore touî les ans des observations correspon-
dantes à celles de l'obiervjioire de Paris. Ainfi on peut
dire que Caffini , en perfectionnant la théorie des fatel-
lites de Jupiter, a fourni à la géographie un moyeu fur de
re&itierune infinité d'erreurs qu'ci.e avoit reçues de l'es-
time & des faux calculs des voyageL-rs. il elt aile de s'en
aflurer, en examinant le riche amas d obfervations répan-
dues dans les Mémoires de l'académie royale des Indi-
ces , dans les ouvrages des PP. Jéfuites & du P. Feuil-
lée, &c. & en confrontant ces pofitionsavec cèdes qu ont
les mêmes lieux fur les cartes de Sanfon.
Si quelques écrivains allez connus dans la république
des lettres, ont eu tort de mépiifcr une mémode \\ utile,
fi nécellaire à la géographie , il y aurait de la 10. e à en
vanter l'ufage au-delà de la véritable valeur. Caffini avoue
lui-même , que s'il s'agit de trouver des longitudes de
deux lieux fi proches , qu'on les puiffe voir l'un de l'au-
tre, on la pourra trouver quelquefois plus exactement par
les hauteurs du pôle , jointes aux angles de polition , ou ,
en leur place, aux diftances réduites en minutes de degré,
que par les oblers'ations des éclipfes. Mais il n'en elt pas
de même pour les longitudes des lieux très-éioignés , qui ,
par la première méthode, ne fe peuvent trouver que par
une grande multitude d'opérations ; & la féconde mé-
thode n'en demande pas plus pour une grande diftance ,
que pour une petite.
Que les obfervations céléftes donnent la longitude des
lieux, d'une manière plus jufte & p'us certaine que ne la
peuvent donner les calculs combinés des voyageurs &ç
des gens de mer, cela eft démontré. D'après elles,, on
peut réformer promptement ck furement la géogiaphie ,
rapprocher ou éloigner des villes , des côtes ou des caps
que la fauffe eftime & l'embarras des calculs ont dépla-
cés. C'eft un grand point pour les géographes d'avoir
cette reffource. Mais ce ne font point là les longitudes
que l'on cherche pour perfectionner la navigation. On
veut un fecret à la portée des pilotes , praticable fur la
mer; en un mot, on veut que, par cette méthode, un
homme de mer , dans fon vaiffeau , puiffe , fans le fecours
toujours incertain de l'eftime, trouver dans le ciel à quel
méridien (on vaifteau eft arrivé au moment de febièrva-
tion. Il n'imporre d'où il compte fon premier méridien ;
il peut, Ci bon lui (èmble , compter fa longitude du lieu
d'où il eft parti , Se la compter , s'il veut , d'occident en
orient, ou d'orient en occident, félon la route qu'il fait;
cela ne change rien au fond de la méthode. Mais la grande
difficulté confifte à trouver dans le ciel une marque fur
laquelle on puiffe, fans une trop grande multiplicité de
calculs , l'avoir à quelle longitude le vaiffeau eft parvenu,
& c'eft ce qu'on atherché en vain. Pour obferver les fa-
tellites , il faut beaucoup d'habileté , un lieu fiable pour
ten'r un long télescope affujetti, de la tranquillité, en un
mot , bien des circonftances qui ne fe trouvent que fur la
terre.
La France , l'Espagne , l'Angleterre , les Provinces-
Unies ont promis de grandes récorapenfes à celui qui
trouverait cette méthode. Chacun cherche , perfonne ne
trouve ; & cette découverte a paru fi délèspérée , qu'on
l'a mife avec la pierre philofophale , la quadrature du
cercle , la duplication du cube , le mouvement perpé-
tuel , & autres objets dont on s'eft entêté inutilement.
Jean-Baptifte Morin , docteur en médecine , & pro-
feffeur royal de mathématiques à Paris , prétendit avoir
trouvé cet important fecret. Il en préfenta les démonftra-
tions au cardinal de Richelieu, qui defiroit qu'une décou-
verte fi utile à la navigation & au commerce, fe fit en
France. Des commiffatres furent nommés pour exami-
ner la manière dont Morin prétendoit s'allurer de la lon-
gitude d'un lieu. Il fe fit une affemblée de tout ce qu'il
y avoit à Paris de gens illuftçes par leur naiffance, leurs
dignités, & leur favoir ; Morin explique fon fecret : on
l'écoute avec attention, on l'approuve, on le loue ex-
traordinairement. Les mathématiciens tombèrent fur lui ,
combattirent fa méthode. Le réfultat fut que fon fecret
confiflant uniquement en des opérations aftronomiques
fort compliquées, que l'on ne pouvoit exécuter furda
mer, la navigation ne pouvoit pas en tirer le fecours u ,e
l'on demande : ainfi il fallut travailler fur de nouveaux (rais.
Les fouverains de l'Europe ne font espérer de fi riches
S96
LON
LON
gratifications qu'à ceux qui trouveront le fecret de con-
noitre fur mer , de combien on s'approche ou l'on s'é-
loigne d'un méridien donné , quel qu'il foit. Il y a quel-
que tems , qu'un favant Anglois partit pour un voyage de
long cours, à deffein de vérifier une nouvelle méthode
de s'affurer des longitudes fur la mer. Les aiguilles ai-
mantées de toutes longueurs, qu'il a prifes avec lui , me
paroiffent avoir beaucoup de liaifon avec le fyftême du
dofte M. Halley , fur la variation de l'aimant. Nous rap-
portons ce fyftême au mot Variation. Il faut du tems
pour le bien affurer de fa vérité; mais s'il eft conforme à
la nature, comme on doit le fouhaiter, on n'a jamais pu
rien inventer de plus utile à la navigation ; Se alors on
pourra dire que la longitude eft trouvée.
L'ufage de la longitude, dans les cartes, eft démar-
quer combien chaque lieu eft éloigné du premier méri-
dien. Elle fe marque au haut &£ au bas de la carte. Dans
les cartes où la ligne équinoxiale eft tracée , les degrés
qui la divifent , doivent être égaux à ceux de la latitude,
& peuvent fervir d'échelle , en prenant le degré pour
quinze milles d'Allemagne, ou pour foixante milles d'Ita-
lie , Sec. Mais dans les pays qui s'éloignent de cette ligne,
les degrés de longitude diminuent à mefure qu'on s'ap-
proche du pôle ; alors ils ne font plus propres à fervir
d'échelle , à moins qu'on ne tienne compte de la dimi-
nution des degrés. La combinaifon de la longitude d'un
lieu & de fa latitude, ou , pour dire la chofe en d'autres
termes , la rencontre de fon parallèle &. de fon méridien ,
font la voie la plus courte tk la plus lûre pour le trouver
fur le globe ou fur la carte ; de-là vient que , pour mar-
quer une pofition d'un lieu , les géographes diient , qu'il
eft à tant de degrés de longitude , Se à tant de degrés
de latitude.
LONGOBARDI. Voyez Lombards.
LONGOBARDO , bourg. d'Italie , au royaume de
Naples , dans la Calabre Citérieure , près de la mer
Ionienne . à deux lieues de la ville d'Amantea.
LONGOEUCO, bourg d'Italie, dans la Calabre
Citérieure , fur la rive droite du Trionto , au-deffous
d'Acri. * Magin , Carte de la Calabre.
LONGON , place forte de la Bulgarie , félon Cé-
drene. Curopalate la nomme Longas.
i. LONGONE: Ao»«Vit , petite ville de Sicile, fé-
lon Etienne le Géographe , qui dit que les^ habitans
étoient nommés LongoNjEI , & cite le dixième livte
de Philifte qui a écrit l'Hiftoire de Sicile.
z. LONGONE , ou Porto Long one, port d'Ita-
lie, fur la côte de Toscane , dans l'ifle d'Elbe , à l'eft-
nord-eft de l'ifle. Il prend ce nom de fa longueur ; fon
entrée n'a pas plus d'un demi-mille de largeur, furplus
de trois milles de profondeur. Sa largeur n'eft pas égale
par-tout ; elle s'augmente confidérablement à un mille
en-dedans de fon entrée, Se fait un coude à fa droite,
qui eft un port ' naturel fermé presqu'entiérement de
tous côtés , où les plus gros bâtimens peuvent mouiller
affez près de terre, Se y être en fureté & à couvert de
la plus groffe mer Se 'des vents. Le fond eft bon par-
tout ; il ne manque à la droite, en entrant, que quelque
fort, redoute ou batterie fermée, pour défendre l'entrée ;
car le canon de la fortereffe ne peut pas plonger allez
pour cela. Il y a fur la gauche un petit fort, ou château ,
qui, par fa conftruftion, paroît fort ancien , dans lequel on
met un médiocre détachement de la garnifon de la place.
Il eft affez bien pourvu d'artillerie ; & s'il y en avoit
un pareil du côté droit au-deffous de la fortereffe , les
feux fe croiferoient Se rendroient l'entrée du port impos-
able à ceux à qui on ne la voudrait pas permettre. * La-
bat, Voyage d'Italie, 7e vol. p. 109.
La fortereffe eft à la droite du port , fur une montagne
affez haute, presqu'entiérement de rocher ou de tuf, es-
carpée Se inacceflible du côté de la mer qui l'environne
Se en fait une presqu'ifle , qui ne tient à l'ifle que par un
front que deux baillons tiennent aifément ; c'eft le feul
endroit par lequel la fortereffe peut être attaquée. Ce
front eft couvert d'une grande demi-lune à flanc, défen-
due de deux contre-gardes, d'un double chemin couvert
avec des foffés fecs, Se des redoutes fur le glacis. Il fe-
roit aifé d'ifoler cette place, en creufant un canal auflî
large qu'on voudroit, qui ferviroit d'avant-fofle au glacis
le plus éloigné du corps de la place. Tous ces ouvrages
forment un amphithéâtre , dont le coup d'oeil eft très-
beau , de quelque côté qu'on le place. Lorsqu'on eft dans
le coude , fous la fortereffe , on voit deux redoutes qui
font au-delà du dernier chemin couvert , Se qui peu-
vent incommoder , avec la mousqueterie Se le canon ,
ceux qu'on ne voudroit pas fouffrir en cet endroit.
Quoique la place n'ait que cinq baftions , elle ne
laiiîe pas d'être grande , parce que les baftions Se les
courtines font confidérables. Il n'y a qu'un foffé Se un
chemin couvert , du côté de la mer. Les ouvrages fe-
roient inutiles de ce côté-là, parce qu'elle n'y peut pas
être attaquée. On a jette tous les ouvrages du côté de
de la terre , & on a eu raifon.
Cette place étoit au prince de Piombino. Les Espa-
gnols s'en emparèrent par droit de bienféance , Se y com-
mencèrent des fortifications en 1577. Ils en firent, en 1606,
une fortereffe régulière à cinq baftions. Elle fut prife , en
1646, par les François & les Espagnols la reprirent en
1650. Les deux (iéges furent très-meurtriers, ck il y pé-
rit quantité de braves gens des deux nations. Elie eft
vis-à-vis, Se à quatorze milles de Piombino , à cinquante-
quatre de Livourne , à quarante-cinq de l'ifle de Corfe,
félon Baudrand.
1. LONGONES, lieu de l'ifle de Sardaigne, félon
Antonin , Itiner. entre Elephantaria Se Olbia , à douze
mille pas de la première, & à trente-huit mille pas de la
féconde.
1. LONGONES. Ptolomée , /. 1, c. 9 ,-écrit ainfi le
nom du peuple Lingones. Voyez ce mot.
LONGO-PORI , ancien peuple de l'Ethiopie , fous
l'Egypte , félon Pline , L 6 , c. 30.
LONGORETUM , ouLongorete , nom latin de
Lon'REY, abbaye de France, en Herri. Voyez S. Ciran.
LONGOSARDO , petire ville de l'ifle de Sardaigne ,
dans le cap de Logudori, avec un ancien château, près
du golfe de Terra-Nova. * Baudrand , édi\ 1705.
LONGOVICUS , lieu de l'ifle de la Grande-Bre-
tagne , duquel il eft fait mention dans la Notice de l'em-
pire , feci. 63. Les habitans étoient nommés Longovi-
CARii ; & apparemment ce lieu étoit Longus Viçus.
Cambden croit que le nom moderne eft Lanchester.
LONGOUY. Voyez Longt/y.
LONGPENDU , lac de Bourgogne , fitué dans le
bailliage de Montrenis, à deux lieues de cette ville , Se
à quatorze de- Dijon. Ce lac a une demi-lieue de lon-
gueur ; fa largeur eft moins confidérable, d'ailleurs elle
n'eft pas égale. Il en fort deux rivières , dont une fe joi-
gnant à quelques ruiffeaux qui viennent de Torcy , forme
la Bourbime, qui , après avoir traverfé le Charolois,
fe jette dans l'Arroux , proche du confluent de cette der-
nière avec la Loire , l'autre , qui s'appelle Dekune , après
un cours d'environ dix lieues , fe jette dans la Saône.
Une fltuation (î avantageufe a toujours fait regarder le
lac de Longpendu comme très-propre à faire le point de
partage d'un canal qui communiquerait aux deux mers.
On uniroit par ce moyen la Saône à la Loire ; Se la Loire ,
communiquant à la Seine par les canaux de Briare Se de
Loirg , le nord , l'occident S: le midi de la France fe
trouveraient joints enlemble , & la plupart des provin-
ces de ce royaume auroient une communication très-
facile entr'elles ; d'ailleurs ce canal procureroit le débit'
des vins communs de Bourgogne , des bleds qu'on re-
cueille dans les plaines fertiles que la Dehune arrofe, du
charbon de terre qu'on trouve en abondance dans le Cha-
rolois, Se aux environs de Montrenis , auffi bien que de
la quantité de bois qui fe trouve dans le bailliage de cette
dernière ville. François I forma le projet de faire cons-
truire ce canal; mais les guerres qu'il eut à foutenir,
Se fes malheurs en empêchèrent l'exécution. En 1641,
le cardinal de Richelieu voulut le faire conftruire ; il
trouva un entrepreneur qui s'en chargea , moyennant
neuf cents cinquante mille livres ; mais la mort de ce mi-
niftre empêcha l'entreprilè. Louis XIV. parut y fonger
férieufement : il envoya fur les lieux des ingénieurs qui
lui firent connoitre que cette exécution étoit facile; mais
les guerres qu'il eut à foutenir , arrêtèrent encore l'exé-
cution de ce projet. En 1719 1, M. le régent envoya le
fleur Thomaffin , ingénieur , viiïter le lac de Longpendu ,
& obferver fi l'on pourroit y conftruire un canal. Ce
dernier prouva que rien n'étoit plus facile , & en même
tems plus utile ; mais la mort du régent arrêta les tra-
vaux qu'on alloit commencer. *Mém. dreffés fur Us lieux.
LON-
LON
LÔN
LONGRONE , ville de la Cartille , fur l'Ebre , prife
par quelques-uns pour la vieille Juliobriga ; d'autres tien-
nent que c'eft Oliva. Voyez l'Ogrogne , qui eft le
vrai nom.
i. LONGUAY ,Beata Maria de Longovado , abbaye
d'hommes de l'ordre de Cîteaux , filiation de Clairvaux,
en Champagne , au diocèfe , &c à cinq lieues au couchant
deLarigres, fondée l'an 1149.
2. LONGUAY , abbaye de France , en Champagne ,
au diocèfe de Langres , ordre de Cîteaux , à fix lieues
de Langres. Elle rapporte quatre mille livres à l'abbé,
& deux mille livres aux religieux , qui font au nombre
de fix. *Baugier, Mem. hift. de Champagne, t. 2,
p. 85.
3. LONGUAY , abbaye de France, en Champagne,
au diocèfe de Reims , ordre de Prémontré. Elle eft à
une demi-lieue du Chêne-le-Populeux , du côté du nord,
& à cinq de Méfieres, du. côté du midi. *Baugier, p. 50
& 394.
LONGUE , gros bourg & baronnie de France , dans
l'Anjou. Il eft remarquable par le marché qu'on y tient
toutes les femaines, & par quelques foires qu'on y tient
tous les ans. Il eft fitué au confluent de la rivière de La-
tan & de Lauthion , & partagé en deux bourgs qui ont
chacun leur nom ; celui du nord-oueft s'appelle LoNGUE-
EN-Franchise , & celui du fud-eft eft appelle Lon-
gue-hors-de-Franchise. *Dt l'IJle, Carte de l'An-
jou,
LONGUE AU , prieuré de France, en Champagne;
à une lieue de Châ;illon-fur-Marne. Ce prieuré fut fondé
par Thibaut II , comte de Champagne, qui accorda aux
religieufes la liberté de prendre du bois pour leur chauf-
fage dans (es forêts. Ces religieufes fe transférèrent à
Rheims vers l'an 1630 ;les lettres patentes, qui confir-
ment leurs privilèges & leur établiffement, font du mois
de Septembre 1641 , regiftrées ie f^JaBvier 1641. Elles
font toujours appellées religieufes de Longueau, du nom
du lieu de leur origine : elles font de l'ordre de Fonte-
vrault , au nombre de trente-cinq à quarante religieu-
fes, & jouiflent de cinq à fix mille livres de rente. El-
les ont dans leur églife un autel, qui eft d'un deflein par-
ticulier. Il eft de marbre fait en rotonde , avec des fau-
tes femblablesà celles qui font à l'autel du Val-de-Grace
de Paris; ce grand autel eft accompagné de deux autels
de marbre , ce qui donne à cette églife un air de diftinc-
tion. *Baugier, Mem. hift. de Champagne, t. 2, p 26.
LONGUEFUYE , bourg de France, dans l'Anjou,
dans 1 'élection de Châteaugontier.
LONGUEPIE, paroiffe de France /dans le Rouer-
gue. II y a des mines de cuivre rouge.
LONGUES, abbaye de France , en Normandie, au
diocèfe de Bayeux. Elle eft de l'ordre de S. Benoît , &
dédiée fous l'invocation de Notre-Dame ; fou nom eft
Sancla-Maria de Longis. Elle fut fondée, l'an I les; , ou
ïl68 , par Henri ou Hugues "v7at , comte du Beffin , du
confentement d'Henri , alors évêque de Bayeux : Henri II,
roi d'Angleterre, en confirma l'éiabhffement. Le revenu
de l'abbé eft de quatre mille livres.
LONGUEIL, bourg de France, dans la haute Nor-
mandie, au paysdeCaux,à une grande lieue de Dieppe.
Il donne fon nom à une famille illuftre. *Corn. Dift.
_ 1. LONGUEVILLE , bourg de France , en Norman-
die. Il eft dans le pays de Caux , fur la petite rivi.-re de
Scie, à neuf lieues de Rouen , à trois de Dieppe, à deux
d'Arqués & d'Auffay. L'églife paroiflîale eft dédiée à
S. Pierre. Il y a aufti un prieuré clauftral de grands Béné-
dictins. Les Réformés de Cluni qu'ils y appelèrent, &
qui en prirent pofTeflion l'an 1700 , y font le fervice di-
vin avec les anciens. L'églife , qui eft allez grande & fo-
ndement bâtie, porte le titre de Sainte-Foi. Ce prieuré
relevé fk dépend de celui de la Charité fur-Loire. Le
château élevé fur le penchant de la côte, eft grand , bien
bâti de briques , & flanqué de bonnes tours avec de grands
bâtimens logeables. Longueville eft un fiége royal, com-
pofé d'un baillif, d'un lieutenant du baillif, d'un lieutenant
civil & criminel, deplufieurs aflefleurs, d'un avocat & d'un
procureur du roi, & comprend fous fajurisdiftion plus de
cent paroifles , dix-fept lieutenances , & onze fergenrenes.
Le baillif eftauffi vicomte de Longueville , & figne bail'.if
vicomtal, & capitaine du château '& des chafles. Ce bourg
n'eut d'abord que le titre de comté. Après avoir été à divers
>9l
fêigneurs, il fut donné, L'an 1364, par le roi Ourles V
dit le Sage , au connétable du Guesclin , &c paffa enluité
à Olivier du Guescliri fon frère , qui le venditau roi Jrnr-
les VI, l'an 1391 ; Charles VII,fo,. fils, le donna"; en , 443 ,
au fameux comte de Dunois, Jean d'Orléans, fils naturel
de Louis de France, duc d'Orléans, & fige de la mai-
foa-de Longueville; & le roi Lou^s XII l'érigea en du-
ché , fan 1505. Il fut réuni à la couronne , l'an 1707, par
la mort de Marie d'Orléans, ducheile de Nemours. * Mé-
moires drejfés fur les lieux en 1704.
2. LONGUEVILLE, abbaye d'hommes, ordre de
S. Benoît, de la congrégation de S. Vannes , dans le pays
Meffin , au diocèfe de Metz.
. LONG-VILL1ERS, Longum Villare, lieu de France,
dans le Boulonois. Il y a une abbaye de Bernardins de la
filiation de Savigny. Elle fjt fondée, l'an 113", par Etienne
comte de Boulogne , qui fut depuis roi d'Angleterre. C'eft
un des cent foixante monafteres que S. Bernard avoir bâ-
tis avant fa mort. Cette abbaye eft à deux lieues de la
ville de Montreuil , vers le nord.
LONGUION, petite ville de France, au duché de
Bar, fur le Chier, aux frontières du duché de Luxem-
bourg, à deux petites lieues de Longwy , &t presqu'au
milieu, emre Stenay & Thionvilie.
LONGULA , ancienne ville d'Italie, dans le Latium;
aup'ès de Corioles. Tite-Live, /. 2, c. 53 , dit qu'un
des deux conluls mit les Antiates en déroute, & les ayant
pouffes jusqu'à Longula , prit cette ville , &r celle de Po-
lufia , qui appartenoit auffi aux Volsques ; de-là il alla at-
taquer vivement Corioles. Il dit, c. 29 , en parlant de Co-
riolan: il enleva Satricum, Longula, Polusca, Se Corio-
les. Denys d'HalicarnavTe, A6, p. 412, dit: Polusca n'eft
pas éloignée de Longu'a. Quelques-uns lifent dans cet
auteur Longola , d'autres Longela. Pline , /. 3 , c. 5 , en
nomme les habitans Lnngulani.
LONGUvI-PROVlONTORIUM, cap de Sicile,
dans fa partie orientale. On croit que fon nom moderne
eft Lognina , auprès du port de même nom. Voyez
ce' mot.
LONGUM, en Bulgarie. Voyez L6\GON.
LONGUNTICA, ville maritime d'Espagne; Tite-
Live, /. 22, c. 2D, dit que -les Romains ayant défait la
flotte des Carthiginois , firent descente en Espagne à
Honnsca ; que l'ayant prife ùi pillée , ils allèrent à Car-
thagène, faccagerent toute la campagne. Si mirent le feu
aux maifons qui étoient près de la porte & des murail-
les; que la flotte, chargée de butin , fe rendit de-là à
Longunrica , où Asdrubal avoit fait un grand amas de
fp.irte, forte de jonc , qui fervoit à faire des cordes &c
autres choies pour le fervice de la marine; qu'ils en pri-
rent ce qu'il leur en falloit, & mirent le féu au refte. II
paron par ce partage , que Longuntica n'étoit pas loin de
Cardiagène. Quelques-uns croienr que c'eft aujourd'hui
Guardamar , p'ace fur la côte du royaume de Valence.
_ LONGURUS , étang, ou lac de Sicile, félon Phavo-,
rin , qui prend cela du Commentaire de Ttzetzès , fur Ly-
cophron. * Ortec. Thef.
LONGUS VK US. Voyez l'article fuivanr.
LONGWY, LONGWICou Longoit, Longus-
Vîcus , ville de France , au Barrois , avec un château , fur
la frontière du duché de Luxembourg, du duché de Bar
ck de la Lorraine, où il eft preque enclavé, à quatre
lieues d'Arlon , à cinq de Montmedi , en allant vers
Luxembourg & Thionvilie. Il faur diftinguer l'ancienne
ville , qui eft la balle-ville , Si la ville neuve . qui eft la
ville haute. C'eft de la première dont il eft qu;ftion dans
l'hiftoire, avant la paix de Nimégue. C'étoit autrefois un
comté indépendant, qui avoit lès comtes, dont le dernier
ne lai fta qu'il ne fille nommée Clémence, ou Èrmèfende •
elle apporta ce comté en mariage à Conrade, comte de
Luxembourg, qui en eut plusieurs enfans : fa fille Mathilde
'eut en partage le comté de Long-wy, qui étoit un propre
de (a mère. Elle l'apporta en dot à fon mari Godefroi ,
comte de Caftel , fur la rivière de Bleilîè<m\R!ew. Henri,
arriere-petit-fils de Godefroi , comte de Cartel , ne faifla
que des filles , dont l'aînée époufa Renaud de Lorraine,
l'un des plus jeunes fils du duc Ferri I. La racé de Re-
naud fut éreinte, 6c le comté de Caftel paftà dans une
' autre maifon ; mais Longwy, fur la fin du treizième fic-
elé, étoit poffédé paifiblement par Ferri II , duc de Lor-
raine; Se il étoit fon propre héritage, lorsqu'il le ven*
Tome III. Xxxxx
Q r o
LÔN
dit au mois de Septembre ce l'an 1191, avec tous fes
fiefs & arriere-fiefs à Henri, comte de Bar, pour 18000
livres. Le duc écrivit enfuite à les vafiaux de la châtelle-
nie de Longwy, leur enjoignit de reconnoître le comte
de Bar, & de lui faire hommage.^ Enfuite de cette aqui-
fition , Longv.-y fut uni au comté de Bar, & engagé,
durant quelque teins, depuis 1370 : il ne fut point aliéné.
* Baudrand , édit. 1705 , Longuerue , Descr. de la
France, 7. part. p. 188.
Le cardinal de Bar en juoifToit, lorsqu'il donna fon du-
ché à René d'Anjou. Longwy faifoit partie du baillage
de Saint-Mihiel & du Barrois mouvant de la couronne
de France ; ce qui a toujours duré jusqu'au duc Charles,
grand-oncle de Léopold, duc de Lorraine. Après la mort
du duc Charles, l'empereur Léopold comprit dans le
traité de Nimegue, le duc Charles de Lorraine, & con-
vint au feiziéme article, que la ville Se prévôté de Longwy
avec fes dépendances demeureroit en fouveraineté à la
couronne de France, à perpétuité, à la charge que
Louis XIV en donneroit au duc un équivalent. Le duc
Charles ne voulut point accepter ce traité ; mais fon fils
Léopold accepta celui de Ryswyck couclu , l'an 1697,
où au trente-troilîéme article on accordoit pour Longwy
les mêmes conditions , dont on étoit convenu à Nime-
gue, l'an 1679. Le duc Léopold ayant été remis en pos-
feffion de ces états, l'an 1698 , on ne put convenir de
l'équivalent. Il ne s'agiffoit pas feulement de la ville ,
mais de toute la prévôté qui s'étend dans le Luxem-
bourg, jusqu'à fix lieues de la capitale du duché. Louis XIV
voyant les grandes difficultés qu'il y avoit à s'accorder ,
pour l'échange de la prévôté , qui d'ailleurs ne lui étoit
pas fort néceftaire, prit la réfolution de ne garder que la
ville & quelques villages aux environs.
L'ancienne , -ou la ville baffe , eft fituée dans le fond
d'un vallon , & entourée d'une vieille muraille. On n'y
remarque qu'une groffe tour ronde, à l'antique, qui eft fort
' élevée. De Valois dit que l'églilé de cette petite ville porte
le nom de S. Dagobert , & qu'on y en célèbre tous les
ans la fête. * Piganiol de la. Force , Descr. de la France,
t. 7, p. 348.
Après lapaix de Nimégue, conclue, en 1679, LouisXIV
voulant oppofer cette place à celle de Luxembourg, Se
en faire un boulevard à la Champagne Si aux trois évê-
chés de Mets, Toul &c Verdun, fit conftruire fur la hau-
teur une nouvelle ville, qui fut régulièrement fortifié.
C'eft un exagone régulier , à la réferve feulement d'un
de fes côtés, qui eft plus long que les autres. Cette place
eft très-petite , mais forte , & conftruire à la manière du
maréchal de Vauban. Elle eft compofée de fix battions
bien revêtus & taillés dans le roc , Si d'autant de demi-
lunes, avec cinq tenaillons au-devant des courtines. La
défenfe du grand front eft raccourcie par deux flancs bas
mis au-devant du flanc. On a avancé , pour gagner une
partie de la hauteur, un petit ouvrage à corne. Le tout
eft enfermé d'un foffé Se d'un chemin couvert. Il y a
encore quelques redoutes de pierre. Au-delà du glacis ,
au-defTus de quatre des baftions s'élèvent de grands ca-
valiers revêtrs. Les dedans de la place font fort régu-
liers,'les rues bien droites , la place publique fermée de
bâtimens neufs, & d'une égale fymmétrie.
Le duc de Lorraine fe trouvant à Paris , en 1718 , du-
rant la régence, on conclut un traité avec lui, le 18 Jan-
vier. Par le troinéme article de ce traité, le trente-troi-
fiéme de celui de Ryswyck demeure reftreint, & n'aura
lieu que pour les villes haute ck baffe de Longwy, Se
les villages de
LON
Mexy,
A titra ,
Herferange ,
Piémont ,
Longlavilles,
Romain ,
Mont-faint- Martin ,
Lexi ,
Glaba ,
Rehon ,
qui font cédés au roi très-Chretien, avec tous leurs bancs,
finages Se dépendances, Se tout le terrein qui peut ap-
partenir au domaine du duc , dans l'étendue desdits bancs
& finages, foit qu'ils excédent ou non la demi-lieue
de circonférence de la place de Longwy. Ces lieux de-
meurent ^ incommutablement en toute fouveraineté Se
propriété au roi , tant en vertu dudit traité de Ryswick,
que du préfent, pour en jouir par SaMajefté Se fes fuc-
ceffeurs , comme le duc de Lorraine & fes prédéceffeurs
en ont jour ou dû jouir. Le bois Mouchot , dont la com-
munauté des habitans de Longwy eft propriétaire, fe
trouvant fituée fur le territoire du village de Sonn, dans
■la partie de la prévôté de Longwy , qui demeure au duc
de Lorraine , il eft échangé contre la portion du bois des
Rrecrutes , qui rentre dans la partie cédée à la France ; de
forte que cette portion de la forêt des Recrutes, féparéede
l'autre partie par un foffé , appartienne aux habitans de
Longwy , pour leur tenir lieu du bois de Mouchot que
l'on cède au duc.
LONIBARE; AMW£œp>i ; Ptolomée, /. 7, c. 1, nomme
ainfi la feptiéme bouche du fleuve Indus, c'eft-à-dire la
plus orientale.
LONIGO, petite ville d'Italie , dans l'état de la ré-
publique de Vénife , au Vicentin , à quatre milles Se
demi, au couchant d'Orgiano , fur le bord oriental de
Fiume-Novo. Au midi occidental, Se à treize ou quatorze
milles de Vicence. * Magin. Ital.
LONJUMEAU. Voyez Long-jumeau.
LONLAY , ou Lonley , Longolatum , bourg dé
France, dans la baffe Normandie, à deux lieues de Dom-
front, vers l'occident feptentrional, au diocèfe du Mans.
On y tient marché trois fois la femaine. Il y a une ab-
baye de Bénédiftins , fondée, en iozo, par Guillaume,
comte de Belesme; & on y reçut la réforme, en 1657:
ce monaftere eft fur la petite rivière de Graine , qui va
groffir la Varenne au-deffous de Domfront , aux fron-
tières du Maine. *Corn. Dift. De Cljle, Normandie.
LONREY , Longorttum Se Longoreu, monaftere dé
France , au Berri , dans le pays de Brenne. Flaocad , au-
trement dit Flavaud , maire du palais royaume de Bour-
togne, fous Clovis II, touché de l'exemple de S. Siran1,
c réfolu de le fuivre dans fa retraite, lui donna deux
fonds fur fes terres , dans le pays de Brenne , aux ' ex-
trémités du diocèfe de Bourges , fur les limites de là
Touraine, pour y bâtir deux monafteres. S. Siran jetta
d'abord les fondemens de celui de Méobec , ou Maubec,
qui fubfîfte encore aujourd'hui , à trois lieues de diftance, '
entre Argenton Se Maizieres en Brenne. Quelque terns
après, ce faint alla bâtir l'autre monaftere fur la rivière de
Claife, dans la terre de Longoret , vulgairement Lonrey^
au-deffous de Maizieres. S. Siran fe retira dans ce der-
nier, après la mort de Flaocad, qui s'étoit renfermé
avec lui, dans celui de Méobec, Si qui en étoit forti pour
retourner au monde. Il en fut le premier abbé, après avoir
donné la conduite de Méobec à un autre , Se il mourut
quinze ou feize ans après, vers l'an 657. Ce lieu quitta
depuis, fon premier nom, pour prendre celui de S. Siran,
qu'il garde encore aujourd'hui , avec Ta régie monaftiqœ
de S. Benoît , de même qu'à Méobec. Ces deux abbayes
font du diocèfe de Bourges; mais S. Siran eft de la Tou-
raine , quant à la jurisdi&ion du temporel.
LONSDALE , bourg _ d'Angleterre , dans le Weft-
morland ; il a droit de tenir marché. *Dél. de la Gr. Bret.
LONS-LE-SAUNIER, ou Lion-le-Saùnier, ou
LlONS-LE-SAUNIER , Ledo-Salinarius , Leodo , ou
Leodomum, ville de France, dans la Franche-Comté ,
près du duché de Bourgogne, à huit lieues de Dole,
Se à neuf de Châlons , fur la petite rivière de Solvant
Cette ville , que quelques-uns appellent mal-à-propos
Lion , Lyon ou Lions ou Lyons , prend fon nom d'une
auge ou mefure d'eau falée , laquelle, en termes de
faunerie, s'appelle long. Gollut. Rer. Sequant. p. ioz,
dit qu'un long contient ving-quatre muids. Il y a dans
cette ville un préfidial , une paroiffe , avec une fa-
miliarité ou fociété d'eccléfiafiiques habitués ; quatre
couvens de religieux, Se un couvent d'Urfulines. Il y a
une abbaye de filles qui profeffent la régie de S. Fran-
çois, fondée, dans le troifiéme fiécle. On y faifoit au-
trefois preuve de nobleffe. La tradition du pays veut qua
S. Defyré, évêque deBéfançon, foit né à Lons-le-Sau-
nier, Se qu'il y ait été enterré. * Baudrand, édit. 1705,
Piganiol de la Force , Descr. de la France, /. 7, p. .571.
LONTIUM, ou LONCIUM, ancienne ville, dans la
Norique, fur la route d'Aquilée à Veldidéna, félon An-
tonin , Itiner. à dix-huit mille pas SAguntum.
LONZAC , bourg de France, dans la Saintonge, dio-
cèfe Se éleftion de Saintes.
1. LOO, maifon dechaffe Se de plaifance, aux Pays-
bas, dans la province de Gueldre, au Veluve. C'étoit
LOO
le lieu où les ducs de Gueldre s'alloient déiauer des fati-
gues du gouvernement, & prendre le divertiffement delà
chaire. Cette maifori , qui eft à diftance à-peu-près égale
du Rhin , de lTifel & du Zuyderzée , eft dans l'endroit
du pays , où il y a le plus de bois & de collines, & abon-
dance de gibier, tant gros que menu. Elle a appartenu
au roi d' Angleterre Guillaume ÎÎI , qui y a tait de grands
embellifjemens, tant pour les bâtimens que pour les jar-
dins. Elis appartient préfentement au prince d'Orange,
Stadhcuder de Fri.re, Ton héritier. Elle eft entre le bois
de Witfen & de Hoochforen , à trois petites lieues de
Deventer.
2. LOO , bourg des Pays-bas , dans la Flandre , dans
le Fume-Ambaght , à deux lieues de Fume ik de Dix-
muyde. Ce font des religieufes, qui y vivent, fous la
régie de S. Auguftin. Le canal , qui va de Fume à Loo,
eft nommé Loo-Gracht , 6c Loo-Vaïrt , & communique
à la rivière d'Iferen par une continuation nommée Ter-
Fintele.
LOOS , abbayede France, dans les Pays-bas , & dans
la Flandre Françoife, à une lieue de Lille. Elle fut fon-
dée par-Thierri d'Alface , comte de Flandres, en 1146,
félon Baudrand, idït. 1705. L'auteur des Délices des
Pays-bas , t. 2 , p. 1 94 , dit quelle fut fondée , l'an 1 147,
par Guillaume , feigneur de Loos, &C dotée par Thierri
d'Alface, comte de Flandres, l'an 11 52.
Cette abbaye , qui eft limée fur la gauche de la
Deule , eft régulière , 5j de l'ordre de Cîteaux. On l'ap-
pelle en latin Laus bcatœ Marice. Elle a fix abbayes de
filles fous fa dépendance.
LOOSDUYNEN, village des Provinces-Unies, en
Hollande, au Delftland, à une lieue & demie de la
Haye , & à deux de Delft. Il y avoit dans ce lieu une
abbaye de filles , de l'ordre de S. Bernard. Corneille
parle de ce monaftere comme s'il fublîftoit , ce qui n'eft
pas vrai. Dans l'églife de ce village eft un tableau , au-
deffous duquel on voit deux balfins de cuivre jaune. Le
rableau contient cette inscription :
Margareta Hermanni comitis Henneberce
uxor' et Florentii comitis Hollandle et
Zelandie. filia ; cujus mater fuit Ma-
thildis filia Henrici ducis Brabantie,
eratrem quoque habtjit Guillelmum Ale-
manle ducem. hec prefata domina mar-
gareta anno salutis 1276, ipso die paras-
ceves hora nona ante meridiem peperit
infantes vivos promiscui sexws numero
trecentos sexaginta quinque , qui post-
quam per venerabilem d. guidonem suf-
fraganeum episcopi trajectensis , prje-
SENTIBUS NONNULLIS PROCERIBUS ET MaGNA-
TIBUS, IN PELVIBUS DUABUS EX .ERE BAPTIS-
MUM PERCEPISSENT , ET MASCULIS JOANNES ,
FŒMELLIS VERO ELISABETH NOMINA IMPOSI-
TA FUISSENT, SIMUL OMNES CUM MATRE UNO
EODEMQUE DIE FATIS CONCESSERUNT , IN HOC
Losdunensi Templo SEPULTI jacent. Quod
QUIDEM ACCIDIT OB PAUPERCTJLAM QUAMDAM,
ÏŒMINAM , QUE EX UNO PARTU GE'MELLOS
INULNIS GESTABAT PUEROS : QUAM REM ADMI-
RANS IPSA COMITISSA , DICEBATQUE ID PER
.DNUM VIRUM FIERI NON POSSE , IPSAMQUE
CONTUMELIOSE REJECIT : UNDE H.EC PAUPER-
CULA ANIMO PERTURBATA AC PERCULSA PRO-
LIUM TANTUM NUMERUM AC MULTITUDINEM
EX UNO PARTU IPSI IMPRECABATUR, QUOT VEL
UNIUS ANNI DIES NUMERANTUR. QUOD QUI-
DEM PRETER NATURE CURSUM OBSTUPENDA
QUADAM RATIONE 1TA FACTUM EST, SICUT IN
HAC TABULA , IN PERPETUAM REI MEMORIAM
EX VETUSTIS TAM MANUSCRÏPTIS , QUAM TY-
PIS EXCUSIS ClIRONICIS BREVITER POSITUM ET
NARRATUM EST.
DEUS ILLE TER MAXIMUS HAC DE RE SUSPICIEN-
DUS, HONORANDUS, AC LAUDIBUS EXTOLLEN-
DUS IN SEMP1TERNA SECULA. A,MEN.
En tibi monftrofum & mcmorabik jacîum
Quak nu à munii condhiom datum.
LOP 899
Cette inscription même avertit que l'auteur l'a dreffée
'ur d'anciens manuscrits , & fur des livres imprimés ,
c'eft-à-dire environ trois cents ans après le tems où l'on
fuppofe que le prodige eft arrivé. On y a mis que Gui
qui les baptifa , étoit fuffragant de l'évêque d'Utrecht.
Ceux qui ont débité cette fable les premiers , avoient
dit qu'il étoit évêque d'Utrecht ; on avoit réfuté la fa-
ble , en faifant voir que l'évêque d'Utrecht d'alors n'étoit
pas Gui, mais Jean de NaÛW. Stockius , qui vivoit alors
en Hollande , n'auroit pu ignorer ce fait , s'il eut été
débité de fon tems ; & il n'en dit rien. Béka d'Utrecht,
qui vivoit le liécle fuivant, n'en parle pas davantage, ni
aucun autre écrivain avant le quinzième fiécle.
Du refte , ce monaftere fût bâti par Mathilde de Bra-
bant, mère de l'empereur Guillaume , vers l'an 1267, *
deux mille pas de la Haye , vers la Meufe. Florent ,
comte de Hollande, en fait mention dans le diplôme de
l'an 1277 , par lequel il attefte que fa tante Marguerite ,
comteffe de Henneberg , étant à l'extrémité , préfente 6c
confentante, a donné à deux femmes de fa maifon cer-
tains biens de campagne , au voifinage du monaftere de
Loësdun. C'eft préfenrement un aflez beau village de la
jurisdiftion de la Haye. On y va par une belle & longue
allée d'arbres , bordée d'un canal où paffent les barques.
Sur la route de la Haye à Loosduynen on voit de loin
un refte d'églife, ou un cimetière dans lequel les Catho-
liques fe font enterrer. Le village même d'Eickenduy-
nen, dont cette églife étoit la paroiffe, ne fublîfte plus.
1. LOOTZ, Looz, Looss, (le comté de) pe-
tit canton des Pays-bas , au pays de l'évêque de Liège ,
dont il fait partie, entre la Hasbaye au midi, la Campine
Liégeoife au nord , le duché de Brabant au couchant ,
& celui de Limbourg au levant. Jean , comte de Lootz,
donna ce comté aux évêques de Liège, l'an 1302, au
cas que fa poftérité masculine vînt à s'éteindre ; ce qui
arriva en 1372. Borckloén, ou Looti, en eft le chef-
lieu. Les autres lieux principaux font :
Tongres, Herck,
Saint-Tron, Haflfelt ,
& Bilfen.
Quelques-uns comprennent dans le comté de Loots la
Campine Liégeoife & le comté de Horn.
2. LOOTZ, ville. Voyez Borckloen.
LOP. Les cartes de la Tartarie y mettent un défert
de Lop. Quelques-unes le confondent avec le Xamo, ou
grand défert fablonneux. Witfen l'en diftingue ; & des
cartes dreffées fur (es lumières , mettent une ville & un
défert de ce même nom entre les fources de l'Irtis , de
l'Obi OC du Jéniscéa. Des cartes plus récentes, & fon-
dées fur des connoiflances prifes de relations combinées,
ne mettent rien de pareil dans ce canton-là.
LOPADIUM , lieu d'Ane. Nicetas & Calchondyle
en font mention. Ortélius, qui les cite l'un & l'autre,
infînue que Lopadium étoit auprès du fleuve Sangar. Ce
feroit une erreur. Lopadium ou Lopadi eft préfentement
Loubat, fur une colline, au pied de laquelle coule le
Rhyndacus des anciens , que quelques-uns appellent du
même nom que cette ville. Quelques voyageurs ont con-
fondu Loubat avec l'ancienne Apollonia , en quoi ils
font trompés. Abouillona eft l' Apollonia des anciens , &
Loubat eu le Lopadium du moyen âge , & ces deux vil-
les étoient auffi diftinftes que le font encore aujour-
d'hui Abouillona & Loubat. Voyez ces deux ar-
ticles.
LOPADIUS-LACUS. Calchondyle nomme ainfi le
lac , qui fe répand dans la mer en faifant beaucoup de
détours. C'eft le lac d'Abouillona ou de Loubat.
LOPADUSA. Les anciens ont connu fous ce nom
l'isle de Lampedouse. Voyez ce mot.
LOPE, ville de la Chine, dans la province de Quangfi,
au département de Taiping , huitième métropole delà
province. Elle eft de 12 d. 5' plus occidentale que Pé-
kin, fous les 23 d. 20' de latitude. * Atlas Sïntnjh.
LOPH1S, rivière de Grèce, dans la Béotie, où elle
arrofoit le territoire d'Haliacarte, félon Paufanias , /. 9,
c. 33 , qui raconte une petite fable fur l'origine de cette
rivière. Ce pays, dit-il, manquoit autrefois d'eau, &les
habitans étoient fort en peine. Un des principaux alla
confulter l'oracle de Delphes, fur le moyen qu'ils de-
Tomt III. Xxxxx ij
ooo LOR LOR
voient emDlover pour s'en procurer. La réponfe fut qu'il ou un peu plus de hauteur. Son plancher eft couvert de
devoit retourner à Haliacarte , & tuer le premier qu'il morceaux & de pouffiere du rocher qui 1 environne Ceux
rencontreroit en s'en retournant. Un jeune garçon, nommé qui y entrent , ramaffent de cette terre qui eft blanche , &
Loohïs fils de Parthenomene , fut le premier qu'il trouva dont on dit que , par un miracle particulier , la quantité ne
dans' fo'n chemin ; il tire auffi-tôt fon épée & le perce ; le diminue point. Elle paffe pour un préfervatif contre le
jeune garçon bleffé courut ça& là; & par-toutoùiltomba venin, & guent des fièvres du mal des yeux Se d au-
àe fon fans i' en fortit des fontaines , & de-là venoit très incommodités : on en fait des médailles & de petits
le nomde ce'tte rivière. Cette fable nous apprend au moins tableaux qu'on débite aux étrangers. La petite éghfe , qui
eue cette rivière fe formoit de plufieurs fources féparées eft au-deffus de cette grotte , eft confiderable par plufieurs
S , i'autre reliques , entre lesquelles on montre un bras de S. Paul.
"lOPŒ for'terefle de la Chine, dans la province de * Jouvin de Roclufort , voyage d'Italie & de Malthe.
Junnan , au département de Juenkiang , qui a rang de LORACINA , pente rivière d Italie, auprès d Antium,
feotiémè ville militaire de la province. Elle eft de 1 5 d. félon Tite-Live , / 23 , c. 6 ; ou du moins elle n en de-
io' plus occidentale que Pékin , fous les 23 d. 53' de voit pas être fort éloignée , puifque le prêteur Lucretius
latitude. * Atlas Sincnjis. pouvoit encon du.re ea »a^m
1 LOPING ville de la Chine , dans la province de LORASTERE , ville d Afie , dans la Perfe , au Loref-
Channfi, au département de Taiyven, première métropole tan. *Hifi de Tirnur-Bec , 1. 4, c. 30. _
de cette province. Elle eft de 3 d. 40' plus occidentale LORBUS ville d Afrique , au royaume de Tunis ,
eue Pékin, fous les 38 d. 34' de latitude. * Atlas Si- en Barbarie. Elle eft ancienne, & fituee dans une belle
r plaine , à foixante lieues de la ville de Tunis , vers le
2 ' LOPING , ville de la Chine , dans la province de midi , du côté de la Numidie & de la Libye. Ceux dn
Ouëicheu au département de Tucho, huitième mé- pays difent qu'elle eft une colonie des Romains , qu'on
tropole de 'la province. Elle eft de 10 d. 3 5 ' plus occiden- appelloit Turndes. Ce mot Lorbus eft un mot corrompu
taie que Pékin, fous les 26 d. 30' de latitude. * Atlas iïVrbs. Les campagnes, dont elle eft environnée , font fi
Sinen/zs fertiles en bled &. en pâturages , qu'elles fourniffent la
1 LOPING , fortereffe de la Chine , dans la pro- ville de Tunis , & une partie de la Numidie. Quand les
vince de Ouëicheu au département de Pingvue , qui a Goths entrèrent dans le pays , ils afliégerent , prirent &:
le rang de troifiéme ville militaire de la province. Elle Saccagèrent cette place , où la nobleffe Romaine s'étoit
eft de 10 d. 39' plus occidentale que Pékin , fous les retirée. Après avoir été long-tems déferte, elle fe repeu-
27 d io' de latitude. * Atlas Sinenfis. p'a à la façon d'un grand village ; & l'on y voit encore
4 LOPING, ville de la Chine, dans la province de aujourdhui les ruines des anciens édifices , de grandes
Kiangfi au département de Jaocheu, féconde métropole ftatues de pierres , des tables d'albâtre avec des inferip-
de la province Elle eft de o d. 8' plus orientale que Pé- tions latines, des niches dans les murs qui étoient tous
kin , fous les 20 d. 33 ' de latitude. de groffes pierres de taille. Il y refte encore un château
LOPOS , peuples fauvages de l'Amérique méridio- où l'on voit quelques canons de bronze. Le
de Tu-
nis y tient garnifon 6c un gouverneur , tant pour la fureté
de la place , que pour garantir la campagne des courfes
des Arabes qui viennent l'été de Numidie , pour y faire
paître leurs troupeaux , & s'en retournent l'hyver char-
gés de bled. Entre ce château & les deux quartiers qui
font peuplés dans la ville , paffe un courant d'eau par un
canal tait d'albâtre. Cette eau , qui fait moudre plufieurs
moulins , vient d'une fontaine qui eft environ à un jet de
pierre de la place. Les habitans font tous laboureurs ou
tiflèran , & payent de grands droits au roi de Tunis.
On a remarqué qu'ils font amoureux du changement &
ennemis du travail. * Marmol , Afrique , t. % , l. <$, c, 30.
LORCA , ville d'Efpagne , au royaume de Murcie ,
Leur ville s'anpelloit Lopsica. Ce lieu eft d'autant plus en tirant vers le royaume de Grenade , à fix lieues de la
aife à reconnoître , qu'il s'appelle encore à prefent Lop- mer , fur une hauteur , au pied de laquelle coule le Gua-
SICO. dalentin. Cette ville eft honorée du titre de Cité , mais
LOPSICA & f°rt délabrée , quoique fituée dans un terrein très-fertile.
LOPSICO. Voyez l'article précèdent. Ses habitans font presque tous des Maures convertis &£
LOQUABRE; c'eft la même province d'Ecoffc que baptifés,que les Efpagnols appellent Chriflianos nuevos .
l'on appelle Lochabar, Lochaber & Loquhabip ;' ' '"-' --" A- •
LOQUERA , bourgade d'Espagne , dans laNouvell
nale , au Bréfil. Ils font voifins des Motayes , petits de
taille, de couleur brune, foit hommes, foit femmes, de
mœurs rudes & farouches , & moins femblables à des
hommes qu'à des bêtes. Ils fe tiennent dans les monta-
gnes, où ils vivent de pignons & de fruits fauvages. Cette
contrée abonde autant en métaux, & en pierres précieu-
fes, qu'aucune autre de cette partie de l'Amérique; mais
elle eft fi éloignée de la mer , qu'on n'y peut aller que
très-difficilement. * Corn. Dift. De Lait, Ind. occid.
I. I S , c. 4-
LOPPEN, (l'isle de) & la terre de Loppe.
Voyez Isle & Laponie.
LOPS , ancien peuple de la Liburnie, félon Plh
Caftille", aux confins du royaume de Murcie , près de
Caravaca. Quelques auteurs la prennent pour l'ancienne
Lacuris.
LOR , nation d'Ane dans la Perfe , au Koureftan.
Il en eft fait mention dans l'Hiftoire de Timur-Bec,
/. 2, c. 61 , p. 431).
1. LORA, ville d'Espagne , dans l'Andaloufie , près
du Guadalquivir , à fept lieues au-deffus de Séville, à
l'orient, en paffant par Cordon. *Baudr. éd. 1705.
2. LORA, ville d'Espagne, au royaume de Grenade.
Voyez Llora.
LORABATTO, gros village de l'ifle de Malthe. à
demi -lieue de Citta - Vechie , ou de la vieille
cité , félon Corneille. Il n'a pas fu apparemment que Lo
n'eft que l'article , & que le nom du village eft Ra-
BATTO. Quoi qu'il en foit , il ajoute : il y a dans ce vil-
lage une grande églife toute neuve, à côté de laquelle
on descend par plufieurs degrés, fous une plus petite,
dans une grotte où l'on voit deux chspelles proche de la
petite grotte où S. Paul étant à Malthe fe retiroit. La
grotte , qui renferme la petite , eft taillée dans le rocher
qui lui fert de voûtes & de murailles. Elle a environ
trois toifes d'étendue Se une de hauteur. La petite , qui
éft à côté, en façon de petit cabiner , & où S. Paul fe
& dont ils font fort peu de ca* ; ce qui fait que, faute d'ê-
tre admis dans le commerce de la vie civile fur le même
pied que les vieux Chrétiens, ils font groffiers, impolis ,
& peu accueillans ; car comme ils font fort méprilës de
ceux qui font parade de l'ancienneté de leur Chriftianif--
me , ils tâchent de fe dédommager en leur rendant la pa-
reille. Autrefois cette ville étoit le fiége d'un évêché , fous
le nom A'Eitocroca , mais il y a long-tems qu'elle ne l'eft
plus ; c'eft Carthagene qui jouit en partage de cette di-
gnité avec Murcie , comme nous le difons ailleurs.
Cette ville n'a d'ailleurs rien de fort confiderable. Au
commencement du fiécle pafle , les Maures , qui furent
chafles par le redoutable édit de Philippe III, tâchoieut
defe venger par de fréquentes courfes, le long des côtes
de Murcie & de Grenade , dont les habitans en étoient
fouvent incommodés. Comme la campagne de Lorca
étoit une des plus expolées aux incurfions de ces cor-
faires , elle en foufiroit extrêmement. Un jour une
bande de ces miférables s'y étant jettée brusquement,
ils enlevèrent un haras de chevaux avec le garçon qui
les gardoit , lequel feignant de ne pas pouvoir courir ,
les pria de lui permettre de monter à cheval , afin de
les pouvoir mieux fuivre ; ce qui lui fut accordé. A
peine fut-il monté fur une jument qui étoit en chaleur,
qu'il donna des deux , &t commença de courir au grand
galop vers la ville. Les chevaux fui virent la jument; &
repofoit , n'a d'étendue qu'une toife , & qu'une demie, les Maures n'ayant ni des brides pour les gouverner, ni
LOR
refprit de fe couler à terre , furent emporté'; à Lorca , où
ils turent pris comme des lots. * Vairac , Etat de l'Elpa-
gne , t. i , p. 162.
i. LORCH , Lauriacum , ou Laurcacum , autrefois
ville principale de la Norique , dans l'illyrie occidentale ,
ck le fiége d'un archevêché , avant que la dignité de
métropole eût été transférée à Saltzbourg, 6k le fiége
épifcopal à Paffau. Lorch, qui avoit été célèbre du tems
des Romains , fut encore la capitale de la Bavière orien-
tale , que l'on appelle maintenant Y Autriche, au feptiéme
ckau huitième fiécle. S. Rupert, évéque de Saltzbourg,
& apôtre de Bavière , y fit alors beaucoup de conver-
sons. Ce n'eft plus qu'un village fiir le Danube , fur le
bord méridional de ce fleuve , vis-à-vis de Mathaufen ,
qui eft fur le bord feptentrional , & où Ton pafiè par un
pont. Comme la Lauriacum ou Laureacum des anciens
doit avoir été l'Ens dont Lorch eft allez éloigné , cela
favorife ie fentiment de ceux qui croient que cet ancien
lieu n'éroit pas à Lorch , mais à Ens. * Bailla , Topogr.
des Saints , p. 270.
2. LOR.CH. Voyez Lorsch.
3. LORCH , Lorjacum , ou Laureacum , ancienne ab-
baye de l'ordre de S. Benoît, dans le Wurtemberg , en-
tre SchorndorfFau couchant , & Gemund au levant. Plu-
fïeurs ducs de Suabe, ik quelques empereurs, y ont eu
leur fépulture. Elle eft aujourd'hui Luthérienne.
LORCHER, château de France, en haute Normandie,
diocèib de Rouen , dans le pays de Caux , avec châtel-
lenie, en latin Cafrum-A.uricherium. Il eft fitué au haut
de la côte de la Seine , fur la paroiflè de Gonfreville , une
lieue au-deïïus de Harfleur , 6k une petite lieue au-def-
fous d'Oudale. Ce château bâti à l'antique , flanqué de
quatre grofles 6k hautes tours quarrées , avec des foffés
profonds , ponts-levis 6k bâtimens logeables , eft accom-
pagné de grandes avenues d'arbres 6k d'un bofquet , au
pied duquel il y a une fource d'eau douce qui forme un
petit ruiffeau. La châtellenie de Lorcher a trois paroiffes
en feigneuries 6k patronage dans fa dépendance , favoir
Gonfreville, Rogerville & Angerville- Lorcher. Cette
dernière eft une très-groffe paroiffe fituée entre Graim-
bonville 6k Maneglife , Se compofée de cinq cents com-
munians. Les terres, qui en dépendent, portent quantité de
grains , de lin & de chanvre. Du château de Lorcher
on découvre fept lieues de la Seine , depuis Quilleboeuf
jufqu'au Havre ; 6k Ton voit l'abbaye de Greftain 6k la
ville de Honfîeur qui font vis-à-vis , de l'autre côté. En
defeendant du côté de Harfleur, on trouve à mi-côte une
chapelle de dévotion du titre de Notre-Dame, des Bois ,
ck au pied de la côte une autre chapelle fondée en l'hon-
neur de S. Dignefort. Ces deux chapelles font fur la pa-
roiflè de Gonfreville. * Corn. Dift. Mémoires dreflës fur
es lieux, en 1704.
LORDAC. (la forêt de) forêt de France, en Lan-
guedoc , dans la maîtrife des eaux 6k forêts de Pamiers :
elle eft de 9825 arpens.
C'eft encore le nom d'une barennie, à deux lieues 6k
demie au iùd - eft de Tarafcon. Cette baronnie s'étend
vers les frontières des diocèfes d'Alet 6k de Mirepoix. Il
y a un beau château qui a donné l'on nom à une ancienne
maifon qui fublîfte encore.
LORÉA , ville épifcopale d'Afie, dans l'Arabie, fous
Boftra, métropole. On la trouve dans une Notice par-
ticulière du patriarchat d'Antioche , 6k dans la Notice
générale écrite par l'évêque de Cathare, fous le pape
Jean XXII.
LOREDO , ou Loréo , Lontum , petite ville d'Ita-
lie , dans l'état de Venife , dans le Dogmat, entre des
marais , fur un canal qui communique du Pô dans l'A-
dige , à cinq ou fix milles de la côte du golfe de Venife
au couchant.
LORENI , ancien peuple d'Afie dans la Lydie , félon
Pline, /. 5 , c. 29. Ce peuple a difparu dans l'édition du
P. Hardouin.
LORENSIS ; Ortelius dit Lorenfis defertum , interBur-
gundiam , Alemaniamque , Aventicœ ditioni adjacens.
En premier lieu , il a tort de n'avoir pas mis le mot d'E-
remus , au lieu de Defertum , qui étant neutre , s'accorde
mal avec Lorenfis. En fécond lieu , Lorenfis eft une faute
de copifte. Il faut lire Jurenfis. Voici le paffage de Gré-
goire de Tours , Vitce Patrum , c. 1 , p. 1 146 , cité par
Ortelius. ffi communi eonfenfu eremum petunt, & acce-
LOR 90I
dentés fimul inter illa Jurenfis deferti fecreta qua inttr
Burgundiam , Alemaniamque fita Aventicce adjacent ci-
vitati ,fignaculafigunt, proftratique Jblo Dominum die-
bus fingulis cum pfallentii modulamine deprecantur , ckc.
1. LOREO , ville dans la partie feptentrionale de l'ifle
de Négrepont , félon Corneille , Dicl. qui dit que c'eft
YOreum des anciens. 11 devoit dire Oreus. Voyez ce
mot.
Corneille a tort d'appeller cette ville Loreo ; elle fe
nomme Oreo.
2. LOREO. Voyez Loredo.
_ LOLES ; (les) lhiftorien de Timur-Bec nomme
amfi les habitans du Loreftan 6k du Curdiftan.
LORESTAN , eu le pays de Lor , ou Lour , pays
de Perfe , dans le Khouziftan dont il faifoit partie.
D'Herbelot, Biblioth. orient, en parle ainfi : il ne faut
pas confondre le pays de Lor avec celui de Lar ou le '
Lariftan , qui s'étend le long du golfe Perfique ; celui
de Lor ou de Lour eft montagneux , aux confins des deux
Iraques , l'Arabique 6k la Perfierme. Il dépendoit autre-
fois du Khouziftan qui eft l'ancienne Sufiane. Ce pays
s'eft peuplé peu-à-peu par des colonies de Curdes ; de
forte qu'il eft aujourd'hui compris dans ce que nous ap-
pelions le Curdiftan qui fait partie de l'Affyrie. Le pays
de Lor eft très-abondant en toutes fortes de fruits. Sa
principale fortereffe s'appelle Berougierd,qu\ eft fort pro-
che de Hamadan. Depuis les auteurs que D'Herbelot a
fuivis, il faut que les chofes ayent bien changé, ou que
De l'ifle ait été bien trompé par les Mémoires qu'il a
fuivis dans fa Carte de Perfe, en 1724. Selon lui,Bu-
rugerd , qui eft le Berugierd de D'Herbelot , fe trouve
presqu'au milieu de l'Irac-Agémi, ou Iraque Perfienne,
6k par conféquent , bien loin de Laureftan , dont De
l'ifle qui écrit ainfi : ce nom ne fait qu'un canton très-
petit, qu'il fépare du Choufiftan ou Khoufiftan par une
chaîne de montagnes, au fud-oueft. La rivière d En-
dian ou de Tab en eft la borne au fud-eft , 6k une ligne
imaginée depuis cette rivière jusqu'au Zenderoud achevé
d'enfermer ce pays vers le nord. Le Zenderoud a fa fource
dans le Laureftan , auprès d'une fontaine nommée Ab
Kurren ; plus loin , au nord oriental de cette fontaine,
eft la capitale qui donne le nom au pays. De l'ifle la
nomme Laureftan comme le pays. Mais le nom même
de Laurejlan ou Loreftan ne veut dire que le pays de
Lor, ou Laur ; ck'LoR, ou Laur, ou Lour, eft le
nom delà capitale. Vers la pointe méridionale du pays
eft le mont Adeiwan qui eft un volcan. Sanfon , mif-
fionaire apoftolique , écrit auffi Laureftan , 6k dit que
c'eft le royaume des Elamites , où Chordorlahomor
régnoit dès le tems d'Abraham. Il confine, dit-il, à la
feigneurie de Goulpakan à l'orient , à la Sufiane au midi ,
au fleuve Tigre à l'occident, ck à la Médie inférieure
au feptentrion. Ccurmaeat eft fa ville cap;tale. Ce
n'eft qu'une fortereffe qui n'a rien de confidérable que
le palais du gouverneur, 6k des boutiques magnifiques
que le dernier Vali y a fait bâtir. Ce Vali fut déca-
pité à Casbin. Le Laureftan de Sanfon 6k celui de De
l'ifle n'ont rien de commun que le nom ; mais celui de
Sanfon paraît plus autorifé. Le millionnaire avoit
fait un long féjour en Perfe; il avoit même fréquenté
le Vali du Laureftan dans fa capitale , 6k eft fort croya-
ble dans ce qu'il en dit : outre cela, l'idée qu'il en donne
s'accorde avec Cherefedin Ali, qui, dans l'Hiftoire de
Timur-Bec, /. 3 , c. 32 , dit : enfuite il envoya des
partis de cavalerie en tous les quartiers de ce royaume
de Loreftan , pour en exterminer les perturbateurs 6k
les voleurs de grands chemins , 6k faire ceffer les défor-
dres. Timur étant parti de devant Coram Abad , (c'eft
Courmabat de Sanfon,) marcha du côté de Toftar; 6k
d'abord qu'il prenoit fon logement à la fin de la jour-
né , il mettoit de braves gens en embufeade dans des
détroits proche des chemins ; 6k le foir , à mefure que
les voleurs Lores defeendoient des montagnes pour fe
retirer en leurs cabanes , ils leur ôtoient la vie à coups
de cimeierres 6k de lances. Ces Lores de l'hiftorien
Arabe ne font aucunement difr'érens de ce que l'Hiftoire
dde la dernière révolution appelle la nation des Lor-
riens. Le P. du Cerceau, Jéfuite, qui, pour le dire en
paflant, eft l'auteur de dette Hiftoire , dit , t. 1 , p. 67 ,
qu'il avoit, à quelques lieues de la ville d'Ifpahan , deux
nations fort braves , qui y vivoient fous des tentes , à la
902 LOR
manière des Tartares. L'une fe nommoit la nation des
Loriens , & l'autre la nation des Bachtilariens. Cha-
cune des deuxpouvoit mettre fur pied une armée' de
vingt mille hommes.
i. LORETTE , ville d'Italie , dans l'état de l'églife,
dans la Marche d'Ancone , fur une montagne , à trois
milles de la côte du golfe de Venife. Outre fa fituation
avantageufe , elle elt défendue par de bonnes murailles
& deux grofles tours qui font aux deux portes , & qui
lui fervent d'arfenal. Léon V & Sixte V les firent bâ-
tir pour arrêter les courfes des Turcs qui attiraient à
ce lieu les immenfes richeffes du thréfor de cette églife.
Lorette eft un fort petit lieu, quoique ce foit le fiége
d'un évëqce. Elle n'eft peuplée que d'eccléfiaftiques ,
de quelques marchands de chapelets , de médailles bé-
nites & d'autres images , & de quelques hôteliers qui
logent les pèlerins qu'y attire continuellement la fa-
meufe Cafafanta.
Devant l'églife il y a une grande place ornée d'une
belle fontaine remplie de figures qui jettent l'eau en
abondance. Auprès de la grande porte on voit aufli en
bronze la flatue de Sixte V qui a le plus contribué à
l'embelliffement de ce lieu. L'églife eft portée fur de
grands piliers entre lefquels font plufieurs autels &c des
chapelles , & dans le milieu de la croifée eft un grand
dôme couvert de plomb.
Le deffein du portail de l'églife eft bien inventé &
encore mieux exécuté.On y voit ces mots: Grégorio XIII,
Pontifia Optimo Maximo , Philippo Cardinale Wajla-
villa Proteclorc , Anno 1583. Tout au haut font les ar-
mes de Sixte V , avec cette inscription : DeipaRjE
Domus IN qua Verbum Caro factum est.
Plus bas eft l'image de Notre-Dame en bronze. D'un
côté du portail on trouve ces mots : Sixlus F ,Pond-
fex Maximus Ecclefiam hanc ex Colleùatâ Cathedratem
conflituit, XVlApril. Anno MDLXXXVI. Ceft-à-
direque cette églife, qui n'étoit qu'une fimple collégiale,
devint cathédrale fous Sixte V, qui l'honora d'un fiége
épiscopat, le 16 Avril 1586. Vis-à-vis eft cette autre
inscription : Sixtus V Pontifex Maximus Picenus Lau-
rentum oppidum epifcopali Dignitate ornatum Civitatis
juredonavit.AnnoMDLKKXVl,Pontificatus I. C'eft
la date de Fére&ion de ce bourg en cité par le même
pape. Des deux côtés font ces mots : Philippus Car-
dinalis Wafiovilla Proteclor.
L'églife, qui eft du deffein du célèbre Bramante , a
été commencée par Pau! II , achevée par Pie V , & or-
née par Sixte V de fculptures, de peintures , & de
tout ce que l'art peut inventer de plus beau. Cet édi-
fice ne fert , pour ainfi dire , que d'étui à un autre édi-
fice pour lequel on a d'autant plus de vénération, que
l'on tient que c'eft la même chambre où Jefus - Chrift
s'eft incarné , & où la fainte Vierge lui a rendu , du-
rant fon enfance , tous les devoirs que fa piété & fa
qualité de mère lui infpiroient. Peu de perfonnes igno-
rent la manière miraculeufe dont cette chambre fut trans-
portée de la Paleftine dans la Marche d'Ancone. Ceux
qui voudront en être inftruits particulièrement n'ont qu'à
lire l'Hiftoire qu'en a donnée le père Turfelin. LzCafa
fanta ne confide qu'en une feule chambre d'environ
trente-deux pieds de hauteur, treize de largeur, & environ
dix-fept de longueur. Une image de la fainte Vierge en
fculpture, & que l'on dit être l'ouvrage de faint Luc,
haute de quatre pieds ou environ , eft ornée , félon les
diverfes fêtes, de robes d'un prix ineftimable. Sa triple
couronne,couverte de joyaux très-précieux,eft un préfent
de Louis XIII , roi de France : elle eft dans une niche
aux deux côtés de laquelle il y a deux armoires pleines
des anciens ornemens. Le manteau de la fainte Vierge
eft quelquefois orné d'une quantité prodigieufe de pier-
reries. Ce ne font aufli tout alentour que lampes , fta-
tues, buftes &£ autres figures d'or & d'argent. Sans
parler des candélabres d'argent & de vermeil qui font
au nombre de vingt-huit, il y en a douze d'or maffif,
deux desquels pefent trente-fept livres chacun. La cham-
bre du thréfor eft un endroit fpacieux; dix-fept grandes
armoires à doubles battans, en lambriffent les murs,
& la voûte eft de ftuc à compartimens dorés &c en-
richis de belles peintures. Ces armoires font remplies
d'offrandes très-riches. L'or pur, les pierres de grand
prix, ôt les vafes plus précieux encore que l'or , rem-
LOR
pliffent tellement ces armoires , qu'il n'y refte point de
place pour l'argenterie qui eft entaffée dans la chambre
du thréfor. Ces richeffes fe font accumulées par la li-
béralité de tous les peuples , de tous les princes , &
de tous les états qui reconnoiffent l'autorité du faint
fiége.
Il y a un palais magnifique tout auprès de l'églife.
C'eft où logent l'évêque , le protecteur, le gouverneur,
les Jéfuites pénitenciers &C plufieurs autres. Le deffein
en fut donné par Bramante, fous le pontificat de Sixte IV.
L'édifice fut commencé par Jules II, continué par Clé-
ment VII, PaullII, Pie IV , Grégoire XIII, jusqu'au
tems d'Urbain VIII, fous lequel il fut achevé.
Le pape Léon X donna au bourg de Lorette un gou-
verneur & un vicaire pour les affaires, tant civiles qu'ec-
cléfiaftiques. Jules II rendit le gouverneur maître de
ces deux jurisdictions , & voulut être lui-même le
protecteur. Sixte IV y augmenta le nombre des prêtres.
Innocent VIII y mit les Car'mes : Jules II déclara l'églife
chapelle pontificale. Léon X la fit collégiale. Clément VIII
en augmenta les officiers. Sixte V en fit une cathédrale
& érigea Lorette en cité.
Le premier protecteur fut le cardinal Jérôme de la
Rovere , au tems de Sixte IV. Depuis , la protection eft
reliée entre les mains des cardinaux. Le protecteur choifit
un chanoine qui a foin du thréfor. Un autre , qui fait
les fonctions curiales, a trois clercs qui gouvernent la
fanta Cafa. L'évêque prend parmi les chanoines un pé-
nitencier & trois perfonnes qni adminiftrent les facrt-
mens aux pèlerins , de plus un chanoine qui a foin du
chœur & de la facriftie épiscopale. Jules III y envoya
S. Ignace acecompagné de quatorze pères de fa com-
pagnie , qui y firent l'office de pénitenciers ; 6z les Jé-
fuites ont continué , depuis ce tems , avec beaucoup de
fruit & de confolation pour les pèlerins. Parmi plufieurs
fouverains pontifes bienfaiteurs de cette églife, LéonX,
Grégoire XIII , & fur -tout Sixte V, fe font fignalés.
Parmi les cardinaux, on doit diftinguer le cardinal An-
tonio Maria qui a dépenfé de grandes fommes à l'em-
bellir.
Cet article eft compofé , en général, fur les Mémoires
de divers voyageurs , tels que font le chanoine Doub-
dan , Miffon , & le Journal du voyage d'un gentilhomme
François en France & en Italie ; & on y a ajouté ce
que l'on a appris verbalement de quelques autres per-
fonnes qui ont été fur les lieux.
2. LORETTE , ou Loreto, ville d'Italie, au royaume
de Naples , dans l'Abbruze ultérieure , avec titre de
duché, félon Davity de qui Corneille l'a emprunté.
3. LORETTE, (le canal de) petit bras de l'Ar-
chipel. Il fait une partie de l'Euripe qui fépare Fifle de
Négrepont de la terre ferme. * Corn. Dict.
4. LORETTE , félon les Lettres édifiantes , t. 5 ,
Carte, & p. 259 .place de l'Amérique feptentrionale ,
dans la partie méridionale de la Californie à l'orient,
au bord de la mer Vermeille , vis-à-vis de Fille de
Carmen , au pays de Concho ; de-là vient que , pour
la diftinguer, elle eft nommée dans les Relations Lo-
rette-Concho. Les PP. Jéfuites y ont une miffion,
dan; le département de laquelle il y a neuf bourgades ,
favoir :
fLiGGiGÉ, à deux lieues 1
Vers le nordJjETTY, à trois lieues j
(Ttjiddu , à quatre lieues I
fVoNU, à deux lieues 1 , /-> l
Numpolo , à quatre lieues ^eConcha.
tr . ... Chuyenqui, à neuf lieues
Vers Ie midl- Liggui , à douze lieues
ITripue, à quatorze lieues
[&C Loppu , à quinze lieues )
5. LORETTE, village de Suiffe, au canton d'Ury,
dans le Schœchen-Tlial. II y a une chapelle. * Etat &
Délices de la Suiffe, t. 2 , p. 422.
LORETO, ru.ffeau d'Italie, dans la Calabre cité-
rieure. C'eft le plus confidérable de ceux qui fe jettent
dans le Trionto. * Magin , Carte d'Italie.
LORETZ , ( LE ) rivière de Suiffe , au canton de Zug.
Elle a fa fource dans le lac d'Egeri , nommé fur la
LOPv
Lo
Carte, EgerîSÉE, d'où, ferpentant vers le r.ord-oueft
entre les villages d'Unter-Egeri , d. Alk-'inden , g. Schoiî-
brun, d. Vildeberg, g. Deynikon , d. elle fe partage
en ■ deux branches, & forme une ifle allez longue en-
tre les villages de Blickenftorff, d. & Baar, g. & fe
perd au nord de Zug dans le lac de Zug , qu'elle tra-
verfe dans fa patrie feptentrionale : de-là elle coule vers
le nord - oueft en circulant fans ceffe jufqu'aux confins
du canton de Zurich ; après quoi , elle coule entre ce
canton & celui de Zug, jufqu'à ce qu'elle rencontre la
Ruff, dans laquelle elle fe perd. * Scheuchçer, Carte de
la Suifle.
LOREY, (le) bourg de France, en Normandie,
dans le Côtentin.
LORGHA , bourg d'Irande , dans la province de Mun-
îler, au comté de Tipérari, prèsduShannon , au-deflus
du lac de Berg. * Baudrand, édit. 1705.
LORGIT^E , ancien peuple entre les troupes qu'An-
nibal laifla à fon frère Asdrubal , pour défendre l'Espa-
pagne contre les Romains , félon Polybe, /. 3 , c. 33.
Ortélius a eu raifon de dire que c'étoit un peuple d'A-
frique. Cependant quelques interprètes de Polybe ont
voulu dépayfer ces Lorgites pour en faire des Ilergetes ,
peuple d'Elpagne. Mais , en ce cas , Polybe les auroit
déplacés ; car il dit qu'il lui laifia de la cavalerie des
Libyphceniciens &: d'Africains, au nombre de quatre
cents cinquante maîtres , trois cens Lorgites , des Numi-
des , des Maffyles , des Maféfyles , de Maciens , des
Maures , habitans des bords de l'Océan , au nombre de
dix-huit cents hommes de cavalerie ; & pour l'infanterie,
onze mille huit cents cinquante Africains. Julqu'ici il
n'a nommé que des nations d'Afrique. Il pafl"e enfuite
aux troupes étrangères, parmi lesquels il mer trois cens
Liguriens , & cinq cens Baléares. Si les Lorgites étoient
Un peuple d'Elpagne, pourquoi Polybe les auroit-il nom-
més entre les Africains ?
LORGUES, petite ville de France, en Provence,
dans une viguerie , dont elle eft le chef-lieu , & à la-
quelle elle donne fon nom. Il y a long-tems qu'elle re-
connoït le comte de Provence pour Ion feigneur. Son
ancien nom , dans les Chartres & anciens Régi (1res , eft
Leonicœ , corrompu depuis en "Léonas ou Lon.is St enfin
en Lorgnes. Cette ville eft aviez grande & allez peu-
plée. Elle eft fituée près de la rivière d'Argens, à deux
lieues de Draguignan , à cinq de Fréjus, ck à quatorze
d'Aix. Il y a une collégiale du titre de S. Martin ,
fondée fous le potificat de Martin V-, l'an 142.1 , à la
prière de Gilles de la Fond, évêquede Fréjus, ducon-
fentement du chapitre de fa cathédrale. Cette ville a
droit d'entrée aux affemblées du pays. * Longuerue,DeC-
cription de la France , part. première , p. 363. Baudrand,
édit 1705.
La Viguerie de LORGUES eft à l'orient de celle
de Barjols , & de fort petite étendue. Elle ne contient
que la ville de Lorgues , & deux villages.
LORI ou LoRÉ , place d'Afie, dans la Géorgie,
au Carduel , & aux confins de la province d'Erivan ,
fur la petite rivière d'Acaftalfa , qui, coulant de-là vers
le nord -eft, va fe joindre avec le Machéméri , & fe
perdre enfuite dans le Kur. De l'Ifle dit Loré, & nomme
Cafac-Loré le canton où eft cette place. Davity & Cor-
neille dilent Lori. L'un & l'autre remarque que cette place
étant tombée au pouvoir des Turcs , fous Amurath III,
ce Sultan fit réparer fes vieilles murailles, creufer des
folTés , & fortifier fon château , garniflant le tout de
trois cents pièces d'artillerie. * Robert deVaugondi , Atlas.
LORIA VILLA , maifon de campagne en Italie ,
dans la Tofcane , fur la voye Aurélienne. Aurehus
Viftor dit qu'elle étoit à vingt-deux mille pas de Rome.
C'eftune erreur qu'Eufebe, Eutrope, Jules- Capitolin ont
corrigée, en ne la mettant qu'à douze mille pas , comme
le remarque Ortélius , Thcfaur. Antonin appelle ce
même lieu Lorium, & le met de même fur la voie Auré-
lienne, à douze mille pas de la capitale du monde.
C'eft-là qu' Antonin Pie avoit été élevé, & il y mourut.
On lit dans Jornandès in Sualoris ; c'eft une faute d'un
copifte ignorant, il faut lire in fua Loria, dans fa
terre de Loria.
LORIGNAC,bourg de France , dans laSaintonge.
LORIOL. Voyez Lauriol.
LORIPEDES. Voyez Himantupodes.
LORKIAN ou Lourkian , petite ville de Perle ,
au Kourcftan. L'air y eft mauvais ; & l'eau indigefte.
Le pays abonde en railins. * Manufcrics de la bibiiotk.
du roi.
LuRME, bourg de France , au Nivernois , aux con-
fins de la généralité de Moulins & de celle de Paris.
LORNE , forterefte d'Afie , aux confins de la Mé-
die &de la Babylonie, au voifinage du mont Zagrus,
félon Ammien Marcellin , cité parOrtélius.
LORN , contrée d'Ecolle , dans la partie méridio-
nale ; c'eft proprement la partie fep'entrionale de la
provinced'Argyle , & c'eft le pays le plus fertile & le
plus agréable de cet'e province. Il donnoit autrefois
le titre le lord à l'aîné de la famille d'Argyle, à qui
cette province échut par mariage avec une héritière de
la famille des Stuarts qui en étoient propriétaires. On
y trouve le château de Dunftafage , fur le lac Erif.
C'étoit autrefois une des mailbns royales. Le bourg, qui
l'accompagne, eft le lieu le plus remarquable de ce can-
ton. * Etat préfent de la Gr. Bretagne, r. I , p. 162.
LORON, vallée de France, da:is les Pyrénées, fur
les frontières de l'Arragon. Elle a titre èarchiprêiré. On
voit dans cette vallée , ou dans celle de Larbouii , une
trentaine de paroiffes.
LOROUX, Oratorium, abbaye d'hommes, en France,
de l'ordre de Cîteaux , dans l'Anjou , au diocèfe d'An-
gers , à trois lieues au nord de Saumur , fur la petite
rivière de Latan , fondée en 1 121 , le 13 Septembre,
par Foulques V , comte d'Anjou, & par Aremburge du
Maine fa 'femme. Elle rapporte cinq mille cinq cents
livres de revenu à l'abbé. * Pig^mol de la Force ,
Defcription de la France , t.-j, p. 88.
LOROY , Locus-Regius , abbaye d'hommes , en
France, de l'ordre de Cîteaux, filiation de la Cour-
Dieu , dans le Berry, au diocèfe & à cinq lieues au nord
de Bourges, fondée , l'an 1125 , par Wulgrain , arche-
vêquede Bourges.
_ LORQUI , village d'Espagne , au royaume de Mur-
cie , fcx au couchant de la capitale , fur la rive fepten-
trionaie de la Segura. C'eft l'ancien Ilorcis.
LORRAINE. Sous ce nom onc; mprend aujourd'hui
la plus grande partie du territoire des "anciens peuples
Mediomatrices , Leuci & Veruni , qui fal l'oient partie le
la première Belgique, dont Trêves eft la métropole.
Il n'eft fait mention du dernier de ces peuples , que de-
puis le commencement du cinquième fiécle ; mais les
deux autres font connus dans les Commentaires de Cé-
far , dès l'entrée des Romains dans les Gaules. Ces
peuples étoient puiftans , 6i leur territoire comprenoit
plus de pays, que les diocèfes de Metz, Toul & Ver-
dun n'en comprennent aujourd'hui , quoique très-grands.
Le premier fort de ces peuples, depuis que les au-
teurs en font mention , fut de fubir le joug des Ro-
mains , comme les autres Gaulois. Ils obéirent à ces
maîtres du monde , jufqu'au commencement de l'établif-
fement de la monarchie Françoil'e. Jufqu'à ce-te époque
ils fouffrirent beaucoup des courfes des Barbares , fur
la route de la plupart desquels ils fe trouvoient. Ils
commencèrent à refpirer un peu, vers le milieu du cin-
quième fiécle, fous la domination des François. Ces
nouveaux maîtres les préferverent des incurliom. des Bar-
bares, qui continuèrent d'infefter les provinces Romai-
nes.
Ce pays fit la plus confidérable partie du royaume
d'Auftrafie , qui fe forma dans les partages des entàns du
grand Clovis & du grand Clotaire. La ville de Metz
étoit capitale de ce royaume. Il ne prit le nom de Lor-
raine, & n'eut le titre de royaume, que fous le régne
du jeune Lothaire, fils de l'empereur Lothaire. Dans
la fuite, la Lorraine ceffa d'être royaume. Elle fut divi-
fée en deux grands duchés , qui conlerverent tous deux
le nom de Lorraine, avec cette différence, que l'un
s'appelloit Lorraine Supérieure , ou Loraine Mojellane ,
& l'autre Lorraine inférieure, ou Lorraine-fur-la-Mcufe.
Enfin la Lorraine fut réduite à une très-petite portion
du pays qui avoit porté ce nom, &C ne fut plus con-
nue que fous la fimple dénomination de duché Je Lor-
raine. Il faut donc diftinguer la Lnrraine, royaume, la
Lorrrine fupér'uure ou haute Lorraine , la Lorraine in-
férieure ou baffe Lorraine , & la Lorraine , état fouve-
rain,
LOK
504
LORRAINE, (le Royaume de) regnum Lotha-
rii; c'eft-à-dire le royaume de Lotkaire. L'an 843', les
trois fils de Louis le Débonnaire partagèrent entr'eux
les états de leur père. Louis eut la Germanie , avec la
Bavière & la Pannonie, & quelques terres en-deçà du
Rhin. Charles eut la France ; & Lothaire, Faîne des
trois, à qui Louis le Débonnaire avoit donné le royaume
de Lombardie , & la ville de Rome , avec le titre $ em-
pereur, eut encore un royaume qui féparoit les états
de fes deux frères, &c comprenoit les provinces fimées,
d'un côté, entre le Rhin ôc les Alpes, & de l'autre, en-
tre les Ardennes , l'Efcaut , la Meufe , la Sône & le
Rhône, avec les comtés Se les villages , tant au- deçà
qu'au-delà de ces neuves. Dans ces bornes étoient corn-
prifes l'Auftrafie , la plus grande partie du royaume de
Bourgogne , & la Provence. * -Hadr. Valef. Notit.
Gall. page 283.
Dans l'année %^ , l'empereur Lothaire, en mourant,
laifla à un de lés fils , aufli appelle Lothaire , un royaume
auquel ce dernier donna fon nom : Charles eut la
Provence , avec le duché de Lyon ; & Louis , fpn fils
aîné, qu'il avoit affocié à l'empire , eut le royaume de
Lombardie, avec la ville & le duché de Rome. Quelques
écrivains ont avancé que le royaume de Lothaire , Lo-
tharii regnum , tiroit fon nom de l'empereur Lothaire.
Mais comme ce prince pofledoit le royaume de Lom-
bardie , une partie confidérabîe de l'Italie , la ville & le
duché de Rome ; en-deçà des Alpes , l'Auftrafïe , la
Provence , & prefque tout l'ancien royaume de Bour-
gogne , on ne voit pas pourquoi tous ces états n'au-
roient point été appelles le royaume de Lothaire. Il eft
bien plus naturel de dire que le roi Lothaire , fils de
l'empereur Lothaire, donna fon nom à ce royaume qui
fut le feul qu'il pofféda , &c qu'il pofféda pareillement
feul , durant quatorze ans qu'il régna après la mort de
Ion père.
Pour qu'il ne refte aucune difficulté fur cet article ,
j'ajouterai que , dans Un traité fait en 870., entre les
rois Louis & Charles , on lit jusqu à deux fois ces
mots : Regnum Hlotharii régis; que dans le partage du
royaume de Lothaire , entre ces deux princes , il eft
dit : Regnum qjwd Hlotarius habuit , & que dans les
Annales de S.»3ertin on trouve également Regnum
Lotharii régis , &C regnum quod Lothanus habuit. Or
on auroit dû dire , regnum Lotharii Augufii ou regnum
Lotharii imperatoris , s'il étoit vrai que ce fût de cet
empereur , plutôt que de fon fils , que le pays eût tiré
fon nom. Dans la fuite de ces mots regnum Lotharii ,
on fit Lotharingia , & de Lotharingia on fit en vieux
François Loherregne. Depuis, pour Loherregne, on a dit
Lorrene , & enfin Lorrain:. Les Allemands écrivent
quelquefois Loringen , quelquefois Lolharing, deux mots
qui ont tous deux la même origine que le nom françois
■Lorraine. Autrefois, pour Lotharingi,on diioit en France
Lotherenes, d'où nous avons fait Lorrains , comme de
Flaminei , nous avions iiw.Flamen.zs , & depuis le nom
F/amans.
Le royaume de Lothaire contenoit un grand nom-
bre de villes célèbres ; Utrecht, Cologne, Tongres,
Trêves, Metz, capitale du royaume, comme elle avoit
été la capitale de l'Auftrafie , Toul , Verdun , Cam-
bray, Strasbourg, Befançon , Bafle , Laufanne , Belley,
Moutiers-en-Tarantaife , Sion , Genève ; dans la fuite,
cependant, le roi Lothaire donna à l'empereur Louis
Genève, Laufanne & Sion; & il céda à fon frère
'Charles , roi de Provence , Moutiers-en-Tarantaife &
Belley. C'eft pourquoi dans le partage qui fut fait
du royaume de Lothaire, en 870, il n'eft fait au-
cune mention de ces cinq villes. Lyon, Vienne, Vi-
viers , Ufès , fe trouvent dans la même divifion du
royaume de Lothaire. Mais quoique ces quatre villes
euffent appartenu à ce prince, elles ne faifoient^ point
partie du royame de Lothaire , puisqu'elles lui étoient
échues feulement, en 863 , parle partage qu'il fit, avec
l'empereur Louis , des états de Charles , roi de Pro-
vence.
Après la mort de Lothaire , fon royaume échut à
Louis le Germanique; fk après l'abdication de Charles
le Gros , il paffa à Arnould, neveu de ce dernier prince.
Arnould l'ayant laiffé à fon bâtard Zuintibold, les peu-
ples fe révoltèrent. Us appelèrent , pour régner fur
LOR
eux Louis , fils légitime d'Arnould. Zuintibold fut tué
dans un combat , l'an 900. Après la mort de Louis ,
les peuples obéirent à" Charles le Simple , -qui les fit
gouverner par Gifelbert. Ce gouverneur défendit le pays
contre les entreprifes des empereurs Allemands. Mais*
lorsqu'il fut mort, l'empereur Henri l'Oifeleur profitant
des troubles dont la France étoit alors agitée , l'enva-
hit; &, pour gagner l'affection des Lorrains, il fit de
grandes libéralités aux églifes. Il donna les terres aux
principaux feigneurs, & ne tetint que les villes d'Aix-
la-Chapelle &. de Nimégue. Louis d'Outremer tenta
en vain de rentrer en poffeffion de ce pays. Lothaire,
fon fils , fut plus heureux ; mais par le traité qu'il fit ,
l'an 980 , avec l'empereur Othon II , il le lui céda en-
tièrement , contre l'avis des grands du royaume. * D'Au-
difret, Geogr. anc. & modem, t. 2 , p. 345.
Peu après ce traité , la Lorraine fut défoiée par les
coudes des Hongrois. Lorsqu'ils eurent défait & tué Con-
rad, duc de Vormes, qu'Otton y avoit mis pour gou-
verneur, ils mirent tout à feu & à fang. Après ce
malheureux événement. Brunon , archevêque de Colo-
gne s îk frère d'Otton, eut, en 945 , le gouvernement
fuprême là L traîne , avec le titre de duc. Ce pré-
lat, à ■' .ijjebert donne le titre d'archiduc, choifit
pour : nenant général Ferry ou Frédéric d'Alface,
qui pr "iLialité de duc de Lorraine, en 959. Il mou-
rut en 984, & laifla de Beatrix , fœur de Hugues le
Grand , comte de Paris , Thierry qui ne lui fuccéda
qu'au gouvernement de la Lorraine fupérieure, parce
qne l'empereur Otton II avoit inverti de la Lorraine
inférieure , Charles de France , fils puîné de Louis d'Ou-
tremer. Voyez Lorraine supérieure & Lorraine
INFÉRIEURE.
LORRAINE SUPÉRIEURE, (la) ou haute
Lorraine; ce fut l'un des deux grands duchés, dans
lesquels fut partagé le royaume de Lorraine : on \i
nomma aufli la Lorraine LoJ'ellane. Sigebert écrit tou-
jours ducatus Mojellanorum ; 6k Wippon , Vit. Chun-
radi Salici, dit Lotharingorum ducatus, pour fignifier ■
la Lorraine proprement dite.
Ferry ou Frédéric, fils de Thierry, & petit-fils de
Ferry I, dont il vient d'être parlé, fuccéda à fon père
dans le gouvernement de la Lorraine fupérieure. Mais
étant mort, en 1017, fans enfans mâles, l'empereur
Conrad donna ce gouvernement à Gothelon , qui avoit
déjà celui de la baffe Lorraine. L'empereur Henri le
Noir donna le gouvernement de la Mofeilane à Albert
de Namur , en 1045 ; & après la mort de ce dernier
gouverneur , tué dans une bataille, en 1048 , par Go-
defroi , fils de Gothelon , ce gouvernement fut donné
par le même empereur, à titre de duché, à Gérard d'Al-
face, comte de Caftinach , qui pofledoit déjà de grands
biens vers la Saare , dans le pays que l'on a appelle
depuis Lorraine Allemande. Ce Gérard d'AIface étoit
d'une des plus nobles races du pays : il étoit même on-
cle de l'empereur Conrad, félon un auteur contempo-
rain. (Herman. Contrai!.} C'eft de ce prince qu'eft
descendue en ligne direfte mafeuline la dernière maifon
qui a régné en Lorraine. Cette maifon. a produit di-
verfes branches , dont les principales font Vaudemont,
Mercceur , Guife , Joyeufe , Chevreufe , Mayenne ,
Aumale, Elbeuf, Harcourt, Armagnac &C Lillebonne.
Voyez Lorraine , état fouverain.
Il y a plus de quatre cents ans que les ducs de la.
Lorraine fupérieure font leur réfîdence à Nancy ; ce qui
a fait que quelques écrivains ont donné le nom de
duché de Nancy à la Lorraine Mofeilane ou fupérieure.
Jean de Paris , in Memorial-i , nous apprend que les
bornes de la Lorraine Mofeilane avoient changé : So-
ldat , dit- il , à Bracbantiâ usque ad Rhenum , & à
finibus Campaniœ Gallicce usque ad Leodium , Lotha-
ringia dici , continens quatuor ducatus Jcilicet Bracban-
tiâ, Sovanii , Nancy & Mojellanorum , _ comitatusque
plures. Sed nunc ftricliùs Jumitur , feilicet à Valle-Colo-
ris & à Mofœ fiuminis curfu verfùs Franciam , usque
ad initium diœccjîs Treverenjîs , continens Verdunum ,
Tullum & Mettis urbes , partemque diœcej'eon Treveren-
jîs , Leodeenfis & Remenjls , ducatum feilicet Loihirin-
gice Jeu Nanceii, comitatum Barri cum aliis , Hasba-
niam & Arduennam. * Had. Valef. Notit. Gall. p. 184.
Quoique les bornes que donne cet écrivain ne foient
peut-
LOR
"jieut-êtrè pas dans la dernière exactitude , il eft néan-
moins confiant qu'il ne le trompe point en ce qui con-
cerne les villes de Metz , Toul , Se le duché de Bar.
En effet, dans l'année 1009, Sigebert attribue la ville
de Metz au duché de la Lorraine Mofellane ; Se dans
les années 1036 Se 10375 '1 attribue à la même pro-
vince la ville de Toul Se le château de Bar. Cepen-
dant on peut dire que Jean de Paris fe trompe en deux
points. De deux duchés il en fait quatre ; car le duché
de Nancy Se le duché de la Lorraine Mofellane ne
font qu'un feul duché , comme le duché de Louvain
8e le duché de Brabant ne font que le même duché.
C'eft la Lorraine fupérieure ou Mofellane qui a con-
fervé le nom général de Lorraine. Elle eft aujourd'hui
compofée des états du duc de Lorraine & des Trois-
Ëvêchés.
Il y a quelques cartes qui divifent la Lorraine Mo-
fellane en Lorraine feptentrionâle Se méridionale , ou
bien en haute Se baffe Lorraine..
LORRAINE INFÉRIEURE, (la) ou basse Lor-
raine : on entendoit par ce nom le fécond grand du-
ché , qui fut formé du royaume de Lorraine. Il eft beau-
coup moins connu aujourd'hui que la Lorraine fupé-
rieure. Quelques écrivains modernes l'ont appelle du-
catus Mofellanus ; à caufe de fa fituation , comme les
anciens écrivains avoient nommé Mofellane la Lorraine
fupérieure. Sigebert ne l'appelle point autrement que
ducatus Lotharingie. Wippon, in Vitâ Chunradi Salie.
la nomme dueatus Ribuariorum. Ces Ribuarii font les
bas Lorrains , qui habitoient entre le Rhin, la Roer Se
la Meufe, aux environs de Nuys , Cologne , Bon, Zu-
lïckjDuren, Juliers Se Andernach. C'étoit-là la de-
demeure des anciens Ripant , que des écrivains du
moyen âge ont appelles Ripuarii Se Ribuarii. * Hadr.
iValef. Notit. Gall. p. 187.
Toutes ces villes appartenoient au duché de la Lor-
raine inférieure. Diverfes Chroniques portent que les
villes de Saint-Thrond , avec l'avocatie de l'abbaye
de même nom, Aix-la-Chapelle, le château de Rode,
l'abbaye de Gemblours, Bruxelles, Anvers, Nimégue, Sec.
appartenoient aufîi à la Lorraine inférieure.
On voit dans Sigebert , que le premier duc de la
Lorraine inférieure fut Charles, fils de Louis d'Outre-
mer , fit frère de Lothaire : Anno 967 , dit-il , ducatus
Lotharingie datur Karolo , fratri Lotharii régis Franco-
rum, Sec. Dans l'année 1046, l'empereur Conrad le Sa-
lique donna la Lorraine inférieure à Henri II, comte
de Luxembourg ; Se vers l'an n 86, Henri deLimbourg
qui avoit été, pendant fix ans, duc de la Lorraine infé-
rieure , fut dépoffédé de ce duché , pour crime de léfe-
majefté. Ce duché fut donné à Godefroi I , comte de
Louvain, qui fe trouve quelquefois (a) appelle duc de
Louvain , Se quelquefois comte de Louvain. Quelquefois
suffi on le nomme indifféremment (b) duc de Lorraine
Se duc de Louvain. En 1 142 , Godefroi II, fils de Go-
defroi I, Se auffi duc Lorraine , mourut de mort fu-
bite , dans la quatrième année de fon règne. Godefroi III,
fon fils, âgé d'un an , lui fuccéda, & fut inveftidu du-
ché, par le roi Conrad. Godefroi III eft furnommé le
Jeune (c) dans les anciens titres, Se qualifié, tantôt duc
de Lorraine, tantôt duc de Louvain. Cette ville corn*
mença à être la réfidence des ducs , fous le régne de
Godefroi I , Se continua à l'être fous les autres Gode-
froi. *(a) Anfelm. Abb. Gemblac. (b) Appendix Gemblac.
(c) Monach. Affligemens.
Quand les ducs de Lorraine , de la maifon de Lou-
vain , laifferent le nom de comtes de Louvain , ils pri-
rent d'abord le titre de ducs de Lorraine ; enfuite ils fe
qualifièrent ducs de Lorraine & de Brabant. C'eft de-là
que les rois d'Espagne de la maifon d'Autriche , qui
avoient fuccédé aux ducs de Bourgogne dans ces du-
chés , fe qualifioient ducs de Lorraine & de Brabant.
Cette partie de la Lorraine a confervé long-tems le
nom àeLothier, d'où fes fouverains prirent & prennent
encore aujourd'hui la qualité de ducs de Lothier. Les
provinces qui la compofent ont pris différens noms.
LORRAINE, pays de l'Europe, avec un gouverne-
ment particulier Se titre de duché. La Lorraine peut
avoir quarante lieues d'orient en occident , depuis Biche
jusqu'à Sainte-Ménéhoult, Se près de cinquante du fud-
oueft au nord-eft, depuis la Marche jusqu'à Cbombourg,
LOR 9o*
Elle eft bornée à l'orient par le Pala'tinat du Rhin &
1 Alface , au feprentnon par le Luxembourg , à l'occi-
dent parla Champagne, Se au midi par la Franche-
Comté. * Geogr.,
mod. & hifl. t. 2 , p. 3 50.
On a vu à l'article de Lorraine supérieure, que
1 empereur Henri le Noir avoit donné cette province , à ti-
tre de duché, àGerard d'Alface. J'ajouterai ici, que les pre-
miers descendans de ce prince ne pofféderent qu'une
très-petite portion du. pays , parce que les évêques de
Metz , Toul Se Verdun avoient reçu de la libéralité des
premiers rois d'Auftrafie Se des empereurs , de très-grands
domaines. Les abbayes, la plupart fouveraines , poffé-
do.ient de grands domaines. Les ducs de Bar y avoient
auffi une étendue de pays allez confidérable , Se les
comtes de Champagne plufieurs terres.
Les fréquentes guerres que fe faifoient les Allemands
Se les François, Se dont ce pajs étoit fouvent le théâ-
tre ; les guerres qui s'allumoient entre les différens prin-
ces de cette contrée, auffi -bien que celles qui s'éle-
yoient quelquefois entre les prélats même , obligèrent
ces derniers dé chercher des protecteurs, que l'on ap-
pelait alors ADVOUES , advocati ; ils leur donnoient
des terres en fief, Se les avoués leur faifoient hommage.
La continuation de ces guerres obligea les prélats à faire"
des aliénations confîdérables , en faveur de plufieurs fei-
gneurs , qui leur fourniffoient de l'argent pour en foute-
nir les frais.
Entre les feigneurs qui profitèrent de ces différens évé-
nemens , les descendans de Gérard d'Alface en eurent
la meilleure part, pour ne pas dire qu'ils profitèrent de
tout. Mais ce qui a peut-être le plus contribué à l'aug-
mentation des domaines de cette maifon , c'eft qu'elle
a fourni nombre d'évêques aux trois églifes de Metz
de Toul Se de Verdun , Se que ces prélats fe font moins
embarraffés de la confervation des biens de leur églife t
que de l'augmentation des domaines de leur famille.
La poftérité de Gérard d'Alface fe perpétua de mâles
en mâles jusqu'à Charles I, qui ne laiffa qu'une fille
nommée Ifabelle. Cette princeffe porta le duché de Lor-
raine à René d'Anjou , roi de Sicile, vers l'an 1430.
Mais Antoine de Vaudemont , petit-fils du duc Jean \
s'en empara l'année fuivante. Yoland, fille du roi René
fuccéda à Antoine , l'an 1473 '■> elle wt mère de René II'
bifaïeul de Charles II. Celui-ci eut plufieurs enfans'
entr'autres, Henri duc de Lorraine , & François , comte*
de Vaudemont. Henri fut père de Nicole mariée avec
Charles , comte de Vaudemont , fon coufîn germain
qui prit le titre de duc de Lorraine, en 1624, après la
mort de Henri, fous le nom de Charles Iy\ fi connu
par fes disgrâces. * La Forêt, Géogr. hift. t. \ , p. 287.
La légèreté Se l'inconftance de ce prince attirèrent
fouvent dans fon pays les armes de Louis XIII, roi de
France, qui le dépouilla de fes états, en 1634, après
l'avoir fait déclarer criminel de léfe-majefté , félonie
Se rébellion. Le même duc fit un traité avec Louis le
Grand, le 10 Février 1662. Par ce traité il lui cédoit Se
transportai^ après fa mort, les duchés de Lorraine Se de
Bar; ce qui fut confirmé par un autre traité du dernier
Août de l'année fuivante, Se figné le lendemain. Mais-
ce prince naturellement inconftant cabala contre la France
jusqu'à fa mort arrivée en 1675. Le roi de France pré-
tendit que les duchés de Lorraine Se de Bar lui appar-
tenoient, en vertu du traité de 1662. Cependant il s'obli-
gea par le traité de 1679, conclu entre la France &£
l'empire , de tendre au prince Charles de Lorraine les
états dont jouiffoit fon oncle Charles IV, lorsqu'il en
avoit été dépoffédé , à la réferve de Nancy Se de fa
banlieue. Mais ce prince n'ayant pas voulu accepter ces
conditions , le roi demeura toujours pofîèffeur de la Lor-
raine. Il la garda jusqu'en 1697 , qu'il fut obligé, par la
paix de Rrwick, de la rendre au duc de Lorraine , Léo~
pold I; mais elle eft revenue à Louis XV , en confé-
quence de la ceffion qui lui en a été faite, en 1736, par
feu François- Eiienne de Lorraine , qui avoit époule
l'héritière de la mailon d'Autriche, Se qui éroit empe-
reur Se grand-duc de Toscane. Le feu roi Stanillas ayant
cédé fon droit fur la Pologne, au roi régnant, a joui,
fa vie durant , de ce duché Se de celui de Bar .. 6V a pris
le titre de duc de Lorraine & de Bar. Depuis la mort
de ce prince , arrivée en 1766 , la Lorraine eft réunie
au royaume de France,
Terne. II/. Yyyyy.
9o6 LOR
Autrefois les ducs de Lorraine recevoient l'invefliture
des empereurs pour le duché de Lorraine, & ils ont été
long-tems princes de l'empire. Ils fe font rais peu-à-peu
en liberté, & fe font exemptés de la foi & hommage,
qu'ils rendoient à l'empereur. On croit pouvoir fixer à-
peu-près cet événement au tems de Philippe le Bel , roi
tle France. Depuis ce tems, les ducs de Lorraine s'atta-
chèrent aux intérêts de cette couronne , ce qui leur fa-
cilita les moyens de fe féparer de l'empire ; fous le ré-
gne de l'empereur Charles V, ils furent reconnus pour
Souverains, & déclarés n'être plus obligés aux frais com-
muns de l'empire , en qualité de ducs de Lorraine. Cet
accord fe fit malgré les prétentions & proteftations des
Impériaux , qui foutenoient| que la Lorraine^ étoit une
principauté de l'empire , & qu'elle avoit été comprife
fous le cercle du haut Rhin , dans l'inftitution des cer-
cles de l'empire , par Maximilien I.
Ces différends furent terminés par une tranfaction pas-
fée à Nuremberg, l'an 1542, entre Ferdinand, roi des
Romains , au nom de Charles V , du confentement de
tous les états de l'empire, d'une part ; & Antoine, fils
de René II, duc de Lorraine,d'autre part. Cette transaction
fut confirmée, l'année fuivante, par l'empereur Charles V.
La patente fut donnée à Spire. Il fut déclaré par ces actes,
que le duché de Lorraine étoit libre St indépendant,
fans être fournis à la chambre impériale, ni aux taxes ,
ni aux décrets impériaux ; qu'il feroit reçu fous la pro-
tection de l'empereur & de l'empire , &c obligé feule-
ment d'entretenir la paix &c la tranquillité publique. _ En
conféquence de cette protection , le duc fe fournit à
payer les deux tiers de la taxe d'un électeur. Depuis ce
tems-là le duc de Lorraine a été reconnu pour fouve-
rain dans les différens traités de paix , où il a eu quel-
que intérêt , comme à celui de Nimégue, 6c à ceux de
Rysvck , de Raftadt &t de Baden.
Les ducs de Lorraine rendoient anciennement eux-
mêmes la juftice à leurs fujets ; & quoiqu'ils gouvernas-
fent abfolument , ils ne pouvoient rien réfoudre, en cer-
tains cas , fans le| confentement des états & de l'an-
cienne nobleffe du pays. Les états confiftoient en trois
ordres, le clergé, la nobleffe & les bourgeois. L'an-
cienne chevalerie étoit compofée de deux fortes de gen-
tilshommes ; de ceux qu'on appelloit gentilshommes de
l'ancienne clievalerie. Ils étoient pris des douze anciennes
maifons ; du Châtelet , deLigneville, de Haraucourt, de
Lenoncourt, de Vaubecourt , deLudris, de Beauveau ,
de Baffompierre, & des pairs fieffés , qui étoient au nom-
bre de cent ou de fix vingt. Ils jouiffoient les uns & les
autres de plufieurs beaux privilèges ; ils tenoient les as-
fifes dans les bailliages , & jugeoient fouverainement
toutes affaires qui regardoient les fiefs. Les autres affai-
res reffortiffoient au conléil ducal , ou à la chambre des
comptes de Nancy. Le roi Louis XIII cafïa les affiles,
par fa déclaration du 5 Septembre 1634, tx ordonna
que toutes les affaires feroient jugées par un confeil fou-
verain , qu'il établit à Nancy ; &c afin de ne pas priver
entièrement les gentilshommes de leurs privilèges , il
déclara par (es lettres-patentes, que le baillif de Nancy,
qui préfidoit aux affifes , auroit féance au confeil , im-
médiatement après le plus ancien confeiller , avec trois
autres gentilshommes de la chevalerie, lesquels n'y en-
trent que par femeftre.
La Lorraine eft divifée en terres de domaines, & en
terres annexées. Les terres du domaine fe divifè en qua-
tre grands bailliages qui font :
Le BAILLIAGE DE NANCY OU le BAILLIAGE FRAN-
ÇOIS.
Le BAILLIAGE DE VOSGE ;
Le BAILLIAGE ALLEMAND ;
Le BAILLIAGE DE BassiGNY. Chaque bailliage eft
fubdivifé en plufieurs prévôtés , dans l'ordre fuivant :
(Nancy,
IGondreville ,
Amance,
~ , Lunéville,
Nancy. { Rofieres-aux-Salines ,
Ein ville,
Pemi ou Preni,
Raon,
Saint-Dié.
LOR
■n .... j {Mirecourt,
Bailhage de hch
VosSe- (Châtenois.
f Gondrecourt ^
ILa Marche,
Bailliage de jChâtillon,
Baffigny. jConflans,
I la Motte , fénéchauflee ;
iBourmont , fénéchauflee.
fVaudrevange , prévôté ;
IBeaurain , feigneurie ;
Bouzon ville, feigneurie;
Bolshen,
mand. " {Sirck ou Sirques , prévôté;
Chombourg, prévôté;
Guémonde, prévôté»
Bitch, comté.
Terres annexées.
Dans le bail
(Dieufe,
Sarbourg ou Kaufmans-Sarbourg :
Albe ou Saralbe,
, ! Fauquemont , feigneurie ;
liage Allemand. Saim.Avold;
(Hombourg ,
VSaverden, comté.
( Espinal ,
I Rembervillers ,
_ , , , Deneuvre, prévôté;
Enclavées dans Blam £mi
les deux premiers Châtillon-fur- Vezoufe, feigneuriej
bailliages. Bacara , feigneurie ;
I Turqueftin , feigneurie ;
^Nomeni , marquifat.
Tous ces pays font arrofés d'un grand nombre dé ri-
vières , tant grandes que petites. Les plus confidérab es
font la MofeÙe , la Meufe , la Seille , la Meurte , la Ve-
zoufe , la Saône , la Sarre , la Nid , &c. La partie orien-
tale du duché , & la province de Vosge , qui occupe pref-
que toute la partie méridionale , font couvertes de mon-
tagnes chargées, la plupart, de bois. Le refte eft un pays
allez uni , mais où il y a auflî beaucoup de bois : les prai-
ries n'y manquent point. La Lorraine produit abondam-
ment du bled , de l'orge , de l'avoine & du vin ; il y a
plufieurs falines. C'eft un fort bon pays de chaffe , rem-
pli de gibier ; les rivières &£ les étangs ont beaucoup de
poiffon.
Les Lorrains paffent pour être vaillans : ils en ont fou-
vent donné des preuves. Ils font laborieux , Sr. aiment
beaucoup leur liberté. Ils font attachés à la religion Ca-
tholique. L'étude des belles lettres n'eft pas du goût du
plus grand nombre. Il ne laiffe pas d'y avoir quelques per-
fonnes qui y réufliffent. Les payfans font fobres ; & tous
font très - fidèles à leurs princes. Les gentilshommes &
bourgeois vivent à la françoife : &C tous parlent fran-
çais , à l'exception des peuples du bailliage allemand.
LÔRREY , bourg de France , au Gâtinois , au diocèse
de Sens, élection de Nemours. Il y a, dans ce bourg une
prévôté royale.
LORRIS , ville de France dans l'Orléanois , à fix lieues:
de Montargis , dans des marécages. Philippe Augufte lui
accorda plufieurs exemptions & privilèges , l'an 1 1 97, en
confédération de ce qu'elle avoit été brûlée. Ceux qui
croient que cette petite ville a une coutume particulière ,
font dans l'erreur ; car on ne trouve point de coutume
locale de Lorris ; & tout ce que l'on en dit , n'eft fondé
que fur ce que Lorris étant une des châtellenies du bail-
liage d'Orléans , la coutume de ce. bailliage y fut rédi-
gée par écrit. Quant au proverbe qui dit : IL eflde la cou-
tume de Lorris , où le battu paye L'amende , il doit être
entendu de cette manière ; que fi un habitant de Lorris
étant créancier , ne pouvoit prouver fa dette par témoins ,
il avoit droit de le prouver à duel, & par combat à la
main ,à coup de poing feulement , fans ferrement ; & fi
le prétendu detteur étoit vaincu , il payait la dette au créan-
cier , & cent fols d'amende; mais fi le créancier étoit baitu ,
LOT
LOT
il perdoh fon dit , & payait cent fols d'amende. Ainfî le
battu payoït toujours l'amende , fuivant le proverbe. Guil-
laume de Lorris avoit pris le furnom de Lorris , parce
qu'il étoit natif de cette ville. Fauchet Se la Croix du
Maine difent qu'il étoit jurisconfulte , Se qu'il entreprit
de compoler le roman de la Rofe , pour plaire à une dame
qu'il aimoit : il mourut vers l'an 1 260 , fans avoir achevé
cet ouvrage , qui a été continué par Jean de Meun , fous
Philippe le Bel. * Piganiol du la Force , Defcr. de la
France , t. 6.
LORSCH , ou Lorsh , ou Lorch , ou Laures-
HAM , ou LAURISHEIM , ville & monaftere d'Alle-
magne , au palatinat du Rhin. S. Chrodegang , évêque de
Metz , eut grande part à ce monaftere , qui eft fitué au dio-
cèse de Worms , Se fondé par une dame de fes parentes.
Ce fut à la prière de la fondatrice, qu'il en prit foin , quoi-
qu'il n'en fût point Févêque diocéfain ; & l'on prétend
qu'il y établit la régie de S. Benoît , vers l'an 760 : il y
mit le corps du martyr S. Nazare ou Nazaire , qu'il avoit
reçu du pape Paul I , des cimetières de Rome , vers l'an
765. * Baillet , Topogr. des Saints , p. 278.
LORSCH , eft encore remarquable par la victoire que
le maréchal de Villars y remporta, en 1707, fur l'armée
des ennemis , dont il fit prifonnier le général Janus , avec
plus de deux mille hommes.
LORVANO , ancien monaftere de Bénédiftins , en
Portugal , dans la province de Béira , à deux lieues de
Coimbre. II eft occupé , depuis le commencement du
troifiéme fiécle , par des religieufes de l'ordre de Cî-
teaux.
LORYMA ; Ka^y.a. , ancienne ville d'Ane, dans la
Carie , félon Etienne le Géographe. Elle eft nommée
Lorîmna , dans la Table de Peutinger. Strabon , /. 14,
p. 552 , n'y met point de ville , Se dit Amplement Lory-
ma , rivage hérifle de hauteurs , Se montagne la plus haute
de toutes celles de ce canton-là ; au fommet , eft la for-
terefle Phœnix. Pline , /. •) , c. 8 , nomme Amplement
Loryma un lieu , Loryma, loctts. Cette ville , dont Etienne
parle , fut une ville épiscopale , Se eft nommé Hylanma ,
•ixa.%«iJ.x dans la Notice de Hiéroclès. Au concile nommé
Qidmfextum , il eft fait mention de George , évêque d'Hy-
larima , dans la Carie , 'EotV^ot©- tlahiùs 'Ttes.!(iuv
'Enci.f,xiaç K-x.zla.f-. Cette ville étoit vis-à-vis de l'ifle de
Rhode , Se à vingt mille pas de la ville de ce nom.
1. LOS, ifle de l'Archipel , fur la côte de Theflalie,
Etienne le Géographe , qui en fait mention , cite l'Epi-
iome d'Artémidore.
2. LOS. Voyez LootSi
LOSA, ancien lieu de la Gaule, dans l'Aquitaine, fur
la route d'Aftorga , à Bordeaux. Antonin , Itiner. le met
entre Segofa Se Bon , à douze mille pas de la première ,
& à fept mille pas de la féconde , Se compte, de cette der-
rière à Bordeaux , feize autre mille pas.
LOSANNE. Voyez Lausanne.
1. LOSDUNUM. Voyez Loosdtjyn.
a. LOSDUNUM. Voyez Loudun.
LOSERE, (la montagne de) Lefurai montagne
de France, au Languedoc Se au Gévaudan, aux Confins
du Vivarais & du bas Languedoc , où eft la fource dé la
rivière du Tarn, dans les Sevennes , dont elle fait partie j
à fept lieues de Mende , au levant d'hyver, en allant vers
Alais Se Ufez. * Baudrand, édit. 1705.
1. LOSON , rivière de France, en Béarn : elle a fa
fource dans les montagnes qui (éparent le Béarn du Val,
d'Azun Se de la Bigorre , S: ferpente vers le nord, dans
la vallée d'Affon. Elle arrofe deux forges , celle de Haut
& celle de Nogaret , Si fe perd dans le Gave, au-deflus
de Nay. * Davity. Corn. DicL
De l'ifle marque allez bien le cours de cette rivière;
mais il en omet le nom.
2. LOSON , petite rivière de France , dans le Cotan-
tin. Elle fe forme de plufieurs ruifleaux , qui viennent de
Cametours & Carantilly, Se arrofe les paroifles de Ma-
rigui Se de Lorey , où elle reçoit le rufleau de Cancer-
neur ; de-là elle pafle à Hauteville-le-Guichard , lieu de
la naiflance de ces fameux Normands , qui conquirent la
plus grande partie de l'Italie , la Sicile , Naples , la Cala-
bre Se la Pouille. Elle va de-là à îvlon'ani , à Mesnilvry
& à Romilly ; Se après avoir recule ruifleau de Vauloue ,
qui a fa fource au pied de Monteveft , elle va fe perdre
907
près de Tripehou , dans la rivière de Tante. * Corn. Di£t.
Vaudom. Maniifc. geogr. de la France.
1. LOSSE , (la) rivière de France , en Guienne. Elle
a fa fource dans î'Aftarac , aux confins de la Bigorre , d'où ,
prenant fon cours vers le nord, elle entre dans l'Arma-
gnac , arrofe Montesquiou , Se y reçoit le Lizet , ruifleau.
Au-defious de Siourac , elle fe tourne vers le nord-oueft ,
reçoit un autre ruifleau , puis la rivière de Guiroué ; coule
à Fesenfac ; entre dans le comté d'AIbret , Se fe perd dans
la Gélife, * Rob. de Faugondy , Atlas.
2. LOSSE , ou Lossie , en latin , Lnxa , rivière d'E-
cofle. Elle coule dans la province de Murray, où elle ar-
rose Elgin ; Se un p;u au-deftous de cette place , elle fe
perd dans le golfe de Murray.
LOSSENSÏS comïtatuSj nom latin du comté
DE LOOTZ.
LOT , ( LE) rivière de France. Il prend fa fource dans
le Gévaudan , au-deflus de la ville de Mende. Ses noms
latins font , félon Baudrand , Olda , Oldus , Olindls ,
Olitis , auxquels il ajoute Lotus. Il porte le nom d'Olt ,
depuis fa fource , qui eft dans les Sevennes , jusqu'à En-
traigues , dans PélecYion de Villefranche. Dans cet espace
il court vers l'occident ; pafle au nord de Mende ; fe re-
combe vers le midi , au couchant de cette ville ; reçoit
deux ruifleaux ; reprend fon cours vers le couchant ; pafle
à Chanac , bourg ; Se , ferpentant vers le nord-oueft , en-
tredans le Rouergue , pafle à S. Gêniez , d. à S. Côme ,
d. à Espaliou , g. à Eftain , à Entraigues , où il fe groflït
par les eaux du Truyeire , qui descend des montagnes
d'Auvergne. De-là il change fon cours, vers le midi Se vers
le couchant ; baigne Caienac , g. Caïare , g. enferme Ca-
hors à l'orient , au midi Se au couchant ; pafle à Luzetz ,
g. à Caftel-Franc , g. à Pui-1'Evêque , g. à Duravel , g. à
Fumel , g. à Villeneuve d'Agénois , g. à S. Liorade, à
Caftelmoron, d. à Chirac, g. Se fe jette dans la Garonne
à Aiguillon. Il commence d'être navigable à Cahors.
Quoiqu'il ne le'foit que par des écluses , fa navigation
eft très-utile, tant pour faire remonter les vins du Querci ,
jusqu'à Entraigues , d'où on les transporte fur des mulets
dans le haut Rouergue Se en Auvergne , que pour faire
descendre depuis Cahors jusqu'à Bordeaux , des vins , des
eaux-de-vie , des châtaignes Se des charbons de terre ,
que l'on tire de l'éleftion 3e Villefranche. * Sanfon , Atlas.
Piganiol de la Force , Cefcription de la France , t . 4 ,
p- 448 , 450 & fuiv.
LOTEVA. Voyez Lodeve.
LOTHARINGIA. Voyez Lorraine.
_ LOTHIANE , Laudar.ia , province de l'Ecofle mé-
ridionale , fur la mer d'Allemagne. Elle eft bornée au
feptentrion par le golfe de Forth , qui la fépare de la pro-
vince de Fife. Elle a la mer au nord-eft, les comtés de
Mers Se de Tiviotsdale au fud-eft, Tveda'.e au midi ,
Clydsdale au fud-oueft , Se Sterlin au nord-oueft. C'eft
de toute l'Ecolie la plus belle , la plus fertile Se la plus
peuplée. Elle produit toutes fortes de grains , Se le fro-
ment y vient parfaitement bien. Sa longueur d'occident
en orient , eft confidérable ; de-la vient qu'on la divife
en trois parties principales ; l'une orientale , l'autre occi-
dentale ; Se la troifiéme eft celle du milieu , nommée par
cette railonMiD-LoTHlAN. C'eft dans cette partie qu'eft
Edimbourg , capitale de l'Ecoife. * Allard , Atlas.
Il y a dans cette province plufieurs ports , dont les plus
confidérables font :
Leith ,
Cockeny,
Muflelbourg,
Prefton-Pans ,
Dumbar ,
BorrovftownnefT.
La nobleflè y a plufieurs belles maifons de campagne»
Les principales familles font les Hamiltons , Douglas ,
Hays , Mawels , Kers , Maitlands , Seatons , Scots^ El-
phinftons, Napers , Cranftons, Drummonds , Sinclairs,
Ramfeys , Johnftons , Hepburns, Dundafles , Preftons ,
Fletchers , Edmonftons , Cockburns , Lauders , Forref-
ters , Sec.
( (Dumbar,
• j Dans la partie IHaddinsjton,
I orientale. ) L'ifle Se le fort de Ba(T,
La provin-{ V.Le château de Tentallon.1
Tome III, Yyyyy ij
po8
ce de Lo-
THIANE a
LOV
LOU
(Edimbourg •,
Dans la partie] Leith ,
du milieu. Wiuffelbourg,
(Dalkeith.
■ ,. . (Lilintgov,
Dans la partie^ a=outre ce]aune mai_
'^occidentale. | fon royale>
LOTH1ER. Voyez Lorraine.
LOTHOPHAGES. Voyez Lotophages.
LOTIEN, ville de la Chine , dans la province deHu-
quang, au département deHoancheu, cinquième métro-
pole de la province. Elle eft de 2 d. 25' plus occiden-
tale que Pékin , fous les 31 d. 41 ' de latitude. * Atlas
Sinenfis.
1. LOTING , ville de la Chine , dans la province de
Pékin , au département de Jungping , huitième métropole
de cette province. Elle eft d'un degré 30' plus orientale que
Pékin , fous les 39 d. 35' de latitude. * Atlas Sinenfis.
2. LOTING , ville & fortereffe de la Chine , dans la
province de Quantung , où elle a le rang de grande cité.
Elle eft de 5 d. 9' plus occidentale que Pékin , fous les
23 d. 25' de latitude. * Atlas Sinenfis.
Le département de cette ville comprend trois cités :
Loting , 0 Tunggang ,
Sining.
LOTOA , AarJa. , ifle de la mer Ionienne , entre Cé-
phalonie & Zante. C'eft la Letoia de la Pline. * Pio-
lom. 1. 3 , c. 14.
LOTOPHAGES , peuple d'Afrique , auprès du golfe
de la Sidre. Hérodote , /. 4 , c. 178 , dit : les N4achy.es
font le long de la mer , au voifinage des Lotophages , &
fe nourriffent de Lotos , comme eux. CssLotophages
font fans doute les A»Top«V»' A/Éu« ^onr parle Scylax
dans fon Périple; & leur pays étoit la côte des Lotopha-
ges, qui, au rapport de Pline , L 5 , c. 4 , étoient nom-
' mes Alackroës Cette côte étoit au fond du golfe , pro-
che de l'autel des Silènes. In intimofinufuit ora Lotopka-
gon quos quidam Vlaehroas dixere ad Phdtznorum aras.
LOTOPHAGITES INSULA , rifle Lotophagite , ou
des Lotophages. Ptolomée , /. 3 , c. 4, place cette ifle fur
la côte d'Afrique , dans le même golfe , & dit qu'il y avoit
deux villes , favoir , GERRA & MENINK. On croit que
c'eft préfentementl'ille deZerbi,que nous appelions rifle
de Gerbes. Voyez GERBES & MENINGE.
LOTUNG , ville de la Chine , dans la province de
Queicheu , au département de Tucho , huitième métro-
pole de la province. Elle eft de 10 d. 10' plus occidentale
que Pékin , fous les 26 d. 5 ' de latitude. * Atlas Sinenfis.
LOVANDO. Voyez Loango.
LOVANGIRI , ou Loangiri , contrée d'Afrique ,
dans la bafle Ethiopie , au royaume de Loango. Elle eft
au bord de la mer , entre la province de Cilongo , & le
royaume de Cacongo , entre les rivières de Quita & de
Loango-Louife. Du côté des terres , elle eft bornée par
la province de Loango-Mongo , ou Lovango-
MONGO. Ce pays eft arrofé de petites rivières , qui le
rendent très-fertile & très-peuplé. Les habitans fe nour-
riffent de poiffon , & s'occupent à faire des draps & des
toiles ; &: ce travail n'empêche pas qu'ils ne foient plus
propres à la guerre que leurs voifins. * De la Croix , Rela-
tion de l'Afrique, t. 3.
LOVANGO - MONGO , ou Loango -Mongo ,
contrée d'Afrique ,-dans la baffe Ethiopie. Elle eft conti-
guë à la province de Lovangiri , & a à peu près les mê-
mes bornes au nord &c au midi. On ignore celles de l'O-
rient. Elle eft grande , pleine de coteaux & de palmiers ,
qui y produifent de l'huile en abondance. L'occupation
ordinaire des habitans , c'eft de fabriquer des draps Se
des toiles. Depuis que les rois de Lovango , ou Loango,
fe font rendus puiflans par les armes, & qu'ils ont réduit
leurs voifins fous leur puiffance , ils ont fait leur demeure
ordinaire dans cette province. * De la Croix, Relation
de l'Afrique, £.3. »
LOVANGO. ( le royaume de ) Voyez Loango.
LOVANIES. Voyez Montuniates.
LOVANIUM. Voyez Louvain.
ï. LOU ANS, ou Louancey, bourg de France,
dans la Touraine , élection de Loches.
2. LOU ANS , en Bourgogne. Voyez Loiians.
LOVAT , rivière de l'empire Rumen , dans le duché
de la grande Novogorod , au midi oriental , du lac II-
men , qu'elle forme conjointement avec la Salona. A fon
embouchure dans le lac , eft la ville de Staraïa Ruffa. *
Rob. de Vaugondy , Atlas.
LOUBAT , village d'Afîe , dans la Natolie. Spon ,
Voyages , t. 1 , p. 169 , le nomme Loupadi , & dit : le
foir nous arrivâmes à Loupadi , petite ville presque dé-
ferte , fituée de l'autre côté de la rivière , qui fort du, lac ,
& va fe jatter au-deffous dans le Granique. C'eft le lac
&C la rivière d'Ascanius ; mais nos cartes placent ce lieu-
là au bord du lac , quoiqu'il en (bit à trois lieues au-def-
fous ; & ils pofent le lac affez proche de la mer , bien
qu'il en foit éloigné d'une journée de chemin. Il y a plu-
fieurs remarques à faire fur ce peu de lignes. 1. Loubat
& Loupadi eft fltué fur une rivière qui fe jette dans là
mer , & qui n'a rien de commun avec le Granique. Ni
la rivière ni le lac n'ont rien de commun avec le lac As-
C ANIUS, comme on le fera voir dans la fuite. Pourfuivons.
Cette ville , continue le voyageur cité , eft affurément
ancienne , comme on le reconnoît à ks marbres & à fes
colonnes , mis confufément dans la fabrique des murail-
les , qui fonfun ouvrage des empereurs Grecs , avec des
tours rondes & pentagones de vingt en vingt pas. Nicé-
tas Chômâtes , qui a écrit dans le treizième fiécle , appelle
cette ville Lopadium. Ferrari dit qu'elle s'appellôit an-
ciennement ApOLLONIA ; mais ce qu'il ajoure eft évi-
demment faux , quand il dit qu'elle eft près du mont
Olympe , dont nous étions éloignés d'une journée. Spon
pouvoitbien dire, fans rien risquer, queLoupadined point
Apollonia. Il eft affez bien relevé par Paul Lucas , dans
fon troifiéme voyage , l. i,t. i3Jd. 129, qui parle ainfi,
premièrement du lac , &c enfuite du village de Loupa où
Loupadi. Après fept heures de marche, nous pifïàmes ,
dit-il , près d'un lac , que Strabon appelle Apolloniate ,
parce qu'il étoit près de la ville d'Apollonie. Le fleuve
Rhyndacus qui eft auprès , &f que nous paffâmes fur un
méchant pont de bois , en eft une preuve certaine. On
fait que ce fleuve , qui fépare la Bithynie de la Myfie , va
fe jetter dans la Propontide , auprès de Cyzique. Après
avoir traverfé le village de Loupa ou Loupadi , qui eft
habité par des Turcs & par des Chrétiens , nous arrivâ-
mes à Minalaiche , qui eft un gros cafabas , à une lieue
de Loupadi , où l'on voit encore beaucoup de ruines qui
font croire que ces deux lieux voifins formoient autrefois
une ville considérable ; & je ne doute point que ce ne
fût celle d'Apollonie. Ferrari confirme mon fentiment ,
( c'eft toujours Paul Lucas qui tâche de foutenir fa con-
jecture, ) en difant que Loupadi , que Nicétas , qui écri-
voit dans le treizième fiécle , appelle Lopadion , s'appel-
lôit anciennement Apollonie. Ainfi Spon pourroit bien
s'être trompé , en confondant ce lac avec celui d'Asca-
nius, & leRhindacus avec la rivière d'Ascanius, puisqu'on
trouve le lac dont je parle , avant que de paffer le Rhin-
dacus. Il refte encore dans Loupadi des débris d'un vieux
château , dont les murailles flanquées de groffes tours ron-
des & pentagones, paroiffoient avoir été très-bien bâties ,
auffi-bien que celle d'un temple , dont on voit les ruines.
Paul Lucas reprend fort bien Spon ; mais il eft lui-même
dans l'erreur , lorfqu'il dit que Loupadi pourroit bien être
Apollonie. Il confond des chofes très-différentes. Il y avoit
dans le lac même une ville nommée Apollonie , fur une
ifle où eft aujourd'hui le village d'Abouillona , qui en
conferve le nom. Elle donnoit au lac le nom d'Apollo-
niates ouApolloniatide ; la rivière , qui fort de ce lac , eft
le Rhindacus des anciens. Dans le moyen âge les empe-
reurs de Conftantinople ayant bâti une ville hors du lac,
& au couchant de la rivière , ils la nommèrent Lspadion ;
& le lac & la rivière en prirent le nom. Voyez Ab ou 1L-
lona , Apollonie 8 , & Lopadium.
LOUBENS , baronnie de France, dans le haut Lan-
guedoc, au comté de Carmang. Elle appartient à la mai-
ion de Verdale , qui a donné un grand-maître à Malthe.
LOUBERT , terre de France , dans l'Angoumois , avec
titre de baronnie. Elle a quantité de mouvances , dont une
des plus confidérables eft Manot , où eft un château de
M, le marquis de Fénelon , à qui cette terre appartient.
LOU
LOU
);LOUBRISSAC, bourg de France, au Querci, dans
l'élection de Figeac.
^ LOUDEAC , lieu de France , en Bretagne , au dio-
cèfe de S. Brieux. On y fait un grand commerce de fil ,
& il y a des forges de fer.
i. LOUDUN , ville de France , en Poitou , en latin ,
Caftrum Laufdunenfe , Lofdunum , Laucfdunum & Lau-
dunum. Macrin & les frères Sainte-Marthe font les pre-
miers qui , par une licence poétique , ont donné à cette
ville le noiin de Juliodunum , que Chevreau Êr quelques
autres ont tâché de lui conferver. Il y a dans cette ville
un bailliage & fiége royal , qui a fa coutume particulière ,
& eft du reffort du préfidial de Tours , de même que l'é-
leftion eft de la généralité de la même ville. On trouve
à Loudun beaucoup d'éc'.éfiaftiques & de moines ; le cha-
pitre de fainte Croix , les paroiffes de S. Pierre du Mar-
tray & de S. Pierre du Marché , des Carmes , des Cor-
deliers & des Capucins. Le couvent des Carmes eft grand,
& affez beau. Il y a auffi un couvent d'Urfulines,'un de
filles de la Vifitation de fainte Marie , un de religieufes
du Calvaire , une communauté de filles de S. Thomas
de Villeneuve , qui gouvernent les pauvres de l'Hôtel-
Dieu ; une maifon de filles de l'Union Chrétienne, une
fociété de Dames de la Miféricorde , établies depuis quel-
ques années, pour vifiter les pauvres £>c les fouiagerdans
leurs miferes ; & une fociété d'éccléfiaftiques , qui accor-
'dent les différends , & terminent les procès , fans les porter
en juftice réglée. Cet établiffement s'eft fait en 1700.
* Piganiol de la Foret , Defcr. de la France , t. 5 , p. 104.
Loudun étoit , avant l'an 1000 , la principale place
du Loudunois , qui étoit anciennement fous l'ebéiffance
des comtes d'Anjou , comme on le voit par plufieurs ti-
tres ; ce pays , avec le Mirebalais , ayant été donné en
fief par Guillaume, comte de Poitiers , duc d'Aquitaine ,
fils du duc Tête-d'Etoupes , à Geoffroi Grife-Gonelle ,
comte d'Anjou : ce qui fut confirmé par le fils du même
Guillaume , qui accorda de nouveau ce pays en fief à Foul-
ques Nere , fils & fucceffeur de Grife-Gonelle. C'eft ce
qu'Aimar, moine d'Aneouléme, nous apprend en fa Chro-
que , où il dit que.ee comte Guillaume avoit donné à
Foulques, comte d'Anjou , le château de Loudun , & quel-
ques autres places en Poitou , avec la ville de Saintes, en
fief. Caflrum Lofdunum cum aliis nonnullis in Piclavo-
rum Solo- Sanlonas quoque urbem cum quibufdam cap-
tellis conetfferat & pro beneficio. Les fucceffeurs de Foul-
ques Nere tinrent les mêmes terres de Poitou à foi &
hommage des ducs de Guienne , jufqu'au tems où les com-
tes d'Anjou , qui étoient devenus ducs de Normandie &
rois d'Angleterre , devinrent auffi ducs de Guienne , &
comtes de Poitiers, par le mariage d'Aliénor avec Hen-
ri II, roi d'Angleterre. Loudun étoit des dépendances de
l'Anjou , fous le régne de Louis VIII ; de forte qu'il fut
poffédé par Charles , frère de S. Louis ; & lorfque , l'an
1366 , Charles V , roi de France , régla le partage de fon
frère Louis, duc d'Anjou, la châtellenie de Loudun lui
fut cédée , & fes héritiers en ont joui jusqu'après la mort
du roi René, que Loudun fut réuni à la couronne avec
l'Anjou , par Louis XI. Depuis ce tems , quoique Loudun
ait été quelquefois engagé , il a toujours fait partie du
domaine. Henri III , roi de France , érigea le Loudunois
en duché , en faveur de Françoife de Rohan , dame de
la Garnache , après la mort de laquelle le duché fut éteint.
DuValn'a pas pu dire dans fa Defcription de la France, que
Loudun avoit le titre de duché. L'on remarque dans des
titres de Fontevrault , que , l'an 1 1 17 , il y avoit un Gil-
bert de Loudun , & plufieurs autres de ce nom ; ce qui
ne doit pas faire croire qu'ils tuffent feigneurs de Loudun :
ils en étoient feulement les vaffaux, & obligés d'en gar-
der le château en tems de guerre ; c'eft pourquoi ils étoient
auffi nommés chevaliers de Loudun. Loudun a été la pa-
trie de plufieurs perfonnes diftinguées par leur efprit Se
leur favoir ; Scévole & Abel de Sainte-Marthe, frères ju-
meaux, nés à Loudun le 20 Décembre 1^71. On a d'eux
l'Hiftoire généalogique de la maifon de France , le livre
intitulé : Gallia Chrifliana , & plufieurs autres ouvrages.
Ils moururent à Patis; Scevole , le7 Septembrei6s;o ; &
Louis , le 29 Avril 1656. Urbain Grandier , curé & cha-
noine de Loudun , homme de lettres, plus connu encore
par le malheur qu'il eut d'être brûlé vif, par fentence du
18 d'Aoûtt634, étant accusé du crime de magie, de malé-
fice , &pcjJe(Jîon arrivée par fon fait , es perfonnes d'au-
909
cunts religieufes Urfulir.es de Loudun, & autres ficu-
lieres. Cette cruelle exécution paiia pour un effet de ref-
fentiment d'un miniftre que Grandier n 'avoit pas affez
ménagé ; & l'on douta que le crime fut bien réel, & bien
prouvé. Théophrafte Renaudot, médecin de Paris, &
premier auteur de la Gazette , père du fameux Enfebe
Renaudot , l'un des plus doftes abbés de notre fiécle.
Ifmaël Bouiilaud , né de parens Proteftans , l'an 1605 î
fon éloge fe trouve dans le dictionnaire de Moreri , ik
entre les hommes illuftres de Perrault. Urbain Chevreau,
né à Loudun le 11 Mai 161 3 , & mort au même lieu, lé
1 s; Février 1701. On a de lui fes Œuvres mêlées , les Cht-
yraana; fes Poèfiës; & l'Hiftoire du Monde* Longueme,
Defcr. de la France , I part.
2. LOUDUN , petite ville de France , au bas Langue-
doc , fur la rivière de Tave , à deux lieues de fon embou-
chure dans le B.hône. * Baudrand , édit. 17CK.
3. LOUDUN. Voyez Loo,bux.
LOUDUNOIS. (le) Voyez Loudun.
LOUE , bourg de France, dans le Maine , entre Ar-
gentré & le Mans.
LOUELLLE , bourg de France, dans l'Anjou, élec-
tion de la Flèche.
LOVENTINUM , ou Luentinum , ville de l'ifle Al-
bion , félon Ptolomée , a érimr. C'étoit une des deux
villes des Démètes , félon le même , qui la met près de
l'embouchure de la rivière Tuérobus. On croit qu'elle a
été abîmée par un tremblement de terre , & qu'elle étoit
dans l'endroit du pays de Galles , où eft préfentement le
lac-, Lin-Savatan , auprès de la rivière de Lleveny, qui
fort préfentement de ce lac, enBïecknockshlteSCjmbden,
Britan.
LOVENTIO , montagne de la Ligurie , près de Gè-
felon
que 1 on y conferve , au 1
pott d'Ortelius, Tlufaurus.
LOUERVE , bourg de France, en Anjou , éleftion
de Saumur.
LOUGAN , ville de la Chine , dans la province de
Suchuen. Elle en eft la feptiéme métropole. Le P. Mar-
tini lui donne 12 d. io' latitude , & 32 d. 45' de longi-
tude. On compte trois villes dans cette métropole.
Lougan, Kyangien, Xéciven.
LOUGH-BRÈAGH, baronnie d'Irlande, dans la pro-
vince de Connaught. C'eft une des dix-fept qui com-
pofent le comté de Gallway. * Etat prifent de l'Ir-
lande.
LOUGBOROUGH, bourg d'Angleterre, en Leices-
tershire, à trois lieues de la ville de Leicefter, du côté
du nord. On doute fi c'eft-là qu'il faut mettre Laclodu-
rum des anciens, ou à Ster.ijlraford, dans le comté de
Buckingham. * Baudr. édit. 170*.
LOUGHLIN, ville d'Irlande, dans la province de
Leinfter. Voyez Laghlin.
LOUGNÉ, boergue France, en Anjou, éleftion de
Château-Goniier.
LOUGNON, rivière de France, dans la Franche-
Comté. Elle afafourceau montdeVauge, fur les fron-
tières de la Lorraine; &, coulant au fud-oueft, elle paife
vers Lure &C du côté de Befançon ; puis fe rend dans la
Sône , près de Pontaillé , entre Gray & Auxonne.
* Baudrand , édit. 1705.
LOUHANS. Voyez Loans.
LOVIA; quelques-uns lifent ainfi dans Antonin, au
lieu de Jovia , lieu de Pannonie.
LOUIS, (saint) ifie & fort , fur la côte occiden-
tale d'Afrique , à l'embouchure de la rivière du Sénégal ,
& au fud de Portendic. C'eft le fécond établiffement des
François fur cette côte. La fituation du fort eft très-
avantageufe. Il n'avoit d'abord pour défenfe qu'une pa-
liffade avec un mur de boue (a) , & trois batteries de
canon ; mais à ces murs on en a fait fuccéder de plus
folides avec plufieurs ouvrages avancés. L'artillerie eft
d'environ trente pièces , & la garnifon convenable à
l'importance de la place. (a) Relation deBarbot.*Labat,
Afrique occidentale, vol. 2.
LOUIS. Voyez Fort-Louis, Mont-Louis, Port-
Louis, Sar-Louis.
LOUISIANE. Voyez LOUYSIANE.
LOU LE, petite ville de Portugal, dans la province-
d'Algarve , au nord-oueft de Faro ,. fur la côte mériî
-'9 î 3
LOU
lOU
dionale. Elle n'a rien de fort remarquable ; que le titre
de comté, qu'elle porte. * Délices de Portugal, p. 811.
LOUNI, ville d'Afie, dans l'Indouftan,prèsdeDehli.
* Hi.fi. de Timur-Bec, 1. 4 , c. 17..
LOVOLOTRENSE - CASTRUM. S. Grégoire de
Tours, Hijl. Franc. 1. 3 , c. 13 , dit : Lovolautrum au-
tem caflrum hoftes expugnant, Proculumquepnsbyterum,
qui quondam J'anclo Quintiano injuriant intulerat adal-
tarium ecclefia miferabiliter interjïciunt. Il dit ailleurs :
tune & Proculus illt presbyter inruptis Lovolautrenjîs
caflri mûris , ab ingredienlibus hojlibus ante ipfum eccle-
fia altare gladiorum icl'tbus in frujla discerptus ejl. C'eft
une répétition de la même hiftoire dans le premier pas-
fage ; au lieu de Lovolautrum , un manuscrit porte No-
volotrum, dont la fituation eft incertaine, au fentiment
de D. Thierri Ruinart , éditeur de Grégoire de Tours.
De Valois , Notit. G ail. croit que c'eft le lieu nommé
VoLORRE, auprès de Thiern , bourg d'Auvergne. Gré-
goire de Tours parle de ce château comme d'une place
qui avoit été imprenable jusques-là , & que Dieu fem-
bla n'avoir livrée aux ennemis que pour le châtiment du
prêtre Proculus , qui s'y étoit réfugié.
LOUP, (le) petite rivière de France, en Provence.
LOUPADI, rivière d'Afie, dans la Natolie, où elle
a fa fource au mont Olympe. Elle traverfe, de l'orient
à l'occident, le lac de Loupadie : en fortant de ce lac,
elle mouille la ville de même nom ; 6c, prenant fon
cours vers le nord, en ferpentant, elle fe joint à la r>
viere de l'Artachi , rk va fe perdre dans la mer de Mar-
mora, près de Palonne. C'eft le Rhyndacus des an-
ciens.
LOUPE , (la) bourg de France , dans la Beaace ,
diocèfe 6c élection de Chartres.
LOUPELANDE , bourg de France , dans le Maine.
LOUPIAC , bourg de France, en Guienne, dans
l'Armagnac, à la fource de la Gélife.
LOUPIAN , bourgade de France , au bas Languedoc*
au diocèfe d'Agde , fur l'étang de Thau. Les auteurs
de la France en font une ville. * Robert de Vaugondy,
Atlas.
LOURDE , ville de France , en Gascogne , fur le
gave de Pau , dans le Lavedan , dont elle eft la ville
unique & le chef- lieu, à quatre lieues deBàgnieres. Le
château eft fur un rocher. On en attribue la ftruéture
aux Romains , auffi-bien que celle d'une partie des murs
de la ville. Sa fituation eft affez importante, puisqu'elle
ferme l'entrée de la vallée du côté de la Gascogne. Elle
a eu autrefois fes feigneurs particuliers ; &c ayant été
enfuite poffédée par les comtes de Bigorre , elle vint
avec ce comté aux maifons de Foix & d'Albert. *Pi-
faniol de la Force, Descr. de la France, t. 4, p. 585.
.onguerue , Descr. de la France , />. 2.05.
Scaliger avoit cru que Lourde étoit l'ancienne La-
pur dum ; mais ne fait, à ne pas entourer, que c'eft
Bayonne.
LOURE. Vovez LuRE.
1. LOUROUX, (le) bourg de France', en Toù-
raine, élection de Loches.
2. LOUROUX, (le) bourg de France * dans l'An-
jou, élection d'Angers. Voyez LoROUX.
LOUROUX DE BOUBLES, village de France,
dans le Bourbonnois , élection de Gannat. Son furnom
vient de la petite rivière de Boubles , fur laquelle il eft
fitué. Il y a beaucoup de bois de haute-futaie , qui ap-
partiennent au roi ; ce bois fert à une verrerie où l'on
ne fait que du verre commun.
LOUS. Voyez jEas 2.
1. LOUTH , petite ville d'Irlande, dans la province
de Leinfter, dans le comté auquel elle donne ion nom.
Elle eft fituée à fept milles au fud-oueft de Dundalk ,
& à fix milles au nord d'Atherdée. Elle a droit de te-
nir marché public , &c donne le titre de baron à la fa-
mille Catholique de Plunket. * Etat préfent de V Irlande,
p. 66.
2. LOUTH, canton d'Irlande, avec titre de comté,
dans la province de Leinfter. Il étoit anciennement ap-
pelle Lova & Luda , en irlandois Iriel. Il a le canal
de S. George à l'eft ; Monaghan à l'oueft ; Armagh &
la baie de Carlingford, qui le fépare de Down, au nord;
& Eaftméath dont la Boyne le fépare , au fud-eft. Il n'a
que vingt-cinq milles de long , £c treize de large. C'eft
un pays rempli de pâturages, & affez fettile. On le divife
en quatre baronnies qui font:
Dundalk,
Louth ,
Atherdée ;
Ferrand.
Il y a dans cette petite étendue cinq villes , favoir :
Carlingford, Louth,
Dundalk, Atherdée,
& Droghéda ou Trédach.
3. LOUTH, bourg d'Angleterre, dans la province
de Lincoln. On y tient marché public , félon 1' 'Etat pré-
fent de la Gr. Bretagne , t. I .
LOUVAIN, vilie des Pays-bas, dans le Brabant,où
elle eft la capitale d'un duché, dont nous parlerons dans
la fuite ; 6c elle eft encore la première à î'affemblée des
états de Brabant. Louvain eft fituée fur la Dyle , à qua-
tre lieues de Bruxelles 6c de Malines , & à trois de Til-
lemont. Son ancien nom latin eft Lovonum ou Lovo-
nium , changé depuis en Lovanium , &c en flamand L(E-
VEN. Il n'en eft fait aucune mention avant le régne des
petits-fils de Louis le Débonnaire. L'auteur des Annales
de Metz marque un lieu nommé LovON , dans le
royaume de Lothaire , à l'année 886: Locum Lovon
in regno Lotharii. Les Annales de Fulde difent que les
Normands fe fortifièrent dans ce lieu là, l'an 891 : Nor-
mani prope jluvium Dila , loco qui dicitur Lovonnium',
Il y avoit un château nommé Loven , où s'arrêta la
courfe de ces Normands. Ils avoient ravagé la plus
grande partie du pays , & vinrent camper fur la Dyle,
dans la plaine de Louvain. Ils fe retranchèrent auprès
du château , &c bâtirent des cabanes pour mettre leur
butin à couvert. Jufte-Lipfe croit que ce fut-là le com-
mencement de la ville de Louvain. Ce ne fut d'abord
qu'un château, auquel fe joignit un bourg que le duc
Godefroi fit entourer de murailles, en 1 1 51, félon l'abbé
de Longuerue, ou, en 1165, félon l'auteur du Grand
Théâtre profane de Brabant. Cette ville s'aggrandit 6c
fe rendit célèbre par le commerce & les manufactures.
Le nombre des habitans, qui venoient de tous côtes pour
s'y établir , obligea d'en étendre considérablement l'en-
ceinte, l'an 1356; 6c cet ouvrage fut achevé fous Veu-
ceflas, duc de Luxembourg, 6c fous la ducheffe Jeanne,
fa femme. Ce commerce cefla^l'an 1381. Les tifferands
6c autres gens de métier fe révoltèrent contre Venceflas,
duc de Brabant , & jetterent cruellement par les fenêtres
de l'hôtel de ville dix-fept , tant échevins que confeil-
lers. Ils prirent enfuite les armes contre leur prince , &C
défolerent le Brabant ; étant enfin affiégés , ils implo-
rèrent fa clémence ,, & obtinrent leur pardon à l'ins-
tance d'Arnould de Horne, quarante-neuvième évêque
de Liège. Les plus coupables furent néanmoins punis; &
les tifferands, auteurs de cette révolte, exilés. Ils fe reti*
rerent, pour la plupart, en Angleterre, où ils furent reçus
à bras ouverts. Jean IV, duc de Brabant , pour rétablir
cette ville, presque dépeuplée & fans commerce, y fonda^
l'an 1426, du confèntement du pape Martin V, l'univer-
fité , qui y eft devenue depuis fi célèbre. Louvain eft
maintenant du diocèfe de Malines pour le fpirituel; mais
avant l'érection de cet archevêché , la moitié de Lou-
vain étoit fous l'évêché de Liège , & l'autre fous celui
de Cambray. Il y a huit portes, la vieille, & la nouvelle
porte de Bruxelles ; cette dernière étoit autrefois nom-
mée la porte de Vilvorde; celle de Malines, celle d'Ars-
chot, autrement dite la porte de l'eau; celle de Dieft,
celle de Tirlemont ; celle du Parc ck celle de Heverlé.
Les bâtimens publics font magnifiques. La maifon de
ville eft d'une architecture fort chargée d'ornemens. La
première pierre fut mife en 1440, & le bâtiment ne fut
achevé que dix ans après. On Fa fort embellie en-dedans,
depuis 1710.
Les églifes font fort belles. La principale eft la collé-
giale de S. Pierre , qui eft une des plus magnifiques du
pays. Un gros vent en emporta la tour , en 1606 ; c'é-
toit un chef- d'oeuvre ; elle avoit 533 pieds de haut ,
6c étoit accompagnée de deux belles tours latérales , qui
en avoient chacune 430. Lambert, duc de Brabant, qui
fit bâtir l'églife, vers l'an 1045, y fonda dix-huit prében-
des, qui ont pour dignités un prévôt, un doyen, 6c un
LOU
LOU
chantre. Ces canonicats font annexés à des profeffeurs,
tant en théologie qu'en droit. Il y a dix autres canoni-
cats , d'une féconde fondation , en faveur des profeffeurs
en d'autres fciences. Au milieu du chœur eft le tombeau
de Henri IV, duc de Brabant,quiy fut enterré l'an 133 y.
Dierriere le chœur , eft une chapelle où repofe le corps
de la bienheureufe Marguerite de Louvain , affaffinée ,
Fan 1215 , par des fcélerats qui la voulaient violer.
Les autres églifes font S. Michel, bâtie l'an 116^;
S. Jacques , qui eft une collégiale , avec un doyen Si
onze chanoines. Ils s'y établirent, l'an 1454 , ayant été
premièrement fondés , l'an 1036, au village d'Incourt,
dans le Brabant. Sainte Gertrude , abbaye ducale de
chanoines réguliers de S. Auguftin, fondée en 1206, par
Henri I , duc de Brabant; avant l'an 1449, ce n'étoit
qu'une prévôté. Les religieux , avant que d'y entrer ,
doivent prouver huit quartiers de nobleffe ; Si enfin
S. Quentin.
L'églife des Jéfuites eft très-belle ; c'eft une architec^
ture moderne. La bénédi&ion s'en fit le 24 Février
16(16. La chaire de prédicateur eft d'une ftrufture fin-
fjliere , Si d'une fculpture admirable. L'établiffement
e ces pères eft de l'an 1542. Il y a auffi à Louvain
des Dominicains fondés en 122S , des Récollets établis
en 123 1 ; des Carmes mitigés, en 1617 ; des chartreux,
en 1489 : ces pères ont un beau cloître , où il y a des
vitres peintes d'une grande beauté. Les Auguftins y font
depuis l'an 1280. Outre ces couvens , il y a le prieuré
de S. Martin ; ce font des chanoines réguliers , fondés
en 1433 des Capucins ; deux couvens de Carmes dé-
chauffés , des Minimes , des PP. de l'Oratoire , des Ré-
collets, des Dominicains Anglois, Si des Alexiens.
Les monafteres des religieufes font ; l'abbaye de la
Vignette, ordre de Cîteaux; les Dames-Blanches, de
l'ordre de S. Auguftin ; les religieufes dites fur la Half-
Straete , Si les Dames Angloifes du même ordre ; les
Annonciades, les Clarifies, les Dominicaines, les Car-
mélites chauffées , Si les Carmélites déchaufïées , les Pé-
nitentes , les Sœurs Noires , les Hospitalières , les Urfu-
lines, deux Béguinages, outre un grand nombre de cha-
pelles.
L'univerfité de Louvain a toujours été féconde en hom-
mes de mérite. Elle a compté un pape , plufieurs cardi-
naux , archevêques , Si évêques , entre (es doâeurs ou
disciples. Le pape Sixte IV lui accorda, l'an 1483, le
privilège de nomination fur les collations des prélats,
chapitres , Si autres perfonnes eccléfiaftiques , dont les
bénéfices font fitués aux Pays-bas. En vertu de ce droit,
les profeffeurs Si les étudians de Louvain obtiennent les
prébendes Si les cures du pays. Le même privilège fut
accordé, l'an 1^13,3 !a faculté des arts, en particulier, par
le pape Léon X, qui l'étendit encore fur les prébendes Se
autres bénéfices du pays de Liège. Les papes Adrien VI,
Clément VII > Grégoire XIII , & Paul V * ont con-
firmé, dans la fuite , toutes ces prérogatives; Se les prin-
ces du pays les ont toujours maintenues.
Le première leçon fe donna dans l'univerfité nais-
fante, le 1er Septembre 1626 ; cinq ans après, le pape Eu-
gène IV permit d'y enfeigner la théologie , qui n'étoit
pas comprime dans la première inftitution.
Il y a plus de quarante collèges , dont la lifte feroit
inutile ; nous parlerons feulement des plus confidérables.
Il y en a quatre où l'on enfeigne la philofophie , qui font
le Lis , le Château , le Faucon , & le Porc. Tous quatre
font fondés dès la création de l'univerfité , Se retien-
nent encore les noms des enfeignes des maifons où ils
furent établis. C'eft hors de ces quatre collèges , qu'on
déclare annuellement le premier de la promotion, c'eft*
à-dire l'écolier qui a furpaffé les autres en diligence ,
en favoir, & en bonnes études. Cette cérémonie fe fait
le dimanche après la S. Martin. La théologie , le droit ,
la médecine & les mathématiques s'enfeisjhent aux hal-
les , qui furent bâties en 1 3 17 , pour l'ufage des drapiers.
On les a magnifiquemenr rebâties en 1685 , pour y en-
feigner ces fciences. L'hébreu , le grec , J'hiftoire Si
la langue françoife s'enléignent au collège des Trois-
Langues, fondé en 1517, par Jérôme Buyfieyden , pré-
vôt d'Aire, Si confeiller de l'empereur Charles V. La
dignité de refteur eft donnée pour trois mois de fuite,
après lesquels on le continue ordinairement pour trois
autres mois. On le choifit fucceflivement du corps des
911
cinq facultés ; la théologie , le droit canon , le droit ci-
vil, la médecine j Si les arts; Son tribunal a la jurisdic-
tion fur tous ceux qui dépendent de l'univerfité. Outre
fon refteur, l'univerfité a un confervateur des privilèges,
dignité; éleftive Si un chancelier, dignité annexée à
celle de prévôt de l'églife de S. Pierre.
Le commerce, qu'on fait à préfent à Louvain, n'en:
pas confidérable : fon principal débit confifte dans la
bière , qui eft fort bonne , Si que l'on transporte , en
quantité , d'autres villes. Louvain étoit autrefois la plus
grande , la plus riche Si la plus marchande de tout le
pays. Son principal commerce confiftoit en draps Se
en laines , Si étoit fi floriffant , qu'on y a vu, au com-
mencement du quatorzième fiécle , fous Jean III , plus
de quatre mille maifons de drapiers, Si plus de cent cin-
quante mille ouvriers. On voit encore dans fes Annales,
que lorsque cette foule de tifferands revenoit de l'ouvrage,
il falloit fonner la grande cloche , afin que les mères re-
tiraffent les enfans des rues , de peur qu'ils ne fuffent
écrafés.
C'eft pour cette raifon que le magiftrat y eft plus
nombreux que dans les autres villes ; car outre deux
bourg-meftres , fept échevins , deux pensionnaires , fix
fecretairés ,' Si quatre receveurs , il y a encore vingt-un
confeillers du large confeil, dont onze font pris de la
nobleffe , Si les dix autres font les doyens des métiers.
Ces dix choififfent le premier bourg-meftre ; les autres
onze choififfent celui des bourgeois , Si le fouverain
nomme les échevins. Il y a fix familles patriciennes ,
dont fe prend le magiftrat, favoir, Uytenlimmingen,
Van-den-Calftre , Van-Redinghen , Van-den-Steenen ,
Verufalem , Gillis , Si Van-Rode.
Le Château eft fitué hors de la vielle ville de Lou-
vain , fur une colline , proche la Dyle. Qjelques écri-
vains , chez qui les conjectures paffent pour des démons-
trations , ont prétendu que c'eft un ouvrage de Jules Cé-
far. Jufte-Lipfe fe moque de cette conjecture, Si fait
voir , que bien loin que l'architeclure de ce châ-
teau foit du tems de Jules Céfar , on y reconnoît une
maçonnerie barbare , fans aucune trace du goût Ro-
main. D'autres , comme Grammaye foupçonnent que
c'eft un château bâti par Arnulphe , qui l'éleva pour ar-
rêter les Normands, Si qui, dans la fuite, les en chaffa.
Ce château a été iong-tems la réfidence des ducs de
Brabant , ou de Louvain , dont nous parlons à l'article de
Lorraine. On prouve par des ordonnances datées de
1040 Si 1080, que les comtes de Louvain y faifoient
leur réfidence. Ce château fut réparé par le comte
Heni I , qui y fiit affaiîiné en 1038. Ce château fut re-
bâti en 1375 , par un décret, Si aux dépens du magis-
trat. Sous les premiers ducs , la nobleffe de Brabant y
tint fou vent fes affemblées. Thierri, comte de Hollande,
Si Renaud , comte de Fauquemont , eurent ce château
pour prifon. L'empereur Charles V étant enfant, y fut
élevé avec ks fœurs ; Si fon père Phrippe y fit quelque
tems fa réfidence. Edouard , roi d'Angleterre , ayant
paffé la mer, pour faire la guerre à Philippe, roi de
France , y paffa un hy ver avec la reine , fa femme ; Si
Philippe , comte de S. Pol, y mourut. Ce château tombe
préfentement en ruine.
La ville eft grande , mal fortifiée , Si n'eft pas peuplée
à proportion de fon enceinte. Cependant elle fe glorifie
de n'avoir jamais été prifepar les armes. Martin Roffem ,
général des Gueldrois, l'attaqua inutilement en 1542; Si
Guillaume, prince d'Orange, fut réduit, en 1572, d'en
lever le fiége : Louvain dut fon lalut à la vigoureuié ré-
fiftance des bourgeois fécondés des étudians. On y cé-
lèbre, tous les ans, le premier dimanche de Juillet, une
fête en mémoire de la délivrance de la ville; lorsqu'en
163'), les Hollandois Si les François y mirent le fiége
qu'ils furent obligés de levet peu de tems après , à caufe
de la famine qui étoit dans leur armée. Enfin, le 5 d'Août
1710, les François conduits par le partifan Dumoulin ,
entrèrent dans la ville par furprife ; mais ils furent re-
pouffés par les bourgeois, Si obligés de fe retirer en
contùfion. Cette bravoure des habitans leur valut une
clef d'or, que leur envoya l'archiduc, depuis empe-eur
& déjà maître alors des Pays-bas , que fes alliés lui
avoient conquis. Ce prix de leur fidélité eft confervé à
la maifon de ville, comme un monument de la bien-
veillance du fouverain. Lambert , comte de Mons , qui
LOU
Si*
avoit époufé Gerberghe , fille de Charles le Gros , duc
de la haute & baffe Lorraine , c'eft-à-dire duc de Lor-
raine & de Brabant , rut premier comte de Louvain.
Il étoit fils de Reginerus ou Reinier , comte de Mons,
& vivoit fur la fin du dixième fiécle. Ses fucceffeurs fu-
rent comtes de Louvain , & enfuite ducs de la balle
Lorraine , de Lot hier , ou de Brabant, L'ancien Brabant
n'avoit pas la même étendue que le duché de ce nom
a aujourd'hui, parce que, dans l'origine , le Brabant n'é-
toit que le comté de Louvain ; car tout ce qui eft au nord
jusqu'à la baffe Meufe étoit du comté de Taxandrie, ou
Toxandrie, qui eft toujours diftingué de celui de Bra-
bant dans les anciens aftes ; &c au contraire , on voit
que le pays , qui eft au midi de Louvain jusqu'à Cam-
brai , a quelquefois été compris dans le Brabant.
Cet article eft recueilli de divers Mémoires, & prin-
cipalement de la Description de la France ancienne &
moderne de l'abbé de Longuerue, du Grand Théâtre pro-
ane de Brabant , & des Délices des Pays-bas,
Le quartier de Louvain eft borné , au nord , par celui
d'Anvers, &t par la Campine Liégeoife; à l'orient , par
l'évêché de Liège; au midi, parole comté de Namur;
& au couchant , par le quartier de Bruxelles. Ainfi c'eft
la partie la plus occidentale du Brabant: On le divife
en dix-huit mairies , ou quartiers , dont quelques-unes
font du Brabant Vallon. Ces mairies font:
Héverlé , baronnie auprès de Louvain.
Hérent , fur la route de Louvain , à Malines.
Arschot, ville fur la Demmer.
Lubbeck , au levant de Louvain , à la fource de la Vinge.
Saint Aglitenrode. Del'Ifle dit, le Rouge S. Achten;
il falloit d'ire le Sainte Agathe. Ce lieu eft au con-
fluent de la Lane &c de la Dyle*
Cacchevin.
Sichem ; ville fur la Demmer.
Halen, ville au confluent de la Velpe Scde laGeete.
Tillemont , ou Tirlemont , ville fur la Géete , entre
Louvain &c Saint-Tron.
Leau , ou Leeuve , fur la Géete.
Gheten:
Cumptich, au couchant de Tillemont.
Geft à Gerompont ; De l'ifle écrit Giefl à W'urom-
pont , auprès de Ramilies;
Judoigne , ville fur la Géete.
Orp-le-Grand , fur la Géete. _
Incoutt , au couchant de Dogelbert & de Judoigne.
Jandrain, eu Jandren,'au midi d'Orp-le- Grand.
Hannut, ou Hannuye y ville entre Judoigne &Huy.
Il y a à Louvain un receveur du roi , & un de la
part des états de Brabant , pour la recette de ce quartier-
là. On voit dans le territoire de cette ville plufieurs
monafteres confidérables.
L'abbaye du Parc , ordre de Prémontré , fondée par
Godefroy le Barbu , duc de Brabant , qui , l'an 1119 ,
changea fon parc , où il nourriffoit des bêtes fauves , en
un monaftere qui a pris fon nom de ce parc. L'abbé porte
le titre d' ' archichapelain du duc de Brabant.
L'abbaye de Vlierbeeck fut d'abord prévôté , fondée
parle même Godefroy, vers l'an 1115 , & annexée à
l'abbaye d'AfBigem , jusqu'à ce que , par l'autorité du
pape AlexandreTV, les religieux ont obtenu, l'an 1159,
le privilège de choifir un abbé de leur mailbn. Cette ab-
baye eft de l'ordre de S. Benoît.
Le prieuré de Terbane , religieufes de Cîteaux , fon-
dées par Henri IV , duc de Brabant, en il 16.
L'abbaye de Valdau , religieufes du même ordre , fon-
dée en 1130, par le même.
L'abbaye du Part des Dames, fondée au village de
Wefemaël , peu après la précédente , par le même duc.
Sa fille Marguerite en a été la première abbeffe.
L'abbaye de Florival, fondée en 1200, pour des Bé-
nédictines. Dix-huit ans après , elles prirent la régie de
S. Bernard.
Isa prévôté de Ghempe, religieufes, ordre de Prémon-
tré ; on la nomme auffi l'isle DU DUC , fondée en
JZI9, par Reinier d'Udechem.
LOU
Le prieuré des Célejlins à Héverlé, fondé en '1511^
par une ducheffe de Croy. C'eft l'unique monaftere dé
cet ordre , qui fdit aux Pàys-bas. Dans leur églife font
les tombeaux dès deux maifons de Croy & d'Arschot \
& dans le choeur, leur généalogie imaginée depuis Adam
jusqu'à préfent, avec leurs portraits & leurs armes. Il
y a près de ce cloîtré un beau château appartenant à là
mai fon d'Arschot.
. Le prieuré de Bethléem, fïtuéàù village de Hérent, à
demi-lieue de la ville , eft de chanoines réguliers de
S. Auguftin ,. fondé, l'an 1407, par Godefroi de Curia,
curé d'Ofterhëym.
LOU VAME , bourg de France , en Anjou , diocèfè
& élection d'Angers.
LOU V AT ; De l'ifle , dans fon Atlas , écrit Lovât,
rivière de l'empire Ruffien. Elle a fa fource dans un lac
de la province de Rzeva , aux confins de la Pologne ; &r,
coulant vers le nord-oueft , puis vers le couchant , elle
arrive à Velikiélouki ; fe tourne vers lé nord ; coule quel-
que tems entre la province de Rzevâ , & le duché de la
grande Novogorod , vers l'eft-nord-eft , puis vers le nord-
eft ; elle paffe à Chelm , fe tourne enfin vers le nord , Si
va tomber dans le lac d'Ilmen , au coucliant de Siaraïà-
Rujja , ou de l'ancienne Ruffa,
1. LOUVE, (la) rivière de France, en Franche-
Comté. Elle a fa fource dans le bailliage de Pontarlier ,
d'où elle paffe d'abord au bailliage d'Ornans au couchant,
en ferpentant vers le nord ; tràverfe Villafans & Ornans ;
circule beaucoup dans le baillage de Quingey, qu'elle bai-
gne ; entre dans Celui de Salins , où elle arrofe Rêne ;
remonte auffi-tôt vers le nord, pour couler entre ces deux
derniers bailliages , puis entre celui d'Arbois & celui dé
Dô!e; &, continuant de ferpenter dans celui-ci qu'elle
coupe , elle fe jette dans le Doux, aû-déffous de Dôle.
Elle eft très-rapide Sr. très-pbifforineufe , &, outre Cela,
très-utile pour le flottage du bois. * Jail'lot, Franche-
Comté;.
i. LOUVE, (LA) rivière de France. Elle a fa, fource
au Béarn, au village de Louboux ; &£, courant vers le nord,
elle paffe à Caftelnau, & va fe perdre dans l'Adour, uni
peu au-deffous. * Atlas de De l'ifle.
LOUVENSTEIN. Voyez Lœwenstein.
LOUVERNAY, bourg de France > dans lé Maine ,'
éleftion de Laval.
LOUVESE , (la) village.
LOWICZ , ou LowiEci , du LôWiTZ , Lovicium'%
ou Lovitium , ville de Pologne , au palatinat de Rava* ,
ôc entre Rava1 au rflîdi , & Ploczko au nord , fur le ruis-
feau de Bzurà. C'eft la réfidence des archevêques de
Gnesne , dont lé château fitué au milieu des marais , eft
orné de beaux édifices. Les chanoines & quelques ci-
toyens y ont auffi des maifons. Laroflas j archevêque de!
Gnesnë éleva cette fortereffe , & la bâtit de pierres d©
taille , de même que la ville qu'il fortifia. Il y a de bel-
les cours , de beaux jardins ,- une cathédrale fort riche
en argenterie &c en o'rnèmens , trois églifes paroiffiales ,'
deux monafteres , &c quelques couvens. Il y a , tous les
ans, plufieurs foires fameuiès dans le pays. Les habitans
font, ou marchands, ou artifans , qui imitent l'induftrie de
ceux de Nuremberg. C'eft dans le territoire de cette ville
que l'on prend les Jniegels , c'eft-à-dire oifeaux de neige ,
parce qu'ils ne fé prennent que dans le tems des neiges ,
& durant l'hyveri ils font d'un goût très-excellent , plus
gros que des moineaux , & ne fe prennent ni ne fe voient
que là. L'hôtel-de-ville, &t les autres édifices publics , où
s'adminiftre la juftice , méritent d'être vus. On porte une
baguette devant l'archevêque , quand il marche ; &£ les
trompettes & les tymbalesfe font entendre, quand il fe
met à table; honneur, qui d'ailleurs eft réfervé au roi
feul. Quelques-uns mettent cette ville dans le pa'a inat
de Mazovie ; mais Starovolski la place dans celui de Rava,
où elle eft effectivement. * Andr. Cellar. Descr. Polon.
p. 136.
LOUVIERE, commenderie de Màlthe, dans l'ifle de
France , au doyenné de Magny.
LOUVIERS , ville de France , dans la haute Nor-
mandie , avec titre de comté patrimonial à l'archevê-
que de Rouen , en latin Luparia. Elle eft fituée à quatre
lieues d'Evreux, à deux du Pont-de-l'Arche , & à une
au-deffous de l'embouchure de la rivière d'Iton , dans
l'Eure, à Acquigny , en une plaine fertile en bons grains ,
accom-
LOU
LOU
accompagnée de coteaux couverts de vignes & d'une
forêt fur la montagne. Cette ville , dont les murailles
font détendues de bons foffés , a un gouverneur , trois
portes , trois fauxbourgs , une douzaine de rues bien
pavées , _'&' environ mille feux , & renferme dans fon
enceinte une chapelle du titre de S. Martin, un hôpital
pour les fains & pour les malades , un monaftere d'Ur-
fulines , un de religieufes de S. François , nommées filles
'de S. Louis & defiainte Elifabéth, un couvent de Pé-
nitens , &C la paroiffe de Notre-Dame, deffervie par deux
curés , avec un clergé nombreux. Cette églife, où il y a
une mufique entretenue, & une bonne fonnerie dans la
tour de fon grand portail, eft une allez grande fabrique
avec un corridor, Si un rang de chapelles des deux cô-
tés. La pyramide du clocher , qui eft fur là croifée du
milieu , eft greffe , fort haute & toute couverte de plomb.
Les paroiffes de S. Jean &c de S. Germain, qui font hors
de la ville, donnent le nom à deux de (es fauxbourgs.
Louviers eft du diocèfe d'Evreux , & a une haute jus-
tice qui relevé de la chambre des haut-jours , établie
dans le palais archiépiscopal de Rouen. Il y a un maire ,
deux échevins & autres officiers de ville , &c une com-
menderie de l'ordre de Malthe. Son commerce confifte
principalement en draperies, dont la manufacture eft
Confidérable; & l'on y a établi un magafinàfel. * Corn.
Diét. Mémoires drejjésfiur les lieux.
A un quart de lieue de Louviers , fur le chemin d'E-
vreux , on trouve un fécond couvent de Pénitens , ap-
pelle defiainte Barbe ; &c l'on voit de l'autre côté de
la rivière d'Eure , la garenne de Pinterville , dont les
lapins font fort eflimés.
A une lieue de la même ville eft un couvent de Car-
mes déchaufles, fous le nom deDéfert. Ce monaftere,
iîtué dans la forêt, eft un lieu où les religieux de cet or-
dre vont faire des retraites particulières dans la foli-
tude & dans le filence.
LOUVIGNÉ, prieuré de France, dans le Maine,
au diocèfe du Mans. Il dépend de Mârmoutiers.
LOUVIGNE, bourg de France, en Gascogne dans
les Lanes.
LOU VO , ou Louveau , ville d'Afie , au royaume
de Siam ; Kémpfer écrit Livo, & les Siamois l'appel-
lent NOCCHEBOURY. Cette ville eft dans le royaume
de Siam, ce que Verfailles eft en France. Lès anciens
i rois de Siam y avoient une maifon de plaifance ; mais
il y avoit plus de cent ans qu'elle étoit abandonnée ,
lorsque le prince, qui régnoit en 1686, la fit rebâtir.
Cette ville eft fituée dans une plaine du haut pays, où
les débordemens n'arrivent point. Elle peut avoir une
demi-lieue françoife détour; fon plan eft presque quarré,
& fon enceinte n'eft que de terre revêtue, d'espace en
espace , de quelques battions de brique. Durant les inon-
dations du pays , elle eft presqu'entourée d'eau ; en tout
autre teins, elle n'eft arrofée que d'un côté, par un petit
bras de la grande rivière , qui n'eft pas affez profond
pour porter de grands bateaux. La fituation eft fi agréa-
ble , & l'air qu'on y refpire fi pur , qu'on ne la quitte
jamais fans peine. Elle eft éloignée de la capitale , de
quatorze lieues par la grande rivière ; mais pat un canal
que ce même roi a fait faire, elle ne l'eft que de neuf
ou dix. Il avoit pris , pour la fortifier, des arrangemens
que fa mort a renverfés. Les dedans en font très-propres,
& tout y eft bien entretenu. Si l'on n'y voit pas des
édifices auffi beaux que dans la capitale , on y trouve
des jardins & des promenades , qui ne font pas moins
agréables. Toutes les commodités de la vie y font en
abondance; mais comme elle eft fort peuplée , les vi-
vres font plus chers qu'en aucune autre ville du royaume.
On y manque de bonne eau , pendant quatre ou cinq
mois de l'année, que la rivière eft baffe ; car les chevaux
&C les éléphans , qui s'y lavent , la rendent fi fale , qu'il
n'y a pas moyen d'en boire ; alors on a recours au* puits
& à l'eau qu'on s'eft réfervée, pendant l'inondation, dans
de grands vafes de terre, faits exprès pour la purifier. Le
palais, que ce roi y a fait bâtir fur le bord de la rivière, en
fait le plus bel ornement. Il n'eft pas fi beau que celui de
Sijouthia , ou de Siam ; mais il a quelque choie de plus
gai ; il eft fermé d'affez bon murs, & fon plan eft
beaucoup plus long que large. La partie , qui regarde la
ville , eft divifée en trois cours toutes différentes ; cha-
cune a fes beautés particulières ; on voit à la droite, en
entrant dans la première, une petite fale où font jugés les
criminels de léfe-majefté , & deux prifons à-peu-près
de même grandeur, où ils font renfermés jusqu'à ce que
leur procès foit inftruit ôi leur fentence prononcée. A
la gauche , il y a un grand réfervoir qui donne de l'eau,
à tout le palais. C'eft l'ouvrage d'un François &C d'un
.Italien plus favans dans l'hydraulique , que plufieurs
étrangers qui y avoient travaillé avec les plus habiles
Siamois, pendant dix années entières, fans avoir pu en
venir à bout ; aufli furent-ils bien recompenfés. A trente
pas de-là, il y a un jardin divifé en quatre quarrés , qui
fait face à un petit falon fort agréable , par la vue de
plufieurs jets d'eau qui l'environnent , .& la proximité
d'une pagode qui , fans être fuperbe , ne laifie pas de
contribuer à l'agrément de ce lieu. Un petit bocage,
qui remplit le refte de cette première cour, donne en-
trée à la féconde, qui eft incomparablement plus belle.
Sa porte eft entre deux pavillons qui font deftinés pour
loger quatre éléphans du fécond ordre. Sa figure eft quar-
rée; (es murailles, qui font d'une blancheur à éblouir,
font ornées d'une fculpture à la Moresque, fort délicate, &c
divifée par de petits compartimens , qui, dans de certains
jours de cérémonie, font garnis d'un grand nombre de
porcelaines de la Chine ; deux petites fales fort baffes
fe trouvent à l'entrée , vis-à-vis un grand corps de lo-
gis , qui a deux pavillons à fa droite , où font les élé-
phans du premier ordre. On voit à la gauche un fuperbe
bâtiment au-deffus duquel s'élève une pyramide à-peu-
près femblable à celle qui eft fur le palais royal de la
capitale. C'eft à une des fenêtres de ce bâtiment du mi-
lieu, qui eft plus large & plus élevé que les autres, que
le roi donne audience aux ambâffadeurs des princes, fes
voifins. Pendant tout le tems qu'il y paroît , ils fe tien-
nent dans les deux petites fales , profternés la face con-
tre terre, avec tous les feigneurs les plus qualifiés de la
Cour, qui les accompagnent. Les ambâffadeurs de là
Chine & des premiers fouverains font conduits en cé-
rémonie à la fale d'audience, qui eft fous la pyramide.
Cette fale n'a que trois ou quatre toiles de long fur
deux de large. Elle a trois portes , une grande au mi-
lieu , fk une à chaque côté ; fes murailles font couver-
tes de ces belles glaces, qu'on envoya de France, -avec
les Mandarins qui y vinrent ; &£ le plafond eft partagé
en quatre quarrés égaux, enrichis de fleurons d'or artis--
tement travaillés à jour, S garnis de cryftaux de la Chine,
qui y font 'le plus bel effet du monde. *Gervaife, Hift,
de Siam , p. ^z.
Dans le fond de cette fale , s'élève de terre , à la hau-
teur de quatre ou de cinq coudées , un thrône magnifi-
que ; le roi y monte par derrière , fans qu'il puiffe être
vu, par l'escalier d'un appartement fecret, contre lequel
il eft adoffé. Un peu plus loin , en descendant quinze
ou vingt marches, on trouve la troifiéme cour, où eft
l'appartement du roi. Il confifte en un corps-de-logis ,
d'une allez grande étendue ; l'or y brille de tous côtés,
auffi-bien que dans ceux de la féconde cour ; & comme
il eft couvert de tuiles jaunes verniffées , quand le fo*
leil y donne , il faut avoir de bons yeux pour en pou-
voir foutenir l'éclat : il eft entouré d'un parapet, quia
à fes quatre coins quatre grands baflins remplis d'une
eau très-pure, où le roi de Siam avoit coutume de fe
laver fous de riches tentes qui les couvroient. Celui de
ces baffins , qui eft à droite , eft proche d'une petite
grotte artificielle, couverte d'arbriffeaux toujours verds,
Se d'une infinité de fleurs qui la parfument en tout teins ;
il en fort une claire fontaine, qui diftribue fes eaux à
chacun de ces baffins.
Autour de ce parapet, font bâties de petites chambres
'affez propres , où fe retirent les pages &T. les mandarins
qui font de garde ; & un peu plus loin , fur la gauche,
il y a un parterre rempli de fleurs les plus rares des
Indes. De-là fe découvre un fort grand jardin , qui fait
face au bâtiment ; il eft planté de gros orangers, de ci-
tronniers, & de plufieurs autres arbres du pays, fi touf-
fus , qu'ils donnent de la fraîcheur en plein midi. Les al-
lées font bordées d'un petit mur de brique , à hauteur
d'appui ; 6c d'espace en espace, on y voit des fanaux de
cuivre doré, que l'on a foin d'allumer toutes les nuits;
&c entre deux fanaux, il y a une espèce de foyer, ou d'au-
tel , où l'on brûle quantité de pa'ftilles & de bois odo-r
riférant, qui répandent fort loin leurs partums.
Tome III. Zziiz,
LOU
914.
A une lieue de Louvo le même roi avoit fait bâtir un
palais fort fpacieux : il eft entouré de murailles de bri-
ques , affez hautes ; le dedans n'eft fait que de bois. Le
lieu eft fort agréable par la fïtuation naturelle. H y a
une grande pièce d'eau , qui en l'ait une presqu'ifle , où
étoient deux frégates. Au-delà de ce canal , eft une fo-
rêt qui a quinze ou vingt lieues d'étendue, pleine d'é-
léphans, de rhinocéros , de tigres, de cerfs ck de ga-
zelles.
LOUVRE. Voyez Paris.
LOUVRES , bourg de France , dans l'Ifle de France ,
6k plus particulièrement dans le Parifis , entre Paris 6k
Senlis , environ à quatre lieues de l'une 6k de l'autre.
LOUX , petite rivière de France. Elle a fa fource
dans le Béarn , d'où, coulant vers le nord-oueft, elle
paffe au midi d'Hagémeau, 6k va -fe perdre dans l'A-
dour, au-deffus deDacqs,dans la Chaloffe qu'elle tra-
verfe. * Robert de Vaugondy , Atlas.
LOUYSBOURG, ville capitale de l'Ifle-Rôyale ,
dans la Nouvelle France , avec un bon havre fermé, que
l'on appeîloit autrefois le Port ■ à - l'Anglois. Voyez
îsle - Royale.
LOUYSIANE, grande contrée de l'Amérique fep-
tentrionale, 6k qui laifoit autrefois partie de la Floride.
Elle eft bornée, au nord, par la rivière des Illinois, qui
vient du Canada ; à l'occident, par le nouveau Mexique,
la nouvelle Biscaye , 6k quelques polies Espagnols qui
en dépendent ; à l'orient , elle a pour bornes une partie
de la Penfylvanie, le Mariland, la Virginie , la Caro-
line, la nouvelle Géorgie , la Floride Espagnole ; 6k au
fud, le golfe Mexique. Sa longueur du feptentrion au
midi eft depuis le 39e degré jusqu'au 19e ; mais fa largeur
eft fort inégale. Le long de la mer , on ne peut la pren-
dre que depuis Penfacole jufqu'à la baie de S. Ber-
nard, c'eft-à-dire depuis les 179 jusqu'aux 289 degrés de
longitude; mais elle s'élargit toujours, en remontant au
nord , quoiqu'il n'y ait point de limites réglées ni à l'o-
rient ni à l'occident. Le fleuve Miffiflïpi la traverfe pres-
que par le milieu , du nord au fud : ce qui a trompé plu-
fieurs géographes , qui font remonter la Louyfiane beau-
coup plus au nord ,v c'eft qu'ils n'ont pas fçu que tout
le cours de ce fleuve , jusqu'à l'endroit où il reçoit les
eaux de la rivière des Illinois , eft du gouvernement
général de la nouvelle France, 6k, par conséquent, ap-
partient au Canada.
Les Espagnols font les premiers des Européens , qui
ont mis le pied dans ce pays : Fernand de Soto l'a par-
couru tout entier ; il a pallé 6k repaffé planeurs fois le
Miffifiïpi , que fon hiftorien appelle toujours : Cucagua;
il mourut près de l'endroit où la rivière Rouge le jette
dans ce fleuve. Après fa mort, 6c la retraite de Moscofo,
fon fuccefféur , l'Espagne n'a fait aucune tentative de
côté-là , & n'y a jamais eu aucun établiffement fixe.
Par le commerce que les François du Canada avoient
eu, dès les commencemens de cette colonie, avec quel-
ques nations fauvages de l'oueft 6k du fud , 6k fur-tout
avec les Illinois, ils eurent quelques connoiflances du
Miffiflïpi ; mais ce ne fut qu'en 1672, que le P. Mar-
quette, Jéfuite, & le fieur Joliet, le découvrirent. Ils
y entrèrent par la rivière Ovisconfing, qui s'y décharge
par les 43 degrés de latitude nord ; Se ils les descendirent
jusqu'aux Akanfas, qui l'ont par les 33 d. & demi. Dix
ou onze ans après , M. de la Sale acheva cette décou-
verte jusqu'à la mer ; donna au fleuve le nom de faint
Louis , qu'il n'a point gardé , 6k à tout le pays celui
de Louyfiane. Ayant rendu compte de fon voyage à la
cour de France , 6k affuré que le Miffiflïpi fe dechar-
geoit dans le golfe Mexique, il obtint quelques navi-
res , pour y retourner , par mer , 6k y faire un établiffe-
ment ; mais il manqua l'embouchure , 6k entra dans
la baye S. Bernard , qu'il nomma la baie S. Louis;
fit plufieurs coudes dans le pays, pourtâcher d'avoir quel-
ques lumières fur ce qvi'il cherchoit ; s'éleva au nord ,
jusqu'au Cénis , & y fut tué par lès gens , en 1687.
En 1699, M. d'Iberville, gentilhomme Canadien , ca-
pitaine de vaiffeaux , 6k un des plus grands officiers de
mer qu'ait eu la France fous le régne de Louis XIV,
reprit le deffein que M. de la Sale avoit manqué , &
réuffit. Il entra dans le Miffiffipi , & remonta jusqu'aux
Natchès, qui font environ à cent vingt lieues de l'em-
bouchure de ce fleuve ; le roi lui ayant donné le gou-
LOU
vënïëntent de la Louyfiane , il y fit plufieurs voyages,
6k quelques établifièmens peu conlïdérables. Il aban-
donna même presque le fleuve. Ceux qu'il y laiffa pour
commander, firent de même: ils s'arrêtèrent au Biloxi,
à l'Ille-Dauphine , 6k: à la rivière de la Maubile, où
ils fe contentèrent de commercer avec les Espagnols,
qui , trois mois avant l'arrivée de M. d'Iberville , étoient
venus fe pofter dans le baie de Penfacole , éloignée
de quatorze lieues à l'eft de l'Ifle-Dauphine, 6k de vingt-
huit de l'embouchure du Miffiflïpi. Plufieurs années après,
le vice-roi du Mexique fit faire un pareil établiffement
dans la baie de S. Bernard; 6c les Espagnols ont en-
core occupé quelques autres poftes plus proches du côté
de la rivière Rouge.
Enfin, dans les années 1718, 1719 & 1720, laFrance
parut vouloir faire un grand établiffement dans la Louy-
fiane ; elle accorda des conceffions à plufieurs particu-
liers , qui y envoyèrent afiez d'hommes , pour peupler,
en peu de tems , ce grand pays. On bâtit , lùr le bord du
Miffiffipi , à trente lieues de Von embouchure , une ville,
qui fut nommée la nouvelle Orléans ; mais ce grand fra-
cas aboutit à très-peu de chofe. En 1722 , la plupart
des conceffions étoient réduites presqu'a rien. Les hom-
mes avoient péri de mil'ère , ou étoient retournés en
France; 6k, à l'exception de la nouvelle Orléans, du
fort S. Louis, fur la Maubile , & du Biloxi, où étoit
le quartier général ; de quelques habitations aux Natchès,
6k des deux côtés du fleuve , cinq ou fix lieues au-deffus
6k au-deffous de la nouvelle Orléans , la colonie de la
Louyfiane étoit auffi peu avancée que vingt ans aupar
ravant. En 1722, le quartier général fut transporté â
la nouvelle Orléans, qui, depuis ce tems, eft devenue
confidérable. Ony a établi des Capucins, qui del erveirt
la cure; desjélùites, qui fourniffoient des miffionaires à
plufieurs nations fauvages, des Uriùlines, qui ont foin
de l'hôpital , 6k de l'éducation des filles Françoilès.
En faifant ce changement , on ne laiffa qu'un déta-
chement au Biloxi; mais le fort S. Louis de la Maubile
fut confervé; 6k il y a toujours un lieutenant de roi,
qui y commande. Il y a encore un fort aux Illinois ,
aux Natchitoches , fur la rivière Rouge ; un autre , avec
desmagazins, à l'Ifle-Touloufe , ou de la Balife, à
l'embouchure même du Miffiffipi, 6k quelques autres
moins confidérables aux Alibamons , du côté de la Ca-
roline , 6k ailleurs ; mais le nombre des habitans n'aug»
mente pas beaucoup.
En 171 2, le roi avoit cédé le domaine de la Louy-
fiane,6k le droit de commerce exclufif pour ving-teinq ans,
à M. Croizat, qui le remit, quelques années après, à
Sa Majefté ; alors le roi en fit ceffion à la compagnie des
Indes occidentales. Les changemens, arrivés dans cette
compagnie , n'en produifirent point d'autres dans la
Louyfiane , que de retarder le progrès de cette colonie.
La compagnie des Indes , qui fuccéda à celle d'occident,
conlèrvafes droits, jusqu'en 173 1, qu'elle les remit au
roi.
La même année 1717, que le pays des Illinois fut
uni 6k incorporé au gouvernement de la Louyfiane ,
M. le Moine de Bienville fut nommé commandant gé-
néral , 6k fes provifions font du 20 Septembre; 11 étoit
demeuré dans le pays , depuis que M. d'Iberville, fon
frère , y étoit entré , 6k avoit eu la meilleure part à ce
qui s'y étoit paffé jusques-là. En 1726, la compagnie lui
donna pour fuccefféur M. du Perrier ; 6k lorsqu'elle eut
rétrocédé au roi fa conceffion , Sa Majeflé remit le lïeur
de Bienville en poffeffion de ce gouvernement , lequel
eft tout-à-fait indépendant de celui de la nouvelle France.
Pour le civil , la Louyfiane a un confeil fupérieur,
établi fur le pied des autres colonies Françoifes, 6k un
commiffaire ordonnateur, qui fait l'office d'intendant,
6k qui, en cette qualité, exerce, dans le confeil, les
fonctions de préfident. Quant au fpïrituel , cette colo-
nie eft du diocèfe de Québec.
La Louyfiane eft un des meilleurs pays que l'on con-
noiffe dans toute l'Amérique , lbit pour la bonté des
terres , foit pour la douceur du climat : le pays des Il-
linois produit déjà quantité de froment ; le déborde-
ment du Miffiffipi engraiffe les terres , tous les ans ,
l'espace de trois quarts de lieue, des deux côtés du fleuve;
ces terres peuvent porter deux récoltes de ris, 6k quan-
tité d'autres légumes, qui y font d'une très-bonne qua-
LOY
LUB
îitc. Tout ce qui n'eft pas défriché eft couvert de très*
belles forêts. On y voit des arbres de toutes les espè-
ces, ck d'une hauteur prodigieufe, fur-tout des cyprès,
des copalmes , des lauriers à tulipes, des chênes verds,
des noyers , des pacaniers , ck tous ceux que nous con-
noiffons en Europe. Le coton y vient fans peine ; les
mûriers blancs y font communs , l'indigo y eft naturel;
& celui qu'on y a transplanté d'ailleurs, y a fort bien
réuffi , de même que le tabac : les orangers , les citron-
niers ,. les grenadiers y font en plein fol ; la terre ne
fe refufe à rien.
Après le Miflîflîpi , les plus grandes rivières de ce
pays font: la Maubile , dont nous parlerons ailleurs; la
rivière rouge , qui fe décharge dans le fleuve , du côté
de l'oueft ; celle des Akanfas, la Miffoury , du même côté ;
& du côté de l'eft , celles des Illinois , des Kas-
KASKIAS, d'OuABACHE & des Yasous. Voyez ces
mots. * Le P. Charlevoix , Hift. de la Nouvelle France.
LOWER-ORMOND, baronnie d'Irlande , dans la
province de Munfter. C'eft la quatorzième ckla plus fep-
tentrionale du comté de Tippérari. * Etat prefent de La
Gr. Bretagne , t. 3 .
1. LOXA, rivière de 1'ifle d'Albion, dans fa partie
orientale, félon Ptolomée , /. 2, c. 3. Cette rivière con-
fervs encore aujourd'hui l'on nom, & s'appelle Losse.
Voyez Losse 2.
2. LOXA , ou LOJA, (lapronciation eft la même,)
ville d'Espagne , au royaume de Grenade , à fix lieues
de la capitale , au bord du Xénil , au pied des monta-
gnes. Elle eft affez grande : fon terroir eft planté de
beaux jardins ck de vergers , où l'on recueille en abon-
dance toute forte d'herbes , de fleurs ck de fruits. Les
montagnes voifines ont de très-bons pâturages, & font
couvertes de troupeaux de brebis , qui donnent de la
laine ck du lait , dont on fait du beurre ck du fromage
fort délicats. Les habitans vont toutes les femaines au
marché de Grenade, où ils vendent leurs denrées. Ou-
tre les troupeaux , dont les montagnes de cette ville
font remplies, elles font encore peuplées de lièvres ck
lapins , que l'on prend par le moyen des chiens ck des
têtes dreffées à cette chaffe. *Z>e'/. d'Espagne,t.^,p. 514.
3. LOXA , ville de l'Amérique méridionale, au Pé-
rou , dans l'audience de Quito , fondée , en 1 546 , par le
Capitaine Alonfo Mercadillo. Elle eftfituée au confluent
de deux petits ruiffeaux, qui , groflîs par plufieurs autres,
forment la rivière de Z/àmora , appellée plus bas Sant-
iago , à feize lieues de Cuença,vers le fud, ck envi-
ron cent lieues de Quito. Son terrein eft d'environ
onze cens toifes au-deffus du niveau de la mer , ck qua-
tre cents plus bas que le terrein de Quito. Les chaleurs
y font quelquefois incommodes. Outre l'églife paroiffide,
il y a des couvens de Dominicains ck de Cordeliers ,
&l un de religieufes , avec un collège de Jéfuites , ck
un hôpital. Latitude auftrale 4 d. * Voyage dans L'A-
mérique , par M. De La Condamine.
C'eft clans ce canton que croît le fameux fpecifique
contre les fièvres intermittentes , connu fous le nom de
quina-quina ck de cascarilla de Loja. M. de Juffieu fit
exprès un voyage à Loja, en 1739 , pour obferver de
près de cet arbre fi précieux , ck dont l'écorce eft tou-
jours en grande réputation. Il a compofé , fur ce fujet,
une favante Differtation. On trouve encore à Loja la
cochenille ou grana, qu'on allure être de la même efpece
que celle de Oaxaca , ck dont on fe fert avantageufe-
ment dans le pays.
LOXAN , ville de la Chine , dans la province de
Honan , au département de Juning , huitième métro-
pole de la province. Elle eft de 3 d. o' plus occidendale
que Pékin, fous les 33 d. 21' de latitude. * Atlas Si-
nenjïs.
LOYANG , ville de la Chine , dans la province de
Quangfi , au département de Taiping , huitième métro-
pole de la province. Elle eft de 1 1 d. 3 5 ' plus occidentale
n que Pékin, fous les 23 d. 16' de latitude. * Adas Si-
nenfis.
1. LOYE , ville de la Chine, dans la province de
de Konan , au département de Queue, féconde mé-
tropole de la province. Elle eft d'un degré 44' plus occi-
dentale que Pékin , fous les 34 d. 4}' de latitude. * Adas
Sinenjis.
2, LOYE , (la) ville de France, au gouvernement
9tf
de Bourgogne , dans la Breffe, fur la rivière d'Ain. C'eft
le fiége d'un mandement , & elle députe aux aftem-
blées de la Breffe. Route de la pofte ck de la ména-
gerie de Lyon à Genève.
i LOYETTE , bourg de France , dans le Bugey , à
1 embouchure de la rivière d'Ain , dans le Rhône; mai-
rie ; bureau des traites , fous la juftice des traites fo-
raines de Nantua ; communauté de F élection de Belley
ck du mandement de S. Sorlin.
LOYRON, prieuré de France, dans le Maine , au
diocèfe du Mans. Il dépend de Marmoutier.
LOYSA, ou Loysach , rivière d'Allemagne dans
la Bavière. Elle prend fa fource dans le Tirol , d'où
elle entre dans la Bavière; paffe à'Partenkirch , qui dé-
pend de Freifingen ; 6c, ferpentant vers le nord, va fe
joindre à l'Ifer. * Zeyler , Bav. Topogr. Robert, Carte
de Bavière;
LOYTZ , ville d'Allemagne , , au cercle de la haute
Saxe , dans la Poméraine citérieure , fur la Pêne , en-
tre Demin ck Gutzkov. Les géographes du pays lui
donnent 38 d. de longitude, ck 54 d. de latitude. Les
hiftoriens la nomment en latin Lutitia ck Leutitia , &
prétendent que c'eft un refte des anciens Lutitii. Voyez
ce mot. Les Poméraniens la prirenr, en premier lieu, aux
comtes de Gutzkow , ck enfuite aux princes de Mec-
kelbourg, l'an 1327. Il y a quatre foires par an , favoif
le lundi qui précède le Carême, le lundi avant la Pen-
tecôte , quinze jours après la S. Jean, & quinze jour»
après la S. Michel. Zeyler, Pomer. Topogr./;. 73.
LOYUEN, ville de la Chine, dans province de'Fo-
kien, au département de Focheu , première métropole
de la province. Elle eft de 3 d. 16' plus orientale que
Pékin , fous les 26 d. 20' de latitude. * Atlas Sïnenfis*
LOZAIN, ou Los ain, (le) ruiffeau de France,
en Champagne. Il y a fa fource au nord du village de
Vougray , d'où , coulant vers le nord un peu occi-
dental , il va fe jetter dans la Seine. On le paffe affez.
près de fon embouchure, quand on vadeTroyes à Bars
le long de la Seine. * Robert de Vaugondy , Atlas. '
LU, montagne de la Chine , dans la province de Ho-
nan. Elle eft auprès de la ville de Lux an , à qui elle
donne fon nom. * Atlas Sinenjis.
LUAN , petite place d'Italie , dans l*état de Gènes l
dans fa partie orientale, avec titre de principauté , dans
la famille de Doria. Elle eft fituée' dans une plaine ,
& fermée de murailles. Il y a une garnifon. On y
voit quantité d'églifes ; ck les promenades , qui font à
l'entour , font très-agréables , non-feulement par les mai-
fons de plaifar.ee , qu'y ont des particuliers , mais encore
par la beauté naturelle de la (ituation du lieu. * Journal
d'un Voyage de France & d'Italie.
LUANGI , Avct-ya , ancien peuple de l'Espagne
Tarragonnoife , félon Ptolomée, l. z , c. <j. Il ne leur
donne qu'une ville, favoir Mcrua, Ms^ia.
LUBAENI,ancien peuple de l'Espagne Tarragonnoife
félon Ptolomée, ,/. 2 , c.6. Il leur donne une ville uni'
que , favoir Cambertum , ouCambœtum , félon les divers
exemplaires.
1. LUBAN , petite ifle de l'Océan oriental , en Afie,
entre les Philippines , au couchant de Manille , ck au
nord de Mindoro. C'eft moins une ifle qu'un écueil.
* Robert de Vaugondi , Atlas.
2. LUBAN, village de l'empire Ruffien , dans I*
Livonie. Il n'eft remarquable que parce que c'eft un pas- .
fage fur la rivière de Peddes , ck qu'il donne Ion nom
à un lac appelle Lubanifche fée , qui eft formé par les
rivières de Rofita 6k ck le Heup , ck fe perd dans le
Peddes, à l'orient de ce village. * De Wit , Atlas.
LUBAR. S. Epiphane nomme ainfi la montagne
d'Arménie, fur laquelle l'arche de Noé s'arrêta, après
le déluge. Tzetzès dit que c'eft le nom que lui don-
nent les Chaldéens ck les Arméniens. * One!. Thefaur,
. LUBBEN, petite ville d'Allemagne, au cerclç de la
haute Saxe , dans la baffe Luface , avec un fort joli
château fur la Sprée. C'eft la capitale du pays , ck où
eft la régence. Elle appartient au duc de Merïebourg;
On dit en latin Lubbena. *Hubner, Gcogr. p. Ç96. "*
LUBEC, ville d'Allemagne, dans le cercle do la baffe
Saxe, au confluent de laTrave, du Wackenitz ck du
Steckenitz, qui mêlent leurs eaux dans fes foliés, à qua-
tre lieues de Travemunde ck du golfe de Lnbec , dans
Ton:e W
.ZZZZ JJ
LUB
916
la Vagrie , aux confins duStomar & du duché de Lawen-
bourg. Elle eft , félon Pierre Appien , à 28 d. io' de
longitude, & à 54 d. 48' de latitude. Selon Bertins,
Rer. Germ. p. 5 93 , la latitude eft la même ; mais il met
la longitude de 31 d. 45'. La ville de Lubec n'eft pas
précilément la même que l'ancien Lubec ou Lubecke ,
comme l'appellent les Chroniques ; Se l'on ne convient
pas du premier lieu de fa fondation. Il eft certain que
Lubec a été anciennement auprès de la rivière de Schwar-
tow; mais il y a tout lieu de douter s'il y a été long-tems.
Bangert , in Chron. Slavor. 1. 1, c. <J7 & 58, p. 137,
prétend qu'en examinant bien les anciennes Annales, on
trouvera que la première fondation de Lubec fut au même
lieu où eft cette ville ; qu'on la transporta au bord du
Schwartow, 6c qu'enfuite on la remit en fon premier
lieu.
On ne fait pas au jufte, ni quand, ni par qui cette ville
fut fondée, George Fabricius , Rer. Saxon, anno 1041 ;
Henning , Tab. geneal. p. 292 ; Jean PeterfTen , Chro-
nic. Holfat. p. 30, croient que ce fut Godefchalc qui la
fonda. L'auteur d'une Chronique manuscrite de Lubec,
/. 1 , c. 1 , dit : il eft incertain fi Godefchalc , prince
qui fut à la fin très-bon Chrétien , a fondé l'ancienne
Lubec, qui étoit déjà de fon tems; car avant lui il ne
s'en trouve nulle part aucune mention. 11 dit ailleurs :
c'eft pourquoi , fi on trouve écrit dans les Annales , que
Henri bâtit Lubec , cela doit s'entendre de nouveaux
ouvrages qu'il y ajouta, & non de la première fonda-
tion. L'auteur d'un Discours fur l'ancien Lubec , {Eras-
mus Sarcerlus) dit : ceux-là fe trompent , qui croient
que Godefchalc en fut le fondateur, puisqu'il eft certain
que cette ville eft plus ancienne que lui , & que fon
aïeul nommé Mifievoius ', commandoit dans l'ancien
Lubec ; nous ne nions pas que cette ville n'ait com-
mencé fous Godefchalc, ce brave & fameux Vandale,
à devenir une place considérable ; au lieu qu'avant lui
on n'en parloit presque pas. Ce prince y rétablit des
monafteres deftinés à l'inftru&ion de la jeuneffe , ôt
qui tomboient en ruines. Reimar Koch, dans fa Chro-
nique manuscrite de Lubec , dit la même chofe.
Quelques autres écrivains avancent que Lubec fut fondé
par Vicbole ou Vikbod , Danois. De ce nombre eft Ire-
nicus, German.l. 11, fol. 216, qui dit: Lubec (Lubecum)
eft une ville disputée par trois royaumes , bâtie par le
capitaine Vicbold : elle fut nommée Buccena par les Van-
dales , & augmentée par le prince Kitton , l'an 1 103 . Hart-
man Schedel , Chrome, de JEtatibus , ann. 1493 , eft du
même avis. Lubec , dit-il , ville fameufe de Saxe & im-
périale , bâtie autrefois par Vikbod , chef des Cimbres ,
auprès de la Chersonnèfe Cimbrique , dans le lieu que
les Venedes ou Vandales , qui occupoient encore une par-
tie de la Saxe , appelèrent Èuccow. Elle fut accrue par un
prince nommé Kitton ou Truton , l'an 1 104. Raphaël
Volaterranus dit dans fa Géographie, l.j,p.i^c, : Lu-
bec , ( Lubicum ) ville impériale , bâtie par Umbodus
Vitigus , chef des Cimbres , dans le lieu que les Venedes ,
encore maîtres d'une partie de la Saxe , appelleront Luc-
conie. Elle s'eft accrue de telle forte , que les rois de Da-
nemarck ont fouvent imploré le fecours des Lubécois ,
pour mettre leurs fujets à la raifon. Albert Krantz , Van-
dal. 1. 4 , c. 1 , parle ainfi du lieu & du fondateur de cette
■ville , l'an 1 1 40 de notre falut. Adolphe , comte de Hols-
tein , déjà maître de la Vagrie , jusqu'au lac de Vackenitz ,
voyant les murailles d'une ville que le chef des Cimbres,
& enfufte Criton le Vandale , avoient commencée entre
le lac & la rivière , fur une colline , & qu'ils avoient été
forcés d'interrompre, à caufe des guerres dont ils avoient
été occupés , fut le troifiéme qui jetta les fondements de
cette ville ; & il transporta , du lieu de Swartow, en un
endroit plus haut , la ville de Lubec , qui eft devenue fi
floriffante de nos jours , qu'elle eft au-deflus de la jaloufie
des princes & des villes du voifinage. Cela eft copié par
l'auteur de la Chronique latine manuscrite de Lubec ,
Lz, C i , qui ajoute : il eft vraifemblable qu'avant qu'on
élevât une ville en ce lieu , il y avoit quelques hutes de
pêcheurs , dont le principal & le maître s'appelloit Luba.
Nicolas Mareschal, Annal. Herul. & Vanial. dit auffi
que Lubec , dans les tems les plus reculés , fut habitée
par des pêcheurs , & qu'il fut connu des Romains ; qu'il
fut enfuite embelli par Godschalc , roi des Hérules ou
Obotrites , qui y bâtit le premier un fort &C une chapelle
LUB
domeftique ; & il fut nommé Buté , foit à caufe de Bu-
tes , fils de Godschalch , foit par d'autres allufions , que
rapporte cet auteur, & qui ne méritent pas d'attention.
Cet auteur, pour le dire en parlant, étoit conlëiller deHenri,
duc de Mecklenbourg , & protefte qu'il a drefié fon His-
toire fur les monumens des ancêtres de ce prince. D'au-
tres chercheurs d'étymologies , attribuent fa fondation à
un certain Lubemar , prince de Rugen ou des Vendes.
D'autres prétendent que fon nom vient d'un mot qui ,
dans la langue Efclavone , fignifie une couronne. Cette
opinion , qui n'a peut-être d'autre fondement que le pré-
jugé favorable de ces auteurs pour leur patrie , a donné
lieu à Lindeberg de faire entrer ce mot dans l'éloge de
cette ville :
Gens humana ,JIlus , commenta , littora , mores ,
Mars , toget , divines , curia , religio ,
Arcloas inter claras yirtutibus urbes ,
Efpciunt , tollat tanta Lubeca caput ;
Et decus Europœ & lumen jit totius anja ,
Et Jit Vandalici pulchra corona foli.
Quoi qu'il en foit, de l'origine de ce nom , Criton ayant
été mis fur le trône , après la mort de Godschalc , qui
avoit été afTaffiné par les Salves, vers l'an 1066 , ajouta
une citadelle à la ville. II fut tué en no;, par Hen-
ri , l'un des fils de Godfchalc. Henri abandonna le
lieu où avoit été la réfidence dé Criton , & transporta
la ville de Lubec à Schwartow ; & c'eft en ce fens-là
qu'il en eft appelle le fondateur par Helmold , Chronic.
Slav. I. 1 , c. 57. Elle n'y fut pas long-tems ; les fréquentes
incurfions du peuple de Rugen , qui cherchoit à venger
fon prince , ne laiflerent pas la liberté d'en faire une ville
auflï grande , aufîi-bien pourvue de fofTés & de murailles ,
qu'elle auroit pu l'être. Ils démolirent Lubec , fous le régne
de Zuentopolc , prince des Obotrites , & le faccagerent
entièrement, du tems de Pribiflaes. Racé & les fiens dé-
truisirent ce qui reftoit encore de la ville &T. du château ,
eni 139. Le comte Adolphe aida, l'année fuivante, aux Lu-
bécois à relever leur ville ; & Helmold dit bien exprefTé-
ment , c. 57, que ce comte trouva, au lieu nommé Bucu,
le foffé de la ville ruinée , que Crucon (ou Truton) avoit
bâtie. Cette opinion , fur le lieu où étoit l'ancien Lubec,
eft bien nettement confirmée par l'auteur de la Chroni-
que manuscrite de Lubec , en Allemand. Cet écrivain étoit
Cordelier , lefteur ; & il travailla à fon hiftoire , par l'or-
dre deThomas Moëtkerken , & d'Herman Langen, bourg-
meftres , l'an 1385. Il dit positivement que Lubec étoit
en premier lieu, entre la Trave & le Wackénitz , & il
allure qu'il a pris cela de la plus ancienne Hiftoire. Ce
qu'il dit eft , d'autant plus digne d'être rapporté , qu'il mar-
que en abrégé, de quelle manière & combien de fois Lu-
bec a changé de lieu. « Sous l'empire de Henri IV, dit cet
» auteur , fut tracée & bâtie la ville de Lubec , qui , dans
» ce tems-là , étoit auprès de Swar-Swartow , & qu'on
» appelle encore le Vieux-Lubeck. Auparavant, cette ville
» avoit été entre la Trave 6k le 'NVokénifTe , où elle eft
» encore. Dieu la conferve éternellement. Les Chroni-
» ques ne nous apprennent , ni quand elle fut bâtie , ni
» combien de tems elle y fubfifta; mais j'ai lu dansquel-
» ques Hiftoires , qu'elle occupa fucceflivement plus d'un
» terrein , & qu'on la transporta d'un lieu à un autre. Elle
» étoit, en premierlieu, renfermée dans la même place où
» elle eft aujourd'hui ; enfuite on la transporta près du
» Swartow , au lieu qu'on appelle le Vieux-Lubeck. On
» la rebâtît enfuite dans l'ancienne place. A quelque tems
» de-là , on la faccagea ; & elle fut transportée de l'autre
» côté du "WakénifTe , & s'appelloit en cet endroit Lou-
» wenjîad. Les bourgeois y demeurèrent quelque tems
» malgré eux, parce que les vaifleaux ne pou voient re-
» monter la rivière. La ville , en cet endroit, futexpofée
» à de grandes viciffitudes , tantôt aux ravages des en-
» nemis , qui la faccagerent , tantôt aux inondations qui
» y firent de grands dégâts , tantôt aux incendies qui la
» réduifirent en cendres.
De tous ces paffages , il paroît que la plus ancienne fon-
dation fut faite par Truton , au lieu où eft aujourd'hui cette
ville , que l'on peut appeiler la troifiéme. La féconde étoit
fur le Swartow , rivière qui vient du nord , & tombe
dans la Trave , au - deffbus de Lubec ; la troifiéme, au
même lieu où avoit été la première. Que ce foit Gods-
LXJB
LUB
chalc, ou tel autre prince Obctrhe que Ton voudra, qui
en ait jette les premiers fondemens , certainement Lubec
ne doit fa fondation à aucun roi de Pologne , quoique
difent les hiftoriens de ce royaume. Gaguin prétend que Vi-
iimir , roi de Pologne , ayant défait Sivard , roi de Da-
nemarc , s'avança jusques-là , & bâtit Lubec , Vifmar &C
Dantzig (a). Un écrivain (b) , qui a laiiîé l'Hiftoire du ré-
gne de Sigismond, inférée au fécond tome de Piftorius ,
dit : dans un golfe de la mer Baltique , eft Lubec , ville
de l'empire , riche & puiffante , bâtie autrefois par les
ancêtres des Polonois. Elle rut nommée Buccovetium.
Crommer affure pofitivement que cette ville fut fondée
par quel qu'un des fils ou descendans de Lesko II. Tous
ces témoignages copiés les uns des autres , ck qui ne fe
trouvent que dans des écrits des Polonois , ne font d'au-
cune autorité. Le premier dit Amplement , par les ancê-
tres des Polonois. Les Polonois étoient un peuple Slave.
Lubec fut bâti par les Obotrites , qui étoient auffi d'entre
les Slaves ; mais les Obotrites & les Polonois étoient des
peuples très-différens. Quoiqu'ils fifTent partie du peuple
des Slaves , qui contenoient fous eux des nations très-
diftinftes , les Obotrites & les Polonois avoient des prin-
ces &C des pays très-différens les uns des autres. Les O-
botrites &. les Vagriens avoient leurs princes particuliers ,
long-îems avant qu'il fût queftion de Lubec. Qui doute
que ce font eux qui ont bâti les anciennes villes & forte-
refles de leur pays , comme Lubec , Mecklenbourg, ville
ruinée , au midi de Vilmar , Altenbourg , "Werle , Kiffim ,
ckc ? Quand même un roi de Pologne fe feroit avancé
jusques-là, en faudroit-il conclure qu'il y ait fait un allez
long féjour, pour y bâtir des villes ? Si quelque roi de Polo-
gne avoit bâti une ville dans ces quartiers-là , comment
Helmold , fi bien inftruit des antiquités de fon pays , au-
roit-il ignoré cette circonftance ? * (a) Rer. Polonic. t. I.
(t>) Joloc. Ludov. Decius.
La troifiéme ville de Lubec , dont nous venons d'exa-
miner la fondation , avant été ravagée par les Vendes ,
& fort endommagée par le feu, en 1158 , fentit que la
protection d'Adolphe II, Comte de Schouwenbourg ,
devenu comte de Holftein , ne lui fuffifoit pas contre un
voifin auffi puilTant qu'étoit Henri le Lion , duc de Saxe.
Ce dernier fe plaignoit de Lubec , dont les progrès appor-
taient du préjudice au commerce de Bardevic , ôc que le
revenu des falines de Lunebourg étoit diminué , par le
transport que les Lubécois faifoient du fel de Todefloë.
Adolphe employa inutilement les remontrances. Henri
le Lion enfermoit Lubec , lui ôtoit toute communication ,
& avoit gâté les fources d'où l'on droit le fel : le comte
de Holftein fut réduit à céder au plus fort. C'eft ainfi
que Henri le Lion s'en rendit maître. La ville profita de ce
changement. Les magiftrats , protégés par le duc de Saxe ,
obtinrent facilement de Woldemar, roi de Danemarck,
la liberté de commercer dans fes états. En 1163 , l'évê-
ché , dont nous parlerons enfuite , fut transféré d'Alten-
bourg , où il étoit auparavant , à Lubec , qui étoit deve-
nue une ville allez confidérable. Henri le Lion ayant été
mis au banc de l'empire , Lubec fut affiégé & pris par
l'empereur Frédéric I , &c devint ville impériale. Elle ra-
cheta un fort , qui étoit aux comtes de Wagrie , fur la
Trave , avec la navigation libre de cette rivière , & l'e-
xemption de tous péages. Après la mort de cet empereur ,
Lubec fut rendu à Henri le Lion , après la vie duquel ,
il fut pris par Voldemar, frère de Kanut, roi de Dane-
marck; ainfi il fut fournis aux Danois , qui ne ménagèrent
pas beaucoup les habitans. Ceux-ci , pour s'en délivrer ,
s'adrelTerent à Frédéric II, & fe donnèrent de nouveau
à l'empire , à condition qu'il leur rendrait les avantages
de ville libre &c impériale. Depuis 1127, Lubec a con-
fervé fa liberté , & eft une véritable république , fubor-
donnée à le'mpire.
La régence eft compofée de nobles , de praticiens , dont
quelques-uns font gradués , & quelques autres négocians.
Les bourgmeftres font au nombre de douze ; les artifans
n'y font point admis. Un père & un fils , & deux frères
ne fauroient pofl'éder en même tems les charges de la
régence : nous avons parlé de Lubec fuffifamment , en
qualité de ville hanféatique , au mot Hannse , &c à l'arti-
cle Hambourg. C'étoit chez elle que reffortiffoient les
appels des jugemens des autres villes de la hanfe. Elle a
un territoire allez étendu , qui renferme quelques petites
villes , &: divers bailliages dans lesquels on compte cent
9\y
trois villages. Elle a rang au banc des villes impériales ,
à diére de l'empire; & elle y alterne pour la préféance
avec la ville de Worms.
La ville eft plus longue que large. Sa longueur eft d'en-
viron deux mille cent cinquante pas , & fa largeur de treize
cents. Elle a de très-belles rues , dont la plupart font gar-
nies de tilleuls. Entre les édifices publics on diftingue ,
i° la maifon de ville, où fe gardent les archives de la
Hanfe, dont Lubec a toujours eu le directoire; 20 l'ar-
cenal, très-bien pourvu de groffe artillerie & de toutes
fortes d'armures ; 30 la tour d'eau , bâtiment quarré ,
d'où les eaux de la rivière de Vagenitz fe diftribuent par
plufieurs tuyaux dans tous les quartiers de la ville ; 40 la
fameufe cave dont Olaùs Magnus, Rer. Sepunt. 1. 13 ,
c. 21 , fait mention, & où l'on garde des vins de deux
cents^ ans. Les murs de la ville font fort élevés , fur-tout
du côté de Holftein. Elle fut paffablement fortifiée en
1604 , mais beaucoup mieux quatre ans après. Elle a trois
portes principales ; une au nord , s'appelle la porte Royale;
une au midi , nommée Mullerthor , ou h porte du Meu-
nier ; & la troifiéme au couchant, du côté de Holftein.
On y voit encore les reftes d'un camp , d'où les princes
de Holftein affiégeoient la place. Il y a trois autres portes
beaucoup plus petites ; l'une vers le couchant, & fe nomme
la porte Neuve ; une autre vers l'orient , appellée Hexen-
thor , ou la porte du Sorcier , à deux tours , du haut des-
quelles on voit par quelle méchanique l'eau de la rivière
de Vagenitz eft élevée , pour être conduite dans tous
les quartiers , & même dans les principales maifons de
la ville.
Comme Lubec eft fitué entre la Trave & le "Wackenits ,
fon terrein, plus élevéau milieu , s'abaiffe , de chaque côté,
vers ces deux rivières. Ses deux principales rues vont de-
puis la cathédrale &: la porte du Meunier , jusqu'à la porte
du château , ou la porte royale. Ces deux rues font cou-
pées par d'autres rues de traverfe , qui aboutiffent à l'une
ou à l'autre rivière , ou aux murs de la ville. Le penchant
qu'a le terrein de ces rues , y entretient la propreté.
Les églifes remarquables de Lubec , font Notre-Dame ,
autrefois la cathédrale , & maintenant première paroifle
de la ville. C'eft un bâtiment fort élevé , & d'une belle
ftruchire , foutenu de hauts piliers , dont chacun eft d'une
feule pierre. Derrière le chœur eft une Vierge , avec l'En-
fant Jefus entre (es bias , & qui paffe pour un chef-d'œu-
vre de fculpture. Il y a auffi dans cette églife un cruci-
fix, parfaitement bien travaillé , en bois. Entre un grand
nombre d epitaphes , celle-ci eft finguliere :
Quid hanc procul tabulant , viator , adjpicis ?
Quœris-ne galeam & clypeum ? Noflra injîgnia ,
Aut gcfla geftis feire ? En cranium hoc , ojfaque ,
Hœc galca & hic clipeus ; notant inflgnia lixc
Nos univerfos unius ejfe jlemmatis.
Fis gefta ? Peccavi ego , peccârunt cateri ;
Hinc par ad unum omnes tulimus Jlipendium.
Cette églife a un très-beau clocher, revêtu de plomb doré.
Il en eft de même des églifes de S. Pierre , de S. Jacques
& de quelques autres , dont les clochers font de loin un
bel aspect. L'églife de S. Jean fut commencée fous Henri
le Lion ; les guerres civiles ne lui permirent pas de l'a-
chever. Ce fut Henri , troifiéme évêque , depuis la trans-
lation de l'évêché à Lubec , qui y mit la dernière main ,
& fonda , pour la deffervir des moines , qui furent en-
fuite transférés à Cismar , dans la Wagrie , & auxquels
fuccéderent des religieufes. Le monaftere de fainte Ca-
therine fut fondé par des gentilshommes nommés les Cris-
pins, qui accompagnèrent l'empereur Frédéric I , dans fa
croifade, & fe diftinguerent contre les Sarrafins. Le Luthé-
ranisme , qui eft la religion dominante à Lubec , a changé
l'ufage de ces monafteres. Cependant ily a encore, au mo-
naftere de S. Jean , des filles qui s'engagent à cette maifon
pour toute leur vie.
En échange, les hôpitaux ont été bien confervés. Le
grand hôpital , avec l'églife du S. Efprit , font des monu-
mens de la piété des feigneurs de Morgemvege & de Mor-
ketke ; il y en a un pour les vieilles gens, de l'un & de
l'autre fexe , auprès de l'églife de la Magdelaine. C'étoit
anciennement un château , d'où les bourgeois chafferent
la garnifon Danoife ; & enfuite ils le convertirent en hô-
pital. Celui de fainte Annefert à l'entretien des orphelins ,
LUB
918
& des enfans des pauvres bourgeois : on les y élevé avec
foin , & on leur fait apprendre un métier ; une partie de
cet édifice fert de maiCon de force , où l'on renferme les
libertins , & même les fainéans. Deux autres hôpitaux font
deftinés au foulagement des pauvres voyageurs. Ceux qui
arrivent malades , y font pourvus de tous leurs beloins ,
jusqu'à ce qu'ils foient morts ou rétablis. Ceux qui fe por-
tent bien s'y délaffent pendant trois jours , au bout des-
quels on les renvoie avec une paffade.
La plus riche fondation de cette nature , c'eft le cloître
de S. George , devant la Mulherthor , où l'on retire prin-
cipalement les artifans qui ont vieilli fans avoir pu amaffer,
par leur travail , de quoi fubfifter durant leur vieilleffe. Ils
y font abondamment pourvus de tous leurs befoins. Cette
maifon avoit autrefois une églife ou grande chapelle , qui
a été abbatue pour faire place aux nouvelles fortifications.
Devant la porte dn château, ou Royale, eft l'hôpi tal de fainte
Gertrude,deftiné aux peftiférés.Dans la rue desFondeurs ily
a quantité de jolies maifons , quela communauté des mar-
chands a deftinées pour le logement des pauvres veuves de
leur corps , & où elle leur fournit tous les befoins de la
vie : il y a encore plufieurs autres petites rues , dont tou-
tes les maifons fervent aux veuves des pauvres bourgeois.
L'évêché de Lubec fut anciennement fondé à Alten-
bourg , ville autrefois confidérable dans la Vagrie , au
bord de la mer , par l'empereur Othon I , furnommé h
Grand , qui travailla beaucoup à la converfion des Ven-
des. Marcon , fon chancelier , fut premier évêque de ce
fiége ; il fut remplacé par Egu-ard ou Edward, vers l'an
964 , dont le fucceffeur fut Wagon , beau-frere de Bilug ,
prince des Vendes. Après celui-ci , le fiége fut occupé
par Ezich , & enfuite par Volkward , qui eut la douleur
de voir une grande partie des Vendes apoftafier , à la
perfuafion de l'impie Miftevoïus , leur prince. Il eut pour
fucceffeurs Rembert , Bennon , Meinher , Abelin. Ce der-
nier fut contemporain du pieux Godschalc ; & les foins ,
fécondés par un fi bon prince , firent refleurir la religion^
Chrétienne dans tout leur pays. Après fa mort, le diocèfe
d'Altenbourg ayant paru trop étendu aux archevêques de
Hambourg , dont il dépendoit , fut divifé en trois , (avoir,
Altenbourg , Ratzebourg ck Meckelmbourg. Cette der-
nière ville ayant été détruite , le fiége en fut transporté
à ScWerin. Ezon , nommé au fiége d'Altenbourg , vit
la religion Chrétienne prefque entièrement détruite par
les ravages de Crucon , que nous avons déjà rapportés
ci-deffus. La Vagrie refta fans évêque , depuis l'an 1066 ,
jusqu'à l'an 1149, qu'Aarftt'ic , archevêque de Brème ,
dont le fiége avoit ufurpé la primatie de Hambourg , nom-
ma Vicelin évêque d'Altenbourg. Ce prélat, dont l'églife
fait la fête , mourut en 1 1 54 , & eut pour fucceffeur Ge-
rold. Ce rut fous ce dernier que Henri le Lion , maître
de Lubec & de la Vagrie , voyant cette ville floriffante ,
y fit transférer le fiége de l'évêché , & fit bâtir , à ce def-
fein , l'églife de Notre-Dame , dont il fonda le chapitre.
Ce fut vers la fin du douzième fiécle , que l'évêque de Lu-
bec eut rang entre les princes éccléfiaftiques de l'empire.
Derler Reventlau, quarantième évêque , y introduiiit la
confeffion d'Augsbourg, l'an 1535. Jean Adolphe, fils
d'Adolphe , duc" de Holftein-Gottorp , obtint cet évêché
en 1 5S7 , tk le réfigna , dix ans après , à fon frère , qui
le pofiéda jusqu'au 3 Septembre 1634. Ce dernier avoit
choifî pour co adjuteur Adolphe , fils puîné de Jean Adol-
phe , duc de Holftein-Gottorp ; leurs fucceffeurs ont tous
été pris de la maifon de Holftein , qui s'eft ainfi approprié
lesrevenusdel'évêchédeLubec,quipaffetoujours du frère
au frree , de l'oncle au neveu , & du coufin au coufin. L'é-
leftion qu'en font encore les chanoines , n'eft qu'une forma
lité & une ombre de l'ancien droit. L'évêque n'aaucune ju-
risdiâion fur la ville ; fon domaine n'eft guères étendu.
Il exerce la jurisdic~tion épiscopale , par un grand vicaire ,
pour le clergé Catholique, &c par un confeil confiftorial
pour les Luthériens ; il fait fa réiîdence à Eutin , lieu
fitué fur un lac. Voyez ce mot.
Schleswick, né en 1710, fils de Chriflien-Augufte ,
évêque de Lubec , ayant été élu évêque de cette ville, en
1727 , a été déclaré héritier préfompiif de la couronne de
Suéde, en 1749, & élu roi de Suéde, eniy^i.Son frère,
Fréderic-Augufte, fut élu fon coadjuteur, ^1743 ., dans
l'évêché de Lubec , qu'il poffode aujourd'hui.
I.LUBEN , petite ville de Silélîe, au duché de Lignits ,
fur le ruiffeau de Kaltzbach. Elle a un diftrift affez étendu ,
LUB
& fait un cercle à part. Entre cette ville, Rauden & Bol-
kowitz , ou Pulkwifs, il y a beaucoup de bois. Elle eft à trois
milles de cette dernière place , & à pareille diftance de
Parckwitz, fur la route de Breflau à Francfort-fur-l'O-
der, & à Berlin. Boleflas le Long l'augmenta & la for-
tifia. * Zeyler , Bohem. Topogr. p. 160.
2. LUBEN , dans la baffe Luface. Voyez Lubben.
LUBEMTHAL , Lcovalliitm , bourg de Siléfie , dans-
la principauté de Javer, entre Fridberg ôtLahn , presqu'à
égale diftance. Il y a une riche abbaye de Bénédictines,
dont l'églife eft fous l'invocation de S. Materne.
LUBÈRAS , petite ville d'Allemagne , au cercle de
la haute Saxe , dans la baffe Luface , auprès de la forêt
nommée le Sprkwald. * ZeyUr , Saxon, fuper. Topogr.
/>. 130.
LUBIANA. Voyez JiMONA & Laubach.
LUBIENI , peuple lauvage d'Afie , dans les montagnes
qui font entre l'Ibérie & l'Albanie des anciens , félon Pline,
/. 6, c. 10.
LUBIENSES , ancien peuple d'Espagne , voifin des La-
cétaniens, félon Pline, /. 3 , c. 3. Le P. Hardouin avoue
qu'on ne fait ce que c'eft que cette nation , à moins qu'elle
ne foit la même que les Levienfes , nommés dans les Dé-
crets du pape Hilaire , avec les Calaguntani , Se les Caf-
canienfes.
LUBLIN , ville de la petite Pologne , capitale d'un pa-
latinatde même nom, fur la Byftrzna, qui va fe joindre en-
fuite avec le Viépers. Il y a un ancien château fur une
colline : elle eft affez belle , affez peuplée pour le
pays , & fituée à trente-fix milles de Cracovie , & vingt-
quatre de Varlbvie ; à quatorze de Sanclomir , & à ibi-
xante-dix de Vilna : c'eft une des principales villes du
royaume. Quoique fon enceinte ne foit que médiocre , elle
furpaffe néanmoins les autres villes par l'agrément de fa
lîtuation , par la bonté de l'air , la fécondité du terroir ,
& par l'abondance de toutes les choies propres aux be-
foins ou aux plaifirs de la vie. Les murs en font hauts ,
les foffés profonds, les édifices ordinairement beaux. La
citadelle eft jointe à la ville par un pont. * Andr. Cdlar.
Descr. Polon. p. 193.
Entre les égliiês de la ville , on diftingue celles de Notre-
Dame , accompagnée d'un monaftere de filles , appelle
fainte Brigitte du Triomphe ; l'églife de la converfion de
S. Paul , où eft un monaftere de Bernardins ; celle du Saint
Efprit , qui eft de pierre de taille ; le beau collège des
Jéfuites, avec l'églife fous l'invocation de S. Jean-Baptifte,
qui eft ancienne , s'il eft vrai qu'elle ait été bâtie par Lesko
le Noir , 'prince de Pologne. On la nommoit ancienne-
ment S. Michel ; mais comme elle étoit fort ruinée par le
rems, les magiftrats l'ont tait réparer. Elle avoit une haute
tour, d'où l'on voyoit à peu de diftance le couvent des Do-
minicains , où eft l'églife de S. Staniilas ; mais cette belle
églife des Jéfuites , ainfi que'leur collège , ont été brûlés
en 1752. Tout auprès, & au bas de la ville, eft l'églife
de S. Adalbert , avec un hôpital. Enfuite eft l'églife de
S. Nicolas ; & une autre fort vieille , où l'on permet aux
Ruffiens du rite grec de faire le fervice divin félon leur
ufage ; on nomme ce lieu vulgairement Cze.RLIE-w.
Le palais a une belle tour qui s'élève dans la place. C'eft
dans cette maifon que , durant cinq mois de l'été, on expé-
die tous les procès de ce palatinat. Ce n'eft pas pour la
ville de Lublin un petit ornement , que le palais du pala-
tin Marc Sobieski. Il y a beaucoup d'autres édifices fort
beaux. Les Juifs font en grand nombre dans les fauxbourgs :
ils y ont une fynagogue la plus belle du royaume. Le ter-
roir des environs eft d'une grande fécondité , tant pour
les grains , que pour les fruits. On tient à Lublin trois
foires, dont chacune dure" tout un mois; il y vient des
marchands de tout pays , des Allemands , des Grecs , des
Arméniens , des Mofcovites , des Turcs , des François ,
des Italiens & des Anglois. Comme c'eft à Lublin que
font les grands tribunaux judiciaires de toute la Pologne,
les affaires y attirent beaucoup de noblefîe.
Romain , Czar de Ruffie , affiégea la citadelle de Lu-
blin inutilement durant un mois, en 120s. Les Tartares
brûlèrent la ville, en 1 240 ; & après qu'on l'eut rétablie , le
Czar Daniel la prit par furprife; & l'ayant fortifiée, la garda.
Les Ruffiens l'ayant pafladée cinquunte-fept ans , la perdi-
rent Ibus Vencellas , roi de Pologne. En 1606 ,& 1607,
elle fut affligée d'incendies ; & la même année , la no-
bleffe Polonoife oppofée au roi , & à ceux qui tenoient
Lue
LUC
fon parti , s'àffembla à Lublin , comme on peut voir dans
les hiftoriens de Pologne. En 1646, les étudians de l'aca-
démie de Lublin entrèrent de nuit dans dix-neuf mailbns
de Juifs , les pillèrent , y tuèrent huit hommes , & en bles-
ferent cinquante ; le roi envoya des commiflaires pour
punir cette infâme aftion. * Piafec. Chron.
Le palatinat de Lublin , province de la petite
Pologne , à l'orient de la Viftule. Il prend fon nom de fa
capitale. Il eft borné au nord par la Mazovie & la Podla-
<[uie ; à l'ojient , par laLithuanie , & par le palatinat de
Rufîîe ; au midi , par celui de Sandomir ; & au couchant ,
par le même palatinat, dont la Viftule, &C un bout de
la rivière de Viépers , le féparent. En y comprenant le
territoire de Lukow, ce palatinat comprend environ deux
mille châteaux , ou maifons de gentilshommes. L'évêque
de Kiow fait fa réfidence à Lublin , depuis que cette der-
nière ville eft en la puiffance des Moscovites. Il y. a deux
fénateurs, favoir , le palatin & le caftellan. Les princi-
pales rivières font la Viftule, qui borne le palatinat de
Lublin au couchant; Se le Viépers, qui le coupe du fud-
eft au nord-oueft d'abord , & enfuite du levant au cou-
chant. * Andr. Cdlar. p. 191.
LUBLINECZ , ou
LUBUNITZ , petite ville de Siléfie, dans la princi-
pauté d'Opelen , en tirant vers Rofenberg , &r_ vers les
frontières de Pologne. * Zeyler , Bohem. Topogr. p. 160.
LUBNEN , contrée d'Afie , dont parle Sérapion. Or-
telius , Thzfaur. foupçonne qu'elle étoit voifine de l'Inde.
LUBOLO , pays d'Afrique , dans l'Ethiopie orientale,
au royaume d'Angola , entre la rivière de Coanza &: le
royaume de Benguela. On entend par ce nom deux pays
d'une étendue bien différente. Quelques-uns y compren-
nent les provinces de
Quifama , Tambà ,
Lubulo , propre ; Rimbâ ,
Cabéfo , Sumbi ,
Oacco , Scella ,
Et la haute Bembé.
D'autres bornent ce nom à la province de Lubolo , pro-
prement dite. * Labat , Ethiopie occid. /. 1 , p. 84.
LUBOLO PROPRE , pays d'Afrique , dans l'Ethio-
pie occidentale , au royaume d'Angola. Elle eft bornée
au nord , par la Coanza , qui la fépare de la pro-
vince de Mofeche ; à l'orient , par celle de Cabefo ;
au midi , par celle de Rimba ; Se au couchant , par
celle de Quifama. C'eft le repaire d'une infinité d'a-
nimaux fauvages & carnaciers , félon les apparences,
parce qu'ils y trouvent abondamment de quoi vivre.
Elle eft, pour ainfi dire, couverte de chèvres fauva-
ges , ck de cerfs qu'on appelle gulongo , dans le pays.
On y cultive une espèce de palmiers qui donnent de
l'huile & du vin, qui font très-rares ailleurs. Les feigneurs
les font cultiver avec beaucoup de peines & de grands
foins , par curiofité.
LUBRA, bourg d'Italie, félon un exemplaire manus-
crit de Frontin , allégué par Ortélius , Thef. Il eft parlé
de ce même lieu, dans le Martyre de S. Abundius. Il
devoit être autour de la voie Flaminienne, à XII, M. Vi
de Rome.
LUBSCHUTZ , petite ville de Siléfie, dans la prin-
cipauté de Jagerndorff, au nord oriental de Troppaw ,
dans une belle campagne, qui paffepourle meilleur ter-
roir de toute la Siléfie. * Zeykr , Bohem. Topogr^
p. 161.
1. LUC, ancienne ville de France, au Dauphiné, fur
la Drome , dans le Diois , fur la grande route des Alpes ,
cornme ils paroît par les anciens Itinéraire, qui la nom-
ment Lucus Augujii. Il y a quelques fiécles qu'un rocher
étant tombé dans la Drome, au-deflbus de cette rivière,
en boucha le lit , & caufa une inondation dont la ville
fut fubmergée & détruite. Il eft refté de cette inonda-
tion deux lacs au-defifus de Die. On a bâti au-deffous
de ces deux lacs le nouveau Luc, qui n'eft qu'un village
ou un bourg tout au plus. * Longuerue , Descr. de la
France, p. 335.
a. LUC , bourg de France , en Dauphiné. Voyez
l'article précédent.
3. LUC, bourgade de France, dans la Normandie.
Les Carmes y ont un couvent où l'on a trouvé une ins-.
919
cnption en l'honneur de Jules-Céfar ," & ce monument
fait juger que ce lieu eft ancien.
4. LUC, (le) bourg de France, en Provence, à
fix lieues de Fréjus , en allant vers Aix , & à quatre de
Draguignan. C'eft un comté, 6t il donne à la maifon
de Vintimille le titre de comtes du Luc.
5. LUC, (saint Vincent du) S. Vinccntius de.
Luco; abbaye d'hommes, en France , de l'ordre de S. Be-
noît dans le Béarn , au diocèfe , tk à deux lieux d'O-
Ieron. L'abbé a entrée aux états de Béarn.
6. LUC, bois de France, au comté de Foix, dans
la maîtrife des eaux tk forêts de Pamiers. Il eft de huit
cents vingt-cinq arpens.
LUCA , abbaye d'hommes , ordre de Prémontré ,
dans la Moravie , au cercle, Si près de la ville de Znaym.
LUCiE, nom latin de Loches.
LUC AIES. Voyez Lucayes.
LUCALA , rivière de l'Ethiopie occidentale, au pays
d'Angola. Elle a fa fource aux montagnes , qui féparent
Dembo^Quingengo , de Dembo-Angonga ; côtoie ce
dernier pays ; entre dans celui deLembo, ou de la baffe
Ilamba, qu'elle fépare du royaume deMatamba; entre
dans le pays de Mofeche , & fe perd dans la Coanzaau,
près de Massingano , fortereffe Portugaife. * Carie
d'Angola.
LUCANIE , (la) ancienne contrée de l'Italie, nom-
méeLucania par les Romains, & Aîvy.ana par les Grecs.
Elle étoit bornée au nord par le Silaris , aujourd'hui le
Silaro , qui la féparoit des Picentins, &£ par le Branda-
nus qui la féparoit de la Pouille ; à l'orient, par le golfe
deTarente; au midi, par leLaiis, aujourd'hui leLaïnOy
qui la féparoit du pays des Brutii ; & par le Sibaris ,
aujourd'hui le Cochile ; & à l'occident , par la mer d'E-
trurie. Pline, /.3,c. 5; & Strabon, /. 5, difent que les Lu-
caniens tiroient leur origine des Samnites. Ces derniers
les établirent dans le pays , après en avoir chaffé les
GEnctri ; & ils eurent de longues guerres à foutenir con-
tre les Grecs. Du tems de Strabon, ils étoient fi affoiblis,
qu'à peine leurs villes étoient-elles reconnoiffables.
Pomponius Mêla étend la Lucanie jusqu'au promon-
toire de Minerve , tk renferme dans ces bornes les Pi-
centins que Pline , Ptolomée & Strabon en reculent.
Il y a des géographes qui comprennent dans les bornes
de la Lucanie jusqu'au golfe Scylaceus. Mais les bornes
que donne Strabon , font voir que cette côte apparte-
noit aux Brutiens. Lucania , dit-il , efl intrà oram ma-
ris Tyrrluni ac Siculi , illïc à Silaro usqut ad Laum
amnem : hic à Metaponto usque ad Thurios : in conti-
nente autem à Samnitibus usque - ad ifthmum , qui à
Thuriis ad Cerillos pertinet. * Cellarius , Geogr. antiq.
/. i, c.9.
Pour Ptolomée , il ne connoît point de Lucaniens fur
la côte du golfe de "Parente ; il attribue tout ce quartier-
là à la grande Grèce. Cela vient de ce qu'il ne diftingue
point ordinairement l'état ancien d'un pays , de l'état
où il fe trouvoit de fon 'tems. Quant à la côte de la
mer d'Etrurie, il eftaffez d'accord avec Strabon & avec
Pline. Voici les villes qu'il donne aux Lucaniens fur
cette côte ; elles marquent les bornes du pays de ce
côté-là, fous l'empire des Romains :
Silari fiuv. OJtia,
Pccftum ,
Velia,
Buxentum.
Le P. Briet divife la Lucanie en Lucanie en-deçà de
V Apennin , & en Lucanie au-delà de l 'Apennin. Sous
la première il comprend le pays des anciens Pofidonia-
tes , aujourd'hui une partie de la principauté citérieure,
& une partie de la Calabre citérieure. Sous la féconde
il comprend l'ancien pays des Sybarites , aujourd'hui
une grande partie de la Bafilicate , Si une partie de la
Calabre citérieure.
Lucanie en-deçà de l'Appennin.
(Templum Junonis Argivœ, Torre;
I Portas Alburnus , Alfùrno ;
Villes marifi- \Pozjlum ou Pojidonia, ville ruinée ;
mes des Pofido- \ Velia, Hclia :& Hyele , Caftel-a-Mare
niâtes. 1 délia Brucca ;
\ Palinurus-Portus , Palinuro;
^Buxentum , Polycaffro.
LUC
p20
Villes dans les Ç Adnum , Ateno-;
terres. \Sontia , Sanza.
Luc
Montagnes.
\Alburnus , monte di Poftiglione ;
"jCatamadus , Monte di Cappacio.
tS'darus , Selo ou Silaro ;
VTadagar, Negro;
\Calor , il Calore ;
Fleuves des Vo-)Scagnum-Salfam , Fiume falfo;
fidoniates. ~\Elea ad Fdiam , Pisciota;
\Haks ou Hekes, Halente;
IMelphes , Molpha, Melpha ou Molpaj
[Laiis, Laino.
-*. . Ç Polidium , capo di Licofa ;
Promontoires. \pJaanurum . capo di palinurô.
fPœjlanus ou Pofidoniates , golfo cK
Golfes des Po-1 Salerno;
fidoniates. \Eleates ou Vdiuus-i
\Laiis, golfd di Policaft.ro-,
Lucanie au-delà de l'Apennin-,
rMetapontum ou Mtcab
mariti-i Mare;
J c
Torre di
Villes
mes des Syhaù-'iSiris, Torre fan Bafilio ;
tes, 'iSybaris , Thurium , Thuriœ, & Copis^
* Torre-Brodogneto.
'Potentla, Poténza;
Abdlinum Marjicum , Marfîco;
Langaria , Nogara ou Nocara ;
, Acalandra , ou Calafarna , Salandra;
I Cœlianum , Cigliano .
Villes dans les
terres.
| Grumetum , Clarimonte ;
\Opinum , Opido,
SBradanus ou Brada , „
Cafuentum , Bafiento ;
Alcandrum, Salandrella ou Salandra;
Clyftarnus, Racanello ; _
barites. \ Adrïs ou Aàdios , Agrij
I S iris, Senno J
iSybaris, Cochile;
\.Crathis, Crati.
ïfles fur la côte de Lucanlëi
(Éhclris ouFebra, aujourd'hui- incon-
I nue ,
J- . r, \Pontia, Pontia;
\(Enotridesinfulœ, ^^ Ifada;
\-LeucoJia ou Lcucafio , la Licofa.
Bochart, dans fon Chanaan , /. I , c. 33 , paroît prou-
ver fort bien que la Lucanie comprenoit autrefois le pays
des Bruttiens ; d'ailleurs Strabon dit que Crimijfa, qu'il
«îiftingue expreflement de Pecilia , étoit une ville de la
Lucanie. * D. Mattheo Ègicio, Lettres à M. Lengletdu
IJresnoy. , _
Je ne touche point à cette lifté du P. Briët ; mais on
verra fous chaque article particulier, qu'il n'a pas toujours
bien rencontré pour le nom moderne.
LUCANUS , ou Lucaniacus-Fundus ; lieu de
France,dont il eft parlé plufieurs fois dans les Epîtres d'Au-
fone, & dans celles de S. Paulin. Ce lieu devoit être au-
deflus de Libourne &c de Condate,peu loin de laDordo-
gne ; & Vinet dit qu'on ne fait ce que c'eft à moins que
ce lieu n'ait quitté fon ancien nom de Lucanus , pour
prendre celui de S. EMILION.
LUCAY, bourg de France , dans le Berri , élection
de Châteauroux. 11 appartient à la fainte Chapelle de
Bourges, en vertu d'une donation que lui en fit Jean ,
duc de Berri.
LUCAYES , (les isles) ides de l'Amérique fepten-
trionale, dans la mer du nord, aux environs du tropi-
que du cancer , à l'orient de la presqu'ifle de la Flo-
ride, au nord des ifles de Cuba & de S. Domingue.
Comme celle de Bahama eft une des principales, quel-
ques-uns appellent ces ifles les ifles de Bahama, LeùÂ
grandeurs font très - différentes ; celles de la première
grandeur font , en commençant au nord-oueft,
Bahama, AndroiT,
Lucayoneque , Cigate-o.
Celles de la féconde grandeur font :
Abacoa ou la Providence , Yumeta^
Guanahani^ Sainana',
Mayaguana.
De la troifiéme grandeur font ,
Yuma ou Exuma,
Caîcos ,
Ynagua ,
Triangulo,
Il y eh a un aflez grand nombre de petites , qui font
moins des ifles que des écueils , ou des bancs de fable j
qui ne s'élèvent guères au-deflus du niveau de la mer.
On ne les fréquente guères ; 2k il n'y va presque point
d'autres vaifleaux d'Europe, que ceux qui y font en-
traînés par le vent : tes bancs de fable & les dangers
dont elles font environnées , en rendent l'accès difficile ;
de-là vient que l'on en a peu de relations. Herrera dit
que les Espagnols demeurent dans quelques-unes ; Lins-
chot dit qu'elles font toutes inhabitées ; & Baudrand
aflure qu'elles font encore actuellement aux naturels du
pays. Les Anglois prétendent qu'elles leur appartiennent.
Ces ifles font du nombre des Antilles dont elles font
la partie feptentrionale : elles font aujourd'hui presque
toutes défertes. C'eft par ces ifles que le nouveau monde
a été découvert ; Chriftophe Colomb ayant reconnu d'a-
bord celle de Guanahani , St en ayant pris poflëflîoa
au nom des rois Catholiques , en découvrit enfuite plu-
fieurs autres , avant que tie palter à Cuba , & à l'ifle
Espagnole. Ce fut ce même navigateur , qui donna à
toutes ces ifles le nom de Lucayes , parce qu'il apprit
des habitans de Guanahani , que tous ces infulaires fe
nommoient Lucayes. Les Espagnols les ont presque touJ
tes dépeuplées , pour faire travailler les habitans aux mi-
nes de S. Domingue. * Nous du P. Charlevoix,
LUCAYONEQUE, ifle de l'Amérique feptentrio-
nale , dans la mer du nord , entre les ifles Lucayes. Le9
François la nommèrent, en 105, la grande Lucaye. Les
habitans l'appelloient auparavant Vacaïouque , ou , félon
Merrerea , Lucayoneque & Yucdiontque. Elle eft au fud-
eft de l'ifle de Bahama, au nord-oueft de l'ifle de Ci-
gateo , & au midi du grand banc de Bahama. Elle eft en-,
tourée d'écueils , au nord , à l'orient , Se au couchant.
1. LUCCA. Voyez Lucques.
2. LUCCA , ou Luka, petite ville d'Allemagne;
au cercle de la haute Saxe , dans l'Ofterland , entre Al-
tenbourg Se Pégau. Elle eft remarquable par la fameufe
bataille qui s'y donna, en 1308, entre Frédéric, mar-
grave de Misnie, & les Impériaux ; ceux-ci furent dé-
faits. Cette ville fut presqu'entiérement hurlée en 1644»
Baudrand la nomme LucCAU. *Zeyler , Saxon. Topogri
p. 130.
3. LUCCA , ou Luckaw , ou Lucken , petit©
ville d'Allemagne , dans l'état de l'élefteur de Saxe ,
dans la bafle Luface , entre Calau ci Sonwaldt. Elle efî
médiocrement fortifiée : les Suédois la prirent en 1641,
& la rendirent en 1644, par compofition, au baron d'En-
kenfort , général des troupes de l'élefteur.
LUCCAU , petite ville- d'Allemagne , au cercle de
haute Saxe , en Misnie , dans l'Ofterland , dans l'état de
la maifon de Saxe-Gotha, à deux milles allemands de
Zeitz, &c à quatre de Leipfig. * Baudrand, édit. 1705.
LUCÉ , bourg de France, dans le Maine, élection de
Château-du-Loir , au nord de la forêt de Berfay , vers
la fource d'un ruiffeau , qui tombe dans le Loir , à l'o-
rient de Château-du-Loir. C'eft une baronnie , dont la
jurisdiftion s'étend fur dix-fept paroifles.
Dans le Diftionnaire de la France , ce bourg eft donné
pour une ville. Il paroît que , parmi les auteurs de ce
livre , il y a eu un Manceau, qui a pris à tâche d'éri-
ger en villes tous les bourgs du Maine, & en bourgs
tous les villages de ce pays-là.
LUCÉA, ville d'Italie, dans la Pouille, Diodore de
Sicile,
LUC
LUC
(Sicile, /. 19 , dit que les Romains y envoyèrent une co-
lonie. Ortélius, Thefaur. avertit que ce lieu n'eft point
différent de Lucérie où Titè'-Live dit, que cette colo-
nie fut envoyée.
1. LUCENA , ville d'Espagne , dans l'Andaloufie ,
fur la rivière de Tinto , fk dans une grande plaine , vers
Moguer , à deux lieues de la côte du golfe de Cadix ,
au royaume de Cordoue , fur la droite du chemin de
Valna à Alcala-Réal. Elle n'a rien de fort remarquable ,
quoiqu'elle ait le titre de cité. Son terroir abonde en fro-
ment , en huile, &c en vin. C'eft de-là qu'étoit forti
S. Séver de Tobar, premier fondateur des Capucins,
dans la Caflille. * Baudrand, édit. 1705 , Délices de
l'Espagne , p. 1 14.
2. LUCENA , bourg d'Espagne , dans l'Eftramadure,
entre Alcantara, & Mérida. Les géographes le prennent
pour l'ancienne Luciniana.
LUCENA Y-L'ÉVÊQUE , bourg de France , en Bour-
gogne , au diocèfe d' Autun , fur la route d'Autun , à Sau-
lieu , à trois lieues de la première , dans un petit vallon.
C'eft une baronnie, dont les hameaux font écartés en d'au-
tres lieux. Il y paffe le Taflenay , ruiffeau , qui mêle
fes eaux avec celles de l'Arroux ; va fe perdre avec cette
rivière dans la Loire , auprès de Digoin.
LUCENI, ancien peuple de l'Hibernie , vers le midi,
félon Orofe & jEthicus. Cambden croit qu'ils tiroient
leur origine des Lucenfd , peuple d'Espagne. 11 occupoit
le comté de Kerry.
1. LUCENSES , furnom diftinftif d'une partie du
peuple CALL.ECI. Voyez ce mot. .Pline les nomme
Callaïci Lucinsii.
_ 2. LUCENSES , félon Pline , /. 3 , c. 11 de l'édi-
tion du P. Hardouin , peuple ancien d'Italie, au pays
des Marfes. Il droit fon nom du bourg Lucus ; & ce
bourg étoit ainfi, appelle à caufe d'un bois, le même que
Virgile nomme Angitia nemus. Ortélius lit Luctntes ,
& les donne au peuple Peligni , c'eft une erreur. Pline ,
qu'il cite, dit qu'ils étoient des Marfes.
3. LUCENSES , ou Lucil , ancien peuple de la
Gaule , félon- L. J. Scoppa , dans fes Recueils cités par
Ortélius
LUCENSIS CONVENTUS, l'af emblée deLugos.
Pline , /. 3 , c. 3 , nous apprend que l'Espagne étoit di-
vifée en fept départemens , ou jurîsdicfions , qui avoient
chacune leur reffort féparé. Les deux derniers fe nom-
moient Lucenfis ôt Bracarum. Tous ces noms de Lu-
cenfis , Luccnfes , Lucenfii, viennent de Lu eus, aujour-
d'hui Lugo , alors capitale de ce peuple , Sr. même des
autres peuples qui étoient de ce département. Pline, à
l'endroit cité , met feize nations dans celui-ci.
LUCENTIA, félon Pomponius Mêla, /. 2, c. 6.
LUCENTI , AxmtoI , félon Ptolomée, l. z, c. 6.
LUCENTUM, félon Pline , /. 3 , c. 3, ancienne ville
d'Espagne , fur la côte de la mer Méditerranée : nous
avons remarqué au mot Alona , que quelques-uns ont
cru trouver Alicante dans Alona ; nous remarquerons
ici , qu'elle convient fort, pour le nom &t pour la fitua-
tion avec Lucenti , ou Lucenria, ou Lucentum. Les Ara-
bes y ont ajouté leur article AL C'étoit une ville peuplée
de Latins , ou gratifiée du droit de bourgeoifie Latine.
Bien des auteurs fe font trompés , en difant que c'eft Lu-
cena.
LUCEOLIS CASTRUM , place d'Italie, fur la route
de Ravenne à Rome. Paul Warnefrid , de Geflis Lan-
gobard. 1. 4 , c. 3 5 , dit que l'eunuque Eleuthère , pa-
trice qui avoit ufurpé l'empire , fur tué par les foldats
fur cette route, in Cafl.ro Luceolis. Quelques-uns croient
que c'eft préfentement Ponte-RicciOLI.
LUCERA , ville d'Italie , au royaume de Naples. On
la nomme en latin , Luceria, Nocera, Nuceria, Luceria
Paganorum , ou Nuceria Saracenorum , ci en italien ,
Lucera delli Pagani ; ce furnom vient de ce que l'em-
pereur Confiance l'ayant ruinée, l'empereur Frédéric II
la donna aux Sarrazins pour demeure , à condition de la
réparer. Charles II , roi de Naples, les en chaffa , à la ré-
ferve de ceux qui voulurent bien fe rendre Chrétiens,
ïl la fit nommer cité de fainte Marie, à caufe de l'églife
de fainte Marie de la Vi&oire , qu'il y bâtit ; mais enfin
fon ancien nom de Lucera lui fut rendur Elle eft dans
la Capitanate , à huit lieues de Manfrédonia. C'eft le
fiége du gouverneur de la province , ôr. d'un éyêque iùf-
921
fragant de Bénévent. Elle eft confidérable par fes bel-
les laines. Voyez Nuceria.
LUCERNARIA. Adon de Vienne, cité par Orté-
lius, femble nommer ainfi une ville, ou une contrée
d'Afrique.
LUCERNE, ville de Suiffe, au canton de même
nom. Elle eft fituée à l'endroit où la rivière de Rufffort
du lac de Lucerne. Elle eft bien bâtie, &fpacieufe; mais
elle n'eft pas peuplée à proportion de fon étendue , à
caufe de la grande quantité de jardins qui font renfer-
més dans fon enceinte. La Ruff la fépare en deux par-
ties inégales ; & ces deux parties font jointes par trois
ponts , un grand qui eft long de trois cents pas , & deux
petits ; les rives de la RufT font bordées de belles mai-
fons. Outre ces trois ponts , il y en a un quatrième, d'en-
viron cinq cents pas de longueur , fur un bras du lac ,
par lequel on traverfe de la grande vilie à l'églife de S. Lé-
ger. De ces ponts, les deux grands , & l'un des petirs font
de bois , couverts , & ornés de beaux tableaux , dont les
uns repréfentent des hiftoires de l'écriture fainte, d'au-
tres des hiftoires de la Suiffe, & un la danfe des morts.
Ce dernier eft accompagné de vers allemands. Ces ponts
font les promenades ordinaires des habilans. Il y a dans
Lucerne divers beaux édifices publics , qui méritent d'ê-
tre vus. * Les Délices de la Suifle, pag. 277.
L'églife collégiale de S. Léger eft richement ornée ;
il y a un jeu d'orgues magnifique , & dans ces deux clo-
chers un très-beau carillon. Il y a un couvent d'Urfu-
lines , & un de Cordeliers , qui fut fondé l'an 1223 ;
les Jéfuites y ont un très-beau collège avec une belle
églife, fous l'invocation de S. François Xavier, fondée
en 1677. L'hôtel de ville eft au bord de la rivière , dans
la grande ville ; on y montre , entr'autres curiofités , la
figure d'un géant , dont on trouva les os fous un vieux
chêne , l'an 1 577 , au-deffous de la ville , près du vil-
lage de Reyden ; un habile anatomifte de Bafle, nommé
Plater , ayant examiné ces os , & les ayant comparés
avec ceux d'un fquelete entier , il trouva , toutes propor-
tions obfervées , que le géant devoit avoir eu dix-neuf
pieds de haut. Dans Tarfenal, qui eft affez bien fourni,
on montroit autrefois, avec beaucoup d'affeftation , «ne
douzaine de canons que les Lucernois gagnerenr fur les
Bernois , à la bataille de Filmerguen, l'an 1658, &c le
chapeau de M. d'Erlach , mort avoyer à Berne , qui com-
mandoit alors l'armée Bernoifè. lis n'ont plus tant d'em-
preffement à les montrer , depuis les dernières guerres
civiles. La tour de l'eau , ou Wafferthurn , n'eft remar-
quable pour fon antiquité. Elle eft à l'endroit où la RufT
fort du lac , & elle borde l'un des grands ponts. On dit
qu'elle fervoit anciennement de phare , & qu'on y allu-
moit de nuit un fanal, pour éclairer les bateaux : on pré-
tend même , que c'eft de-là que Lucerne a tiré fon nom
£k fon origine. Aujourd'hui elle fert à garder les archives.
Lucerne eft la réfidence du nonce , & de l'ambaffa-
deur d'Espagne. Les Lucernois & tous leurs fujets font
zélés Catholiques ; leur gouvernement civil eft Ariftocra-
tique , & fort approchant de celui de Berne. L'autorité
fouveraine eft entre les mains d'un grand-confeil de cent
perfonnes ; de celui-ci , on en tire un confeil ordinaire
de trente-fix perfonnes , dont dix-huit gouvernent l'état,
durant fix mois , après lesquels ils font remplacés par
les dix-huit autres. Le chef de l'état s'appelle avoyer ,
en allemand fchùltheiff. La ville eft partagée en plu-
fleurs corps de métiers , où chaque maifon, tant foit peu
confidérable, eft immatriculée, comme en autant de tri-
bus ; & c'eft de-là, que l'on tire les membres de l'état.
Ils ont, outre cela, quelques autre? chambres pourl'admi-
niftration de la juftice ck de la police. Quant au gouver-
nement eccléfiaftique , les Lucernois dépendent de lé-
vêque de Conftance ; & les nonces du pape y exercent
auffi l'autorité de laquelle ils font revêtus. Les Lucernois
fe fervent, à la guerre, d'un cornet d'airain, qu'ils difent
leur avoir été donné par Charlemagne.
Il y a dans une maifon illuftre de Lucerne une pierre
de dragon, qui eft une des plus grandes raretés qu'on
puiffe voir. Un payfan la trouva, vers le milieu du quin-
zième fiécle , dans le tems qu'il fauchoit un pré ; ayant
vu un dragon horrible , qui paffa dans l'air à côté de
lui , il en tomba en défaillance ; s'étant relevé , il vit du
fang caillé , que ce dragon avoit répandu , & au milieu
de ce fang une pierre qu'il ramaffa. Elle demeura dans fa
Tome III. Aaaaaa ,
LUC
922
maifon, durant trois générations ; & depuis elle fut à un
bourgeois de Lucerne. Elle eft plus dure que le marbre ,
& aucun fer n'y peut faire la moindre brèche. Elle eft
ronde , à-peu-près comme un globe partagé en^ trois zo-
nes , dont les deux extérieurs font bruns , ou d'une cou-
leur noirâtre, tirant fur le rouge; &c celui du milieu eft
blanc , tirant fur le jaune , &£ marqueté de diverfes cou-
leurs. Elle eft du poids de neuf onces. Elle a des pro-
priétés admirables pour guérir diverfes maladies , comme
la pefte , les pertes de fang, &_ toutes fortes flux. On a
de tout cela des preuves authentiques , qui ne laiffent au-
cun lieu de douter de la vérité de ce que je viens de
dire.
L'an 1701 , il arriva un accident bien funefte à Lucerne.
Le 30 de Juillet , à deux heures après midi , le tems étant
ferein , on vit à l'orient une nuée noire , d'où partit un
coup de foudre , qui fans faire un grand bruit , tomba
fur une tour de la ville , où il y avoit deux cents cinquante
quintaux de poudre , & y mit le feu. Le haut de la tour
fauta en l'air avec un fracas horrible , & tomba par-des-
fus la ville dans le lac. Le refte de la poudre , qui n'étoit
pas encore allumé , étant tombé au fond de la tour , y
prit feu , &£ alors la tour fut enlevée jusqu'aux fonde-
mens , & fauta en l'air avec un nouveau fracas, qui ébranla
toute la ville ; il n'y eut heureufement que fix perfonnes
tuées, & quelques autres bleffées.
L'églife collégiale , de laquelle il eft parlé dans cet ar-
ticle , étoit anciennement un monaftere. On voit par une
patente de l'empereur Lothaire, rapportée par Guiliman,
&C donnée à Strasbourg , dans la onzième année du ré-
gne de ce prince, le 26 Juillet , indi&ion 13 , que ce
prince avoit vu des lettres de l'empereur Louis fonpere,
qui affuroient que le roi Pépin avoit donné le monas-
tère nommé ^Luciaria , qui eft Lucerne , à l'abbaye de
Murbach , fondée en Alface, à l'honneur de S. Léger,
de S. Pierre , & de la Vierge : ce monaftere de Lucerne
fut depuis changé en une églife collégiale , fur laquelle les
abbés de Murbach fe réferverent leur jurisdiftion ; lors-
qu'ils aliénèrent Lucerne en faveur de l'empereur Al-
bert , duc d'Autriche , fils de l'empereur Rodolphe , l'an
1295. Albert donna à l'abbé quatre villages en Alface ,
avec deux mille marcs d'argent, qui feryirent à payer
les dettes de cette abbaye. Les Lucernois furent fort mé-
contens de ce changement ; car ils avoient joui d'une
entière liberté, & franchife fous la feigneurie des abbés
de Murbach , qui leur avoient donné de grands privi-
lèges , & principalement celui de ne pouvoir être alié-
nés du domaine de cette abbaye. Après s'être oppofés
en vain à cette aliénation , ils furent forcés de fe fou-
mettre à la domination d'Albert & de fes fucceffeurs,
fck on leur promit de leur conferver leurs loix & coutu-
mes. Albert prit pofleflion de Lucerne, en 1307. Les Lu-
cernois furent vingt-fix ans fous la maifon d'Autriche ,
&, durant ce tems-là, contraints d'être presque continuel-
lemenr en armes contre les alliés de Schwitz, Uri , & Un-
derwald, ennemis de la maifon d'Autriche, qui d'ailleurs
leur donnoit des officiers qui les maltraitoient. Ils fe las-
ferent de tant fouffrir pour des maîtres qui les ména-
geoient fi peu, & prirent le parti de fecouer le joug dont
ils étoient opprimés. Ils fe réconcilièrent avec les trois
cantons, & entrèrent dans leur ligue, l'an 1333. * Lon-
guerue , Descr. de la France, p. vjo.
Le canton DE Lucerne tient le troifiéme rang
entre les treize cantons du corps Helvétique ; & véri-
tablement ce rang lui eft dû , fi l'on en juge par fa gran-
deur ; car , comme il n'a pas l'étendue de celui de Zuric,
ck beaucoup moins encore celle du canton de Berne , auffi
eft-il plus grand qu'aucun des autres. C'eft pourquoi ,
comme la Suiffe eft divifée par la différence de religion
en deux grands partis , Lucerne eft le chef de celui des
cantons Catholiques.
Ce canton eft borné, à l'orient, par ceux d'Underwald ,
de Schwitz , & de Zug ; & aux trois autres côtés , par le
canton de Berne , excepté qu'à un coin du nord , il a
auffi les provinces libres. Ce qui eft au midi de Lucerne,
eft un pays de montagnes , & c'eft le commencement
des Alpes. Ce qui eft au nord, eft un pays de champs,
de près &i de bois; mais il n'y a point de vignes. Du
refte, le pays y eft affez fertile en bled , & les Lucernois
en ont de quoi fournir aux petits cantons de leur voi-
finage , qui vont ordinairement faire leurs provifions dans
LUC
les marchés de Lucerne : le lac , qui mouille la ville 8c
les cantons , leur fournit du poirfon en abondance. Les
Lucernois tirent aufli beaucoup de profit de leurs bes-
tiaux , particulièrement dans le. mont de Pilate , & dans
la contrée nommée Entlibouch. On dit qu'ils ont une
mine de fer , dans une de leurs montagnes , qui s'ap-
pelle BUixen , de la paroiffe de Schurpffen.
Les bailliages du canton de Lucerne font;
Villifaw, Habsbourg,
Rothebourg , Malters ,
Entlibouch, Et Littau,
Ruffwyl , "Wceggis ,
Krientz.
S. Michel-Ampt , avec le bourg Se l'abbaye de Muns-
ter ;
Ruffeck ou Ruffegg, & Horb ou Horw ;
Méaischwanden , Knut-Weil,
Buren , Ebicken ,
Tringen, "Wicken,
Et Heidegg.
De tous ces lieux , il n'y a que deux villes , Villifaw
& Rothebourg ; tout le refte font des villages. Outre
cela, il y a dans le canton deux villes, Sempach & Sur-
fée , Se la riche abbaye de S. Urbain , qui font fous la
protection de Lucerne ; Se le bourg de Gerfau , aux fron-
tières de Lucerne Se de Schwitz , eft fous la protection
des quatre cantons voifins du iac.
Lucerne, (lac de) ou lac des quatre cantons, en
allemand , Vier-Waldjletten-Sk , parce que quatre can-
tons font fur fes bords ; Lucerne au nord , Uri au midi ,
Schwitz à l'orient, Se Underwald à l'occident. Ce lac
eft formé par la Ruff , qui vient du canton d'Uri , &
reparoît à Lucerne. Ce lac a à-peu-près la figure d'une
croix j Se eft fort étroit vers fon milieu. Sa longueur eft
de huit lieues , Se fa largeur de deux Se plus. Il fournit
beaucoup de poiffon , Se eft bordé , dans quelques en-
droits , de rochers qui font le repaire des chamois , che-
vreuils, & autres bêtes fauves.
Il y a deux ou trois petits lacs dans le canton de Lu-
cerne , entr'autres , celui de Sempach ou de Surfée , &
celui de Heidegg. Il fe trouve dans ces lacs des écreviffes
de couleur bleuâtre , plus greffes ordinairement que les
communes ; quand on les cuit , elles ne deviennent point
rouges, mais prennent une couleur livide. De même , on
trouve dans le ruifîeau nommé Wlnon , proche de Neu-
dorff, de greffes écreviffes , qui ne prennent jamais la
couleur rouge , quand on les fait cuire ; mais elles de-
meurent noires.
Les terres de Lucerne n'ont pas beaucoup d'étendue
autour du lac. Entre Lucerne Se Schwitz , il y a les lieux
nommés Habsbourg, Meggen , Lut^elau , Se Woeggis.
Entre Lucerne & le canton d'Underwald , il y a Krientz,
Se le mont de Pilate.
LUCHÈ , bourg de France, dans l'Anjou, élection
de la Flèche.
LUCHEU , ville de la Chine , dans la province de
Kiangnan, ou Nanking, dont elle eft la neuvième mé-
tropole. Elle eft de o d. 8' plus occidentale que Pékin,
fous les 33 d. 4' de latitude. La fituation de cette ville
eft des plus agréables , Se le pays d'alentour eft très-
fertile. Elle a fous elle huit villes , qui font presque tou-
tes célèbres Se fituées fur un lac nommé Çao. Ces villes
font :
Lucheu , Çao ,
Xuching, Logan 0,*
Lukiang, Jugxan,
Vuquei © , Hoxan.
Anciennement Lucheu faifoitpartiede la province Yang-
cheu , fous la famille Cheva; tout le pays fut un état li-
bre , que l'on appelloit le royaume deLucuj mais peu de
tems après, les rois de Çu s'en emparèrent. Sous la famille
impériale Hana, il porta le nom de Lukiang. Enfin
l'empereur Suy lui donna le nom qu'il porte aujourd'hui.
Cette ville eft fàmeufe dans toute la Chine, parce que
ce fut à fon côté oriental , que le roitelet Jangus battit
LUC
LUC
l'empereur Kieu ; après quoi , il s'empara de l'empire.
.* Atlas Sinenjis.
LUCHEUX , bourg de France , dans la Picardie ,
éleftion de Péronne.
LUCHING , ville de la Chine , dans la province de
Channfi , au département de Lugan , quatrième métro-
pole de la province. Elleeftde4d. 10' plus occidentale
que Pékin, fous les 37 d. 13' de latitude. * Atlas Si-
nenjïs.
LUCHO , petit bourg d'Afrique, au royaume de Barca,
fur le cap de Lucho. Baudrand , qui dit que les anciens
nommoient ce cap Catœonium promontorium , affure
que le bourg étoit autrefois une ville de la Marmarique,
nommée Acropolis , Antipyrgus Se Tetrapyrgia. Ce font
dumoins les noms latins qu'il joint au nom moderne.
LUCI , abbaye de religieulès , de l'ordre des Camal-
dules , en Italie , au diocèfe de Florence.
LUCIE, (l'isle de Sainte) ifle d'Afrique, une de
celles du Cap-Verd , à l'oueft nord-oueft de celle de
S. Nicolas , dont elle eft éloignée de quatre lieues. ,11 y
a deux fort bonnes baies, l'une au fud-oueft , l'autre au
fud-eft de l'ifle. Les chèvres & les ânes y font en grand
nombre ; mais il n'y a pas d'autres habitans , comme le
difentBarbot, dans fa Description de la Guinée,/;. 538,
& Corneille dans fon Diftonnaire. * Voyage de Roberts ,
p. 446.
LUCIFERI FANUM ; lieu d'Espagne, dans la Bé-
tique: Strabon , /. 3 , p. 140, dit qu'on le nommoit
suffi Lucem-dubiam, deux mots latins qu'il écrit en ca-
ractères grecs AaKi^cÇiu. Florien d'Ocampo croit que
c'eft aujourd'hui fan Lucar de Barameda.
LUCII. Voyez Lucenses 3.
LUCI ^MAGNENSIS , fiége épiscopal d'Afrique. En-
tre les évêques qui affilièrent à la conférence de Carthage,
on voit Primilien, évêque de cet endroit, Prlmilianus
episcopus Lucimagnenjis. Mais on ne fait dans quelle
province étoit ce fiége.
LUCINjE , en grec E<x«0vi'a; , Elithyas , ancienne
ville d'Egypte , félon Etienne le Géographe. Eufebe ,
/. 3 , en fait auffi mention dans, fa Préparation évangé-
lique. ,, ... ' .
I LUCINI PORTUS,lieu d'Italie. Caffiodore, Variât. 1
adSabinian. en fait mention. Uneancienne édition por-
toit Sicini. Ortélius , Thefaur. conjecture que ce lieu
étoit tout auprès de Rome.
LUCIO , (génitif, onis,) nom latin de LUÇON.
LUCINIANA, nom latin de Lucena , bourg d'Es-
pagne , dans l'Eftramadure , différent de Lucena , ville
de l'Andaloulle.
LUCIOLE. Voyez Luceôlis.
LUCKEWALD, cercle d'Allemagne, dans le duché
de Magdebourg. Il s'étend dans fa partie orientale, &£
tire fon nom d'une très-petite ville.
LUCKO , Luccovïa. Cromer la nomme Luscum ,
ville de Pologne , dans la Volhinie , dont elle eft la prin-
cipale. Elle eft grande & aiTez peuplée , félon Baudrand ,
qui dit que les Allemands la nomment Lufuc , mot qui
relTemble aiTez au nom latin de Luscum. Elle eft fur la
droite de la rivière de Ster , & a une citadelle où l'é-
vêque Latin , fon chapitre , &C les Jéfuites font logés.
L'évêque Ruffien , du rit grec loge dans la ville. Luckp ,
en 1074, fut affiégée près de fix mois, & prife enfin par
Boleflas , fécond roi de Pologne. En 143 1 , une guerre
inteftine entre les deux frères Vladiflas & Suidrigellon,
y caufa un incendie , dont pourtant la citadelle ne fe
reftentit point. L'évêque eft fuffragant de Gnesne. Selon
Niger , cette ville eft la Leinum de Ptolomée.
LUCO , bourg d'Italie , au royaume de Naples , près
du bord occidental du lac de Célano , dans l'Abruzze
Ultérieure. * Baudrand, édit. 1705.
LUCOGEUS. Voyez Leucoceus.
LUCOMÈRIE, province d'Ane, dans l'empire Rus-
iîen , au nord de la Sibérie , à l'orient de l'Oby. On
la nomme préfentement VObdorie ; elle fait partie du
pays des Samoiiedes. * Robert de Vaugondy , Atlas.
1. LUÇON, Luciu , ville de France, dans le bas
Poitou, dans des marais, à deux lieues de la mer. Ce
n'eft , à proprement parler , qu'un bourg qui n'eft point
muré , ck qui ne trouve fa place entre les villes , que
parce que Jean XXII en érigea l'abbaye en évêché, l'an
13 17. S. Mathurin eft la feule paroiflè qu'il y ait dans
92 3
Luçon; mais il y a un féminaire, un couvent de Capu-
cins, & un d'Lîrlùhnes. Quoique Luçon foit fi peu de
chofe , & que l'air y foit mal-fain , la ville ne Iaifle pas
d'être le fiége du fénéchal du bas Poitou. Luçon doit fon
origine à un très-ancien monaflere , qui fut fondé dans
le même lieu, par uc disciple de S. Philibert. Ce fonda-
teur, nommé Lucius , donna fon nom à cette abbaye,
qui ayant fublifté plufieurs fiécles , & embrafle la régie
de S. Benoît , le pape Jean XXII y érigea un fiége épis-
copal, en 1317, dont il créa premier évêque, Pierre de
la Voirie, dernier abbé de Luçon. Les Bénédi&ins com-
p ferent toujours le chapitre de la cathédrale, jusqu'au
régne de Louis XII. Ce fut à la prière de ce roi, que
le pape Paul III les fécularifa en 1468, &c changea leur
monaftere en un chapitre de chanoines. L'évêque eft
feigneur temporel , & prend la qualité de baron de Lu-
çon. Un des plus illuftres évêques de Luçon a été le fa-
meux cardinal de Richelieu. Ce diocèfe' renferme deu:c
cents trente paroiffes , divifées fous trois archidiaconés.
Le chapitre de la cathédrale eft compote d'un doyen ,
d'un grand archidiacre, d'un chantre, des archidiacres
d'AlsENAY&de Parede, du prévôt de Luçon, de ceux
de Fontenay , de Parthenay , & des Eflars ; d'un chan-
celier , d'un fou-doyen , d'un fou-chantre , & de vingt-
neuf chanoines. Les ides de Chauvet &f de Noirmou-
tier font de ce diocèfe. * Piganiol de la Force , Descr.
dejla France, t. 5 ,p. 80, 6- 119. De Longuerue, Descr.
de la France, p. 153.
2. LUÇON, ifle d'Afie, dans l'Océan oriental, en-
tre les ifles Philippines , dont elle eft en même tems la
plus feptentrionale & la plus grande. On la nomme auffi
Manille , du nom de fa capitale. Son extrémité orientale
eft au 13e d. 30' , Sr. fon extrémité feptentrionale s'é-
tend jusqu'au 19e degré. Quant à fa figure, elle relTemble
à un bras plié, inégal pourtant dans fon épailTeur; puis-
que, du côté de l'orient, on peut la traverfer en un jour,
& que , du côté du nord , elle s'élargit fi fort , que fa
moindre largeur, pour aller d'une mer à l'autre, eft de
30 à 40 lieues. Toute fa longueur eft de 160 lieues Es-
pagnoles, & fon circuit eft d'environ 350. *Gemelli>
Carreri, Voyage, t. 5 , p. 73.
Dans le coude de ce bras , il y a une grande rivière
qui fe rend dans la mer , &C forme une baie de trente
lieues de circuit. Les Espagnols l'appellent Bahia, àcaufe
de la rivière du grand lac de Babi , qui eft à dix-huit
milles de la ville de Manille. Les Indiens avoient en
cet endroit leur principal village, qui étoit d'environ.
3800 maifons. Ils avoient derrière eux plufieurs marais,
qui forlinoient naturellement la place, & un terrein qui
produifoit en abondance tout ce qui eft néceflaire pour
la vie ; c'eft ce qui engagea Michel Lopès , le premier
qui a conquis cette ifle , de fonder en cet endroit la ville
principale, à qui il donna l'ancien nom de Mauille. II
exécuta cedefTein,en 1571 ,1e jour de la S. Jean , &cinq
jours après fa conquête. Ill'avoit faite ainfi le 19 de Juin,
jour de fainte Potentiane ; c'eft ce qui fit qu'on choifit
cette fainte pour la patrone de l'ifle.
A trois lieues dé la ville de Manille, dans la même
baie, eft le port de Cavité; la baie eft profonde pres-
que par-tout , & fort poiflbnneufe ; {es rives font bor-
dées de villages & de quantité d'arbres. A fon entrée, à
huit lieues de Manille , on trouve Maribelles, qui a trois
lieues de circuit, & qui eft très -haute. Il y a -dans cet
endroit un officier enfermé avec fix foldats de garde.
L'officier fait auffi l'office de corrégidor dans un village
de cinquante maifons , qui eft du côté de Manille. Son
plus grand profit vient des Noirs , qui lui apportent quan-
tité de bois , pour un peu de tabac &C de riz. Il vend
enfuite ce bois bien cher à Manille. Il y a trois partages
pour entrer dans la baie. Celui qui eft entre l'ifle Ma-
ribeles & la pointe du Diable eft le plus fréquenté , parce
qu'il eft le plus profond , &: qu'il a une demi-lieue de
largeur ; le fécond a un quart de lieue de large , entre la
côté oppofée & l'écueil des Chevaux. Il n'eft pas fort fur,
à cauîe du peu de fond & de quelques petits rochers
fous l'eau ; le troifiéme , qui a trois lieues de large , eft
entre l'écueil des Chevaux, îk la pointe de Marigoudon.
Il eft rempli de lèches, & l'entrée en eft dangereufé.
En fortant de la baie fur la gauche , par lu route qua
prennent les vaifTeaux de la nouvelle Espagne, on trouve
après quatorze lieues de chemin la baie de Balayan^ Sç
Terne III. Aaaaaa ij
924 LUC LUC
Bombon , qui a trois lieues de tour , & derrière laquelle fituée fur les bords de la rivière Bigan ; le gouverneur
il y a un lac avec beaucoup d'habitations. En allant vers Guido de Laccazarris , fucceffeur de l'adélantado ,- y
l'eft, on paile la pointe du Soufre , & l'on entre dans fonda, en 1574, la ville Fernandine. Cette province
la baie de Batangas , qui eft habitée par des Indiens; ne s'étend pas plus de huit lieues dans les terres.
auprès de la pointe , il y a la petite ifle de Cafa , qui eft On entre enfuite dans la province de Pangasinan ,
remplie de gibier. Entre cette ifle & la pointe eft le dont la côte a quarante lieues d'Espagne de longueur.
port de Malcaban , où le gouverneur Gomez-Perez de Elle eft à-peu-près dé la même largeur que celle d'I-
las Marinas fut affaffiné avec plufieurs autres, fur la ca- LOCCOS. C'eft fur la côte de la province de Pagafi-
pitane, par des rameurs Chinois. nan,qu'eft le port de Bolinao, de même que laPlaya-
Après avoir pafle à la baie de Batangas, on trouve Onda, endroit fameux dans les Philippines, par la vic-
ies villages de Lovo & de Galban , dans le voifinage toire que les Espagnols remportèrent fur les Hollan-
desquels on voit des marques de mines. C'eft en cet en- dois.
droit que finit la province de Balayan, qui commence à La province de PAMPANGA , où finit le diocèfe de
Maribelles, & clans laquelle demeurent environ deux mille la nouvelle Ségovie, & où commence le diocèfe de
cinq cents Indiens, qui payent tribut. Onentre enfuite dans l'archevêque de Manille , fuit la province de Pangalinan.
celle de Calilaya, ou Tayabas , qui s'étend jusqu'au cap La province de Bahi, qui eft à l'orient deBahi, eu
de Bondo , & dans les terres jusqu'à Maubun, fur la côte importante pour la conftru&ion des vaiffeaux.
oppofée de l'iile. Elle eft plus grande & a pius d'habitans II y une province nommée Bulacan , fituée entre Pani-
que la première. panga & Tondo. Elle eft très -petite, & habitée par
On parle enfuite dans la province de Camarines , où les Tagales : elle abonde en riz &c en vin de palme. Elle
font compris Bondo , Paffacao , Ibalon, capitale de la eft habitée par trois mille perfonnes qui payent tribut,
jurisdiétion de Catanduanes ; Bulan , où fe perdit le vais- Après avoir fait le tour de Manille , il refte encore •
ieau de l'Incarnation , revenant de la nouvelle Espagne , à dire quelque chofe d'une petite province , qui eft pro-
en 1649; Sorfocon, ou Bagatao, port où l'on bâtit les chede l'embouchure du canal , & que j'ai omife ex-
gros vaiffeaux du roi ; & Albay , qui eft une grande baie près ; car quoique fa capitale foit fur les terres de Ma-
Jiors du détroit, proche laquelle il y a un volcan très- nille , le refte eft compofé de plufieurs petites ifles,
haut , que les navires, qui viennent de la nouvelle Es- comme CATADUANE , Masbate & Bourias.
pagne , apperçoivent de fort loin. Il y a dans cette mon- Dans toute l'ifle on trouve de l'or , beaucoup de cire ,
tagne quelques fources d'eau chaude. On en remarque de la civette, du coron, dufoufre, de la cannelle fau-
une, entr'autres, qui convertit en pierre tout ce qu'on y vage , du cacao , du riz ; les montagnes même fournis-
jette, foit bois, os, feuille, étoffe, ou animaux. Au fent de toutes ces chofes. Outre cela, on a de bons che-
village de Tivi , à deux lieues du pied de la montagne , vaux, des vaches , des bufles , &, fur ïes montagnes, àes
on trouve une grande fource d'eau tiède , qui a auffi la cerfs, des fangliers Se des bufles fauvages.
propriété de pétrifier jusqu'aux animaux, comme écre- ; LUCOPIDIA, ancienne ville de l'ifle d'Albion (c'eft-
viffes, ferpens , crocodiles, &c. Les bois de Molaye, à-dire de la grande Bretagne , ) félon Ptolomée, l.i,
de Binanuyo ,& de Naga , fe pétrifient plus vite que toute c 3. Neubridge , Talbot & Humfred difent que c'eft
autre matière. On voit de pareilles chofes dans les au- préfentement Carlile, (Cabrleol:') ce dernier ajoute qu'elle
très ifles. eft nommée Luguballia par Antoriin ; fa mémoire l'a
Au-delà d'Albày * vers l'orient , eft le cap de Buy- trompé : il devoit dire que Bede nomme Luguballia
faygay ; &C dans cet endroit , la côte remonte vers le ce qu'Antonin appelle LuGUVALLUM. Cambden a , fur
nord, en biffant à droite les ifles de Catanduanes, qui ce mot Lucopidia, une penfée qui n'eft pas à méprifer,
en font éloignées de deux lieues. Enfuite, en côtoyant Je ne fçais, dit-il, où je dois chercher Lucopidïa. Ce-
l'ifle , on trouve la rivière de Bicor , qui vient d'un lac, pendant ce lieu doit être le fiége épiscopal que Bede
& baigne la ville de Caqeres , fondée par don François appelle candida CASA , la mai/on blanche ; les An-
deSande, fécond gouverneur & propriétaire de ces ifles. g'°is &: les Ecoffois le nomment , dans le même ferrs,
L'évêque du nouveau Caqeres y fait fa réfidence ; & les wHlTTEP.N. Ns fe pourroit-il point que Ptolomée
provinces de Calilaya, de Camarmes & d'Ibalon font trouvant ce lieu vommé en latin candida c.rfa , l'au-
fous fa jurisdiâion. roit traduit en fa langue par AtVKi oiy.iha, c'eft-à-dire
De la province de Camarines on entre dans celle de les demeures blanches , au lieu de quoi quelque copifte
Paracale, où font de riches mines d'or, d'autres mines mal-adroit auroit fourré Leucopidia.
de divers métaux &C de la meilleure pierre d'aimant. LEUCOTETIA. Voyez Lutetia & Paris.
Il y a dans cette province environ 7000 Indiens payant LUCQUES, ville d'Italie, capitale de la république
tribut. Le terrein eft bon & plat. Il produit des arbres de de ce nom, en latin Luca & Lucca. Il y avoir un
cacao , &i des palmiers dont on tire beaucoup d'huile & évêché qui, en 1726, fut érigé en archevêché qui ne
de vin. Après trois jours de chemin le long de la côte, relevé que du faint fiége (a). Elle eft fituée fur la ri-
on trouve la baie de Mauban , dans le pli du bras. Les viere de Serchio , à cinq lieues de Pife , au milieu d'une
vaiffeaux , qui viennent de la nouvelle Espagne, ont quel- petite plaine environnée de coteaux agréables. Son cir-
quefois laiffé de l'argent dans cet endroit , pour qu'on le cuit n'eft que de trois milles; mais fes maifons font
transportât à Manille. Au dehors de la baie eft le port fort élevées, & le nombre de fes habitans eft affez grand,
de Lampon , qui eft femblable à celui de Mauban. Il y en a de fort riches par le trafic des foies dont ils
^Depuis Lampon, jusqu'au cap del Engano, la côte font des étoffes, avec tant, d'adreffe, que la ville en
n'eft habitée que par des infidèles &C des barbares. C'eft a été appellée Lucca l'indufiriofa. Les rues font pavées
en cet endroit que commence la province & la juris- de grandes pierres qui les rendent nettes en tout tems. EI-
diftion de Cagayan , qui eft la plus grande qui foit les ne font ni fort droites ni fort larges, mais telles
dans ces ifles ; elle a quatre-vingt lieues de longueur , qu'on les voit .dans la plupart des anciennes villes d'I-
& quarante de largeur. Sa capitale eft la nouvelle talie. La place de S. Michel & celle de S. Martin font
SÉGOVIE. Voyez ce mot. Le cap le plus feptentrio- remarquables. L'églife de S. Michel, qu'on trouve dans
nal eft celui del Engano , ■ qui eft fort dangereux , à la première , a plufieurs petites colomnes qui en foutien-
caufe des vents du nord Se des grands courans. nent les dehors, & marquent fon antiquité. Sur l'autre
_ Après avoir fait quinze lieues, le long de la côte d'o- place eft la cathédrale qui porte le nom de S. Mania,
rient en occident , on trouve l'autre pointe qu'on ap- ou de fainte Croix , parce qu'on y conferve un cru-
pelle le Boxcader, ( Bojador. ) Ce cap étant paffé , cifix dont la face, dit-on, fut faite par un ange. On
en fuivant la côte qui va au midi, au bout de vingt l'appelle il fanto Folio. Ce crucifix eft de bois de cé-
lieues finit la province de Cagayan , &C commence celle dre , couvert d'une robe très-riche , & a fur la tête une
d'iLOCCOS. Les Cagayans , qui payent tribut, peuvent couronne toute brillante de pierres précieufes. Il eft dans
être au nombre de neuf mille, fans compter ceux qui une chapelle de marbre , à gauche en entrant ; cette cha-
ne font pas fubjugués. pelle eft en forme de dôme, fermée de grilles de fer, &
La province dlLOCCOS paffe pour une des plus ri- éclairée, nuit & jour, parplufieurs lampes d'argent. Ala
ches des ifles. Elle a quarante lieues de côte , & eft troifiéme chapelle, on voit une cène du Tintoret, &au-
(a) Le Serchio court à un quart de mille loin de la muraille de. S. Quiric,
LUC
LU
u
Ç)2S
nomme le pont de Manano , ck l'autre le pont délia.
Madalena. On y trouve auffi des bains chauds ck ialu-
taires (a).
LUCQUOIS , ( LE ) en italien il Luchefe , de l'état de
la république de Lucques , petit pays d'Italie. Il eft bordé,
au nord, de la partie de Garfagnana, qui reconnoît le
duc de Modène , avec le lieu de Bargua , qui appar-
tient au grand duc; il a , au couchant, l'état du prince
de Mafia , ck la mer de Toscane ; au midi , le Piian qui
appartient au grand duc; Se au levant, le lac de Eion-
tina , la Pefchia, & le territoire de Piftoye. Cet état
a de diamètre , d'un côté, trente fck un milles, & de l'au-
tre vingt-cinq , fck merae beaucoup plus , en compre-
nant les lieux écartés. Lucques eft fa ville capitale. Ses
autres lieux les plus remarquables font du côté de la
principauté de Mafia; Camajora, ville belle & forte,
avec Montagnofo , fck proche de-là fur la mer de Toscane,
le pont ou plutôt la plage de Fiaregio. Cette ré^
publique a encore deux places féparées du refte de fon
état , Cafliglione , ck Vïcaria di Minucciano. Caftiglione
eft fitué dans la Garfagnana, près de Caftel-Nuovo,
place appartenante au duc de Modène : il fait, avec les
villages qui en dépendent , un diftrict connu fous le
nom de viguerie de. Cafliglione ; c'eft une place des
plus fortes. Vicaria di Minucciano eft un petit état fitué
dans la Lugiane , allez près du Vivizzano , fck peu éloi-
gné de l'Apennin, auffi -bien que de Caftiglione, qui
eft au fud-eft de Minucciano. Le pays de la républi-
que de Lucques , étant montueux , fournit affez de vin
pour la provifion de ceux qui l'habitent ; mais comme
ordinairement ils ne recueillent pas affez de bled pour
la moiiié de l'année , ils en font venir par mer ; ôc
c'eft à quoi leur fert le port de Viaregio. Ils ont quan-
tité d'olives, ce qui leur donne de l'huile en abondance»
Ils ont auffi force lupins , fck faféoles , un grand nom-
bre de châtaignes , dont vivent les payfans , auffi-bien
que de miletj fck quelque peu de citions. Ils recueillent
auffi quantité de lin. On a toujours reconnu dans les
Lucquois une inclination portée au bien fck à l'équité.
Ils font honnêtes aux étrangers , ck très-attachés à la
confervation de leur liberté , qu'ils ont maintenue avec
prudence , contre mille attaques. Ils font d'ordinaire vê-
tus de noir; les plus riches ont des habits de foie,
mais fans fuperfluké. Leurs femmes font auffi fort mo-
deftement vêtues. Lorsqu'ils font dans leurs maifons
de campagne , où ils demeurent depuis le commence*
ment de Mai jusqu'à la fin de Juin , les hommes por-
tent des habits de couleur ; les dames ont de fort jo-
lies juppes , fck s'y divertiffent les unes avec les" autres ,
foit à danfer , foit à fe régaler chacune à fon tour. Ils
ont l'office de l'abondance , qui prend de l'argent à cinq
pour cent des particuliers , fck le négocie en gra:ns &
en toutes fortes de marchandifes , en Flandres, en Hol-
lande , en Angleterre ; ce qui rapporte un grand revenu
à> la république. L'état prête du bled à ceux qui en ont
befoin,- fck s'en indemnité peu-à-peu. Tcus les fours
font à la république , qui oblige d'y cuire tout le pain
qui fe mange à Lucques. Les Lucquois vendent, tous les
ans, pour, plus de quatre cents mille écus de foie. Us
reconnoifient l'empereur pour leur prote&eur. Ils vivent
néanmoins en forme de république gouvernée par les
feuls nobles, fuivant la loi Martinienne, fuivant laquelle
le peuple perdit toute fon autorité ; de forte que cet
état auparavant Démocratique, ou populaire, devint Aris-
tocratique. Le chef de leur république eft nommé gon-
falonnier. Il eft afliflé de neuf feigneurs que l'on ap-
pelle anciens , fck qui fe font traitet à' excellent} (fîmes. On
les change de deux en deux mois , de même que le
gonfalonnier ; & pendant ce tems, ils fe tiennent au pa-
lais de la feigneurie. La ville de Lucques eft divifée en
trois terriers, de S. Paulm , S. Sauveur fck S. Martin.
Le gonfalonier eft élu du tercier de S. Paulin pour
Janvier & Février. Enluite il eft pris des terciers de S. Sau-
veur , & de S. Martin ; après quoi , on recommence.
Ce gonfalonnier porte un bonnet ducal , de couleur de
cramoifi , bordé d'une frange d'or ; une robe de velours
ou de clamas cramoifi , avec la cornette de velours de
même couleur. Quand il marche en cérémonie, il a
(a) Lucques eft fituée à 43 d. 'jo' de latitude, fck à 31 d. 4' de longitude, félon les obfervations quq
M. Caffini a faites de Pife fck de Livourne , l'an 1694.
près un beau tombeau de marbre de la famille de Gui-
nigi. Sous le portique à gauche , eft un bas-relief de mar-
tre, que l'on eftime beaucoup. 11 eft de Nicolas Pifan.
Dans le même portique, à main gauche en entrant,
l'on voit un médaillon rond , avec un autre bas-relief,
que l'on croit le portrait de NïcoLo Picenino , capitaine
très-renommé des ducs de Vifconti, fck qui fut autrefois le
libérateur de Lucques. Les chanoines vont au chœur en
rochet fck en camail. On dit qu'il leur a été accordé de
porter des chapes, des mofettes violettes & des mitres
de foie blanche , à la manière des cardinaux. Il y a des
ialuftres de marbre devant le grand autel. Dans l'égiilé
de Notre-Dame delli Miracoli , on voit un tableau de
la vierge qui eft en grande vénération parmi les bour-
geois de Lucques. La bafilique fck la chapelle de S. Fri-
dan font fort eftimées. C'eft en ce lieu qu'eft le tombeau
de Richard , roi d'Angleterre , qui mourut à Lucques ,
en allant à Ro'me, pour vifiter les lieux des laints apô-
tres. On trouve beaucoup des chofes dignes de l'atten-
tion des voyageurs, dans plufieurs autres églifes de la
même ville. Il y a , entr'auttes, dans l'églife de S. Ro-
main deux très-beaux tableaux ; l'un repréfentant une
affomption de la Vierge, du chevalier Guidotti; l'autre
eft un tableau du chevalier Vanni. A S. Pierre-Civoli,
il y a un tableau de Lanfranc; à fainte Marie, une affomp-
tion ck une famte Luce du Guerchin. L'arfenal pour-
roit fournir de quoi armer plus de vingt mille hommes.
Il n'eft point permis de porter l'épée à Lucques; & en
entrant, on demande aux étrangers leurs piftolets ck leurs
armes, qu'ils retrouvent à la porte par laquelle ils doi-
vent fortir. * Corneille , Dictionnaire.
Cette ville eft fort ancienne. Elle fut déclarée colo-
nie Romaine , vers l'an de Rome 576. Ce fut-là que fe
fit le premier triumvirat entre Jules -Céfar , Pompée
ck Craffus. A la décadence de cet empire , elle tomba
au pouvoir des Goths, fck fut enfuitefoumife aux Lom-
bards , qui la gardèrent jusqu'au régne de Charlemagne.
Des feigneurs particuliers , comme Boniface , père de
la comteffe Mathilde , ck Caftracani , la gouvernèrent
pendant qnelquetems; après quoi, elle fut vendue à Gé-
rard Spinola de Gènes , par les gens de l'empereur
Louis de Bavière. Elle fut auffi vendue aux Florentins,
fous l'obéiffance desquels elle demeura jusqu'à ce qu'un
cardinal François , que l'empereur Charles IV y avoit
laifie pour gouverneur , donna la liberté aux Lucquois.
Us 1a perdirent de nouveau par les entreprifes d'un de
leurs citoyens, appelle Paul de Guinigi ; ck l'ayant re-
couvrée , vers l'an 1450-, il l'ont confervée depuis , avec
grand foin , fous la proteftion de l'empereur. La ville
de Lucques eft affez bien fortifiée. Didier , dernier roi
des Lombard1;, l'avoir fait environner de murailles, par-
tie de briques fck partie de pierres ; mais les habitans
les firent abbarre , en 1616, fck la rirent revêtir d'onze
baftions de briques , qui la rendraient très-forte , s'ils
étoient couverts par des dehors. Ses remparts, qui font
planté1; , fervent de promenades aux bourgeois. Les ar-
bres en font fi touffus , que ceux qui ne voient cette
yille que de loin , auraient de la peine à • croire que
ce fut autre choie qu'un petit bois. On ne découvre
que la pointe du clocher de la grande églife. On dit à
l'avantage des Lucques , que lorsqu'il s'agit de juger un
procès de conféquence , on fait venir des jurisconsultes
étrangers , qui n'en font pas moins éloignés que de cin-
quante milles , afin que ces juges n'étant portés ni par
amour ni par haine , pour nuire aux parties , ou pour
les favbrifer , rendent leur fentence avec équité.
■ Dans la ville de Lucques on voit les reftes d'un am-
phithe itre ; iX hors, de la ville , à une diftance peu con-
fidérable, fur le penchant d'uri mont qui borde le lac
Mafffcucoli font les reftes d'un temple qu'on croit avoir
été conlacré à Hercule. On croit que ce temple étoit
autrefois fur bord de la mer, dont il eft aujourd'hui éloi-
gné de plufieurs milles. Entre les choies curieulès qu'on
remarque autour de Lucques, on compte le pont de
Seftri, qu'on dit avoir été bâti par le diable, fck ce-
lui de Borgo-Nuovo. Ils lont tous deux fur le chemin
de Modène. Il y en a deux autres , fur la rivière de
Serchio, qui lbnt admirables par leur hauteur ; l'un fe
926
LUC
LUC
devant lui deux hommes qui portent un manteau rouge Ç
lemé de bandes fatin blanc, & deux enfans , dont l'un
porte fon épée , & l'autre celle du viguier, qui va après
■lui. Ce premier entant (a) , qui porte l'épée du gonfa-
lonnier, eft toujours fon fils ou fon parent ; il porte aulfi
\\n bonnet qui pend derrière , attaché au col avec un
•cordon où eft repréfenté l'aigle de l'empire , tout cou-
Vert de perles. Plufieurs trompettes marchent devant
avec la mufique entretenue par la république. Le prince
eft fuivi des viguiers ou vicaires, de fix gentilshommes
conduftturs , de l'office des revenus de la cour des
marchandifesi de l'office de l'abondance , & de celui
de la bonne garde. Quant aux anciens , ils portent des
"robes à grandes manches de velours, ou de damas noir*
& la cornette de fatin cramoifi. On en prend trois de
chaque tercier; tk les neuf enfemble ont un comman-
deur ; c'eft le plus ancien du premier terdier. Ce comman-
deur, qui porte le fceau trois jours, le remet au plus
ancien du fécond tercier, & celui-ci au plus ancien
du troifiéme; ce qui recommence toujours tour-à-tour.
Il y a fix chanceliers , qui font éius indifféremment de
tous les terciers. Ils reftent en charge, tant qu'ils s'en
acquittent bien, &C demeurent au palais pendant tout
le jour. La nuit, il n'y a que le principal & le moindre
qui s'y tiennent. Leur fonction eft d'écrire & d'énfé-
giftrer tous les actes. L'état eft gouverné par le grand
confeil des fix- vingt, dont quarante font pris de cha-
que tercier. Ceux-ci demeurent une année en charge ,
& font renouvelles au moisde Mars. Ce font eux qui
décident toutes les affaires importantes de la république.
Il y a encore un moindre confeil, compolé de trente-fix
perfonnes , qui font en charge pendant fix mois , & qui
élifent les trente-fix qui doivent leur fuccécler, Les con-
feils s'affemblent ordinairement le mardi & le ven-
dredi de chaque femaine ; ceux qui manquent à s'y
trouver, font mis à l'amende. L'office de l'abondance
eft compofé de fix gentilshommes, élus par le confeil
général. Ils ont leur chancelier tk leur thréforier, &£
ont foin de pourvoir la ville de bleds pour fept ans.
Ils ont auflî foin de faire cuire le pain , &c font tenir
trois grandes boutiques ouvertes où les bourgeois vont
l'acheter. Un particulier, qui cuiroit du pain chez lui,
payeroit cent écus d'amende. L'office de la munition
ftable des vivres eft compofé de fix citoyens qui font
l'amas de feigles , de fèves , de farine , de millet , de
pois-chiches , de riz , & de faféoles. Il y en a fix pa-
reillement , qui compofent l'office de la bonne garde de
la cité , & qui font obligés de porter aux feigneurs du
palais tous les noms des étrangers qui entrent dans la
ville. Un autre office , qui eft auffi de fix perfonnes ,
eft chargé de toutes les armes de la ville , & des mu-
nitions de guerre (b). Il y a, outre cela, un vicaire ou
podejlat, qui porte une verge d'argent, longue d'un pied,
avec le mot de la ville Libertas , & une panthère au-
deffus. Il eft juge criminel , mais étranger. Il y a qua-
tre autres juges étrangers pour le civil. Ils logent tous
au palais, 6t font appelles juges de la rote (c). En cha-
que lieu de l'état , on a établi un commiffaire gentil-
homme , avec un notaire ou deux qui fervent de greffiers.
Le commiffaire a tout pouvoir ; il prend connoilîance de
toutes les caufes , & les juge félon les ftatuts de Lucques.
Ces mêmes commiffaires font obligés de faire marcher
toute la milice pour le fecours de la ville, fi-tôt qu'ils
voient le fignal du fanal de la tour du palais , & ceux des
autres tours , qui avertiffent les villages.
LUCREilLIS, montagne d'Italie, dans la Sabine.
Horace, /. 1, od. 17, eh fait mention.
Velox amœnutn fapè Lucrelilem
Mutât Lycao Faunus :
Acron, fon commentateur , dit qu'elle étoit auprès de
Gabies.
LUCRINUM ; c'eft ainfi que quelques-uns lifoient ce
mot , comme s'il y eût eu dans la Pouille Daunienne une
ville nommée Lucrinum. Mais Pintianus , Ortélius , (k au-
tres favans critiques, ont bien vu que ce mot étoit pour
Larinitm.
LUCRINUM-SAXUM, la roche du Lutrin. Ortélius
femble en faire un lieu particulier , & cite Ju vénal , fat. 4,
v. 141 , dont voici les vers. Il s'y agit d'un homme qui ,
en mangeant une huitre , connoiffoit au goût en quel lieu
elle avoit été pêchée.
Circœis nata forent , an
Lucrinum adfaxum , Ruiupinove édita fudo
OJlrea , callebat primo deprendere morfu.
On voit bien qu'il s'agit ici des huitres du lac Lucrin :
elles avoient la réputation d'être bonnes.
LUCRINUS LACUS , lac d'Italie , dans la Campa-
nte, auprès de Bayes , de Pouzzol , & dti lac d'Avernë.
Mêla & Pline en font mention. Le premier , /. 2 , c. 4 ,
■"cite Putéoli , Lacus Lucrinus , St Avernus , Ba'ut , Mi-
fenum. Pline renverfe cet ordre , & dit, /. 3 , c. 5 , Mi-
fenum , portus Baairum , Bauli , Lacus Lucrinus & Aver-
nus . . . dein Puteoli. Les Romains mettoient les huitres
de ce lac au nombre des mets les plus délicieux. Horace
parle du Lucrin eu plufieurs endroits ; dans fes Epodes
il dit :
Non me Lucrina juverint conchylia.
II dit , /. 2 , od. 15, à l'occafion des étangs & des vi-
viers que le luxe faifoit creufer dans les maifons de plui-
fance : ■
Undiqut latins
Extenta vifentur Luçrino
Stagna lacu.
On verra bien-tôt, de tous côtés , des étangs plus large*
que-le lac Lucrin. Dacier remarque très-bien qu'Augnfte
joignit ce lac avec celui d'Avernë , & en fit un port , qui
fut appelle le Port- Julien. Voyez Portus-Julius. Le 29
Septembre, jour de S. Michel de l'an 1538, un tremble-
ment de terre dérangea ce lac. Il s'éleva du fond une mon:a-
gne , que l'on appella alors MONTE-NUOVO Dl Cenere^
la nouvelle montagne de Cendres. Elle eft décrite par Jules
Céfar Capacci , dans fes Antiquités de Pouzzol , c. 20. Ce
qui reft e de cet ancien lac , autour de cette montagne *
n'eft plus qu'un marais fanguex , & plein de rofeaux ;
ce marais s'appelle Licosa. Voyez ce mot.
Le Lucrin étoit célèbre pour la pêche , & on en efti-
moit les huitres. En 153e, il fut presque tout comblé :
la terre , après plufieurs fecouffes , s'ouvrit & jetta des
flammes & des pierres brûlées en fi grande quantité , qu'en
vingt-quatre heures detemsil s'éleva une montagne, de
figure à peu .près conique, qu'on appelle Monte-Nuevo ,
ou il ne croîtpoint d'herbes. Voyez Portus-Julius *D.
Matkco Egitio , Lettre à M. Lenglet du Frefnoy.
LUCRINUS SINUS ; ce lac étant percé & joint au
lac d'Avernë , devint un port , & pouvoit bien s'appeller
un golfe.
LUCTUS. Voyez ClauthmOn. L'un & l'autre mot
veut dire des pleurs. Le premier eft latin, le fécond eft
grec.
1 . LUCULLANUM , château d'Italie , dans la Cam-
panie. Ce fut-là qu'Auguftule , fils d'Orefte , fut relégué
par Odoacre , au rapport de Jofnandès. * Ortel. Thef.
Ce lieu s'appelle aujourd'hui Caftel del Ovo.
2. LUCULLANUM: il y avoit un autre lieu de même
nom , plus près de Rome ; ck quelques-uns croyoient que
c'étoit la même choie que Tusculanum , à ce que re-
marque Frontin , dans fon Traité des aqueducs, /. t.
LUCULLARUMCASTRUM, lieu dont parle CaffiV
dore , 1. 8. Variât, ad Joan. V. S. dans ce qu'il écrit à un.
certain Jean , à qui Athalaric faifoit préfent d'une mailba-
dans cette place. Ortélius , Thefaur. avoue qu'il ne fait
où étoit ce lieu , à moins qu'il ne tut aux environs de la
C) L'eftoc que l'on porte au-devant du gonfalonnier , eft un préfent que le pape Urbain II a fait à cette
république.
(°) Il y a un autre office , qu'on appelle délia Fjce , qui a l'inspeâion fur tout ce qui regarde le port de Via-
reggio : il y a auffi d'autres offices , qui ont la fur intendance de la rivière de Serchio , & autres.
(*;) Le podeftat, avec les curiaux, font logés dans un palais public, fur la place de S. Michel, différent de
celui du gonfalonnier.
LUD
maifon de campagne de Lucullus. Il ajoute que l'ancienne
édition de Caffiodore porte LUCULLANUM.
LUCULLI HORTI , ou les jardins de Lucullus , jar-
dins d'Italie , dans la Campanie ; il en eft fait mention
xlans fa Vie écrite par Plutarque ; & l'on croit qu'ils
étoient à l'endroit qu'on nomme aujourd'hui Cento-Ca-
2HERELLE. On peut voir ce qu'en dit Mazella dans fes
Antiquités de Pouzzol.
i. LUCULLI VILLA , ou la maifon de campagne de
Lucullus. Elle eft nommée Luclllana Villa , par
Suétone, in Tiber. qui dit que l'empereur Tibère y mou-
rut. Dion Caffius , l. 58 , p. 638 , dit que Tibère mourut
à Misène. Tacite , L 6 , c. 50 , fournit de quoi les mettre
d'accord , & dit que Tibère mourut près du promontoire
de Misène , dans la maifon de campagne de Lucullus. On
croit que le lieu où étoit cette maifon , s'appelle préfen-
tement Bagni d'Agnano.
2. LUCULLI VILLA. Ce même Lucullus , le plus
riche & le plus magnifique de tous les Romains , avoit
une autre maifon de campagne dans le Latium. Le comte
Marcellin l'appelle Lucullanum Cajldlum , au rapport
d'Ortélius , Thef. qui confond cette place avec le Lucul-
lanum d'Augufte ; cependant il dit que le Biondo &c Léan-
dre croient que c'eft Frascati.
LUCULLIANUS COLLIS , colline d'Italie , félon
André Bacci , qui dit qu'elle eft auprès de Naples , au
bord du golfe , fur la droite ; & qu'on l'appelle prélève-
ment Pirro-Falcone.
LUCUNDIU. Voyez Leuci Camini.
LUCUS ; ce mot eft latin , <k lignifie un bois ; & l'an-
tiquité payenne avoit l'ufage de confacrer les bois aux
divinités ; de-là vient qu'il y a tant de noms de divinités
joints avec le mot Lucus. La flaterie y a joint quelque-
ibis des noms d'empereurs.
1. LUCUS AUGUSTI , ville de la Gaule Narbon-
noife. Elle étoit alliée des Romains , félon Pline , /. 3 ,
c. 4. C'étoit la ville de Luc en Dauphiné. Elle eft nom-
mée Lucus Voconûorum par Tacite , Hijl. 1. 1 , qui n'en
fait qu'un municipe.
2. LUCUS AUGUSTI , ancien lieu d'Espagne , fur
la route de Brague à Aftorga , félon Antonin , Ltiner. entre
Mania & Timalinum. , à feize mille pas de la première ,
& à vingt-deux de la féconde.
3. LUCUS AUGUSTI, lieu de la haute Allemagne ,
fi l'on en croit une infcnption gravée fur le marbre , &
rapportée par Smétius. Ellefe trouve auffi dans la Géogra-
phie ancienne de Cellarius , dans le Recueil de Gruter. M,
p. 302 , 8c dans les Mifcellan. Erudit. Antiquh. de Spon ,
p. 810, n. 10, p. 188.
LUCUS ANGITLE. Voyez Angitie.
LUCUS ASTURUM , nom latin- d'Oviédo , ville
d'Espagne dans l'Afturie.
LUCUS DIANjE JUL1ENSIUM. Hygenus , cité par
Ortélius , nomme ce lieu , mais fans défigner en quel pays.
LUCUS FERALIS ; Junius , in Batav. nomme ainfi
un bois voifin de la Haye en Hollande , & qui étoit inac-
ceflïble , à caufe de l'horreur dont on étoit faifi en y en-
trant. Le bois de la Haye n'a plus rien de pareil , fuppofé
que Junius ait dit vrai.
LUCUS FERONLE. Voyez Feronie.
LUD , ou Lod. Voyez Lydda.
LUDAY , ville de la Turquie , en Afie , dans la Na-
tolie , au Begfangil. Elle eft réduite à un fort petit nom-
bre d'habitans. Baudrand la nomme en latin Ludaïa ,
Alydda & Aludda.
LUDE , (le) ville de France , en Anjou , aux fron-
tières du Maine , dans l'éleftion de Baugé , au bord du
Loir , à quatre lieues de la Flèche. Elle a un bon château.
Elle fut autrefois érigée en duché-pairie en faveur de Henri
de Daillon , grand-maître de l'artillerie. Cette pairie eft à
préfent éteinte , & la terre appartient au duc de Roque-
laure. Sa jurisdiftion s'étend fur huit paroiffes.
LUDERS : les Allemands nomment ainfi l'abbaye de
Lure.
LUDIANORUM INSULTE. Voyez Ludinorum.
LUDIAS , ABj\af , rivière de Macédoine, dans le voi-
finage de Pella , félon l'Epitome de Strabon , /. 7. On la
nommoit auffi Lœdias, Voyez Lydius.
LUDIC/E , &vt,nut\ , ville de Thrace , dans la pro-
vince nommée Europe, félon Procope , sEdijic. 1. 4.
LUDIM , peuple descendu de Ludim, fils de Miraïm.
LT7G 927
Jofeph a prétendu que les descendans de Ludim ne fub-
nftoient plus, il y avoit long-tems , èk qu'ils avoient été
détruits dans les guerres d'Ethiopie. Le paraph-afte Jéro-
folomitain , traduit Ludim par les habitons de la Miréote ,
partie d'Egypte. Bochart foutient qu'il faut lire le pays di
Mené, ou de Miroite. Le paraphrafte Jonathan le tra-
duit par ceux du canton de Neut ou Neout , dans l'E-
gypte ; l'Arabe , par ceux de Tenefe , près de Pélufe. Ezé-
chiel met les Ludim avec Chus & Phui ; & ail'eurs , avec
Phut Se P haras , ou peut-être Pathros. Ces peuples étoient
dans l'Egypte ; mais il n'eft pas aifé de marquer précifé-
ment le lieu de la demeure des Ludim. * (a) D, Calmée.
Dift. Ç^Genef.c. 10, v. 17.
LUDINORUM INSULTE , ifles d'Afie , aux environs
de la Lydie , félon Varron de Re rufi. ad calcem. Il faut
dire Lydïorum ; & Fulviu's Urfinus l'a corrigé ainfi. Sca-
liger aime mieux Ludianorum. Voyez l'article Cala-
mine.
LUDLOW" , ville d'Angleterre , en Shropshire , aux
frontières du pays de Galles. Elle eft fermée de murailles ,
& défendue par un château. C'eft à LudW qu'on tenoit
la cour des Marches du pays de Galles , pour le jugement
des caufes de fon reflort , jusqu'à ce qu'elle fût fupprimée
par aile de pralement , fous Guillaume III. * Etat préfent
de la Gr. Bretagne , t. I , p. 104 & ioï.
Cette ville a féance au parlement.
LUDON , (le) rivière de France , en Gascogne. Elle
a fa fource dans le Marfan , aux confins du bas Armagnac ,
à Loubens ; d'où , paffant à Hontans , & , ferpentant vers
le nord-oueft, elle Ce jette dans le Midou , avec lequel
elle arrive au mont de Marfan. * Robert de J^aueondv ,
Atlas. S J '
LUFAN , ville de la Chine , dans la province de Q.iei-
cheu , au département de Queiyang , première métro-
pole de la province. Elle eft de il d. 9/ plus occidentale
que Pékin , fous les 25 d. 23 ' de latitude. * Atlas Sinenfis.
LUG , rivière d'Angleterre. Elle a fa fource au pays
de Galles , en Radnoshire ; de-là elle entre Herefordçhire ,
&; va enfuite mêler fes eaux avec celles de la Vye , au-
defTous de la capitale de cette province.
LU GAN, ville de laChine, dans la province de Channfi,
la quatrième ville métropolitaine de cette province.
Elle eft de 4 d. 20' plus occidentale que Pékin , fous les
37 4: J3' de latitude. L'empereur Yu unit ce pays à la
province de Kicheu. La famille Cheu y établit enfuite un
roi , qui donna le commencement au royaume de Liheu.
Lorsque les rois Han s'en furent emparés , ils lui donnè-
rent le nom de Ckao. Après l'extinction de tous les rois,
le premier empereur de la famille de Cin appella cette
ville Xantang. La famille de Tarn la nomma Chaoy; celle
de Sum lui donna le nom de Chaote ; & le nom de Lu-
gan, qu'elle porte aujourd'hui, luia été donné par celle de
Taminga. Un des empereurs de cette famille y établit un
de fes parens, avec le titre de roi, & lui fit bâtir un pa-
lais magnifique ; ce qui rendit la ville riche & puiflante,
* Atlas Sinenfis.
Elle eft fituéelur la rive feptentrionale du fleuve Chang,
dans un endroit fort agréable. Son territoire n'eft pas des
plus grands ; mais fa petiteffe eft récoinpenlée par la beauté
du pays. Elle ne cède en rien à aucune autre ville ; &
on trouve dans fon territoire tout ce qui eft néceffaire pour
fe nourrir & pour le vêtir. On éompte huit cités de fa
dépendance :
Lugan , Luching ,
Changée , Huquan ,
Tunlieu , Liching ,
Siangheng , Pingxun.
LUGANA , vallée d'Italie. C'eft le pays des anciens
Luganiens , dit Corneille , qui ne nous donne d'autre auteur
de ces anciens Luganiens., que de Seine , libraire Fran-
çois , étab : à Rome , & auteur d'un Voyage d'Italie. Cette
vallée a , dit ce dernier auteur, dix-huit milles de longueur
& deux de largeur, 6c eftdan« l'étar de la république de
Vcnife ; au bon- de cette allée , fur les hauts monts de Pri-
molano , qui font la féparationde l'icalie d'avec l'Allema-
gie , eft le fort de la ScALA, que les Vénitiens entre-
t ennen: dan; un paffage important, où peu de gensarrê-
teroient une armée d'étrangers. * Cor/:. Dift. di Seine ,
Voyage d'Italie.
9i8 LUC
i. LUGANO , petite ville d'Italie , en Lombardie,
dans le Milanez. Elle avoit autrefois un château qui a été
démoli. Elle a paiTé de la domination Milanoite a celle
des Suiffes ; & c'eft à préfent une ville de Suiffe , & la
même que celle de l'article qui fuit.
2. LUGANO , ville de Suiffe , dans les bailliages d l-
talie. Les Allemands la nomment Lavis & Lawer. Elle
eft fituée dans un bailliage , auquel elle donne fon nom ,
& dont elle eft la capitale , à la tête de la branche fep-
tentrionale d'un lac , dans une fituation fort agréable. Elle
eft médiocrement grande : on y voit, entr'autres, deu xégli-
fes ; l'une dédiée à S. François , eft tout au bas de la ville ;
l'autre fituée fur une hauteur qui commande la ville , eft
dédiée à S. Laurent ; & un vieux château, qui eft la ré-
fidence des baiUifs. * Etat &Dél. de la Suife , t. 3 , p. 208.
3 . LUG ANO , bailliage d'Italie, dans la Suiffe , aux con-
fins du Milanez , au nord du lac de Mendrifio. Il y a un
grand lac , d'une figure finguliere , approchante de celle
d'une croix , dont la pointe occidentale eft recourbée.
La tête de ce lac , avec tout le pays qui l'environne , eft
du duché de Milan ; mais fes deux branches , & le refte ,
font du bailliage de Lugano. Ce lac fe vuide, à l'occident ,
par une rivière nommée TRES A ou Tressa , qui, après
un cours de deux heures , va fe jetter dans le lac Majeur.
Le bailliage de Lugano eft fort grand , & contient, outre
la ville de même nom , foixante-un bourgs ou paroiffes , .
& cent cinq villages fort peuplés. On y voit , entr'autres ,
CoDELAGO , bon bourg, fitué à la tête de la branche
méridionale du lac. C'eftauflï de-là que lui vient fon nom ,
en italien bâtard , Cô-de-Lago , pour Capo ddLago. De
Codelago à Lugano, il y a huit milles d'Italie ; ce qui eft
la diftance de l'un des bras du lac , jusqu'à l'autre ; du
refte , ce lac eft étroit , & n'a guères qu'un quart de lieue
de large. Il y a près de Codelago une montagne qui eft
creufe en plufieurs endroits. Il fort perpétuellement du
vent de fes cavernes , & les habitans mettent ce vent à
profit , bâtiffant-là leurs caves , pour y tenir leur vin au
frais. Les principaux villages de ce bailliage font :
LUG
Milli ,
Novogio
Cafaro ,
Bironico
Sonvigo , .
&c.
3 . LUGANO : (le LAC de) nous en avons parlé affez
dans l'article précédent.
LUGDE , Luda fk Lugda, lieu d'Allemagne, en
Weftphalie , dans Févêché de Paderborn , fur l'Emmer.
Il eft nommé Villa Luidï , dans la Vie de Charlemagne,
publiée par Pithou ; Lutundi, dans les Annales de Canifius ;
& on lit dans Reginon , ad ann. 784, Linhidi , au lieu
de Liuhidi. Il eft appelle Liuithi dans un ancien afte rap-
porté dans les Monumenta P aderbonenjia , p. 198 , de
Ferdinand de Furftenberg , évêque ; & Lugethe , dans un
autre afte. Ce lieu étoit qualifié ville dans ce même livre ;
& on y dit que fes premiers feigneurs furent comtes de
Hallermund , desquels Verner , feigneur de Hornbourg ,
donna, en 1003 , fa fille Adélaïde en mariage à Sifroy,
comte d'Eberftein , & lui accorda Lugde pour dot. La
maifon d'Eberftein en fut long-tems en poffeffion. Albert
d'Eberftein étant accablé de dettes, l'an 12 12, l'offrit d'a-
bord à l'abbé de Corwey , qui ne s'en foucia point , &
la vendit enfuite à l'évêque de Paderborn. Les comtes de
Spiégelberg , de la Lippe , de Gleichen & de Valdec ,
ont fouvent disputé le comté de Pyrmont , & le bailliage
de Lugde ; mais enfin, après bien du fangverfé, rkbiendes
dépenfes , les chofes furent accommodées en 1668 ; Se
Lugde avec fa feigneurie , ck le comté de Pyrmont , fu-
rent déclarés appartenir à l'évêché de Paderborn. Les eaux
de Pyrmont font tout auprès de Lugde.
LUGDUNUM , Lugodinum, Lugdunus, Lu-
GUDUNUM, LYGDUNUM , LUGODUNUM , LUCDU-
NUM , nom commun à plufieurs anciennes villes. Ce nom
a été écrit fi différemment , & a été donné à tant de vil-
les , que nous croyons en devoir faire un article féparé.
Hadr. Valef. Noùt. Gai. p. 292 , interprète le mot Lug-
dunum , en tant qu'il lignifie la ville de Lyon , par Mons
dejîderatus , c'eft-à-dire , la Montagne délïrée. Plutarque
le Géographe , de Fluminib. dit que Lugodunum lignifie ,
dans la langue des Gaulois , la Montagne du corbeau ;
il ajoute que cette ville fut ainfi nommée , parce que, quand
on jetta fes fondemens , on vit dans ce lieu une grande
quantité de corbeaux. Dion écrit Lugodunum , & d'an
ciennes inferiptions portent Lugudunum. Dans un Res-
cript de l'empereur Confiance, {ad Cerialem') Lygdu-
num eft dit pour Lugdunum ; & Cujas , Obferv. 1. 27 ,
c. 33 ,aflure que dans le manuscrit des Pandettes delà bi-»
bliothéque de Florence , on lit Lygdonenfes , pour Lugdu-
nenfes ; d'où fans doute on aura fait dans la fuite Lyon
& Lyonnois. Enfin l'auteur de la Vie de S. Germain écrit
Lugdunum , & veut , avec affez peu de vraifemblance ,
que ce mot foit formé du latin Lucidus , & du gaulois
Dun : comme qui diroit Lucidus mons ; c'eft-à-dire , la
montagne brillante ou la montagne lumineufe. Ce qu'il
y a de certain , c'eft qu'il n'eft guères de montagnes qui
méritent moins ces épithètes , que la montagne fur laquelle
la ville de Lyon fut bâtie en partie ; car les eaux du Rhône
& de la Saône , qui fe joignent en cet endroit , y rendent
l'air épais , & y caufent des brouillards très - fréquens.
D'autres préfèrent Lucdunum , pour dire Luciodunum ,
c'eft-à-dire , la montagne de Lucius , parce que Lucius Mu-
natius Plancus y conduiflt une colonie , comme on le peut
voir dans les Remarquesde Meziriac, fur le mot Lugdunum
D'après ces mêmes remarques , l'origine du mot Lu-
gdunum peut être regardée comme certaine , par rapport
à la ville de Lyon , qui a porté ce nom anciennement ;
mais il refte de grandes difficultés par rapport aux autres
villes , qui ont été appellées de la même manière. Peut-
être pourroit-on dire que ce nom leur a été donné , à
caufe de leur fituation fur des montagnes ou fur des colli-
nes, ou feulement par imitation.
A l'égard de la province de la Gaule , à laquelle la ville
de Lyon donnoit le nom de Lugdunensis , Lyonnoife ,
voyez au mot Gaule les divifions , les peuples Se les
villes de cette province.
LUGE AT, bois de France, dans lé comté de Foix,
dans la maîtrife des eaux & forêts de Pamiers : il eft de
huit cents quatre vingt-feize arpens, & trente-deux perches.
LUGEUS LACUS , Aiyior marais ou lac de la Pan-
nonie , félon Strabon, l.J,p. 314. Lazius croit que c'eft
le Zirnit^er-Sée.
LUGI , ancien peuple de Pille de la Grande-Bretagne ,
félon Ptolomée , /. 2 , c. 3. C'eft le même que Logi.
LUGIDUNUM, ville de la grande Germanie , félon
Ptolomée, /. 2 , c. 11. Joachim Cursus croit que c'eft
Glogau , en Siléfie.
LUGIENS. Voyez Ligiens.
LUGIO , ou Legio , ancien lieu de la Pannonie , fé-
lon Antonin , Itiner. Simler croit que c'eft Bath , ville de
la baffe Hongrie.
LUGIONUM , ville de la baffe Pannonie , félon Pto-
lomée, /. 2 , c. 16. Lazius croit que c'eft la légion d' An-
tonin , fur le Danube.
1. LUGNI, bourg de France, en Bourgogne, fur un
petit ruiffeau nommé le Bourbon.
2. LUGNI , chartreufe de France , en Champagne , au
diocèfe de Langres. Elle fut fondée en 11 62, par Gau-
thier , évêque de Langres , oncle de Hugues III du nom ,
duc de Bourgogne. Ce prélat quitta enïuite fon évêché
pour s'y faire religieux , & y mourut , l'an 1 174 , le jour
des Rois. * Baugier , Mém. de Champagne , t. 2 ,p. 91.
1 . LUGO , bourg d'Italie , dans l'Etat de l'Eglife , au
Ferrarois , entre Ravenne Sr. Bologne. Il donne le nom.
à la forêt de Lugo , nommée anciennement Litana
SlLVA. Voyez ce mot.
2. LUGÔ , ville d'Espagne , dans la Galice. Les an-
ciens l'ont connue fous le nom de Lucus Augufii ; ainfi
elle eft ancienne. C'eft le fiége d'un évêché. Elle eft fituée au
bord du Minho , un peu au-deffous de fa fource. Elle étoit
autrefois beaucoup plus grande qu'elle ne l'eft aujourd'hui ,
comme il paroît par la circonférence de fes murailles , fur
lesquelles , à ce qu'on affure , deux charrettes peuvent bien
aller de front. Du tems des rois Suéves, cette ville étoit
métropolitaine ; mais il y a long-tems qu'elle ne l'eft plus.
En 569, on y tint un concile pour régler les limites des
diocèfes de Galice & de Portugal. Il n'y a guères d'évê-
chés en Espagne dont la date de l'érection foit fî incer-
taine que celle de l'évêché de Lugo. Quelques auteurs
croient que le roi Alphonlé le Catholique , le fonda en
746 ; mais ils fe trompent ; car il eft confiant qu'un nommé
Nitigius , qui en étoit évêque , affûta à un concile qui y
fut tenu en 5 69 , dans lequel Théodomir , roi des Sue ves ,
propofa d'ériger une nouvelle métropole Se de nouveaux
évêchés ,
LUI
LUL
éVêchés , aftn que les évêques puffent vifiter leurs dio-
cèfes tous les ans , tk que l'obligation de fe trouver au
concile provincial ne les engageât pas à des voyages fi
longs ; fur quoi les évêques rélblurent que l'évêque de
Lugo ferait métropolitain , & lui attribuèrent pour fuffra-
gar.s les évêques de Coïmbre , de Viféo , de Lamégo ,
d'Egitania, d'Orenfe , d'Aftorga , d'Iria, de Mondonédo
ck de Tuy; mais cette métropole ne fubfifta pas long-
tems ; car dans un concile tenu à Mérida, en 666 , ce qui
avoit été déterminé dans celui de Lugo , fut annuité ; tk
l'évêque de Mérida rentra dans fes droits de métropoli-
tain des neuf évêchés que l'on vient de nommer. Le cha-
pitre de Lugo eft compote d'onze dignitaires , de vingt-cinq
chanoines tk de douze prébendiers. Le diocèfe s'étend fur
fcixante paroiffes. * Vayrac , Etat préfent de l'Espagne ,
t. i .p. 280 ; &z t. z, p. 363.
. LUGODINUM , Axyôïum ville des Bataves , dans
la Gaule Belgique , félon Ptolomée , /. 2. , c. 9. Quelques
exemplaires portent Longodinum \ teyfrfuior. C'eft
la même ville qu'Antonin appelle Lugdunum , chef des
Germanies , aujourd'hui Leyde. Voyez ce mot.
LUGUBALLIA. Voyez Lucopibia.
. LUGURENSIS , fiége épiscopal d'Afrique, dans la
Numidie. On trouve dans la Notice épiscopaie d'Afrique ,
Donat , évêque de ce lieu , Donatus Lugurenfis.
LUGUVALLIUM , ancien lieu de la Grande-Breta-
gne. Antonin le met entre CaJiraExploratorum tk Voreda,
à douze mille pas du premier lieu , & à quatorze mille
du fécond. Gale croit que c'eft Old-Carldl , entre Boul-
neffe tk Périth. Fordun dit dans fa Chronique, que Carleil
avoit été détruit par les Pietés , & n'avoit point encore
été rétabli de fon tems. Cela doit s'entendre de l'ancien
Carleil ; car le nouveau fubfiftoit du tems de Fordun. Il
y a donc eu deux Carleil , l'ancien & le nouveau ; l'un
étoit plus éloigné , l'autre plus proche ; o: c'eft afîéz , pour
les diftinguer , qu'Antonin en ait appelle un Luguvallium
adVallum. Gale compte douze mille pas àzBUtum-BuL-
giztm à Luguvallium , (avoir fept milles à "Wigton, & cinq
autres à Carleil. Le cadavre de cette dernière ville fe voit
encore fur la rivière de "Wize , & eft nommé Old- Carleil.
Elle eft auffi à quatorze mille pas de Voreda , qui eft Pen-
reth, & fe trouve fur un grand chemin ou voie militaire.
On y voit beaucoup d'inferiptions , de ftatues équeftres ,
tk autres preuves de fa grande antiquité. L'autre Lugti-
vallium , n'étoit pas ad Vallum , auprès du foffé , & eft
nommé Amplement Luguvallium par Antonin , qui donne
la route depuis Londres , jusqu'à cette ville , & met Lu-
guvallium. à vingt-deux mille pas de BROCAVUM , Brou-
gham. Voyez Lucopibia.
LUHLA_, ou Luhlea. Voyez Lula.
LUICHtU , ville de la Chine , dans la province de
Quangtung , dont elle eft la neuvième métropole. Elle eft
de 6 d. 20' plus occidentale que Pékin , fous les 28 d. 58'
de latitude. * Adas Sinenjzs.
Cette ville eft fituée dans une campagne agréable Se
fertile , tk fur le bord de la mer qui baigne fes murs du
côté de l'orient. Elle tire fon nom du tonnerre, qui tomba
fur la montagne , d'où il rit fortir une belle fontaine , Ce
où les habitans ont élevé un temple qu'ils ont. dédié à
l'Efprit , autrement au dieu du 1 onnerre. Les Chinois s'i-
maginent qu'il y a un esprit qui prélide au tonnerre ; que
le bruit du tonnerre eft l'effet du coup que l'on frappe avec
un marteau fur un grand tambour ; & que lorsqu'il tombe ,
c'eft une partie du marteau qui fe cafle. Ce qu'il y a de cer-
tain , c'eft que le tonnerre gronde presque toute l'année
dans ces quartiers.
Le lac de Lohn eft à l'occident de Luicheu ; (es eaux
font conduites dans cette ville par un canal , où elles for-
ment un autre lac.
Cette ville a dans fa dépendance trois cités, qui font :
Luicheu ,
Suiki .
Anciennement le pays s'appelloit Gao ; fous la famille
H.in , il fe nomma Siûiun ; fous la famille Leur. , ii eut
le nom A'Hocheu; tk fous celle de Taminga , on lui donna
celui qu'il porte aujourd'hui.
LUIGNÉ , ou Saint Aubin de Luigné , paroifte
de France , en Anjou. Il y a des mines de charbon de
terre.
:
LUII , grande nation de la Germanie. Strabon , /. 7,
dit qu'elle fut domptée par le roi Maroboduus. .
de l'apparence qu'il faut lire Lygii.
LUINES , ou Sainte Geneviève, & Saint Ve-
nant deLuines, ville de France, dans laTourainâ
Elle fe nommoit ci-devant Maillé , & avoit été érigég
en comté , en 1 572 ; elle fut enfuite acquife par Charles
d'Albert , grand fauconnier , & enfuite grand connétat le
de France. Louis XIII l'érigea en duché-pairie , en faveur
de ce favori, en 1619. Cette duché-pairie eft cpmpofée
de deux comtés tk de trois baronnies. Voyez Mailla.
LUIS A , rivière de l'A mérique , dans Fille de E : :; - - - - .
Elle a fa fource au pied du mont Goyame , quinze ou
feize lieues à l'eft de la ville, principale de Me , & des-
cend , du côté du nord, par un canal qui reçoit plufieurs
petites rivières, jusqu'au mont Cauvas, où, fè féparant en
deux branches , l'une coule le long de la colonie Luisa ,
<k l'autre prend le nom de Toa. Il y a dans cette même
ifle un port nommé auffi Lui/a. * Corn. Dift. De Lièt ,
Ind. occid. /. .1 , c. 2.
LUITITII, nom latin d'un ancien peuplede Germanie ,
dont le pays eft la Luface , félon l'opinion commune ;
mais Spener , Noiit. Germ. p. 388 & 389 , fait voir que.
c'eft une erreur , tk que la Luface a été nommée Pagus
Lu^orum , & non pas Luticiorum ; que Luticïi , Lundi
tk Luitid font un peuple tout différent. Les Luititiens ou
Luticiens fàifoient partie du peuple Vende , avec les Vê-
lâtes & les "Wiltfes. Ils étoient au-delà de l'Oder, vers le
moyen âge. A l'égard du peuple Lucid ou Ludd , qui
occupoit la Luface, voyez Lusace.
1. LUKI , ville de la Chine , dans la province de Hu-
quang , au département de Xincheu , douzième métro-
pole de la province. Elle eft de 7 d. 40' plus occidentale
que Pékin, fous les 29 d. 52' de latitude. * Adas Sinenjls.
2. LUKI , ville de la Chine , dans la province de
Kiangfi , au département de Kienchang , fixiéme métro-
pole de la province. Elle eft d'un degré 10' plus occidentale
que Pékin , fous les 27 d. 43' de latitude. * Atlas Sinenjzs.
1. LUKIANG , ville de la Chine , dans la province de
Kiangnan ou Nanking, au département de Lucheu, neu-
vième métropole de cette province. Elle eft de o d. 2' plus
occidentale que Pékin , fous les 25 d. ai' de latitude.
* Atlas Sinenjzs.
2. LUKIANG , forterefte de la Chine , dans la pro-
vince de Junnan , au département de Jungchan.?, huitième
ville militaire de la province. Elle eft de 18 cl. 15' plus
occidentale que Pékin, fous les 25 d. 21' de latitude.
* Atlas Sinenjzs
3 . LUKIANG , ville de la Chine , dans la province de
Junnan , au département de Jimgchang , huitième ville
militaire de la province. Elle eft de 17 d. 56' plus occi-
dentale que Pékin , fous les 24J. 49' de latitude. * Atlas
Sinenjzs.
1 . LULA , rivière de la Laponie Suédoife. On la nomme
auffi Luhla tk LUHLEA ; elle fe forme de trois lacs
favoir le lac de Vas , celui de Salle , tk celui de Rockie!
Leurs eaux s'amaflènt dans le lac de Lula, d'où, cetteriviere
ferpentant , tantôt vers l'eft , tantôt vers le fud , vient fe
perdre dans le golfe de Bothnie , auprès de Luhlea , ville
que l'on a rapprochée de là mer. * Robert de Vaugondy ,
Atlas.
2. LULA, ou Luhlea, (le petit) rivière delà
Laponie Suédoife. Elle a fes fources dans le lac de Raute ,
d'où, coulant de l'orient méridional, elle fe groffit des
eaux que lui envoient encore les lacs deTarra tk de Kiange,
qu'elle porte dans la grande rivière de Lula , 2uprès dé
Jochmoth. Ces deux rivières coupent le tropique, & don-
nent le nom de Lutta , ou Luhlea , ou Luia-Lapmarck ,
à la province qu'elles arrofent.
3. LULA , ou Luhlea , ville de la Laponie , au bord
du golfe de Bothnie , au nord de l'embouchure de la ri-
vière dont elle porte le nom. Elle étoit autrefois plus au
couchant ; tk l'on voit encore la vieille Luhlea, bourgade,
à l'occident de la nouvelle. Voyez l'article Laponie.
LULINGSTON , bourg d'Angleterre , au pays de
Kent , près de la rivière de Darent , qui coule à Dartford.
LULOA, petite place de Suéde, dans la Bothnie orien-
tale , près de Torna. * Baudrand, édit. 170*).
LULUM , abxov forterefte d'Afie, dans la petite Ar-
ménie , auprès de Tarie , fur une colline. Zonare . Por-
TomcIIJ. Bbbbbb
93o LUN
phyrogénete , Curopalate & Cédrene, cités par Ortélius ,
Thtfaur. en font mention.
1. LUMA , A^a. ville de l'Arabie deferte , félon Pto-
2. LU M A' , ville d'Afie , proche le Méandre , félon Ni-
cétas , cité par Ortélius , Thtfaur. (
i. LUMBARIA , nom latin de Lombez, ville episco-
pale de France , en Gascogne.
x. LUMBARIA. Voyez Lumbier.
LUMBARIENSE CONCILIUM. Voyez Lombers.
LUMBERITANI , ancien peuple d'Espagne , dont la
ville de Lumbier conferve encore le nom. * Pline ,
' LUMBIER, ou Lomeier , petite ville d'Espagne,
<3ans la haute Navarre , fur la rivière d'Irato , où elle reçoit
le torrent d'Ochagavie , dans la Mérindade de Sangueffa -,
& à une lieue de Sangueffa. Le nom latin eft Lumbaria :
le peuple eft nommé par PlineLumberitani. * Baudrand,
édit. 1705.
LUME-DIEU, abbaye de France. Voyez Favars. i.
LUMELLO , ou Laumello. Voyez Laumellum.
LUMMÉ-AA , ou la rivière de Lumme , petite
rivière de Suéde , dans la Schône , félon Pontanus , cité
par Baudrand, édit. 1705.
LUMMERSUM , baronnie enclavée dans le duché de
Juliers. Elle relevé immédiatement de l'empire.
LUMONE , lieu d'Italie , dans la Ligurie , entre Al-
bintimilium , & le fommet des Alpes , fur la route d'Arles ,
félon Antonin , ltiner.
LUMSA , ou Lomsa , petite ville de Pologne , au pa-
latinat de Mazovie, au bord méridional de la rivière de
Narew , aux confins de la Poldaquie. * Robert de Vau~
gondy, Atlas.
LUN, (le) rivière d'Allemagne, au cercle de baffe
Saxe , dans le duché de Brème. Elle paffe à Achftède ,
qu'elle arrofe , vers la partie méridionale , &C va fe joindre
au NVefer. Zeyler. D'Audifrst , Géogr. t. 4.
i . LUNA , ancienne ville & port de mer d'Italie. La
ville étoit dans l'Etrurie, au bord oriental de la Macra ,
près de fon embouchure. Il ne faut pas confondre la ville
& le port de Luna : nous parlerons enfuite du port ; il eft
ici queftion de la ville ; il n'en refte plus que les ruines :
elle étoit petite ; elle eft ancienne & remarquable par fon
port. Pline , l. 3 , c. "J , dit : Primum Etruriœ oppidum
portu nobile. Elle éroit effeéfi veinent la première , quand ,
en venant de la Ligurie , on avoit paffé la Macra , qui en
faifoit la féparation. On en appelle aujourd'hui les ruines
Luna distrutta. Cependant elle donne fon nom à
un canton appelle la Lunégiane,
2. LUNA-SILVA , forêt de la grande Germanie. Elle
étoit , félon Ptolomée , /. 1 , c. 1 1 , au-deffous des Qua-
des,& au- deffus du peuple Baemi, qui s'étendoient jusqu'au
Danube. Cellarius juge , par cette pofition , que la forêt
de Luna étoit dans la Moravie , à la fource de la rivière
de Morave.
3 . LUNA , bourg d'Espagne , en Aragon , à huit lieues
de Saragoffe. C'étoit le lieu de la naiffance de Pierre de
Luna , qui , étant élu pape , le 22 Septembre 1394 ,, prit
le nom de Benoit XIII , & mourut dans fon fchifme ,
en 1424 , après avoir été anti-pape durant trente ans. On
met communément à Luna l'ancienne ville des Vafcons ,
nommée Forum Gallorum. Zurita la place à Gurrea ,
autre bourg de l'Aragon , fur le Gallégo , à cinq lieues de
Saragoffe.
4. LUNA , ouLunna , lieu de la Gaule Lyonnoife , à
dix lieues, ou quinze milles pas de Mâcon, félon l'Itiné-
raire d'Antonin. Simler dit que c'eft Clugni , & qu'il faut
peut-être lire dans cet auteur CLUNIA.
LUNjE INSULA , petite ifle , au détroit de Gibraltar.
H y avoit un temple dédié apparemment à la Lune; car
Feftus Avienus , Ora mark. v. 367 , dit :
Sedjî voluntas forù quem fubegerit
Adiré fanum , properet ad lunœ infulam
Agere carinam , Sec.
1. LUNiE MONS , SfXwç Ipis âicpov , cap &r. monta-
gne de la Lufitanie , félon Ptolomée , /. 2 , c. 5. Le nom
moderne eft EL Cabo DELARocA,àfix lieues de Lis-
bonne. Voyez Cap de la Roche.
2. LUN-E MONS. Ptolomée, /. 4, in fine, fur une
LUtf
tradition peu fondée , place des montagnes de ce nom bien
au-delà de l'équateur, &y met les fources du Nil. Qu'il
y ait des montagnes en ces quartiers-là , cela eft affez vrai-
femblable ; mais il eft certain que les fources du Nil font
bien en deçà de l'équateur , & n'ont rien de commun avec
ces montagnes. Les anciens connoifToient très-peu ce pays-
là ; ils conjefturoient feulement.
s LUN£ PORTUS , golfe de la mer Méditerranée :
c'eft , dit Strabon , /. 5 , un très-grand & très-beau port ,
qui enferme plufieurs ports , qui ont tous affez de profon-
deur auprès du rivage. Silius Italicus , /. 8, v. 481 , dit :
Tune quos à niveis exegit luna metallis ,
Infignis portu , quo non fpatiojior alter ,
înnumeras cepijje rates & claudere pontum.
1. LUN.E PROMONTORIUM , promontoire de la
Lufitanie. Voyez LUN.E MONS. 1.
2. LUN.E PROMONTORIUM , promontoire d'Ita-
lie, auprès du port de Luna , félon Ptolomée , /. 3 , cl 1.
Il étoit de quarante-cinq minutes plus méridional que la
ville même de Luna.
LUNAN , fortereffe de la Chine , dans la province de
Junnan , au département de Chingkiang , cinquième mé-
tropole de la province. Elle eft de 13 d. 49' plus occi-
dentale que Pékin , fous les 24 d. 3 1 ' de latitude. * Atlas
Sinenjis.
1 . LUNDEN , félon Baudrand , en latin , Laudiunm
Scanorum, ville de Suéde , dans la province de Schône ,
dont elle eft la capitale. Elle a été autrefois beaucoup plus
confidérable qu'elle ne l'eft à préfent ; &c c'étoit le fiége
d'un archevêché , qui avoit fîx fuffragans en Danemarck ,
dont la province de Schône faifoit partie ; mais en 1658 ,
les Danois la cédèrent aux rois de Suéde , qui l'ont gardée
depuis ce tems-là , quelques efforts que le Danemarck ait
fait, en toute occafion , pour s'en reffaifir. Le roi de Suéde ,
Charles XI , y érigea une univerfité, en 1668 ; Se on y a
vu d'affez grands hommes, entr'autres, le célèbre Samuel
Puffendorff. Elle n'eft pas bien peuplée , Se eft fans mu-
illes ; au lieu du fiége archiépiscopal , dont elle jouiffoit
dec
le commencement du douzième fiécle , elle n'a
qu'un fimple évêque , qui eft de la confeffion d'Ausbourg ,
la feule religion qui foit foufferte en Suéde. Ce fut près
de cette ville que Chriftian V, roi de Danemarck , fut
défait , en bataille rangée , par Charles XI , roi de Suéde ,
le 14 Décembre 1676.
2. LUNDEN , petite ville ou bourg d'Allemagne , au
cercle de la baffe Saxe , dans le Ditmarfe , à l'orient de
la ville de Toninghen , aux confins du Sleswig , affez pro-
che de Leyder. Elle appartient au duc de Holftein. * Zeyler,
Saxon, fuper. Topogr. p. 165.
LUNE, baronnie d'Irlande , clans la province de Teins-
ter ; c'eft la plus méridionale des onze qui compofent le
comté d'Eaftméath. * Etat préfent de L Irlande, p. 38.
LUNEBOURG , ville d'Allemagne , au cercle de la
baffe Saxe, dans un duché particulier , dont elle eft la
capitale , & auquel elle donne le même nom. Il y auroit
ici moyen de fatiguer le lefteur le plus patient , en lui
rappportant toutes les opinions d'un nombre infini d'écri-
vains , fur l'étymologie du mot Lunebourg ; mais , outre
que la plupart de ces étymologies font ridicules , aucune
n'eft appuyée fur des autorités fufHfantes.
Le duché de Lunebourg n'étoit pas habité par le*
Cherusques , comme bien des auteurs l'ont dit , mais
par le peuple nommé Cauci majores. Ce ne font ni les
uns ni les autres, qui ont bâti Lunebourg. Le nom de
Cauci fe perdit peu-à-peu ; & le pays fe trouva , avec le
tems, fous la domination des Saxons, qui s'accrut beau-
coup par l'appui , & les bienfaits qu'ils reçurent des
François , pour leur avoir aidé à mettre à la raifonHer-
menfrid , roi de Thuringe. Les Saxons devenus puiffans ,
bâtirent des villes , qui devinrent grandes & bien peu-
plées. Il y a bien de l'apparence , qu'ils élevèrent une
fortereffe au Kalckberg , & peut-être cette fortereffe
fut-elle employée par les François , pour réprimer les
Linons. Dans les Annales de France , il eft parlé de
ces Linons à l'année 808. L'annalifte anonyme, que Pi-
thou a publié; Réginon, abbé de Pruim , & Eghinart
en parlent auffi. Albert , abbé de Stade , les nomme mal
Lilones, 6c Adam de Brème Lingones. Ces Linons
LÙN
LUN
a là vérité, étoient au-delà de l'Elbe, fous le régne -de
Charlemagne , & occupoierït un canton du Meckel-
bourg. Bangert , dans les doctes Notes fur la Chronique
d'Helmond , croit qu'ils parlèrent l'Elbe , puisqu'il les
«xphque par le peuple du pays de Lunebourg. Ces Li-
nons furent fans doute compris fous le nom de Slaves,
que domptèrent Henri I, roi de Germanie, Se fon fils
Henri , Se enfin Henri le Lion.
Albert Crantz, Fondai. 1. 4, c. 16 , attribue la fon-
dation de Lunebourg à Herman Biling , nouveau duc de
Saxe, créé par Otton I. Munfter , Cosmogr. 1. 3, l'a
fuivi, & plufieurs autres de même. Crantz ajoute qu'Her-
man bâtit , non-feulement le château , mais encore un
monaftere du titre de S. Michel, dont le premier abbé
fut Louis tiré du monaftere de S. Pantaléon de Colo-
gne, fous la régie de S. Benoît. Il le dit encore dans
l'on Hiftoire des Métropoles , /. 3 , c. 19. Irénicus ,
Exegef. Germ. 1. 1 1 ; Chytraus,- Saxon ,1. 13 , ad ann.
1133; Bertius , Comment. Rer. Germ.X. 3, Se quantité
d'autres le difent auffi. Sagittarius croit ce monaftere bien
plus ancien , & rapporte un hiftorien , qui en met la
fondation à l'an 906 , Se l'attribue à Otton , duc de Saxe,
père de Henri l'Oifeleur ; Chytraeus lui-même dit dans
le même livre que j'ai cité, que long-teras avant Henri
le Lion, la fortereffe Se la ville de Lunebourg fubfis-
toient, & ajoute que le monaftere, qui eft fur la mon-
tagne, avoit été d'abord bâti par S. Suibert, évêque de
Ferde , Se enfuite orné! par Otton le Grand , duc de
Saxe. Herman Biling lui fit fans doute du bien , puis-
qu'il y fut enterré , en 1473. Il y mit même des religieux,
au rapport de Loffius :
Inclytus hic fanclos Biling Hermannus in arce ,
Injlkuit cœtus : Benno pojl inclytus auxit ,
Tertius hinc prœjlans Bcrnliardus munit & auget ,
P radia dans , reditus, fylvas , aurique tahtllam.
Ce morceau nous apprend que non - feulement Her-
man Biling , mais encore fon fils Bennon , Se fon petit-
fils Bernard , embellirent Se dotèrent à l'envi ce monas-
tère. Il s'y forma même une école célèbre ; & Adam de
Brème dit que Gbdescalc , fils. d'Udon , roi des Slaves ,
y fut inftruit dans les feiences.
Ce monaftere de S. Michel, & le château auprès du-
quel il étoit , font les commencemens de Lunebourg.
La ville fe forma peu-à-peu, au pied delà montagne;
ôc c'eft apparemment une de ces villes, qui furent for-
tifiées dans la Saxe Se dans la Thuringe , fous le régne
de Henri l'Oifeleur , qui avoit commandé qu'on fermât
de murailles les villes , afin d'y retirer les biens Se les
habitans de la campagne , Se qu'ainfi l'on prévînt des
ravages pareils à ceux que les Hongrois venoient de faire
en Allemagne. Quoique les hiftoriens ne nomment point
Lunebourg parmi ces villes , on peut néanmoins juger
qu'elle en étoit une , puisqa'aufTi-tôt après le régne de
cet empereur , la ville Se les falines de Lunebourg com-
mencèrent à acquérir de la réputation ; car Otton I donna
la dîme des falines au monaftere de S. Michel. Ditmar
de Mersbourg nomme cette ville LuiNBERG , à l'occa-
fïon d'un abîme, qui s'y ouvrit fous l'empire de Henri II,
l'an 1013. Le duc Bernard, petit - fils d'Herman Biling ,
étoit alors maître de Lunebourg. Bennon , fon père , à
qui il avoit fuccedé, étoit mort en 1010 ; Se lui-même
il mourut en 1062 ; fa régence fut trop inquiète pour
être avantageufe à fes fujets , Se la ville ne fit pas de
grands progrès, durant la révolte de Bernard contre l'em-
pereur. Son fils Ordulfe plus pacifique , n'eut que quel-
ques démêlés avec l'évêque de Brème Se les Slaves ,
dont il fe tira afi'ez mal. Magnus, fils d'OrduIfe , réfi-
doità Lunebourg, quand Butue, fils de Godscalc , prince
des Obotrites , vint implorer Ion fecours contre Crucon,
prince de Rugen, qui l'avoit dépouillé de fon état. « Je ne
puis vous accompagner moi-même en perfonne , parce
que je fuis retenu ici par mes propres afFaires , dit Ma-
gnus , au prince des Obotrites ; mais je vous donnerai
les Bardes (ou habitans de Bardewic,) les Stormariens ,
les Holfates, & les Thetmarches, dont les forces vous
aideront à foutenir quelque tems l'effort de vos ennemis;
Se moi-même, s'il le faut , je vous fuivrai de fort près.»
Ce pafTage fait voir que , non-feulement Magnus poffé-
doit Lunebourg 5c Bardewic , ville alors grande Se puis-
931
fante, mats encore le Stormar, le Ditmarfe, Se le Hols-
tein. Ces empêchemens qui, arrétoient Magnus, font ex-
pliqués par Adam de* Brème. Il étoit à la veille de fe
marier ; Se ce mariage donne lieu de croire que l'ancien
■palais ducal de Lunebourg fut bâti , ou au moins com-
mencé à cette occafion. Les querelles de Henri IV, con-
tre les princes de la maifon de Saxe , querelles qui dé-1
générèrent en une guerre très-faglante , donnèrent lieu
à la conférence que Henri eut avec Suénon , roi de Da-
nemarck : plufieurs mettent cette entrevue à Lunebours.
Sagittarius prouve que cela ne fe peut pas , 6c que ce
fut à Bardewic. L'empereur ne prit Lunebourg qu'après;
Il ne garda pas long-tems cette ville ; Se Herman , oncle
de Magnus, la reprit, Se délivra fon neveu , que l'empe-
reur tenoit prifonnier. Lunebourg étoit déjà une fort
grande ville, oppidum maximum , en 1073 5 ^e'on 's
témoignage de Lambert d'Affchaffenbourg. Cela détruit
le témoignage des auteurs , qui veulent que Henri le Lion,
fils de Henri le Superbe , duc de Bavière , ait fait bâtir Lu-
nebourg , en 1 1 90 , des ruines de Bardevic , puisque fept
ans avant la deftru&ion de cette ville, Lunebourg étoit
déjà une vùye très-confidérable. Tout ce qu'on peut
accorder, c'eff qu'elle s'accrut des ruines de fa voiune -
Se qu'elle profita de fes habitans Se de fon commerce.
Il fallut peut-être alors augmenter l'enceinte, Se faire
de nouveaux murs ; mais ce n'eft point là fonder une
ville.
Magnus étant mort fans enfans, en 1106. Henri V
donna le duché de Saxe à Lothaire , comte de Supplin-
bourg, qui fut roi de Germanie, après lui. Ce fut ce
Lothaire, nommé en latin Luderus, Se en allemand Lut-
ter , qui rebâtit entre Brunswic Se Helmftadt le monas-
tère nommé monajlerium Regio- Lutteranum Koni<?a-
Lutter , déjà fondé par fes ancêtres , mais dont il aug-
menta confidérablement les biens ; en forte qu'il peut
en paffer comme le fondateur. L'adte de la fondation eft
du 1" d'Août 1135. Lothaire étant parvenu à la fuprême
dignité de l'empire , donna le duché de Saxe à fon gen-
dre de Bavière, firnommé U Superbe , l'an 1136;
mais Conrad III , duc de Suabe , ayant fuccédé à Lo-
thaire , en dépouilla Henri , Se conféra le duché de Saxe
à Albert l'Ours, qui, entr'autres villes Se forterefles, en-
leva au duc de Bavière Lunebourg. en 11 38 , avec Bar-
devic Se Brème (3). Il n'en jouit pas long-tems ; car
Henri, aidé par l'impératrice , fa belle mère , s'en reffaifit
affiégea Lunebourg , le prit , Se fe rendit maître de toute
la Saxe. Il mourut, en 1139, Se fut enterré auprès de
fon beau-pere , au monaftere de Konigs-Lutter. Son fils
Henri le Lion lui fuccéda: c'eft le même qu'un gros d'é-
crivains érigent mal -à -propos , en fondateur de cette
ville (b). Il demeuroit à Lunebourg avec Clémence de Zse-
ringen, fa femme , bien des années avant la dettruefion
de BardeVic , en 1 170 ; il fit un voyage de Terre-fainte
pour un vœu qu'il avoit fait , Se fut accompagné par Ber-
thold , abbé de Lunebourg : il mit deux ans à ce voyage.
Les conquêtes Se les guerres de ce prince n'appartien-
nent point à notre plan ; je remarquerai feulement , que
l'empereur Frédéric, avec qui il fe brouilla, lui prit Lu-
bec , Se vint devant Lunebourg , où il ne fit point de
dégât , parce que la ducheffe fit voir que cette ville lui
tenoit lieu de douaire. L'empereur ne laiffa pas d'y en-
trer ; car Henri fe voyant réduit aux dernières extrémi-
tés , l'y vint trouver fous un fauf-conduit. L'on convint
des préliminaires; Se la réconciliation fe fit à Erfort,
moyennant quoi, on lui rendit l'on:patrimoine, c'eft-à-
dire , ce que Lothaire avoit polïedé , avant qu'il obtînt
le duché de Saxe. Lunebourg étoit fans doute de ce pa-
trimoine. On voit même , que les villes de Brunsvic Se
de Lunebourg font exceptées de ce qu'on lui ôta. Une
des conditions de l'amniftie que l'empereur lui accor-
doit, c'eft que pour calmer les troubles, qui étoient très-
grands ; il fe retireroit, pendant trois ans, hors de fes états ;
il les alla parler en Angleterre chez le roi , dont il avoit
époufé la fille Mathilde en fécondes noces. Avant que ce
tems fût expiré , il revint chez lui pour empêcher que
fes ennemis , profitant de l'oit abfence , ne s'emparaffent
de tous fes biens. En 1 189 , il aftîégea Se prit la ville de
Bardewic, que Bernard, duc de Saxe, lui avoit enlevé-.
L'infolence de la garnilbn , durant le fiége , l'irrita à tel
point, qu'il jura la perte de cette ville. Se la détruifit
en effet, Ce fut Tannée fuivante , qu'il fit à Luneboun*
Tome III. Bbbbbb ij
93'- LUN
1 -s augmentations qui ont donné lieu à l'en croire le fon-
dateur. * C) Kranq , Saxon. /. 6, c. y, & Métrop. /. 6,
c. 16. Q>)Helmoid, Chron. Slav//. i , t. 70 6- 71. _
La ville a trois choies avantageufes ; la montagne qui
fournit beaucoup de chaux pour bâtir, d'où lui vient fon
nom de Kalckterg ; le pont fur l'Elmenow , où eft une
douane d'un grand revenu ; fck les fontaines , dont on
rire une eau propre à faire du fel. Il y a deux falines ;
la vieille , qui eft attenant la ville ; fck la nouvelle , qui
eft milieu. Dans l'une fck l'autre , on tire l'eau d'un ré-
fervoir : on la partage par des tuyaux en divers lieux ,
où l'on la cuit dans des chaudières de plomb; fck le tel
qu'on en tire , le diftribue dans le voifinage. L'eau n'y
manque point , ni le bois , parce que les forêts voilî-
nes en fournirent en abondance ; ce qui fait un revenu
conlîdérable fck folide. On a affigné fur le produit des
falines , les penfions qui fe payent aux hommes en charge,
aux gens d'églife , ck à ceux qui enfeignent dans les éco-
les ; de forte que ce qui eft ailleurs un honoraire , eft
véritablement un falaire à Lunebourg. Il y a trois égli-
fes principales , l'une dédiée à S. Jean Baptifte , une au-
tre à S. Lambert , auprès des falines , fck la troifiéme à
S. Nicolas.
La ville de Lunebourg eft la capitale d'un duché que
poftédoit une branche de la maifon de Brunswic.- Voici
les villes fck autres lieux principaux que renferme ee duché
de Lunebourg :
Lunebourg ,
Zell,
Harbourg ,
Ultzen ,
Gifhorn ,
Burgdorf ,
Datmeberg,
Bardewick ,
Ebsdorf ,
Veihaufe , fck Gorde , f Hitzacker, ou Hitger ,
Soltau , < Schnackenbourg j
Siverhaufen j l Luchow.
Stubekeshorn, ou Stipshorn,
fceu d'où étoit la famillle
des Biling.
Drommeling , forêt près de
GifForn.
Partie des comtés de Die-
pholt , fck de Hoye.
Le dernier duc de Lunebourg réfidoit à Zell ; de-là
vient qu'on appelloit ordinairement le duc de Zell. II
avoit époufé une dame Françoife , de laquelle il n'eut
qu'une fille. Cette princeffe époufa George I , roi d'An-
gleterre , électeur de Hanovre , qui hérita du duché de
Lunebourg , après la mort de fon beau-pere.
LUNEDO, (Sainte Marie de) abbaye régulière
de la congrégation du mont Caffin , dans le Véronèfe ,
au diocèfe de Vérone.
LUNEGIANE , ( la ) petit pays d'Italie , clans la
Toscane , le long de la rivière de la Magra, fck au-delà
jusqu'à fon embouchure. C'étoit le territoire de l'an-
cienne ville de Luna. Il eft divifé en deux parties, dont
la plus grande qui eft à l'orient , eft fujette au duc de
Maffa ; fck la moindre, à l'occident , où eft Sarzane, ap-
partient à- la république de Gènes. * Baudrand , édit.
1705.
LUNEL , petite ville de France , en Languedoc , au
diocèfe de Montpellier , aux confins du diocèfe de Nî-
mes , au couchant , ck à peu de diftance du Vidourle ,
allez près de MafTillargues. Il y a fur le Vidourle un
pont que l'on appelle le pont de Lunel. Elle eft à qua-
tre lieues de Montpellier. Les Proteftans de France la te-
noient, fck l'avoient fortifiée. Elle fut prife par Louis XIII.
Elle étoit autrefois presque toute habitée par des Juifs.
Il y a cinq ou fix fiécles qu'ils y avoient une école cé-
lèbre , où a enfeigné le célèbre rabbi , Salomon Jarchi ,
ainfi que fon contemporain, Jofeph Benjamin , l'aflure
dans fon Itinéraire. Lunel a eu autrefois fes ièigrieurs
particuliers , dont le dernier nommé RonfoLin , donna
la moitié de la feigneurie de Lunel à Raymond Gauce-
lin , feigneur d'Utèz ; à l'égard de l'autre moitié , elle
avoit été fubftituée par Raymond Gaucelin , père de
LUN
Ronrolin , à Gerard-Amy, feigneur de Châteauneuf,
l'an 1195. Enfuite le fénéchal de Beaucaire rendit une
fentence , pour la récompenfe de Guye fck de Raymonde,
fœur de Raymond Gaucelin ; ck to.us les prétendans étant
fatisfaits, Lunel fut uni au domaine. Le roi Charles le
Bel donna la feigneurie de Lunel àAlphonfe de la Cerda ,
de la maifon royale de Caftille , fck à fon fils Charles ,
qui fut depuis connétable de France. La fille du con-
nétable , nommée Marie , époutà Charles d'Evreux ,
comte d'Eftampes ; fck ils eurent pour héritier leur fils
Louis , auffi comte d'Eftampes , lequel vendit cette fei-
gneurie à Louis, fils de France, duc d'Anjou; fck ce
prince Louis la céda en 1385 , à fon frère Jean, duc de
Berri. Ce duc conlentit, par un traité, l'an 1400, que
Lunel fût réuni à la couronne, fck il le fut effectivement.
Nonobftant cela, François I voulut démembrer Lunel,
qu'il donna à Marguerite de Foix, l'an 15 17; mais le
procureur- général de Touioufe s'étant oppofé à cette
aliénation , le parlement rerufa de vérifier le don , après
qu'on eut prouvé par une enquête , que ce don étoit
préjudiciable à la couronne. * De Longuerue , Descr.
de la France , p. 254.
LUNEN, ou Luynen, petite ville d'Allemagne , en
Veftphalie , au midi de la Lippe , au confluent de la
rivière de Sifeke fck de la Lippe. Au nord de cette place,
de l'autre côté de la Lippe eft une bourgade, appellée
V ancienne lune, OLD-LUNEN; aux confins du comté de
Verne. * Jaillot , Atlas.
LUNERA , ou Alumera , anciennement Leuco-
gœus coUis , montagne d'Italie , clans la terre de La-
bour , entre Naples fck Pouzzol. On dit que cette
montagne renferme quantité de foufre ck d'aiun , fck
qu'il en fort des fontaines propres à guérir les bleffures.
* Baudrand, édit. 1705.
LUNÉVILLE , Lurue Villa , ou Lunaris Villa,
ville , prévôté de France , dans le duché de Lorraine ,
diocèfe de Toul , cour fouveraine de Lorraine. Cette
ville eft fituée fur la petite rivière de Vézouze , dans une
belle campagne, fertile ck agréable. Elle eft ancienne,
ck portoit titre de comté, dès le dixième fiécle qu'elle
étoit poffédée par une branche cadette de Lorraine ; ce
comté a été réuni au duché , en 1 167 , par Mathieu I.
Le duc y a un palais très-magnifique, où il faifoit fou-
vent fa réfidence. Son églife paroiftiale eft dédiée à
S. Jacques : la cure eft à la collation des chanoines ré-
guliers de l'abbaye de S. Remy de Lunéville , qui y
nomment un chanoine de leur communauté , pour là
deffervir. Il y a dans l'églife paroiff.ale la chapelle de
S. Barthelemi , à la collation de l'abbé. L'abbaye de
S. Rémi de Lunéville a été fondée en 999 , par Fol-
mar , comte de Metz , pour des religieux de l'ordre de
S. Benoît , auxquels on (ubftitua des religieufes , qui cé-
dèrent leur place, en 1 135 , aux chanoines réguliers de
l'ordre de S. Auguftin , de la congrégation de S. Sau-
veur. Cette abbaye étoit hors des murs de la ville ; mais
ayant été ruinée en 1587, par les paflàges des troupes
Allemandes ck Proteftantes en France , on l'a rebâtie
dans la ville ; elle eft en régie. La manfe abatiale eft
de trois mille livres, ck la conventuelle de fix cents li-
vres , outre la cure qui eft unie , ck qui èft de mille li-
vres. Cette abbaye a la dispofition pure ck fimple de
toutes les chapelles , qui font dans toutes les églifes ,
tant paroiffiales qu'abbatiales de la ville , par déclaration
de M. Louis d'Haraucourt , évêque de Toul, en 1438.
Il y a à une Lunéville une commenderie de l'ordre de
S. Jean de Jérufalem , qui ayant été ruinée en 1587,
fut, dans la fuite, unie àla commenderie deS. JeandeVié-
lâtre de Nancy. Il y a un hôpital général , que le duc a
fait conftruire hors la ville , par le fecours d'une loterie ,
en 1707 , pour tenir la place de l'ancien hôpital, qui étoit
ruiné; l'on y"a transféré les biens de l'ancien, fck uni la
chapelle de S. Nicolas de Maixe , en 1708 , fck celles de
S. Sebaftien ck de fainte Catherine de Tantimont , du
S. Sacrement d'Ogeviller , ck de S. Fiacre, auffi-bien
que les hôpitaux d'Ogeviller, fck d'Einville-au-Jard, en
1709. Il y a un couvent de Minimes, un de Carmes,
un de Capucins , un de Sœurs grifes , fondé en 148 1 ,
par René II , duc de Lorraine , Se un autre de filles de
la congrégation de Notre-Dame], qui y furent reçues, le
5 Novembre 1619. La paroifie de Lunéville a pour an-
nexes la communauté d'Huviller , fck celle de Cianteheu ;
LUN
LUP
de cette dernière dépendent les villages de Ménil , Mé-
hon , Moncel, 6c Viller , qui ont chacun une chapelle
ou églife.
Ce Folmar dont on a parlé , eut deux fils , Godefroi
Si Hermans : leurs descendans mâles, comtes de Metz ,
jouirent de Lunéville , dont ils fe difoient comtes ; ce
que firent encore leurs fucceffeurs. Le dernier d'entr'eux
s'appelloit Folmar , dont la fille Clémence époufa Folmar,
comte de Chaftel , qui , à caule de fa femme , eut la fei-
gneurie de Lunéville ; ci que Ruir , auteur des Antiqui-
tés de Vosge, prouve par une Charte du monaftere de
Beaupré, datée de l'an 1173 , donnée par le comte Hu-
gues , fils de Folmar ; & ce comte Hugues de Lunéville,
par une autre charte de 1 1S4 , dit qu'il étoit fils du comte
de Chaftel. Le dernier feigneur de Lunéville, que l'on
trouve , eft ce Hugues , ou un autre de même nom , qui
vivoit l'an 12.04 ■> & étoit en poffeffion de cette feigneu-
rie , dont les feigneurs ont porté la qualité de cornus.
Après lui, les ducs de Lorraine unirent à leur domaine
Lunéville & fes dépendances ; &£ Ferri II lui donna des
privilèges , avec la loi de Beaumont-en-Argonne , comme
à Nanci , à Part , à Amance ; Se elle eft chef d'une châ-
tellenie ou prévôté du bailliage de Nanci. Charles III ,
duc de Lorraine, fit fortifier Lunéville, &C démolir l'an-
cienne églife de S. George , qui étoit hors de la ville ,
dans un champ que Folmar avoit donné anciennement
aux Bénédiftins de S. Remy. Cette églife nuifoit aux
fortifications que Charles faifoit bâtir. Ces fortifications
ne fubfiftent plus ; & elles furent démolies , lorsque les
François eurent occupé la Lorraine. Il y a quelques an-
nées que le palais , que les ducs de Lorraine ont à Lu-
néville, fut brûlé par accident. Le feu duc l'a rebâti bien
plus magnifique , qu'il n'étoit.
Le roi Staniflas a établrà Lunéville une académie pour
les jeunes gentilshommes , & une autre académie defeien-
ces & de belles lettres, accompagnée d'une nombreufe bi-
bliothèque.
1. LUNG, ville de la Chine, dans la province de
Quangfl , au département de Taiping , huitième métro-
pole de la province. Elle eft de 12 d. 51' plus occiden-
tale que Pékin, fous les 23 d. 12' de latitude. * Atlas
Sinenfis.
2. LUNG , fortereffe de la Chine , dans la province
de Xenfi , au département de Jungciang , féconde mé-
tropole de la province. Elle eft de 9 d. 45' plus occi-
dentale que Pékin, fous les 36 d. 25' de latitude. * Atlas
Sinenfis.
3. LUNG , fortereffe de la Chine, dans la province
de Quangfi , au département de Tiencheu, onzième mé-
tropole de la province. Elle eft de 11 d. 9' plus occi-
dentale que Pékin, fous les 24 d. 16' de latitude. * Atlas
Sinenfis.
1. LUNGCHUEN , ville & fortereffe de la Chine ,
dans la province d'Iunnan , où elle a fon gouverneur
particulier. Elle eft de 18 d. 28' plus occidentale que
Pékin, fous les 24 d. 16' de latitude. * Atlas Sinenfis.
2. LUNGCHUEN , ville de la Chine , dans la pro-
vince deQuangtung, au département de Hoëicheu, qua-
trième métropole de la province. Elle eft de 2 d. 31' plus
occidentale que Pékin , fous les 23 d. 45' de latitude.
* Atlas Sinenfis.
1. LUNGCIVEN, fortereffe de la Chine, dans la
province de Queucheu , au département de Xécien ,
cinquième métropole de la province. Elle eft de 9 d.
55' plus occidentale que Pékin, fous les 28 d. 25' de
latitude. * Atlas Sinenfis.
2. LUNGCIVEN , ville de la Chine , dans la pro-
vince de Chékiane, au département de Chucheu , fep-
tiéme métropole de la province. Elle eft de 2 d. 19'
plus orientale que Pékin , fous les 17 d. 19' de latitude.
* Atlas Sinenfis.
3. LUNGCIVEN, ville de la Chine, dans la pro-
vince de Kianfi, au département de Kiégan , neuvième
métropole de la- province. Elle eft de 3 d. il' plus oc-
cidentale que Pékin , fous les 27d.cZ de latitude. * Atlas
Sinenfis.
1. LUNG G AN, ville de la Chine , dans la province
de Suchuen , dont elle eft la feptiéme métropole. Elle
eft de 12 d. 10' plus occidentale que Pékin, fous les
32 d. 45 ' de latitude. Cette ville eftfituée vers la fource
du' fleuve Feu. Ce n'eft pas fans raifon qu'on nomme ce
933
lieu la clef de toute la province ; car il eft fort propre
pour en défendre l'entrée aux ennemis. Elle n'a que
trois villes dans fa dépendance , favoir :
Lunggan, Kiangyeu,
Xéciven.
Elle pofféde, outre cela, un grand nombre de fortereffes.
L'empereur Yvi unit ce pays à la province Leang ;
la famille de Cin l'unit au pays de Kiang ; la famille
Hana donna à la ville le nom d'Inping; la famille Tanga
lui donna celui de Lungmuen ; & la famille Taiminga.
l'appella Lunggan, nom qu'elle porte aujourd'hui. * Atlas
Sinenfis.
2. LUNGGAN, ville de la Chine , dans la province
de Quangfi , au département de Nanning, feptiéme mé-
tropole de la province. Elle eft de 10 d. 51' plus occi-
dentale que Pékin , fous les 13 d. 20' de latitude. * Atlas
Sinenfis.
1. LUNGLI, ville de la Chine, dans la province de
Queicheu , au département de Liping , feptiéme métro-
pole de la province. Elle eft de 8 d. 56' plus occiden-
tale que Pékin , fous les 27 d. 9' de latitude. * Atlas
Sinenfis.
z. LUNGLI , ville de la Chine, dans la province de
Queicheu, où elle a le rang de quatrième ville militaire.
Elle eft de 11 d. 9' plus occidentale que Pékin , fous
les 26 d. 27^ de latitude. Cette ville eft à l'occident de
ceUe de Sintien ; &c elle a dans fon département deux
châteaux , favoir :
. Pingfa , Tapingfa.
Les habitans des montagnes du voifinage , par le com-
merce fréquent qu'ils ont eu avec les Ghinois , ont pris
pen-à-peu quelque choie de leurs mœurs. Cependant en-
core aujourd'hui ils marchent toujours armés. Ils font très-
belliqueux , & font grand cas des armes. Au fud - oueft
quart de fud de cette ville , on trouve un beau pont de
pierre , appelle QuANGCY. * Atlas Sinenfis.
1. LUNGMUEN, montagne de la Chine, dans la
province de Pékin. Lungmuen veut dire porte du dragon.
Ce nom lui a été donné , parce qu'une rivière, qui vient
de la Tartarie , paffe dans cet endroit , au pied de la mon-
tagne. , & entre dans la Chine , par la grande muraille.
* Atlas Sinenenfis.
2. LUNGMUEN , petite fortereffe de la Chine, dans
la province de Pékin , au département de Siven , ville mi-
litaire de cette province. Elle eft d'un degré 29' plus
occidentale que Pékin , fous les 40 d. 50' de latitude.
* Atlas Sinenfis.
3. LUNGMUEN, ville de la Chine, dans la pro-
vince de Quangtung , au département de Quangcheu ,
première métropole de la province. Elle eft de 3 d. 10'
plus occidentale que Pékin, fous les 23 d. 35' de lati-
tude. * Atlas Sinenfis.
LUNGNAN , ville de la Chine, dans la province de
Kiangfi , au département de Cancheu, douzième métro-
pole de la province. Elle eft de 2d. 18' plus occidentale
que Pékin, fous les 25 d. 8' de latitude. * Atlas Sinenfis.
LUNGNIEN , ville de la Chine , dans la province de
Fokien , au département de Changcheu , troifiéme mé-
tropole de la province. Elle eft de o d. 35' plus orientale
que Pékin , fous les 24 d. 52' de latitude. Atlas Sinenfis.
LUNGONI , ancien peuple de l'Espagne TaYrago-
noife, félon Ptolomée, /. 2, c.6, qui leur donne pour ville
unique Pelontium.
LUNGPING , ville de la Chine , dans la province de
Pékin , au département de Chinting, quatrième métro-
pole de cette province. Elle eft de 2 d. 6' plus occiden-
tale que Pékin, fous les 38 d. 15' de latitude. * Atlas
Sinenfis.
LUNGTE , ville de la Chine, dans la province de
Xenfi, au département de Pingléang, quatrième métro-
pole de la province. Elle eft de 10 d. 13' plus occiden-
tale que Pékin , fous les 37 d. 10' de latitude. * Atlas
Sinenfis.
LUNGYANG , ville de la Chine , dans la province
de Huquang, au département de Changte, onzième mé-
tropole de la province. Elle eft de 5 d. 51' plus occiden-
tale que Pékin, fous les 29 d. 32' de latitude. * Atlas
Sinenfis.
«34 LUP
LUNGYEU , ville de la Chine , dans la province de
Chékiang, au département de Kiucheu, fixiéme métro-
pole delà province. Elle eft d'un degré 48' plus orientale
que Pékin, fous les 28 d. 54' de latitude. * Atlas Sinenfis.
LUNGYNG , forterefle de la Chine, dans la province
de Quangfi, au département de Taiping, huitième mé-
tropole de la province. Elle eft de 11 d. 56' plus occi-
dentale que Pékin , fous les 13 d. 42' de latitude. * Atlas
LUNGYO , forterefle de la Chine , dans la province
de Suchuen , au département de Jungning , autre forte-
refle de la province. Elle eft de 15 d. 26' plus occiden-
tale que Pékin , fous les 27 d. 24' de latitude. * Atlas St-
nenfîs.
LUPADI. Voyez Loubat.
LUPANNA , ifle de la mer Adriatique , dans l'état de
la petite république de Ragufe , proche de Ï'ifle de Mezo.
Elle a un port affez grand &c affez fur , Se fait près de fept
cents feux. Les Ragufois l'ont embellie de plufieurs beaux
édifices. Quoique fa plus grande partie de fon terroir foit
pierreux , les habitans l'ont cultivé avec tant de foin ,
qu'ils l'ont rendu des meilleurs , par leur induftrie ; on y
voit force jardins Se vergers pleins de toutes fortes d'ar-
bres, de vignes, figuiers , oliviers, orangers Se citronniers.
Il y a auflï des vignes qui produifent 3u vin excellent ,
avec quantité de caroubiers , dont le fruit eft nommé com-
munément h pain de S. Jean. La mer, qui environne
ï'ifle , abonde en poiflbn de plufieurs fortes. * Corneille ,
Dictionnaire.
LUPARA , nom latin du Louvre , palais des rois de
France , à Paris.
LUPAR^E. Voyez Louvres
LUPARIA. Voyez LuPERA.
1. LUPARIA , ou Lupparia , auciénne ville de l'Es-
pagne Tarragonoife , félon Ptolomée , au pays du peuple
Oretani , entre Caftulon Se Mentifa.
2. LUPARIA , nom latin de Louviers , en Normandie.
LU PATI A , ville d'Italie , dans la Pouille. Elle eft pré-
fentement détruite ; 6c on a élevé en fa place Alt amura ,
ville du royaume de Naples, dans la province de Bari,
félon Holfténius , cité par Baudrand , édit. 1705.
LUPÉ , bourg de France , aux frontières de l'Auvergne ,
au diocèfe de Limoges , élection de Combrailles , entre
des montagnes. Les habitans font commerce de moutons
Se de brebis. .
LUPERA , ou LUPARIA , nom latin de SAINT JUST ,
abbaye de France , au diocèfe de Beauvais , ordre de Pré-
montré.
LUPERCAL , lieu particulier de la ville de Rome ,
près du Tibre , au pied du mont Aventin. Il étoit dédié
au dieu Pan , dont les facrifices étoient appelles Luper-
calia ; Se les prêtres , Luperci.
LUPERCIANA , fiége épiscopal d'Afrique ; on ne fait
en quelle province. On fait feulement que Pélagien , évê-
que de cette ville , Pelaginus episcopus à Lupercianâ ,
aflifta au concile de Carthage, tenu fous S. Cyprien.
LUPERSAT , bourg de France , aux frontières de l'Au-
vergne , au diocèfe de Limoges, élection de Combrailles ,
entre des montagnes. Il y a un bois taillis. Les habitans
font la plupart maçons , cardeurs de laines , Se peigneurs
de chanvre , Se vont travailler dans les autres provinces.
Il y a dans ce lieu un petit commerce de brebis & de
moutons.
LUPFURDUM , Ab^oçcTok , ville de la grande Ger-
manie , félon Ptolomée, /. 2 , c. 1 1. Appien Se Bircheimer
veulent capricieufement que ce foit Meiffein , capitale de
la Mifnie. Ortélius trouve que LEIPSIC y conviendroit
mieux , pour le nom Se pour la fituation.
1. LUPIA, nom latin de la Lippe , rivière d'AIle-
LUPLE , félon Pomponius Mêla , L 2 , c. 4 ,
félon Strabon ,1.6, p. 282. LuSPiJE , félon Ptolomée ,
/. 3 , c. 1 ; Se Lupia , félon Pline ', l. X , c, 11, ancienne
ville d'Italie , dans la Calabre , fur la côte de la mer ,
entre Brindes & Otrantes. Elle eft nommée Luppia dans
la Table de Peutinger ; Se Frontin , de Coloniis , met
dans la Calabre , Ager Lyppienjls. Ce témoignage de
Frontin marque que c'étoit une colonie Romaine. Cela
eft encore confirmé par une inscription rapportée par
Gruter,/. 374, n. 5 , dans laquelle on lit : Patr. Col.
LUR
LUPIENSIXJM. Ce lieu eft préfentement appelle la Tour
de S. Catalde. Voyez Lecce.
LUPIENSES. Voyez l'article précédent.
LUPO-GLAVO , petite ville de l'Iftrie , vers les mon-
tagnes de la Véna, à fix lieues de Saint-Veift , vers le
couchant. Elle appartient à la maifon d'Autriche. Le nom
latin eft Lupolium.
LUPOLIUM. Voyez l'article précédent.
LUPONDUM. Béatus Rhénanuslit aiufi ce nom dans
ce vers d'Aufone :
Hqftibus exaclis , Nicriim fuper & Lupondum.
Se d'autres lifent :
Et Lupo Nudum.
Cet auteur croit qu'il s'àgit-Ià d'une forterefle nommée
Luis , près de la fource du Danube. Lazius eft du même
fentiment * Ortel. Thef.
LUPOSINA ; quelques auteurs ont écrit que Louvairi
a été ainlî appelle. Ortélius croit qu'on a voulu dire Lu-
pojina, mot barbare qui fait allufion à Loup-fin , que quel-
que mauvais railleur aura dit , au lieu de Louvain.
1. LUPPIA. Voyez Luppia.
2. LUPPIA, ancienne ville de l'ancienne Germanie,
félon Ptolomée, l. 2, c. 11.
Quelques-uns croient que c'eft aujourd'hui Lyppjladt.
LURA , lieu de la Gaule Belgique , félon un fragment
de la Table de Peutinger , vu' par Ortélius , Se non encore
publié. Celui qui eft publié , porte Jura.
LURDA , rivière d'Afie ; elle tombe du mont Taures ,
félon un paflage du fécond livre de Salufte , rapporté par
Prifcien.
1. LURE ; les Allemands difent Ludders , en latiri
Lut/ira h-Ludera, abbaye de France, en Franche-Comté,
au diocèfe de Befançon. Elle fut fondée fous l'invocation
de S. Paul, par S. Déicole,Déjols, ou Déol, ouDiel,
fon premier abbé , qui étoit disciple de S. Colomban ,
vers l'an 611, fous le régne de Clothaire II , roi de France
& de Bourgogne. Ce monaftere fut pillé par les Huns , Se
rétabli quelque tems après par Hugues , comte d'Alface ,
qui s'y confacra à la vie monaftique , avec deux de {es
fils. L'abbé avoit rang entre les princes de l'empire; mais
cela n'eft plus, depuis qu'elle eft fous la domination de la
France.
L'abbaye de Lure , qui eft de l'ordre de S, Benoît , &
où il faut faire preuve d'une nobleffe de feize quartiers ,
eft aujourd'hui unie avec Celle de Murbach, en Alface ,
8e gouvernée par le même abbé , qui eft éleftif.
2. LURE , montagne de France , en Provence, à deux:
lieues de Sifteron. On la nomme autrement le mont Lo-
tker'e ; Se par corruption , Lonerio Se Lure. S. Donat ,
jeune homme d'Orléans , ayant embraffé la vie monafti-
que , vécut en folitaire dans cette montagne. Il y a encore
aux environs de Lure , un petit territoire appelle la Combe
de S. Donat ; Se l'on conferve dans le voifinage les
reliques disperfées de ce faint anachorète, qui vivoit dans ■
le fixiéme fiécle.
3. LURE , abbaye d'hommes , ordre de S. Benoît , ert
Provence , au diocèfe de Sifteron , au pied de la mon-
tagne de la Haye. Il fe forma un monaftere au lieu que
S. Donat avoit habité. Ce monaftere ayant été détruit
parles guerres, Adélaïde , comtefle^de Forcalquier , le
céda , dans l'onzième fiécle , à l'évêque Géraud ; mais
Foulques d'Alfon , Fulco de Alfonicis , Se plufieurs autres
feigneurs commencèrent à le rétablir, avant l'an 1170.
LUREY, bourg de France , dans le Bourbonnois , dio-
cèfe de Nevers , éleftion de Moulins.
LURGERSHAL , bourg d'Angleterre, dans la pro-
vince deVilts. Renvoie des députés au parlement. *Etat
préfent de la Gr. Bretagne , t. 1 .
LURI , ancien bourj, de Ï'ifle de Corfe , entre la pointe-
du cap de Corfe, Se les Villes de la Baftie Se de S. Fiorenzo.
LURINUM , ancienne ville de Corfe, félon Ptolomée,
/. 3 , c. 2. C'eft aujourd'hui le bourg de Luri.
LURY , petite ville de France , dans le Bejrj. Elle eft
murée Se entourée de fofies. Il y avoit autrefois un châ-
teau que les Anglois ont détruit en 1 196. Elle a appartenu
aux feigneurs de Vierzon pendant long-tems , desquels,
après avoir paffé par d'autres familles , elle eft parvenue
LUS
à Jean , duc de Berri , qui l'a donnée à la cathédrale de
Bourges, dont elle n'eft qu'à fix lieues. Cette ville eft des
plus petites de cette province ; fa châtellenie , cependant ,
eft d'une grande étendue. Son terroir eft fertile en toutes
fortes de bleds, & rapporte beaucoup de foin : il s'y
trouve des bois taillis.
LUS , bourg de France , dans la Gascogne.
LUS ACE , (la) province d'Allemagne , dans la Saxe.
Elle eft bornée au nord par le Brandebourg ; à l'orient , par
la Siléfîe ; au midi , par la Bohême ; & au couchant , par
la Mifnie. Ditmar, hiftorien d'Allemagne , décrit le pays ,
qu'il appelle Luci7J. pagus , d'une manière qui convient,
fort à la Luface. On fait que les Sorabes , Sorabii & Serbii ,
étoientun peuple d'entre les Slaves. Ces Sorabes , voifins
des Bohémiens , avoient auprès d'eux un peuple nommé
MlLCENI , ou MlLCIANI , qui peut-être faifoit partie de
leur nation. Ce peuple Milàanï , étoit féparé des autres ,
en ce qu'il étoit renfermé dans le canton que Dubravius
d'Olmutz appelle pagus Nijeni , & Budefin ; d'où eft
venue, dans la fuite , la Marche de Batjtzen , en latin ,
Marchia BudiJJincnJis , du nom de Bautzen Budiffa , capi-
pitale de la haute Luface. Cela fait voir que ce peuple
Mikiani, occupait la haute Luface. Henri l'Oifeleur ,pre
mier prince Saxon, qui ait été roi de Germanie, fatigué des
fréquentes incurfions des Slaves , inftitua la Marche de
Mifnie , pour les réprimer , & arrêta , par ce moyen , tout
l'effort des Polonnois & des Lufaçois. Il fit plus ; il dompta
&.réduifit ceux-ci fous les loix Germaniques : aufîî lit-on
dans l'Hiftoire de Ditmar de Mersbourg : exed (urbe St mar-
chia Mifnenfi ) Mi/~e,7os fuœfubaclos ditioni , cenfum per-
folvere coëgit. Ce peuple étant vaincu, fon pays devint une
marche , c'eft-à-dire une frontière , Si eft appelle dans les
actes de ce tems-là , Marchia Mil^avia , ou Milchna ,
ou Budijjinenjïs. Ce n'étoit, à proprement parler, qu'un
gouvernement , que les empereurs établirent pour affurer
la-tranquillité de l'empire ; & les premiers gouverneurs
ne prirent d'abord que le titre àe préfets. Chriftian , fils
de Ditmar I , comte de Vettin , & petit-fils de Witiking
le jeune , fut créé margrave par l'empereur Otton I ; fa
poftérité en jouit fans interruption, jusqu'à Otton qui
en fut le dernier margrave , & mourut en 1301. Dedon ,
fon coufin , lui fuccéda ; mais l'empereur Henri IV le
priva de la haute Luface , qu'il donna à Uladiflas II , alors
duc, (k enfuite premier roi de Bohême. Il ne refta plus
à Dedon que la baffe Luface , à qui feule refta le nom de
marche, on margraviat de Lujace. Henri, fon petit-fils,
mourut fans en fans , l'an 1115. Vipper & Henri III,
comtes de Groïtfch , obtinrent la baffe Luface , qu'ils gar-
dèrent peu ; car l'empereur Lothaire II la rendit enfuite
à Conrad , margrave de Mifnie , dont les descendans la
conferverent jusqu'à Frédéric le Mordu , à qui Waldemar ,
furnommé Ylllujire , électeur de Brandebourg , le dernier
de la maifon d'Anhalt , l'enleva , en 1317. Waldemar
étant mort deux ans après fans enfans , l'empereur Louis
de Bavière donna le margraviat de Luface à Jean de Lu-
xembourg , roi de Bohême , fils de Henri VII , fon pré-
déceffeur dans la dignité impériale. Jean de Luxembourg
s'obligea de conferver tous les privilèges de la Luface ; &C
fes fucceffeurs la pofféderent aux mêmes conditions. Char-
les fon fils , qui fut roi de Bohême après lui , & empereur
après Louis de Bavière, incorpora la Luface au royaume
de Bohême, du contentement des états de l'empire,
affemblés à Nuremberg, en 1355; & elle fut fi bien re-
gardée comme une annexe de la Bohême , qu'elle paffa
aux princes de la maifon d'Autriche , par le mariage de
Ferdinand I avec Elizabeth , fœur de Louis , roi de Bo-
hême & de Hongrie.
Tant quela Luface fut attachée au royaume de Bohême,
elle eut toujours le droit Saxon, fck des coutumes conformes
à cette jurfcprudence ; & elle porta long-tems les appels
à la chambre de Magdebourg , où étoit établi un tribunal
fouverain qui jugeoit , félon le droit Saxon , les caufes
des pays voiftns & des provinces étrangères. Ferdinand l
ayant défendu , fous peine de profeription , les appels à
la chambre de Magdebourg , fut obligé d'inftituer à Pra-
gue une chambre des appels , pour juger les procès en
dernier reffort ; & ce tribunal ne connoiflbit pas feulement
des affaires de la Bohême , mais encore de celles de la
Luface. Lorsque cette province revint à l'électeur de Saxe ,
il tut réglé que ces appels reflbrtiroient à l'électeur même,
LUS 93j
fans qu'ils puffent être portés à aucun tribunul étranger ,
pas même à la chambre impériale de Spire.
Sous les princes de la maifon d'Autriche, la Luface fut
aufîî long-tems paifible, qu'ils la gouvernèrent avec mo-
dération. Mais lorsque la Bohême fut déchirée par les
guerres civiles , en 1618 , fous le régne de Ferdinand II ,
à qui les Proteftans oppofoient Frédéric , électeur pala-
tin , qu'ils avoient élu, Jean-George I , électeur de Saxe ,
fauva la Luface , & employa tout fon crédit auprès de
Ferdinand , pour conferver à cette province (es privilè-
ges^, fes droits , & fur-tout fa liberté de religion , dont
ïï s'agiffoit dans cette guerre. Il avoit mis l'empereur hors
d'état de lui rien refuïer à cet égard. Il l'avoit trop bien
fervi d'hommes & d'argent dans cette guerre ; aufîî en
eut-il la Luface pour fon rembourfement , à la charge de
la tenir , comme un fief de la couronne de Bohême ; &
depuis l'an 1636, que cette reftitution fe fit au traité de
Prague , la Luface eft demeurée à l'électeur de Saxe. Il
ne jouit guères que "de la haute. La baffe eft partagée entre
divers maîtres , comme on va voir dans leur divifion. La
religion dominante eft la Luthérienne ; il ne laiffe pas
d'y avoir quelques monafteres Catholiques. La Luface fe
diyife en haute & baffe.
La haute Luface confine à la Bohême. Ses principaux
lieux font :
Bautzen ,
Gorlitz ,
Zittau ,
Locbau ,
Lauben ,
Camenitz ,
Mofcau ,
HoyerfVerda.
Et deux monafteres de religieufes , favoir , Marien-
TI-ial , entre Zittau & Gorlitz ; & Marientern , près
de Bautzen. Aux environs de Bautzen & de Lobau , il y
a une lifière de pays qui traverfe la haute & la baffe Lu-
face, jufques dans la Marche de Brandebourg. Le peuple,
qui y .habite, eft un refte des anciens Vandales. Ils confer-
verit leur langue particulière entr'eux , & leurs habille-
mens , qui paroiffent ridicules à leurs voifins. J'ai vu un
pareil refte de ce peuple en Meckelbourg. C'eft aufîî une
lifière qui s'étend jufques dans la Poméranie. Ils ufent en-
tr'eux d'un langage fi peu articulé, qu'ils pourroient par-
ler, quand ils n'auroient ni lèvres, ni dents, ni langue.
Ce n'eft qu'un fon informe qui fort confufément de leut
gofier. Leurs habillemens ne diffèrent point de ceux des
autres payfans qui les environnenr. Cette lifière va d'oc-
cident en orient, &c n'a qu'une affez petite étendue en lar-
geur.
La baffe Luface eft, comme nous avons dit, partagée
entre plufieurs maîtres.
I. Le duc de Merfebourg , de la maifon de Saxe , y
pofféde
Luben , Lucca ,
Guben , Finfterwald ,
Fortz , Dobrilock ,
Spremberg.
II. Le roi de Pruffe y pofféde
Cotbus , ou Cotvitz , Storckau ,
Pefcau , Peitz ,
Sommerfeld.
III. Sorau appartient aux comtes de Promnitz.
IV. Sonnewalde appartient à une branche de la mai-
fon des comtes de Solms.
V. Senfterberg, ville &C château, avec quelqnes petits
lieux , appartiennent à l'électeur de Saxe ; &: même il y
a des gens qui comptent Senftenberg entre les villes de
Mifnie.
Cet article eft tiré , pour ce qui regarde l'Hiftoire , de
la differtation de Schurtzfleifch fur la Luface , & des
hiftoriens cités en mjrge; & pour la divifion, de la géo-
graphie Allemande de Hubner , excepté ce qui regarde
les Vandales de Meckelbourg, dont je parle en témoin
oculaire.
LUSARCHE , bourg, bailliage & châtellenie de l'Ifle
de France , à huit lieues de Paris , au nord oriental ds
cette ville , à l'orient d'hyver de Beaumont-lùr-1'Oife ,
LUS
936
& au midi de la forêt d'Hérivaux , à deux lieues de Sen-
tis fur la route de Paris à Creil & à Amiens. La paroiffe
eft fous l'invocalion de S. Damien. On y fabrique beau-
coup de dentelles.
LUSERNE , bourg ou village de France , dans la baffe
Normandie , à trois lieues de Granville , & à quatre d'A-
vranches , vers la côte de la mer. Ce lieu eft remarqua-
ble par une abbave de Prémontrés réformés. Cette abbaye,
conlacrée à la fainte I rinité , eft en régie , 6c tut fondée
par Aftulphe de Subligny , l'an 1143. La paroiffe de la
Luferne eft un titre de baronnie.
LUSI, ou Lussi. Voyez Luticii.
LUSIGNAN ; on difoit anciennement Lezignen ;
en latin Le{iacum cajlrum. Piganiol de la Force ,
Dcfcr. de la France , t. ? , p. no , dit Liciniacum
CASTRUM, château de France, en Potiou, fur la Vonne,
au-deffus de Saint-Maixant. Ce lieu eft connu dès le com-
mencement de l'onzième fiécle ; il avoit alors fes fei-
gneurs particuliers-, qui, dans la fuite, devinrent comtes de
la Marche & d'Angoulême. Le château de Lufignan pas-
foit pour imDrenable. Les auteurs Romanesques affurent
qu'il fut bâti par une fée , moitié femme , moitié ferpent ,
appellée Mélufine ; mais il eft fur qu'il le fut par Hugues II ,
fei'gneur de Lufignan, furnommé le Bien-aimé. On a d'ail-
leurs remarqué qu'il n'y a point eu de femme du nom de
Mélufine dans les branches de la maifon de Lufignan éta-
blies en France ; & quant à ce qu'on dit que le nom
de Mélufine eft compofé de celui des terres de Melle Ô£
de Lufignan , dont elle étoit dame , il n'y a rien de fi aifé
à réfuter , puisque la terre de Melle n'a jamais appartenu
à la maifon de Lufignan. On doit donc conclure que Jean
d'Arras , auteur du Roman de Mélufine , Jean Bouchet ,
en (es Annales , & frère Etienne de Lufignan , dans l'His-
toire de la maifon de Lufignan , n'ont pas été plus forciers
que Mélufine , dout ils rapportent tant de fables. Brantôme
même , tout enthoufiasme qu'il étoit de chevalerie , n'a
pu s'empêcher de reconnoître pour des fables la plupart
des chofes qu'on difoit de Mélufine. El bien que ce/oient
fables , dit-il , fi ne peut-on dire autrement que tout beau
& bon d'elle. Le château de Lufignan étoit fitué fur une
montagne entourée d'autres montagnes qiii fervoient à le
défendre. Téligni le furprit pour les Proteftans , l'an 1 569;
mais Louis Bourbon IIe du nom , duc de Montpenfier ,
l'affiégea , l'an 1575 ,&, s'en étant rendu maître, après
quatre mois de fiége , le fit rafer de fond en comble. Ecou-
tons un moment Brantôme , fur le fiége & la prife de ce
château. Le fiége de Lufignan , dit-il ,fut long & de grands
combats , j'en parlerai poffible ailleurs. Il fut pris ; & de
Montpenfier , pour hernîfer fa mémoire , preffa & impor-
tuna tant le roi Henri III , nouveau venu de Pologne ,
qui le voulut gratifier en cela , qu'il fit rajer de fond en
comble ce château; ce château, dis-je , fi admirable & fi
ancien , qu'on pouvoit dire que c étoit la plus belle marque
deforterejfe antique , & laplus noble décoration vieille de
toute la France. Ce château ayant été rafé fous Henri III ,
comme Brantôme le rapporte , Corneille n'a pu dire que
Louis XIII le fit démolir.
La ville de Lufignan eft petite , & fituée fur la route
de Bordeaux , à la Rochelle. Il y a uu fiége royal , une
maréchauffée &: un maire perpétuel. La ville n'eft pas
riche , & le bourg eft ce qu'il y a de meilleur. Les caba-
retiers y font bien leurs affaires. La ville eft au bas d'une
colline , fur, laquelle le bourg eft fitué. Dans la ville eft
une fontaine, où le peuple croit que Mélufine febaignoit.
La maifon de Lufignan produifit non-feulement des comtes
de la Marche rk d'Angoulême , mais encore des rois de
Jétufalem & de Cypre. Philippe le Bel réunit à la cou-
ronne les biens de ces comtes. Lufignan ayant été uni au
comté de Poitou , a fuivi le fort de cette province.
LUSITAN1A , ancien pays dont nous traitons au mot
Lusitanie ; &: comme une partie de la Lufitanie an-
cienne répond aujourd'hui au Portugal , on nomme au-
jourd'hui le Portugal en latin Luftania, quoiqu'impro-
prement les bornes n'étoient pas les mêmes , comme on
je peut voir par la comparaifon des articles Lusitanie
ck Portugal.
1 LUSITANI, (les) anciens peuples de l'Espagne , dans
la Lufitanie. Presque tous les écrivains conviennent qu'ils
tiroient leur nom de Liifius ou Lyfa , préfet de Bacchus.
Ptolomée comptend parmi ces peuples les Turditani , les
LUS
Cdiui & les Vergones. Il donne aux Luftani propresles
villes fuivantes.
Villes maritimes :
Barfrarium promontor. Luniz montis premontor.
Oliofipon , Munda. fluv. Ofiia ,
Tagifluv. Ofia, Vaci fluv. Oflia,
Fontes fluv. Doriœ fluv. Ofiia,
Fontes fluv.
Villes dans les terres:
Lavara ,
Aritium ,
Selium ,
Elbocoris ,
Araducla ,
Verurium ,
Velladis ,
Minimum ,
Chretina ,
Arabriga ,
Scalabiscus -,
Tocubis ,
Concordia,
Talabriga ,
Rujlicana,
Mendeculia ,
Caurium ,
Turmogum ,
Burdua ,
Colarnum ,
Ifallœ-cus ,
Ammœa ,
Ebura ,
Norba Cccfarea,
Licinniana ,
Augufia emerita,
Evandria,
Geraa ,
Cecilia Gemillina,
Capafa.
Les Luftani aimoient mieux faire des courfes fur leurs
voifins , ik vivre de brigandage , que labourer la terre ,
quoiqu'elle fût très-fertile dans leur paye Leur manieie de
vivre étoit d'ailleurs aiîez fimple ; ils fe chauffbient avec
des cailloux qu'ils faifoient rougir ; ils fe baignoient <lans
de l'eau froide ; ils n'ufoient que d'un feul mets à leur repasy
& ils mangeoient fort fobrement. Leur habillement étoit
noir. Au lieu d'argent monnoyé, ils faifoient des échanges ;
quelques-uns fe fervoient, pour leurs achats, ds lames
d'argent , dont ils coupoient des morceaux. Comme les
Egyptiens , ils expofoient leurs malades dans les chemins .
publics , afin que les paffans qui fauroient des remèdes à
leur maladie, puflent les leur indiquer. Enfin ces peuples
étoient pleins de valeur ; &C les Romains les fournirent
moins par la force, que par la rufe & l'artifice. * Strab. 1. 3.
LUSITANIE : (la) c'étoit anciennement une des trois
provinces qni compofoient l'Espagne. Les limites ne fu-
rent pas toujours les mêmes. Suivant Strabon, /. 3 , elle
s'étendoit depuis le Tage , en tirant vers le feptentrion ;
à Tago in ftptentrionem Luftania patebat. En effet les
anciens géographes ont donné le Tage pour la borne mé-
ridionale 'de la Lufitanie ; fcV, du côté du feptentrion , ils?
pouffoient les limites de cette province jusqu'à l'océan
Cantabrique , eu du moins jusqu'au promontoire Celtique ,
Nérius ou Artabre ; cependant le pays, qui étoitentrele
fleuve Anas rk le Tage , fe nommoit la Celtique , comme,
l'a obfervé If. VolTius , Obferv. in Pomp. Mel. Mais lors-
que les Romains fe furent rendus maîtres de toute l'Espagne,
Augufte fit une nouvelle divifion des provinces ; & la Lu-
fitanie fut bornée alors au nord par le fleuve Durius , au
midi par le fleuve Anas ; & toute l'étendue des terres, qui
eft entre le Durius &: l'océan Cantabrique , fut ajoutée à
la province de Tarragone. *Pomp. Mêla, 1. 3 , c. 6. Cellar.
Geogr. ant. /. 2 , c. 1.
Pline , /. 4 , c. n, fait commencer la Lufitanie au Du-
rius , limites que lui donne pareillement Ptolomée ; mais
les bornes que les géographes marquent du côté des peu-
ples Vetomes & Carpetani , ne font pas toujours les mê-
mes. Cette différence vient de ce que l'on a confondu la
province de Lufitanie avec le pays qu'habitoient les Luf-
tani, proprement dits, quoique la province fiit beaucoup
plus étendue. Outre le pays des Luftani , elle oomprenoit
plufieurs autres peuples. Pline nomme les Celliques , les
Turduli & les Vettones , & Ptolomée y ajoute les Tur-
detani. Enfin cette différence eft encore venue des chan-
gemens que les divers empereurs firent aux limites des pro-
vinces , félon qu'ils le jugèrent à propos ; de forte que, du
teins de Pline, les bornes de la Lufitanie pouvoient n'être
pas les mêmes que du tems de Ptolomée.
On a vu, dans l'article précédent, de quelle manière
Ptolomée a divifé les villes des Luftani.V oici la divifion
de la Lufitanie proprement dite , félon le P. Briet.
Àugufla.
LUS
LUT
r^tugufta emtrita,
Merida.
Scalabifcus ,
Santaren.
Fax Aumfia.) ou Pacen-
fis,Col.
Ebora , ou Liberalitas
Badaïos.
Julia ,
Evora.
Norba-Ccefarea ,
Alcantara.
Olyfippo ce Ulifippo,
Liciniana , ou Ciniana ,
Lisbonne.
La Lifeda.
Lavara, ou Layare,
Aveïro.
Verrunum ,
Vifeu.
Vacus, Vaca, ou Facua,
Vouga , fleuve.
Munda, ou Mulias,
Mondego , fleuve.
jEminiunz ,
Agada, ou Aquida.
Conimbrica, ou Conim-
briga ,
Condexa-Veï'a.
Vatea, ou Baceia,
Ponte-Vougà.
Concordia ,
Tomar.
Caflra-Ctecilia,
Caceres , ou fainte Marie
de Guadeloupe.
Metallina, ou Metallien-
Jzs, Col.
Metelin.
Tagi-OJiium ,
LuTHZ-Promont.
La bouche du Tage.
Le cap de Sintra.
La Lufïtanie produlfoit autrefois beaucoup d'or. Pline
dit que cette province , avec celles de Galice Se des Aftu-
ries , payoient vingt mille livres d'or tous les ans ; Se il
eft confiant que l'on trouve encore, de nos jours, des pail-
lettes d'or dans le Tage. Elle étoit auffi très-fertile. Athé-
née , /. 8 , remarque , après Polybe , qu'un cochon de
cent livres pefant ne Ce vendoit , dans cette province ;
<jue •) dragmes ; qu'un veau étoit du mê;ne prix ; qu'on
donnoit une brebis pour deux dragmes ; un talent de fi-
gues , pour trois oboles '; un bœuf capable de tirer la char-
rue , pour dix dragmes Se que les animaux , que l'on tuoit
dans les forêts , fe donnoient pour rien.
LUSITANUS-FLUVIUS. Martianus Capella croit
qu'il y avoit une rivière de ce nom dans la Lufitanie ;
car il dit que ce pays eft traverfé par une rivière qui porte
le même nom. Ortélius demande , à cette occafion , fi
c'eft le Tage ? & il ajoute que Henri de Portugal , fort
ami , aimeroit mieux dire que c'en1 l'Anas.
LUSIUS , rivière du Péloponnèfe , félon Suidas , au
mot a\.ios.
LUSO , petite rivière d'Italie , dans l'état de l'églife ,
dans la Romagne. Elle a fa fource vers le Monte-Feltre ,
près le duché d'Urbin , Se Ce jette dans le golfe de Ve-
nife , près de <>ayi°nan , presqu'au milieu , entre Rimini
& Cervia. Elle n'eft remarquable que parce que c'eft
l'ancien Rubicon , dont les auteurs ont tant écrit , ainfi
que le prouvent Malatefte Porta, Céfar Clémentin , Se
Jacques Villani qui en fait une differtation fort curieufe.
* Baudrand , édit. 1705.
LUSONES , Atr'a-ofee ^ ancien peuple d'Espagne, fur
l'Ebre , dans le voifinage de Numance, félon Appien.
Strabon , in Iberic , 1. 3 , dit qu'ils s'étendent jusqu'aux
fources de l'Ebre.
LUSPA RI A , ancienne ville de l'Espagne Tarragonoife.
Voyez Lupparia.
LUSPLE. Ptolomée nomme ainfi la ville de Calabre ,
nommée Lupïa par Pline , Se Lupis. , par Mêla Se par
Strabon.
LUSSA , Avira , ville de la Paleftine. Elleappartenoit
aux Arabes, félon Jofeph , /. 14, c. 2. C'étoit une des
douze villes qu'Alexandre , père d'Hircan , avoit enlevées
aux Arabes, Se qu'Hircan s'obligea de rendre à Arétas ,
roi des Arabes, en faveur de (on réiabliliement. Ptolo-
mée , /. 5 , c. 17 , nomme cette ville Lyfa , dans l'Arabie
pétrée.
1. LUSSAC, ville de France, dans le Poitou, au dio-
cèfe , Se dans l'éle&ion de Poitiers.
2. LUSSAC , bourg de France , dans le Berri , élection
de Blanc.
LUSSAN, bourg de France, dans l'Armagnac, dio-
cèfe d'Auch , élection d'Armagnac.
1. LUSSl.VovczLuTt en."
a. LUSSi, village du Péloponnèfe, dans l'Arcadie,
félon Paufanias, /. 8, c. 18 , qui dit que Lufli étoit au
territoire AeCliiorium. On rapporte qu'un certain Agéfilas
de Lufi rempor"1 la pahns aux jeux Fythiens, céléir~<:
917
par ordre des Amphiclions , pour avoir gouverné un che-
val indompté. Paufanias ajoute que, de fon tems, il ne res-
tait pas feulement les ruines de cet endroit ; qu'il y avoit
Un temple de Diane , où Mélampe avoit fait entrer les
filles de PrsetUs, Se les guérit ; c'eft par rapport à cette
guérifon,queCallimaque dit, dans l'Hymne à Diane,/», 511
alterum autem in Luflis Hcmerefl , Tirs hï Ak'«w< 'h^mu
Polybe , /. 4 , c. 18 , dit auffi Lufi, & parle de Diane en
plufieurs endroits ; il dit, entr'autres chofes , /. 9 , c. 29,
& '•_ 4, c. 15 , que Ti-riée pilla ce temple , Si que les
Etoliens le ravagèrent aufii à leur tour. Callimaque Si Pau-
fanias difent Lufi. Polybe Se le ichoiiafte de Callima-
que difent Lufli.
LUSSO , rivière d'Afrique , en Barbarie , au royaume
de Fez. C'eft le Lix de Ptolomée. On la nomme auffi la
rivière de Larache.
LUSSON1UM, ville de la baffe Pannonie , félon Pto*
lomée , l. 2. , c. 16 , Se la Notice de l'Empire ,fect. 57;
Se Luftunium , félon l'Itinéraire dAntonin Elle eft nom-
mée Lufio , onis , dans la Table de Peutinger.
LUSTARIA. Voyez Ossonaba.
LUSTIUS , akVW , peuple de la tribu CEnéïde , fé-
lon Héfyche.
> LUSTRICA , Uflica, ifle de la mer de Sicile, &
l'une des ides de Lipari, dont elle eft un peu éloignée
au couchant. Voyez Ustica. * Baudrand, édit. 170$.
LUSUC. Voyez LuCKO , ville de la Pologne, dans
la Volhinie.
LUSY , bourg de France , dans le Nivernois , dans
une plaine , à fix lieues de la Loire.
> LUTACH, villaged Allemagne, au Tirol, fur la rivière
d'Aicha, environ à quatre lieues de Bruneck , du côté du
nord. Il n'eft remarquable que parce qu'on y cherche la
Littamum des anciens , qui étoit dans la Norique.
LUTANA. Voyez Lodevh.
LUTABURGIUM, colonie des Tarbelliens , félon
Gohzius, qui rapporte une inscription où il eft fait men-
tion de ce peuple. * Ortel. Thef.
LUTENBERG , bourg d'Allemagne , au cercle d'Au-
triche, darf! la biffe Stirie , dans la Hongrie , fur le Muer ,
à fix lieues de Canife. On foupçonne que ce peut être l'an-
cienne Lentudum de la haute'Pannonie.
LUTE i IA , nom latin qu'avoit la ville de Paris. Elle
ne le conferve plus qu'en latin ; car en françois elle a
quitté ce nom, pour prendre celui du peuple a qui elle
appartenoit. Les anciens nommoient le peuple Parijîi ,
Se la ville Lutelia ; la ville fe nomme préfentement Paris»
LUTEVA , ancien nom de Lodeve.
LUTEVAÎnT, habitans de Lu'eva., oïl de Lodeve.
LUTI, a"to/, qui & Buri BB~0/ , dit Ptolomée^
/. 2. , c. 1 1 , ancien peuple de ia grande Germanie. Cet
auteur met deux peuples nommés Luti dans la Germanie,
favoir ceux-ci qui étoient furnommés Buri. Voyez B'URii ;
& d'autres furnommés Omani , oVa»oh Les premiers
s'étendoient vers la Viftule ; les autres étoient voifins des
Longidîdudini , vers l'Algow.
LUTIA , ancienne Se riche ville d*Espagne , au pays
des Arevaques , à trois cens ftades , c'eft-à-dire , à douze:
ou treize lieues de Numance, félon Appien , in Ioericis.
LUTIC1I , ancien peupie d'Allemagne , entre les Sla-
ves. Us faifoient partie des Wiltfes , peuple qui habitoit
au bord de la mer , entre l'Oder & les Obotrites, c'eft-
à-dire , la partie de la Poméranie qui eft entre l'Oder
6k le duché de Meckelbourg. On nommoit les divifions
de ce' peuple ? Wilt^i , Wclatabi , Se Luticii, ou Luti-
tii, ou Lutici, ou Ludici. Ceux qui mettent ces derniers
au-delà de l'Oder, font dans l'erreur, au jugement de
Spener, Notit. Germ. média, 1. 4, p. 391. Quelques-
uns les confondent mal-à-propos avec le peuple Lwi-'i
qui étoit dans la Lulàce. Celui dont il eft ici queftioa
en éroit bien loin. 1
LUTIR1US-AGER ; c'eft le même que Linceritjs;
LUTISBOUPiG, ou Lutispurg,ou Lutenspurg*
château de Suiffe , dans le Tockenbourg. C'eft un lieu*
d'importance; il y a un pont fur leThour, Se ce pont eft
la communication du haut Tockenbourg Se du bas. Quel-
ques auteurs en mettent la fondation au tems de Conrad de
Buffûang, abbé de S. Gall ; d'autres croient cette fortereffe
plus ancienne. Etat & Délices delà Suifle , t. 3, p. -;j.o.
LUTITIA : quelques-uns nomment ainfi en latin*
Lii-ti, bourg d'Allemagne , en Poméranie. * Corn. Dicl»
Tome III. Cccccc
91
LUT
LUX
LUTKENBOURG, petite ville d'Allemagne, au
cercle de baffe Saxe , dans la Wagne, à deux mil es de
la mer Baltique. Son nom marque la petitefle. Lutke eft
un vieux mot Saxon , qui , joint à celui de bourg, lignifie
'TuTOMAGUS. Baudrand, édit. 1682 , dit : bourg
de la Gaule Belgique, {oppidum,) chez lesMonns, du-
quel Antonin fait mention. Cluvier l'explique mainte-
nant parMONTREUlL, place fortifiée , dans la province
de Picardie , fur la Canche , aux frontières de l'Artois,
à moitié chemin, en<re Hesdin & la côte de la Manche,
à trois lieues de l'une & de l'autre. D'autres le cherchent
à Brimeu, village de Picardie, près d'Abbeville.
Il y a bien de l'inexactitude dans cet article. Perfonne
avant Baudrand n'a jamais dit que LuTOMAGUS fût
chez les Morins. Ce nom de Lutomagus eft mconnu à
Antonin , qui n'en a pas la moindre trace. C'eft dans la
Table de Peutinger que l'on trouve Luttomagus, à qua-
torze mille pas de Bologne. Cette diftance , dit Cluvier,
German. ant. 1. 2 , c. 27, & la route, font voir que ce
lieu doit avoir été fur la Canche & à Montreuil ; car,
ajoûte-t-il , le mot MaGUS fignifie paffage de rivière.
Du refte il ne dit point que cette place fût in Morinis ;
auffi n'y étoit-elle pas. Il en parle dans le chapitre , où
il traite des peuples Briani &t Oromansaci.
LUTON , bourg d'Angleterre , dans la province de
Bedford. On y rient marché public *Etat préfent de la
Gr. Bru. t. I.
1. LUTRA ou Lothariâ. Voyez Lutter.
2. LUTRA , nom latin d'une rivière , dont le nom
vulgaire eft la Lauter. Voyez ce mot.
LUTRA-CjESAREA ; c'eft le nom latin que Bau-
drand donne à KeyserslauteRN. On diroit beaucoup
mieux Cefarea ad Lutram.
LUTRl , petite ville de Suiffe , au pays de Vaux , au
bord du lac de Genève , au canton de Berne , au bout
d'une jolie plaine. Elle a été autrefois plus confidérable,
qu'elle ne l'eft aujourd'hui. Il y avoit un prieuré qui fut
réuni , dans le quinzième Siècle , à la manfj épiscopale
de Laufanne. * Etat & Délices de la Suiffe , t. 2, p. 270.
1. LUTTER, (Kônigs) Konigt-Lutter, monaftere
d'Allemagne, enhtm monaJleriumliegio-Lutkeranum. Il
prend ce nom de Luder ou Lutter, roi de Germanie, fon
fondateur. C'eft le même prince que nous appelions
ï 'empereur Lothaire , duc de Saxe. Voyez l'article de
LuNEBOURG , où je parle de ce monaftere par occa-
sion. C'eft maintenant une petite ville fameufe par fa
bière , qu'on appelle titchjlein. * Hubmr, Géographie ,
p. 517.
2. LUTTER , petite ville d'Allemagne , au duché de
Brunswig , aux confins de Tévêché de Hildesheim. Elle
eft furnommée am Bdrembcrge , c'eft- à-dire à lamonta-
fne aux ours. Elle eft à deux lieues de Goffar , & célé-
re à caufe de la victoire que Tilli , général des impé-
riaux , y remporta contre le roi de Danemarck , Chnf-
tianlV, l'an 1616. * Baudrand, édit. 1705.
LUTTERBERG, félon Hubner, bourg d'Allemagne,
dans la baffe Saxe , dans l'électorat d'Hanover, affez
près d'Oftenrode. C'étoit anciennement un comté célè-
bre, quia eu long-tems fes feigneurs particuliers, aux-
quels il donnoit le titre de cornu de Lutterberg. Le der-
nier, nommé Hejjon, étant mort vers la fin du treizième
fiécle, les ducs réunirent fon comté à leur domaine. Les
ducs de Brunswig-Grubenhagen , dans le partage de qui
il étoit , le donnèrent enfuite aux comtes de Hohenftein,
après lefquels ils l'ont incorporé de nouveau à leurs états.
Corneille met Oftenrode dans ce comté; c'eft une faute,
Oftenrodeeftde la principauté cieGrubenhagen. *D'Au-
difret, Géogr. t. 3.
LUTTERBURG, forêt de France, dans la baffe Alface.
LUTTERV/ORT (a) , bourg d'Angleterre , en Lei-
cerftershire , aux confins de Wanrickshire. On y tient
marché public. Il n'eft remarquable que par fon curé ,
Jean "Wiclef, qui y mourut paisiblement , en 1384. Il
s'étoit déclaré hautement contre la doctrine reçue dans
l'églife Romaine; de-là vient que les Froteftans le comp-
tent entre leurs plus zélés réformateurs (b). Ce fut en
cette qualité que le concile de Confiance condamna fes
dogmes, le flétrit de la qualification d'héréfiarque , &
ordonna que (on cadavre feroit déterré & brûlé; ce qui
fut exécuté, l'an I4i5,c'eft-à-dire trente & un ans après
fa mort. (s) Etatvréfent de la Gr.Bret.î.l. ^Hifloirc
du concile de Confiance.
LUTTICH ; les Allemands nomment ainfi la ville
de Liège.
LUTTERSHAUSEN , lieu fortifié d'Allemagne, dans
la baffe Saxe , à un mille & demi de Hambourg. Le
général Tilli l'emporta d'emblée, en 1617.
1. LUTZEL, petite rivière de Suiffe, dans la prin-
pauté de Porentru , dans la feigneurie de Zuingen. Elle
fe joint dans le territoire deLauffen, affez près de cette
ville, avec la Byrfe, qui porte fes eaux dans le Rhin.
*Etat & Délices de la Suiffe.
2. LUTZEL , Lucis-Stella, abbaye de France, dans
la haute Alface, au diocèlè de Bafle , ordre de Cîteaux.
Cette abbaye eft en régie, & a été autrefois fondée par
les comtes de Ferrette , vers l'an 1 1 24. Voyez la copie
d'un manufcrit à la fin de ce Dictionnaire.
LUTZELBOURG. Voyez Luxembourg.
LUTZELSTEIN , ^ petite ville de France , dans la
baffe Alface, au diocèfe de Strasbourg, avec titre de
comté anciennement, & de principauté aujourd'hui , fur
les confins de la Lorraine Allemande. Cette ville eft
fituée fur une montagne , & eft défendue par un boa
château, à fix milles de Strasbourg.
Cette principauté appartient à l'électeur Palatin, fous
la fouveraineté de la France.
La principauté de Lutzelstein confifte en une
vingtaine de villages , ck avoit titre de comté , qui a eu-
fes comtes avant l'an 1000 ; Se quoique l'on ne fâche
ni leur fuite ni leur généalogie, on voit que Lutzelnein
a toujours eu fes feigneurs durant cinq fiécles. Ils ont
été de différentes familles. Henri, comte de Lutzelftein,
mourut fans çnfans , fur la fin du quatorzième fiécle. Il
ne reftoit plus alors de tous les mâles de fa famille, que
Burchard , élu évêque de Strasbourg, qui quitta l'évêché
à fon compétiteur Guillaume deDieftj pour fe marier.
Il laiffa deux fils Jacques 6c Guillaume ; ceux-ci ayant
exercé de grandes violences contre leuts voifins, furent
dépouillés de leur comté, & chaffés du pays par Frédé-
ric le Victorieux, électeur Palatin, qui laiffa ce comté
à fes fucceffeurs ; mais Otton-Henri , électeur Palatin ^
étant mort fansenfans, l'an 1559, donna par teftament
Lutzelftein au Palatin George- Jean , de la branche de
Veldens, dont les fucceffeurs ont toujours joui de cette
petite principauté comme libres , jusqu'à l'an 1680, que
le confeil d'Alface rendit un arrêt, pour obliger ce prince
à faire hommage , comme tous les autres feigneurs &
gentilshommes de 1?. baffe Alface. Ce Palatin , qui fut le
dernier de fa branche, étant mort fans héritiers mâles,
Lutzelftein eft retourné à l'électeur P?.!atin, qui en jouit
fous la Souveraineté du rci de France. * Lo/iguerue, Des-
LUTZEN , petii
Saxe, dans l'évêché de Merfebourg, à deux, milles de
Leipfic, entre celte ville St Weiffenfels. Elle a été en-
tièrement ruinée par les guerres. Son nom eft célèbre
dans l'hiftoire, à caufe de la bataille qui fe donna pro-
che de fon terrein , entre les Impériaux &C Suédois ; du
côté de ceux-ci, le roi de Suéde, Guftave- Adolphe, le
prince Erneft d'Anhalt, & quantité d'officiers distingues
par leur valeur, demeurèrent fur la ïplace. Du côté de
ceux-là le général comte de Pappenheim fut bleffé à mort,
LUTUENSES ou Lutevani, nom latin des habi*
tans de Lodeve.
LVOV. Voyez Léopol.
LUX-DUBIA. Voyez Luciferi-FanUW.
1. LUXAN , ville de la Chine , dans la province de
Honan , au département de Juning , métropole de la
même province. Elle eft de 5 d. 35' plus occidentale
que Pékin, fous les 34 d. 45' de latitude. * Atlas Si~
nenfis.
2. LUXAN , ville de la Chine, dans la province de
Suchuen, au département de Yacheu ,■ Sixième grande
cité de la province. Elle eft de 14 d. 13' plus occiden-
tale que Pékin , fous les 30 d. 46' de latitude. * Atlas
Sinenjls.
3. LUXAN, fortereffe de la province de Queicheu,'
au département de Queiyang , première métropole de
la province. Elle eft de 11 d. 40' plus occidentale que
Pékin, fous les 25 d. 30' de latitude. * Atlas Sinenfis.
l.VXI f ville .de la Chine, dans la province de Ho-:
criptio_n_de la France , ï. part. p. 236.
ire ville d'Allemagne, dans !a haute
LUX
LUX
mn, au département de Honan, fixiéme métropole de
la province. Elle eft de 6 d. iS' plus occidentale que
Pékin , fous les 35 d. 4' de latitude. * Atlas Sinenjîs.
LUXEMBOURG ; quelques-uns écrivent LuXEN-
BOURG par une N. On l'appelloit anciennement Lut-
ZELBOURG, en latin Luxenburgum, Lut^elburgum, Luce-
burgum, ville des Pays-bas, au duché qui porte fonnom,
fur la rivière d'Elfe, qui la fépare en haute ck baffe ville,
au 49e d. 40' de latitude , 6c au 25e d. 50' de longitude.
Cette ville , qui eft capitale d'une des dix-fept provin-
ces des Pays-pays , a été fondée par le comte Sigefroi ,
avant l'an 1000. L'ancienne ville eft fur une hauteur,
& presqu'environnée de rochers. La ville neuve s'é-
tend dans la plaine. Louis le Grand, ayant pris Luxem-
bourg, l'an 1684, en fit augmenter les fortifications, de
manière qu'elle eft devenue une des plus fortes places de
l'Europe. II la rendit au roi d'Espagne, Charles II , par
le traité de Ryswick, conclu l'an 1697. Les François
la reprirent en 1701 , ck l'ont cédée depuis à la mai-
fon d'Autriche , par la paix d'Utrecht. C'eft dans cette
ville qu'eft le liège d'un confeil provincial , dont il y
a appel au confeil fouverain de Malines ; mais ce tribu-
nal de Luxembourg n'a pas préfentement une juridic-
tion auffi étendue
qu
dois , depuis qu'une partie du
duché a été cédée à la France , par le traité des Pyré-
nées, de l'an 1659. Il y a dans cette ville une abbaye de
Bénédictins , ck un collège de Jéfuites. * Longutrue ,
Description de la France , 1, part. p. ni.
Le duché de~ Luxembourg eft borné au nord,
• par l'évôché de Liège ck le territoire de Stavelo, ab-
baye qui donne à fon abbé la qualité de prince, de l'em-
pire ; à l'orient, par FEyfFel ck l'électorat de Trêves ; au
midi, il a la Lorraine; au couchant d'hyver, la Champa-
gne; ck vers l'occident, il s'étend jusqu'à la Meufe, ck
eft borné par le pays d'Entre-Sambre & Meufe.
La province de Luxembourg comprend la plus grande
partie de la forêt d'Ardenne , qui a confervé l'on ancien
nom. Sous les Romains une partie de cette forât étoit
du territoire de Trêves , & l'autre du territoire desTon-
grois; ck comme on n'a point érigé de nouveau iiége
dans la province de Luxembourg, il y en a une partie
& auffi une partie de l'Ardenne, qui eft du diocèfe de
Trêves , ck l'autre de celui de Liège. Cette partie fut
mile par les empereurs Romains , fous la féconde Ger-
manie , ck l'autre fous la première Belgique , après la
divifîon de la Gaule Belgique en deux provinces.
Ce pays^fut occupé des premiers par les François ;
& depuis 1 hierri , fils de Clovis , il a toujours été du
royaume d'Auftrafie ou de Lorraine. Dans le dixième
fiécle, les ducs de Lorraine, ck fur-tout ceux de la bafle
y ont commandé , mais peu de tems; car les comtes
d'Ardenne le rendirent libres èk irudépendans d'autres
princes que des feuls rois ou des empereurs. Godefroi,
comte d'Ardenne, avoit un frère nommé Sigefroi ; ce-
lui-ci voulant le fortifier dans ce pays , acquit de Wic-
ker, abbé de S. Maximin de Trêves, le château deLus-
CILINBOURG, aujourd'hui Luxembourg, dans le pays
de Mecingov, ck dans le comté du comte Godefroi,
en lui donnant en échange la feigneurie de Wilwa, en
Arderne , fituée dans le comté du comte de Gislebert.
Cm voit par la charte d'acquiiïtion, datée de l'an 963,
qu'alors Luxembourg n'étoit pas dans l'Ardenne, mais
dans un autre comté , nommé Mecingow ; & ce n'étoit
alors qu'un château bâti fur un rocher de difficile accès.
André Du-Chesne a bien prouvé, dans fon Hiftoire de
Luxembourg, jointe à celle de Dreux, que la poflérité
masculine de Sigefroi a tenu Luxembourg , avec le titre
de comte, jusqu'à l'an 1 1 3 Ç ■; car Conrad II, comte de
Luxembourg, avoué des abbayes de S. Maximin & d'Ep-
ternac , vivoit encore alors; mais il mourut peu après,
6k eut pour héritière de fon comté fa tante Èrméfende
ou Ermenlon , fœur du comte Guillaume , père de Con-
rad XI, & fille de Conrad I. Elle étoit alors mariée à
Godétroi, comte de Namur ; elle mourut l'an 11 3 9,
& eut pour héritier fon fils , Henri de Namur, dit l'A-
veugle. Ce comte Henri n'eut qu'une fille à qui on dis-
puta l'héritage de Namur, mais non pas celui de Luxem-
bourg , ni celui de la Roche-en-Ardenne ck de Durbuy.
Elle époufa Walleran II, duc deLimbourg, ck marquis
d'Arlon. Leur fils aîné fut Henri le Grand" ou leBiond,
,*uti gouverna les étais de fon père Se de fa jnere.
939
Après la mort du duc Walleran, arrivée Pan 1216,
le comte Henri de Luxembourg fe croifa pour la Terre-
fainte, & mourut dans ce voyage, l'an 1270. Sesenfans
quittèrent le nom de Limbourg, ck prirent celui de Lu-
xembourg , que les aînés & les cadets ont également
porté , Se fous ce nom ils ont été très - illuftres ; car
Henri III, comte de Luxembourg fut élii empereur, Se
nommé Henri, l'an 1308: il mourut l'an 1313, ck eut
pour fucceffeur au comté de Luxembourg fon fils Jean „
qui fut roi de Bohême, ayant époufé Ifabeau , fille ck
héritière du roi S. \V'enceflas. Il tut tué combattant pour
Philippe de Valois, à la bataille de Crécy ; il eut pour
fucceffeur au comté de Luxembourg, fon fils Venceflas,
frère de l'empereur Charles IV, qui érigea ce comté en
duché , en faveur de fon frère qui époufa Jeanne , du-
cheffe propriétaire de Brabant ck de Limbourg, dont il
n'eut point d'en fans , & mourut l'an 1383. L'empereur
"Wenceflas. hérita du duché de Luxembourg, qu'il enga-
gea à fa nièce Elifabeth , fille de fon frère Jean de Gor-
litz, marquis de Luface , pour la fomme de (ix-vingt
mille florins. Cependant on voit que Joffe de Luxem-
bourg , marquis de Moravie , étoit reconnu duc de Lu-
xembourg , l'an 1391 ; mais Joffe étant' mort fans en-
fans, ck Elifabeth ayant acquis encore les droits de fort
oncle l'empereur Sigismond , elle jouit paifiblement de
ce duché avec fon mari Antoine de Bourgogne. On pré-
tend qu'elle n'étoit qu'ufufruitiere. Quoiqu'elle eût été
Jnariée deux fois , elle n'avoit point d'enfans; & lès fu-
jets, qui la mépnibient, appellerent pour être leur duc,
Guillaume duc de Saxe, fck là femme, petite-fille de
l'empereur Sigismond. La ducheffe appella à fon fecours
Philippe le Bon, duc de Bourgogne, qui chaffa les Sa-
xons, ck la rétablit. Elle donna la propriété du duché
de Luxembourg au duc de Bourgogne , qui unit ce du-
ché à les autres grands états. Les Saxons faifoient la
guerre pour l'empereur Sigismond , qui vivoit encore,
ck avoit droit de retirer le duché de Luxembourg, en
rendant fîx-vingt mille florins , pour lesquels il étoit
engagé.
Sigismond n'eut qu'une fille Elifabeth de Luxembourg ,
reine de Bohême & de Hongrie. Elle époufa l'empereur
Albert d'Autriche , qui vécut peu , ck laiffa trois enfans ;
Ladiffas , roi de Bohême ck de Hongrie , qui mourut fans
poflérité , l'an 1457 , ck deux filles héritières de leur
frère; Anne mariée à Guillaume, duc de Saxe, & Ifa-
beau mariée à Calimir , roi de Pologne, desquelles Char-
les le Hardi , duc de Bourgogne, acquit les droits après
la mort de fon père Philippe. Ainfi Charles jouit paifi-
blement de ce duché ; ck Marie de Bourgogne ne fut
point troublée dans la jouiffance de Luxembourg qu'elle
laiffa à Ion fils Philippe d'Autriche , dont le fils Charles ,
qui fut depuis empereur, porta, étant fort jeune, le titre de
duc de Luxembourg. Ce duché poffédé par les rois d'Es-
pagne , fucceffeurs de Charles V, a été cédé à la mai-
fon d'Autriche d'Allemagne , par les traités d'Utrecht, de
Raftad , & de Bade ; de forte que préfentement Char-
les VI , empereur , en eft le fouverain abfolu.
Cependant une partie de ce pays a été cédée à là
France, par la paix des Pyrénées. Elle comprend fix pré-
vôtés :
Thionville , Chevanci-le-Châtel ,
Montmedi , Carignan, ou Yvoy,
Marville , Damvilliers.
Quelques-uns y ajoutent le duché de Bouillon. Le
Luxembourg François eft du gouvernement militaire de
Metz , &: de Verdun , tv du parlement de Metz.
1 . LUXEU, ou Luxeui L, Luxovium ; abbaye d'hom !
mes , de l'ordre de S. Benoît , dans la Franche-Comté ,
diocèfe de Belançon , au pied du mont de Vosge, fur la
rivière de Lantone (a). Le premier établiffement s'en fit
par S. Colomban , Irlandois , qui étoit venu de (on pays
avec l'es disciples S. Diel, S. Gai, ckc. vers l'an 590}
ils commencèrent à fe loger à Luxeu, fan 592 , après
avoir abandonné le lieu d'Anegray , qu'ils avoient habité^
Si qui étoit litué à quelques lieues de-là , aux confins de
l'Aufirafie. Ce fut le chef-lieu de l'ordre monaftiqueeti
France , jusqu'à ce qu'on y eût introduit la régie de S. Be-
noît. S. Colomban donna la fîenne, qui fut reçue de beau-
coup de monafteres , tant en France que dans les pays
étrangers ; Ô£ elle rut obfervée à Luxeu , durant plufîeurs
Twit IÎI, Cccccc ij
94-0 -L U £j
liécles. Mais enfin elle a été abolie , & celle de S. Be-
noît a prévalu. Il y avoit dans ce monaftere , des le fep-
tiéme fiécle. une célèbre école pour lanobleffe du royau-
me , & pour les enfans de famille ; & cette abbaye pro-
duifit un bon nombre 'de prélats & autres perfonnages de
grand mérite , que i'églife honore comme famts. S. At-
tale s'y vint mettre fous la discipline de S. Colomban,
qu'il fuivit en Italie , où il fut fécond abbe de Bobbio.
S. Euftafe fut abbé de Luxeu, après S. Colomban, qui
s'étoit retiré à Bobbio , ik mourut en 625. S. Walbert,
ou Gaubert , lui fuccéda, & mourut en 66j. Entre les
faims qui ont été élevés à Luxeu , on compte S. Ayl,
ou S. Agile , premier abbé de Rebais ; S. Orner , évêque
deTérouenne; S. Bertin, Scfes deux compagnons, S. Ma-
molein, évêque de Noyon , &c S. Ebertran ; S. Vallery,
abbé en Vimeu ; S. Bercaire , abbé de Hautvilliers , puis
de Montirendé ; S. Romaric &C S. Amet, abbé de Remi-
remont ; S. Nivard , évêque de Reims; S. Cagnou , évê-
que de Laon , frère de S. Baron , & de fainte Fare ;
S. Acaire, ou Achar, évêque de Noyon, prédécefieur
de S. Eloy ; S. Urficin, disciplie de S. Colomban , fon-
dateur du monaftere d'Elifange , entre l'Alface & la Fran-
che-Comté , Se nommé depuis S. Urfu^ de fon nom ;
S.ïJFrobert , abbé près de Troyes , &c. Les abbés de
Luxeu (b) ne reconnoiffoient anciennement au-deffus
d'eux , pour fouverains, que les empereurs , & ils ont eu
pour gardiens, ou protefteurs, les comtes de Champagne ,
qui furent troublés dans ce droit de protection , par les
ducs & les comtes de Bourgogne, fe fondans fur un don
de l'empereur Frédéric II, fait à Etienne , qui étoit comte
d'Auffonne , & feigneur d'une partie du comté de Bour-
gogne. Les rois de France , qui avoient fuccédé aux droits
des comtes de Champagne , prétendoient avoir la garde
de cette abbaye ; mais Charles Vil fut obligé d'y re-
noncer par le traité d'Arras ; après quoi, les comtes &
les ducs de Bourgogne fournirent cette abbaye & fon
territoire au parlement de Dole , qui a été transféré de-
puis à Befançon. L'abbaye eft fous l'invocation de faint
Pierre , & eft à préfent de la congrégation de S. Van-
nes. * (^YB ailla , Topogr. des Saints , p. 179. (b) Lon-
guerue , Descr. de la France , p. 302.
2. LUXEU , ou Luxeul , ou Luxeuil , ville de
France , en Franche - Comté , auprès du monaftere de
même nom , auquel elle doit fon origine , au pied du
mont de Vosge , à fix lieues de Vefoul , & à fept de
l'abbaye de Lure. Auprès de cette ville , il y a des eaux
minérales très-eftimées. Cette fontaine avoit donné lieu
de bâtir un château , que Thierri , duc de Bourgogne ,
donna à S. Colomban , lequel en fit la fameufe abbaye
dont on vient de parler.
La feigneurie , ou jurisdiéYion de Luxeu, eft enclavée
dans le baillage d'Amont, dont elle ne dépend point,
reconnoiffant immédiatement le parlement du comté.
LUXI , ville de la Chine , dans la province de Ho-
nan , au département de Honan , ftxiéme métropole de
la province. Elle eft plus occidentale que Pékin , de 6 d.
28', par les 35 d. 4' de latitude. * Atlas Sincnjîs.
LUXIM , ou Lyxim , petite ville de la principauté
de Phaltzbourg , en latin Luximum. Elle eft entre la Lor-
raine & l'Alface , à quatre lieues de Saverne , à l'occi-
dent , & à trois de Luzelftein , au feptentrion. * Corn.
Dift.
LUXOVIUM. Voyez Luxeu.
LUYK. , nom que les Flamands donnent à la ville de
Liège.
LUZ.(S.jAENDE)Voyezau mot Saint l'articleS. Jean.
1. LUZA , petit canton de la Paleftine, affez près de
la ville d'Hebron. Elle étoit aux Cananées , félon Rufin ,
dans fa traduction de Jofeph ; mais comme le remarque
Ortélius , au lieu de Lu/a , il y a dans le grec Drus ,
ùfit , qui veut dire un chêne. Luza, dit Dom Calmet,
eft l'ancien nom de Béthel. GeneJ. c. 18 , v. 19.
2. LUZA (a) , ville de l'A rabie-Pétrée. Elle fut bâtie
par un homme de Béthel (b), qui, pendant que ceux d'E-
phraim affiégeoient Béthel , leur montra une entrée fe-
crette , par le moyen de laquelle ils prirent la ville ; ce
qui fut caufe qu'on lui donna la vie, à lui &C à toute fa
famille. Il fe retira dans le pays des Héthéens, & y bâ-
tit Lusta , autrement appellée Lussa , Lésa , ou Lasa.
.*(>) D. Calma, Dift. (b) Judic. c. 1 , v. 15.
LUZARA , bourg d'Italie , dans la Lombardie , au
LYC
duché de Mantoue , fur la petite rivière de Croftolo \
près de fon embouchure dans le Pô. Ce lieu eft remar-
quable par la bataille qui s'y donna , le 1 5 d'Août 1702 ,
& où Philippe V , roi d'Espagne , fe trouva en perfonne.
LUZARCHE. Voyez Lusarche.
LUZAY. Voyez Bois-Aubry.
LUZERNE. Voyez Luserne.
LUZETZ , bourg de France , en Quercy , fur le Lot,
au-deflous de Cahors. Corneille , St les auteurs du Dic-
tionnaire de la France en forit une ville. De rifle n'en
fait qu'un village.
LUZZI, bourg d'Italie , au royaume de Naples, dans
la calabre Citérieure , près de la rivière de Craté , à
une lieue de Boffigniano , du côté du midi. *Baudrand,
édit. 1705.
1. LY, fortereffe de la Chine, dans la province de
Quangfi , au département de Suching , grande cité de la
province. Elle eft de 12 d. 27' plus occidentale que Pé-
kin , fous les 24 d. 17' de latitude. * Atlas Sinenjîs.
2. LY , fortereffe de la Chine, dans la province de
Suchuen , au département de Jungning , autre fortereffe
d= la province. Elle eft de 14 d. 15' plus occidentale
que Pékin , fous les 29 d. 45' de latitude. Le quartier,
où eft fituée cette fortereffe , ne dépendoit pas ancienne-
ment de la Chine : les Chinois s'en rendirent les maî-
tres, du tems des rois. * Atlas Sinenjîs.
3. LY , ville de la Chine, dans la province de Pékin,
au département de Paoting, féconde métropole de cette
province. Elie eft d'un degré 26' plus occidentale que
Pékin , fous les 39 d. 5' de latitude. * Atlas Sinenjîs.
LYBADLA. Voyez Lebadia, & Livadie.
LYBETHRA. Voyez Libethra.
i. LYBIE , province d'Egypte : D. Calmet croit qu'elle
a été peuplée par les descendans de Lahabim , fils de Mes-
raïm , Genef. 10, v. 13. Cette province s'étendoit de-
puis Alexandrie jusqu'à Cyrène , & peut-être encore plus
loin ; car on ignore les anciennes bornes du pays des
Lahabim ou Lubim. * Nahum. c. 3 , v. 9.
2. LYBIE , dans le fens de toute l'Afrique. Voyez
Libye. /
3 . LYBIE , ville de l'Espagne citérieure. Antonin ,
hiner. la met fur la route de Sarragoffe , Cœfar-Augujca,
à Virovesca. On lit ainfi dans l'exemplaire du Vatican ;
Ctzjarea-Augufia, M. P. XLVI.
Cascanto , M. p. l.
Calagorra, M. P. XXIX.
Verela , M. P. XXVIU.
Aritio , M. P. XVIII.
Libia, M. P. XVIII.
Segafa-Mundo , M. P. VIi;
Veronesca , M. P. XI.
Au lieu de ces noms , on lit dans l'édition de Suritta Ct-
J'ar-Augrifiam , Cascantum , Calagurrim , Variant , Tri-
tium-Olbiam , Segefa-Mundum , Virovescam. Ainfi Ly~
bia ou Libia , devient Olbia. Ortélius , Thsf. remarque
que ce ne peut être la JuLIA LlBYCA de Ptolomée.
LYBISSE, ville d'Afie, dans la Bithynie. Voyez
LlBYSSA.
LYBORUM REGIO , A116& ; Tzetzès , commenta-
teur de Lycophron, dit que c'étoit un canton de Grèce,
dans la Béotie , 6c il y place le fphynx.
LYCA. Voyez Lycastris.
LYCABETHUS , montagne de Grèce , dans l'Atti-
que , félon Pline , /. 4, c. 7, qui écrit LYCABETTUS,
Stace dit dans fa Thébaïde , /. 12 , -y. 620 :
Parnesque benignus
Vidbus , & pingui melior Lyeabe£us oliva.
Cette montagne étoit à l'oppofite de la citadelle d'Athè-
nes ; ce que Meurfius , Reliq. Attic. 1. 7 prouve ; & Pla-
ton , inCritia, le confirme, lorsqu'il dit que l'ancienne
ville d'Athènes touchoit aux ruiffeaux l'Eridan & l'Ilis-
fus , St renfermoit le mont Lycobatus.
LYCADIUM, ou Cycladium , golfe du bosphore
de Thrace , félon Pierre Gilles , qui s'appuie fur l'au-
torité de Denys de Byfance. * Ortel. Thef.
1. LYCjEA, ville du Péloponnèfe, dans l'Arcadie,
felou Théopompe, enfon feiziéme Livre, cité par Etienne
LYC
le Géographe , qui ajoute que Ménélaiis la nomme Ly-
catha. Paufanias , 1.8 , c. 30 , fait mention d'une campagne
d'Arcadie, qu'il nomme Lycaates ager , le champ Ly-
céate , à l'occafion de l'Hélifibn , rivière qui l'arrofe.
2. LYCiEA , lieu dont parle Orphée dans lés Argo-
nautes, où il dit qu'il y avoit une maifon confacrée à
Cérès. Ortélius juge que ce lieu devoit être vers l'océan
Atlantique.
LYCiEATES AGER. Voyez Lyc^a i.
1. LYOEUM, lieu, ou ville de la Theffalie, félon
Ortélius.
2. LYCjEUM , lieu de Rome , que nous appellerions
LyCjEUM , dit Denys d'Halicarnafïe. Voyez Lupercal.
1. LYCjEUS MONS , montagne de Péloponnèfe ,
dans FArcadie. Horace , l. 1 , ode 17 , dit :
Velox ameenum fapè Lucretikm ,
Mutât Lycao Faunus.
Virgile , Géorgie. 1. 1 , v. 16 , dit :
Ipfe nemus linquens patrium faltusque Lycœi ,
Pan ovium eujios.
Se Georg. 1. 3 , v. 2 :
Vos Sylva, amnesque Lyçmi.
Paufanias, qui parle fort au long de cette montagne,
/. 8, c. 39 , dit qu'on lanommoit auffi Olympe , & mon-
tagne faerée , & fommet d'Arcadie. Une tradition veut
que Jupiter y ait été élevé. Il y a dans le Lycée un
champ nommé Cretea , à la gauche du bois confacré à
Apollon furnommé Parrhafien. Les Arcadiens préten-
dent que c'eft-là que Jupiter a été élevé , & non pas
dans l'ifle de Crète. Ils nomment trois nymphes qui en
eurent foin , favoir, Thifoa , Neda, &î Hagno. La pre-
mière, dit cet auteur, donnafon nom à une ville, autre-
fois fort peuplée aux frontières des Parrhaliens, quoique
ce ne foit plus à préfent qu'un village, qui fait partie du
territoire de Mégalopolis. La féconde donna ton nom à
une rivière , qui a fa fource dans la montagne , & la
troifiéme à une fontaine qui coule dans le mont Lycée.
Paufanias s'étend enfuite fur les vertus de cette fontaine ;
parle du temple de Pan 6c des autres merveilles de la
montagne , entr'autres , d'une plaine confacrée à Jupiter
Lycéen, ckqui eftinacceffible aux hommes. Si quelqu'un
au mépris de la défenfe , franchit le pas , il meurt dans
l'année. ,11 rapporte un autre prodige , c'eft que les ani-
maux , tant hommes que bêtes, qui y entrent par ha-
zard , ne font plus d'ombre avec leur corps : un chafïeur,
qui y pourfuit l'on gibier, ne l'y prend point ; & quand il
en eft Ibrti , il voit que fon corps ne jette plus d'ombre
autour de lui. Au fommet de la montagne eft une éléva-
tion de terre , d'où l'on peut voir tout le Péloponnèfe ,
& fur laquelle eft un autel. Devant cet autel , font deux
piliers furmontés par des aigles dorées. Le temple d'A-
pollon Parrhafien eft à l'orient. Le champ de Thifoa eft
au nord.
z. LYCEUS, lieu de Grèce, dans l'Attique. Stra-
bon , /. 9, p. 400, dit que c'eft d'où fortoit l'iliflus. Ce
lieu ne doit pas être différent de la promenade où les
disciples d'Ariftote disputoient : Qui erant cum Arifiotele,
dit Cicéron , Acad. Quœ/l. 1. 1 , c. 4. Peripatetici dlcli
funt quia disputabanl inambulantes in Lycao. Diogene
Laërce, au commencement de la Vie d'Ariftote , dit qu'il
prit pour lui la promenade du Lycée. îhlcQaj , wseiWr v ,
lit iv Av/.eit?. Harpocration dit : n tZv w«p hSieianm
yv/j-vKniMarri A"''-""' ; Ie Lycée eft un des collèges d'A-
thènes.
3. LYCjEUS CAMPUS, campagne d'Afie, aux en-
virons d'Héraclée , ville du Pont , félon Memnon cité
par Ortélius , Thefaur.
LYCAMBETUS. Voyez Lycabethus.
LYCANDUM. Voyez Lapara.
LYCAONIE, (la) province de l'Afie mineure, en-
tre la Pamphilie , la Cappadoce, la Pifidie , & laPhry-
gie, félon Cellar. Geogr. ant. I.3 , c. 4. Ptolomée fait
mention des peuples Lycaones , qu'il place clans la Phry-
gie. Mais ces peuples ne diffèrent nullement de ceux qui
LYC 941
habitoient la Lycaonie , proprement dite, dont il donne
ailleurs le nombre des villes.
Il y en a qui tirent le nom de cette province , du fleuve
Lycus. Mais duquel fleuve entendent-ils parler , puisqu'il
y a plufieurs fleuves de ce nom ? Seroit-ce d'un fleuve de
Cappadoce ? Seroit - ce d'un fleuve de Phrygie ? car les
autres font trop éioignés. Mais dans un de ces deux cas ,
il feroit toujours vrai de dire que ni l'un ni l'autre de
ces fleuves n'a aucun rapport avec la Lycaonie propre.
D'autres (a) vont chercher l'origine de ce nom dans
l'Arcadie , où le nom de Lycaon étoit célèbre. Rien de
plus incertain que cette origine , pour ne pas dire , rien
de plus fabuleux, à moins que Ton ne convienne que (b)
les habitans de la Lycaonie dcîCindoient des peuples Ly-
caones, qui habitoient fur les bords du fl.uve Lycus, dans
la Phrygie, du côté qu'elle confine à la Lycie. *{*}Eus-
tathius ad Perieges. verf. 857. (b) Guill. Hilla , Com.
in Perieges. p. 300.
La Lycaonie (a) voifine du Taurus, quoiqu'en partie
fituée dans cette montagne , fut réputée appartenir à
l'Aile, au-dedans du Taurus (Afia intrà Taurum.) Les
Romains 1~ regardèrent comme elle, du tems de la guerre
contre Antiochus. [Is avoient ôié à ce prince les terres
qui étoient en-dedans du Taurus. Le traité de paix por-
toit (b) : Excedito urbibus , agris , viçis, cafidlis , cis
Taurum montem usque ad Halyn amnem , & à vallt
Tauri usque ad juga , quà in Lycaoniam vergit. Mais
quoique ces lermes femblent exclure la Lycaonie , la
fuite fait voir qu'ils ne doivent pas être pris dans ce
fens; car lorsque les Romain* donnèrent au roiEumenès
la Lycaonie qu'ils avoient ôtée a A.niochus : Adjecerunt,
dit 1 ne-Live , c. 39 , in Ajii Phrygiam utramqut . . .
& Myjiam quam Prufias rex aiemeiat, ei reflituerunt ,
& Lycaoniam &Myhda & Lyaiam. Euftathe. ad Perie-
ges. verf. 62.0 , confirme la choie par ces paroles : AJla.
quœ. imrà Taurum efi. complecli'.ur Lydos , Cares , Lycao-
nes, ckc. *(a) Cellar. Geogr. ant. L. 3 , c. 4. (b) Th. Liv.
1. 38, c. 38.
Cette province étoit divifée en certaines parties , dont
Pline , /. 5; , c. 27 , en appelle une tetrarchia ex Ly-
caonià , quâ parte Galance enntermina eft , Sr. il dit
qn'elle avoit quatorze villes. Strabon veut que l'Ifaurique
t:t une partie de la Lycaonie ; 6c Ptolomée, au contraire,
comprend une partie de la Lycaonie dans la Pamphilie.
Voici les villes que ce dernier place dans la Lycaonie;
Adopiffus, Paralais,
Canna, Corna,
Iconium, Casbia,
Baratha.
La Notice de l'empereur Léon le Sage , & celle de
Hiéroclès , s'accordent pas fur le nombre des villes qui
étoient épiscopales dans la province de Lycaonie. Voici
celles qu'ils donnent l'un &i l'autre :
Léon le Sage.
Iconii ,
Lyftiorum,
Anal'adœ,
Amdadorum,
Larandorum,
Eeretes ,
Derbes ,
Hydes,
Sabatrorum ,
Cani ,
Berinopolis ,
Galbanorum,
docialis ,
Helittxorum,
Pertorum.
aEù-
Hiérocles.
Iconium metropolis;
Lyftra,
Myfthea,
Amblada,
Vafada ,
Umanada,
Liftra,
Luranda ,
Derbae,
Baratœ,
Hyrle,
Kauropolis ;
Corna,
Sabatra,
Pterna,
Carna,
Glauama,
Rignum.
Cette province eut l'avantage d'avoir S. Paul & faint
Barnabe pour apôtres. Il eft marqué dans les Aftes,
c. 14, v. 16, que ces deux apôtres, confttgerunt ad ci"
ç,j,2 LYC
vitales LyCttonîe, Lylram & Derben , & univerfam In
cïrcuitu 'regionem , & ubi evangdifantes erant.
LYCAONIENS. Outre les habitans de la province
de Lycaonie , Denys d'Halicarnafle , Antiq. Roman.
1. i, c. 4, fournit des peuples Lycaoniens, dilférensdes
Afiatiques; & il obferve qu'ils turent quelque tems fur-
nommés jEzei A.'fwoi. Ceux-là paflerent en Italie, où
ils furent nommés'ŒNOTRiENS. Sylburge croit qu'au
lieu d'Ai'Çiici , il faut lire AÇins. Quoi qu'il en foit de fa
correction, qui ne me paroît pas fort jufte, ce peuple ne
tiroir pas fon origine de la Lycie . ni ("on nom du Ly-
cus , comme Ortélius, Thefaur. femble avoir lu dans
Denys d'Halicarnafte. Celui-ci, dit au contraire, en par-
lant d'GEnotrus , qu'il étoit fils de Lycaon, dont l'aïeul
maternel étoit Efée , fils d'un autre Lycaon. Il ajoute
que ce fut fous Lycaon II , qu'une colonie d'Arcadiens
palla en Italie, ckqu'Œnotrus , fon fils, s'en fit le chef,
parce qu'il prévoyoit qu'il n'auroit pas un patrimoine
fuffifant; car fon père, qui avoit vingt-deux enfans, n'a-
voit que l'Arcadie à leur partager. ... Le pays , dont il
s'empara en Italie , fut appelle (Enotrie ; & les peuples
qui lui furent fournis changèrent de nom, pour la troi-
sième fois. Ils fe nommoient EJïens , fous le régne d'È-
fée ; Lycaoniens, fous celui de Lycaon , qui lui fuccéda;
& après qu'Œnotnas les eut établis en Italie, ils prirent
le nom (ÏCSnotriens. Ce peuple, qui, félon cet hiftonen,
venoit d'Arcadie, n'a aucun rapport avec le Lycus &
avec la Lycie , fleuve & province d'Afie, où apparem-
ment iis n'avoient jamais été.
LYCAPSUS , Auza-^bs , village d'Afie , au voifinage
de la Lydie , félon Etienne le Géographe, qui cite Eu-
phorion.
LYCARISUS , montagne d'Afie , félon Ortélius. Il
cite pour fon auteur Joan. Lydus de Philadelphie.
i. LYCAS, ville ou bourg d'Afie, fur le Lycus, fé-
lon Vibius Sequefter.
2. LYCAS. Voyez Lycastris.
LYCASPUS, Avxxtnni. Héfyche nomme ainfi une
■ville, &£ ne dit point en quel pays elle étoit. Ortélius
foupçonne que.c'eft peut-être ouïe Lycapsus d'E-
tienne, ou le Lycastum de Pline.
LYCASTIA, ville d'Afie, dans la Cappadoce, félon
Apollonius. C'eft apparemment la même que Lycas-
TUM. Voyez ce mot.
LYCASTRIS , rivière de Fille de Cô. Elle arrofoit
la ville de Lyca , félon Vibius Sequefter.
LYCASTUM, ancienne ville d'Afie , dans la Cappa-
doce, auprès du fleuve Halys. Pomppnius Mêla, /. i,
c. 19, dit, fecundkm Halyn urbs ejl Lycajlo. Il met le
nom au nominatif. Pline , l. 6, c. 3 , dit Lycaflum, &
dit que la contrée de Thémiscyre commençoit en cet
endroit là. Le fcholiafte d'Apollonius dit : il y a trois
villes dans le champ de Doëas , où les Amazones ont
habité , favoir Lycaftie , Thémiscyre fk Chalybie. Ly-.
cajlo de Mêla, Lycajiutn de Pline, & Lycaftie du Scho-
liafte n'eft qu'une même ville , fituée peut-être fur le
Lycus , fleuve , qui , traverfant le pont Polémoniaque
d'orient en occident , va fe perdre dans l'Iris.
LYCASTUS , ville de l'iile de Crète. Pomponius
Mêla, /. 2, c. 7, la met entre les fameufes villes du
pays : urbium notijfima Gnofos , Gortyna , Lyclos, Ly-
cajlos , &c. Homère , Catalog. v. 154, nommant des
villes de Crête , nomme àpyivor/ra. avucctIov , Lycaftos ,
dont la terre eft blanchâtre ; &C c'eft fur ce témoi-
gnage d'Homère, que Mêla a parlé de cette ville, car
de fon tems elle ne fubliftoit déjà plus ; & les Gnos-
fiens en polïédoient la campagne , après avoir détruit
la ville. C'eft Strabon, /. 10, p. 479, qui nous l'ap-
prend. Ainfi, quand Pline parle de cette ville, fans y
joindre le mot ^«'r, comme c'eft la coutume, lorsqu'il
nomme des villes, qui n'exiftent plus , c'eft qu'il a été
trompé par Mêla , qu'il a fuivi.
LYCATES. Voyez Licatii.
LïCEE. Voyez Lycâ;us.
LYCES , rivière de la Scythie , en Europe. Valérius
Flaccus dit dans fon poème des Argonautes , /. 4 :
Quas Tandis flavusque Lyces Hypanisque . No-
masque.
. jiddat opes.
Vie
Ortélius prétend que l'on doit lire Lycus , comme Ptolo-
mée & Hérodote nomment cette rivière. Voyez Lïcys.
LYCET1S. Galien, dans fon Traité de Sanitatetuenaâ ,
dit : in Lycetis apud nosfunt aquee calida. Dans ce pas-
fage , apud nos , fignifie à Peraame.
LICHE , petite ville de la Turquie , en Afie , dans la
Syrie , avec un port , fur la mer Méditerranée , au pied
du mont Liban , entre Antioche Si Tripoli. C'eft la même
queLADic,LADiiu&cLADiKiA. Voyez Laodicée 3 ,
& Lataquié.
LYCHNIDUS , ville de Macédoine , félon Ptolomée >
l. x , c. 13 , d'Illyrie , félon Tite-Live. Tous conviennent
qu elle étoit au peuple nommé les Dajjaietes. Etienne
dit Actsezaycu Ibau h^uaas , les Daflarètes , peuples d'Il-
lyrie. Il dit ailleurs : Lychnide, ville de l'Illyrie. Tite-Live ,
/. 43 , c. 1 1 , dit de même : confid Hofiilius Ap. Clau-
dium in Illyricum . . . mijit .. .qui ... peragrald omnied
regione ad Lychnidum DaJJ'aretorium conjèdit. Il dit ,
/, 27, c 32 : dividenti preedam captivosque . . . nuncius
ex Macedonid venie : EropUm qucmdam corrupto arcis
prcefidiique prafecîo Lychnidum cepijfe. Tenere & Dajfa-
rewrium quosdam vicos & Dardanos etiam concire. Il en
f.iut conclure qu'elle étoit aux confins de l'un &c de l'autre
pays. Le nom moderne eft Ochriia , félon Sophien. Elle
étoit voifine d'un lac que Polybe nomme Auxas-Ti» , ôt
Etienne le Géographe L Y chnit us. Voyez l'article
Achride : c'eft la même ville. Ortélius croit que ce lac
eft le même que Y Ascaris de Florus ck de Tite-Live.
Cela eft fort incertain. Voyez ASCURIS;.
LYCHNITIS , marais de la grande Arménie , félon
Ptolomée , /. 5, c. 13. Etienne le Géographe nomme
ainfi un canton du même pays. C'eft aujourd'hui le lac
Giaguni , qui fe décharge dans l'Araxe.
LYCHNOS. S. Jérôme donne ce nom à un lieu d'E-
gypte , aux environs de Pélufe. C'eft dans la Vie de Saint
Hilarion.
LYCI-SALTUS , lieu du Peloponnèfe, dans la Méfie- '
nie , félon Paufanias , /. 4;
LYCIA, félon Cellarius,G«)£r. ant.l. 3,c. 3, province
maritime de l'Afie , en-deçà du Taurus , entre la Carie
& la Pamphylie; celle-ci à l'orient, & la première à
l'occident. Ptolomée augmente confiérablement cette pro-
vince, du côté du nord; car il y joint deux provinces ,
Milyades Se Carbalia. Mais les autres géographes retran-
chent de la Lycie la Milyades ,& la Carbalia. Il y en a
même qui donnent à la Pifidie quelques villes que Pto-
lomée place dans les terres. Le même géographe attri-
bue auflî à la Lycie , du côté de l'occident , des villes
que d'autres mettent dans la Carie. Pline , /. 5 , c. 37, dit
que les Lyciens a voient trente-fix villes. Strabon ,./. 14 ^
leur en donne vingt-trois ; &£ il en nomme fix , qu'Arté-
midorè appelle de très-grandes villes , favoir , Xantus i
Patara , Pinura , Olympus , Myra , Tlos. Il loue fort
l'équité des habitans & la bonté du gouvernement de
toutes les villes de la Lycie. En effet , la modération avec
laquelle ils exerçoient la piraterie , leur mérita la confir-
mation de leur liberté de la part des Romains.
Les anciens géographes , qui ont traité de la Lycie ,"
connoiflbient moins le dedans des terres , que les côtes.
Ils ne nous ont guères laifle que le nom des villes. Le
fleuve Xantus div;(bit la province en deux parties, dont
l'une étoit en-deçà de ce fleuve , & l'autre au-delà. Pto-
lomée , /. 5 , c. 3 , donne les limites de la Lycie , & la
fituation des villes. La Lycie , dit - il , eft terminée , au
feptentrion & au couchant, par l'Afie proprement dite;
à l'orient , par la partie de la Pamphilie , qui prend depuis
l'extrémité de l'Afie , jusqu'à la mer ; &c au midi , par la
mer de Lycie. Enfuite il donne cette description du rivage
de la mer :
maritimes.
Villes
Calinda ,
Chydœ,
Carya ,
Dasdala, 'lieu;
Telmeflùs,
Xanthi , Jleuve-;
Patara ,
Antiphellus,
Villes dans les terres.
Cydna ,
Sembra,
Oûapolis ,
Coinba,
Sidyma ,
Pinara ,
Ara.ia,
Tlos,
LYC
Villes mariâmes.
Andriace,
Limyri , fleuve ;
Apirse ,
Hiera ou facra pro-
montoria,
Olympus, ville;
Phafelis ,
Cragus ou Cragas,
montagne.
IJles fur la côte de Lycie.
Maxima infula , ou la grande ifle
Dolichifte, infula;
Chelidonise, ce font cinq écueils.
Villes dans les iérrèsi
Xanthus,
Coydalla.,
Sagalafïus ,
Rhodia,
Trebenda ,
Phellos ,
Myrra ,
Lymira.
_ La Notice de l'empereur Léon le Sage met trente-huit
villes épiscopales dans cette province ; St la Notice de
Hiéroclès n'en marque que trente , comme on le voie dans
les deux tables fuivantes :
Léon le Sage.
Hiéroclès.
Myrae,
Phafydes,
Maftauromm,
Anapus ,
Telmeiï,
Gaga,
Limyra ,
Acalifus,
Araxes ,
■ Elebefus j
Aprilorum ,
Lymyra,
Pedalise ,
Arycnada,
Orycandorum ,
Podalia ,
Taporum ,
Chôma,
Arnéorum ,
Rencylias,.
Sitymorum ,
Mcera, métropolis
Zenopoleos,.
Arnea ,
Olympi ,
Cyaneœ,
Cotlorum ,
Aperla,
Corydallorum ,
Phellus,
Canni oaAlcese,
Antiphellusj
Acraffi ,
Candyba ,
Xanthi ,
Eudocias ,
Sophianopoleos ,
Patara ,
Marcianœj
Xanthus ,
Uniodum ,
Combe ,
Chomatis,
Mifas Pinara ,
Candanorum ,
Didomaplo ,
Phelli ,
Telmifus,
Antiphelli ,
Caunus ,
Phafihdis,
Arana ,
Rodopolis ,
Bubon ,
Acalifi,
Henvanda,
Lebifi ,
Balura ,
Licandorum ,
Gomiftaraos»
Paliotarum ,
Eudochialis,
Catarorum ,
Comborum ,
Nyforum ,
Barburorum ,
Meloïtarum ,
Coancorum.
Eufebe , in Chronic. & Eutrope , l. j , nous apprennent
que laLycie fut réduite en province , fous Vefpafien. C'eft
pour cela que la Cosmographie , attribuée à jEthicus ,
ÔC l'ancienne Notice des provinces , manuscrite , de plus
de neuf cents ans , confervée dans la bibliothèque pala-
tine , mettent la Lycie au nombre des provinces fepten-
trionales. Les Actes des apôtres font auffi mention de la
Lycie , c. xxvij : & pelagus Cilicia & Pampkylia: navi-
gantes , venimus Lyftram , qmz eji Lycia.
LYCIAS &c Ly'cius , Liais 6c Lycus , rivière de la
Rhétie , félon Ptolomée , l. z , c. 12. C'eft prél'entement
le Lech. Voyez ce mot.
LYCIDE , ville d'Afie , cbr.s la Myfie , félon Pline ,
î. J , c. 30 ; il la met entre H.iliferne & Parlhenium.
LYCIDENSIS , iïée;e épisconal d'Afrique. Le comte
Marcellin fait mention d'un éveque nommé Laurent, Lau-
nntius Lycidenfis. * Ortel. Thef.
LÏC p43
LYCfENS , habitans de Lycie. Voyez Lycia.
LYCIMNA , fortereffe de Grèce , au Péloponnèfe ,
dans l'Argide , à douze ftades ou quinze «ents pas de Nau-
plia , félon Strabon , L 8 , p. 373.
LYCIORUM PORTUS , le port des Lyciens. On avoit
donné ce nom à un port , fur le Bosphore , au rapport de
Pierre Gilles , cité par Ortélius , Thifaur.
LYCIRNA , village de Grèce , dans l'Etolie , félon
Strabon, /. 10, p. 459.
. LYGIUM , lieu de TheiMs , félon le grand Etymo-
logique. Phavorin en fait une ville.
LYCIUS , rivière ; c'eft aujourd'hui le Lech. Voyez
Lech & Lycias.
^ LYCOA , aûho*. j ville du Péloponnèfe , dans l'Arca-
die, félon Paufanias, l. 8, c. 36, ik Etienne le Géographe.
Suidas en parleauffi au mot AApiuc Paufanias dit qu'il n'en
reftoit plus que les ruines , Si un temple de Diane , fur-
nommé Lycotide.
LYCOCAPER. Siméon Méfaphrafte , dans ce qu'il
écrit des miracles de S. Michel, archange , dit. que le Ly-
eocaper & le Cyphus coulent clans la Lycie , & que leurs
embouchures font éloignées l'une de l'autre. 11 nomme ,
fans doute , Lycocaper la rivière qui fe forme du Lycus
& du Caper, dans l'A fie mineure. Voyez Caper 2.
LYCOMEDIS-LACUS , le lac de Nicomede , lac d'A-
frique , félon Pline , /. 5 , c. 4 ; &: Ptolomée , /. 4 , c. 5.
Le premier dit qu'il eft entouré de déferts ; le fécond le
met dans la Marmarique. Ils ne s'accordent pas entr'eux
fur la fituation de ce lac. Leurs interprètes ne laiîîent pas
de s'accorder à dire que c'eft le lac de Linsano.
1. LYCON, ville d'Egypte, félon Strabon. Ce mot
Lycon eft un génitif p'urier Avy.m' , c'eft-à-dire, des
loups , en fous-entendant ni»it la ville; on la nommoit
auflî LYCOPOLIS. Strabon , l. 8 , p. S02 , nomme deux
villes LYCOPOLIS ; Tune dans le diftricT: de Sebennyte ,
& , par conféquent , dans le Delta. Ortélius s'eft trompé,
quand il a dit que c'étoit de cette ville-là qu'Antonin par-
loit dans l'Itinéraire : il n'a pas fait réflexion que la Ly-
eon d'Antonin étoit dans la Thébaïde, au-deftus A'Oxy-
rinchon &ç Sliermupolis ; ce qui fe trouve bien claire-
ment expliqué , tant dans la route que fuit Antonin ,' que
dans le texte même de Strabon , p. 813. Cette Lycon ,
qu'Ortélius confond mal avec la féconde Lycopolis ou
Avzuv wtA/f de Strabon , donneit le nom au Nome Ly-
copolite , dont elle étoit la métropole. Cette ville , félon
Ptolomée, /. 4, c. 1 , étoit dans les terres, c'eft-à-
dire , à une allez grande diftance du Nil , au couchant de
ce fleuve.
2, LYCON , ancienne ville d Espagne , félon Tite-
Live , /. 37', peut-être dans la Luiitanie. Un favant d'Es-
pagne , ami d'Ortélius , lui mandoit qu'elle s'appelle au-
jourd'hui LOBON , tk qu'elle eft quaire Leuss au-deffus
de Mérida.
_ 1. LYCONE, montagne du Péloponnèfe , dans l'Ar-
gie. Elle étoit couverte d'arbres , parmi lesquels i! y avoit
beaucoup de cyprès , au rapport de Paufanias , /. 2 , c. 24.
2. LYCONE , bourg de Thrace , félon Etienne 1$
Géographe.
LYCOPOLIS , ville d'Evpree. (
LYCOPOLITESNOMOS,pro- \ Voyez Lycon.i,,
vince d'Egypte. (
LYCOREA , rue de la ville de Delphes, en Grèce,
dans la Phocide. Paufanias , /. 10 , c. 6 , dit qu'un certain
Pamafius inventa l'art de découvrir l'avenir par le vol des
oifeaux , & qu'il bâtit ville qui fut fubmergée par L- dé-
luge arrivé ibus Deucalion. Ceux qui ne furent point
furpris par les eaux, fuivirent le hurlement des loup;, Se,
guidés par ces animaux, fe réfugièrent fur les fommets
du Parnafïe; cV, par cène raiion , ils appellerènt Lycorée
la ville qu'ils bâtirent en cet endroit. Il rapporte encore
d'autres traditions à ce fujet. Mais ceci fjfnt pour faire
entendre que Lycorée étoit un quartier de Delphes , &
le refte d'une ville qui avoit été de beaucoup antérieure
à la ville même , dont elle étoit devenue partie. Etienne
le Géographe dit que c'étoit un village du territoire de
Delphes. L'auteur du grand Etymologique dit : Lycorée,
ville de la Deiplnde, dans laquelle Apollon étok honoré.
Lucien , dans ion Dialogue du Mif„nthrope , dit que Ly-
corée étoit une montagne fur laquelle Deucalion fut à
couvert du déluge. Voyez LycuïUA.
944 LYC
LYCORMAS , rivière de Grèce , dans l'Etoile. On
la nomma enfuite EvENUS. Son nom moderne eft la
FiDARI. Oitéli*! ajoute ces remarques-ci. Hygm écrit
que, de l'on tems, on nommoit cette rivière Chryjorrhoas;
c'eft le Calydonius amms d'Ovide. Le Lexique de Ro-
bert Etienne porte qu'elle étoit appellée Centaums ; &
elle eft nommée Centuureus au quatrième livre de la 1 he-
baîde de Stace.
LYCOS , rivière de la Paleftme , félon Ortehus. Voyez
Lycus 16. , ,
LYCOSTEN'E, fendir*, ville dAfie, dans la Ly-
die , félon Etienne le Géographe. Une médaille rapportée
par Goltzius, en fait une métropole.
LYCOSURA , ville du Péloponnèie, dans 1 Arcadie,
fur le mont Lycée. Paufanias, l. 6 , c.z, croit que c'é-
toit une des plus ancien.ies villes qu'il y eut au monde,
foit dans le continent , loit dans les ifles , Si que Ciitor
y établit l'a cour, Si lui donna l'on nom , en l'appellant
LYCOZIA, ville de Thrace, félon Etienne le Géo-
LYCTOS , ou Lyttus, ou Lyctus , ville de Me
de Crète. Homère en fait mention, /. i , v. 154:
A"'r.Tcv, MiWro'y ts,
Mêla , , l. z , c. 7, en parle comme d'une ville fubfis-
tante de fon tems ; mais Strabon, qui vivoit avant Mêla,
dit, /. 10, qu'elle ne fubfiftoit plus de fon tems. Pto-
lomée , /. 3 , in fini, la met dans les terres comme fub-
fiftante. ' , „.
LYCUNTES , village du Péloponnefe, dans 1 Arca-
die, félon Paufanias , /. 8, ç. 23 , fur la route de Ca-
phyes à Piophide.
1. LYCURGIUM, village du Péloponnefe, dans
l'Argie, félon Strabon , /. 8 , p. 376.
2. LYCURGIUM, montagne du même canton, fé-
lon le même. Polybe la nomme Ligurgium.
LYCUR1A. Plutarque fembie nommer ainfi un lieu
dans fon Traité fur la queftion : Pourquoi la Punie ne
rend plus d'oracles ? Ortélius croit que c'eft le même
lieu que Lycorée.
LYCUS ; ce mot eft de la langue greque , & veut
dire un loup. On l'a donné à quelques rivières par allu-
fion aux ravages qu'elles caufoient lorsqu'elles tbrtoient
de leur lit.
1. LYCUS, (le) rivière de Sicile , félon Diodore
de Sicile, /. 16. Les uns prétendent que c'eft aujour-
d'hui Platïna ; d'autres , comme Fazel, difent que c'eft
Platani. Le Lycus , dont il s'agit ici , eft le même que
a. LYCUS , fontaine de Sicile , dans le territoire de
Léontini , félon Piine, /. 31 , c. 2, ou plutôt félon fes
éditeurs. Voici le partage : Necare aquas Thcopompus
& in Tkracid apud Cychros dicit : Lycus ira Leominis
tertio die quam quis biberit. Ortélius trompé par l'In-
dex de Pline, a cru que Lycus étoit le nom d'une fon-
taine ; au lieu que c'eft le nom d'un hiftorien -, comme
le P. Hardou'm le remarque. Ce n'eft pas une fontaine
nommée Lycus, qui produit l'effet dont il eft parlé;
c'eft un hiftorien appelle Lycus , qui rapporte cet effet.
Cn a fait encore la même faute, au fujet du nom Lycos,
employé par Pline dans fon trente-uméme livre, c. z.
3. LYCUS, rivière de la Sarmatie, en Europe, fé-
lon Ptolomée, /. 3 , c. •). Elle étoit yoifine de la ville
d'Hygris , & tombe dans les Palus Méotides.
4. LYCUS , rivière de Macédoine , dans le voiîïnage
du 'peuple les Daftarètes. Plutarque en fait mention dans
la Vie de Flaminius.
5. LYCUS, ruifieau de Thrace , auprès de Conftan-
tinople, félon Cédrène, qui rapporte qu'Apollonius de
Thiane le contraignit de ne point faire de mal aux By-
zantins.
6. LYCUS , rivière de l'Afie mineure, dans laPhry-
gie. Laclicée, fituée au-deffus de l'on embouchure dans
le Méandre, en prenoit le nom de Laodick fur le Ly-
cus. Voyez LaodiGÉE. i. La jonction du Lycus, du
Caper & de l'Albpus fe faifoit à Laodicée ; & le Ly-
cus, (Voyez Caper 2.) prenant alors le nom de Ly-
cocaper, (Voyez cet articie,) portoit i'es eaux dans le
LYC
Méandre, auprès de Coloffes. C'eft en arrivant à cette
ville, qu'au rapport d'Hérodote , /. 7, c. 30, le Lycus
fe cache dans une ouverture qui eft dans la terre ; Si , le
montrant à cinq ftades de-ià , il fe perd dans le Méan-
dre. Pline, L z, c. 103 , dit de cette même rivière:
Subeunt terras , rurfusque redduntur Lycus in JJiâ ,
Erafinus inArgolicà, Tigris in Mefopotamia. Ovide,
/. 15, v. 173, dit dans les Métamorphofes :
Sic ubi terreno Lycus efi epotus hiatu ,
Exif.il procul hinc , atioque renascitur oré.
Sic modà combibitur, tacito modo gurgite lapfust
Redditur Argolicis ingens Erafinus in arvis.
Ce fleuve Lycus n'a rien de commun avec celui qui fuit.
7. LYCUS , rivière de l'Afie mineure , dans la Ca.-
rie. Elle a fa fource dans le mont Cadmus , forme un
lac, un peu avant l'on embouchure , dans le golfe nommé
par les anciens Latmicus Jinus. De l'Ifle nomme cette
rivière Latmus feu Lycus. Son cours eft d'orient en oc-
cident.
8. LYCUS , rivière de l'Afie mineure , dans la My-
iîe, au canton de Pergame. Elle a fa fource au mont
Draco ; Si, coulant vers le nord-oueft , elle paife auprès
des ruines deThyatire, & fe jette dans le Caïque. Pline,
/. 5, c. 29, dit : intus & Thyatird adluitur Lyco, Pi'
lopia alïquando & Euhippa cognominata.
9. LYCUS, rivière de l'Alie mineure, au pays des
Maryandini , près d'Héraciée : Arrien parle de cette ri-
vière Si de' la ville d'Héraciée, Si les éloigne de vingt
ftades l'une de l'autre. Voyez HÉRACLÉE 25.
10. LYCUS , rivière de l'Afie mineure , enBithynie;
c'eft la même que le BJiyndacus. Pline, /. J, c. 32,-
dit : Rhyndacus ante Lycus vocalus.
11. LYCUS, rivière de l'Afie mineure, dans le Pont
où elle mêlé (es eaux avec celles de l'Iris. Pline, 7 6,
c. 3 , dit : Lris flumen deferens Lyciim. Strabon, /. 12,
dit que Pompée trouvant au confluent du Lycus Si de
l'Iris une ville commencée , l'acheva , lui donna des
champs & des habitans, Si la nomma Magnopolis. Pline
avant le partage déjà cité , avoit dit que Néocéfarée étoit
fur le Lycus. De Tournefort parle ainfi de cette rivière,
dans fon Voyage du Levant, lettre 21, page 17J : la
rivière qui pafle par Tocat n'eft pas l'Iris ou le Cafal-
mac, comme des géographes le iiippofent ; c'eft le 7b-
fanlu qui pafle auili à Néocéfarée , Si c'eft fans doute
le loup, dont Pline fait mention ; (nous avons remar-
qué que Lycus eu Lycos lignifie un loup en grec,) Si
qui va lé jetter dans l'Iris. Cette rivière fait de grands
ravages dans les tems de pluie, Si lorsque les neiges fe
fondent. Ainfi le Lycus eft l'ancien nom , Tofanlu eft
Je nom moderne ; Se comme cette rivière pafle à To-
cat , on la nomme aulii la rivière de Tocat.
12. LYCUS, rivière d'Afie , dans la Cappadoce, ou
plutôt dans le Pont Cappadocien, félon Ptolomée, /. 5,
c. 6. C'eft, félon lui, une des branches de rAblbrrus,qui
' tombe dans le Pont-Euxin.
13. LYCUS, rivière d'Afie , dans l'Aflyrie. Polybe
en fait mention, /. 5, c. 51. Ptolomée , 7. 6, c. 1, la
nomme Leucos, Mvxn , & dit qu'elle fe jette dans le
Tigre. Bochart, /. 3, croit que c'eft le Zates de Xéno-
phon , dans le Retraite des dix mille. Ninive n'en étoit
pas fort éloignée.
14. LYCUS, rivière d'Afie, dans la Syrie , près du
golfe d'Iilus. Pline, /. 5 , c. 27, dit : Flumina Andri-
cus , Pinarus , Lycus , Jinus LJJicus.
15. LYCUS, rivière d'Afie, dans l'ifle de Cypre.
Ptolomée en met l'embouchure entre Curium , ville, Se
le promontoire Curia, fur la côte méridionale de l'ide.
16. LYCUS, rivière d'Afie, dans la Phénicie , en-
tre Palcebyblos ou l'ancienne Byblos, & Béryte , félon
Strabon, /. 5 , c. 14. Une infeription trouvée entre Bé-
ryte StSidon, Se rapportée par Spon, (1. 16 Miscelt.
erud. antiq. p. 271,) clans fes Mélanges, fembie prou-
ver que le Lycus coule entre ces deux villes ; car on y
lit ces mots :
MONTIBUS IMMLNENTIBUS >
LYCO FLUMINI CjESIS ,
fiam Dilaiavit.
LYD
LYD
li y eft queflion d'Antonin Pie, qui fit élargir le che-
min entre ces deux villes , en coupant les montagnes ,
au pied desquelles coule le Lycus. Pline , /. 5 , c. 20;
& Mêla, /. 1 , c. 12, en font mention. C'eft aujour-
d'hui la rivière du Chien.
17. LYCUS. Quinte- Curfe fait couler à Célènes ,
dans la Phrygie, une rivière nommée Lycus. Il fe trompe ;
c'eft le Marfyas.
18. LYCUS, foffé d'Egypte , qui établiflbit la com-
munication des eaux du Nil , avec celles du lac Maréo-
tide. Il en eft parlé dans l'Hiftoire de Calhfte, /. 8,
c. 41 ; & dans l'Hiftoire tripartite.
LYDA. Voyez Chyda.
LYDDA (a) , en hébreu Lud,ou Lod, engrec Lydday
ou Diospolis , ancienne ville de la Paleftine , fur le che-
min de Jérufalem à Céfarée de Philippe. Elle étoit à l'o-
rient de Joppé , & à quatre ou cinq lieues de cette ville;
cette ville appartenoit à la tribu d'Ephraïm. Il femble
qu'elle fut habitée par les Benjamites (b) , au retour de la
captivité de Babylone. Lydda eft une des trois topar-
chies , ou feigneuries , qui furent démembrées de la Sa-
marie (c), pour être données aux Juifs. S. Pierre étant
venu à Lydde (d), y guérit un homme paralytique,
nommé Enée. Baudrand dit que cette ville fubfifte en-
core fous le nom Rama , Se que les Arabes l'ont rebâtie
depuis le tems de Mahomet : d'autres voyageurs l'ont
dit avant lui ; cependant la chofe n'en eft pas plus vraie.
Le P. Nau, Jéfuite , les diftingue très-bien , & met Rame
( c'eft ainfi qu'il nomme Rama dans fon Voyage nou-
veau de la Terre- fainte , 1. I , c. 6, p. 32,) à plus de trois
lieues de Jafa , qui eft la même que Joppé , comme nous
le dilbns ailleurs. Il dit dans le chapitre fuivant , p. 41 :
comme nous étions à Rame le Métoualli du faint fépulcre,
ayant appris que M. l'ambafladeur étoit arrivé , Se qu'il
avoit deflein de vifiter Lydde , lui envoya témoigner la
joie qu'il auroit de l'y voir. Nous partîmes l'après-dînée ,
&c nous nous y rendîmes en une heure de tems. Il y a
donc une heure de chemin de diftance entre ces deux
■villes. Lydde eft aujourd'hui appellée Leudde, félon le
même voyageur. Il remarque qu'elle tenoit le cinquième
rang entre les onze toparchies de la Judée. On y voit
encore une églife de S. George : ce n'eft pas celle que
l'empereur Juftinien avoit fait bâtir, & qu'il avoit pris
plaifir d'orner richement. Les Mahométans l'abbatirent à
l'arrivée de Godefroi de Bouillon, & des autres fei-
gneurs croifés , de peur qu'ils ne fe îerviffent de cet édi-
fice contre eux. Celui dont on voit aujourd'hui les reftes,
fut depuis bâti en fa place. Il n'a plus rien d'entier qu'un
peu du fond de la nef, où les Grecs ont fait un autel à
leur manière : ce fond de nef même eft ruineux , & ne
réfiftera pas long-tems aux pluies & aux orages de l'hy-
•ver. Devant la cloifon qui cache l'autel, on a élevé un
quarré de pierre , où , dit-on , étoit autrefois la tête de
S. George , avant qu'on la transportât à Rome , où elle
eft dans une églife qui porte le nom de ce faint. Le re-
venu, qui fe tire de cette ville & de toutes (es dépendan-
ces eft affigné en partie pour l'entretien de l'hôpital de
Jérufalem , en. partie pour quelques frais de la caravane
de la Mecque. Le Métoualli du làint fépulchre , (c'eft-à-
dire celui qui en a l'intendance,) a foin de recueillir ces
revenus, & il ne le fait pas fans peine; car il a affaire
à des payfans &t à des Arabes indociles qui ne donnent
pas volontiers. Il y a même des montagnes allez peu-
plées , qui bornent les plaines de Leudde, d'où le Turc,
tout habile qu'il eft à tirer de l'argent de tout, ne peut
avoir que peu de chofe. Les payfans, qui les cultivent,
&qui ont leurs Sckeïckhsou Meschahkhs, (c'eft ainfi qu'on
nomme les principaux de la nation , principalement ceux
qui gouvernent , ) favent manier l'épée aulfi-bien que la
charrue; & ils reçoivent ceux qui leur viennent deman-
der plus qu'ils n'ont envie de donner , d'une manière qui
fait perdre l'envie , ou du moins la hardieffe de les in-
quiéter. Ces montagnards s'appellent Aouahed, du nom
de leur principale demeure qui eRAkoud. *(a) D. Calmet,
DicT:. (b) Esdras, 1. 2 , c. il. (c) Maccab. 1. I , c. II.
Jofeph. Antiq. /. 14, c. 8. (d) As. Ap. c. 9, v. 33.
LYDIA, ou MœoniA , province de TAfie mineure.
Presque tous les géographes conviennent que la Mœonia.
& la Lydia font la même province, & que les Lydiens
font ceux qu'Homère appelle ïinnaç ,Méorias, Méoniens,
94-J
Hérodote , L 1 , c. 7 , nous apprend que tous les rois .
qui régnèrent dans ce pays , étoient descendus de Ly-
dus , fils d'Atys , qui avoit donné fon nom à tout le
peuple que l'on appelloit auparavant Mœones , les Méo*
niens. Strabon, L 13 , dit que les Lydiens qu'Homère
appelle Mœonas, furent nommés dans les fiécles fuivans
Mœones.
Cependant Ezech. Spanheim {Ad Callimach. Hymne
in Del. vers. 2J0,) a obfervé que quelquefois on avoit
diftingue les Meones des Lydiens ; que la Lydie fupé-1
rieure avoit anciennement éré appellée Méonïe propre ,
dans laquelle fe trouvdit le mont Tmolus , & où pre-
noit fa fource le fleuve Pa&ole ; que cette diftinftion
avoit fait que Callimaque avoit donné le furnom de
MœoniusML Paftole ; qu'Homère avoit dit que les Méo-
niens habitoient le Tmolus ; & Denis le Périegete place
la Méonie au pied du mont Tmolus. II ajoute que Jes
Lydiens avoient habité la Lydie inférieure , fayoirla par-
tie du pays , qui tiroit du côté de la mer, & que c'étoit
par cette raifon qu'Hérodote , lib. 1, c. 142, avoit avancé,
en parlant d'Ephèfe , de Colophone , ik de Lébédos ,
que ces villes étoient dans la Lydie.
Il eft vrai qu'on parloit anciennement de la forte ; mais
ce ne fut pas un ulâge confiant. Les habitans de la baffe
Lydie furent auflî quelquefois appelles Méoniens, & on
nomma Lydii ceux qui habitoient la haute Lydie. Dans
la fuite, la colonie des Ioniens s'étant multipliée, infen-
fiblement le nom des Méoniens fe perdit. La Lydie infé-
rieure prit le nom A'Ionie , & la Lydie fupérieure retint
le nom de Lydie ; ce qui fut obfervé du tems des Grecs ,
& même du tems des Romains, auff.-bien que dans le.s
notices des églifes 6t des évêchés.
La Lydie inférieure ne fut pas diftinguée non plus de
l'Ionie. C'étoit le royaume des Lydiens , principalement
des derniers rois. Il s'étendoit depuis le fleuve Halys »
jusqu'à la met jEgée. Dans une lettre de Darius à Alexan-
dre , on lit Halys amnis qui Lydiam terminât, Curtius ,
/. 4, c. 11. ■
Pline, lib. 5 , c. 39, donne les bornes futvantes à la
Lydie prife dans toute fon étendue : « Du côté du Le-
» vant, dit-il, elle eft voifine de la Phrygie , de la Myfie
» du côté du nord , & de la Carie du côté du midi.
» Ptolomée décrit les villes de cette province de la forte :
Pepere ,
Mofteni ,
Hiero-Ca;farea .
Nacrafa ,
Thyatira ,
Juliogordus ,
Aëgara ,
Hypaîpa ,
Sardis ,
Philadelphie ,
Magnefia, pris de Sipylum, Jovis Fanum.
Metroplis.
Les Notices eccléfiaftiques ajoûtentTripoli, que Pto-
lomée place dans la Carie. Les Notices de l'empereur
Léon le Sage & de Hiéroclès , diffèrent aulîi entr'elles ;
l'une met vingt-fept évêchés dans la Lydie : l'autre n'y
en met que vingt-trois. Les voici toutes deux :
Selon Léon le Sage.
Sardenfium ,
Philadelphiae,
Tripoleos,
Thyatirorum,
Settoxum ,
Aureliôpoleos ,
Gordorum ,
Troallorum ,
Salorum ,
Silandi ,
Mœonia; ,
Apollinis-Fanî ,
Arcanidis ,
Mullines ,
Acrafi,
Apolloniadis,
Attalia;,
Bages ,
Balandi,
Mefotimoli s
Selon Hiéroclès.
Sardis ,
Philadelphia ,
Tripolis,
Thiatera ,
Sitae ,
Masonia,
Julianopolis ,
Tralles ,
Aureliopolis,
Attalia ,
Hermocapelia ,
Ocrafus ,
Apollinis-Fanum ,
Talaza ,
Bagis,
Cerafe-Mefo,
Tymellus ,
Appollones ,
Hierocaftellia ,"
Myftene ,
Tome III. Dddddd
94-6
LYG
LYM
Selon HUrocles.
Sataleon ,
Gordos,
Moftina.
Selon Lion le Sage.
Hierocaefarese ,
Dalles,
Stratonicaeœ ,
Cerafeorum ,
Satalorum ,
Gabalorum,
Hermocapelia;.
1. LYDIENS , (les) habitans de la Lydie, en Afie.
2. LYDIENS , ( les ) Lydi-, ancien peuple , qui,
étant Yenu s'établir en Italie , bâtit quelques villes en
LYDIUS-FLUVIUS , rivière de Macédoine. Elle fé-
paroit la Macédoine & la Bottiée, félon Ortélius. Pto-
lomée, /. 3 , c. 13 , en met l'embouchure après celle de
l'Axius, au commencement delà Piérie; après quoi, il
place Pydna , Sx tout de fuite l'embouchure de l'Aliac-
mon. Il nomme Amphaxitide ce que d'autres géogra-
phes appellent Bottiée, parce qu'en effet elle etoit des
deux côtés de l'Axius. En ce cas , cette rivière Lidms
n'étoit point différente de I'Astrjeus, qui terminoit la
Piérie au nord ; de façon que Pydna étoit entre le Ly-.
dius ou VAjirœus Sx Ï'Aliacmon. Cette dernière rivière
termine au midi, mais plus avant dans les terres, l'E-
mathie ou la Macédoine propre. Cela n'eft pas tout-à-
fait conforme à ce que dit Hérodote , /. 7, c. 27. Xer-
xes étant venu à Therma, s'y arrêta ; Sx fon camp oc-
cupoit tout ce qu'il. y a de terrein le long de la mer,
depuis Therma Sx la Migdonie , jusqu'au Lydias Sx à
Ï'Aliacmon, qui, joignant leurs eaux dans un même lit,
terminent la Bottiée & la Macédoine. J'ai déjà expliqué
comment ces deux rivières bornent ces deux provinces
du royaume de Macédoine. Il n'eft pas fi ailé de com-
prendre comment Hérodote a pu dire que ces deux rivières
à qui Ptolomée donne des embouchures distinguées par
un affez grand espace , la ville de Pydna , Sx quelques
autres entre deux, ont pu joindre enfe.mble leurs eaux,
à moins qu's« ravro pU&efV , in eundem alveum, ne s'en-
tende du golfe Therméen, aujourd'hui de Theffalonique,
qui peut être regardé comme l'embouchure commune ,
non-feulement de ces deux rivières , mais encore de
l'Axius, du Pénée & de plufieurs autres. Le nom de Ly-
dius , changé en celui de Lydias , ne fait aucune diffi-
culté ; l'abbréviateur de Strabon le dit de même; &
Efchine , dans fes Harangues , ne le nomme pas autre-
ment. Aujourd'hui ce fleuve s'appelle Cajloro.
LYE , bourg de France , dans le Bléfois , au diocèfe
de Blois , généralité d'Orléans , élettion de Romoren-
LYGAMATjE, ancien peuple de laLybie intérieure,
félon Ptolomée, /. 4, c. 6. L'exemplaire de la Biblio-
thèque Palatine, & l'ancien éditeur Latin , portentiy/z-
xamatce ou Lyn^amâta ; Sx ce qui fait croire que Liji-
xamatce eft le vrai nom , c'eft que ce peuple a beau-
coup de rapport, pour le nom , Sx même pour la filia-
tion, avec îa ville de Lynxama , AU>|«^a, que Ptolo-
mée place dans le même canton.
LYGDANUM, ville d'Alie, dans le Troade, félon
Pline /. 5 , c. 30. Quelques éditeurs difent Lygda-
NUM. Le P. Hardouin , in Plin. dit Lygdamum , fur
la foi des manuscrits, Sx il ajoute qu'il croit qu'elle de-
voit ce nom à Lygdamis, celui qui prit la ville de Sar-
des , Sx dont Strabon , l. 1 , p. 61 , a parlé.
LYGII, Ligii, Lugii & Logiones, ancien peu-
ple de la grande Germanie. Tacite , de Mor. Germ. dit
qu'au-delà d'une chaîne de montagnes, qui coupe le pays
des Suèves, il y a plufieurs nations, entre lesquelles les
Lyçiens font un peuple fort étendu , Sx partagé entre
plufieurs cantons. Qu'il fuffife , pourfuit-il , d'avoir
nommé les Aries , les Helvecones , les Mammi , les
Elyjii,\es Naharvali... Au-delà des Lygiens, font les Go-
dions, qui ont un roi particulier. Il les nomme ailleurs
Ligiens. Strabon, /. 7, fait mention des Luiens, Avitç,
vaincus par Maroboduus , Sx dit que c'étoit un grand
peuple , litya. *£3rof » Les éditeurs ont changé le mot
Aiï«< en AttyUt, Ptolomée, /. 2, e. 11 , a fans doute
aufli parlé de ce peuple , & on y trouve A2to< 'op*ni ,
tàtoi àifwi, asto/ BBpe*. Lud O'mani , Luti Biduhi,
Luti Burii. D'habiles critiques ont très-bien remarqué
que, dans ce mot Aorror , le T s'eft gliflé mal- à pro-
pos pour un r , changement fort aile à concevoir ; de
forte qu'au lieu de Liai , il faut lire Lugl ou Logi.
Aufli dans plufieurs exemplaires de Ptolomée y a-t-il
LongiDiduni, hoyyoi £,/c(VVoi, SxLongi Omani, A'>>o/
'onavoi , qui s'écarte peu de a*j,o/, Lugi ou Logi. Zo-
fime, /. 1, les nomme LOGIONES, My'uMtt, au i'ujet de
la guerre que leur fit l'empereur Probus. Leur pays fait
prélentement partie de la Pologne, en-deçà de la Viftule,
en y comprenant encore la Suéfie qui répond , à ce
que l'on croit, au peuple Elyjii , Sx une partie de la Bo-
hême. Arrien , Alexand. 1. 1, nomme Lyginus une ri-
vière qu'Ortélius , Thef. in voce ClABRUS, conjecture
être la même que la Morave. Il fe fert du mot forte,
peut-être.
LYGOS , ancien nom de Byfance , félon Pline, /. 4,
c. 11.
LYLA, ville du Péloponnèfe , dans TArcadie, félon
Etienne le Géographe. Ortélius , Thefaur. doute fi ce
ne feroit pas la même que Lil^EA , hu^u*. , de Ptolo-
mée.
LYLvEUS, rivière d'Afie, dans la Bithynie , félon
Pline, /. 5, c. 32. L'édition du P. Hardouin porte Li-
L51US.
LYMAX, Au^f-, rivière du Péloponnèfe, dans
l'Arcadie ; elle baignoit la ville de Phigalée , & fe dé-
gorge dans le Néda, dit Paufanias , /. 8, c. 41.
LYMBACH , place de la baffe Hongrie , fur une mon-
tagne, aux frontières de la Stirie, & à un mille d'Alle-
magne de la rivière dé la Mure, félon Baudrand. Il y
a deux places du nom de Lymbach ; on les diftingue
par les noms d'OBER-LïMBACH , le haut Lymbach;
Sx de Nider-Lymbach , le bas Lymbach. Il y a qua-
tre lieues de diftance de l'un à l'autre. Les Hongrois
appellent le bas Lymbach Asolindua ; Sx on croit
qu'il exiftoit du tems des anciens, fous le nom d'Oly-
macum. Il eft à fix milles du laç Balaton , 6c à quatre
de Canife.'
LYMCHILL , montagne, &
LYME, rivière. Voyez LEMANUS.
• LYME, ou Lyme Régis, ville d'Angleterre, erl
Dorfetshire j aux confins de Devonshire , fur une petite
rivière de même nom , de laquelle il eft parlé dans les
anciens hiftoriens, qui difent que le roi Kinulphe donna,
en 774 , à l'églife de Scireburne , du terrein pour bâtir
une maifon, près du bord occidental de la rivière de
Lyme , à peu de diftance de fon embouchure , dans
là mer, afin que l'on y cuisît du fel, pour fubvenir aux
néceffités de cette églilé. Lyme a un havre qui n'eft
guères fréquente que par les, pêcheurs ; ce fut- là que
le duc de Monmouth prit terre , lorsqu'il arriva de Hol-
lande , pour fe mettre à la tête des rebelles , qui voU-
loient le couronner au préjudice de Jacques II. La ville
même eft fur une éminence ; on y tient marché public,
Sx elle envoie fes députés au parlement. * Corn. Dift.
Etat préfent de la Gr. Bret. t. I , p. 59.,
LYMEN. Cambden, Britann. croit que c'eft le nom
Breton de LlMNOS, petite ifle voifine de la Grande-
Bretagne Sx de l'Irlande , entre ces deux ifles.
LYMFIORD, ou Limfiord, Limicus finus , félon
Baudrand , petit golfe du Danemarck , dans le Scager-
Rack. Il s'avance d'occident en orient , dans le Nord-
Jutland, qu'il fépare en deux, à la réferve d'environ
quatre milles qu'il laiffe entre lui Sx la mer d'Allema-
gne. Il y a quelques ifles dans ce golfe , ckon voit, fur
fes bords, de petites places, entr'autres, Lemrick. Al-
borg n'eft pas loin de l'entrée du Limfiord. .
LYMINIS, ville de Cappadoce. Le comte Marcel-
lin , dans fa Chronique, dit que l'empereur Zenon en-
voya Bafilisque, avec fa femme Sx fon fils, en exil à.Ly-
minis , & qu'ils y périrent de faim 'Sx demifére. Ponv
ponius-Laîtus lit Lemnis. Jornandes dit Slemnium,
ik Cédrene racontant le même fait , dit que ce fut à
Cucusum. Il faut , dit Ortélius , ou que ces noms
foient fynonymes, Sx fignifient un feul Sx même lieu,
ou que les hiftoriens ne foient point d'accord.
LYMNE, lieu d'Angleterre., C'étoit autrefois une
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ville du royaume de Kent ; c'eft préfentement un vil-
lage fur le détroit nommé U pas de Calais , où il y avoit
un port que les fables ont comblé.
LYMNOS. Voyez Limnos.
LYMPHORTA , ancienne ville d'Afie , dans l'Ane.
Elle appartenoit au peuple Gedrufi, félon Pline, /. 6,
c. 23.
LYN , x>u Lyn-Regis , vdle d'Angleterre , dans la
province de Norfolck, à l'embouchure de l'Ôufe, où
elle a un grand port de mer. Elle eft grande, riche, bien
peuplée, défendue par un grand foffé & par deux forts.
On y tient marché public , & elle envoie fes députés
au parlement. * Etat préfent de. la Gr. Bret. t. i, p. 91.
Baudrand.
LYNCAÉE , AvyKai» , ville de Macédoine , félon
Héfyche. Voyez LyncuS.
LYNCjEA. Voyez LYRCIA.
LYNCjEUS , ruiffeau ou fontaine de l'Argîe , au Pé-
loponnèfe. Stace, Thebaïd. 1. 4,v. 117 &feq. dit:
Qui ripas , Lynctze , tuas , tua littora multo
Vomere fufpendunt , fluviorum duclor Achivûmy
lnache.
On peut croire qu'il faut dans ce paiTageLYRcaîE; car
le même poète dit , v. jn :
Aret Lerna nocens , aret Lyrceus , & ingens
Inachus.
C'efl, fans doute, la même rivière qu'il nomme diffé-
femment. Lutatius Placidus en fait une rivière de l'E-
tolie. Je ne vois point d'apparence que Stace eût été
prendre une rivière d'Etolie , pour l'affocier avec deux
autres de l'Argie , au Péloponnèfe.
LYNCESTjE , peuple de la Macédoine. Leur pro-
province, nommée LYNCESTIDE, étoit au couchant de
ï'Emathie ou Macédoine propre , & prenoit fon nom
de Lyncus qu'Etienne le Géographe met fort mal-à-
propos dans l'Epire. Encore cite-t-il Strabon à faux. Il
eût mieux fait de citer Thucydide , /. 4, p. 333 ; &
L 3, p. 169, qui dit en plus d'un endroit que les Lyn-
ceftes étoient dans la Macédoine. Strabon dit Lyncis-
TJ£; tk Ptolomée, /. 3 , c. 13, ne leur donne qu'une
feule ville , favoir HÉRACLÉE ; peut-être qu'alors LYN-
CUS, dont la province & le peuple portoient le nom ,
étoit ou entièrement détruite, ou fi déchue , qu'il n'a
pas cru qu'elle valût la peine d'être comptée pour quel-
que choie.
LYNCEUS , OU LYNGEUS , Av.yK.iot OU Avyyèo'., ri-
vière d'Italie , félon Tzetzès , commentateur de Lyco-
phron. Les eaux en font chaudes & très - bonnes pour
les yeux. Ortélius ajoute ; c'eft peut-être dans la Tos-
cane , & peut-être a-t-il voulu parler du bain de Cor-
feno , qu'André Bachi allure être excellent pour guérir
les yeux malades.
LYNCISTjE. Voyez Lyncest*:.
1. LYNCUS, ancienne ville d'Epire, félon Etienne
le Géographe , mais véritablement dans la Lynceftide,
qui étoit de la Macédoine. Elle deyoit avoir été im-
portante , puisque le peuple & la province en portoient
le nom ; cependant Ptolomée n'en fait aucune mention;
mais Tite-Live en parle, /. 26, c. 25.
2. LYNCUS, ou Lyncos, ou Lyngos , chaîne de
montagnes d'Epire, entre ce pays, la Macédoine & la
ThelTalie, félon Tite-Live, /. 32, c. 13. Elle eft cou-
verte de forêts , les fommets ont de vaftes plaines , ik
il y a des fources d'eaux vives , qui ne tarifent point.
LYNGEUS. Voyez Lynceus.
LYNNE. Voyez Lyn.
LYNX , Avyh] , ville de la Libye , auprès du détroit.
C'eft la même que LlXUS.
LYNXAMA & Lynxamat;e. Voyez Lygamat\e.
LYON , Lugdunum , Lugudunum , Lugdunum Segu-
jianorum,ia Lugdunum Ccltarum. Voyez l'article LUG-
DUNUM. Lyon, villede France, dans le Lyonnois, dont
elle eft la capitale, au confluent du Rhône & de laSône,
& une des plus belles & des plus confidérables villes
de l'Europe, par fa fituation , fa grandeur ck fes riches-
fes.
Lyon fut fondée, l'an de Rome 711 ou 712, dans la
LYO P47
quarante & unième ou deuxième année avant l'ère de
Jefus-Chrift, par Lucius Munatius Planais, qui étoit con-
ful avec jEmilius Lepidus ; il la bâtit fur la Sône , au
lieu où elle (e jette dans le Rhône, & la peupla d'une
colonie Romaine , qui avoient été chaflee de Vienne
par les Allobroges. Lyon conferva le nom Gaulois
Lugdun , qu'.on avoit donné à la montagne , fur laquelle
elle fut fondée. Ce mot lignifie , en langue Gauloife,
montagne du corbeau , comme nous l'apprenons de l'an-
cien auteur Vibius Sequefter , dans le livre des Fleu-
ves. * Longutrue , Descr. de la France, part. 1, ^.268.
On a une inscription où il eft parlé de l'établiffement
de cette colonie. Elle eft conçue en ces termes dans
Gruter :
L. Munatius. L. F. L. N. L. Pron. Plancus.
COS. ACENS. IMP. ITER. VII. VIR. EpUL. TRIUMP.
EX RH.ET1S JEDEM SaTURNI FECIT, DE MaNIBIS
AGROS D1V1S1T. IN J.TALIA BeNEVENTI. IN GaL-
LIA COLONIAS DEDUXIT , LUGDUNUM & RaU-
RICAM.
M. de Valois , Notit. Gall. p. 291 , la rapporte ainfi:
L. Munàcio. Planco. & Deamo. Junio. Bruto. Cojf.
L. Munacius L. f. L. n. L. p. Plancus. Cof. Imp. iter.
VII. vit. epulonum. triumph. ex Rhœtis. adem. divijit.
in. Italia. Beneventi. in (rallia, colonias. dtduxit. Lug-
dunum. & Rauricam. On trouve auffi quelques anciens
marbres , fur lesquels on lit : Col. Lugd. ou Col.
Rom. Lugd. c'eft-à-dire , coionia Lugdunum, &. co-
lonia Komana Lugdunum.
Dans une ancienne inscription on trouve ces mots :
Cohors XX. Segujîanorum & Cohors IX. Lugdunenjis ;
ce qui a fait croire à M. de Valois, qu'il y avoit faute dans
cet endroit de Tacite , Hijl. 1. 1 , où il eft dit : Cohortes
XV III. Lugduni folitis ibi hibernis relinqui placuit. Il
voudroit qu'on lût CohortemIX, au lieu de CohorusXVIII.
En effet , il n'eft guères vraifemblable qu'une colonie
Romaine fût chargée, tous les hyvers, de dix-huir cohortes,
fur- tout dans un tems où il n'y avoit aucun trouble dans
le pays.
Après qu'Augufte eut retranché des Celtes plusieurs peu-
ples qu'il joignit à l'Aquitaine , il voulut que Lyon fût
la capitale de la Celtique ; &c, pour cela, cette province
fut nommée la Lyonnoife. Enfuite Lyon , fous les empe-
pereurs Romains , devint une ville des plus confidérables
de tout l'empire. Lorfque , dans le cinquième iiécle , les
Gaules furent envahies par plulîeurs nations barbares ,
Lyon fut pris pai les Bourguignons , dont le roi devint
feudataire de Clovis I , fur la fin du même lîécle , comme
Alcime Avitus le renonnoît , dans (à lettre au dernier
prince, en des termes très-expreflîfs : domnum meumfua
quidem gcntis regem , fcd militent vejlrum ; mais les fils
de Clovis détruilirent enfuite cet état des Bouiguignons ,
8t fe rendirent maîtres de Lyon.
Dans le partage que firent les enfans de Louis le Dé-
bonnaire , Lyon , avec la plus grande partie du royaume
de Bourgogne , échut à l'empereur Lothaire , qui le laifla
à fon fils Charles , dont le frère , nommé aulîî Lothaire ,
fut héritier. Après la mort de ce dernier , Charles le
Chauve , fon oncle , s'empara du royaume de Bourgogne ,
au préjudice de l'empereur Louis II , frère des rois Lothaire
6c Charles, & lailîa tous ces états à fon fils Louis le Bè-
gue , qui vécut fort peu. Celui-ci étant mort , un feiglieaf
appelle Bofon , fe fit proclamer roi de Bourgogne , à Man-
tale , près de Vienne , l'an 879 ; ce qui excLa de grandes
guerres entre cet ufurpateur & les enfans de Louis le Bè-
gue ; de forte que Lyon changea plufieurs fois de maître
jusqu'au régne de Louis d'Outremer. Le détail de ces évé-
neminî appartient plutôt à l'Hiftoire des rois de France ,
qu'à cet ouvrage ; &c il nous fufEt de dire ici , que le roi
Lothaire , fils de Louis d'Outremer , céda Lyon à Con-
rad, roi de Bourgogne , en lui donnant Mathilde fa fceur,
en mariage. Conrad eut un fils nommé Rodolphe dit
le Lâche , qui laiffa ufurper toute fon autorité. On voit
que , fur la fin de la vie de ce roi , Burcard , archevêque
de Lyon , s'étoit rendu maître de la ville & du pays voi-
fin , &£ que l'empereur Conrad le Salique , inftitué premier
héritier par le dernier roi Rodolphe, mort l'an 1032 , fut
obligé d'employer la force des armes, pour foumettre l'ar-
chevêque Burcard , qui ne lui fit hommage que l'an 1034 ,
comme nous l'apprenons du chroniqueur Hermannus Con-
tra&us , qui vivoit dans ce tems-là.
Tome ÛI, Ddddddij
Ç)48
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LYO
Il y avait néanmoins alors un comte à Lyon ; mais il
n'étoit que le fécond feigneur ; car en cette ville , & dans
les autres de fon voifinage , les évêques étoient les pre-
miers feigneurs , les comtes n'ayant en ce tems " la 1ue
fort peu ,°ou point d'autorité , dans les cités épiscopales.
Il y eut de grands différends entre les archevêques de
Lyon & les comtes de Lyonnois , pour la junsdi&ion ;
fur quoi le pape Alexandre III fit faire un accommode-
ment , l'an 1167, entre Guichard , alors archevêque de
Lyon, &C Gui, comte de Lyonnois. Par cetkccommo-
ment , on régla les limites de la cité de Lyon , di?nt la pro-
priété avoit été confirmée , l'an 1 1 57 , à l'archevêque Hé-
raclius , par Frédéric Barberouffe. Cet empereur avoit
déclaré que tous les droits de régale , ou les droits réga-
liens , jura regalia , lesquels font différens des droits de
régale , appartenoient à l'archevêque de Lyon , dans fon
archevêché , où il ne reconnoiffoit aucun fupérieur au
temporel , que l'empereur ; enfin le comte de Forez quitta ,
pour toujours , à l'archevêque Guichard , l'an 1 173 , le
comté de Lyonnois ; &C les comtes de Forez, qui avoient
reçu une récompenfe pour le comté de Lyonnois , n'en
prirent plus le titre. _
Cet accord fut confirmé par le pape Lucius III, 1 an
1180, & même par Philippe-Augufte , roi de France,
que le comte de Forez reconnoiffoit alors pour fouverain
& feigneur féodal.
11 n'en étoit pas de même des archevêques de Lyon ,
qui reconnoiffoient dans le même tems les empereurs ,
puisque l'archevêque Jean de Bellefmains fit hommage de
fon tempotel à l'empereur Frédéric Barberouffe , l'an
1184. Ces prélats avoient un grand nombre de vaffaux
au-delà de la Saône & au-deçà du Rhône , St ils étoient
feigneurs fuzerains d'Annonay & d'Argental , qui font fur
les confins du Vivarais , du Lyonnois , & dans le diocèfe
de Vienne. Ces feigneuries étoient poffédées, l'an 1131,
par André de Bourgogne , dauphin de Viennois , qui en
fit hommage à Robert d'Auvergne , archevêque de Lyon.
Le dauphin avoit , à caufe de ces feigneuries , une place de
chanoine honoraire dans le chapitre de S. Jean; il voulut
conferver cet honneur à perpétuité aux dauphins, (es fuccef-
feurs, en uniffant pour toujours les mêmes baronnies au
comté d'Albon ; ce qui néanmoins ne fut pas fuivi. Le
Dauphiné , le Viennois & le comté d'Albon parlèrent de
la maifon de Bourgogne à celle de laTour-du-Pin ; & la fei-
gneurie d'Annonay vint aux feigneurs de Villars en Breffe,
dont les feigneurs de Lévis, depuis ducs deVentadour , hé-
ritèrent. Dans le treizième fiécle , qui eft celui où vivoit
l'archevêque Robert d'Auvergne , l'empereur Frédéric II
ayant été excommunié & dépofé , le pouvoir impérial
demeura anéanti à Lyon , & dans une partie du royaume
d'Arles. Les habitans de la ville de Lyon s'étant mis en
pleine liberté , contraignirent l'archevêque d'implorer la
protection des rois de France , S. Louis , Philippe le
Hardi , & Philippe le Bel. Le dernier voulut avoir la fou-
vetaineté de Lyon , qui , comme on a vu , avoit encore
appartenu aux derniers rois de la féconde race. Il y trouva
de grandes oppofitions de la part du pape Boniface VIII
& de l'archevêque Beraud de Goût ; & quoique Henri
de Villars , qui fuccéda à Beraud , fît ferment de fidélité
au roi , ce différend , qui fit grand bruit , dura jusqu'à
l'an 130°;. Ce fut alors que Louis de Villars, archevêque de
Lyon , fe mit fous la garde & la prote&ion de Philippe le
Bel. Ce prélat reconnut même la fouveraineté du roi , à
la charge que les caufes d'appel de la juftice de l'arche-
vêque ne feroient portées que devant le roi ou à fon par-
lement ; on convint que le gardien qui feroit établi à l'a-
venit dans la ville de Lyon , par le roi , feroit changé tous
les ans ; & l'archevêque s'obligea de faire ferment de fi-
délité aux rois de France. Cet accord fut ratifié par Phi-
lippe le Bel , qui en donna des lettres authentiques , l'an
1307; & dans le même tems il érigea la feigneurie de
Lyon , qui n'étoit qu'une baronnie , en comté qu'il laiffa ,
avec la juftice , à l'archevêque & au chapitre de S. Jean ;
c'eft-là l'origine du titre de comtes de Lyon , queprennent
les chanoines de cette églife.
Les habitans de Lyon , qui n'aimoient pas ces feigneurs
eccléfiaftiques . s'oppoferent à cet accord. Il y avoit même
des gens d'églife , &C fur - tout des abbés qui s'en plai-
gnoient ; de forte que le roi Philippe le Bel paffant à
Lyon , l'an 1 3 1 1 , fut obligé de donner une déclaration en
faveur des abbés d'Ainai , de l'Ifle-Barbe & de Savigny ,
& des nobles du pays , fans néanmoins vouloir rompre
l'accord de l'an 1307 , pour ce qui regardoit la ville de
Lyon. Dans le même tems, Ph lippe deSrvoye, arche-
vêque de Lyon , échangea la feigneurie & la juftice de
cette ville avec le roi , qui lui donna un équivalent ; ce
qui fut confimé par Louis Hutin , l'an 1315.
Philippe le Long, frère & iùcceffeur de Louis, preffé.
par le pape Jean XXII , remit cette feigneurie & la jus-
tice de Lyon aux archevêques , à la charge qu'ils la tien-
draient fous la fouveraineté des rois de France.
Il y avoit toujours , nonobftant cela , à Lyon un gardien
royal, dont l'archevêque, Pierre de Savoye , fe plaignit
à Philippe d,' Valois ; ce qui ne fervit de rien à ce prélat ,.
ayant été débouté de fa demande, par arrêt de la cour,
rendu au mois de Juillet, l'an 1328.
Cinq an.s après , le comte palatin , Henri , s'engagea;
de faire céder par tout l'empire le droit que les empereurs
avoient fur la ville , l'églifè , les régales & le territoire
de Lyon , en cas qu'il fût élu roi des Romains ; ce qui n'eut
aucune exécution ; car cette élection ne fut pas faite ; mais I
depuis ce tems-là , les empereurs n'ont plus foutenu leurs
prétentions fur Lyon.
Le roi Charles VI avoit alors des juges dans la ville de
Lyon, qui y furent maintenus contre les pourfuites de l'arche-
vêque Philippe de Turrey, par arrêt du confeil , rendu
l'an 1394. Les différends ont été fréquens entre les officiers
royaux & les archevêques ; ceux-ci ont cependant con-
fervé la feigneurie & juftice de leur ville, jusqu'à l'an 1563.
Sous le régne de Charles IX , Antoine d'Albon , étant
archevêque de Lyon , on fit en France une grande alié-
nation du temporel de l'églifè, à caufe des guerres civi-
les ; le droit de juftice, que l'archevêque avoit à Lyon, fut
expofé en vente, & adjugé au roi , dernier enchériffeur ;
depuis ce tems, toute la juftice a été etatre les mains des
officiers du roi , dans la ville de Lyon , où Henri II avoit
établi un préfidial , dès l'ani 5 5 1. Les anciens juges royaux,
ou gardiens de Lyon, étoient fubordonnés au baillif deMâ-
con , qui étendoit fa jurisdiction , pour les cas royaux ,
fur le Lyonnois , & les autres pays limitrophes du Mâcon-
nois, dès le tems de Philippe le Bel, & des rois fes en-
fans. Sous Philippe de Valois , l'an 1334, y ayant eu une
guerre entre les habitans de Lyon Ci ceux de Vienne ,
le baillif de Mâcon protégea les Lyonnois. Philippe de Va*
lois s'empara de Sainte Colombe, bourgade fituée vis-à-
vis de Vienne , fur le bord occidental du Rhône ; & le
même roi , en cette année , unit à fa couronne ce
lieu - là avec tout le territoire qui étoit du même côté ,
& qui relevoit de Vienne pour le temporel & le fpirituel ;
ce que ce prince fit fans oppofiîion , parce qu'il avoit
attiré dans fon parti Bertrand de la Chapelle , archevê-
que de Vienne; il contenta les habitans de la ville, en
leur accordant quelques franchifes ; c'eft depuis ce tems-
là , que ce qui eft à l'occident du Rhône , fut cenfé Fran-
çois ; car , quoique les officiers royaux , long-tems aupa-
ravant , eùffent foutenu que le Rhône appartenoit à la
France , on n'en avoit pu jouir entièrement.
Pour revenir à Lyon , il fut fondé d'abord fur la mon-
tagne où eft Forvières. Peu après la ville s'aggrandit le
long des collines , fk fur le bord de la Saône , la fituation.
de ces quartiers étant plus commode pour le commerce ;
mais dans l'espace , qui eft entre le Saône & le Rhône ,
il n'y avoit que des prairies & des jardins.
Lyon devint bientôt une ville des plus floriffanres. Sa
fituation avantageufe la rendit l'entrepôt d'un très-grand
commerce. Il n'y eut rien de plus célèbre dans les Gaules ,
après que les Romains les eurenr conquifes , que ce tem-
ple , que foixante peuples des Gaules firent bâtir à Lyon,
en l'honneur de la ville de Rome & d'Augufte. Ces peu-
ples donnèrent autant de ftatues , avec leurs inscriptions ,
pour orner l'autel qu'ils y avoient fait ériger à ce prince.
Lorsque Caligula eut reçu à Lyon l'honneur de fon
troifiéme confulat , il établit dans cette ville toutes fortes
de jeux , & cette fameule académie , qui s'affembloit de-
vant l'autel d'Augufte , où les plus excellens orateurs al-
loient disputer le prix de l'éloque'nce, & fe foumettoient
à la rigueur des loix que le fondateur avoit établies. Ce
temple Sf. cet autel étoient dans l'endroit où eft l'abbaye
d'Aifnai , qu'on a ainli appellée <S Athanaum , nom que
l'on donnoit à cette académie. Dans Grégoire de Tours,
lib. deGLoriâ Martyr, c. 49 , ce lieu eft nommé A thanacum
tkAthenawm; 6c d'autres écrivent Atanatum. Voyez 'Ai-;
LYO
NAY. Environ cent ans après fa fondation, la ville de
Lyon fut confumée , en une nuit , par le feu du ciel ; Se
Sénèque, Epijl. gi , dit, en parlant de cet embrafement,
qu'il n'y eut qu'une nuit entre une grande ville , & une
ville qui n'étoit plus : inter magnam urbem & nullam ,
nox una interfuit. Néron envoya une fomme considé-
rable d'argent , pour rétablir cette ville ; & en moins de
vingt ans, Lyon -le trouva en état de faire tête à la ville de
Vienne , qui fuivoit le parti de Galba contre Vitellius.
* Piganiol, Defcript. de la France , t. 6 , p. 160 &fuiv.
On voit encore à Lyon les reftes des magnifiques ou-
vrages dont les Romains avoient décoré cette ville. Le
théâtre, où le peuple s'aflembloit pour voiries fpectacles ,
étoit fur la montagne de Saint Juji , dans le terrein qui
eft occupé par le couvent ik les vignes des Minimes. Il
ne refte de ce monument , que quelques arcades presque
ruinées, & un amas de pierres. Onyavoit fait conftruire
des aqueducs pour conduire de l'eau du Rhône dans la
ville , Se même pour y en faire venir de celle de la rivière
de Furan en Forez. Ces derniers aqueducs avoient fept ou
huit lieues d'étendue , Se venoient aboutir au même quar-
tier de Saint Jujl. Onen.vqit encore plufieurs arcades près
de Forvières , Se dans les villages de Sainte. Foi Se de
Chaponoft. Les réfervoirs , pour recevoir ces eaux , fe re-
marquent en plufieurs quartiers de la ville , principale-
ment dans le jardin du monaftere de la Déferle , Se dans
une vigne desUrfulines , fur la montagne de Saint Jufl ;
on y trouve un de ces réfervoirs tout entier ; on le nomme
aujourd'hui la Grotte Berelle.
Le palais des gouverneurs Se des empereurs étoit fur
le penchant de la même montagne , dans le terrein qu'oc-
cupe aujourd'hui le fécond monaftere des reiigieufes de
la Vifitation , nommé , à caufe de ce monument , le cou-
vent de V Antiquaille.
Lyon eft la fecon.de ville de France , Se ne cède qu'à
Paris. Elle eft comme au centre de l'Europe ; Se par le
moyen de fes deux rivières , elle peut faire un commerce
très-florifïant. On tient qu'il y a dans Lyon environ cinq
mille maifons , le plus grand nombre de quatre étages,
plufïeurs de cinq , Se même jusqu'à fix ; on y compte
près de cent cinquante mille habitans , -tinq églilés col-
légiales , treize paroifies , quatre abbayes, quatre prieurés ,
environ cinquante maifons régulières, deux hôpitaux,
fix portes , Se quatre fauxbourgs ; celui de Vaize , fur la
rou*e de Paris ; celui de la Croix-Roufle, vers la Breffe ;
celui de la Guillotiere , vers le Dauphiné ; Se celui de
Trion Se de S. Irénée , fur le chemin de Montbrifion.
La ville de Lyon eft partagée en trente-cinq quartiers
nommés pénonages. Voici ce qu'il y a de plus remarqua-
ble dans ces quartiers.
L'églife primatiale eft célèbre par fon antiquité. Elle
porta d'abord le nom de S. Etienne , qu'elle quitta en-
fuite pour prendre celui de S. Jean. Elle eft grande , St
fort éclairée. Le grand autel eft au milieu du chœur. On
voit à côté la fameufe horloge , faite par Nicolas Lippius
de Bade, l'an I^S , Se rétablie en 1660, par Guillaume
Nourifîon , habile horloger de Lyon , natif d'Ambert ,
en Auvergne ; ce morceau eft à préfent bien dérangé. Le
chapitre de S. Jean de Lyon étoit anciennement com-
pofé de foixante-douze chanoines ; mais en 1311 , il fut
réduit à trente-deux , fans compter le roi qui en eft le
premier chanoine. Il y a huit dignités & vingt - quatre
chanoines. Les dignités font, le doyen , l'archidiacre,
le précenteur , le chantre , le-chamarier , le facriftain , le
grand euftode & le prévôt. Ces trente -deux chanoines
font comtes , Se doivent faire preuve de noblefie de feize
quartiers , tant du côté paternel , que du côté maternel.
Le doyen ne prend pas la qualité de duc , comme l'a dit ,
après du Val , Martineau Dupleffis , dans fa Géographie.
Outre ces trente-deux comtes , le clergé de la cathédrale
eftcompofé de pareil nombre d'officiers, qui l'ont quatre
euftodes, huit chevaliers, dont le dernier eft théologal ,
6c vingt perpétuels. Les lept premiers chevaliers doivent
être gradués , parce qu'ils ont été inftitués pour être le
confeil du chapitre , dans lequel ils ont entrés , mais'fans
voix délibérative. Le théologal n'eft point du corps du
chapitre, Les perpétuels font principalement inftitués pour
chanter l'office , Se leurs places font deftinées aux enfans
de chœur. Il y a encore plus de foixante habitués, y com-
pris fix diacres , dix-huit clercs , & vingt-quatre enfans
de chœur. Les revenus de l'églife de S. Jean montent
LYO 949
jusqu'à quarante mille écus. Les biens du comté en font
les deux tiers : le refte confifte en cent une prébendes ,
ou commiffions de méfies , ou en fondations.
L'églife S. Etienne eft réunie à celle de S. Jean , dont
elle fait partie. Elle eft deflervie par un euftode , qui a le
titre de facrijlain de S. Etienne , Se par des éccléfiafti-
ques de l'églile primatiale. On y conferve , entr'autres re-
liques , les chefs de S. Etienne &C de S. Irénée. Lorsque
la S. Jean concourt avec la Fête-Dieu , on célèbre dans
cette églife une espèce de jubilé. Le concours de ces deux;
fêtes arriva en 1666 Se en 1734 ; la célébration dû jubilé
fut continuée pendant trois jours Se trois nuitc. Le faint
Sacrement fut expofé , durant ce tems, au jubé, qui eft au-
deffus de l'autel qui fépare la nef du chœur. Le chapitre
fit frapper des médailles de bronze , pour en conferv'er la.
mémoire; Se l'on publia plufieurs écrits, dans lesquels
on n'allégua, en faveur de ce jubilé, qu'un ufage obfervé
depuis plufieurs fiécles , toures les fois que ces deux fêtes
fe font rencontrées le même jour.
S. Nifier eft une belle églife paroiffiale Se collégiale,'
presqj'au milieu de la ville. Son portail eft d'ordre do-
rique , Se du deffein de Philibert de Lorme ; mais il n'eft
pas achevé.
_ L'églife collégiale de S. Juft avoit été bâtie par S. Pa-
tient , archevêque de Lyon. Elle étoit magnifique , comme
il paroït, par la description qu'en a faite Sidonius Apol-
linaris ; elle fut détruite par les Proteftans , en 1 <j6l. En-
viron cent ans après, on employa une partie des maté-
riaux à bâtir la nouvelle églife de S. Juft, qui eft dans
la ville , au lieu que l'ancienne étoit hors des portes ; en
1703 , les chanoines de S. Juft firent bâtir la nef Se la fa-
çade de leur églife , fur les defleins du fieur de laMonce,
avec beaucoup de goût Se de régularité.
L'églife de S. Irénée eft une des plus anciennes , &
étoit une des plus magnifiques, avant Fan 1561 , qu'elle
fut détruite , en partie , par les Proteftans. Par des le'tres
patentes de Tan 1702 , cette églife, Se les places cano-
niales, ont été unies Se incorporées à la congrégation
des chanoines réguliers de fainte Geneviève. On y mon-
treune partie de la colonne où notre Seigneur fut arra-
ché pendant qu'on leflagelloit, le fépulcre de S. Irénée,
Se l'autel de S. Polycarpe.
S. Paul eft une collégiale , auprès de laquelle eft l'é-
glife paroiffiale de S. Laurent , que MM. de Mafcarani
firent relever en 1639. On remarque dans cette églife le
tombeau du célèbre Jean Gerfon , chancelier de l'uni-*
verfité de Paris ; il mourut à Lyon , en 1429.
Il y a dans cette ville deux collèges pour l'inftruftion
de la jeunefTe ; l'un fitué fur le quai de Retz , appelle le
collège de la Trinité , defTervi par les prêtres de la con-
grégation de l'Oratoire; l'autre, fitué rue du Bœuf", ap-
pelle le collège de Notre-Dame , deiTervi par un princi-
pal , un préfet Se des profefîeurs féculiers. L'adminiftra-
tion de ces deux collèges a été confiée , par édit du mois
de Février 1763 , à un bureau créé par le même édit,
enregiftré au parlement, le 5 Févrieri763 , fuivi de lettres .
patentes du 29 Avril fuivant , enregiftrées au parlement
le même jour.
La maifon des prêtres de l'Oratoire eft belle Se bien
bâtie. Elle eft fituée fur la colline de la Croix-Roufte.
On descend à l'églife par un escalier à triple étage.
A la place de Confort , on voit une pyramide érigée
à l'honneur du roi Henri le Grand, Se fur laquelle le nom
de Dieu eft gravé en vingt-quatre langues. Elle eft pla-
cée fur un piedeflal triangulaire, furmontée d'une croix
dorée, Se enrichie de plufieurs ornemens de même.
Le chœur de l'églife des Dominicains eft iacrufté de
marbre. La chapelle de l'apôtre S. Thomas eft fuperbe.
On remarque un tableau qui repréfente S. Thomas, con-
vaincu à la vue de Jefus-Chrijl. Il eft du Salviati , Se
d'un prix ineftimable. Les princes Jacques Se Pierre de
Bourbon , père Se fils , qui furent tués à la bataille de
Brignais , ont leur tombeau dans le chœur de cette églife.
Leurs épitaphes difent que cette bataille fe donna en 1362.
Les Cordeliers ont dans leur églife le chef de faint Bo-
naventure. On y voit encore fa chambre changée en cha«
pelle , Se des peintures de Stella Se de Vanmus.
Les Céleftins ont un fort beau bâtiment , dont la fa-
çade principale donne fur la rivière de Saône ; ils pofTé-
dent le cœur de Louis , duc de Savoye , & celui du car-
dinal d'Amboii'e.
LYO
9;o
Les filles de la Vifitatiori de fainte Marie ont le cœur
de S. François de Sales , qui mourut dans la petite mai-
fon du jardinier de ce monaftere , l'an 1622. Ces reli-
gieufes ont deux autres couvens dans Lyon ; celui de 1 An-
tiquaille , & celui de fainte Marie des Chaînes.
Sainte Elifabeth eft un grand & fpacieux monaftere.
S. Pierre eft une abbaye de filles , avec un magnifique
bâtiment , dont la principale face donne fur la place des
Terreaux. „-,..>•* i *■
Le couvent des Récollets eft fitue a mi-cote , au-de(lus
de fainte Croix. On y admire une voûte fort hardie. Ce
morceau d'architefture a été fait , em648 , par le frère Va-
lérien , religieux du même ordre.
Le couvent des Carmélites a été fondé par la maifon
'de Villeroi. Rien n'eft plus beau que leur édifice. La cha-
pelle de Villeroi eft un chef- d'oeuvre de fculprure ; &
les différens maufolées qu'elle renferme , font des pièces
parfaites. . ,.'.','-
Le grand Hôtel- Dieu de Notre - Dame de pitre fut
fondé , vers le milieu du fixiéme fiécle , par le roi Chil-
debert , St. la reine Ultrogothe fa femme. Ce bâtiment a
plufieurs fois changé de face. La grande infirmerie a 560
pieds de longueur. Elle eft dispofée en forme de croix
Grecque , au milieu de laquelle eft placé un autel à la
Romaine , fort élevé , pour que les malades , qui font dans
les trois rangs de lits de fer , placés dans chacune des
aîles , puiffent aifément y entendre la meffe. Cet aurel
ne prend jour que par Un dôme , qui fait' le milieu des
quatres aîles de ce bâtiment. L'églife répond à la magni-
ficence de cet édifice ; &C le portail de cette maifon eft
du fieur la Monce, qui y a employé l'ordre Dorique avec
goût ci élégance. Cette maifon eft adminiftrée par qua-
torze citoyens , qui fervent pendant deux ans. Il y en a
deux qui préfident ; un officier de la cour des monnoies
& un avocat.
L'hôpital de la Charité a été fondé des libéralités de M.
de Marquemont , archevêque de Lyon , de MM. les cha-
noines-comtes de Lyon ; de M. d'Halincourt ,^ gouver-
neur , &c de plufieurs perfonnes. Il eft compote de neuf
baffes-cours , autour desquelles font de grands corps de
bâtimens , deftinés au logement des pauvres , qui font fé-
parés , fuivant leur âge & leur fexe. Ceux qui font en état
de travailler , font employés aux manufactures de foie &
fec de laine établies dans la maifon. Il renferme près de
trois raille perfonnes de l'un tk l'autre fexe , de tous âges ,
tant mendians , que bâtards & adoptifs , fans compter
les diftributions confidérables qui fe font au - dehors , en
pain ou en argent , à plus de quinze mille perfonnes. Le
clocher de la Charité eft remarquable par fa hardieffe &c
fa légèreté ; il a été confirait fur les deflèins du chevalier
Bernin. Au fond de l'églife on remarque des tombeaux
élevés à la mémoire de Jacques Moyron , lieutenant gé-
néral de la fénéchauffée de Lyon ; de Simon Fornier ,
marchand de Lyon , & de Marc Paniffod , tréforier de
France , qui laiflerent leur fuccefîïon à cet hôpital. La di-
rection eft commife à feize recteurs , qui font deux ans
en fonction ; les préfidens de ce bureau font toujours
un chanoine- comte de S. Jean, un tréforier de France
& un avocat.
Il y a une place magnifique , appellée autrefois Belle-
Cour , & à qui on a donné le nom de place de Louis
le Grand , en 1713. Cette place eft un quarré de 450 pas
de longueur , fur environ moitié de largeur , entouré de
banquettes de pierre : elle eft terminée , à l'orient & au
couchant , par deux façades chacune , de cinq grandes
maifons fymmérriques , & , du côté du midi , dans fa lon-
gueur , par plufieurs rangs d'arbres plantés en allées. Au
centre de la place eft la ftatue équeftre de Louis le Grand ,
élevée fur un piedeftal de marbre blanc , d'un beau des-
fein , enrichi d'ornemens de bronze, au-deffous duquel
font deux grandes ftatues de bronze couchées , reprélèn-
tant le Rhône & la Saône , faites par Couftou. Le tout
. eft enfermé dans une baluftrade de ter. Dans l'espace qui
eft entre cette ftatue cV les maifons . il y a deux grandes
fontaines j.ùlliffantes , avec leurs badins figurés. La place
des Terreaux a auffî fa beauté. L'abbaye de S. Pierre &
la mai'on de ville en font le principal ornement. L'hôtel
de ville eft un des plus beaux morceaux de l'Europe en
ce genre ; il tut commencé en 1647 , & achevé en 165 s;.
C'eft un grand bâtiment quarré , long , compofé de la
façade qui regarde fur la place des Terreaux , & de deux
LYO
aîles en refour, qui ont foixante-dix toifes de longueur.'
La façade eft décorée au milieu par une tour quarrée ,
terminée en coupole , &ç aux angles , par deux gros pa-
villons en avant - corps. La grande porte eft ornée de
deux colonnes Ioniques , & conduit à un grand veftibule
voûté, où l'on remarque les buttes de Philippe le Bel ,
de Charles VIII , & de Henri IV. Le premier de ces rois
établit le confulat à Lyon ; le fécond l'honora du privi-
lège de la noblefte ; &C le troifiéme le réduifit à un pré-
vôt des marchands , &J à quatre échevins. On voit auflï
dans ce veftibule une table antique de bronze , partagée
'en deux, & fur laquelle eft gravée la harangue que l'em-
pereur Claude , n'étant encore que cenfeur , fit au fénat
de Rome , en faveur des Lyonnois. Cette table fut trou-
vée en 1 5 28 , en creufant dans la colline de S. Sébaftien »
pour chercher les eaux d'une fontaine. La place du Change
eft moins confidérable par fa grandeur , que parce que
les marchands s'y affemblent tous les jours , ik y font
presque tous le commerce du royaume &c des pays étran-
gers. La Loge , autrement le Change, n'eft pas fort grande.
La maifon des Chartreux eft une des belles de l'ordre.
Leur cloître eft fort étendu , & leur éghfe de fort bon
goût : l'on y voit un dôme terminé par une coupole ; le
tout d'une architecture affez légère.
On compte à Lyon' quatre ponts , un fur le Rhône ,
& trois fur la Saône. Le pont du Rhône eft compolé de
vingt arches. Il fut bâti par les foins du pape Innocent
IV ; fon plan n'eft pas en droite ligne , il fait un angle
ou espèce de courbure , dont la convexité s'oppofe au
courant des eaux. On l'avoit d'abord fait fi étroit , qu'il
n'ypouvoit paffer qu'une charrette à la fois. Pour remé-
dier à cet inconvient , on éleva un autre pont femblable,
tout joignant , &£ pour donner à ces deux ouvrages la
foliditénécedaire, on fit paffer d'un côté à l'autre de cha-
que arcade des barres de fer , avec des clefs à chaque
bout. Enfin , comme les arcades n'étoient pas fort gran-
des , & qu'il arrivoit fouvent que celle du milieu fe bou-
choit , il y a environ foixante-dix ans qu'un architecte ,
plus hardi que les autres , fit couper la pile du milieu ,
& de deux arches , n'en fit qu'une. Il n'y a eu que le iùc-
cès qui ait pu juftifier cette entreprife. De trois ponts ,
fur lesquels on parlé la Saône à Lyon , il y en a un de
pierre , qui eft étroit , compofé de neuf arches , dont une
eft fort eftimée des connoifl'eurs , par fa largeur & fon
élévation ; & deux de bois, donr le premier eft étroit,
ferré , peu folide , & difficile à monter pour les car-
roffes & les voitures ; il eft compofé de quatre arches ,
auxquelles des rochers , qui viennent au-deffus de l'eau ,
fervent naturellement de-tondement. Le pont de S. Vin-
cent eft affez eftimé, à caufe de fa hardieffe. Il eft com-
pofé de trois arches ; mais les voitures n'y paffent pas.
Les quais font le plus bel ornement de la ville , prin-
cipalement celui qui régne depuis le pont du Rhône, jus-
qu'au fort S. Clair ; & celui qui s'étend le long de la
Saône , depuis les greniers d'abondance, jusqu'à la bou-
cherie des Terreaux.
Lyon eft , à proprement parler , la feule place fortifiée
dans la province. Comme elle étoir frontière , avant l'ac-
quifition de la Breffe , on y éleva une citadelle , fous le
régne de Charles IX ; mais elle fut détruite fous Henri III.
On voit aujourd'hui à Lyon trois forts , le château de
Pierre-en-Sci[e,\s boulevard de S. Jean, & le fort de S.
Clair. Voyez Pierre-fn-Scize.
Le roi a dans Lyon un arcenal , qui eft commode pour
l'embarquement des munitions fur le Rhône &c la Saône ;
mais d'ailleurs les magafins ne font pas affez grands , &C
font trop expofés aux accidens des maifons voifines. II
y a audi une falle d'armes bien garnie, qui occupe le pre-
mier étage du bâtiment deftiné pour les bleds de l'abon-
dance , au bout du quai d'Halincourt.
De tout tems , les bourgeois de Lyon ont eu la garde
de leur ville , & l'ont encore pendant la nuit ; mais , du-
rant le jour , pour ne pas être détournés de leurs affaires ,
ils la font monter par une compagnie franche de foixante
hommes du régiment de Lyonnois. La garde de la ville
confifte à occuper deux corps de gardes , depuis neuf à
dix heures du foir , jusqu'à deux heures après minuit. L'un
de ces corps de garde eft en- deçî de la Saône, fk l'autre au-
delà. Outre cette garde , qui fut établie en fjo^ , il y a un
chevalier du guet qui commande une compagniede cinquan-
te hommes, pris la plupart parmi les artifans. Il y a aufli un
LY'O
LYO
major & un aide-major ; tous deux , de même que le che-
valier du guet, font pourvus par le roi; mais ce dernier
eft nommé par le corps de ville.
Les prévôt des marchands & échevins de Lyon gar-
doient autrefois les clefs de la ville ; mais depuis environ
quatre-vingt ans, c'eft chez le gouverneur qu'elles font
portées ; & ce n'eft qu'en fon abfence que le prévôt des
marchands £k les échevins en font les maîtres.
En 1707, au mois de Juin , MM. du confulat de Lyon
firent démolir un monument ancien ik célèbre , appelle
le tombeau des deux amans. Il étoit dans le fauxbourg
de Vaife ; l'origine de ce tombeau ou petit temple , avoit
fort exercé les favans , mais, fans beaucoup de fuccès ,
parce qu'il ne reftoit point d'inscription , & qu'aucun
auteur ancien n'en avoit parlé. Ce monument, qui avoit
. échappé à la fureur des peuples barbares , a péri enfin par
les mains de ceux même qui dévoient fe faire une gloire
de le conferver.
Il y a dans la ville de Lyon une fénéchauffée & fiége
préfidial ,. qui reffortiffent au parlement de Paris. Les
officiers ont le privilège de porter la robe rouge dans les
jours de cérémonie.
La confervaûon des foins de Lyon fut d'abord attribuée
au fénéchal. Dans la fuite on l'attribua à un juge particu-
lier. En 165:4, la ville de Lyon acheta la charge de ce
juge ; & , l'année fuivante , il y eut un édit de réunion de
cette jurisdiftion à là jurisdiftion confulaire.
Le confulat, ou échevinage , étoit établi dès l'an 1260 ;
la forme n'en a pas toujours été la même. Da'bord ce
furent des fyndics , enfuite des confuls ; Henri IV établit
en 1597, un prévôt des marchands & quatre échevins ;
dès l'année 1495 , le confulat de Lyon an'nobliffoit , par
conceffion du roi Charles VIII. Ce privilège a été con-
firmé de régne en régne , même avec faculté aux descen-
dans de continuer le commerce en gros fans déroger.
La jùrisdicVion de la police fut établie par un édit du mois
d'O&obre 1699, portant création d'un lieutenant général
de police , d'un procureur du roi , d'un greffier , de dix
commiffaires & fix huiffi_-:s. Cette jurisdiftion fut réunie
au confulat de Lyon , en 1700.
Le département du grand maître des eaux & forêts
comprend le Lyonnois , le Forez , le Beaujolois , l'Au-
vergne , le Dauphiné & la Provence.
_ Le bureau des tréforlers de France eft un des plus an-
ciens; il y a un premier préfident, vingt-trois tréforiers,
dont les quatre plus anciens ont le titre depréfidens ; deux
avocats , un procureur du roi , &c un greffier en chef. La
généralité de Lyon n'eft compofée que de cinq élections :
Lyon , Montbriffon ,
S. Etienne , Rouanne ,
Villefranche.
La cour des monnoies fut créée en 1704 , & unie, en
Ï701), à la fénéchauffée & préfidial de Lyon.
Il y a encore dans cette ville une maîtrife des ports ,
une jurisdiftion de la douane , &c.
Les marchands Suiffes, & ceux des villes impériales, font '
exempts de la douane de Lyon , & de tous droits d'en-
trée , pour les marchandifes originaires de leur pays. On
croit que ce fut Louis XI, qui accorda ce privilège aux
Suiffes ; cependant on n'en trouve point de preuve par
écritdans le traité qu'ils firent avec François I, l'an 1516.
L'exemption des Allemands fut accordée par le même roi,
en 1715.
Le grand commerce de Lyon fe faif principalement avec
l'Espagne , l'Italie , la Suiffe , l'Allemagne , la Hollande ,
l'Angleterre , &c. Les marchands y envoient des dorures ,
des draps, des toiles, des futaines , du fafran , du papier, Sec.
On reçoit d'Espagne des laines, des foies, des drogues pour
la teinture , des piaftres , & des lingots d'or & d'argent.
On envoie de Lyon en Italie quantité de draps & de
toiles, quelques étoffes de foie, des étoffes & des den-
telles d'or Se d'argent; des- livres , de la mercerie , fur-
tout des parures Se des modes. L'italie , de fon côté , en-
voie à Lyon des foies , des velours , des damas , des bro-
catelles, des fatins, des taffetas, du riz. On envoie aux
Suiffes beaucoup de gros draps, des chapeaux, du fafran ,
des vins , des huiles , des favons Si de la mercerie ; &
l'on tire de chez eux des fromages , des toiles , Se en
tems de guerre, des chevaux, Les grandes villes d'Aile-
magne font acheter à Lyon les mêmes marchandifes que
les Suiffes , & de plus des étoffes d'or Se d'argent , &£
beaucoup, de dorures. Lyon tire plus de marchandifes da
la Hollande , qu'elle n'y en envoie. L'avantage qu'elle
y trouve , c'eft la négociation des lettres de change à Ams-
terdam ; car les Lyonnois reçoivent fouvent des pays
étrangers , & même des provinces du royaume , des let-
tres de change en payement fur Amfterdam. On envoie en
Angleterre , pour deux ou trois millions de marchandifes ;
& , à un quart près , tous les retours fe font en argent»
La ville de Lyon fait encore un commerce très-conlîdé-
rable avec les autres provinces du royaume.
Dans l'année 1419 , on établit deux foires dans cette
ville. Charles VII & Louis XI voulurent que , pendant
leur tenue , on pût faire fortir de Lyon toutes fortes de
marchandifes, fans payer aucun droit de fortie. A ces
deux foires, Charles VIII en ajouta deux autres, qu'il
transféra de Bourges à Lyon. Son édit eft de l'an 1498.
Ces foires durent vingt-cinq jours chacune ; la première
commence le lundi d'après les Rois ; la féconde le lundi,
d'après la Quajimodo ; la troifiéme, au mois d'Août ; &
la quatrième , le 3 du mois de Novembre.
^ L'amour des belles lettres donna lieu à l'établiffement
d'une académie de littérature à Lyon , en 1700. Cette
académie doit fon origine aux liaifons d'amitié & de
feience, qu'il y avoit entre le père de S. Bonnet, Jéfuite,
Se M. Broffette , avocat. Ils s'affocièrent un autre Jéfuite,
Se quatre féculiers , & commencèrent à former des affem-
blées régulières. La mort du père de S. Bonnet , arrivée
en 1702, & un voyage que fit le fécond Jéfuite, inter-
rompirent les affemblées ; cependant cette académie nais-
fante reprit bientôt après fes exercices , & fut augmentée
de quelques membres. En 1709 , M. de Trudaine , pour
lors intendant à Lyon, lui donna un nouveau luftre ; il
augmenta le nombre des académiciens , fixa les jours des
affemblées, & fouhaita qu'elles fe tinffent dans fa mai-
fon , & en fa préfence ; de forte que ce magiftrat eft re-
gardé comme le fondateur de cette académie. M. de Tru-
daine ayant été appelle à d'autres emplois , l'académie
continua fes affemblées fucceflîvement dans différentes
maifons. Enfin M. François Paul de Neuville-Villeroi,
archevêque de Lyon , voulut être proteâeur de cette
académie , & permit qu'elle tînt (es affemblées dans fon
palais. Elle porte le titre d' 'académie des feience s & Belles-
leicres. Elle eft compofée de vingt- cinq académiciens.
En 1736, il s'eft encore formé une académie des beaux
arts , compofée de trente perfonnes : elle fe rend célèbre
par fes exercices. L'une & l'autre tient une féance par-
ticulière chaque femaine , &C deux affemblées publiques
par année. La ville de Lyon a établi une bibliothèque
publique , ouverte deux jours de chaque femaine : elle
eft compofée d'un grand nombre de volumes , & l'on a
deftiné un fonds annuel pour fon augmentation Se fon
entretien. On y a joint une colleftion confidérable des
médailles les plus anciennes : on travaille journellement
à en accroître le nombre.
Il y a une académie à monter à cheval. Le manège
eft un des plus beaux qu'il y ait en France.
L'églife de Lyon a été une des plus célèbres de laChrétien=
té. Son é vêque Potin,ou Photin,fouffrit lemartirefous l'em-
pire de Marc-Aurele, Si eut pourfucceffeur le grand S. Iré->
née, qui avoit vuS. Polycarpe, disciple de S. Jean FEvange-
hfte. Les avantages de la ville de Lyon, autrefois capitale de
la Celtique , n'engagèrent pas fes prélats à étendre fort loin
leur pouvoir Scieur jurisdi&ion durant plufieurs fiécles ;
maisGébuin, archevêque de Lyon , ayant fait entendre
au pape Grégoire VII , que les papes , fes prédéceffeurs ,
avoient donné airx archevêques de Lyon la primatie fur
quatre provinces des Gaules , dont ils avoient joui pai-
fîblement , il obtint de Grégoire une bulle en fa faveur.
Voyez Primat. * Longuerue, Descr. de la France,/». 173.
Outre la primatie , on diftingue encore deux chofes
dans l'archevêché de Lyon ; la jurisdiiftion archiépisco-
pale ou métropolitaine , ck le diocèfe.
La jurisdiftion archiépiscopale s'exerce fur les ëvâ->
ques fuffragans , qui font au nombre de cinq :
Autun , Châlon- fur-Saône,
Langres , Mâcon ,
Dijon,
9Si LYO
L'archevêché vaut cinquante mille livres ouenviron.
Ouand il eft vacant , l'évêque d'Autun en a l'adminis-
tration. Se jouit de la régale. Immédiatement après la
mort de l'archevêque, l'adminiftration Se la regale font
dévolues au chapitre de S. Jean de Lyon; & . 1 eveque
d'Autun eft obligé de venir en perionne , lui en taire
la demande. C'eft feulement ce jour-là qu'il entre en pos-
feffion : ce qui eft échu auparavant , eft au profit du cha-
pitre. *Piganiol, Descr. de la France , t. 5 ,p. no.
Lorsque l'archevêque de Lyon eft facre , Se qu'il a
"demandé ou fait demander par procureur l'adminiftra-
tion , l'évêque d'Autun la remet au chapitre de S. Jean ;
Se l'archevêque prend alors poffeflion. Pendant l'admi-
niftration de l'évêque d'Autun , le chapitre ne lui per-
met aucune des fondions épiscopales.
L'archevêque de Lyon a auffi l'adminiftration du dio.-
cèfe d'Autun pendant la vacance; mais il ne jouit pas
de la régale, parce qu'en 1310 Philippe le Long remit
à l'archevêque de Lyon la juftice que Philippe le Bel
avoit acquife en 1311; 6c l'archevêque en échange lui
céda la régale de l'évêché d'Autun , ne fe réfervant que
l'adminiftration fpirituelle. Il ne faut paspaffer fous filence,
que cette adminiftration réciproque n'étoit pas encore
établie pour l'évêque d'Autun feul, en 1082. On voit
dans le recueil qu'a fait M. Balufe de diverfes pièces an-
ciennes , une lettre qui commence ainfi : Agano Augus-
todunenfis episcopus , Robertus Lingonenfa , Gual-
terius Cabilonenfis , Landrïcus Maiicenjis , vice-pri-
mads curam gerentes ecclejîa Lugdunenjis. On ne peut
pas fixer précifément le tems où cette adminiftration a
commencé à appartenir au feul éyêque d'Autun : on fait
feulement , que dans une transaction de l'an 1286 , il eft
dit que cette adminiftration eft fondée fur un long ufage :
■Quia, hactenàs ità de longâ & approbatâ confuetudine
txtitii obfervatum.
Le diocèfe de Lyon comprend quatorze abbayes
LYP
qui fut faite du royaume de France fous Chîrlemagne ,
dans la Vie de Louis le Débonnaire , dans le partage du
royaume de Lothaire, & dans beaucoup d'autres en-
droits. * Had. Val. Notit. Gall. p. 294.
Ce pays produit fuffilàmment du bled , du vin , des
fruits , 6c des marrons excellens. On prétend même qu'il
y a des mines d'argent ; mais jusqu'à prélent on les a
entièrement négligées , foit parce qu'elles ne font pas
aiïez abondantes, foit, à ce que quelques-uns croient ,
parce que le confeil ne permet ces fortes d'entrepriles
qu'à des conditions très-onéreufes. Les feules , qui font
de quelque utilité, font celles de charbon de terre. *Pi-
ganiol, Descr. de la France , p. 216 & fuiv.
Les rivières, qui arrofent ces provinces, Se les rendent
fi propres pour le commerce , font le Rhône , la Saône ,
6c la Loire. Outre ces grandes rivières , il y en a plu-
sieurs petites , qui ne laiflent pas d'avoir leur utilité ; le
Furan , le Lignon , le Rhin , l'Azergue. '
Il y a dans ce gouvernement un fenéchal 8c deux bail-
lifs d'épée ; le premier eft le fenéchal de Lyon , qui a
trois mille livres de gages fur les tailles , Se cent cin-
quante-fept fur le domaine ; les deux autres font le bail-
lif de Forez & celui de Beaujolois, qui ont auffi des ga-
ges fur le domaine. Les fonctions des uns Se des autres
ne confiftent qu'au droit qu'ils ont d'aflifter aux affiles,
de commander l'arriere-ban de la nobleffe , 6c de faire
rendre la juftice fous leur nom , chacun dans fon diftrief..
Le commerce , qui fe fait dansTétendue du gouverne-
ment, confifte en marrons, papier, clincailleries , canons ,
fufils , piftolets , 8e toutes fortes d'outils lie fer. Ce com-
merce eft affeZ confidérable ; cependant il eft effacé par
celui qui fe fait à Lyon.
Pour les trois provinces qui compofent ce gouverne-
ment , il n'y a qu'un gouverneur- général , un lieutenant-
général , 6c deux lieutenans de roi. Les charges de ces
deux derniers ont été créées en 1691 , 6c ont chacune
treize chapitres, 6e un très-grand nombre de paroiffes. leur département. Un de ceux qui en font revêtus , eft
Les abbayes font : lieutenant de roi , du Lyonnois 6c du Beaujolois ; 1 au-
tre l'eft du Forez
Ainay ,
L'ifle-Barbe ',
Savigny ,
Joug-Dieu ,
Ambournay ,
S. Rembert,
S. Oyan de Joux , ai
jourd'hui S. Claude .
Les chapitres font:
S S. Jean de Lyon .
S. Juft ,
S.Paul,
Lyon , "jForvière,
ceux de/S. Nizier ,
S. Pierre de Lyon,
La Chaffaigne ,
Val-Benoifte ,._
La Beniffon-Dieu,
Bonlieu ,
Lieu-Notre-Dame ,
Belleville.
/L'ifle Barbe ,
l S. Chaumont ,
Dans le\ Notre - Dame de
diocèfe,] Montb:ifon,
ceux de^Notre - Dame de
Villefranche,
'Beaujeu,
,Aigue-perfe.
1. LYONNOIS, (le) grande province^ Se l'un des
gouvernemens de France. Il eft borné du^côté'du nord
par le Mâconnois 6c la Bourgogne , du côté de l'orient
par la Saône Se le Rhône , qui le féparent de la Brefle Se
du Dauphiné; du côté du midi, il a pour bornes le Viva-
rais 6c le Vélay ; 6e du côté du couchant , les montagnes
le féparent de l'Auvergne. Il eft compofé de trois pays ;
du Lyonnois proprement dit , du Beaujolois Se du Fore~.
*Longuerue , Descr. de la France , p. 268.
Les peuples de cette province s'appelloient ancienne-
ment Segufîani. Céfar en fait mention dans fes Commen-
taires, affurant qu'ils étoient clans la dépendance des
sEdui , c'eft- à-dire de ceux d'Autun, in clientèle JE duo-
rum , Se qu'ils étoient les premiers au-delà du Rhône ,
6e les plus proches de la province Romaine. Ils furent
rendus indépendans des Aïdià ou Autunois , fous l'em-
pire d'Augufte ; c'eft pourquoi Pline les nomme Segu-
Jiani liberi.
Dans les anciennes Annales du régne de Philippe , le
LYONNOIS eft appelle pagus Lugdunenfis in reg/ioBur-
mdice ; 6c on lui donne le même nom dans la divifion
Il y avoit autrefois dans ce gouvernement un prévôt
général à Lyon , un prévôt à Montbrifon , un prévôt à
S. Etienne , 6e un à Roanne ; mais par la déclaration du
roi , du 9 Avril 1720 , il n'y a plus qu'un prévôt géné-
ral à Lyon, un lieutenant à Montbrifon , Se un autre à
Roanne.
2. LYONNOIS'proprement dit , (le) petite province
de France , bornée au nord par le Beaujolois. Elle a
environ douze lieues de long , fur fept de large ; les
principaux lieux font :
Lyon,
S. Chamont.
Tarare ,
Condrieu ,
La Brefle ,
Ance.
■n'i.
3. LYONNOIS , (le franc) pays de France, pri-
vilégie Se non-taillable, joint à la province du Lyonnois.
Il eft divifé , en deux parties féparées de la châtellenie de
Trévoux en Dombes , 8c contient onze communautés
ou paroiffes: Neuville-fur-Saône, nommé autrefois Vincy,
en eft la capitale 8e le lieu où fe tiennent les aflemblées
générales du pays. C'étoit anciennement une républi-
que , dont les habitans fe voyant moleftés par leurs voi-
fins , fe mirent fous la protection des ducs de Savoye ,
qui promit de les protéger 8e de les maintenir dans leurs
privilèges , moyennant cent livres de cire qu'ils promi-
rent de lui payer chaque année ; mais ce duc ayant
voulu , par la fuite , exiger quelque chofe de plus , ils re-
noncèrent à fa protection , 6c implorèrent celle du roi de
France, moyennant un don gratuit de trois mille livres ,
tous? les huit ans; ce qui s'eft toujours obfervé jusqu'à
préfent. La première partie eft bornéeS-E. parla Saône,
E. par le Lyonnois , N . par la Dombes , O. par la Brefle ;
la féconde O. 6c S. par la Saône , N. Se E. par la Dom-
bes. * Mém. drejjésfur les lieux.
LYPERUS , montagne d'Afie , dans la Bythinie , au-
près de la ville de Zipœtium , félon Ortélius , Thef. le-
quel cite Memnon , hiftorien Grec , qui vivoit du tems
d'Augufte , Se dont il refte des fragmens confervés par
Photius.
LYPO, ville de la Chine, dans la province dèQuaiigfij
LYR
LYS
au département de Kingyuen , troifiéme métropole de
la province. Elle eft de 10 d. 2.5' plus occidentale que
Pékin, fous les 24 d. 51' de latitude. * Atlas Sinenfis.
LYPPIENSIS AGER. Le livre des Limites met un
champ de ce nom en Italie , dans la Calabre. Ortélius ,
Tlufaur. foupçonne que ce mot eft corrompu, 6t n'a
point d'autre origine que LupIjE. Voyez ce mot.
1. LYRA , lieu d'Aiîe , dans la Bitbynie , où Orphée
fuspendit fa lyre. 11 étoit quelque part vers le Pont, en-
tre l'iile Thynia 6c le fleuve Parthénius. Apollonius en
fait mention au fécond livre de fes Argonautes.
2. LYRA, nom latin de Lyre, village deFrance,en Nor-
mandie, aux frontières du Perche, près de Verneuil. Il n'a
rien de remarquable, finon d'avoir été la patrie du favant
Cordelier Nicolaus de Lyra , dont la Glofe fur l'Ecriture
fainte étoit entre les mains de tous les théologiens , avant
les nouveaux commentaires qui l'ont fuivi. Quelques fa-
vans critiques fe font trompés , 6c ont avancé que cet
auteur n'étoit point François , parce qu'ils ne connois-
foient point le village de Lyre en France , & qu'ils con-
noiffoient, au contraire, des lieux nommés ainfi hois de
la France. Ce font, comme le remarque très-bien M. Si-
mon , Lettre 29 , t. 4 , des étrangers qui ignorent que
fon épitaphe eft dans le grand couvent des Cordeliers de
Paris. El;e eft de fa façon , 6c décifîve. On la trouve
auffi dans les Inscriptions de Paris, pag. 791 & 793. Il
y fait fon hiftoire en raccourci :
- Lyra brevis viens Normanna in génie celebris }
Prima mihi vitee janua forsque fuit.
Nulla dià ir.undi tenuil vefania natum j
Frotinùs eyafi religione minor.
Vernolium adnufit currenlem ad fiera tyronemj
Et Chrifti decuit me domilare jugo , 6tc,
Ce lieu eft remarquable par fon abbaye. Voyez Lyre.
LYRBÉ, ville dé l'Ane mineure, au-deffus de Cy-
bire. Denyj le Periégete; Euflhaie, v. 8^9; oc -Feftus
Avienus , in Dyonis, Perieg. en font mention. Le pre-
mier la met dans la Pifidie, 6c la nomme avec Ther-
miffus , v. 1022 ; & le fécond dit qu'elle étoit au deffus
de Cybire. Le troifiéme, en copiant Denys le Perié-
gete, dit:
Tum Pijîda ferox exercet pinguia çulta ,
Thermejjusque dehinc urbs eminet ; iminel arcem ,
Indita per nabes altollens mœnia Lyrbe.
Priscien, qui s'écarte moins de l'original, dit plus Ample-
ment . v. 809 :
Pofi kas PiJIdium pinguijfima rura coluntur,
Teimiffus , Lyrbe , nec-non clariffima Selge.
Voyez Lyrope.
LYRCEA. Voyez Lyrcia.
LYRCEIA-TELLUS , canton , où le fleuve Inachus
prend fa fource, félon Onélius, qui cite lequatriéme livre
de Flaccus. G'eft fans doute !e Lyrceïus-Mons , dont
Callimaque, Etienne le Géographe, Phavorin 6c Hé-
fyche font mention. Voyez auffi Lynceïus, où jepenfe
qu'il faut lire Lyrceus.
LYRCIA , ville du Péloponnèfe , en grec At/p»««.
Paulanias , in Corinthiac. en fait mention , 6c dit qu'on
la nommoit auparavant Lyrcea.
LYRE, ou Lire, Lira , abbaye d'hommes, de l'or-
dre de S. Benoît, réforme de S. Maur,dans la haute Nor-
mandie , au diocèfe d'Evreux , fur la rive droite de la
ville , à près de trois lieues de l'endroit où elle fe perd ,
ck à neut lieues au fud-oueft d'Evreux. Elle doit fa fon-
dation à Guillaume, fils d'Osberne, 6c Alix fa femme,
l'an 1043. L'abbé jouit de dix- huit mille livres.
LYRICANTUS , nom latin de l'ARCHANT, dans
l'Ifle de France , 6c de S. MatHURIN DE l'ARCHANT ,
dans le Gâtinois.
LYRIS. Voyez Liris.
LYRNATIA , petit pays & presqu'ifle d'Ane , dans
la Lycie , félon Etienne le Géographe. C'eft la même
que Lyrkutia ou Lirnutia , que le même auteur
donne fur d'autres autorités à la Pamphilie.
951
LYRNEA , ou
LYRNESUS , ou
1. LYRNESSUS , ville d'Afîe , dans le territoire de
Troye ; en grec Kv^namt . Le champ où elle étoit, por-
toit le nom d'une ville nommée ThebÉ ; 6c Homère ,
Iliad, 1. 3, v. 691, fait mention des deux villes dans un feul
verset Ai/piKs-iX <fV«7pop3;tc7»ç jyy -réyta. ®y,C-au
TuC?ùe-ft"^dire: renverfant Lyrneffus 6c les murailles de
tf a Kon S'en tient à ,a Notice d'Hiéroclès , Lyr-
ne[fus eft l'ancien nom à'Adramyntium ; & au con-
traire, félon 1 Etymologique , Airamyntium a lùccedé
al ancienne Thébé. Celîarius reprend Héfyche d'avoir
dir fans autorité & fans fondement, que Lyrneffus eft la
même chofe que l'ifle de Ténédos. Si Héfyche a voulu
parler de cette Lyrneffus, il a été trompé par lareflem-
blance du mot Na«« , qui veut dire une ifle avec A„'f „ilw -
car pour plus de refîemblance il dédouble le i de A„> Wîos-,
& écrit Avpwç, c'eft-k-dus Lyrnefus , aulieudeLYR-
NESSUS. Lyrneffus, dont il eft ici queftion , n'étoit pas
dans une ifle, mais enterre ferme, comme le témoigne
Strabon, /. 13, expliquant ce qu'Homère a entendu par
la ville du prince Mynes ; le géographe parle ainfi : Ho-
mère n'entend pas thébé , c?.r c'étoit la ville d'Eétion ;
il eft ici queftion de Lyrneffus. Ces deux villes étoient
fituées dans le champ qu'on appella enfuite le chimp
de Yhébé.CzR. de cette Lyrneffu: que Pline,/. 5 , c. 30
dit : l'Evénus, rivière fur les bords de laquelle étoient
Lyrneffus & Mitet , villes détruites dans le canton de
Scepfis. Etienne le Géographe dir Lyrneffus , ville
Troyenne ; & le P. Hardouin dit qu'Adramytte s'étoit
formée des raines de cette ville.
2. LYRNESSUS ; Héfyche n'a pas eu tort de dire
que Lyrneffus étoit la même ifle que Ténédos. Pline ,
L 3, c. 3 1 , le dit auffi : Extra Hellespontum adverfa Si~
gtzo littori adjacet Tenedus Leucopluis diila & Pkcenice,
&Lymefjos. Toute la faute d'Héfyche, c'eft de l'avoir con-
fondue avec l'ancienne Lyrneffus qui étoit en terre ferme
3. LYRNESSUS, ville d'Afie, dans la Pamphilie.
Elle étoit fur la même rivière qu'Olbia; 6c cette rivière
eft nommée Catarracles par Pline , l. 5 , c. 27. Strabon ,
/. 14 , p. 667 , nomme auffi Lyrnejjiis 6c Olbia dans ce
canton.
Lx ROPE , AupOTtu , ville de la Cilicie montagneufe '
félon Ptolomée , /. 6 , c. <; : quelques exemplaires por-
tent Lyrbé , qui eft le -vrai mot.
1. LYS. (l'isle du) Voyez Giglio.
2. LYS, (le) abbaye de France, ordre deCîteaux,'
diocèfe de Sens , près de Melun. Elle fut fondée, l'an
1230, par la reine Blanche 6c par S. Louis, 6c fe reffent
de lés fondateurs. On y conferve le cœur de cette reine ;
6c: on y admire un foleil garni de foixante diamans , dont
la reine Anne d'Autriche a fait préfent. L'abbaye eftfou-
mife à l'ordinaire , 6c a quarante-cinq religieufes.
LYSA , ville de FArabie-Pétrée. C'eft la même que
Lussa.
LYSENE ; lieu maritime, félon Procope , Gothor, 1. 1,
vers la Dalmatie. Ortélius croit que cet auteur a entendu
parler de l'ifle de Liesina.
LYSER ; rivière d'Allemagne. Elle a fa fource dans
l'évêché de Saltzbourg , d'où , entrant dans la Carinthie ,
elle fe charge -du ruiffeau de Leuben à Leubeneck ; en res-
fortauffi-tôt; retourne dans l'évêché de Saltzbourg; fe
groffit de quelques ruifieaux auprès de Gemind; renrre
dans la Carinthie ; paile au village du Lyfereck , dont
Corneille fait une ville ; reçoit les eaux du iac de Myl-
ftadt ; baigne Spitall, 6c le jette dans la Drave , à
Ortnbourg. *Sanfon, Atlas.
1. LYSIAS , ville du Péloponnèfe, dans l'Arcadie^
félon Ptolomée , /. 3 , c. 7. Xénophon , Cyrrac. 1. 7,
la nomme Lujias , Awnaf, & Niger dit que le nom mo-
derne eft Crêpa.
2. LYSIAS , ville d'Afie, dans la Carie, félon Pline,'
L 1 , c. ic). Strabon , /. 11 , p. 576 , en parle auffi ; ck
Ptolomée , /. s, , c. 1 , la met dans la grande Phrygie.
Dans les Notices eccléfiaftiques, elle eft comptée entre
les villes épiscopales de la Phrygie falutaire.
3. LYSIAS, ville de Syrie, près d'Apamée, au-delà
du lac. Srrabon; /. 6 , 6c Jotéph , Ant'up 1. 14, c. 4,
en font mention,
TcmtlU, Eeeeee
9; 4 ^ X S
i. LYSIMACHIA , Aw/Wc;« , ville de la Thrace ;
félon Ptolomée qui dit que , de fon tems , on la nom-
moit Hcxamilium. C'eft ce nom qu'elle a gardé; & on
l'appelle aujourd'hui HexaMILI , félon Sophien , ou
Policastko , félon Nardus. Etienne dit qu'on la nom-
moit auparavant Cardia. Voyez ce mot. Ptolomée,
1 3, c. ii & i2, diftingue Cardiopolis & Lysi-
MACHIE.
2. LYSIMACHIA , marais qu'on appelloit aupara-
vant Hydr a, auprès d'une ville nommée Lysimachie,
qui nefubfiltoit plus du tems de Strabon, /. io, p. 460,
qui parle de l'un & de l'autre.
3. LYSIMACHIA , villed'Afie, dansl'jEolide. Pline,
/. 5 , c. 30 , en parle comme d'une ville déjà détruite.
LYSIMELIA, marais de Sicile. Théocrite & Thucy-
dide , /. 7 , en font mention. Fazel , & quelques autres,
croient que c'eft préfentement PANTANELLA , au terri-
toire de Syracufe.
LYSINA , ville d'Afie, dans la Pamphylie , entre Co-
inana & Cormafa , félon Ptolomée, /. 5 , c. 5. Voyez
l'article qui fuit.
LYSINOÉ , Auovo'm , ville d'Afie , vers la Pamphi-
lie. Tite-Live , /. 38 , & Polybe , in Fragment, en
font mention. Ortélius doute fi ce n'eft pas la Ly finit
de Ptolomée.
LYS1RIS , fortereffe de la Lazique. Les Authentiques
en font mention.
LYSIS , rivière d'Afie , vers la Pamphylie, félon Tite-
Live, /. 38. C'eft apparemment XzLofis Avais d'Antigo-
nus , in Mirabil.
LYSMO. Voyez Clysma.
LYZ
LYSTRES , ville d'Afie, dans la Lycaonie. Quelques
exemplaires de Ptolomée placent cette ville dans l'Iiau-
rie , l.j ,c. 14, & la nomment Lyjira au pluriel; d'autres
portent Aujira. A &f a en grec ont pu être facilement
confondus par des copiftes. Pline , /. 5 , c. 32. , en nomme
les habitans Lystreni- Elle eft appellée ville de Lycao-
nie. , dans les Aftes des apôtres , c. 14. C'étoit la patrie
de S. Timothée. Les apôtres S. Paul & S. Barnabe y
ayant prêché , & y ayant guéri un homme boiteux de-
puis fa naiflance , y furent pris pour deux divinités. Cette
ville étoit épiscopale. Paulus, fonévêque, fousctivitau
concile de Conftantinople , tenu l'an 381 ; & Tibérius
à celui de Nicée , l'an 325.
LYTjE , petite contrée de Theflalie , félon Etienne
le Géographe : elle étoit aux environs du fleuve Pénée ,
où fut enfuite Tempe.
LYTARMIS, promontoire de l'Europe, fur l'océan
Scythique , félon Pline , l. 6 , c. 1 2. Ortélius croit que
c'eft préfentement Wardhuys, dans laLaponie, fur la
mer Blanche.
LYTH. Voyez Leith. , .
LYTCHAM, bourg d'Angleterre, dans la province
de Lincoln. On y tient marché public. * Etat prèfent
de la Gr. Bret. t. I .
LYTTUS. Voyez Lyctus.
LYXEA , ville de la Grèce , dans l'Acarnanie , félon
Etienne le Géographe.
LYZIMENS1S, fiége épiscopal d'Afie, dans la Pi-
fidie. Il en eft fait mention dans le concile de Nicée ,
cité par Ortélius.
Fin du Tome III.
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